1 J Ksasês HEHEHsasasasasHS asas asHsssas Cl LIBRARY OF CHAMPAIGN, ILLINOIS, g Shs^s e ^ssasssBsssssssB =hhf çhsh shse sasEsüi i'ANTAÔRAPM , 8L00UIN6TCN OF THE U N I VERS I T Y Cf ILLINOIS 5705 JO U . / JOURNAL MICROGRAPHIE « HUITIÈME ANNÉE. 1884 JOURNAL DE MICROGRAPHIE Histologie humaine et comparée. Anatomie végétale. — Botanique. — Zoologie. Applications diverses du Microscope. — Optique spéciale, etc. *0 REVUE MENSUELLE DES TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANGERS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DU Dr J. PELLETAN. TOME HUITIÈME. BUREAUX DU JOURNAL ADMINISTRATION ET RÉDACTION 176, Boulevard Saint- Germain « PAR IS i mimj i i Huitième année. N° 1 Janvier 1884. JOURNAL 1 DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE *. Revue, par le Dr J. Pelletan. — Les organismes unicellulaires; — les Protozoaires (suite), leçons faites au Collège de France , par le professeur G. BALBIANI — Les organismes inférieurs et la doctrine de l’évolution, par «le professeur MATHIAS DuvAL. — Les membranes muqueuses et le système glandulaire, leçons faites au Collège de France par le professeur L. Ranvier. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification, par M. N. Patouillard. — La Diatomépélyte de Séville, par M. Julien Deby. — Développement du Stylorhynchus , par le professeur A. Schneider. — Sur le Phylloxéra gallicole, par M. F. Henneguy. — Le Choléra en Égypte, Rapport de la mission française en Egypte, par le Dr STRAUS. — Avis divers. - - REVUE. A l’occasion de l’année qui commence, nous avons d’abord le devoir de présenter à nos lecteurs , collaborateurs et correspondants , tous nos meilleurs souhaits et nos plus vifs remerciements pour le concours dont nous leur sommes redevable dans l’œuvre si difficile que nous avons eu, il y a déjà sept ans , la témérité d’entreprendre. Grâce à leur aide persévérante, grâce aussi à nos efforts , à notre indépendance, — et bien que cette indépendance même ait pu nous susciter, et nous ait suscité, en effet, plus d’un ennemi, voire des plus puissants, — grâce, surtout, aux encouragements que nous avons reçus de toutes parts , nous avons pu faire face aux exigences d’une entreprise aussi lourde, nous avons trouvé des sympathies — et des abonnés , — dans toutes les parties du monde. Bien plus , nous avons l’espoir que , dans le courant de cette année, nous pourrons encore augmenter l’importance de notre publication qui , du reste , — et nos lecteurs nous rendront cette justice , — n’a fait que s’accroître depuis sa fondation. 4 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. C’est donc avec confiance que , pour la huitième fois , nous faisons appel à la bienveillance de tous ceux qui nous ont suivi jusqu’ici , de tous ceux qui s’intéressent à la science indépendante de toute école et de toute coterie, à la science que M. Pasteur a, un jour, appelée la science « sereine », et nous comptons fermement que notre appel sera entendu. * * * Pour fêter l’année 1884, il y a bien quelques nouveaux microbes, — par exemple, celui de la pneumonie, — mais , pour en parler, nous attendrons qu’il s’en soit produit d’autres , — ce qui ne saurait être long. D’autant, que nous avons aujourd’hui un grand nombre d’ou¬ vrages, et des plus intéressants, à annoncer. Voici d’abord un nouveau numéro du journal du Dr Déclat, la Médecine des Ferments , numéro qui ne le cède en rien aux précé¬ dents et qui mérite d’être longuement analysé. Dans un premier article, le Dr Déclat rappelle la mort de Thuillier, à Alexandrie, et cite la lettre de M. Roux à M. Pasteur pour lui apprendre la triste fin du jeune savant. Et l’argumentation de M. Déclat peut se résumer en quelques mots : Gomment ! — vous êtes des médecins, des savants ; — vous allez en Egypte pour y étudier l’étiologie du choléra, vous y allez avec l’idée préconçue que la terrible maladie est de nature parasitaire, qu’elle est due à un organisme microscopique plus ou moins analogue à un fer¬ ment; — vous êtes la mission Pasteur, en un mot, et quand l’un de vous est frappé par l’épidémie, après avoir laissé passer un fait de diarrhée prémonitoire qui aurait dû éveiller votre attention , vous ne trouvez rien de mieux que d’employer l’opium, les injections d’éther et le vin de Champagne ! — Alors que vous aviez devant vous un cas complet du choléra le plus redoutable, vous ne pensez à lui opposer que le vin de Champagne, l’éther et l’opium! — Que supposiez-vous donc que cela pût faire ? — Quel peu de foi aviez-vous donc , — ajoutons-nous , • — dans vos doctrines , que vous n'avez pas, immédia¬ tement et à outrance , employé la médication parasiticide , — par exemple l’acide phénique ? M. Déclat n’a-t-il pas absolument raison? Et cependant, nous ne pensons pas tout- à-fait comme lui, c’est-à-dire que nous ne partons pas des mêmes prémisses, mais nous arrivons aux mêmes conclusions. Le Dr Déclat croit au parasite, au ferment figuré, au microbe des maladies infectieuses et épidémiques ; nous, quant à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 5 présent, nous n’y croyons pas, mais nous croyons à la septicité des humeurs , sang, lymphe ou autre, c’est-à-dire à une altération dans la composition de ces liquides , sous les influences ambiantes, altération qui les rend, non-seulement impropres à la vie, mais même toxiques. — Et là où le Dr Déclat emploie — et avec un succès absolument incontestable, — l'acide phénique comme parasiticide , nous , nous l’employons comme antiseptique , c'est-à-dire comme s’opposant à l’altération chimique et moléculaire des liquides. Car si l’acide phénique n’est pas le plus puissant des antiseptiques, c’est l’un des plus puissants , en même temps qu’il est , de tous , le moins dangereux , le plus rapide comme action , et le plus facilement maniable. Et alors, comment ceux qui croyaient au choléra parasitaire, qui avaient pour mission, si l’on peut ainsi dire, de le démontrer, — comment n’ont-ils rien tenté comme médication antiparasitaire — ou antiseptique? » * * * Nous avons promis, dans un de nos derniers numéros, du publier de nouveaux documents originaux sur la fièvre jaune, par M. le Drde Lacaille, médecin à Rio, qui a obtenu trente-huit cas de guérison, grâce à la méthode antiseptique du Dr Déclat, c’est-à-dire la médication phéniquée. Le dernier numéro d^la Médecine des Ferments contient la relation fort intéressante de ces faits et les observations du D1 de Lacaille sur le microbe, qu’il appelle protococcus , du typhus amaril. Nous 11e pouvons entrer ici dans la description des procédés théra¬ peutiques et dans le détail des faits cliniques ; ce que nous voulions seulement exposer, c’est le résultat des observations micrographiques du Dr de Lacaille, qui, confiant dans la portée de ses observations et dans la doctrine des virus atténués, s’est vacciné lui-même contre la fièvre jaune, et a eu le courage , plus grand encore, de vacciner ses enfants Nous avons reçu, en effet, dès le mois de décembre, une caisse contenant un grand nombre de planches parfaitement dessinées et faites par un artiste habile, sous les yeux mêmes de l'auteur et d’après ses préparations. Malheureusement , la plupart de ces dessins sont exécutés au crayon, ce qui en rend la reproduction photographique difficile. Cependant, on peut tourner la difficulté, et ces dessins accompagneraient le présent numéro , si nous avions reçu en temps utile le texte explicatif sans lequel les planches eussent paru peu intelligibles. — Et nous nous applaudissons d'autant plus d’avoir ajourné cette publication, aujourd’hui que nous sommes en possession 6 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de ce texte, que nous différons complètement avec le Dr de Lacaille dans l’interprétation de ces dessins. L’observateur brésilien a certainement pris pour une amibe enva¬ hissante et féroce, une bulle d’air vaguant au milieu de la goutte de sang, dans le champ de son microscope; il a pris de même pour un mycélium ramifié, les réseaux formés par la coagulation de la fibrine, etc. Nous en ferons juges tous nos lecteurs , car les dessins sont fort bien faits, nous le répétons, et nous les reproduirons exactement. On verra qu’il n’y a aucun doute possible sur l’erreur d’interprétation dans laquelle est tombée le Dr de Lacaille, — ce qui n’ôte , d’ailleurs , aucune valeur à ses travaux cliniques et aux succès qu’il obtient dans le traitement de la fièvre jaune. * * * Annonçons une nouvelle publication d’histoire naturelle, le Recueil zoologique suisse , fondé à Genève par le professeur Hermann Fol, l’éminent embryologiste, le chercheur infatigable, dont l’un des pre¬ miers , en France , nous avons annoncé et publié les remarquables travaux , dans le Journal de Micrographie de 1877, et dont le nom restera célèbre dans la science , comme celui de l’observateur qui , le premier, a résolu d’une manière nette, précise, indiscutable, le pro¬ blème de la fécondation. Depuis vingt ans , nous labourons péniblement le champ de la science; nous croyons, par nos diverses et déjà nombreuses publica¬ tions, avoir rendu quelques services au monde savant — ce que les Allemands , il y a plusieurs années déjà , ont reconnu, en nous attri¬ buant, dans une de leurs principales Sociétés scientifiques, un diplôme de membre honoraire que nous n’avions pas sollicité ; — mais nous croyons que si nous avons quelques droits à la reconnaissance de nos contemporains , c’est , d’abord , pour avoir, l’un des premiers , si ce n’est le premier, compris la portée des travaux embryogéniques de M. Hermann Fol , et leur avoir donné la publicité de notre journal naissant. — Et , ensuite , pour avoir fait , pour ainsi dire, violence à l’excessive modestie du plus ingénieux et du plus savant des embryo- génistes français, notre excellent et très aimé maître dont, depuis plusieurs années , nous publions les leçons , le professeur Balbiani, le digne successeur de l’ami de nos jeunes années , de notre premier initiateur dans les problèmes de la biologie , notre cher et regretté Goste. C’est donc de bien bon cœur que nous souhaitons bonne chance au nouveau Recueil publié par le professeur H. Fol ; nous ne doutons pas , d’ailleurs , que sous la puissante impulsion de cet JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 7 actif travailleur, le Recueil zoologique suisse ne prenne rapidement , dans la presse scientifique , la place importante que le nom de son fondateur ne peut manquer de lui mériter. * * * Le professeur G. Gattaneo, de l’Université de Pavie, a fait paraître, il y a peu de temps, un intéressant mémoire sur les formes fondamen¬ tales des organismes (Le forme fondamentali degli organismï). Nous ne pouvons malheureusement faire ici l’analyse de ce travail de philo¬ sophie hæckelienne, nous nous bornerons à indiquer le titre des trois questions qui y sont successivement étudiées : 1° analyse et classifica¬ tion des formes organiqnes ; 2° genèse et développement de ces formes ; 3° origine de la symétrie bilatérale. — L’auteur conclut par ces lignes : « L’eurythmie et l’élégance des formes se développent et » se conservent parce qu’elles sont utiles et nécessaires ; le beau » l’emporte dans la lutte pour la vie, parce que, par son origine, il est » aussi le bon. — L’esthétique a sa base scientifique dans la biologie. » Je n’ai fait qu’indiquer quelques lignes dans ces recherches, mais » une telle étude doit être continuée et développée. C’est un champ » nouveau et fécond, où il n’y a pas à glaner mais à moissonner. C’est » un vaste horizon de problèmes nouveaux et de nouvelles vérités qui » intéressent également l’esthétique philosophique , la zoologie , la » botanique et l’anthropologie. » Nous publierons prochainement la traduction d’un autre mémoire du professeur Cattaneo sur la fixaiion , la coloration et la conserva¬ tion des Infusoires. Parmi les publications italiennes , signalons encore un nouveau mémoire du professeur G. V. Ciaccio, de l’Université de Bologne, sur la terminaison des fibres nerveuses motrices dans les muscles striés de la Torpille, de la Souris et du Rat blanc. Nous avons déjà publié différents travaux de l’éminent histologiste de Bologne qui a introduit dans la technique micrographique l’emploi du chlorure d’or et de cadmium. C’est à l’aide de ce réactif qu’ont été faites les observations nouvelles dont il s’agit. Nous en donnerons ultérieurement la traduc¬ tion , en faisant reproduire , si possible , les plus démonstratives des figures qui accompagnent ce mémoire. ♦ # Nous avons reçu récemment les 13e, 14,! et 15e livraisons de Ylllustrirte populàre Botanik d’Ed. Schmidlin, publiée et augmentée par le Dr O. E. R. Zimmermann , le distingué cryptogamiste de 8 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Chemnitz. Le deuxième volume de cette belle publication est arrivé dès lors à sa 560e page, et 283 familles y sont déjà décrites. Ces livrai¬ sons sont accompagnées des planches 57 à 62 , coloriées comme les précédentes et dessinées de telle sorte qu’on reconnaît parfaitement les plantes qu elles représentent, ce qui- est absolument rare dans les traités classiques de Botanique. La seizième livraison, qui paraîtra incessamment , terminera ce bel et excellent ouvrage Le professeur Ernst Hæckel , d’Iéna, a bien voulu nous adresser le tirage à part de deux mémoires lus par lui à la Société de Médecine et d’Histoire Naturelle d’Iéna , l’un sur de nouveaux gastréades des profondeurs de la mer , et l’autre sur la classification des Radiolaires. C’est un appendice au mémoire plus étendu que le savant professeur d’Iéna a publié en 1881 après son voyage à Ceylan , sur les matériaux récoltés par le Challenger , et que connaissent tous les naturalistes. En même temps, nous recevions une notice sur des perfectionne¬ ments dans la pratique des coupes minces ; par les professeurs Gies- brecht , Andres et Mayer. Ces instructions sont particulièrement destinées aux histologistes qui emploient le microtome du professeur Thoma, tel que le construit M. R. Jung. Nous donnerons la traduction de cette notice dans le numéro de février. * * * Dans Y American naturalist de décembre , nous trouvons une note du professeur C.-H. Fernald , sur le Chœlonotus larus , des Expé¬ riences sur tes antennes des Insectes , par M. A. Porter , avec un grand nombre d’articles d’histoire naturelle très intéressants , et , de plus, une note dans laquelle les éditeurs, les professeurs A. S. Packard et E. D. Cole, répondent aux attaques qu’il est« de mode », disent-ils, de lancer aujourd’hui contre la science française. Prenant chaude¬ ment notre défense , les savants auteurs américains font voir que la France n’a rien à envier aux autres nations, pas plus à l’Allemagne qu’à l’Angleterre ou qu’à l’Amérique, — Tous nos remerciements à nos excellents confrères du Naturalist. Pendant ce temps , le Microscope , d’Ann Arbor , (Michigan) , dont nous avons souvent entretenu nos lecteurs , et qui paraissait tous les deux mois , annonce qu’à partir de cette année , il paraîtra tous les mois. Nous sommes heureux de ce succès que nous avions prédit à M. Ch. Stowell , malgré le mauvais vouloir de certains de ses confrères. En revanche , M American Monthly Microscopical Journal , cesse JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 9 encore une fois de paraître. Les éditeurs le remplacent par le Science Record, journal mensuel de notes et de nouvelles scientifiques , dans lequel le microscope occupera une place importante. • « Mais une déplorable nouvelle qui nous arrive aussi d’Amérique , nouvelle à laquelle., malheureusement, nous nous attendions depuis longtemps, est celle de la mort du plus célèbre des opticiens du Nouveuu Monde, et l’on peut bien dire du monde entier, — nous avons nommé Robert B. Toiles, malade depuis de longues années, ce qui ne lui per¬ mettait pas un travail continu. Il a enfin succombé à la phtisie qui le minait et est mort chez lui, à Boston, le 17 novembre dernier. Aussitôt que nous aurons pu en rassembler les éléments, nous donnerons une notice biographique sur ce célèbre constructeur , à qui la science micrographique et l’art de la construction des instruments d’optique sont redevables de tant et de si importants progrès. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. LES .ORGANISMES UNIGELLUL AIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur Balbiani. (Suite). (1) XXVIII La quinzième et dernière famille des Flagellés , celle des Scytomo- nadiens, de Stein, comprend un grand nombre de genres : Scytomo- nas , Petalomonas, Anisonema, Colponema, Eniosiphon , ActractO' nema, Phiatonema , Menoidium , Sphenomonas et Tropidocyphus . Malheureusement , cette famille est loin d’être homogène ; c’est , pour ainsi dire, un caput mortuum dans lequel Stein a rassemblé des genres très divers qui n’avaient pu trouver place dans les familles pré¬ cédentes, suivant un arrangement que , sans doute , il remaniera plus tard. D’ailleurs , il n’a pas fait connaître encore les vues d’après les¬ quelles il a établi ses divisions. Un petit nombre de genres rassemblés dans cette famille présentent un intérêt réel. La plupart n'ont qu’une espèce et n’ont été l’objet que (1) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, T. VI, 1882, T. VII 1883. 10 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d’observations incomplètes ; aussi , ne nous retiendront-ils pas long¬ temps. — La rigidité du corps est un caractère commun à tous les membres de ce groupe. Le genre Scytomonas se compose de petits êtres rigides, munis d’un seul flagellum et se divisant longitudinalement. Les Petalomonas se rencontrent assez souvent dans nos eaux douces. Ce sont de très petits organismes de forme arrondie ou trian¬ gulaire, caractérisés par un sillon profond qui divise le corps en deux parties, droite et gauche , et que l’on retrouve chez toutes les espèces de ce genre. Le flagellum , unique , est toujours droit et n’est mobile qu’à sa pointe. On ne sait presque rien sur leur mode de reproduction ; cependant Stein a figuré quelques phases de leur division. Le genre Anisonema créé par Dujardin, a été séparé en deux par Stein , pour deux espèces , les Anisonema acinus et A. sulcatum, dont Stein a fait ses Anisonema acinus et Enlosiphon sulcatum. Cet auteur s’est fondé , pour établir cette division ; sur des caractères qui paraissent bien peu importants. Pour Dujardin , le genre Anisonema était caractérisé par son tégument rigide, non contractile (Dujardin l’avait placé dans sa famille des Thécamonadiens ), et par ses deux filaments, donc un, locomoteur, dirigé en avant et un second, beaucoup plus long, prenant insertion un peu en arrière de l’autre et se dirigeant en arrière. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. H Stein reconnaît la ressemblance presque complète des deux espèces décrites par Dujardin, à quelques légères différences près, notamment que l’œsophage, qui a la forme d’un tube à parois rigides , est non protractile chez A. acinus , tandis que chez A. sulcatum il peut sortir ou rentrer à volonté ; Stein conserve pour le premier le genre Anisonema , et crée pour le second le genre Entosiphon (fig. 2). Fig. 2. — Entosiphon sulcatum , Stein. a, animalcule avec le tube œsophagien rentré ; 6, le même avec le tube œsophagien projeté au dehors. Bütschli a vu la reproduction par division longitudinale chez ces animalcules. On observe d’abord la présence des deux nouveaux fla- gellums, probablement par formation nouvelle et non par division. Le corps prend un aspect côtelé ou du moins les côtes qui le sillonnent longitudinalement paraissent beaucoup plus marquées que chez l’ani¬ mal à l’état de repos ; une seconde vésicule contractile se forme , et , suivant Stein et Bütschli , la division commence par la partie anté¬ rieure, progressant d’avant en arrière, de sorte que c’est par la partie postérieure que les deux moitiés de l’individu reslent réunies en der¬ nier lieu. Nous avons vu que chez les Chüomonas , au contraire, la division commence par la partie postérieure et que le filament ombilical se forme en avant du milieu du corps. Bütschli a surpris aussi quelques modifications du noyau , modifica¬ tions qui rappellent ce qu’on observe dans les noyaux de cellule en voie de division, mais les faits n’ont pu être suivis jusqu’au bout, en raison de la petitesse des objets. Au commencement de la division , le noyau, qui est une vésicule et renferme un gros globule , s’est allongé et , en 12 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. même temps, le globule central s’est étiré en une masse striée dans le sens de l’allongement , chaque strie présentant à ses deux extrémités un renflement en forme de bouton. Plus tard, les renflements de chaque extrémité se fusionnent en une petite masse autour de laquelle s’organise chacun des nouveaux noyaux, lesquels ne communiquent plus que par un tractus très fin, et, plus tard encore, se séparent tout à fait. Le genre Anisonema a été bien étudié, ce qui est assez rare chez les Flagellés. Les Colponema, de Stein , sont des animalcules présen¬ tant une large échancrure du côté ventral ; les Atractonema ont le corps fusiforme et rappellent les Heteronema , mais ils sont rigides, et progressent à l’aide de leur flagellum qui s’appuie sur le plan sous- jacent. Il en est de même du Pliialonema : l’animal rampe, pour ainsi dire, la tête «n bas. Son flagellum est inséré sur le bor d supérieur d’une ouverture oblique et arrondie , qui est la bouche , donnant accès dans un pharynx élargi et prolongé en un tube que l’on voit s’avancer jusque vers la partie postérieure de l’animal. Le corps a la forme d’un vase (Phialonema cyclostomum.) \ Fig. 3. — Phialonema cyclostomum. a, animal vu de face et rampant, — 6, animal vu de profil (d’après Stein). Fig. 4. — Menoidium pellucidum (d’après Stein). Le genre Menoidium , créé par Perty, comprend le Menoidium pellucidum, dont le corps a la forme d’un croissant, comme un Closte- rium. mais incolore et non vert. Le bord concave du corps se prolonge en avant en une sorte de bec au-dessus de l’insertion du flagellum. Cette espèce n’a été retrouvée que par Saville Kent, à Jersey. Les Tropidocyphus ont la forme d'un ballon à corps côtelé. Le Ti'opidocyphus octocoslatus est l’espèce unique qui compose ce genre. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Il porte un flagellum principal inséré au bord de l'échancrure buccale, avec un flagellum plus court à sa base. Fig. 5. — Tropidocyphus octocostatus. a, animal à l’état de repos ; — 6, animal ayant perdu ses filaments, le noyau gonflé, et se préparant à la reproduction (d’après Stein). Si, au lieu d’être rigides , ces animalcules étaient contractiles, ils seraient tous des Astasiens. — Avec eux, nous avons terminé l’étude des Infusoires Flagellés. Nous avons maintenant à nous occuper des Rhizoflagellés et des Gjlioflagellés. (A suivre). ERRATUM du N° de décembre 1883 , page 619 , 3e alinéa. « Le genre Peranema , tout-à-fait voisin , a été découvert par Dujardin, en 1836, et décrit dans les Annales des Sciences naturelles Pyronema ». 11 faut lire : « sous le nom de Pyronema. » LA THÉORIE TRANSFORMISTE ET LE FAIT DE LA PERSISTANCE DES TYPES INFÉRIEURS (1). Lorsque les transformistes disent que les formes spécifiques se modifient en s’adaptant au milieu extérieur, ils sont à chaque instant amenés à employer l’expression d 'évolution, de progrès , et, en effet, (1) Celte leçon est extraite du cours professé par M. Mathïas Duval, à l’Ecole d’Anlhro- pologie , sur le transformisme; les outres parties de ce cours ont été publiées dans la Revue d' Anthropologie y numéros d’avril, de juillet, d’octobre 1883 et de janvier 1884. U JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de ce que dans la lutte pour l’existence ce sont les mieux doués qui survivent et se reproduisent, il en doit résulter une sorte de progrès, de perfectionnement dans les organismes ; ainsi s’explique la paléon¬ tologie qui nous montre, en général, dans les couches terrestres, des animaux d’autant plus inférieurs que ces couches sont plus profondes, plus anciennes, et des animaux d’autant plus élevés en organisation que ces couches sont plus récentes. Mais, il faut bien le remarquer, ce n’est là qu’un côté du tableau des modifications produites par l’adaptation au milieu, et si l’on dit que les organismes progressent, ce n’est pas à dire qu’ils progressent tous, de même que si la géologie nous montre l’apparition d’organismes de plus en plus élevés, comme étant graduelle et successive, ce n’est pas quelle ne montre en même temps des formes demeurées relativement très inférieures, et même parfois l’apparition de formes moins parfaites, succédant à des formes plus parfaites. 11 s’agit d’examiner la signification de ces faits, de bien préciser ce qu’il faut entendre par progrès et adaptation, et de voir si l’adaptation a nécessairement pour condition le perfectionnement de l’organisme, et si un être ne peut sortir vainqueur de la lutte pour l’existence qu’en raison de sa supériorité en organisation. C’est, qu’en effet, beaucoup de ceux qui n’ont lu que très superfi¬ ciellement les ouvrages de Darwin ou les résumés qui en ont été don¬ nés, frappés par ces mots d’évolution, de progrès, et ne voyant dans toute la doctrine que ce tableau d’un monde organique marchant vers les formes supérieures, se sont demandés comment alors il pouvait se faire qu’il existe encore aujourd’hui des animaux inférieurs. Cette question est venue à l’esprit non-seulement, des personnes médiocre¬ ment familières avec les sciences naturelles, mais elle a été posée, comme objection au transformisme, même par des naturalistes de premier ordre, sous une forme, cela va sans dire, et avec des déve¬ loppements qui lui donnent une réelle apparence de valeur, surtout vu la précision de certains détails que nous allons examiner et que nous avons fait pressentir quelques lignes plus haut. Parmi ces natu¬ ralistes, Contejean (1) nous paraît celui qui a résumé, avec le plus de précision, ces sortes d’objection, et nous allons, pour y répondre en¬ suite, reproduire d’abord ses propres paroles ; « Quand les transformistes (dit Contejean, après avoir rappelé la signification des faits d’embryologie) invoquent purement et simple¬ ment cet état de choses pour y trouver la preuve de métamorphoses chez les animaux adultes, on peut leur demander pourquoi certains types ont progressé tandis que d’autres sont demeurés stationnaires, pourquoi il y a encore des amibes, des méduses et même des poissons (1) Ch. Contejean. — De l’origine des espèces. ( Revue scientifique , 30 avril 1881, N° 18, page 554 ). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 15 et des reptiles . » (page 558). Et plus loin (page 560) : « Je dois encore revenir sur une objection à laquelle les transformistes n’ont pas répondu d’une manière satisfaisante. Elle est tirée de l’existence actuelle de types extrêmement imparfaits, qui n’ont subi aucune amé¬ lioration depuis l’origine des choses. Il est, en effet, difficile de conce¬ voir pourquoi certains êtres voisins du prototype et des prototypes rudimentaires du règne animal se sont élevés, par degrés successifs, de l’état de protozoaires à celui de zoophytes, de vers, de mollusques et finalement de vertébrés, et pourquoi tant d’autres, moins favorisés, sont éternellement demeurés protozoaires. Et si les métamorphoses organiques sont illimitées, comme l'exige la théorie, on ne peut com¬ prendre qu’il existe encore aujourd’hui des genres, des ordres, des classes, des embranchements, et que le règne animal ne soit pas exclusivement représenté par son modèle le plus parfait, l’espèce humaine. » Mais quand donc les transformistes ont-ils avancé que dans la lutte pour l’existence le triomphe était toujours dû à un caractère de per¬ fectionnement organique? Cette idée ne peut naître que dans l’esprit de ceux' qui, par lutte pour l’existence, n’entendent autre chose que le combat direct entre individus de la même espèce, et oublient que par cette expression Darwin a voulu résumer l’intervention des causes multiples de survivance, lesquelles font que les individus d’une espèce échappent à des ennemis d’espèces différentes, résistent aux rigueurs du climat, à la faim, à la soif, etc. N’avons-nous pas vu ce qui est arrivé lorsque le rat gris a été introduit en Europe et s’est trouvé en lutte avec le rat noir indigène et la souris ; de ces deux espèces indigènes, une seule a survécu devant l’invasion du rat gris. Est-ce le rat noir ou la souris, l’un plus gros, armé de dents plus fortes, l’autre petite et faible? C’est la souris ! Pourquoi? Précisé¬ ment à cause de sa faiblesse, ou, pour parler plus exactement, à cause de sa petite taille, qui lui permettait de trouver asile dans des trous étroits où son ennemi ne pouvait venir la détruire : survivre ne si¬ gnifie pas, malgré le mot de lutte pour l’existence, expression dont il ne faut pas prendre le sens lexicographique, mais la signification ré¬ sumant toute une série de notions relatives aux rapports des orga¬ nismes entre eux et avec leur milieu, survivre ne signifie pas unique¬ ment être vainqueur par la force et la supériorité directe, mais bien aussi se soustraire au danger et fuir les causes de mort. Or, une im¬ perfection organique peut, comme la petitesse de la taille, devenir ainsi une cause de survie, de triomphe dans la lutte ; la sélection na¬ turelle peut donc agir non-seulement en développant chez certains types les organes et perfectionnant les fonctions, mais aussi en atro¬ phiant ces organes ou en empêchant leur apparition chez des types proches parents des précédents, de manière à perfectionner les uns -16 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tandis qu’elle maintient les autres dans leur état d’imperfection pri¬ mitive, ou les y fait redescendre s’ils avaient commencé à en sortir. Les coléoptères de l’île Madère nous présentent à cet égard un cas dont nous n’avons pas encore eu occasion de parler, qui sera ici un exemple bien démonstratif. Les insectes coléoptères présentent des ailes membraneuses placées au-dessous de deux sortes de valves protectrices, dures et résistantes, dites élytres. Dans nos pays, quelques espèces, relativement rares, manquent d’ailes membraneuses sous les élytres, ou bien ont les élytres soudés et immobiles de manière qu’il leur est impossible (le voler, et, dans les espèces qui sont normalement conformées, on voit parfois apparaître, comme variations individuelles, des sujets qui ont soit les élvtres soudés, soit les ailes membraneuses absentes. Voilà une variation que la sélection naturelle ne doit pas tendre à fixer et à développer, car le vol est trop utile aux coléoptères, dans toutes les conditions ordinaires de leur existence, pour que les individus ailés n’aient pas l’avantage sur leurs congénères, soit dans la recherche de la nourriture, soit dans la poursuite des femelles. L’aptitude au vol se présente donc comme un caractère de perfectionnement que la sélec¬ tion doit développer. Est-ce à dire que la sélection agira toujours dans ce sens? Ce qui se présente à l’île de Madère est une réponse assez nette. Là, d’après les observations de Wollaston, sur 29 genres de scarabées particuliers à cette île, 23 sont sans ailes membraneuses ou présentent des élytres soudés les rendant impropres au vol. Pourquoi, dira-t-ori, conformément à l’objection ci- dessus formulée, si les insectes ont évolué et se sont perfectionnés en vertu de la sélection, pourquoi ceux de l’île de Madère sont-ils demeurés ou revenus à ce degré d’infé¬ riorité incontestable que constitue l’absence des ailes? Mais, sans doute, parce que cette infériorité était pour eux une cause de survivance, qui faisait échapper les individus aptères à des dangers inhérents à l’action de s’élever dans les airs. Et l’observation des conditions par¬ ticulières du climat de l’île montre qu’il en est bien ainsi : c’est que les vents qui régnent dans cette île sont si violents qu’ils emportent à la mer tous les coléoptères qui y font usage de leurs ailes ; donc les variations individuelles de sujets aptères, qui ont pu se présenter là bas comme elles se présentent chez nous, ces variations, échappant seules à cette cause incessante de destruction, ont été l’objet d'une sélection rapide qui les a propagées seules en détruisant tous leurs ri¬ vaux capables de vol. Ce n’est pas assez que de faire comprendre par cet exemple que si la sélection amène souvent le perfectionnement des organismes, elle peut aussi agir en les maintenant ou les ramenant à un état inférieur, et que si la perte des ailes est d’une manière absolue un mouvement de recul, elle peut, pour tel organisme vivant dans un milieu spécial, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 47 devenir un privilège dans la lutte pour l’existence ; il faut encore que nous eu fassions ressortir cette idée, sur laquelle nous avons précé¬ demment insisté , à savoir que la sélection produit la divergence des caractères et que l’évolution qui en résulte se traduit chez les uns par un progrès organique, chez les autres par une accentuation de plus en plus prononcée, ou, en tout cas, par le maintien des caractères d’infé¬ riorité. Les scarabées de nos pays ont, en général, un vol lourd et incapable de résister au vent : on sait, au contraire, que le vol léger et rapide de la plupart des hyménoptères les met en état non-seule- , ment de ne pas être entraînés par un coup de bourrasque, mais en¬ core de voler contre le vent. La sélection, vis-à-vis des scarabées de Madère, a donc du trouver deux voies divergentes pour adapter ces insectes aux conditions particulières du pays et elle a agi selon ces deux voies : chez certains types, des variations individuelles s’étant présentées, qui consistaient en une aptitude à un vol fort et puissant, les individus ainsi doués ont pu continuer à s’élever dans les airs sans dangers, et par sélection, ont donné naissance aux quelques rares espèces de scarabées de Madère encore pourvues d’ailes mobiles et dont le vol ressemble à celui des hyménoptères ; les individus à vol lourd ont tous péri successivement, mais, par contre, comme il a été dit ci- dessus, les individus aptères ont survécu et donné de leur côté nais¬ sance aux espèces impropres au vol. La divergence des caractères s’est donc traduite ici, d’un côté, par le perfectionnement des ailes, de l’autre, par leur absence ; des deux côtés il y a eu évolution et adaptation, mais on voit combien il s’en faut que le mot évolution soit dans les deux cas synonyme de perfectionnement organique, de supé¬ riorité fonctionnelle des organes. Si donc, en vertu de l’évolution, certains organismes ont avantage à devenir relativement inférieurs, il n’est pas difficile de concevoir que les organismes primitivement inférieurs ont pu et dû rester tels quels. Un transformiste qui, comme Robinet au siècle dernier, s’occuperait uniquement de mettre en évidence l’évolution progressive, les essais de la nature pour produire l’homme, selon l’expression même de Robinet, un tel transformiste aurait pu être amené à négliger tous les autres côtés du tableau et s’exposer à s'entendre faire cette question relative à la persistance de types inférieurs. Mais elle n’avait pas à être adressée sous forme d’objection, ni à Lamarck, qui parle si sou¬ vent des transformations régressives, ni à Darwin, qui ne prononce jamais le mot de perfectionnement d’un être qu’en ajoutant « par rapport à ses conditions d’existence organiques et inorganiques », ou toute autre restriction semblable. M. de Quatrefages, qu'on ne peut accuser d’enthousiasme pour le transformisme, et qui, cependant, est certainement en France l’un de ceux qui ont le mieux compris et le plus largement interprété Darwin, rend à cet égard un juste témoi- 48 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. gnage à la manière dont l’auteur de Y Origine des espèces conçoit le progrès et l’adaptation : « Ce n’est pas à mes yeux, dit-il (Ch. Darwin » et ses précurseurs , 1870, page 101), un des moindres mérites de la » théorie que j’expose. Le mot progrès séduit aisément les esprits » qui, se plaçant exclusivement au point de vue de l’homme ët le » prenant pour norme, ne comprennent la marche en avant que dans » un sens unique. Or, il n’en est pas ainsi dans la nature, pas plus » dans le monde organisé que dans le monde inorganique. Il n’y a ni » haut ni bas dans l’ensemble des corps célestes; nos antipodes » marchent sur leurs pieds aussi bien que nous. Chez les animaux et » les plantes, les espèces dites supérieures ne sauraient exister dans » les conditions où prospèrent par myriades des êtres regardés comme » inférieurs. Ceux-ci sont donc plus parfaits que les premiers relati- » vement à ces conditions. Or, la lutte pour l’existence et la sélection » naturelle ont, avant tout, pour résultat forcé, de satisfaire le mieux » possible aux conditions d’existence, quelles qu’elles soient. Sans » doute, si l’on accepte toutes les idées de Darwin, il a dû se manifes- » ter dans l’ensemble une complication croissante des organismes, » une spécialisation progressive des fonctions et des facultés ; mais » le contraire a dû se passer aussi bien des fois. A tout prendre, le » darwinisme est bien moins la doctrine de ce que nous appelons le » progrès que celle de l'adaptation. » C’est-à-dire que non seulement le transformisme n’est pas embar¬ rassé pour expliquer comment , certaines formes progressant et se perfectionnant , d’autres restent inférieures et imparfaites , mais au contraire ce serait l’inverse , s’il se réalisait , qui pourrait devenir une objection sérieuse à la doctrine de Darwin. En effet, il serait difficile alors de s’expliquer la disparition des formes élémentaires , puisque , nous allons le voir, et cela résulte déjà de la loi de la divergence des caractères , l’évolution progressive qui fait les organismes supérieurs rend, par cela même, nécessaire l’adaptation stationnaire ou l’évolution régressive qui conserve ou fait revenir les formes inférieures. En effet, absolument comme dans les sociétés humaines , le fait que certains individus (ou lignées d’individus , au point de vue des formes spécifiques) montent pour ainsi dire en grade, la place reste plus lar¬ gement répartie à ceux qui sont demeurés inférieurs et qui, dès lors, s’adaptent d’autant plus aisément à cet état d’infériorité. Quel avantage aura un infusoire ou un zoopbyte à revêtir une organisation plus complexe , sinon de se trouver dès lors en lutte avec ceux qui l’ont devancé et qui sont mieux armés pour la lutte ? Bien plus, l’apparition de tout type perfectionné crée de nouvelles places pour des types inférieurs , et aussitôt des organismes s’adaptent à ces places. Ges places , ce sont entr’autres celles de parasites , et comme les formes inférieures , parasites des animaux supérieurs , ne pouvaient exister JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 49 avant ceux-ci, nous les voyons se produire par dégradation et simplifi¬ cation organiques de types qui rétrogradent dans la voie du progrès où ils étaient déjà entrés. Non seulement il subsiste des êtres infé¬ rieures, mais il s’en produit par un fait de recul et de dégénérescence. Tel est le cas du pentastome parasite des fosses nasales du chien et du loup, pentastome que longtemps on a considéré comme un ver très inférieur, et que l’étude de son embryologie a fait reconnaître pour un arachnide, ayant perdu, par le fait de conditions de vie plus simple, et ses organes des sens et son appareil de locomotion ; or , on sait com¬ bien les arachnides sont des êtres élevés en organisation dans la classe des arthropodes et quelle chute c’est pour un être de ce genre de reve¬ nir à une forme qui peut le faire confondre avec un ver cestoïde. Sou¬ vent les parasites d’un animal sont pour ainsi dire primitivement ses collègues, c’est-à-dire appartiennent à la même classe, mais en ont perdu presque tous les caractères , dont on ne peut retrouver les traces qu’en étudiant les premières phases de leur développement. Ainsi , les crevettes de nos côtes portent très souvent, au niveau de leur chambre branchiale, un gros parasite dont la présence déforme leur région tho¬ racique, et qui n’est autre chose qu’un crustacé , comme la crevette elle-même (1) ; seulement, tandis que la crevette est parfaitement mu¬ nie, selon le type crustacé, de pattes , d’yeux , d’antennes , et de tout ce qui fait un arthropode d’organisation élevée, le parasite en question, qui devrait posséder et qui possède , en effet , aux premières phases de son développement tous ces organes, les a perdus en grande partie par suite de son adaptation à cette place inférieure où le parasitisme simplifie si singulièrement les conditions delà vie. Mais encore l’aspect général de son corps, sa segmentation, peuvent-ils le faire reconnaître comme un crustacé. 11 n’en est plus de même des rhizzocéphales, qu’on trouve comme parasites sur les crabes : le rhizzocéphale est lui- même, de par son embryologie, c’est-à-dire de par son origine phylo¬ génique , un crustacé ; mais il en a si bien perdu les caractères , qu’il se réduit à une masse informe , n’ayant plus ni membres , ni organes des sens, ni appareil digestif, mais seulement des filaments par lesquels il s’implante, comme par autant de racines, dans les tissus de sa victime et va ainsi y puiser sa nourriture comme la plante puise les sucs nutri¬ tifs dans le sol ; et , en effet , il faut presque quitter le règne animal et descendre dans le règne végétal pour trouver quelque chose de compa¬ rable à ce sac informe , dont le rôle se réduit à produire des ovules et des spermatozoïdes. Pour compléter , sans en épuiser la liste , ces exemples de dégradations produites par le parasitisme ou parfois par (1) Le Bopyrus palœmoneticola. * Voy. G. Gissler. — Sur un singulier crustacé isopode parasite et sur quelques phases de son développement. ( Journal de Micrographie , 1882, N° 3 , page 123). 20 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. le fait de la fixation sur un corps quelconque (animal , carapace ou roche), rappelons le cas déjà cité des ascidies ou tuniciers, que pendant si longtemps on a classés à côté des mollusques ou parmi eux. Or, l’em¬ bryologie a suffisamment démontré que les ascidies possèdent, aux premières périodes de leur formation, une corde dorsale, c’est-à-dire que ce sont primitivement des êtres assez comparables à un jeune têtard de grenouille, à des vertébrés en un mot ; leur dégradation leur fait perdre les caractères de vertébrés pour les ramener à une organisa¬ tion molluscoïde ! C’est un fait qui méritait d’être signalé ; de sorte que, pour résumer la question de la persistance , par exemple , des invertébrés , alors que d’autres types se perfectionnaient en évoluant yers la forme vertébrale, nous pourrions dire que non seulement il a dû, en vertu de l’adaptation, persister des invertébrés, mais encore qu’il s’en est formé par dégradation d’animaux supérieurs. Nous pensons avoir suffisamment , trop longuement peut-être , répondu à l’objection que nous'avons précédemment reproduite d’après les termes même empruntés à Contejean. Si , en y répondant , nous avons fait intervenir la question des formes dégénérées , c’est que ces quelques indications vont nous permettre de réfuter , en peu de mots, la seconde partie de l’objection du même auteur , lorsqu’il entre dans l’examen de la concordance entre l’évolution, conçue d’après l’idée d’un perfectionnement primitif, et l’évolution telle que nous la montrent les faits géologiques : cette concordance n’existerait pas à ses yeux, du moins pour les subdivisions de certains groupes d’organismes , les formes les plus parfaites étant parfois celles qui ont paru les pre¬ mières, dans les couches terrestres plus anciennes, les plus impar¬ faites celles qui ont paru les dernières dans les couches terrestres plus récentes. « Certains groupes, dit-il, (loc. cit. p. 561), ont débuté » parleurs modèles les plus parfaits, et produisent en dernier lieu » leurs spécimens les plus dégradés. C’est ainsi que les crinoïdes » siluriens priment leurs analogues des époques subséquentes ; que > les huîtres sont précédées par une foule de mollusques acéphales » d’un ordre plus élevé ; que les serpents , les plus imparfaits des » reptiles, sont les derniers en date. » Arrêtons-nous d’abord à ce dernier terme de l’objection, les serpents; mais ne sait-on pas, et Contejean le déclare lui-même , que ce sont là des formes rétrogrades, dégénérées ; le serpent a perdu les membres dont sont munis les autres reptiles , et sa locomotion représente évi¬ demment une forme inférieure à celle des anciens ichthiosaures , plé¬ siosaures, etc. Mais rendons-nous compte si la forme dégradée du serpent n’a pas été la conséquence d’une adaptation particulière , né¬ cessitée par le changement des conditions ambiantes. Lorsque , au règne des grands reptiles dont la paléontologie nous montre les restes, a succédé celui des grands mammifères terrestres et aquatiques, quel JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 21 qu’ait été le mode d’apparition de ces derniers , question que nous n’avons pas à examiner pour le moment , la lutte s’est engagée entre ces reptiles et ces mammifères, et ces derniers en sont sortis vain¬ queurs, puisque les reptiles en question ont disparu et que les mammi¬ fères ont survécu. Mais parmi les formes de reptiles, celles qui pou¬ vaient, sans engager la lutte , s’y soustraire et en éviter les effets destructeurs, ceux-là ont pu survivre, et , léguant à leurs descendants les caractères qui leur avaient assuré la survivance, produire des formes spécifiques où ces caractères se sont de plus en plus accentués, la sélection agissant selon son mécanisme connu. Le reptile dépourvu de membres, rampant entre les herbes, se dissimulant dans les fissures des rochers, ne réalisait-il pas ces conditions de survivance, par rapport à ceux qui avaient des membres , un corps épais ; c’est tou¬ jours le même cas que pour la souris, qui, pouvant s’abriter dans des retraites étroites , a échappé au surmulot , tandis que le rat indigène était exterminé par celui-ci, auquel il était cependant à peu près égal en force et en taille. Rien donc d’étonnant à ce que la forme serpent se soit accentuée alors que disparaissaient les autres grands reptiles, et à ce que cette forme apparaisse la dernière dans les restes géologiques de cet ordre de vertébrés. De même, dit Mmp Clémence Royer ( Darwi¬ nisme , p. 793) nos petits lézards ont dû la conservation de leur type , autrefois prédominant, à leur timidité et à leur faiblesse ; de même, c’est l’infériorité des poissons téléotéens, qui , devant la concurrence redoutable d’un groupe nouveau d’ennemis et de rivaux, les a proté¬ gés, sauvés, perpétués presque seuls depuis la période secondaire. Il en est de même des mollusques acéphales, des huîtres ; dès 1871, Joachim Rarrande, résumant les résultats consignés dans son admi¬ rable ouvrage sur le système silurien de la Bohême , avait cru pou¬ voir faire, de l’ordre d’apparition des mollusques , une objection capi¬ tale à la théorie de l’évolution et du transformisme. « La trace des acéphales , disait-il , n’a été signalée jusqu’à ce jour ni dans la faune primordiale, ni dans les phases de transition entre cette faune et la faune seconde . Comme, d’ailleurs, les ordres des ptéropodes et des gastéropodes, supérieurs par leur organisation, se sont manifestés durant les premiers âges siluriens , l'absence des acéphales , durant toute la faune primordiale constitue une grave anomalie et une inter¬ version de l’ordre supposé, c’est-à-dire une discordance inexplicable entre les prévisions théoriques et la réalité. » Il y a discordance apparente , en ce que les acéphales , étant des formes inférieures , ont apparu les derniers ; mais sont-ils inférieurs primitivement ou secondairement, par rétrogradation ? Là est toute la question, et si la seconde alternative était vraie, toute discordance cesserait entre la théorie et la réalité. Cette démonstration était délicate , et ne pouvait résulter que d’une étude minutieuse sur l’organisation des mollusques, 22 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. avec nombreux documents embryologiques capables de mettre en évidence leur véritable sériation phylogénique. C’est cette démonstra¬ tion qu’a entreprise avec plein succès E. Perrier dans son ouvrage sur les colonies animales et la formation des organismes ^Paris, 1881); il arrive à cette conclusion que « les acéphales doivent être considérés comme des gastéropodes dégénérés , et que, s’il en est ainsi, ils n’ont pu apparaître qu'après eux dans la série des couches géologiques. » Et il ajoute, après avoir cité le passage de Barrande ci-dessus repro¬ duit, « la discordance doit donc faire place à une remarquable concor¬ dance, et ce n’est pas un des moindres arguments en faveur de notre façon d’envisager les rapports des diverses classes des mollusques que cet accord entre les déductions exclusivement tirées de l’anato¬ mie et les phénomènes paléontologiques que M. J. Barraude considé¬ rait encore , en 1871 , comme inexplicables. » ( Op. cit., p. 647 et 648.) Il faut toujours dans ces questions, et pour faire image, en revenir à la comparaison que nous avons si souvent employée, celle d'un arbre dont chaque branche présente, entre les rameaux qui s’élèvent , quel¬ ques ramuscules qui penchent et redescendent vers la terre. Dans cet arbre généalogique, ces branches pendantes arrivent à descendre très bas, à se mettre au niveau de la partie inférieure du tronc, delà souche ; mais il ne faut pas pour cela les confondre avec la souche , avec les racines ; l’embryologie nous permet de remonter à leurs ori¬ gines réelles et nous les montre comme se détachant de parties déjà très élevées de l’arbre. Cette comparaison peut même être poussée plus loin et nous faire une image qui résume tout ce que nous venons de dire sur la persistance des types inférieurs et la production de types dégradés venant occuper tout ce qui peut être libre comme places inférieures. En effet, l’ensemble des organismes est comme un taillis touffu, un buisson, dans lequel quelques pieds, par dichotomie succes¬ sive , élèvent leurs branches au-dessus de la foule ; de ce que ces branches vont respirer plus haut , il ne s’en suit pas que nous devions voir disparaître les pousses plus petites qui peuvent se contenter de vivre dans les couches inférieures ; et bien plus , s’il se trouve encore un peu de place au milieu de ces pousses inférieures, entre elles et les branches élevées, nous voyons de ces dernières partir des ramuscules qui s’inclinent et descendent mêler leurs feuillages à ceux des couches les plus basses ; dans ce fouillis, en apparence inextricable, les feuilles des rameaux descendants sont les types dégénérés des formes supé¬ rieures, et les feuilles des pousses basses, auxquelles elles se mêlent, sont les formes primitivement inférieures et restées telles ; mais l’em¬ bryologie qui nous permet de remonter jusqu’aux bifurcations où tout rameau a pris naissance , et la paléontologie qui nous révèle la chro¬ nologie de leurs apparitions, nous permettent par cela même de dé- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 23 brouiller d’une manière inespérée ce taillis qu’on croirait à jamais inextricable. Toujours est-il que, pour un grand nombre de formes , l’évolution résultant de l’adaptation se produit dans une direction que nous pou¬ vons caractériser sous le titre de perfectionnement. A quoi reconnais¬ sons-nous qu’il y a perfectionnement ? Il n’est pas inutile de le préciser en ce moment, d’autant que nous pourrons le dire en peu de mots, car c’est chose bien connue aujourd’hui et bien précisée par l’organologie. Le caractère du perfectionnement se traduit essentiellement- par la division du travail ; et pour expliquer cette expression physiologique, nous pouvons la remplacer par deux expressions anatomiques équiva¬ lentes, à savoir la réduction numérique des organes et la centrali¬ sation. Exemple : chez un articulé inférieur , chaque segment du corps représente un petit individu complet, ayant ses organes des sens, ses organes génitaux, ses organes locomoteurs, etc. Au contraire, chez les articulés supérieurs, tels segments antérieurs deviennent seuls porteurs des organes des sens , tels segments sont seuls pourvus de pattes, tels autres renferment seuls les organes génitaux ; il s’est produit une division du travail, car au lieu que chaque segment prenne part à la locomotion , à la production des éléments générateurs , tels segments se sont essentiellement consacrés à l’une ou à l’autre de ces fonctions ; il y a donc eu aussi réduction numérique des organes, et en même temps centralisation de ces organes dans les segments qui seuls les possèdent. Et de cela résulte un progrès , de même que dans la fabrication industrielle il y a progrès par division du travail , de même que dans les sociétés humaines il y a eu progrès par centrali¬ sation. Et, en effet, tout l’organisme est d’autant plus parfait que ses parties sont mieux subordonnées au tout, les fonctions nerveuses, par exemple, acquérant d’autant plus de perfection qu’au lieu d’être dissé¬ minées dans une série de ganglions ou petits cerveaux indépendants, elles s’unifient et se centralisent , comme chez les vertébrés , dans une masse nerveuse encéphalique qui tient tout le reste sous sa dépen¬ dance. Ces notions, depuis longtemps classiques, ont été exposées et pour ainsi dire rajeunies par E. Perrier, dans son ouvrage sur les colonies animales et la formation des organismes , où il a expliqué non seule¬ ment le rôle , mais encore le mécanisme de ces centralisations qui sont la source de l’individualité de l’organisme et de son perfectionne¬ ment. Nous aurons à revenir sur la théorie des colonies animales. Pour le moment , nous pouvons nous en tenir strictement à donner , comme caractère anatomique du perfectionnement, le fait de la réduc¬ tion numérique des organes Pour bien en constater la signification , « il suffit, dit Hæckel ( Création , 252), de comparer, par exemple , les crustacés inférieurs munis de pattes nombreuses, avec les araignées 24 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qui ont invariablement quatre paires de pattes, et avec les insectes qui en ont seulement trois : la réduction numérique des paires de pattes est un progrès. De même chez les vertébrés, la réduction numérique des vertèbres est un progrès organique. Les poissons et les amphibies, pourvus d’un très grand nombre de vertèbres analogues , sont plus imparfaits et plus inférieurs que les oiseaux et les mammifères chez qui les vertèbres sont non seulement beaucoup plus différenciées, mais encore beaucoup moins nombreuses. En vertu de la même loi , les fleurs pourvues d'étamines nombreuses sont plus imparfaites que les fleurs des plantes analogues moins riches en étamines, etc. » Des objections générales auxquelles nous venons de répondre en parlant de la persistance des types inférieurs, il faut rapprocher une autre question que posent volontiers les partisans des créations, dans le but d’embarrasser les transformistes. Pourquoi, disent-ils, ne voyons-nous pas réapparaître des formes semblables à celles qui ont. paru autrefois ? Pour eux, qui invoquent en tout le caprice créateur, la réponse est facile ; c’est qu’il n'a pas plu au créateur de recommen¬ cer deux fois la même œuvre ; mais pour les transformistes, disent- ils, si les formes résultent des conditions du milieu, il doit bien se trouver des circonstances où les conditions de milieu se retrouvent identiques à ce qu’elles ont été quelque mille ans ou plus auparavant, et alors nous ne voyons pas pourquoi ne réapparaissent pas les formes dites antédiluviennes. Mais cette question, comme toutes les autres objections, résulte de ce qu’on ne considère qu’un côté du tableau : tantôt en parlant de lutte pour l’existence, on ne voit que les combats directs entre les individus de même espèce et on oublie que la lutte existe aussi contre le milieu extérieur, auquel il faut s’adapter ou pé¬ rir; maintenant, en parlant de milieu, on ne voit que les circonstances physiques et atmosphériques, on laisse de côté les rapports avec le reste du monde animal et végétal, ce qui constitue aussi une bonne part du milieu ambiant, et on oublie que si des conditions à peu près identiques dans le climat, les eaux, les montagnes et la nature du sol, peuvent se reproduire, il est impossible que le monde végétal et ani¬ mal ambiant se retrouve le même ; on oublie surtout que les êtres qui se sont produits à un moment ont eu pour condition nécessaire ceux qui les ont précédés et d’où ils sont sortis par sélection et adap¬ tation. Or, cette même sélection et adaptation a fait disparaître l’an¬ cêtre direct et a modifié plus ou moins les types inférieurs qui ont subsisté ; qu’il soit demeuré des formes inférieures non modifiées, cela ne permet pas d’espérer de les voir évoluer en se séparant en espèces selon un mode identique à celui qui s’est produit une fois an¬ térieurement. Ce serait comme si on demandait que l'histoire an¬ cienne recommence, reproduisant exactement, et détails par détails, les événements et les personnalités de Rome ou d’Athènes. Tout ce JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 25 qui peut se produire en histoire, ce sont des événements analogues et comparables à ceux des siècles passés, et, en effet, dans la vie de tous les peuples, on trouve des phases qui présentent une grande ressem¬ blance ; l’histoire des républiques modernes nous montre, comme dans les républiques antiques, soit des didacteurs, soit des législateurs, soit des grands capitaines, et on comparera volontiers ceux du présent à ceux du passé ; mais c’est tout. Pas plus que les lois de l’évolution de l’humanité ne permettent l’apparition d’une individualité qui serait la répétition exacte, points par points, d’une individualité ancienne, les lois physiques et biologiques ne peuvent ramener une seconde éclosion d’une espèce disparue. Mais dans des circonstances analogues, il y aura production de formes analogues, c’est-à-dire qu’on rencon¬ trera, séparés les uns des autres par un grand intervalle de temps ou d’espace, des types qui, malgré des origines très différentes, pré¬ senteront des rapports assez étroits. Dar win cite l’agouti, la viscache, comme représentant dans l’ Amérique du Sud nos lièvres et nos lapins, l’émeu, l’autruche, le nandou, comme reproduisant des formes ana¬ logues en Australie, en Afrique et en Amérique. Il aurait pu citer en¬ core, ajoute De Quatrefages ( Précurseurs , page 131), tous les marsu¬ piaux d’Australie, dont le type se modifie de manière à répéter, pour ainsi dire, dans cette série particulière, les grandes divisions des autres mammifères, de sorte qu’un rongeur didelphe peut paraître au premier abord semblable à un rongeur monodelphe. Pour des mammi¬ fères aquatiques, dérivés de types terrestres très différents, les formes deviennent si analogues entre elles que les naturalistes les ont long¬ temps mal distinguées, et si semblables aux poissons que souvent en¬ core le vulgaire ne sait pas en faire la distinction. Ainsi les repré¬ sentants amphibies des carnassiers et des pachydermes ont dû subir des modifications profondes pour s’adapter à la vie aquatique, et, les conditions d’adaptation étant les mêmes, il en est résulté des modifi¬ cations parallèles, c’est-à-dire des ressemblances qui ont fait long¬ temps hésiter les naturalistes. (De Quatrefages. Précurseurs , page 135.) « Le morse et le dugong, autrefois placés à côté l’un de l’autre, aujourd’hui séparés avec juste raison, sont des termes correspon¬ dants ; chez tous les deux , la forme générale du corps s’est modifiée, les membres se sont réduits à de simples palettes jouant le rôle de nageoires. Un pas de plus, on arrive aux baleines, aux dauphins, que le vulgaire, trompé par les formes extérieures, confond avec les pois¬ sons, et qui ne sont, en réalité, que les analogues de cette dernière classe dans celle des mammifères. » Ainsi donc, tout ce qu’on peut demander au transformisme, ce n'est pas de nous montrer, dans des circonstances prétendues identiques, l’apparition et la réapparition de formes et d’organisations identiques, mais seulement, dans des conditions analogues, des formes analogues. 26 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. De ceci il est de nombreux exemples, parmi lesquels ceux que nous venons de citer sont suffisamment démonstratifs. C’est dans des circonstances semblables que les espèces domes¬ tiques, lorsqu’elles sont soustraites à l’influence de la sélection artifi¬ cielle, et que, revenant à la liberté, elles rentrent sous les lois de la sélection naturelle, reprennent les caractères des espèces sauvages et notamment revêtent de« couleurs uniformes pour tous les individus d’une même espèce, c’est-à-dire qu’elles varient et que seules les varia¬ tions tendant à les adapter à leur nouvel état et à les rapprocher, par conséquent, des animaux sauvages, ces variations seules se perpétuent, les individus qui ne varient que d’une manière insuffisante périssant. Aussi , voyons les descriptions que nous donne à cet égard Raulin, l’un de ceux qui ont le plus étudié cette question (1) : « Errant tous les jours dans les bois, les porcs, dit-il, ont perdu presque toutes les marques de la servitude : les oreilles se sont redressées, la tête s’est élargie, relevée à la partie supérieure ; la couleur est redevenue cons¬ tante ; elle est entièrement noire. Les jeunes individus, sur une robe un peu moins obscure, portent en lignes fauves la livrée comme les marcassins . Chez les chevaux, un caractère appartenant à l’es¬ pèce non réduite, la constance de la couleur, commence à se rencon¬ trer, le bai-chatain est non-seulement la couleur dominante, mais presque l’unique couleur. » Ici l’adaptation produit donc, aux dépens des formes domestiques, des individus identiques à peu près à leurs frères restés sauvages ; mais, nous le répétons, ces types sont frères, et leurs mêmes origines de parents communs encore peu éloignés dans le temps, permettent que les mêmes conditions de milieu les ramènent à des caractères identiques ; ces mêmes conditions, quelques sem¬ blables qu’elles soient, ne peuvent, par contre, produire que des formes analogues quand elles agissent sur des types aussi différenciés déjà et aussi éloignés de leurs ancêtres communs que 'le sont les di- delphes et les monodelphes, les carnassiers et les pachydermes, les mammifères et les poissons. Toutes ces questions, toutes ces objections malvenues que l’on op¬ pose au transformisme, ont pour origine non-seulement, comme nous venons de le dire, une notion insuffisante du sens des mots lutte pour l’existence et milieu extérieur, mais encore cette idée toujours prédo¬ minante que les êtres sont disposés selon une échelle linéaire de per¬ fectionnement. Il faut, au contraire, nous ne saurions assez y insister, bien comprendre que la différenciation dichotomique des formes pro¬ duit, comme sur un arbre, des branches dont chacune évolue indépen¬ damment vers ses formes actuelles les plus parfaites et que, si certaines (1) Raulin. — Recherches sur les changements observés dans les animaux domestiques transportés de l’ancien dans le nouveau continent. (Mémoires de l’Institut. T. VI, p. 324). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 27 de ces formes nous apparaissent inférieures par rapport à celles d’une autre branche , elles n’en sont pas moins un haut degré de perfection¬ nement pour le rameau auquel elles appartiennent. Ainsi la classe des articulés, des insectes, est évidemment, prise en masse et en vertu de son organisation, inférieure à celle des vertébrés, mais il n’en est pas moins vrai que parmi les insectes il eu est qui ont atteint , à certains égards, un degré de perfectionnement qu’on chercherait en vain chez bon nombre de vertébrés ; tel est le cas des fourmis sous le rapport des instincts, de l’intelligence, de l’organisation sociale. Ce n’est guère que dans les sociétés humaines, et dans les sociétés humaines déjà avancées, qu’on peut trouver des institutions comparables à celles des fourmilières, et à bien des égards, l’homme aurait encore, comme le disait Broca , à prendre des leçons chez les fourmis. Il ne faut donc pas se figurer l’évolution comme empilant régulière¬ ment les espèces , les familles , les ordres les uns au-dessus des autres, de sorte qu’une seule espèce occuperait finalement le couron¬ nement de la colonne et que les autres lui seraient inférieures exacte¬ ment en proportion de la distance linéaire à laquelle elles sont placées de ce sommet. Dans ces conditions, il faudrait tout aussi bien empiler aussi les règnes des uns par dessus les autres et mettre le règne végé¬ tal au-dessous du règne animal. Alors ceux qui demandent comment il se fait que, malgré l’évolution et sa tendance au perfectionnement, il reste encore des espèces animales inférieures comme les amibes et les zoophytes, devraient aussi bien se demander pourquoi il subsiste encore des végétaux à côté des animaux. Une pareille question montre assez combien la première est peu fondée, en dehors des ré¬ ponses que nous y avons faites précédemment. Elle force, en effet, à se rappeler que le règne animal ne peut exister sans le règne végétal, qui fournit la nourriture aux neuf dixièmes de ses représentants, et elle amène ainsi à remarquer que l’équilibre des choses veut que de même les animaux inférieurs existent à côté des formes supérieures, pour lesquelles elles sont une condition d’existence, puisque la plu¬ part du temps elles leur servent de pâture. Si donc les animaux supé¬ rieurs, les oiseaux insectivores, par exemple, tendent à détruire, dans la lutte pour l’existence, les êtres inférieurs tels que les insectes, cette destruction sera nécessairement bornée par la limite même où son excès deviendrait nuisible aux oiseaux insectivores, qui, ne trou¬ vant plus qu’une nourriture insuffisante, périraient. Alors les insectes survivants auraient tout le temps de se propager largement, surabon¬ damment, jusqu’au moment où d’autres êtres insectivores en limite¬ raient la propagation. Les rapports réciproques des organismes, aussi bien animaux que végétaux, sont donc tels qu’ils maintiennent un équilibre régulier, d’où résulte nécessairement la co- existence des formes supérieures et des formes inférieures. Quant au mécanisme de. 28 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cet équilibre, nous avons vu que la théorie transformiste est la seule qui en rende pleinement compte, et cela par le fait de la lutte pour l’existence de la sélection. L’homme seul a pu rompre cet équilibre : lui qui neutralise les effets de la sélection naturelle et y substitue la sélection artificielle basée sur ses caprices , il a pu impunément faire pencher la balance de son côté , et , comme carnivore, aussi bien que comme herbivore , épuiser, jusqu’à leur dernier spécimen , les plantes et les animaux sauvages qui lui servaient de nourriture. Mais, *qu’est-il arrivé alors? Quand il s’est vu près d’avoir détruit, par exemple, tous les ruminants sauvages qu’il chassait , et qu’il s’est vu lui-même menacé de destruc¬ tion par la disette , il a dû travailler de lui-même à la reconstitution de ces troupeaux , qui allaient disparaître , de ces plantes dont il avait épuisé la végétation spontanée ; de même qu’aujourd’hui il se voit forcé de reboiser ces montagnes qu’il a imprudemment dépouillées , il lui a fallu alors faire les animaux domestiques, les plantes cultivées, créer les troupeaux auxquels il prépare la nourriture et le couvert. . Aux ressources naturelles épuisées , il a suppléé par celles de son industrie, et c'est alors qu’à l’équilibre produit par la sélection natu¬ relle et qu’il venait de rompre, il a substitué l’équilibre de la sélection artificielle qu’il a de plus en plus développée. Sans doute son évolution lui permettait de faire disparaître les autres mammifères placés au- dessous de lui , mais sa conservation propre l’a forcé à les conserver, domestiques , exploités par lui , tant il est vrai que l'existence des formes inférieures est une des conditions de l’existence des formes supérieures. Voilà ce qu’auraient dû considérer les adversaires du transformisme avant de demander pourquoi , en dépit des lois de l’évolution , ont persisté jusqu’à nos jours les formes les plus inférieures d’organismes végétaux et animaux. Ils auraient dû aussi , raisonnant par analogie , comparer à certaines formes anciennes d’organisations sociales la théorie de la fixité des espèces dont ils sont les défenseurs, en même temps que comparer aux formes modernes de la société le transformisme qu’ils se refusent à admettre. Dans ces anciennes sociétés , où régnaient les distinctions de castes, de noblesse héréditaire, les individus étaient de père en fils, et pendant les plus longues séries de générations, immuablement fixés dans une classe sociale dont ils ne pouvaient sortir, absolument comme, d’après la doctrine de la fixité des espèces, celles-ci seraient enchaînées à des formes à jamais immuables. Dans les sociétés modernes civilisées, au contraire, chacun , quelle que soit son origine première , peut aspirer à monter, selon ses aptitudes et selon les circonstances , absolument comme , d’après les conceptions du trans¬ formisme, certaines formes inférieures ont pu évoluer vers les types JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 29 placés de plus en plus haut. Mais cela veut-il dire que tous les indi¬ vidus arrivent à s'élever ainsi au premier rang , et que penserait-on d’un adversaire de l’égalité moderne qui, pour faire une objection à l’état de choses actuel, manifesterait la crainte que, puisque tout simple soldat peut, selon ses mérites, devenir général , il n’y ait bientôt plus de simples soldats et rien que des généraux ? Si une pareille crainte ne peut que nous faire sourire, nous n’avons pas d'autre impression à manifester quand on nous demande comment il peut se faire qu’il subsiste encore des animaux inférieurs h côté de ceux qui ont évolué vers les formes les plus élevées. Et puisque nous avons employé cette comparaison entre les doctrines en philosophie naturelle et les doc¬ trines sociales, servons-nous en encore pour exprimer cet espoir que la théorie de la fixité des espèces s’évanouira comme a disparu la distinction des castes , et que la théorie transformiste lui succédera , ainsi que, à la noblesse héréditaire, a succédé l’égalité pour tous, et pour tous le droit d’aspirer à tous les rangs , selon ses aptitudes et ses mérites. Pour le dire en passant, ces deux ordres d’idées se touchent à bien des égards , et peut-on presque dire que les adversaires du transformisme se trouvent surtout parmi des naturalistes que les traditions d’école rendent réfractaires à la théorie nouvelle, comme les adversaires des principes d’égalité et de liberté sont en général des hommes que leur éducation et leurs liens de famille ont tenus étran¬ gers au mouvement du progrès. Dr Mathias Duval , Professeur à l’Ecole (l’Anthropologie. LES MEMBRANES MUQUEUSES ET LE SYSTÈME GLANDULAIRE. Leçons faites au Collège de France (année 1883-84), par le professeur L. Ranvier. (Suite) (1) Je m’occuperai encore cette année des membranes muqueuses et du système glandulaire; je ne pense même pas, dans le courant de l’année scolaire , épuiser complètement ce sujet , tant il est vaste. 11 comprend , en effet , les muqueuses des appareils digestif, pulmonaire, génito-urinaire. L’an dernier, nous avons commencé seulement l’étude des muqueuses de l’appareil digestif, et nous n’avons pu nous occuper (1) Voir Journal de Micrographie , T. VII, 1883, p. 628. (Compte-rendu sténog.) 30 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. que des muqueuses buccale et œsophagienne et des glandes qui en dépendent. J’ai commencé , pour donner un exemple du système glandulaire, par une rapide description des glandes cutanées des Mammifères et des Batraciens; antérieurement , j’avais étudié les glandes cutanées des Mammifères et de l’homme, mais j’avais laissé de côté, avec intention, celles des Batraciens. J’ai ensuite examiné les muqueuses buccale et œsophagienne chez un très grand nombre d’animaux, Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Batraciens, etc., et j’ai terminé par l’étude des glandes salivaires chez plusieurs Mammifères, homme, chien, chat, lapin, cochon d’Inde, rat, souris, taupe et quelques chauves-souris. J’ai pu constater ainsi des dissemblances considérables et vous montrer combien des glandes qui portent le même nom en anatomie peuvent, chez des espèces différentes, présenter une structure différente aussi. Avant d’aller plus loin et d’étudier les glandes salivaires des Oiseaux, des Reptiles et des Batraciens, ce que je me propose de faire et ferai cette année, je dois vous rappeler les faits les plus importants qui nous ont occupés et les données générales que nous avons acquises l’année dernière , afin de bien établir notre base d’opérations ; — et vous savez , d’ailleurs , que dans des recherches aussi longues et aussi difficiles , il est important de revenir de temps en temps en arrière pour s’assurer que cette base d’opérations est toujours solide et qu’on peut encore s’en servir pour aller en avant. Je reprendrai seulement les faits les plus importants au point de vue de cette marche en avant que nous devons faire cette année. Je reviendrai seulement sur trois des questions que nous avons soulevées, et d’abord la comparaison des glandes cutanées des Mammifères et des Batraciens, ce que nous n’avons pu faire complètement l’an dernier. Vous savez que chez la grenouille verte (Rana esculenta), il y a trois espèces de glandes cutanées : les glandes séreuses , les glandes muqueuses et les glandes à venin. Les glandes séreuses sont les seules sur lesquelles je veux insister aujourd’hui, parce que ce sont les seules qui soient comparables aux glandes cutanées sudoripares des Mammifères et de l’homme. Quand on examine la membrane nictitante de la grenouille, mem¬ brane qui ne contient que des glandes séreuses , on observe sur la coupe de ces glandes , d’abord la membrane propre qui les revêt , et, en dedans de la membrane propre , le relief des fibres musculaires ; puis , entre les fibres musculaires et la lumière du canal excréteur, une rangée de cellules épithéliales glandulaires. Enfin, au centre, le canal excréteur lui-même. C’est le schéma exact de la coupe du tube excréteur d’une glande sudoripare de l’homme ou d’un mammifère. Vous connaissez les expériences classiques qui consistent à faire JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 34 sécréter les glandes sudoripares d’un animal en excitant le nerf qui anime la glande. On discute pour savoir si la sécrétion se produit au moment de l’excitation ou si l’excitation détermine seulement l'excré¬ tion de produits sécrétés au préalable. On discute même sur la nature des éléments qui composent la couche musculaire : on a soutenu , par exemple, qu’ils ne sont pas musculaires. Or, il est très difficile , — personne ne l’a tenté, — de prendre une glande sudoripare de l’homme ou d’un mammifère , avec son nerf , de la placer dans le champ du microscope et d’exciter la glande ou le nerf, de manière à agir sur ses fibres pour voir si elles se contractent : — cela paraît impossible. Il est, au contraire, très simple d’examiner les glandes séreuses de la grenouille. Plusieurs histophysiologistes l’ont fait depuis 1840 , entr’autres , Engelmann , Stricker , Spina. Je ne veux pas reprendre aujourd’hui cette discussion : l’an dernier, j’ai montré qu’il fallait rejeter les opinions de Stricker et de Spina. Au contraire , j’ai admis , en grande partie au moins , les idées d’Engelmann sur le mécanisme de la sécrétion des glandes séreuses de ET grenouille. Vous avez vu que quand on excite ces glandes séreuses, leurs fibres musculaires se contractent et diminuent le calibre de la glande, et le phénomène qui se produit est un phénomène d’excrétion , l’expulsion du produit de sécrétion par la contraction des fibres. Et, comme la couche musculaire des glandes sudoripares des Mammifères et de l’homme , en particulier, est en tout semblable à celle des glandes séreuses de la grenouille, comme vous avez vu la contraction des fibres de ces dernières glandes , nous pouvons conclure , avec une grande logique, que les éléments dits musculaires des tubes sécréteurs des glandes sudoripares sont réellement musculaires et susceptibles de se contracter. J’ai insisté sur ce fait que l’excitation du nerf sciatique ne détermine pas , dans les glandes sudoripares de la patte du chat, une sécrétion , mais une excrétion de produits déjà sécrétés. Je crois que ce fait est conforme à ce que nous savons sur la contrac¬ tion et l’excrétion dans les glandes séreuses de la grenouille. Un autre point très important que j’ai cherché à montrer et que je crois avoir établi, est que les fibres musculaires des glandes sudori¬ pares se développent, non pas aux dépens du feuillet moyen du blastoderme , comme les autres fibres musculaires lisses , mais aux dépens de l’ectoderme , c’est-à-dire de l’épiderme général du corps. Je ne rappellerai pas sur quoi je me suis fondé pour L’établir, mais pour donner à ces observations , déjà anciennes , toute leur valeur, il fallait démontrer que ces fibres sont réellement musculaires, et c’est ce que j ’ai prouvé par la comparaison de ces glandes avec les glandes séreuses de la grenouille. — Nous sommes donc conduits à admettre l’existence de deux espèces de fibres musculaires lisses, les unes 32 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d’origine endodermique, et les autres d’origine ectodermique. C’est là une notion qui, je le crois, doit prendre rang dans l’histologie. Vous allez maintenant pouvoir juger une de ces idées générales a priori , dont je vous parlais dernièrement. Depuis que je vous ai fait connaitre ces faits sur le développement des fibres musculaires des glandes sudoripares aux dépens de l'ectoderme, un dermatologiste dis¬ tingué, M. Unna, a été conduit à penser que des éléments particuliers qui existent dans les glandes salivaires et qui forment la membrane propre des acini , les cellules en panier de Boll , sont des éléments musculaires. Sans faire d’observations ni d’expériences, Unna a publié un petit travail pour soutenir cette thèse , admettant qu’il existe dans les glandes salivaires un mécanisme musculaire semblable à celui des glandes sudoripares. On peut émettre une pareille idée , mais quand elle n‘est pas établie sur des observations directes , sur des faits bien constatés, au moins, sur un commencement de preuves, je crois qu’on ferait mieux de la garder pour soi. Toutes ces concep¬ tions qui ne s’appuient sur rien ne font qu’encombrer la science. La deuxième question que je veux vous rappeler est la suivante : Vous savez que dans Ja muqueuse bucco-œsophagienne, dans la couche dite stratum granulosum de cette muqueuse , j’ai trouvé des gouttes «■ d’une substance qui se colore vivement par le picro-carmin. J'ai appelé cette substance, déjà entrevue par Langerhans, élêidine , parce qu’elle parait avoir la consistance et la réfringence d’une huile essentielle. Depuis lors, Waldeyer a publié un mémoire étendu dont je n’ai pas à faire ici la critique. Il pense que c’est une matière colloïde semblable à une substance que Recklinghausen a appelée hyaline. Or, Unna a encore fait paraître un mémoire dans lequel il débaptise l'éléidine et lui donne le nom d q kêrato-hyaïine , admettant qu’elle joue un rôle très important dans la kératinisation ou formation de la couche cornée de la peau. Chez tous les Mammifères dont j’ai examiné la langue, j’ai trouvé de l’éléidine dans l’épithélium qui recouvre certaines papilles lin¬ guales. Chez plusieurs d’entr’eux, le cochon d’Inde, le rat (Mus decumanus ) , il y a de l’éléidine dans l'épithélium de toute la partie buccale et œsophagienne ; chez le Rat , même , dans toute la portion cutanée de l’estomac, la plus étendue chez cet animal. Or, ces épithé¬ liums, dans les points où ils présentent de l’éléidine, ne se kératinisent jamais. Par conséquent, la dénomination de « kérato-hyaline » est abso¬ lument défectueuse. Ainsi, Unna, qui a pensé mieux faire que moi, est tombé dans l’erreur : il fallait , la substance en question n’étant pas encore complètement connue, adopter un nom indiquant une de ses propriétés plutôt qu’une fonction dont on n’était pas certain. Je JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 33 conserve donc celui d’éléidine qui ne préjuge rien et qui , d’ailleurs , a la priorité, et je pense qu’on le conservera. Une troisième question que j’ai soulevée l’année dernière et que j’ai reprise plusieurs fois ici, cherchant toujours à mieux voir les faits et à perfectionner les méthodes, vous montrera encore l’influence d’une de ces idées a priori, idées générales qui ne conduisent qu’à l’erreur. Il s’agit du mécanisme de la sécrétion des glandes salivaires et mu¬ queuses en particulier. Il y a vingt ans , on croyait que le mécanisme de la sécrétion , en général, était analogue à l’évolution des épithéliums, et, en particulier, de l’épiderme. On savait que les glandes sont à l’origine des bourgeons épithéliaux ou épidermiques et que , en ce qui regarde les éléments glandulaires, elles sont des dépendances épithéliales ou épidermiques ; et comme on connaissait l’évolution épidermique continue par laquelle les cellules des couches profondes s’élèvent successivement jusqu’à la surface pour être rejetées enfin dans le monde extérieur, on croyait que dans les glandes, il y avait une évolution semblable dont le terme était le départ en masse des cellules glandulaires avec le produit formé par ces cellules elles-mêmes. Telle était la théorie que soutenait un histologiste très distingué, Kolliker. Mais , en 1868 , Heidenhain , se fondant sur les remarquables expé¬ riences de Ludwig et de Claude Bernard, sur la sécrétion de la glande sous-maxillaire par l’excitation du nerf moteur de cette glande , qui est , comme vous le savez , la corde du tympan , eut l’idée de déterminer, dans la glande sous-maxillaire du chien , une sécrétion extrêmement abondante et de comparer cette glande excitée pendant longtemps avec celle de l’autre côté restée sans excitation, et normale. Il se proposait d’étudier le mécanisme de cette sécrétion et de voir ce qui se passait dans les cellules et les culs-de-sac glandulaires sous l’influence du fonctionnement de la glande. — Est-il arrivé à déter¬ miner ce mécanisme et à le reconnaître tel qu’il est en réalité? — Aujourd’hui, on peut répondre: non; car Hendenhain lui-même a reconnu implicitement son erreur. Et cette erreur venait précisément de l’idée générale. Il a trouvé que, dans une glande sous-maxillaire soumise à une excitation prolongée, les cellules muqueuses qui occupent les acini se détachent et tombent dans les canaux excréteurs pour former le produit de la sécrétion. Ce produit serait ainsi constitué par l’ensemble des cellules muqueuses détachées. Cependant, dans les acini, il a rencontré encore des éléments cellulaires modifiés par une longue excitation ; il a trouvé à la place des cellules muqueuses , des cellules granuleuses beaucoup plus petites que les cellules muqueuses physiologiques de la glande, se colorant fortement par l’acide osmique , tandis que les cellules muqueuses ordinaires 3 34 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. restent à peu près incolores. — Or, Gianuzzi avait indiqué, à la limite des culs-de-sac , l’existence de cellules granuleuses formant des croissants, tandis que le reste des acini était occupé par de grandes cellules claires , possédant un noyau refoulé avec le protoplasma vers la membrane de la glande et remplies par du mucus ou du mucigène. Heidenhain supposa donc que toutes les cellules muqueuses étaient parties et se trouvaient remplacées par des cellules des croissants de Gianuzzi , augmentées de volume et de nombre , c’est-à-dire prolifé¬ rées. — C’était une application directe de l’idée générale dont je vous parlais tout-à-l’heure, c’est-à-dire que le matériel sécrété était entière¬ ment formé par les cellules elles- mêmes, celles-ci, arrivées à maturité, tombant dans les conduits excréteurs et étant remplacées par les cellules des croissants de Gianuzzi ; cela représentait ce qui se passe dans le corps muqueux de Malpiglii de l’épiderme humain. En réalité , les choses se passent tout autrement. Lorsqu’en 1869, — j’étais alors, ici même, préparateur du cours de Claude Bernard, — les travaux de Heidenhain vinrent à ma connaissence , j’ai répété ces expériences, j’en ai fait beaucoup d’autres, et c’est en 1870 que j’en ai publié le résultat dans une courte note annexée à la traduction du Traité d’histologie .de Frey, note analysée la même année dans le Centralblatt , par F. Boll. J’ai constaté que quand on a excité, même pendant longtemps, le nerf sécréteur de la glande sous-maxillaire, les cellules muqueuses ne sont pas détachées des acini , mais ne subissent même que des modifications légères. Le noyau, qui était refoulé à la périphérie de la glande, se rapproche du centre ; le protoplasma acculé au fond des cellules s’est accru, le mucus est rejeté à la surface et tombe dans la lumière des conduits excréteurs , de sorte qu’à la fin , tout le mucus est parti, le protoplasma a acquis encore une plus grande surface et occupe les cellules tout entières ; — mais ce ne sont pas des cellules des croissants. En 1876 , Heidenhain fit reprendre cette étude par un histologiste russe très distingué , Lavdowsky, qui a travaillé ici, pendant un an , à notre laboratoire du Collège de France. 11 a repris ces expériences et en a fait de nouvelles sur la glande orbitaire du chien , qui est aussi une glande salivaire. Ses conclusions conduisent à rejeter absolument la première interprétation de Heidenhain. Lavdowsky connaissait mes recherches , il s’en est servi , et il y a accord parfait entre les faits auxquels il est arrivé et ceux que j’avais décrits sept ans auparavant. Seulement, il distingue deux espèces de modifications dans les cellules, suivant que l’excitation du nerf sécréteur a été modérée et courte ou qu’elle a été forte et prolongée. Dans le premier cas , les choses se passeraient comme je l’ai dit, mais si l’on poursuit l’expérience très longtemps, les phénomènes sont ceux décrits par Heidenhain, c’est-à- dire que les cellules muqueuses ont subi des modifications telles qu’on JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 35 ne les reconnaît plus comme cellules muqueuses et on peut supposer que ce sont des cellules des croissants. Je pensais qu’Heidenhain s’était rendu à ma manière de voir, aussi ai-je été fort surpris quand j’ai lu, l’an dernier, un travail considérable de cet auteur sur les glandes et le mécanisme de l’excrétion , inséré dans l’important Manuel de physiologie de Hermann. Il passe mes recherches absolument sous silence , il indique ses premiers travaux , parle de ceux de Lavdowsky et conserve les conclusions de ce dernier. — J’ai montré , l’année dernière , qu’il ne fallait même pas conserver les dernières conclusions de Heidenhain , c’est-à-dire que même sous l’influence d’une excitation forte et prolongée , aucune cellule des croissants de Gianuzzi ne vient remplacer les cellules muqueuses disparues. J’ai même fait deux nouvelles expériences , de démonstration plutôt que de recherche : chez un chien , j’ai excité assez fortement la corde du tympan pendant 40 minutes et j’ai obtenu une abondante sécrétion de salive, puis j’ai examiné comparativement les deux glandes, celle du côté qui avait subi l’excitation et celle du côté opposé qui était restée en repos; — vous avez vu les préparations, je vous les montrerai encore et vous reconnaîtrez qu’il est impossible de distinguer le moindre changement dans les cellules muqueuses ni dans celles des croissants de Gianuzzi. La seule modification que vous pourrez constater est une exagération des stries des cellules épithéliales des canaux excréteurs. — (Vous connaissez ces stries rayonnées, signalées pour la première fois parHenle, et qui, je crois, représentent des éléments contractiles). — Il faut exciter pendant sept heures et même davantage , la corde du tympan , pour modifier d’une manière appré¬ ciable les cellules muqueuses. Or, jamais, à l’état physiologique, il ne se produit une excitation de cette durée. Il faut donc bien se rappeler que les modifications, que l’on produit ainsi dans les cellules sont l’expression d’un état pathologique et non physiologique. — A l’état physiologique, les modifications produites sont insensibles. J’ai employé , dans cette étude, une méthode qu’Heidenhain n’a pas suivie , c’est l’isolation après macération de la glande dans l’alcool au tiers. Vons avez vu que, dans la glande du côté normal , les cellules muqueuses sont grandes avec un noyau ratatiné refoulé dans le voisi¬ nage de la pointe basale de la cellule, tandis que de l’autre côté, après une si longue excitation , les noyaux sont sphériques, rapprochés du centre des cellules , le protoplasma gonflé , le mucus disparu. Je ne reviendrai pas sur la description de ces coupes, dans lesquelles il est toujours facile de distinguer les cellules des croissants des cellules muqueuses, et par conséquent de reconnaître que celles-ci ne sont pas remplacées par les premières. De plus , si lès cellules des crois¬ sants se multipliaient par division , on devrait trouver des traces de 36 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cette division après avoir excité la corde du tympan 'pendant 6 ou 7 heures. Aujourd’hui, les phénomènes de la karyokinèse sont parfaite¬ ment connus , les méthodes qu'il faut suivre pour les reconnaître sont très exactes, et je dois dire que dans aucun cul de sac glandulaire de la sous-maxillaire du chien excitée pendant longtemps, je n’ai trouvé trace de division des cellules. Enfin, je terminerai par un fait qui vient absolument renverser, et définitivement, la conception de Heidenhain. 11 s’agit de l’observation directe des cellules vivantes excitées sur la platine même du micros¬ cope , ce qui permet de suivre pas à pas les phénomènes qui se pro¬ duisent dans une cellule muqueuse. Il existe, en^ effet des cellules, muqueuses qui , au lieu d’être groupées en acini , sont isolées au milieu d’autres cellules à cils vibratiles, ce sont les cellules caliciformes ou glandes muqueuses unicellulaires. Nous connaissons , chez les Mammifères et chez les animaux à sang froid, une série de muqueuses qui sont tapissées d’épithélium caliciformes ou de cellules caliciformes mêlées à des cellules à cils vibratiles , mais ces muqueuses sont beaucoup trop épaisses pour qu’après les avoir enlevées, on puisse les examiner dans leur entier sur le microscope. J’ai cherché une région où la muqueuse fut assez mince pour permettre l’observation directe, et j’ai réussi à la trouver. Derrière la langue de la grenouille, il existe un sac lymphatique ordinairement vide , mais qui se remplit dans certaines conditions. On peut l’injecter : ce sac prend alors des pro¬ portions assez considérables pour rejeter la langue en dehors de la bouche, Or, ce sac lymphatique retrolingual est recouvert d'une muqueuse beaucoup plus mince encore que la cornée, et cette mu¬ queuse qui contient des fibres musculaires , des nerfs et des tissus conjonctifs, présente, du côté delà bouche, un épithélium à cellules vibratiles et à cellules caliciformes ; sur l’autre côté, un endothélium caractéristique. Mais toutes ces parties sont tellement minces que quand on étale la membrane sur une lame de verre on en observe tous les détails sans la moindre difficulté. Je vous ai montré cette membrane, j’ai fait des expériences, je les ai reprises et complétées de manière à leur donner, je crois , un beaucoup plus grand intérêt. Gomme liquide indifférent, j’ai pris l’humeur aqueuse ou le sérum du sang, qui est infiniment préférable, l’humeur aqueuse n’étant pas du tout un liquide indifférent, puisque les cellules lymphatiques cessent bientôt d’y présenter des mouvements .amiboïdes , comme je l'ai démontré. (Il faut, d’ailleurs, qu’il en soit ainsi, sans quoi ces cellules pourraient s’introduire dans la chambre antérieure de l’œil), En disposant sur le porte-objet chambre humide dans une goutte de sérum , la muqueuse qui recouvre le sac lymphatique, de manière que la muqueuse même soit du côté de l’observateur, avec un fort grossis¬ sement, on voit les cils vibratiles, en mouvement actif, qui balaient la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 37 surface et les globules rouges qui peuvent rester dans le sérum. De distance en distance, mais surtout vers les parties latérales , en avant et en arrière , pas au milieu , se trouvent des cellules caliciformes , globuleuses , à forte réfringence , et qui frappent d’abord par leur aspect. Entr’elles sont disposées des cellules à cils vibratiles qu’on distingue très mal ; on n’y voit pas de noyau tant que les cellules sont vivantes. Mais dans les cellules caliciformes , on aperçoit de petits corps moins réfringents, probablement des cavités pleines d’un liquide moins réfringent que le protoplasma et le mucigène. Toutes ne pré¬ sentes pas ces vacuoles, mais la plupart. Quant au nombre et au volume des vacuoles , il est très variable. L’an dernier, je n’avais pas été frappé par le fait suivant , — ce qui montre qu’il faut répéter un grand nombre de fois une même obser¬ vation, pour en reconnaître, non pas tous les détails, mais le plus grand nombre. — Il s’agit de ceci : ces vacuoles ne sont pas fixes dans les cellules, l’une disparait et l’autre se forme; on les voit également se déplacer. Quand on étudie attentivement , on peut reconnaître les vacuoles en voie de formation et celles qui vont disparaître. Il y en a quelquefois de très considérables et l’on peut très bien suivre le phénomène qui se produit : il se forme une bordure plus réfringente que le reste de la vacuole, comme s’il y avait condensation du proto¬ plasma ; puis , d’arrondie , la vacuole devient anfractueuse ; il se produit des golfes et des promontoires, comme si elle était comprimée ; les angles s’accusent , les bords se rapprochent et la vacuole finit par disparaître. Les vacuoles sont situées dans le protoplasma, surtout autour du noyau, en arrière, en avant et sur les côtés de celui-ci. On en voit aussi dans les prolongements protoplasmiques qui cloisonnent le mucigène. Il existe donc dans le protoplasma des cellules muqueuses en mou¬ vement intraplasmique , comparable à celui qu’on observe dans beau¬ coup de cellules végétales. Ces formations, déplacements et disparitions de vacuoles, les variations d’aspect de celles-ci , dont certaines ont des prolongements qui s’allongent et se raccourcissent, se déplacent com¬ plètement par rapport au corps de la vacuole , montrent que le proto¬ plasma entourant la vacuole est en mouvement actif. Il y a là quelque chose qui rappelle le mouvement des globules blancs du sang de l’axolotl. Ce sont là des faits nouveaux que j’ai observés récemment et que je tenais à ajouter à ce que je vous ai fait connaître à la fin de mon cours de l’an dernier. Or, quand on excite par un courant d’induction interrompu la membrane muqueuse du sac lingual de la grenouille, on détermine seulement dans les cellules caliciformes l’augmentation des vacuoles, la formation de nouvelles vacuoles qui se confondent avec les premières, 38 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. jusqu’à ce que toute la matière muqueuse ait disparu et ait été rem¬ placée par un liquide semblable à celui qui constitue les vacuoles elles- mêmes. La cellule reste en place , son noyau, petit et ratatiné, devient sphérique et plus volumineux , il s’avance vers le centre de la cellule et abandonne son fond : finalement , la cellule muqueuse devient une cellule séreuse ou granuleuse mais reste en place, ne tombe pas dans le conduit excréteur, et le produit de la sécrétion qui s’épanche est uniquement formé par le mucus expulsé de la cellule. (A suivre). DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION. A.VAN T - PROPOS. Depuis la découverte de l 'hyménium, par Lé veillé, et l’application qui en a été faite à la classification, un grand nombre de travaux sur la constitution des Hyménomycètes se sont succédés tant en France qu’à l’étranger. Mais entre tous, le plus important mémoire est celui que M. de Seynes a publié dans les Annales des Sciences Naturelles , mémoire qui nous a dévoilé, avec de grands détails, la structure des Champi¬ gnons à basides et qui restera longtemps encore le point de départ des nouvelles investigations qu’on pourra tenter dans cette branche de la mycologie . Nous devons citer également les recherches déjà anciennes d’Hoff¬ mann , Corda , Payer, Tulasne , et , parmi les auteurs plus récents , les divers mémoires de MM. de Seynes , Cornu , Boudier, Richon , Quélet , etc. Notre but, en entreprenant ce travail, a été de vérifier, autant que possible, les résultats obtenus par nos devanciers, d’y ajouter nos observations personnelles et de voir quel parti on peut tirer des notions anatomiques dans la disposition systématique des Hyménomy¬ cètes . Des spécimens vivants, pris dans presque tous les genres Friesiens, nous ont été communiqués par les obligeants mycologues avec les¬ quels nous sommes en relations, MM. Baria, Quélet, Gillet, L. Mar¬ chand, Roumeguère, etc., que nous prions de recevoir ici tous nos remerciments. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 39 Classification générale des Champignons et délimitation DES HyMÉNOMYCÈTES. La classe des Champignons comprend des Cryptogames Cellulaires privés de chlorophylle et dans lesquels la reproduction a lieu au moyen d'organes spéciaux qui sont les spores. On les divise habituellement en deux sous-classes, établies sur la présence ou l’absence d’une membrane cellulosique autour du proto¬ plasma. Les Champignons à plasma nu ou PLASMODIOPHORES ne com¬ prennent qu’un seul ordre, celui des MYXOMYCÈTES . Les CHITOMYCÈTES ou Champignons à protoplasma renfermé dans des cellules, sont divisés en quatre ordres établis d’après l’ori¬ gine ou la localisation des spores . Voici un tableau résumant cette classification : A. PLASMODIOPHORES. 1. Myxomycètes Mycélium muqueux. B. CHITOMYCÈTES. IL Hypodermés III. Basidiomycètes IV. Ascomycètes V. Phycomycètes Champignons Entophytes. » à spores sur des basides. » » dans des asques. » Algues. Le groupe dont nous allons nous occuper dans la suite de ces notes appartient au 3e ordre, celui des Basidiomycètes. Chez eux, certaines cellules se spécialisent et se terminent par un nombre variable de pointes supportant chacune une spore. L’assemblage de ces cellules fructifères ou basides constitue Yhyme- nium. La place occupée par cet hyménium dans le Champignon a servi de base à la division des Basidiomycètes. Tantôt les basides sont à Vintèrieur de cavités contenues dans le réceptacle et soustraites à l’action immédiate de l’air ambiant ; tan¬ tôt, au contraire, l’hymènium s’étend sur des points spéciaux exté¬ rieurs du réceptacle. Dans le premier cas on a les Gastéromycètes et dans le second les Hyménomycctes. Ainsi donc nous définirons les Hyménomycctes : des Champignons 40 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. à basides accolées sur une membrane ( hyménium ) placée à V extérieur du réceptacle. Fries a établi les six tribus suivantes dans les Hyménomycctes î Agaricinêes, Polyporées , Hydnées , Clavariées , Téléphorées et Trêmellinées , en se basant uniquement sur la forme des points sur lesquels s’étend l’hyménium; l’application de ce seul caractère a donné pour résultat une classification facile à saisir dans son ensemble , mais essentiellement artificielle. Dans la première partie de ce travail, nous nous occuperons de l’anatomie générale des Hyménomycètes et dans la deuxième partie nous reprendrons l'étude de la constitution intime de chaque genre en particulier, en ayant soin de discuter leurs affinités et la place qu’ils doivent occuper dans une classification naturelle. PREMIÈRE PARTIE. ANATOMIE. DE LA CELLULE FONGIQUE EN GÉNÉRAL. Quelle que soit la fonction que doive remplir une partie quelconque d’un champignon , son élément constitutif est toujours le même : la cellule. A cet organe sont dévolues les fonctions de végétation et les fonc¬ tions de reproduction ; son rôle est par conséquent des plus étendus. Nous l’étudierons d’abord en tant qu’organe d’accroissement, puis nous l’examinerons à l’état d’élément reproducteur ou spore. Forme de la cellule. — La forme de la cellule chez les Hyméno¬ mycètes, est extrêmement variable d’une espèce à l’autre et même dans la même espèce. Nous distinguerons les principales formes suivantes : Elle est cylindrique et très longue dans beaucoup de mycéliums et de stipes, dans le voile des Cortinaires , etc. Elle est à peu près sphérique dans les lames des Lactaires , des Russules, à la surface du chapeau de quelques Coprins, etc. Dans le stipe des Amanites elle a la forme d’une gourde renflée à la base et allongée en un long col. Dans beaucoup de poils, elle offre la forme d’une massue terminée au sommet par un petit appendice creux qui communique avec la cavité de la cellule. Dans le chapeau de YAgaricus (Clitocybe) laccatus, dans les Nyctalis, on rencontre des cellules contournées sur elles-mêmes à la façon d’un tire-bouchon. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 41 Fréquemment ces cellules de formes bizarres continuent ou ter¬ minent des files de cellules régulièrement cylindriques , ou bien forment elles-mêmes des files de cellules renflées , contournées , qui se rejoignent à d’autres de formes dissemblables. C’est ainsi que dans le Boletus scober (1), on voit le stipe formé de cellules cylindriques, dans toute sa longueur ; vers la partie supérieure quelques-unes d’entre elles s’anastomosent avec des cellules contour¬ nées, pliées de diverses manières, puis redressées et qui se terminent hors du stipe par des cellules ovoïdes renflées vers la base et très allongées à l’autre extrémité. Ces cellules renflées, réunies en bou¬ quets, forment les aspérités qui ont fait donner à la plante le nom de scaber. La paroi. — Les cellules des Hyménomycètes ne sont que très rarement pourvues des ponctuations qui sont si fréquentes dans les plantes plus élevées en organisation. Nous avons observé dans le stipe du Marasmius erythropus (2) quelques cellules situées près de la périphérie , qui portaient des ponctuations curieuses, elles consis¬ taient en des épaississements ponctiformes faisant saillie dans la cavité des cellules et rappelant ce qu’on voit dans les rhizoïdes du Marchanlia polymorpha. Ces cas d’épaississement par ponctuations sont très rares et on peut dire , en général , que dans tous les Hyménomycètes , l’épaississement porte à la fois sur toute l’étendue de la paroi. Dans les espèces délicates, la paroi de la cellule est très mince eu égard à la cavité intérieure ; dans les espèces ligneuses ou subéreuses, dans les Polypores perennants, les parois s’épaississent et réduisent la cavité intérieure à un véritable tube capillaire ; la cavité peut même disparaître complètement et la cellule forme alors une cordelette solide. Il arrive quelquefois que la même cellule est pleine et grêle sur une partie de sa longueur, puis subitement s’élargit en une lame aplatie à parois minces et quelquefois aussi dans cette partie large, on voit des bandes de cellulose réunir les deux côtés opposés de la cellule, formant des épaississements qui, à la régularité près, représentent les réticula¬ tions des cellules rayées. Des cellules épaisses peuvent se présenter dans des espèces où la masse générale est à cellules minces. Ainsi les cystides du Corticium roseum ont l’aspect de véritables cellules pierreuses au milieu des éléments délicats de l’hyménium Les cystides de plusieurs Polypores (P. ferruginosus, etc.) ont des parois très épaisses. (1) N. Patouillard. Tabulœ analyticœ Fungorum , N° 20. (2) Loc. cit N° 125. 42 JOURNAL DE MICROGRAPHIE La croûte qui forme un vernis luisant à la surface du Polyporus lucidus est constituée par des cellules ovoïdes, très épaisses et colo¬ rées , à cavité vide de matières solides et fortement adnées les unes aux autres. Ces cellules sont la terminaison de filaments très grêles, à cavité capillaire. La croûte du Polyporus pinicola est constituée par une zone de longues cellules cylindriques , fortement incrustées. Leurs bords sont ondulés , plissés et s’engrènent solidement dans les cellules voisines. M. de Seynes indique, dans VAg. ( Lepiota ) cœpestipes très (jeune, de grosses cellules irrégulières et épaisses, qui ne se rencontrent plus dans les individus adultes. La paroi de ces cellules joue le rôle de réservoir alimentaire comparable à l’albumen des phanérogames : en effet, on les voit diminuer d’épaisseur au fur et à mesure du déve¬ loppement de la plante. De même, si on meta développer dans un vase un jeune Agaric, VAg . spissus par exemple, de façon à ce que l’extrémité inférieure du stipe plonge dans de l’eau , le Champignon s’accroît et finit par ouvrir son chapeau, mais en même temps que l’allongement a lieu, le stipe devient de plus en plus grêle et amaigri par suite de la déperdition de subs¬ tance employée à l’accroissement de la plante. Accroissement. — Les cellules fongiques ne se développent que dans une seule direction : l’accroissement se fait en longueur; le protoplasma se porte vers l’une des extrémités, qui s’allonge jusqu’à ce qu’elle arrive à se terminer par une partie fructifère. De distance en distance, il se produit des cloisons qui sont toutes parallèles et transversales par rapport à la direction des cellules. La multiplication cellulaire par cloisonnement dans tous les sens n’ayant pas lieu, il en résulte que le tissu d’un Champignon est formé de filaments composés de files de cellules superposées : ces filaments caractéristiques portent le nom c Yhyphes . Les hyphes peuvent être rameux par suite de productions latérales de filaments nés par bourgeonnement ; ils deviennent égale¬ ment rameux par anastomose avec les hyphes voisins. Une propriété caractéristique des hyphes fongiques est de pouvoir s’anastomoser facilement avec les tissus analogues avec lesquels ils sont en contact ; il suit de là que les soudures sont fréquentes entre les individus naissant côte à côte ; le phénomène peut aller plus loin : si on pratique une section dans le tissu d’un Polyporus betulinus, par exemple, et qu’on rapproche les parties coupées, les hyphes ne tardent pas à se souder de nouveau et la plante continue à vivre après avoir réuni intimement les deux parties accidentellement séparées. Quoi qu’il en soit, on voit que dans les Champignons il ne peut y avoir de tissu comparable à celui des végétaux supérieurs, mais seule- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 43 ment un pseudo-parenchyme produit par l’intrication et la soudure des filaments cellulaires. Boucles. — Ce mode d’accroissement par bourgeonnement donne naissance à une curieuse variété de cellules : nous voulons parler des cellules dites en boucles. Généralement au niveau et au-dessous d’une cloison , il se produit un petit bourrelet plus ou moins long , qui est le premier indice d’une prolifération survenue après coup ; fréquemment les choses en restent là ; mais il arrive que ce bourrelet se développe et vient s’appliquer contre la cellule supérieure. Au point de contact des deux parois , il se produit une résorption de substance et les deux cavités communiquent librement entre elles. Ailleurs, le bourrelet allongé ne s’applique pas immédiatement contre la cellule suivante , il est libre sur une partie de sa longueur, puis s’incurve, et en vertu de la plasticité de la paroi , se fusionne avec la cellule plus élevée formant ainsi une boucle. Quelquefois il existe une boucle des deux côtés opposés de la même cellule. Une manière d’être toute particulière des boucles est celle que nous avons observée dans les glandules de V Ag. glandulosus Fr. et aussi sur les poils de certains Rhyparobius (Ascomycète). Sur une cellule pileuse, d’un diamètre assez grand et sans cloison , on voyait un grand nombre de bosselures qui nous semblent produites par de courtes ra¬ mifications latérales qui se sont appliquées contre les parois de la cellule-mère et dont les parties en contact avec cette dernière ont été résorbées. En eflet, nous avons pu voir que sur certaines de ces bou¬ cles les deux parties de la cellule communiquaient, non plus par toute la longueur de la boursouflure, mais par deux ouvertures seulement : l’une à la base de la boucle, l’autre à son sommet. Dans les boucles ordinaires, il peut arriver que le prolongement soit partagé par des cloisons plus ou moins nombreuses. On a voulu considérer les boucles comme la terminaison de la cellule dont elles émanent, cellule dont l’activité viendrait mourir dans ce court filament. Nous pensons qu’il est plus logique de considérer les boucles comme de simples ramifications latérales avortées. En effet, cela peut nous permettre d’expliquer la constitution des hyphes du stipe de certaines Amanites. Ces hyphes sont formés de files de cellules vésiculeuses allongées. De temps à autre, une de ces cellules émet une boucle qui ne se soude pas avec la cellule supérieure , mais s’allonge sous forme d’un filament grêle, cloisonné, et se terminant par un ren¬ flement analogue à la cellule inférieure ; ce renflement devient égale¬ ment le point de départ d’un hyphe semblable à celui dont il provient , et peut donner lui-même des productions latérales qui ne sont en réa¬ lité que des boucles normalement développées. 44 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Gélification. — Certaine cellules fongiques peuvent se gonfler par l’action de l’eau, autrement dit gélifier leur paroi. Un bon nombre d’espèces d’Hyménomycètes ont la surface du cha¬ peau plus ou moins visqueuse. Ce phénomène est dû à ce que les cel¬ lules épidermiques absorbent l’humidité et se gonflent au point de se déformer complètement. Dans 1 ' Ag. gloiocephalus , on ne distingue au microscope, au milieu de la glaire, que des stries sombres indiquant la cavité primitive des cellules gélifiées. Ailleurs, le phénomène est poussé moins loin, ainsi la viscosité de la pellicule de l 'Ag. ( Russula ) auratus est due à des poils très courts, bien distincts et réguliers qui se gonflent sous l’action de l’eau , mais sans former une masse glaireuse. La gélification des éléments devient caractéristique de quelques genres, tels que Calocera, Guepinia, Auricularia , etc., chez lesquels les hyphes sont minces et cornés lorsqu’ils sont secs , et deviennent volumineux, brillants, sous l’action de l’eau. La gélification de la paroi cellulaire poussée à l’extrême , nous con¬ duit à la déliquescence des cellules des Coprins dans l’humidité em¬ pruntée à l’atmosphère. Cette propriété se retrouve dans quelques Champignons inférieurs : le sporange des Mucor possède cette solu¬ bilité. N. Patouillard. ( A suivre ) LA DIATOMÉPÉLITE DE SÉVILLE. Depuis longtemps les préparateurs d’objets microscopiques ont distribué des slides de Diatomées fossiles sous la dénomination de « tripoli de Moron » en Espagne. Cette matière , d’origine marine , est très riche en formes belles , rares et dont un certain nombre lui sont spéciales , mais le gise¬ ment dont est provenu la masse originaire semble aujourd’hui perdu ; toutes les recherches récentes dans le but de le retrouver , étant restées infructueuses , on peut supposer que le Moron , dont il est question, se trouve ailleurs qu’en Espagne, probablement en Amérique sur les côtes du Pacifique, dont les formes fossiles ont beaucoup de similitude avec celles qui ont été signalées , et qui , d’ailleurs , ressemblent peu à celles du bassin de la Méditerranée si nombreuses dans les dépôts des diatomépélites tertiaires marines de l’Algérie, de l’Italie et de la Grèce. La recherche infructueuse du dépôt de Moron , m’a amené à décou- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 45 vrir en Espagne, dans une localité de la même province , et également dans les environs de Séville , un nouveau dépôt très intéressant de « farine » fossile ou diatomèpèlite (Naumann), qui paraît s’être formé anciennement dans des eaux douces , à en juger par les espèces de diatomées qu’elle renferme. Cette formation , qui paraît importante , est probablement d’âge tertiaire pliocène , malheureusement ‘les réticences des proprié¬ taires du sol qui espèrent en tirer éventuellement profit pour une exploitation industrielle, m’empêchent d’entrer ici dans des détails plus circonstanciés sur l’importance et la nature du dépôt et sur sa localisation. J’espère pouvoir ultérieurement combler cette lacune avec leur autorisation. La masse entière est formée de frustules de Diatomées d’une pureté telle qu’on peut la considérer comme de la silice chimiquement pure , car quelques spiculés d’éponges forment la seule matière étrangère. Elle est exempte de toutes matières organiques ou inorganiques autres quelconques , et ne renferme même pas de grains de sable ni de calcaire, si fréquents, dans d’autres dépôts analogues.^ Cette diatomèpèlite est très blanche, mate et d’aspect farineux ; elle forme une poudre impalpable et pourrait servir industriellement à la fabrication de la dynamite , aussi , comme poudre à polir le verre et les métaux et pour divers usages chimiques dans lesquels la silice pure sert de matière première. C’est une seule espèce du genre Cyclotella , deKützing, (. Discoplœa , Ehr.) qui constitue , presque sans indication d’autres Diatomées , la masse de la diatomèpèlite de Séville. Malgré les grandes difficultés de détermination des espèces du genre Cyclotella , dont la synonimie est souvent douteuse et fort em¬ brouillée, tant au point de vue générique que spécifique, après une étude sérieuse des formes qui me sont connues et un examen micros¬ copique attentif et comparatif opéré avec d’excellentes lentilles à immersion, je pense que la Cyclotella de ce dépôt présente des carac¬ tères qui la différencient suffisamment des autres espèces du genre, pour qu’on leur donne un nom spécial et je propose celui de : * Cyclotella sevillana. Spec. nov. (Fig. 6. A. B. C.) Cette diatomée parfaitement circulaire , vue par sa face valvaire , varie de 14 à 50 n en diamètre. Son bord extérieur est strié sur une largeur de 3 1/2 n environ. Les stries de cette partie sont lisses ou très indistinctement ponctuées et au nombre de 10 à 11 en 0.01 ra/m. La portion concentrique , succédant immédiatement au cercle strié 46 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. externe, varie en largeur de 2 à 3 1/2 jj. , elle est formée de grains , dont les premiers sont contigus et font suite immédiate à la partie lisse des stries du bord et sont suivis de deux , trois ou quatre autres grains ou perles qui leur succèdent en rayonnant vers le centre, mais qui sont complètement isolés les uns des autres et inégalement espacés. "O o o QÇ&-- o O CâQQ_ O o o OOP C'. b. Fig: 6. — Cyclotella Sevillana (J. Deby). A , face valvaire ; — B , face connective ; — C , détails de la face valvaire grossis à 2000 diam. Au centre du disque se trouve un espace arrondi et lisse, à bord externe plus ou moins irrégulier , limité par les points isolés ci-dessus mentionnés. Cet espace lisse présente cependant quelquefois de 2 à 10 granulations, très réfringentes, isolées, éparses, sans ordre, à sa surface. Un fait assez remarquable et qui rend la détermination de l’espèce peut-être douteuse, c’est que, sous une mise au point trop profonde ou par l’emploi de grossissements trop faibles, cette partie centrale paraît irrégulièrement pointillée sur toute sa superficie, comme cela est figuré pour la Cyclotella siriata de Kütz., pour la Cyclotella stylorum de Brightwell, et pour d’autres espèces. Je me suis positivement assuré que chez la Cyclotella sevillana cet effet n’est dû qu’à une illusion d’optique. Les grains épars du disque central ont un diamètre d’environ 0.44 ja. Les valves de notre espèce vues par la face connective ne sont jamais ondulées comme le sont celles de la Cyclotella Kutzingiana et de quelques autres du même groupe, mais sont planes ou très légèrement convexes et à bords déprimés. La zone connective est étroite et les frustules sont isolés les uns des autres, ce qui écarte la possibilité d’avoir affaire à une espèce quelconque du genre Orthoneis ou du genre Melosira. La Cyclotella sevillana , vue par la face valvaire , ressemble le plus à la Cyclotella striata de Kützing, à laquelle je réunis comme variétés ou comme synonimes : le Coscinodiscus striatus de Kützing, et les JOURNAL DE MICROGRAHHIE. 47 variétés major et minor de Grünow, (voir Van Heurck , Diatomées de Belgique ), ainsi que les variétés mesoleia , intermedia du même , Y operculaia en partie (PI. XXCII, fig. 23, 24) et la Cyclotella Dalla- siana , de W. Sm. et de Balfs. Notre espèce se distingue , à première vue, de la Cyclotella striata , par son centre lisse. Le bord strié de la Cyclotella striata est aussi relativement plus large et ses stries ne paraissent pas se résoudre en séries de granulations vers l’intérieur, comme cela a lieu pour l’espèce nouvelle. L’on rencontre quelquefois parmi les valves de la grandeur moyenne ordinaire, des disques de dimensions beaucoup plus considérables et qui atteignent jusqu’à 80 a de diamètre. Je considère ces géants comme la forme sporangiale de la Cyclotella sevillana. Ils possèdent le même nombre de stries par 1/100 de m/m dans leur bordure, mais leur disque intérieur à la zone striée est entièrement lisse et les points et granula¬ tions qui la suivent chez le type normal semblent ici faire entièrement ou presque entièrement défaut (1). Les caractères distinctifs qui différencient les autres espèces du genre de la Cyclotella sevillana peuvent, je pense, se résumer en très peu de mots de la manière suivante : Cyclotella antiqua W. Sm. possède une rosette centrale distincte. » stylorum Brightw. montre des gros points en tête d’épin¬ gle dans le bord strié. » subsalina Grün. a le centre du disque irrégulièrement pointillé et le bord strié extrêmement étroit. » compta Ehr., Kütz. centre du disque ponctué-radié. » Bodanica Eulen. possède une rangée de petits points ou épines dans la zone striée et des appendices particuliers à l’intérieur. » comensis Grün. possède une rosette centrale. » operculata Kütz. [pars] disque ponctué-radié et rangée de petits points ou épines dans la zone striée. » Kutzingiana Chauvin, a les valves ondulées. » pelagica Grün., valves ondulées et centre du disque ponctué. » Meneghiana Kütz., centre du disque à points radiés. (1) Il est réellement possible que la Cyclotella sevillana soit la synonyme de la Cyc. striata ( Dallasiana ) de certains auteurs qui n’auront pas examiné comparativement la structure intime de sa surface avec des instruments suffisamment parfaits et puissants, mais, d’après les seules figures et descriptions, on ne peut en décider. Une étude nouvelle des types authentiques des auteurs pourra seule établir ultérieurement la vérité à cet égard. 48 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Cyclotella pumila Grün. , disque entièrement et irrégulièrement ponctué. » striata Kütz. (Dallasiana W. Sm.) Centre du disque à points épars irrégulièrement. » stelligera Clev. et Grün. possède une rosette centrale caractéristique. » maxima Kütz. est un Hyaloliscus. » aslraea Ehr. , Kütz. = rotula Kütz. est un Stephano- discus. » Hanckei Grün. est probablement un Coscinodiscus. » marginulata Grün, est aussi probablement un Coscino¬ discus. » grœca Ehr. , (. Discoplœa grœca Ehr.) Shum . m’est inconnue. » bipunclata Ehr., Shum. d° » scotica Kütz. est un Podosira. » annulata et umbilicaia sont Melosira Westii W. Sm. » bella Shum. est un Stephanodiscus . » carconensis Shum. d° » spinosa Shum. d° » punctaia W. Sm. est probablement un Coscinodiscus. Un assez grand nombre de Cyclotella des auteurs sont insuffisam¬ ment décrites ou figurées pour en permettre la détermination avec certi¬ tude ; la plupart font partie de genres voisins tels que Melosira , Orthosira , Actinoptychus , Actinocyclus , Stephanodiscus , Coscino¬ discus et quelques autres de la division des Crypto-Raphidées dis¬ coïdes. Nous sommes même loin d’être assurés que toutes les espèces signalées plus haut font réellement partie du genre Cyclotella propre¬ ment dit, dont les caractères distinctifs, il faut l’avouer , sont bien peu certains et ne peuvent s’appliquer qu'après l’examen de la face valvaire et de la face connective, ce qui a été négligé trop souvent. M. Grünow lui-même, qui possède d’une façon tout à fait extraordi¬ naire la faculté de distinguer les minuties microscopiqnes , ne me semble pas être toujours heureux quand il différencie les espèces et les variétés de ce genre, si nous pouvons en juger par ses notes sur les « Algues de la mer Caspienne » et par l’énumération des figures, de formes, (non décrites par lui) publiés dans le Synopsis des Diato¬ mées de Belgique , de M. H. Van Heurck. Ce n’est pas ici la place pour faire la monographie du genre Cyclo¬ tella ni de faire l’examen critique des espèces signalées par les auteurs ; aussi je me réserve de revenir, dans un travail spécial, sur cette étude pour laquelle je rassemble des matériaux. La diatomépélite de Séville renferme, quoi qu’en fort petit nombre et JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 49 très isolément, quelques autres espèces de Diatomées, parmi lesquelles il s’en trouve le plus fréquemment une que je considère comme une autre espèce nouvelle de Cyclotella à laquelle je donne le nom de Cyclotella sexpunctata , Sp. nov. (Fig. 7.) Fig. 7. — Cyclotella Sexpunctata (J. Deby). A’ face valvaire — B’ face connective. Cette espèce n’est pas rare dans la diatomépélite de Séville mélan¬ gée avec la Cyclotella sevillana. Elle se distingue de toutes les espèces qui me sont connues par la présence , vue du côté valvaire , de 6 à 8 grosses granulations fort réfringentes espacées irrégulière¬ ment entre elles et formant un cercle intérieur au bord strié de la valve. Un examen par la face connective , avec un fort grossissement à immersion, démontre clairement que ces points ne sont qu’apparents et qu’ils représentent en réalité la projection de courtes épines coniques qui -font saillie verticale à la surface très légèrement convexe des valves. Le diamètre de cette petite espèce varie de 11 à 17 jx. Dans l’espace marginal de 1/100 m/m du bord strié, il existe de 8 à 9 stries; elle est donc plus largement striée que la Cyclotella sevillana. La distance d’une des épines à l’autre, quoique assez irrégulière, ne s’éloigne pas fort de 3, 4 {x en moyenne. La partie centrale de la valve intérieurement à la couronne de grosses granulations est lisse sans apparence de dessin et sans ponc¬ tuation. Les frustules de cette espèce ne se rencontrent pas associées en séries ou en colonnes et leur zone connective est fort réduite , ce qui l’éloigne des Melosira et des genres voisins dans lesquels , chez diverses espèces, des appendices épineux ont déjà été souvent signa¬ lés. Je ne considère pas , en général , les pointes siliceuses , souvent caduques, des valves disciformes des Diatomées et qui peuvent exister ou manquer, ou bien varier en nombre chez la même espèce, comme pouvant caractériser ou différencier des genres ; elles peuvent tout au plus servir, en certains cas, à la diagnose des espèces. Les autres Diatomées rencontrées dans la diatomépélite de Séville , comprennent les espèces suivantes : Cocconeis pediculus Ehr. long. 4 50 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 33.7 [i, stries 12 en 1/100 m/m; Gomphonema vibrio Ehr. long. 76.50 jx, stries 12 en 1/100 m/m ; Epithemia Westermanni Kütz. (non W. Sm.) : Melosira arenaria Moore, forma minor, très rare ; Achnanihes sub- sessilis Ehr. long. 5.44 y. , points 9 1/2 en 1/100 m/m ; Ncivicula ovalis W. Sm. de la forme trapézoïdale, figurée PL XVII, fig. 158 a du « Synopsis of British Dialomaceœ » ; Cymatopleura solea W. Sm. ; Cymbella cymbiformis Bréb.; Masiogloia lanceolata Thw. ; ainsi qu’une petite espèce de Denticula , long. 15 à 16 y., larg. 8 à 9 y., stries de 10 à H en 1/100 m/m et une FragiUaria indéterminées. Toutes les formes énumérées ci-dessus sont , je le répète , d’une extrême rareté dans le dépôt et ne s’observent que de loin en loin et toujours isolément. Julien Deby, • Membre de la Soc. Belge de Microscopie. « Aguilas (Espagne) , le 23 novembre 1883. DÉVELOPPEMENT DE STYLORHYNCHUS. W Je résumerai, dans les propositions suivantes, le résultat de mes recherches, sur le point de paraître : 1° Le Stylorhynchus effectue, comme je l’ai déjà communiqué à l’Académie , la majeure partie de son développement et souvent même acquiert tous les éléments de sa structure à l’intérieur d’une cellule épithéliale de l’hôte ; 2° La même cellule épithéliale renferme souvent plusieurs Stylorhynchus en évo¬ lution, soit isolés, soit réunis en nichées et dans ce cas, déformés ordinairement par une pression mutuelle ; 3° Lejeune Stylorhynchus est au début semblable à une jeune coccidie ; 4° Cette coccidie bourgeonne ensuite au premier segment qui répondra au deuto- mérite de l’adulte , puis au second , qui répondra au protomérite , et enfin le col paraît. Le corps primitif de la coccidie, moins le noyau, répond donc à l'appareil de fixation de l’adulte ; 5° Le noyau reste dans sa portion première jusqu’au moment où le deutomérite et le protomérite sont apparus. C’est alors seulement qu’il effectue sa descente gra¬ duelle du pôle proximal au pôle distal , c’est-à-dire de l’appareil de fixation jusque dans le deutomérite ; 6° La cavité du rostre ou appareil de fixation répond à la place devenue libre dans la coccidie primitive par suite du déplacement du noyau. A. Schneider, Professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers. (2) C. R. de VAcad. des Sc. — 19 novembre 1883. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 51 SUR LE PHYLLOXERA GALLICOLEO). J’ai poursuivi cet été mes recherches sur le Phylloxéra gallicole. Comme plusieurs personnes l’ont remarqué, les galles ont été relativement rares cette année. Parmi les faits que j’ai pu recueillir, les deux suivants sont les plus intéressants : Dans le domaine de la Paille, près de Montpellier, il y a un grand champ planté en Riparia qui, pendant trois années consécutives, a été couvert de galles. Ce champ avait été choisi l’hiver dernier par M. Balbiani pour faire des expériences de badi¬ geonnages contre l’œuf d’hiver. Au mois de mars 1882 , on avait , en effet , trouvé dix-huit œufs d’hiver sur cinq souches prises au hasard , et pendant l’été tous les pieds avaient porté de nombreuses galles. Au mois de février 1883 , sur une quin¬ zaine de souches examinées avec soin, je n’avais pu trouver qu’un seul œuf d’hiver. Il était à prévoir que les galles seraient rares pendant l’été ; une partie des vignes fut badigeonnée h la fin de février, l’autre partie fut laissée intacte pour servir de témoin. Le vignoble fut exploré minutieusement à plusieurs reprises et pas une seule galle ne s’est montrée sur les feuilles dans tout le courant de l’année, aussi bien dans la partie témoin que dans la partie traitée. L’expérience a donc été négative au point de vue de la destruction de l’œuf d’hiver, car on espérait que les galles apparaîtraient dans la partie témoin , et man¬ queraient sur les souches badigeonnées, mais elle a prouvé que la végétation n’avait pas souffert du badigeonnage fait avec un mélange de 9 parties de goudron de houille et de 1 partie d’huile lourde. La propriété de M. Laliman , à Bordeaux , célèbre par la quantité de galles qu’y portent les cépages américains, a présenté, à ce point de vue, une différence notable avec les années précédentes. Dans les derniers jours du mois d’avril, après l’éclosion des œufs d’hiver, j’ai trouvé quelques jeunes galles sur des Clintons et des Taylors. Au mois d’août , ces galles s’étaient multipliées , mais beaucoup moins que d’ordi¬ naire. Tandis que les années précédentes , les pieds de vignes indemnes étaient exceptionnels, cet été on était obligé de chercher les vignes gallifères; de plus , sur beaucoup de ces dernières, les galles ne se trouvaient qu’à l’extrémité des sarments sur les plus jeunes feuilles, ce qui indiquait que ces vignes n’avaient été infestées que tardivement par contagion et non directement par des œufs d’hiver. Des pieds de Vialla, dont, en 1882, les feuilles et les vrilles et même le bois des- jeunes pousses étaient déformés par les nombreuses galles qu’ils portaient , étaient complètement indemnes cette année. Dans une Communication faite à l’Académie , au mois de décembre 1882 , j’avais émis l’hypothèse de l’existence de sexués gallicoles pour expliquer l’apparition presque constante de galles dans les mêmes vignobles ; mes nouvelles recherches n’ont pas été plus heureuses que les précédentes , et il ne m’a pas été possible de trouver un seul individu sexué parmi les milliers de gallicoles que j’ai examinés. L’absence Complète de galles sur des pieds qui en étaient couverts l’année dernière semblerait bien indiquer qu’il n’y a pas de sexués gallicoles ; cependant , avant de rejeter cette hypothèse, basée sur l’analogie qui existe eutre le Phylloxéra de la vigne et celui du chêne , je crois devoir faire remarquer que la plupart des galles que j’ai recueillies à la Paille l’année dernière , vers la fin de septembre , étaient vides ou ne renfermaient plus que des insectes desséchés, tandis que les années pré¬ cédentes j’avais trouvé, dans les galles des pondeuses et des jeunes Phylloxéras jusque vers la fin d’octobre. Il se pourrait donc que l’année dernière les sexués galli¬ coles n’aient pas eu le temps de se produire , les individus destinés à leur donner (1) C. R. de l'Ac. des Sc. — 10 décembre 1883, 52 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. naissance étant morts prématurément, sans doute sous l’influence de conditions cli¬ matologiques non déterminées. M. Marion pense que les galles qui apparaissent tardivement dans le courant de l’été sont produites par des insectes radicicoles sortis de terre et venus se fixer sur les feuilles. Cette genèse des galles est évidemment possible, puisque M. Balbiani est parvenu à faire se fixer des radicicoles sur des feuilles de vigne, en les habituant à vivre dans un milieu de moins en moins humide, et que M. Max. Cornu a obtenu une galle dans des conditions semblables , mais ces faits sont exceptionnels , et je crois que l’apparition des galles , en l’absence de l’œuf d’hiver , doit être fort rare. Chaque fois que j’ai constaté la formation tardive de galles dans un vignoble, j’ai pu, en cherchant avec soin, retrouver le cep qui était la cause de l’infection. Il n’est pas toujours facile de trouver les premières galles. Un seul individu printannier éclos vers le 15 avril, peut former une galle qui passe inaperçue ; les jeunes qui sortiront de cette galle se répandront sur les vignes voisines, pourront être en partie détruits, et ne produiront que quelques galles isolées qui pourront également passer inaperçues ; ce ne sera souvent qu’à la troisième ou quatrième génération que les galles deviendront plus nombreuses et commenceront à devenir visibles. Si les Phylloxéras radicicoles quittent exceptionnellement la partie souterraine des vignes pour se fixer sur les feuilles, les gallicoles, au contraire, se portent volon¬ tiers aux racines et y fondent des colonies nouvelles, douées d’une grande fécondité, puisqu’elles sont très rapprochées des individus sortis de l’œuf d'hiver. La présence des galles dans un vignoble est donc une cause permanente d’infection : à chaque nouvelle génération de galles correspond en général une nouvelle invasion de racines. Il serait donc à désirei* que les galles fussent détruites au fur et à mesure de leur production, surtout vers les mois de juin et de juillet. C’est, en effet, à cette époque que les galles se multiplient et que les générations de leurs hôtes se succèdent le plus rapidement. L-F. Henneguy, Préparateur du cours d’Embryogénie comparée au Collège de France LE CHOLÉRA EN ÉGYPTE. RAPPORT DE LA COMMISSION FRANÇAISE EN EGYPTE Par M. le Dr Straus (1) Quand le choléra éclata en Égypte, le gouvernement français agréa la proposition du comité consultatif d’hygiène qui nous avait désignés pour aller étudier sur place la nature de la maladie. Les travaux de ces dernières années sur les maladies contagieuses ont jeté tant de lumière sur quelques-unes d’enlré elles que le moment paraissait venu d’appliquer au choléra les vues et les méthodes de recherches suggérées par ces travaux. C'est eu France qu’ont pris naissance les idées nouvelles sur l’étiologie des maladies transmissibles; il appartenait donc à des médecins français de prendre l’initiative de ces études. Notre programme se trouvait dégagé des recherches qui s’étaient imposées à nos prédé¬ cesseurs touchant les caractères cliniques, la symptomatologie et la marche de la maladie. (1) Au nom de la mission française, composée de MM. Straus, Roux, Thuillier et Nocard. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 53 Rechercher la cause du choléra, tel était le but précis que l’on nous demandait de pour¬ suivre. La libéralité du parlement nous a permis de nous procurer sans retard l’outi.lage indispensable à nos recherches. Lorsque nous débarquâmes en Égypte, le 15 août 1883, le choléra avait complètement cessé au Caire. A Alexandrie, au contraire, la mortalité atteignait son chiffre le plus élevé (de 40 à 50 décès par jour), nombre cependant peu considérable, si on le compare à la population de cette ville. Quoi qu’il en soit, c’est à Alexandrie seulement que nous pou¬ vions trouver des éléments de travail M le docteur Ardouin, médecin en chef de l’hôpital européen, mit son service à noire entière disposision ; c’est à sa bienveillante et large hospitalité que nous sommes redevables de ce que nous avons pu faire. N»us avons, en outre, trouvé une assistance aussi dévouée qu’éclairée chez M. le docteur Serra, chargé d’un service au même hôpital. Le gouverne¬ ment khédivial avait désigné p>ur suivre et faciliter nos recherches, M. Ibrahim effendi Mustapha, chef du laboratoi^ de l’Inspectorat sanitaire, dont le local fut également mis à notre disposition. M. Issa-eey Hamdy, directeur de l’École de médecine du Caire, pré¬ sent en ce moment à Alexa^rie, voulut bien nous prêter son concours et faciliter notre tâche. Pour des motifs que nc-is n’avons pas à examiuer, la nature même du mal était contestée par certains médecins a Égypte. Mais il suffisait d’être mis en présence d’un malade pour ne conserver ^cun doute. M. le docteur Mahé, dont l’autorité et l’expérience sont considérables, et dWeste> avec bii, plupart des médecins européens d’Alexandrie, n’hési¬ tèrent pas un -ament à affirmer l’existence du choléra indien. Les autoTies î116 n°us avons pratiquées sont au nombre de 24 ; 22 ont été faites à l’hô¬ pital eunJ®en> 1 a l’hôpital grec, 1 à l’hôpital allemand. Sur ces 24 cas, il y avait 7 horr^s ^ femmes, dont 5 en état de grossesse ou récemment accouchées; le plus jeun sujets avait 5 ans, le plus âgé 54 ans les autopsies les plus nombreuses sont c^es d’individus âgés de 20 à 35 ans, 15 cas ont évolué d’une façon rapide, la mort jtant produite de 10 heures à 3 jours après le début de la maladie ; 9 cas se prolongèrent davantage (de 4 à 15 jours, avec ou sans réaction typhoïde). Les sujets appartenaient aux diverses nationalités suivantes : Italiens, Maltais, Syriens, Grecs, Autrichiens ; nous n’avons pu pratiquer l’autopsie d’aucun indigène. Une condition particulièrement heureuse pour ces études et qui n’aurait pu être réalisée en Europe, c’est que l’on n’était astreint à aucun délai pour l’ouverture des corps. Dans un certain nombre de cas, nous avons pu procéder aux autopsies immédiatement après la mort, et la plus tardive n’a pas dépassé quatorze heures. On comprend aisément l’avantage pré¬ cieux qui pouvait en résulter, tant au point de vue de la recherche d’un micro-organisme pathogène qu’au point de vue anatomo-pathologique. Il n’y avait pas à redouter les com¬ plications de la putréfaction et les lésions pouvaient être considérées comme relevant exclu¬ sivement de lâ maladie. Dans l’état actuel de la science, le problème étiologique du choléra devait consister dans la recherche d’un microbe.- Il fallait : 1° s’efforcer de constater dans l’économie (tissus ou liquides) la présence d’un micro-organisme spécial ; 2° tenter de reproduire, par l’inocula¬ tion de produits morbides, la maladie sur des animaux, auquel cas on devait retrouver sur ces animaux la présence du même micro-organisme ; 3° enfin, isoler à l’état de pureté par la culture ce même micro-organisme et développer la maladie par l’inoculation des produits de culture. Tel est le cycle expérimental que nous avions à parcourir pour répondre à l’idée directrice de nos études. Les symptômes et les lésions anatomiques du choléra sont de teUe nature que c’est dans l’intestin que nous fûmes conduits tout d’abord à rechercher la cause de la maladie. L exa¬ men au microscope des selles caractéristiques de cholériques ou du contenu de 1 intestin fraîchement puisé sur le cadavre révèle la présence d’un grand nombre d’organismes. Ils appartiennent à diverses variétés : bactéries de plusieurs dimensions, les unes immobiles, les autres mobiles, micrococcus isolés, ou réunis en zooglœa, ou disposés en chaînettes. 11 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 54 est évident qu’en présence d’une aussi grande «diversité d’organismes il est impossible de distinguer et d ; désigner celui qui, plutôt qu’un.. autre, pourrait être la cause du choléra. L’examen des matières vomies et du contenu stomoCal révèle la même complexité de mi¬ crobes. Les. flocons réformes contenus dans les selles e,t dans le liquide intestinal sont formés en majeure partie par des cellules épithéliales desqUaramées, les unes encore accolées et reproduisant le moule des villosités, les autres isolétÎS et en voie de désintégration granu¬ leuse.. Le noyau de la plupart de ces cellules a perdu, !a propriété de se colorer par le carmin et par les couleurs d’aniline (nécrose de coagulation). Des coupes ont été pratiquées sur les diverses portions du tube digestif, préalablement durcies dans l’alcool, et elles ont été examinées au point de vue de la présence de micro¬ organismes dans les diverses tuniques. Le réactif employé de préférence et avec le meilleur résultat a été une solution aqueuse de bleu de méthylène (to centimètres cubes de solution alcoolique concentrée de bleu de méthylène, dans 140 gramr^gg d’eau distillée) - les coupes ont séjourné dans cette solution pendant dix à vingt-quatre heures ; puis elles ont été déshydratées par l’alcool absolu, décolorées par l’essence de clo^ de girofle et montées dans le baume du Canada. Les colorations plus rapides, à l’aide de Solutions plus concentrées ont donné des résultats moins satisfaisants. Sur des prépai'ations ainsi traitées, on constate d’abord la disparition presque complète du revêtement épithélial de la muqueuse et des villosités, desquama^ en partie par le fai- de la maladie, en partie par l’effet du liquide durcissant (alcool) emp]0yé. Le revêtement épithélial du corps et du fond des glandes de Lieberklilm est conservé. jj6S viH0Sités le tissu réticulé de la muqueuse sont le siège 4’une infiltration nucléaire, particulièrement accusée sur l’iléon, et dans le voisinage de la valvule iléo-cæcale, — dans le cas choléra prolongé, où l’intestin présente un aspect hémorrhagique. Les conduits des glandes tubulées, la charpente connective des villosités, le tissu con_ jonctif inter-tubulaire, et, par places, la sous-muqueuse, contiennent dès micro-organisx^es divers et de nombre variable, selon la portion d’intestin examinée et selon la durée de ]a maladie. Les plus nombreux de ces organismes sont des bacilles ; leur aspect et leurs di¬ mensions sont variables ; il en est de longs et grêles, dont la longueur rappelle celle de la bactéridie charbonneuse ; d’autres sont des bactéries courtes et d’assez fort diamètre. Une des formes les plus fréquentes consiste en un bacille grêle, d’environ deux millièmes de millimètre de long, rappelant assez l’aspect du bacille de la tuberculuse. Dans certains points, cette variété de bacilles prédomine manifestement, formant des nids ou des traînées qui envahissent jusqu’à la sous-muqueuse, sans jamais pénétrer dans les vaisseaux san¬ guins ni dans la tunique musculeuse (1). Il existe d’autres formes bacillaires, de dimen¬ sions encore plus faibles, et, çà et là, infiltrés dans l’épaisseur de la muqueuse, divers micrococcus. Cette entéromycose est surtout accusée dans la dernière portion de l’intestin 'grêle , dans certains cas, elle existe, quoique à un degré plus faible, sur le jéjunum et le duodénum. L’estomac, le cæcum et le gros intestin nous en ont paru privés; mais ces organes devront être l’objet d’un examen ultérieur plus approfondi. Quelle signification doit-on attribuer à cette constatation anatomique ? Le peu de temps qui s’est écoulé entre le moment de la mort et celui de l’autopsie permet d’affirmer qu’il ne s’agit pas d’un processus cadavérique. Mais sur le vivant une muqueuse dépouillée d’épi¬ thélium, comme celle de l’intestin dans le choléra, ne doit-elle pas être aisément envahie par les organismes contenus dans les liquides qui la baignent? La variété des microbes que l’on constate dans les préparations doit éveiller au plus haut point le soupçon d’une inva- (1) C’est sans doute ce bacille que M. Koch décrit dans le rapport qui a paru le 13 octobre 1883 dans la Gazette de l'Allemagne du Nord , et qu’il compare, pour l’aspect , au bacile de la morve, étant d’ailleurs visiblement enclin à le considérer éomme l’organisme caractéristique du choléra. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sion secondaire da l’ia.estin. De ce qu’une forme spéciale d'organisme (celui qui rappelle la bacille de la tuberculose) se trouve dans plusieurs cas en plus grande abondance, on en peut conclure seulement que cet organisme rencontre dans l’intestin des cholériques un mi¬ lieu de culture plus favorable que les. autres organismes, moins nombreux, qui sont à côté de lui. S’il existait réellement entre l’un de ces microbes trouvés dans les tuniques intestinales et le choléra une relation de cause à effet, ce microbe devrait se rencontrer dans toutes les autopsies de cholériques. C’est ce qui ne s’est pas présenté dans nos recherches. Nous avons observé la présence dans la muqueuse intestinale de micro-organismes; surtout dans les cas de choléra qui se sont prolongés et qui s'accompagnaient d’un piqueté hémorrha¬ gique de l’intestin. Dans trois cas de choléra foudroyant, où les sujets avaient été emportés en dix à vingt heures, et où l’intestin était plutôt pâle que congestionné, il nous a été im¬ possible de constater dans les tuniques intestinales la présence appréciable de micro-orga¬ nismes. Il va sans dire que, dans cette recherche, nous avons multiplié les coupes et re¬ doublé de sollicitude, ainsi qu’il convient toujours de faire quand il s’agit de constatations négatives. Dans un autre cas suraigu; le nombre des bacilles était très faible et il fallait un grand nombre de coupes pour en déceler quelques-uns. Or, c’est précisément dans ~es cas suraigus, foudroyants, où la maladie revêt son intensité la plus grande, que la pré¬ sence d’un microbe dans la muqueuse intestinale, si elle était réellement primitive et carac¬ téristique, devrait aussi se révéler avec le plus de netteté et d’intensité. Les ganglions mésentériques, le foie, la ra e, les reins, examinés av>-c le plus grand soin au point de vue de l’existence de micro-organismes, n’ont donné que des résultats négatifs. Les coupes de poumon décèlent des organismes variés; mais vu la libre communication de cet organe avec l’air, cette constatation ne saurait avoir de valeur. Lorsqu on ouvre le cadavre d’une personne qui a succombe au choléra, on est frappé de la turgescence des veines profondes, de leur coloration noir foncé. Le sang des cholériques présente au plus haut degré les caractères d’un sang asphyxique et infectieux. Le cœur droit est distendu par ce sang noir qui, souvent, n’est pas coagulé même plusieurs heures après ia mort. Lorsqu’on aspire avec pureté, dans des pipettes flambées, du sang du cœur ou des vaisseaux, il arrive souvent que les globules tombent rapidement par leur propre poids au fond des tubes et ils restent surnagés par une couche claire de sérum qui peut se conserver très iongtemp s sans que la coagulation survienne. D’autres fois, le sang cholé¬ rique donne, au bout d’un temps plus ou moins long, un caillot qui se rétracte ou reste dif fluent en donnant au sang l’aspect d une gelée. Au microscope, les globules rouges s’étalent sous la lamelle, paraissent pâles et poisseux, mais non pas agglutinatifs, à la manière de ceux du sang charbonneux. Les globules blancs, augmentés en nombre, sont remplis de granulations très nombreuses ; leur consis¬ tance est diminuée, et ils s’écrasent sous le couvre-objet en masses granuleuses. Dans le saug des vingt-quatre cholériques sur lesquels ont porté nos observations, que ce sang fût recueilli immédiatement ou seulement quelques heures après la mort, nous avons vu, dans les intervalles libres compris entre les globules, de petits articles très pâles, légèrement allongés, paraissant étranglés en leur milieu, et que nous ne pouvons mieux comparer qu’aux petits articles du ferment lactique, avec cette différence cependant qu’ils sont beau¬ coup plus petits et que leur réfringence est si faible qu’ils sont très difficiles à voir. L3 sang du cœur en contient parfois en abondance, mais, en général, le sang des veines mé¬ sentérique, gastrique, porte et sus-hépatique en est le plus chargé Si l’on essaye de rendre ces petits corps plus apparents en les colorant par les couleurs d’aniline, on s’aperçoit qu’ils prennent et gardent mal la matière colorante, en sorte qu’il y a de grandes difficultés à faire des préparations démonstratives, d’autant plus que l'on craint toujours de confondre un organisme aussi petit avec les dépôts de la matière colo¬ rante employée ou avec les granulations échappées des globules blancs. Si, sur des prépa¬ rations fraîchement faites, nous avons ^ru voir nettement teintés les petits articles dont nous parlons, nous ne sommes pas arrivés à en conserver des préparations satisfaisantes. 56 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Lorsqu’on laisse à l’étuve à 38° des tubes de sang cholérique recueilli avec pureté et qu’on examine ensuite, au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures, le sr.ng ainsi sou¬ mis à la chaleur, on voit que ces articles ont augmenté en nombre et que parfois ils son! réunis par trois ou quatre formant de petites chaînettes. Il semble donc que, dans ces con¬ ditions, il y ait eu culture d’un micro-organisme dans le sang. C’est surtout dans la pro¬ fondeur des tubes, là où les couches de sang sont tout à fait soustraites à l’action de l’air, que ce! te prolifération est abondante. Dans le Cas où une couche de sérum surnage le dépôt des globules sanguins, elle ne se trouble pas. Au bout de quelques jours, les globules de sang pâlissent, se déforment et se désagrègent ; il en résulte des apparences filiformes lisses ou formées de grains plus ou moins réguliers qui feraient croire à l’apparition d’organismes en chapelet beaucoup plug gros que ceux observés dans les premiers jours, si leur plasticité et leur adhérence aux glo¬ bules ne révélaient pas leur origine. Ces mêmes formes filamenteuses apparaissent aussi, mais au bout d’un temps beaucoup plus long, lorsque les tubes de sang sont maintenus à la température ordinaire des pays chauds. Cet aspect du sang des cholériques a beaucoup frappé notre attention, et, dans le début de nos recherches, nous n'hésitions pas à voir, dans les petits articles que nous venons de décrire, un organisme microscopique. Pour donner la preuve qu’il en était ainsi, il fallait réaliser la culture de cet organisme dans des liquides appropriés. Nous avons, à maintes reprises, semé le sang cholérique dans les liquides les plus variés (bouillon neutre de poule, de veau, bouillon albumineux, urine neutre, lait, sérum de sang de bœuf, sang de lapin, sérum de sang de cholériques, etc.), sans parvenir à obtenir la culture d’un microbe quelconque. Les essais de culture dans le vide ont donné aussi peu de résultats que ceux faits en présence de l’air. De plus, de la sérosité péricardique, du sérum sanguin de cholériques, très limpides, conservés à l’étuve, ne se troublent nullement et ne donnent lieu à aucune culture d’organismes. Malgré cet insuccès des tentatives de culture qui nous a empêché de fournir la preuve qu’il existe un microbe dans le sang des cholériques, nous persistons à penser que, dans de nouvelles recherches, l’attention devra particulièrement porter sur le liquide sanguin. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous sommes loin de savoir réaliser les conditions néces¬ saires à la vie de tous les microbes pathogènes, et l’on peut espérer que, dans l’avenir, de nouvelles tentatives de culture seront couronnées de succès. Cette idée de l’envahissement du sang par un microbe dans le choléra est encore fortifiée par l’observation clinique. Elle rend compte du symptôme dominant, de l’asphyxie, qui, dans nombre de cas foudroyants, où les selles et les vomissements sont rares, n’est expliquée ni par la perte de liquides ni par les lésions intestinales. En examinant aux papiers réactifs le sérum qui s’est séparé dans les tubes de sang, nous avons constaté que, dans la plupart des cas, ce. sérum est légèrement, mais nettement acide. Cette acidité n’était pas le fait d’une altération de sang par quelque organisme d’im¬ pureté survenue depuis que ce liquide avait été recueilli, puisque le sérum était parfaite¬ ment limpide et ne donnait lieu à aucune culture quand on en semait quelques gouttes dans des liquides nutritifs exposés à la chaleur. On ne peut l'attribuer non plus à quelque réac¬ tion chimique spéciale, propre à toute espèce de sang conservé, car nous avons pu garder, dans les mêmes conditions; du sang d’hommes ayant succombé à des maladies ordinaires, du sang d’animaux sains ou atteints de maladies infectieuses ^peste bovine), sans que le liquide sanguin ait cessé d’être alcalin. D’ailleurs, dans un cas où le liquide du péricarde et le sang ont été examinés aussitôt après la mort, on a constaté que ces liquides avaient déjà une réaction faiblement acide. Dans l’étude d’une maladie contagieuse, il est très important de pouvoir communiquer cette maladie à un animal ; nous n’avons aujourd'hui de notions certaines que sur celles des maladies contagieuses que l’on a pu donner aux animaux. Nous nous sommes donc efforcés de communiquer le choléra à des animaux ; tout ce que l’on sait de la transmission du choléra de l’homme à l'homme invite à penser que JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 57 c’est dans les vomissements et les selles que se trouve le poison cholérique. Nous avons fait ingérer à des animaux des matières vomies, des selles riziformes , des anses intesti¬ nales, recueillies immédiatement après la mort, sur des cadavres de cholériques. Des poules, des pigeons, des cailles, une dinde, des geais, des lapins, des cochons d’inde, des rats, des souris, des chiens, des chats, des porcs, ont reçu ces matières sans en éprouver aucu neffet Quatre porcs en expériences ont mangé à diverses reprises des quantités consi¬ dérables de selles, d’intestins et de viscères de cholériques : leur santé est restée aussi bonne que celle de deux autres porcs conservés comme témoins. Pour placer nos animaux d’expériences dans des conditions que nous pensions propres à favoriser la contagion, nous leur avons donné des matières cholériques après avoir irrité leur intestin par un purgatif ; ces tentatives n’ont point abouti à leur faire prendre le choléra ni une maladie quelconque. Nous avons pu également administrer à un singe des matières riziformes et une grande quantité de sang cholérique sans déterminer chez lui autre chose qu’un malaise passager. -n Nous devons cependant dire que, que dans une de nos expériences, une poule a succombe trois jours après l’ingestion de selles riziformes. Le contenu de l’intestin était liquide, la muqueuse intestinale était semée de petites hémorragies, et le sang renfermait un orga¬ nisme en très petits articles. — A ce moment, nous avons pensé avoir réussi. — * Malheu¬ reusement le résultat ne put être reproduit. Des fragments de l’intestin de cette poule ont été mangés par d’autres poules ; son sang a été injecté sous la peau de poules saines, et celles-ci n’ont éprouvé aucune maladie. Nous regrettons de n’avoir pu essayer dans tous les cas la contamination de très jeunes sujets des diverses espèces animales que nous avions à notre disposition; nous avons cependant, sans résultat, essayé de donner le choléra à de jeunes chiens et à de jeunes chats. Enfin, les matières cholériques se sont montrées inoffensives sur les animaux qu’elles aient été administrées fraîches ou après quelques jours de conservation, séchées à l’air ou dans l’acide carbouique. Les matières des déjections ou des vomissements ne peuvent être données aux animaux que par le tube digestif ; l’introduction sous la peau de matières riziformes donne lieu à des complications dues aux organismes divers qu’elles renferment. Nous avons essayé par des arlifices de culture de séparer à l’état de pureté quelques-uns des microbes qui pullulent en si grande quantité dans les selles. Les cultures de ces organismes essayées sur des animaux n’ont déterminé que des accidents n’ayant pas de rapport avec le choléra. L’inoculation de grandes quantités de sang cholérique dans le tissn cellulaire a été tout aussi inoffensive. Malgré toutes ces tentatives, que nous regrettons de n’avoir pu multiplier davantage, la transmission du mal à une espèce animale aurait une si grande importance, que nous pensons que dans des recherches nouvelles, il y aura lieu de faire de nouveaux et grands efforts pour découvrir un mode d’inoculation ou des conditions de virulence qui permettent de communiquer le choléra à certaines espèces animales. En résumé, obligés comme nous l’avons été de limiter nos études à un temps relative¬ ment très court, puisque l’épidémie a cessé en Egyptee dès les premiers jours de septembre, c’est-à-dire trois semaines environ après notre arrivée, privés en outre tout à coup et si malheureusement de la collaboration de notre ami Louis Thuillier, nous sommes loin de penser que nous avons résolu le problème étiologique du choléra ; mais nous avons l’espoir d’avoir aplani les premières difficultés et préparé la voie à des recherches futures qui seront affranchies, des tâtonnements inhérents à toute investigation de début. Dr Straus, Profess. agr. à la Faculté de Méd. de Paris. Le gérant : E. PROUT. 58 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS A BASE D’ACIDE PHÉNIQUE. 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KüNSTLER. — Les Sarcoptides plumicoles , description d’espèces nouvelles, par MM. Mégnin et E.-L Trouessart. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification , par M. N. PATOUiLLARü. — Nouvelles observations sur le mouvement des Diatomées , par M. J\BEZ HOGG. — Les Diatomées, lécolte et préparation (suite), par M. J. RATABOUL. — De l’existence et de la distribution de l’éléidine dans la muqueuse bucco-œsophagienne des Mammifères , par le professeur L. RANVIER. Des modifications que présentent les muscles à la suite de la section des nerfs , par M. J. Babinski — Le Microscope v Continental » du Dr J. Pelletan. — Avis divers. - - REVUE. L’extrême abondance des matériaux qui s’amassent autour de nous nous force, encore cette fois, de supprimer la Revue que nous avons l’habitude de consacrer à l’examen des nouveautés qui se sont produi¬ tes dans le champ de la micrographie et, plus souvent, dans 'celui de la microbiologie, le plus fertile de tous. Ce n’est pas que les microbes nouveaux manquent, mais les derniers parus, ceux du béribéri et de la fièvre jaune ont été assez mal accueillis. M. de Lacerda, le savant brésilien dont nos lecteurs connaissent bien le nom, a déjà échoué auprès de l’Académie des sciences avec les microbes du venin des serpents ; il avait échoué avec un microbe de la fièvre jaune , il vient d’échouer encore une fois, devant l’Aca¬ démie de médecine, avec le microbe du béribéri, maladie infectieuse 64 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. des pays chauds, dont M. de Lacerda pensait trouver le germe ou le microbe dans le riz avarié qui sert trop souvent de nourriture dans ces contrées. Il se peut que M. de Lacerda ait raison, il se peut qu’il ait tort, nous n’en savons rien. M. Rochard a trouvé qu’il n’avait pas raison. C’est absolument ce qui nous arrive, à nous aussi, avec le nouveau microbe de la fièvre jaune, celui de M. le D‘‘ de Lacaille. Nous avons trouvé que notre confrère de Rio-Janeiro n’a pas raison, mais nous n’en publions pas moins , dans ce numéro , plusieurs dessins de M. dje Lacaille, afin de permettre à nos lecteurs de se rendre compte des faits. Et maintenant, il ne nous reste que juste assez de place pour signaler quelques-uns des travaux les plus intéressants parmi ceux , en très grand nombre , qui ont paru récemment. * * * La Revue Mycologique de M. C. Roumeguère vient d’entrer dans sa sixième année. Son dernier fascicule nous apporte, comme toujours, un grand nombre d’articles : sur Y Euryachora stellaris et le Phylla- chora Campanulœ , sur les Lichens de Palestine par le Dr J. Muller, de Genève; sur le Phallus impudicus , par M. Feuilleaubois , sur les Champignons observes dans les Vosges en 1883, par le Dr R. Ferry, la suite de l’énumération des Fungi exsiccati (centurie XXVIII) de M. C. Roumeguère, beaucoup de notices bibliographiques etc. Ajoutons que l’exécution matérielle de la Revue , qui était un peu défectueuse jusqu'à présent, ne laisse plus rien à désirer, ce dont nous félicitons notre excellent confrère. A propos de Botanique cryptogamique, nous avons un oubli à réparer. Nous devons signaler à nos lecteurs la publication des deux premiers fascicules des Tabulæ Analyticœ Fungorum par notre savant colla¬ borateur M. N. Patouillard, dont nous allons publier un grand travail sur les Hyménomycètes (1). Les Tabulæ analyticœ donnent la des¬ cription et l’analyse microscopique des Champignons nouveaux, rares ou critiques. Chacun des deux fascicules, relatif à 100 espèces, se compose de 40 pages de texte explicatif et de 32 planches dans lesquelles est représentée chacune des 100 espèces sus-dites avec les dispositions anatomiques qui la caractérisent. Les Taibulœ analyticœ Fungorum sont le complément nécessaire de la bibliothèque de tous les myco¬ logues. Enfin, la seizième et dernière livraison de la Botanique populaire (1) Voir plus loin , page 101. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 65 illustrée , de Ed. Schmidlin, complétée par le Dr O. E. R. Zimmer¬ mann (1) est parue au commencement de l’année 1884 et l’ouvrage est maintenant terminé. Il comprend deux gros volumes in-8°, l’un de près de 400 , l’autre de près de 700 pages , environ 200 gravures dans le texte et 62 planches coloriées. Le premier volume contient l’organographie et la physiologie végétales , le second la classification et l’histoire des familles. Ce bel ouvrage, que nous avons maintes fois recommandé, fait le plus grand honneur au Dr O. E. R. Zimmermann, qui l’a entièrement refondu, complété et mis au niveau des connais¬ sances actuelles, ainsi qu’à son éditeur, M. Alfred Oehmigke de Leipzig. * * * Les Proceedings ou comptes rendus du sixième congrès de la Société des Microsçopistes américains , tenu l’année dernière à Chi¬ cago , nous sont enfin parvenus, et nous ne pouvons que féliciter la Société Américaine de ses progrès, car le Congrès de 1883 nous paraît l’emporter de beaucoup sur celui de 1882, par le nombre comme par l’importance des travaux qui lui ont été soumis. Au nombre de ceux-ci nous pouvons citer : La vérification de V observation micrographique , discours-adresse du président A. Mac Calla ; Examen microscopique des taches de sperme sur les vêtements , par le Dr F.-M. Hamlin ; La relation entre V ouverture et le grossissement dans le choix d'une série d'objectifs , par le Dr G.-E. Rlackham; Terminaison des nerfs dans le rein, par le Dr M.-L. Holbrook ; Photomicrographie avec la gélatine sèche et la lampe , par M. W.-H. Walmsley; Avantages cliniques de Vozone et ses effets sur les microorga¬ nismes des infusions , par le Dr G.-E. Fell ; Préparation et montage des Bactéries , par le prof. T. -J. Burrill; Remarques sur les Bactéries pathogènes , par le Dr H. -J. Detmers; Le Microscope dans la recherche des falsifications de la graisse de porc, par le Dr W.-T. Belfield ; ? Sur quelques Infusoires trouvés sur V Ecrevisse , par le prof. D.-S. Kellicott; — Cothurnia lata, par le même ; Sur V extrémité céphalique et les mouvements des spermatozoïdes humains , par le Dr G.-E. Fell ; (1) Illustrirte populare Botanïk , Ed. Schmidlin , 4e Auflage in vollstândig neuer Bearbeitung , v. Dr O. E. R. Zimmermann. — Leipzig, Alf. Oehmigke, 1884. 66 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les Fougères et leur développement , par M. J. Kruttschnitt ; Physiologie et pathologie du cerveau humain (extrait) , par le Dr S. -Y. Glevenger; Etude critique sur l'action du diamant traçant des lignes sur le verre , par le prof. W.-A. Rogers ; Etude sur le centimètre marqué « A » préparé par le bureau des poids et mesures des Etats-Unis, et sur les mesures opérées par la Commission de micromètrie (1), par le professeur W.-A. Rogers. Etc., etc. Plusieurs de ces mémoires seront traduits ultérieurement dans le Journal de Micrographie. Déplus, nous publierons ceux que nos lecteurs voudront bien nous signaler comme les intéressant plus parti¬ culièrement. Dans les journaux américains , signalons encore un article publié dans Y American Naturalist , par le Dr G. Stokes , sur quelques Infusoires probablement nouveaux des eaux putrides. 11 s'agit, en particulier , d’un Flagellé appartenant au genre Heteromita et de quelques Ciliés rentrant dans le genre TiUina , voisin des Colpodes et qui ne comprenait jusqu’à présent qu’une seule espèce, le T. magna , de Grüber. Nous donnerons prochainement la traduction ou l’analyse de cette étude très soigneusement faite par son savant auteur. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGxANISMES UNIGELLUL AIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur Balbiani. [Suite). (2) XXIX Les Rhizoflagellés. De toutes les classes de Protozoaires, les Flagellés sont certainement celle qui présente les affinités les plus nombreuses avec les autres groupes d’organismes unicellulaires, animaux et végétaux. (1) Le mètre étalon est un mètre en cuivre préparé pour M.W. A. Rogers, par M. Tresca, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers . à Paris. (2) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, T. VI, 1882, T. VU 1883, T. VIII, 1884 , p. 9. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 67 Ils se réunissent aux végétaux par les Volvocinées , que beaucoup d’auteurs placent dans le règne végétal , et ils confinent aux Algues supérieures par les zoospores de celles-ci qui ressemblent beaucoup aux Flagellés. On peut aussi considérer le mode de reproduction par la copulation de deux zoospores, que les botanistes regardent en gé¬ néral comme un processus sexuel et qui a la même forme chez les Flagellés et chez les Thallophytes inférieurs. On peut dire aussi que c’est par les Flagellés que s’établit la transition entre les Protozoai¬ res et les Métazoaires ; je crois, en effet, avec Bütschli et Hæckel, que c’est par les Flagellés et non par les Ciliés que se fait cette transition aux Métazoaires, mais les affinités les plus nombreuses des Flagellés sont surtout avec les Rhizopodes, qui constituent aussi une classe des Protozoaires. On trouve, en effet, beaucoup de formes établissant le passage entre eux et les divers groupes de Rhizopodes. On peut dési¬ gner ces organismes mixtes sous le nom de Rhîzoflagcllcs. Un assez grand nombre de ces formes sont aujourd’hui connues pour qu’on ait pu essayer de les classer ; c’est ce que Saville Kent a fait le premier. Le tableau suivant indique les bases de sa classification. Classification des RHIZOFLAGELLÉS ( D’après Saville Kent ). 1er Ordre : Rliizoflagellés. Corps amœbiforme . J Pseudopodes naissant de £ Mastigamœba. toute la périphérie ... ) Rampants. . . < Corps amœbiforme . Flagellum simple. . <( J Pseudopodes naissant ■ „ , , , . . > Keptomonas. seulement de la partie ' ventrale . Sédentaires avecprolongements digitiformes rayonnants . Rhizomonas. Flagellums multiples, variables en nombre et en situation . Podostoma. 2e Ordre : Radio flagellés. Animalcules nus, sans squelette siliceux ni capsule centrale. . . Animalcules libres ou fixés pos¬ térieurement sur un pédicule. Actinomonas. Animalcules présentant un squelette centrale (Radiolaires) . ... , , ( Euchitonici. siliceux et une capsule \ ... < ùpongocycla. [ Spongasteriscus. Ainsi qu’on le voit, Saville Kent a établi, parmi cee organismes, deux groupes ou ordres. Le premier, celui des Rliizoflagcllés proprement dits, contient les formes mixtes, moitié Flagellés, moitié Rhizopodes, 68 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qui revêtent les caractères de Rhizopodes ordinaires ou d’Amibes, et qui sont pourvus en même temps d’un ou de plusieurs flagellums. Ce sont donc des formes mixtes entre les Amibes et les Flagellés. Le second ordre comprend des êtres mixtes dans lesquels l’élément Rhizopode est représenté, non pas par le type Amœba, mais par le type Radiolaire Actinophrys , c’est-à-dire qu’au lieu d’émettre des pseudo¬ podes en lobes, ils émettent des prolongements en ligne droite rayon¬ nant dans tous les sens. Chacun de ces deux ordres renferme quatre genres établis par Saville Kent. D’abord le genre Mastigamœba , constitué par des êtres qui ont un corps amœbiforme, projettent des pseudopodes par tous les points de la périphérie de leur corps et sont munis d’un flagellum. Ce sont des Amibes à flagellum. Ce genre existait déjà, fondé en 1875 par F. E. Schulze, professeur à l’Université de Gratz, en Autriche, qui a publié beaucoup de travaux sur ces organismes. 11 s’agit d’une espèce qu’il a trouvée dans les bassins de l’Ecole de Botanique de Gratz. C’est le Mastigamœba aspera qui mesure souvent jusqu’à 1/10 de millimètre de longueur à l’état d’expansion complète. Il est probable qu’il avait déjà été observé, puisque Carter avait trouvé dans les Indes , en 1864 , un organisme semblable qu’il désigne sous le nom d’ Amœba monocüiata. F. E. Schulze le décrit comme une Amibe émettant des pseudopodes digiti- formes de tous les côtés et munie d’un long flagellum. L’animalcule présente un ectosarc et un endosarc très évidents. Le premier offre un aspect rugueux ; l’animal parait couvert de villosités très courtes formées par des bâtonnets réfringents , comme des Bactéries plongées dans la substance extérieure du corps. L’endosarc se compose de nombreux globules colorés en jaune brun ou jaune rouge , et à la partie antérieure se trouve une petite excavation qui loge un corpus¬ cule considéré par Schulze comme un noyau. A l’extrémité postérieure existe une vésicule contractile, et en avant un long flagellum. L’animal peut modifier sa forme comme toutes les Amibes. Son mode de repro¬ duction n’a pas été examiné. Saville Kent, de son côté, a décrit deux autres espèces , notamment une très curieuse forme marine qu’il a trouvée à Jersey. Toute la surface du corps est hérissée de pseudopodes ramifiés qui lui donnent l’apparence d’un petit Gastéropode nudibranche , d’un Eolis , par exemple. Il y a un noyau et une vésicule contractile. L’animal n’a pas été étudié d’une manière plus approfondie. C’est le Mastigamœba ramulosa . Une autre forme, le Mastigamœba simplex ressemble da¬ vantage à une Amibe munie de pseudopodes à laciniures. Je crois que c'est dans le même genre qu’il faut placer un organisme décrit, en 1878, par Bütschli, qui ne lui a pas donné de nom et le qualifie simplement de « Rhizopode à flagellum. » (Zeitsclir., f. iviss. Zool., JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 69 t. XXX). C’est évidemment un Mastigamœba de Saville Kent. Ce qui est remarquable, c'est la longueur du filament , qui est huit à dix fois plus long que le corps. Bütsclili ne l’a . d’ailleurs , pas étudié d’une manière plus complète et ne l'a trouvé qu’en petit nombre. Les Reptomonas sont des Amibes à flagellum ne présentant de pseudopodes que sur la partie de leur corps qui est en rapport avec la surface sur laquelle ils rampent. Le genre Rhizomonas ne parait pas très bien établi. Saville Kent l’a fondé sur une espèce, le R. verrucosa , qu’il n’a pas vu en mouve¬ ment. Il est caractérisé par un corps formant une masse à prolonge¬ ments rayonnants dont l’un s’étire en un long filament. On le trouve dans certaines infusions, mais le genre a besoin d’être étudié de nou¬ veau, car il pourrait bien représenter des formes qui rentrent dans un autre groupe. Les Podostoma présentent des caractères plus accusés. Les fiagel- lums sont multiples, variables en nombre et en situation. Ils ont, pour ainsi dire, autant de flagellums qu’ils peuvent émettre de pseudopodes. C’est la première forme intermédiaire décrite par Claparède et Lachmann dans la première partie de leurs Etudes , en 1858-59. Les Podostoma sont essentiellement polymorphes ; les pseudopodes peu¬ vent s’allonger en longs filaments qui se contournent souvent en spirale Fig. 8. — Podostoma filigerurn (d’après Claparède et Lachmann). et exécutent des mouvements vibratoires très intenses. Ces pseudopodes sont des organes de préhension ; ils fouettent le liquide et attirent les corpuscules avoisinants. Claparède dit que quand un corpuscule se trouve attiré par le jeu de ces filaments sur un des pseudopodes plus ou moins allongés , on le voit tourner autour de lui-même, entraîné ainsi par le filament qui s’allonge et détermine cette rotation par une i 70 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. - » - action encore inconnue. Quand il est parvenu à le saisir, le filament rentre et se perd dans la substance du pseudopode, mais le corpuscule paraît entrer dans une petite excavation et s’enfoncer dans un canal creusé dans le pseudopode ; puis , celui-ci rentre dans le corps de l’animal et amène avec lui le corpuscule. Tel est le Podostoma füigerum, découvert par Lachmann aux environs de Berlin. D’autres auteurs se sont occupés de cet organisme, les uns pour démontrer que c’est une forme indépendante, les autres pour essayer de le rattacher à d’autres formes d’Amibes déjà connues. Bütschli pense que c’est une Amibe connue, XAmœba radiosa d’Ehrenberg et de Dujardin. Saville Kent, au contraire, veut que le Podostoma filigerum soit une forme tout à fait distincte. La même espèce a été rencontrée dans un des lacs de la Lombardie, par Maggi qui la considère aussi comme une espèce indépendante et paraît l’avoir trouvée en assez grande quantité pour avoir pu l’obser¬ ver avec soin. Cet auteur a reconnu que l’animal peut émettre trois sortes de pseudopodes, des pseudopodes ordinaires, semblables à ceux des Amibes, servant particulièrement à la locomotion; des pseudopodes plus fins servant surtout à la préhension, et des pseudopodes pouvant s’atténuer en filament ou flagellum. Maggi se fait une idée toute spé¬ ciale de la structure des Amibes : contrairement à ce que pensent les observateurs qui n’admettent que deux couches dans la composition du corps chez ces êtres, l’ectosarc et Tendosarc, couches facilement observables chez certaines formes d’Amibes , Maggi va jusqu’à distinguer trois couches, dont un mésosarc entre l’ecto et l’endosarc, établissant ainsi un parallélisme avec l’ectoderme , le mésoderme et l’endoderme des animaux supérieurs. Maggi veut que les pseudo¬ podes locomoteurs soient formés par la couche externe, l’ectosarc , tandis que les deux autres espèces de pseudopodes auraient pour origine le mésosarc , c’est-à-dire les pseudopodes préhenseurs , pro¬ longements assez courts , ordinairement terminés par un filament , et d’autres pseudopodes beaucoup plus longs et plus fins , de même grosseur à la base qu’à l’extrémité qui porterait une sorte de bouche. Mais personne n’a jamais observé cette disposition. Les pseudopodes naîtraient du mésosarc et l’ectosarc les accompagnerait jusqu’au point où ils émergent de la substance du corps. Quant aux filaments contournés en spirale, Maggi les rejette complètement comme éléments propres au Podostoma ; il pense que Claparède et Lachmann , en examinant cette forme , avaient sous les yeux une Algue que l’animal était en train de digérer. Tous ces faits me paraissent bien singuliers et même bien peu vraisemblables. Le second ordre des Bhizoflagellés, les Ratliollagellés , renferme aussi quatre genres qui sont pour la plupart constitués par des espèces JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 71 marines : Aclinomonas , Euchitonia, Spongocycla et Spongasle- riscus. Les Aclinomonas sont des animalcules libres ou fixés par la partie postérieure à l’aide d’un pédoncule. L’A. mirabilis de Saville Kent a la forme d’une sphère avec des pseudopodes rayonnants (Fig. 9). Fig. 9. — Actinomonas mirabilis , S. K. ê D’un côté naît un pédoncule par lequel l’animal se fixe sur les objets submergés et du côté opposé part un long flagellum. Cette espèce représente ainsi un Actinophrys muni d’un pédoncule et d’un flagel¬ lum, mais elle est mieux pourvue que celui-ci pour la préhension et la capture de sa proie , parce qu’elle n’est pas obligée d’attendre qu’un animalcule vienne se jeter étourdiment sur ses pseudopodes et peut, grâce aux mouvements vibratiles de son flagellum, attirer à la portée de ceux-ci les corpuscules dont elle se nourrit. C’est probablement dans ce genre qu’il faut ranger plusieurs organismes dont Saville Kent n’a pas parlé et qui sont décrits dans divers recueils. Tel est le Dimorplia mulans étudié par Graber (Zeilschrift f. wiss. Zool. t. XXXVI, 1881). C’est une espèce d’eau douce qui peut abandonner la forme d’Actinophrys pour prendre celle de Flagellé. Quand il se transforme d’Actinophrys en Flagellé, l’ani¬ malcule perd complètement ses caractères radiolaires; ses pseudopodes disparaissent , il devient lisse et reste muni de deux flagellums qui 72 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sont des appendices persistants. A l’état de Rhizopode, l’animal se nourrit comme les Actinophrys en attirant les corpuscules à l’aide de ses pseudopodes. Graber a décrit la manière dont des zoospores c Fig. 10. — Dimorpha mutans. A, B, C , formes diverses Actinophrys (d’après Graber) d’Algue tuées ou paralysées par les prolongements d;un de ces orga¬ nismes qui s’étendaient au devant d’elles ont été saisies par eux , absorbées par l’animal et transformées, au bout de deux à quatre heures , en matière digérée. Fig. 11. — Dimorpha mutans. A, animalcule passant de l’état d’ Actinophrys a l’état de Flagellé ; — B, état de Flagellé (d’après Graber). Cet animalcule présente même un détail caractéristique ; c’est la position de la vésicule contractile qui se contracte comme dans Y Actinophrys sol. Cette vésicule est toujours placée sur la périphérie et, au moment de la diastole, elle forme une saillie à la surface du corps. Cette saillie crève et déverse le liquide qu’elle contenait dans l’eau ambiante , mais elle ne tarde pas à se reformer au même point. Il y a analogie complète sous ce rapport entre Y Actinophrys sol et le Dimorpha mutans ; mais, pour savoir jusqu’où va cette ana¬ logie, il aurait fallu examiner la position du noyau. Chez le premier JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 73 de ces organismes, le noyau est toujours central, et, malheureusement, Graber n'a pas pu voir d’une manière certaine la situation du noyau chez le second. Mais il a fait quelques observations intéressantes sur la nature des pseudopodes : il a remarqué que, dans certaines circons¬ tances , ces pseudopodes étaient couverts de petites granulations ou gouttelettes de sarcode , disposition qu’on trouve aussi chez quelques Héliozoaires. Pendant la contraction des pseudopodes, ces gouttelettes se rapprochent, ce qui donne à l’ensemble un aspect granuleux. La rapidité de cette contraction a été observée aussi chez de vrais Actinophryens, chez les Acanthocystis. Engelmann a reconnu que sous l'influence d'un courant induit les pseudopodes se contractent très rapidement, les granulations se rapprochent, et ce phénomène avait conduit cet auteur à comparer ces pseudopodes aux fibrilles musculaires, et à les appeler myopodes. Graber a donné quelques détails, mais assez peu certains, sur la reproduction du Dimorpha. Il en a trouvé un seul exemplaire repré¬ senté par deux corps globuleux réunis par un pédoncule de proto¬ plasma. L’une des parties portait les deux flagellums, l’autre quelques courts pseudopodes. Ce serait donc une reproduction par division , si réellement cet organisme était un Dimorpha . Fig. 12. — Ciliophrys infusionum (Cienkowsky. A , forme Actinophrys ; B G, passage à la forme flagellée ; D, forme flagellée. Cienkowsky a décrit en 1876, dans Y Archiv fur mikroskopische Anatomie , t. XII, un autre Rhizoflagellé qu’il a appelé Ciliophrys infusionum et qui doit appartenir aussi au groupe dont nous nous occupons. Ce qui double sa ressemblance avec le Dimorpha , c’est que sa phase rhizopode est parfaite et complète :• outre les pseudopodes rayonnants, il présente la structure vacuoleuse du protoplasma, carac¬ téristique de beaucoup de Rhizopodes. De plus, le noyau est central , comme chez Y Actinophrys sol. En un mot, c’est un Actinophrys . Il est dépourvu de filaments sous cette forme; mais, pendant qu’on l’observe 74 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. il perd graduellement sa forme actinophryenne pour prendre peu à peu la forme flagellée. Les pseudopodes rentrent dans la masse, l’une des extrémités s’arrondit et pousse un flagellum : c’est un Rhizopode en avant, un Flagellé par derrière. Enfin l’animalcule devient un Flagellé parfait. Comme différence entre l’ Actinophrys et la forme héliozoaire du Cüiophrys de Cienkowsky, il faut signaler le nombre des vésicules contractiles. Il n’y en a qu’une chez le premier, trois chez le Cüio¬ phrys. Cienkowsky a fait des observations intéressantes sur les phéno¬ mènes qui ont rapport à la reproduction de cet organisme. Il a vu que le Cüiophrys peut se multiplier par division sous la forme Rhizo¬ pode. Il a constaté aussi des phénomènes de fusion. On sait que quand on place dans un vase un certain nombre à' Actinophrys sol ou d 'Acti- nosphaerium Eichhornii, ceux-ci, arrivant au contact les uns des autres, se fusionnent en formant une seule masse qui présente plusieurs lobes indiquant les séparations primitives. D’autres fois, la fusion va jusqu’à produire un être tout à fait sphérique. Toutes ces formes ont été observées par Cienkowsky chez les Cüiophrys. Deux ou trois individus peuvent se souder, mais, ce qui est plus curieux, c’est qu’ils peuvent ensuite se séparer pour reprendre une forme indé¬ pendante et redevenir des Flagellés à un seul flagellum. D’ailleurs, la fusion qui s’opère entre les individus à l’état de Rhizopode peut aussi se produire quand les Cüiophrys ont pris la forme flagellée. Cienkowsky a vu la fusion des animalcules sous cet état : arrivés au contact ils s’unissaient d’abord par un pédoncule étroit, puis par tout le côté du corps. Cette observation de Cienkowsky avait passé inaperçue dans la science, à ce point que Rütschli, deux années plus tard, découvrit le même organisme (1878) et ne signala pas les recherches de Cienkowsky. Il n’a pas imposé de nom générique ni spécifique à l’animalcule , mais en lisant la description qu’il en a donnée on se convainc aisément qu’il avait affaire au même organisme. Dans une note postérieure, il dit avoir eu connaissance trop tard du travail de Cienkowsky. Les genres Euchitonia , Spongocycla, Spongasteriscus, établis par Haeckel pour des organismes découverts par lui, sont marins et cons¬ tituent de vrais Radiolaires munis d’une capsule à paroi chitineuse. Cette capsule centrale est entourée d’une couche de protoplasma et le tout est recouvert d’une enveloppe siliceuse découpée à jour. Ces trois genres présentent des dispositions analogues ; les individus sont, de plus, munis d’un long flagellum. Nous ne décrirons donc pas plus longuement ici ces formes qui ne JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 75 présentent pas d’autre intérêt pour nous que de nous faire voir que, même chez les Radiolaires, on rencontre des formes qui établissent la transition avec les Flagellés. (A suivre). LE MICROBE I)E LA FIÈVRE JAUNE. « Ce qu’on peut faire voir ne laisse plus de place à l’hypothèse ; on peut varier sur l’explication, mais non sur le fait lui-même. Ceci se rapporte surtout à l’hématologie qui a fait l’objet de tant de controverses. » Burggraeve. « Si l’on peut dire de toutes les sciences naturelles qu’elles doivent plutôt se dessiner que s’écrire et se parler, cela est surtout applicable à la Micrographie descriptive ; la phrase ne devrait être que l’explication des figures , quand il s’agit surtout d’êtres aussi singuliers que les microbes. °l'lc'Leœ- 1 abdomen \ postérieures. Mâles 1 entier toujours J prolongements i Mâles ayant les pattes posté- pourvus < autres / rieures beaucoup plus dévelop- \Analgeseœ. de ventouses J que des poils. [ pées que les femelles copulatrices. ^Femelle adulte ayant l’abdomen bilobé et chaque \ lobe terminé par des appendices gladiformes ( Procto'phyllodeœ. ou sétiformes . j Mâles privés de ventouses copulatrices . Dermoglypheœ . Première Section : Les Ptêrolichés. ( Pterolicheæ ) Les Ptêrolichés sont des Analgésiens aux formes robustes , géné¬ ralement trapus et relativement de grande taille , dont les mâles diffèrent moins des femelles que ceux des deux groupes suivants, et ne présentent que très exceptionnellement une inégalité dans le déve¬ loppement des pattes postérieures. On les trouve sur les oiseaux de grande taille (Autruches, Echassiers, Palmipèdes, Gallinacés, Rapaces, Perroquets , Corvidés , Bucérotidés , etc.) — Sur les Passereaux de petite taille , ils sont remplacés par les Proctopliyllodés . — C’est le groupe le plus nombreux en genres et en espèces. Genre Frcyaua , Haller (1877). Ayant publié récemment (1) une petite monographie de ce genre , accompagnée de figures représentant les espèces nouvelles, nous nous contenterons de donner ici le catalogue et la synonymie des espèces connues, en remaniant ce travail sur quelques points, et en caractéri¬ sant les variétés que nous avions négligées précédemment. Nous don¬ nons aussi de nouvelles figures des deux espèces nouvelles les plus remarquables, dont le mâle avait été imparfaitement figuré dans la monographie précitée. Ces figures montrent que le dimorphisme sexuel peut être beaucoup plus considérable dans ce genre qu’on ne l’avait supposé , les mâles de ces deux espèces , parfaitement typiques du reste, se distinguant de leurs femelles par la présence de lobes abdo¬ minaux bien développés, qui manquent dans le type du genre ( Freyana anatina ), la seule espèce précédemment connue. Le genre Freyana comprend trois sous-genres. (1) Le Naturaliste , 15 janvier et 1er février 1884, p, 394 et 403. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 97 1° Sous-Genre Freyana proprement dit. Corps de forme orbiculaire ou ovalaire, peu allongé , à peine plus long que large. A. Espèces à pâlies longues , cylindriques el plus ou moins grêles , à abdomen entier chez le mâle. Freyana cliorïoptoides 7 Mëgnin et Trouessart. Le Naturaliste , 1884 , p. 395 , fig. 1 ; A , le mâle ; B , la femelle vue par dessous ; G , la même vue par dessus. Habitat. — Sur l’Ibis caronculé ( Bostrichia carunculata ) , d'Abys¬ sinie. Freyana gracilipes . Mégn. et Trt. Le Naturaliste , loc. cit., fig. 2, mâle et femelle vus par dessous. Remarque. — Cette espèce présente au niveau des apophyses des épinières des pattes antérieures et du sillon thoracique , des glandes cutanées , d’un rouge vif , analogues à celles que nous avons décrites sur le Pterolichus ornatus (1) , et qui sont très visibles dans notre figure. / Habitat. — Sur la Grue Antigone (Crus Antigone ) de l’Asie orien¬ tale et sur le Jabiru d’Afrique (. Mycteria senegalensis) . Var. a. Freyana gracilipcs pelargica , Mégn. et Trt. Freyana pelargica, M. et Trt. Le Naturaliste , loc. cit -, p. 396. Cette forme , que nous avons décrite précédemment comme une espèce distincte, ne diffère de la précédente que par un seul caractère important : le 3e article des deux premières paires de pattes porte un tubercule en forme d'épine , au lieu d’un tubercule quadrilatère comme dans le type de l’espèce. Habitat. — Sur les Cicognes (Ciconia alba, C. nigra et C. ma- guari) d’Europe et d’Amérique. B. Espèces à pattes coniques , moyennes ou courtes, et dont l'abdomen se termiue chez le mâle par deux lobes quadrilatères ou plurilobulés . Freyana Halleri, Mégn et Trt., (Fig. 20). Le Naturaliste , 1884 , p. 396 , fig. 3 ; A, le mâle; B, la femelle. Remarque, — La fig. 3 A (du Naturaliste) ne donne qu’une idée très imparfaite de l’asymétrie que présentent les poils et les (1) Comptes Rendus , loc . cit., p. 1501 ; — Bulletin , loc. cit., p. 135. 98 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. appendices de l’abdomen chez le mâle : nous en donnons une nouvelle figure , beaucoup plus exacte , et à une plus grande échelle (Fig. 20). Fig. 20, — Freyana Hctlleri. M. et Trt., mâle, vu par dessous (gross. 65 f.); a , ambulacre (gross. 200 f.), montrant la frange du bord de la ventouse. Les femelles et les nymphes diffèrent de celles de l’espèce suivante par leur forme plus courte, plus arrondie et la grande largeur des feuilles abdominales : ce dernier caractère existe déjà chez les plus jeunes larves. Habitat. — Sur la Spatule rose ( Platalea ajaja) de l’Amérique chaude (Guyane). — L’espèce est dédiée au Dr G. Haller , de Zurich , créateur du genre Freyana. Froyana horririu , Méc/n. et Trt. (Fig, 21, mâle. Le Naturaliste , 1884, p. 397, fig. 4 ; A , le mâle ; B , la femelle. Remarque. — Gomme pour l’espèce précédente, le graveur n’a pas bien rendu, dans la Fig. 4 A (du Naturaliste \ l’asymétrie très pro¬ noncée qui donne au mâle de cette espèce un aspect si étrange , et particulièrement la forme du grand poil falciforme qui se développe toujours ainsi du côté gauche , tandis que du côté droit le poil correspondant reste normal, (Fig. 21). Nous ignorons quelle est la cause de cette asymétrie ; mais nous retrouverons quelque chose d’analogue sur les pattes antérieures de certaines espèces [Freyana JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 99 bihamata , par ex.) , et l’on sait que cette inégalité dans le déve¬ loppement bilatéral des pattes antérieures est fréquente chez les Crustacés décapodes. (Fig. 21). Les feuilles abdominales des femelles et des nymphes sont très étroites , ce qui les distingue de celles de l’espèce précédente. Fig. 21. — Freyana horrida, M. et Trt , mâle vu par dessous (gross. 65 f). Habitat. — Sur l’Ibis rouge (Ibis rubra) de l’Amérique chaude (Guyane). C. Espèces de foi'me ovale (ou rectangulaire avec les angles arrondis ), sans lobes abdominaux distincts , à pattes fortes , coniques et très courtes , surtout les postérieures. — Sur les Palmipèdes la- mellirostres (Anaiidœ). Freyana anatinn, Haller ex Koch. Dermaleichus anatinus , Koch , Deutschl. Araclm., Myr. und Crust. 1840, fasc. 33, f. 23; Freyana anatina . Haller, Zeitschr. für Wiss. Zool., XXX, p. 81, pl. 14, fig. 5-13; Mégn. et Trt., Le Naturaliste, N° 51, 1884, p. 403. Cette espèce se trouve sur les Canards (Anatinœ) et les Harles ( Merginœ ), et peut être considérée comme cosmopolite. Elle présente un certain nombre de variétés, très difficiles à distinguer d'une façon précise, et qui se rencontrent souvent réunies, au nombre de deux ou trois sur le même oiseau. Les plus tranchées de ces variétés peuvent être caractérisées de la façon suivante , d’après la forme du mâle. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 100 Var. a. Freyana anatina. Haller, ( loc . cit ., pl. 14, fig. 5-13). Type de l’espèce. — Mâle : de forme quadrilatère à angles posté¬ rieurs arrondis et à flancs subparallèles; lame transparente des lianes élargie en arrière ; épimères confluents vers le centre et circonscri¬ vant un espace sternal polygonal large et ouvert en arrière. Feuilles anales médiocrement développées. Hab. — Sur YAnas boschas et plusieurs autres espèces des genres Querquedula, Oidemia et Fuligula. Var. b. Fr. anatina simplex , n. var. Mâle. — Semblable au précédent mais plus allongé et ayant plutôt la forme et- les proportions d'une femelle ; lame des flancs étroite, épimères non confluents ; manchette des pattes antérieures rudimen¬ taire. Hab. — Avec la variété précédente sur les Canards des genres Anas , Querquedula et Mareca. Var. c. Fr. anatina arniata, n. var. La fig. 5 A {Le Naturaliste, loc. cit., p. 403), représente cette variété. Mâle. — Flancs très arrondis ; lame transparente égale, médiocre; épimères confluents et plus ou moins soudés ; espace sternal en lo¬ sange ; 4e poil abdominal allongé en lame de sabre ; manchette très développée surtout à la 2e paire de pattes. Hab. — Sur les Harles (g. Mergus ), et les Canards des genres Oidemia et Fuligula. Var. d. Fr. anatina largifolia, n. var. Mâle. — En ovale court presque rond , encore élargi par la lame des flancs qui est très développée et plus large en avant qu’en arrière ; épimères confluents et soudés au centre, circonscrivant un espace sternal étroit, en forme de fer de lance ; 4e, poil abdominal court et large en forme de feuille ovalaire. Hab. — Sur les Canards des genres Chauliodus , Tadorna , Querquedula. Var. e. Fr. anatina nettapina, Mégn. et Trt. Freyana nettapina, Mégn. et Trt., Le Naturaliste , loc. cit., p. 404. Cette forme, que nous avons décrite précédemment comme une espèce distincte, n’est probablement aussi qu’une variété de Fr. ana¬ tina, dont elle diffère cependant plus que les variétés précédentes, notamment par la forme de sa feuille anale qui est en fer de lance bifide (au lieu d’être en forme de pied ou de fer de tailleur ? comme chez les autres). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 101 Hab. — Sur l’Oie naine de Madagascar (Neltapus auritus ), de l’Afrique chaude. Freyana anscriua , Mëgn. et Trt. Le Naturaliste , loc. cit., 1884, p. 404. Habitat. — Sur les Oies et les Cygnes (g. Anser et Cygnus ), ou du moins sur les espèces sauvages de ces deux genres. Nous ne l’avons pas trouvée sur les variétés domestiques. 2° Sous-Genre Haiicria, Mëgn. et Trt. Le Naturaliste , loc. cit., 1884, p. 404. Ce sous -genre diffère du précédent par une forme beaucoup plus allongée , le corps étant deux fois plus long que large , du moins chez V adulte. Une seule espèce connue. Freyana (niailcria) liirsiiliroMtrift . Mêgn. et Trt. Le Naturaliste , loc. cit., 1884, p. 404, 405, fig. 6, mâle , femelle et rostre. Les larves et les plus jeunes nymphes ont la forme des Freyana proprement dites, et l’allongement du corps se produit , lors des mues successives, par V allongement de la partie médiane du corps entre les deux plaques dorsales , et par un mécanisme que l’on peut compa¬ rer à celui d’un étui à lunettes qui s’ouvre. Habitat. — Sur le Flamant ( Phœnicoplerus antiquorum), du sud de l’Europe et du nord de l’Afrique. P. Mégnin et Dl E. L. Trouessart. [A suivre). DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION. {Suite.) (1) CONTENU DES CELLULES Les principaux produits qu’on rencontre dans les cellules des Hyménomycètes sont les gaz , le protoplasma , le suc cellulaire , des matières colorantes solides ou liquides , des matières grasses et des dépôts solides cristallins. Gaz. — La présence des gaz dans les cellules vivantes est un fait (1) Voir Journal do Mcrographie , T, VIII, 1884, p. 33. 102 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. assez rare chez les Hyménomycètes ; on l’observe dans les grosses cellules blanches qui sont à la surface du chapeau de quelques Agarics ( Coprinus , Ag. atomaius, Ag. appendiculalus) , auxquels elle donne la propriété de scintiller. On peut rapprocher ce phénomène de ce qui se passe dans les phanérogames à teinte argentée et brillante où cet aspect est dû à un jeu de lumière dans les cellules à air de l’épiderme. Beaucoup plus souvent les gaz se trouvent entre les cellules dans les parties où le tissu est moins serré ; ce tissu prend alors une teinte plus sombre : ainsi, au centre d’un grand nombre de stipes d’Agarics , dans la couche de l'hyménophore qui touche directement les tubes des Bolets, sous la pellicule du chapeau , etc. Les marbrures violet foncé que présente la chair du Cortinarius violaceus , la teinte vert de gris intense de quelques parties do Y Ag. euchlorus , sont occasionnées par de l’air interposé entre les hyphes. « Protoplasma. — La cellule des Hyménomycètes, examinée au point de vue du protoplasma et du suc cellulaire, présente beaucoup de caractères communs avec la cellule phanérogame. Le plasma y est toujours recouvert d’une membrane cellulosique contre laquelle il est appliqué. Cette couche de plasma est plus abondante dans les parties de la cellule où la vie est plus active , c’est-à-dire vers son sommet. Il suit de cette disposition que les ramifications des cellules ont lieu à leur partie supérieure ou au-dessus d’une cloison. Le suc cellulaire est acide au tournesol dans les champignons supé¬ rieurs ; cette réaction est causée par l’acide oxalique à l’état d’oxalate acide, ainsi que l’ont montré les recherches de Plowright. [On the occurence of oxaiic acid in Fungi). Les mouvements plasmiques ont été étudiés avec beaucoup de soins par divers auteurs, notamment par M. de Bary, dans les cellules du Coprinus micaceus. Le noyau des cellules est difficile à observer, M. de Seynes l’indique dans les basides ; dans le stipo de 1 ' Ag. vaginaius, nous avons vu des cellules sans noyaux , mélangées à d’autres éléments , dans le plasma desquels on distinguait un ou deux noyaux situés vers la partie infé¬ rieure des cellules. Matières colorantes. — Les couleurs de Champignons supérieurs sont des plus variées , toutes les nuances peuvent s’y rencontrer ; néanmoins, certaines teintes dominent : le blanc plus ou moins pur, les diverses variations du jaune et du rouge s'y rencontrent communé¬ ment, les teintes vertes sont plus rares ; on observe aussi le bleu , le violet améthyste, etc. En général , la matière colorante est spécialisée dans l'épiderme , le tissu intérieur restant blanc ; mais dans un bon nombre d’espèces la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 103 masse entière du Champignon participe à la teinte superficielle, ainsi la chair du Cortinarius violaceus est violet foncée , celle de Y Ag. hiculeus , du Guepinia helvelloïdes est rouge , etc. Les diverses colorations sont causées par des matières liquides ou solides contenues dans l’intérieur des cellules. La membrane est en général incolore, il est rare de voir cette paroi colorée et, dans ce cas, la coloration va en décroissant de l’extérieur de la paroi à l’intérieur. Les cellules externes des sclérotes d 'Ag. tuberosus , Typhula sclerotioïdes , celles des mycélium ligneux (Rhizomorpha) des Ag. melleus , Marasmius cindrosaceus, celles formant le mycélium stérile ( Ozonium ), du Coprinus sociatus, des stipes de quelques Marasmius ont leur paroi colorée en brun. Mais, primitivement, lorsque le filament cellulaire se développe, il est toujours incolore. Ordinairement on rencontre dans le même Champignon les matières colorantes à l’état liquide et à l’état solide. Dans l 'Ag. melleus , on voit dans quelques hyphes du stipe une matière brune condensée en fragments anguleux , tandis que dans les squames du chapeau , les cellules sont gorgées d’un liquide jaunâtre transparent. Les poils de la marge du Stereum purpureuw, sont remplis d’un liquide violet ou rougeâtre. Dans le Cortinarius violaceus le liquide est d’un beau violet ; simultanément on trouve des cellules gorgées de granulations brunes qui donnent au champignon violet ses reflets rougeâtres. Y,'Ag. euchlorus ne renferme guère qu’un liquide vert œrugineux. Certaines parties primitivement blanches ne tardent pas à prendre une autre teinte par superposition d’un élément nouveau coloré : c’est ce qui a lieu dans les lames de beaucoup de Leptonia , Nolanea , dans YAg. appendiculatus , où la couleur des lames est d’abord blanche, puis devient rose ou pourpre par suite de la formation des spores qui ont elles-mêmes cette teinte. Des parties d’un même Champignon, dont les unes sont exposées à l3air et les autres non , peuvent avoir la même coloration , alors même qu’elles sont séparées par un tissu coloré autrement que ces parties. Ainsi dans le Boletus luridus , l’extrémité des tubes , celle qui a le contact de l’air, est rouge ; or la face inférieure du chapeau , celle où les tubes sont attachés a également la même couleur rouge. La chair de plusieurs espèces qui est primitivement blanche , peut se colorer sous l’influence de l’oxygène, ou mieux, comme l’a montré Schœnbein, sous l’action de l’ozone. Ainsi, la chair des Boletus cyanescens et luridus ne tarde pas à devenir bleue au contact de l’air. Il semble que l’action de l’ozone a pour effet de détruire cette matière sensible à son influence ; en effet , vient-on à casser la chair du B. luridus , elle bleuit de suite , puis, au bout de quelques heures, la 104 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. v. teinte pâlit et enfin redevient semblable à ce qu’elle était primitive¬ ment. Ailleurs , au lieu d’avoir une coloration bleue , le tissu fracturé prend des teintes rouges ou jaunes au contact de l’air. Matières grasses. — Les matières grasses accompagnent toujours le protoplasma, ce sont elles qui le plus souvent lui donnent sa colora¬ tion. Elles sont contenues sous forme de gouttelettes huileuses jaunâtre dans l’intérieur des cellules. Les basides avant de fructifier en sont abondamment pourvus ; après le développement de la spore on les voit disparaître en grandè partie ayant servi à la nutrition. C’est encore ce qui a lieu dans beaucoup de cellules qui, à un moment donné de la végé¬ tation. en renferment une grande quantité et qui sont comme des réser¬ voirs d’aliments, comparables aux albumens et cellules amylifères des phanérogames. La teinte de la matière huileuse est quelquefois suffisante pour se communiquer à la spore ; ainsi dans quelques Russules, les spores, vues en masse, ont un aspect butyreux dû à l’huile qu’elle renferment. A la germination l’huile s’émulsionne et finit par disparaître, absorbée par la nutrition. Cristaux. — Toutes les analyses chimiques qui ont été faites des Hyménomycètes mentionnent la présence de sels de chaux dans les tis¬ sus de ces plantes. M. Plowright a montré que ces sels étaient des oxa- lates. L'examen microscopique vient confirmer l’action des réactifs et montre des cristaux d’oxalate calcaire dérivant du prisme droit ou de l’octaèdre à base rectangle, c’est-à-dire à six équivalents d’eau. L’oxalate de chaux sous forme dérivée du prisme rhomboïdal oblique (raphicles), si fréquent dans les cellules des phanérogames, n'a pas encore été indiqué dans les Hyménomycètes. Les cristaux étant très fréquents non-seulement dans les Basidiosporés mais aussi chez les Ascomycètes, on s’étonnera à bon droit de voir que ces cristaux ont été proposés quel¬ quefois comme critérium entre les Lichens et les Champignons Thécas- porés. Les cristaux des Champignons ne sont que rarement contenus dans la cavité des cellules , ils sont d’habitude englobés dans la paroi des hyphes. Dans certains cas où les liyphes sont très minces, les cristaux paraissent isolés dans les mailles formées par leur entrecroisement ; mais si l’on fait agir sur eux l’acide azotique étendu, les cristaux se dissolvent et on voit leur place vide entourée par une très mince bande de membrane incolore dépendant des cellules voisines. Cette manière d’être est analogue à ce qu’on voit dans les fibres des Conifères. Lorsqu’ils se trouvent dans une cellule isolée, un poil par exemple, on voit très facilement qu’ils sont dans la paroi et souvent la paroi est JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 105 épaissie à l’endroit où se trouve le cristal, en sorte que le poil devient bossu et rugueux. Les diverses formes des cristaux d’oxalate de chaux sont des octaè¬ dres réguliers, puis la forme en enveloppes de lettres ; par suite de troncatures sur les angles, on obtient des figures variées, et enfin le cristal, en s’applatissant, forme des tables irrégulières. On observe également des macles qui ont l’aspect de sphères hérissées par les poin- tements de l’octaëdre. Les cristaux peuvent se trouver dans toutes les parties du cham¬ pignon, on les observe dans le mycélium, le stipe et l’hyménophore. Souvent ils sont épars, disposés au hasard, mais il arrive que certains hyphes en sont particulièrement incrustés; ainsi nous en avons vu dans le stipe de YAg. ostreatus , où ils formaient comme un étui cristallin aux filaments celluleux et étaient constitués par des cristaux irréguliers aplatis en table. On retrouve ces hyphes oxaligènes dans le chapeau et la trame de beaucoup d’espèces ( Ag . ericetorum.) Dans quelques espèces, l’oxalate de chaux se localise en des points spéciaux du tissu ; ainsi dans 1 ' Auricularia mesenterica , on le ren¬ contre en extrême abondance dans la zone qui s’étend au-dessous de l’hymenium ; les cristaux y sont épars en octaèdres quelquefois énormes, ou agglomérés en grosses masses cristallines ; la zone géla¬ tineuse en est privée et on en retrouve quelques-uns immédiatement sous l’épiderme. Dans le Merulius Corium l’oxalate est spécialisé dans les mêmes régions que chez Y Auricularia, mais au lieu d’être en cristaux bien nets, il se trouve sous forme de concrétions sphériques de tous volumes, qui sont enveloppées dans une expansion de la paroi, ainsi qu’on peut s’en rendre compte par l’action de l’acide azotique étendu. Ailleurs , certaines cellules de tissu , au lieu de s’inscruster irrégu¬ lièrement, renflent une de leurs extrémités et c’est dans la partie renflée qu’on observe un cristal unique, plus ou moins volumineux. Nous avons rencontré ces cellules curieuses dans les stipes de Corti- narius violaceus et de Ag. euchlorus. Les cristaux apparaissent dans le Champignon dès son premier développement et 11e sont pas sensiblement plus abondants chez les vieux individus. Les espèces à croissance rapide et à tissus délicats , comme les Coprins , offrent plus particulièrement des cristaux régu¬ liers très voisins de l’octaèdre ; dans les espèces charnues et dures, les cristaux sont le plus souvent aplatis , irréguliers. Habituellement, dans la même espèce fongique, 011 11’observe que des cristaux d’une seule sorte ; cependant, nous avons vu dans le chapeau du Stereum hirsutum les cristaux en enveloppe de lettre, mélangés avec des boules hérissées d’oxalate de chaux. Les cristaux sont un rebut de l’épuration du plasma , on 11e les 406 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. voit que dans les cellules végétatives, l’hyménium fertile n’en contient jamais. Mais lorsque les cellules sporifères subissent une sorte d’arrêt de développement tel qu’elles demeurent stériles , elles conservent les attributs des cellules végétatives et alors peuvent contenir des cristaux d’oxalate de chaux. Les cystides de YAg. ostrealus nous en ont montré quelquefois. Le Corticium sambuci est fréquemment stérile ; dans ce cas, nous avons toujours vu ses cellules hyméniales ayant leurs parois incrustées de nombreux petits cristaux. Lorsqu’on rencontre quelques basides fertiles , ceux-ci sont toujours exempts d'oxalate de chaux. Les exemplaires stériles de Polyporus ferruginosus , Irpex obli quus, Polyporus obclucens , nous ont offert des cristallisations ana¬ logues. Dans le Polyporus abietinus et dans Y Irpex fusco violaceus , les cristaux affectent une disposition spéciale dans l’hyménium au lieu d’être un grand nombre répandus sur toute la longueur de la cellule , il n’y a qu’un cristal unique au sommet du cystide, cristal volumineux logé dans la paroi et souvent hérissé de pointes. Dans le Russula rubra , on voit quelques cystides qui se terminent par une partie effilée supportant une masse opaque anguleuse. Cette masse est constituée par de l’oxalate de chaux emprisonné dans une membrane cellulosique; si on fait agir l’acide azotique, la paroi seule reste et est en continuité avec la cavité du cystide. FORMATIONS CELLULAIRES. Laticifères. — La spécialisation des fonctions physiologiques chez les Champignons commence à se montrer par la présence d’hyphes oxaligènes ; elle s’accuse un peu plus nettement par la présence, dans les tissus, de réservoirs particuliers bien distincts des éléments voisins et remplis d’un liquide opaque, sorte de suc propre correspondant au latex des phanérogames. Ces réservoirs peuvent être comparés aux laticifères des plantes supérieures. Chez les Champignons, ils ont la forme de tubes d’un diamètre souvent plus grand que celui des autres éléments et sont très longs. Ils dérivent des hyphes voisins et sont quelquefois anastomosés avec eux. Lorsqu’on les prend à leur début ils ne contiennent encore que quelques granulations de suc propre et offrent çà et là des cloisons. Ces cloisons disparaissent généralement , mais dans quelques cas elles persistent même dans l’état parlait du réservoir. Souvent, le diamètre des laticifères s’accroît irrégulièrement , et alors ils sont variqueux et renflés par place. Ils se terminent tantôt par une partie arrondie, tantôt par un renfle¬ ment , ou bien on les voit en connexion avec un hyplie cloisonné faisant partie de la trame du tissu. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 107 Ils peuvent être simples sur toute leur longueur ou bien diversement anastomosés entre eux. Dans le stipe, leur direction est en général rectiligne; on les observe dans la partie périphérique; arrivés dans le chapeau, ils ont une marche beaucoup plus sinueuse : ils pénètrent dans les mailles formées par l’entrelacement des hyplies et affectent souvent alors la forme de tire-bouchon. Ils sont fréquents dans les lames et viennent se terminer en grand nombre dans la couche sous-hvméniale. Ils contiennent un liquide qui est rarement incolore (Russula), mais plus souvent de couleur foncée et opaque. Dans les Lactaires, ce suc propre est très abondant et peut se répandre au dehors par des bles¬ sures accidentelles. « Outre les Lactaires et les Russules , on rencontre les lacticifères dans beaucoup de Champignons appartenant aux groupes les plus divers : Amanites ( Ag . gloiocephalus ), Mycènes, Pleurotes, Hygro- phores, Bolets, Fistulines, Polypores, etc Croûtes et Pellicules. — Plusieurs Hyménoinycètes, surtout les Polypores , ont la face supérieure du chapeau constituée par une croûte épaisse, dure et colorée. Cette croûte est formée de cellules qui ne sont que la continuation des hyplies du chapeau. Ces hyphes qui, dans la trame, sont incolores ou peu colorés, prennent une teinte plus foncée à mesure qu'ils se rapprochent de Y extérieur et deviennent enfin entièrement bruns. A ce changement de coloration correspond un épaisissement quelquefois considérable de la paroi. Cette paroi subit une modification chimique comparable à celle qui forme les cellules subéreuses et épidermiques des phanérogames. Comme dans les cuticules , ces cellules se soudent entre-elles , de façon à former une membrane résistante qui prend parfois un aspect brillant , c'est ce qu'on observe dans le Polyporus lucidus , par exemple. Dans le Polyporus pinicola, ces cellules sont comme ondulées sur les bords et engrenées les unes avec les autres ; cette disposition , jointe à la grande épaisseur de la paroi, contribue à donner à la croûte une grande rigidité. Beaucoup de Russules ont la face supérieure du chapeau recouverte par une mince pellicule généralement très colorée et facilement sépa¬ rable de la chair. Si nous examinons la constitution de la pellicule de R. aurala, nous voyons d’abord le tissu du chapeau formé de grosses vésicules. Ces grosses cellules sont recouvertes d’une couche d’hyphes grêles , serrés , presque soudés les uns aux autres , pleins de granules colorés en rouge-orange et constituant la pellicule. Dans cette plante, les hyphes de la pellicule se terminent à la surface par 108 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. une portion pileuse gélifiée qui donne la viscosité propre au chapeau de cette espèce (1). Dans d’autres cas il y a, outre cette différence de texture entre la pellicule et le chapeau , une zone intermédiaire de tissu très lâche entre les hyphes duquel des gaz sont interposés, ce qui facilite encore la séparation de la pellicule. Poils et squames. — Les poils des Hyménomycètes sont des pro¬ longements des hyphes en dehors du tissu ; on les rencontre sur toutes les parties du réceptacle : le stipe, le chapeau et l’hyménium. Les poils peuvent être simplement la continuation des hyphes internes avec toutes leurs propriétés : ainsi , la surface du chapeau de quelques Stereum est couverte de poils distincts que le microscope montre nettement continuer le tissu interne par une simple incurvation. Ailleurs, ils sont formés de cellules très grêles et diaphanes, à gra¬ nulations de plasma incolore : tels sont ceux de la hase du stipe de F Ag. euchlorus. Quelquefois , les poils contiennent des matières colorantes liquides ou solides ( Cortinarius violaceus). 11 y en a de simples et de rameux. Fréquemment ils affectent des formes particulières , ainsi , dans le stipe de 1 ' Ag. liiulcus , ils sont terminés par une grosse cellule ovoïde, ayant à son sommet de curieux épaississements de la membrane. Le plus ordinairement ils sont libres sur toute leur longueur, parfois ils sont couverts de petites aspérités , comme dans plusieures Cyphelles. Les poils, qui sont primitivement libres, peuvent se souder entre eux en un point quelconque de leur longueur (Ag. ostratus). Dans le Panus rudis , un certain nombre de poils convergent les uns vers les autres et se soudent à leur sommet , formant ainsi des groupes qui ont la forme de houppes. Dans le Dœdalea quercina , les hyphes en quittant la trame restent contextes de façon à former des sortes de lames minces qui se croisent dans tous les sens et recouvrent le chapeau de crêtes pileuses. Sur le chapeau de Y Ag. melleus on voit des groupes de poils soudés sur leur longueur, qui s’incurvent pour quitter la trame et former ainsi des squames. Dans les Inocybe (rimosi), sur le chapeau de quelques Polyporées , la pellicule se fendille et donne naissance, en se soulevant, à des squames plus ou moins appliquées sur le tissu. Dans tous les cas, les poils sont la terminaison stérile des hyphes du tissu , terminaison qui devient fertile lorsqu’elle a lieu dans l'hy- mé ilium. N. Patouillard, (A suivre ) Membre de la Soc. Bot. de France. (1) Tabula* N° 3. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 109 OBSERVATIONS NOUVELLES SUR LES MOUVEMENTS DES DIATOMÉES. (D Quelques années avant que Schultze ait publié ses observations sur le mouvement des Diatomées, j’avais porté mon attention sur ce sujet. En 1855, j’ai inséré un court résumé de mes investigations dans le Quarterly Journal of Microscopical Science , de Londres. Le défunt professeur Smith a établi que les Diatomées sont douées d’un pouvoir moteur d’une certaine espèce. Il fait allusion à ce sujet dans sa Synopsis, vol. I, p. 23, en ces termes : « La mobilité peut aussi » être révélée chez les frustules d’espèces fixées , comme ceux des » Gomphonema , quand ils sont arrachés par force de leur pédon- » cule. Je suis porté à croire que les mouvements des autres Diatoma- » cées sont dus à des forces opérant dans le frustule et sont probable- » ment liés à l'action endosmotique et exosmotique des cellules. Les » fluides sur lesquels agissent ces forces doivent entrer et sortir par » les pores fins qui sont placés aux extrémités des valves siliceuses. » D’autres allusions sont faites à ce sujet, mais les conclusions à en tirer c’est qu’évidemment le professeur Smith n’a pas consacré assez de temps ni d’attention aux mouvements des Diatomées, autrement , il n’aurait pas pu manquer de s’apercevoir que le pouvoir élastique appar¬ tenant à l’enveloppe tubulaire externe des Gomphonema ou des Schizonema n’explique aucunement les mouvements manifestés par le frustule quand il quitte le tube. Quand un frustule séparé est rejeté par l’ouverture rompue de l’extrémité ouverte du tube, il ne quitte pas l’enveloppe tubulaire, comme le professeur Smith l’a supposé, en vertu d’un pouvoir moteur provenant de la nature élastique des parois du tube , mais ayant acquis queiqu’impulsion autre et indépendante , il s’échappe vivement au dehors et s’éloigne en nageant avec une vitesse croissante , tout à fait préparé à une phase d’existence nouvelle et plus active. Il est parfaitement certain aussi que les processus en forme de stipe, chez un genre, et probablement chez tous, sont des émanations des frustules et non les frustules des émanations des stipes. Dans l’enve¬ loppe du Cocconema , j’ai observé une jeune famille de frustules, de très petite taille, étroitement agglomérés dans un plasma transparent et subglobuleux ; à peu de distance , était un certain nombre de frus¬ tules plus grands, probablement plus vieux , dont plusieurs portaient , attachés, des stipes délicats, et ceux-ci, quoique libres , ne montraient (I) Mémoire présenté à la Société belge de Microscopie, le 30 décembre 1883. — Annales , T. VII (texte anglais). 4 MO JOURNAL DE MICROGRAPHIE. aucun signe de mouvement d’aucune espèce. Il est probable aussi que la formation des stipes est concurrente avec celle de la silice ou du squelette siliceux de la Diatomée. Quoiqu’il en soit, c’est certaine¬ ment un produit du frustule , et celui-ci peut s’en détacher à un certain moment , après qu’il a rempli son but dans le processus de développement. Dans le genre Cocconema, les stipes sont d’une taille relativement grande, et malgré cela, en raison de leur grande transparence , il est très difficile de démontrer leur présence ; et le filament atténué contractile des plus gros frustules ne peut même être vu d’aucune manière. Quand on emploie de forts grossissements, il est manifeste , pour un œil expérimenté , que les rapides mouvements accomplis par les valves libres des Diatomacées 11e peuvent s’expliquer par la théorie de l’endosmose et de Texosmose. Si on les prend dans une période de l’année favorable aux conditions de la vie des Diatomées , on les verra se mouvoir avec une rapidité considérable dans le champ du microscope et souvent s’avancer contre le courant de l’eau dans la¬ quelle elles vivent. Elles éviteront les organismes ou les obstacles pla¬ cés sur leur route et se dégageront elles-mêmes d’une masse de matière minérale ou végétale. Une telle mobilité mérite certainement une meilleure description que celle qu’en ont donnée quelques auteurs : « un balancement lent », lequel ne se produit que quand les frustules sont ou près de mourir ou à l’état d’asphyxie , par manque d’oxygène. Avant d’aller plus loin , il sera bon de noter , en passant , d’autres théories du mouvement chez les Diatomées. D’abord celle d’une mem¬ brane protoplasmique ondulante ; puis, celle des cils disposés en ordre numérique d’un bout à l’autre de la ligne de suture du frustule ; troi¬ sièmement, des cils sortant par les pores, « foramina », aux extrémi¬ tés du frustule. La théorie modifiée de l’endosmose et de l’exosmose , de Nageli, ne mérite guère une mention spéciale. Elle est de nature trop ambiguë pour fournir des données sur l’agent du mouvement observé chez les Diatomées. Les mouvements de l’endochrome, dont parle Nageli sont nécessaire¬ ment confinés à l’intérieur de la valve, et, aussi, les globules que l’on voit occasionnellement se mouvoir lentement le long des parties mar¬ ginales, dans quelques espèces, ne vont jamais jusqu’à l’extrémité, et ne font pas le tour complet du frustule. Rien de semblable à la cyclose, telle qu’on l’observe dans les Desmidiées, 11e se produit aux extrémités des Diatomées. La théorie de Siebold est également insuffisante. En suivant attentivement une Diatomée sous une grande amplifica tion et un éclairage attentif, on voit que ses mouvements sont sous son propre contrôle. Elle attaquera un corps relativement plus gros qu’elle ; elle enfoncera l’extrémité fine ou aplatie de son frustule dans une masse de matière, et l’en retirera par un mouvement de secousse. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. \\\ Cette action , elle la répétera plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle se soit ouvert une voie. De tels mouvements peuvent s’expliquer par l’exten¬ sion et la rétraction d’un organe préhensile délicatement construit, ou d’organes, filaments contractiles préhensiles, sortant par une ouverture et opérant sur la surface externe du frustule siliceux. 11 est nécessaire d’avoir des filaments préhensiles, capables d’extension, dans une di¬ rection transversale à chaque moitié du frustule auquel ils sont atta¬ chés, pour comprendre ensuite les mouvements en avant et en arrière accomplis par les Diatomées. Comme exemple presque parallèle , je puis citer le Rotifère à pédoncule (1) ; ce pédoncule consiste en un style spiral extrêmement contractile , que le Rotilère allonge et contracte à volonté, C’est ainsi qu’il exécute, comme on sait, beaucoup de mouve¬ ments très actifs. O11 peut prendre un autre exemple parmi les formes les plus simples de la vie des plantes cryptogames, dont les spores sont munies de filaments contractiles doués d’un pouvoir considérable d’extension et de contraction et employés comme agents moteurs. Nous devons donc, sans plus d’arguments, présumer que les Diatoma- cées sont munies d’agents assez semblables , à l’aide desquels elles exécutent leurs mouvements. Il y a une grande diversité de formes, de structure et des moyens employés pour arriver au même but , mais on a observé qu’il y a une loi qui règne dans toutes les opérations et les œuvres de la Nature. Une preuve assez évidense et concluante de la théorie des filaments préhensiles et contractiles est, je crois, fournie par ce qu’on observe quand on ajoute une petite quantité de matière colorante dans l’eau où sont confinées les Diatomées, Quand une ou deux particules de matière colorante viennent à rencontrer un filament, elles sont saisies et sui¬ vent ensuite les mouvements de la Diatomée. Occasionnellement une particule colorée pourra être affectée de la manière suivante : à une distance égale à la longueur du frustule, elle est attrapée en passant : ou bien , elle est saisie en un point situé en avant de l’extrême limite du filament préhensile, instantanément tirée vers le frustule par un mouvement saccadé et retenue. Dans plus d’une occasion, j’ai vu une cellule de Palmoglœa saisie de cette manière et poussée tout du long de la suture longitudinale de la valve , dans une direction contraire à celle de la progression , le mouvement de la Diatomée étant alors plus lent et quelque peu saccadé. Dans d’autres cas, elle a paru servir à assurer des points d’appui sur le slide et le couvre-objet. Tous ces mouvements, d’ailleurs, doivent s’exécuter avec quelque difficulté dans un espace aussi confiné que celui que peut offrir la cellule plate d’un porte-objet : une succession de mouvements normaux est à peine possible dans ces circonstances. (1) C’est plutôt à la Vorticelle qu’au Rotifère que l’auteur paraît faire allusion.. Trnd. 112 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Une autre cause de trouble , plus importante encore, entre en jeu pendant l’observation microscopique des petits organismes. Le squelette siliceux des Diatomées appartenant aux familles filamenteuses , quoi- qu’enveloppé dans un protoplasma à peu près amorphe, gêne beaucoup l’interprétation de la structure en empêchant de reconnaître d’une ma¬ nière précise la nature et la distribution des organes de préhension et de progression. Les phénomènes de diffraction, on doit se le rappeler, ne sont pas res¬ treints aux objets striés , non plus qu’aux éléments opaques , demi- opaques ou transparents. En somme, ils se produisent d’une manière générale toutes les fois que la propagation strictement uniforme des ondes lumineuses est troublée par l’interposition de quelqu’élément d’inégale réfringence. Les phénomènes de diffraction ont toujours été une pierre d’achoppement dans l’interprétation de beaucoup de struc¬ tures , notamment des valves siliceuses des Diatomées. Dans le cas actuel, cependant, il me semble qu’il est simplement nécessaire de res¬ treindre l’action des filaments préhensiles à la limite de l’enveloppe plastique ou très peu au-delà, et la difficulté à comprendre les mouve¬ ments des Diatomées disparaît , bien qu’on ne puisse pas toujours en démontrer la cause. On a soutenu que les mouvements des Diatomées sont* produits par des cils numériquement arrangés le long de la ligne longitudinale cen¬ trale ffe la valve, ou projetés en dehors des « foramina » des extrémi¬ tés. Pendant quelque temps, j’ai partagé cette idée, mais des observa¬ tions ultérieures m’ont fait changer d’opinion. La distribution générale des cils et des flagellums, chez les organismes inférieurs comme chez ceux qui sont plus élevés, est de nature à frapper notre jugement. Cette forme remarquable parmi les plantes unicellulaires , le Volvox globator, dont la membrane d’enveloppe est perforée dans tous les sens par un nombre infini de cils, en est un exemple digne d’attention (1). En reprenant des recherches sur les mouvements des Diatomées, je me suis efforcé de m’affranchir de toute opinion préconçue , à propos de cils ou d’autres organes , et , après m’être procuré une abondante récolte de spécimens vivants , pendant l’été dernier , je me suis mis à en faire l’objet d’une étude attentive et prolongée. Des portions prises dans la masse , avec des cellules de Palmoglœa , ont été transférées dans des slides de culture , ces dernières étant distribuées dans les groupes au nombre de deux à douze, ou davantage, cellules primaires. Après expansion de leur membrane externe transparente, celles-ci présentèrent bientôt le phénomène de la division. Mais aucune , ni à (1) Le Volvox globator n’est pas une plante unicellulaire, mais une colonie de plantes unicellulaires. La colonie est pourvue de nombreux cils vibratiles, mais l'organisme uni- cellulaire qui la compose n’a par lui-même que deux cils. Trad. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. \ 13 l’état simple, ni à l’état composé, n’a montré une autre espèce de mobilité. Les Diatomées , au contraire , étaient dans un continuel état de mouve¬ ment, passant et repassant dans le champ du microscope. De temps à autre, elles saisissaient un Palmoglœa et l’entraînaient. Une rétraction du filament contractile de la Diatomée produisait une secousse subite de la cellule; mais aussitôt abandonnée, celle-ci retombait dans un état de repos complet. Parfois, une nouvelle attaque avait lieu, et la cellule était entraînée à la suite de la Diatomée. Les mouvements étaient si remar¬ quables , qu’à mon avis , n’importe quel observateur , en les voyant , n’eût pu les attribuer à d’autres organes moteurs que des filaments préhensiles ou corps contractiles volontaires et sous le contrôle com¬ plet du frustule. D’autres fois, un petit organisme appartenant à un genre différent, tentait de traverser la voie d’une Diatomée ou de se mettre en contact avec elle. Deux Navicules voulaient se croiser l’une l’autre, et la résul¬ tante était un effet intermédiaire ou un ralentissement , et se lâchant subitement, elles se séparaient avec un bond. Ou bien encore, le mou¬ vement paraissait s’arrêter , comme si la Diatomée attendait pour rassembler ses organes contractiles avant d’essayer d’avancer. La lumière n’a pas paru exercer une influence appréciable sur les mouvements des frustules. En effet, ils paraissent plutôt éviter les rayons du soleil dirigés sur eux. L’application de la chaleur, quand on a élevé la température de huit ou dix degrés F., semble arrêter les mouvements qui se ralentissent graduellement et finissent par cesser. Les mouvements paraissent réellement détruits, car en transportant le contenu de la préparation dans un verre de montre, et en ajoutant une ou deux goûtes d’eau fraîche, on trouve, en les examinant même après vingt-quatre heures , que les frustules sont complètement immobiles , et leur endochrome ratatiné et désorganisé. Cet effet est peut-être pro¬ duit par la coagulation de la matière albuminoïde intérieure ou de l’en¬ veloppe protoplasmique extérieure. Les Palmoglœa , au contraire , étaient toujours très vivants èt en proie à un processus actif de division. Dans le contenu d’une préparation étaient quelques beaux spécimens de Pinnulayàa qui présentaient une apparence insolite. Chaque frus¬ tule offrait deux larges vésicules contractiles incolores de chaque côté du nodule médian , avec un nucléus central au milieu de chacune d’elles. La partie extrême périphérique des vésicules était réfléchie en dedans sur elle-même ; l’espace intermédiaire entre les deux vésicules était occupé par une masse finement granuleuse. Le reste des frustules était rempli d’un riche endochrome coloré en jaune brunâtre, parsemé vers la ligne médiane de quelques globules huileux (1). Le phénome de la cyclose, comme je l'ai déjà dit , ne s’est produit dans aucun des nom¬ breux spécimens qui ont été examinés. (1) Des dessins de ces frustules ont été soumis à la Société Belge de Microscopie. Aut. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. H 4 Ehrenberg, avec des objectifs bien inférieurs à ceux que nous possé¬ dons aujourd’hui , a trouvé que les mouvements des Diatomées sont dus à une double action : celle d’un pied rétractile et de prolonge¬ ments ciliaires rétractiles ; je n’ai pu confirmer ses conclusions. J’ai parfois vu des corps ressemblant à des cils dont plusieurs sortaient souvent de différentes parties du frustule, mais je ne pense pas qu’ils aient des rapports avec les mouvements extérieurs. Un « pied rétrac¬ tile », ou plutôt une expansion du protoplasma au-delà du bord du frustule, comme chez certains Rhizopodes, peut être démontrée ; mais il faut un grossissement considérable, un éclairage bien disposé , et un réactif colorant pour différencier cette expansion. Dans certains des plus grands frustules, j’ai observé une légère extension et une rétrac¬ tion d’une masse de forme irrégulière se mouvant dans un espace limité autour du nodule central , ainsi qu’un mouvement de fourmille¬ ment ou de tournoiement dans les particules albuminoïdes ou huileuses qui remplissent l’espace central ; tandis que l’endochrôme reste com¬ plètement fixe dans toute la longueur du frustule et sous la masse plasmique. J’ai en partie réussi à démontrer la présence d’une enve¬ loppe protoplasmique en employant diverses couleurs Magenta ; mais je n’ai pas obtenu de résultats constants. En ajoutant une goutte de couleur Magenta à la préparation placée sous le microscope, une déli¬ cate nuance rosée se communique rapidement aux parties marginales des frustules , mais l’endochrôme, ni les globules huileux ne sont nulle¬ ment affectés par la teinture pendant la vie de la Diatomée. Plusieurs Diatomées des eaux saumâtres , Pleur o sigma b alticurn , angulatum et quadratum, Surirella splendida, Nitzschia, etc., prennent rapidement la coloration susdite, et l’on en fait ainsi de très jolis objets. Les corps allongés en baguettes qui distinguent les Bacil- laria de tous les autres genres prennent la couleur, et la bande plasmi¬ que qui réunit les frustules en une famille compacte devient plus évidente. Ce genre montre une modification particulière d’une autre nature. Le filament contractile connectif paraît projeté comme une bande épaisse qui enferme complètement la série linéaire agrégée et, en même temps , forme une couche intermédiaire de tissu contractile entre chaque partie de frustules. C’est à la fois un exemple de cause et d’effet , puisque c’est l’agent principal de la progression et aussi de ce remarquable mouvement de glissement dans un sens et dans l’autre, homologue du mouvement rampant exécuté par YAmæba. La plus grande légèreté de quelques Diatomées est peut-être due à la plus grande quantité de globules d’huile contenus dans leur cellule. Dans le Surirella splendida , ils sont très nombreux, et les plus petits montrent un actif mouvement de rotation dans toute la partie centrale de la valve. A ces observations fragmentaires, j’ajouterai seulement qu’elles ont JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 115 été faites sous des grossissements de 1,000 à 2,000 diamètres. Les objectifs employés ont été : n° 8, Hartnack ; 1/1 0e Ross ; l/16e Gundlach, immersion à eau. Un objectif à immersion homogène,. 1/16, a été aussi employé , mais il n’a en rien aidé matériellement mes observations. L’éclairage a été fourni par une lampe, avec un condenseur achroma¬ tique de Ross, la lumière du jour ou du soleil, quand on a pu l’obtenir, modifiée par l’interposition d’un verre coloré ou de liquides mono¬ chromatiques. Jabez-Hogg , Membre des Soc. R. Micr. de Loudres et de Bruxelles. LES DIATOMÉES. RÉCOLTE ET PRÉPARATION. ( Suite ) (1) , Guanos. — Les guanos , tels qu’ils sont vendus dans le commerce , sont trop souvent l’objet de falsifications, aussi ne devra-t-on les accepter qu’autant qu'ils viendront d’une personne sûre , si l’on ne peut les recueillir soi-même aux dépôts d’origine . Gomme les diatomées sont peu nombreuses , quoique magnifiques et d’espèces rares , ou même introuvables ailleurs, une provision considérable sera toujours nécessaire. Les guanos ammoniacaux sont les plus riches comme aussi les moins ennuyeux à débarrasser des impuretés. Ce qui ne veut pas dire que l’on ne doive pas en prendre d’autre ; le guano bolivien, par exemple, renferme des formes toutes particulières. Lavages cle coquilles. — Les diatomées croissant en parasites sur une foule d’al¬ gues, de débris de coquillages , rien n’est aisé comme de les trouver sur ces débris et sur ces coquillages en leur faisant subir un lavage à l’eau légèrement acidulée à l’acide chlorhydrique, et en les brossant avec un pinceau. Tout ce qui restera de ces lavages, que n’oublient jamais de faire les amateurs de coquilles, devra être conservé précieusement. En effet, bien des pays, dont on ne peut avoir des récoltes de diato¬ mées, nous envoient des coquillages marins, et si l’on n’a eu soin de les nettoyer sur le lieu de leur récolte , les diatomées sont restées adhérentes en compagnie de foraminifères et de spiculés d’éponges. On aura donc, après les avoir lavées, une partie bien minime, il est vrai, de la flore d’un pays, mais au moins des sujets très intéressants et remarquables. Si l’on ne peut recueillir soi-même les coquilles, on recommandera de ne jamais les débarrasser des impuretés qui pourraient les re¬ couvrir. Estomacs d'invertébrés marins et de poissons. — Les échinides (oursins), crustacés, holothuries, mollusques, poissons, etc., se nourrissent, pour la plupart, de matières végétales ; avec les algues ils avalent les diatomées qui y croissent en parasites , et comme la silice de leur carapace résiste aux agents de la digestion, ces animaux rap¬ portent des grands fonds des formes intéressantes ; d’autres espèces se nourrissent (1) Voir Journal de Micrographie ; T VII , 1883, p. 644 116 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. exclusivement de diatomées. On devra donc conserver les estomacs de ces animaux sans leur faire subir de lavage et les plonger dans l’alcool ; si cela n’est pas possible, on les fera dessécher au soleil. Dans les musées, les mollusques, holothuries et pois¬ sons sont conservés en entier dans des bocaux, et alors le contenu de leur estomac se répand dans l’alcool et s’accumule au fond des vases. On n'aura garde de laisser perdre de pareilles récoltes et les poissons seront ouverts afin que l'on puisse laver leur estomac et même les intestins. Sondages. — Nous ne saurions donner ici les moyens d’exécuter les sondages , ni décrire les appareils employés, caries diatomées ne constituent ordinairement qu'une petite portion des immenses richesses obtenues par ce moyen. Lorsque les ancres d’un navire sont relevées, on devra prendre la boue qui y reste adhérente. Nous ferons re¬ marquer que les boues recueillies au fond des estuaires, des grands fleuves ou des grands lacs, sont rarement riches en diatomées. Toutefois, lorsqu’il ne sera pas pos¬ sible de faire autrement des récoltes de diatomées, on devra s’en contenter. 11 n’en est pas de même des vases venant des fonds des mers qui sont parfois très curieuses, sinon par la quantité, au moins par la rareté des espèces qu’elles renferment. On aura ordinairement plus de succès avec celles qui sont noires et molles, car l’abondance du gravier est en raison inverse de celle des organismes que nous cherchons. Tout ce que l’on pourra prendre sera mis dans un flacon ou dans un bocal, et en y ver¬ sant quelques gouttes de glycérine on évitera la dessication, très préjudiciable lors¬ qu’il s’agit de boues d’origine marine ; celles-ci, en effet, lorsqu’elles sont sèches, se laissent difficilement imprégner de nouveau par l’eau, ce qui en rend le traitement long et difficile. Il arrive parfois, abord des bâtiments, des chutes de poussières que Ton fera bien de garder, car elles contiennent aussi des diatomées enlevées par les vents et trans¬ portées au loin grâce à la légèreté de ces organismes. Pour les recueillir, on placera à différents endroits des feuilles de papier humide, et après un certain temps on les repliera sur elles-mêmes. En renouvelant à plusieurs reprises cette opération, on pourra recueillir une certaine quantité de ces poussières. Récoltes fraîches des diatomées. — Nous devrons, sous ce titre, examiner la ma¬ nière de récolter les diatomées marines et celles d’eau douce. Les conseils que nous donnerons, pour ces dernières, sont le résultat d’une longue et fructueuse pratique. Cette pêche s'exécute au moyen d’instruments communs pour les deux genres. Ce sont : 1° Une provision de tubes de 16 millimètres de diamètre sur 12 centimètres de long ; on les porte dans une cartouchière et ils sont munis d’étiquettes et de nu¬ méros; 2° Une cuillère de fer étamé pouvant se visser à l’extrémité d’une canne d’entomo¬ logiste ; sa dimension est celle d’une grande cuillère à soupe et elle sera pointue. On en aura aussi une plus petite , comme une cuillère^à café, que l’on portera dans sa poche et qui est d’un usage fréquent , par exemple , lorsque la grande cuillère ne pourrait pénétrer dans quelque anfractuosité ; 3° Trois ou quatre pinceaux en martre, très fins, pour enlever les .diatomées lors¬ qu’il y en a en très grande abondance ; on pourra ainsi les avoir pures, sans mé¬ lange de corps étranger, en passant légèrement sur la couche brune, puis délayant et lavant le pinceau dans un tube d’eau claire ; 4° Sur la canne pourra se visser un crochet en fer tranchant à l’intérieur de la courbure et un autre non coupant, afin d’amener les algues que Ton aura détachées avec le premier ; JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 117 5° Quelques carrés de toile caoutchouc pour serrer les algues, conferves ou débris qui porteraient des diatomées. Outre ces ustensiles, l’on se trouvera bien d’avoir avec soi un petit microscope de poche donnant un grossissement de 100 fois, ce qui suffit ordinairement. Diatomées marines. — Les algues submergées, les ouvrages de bois, pieux, jetées, bouées, roches à peu près constamment couvertes ou battues par la vague sont les habitations de prédilection des diatomées qui les recouvrent d’un enduit verdâtre, brun, couleur rouille ou jaune. Plus ces objets paraîtront à l’œil nu couverts de saletés, plus sera riche la récolte des diatomées. Les grandes algues, surtout celles qui sont gluantes au toucher, ne portent pas ordinairement de diatomées ; quant aux filaments fins, bruns, rouges ou verts des autres algues, Gladophora, Microcladia, Spyndia, etc,, ils en sont parfois littéralement couverts. Plusieurs diatomées dont les frustules sont attachés bout à bout, imitent parfois les algues composées, au point qu’un examen au microscope devient indispensable. Les grandes fucacées, quoique inhabitables pour les diatomées , portent parfois toute une végétation parasitaire d’autres algues colorées en rouge et , à leur tour, celles-ci peuvent donner asile à quantité de diatomées. Les laminaires et d'autres algues de couleur verte ou olive se comportent de même. Les mousses qui viennent par masses compactes sur les rochers sont ordinairement de véritables nids à diatomées, et les pierres que recouvre un enduit muqueux et velouté d’une couleur fauve donnent de bonnes récoltes. Quelques diatomées, etce ne sont ni les moins jolies ni les moins rares flottent à la surface de l’eau et ressemblent alors à une écume légère que le moindre mouvement de la cuillère disperse sans espoir de les rattrapper. Aussi il sera bon de passer en rasant la surface avec un filet en mousseline très fine. Ensuite on lave ce filet et on garde le produit du lavage dans un flacon de 100 ou 200 grammes de capacité. Dans tous ces cas, on comprendra facilement comment on devra procéder : en prenant les algues sur lesquelles croissent les diatomées, en raclant les pieux, bouées, fonds de bateaux, pierres, etc, ; prenant la superficie de la vase sur laquelle on a re~ marqué ce tapis de couleur fauve bien caractéristique, etc. Nous rappellerons à ce sujet l’intéressant article publié par l’ Intellectual Observer. Pour toutes récoltes fraîches, on doit connaître exactement le mode de végétation des diatomées et , après quelques essais , un observateur et amateur intelligent arrivera certainement à faire des récoltes passables, sinon belles. Les algues, pliées dans la toile caoutchouc, seront lavées aussitôt de retour et, si cela ne suffit pas, bouillies, afin d’en détacher les diatomées. Cependant, comme il est très intéressant d’étudier les diatomées in situ , il faudra garder quelques filaments intacts que l’on étalera et laissera sécher avec précaution ; on les conservera comme les plantes dans un herbier et, à l’occasion , on en montera de petits fragments. Les algues ressem¬ blant à des mousses seront aussi lavées et triturées grossièrement, puis on filtrera à un gros tamis et on conservera le résidu le plus fin. Quant aux boues ou vases que 1 on aura eu le soin de mettre dans des flacons, on les versera dans des soucoupes de porcelaine et on les couvrira d’eau de mer. Les diatomées continuant à vivre sor¬ tiront peu à peu de la vase sur laquelle elles s’étaleront en nappe colorée que l’on pourra enlever au pinceau. Du reste, nous verrons à propos des récoltes d’eau douce bon nombre de procédés communs aux deux modes de récolte. J. Rataboul. ( A suivre.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 118 DE L'EXISTENCE ET DE LA DISTRIBUTION DE L'ÉLÉIDINE DANS LA MUQUEUSE BUCCO-ŒSOPHAGIENNE DES MAMMIFERES . ( U Dans une Note antérieure (2) , j'ai montré que la substance qui forme les grains du stratum granulosum de l’épiderme infiltre aussi le stratum luciclum et s’en dé¬ gage sous la forme de gouttelettes qui paraissent avoir la consistance et la réfrin¬ gence d'une huile essentielle. C’est pour cela que j’ai désigné cette substance sous le nom à'ëléidine. Depuis lors, l’éléidine a été l’objet de recherches nouvelles (3) : Waldeyer en a observé non-seulement chez les Mammifères, mais encore chez les Oiseaux et les Reptiles. Il pense que cette substance est analogue à l’hyaline que von Recklinghausen a trouvée dans certains produits pathologiques. Or l’hyaline étant une matière celloïde, solide par conséquent, si’ l’éléidine , comme je crois l’avoir dé¬ montré, existe à l’état liquide, elle ne doit pas être confondue avec l’hyaline. Néan¬ moins (4) Unna a adopté la manière de voir de Waldeyer et, considérant que le mot d’éléidine n’a été introduit dans la Science que depuis peu de temps , il propose de le remplacer par celui de kératohyaline, voulant indiquer ainsi que l’éléidine est de l’hyaline qui joue un rôle nécessaire dans le processus de la kératinisation. Si donc on rencontre de l’éléidine dans les épithéliums qui restent mous et ne se kératinisent jamais, le nom de kératohyaline ne saurait lui convenir. J’ai observé de l’éléidine dans l’épithélium de la muqueuse bucco-œsophagienne chez un grand nombre de Mammifères : il y en a chez l’homme dans certaines pa¬ pilles de la langue (5): chez les Singes, le Chien, le Rat, le Cochon d’Inde, etc., dans toutes les papilles dentées de la langue au sein de l’épithélium qui recouvre la face antérieure convexe de ces papilles. Elle manque chez le Chat dans l’épithélium des papilles dentées qui sont recou¬ vertes d’un étui corné ; cet épithélium est le siège d’un processus de kératinisation qui est analogue à celui de l’ongle. Chez tous ces animaux , on ne trouve jamais d’éléidine dans le revêtement épithélial des papilles munies de bourgeons du goût (papilles caliciformes, fongiformes et foliées). Chez le Cochon d’Inde et chez le Rat, il y a des gouttes d’éléidine dans l’épithé¬ lium de presque toutes les régions de la bouche et de l’œsophage tout entier. La partie molle de la voûte palatine du Cochon d’Inde contient de nombreuses glandes en grappe dont les canaux excréteurs viennent déboucher à la surface ; à leur voisi¬ nage, le revêtement épithélial est exceptionnellement riche en éléidine. Chez le Rat, le nombre des cellules qui, dans l’épithélium buccal, renferment de l’éléidine, est très considérable. On en observe déjà dans les cellules de la seconde ou de la troisième rangée, et l’on en retrouve jusque dans les cellules profondes delà couche lamellaire. Chez le Cochon d’Inde, la muqueuse œsophagienne se termine au niveau (1) C. R ■ de l’Acad. des Sc. — 10 décembre 1883. (2) L. Ranvier. — Sur une substance nouvelle de l'épiderme et sur le processus de kératinisation du revêtement épidermique ( Comptes-Rendus , 30 juin 1879 ). (3) W. Waldeyer. — Untersuchungen über die Histogenèse der Horngcbildè , inbe- sondere der Haare und Federn ( Beitràge zur Anatomie und Embryologie als Festgabe Jacob Heule. Bonn, 1882). (4) Unna. — Ueber das keratohyalin und seine Bedeutung für den Prozess der V erhornung . ( Monatshefte für praktische Dermatologie. 1 Bd. 10 Heft. déc 1882). (5) Ranvier. — Traité technique d' Histologie, p. 942. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. H 9 du cardia par un bourrelet formé par de longues papilles noyées dans un revêtement épithélial commun. Cet épithélium renferme beaucoup d’éléidine. Chez le Rat , une muqueuse semblable à celle de l’œsophage se poursuit au-delà du cardia, à la surface interne de l'estomac pour en tapisser la plus grande partie, celle qui correspond au grand cul-de-sac; elle se termine par un bourrelet légèrement sinueux , blanchâtre, au-delà duquel commence la muqueuse gastrique proprement dite. Ce bourrelet est recouvert d’épithélium pavimenteux stratifié, qui contient de l’éléidine, ainsi que l'épithélium analogue qui lui fait suite et tout l'épithélium de l’œsophage. L’éléidine peut donc exister en quantité plus considérable dans l’épithélium mou de certaines muqueuses que dans l’épiderme. Du reste , cette substance manque complètement dans le lit et la matrice de l’ongle aussi bien chez l’homme que chez les autres Mammifères, aussi bien à l’état adulte que pendant les phases de déve¬ loppement. Chez les embryons, il y a une grande quantité d’éléidine au niveau des ongles, cependant on ne la trouve ni dans la plaque unguéale , ni dans la matrice, ni dans le lit de l’ongle. Elle se montre seulement dans la couche épaisse d’épithé¬ lium qui recouvre l’ongle et qui correspond chez l’homme adulte, à l’épiderme du repli sus-unguéal ; chez les animaux où le repli sus-unguéal est effacé , les Rumi¬ nants, les Solipèdes et les Pachydermes par exemple, l’épiderme qui revêt la surface de l’ongle est infiltré d’une grande quantité d’éléidine. L’épiderme sus-unguéal des embryons contient non-seulement des gouttes d’éléidine, mais encore de la matière glycogène infiltrée. Claude Bernard avait signalé la présence du glycogène dans les ongles des Ruminants. .l’ajouterai que cette matière , comme l’éléidine ne se montre ni dans la plaque unguéale (ongle proprement dit) , ni dans la matrice, ni dans le lit de l’ongle. Les cellules épithéliales qui forment l’écorce et l’épidermicule du poil , ne con¬ tiennent d’éléidine à aucune des phases de leur évolution. A ce sujet, mes observa¬ tions sont en désaccord avec celles de Waldeyer (loc. cit.). Cependant cet auteur a découvert un fait que j’ai pu facilement vérifier: la présence d’une grande quantité d’éléidine dans les cellules qui, chez l’homme, concourent à la formation de la moelle du poil. Je n’ai jamais observé d’éléidine dans le revêtement épidermique , le bec , les plumes et les muqueuses des Oiseaux, à n’importe quelle période du développement ; je n’en ai jamais vu, non plus, chez les Reptiles et les Sauriens. Je me trouve encore en cela en contradiction avec Waldeyer. Je crois que les histologistes qui voudront employer exactement la méthode que j’ai déjà indiquée, et que je vais rappeler, pour rechercher l’éléidine, adopteront ma manière de voir : des coupes faites dans les tissus durcis au moyen de l’alcool ordinaire sont mises dans l’eau , puis disposées sur une lame de verre et soumises à l’action du picrocarminate d’ammo¬ niaque en solution très faible, 1 pour 1,000 à peu près. Il faut employer du vrai picro¬ carminate d’ammoniaque et non pas ce simple mélange d’acide picrique et de carmi- nate d’ammoniaque que Ton désigne habituellement sous le nom de picrocarmin. On peut ainsi colorer vivement les gouttes d’éléidine, sans que les noyaux et les granulations autres que celles d’éléidine présentent une teinte notable. En terminant, je dois critiquer les observations de ceux qui disent avoir reconnu l’éléidine dans des tissus colorés par le picrocarmin et traités par l’acide acétique. L’acide acétique gonfle l’éléidine et la fait disparaître rapidement d’une manière complète. Cet acide est même un bon réactif pour distinguer les granulations d’éléidine des noyaux , si par hasard on a employé des solutions assez fortes de picrocarminate ou de picrocarmin pour les colorer aussi vivement que les gouttes d’éléidine. » L. Ranvier , Professeur au Collège de France. 120 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. DES MODIFICATIONS QUE PRÉSENTENT LES MUSCLES A LA SUITE DE LA SECTION DES NERFS QUI S’Y RENDENT (1). Les modifications que présentent les muscles à la suite de la section des nerfs ont été étudiées déjà par plusieurs histologistes, parmi lesquels je citerai Mantegazza, A. Yulpian, Erb. Bizzozero, Golgi. Les résultats auxquels ces auteurs sont arrivés sont que le travail pathologique du côté des faisceaux musculaires consiste essen¬ tiellement en une atrophie simple de la substance contractile avec multiplication des noyaux du sarcolemme. La nature intime du processus de destruction des fibres est encore un sujet de discussion. S’agit-il réellement d’une atrophie simple, c’est-à-dire d’un phénomène passif, ou bien, au contraire, d’un phénomène actif, d’une sorte de myosite, comme semble l’indiquer la multiplication des noyaux? Quelle est la véritable cause de ces modifications? Ce sont là des questions con¬ troversées. J’ai constaté, à la suite de la section du sciatique, chez le lapin, une disposition particulière des fibres musculaires altérées, qui me paraît propre à faire com¬ prendre la nature des lésions qu’elles ont subies. Des muscles du lapin adulte, six semaines après la section du nerf qui leur cor¬ respond, m’ont paru un bon sujet d’observation, parce qu’on peut y trouver, à tous leurs degrés, les altérations des fibres musculaires. Pour voir la disposition que je vais indiquer, il suffit de fixer les muscles soit par le bichromate d’ammoniaque à 2 pour 100, soit par l’acide chromique à 2 pour 1000, de compléter le durcissement par la gomme et l’alcool et de pratiquer des coupes transversales que l’on colore, soit par le picrocarmin, soit par l’hématoxyline. Sur la plupart des fibres muscu¬ laires auxquelles se rendait le nerf sectionné, les champs dé Gohnheim sont bien plus distincts qu’à l’état normal; ces champs ou polygones, qui correspondent à la coupe transversale des cylindres primitifs, s,ont séparés les uns des autres par un réseau fourni par le protoplasma non différencié de la fibre : ce protoplasma en voie d'accroissement dissocie les cylindres primitifs. A côté de cette disposition commune, on trouve des dispositions particulières à telle ou telle fibre, mais qui se rapportent toutes à la tuméfaction du protoplasma non différencié. Sur un certain nombre défibrés musculaires, il existe toute une couche protoplasmique parsemée de noyaux qui sépare du sarcolemme la substance striée ; celle-ci, dans certains faisceaux, est extrêmement réduite et le protoplasma remplit presque à lui seul la gaine du sarcolemme. Sur d’autres fibres, c’est une disposition inverse qui s’ob¬ serve : le protoplasma avec ses noyaux en occupe le centre, et la substance striée, plus ou moins réduite, accolée au sarcolemme, siège à la périphérie ; ces figures sont tout à fait comparables à celles que présentent les fibres musculaires en voie de développement. On voit donc que l’atrophie de la substance contractile marche de pair avec la tuméfaction de la substance protoplasmique non différenciée. Le tra¬ vail qui s’effectue dans les muscles est donc absolument comparable à celui qui se produit dans le bout périphérique d’un nerf sectionné et dont on doit la connais¬ sance exacte aux travaux de M. Ranvier. De part et d’autre, on observe la multipli¬ cation des noyaux, le développement du protoplasma non différencié, l’atrophie et la disparition du protoplasma différencié. Sous l’influence de la section du nerf, le protoplasma non différencié de la fibre musculaire prend une vitalité plus grande, et c’est à cette suractivité nutritive qu’est (1) C. R. de l'Ac. des Sc. — 1 janvier 1884 — Travail du Laboratoire de M. Cornil à la Faculté de Médecine de Paris. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 121 due vraisemblablement l’atrophie de la substance contractile qui est absorbée par le protoplasma. Ainsi donc, le mot d 'atrophie, si l’on considère le processus intime de la lésion, ne convient pas plus à ce travail pathologique que le mot de dégénération ne convient aux phénomènes qui se passent dans le bout périphérique des nerfs après leur section. Si l’on compare la fibre musculaire altérée à la fibre musculaire normale, voici comment on peut comprendre le processus pathologique : à l’état normal, la fibre musculaire est un élément très différencié, dont la différenciation morphologique est en rapport avec la différenciation fonctionnelle ; à la suite de la section du nerf, la fonction venant à être supprimée, la différenciation morphologique tend à s’effa¬ cer, l’élément tend à revenir à l’état embryonnaire. J. Babinski. LE MICROSCOPE « CONTINENTAL » DU Dr J. PELLETAN. Plusieurs constructeurs fabriquent ou imitent depuis quelque temps le Microscope « Continental » du D1 J. Pelletan. Quelques-uns le font même figurer dans leurs catalogues. Le Dr J. Pelletan déclare décliner toute responsabilité au sujet de ces instruments , tous très défectueux, qui sont livrés sans sa participation et sans son contrôle. — Plusieurs lui ont déjà été adressés afin qu’il y fit faire des répara¬ tions qui en rendissent l’usage possible, ce dont il ne peut se charger. Tout instrument qui n’aura pas été demandé directement au Dr J. Pelletan , et qui ne sera pas livré par lui, devra être réputé imitation ou contrefaçon et sera complètement sans garantie. Il y a en ce moment au laboratoire du Journal de Micrographie , deux instruments prêts et immédiatement livrables. Chaque Microscope « Continental» est accompagné de trois oculaires, d’une armature pour la sous-platine et d’une série de diaphragmes. (Prix : 750 fr.). Le Microscope « Continental » est un grand instrument à inclinaison sur deux colonnes portées par un trépied pour être d’aplomb sur toutes les surfaces. Platine mince, tournante, à bords divisés sur argent ; sous-platine centrable, tournant, ainsi que le miroir, autour du point optique comme centre , mouvements de l’une et de l’autre mesurés sur des cercles divisés. Le miroir peut passer par dessus la platine pour donner la lumière rasante. Corps à tube fixe, mouvement rapide à crémaillère, mesuré par une échelle et un vernier donnant le 1/10 de milliimètre. Mouvement lent par une vis micrométrique à index tournant sur un cercle divisé donnant facilement 1/200 de millimètre ; tube de tirage gradué , etc. Le gérant : E. PROUT. 122 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS A BASE D’ACIDE PHÉNIQUE. Prix DU Dr DÉCLAT. en France - 2 fp » — Glyco- Phénique à 10 p. °/0 dA. p. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des Brûlures, des Ulcères, des Maladies utérines , des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Déman¬ geaisons , Piqûres venimeuses. 3 fr. » — Sirop d’ Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. 3 fr. » — Sirop Sulfo-Phénique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, Toux chronique , Maladie de la peau. 4 fr. » — Sirop lodo - Phénique. — Glandes, Scrofules, Tumeurs, Ulcérations , Lymphatisme. 4 fr. » — Sirop au Phënate d Ammoniaque. — Rhume avec fièvre Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres bilieuse, typhoïde, Variole. 3 fr. » — Iluile de Foie de IBoruc phéniquée. 4 fr. » — Solution Concentrée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l’insolation et la Fievre bilieuse des pays chauds. 3 fr. » — Solution dAcide Phénique pour Injections sous-cutanées. 3 fr. 50 — Solution Sulfo-Phénique. » 3 fr. » — Solution Iodo-Phénique. » 2 fr. 50 — Solution Phénatc d Ammoniaque. » 3 fr. 50 — Capsules au Goudron et a 1 Acide Phénique, au Phénate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénitgue. 4 fr. » — Vin autidiabétique à l’acide salicylique, contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaing, O, avenue Victoria. Foudres, 49, Soutliwark . Ncw-Vork, 59, Liberty st. et 183, Broadway Librairie O. DOIN, 8, Place de l’Odéon, PARIS. COURS D’EMBRYOGÉNIE COMPARÉE DU COLLÈGE DE FRANCE. SUR LES SPOROZOAIRES PAR G. BALBIANI Professeur au Collège de France. Recueillies par le Docteur J. PELLETAN Rédacteur en chef du Journal de Micrographie. REVUES PAR LE PROFESSEUR. AVEC 52 FIGURES INTERCALÉES DANS LE TEXTE ET 5 PLANCHES LITHOGRAPHIÉES HORS TEXTE. Prix : f O Fr. Huitième année. N° 3 Mars 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D1' J. PELLETAN. — Les organismes unicellulaires; — les Protozoaires (suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur G. BALBIANI — Les membranes muqueuses et le système glandulaire, leçons faites au Collège de France par H profes¬ seur L. Ranvier. — Les Sarcoptides plumicoles , description d’espèces nouvelles , par MM. MÉGNiN et E.-L Trouessart. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification , par M. N. PATOWLLARD. — Innovations dans la technique des coupes, par les professeurs A. AndrÈS , W. GiESBRECllT et P. MAYER. — Les Diatomées, récolte et préparation (suite), par M. J. Rataboul. — Sur deux Infusoires parasites , par M. J. KüNSTLER. — Nouvelles observations sur l’Anguillule de l’Oignon , par M. J. Chatin. — Bibliographie. Manuel de Microscopie clinique, par le professeur Bizzozero : — Histoire sommaire du microscope composé , par M. H. Peragallo. — Avis divers. - - REVUE. La rage a reparu à l’Académie des sciences. On se rappelle les précédents travaux de MM. Pasteur, Chamberland et Roux sur l’ino¬ culation cérébrale de la rage, travaux dont nous avons rendu compte l’année dernière. Les auteurs reviennent aujourd’hui sur cette question et font remarquer que si la trépanation est nécessaire pour l’inocu¬ lation de la rage, c’est une opération de fort peu d’importance chez le chien, et qu’elle guérit toujours. Ils rappellent aussi que l’inoculation par le cerveau est le seul moyen d’obtenir expérimentalement la rage furieuse, que l’inoculation de toutes les parties du système nerveux produit la rage, que le virus peut se conserver très longtemps par le froid ou dans des tubes scellés. On peut encore trouver le virus dans le liquide céphalo-rachidien, même quand il est très limpide. On ne peut pourtant pas cultiver le virus dans ce liquide céphalo-rachidien 128 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. et, comme microbes, on n’a encore pu voir que des organismes très petits, punctiformes et sans structure appréciable. Il ne semble pas que les inoculations donnent lieu à une vaccination. Le froid n’atténue pas non plus le virus rabique et la rage ne peut être transmise de la mère au fœtus. Les auteurs ont néanmoins trouvé des animaux abso¬ lument réfractaires à la rage ; ils feront connaître les raisons de cette résistance, dont ils commencent à apercevoir la cause. D’autre part, M. Gibier qui, lui aussi, a entrepris des travaux sur la rage et les a exposés à la Société de Biologie, a continué ses recherches et a étudié cette maladie chez les oiseaux. On sait qu’on admet, en général , aujourd’hui , que les oiseaux sont réfractaires à la rage. Il n’en est pas tout à fait ainsi, d’après M. Gibier. Une poule inoculée par lui a été atteinte, au bout de quinze jours, d’une paralysie des membres inférieurs et des muscles extenseurs du cou. Mais, huit jours après, elle était parfaitement guérie. Les oiseaux guériraient donc de la rage ! — Pour s’en assurer, M. Gibier a introduit sous les os du crâne d’un pigeon et d’un coq, à l’aide d’une aiguille de Pravaz, la matière virulente provenant d’un chien ênragé. Au bout de douze jours pour le pigeon et de vingt pour le coq, il a excisé un petit fragment du cerveau, dans lequel le micros¬ cope lui a montré le microbe qu’il pense être celui de la rage et qu’il a décrit à l’Académie des Sciences, au mois de juin 1883. De plus, la matière cérébrale, inoculée à des rats et à un cochon d'Inde, les fit mourir enragés, et ceux-ci servirent à transmettre la rage à d’autres animaux. Quant au coq et au pigeon, ils se portent bien et vont servir à déterminer le moment ou leur cerveau cessera d’être virulent, c’est- à-dire où ils seront guéris de la rage. M. Gibier a déjà constaté que, vingt-huit jours après l’inoculation intra-cranienne, la substance céré¬ brale du pigeon inoculée dans le cerveau des cobaies et des rats ne produit plus la rage. Ainsi donc, voilà des expériences qui témoignent que la rage peut guérir spontanément chez toute une classe d’animaux. « N’a-t-on pas le » droit d’espérer que si l’on parvient à saisir le déterminisme de ce » fait, on ne soit conduit un jour à une thérapeutique rationnelle de la » rage et à sa guérison? c’est une induction qui paraît légitime. » Cette induction paraît, en effet, tellement légitime qu’après les expé¬ riences de M. Gibier on se trouve tout naturellement porté à se rappeler le traitement que font subir la plupart des guérisseurs de la rage aux malheureux qui ont été mordus par des chiens enragés. Tout JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 129 le monde sait qu’il y a, dans toutes les campagnes, des hommes qui ont la réputation de guérir la rage. Nous en avons connu un, il y a quelque vingt ans, tout près de Paris, à Ville d’Avray, et les gens du pays, depuis Sèvres jusqu’à Versailles et depuis Rueil jusqu’à Meudon, assu¬ raient que le jardinier de Ville d’Avray avait guéri un tel et un tel et puis un tel qui avaient été mordus par des chiens enragés. Et il n’aurait pas fallu dire que les gens mordus n’avaient pas été guéris ou que les chiens n’étaient pas enragés. C’était un fait absolu¬ ment notoire, certain et indiscutable. Aussi nous ne le discuterons pas. Ce guérisseur avait comme tous ses confrères, sa panacée. Les uns emploient la cétoine dorée en poudre, d’autres le hanneton en pilules, d’autres encore les vers blancs en friture. Le jardinier de Ville d’Avray se servait d’une plante que les étangs du voisinage fournissent en abondance. C’était le plantain d’eau, — Alisma plantago , pour les savants. — Mais voici comment cela se prenait. L’homme faisait avaler à son malade une infusion quasi bouillante du susdit plantain, puis , s’armant d’un long fouet — chambrière , pour les écuyers et gens de manège, — il se mettait à la poursuite de son client à qui , pendant trois heures, il faisait faire, à grands coups de fouet dans les mollets, le tour de son jardin, à toute vitesse, sans trêve ni repos jusqu’à ce que le malheureux, haletant, ruisselant de sueur, tombât épuisé. Alors, pour le réconforter, le guérisseur lui administrait, bon gré mal gré, un notable pot d’infusion bouillante du fameux plantain. Il appelait cela « chauffer son malade. » Si le malade tombait sans force avant de s’ « échauffer », c’était un homme mort. Mais s’il avait du jarret, s’il courait fort et longtemps, s’il s’échauffait bien, au bout de trois séances, — trois jours — c’était un homme guéri. Et cela coûtait vingt francs pour le tout, la tisane, les coups de fouet, 1’ « échauffement » et la guérison. Nous en avons connu un autre aux environs de Chaumont, dans la Haute-Marne. — Celui-là, c’était un boulanger ; il employait la poudre de cétoine , mais s’il n’avait pas de cétoine sous la main , cela n’y faisait rien : il prenait sous une bouse de vache, dans le premier pré venu, n’importe quel insecte vert et, comme il avait été jadis un peu prêtre, il le baptisait cétoine : « Tu es Cetonia etc. .. » C’était tout ce qu’il fallait. Le malade absorbait la cétoine dans une hostie, mais ,• cela fait , le guérisseur l’étendait sur une claie, et , aidé de son geindre, le fourrait tranquillement dans son four après en avoir retiré le pain. Et là, pendant des heures, il surveillait son homme par un trou percé dans la plaque et lui adressait, toujours par le trou, des discours per¬ suasifs et réconfortants, jusqu’à ce qu’il commençât à rissoler. Quand il le supposait cuit à point, le boulanger détournait et remet- m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tait îe malade sur ses jambes avec un petit verre d’eau-de-vie de marc poivrée de cétoine. Il paraît qu’il n’y avait de pénible que le premier quart d’heure, et le boulanger en calmait les angoisses par des paroles encourageantes : « Il n’y a que le premier pas qui coûte, disait-il, et le premier pas se fait sans qu’on y pense, etc. » Il est probable qu’il avait raison, car on y revenait : il fallait deux ou trois séances et l’on était guéri. Un autre guérisseur, dans une grande ville, celui-là, avec nous ne savons plus quelle panacée, envoyait son malade passer plusieurs jours aux bains de vapeur. Bref, il résulterait de tout cela que le plantain, la cétoine, le ver blanc, etc., sont des trompe-l’œil, des moyens pour détourner l’atten¬ tion, et au besoin pour l’égarer, et bons à rien autre chose qu a faire dire des bêtises aux savants : « De l'Alima plantago daps le traitement de la rage. » « De la guérison de la rage par la Cétoine dorée. » Etc. etc. Nous avons vu tout cela, n’est-ce pas? et nos Académies s’en sou¬ viennent. Mais le véritable but que recherchent ces guérisseurs, c’est évidem¬ ment d’élever autant que possible la température du corps du malade. Or, M. Pasteur n’a-t-il pas dit que les oiseaux sont réfractaires au charbon en raison de la haute température de leur sang. Après avoir refroidi des poules, il a pu les rendre charbonneuses. Ne serait-il pas possible que le virus ou le microbe de la rage ne pût se développer chez les oiseaux , précisément à cause de cette même élévation de la température de leur sang? Et alors, ne se prend-on pas à se demander, comme nous le disions en commençant , si les empiriques des campagnes, qui chauffent à outrance l’homme mordu par un chien enragé, ne sont pas dans la vraie voie ? On se demande si, réellement, les guérisseurs de village n’ont pas parfois guéri la rage. Les gens des pays disent tous que si ! Et n’y a-t -il pas là des expériences à faire ? M. Pasteur dit que le froid ne tue pas le virus. — Que fait la chaleur ? Les oiseaux, animaux à haute température, guérissent tout seuls de la rage, dit M. Gibier ; ne deviendraient-ils pas enragés, — comme ils deviennent charbonneux, — si on les refroidissait ? Les mammifères et l’homme offrent des terrains de culture favo¬ rables au virus ou au microbe de la rage, et en meurent inéluctablement. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 131 Mais si l’on pouvait élever pendant un temps la température de leur sang à celle du sang des oiseaux, qu’est-ce qui arriverait? (1). L’expérience nous paraît valoir la peine qu’on la tente. * * * Notre excellent confrère le Dr P. de Pietra Santa ou, plus exactement son compère, le Dr Echo, nous adresse, dans le Journal d' Hygiène, un compliment gracieux, à l’occasion de la huitième année du Journal de Micrographie. Nous le remercions bien vivement de ses bons souhaits. Après quoi, notre confrère nous adresse une question. Nous deman¬ dons la permission d’y répondre. A propos de l’appréciation que nous avons faite, conjointement avec le D1' I) éclat, du singulier mode de traitement appliqué par les membres de la mission Pasteur à leur malheureux collègue Thuillier, le Dr Echo se moque un peu de notre conclusion : « Acide phénique /or ever ! » s’écrie-t-il. Et il ajoute : « Mais, dans cet ordre d’idées, n’existe-t-il pas de par le monde, des antiseptiques plus puissants que l’acide phénique, aussi peu dangereux que lui et aussi facilement maniables ? « Thatis the question. » A quoi nous répondons que, certainement, il y a des antiseptiques plus puissants que l’acide phénique. mais aussi facilement maniables et aussi peu dangereux, ii n’y en a guère, sinon pas. Nous nous en rapportons pour cela à M. P. Miquel et à son bel ouvrage sur les Organismes vivants de l atmosphère . Voici comment, d’après cet habile expérimentateur , se classent les antiseptiques , par ordre d’énergie : Eau oxygénée , Bichlorure de mercure , Azotate d’argent , Iode , Chlorure d’or, Chlorure de platine , Acide cyanhydrique , Brome , Sulfate de cuivre, Cyanure de potassium, Bichromate de potasse, Gaz ammoniac, Chlorure d’aluminium , Chloroforme, Chlorure de zinc , Acide thymique, Chlorure de plomb, Azotate de cobalt, Sulfate de nickel, Azotate d’urane, Acide phénique, etc. L’acide borique, l’acide salicylique ne viennent que beaucoup plus bas dans la série et sont donc des antiseptiques beaucoup plus faibles. Eh bien ! parmi tous les antiseptiques placés avant l’acide phénique dans cette série nous n’en voyons réellement pas d’autre qui soit aussi maniable, aussi peu dangereux , aussi peu coûteux et aussi facile à trouver partout, que l’acide phénique, — pas même le sulfate de cuivre (1) Un typhoïdique, dont le sang est à 40° centigrades, pourrait-il être enragé? <32 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qui, fort bon comme désinfectant externe, se prête beaucoup moins bien à l’administration comme antiseptique à l’intérieur. Et voilà, tout simplement pourquoi, lorsque nous croyons à l’utilité des antiseptiques, c’est à l’acide phénique que nous nous adressons. * * * « Notre éminent confrère, le Dr H. Boens, membre de l’Académie de Médecine de Belgique, le vaillant antivaccinateur que l’on sail, vient de publier dans le Journal Médical du Dr E. Labbée. l’observation d’un cas de variole spontanée. Nous croyons bien aussi avoir constaté un cas semblable, mais l’espace nous manque ici pour l’exposer. Un peu auparavant, le Dr H. Boens nous avait adressé un important travail lu, par lui à l’Académie de Médecine de Belgique, sur la variole , la vaccine et les vaccinides en 1884. Nous ne saurions trop recom¬ mander aux médecins la lecture de cet ouvrage intéressant et remar¬ quable à tous égards. C’est, comme on le suppose, une attaque des plus sérieuses contre la pratique de la vaccination et, en particulier, de la vaccination rendue obligatoire par voie administrative, ce qui est une violation manifeste de la liberté individuelle. Nous ne pouvons, malheureusement, faire ici parle menu l’analyse de cet ouvrage qui sort assez de notre cadre micrographique, mais nous le recommandons vivement aux médecins et à tous ceux qu’intéressent ces graves questions d’hygiène publique et privée. • * * * Et maintenant pour rentrer complètement dans notre cadre, signa¬ lons quelques publications récentes. M. T. Husnot , qui publie avec succès , depuis six ans , la Revue Bryologique , et a fait paraître récemment une monographie des Sphaignes d’Europe (Sphagnologia Europœa), continue ce travail par un nouvel ouvrage, mais, cette fois, beaucoup plus considérable. Il s’agit d’une Muscologia gallica, descriptions et figures des Mousses de France et de quelques espèces des contrées voisines. Une première livraison vient de paraître , contenant l’histoire de 16 genres de Mousses acrocarpes. Dans chaque genre , M. Husnot arrive à la détermination des espèces à l’aide de la méthode dichotomique, comme il l’a fait dans les précédents ouvrages. Cette première livraison est accompagnée de 10 planches dessinées sur pierre par l’auteur. L’ouvrage complet se composera d’environ 10 livraisons composées chacune de 32 pages de texte et de 10 planches. C’est donc une bonne nouvelle que nous apportons aux amateurs, et ils sont nombreux , de cette jolie et intéressante famille des Mousses. J JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 133 En même temps, nous recevons de notre excellent confrère, le Dr H. van Heurck, qu’une longue et cruelle maladie retient depuis un an loin de ses travaux ordinaires , l'annonce de la prochaine publication d’une Table alphabétique des noms génériques et spéci¬ fiques et des synonymes contenus dans l’atlas de sa Synopsis des Diatomées de Belgique dont le dernier fascicule est paru depuis déjà longtemps. Cette table, qui contient plus de 2,500 indications, formera un volume d’environ 100 pages, format et papier comme celui de l’atlas (1). L’adjonction de cette table facilitera beaucoup les recherches parmi l’énorme quantité de figures que comprend l’atlas de l’ouvrage de M H. van Heurck. 11 ne nous reste qu’à souhaiter, et c’est bien vivement que nous le faisons, que notre confrère se rétablisse rapidement et dote le plus tôt possible les diatomistes de cet utile dictionnaire. * * * Dans les deux premiers fascicules du Recueil zoologique Suisse dont nous avons annoncé la récente fondation par le prof. H. Fol, nous trouvons d’abord un travail de M. H. Fol lui-même sur la famille des Tintinnodea , Infusoires encore assez mal connus et qui paraissent se rapprocher des Vorticelles moins qu’on ne le croyait jusqu’ici ; puis, un travail plus important encore, du même auteur, sur Y Œuf et ses enveloppes chez les Tuniciers ; des recherches sur les nerfs spinaux chez les Tritons , par M. Maurice Bedot ; un grand mémoire sur une famille fort intéressante de petits Crustacés, les Asellotes hétéropodes, par le prof. H. Blanc, de Lausanne ; des observations sur les limites de la multiplication du Kermès coccinè, par le Dr G. Keller ; etc. Enfin, le prof. H. Fol nous annonce une bonne aubaine : dans une lettre particulière qu’il nous adressait il y a quelques jours, il nous promet pour le Journal de Micrographie un travail inédit « sur des phénomènes cellulaires qui ne sont pas encore connus », travail dont il prépare en ce moment les planches. Nous le remercions d’avance et nous attendons son travail avec impatience. Nous donnerons aussi prochainement la traduction d'un très bon mémoire sur Y histologie du système digestif de l Relix pomatia, par le DrE. Bonardi, du laboratoire d'anatomie et de physiologie comparées à l’Université de Pavie, histologiste distingué dont nos lecteurs ont déjà pu apprécier les travaux délicats et consciencieux. Dr J. Pelletan. (1) Le prix de ce volume est fixé à 5 fr. pour les souscripteurs. Le prix sera considéra¬ blement augmenté après l’apparition du volume, qui aura lieu dans le mois d’avril prochain. 4 34 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. TRAVAUX ORIGINAUX. LES organismes unicellulaires. LES PROTOZOAIRES. Leçons laites au Collège de France par le professeur Balbiani. {Suite). (1) XXX A côté des Rhizoflagellés et des Radioflagellés, on peut placer aussi, comme organismes établissant le passage des Flagellés aux Rhizopodes, les Monades zoosporées que nous avons décrites dans une précédente séance, ces êtres qui, à certains moments de leur existence, peuvent, suivant les obsorvations de Cienkowsky, prendre la forme d’une Amibe, les Pseudospora parasitiea, Monas amyli, etc. ; transformation passagère qui précède ordinairement les phénomènes de la multi¬ plication. Je ne veux que vous rappeler ces formes pour vous montrer que, parmi les vrais Flagellés, on peut trouver aussi des types qui mènent aux Rhizopodes. Mais alors, dira-t on, pourquoi ne pas les classer • parmi les Rhizopodes ? — On le pourrait, à la rigueur, en n’envisageant que la phase rhizopode de leur existence, mais on peut dire que chez eux, c’est le stade flagellé qui constitue la phase durable, adulte, pen¬ dant laquelle l’animal accomplit tous les actes de sa vie individuelle, et remplit toutes ses fonctions physiologiques, se nourrit, grossit, etc. La phase rhizopode précède seulement la multiplication. Il existe aussi des organismes chez lesquels les choses se passent d’une manière inverse, la forme adulte et permanente est représentée par la phase rhizopode, tandis que la phase flagellée n’est que tran¬ sitoire, occupée par les phénomènes de la multiplication, et très rapi¬ dement parcourue. Ce sont des êtres qui ont deux modes d’existence, l’un, immobile, sinon fixé, — et même, il y a des formes fixées par un pédoncule aux objets extérieurs, — et une phase libre pendant laquelle l’animal se meut avec plus ou moins d’activité. Nous trouvons des faits analogues chez certains Crustacés, comme les Cirripèdes et les Lernéens qui, à l’état jeune, présentent la struc¬ ture ordinaire des Crustacés, le corps articulé, les mouvements libres, tandis qu’à l’état adulte ils deviennent immobiles et se transforment (1) V oir Journal de Micrographie , T. V, 1881, T. VI, 1882, T. VII , 1883, T. VIII, 1884 , p. 9 et 60. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. >135 en une masse qui n’est plus qu’un tube ou un sac, et dans laquelle on a souvent beaucoup de peine à distinguer le type crustacé. C’est ainsi que, chez un Héliozoaire, Y Acanthocystis aculeata de Hertwig, il y a deux formes bien nettes. Dans la forme permanente, l’état adulte, l’animal se rapproche des Radiolaires parcequ’il présente un rudiment de squelette extérieur, constitué par des spiculés ou aiguilles entrecroisées dans tous les sens et quelquefois rayonnantes à la périphérie. A un certain moment, la substance de l’animal se di¬ vise en parties sphériques dont Hertwig a pu compter jusqu’à six. Chacune de ces masses est arrondie et renferme un noyau. Bientôt, ces masses tendent à sortir de la capsule maternelle ; celle-ci cède en un point où les spiculés se soulèvent, établissant une ouverture par laquelle les masses prennent issue, grâce à des organes de locomotion qu'elles ont acquis : deux flagellums. Tel est l’état jeune, transitoire; ce sont des zoospores. Le Clathrulina elegans est un Héliozoaire fixé sur un pédoncule. La substance du corps est contenue dans une coque treillissée et, dans l’intérieur, la masse vivante envoie des prolongements au dehors à travers les trous de la coque. A un moment donné, l’animal se mul¬ tiplie, mais la multiplication peut se faire de plusieurs manières. Cienkowsky, le premier auteur qui ait rencontré cette espèce en 1867, dans des étangs de St-Pétersbourg, puis Greeff en 1809, ( Arch . de Schultz ) et enfin Hertwig et Lesser ( même recueil ) 1874, ont décrit ces phénomènes. La reproduction, d’après Cienkowsky, peut se faire d’abord par la division de la substance interne en deux moitiés. Celles-ci s’échappent à travers les ouvertures de la coque, se sécrètent à elles-mêmes une nouvelle coque et se fixent. Mais, suivant le même auteur et aussi d’après Greeff, la reproduction peut se faire autrement : la substance du corps se divise en un grand nombre de parties ou de globules qui s’enkystent dans une enveloppe épaisse et échinée, et persistent dans l’enveloppe maternelle. Mais bientôt celle-ci se rompt il s’en échappe de petites zoospores mobiles Hertwig et Lesser ont vu le corps se diviser non pas en deux por¬ tions ni en un grand nombre, mais en trois parties dont deux petites, égales entre elles, et l’autre plus grosse. Les deux petites s’échappent à travers les orifices de la coque et deviennent de véritables Flagellés à deux cils. Hertwig et Lesser ont pu suivre ces zoospores et les voir se fixer et se transformer en Clathrulines en sécrétant un pédoncule et une coque. La troisième portion, plus grosse, reste dans l’intérieur de la coque maternelle et représente, pour ainsi dire, les débris de l’organisme mère. Elle déploie de nouveaux pseudopodes à travers les ouvertures, ou abandonne elle-même la coque, sans que ses transfor¬ mations ultérieures aient pu être suivies. 136 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Dans une autre division des Rhizopodes, chez les Foraminifères monotlialames, on a constaté aussi une reproduction par des Flagellés. Tels sont les Microgromia socialis qui vivent en colonies. A un certain moment la substance qui forme chaque individu et qui est renfermée dans une petite coque en forme d’urne se divise en deux parties, dont l’une reste dans la coque et dont l'autre s’échappe sous forme d’un Flagellé à deux filaments. Dans l’ordre des Radiolaires, Rhizopodes pélagiques, on a constaté aussi ia reproduction par des formes flagellées. Chez les Collozoum et Collosphaera. par exemple, R. Hertwig a vu des zoospores se pro¬ duire en nombre immense dans la capsule centrale maternelle. Elles se forment par une sorte de segmentation donnant naissance à une foule de zoospores qui deviennent libres après la rupture de la capsule. Mais il y a deux sortes de zoospores. Les «unes, sont ovoïdes avec une extrémité amincie munie d’un long flagellum, contiennent un noyau, des granulations graisseuses et un corps singulier ayant l'aspect d’un cristal à forte réfringence et la forme parallélipipédique d’une pierre à repasser. Les autres zoospores ont la forme d’un haricot ; elles sont munies d’un flagellum. mais ne contiennent pas le corps réfringent en forme de pierre à repasser. Parmi ces dernières zoospores , il y a des macrospores et des microspores, mais leur rôle est inconnu. J. Müller est le premier qui ait signalé chez ces êtres la reproduction par zoospores, puis Cienkowsky, Hæckel, R. Hertwig, etc. D’après tous ces faits, on ne peut pas hésiter aujourd'hui à admettre qu’il existe de véritables relations entre les Flagellés et les Rhizopodes, mais de quelle nature sont ces relations ? Sont-ce des relations simplement zbologiques comme l’entendaient les anciens naturalistes de l’école de Cuvier; s’agit-il de relation dans le sens où est pris ce mot aujourd’hui dans la théorie de l'évolution et indiquant la filia¬ tion de formes descendant les unes des autres ? — S’il en est ainsi, on peut se poser diverses questions. On peut se demander si les Rhi¬ zopodes représentent la forme la plus ancienne, ou bien si c’est l'in¬ verse , ou si les Rhizopodes et les Flagellés descendent d'une forme commune, d’un ancêtre primordial. C’est là, évidemment, une question très ardue que celle qui consiste à déterminer entre plusieurs formes quelle est la plus ancienne. Hæckel lui-même avoue que, relativement à cet arbre généalogique, il a rencontré des difficultés considérables et il est assez disposé à admettre que chacune de ces classes de Proto¬ zoaires s’est formée par un développement phylogénique indépendant; toutefois , il serait aussi porté à croire qu’elles descendent d’une forme commune ancestrale qui serait la Monère. D’ailleurs , sur les Monères on peut établir la généalogie tout entière, non seulement des Protozaires, mais aussi des Métazoaires. Cette question a été examinée en dernier lieu par le naturaliste JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 137 danois Bergh ( MorphoL Jalirb. t. VII, 1881). D’après cet auteur, ce seraient les Flagellés qui représenteraient la forme primordiale d'où se sont développés, dans des directions divergentes, les autres Proto¬ zoaires, les Noctiluques, les Rhizopodes, les Gilioflagellés ; ces derniers ayant donné eux-mêmes naissance aux Infusoires ciliés. Il se fonde sur les raisons suivantes : les Rhizopodes, pendant leur jeune âge, sont des Flagellés, — et on pourrait, en effet, nous venons de le voir, considérer les choses ainsi. Au contraire, on ne voit jamais les Flagellés revenir à la forme rhizopode avant d’arriver à l’état adulte. Enfin , Bergh cite les faits que nous venons de rappeler à propos des organismes qui présentent à la fois les caractères des Rhi¬ zopodes et des Flagellés. Ces arguments ont été examinés par Gruber, qui ne les considère pas comme fondés (Zeüschr. f. wiss. Zool, t. XXXVI, 1881). Relative¬ ment à ces formes mixtes, cet auteur dit avec raison que l’existence de ces êtres peut servir de preuve à la thèse directement contraire. Quant au jeune Rhizopode affectant la forme flagellée, Gruber dit, avec non moins de raison, que ces jeunes Flagellés (zoospores) ne se trouvent nullement avec le Rhizopode dans le rapport de l’enfant avec la mère, car ils n’ont pas de génération sexuelle. Ils représentent une portion du produit de la division de la substance du Rhizopode et non des élé- . ments qu’on peut considérer comme la progéniture de celui-ci. Ce ne sont pas des embryons parcourant des phases de développement abou¬ tissant à une forme semblable à celle dont ils proviennent, comme les embryons des Métazoaires. Si les germes ne peuvent pas être considé¬ rés comme des embryons, qu'est-ce que prouve leur production ? — C’est que le protoplasma des Rhizopodes peut donner naissance à des prolongements de forme particulière, produits en vue de réaliser un mouvement plus rapide . et ces prolongements protoplasmiques , ce sont les flagellums. Du reste, il est des organismes qui montrent bien que les pseudopo¬ des peuvent fonctionner comme des cils véritables. M. Henneguyavu, en 1881, sur un Actinomonas, les pseudopodes agir comme de vérita¬ bles cils pendant la locomotion, ce qui prouve qu’il y a identité com¬ plète entre les mouvements pseudopodiques et les mouvements ciliaires. Cela résulte aussi de l’observation faite par Hæckel sur le Protomyxa aurantiaca, dans lequel on voit se former des zoospores nageant à l’aide d’un flageilum filamenteux. Puis, ces zoospores deviennent immobiles ; leur flageilum ne disparaît pas pour cela, mais se raccourcit et se transforme en pseudopode. Il existe beaucoup d’autres faits dans la science qui prouvent l'identité des mouvements ciliaires et pseudopodiques. Aussi, Gruber conclut qu’il y a entre ces êtres des affinités, mais des affinités de voisinage et de classification , comme l’entendait Cuvier, non des rapports de 138 journal de micrographie. parenté comme l’admettent les partisans actuels de la doctrine de l’évolution. Ces rapports de parenté existent-ils entre les Flagellés et les autres Protozoaires pourvus de cils ? c’est ce que nous allons examiner en abordant l’étude des Cilioflagellés. XXXI LES CILIOFLAGELLÉS. La première indication certaine de l’existence de ces êtres que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Cilioflagellés se trouve dans les ouvrages de O. F. Müller, d’abord dans YHistoria vermium terres- Irium et fluviatilium , publié en 1773, mais surtout dans l’ouvrage postérieur : Animalcula infusoria fluvialilia et marina (1786), dans lequel l’auteur décrit beaucoup d’êtres qui appartiennent au groupe des Cilioflagellés, mais à qui il donne des noms qui indiquent qu'il les classe pêle-mêle avec divers animalcules, Infusoires, et autres : Bur- saria hirundinella , Cercaria tripos, Vorticella cincta , etc. C’est- à-dire qu'il les a confondus avec tous les organismes si variés qu’il réunit sous le nom d’infusoires. Franz von Paula Schrank (1793-1803) a, le premier, fondé un genre de Cilioflagellés, le genre Ceratium , qui a été conservé jusqu’aujour¬ d’hui. Il y distingue même plusieurs espèces notamment une espèce à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 139 cornes très longues, qui n’est qu’une variété, le Ceratium macroceras , Schr. Je passe Nitzsch (1817), plus connu par ses travaux sur les Oiseaux et sur les Insectes épizoaires, Bory de St-Vincent (1826) et j’arrive à Michaelis qui a fait des observations sur les animalcules qui produisent la phosphorescence de l’eau de mer (1830) . Il a reconnu que cet effet est produit par des animalcules que l’eau de mer tient en suspension, car Fig. 23. — Ceratium tripos. si l’on filtre celle-ci, elle cesse d’être lumineuse, tandis que les parti¬ cules restées sur le filtre demeurent phosphorescentes. Toutefois, Bergh, qui rapporte cette observation, se trompe en disant que l’au¬ teur allemand a été le premier à faire cette* découverte ; c’est une erreur : la cause de la phosphorescence de l’eau de mer n’a pas été reconnue par Michaelis, mais par trois observateurs français. Rigaut, uo JOURNAL DE MICROGRAPHIE. en 1768, lut devant l’ancienne Académie des sciences un mémoire d’où il ressort qu’il avait parfaitement reconnu, comme cause de la phosphorescence, des Polypes diaphanes qui ne sont autres que nos Noctiluques. L’abbé Dicquemare, du Havre, dans ses observations au microscope, a assez bien décrit le même organisme en 1778. Enfin, Suriray, en 1810, lui a donné le nom de Noctiluque avec une description plus complète encore. Par conséquent, Michaelis n’est pas l’auteur de la découverte. Seu¬ lement, il a vu que, dans quelques cas, la phosphorescence peut être due à des organismes qu’il désigne sous le nom d’infusoires, et parmi ceux-ci il décrit plusieurs espèces de Gilioflagellés , et entre autres le Prorocentrum micans , dont la phosphorescence a été vérifiée par Ehrenberg. Ehrenberg a eu, en effet , l'occasion d’observer beaucoup de Gilio¬ flagellés, mais il n’a pas formé de ces animaux une classe à part ; il en a fait une famille des Péridiniens qu’il range parmi ses Polygastrica anentera, qui correspondent à peu près à nos Flagellés actuels. Toute¬ fois, il y a admis de véritables Flagellés, les Chœtoglena , par exemple; il a fait aussi l’inverse, d’ailleurs, décrivant comme de véritables Fla¬ gellés, des Gilioflagellés, comme le Prorocentrum micans. Ehrenberg attribue, du reste, à ces organismes la même complexité de structure qu’aux autres Infusoires, et les décrit comme des organismes très com¬ plets, munis d’une bouche située à la base du flagellum, qu’il considérait comme une trompe. Il croyait même avoir mis cette bouche en évidence en nourrissant les animalcules , le Peridinium pulvisculus par exemple, avec du carmin ; il avait vu qu’ils avaient ingéré des granulations colorées, d’ou il concluait à l’existence de la bouche. Il croyait aussi à l’existence des sexes, prenant pour des œufs des cor¬ puscules de toute nature, verts, jaunes, bruns, que renferment un grand nombre de Gilioflagellés, et considérait le noyau comme une glande mâle. * Dujardin [Histoire naturelle des Infusoires, 1841), qui a combattu Ehrenberg sur tant de points, l’a suivi complètement pour les Gilio¬ flagellés : il en a fait aussi une simple famille des Infusoires, la dixième et dernière famille de son ordre des Infusoires à filament flagelli- forme. Pour Dujardin, les Péridiniens, car il conserve la dénomination d’Ehrenberg, étaient caractérisés par l’existence simultanée des flagellums et des cils vibratiles ; ils présentaient ainsi une combinaison des caractères des Ciliés et des Flagellés. Mais il n’admettait que deux genres , l’ancien genre Ceratium de Shrank et le genre Peridinium d’Ehrenberg. Quant à l’organisation de ces êtres, Dujardin n’a presque rien ajouté à nos connaissances, car vous savez combien ses observa¬ tions à ce point de vue sont défectueuses. Il considérait ces animal¬ cules comme des masses de sarcode dans lesquelles il ne se donnait JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Uf même pas la peine de chercher des organes, entrainé par l’idée préconçue qu’il s’en était faite. M. de Siebold (Anat. des animaux invertébrés Impartie, 1844) a conservé les genres Peridinium et Glenodinium ; il en fait la seconde famille de ses Infusoires astomes. Les autres familles étaient composées des Astasiens et des Opalinées. Pour lui aussi les Cilio- fllagellés n’étaient donc qu’une simple famille des Flagellés. * Fig. 24. — Peridinium tabulatum. Perty (1852) n’a émis presque que des erreurs quant à l’organisation des Péridiniens. 11 décrit ces animalcules comme formés de deux cellules emboîtées l’une dans l’autre. Pour la reproduction, il admet qu’elle se fait par des blaslies, qui ne sont que les corpuscules colorés dont le corps de beaucoup de Giliotlagellés est plus ou moins rempli. Je passe sous silence le nom de beaucoup d’auteurs qui n’ont rien ajouté à nos connaissances sur ces animaux, pour arriver tout de suite au travail le plus important ,qui. avant ces dernières années, ait été fait sur les Périnidiens. 9 Claparède et Lachmann, dans leurs Etudes sur les Infusoires et les Rhizopodes , 1858, ont, pour la première fois, proposé de faire un ordre distinct de ces animalcules, auxquels ils donnent le nom de Cilioflagellés. Ils ont beaucoup contribué à purger ce groupe des organismes étrangers qu’Ehrenberg et d’autres y avaient fait entrer. Us ont donné une bonne diagnose des principaux genres et de beaucoup d’espèces, d’après leurs observations personnelles, espèces dont un certain nombre étaient décrites pour la premières fois, notamment des espèces marines qu'ils avaient recueillies dans la mer du Nord, sur les côtes de Norvège. Quant aux cinq genres qu’ils ont admis et qu’on a conservés aujourd’hui ( Ceratium , Peridinium , Dinopliysis , Amphidinium , Prorocentrum) , ils constituent la classification la plus simple et la meilleure pour reconnaître, au moins, les types les plus communs d’eau douce et d’eau salée. Cette classification n’est peut- être pas très en rapport avec ce que nous connaissons aujourd’hui sur 2 U2 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. la structure de ces êtres , mais elle est commode pour arriver à la détermination des genres les plus répandus. Claparède et Lachmann ne sont pas parvenus à se représenter d'une manière très exacte l’organisation des Ciliofia gellés , mais ils ont reconnu des faits intéressants sur la multiplication de ces êtres. Les premiers ils ont observé la formation des kystes chez les Périnidiens, et ils ont vu que ces animalculefs se multiplient par division dans le kyste ou à l’état de vie active. % Nous ne dirons rien de Clark dont les travaux sur les Cilioflagellés sont loin de valoir ceux qu’il a faits sur les Monadiens à collerette ou Cylicomastiges. Nous ne parlerons pas davantage de Carter dont les observations renferment, comme celles de Clark, de grosses erreurs. Ainsi YUrocentrum turbo , un Cilié, a été décrit comme Cilioflagellé par Clark qui a même soutenu une polémique à ce sujet avec Carter. En 1873, Bütschli a décrit une des plus curieuses espèces de ce groupe, le Polykrikos Schwartzii, qu’il avait pris à tort pour un Cilié. Cet organisme avait été vu pour la première fois par un naturaliste russe Uljanin, qui l'avait pris pour la larve de quelque animal péla¬ gique. Bergh, qui l’a étudié plus tard, a reconnu qu’il fallait le placer parmi les Cilioflagellés. (. A suivre). LES MEMBRANES MUQUEUSES ET LE SYSTÈME GLANDULAIRE. Leçons faites au Collège de France (année 1883-84), par le professeur L. Ranvier. ( Suite ) (1) IV Nous avons eu recours, pour l’étude des glandes que je vous ai décrites à des méthodes variées que je ne vous ai pas indiquées che¬ min faisant, pour ne pas couper les descriptions, mais il convient que je vous les explique aujourd’hui. Ce sont la dissociation ou des méthodes qui permettent d’exécuter des coupes dans lesquelles les éléments sont vus en place et bien réservés. Nous avons éloigné d’une manière absolue la vieille méthode de la dissociation dans l’eau ; les cellules muqueuses en particulier, ainsi traitées, ne donnent rien de satisfai¬ sant : le mucigène se gonfle, les éléments éclatent, et il ne reste que (1) Voir Journal de Micrographie , T. VII, 1883, p. 628 et T. VIII, 1884, p. 29 et T7 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. U3 des débris informes et des noyaux. Nous avons eu recours aux disso- ciateurs dits chimiques qui, tout en ramollissant la matière intercel¬ lulaire , fixent les éléments dans leur forme, de manière à donner des images représentant ce qui existe réellement. Ces dissociateurs sont l’alcool au tiers , le sérum iodé , les solutions chromiques, etc. Ils donnent certainement pour les glandes des résultats très remarquables. Ainsi, l’alcool au tiers isole très bien les cellules de la glande sous-maxillaire du chien et en fait reconnaître tous les détails. Les coupes peuvent être faites à l’aide de différentes méthodes qui donnent toutes des résultats convenables. Une bonne méthode consiste à durcir les glandes dans l’alcool ordinaire , car il n’est pas utile d’employer l’alcool absolu qui détermine un retrait considérable des cellules superficielles , de sorte qu'il y a toujours une zone périphé¬ rique dans laquelle les éléments ne sont plus reconnaissables. L’alcool dit 3/6 ou à 90° est préférable, et il importe que le séjour de la glande dans l’alcool ne soit pas trop prolongé et seulement jusqu’à ce que le durcissement soit suffisant pour qu’on puisse faire des coupes. C’est alors qu’on obtient les meilleures préparations. On place donc de tout petits fragments dans l’alcool et, au bout de quelques heures, on les retire pour les inclure et faire les coupes. On ne doit pas non plus laisser celles-ci trop longtemps dans l’eau, parce que, malgré le durcissement, les éléments muqueux s’altèrent. Dès que les coupes sont faites , on les place dans l’eau pendant quelques secondes, on les dépose sur une lame de verre et on les colore avec l’hématoxyline ou mieux lepicrocarminate. On substitue la glycérine très lentement et l’on obtient des préparations que l’on peut conserver indéfiniment. Une autre méthode consiste à durcir les fragments delà glande dans le liquide de Müller, le bichromate de potasse ou d’ammoniaque. La coloration par le carmin est alors plus difficile à obtenir, il faut employer l’hématoxyline ou mieux encore l'hématoxyline et l’éosine. L’hématoxyline dont il faut se servir n’est pas celle de Bœlim , mais le dépôt qui se forme dans cette dernière, repris dans une dissolution d’alun à 1 pour 100. On lait successivement les deux colorations par l’hématoxyline et l'éosine et on monte dans le baume du Canada ou la résine damar après avoir déshydraté par l’alcool absolu et éclairci dans l’essence de girofles. Une troisième méthode consiste à employer l’acide osmique. Là encore, il y a des détails de technique importants. Si l'on se propose simplement de colorer les cellules à ferment ou séreuses, il faut laisser de très petits fragments de glande, pendant 24 à 48 heures, dans une solution d’acide osmique à 1 pour 100 ; puis, durcir dans l’alcool , etc. Mais si l’on veut, après le traitement par l’acide osmique, colorer 144 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 9 par l’hématoxyline ou le picrocarminate , il faut que les fragments ne séjournent que le moins possible dans l’acide osmique. Quelques heures suffisent pour que des fragments de 2 millimètres de côté soient pénétrés par le réactif dans toutes leurs parties. On peut alors faire des coupes sans même placer les morceaux dans l’alcool : on mouille simplement le rasoir avec de l’alcool, et on fait agir la matière colo¬ rante. On monte dans la glycérine formique. Ces méthodes variées qui , toutes , convergent et se complètent , permettent d’acquérir aujourd'hui des notions que l'on peut considérer comme très exactes sur la structure des différentes glandes salivaires et sur les modifications que ces glandes éprouvent dans des conditions physiologiques et pathologiques déterminées ; elles ont permis de réali¬ ser un immense progrès en quelques années , et pour vous faire com¬ prendre le chemin parcouru et l’importance de la technique en anato¬ mie générale, je vous rappellerai l’état de la question, en 1856, tel que l’exposait Claude Bernard au Collège de France ( Physiologie expérimentale appliquée à la médecine). Il avait cherché à expli¬ quer la structure des glandes salivaires, et comme il n’était pas histo logis te, il s’adressa à un de ses amis qui a fait des travaux considérables, Davaine. Ils travaillaient ensemble. Mais comme Claude Bernard était un esprit essentiellement critique, il n’était pas satisfait de ce travail ; (il l'a écrit). Il s’adressa alors à Ch. Robin qui, à cette époque surtout, jouissait d’une influence énorme, particulièrement à Paris, et lui demanda d’étudier la question. Cette collaboration nouvelle de trois hommes dont l'un fut un homme de génie incontesté , dont l'autre a tracé la voie dans laquelle tout le monde se rue aujourd’hui, dont le troisième, enfin, jouissait d’une notoriété considérable et a été l’un des premiers, en France, à cultiver l’histologie, cette collaboration a pro¬ duit ce résultat que les éléments qui , chez le chien , composent les trois glandes salivaires fondamentales , parotide , sous-maxillaire et sublinguale, sont absolument semblables : leurs cellules ne présentent aucune différence. Claude Bernard s’appuyait encore sur une autorité considérable, celle de Kolliker et a même reproduit un passage de la première édition du Traité T Histologie de cet auteur. Comment s’y prenait-on alors dans cette étude ? — C’est à peu près l'époque où je commençais moi-même à m’occuper d’histologie, quoi- qu’encore étudiant. J’ai, par conséquent, assisté à tous les progrès qui ont été réalisés dans la technique , car ce n’est guère que vers 1856 à 1860 qu’on a cherché à réaliser des méthodes particulières. Aupara¬ vant on dissociait dans l’eau. Mais en traitant ainsi une glande compo¬ sée de cellules muqueuses , on n’obtenait , comme je l’ai dit , que des débris informes, bien qu’à la rigueur, on pût avoir quelques résultats sur une glande séreuse ou glande à ferment dont les cellules sont encore assez solidement reliées les unes aux autres et maintenues JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 145 dans les culs de sacs glandulaires ; mais, alors, il était difficile d’isoler ainsi les éléments. Nous arrivons maintenant à constater, non-seulement que dans les trois glandes du chien, il y a des cellules de formes différentes, mais nous pouvons même reconnaître les cellules qui entrent dans la consti¬ tution de ces trois glandes; l’on peut dire que l’analyse histologique est assez avancée pour que nous soyons arrivés à ne plus nous arrêter à cette conclusion déplorable qu’il n’y a pas de rapport nécessaire entre la forme et la fonction, et que ces glandes, sécrétant des liquides abso¬ lument différents, sont absolument conformées de la même manière. Pareille conclusion serait inexacte et quand nous disons qu’il y a rapport nécessaire entre la forme et la fonction , nous parlons de la forme non-seulement au point de vue du contour, mais de tout ce que l’analyse histologique peut y faire découvrir. Chez tous les Mammifères, la plupart des glandes salivaires, quelle que soit la forme des cellules qui entrent dans la constitution de leurs acini, possèdent des canaux excréteurs dont l’épithélium est strié, mais toutes les glandes salivaires n’ont pas des canaux excréteurs à épithélium strié, comme nous l’avons vu. Une question se présente : N’y a-t-il pas d’autres glandes que les salivaires dont les canaux excré¬ teurs aient un épithélium strié ? — Jusqu’à présent je n’en connais pas, mais je crois qu’il s’agit là d’une disposition qui peut se rencontrer dans d’autres canaux excréteurs , car cette striation est comparable jusqu’à un certain point à la striation de l’épithélium des canaux des glandes sudoripares et des canalicules du rein. Néanmoins, il y a encore des différences notables et je ne voudrais pas conclure à une analogie complète. Dans tous les cas, il importe de poursuivre ces recherches et de voir si parmi les glandes acineuses, d’autres que les glandes salivaires possèdent un épithélium strié. Du reste, je vous rappelerai qu’ici mon but n’est pas de faire de l’anatomie comparée dans le sens exact du mot : étudier comparativement le même organe dans toute la série animale pour en tirer des conclusions au point de vue de la forme et de la signification de cet organe. Mon but est d’arriver à des conclu¬ sions relatives à l’anatomie générale , de saisir ce qu’il y a de plus essentiel dans la constitution d’un organe , et, en outre, de trouver le meilleur objet d’étude pour parvenir à la solution d’un problème d’his¬ tologie ou d’anatomie générale, car les organes chez les vertébrés, en particulier, ne sont pas également favorables aux recherches. Pour trouver cet objet d’étude, le hasard peut évidemment servir l’observa¬ teur , mais d’ordinaire il n’en est pas ainsi et pour arriver à trouver l’objet ou l’animal favorable à telle ou telle recherche , il faut en exa¬ miner un très grand nombre , c’est-à-dire étendre considérablement les observations, étudier l’organe dont on s’occupe chez un très grand JOURNAL DE MICROGRAPHIE. U6 nombre d’espèces dans la série. Et, quant au rôle du hasard dans ces sortes de recherches, je n’y crois pas beaucoup, et je ne pense pas qu’un observateur qui n’a pas beaucoup de temps à consacrer à cette étude trouve tout d’un coup, par hasard, l’objet le plus favorable. Ce sont ces considérations, cette nécessité que je vois, pour arriver à la solution d’un problème d’anatomie générale, d’examiner un organe chez un grand nombre d’animaux , ce sont ces considérations qui m’ont engagé à étudier les glandes salivaires dans d’autres groupes de Vertébrés et même chez des Invertébrés, s’il était nécessaire. C’est pourquoi, pour compléter cette étude chez les Vertébrés, nous allons maintenant examiner ces glandes chez les Oiseaux. Les glandes de la muqueuse bucco-œsophagienne des Oiseaux sont nombreuses. On a observé, dans la bouche des Oiseaux, des groupes de glandules dans des régions déterminées et l’on a comparé ces grou¬ pes de glandules aux glandes salivaires des Mammifères et de l’homme en particulier. C’est pour cela que ces groupes de glandules ont reçu le nom de glandes bien déterminées chez les Mammifères. Ainsi, il existe un groupe de glandes à la commissure du bec et plus ou moins éloigné de cette commissure ; on en a fait une parotide, — la parotide des Oiseaux. Sur le plancher de la bouche, dans l’angle que forme le bec inférieur, il y a de chaque côté un nombre plus ou moins consi¬ dérable, suivant les espèces, les genres et les familles, de groupes de glandes considérées comme sous-maxillaires, bien qu’ils ne représen¬ tent pas une glande « sous-maxillaire, » mais plutôt « maxillaire. » De plus, au niveau de la langue, au dessous, ou comprises dans son épais¬ seur, il existe d’autres glandes, glandes sublinguales ou linguales. Enfin, chez certaines espèces, à la voûte palatine, quelques grains glanduleux ont été considérés comme les glandes palatines de l’homme et des Mammifères. Vous trouverez ces désignations dans le Manuel de Siebold et Stannius. Elles sont conservées par les quelques auteurs qui se sont occupés incidemment de ces organes, et acceptées même par Claude Bernard qui avait entre les mains le Manuel de Siebold et de Stannius. Arrivé à ce résultat que les cellules des glandes parotides , sous- maxillaires et sublinguales du chien sont semblables, Claude Bernard eut l’idée de rechercher si les cellules des glandes salivaires des Oiseaux étaient aussi semblables à celles des Mammifères. Pour cela, il choisit comme objet d’étude la glande linguale du canard. Je ne sais pas au juste comment il a procédé ; il a dû examiner une coupe qu’il représente dans la figure publiée daps son livre. Je suppose, d’après cette figure, qu’il avait envoyé chercher une tête de canard chez le marchand voisin et employé l’alcool comme liquide durcissant ; puis fait des coupes. Pour le vérifier, j’ai fait la même chose, hier. On m’a apporté une tête de poulet, fraîche encore et très bonne pour JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 147 la cuisine, mais provenant d’un animal tué depuis deux ou trois jours. J'ai enlevé, avec beaucoup de soins, la glande parotide , l’ai placée dans l’alcool, et, au bout de quelques heures, j’ai fait les coupes. Or, il y a une analogie complète' entre la figure donnée par Claude Ber- . nard et les coupes que j’ai obtenues de la glande commissurale du poulet mort depuis deux ou trois jours. D’ailleurs, à cette époque, on croyait que les éléments anatomiques avaient une certaine solidité ; on n’avait jamais cherché à les isoler et à obtenir des préparations d’ensemble des éléments glandulaires bien conservés. Or , chose curieuse! les cellules des glandes salivaires des Oiseaux, préparées un ou deux jours après la mort, ont presque complètement disparu. Il n’y en a pas davantage dans l’image reproduite par Claude Bernard qui a dû être exécutée par Lakerbauer, lequel dessinait fort bien. - Après 24, 48 heures ou trois jours, les cellules glandulaires ont dis¬ paru; les glandes des Mammifères sont infiniment plus résistantes, et les glandes parotides, sous-maxillaires et sublinguales du chien, conser¬ vées sur l’animal mort pendant deux jours, traitées par l’alcool, et exa¬ minées sur des coupes, donnent encore des préparations où l’on peut reconnaître les caractères des éléments. Si Claude Bernard avait été un histologiste, et non un physiologiste, il aurait fait cette expérience comparative et aurait vu les différences entre les glandes parotide, sous-maxillaire et sublinguale du chien et celles des Oiseaux. Tout ce que je vous dis là n’est pas pour faire la critique des obser¬ vations de Claude Bernard ; c’est précisément parce que Claude Ber¬ nard était un homme de génie, que personne n’a apprécié plus que moi, parce que je suis convaincu qu’il n’y a pas eu de génie supérieur dans les* sciences biologiques , c’est précisément pour cela que j’ai voulu vous montrer combien il faut prendre de précautions dans les travaux de cette nature, Claude Bernard, qui prenait tant de précau¬ tions quand il s’agissait de physiologie, n’en avait plus du tout pour l’histologie ; connaissant à fond les difficultés de son métier, il igno¬ rait les difficultés du métier voisin. Il faut donc nous méfier de nos observations, et même un jour viendra, sans doute, où nous pourrons faire, sur nos observations d’aujourd’hui, des critiques encore plus sévères que celles que nous faisons maintenant sur les travaux histo¬ logiques de 1856. La description que Claude Bernard donne de la glande sublinguale du canard est assez singulière, et vraie en partie. Il considère cette glande comme formée par des cavités anfractueuses dont les départe¬ ments communiquent largement les uns avec les autres. — Mais nous devons donner d’abord quelques explications sur la muqueuse bucco- œsophagienne des Oiseaux. Toute cette partie est recouverte, comme chez les Mammifères, d’un épithélium pavimenteux stratifié, et je suis certain que, dans diverses H8 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. régions où il est très épais, on peut y reconnaître trois couches, une couche profonde, une couche moyenne et une couche superficielle. La couche profonde est formée de cellules cylindriques implantées per¬ pendiculairement à la surface ; c'est là quo se produit la multiplication des cellules, nécessaire pour renouveler le revêtement. La couche moyenne, à cellules polyédriques, est celle qui a le plus grand déve¬ loppement. Enfin, la couche superficielle est formée de cellules apla¬ ties. Ces couches se colorent ordinairement d’une manière différente par le picrocarminate d’ammoniaque, la couche profonde se colorant le plus et la couche superficielle le moins, et, en général, en jaune, par l’acide picrique du réactif. Dans l’épithélium, pas plus que dans le revêtement cutané, le bec ni les plumes, on ne trouve d’éléidine. J'in¬ siste parce que Waldeyer prétend en avoir trouvé dans l’épiderme et les produits épidermiques, les plumes, en voie de développement. Les glandes annexées à cette muqueuse sont variables. Des glandes très simples sont celles qu’on trouve dans le jabot des Passereaux, du moineau par exemple. L'épithélium pavimenteux montre, en certains points, de petits pertuis comme frappés à l'emporte-pièce et qui com¬ muniquent avec une vésicule glandulaire tapissée de longues cellules cylindriques. Ces cellules existent sur toute la surface, mais elles sont généralement plus longues dans le fond que dans le voisinage du col de la vésicule. On es voit se poursuivre sur la partie latérale du pertuis creusé dans l’épithélium pavimenteux. Toutes ces cellules sont muqueuses, avec un noyau refoulé à la base dans le protoplasma accu¬ mulé au fond. Les petites cellules cylindriques de l’orifice sont aussi muqueuses. Ces glandes muqueuses très simples sont comparables, jus¬ qu’à un certain point, aux glandes muqueuses de la peau des Batra¬ ciens, avec cette différence que, chez ces derniers , les glandes cuta¬ nées ont un col tapissé d’épithélium pavimenteux stratifié comme le reste de l’épiderme et qui se poursuit dans la vésicule glandulaire. Il n’en est pas ainsi dans les glandules du jabot des Passereaux. Il y a encore une forme plus simple et qu'on trouve dans l’œsophage des Échassiers. J’ai choisi un petit Échassier bien connu, le râle de genets, ou roi de cailles. Les Échassiers n’ont- pas de jabot ; ne se nourrissant pas de graines, mais d’insectes et de vers, ils n’ont pas besoin que les aliments subissent cette première fermentation qu’ils éprouvent dans le jabot des Gallinacés, des Passereaux, etc. Mais l’épithélium pavimenteux stratifié de l’œsophage, chez notre Échassier, est relativement épais et, dans son épaisseur, se trouvent creusées des vésicules glandulaires qui n’ont pas la forme sphérique mais tubuleuse. Dans cet épithélium, sont creusées des cavités oblongues qui corres¬ pondent à des glandes muqueuses composées. Le fond des utricules est en rapport avec le stroma connectif sous-épithélial, et l’espace qui les sépare est en entier occupé par l’épithélium pavimenteux. Ces JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 149 tubes glandulaires sont entièrement tapissés d’épithélium caliciforme. Ce sont presque les glandes muqueuses du jabot des Passereaux ré¬ duites à leur canal excréteur intra-épithélial. Je crois que c'est là une disposition que l’on peut rencontrer chez tous les Échassiers. Leydig (Hislol. comp p. 345) donne un dessin qui représente une coupe de l’œsophage du héron, coupe qui montre une grande analogie avec celle de l’œsophage du râle de genets. Toutefois, Leydig indique, entre les glandes, des prolongements du chorion muqueux qui s'avancent très haut. Il n'a pas signalé ce rapport direct de l’épithélium calici¬ forme avec l’épithélium pavimenteux et l’analogie avec les glandes de l'œsophage des Passereaux. Ce qui est intéressant dans ce fait fourni par les Échassiers , c’est que ces glandes muqueuses simples peuvent être considérées comme intermédiaires entre les glandes unicellulaires, cellules mu¬ queuses dispersées dans un épithélium, comme on en rencontre chez les Batraciens et les Poissons, et les glandes utriculaires relativement assez simples du jabot des Passereaux. C'est une différenciation sur place des cellules épithéliales pavimenteuses d’une muqueuse recou¬ verte de cet épithélium. Chez les Gallinacés, la poule, par exemple, on trouve, dans le jabot, des glandes muqueuses beaucoup plus compliquées. Après avoir sacri¬ fié un poulet, on enlève l’œsophage et le jabot, et l'on incise l’un et l’autre suivant leur longueur. On peut arriver sans grande difficulté, avec les doigts, les pinces et les ciseaux, à séparer complètement la muqueuse delà musculeuse qui la double. Alors, on voit à la surface externe de la muqueuse, dans la région supérieure du jabot, une série de grains d’une transparence parfaite, comme autant de gouttes de rosée hémisphériques d’un ou deux millimètres de diamètre. Ces grains correspondent à de petites glandes muqueuses composées et vont nous servir à voir pour la première fois une sorte de glande très répandue chez les Oiseaux. L’épithélium pavimenteux stratifié est relativement très épais ; une enveloppe de tissu conjonctif limite chaque glande, tissu conjonctif formé par des fibres très fines. Le canal excréteur est creusé au sein de l’épithélium , pavimenteux, limité par des cellules caliciformes. Les canaux conduisent à une cavité festonnée, formée par une série de tubes séparés les uns des autres par des cloisons connectives très minces, constituées par des fibres très délicates. Ces tubes, plus ou moins réguliers, sont tapissés d’une rangée de cellules cylindriques qui sont des cellules caliciformes comme celles qu’on observe dans les glandes utriculaires simples du jabot des Passereaux. Les crêtes qui séparent les différents tubes sont elles-mêmes tapissées de cellules caliciformes, de sorte que la cavité anfractueuse de la glande est, jus¬ qu’à l’embouchure, tapissée de cellules cylindriques muqueuses. Ces cellules paraissent reposer directement sur le stroma connectif; 150 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. je n’ai pas pu distinguer une membrane propre. Il est probable qu’il existe une membrane, cependant je n’en vois pas la nécessité. Dans les tubes creusés au sein de l’épithélium pavimenteux de l’œsophage des Echassiers, les cellules cylindriques à mucus reposent directement sur les cellules de l’épithélium pavimenteux, sans qu’on voie l’interposition d’une .membrane. On comprend qu’il puisse y avoir des dispositions analogues dans les glandes de l’œsophage des Gallinacés. Ces glandes sont placées entre l’épithélium de revêtement et les fibres musculaires de la tunique sous-jacente, de sorte que l’excrétion peut se faire avec la plus grande facilité. Quand les fibres de la tunique musculaire se contractent, elles compriment les glandes contre la masse alimentaire, et l'excrétion se produit par le même mécanisme que nous avons décrit pour les glandes de l’œsophage du chien. [A suivre). LES SARGOPTIDES PLUMICOLES Révision du groupe des Analgesinœ, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. {Suite) (1) Genre Freyana [suite). Nous rattacherons au genre Freyana , par l’entremise du s. -g. Halleria , deux espèces très intéressantes et que l’on peut considérer comme types de deux sous-genres distincts [Canestrinia et Micros- palax). Les naturalistes qui ne voudront pas accepter ces coupes sub¬ génériques, fondées sur une seule espèce, pourront les réunir au s. -g. Halleria, sans modifier beaucoup la caractéristique de ce sous-genre. — Ces divers groupes forment la transition des Freyana aux Ptero- liehus , par l’entremise des Crameria , que nous plaçons en tête de ces derniers, et montrent combien la limite entre ces deux genres est artificielle et difficile à tracer d’une façon précise. 3° Sous-genre tanestrînïa , subg. nov. Corps allongé à abdomen bifide (chez le mâle) ; pattes postérieures courtes , coniques, plus ou moins sous-abdominales ; poils de l'extré¬ mité de C abdomen normaux (et non en feuilles). — Ce sous-genre est dédié au professeur G. Canestrini, de Padoue, qui s’est beaucoup occupé des Analgesinœ. (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 451 Freynna ( CaMestrînia) biliamata , n. Sp. (fig. 25) Rappelant par sa forme allongée X Hcdleria hirsutirostris , mais d’nn roux beaucoup plus clair, avec les épimères d’un rouge grenat très foncé (surtout à la base du rostre chez la fe celle) ; flancs sub-parallèles ; pattes postérieures insérées vers le milieu de la longueur du corps. Fig. 25. — Freyana ( Canesiriania ) biliamata , M. et Tr. mâle et femelle (face ventrale). — Gross. 65diam. Mâle: plus grand que la femelle, à abdomen bifide, se terminant par deux lobes allongés, triangulaires, profondément échancrés à leur base interne, de manière à figurer deux plus petits lobes triangulaires , qui en sont comme détachés d’un coup de ciseaux, et ont la même forme avec le quart seulement de la longueur du lobe principal ; celui-ci porte, en dedans, sur le bord postérieur de l’échancrure, un piquant dirigé obliquement en dedans et en avant, et un très petit poil transversal, h demi-distance de l’extrémité du lobe ; sur son bord externe, celui-ci porte trois poils : le premier moyen et assez grêle, tout près de la pointe du lobe, le deuxième plus fort et plus long inséré vers le milieu, le troisième beaucoup plus petit et plus court, situé un peu plus haut. — Rostre en cône allongé et tronqué, à demi recou¬ vert par l’épistome. Pattes antérieures fusiformes, celles de la lre paire portant chacune deux tubercules coniques sur leur face inférieure et externe, l’un au 2e article, dirigé en avant, l’autre au tarse, dirigé en arrière ; pattes de la 2e paire plus longues que les autres et celle du côté droit beaucoup plus développée , d‘un 452 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tiers plus longue que celle de gauche, à tarse allongé, rétréci dans sa partie moyenne; pattes postérieures courtes, coniques, à base large, à 2e et 4e articles renflés sur leur bord externe ; ambulacres très larges, épimères des pattes confluents, soudés l’un à l’autre de chaque côté vers la ligne médiane, mais non soudés à ceux du côté opposé (sauf ceux de la lre paire) ; circonscrivant ainsi un espace sternal allongé, très étroit, presque linéaire, fermé en avant, ouvert en arrière. Organe génital en cône tronqué à base trilobée, placé en arrière des pattes postérieures ; se continuant de chaque côté par une lame chitineuse, foncée, qui s’élargit en arrière et se dirige obliquement vers le lobe abdominal correspondant avec lequel elle se confond : ces deux lames latérales se soudent sur la ligne médiane en arrière d’une échancrure arrondie au milieu de laquelle on voit la base de l’organe génital. Ventouses copu- la tricessituées tout à fait à l'extrémité de l’abdomen, en arrière de l’anus et à la base du petit lobe. Deux poils normaux, assez grêles (un court et un long), sur les flancs. Deux paires de poils, dont l’interne très petit, sur l’épistome. Plaques dorsales peu colorées sauf en arrière et sur les lobes abdominaux. Femelle fécondée : plus courte que le mâle au moins de toute la longueur des lobes de celui-ci ; à abdomen entier mais sensiblement échancré, avec un très petit tubercule conique en arrière de l’anus et deux poils en- piquants, recourbés en dedans, et dirigés l’un vers l'autre ; de chaque côté on voit trois autres poils sur le bord externe de l’extrémité de l’abdomen : les deux premiers longs , normaux et à peu près égaux, le troisième en piquant recourbé, plus en avant. Epistome et base du rostre fortement colorés en rouge grenat, ainsi que les apophyses des premiers épimères, dont l’extrémité interne est libre ; prolongement sternal de la branche antérieure de la lre paire très court. Première paire de pattes aussi développée que la seconde. Corps fortement étranglé vers son milieu, en avant de la troisième paire de pattes ; celle-ci, ainsi que la quatrième, beaucoup plus grêles que chez le mâle, avec les épimères confluents entre eux de chaque côté et avec la branche postérieure de la deuxième paire. Pas de sternite vulvaire : vulve à bords plissés, entre les pattes postérieures. Plaque notogastrique coupée carrément en avant de l’anus, mais prolongée de chaque côté par une lame rougeâtre qui figure un lobe allongé dont l’extrémité correspond au premier piquant recourbé en dedans ; cette lame se prolonge sous l'abdomen. Nymphes : semblables aux femelles, mais à échancrure presque nulle, à piquant terminal moins recourbé en dedans, à pattes postérieures plus faibles et tout-à-fait. sous-abdominales ; à plaque notogastrique rudimentaire, trapézoïdale et sans prolon¬ gements postérieurs; les plus jeunes et les larves beaucoup plus courtes, ayant exactement la forme des femelles adultes de Freyana proprement dite, avec la base du rostre fortement colorée en rouge grenat comme chez la femelle. Dimensions : mâle: long.: 0mm,96, larg.: 0mm,36. femelle : long.: 0mm66, larg.: 0mm38. nymphes • long.: de 0mm,40 à 0,66, larg.: 0mm,32 à 0,38. Habitat. — Sur le Cormoran huppé (. Phalacrocorax cristatus) des mers de l'Europe septentrionale. 4° Sous-Genre Microspalax. subg. nov. Pattes courtes, coniques, les deux paires antérieures placées en avant, sur le même plan que le rostre, les deux postérieures insérées vers le milieu du corps et plus ou moins sous abdominales. Sillon tho¬ racique nul ou indistinct, la plaque notogastrique ne faisant qu’un JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 153 avec la plaque de l’épistome. Corps de forme ovale ou quadrangulaire, peu allongé, pas de poils en feuille à l’extrémité de l’abdomen. Un poil long , suivi d'un piquant court sur les flancs. Les espèces connues de ce groupe vivent sur les Puffins. Freyana ( liicrospalax ) ninnicata , n. sp. (fig. 26). Corps de forme oblongue, ou en parallélogramme allongé, d’un roux foncé, avec les plaques de renforcement d’un rouge grenat ; pattes coniques ou fusiformes très courtes , les deux paires antérieures dirigées en avant, insérées sur le même plan que le rostre j les deux paires postérieures insérées vers le milieu du corps et sous-abdominales. Rostre cylindrique, grêle, deux fois plus long que large, avec le dernier article des palpes fléchi en dehors et terminé par un poil court. Les 2e et 3e articles des pattes antérieures renflés en forme de manche pagode. Sillon thoracique indistinct ou nul ; plaque dorsale unique, pointiliée et réticulée , d’un roux foncé à son pourtour, plus claire vers le milieu au corps ; une lame transparente sur les côtés de l’abdomen ; un poil grêle et un piquant court sur les flancs, ce dernier en avant de la 3° paire de pattes ; ambulacres médiocres et cordiformes. Fig. 26. — Freyana ( Microspalax ) manicata , M. et Trt., 1, mâle, 2. femelle (face ventrale) ; 3. Var. brevipes , extrémité de l’abdomen du mâle. — Gross. 65 diam. Mâle : un peu plus grand que la femelle avec l’abdomen élargi et aminci en arrière de la troisième paire de pattes, se terminant en arrière de l’anus par une lame transparente échancrée en demi-cercle et coupée carrément de chaque côté, de manière à figurer deux lobes tronqués dont chacun porte trois poils : l’interne court, subulé, oblique en dedans ; le médian normal, long comme une demi-largeur du corps ; l’externe petit et dirigé en dehors ; un quatrième plus long, sur les flancs, 154 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. un peu en avant des ventouses copulatrices. Lame transparente des flancs commen¬ çant en arrière de la troisième paire de pattes. Renflement des pattes antérieures énorme, surtout à la deuxième paire, et en forme de crête transparente ; troisième article des pattes postérieures renflé et gibbeux ; épimères des pattes antérieures soudés à un sternite longitudinal médian qui s’étend du rostre à l’organe génital : celui-ci est conique et surmonté d'un pénis ensiforme assez court et replié en arrière. % Plaque dorsale couverte d’une ponctuation fine et serrée sur l’épistome, irrégulière¬ ment réticulée vers le milieu» du corps, échancrée en demi-cercle en avant de l’anus, et terminée latéralement par deux lobes triangulaires ; deux poils fins axillaires, immédiatement en arrière de la deuxième paire de pattes, sans autres poils sur l’épistome. Femelle fécondée: plus petite que le mâle, à flancs subparallèles, bordés d'une lame transparente ; a abdomen entier, arrondi, terminé par deux paires de poils simples à peu près d’égale longueur. Epinières de la première paire en Y, formant collier au rostre, ceux de la deuxième paire subparallèles, s’articulant en arrière avec le sternite vulvaire en forme d’arc court qui surmonte la vulve de ponte en V ren¬ versé. Pattes plus grêles que celles du mâle. Plaque dorsale unique finement poin- tillée et très régulièrement réticulée en arrière sous forme de petites plaques hexa¬ gonales, arrondie et sans échancrure. Nymphes : en ovale allongé, plus pâles et plus étroites que les femelles, à pattes postérieures très petites et très grêles ; téguments transparents à sillons réguliers très forts et très distincts sur les flancs et l’abdomen. Une plaque de l’épistome et •une plaque anale triangulaire d’un roux clair , subdivisée en petites plaques hexa¬ gonales comme chez l’adulte. . Dimensions: mâle: long.: 0nilT148, larg.: 0mm,26. femelle : long.: 0ra:n,40, larg.: 0mm,24. Habitat. — Sur les Puffins et particulièrement sur le Puffin cendré (Puf/inus cinereus), des côtes de France. Variété a. Fr. (M.) manicata brevïpes , n. var. (fig.26, 3). Semblable au type, mais plus petit et plus court, avec un étranglement bien marqué en arrière de la 2° paire de pattes; lame des flancs s’étendant jusqu’en avant de la 3e paire de pattes ; flancs subparallèles. Mâle : extrémité de l’abdomen tronquée, coupée carrément, sans échancrure , à flancs subparallèles; pas de sternite longitudinal médian, les épimères des pattes antérieures ayant leurs extrémités postérieures libres et subparallèles ; pattes posté¬ rieures très courtes, sous-abdominales. Piquant des flancs très petit ou nul. Plaque dorsale réticulée en hexagones réguliers, entière et sans échancrure anale, son extré¬ mité postérieure se confondant avec la lame transparente qui termine l’abdomen. — Femelle : à sternite vulvaire beaucoup plus développée que dans le type, formant un croissant en demi-cercle autour de la vulve, dont les branches du V sont plus courtes et plus ouvertes. Extrémité postérieure de l’abdomen tronquée carrément comme chez le mâle, ou même très légèrement échancrée. Dimensions : mâle : long.: 0mm,38 larg.: 0mm,23. femelle . long.: 0inm,38, larg. 0mm,22. Habitat. — Sur le Puffin obscur ( Puffinus obscurus). des côtes de France. Remarque. — Cette forme diffère assez du type pour qu'on puisse JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 155 la considérer comme une espèce distincte. Mais comme elle se trouve sur des oiseaux du même genre et qu’on rencontre des variétés inter¬ médiaires (à sternite longitudinal incomplet, etc.), nous pensons qu’il est préférable de la décrire comme une simple variété. Genre Ptcroliclms, Robin, 1877. Journ. Anat. et Phys., 1877, p. 393. Caractères. — Pattes postérieures latérales; corps de forme ovoïde ou losangique, plus ou moins allongé, avec une dépression latérale peu profonde entre la 2° et la 3e paire de pattes ; au-devant de celle-ci un long poil latéral et un second, ou un piquant, plus courts. Plaques de l’épistome et du notogastre bien développées dans ’ les deux sexes. — Mâles généralement un peu plus petits que les femelles, avec l'abdomen plus ou moins profondément bilobé et portant des poils ou feuilles de disposition variée; organe génital petit, conoïde, à peine plus long que large. Femelles fécondées massives, ovoïdes, à abdomen entier, arrondi, rarement un peu conique ; sternite vulvaire à extrémités libres. — Les pattes sont généralement cylin¬ driques et plus ou moins grêles dans les deux sexes. Ce genre, très nombreux en espèces, se subdivise en petits groupes naturels dont quelques-uns peuvent être élevés au rang de sous-genres : dans chacun de ces groupes nous décrirons d'abord les espèces aux formes massives qui se rapprochent du genre Freyana , pour passer peu à peu , et par des nuances insensibles, aux espèces dont les formes grêles et allongées s’éloignent le plus de ce type. Plusieurs de ces dernières ont (du moins chez le mâle), un faciès qui rappelle absolument celui des Proctophyllodés (le genre Pterodectes , par exemple). On distinguera toujours les premières à ce que le piquant des flancs est en avaiit du long poil chez les Pterolichus (ou immédiatement au-dessus) — tandis qu’il est en arrière chez les Pterodectes , comme, en général, chez tous les Proctophyl- lodés. — De plus, les femelles des Pterolichus F otA jamais Vabdomen bifide ou prolongé par deux appendices gladif ormes, comme celles des Proctophyllodés (1) . Les espèces du genre IHerolichus se trouvent sur les oiseaux de grande taille, — ou qui appartiennent à des familles dont les espèces sont pour la plupart de grande taille, les Perroquets, par exemple ; — on n’en trouve que très rarement sur les Passereaux d’une taille infé¬ rieure à celle du Geai ou du Merle, et notamment sur les Passereaux chanteurs (Oscines ou Déodactyles), où ils sont remplacés par les 1) M. A. Canestrini a placé dans le genre Proctophyllodés plusieurs espèces ( Pr . Colymbi , Pr. Vanelli , Pr. Buchholzi ), qui, par tous leurs caractères, sont des Pterolichi parfaitement typiques. Chez ces derniers le pénis est généralement petit, tandis qu’il est long et ensiforme chez les Proctophyllodés. 156 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Proctophyllodés ; mais on les rencontre sur presque tous les autres oiseaux. Sous-Genre : trameria, Haller, 1878. Zeitschr. fur Wiss. Zool., XXX , p. 522. Corps court et large, un peu échancré sur les flancs, avec les pattes cylindriques, grêles et insérées sub- latéralement vers le milieu de la longueur du corps; forme de l’abdomen assez variable chez le mâle, la femelle rappelant les Freyana , notamment la Fr. gracilipes , mais un peu plus allongée. — Sur les Rapaces nocturnes [Strigidœ], et accidentellement sur quelques diurnes. s Remarque. — Les deux espèces décrites par le Dr G. Haller nous emblent devoir être considérées comme de simples variétés d’une seule et même espèce, car on trouve tous les passages entre les deux variétés extrêmes ( Cr . lunulata et Cr. lyra). Quant au nom d q major il est tout à fait impropre, aucune différence de taille n’étant inhérente à cette variété plus qu’aux deux autres. Dans les trois variétés de l’espèce, la femelle fécondée est presque . deux fois plus grosse que le mâle. Les téguments sont peu colorés dans les deux sexes. Pterolichus ( rrameria ) lunulatus . Iïaller. Crameria lunulata , Haller, Zeitschr ., loc. cit, 1878, p. 524, pl. XXXIV, fig. A, B; Canestrini, Atti Soc.Ven.-Trent , 1879, pl.I, fig. 2; Dermaleichus S trigis passerinœ, Canestr., Atti del R. Ist. Veneto, 1878-79, p. 47. Dimensions : mâle : long.: 0"'m,34 à 0mm,38, larg.: 0mm,23 à 0mm,26. femelle : long.: 0mm42, larg.: 0mm,32. Habitat. — Sur la plupart des Rapaces nocturnes [Strigidœ), et notamment sur les espèces suivantes : Bubo maximus , Scops zorca, Syrnium aluco, Athene noctua, etc. — Probablement cosmopolite. Var. a. B»t. (Cr.) lunulatus major. Haller. Crameria major , Haller, Zeitschr ., I. c , 1878, p. 525, pl. 34, f. G. Dans cette variété les deux lobes de chaque côté de l'abdomen sont confluents, l’interne venant prendre la place du lobe externe en crois¬ sant. si développé dans la variété type, et ce dernier se trouvant réduit à une très coupe corne qui tend à remonter sur les flancs , ce qui conduit, par des nuances insensibles, à la variété suivante. Notez que la différence de taille, aussi bien chez le mâle que chez la femelle, est trop peu constante pour légitimer le nom de major : celui d’m- termedius conviendrait beaucoup mieux. Dimensions : semblables à celles de la variété précédente. Habitat. — Sur beaucoup de Rapaces nocturnes et notamment sur JOURNAL DE MICROGRAPHIE. • 157 Bubo maximus, Surnia ulula , Nyciale funerea (tengmalmi), Speo- tylo hypogœa , Slrix flammea , etc., et souvent avec la variété type de l’espèce (1). Var. b. i*t. (Cr.) lunulatus lyra, Canestr. Dermaleichus lyra, Can., Atti Scc. Venet. Trentina , 1878, p. 50; Pterolichus major , Can., loc. cit ., 1879, pl. I, fig. 4 (exclus, synon. de Haller). C’est à tort que M. Canestrini confond cette variété , décrite pour la première fois par lui en 1878, avec Cr . major de Haller, dont elle diffère au moins autant que celle-ci diffère de Cr . lunulala , type de l’espèce. — Dans Cr. lyra les deux lobes latéraux*sont confondus en un seul lobe arrondi, et de plus V abdomen est beaucoup plus étroit en arriére que dans les deux variétés précédentes ; mais on trouve tous les intermédiaires. — Dans les trois variétés les femelles sont identiques. Dimensions : semblables à celles des variétés précédentes. Habitat. — Sur Otus vulgaris, O. brachyotus, Strix flammea, etc., et souvent en société avec les variétés précédentes. Sous-Genre : peorolichus proprement dit. ( Seçtio A. — Pterolichi phyllophori. Les espèces de cette section ont Y abdomen êchancrè en croissant et terminé par des poils plus ou moins modifiés en forme de feuilles ; les pattes antérieures épineuses. Les premières espèces ont des formes lourdes et rappellent le s.- g. Crameria par la forme de leur échan¬ crure, et le g. Freyana par les feuilles nombreuses qui terminent l'abdomen. Mais on passe, par des transitions insensibles , de ces formes courtes et presque carrées à d’autres formes beaucoup plus allongées [Pt. hemiphyllus Var. porrectus ), et dont l’échancrure abdo¬ minale est beaucoup plus étroite et, comprimée chez le- mâle. Toutes ces formes pourraient être considérées comme des variétés d’une seule espèce, et leur étude présente un grand intérêt au point de vue du transformisme. Elles vivent surTes Perroquets. On remarquera, en outre, que les pattes postérieures du Pt. hemi¬ phyllus type, sont beaucoup plus développées chez le mâle que chez la femelle, et ce mâle peut être considéré comme un diminutif d’une autre grande espèce que nous placerons non sans hésitation, dans un genre assez éloign è {Prololichus eurycnemis ), mais qui est, en réalité, intermédiaire aux genres Pterolichus et Protalges , formant la transi¬ tion du groupe des Pterolichés au groupe des Analgesès. P. Mégnin et Dr E. L. Trouessart. [A suivre). (1) Nous avons trouvé le mâle une seule fois sur Falco Eleonoræ , du sud de l’Europe. 4 58 ' JOURNAL DE MICROGRAPHIE. DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION. {Suite.) (1) IV CONSTITUTION GÉNÉRALE D’UN HYMÈNOMYCÈTE. Un Hyménomycète se compose d’une partie végétative destinée à puiser dans le sol les éléments de la nutrition : c'est, le mycélium. Sur cet organe s’élève l’appareil fructifère qui constitue la partie appa¬ rente de la plante ou le champignon proprement dit, formé lui-même de deux parties : le réceptacle et Y hyménium. xtaVCElium. — Le mycélium est le produit direct de la germination de la spore; au début il est formé d’un filament unique et simple : ce filament ne tarde pas à se ïamifier et à anastomoser ses cellules dans tous les sens. 11 est ordinairement vivace ; chaque année il s’étend et fructifie en s’éloignant de plus en plus du point où il a pris naissance. Ceci est la conséquence de l’accroissement amphigène, grâce auquel les parties les plus anciennes se détruisent et la vie se porte vers des points de plus en plus extérieurs. Les grands cercles verts qu’on voit se déta¬ cher sur le gazon des prairies, sont dus au mycélium de divers Agarics ; dans ces cercles les champignons s’observent seulement sur la péri¬ phérie, point correspondant à la zone de végétation la plus active. Quelques mycéliums peuvent rester en terre de nombreuses années sans fructifier, ce n’est que lorsque des conditions exiérieures favo¬ rables viendront les influencer, qu’on verra subitement apparaître des espèces qui n'avaient été aperçues qu’à de longs intervalles. Le mycélium des Hyménomycètes se présente sous quatre formes principales : 1° la forme filamenteuse formée de cellules grêles, a.lon- gées, diaphanes, à plasma granuleux, dirigées dans tous les sens et souvent anastomosées. C’est cette disposition qui s’observe dans beau¬ coup d'Agaricset qui donne au substratum un aspect cendré spécial. — 2° la forme fibreuse, moins fréquente que la précédente et dans laquebe les hyphes mycéliens sont accolés ensemble par paquets, de manière à simuler des cordons radiciformes. — 3° la forme membra¬ neuse où les cellules sont contextées en un lacis épais et résistant (1; Voir Journal de Mcrographie , T, VIII, 1884, p. 33, 101. ! JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 459 ayant l’aspect d’une membrane qui a été prise autrefois pour un Cham¬ pignon autonome. C'est ainsi qu'étaient constitués les genres Himan- tia, Xylostroma , etc. — 4° enfin la forme solide dans laquelle le mycélium est un corps dur, souvent charnu, appelé sclérote et qui a longtemps formé, lui aussi, le genre spécial Sclerolium. En généra], un sclérote est une masse charnue, incolore, formée de cellules à parois épaisses, diversement contournées sur elles-mêmes et entourées à l’extérieur de cellules, plus minces, et comme cuticula- risées. Les sclérotes peuvent rester longtemps sans végéter, la vie y est à l’état latent et ne se manifeste que lorsqu’ils sont placés dans des conditions convenables. Beaucoup d’Hyménomycètes sont pourvus de sclérotes, on en trouve chez les Agarics ( Ag . tuberosus, cirrhatus, etc.), les Clavariées ( Typhula ), etc. La présence du sclérote n’est pas constante dans la même espèce, elle paraît dépendre de la plus ou moins grande abondance des élé¬ ments de nutrition. On peut considérer cet organe comme une hyper¬ trophie du mycélium, comparable aux tubercules féculents des pha¬ nérogames ; lorsque le sclérote se développe, les parois de ses cellules sont en grande partie absorbées et à la fin de la végétation, il devient mou et fiasque par suite de la disparition de sa substance. On peut considérer comme une forme spéciale de sclérote les pro¬ ductions filamenteuses dites ozonium. En effet si nous examinons l’ozo:.ium qui produit 1 ' A garions (Coprinus) sociatus, on le voit formé d'une partie blanche, charnue, d’où s’élève le Coprin ; la couche externe de cette partie charnue est formée de cellules cloisonnées, très allongées et brunes comme la partie corticale des sclérotes types. De même les Rhizomorpha, sortes de cordelettes brunes qui rampent sous l'écorce ou sur la terre, sont de véritables sclérotes végétants, d’où s’élèvera un jour le réceptacle d’un Agaric. Dans quelques espèces telles que Ag. fusipes, la base du stipe per¬ siste après la destruction de la partie supérieure et devient le point de départ d’autres réceptacles qui se développent l’année suivante, alors que la vie a été conservée par cette base commune qui peut également être assimilée aux sclérotes. Dans 1 Ag. velutipes qui croît par touffes sur un grand nombre d’arbres, le stipe ligneux peut jouer le rôle de mycélium sclérotoïde en donnant naissance à des réceptacles adventifs : fait-on une blessure à un de ces stipes, on voit bientôt faire saillie par l’ouverture un corps blanchâtre qui s'allonge et va se terminer par un chapeau. Nous avo.is observé ce phénomène dans des conditions bizarres : des spéci¬ mens d 'Ag. velutipes détachés du substratum et conservés depuis plusieurs jours dans une boîte à herboriser, ont développé, sur la périphérie de la partie cassée du stipe, toute une couronne de petits 160 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. champignons dont le développement s’est forcément arrêté par suite du manque de matières nutritives. Dans le plus grand nombre des cas le mycélium est -le couleur Manche (blanc de champignon), il est brun dans quelques Polypores de la section F ornes, rouge dans Polyporus cinnobarinus, etc. Stipe. — Dans les cas les plus complexes, le réceptacle se compose d'un stipe entouré à la base par une sorte de bourse (volva) et qui porte vers son sommet un anneau, puis une partie charnue arrondie dite chapeau { hymênophore ) à la face inférieure duquel est l 'hymé¬ nium . Le stipe est formé d’hyphes accolés les uns aux autres et qui ont en général une direction parallèle. La forme des cellules du stipe varie avec la consistance de celui-ci : lorsqu’il est corné ou fibreux, les cellules sont très longues, étroites et à peu près cylindriques ; les stipes à texture grenue sont formés de cellules dont la forme approche de la sphère ; fréquemment à ces cellules sont mêlés des réservoirs à suc propre, qui ont aussi une direction parallèle à celle des hyphes. A la périphérie, on observe des poils de diverses formes, émanant des cellules internes. En général, le diamètre des cellules du stipe va en augmentant de la périphérie au centre : à l’extérieur elles forment souvent une mem¬ brane séparable analogue à une partie corticale. Au centre une cavité parcourt la longueur du stipe. Cet organe peut acquérir de grandes dimensions, comme dans quelques Amanites, Lépiotes et Pholioîes; par contre, il peut être excessivement réduit (Ag. mollis , striatulus) ou même devenir tout- à fait nul et dans ce cas l’hyménophore s’insère sur le support par une large base et le chapeau est dimidiè. Fréquemment le stipe est inséré au centre du chapeau, mais dans quelques cas il est normalement excentrique ou même tout à fait latéral [Ag. ostreatus, etc.) Quelques espèces à stipe habituellement fixé au centre au chapeau, offrent cet organe inséré d’une manière acci¬ dentelle sur un point excentrique (Boletus edulis,Ag. j unquüleus, etc.) Chapeau ou Hymênophore. — En règle générale le tissu du chapeau est formé d’hyphes à cellules plus grandes que dans le stipe ; leur direction est aussi plus irrégulière et, par suite, celle des laticifères, lorsqu’il y en a, est tout à fait sinueuse. Dans quelques cas, le chapeau est séparé du stipe par un tissu à élé¬ ments grêles, serrés et à parois minces : c’est ce qu’on observe dans beaucoup de Coprins et dAgarics. Cette zone intermédiaire est peu tenace ; il s’en suit qu’on peut détacher le stipe du chapeau d'une façon très nette et, dans ce cas, on dit que le stipe est distinct de V hymê¬ nophore. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. <61 • Ailleurs, le stipe se détache du chapeau sous un faible effort par suite du changement de direction des hyphes. Ainsi, ils sont parallèles dans le stipe, et brusquement ils se croisent, s’entrelacent dans tous les sens, en sorte qu’en cette partie la résistance à la cassure est moindre. Souvent les hyphes du stipe pénètrent directement dans le chapeau en s’épanouissant ; ceux de la périphérie conservent leur direction parallèle et forment la face inférieure du chapeau ; ils se terminent souvent en s’incurvant pour descendre dans les lames, pores ou pointes supportant l’hymenium. Les hyphes du centre du stipe forment la masse compacte du cha¬ peau, masse de cellules irrégulièrement contextées et redevenant parallèles au sommet pour former le revêtement externe du chapeau. Dans les champignons à forme de massue ( Clavaria , Typhula ) les hyphes du stipe se continuent sans changement aucun dans la masse hyménifère. La face externe du chapeau peut être formée par une pellicule plus ou moins distincte ; elle peut être sèche ou visqueuse, glabre ou cou¬ verte de poils ou de squames d'origine variable. Volva. — Un grand nombre d’Hyménomvcètes, principalement ceux à hyménium lamelleux ou poreux, sont enveloppés dans leur jeune âge par une membrane particulière qui disparaît plus ou moins par suite du développement : c’est le volva. Dans les Amanites types, c’est une membrane complète formée de cellules à forme variable ; elle se déchire pour laisser passer le récep¬ tacle lors du développement et se retrouve à la base du stipe sous forme d’une sorte de gaine. D'autre fois, la déhiscence du volva, au lieu de se faire parde sommet, a lieu par une ligne circulaire, en sorte que le chapeau emporte à sa face supérieure des débris comparables à la coiffe des mousses. Ces débris forment des plaques de grandeur variable qui simulent des verrues ( Ag . muscarius). Dans tous les cas, la partie inférieure du volva est soudée avec la base du stipe; il peut arriver qu’elle soit intimement unie avec la face supérieure du chapeau et alors le Champignon adulte paraît privé de volva [Lépiotes). Ailleurs (Coprinus, Strobylomyce* s*), la volve est formée d’une masse de poils feutrés, qui enveloppent complètement lejeune individu et qui, plus tard, persistent sur le chapeau en forme de squames ou à la base du stipe Enfin, il arrive que la volve disparaît complètement avec lage. Cet organe correspond au peridium externe des Gastéromycètes tandis que l'anneau répond au peridium interne. Anneau. — L’anneau ou voile partiel réunit le stipe à la marge. C’est le plus souvent la continuation de la pellicule du chapeau qui vient se souder aux éléments du stipe. 162 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Dan? certains cas (quelques Cortinaires), le voile partiel fait un passage à la volve ; en effet au lieu de s’insérer sur une ligne circu¬ laire autour du stipe, il part presque de toute la longueur de celui-ci, pour venir se souder au bord du chapeau. Ailleurs l'anneau est soudé au stipe depuis la base de celui-ci jusque vers son sommet où il devient libre et s’étale en une collerette (Lepiota, Armillœ, io). Dans YAg comalus , YAg. procerus , l’anneau est un appendice du chapeau, qui n’est pas soudé au stipe, de sorte qu’après s’être séparé de l’hyménophore il est libre et mobile sur le stipe. Le voile partiel est formé de cellules grêles, généralement d’une grande longueur. Il est membraneux et annulaire dans divers Agarics, aranêeux dans les Cortinaires, filamenteux dans les Inocybe , visqueux dans le genre Gomphidius. Il est persistant ou fugace . y DE L’HYMEN IL M. Nous avons défini l’hymenium, la membrane formée parl’accolement des cellules sporifères. Si on fa’t des coupes minces dans les lames encore très jeunes d’un Agaric, on voit que les hyphes formant la trame de ces lames se relèvent à leur extrémité et produisent des filaments rameux intriqués les uns dans les autres. Ces filaments portent à leur extrémité une petite cellule dont la direction est per¬ pendiculaire à celle des hyphes de la trame : ces petites cellules sont le rudiment de l'hymenium. 9 Etant donné le mode de développement des hyphes, on peut jusqu’à un certain point considérer un Hyménomycète, comme formé par la réunion en une masse commune, d’un grand nombre d’individualités distinctes, constituées chacune par un hyphe terminé par une cellule fructifère de l’hymenium. Si maintenant nous examinons un hyménium complètement déve¬ loppé, nous voyons que ces éléments, se sont spécialisés pour former trois sortes de cellules : 1° Les basides, cellules essentielles, caractérisées par la présence à leur sommet de pointes terminées par des corps spéciaux qui sont les spores ; 2° Les cystides , cellules de dimensions considérables, de forme variable et qui sont comme une hypertrophie des premières ; 3° Les paraphy ses, cellules fondamentales de l’hymenium, qui sont des basides arrêtés dans leur développement. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 163 Basides. — Si nous embrassons l’ensemble des formes du baside dans les divers groupes des Hyménomycètes de Fries, nous voyons que ces formes se rapportent à deux manières d'être distinctes : le baside peut-être unicellulaire comme dans les Agarics, les Bolets, les Clavaires, ou bien il est pluricellulaire comme dans les Auriculaires Guepinia , etc. Basides unicellulames. — La cellule du baside unicellulaire est, en général, allongée et renflée en massue vers son sommet ; elle renferme un plasma abondant, localisé suriout vers la partie supérieure, comme cela a lieu dans les cellules végétatives des Champignons. Autour du sommet du baside, naissent simultanément des bosselures, d'habitude au nombre de quatre, qui sont creuses à l'intérieur et continuent la cavité du baside; ces bosselures s’allongent en tubes creux, grêles, effilés au sommet : ce sont les stdrigmates qui se termineront chacun par une spore. Les stérigmates peuvent être très courts et alors la spore parait sessile, au contraire ils peuvent être très allongés ; ils sont souvent bossus à la base ; dans certains cas ils sont droits, ailleurs ils sont arqués et divergents. Les basides à quatre stérigmates sont les plus fréquents ; il y en a de monospores dans les Pistillaria, de bispores dans quelques Aga- ricus , Craterellus, Pistillaria , Corticium, de trispores dans beaucoup d’Agarics, Hydnes, mais seulement par suite d’avortement d’un stérig- mate dans le baside tétraspore. Les basides à 5, 6, 7, 8 spores se rencontrent dans diverses espèces de Chanterelles, Sistolrema . etc. Nous avons observé dans le Craterellus cornucopioïdes , dont le type est bispore, des basides à i spores formés par l’union intime de deux basides à 2 spores. Basides pluricellulaires. — Dans les Auricularia mesenterica et sambucina, les basides sont d’abord formés d’une cellule allongée, cylindrique, renfermant dans toute sa longueur un plasma granuleux; ensuite il se forme trois cloisons parallèles et perpendiculaires aux pa¬ rois delà cellule primitive ; au niveau et en dessous de chaque cloison s’élève un stérigmate, en sorte qu’on a un baside formé de 4 cellules superposées portant chacune un stérigmate sporifère. Dans le Sebacina incrustans Tul. la formation du baside passe par les phases suivantes : Un filament spécialise une de ses extrémités en y accumulant du plasma ; cette extrémité commence à se renfler et à prendre une forme ovoïde (1); puis, il se fait une cloison horizontale qui isole la partie- fl) Tabula) N° L3Ô. 164 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. renflée, en ménageant en dessous un court pédoncule. Ensuite, cette boule se coupe en deux par une cloison transversale qui n’al teint pas toujours la partie inférieure. Au sommet de chacune des deux cellules ainsi formées s’élève une éminence qui, s’allongeant, devient un sté- rigmate. On observe côte à côte des basides à 2,3,4 stérigmates. Dans le Guepinia helvelloïdes, le mode de formation du baside est le même, seulement cet organe reste à 2 spores. Dans le Treméllodon gelatinosum, il y a d’abord division de la sphère primitive en deux cellules, puis ces deux cellules s’écartent l’une de l’autre, et chacune d’elle se divise de nouveau en deux autres, si bien que le baside est à 4 stérigmates et paraît formé de 4 basides monospores placés côte à côte. Dans les Calocera (1), l’extrémité d’un filament mycélien s’isole par une cloison et reste cylindrique, puis son sommet s'échancre et deux proéminences paraissent. Sur chacune de ces proéminences naît une cellule conique qui supporte la spore. Chacune de ces cellules a été regardée comme un baside monospore ; nous pensons plutôt qu’il faut considérer comme tel tout l’ensemble spécialisé et ne voir que des stérigmates dans les deux pointes, mais stérigmates séparés du baside par une cloison. Spores. — Lorsque dans un baside les stérigmates se sont développés, leur extrémité se renfle en une sphère qui va en augmentant de volume à mesure que le protoplasma du baside s’y accumule ; lorsque le développement est assez avancé, il se produit une cloison qui isole la petite sphère du stérigmate. Il résulte de ce mode de formation que le développement de la spore est purement acrogène, différent en cela du mode de formation de la spore dans les thèques et dans les chapelets de conidies. Dans un cas observé par Tulasne sur les basides d’un Gastéromycète ( Hymenangium ), la formation des spores s’est effectuée par voie endogène, mais malgré cela nous ne croyons pas qu’il soit possible de rapporter à ce mode de développement les spores des Hyménomycètes. Lorsque les spores d’un baside sont arrivées à leur maturité, elles tombent. On s’est demandé si le baside était alors dépourvu d’activité ou s’il pouvait continuer à émettre une nouvelle série de 4 spores. L’observation directe de ce phénomène est très difficile à faire, mais nous pensons que chaque haside peut émettre un nombre indéfini de spores, tant quil renferme assez de protoplasma. En effet, les spores naissent pour la première fois simultanément au sommet des 4 stérig¬ mates et se développent de même; or il est fréquent d’observer sur (1) Tabulœ N° 156. • 165 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. un ou deux stérigmates des spores très jeunes, alors quo sur les autres elle^ sont à peu près mûres et prêtes à se détacher. Il est donc pro¬ bable que ces jeunes spores sont nées après que les premières sont tombées. Le nombre des spores ainsi produites n’est pas forcément de 8 ; du reste l'assimilation du baside à la thèque est impossible vu le mode de formation des spores acrogènes dans un cas et endogènes dans l’autre. . Les spores des Hyménomvcètes peuvent prendre un grand nombre de formes ; cependant dans la majorité des cas, elles sont ovoïdes ; elles sont à peu près sphériques dans quelques Amanites et Clavaires; ailleurs, elles sont cylindriques ; dans lesCyphelles, elles sont ovoïdes avec un petit prolongement courbé ; elles sont incurvées dans le Trogia crispa , les Auricularia , Calocera , etc. Dans beaucoup de Rho- dosp^res (. Nolanea , Eccilia , Entoloma ) elles sont plus ou moins anguleuses ; de même dans quelques Thelephora. Ailleurs elles sont hérissées de petites granulations ou de soies [A g. laccatus , Lacta- rius etc.). Le plus souvent, elles sont insérées latéralement, surtout dans la forme ovoïde, et alors elles présentent la plus grande courbure en dehors. Elles renferment dans leur cavité du protoplasma hyalin ou granu¬ leux ; quelquefois ce protoplasma est divisé en petites masses arron¬ dies que l’on a considérées comme de petites spores internes ( sporidies ); ailleurs, il y a une ou plusieurs gouttelettes huileuses. La couleur des spores est extrêmement variable, on y rencontre à peu près toutes les teintes, mais on peut les rapporter toutes à un petit nombre de couleurs dont les tons diffèrent entre eux par du plus ou du moins. Ce caractère de couleur, qui d’ordinaire est peu impor¬ tant dans le règne végétal, acquiert ici une plus grande importance et a pu servir à la classification. Les teintes fondamentales des spores sont le blanc , le rose, le jaune d' ocre, le pourpre et le noir. Pour bien juger de la couleur des spores d’un Agaric, par exemple, on place la plante sur du papier de manière que l’hymenium regarde la feuille et on l’abandonne ainsi quelques heures. Les spores en se détachant tombent sur le papier et s’y accumulent , en sorte que leur nombre est assez considérable pour que la teinte générale soit très nette. Les enveloppes de la spore sont au nombre de deux : ïépispore à l’extérieur, parfois cuticularisée, et Yendospore , à l’intérieur. Dans es spores colorées ce sont les membranes qui sont imprégnées d’un pigment colorant : habituellement, elles le sont toutes les deux, mais une d’entre elles peut rester incolore. 166 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Dans certaines Russules, les spores vues en masse ont une teinte jaunâtre : il n’y a là qu'une illusion produite parla couleur jaune de l’huile que renferme les spores,. et les enveloppes sont incolores. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. ( A suivre ) INNOVATIONS DANS LA TECHNIQUE DES COUPES par les Professeurs A. Andres , W. Giesbrecht et P. Mayer , à Naples. (1) Comme il a été expliqué dans une précédente publication (2), on se sert à la Station Zoologique, pour la production de séries de coupes, de l’enrobement de l’objet dans la paraffine. Contre ce procédé on a souvent élevé verbalement cette objection que des tissus délicats et très aqueux seraient par trop raccornis si l’on se servait (comme dissolvant) de substances telles que l’essence de térébenthine et la créosote, surtout à chaud. Il fau Irait alors les tremper soit dans de la gomme, soit dans de la gomme-glvcérine ou des substances analogues, ou bien les couper entre deux morceaux de foie, ou les plonger dans du savon ou dans un mélange de blancs d'œufs. Pendant quelque temps, cette objection a pu paraître justifiée puisque, en effet, malgré les manipulations les plus délicates, il se formait des raccornissements. Cependant, la méthode préconisée d’abord par Giesbrecht (3), et quel¬ ques mois plus tard par Bütschli (4) — consistant à employer le chloro¬ forme comme dissolvant de la paraffine et à éviter, dans l’opération de l’immersion, tout changement subit de température, — a supprimé tous ces inconvénb nts. Si 1 on réfléchit, en outre, que dans la coupe dans la paraffine, le rasoir peut rester sec, que les coupes peuvent se fixer directement sur le poi te objet suivant la méthode par la gomme laque (5), (1) Voir Journal de Micrographie, T. VII , 1883. (2) P VUL MAYER , Ueber die in der Zool. Station zu Neapel gebràuchlichen Methoden zur mikroskopisehen Untersuchung. (. Milth . Zool. Stat. Neapel, 2e Bd , p. 1-27 Einbet- tungsmelhoden , p. 26 ). (3) W LH. Giesbreckt, Zur Schneidetechnik (Zool. Anzeiger , 4 Jahrg., p. 483-484 , N° 92, 12 sept. 1881'. (4) O. BÜTSCHLI, Modification der Paraffineinbettung für mikroskopische Schnitte ( Biolog. centralblatt., I, p. 591-592, N° 19, 28 décembre 1881). (5) W- Giesbrecht, Méthode zur Anfertigung von Serienpràparaten ( Mitth. Zool. Stat. Neapel , 3e Bd, 1882; p. 184-186). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 167 et qu après les avoir imbibées de térébenthine on peut les monter dans in baume, on reconnaîtra que la méthode par la paraffine est bien la meilleure que l’on connaisse, et qu’il n'y a pas de raison pour reve¬ nir à de plus anciennes. En coupant la paraffine avec un rasoir sec, on sait que les coupes s’enroulent très facilement. C’est pourquoi on a employé d’abord (1) une petite spatule qui, tenue tout près de l’objet, rendait, en effet, de grands services. Bientôt il fut démontré, — d’abord par M Caldwell, puis par le Dr Bloehmann, — qu’avec une certaine dureté de la paraf¬ fine et un rasoir transversal, on pouvait éviter l’enroulement, sinon d’une manière absolue , du moins dans la plupart des cas. En même temps, cette disposition transversale de la lame a cet autre avantage que les coupes restent adhérentes les unes aux autres, comme les proglotiis d’un tænia, et sont plus facilement portées sur le porte objet. C’est aussi M. Caldwell qui a indiqué cette dernière particularité. Par suite, il serait superflu, d’entrer dans une description plus détaillée du mécanisme de Yétaleur de coupes. Mais si d’abord on n’est pas bien sur de soi avec le rasoir placé transversalement, sans l’appareil précité, nous conseillons, d'après notre expérience personnelle, de s’en servir seulement dans les cas exceptionnels, quand, par exemple, les objets sont petits et également durs partout, tandis que pour des objets plus grands ou dont les tissus ont une consistance inégale, nous préférons la position longitudinale du rasoir, qui exige l'emploi de la petite spatule ou d’un èialoir i « Schnittstreckers , ou aplanisseur de coupes ) C est ce qu a reconnu F. E. Schulze 2), qui a été amené ainsi a inventer un appareil du même genre. Celui-ci consiste en un petit cylindre porté sur une tige à ressort qui presse légèrement sur la surface de coupe et empêche ainsi l'enroule¬ ment pendant que la ïame traverse l’objet. Mais, comme la tige est attachée au chariot qui porte l’objet, au bout d’un certain temps , par suite delà diminution du bloc de paraffine, le cylindre n’a plus la même pression et n agit plus d’une manière uniforme sur toutes les coupes. Nous avons nstallé, à la fin de l'année 1881, un appareil analogue, et nous y avons renoncé à cause de l’inconvénient signalé, ce qui n’em¬ pêche pas Schulze de considérer comme un défaut dans notre instru¬ ment ce qu’il regarde comme un avantage dans le sien. Cependant notre èialoir de coupes est en usage depuis une année et a été adapté depuis quelques mois par M. Jung, d’Heidelberg, à ses microtomes. Notre èialoir est fixé a ; rasoir : il reste toujours à la même distance des coupes, et par suite agit également et sûrement. (1) M\YER , l.c , p. 23. (2) F. E. SCHULZE, Ein Scbnittslrecker (ZooL Anzeiger , 6 Jahrg , 1883, p- 1 00-103). 168 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. La pièce essentielle (fig. 27), est une tige d'acier Z', parallèle au ra¬ soir et placée directement au-dessus de lui, de telle sorte qu'en l’abaissant un peu, son bord inférieur s’appliquerait sur le tranchant du rasoir, de manière que la coupe est obligée de passer entre les deux. On obtient le parallélisme de la tige et du rasoir dans le plan vertical en faisant tourner la tige sur 1 axe x dans l'un des trous c, le parallélisme h. rizontal au moyen des vis a, et la distance au rasoir, qui doit être en rapport avec 1 épaisseur des coupes, au moyen de la vis b. L'appareil est introduit par l’extrémité du rasoir en glissant sur celui-ci, et on le fixe au moyen de ressorts qui pressent sur la face inférieure de la lame. La tige et son support qui tournent au tour de Taxe cl cl' peuvent être écartées de la lame à laide de la poignée c, pour qu’on puisse nettoyer la tige et le rasoir. Enfin, pour les coupes de grande dimension, on se sert d’une tige très épaisse, pour les très petites coupes d’une tige très mince, qui peuvent se placer très facilement. Fig. 27. — Appareil pour étaler les coupes. Si l’appareil est mis en mouvement de la manière indiquée, il agit également bien du commencement à la fin. Seulement, on ne peut l'employer pour les coupes faciles à s’émietter : dans ce cas, du reste, on ne peut employer aucun étaleur : il faut procéder simplement par coupes lentes en s’aidant du mieux que l'on peut de la petite spatule. Le morceau de paraffine servant aux coupes doit être fixé de manière à être entamé transversalement, comme l'indique la figure. On laisse sur le côté qui regarde le rasoir assez de paraffine pour que la lame, avant de pénétrer dans l’objet, ait déjà coupé quelque chose; le côté opposé est taillé obliquement, afin que la coupe ne s'attache qu'à l’angle postérieur (comme le montre la figure où la ligne pointillée indique le tranchant du rasoir), et non le long de l'arête, et puisse s’enlever facilement avec une petite pince. Le microtome que l’on emploie, depuis plusieurs années, à la Station Zoologique, est destiné malgré son prix élevé, à remplacer tous les JOURNAL DE MICROGRAPHIE. • 169 9 - autres microtomes dont on se sert en Europe sur le continent. Il a été inventé par le Professeur Thoma d’Heidelberg (1), et fabriqué par M. Jung, fabricant d'instruments de précision. Le principal mérite que nous reconnaissons à cet instrument, quand on le compare aux autres du même genre, est que le rasoir ainsi que le chariot porte-objet ne glissent que sur quelques « points , » au lieu de porter sur le plateau ou par toute leur surface, ou tout au moins par plusieurs rainures. Ces « points , » ou plutôt ces petites surfaces de 2 à 3 miliim. de diamètre, servent suffisamment à assurer la marche, diminuent le frottement, permettent l’écoulement de l’huile à graisser, et rendent ainsi le fonc¬ tionnement de l'instrument plus uniforme. A l’origine, les deux chariots avaient chacun 5 points : actuellement le chariot porte-objet glisse sur 6 points, ce qui l’empêche de basculer quand on coupe de très gros objets. Nous devons la connaissance de ce microtome de Thoma, plus connu dans le public sous le nom de microtome de Jung, à M. le professeur Robby Kossmann. Mais nous reconnûmes, peu après son introduction dans la pratique, que certaines modifications étaient nécessaires à ce qu’on appelle le modèle moyen (2), sans toucher du reste au principe de l'instrument. Parmi ces modifications nous citerons i'étaloir décrit plus haut, puis le mécanisme enrégistreur de la vis micrométrique, et enfin l’appareil porte-objet. Le mécanisme enregistreur (3) a pour but de rendre sensible à Lo¬ ti) R. Tü )MV , Uber ein Mikrotom ( Wirchow's Archiv , 84 Band , 1881 p. 189-191 ; et plus récemment : Journ. de Micrographie, T. VII, 1883, p. 576. (2) Ce modèle moyen a un plateau de 27 centimètres et un rasoir dont la lame a environ 16 centimètres de long1. (3) Cet appareil enregistreur consiste en un tambour (fig. 28) divisé, composé de deux demi- tambours A B , A B’ exactement appliqués l’un contre l'autre et réalisant une disposition bien connue et analogue au vernier. La périphérie de chaque demi-tambour est composée de deux zones de diamètre inégal. Les zones les plus larges B. B’ appliquées l une sur l'autre, sont divisées; les zones plus petites portent les chiffres 1, 2, 3, jusqu à 15. Le demit-ambour AB estind pendan' delavismierométiquequi p isse en G Ii est fixé par la vis S, mais on p ut le faire tourner avec une broche qui s engage dans les rous X X. Un ressort à bord tianchant et parallèle aux traits de la division presse sur le tambour, et produit un ciiquemen’ sec en tombant dans le creux des trai s quand c ux du demi-tambour A B coïncident avec ceux du demi-tambour A’ B'. Si l'on ajusie ce^ deux pièces de manière que les traits 15 15 coïncident, il y a 15 cliquements pour une ro'ation et l’on peut ainsi à chaque fois f ire une coupa qui a l’ép d-seur de 1/15 du pas de la vis. Pour un seul cliquement il faut faire coïncider les traits 1-1 ; pour deux cliquements, les trait 2-2, etc. Les intervalles entre chaque cliquement correspondent 1/1, 1/2, 1/3, ... 1/15 de rotation du tambour et l’épaisseur des coupes va de 0mra015 à Ünuc001. J. P. Fig. 28. Appareil enrégistreur de la vis microscopique. no .JOURNAL DE MICROGRAPHIE. refile la valeur de chaque rotation de la vis micrométrique, et de reposer ainsi l'œil qui a assez h faire de surveiller les coupes. Cela est absolument nécessaire quand on a travaillé longtemps avec le micro¬ tome, surtout sur de très petits objets. Nous ne sommes donc pas de l'avis du professeur Thoma quand il dit qu’ «une telle complication n’est utile que dans des conditions tout-à-fait spéciales (/. c. p. 30J). » Sur notre désir, M. Jung a adapté ce mécanisme au tambour de la vis micrométrique, et a récemment encore rendu son emploi plus facile en donnant la facilité d’adapter le ressort à chacune des 15 divisions du tambour, ou à une rotation complète, ou même à 1/2 et 1/3 de tour de la vis. Enfin, notre essai pour transformer complètement l'appareil porte- objet, ne nous parait pas sans importance. Un premier essai, imaginé en 1882, a été mis en circulation par M. Jung sous le nom de pince napolitaine. Le nouveau modèle, grâce aux perfectionnements que lui a apportés M. Jung, est beaucoup plus commode que le précédent, qui était imparfait sous plusieurs rapports. L’objet peut maintenant se mouvoir dans les trois directions, être soulevé verticalement, tourné à la main (1) autour de l'axe vertical ou sur les deux autres plans, au moyen de pignons de sorte que, pendant les coupes, on peut sans inconvénients procéder à tous les changements de direction. Comme le montre la figure (fig. 29) l’objet O inclus dans la paraffine est placé sur un cylindre de métal creux, également rempli de paraffine. Le cylindre s’enfonce plus ou moins dans un dé cubique A, et tourne sur lui-même au moyen d’une petite tige de métal qui s’engage dans six trous placés en-dessous : dans chaque position, on peut le fixer par une poignée b qui agit comme un étau. La rotation 0) On pourrait le faire aussi à l’aide de pignons , ce que nous avons négligé pour ne pas compliquer inutilement l’instrument. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. \1\ du dé à l’intérieur du cadre G, et autour de Taxe horizontal est obtenue au moyen du pignon D, la fixation par la petite vis E, dont la tête est munie de trous pour recevoir la tige de métal, et qui serre 1 une des faces du dé contre son axe. Le cadre peut également tourner autour de l’axe longitudinal dans la longueur du chariot par le pignon G, et se fixer par la vis F. Par la pression des surfaces contre les axes on peut modifier la situation de l’objet jusqu’à de millimètre. Comme on voit, le tout n’est qu’une modification de l’anneau de Cardan employé pour la suspension des lampes des navires. Par oppo¬ sition aux autres microtomes, nous avons choisi précisément ce genre, parcequ’z7 donne la possibilité de changer complètement la direction de l objet, sans trop le hausser ou le baisser. Ce dernier inconvénient existe notamment dans l’excellent microtome de Spengel (1), et rend souvent nécessaire, dans les changements de direction des coupes, un va et vient considérable du chariot. C’est pour cette raison que nous faisons passer les deux axes à travers le plan supérieur du de, aussi près que possible de l’objet. La fixation de l’objet sur un cylindre qui peut se mouvoir verticalement, a le grand avantage que des pièces de deux centimètres de long peuvent être coupées. En commençant, on enfonce le cylindre autant que possible , puis on le soulève selon les besoins ; on peut encore employer des plaques parallèles ayant au plus de 5 millim. à 1 centim. de hauteur, quel on place en commençant sous le rasoir, et que l’on enlève ensuite. La plus récente modification du microtome de Thoma présente cet avantage que ce qu’on appelle les points sur lesquels portent les cha¬ riots sont en ivoire et les rainures en fonte rouge (Rothguss) (2). Par suite l’instrument n’est plus sujet à la rouille, et le glissement du cha¬ riot du rasoir qui était inégal dans les mouvements très lents, est devenu par un frottement plus fort, tout à fait régulier. Quant à la solidité de cette nouvelle combinaison, nous n'avons encoro, il est vrai, aucun résultat certain, mais il semble pourtant que la détérioration du plan de glissage est moindre que dans l’emploi du métal sur métal. Quelques dispositions secondaires que nous avons imaginées pour faciliter le manuel de l’immersion dans la paraffine , et qui sont em¬ ployées déjà depuis longtemps, doivent être mentionnées ici. L’abord un bain-marie dont les avantages consistent surtout en ce que la va¬ peur d’eau ne peut arriver jusqu’à l’objet, et qui permet d’obtenir avec (1) J W. Spengel, Einige neueVerbesserungen am Schlitlenmikrotom ( Zool . Anzeiger, 2 Jahrg, 1879, p. 641-647. V (2) Alliage de zinc et de cuivre. [Noie du Irad.). m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. une très faible dépense de gaz ou d’alcool, une température constante pendant des demi journées. (1) Il est en laiton, renferme un enfonce¬ ment cylindrique et deux enfoncements sphériques avec garniture de laiton, et de plus plusieurs trous profonds destinés à recevoir des tubes de verre, tels que thermomètres, etc., en même temps que les objets plongés dans le chloroforme ou la paraffine. (2) Les objets qui exigent des précautions sont plongés dans l’eau du bain, froide, avec leurs tubes dont on a retiré les bouchons? et s’échauffent peu à peu ; iis passent ensuite sur des vases plats maintenus à une faible température pendant que le chloroforme s’évapore; un vase plus profond contient la paraf¬ fine qui doit servir à l'immersion définitive (3). Sur un des côtés se trouve une fente pour introduire le support des objets à chauffer. L’inclusion ne se fait pas dans de petites boites de papier, mais dans des boites à fond de verre et à parois mobiles, s’élargissant à volonté, et qui sont en métal. Nous avons vu ces dernières employées d’abord à la Station Zoologique de Leipzig : elles sont en métal de caractères d’imprimerie, et ont la forme des intervalles typographiques. Nous les avons,un peu modifiées (4) : noîis leur donnons la forme suivante j _ L ; nous les faisons en laiton en employant le moins de métal possible pour obtenir un égal refroidissement du bloc entier. Avant de s‘en servir, on enduit chaque fois les parois de métal et le fond de verre avec de la glycérine, pour empêcher l’adhérence de la paraffine. S’agit-il, dans l'immersion de très petits objets, d'obtenir un enrobage exact, on enduit la petite boite de collodion fluide après l’avoir graissée intérieurement de glycérine, on la porte sur un bain- marie pour faire évaporer l’alcool éthéré, et l’on a ainsi un récipient dans lequel la paraffine peut être gardée liquide pendant des heures entières sans couler entre le métal et le verre. Alors, on peut procéder tranquillement à l’immersion ; le récipient se place sur un petit bain- marie, sous le microscope à préparation, et quand les objets ont été placés dans la position voulue , il se refroidit assez rapidement pour être mis de côté après qu’on l’a sorti du bain-marie. ;1) R. KOSSM'NN ( Zur microtomlee'.uik . Zool. Ans., 6 Jarh. 1883, p. 19-21), conseille dans le même Lut un bain d air que I on maintient à une température constante de 50°, au moy n d'un régulateur à gaz dt KoMP-BUiNSEN. (2) Ce bain-mari ■ a été d. crit, sous une forme plus simple et plus primitive par M. C O. W il im VN ( Methods of Micro c research in the Zool. St de Naples , — American Natu¬ raliste vol. lti, 1882, p. (397-787 ; Journal de Micrographie , 1883 p 18, etc.). (3) Le laiton empêche que les objets soienL imbibas d’essence de teréLeathine, attendu que cette essence attaque le métal. (4) Voyez aussi WlIiTMAN , loc. cit ., p. 781. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 173 LES DIATOMÉES. RÉCOLTE ET PRÉPARATION. {Suite) (1) Diatomées d'eau douce. — On ramassera tout ce qui formera au fond de l’eau une couche plus ou moins épaisse et ayant une couleur fauve, jaune de chrôme, rouille, marron ou brun. Au toucher, ces couches d'apparence glaireuse sont douces et quelque peu veloutées. Les conditions de végétation des diatomées d’eau douce sont des plus variées; clans les eaux calmes, jamais dans les eaux croupissantes, dans les eaux les plus agitées, ces petites algues croissent et se multiplient par millions. Les unes ressemblent à s’y méprendre à des algues plus élevées, ce sont les espèces filamenteuses ; les autres sont d’une ténuité qui ne permet de les voir à l’œil nu que par l’énorme quantité de frustules qui se trouvent agglomérées. Cer¬ taines sont difficiles dans le choix de leur station, alors que d’autres peuvent être agitées, tourmentées par le pécheur, envoyées au loin, sans pour cela être empê¬ chées dans la reprise de leur végétation ; lorsqu’on les mettra dans les soucoupes, les premières ne supporteront pas deux heures de réclusion dans un flacon sans se décomposer et ne pouvoir être séparées naturellement des impuretés. Un bon nombre vit en parasite sur d’autres algues, et les replis des masses vertes des Vaucheria, Spirogyra, etc., leur offrent des citadelles d’où l’on parvient difficile¬ ment à les extraire convenablement. Dans ce cas, elles sont à l’abri des courants d’eau qui les auraient entraînées infailliblement. On regardera sous les ponts qui coupent les routes et on trouvera, à l’abri du grand jour, certaines espèces qui redoutent la trop grande lumière. Lorsque le temps passe du froid au chaud, ainsi qu’il arrive souvent en hiver lors des changements de vent, les diatomées devront être recherchées avec plus d’acti¬ vité que jamais, car, sous cette influence, elles se développent en très grande quan¬ tité. L’époque la plus favorable pour leur récolte étant surtout février et le prin¬ temps, ainsi que l’automne, tandis que la trop grande chaleur l’été, le trop grand froid l’hiver, s’opposent à leur développement, on remarquera que lorsque des pluies ont ramolli les terres et produit dans les champs des flaques d’eau entrete¬ nues par des suintements du sous-sol, les recherches de diatomées sont rarement infructueuses. Les sources sont nombreuses, les fossés des routes ont de l’eau; mais, par contre, les gros ruisseaux sont devenus des torrents, les rivières roulent trop de limon ou débordent; là, plus de diatomées. Les branches d’arbres, les pieux, les pierres que l’eau recouvre seront raclés avec soin, avec le pinceau d’abord et légèrement si la couche est assez considérable, puis avec la cuillère ou le couteau, et on fera tomber cette récolte au fond d’un tube. Lorsque les diatomées seront sur la vase du fond des ruisseaux, fontaines, flaques d’eau ou bassins, on passera le pinceau dessus et on le retirera doucement et sans secousse hors de l’eau si la masse des diatomées permet cette manœuvre, puis on le lavera dans un tube rempli d’eau claire et on recommencera aussi sou¬ vent qu’on le pourra. Il va sans dire que cela ne peut se faire que dans une eau bien calme. Après la sortie du pinceau hors de l’eau, on voit flotter un petit amas de diatomées qui se sont détachées et qui retombent peu à peu au fond de l’eau ; elles sont perdues à moins qu’on n’use à leur égard du procédé suivant. Ajoutez à (1) Voir Journal de Micrographie ; T VII , 1883, p 644, T. VIII , 1884, p. 115. m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. vos ustensiles de pêche une petite seringue en verre dont le piston est terminé par un anneau ; en tenant ce petit instrument entre le pouce et le médius, on passe l’index dans l'anneau et l'on aspire facilement l'eau contenant le nuage de diato¬ mées aussitôt le pinceau enlevé, puis on garde cette eau dans le tube ou l'on lave le pinceau chargé de frustules. Il faut, il est vrai, un peu de dextérité, mais ce moyen nous a réussi maintes fois. Après avoir enlevé tout ce que l’on a pu, on raclera délicatement la couche de vase diatomifère le plus légèrement possible et en faisant traîner la cuillère un peu relevée, afin d’en réunir la plus grande quantité en une fois, et cette boue sera mise dans un tube, avec très peu d’eau. Ceci est facile tant que le courant de l’eau est faible; mais s’il est fort, on devra protéger la récolte en raclant dans le sens du courant avec dextérité et relevant ensuite prestement au-dessus de l’eau. Ou bien encore, on pourra faire, avec la main qui reste libre et que l’on tiendra relevée en avant du courant, une petite digue qui détournera le courant et permettra de récolter quand même. Si les diatomées sont fixées à des alg îes, sans pour cela être assez adhérentes pour qu'on puisse les prendre sans précauiions, un simple mouvement de l’eau les dispersera sans retour Alors on tâchera d’amener au centre de la cuillère un frag¬ ment de cet amas et on la relèvera avec beaucoup de précaution et de lenteur jus¬ qu’au niveau de l’eau ; on fera écouler l’excès de l’eau, puis on retirera vivement la cuillère. Du reste, beaucoup de tact de la part de 1 amateur sera nécessaire pour varier les moyens, suivant les circonstances que nous ne pouvons prévoir. Quant aux herbes et végétaux immergés sur lesquels on apercevra la couleur caractéristique des diatomées, on pourra soit les râcler avec le couteau, soit les pas¬ ser entre deux doigts, et, en les faisant glisser, détacher ce qui resterait adhérent. Le résidu sera mis en flacon. Dans toutes ces récoltes, ou prendra le plus de matériaux que l'on pourra; l'on ne saurait en avoir trop, car dans le cours des lavages on est obligé d’en perdre beaucoup pour éliminer les mat ères étrangères qui nuiraient à la beauté de la pré¬ paration. Si cependant on ne pouvait prendre d’une récolte que peu de choses renfermant, en outre, un mélange dont on ne puisse espérer tirer un parti convenable, au point de vue des préparations, mais utile si on se propose d’étudier la flore diato¬ mique d'une région, on aura recours au moyen suivant qui m’a presque toujours réussi : on aura du papier buvard fort et blanc que l'on découpera en feuilles de 0m,08 sur 0m,15 et que l'on ploiera en trois de façon qu’elles puissent entrer dans de petites enveloppes. Sur le côté du papier buvard qui se trouve entouré de tous côtés, on mettra un peu du dépôt peu abondant que l’on prendra le mieux possible ; en¬ suite. après avoir replié la feuille et l'avoir enfermée dans son enveloppe, on notera la localité, date, etc., puis on la serrera dans un portefeuille. De la sorte, on aura une petite réserve,- un herbier, d’où l’on extraira quelques préparations qui, quoique indignes de figurer dans des collections soignées, n’en rendront pas moins service au naturaliste qui n’attache à l’aspect d’une préparation qu'une importance secon¬ daire. Nous ne saurions donner des renseignements plus détaillés sur la pêche des dia¬ tomées ; à chacun de résoudre les difficultés qui se présenteront Nous parlerons donc du rôle du préparateur qui va commencer. Cette tâche comprend plusieurs parties. En effet, si l’on se contentait de traiter chimiquement les matériaux bruts que l’on a rapportés, malgré les méthodes de lavage les plus perfectionnées et l'at¬ tention la mieux entendue, on n’arriverait qu’à un résultat peu satisfaisant. Si quelques diatomées marines et quelques rares récoltes d'eau douce peuvent subir la préparation chimique sans aucun préambule, le plus grand nombre des récoltes JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 175 exige une culture véritable ayant pour but de faire que les diatomées se séparent elles mêmes du sable et des impuretés auxquelles elles sont mélangées. Seules les récoltes pures et celles faites au pinceau seront directement soumises à l'ébullition dans l'acide. Auparavant, on aura reconnu s'il existe beaucoup d'impuretés et si la grande taille des diatomées permet de passer outre; les décantations suffisant à éliminer les débris, un examen au microscope sera donc le premier’ soin à prendre au retour d’une excursion. Cet examen aura, au surplus, un autre but : permettre de détermi¬ ner certains genres de frustules litigieux en tenant compte de la répartition de l’endochrome, d’après l’excellente classification de M. Petit. On prendra alors des notes et des dessins des diatomées qui nécessitent cette observation. Ensuite on versera chaque récolte dans une soucoupe en porcelaine plate, de <)m,lÜ à 0ra, 12 de diamètre. Ces soucoupes ou assiettes seront numérotées au ver¬ nis noir, afin de ne point mélanger les indications qu’on aura prises lors de leur récolte. Pour obtenir que la boue s’accumule en couche uniforme au fond du vase on imprimera quelques secousses, et, le tout étant couvert d’eau, on exposera à une lumière suffisante en se rapportant aux conditions de végétation des récoltes que l’on a faites. C’est alors qu’il sera bon de revoir les notes prises sur place. Telle espèce se trouvait en plein soleil, donnez-lui cette intensité lumineuse ; telle autre aimait l’ombre, abritez-la dans l'angle d’une fenêtre en fermant presque les volets. Avez-vous parfois remarqué en versant les boues recueillies, qu'il surnageait comme de petites particules métalliques brillantes, restant obstinément au-dessus de l'eau, malgré l’agitation que vous faisiez subir à l'eau ? C'e-d une bonne fortune, car vous allez avoir une provision de diatomées bien pures. Observons en passant que ce sont les espèces peu perméables à qui cela arrive; elles sont toujours munies de stries ou ponctuations plus ou moins grosses. Ainsi Cymbella lanceolata , gas¬ troides , Ehrembergii; Stauroneis phænicenteron , Pleurosigma attenuatwn , Xovicula major, etc., se comporteront ainsi et se sépareront de mélanges où on aurait dû les laisser sans cela. Dans ce cas, on facilitera la séparation en étan¬ chant, à l'aide d’une petite seringue, toute l’eau de la récolte ; puis on agitera la boue en imprimant des secousses répétées jusqu’à ce que l’on aperçoive une couche plus ou moins épaisse et scintillante de ces frustules. Faisant ensuite rentrer l’eau * doucement, les diatomées surnageront. On passera à plusieurs reprises une aiguille au milieu de cette pellicule, afin de faire tomber au. fond les grains de sable qui auront été entraînés avec les diatomées. Puis, quand l’eau aura repris une certaine limpidité, on prendra une feuille de papier buvard de 0m,15 de long et 2 ou 3 de large, et, la plongeant par la tranche dans l'eau de la soucoupe en commençant par un côté, on amènera, sans soulever la vase, en rétrécissant le cercle de cette sorte de filet, la couche de frustules dans un très petit espace d’oii on les extraira en aspirant avec une seringue de verre dont on maintiendra le bout presque à la sur¬ face de l’eau. Ce procédé m’a toujours réussi; grâce à lui, j’ai pu enlever complè¬ tement d’une récolte les espèces dont j’ai parlé et en avoir des provisions absolu¬ ment pures. Revenons aux diatomées qui sont restées mêlées aux boues dans les soucoupes ou assiettes. Quatre ou cinq heures après, quelquefois plus, et jusqu’à deux jours, ces petites algues, cherchant la lumière, auront formé une couche exactement semblable, quoique plus intense, à celle de la station où on les aura recueillies. Il est bon d’attendre qu'elles soient en grand nombre; pourtant, si l’on attendait trop, certaines espèces disparaîtraient à tout jamais. Prenez alors de la main droite un pinceau pas trop petit, mais très souple, et promenez-le sur le fond sans soulever la vase en brisant le thalle des diatomées ; lorsque vous aurez dragué ainsi suffi- 176 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. samment de frustules, enlevez sans secousse le pinceau, et, avec la main gauche munie de la seringue en verre, aspirez le nuage qui flotte après la sortie du pin¬ ceau. Puis jetez le tout dans un verre de Bohême ou dans un tube à essai bien propre et rempli d'eau et nettoyez le pinceau dans ce tube ou ce verre, après quoi vous recommencerez l'opération jusqu'à complet épuisement de la couche diato- mifère. Cependant il y aura des cas où, malgré toute la légèreté de main possible, on ne pourra prendre les diatomées sans soulever la vase. Ayez alors de la toile de ba¬ tiste très fine ou de la mousseline un peu usée, et après l’avoir découpée en d sques de la dimension de la soucoupe, posez-là à plat légèrement mouillée à la surface de l’eau, puis faites-là descendre au fond en y mettant quelques grains de plomb de chasse. Les algues passeront à travers les mailles toujours trop larges pour leur taille exiguë et s’étaleront en nappe parfaitement propre à la surface- de la toile. Il ne restera plus qu’à passer le pinceau, mais sans beaucoup de précaution, cette fois, pour les avoir pures. Bien mieux, agitez l’eau avec le pinceau en raclant le fond et enlevez toute l’eau avec une pipette et gardez-la pour la traiter par les acides, vous aurez enlevé presque toutes les diatomées. Si vous remettez de nou¬ veau de l'eau, au bout de un ou deux jours les diatomées restées dessous seront passées et vous les enlèverez encore. Ici encore, on ne peut qu’indiquer sommairement les procédés, car il est impos¬ sible de prévoir tous les cas et de donner autre chose que des règles générales. Les produits obtenus par ces moyens seront conse vés dans l’alcool si on ne peut leur faire subir immédiatement le traitement que nous allons décrire. On les lais sera dans l’eau distillée si le traitement est près de se faire, à l’abri de la poussière et autant que possible du grand jour. On pourra aus^i remplacer l’eau ordinaire dans laquelle elles sont par de l'eau distillée, ce qui augmentera la pureté du résidu final, en éliminant le carbonate de chaux et différents sels renfermés dans les eaux. J. Rataboul. { A suivre ) SUR DEUX INFUSOIRES PARASITES. Le 1er octobre 1883, j’ai publié, dans les Comptes rendus de l 'Aca¬ démie des Sciences de Paris, une note dont j’extrais les passages suivants : « Découvert par Donné, étudié par Kôlliker, Scanzoni, Haussmann, Hennig, Leuckart, etc., le Trichomonas vaginalis est l’un des Protozoaires les moins bien connus ; les descriptions qui en ont été publiées par les auteurs dont je cite ici les noms n’ont été reproduites qu’avec la plus grande réserve par certains micrographes ; cette prudente manière d’agir est pleinement justifiée par mes recherches. » « J’ai observé le Trichomonas vaginalis à l’hôpital de la ville de Bordeaux, et c'est à la parfaite obligeance de M. le professeur Pitres que je dois d’avoir pu l’étu¬ dier. Cet organisme a une forme assez changeante et se présente sous des aspects variés ; il peut être fusiforme, piriforme, ovoïde, globuleux ou contourné en spirale. Ces modifications de sa configuration extérieure se succèdent plus ou moins rapide¬ ment sous l’œil de l'observateur. Fréquemment, on observe l'existence de véritables pseudopodes répandus sur toute la surface du corps, ou plus souvent localisés à son JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 177 extrémité postérieure, d’une manière analogue à ce qui se voit chez certaines Cerco- monades. Son extrémité antérieure porte quatre flagellums accolés entre eux à la base dans une étendue variable, ce qui les rend très difficiles à distinguerles uns des autres. L'être progresse en tournant autour de son axe longitudinal. Du point d’inser¬ tion de ces flagellums part une membrane crénelée se dirigeant vers l'extrémité pos¬ térieure du corps et animée d’un très rapide mouvement ondulatoire ; cette expansion mobile a été prise à tort pour une rangée de cils vibratiles ; ses dimensions sont peu considérables, et il est difficile de la reconnaître dans les préparations. » « Cette membrane est fixée dans toute l’étendue de son bord basilaire sur une côte longitudinale s’étendant de l’extrémité antérieure du corps à son extrémité posté¬ rieure ; cette côte se prolonge souvent en arrière en une queue pointue plus ou moins longue. A la base des flagellums se trouve l’ouverture buccale qui donne entrée dans un tube œsophagien d’aspect rigide et d’une certaine longueur. Au côté de ce coudait, ou bien près de son extrémité extérieure, est placé un noyau quelque¬ fois globuleux, mais plus fréquemment aplati et allongé. La totalité du pro'.oplasma qui constitue le corps du Trichomonas vaginalis présente une structure vacuolaire, telle que je l’ai décrite dans de précédents Mémoires. Les vacuoles contiennent le plus ordinairement des granules très apparents. » « Avec cet être (l 'Eeteromita Lacertae Grassi), vit, dans l’intestin du Lacerta viridis , un petit Flagellé piriforme à quatre longs flagellums locomoteurs, à la base desquels se trouve un lobule qui donne entrée dans un court tube œsophagien. Sur le côté gauche du corps se voit une côte longitudinale. » Dans un petit Mémoire de quelques pages (1), qui vient de paraître, M. le Dr F. Blochmann arrive à des conclusions fort analogues. Voici quelques extraits de son travail : « Ainsi que le constate Leuckart dans la dernière édition des Parasites , nos connaissances sur ces êtres sont peu satisfaisantes, quoique, d’après les données de Haussmann, ils existent chez 30-40 % des femmes malades ou enceintes. J’ai pu, grâce à l'obligeance de M. le professeur Kehrer, effectuer des recherches plus appro¬ fondies sur ces organismes. » « Le Trichomonas vaginalis a été découvert par Donné ; Kôlliker et Scanzoni, Hennig et Haussmann n’ont pas avancé la science par leurs recherches ultérieures, car ils ont plutôt cherché à déterminer les conditions de l’existence de cet être que d’en étudier l'organisation. » « Le Trichomonas vaginalis . est ordinairement piriforme et se termine postérieurement en une pointe rigide, dont la longueur égale environ la moitié de celle du corps . » « Le parenchyme du corps est finement granuleux . Près de l’extrémité antérieure, près de l’origine des flagellums, se trouve le noyau . » « A son extrémité antérieure, le Trichomonas vaginalis présente trois flagellums, du point d'insertion desquels part une membrane ondulante qui s'étend jusqu’au milieu environ du corps. Cette membrane ondulante n'a pas été reconnue par les observateurs précédents qui, ne voyant là qu’un mouvement de tremblottement, crurent à l’existence d’une rangée de cils vibratiles . Ces êtres présentent aussi (1) Dr F. Blochmann, Hcmerkungen über einige Flagellaten} Z fit. f. wiss. Zool. 1884, p. 42 et les suivantes. 4* JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 178 des mouvements amiboïdes . . car leur protoplasma possède la propriété de pouvoir changer de forme . » Trichomastioc Lacertae Bût. « Sous ce nom, je décrirai ici un petit Flagellé encore inconnu . » }> an d’Amn*ii«iïlafjwe. — Rhume avec fièvre Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres bilieuse, typhoïde, Variole. — ÏBaiiEc «le Eoitc «3e Sloruc plicuiqucc. — Solistiim CoHïeeiateée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l’insolation et la Fièvre bilieuse des pays chauds. — d’ Acide K^iicniquc pour Injections sous-cutanées. — KoHutBcm ^aiÊÉo-0BïséaaS«B'i8C. » — Ko{B»~P9iéni<|iic. » — Moltitioit i*8iiéBirt£e d A»iiii»ii3a(]ne. » — CagBflaiBes an CiionidraBi et su B’Acide BsBûénUg«B©, an tPEtaéaiafe d A &BBBiioai8afggic , jîbh & ici f*o-I®liCB»1, Nontliwark. Mcw-¥ork, 5©, S iBici't.y at. Ci 183, ISroadaa.r. Librairie O. DOIN, 8, Place de l’Odéon, PARIS. 3 fr. » •TB •5> fr. » 4 fr. » 4 fr. » fr. » 4 fr. » * fr. » 2 fr. 2 fr. » 2 fr. 5© 3 fr. 3 J 4 fin a! • » COURS D’EMBRYOGÉNIE COMPARÉE DU COLLÈGE DE FRANCE. LEÇONS SUR Lfrs S P O R O Z O AIRES PAR G. BALBIANI Professeur au Collège de France. Recueillies par le Docteur J. PELLETAN Rédacteur en chef du Journal de Micrographie. RE¥1TI28 I®A Bt EE I» U OF ES SE E 16. AVEC 52 FIGURES INTERCALEES DANS LE TEXTE ET 5 PLANCHES LITHOGRAPHIÉES HORS TEXTE. Prix : t© Fr. Huitième année. N° 4 Avril 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE I Revue, par le Dr J. PELLETAN. — Les membranes muqueuses et le système glandulaire, leçons faites au Collège de France par le professeur L. RANVIER. — Les origines de la vie, par M. E. Kunstler. — Les Sarcoptides plumicoles (suite) , description d’espèces nouvelles , par MM. MÉGN1N et E.-L TroL'ESSART. — Un mot au D1' Blochmann, par le professeur A. Grassi. — Astasia hœmalodcs , par le professeur S. Lockwood. — Les Hyménomyeètes au point de vue de leur structure et de leur classification , par M. N. Patouillard. — Notes diatomiques par M. Julien Deby. — Les Diatomées, iécolte et préparation (suite), par M. J. RATABOUL. — Recherches de patùologie et de thérapeutique expérimentales sur la tuberculose , par le professeur C jZE et le Dr P. Simon. — Un type aberrant du phylum Sporozoa, par M. J. KiNSiLER. — Coloration du Bacillus tuberculosis , par M. J. - T. Blurill. — Méthode rapide de démonstration du Bacille de la tuberculose par le Dr H. Gibbes. — Académie des Sciences , Arts et Belles-Lettres de Dijon : avis d’un concours en 1884. — Avis divers. - -K*- - REVUE. Depuis que le Dr R. Koch, de Berlin, a annoncé l’existence d’un bacille spécial et caractéristique de la tuberculose, un grand nombre de travaux ont été publiés, tant en France qu’à l’étranger, pour con¬ firmer la découverte du savant allemand, mais, nous l’avouons, aucun jusqu'ici ne nous avait paru mériter autant d’intérêt que celui que le professeur Goze, de Nancy, et le Dr P. Simon , prépara¬ teur à la même Faculté, viennent de publier dans le Bulletin général de Thérapeutique , sous le titre de : Recherches de pathologie et de thérapeutique expérimentales sur la tuberculose. Ce mémoire est trop important pour que nous puissons l’analyser utilement ici, nous préférons le publier en entier et nos lecteurs en trouveront la pre¬ mière partie dans le présent numéro, la seconde dans le numéro prochain. <88 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. La première partie de ce remarquable travail est consacrée aux procédés de recherche et à la technique micrographique relatifs (1) au bacille de la tuberculose, aux caractères morphologiques de ce microbe et à sa spécificité. La seconde partie est consacrée aux re¬ cherches faites par les auteurs relativement à l’application des anti¬ septiques ou parasiticides sur lesquels on croirait pouvoir compter pour arrêter le développement du redoutable microbe dans les organes de l’homme et des animaux. De ces recherches , faites sur l’action du bichromate de potasse, du bichlorure de mercure , de la créosote, de l’eucalyptol, de l’hydrogène sulfuré, de l’hélénine, du benzoate de soude, de l’arséniate de soude, du sulfure de sodium, du permanganate de potasse, du thymol, etc., de ces recherches, il résulterait que tous ces antiseptiques, sauf, peut-être, la créosote, seraient sans effet. Et MM. Goze et Simon concluent : « 1° Le bacille de la tuberculose se reconnaît à sa forme, à ses dimensions et sur¬ tout à certains caractères de coloration qui n’appartiennent qu’à lui et le séparent nettement des autres éléments analogues. » « 2° 11 se rencontre constamment dans l’expectoration des phtisiques et dans les organes atteints de tuberculose, quel que soit le degré de son évolution. . . . Jamais on ne constate sa présence dans les parties saines de ces organes, ni dans les états pathologiques autres que la tuberculose. ... Il semble donc qu’il existe une relation de cause à effet entre les bacilles et la maladie .... » D’autre part, la Revue hebdomadaire de thérapeutique générale et thermale, que publie, à Vichy, le Dr Souligoux, donne, dans un de ses derniers numéros , un travail du Dr Niepce sur la valeur et la recherche du Bacillus taberculosis dam la tuberculose. — Ses conclusions sont identiques à celles de MM Coze et P. Simon quant à la présence constante du bacille dans les expectorations de tous les tuberculeux, et à l’importance de ce fait pour le diagnostic avant l’apparition des symptômes physiques , mais elles diffèrent considéra¬ blement quant à la possibilité de trouver un agent qui détruit le parasite et permet l’amélioration et même la guérison de la maladie. Cet agent, M. Niepce le trouve dans l’hydrogène sulfuré que MM. Goze et P. Simon considèrent, au contraire, comme inactif. Seu¬ lement, le Dr Niepce emploie le gaz sullhydrique en inhalations et non en solution injectée dans la circulation ou absorbée par les voies digestives. Ce mémoire est , comme on le voit, fort intéressant aussi ; il est appuyé, d’ailleurs, sur plusieurs observations recueillies, soit à Allevard, (1) Nos lecteurs trouveront au Laboratoire du Journal de Micrographie , tous les instru¬ ments et réactifs indiqués dans ce travail , solution de violet de gentiane anilinée, liqueur nitrique , etc. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 189 station d’eaux sulfureuses , soit ailleurs, lesquelles tendent à démon¬ trer que : « Le gaz sulfhydrique inhalé dans les proportions de 24 à 25 centimètres cubes par litre d’air ou 3 (,/0> non-seulement détruit le bacille, mais s’oppose à sa proliféra¬ tion dans les voie srespiratoires. Le contact de ce gaz, tuant le microbe, ne permet pas sa culture. » Pendant ce temps, M. R. Koch, continue dans l’Inde ses recher¬ ches sur le microbe du choléra et il écrit pour annoncer qu’il a trouvé dans l’intestin des cholériques — où l’on trouve tant de choses, — un organisme en virgule qui lui paraît réunir toutes les conditions voulues pour représenter le microbe du choléra. — Nous y revien¬ drons prochainement. Toutefois, tous les médecins ne sont pas encore convaincus, et nous trouvons, sous le titre de Microbômanie, dans le New-York me¬ dical Times un article humoristique dans lequel un de nos confrères américains raille la passion des parasites qui s’est emparée de la géné¬ ration médicale actuelle : « Depuis les travaux de Pasteur et de Koch, dit-il, il n’est peut-être pas une affection en médecine dans laquelle on ne cherche un microbe ; tout devient parasi¬ taire, depuis la pneumonie jusqu’à l’épilepsie, depuis la syphilis jusqu’à la danse de Saint-Guy ; et comme l'origine parasitaire d’une maladie conduit à la recherche de son atténuation par la culture et l’inoculation, il ne faut pas désespérer de voir d’ici à peu d’années les médecins occupés uniquement à inoculer des virus atténués et ayant leurs occupations réglées d’avance, en employant par exemple le lundi à vac¬ ciner contre la scarlatine, le mardi contre la variole, le mercredi contre la diphthérie. Et peut-être même arrivera-t-on à des découvertes inattendues : ainsi, peut-être, arri¬ vera-t-on à colorer le bacillus lunaticus medicus qui en ce moment, paraît-il, cause de grands ravages parmi les médecins. » • . * * * Le professeur Cornil vient de publier dans le Progrès médical une longue et importante note sur le mode de conservation des pièces anatomiques destinées à être examinées au microscope. Il nous est impossible de reproduire ici ce très long document, qui s’adresse par¬ ticulièrement aux médecins, mais nous en recommandons la lecture à toutes les personnes qui s’occupent d’histologie ou qui voudraient envoyer certaines pièces, pathologiques, par exemple, aux laboratoires des Facultés ou des Hôpitaux pour les faire examiner au microscope. Nous en tirerons cependant cette conclusion que le meilleur des liquides conservateurs , pour M. Cornil , est l’alcool à 90° , dont il faut employer un volume au moins vingt fois plus considérable que celui de la pièce à conserver, laquelle, autant que possible, doit être réduite en fragments de 1/2 à 1 centimètre cube. 490 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Signalons encore du côté des médecins de remarquables expérien¬ ces entreprises par le Dr Hayem sur la transfusion péritonéale. M. Hayem en injectant dans la cavité péritonéale d'un chevreau du sang de chien dont les globules mesurent plus de 7 a , tandis que ceux du chevreau ne comptent en moyenne que 3^.5, a constaté que le sang étranger était absorbé en nature par l’animal auquel on l’injecte, car il a trouvé les hématies de chien dans le canal thoracique, dans les ganglions lymphatiques du chevreau, et même dans tous les vais¬ seaux sanguins où ces gros globules se reconnaissaient facilement, au microscope au milieu des petits globules du chevreau. Ainsi, la transfusion péritonéale équivaudrait à une transfusion intra-vasculaire faite avec une extrême lenteur. L’exposition des matériaux récoltés par le Talisman dans son expédition sur les fonds de l’Atlantique, tout intéressante qu’elle était au point de vue de l’histoire naturelle, n'a pu nous fournir la matière d’un article pour le Journal de Micrographie. Les échantillons microscopiques rapportés par l’expédition ne consistaient qu’en deux séries de sables et de foraminifères sur lesquels les renseignements nous ont manqué. Mais, après l’expédition du Talisman , voici la mission française du Gap Horn (1) qui expose les objets rapportés par elle à bord de la Romanche et, dans cette collection, fort curieuse aussi, nous trouvons des coupes micrographiques de roches ainsi que de nom¬ breux échantillons d’eaux douces et d’eaux de mer et des sédiments de toute nature. M. A. Certes, qui s’est adonné d’une manière toute spéciale à l’analyse microscopique des eaux, a été chargé d’examiner ces échantillons à ce point de vue spécial. « Dès le début de ses recherches, dit la Revue Scientifique , un examen microsco¬ pique, même sommaire, lui a permis de constater la présence d’un grand nombre de rhizopodes d’eau douce déjà décrits, et figurés dans l’ouvrage du professeur Joseph Leidy, de Philadelphie. A côté des formes cosmopolites que l’on retrouve dans les eaux des environs de Paris, et, à vrai dire, dans les eaux de toutes les parties de l’ancien continent ou on les a cherchées, il y a des espèces, ou tout au moins des variétés nouvelles. » « Dans les eaux, et surtout dans les vases encore humides, M. Certes a retrouvé des acariens vivants et quelques infusoires qu’il essaye de cultiver à l’abri des germes. Ces cultures s’enrichissent tous les jours de nouveaux hôtes qui n’avaient (1) Quand nous écrivions ce passage, nous n’avions pas encore connaissance des résultats obtenus par M. Certes dans ses travaux sur la culture, à l’abri des germes atmosphériques des eaux et des sédiments rapportés par les expéditions du Travailleur et du Talisman , en 1882 et 1888. — Ces résultats n’ont été que récemment communiqués à l’Académie des Sciences. Nous nous en occuperons dans notre prochain numéro. J P. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 491 besoin que de repos et de chaleur printanière pour revivre et se développer. La plupart sont déjà connus ; mais c’est là un des caractères de la faune microscopique des eaux douces, que l’aire de dispersion des infusoires est des plus étendues. C’est avec des matériaux rapportés du cap Horn qu’il a pu en faire récemment une expé¬ rience très simple et très concluante. On sait que sur chaque feuille et sur le moin¬ dre brin d’herbe de nos prairies, il y a toute une faune microscopique , poussière vivante qui renaît à la moindre rosée, puis, qui se dessèche et que le vent emporte et disperse jusqu’à ce qu’elle rencontre une nouvelle goutte d’eau qui la revivifie et la léconde. » M. Certes a entrepris de rechercher si cette poussière était partout et toujours formée des kystes et des germes des mêmes organismes. Dans ce but , il a cultivé des foins de toute provenance , mais en prenant soin d’en contrôler sévèrement l’origine et de maintenir les infusoires à l’abri des germes atmosphériques. En der¬ nier lieu, il a mis en culture des foins du cap Horn , qui se composent d’espèces végétales fort différentes de celles de nos prairies et qui, rapportés dans des caisses plombées , constituaient des matériaux d’études absolument sûrs. Dans ces infusions comme dans toutes celles faites précédemment avec des foins d’origine diverse, on retrouve invariablement le Colpocla cucululus, infusoire cilié, bien connu de tous les micrographes, et divers flagellés également communs dans les infusions végétales; mais, à côté de ces infusoires, il y a une espèce de colpode plus petite , de forme spéciale, probablement nouvelle, et qui n’avait été rencontrée jusqu’à présent par l’auteur que dans les infusions de foin de la Guadeloupe. Ainsi est démontré, avec toute la rigueur scientifique, le cosmopolitisme de certains infusoires. » * * * Nous avons maintenant à signaler plusieurs travaux importants publiés à l’étranger. D’abord, un mémoire fort intéressant et très étendu du Dr G. Cattaneo, professeur adjoint à l’Université de Pavie, sur l 'histologie et le développement de l'appareil gastrique des Oiseaux . Nous avons déjà traduit un fragment de ce travail, traité avec des détails parti¬ culiers par l'auteur, et relatif à l’histologie du ventricule et du proventricule du Melopsittacus undulatus. Le mémoire sur lequel nous appelons aujourd'hui l'attention de nos lecteurs est le résultat de recherches beaucoup plus étendues, faites sur 71 espèces d'oiseaux : Struthionidés , Rapaces , Echassiers , Grimpeurs , Passereaux , Palmi¬ pèdes , Colombidés , Gallinacés. Nous en donnerons prochainement une analyse complète. Le dernier Bolletino scientifico de .Pavie (Mars), qui contient le commencement d’un résumé de ce travail , nous apporte aussi , sous le titre de Matériaux pour la faune de la Sardaigne , un catalogue des Vers parasites des animaux observés dans ce pays, par le profr Gorrado Parona. * * ..... Notre distingué confrère , le Dr R. J. Nunn , de Savannah , Géorgie m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. (E. U. A.), nous a adressé un excellent travail sur l’emploi du peroxyde d’hydrogène ou eau oxygénée dans le traitement de la diphtérie. Les bons résultats obtenus par cette médication n’ont rien qui doivent surprendre puisque, comme le fait très bien remarquer l’auteur, quelle que soit la théorie étiologique que l’on admette, l’emploi de l’eau oxygénée est pareillement justifié. Toutefois , nous remarquons , parmi les « peroxydes d’hydrogène » employés par le Dr Nunn , des liquides qui , de loin , et d’après la description qui en est donnée , nous semblent assez bizarres , et d’autant plus qu’ils sont vendus là bas avec une étiquette française ainsi libellée : « Peroxyde d'hydrogène guarantie de capacité de 12 volumes , fabriqué par Charles Marchand. » Ces produits , soi-disant français , sont vendus en Amérique par des allemands. — Qu’est-ce qui les a fabriqués , et qu’est-ce qu’il peut bien y avoir dedans ? — * Ce qui n’enlève rien à l’intérêt du travail du Dr R. J. Nunn , travail dont nous recommandons la lecture à tous les médecins. Dans les Proceedings de l’Académie des Sciences Naturelles de Philadelphie , dont le président est actuellement le savant professeur J. Leidy, nous trouvons l'indication d’une méthode de coloration à l’aide d’une teinture alunée de bois de Gampêcbe, bois qui est, comme on le sait, Y Hœmatoxylon campecianum, et dont on tire l'héma- toxyline , tant employée aujourd’hui dans la technique microscopique. Cette liqueur colorante , dont la préparation est assez compliquée, est présentée par le DrC. L. Mitchell, qui en a obtenu de fort bons résul¬ tats, et particulièrement de fort belles doubles colorations, en employant un second liquide , l’acide indigo-sulfurique dont il donnera plus tard la composition. Nous indiquerons ultérieurement le mode de préparation et d’emploi de la solution d 'Hœmatoxylon. Dans le même volume, le Dr A. S. Parker expose un singulier mode de reproduction d’un Infusoire, YAmphüeptus fasciola, mode qu’il désigne sous le nom de « dissociation partielle ». L’auteur a vu l’extrémité, allongée en col de cygne, de l’animal se diviser en petites masses protoplasmiques qui , perdant leurs cils , s’en allaient amiboïdes. Quant à l’Amphileptus ainsi mutilé, il ne tarda pas à pousser un bourgeon qui , s’allongeant en se recouvrant de cils , reproduisit la forme première de l’animal. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. m U American Naturalist de mars et d’avril contient plusieurs articles qui nous intéressent : Le parasite du Crabe, Sacculina , par M. C. F. Gissler ; Les organismes en colonie , par M. G. Morris ; Anatomie et physiologie des Népides, par M. W. A.. Locy ; Et des notes micrographiques , par le Dr G. O. Whitman : sur la pré¬ paration de Y acide carminique , sur les modifications éprouvées par les cellules secrétoires pendant lacté de la secrétion (J. N. Langley); sur l’emploi du collodion pour fixer les coupes sur le slide , etc. Le Microscope , d’Ann Arbor, consacre plusieurs articles à la biographie de Robert B. Toiles , pour qui la vie ne fut jamais bien douce et qui est mort, comme nous l'avons dit, le 17 novembre der¬ nier, à l’âge de 62 ans , laissant dans l’art de la construction des instruments d’optique un vide qui sera bien difficile à combler. * ■ * * Au dernier moment nous recevons la Revue Mycologique de notre confrère G. Roumeguère, et la Revue Bryologique de M. T. Husnot. La première renferme un très important travail du prof. Savastano sur le pourridiê du figuier, des articles sur un nouveau Bolet , par M. O. Debeaux ; sur la formation des spores des Truffes, par M. H. Bonnet ; sur des monstruosités observées sur des Hyménomycèies , par M. \V. Phillips, et un grand nombre de ces notes mycologiques, bibliographiques , taxonomiques , etc., qui font de chaque fascicule de cette Revue un véritable compendium de renseignements utiles aux mycologues. La Revue Bryologique donne un article sur les Tayloria acuminata et splachnoidi , par M. S. O. Lindberg , une esquisse de la flore bryo¬ logique des environs de Kongsvold, en Norwège, par M, N. C. Kindberg; une Note bryologique sur les environs d'Anvers, par M. J. Gardot, etc. Et à propos de cryptogamie , nous pouvons annoncer à nos lecteurs que nous publierons prochainement un très curieux travail original sur le polymorphisme de certaines espèces, Pénicillium, Aspergillus , Mucor, etc., et sur une nouvelle théorie de la fermentation alcoolique qui, nous l’avouons, est tout-à-fait inattendue. Ge travail, considérable, est appuyé de très bonnes observations faites avec le plus grand soin, représentées par plus de trois cents dessins admirablement exécutés m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. à la chambre claire et qui ne peuvent laisser aucun doute sur la réalité des phénomènes observés. Malheureusement , ce travail conduit à des conclusions tellement • opposées aux opinions des Académies et Sociétés officielles, que son insertion dans les Bulletins desdites Sociétés a soulevé des difficultés jusqu'à présent insurmontables. — On veut obliger l’auteur à amender son travail, a retrancher des parties, à supprimer des citations, en un mot , à châtrer son œuvre. Nous la publierons en entier. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. LES MEMBRANES MUQUEUSES ET LE SYSTÈME GLANDULAIRE. Leçons faites au Collège de France (année 1883-84), par le professeur L. Ranvier. (Suite) (1) V Je veux revenir sur quelques points de la structure des glandes vési- culeuses complexes du jabot du poulet. Nous avons vu que ces glandes ont la forme d’une sphère bien régulière ou légèrement aplatie et qu’elles sont entourées d’une capsule de tissu conjonctif qui limite chaque glande de toutes parts ; de cette capsule se dégagent des cloisons de tissu conjonctif qui s’avancent vers le centre de la petite glande composée, en divisant sa cavité en une série de compartiments tubuleux. — On peut comprendre les choses autrement et voir, renfer¬ mée dans la capsule, une série de tubes terminés en cæcum à la périphérie et venant tous s’ouvrir dans une cavité commune, les tubes et la cavité étant recouverts d’une couche des mêmes cellules épithé¬ liales, muqueuses ou caliciformes. Dans cette disposition, deux points sont à remarquer. Le premier, relatif à la structure des cellules qui entrent dans la constitution des glandes vésiculeuses composées du jabot du poulet. Ce sont de longues (1) Voir Journal de Micrographie , T. VII , 1883, p. 628 et T. VIII , 1884, p. 29 , T7 et 142 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 495 cellules cylindriques remplies de mucus ou de mucigène , présentant dans leur fond un noyau atrophié logé dans une petite masse de proto¬ plasma, et, à peu près vers le tiers profond, un réseau protoplasmique serré formant un dessin assez curieux ; puis, de ce réseau se dégagent- des filaments , comme dans les autres cellules caliciformes. Dans toutes les cellules ce dessin se produit à très peu près au même niveau, ce qui, d’une part , produit une vue d’ensemble très caractérisée, et d’autre part permet de reconnaître parmi d’autres cellules, les cellules muqueuses des glandes du jabot du poulet. Ce détail est bien plus inté¬ ressant qu autrefois, aujourd’hui qu’on étudie la structure intime des cellules et du protoplasma, et qu’on est arrivé à une conception de la cellule qu’on n'avait pas naguère. Nous ne savons pas encore à quoi répond cette disposition, mais peut-être le saurons-nous bientôt par la comparaison. Le second point à remarquer, c’est que les cellules ne reposent pas sur une membrane amorphe, basale, mais sur le tissu conjonctif qui forme la capsule autour de la glande et règne autour de chacun des tubes qui la composent. Les cellules paraissent reposer directement sur les cloisons du tissu conjonctif qui se dégagent de la capsule commune. En outre, on ne peut distinguer entre la capsule connec¬ tive et les cellules muqueuses , aucune trace d’éléments cellulaires que l’on pourrait considérer comme des cellules de remplacement Ainsi, dans ces glandes, pas de membrane basale et pas de cellules de remplacement. Ce sont là deux faits, négatifs si vous voulez, mais qui prennent une certaine importance quand on les rapproche de ceux que l’on connaît sur les glandes des Mammifères. Nous y reviendrons bientôt. Nous devons maintenant faire l’analyse histologique des glandes buccales. Siebold et Stannius , après Meckel , ont distingué une glande « parotide » qui est située, comme nous l’avons dit antérieurement, à la commissure labiale. Quand on enlève' la peau qui recouvre cette région correspondant à la joue et les muscles qui la doublent, on tombe sur la face profonde de la muqueuse. On y reconnaît des glandules ou un certain nombre de grains glanduleux, de dimensions variées, disposés les uns à côté des autres. Mais tandis que les grains glanduleux du jabot du poulet, examinés de la même façon, par la face profonde, paraissent d’une transparence de rosée, les grains de la commissure labiale présentent une certaine opacité et une coloration jaunâtre. Ainsi, il y a déjà une différence à l’œil nu ; voyons si cette différence se traduit par des dispositions particulières dans la struc¬ ture intime. Opérons suivant les méthodes classiques , durcissement par l’alcool ou par l’acide osmique , — ce sont les deux méthodes qui donnent les 196 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. meilleurs résultats , — mais je vous engage à employer surtout l’acide osmique pour les glandes muqueuses , parce qu’après l’aclion de l’alcool, malgré que celui-ci ait fixé les éléments , l’eau agit encore sur les cellules, ce qui constitue une difficulté pour l’étude. Les prépa¬ rations que je vais décrire ont été obtenues par l’acide osmique. La glande de la commissure labiale des Oiseaux n’est pas une glande analogue aux glandes salivaires des Mammifères, c’est-à-dire que les acini qui la composent n’ont pas de canal excréteur commun ; c’est une série de glandes vésiculeuses qui viennent s’ouvrir chacune à la surface de la muqueuse , ce qui constitue une différence très grande avec la disposition qu’offrent les glandes salivaires des Mammifères. Chacune de ces vésicules composées est analogue à une glande du jabot du poulet , c’est-à-dire que de la capsule connective se dégage une série de cloisons qui, toutes, viennent converger vers le centre de la vésicule glandulaire dans une cavité commune. Au fond , ces cloi¬ sons limitent des tubes plus ou moins nombreux , plus ou moins sinueux, généralement assez simples ; et ce sont bien des tubes , car, sur les coupes tangentielles, il y a toujours quelques-uns de ces tubes coupés en travers, et l’on distingue leurs sections transversales les unes à côté des autres, séparées par de minces cloisons de tissu conjonctif et tapissées, à l’intérieur, d’une couche de cellules glandu¬ laires. Les mêmes cellules se trouvent sur les vues longitudinales des tubes en question. La cavité commune débouche par un pertuis à la surface de la muqueuse. Cette cavité est tapissée du même épithélium que les tubes glandulaires et cet épithélium , caliciforme , se poursuit sur le col de la vésicule glandulaire composée, comme sur le col des vésicules simples et sur le col des vésicules composées du jabot du poulet. Sous ce rapport , il y a analogie complète de texture entre ces glandes et celles du jabot du poulet, mais existe-t-il des différences dans la structure intime , c’est-à-dire dans la constitution des cellules glandulaires elles-mêmes? — Il y en a certainement et c’est à ces différences que sont dues les différences d’aspect , de coloration , de transparence des glandules. Les cellules glandulaires sont des cellules caliciformes, mais beaucoup moins hautes que les cellules caliciformes du jabot du poulet et plus larges. Mais il y a d’autres différences encore : tandis que, dans les glandes du jabot, le noyau des cellules caliciformes est fortement refoulé vers l’extrémité profonde de la cellule sous forme d’un corpuscule ratatiné qui se colore par le carmin et rhématoxyline, dans les glandes de. la commissure labiale, le noyau des cellules est arrondi , compris dans une masse de protoplasma qui , par rapport à la cellule, est beaucoup plus considérable que dans les glandes du jabot, ainsi que les travées protoplasmiques. En un mot, dans les cellules caliciformes des glandes de la commissure labiale , ie protoplasma a une plus grande importance et le mucus une importance JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 197 moindre que dans les cellules des glandes du jabot. Or, moins il y aura de mucus, plus il y aura de protoplasma granuleux , moins la glande sera transparente ; on comprend donc pourquoi les glandes de la commissure labiale, glandes parotides des auteurs , sont opaques et jaunâtres. Ce que je viens de dire conduit à une hypothèse : que la glande de la commissure labiale des Oiseaux n’est pas une glande à mucus pure ou simple ; ce serait une glande mixte jusque dans les cellules qui la composent, au lieu d’être mixte par le mélange de cellules muqueuses et de cellules à ferment ou séreuses. Il faudrait ici chercher dans le même élément glandulaire , dans la cellule , le caractère de la glande mixte. En effet, dans cette glande , comme dans les glandes du jabot , il n’y a qu’une seule espèce d’éléments glandulaires, la cavité centrale, les tubes , le pertuis qui représente le canal excréteur, toutes les parties sont tapissées du même épithélium. On pourrait faire à cette hypothèse que je ne présente que sous toutes réserves, une objection : la glande de la commissure labiale est peut-être simplement une glande plus active , et cette augmentation du noyau et du protoplasma sont en rapport avec un fonctionnement plus intense, comme cela arrive dans la sous-maxillaire du chien soumise à une excitation sécrétoire pro¬ longée. — Je ne crois pas qu’il en soit ainsi. Je vous ai montré déjà que pour déterminer dans une cellule muqueuse de la sous-maxillaire du chien des modifications assez considérables pour se traduire nette¬ ment à l’observation microscopique , il faut une excitation dépassant de beaucpup toutes les limites de l’excitation physiologique et arriver à l’excitation pathologique. Par conséquent , je crois que si cette glande de la commissure labiale présente cette structure , c’est qu’elle la possède à l’état de repos comme à l’état d’activité , les caractères histologiques de ces deux états n’étant pas assez tranchés pour qu’on puisse les apprécier. Les auteurs distinguent aussi une glande « sous maxillaire ». Cette désignation est déplorable. La glande n’est pas placée sous le maxil¬ laire mais sur le plancher de la bouche, dont elle double la muqueuse. Elle est formée pas une série de grains qui viennent s’ouvrir chacun d’une façon indépendante, à la surface de la muqueuse, comme les glandes précédentes. Seulement, dans cette glande, les vésicules com¬ posées peuvent atteindre des dimensions beaucoup plus considérables que les vésicules du jabot du poulet et celles de la commissure labiale. Ainsi, sur une coupe faite perpendiculairement à la surface , vous apercevrez des vésicules glandulaires de petites dimensions, et d’autres de proportions vraiment colossales, qui, pour se développer dans l’es¬ pace relativement étroit qui leur est réservé entre la muqueuse et la peau, dans l'angle formé par le bec inférieur, sont obligées de s’aplatir. On obtient très facilement de ces vésicules de dimensions considé- m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. râbles de la glande du plancher de la bouche du poulet et l’on y voit une série de tubes glandulaires disposés régulièrement les uns à côté des autres. La texture générale ne diffère pas de celle des autres glandes buccales que nous avons étudiées. Quand à la struc¬ ture intime des éléments glandulaires, on trouve que les cellules épithéliales, aussi bien celles qui tapissent les tubes que celles qui revêtent la cavité, sont des cellules muqueuses pures ; seulement , ces cellules, caliciformes, sont moins hautes et plus larges que les cellules des glandes du jabot. Le noyau comme dans celles-ci, est refoulé tout au fond des cellules qui sont absolument remplies de mucus ou muci- gène. Les cellules de cette glande se rapprochent donc par leur forme de celles des glandes de la commissure labiale, mais elles en diffèrent par ce qu’elles sont entièrement muqueuses et qu’elles sont toutes sembla¬ bles dans toutes les parties qui constituent cette glande «sous-maxillaire» de Siebold et Stannius. Les oiseaux possèdent aussi des glandes linguales ; au point de vue delà structure de l’épithélium delà muqueuse et des glandes, j'ai examiné la langue dé beaucoup de Passereaux et chez tous, j’ai trouvé des glandes linguales. Chez tous, sans exception, il y a, à la base de la langue, un nombre plus ou moins considérable de vésicules compo¬ sées qui viennent s’ouvrir sur la muqueuse de la face supérieure de la langue. Jamais je n'en ai trouvé au niveau de la pointe. C’est chez les Rapaces que les glandes de la langue paraissent avoir le plus grand développement, et, chez ces oiseaux, on trouve même des glandes à la face supérieure , s’ouvrant par des pertuis distincts pour chaque vésicule composée sur la muqueuse supérieure de la lan¬ gue. Par conséquent, chez les Rapaces, il y a lieu de distinguer des glandes linguales supérieures et des glandes linguales inférieures. D’ailleurs, chez ces animaux toutes les glandes ont la même structure. Elles sont vésiculeuses composées , tapissées de cellules muqueuses caliciformes comme celles des glandes du plancher de Ja bouche. 11 n’y a pas lieu de les décrire à nouveau ; il suffit de rappeler qu’elles n’ont pas de canal excréteur commun et que chacune s’ouvre par un orifice spécial plus ou moins dilaté. Chez les autres Oiseaux, on peut trouver des glandes linguales entièrement constituées aussi par des éléments glandulaires muqueux, c’est-à-dire dont tous les éléments glandulaires sont des cellules cali¬ ciformes muqueuses ; mais chez le poulet , parmi les glandes vésicu¬ leuses composées, tapissées de cellules muqueuses, on en trouve quel¬ ques unes, (je ne puis en indiquer exactement la position, n’ayant pas fait à ce sujet d’études suffisantes), dont les cellules, au lieu d'être caliciformes, muqueuses, sont granuleuses, comparables aux cellules glandulaires de la parotide du chien et des Mammifères, tandis que les autres seraient comparables à celles de la sous-maxillaire du même JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 199 animal. Ces glandes ont, d’ailleurs, la même disposition générale que les glandes muqueuses : une forme sphérique, une capsule de tissu conjonctif, relativement épaisse, de laquelle se dégagent des cloisons connectives plus minces , décomposant la cavité en une série de tubes simples ou mêmes composés ou divisés, détail de structure qui n’a pas une très grande importance. La cavité centrale donne accès à tous les tubes, mais ceux-ci, au lieu d’être tapissés d’épithélium à cellules cali¬ ciformes, contiennent des cellules avec un noyau sphérique, et l’inté¬ rieur des cellules n’est pas occupé par du mucus , mais par du protoplasma granuleux. Par conséquent, nous pouvons trouver dans la cavité buccale des Oiseaux les deux espèces de glandes que nous connaissons, annexées à la cavité buccale des Mammifères, des glandes muqueuses pures, des glandes séreuses ou à ferment, et aussi des glandes mixtes. Nous avons le droit de faire cette hypothèse qui pourrait avoir cet avantage de diriger ceux qui se livreraient, sur ce sujet, à des recherches physiologiques J’aurais pu étudier un beaucoup plus grand nombre d’Oiseaux, mais le but que je poursuivais n’était pas celui d’un anatomiste faisant de l’anatomie comparée, étudiant le même organe chez le plus grand nombre d'animaux possible ; mon but est d’arriver à déterminer le caractère général des glandes salivaires, ne serait-ce que sur une seule espèce. Il n’était donc pas nécessaire d’examiner des Oiseaux de toutes les familles, il suffisait de prendre quelques types accusés et de rechercher les différences qu’ils présentent avec les Mammifères. Sous ce point de vue, je puis tirer de ces recherches deux conclu¬ sions qui me paraissent importantes : Premièrement, la membrane propre et les cellules de remplacement ne sont pas nécessaires dans les glandes salivaires, puisque celte membrane semble manquer dans toutes les glandes salivaires des Oiseaux dont je viens de parler. Ces glandes sont constituées toutes par des éléments glandulaires sembla¬ bles, et au-dessous d’eux, entre ces éléments et la capsule connective, il n'y a pas de noyaux ou de cellules qu’on puisse considérer comme des éléments de remplacement. Il en résulte que la fonction sécrétoire peut s’exercer sans destruction des éléments ; que la sécrétion peut consister en l’expulsion des matières formées sans que l’élément sé¬ créteur soit détruit. — Secondement, l’excrétion, dans les glandes salivaires, peut-être déterminée par autre chose qu’une action mécani¬ que exercée par le canal excréteur ; il n’y a pas de canal excréteur dans toutes ces glandes. L’excrétion peut provenir de l'activité sécrétoire elle-même, mais aussi résulter d'activités mécaniques ex¬ trinsèques. Je n’insisterai pas davantage, d'autant moins que je veux avancer cet étude, en vous parlant des glandes bucco-œsophagiennes des Ché- loniens., des Reptiles et des Batraciens. Je commencerai par les . i v . « 200 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Chéloniens par ce que, vous le savez, les animaux de ce groupe formen la transition entre les Oiseaux et les Reptiles. 11 y a une grande pa¬ renté entre les Oiseaux et les Chéloniens, au point de vue de la forme générale du corps comme au point de vue de la structure interne des organes. (A suivre). ERRATUM. Page 37, ligne 16, par en bas : Au lieu de ; « 11 existe donc dans le protoplasma des cellules muqueuses en mouvement », il faut lire : « Il existe donc, dans le protoplasma des cellules muqueuses , un mouve¬ ment. » LES ORIGINES DE LA VIEW. Le protoplasma est la substance fondamentale de tous les êtres vivants ; il leur donne le pouvoir de se nourrir, de se reproduire, de se mouvoir et de se sentir, en un mot de vivre. Il est identique chez tous les organismes, animaux et plantes. Aussi, la place que doivent occuper certains êtres très simples, constitués seulement par un gru • meau protoplasmique, est-elléf fort problématique. Ces formes élé¬ mentaires, les plus inférieures de toutes dans l’échelle des êtres, ne sont le plus souvent visibles qu’à l’aide du microscope. Il en existe qui ne présentent aucune espèce de différenciation de leur sub¬ stance ; elles se meuvent en rampant lentement au fond des eaux ; elles se nourrissent en entourant et englobant dans leur masse les corps étrangers qu’elles rencontrent et dont elles digèrent la partie utilisable. Ces êtres sont en quelque sorte toujours ballotés d’un règne à l’autre, les botanistes et les zoologistes se les attribuant tour à tour ou même simultanément. Chez d’autres formes dont la structure est un peu plus complexe, on trouve un noyau et souvent des contours plus fixes, par suite de la consistance plus grande qu’acquiert la substance périphérique. Dans ce cas, les changements de forme ne peuvent plus guère servir à la locomotion ; mais il se forme des prolongements ténus de protoplasma dans lesquels les facultés motrices se localisent. Ces prolongements, par leur agitation continuelle et régulière, agissent à la manière des rames d’un bateau et impriment à tous le corps un mou¬ vement de translation. Ces filaments locomoteurs sont désignés sous (1) Cet articie est la deuxième leçon du cours de zoologie professé à la Faculté des Sciences de Bordeaux , par M. E. Kunstler, maître de conférences. La première leçon a paru dans le Journal d' Histoire Naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest , Janvier 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 201 les noms de cils vibratiles ou de flagellums . Malgré ces perfection¬ nements et beaucoup d’autres encore plus remarquables, on pense qu'il n’existe aucune indication caractéristique, pour ranger ces êtres dans le règne animal ou dans le règne végétal. La conclusion qui paraît la plus logique de ce qui précède est que le monde organisé pour la vie n’est pas formé de deux groupes distincts entre lesquels on puisse tracer une limite nette et précise, mais bien plutôt d’êtres à propriétés générales communes, formant deux séries divergentes qui partent d’un même point : c’est vers ce point de départ que se placent les petits organismes douteux dont nous venons de parler. Ces derniers ont même été élevés au rang d’un règne à part et primordial, le Règne des Protistes. A mesure que l’on s’éloigne de ces états inférieurs, les différences entre les espèces des deux séries, animale et végétale, s’ac¬ centuent de plus en plus. Cette séduisante manière de voir, si fortement entrée dans les con¬ victions de tous les naturalistes qu'il est bien téméraire de vouloir chercher à la modifier, répond jusqu’à un certain point à la réalité des faits si l’on se transporte par la pensée à l’origine des êtres. En d’autres termes, les animaux et les végétaux tirent sans aucun doute leur ori¬ gine de formes ancestrales communes. Mais, pour ce qui est des espèces actuelles, je crois que la plupart de celles qui sont consi¬ dérées comme intermédiaires doivent être classées sans hésitation dans l’un ou l’autre des deux grands groupes organisés et que les for¬ mes de passage véritables, si elles n’ont pas complètement disparu, sont tout au moins excessivement rares. Les principaux caractères sur lesquels on se base pour classer un organisme quelconque au nombre des plantes sont la fixité de laforme, la faculté de sécréter une enveloppe cellulosique, de la chlorophylle, de l'amidon, et enfin l'immobilité et le défaut de manifestations exté¬ rieures de la sensibilité. Il est hors de doute que l'ensemble de ces caractères prouve que l’être qui les présente réunis est un végétal. Mais, le plus souvent, pour décider de la place à assigner aux formes inférieures dont nous nous occupons plus spécialement ici, l’on ne peut guère se baser que sur des caractères isolés, ce qui leur enlève beaucoup de valeur. En effet, toutes les particularités attribuées aux végétaux peuvent se rencontrer aussi chez certains animaux. Ainsi, par exemple, un grand nombre d’ani¬ maux non douteux sont colorés en vert par la matière colorante végé¬ tale, la chloi'ophylle , qui n’est, donc aucunement un apanage exclusif du règne végétal. De ce qu’un être inférieur sera coloré en vert, on ne saurait en conclure, par ce seul fait, qu’il est une plante. Une remarque absolument identique peut-être faite pour tous les autres caractères des végétaux pris isolément, et ceci d’autant plus que l’on 2 202 JOURNAL DE MICROGRAPHIE attribue souvent ces caractères à certains organismes par une inter¬ prétation vicieuse des faits. La distinction des animaux et des végétaux ne peut être basée que sur l’ensemble de leurs caractères évolutifs, anatomiques et physiolo¬ giques, dont l’étude a pour effet, dans la grande majorité des cas, d’établir une limite bien déterminée entre les deux règnes organisés. Cette étude, que nous allons entreprendre, jettera, je l’espère, quel¬ que lumière sur certains points qui semblent bien obscurs. Le mode d’absorption des aliments, ainsi que la constitution phy¬ sique de ceux-ci, fournit un excellent caractère distinctif. Les plantes n’absorbent que des sucs nourriciers qui pénètrent dans leur proto¬ plasma en traversant l’enveloppe cellulosique par endosmose. Les ani¬ maux se nourrissent par l'ingestion d’aliments solides, soit par un point quelconque de leur corps, soit par une bouche dont l’existence ne saurait être mise en doute. Cette bouche se présente chez un grand nombre de ces organismes que l’on range si facilement dans le règne végétal, et quelquefois même, ceux-ci possèdent, en outre, une poche digestive dans laquelle s’opère sans doute l’émulsion des particules ingérées. De plus, ces organismes inférieurs présentent souvent une structure remarquablement complexe; ainsi, leurs téguments montrent, dans certains cas, une perfection inattendue ; ils possèdent, à l’état adulte, de petites vésicules contractiles lançant du liquide dans des canalicules, des points colorés, dits oculif ormes, auxquels on attribue presque des fonctions visuelles, des organes locomoteurs, tels que pseudopodes divers, flagellums, cils, cirrh'es, cornicules, styles, soies, filaments traînants, suçoirs, etc., fonctionnant sous l’influence delà volonté, des organes stupéfiants, probablement analogues aux néma- tocystes des Cœlentérés, qui foudroient au passage les petits êtres dont ils font leur proie. Les caractères tirés de l’évolution sont encore plus concluants. Les animaux et les végétaux inférieurs présentent typiquement un cycle évolutif que l’on peut, à peu près, reconstituer en comparant entre elles les observations faites sur les diverses espèces et en les complétant les unes avec les autres. Chez certains organismes, on retrouve ce cycle normal primitif assez fidèlement conservé ; mais le plus souvent il est plus ou moins profondément altéré. Ce développement typique présente à considérer trois phases princi¬ pales ; une phase larvaire, une phase végétative et une phase repro¬ ductrice. Pour fixer les idées, prenons comme exemple un organisme faisant partie du groupe zoologique le plus inférieur, celui des Monères , la Protomyxa aurantiaca , découvertes aux îles Canaries sur la coquille de la Spirula Peronii , Mollusque céphalapode. Cette belle Monère, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 203 d’une couleur orangée, de dimensions assez considérables pour qu’elle soit visible à l’œil nu, possède un corps qui se couvre de pseudopodes ramifiés à l’infini et présentant l’aspect de véritables racines fibreuses, au moyen desquels elle foudroie au passage, englobe et digère les organismes microscopiques dont elle se nourrit. Pour se reproduire, elle rtéracte ses pseudopodes qui se fondent dans la masse du corps, cesse de se mouvoir, s'arrondit et finit par sécréter à sa surface une membrane épaisse qui l’entoure de toutes parts. On dit alors qu’elle s’est enkystée. A l’intérieur du kyste s’opère un travail spécial dont le résultat est la fragmentation du corps primitif de la Protomyxa en une multitude de corpuscules plus petits et très mobiles, qui sont bien¬ tôt mis en liberté par déhiscence de la paroi qui les emprisonnait. La période d’enkystement correspond à la phase reproductrice ; chaque petit corpuscule mobile qui sort du kyste reproduira une Monère et est une forme larvaire. Ces petits êtres présentent une grande ressem¬ blance avec certains Infusoires flagellifères, les Monades; ils sont constitués par un corps globuleux, pyriforme, s’effilant et se prolon¬ geant à son extrémité atténuée en un long filament mobile, ou fiagel- lum, au moyen duquel ils nagent librement dans le liquide ambiant. La durée de ce stade flagellifère est fort courte ici ; à peine ces larves ont-elles quitté l’enveloppe du kyste que l'on voit apparaître sur toute la surface de leur corps des pseudopodes, tandis que le flagellum est rétracté, de façon que ces jeunes êtres se transforment en petites Amibes qui s’accroîtront pour devenir des Py'otomyxa aûrantiaca ordinaires. On voit que, dans ce cycle évolutif, il n’existe qu’une seule période d’inertie, qui est-la phase reproductrice. Chez les animaux, en général, il n’y a que cette période d’immobilité. Hors les cas de dégénérescence parasitaire, la durée de la période mobile, comparée à celle de la vie entière, est ordinairement très longue , et c’est pendant cette période de mobilité qu’ils se nourrissent, s’accroissent, se développent et que tous leurs organes fonctionnent ; ils sont librement mobiles pendant toute la durée de leur vie végétative. Au contraire, leur état inerte, quand il existe, est caractérisé par une sorte de vie latente accompa¬ gnée de contraction et de production d’une enveloppe protectrice nou¬ velle et spéciale , ordinairement très épaisse qui intercepte plus ou moins complètement les relations avec le milieu ambiant. Pendant toute la durée de cette période, ils n’absorbent pas de principes nutri¬ tifs et gardent une forme et un volume constants. C’est là une période de reproduction, accompagnée d’enkystement, pendant laquelle tous les organes de ces êtres semblent se fondre et disparaître, et qui est caractérisée par un profond travail de rénovation se terminant par la division du corps en masses plus petites qui se transforment en autant de jeunes êtres et surgissent du kyste. 204 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les Cryptogames présentent des corpuscules larvaires, zoospores ou spermatozoïdes , ressemblant beaucoup à certains Infusoires. Aussi un grand nombre de micrographes, principalement des botanistes, ont- ils comparé la période de repos que présentent ordinairement ces derniers organismes, lors de l’époque de la reproduction, à l’état habi¬ tuel des plantes à zoospores, à la cellule végétale normale, tandis qu’au contraire, à leur période de mobilité, il seraient analogues aux zoospores elles-mêmes. Pour cette raison, ils les ont rangé dans le règne végétal. Cette interprétation repose sur une confusion grave. Le kyste des Infusoires ne peut pas être comparé à une cellule végétale : celle-ci est comparable au Protozoaire dans sa période végétative. Le kyste, bien qu’immobile, n’est pas assimilable à un végétal, car son inertie est complète et s’étend à toutes ses parties, et tous les phénomènes vitaux caractérisant l'être adulte sont suspendus, La cellule végétale, au contraire, se trouve en plein mouvement vital ; son protoplasma jouit, à l’intérieur de sa membrane, des mouvements les plus variés, et les phénomènes chimiques de l’assimilation et de la désassimilation s’y opèrent sans relâche. Cet état est la période végétative de la plante, qui est donc caractérisée par une inertie qui n’est qu'apparente, et par son mode de nutrition. Dans cette phase végétative, elle ne possède jamais les organes, tels que vésicules contractiles, points oculiformes, cils, etc., qui se voient chez sa propre larve et les animaux adultes ; tous ces organes ont disparu, de façon que, sous ce point de vue spé¬ cial, l’état végétal, se présente comme une dégénérescence profonde. L’état d’enkystement se retrouve aussi chez certains végétaux, et il ajoute une preuve puissante de plus en faveur de mon interprétation. En s’enkystant , le protoplasma du végétal se contracte , cesse de nourrir et de se mouvoir, se sépare de sa membrane cellulosique et finit aussi par se diviser en corpuscules reproducteurs. C’est cet état , et non la période normale , qui est comparable au kyste des Protozoaires. D’après ce qui précède, l’évolution de beaucoup de plantes et d’ani¬ maux inférieurs , présente des traits fondamentaux identiques , et , par cela même, les observations développées ci-dessus pourraient peut-être paraître constituer un argument de plus en faveur de leur réunion en un groupe commun. Mais les mêmes phénomènes s'obser¬ vent chez des organismes dont la nature nettement végétale ou animale ne saurait être douteuse. Ce parallèlisme des phénomènes évolutifs démontre simplement une origine commune de ces êtres. L’un des deux groupes organisés dérive de l’autre par l’acquisition de caractères nouveaux, mais le mode de reproduction et les premiers phénomènes évolutifs ont gardé une marche commune : ce sont donc les caractères de la période végétative qui décident de la place des organismes dans les groupes actuels. L’ensemble des faits énoncés plus haut montre que JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 205 ce sont les plantes qui dérivent des animaux par une adaptation à un mode d’existence particulier. On peut encore observer actuellement des stades de cette évolution d’animaux vers le règne végétal. Ainsi la Vampyrella inermis, constituée par une masse protoplas¬ mique à mouvements amiboïdes, vit en parasite sur les Algues filamen¬ teuses, par exemple, les Œdogonium. Elle rampe à la surface de ces filaments et cherche l’endroit le plus mince, et par conséquent le plus facile à perforer, de l’enveloppe cellulosique. Une fois le parasite fixé et la membrane de Y Œdogonium perforée, il s’entoure lui-même d’une enveloppe de cellulose et continue à se nourrir et à s’agrandir dans cet état. La manière dont sa nutrution s’opère est remarquable. L’enveloppe cellulosique qui se forme à sa surface n’est pas complètement close, et l’être reste toujours en communication directe avec le contenu du filament d’Algue par l’intermédiaire d’un pore ; c’est en attirant, en suçant, le protoplasma de la plante que le parasite se nourrit. Lorsque la Vampyrelle a absorbé une quantité suffisante de cette nourriture, elle s’enkyste. Son enveloppe cellulosique se ferme, s’épaissit pendant qu’elle digère encore les restes du protoplasma qu'elle a englobé, et finalement le contenu du kyste ainsi formé se divise en un certain nombre de petites larves flagellifères. La Vampyrelle se montre donc nettement animal pendant une cer¬ taine période. Ensuite, elle revêt un caractère végétal, l’emprisonne¬ ment dans une membrane cellulosique empêchant les manifestations extérieures du mouvement pendant une partie de la durée delà période végétative, tout en gardant l’un des plus importants apanages du règne animal, le mode de nutrition. Si l’enveloppe de cellulose était imperforée, de manière que la Vampyrelle en soit réduite à se nourrir par endosmose , elle serait , à ce stade-là , sinon nettement plante , du moins Champignon , car elle n’est pas verte. Toutefois , malgré l’absence de ce caractère, on observe chez cet être une tendance non douteuse à passer au règne végétal , sans que cependant il puisse pour cela être assimilé complètement à une plante. L’on peut se rendre compte par cet exemple de ce qu’on doit enten¬ dre par celte expression « une forme de passage entre les animaux et les plantes ». On conçoit ordinairement les formes de transition entre les deux règnes organiques comme un groupe basilaire d’êtres aux deux extrémités opposées duquel ces règnes prennent naissance. En réalité, il n’existe, d’après ce qui précède, qu'un groupe unique d’or¬ ganismes, dont les végétaux sont dérivés à un certain point, sans que pour cela les formes qui se trouvent en deçà ou au delà, pas plus que celles qui prennent leur origine à un autre point, puissent être considé¬ rées comme des plantes. Les véritables formes de passage ne sont donc 206 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. pas les êtres les plus inférieurs , mais ceux qui marquent une tendance vers la structure qui caractérise les végétaux ; ceux-là seuls sont des plantes qui présentent nettement les caractères végétaux, les autres sont des animaux. Les corps reproducteurs mobiles des Cryptogames constituent des types larvaires qui peuvent jeter quelque lumière sur les origines de ces êtres : mais ces vestiges d’une évolution accomplie n’ont pas l'im¬ portance, au point de vue des affinités systématiques, que leur attri¬ buent certains auteurs. C’est cependant en se basant sur de simples analogies dans l’aspect extérieur avec ces zoospores que l’on a rangé beaucoup de Protozoaires dans le règne végétal. Ces corps reproduc¬ teurs présentent avec ces Infusoires une fausse ressemblance exté¬ rieure, mais ils en diffèrent par un certain nombre de caractères d’une haute importance. Ils tirent leur origine d’une plante et vont en fécon¬ der, ou bien en reproduire une autre par germination, après s’être fixés. Leur mouvement ne présente qu’une durée peu prolongée comparativement à la durée de la vie entière du végétal et très courte au point de vue absolu. Ils ne présentent pas de membrane d'enve¬ loppe , presque jamais de noyau, mais peut être , quelquefois, une vésicule contractile et, plus fréquemment, un point oculiforme. Ils ne se nourrissent et ne s’accroissent pas : pendant toute la durée de leur mouvement, leur volume reste invariable. Enfin, ils ne se reproduisent pas. Cet état absolument transitoire n’est comparable qu’à celui des larves des Protozoaires, au sortir du kyste ; il ne saurait constituer un lien de parenté suffisant pour déterminer, à lui tout seul, la place d’un être, et, je le repète, ce qui doit être placé vis-à-vis de l'Infusoire adulte, c’est le végétal adulte, Ce dernier a perdu les organes dont je viens de signaler l’existence chez la zoospore ; ces organes larvaires semblent , d’ailleurs , ne fonctionner que d’une manière fort impar¬ faite et paraissent bien plutôt n’être que des vestiges héréditaires, sortes de papiers de famille, que des parties d’une utilité réelle. Un fait qui semble donner une apparence rationnelle à l’opinion qui assimile certains Infusoires à des zoospores et leur kystes à des cellu¬ les végétales est que, chez les Algues dites unicellulaires, constituées simplement par une masse arrondie, la zoospore ne peut nécessaire¬ ment pas germer, c’est-à-dire s’allonger en tube et se cloisonner, puisque l’être adulte est un petit corpuscule globuleux, mais qu’au bout de sa. période de mobilité, elle demeure simplement en repos et s’ar¬ rondit, tout comme le Protozoaire qui s’enkyste. Cette apparente analogie paraît suffisante à un grand nombre de naturalistes pour- ranger ces Infusoires dans les Aigues unicellulaires. Cependant l'évo¬ lution de ces différents êtres présente des dissemblances fondamen¬ tales, non moins que les caractères réels de leur organisation. Les JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 207 zoospores dont il est ici question, après s’être immobilisés, s’entou¬ rent de cellulose et s’agrandissent ; à la fin de cette existence unique¬ ment végétale, ces êtres se divisent de nouveau en zoospores. Nous savons déjà que la période d’inertie des Protozoaires n’est rien moins que semblable à cette période végétative, que c’est un enkystement qui se rencontre aussi bien chez les animaux que chez les plantes. Ici aussi , ces interprétations sont basées sur des confusions de périodes et des comparaisons défectueuses. La discussion qui précède démontre que les êtres vivants actuels les plus simples ne peuvent généralement pas être considérés comme ayant une place douteuse, mais qu’on doit délibérément les ranger dans l’un ou l’autre des deux règnes organiques. D’un autre côté, la voie phylogénique qui a été suivie par certains Protozoaires peut être déduite de l’étude de ces phénomènes reproducteurs. Par exemple, pour arriver à leur constitution actuelle, les caractères locomoteurs des formes lar¬ vaires, ciliées ou flagellées, des Infusoires ciliés ou flagellés se sont conservés par une évolution progressive à l’état adulte, et l’état ami- boïde est devenu de moins en moins long chez eux durant la période végétative jusqu’à sa disparition complète. Bien des Protozoaires flagel- lifères ou ciliés présentent encore, à la fin de cette période végétative, un vestige de leur ancien état amiboïde ; avant de s’enkyster, ils per¬ dent leurs filaments locomoteurs et deviennent des corps amœbiformes, puis ils s’enveloppent d’une épaisse membrane au sein de laquelle s’opèrent les phénomènes reproducteurs. Il est d’autres cas qui sont aussi intéressants : certains êtres, tout en conservant leurs filaments mobiles, se transforment en Amibes et présentent ainsi, à la fois, les caractères amiboïdes et ciliés. Il peut aussi arriver qu’au contraire, ce soit le stade à cils ou à flagellums qui disparaisse complètement et que le kyste donne naissance directement à des petites Amibes. Bien d’autres transformations se sont encore opérées chez les êtres infé¬ rieurs ; ainsi les uns ont acquis la propriété de former des spiculés siliceux et se sont transformés en ces admirables Radiolaires que nous connaissons, d’autres ont secrété des coquilles calcaires, souvent si complexes, et ont constitué le groupe des Foraminifères qui jouent un si grand rôle dans la constitution des roches calcaires. De nombreux exemples de semblables transformations pourraient encore être cités, et la métamorphose de certains organismes en végétaux par la sécré¬ tion à leur surface d’une enveloppe cellulosique, suivie d’une dégéné¬ rescence organique considérable et d’une adaptation à un mode d’ali¬ mentation spécial, n’en est certainement pas la moins remarquable. Cette évolution végétale n’est pas absolument régressive, malgré la disparition des organes larvaires et de ceux de la sensibilité. La plante se perfectionne dans une direction spéciale ; elle possède une enveloppe 208 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. protectrice qui la met à l’abri des agents destructeurs, tout en lui per¬ mettant de se nourrir facilement par endosmose ; elle acquiert à un haut degré la propriété de se nourrir au moyen de la fonction chloro¬ phyllienne et de s’assimiler ainsi directement les principes minéraux : une plante vit facilement là où un animal ne saurait se subvenir. Donc, d’après ce qui précède, les différents organismes inférieurs sur la place desquels on a élevé des doutes, peuvent être nettement classés, soit parmi les animaux, soit parmi les végétaux, et les êtres intermédiaires entre ces deux groupes sont fort rares. Il en est, cependant, qui déconcertent toutes les prévisions théo¬ riques. Ainsi, au sein des matières alimentaires qui remplissent le cæcum du Cobaï, se trouve en abondance un petit parasite qui présente un tel mélange de caractères animaux et végétaux que sa place en devient fort douteuse. C’est un être d’une forme obïongue, constante et sans structure apparente (Fig. 30 à). Il possède à sa région extérieure un flagellum d’une finesse remar¬ quable et à son centre un noyau. Perpétuellement en mouvement, il est souvent rendu très-apparent parce qu’il porte à son intérieur de grosses spores qui présentent un aspect spécial, très voisin de l’éclat métallique (Fig. 30 b). Les spores, après leur éclosion, sont mobiles, se contournent en vrille et prennent ainsi l’aspect caractéristique et les allures d’un groupe spécial de bactéries, les Spirillum (Fig. 30c). Par les progrès du développement, les formes larvaires acquièrent la con¬ figuration de l’adulte. La production de spore et la phase de Spirillum constituent des JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 209 points de rapprochement d’une haute importance de cet organisme avec certains végétaux, les Bactéries. D’autres caractères rapprochent d’ailleurs encore ces organismes des plantes. Ainsi, ils se nourrissent par simple imbibition. Avant que les spores ne soient formées, tout leur corps se colore en bleu intense sous l’action de l’iode, ce qui montre qu’il contient de l’amidon à l’état de dissolution, comme par exemple, le Bacülus amyloibacter. Mais cet être est aussi rapproché des animaux par certains carac¬ tères. Il est librement mobile pendant toute son existence, même pendant la période de reproduction. Il se nourrit de matières ana¬ logues à celles qui servent de nourriture aux animaux et ne présente pas de trace de chlorophylle. 11 diffère tout spécialement des Bactéries dont seuls on pourrait le rapprocher par d’importants caractères. Outre ses dimensions considérables, il possède un noyau, organe qui ne se voit jamais chez ces organismes. Il est dépourvu d’enveloppe cellulosique. Je n’en dirai pas plus sur l’évolution des êtres en groupes spéciali¬ sés ; je suis loin de croire que j’ai épuisé le sujet. Les voies suivies par les organismes inférieurs sont innombrables, et fréquemment, après avoir atteint un certain degré de différenciation, ils tendent à retourner au type dont ils tirent leur origine. Ainsi, je ne serais pas étonné si l’on signalait l’existence déplantés envoie de retour au règne animal : je crois même en connaître. Les êtres dont il a été question jusqu’ici sont bien définis et rentrent incontestablement dans le règne organique. Il n’en est plus de même de certaines masses protéiques qui vivent dans des conditions spé¬ ciales. Les glaires ou aphanèroglies , ces substances protoplasmiques parfaitement transparentes qui se trouvent dans nos eaux potables, sont d’une simplicité et d’une homogénéité bien voisines de celle des composés chimiques non vivants ; leur difluence est à peu près égale à celle de l’eau elle-même. Et cependant, elles semblent douées d’une certaine vie, puisqu’elles s’entretiennont au sein des eaux d’où on les retire. Ces substances nous ramènent à un état de vie tellement infé¬ rieur qu’il est probable qu’elles touchent de bien près à l’état primi¬ tif de la matière vivante , au moment où elle s’est constituée par genèse spontanée. Il est probable que les. premières masses vivantes sont nées d’une manié* e diffuse au sein d’amas de matières plus ou moins analogues aux matières organiques actuelles, qu’elles étaient dépourvues d’individualité, de structure morphologique et de forme et qu’elles pouvaient, à n’importe quel moment de leur existence, se fu¬ sionner entre elles ou se diviser. Cette opinion n’est pas généralement enseignée. Il est des auteurs qui pensent plutôt que les premiers êtres 240 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sont nés avec leur individualité, comme une sorte de cristal vivant ; ils auraient acquis, parle fait même de leur production, une valeur morphologique fixe, celle d’une cellule. Nous savons déjà que la cellule est le résultat morphologique d’une évolution et que, primitivement, elle n’existe pas. La genèse spontanée a donné naissance au proto¬ plasma, substance chimiquement définie ; mais ce qui n’était pas défini, ce sont les masses constituées par lui à ces époques reculées. D'autres naturalistes admettent que les différents êtres doivent leur origine à des protoplasmas différents entre eux, nés par des genèses spéciales et propres, et c’est là ce qui constituerait la raison de leurs évolutions ultérieures diverses. D'après ma manière de voir, les premiers êtres étaient constitués par des masses protoplasmiques à volume variable suivant les circons¬ tances, sans individualité, pouvant se diviser et s’unir au hasard, à vitalité fort diffuse et presque nulle, sans structure, d’une consistance presque aqueuse, d’une simplicité et d’une homogénéité de constitution voisine de celle des composés chimiques, de façon que les propriétés vitales, presque insignifiantes d’ailleurs , étaient réparties dans toute leur masse avec une égalité absolue et sans localisations spéciales; c’était là véritablement du plasson. Ces masses vivantes primordiales sont nées par genèse spontanée au sein des produits complexes qui s’étaient formés sous l’influence des conditions si favorables à la pro¬ duction d’actions chimiques, qui existaient au tond des mers, lors de la période géologique où ces premières ébauches organiques se sont cons¬ tituées. Les facteurs de ces circonstances exceptionnelles étaient une température assez élevée, l’eau, l’électricité, la présence d’une foule de composés chimiques divers agissant sur des composés analogues aux matières organiques. Les premiers êtres se sont développés au sein de ces masses chimiques en voie de combinaison et de mutation continuelles ; ils sont le résultat ultimes d’actions chimiques intenses et la synthèse des matières qui les contenaient. Giard dit à ce sujet : « Lorsque le globe terrestre commença à se refroidir, les matières qui prédominaient dans l’atmosphère étaient l'eau ou ses éléments (hydro¬ gène et oxygène), l’acide carbonique et l’azote ; sous l’influence de la haute température et des sources puissantes d’électricité, de nom¬ breuses combinaisons ont dû se produire entre ces éléments : d abord des carbures d’hydrogène, puis des combinaisons azotées plus ou moins analogues aux matières albuminoïdes que nous connaissons . Parmi les innombrables combinaisons de cette sorte que la nature a produites pendant la série indéfinie des âges où la terre se refroidissait, plusieurs ont dû subsister durant la période où déjà, l’eau s’étant condensée, il existait des océans à la surface du globe. Le mélange de ces substances ou de celles d’entre elles qui pouvaient agir chimiquement les unes sur les autres, et se régénérer aux dépens de celles qui les JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ÎW entouraient, ou peut-être même aux dépens des composés plus simples, a constitué les premiers êtres vivants, êtres d’une simplicité excessive et à peine comparables aux organismes que nous appelons les Monères.» Je terminerai en faisant une remarque. Les premiers êtres vivaient en s’entretenant les uns aux dépens des autres, ou tout au moins aux dépens de substances organiques complexes. Les végétaux actuels s’assimilent directement des produits minéraux simples. Ce fait cons¬ titue une confirmation en faveur do la conclusion que je crois pouvoir tirer de l’étude qui précède : les plantes tirent leur origine du règne animal. E. Künstler. LES SARCOPTIDES PLUMICOLES Révision du groupe des AnalgesinŒ, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. (Suite) (1) Pfcroiichus «Iceiticiilntus . n. sp. (fig. 31 a, b). Corps d’un quart plus long que large, en carré oblong, à flancs subparallèles d’un roux clair avec les épimères et les plaques de renforcement d’un roux plus foncé ; rostre cordiforme , à demi recouvert par un prolongement de l’épistome ; pattes antérieures fortement épineuses ; un poil court suivi d’un autre plus long sur les flancs. Mâle ayant l’abdomen échancré et terminé de chaque côté par un lobe triangu¬ laire, subdivisé en deux très petits lobules, dont chacun porte un poil dilaté e forme de feuille allongée et lancéolée ; une feuille plus petite et un poil sur. les flancs, à la base du lobe externe ; l’échancrure portant de chaque côté une feuille très large, comme formée par la soudure de deux feuilles semblables à celles des lobes latéraux, mais sessile et sans pédicule, insérée par sa plus grande largeur, h bord libre lancéolé, soutenue par deux nervures l’une médiane et l’autre externe. Pattes antérieures épineuses et fortement dentelées sur leur face inféro-externe, le troisième article, portant une lame transparente dont le bord antérieur est dentelé; le quatrième un simple piquant. Epimères libres. Organe génital en arc ogival portant un pénis conoide petit et court, dirigé en arrière. On voit de chaque côté deux plaques de renforcement obliques, rougeâtres, qui vont rejoindre les lobes latéraux de l’échancrure abdominale. Plaques dorsales finement grenues. l'emelle fécondée plus allongée, ovale, avec l’abdomen rétréci et comme étranglé en arrière, de man ère à figurer deux lobes très courts (rappelant ceux des femelles du g. Proctophyllodes). Chacun, de ces lobes porte une courte feuille arrondie 0) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92, 150. 212 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. (anale) abord finement dentelé et deux poils longs normaux ; en dehors de chaque lobe, au fond de l’étranglement une courte feuille h bord libre carré et dentelé ; entre les deux lobes, en arrière de l’anus, un petit prolongement conoïde tronqué (fig. 32 a). Une courte lame transparente sur les flancs, des pattes postérieures à l’étranglement. Vulve en forme d’Y renversé, surmontée d’un sternite en arc. Dimensions : mâle : long.: 0min,36, larg.: 0mm,21. femelle ; long. 0mm, 40, larg.: 0mra,22. Habitat. — Sur les Perruches d’Amérique, notamment sur le Conu- rus cruentatus du Brésil. Fig. 31. — a. Pterolichus denticulacus , mâle; b. femelle (privée accidentellement de ses feuilles abdominales) ; c. Pt. denticulcitus Var. cribriformis, extrémité postérieure du mâle (face dorsale) ; d. Pt. hasti folia, extr. post. du mâle (face ventrale) ; e. Pt. hemiphyllus (id.) — Gross. 65 diam. Var. a. Pt. dentïculntus incnnis , n. var. Semblable au type, mais à pattes antérieures dépourvues des épines et crêtes dentelées qui le distinguent. Habitat. — Sur le Caica leucogastra du Brésil et de la Guyane. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 213 Var. b. i*t. denticulatus cribriformis . n. var. (fig. 31, c). Semblable au type , mais plus petit , à téguments transparents et moins colorés. Plaque notagastrique criblée de trous larges et régulièrement disposés. Deuxième paire de pattes à piquant simple, non dentelé. Mâle : grandes feuilles de l'échancrure abdominale à extrémité tronquée, coupées carrément, chacune d’elles étant soutenue par trois nervures dont l’interne, plus courte, est dirigée obliquement en dedans. — Femelle : à feuilles abdominales petites, assez longuement pédonculées et tronquées ou échancrées à leur bord libre. Cette variété forme la transition du type à l’espèce suivante. Dimensions : mâle : long.: 0mm,28, larg.: 0nim,16. femelle: long.: 0inm,30, larg.: 0mm,17. Habitat. — Sur le Psittacule moineau ( Psittaculus passer inus ) de la Guyane. Pterolictaus heniipliyllus, n. Sp. ( fig. 31, é). Très voisin de l’espèce précédente, mais de forme ovale, avec l’abdomen rétréci et plus allongé chez le mâle , de sorte que l’échancrure terminale est beaucoup plus étroite et forme un arc ogival. 11 n’y a qu’un seul lobe de chaque côté , formé par le lobule interne qui s’est développé aux dépens du lobule externe, se termine en lame mince échancrée en arrière et porte les poils terminaux. Ceux-ci sont normaux ou peu dilatés : une feuille en fer de lance à deux nervures, insérée sur le bord interne du lobe, repré¬ sente la grande feuille de l’échancrure ; un poil long s’insère au-dessus de l'échan¬ crure du lobe ; un second poil très long et très fort s'insère en dehors à la base de ce lobe ; deux poils en dagues sont insérés un peu plus haut sur les flancs. La plaque de l’épistome porte deux paires de poils sur une seule rangée, dont l’externe très fort et très long, l’interne très petit et très court. Jambes intérieures à piquants simples. Jambes postérieures plus développées que les antérieures, s’insé¬ rant un peu obliquement, celles de la troisième paire continuant la ligne des flancs. Organe génital en diapason renversé portant un court pénis conoïde. De chaque côté une lame de renforcement rougeâtre qui va de l'organe génital au lobe latéral. Deux paires de glandes cutanées rougeâtres, sur les flancs, l’une au sillon thoracique, l’autre au niveau des ventouses copulatrices. — Femelle fécondée: semblable à celle du Pt. denticulatus, mais à feuilles terminales pédonculées très petites, réduites à de simples piquants tuberculeux, branchus ou bifides en forme d’Y. Dimensions: mâle : long.: 0mm,36, larg.: 0uim,21. femelle : long.: ümm,38, larg.: 0mm,20. Habitat. — Sur la Psitiacula lunulata, des Philippines. Var. a. I"t. hcmiphyllus mici ogthylluK • n.var. Cette variété est plus voisine du Pt. denticulatus que le type. La forme du corps est moins ovale, plus carrée , l’abdomen moins rétréci et l’échancrure plus large, les pattes postérieures plus grêles. Le grand poil inséré de chaque côté en dehors et à la base du lobe terminal est dilaté en feuille jusqu’ à moitié de sa longueur. La feuille de l’échancrure, insérée à la base du lobe, est 214 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tronquée et le premier poil qui la soutient est fort, dilaté en lame de poignard et dirigé obliquement en dedans. Ces caractères rappellent le Pt. denticulatus cribriformis. Dimensions: mâle : long.: 0mm,40, larg.: 0mra,20. femelle.: long.: 0,42, larg.: 0mm,31. ? Habitat. — Sur Y Amazona melanocephala , (Guyane, Equateur). Var. b. i*t. hemiphyllus porrectus , n. var. Semblable au type, mais beaucoup plus grêle et plus allongé , surtout la femelle. Mâle : échancrure abdominale très étroite ; feuille de cette échancrure en forme de couperet à talon arrondi, à pointe oblique en dedans, soutenue par un seul poil avec le second poil, dont l’insertion se confond avec celle du précédent, en forme de dague, dirigé obliquement en dehors. Lobes terminés en angle aigu avec deux poils longs insérés, l’un près de l’extrémité, l’autre, plus fort et plus long sur le bord externe; deux poils en dagues sur les flancs, en avant de chaque lobe, dont l’antérieur est dirigé en dehors. Jambes antérieures épineuses ; un fort piquant à pointe antérieure sur le deuxième article de la deuxième paire. Organe génital en diapason à branches ouvertes portant un court pénis conoïde: une plaque rougeâtre oblique de chaque côté entre l’organe génital et les lobes terminaux. Plaque notogastrique criblée de trous réguliers. — Femelle : plus grêle encore que le mâle, à flancs subparallèles, un peu rétrécie en arrière, avec un étranglement et deux lobes comme chez celle du Pt. den¬ ticulatus. Feuilles anales et de l’échancrure pédonculées et tronquées, soutenues par une nervure bifurquée en Y. Lame transparente des flancs coupée à angle droit en avant de l’échancrure et à bord postérieur dentelé (fig. 3 2b). Une plaque anale transversale rougeâtre. Fïg. 32. — a. Pterolichus denticulatus , femelle: b. Pt. hemiphylius Var. porrectus, femelle (extrémités postérieures, pour montrer la forme des feuilles abdominales). — Gross., 200 diam. Dimensions: mâle : long.: 0mm,40, larg.: 0min,20. femelle: long.: 0mm,40, larg.: 0a‘m,16. Habitat. — Nous avons trouvé le mâle sur Amazona melanoce¬ phala , la femelle sur Amazona menstrua (Amérique méridionale). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 245 Pterolichus hastifolia, n. sp. (fig. 31c?). Semblable au Pt. hemiphyllus , en ovale plus allongé que le type, mais moins grêle et à abdomen moins rétréci que dans la variété Pt. hemiphyllus porrectus. Mâle : échancrure abdominale presque nulle ; lobes latéraux très courts portant de chaque côté une feuille (anale, ou de l’échancrure), dilatée en fer de lance , à bord interne convexe, portant la nervure, à bord externe anguleux ; deux poils longs dont l’externe un peu plus fort, puis deux poils en dague, dont l’antérieur est oblique en dehors. Jambes antérieures, légèrement épineuses. Plaque notogastrique criblée. — Femelle : ovale, assez trapue ; feuilles terminales en forme d’Y, ou de piquants bifides ; plaque anale indistincte. Dimensions : mâle : long.: 0mm,42, larg.: 0mra,20. femelle : long.: 0nim,43, larg.: 0ram,22. Habitat. — Sur la Perruche de Patagonie ( Conurus smaragdinus). Sectio B. Pterolichi obtusi. Espèces à formes plus ou moins lourdes, à abdomen entier, mais un peu échancré ou bilobé chez les mâles et portant des poils simples (non en forme de feuilles) à pattes antérieures inermes ; à teintes plus ou moins foncées. — Les premières espèces sont courtes, presque carrées ; les dernières sont plus allongées, à abdomen plus mince, à formes plus élancées. Les mâles diffèrent peu des femelles, sauf par la taille, celles-ci étant toujours un peu plus grandes. — Les espèces de ce groupe passent au sous- genre Pseudalloptes , et les mâles ressem¬ blent souvent beaucoup à ceux des Pierodecies , (genre du groupe des Proctophyllodés). Pterolichus squatarolæ, Can. Dermaleichus squatarolœ, Canestrini , Atti del R. Istituto Veneto, V, 1878-79, p. 47. C’est la seule espèce dont le mâle ait l’abdomen échancré en arc de cercle (comme chez les Microspalax) ; toutes les autres l’ont bilobé. — La couleur est d’un roux très foncé, avec une ligne blanche sur le dos entre les deux plaques dorsales (sillon thoracique). Dimensions: mâle, long., O1™ 40 , larg., 0mm22 femelle, long., 0 47, larg., 0 25 Habitat. — Sur un grand nombre d’Echassiers de rivage et notam¬ ment sur Squatarola helvetica , Pluvialis varias, PI. melanogaster , Charadrius pluvialis, etc. Probablement cosmopolite. Pterolichus Charadrïi, Can. % Dermaleichus Charadrii, Canestrini,* Atti del R. Istituto Veneto , l. c. , 1878-79, p. 48. 216 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Couleur d’un roux foncé avec une ligne blanche transversale en forme de ceinture, comme dans l’espèce précédente. Dimensions : Semblables à celles du précédent, ou un peu plus petites. Habitat. — Remplace l’espèce précédente sur un grand nombre d’Echassiers de rivage , notamment sur Recurvirostra avocetta , Himantopus melanopterus, Hœmatopus ostrategus, H. niger , Cha- radrius liiaticula , Ch. cantianus, Ch. minor , Actitis hypoleucus , Gallinago minima , etc. Probablement cosmopolite. JPterolichus crassus . n. Sp. Mâle : De forme losangique, court, mais moins massif que les précédents, à teintes moins foncées, l’abdomen rétréci en arrière et terminé par deux lobes arrondis, avec une échancrure en demi-cercle entre les deux lobes. Ligne des flancs fortement bombée en arrière de la deuxième paire de pattes et du sillon thoracique. Pattes assez longues, à tibial fortement incurvé en dedans, surtout à la troisième paire ; cette paire atteignant ou dépassant un peu l’extrémité de l’abdomen ; la quatrième paire un peu plus forte, dépassant cette extrémité de la longueur du tarse. — Rostre en cône tronqué, découvert jusqu’à sa base. Deux poils sur les flancs, en avant de la troisième paire, assez fins, l’un plus long, l’autre plus grêle et plus court, inséré au-dessus du premier. Quatre poils espacés à l’extrémité de la plaque de l’épistome, plaque notogastrique transparente et peu foncée. Ventouses copulatrices larges, cratériformes, de chaque côté de l’anus. Chaque lobe abdominal porte quatre poils dont l’interne, court et en forme de dague est oblique en dedans. Epimères libres; organe génital petit, au niveau de la troisième paire. La femelle qui nous est inconnue, ne doit différer de celle de l’espèce suivante que par une plus grande taille. Dimensions: mâle: long.: 0mm,46, larg.: 0mm,32. Habitat. — Sur le Calao couronné ( Buceros coronatus), de l’Inde et de la Malaisie. iHcrolichus minor. n. sp. Semblable au précédent, mais de moitié plus petit; téguments transparents, faiblement colorés, avec les épimères teintés de roux ; rostre court , plus qu’à demi recouvert par la plaque de l’épistome, qui porte deux paires de poils, dont l’externe très long, l’interne très petit. Épimères de la lre paire formant collier au rostre et se rejoignant en-dessous en forme de V, sans prolongemént sternal ; ceux de la 2e paire libres. Deux poils longs et fins sur les flancs, en avant de la 3e paire de pattes , très rapprochés, superposés et presqu’égaux. Pattes cylindriques , égales, moyennes. Mâle : à flancs moins bombés que dans l’espèce précédente, à lobes abdominaux confluents, séparés seulement par une petite échancrure anguleuse ; chaque lobe portant quatre poils normaux dont les deux médians plus longs, l’interne plus court et très grêle. Pattes postérieures incurvées en dedans, celles de la troisième paire dépassant l’abdomen, celles de la quatrième assez longues pour se toucher presque par leurs ambulacres après avoir embrassé l'extrémité de l’abdomen. Ven¬ touses petites, rapprochées des lèvres de Lanus. Organe génital petit, à sternite en arc de cercle, au niveau de la quatrième paire de pattes. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 217 Femelle fécondée : plus grande et plus allongée que le mâle, à flancs sub-paral- lèles, l’extrémité de l’abdomen conique et sans échancrure, portant de chaque côté quatre poils dont les deux intermédiaires très longs, les deux autres très courts et très grêles. Pattes de la troisième paire plus courtes que l’abdomen, celles de la quatrième paire le dépassant très peu. Sternite vulvaire en arc de cercle placé en arrière du V formé par les épimères antérieurs. Dimensions : mâle : long.: 0mm,24, larg.: 0mm,16. femelle : long.: 0mm,31, larg.: 0mm,19. Habitat. — Sur le Hobereau [Falco subbuteo), d’Europe et de France. Fig. 33. — Plerolichus cataphractus. — Mâle (à gauche) , femelle (à droite) ; gr., 65 diam.; — plaque notogastrique , 200 diam. Pteroliclius cataphractus, n. sp . Semblable au précédent , mais plus grand et plus allongé, à flancs moins bombés, et de couleur beaucoup plus foncée, avec une ligne blanche trans¬ versale au niveau du sillon thoracique. Plaque notogastrique épaisse, finement granuleuse , et de plus , couverte de rosaces très élégantes , formées de sept tubercules disposés en rose , c’est-à-dire un au centre et les six autres autour, en hexagone régulier (cette disposition est surtout bien nette chez la femelle). L’aspect de cette cuirasse rappelle celle des Tatous (genres Tolypeutes et Glyptodon), et imite même le dessin de la peau du Jaguar [Felis onca ), quand la préparation n’est pas bien au point. Plaque de Pépistome formée de petites plaques réticulées, symétriquement disposées et finement grenues comme celles de la tête de certains Reptiles. Rostre découvert jusqu’à sa base : dernier article des palpes portant un poil court tronqué et un autre plus grêle et plus long, tous deux recourbés en dedans. Epimères libres : pattes antérieures à 3e et 4e articles un peu épineux, à 2* article tranchant sur son bord externe ; pattes postérieures à 2e et 4e articles renflés et gibbeux. Poils des flancs comme chez le précédent. Mâle : à échancrure postérieure en angle obtus, à ventouses petites, rapprochées 3 218 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de la ligne médiane, de chaque côté de l'anus; troisième paire de pattes n’atteignan; pas l’extrémité de l'abdomen ; la quatrième la dépassant à peine de la longueur du tarse ; chaque lobe de l’abdomen portant 4 poils dont l’interne et l’externe courts et en piquant. Femelle : très peu plus grande que le mâle, à sternite vulvaire en fer à cheval, à abdomen plus allongé et conique, avec une échancrure peu profonde en arrière de l’anus ; de chaque côté 4 poils dont l’interne est très petit et en piquant, l’externe à peine distinct. Nymphe à plaque dorsale réticulée en hexagones plus ou moins réguliers. Dimensions : mâle : long : 0mm,45, larg.: 0mm,26. femelle : long.: 0mm,52, larg.: 0mm,20. On trouve sur le même oiseau (Tragopan satyre), une variété plus pâle et qui diffère du type par sa taille plus petite, et les plaques de sa cuirasse qui sont hexagonales avec un seul tubercule au centre. Habitat. — Sur les Tragopans ( Ceriornis satyra) de l’Himalaya, et (accidentellement ?), sur le merle à longue queue [Calornis chalybœa ou C. cantor), de Java et Sumatra. Pterolichus decoratus, n. Sp. Semblable au précédent , mais les téguments d’un roux clair, transparents, et les plaques de renforcement des épimères d’un rouge vif (comme sur le Pt. ornatus que nous décrirons plus loin). Pattes antérieures tuberculeuses sur leur face inférieure et externe, les 2e et 3e articles munis d’une crête transpa¬ rente et le 4e d’un tubercule conique, plus développés à la lre paire ; pattes de la 4e paire un peu plus développées que celles de la 3e. Rostre conique, à demi recouvert par l’épistome , le dernier article des palpes portant en dehors un court poil obtus recourbé en dedans (comme chez Pt. cataphractus) . Deux poils longs et un plus petit et plus grêle sur les flancs, tous trois insérés à peu près au même niveau. Epimères libres. Une glande rudimentaire (peu colorée) au niveau du sillon thoracique comme chez le Pt. ornatus. Mâle : à abdomen bilobé avec l’échancrure en demi-cercle, chaque lobe portant 5 poils, dont l’interne et les deux externes courts, en forme de dague, les deux autres longs et normaux. Pattes de la troisième paire assez grêles, n’atteignant pas l’extrémité de l’abdomen ; celles de la quatrième paire plus grosses et plus longues (comme dans le genre Pseudalloptes ), dépassant cette extrémité. Organe génital au niveau des épimères de la quatrième paire, en forme de compas de menuisier. Femelle : plus grosse et plus massive que le mâle, à abdomen entier, à peine échancré en arrière de l’anus, portant de chaque côté 4 poils dont les deux intermé¬ diaires très longs, les deux autres très courts, en piquant, l’externe plus distinct. Pattes postérieures moins inégales que chez le mâle à deuxième article fortement étranglé à sa base, en cône renversé ; le troisième article renflé et tuberculeux sur sa face interne. Vulve à lèvres fortement plissées en forme de collerette, à épimérites en lyre renversée , surmontée d’un sternite en fer à cheval. Plaque notogastrique finement granuleuse en avant, réticulée et transparente en arrière, avec une lame transversale rougeâtre en arrière de l’anus. Dimensions : mâle : long.: 0mm,35, larg.: 0mm.22. femelle: long.: 0mm,45, larg.: 0mm,30. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 219 Habitat. — Sur le Rouloul ( Rollulus ( Cryptonyx) cristatus ) de la Malaisie (Java). Pterolichus pustulatus, n. sp. Semblable au précédent , mais sans glande rougeâtre au sillon thora¬ cique. D’un roux clair avec les épimères d’un roux plus foncé. Pattes très fortes, surtout chez le mâle, et toutes égales entre elles , les antérieures por¬ tant une crête transparente au 2e et 3e articles et un tubercule en forme de piquant en avant du 4e ; extrémité du tarse échancrée à angle aigu et portant deux poils courts à pointe obtuse, et un autre en piquant avec les ambulacres petits (cette disposition est moins sensible chez la femelle). Un piquant assez grêle en arrière du sillon thoracique, avec un poil long et un piquant plus fort, l’un au-dessus de l’autre, insérés beaucoup plus loin, en avant de la 3e paire. Rostre en cône tronqué à demi découvert, avec un poil court, obtus et recourbé au dernier article des palpes. Epimères libres. Plaque notogastrique portant (au moins chez le mâle), de petits groupes de points en forme de pustules perlées, régulièrement disposées, chaque groupe comprenant de 12 à 15 points. Mâle: plus petit que la femelle, à abdomen hilobé, chaque lobe portant quatre poils dont l’interne et l’externe sont en piquants. Ventouses copulatrices peu appa¬ rentes. Organe génital en arc ogival, avec les branches de l’arc se rejoignant pres- qu’en arrière, situé entre les épimères des troisième et quatrième paires de pattes. Femelle : plus grande que le mâle, à abdomen plus allongé, à flancs subparallèles, mais se terminant en cône tronqué, avec un tubercule transparent , recourbé en crosse , en arrière de l’anus. Poils latéraux comme chez le mâle. Pattes plus grêles et moins épineuses que chez celui-ci. Sternite vulvaire enter achevai. Dimensions: mâle: 0mm,40, larg.: 0mm,22. femelle : long.: 0mm,57, larg.: 0mm,30. Habitat. — Sur le Hocco ( Crax alector ), de l’Amérique méridionale (Guy ânes). P. Mégnin et Dr E. L. Trouessart. (A suivre). UN MOT AU Dr BLOCHMANN (0. Dans un petit article, récemment paru sous le titre de : Bemer- kungen über einige Flagellaten, dans la Zeitschrift fur icissen- chaft. Zoologie , vol. 40, le Dr Blochmann critique, en certains endroits, peu gracieusement, et reproduit peu exactement en quelques (1) Zoologischer Anzeiger du 24 mars 1884, p. 175. 220 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. * autres, sans le mentionner, un mien travail sur « Les Protistes endo- parasites . — (Atti delta Società italiana di Scienze Naturali. Vol. XXIV,) Je prie les lecteurs qui s’intéressent au sujet de vouloir bien con¬ sulter mes travaux originaux, et de ne se contenter ni des résumés du Dr Bütschli, ni surtout de la critique du Dr Blochmann. B. Grassi, Professeur à l’Université de Gatane. AS TA S IA HÆMATODES. W L’annonce de la découverte dans la faune du Nouveau Monde d’une forme connue de l’Ancien Monde , meme parmi les Infusoires , est digne d’être prise en considération. Trouver une espèce indubitable¬ ment commune aux deux continents est à la fois une surprise et un plaisir. Au mois de septembre dernier, en chassant au marais près de Twin Mountain House, White Mountains, (New Hampshire), j’ai observé quelque chose ressemblant à du sang rouge, une écume à la surface d’un marais calme et peu profond , dans une prairie de la montagne; cela paraissait comme un oxyde rouge. Après plusieurs visites, je fus amené à penser que cela se formait à la surface. J’ai vu du pollen orange foncé, jamais rouge de sang; cependant, je cherchai s’il n’y avait pas quelque fleur qui pût laisser tomber son pollen dans l’eau. Il n’y en avait aucune. Je récoltai un peu de cette matière rouge dans un flacon et l’examinai peu après au microscope. A ma grande surprise, je trouvai que c’était ce singulier Infusoire, l’As- tasia hœmaiodes. Bien qu’il ne constitue pas un aussi joli objet que certains Botifères , cet Infusoire est extrêmement intéressant, parti¬ culièrement à deux points de vue : Premièrement, il a distinctement des allures amiboïdes. Ses chan¬ gements de forme sont tout à fait remarquables en raison de leur netteté. Vous le voyez sous l’aspect d’un fuseau allongé, puis, au bout de quelque temps, il se change en une masse piriforme. Après quel¬ ques instants de repos, il devient globulaire, ou plutôt, c’est un sphéroïde aplati. Après un nouveau repos , c’est un disque plat par¬ faitement circulaire. Quant à ses organes, il ne paraît pas en avoir et semble à peu près aussi simple dans sa structure qu’une Amibe. En vérité, il possède un (1) Note lue à la * Microscopical Society « de l’Etat de New-Jersey , 19 nov. 1883 ( The Microscope ) . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. m court prolongement qu’on pourrait appeler une queue et qui peut lui servir de point d’appui, lui permettant de se livrer à une sorte de mouvement oscillatoire commun à plusieurs Infusoires des plus haute¬ ment organisés. Il a aussi un mouvement de glissement très semblable à celui des Amibes, mais il ne développe jamais de pseudopodes comme celles-ci. Secondement, notre Astasia peut changer tout à fait sa couleur, ou du moins est sujet à en changer. En réalité, on peut l’appeler le Caméléon des Infusoires. Le protoplasma pellucide qui forme entière¬ ment cette espèce vivante microscopique, renferme des vacuoles, et celles-ci paraissent constituer deux séries ; celles de la première série contiennent des grains de chlorophylle , et celles de la seconde des granules de pigment rouge. Quand le petit être est en activité et change de formes, comme cela a été décrit plus haut, il prend alter¬ nativement ces couleurs, devenant quelquefois en même temps rouge et vert et constitue un charmant objet microscopique. C’est une chose admirable que de voir ces changements de forme et de couleur, tantôt un fuseau rouge, tantôt une poire d’un rouge changeant, ensuite un globule, puis un disque et alors c’est la couleur verte qui domine et, dans ce cas encore, va d’un vert-pré d’éméraude à un vert bleu de turquoise. J’avais eu l’espoir d’étudier plus attentivement ces êtres. Mais, éloigné d’eux par quelques jours de maladie, quand j’y' revins, ils étaient tous morts. ’ Prof. Samuel Lockwood. DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION. (Suite.) (1) Germination. — La vie latente des spores devient active lorsqu’elles sont placées dans des conditions convenables. La germination n’a été observée que sur un nombre restreint d’Hyménomycètes. Beaucoup d’espèces restent rebelles à toutes les tentatives. Ces insuccès tiennent à l’ignorance dans laquelle on est au sujet des conditions de milieu nécessaires. Toutes les spores réclament une certaine quantité de lumière, de chaleur et d’humidité ; dans certains cas, on peut obtenir la germination en plaçant les spores dans l’eau pure ; ailleurs, il faut que le liquide contienne divers corps tels que du sucre, de la gomme, (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 83, 101, 158. 222 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. des acides, etc. Une autre cause d’insuccès est que beaucoup de spores ne peuvent germer qu’après être restées pendant un temps plus ou moins long à l’état de vie latente, c’est-à-dire qu’elles sont chronis- pores. C’est à cette cause qu’il faut attribuer le plus grand nombre des échecs qu’on a à subir. Parmi celles qui peuvent germer immédiatement, citons le Cyphella Curreyi Bk: si on place, dans une goutte d’eau ordinaire sur le porte- objet du microscope des spores de cette plante, on les voit se gonfler légèrement, le plasma s’émulsionne avec les gouttelettes d’huile qui l’accompagnent et au bout d’environ 1/4 d’heure, il se forme une légère saillie en un point quelconque de la spore. Peu à peu cette saillie s’allonge en un tube hyalin très-grêle, dans lequel s’accumule le plasma ; au bout de 24 heures, le tube atteint 15 à 20 fois la lon¬ gueur de la spore. En observant avec soin l’anastomose du tube avec la spore, on voit qu’il vient de l’endospore qui fait saillie au travers d’une déchirure de l’épispore qui peut même former une sorte de gaine à la base du tube germinatif. Ce tube, premier rudiment du mycélium, ne tarde pas à se cloi¬ sonner et à se ramifier. La même spore peut émettre deux tubes à la fois, soit du même côté, soit à deux pôles antipodes. Un phénomène analogue a lieu avec les spores du Corticium levœ (1). Si on met à germer les spores arquées de YAuricularia mesenterica , on les voit se gonfler et émettre un très court prolongement qui se renfle à l’extrémité pour former une sphère, laquelle ne tarde pas à s’incurver pour former une nouvelle spore de même forme que la spore mère, mais un peu plus petite. Cette spore secondaire ou sporidie se gorge de tout le plasma de la spore mère. Dans YAuricularia sambucina , les faits se passent de la même manière, seulement la sporidie est séparée de la spore mère par un Promyçelium dont la longueur atteint 7 à 8 fois celle de la spore mère. Cystides* — Les cystides sont des cellules stériles de l’hymenium qui accompagnent les basides et qui sont caractérisés par leurs dimen¬ sions considérables en largeur et en hauteur. On les trouve dans un grand nombre d'Hyménomycètes , les Agarics, Coprins, Russules, Polypores, Pistiliaires, Hydnes, etc. Leur présence n’est pas cons¬ tante : certains genres en sont totalement dépourvus. Les lames des Agaricinées se prêtent facilement à leur observation : on les rencontre sur toute la surface fructifère, mais principalement vers la tranche des lames. Dans quelques espèces , l’arête en est uniquement constituée, et parfois ils ont une coloration particulière : (1) Tabulœ N* 153. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 223 ce sont eux qui colorent en noir le tranchant des lames de YAg. serrulatus. La forme descystides est extrêmement variable d’un genre à l’autre et quelquefois dans le même genre ; cependant, il est des cas où ils peuvent servir à caractériser tel ou tel genre. Hoffmann a essayé de distribuer les Agarics d’après la forme des cystides. Nous allons indiquer les formes qu’on rencontre d’habitude. Dans les Amanites, ils ont la forme d’une massue contenant un plasma incolore et granuleux. Dans les Collybia, ce sont de grosses cellules renflées vers le milieu et tronquées au sommet. Dans les Pleurotes, quelques Russules et Panœoli ce sont de gros¬ ses cellules ovoïdes dont le sommet s’étire en une pointe qui se renfle en une sphère à l’extrémité. Dans beaucoup de Coprins et d’ Agarics, ils ont la forme d’un doigt de gant. Ils sont en fer de lance dans quelques My cènes et Marasmes. Il arrive que les cystides sont incrustés d’une matière jaune cireuse. Dans quelques Russules, la petite sphère terminale est gorgée d’oxalate calcaire. Dans les Inocybe, le cystide est très caractéristique : c’est une grosse cellule renflée vers le centre, à sommet tronqué ; ce som¬ met est remarquable par la grande épaisseur de sa paroi qui souvent est rugueuse, hérissée par des saillies de cellulose. Les Stereum à hyménium dit sétuleux, examinés avec une forte loupe, paraissent hérissés de pointes raides. Ces pointes sont formées par des cystides en forme de massue renversée et dont la partie mince est étirée en pointe aigüe. La paroi est, dans ce cas, très épaisse et colorée, tandis que le restant de l’hymenium est incolore ; la cavité est vide de granules plasmiques et l’organe paraît cuticularisé. Dans ces mêmes plantes, ces pointes hyméniales ne semblent pas faire partie de l’hymenium proprement dit, elles ne dérivent pas d’une couche sous -hyméniale de filaments grêles, mais prolongent de gros hyphes qui arrivent jusqu’en dessous de l’hymenium. Le même phénomène s’observe dans 1 e Polyporus ferruginosus . Les anciens auteurs voyaient dans le cystide un organe de féconda¬ tion comparable aux anthéridies et qu’ils nommaient pollinaires. Récemment encore, M. Sicard et l’anglais Wg. Smith ont cherché à rendre au cystide son rôle d’organe mâle ; ils ont indiqué des corps mobiles spermatiformes qui émaneraient du cystide pour venir se fusionner avec le baside et opérer ainsi une fécondation tardive. Mais M. de Bary a montré que ces prétendues spermaties ne provenaient pas du Champignon et étaient des corps étrangers. 224 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Pour nous, les cystides sont des basides hypertrophiés jouant le rôle d’organes d’excrétion. Dans le jeune âge des Agarics, les cystides font communiquer les lames entre elles. Dans Marasmius calopus les cystides en fer de lance sont colorés en brun ; on voit sur le stipe des poils analogues pour la forme et la couleur. Les aspérités du stipe de Bolelus scaber sont constituées en grande partie par des îlots pileux dont chaque élément est le même que les cystides hyméniens. Il arrive, bien que rarement, que le même Champignon ait des cys¬ tides appartenant à deux types différents. Ainsi dansY Inocybe hiulcus, outre les cystides habituels, on observe une deuxième forme qui a l’aspect de bouteille à col allongé, et qui, au lieu de contenir un plasma incolore , est gorgée d’une matière granuleuse brun rouge ; de plus, les parois sont minces dans toute leur étendue. Paraphyses. — Les paraphyses sont des cellules grêles et courtes qui constituent le fond de l’hymenium ; elles sont incolores et remplies de protoplasma hyalin. Elles sont susceptibles de se développer et deviennent alors soit des basides, soit des cystides. Pilosisme hyménial. — Dans YAg. glandulosus, on observe à la surface des lames, des îlots pileux d’apparence glanduleuse. Ces ilôts sont produits par les éléments hyméniens qui se sont allongés outre mesure et ont donné des poils. Dans le Cypliella Curreyi , la trame de l’hyménophore se prolifère au travers de l’hymen ium et donne naissance à des touffes de poils incolores, rugueux, semblables à ceux qui entourent la cupule. Dans le voisinage de ces touffes, les cellules hyméniales s’allongent et ten¬ dent à s’hypertrophier. Le Coriicium iyphœ qui se rencontre à la base des feuilles mortes ou mourantes de Typha , Carex et Juncus divers, paraît à la loupe, parsemé de pointes blanches qui sont formées de filaments pluricellu¬ laires accolés, partant de la trame sous-hyméniale ; ces pointes se font jour au travers de la couche fructifèré et donnent à la plante son aspect farineux. Chez les Champignons subéreux, dont la végétation présente des stables d’activité et de repos, tels que les Polyporus fomentarius nigricans, etc., on voit après l’émission des pores la partie inférieure des tubes se couvrir d’un fin duvet qui est produit par le développe¬ ra nt de la trame ; peu à peu, ce duvet oblitère l’ouverture des tubes JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 225 et. forme un nouveau lacis d’hyphes qui, à son tour, produira des tubes qui seront sur le prolongement des anciens. Dans le Dœclalea quœrcina , il se forme, non plus directement des tubes, mais une nouvelle trame d’byménophore qui atteint une épais¬ seur de plusieurs centimètres avant de donner naissance à une nou¬ velle couche hyméniale. s Localisation de l’hymenium. — Dans les divers groupes de Basi- diosporés ectcbasides, l’hymenium prend des aspect variables qui ont servi de caractères pour la classification. Ainsi il est étendu sur : Des lames dans les Agarics, Coprins, Lenzites, etc. Des plis dans les Chanterelles, Mérules, etc. Des pores dam les Bolets, les Polypores. Des pointes dans les Hydnes. Sur une surface nue dans les Clavaires, Téléphores, etc. Quelle que soit sa figure, l’hymenium est ordinairement tourné vers la terre. Aussi a-t-on cherché à expliquer ce fait en l’attribuant à une influence géotropique. Diverses observations semblent, en effet, indi¬ quer cette action de la terre sur l’hymenium. Lorsque des Agarics croissent à la face inférieure de poutres, on les voit diriger leur stipe en bas, mais dès que le chapeau a pris un développement suffisant, le stipe se recourbe de telle sorte que l’hymenium soit infère. Citons encore l’expérience suivante : un Ag. sphinctrinus ayant déjà développé et entr’ouvert son chapeau dans la position normale, a été déraciné et posé sur la terre de façon à ce que les lames soient horizontales ; au bout de peu d’heures le stipe s'est recourbé à angle droit pour que le chapeau reprenne sa situation naturelle. Lorsque le Champignon est privé de stipe , tel que les Polypores ' (Physispores), et appliqué latéralement sur un tronc, les pores ne se forment pas complètement : ils sont réduits à de simples cannelures qui descendent verticalement le long du substratum. Les Cvphelles recourbent leur cupule pour en diriger l’ouverture vers la terre, et sont par cela même presque toujours inéquilatérales. Si dans les exemples précédents le géotropisme paraît indispensable, il est des cas où son action ne peut pas s’exercer à cause de la forme ou de la situation de la plante et néanmoins l’hymenium se développe parfaitement. Les Clavaires par exemple se dirigent vers le ciel et ont l’hyme- nium sur tout leur pourtour. Beaucoup d’ Agarics présentent une monstruosité dite hyménium 226 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. inverse, dans laquelle le Champignon possède outre son hyménium infère, un hyménium lamelleux supplémentaire, placé à la face supé¬ rieure du chapeau et regardant le ciel ; or cet hyménium supère est parfaitement fertile et rien n’indique que la plante ait cherché à le retourner vers le sol. Nous avons observé sur le Polyporus albus une monstruosité qui présente à la fois un hyménium dirigé en haut et un dirigé en bas. La plante avait dans l’épaisseur de son chapeau une cavité ; à la face supérieure de cette cavité étaient suspendus des tubes fertiles et à la face inférieure des pointes recouvertes d’un hyménium fertile ; les parties latérales de la cavité étaient lisses et également fructifères. Nous voyons par là que l’hymenium se développe sur les points les plus différents et dans toutes les positions, aussi devons-nous attribuer son développement ou son absence non plus à une influence terrestre, mais à l’action des agents extérieurs. En effet, tous les hyphes étant identiques dans leurs propriétés, tous doivent, en théorie, pouvoir se terminer par un baside et lorsque ce fait n’a pas lieu c’est que les con¬ ditions de milieu, n’ont pas été également bonnes pour tous. La chaleur, l’humidité, l’air et la lumière sont les agents qui influen¬ cent la plante. Un excès ou une diminution de l’un ou de l’autre, frap¬ pant telle ou telle partie du Champignon, amènera sa stérilité. Ainsi la face supérieure du chapeau des Agarics, Bolets, Potypores, étant exposée à une lumière vive, à des lavages fréquents par l’eau de pluie ou à l’action directe des rayons solaires, est ordinairement stérile. Cependant, dans le cas des hymeniums inverses ces forces n’ont pas eu une action suffisante pour empêcher quelques hyphes de devenir fertiles. Les Cyphelles placées à la partie supérieure des souches peu¬ vent devenir fertiles grâce à l’abri apporté par les corps voisins ; mais lorsque cet abri est insuffisant, nous voyons le Cyphella Curreyi avor¬ ter en partie et produire simplement des poils identiques à ceux de la face externe. Sous l’abri protecteur du chapeau, la face inférieure se transforme en un hyménium dont elle multiplie la surface en produisant des lames, pores ou pointes. Mais au chapeau seul n’est pas dévolu la fonction d’organe sporifère. Les hyphes du sommet du stipe dans la partie abritée par le chapeau peuvent devenir fertiles Si on étudie un très jeune Boletus edulis, on voit que, dans cette espèce, le stipe est renflé et que le chapeau s’applique directement sur une grande surface au sommet du stipe. Or, on observe à la face supérieure du stipe, un réseau de tubes courts, plus larges que les tubes ordinaires : ce réseau est déjà pourvu de basidesà quatre spores longtemps avant que l’hy- menium normal ait atteint son développement. Ailleurs, le stipe est moins protégé et, le baside, s’hypertrophiant, passe à l’état de cystides (B. scaber). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 227 Les stries du sommet de beaucoup d’ Agarics sont également couver¬ tes d’un hyménium de moins en moins fertile à mesure qu'on s’éloigne de la zone abritée par le chapeau. Lorsque l’hymenium a été accidentellement détruit, il peut se refor¬ mer, si les conditions de milieu n’ont pas changé. Ainsi, nous avons observé un Trametes campestris dont l’hymenium avait été dévoré par des limaces, or, au bout de quelques jours, la plante avait de nou¬ veau formé des tubes sur l’emplacement des anciens. On peut réaliser directement la production d’un hyménium sur des points où cet organe ne se développe pas habituellement. Un échan¬ tillon de Polyporus betulinus a été coupé verticalement de manière à partager le chapeau en deux parties semblables, qu’on avait laissées attachées au stipe et en contact l’une avec l’autre. Or en trois jours, ces deux parties s’étaient complètement soudées, grâce à la plasticité des éléments. Après avoir de nouveau tranché le champignon en deux parties, nous les avons placées à l’air humide de telle sorte que les parties coupées regardent le ciel. Le Champignon ainsi disposé a con¬ tinué à végéter et, au bout d’environ quinze jours, une couche de pores identiques à ceux de la face inférieure, s’est montrée sur la partie qui avait été tranchée. Nous avons observé le même phénomène sur le Polyporus aluta- ceus : ici, les pores supplémentaires se sont développés à la face supé¬ rieure du chapeau, ainsi que sur toute la partie par laquelle le Cham- gnon était inséré à l’arbre. Lorsqu’on retourne l’arbre auquel est attaché le P. versicolor de façon à ce que l’hymenium regarde le ciel, celui-ci devient bientôt stérile, les pores s’oblitèrent et leurs hyphes prennent une teinte vio¬ lacée semblable à celle de la face supérieure. D’un autre côté, la plante ne développe pas de spores sur la face supérieure devenue infé¬ rieure à cause de la cuticularisation des éléments, mais la plante produit un nouveau chapeau dans l’intérieur du premier, de manière que ce chapeau secondaire soit placé dans la position normale. Les considérations qui précèdent nous amènent à dire qu un Hymé- nomycèle est constitué par une association d'individualités appelées hyphes , toutes susceptibles de donner un baside sporifére , mais dont un grand nombre jouent un rôle purement protecteur pour per¬ mettre à l'ensemble ( qui constitue le Champignon) de développer ses organes reproducteurs ou spores. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. ( A suivre ) 228 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. - B - - - NOTES DIATOMIQUES. I Observations sur le travail de MM. Prinz et Van Ermengem sur la structure des valves des diatomées. Mes occupations professionnelles m’ont empêché d’exprimer plus tôt mon opinion sur les idées émises par les auteurs ci-dessus nommés dans leur travail publié dans le dernier volume des « Annales de la Soc. belge de Microscopie ». Tout d’abord, qu’il me soit permis de déclarer que j'ai la certitude que ces excellents et patients observateurs ont bien vu, bien décrit et bien figuré tout ce qu’ils ont eu sous leurs puissants objectifs et que ce qu’ils ont vu, décrit et figuré existait réellement dans les sections de roche du Jutland qu’ils ont étudiés. Leur travail est donc consciencieux sous tous les rapports, au point de vue purement micrographique et descriptif. J’ai cependant la ferme conviction, basée sur mes observations personnelles nombreuses, que les résultats auxquels ont abouti les recherches de ces messieurs, leurs déductions sont entièrement erronées. Je possède des diatomées dans ma collection en nombre considé¬ rable appartenant à des genres qu’ils décrivent comme possédant des pey'forations dans leurs valves et qui ont bien certainement des cloi¬ sons qui ferment, à chaque extrémité , d’une manière hermétique , les soi-disant orifices signalés par eux. Entre autres, je puis montrer des Triceratium de diverses espèces du groupe « Favus », préparés à l'acide , où la cloison supérieure ou externe possède des dessins en quinconce des plus prononcés, formés de granules qu’on peut compter et mesurer, et où la cloison inférieure ou interne, (qu’on n’atteint d’une manière satisfaisante qu’en « plongeant » au moyen du mouve¬ ment lent du microscope et sous un bon objectif à faible pénétration) est pourvue d’un certain nombre de gros grains épars de silice in¬ crustés dans cette cloison. Chez les Coscinodiscus également, la couche siliceuse est double et c’est l'intérieure seule qui présente des apparences de perforation, l’externe étant couverte d’un réseau hexagonal dont les interstices sont pourvus de dessins bien apparents mais qu’on ne distingue bien qu’a- près la séparation des deux couches siliceuses des valves ce qui a souvent lieu dans les échantillons brisés, surtout s’ils ont été traités au chlorate de potasse pendant leur ébullition dans les acides. L’erreur dans laquelle sont tombés MM. Prinz et Van Ermengem JOURNAL DE MICROGRAPHIE. m réside selon moi dans le fait qu’ils n’ont étudié que des espèces fossiles dont toutes les surfaces ont été enlevées soit par érosion subséquente à leur mort, soit par une action chimique (1). Il est certain, en effet, que dans la plupart des terres ou diatomépé- lites fossiles, les diatomées ont subi l’influence d’une action qui en a enlevé non-seulement les parties superficielles purement membra¬ neuses, mais aussi une certaine épaisseur de la couche silicifiée avec ses dessins propres. Ceci se démontre aisément en comparant entre elles les valves fossiles et vivantes d’une même espèce. La dissolution par voie chimique de la silice organique des diatomées s’effectue avec une grande facilité, ce dont j’ai eu un exemple frappant, il y a peu d’années, dans une récolte d’eau saumâtre que je fis à Heyst près d’Ostende, en Belgique. Cette récolte renfermait en très grande abondance Y Epithemia constricta W. Sm , ainsi que quelques frus- tules rares et épars d’une Synedra voisine du S. vivax W. Sm. Au bout de peu de jours tous les Epithemia avaient péri, par suite sans doute du changement de milieu et, bientôt après, elles formaient au fond du vase, après avoir presque entièrement perdu leur endo- chrome, une couche blanchâtre de plusieurs millimètres d’épaisseur. Les Synedra , au contraire, continuèrent en parfaite santé, leurs mou¬ vements restant actifs et elles se multiplièrent rapidement par dédu¬ plication, de manière qu’au bout de deux mois environ, elles pullu¬ laient réellement dans le flacon dont l’eau s’était évaporée au point de former de légères croûtes salines sur ses bords. Désirant à cette époque réexaminer les Epithemia, je cherchai à en repêcher au moyen d’une pipette, mais grand fut mon étonnement de ne plus en trouver trace. Elles s’étaient entièrement dissoutes et avaient sans doute fourni aux Synedra la silice indispensable à la formation de leurs robustes valves. Je ne m’exprimerai pas sur la question de savoir si la silice de ces diatomées fut dissoutee par l’action des sels tenus naturellement eq solution dans l’eau saumâtre, ou bien si elle eut lieu par suite d’une action physiologique des Synedra elles-mêmes, car il n’est pas impos¬ sible que nos petits organismes aient le pouvoir de rendre soluble la silice dont ils ont besoin pour se créer une couche protectrice. Le fait est que, quelque temps après, je rencontrai dans ma même récolte un nombre considérable de Synedra ayant les formes les plus bizarres ; les unes avaient le dos, ou partie portant la carène, échancré en selle, d’autres, étaient bi ou tri-ondulées, formes probablement toutes produites par une pénurie de la silice nécessaire au parfait et normal développement de leurs valves après la complète absorption de la si¬ lice fournie par les Epithemia. f « - U. » ) Y ■ k y i : ' * « . J * • . J, . f • „ J ' • • ♦ i + J * • - À (1) C’est aussi l’opinion de M. Grlinow. 230 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Il serait fort intéressant de faire quelques recherches au laboratoire de chimie sur la solubilité de la silice organique et inorganique sous l’influence de divers réactifs. Gela amènerait peut-être à comprendre comment il est possible de cultiver des diatomées dans de l’eau dans laquelle nos procédés ordinaires d’analyse n’indiquent aucune trace de silice en solution. J’ai la conviction que lorsque MM. Prinz et Van Ermengem auront porté leur attention sur des sections de diatomées vivantes, ils aban¬ donneront leur théorie des perforations telle qu’ils l’ont exposée dans les divers travaux présentés par eux à la Société Belge de Micros¬ copie. II J’ai recueilli en abondance, cet hiver dernier, près d’Aguilas, dans la province de Murcie, en Espagne, vivant dans les réservoirs d’eau douce des norias servant aux irrigations, la belle Terpsinoë musica. Ehr, la plus remarquable des diatomées d’eau douce. Elle se trouve ordinairement formant des chaînes dont les frustules sont attachés par les angles. Cette espèce est signalée depuis longtemps dans les parties chaudes de l’Amérique et de l’Afrique, mais n’a, j’ai lieu de le croire, jamais été trouvée antérieurement en Europe. III Le célèbre préparateur de diatomées , Moller, de Wetzlar, m’a préparé sur ma demande spéciale, quelques slides remarquables, con¬ tenant chacun autant d’espèces d’un même genre qu’il put en rencon¬ trer dans les matériaux à sa disposition. C’est ainsi qu’il a rangé sur plusieurs lignes, un slide de 72 espèces ou variétés de Triceratium ; un autre de 60 Nitzschia ; un de 45 Su- r'irella, un de 38 espèces d ' Epithemia, etc. Au point de vue de l’étude comparative des espèces d’un genre, un tel groupement présente d’énormes avantages sur celui des typen-platte du même prépa¬ rateur. C’est ce qui m’engage à signaler ce mode de classement aux diato- mistes qui veulent s’occuper de la détermination souvent si difficile des espèces. Le système qui consiste à réunir sur un même slide autant d’espèces que possible d’une même récolte est également recomman¬ dable au point de vue scientifique. J’en possède, entre autres, une pré¬ paration de ce genre provenant de M. Peticolas, de Richmond, Virgi¬ nie (Etats-Unis), qui renferme les espèces du fameux dépôt fossile de Santa-Monica, en Californie, le plus riche connu en espèces belles et rares. Ce slide est des plus instructifs et contient un nombre considé- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 231 râbles d’espèces inédites. M. Otto Witt, amateur diatomiste très dis¬ tingué, fait une spécialité de slides collectifs, dépôt par dépôt, pour sa riche collection, les diatomées étant ramassées et classées une à une par lui-même. Julien Deby. LES DIATOMÉES. RÉCOLTE ET PRÉPARATION. (Suite) (1) DEUXIÈME PARTIE. PRÉPARATION DES DIATOMÉES. TRAITEMENT CHIMIQUE ET LAVAGE DES DIATOMEES. Les matériaux que Ton a recueillis seraient absolument impropres à l'observation si on les plaçait tels quels sous l’objectif du microscope, c’est-à-dire que les stries, ponctuations et dessins des valves seraient confus ou totalement invisibles si, à l’aide de réactions chimiques, on ne parvenait à les dégager entièrement. En outre, les terres fossiles et guanos ne laisseraient rien voir des diatomées qu’ils renferment si un traitement énergique ne venait dissoudre les matières amorphes, sels de chaux, oxydes métalliques, matières animales ou végétales, etc., qu’ils contiennent et qui les retiennent agglomérées comme dans un ciment. A l’aide des acides, ces matières disparaissent et il ne reste plus que des grains de silice et des diatomées, que des lavages souvent répétés permettent de séparer. Plusieurs méthodes peuvent être suivies, nous donnerons celles dont nous usons journellement et qui nous assurent un succès constant. Au reste, toutes les ré¬ coltes ne demandent pas le même procédé, très long pour les uns et rapide pour les autres. Il sera bon, pour éviter les vapeurs très désagréables des acides, d’opérer dans un endroit aéré , mais non exposé aux courants d’air. Les instruments sont : un support à anneaux de différents diamètres. Gomme source de chaleur nous préférons la lampe à alcool de grande capacité, qui permet de donner une grande intensité à la flamme : le gaz seul la remplace avec avantage. Au lieu de vases en verre, tubes à essai, verres allemands ou de Bohême, il est plus a^ntageux de se servir de capsules en porcelaine, qui supportent mieux le chauffage direct de la flamme, ce que ne fait jamais le verre, et ce qui dispense du bain-marie de sable qui consomme beaucoup de chaleur. Les verres de Bohème de grande capacité, 150, 200 et 250 grammes ou plus, sont très commodes pour les lavages ; des agitateurs de verre et des pipettes ou seringues en verre compléteront le matériel. (1) Voir Journal de Micrographie ; T. VU , 1883, p. 644, T. VIII, 1884, p. 115, n3 223 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les produits chimiques indispensables sont les acides azotique, chlorhydrique et sulfurique des meilleures qualités commerciales, purs même, s'il est possible ; en outre, de la potasse et soude caustiques, du carbonate dépotasse et du carbonate de soude, du bichromate de passe rouge, du permanganate et du chlorate de potasse, enfin de l’alcool pour conserver les dépôts obtenus purs. L’eau de pluie filtrée nous a paru pouvoir remplacer l’eau distillée, sauf toutefois pour les deux derniers lavages que nous faisons toujours avec l’eau distillée. Il faudra donc avoir une grande provi¬ sion d’eau de pluie, car on ne doit pas être avare d’eau si l’on désire arriver à de bons résultats. Des filtres en papier, des entonnoirs en verre, des pinceaux en martre plus ou moins gros serviront aussi à l’occasion . Guanos. — Les guanos ammoniacaux sont les moins ennuyeux à traiter. Gomme ils contiennent beaucoup de cristaux et de sel ammoniac, on les exposera en mince couche à l’air ou sur une plaque légèrement chauffée. Lorsque l’humidité et l’ammo¬ niaque auront disparu, le guano s’effritera comme une poudre sèche. Une terrine en étain de capacité appropriée sera ensuite à moitié remplie d’une solution de soude de 5 à 10 pour 100, suivant le besoin ; mieux vaut moins que plus, et cela dépend du guano employé. On portera le liquide à l’ébullition, et alors ont y jettera peu à peu le guano en ayant soin d’agiter constamment avec un bâton de verre ; après deux ou trois minutes d’ébullition, on lavera à grande eau bouillante et on laissera reposer chaque fois deux ou trois heures. Deux lavages suffiront, la couleur de l’eau sera d’ailleurs le meilleur guide, la couleur plus ou moins claire indiquant la propreté du guano. Le résidu sera ensuite bouilli à l’acide nitrique dans une capsule en porce¬ laine ; pendant l’ébullition, on y jettera quelques cristaux de bichromate de potasse. Cinq minutes suffiront pour l’action de l’acide azotique. On lavera ensuite comme précédemment à l’eau bouillante. 11 va sans dire que c’est toujours de l’eau de pluie filtrée dont on usera. Trois lavages suffiront, et chaque fois on laissera reposer les diatomées. Le résidu sera ensuite mis dans une capsule et décanté après repos et en s’aidant d’une pipette. On couvrira avec de l’acide sulfurique, environ un centimètre par dessus la masse, et on chauffera jusqu’à l’ébullition. Gomme les vapeurs qui se dégagent sont très désagréables, on fera bien de couvrir la capsule avec un couvercle en porcelaine que l’on aura eu soin de chauffer. Lorsqu’on l’enlèvera, on évitera de l’incliner, de peur que l’humidité condensée ne laisse couler quelques gouttes, ce qui provoquerait une projection du liquide bouillant. Après dix minutes au plus d’ébullition, on découvrira la capsule et on ajoutera quelques cristaux de bichromate de potasse et d’acide chlorydrique que l’on versera par petites gouttes avec une pipette. On laissera refroidir et on aura sous la main un verre de Bohème de 200 grammes de capacité à moitié rempli d’eau bouillante ; prenant alors la capsule, on versera très lentement quelques gouttes de l’acide mélangé aux diatomées, en agitant continuellement avec une baguette de verre, jusqu’à ce que tout l’acide soit épuisé. Puis on lavera la capsule et on ajoutera cette eau de lavage au mélange acide. Il ne restera plus qu’à laver à grantle eau en laissant reposer. Le dernier résidu est maintenant composé presque uniquement de diatomées qu’il faut encore laver. Les guanos phosphatés sont plus difficiles à traiter et demandent à être bouillis dans une plus grande quantité d’acide chlorhydrique et jusqu'à trois fois. En outre, on ne laisse pas refroidir entièrement pour jeter l’acide. Une autre manière de traiter les guanos consiste à les laver tout d’abord à l’eau bouillante et à plusieurs reprises. Après quoi on les fait bouillir dans une solution à 6, 7 ou 8 pour 100 de carbonate de soude ; on peut prolonger l'ébullition pendant un quart d’heure. Le résidu, bien lavé, sera bouilli de nouveau dans un mélange à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 233 parties égales d’acide nitrique et d’eau, pendant dix minutes environ. Après des lavages répétés, le dépôt est de nouveau bouilli dans l’acide nitrique pur, de cinq à dix minutes, puis lavé à l’eau bouillante. L’action de l’acide chlorhydrique sur le dépôt éliminera le sulfate de chaux et d’autres matières, par une ébullition de quelques instants, et un nouveau lavage à l’eau bouillante enlèvera définitivement ces corps devenus solubles. En dernier lieu, l’acide sulfurique concentré carbonisera les matières végétales et animales, et le carbone disparaîtra par l’addition d’acide azotique. La quantité d’acide azotique sera réglée par la couleur du mélange qui doit passer du noir au rouge, puis au jaune foncé, puis au jaune clair. On lavera, comme nous l’avons dit plus haut, dans l’eau chaude et en usant des mêmes précautions. Dans cette dernière opération on a essayé de remplacer l’acide azotique par le chlorate de potasse finement pulvérisé et versé à très petites doses. Terres fossibles , boues, dépôts lacustres et sondages. Suivant que ces matériaux seront durs ou friables, on prolongera plus ou moins l’ébullition dans une solution de carbonate de soude ; s’ils résistent trop, on agira avec le carbonate de potasse ou la potasse elle-même. Mais, comme on risque de détériorer considérablement les diatomées par la potasse, on se trouvera mieux de renouveler l’ébullition au carbonate de soude, soit plusieurs fois de suite, soit après le dernier traitement à l’acide azoti¬ que, ce qui nous à presque toujours réussi. Le traitement, à part cette différence, est le même que pour les guanos. Seulement, on prolongera plus ou moins, suivant le besoin, l’ébullition ; ou, même, on supprimera l’action de l’acide sulfurique. Nous nous trouvons bien de procéder ainsi : l’ébullition dans le carbonate de soude 10 à 30 minutes, lavage ; ébullition dans l’acide chlorhydrique 5 minutes, lavage ; ébullition dans l’acide azotique et lavage ; enfin, ébullition dans l’acide sulfurique de 2 à 5 minutes, et mélange d’acide azotique, puis lavage définitif. Après quelques essais, on sera vite au fait de cette manipulation. Il existe pourtant certaines terres qui présentent de sérieuses diffîcultée pour obtenir leur émiettement. On est obligé de recourir à des moyens trop violents pour la fragilité des diatomées. Ainsi, on fera chauffer fortement le bloc sur une lame de platine et on le jettera dans l’eau froide ; bien des frustules seront brisés; ou bien on le chauffera légèrement et on le jettera dans une solution de carbonate de potasse à 10 ou 12 pour 100, et on fera bouillir quelques instants. Le carbonate de soude n’au¬ rait peut-être pas le même succès, mais il endommagerait moins les diatomées. Dans aucun cas, on ne devra recourir à la trituration dans un mortier, ni même essayer d’écraser la terre entre les doigts. Récoltes fraîches de diatomées — Après qu’on aura débarrassé de la vase les diatomées vivantes, on doit éliminer l’endochrome, le protoplasme, les gouttelettes d’huile, etc., par plusieurs procédés qui sont tous également bons, mais plus ou moins rapides. La préférence devra toujours être donnée à ceux qui agissent lente¬ ment, lorsqu’on disposera du temps nécessaire. En effet, moins on a recours à l’ébullition et moins on trouve de frustules brisés ; sans doute, il en reste toujours suffisamment pour l’observation, mais rien ne produit mauvais effet comme ces débris de zone connective que les acides n’ont pu détruire, se mêlant aux frustules intacts et ayant toujours soin de gêner un point intéressant du frustule observé. Une première méthode consiste à faire simplement bouillir dans l’acide azotique le dépôt à traiter. On mettra environ 19 d’acide pour 1 de diatomées, plus ou moins , cela importe peu. Après deux ou trois minutes, on lavera à l’eau de pluie en laissant reposer plus ou moins longtemps , suivant la dimension des diatomées , et , lorsque l’eau , de laiteuse qu’elle était , sera devenue transparente , on décantera et l’on recommencera le lavage ; au bout de trois ou quatre opérations , l’on usera une dernière fois de l’eau distillée, puis, après avoir enlevé la plus grande partie de cette 4 234 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. eau, on mettra un peu d’alcool et on conservera définitivement dans un tube de verre bien bouché et étiqueté. Dans d’autres procédés rapides , on ajoute à l’acide azotique bouillant parties égales d’acide chlorhydrique ou bien un peu de chlorate de potasse pulvérisé. On peut aussi faire macérer et même bouillir dans le carbonate de potasse, puis laver et bouillir encore dans l’acide azotique. Au lieu de chlorate de potasse , quelques cristaux de bichromate de potasse produiront un effet analogue. Nous nous sommes très bien trouvé même, pour des espèces délicates et fragiles, d’employer la dernière partie du traitement des guanos et terres fossiles, à savoir l’ébullition dans l’acide sulfurique avec addition d’acide azotique. Seulement , au lieu de laisser agir l’acide sulfurique bouillant pendant longtemps, nous cessons l’action de la lampe aussitôt que quelques crépitations, indices de son ébullition prochaine, se font entendre. Les procédés lents, les meilleurs, sont certainement ceux qu’indique le professeur Brun, de Genève. Nous les donnerons sans y rien changer, car avec eux on est sûr de réussir : « Les diatomées sont légèrement chauffées (au soleil ou sur un fourneau chaud) avec de l’acide chlorhydrique auquel on ajoute peu à peu de petits cristaux de chlorate de potasse. On laisse agir le chlore plusieurs jours (en agitant souvent;, jusqu’à ce que les diatomées aient viré du fauve au blanc. Si l’endochrôme ne se détruit pas ainsi entièrement, il faut enlever par décantation le liquide acide et faire agir l’ammoniaque caustique aqueux, pendant un ou deux jours. Cet alcali est décanté, puis on intervient encore pendant quelques jours avec de l’acide nitrique concentré froid. (L’action de l’alcali vis-à vis de l'acide fonctionne au travers de la silice des valves par endosmose, et ce courant interne détruit très bien l’endochrôme et le coléoderme.) » On termine ensuite par les lavages comme il a été dit précédemment. Le second procédé, dû aussi à M. Brun, a été donné dans le Journal de Microgra¬ phie, N° IX, 1882, p. 457. Malheureusement, il donne des résultats variables que nous ne savons à quoi attribuer. Les doses indiquées doivent être rigoureusement suivies et les produits employés de la meilleure qualité. « Si l’on a un magma frais de diatomées encore humides, on y ajoute des cristaux de permanganate de potasse et très peu d’eau , — si l’on a des diatomées desséchées, pures ou mêlées de débris organiques , on les arrose d’une solution très concentrée du même sel , contenant même des cristaux en excès. » L’action de ce sel doit durer au moins douze heures. Il est bon de remuer quelquefois le mélange mis au fond d’une fiole d’une capacité de 1Ü0 grammes environ et de tenir cette fiole dans un endroit chaud (sur un fourneau ou au soleil , par exemple). » Il faut ensuite remplir la fiole à moitié d’eau et ajouter environ 50 centigrammes de magnésie calcinée. On agite ; deux ou trois heures après on y verse plusieurs fois et par petites doses (de 1 gramme environ) et , de dix en dix minutes, de l’acide chlorhydrique pur. » Pour les espèces très délicates ou à silice un peu calcaire , on pourra ralentir et adoucir l’action du chlore, en mettant une plus grande quantité d’eau avant l’addi¬ tion de l’acide, » On laisse agir en agitant souvent et l’on plonge au besoin (l’hiver) la fiole dans de l’eau chaude ou bouillante , jusqu’à ce que tout le contenu ait perdu sa couleur: — l'opération chimique est alors terminée, et l'on peut procéder aux lavages, décan¬ tations, etc == Rappelons que la pureté absolue de l’eau distillée, pour ces dernières opérations, reste toujours une condition essentielle de réussite. » J. Rataboul. ( A suivre ) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 235 RECHERCHES DE PATHOLOGIE ET DE THÉRAPEUTIQUE EXPÉRIMENTALES SUR LA TUBERCULOSE G). Depuis l’époque où Koch annonça qu’il avait découvert le microbe de la phtisie, nous avons suivi avec la plus scrupuleuse attention tous les travaux qui ont été publiés à ce sujet , persuadés que le fait de la nature parasitaire de la tuberculose , s’il venait à se vérifier, pourrait entraîner des conséquences du plus haut intérêt, relativement au diagnostic, à la prophylaxie et à la thérapeutique de cette redoutable affection. « Dès le milieu de l’année 1882, nous avons institué au laboratoire des expériences ayant pour but de contrôler les recherches de Koch et d’en tirer, s’il était possible, quelques résultats pratiques. Tout d’abord, il s’agissait d’avoir entre les mains un procédé à la fois sûr et facile destiné à mettre en évidence les bacilles de la tuberculose. Après avoir essayé suc¬ cessivement les moyens proposés par les différents auteurs , nous nous sommes arrêtés à une méthode mixte à l’aide de laquelle nous constatons nettement la présence des microbes dans certains liquides organiques et dans certains tissus. Selon nous, pour montrer que le bacille en question est vraiment l’élément spéci¬ fique de la tuberculose, il fallait s’assurer : 1° Qu’il ne se rencontre jamais en dehors de la phtisie; 2° Qu’il accompagne constamment tout processus tuberculeux , quel que soit le degré de son évolution ; 3° Qu’on le trouve avec les mêmes caractères dans la tuberculose produite expéri¬ mentalement chez les auimaux. Ces diverses questions examinées , nos expériences ont porté sur l’action que pourraient avoir sur le bacille et sur le développement de la maladie les différents médicaments antiseptiques. Si nous n'avons pas obtenu à cet égard des résultats très satisfaisants , nous croyons cependant, en raison de quelques faits observés, avoir montré dans quel sens doivent être dirigées de nouvelles investigations. Dans ce travail , que nous avons cherché à rendre aussi précis que possible, nous n’avons voulu faire entrer que des travaux absolumeut personnels , et s’il contient , en somme , peu de faits nouveaux , nous espérons du moins qu’il pourra servir à juger les opinions émises antérieurement et contribuer à faire naître de nouvelles expériences utiles à la clinique et à la thérapeutique. I. Technique. — En principe, ce qui permet de caractériser le bacille de la tuber¬ culose , c’est l’affinité considérable qu’il présente pour les couleurs d’aniline en solution alcaline ; affinité si puissante que seul , au milieu des bacilles étrangers et des éléments anatomiques , il résiste à la décoloration par les acides faibles et à l’influence d’un second iéactif colorant non alcalin destiné à colorer toute la prépa¬ ration en laissant aux bacilles tuberculeux leur nuance primitive. Nous insistons particulièrement sur cette double coloration, que nous considérons comme nécessaire pour éviter toute cause d’erreur. . • \ (1) Travail fait à la Faculté de Nancy. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Matériel nécessaire. — 1° Solutions colorantes : A. Fuchsine de Bâle ou violet de gentiane . 2 grammes. Alcool à 90 degrés . 5 — Eau saturée d’aniline . 100 — B. Ghrysoïdine, solution saturée additionnée d’un cristal de thymol dissous dans un peu d’alcool, pour assurer la conservation (Gibbs). C. Solution hydro-alcoolique d’hématoxyline à un deux-centième et solution d'alun ammoniacal à un trois-centième. Quelques gouttes de la solution d’hématoxyline versées dans une petite quantité de (liqueur ammoniacale alunée donnent au bout d’une à deux minutes une belle couleur violette. 2° Liqueur acide (Brun) : Acide azotique . 5 grammes. Acide acétique . 10 — Eau distillée . 55 ■— 3° Solution aqueuse saturée d'aniline ; 4n Alcool absolu, essence de térébenthine, résine dammar (de préférence au baume du Canada) ; 5° Un support en bois , haut de 40 centimètres , dont la tablette est évidée pour recevoir un verre de montre (la hauteur de ce support est calculée de façon qu’une lampe à alcool placée entre les quatre pieds donne au liquide contenu dans ce verre de montre une température de 40 à 45 degrés) ; 6° Verse de montre, lames et lamelles de microscope, cuvettes de photographe 7° Pinces , ciseaux ; 8n Microscope avec objectif à immersion donnant un grossissement de 800 diamètres. Procédé opératoire. — 1° On peut être appelé à examiner différents liquides organiques , tels que crachats , pus , sang , urines , épanchements séreux , etc. Le procédé est le même dans tous les cas ; seulement, pour les liquides insuffisamment albumineux et qui n’adhéreraient pas au verre , il faut ajouter une gouttelette de blanc d’œuf très frais qui donne, par sa coagulation , plus de fixité à la préparation. Prenons comme exemple la préparation la plus habituelle, celle des crachats. On opérera de la manière suivante : On dépose, à l’aide d’une pince, sur une lamelle, une petite quantité de crachat du volume d’une tête d’épingle. On applique une autre lamelle sur la première et , après avoir appuyé légèrement, on les sépare par glissement. La matière à examiner se trouve ainsi étalée en couches très minces sur les faces correspondantes des deux lamelles. Celles-ci sont desséchées à l’air libre ; on peut , pour gagner du temps , les passer deux ou trois fois au-dessus de la flamme d’une lampe à alcool, en évitant de trop les chauffer, afin de ne pas avoir de préparations fendillées. On les place ensuite à la surface du bain colorant , de telle sorte que la face enduite de matière soit en contact direct avec le liquide. La solution de violet de gentiane est celle que nous regardons comme préférable. Le verre de montre conte¬ nant solution et lamelles est disposé sur le support , recouvert d’un autre verre de montre , puis porté, à l’aide de la lampe à alcool , à une température de 40 degrés environ pendant une demi-heure. Au bout de ce temps, les préparations présentent une coloration intense ; on les débarrasse de l’excès de matière colorante en les lavant à plusieurs reprises dans une cuvette de porcelaine. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 237 On les porte alors dans un verre de montre contenant le liquide acide. Immédiate¬ ment elles prennent une teinte d’un beau vert et se décolorent en partie, les bacilles conservent seuls leur nuance primitive. Le séjour des lamelles dans le bain acide ne doit pas dépasser en général deux minutes, sans quoi on s’exposerait à décolorer les bacilles eux-mêmes. On lave de nouveau à grande eau, et l’on place les lamelles pendant deux ou trois minutes dans la solution de chrysoïdine, qui donne à la préparation une nuance d’un beau jaune. Gela fait, les lamelles sont passées à l’eau , desséchées au-dessus d’une lampe à alcool, enfin montées dans le dammar. Dans les préparations ainsi obtenues, les bacilles se détachent en violet foncé sur un fond jaune pâle. 2° Si maintenant on veut rechercher les bacilles dans les tissus , on place les fragments d’organes dans l’alcool absolu pendant quarante-huit heures au moins, pour les durcir. On pratique alors des coupes extrêmement fines,’ .ce que nous obtenons à l’aide du microtome d’Yung (d’Heidelberg). Ces coupes sont mises pendant vingt-quatre heures dans la solution de fuchsine ; on peut abréger ce temps en les chauffant pendant une heure au moins à une tempé¬ rature de 40 degrés centigrades. Si l’on a affaire à des tissus riches en faisceaux conjonctifs , il est quelquefois avantageux de traiter préalablement les coupes par une solution aqueuse très légère de soude. Les coupes, une fois colorées, sont lavées à l’eau, puis décolorées dans le liquide acide pendant quatre ou cinq minutes, lavées de nouveau de façon à enlever les der¬ nières traces d’acide, puis plongées pendant quinze à vingt minutes dans de l’eau anilinée, afin de raviver la couleur des bacilles On passe les coupes à l’eau, et on les recolore pendant trois ou quatre minutes au moyen de la solution de chrysoïdine. On peut aussi utiliser la solution d’hématoxyline, mais en ayant soin de ne pas prolonger trop longtemps le contact. Pour achever la préparation , on déshydrate les coupes par l’alcool absolu , on les éclaircit au moyen de l’essence de térébenthine, et on les monte dans le dammar. Au microscope, les bacilles apparaissent colorés en rose foncé sur fond jaune ou bleu violacé, selon qu’on a employé la chrysoïdine ou l’hématoxyline. Pour obtenir de telles préparations, quelques précautions sont nécessaires : 1° 11 est bon de se servir, autant que possible, de solutions récemment préparées : les solutions de fuchsine et de chrysoïdine s’altèrent très facilement ; 2° Il est important de filtrer la solution de chrysoïdine au moment de l’employer, afin d’éviter des dépôts de matière colorante qui obscurciraient le champ de la préparation ; 3° Les préparations doivent être conservées à l’abri de la lumière. Nous possédons des préparations que nous avons pu conserver depuis plus d’un an , grâce à cette précaution, et dont les couleurs sont encore très fraîches. IL Caractères des bacilles. — Lorsqu’on examine les préparations au moyen d’un objectif à immersion donnant un grossissement minimum de 800 diamètres, les bacilles de la tuberculose apparaissent d’une manière très nette. On peut cependant les apercevoir à un grossissement de 500 diamètres , mais on ne les voit plus que sous forme de linéaments très fins qu’il est difficile d’étudier et surtout de diffé¬ rencier. • Dans leur plus grand développement ils atteignent une longueur de 7 à 8 p. , mais, dans bien des cas, leurs dimensions sont plus faibles et ne dépassent pas 2 à 3 p-. Il 4* 238 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nous a paru que la longueur du bacille est quelquefois en raison inverse de l’an¬ cienneté du processus tuberculeux. Leur forme est rectiligne ou légèrement incurvée : cette inflexion se rencontre surtout chez les bacilles les plus longs. Chez les bacilles ayant atteint leur complet développement, il est facile de consta¬ ter. à un fort grossissement , l’existence de deux ou de quatre spores placées aux extrémités du bâtonnet, la partie centrale restant libre. Dans les crachats comme dans les tissus, les bacilles sont souvent réunis en amas. Dans certaines préparations on trouve, en outre, des corps arrondis colorés comme les bacilles , isolés ou réunis deux à deux , que nous supposons être des spores en liberté. III. Des bacilles dans leurs rapports avec le tubercule. — Nous croyons pouvoir affirmer qu’il existe une relation étroite entre la présence des bacilles et la tuberculose. Voici en effet ce que nous avons observé chez les malades phtisiques et chez les animaux infectés expérimentalement : 1° Nous avons examiné un certain nombre de poumons humains atteints , les uns de tuberculose miliaire, les autres de phtisie chronique avec altérations caséeuses et excavations ; par conséquent à tous les degrés de l’évolution de la maladie. Toujours nous y avons retrouvé des bacilles en grand nombre au niveau des parties malades seulement , les parties saines des poumons n’en contenaient jamais ; 2° Les crachats de phtisiques contiennent constamment les mêmes bacilles, soit qu’on les examine à une période avancée de la maladie (cavernes) , soit que le pro¬ cessus soit à son début : c’est ainsi que nous avons pu constater plusieurs fois leur présence dans les hémoptysies initiales avant l’apparition de signes physiques ; 3° La même recherche, pratiquée sur le liquide de certains épanchements pleuraux suspects, a servi à diagnostiquer une tuberculose, latente jusque-là, et que la suite de la maladie mit plus tard en évidence ; 4° Nous avons noté également la présence des bacilles dans des produits de tuber¬ culose locale : par exemple dans des fongosités articulaires enlevées par le raclage et quelquefois dans du pus provenant aussi d’arthrites tuberculeuses. Chez une malade atteinte de tuberculose pulmonaire (diagnostic confirmé par l’examen des crachats) et présentant en même temps un écoulement utérin purulent , la présence des bacilles dans ce liquide a permis de supposer l’existence d’une tuberculose génitale. Par contre, jamais nous n’avons pu découvrir les bacilles caractéristiques dans des affections étrangères à la tuberculose. Notre examen a porté sur un grand nombre de crachats de malades atteints de bronchite chronique , de bronchite putride , de pneumonie, de dilatation bronchique , etc. Si parfois nous y avons trouvé des élé¬ ments bacillaires, ceux-ci se distinguaient nettement des microbes tuberculeux par leur forme en chaînette et par leurs caractères de coloration. Dans les poumons sains ou dans des poumons atteints d’altérations variées, entre autres dans un cas de gommes syphilitiques du poumon , l’examen a été également négatif. L’expérimentation faite sur les animaux montre, d’un autre côté, que quelle que soit la matière tuberculeuse inoculée et son mode d’introduction , on retrouve toujours les mêmes bacilles dans les tissus malades. Nout avons choisi de préférence les cobayes, qui subissent ce genre d’infection avec la plus grande facilité, et nous avons déterminé chez eux la tuberculose par des procédés divers : • Un moyen très simple et exempt d'accidents locaux graves consiste à insérer sous ja peau de l’aîne une très petite portion de tubercule pris sur un poumon humain. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 239 D’autres fois nous avons injecté sous la peau, à l’aide d’une seringue, une petite quantité de crachats de phtisiques, délayés dans l’eau pour en diminuer la viscosité. Enfin, dans certains cas où nous voulions obtenir tout spécialement une tubercu¬ lose du péritoine, nous avons injecté dans cette cavité un liquide virulent obtenu en broyant avec de l’eau, distillée préalablement, portée à l’ébullition, puis refroidie, soit de la matière caséeuse, soit des granulations grises, soit des crachats desséchés et conservés depuis un temps quelquefois très long (quatre mois); liquide préalable¬ ment filtré et dans lequel nous avions contaté la présence des bacilles, Nous nous réservons d’ailleurs de rechercher si ces liquides privés de bacilles conservent ou non leurs propriétés infectieuses. Quelque soit le mode d’inoculation, voici quelle est la série des phénomènes que l’on observe chez les animaux en expérience : ' Pendant une période d’incubation qui varie de dix à quinze jours , les cobayes ne présentent rien de particulier. Au bout de ce temps, la température rectale qui, nor¬ malement, est de 39°, 5 environ, s’élève à 40 degrés, 40 degrés et demi et même au-delà. Quand la fièvre s’allume avant le terme indiqué, on peut en inférer, à coup sûr, que l’expérience est manquée et que l’animal est en proie à une septicémie ou à une infection purulente, ce qui, du reste, a été très rare dans le cas particulier • Pendant toute la durée delà maladie la température ne descend jamais au-dessous de 40 degrés , tandis que le poids de l’animal tend à diminuer à mesure que l’on approche de la période finale. La mort survient en général du deuxième au quatrième mois ; toutefois, dans nos recherches, nous avons souvent sacrifié nos animaux à un moment beaucoup plus rapproché du début de l’infection. A l’autopsie on trouve constamment une tuberculose locale au voisinage du point d’inoculation; les ganglions lymphatiques, le foie, la rate, sont criblés de granula¬ tions tuberculeuses ; le poumon quelquefois a été trouvé indemne. Dans les organes ainsi altérés, l’examen microscopique nous a toujours montré, au niveau des parties malades, des quantités considérables de bacilles absolument sem¬ blables, comme caractères de coloration et comme dimensions, à ceux que nous avions trouvés chez l’homme. Les parties saines, comme dans la tuberculose humaine, n’en renfermaient point. Dans quelques cas , nous avons découvert également un petit nombre de bacilles dans le sang, principalement dans les premiers jours de la généralisation. Si maintenant, à l’aide de produits tuberculeux ainsi obtenus, on pratique des ino¬ culations en série, on observe toujours la même succession de phénomènes, et tou¬ jours on constate dans les organes malades la présence du bacille caractéristique. Notons en passant que jamais , dans les recherches très nombreuses que nous avons faites, nous n’avons observé la forme zoogléique décrite par Vignal etMalassez. L exposé que nous venons de faire permet de faire ressortir l’importance de la recherche du bacille au point de vue du diagnostic de la tuberculose. Nous avons fait à cet égard près de quatre-vingts expériences portant sur des cas de phtisie confir¬ mée et sur des cas douteux, et toujours la marche de la maladie ou l’autopsie ont vérifié le diagnostic microscopique. Pour nous, la constatation des bacilles permet d’affirmer l’existence d’une tubercu¬ lose. Dans les quelques cas ou les bacilles auraient fait défaut, nous croyons pouvoir dire que les recherches avaient été insuffisantes et trop peu nombreuses, car on conçoit aisément que certaines préparations puissent ne pas contenir de bacilles (1) Coze , professeur à la Fac. des Sc. de Nancy {A suivre) • et j)r p. Simon, préparateur. (1) Bull. gén. de The'rap. 240 JOURNAL DE MICROGRAPHIE SUR UNE FORME ABERRANTE DU PHYLUM SPOROZOA , (1) « Les principaux caractères du remarquable organisme dont il s’agit ici peuvent se résumer ainsi qu’il suit : >1° C’est une sorte de Grégarine monocystidée, habitant la cavité générale de la Periplaneta americana. » 2° Pendant la première période de son existence, il est logé à l’intérieur des cellules épithéliales de l’intestin moyen, principalement de la portion postérieure, située en avant de l’insertion des tubes de Malpighi. » 3° Il grandit dans la cellule, fait hernie à travers la tunique musculaire et repousse devant lui l’enveloppe péritonéale dont il se coiffe comme d’une sorte de sac. Ce sac s'étire à son extrémité adhérente en un pédoncule, par lequel il reste appendu à la surface externe du tube digestif. La Grégarine continue à grossir dans son intérieur, puis le pédoncule se rompt et le sac tombe avec son contenu dans la cavité du corps de la Périplanète, où elle achève sa croissance. » 4° Pendant cette évolution, il s’est produit des phénomènes sans analogue chez les Sporozoaires. A l’intérieur de la cellule épithéliale, cet être n’est formé primiti¬ vement que par un corpuscule simple à noyau central. Plus tard, il se montre formé de deux corps analogues : il ressemble complètement à ce qui se voit dans la con- ' jugaison de Monocystidées, en général. Mais ici, les couples ne paraissent pas résulter de la conjugaison de deux individus primitivement séparés et qui se réunis¬ sent bout à bout. Le noyau unique se montre fréquemment allongé et plus ou moins étranglé en son milieu, comme s’il était en voie de division : cette apparence de conjugaison paraît, en réalité, être une division transversale restée incomplète. D’ailleurs une rencontre deux à deux au sein des cellules épithéliales ne pourrait se faire que difficilement, et la disposition en couples est absolument générale. Quel¬ quefois même il se forme des êtres à trois lobes. » 5° L’adulte ne présente jamais aucun mouvement de translation et paraît être d’une inertie absolue. Quelquefois cependant , sous l’action des acides, on peut percevoir des mouvements de contraction assez faibles. » 6° Cet être s’enkyste : son kyste présente deux enveloppes : l’une externe, géla¬ tineuse, épaisse ; l’autre interne, mince, pigmentée. L’enkystement est précédé d’un phénomène particulier. Les deux lobes deviennent moins distincts et l’être entier prend un aspect translucide, tandis que toutes les autres formes sont opaques. » J. Kunstler. COLORATION DU BAGILLÜS TUBERCULOSIS. Autant que je sache on a toujours préconisé jusqu’ici une solution alcoolique d’une ou de plusieurs couleurs d'aniline plus ou moins étendue d’eau. Dans ma pratique j'y ai trouvé les inconvénients et les difficultés qui suivent : premièrement, la colora¬ tion manque souvent, particulièrement lorsqu’on n’a pas employé assez d'eau ; deuxièmement, l’évaporation est rapide et laisse, lorsqu’elle a été trop longue, une masse gommeuse sur le vase et le cover, difficile à enlever, où ce qui est pire en¬ core, un dépôt de granules ou de petites gouttes d’aniline sur le cover, dépôt qu’au¬ cun lavage ne peut enlever, troisièmement, on est toujours exposé à voir ses mains, la table, etc. teints aussi bien que les organismes, grâce aux tendances mouvantes et rampantes de la solution. (1) C. R-, 10 mars 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 241 Pour éviter ces inconvénients et d’autres moindres, M. T. J. Burrill emploie la solution suivante : Glycérine . 20 p. Fuchsine . 3 Aniline . 2 Acide phénique . 2 Une petite variation dans les quantités est insignifiante ; mais on ne doit pas employer moins de glycérine ; on peut en ajouter davantage. On mêle les substances et on agite avec soin. On peut préparer cette solution en quantité d’avance, sans craindre aucune détérioration, comme cela arrive avec les solutions alcooliques. Pour l’emploi, on met deux ou trois gouttes de la solution dans un verre de montre (ou autre vase analogue) plein d’eau, et l’on agite. Occasionnellement, il peut se produire d’abord un précipité si l’on agite trop fort, mais une fois que la dis¬ solution est opérée rien de tel n’arrive car c’est l’eau qui s’évapore et non la glycérine, laquelle est, comme l’alcool, un meilleur dissolvant de la matière colo¬ rante et de l’aniline. La liqueur est alors d’une couleur très claire de Xérès rouge, beaucoup trop légère pour qu’on puisse écrire avec et pour tacher les doigts. Le crachat sur le cover est placé dans cette solution , de 10 minutes à plusieurs jours , à la tem¬ pérature ordinaire d’une chambre habitée, mais on obtient de meilleurs résultats en chauffant à 80" ou 100° Fahr, pendant 25 à 30 minutes. Si l’on veut aller plus vite, quoique les résultats soient moins bons pour des pré¬ parations permanentes, on fait bouillir, un peu d’eau dans un tube à essai et on y verse en une seule fois le double de la quantité indiquée plus haut de solution colorante en la laissant couler le long du tube que l’on tient un peu obliquement et que l’on agite doucement. On verse alors le liquide dans un récipient, on y plonge le cover enduit de crachat pendant une ou deux minutes, sans se préoccuper de la température, on décolore et on examine. Par cette méthode on a peu de précipités gênants, pas de manques de coloration, tous les nettoyages sont faciles, etc. On étend le crachat en couche mince sur le cover, on le dessèche dans la flamme ; on le colore, le place dans un mélange d’acide nitrique (ou chlorhydrique) et d’eau, 1 partie pour 4 ou davantage, jusqu’à décoloration, c'est-à-dire pendant une minute ; on lave dans l’eau et l’on examine. On peut, si l’on veut, colorer le fond avec du bleu d’aniline dans la glycérine, de nuance pas trop foncée, pendant une minute , et on lave dans l’eau. Quand la préparation est bien seche, on la monte directement dans le baume. Si la coloration est réussie, on peut distinguer les Bacilles avec un objec¬ tif d’1/4 ou 1/5 de pouce (1). J. -T. Burrill. PROCÈDE RAPIDE POUR LA DÉMONSTRATION DU BACILLUS TUBERCULOSIS (sans acide nitrique). Procédé du Dr Gibbes. Le Dr H. Gibbes indique le procédé suivant qui permet d’arriver à un diagnostic rapide et évite l’emploi désagréable de l’acide nitrique. La solution colorante se prépare ainsi : Chlorhydrate de rosaniline . 2 gr. Bleu de methyle . . . 2 (1) The Microscope , Ann Arbor, Mich. 242 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. On broie dans un mortier de verre. Puis on dissout Aniline . 3 cent. c. Alcool rect . 15 On verse doucement le liquide sur les matières colorantes jusqu’à dissolution et l’on ajoute Eau distillée . 15 cent. c. On conserve dans un flacon fermé. Pour l’usage : le crachat étant séché sur le cover à la manière ordinaire, on verse quelques gouttes de la solution colorante dans un tube à essai et Ton chauffe. Quand des vapeurs commencent à se former on décante le liquide dans un verre de montre et l’on dépose le cover sur la solution pendant 4 ou 5 minutes. On lave avec l’alcool méthylique jusqu’à ce que celui-ci ne soit plus coloré et l’on sèche com¬ plètement , soit à l’air, soit sur une lampe à alcool ; on monte dans le baume du Canada. Toute l’opération, le crachat étant sec, ne demande pas plus de 6 à 7 minutes. Ce procédé réussit très bien aussi avec les coupes de tissus contenant des ba¬ cilles ; on obtient aussi très facilement des doubles colorations. Il sutfit de placer les coupes dans la solution colorante, mais il faut les y laisser pendant quelques heures et les transporter dans l’alcool méthylique jusqu’à ce qu’elles n’abandonnent plus de couleur. Ce procédé donne les résultats les plus satisfaisants en évitant les grands incon¬ vénients de l’acide nitrique. 11 montre les bacilles tout aussi bien que les autres, il colore en bleu foncé toutes les bactéries de la putréfaction et les micrococcus , de sorte que dans le champ du microscope on peut comparer ces bactéries et ces micro¬ coques bleus aux bacilles rouges de la tuberculose. La'solution colorante agit aussi bien à froid ; seulement, dans ce cas, le cover doit y rester plongé pendant au moins une demi-heure.» (Dr H. Gibbes, Royal microscopical Journal.) ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS & BELLES-LETTRES DE DIJON. Il sera décerné, en 1884, au nom de la ville de Dijon, par l'Acadé¬ mie, une médaille d’or de 200 fr. et trois médailles de vermeil aux meilleurs travaux sur les sciences géologiques, zoologiques ou botaniques et leurs applications dans le département de la Côte-d'Or. Les manuscrits inédits et les travaux imprimés , portant la date de 1883 ou 1884, qui n’auraient pas obtenu déjà une récompense, seront seuls admis au concours. Ils devront être en langue, française ou latine. Les envois seront adressés franco au secrétaire de l’Académie, rue de la Préfecture, 28, et devront lui parvenir avant le 1er décembre 1884, terme de rigueur. Les mémoires envoyés au concours ne seront pas rendus. Cepen¬ dant les auteurs des manuscrits pourront être autorisés par l’Acadé¬ mie à en prendre copie à leurs frais. Dijon, le 15 Mars 1884. Le Président , Le Secrétaire , J. d’ARBAUMONT. A. ROUGET. Le gérant : E. PROUT. Huitième année. N° 5 Mai 1884 JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE I Revue : Manuel d'histochimie , par le Dr J. Pelletan. — Les organismes unicellulaires ; les Protozoaires ( suite ), leçons faites au Collège de France, par le professeur G. BalbïANI — Les Sarcoptides plumicoles [suite), description d’espèces nouvelles, par MM. MÉGN1N et E.-L Trol'ESSART. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification, par M. N. Patouillard. — Protestation contre une lettre de M. Stein, par M. leD H. Van Heurck. — Lettre de M. E. Cocardes et Idées nouvelles sur la fermentation, par M. E. COCVRDAS. — Sur les vaisseaux de Malpighi chez les Lépidoptères, par M. CHOLODOVSKY. — Culture des organismes inférieurs sous les hautes pressions, par M- A. CERTES. — Action du froid sur les microbes , par MM. R. Pictet et E. Yung. — Notes médicales : Recherches de pathologie et de thérapeutique expérimentales sur la tuberculose [fin] , par le professeur Coze et le Dr P. SIMON. — Valeur pathologique des douleurs ostéocopes , par le Dr Arthaud. — Avis divers MANUEL D’HISTOCHIMIE , par le Dr J. Pelletan. Les méthodes de technique micrographique ont pris, depuis quelques années, une importance extrême , et l’on peut presque dire que les progrès de l’histologie , en particulier, sont subordonnés au perfec¬ tionnement de ces méthodes. Toutes les personnes qui s’occupent de micrographie savent combien nous sommes loin du temps où , pour faire les observations , on plongeait ou dilacérait l’objet dans une goutte d’eau , pensant avoir ainsi réalisé le mode de préparation le plus parfait qui fût possible. L’emploi des dissociateurs chimiques , puis des réactifs , particulièrement des réactifs colorants , a complète¬ ment changé les procédés barbares jusqu’alors en usage; l’application 248 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de ces réactifs, leur mode d’emploi, leurs procédés de préparation, leurs propriétés constituent, pour ainsi dire, aujourd’hui, une science tout entière , science délicate , fertile en méthodes minutieuses et en for¬ mules compliquées , qui deviennent tous les jours plus minutieuses , plus compliquées — et plus nombreuses. Depuis l’époque où Gerlach, mettant à profit les premières expé¬ riences de Gôppert , Colin , Hartig , et de lord Osborne , a introduit définitivement le carmin dans la technique histologique, depuis le jour où Waldeyer a employé , le premier à ce que nous croyons , une couleur d’aniline, la fuchsine, — depuis lors, toute la série des matières colorantes naturelles et toute la liste des couleurs d’aniline ont passé dans les laboratoires. Et comme, chaque jour, les fabricants de produits chimiques allongent ces listes , en y ajoutant des substances nou¬ velles, chaque jour aussi les micrographes ajoutent un réactif nouveau à l’arsenal de leurs moyens d’investigation. Il est résulté de cette multiplicité de recherches, l’invention d’un grand nombre de liquides dont quelques-uns n’ont pas, il faut l’avouer, plus de valeur que ceux précédemment connus , mais dont les autres constituent souvent des réactifs de premier ordre. Il en est, en effet, qui, non seulement définissent mieux les éléments dans leur forme . mais les définissent encore dans leur nature et leur composition chimique , à l'aide des réactions spéciales et caractéristiques qu’ils manifestent avec les diverses substances concourant à la constitution de ces éléments. Malheureusement , la composition de ces réactifs , leur mode de préparation et les méthodes opératoires qu'ils comportent, sont dissé¬ minés dans un grand nombre de recueils français et surtout étrangers, dans lesquels il n’est pas toujours facile de les retrouver. C’est pourquoi, et bien que la liste de ces réactifs augmente tous les jours, ainsi que nous le disions, nous avons pensé qu'il était temps de réunir dans un Manuel les formules de tous les réactifs micro¬ chimiques qui ont paru jusqu’à ce jour, avec l'indication de leurs propriétés , de leurs réactions spéciales et de leur mode d’emploi. D’autre part, nous indiquerons, d'une manière aussi méthodique que possible , les réactions caractéristiques que fournissent les substances élémentaires les mieux connues aujourd'hui. Ce qui constituera en même temps une sorte de Manuel d'analyse histochimique. Tous les ans , et lorsqu’il en sera besoin , nous publierons un supplément contenant l’indication des réactifs et des faits nouveaux qui se seront produits dans la science microchimique , de manière à tenir toujours notre recueil au niveau des rapides progrès de Thistochimie. Le Manuel d'histochimie paraîtra dans le courant du mois prochain. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 249 Nous nous, efforcerons d’en faire un livre aussi pratique et aussi complet que possible , et nous espérons que les micrographes lui feront bon accueil (1). Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLUL AIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur Balbiani. (Suite). (2) XXXII Nous arrivons enfin à l’époque où parut la première partie du grand ouvrage de Stein sur les Flagellés (1878). Cet auteur, à propos des êtres qui nous occupent, revient à l’ancienne manière de voir d’Ehren¬ berg et en fait une simple division de la classe des Flagellés. Suivant sa manière de voir, il les reconnaît pour de véritables animaux en raison de l’existence d’une bouche qu’il croit avoir démontrée surtout directement chez le Ceratium cornuium. Quand il n’a pas réussi à voir la bouche, il conclut à son existence parce qu’il a reconnu dans l’intérieur du corps des organismes ingérés, et il admet que ces parti¬ cules n’ont pu être introduites que par une ouverture préformée qu’il appelle bouche. Il pense que, quand la bouche existe, elle est quelque¬ fois très étroite et ne peut admettre des corpuscules un peu volumi¬ neux. Aussi beaucoup d’espèces, quoique pourvues d’une bouche, ne peuvent prendre qu’une nourriture liquide. A mon avis, on n’a vu de bouche, d’une manière certaine, chez aucun Cilioflagellé, mais on peut admettre d’une autre manière l’introduction des matières alimentaires, ainsi que nous le verrons plus loin. Les observations de Stein se rapportent surtout à la reproduction des Cilioflagellés, mais c’est seulement en passant qu’il les signale. Il (1) Manuel d’histochimie, préparation , mode d’emploi et propriétés de tous les réactifs microchimiques usités jusqu’à ce jour, par le Dr J. PELLETA. N. — 1 volume in-12, avec planches et gravures dans le texte. — Prix : H fr. 50. — On peut souscrire, dès à présent, par mandats de poste adressés au bureau du Journal de Micrographie. (2) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, T. VI , 1882, T. VII , 1883, T. VIII, 1884 , p. 9, 60 et 134. 250 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. n’est pas arrivé à la description des espèces , et ce n’est que par anticipation qu’il émet ses vues sur la constitution de ces animaux. Néanmoins, nous voyons qu’il a observé des phénomènes de reproduc¬ tion par fissiparité , cela n’est pas douteux, et de génération sexuelle, beaucoup moins certains. Malheureusement , comme il n’a pas donné de figures , il est assez difficile de comprendre les phénomènes qu’il décrit (1). Joseph, de Breslau, dit avoir observé une génération sexuelle chez certains Péridiniens, dans une communication préliminaire insérée au Zoologischer Anzeiger (1879). Nous aurons à y revenir. Saville Kent, dans son Manual of Infusoria (1881), fait de nos Ciliofla- gellésune simple division des Flagellés et il ajoute beaucoup de genres nouveaux aux anciens, mais la plupart ont besoin, je crois, d’être revus. C’est ainsi qu’il établit seize genres là où Stein, son contempo¬ rain, n'en admet que cinq. Nous voyons par là combien les zoologistes peuvent varier dans leur manière de voir sur les questions de clas¬ sification, questions qui n’ont d’ailleurs pour nous qu’un intérêt tout à fait secondaire. Le travail le plus important qui ait été entrepris sur ces organismes est celui de Bergh, de Copenhague ( Morpholog . Jahrb., t. VII, 1881). C'est une véritable monographie des Cilioflagellés, dans laquelle ces êtres sont envisagés d’une manière approfondie au point de vue de leur classification , de leur organisation et de leur phylogénie , c’est-à-dire de leur développement à travers les âges. Il a construit toute leur généalogie en les supposant sortis du groupe des Flagellés. Cet ouvrage est le plus considérable que nous possédions aujourd’hui sur ce sujet. Au point de vue de la classification, Bergh se range surtout à l’opinion de Claparède. Il fait des Cilioflagellés une famille intermé¬ diaire entre les Ciliés et les Flagellés. Pour lui les Cilioflagellés sont sortis directement des Flagellés qui sont de tous les Protozoaires les plus anciens, formes primordiales dont sont sortis les Cilioflagellés, les Rhizopodes et les Noctiluques, dans trois directions différentes. Cilioflagellés. Noctiluques. Rhizopodes. Flagellés. Les Cilioflagellés eux-mêmes auraient engendré les Ciliés. Pour soutenir cette vue , il suppose que c’est d’abord aux Infusoires ciliés péritriches que les Flagellés auraient donné naissance, c’est-à-dire à ces Infusoires qui sont munis d’une ceinture de cils et ont le reste du corps nu, et chez les Cilioflagellés on trouve aussi une ceinture de (1) Voir la Note additionnelle à la fin de cet article. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 251 cils. Bergh voit dans cette particularité d’organisation une conformité de structure résultant d’une communauté d’origine. Il y aurait beaucoup d’objections à faire à cette manière devoir, que je ne partage pas, caries Infusoires péritriches, comme les Vorticel- lienset autres sont des animalcules déjà très compliqués en organisa¬ tion relative. Les Ciliés les plus simples sont les holotriches, recouverts entièrement de cils, et nous avons vu combien il est facile de faire dériver les cils des pseudopodes des Héliozoaires , et les récentes observations de M. Henneguy nous en ont donné un nouvel exemple. Quoi qu’il en soit , Bergh donne pour origine aux Cilioflagellés les Flagellés, il construit leur arbre généralogique tout entier et montre comment les plus simples sont sortis des Flagellés. Fig. 34. — Prorocentrum micans. — &, de face ; b, de prodl. Le genre Prorocentrum, (Fig. 34), dont il fait une famille sous le nom à'Adimda , qui n’a ni sillon transversal ni longitudinal , est la forme la plus ancienne pour lui et il montre, par des vues très ingé¬ nieuses, il faut l’avouer, comment toutes les autres formes en sont dérivées. Je n’ai pas l’intention de traiter ici cette question et je ne prendrai dans son travail , très intéressant , d'ailleurs , que les faits matériels et positifs, laissant de côté toutes les considérations spécula¬ tives concernant l’origine de ces êtres. Tous les Cilioflagellés sont des organismes à forme plus ou moins irrégulière, mais jamais symétrique, de sorte que les deux parties relativement à l’axe principal du corps ne sont jamais semblables. Ils sont quelquefois globuleux, mais le plus souvent aplatis, les uns de haut en bas, les autres d’avant en arrière, d’autres latéralement ; c’est-à-dire qu’ils présentent toutes les formes de compression que l’on peut imaginer. Beaucoup présentent en outre des prolongements : par exemple, les Ceratium. Chez-la grande majorité des Cilioflagellés le corps est renfermé dans une sorte de test ou de carapace, ordinairement épaisse mais quelquefois mince et membraneuse, et c’est à travers 252 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. un défaut de la cuirasse que sortent le long flagellum et les cils vibra- tiles, disposés en ceinture ou autrement, que l’on remarque chez toutes les espèces. C’est en raison de la coexistence de ces deux sortes d’or¬ ganes locomoteurs que le nom de Cilioflagellés leur a été imposé par Claparède et Lachmann. Examinons les caractères de cette enveloppe. En raison de son .épaisseur, elle constitue une véritable cuirasse , mais peut néanmoins être considérée comme une membrane de cellule, car il faut considé¬ rer les Ciliotiagellés comme de simples cellules , ainsi que tous les Protozoaires. Cette enveloppe se présente ainsi chez la plupart des genres : Ceratium, Peridinium , Protoperidinium, Diplopsalis, etc. Mais dans quelques espèces, la substance du corps est complètement à nu; tels sont les Gymnodinium, qui doivent précisément leur nom à cette absence de cuirasse, et les Polykrikos [Y). Non seulement .cette enveloppe est une membrane de cellule, mais encore elle présente les plus grandes analogies avec la membrane des cellules végétales, car elle offre avec les réactifs les caractères de la cellulose. Ainsi, le chloro-iodure de zinc lui donne une coloration violette, comme dans les Ceratium , ou rouge foncé ou rouge plus ou moins pâle. C’est donc de la cellulose. Jamais elle n’est incrustée de matières minérales, silice ni carbonate de chaux, car les dissolvants de la cellulose la font disparaître entièrement. Relativement à la structure de cette membrane, nous trouvons de très grandes variations d’un genre à l’autre : complètement amincie et transparente, sans relief ni sculptures, dans le Glenodinium cinctum{2) anhiste comme du verre, d’autres fois fortement épaissie portant des dessins à dispositions très variées, formés de lignes saillantes qui en se réunissant les unes aux autres constituent un réseau superficiel, mais résultant de simples épaississements de la membrane ; c’est ce qu’on observe chez le Ceratium cornutum, les Peridinium , les Dinophysis . Ces lignes sont au contraire irrégulières, sinueuses, isolées ou anastomosées chez les Ceratium furca , tripos , etc. Il en résulte que, dans un même genre, les dispositions varient et que ces dessins ne peuvent fournir de caractères génériques. Dans ces dernières espèces, les lignes saillantes sont accompagnées (1) Cependant Klebs s’est récemment assuré que le Gymnodinium fuscum possède, au moins à l’état de repos , une membrane cellulaire très mince, qui se colore faiblement en violet par le chlorure de zinc iodé Cette espèce sécrète aussi, suivant Klebs, une enveloppe muqueuse épaisse, composée de petits éléments en forme de bâtonnets, disposée radiairement. ((Inters, aus dem bot. Inst, zu Tübingen , I. Bd. 2. Heft, 1883V (2) En examinant les membranes vides de cette espèce, Klebs a reconnu qu’elles ne sont pas sans structure, comme le disent Stein et Bergh , mais composées de tablettes, souvent très faiblement indiquées. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 253 de pores (fig. 35) qui traversent toute la membrane , ainsi qu’on le remarque très bien sur une coupe (fig. 36). Ce sont donc de véritables canaux poreux. Fig. 35. — Carapace vide de Ceratium tripos montrant le réseau des lignes saillantes et les pores. Dans quelques espèces, au lieu d’être formée par une lame homo¬ gène et continue, la membrane se compose de tablettes ou plaques polygonales qui paraissent ajustées comme les pièces d'une mosaïque; c est ainsi qu’elle se présente dans les Proloperidinium QïPeridinium. Ces plaques présentent elles-mêmes une structure réticulée. Fig. 36. — Coupe transversale au milieu du corps du Cerytium tripos. Mais ce qui est le plus caractéristique, c’est la disposition en rapport avec l'insertion des organes locomoteurs qui sont de deux sortes, le long flagellum et les cils vibratiles. Chez le Prorocentrum , genre qui 254 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ne comprend qu’une espèce, le P. micans (l), les cils et le flagellum sont simplement implantés sur le bord de la partie supérieure du corps Dans tous les autres genres, il y a une disposition spéciale en rapport avec l’insertion des cils. Le corps parait partagé en deux par¬ ties, quelquefois à peu près égales, quelquefois très inégales, par un sillon transversal. La forme et la situation de ce sillon constituent les caractères les plus saillants pour la distinction des genres. Fig. 37. — Ceratium tripos. Si nous prenons d’abord pour type une espèce marine très commune, le Ceratium tripos (fi g. 37), nous observons d’abord que la carapace (I) Récemment Stejn a décrit deux autres espèces, les P. dentatum et rostratnm. Chez celles-ci , non plus que chez le P. micans, il n’a vu les cils que Bergh indique à la partie antérieure, au pourtour de la bouche. Il n’a aperçu que le long flagellum qui sort de celle- ci, et qui, chez quelques individus, probablement en voie de division , était accompagné d’un second filament plus court ( Organismus , III. 2. 1883). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 255 manque dans une assez grande étendue de la surface du corps, où elle présente une échancrure très large, et nous appellerons face ventrale cette partie qui, pendant la natation, est toujours tournée en bas, tandis que la face opposée est toujours située en haut. Dans cet espace , le protoplasma intérieur est à nu , ce que Ion voit très bien sur une coupe transversale passant à ce niveau (fig. 36). A gauche de cette échancrure commence un sillon dont les bords sont limités par deux crêtes assez vives de la carapace et qui, contournant la face dorsale , revient sur la face ventrale de l’autre côté, côté droit, de l’échancrure. Mais, dans son trajet, le sillon ne reste pas dans un même plan : ce n’est pas une portion de cercle , mais un élément de spire dextrogyre, c’est-à-dire tournant de gauche à droite , et se terminant à un niveau supérieur à celui dont il est parti, le sillon ve¬ nant aboutir sur le côté droit de l’échancrure à un point plus élevé ou plus rapproché de l’extrémité antérieure du corps de l’animalcule. Ce détail nous amène à nous demander ce qu’il faut désigner chez les Ceralium sous le nom d’extrémité antérieure ou postérieure, car l’animal n’a pas de tête ni de queue ; il faut se laisser guider par sa position quand il nage. Beaucoup d’observateurs ont pris pour la partie antérieure celle qui porte les deux cornes, mais c’est le con¬ traire qui est vrai, car l’animal, quand il nage, présente ordinairement en avant sa longue corne unique , bien que le mouvement puisse se renverser. C’est dans le sillon de la carapace que sont implantés les cils vibratiles très fins, disposés en une ou deux rangées parallèles aux crêtes qui bordent le sillon, et sortant par des pores de la cuirasse percés dans le sillon même (1). Le long flagellum lui-même prend son insertion dans la partie échancrée , près de l’extrémité gauche du sillon. Chez les Peridinium, le sillon transversal existe aussi dans la région moyenne et envoie , sur la face ventrale , une branche vers le bas, branche limitée par des prolongements de l’arête postérieure du sillon médian (fig. 38). Le protoplasma n’est à nu en aucun point, la carapace existe partout et, dans les sillons, selle n’est qu’amincie. C’est dans le sillon transversal que sont insérés les cils vibratiles , et le (IJ Depuis Ehrenberg, tous les observateurs ont décrit chez les Péridiniens l’existence de cils vibratiles dans le sillon transversal de la carapace. D’après les observations de Klebs sur les Péridiniens d’eau douce, cette ceinture ciliaire n’aurait pas d’existence réelle , et l’on aurait pris pour des cils les vibrations ondulatoires d’une bande spirale , placée dans le sillon transversal et s’amincissant en filament à son extrémité libre. Il en résulte que les Péridiniens seraient , en réalité , munis de deux flagellums , l’un inséré dans le sillon longitudinal , et filiforme; l’autre , fixé dans le sillon transversal , et en forme de ruban spiral terminé en filament. Klebs croit pouvoir interpréter dans ce dernier sens la bordure contractile décrite par Bergh dans le sillon transversal d'un grand nombre de Péridiniens marins (voir Klebs, loc. cit.). 256 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. flagellum sort par une ouverture très étroite percée dans la carapace, dans le voisinage du point où le sillon transversal émet la branche inférieure longitudinale. Fig. 38. — Peridinium tubulatum. Chez quelques Pèridiniens , les arêtes du sillon longitudinal se prolongent au-delà du corps et se terminent par un système d’épines dont la disposition varie d’une espèce à l’autre. Ce système est par¬ ticulièrement développé dans le genre Protoperidinium , dont la diagnose a été établie par Bergh d’après les caractères de la carapace. Dans les autres type , on trouve des particularités analogues. Dans les Glenodinium et les Diplopsalis , il existe un sillon transversal médian donnant insertion aux cils et un sillon longitudinal dans lequel est implanté le flagellum, mais les arêtes du sillon longitudinal ne se prolongent pas en épines au-delà du bord postérieur du corps (fîg. 39). Tels sont les Glenodinium cinctum et Diplopsalis lenlicula. Fig. 39. — 1, Diplopsalis lenticula ; 2, Glenodinium cinctum. Dans les Dinophysis et les Amphidinium , le sillon transversal est situé tout à fait à la partie antérieure et porte les cils vibratiles, mais ces deux genres diffèrent en ce que, dans les Dynophisis , les deux bords du sillon se relèvent en lames , et , de plus , la lame postérieure se prolonge sur la face ventrale de l’animal. Le sillon JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 257 longitudinal est analogue à celui qu’on observe chez les espèces pré¬ cédentes et les bords s'en redressent sous l'orme d’une crête ou mem¬ brane très mince renforcée par des épines, généralement au nombre de trois , épines constituées par des épaississements de cette lame membraneuse (fig. 40). Ce genre Dinophysis , qu’il est très difficile Fig. 40. — Dinophysis acuacuta, (Bergh). Fig. 41. — Amphidinium operculatum ( Claparède). de décrire sans employer un grand nombre de figures, a été considéré par Bergh comme un type très important, précisément pour montrer comment les différentes formes de la carapace dérivent les unes des autres, mais je ne puis entrer dans ces détails, qui m’entraîneraient trop loin. (A suivre). LES SARCOPTIDES PLUMICOLES Révision du groupe des Analgesinœ, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. (Suite) (1) Pterolïehus obtusus, Ch,. Robin. Journal de VAnat. et de la Phys., 1877, p. 394, pl. 22, fig. 3, 4 et 5. Cette espèce est plus allongée, moins massive et à pattes plus grêles que les précédentes. Habitat. — Sur les perdrix rouges et grises (Perdix rubra, Starna (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92, 150, 211. 258 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cinerea, St. damascena, etc.), d’Europe et de France. — Une variété, signalée également par M. Robin, vit sur les Poules domestiques, les Faisans [Phasianus] , les Euplocomes (. Euplocomus ), le Faisan prélat ( Diardigallus prœlatus), et la plupart des Phasianidés d’Asie. Fig. 42. — Pterolichus ornatus , M. et Trt , mâle et femelle. Pterolichus ornatus , n. sp. (fig. 42) Semblable au précédent , mais de forme plus massive, d’un roux clair à téguments transparents relevés sur les flancs par la présence de glandes cutanées d’un rouge de sang, en forme de fer à cheval, plus développées chez la femelle. Rostre cordiforme à demi recouvert par l’épistome ; épimères libres, à diaphjses très courtes , les apophyses larges et fortement teintées en rouge de sang, Pattes giêles et allongées. Deux poils longs et rapprochés sur les flancs. Remarque. — Les vésicules rouges que présente cette espèce et que nous avons décrites ailleurs (1), existent à l’état rudimendaire chez la plupart des Analgesiens [Pt. decoratus , Pt. hemiphyllus, Freyana gracitipes, etc.), et correspondent évidemment à ce qu'on a appelé jusqu’ici « plaques de renforcement » des épimères. Elles sont ici plus développées que chez aucune autre espèce connue : la femelle en présente deux paires, dont la seconde manque ou est rudimentaire chez le mâle. Ce sont des glandes chitinogènes . (1) Comptes Rendus de /’ Académie des Sciences. 1883, XCYII, p. 1500. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 259 Mâle : petit, de forme losangique, avec l’abdomen rétréci, légèrement échancré sur les flancs et un peu plus profondément en arrière de l’anus, figurant deux lobes dont chacun porte quatre poils : l’interne petit et court, en forme de piquant, les deux intermédiaires longs et normaux, l’externe plus grêle et plus court. Organe génital petit, elliptique, avec un poil court de chaque côté de son extrémité posté¬ rieure. Ventouses très rapprochées des lèvres de l’anus ; pattes de la troisième paire dépassant l’abdomen de la longueur de l’ambulacre, celles de la quatrième de la longueur du tarse. Une lame de renforcement rougeâtre le long de l’échancrure laté¬ rale de l’abdomen. Une seule paire de glandes rouges au sillon thoracique. Femelle : presque deux fois plus grande que le mâle ; abdomen à flancs subparal¬ lèles, présentant à son extrémité, sur chaque lobe, une grosse glande rouge semblable à celle du sillon thoracique, mais dont l’ouverture est dirigée en arrière. Vulve transversale, à bords plissés, à épimérites en forme d’arc, dépourvue de sternite. Pattes dépassant l’abdomen comme chez le mâle. Abdomen légèrement échancré en arrière de l’anus, portant trois poils de chaque côté : l'interne petit et grêle, oblique¬ ment dirigé vers son congénère, les deux autres normaux. Dimensions : mâle : long.: 0mm,26, larg.: 0mm,15. femelle: long.: 0mm,42, larg.: 0mm,23. Habitat. — Sur beaucoup de Perroquets d’Australie, de la Nouvelle- Guinée et de l’Inde, notamment sur Callocephalon g aleatum, Cacatua sulphurea , Tanygnathus megalorliynchus, Eclectus polychlorus, Palœornis Alexandrie P. torquatus, etc. — Une variété à glandes ‘ moins développées (Pt. ornatus obsoletus), vit sur le Calyptorhynchus Banksii d’Australie. Pterolichus ardeæ, Canestrini. Dermaleichus ardeœ , Canestrini , Atti del R. Istituto Yeneto , 1878 , p. 51. Cette espèce est remarquable par la longueur de ses pattes qui sont grêles dans les deux sexes : celles des 2e et 3e paires un peu plus grêles que les autres. A la description de M. Canestrini, il convient d’ajouter que la couleur est d’un roux très pâle et transparent, sauf à la base du rostre qui présente deux larges plaques d'un rouge vif (comme chez la femelle de Freyana (Canestrinia) bihamatd); le rostre est cordiforme, plus large que long et presqu’entièrement recouvert par l’épistome, de chaque côté duquel on voit une large plaque rouge ovalaire. Epimères courtes et à extrémité libre. Onglet inférieur des mandibules plus allongé que le supé¬ rieur et un peu recourbé en dedans; palpes confluents, enveloppés par le caméros- tome jusqu’à leur pénultième article, surmontés de deux poils grêles recourbés en dedans. — Femelle : à vulve en Y renversé, surmonté d’un sternite en arc. Les pla¬ ques dorsales présentent, surtout chez la femelle, au niveau du sillon thoracique et un peu en avant, des échancrures semblables à celles que l’on voit sur le Pt. ornatus , après la disparition des glandes rouges cutanées. Remarque. — Il est bon de noter que cette espèce ne présente au¬ cune affinité, quoiqu’en dise M. Canestrini, avec le Dermaleichus stellaris , Bucbholz (1). La présente espèce est un Ptéroliché parfai- (l) Elle se rapproche beaucoup plus, notamment par la forme de ses mandibules et la longueur de ses pattes, du genre Falciger. 260 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tement typique, tandis que le B. stellaris est un Analgesé que nous placerons dans le nouveau genre Pleralloptes. Dimensions: mâle, long., 0mm32, larg 0mm23 femelle , long., 0 42, larg., 0 25 Habitat. — Sur les Hérons , et notamment sur Ardea minuta , A. stellaris , A. alba, Nycticorax griseus , N. calédoniens , etc. Probablement cosmopolite. Pterolichus parallelus « n. sp. De forme allongée, à flancs subparallèles, surtout chez la femelle; d’un roux plus foncé au rostre et aux épimères. Rostre court, cordiforme, enfoncé sous l’épistome qui le recouvre presqu’enlièrement. Pattes cylindriques, courtes. Poils de l’épistome insérés très en avant, au niveau de la 2e paire de pattes , mais en arrière de la plaque de l’épistome qui se termine avant ce niveau. Un grand et un petit poils sur les flancs , tout près l’un de l'autre. Epimères antérieures libres. Femelle presque deux fois plus grande que le mâle. Mâle : petit, de forme losangique, à abdomen un peu atténué en arrière, fortement bilobé et échancré en arc ogival en arrière de l’anus ; chaque lobe porte de quatre à cinq poils dont l’interne est petit, recourbé, obliquement dirigé vers son congénère ; les deux suivants très longs, le quatrième plus court avec un cinquième très fin qui part de sa base interne. Ventouses copulatrices au centre du lobe. Organe génital petit, situé très en arrière. Pattes de la quatrième paire dépassant à peine l’abdomen de la longueur de lambulacre. Femelle fécondée : beaucoup plus grande que le mâle, à flancs parallèles mais un peu échancrés au niveau des pattes postérieures (comme chez les Crameria). L’abdo¬ men est moins échancré que celui du mâle, en arrière, mais tronqué obliquement sur les côtés à la hauteur de l’anus, de manière à figurer deux lobes coniques dont chacun porte deux longs poils. Plaque notogastrique renforcée sur les flancs et en arrière par une lamelle rougeâtre qui dessine les lobes abdominaux, transparente, dans sa partie médiane. Sternite vulvaire en arc de cercle. — La forme générale de cette femelle est celle d’un octogone allongé ; elle ressemble aussi à une femelle de Crameria qui serait très comprimée latéralement. Dimensions: mâle: long.'. 0mm 28, larg.: 0mm 17. femelle : long.: 0 38, larg.: 0 19. Habitat. — Sur le Petit-Duc ( Scops zoyca ), de France et de toute l’Europe, en société avec Crameria lunulata. Pterolichus eventratus , n. sp. Très semblable au précédent, mais avec l’abdcmen du mâle autrement conformé et les deux sexes de taille presque égale. Un poil long et un piquant sur les flancs, au même niveau, le piquant au-dessus du poil. Epimères anté¬ rieures s’affrontant par leur extrémité libre, mais sans se souder en foi me de V. Ambulacres cordiformes. Mâle : ayant la forme générale de sa femelle et de celle de l’espèce précédente JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 261 avec une taille presqu’égale. Abdomen très profondément échancré, formant deux lobes pyriformes, avec une échancrure ovalaire entre les deux : chaque lobe plus étroit à sa base qu’à son extrémité, est terminé par une lame transparente etplissée semi-circulaire, et porte en outre trois poils : l’interne petit, en dague, les deux autres longs et normaux sur Je bord externe du lobe. Pattes postérieures n’atteignar.t pas l’extrémité du lobe. Ventouses copulatrices à la base interne de celui-ci, de chaque côté de l'anus, dont les lèvres postérieures forment une petite pointe anguleuse de l'échancrure. Organe génital un peu en arrière de l'origine des pattes postérieures, large, arrondi à sommet tronqué. Femelle : très semblable à celle de l’espèce précédente, mais sans les renforce¬ ments latéraux et postérieurs de la plaque notogastrique. Sternite vulvaire en arc très court. Par l’échancrure profonde de leur abdomen , cette espèce et la suivante passent aux Pterolichi delibati, mais les lobes ont une forme différente de celle qui caractérise ces derniers. Dimensions : mâle , long., 0mm 32, larg., 0mm 15 femelle, long., 0 34, larg., 0 17 Habitat. — Sur la Chevêche (Glaucidium passerinuni) , de France et d'Europe. Pterolïchus longi venter, n.sp. (fig. 43, b). Semblable aux deux précédents, mais le mâle plus petit que la femelle, à abdomen retiré et allongé, avec V échancrure ogivale largement ouverte en arrière, les pattes postérieures insérées vers le milieu du corps , celles de la 4e paire, un peu plus fortes que les autres , et beaucoup plus courtes que V abdomen. — Femelle semblable à celle du P. parallelus. Dimensions semblables à celles du Pt. parallelus. Habitat. — Sur la Chouette nébuleuse ( Syrnium nabulosum ) de l’Amérique Septentrionale. Sectio C. — Pterolichi lunulati. Dans cette section . l’abdomen du mâle est terminé en demi-lune ou en croissant transversal ; les pattes de la deuxième paire sont plus longues que celles de la première. — Les espèces de ce groupe conduisent au s.- g. Protolichus , les mâles des deux espèces connues ayant déjà les pattes postérieures plus développées que celles de leurs femelles. Elles vivent sur les Perroquets. Pterolichus lunula, Ch. Robin. Journ. de l'Anatomie et de la Physiologie , 1877, p. 411, pl. XXIII, fig. 1, 2, 3. Habitat. — Sur le Melopsittacus undulatus , d’Australie. Pterolichus chiragricus , n. Sp. Semblable à l’espèce précédente mais plus mince et plus allongé , et en différant en outre par les caractères suivants : 2 262 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Mâle de forme générale losangique , le corps ayant sa plus grande largeur immé¬ diatement en arrière de la seconde paire de pattes, au niveau du sillon thoracique ; abdomen comprimé en arrière de la 4e paire , s’élargissant à son extrémité en forme de croissant , comme dans l’espèce précédente , mais l’expansion membraneuse incolore de l’échancrure se reliant aux lobes latéraux jusqu’au niveau de l’écaille ou feuille terminale, et largement échancrée dans son milieu. Pas de crochet chitineux rougeâtre au tarse de la première paire de pattes, qui est plus courte et plus grêle que* la seconde, et porte deux piquants incolores très rapprochés, aux 3e et 4e articles ; la seconde paire plus grosse et plus longue que la première, avec les 4e et 5e articles très gros , allongés et dilatés , portant chacun un fort tubercule , obtus et placé en dessous au 4e, pointu, placé en dessus et dirigé en arrière au 5e, faisant saillie quand la patte est fléchie et se rabattant le long du 4e article quand le membre est dans l’extension. Pattes postérieures très fortes , à base large , à insertion presque sous- abdominale. (Épimères libres, ceux de la première paire simplement affrontés, sans pièce sternale longitudinale et transversale commune; lames chitineuses jaunâtres qui bordent l’organe génital , non confluentes en avant de cet organe et simplement parallèles; poils latéraux et dorsaux plus développés que dans l'espèce précédente ; les deux paires de poils dorsaux presqu’égales ; un poil assez fort sur les flancs en arrière du sillon thoracique , et deux autres , dont le plus petit est l’antérieur, en avant de la 3e paire de pattes ; enfin un dernier poil dorsal très fort et aussi long que le corps est large, de chaque côté à la base des lobes de l’abdomen; pour le reste, semblable à l'espèce précédente. Femelle , semblable à celle de l’espèce précédente, mais plus allongée , à pattes postérieures plus longues , dépassant notablement l’extrémité de l’abdomen ; poils latéiaux et dorsaux comme (Jeux du mâle ; pattes antérieures égales, les postérieures plus grêles que celles de celui-ci. Remarque. — Le mâle de cette espèce paraît varier beaucoup sous le rapport de la taille et du développement de la seconde paire de pattes. Chez les individus de grande taille on trouve les caractères que nous avons indiqués ; des pattes énormes à tibia et à tarse renflés et munis de forts tubercules ; mais chez les individus plus petits , ces tubercules sont nuis ou rudimentaires , et les proportions du membre lui-même dépassent à peine celles des pattes postérieures. Dimensions : Mâle , long., 0mm 65 à 0,nm75; larg ., 0min 22 à 0mm26. Femelle, long., 0 65; larg., 0 24. Habitat. — Sur le Pezoporus formosus de la Nouvelle-Zélande. Pterolïchus afflnïs , n. sp. Semblable à la variété de petite taille de l’espèce précédente, mais les deux paires de pattes antérieures d’égale grosseur chez le mâle , la 2e paire étant seulement un peu plus longue que la lre. Flancs sub-parallèles , sans rétrécissement marqué en arrièie de la 4e paire de pattes. Abdomen échancré à angle droit , et l’échancrure bordée d’une lame transparente également anguleuse. Ventouses copulatrices écar¬ tées de quatre fois leur diamètre. Pattes de la 4e paire, plus grosses que celles de la 3e , dépassant très peu l’extrémité de l’abdomen. Du reste , semblable à 1 espèce précédente. Femelle , semblable à celle de l’espèce précédente , mais a pattes postérieures moins longues, les épimères des pattes antérieures fortement teintés de rouge. Dimensions : Semblables à celles des individus de petite taille de l'espèce précédente. Remarque. — Cette espèce, qui n’est peut-être qu’une race de la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 263 précédente, sert de transition entre cette section et la suivante par la forme anguleuse de son échancrure abdominale. Habitat — Sur les Platycerques (Platycercus flaveolus et PL Pennantii) d’Australie. Sectio D. — Pterolichi delibati. Ce groupe, qui comprend les espèces dont V abdomen est bifide ou profondément èchancrè en arriére , est le plus nombreux et le plus généralement répandu que renferme le genre. Nous placerons ici les Fig. 43. — Extrémité de l’abdomen des Pterolichi delibati : a , Pterolichus Struthionis (mâle) ; b , Pt. longiventer (mâle); c , Pt. Pyroderi (mâle) ; d , Pt. delibatus^f mâle) ; e, Pt. circiniger (mâle) ; f, f\ Pt. cuculi (mâle et femelle) ; g , g\ Ptremarginatus (mâle et femelle). — Gross. 65 diam. espèces dont les lobes abdominaux portent des poils simples ou en piquants , et nous formerons un groupe à part de celles qui ont ces lobes terminés par des poils dilatés en forme de feuille (Pt. palmigeri). — Cette division, commode pour l'étude, n’en est pas moins artifi- 264 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cielle, car nous verrons que la dernière espèce de cette section [Pt. gracilis) , porte des feuilles dans une de ses variétés , et des poils normaux dans l’autre, établissant ainsi un passage insensible entre les . deux groupes. — On peut classer les espèces d’après la forme des lobes abdominaux du mâle. a. Espèces dont les Iodes du mâle sont triangulaires et portent, généralement , sur le bord interne de V échancrure abdominale , un picpaant dirigé transversalement vers celui de l'autre côté. — La plupart des espèces se ressemblent tellement qu’il est assez difficile d'indiquer nettement leurs caractères distinctifs. Tous ont les épimères antérieures libres , sauf Yuncinatus. Ptcrolichus clelibntus, Robin (fîg. 43, d). Journal d’Anat. et Phys., 1877, p. 416. On reconnaît cette espèce à sa forme trapue, à ses flancs parallèles, caractère qui n’existe au même degré dans aucune des espèces suivantes. Habitat. — Sur la plupart des Corvidœ, notamment sur Corvus corone , C. cornix , C. corav , C. frugilegus , C. scapulatus , C. crassirostris , Corvultur albicollis , Cyanocorax pileatus, eto., et sur les Vulturidœ , tels que Gyps fulvus, Gypaetus barbatus , etc. Probablement cosmopolite. ptcrolichus uncinatus, Mëgnin. Journ. d’Anat. et Phys. I. c ., p. 420. Le piquant transversal de l’échancrure manque dans cette petite espèce. Habitat. — Sur la Veuve à collier d’or ( Vidua paradisea ), d’Afrique, et d’autres Fringillidœ exotiques, et la variété sur. le Phasianus pictus. Ptcrolichus urogalli, ( Nômer). Dimorphus (1) urogalli, Norner, Verhandl. k. h. Zool.-Bot. Gesell. in Wien , 1883, p. 91, pl. 1, f. 1-10.' Habitat. — Cette espèce que nous ne connaissons que par la des¬ cription et les figures de M. Norner, a été trouvée par lui sur le Coq de Bruyère (Tetrao urogallus), d’Europe. Ptcrolichus nisi , Canestr. Dermaleichus nisi , Can., Atti del R. Istituto Veneto , 1878-79 , p. 47 ; Atti délia Soc. Veneto-Trentina , VI, 1879, pl. 1, fi g. 6. (1) On s’explique difficilement pourquoi M. Norner a classé ce Pterolichus parfaitement typique dans le genre Dimorphus de Haller, qui est essentiellement caractérisé par le développement considérable de la 5e paire de pattes , et se rattache par conséquent aux Analgeseœ. 265 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Dimensions : Mâle, long., 0mm 42 ; larg., 0mm 17 Femelle, long., 0 45; larg., 0 17 Habitat. — Sur la plupart des Rapaces diurnes ( Falconidés ) , et notamment sur Nisus fringillarius , Circaetus gallicus , Buieo vul- garis, Remis apivorus , Circus cineraceus, etc., d'Europe et d'Asie. Ptcrolichus intermcdins , n. sp. Espèce de petite taille et qui est le diminutif de l’espèce précédente ou de la suivante (comme le Pt. uncinatus est le diminutif de Pt. delibatus). Tégu¬ ments pâles et transparents avec le faciès des Crameria ; corps plus court et plus trapu que celui du Pt. nisi. Mâle ayant l'abdomen conformé comme celui du précédent , mais à lobes plus courts; poil transversal de l'échancrure immédiatement en arrière du renflement qui sert de base aux ventouses copulatrices ; flancs renflés entre la 2e et la 3e paire de pattes ; la 4e paire dépassant l'abdomen de la longueur du tarse. Organe génital petit , conoïde, entre les épimères de la dernière paire. Femelle plus grande que le mâle, ovale, avec les flancs échancrés comme chez les Crameria , les pattes postérieures plus courtes que l’abdomen. Vulve en Y renversé, surmontée d'un sternite ou arc court. Dimensions : Mâle , long., 0mm 27 ; larg., 0mm 15. Femelle, long., 0 35; larg., 0 17. Habitat. — Sur les Rapaces diurnes , notamment sur Falco Eleo- norœ , Falco subbuleo , Circus cineraceus, C. pallescens, etc., et souvent en société avec l’espèce précédente. Ptcrolichus struthïonis, n. Sp. (fig. 43, a ) Semblable au Pt. nisi , mais en différant par les caractères suivants : plus grand et d’une teinte plus claire, tirant sur le roux (et non sur le brun enfumé, comme dans Pt. nisi), d’une forme plus élancée. Mâle à flancs bombés en arrière du sillon thoracique (et non en avant de ce sillon, comme dans Pt. nisi ) ; extrémité de l’abdomen plus étroite et doublement sinuée en arrière de la 4e paire de pattes (les flancs sont presque droits chez Pt. nisi). Lobes abdominaux plus arrondis à leur extrémité, et le renflement interne qui sert de base aux ventouses copulatrices plus saillant et plus arrondi. Poils semblables et sembla¬ blement disposés. Organe génital plus gros, situé plus en avant et surmonté d'un pénis cylindrique en forme de verge, rabattu en arrière. Pattes postérieures n’atteignant pas l’extrémité de l’abdomen. Femelle à flancs moins bombés , à abdomen plus allongé, dépassant les pattes postérieures. Sternite vulvaire moins développé que chez Pt. nisi ; deux petites plaques de renforcement oblongues en dessous de l’abdomen, une de chaque côté de l'anus. Du reste semblable à celle du Pt. nisi. Dimensions. Mâle, long., 0mm54; larg., 0nim 25. Femelle, long., 0 60; larg., 0 25. Habitat. — Sur l’Autruche (Struthio camelus) , d’Afrique, et le Nandou (Rhea americana), de l’Amérique du Sud. 266 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ptcrolichus otidis , n. sp. Semblable au précédent ; mais plus trapu , ovale, et se rapprochant du Pt. nisi par la forme des lobes abdominaux du mâle, qui sont courts, triangu¬ laires, et peu arrondis à leur extrémité; flancs presque droits. — Femelle à vulve triangulaire , avec la commissure antérieure obtuse , surmontée d’un sternite en fer à cheval. — Nymphe ovoïde , à pattes très courtes. Dimensions. Mâle: long., 0mm 40 ; larg ., 0mm 22. Femelle : long., 0 45; larg., 0 22. Habitat. — Sur l’Outarde Houbara ( Otis lioubara), d’Afrique et du sud de l’Europe. P. Mégnin et Dr E. L. Trouessart. ( A suivre). DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION. (Suite.) (1) VI ORGANES SECONDAIRES DE REPRODUCTION DES HYMÉNOMYCÈTES. Outre le mode de reproduction normal par les spores des basides, les Hyménomycètes possèdent d’autres organes susceptibles de ger¬ mer. Pendant longtemps on a ignoré et même nié leur présence, mais aujourd’hui leur existence est mise hors de doute à la suite des recherches de MM. Tulasne, de Seynes, Van Tieghem, Brefeld, Richon, etc. ; nous-mêmes avons été assez heureux pour en rencon¬ trer sur plusieurs Champignons appartenant à des groupes très diffé¬ rents. La présence d’organes multiples de reproduction est un trait de plus qui lie les Hyménomycètes aux Thécasporés qui en sont abon¬ damment pourvus. Ces organes secondaires rentrent dans le groupe des Conidies ; elles sont volumineuses (macroconidies) ou spermatif ormes (micro- conidies), et croissent sur des parties de la plante plus ou moins spécialisées. (lj Voir Journal de Alcrooraphie , T. VIII, 1884, p. 33, 101, 158, 221. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 267 Les conidies croissent sur : , , * . • . , i Ptycliog aster. des plantes isolées . j pnacre — Pisiillaria rosella. / sur le mycélium et ( apicales — Agaricus. Coprinus, Cyphella. sont : j secondaires — Auricularia. . . ( Agaricus ostreatus. sur des poils du ) _ cralerellus_ receptac c . j p0iyp0rus x>ersicolor [ Fistulines, Polyporus sut fur eus , Trametes dans l’épaisseur des) rubescens , Calocera cornea , Corticium tissus . j amorphum, C. Marchanda, H y dnum eri- f naceum , Nyctalis parasitica. Ptychogaster . — Le Ptychogasier albus , longtemps consi¬ déré comme espèce autonome, a été rattaché aux Hyménomycètes depuis les travaux de M\ Tulasne d’abord et de M. Cornu ensuite ; les conidies y sont renfermées dans des filaments à bords nets et bien définis, qui, plus tard, se transforment en une sorte de gelée, laquelle disparaissant laisse les conidies libres. M Cornu rapporte cette plante au Polyporus borealis ou peut-être au P. fragüis . Plus ré¬ cemment, M. Richon, comparant la manière d’être de ces conidies intracellulaires avec celles qu’il a découvertes dans les hyphes de YHydnum ennaceum , tend à assimiler le Ptychogaster à un Hydne. Notons qu’on a observé des tubes de Polypores sur des échantillons de Ptychogaster. Pïlacre. — Les Pïtacre sont d’autres organismes conidifères ap¬ partenant à des hyménomycètes encore inconnus . Pistillaria rosella. — Ici les conidies sont placées sur de petites touffes de filaments isolées de la forme à basides , ou bien croissent sur les clavules mélangées avec les éléments de rhymenium. ■ Agaricus , Coprinus. — On a observé sur le mycélium, chez un cer¬ tain nombre d’Agarics et de Coprins, des conidies très petites, sper- matiformes, qui naissent par accroissement endogène (Van Tieghem) au sommet d’arbuscules particuliers. On les a considérées quelque temps comme des organes mâles, mais M. Van Tieghem a réussi à les faire germer et a vu qu’elles produisaient un mycélium analogue à celui que donne la basidiospore. Cyphella. — M. Tulasne a observé sur le mycélium d’une Cy- phelle müscicole la présence de nombreuses conidies. 268 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Auricularia. — Nous avons déjà vu, à propos de la germination des spores, que dans VA. mesenterica la spore, en germant, émet un très court prolongement (promycelium) qui porte une sporidie un peu plus petite, mais de forme analogue à la spore primitive. Dans VA. sambucina (Ilirneola), le même phénomène a lieu, avec cette différence que le promycelium atteint cinq à six fois la longueur de la spore primitive. Ag . ostreatus. — Nous avons rencontré sur les poils du chapeau et du stype de quelques individus de cette espèce de très petites conidies ovoïdes, hyalines, portées sur de courts stérigmates. Ag. craterellus. — Les conidies sont isolées ou groupées sur des poils réunis eu une touffe marquant la place du stipe au point d’inser¬ tion des lames. Polyporus versicolor. — L’hymenium au lieu de développer ses éléments habituels , forme des poils grêles portant une ou deux coni¬ dies incolores. Couidics angiogastrcs. — Dans l’épaisseur du tissu de la partie supérieure du chapeau des Fistulines , M. de Seynes a vu des fila¬ ments porter à leur extrémité des conidies plus grandes et plus irré¬ gulières que les spores des basides. Ces conidies sont tantôt isolées, tantôt groupées par petits bouquets de 7-3 ; elles sont portées par des filaments rameux subdichotomes M. de Seynes a observé leur germi¬ nation : elle n’a lieu qu’après une période de repos considérable. Polyporus sulfureus. — Le même mycologue a constaté des faits analogues sur le Polyporus sulfureus. C. Corticium amorphum. — Lorsqu’on étudie au microscope la texture du Corticum amorphum , on observe à la base de l’hymenium des filaments rameux, dichotomes, incolores, contenant des granules plasmiques colorés en rouge, cloisonnés aux ramifications et se ter¬ minant par des files de 1-3 ou par des bouquets de 2-5 conidies à gra¬ nulations rouges. Cette observation a été indiquée pour la première fois par M. Richon (Bull. Bot. Fr ., 1877, p. 150); nous l’avons ré¬ pétée plusieurs fois sur des spécimens récoltés aux environs des Eaux- •Bonnes (Basses-Pyrénées) par le docteur Doassans. Trametes rubescens. — Cette plante nous a montré dans le voisi¬ nage de l’hymenium des filaments grêles, hyalins, sans cloison, rameux souvent par dichotomie, dont les extrémités étaient conidi- fères. Ces conidies sont isolées à l’extrémité des filaments, ou placées en files de 2 ou encore par bouquets de 3-4. Elles sont incolores, sphériques, beaucoup plus grosses que les basidiopores ; leur contenu JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 269 est granuleux et quelquefois elles possèdent une vacuole centrale très apparente. Leurs parois sont formées de deux enveloppes dont l’extérieure appartient au filament conidifère et l’autre leur est propre. Calocera cornea. — Cette tremellinée présente un appareil sem¬ blable aux précédents ; ici les rameaux de l'arbuscule sont très ré¬ fringents, cloisonnés aux ramifications et portent de très petites coni¬ dies, ovoïdes, hyalynes et réfringentes. Hydnum erinaceum. — M. Richon décrit, dans le tissu de cette plante [Bull. Bot. Fr., 1881, p. 180), un très curieux appareil conidi¬ fère. Des conidies ovoïdes ou baculiformes à plusieurs vacuoles sont libres et disposées par séries dans l’intérieur de filaments, à la ma¬ nière des conidies du Ptychogaster, avec cette différence que dans ce dernier elles sont séparées par des cloisons tandis que dans l’Hydne il n’en existe aucune. Les parois des filaments se gélifient et mettent ainsi en liberté les conidies. — Quelles sont les fonctions que doivent remplir les conidies des Hyménomycètes ? Leur rôle est encore très obscur, à peine peut-on hasarder quelques hypothèses. Les conidies mycéliennes, appartenant toutes à des espèces éphémères par leur germination rapide, pa¬ raissent apporter au mycélium une nouvelle activité destinée à aug¬ menter encore la rapidité de l’évolution de l’individu. Au contraire, les conidies angiogastres, qui naissent dans les tissus d’espèces à dé¬ veloppement lent, souvent arboricoles, ne germant qu’après une longue période de repos, pourraient servir à permettre à la plante d’attendre qu’un substratum convenable se présente et la préserver de disparition, lorsque les basidiopores ont depuis longtemps perdu leur faculté germinative. Vil FORMATION DU RÉCEPTACLE. Nous avons vu précédemment le mode de germination des spores du Cyphella Curreyi , Bk. Les filaments qui en proviennent se rami¬ fient, se cloisonnent, s’anastomosent entre eux pour former un feutrage blanc qui rampe à la surface du substratum : c’est le mycélium . En un point de ce mycélium, on voit s’élever une grosse cellule en forme de massue et amincie en une sorte de stipe ; cette grosse cellule ou macrocyste est gorgée d’un protoplasma granuleux. Elle se déve¬ loppe seule et n’a dans son voisinage aucune partie spécialisée qui puisse avoir des rapports avec elle. Bientôt, cette macrocyste bour¬ geonne sur toute sa partie renflée et émet des rameaux qui s'entre¬ lacent et se cloisonnent pour former la trame du réceptacle. Les bour- 270 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. geons les plus inférieurs fournissent des branches qui enveloppent les intérieurs et leur forme une sorte d’écorce, qui constitue les poils externes de Ja cupule. Les hyphes intérieurs se terminent par des basides sporifères. Un mode de développement semblable a lieu chez les autres Hymé- nomycètes ; la macrocyste ou carpogone a été observée par plusieurs savants, entre autres par Œrsted, sur YAg. campestris , par M. de Seynes sur le Lepiota cœpestipes , par M. Van Tieghem sur les Co¬ prins ; nous l’avons rencontré également sur le mycélium du Lactarius subdulcis. On a comparé le carpogone à un organe femelle semblable à Yasco- gone ou scolêcüe des Thécasporés, ma;s ici on n’a pas vu d’organe comparable à ce qu’ont indiqué MM. Tulasne comme anthéridie. On a supposé que ce carpogone était fécondé par des spermaties issues de l’appareil mycélien, mais les recherches de M. Van Tieghem ont mon¬ tré que ces prétendues spermaties étaient des microconidies. Dans l’état actuel de la science, le phénomène de la fécondation chez les Basidiomycètes n’a pas encore été observé, mais nous ne pouvons pas conclure de là que ces seuls végétaux échapperaient à la loi com¬ mune. Il est probable que toutes les phases de leur développement ne sont pas connues et que la fécondation existe chez eux comme chez tous les êtres vivants. VIII , PHOSPHORESCENCE. Un certain nombre d’Hyménomycètes présentent la curieuse pro¬ priété d’émettre des lueurs dans l’obscurité. Plusieurs espèces croissent dans les régions tropicales ; nous n’avons guère en France que YAgaricus olearius, quelques Rhizomorpha et Xylostroma qui offrent ce phénomène. La cause de ces lueurs, dans YAg. olearius du moins, nous paraît indépendante de la plante elle-même ; en effet, nous, avons observé, sur les lames de cette dernière un nombre immense de petites bacté¬ ries formées de deux cellules sphériques accolées; ces bactéries étaient lumineuses sous le microscope et comparables à celles décrites sur les viandes phosphorescentes, {y oyez : N. Patouillard, Observations sur quelques Hyménomycètes. — Revue mycologique, octobre 1882). IX AFFINITÉS DU GROUPE. Les Hyménomycètes touchent de près ou de loin à d’autres groupes de Champignons. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 27 1 Les Gastéromycètes sont ceux qui s’en rapprochent le plus ; comme eux, les Hyménomycètes ont des basides sporifères, comme eux , ils sont pourvus, au moins dans leur jeunesse, d’enveloppes propres ou peridiums, souvent au nombre de deux : un peridium externe ou volva et un peridium interne ou anneau. Dans le Tulostoma brumale, nous voyons la plante enveloppée d’abord dans une membrane externe, qui se rompt par suite du développement d’un stipe à la façon des Amanites, puis une deuxième enveloppe entoure la gleba sporifère et s’ouvre ici par son sommet. Dans les Amanites, la deuxième enve¬ loppe se fend circulairement à sa base pour former l’anneau. Dans les Gyrophragmium , la déhiscence du péridium interne se fait égale¬ ment par la partie inférieure. La différence essentielle entre les deux groupes ne réside que dans la localisation de l’hymenium, qui, chez les Hyménomycètes, tapisse les surfaces en contact avec l’air ambiant, tandis que chez les Gastéromycètes, il est spécialisé à la surface de cavités contenues dans l’épaisseur de la gleba. Par les Tremellées, nos Champignons touchent aux Ascomycètes. Les conidies des Calloria , formant la masse gélatineuse des anciens Dacrymyçes, ont la plus étroite affinité avec les Guepinia, Tremello don , etc. Plusieurs Sphériacées ont leurs formes conidiales (ancien Tremella ) qui ont été longtemps placés dans les Hyménomycètes. Nous avons vu la spore des Auricularia donner naissance à un promycelium qui porte une spore secondaire. Le même phénomène a lieu dans la germination des pseudospores des Urédinées et des Usti- laginées. DEUXIÈME PARTIE. CLASSIFICATION. La classe des Champignons chez les anciens botanistes est celle qui a été le moins étudiée ; cela tient sans doute à l’immense variété de formes que présentent ces êtres bizarres et aussi à leur durée éphé¬ mère. Les espèces supérieures seules avaient été remarquées, et les classifications informe qui ont été indiquées sont en rapport avec le peu de connaissances qu’on en avait à l’époque. Clusius dans son Historia plantarum rariorum, publiée vers l’an 1600, décrit et figure un certain nombre d’Agarics, Bolets, etc., qu’il divise en Fungi esculenti et en Fungi noxii et perniciosi. 272 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Lobel, vers la même époque, faisait des vulgares edules Fungi, vulgares perniciosi Fungi et Fungi in arboribus nascenles. Linné avait observé un nombre relativement considérable de Cham¬ pignons ; il les répartit en plusieurs genres d'après leur aspect exté¬ rieur. Il établit les Agarics , les Bolets , les H y dues , confond dans ses Clavaires , des Basidiomycètes, des Sphéries et autres Ascomycètes rapproche les Morilles du Phallus impudicus , etc. Il faut arriver jusqu’à Persoon qui publie son Synopsis metliodica Fungorum en 1801 , pour voir une distribution rationnelle des Hymé- nomycètes ; bien qu’elle ne soit encore basée que sur les formes exté¬ rieures, elle fait faire un pas immense à la mycologie et prépare la route à Fries qui, s’aidant des découvertes modernes, établit la classi¬ fication encore à peu près adoptée aujourd’hui par tous les myco¬ logues. Persoon fait des Hvménomycètes son cinquième ordre , celui des Hymenothecii caractérisé par un hymenicum non déliquescent et des sporules pulvérulentes. 11 les divise en 6 familles : 1. Agaricoidei, comprenant les genres Amanita, Agaricus et • Merulius. 2. Boletoidei, pour les genres Bœdalea et Bolelus. 3. Hydnoidei, pour les Sistostrema et Hydnum. 4. Gymnodermata, pour les Thelephora et Merisma . 5. Clavæformes, pour les genres Clavaria et Geoglossum. 6. Helvelloidei, pour les Spathularia , Leotia , Helvella , Mor- chella, Tremella, Peziza , Ascobolus , Helotium, Stilbum et Œgerita. Les 4 premières familles sont à peu près celles de Fries ; dans la 5e le genre Geoglossum doit retourner aux Ascomycètes. La 6e est formée exclusivement de Discomycètes, toutefois les Sole - nia sont encore compris comme section du genre Peziza , à cause de l’analogie de forme et de l’ignorance où était Persoon des organes de reproduction. Enfin nous arrivons à Fries dont le dernier ouvrage ( Jlymenomy - cetes Europœi) représente l’état actuel de nos connaissances. Dans cet ouvrage les Basidiosporés sont nettement séparés des formes analogues des Ascomycètes. Leur classification repose unique¬ ment, dans ses grandes divisions, sur la figure de l’hymenium, les autres caractères ne servent qu’à former les groupes secondaires. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 273 Fries établit ainsi les 6 familles suivantes : Açaractnées, hyménium lamelleux. Polyporées — tapissant l’intérieur de tubes ou pores. Hyduées — sur des pointes. Tkélcphorécs — sur une surface nue oupapillée. Cia variées — amphigène. Trcmelliitécs, Champignons gélatineux à hyménium amphigène. Chacune de ces familles se divise à son tour en un certain nombre de genres, formés d’après la présence ou l’absence d’un stipe, la consistance plus ou moins charnue, cartilagineuse ou ligneuse des espèces, etc. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. ( A suivre ) CORRESPONDANCE. A M. le D1' J. Pelletan, Rédactr en chef du Journal de Micrographie. Anvers , 12 mai 1884. Cher Monsieur , On a souvent reproché aux auteurs français d’ignorer les travaux allemands (l), ce qui serait assez compréhensible en présence d’un langage baroque et diffus comme l’allemand, où l’on fait des phrases de dix lignes et plus, mais au moins jamais un auteur français n’altérera-t-il complètement la vérité pour cacher le droit de priorité d’un autre. C’est ce qui m’arrive aujourd’hui dans le journal allemand du Dr Behrens. Je vous envoie la traduction française de la réponse que je vais adresser en allemand à ce journal. Faites-moi , je vous prie, l’amitié de l’insérer dans le prochain numéro de votre journal. Remerciements. Bien à vous , Dr H. Van Heurck. (1) Note de la rédaction. — Ce reproche ne serait plus juste aujourd’hui. On ne s’occupe plus guère, en France, que des travaux étrangers, allemands surtout. Jetez les yeux sur n’importe quel ouvrage français, vous n’y trouverez que des citations, des références et des notes tirées d’auteurs allemands. Plus l’allemand a un nom w baroque », plus il est inconnu et plus on le cite avec joie : cela prouve l’étendue de nos connaissances C’est le plus souvent nous, Français, qui transformons en célébrités beaucoup d’auteurs allemands qui, dans leur pays, ne sont que des hommes parfaitement et justement obscurs. D1' .1. PfiLLF.TAN. 274 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PROTESTATION CONTRE UNE NOTE DE M. STE IN. A Monsieur le Professeur Dr Wilh. Behrens, à Gottingue. Monsieur et cher Confrère, C’est avec beaucoup d’étonnement que je viens de parcourir dans le Heft 2. du Zeit. fur Mikroskopie l’article et le Référât de M. Stein. Ces articles sont rédigés de façon à me faire considérer comme un plagiaire ou un compilateur, et je ne puis les laisser passer sans protestation. Je vais donc réfuter les articles de ce Monsieur : A. — Dans sa note sur l’éclairage électrique , M. Stein ne cite pas une seule fois mon nom, j’ai donc l’air d’être un inconnu pour lui ; or, cependant, le dit sieur Stein m’a écrit à la fin de l’année dernière pour me demander des renseignements sur les procédés que j’employais et l’envoi que je lui ai fait de mon travail a dû lui donner tous les détails qu’il désirait. Je ne veux pas m’occuper de la personnalité de ce Monsieur , qui semble désirer s’attribuer l’application de l’éclairage électrique au microscope, je me contente d’établir les points suivants : 1. Depuis plus de dix ans, j’ai essayé l’application de l’éclairage électrique aux recherches microscopiques , d’abord par l’emploi de tubes de Geissler, ensuite par l'emploi de fils de platine incandescents. J’ai des témoins et des lettres à produire à l’appui de mes assertions , mais comme le résultat pratique de ces recherches a été peu satisfai¬ sant, je ne m’y arrêterai pas davantage. 2. J'ai le premier applique au microscope l'éclairage par incan¬ descence au charbon par les lampes Swan. Mes premiers essais ont été faits à l’aide d’un petit microscope, à l’exposition de Paris , et peu après, en novembre 1881 , avec des lampes que , grâce à l’interven¬ tion d’un ami commun , M. Swan voulut bien me confier, avant que ces lampes fussent mises dans le commerce. 3. Pour poursuivre mes recherches , M. Swan , qui voulut bien, à cette occasion, faire tout son possible pour m’aider, essaya de faire des lampes de plus en plus petites , et au mois de Janvier 1882 il put enfin m’en envoyer qui ne demandaient plus que sept volts , soit la force de 4 à 5 éléments Bunsen. Je dois, en cette occasion, rendre hommage à M. Swan, qui m’a fait ces envois successifs de lampes, à simple titre d’amitié et pour m’aider dans mes études. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 275 4. J’avais dès lors réalisé tout ce que peut donner l’éclairage électrique appliqué au microscope : lumière à intensité variable à volonté par un rhéostat ; centrique ou ultra-oblique ; monochromatique ; reproductions photographiques, et, tous ces résultats, je pouvais les obtenir avec le premier microscope venu et je n’exigeais pas un appareil compliqué , lourd et disgracieux comme celui que dessine M. Stein. 5. Je fis part de mes recherches à la Société belge de Microscopie, et une députation de membres de cette Société vint à Anvers, le 5 mars 1882, assister dans mon musée botanique à la démonstration des faits énumérés. 6. Mon premier travail sur l’éclairage électrique fut publié dans le numéro du 25 février 1882 du bulletin de cette Société. B. — Dans son référât, M. Stein rend compte à sa façon delà deuxième édition de mon travail , édition augmentée qui fut publiée dans le Journal de Micrographie de Paris. M. Stein oublie , dans son titre , d’ajouter les mots « deuxième édi¬ tion », ce qui semble donner la date de 1883 pour mon seul travail. 11 dit ensuite que je ne fais que reproduire les figures parues dans le Journal of the R. Microsc. Society , auxquelles je joins l’article de M. Stearn et d’autres que je prends dans des revues ; il ajoute que je parle de machines dynamo-électriques , d’accumulateurs , de batteries puissantes, chose incompréhensible pour lui. Il est probable que M. Stein , qui se pique de faire un référât d’un travail en français, ne comprend pas la langue française, sinon il aurait compris que , publié à peu près immédiatement après la clôture de l’Exposition de Paris , ce travail rendait compte de tous les derniers perfectionnements de l’éclairage électrique, il aurait pu comprendre que ces appareils puissants servaient à l'éclairage de ma demeure toute entière, éclairée depuis 1881 par les lampes Swan , et il aurait vu , dans le bulletin de la Société belge , que « mon cabinet de travail était éclairé à la lumière électrique ». Enfin, il aurait pu lire , page 6 , que ces appareils là n’étaient nulle¬ ment nécessaires au micrographe, et, page 12 , « qu'il suffisait de 6 à 7 volts pour les usages du microscope. » Je donne d’ailleurs tous les renseignements pour une installation sérieuse; ce n’est pas un jouet, comme la pile-bouteilie que M. Stein figure à côté de son microscope , qui pourrait suffire aux recherches journalières et prolongées chaque jour jusqu’au milieu de la nuit, comme celles que je fais depuis plusieurs années pour mon Synopsis des Diatomées. Je ne veux pas prolonger davantage cette réfutation , si M. Stein a cru qu’il suffisait d’écrire en allemand pour que je ne connusse pas son travail, il a fait erreur, car cette langue m’est aussi familière que les 276 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. autres langues importantes de l’Europe , je me tiens d'ailleurs au cou¬ rant de toutes les branches des sciences que je cultive. Gela n’est pas , paraît-il, la façon de faire de M. Stein , sinon il aurait pu se mettre au courant de la question dans : 1° Le Bulletin de la Société belge de microscopie de février 1882 ; 2° Le Moniteur industriel de 1882 ; 3° h' Electricien du 15 avril 1882 ; 4° Le Journal of the Royal Microsc. Soc. de juin 1882 ; 5° Le Northern Microscopist de juin 1882 ; Etc., etc., où mes recherches primitives sont détaillées au long. Je ne terminerai pas sans adresser ici publiquement mes remercie¬ ments à M. le Dr Flesch qui , dans le Journal , a rendu à chacun la justice qui lui revenait, et en vous priant , Monsieur et cher confrère , de vouloir bien reproduire cette lettre , je vous présente en même temps l'assurance de mes sentiments bien distingués. Dr H. Van Heurck , Directeur du Jardin botanique d’Anvers. P.-S. — Pour que le public français puisse se rendre bien compte de mes justes griefs envers M. Stein, je donne ci-dessous la traduction littérale : 1° du référât de ce personnage ; 2° d’une note insérée au bas de la page dans un article de M. Flesch. Cet article traitant de l’éclairage électrique confirme et complète mes recherches et est inséré dans le Zeitschrift fur Mikroskopie immédiatement après le travail de M. Stein. I. — Référât de M. Stein. « Van Heurck, H., La lumière électrique appliquée aux recherches de la micrographie (Journal de Microgr. A. VII, 1883, mai, p. 244). » Le travail de Van Heurck , publié sur cette matière, dans le Journal de Micrographie , contient exclusivement les figures parues dans le Journal de la Royal microscopical Society , de même que l’article de Stearn , avec l’addition de quelques notes sur les sources électriques à employer. Introductoirement , Van Heurck parle de grands appareils pour la production des courants élec¬ triques, et, ici encore, l’auteur tire ses matériaux de journaux divers et y ajoute des clichés connus. Ce que vient faire, à propos de l’éclairage minuscule du microscope, la description et la figuration d’une machine électro-djuamique, exigeant des chevaux de force ou une batterie colossale d’accumulateurs, nous est incompréhensible, car il suffit , pour alimenter la lampe du microscope, de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 277 v» 2 à 3 piles-bouteilles ou de 2 éléments de Bunsen ou de Grove. Si l’on veut avoir des lampes plus fortes pour des grossissements plus considérables, on emploiera 10 à 12 éléments d’après la lumière exigée. » IL — Note de M. le Dr Max Flesch, de Berne. Welche aussi cbten bietet die Einführung des elektrischen Licbtes in die mikroskopie? von Dr Max Flesch, in Bern. (1) Voir Van Heurck, La Lumière électrique appliquée aux recherches de la micrographie (Bulletin de la Société belge de Microsc. 1881-1882, p. LIX) ensuite : Stearn, on the use of incandescence lamps as accessories to the mi¬ croscope (Journal R. Microsc. Soc. Ser. Il, vol. III, p. 29). C’est au premier de ces auteurs qu’appartient incontestablement la priorité, non seulement de l’emploi, mais aussi de la démonstration approfondie de la cause de la supériorité de la lumière électrique; ses recherches ont été publiées dès le 25 février 1882 ; Stearn a employé, en premier lieu, des très petites lampes spéciales qu’il fixe au microscope même , procédé qui , en tous cas , n’est pas encore suffisamment motivé. — Stein, dans sa publication posté¬ rieure ( Elekirolechnisch ausgerustetes Mikroskopr Zeitsch. des electroteclm. Ver. Wien , H. 7, v. 15, oct. 1883, S. A.) n’a fait, en réalité, pour ce qui regarde l’éclairage électrique, que copier Stearn. A M. le Dr J. Pelletan, Rédact1’ en chef du Journal de Micrographie. Choisy, 18 avril 1884. Monsieur le Rédacteur, Je reçois seulement le n° 1 ( Comptes rendus des séanees de la Société Botanique de France, Tome XXXI, *2e série. Tome VI), bien que la couverture porte la date du 2 avril 1884. Et ce bulletin est celui des séances de janvier ! Près de 4 mois de retard pour publier un numéro de bulletin ! D’où vient ce retard? La lumière sera peut-être faite un jour sur ce mystère ! ! Tout ce que je sais de plus clair, c’est que la commission du Bulletin , au lieu de s’occuper de faire paraître son Bulletin en temps utile à la satisfaction de tous les membres de la Société, a pour principale préoccupation de créer tous les obstacles imaginables aux auteurs de communications qui leur dé¬ plaisent, faisant perdre ainsi à des collègues (qu’ils ont, de par les statuts, mission d’encourager, d’aider, de soutenir par tous les moyens) le temps le plus précieux ; c’est que les membres de la commission se permettent de juger défavorablement des travaux qu’ils ne connaissent pas, surtout lorsque ces travaux émanent de confrères français ; alors qu’ils apportent la plus grande 3 278 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. réserve dans leurs appréciations touchant les travaux étrangers ; c’est qu’elle s’est imposée cette réserve, de par les règlements sans doute, pour ne pas encourir le reproche de montrer cette aménité de peur de représailles ; car s’il n’en était pas ainsi, la même courtoisie existerait pour les chercheurs français que pour les chercheurs étrangers. Quand les membres de la commission du Bulletin ont des communications à faire, et cela arrive à chaque séance, ils examinent eux-mêmes leurs propres travaux, les critiquent eux-mêmes, les apprécient eux-mêmes, et décident eux-mêmes s’ils sont dignes d’être imprimés dans le Bulletin. Je n’ai jamais entendu dire qu’un membre de la commission du Bulletin se soit vu refuser une communication par la commission du Bulletin. En pour¬ rait-il être autrement ? Les membres de la commission du Bulletin font cependant les choses moins simplement avec leurs collègues. Je puis, à mon grand regret, servir d’exemple. Le 23 novembre 1883, je présentais à la Société Botanique de France une première communication sur un travail qui m’avait demandé six années con¬ sécutives de recherches longues et difficiles et intitulé : Idées nouvelles sur la fermentation. Depuis cette époque, jusqu’au 27 février, j'ai lutté en vain pour conserver à ma communication son intégrité. — La correspondance que j’ai échangée avec la Société botanique en fait foi (1). J’ai protesté avec la dernière énergie — mes protestations sont restées sans effet, la commission du Bulletùi ajant décidé qu’elle avait bien fait de décider, qu’elle avait eu raison de décider, que les décisions qu’elle avait prises à mon endroit étaient justes ! « La commission du Bulletin avait le droit absolu, peut-être même le » devoir de faire ce qu’elle faisait. » De mon côté, n’ai-je pas aussi, moi, le droit absolu , peut-être même le devoir, de faire ce que je fais et de contester à la commission du Bulletin son autorité sans contrôle et son infaillibilité ? . mais passons. La commission du Bulletin , sans tenir compte de la disposition que je donnais à ma rédaction, divisait ma communication en deux parties : une première partie, offensante pour les savants parce qu’elle n’est que trop vraie, qu’elle supprimait complètement ; une deuxième, qu’elle mutilait d’une façon ridicule. Cette division, qui ne correspondait en aucune façon à celle de mon travail, une fois faite ; les suppressions que je trouvais absurdes une fois exécutées, la commission du Bulletin jugeait. Lorsqu’on m’envoja l’épreuve d’imprimerie de ma communication, je ne pus corriger la première partie (division de la commission du Bulletin ) puis- (1) Cette correspondance sera publiée en temps utile. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 279 qu'on avait supprimé les caractères ; il me restait donc à corriger la deuxième partie (division de la commission du Bulletin ). C’est ce que je me suis empressé de faire en lui redonnant d’abord son intégrité, ensuite, en ajoutant ces notes à la suite de celles de la commission : Tome XXXI (1) comptes-rendus des séances. 1° En bas de la page 12 : (3) « Je demande pardon aux lecteurs de laisser imprimer ma seconde » partie avant la première. S’ils ne comprennent rien à la communication ils » doivent s’en prendre à la commission du Bulletin qui , elle, a trop compris » Y auteur. » 2° En bas de la page 18 du même volume à la suite de la note du secré¬ tariat : (2) Note de l’auteur : « La commission du Bulletin est seule responsable des suppressions qui » rendent cet article impossible et donnent pleinement raison aux observations » qui ont été faites : tome XXX, séance. Les membres de la Société Botanique » jugeront. » C’est que les observations devaient figurer au tome XXX dans lequel aurait dû paraître ma communication; ma communication ayant été reculte, les observations l’ont suivie . Depuis, . aucune nouvelle. Quand le 18 avril, je reçois enfin le Bulletin. Je regrette de dire qu’après toutes les désillusions que j’avais déjà éprouvées, une impression pénible s’est emparée de moi en le parcourant. La commission du Bulletin a le droit d’être fière. Elle a fait de la bonne besogne ; malheureusement, comme je pouvais le prévoir, elle a pris des mesures qui ne visent pas que moi seul. A. Pour ce qui me concerne : 1° Elle a supprimé ma rédaction par sa seconde partie de ma note et rétabli la sienne ; 2° Elle a maintenu ses observations désobligeantes et ses critiques ; 3° Elle a supprimé mes réponses ; B. Pour les membres de la Société en général : Craignant sans doute que, malgré ses assertions, les membres de la Société Botanique ne trouvent que la commission du Bulletin n’outrepasse ses pou¬ voirs, elle a trouvé bon de renforcer son libéralisme. En effet, elle a fait un changement très important dont elle a sans doute bien besoin et qui serait passé peut-être inaperçu si je n’avais eu la malencontreuse idée de le signaler. La commission du Bulletin vient de changer la couverture de son Bulletin. Ne croyez pas que je veuille dire qu’elle a remplacé les filets des cornes par de petites boules, je ne m’occupe pas de ces détails. — Je veux appeler 280 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. l’attention de tous ceux qui ont souci de leur liberté comme de l’avenir de la Société Botanique sur des objets plus sérieux. La commission du Bulletin a changé- la rédaction de Y Avis qui est sur la couverture . oh! elle a mis bien peu de chose . elle a seulement intercalé huit tout petits mots : « Si la commission du Bulletin le juge convenable. » Je trouve une grande signification à ces huit petits mots avec la façon dont la commission prend l’habitude de trancher les questions. . Il y a là une manœuvre de mauvais aloi qui fera que le bulletin ne sera plus le Bulletin de la Société, mais le Bulletin de la commission du Bulletin , qui permettra toujours, en renforçant l’article 21 qui est encore trop libéral, aux membres de la commission de continuer à faire leurs communi¬ cations sans contrôle, et de supprimer les travaux des autres entièrement ou d’en laisser seulement des lambeaux informes et de les critiquer ensuite ; de sorte que les travaux des membres de la Société (je ne parle pas des membres de la commission du Bulletin , qui sont rédacteurs irresponsables des idées des autres, en restant juge et partie) arriveront affreusement mutilés à leurs collègues avec des observations moins que courtoises, et les auteurs n’auront pas le droit de réplique. Ah ! parce que je n’ai pas l’envergure d’un membre de l’Institut on me mettra le talon sur la gorge et on m’empêchera de crier !!!! Eh bien, non ! je veux qu’on sache que j’ai protesté de toutes mes forces contre l’autoritarisme de la commission du Bulletin , que je lui ai contesté formellement le droit de modifier les communications sans le consentement des auteurs — que ce droit je le lui conteste encore aujourd’hui et pour trois raisons que je ne dirai jamais assez haut : 1" Le droit du tirage à part devient dérisoire, attendu que l’auteur, lors¬ qu’on aura fait des suppressions malgré ses protestations, en perdra forcé¬ ment le bénéfice, puisqu’il ne doit faire ce tirage à part que conforme à la rédaction du Bulletin ; 2° L’irresponsabilité de la Société est incompatible avec les changements de texte que les membres de la commission du Bulletin font d’office aux communications malgré les auteurs. Cette irresponsabilité n’existe que quand la suppression est faite du consentement des auteurs ; 3° Des critiques émanant des membres de la commission du Bulletin dis¬ posent d’une façon fort désavantageuse les confrères près de qui on n’a pas le droit de se défendre. Toutes ces raisons sont assez puissantes pour demander une révision urgente dans l’intérêt de la Société qui devient dans ces conditions une Société privée ; car la commission du Bïdletin en poussant le libéralisme jusqu’à renforcer son article 21 de règlement administratif et en le rendant bien supérieur à l’article 2 des statuts, non-seulement finirait par oublier ce JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 281 dernier, mais pourrait faire croire que la porte de la Société Botanique est ouverte à la bourse mais fermée au mémoire ! En publiant ces lignes sans importance pour ceux qui font de la botanique en amateurs, je crois être utile surtout à ceux qui font de la science leur gagne pain, et que ne manqueraient pas de décourager ces procédés, et à la Société Botanique elle-même dont les membres ont certainement à cœur de ne pas renier l’objet pour lequel ils se sont unis ! E. Cocardas, Membre de la Soc. Botanique de France, P S . — Le Journal de Micrographie a accueilli mon travail et le publie ci-dessous dans son intégrité. IDÉES NOUVELLES SUR LA FERMENTATION. I INTRODUCTION. La question de la fermentation est peut-être celle qui a le plus passionné les savants et a donné lieu aux discussions les plus nombreuses et les plus vives. « Il est résulté de tous ces débats que la question des ferments et de la « fermentation devient chaque jour plus obscure et plus inextricable , il n’est « pas un point qui ne soit contesté et non par les premiers venus , mais par « des esprits supérieurs, par des maîtres en l’art d’observer et en l’art d’expé- « rimenter. — Marchand : Botanique cryplogamiqne. 1883. » La principale cause de ces contradictions est dans Facharnement de la lutte et dans le désir qu’éprouve chaque école de renverser avec le plus de bruit possible ceux qui ont le malheur de ne pas penser comme elle, de sorte que la discussion ne roule plus sur des faits , mais sur des idées purement théo¬ riques, qui, loin de nous rapprocher de la nature, ne font que nous en éloigner davantage. Yeut-on émettre une idée neuve, . idée basée sur une observation attentive et suivie et que chacun peut refaire avec le temps et la patience.., si elle est contraire à ce qui est généralement admis , ce ne sont que paroles mordantes , que critiques partiales ; ne faut-il pas à tout prix détruire ces penseurs subversifs qui pourraient troubler l’ordre établi et la bonne harmonie des hypothèses. Cependant, il n’est pas rare de voir les détracteurs émettre au bout d’un certain temps comme leur, cette idée-là même qu’ils avaient combattue chez un autre avec opiniâtreté. 282 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Pourquoi si peu d’indulgence ? Trouverait-on un seul savant assez préten¬ tieux pour soutenir que tous les travaux qu’il a faits sont vrais ? Il serait donc bien privilégié celui-là de pouvoir surprendre la nature dans tous ses secrets à la fois ! Ma ferme conviction à moi, est que bien des existences s’useront avant d’avoir pu généraliser ! car à quoi sert de connaître les détails si on ne peut embrasser le tout d’ensemble ? N’est-ce pas à cela que nous devons tendre tous tant que nous sommes , et au lieu de nous décourager les uns les autres, ne devons-nous pas nous aider mutuellement pour faire avancer la science française en nous efforçant de la mettre au premier rang plutôt que d’em¬ boîter le pas derrière des voisins qui poussent au dernier degré la manie de créer des noms et de faire des espèces nouvelles ? Nous leur copions assez d’autres travers pour leur laisser celui-là. A force de répéter un fait inexact, on finit par le prendre pour vrai. Il en est de même de la bibliographie. Elle a sans doute son bon côté , mais il ne faut pas la pousser à l’excès, parce qu’il arrive souvent qu’à force de citer les auteurs, on finit par regarder ce qu’ils disent comme des faits acquis. Alors on court le grand risque de passer pour un ignorant si , s’apercevant de certaines erreurs , on cherche à revenir quelque cinquante ans en arrière pour savoir où est le vrai, où est le faux. Mais bien que le doute soit un oreiller commode pour une tête bien faite, (pour me servir d’une expression de Montaigne), c’est un état qui ne peut convenir à l’esprit. Aussi, celui qui observe sans parti-pris, ennuyé de ne ren¬ contrer de tous côtés que contradictions, ne peut, dans l’embarras où il se trouve, suivre de meilleure marche que celle de chercher lui-même. Heureux d’appartenir à une école indépendante, c’est ce que j’ai essayé de faire moi-même depuis six ans , et ce n’est qu’après avoir eu des idées bien arrêtées, que j’ai pris connaissance de ce qui avait été fait avant moi. J’ai observé avec la plus grande attention toutes les modifications des organismes que je voulais bien connaître , les dessinant chaque jour, chaque heure avec la plus grande exactitude. J’ai suivi cette méthode pour ne pas encourir le reproche qu’on adresse si facilement à des commençants, celui de travailler dans des livres. J’avais tout d’abord l’intention de ne m’occuper que des végétaux microsco¬ piques qu’on rencontre dans les eaux distillées médicinales, mais j’ai été amené, malgré moi et par l’attrait même de mes observations , à rechercher aussi la nature des cryptogames qu’on rencontre dans les dissolutions acides , alca¬ lines , salines , dans les préparations pharmaceutiques , dans les huiles , les extraits , dans les liqueurs sucrées naturelles ou artificielles , dans les jus de fruits , dans les solutions de gomme , d’amidon , dans les liquides patho¬ logiques, etc. . . J’y ai été forcé également par l’obligation où je me trouvais de contrôler les observations d’un grand nombre de savants qui rangeaient indistinctement à côté les uns des autres, avec toutes sortes de noms , des cryptogames trou- JOURNAL DE MICROGRAPHIE 283 vés dans toutes sortes de liquides. Et j’étais tellement pénétré de l’influence du milieu sur la nature de ces organismes microscopiques, que jusqu’à ce jour on n’avait pu définir , que je me suis mis à l’œuvre. Effrayé d’abord de la grandeur du sujet, je l’envisageai avec timidité en pensant combien de gens illustres m’avaient devancé dans ces recherches , mais leurs contradictions me rendaient l’assurance et je n’ai qu’à me louer d’avoir persévéré ; car je viens aujourd’hui simplifier la question d’une façon si extraordinaire et si inattendue, que la première impression de certains bota¬ nistes qui me liront, sera de se demander si vraiment je connais bien les végé¬ taux dont je parle. A ceux-là je me contenterai de répondre que leurs formes me sont familières et que pendant six années consécutives je les ai suivis dans leurs différentes manières de vivre, que ce que j’avance aujourd’hui est sans parti-pris, et que mon travail n’est pas un travail de commande pour donner raison à tel ou tel. Ils pourront refaire les mêmes observations , et s’ils les font avec la même patience et dans le même esprit , ils seront obligés de tirer les mêmes conclusions. Je n’ai pas à faire l’historique de la question , je me contenterai de ren¬ voyer au travail si complet de mon maître et ami, le professeur L. Marchand : Botanique cryptogamique. 1883.) Je viens seulement exposer des travaux qui me sont entièrement personnels. Les savants admettent aujourd’hui deux ordres de fermentations : 1° La fermentation attribuée à la présence d’un ferment figuré ; 2° La fermentation attribuée à la présence d’un ferment amorphe. Je ne parlerai dans ce travail que de la première ; c’est du reste celle à la¬ quelle on a donné plus particulièrement le nom de fermentation , celle sur laquelle ont roulé toutes les discussions entre les savants jusqu’à ce jour, celle enfin qu’il m’importait surtout de connaître comme complément à mes recherches cryptogamiques sur les altérations des substances médicamenteuses, alimentaires et commerciales. Cette réserve évitera donc toute toute confusion et empêchera qu’on ne me fasse attribuer au mot fermentation un autre sens que celui que je lui donne moi-même quant à présent. Bien préciser la question, au risque de paraître un peu long, est du reste le seul moyen de prévenir des discussions inutiles. II DE LA FERMENTATION. § 1. B y a autant de fermentations que de protoplasmas . Toute fermentation est corrélative d’une végétation. Nous ne connaissons encore qu’un fort petit nombre de fermentations rela¬ tivement au grand nombre de minéraux , de végétaux et d’animaux répandus 284 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. à la surface de la terre, car les fermentations alcoolique , acétique , butyrique, lactique, etc., sont bien peu de chose auprès de toutes les fermentations com¬ plexes qui s’accomplissent constamment et à chaque instant sur notre globe. La différenciation dans le protoplasma constitue l’individualité. Il y a autant de fermentations que de protoplasmas. A choque protoplasma correspond une fermentation spéciale suivant les éléments qui le composent. C’est dire que le nombre des fermentations est infini et que l’homme sera encore longtemps à les connaître. Je puis même ajouter que le jour où il les connaîtra parfaitement, il aura surpris un des secrets de la création; car si le nombre des éléments inorganiques est relati¬ vement restreint , les proportions dans lesquelles ils se trouvent associés , varient à l’infini ! § 2. Moment auquel s'opère la fermentation. A quel moment s’opère la fermentation ? Dès qu’un individu ou portion d’individu est frappé de mort apparente , dès qu’une masse protoplasmique quelconque a cessé son rôle actif, immédiatement, et sans transition aucune , un travail de décomposition commence, lent d’abord, mais ne tardant pas à se manifester d’une manière plus sensible pour nous ; car dans la nature la mort est un non-sens et n’existe pas en réalité ; et on me mettrait dans le plus grand embarras si on me demandait où commence la vie et où elle finit. Il y a , en effet, un échange continuel et incessant entre les éléments , et rien ne vient déranger ce cycle admirable ! Ce travail de décomposition qui a pour but de ramener à l’état inorganique les éléments qui forment la substance même des êtres organisés est la fermen¬ tation. § 3i Unité du ferment ; sa non-spécificité. Mais, s’il y a autant de fermentations que de protoplasmas divers, en est-il de même des ferments ? et à chaque fermentation déterminée trouve-t-on un ferment spécial qui la caractérise ? « Il y a quelques années à peine les fermentations étaient exclusivement du « ressort de la chimie, on expliquait les phénomènes par l’intervention d'une « force particulière, la force catalytique; on sentait bien, peut-être, qu’il y « avait comme une production d’une sorte de vie se traduisant par des réac- « tions chimiques sous l’influence d’agents physiques ; en tout cas, tout « s’arrêtait là , mais lorsqu’on eut découvert dans certaines fermentations « chimiques et pathologiques , la présence d’êtres figurés accompagnant « presque toujours, sinon toujours, la production des phénomènes, la question « changea brusquement de face ; l’être devint la cause du phénomène ; on « n’en douta bientôt plus lorsqu’on eut cultivé certains d’entre eux et qu’on « les eut vu reproduire , après culture , des phénomènes semblables à ceux « auxquels avaient présidé les parents dont ils étaient sortis. De là à prétendre « que toutes les fermentations avaient leur protophyte, il n’y avait qu’un pas « qui fut vite franchi , et dès lors chaque fermentation chimique, végétale , JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 285 « normale, pathologique , cadavérique , etc,. . . fut sommée de montrer son « ferment figuré et vivant sous peine de se voir déclarer fermentation fausse. « Beaucoup, il faut l’avouer à leur honte, se hâtèrent d’obéir et parfois se « hâtèrent si bien que presque toutes possèdent au moins deux microbes qui « se disputent l’honneur d’être le vrai, le seul , l’unique agent de la fermen- « tation. — (L. Marchand: Botanique cryptogamique.) » De sorte qu’on admettrait autant de ferments que de fermentations. Il y aurait un ferment lactique , un ferment alcoolique , un ferment butyrique , etc., etc. Il n’en est point cependant ainsi. Non-seulement il n’y a pas de spe'cificité des ferments , mais c’est le même ferment , toujours le même ferment qui produit toutes les fermentations; le même fermeyit qui produit la fermentation alcoolique, si la matière fermentescible est susceptible de se décomposer en alcool et en acide carbonique ; le même ferment qui produit la fermentation acétique si la substonce fermentescible est susceptible de donner les éléments de la fermen¬ tation acétique ; le même ferment qui produit la fermentation butyrique, si la matière fermentescible peut donner les éléments de la fermentation butyrique,., etc... C’est toujours le même ferment qui est la cause de la fermentation, mais cette dernière varie nécessairement avec la nature des éléments qui com¬ posent le corps fermentescible. § 4. Siège du ferment. Où donc se trouve ce ferment curieux , ce ferment de destruction et de vie en même temps , puisqu’il décompose les organismes mortifiés en leurs élé¬ ments, et permet à ces derniers de retourner aux organismes vivants ? Les opinions sont partagées : 1° Les Autogénistes prétendent , sans avoir pu le prouver jusqu’à présent , que le ferment se forme de lui-même avec les éléments ; 2° Les Panspermistes prétendent , au contraire , qu’il existe un cycle de générations, et que tout ferment procède d’un germe. Pour eux, celui-ci se trouve dans l’eau , mais surtout dons l’air, où il est aussi indispensable que l’oxygène, l’azote, l’acide carbonique. Il semble que la vérité est entre ces deux opinions , qui ont le seul tort d’être trop absolues et par là exclusives. Quoi qu’il en soit , sa première forme est celle de corpuscules de la plus grande ténuité, forme sous laquelle les cryptogamistes qui n’ont pas suivi son évolution complète, ne peuvent le reconnaître. Sous cette forme, il est répandu également partout à la surface du globe , dans toutes les parties du monde, dans les pays les plus chauds comme dans les pays les plus froids , emporté par les vents, tantôt dans une direction, tantôt dans une autre. Lorsqu’un rayon de soleil pénètre à travers une ouverture pratiquée dans le volet d’une chambre fermée , on peut apercevoir des milliers de corps en sus¬ pension qui donnent une idée très exacte de la façon dont le ferment peut flotter dans l’air ; mais il ne faudrait pas confondre avec lui toutes les matières organiques animales ou végétales qu’on rencontre dans l’air en abondance 286 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d’autant plus grande qu’on se rapproche davantage de la terre, comme : débris d’acariens, fibres de coton, grains de pollen , poils de plantes , etc... Il en est de même des liquides , dans lesquels on rencontre aussi presque tou¬ jours ces mêmes débris provenant de l’air lui-même ; mais la confusion qu’on pourrait facilement faire à l'œil nu ne tarderait pas à disparaître sous le champ du microscope. , §5, Conditions dans lesquelles s'établit la fermentation. La première condition, la condition indispensable pour que le travail de la fermentation commence, est que la malière fermentescible soit en contact avec l’air; la deuxième est que le ferment de nature végétale, puisse végéter, et, pour sa végétation, qu’une certaine quantité d’eau soit dans la substance elle- même ou dans l’air ambiant. Une substance bien sèche, placée dans un endroit humide, finit par se décomposer. L’eau est donc indispensable à la vie du ferment et à la production de la fermentation , et la fermentation ne peut , en aucune façon, avoir lieu sans le contact de l’air. § 6. Influence du milieu sur la forme extérieure du ferment. \ Il j a plusieurs cas à examiner. La matière fermentescible peut être solide ou liquide; le liquide lui-même peut être rendu très visqueux, soit par la grande quantité de matière dissoute ou de matière insoluble tenue en suspension. Dans ces différents cas, le ferment semble différer, mais cela tient à l’habitat. 11 peut rester constamment en contact avec l’air et y suivre le cvcle naturel de son développement ou bien il peut être submergé. Souvent même cette submersion est telle que sa vie est tout aquatique, et les transformations qu’il subit sont si grandes qu’un observateur non prévenu pourrait facilement le méconnaître. D’autres fois, il vit à demi dans l’air, à demi submergé , et dans ce cas , on peut suivre sa forme aérienne et sa forme aquatique. Selon les milieux dans lesquels il se trouve, le ferment se présente sous différents états que les botanistes ont regardés comme des espèces particu¬ lières sous les noms de : Bacterium , Bacillus , Micrococcus , Mycoderma , Saccharomyces , Ilygrocrocis , Leptomitus , Torula , Eurotium , Botrytis , Pénicillium , As p erg illus , Mucor , etc. \ / ( Ancienne dénomination.) Tous ces organismes ne sont que des états du ferment champignon unique , et ce ferment champignon unique est le Pénicillium (nouvelle dénomination). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 287 §7 .Le Pénicillium est le ferment unique de décomposition , qui préside à toutes les fermentations. Oui, c’est le Pénicillium qui est le ferment universel, le ferment partout répandu, le ferment qui altère les eaux distillées, le ferment qui altère les dissolutions salines, les liqueurs sucrées, les extraits, les infusions végétales, les opiats , les électuaires , les pâtes amygdalines , les pommades , les huiles , les aliments de toute nature, etc, etc... Dans un plaçai d humide vous trouverez du Pénicillium sur un livre dont le papier est tout sali. . . . Faites à une pièce de vin un trou imperceptible , suffisant pour laisser suin¬ ter le liquide sans lui permettre de couler , et bientôt il y aura production de Pénicillium. Faites la même chose à un tonneau d’huile, vous ne tarderez pas à avoir la même production. Abandonnez dans une tasse du vin bien limpide et en parfait état de con¬ servation. .. , laissez-le s’évaporer lentement. Lorsque tout le liquide sera éva¬ poré, le fond de la tasse sera tapissé de Pénicillium. C’est le Pénicillium qui fait tourner la bière ; c’est le Pénicillium qui fait aigrir le lait ; c’est le Pénicillium qui fait surir la compote ; c’est le Pénicil¬ lium qui fait fermenter les fruits ; c’est le Pénicillium qui dévore les fraises humides et n’en laisse que les ovaires ! Peu importe le véhicule, que ce soit du vin, du vinaigre, de l’huile, du lait , de la bière, etc, . . . partout et toujours apparaît le Pénicillium. Une fois que le ferment a pris les différentes formes que nous lui connais¬ sons : Pénicillium , Mucor , Aspergillus , etc,... il peut par ses fructifications, aériennes s’accroître à l’infini sur la substance fermentescible jusqu’à ce qu’elle soit entièrement décomposée. J’avais du lacto-phosphate de chaux qui me servait à la préparation du sirop de lacto-phosphate de chaux médicinal. Un jour qu’après avoir été longtemps sans m’en servir, je voulus en faire usage, quelle ne fut pas ma stupéfaction de ne retrouver que du Pénicillium ! Le lacto-phosphate de chaux avait été complètement transformé. Mais si le ferment a l’inconvénient de décomposer la plus grande partie des produits pharmaceutiques et d’amener une foule de transformations désa¬ gréables, pour celui qui en souffre, son rôle de destruction n’en est pas moins souvent utilisé. C’est le Pénicillium , en effet, qui préside au vieillissement du vin et de tous les jus de fruits; c’est lui qui produit dans le fromage la modification et la saveur qu’on y recherche et les modifications qiéil produit dans les substances fermentescibles dépendent de son état de végétabilité. § 8. Preuves de V unité du ferment de décomposition. Mais il n’y a pas dans un champ de blé que du blé, vous y trouverez toutes sortes de végétaux. Est- ce à dire que le blé et ces végétaux soient la même chose parce qu’ils poussent ensemble et dans le même terrain ? Voilà 288 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. la question naturelle que me poseront les botanistes que ne peut convaincre la 'présence constante du Pénicillium dans toutes les fermentations , et qui me diront avec beaucoup de raison que la matière fermentescible est susceptible de recevoir tout ce que l’air apporte avec lui, et par conséquent de donner la vie à toutes sortes de productions. Sans doute , cette présence constante du Pénicillium dans toutes les fer¬ mentations dit beaucoup, mais ne serait pas une raison suffisante pour admettre Vnnité du ferment de décomposition ; et je ne viendrais pas faire avec tant d’assu¬ rance cette affirmation, si je n’avais vu, de mes propres jeux vu, les corpuscules formateurs un. contact de l’air se transformer en Bactéries et en Bacilles et for mer la zooglæe ; si je n’avais vu ces Bactéries s’endiguer dans des tubes hja- lins pour donner des Hygrocrocis ; si je n’avais vu ces Hygrocrocis donner comme fructifications indistinctement des Mucor , des Aspergillus , des Pénicil¬ lium , etc, . . si je n’avais vu les Saccharomyces , qui ne sont autre chose que des spores tombées des organes de fructifications précités, me donner tantôt des Mucor , tantôt des Aspergillus ; si je n’avais obtenu, non pas une fois mais bien souvent, sur le même filament mycélien , la forme Pénicillium et la forme Mucor ; sur le même filament mjcélien, la forme Mucor et la forme Aspergillus . Devant de telles preuves, il est donc impossible d’admettre plus longtemps la spécificité des ferments. Il n’j a donc pas de spécificité des ferments. Il n’j a donc qu’un seul ferment: le Pénicillium , qui peut prendre des formes variées suivant les milieux dans lesquels il vit, et produire autant de fermentations diverses que de protoplasmas différents. C’est la végétation du Pénicillium qui fait toutes les fermentations , et la composition de chaque matière fermentescible qui fait la particularité de chaque fermentation. Si nous devons à l'école allemande d’avoir retardé la solution de la question, nous devons cette justice aux savants français qu’ils ne s’en sont pas beaucoup écartés, et que si l’on avait tenu davantage compte de leurs recherches, il j a peut-être plus de quarante ans qu’elle serait résolue. III DIFFÉRENTS ÉTATS VÉGÉTATIFS DU PENICILLIUM DANS LES DIFFÉRENTS MILIEUX FERMENTESCIBLES. Si le Pénicillium se montrait toujours très distinctement avec tous ses caractères, mes recherches eussent été moins longues et les contradictions des savants, moins nombreuses ; mais pour être unique , le ferment de décomposition n’en affecte pas moins, suivant les milieux où il provoque la fermentation et les circonstances plus ou moins favorables dans lesquells il se développe lui- même, des formes assez différentes d’aspect pour qu’on ait pu les considérer jusqu’à ce jour comme des espèces autonomes. Ces formes ne sont pourtant que les différents états du Pénicillium ferment , états qu’on peut ainsi résumer, dans le tableau ci-contre : JOURNAL DE MICROGRAPHIE 289 COCAROAS. 290 V JOURNAL DE MICROGRAPHIE. VAISSEAUX DE MALPIGHI CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES. U) On ne connaît qu’un petit nombre d’insectes n’ayant que deux vaisseaux malpi¬ ghiens : quelques Coccidies des genres Coccus, Lecanium , Aspidiotus. J’ai aussi récemment démontré que la Teigne ordinaire ( Tineola biselliella , Hummel) n’a que deux vaisseaux malpighiens. Les vaisseaux malpighiens de la Teigne ordinaire se présentent sous la forme de deux tubules assez gros qui font quelques replis dans la cavité abdominale suivant les deux côtés du canal digestif, se terminant chacun par un élargissement séparé à la limite de l’estomac et de l’intestin. Les bouts de ces tubules flottent dans la cavité abdominale. Le fait de l’existence de deux tubes mal¬ pighiens chez la Teigne est d’autant plus étrange, que tous les Lépidoptères ont tou¬ jours six vaisseaux malpighiens et qu’en général l’anatomie des espèces de cet ordre de la classe des Insectes est plus uniforme que dans les autres ordres. M. Suckow a décrit quatre vaisseaux malpighiens chez le Pterophorus pentadactylus et l'Hypono- menta evonymella ; pourtant les recherches nouvelles (Schindler) ont démontré que les observations de M. Suckow sont inexactes et que les Insectes en question ne font pas d’exception au type général. J’ai eu aussi l’occasion de disséquer le Pterophorus et YHyponomenta et j’ai constaté que ces Lépidoptères ont six vaisseaux malpighiens. En faisant des recherches sur l’anatomie comparée des Lépidoptères pendant l'été de 1883, entre autres, j’ai disséqué plus de trente espèces de divers Microlépidoptères. Une de ces espèces, la Teigne (Blabophanes rusticella , HL), possédait deux vais¬ seaux malpighiens, de même que le Tineola biselliella (probablement Tinea pellio- nella Lin.), mais cet Insecte étant plus fort que le précédent, ces relations tout à fait semblables se manifestaient avec plus de clarté. Ainsi on assure que les Lépi¬ doptères, ces insectes si uniformes dans leur anatomie, offrent des particularités dans la construction d’un des organes principaux, ce qu’on ne rencontre guère dans les autres ordres de la classe des Insectes. L’anatomie des Tinéines et des Microlé¬ pidoptères en général est fort peu connue, et peut-être ce groupe de petits Insectes fournira beaucoup de faits intéressants. Autrefois j’ai montré que la chenille de la Teigne ordinaire (dont j’ai aussi exa¬ miné un grand nombre d’individus) a six vaisseaux malpighiens, comme les larves de tous les autres Lépidoptères. A mon regret, n’ayant pas eu l’occasion d’étudier les métamorphoses de la Tineola biselliella et de la Tinea rosticella, je suppose que les vaisseaux malpighiens de la chenille disparaissent par l’histiolyse dans la phase de chrysalide et que les deux vaisseaux de l’adulte sont de nouvelles formations. Les recherches de MM. Rathke, Fritz Muller, Ulianin, etc., ont suffisamment dé¬ montré que le petit nombre de vaisseaux malpighiens porte un caractère primitif et qu’avec le développement progressif de l’organisme pendant ses métamorphoses, le nombre de ses vaisseaux s’augmente, soit par la ramification des vaisseaux, soit, par l’histiolyse des premiers et par l’accroissement des nouveaux vaisseaux plus nom¬ breux. Chez la Teigne nous trouvons justement lecontraire. Le nombre des vaisseaux malpighiens de la chenille est triple de celui des Insectes adultes. Le nombre deux est le plus petit nombre des vaisseaux malpighiens que nous pouvons admettre aux Insectes ; et il est fort probable que les aïeux éloignés des Hexapodes avaient juste¬ ment ce nombre de vaisseaux, quoique M. Paul Mayer (2) suppose que ces aïeux (1) C. R. de l'Ac. des Sc. — 10 mars 1884. (2) Paul Mayer ; (Je ber Anatomie und Phylogénie der lnsekten ( Jenaische Zeitschrift , Band 10, Heft 2, p. 142). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 29* n’avaient pas moins de quatre vaisseaux. S’il en est ainsi, alors la Tineola biselliella retourne dans son développement au type des aïeux encore plus éloignés. Nous avons devant nous un phénomène d 'atavisme, et encore un phénomène d’un genre tout à fait exceptionnel. Ordinairement, les phénomènes de V atavisme n’ont, aucune régularité. Chez la Teigne, au contraire, X atavisme devient un phénomène habituel, qui retourne toujours dans la marche du développement ; la chenille a toujours six vaisseaux, le Lépidoptère adulte n’en a que deux. Cet. atavisme périodique nous présente un phénomène fort intéressant et, si je ne me trompe pas, tout, à fait nou¬ veau pour la Science. Cholodkovsky. NOTE RELATIVE A LACTION DES HAUTES PRESSIONS SUR LA VITALITE DES MICRO¬ ORGANISMES D’EAU DOUCE ET D’EAU DE MER.O) J’ai l’honneur de présenter à la Société de biologie la Note que j’ai déposée àl’Aca- démie, dans la séance du 17 mars dernier, sur les cultures à l'abri des germes, des eaux et des sédiments du Travailleur et du Talisman (2). A cette occasion, je de- demande la permission d’exposer brièvement le résultats des nouvelles expériences que j’ai faites sur divers organismes microscopiques, en les soumettant à de hautes pressions pendant un temps qui a varié de sept heures à sept jours pleins. Cette communication, je l’espère, aura pour effet d’atténuer, sinon de famé disparaître entièrement, les divergences plus apparentes que réelles que M. le docteur Regnard vous a signalées dans la dernière séance entre les conclusions de ses expériences et les miennes. C’est ainsi que je partage entièrement cette opinion de M. Regnard, « que les infusoires de la surface de la mer ne sauraient., sauf acclimatement lent, vivre dans les profondeurs , et pour que ces êtres il doit, comme pour tous les autres, exister une faune abyssale. » Il n’en est pas moins vrai que nos expériences diffèrent et par le but que nous poursuivons et par les conditions dans lesquelles elles sont exécutées. En ce qui me touche, je me suis proposé de rechercher par quels procédés la matière organique était, ramenée à l’état inorganique dans les grands fonds de la mer. A la suite de l’expédition du Travailleur , en 1881, j’ai d’abord cherché les mi¬ crobes directement, par l’examen microscopique, dans les sédiments fixés par l’acide osmique et traités parles réactifs colorants. Ne trouvant rien dece côté, j’ai eu recours à la méthode des cultures ; mais dès le début, je n’ignorais pas qu’il ne suffirait pas d'obtenir des microbes authentiques des grands fonds, comme ceux provenant des matériaux recueillis par le Talisman , et qu’il me faudrait encore replacer ces micro¬ bes dans leurs conditions normales d’activité physiologique. Ces conditions sont difficiles à réaliser et., ne fut-ce qu’à titre d’essai, j’ai dû tout d’abord rechercher quel est l’effet des hautes pressions sur les organismes unicellulaires, infusoires et microbes, que nous trouvons à la superficie. J’ai dû aussi me préoccuper d’éviter les compressions et les décompressions brusques qui, bien évidemment, ne se rencon¬ trent qu’à l’état d’accident dans la nature. (1) Société de Biologie. (2) Comptes rendus . N° 11, p 690. 292 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Sur ma demande et sur les indications obligeantes de M. Cailletet, M. Ducretet a légèrement modifié le dispositif des appareils de l’éminent physicien. Dans les ap¬ pareils dont je me sers, il y a deux récipients et deux manomètres au lieu d’un. Les récipients sont isolés ou mis en communication, àvolonté, à l’aide d’un robinet, ce qui permet d’emmagasiner la pression ou d’opérer la décompression sans trop de précau¬ tions, dans le premier récipient. On peut ensuite, à l’aide du robinet, transmettre l’effet obtenu, d’un récipient à l’autre, aussi lentement qu’on le veut. C’est ainsi que dans toutes mes expériences, sauf en cas de fausse manœuvre, j’ai mis près d’une demi-heure pour passer de 0 à 500 atmosphères et réciproquement. Pour me rappro¬ cher plus complètement des conditions de la nature, je n’ai jamais cherché à dépas¬ ser 400 à 500 atmosphères, qui représentent la pression moyenne des profondeurs relevées parles expéditions sous-marines. Si j’ai bien compris les diverses communications de M. le docteur Regnard, ces conditions, sauf en ce qui touche l’expérience dont il vous'a rendu compte dans la dernière séance, diffèrent sensiblement de celles dans lesquelles il s’est placé. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les résultats auxquels je suis arrivé diffèrent des siens. En opérant comme je viens de le dire, et après avoir toujours eu soin de détermi¬ ner à l’avance les espèces d’infusoires ou de micro-organismes que je mettais sous pression, j’ai constaté ce qui suit. A 100 et 300 atmosphères maintenus pendant 7, 24, 48 et 72 heures, certains orga¬ nismes sont tués; d’autres sortent de l’appareil aussi vivaces qu’ils y étaient entrés; d’autres enfin tombent dans cette vie latente dont vous a parlé M. le docteur Regnard. A 450 et 500 atmosphères, le nombre des organismes vivants diminue, celui des organismes tués ou tombés en vie latente augmente. Dans la première expérience, — dont j’ai déjà rendu compte à l’Académie, — les Chlamydococcus pluvialis sou¬ mis pendant sept heures à une pression de 100 à 300 atmosphères étaient tous sortis de l’appareil aussi vivaces qu’en y entrant. La plupart des autres infusoires étaient morts. Dans une seconde expérience prolongée pendant quarante-huit heures, à 300 atmosphères, les infusoires d’eau douce: Paramecium colpoda et Vorticelles , étaient tombés en vie latente ; d’autres étaient morts. Au contraire des Euplotes charon , des Euplotes patella et des Pleuronema marina, infusoires marins, étaient restés mobiles. D’autres espèces et notamment des Eolosticha f lava et des Actinophrys étaient mortes. Dans la dernière expérience que j’ai faite, des organismes d’eau douce ont été maintenus pendant trente-six heures à la pression de 520 atmosphères. A la sortie de l’appareil, la plupart des Chlamydococcus paraissaient être en vie latente ; quel¬ ques-uns même étaient tués ; d’autres étaient encore mobiles ; mais les individus complètement verts avaient résisté en plus grand nombre que ceux dont la chloro¬ phylle commençait à prendre la couleur rouge. Dans ces mêmes tubes, j’ai pu mon¬ trer à deux de vos collègues, un quart d’heure après la sortie de l’appareil, des Rotifères en pleine activité. Les Tardigrades qui étaient tombés dans la vie latente, se sont réveillés plus tardivement. Enfin dans toutes ces expériences, certains microbes, très abondants dans les tubes mis sous pression, disparaissent ; d’autres se meuvent dès leur sortie de l’appareil. 11 semble donc que, dans les conditions où je me suis placé, l’effet des hautes pressions varie non seulement d’espèce à espèce, mais aussi, dans la même espèce, d’individu à individu. 11 semble surtout qu’il n’est pas indifférent de produire la com¬ pression ou la décompression plus ou moins rapidement. 11 n’est donc pas impossible qu’avec des pressions plus fortes, prolongées pendant plus longtemps, aucun des organismes de la superficie ne résiste et que tous indistinctement ne soient tués. C’est une expérience à faire. 293 # JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Je ne saurais passer sous silence l’effet des hautes pressions sur la bactéridie charbonneuse. Avec M. le docteur Roux, nous avons soumis du sang charbonneux à une pression de 600 atmosphères pendant vingt-quatre heures. Ce sang a conservé toute sa virulence et les cultures qui en ont été faites ont pleinement réussi. Dans aucune de ces expériences, on le voit, je n’ai encore abordé le problème de la fermentation ni celui de la putréfaction. Les résultats obtenus par M. le docteur Regnard avec la levure me paraissent d’ailleurs concorder avec ce que l’on savait déjà du sommeil des cellules mycodermiques qui se rencontrent dans les vins mous¬ seux et sucrés. A un moment donné, ces cellules ne décomposent plus le sucre, soit qu’elles subissent l’action paralysante de l’acide carbonique, soit que la nourriture leur fasse défaut, soit enfin, comme semble le confirmer l’expérience de M. le doc¬ teur Regnard, que la pression produite par la tension du gaz fasse obstacle à la fer¬ mentation. Mais on peut encore se demander si d’autres ferments, et notamment ceux des grands fonds, n’obéissent pas à d’autres lois. C’est la question que je me suis posée et que j’essaye de résoudre en ce moment. A. Certes. DE L’ACTION DU FROID SUR LES MICROBES.O Une première expérience , faite l’an dernier, nous ayant montré qu’un froid de — 100° obtenu par l’évaporation de l’acide sulfureux et du protoxyde d’azote liquides, agissant durant quatre heures, sur différentes espèces de microbes, ne les détruit pas, nous avons procédé récemment à une nouvelle expérience qui, par sa durée et l’intensité du froid obtenu, nous paraît sans précédent. Des tubes de verre scellés à la lampe et renfermant les microbes dont nous donnons la liste plus bas, furent placés dans une caissette de bois enveloppée de substances mauvaises conductrices de la chaleur. Nous soumîmes , en premier lieu , la caissette et son contenu , pendant vingt heures, à un froid de — *70°, dû à l’évaporation de l’acide sulfureux liquide. Ce dernier fut ensuite remplacé par de l’acide carbonique solide , constamment renouvelé et entretenu autour des tubes , sans diminution de pression , durant quatre vingt-huit heures , le thermomètre se maintenant entre — 70° et — 76°. Durant une troisième période de vingt heures, nous avons fait agir le vide (0m,718, la hauteur moyenne du baromètre pendant l’expérience étant de 0m,730) sur la neige carbonique, ce qui fit tomber la température de — 76° à 130° environ (2). Enfin les tubes furent abandonnés à eux-mêmes et la tempéra¬ ture se releva lentement. Au moment où nous retirâmes de la caissette, six heures après la cessation du vide, le bouillon de culture des microbes et le sang infesté étaient encore par¬ tiellement coagulés. En résumé, les organismes dont il s’agit ont subi un froid minimum de — 70° du¬ rant cent huit heures, porté à — 130° pendant vingt heures. (1) C. R. de l'Ac. des Sc. — 24 mars 1884. (2) Température déterminée au moyen de la formule donnée par MM. Raoul Pictet et Cellérier, dans leur Mémoire sur les tensions maxima des vapeurs saturées ; formule vérifiée pour la vapeur d’eau par M. Broch , du Bureau international des Poids et Mesures à Breteuil. 4 294 JOURNAL DE MICROGRAPHIE Voici maintenant les résultats constatés. Le Bacillus anthracis (culture ne renfermant plus que des spores) avait conservé toute sa virulence et ne montrait aucune altération sous le microscope. Sang charbonneux (bacilles puisés dans le sang de la rate d’un lapin tué par l’inocu¬ lation de la culture précédente avant son refroidissement). N’a plus montré trace de bacilles après l’action du froid : son inoculation n’a été suivie d’aucun accident. Bactérie du charbon symptomatique (sang* infesté retiré des muscles de la cuisse d’un cobaye fraîchement tué). L’examen microscopique ne démontre aucune altération sensible. L’inoculation a démontré que le liquide avait conservé toute son activité virulente (1). Bacillus sublilis et Bacillus ulna Cohn , répartis dans cinq tubes dus à l’obligeance de M. le Dr Miquel, chef du service micrographique de l’Observatoire de Montsouris. Le bouillon de culture ensemencé à l’extrémité du fil de platine, par M. Miquel lui-même, dont la grande habileté dans ce genre de recherches est universellement reconnue et appréciée, a toujours donné sans exception , au bout de vingt-quatre heures , les organismes primitive¬ ment enfermés dans les tubes scellés. Leur vitalité n'a pas été atténuée par le froid. Micrococcus luteus Cohn et un Micrococcus blanc non déterminé, mais très commun. Des gouttelettes de ces cultures, prises au fil de platine après refroidissement , se sont montrées à M. Miquel , cinquante fois sur cent , incapables de féconder le bouillon de bœuf. Mais quand on prenait la précaution d’ajouter à ce dernier une grosse goutte (de trente au gramme), l’infection était provoquée à coup sûr avec beaucoup de rapidité. Le froid avait donc tué une partie des microcoques dont il s’agit , mais un grand nombre lui avait résisté. Levure de bière (Torula cerevisiæ). Les torules ne présentent aucune altération à l’examen micros opique ; cependant elles sont devenues incapables de fonctionner physiologiquement. Elles ont perdu, en particulier, la propriété de faire lever la pâte de pain. Vaccin (lymphe du cowpox recueillie sur un veau). Inoculé au bras gauche d’un enfant après refroidissement, il demeura sans effet, tandis que le même vaccin non refroidi, inoculé au bras droit du même sujet, donna une magnifique pustule. Nous voyons, en résumé, que, dans les conditions de froid indiquées, un grand nombre d’organismes inférieurs ne sont nullement détruits. Nous aurons l’honneur de communiquer à l’Académie, dans une prochaine Note, les résultats obtenus dans les mêmes conditions sur des êtres, animaux et végétaux, plus hautement organisés. R. Pictet et Yung. NOTES MÉDICALES. RECHERCHES DE PATHOLOGIE ET DE THÉRAPEUTIQUE EXPÉRIMENTALES SUR LA TUBERCULOSE. (Fin). (2) IV. Recherches thérapeutiques. — La pensée d’opposer au développement des * (1) Nous remercions ici M. le professeur Arloing , de l’Ecole vétérinaire de Lyon , qui a bien voulu procéder lui-même à l’examen des microbes après leur refroidissement et nous a transmis les résultats que nous venons de citer. (2) Voir Journal de Micrographie , T. VIII , 1884, p. 235. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 295 bacilles dans l’organisme, divers médicaments pris dans la classe des antiseptiques est une conséquence naturelle des faits que nous venons de passer en revue. Ce genre de recherches est extrêmement délicat et ne saurait donner que des résultats très minimes, en raison de la résistance considérable des bacilles et du caractère aigu que revêt la tuberculose expérimentale. On ne doit pas d’ailleurs perdre de vue la question de terrain ni le processus anotomo-pathologique. Ces réserves faites, et sans rien préjuger de l’avenir de la question, nous allons exposer brièvement les expériences tentées et les résultats obtenus. Nous avons divisé nos recherches en trois groupes. Disons, une fois pour toutes, que dans chacun d’eux nous avons inoculé la même matière tuberculeuse à des ani¬ maux témoins. 1° Dans une première série, nous avons cherché à enlever aux bacilles leurs pro¬ priétés virulentes : nous avons mélangé 40 centigrammes environ de crachats de phthisiques, dans lesquels nous avions préalablement constaté la présence des ba¬ cilles , avec différentes substances antiseptiques ; puis , après un contact de quarante-huit heures, nous les avons injectés à un certain nombre de cobayes au niveau de la région de l’aine. Les animaux ont été sacrifiés, en moyenne, après vingt-deux jours ; nous indi¬ querons plus loin les résultats de l’autopsie. Les substances employées ont été : le bichromate de potasse, le sublimé, l’hy¬ drogène sulfuré (solution saturée), la créosote de hêtre, l’eucalypt.ol. La période d’incubation n’a pas été sensiblement modifiée ; la température s’est élevée, comme à l’ordinaire, à 45 degrés et au-dessus. A l’autopsie, nous avons noté quelques différences : Bichromate de potasse. — Cobaye n° 1. Large ulcération tuberculeuse au point d’inoculation. Granulations nombreuses dans le foie et la rate. Tuméfaction des gan¬ glions abdominaux. Rien d’anormal dans les poumons. Cobaye n° 2. Mêmes lésions que le précédent, plus quelques tubercules très fins dans les poumons. Sublimé. — Ulcération d’apparence tuberculeuse au point d’injection. Ganglion tuméfié, non caséeux dans l’aine correspondante. Rien d’apparent, dans les organes. Créosote. — N° 1. Rien d’anormal dans les organes. Traces légères d’inflamma¬ tion au point d’injection. N° 2. Mêmes lésions. Eucalyptol. — Aucune lésion locale. Une seule granulation grise pisiforme dans les poumons . Rien dans le foie et la rate. Ganglions mésentériques tuméfiés et caséeux. Hydrogène sulfuré. — Ulcération tuberculeuse au point d’injection. Granula¬ tions très nombreuses dans le foie, la rate et les poumons. En résumé, il semble que, seuls, le sublimé et la créosote aient réussi à entraver l’évolution tuberculeuse générale chez les animaux en expérience. 2° Dans une deuxième série de cas, nous avons recherché si l’on pourrait obtenir quelques résultats en injectant tous les jours aux animaux, immédiatement après l’inoculation, des médicaments antiseptiques dissous de manière à réduire le plus possible l’irritation locale. A ce point de vue, nous avons essayé les préparations suivantes : hélénine, subli¬ mé, eucalyptol, benzoate de soude, styrone, arséniate de soude, créosote de hêtre, sulfure de sodium, thymol, hydrogène sulfuré. La période d’incubation et la température n’ont pas été influencées. 296 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Parmi les animaux en expérience, les uns ont été sacrifiés le vingt-cinquième jour, les autres ont succombé spontanément après trois mois. Voici les résultats des autopsies : Hélénine. — N° 1. Ulcération tuberculeuse au point d’inoculation. Tubercules nombreux dans le foie, la rate, les ganglions abdominaux. Rien d’apparent dans les poumons. N3 2. Granulations tuberculeuses dans la rate, le foie, les poumons, les ganglions mésentériques. Mêmes lésions locales. Sublimé. — N° 1. Ulcération tuberculeuse au pli de l’aine. Tuméfaction des gan¬ glions mésentériques. Rate criblée de granulations récentes. Rien dans le foie ni les poumons. N° 2 Poumons, foie, rate criblés de tubercules crus. Mêmes lésions locales. Eucalyptol. — Mêmes lésions locales. Poumons d’apparence saine. Quelques granulations dans la rate. Un gros nodule caséeux dans le foie. Tuméfaction des ganglions mésentériques. Benzoate de soude. — Mêmes lésions locales. Tuberculose miliaire confluente généralisée. Styrone. — Gros tubercules dans le foie, la rate et les poumons. Arséniate de soude. — Granulations volumineuses dans le foie et la rate, plus fines dans les poumons. Créosote. — A peine quelques granulations très fines dans le foie et la rate. Ulcé¬ ration locale tuberculeuse (bacilles). Sulfure de sodium. — Poumons, foie, rate, ganglions infiltrés de tubercules. Thymol. — Tuberculose pulmonaire généralisée. Granulations disséminées dans le foie et la rate. Hydrogène sulfuré. — Tuberculisation confluente de tous les organes, sauf des ' reins. Somme toute, les médicaments employés, y compris le sublimé, n’ont donné que des résultats négatifs. Nous ferons peut-être une légère réserve en faveur de la créo¬ sote, qui a paru retarder le processus tuberculeux et diminuer la profondeur et l’in¬ tensité des lésions. 3° Enfin, la tuberculose étant en pleine évolution, nous avons, à différentes pério¬ des de la maladie, essayé d’enrayer son développement par des agents divers, à savoir : le permanganate dépotasse, le sulfure de sodium, le thymol. Aucun d’eux n’a eu la moindre influence sur la température ni sur la nutrition. Les autopsies pratiquées après trois mois, en moyenne, ont montré les lésions suivantes : Permanganate de potasse. — N° 1. Infiltration tuberculeuse généralisée des poumons, du foie et de la rate. N° 2. Tubercules en grand nombre dans les poumons, les ganglions bronchiques, le foie et la rate. Sulfure de Sodium. — N° 1. Foie et rate criblés de granulations tuberculeuses. Quelques tubercules disséminés dans les poumons. N° 2. Tuberculose généralisée. Thymol. — N° 1* Poumons criblés de granulations miliaires. Peu de tubercules dans le foie, sauf dans le lobe gauche. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 297 N° 2. Tuberculose limitée aux poumons. N° 3. Tuberculose pulmonaire très accentuée. Peu de lésions dans le foie et larate. N° 4. Granulations nombreuses dans tous les organes. Cette troisième série n’a donc donné que des résultats négatifs. V. Conclusions générales. — 1° Le bacille de la tuberculose se reconnaît, à sa forme, à ses dimensions et surtout à certains caractères de coloration qui n’appar¬ tiennent qu’à lui et le séparent nettement des autres éléments analogues. 2° Il se rencontre constamment dans l’expectoration des phthisiques et dans les organes atteints de tuberculose, quel que soit le degré de son évolution. Jamais on ne constate sa présence dans les parties saines de ces organes ni dans les états pa¬ thologiques autres que la tuberculose. On le retrouve avec les mêmes caractères chez les animaux infectés expérimentalement. Il nous semble donc qu’il existe une relation de cause à effet entre les bacilles et la maladie. 3° L’existence des bacilles dans l’expectoration, dans les liquides organiques ou dans des portions de tissu excisées, permet de poser à coup sûr le diagnostic de tu¬ berculose pulmonaire ou locale. Cet examen présente une grande importance dans les cas douteux et dans la tu¬ berculose pulmonaire au début, avant l’apparition des signes physiques. 4° Jusqu’à présent, au point de vue expérimental , les médicaments antiseptiques n’ont pas donné de résultats précis. Cependant, toutes réserves faites, l’emploi de la créosote nous paraît justifié dans le traitement de la phthisie. Coze , professeur à la Fac. des Sc. de Nancy et Dr P. Simon, préparateur. VALEUR PATHOGÉNIQUE ET THÉRAPEUTIQUE. DE CERTAINES DOULEURS OSTÉOCOPES. Dès les premiers mois de la vie, l’enfant sain et vigoureux agite avec bonheur bras et jambes, et manifeste sa joie lorsqu’on le maintient debout sur les genoux de ceux qui sont appelés à lui donner des soins. 11 n’en est plus de même lorsque surviennent certains troubles que nous allons bientôt spécifier. On voit alors ces petits êtres immobiles dans leur berceau où ils se tiennent recroquevillés, repliés sur eux-mêmes et poussant des cris aigus dès que l’on fait mine de les prendre, à plus forte raison lorsqu’on cherche à les dresser sur leurs jambes, qu’ils tiennent obstinément repliées. On constate que non seulement les articulations, mais tous les os, sans exception sont douloureux. Et cependant, au début de ces phénomènes, les chairs conservent leur fraîcheur et nulle déforma¬ tion ne se manifeste autour des articulations. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que la cachexie et les gonflements articulaires se manifestent. Prenons maintenant un adolescent, après une poussée trop rapide de croissance. Nous verrons qu’en peu de semaines, la gaîté, le besoin de mouvement, ont fait place chez lui à la tristesse et à une profonde indifférence , aussi bien pour les jeux que pour le travail. Interrogez-le, et il vous répondra qu’il souffre, dans les articula¬ tions et même la continuité des membres, de douleurs sourdes, facilement exaspé¬ rées par le moindre mouvement. 298 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Enfin, si nous observons certaines femmes pendant le cours de leur grossesse, nous les entendons, surtout vers le sixième et le septième mois, se plaindre de las¬ situde générale avec douleurs plus ou moins vives dans toutes les articulations. Le plus souvent ces jeunes femmes présentent les attributs de la fausse pléthore. Il ne faut pas chercher bien longtemps pour trouver à ces trois états une seule et unique origine, une cause commune, Y inanition minérale. En effet, si nous recherchons les antécédents, nous trouvons que quelque temps avant de commencer à se plaindre, puis à dépérir, l'enfant recevait une alimentation pauvre en sels calcaires ou dans laquelle ces composés se trouvaient dans un état tel que les organes digestifs ne pouvaient les assimiler. — Et, comme les sucs nourri¬ ciers ne peuvent prendre l’état solide et passer à l’état, de tissus sans l’intervention du phosphate de chaux, l’organisme, pour faire face au déficit causé par la mauvaise alimentation, emprunte au squelette le sel qui lui manque, et pendant quelque temps les os appauvris, deviennent le siège de troubles trophiques sérieux, tandis que les tissus mous continuent à se développer. Ce n’est, que plus tard, lorsque la réserve de phosphate des os se trouve épuisée, que les phénomènes pathologiques éclatent du côté du tube digestif et des autres systèmes organiques. Les choses ne se passent pas autrement chez l’adolescent, sauf cette différence toutefois que les os, déjà moins cartilagineux, n’ont plus la même tendance à se déformer. L’origine des douleurs ostéocopes de la femme enceinte n’est pas plus obscur. Elles se montrent chez la jeune mère qui n’a pas pu constituer de réserves calcai¬ res suffisantes pendant, les premiers mois de la grossesse et qui ne présente ni l’aug¬ mentation de poids de tous les os, ni les ostéophyt.es qui recouvrent souvent la surface des os plats et que l’on prenait autrefois pour les produits d’une erreur de nutrition. Vers la fin de la grossesse, lorsque le développement, du fœtus se fait avec une activité toute particulière, la mère, obligée de fournir de grandes quantités de phosphate calcaire, les emprunte à sa propre substance, et s’appauvrit au point de ne plus pouvoir assimiler ses aliments. De là, les douleurs osseuses et l’infiltration des chairs par des éléments maintenus à l’état liquide par la prédominance des sels alcalins, et presque privés du phosphate de chaux, seul capable de les fixer à l’état solide. Si l’observation des symptômes ne suffisait pas pour démontrer que nous nous trouvons dans ces trois cas en présence des conséquences de l’inanition minérale telle qu’elle a été décrite par Dusart , les résultats produits par le traitement ne permettraient plus aucun doute. Le même médicament réussit en peu de temps dans l’un comme dans l’autre cas, et ce médicament n’est autre que le -phosphate de chaux , surtout lorsqu’on l’admi¬ nistre sous la forme physiologique de lacto-phosphate que lui a donné l’auteur dont nous citions plus haut les travaux. Qu’on le fasse prendre sous forme de vin ou de sirop, le lacto-phosphate de chaux agit avec rapidité. Dès les premiers jours, les malades voient renaître leur appétit. Le regard, d’abord atone, reprend sa vivacité, et dans un délai qui ne dépasse pas souvent, huit, ou dix jours, les mouvements, au lieu d’ètre redoutés et douloureux, deviennent vifs et faciles. Les chairs reprennent leur fermeté et leurs couleurs : en un mot, la situation redevient normale, dès que l’on rend aux aliments le complé¬ ment indispensable dont ils avaient été privés d’abord, et sans lequel ils ne peuvent s’assimiler, c’est-à-dire se fixer dans les tissus. Dr Arthaud. Le gérant : E. PROUT. Huitième année. N° 6 Juin 1884, JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE I Revue, par le D1' J. PELLETAN. — Les membranes muqueuses et le système glandulaire, {suite) leçons faites au Collège de France par le professeur L. R ANVIER. — Trichomonas vaginalis , par M. J. Kunstler. — Les Sarcoptides plumicoles [suite), description d’espèces nouvelles, par MM. MÉGNIN et E.-L IROUESSART. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification {suite) , par M. N. PATOUILLARD — Les Diatomées , iécolte et préparation {suite), par M. J. RATABOUL. — Le Virus atténué de la rage, par MM. PASTEUR, ROUX et CilAMBEBLAND. — Sur un Péridinien parasite, par M. G. PouciiET. — Sur le micro-organisme d’une septicémie observée sur le mouton, par M. Ch. Degagny. — Coloration des spores du Bacille delà tuberculose, par M. A. -F. Negri. — Bibliographie : Le Conseiller scientifique , de Morlaix, — Guide pratique de lotanique rurale, par M. G. Camus; — les Champignons, par le Dr Gautier. — Avis divers. - - REVUE. L’évènement scientifique le plus important du mois qui vient de s’écouler est la communication faite aux Académies par M. Pasteur , en son nom personnel et au nom de ses collaborateurs , MM. Roux et Chamberland , sur l’atténuation du virus de la rage en passant par le singe; nos lecteurs trouveront plus loin ce document que sans doute tous connaissent déjà. Il résulte , en somme , de ce travail , que si l’on inocule le virus rabique pris sur le chien à un lapin ou à un cobaye, et de ce dernier à un autre lapin ou à un autre cobaye , le virus s’exalte. Mais si l’on inocule le virus rabique à un singe , et de celui-ci à un autre singe , et ainsi de suite , le virus s’atténue en passant par le singe. Si l’on ino¬ cule alors le virus atténué à un chien, il ne lui communique plus qu’une rage bénigne dont l’animal ne meurt pas et qui le rend absolument 304 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. réfractaire à une autre inoculation rabique, par exemple, à la morsure d’un chien enragé des rues. On pourrait donc vacciner le chien contre la rage , — et comme on peut dire que c’est toujours du chien que l’homme contracte la rage , celui-ci ne risquerait plus de mourir enragé. On pourrait même , lorsque les expériences seront suffisamment certaines, arriver à vacciner l’homme. Pour nous, quant à présent, nous préférons qu’on vaccine les chiens. Quelque grande que soit notre confiance dans les assertions de MM. Pasteur, Roux et Chamberland, ce n’est qu’avec la plus invin¬ cible répugnance que nous livrerions notre épiderme aux piqûres d’une lancette chargée d’un virus rabique quelqu'atténué qu’il fût. On ne sait pas ce qui peut arriver : il n’y a pas de règle sans exception , et il n’est pas d’expérience au monde , qui , une fois par hasard, ne puisse rater. Ou bien , si l’on tient absolument à faire des expériences sur une espèce à peu près humaine, qu’on choisisse les portiers. Nous ne savons encore ce qui résultera , au point de vue pratique , de ces intéressants travaux ; nous souhaitons bien vivement qu’ils réussissent, mais nous avouons que nous n’osons guère l’espérer. Quoi qu’il en soit , M. Pasteur a conclu en demandant au Ministre de l'Instruction publique la nomination d’une Commission pour examiner ses expériences , ce qui est absolument en dehors de tous les usages académiques, et ne s’expliquerait pas si l’on n’en trouvait la raison dans l’un des derniers paragraphes de sa communication : « Si j’avais » eu à ma disposition des moyens matériels suffisants . » — C’est d’une nouvelle demande de fonds qu’il s’agit. La Commission désignée par le Ministre est composée de MM. Bé- clard, Paul Bert, Bouley, Yiilemin, Vulpian et Tisserand. « En atten- » dant, dit le Courrier médical , nous ne craignons pas' d’exprimer à » ce sujet notre opinion : la Commission ratifiera les expériences de » M. Pasteur. » Est-ce de l’enthousiasme ou de la malice ? — On n’a jamais pu le savoir. Nous souhaitons que la Commission ratifie — et, en effet , elle rati¬ fiera, — mais ce contre quoi nous protestons énergiquement , c’est contre l’intention qu’ON aurait d’établir en plein bois de Meudon l’ate¬ lier de tortures dans lequel M. Pasteur et ses collaborateurs feront leurs expériences d’inoculation , trépanation , rabification des chiens , singes, lapins, cochons d’Inde , etc. On avait d’abord demandé un emplacement au bois de Boulogne , mais tout le monde a réclamé : les dames du tour du Lac ont crié et JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 305 les book-makers se sont indignés. On a renoncé à établir dans la pro¬ menade préférée du high-life une fabrique de chiens enragés. On s’est alors rejeté sur Meudon. Or , les bois de Meudon et de Clamart sont aujourd’hui à peu près les seuls endroits proches de Paris où les Pari¬ siens , notamment ceux de la rive gauche , puissent venir le dimanche voir des arbres verts et des feuilles fraîches, s’asseoir sur l’herbe, respirer le bon air de la campagne , déjeûner dans les taillis et se re¬ faire d’une semaine de travail , de fatigues et d’empoisonnement dans l’atmosphère puante de Paris. Et c’est là qu’on veut installer un che¬ nil de bêtes enragées ! — C’est très beau et très utile , la science , mais qu’elle reste chez elle et surtout lorsqu’elle se présente sous la plus horrible et la plus dangereuse de ses formes, qu’elle reste chez elle, qu’elle se confine dans des lieux secrets où les savants seront seuls admis à la contempler. Croyez bien que les braves Parisiens, tout affamés qu’ils soient de verdure et de soleil, s’empresseront de fuir ces bois naguère aimés, désormais maudits, où se fabriqueront les chiens enragés. La rencontre du moindre caniche, fut-il aussi innocent que l’ami de St-Roch , y sera accueillie par des cris de terreur. Et voyez-vous, en effet, une honnête famille de bourgeois endimanchés , se trouvant tout-à-coup, au détour d’une allée sombre , face à face avec un échappé de la chiennerie enragée de M. Pasteur ! M Lecorbeilier, maire de Meudon , dans une lettre fort bien moti¬ vée, a protesté contre ce désastreux projet , et nous joignons, avec une grande partie de la presse parisienne , notre protestation à la sienne. Et si l’on tient absolument à établir un laboratoire d’expériences en dehors de Paris, il ne manque pas, dans ses environs, d’endroits moins recherchés des promeneurs. C’est bien assez qu’on ait condamné le parc de Chalais et le joli étang de Trivaux pour y établir une espèce de grange habitée par un grand ballon en chocolat qui ne sert à rien (c’est l’aérostation militaire) ; c’est bien assez qu’on ait fermé l’immense parc du Château consacré tout entier , on ne sait pas pour¬ quoi, à l’Observatoire météorologique. — Pour établir le laboratoire de M. Pasteur , nous pourrions citer maints endroits assez laids , peu fréquentés parles Parisiens . Nous allions les nommer, mais les habitants de ces localités, qui ne nous ont jamais fait de mal , nous en voudraient jusqu’à la mort. * * * L’atténuation du virus est, on le sait, recherchée par d’autres expé¬ rimentateurs , à l’aide de procédés différents de ceux qu'emploie M. Pasteur. On se rappelle que M. Toussaint a obtenu l’atténuation du virus charbonneux par la chaleur; M. Chauveau vient d’arriver au 306 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. même résultat par l’action de l’oxygène comprimé. Les inoculations, faites à des moutons, de ce virus atténué ne communiquent plus qu’un malaise passager et suffisent néanmoins pour produire l’immunité la plus complète ; de plus , il y a très grande sécurité pour l’inoculation et faculté d’employer les cultures atténuées longtemps après leur préparation. On se rappelle la fameuse question dite du « cochon national », suscitée par l'interdiction à l’entrée en France des viandes salées de porc provenant d’Amérique, sous le prétexte de trichine. On sait que plus tard , le Ministre du Commerce , comprenant peut-être que cette interdiction n’empêche pas une seule trichine de pénétrer en France , parce que les expéditeurs américains font entrer leurs viandes salées par la Belgique , ce qui produit cet unique effet de faire perdre des millions à nos ports, — le Ministre du Commerce, disons-nous, a pro¬ posé de lever la susdite interdiction. La Chambre , saisie du projet , a consulté l’Académie de Médecine. Celle-ci a répondu qu'il n'y avait aucun danger à laisser entrer les porcs américains. Alors la Chambre, qui se sent probablement pourrie et qui a une peur bleue des vers, a fait ce que font tous ceux qui demandent conseil, c’est-à-dire tout le contraire de ce qu’on lui conseillait : elle n’a pas levé l'interdiction — soi-disant pour protéger le « cochon national ». Alors, M. Hérisson a proposé qu’on examine à l’entrée les viandes américaines et qu’on laisse passer celles qui ne renferment pas de parasites : c’est l’État qui fera le contrôle , (où l’Etat ne va-t-il pas mettre son nez ?) à raison de cinq sous par caisse, etc. Alors aussi, M. Johannès Chatin a fait un mémoire sur la Trichine et les procédés de sa recherche dans les viandes à l’aide du mi¬ croscope, etc. Que M. Johannès Chatin fasse un mémoire sur la recherche de la Trichine , cela n’a rien qui nous étonne , — au contraire : — que ce mémoire obtienne un prix de l’Académie des Sciences, cela n’a encore rien qui nous surprenne, — au contraire ; — mais que ce soit un prix de Botanique, c’est un comble ! On dirait qu'il fallait absolument que M. Johannès Chatin eût un prix , et qu’on lui a donné celui-là parce qu'il n’en restait pas d’autre disponible. Il est vrai que pour nous, cela nous est bien égal, mais c’est les botanistes qui ne sont pas contents. Et puis, cela discrédite les récompenses académiques qui ne sont déjà pas trop recherchées , qui restent trop l’apanage d’un petit nombre de gens, savants ou non, mais amis, protégés ou parents d’académiciens. On dit déjà bien assez que , dans chaque Commission , les prix sont donnés d’avance , et que, même, certaines questions longues , compli- JOURNAL DE MICROGRAPHIE 307 quées, sont mises au concours parce qu’on sait que quelqu’un a quelque part , tout prêt , un travail sur cette question et que les concurrents n’auront pas le temps . On dit cela. Pour nous , nous sommes bien sûr que cela n'est pas vrai, mais on le dit , et nous pensons qu’il n’était pas indispensable de donner à M. Johannès Ghatin un prix de la section de Botanique ,( à laquelle appartient M. Ghatin père), pour un mémoire sur la Trichine ; on pouvait donner autre chose ou attendre. Un mécontent — il y en a beaucoup , — nous disait récemment : » — Je parie tout ce qu’on voudra , que si j’avais envoyé un mémoire sur la trichine pour le concours de botanique , on ne m’aurait pas donné le prix ! » Qu’est-ce que vous voulez qu'on réponde à cela ? — Gela paraît telle¬ ment évident ! Mais revenons à nos cochons. Voilà la Chambre qui ne veut pas laisser entrer en France ces viandes américaines suspectes ; voilà M. Ghatin père qui veut que son fils les examine au microscope et professe à l’École de pharmacie, ou ailleurs, la manière d’y rechercher les trichines, (ce qui n’est pas ma¬ lin) ; voici M. Johannès Chatin qui part en campagne contre la trichine avec son mémoire , son prix de botanique et son bon microscope de Tolède ; — alors il s’est trouvé des gens naïfs qui ont pris tout cela au sérieux et qui se sont demandé si réellement c’était si dangereux que ça, la trichinose , et s’il y avait vraiment autant de trichines qu’on le dit dans les porcs américains. Et pour en être sûrs , ils ont prié le Chirurgien-Général de l’armée des Etats-Unis, les vétérinaires, les hygiénistes ; de vouloir bien leur envoyer quelques trichines , pour qu’ils fassent enfin connaissance avec ce Nématoïde aussi redouté de M. Tirard que profitable à M. J. Ghatin. Or, savez -vous ce qui a été répondu ? « Impossible. » Il est impossible , en ce moment , de trouver une trichine en Amé¬ rique. L 'Office de Santé de Chicago , les directeurs des abattoirs , les vétérinaires, etc., etc., ont répondu: « Impossible absolument de trouver un porc trichiné. » — Ils ont proposé des préparations micro¬ scopiques qui existent dans les collections . mais ce n’est plus cela du tout, il y en a en France aussi, des préparations microscopiques de trichine : c’est facile à faire, on les fabrique avec du rat d’égouts. C’est donc bien la peine de prendre tant de précautions chez nous contre ces fameuses trichines, de mettre en mouvement les ministres, les Chambres , les Académies , les messieurs Chatin , etc. : — il n’v a pas de trichines ! La trichinose , entre nous , est une légende en France. Elle a fait , 308 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. dans notre pays de badauds et de gobeurs , une incroyable fortune. Elle a eu un bon côté en donnant à pas mal de micrographes le moyen de gagner des appointements dont ils avaient, en général, besoin ; — et un mauvais en entravant la vente des viandes américaines ; c’est-à- dire qu’elle a fourni un prétexte pour protéger le « cochon national », et on nous a fait payer à tous le jambon huit sous par livre plus cher , ce qui n’était pas absolument opportun dans l’état de marasme où sont les affaires. Gomme conclusion , la trichinose , en France , n’est même plus une légende, c’est une rengaine. — Qu’on la mette donc une bonne fois de côté avec les vieilles lunes et qu’on passe à autre chose. * * * Les microbes, d’ailleurs, donnent assez de besogne. Ils amènent journellement des discussions dans le sein des Académies. C’est d’abord un nouveau microbe de la fièvre jaune découvert par le Dr Domingo Freire, de Rio-de-Janeiro ; cet organisme se présente¬ rait tantôt sous forme de bâtonnets accouplés deux à deux, tantôt de cellules de cryptococcus qui « se féconderaient en s'accouplant deux à deux ». Ce serait le Cryptococcus xanthogenius. M. Rochard ne semble pas y croire beaucoup, et il se pourrait bien qu’il n’ait pas tort. Puis, M. Degagny, qui est un micrographe consommé, a signalé dans le sang des moutons atteints d’une certaine septicémie, un Micro - coccus particulier. Nous reproduisons plus loin la note qu’il a envoyée sur ce sujet à la Société de Biologie. D’autre part, MM. Chauveau et Arloing ont étudié le bacille de la septicémie gangréneuse, celui que M. Pasteur a désigné naguère sous le nom de vibrion septique. Il est inoculable à tous les animaux, même aux Batraciens quand on élève leur température à 36°. On le trouve dans toutes les séreuses, et il n’envahit le système circulatoire qu’à la fin de la maladie ou même après la mort. Entre temps, M. Jaccoud a examiné, à sa clinique de la Pitié, l’in¬ fluence de la découverte du bacille de la tuberculose, par M. Koch, sur le traitement de la phtisie, et conclut en affirmant que cette influence a été complètement nulle. La thérapeutique que l’on met en œuvre aujourd’hui est exactement la même qu’avant cette découverte. C’est possible ; mais nous pensons que M. Jaccoud n’est pas tout à fait juste. Nos lecteurs savent combien nous avons jusqu’ici fondé peu d’espérances sur la microbiatrie ; cependant, nous pensons que la cer¬ titude de l’existence du parasite et de son rôle comme cause spécifique serait de nature à donner plus de confiance dans certains modes de traitement qu’on n’appliquait naguère que d’une manière à peu près JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 309 empirique. Ils répondraient dès lors à des indications précises , logiques, auxquelles il faudrait apprendre à répondre. Et d’ailleurs, si la médication n'a pas changé, c’est qu’on traite depuis longtemps la phtisie comme une maladie parasitaire , ou que l’observation et l’expérience avaient conduit à employer des moyens qui se trouvent maintenant légitimés. Seulement, le microbe dont l’existence est bien certaine aujourd’hui est-il la cause ? Il paraît ne vivre que là où il y a tuberculose, mais on trouve toujours des phtisiques qui ne fournissent pas de bacilles. Enfin, le dernier microbe découvert est, croyons-nous, celui du bouton de Biskra. A propos d’un homme actuellement en traitement à l’hôpital Saint-Louis, M. Duclaux a pensé que cette maladie pouvait bien être parasitaire. Et, en effet , pourquoi ne le serait-elle pas ? — Elle l’est. Tout est donc pour le mieux. C’est un coccus ; on ne dit pas s’il est micro — , cryplo — , diplo — , etc. Il se complaît dans le bouillon de veau. Inoculé à un lapin, il lui fait venir.... pas le bouton de Biskra, mais une gangrène très réussie autour du point d'inoculation. M. Colin, d’Alfort, ne trouve pas cela bien étonnant, ni nous non plus. Ce qui aurait été bien plus étonnant, c’est si cela avait fait pousser un bouton de rose. D’ailleurs, M. Dumesnii a gratté les lames de parquet d’un dortoir d’école vétérinaire où il paraît , du reste , que ça sentait mauvais , et M. Pabst y a trouvé des bactéries qui, élevées , celles-ci , dans du bouillon de poulet et inoculées à la cuisse d'un lapin , n'y ont pas fait venir un bouton de culotte , mais la septicémie gangréneuse , et le lapin est crevé. 9 * * * i M. Reinsch, professeur à Erlangen, a étudié l’enduit qui se forme à la longue sur les monnaies qui ont beaucoup circulé , monnaies d'or , d’argent , de bronze les plus diverses , allemandes, italiennes , améri¬ caines, etc. Il a trouvé dans cette « crasse » beaucoup de bactériens , ce qui, naturellement, ne l'a pas étonné, mais aussi , et cela est beau¬ coup plus curieux, deux espèces d’Algues Palmellacées , qu’il désigne sous les noms de Pleurococcus monetarum et Chroococcus mone- tarum. La première est une Algue à membrane cellulaire très épaisse et à protoplasma très coloré . Les deux espèces se trouvent en petites familles arrondies , composées de 2 à 8 individus , entourées d’un mu¬ cilage. — Nous donnerons prochainement une traduction de cette inté¬ ressante note, insérée dans le journal « Flora ». Enfin, nous publierons dans nos prochains numéros, un beau travail 310 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de M. H. Fol , sur le Sticholonche Zanclea , très curieux Protozoaire que l’éminent professeur de Genève a étudié avec beaucoup de soin , et pour lequel il pense qu’il y a lieu de créer un groupe nouveau de Rliizopodes, les Taxopodes. Nous donnerons ensuite la traduction de deux articles du pro¬ fesseur B. Grassi , de Catane, sur l’anatomie si intéressante des Insectes : il s’agit des Thysanoures et du Scolopénclrella que beau¬ coup d’auteurs placent parmi les Thysanoures. Le manque de place nous force à reporter au numéro de Juillet la fin des Leçons de M, Balbiani sur les Cilio-flagellés, divers articles de notre excellent collaborateur , le Dr H. Boëns, de Charleroi , et enfin notre travail , que nous avions déjà annoncé il y a quelques mois , sur les Floscularia, ces élégants Rotateurs qui ne tournent pas, et dont nous avons pu suivre toute l’existence, particulièrement à l’état de larve voyageuse. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. LES MEMBRANES MUQUEUSES ET LE SYSTÈME GLANDULAIRE. Leçons faites au Collège de France (année 1883-84), par le professeur L. Ranyier (Suite) (1) VI Nous avons à nous occuper maintenant des glandes des Chéloniens. — Von Siebold et Stannius signalent chez la Tortue terrestre ou mau¬ resque ( Cistudo europœa ) des glandes qu’ils désignent sous le nom de « glandes sub-linguales ». Cl. Bernard, dans ses Leçons dont je vous ai parlé, a fait une étude de ces glandes chez la Tortue terrestre, Tortue mauresque, que l'on trouve facilement partout , et a cherché à reconnaître les rapports de structure qu’il peut y avoir entre cette glande sub-linguale et celle des Oiseaux et des Mammifères. Vous vous rappelez, à ce sujet, cette coupe de la glande sub-linguale du Canard, (1) Voir Journal de Micrographie , T. VII , 1883, p. 628 et T. VIII , 1884, p. 29 , T7 142 et 194. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 311 dont je vous ai parlé récemment. D’après Cl. Bernard, la glande sub¬ linguale de la Tortue terrestre serait composée par des acini pressés les uns sur les autres et remplis de cellules polygonales, ayant chacune à son centre un beau noyau. Je ne crois pas que ce soit Cl. Bernard qui ait fait l’observation non plus que le dessin , car il n’y a rien là qui rappelle la structure de la glande sub-linguale de la Tortue terrestre. D’abord, cette glande est fort mal désignée : elle n’est pas le moins du monde « sub-linguale ». C’est une glande volumineuse, paire, com¬ prise entre la langue et chacune des branches du maxillaire inférieur. Elle fait saillie dans la cavité buccale, de sorte que si l’on prend une Tortue, qu’on lui ouvre la bouche, on voit de chaque côté de la langue le bourrelet formé par la glande et qui paraît comme un lobe latéral delà langue, et ce n’est qu’en soulevant celle-ci qu’on reconnaît qu’elle est indépendante des deux bourrelets situés entr’elle et les branches du maxillaire inférieur sur le plancher de la bouche. — Ces glandes sont caractérisées par une série de fentes en boutonnières transversales qui les sillonnent et qui sont les pertuis excréteurs. Chez la Tortue , on trouve encore une glande de la commissure labiale, comme chez les Oiseaux, mais petite et formée seulement de quelques grains glanduleux. Elle n’a pas été étudiée par les auteurs ; je ne l’appellerai pas « parotide », mais je la désignerai d’emblée sous le nom de glande de la commissure labiale. 11 y a aussi des glandes palatines bien développées et des glandes linguales supérieures et infé¬ rieures comme chez les Oiseaux du groupe des Rapaces. Nous allons faire l’analyse de ces diverses glandes salivaires en commençant par celles du plancher de la bouche dites glandes sub-lin- guales, ce qui est une désignation très mauvaise, car il vaudrait mieux les appeler glandes sous-maxillaires ou glandes du plancher de la bouche. Si l’on fait une coupe longitudinale et verticale de la glande, perpen¬ diculaire au grand axe des fentes en boutonnières, on obtient des pré¬ parations excessivement élégantes et démonstratives. Chaque fente correspond à une cavité dans laquelle vient déboucher une série de tubes ou de vésicules glandulaires, et les tubes de chaque glande vont toucher, par leur fond, le fond des tubes des glandes voi¬ sines. Entr’eux est une travée de tissu conjonctif, provenant du chorion profond de la muqueuse et qui est épaisse ; il s’en dégage des travées très fines, qui forment l’enveloppe de chacun des tubes ou vésicules glandulaires. On peut donc considérer la constitution de la glande, comme je le faisais tout à l’heure : une cavité dans laquelle viennent s’ouvrir des tubes séparés par une cloison connective, ou bien comme un ensemble de cloisons conjonctives , émanées du chorion de la muqueuse, cloisons émettant des expansions latérales 312 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. plus minces divisant le tissu en une série de tubes ou de vésicules tapissées d’épithélium glandulaire. Examinons les cellules. — Remarquons d’abord que la cavité buc¬ cale des Chéloniens possède une muqueuse à épithélium pavimenteux stratifié comme celle des Oiseaux. Sur les coupes dont je viens de vous parler, on trouve, entre les boutonnières, un revêtement d'épithélium pavimenteux stratifié , mais dans les cavités qui correspondent à ces boutonnières, il existe un épithélium cylindrique, formé par des cellu¬ les muqueuses extrêmement longues, comparables à celles des glan¬ des du jabot des Oiseaux. Quant aux vésicules glandulaires qui s’ou¬ vrent dans cette cavité, elles sont toutes tapissées d’épithélium calici¬ forme ; par conséquent , nous avons affaire à des glandes muqueuses analogues à celles des Oiseaux: seulement, la cavité dans laquelle viennent déboucher les différents tubes glandulaires, comme chez les Oiseaux, au lieu de s’ouvrir par un tout petit pertuis à la surface delà muqueuse, s’ouvre par une large fente. Ces glandes du plancher de la bouche de la Tortue et celles du plancher de la bouche des Oiseaux ont donc une grande analogie et la différence la plus marquée qui existe consiste dans cette dernière disposition , dans le volume colos¬ sal qu’affectent ces glandes chez la Tortue et dans la quantité prodi¬ gieuse des cellules glandulaires relativement au tissu conjonctif et aux vaisseaux. Ce tissu et ces vaisseaux sont ici réduits, pour ainsi dire, à leur plus simple expression : on dirait que tout l’espace disponible a été employé à loger des cellules caliciformes sécrétant du mucus. Ce sont donc des glandes muqueuses types et tous les éléments glandulaires sont des cellules caliciformes très grandes et très chargées de mucus. Qu’est-ce donc qu’on a dessiné pour Cl. Bernard dans ses Leçons? — Je crois qu’on n’a pas fait une coupe avec un rasoir sur la glande dur¬ cie, mais qu’on a pris des fragments de cette glande avec des ciseaux et que ce que l’on a vu est l’épithélium de*la muqueuse correspondant aux parties comprises entre les boutonnières : les cellules que l’on a figurées ne sont pas des cellules glandulaires, mais les cellules épi¬ théliales de ces parties comprises entre les boutonnières. Autrement, je ne sais pas ce que l’on a voulu représenter. Ajoutons que l’on fera de très bonnes préparations par les méthodes classiques, en pratiquant des coupes après durcissement par 1 alcool et et l’acide osmique. Les glandes de la commissure labiale sont beaucoup moins dévelop¬ pées que chez le Poulet. Elles consistent en quelques grains glandu¬ leux que l’on trouve situés au-dessous de la muqueuse quand on enlève la peau de la commissure labiale. Ces grains granduleux sont transparents et chacun correspond à une glande distincte comme chez les Oiseaux. On s’assure qu’il en est ainsi en examinant des coupes JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 313 de la glande comprenant les grains glanduleux et la muqueuse sur laquelle ils reposent. Sur les coupes, on aperçoit la muqueuse tapissée d’épithélium pavimenteux stratifié, et, au-dessous, une série de vésicu¬ les glandulaires composées, comme seraient, par exemple, celles que l’on peut observer dans le jabot du Poulet. Chacune s’ouvre à la sur¬ face par un pertuis creusé dans le revêtement épithélial pavimenteux stratifié de la muqueuse. Chaque grain est entouré d'une capsule con¬ jonctive relativement épaisse qui envoie des cloisons décomposant la glande en des culs de sac ou tubes tapissés de cellules caliciformes muqueuses, grandes et bien nettes. — Cette glande commissurale ou de la commissure labiale de la Tortue représente absolument la glande semblable que l’on trouve chez les Oiseaux, et quand on examine une bonne préparation de cette glande, on ne peut guère reconnaître si elle provient d'un Chélonien ou d'un Oiseau, a moins qu’on ne soit renseigné d’avance sur son origine. Quant aux glandes palatines, quand on examine la voûte palatine d’une Tortue mauresque, on voit d’emblée deux ouvertures elliptiques qui correspondent aux arrière-narines et s’ouvrent directement sur la voûte palatine. Ces deux arrière-narines sont séparées par une cloi¬ son membraneuse que l’on peut facilement enlever. Si l’on prend en même temps une petite région de la muqueuse palatine avoisinante et qu’on soumette le tout à un réactif durcissant et fixateur, l’acide osmi- que, par exemple, on obtient des préparations très curieuses. L’épi¬ thélium qui correspond aux fosses nasales est un épithélium cylindrique à cellules extrêmement longues ; sur la face qui correspond à la cavité buccale est un épithélium pavimenteux stratifié ; entre les deux , le chorion , dans lequel sont disséminés des grains glanduleux comme ceux de la commissure labiale. 11 y a donc à considérer deux couches épithéliales et un stroma ou chorion conjonctif. Le revêtement épithélial supérieur, correspondant anx fosses nasales, est interrompu en certaines régions par des glan¬ des qui ne sont pas creusées dans le chorion muqueux, mais tout entières comprises dans le revêtement épithélial : elles sont intra-épi¬ théliales, et caractérisées par des cellules caliciformes limitant une cavité centrale, dans laquelle s’accumule du mucus qui est rejeté ensuite sur toute la surface. Dans le revêtement voisin, on peut dis¬ tinguer, dans l’épithélium , des cellules caliciformes qui s’ouvrent à la surface ou sont encore emprisonnées dans le revêtement. Go sont des glandes muqueuses unicellulaires. — On trouve donc des glandes muqueuses unicellulaires et des glandes muqueuses intra- épithéliales multicellulaires. Mais, chose curieuse ! dans le revêtement épithélial inférieur, constitué par des cellules pavimenteuses stratifiées, on observe également des cellules caliciformes types , remplies de 314 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. mucus, noyées dans la masse épithéliale, et des glandes multicellulaires ayant la forme de tubes et résultant d’un arrangement particulier des cellules caliciformes qui se développent dans cet épithélium. — Il y a donc , là encore, des glandes muqueuses unicellulaires intra-épithé¬ liales et des glandes muqueuses multicellulaires intra-épithéliales. — Dans certaines régions , toute cette surface est garnie de cellules caliciformes, tandis qu’au-dessous se trouvent les cellules polygonales ordinaires de l’épithélium pavimenteux stratifié. Par conséquent , les cellules caliciformes, par le mouvement de production de l’épithélium, arriveraient à la surface et v verseraient leur mucus. On connait des faits analogues dans les muqueuses des Poissons, mais je ne savais pas qu’on pouvait en trouver autant chez les Reptiles , en particulier chez les Chéloniens. Dans la langue du même animal, on trouve aussi des glandes d’une constitution très remarquable ; il faut considérer si elles affectent la face supérieure ou la face inférieure de la langue. Toute la face supérieure de la langue de la Tortue mauresque est occupée par de longues papilles pointues qui, sur une coupe, repré¬ sentent assez bien les papilles dentées de la langue de beaucoup de Mammifères, mais celles-ci ont, en général, une consistance beaucoup plus grande que celles de la Tortue qui sont molles. Elles sont, du reste, pointues, incurvées de manière que la pointe est dirigée en arrière, vers l’ouverture pharyngée, comme chez les Mammifères, et recou¬ vertes d’un épithélium pavimenteux stratifié comme chez ces mêmes Mammifères et les Oiseaux ; seulement, en s’avançant vers la base des papilles, on voit, aux cellules de l’épithélium pavimenteux ordinaire, s’ajouter des cellules caliciformes remplies de mucus et munies d’un noyau refoulé vers la hase. Ces cellules deviennent de plus en plus nombreuses, de sorte qu’à la base des papilles, le revêtement épithé¬ lial a complètement changé de nature et est devenu cylindrique à cel¬ lules caliciformes. Plus profondément, ces cellules se poursuivent dans une glande généralement un peu divisée par des cloisons, un peu lobulée, à lobes tapissés de cellules caliciformes, disposition caracté¬ ristique des glandes muqueuses. Ce sont des glandes muqueuses très simples qui semblent résulter d’une transformation progressive de l’épithélium pavimenteux stratifié qui recouvre les papilles linguales de l’animal ; et on assiste à toutes les phases de la transformation de l’épithélium pavimenteux en épithélium cylindrique à cellules calici¬ formes. Ces glandes sont des glandes muqueuses pures étonné trouve dans leurs culs de sac que des cellules caliciformes sans cellules de remplacement. Les glandes de la face inférieure de la langue sont bien différentes, sinon par leur structure intime, au moins par leur arrangement. Elles JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 315 forment, à la face inférieure de la langue, une couche glandulaire peu épaisse, mais continue. Elles sont formées de vésicules glandulaires composées, chacune entourée d’une capsule connective émettant des cloisons qui limitent des tubes ou culs de sac tapissés d’épithélium mu¬ queux, c’est-à-dire de cellules caliciformes, muqueuses. Ces glandes sont plus ou moins volumineuses , mais appartiennent toujours à ce type ; chacune s’ouvre à la surface par un pertuis distinct creusé dans l’épithélium pavimenteux de la base de la langue. Les bords de ce pertuis et ses parois sont tapissés d’épithélium caliciforme. C’est une loi générale dont vous comprenez bien mieux l'importance, maintenant que nous avons indiqué un certain nombre de cas montrant la diffé¬ renciation qui fait d’une cellule d’épithélium pavimenteux une cellule caliciforme ou muqueuse. J'arrive à l’examen des glandes salivaires d’un animal appartenant à un autre groupe, celui des Sauriens. Je veux parler du Lézard vert, le grand Lézard vert de Fontainebleau. Chez la Tortue, comme chez les Mammifères et les Oiseaux, nous avons vù que la cavité buccale est tapissée d'une muqueuse recouverte d’épithélium pavimenteux stratifié. Chez les Mammifères comme chez les Oiseaux, ce revête¬ ment épithélial pavimenteux stratifié se poursuit dans l’œsophage jusqu’au cardia de l'estomac ; nous avons même vu que chez certains, chez les Rats, par exemple, cet épithélium s’étend encore au-delà et occupe une partie de la cavité stomacale. Chez la Tortue, l'œsophage n'est pas tapissé d’épithélium pavimenteux stratifié, mais d’épithélium cylindrique avec des cellules caliciformes. Chez la Tortue mauresque et le Lézard vert, en outre de l’épithélium caliciforme, on trouve encore dans l'œsophage des glandes muqueuses. Chez la Tortue, ces glandes sont extrêmement nombreuses et forment dans l’œsophage une couche continue, très superficielle : on dirait presque des dépressions de la muqueuse, mais ce sont des glandes vésiculeuses, ordinairement fai¬ blement composées, les cloisons ne s'avançant pas profondément dans la glande. 11 y a des culs de sac peu profonds, mais les glandes se touchent presque les unes les autres et forment une véritable couche continue au-dessous de laquelle commence la tunique musculaire propre. Chez le Lézard, il y a aussi des glandes très élégantes ; mais avant de vous en parler je dois m’occuper des autres glandes qu’on trouve dans la muqueuse hucco-œsophagienne et attribuées à la sécrétion salivaire. On distingue chez le Lézard, une glande « sub-lingual-e » à propos de laquelle je . pourrais me livrer à la même critique que pour la glande sub-linguale de la Tortue : elle n'est pas « sub-linguale ; » c’est une glande du plancher de la bouche. 11 y a, en outre, des glandes labiales que l’on peut considérer comme les glandes de la commissure labiale 316 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qui se seraient étendues. On a décrit aussi des glandes palatines, et j’aurai à vous parler également des glandes de la langue. C’est même par celles-ci que je commencerai. Je vous ait dit que chez Mes Mammifères et les Oiseaux la cavité buccale et l’œsophage sont tapissés d’épithélium pavimenteux stratifié ; que chez la Tortue mauresque, la cavité buccale seule présente cet épithélium, l’œsophage ayant un épithélium cylindrique à cellules cali¬ ciformes ; que la même disposition existe chez le Lézard vert pour l’œsophage. Mais, chose curieuse ! dans la bouche de cet animal se trouve déjà, sur certaines régions au moins, un revêtement d’épithé¬ lium cylindrique à cellules caliciformes. L’exemple le plus remarquable peut en être observé sur la langue, La langue du Lézard vert, des Lézards de nos pays, du Lézard des murailles, du Lézard des souches, etc., présente à peu près la même disposition. Elle est, comme on le sait, bifide à sa pointe, assez allongée; elle montre, en arrière, une série de plis pinniformes, c’est-à-dire transversaux obliques, se rejoignant au milieu de la langue et formant ainsi une série de V emboîtés les uns dans les autres avec la pointe en arrière. Il en résulte une série de crêtes parallèles correspondant à des papilles rangées en lignes. C’est là tout ce qu’on peut voir à 1 œil nu. Pour aller plus avant, il faut le microscope. La langue du Lézard enlevée, dépouillée d’une partie des muscles qui doublent la muqueuse, est placée dans l’acide osmique pendant quelques heures ; on y fait des coupes perpendiculaires à la direction des crêtes qui sont d’autant plus accusées qu’on se rapproche davan¬ tage de la base de la langue. Ces crêtes sont encore bien plus visibles sur les coupes où elles forment comme des dents de scie; on les pren¬ drait pour des papilles dentées, mais ce ne sont que les coupes des crêtes transversales légèrement obliques. Elles sont tapissées d’épi¬ thélium pavimenteux stratifié ; mais, cet épithélium , lorsqu’il atteint la base des papilles, change de nature : aux cellules pavimenteuses se substituent des cellules caliciformes, mifqueuses. En allant de la pointe à la base de la langue on observe qu’il y a d’abord des crêtes qui lais¬ sent entr’ elles dessillons où l’on ne trouve pas de cellules caliciformes; puis il s’ajoute de ces cellules et efifin elles deviennent si nombreuses qu’en arrivant à la base de la langue, toute la partie qui correspond aux sillons entre les crêtes et une région assez étendue à la base de ces crêtes se trouvent recouvertes de cellules caliciformes. Il ne s’agit pas là de glandes, mais d’une modification du revêtement épithélial qui de pavimenteux stratifié devient caliciforme. Mais s’il n’y a pas de glande véritable, cl’organe ayant une forme déterminée et situé au- dessous de la muqueuse, il y a néanmoins des éléments glandulaires, des glandes muqueuses unicellulaires. — Ce fait montre que, chez le Lézard, déjà dans la cavité buccale à l’épithélium pavimenteux stratifié JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 317 se substitue un épithélium cylindrique à cellules caliciformes. Et ce n’est pas seulement sur la langue mais dans un nombre de plis que l’on observe dans la bouche de cet animal. [A suivre). TRICHOMONAS VAGIN ALI S DON. Quoique la découverte du Trichomonas vaginalis , parasite du vagin de la femme , remonte à une cinquantaine d’années , cet orga¬ nisme est fort mal connu. Il a cependant excité l’intérêt d’un certain nombre de micrographes qui ont cherché à l’étudier; mais ils sont rarement arrivés à le rencontrer chez les femmes qui voulaient bien se prêter à leurs investigations. C’est là l’origine de la croyance d’après laquelle cet être est d’une grande rareté , opinion que des re¬ cherches personnelles ne me permettent pas de partager. J’ai la presque certitude qu’en se plaçant pour le chercher dans des condi¬ tions convenables, on le rencontrera immédiatement. Ce quia égaré certains savants , c’est que, dans leurs investigations, ils se sont adressés exclusivement à des femmes soumises. Mauvaise condition : car l’eau froide, dont ces femmes font un fréquent usage, empêche la multiplication du Trichomonas vaginalis. Il faut donc s’adresser ailleurs, ce qui ne laisse pas de présenter souvent quelques difficultés. Je suis heureux de pouvoir exprimer ici mes sentiments de gratitude à M. Pitres, professeur de clinique médicale à la Faculté de médecine de Bordeaux, médecin à l’hôpital Saint-André. Ici, comme dans d’autres circonstances, il m’a fait le plus affectueux accueil, et c’est à lui que je dois d’avoir pu me procurer le Trichomonas vaginalis en aussi grande abondance que cela m’a paru nécessaire. Le mucus vaginal a été étudié dès les temps les plus reculés ; Hip¬ pocrate y voyait déjà des vers. La multiplicité des recherches qui ont été faites sur les parasites des organes génitaux de la femme s’ex¬ plique par le nombre et la gravité des maladies dont ces organes sont si souvent le siège. La découverte des parasites microscopiques est relativement fort récente. Leeuwenhoeck (1) a déjà étudié le mucus au microscope ; il n’y a remarqué que les cellules épithéliales qui s’y trouvent toujours en grande abondance. Le Trichomonas vaginalis a été découvert par Al. Donné (2), chef . (I) Leeuwenhoeck , Op. omnia ; anal, et contemp ., Lugd. Balav., 1722, p. 153. (2) Donné , Al. Recherches sur la nature du mucus. Paris, 1837. — Aussi, Cours de Microscopie. Paris, 1844, p. 157-163. 2 m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de clinique médicale de la Faculté de médecine de Paris ; il l’appela Trichomonas vaginale et en donna une description qui , jusqu’au¬ jourd’hui même , n’a été que peu modifiée par tous ceux qui l’ont étudié après lui. Mais tandis que certains observateurs, dans leurs recherches, ne portèrent que peu de faits nouveaux à notre connais¬ sance, d'autres, tels que Glügo, Valentin, de Siebold et surtout Vo- gel (1) allèrent jusqu’à mettre son existence en doute ; ils avancèrent que ces prétendus Flagellés n’étaient autre chose que des cellules vibratiles détachées de l’épithélium de la matrice. Cette opinion fut d’ailleurs presque universellement admise. Cependant d’autres au¬ teurs retrouvèrent le même être et en donnèrent de nouvelles des¬ criptions qui, sans faire avancer la science d’un grand pas, n’en apportèrent pas moins de nouveaux faits au jour. Dujardin (2), Scan- zoni et Kôlliker (3), Hennig (4), Haussmann (5), Davaine (6), l’ont étudié de nouveau ; leur attention se porta principalement sur ses conditions d’existence et sa valeur pathologique. Salisbury (7) décrit, avec le Trichomonas qu’il ne semble pas bien connaître, puisqu’il lui donne un nom nouveau, celui de Trichomonas irregularis, un autre parasite. Ce dernier serait entièrement couvert de cils très vibratiles et présenterait un flagellum en avant et une queue en arrière. Cet être ressemblerait donc au Mallomonas Plœs- lii Perty. A l’exception de Hennig et de Haussmann , aucun observa¬ teur n’a revu cet organisme que Salisbury désigne sous le nom de Ciliaris bicaudalis. Sous le nom de Trichomonas vaginœ , il décrit aussi un autre petit Flagellé, qu'il ne figure pas et qui habitait le va¬ gin et la vessie. Le Trichomonas irregularis, d’après Salisbury, se trouve aussi souvent dans la vessie. F. von Stein (8), dans sa magnifique monographie des Flagellés, a beaucoup étudié une espèce voisine de celle qui nous occupe ici, le (1) Yogel. Dissert, deusu vomit, ad ejiciend. vermes. (2) Dujardin, Félix. Hist. nat. des Zoophyles Infusoires. 1841, p. 300. (3) Scanzoni, F.-W. et Kôlliker, A., Quelques remarques sur le Trichomonas vaginal de Donné. Compt. rend. T. XL, 1868, p. 1016-77. — Aussi : Scanzoni , F.-W., Beilràge zur Gebürtskunde. Vol. II, 1855, p. 131-131, pl. II. (4) Hennig. Der Catarrh der inneren weiblichen Sexualorganen. Leipzig, 1862. (5) Haussmann, Die Parasiten der weiblichen Geschlechtsorganen. Berlin, 1870. Trad. française , Paris , 1876. (6) Davaine, L., Traité des Entozoaires. Paris, 1817, p. 845 et XXIX. (7) Salisbury. On the parasitic forms developped in parent épithélial cells of the urinary and génital organs , and in their sécrétions. American journal of the medical sciences. Avril 1868. (8) Stein (von), F., Die Organismus der Infusions thiere. III Abtheilung, Leipzig, 1878, p. 79, pl. III. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 319 Trichomonas Batrachorum. Ses observations sont remarquables de précision ; elles constituent le point de départ de toutes les décou¬ vertes nouvelles faites sur les êtres du même groupe. 11 a émis des doutes sur le bien fondé de certaines descriptions concernant le Tri¬ chomonas vaginalis, doutes pleinement justifiés par mes recherches. Malgré les réserves de Stein , Leuckart, dans son Traité des Para¬ sites (1), reproduit les anciennes descriptions, en faisant toutefois aussi quelques réserves. En 1883, j’ai publié (2) dans les Comptes-rendus de l'Académie des Sciences de Paris une nouvelle description de cet organisme, dont le présent mémoire est la rédaction complète. Depuis lors, un travail plus récent de M. le Dr Blochmann (3), publié sans que cet auteur eût aucunement connaissance de mes descriptions , a confirmé les princi¬ paux résultats de mes recherches. Les quelques points sur lesquels ses descriptions diffèrent des miennes seront l’objet d'un examen ultérieur. Un fait analogue s’est produit pour M. le Dr O. Bütschli (4) qui a étudié cet organisme avec le Dr Blochmann. 1 Le Trichomonas vaginalis est un petit Flagellé qui vit au sein du mucus vaginal. Ce mucus est normalement très acide ; c’est une subs¬ tance blanche, plus ou moins fluide, crémeuse et peu filante, qui est constituée par un liquide contenant une foule de cellules épithéliales détachées des parois vaginales, des globules muqueux et des granula¬ tions. L’acidité de ce mucus est une excellente condition de dévelop¬ pement pour le Trichomonas. Dans la vulve, dont le mucus est alca¬ lin, il n’en existe jamais ; il en est de même de la matrice. Le siège de ce parasite est donc absolument localisé. Le fluide menstruel le contient quelquefois ; mais ordinairement les individus qui s’y trouvent sont plus ou moins rigides et altérés. C’est là aussi l’effet des injec¬ tions d’eau froide ou des injections alcalines. Ces êtres se raidissent d'abord, deviennent bulleux et finissent par se détruire. Toutefois , d’après Gasser (5), dans les cas d’hypersécrétion du col de la matrice qui rendent le fluide vaginal alcalin, le parasite ne semble pas incom¬ modé. Le mucus vaginal, lorsqu’il contient des Trichomonas , n’est jamais absolument normal. Toujours il s’y trouve, mêlés aux éléments épi- (1) Leuckart, R., Die Parasiten des Menschen. Leipzig, 1879, p. 313-316. (2) Künstler, J. Recherches sur les Infusoires parasites. Compt-rend. 1er octobre 1883. — Aussi : Journal de Micrographie. Mars 1884, Paris. (2) Blochmann , F. , Bemerkungen über einige Flagellaten ( Zeit . wiss. Zool.y 1884, p. 42. (4) Bütschli, O., Protozoa. Bronn’s Klassen und Ordnungen des Thierreichs. Leipzig , 1883, p. 676. (5) Gasser, F. -J., Les parasites des organes génitaux de la femme. Paris, 1874, p. 35. 320 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. théliaux, une grande quantité de corpuscules de pus, dont ces para¬ sites ont à peu près la taille et avec lesquels on les confond facilement. Leur présence concorde donc avec l'existence d’une vaginite plus ou moins intense, le plus souvent chronique. L’inflammation vaginale peut être excessivement faible, malgré la présence d’une quantité considé¬ rable de globules de pus, fait aisé à comprendre, si l’on considère avec quelle facilité les muqueuses, en général, et la muqueuse du vagin, en particulier, sécrètent ces corpuscules. Ainsi que l’a déjà dit Donné, le fluide vaginal, quand il contient nos parasites, prend un aspect bul¬ leux, écumeux ; ce développement gazeux paraît être un indice cons¬ tant de sa présence. Je suis porté à accorder au Trichomonas vagi- nalis, contrairement à l’opinion de la plupart de ceux qui l’ont étudié avant moi, une certaine influence pathologique. Sa présence concorde toujours avec une vaginite ; il se rencontre surtout chez les femmes dont les mœurs ne semblent pas devoir les exposer à cette sorte de maladie. Il semble donc assez probable que le parasite se développe dans les vagins affectés de pertes blanches, qu’il provoque l’irritation de la muqueuse et détermine ainsi progressivement une vaginite à ca¬ tarrhe purulent et acide. Quoi qu’il en soit, les organes génitaux de la femme sont si souvent atteints d’hypersécrétion muqueuse accompa¬ gnée d’inflammation chronique, les affections catarrhales y sont si fréquentes que cet être, même s’il n’est à aucun degré l’agent provo¬ cateur de ces affections, trouve facilement des milieux favorables à son développement. Il s’accommode' d’ailleurs fort bien de la coexis¬ tence de différentes maladies ; il n’est pas plus rare chez les femmes atteintes de syphilis, etc., que chez celles qui ont une vaginite simple. Le Trichomonas vaginalis s’observe chez les femmes de tous les âges ; toutefois, après la ménopause, il se rencontre rarement. Les conditions de la sécrétion vaginale sont profondément modifiées, et, le mucus étant moins abondant, l’existence du parasite devient diffi¬ cile. Les petites filles de sept à huit ans, d'après plusieurs observa¬ teurs, peuvent déjà en présenter; cependant Hennig n’en a jamais vu à cet âge-là. Cet organisme se rencontre très fréquemment chez les femmes enceintes où Haussmann l’a trouvé 37 fois sur 100. Le même auteur l’a vu dans la proportion de 40 p. 100 chez des femmes ma¬ lades. Quant à moi, j’ai acquis la conviction que toutes ces propor¬ tions sont beaucoup au-dessous de la vérité, et que, à peu d’exceptions près , toute femme atteinte d’écoulement purulent provenant d’un état dTirritation quelconque des parois du vagin et qui ne s’administre pas des injections froides ou alcalines profondes et fréquentes, en pré¬ sente. Chaque fois que je me suis placé dans des conditions conve¬ nables, mes recherches aboutissaient immédiatement ; je n’ai trouvé que de fort rares exceptions. Pour étudier les parasites du vagin, Gasser extrait du mucus JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 321 du conduit vaginal par un procédé qu’il expose en ces termes : « Quand on soupçonne la présence de parasites chez une femme, il faut éviter l’introduction du spéculum, les injections et toutes les recherches qui pourraient détacher ou détruire le Champignon. On écarte avec le pouce et l’index les grandes et les petites lèvres et avec un verre de montre tenu de la main droite, on recueille le mucus qui tapisse leur surface interne, ainsi que l’entrée du vagin. Si l'hymen existe encore, on se sert d’une curette qu’on introduit à plusieurs reprises dans le vagin, afin de réunir une quantité de mucus suffisante pour l’examen microscopique » (1). Je me suis contenté d’un procédé moins compli¬ qué. La simple introduction de l’index, mis dans les culs-de-sac vagi¬ naux, me procurait des quantités de mucus suffisantes pour l’obser¬ vation au microscope. A l’état ordinaire, les parois du vagin se touchent et ne laissent entre elles aucun espace pouvant permettre à l’air de pénétrer et de séjourner. C’est une gaine dont le plus grand diamètre est transver¬ sal, contrairement à ce qui a lieu pour la vulve ; la paroi supérieure et la paroi inférieure se touchent, et l'oblitération de la lumière du conduit est complétée par la contraction des fibres musculaires lisses qui se trouvent dans ses parois. On peut donc admettre que le Tri¬ chomonas vaginalis vit dans le vagin à peu près complètement privé d’oxygène. Les Bactéries dites anaérobies nous fournissent déjà un exemple d’un semblable mode d’existence ; mais cette manière d’être d’un organisme aussi élevé en organisation , relativement aux Bacté¬ ries, que le Trichomonas vaginalis peut sembler extraordinaire au premier abord. Toutefois, dans un Mémoire récent, Bunge (2) a cher¬ ché à mettre en évidence le fait que l’absorption d’oxygène ne sert guère qu’au développement de la chaleur animale et que les êtres qui tirent cette chaleur d’une source située en dehors d’eux n’ont presque aucun besoin d’oxygène. Les contractions musculaires n’auraient donc pas pour origine, comme on l’a pensé, l’oxydation des produits ultimes de l’élaboration des aliments au sein des tissus ; elles devraient leur production à des mutations chimiques des aliments indépendantes de l’oxydation. Bunge a cherché à montrer que la contractilité persistait chez les parasites placés à l’abri de l’oxygène pourvu qu’on leur don¬ nât la chaleur nécessaire à leur existence. Quelques remarques rendent déjà cette opinion probable. Les muscles se contractent dans des milieux privés d’oxygène, tout en dégageant de l’acide carbonique. Certains animaux à sang froid, possédant une grande puissance mus¬ culaire, n’ont besoin que d’environ cent fois moins d’oxygène que es (1) Gasser, F. -J., loc. cit.} p. 17. (2) Bunge. Ueber das Sauerstoffbedurfniss der Darmparasiten. ( Zeit . physiol. Chemie. vol. VIII, p. 40.) 322 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. I êtres à sang chaud. Les petits animaux qui, à volumes égaux, dégagent plus de chaleur que les formes voisines de grande taille, ont besoin de plus d’oxygène. Les parasites qui, comme ceux du tube digestif et du vagin, vivent dans un milieu presque complètement dépourvu d'oxy¬ gène, n’en sont pas moins vivaces ; ils n’ont besoin de développer au¬ cune chaleur, grâce à la température élevée des organes qui les con¬ tiennent, et ils vivent simplement de traces d’oxygène ou même sans oxygène. Bunge a fait ses expériences sur Y Ascaris mystax du Chat. Il a placé cet agile Nématoïde dans certaines solutions minérales, sans matières alimentaires, dépourvues d’oxygène et chauffées vers 35° — 39°. Pendant trois jours, les mouvements de cet organisme furent actifs, et la mort ne survint qu’au sixième jour. La grande vivacité des mouvements du Trichomonas vaginalis vient ajouter un argu¬ ment de plus à ceux que Bunge a si bien développés. Le Trichomonas vaginalis se singularise, parmi toutes les autres espèces du même genre, parce qu’il n’habite pas le tube digestif, mais les organes génitaux. Il s’y trouve mélangé à une foule de globules de pus, dont il a, à peu près, les dimensions, et dont il est souvent difficile de le distinguer à un examen superficiel. C'est un petit Flagellé de dimensions variables, qui présente une longueur d’environ 15 à 25 millièmes de millimètres , le plus ordinai¬ rement de 16 à 18. Des groupes de cinq à six individus, réunis par la queue, ou greffés sur un globule de pus, se voient souvent. Le corps du Trichomonas vaginalis a une forme changeante et se présente sous des aspects variés. La fréquence et la rapidité de ces changements dépend de circonstances extérieures. S’il est libre au milieu d’un espace fluide, il garde une configuration assez constante et son mouvement de translation est dû, à peu près exclusivement à ses organes locomoteurs. J’ai déjà dit plus haut que les injections d’eau froide étaient défavorables à cet organisme. Chez les femmes qui s’injectent, il devient rigide, et, quoique les mouvements de ses or¬ ganes locomoteurs puissent encore être d’une grande rapidité, la forme de son corps reste constante. C’est ce que j’ai observé cons¬ tamment chez les femmes qui, dans le courant de la journée, ou la veille, avaient pris un bain. L’action continue de l’eau froide le rend bulleux à la surface et finit par le dissoudre. La basse température produit des effets analogues, et, dans les préparations, son existence est assez limitée. Les individus, dont la forme est ainsi régulière, ont une apparence fusiforme globuleuse ou comprimée latéralement. Cet état se trouve représenté dans les figures 1 et 2 (PI. V) ; la figure 3 et la figure 6 PI. YI) montrent deux de ces êtres d’une forme encore assez régu- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 323 lière, mais plus renflée d’un côté que de l’autre, disposition qui est exagérée dans la figure 6 (PI. V). La figure 5 représente un individu symétriquement régulier et très allongé. Lorsque ces êtres se trouvent comprimés, gênés dans leurs mouve¬ ments par les globules de pus, ils rampent, et, selon l’heureuse expression de Donné, ils se déplacent à la manière des Sangsues. Ces changements de formes sont plus ou moins rapides, comparables à ce qui se voit pour les Astasies, par exemple. Même, lorsque ces êtres sont très vivaces, qu’ils ne subissent pas le contre-coup d’ablutions récentes et que la température ambiante est élevée, ces variations ne consistent pas simplement en mouvements vermiculaires et en modifi¬ cations des contours ; il existe aussi de véritables pseudopodes, sou¬ vent nombreux et variés, comme le montrent les figures 7 (PL Y) et 2, (PI. YI). Cette dernière représente un individu émettant un énorme pseudopode [p] ; dans la figure 7 (PL Y) des pseudopodes se sont formés en plusieurs points; en p se voit un pseudopode hyalin, non granuleux, qui s’accroît lentement, tandis que les autres se rétrac¬ tent au fur et à mesure. • On voit, d’après ce qui précède, que rien n’est plus variable que la forme du corps du Trichomonas vaginalis ; je suis loin d’avoir figuré toutes les variations importantes. En général, les petits individus, les jeunes, présentent les configurations les plus régulières, et l’état adulte semble caractérisé par une plus grande puissance de change¬ ments de forme. L’extrémité antérieure du corps présente toujours un point culmi¬ nant, une sorte de prolongement rostral, sur le côté duquel s’insèrent les organes locomoteurs, les flagellums. D’après Donné, Dujardin et Davaine, il n’existerait qu’un seul de ces filaments mobiles ; pour Leu- ckart, il y en aurait généralement deux et exceptionnellement trois, opinion qui est partagée par Hennig. J’ai le premier dit dans ma note à l'Académie des Sciences, que le nombre normal de ces organes lo¬ comoteurs était dç quatre. O. Bütschli et F. Blochmann (1), qui ont étudié le Trichomonas vaginalis après moi, n’en ont vu que trois. Après une nouvelle vérification du fait, exécutée sur de nouvelles et nombreuses préparations, j’ai pu me convaincre que le chiffre quatre, que j’avais désigné d'abord, était bien le seul exact. La constatation de l’existence de ces quatre flagellums n’est d’ailleurs pas assez diffi¬ cile pour qu’elle puisse soulever de sérieuses contradictions. Le Trichomonas vaginalis présente quatre flagellums antérieurs, au moins aussi longs que le corps et atteignant souvent jusqu’à trois fois cette longueur. Ils sont ordinairement adhérents entre eux dans la région basilaire, sur une longueur variable, soit tous les quatre, '1) Blochmann, F., loc. cit., p. 43. 324 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. soit seulement quelques-uns, ainsi que le montrent les figures 1, 2, 3, 5, 6 (PL V), 1, 3 et 6 f, (PL YI). Dans ces figures, ils ont d’ailleurs été écartés en grande partie intentionnellement pour mieux les laisser voir. Ils sont rectilignes ou onduleux, très fréquemment rabattus le long du corps, ce qui les rend alors fort difficilement visibles. Ils impriment à l’être un mouvement vacillant assez rapide, qui diminue d’autant plus vite que la température ambiante est moins élevée. J. Clark (1) nous a rendus attentifs à un fait de structure des fla- gellums, en général. Tous les observateurs ont figuré les flagellums comme des filaments qui s’amincissent insensiblement vers leur extré¬ mité libre. D'apres Clark, ils seraient cylindriques et également épais dans toute leur longueur. Le Dr Blochmann croit pouvoir net¬ tement confirmer cette observation pour le Trichomonas vaginalis. Je n’admettrai pas cette interprétation sans réserves. Il existe des exemples indubitables d’une disposition opposée. Cela arrive, par exemple, chez le Proteromonas Regnardi (2). Un fait qui est facile à constater, c’est que les fiagellums sont généralement moins visibles vers leur extrémité libre. Il me semble difficile de rapporter ce fait simplement à un effet de .transparence. De plus, il est à considérer qu’on ne voit que rarement les flagellums avec toute leur longueur ; presque toujours on n’en aperçoit qu’un tronçon. La preuve en est qu’on les figure généralement trop courts. C’est peut-être là ce qui semble appuyer cette interprétation. Il n’est toutefois pas impossible qu’il y ait des fiagellums de ce genre ; je rechercherai la vérification de cette interprétatation par des observations ultérieures (3). A l’extrémité postérieure du corps, opposée au point d'insertion des flagellums, on voit un prolongement plus ou moins rectiligne et se ter¬ minant ordinairement en pointe fine. Cette sorte de queue présente une foule de variations de forme et de dimensions (fig. 1, 2, 3, 5, 6, 7, 8 (Pl. Y), 1, 2, 4, 5 et 6 (Pl. YI) ; elle peut manquer complètement. * (1) Clark , J., On the Spongiœ ciliatœ as Infusoria flagellata , or observations on the structure , anima lily and relalionship of Leucosolenia botryoïdes Bowb. (Mém. of. Boston Soc. nat. hist. 486*7, p. 305-340). (2) Klinstler, J., Famille des Protéromonadides . Ann. sc. nat. de Bordeaux et du sud- ouest. 1883, p. 46. (3) Blochmann dit à ce sujet : » Qu’il me soit permis de faire ici une remarque sur les flagellums en général. Dans presque toutes les représentations de Flagellés que nous pos¬ sédons. les flagellums ont un bout effilé, ce qui est complètement faux, fait auquel M. le professeur Bütschli m’a rendu le premier attentif. Les flagellums présentent partout la même épaisseur, ce qui je puis affirmer, non pas seulement pour les Flagellés décrits dans le pré¬ sent mémoire, mais aussi pour beaucoup d’autres êtres du même groupe. « (Blochmann, F., loc. cit.y p. 43). Le mémoire de M. Blochmann traite de quatre Flagellés. Mais c’est à VOxyrrhis marina qu’il accorde le plus de place. Or, cet être montre facilement une dispo¬ sition opposée à celle que cet auteur pense y avoir vue ; ces flagellums sont atténués en pointe fine. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 325 Le plus souvent, elle consiste en un court prolongement pointu et rectiligne (fig. 6, 7 (PL V), 1, 4, 5 et 6, e (PI. VI). Mais d’autres fois elle est allongée et son aspect est variable ; elle est alors le plus ordinairement recourbée (fig. 2 et 6, é) ; quelquefois elle est tordue en spirale et aplatie, foliacée, ou bien renflée à son extrémité en massue. Cette queue est quelquefois énorme et peut atteindre plusieurs fois la longueur du corps. Elle semble être agglutinante ; au contact des corpuscules de pus, elle s’y attache et fixe ainsi l’être qui la porte. On voit alors ce dernier faire des efforts violents pour se dégager. Le prolongement caudal, principalement quand il est court et pointu, présente souvent, à un examen attentif, un aspect tubulaire ; il semble que sa substance axiale possède une consistance différente de celle de sa matière périphérique. Sur la face gauche du corps, il se prolonge souvent en une sorte de côte (fig. 7 (PL V), 24 et 6 (PL VI) qui ne s’étend jamais bien loin en avant. Cependant, dans la figure 8 (pi. V), j’ai dessiné à la chambre claire un individu à queue grosse et arquée, prolongée sur le corps en une côte, dont l’axe présentait de grosses vacuoles, et qui aboutissent à un appendice semblable situé à l’extrémité antérieure du corps. Du point d’insertion des flagellums part une membrane onduleuse, s’étendant jusqu’au prolongement caudal. De même que Donné, tous les auteurs qui ont observé le Trichomonas vaginalis, voyant une tré¬ pidation rapide et continuelle dans la région antérieure et moyenne du corps, en conclurent qu’il existait là une rangée de cils vibratiles. Stein, dans ses observations sur le Trichomonas Batrachorum(\), a vu que cette prétendue rangée de cils n’était autre chose qu’une membrane animée de très rapides mouvements ondulatoires. Il émit, en même temps, la pensée que la rangée de cils du Trichomonas va¬ ginalis n’était probablement qu’une membrane analogue. Après Stein, divers auteurs, Leuckart (2), Saville Kent (3), acceptèrent cette ma¬ nière de voir ; mais aucun d’eux n’a fondé son opinion sur autre chose que sur les observations faites par Stein sur une espèce voisine. J’ai, le premier, vérifié le fait. Ma découverte a été confirmée par Bütschli et Blochmann. La membrane ondulante du Trichomonas vaginalis est implantée longitudinalement sur le corps de cet être par Lun de ses bords laté¬ raux. Elle est peu élevée, et son bord libre est plus long que le bord adhérent, de manière qu’il se forme des plis onduleux, le bord libre est un peu épaissi et son diamètre dépasse celui de la membrane qui (1) Stein (von), F., loc. cit., p. 19, pl. III. » (2) Leuckart, R., loc. cit., p. 314. (3) Saville Kent, A Manual of the Infusorin , 1880, p. 309. 326 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. le relie au corps ; il peut être considéré comme un passage vers ces organismes, signalés par Grassi (1), dont la membrane ondulante n’est autre chose qu’un véritable flagellum relié au corps par une mince expansion. La similitude de ces organes est même augmentée par ce fait que le bord épaissi de la membrane ondulante du Trichomonas vaginalis devient souvent libre à l’extrémité postérieure du corps et se prolonge en un filament ordinairement court. J’ai observé plusieurs fois cette disposition (fig. 1, 3, 6, 7 (Pl.Y) et 6, m (PI. VI) ; mais, dans une foule de cas aussi, je n’ai pas pu constater son existence. Bütschli et Blochmann croient que cette membrane ne s’étend qu’au premier tiers de la longueur du corps et qu’elle s’arrête complè¬ tement à cette limite. Cette croyance tient à une disposition spéciale de la membrane ondulante, qui, dans la plupart des cas, ne permet d’en voir que cette partie antérieure. En effet, la ligne suivant laquelle cette membrane est fixée sur le corps, fait un tour de spire autour de celui-ci, de telle manière que, généralement, le tiers antérieur se trouve du côté opposé à la portion postérieure. Cette partie antérieure est plus élevée, plus visible, et, en général, située sur le côté gauche. Le tiers postérieur de la membrane ondulante est ordinairement beau¬ coup moins élevé et moins visible que le reste, et un heureux hasard d’observation est nécessaire pour qu’on puisse arriver à bien le voir. Dans plusieurs de mes figures, on ne voit pas cette disposition; j’ai, en effet, dessiné les cas rares dans lesquels la membrane était à peu près également bien développée d'un bout du corps à l’autre. La ligne spirale, suivant laquelle la membrane ondulante est insérée sur le corps, est quelquefois assez apparente et semble être presque une côte fine. Cette ligne part de l’origine des flagellums, générale¬ ment du côté gauche, quelquefois en arrière, se dirige vers la face postérieure, qu’elle contourne, et descend fe long de la face droite pour aller aboutir à la pointe caudale, du côté opposé à la côte qui tire son origine de la queue et dont il a été question plus haut. La position de cette ligne est d’ailleurs assez variable. La membrane ondulante suit ce trajet, se trouve rabattue , dans les préparations , soit d’un côté, soit de l’autre de la ligne spirale, et est plus ou moins onduleuse à son bord libre. Ce bord , à l’extrémité postérieure du corps, se trouve rattaché, chez d’autres Trichomonas , à la ligne basilaire, par une bride membraneuse, falciforme, analogue à ce qui se voit sou¬ vent pour l’extrémité postérieure des branchies des Acéphales, qui n’est que la portion terminale de la membrane l’unissant au corps. Chez le Trichomonas vaginalis , cette bride membraneuse semble nulle et le filament postérieur paraît être directement accolé à la queue. ♦ (1) Grassi, Arch. de Biol. ital. Tom* II. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 327 La membrane ondulante se présente sous des aspects presque aussi divers et nombreux que les individus qui la portent. En général, vue de face, elle est plus ou moins régulièrement onduleuse (fig. 1, 2, 5, 6, 7, 8 (PI . V), 1 et 2, o (PI . VI) . Mais d’autres fois elle présente un aspect cré¬ nelé, découpé (fig. 3 (PI. Y). Cet aspect tient alors à ce qu’on la voit net¬ tement de profil. Ainsi, dans la figure 4 (PL V) se trouve représentée, vue de face, la même membrane qui, dans la figure 3, présente des découpures si aiguës. On conçoit aisément que, dans ces effets de perspective et dans ces plissements, il puisse exister tous les degrés. Les aspects divers de cette membrane ondulante rappellent d’une manière frap¬ pante certaines figures d’Eberth (1) sur un être singulier, habitant l’intestin de différents Oiseaux, la Poule, par exemple ( Trypanosoma Ebertliï). Dans le courant de mes recherches sur les Trichomonas intestinaux, je n’ai jamais rencontré, dans aucun Oiseau, l’organisme découvert par Eberlh. Mais , par contre, j’ai presque constamment vu des Trichomonas. Ainsi la Poule, présente un Trichomonas à membrane ondulante élevée, plissée d’une manière multiple et rap¬ pelant nettement certaines figures d’Eberth. Ces constatations m’ont amené à penser que l’organisme d’Eberth pourrait bien n’être qu’un Trichomonas imparfaitement vu : toutes mes observations nouvelles confirment mes prévisions L’existence du bord libre épaissi, ressemblant à un flagellum, de la membrane ondulante, permet de comprendre aisément le mouve¬ ment de cette membrane, si l’on se rapporte aux mouvements des flagellums eux-mêmes. J’ai exposé autre part (2) une analyse du mou¬ vement de certains flagellums, et j’ai montré qu’il y existait plusieurs mouvements simultanés, entre autres un mouvement d’ondulation; le mouvement d’ondulation n’est qu’un mouvement de redressement de côté et d’autre, qui ne se communique que progressivement de la base à l’extrémité libre des flagellums. Le résultat de ces actions est un mouvement comparable au mouvement ondulatoire de la locomotion rapide des Serpents. La membrane ondulante ne possède que ce mou¬ vement ; les ondulations s’y propagent régulièrement, de l’extrémité antérieure à l’extrémité postérieure, et plusieurs ondes, plus ou moins espacées, l’agitent simultanément. Ces mouvements sont excessivement rapides à l’état normal. La membrane ondulante est un apanage des Infusoires parasites. Elle serait peu utile aux formes libres ; elle a peu de prise sur le li¬ quide ambiant. Mais les parasites vivent dans des milieux où ils sont toujours entourés de corps solides sur lesquels . ils trouvent un point (1) Eberth, J., liber ein neues Infusorium im Dahrm verschiedener Vôgel. ( Zeit . f. wiss. Zool. Vol. XI, 1861, p. 98-99). (2) Künstler, J., Contrib. h l'élude des Flagellés. Bull. soc. zool. de France. 1882. p. 21. 328 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d’appui. Leur membrane leur sert, jusqu’à un certain point, à la ma¬ nière du corps d’un Serpent rampant, et ils se frayent ainsi un passage à travers les matières qui les entourent. De plus, les ondulations de cette membrane déterminent un courant constant, passant devant la bouche, d’une manière analogue à une vis d’Archimède. Elle constitue ainsi un organe de préhension. Lorque le Trichomonas vaginahs est très gêné dans ses mouve¬ ments, il se déplace plus spécialement par des mouvements amiboïdes (fig. 3, PI. YI) ; mais, lorsqu’il est comprimé entre deux lames de verre, ses mouvements changent de caractère. F. Blochmann a déjà signalé ce fait. Les mouvements amiboïdes cessent plus ou moins complètement, et l’un des côtés du corps lui-même devient alors ondulant, festonné, L’on voit des ondes aller d’un bout à l’autre du corps, comme des vagues, soit dans une direction, soit dans l’autre. Il y a souvent des alternances de directions , toutefois ces vagues se dirigent le plus fré¬ quemment d’avant en arrière. Ray-Lankester (1) a déjà signalé ces alternances pour l’ Undulina Ranarum. Leukart, d’après les obser¬ vations précédentes, pense que la membrane ondulante n’est autre chose que l’un des bords du corps, dans lequel les fonctions locomo¬ trices se seraient localisées et que cette apparence de membrane est dûe à ce que le bord est très mince normalement et très mobile sur le reste du corps. Il est même des auteurs qui ont cru voir la transformation directe de cette membrane en simples lobes du corps. Ainsi Gaule (2) et Mitrophanow (3) l’ont décrit pour certains parasites du sang de la Grenouille et de quelques Poissons. Je ne mets pas en doute les observations de ces savants auteurs. Mais, pour ce qui est de la généralisation de ces faits, la théorie me paraît fort hâtive, du moins pour ce qui concerne l'être dont je traite ici. Les ondulations latérales du corps ne se voient jamais que chez les individus altérés et ayant perdu ordinairement leurs flagellums. La membrane ondu¬ lante est un organe qui n’a presque rien de la structure variable de ces bords protéiques. Elle présente une constitution constante et de rapides mouvements de latéralité. Chez les individus altérés, il y a des élévations et des dépressions réelles du bord du corps, et ce bord ondulant est épais à la base et mince à son bord libre, disposition diamétralement opposée à celle qui caractérise la membrane ; là c'est bien le corps lui-même qui change de forme. La membrane ondulante (1) Ray-Lankester, E., On Ondulina, the type of a new group of Infusoria. (Quart Journ. micr ., 1 8*7 1 , p. 387-88.) (2) Gaule, J., Beobachtungen der Farblosen Elemente des Froschblutes . (. Arch . f. Anal u. Physiol. 1880. Physiol Abtheil,p. 375-392, pl. V). (3) Mitrophanow, P., Beitràge zur Kenntniss der Hœmatozoa. (Biol, cent., vol. III, 1883, p. 35-44.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 329 présente des ondulations latérales et non des sortes de vagues ; elle ne montre jamais d’ondulations aussi étendues que ces vagues. Il faut donc admettre une altération ; la contractilité du corps prend autant de part à ces mouvements que la membrane. Celle-ci, normalement, exécute une foule de rapides oscillations simultanées ; après l’altéra¬ tion, elle n’est plus seule à exécuter ses mouvements. Ceux-ci gagnent en amplitude et perdent en vitesse et en fréquence. Près de l’extrémité antérieure du corps se trouve l’ouverture buc¬ cale. Elle est située à une distance variable de la base des flagellums du côté de ceux-ci opposé au rostre terminal (fig. 1 , 2, 3, 6, 7, 8 (PI . V) et 6, b (PI. VI). Cette bouche a déjà été vue par Donné; par contre, des auteurs récents, Bütschli et Blochmann, ne l’ont pas revue. Elle est parfois précédée d’une sorte de vestibule, dépressiou signalée par Gasser qui la décrit comme une « cavité cupuliforme ». La distance qui sépare la bouche des flagellums est variable dans certaines limites ; il est à remarquer qu’en général les rapports réciproques des diffé¬ rentes parties du Trichomonas paraissent subir facilement des varia¬ tions considérables. La bouche est une ouverture infundibuliforme qui donne entrée dans une sorte de tube œsophagien, paraissant assez rigide et d'une certaine longueur (fig. 1, 2, 3, 7 (PI. V) et 6 œ (PI. VI). Au sein du parenchyme du corps se trouvent des corpuscules qui semblent être des Bactériens ingérés, car ils ont tous les caractères des Bactéries qui se trouvent dans le mucus ambiant. Les corpuscules affectent souvent des arrangements réguliers, en lignes plus ou moins droites, dans les régions du corps les plus diverses. Mais c’est surtout sur le prolongement du tube œsophagien que cette disposition est fréquente, et l’on voit souvent là deux rangées linéaires de corpuscules, plus ou moins parallèles (fig. 1,3 et 7 (Pl.V). F. Blochmann décrit comme cons¬ tantes deux lignes de ce genre, divergentes à partir de la pointe cau¬ dale, où elles prennent leur origine au même point, et s’étendant jusqu’au tiers inférieur environ du corps. Je ne confirmerai pas sa description qui me semble trop généralisée. Le parenchyme du corps est finement pointillé ; d’après des études faites à de très forts grossissements, j’ai autrefois interprété la signi¬ fication de cet aspect. J’ai exposé (1) que, dans ma croyance, le proto¬ plasma était constitué par un réseau de subtance dense, circonscrivant des vacuoles remplies de matières plus fluides. Tant qu’on n’opposera à mes arguments que des affirmations, je considérerai mon interpré¬ tation comme la seule juste. En certaines régions du corps, notamment au centre et en avant, on trouve, au milieu des petites vacuoles, d’autres vacuoles plus (1) Künstler, J., Contributions à V étude des Flagellés. (Bull. soc. zool. de France , 1882, p. 25). 330 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. grosses, contenant les granulations dont j’ai parlé plus haut. Dans le parenchyme de la région postérieure du corps, le fin pointillé se re¬ marque à peu près seul. A la périphérie du corps se voit une enveloppe cuticulaire à laquelle je n’ai trouvé aucune structure (fig. 7, (PI. YI). Dans des préparations où j’ai fixé les êtres à l’aide d’un mélange d’acide chromiqne et d'acide osmique et coloré au vert de méthyle, j’ai vu cette cuticule un grand nombre de fois. Sous la cuticule se trouve une couche protoplasmique, sorte d’ectoplasme, dans laquelle on distingue deux rangées de va¬ cuoles fines et assez homogènes. Donné a constaté l’absence de vésicule contractile. Près de l’extrémité antérieure du corps, appliqué contre le tube œsophagien qui semble pour cela s’y terminer quelquefois, se trouve le noyau. Donné admettait l’existence d’un ou de plusieurs noyaux; tantôt fins, tantôt très gros. Quoique Gasser confirme cette description, rien ne m’autorise à l’accepter; elle est contraire à tout ce que j’ai vu. Le noyau (fig. 1, 2, 3, 6, 7, 8 (PL Y), 9, 10, et 6, w(Pl. YI) est un corpuscule unique, ovalaire, allongé, paraissant dépourvu de nucléole. Les réac¬ tifs colorants le mettent fort difficilement en évidence et lui laissent ordinairement un aspect homogène ; cependant, il arrive que certains réactifs, tel que le vert de méthyle acétique, le noir colin chromique, lui donnent un aspect finement pointillé. Le mode de reproduction de cet être est inconnu. La figure 3 de ma planche YI montre un individu, dessiné à la chambre claire, qui me semble avoir été en voie de division. J’ai plusieurs fois observé des traces diverses paraissant pouvoir être rapportées à une division longi¬ tudinale. Haussmann a décrit dans le mucus vaginal des parasites arrondis, plus petits que le Trichomonas vaginalis, qui avaient l’aspect de deux individus d’inégale grandeur accolés l’un à l’autre par l’une de leurs faces et confondus entre eux à leur extrémité postérieure. Cette description a été confirmée par Hennig; ces phénomènes peuvent peut- être être rapportés à une division. J. Künstler, Maître de conf. à la Fac. des Sc. de Bordeaux. EXPLICATION DES PLANCHES. Trichomonas Vaginalis. Planche V. Fig. 1. — Individu fusiforme , régulier, vu du côté droit ; f, flagellums accolés à la base ; b, bouche ; n, noyau ; œ , tube œsophagien; g , rangée double de granulations faisant suite au tube œsophagien ; c , membrane ondu¬ lante ; e, pointe caudale ; m, flagellum terminal. — Les lettres gardent la même signification dans toutes les autres figures. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 331 Fig. 2. - Fig. 3. - Fig. 4. - Fig. 5. - Fig. 6. - Fig. 7. - Fig. 8. - Individu régulier, vu par la face gauche, et présentant une queue très longue, renflée en massue ; v, vésicule claire. Face droite d'un individu ventru , dont la membrane ondulante a un aspect crénelé. Membrane ondulante du précédent individu , vue de face. Individu très allongé, vu de dos. Vue latérale d’un individu commençant à se déformer. Toute la région postérieure du corps émet des pseudopodes ^et varie constamment de forme ; p , pseudopodes. Individu à deux prolongements polaires unis par une côte de la face gauche. Planche VI. Fig. 1. — Autre forme d’individu régulier. Il ne semble exister qu’un seul flagellum. Fig. 2. — Individu émettant un énorme pseudopode , p ; son prolongement caudal a la forme d’une expansion lamellaire tordue. Fig. 3. — Individu dont le corps présente latéralement des mouvements ondula¬ toires en forme de grosses vagues. Fig. 4. — Individu tordu. Fig. 5. — Division commençante (?). Fig. 6. — Individu dont on voit la bouche de face. Fig. 7. — Structure de la substance du corps du Trichomonas vaginalis', c, cuti¬ cule ; v, vacuoles fines ; m , Microcoques (?) contenus dans de grosses vacuoles. LES SARCOPTIDES PLUMICOLES Révision du groupe des Analgesinœ, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. ( Suite ) (1) pterolichns clconiæ, Canestr. et Berlese. Atti Soc. Veneto-Trentina , 2881, VII , p. 145, pl. 19, fig.-l, 2. Habitat. — Sur la Cigogne Blanche (Ciconia alba), d’Europe (Canestrini). (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92, 150, 211, 257. Page 261, ligne 22, au lieu de i> retiré » lisez « rétréci ». Page 262, dans la légende de la figure 43, au lieu de « emarginatus » lisez « bi-emarginatus ». 332 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Pterolichus eucull , n. sp. (Fig. 43, ff). Mâle plus grand et plus large que celui du Pt. nisi , avec les pattes plus courtes dans les deux sexes. Mâle à échancrure abdominale plus large que chez les précédents. Corps ayant sa plus grande largeur immédiatement en arrière du sillon thoracique, resserré en avant des lobes abdominaux ; la 4e paire de pattes dépasse peu les ventouses copulatrices. Deux piquants courts sur les côtés de chaque lobe abdominal. Organe génital en cône tronqué , fortement écbancré à sa base et surmonté d’un pénis cylindrique très court. Femelle , bien distincte de celle des précédents par la forme de son abdomen qui est arrondi, un peu dilaté en arrière des pattes postérieures, échancré en demi-cercle en arrière de l’anus , et renforcé sur les flancs par une lame chitineuse d’un roux foncé qui forme un lobe court et triangulaire de chaque côté de l’échancrure : chacun de ces lobes porte deux poils longs , l’un à l’extrémité, l’autre un peu en dehors , et un fort piquant incolore sur le point le plus saillant des côtés de l’abdomen ; en outre, deux poils très fins l’un en dedans du poil terminal, l’autre entre le deuxième grand poil et le piquant. Vulve à commissure antérieure obtuse , surmontée d’un sternite en demi-cercle. Dimensions : Mâle, long., 0mm 50; larg ., 0mm 22. Femelle, long., 0 55; larg., 0 24. Habitat. — Sur le Coucou (Cuculus canorus ), et la plupart des Cuculidœ , tels que Coccyzus americanus, Piaya cayana, etc., d’Europe et d’Amérique. Une espèce ou une variété peu différente se trouve sur les Guêpiers (Merops apiaster, M. viridis, M. nubiens , M. œgyptius , M. philippinus, etc.) Pterolichus pyroderl, n. sp. (Fig. 43, c). Semblable au Pt. cuculi , mais le mâle atténué en arrière comme celui du Pt , struthionis. Pattes plus courtes que l’abdomen dans les deux sexes : un piquant et un poil sur les flancs, en avant de la 3e paire de pattes. Mâle à échancrure semblable à celle du Pt. cuculi , mais formant un angle aigu en arrière de l'anus, l'abdomen. étant comprimé et ayant ses lobes beancoup moins écartés que dans l’espèce précédente. Organe génital petit , conoïde. Femelle à abdomen conformé comme dans l’espèce précédente , mais moins dilaté dans son dernier tiers , et portant deux piquants de chaque côté, le second étant placé dans l’espace qui sépare le piquant unique de la femelle du précédent des grands poils de l'extrémité de l’abdomen. Sternite vulvaire en arc de cercle. Dimensions : Mâle,- long., 0mm 50; larg., 0mm 20. Femelle , long., 0 55 ; larg., 0 25. » Habitat. — Sur la Coracine ensanglantée (Pyroderus scutatus), de l’Amérique méridionale. Pterolichus bi-emarginatus , n. sp. (fig. 43, gg'). Semblable au précédent , mais à pattes encor e plus courtes , celles de la 4e paire n’atteignant pas le niveau des ventouses copulatrices (mâle) , ou la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 333 moitié de l’abdomen (femelle). Flancs presque parallèles , mais renflés entre le 2e et la 3e paire de pattes , et portant un court piquant et un poil long et grêle en avant de la 3e paire. Mâle à échancrure abdominale plus semblable à celle du Pt. delibatus que du Pt. cuculi , mais portant sur le bord interne de chaque lobe une petite échancrure demi-circulaire, immédiatement en avant du poil transversal qui est petit et court. Chaque lobe terminé par un très petit lobule ovalaire , transparent , dirigé oblique¬ ment en dedans , à la base du poil terminal. Organe génital très petit, immédiate¬ ment en avant de l’anus. Femelle semblable à celle du précédent, mais à abdomen plus allongé, conique et atténué en arrière , tronqué carrément et échancré en carré en arrière de l’anus ; les flancs renforcés par une lame chitineuse d’un roux foncé qui forme en arrière deux lobes coniques, plus pointus que chez le Pt. cuculi. De chaque côté, sur les flancs , deux gros piquants incolores , en arrière de la 4e paire de pattes. Vulve en angle aigu surmontée d’un sternite en arc ogival. Dimensions: Mâle, long.. 0mm 42; larg., 0mm 17. Femelle , long., 0 52 ; larg., 0 20. Habitat. — Sur les Barbus ou Tamatias , notamment sur le Capito auratus , de l’Amérique intertropicale. — Une espèce ou une variété peu différente vit sur les Couroucous ( Trogon curucui, etc.), du même pays. Pterolichus rauiptaastinus , n. sp. Semblable au précédent, avec les pattes un peu plus longues. Le mâle presque identique par la forme de l’échancrure abdominale, mais plus mince et plus allongé. — Femelle à abdomen conique seulement dans son tiers posté¬ rieur, à flancs parallèles dans les deux premiers tiers ; lame chitineuse des flancs très étroite, surtout en arrière ; l’échancrure, en arrière de l’anus, étroite, presque linéaire ; un seul piquant très gros sur les flancs , à la base du cône de l’abdomen. Plaque notogastrique criblée de trous. Dimensions: Mâle, long., 0mm 45; larg., 0mm 15. Femelle, long., 0 50; larg., 0 20. Habitat. — Sur les Toucans , notamment sur Pteroglossus aracari, Ramphastos dicolorus , Aulacorhynchus cœruleogularis, etc., de l’Amérique inter tropicale. Pterolichus phylloproctus , n. sp. (flg. 44). Plus grand et surtout plus allongé que les précédents , avec les pattes longues et grêles ; un poil court et un long sur les flancs. Rostre allongé , avec une paire de poils insérés en avant de l’épistome et couchés en avant sur cet organe. Mâle avec les pattes postérieures n’atteignant pas l’extrémité de l’abdomen ; chaque lobe triangulaire bordé en dedans et en arrière par une lame transparente étroite et terminée en forme de 8, par suite de la présence de deux échancrures sur son bord interne ; poil transversal entre les deux échancrures, dilaté en forme de coutelas ou 3 i 334 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de petite feuille. Deux piquants en forme de dague sur le côté externe de chaque lobe. Un poil très grêle et recourbé à la base du plus long poil terminal. Organe génital petit, conique, triangulaire, à base trilobée, à la hauteur du rétrécissement qui précède les lobes. Fig. 44. — Pterolichus phylloproctus , mâle et femelle. a, ambulacre ; b, œuf. — Gross., 65 diam. Femelle un peu plus grande et moins allongée que le mâle , pattes postérieures dépassant l’extrémité de l’abdomen , qui est conique et sans échancrure , mais bordé d’une lame chitineuse roussâtre comme chez le mâle, à pans coupés obliquement en arrière, avec deux poils en piquant sur les côtés de l’abdomen , dont l’antérieur est dilaté en lame de couteau et l’autre en alêne. Vulve à commissure antérieure arrondie surmontée d’un sternite en fer à cheval. Œuf, très remarquable par le dessin régulier et très élégant que présente sa coque (fig. 44). Dimensions: Mâle, long., 0mm 65 ; larg., 0mm 23. Femelle, long., 0 75; larg., 0 25. Habitat,. — Sur le Pygargue des Philippines ( Haliœlus teucogas- ter), des mers de l’Inde et de la Chine. Pterolichus phylloproctus nui non*, n. var. Semblable au type, mais plus petit et surtout plus court, le poil court des JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 335 flancs remplacé par un piquant. Taille analogue à celle du Pt. nisi et des espèces voisines. Mâle à lobes abdominaux comme clans le type, mais le poil transversal de l’échan¬ crure non dilaté et en simple piquant petit et court. Femelle plus petite que celle du type , à plaque nostogastrique transversalement réticulée . Dimensions : Mâle, long., 0mm 45; larg., 0mm 18. Femelle, long., 0 55; larg., 0 23. Habitat. — Sur YHaliastur indus . var. girrenera , de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée. Pterolichus hirunclo . n. sp. Semblable au Pt. phylloproctus , mais intermédiaire par la taille entre les deux variétés de celui-ci. Pattes postérieures dépassant l’abdomen , surtout chez la femelle. Un piquant allongé , grêle , et un poil très long sur les flancs La plaque notogastrique est réticulée et les nervures (chez le mâle) prennent la forme d’arborescences qui convergent vers un tronc longitudinal dont la base part de l’échancrure abdominale. Mâle : lobes abdominaux en triangle aigu , sans petit lobe terminal et sans échancrure interne ; le bord interne du lobe est seulement très légèrement sinué en ce point. Organe génital trilobé , surmonté d’un pénis obtus , très court. Deux piquants, dont l’antérieur plus fort , sur les côtés de chaque lobe. Femelle plus grande que le mâle, avec l’abdomen renflé dans son tiers postérieur en forme de dôme d’église russe , tronqué au sommet qui porte deux poils longs de chaque côté. Un poil normal grêle sur le point le plus saillant des côtés de l’abdo¬ men. Vulve à commissure obtuse , à épimérites presque parallèles, surmontée d’un sternite en fer à cheval. Dimensions ; Mâle, long., 0mm 47; larg., 0mln 20, Femelle, long., 0 63; larg., 0 25. Habitat. — Sur la grande Harpie d’Amérique (Harpya destructor) de la Guyane. Pterolichus circiniger, n sp. (fig. 43, e ). Semblable au Pt. phylloproctus , mais un peu plus petit, quoique plus grand que le précédent : pattes des lre et 4e paires plus fortes que les intermé¬ diaires , celles de la 4e dépassant l’abdomen de la longueur de la ventouse (mâle), et de celle du tarse chez la femelle ; un piquant , puis un peu plus loin deux poils, un court et un long , sur les flancs. Mâle ; Échancrure abdominale en forme d’ogive dite flamboyante , ou de compas de charpentier ; chaque lobe allongé, mince, recourbé , élargi sur son bord interne par une lame transparente, plissée et réticulée en arrière des ventouses copulatrices, qui donne à l’échancrure la forme d’un angle aigu dont l’extrémité antérieure est arrondie en arc ogival en arrière de l’anus, entre les deux ventouses. Organe génital trilobé , le pénis très court étant flanqué de deux petits lobes lancéolés à pointe dirigée en avant, et encadré dans une fenêtre ovale. 336 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Femelle beaucoup plus courte que le mâle, à abdomen conique avec une échan¬ crure en demi-cercle en arrière de l’anus. Vulve à commissure antérieure obtuse , surmontée d’un sternite en arc de cercle. Dimensions : Mâle, long., 0mm 55; larg., 0mm 25. Femelle, long., 0 53; larg., 0 25. Habitat. — Sur les Calaos [Buceros plicatus, B. sulcatus, etc,), de la Malaisie et des Philippines , en société avec les espèces suivantes. Pterolichus attenuatus, n. sp. Pattes très grêles, surtout les intermédiaires, celles de la 4e paire dépassant l’abdomen de la longueur du tarse. Un poil tronqué , puis deux poils inégale¬ ment longs sur les flancs. Mâle à corps de forme ovale, très rétréci en arrière, les lobes abdominaux étant comme atrophiés, bien que conservant la forme générale de ceux du Pt. struthionis, mais comprimés latéralement , effilés , à sommet triangulaire , les ventouses à peine séparées par une distance égale à leur diamètre; bordés en dedans et en arrière d’une lame transparente triangulaire, à sommet obtus, arrondi en arrière des ven¬ touses. Piquant transversal très petit ; deux poils en alêne, assez longs, sur les côtés de chaque lobe. Un poil grêle et recourbé en dehors, à la base du plus long poil terminal. Organe génital biiobé de chaque côté du pénis , qui est court et surmonté d’un sternite en forme de fenêtre ogivale. Femelle à abdomen légèrement étranglé dans son dernier tiers , avec un piquant sur le dos, de chaque côté, au niveau de cet étranglement, et un poil grêle au fond de l’échancrure latérale formée par ce rétrécissement. Vulve en angle aigu, à sternite en demi-cercle. Dimensions : Mâle, long., 0mm55; larg., 0min 25. Femelle , long., 0 57 ; larg., 0 25. Habitat. — Sur les Calaos (Buceros), avec l’espèce précédente. Pterolichus ogïvalis, n. sp. Semblable au Pt. circiniger, mais plus petit et à pattes postérieures beaucoup plus courtes , atteignant à peine l’extrémité de l’abdomen. Un piquant sur les flancs, et un peu plus loin un 2e piquant et un poil long. Mâle : Échancrure abdominale en ogive simple , sans lame transparente sur le bord interne : chaque lobe tronqué à son extrémité avec une très petite échancrure en arrière du piquant transversal qui est grêle, recourbé en avant , et inséré en dessous et non sur le bord du lobe ; un autre piquant semblable un peu plus en avant sur le bord interne du lobe ; deux piquants recourbés sur le bord externe. Organe génital en cœur au milieu d’un cadre ovale comme dans le Pt. circiniger. Femelle inconnue. Dimensions : Mâle , long., 0mm 47 ; larg., 0mm 20. Habitat — Sur le Buceros plicatus , avec les deux précédents. Par la forme tronquée des lobes du mâle , cette espèce forme la transition au groupe suivant. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 337 b. Espèces dont les lobes du mâle sont triangulaires , mais tron¬ qués à V extrémité, et prolongés ou bordés par une lame transpa¬ rente de forme variée ; du reste semblables aux précédents. — Les espèces de ce petit groupe vivent sur les Echassiers et les Palmipèdes. Pterolïchus Ninnii, Canestr. Atti del Ist. Veneto , V, 1878-79, p. 56 ; Atti Soc. Veneto-Trentina , VI , 1879 , pi. 1, f. 11. Cette espèce est remarquable par la forme de la plaque de l’épistome, qui , chez le mâle , est réduite à un tubercule en forme de trèfle portant quatre poils dilatés en lame de sabre. Habitat. — Sur les Courlis :Numenius arquatus , N. tenuirostris, etc., d’Europe. Pterolichus Limosæ, Buckholz . Dermaleichus limosœ , Buchh., Bemerkungen über G. Dermaleichus , 1869, (Mémoires de l’Académie de Dresde), p. 26, pl. 2, fig. 12, 13. Habitat. — Sur les Barges et les Chevaliers : Limosa rufa , L. melanura, L. meyeri, etc., Totanus fus eus , etc. Pterolichus Limosæ vas. nmcronatus , n. var. o Cette variété, intermédiaire entre le type et la variété suivante, se distingue par la réduction de la lame transparente qui horde les lobes : chacun de ces lobes est terminé par un fort piquant dirigé en arrière. Habitat. — Sur Totanus fuscus , avec la variété type de l’espèce. Pterolichusx.imosæ var. selenurus, n. var. Dans cette variété, la lame transparente des lobes est encore plus réduite et borde seulement le fond de l’échancrure en arrière de l’anus : les lobes forment deux longues cornes aiguës en forme de croissant : le piquant de la variété précédente est remplacé par un poil long et grêle : deux très petits piquants sur le bord interne de chaque lobe. — La femelle ne varie pas. Habitat. — Sur Totanus semipalmatus , et sur Limosa rufa , en société avec le type. Pterolichus pallidus , n. sp. D’un roux pâle, plus large et plus court que les précédents. Mâle à flancs .subparallèles , avec l’abdomen échancré largement en demi-cercle , mais bordé intérieurement d’une lame transparente à échancrure anguleuse, convexe sur son bord libre, sinuée de chaque côté vers son milieu, dépassant l’extrémité du lobe, mais ne se prolongeant pas sur le bord externe. Deux piquants , dirigés en avant , sur le bord interne de chaque lobe, le plus fort en avant, le postérieur petit , avec un 3e très grêle, un peu en dehors, entre les deux. Un poil long et grêle à l’extrémité ; deux poils forts , dont l’antérieur plus court , sur le bord externe du lobe. Femelle , sans échancrure à l’abdomen qui porte en arrière deux poils très fins de 338 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. chaque côté de l’anus, puis deux paires de poils longs et forts, et un piquant court dirigé obliquement en dehors. L’extrémité de l’abdomen est renforcée par une lame foncée en forme de croissant, échancrée en arrière de l'anus, envoyant deux minces prolongements aux poils fins médians , et se terminant de chaque côté par une plaque ovale en forme de grille percée de sept trous. Sternite vulvaire £n arc court. — Du reste, semblable à l’espèce précédente. Dimensions : Mâle et femelle , long.. 0mm 50 ; larg ., 0:iim 20. Habitat. — Sur l’Edicnême criard (Œclicnœmus crepitans ) , d’Europe. pterolichus rotani « Canestr. (1). Atti del Ist. Veneto , V, 1878-79, p. 60 ; Atti Soc. V. Trent ., VI, pl. 1, f. 10. Habitat. — Sur les Chevaliers , les Bécasseaux , les Combattants et antres oiseaux de rivage : Totanus calidris , Machetes pugnax, Tringa alpina, T. minuta, Phcdaropus platyrliynchus , Limosa melanura, etc. P. Mégnin et Dr E. L. Trouessart. ( A suivre ). DES HYMÉNOMYCÈTES Al' POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION. (Suite.) (2) DIVISIONS DES BASIDIOMYCÈTES ECTOBASIDES. Ce groupe, tel que l’a délimité Fries, comprend deux types défor¬ més incompatibles entre eux. L’un, qui renferme les familles que cet auteur désigne sous les noms d’Agaraciiices, Polyporécs, Tliclc- pliorées, Hydnées et Clavarices, se rattache directement aux Gastéromycètes, par ses enveloppes et la forme de ses basides ; il n’en diffère par aucun caractère essentiel. L’autre, qui comprend une partie des Trciaiclllnécs de Fries et quelques genres retirés de ses autres familles, est étroitement lié avec les Hypodermées, près des¬ quels il doit être placé. ! i * % ' m Nous établirons dans cet ordre deux familles parallèles : 1° Les Hymènomycètes ; 2° Les Hétéromycètes. Hymènomycètes. — Champignons charnus, ligneux ou subéreux (1) Le Pterolichus ortygometrœ (Canestrini), malgré la forme de l’échancrure abdominale du mâle, n’appartient pas à ce gmre : la présence d’un piquant en arrière du long poil sur les flancs, le pénis ensiforme quoique court, etc ; mais surtout la forme bilobe'e de l’abdomen de la femelle , doivent le faire ranger parmi les Proctophyllodes et dans le genre Alloptes (Ar ortygometrœ). (2) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 33 , 101, 158, 221, 266. t JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 339 avec ou sans enveloppes, à basides unicellul aires ordinairement tétraspores. Spores de formes variables qui , en germant , donnent directement naissance au mycélium. Des microconidies mycéliennes et des macroconidies angiogastres . Hétèromycètes. — Champignons ordinairement gélatineux, rare¬ ment cartilagineux ou subéreux, à basides pluricellulaires , à spores le plus souvent arquées, qui, en germant , donnent naissance à un promycelium porteur de spores secondaires ou sporidies. Quelquefois des conidies angiogastres. I. HYMÉNOMYCÈTES. Les Hyménomycètes seront répartis en 4 séries, d’après l’ensem¬ ble de leurs caractères communs ; nous considérons comme les plus importants ceux tirés de la consistance et de la durée, du mode de répartition de l’hyménium infère ou amphigène ; les caractères tirés de la figure de l’hyménium nous serviront à diviser les séries en genres correspondants ; aussi, dans chaque série, il y aura des genres à lames , à pores , à pointes et à hyménium lisse. Le tableau suivant montrera d’un seul coup d’œil l’ensemble de cette distribution. Hyménomycètes. Hyménium infère. Hyménium amphigène. Lames. Pores. Pointes ou crêtes.. Lisse ou papilleux. Se formant en une seule fois. Se formant d’une manière indéfinie à mesure que l’hyraenophore s’allonge. Agaricées. Mérulées. Polyporées. Clavariées. Agaricus. Cantharellus. Trogia. Xerotus. Schizophijllum Sistotrema. Lenzites. Bœdalea. Sparassis. Boletus. Merulius. Porothelium. Favolus. Polyporus. Fistulina. Phlebia. Radulum. Hydnum. . • Craterellus. Telephora. Stereum. Corticium. Coniophora. Exobasidium. Solenia. Cyphella. Clavaria. Pterula. Typhula. Sphœrula. Pistillaria. < 340 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. IL — HÉTÉROMYCÊTES. De l’ancien groupe des Trémellinées nous retirerons un certain nombre de genres qui ont été reconnus être des formes conidiales de Champignons thécasporés, tels sont les Düiola, Dacrymyces, Exidia et Tremella. Sous le nom d’HÉTÉROMYCÈTES nous réunirons quelques genres qui ont appartenu aux Trémellinées, avec d’autres retirés des Hyménomycètes proprement dits ; tels sont les Sebacina, Calocera , Tremellodon et Auricularia. Cette famille est susceptible d’une distribution parallèle à celle des Hyménomycètes. C’est ce que montre le tableau suivant : HÉTÉROMYCÊTES. SÉBACINÉES. Auriculées. Guepiniées. « Lames. Pores ou alvéoles. Pointes ou crêtes. Lisse, infère. Amphigène, Auricularia. Tremellodon. Guepinia. Guepiniopsis . Sebacina. Calocera. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. (A suivre) EXPLICATION DES PLANCHES I , II , III , IV. Planche I. 1. Cellules sphériques de la surface du chapeau de l 'Ag. atomatus ; la partie exposée à l’air est couverte de petites aspérités. 2. Cellule contournée en spirale du chapeau d’un Nyctalis. 3. Cellule à paroi épaissie du chapeau de Polyporus lucidus. 4. Cellule sans cavité à une extrémité et à paroi mince à l’autre. 5-6. Différentes sortes débouclés. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 341 7. Disposition du protoplasma dans une cellule d’ Amanita. 8. Cellules d 'Amanita présentant un ou deux noyaux. 9. Terminaison des laticifères dans les lames de Lactarius piperatus. 10. Réseau laticifère de Lactarius deliciosus. 1 1 . Laticifère de l 'Ag. batschianus. 12-16. Aspects divers des cristaux d’oxalate de chaux dans les cellules. 17. Constitution des squames du chapeau de \'Ag. melleuf. 18. Cellules épidermiques d’un Collibya. 19. — — de Marasmius Hudsoni. 20. Hyménium de YAg. hiulcus montrant les basides, cystides et paraphyses. 21. Baside monospore de Pistillaria. 22. — bispore de Clavaria falcata. 23. — tétraspore de Polyporus incarnatus. 24. — à 5 spores de Cantharellus cibarius. 25. — à 6 spores de Sistotrema confluens. 26. — de Craterellus cornucopioides , tétraspore par soudure de deux basides bispores. 27. Baside à' Auricularia. . 28. — de Guepinia helvelloîdes. 29. — de Tremellodon gelatinosum. 30. — ds Calocera cornea. 31 . — de Russula offrant des spores à divers états de développement. 32-37. Différentes formes de spores. (32. Russula ; 33. Ag. laccatus ; 34. Telephora ; 35. Panus ; 36. Trogia crispa ; 37. Cyphella digitalis) . Planche II. 1. Spores de Cyphella alboviolascens en germination. 2-3. Germination des spores d "Auricularia. 4. — — de Sebacina incrustans. 5. — — de Corticium levœ. 6. Cystides rugueux de Corticium puberum. 7-8. - 9. - 10-11. - 12. - 13. - 14. - de Mycena. de Gomphidius entourés d’une matière cireuse, de Pleur otus. > épaissis d’un Corticium. incrustés d’oxalate de chaux de Coniophora atrocinerea. réunissant les lames et le stipe dans Marasmius erythropus. 15. Prolifération du tissu au travers de l’hyménium dans Corticium typhar. 342 JOURNAL DE MICROGRAPHIE 16. Appareil conidial de Trametes rubescens. 17. — — Ag. craterellus. 18. — — Ag. ostreatus. 19. — — Calocera cornea à la base de l’hyménium 20. Conidies de Corticium Marchanda. 21. Baside de — — 22-23. Conidies et basides de Corticium amorphum. 24. — de Fistulina hepatica. Planche III. 1. Pistillaria rosella var. ramosa. ( a port à la loupe ; b une masse conidifère isolée; c constitution de cette masse; appareils conidifère et basidio- phore sur le même individu.) 2. Hyménium de Pistillaria maculœcola. 3. Appareil conidifère de1 Polyporus versicolor. 4. Guepiniopsis tortus. ( a-b port et coupe gr. nat; c éléments sporophores ; d constitution des poils.) 5. Sphœrula capitata. ( a port gr. nat ; b peu grossi ; c vu au microscope.) 6. Typhula erythropus gr. nat. et un baside grossi-500 fois. 7. Coupe montrant la constitution du Schizophyllum commune. Planche IV. 1. Insertion du chapeau et du stipe d e Panœolus. ( a cellules épidermiques du chapeau ; b trame ; c zone d’éléments minces séparant le chapeau du stype d ; e aspérités du sommet du stype.) 2. Lame de Coprinus domesticus. 3. Base du stype d’un Gomphidius. 4. Insertion du chapeau et du stipe d’un Mycena. LES DIATOMÉES. RÉCOLTE ET PRÉPARATION. (Suite) (1) Quand on aura obtenu les diatomées dans un état de pureté convenable, qu’il ne restera plus que des débiis et de la silice aimorphe à enlever, on s’occupera du lavage de ces matériaux. C’est la dernière opération avant le montage et ce n’est pas la Cl) Voir Journal de Micrographie ; T. VU , 1883 , p 644, T. VIII, 1884 p. 115, 173, 231. I JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 343 moins longue. Il faut user de grandes quantités d’eau et avoir bon nombre de réci¬ pients. Dans cette opération , on s’efforcera de séparer les grandes espèces des plus petites, ce que l’on fera en agitant le liquide, puis laissant reposer quelques instants, quatre ou cinq secondes, pour les formes les plus grandes, dans les terres fossiles, et plus longtemps clans d’autres cas. On fera bien de regarder une lumière à travers le vase en verre dont on se servira, et on verra les espèces se séparer et tomber plus ou moins rapidement au fond. Le sable tombera d’abord et on l’enlèvera en décan¬ tant de suite et laissant environ 1 centimètre du liquide ; on remplira de nouveau et, après un repos de même durée, on jettera le liquide avec le premier; on répétera cette opération jusqu’à six fois, en laissant chaque fois le fond dans le vase et, à la fin, on ne trouvera que du sable dans le premier et les diatomées dans le second. Alors on recommence pour les grandes diatomées en laissant reposer plus long¬ temps ; et, de cette manière, on pourra faire trois ou quatre portions de la même récolte, qui différeront assez entre elles pour que la première contienne peu de formes de la seconde, la seconde différant aussi de la troisième ét ain>i de s^ite. Il faut pour cette opération une expérience à laquelle aucune description, quelque détaillée qu’elle soit, ne saurait suppléer. Pour séparer les grandes formes d’avec les petites on peut se servir avec avan¬ tage de filtres métalliques à diatomées que l’on trouve chez Bœcker, à Wetzlar , et qui rendent de réels services pour les terres fossiles. Ces filtres ont les mailles ser¬ rées jusqu’à l/10e de millimètre et simplifient beaucoup le travail du lavage, car la silice amorphe se sépare bien plus facilement des diatomées quand on a réduit les dimensions des frustules d’une récolte variée à l/10e de millimètre. On doit aussi au professeur Christopher Johnston une remarque importante, relative aux formes discoïdales des diatomées. Lorsque le dépôt est presque ou . entièrement débarrassé des matières étrangères, si l’on a soin d’employer un verre très propre, les diatomées rondes, mais seulement celles entières et non les frag¬ ments, adhèrent au fond du vase après quelques minutes de repos, au point que l’on peut verser le contenu sans parvenir à les détacher. Pour les avoir, on passe légère¬ ment avec un pinceau très doux et on les a parfaitement pures. On recommencera ainsi l’opération et, chaque fois, on aura de beaux résultats. Que ceux qui ont des récoltes de diatomées discoïdales dans des tubes essayent de les agiter, ils en verront toujours une couche qu’il leur sera impossible de détacher. Enfin, si l’on veut nettoyer définitivement certaines récoltes qui, malgré tous le3 soins, présentent encore des matières floconneuses, on les lavera avec une solution de savon médicinal, que l’on fera ensuite disparaître par un dernier lavage à l’eau distillée. Lorsque toutes ces opérations auront été faites, on mettra les diatomées obtenues dans les flacons ou tubes de la collection, avec de l’alcool, et c’est de cette source que l’on tirera pour les préparations microscopiques dont nous allons nous occuper. Préparations au Styrax. Nous devons au Dr H. Van Heurck, la découverte d’une substance possédant un indice de réfraction plus élevé que celui du baume du Canada et d’un usage aussi facile en même temps qu’elle n’est point sujette à la résinification : le styrax. Nous 1 employons depuis sa découverte à l’exclusion du baume et nous ne serions assez le recommander aux diatomophiles. Le styrax du commerce (qui est loin d’être la véritable résine du Liquidctmbar styraciflua , la production étant de beaucoup inférieure à la consommation), a l’as¬ pect brun et une odeur balsamique assez agréable ; on en étendra une couche aussi mince que possible sur une assiette et on l’exposera au soleil afin de le faire 344 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sécher et d’en évaporer le plus possible les essences. Il s’adjoint à ces effets une action photogénique et chimique qui a pour résultat de blanchir le produit dissous dans la benzine. Après un mois au moins de cette action, on dissoudra la matière sèche dans la benzine de houille cristallisable, trois ou quatre fois le volume du styrax; cette dissolution devra se faire au bain-marie pendant deux ou trois heures ; on aura soin d’agiter le mélange. Après refroidissement on filtre au papier une ou deux fois et on fait évaporer une partie de la benzine ; le produit qui restera devra être de couleur ambrée. Pour s’en servir on en déposera une goutte sur lecover muni des diatomées dessé¬ chées et on laissera sécher à l’abri de la poussière pendant trois ou quatre jours. Après quoi, prenant le porte-objet un peu chauffé, on l’appliquera sans peser sur le cover à monter et comme, le styrax les fera immédiatement adhérer, on n’aura qu’à passer le porte-objet au-dessus de la flamme de la lampe à alcool pour que le cover soit entièrement appliqué. On pourra alors pour obtenir une dessication plus com¬ plète chauffer plus fortement le porte-objet jusqu’à produire quelques bulles, qui disparaîtront après refroidissement. Mais cela a l’inconvénient de faire jaunir le styrax. Quoiqu’il en soit, comme cette résine n’est jamais absolument sèche, il sera prudent de tracer un cercle de vernis shellac qui empêchera le cover de glisser et qui permettra l’usage des liquides à immersion homogène. On peu aussi employer des liquides ayant un indice de réfraction plus élevé que le styrax (1,617). A savoir : la naphtaline monobromée (1,658), le soufre dissous dans le sulfure de carbone (1,75) et le phosphore dissous dans ce dernier liquide (2,10). La visibilité des stries des diatomées croît avec l’indice de réfraction, et la difficulté de monter une préparation convenable suit la même marche. Voici la manière de procéder avec ces substances. On fera d'abord une cellule au silicate de potasse et lorsque cette cellule commen¬ cera à sécher on posera dans l’intérieur une goutte de naphtaline ou de soufre ou de phosphore et l'on recouvrira avec le cover. Seulement on fera bien de faire préalable¬ ment des exercices d’agilité lorsque l’on usera du soufre et du phosphore, car le sulfure de carbone s’évaporant rapidement laisse déposer les cristaux des substances dissoutes et l’on risque fort de compromettre un bon nombre de covers. On entourera aussitôt après le cover d’un nouveau cercle de silicate de potasse et lorsque ce sera sec on recouvrira d’un cercle de vernis noir ou autre. PREPARATIONS ORDINAIRES. Les préparations de diatomées se font de plusieurs manières : à sec et au baume. Les premières, à cause de la différence considérable des indices de réfraction de la silice et de l’air, permettent d’apercevoir plus distinctement les détails de leurs valves, mais elles ont l’inconvénient de se détériorer par l’introduction de l'humidité entre les deux verres ; en outre, elles sont fragiles. Les secondes, indestructibles, il est vrai, ont une transparence qui fait disparaître les ponctuations des espèces les plus délicates et sont bonnes, dans ce cas, à servir avec des objectifs hors ligne et presque spéciaux. Cependant, bien des espèces marines, et ce ne sont ni les moins nombreuses ni les moins belles, ne peuvent être préparées que de cette sorte à cause de leur opacité. Aussi devra-t-on pratiquer simultanément ces deux méthodes. Une tournette est indispensable pour faire les cellules de bitume employées pour monter les diatomées à sec. Quel que soit le produit employé, on devra laisser sécher les cellules à l’abri de la poussière, plusieurs jours et plusieurs semaines même. Nous recommanderons les vernis suivants qui nous ont donné d’excellents résultats : Asphaltlack , Feinster Mikroskopiclack (chez Bœker, Wetzlar) ; Shellac JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 345 (Wheeler, Londres) ; Vernis au bitume, chez tous les préparateurs ; Gold Size, excellent, quoique très long à sécher. Les covers seront toujours le plus mince possible, afin de pouvoir servir avec des objectifs puissants. Naturellement, ils doivent être très propres et exempts de toute poussière. Les diatomées seront prises dans le tube à provision à l’aide d’une pipette, et on en déposera une petite quantité sur le cover en y ajoutant une goutte d’eau distillée. On répandra également le liquide sur la surface du cover en appuyant dessus avec une aiguille pour ne pas l’entraîner pendant cette opération ; puis, on fera sécher à une chaleur modérée sur une plaque de fer un peu épaisse (5mm) chauffée à la lampe à alcool. Lorsque l’eau sera évaporée, on portera ce cover sur une plaqne de platine de 20 millimètres de côté, montée sur un anneau en fil de cuivre ; celui-ci sera enroulé sur une tige droite de façon à mettre la plaque h la hauteur voulue pour que la flamme de la lampe agisse convenablement. Le cover muni des diatomées sera donc fortement chauffé j usqu’à ce que la masse des diatomées devienne entièrement blanche. Après quoi, on prendra le porte-objet sur lequel est la cellule de vernis et, après l’avoir bien essuyé et légèrement chauffé, on y posera le cover, les diatomées en dessous ; la cellule de bitume dépassant les bords du cover, on disposera celui-ci de manière que les circonférences soient bien concentriques, en le poussant avec la pointe d’une aiguille jusqu’à ce qu’il ait atteint la position voulue. Puis, on chauffera avec précaution le cover en le passant, à plu¬ sieurs reprises, au-dessus de la lampe à alcool et, lorsque le vernis sera suffisam¬ ment ramolli, on n’aura qu’à appuyer avec l’aiguille pour que le cover devienne complètement adhérent. Après quoi, on donnera une nouvelle couche de vernis à la gomme laque dissoute dans l’alcool, afin de pouvoir user d’objectifs à immersion homogène. Les préparations au baume sont tout aussi faciles et plus solides. Pour cela, on préparera à l’avance un certain nombre de porte-objets en mettant au centre une goutte de baume du Canada et en les chauffant afin d'évaporer l’essence ; pendant le refroidissement, on enlèvera les bulles d’air s’il y en a. Les diatomées ayant été chauffées comme précédemment sur le cover, avant que celui-ci ne soit complète¬ ment froid, on y déposera une goutte d’essence de térébenthine. Lorsque cette goutte sera presque évaporée, on prendra le cover avec les pinces et on le mettra la face humectée en contact avec la goutte de baume parfaitement sèche. Chauffant alors le porte-objet, on verra le baume se ramollir et la mamelle adhérer sans bulles d’air au baume. Il sera inutile de chauffer plus longtemps, et la préparation sèche et refroidie, on n’aura qu’à gratter l’excédent de baume autour du cover, et à laver à l’alcool. ( A suivre.) J. Rataboul. LE VIRUS DE LA RAGE ATTÉNUÉ. Communication à l’Académie des Sciences le 22 mai 1884 , par M. Pasteur , en son nom personnel et au nom de ses collaborateurs, MM. Roux et Chamberland. « Le grand fait de la virulence variable de certains virus et la préservation d’une virulence par une autre de moindre intensité est aujourd’hui non seulement acquis à la science , mais encore entré dans le domaine de la pratique. Dans une telle direc • tion d’études, on comprend tout l'intérêt qu'offre la recherche de méthodes d’atté¬ nuation appropriées à de nouveaux virus. 346 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. » J’ai l’honneur d’apporter aujourd’hui , à l’Académie , un progrès dans ce sens , relatif à la rage. » I. Si l’on passe du chien au singe, et, ultérieurement , de singe à singe , la viru¬ lence du virus rabique s’affaiblit à chaque passage. Lorsque la virulence a été diminuée par ces passages de singe à singe , si le virus est ensuite reporté sur le chien, sur le lapin, sur le cobaye, il reste atténué. En d’autres termes, la virulence ne revient pas de prime-saut, à la virulence du chien à rage des rues. L’atténuation, dans ces conditions , peut être amenée facilement par un petit nombre de passages de singe à singe, jusqu’au point de ne jamais donner la rage au chien par des inocu¬ lations hypodermiques. L’inoculation par la trépanation , méthode si infaillible pour la communication de la rage , peut même ne produire aucun résultat , en créant néanmoins, pour l’animal, un état réfractaire à la rage. » IL La virulence du virus rabique s’exalte quand on passe de lapin à lapin , de cobaye à cobaye. Lorsque la virulence est exaltée et fixée au maximum sur le lapin, elle passe exaltée sur le chien, et elle s’y montre beaucoup plus intense que la viru¬ lence du virus rabique du chien à rage des rues. Cette virulence est telle, dans ces conditions , que le virus qui la possède , inoculé dans le système sanguin du chien , lui donne constamment une rage mortelle. » III. Quoique la virulence rabique s’exalte dans son passage de lapin à lapin ou de cobaye à cobaye, il faut plusieurs passages par le corps de ces animaux pour qu’elle récupère son état de virulence maximum, quand elle a été diminuée d’abord chez le singe. De même la virulence du chien à rage des rues qui, comme je viens de le dire, n’est pas de virulence maximum, à beaucoup près, exige, quand elle est portée sur le lapin , plusieurs passages par des individus de cette espèce, .avant d’atteindre son maximum. Une ; application raisonnée des résultats que je viens de faire connaître permet d’arriver aisément à rendre les chiens réfractaires à la rage. On comprend, en effet, que l’expérimentateur puisse avoir à sa disposition des virus rabiques atténués de diverses forces ; les uns, non mortels, préservant l’économie des effets de virus plus actifs et ceux-ci de virus murtels. » Prenons un exemple. On extrait le virus rabique d’un lapin mort par trépanation à la suite d’une durée d’incubation qui dépasse de plusieurs jours l’incubation la plus courte chez le lapin. Celle-ci est invariablement comprise entre sept et huit jours à la suite de l’inoculation , par trépanation, du virus le plus virulent. » Le virus du lapin, à^plus longue incubation , est inoculé , toujours par trépana¬ tion, à un second lapin , le virus de celui-ci à un troisième. A chaque fois, ces virus, qui deviennent de plus en plus forts , sont inoculés à un chien. Ce dernier se trouve être ensuite capable de supporter un virus mortel. Il devient entièrement réfractaire à la rage soit par inoculation intraveineuse, soit par trépanation , du virus de chien à rage des rues. » Par des inoculations de sang d'animaux rabiques , dans les conditions détermi¬ nées, je suis arrivé à simplifier beaucoup les opérations de la vaccination et à pro¬ curer au chien l’état réfractaire le plus décidé. Je ferai connaître bientôt à l’Académie l’ensemble des expériences sur ce point. » Il y aurait un intérêt considérable, présentement et jusqu’à l'époque éloignée de l’extinction de la rage par la vaccination, à pouvoir supprimer le développement de cette affection à la suite de morsures par des chiens enragés. Sur ce point , les premières tentatives que j’ai entreprises me donnent les plus grandes espérances de succès. Grâce à la durée d’incubation de la rage à la suite de morsures, j’ai tout lieu de croire que l’on peut sûrement déterminer l’état réfractaire des sujets avant que la maladie mortelle éclate à la suite de la morsure. » Les premières expériences sont très favorables à cette manière de voir, mais il JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 347 faut en multiplier les preuves à l’infini sur des espèces animales diverses avant que la thérapeutique humai) ie ait la hardiesse de tenter sur l’homme cette prophylaxie. » L’Académie comprendra que, malgré la confiance que m’inspirent mes nom¬ breuses expériences poursuivies depuis quatre années , ce n’est pas sans quelque appréhension que je publie aujourd’hui des faits qui ne tendent à rien moins qu’à une prophylaxie possible de la rage. » Si j’avais eu à ma disposition des moyens matériels suffisants , j’aurais été heureux de ne faire cette communication qu’après avoir sollicité de l’obligeance de quelques-uns de mes confrères de cette Académie et de l’Académie de médecine, le contrôle des conclusions que je viens de faire connaître. » C’est pour obéir à ces scrupules et à ces mobiles que j’ai pris la liberté d’écrire, ces jours derniers, à M. Fallières , Ministre de l’Instruction publique, en le priant de vouloir bien nommer une Commission à laquelle je soumettrais mes chiens réfrac¬ taires à la rage. » L’expérience maîtresse que je tenterais, en premier lieu , consisterait à extraire de mes chenils vingt chieas réfractaires à la rage qu’on placerait en comparaison avec vingt chiens devant servir de témoins. On ferait mordre par des chiens enragés successivement ces quarante chiens. Si les faits que j’ai annoncés sont exacts, les vingt chiens considérés par moi comme réfractaires résisteront tous, pendant que les témoins prendront la rage. » Une seconde expérience non moins décisive aurait pour objet quarante chiens, dont vingt vaccinés devant la Commission et vingt non vaccinés. Les quarante chiens seront ensuite trépanés par le virus de chien à rage des rues . Les vingt chiens vaccinés résisteront ; les vingt autres mourront tous de la rage , soit paralytique , soit furieuse. » SUR UN PÉRIDINIEN PARASITE. « Les Péridiniens sont certainement une des formes vivantes sur l’évolution et la reproduction desquelles règne le plus d’obscurité. Nous avons nous-même fait connaître à l’Académie (30 octobre 1882) (2) un fait nouveau, l’existence de chaînes de Ceratium , qui, loin d’éclairer l’histoire de ces êtres, semble y apporter une com¬ plication nouvelle. Le fait que nous signalons aujourd’hui sur un être du même groupe (groupe cependant très homogène) demeure une fois de plus sans lien avec ceux que nous avons antérieurement fait connaître ou ceux que signalent les auteurs qui se sont occupés de. ces êtres (Stein, Bergh, IÂlebs). Il existe, sur les Appendiculaires qu’on pêche en abondance dans la baie de Con¬ carneau, un parasite que j’ai rencontré, soit au mois de septembre (1883), soit au mois de mars (1884). Ce parasite est un être unicellulaire. Les plus petits individus que l’on découvre sont longs de 30 [-*■ environ, adhérents par une extrémité en pointe à leur hôte, arrondis par l’autre extrémité. Ils grandissent et atteignent, en un temps que je ne puis déterminer, des dimensions considérables relativement à l’Appendiculaire qui les entraîne dans ses mouvements violents. Ils mesurent 170 à 180 p. avec un noyau grand en proportion ; ils sont brun foncé et présentent l’appa¬ rence de « poires » un peu aplaties fixées par une « queue » ou pédicule ; ils sont enveloppés d’une mince cuticule qu’ils conservent lorsqu’ils se détachent, tandis (1) C. R. de l'Âc. des Sc. — 26 mai 1884. (2) Voir Journal de Micrographie , T. VI , 1882, p. 631. 348 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qu’ils abandonnent leur pédicule. On trouve alors ces corps flottants en grande abondance à la surface de la mer. On y voit en même temps d’autres corps de même dimension, moins bruns, régulièrement ovoïdes, également enveloppés d’une cuticule, également unicellulaires, appelés à subir la même évolution ultérieure, et qui sont sans doute les mêmes êtres détachés prématurément de l’hôte et qui ont grandi en liberté. Quoi qu'il en soit, ces corps flottants de l’une et l’autre sorte commencent une évolution générique de tous points comparable à la segmentation d’un vitellus fé¬ condé, avec cette ditférence que les produits de la segmentation demeurent toujours indépendants. Il se forme deux, puis quatre sphères libres, puis huit, puis seize et ainsi de suite. Comme dans un vitellus, les sphères toujours uninuclées, deviennent de plus en plus petites, et en même temps moins brunes, plus transparentes ; elles flottent indépendantes, et abandonnent, à mesure qu’elles se segmentent, de très minces cuticules. Enfin, quand les dernières sphères, ainsi formées par scissiparité successive, ne mesurent plus que 10 p. à 13 p-, on les voit s’animer : elles ont pris, en effet, un long flagellum et une couronne ciliaire. Ce sont des Péridiniens types, extrêmement petits, les voisins ou les analogues de ceux qu’Ehrenberg avait rangés sous le nom spécifique de Pulvisculus, Gymnodinium pulvisculus de Berg. En comparant les dimensions de ces petits Péridiniens au corps parasite d’oü ils dérivent, on voit que le volume de ceux-ci représente environ 1 200 du volume de celui-là. Tout ce processus évolutif, auquel on pourrait donner le nom de segmentation libre ou indépendante , exige environ vingt-quatre heures et il est aisé d’en suivre les phases. Nous avons été moins heureux en essayant d’observer ce que deviennent ces Gymnodinium . Ce n’est pas certainement sous cette forme qu’ils se fixent sur la queue des Appendiculaires. Qu’il me soit permis , en terminant , de faire remarquer combien , même pour l’étude d’êtres aussi petits, le concours de la Marine de l’État devient précieux. C’est en nous permettant de réaliser pendant deux saisons une surveillance presque quotidienne de la faune pélasgique de la côte de France, que ce concours, dont nous sommes reconnaissants à M. le Ministre de la Marine, nous a permis , à deux reprises , de signaler des faits aussi nouveaux qu’inattendus dans cette histoire encore si obscure des Péridiniens. G. POUCHET. SUR LE MICRO-ORGANISME D’UNE SEPTICÉMIE OBSERVÉE CHEZ L’HOMME ET LE MOUTON (U. Au mois de mars 1883, un médecin des environs m’envoya à examiner du sang provenant d’un homme atteint d’accidents à forme charbonneuse. Cet homme , charron dans son vil¬ lage , s’était blessé à la main en arrangeant la voiture d’un boucher. Quelques heures plus tard , la main enflait , puis le bras , et la fièvre survenait. Le médecin avait songé au char¬ bon , pensant que le boucher avait pu transporter soit des animaux , soit des peaux conta¬ minées. Le sang que l’on m’envoyait était dans de bonnes conditions de conservation. Je l’exami¬ nai à l’état frais, puis dans des préparations colorées par la fuchsine et montées dans le baume. Dans les deux cas , j’y constatai, à côté de globules sanguins intacts , une énorme (1) Soc. de Biologie. — 17 mai 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 349 quantité d’organismes en huit de chiffre ou diplocoques. On n’avait donc pas affaire à une affection charbonneuse, mais plutôt à une forme particulière de septicémie. Le micro-organisme est extrêmement diaphane comme tous ceux que l’on rencontre dans ce groupe d’affections. Je n’ai été sûr de sa présence qu’après la coloration. Quelques jours plus tard , le même médecin me prévenait que le charron était mort en présentant tous les symptômes décrits dans les cas de septicémie. Il m’envoyait en même temps du sang provenant d’une femme âgée de cinquante ans. Cette personne , parente du charron , avait lavé le linge de celui-ci , en ayant à la main une légère égratignure. Elle fut prise de frissons , la main et le bras enflèrent et en peu d’heures elle offrait tous les symptômes qu’avait présentés son parent. J’examinai ce sang. Il contenait les mêmes micro-organismes en huit de chiffre. J'avertis le médecin en me permettant de lui suggérer l’idée d’employer énergiquement tous les moyens possibles d’oxydation , tels que l’eau oxygénée , l’eau de Rahel , etc. Le médecin employa de l’eau oxygénée en injections sous-cutanées, des parties de peau et de tissu cellu¬ laire se gangrenèrent , s’éliminèrent sous forme d’eschares, et la malade guérit. Ces deux faits me paraissent d’autant plus intéressants qu’au mois de novembre 1882, c’est-à-dire quelques mois auparavant, j’avais eu l’occasion d’examiner du sang provenant de moutons malades, sang que m’apportait le vétérinaire du pays , M. Henne d’Athies. Les moutons appartenaient à un cultivateur des environs qui en avait perdu plusieurs en quelques jours , et de nouveaux accidents étaient à craindre. Les moutons en parfaite santé, en appa¬ rence, tombaient brusquement malades , et au bout d’une journée ou deux ils mouraient. Le vétérinaire croyait aussi avoir affaire à des cas de charbon , cependant il avait été surpris de trouver de nombreuses hémorrhagies dans le foie et la cavité péritonéale. Quelques-ufts avaient des douves dans le foie. Or, j’avais également trouvé dans le sang de ces moutons des organismes en huit ; puis , ayant fait durcir le foie , j’y avais constaté des hémorrhagies , une hépatite interstitielle , généralisée , et les mêmes micro-organismes en huit , disséminés en grand nombre et de tous côtés. Il existerait donc une forme de septicémie caractérisée par des micro-organismes en huit de chiffre ou diplocoques ; on pourrait constater ceux-ci dans le sang avant la mort , ils se¬ raient capables d’occasionner des désordres inflammatoires considérables , leur développe¬ ment serait arrêté par les oxydants : l’eau oxygénée employée par le médecin , l’eau de Rabel par le vétérinaire. Enfin ces faits viennent prouver une fois de plus qu’il faut apporter la plus grande surveillance dans le trafic des animaux de boucherie. Ch. Degagny, Cultivateur à Beauvois (Aisne). COLORATION DES SPORES DANS LES BACILLES DE LA TUBERCULOSE. Parmi les innombrables méthodes imaginées pour colorer les bacilles de la tuber¬ culose, j’espère qu’il y aura encore place pour la mienne, instituée qu’elle est pour colorer à volonté les bacilles eux-mêmes ou seulement les spores. On sait l’objection qui a été faite à la découverte de Koch, c’est-à-dire que les prétendus bacilles ne sont que des cristaux, bien que la réfutation en soit facile et prompte au moyen de la culture. Moi, qui n’ai pas eu l’occasion de faire des cultures, j’ai cherché à arriver au même résultat en colorant les spores. Et il me semble que j’ai réussi à confirmer ce qu’ont 4 350 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. écrit les savants Drs Celli et Guarneria, de Rome, dans leur mémoire présenté à l’Académie R. des Lyncées : Sur certaines formes cristallines qui pourraient simuler le bacille du tubercule. Voici donc ma méthode : 1 . — Carmin pulvérisé . gr. 0,5 Ammoniaque forte . cc. 1. Eau distillée . » 30. La préparation est facile : je verse le carmin dans une capsule de porcelaine, j'en fais une bouillie avec quelques gouttes d’eau ; je dissous avec l’ammoniaque et je complète l’adjonction des 30 cc. d’eau. J’abandonne le liquide, intensément coloré, tel quel dans la capsule, à l’air, en le garantissant de la poussière, jusqu’à ce que toute trace d'ammoniaque soit disparue. Ceci est essentiel et se produit, à une température ambiante de -h 15°, en quatre ou cinq jours. Je décante le liquide clair et jette le dépôt. 2. — Alcool du commerce . ce. 100. Acide chlorhydrique pur . gouttes 20. ( équivalant environ à 1 gramme en poids ). 3. — Solution concentrée d’acide picrique dans l’eau distillée, que l’on obtient en laissant des cristaux d’acide en excès au fond du flacon. 4. — Liquide N° 2 . cc. 15. » 3 . » 15. Dans ce mélange je verse goutte à goutte, en agitant, la solution de carmin n° 1, (et non le mélange alcoolique-acide dans le carmin parce qu’il se formerait un précipité de carmin). Ordinairement, il ne se forme pas ainsi de dépôt; s’il s’en forme, je décante. J’ajoute un petit cristal de thymol pour empêcher les moisis¬ sures et je conserve dans un flacon bouché. Ce liquide est toujours bon. Je l’appel¬ lerai solution n° 5. 6. — Violet de Méthyle . 0 gr. 7. Alcool absolu . cc . 10. Huile d’ Aniline . » 4. Après dissolution complète de la matière colorante : Eau distillée . » 15. Le violet de Méthyle donne par cette méthode de meilleurs résultats que le violet de Gentiane. Il est pourtant nécessaire d’avoir un bon violet de Méthyle; c’est une chose assez difficile, la plus grande partie des couleurs violettes du commerce ne répond pas aux besoins des microscopistes. Voici maintenant la manière d’opérer. J’étale sur la lamelle porte-objet le crachat en couche uniforme mais pas trop mince. Je le sèche à l’air et le chauffe légèrement, ou pas du tout parce qu’une chaleur trop forte rend les bacilles difficiles à colorer. Une caléfaction exagérée est peut être la cause de beaucoup d’insuccès ainsi que de l’éton¬ nement et du doute qu’ont soulevés mes préparations qui sont toujours très riches en bacilles. Je place donc la lamelle dans un verre de montre avec la couche de préparation en haut et je verse dessus, avec le compte goutte ordinaire à caoutchouc, la couleur d’aniline (N° 6) et laissant agir, après avoir couvert pour empêcher l’évaporation, une demi-heure ou une heure au plus, à la température de -+- 15°. Je trouve que cette méthode est préférable à celle qu’on suit d-’ordinaire, en faisant flotter la lamelle avec la préparation sur le liquide colorant parce que l’huile JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 351 d’aniline qui n’est jamais parfaitement dissoute, forme à la surface une couche grasse qui empêche la coloration d’être parfaite et intense. Je lave la lamelle dans beaucoup d’eau ordinaire, dans un vase plat, jusqu’à ce que l’excès de couleur soit entièrement dissous, puis je la plonge telle qu’elle est dans l’alcool acide (N° 2) jusqu’à ce que la préparation soit éclaircie. Je lave encore en renouvelant le liquide et pendant qu'il est encore humide je verse dessus quelques gouttes de la solution carminée n° 5; je laisse agir pendant cinq minutes. 11 faut remarquer que la préparation lavée dans l’alcool acide, comme il est dit ci-dessus, ne paraît parfaitement colorée que si on la place sur une surface blanche. Dans ces conditions la préparation est parfaite. J’enlève l’excès de carmin en faisant égoutter la lamelle, je lave de nouveau dans le même alcool acide n° 2 jusqu’à ce qu’il ne se dissolve plus de couleur et je plonge la lamelle dans l’eau distillée, que je renouvelle deux fois, pendant 8 ou 10 minutes. Je laisse sécher et je monte la préparation dans le baume pur, c’est-à-dire privé de chloroforme ou d’autre dissolvant, en chauffant une goutte épaisse sur le porte- objet. En examinant la préparation au microscope on y voit de nombreuses spores teintes en bleu azur renfermées dans l’enveloppe, transparente mais visible quand on observe avec soin, du bacille, sur un fond rose. Si je veux obtenir la coloration du bacille tout entier au lieu des spores seules, je lave la préparation, après l’action du carmin, dans l’eau distillée, sans la passer dans l’alcool acide. Si après l’avoir passée dans l’alcool acide, j’enlève l’excès de carmin, je sèche et monte au baume sans laver la préparation dans l’eau, les spores et les bacilles se voient difficilement. En. effet, l’acide chlorhydrique et aussi l’acide picrique, qui pénètrent les bacilles, les décolorent. Au contact de l’eau seule, les spores, moins perméables, reprennent la coloration ; il est connu que l’acide chlorhydrique et aussi, comme je l’ai reconnu, l’acide picrique dissimulent le violet de Méthyle qui reprend une couleur azurée sous l’action de l’eau. Déjà, dans une note qui a reçu une gracieuse hospitalité, en 1882, dans Lo Speri- mentale, j’ai signalé avec le Dr Pinolini, que ce qu’on affirme relativement à la résistance absolue des bacilles de la tuberculose à l’action des acides n’est pas exact. Il semble que les résultats ci-dessus apportent de nouvelles preuves pour confirmer ce jugement (1). A. F. Negri. BIBLIOGRAPHIE. i Le Conseiller Scientifique , Journal de l’Amateur des Sciences, etc. Chez A. Chevalier, rue de Brest, à Morlaix (Finistère). Nous nous sommes fait un devoir de soutenir, autant que nous le pouvons, toutes les tentatives qui se font autour de nous pour populariser la Science et venir en aide à ceux qui s’y livrent. C’est pourquoi nous ne marchanderons pas nos encouragements (1) Lo Sperimentale. V* 352 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. à un nouveau journal qui vient de se créer à Morlaix (Finistère), sous le titre de : Le Conseiller Scientifique. « Il s’est donné pour mission, dit-il, de favoriser et de divul¬ guer les travaux scientifiques de toutes natures, d’encourager les tentatives des dé¬ butants que l’éloignement des grands centres d’étude laisse livrés à leurs seules forces, et de devenir ainsi l’intermédiaire de tous. » Nous applaudissons à cette tentative de décentralisation et lui souhaitons bon suc¬ cès ; cependant , nous lui reprochons de paraître à « intervalles variables ». Les abonnés aiment les publications qui paraissent à des époques à peu près fixes. M. P. Parize, directeur de la Station Agronomique de Morlaix, est chargé de diriger la rédaction. II. GUIDE PRATIQUE DE BOTANIQUE RURALE, par G. Camus. 1 v. 8°, avec 52 pl. — 1884 (1). Ce n’est pas un traité de botanique qu'a voulu publier M. G. Camus; mais un véri¬ table guide des herborisations pour le bassin de Paris, telles que les faisaient jadis Richard, A. de Jussieu, telles que les font maintenant MM. Chatin, Bureau, etc. C’est donc un livre que l’on doit particulièrement recommander aux étudiants et aux botanistes herborisateurs. Une première partie indique les espèces que l’on peut avoir l’espoir de rencontrer fleuries dans chaque mois de l’année sous le climat parisien, c’est-à-dire dans un rayon moyen d’environ 30 lieues autour de Paris. C’est quelque chose comme ce qu’on appelait autrefois le Calendrier de Flore , mais fait d’une manière exacte, complète et scientifique. La seconde partie comprend le Guide des herborisations proprement dit. Elle analyse plus de quatre-vingt herborisations , la plupart classiques, mais dont quelques-unes sont relativement nouvelles, telle que celle de lTsle-Adam qui est due à M. Chatin. On trouve dans le Guide l’itinéraire de chaque herborisation, la liste par familles des plantes que l’on peut y récolter avec l’indication des localités et le nom des botanistes qui ont désigné ces localités. C’est avec un vif plaisir que j’ai parcouru, dans le livre de M. G. Camus, toutes ces campagnes que je traversais jadis, d’abord à la suite de Richard, puis avec Adrien de Jussieu, cet homme charmant qui était si laid et que nous aimions tant. Avec son grand corps maigre, sa tête longue enfouie dans les épaules, son crâne chauve, son nez immense, son habit noir, on aurait juré voir la Cigogne ou Marabout du Sénégal. Les jours d’herborisations, il quittait l'habit , arborait le chapeau de paille et s’en allait, allongeant ses grandes jambes, flanqué du brun Weddel et du grand Schœn- feld ; puis, derrière, venaient le père Lenormant , un collègue de l’Institut, accom¬ pagnant son fils François, l’enfant terrible. Et l’on entendait à chaque instant : « Françoês ! » par ci, « Françoês ! » par là. C’était le père Lenormand qui rappelait son fils, car il ôtait très diable, François, dans ce temps là. — Hélas ! il est mort aussi, professeur d’Archéologie comme son père, et comme son père membre -de l’Institut. Et tout autour, c’était nous tous : Roze, Gouas, moi, le « Monsieur qui a mal aux dents » (nous ne l’avons jamais connu et désigné que sous ce surnom) et tant d’autres dont beaucoup sont déjà disparus . (1) J. Lechevalier, éditeur. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 353 Mais revenons au livre de M. G. Camus. L’auteur suppose évidemment que ses lecteurs ne sont pas tout à fait des ignorants en botanique ; néanmoins, il sait, en homme pratique, que la plupart sont fort embarrassés pour déterminer les espèces et même les genres dans certaines familles qui sont plus particulièrement difficiles, d’abord parce qu'elles sont les plus nombreuses, ensuite parce que les organes, en général fort petits, y sont malaisés a voir et à définir. Telles sont, en particulier, les Ombellifères, les Crucifères, les Composées, les Graminées, les Cypéracées, etc. C’est précisément de ces familles queM. G. Camus a exposé la classification, dans la troisième partie de son livre, à l’aide de tableaux dichotomiques et de nombreuses planches qui, mieux que toutes les explications, mQntrent les caractères sur lesquels cette classification difficile est établie. Je me rappelle qu’autrefois, quand j’herborisais, (et j’étais un des bons élèves d’Adrien de Jussieu), j’ai toujours remis à un temps moins occupé la rude besogne d’apprendre par le menu la détermination des genres et des espèces des Ombellifères et des Graminées. Si j’avais eu, dans ce temps là, le Guide de M.* G. Camus, je n’au¬ rais certes pas attendu si longtemps, et je n’aurais pas eu tant de mal. Je ne puis donctrop recommander cet ouvrage aux étudiants. J’ajoute que c’est un livre qu’on peut mettre dans sa poche ou fourrer dans sa boîte, qui contient tout un cahier de papier blanc pour prendre des notes, qui n’est ni lourd, ni encombrant et mérite de devenir, non seulement le guide , mais le camarade de tous les botanistes herborisants. Dr J. Pelletan. III LES CHAMPIGNONS Par le Dr Gautier. On a très injustement reproché jadis au beau livre du Dr Cordier , les Champignons de la France, édités avec luxe par la maison Rothschild, de sacrifier la science au profit de l’art. Ce reproche ne sera jamais adressé au livre qui semble aujourd’hui destiné à lui succéder. L’ouvrage édité par la maison Baillière est à la fois la négation de la science et de l’art; son enveloppe seule, sortie de l’atelier d’Engel . attestera le bon goût de l’éditeur qui n’en peut mais ! et restera sa part de mérite incontesté. L’auteur a calqué son volume sur celui de Cordier principalement et il le produit lorsqu’il pense que le succès des éditions succes¬ sives de ce dernier ouvrage s’est éteint. La copie laisse bien loin derrière elle le modèle ! Elle ne plaidera certes pas la décentralisation scientifique ni la décentralisation artistique, car les planches pour avoir été peintes à Haarlem, au pays des tulipes éclatantes , n'en sont pas moins déplorables, bien que crayonnés à Mamers (Sarthe).Au point de vue delà science actuelle, le livre est incomplet et incorrect. 11 paraît être écrit depuis une trentaine d’années, car il ne mentionne aucun des grands travaux des spécialistes du jour (J. Bresadola ) ses Hyméniés ; Cooke , ses belles Illustrations des Hyménomycètes , son Micrographie , etc. ; E . Fries, ses remarquables Icônes et son dernier et si important ouvrage, les Hyménomy¬ cètes d'Europe, Lucand, Suites à Bulliard , Dv Léon Marchand , son importante étude des Ferments et sa Botanique cryptogamique ; Dr L. Planchon, sa belle thèse sur les Champi¬ gnons comestibles et vénéneux ; Patouillard , ses Analytica fungorum , rappelant un ou¬ vrage bien important et également omis, celui d 'Hoffmann ; Roumeguère , son Histoire des Champignons , couronné par l’Institut, Saccardo , le Sylloge , etc , etc.). En revanche, M. Gautier nous parle du nomenclateur de Streinz, de la Cryptogamie de Payer, des livres surannés de Jolyclerc, de Celsius, de Bonato, etc. Quant à la nomenclature et à la classifi¬ cation, il y met un peu du sien , car il faut bien accorder ses prédécesseurs discordants, et 354 JOURNAL DE MICROGRAPHIE il propose des Intrahyméniés , des Extrahyméniés , des Circumhyméniés , des Superhy- méniés , des Subhyméniês , peut-être aussi des non hymênics ! M. Gautier raconte comment il a eu l’idée de s’occuper des champignons : Un paysan de son pays le questionna au moment où il venait de quitter l'école de médecine, sur un grand Agaric prétendu comestible « dont il ignorait le nom, même le genre et l’espèce ", et pru¬ demment, pour ne pas compromettre l’autorité de la robe du docteur , il engagea son inter¬ locuteur à s’abstenir de faire usage du champignon inconnu. Le malin paysan répondit qu’il en savait plus que le docteur, car il consommait depuis vingt ans ce champignon, Y Agaric élevé ! ^ La leçon donnée par ce paysan ne fut pas perdue pour moi, dit M. Gautier, de là ce livre. Je désire qu’elle soit comprise de tous les médecins qui liront ce passage. » Un long chapitre est consacré à l 'apprêt culinaire . Les cordons bleus et les modestes ménagères auront là un guide sûr , renouvelé des Apicius de toutes les époques ; mais où l’auteur est moins heureux, c’est lorsqu’il s'oublie à raconter en style réaliste de Zola , les vertus aphrodisiaques des truffes appuyées des citations de Briilat-Savarin. La confession de Madame X est. . . charmante ! Ici plus d’un lecteur sera arrêté s’il se rappelle que l’auteur destine un peu son livre à l’enseignement dans les Ecoles normales primaires, voire même à celui des Séminaires, etc. M. Gautier donne des conseils. Il veut que l’on crée « dans toutes les communes de France un contrôleur officiel « des champignons bons et mauvais. Il dit : Rien n’est plus facile . l’instituteur établi dans les moindres communes est tout désigné pour remplir cet office ; à son défaut, le curé de la paroisse éclairera les amateurs de ces plantes. . . « Parfait ! il appartenait à un spécialiste de résoudre si facilement le problème , d’inculquer la science du discernement mycologique et il le fait , comme on vient de le voir , après avoir énuméré un tableau attristant de quantités d’empoisonnements occasionnés par l’ignorance. G’èst la lanterne de Diogène, moins la clarté! Plus loin, il veut qu’on instruise les futurs médecins : « Il suffirait , dit-il , d’adopter les mesures suivantes : L’étude de la mycologie , négligée jusqu'ici dans les écoles de médecine et de pharmacie , sera désormais considérée comme obligatoire. ... " L’auteur imprime ce desideratum en 1884, et , sans s’en dout r , il nous montre qu’il a quitté l’Ecole de médecine depuis bien des années. . . . Rassurez-vous , cher docteur, la mycologie est enseignée, mais si quelque chose manque encore de par le monde des publicistes, ce sont les mycologues, vous l’affirmez malgré vous. Dr Bellot. (Extrait de la f'evuc Bibliographique , avril 1884.) Le gérant : E. PROUT. NOUVELLE LIBRAIRIE MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE ANCIENNE ET MODERNE De JACQUES UECSIE VAEIE11 , *3, St UE RACINE, a Paris CAMUS (G) Pharmacieu de lrC classe et membre de la Société botanique de France GUIDE PRATIQUE DE BOTANIQUE RURALE A l’usage des Botanistes , des Etudiants en pharmacie , en médecine , des Elèves des Facultés des sciences et des Gens du monde. i _ PREMIERE PARTIE : Herborisations de la flore des environs de Paris pré¬ cédées d’un Calendrier donnant l’époque favorable de la récolte des espèces , etc., etc. DEUXIEME PARTIE : Etudes des grandes familles de Phanérogames, Renon- CULACÉES , OmBELLIFÈRES , COMPOSÉES , CYPÉRACÉES , GRAMINÉES. Un volume in-8 de 180 pages , avec 52 planches , contenant 600 figures , cartonné à l’anglaise , Prix . 10 fr. N. -B. — L’auteur, depuis plusieurs années, a parcouru toutes les localités citées dans son ouvrage ; il s’est assuré de visu de la présence des plantes qui y sont décrites , en outre toutes les planches ont été dessinées par lui d’après nature , pas une seule n’a été copiée. Huitième année. N° 7 Juillet 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE *. Revue, par le Dr J. PELLETAN. — Les organismes unicellulaires ; les Protozoaires (fin), leçons faites au Collège de France, par le professeur G. Balbiani. — Bacterioïdomonas sporifera , par M. J. Kunstler. — Les Sarcoptides plumicoles (suite), description d’espèces nouvelles, par MM. MÉGNIN e /E.-L Troeessart. — lies Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification (suite), par M. N. Patouillard. — Idées nouvelles sur la Fermentation (suite) ; le Pénicillium- fer ment dans les eaux distil¬ lées pharmaceutiques, par M. E. COCARDAS. — Le Bacille du Choléra, par MM. A. Taxis et J. Chareyre. — Notes médicales : Les eaux de Pougues et le choléra, par le Dr J. Pelletan. — Correspondance ; lettre de M. E. Cocardas. — Bibliographie : Flore de Paris , par M. J.-L. de Lanessan; — La Biologie cellulaire , par M, le Chanoine J.- B. Carnoy. — Avis divers. - - REVUE. De quoi parlerions-nous, hélas ! si ce n’est du choléra, car il y a bien des choses à dire sur ce sujet. Ainsi, le 14 juin dernier, le choléra se déclare à Toulon; le gouver¬ nement envoie une commission de médecins officiels à l’effet de savoir si le fléau qui s’étend , qui , chaque jour, fait de plus nombreuses vic¬ times , qui gagne Marseille , est un choléra sporadique ou le choléra asiatique. Et devant cette invasion croissante , dans un port de mer en rap¬ port continuel, grâce à l’inepte aventure tonkinoise , avec le berceau de la peste cholérique , il se trouve des médecins assez. .. officiels , assez esclaves des « nécessités de situation », pour oser affirmer à l’Europe entière, quittes à passer pour des menteurs ou des imbéciles, que l’épidémie qui sévit est une « épidémie sporadique. » Quelle belle langue , et riche, que cette langue française ! « obéir à 360 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. des nécessités de situation » quelle jolie périphrase, et bien trouvée , pour dire : mentir par ordre. Cependant, une chose à laquelle tout le monde s’attendait, c’était de voir M. Pasteur, l’homme providentiel sur lequel se tournaient immé¬ diatement tous les yeux et toutes les espérances, partir immédiate¬ ment pour Toulon, lui qui n'avait pas pu aller à Alexandrie, et porter aux populations effrayées le grand encouragement de sa présence au milieu d’elles, les conseils de sa science et de son expérience. — On pensait que « le Maître » aurait à cœur de lutter de toutes ses forces contre l’épidémie et de venger la mort de son élève Thuillier. ... Mais M. Pasteur n’est pas parti ! Et pourtant la commission officielle, .avec toutes sortes de circonlo¬ cutions et d’atténuations, avait été forcée d’avouer que ce choléra dé¬ claré sporadique par elle pourrait bien être le choléra asiatique. Un seul des commissaires, le « savant pour qui l’étiologie du choléra n’a plus de mystères, » continuait et continue encore à soutenir que Tou¬ lon, Marseille et la zone environnante n’ont affaire qu’à un choléra sporadique. Tout le monde était d’accord sur l'opinion contraire, M. Fauvelseul, puisqu’il faut l’appeler par son nom, s’entêtait et s’entête toujours dans son idée. Faut-il être assez savant, faut-il être assez officiel pour se crampon¬ ner avec un tel acharnement à une erreur. Car, on le sait, un savant, surtout s’il a une très haute cravate blanche, beaucoup de décorations et de chamarrures, une « grande situation », ne reconnaît jamais qu’il a pu se tromper. Il faudrait pour cela qu'il fût un homme très fort, — et cela ne s’est jamais vu. Si fait, pourtant : nous l’avons vu une fois. C’était en pleine séance de l'Académie des Sciences ; le grand Arago, secrétaire perpétuel, rendait compte, avec cette merveilleuse lucidité qu’avait l’illustre aveugle, d’une communication comprise dans la correspondance et en soutenait les conclusions. Alors, un homme grand, à la chevelure fauve, au teint blafard, aux yeux glauques, à la lèvre insolente, à la voix pointue, à l’aspect har¬ gneux, — un académicien, se leva : — « Vous avez dit le contraire en 1836, Monsieur le secrétaire per¬ pétuel, » cria-t-il. Et Arago tournant sa belle tête blanche du côté de la voix : — « Vous avez raison, Monsieur Leverrier, dit-il, et je vous remer¬ cie de me fournir l’occasion de le reconnaître : j’ai dit le contraire jadis, — mais je me suis trompé. » Mais Arago était Arago, et M. Fauvel n’est que M. Fauvel. Ce n’est pas assez. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 361 M. Fauvel maintenant que le choléra de Toulon est sporadique, tous les autres commissaires, tous les médecins le déclarèrent enfin épidé¬ mique. Mais, ajoutèrent les envoyés officiels, l’épidémie est très bé¬ nigne et ne se développera pas. Mais M. Pasteur n’est pas parti. Cependant, le public commençait à trouver singulier que cet homme, pour qui les Gouvernements et les Assemblées n’ont pas assez de déco¬ rations, de dotations et de pensions, les Académies et les savants pas assez de dithyrambes et d’encensements : que cet homme, pour qui les microbes et les virus atténués n’ont plus de secrets, n’ait pas saisi avec empressement l’occasion que lai offrait l’épidémie de Toulon pour aller étudier sur les lieux le microbe du choléra et, peut-être, étonner le monde par une autre de ces « belles découvertes » qui doivent faire un jour le salut de l’humanité, mais, en attendant, font la fortune de l’inventeur. Les journaux commençaient à en parler; quelques-uns, même, dont c’est la mission de faire rire les populations, avaient trouvé des caricatures drôles et des mots irrévérencieux à l’endroit du grand pensionnaire de la République française. Et les feuilles sérieuses les reproduisaient. Ainsi faisait « la France » ( 1er juillet) : Jena Ralph , du Charivari , n’est pas tendre pour M. Pasteur : Je ne demande pas mieux que d’être du troupeau de M. Pasteur. Je suis prêt à joindre ma voix aux vivats. Cependant je ne saurais m’empêcher de faire une petite remarque. M. Pasteur déclare avoir trouvé le remède contre la rage. On lui amène un enragé. Il refuse de le traiter, en avouant qu’il n’est pas encore assez sûr de son fait. Et d’un ! Le même savant, l’année dernière, menait grand tapage de ses découvertes sur le microbe du choléra , donnant des formules , ayant l’air de régenter la maladie et regrettant que l’Égypte fût si loin , sans quoi il se serait précipité sur ce champ d’observations. Le choléra éclate aujourd’hui à Toulon. C’est à portée. M. Pasteur fait absolument le mort. Il n’est plus question de lui, de ses doctrines ni de ses microbes, ni de ses inoculations, ni de ses prétentions. Et de deux ! Je confesse qu’au troisième coup je me permettrai de prendre cet illustre pensionné pour un mystificateur. Juste , peut-être , ajoute la France , mais, certainement bien sévère. Mais M. Pasteur n’est pas parti. Plus tard, les feuilles publiques annoncèrent que, malheureusement, les « prévisions des médecins ne s’étaient pas confirmées », que l’épi¬ démie prenait du développement. Le chiffre des morts approchait de 30 par jour dans Toulon dépeuplé, et de 100 à Marseille. Le professeur 362 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. R. Koch, arrivé dès les premiers jours de l’épidémie, visitait les hôpi¬ taux, établissait ses expériences et ses recherches, assistait aux séances des comités d’hygiène, répondait aux médecins, aux commissaires, aux maires, aux préfets, qui lui demandaient des conseils et à qui il les donnait, inspirant autour de lui la confiance et le courage. Et cet allemand est allé prendre dans nos villes françaises, dans les assemblées françaises, auprès des savants, des médecins, des ma¬ lades français, le poste que M. Pasteur désertait. Après Toulon, il s’en est venu à Marseille, puis à Lyon ; enfin , le voici rentré à Berlin. Mais M. Pasteur n’est pas parti. « Nous devons donc, nous Français, des remercîments à M. R. Koch pour être venu occuper au milieu de nous cette place vide et montrer aux foules effrayées le calme et la sérénité de la Science. Et c’est sin¬ cèrement que nous le remercions. Nous savons bien que ce n’est certainement pas par amour pour la France que le professeur de Berlin est venu à Toulon et à Marseille, mais tout simplement par intérêt scientifique. Quoi qu’il en soit, sa présence y a étéjutile et rassurante, car tout le monde savait que cet homme avait été lui-même en Egypte, ne trouvant pas que c’était trop loin, qu’il y avait rendu à Thuillier, mort pour la gloire de M. Pas¬ teur, un hommage des plus dignes et des plus émus ; on savait que, ne trouvant pas le choléra d’Egypte assez instructif, il avait demandé à aller dans l’Inde et y était allé pour y surprendre le fléau dans son foyer le plus redoutable ; et on le voyait , comblé par son pays d’honneurs mérités , venir encore s’exposer à mourir sur le sol français d’une épidémie française, alors qu’il pouvait rester comme un autre dans la sécurité de son laboratoire, et alors que c’était surtout le devoir d’un Français de venir courir au milieu de ses compatriotes ces glorieux dangers. C’est M. R. Koch qui est venu prêter son concours à nos médecins et à nos municipalités, c’est donc M. R. Koch qu’il faut remercier, puisque M. Pasteur n’est pas parti. Quelques jours avant la fête nationale du 14 Juillet, l’Académie de Médecine avait déclaré qu’il y avait lieu d’empêcher les rassemble¬ ments et les agglomérations de population , et cette déclaration faite trop tard, la fête maintenue, bien des gens s’attendaient à voir le cho¬ léra éclater dans Paris dès le 15 au matin. 11 n’en a rien été. On a dit que c’est pour fuir cette agglomération que les Ministres de l’intérieur, du commerce et des travaux publics ont choisi ce jour-là même pour quitter Paris et faire enfin à Toulon , puis à Marseille , cette visite forcée qui a paru si tardive et si courte qu’un journal du Midi écrivai JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 363 dernièrement : « nos Ministres se sont sauvés de Toulon, je veux dire ont quitté Toulon hier, etc. » Nous n’avons pas à insister sur cette visite officielle à propos de la¬ quelle a cependant été lancé un mot gai, trouvé encore par les jour¬ naux. Nous en avons lu plusieurs qui avaient inséré avec le plus grand sérieux du monde cette mauvaise plaisanterie : « on assure que M. Pasteur partira avec les membres du Gouvernement. » Mais M. Pasteur n’est pas parti. Eh bien ! nous sommes certain qu’il n’est pas en France un seul médecin, un seul étudiant qui eut hésité un instant si on lui avait pro¬ posé d’aller porter ses efforts et son dévouement aux cholériques de Marseille et de Toulon. Tous seraient partis. Et M. Pasteur, si le Gouvernement ne l’en¬ voyait pas au-devant de l’épidémie, est-ce que son devoir, son honneur ne lui ordonnaient pas d’y courir le premier ? Puisqu’on parle de né¬ cessités de situation, est-ce ce n’était pas une nécessité de la situation que M. Pasteur s’est faite d’aller à l’heure du péril prendre la direction des recherches et des mesures de salut? et, puisqu’il est un chercheur habile et sagace, peut-être eût-il arraché au choléra son secret. Mais, par-dessus tout, il aurait rempli son devoir, il en serait aujourd’hui, quelle que fut l’issue de son intervention, remercié et honoré par tous et on ne lui reprocherait pas d’avoir permis à un étranger, quelque digne qu’en fût celui-ci, de venir occuper une place que son honneur et sa conscience lui ordonnaient de réclamer. Maintenant que voici M. Koch revenu, il est possible que M. Pasteur parte à son tour, mais ce sera trop tard. On pensera, et non sans une grande apparence de raison, qu’il est parti poussé par l’opinion pu¬ blique, par la crainte du ridicule et la peur de compromettre sa « situa¬ tion, » — comme les poltrons qui, au jour du duel, se font traîner sur le pré, à coups de canne, par leurs témoins. Mais que ses amis se rassurent, M. Pasteur n’est pas encore parti. D’ailleurs, il doit être retenu à Paris par des considérations impor¬ tantes. On se souvient qu’on avait proposé d’installer M. Pasteur dans les bois de Meudon, pour y continuer, dans les charmes de la villégiature, ses expériences sur la rage. Mais il s’est trouvé que les bois de Meu¬ don sont trop petits, ou du moins ils renferment déjà beaucoup d’en¬ claves, T aérostation militaire , l’observatoire météorologique , des fermes, des cultures, une source minérale ferrugineuse (?), des res¬ taurants, etc., de sorte que Ton n’eût pu mettre à la disposition de M. Pasteur qu’une surface trop peu considérable, aussi le Gouverne- 364 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ment préfère lui concéder le magnifique domaine de Villeneuve - l’Étang, avec la modeste somme de quatre-vingt mille francs pour l’aménagement. On comprend combien il est intéressant de préparer ces aménage¬ ments près de la belle forêt de Marly, plutôt que d’aller voir à Toulon ou à Marseille si le microbe du choléra, est le Bacille en virgule, de Koch, ou bien tout autre organisme, — ou enfin une maladie ner¬ veuse, une hyperémie de la moelle et du système sympathique, comme le soutient le D1' John Chapman. Voici, disions-nous, M. Kock est revenu à Berlin, et il se trouve main¬ tenant ici* des médecins grinchus, mécontents du voyage que ce savant vient de faire dans le foyer de l’épidémie cholérique ; ils lui reprochent d’avoir pris une « attitude », de s’être comme emparé du rôle de mé¬ decin inspecteur, etc. Ces accusations sont parfaitement injustes : le professeur de Berlin a obtenu de la force même des choses l’autorité qu’il méritait, se trouvant la seule personnalité scientifique compé¬ tente que les médecins pussent consulter, et sa compétence il est allé la chercher en Égypte et dans l’Inde, Car ce n’est pas en MM. Fauvel et Brouardel que le public pouvait avoir confiance, sachant qu’ils étaient des envoyés officiels, c’est-à-dire des hommes chargés de dire toute autre chose que la vérité, par ordre d’un Gouvernement qui n’a jamais dit vrai, et cela sous le fallacieux prétexte de ne pas « alarmer les populations. » Voilà pourquoi M. Koch a été tout de suite porté par l’opinion pu¬ blique au premier rang de ceux que l’on avait à consulter, et en qui l’on pouvait avoir confiance. Et, en somme, il affrontait une fois de plus les dangers d’un poste abandonné. Comme nous le disions , il faut le remercier. — On l’a nommé Chevalier de la Légion-d’Honneur. — On a bien fait. * , * * Il avait dit dès l'origine, — et contre l’avis des délégués officiels, — ce que tout le monde là-bas savait bien, — qu’on avait affaire au véri¬ table choléra asiatique, et il se fondait pour cela sur ce qu’il avait trouvé le microbe en virgule qui est, pour lui, le germe du choléra. Ce que voyant, tout le monde a cru en lui. C’était justice. D’ailleurs, il n’y a qu’un choléra, sporadique, asiatique, épidémique, nostras ou morbus , c’est tout le même, seulement sa marche est un peu différente. M. Koch a même fait une conférence sur le microbe et MM. A. Taxis et J. Chareyre, de la Faculté des sciences de Marseille, ont bien voulu } JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 365 nous adresser le compte rendu qu’ils en ont rédigé, d’après les notes personnelles de M. Taxis. Nos lecteurs trouveront plus loin cette inté¬ ressante communication dans laquelle ils verront que ces auteurs sont loin d’être toujours d’accord avec le professeur allemand. Et il en est résulté pour nous que la nature parasitaire du choléra est encore loin d’être démontrée. Parasitaire ! Nous ne demandons pas mieux , mais enfin quand un homme qui se porte très, bien avale , ayant chaud , un verre de bière glacée et meurt, trois heures après, du choléra greffé sur une pneumonie, nous demandons où est le microbe. Quand un homme en bonne santé mange une tranche de melon de trop à son dîner et meurt, dans la nuit, du choléra greffé sur une in¬ digestion, nous demandons où est le microbe. Quand un homme, apprenant que le fléau vient d’envahir la ville qu’il habite, se sent pris de peur et de coliques et meurt, le lendemain, du choléra greffé sur le trac, nous demandons où est le microbe. On nous répond, il est vrai, que dans chacun de ces cas l’homme a perdu de sa force de résistance au microbe. Il faut bien accepter cette soi-disant explication, puisqu’il n’y a pas autre chose. Néanmoins, du moment que la maladie n’est, plus que l’évolution d’un parasite, que le malade n’est plus qu’un milieu de culture, il nous est impossible de comprendre bien nettement toutes ces subtilités. Il y a ou il n’y a pas de parasites dans le terrain de culture : s’il y en a, il y a maladie, s’il n’y en a pas, il n’y a pas maladie, — et nous ne voyons pas bien ce que peut faire, dans la constitution de ce terrain de culture, une impres¬ sion morale. « Cela accroît la réceptivité, » dit-on. — Parfaitement, nous enten¬ dons bien, mais c’est là une phrase, ce n’est pas une explication. * * * f D’ailleurs, nous sommes sous le règne des phrases. On en a toujours fait beaucoup dans notre beau pays de France, mais plus que jamais aujourd’hui on s’y paie de mots. Il y a des phrases avec lesquelles on peut tout faire, il n’y a même pas besoin d’apprendre bien longtemps à en jouer, ça vient tout seul. — Nous avons déjà cité le mot : « obéir à des nécessités de situation », il y en a un autre dont on s’est beau¬ coup servi depuis un mois : il ne faut pas « alarmer les populations. » Avec cette phrase on peut faire tout ce qu’on veut, nier le vrai, affirmer le faux, se livrer à tous les agissements politiques ou autres, déplacer même les gens qui ne plaisent pas pour placer les gens agréables. Notre père, le Dr Pelletan, médecin des hôpitaux, l’apprit un jour à ses dépens. C’était, il est vrai, il y a longtemps, mais les mœurs admi- 366 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nisfcratives n’ont pas changé, si ce n’est peut-être pour empirer; — c’était au commencement de nous ne savons plus quelle épidémie cho¬ lérique, Léon Faucher était ministre de l’intérieur, et « Mossieu Berger » préfet de la Seine. Le père Pelletan , alors médecin de Bicêtre, vit arriver dans ses salles les premiers cas de choléra signalés à Paris. Nulle part et dans aucun hôpital on n’avait pris de mesures en vue de l’arrivée du terrible visiteur. Pelletan, qui depuis quelque temps déjà réclamait de F Assistance publique les aménagements néces¬ saires et des mesures prises autrement que sur le papier, sans penser le moins du monde aux « nécessités de situation, » écrivit dans un journal de l’opposition, c’était La Presse ou Le Temps d'alors, une lettre des plus sévères dans laquelle la coupable incurie de l’Adminis¬ tration était vertement relevée et signalée à la conscience publique. Le lendemain, il apprenait par le Moniteur qu’il était révoqué de sa position de médecin des hôpitaux parce qu’il avait « alarmé les popu¬ lations. » Notre regretté père n’était pas précisément un homme patient ni facilement résigné : il bondit, le journal à la main, chez le directeur de l’Assistance publique qui était tout à fait ignorant de la chose et le ren¬ voya au préfet de la Seine. « Mossieu Berger » n’en savait pas beaucoup plus ; toutefois, il put lui dire que le coup partait du ministère de l’intérieur. Mais aussi pour¬ quoi alarmait-il les populations ! 11 courut au ministère où, comme bien on pense, il fît un potin de tous les diables : — « C’était une injustice, une illégalité, une infamie ! — On n’avait pas le droit de le destituer d’une position acquise au con¬ cours ! — Etpatati, et patata, et nom de Dieu! » Et c’était des coups de poings sur les tables et des coups de pieds dans les chaises... Les vieux petits Messieurs, sur leur rond de cuir, commençaient à ne pas être rassurés, et tous s’excusaient : « Ce n’est pas moi! » Il apprit ainsi « qui c’était. » C’était un secrétaire de Léon Faucher qui faisait du zèle, féroce¬ ment, pour plaire au patron, ce qui ne l’empêchait pas d’être un imbé¬ cile. Il avait vu une lettre signée « Pelletan » dans un journal de l’op¬ position et il avait cru que ce médecin était le même qu’Eugène Pelle¬ tan, le célèbre journaliste, la bête noire du ministère, le sénateur d’aujourd’hui. Lui et son ministre, ils avaient arrangé ça tout de suite. Seulement il y avait mal-donne, ils avaient révoqué le médecin croyant taper sur le journaliste. Aussi pourquoi diable se mêlait-il d’écrire des choses désagréables dans les journaux mal pensants ! — Ça alarme les populations ! Cependant, au bout d’un mois de démarches et d’explications, quand JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 367 on eut bien mis à qui de droit le nez dans sa bêtise, la mesure illégale fut rapportée sans bruit et Pelletan réintégré dans ses fonctions. Ce qui prouve, comme nous le disions, que certains clichés officiels sont des instruments avec lesquels on peut tout faire. — seulement, il faut un peu savoir en jouer. Dr J. Pelletan. (17 juillet 1884.) TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLUL AIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur Balbiani. Fin (1) Telles sont les formes principales que présente la carapace chez les Cilioflagellés ; tantôt offrant un simple sillon transversal tantôt un sillon transversal se prolongeant sur la face ventrale vers la partie postérieure du corps, de manière à former un second sillon longi¬ tudinal. Le sillon transversal seul donne insertion aux cils vibratiles et le sillon longitudinal au fiagellum. Enfin, les genres Gymnodinium et Polykrikos n’ont pas de cara¬ pace (2) , mais ils ont toujours les sillons, formés simplement par des dépressions du corps protoplasmique de l’animal , le sillon transversal garni de cils vibratiles et le sillon longitudinal fournissant le fiagellum. Dans les Gymnodiniurri , ce dernier sillon s’élargit à la partie posté¬ rieure et c’est de cet élargissement que sort le fiagellum. Chez le Polykrikos , on observe une disposition très curieuse : le corps est en forme de tonne et présente plusieurs sillons transversaux, parallèles les uns aux autres et ne communiquant pas ensemble. Chacun de ces sillons donne insertion à une rangée de cils ; le flagel- lum naît de la partie postérieure. Tel est le Polykrikos auricularia , espèce pélagique trouvée par Bergh (fig. 45). Après avoir indiqué rapiidement les principaux caractères et les (1) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, T. VI, 1882, T. VII , 1883, T. VIII, 1884 , p. 9. 60, 134 et 249. (2) Voyez ce qui a été dit à ce sujet pour le Gymnodinium , p. 252, note 1 (mai 1884). 368 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. principales différences que présente l’enveloppe ou carapace des Cilioflagellés, nous avons maintenant à examiner la substance inté¬ rieure du corps. Cette substance constitue un véritable protoplasma cellulaire et chez, beaucoup d’espèces, on peut y distinguer deux couches : un ectoplasme et un endoplasme. * L’ectoplasme est plus dense et dénué de corpuscules figurés ^cepen¬ dant Bergh y a trouvé une couche contractile ou myophane ( quelques Gymnodinium ) et des corpuscules très curieux, situés dans la partie corticale et qui paraissent être de vrais organes urticants, des tricho- cystes avec filament spiral , comme on en trouve chez les Méduses et quelques Mollusques. L’existence de ces trichocystes a d’abord été constatée dans l’espèce observée par Bütschli, Polykrikos Schwartzii , et retrouvée par Bergh dans le P. auricularia (fig. 45). Fig. 45. — Polykrikos auricularia (Bergh). animalcule entier; &, deux organes urticants, l’un avant, l’autre après l’émission du filament spiral. L’endoplasme est généralement coloré de diverses manières chez les Péridiniens, en rouge, vert, brun ou jaune, ce qui tient à l’exis¬ tence de substances colorantes de diverses natures, le plus souvent de la chlorophylle. C’est ainsi que le Ceratium cornutum paraît quelquefois tout à fait vert ; mais le plus ordinairement la coloration est due à une matière colorante particulière qui ressemble à celle JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 369 des Diatomées, la diatomijae(l). On y remarque aussi des granulations amylacées , et chez beaucoup de Ceratium cornutum , divers Peridi- nium , on observe que ces éléments qui sont de nature végétale, n’ont pu être ingérés. Il est donc probable que ces organismes se nourrissent comme les végétaux, par assimilation de substances ga¬ zeuses ou liquides, et n’absorbent pas d’autres organismes dont ils font leur proie. Mais, chez certains autres, on trouve de vrais corpus¬ cules ingérés, et ceux-là se nourrissent comme les animaux : tels sont les Gymnodinium et Polykrikos. Mais ces derniers sont des Ciliofla- gellés chez lesquels la carapace paraît manquer : il pourrait donc se faire qu’ils n’aient pas de bouche préformée et que l’alimentation se fasse par pénétration mécanique des corpuscules nutritifs par un point quelconque de la masse du corps. < Enfin , on trouve fréquemment dans le protoplasma une matière colorante jaune ou rouge , qui forme des gouttelettes homogènes , d’apparence huileuse , dont le nombre et la situation n’ont rien de constant dans une même espèce et qui peuvent même manquer complètement. Ces taches colorées ne peuvent donc pas être interpré¬ tées comme des yeux, ainsi que le faisait Ehrenberg. Jamais on n’a observé d’une manière certaine de vésicule contrac¬ tile. Ces animalcules s’éloignent donc , sous ce point de vue , des Flagellés et des Ciliés. Mais, chez quelques-uns, on a remarqué une vésicule aqueuse , poche membraneuse placée dans le protoplasma et qui communique, par un canal très fin , avec l’ouverture qui donne passage au flagellum. Elle communique donc avec l’extérieur et Bergh admet qu’elle peut recevoir l’eau de mer chargée de particules très fines. Le noyau est un élément que l’on observe ordinairement chez les Cilioflagellés. Il est unique et de forme généralement ovalaire, cons¬ titué par un protoplasma finement granuleux, sans nucléole histo¬ logique. Il est donc différent de celui des Flagellés. Il y a un genre chez lequel, au lieu d’un noyau, on en trouve quatre ; ce sont les Polykrikos auricularia et P. Schwartzii. Bergh a remarqué que chacun des quatre noyaux est accompagné de trois à six petits corpus¬ cules analogues aux nucléoles des Ciliés. En dehors des Ciliés , chez lesquels ces nucléoles sont normaux , on ne les trouve que chez (1) Klebs ( loc . cit.) dit n’avoir jamais trouvé , chez les Péridiniens d’eau douce , des corpuscules de chlorophylle verte , mais seulement des corpuscules de diatomine brune. Ceux-ci affectent souvent une disposition rayonnante dans le protoplasma. La diatomine n’y existe jamais à l’état diffus, comme Bergh l’a décrit et représenté dans quelques-unes de ses figures, par exemple chez 1 e Peridinium tabulatum. — J’ai plusieurs fois trouvé, ainsi que Bergh, des individus de cette espèce entièrement colorés en vert par des grains de chloro¬ phylle. Les figures de Bergh relatives au P. tabulatum et à d’autres espèces ne sont donc pas inexactes sous ce rapport, ainsi que le prétend Klebs G. B. 370 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. les Polykrikos et chez quelques Acinètes , d’après les observations de Bütschli et de M. Maupas (1). On ne sait pas grand chose sur les phénomènes de la reproduction chez ces êtres, et le seul mode bien reconnu est la division qui paraît avoir toujours lieu dans le sens transversal et jamais dans le sens longitudinal, comme Perty dit l’avoir observé sur le Ceratium cornutum. Ce dernier fait serait, d'après Stein, une conjugaison. La division se fait soit pendant la vie active, comme chez les Polykrikos , soit , et plus ordinairement dans un kyste. L’animal se crée un kyste ad hoc et s’y divise en deux parties ou davantage (fig. 46). Ces kystes affectent quelquefois des formes très curieuses ; ceux des Peridinium, par exemple , ont l’aspect de croissants à cornes plus ou moins allon¬ gées. Bergh a reconnu dans le genre Glenodinium des kystes tout à fait sphériques et qui paraissent formés par une matière mucilagi- neuse , car des corpuscules étrangers y restent adhérents. Enfin , Bergh a vu aussi la division de l’animal dans sa carapace , celle-ci servant de kyste. C’est ainsi qu’elle se produit chez le Peridinium tahulatum. Fig. 46. — Kystes de multiplication de Péridiniens, d’après Claparède. Tels sont les principaux faits que nous connaissons sur la fissiparité chez ces êtres (2), mais quelques auteurs ont décrit une multiplication par conjugaison. Ce sont les trois observateurs suivants : Stein (18781, Joseph (de Breslau) et Bergh. Malheureusement, ni les uns ni les autres ne donnent de figures. D’après Stein, les phénomènes seraient très complexes. Il en résul¬ terait une fusion complète, produisant un seul individu de plus grande (1) Klebs a fait récemment des observations intéressantes sur la structure du noyau des Péridiniens. La masse principale serait formée de filaments fortement réfringents, unifor¬ mément épais et entortillés les uns dans les autres, de manière à former un peloton lâche. Ces filaments présentent des plis transversaux fins et se séparant , au contact de l'eau , en petits bâtonnets inégaux, semblables à des bactéries. Cette structure présenterait par consé¬ quent une grande analogie avec celle qne j'ai décrite chez les noyaux des cellules salivaires des larves de Chironomus. ( Zool . Anz., Nos 99 et 190 ; 1881). G. B. (2) Les observations faites par Klebs, dans son Mémoire déjà plusieurs fois cité en notes, sur la fissiparité des Péridiniens , montrent que les phénomènes ont de l’analogie . avec la division indirecte des cellules végétales. Je dois me contenter de renvoyer le lecteur au travail de Klebs , si riche en observations nouvelles sur l’organisation et la biologie des Cilioflagellés. G. B. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 371 taille, et c’est dans cet individu plus grand que vont s’accomplir les phénomènes de la reproduction. Les deux noyaux fusionnent en un noyau nouveau , que Stein appelle sphère germinative , qui grossit de manière à remplir presque tout le corps et il s’y développe des corpuscules mobiles ou embryons. On reconnaît, dans ces détails, les descriptions et les idées particulières à cet auteur (1). Joseph ( Zool. Anzeiger , N° 22 , 1879 ) a fait des observations sur des Péridiniens vivant dans les grottes à stalactites de la Garinthie , le Periclinium stygium. La conjugaison, suivant lui, n’aboutirait pas à la fusion complète des deux individus; ceux-ci se sépareraient et chacun d’eux serait le siège de phénomènes particuliers. Chaque individu perd son flagellum et ses cils , et le noyau , qui ne s’est pas fusionné ni échangé, se divise en deux ou plusieurs portions. Celles- ci deviennent sphériques , s’entourent d’une membrane et ces sphères nucléaires sont mises en liberté par la rupture de la carapace ; elles se développent ensuite en jeunes Peridinium. Quelquefois, Joseph a vu se former dans le noyau des vésicules qui deviennent de jeunes individus d’abord nus, puis s’enveloppent d’une carapace. Fig. 47. — Ceratium cornutum. Tous ces faits paraissent bien douteux, au moins quant à l’interpré¬ tation qu’en donne Joseph, et on ne peut pas se défendre de l’idée que l’observateur s’est laissé entraîner par son imagination. Enfin, Bergh a constaté la conjugaison chez le Ceratium cornutum (fig 47). Il a vu les individus en partie dépouillés de leur carapace, (1) Leur exactitude est suspectée à bon droit par Klebs, comme les faits du même genre que Stein rapporte sur la conjugaison des Flagellés. 372 JOURNAL DE MICROGRAPHIE JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 373 au moins dans une partie de son étendue, et les deux animalcules conjugués adhérents par cette partie. La conjugaison n’aboutit pas à la fusion des individus, qui se séparent bientôt, mais Bergh n’a pas étudié les modifications ultérieures qu’ils subissent et ses observations s’arrêtent là. Un phénomène encore obscur, quant à sa signification , mais qui se rapporte cerlainement à la reproduction des Péridiniens , est leur réunion en forme de chaînes , composées quelquefois d’un grand nombre d’individus , qui se séparent ensuite, par désagrégation. Ces chaînes de Péridiniens paraissent avoir été observées pour la première fois par Àllmann [Quart. Journal of microsc. Science , 1855), puis ont été vues par John Murray ( Explor. ofthe Faroe Chanel , Proceed . tioy. Soc. Edinburgh , 1881). Enfin , plus récemment, M. Pouchet les a observées également ; il y voit plutôt le résultat d’un développement simultané de cellules conjuguées qu’une conjugaison proprement dite d’individus adultes ( Comptes rendus , 1882. et Journal de V Anatomie et de la Physiologie , t. XIX, 1883). Tels sont les principaux faits auxquels ont conduit les investigations les plus récentes sur les Cilioflagellés. J’aurais voulu terminer ces généralités par quelques mots sur la classification de ces organismes et par l’examen de quelques-uns des principaux types, mais je ne puis que vous renvoyer au tableau ci-joint, dans lequel sont résumés sous une forme synoptique les caractères des plus importantes familles et sous-familles des Cilioflagellés. NOTE ADDITIONNELLE SUR LES CILIO-FLAGELLÉS. En novembre 1883 a paru une nouvelle partie du grandiose ouvrage que Stein publie depuis si longtemps (1859) sous le titre de : Der Organismus der Infusionsthiere. Cette partie nouvelle ne continue pas directement la précédente , qui était consacrée à l’histoire des Flagellés et était restée inachevée. Elle se compose d’un texte de trente pages formant l’introduction à Tbistoire des Cilioflagellés, et de 25 belles planches où s’étalent les formes à la fois bizarres et compli¬ quées de ces singuliers organismes. Stein a trouvé une mine inépuisable d’espèces nouvelles en explo¬ rant le tube digestif d’un grand nombre d’animaux marins à l’état frais ou de pièces alcooliques , tels que : Ascidies , Salpas , Annélides , Echinodermcs, Géphyriens, etc. « On ne peut, dit-il, se faire une idée 2 374 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de la quantité incalculable de Péridiniens que renferme notamment le canal intestinal des Salpas , où ils sont associés à des Foraminifères , Radiolaires, Diatomées, etc. » Après les Salpas ce sont les Comatules et généralement les espèces pélagiques qui en renferment le plus grand nombre. C’est ainsi que Stein a pu étudier une foule de Péridiniens des mers du Sud, de l’Atlantique et de la Méditerranée, dans un excellent état de conservation, pour la plupart. Stein ne considère pas les Cilio-flagellés comme formant un ordre distinct d’infusoires, ainsi que l'avaient fait Claparède et Lachmann. Ces animalcules ne constituent pour lui que le premier ou le plus élevé des deux sous-ordres de Flagellés. 11 place à leur suite, et à un rang inférieur, toutes lés autres espèces de ce groupe , qui ont une organisation plus simple, et qu’il désigne, puur cette raison, sous le nom de Flagelles monériens ( Monere Flagellaten) . Stein rejette le nom de Cilio-flagellés , quoiqu’il ait passé dans la science, parce que toutes les espèces ne présentent pas à la fois un flagellum et une ceinture de cils vibra tiles, dont l'existence simultanée, supposée constante dans tout le groupe, avait valu à celui-ci son nom. Les cils manquent , en effet , selon Stein , chez les Prorocentrum ; on le savait déjà pour les Noctiluques , qu'il fait rentrer également dans cette division. Un caractère beaucoup plus constant est fourni par l’existence d’un corps composé de pièces plus ou moins nombreuses articulées entre elles. Pour rappeler ce caractère , Stein propose de substituer au nom de Cilio-flagellés celui de Flagelles arthrodèles ( Artlirodele Flagellaten). Mais nous préférerons toujours, comme plus simple et plus commode , le nom de Péridiniens qu’Ehrenberg avait donné à tout ce groupe d'animalcules. L'articulation du corps est tantôt déterminée par sa division en une partie antérieure et une partie postérieure , au moyen d’un sillon transversal, en forme de ceinture, présentant une interruption plus ou moins considérable à la face ventrale ( Peridinium). D’autres fois , le corps est partagé en deux moitiés symétriques par un sillon vertical qui le parcourt d’une extrémité à l’autre. Suivant la position de la bouche, ces deux moitiés ont tantôt la signification d'une paroi droite et d’une paroi gauche du corps [Prorocentrum ), tantôt celle d’une face dorsale et d’une face ventrale ( Noctüuca). D’autres fois , enfin , ces deux sortes d’articulation se combinent entre elles, et l’on a alors les caractères du genre Dinophysis. Ce sont ces modifications de l’articulation du corps que Stein a prises pour base de sa division du sous-ordre des Flagellés arthrodèles en cinq familles, savoir : f 1° Les Prorocentrides ; genres : Prorocentrum et Cenchridium. 2° Les Cladopyxides ; genre : Cladopyxis. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 375 «I 3° Les Péridinides ; genres : Gymnodinium , Henidinium , Glenodi¬ nium , Clathrocysta , Heterocapsa, Amphidoma , Oxytoxum , Pyrgidium, Ceratocorys , Gomodoma , Goniaulax, Blepharo- cysta , Podolampas , Diplopsalis , Peridinium et Ceratium. 4° Les Dinophysides ; genres : Amphidinium , Phalacroma , Dino- physis , Amphisolenia , Citharistes , Histioneis et Ornitho- cercus. 5° Les Noctilucides ; genres : Ptychodiscus , Pyrophacus et iVoc- tiluca. Stein décrit sommairement les caractères de tous les genres compo¬ sant les cinq familles de ses Flagellés arthrodèles , caractères basés sur la présence ou l’absence d’une articulation secondaire de la cuirasse en tablettes distinctes , ainsi que sur la disposition , le nombre, la forme et la grandeur de ces tablettes. Mais pour les détails de cette description, nous devons renvoyer à son ouvrage. Signalons seulement les genres nouveaux Amphisolenia, Citharistes , Histio¬ neis et Ornithocercus , de la famille des Dinophysides, qui se distinguent entre tous par la singularité et la complication de leurs formes, que Stein a admirablement rendues dans les planches de son ouvrage. Malgré le grand nombre et la variété des espèces de Péridiniens observées par Stein , nous n’y trouvons que peu de faits nouveaux relatifs à la reproduction. Celle-ci a lieu le plus souvent par division de la substance du corps en deux ou quatre parties dans l’intérieur d’un kyste, ainsi que Claparède et Lachmann l’avaient déjà observé. Ces kystes de reproduction sont tantôt sphériques , comme dans les genres Goniodoma , Amphidininm , Pyrophacus , tantôt ovales et prolongés à une de leurs extrémités en une pointe recourbée ou corne , comme chez les Peridinium cinctum et tahulatum. Stein a observé chez quelques espèce» une véritable conjugaison avec fusion complète des deux corps et des deux noyaux ( Glenodinium pulviscu- lus , etc.). Plusieurs fois, le noyau agrandi était transformé en une sphère germinative (Keim Kugel), remplie de petits corps globuleux, que Stein considère comme des embryons [Glenodinium pulvisculus, Heterocapsa tricpuetra, Amphidinium operculatum). Ce sont, en un mot, les memes faits que Stein a décrits chez un grand nombre de Flagellés, mais dont la signification comme phénomènes de reproduc¬ tion paraît plus que douteuse. G. Balbiani. 376 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. B A GTE RIOID OMONA S SPORIFERAM. Les êtres intermédiaires entre les animaux et les plantes , dans ma manière d’envisager les faits (2), sont fort rares. 11 arrive cependant que certains organismes présentent un tel mélange de caractères les rapprochant de l’un ou de l'autre des deux règnes organiques , qu’ils déconcertent toutes les prévisions théoriques. Le cæcum du * Cavia est l’habitat d’un petit parasite qui présente cette extraordinaire ambiguité de caractères. Cet être présente une forme oblongue , un peu aplatie de haut en bas (fig. 1 et 2, PL VII) ; à son état de complet développement, il atteint environ 24 p. de longueur. On le voit traverser les préparations d’un mouvement rectiligne assez rapide, mouvement dû à l’action d’un long flagellum implanté à l’extrémité antérieure du corps. Ce filament loco¬ moteur est d’une finesse remarquable et visible seulement dans les préparations colorées d’une manière intense , par de l’extrait de bois de campêche , par exemple. Pour imprimer à cet organisme son mou¬ vement rectiligne, il est à présumer que le flagellum présente princi¬ palement des ondulations plus ou moins localisées à l’extrémité libre. Ce fait peut s’observer chez d’autres Flagellés , à gros flagellum ; lorsque ce filament a des mouvements en coup de fouet , l’être se déplace suivant une ligne spirale, il oscille en progressant (Nutaniia). L’extrême ténuité du flagellum et la difficulté que l’on éprouve à le voir rappellent ce qui existe pour les filaments locomoteurs des Bactéries. Le Bacterioïdomonas sporifera paraît, au premier examen, dé¬ pourvu de toute structure. Les réactifs colorants ne modifient cet aspect qu’avec une extrême difficulté, et la substance du corps leur résiste beaucoup. Leur protoplasma semble donc posséder la même propriété que les flagellums , en général , ainsi que je l'ai dit autre part (3), et que la substance du corps des Bactéries. Lorsque cette difficulté technique est surmontée, on distingue, à des grossissements considérables , une couche périphérique formant une membrane enveloppante de nature azotée , et un contenu protoplas¬ mique pâle, à aspect très finement pointillé. Au centre se trouve un corpuscule arrondi que le vert de méthyle acétique de Balbiani met assez facilement en évidence. C’est le noyau (fig, 3, PI. VII). (1} J’aurais préféré que l’état actuel de la terminologie scientifique m’eût permis de me servir d’un mot plus court et non moins correct , Bactroïdomonas . (2) Voir : Les Origines de la Vie. Journal de Micrographie. Avril 1884. (3) Contributions à l'étude des Flagellés. Bull. soc. soo/., 1882, p. 20. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 377 La constitution de ce noyau est fort simple. C’est un corpuscule de protoplasma finement pointillé , dépourvu de nucléole , et ne présentant aucun des caractères qui rendent certains noyaux si complexes. C’est là l’un des faits sur lesquels je m’appuierai, dans un prochain mémoire , pour montrer la voie phylogénique suivie par le noyau de la cellule pour arriver à être l’organe typique , tel qu’on le conçoit aujourd’hui , travail dans lequel je m’efforcerai d’établir la véritable origine et la signification de la cellule elle-même. Ce noyau n’est pas toujours unique, et, fréquemment, j’ai trouvé des individus qui en présentaient un à chaque extrémité (fig. 4, P1.V1I). Perpétuellement en mouvement , le Bacterioïdomonas , qui est , en général , très peu réfringent et très peu visible, est souvent rendu fort apparent par une augmentation considérable de la réfringence de son protoplasma. Il est alors brillant , à bords sombres , et présente des reflets rappelant l’éclat métallique. Cet aspect marque le début de la période reproductrice, qui n’est caractérisée par aucune des particula¬ rités, telles que cessation de mouvements , enkystement, etc., que l’on peut ordinairement constater chez les Protozoaires. Il se forme à l’intérieur du corps des points encore plus réfringents que le reste de la substance ; ces régions s’allongent , se délimitent plus nettement et finissent par devenir des corpuscules allongés autonomes d’un éclat voisin de l’éclat métallique. Ce sont là des corps reproducteurs, sortes de spores. Le nombre de ces spores est fort variable, suivant les individus que l’on observe. Il peut n’en exister qu’une seule (fig. 5) ; d’autres fois il y en a deux, soit alignées bout à bout, grosses et courtes (fig. 6) , soit parallèlement placées , allongées (fig. 7) ; il en existe fréquemment trois (fig. 8), ou quatre (fig. 9) ; enfin , j’en ai constaté jusqu’à huit dans le même individu. A part les cas où j’ai vu deux noyaux , je ne possède aucun rensei¬ gnement sur le rôle des noyaux dans cette sporulation. Je ne sais si chaque spore se forme autour d’un noyau, où si elle est dépourvue de cet organe. Aucun réactif ne m’a montré un noyau dans une spore. Ces spores se produisent à l’intérieur du corps comme si elles en étaient détachés avec un instrument tranchant. La partie non employée persiste avec sa forme primitive , et , du côté de la spore , est inter¬ rompue nettement (fig. 5, 6, 7, 8 et 9). Les spores ne remplissent pas tout l’espace interne primitivement occupé par la substance du corps. Leur matière s’est donc condensée. Il est à remarquer que ces spores se forment pendant que le Bacterioïdomonas présente des mouvements actifs , ce qui constitue un point de rapprochement avec certaines Bactéries qui , elles aussi , présentent une sporulation endo¬ gène analogue pendant qu’elles se meuvent. Mais elles n’en forment qu’une seule , et ce sont de très petits corpuscules ovoïdes. Ici le 378 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nombre est variable et les spores sont des bâtonnets de taille relative¬ ment considérable et probablement pourvus d’un noyau , organe qui n’existe pas encore chez les Bactéries. Les spores deviennent libres par la déhiscence des parois du corps. Elles sont alors d’autant plus grosses que leur nombre a été moins considérable dans le corps. Elles paraissent immobiles à ce moment , et dépourvues de flagellum locomoteur (fig. 10). Fréquemment, elles se mollirent étranglées au milieu (fig. 11) et semblent se diviser assez activement. Les iïouveaux corpuscules résultant de cette division sont moins réfringents que la .spore primitive et leur éclat est moins brillant au fur et à mesure que, après s’être allongés, ils se divisent. Ces petits corps reproducteurs acquièrent un flagellum et se meu¬ vent bientôt avec vivacité. A mesure que la mobilité se développe, les divisions deviennent moins fréquentes, sans toutefois paraître cesser complètement. Ils se contournent ordinairement peu à peu en vrille et ressemblent alors à de gros Spirillum (fig. 12, 13 et 14, Pl. VII). Ce sont * ces Spirilles' qui acquièrent peu à peu la configuration et la structure des individus adultes. — J'ai généralemement tiré l’histoire de ces transformations de la comparaison des formes dans les préparations définitives. Ce stade Spirillum est un point commun d’une haute importance du Bacterioïdomonas avec certains Schizomycètes , avec lesquels , comme je l’ai déjà fait remarquer plus haut, il présente encore bien d’autres analogies. La nutrition- de cet être se fait par imbibition , comme chez les Bactéries. Je n’ai jamais vu aucune trace d’ouverture buccale, ni d’aire buccale, et la substance de leur corps ne contient jamais de corpuscules étrangers. L’excès de matières nutritives absorbées se dépose dans le protoplasma sous une forme particulière et remarquable, sous la forme d’une matière féculente dissoute, bleuissant par l’action de l’iode. Une solution aqueuse d’iode fait , en effet , acquérir à ces êtres une teinte d’un bleu intense. Ce fait se retrouve chez certaines Bactéries, telles, par exemple , que le Bacillus amylobacter qui , avant de former sa spore, montre le même caractère. Les spores du Bacterioïdomonas ne bleuissent pas par l’action de l’iode; il en est de même du noyau. Lorsque ces corpuscules reproducteurs sont formés, on voit bleuir tout ce qui persiste du corps de l’être, tandis qu’ils tranchent au milieu de sa substance par leur aspect incolore. D’après la description qui précède, on peut voir que plusieurs carac¬ tères rapprochent le Bacterioïdomonas sporifera de certains végé¬ taux, les Schizomycètes, au point d’établir entre eux un lien de parenté assez solide'. D’un autre côté, cet être se rapproche des animaux, dans lesquels je suis d’ailleurs forcé de le placer, par des points communs non moins importants. Pendant toute son existence, il est librement JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 379 mobile, même durant la période reproductrice." Il- ne présente ni enve¬ loppe cellulosique, ni chlorophylle , et si, comme les plantes, il se nourrit par inhibition, cela n’est pas aux dépens de sucs purement minéraux, mais aux dépens de matières analogues à celles qui servent à la nutrition des animaux. Certains caractères le rapprochent , il est vrai, de certaines Bactéries, mais ce sont là précisément les Bactéries à caractères animaux et qui ne sont placées dans les plantes que parce que des espèces voisines -présentent des stades végétaux. Le Bacterioïdomonas diffère d’ailleurs de ces mômes Schizomycètes par des caractères d’une importance fondamentale. L’existence d’un noyau, ses fortes dimensions , l’absence de germination des corps reproduc¬ teurs,, sont autant de points de dissemblance qui s’opposent à toute assimilation réelle avec ces organismes. Les Bactéries ne sont certainement que des animaux qui ont acquis assez de caractères végétaux pour pouvoir être considérées comme des plantes (1). Elles ne tirent pas leur origine, du règne végétal ; les plantes les plus simples sont beaucoup plus complexes que les Bacté¬ ries. Elles doivent leur origine à une évolution propre , et si certains caractères peuvent les faire rapprocher des végétaux, ce .ne. sont là. que des analogies d’évolution et non de parenté phylogénique. Le Bacterioïdomonas sporifera a peut-être une origine commune avec les Bactéries ; seulement son évolution n’a pas suivi la même direction et il a gardé quelques-uns des apanages essentiels de l’animalité. J. Künstler, Maître de conf. à la Fac. des Sc. de Bordeaux. EXPLICATION DE LA PLANCHE VIL \ Bacterioïdomonas sporifera Fig. 1. — Individu normal , vu par en haut. •; Fig. 2. — Le même , vu de profil. Fig. 3. — Individu montrant un noyau central et unique. Fig. 4. — Autre individu avec un noyau à chaque extrémité. Fig. 5. — Individu avec une grosse spore axiale unique. Fig. 6. — Individu à deux spores axiales. Fig. 7. — Individu à deux spores allongées parallèles. Fig. 8. — Individu à trois spores (1) Les Origines de-la Vie. Journal de Micrographie. Avril 1884. 380 JODRNAL DE MICROGRAPHIE. Fig. 9. — Individu à quatre spores. Fig. 10. — Spore isolée. Fig. 11. — Spore en voie de division (?). Fig. 12. — Spore contournée en vrille. Fig. 13. — Spore contournée en vrille. Fig. 14. — Spore très grosse et contournée en tire-bouchon. LES SARCOPTIDES PLUMICOLES Révision du groupe des Analgesince, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. (Suite) (1) Pterollchus forflciger, n. sp. (fig. 48, a, b). D’un roux clair, semblable au précédent par Ja forme de l’échancrure abdominale du mâle, mais les lobes plus grêles, en forme de compas de charpentier, circonscri¬ vant une ouverture ovale, l'abdomen rétréci en arrière de la 4e paire de pattes, et Fig. 48. — a, b, Pterolichus forficiger , mâle et femelle ; — c, P. digamus , mâle ; — d, id.y seconde forme de femelle (face dorsale); — e, id., première forme de lemelle (id.); — f, P. Phœnicopteri, mâle; — g , femelle (face dorsale); — h, deuxième nymphe. — Gross. 65 diam. (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92, 150, 211, 25"7, 331 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 381 les pointes des lobes dirigées Tune vers l’autre, en forme de pince. La lame transpa¬ rente, qui borde intérieurement les lobes , semblable , mais l'écaille terminale du lobe 'petite et non dentelée. Un court piquant dirigé en arrière , à l’extrémité de chaque lobe. Organe génital en cône tronqué , à base trilobée, bordé de chaque côté par une lame de couleur foncée, en forme d’ogive non fermée en avant, se confondant en arrière avec les lames de renforcement des lobes. Femelle en ovale allongé , l’abdomen légèrement échancré en arrière de l’anus , avec la plaque notogastrique échancrée sur les flancs dans son dernier tiers et renforcée en arrière de cette échancrure par une plaque d'un roux foncé qui existe déjà chez les nymphes. Sternite vulvaire en demi-cercle. — Du reste semblable à l’espèce précédente. Dimensions : Mâle, long., 0mm 40; larg ., 0mm 18. Femelle, long., 0 50; larg., 0 16. Habitat. — Sur le Plongeon Imbrim ( Colymbus glacialis) des mers du Nord. Pterolichus parrae . n. sp. D’un roux très pâle avec les épimères et plaques de renforcement d’un roux clair. Un poil court et un long sur les flancs , ce dernier surmonté d’un fort piquant. Mâle ayant l’échancrure abdominale semblable à celle du Pt. limosœ (type) ; mais avec un piquant, recourbé en avant, près de l’extrémité interne du lobe, un autre, un peu plus en avant, croisé, en dessous, avec un piquant semblable inséré près du bord externe ; deux poils longs, inégaux , à l’extrémité ; enfin un piquant court, oblique sur le bord externe. Organe génital conique au milieu d’une fenêtre ovale. Pattes postérieures atteignant l’extrémité des lobes abdominaux. Femelle très différente des précédentes, ressemblant à celle du Pt. digamus par son abdomen conique, renforcé à son extrémité par une plaque cordiforme , d’un roux foncé, dont l’échancrure antérieure correspond au trou rond, que porte cette dernière. Une lame de renforcement sur les flancs. Sternite vulvaire en arc très court. Pattes postérieures plus courtes que l’abdomen , atteignant seulement la base du cône terminal. Dimensions: Mâle, long., 0mm50; larg., 0mm 22. Femelle , long., 0 50 ; larg., 0 20. Habitat. — Sur le Jacana faisan ( Hydrophasianus chirurgus), de l’Inde. Pterolichus Xunienii . Canestr. Dermaleichus, N. Can., Atti del Ist. Veneto, l. c ., p. 61. Habitat. — Sur le Courlis corlieu (Numenius phœopus), d’Europe. c. Espèces dont les lobes du mâle sont arrondis ou elliptiques ( rarement tronqués ) , et dépourvus de bordure transparente , rappe¬ lant la forme des mâles du genre Pterodectes. Les femelles de plusieurs espèces paraissent présenter un dimor¬ phisme très rare dans ce genre. Nous avons trouvé les deux formes réunies sur le même oiseau (avec une seule forme de mâle) , chez le Pt. digamus de la Foulque macroule et de la Poule sultane. 382 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ptcrolichus rallorutn. Ch. Robin. Journal Anat. et Phys., 1877, p. 414. Habitat. — Sur le Râle de genets (Ortygometra crex ), d’Europe ( Robin). Pteroliclius porznnæ. Canestr. * Per mal. porz., Can., Atti del Ist. Veneto, l. c., p. 49. Cette espèce ne nous semble pas différer de la précédente ; le mâle corres¬ pond parfaitement à la description de M. Robin. Mais nous n’avons pas rencontré avec lui la forme de femelle à abdomen légèrement écliancré , décrite par MM. Robin et Canestrini , et qui correspond à la lre forme de notre Pt. digamus décrite ci-après : nous n’avons trouvé que la forme suivante qui correspond à la 2e forme. S^forme de femelle fécondée : abdomen allongé et rétréci en arrière en ogive , à extrémité arrondie , nullement échancrée , terminée en arrière de l’anus par un petit tubercule conique, incolore et portant deuhaque côté deux poils longs et grêles, et un fort piquant oblique sur les flancs ; plaque notogastrique renforcée en arrière et sur les flancs, et percée d’un trou rond au-dessus de l’anus ; une paire de piquants sur le dos, en avant de ce trou. Sternite vulvaire en plein cintre à branches latérales prolongées en arrière. Habitat. — Sur les petites Poules d’eau , Porzana maruetta , et P. pusilla d’Europe. Pteroliclius digamus^ n. sp. (fig. 48, c,d,é) Semblable au précédent , mais plus grêle et plus allongé , d’un roux plus foncé. Poils des flancs et de l’extrémité du corps semblables et pareillement disposés. Plaques dorsales réticulées et tuberculeuses ( comme dans le Pt. cataphractus ■), mais à tubercules moins régulièrement disposés en roses : ces tubercules manquent dans une des variétés. Mâle très distinct du précédent par la forme et la disposition de son organe génital situé très en arrière, près des ventouses copulatrices, et immédiatement en axant de l'anus , qui est bordé d’un épimérite étroit, formé par deux lames minces articulées avec l’organe génital. irt forme de femelle fécondée : un peu plus courte que le mâle, les pattes posté¬ rieures atteignant presque l’extrémité de l’abdomen qui est arrondie avec une légère échancrure en arrière de l’anus , et porte de chaque côté ' un poil très fin , deux poils longs et un poil court en piquant grêle ; cette extrémité renforcée par une lame chitineuse d’un roux foncé, qui borde les flancs, et porte un trou en orale transver¬ sal au-dessus de Vanus. Sternite vulvaire en plein cintre., à branches prolongées en arrière. 2e forme de femelle fécondée : beaucoup plus grande et plus allongée que le mâle, l'abdomen prolongé en forme de mamelon conique , les pattes postérieures n attei¬ gnant pas la base de ce cône. D’un roux clair avec deux barres blanches trans’v er- sales : l'une au niveau du sillon thoracique, entre les deux plaques dorsales, 1 autie à la base du cône abdominal , partageant la plaque notogastrique en deux parties JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 383 dont la postérieure, cordiforme et d’un roux foncé., recouvre le cône terminal : un trou en orale longitudinal au-dessus de l’anus; une lame de renforcement sur les flancs. Le cône terminal portant de chaque côté : un poil très fin , deux poils longs et un poil plus court. Sternite vulvaire en arc très court. Nymphe , plus semblable à la 2e forme qu’à la lre. Dimensions: Mâle, long., 0mm 40 ; larg ., 0mm 12. l,e forme de femelle , long., 0 35; larg., 0 12. 2e forme de femelle , long., 0 58; larg., 0 16. Habitat. — Sur la Foulque macroule ( Fulica atra), et la variété à plaques dorsales non tuberculeuses et non réticulées ( simplement ponctuées), sur la Poule Sultane [Porphyrio hyacinthinus), d’Europe. — Une variété dont les lobes du mâle sont plus allongés , elliptiques , mais avec l’organe génital semblable , se trouve sur le Râle à poitrine rousse ( Hypotæniclia pliilippinensis ) , de la Nouvelle-Calédonie. PterolicbtBK itehbcrgi, Canestr. et Berlese. Atti Soc. Ven.-Trentina , VII, p. 146 , pl. 19, fig. 5 , 6. Habitai. — Sur l’Huitrier ( Hœmatopus ostralegus ) , l’Avocette ( Recurvirostra avocetta ) , d’Europe , etc. PtcroIichuK Rciibergi Var. gracilis, n. sp. ( fig. 49). Semblable au type , mais plus grêle et plus allongé : l’échancrure abdomi¬ nale du male moins profonde, les lobes de forme elliptique, triangulaires à leur pointe qui est prolongée par une petite écaille ovalaire et porte des poils Fig. 49. — Pterolichus Rehbergi , var. gracilis, M. et Trt., mâle et femelle, gross., 65 niam. 384 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. simples (et non dilatés en feuille ou en lame de sabre comme dans le type). — La femelle a la plaque notogastrique perforée d’un trou rond au-dessus de l’anus (particularité qui existe également dans le type). Dimensions: Mâle, long., 0mm 60 ; larg., 0mm 17. Femelle, long., 0 62; larg., 0 22. Habitat. — Sur l’Echasse ( Himantopus melanopterus), d’Europe. Sectio E. — Pterolichi palmigeri. Ce groupe comprend les espèces dont l'abdomen est bifide , comme chez les précédents , mais dont les lobes portent des poils dilatés en forme de feuilles , au lieu de poils simples. — On les trouve sur les Echassiers , les. Palmipèdes, les Calaos, les Touracos. Ptcrolichus pluenicopteri , n. sp. (fig. 48, f, g, h). D’un roux foncé , de forme allongée , les pattes postérieures n’atteignant pas l’extrémité de l’abdomen ; un piquant suivi d’un poil long sur les flancs , en avant de la 3e paire de pattes; les plaques dorsales presque confluentes, séparées seulement par une ligne étroite ; les téguments foncés, surtout sur les flancs ; néphridies très développées. Mâle à abdomen rétréci et bifide , terminé par deux lobes en forme de cônes effilés circonscrivant une échancrure en ogive très allongée, bordée par une lame chiti - neuse rougeâtre ; chaque lobe, tronqué à sa pointe , porte à son extrémité et un peu en dehors une feuille lancéolée, puis deux poils près de la base du lobe, l’un très long, l’autre plus petit, dépassant à peine ce lobe, enfin , plus en avant , un 4e poil plus fort, dirigé en dehors ; organe génital conique à base bilobée, placé à la partie supé¬ rieure d’un cadre ogival , allongé , fermé en arrière en losange et s’articulant avec l’épimérite mince et grêle qui soutient les lèvres de l’anus. Femelle ayant la forme générale de celle du Pt. Rehbergi var. gracilis , mais plus large et plus épaisse, avec l’extrémité de l’abdomen protégée par une plaque de ren¬ forcement très foncée dont les prolongements antérieurs forment bordure sur les flancs ; le trou rond , au-dessus de l’anus , se confondant avec l’échancrure posté¬ rieure. Sternite vulvaire en fer à cheval ogival. i re Nymphe , d’un roux pâle et transparent avec une plaque notogastrique rudi¬ mentaire couvrant l’extrémité postérieure de l’abdomen, arrondie en avant, et laissant un large espace à téguments transparents et plissés entre elle et la plaque de l’épistome. 2e Nymphe , ou femelle accouplée, semblable à la précédente , mais avec l'abdo¬ men prolongé en arrière par deux petites palettes en forme de spatule, divergentes, incolores et transparentes , portant chacune un poil grêle à leur extrémité ; une échancrure étroite, en angle aigu entre les deux. Dimensions: Mâle, long., 0mm 57 ; larg., 0mm 20. Femelle, long., 0 67; larg., 0 25. Habitai. — Sur le Flamant (P hœnicopter us antiquorum) , du sud de l’Europe. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 385 Pterolichus Buchholzi , Canestr. Dermarleichus Buchholzi , Can., Atti del Ist.Veneto , 1878, p. 64 ; Proctophyllodes Buchholzi , id .,Atti Soc. Ven.-Trentina , 1879, pi. 1, fig. 12. Notez que la « laminetta esniforma » que la figure sus-indiquée montre comme sessile et continuant directement chacun des lobes, est en réalité un poil parfaite¬ ment articulé , comme tous les poils , mais dilaté en forme de couteau. En outre, sur le bord externe de chaque lobe il existe un second poil dilaté en lame , mais plus longuement pédiculé, qui paraît avoir échappé à M. Canestrini , car il n’en parle pas et l’on n’en trouve pas trace dans sa figure. Habitat. — Sur le Barge à queue noire ( Limosa melanura) et la Squatarola helvetica d'Europe. Pterolichus Buchholzi . var. hastiger, n. var. Semblable au type mais plus petit , le mâle ayant les deux poils en lame des lobes étroits et lancéolés ; les lobes à base large , tronqués à l’extrémité ; le fond de l’échancrure triangulaire. Un. éperon, souvent rudimentaire ou nul, au tarse des pattes postérieures. Dimensions : Mâle , long., 0mm 40 ; larg ., 0mm 12. Habitat. — Sur le Bécasseau brunette ( Tringa cinclus ) d’Europe, et le Vanneau caronculé ( Chettusia cinerea ) , du Bengale. P. Mégnin et D1 E. L. Trouessart. (A suivre). DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION. (Suite.) (1) Famille I. — HYMENOMYCETES. A. — Hyménium Infère. Série des AGARICÉES. Hyménoinycètes charnus, putrescents ou cartilagineux à l’hyme- nium infère étendu sur des lames ou des tubes à arête aigüe. Fré- (2; Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 33, 101, 158, 221, 266, 338. 386 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. quemment un voile total ou un anneau (1) ; ordinairement un stipe et un chapeau. Les genres de cette série ont entre eux les plus grandes analogies. Les Agarics passent aux Bolets par plusieurs espèces ayant des carac¬ tères propres à chacun de ces deux genres; ainsi nous voyons les Agarics des sous-genres Paxülus et Gomphidius avoir les lames facilement séparables du chapeau comme les tubes le sont dans les Bolets. Plusieurs Agarics anastomosent leurs lames autour du stipe de façon à former un véritable réseau de pores. Ailleurs on voit les lames réunies par des nervures peu développées mais hyménifères, qui exagérées par un développement accidentel rapprochent ces espèces des Bolets. Si ces nervures se développent seules, que les lames rayonnantes avortent on aura un Cyclomyces genre exotique (dont nous ne par¬ lerons pas autrement), qui est exactement intermédiaire entre Aga- ricus et Boletus. La série des Agaricées touche aux séries voisines par la forme de son hyménium : les Agaricus répondent aux Cantharellus, Lenzites, les Boletrus aux Merulus et aux Polyporus, etc. Nous diviserons les Agaricés européens en 3 genres : I. — Hyménium de lames rayonnantes ; un chapeau. . Agaricus. chapeau nul. . . Moniagnites. . Boletus. il. — III. — ê de tubes Genre I. — Agaricus. Le genre Agaricus est un des plus vastes et des plus homogènes du règne végétal : tous les efforts qu'on a faits pour le subdiviser en genres plus ou moins nombreux n’ont donné que des coupes artificielles qui ne doivent être élevées qu’au rang de sous-genre. Il comprend des champignons charnus, putrescents ou membraneux formés d’un mycé¬ lium variable, fibreux, araneux ou sclérotioïde, duquel s’élève un ■réceptacle formé d’un stipe surmonté d'un chapeau à la face inférieure, duquel l’hymenium s’étend sur des lames rayonnant du sommet du (1) Ces champignons naissent sous forme d’un bouton celluleux, enveloppa dans un ou deux peridium persistant soit à la hase en volva soit sur le stipe en anneau , ou entièrement évanescent Les lames et le tube apparaissent en une seule fois et partout avec un égal développement ; contrairement à ce qui arrive dans les Pclyporés et les Mérulées , où le développement de Thymenium part du stipe et s accroit peu à peu avec le chapeau Payer réunissait dans sa famille des Funginés les Agarics et les Bolets et séparait ceux-ci des Polypores, dont ils diffèrent par le mode d’accroissement. Nous limiterons dans ce rapprochement, mais nous rejetterons de nos Agaricées , les genres Trogia, Cantharellus , pouf les joindre aux Mérulées de Persoon ; nous placerons les Schizophyllum dans les Polyporées auxquels leur texture les réunit , et nous fondrons Agaricus et Lectinus dans le même genre. A part cela , nos Agaricées répondent aux Funginés de Payer. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 387 stipe aux bords du chapeau ; dans beaucoup de cas les lames sont très inégales et beaucoup s’arrêtent à une distance variable des bords. Beaucoup d’espèces sont entourées d’une volve ou d’un anneau. Les spores sont variables quant à leur forme, il y en a de sphériques, ovoïdes, anguleuses, lisses, hérissées ; elles sont portées sur des basides d’ordinaire à quatre stérigmates. Le caractère tiré de leur couleur, tout en étant d’un caractère de peu de valeur, est un des plus fixes et des plus importants pour la création des sous-genres dans un groupe aussi compacte que celui des Agarics. Persoon retirait les Amanita du genre Agaricus, et divisait ce dernier en 10 sous-genres en se basant sur la présence ou l’absence de l’anneau, sur la forme ou la consistance du chapeau, l’excentricité du stipe, la déliquescence des lames, leur lactescence et leur égalité. Les sous-genres de Persoon étant devenus insuffisants pour classer toutes les espèces étudiées depuis, Fries a divisé les Agarics en 21 genres, s’appuyant sur la couleur des spores, la nature charnue ou coriace du tissu: Agaricus , Montagnites , Coprinus , Bolbitius , Cortinarius , Paxülus , Gomphidius , Hygrophorus , Lactarius , Russula , Cantharéllus , Nyctalis , Marasmius , Lentins , Panus , Trogia, Xerotus , Pterophyllus , Schizophyllum , Lenzües et Hyme- nogramma. Les genres Agaricus et Cortinarius étaient divisés à leur tour en nombreux sous-genres d’après les couleurs des spores, les rapports du chapeau au pédicule, la présence ou l’absence de la volve, la nature de l’anneau, etc. Cette distribution qui est celle la plus généralement adoptée, offre parfois des difficultés considérables pour reconnaître les caractères différentiels, aussi elle a reçu de nombreuses modifications, les unes, comme celles introduites par Rabenhorst, avaient pour but de la sim¬ plifier ; les autres, au contraire, et ce sont les plus nombreuses, élèvent au rang de genres, les sous-genres primitifs de Fries, si bien que le genre Agaricus n'existe plus. 11 est vrai que si on admet comme genre à l’exemple de Fries, les Russula, Lactarius, Hygrophorus, Marasmius, etc., on doit aussi admettre comme tels les Amanita, Lepiota, Collybia, etc., car les premiers ne sont pas basés sur des caractères plus importants et plus fixes que les seconds. Or tous ces groupes sont tellement voisins les uns des autres, qu’on ne peut leur attribuer une grande valeur mor¬ phologique et nous comprendrons dans le genre Agaricus non seule¬ ment les sous-genres de Fries, mais encore tous les genres qui consti¬ tuaient sa famille des Agaricinées, à l’exception de quelques-uns dont les affinités avec les Mërulées et les Polyporëes sont évi- déntes. 388 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. M. W. Smith a établi pour le genre Agaricus de Fries un tableau dans lequel il dispose parallèlement les sous-genres en 5 séries, tirées de la couleur des spores : 1° les Leucospori à spores blanches, les Rhodospori à spores roses, les Dermini à spores ocracées, les Pralellœ à spores pourpres et enfin les Coprinarii ou Melanospori à spores noires. D’un autre côté, il divise chacune des séries en 2 groupes : dans le premier, le stipe est distinct de V hymènophore , c’est-à-dire qu’il s’en sépare franchement sous un faible effort. L’étude anatomique indique en effet un changement dans la nature des hyphes du stipe et du chapeau. Dans le 2e groupe, le stipe et V hymènophore sont con¬ fluents , c’est-à-dire que Je chapeau est formé par l’épanouissement en chapeau des hyphes du stipe ; ce groupe se subdivise à son tour en 2 séries; dans la première la nature du chapeau et du stype.sont iden¬ tiques, c’est-à-dire que si le stipe est charnu, le chapeau l’est égale¬ ment et on a ainsi les Homogènes de Bertillon ; dans la 2e le stipe et le chapeau, tout en étant confluents, sont Hétérogènes , c’est-à-dire que si on a un stipe cartilagineux on aura par exemple un chapeau charnu ou membraneux. Cette disposition étant commode pour l’étude, nous l’avons adoptée, en faisant rentrer dans le tableau de Smith, tous les sous-genres des Agarics et en les plaçant dans l’ordre de leurs affinités (1). Le tableau ci-contre indique cette disposition. I. — Leucospori. \ a — Le tissu du stipe et celui du chapeau sont hétérogènes. Dans cette section la membrane des spores est blanche. Pour obser¬ ver commodément ce caractère, on placera le champignon sur du papier coloré, de telle sorte que les lames regardent le papier ; au bout de quelques heures, les spores tombées formeront une couche blanche très visible. Quelques espèces de Russules traitées ainsi don¬ nent une couche de spores qui a un aspect crémeux jaunâtre, mais cette coloration est due à l’huile colorée que renferment les spores et leur membrane est incolore, ainsi qu’on peut le vérifier au microscope. Amanita. Agarics entourés dans leur jeune âge d’un voile général ou volva distinct de l’épiderme du chapeau. Le tissu du chapeau se sépare de celui du stipe par un faible effort ; les lames n’atteignent pas le pédoncule. (1) Pour désigner une espèce nous aurons soin d’écrire le nom du sous-genre entre parenthèses après celui du genre , afin d’établir une analogie avec les ouvrages les plus employés. Ainsi on écrira Agaricus [Amanita) Cœsareus Fr. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 389 3 390 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Le volva est formé de gros hyph.es mêlés de nombreux filaments plus grêles. Le stipe est formé d'hyphes serrés à la périphérie et devenant plus larges en se rapprochant du centre leur forme générale est celle d’une massue allongée. Vers le sommet du stipe, les cellules des hyphes deviennent de plus en plus courtes, tout en conservant leur forme ; les stries qu’on remarque au sommet du stipe sont formées de cellules ovoïdes, courtes et d’inégale longueur, dérivant des hyphes du stipe ; quelques filaments grêles sont mêlés à ces grosses cellules. Au point d’insertion du stipe avec le chapeau, la forme des hyphes change brusquement, au lieu des massues allongées du stipe on a des cellules à peu près sphériques, plus minces et ayant leur plasma sur toute la périphérie. Cette continuité de ces deux sortes de tissus expli¬ que pourquoi le stipe se sépare aisément de l’hyménophère. Ce carac¬ tère se retrouve dans toutes les Amanites et les Lépiotes. A mesure qu’on s’éloigne du point d’insertion du stipe les cellules du chapeau, s’allongent déplus en plus et redeviennent à peu près cylindriques et arrondies aux extrémités, les unes ont une direction parallèle à la face supérieure du chapeau, les autres descendent dans les lames pour se relever et se ramifier, puis se terminer par des lames remplies au sommet et terminées par quatre stérigmates suppor¬ tant des spores ovoïdes à contenu granuleux, incolore. La face supérieure du chapeau est recouverte d'hyphes grêles et gélifiés qui forment une pellicule visqueuse par l'humidité. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. ( A suivre ) IDÉES NOUVELLES SUR LA FERMENTATION. II LE PENICILLIUM FERMENT DANS LES EAUX DISTILLEES PHARMACEUTIQUES (U. Le Pénicillium ferment se rencontre constamment dans les eaux distillées 'pharmaceutiques sous ses trois premiers étais végétatifs , assez souvent sous son quatrième , rarement sous son cinquième. Encore ce dernier état , qu’on ne trouve jamais dans l’eau distillée simple, ne présente-t-il dans les autres eaux distillées, que sa fructification aquatique. (1 ) Communication faite à la Société Bot. de France pour y être lue le 25 janvier 1884, et dont l’insertion au Bulletin a été refusée. (Voir la Correspondance dans le présent numéro.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 391 Mais si l’on cherche en vain dans les eaux distillées la forme la plus parfaite du Pénicillium , on peut , en revanche , y suivre très bien tous les passages , depuis son état corpusculaire jusqu’à son état filamenteux. C’est du reste dans les eaux distillées qu’après des recherches longtemps restées infructueuses, j’ai surpris le premier et pour la première fois, la forma¬ tion , les modifications diverses et le renouvellement de l 'état zooglairien du Pénicillium ferment . Aspect a l’œil nu. — Une petite pellicule excessivement ténue et légère , capable de se mouler en y adhérant sur le fond et les parois du flacon qui contient l’eau distillée, tel est, à l’œil nu, l’aspect si simple sous lequel se présente le Pénicillium ferment en formation. Cette pellicule est tellement mince et diaphane qu’il est difficile d’en appré¬ cier l’épaisseur et que, malgré la nature du vase en verre, indispensable pour ces observations, il est nécessaire de regarder par le fond , et de bas en haut, pour la distinguer assez nettement. On peut alors la voir parsemée de petites tramées plus blanches , de points plus opaques, et limitée au pourtour de la base du flacon par une ligne plus dense. Par l’agitation , la pellicule se déchire, des lambeaux se détachent entière¬ ment et sont emportés au milieu du liquide sous la forme de flocons qui, offrant plusieurs épaisseurs, sont déjà moins transparents et paraissent même grisâtres. Ces flocons nagent librement au milieu du liquide , augmentent insensible¬ ment et se foncent avec le temps. En saisissant un point quelconque de ces flocons avec une aiguille , on les emporte tout entiers , ce qui est le fait d’une masse glaireuse dont les parties se désagrègent avec difficulté. C’est là tout ce qu’on peut distinguer à l’œil nu. « Aspect au microscope. — Au microscope , au contraire , nous allons pouvoir suivre facilement tous les différents états végétatifs du Pénicillium ferment. 1° Etat corpusculaire. — L’état corpusculaire s’annonce par un léger trouble dans les eaux distillées. L’examen microscopique décèle seulement la présence de petits corpuscules arrondis , auxquels j’ai donné le nom de corpuscules formateurs , qui sont de la plus grande ténuité et qui ont de 0mm 0002 à 0mm0005. La fig. 1 (PI. VIII), représente ces corpuscules observés dans Veau distillée simple. Il est impossible de ne pas admirer ce protoplasma réduit à l’atome, et notre intelligence s’abîme dans la contemplation de cet infiniment petit qui se meut, s’agite au milieu du liquide, animé d’un mouvement qui est un mouvement de vie, incessant et continuel , et qui ne s’arrête que lorsque ces petits corps ont rempli leurs fonctions. 2° Etat bactéridien. — Ces corpuscules, au bout d’un temps plus ou moins long, perdent leur sphéricité , soit qu’ils augmentent directement de volume, soit qu’il y ait fusion de leurs masses protoplasmiques. Us s’allongent en forme de petits bâtonnets droits, arqués ou légèrement contournés, à contenu d’abord 392 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. uniforme, ensuite vacuolé , le tout en suspension dans le liquide et participant à tous les mouvements qu’on peut lui communiquer par l’agitation. Ces petits bâtonnets varient nécessairement, suivant l’époque de leur forma¬ tion, de longueur et de diamètre. Ils ont environ 0mm0005 de diamètre et de 0mm 001 à 0,um 002 de longueur. 3° Etat zooglairien. — S’ils sont, au contraire, à l’abri de toute agitation extérieure, les corpuscules formateurs et les bâtonnets ne tardent pas à se réunir en colonies et à se déposer le long des parois latérales et au fond des vases qui renferment les eaux distillées pour former Y état zooglairien 'primordial ou granuleux . Les eaux distillées deviennent alors très limpides. C’est cette limpidité même qui annonce la formation de Y état zooglairien. Les bâtonnets (bacillus, bacterium , etc... (ancienne dénomination) qui composent le zooglœa ne tardent pas à s’entourer d’une matière glaireuse, -et à se réunir ensemble de manière à former une sorte de pellicule uniforme dont toutes les parties , quoique distinctes, sont intimement liées ensemble. C’est là Y état zooglairien végétatif ou pelliculaire . A partir de ce moment on voit le zooglœa s’accroître sensiblement de jour en jour, mais il peut se présenter deux cas ; l’accroissement se fait soit par la formation de nouveaux éléments de zooglœa qui s’ajoutent aux premiers , soit par la transformation des éléments de zooglœa en filaments. Comme le premier cas se remarque très souvent dans les eaux distillées, je dois signaler en passant les conditions dans lesquelles se fait le renouvellement du zooglœa. Premier cas. — De petits amas granuleux de zooglœa s’arrondissent , se fusionnent et donnent naissance à des cellules arrondies à contenu granuleux, en tout semblable eux éléments qui l’ont formé. Ce sont ces cellules auxquelles j’ai donné le nom de cellules mères. C’est là leur formation directe. (Formation observée dans l’eau distillée de laitue. PL VIII fig. 2). Ces cellules mères se forment également par modification des éléments arrondis en présence des bâtonnets ; il y a seulement fusion de quelques-uns de ces petits éléments , et la cellule arrondie qui résulte de leur union montre une vacuole, puis deux...., augmente sensiblement de volume, se remplit de protoplasma granuleux, au milieu duquel se trouve un nucléus. Il est facile de voir dans la cellule, autour de ce nucléus , tous les éléments du zooglœa enveloppant dans lequel la cellule mère s’est formée et reste emprisonnée. (Formation observée dans l’eau distillée de tilleul, PI. VIII, ûg. 3). Les cellules mères observées dans l’eau distillée de tilleul ont environ 0m 008 à 0m 012 de diamètre. La cellule-mère, une fois arrivée à maturité complète , se déchire , déverse son contenu et de nouveaux éléments de zooglœa se répandent ou milieu du liquide pour v jouer le même rôle que les premiers. Deuxième cas. — Quant à la transformation du zooglœa en filaments , elle se fait de deux manières : ou bien les parties qui la composent, s’accolent et se JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 393 mettent bout à bout; alors on voit les corpuscules et les bâtonnets s’organiser en file et s’entourer d’une gaîne de la plus grande finesse dans laquelle ils apparaissent sous la forme de petites masses hyalines rondes ou allongées , rapprochées ou éloignées les unes des autres : ou bien les bâtonnets , formés eux-mêmes par les corpuscules formateurs , augmentent de volume directe¬ ment , les bâtonnets qui n’avaient que 0m 001 à O"1 002 de longueur, mesurent bientôt de 0IU003 à 0m004 et ne tardent pas à varier entre 0,005 et 0,009. A ce moment , on peut voir dans leur intérieur de petites vacuoles de 0'11 004 à à 0m 005 qui précèdent la formation de noyaux protoplasmiques de même dimension. Ils continuent à s’allonger et forment de petits filaments de 0,012 à 0,035 de longueur sur 0.0007 de largeur. Cette modification se continuant, on a bientôt une réunion de petits fils hyalins de peu de longueur, sans ramifi¬ cation aucune, accolés les uns aux autres. 4° Etat filamenteux simple du Pénicillium ferment. — [Ces petits bâtonnets s’allongent et bientôt le zooglœa n’est plus qu’une réunion de longs fils hyalins dont on distingue à peine l’enveloppe, mais dont on distingue très bien les masses protoplasmiques ; ce sont même ces masses protoplasmiques rondes ou allongées, placées dans l’intérieur des filaments, qui permettent d’en mesurer le diamètre. Ce diamètre n’augmente pas sensiblement d’abord , car le premier accroissement des filaments se fait dans le sens de la longueur. Il est d’environ 0m0008, Ces filaments augmentent de volume et continuent à s’allonger sous l’influence végétative ; les globules intérieurs grossissent et mesurent de 0!n 0009 à 0"1 0010 ; les tubes engainants , tout en présentant d’endroits en endroits des renflements protoplasmiques, ne laissent encore découvrir aucune cloison transversale, à peine quelques ramifications. Le diamètre , à l’endroit des renflements , est de 0m 0020 à 0ra 0025 et quelquefois 0U10030. Un peu plus tard les globules hyalins , en même temps que le tube engai¬ nant s’élargit , prennent un développement considérable et s'e modifient au profit de l’accroissement cellulaire. La gaine est plus distincte, les cloisons apparaissent de loin en loin ; les cellules allongées contiennent encore des granulations. Des ramifications nombreuses commencent à se montrer. Les cellules qui composent les filaments sont rectangulaires et pour ainsi dire régulières. Tels sont les filaments de jeune formation qui mesurent environ 0m005. C’est cet état que les botanistes ont décrit sous le nom de Byssus (ancienne dénomination). Mais en vieillissant, les filaments se modifient; les cellules qui les composent deviennent plus courtes en même temps que plus larges , s’arrondissent aux angles à l’endroit des cloisons de séparation et ne tardent pas à prendre l’apparence moniliforme (ancien Hygrocrocis). C’est cet état filamenteux que les botanistes ont décrit sous le nom d’ Hygrocrocis , Torula , etc. . . ( ancienne dénomination ) , en faisant des espèces autonomes et leur donnant des noms spéciaux pour chaque eau distillée où ils les observaient. 394 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Cet état moniliforme est caractérisé par des cellules arrondies, placées les unes à la suite des autres , comme les perles d’un collier ou les grains d’un cliapelet ; le diamètre de ces cellules est fort variable, suivant leur époque de formation et les conditions plus ou moins favorables de leur développement. Il est d’environ de 0ra 009 à O111 010. Les filaments moniliformes , en vieillissant , perdent leur sphéricité en même temps que leur régularité. Les articles, sans être plus courts, sont d’abord rectangulaires , à parois plus épaisses , puis deviennent irréguliers , tantôt légèrement arrondis en leur milieu , tantôt bossués , renflés à une de leurs extrémités, à cause des expansions protoplasmiques. Ces expansions ne se font alors que d’un seul côté de l’article. Dans tous les cas, cet état bossué n’existe pas pour les filaments , bien qu’il se rencontre souvent. Les tubes , tout en devenant plus foncés , conservent une certaine régularité qui ne disparaît qu’à l’extrémité du filament , pour former des organes nouveaux. C’est cette forme filamenteuse qui a été décrite par les auteurs sous le nom de Leptomitus (ancienne dénomination), PL VIII , fi g. 4, 5, 6. 5° État filamenteux fructifère du Pénicillium fermenfc[&g. 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, PI. VIII et PI. IX. — Des changements vont se faire dans le protoplasma des filaments , vers leur extrémité, qui va porter les organes de la reproduc¬ tion. Ces organes varient suivant le milieu et les conditions extérieures. Tantôt ce sont des spores nues, terminales, mesurant de 0m 0040 à 0m0080). (Eau de tilleul, eau de mélisse, eau d’aristoloche, etc.); tantôt ce sont des spores qui se forment à l’intérieur des sporanges terminaux ou latéraux (eau de laurier cerise, etc.); ces sporanges piriformes mesurent environ 0m010 à la base, sur 0,013 de largeur et 0,030 de longueur. Quelquefois ils sont moins développés, d’auties fois ils le sont davantage. La fig. 7, pl. IX , représente le développement complet du Pénicillium ferment dans l’eau distillée de tilleul. Quand le filament fructifère a acquis tout «on développement , il se contourne sur lui-même à son extrémité , une , deux ou trois fois , à la façon d’un tire-bouchon ; seulement, les parties contour¬ nées, au lieu d’être très écartées, se rapprochent au point de se toucher. De cette portion enroulée partent des appareils fructifères, étroits à la base, renflés à leur partie supérieure, de 0m003 à 0m035 à la base , de 0,015 de longueur, de 0m007’à 0m008 de diamètre dans leur partie renflée et portant chacun -une petite spore ronde de 0m004 environ. — Le développement des spires est d’environ 0m 028 sur O"1 015 de profondeur. Quand la spore est mûre et qu’elle tombe dans le liquide, il reste la petite coupelle qui lui sert de support et montre la place qu’elle occupait. Ou bien les spires se résorbent ; il se forme un sporange et la formation des spores se fuit à l’intérieur du sporange qui crève et laisse échapper son contenu à la maturité. Que deviennent ces spores en tombant dans le liquide? Elles reproduisent le Pénicillium ferment dans les mêmes conditions, avec cette différence, toutefois, que la spore donne immédiatement l’état filamenteux. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 395 Les choses ne se passent pas toujours ainsi. Dans Veau distillée de mélisse , il se produit : ' 1° Des spores terminales de 0m 004 de diamètre environ ; 2° Des sporanges simples par gonflement des articles ; 3° Des sporanges latéraux. Ces sporanges varient de 0tn001 à 0m002; 4° Des zygospores résultant de la conjugaison des filaments sensiblement triangulaires , les angles étant arrondis et mesurant environ 0m016 à 0m018; 5° Des oospores produites par des anthéridies et des oogones ayant la forme de cornicules. Ces oospores sont rondes et ont environ 0m015 à 0m020. Autant d’organismes qui, un peu plus tôt ou un peu plus tard, sont aptes à reproduire le même végétal. Dans Veau distillée de laurier cerise , on trouve également des sporanges terminaux et colla térataux. Dans Veau distillée de fteurs d'oranger on a souvent des productions de même nature et quelquefois différentes. Ainsi , on rencontre souvent de petits sporanges agrégés à la partie terminale des filaments. Ils ont de 0in012 à 0m 015 de diamètre, et leurs agrégations de 0m 04 à 0m 05. Ces sporanges , en se crevant, donnent des spores propres à reproduire le Pénicillium ferment. Les sporanges crevés laissent sous les yeux des sortes de coques d’un rouge brun. La fig. 7, PL IX, représente une fructification aquatique du Pénicillium ferment dans l’eau distillée de tilleul ; La fig. 8, dans l’eau de laitue ; 9, 10, H, 12, 13, d’aristoloche ; de mélisse ; de laurier cerise; de fleurs d’oranger ; de roses. J’ai fait également des recherches dans les eaux distillées de : Absinthe , Angélique , Anis , Armoise , Bleuet , Camomille , Hysope , Mélilot , Menthe , Plantain , Sureau , Valérianne. Dans toutes, j’ai trouvé des formes analogues. On voit donc par ce qui précède que le Pénicillium ferment plongé dans les eaux distillées , affecte des formes aquatiques qui rendent sa reconnaissance fort difficile pour ceux qui n’ont pas suivi d’instant en instant ses transformations. Il y a même une remarque très curieuse à faire , c’est que ne pouvant pas arriver à donner ses productions aériennes par lesquelles il se reproduit avec tant de facilité , il a , pour se propager dans ces eaux distillées , les autres moyens de reproduction cités plus haut, que je suis le premier à signaler, et qui montrent que son protoplasma , pour être submergé , n’en continue pas 396 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. moins à se modifier et à donner des productions en rapport avec les éléments nutritifs du milieu où il végète. Les spores de ces différentes formes végétatives, dès qu’elles ne sont plus submergées , donnent toujours les fructifications aériennes du Pénicillium ferment. La fîg. 14, PL IX, donne cette fructification aérienne pour la forme végétative observée dans l’eau de fleurs d’oranger et reproduite fig. 12. Le Pénicillium ferment , lorsqu’il ne développe dans les eaux distillées que quelques filaments, loin d’être un inconvénient, retire, par sa présence, le goût de fer qu’ont "toujours les eaux distillées récemment préparées. Mais lorsqu’un de ses états végétatifs se développe d’une façon exagérée , il donne lieu à différentes maladies constatées depuis fort longtemps , mais dont on ne savait pas encore la véritable cause. On peut résumer ainsi les différents états végétatifs du Pénicillium ferment correspondant aux maladies des eaux distillées : A. Etat corpusculaire . \ Etat bactéridien . j B Etat zooglairien : ) Corpuscules formateurs et bacté- ? ries en excès , filaments rares ... ) C. Etat filamenteux fructifère , fila- ) ments en excès . \ Eaux distillées troubles. Eaux distillées filantes. Goût de moisi. Eaux distillée moisies. D. État filamenteux fructifère , fila¬ ments en excès, avec détritus animaux , comme débris d’aca¬ riens , etc . Odeur putride. Eaux distillées corrompues. Les moyens les plus efficaces de prévenir ces maladies des eaux distillées sont étudiés longuement avec ces maladies elles-mêmes, dans mes « Recherches cryptogamiques sur les altérations des substances médicamenteuses , alimentaires et commerciales. » E. Cocardas, Membre de la Soc. Bot. de France. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche VIII. Fig. 1. Fig. 2. Fig. 3. Fig. 4. Fig. 5. Fig. 6. — Corpuscules formateurs dans l’eau distillée simple. — Formation des cellules mères dans l’eau distillée de laitue. — Ces cellules mères dans l’eau de tilleul. — Le zooglœa dans l’eau de roses. — État filamenteux simple dans l’eau de laurier-cerise. — État filamenteux développé dans l'eau de mélisse. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 397 Planche IX. Fig. 7. - Fig. 8. — Fig. 9. — Fig. 10. — Fig. 11. — Fig. 12. — Fig. 13. - Fig. 14. — » Etat fructifère aquatique daus l’eau de tilleul. - de laitue. - d’aristoloche. - de mélisse. - de laurier-cerise. - de fleurs d’oranger. - de roses. Etat fructifère aérien dans l’eau de fleurs d’oranger. LE BACILLE DU CHOLÉRA. D’apres les renseignements fournis par M. le docteur Koch lui-même, dans la conférence de jeudi dernier, sur ses études et les résultats qu’elles lui ont fournis, on peut résumer de la façon suivante les points affirmés par le célèbre micrographe allemand : 1. Gomme toutes les maladies infectieuses ou contagieuses, le choléra est dû à l’action d’un microbe que M. Koch rattache au genre « Bacillus ». 2. Le bacille du choléra se rencontre dans la couche sous-épithéliale de l’intestin, chez les personnes atteintes, et ne se trouve que là. Toutes les recherches faites dans les diverses autres parties du corps, et notamment dans le sang, n’ont, pas abouti. On le retrouve dans les selles et dans les déjections. Il a été trouvé chez tous les malades atteints de choléra, et seulement chez ces malades. 3. La forme typique du bacille du choléra est celle d’un bâtonnet courbe, que l’on a comparé à une virgule. Cependant, cette forme n’est pas constante ; souvent, on ne voit que des bâtonnets droits, qui ne se distinguent des autres formes de bacilles déjà connues que par un pouvoir un peu différent d’absorption des couleurs d’ani¬ line. Cette dernière forme existait presque exclusivement dans l’une des prépara¬ tions montrées par M. le D' Koch. 4. La forme végétative du bacille est la seule connue jusqu’à aujourd’hui. M. le D Koch n’a pas vu la sporulation, et considérerait comme possible qu’elle n’exis¬ tât. pas. * 5. Le bacille peut se cultiver très facilement dans un mélange de bouillon de viande, de peptones et, de gélatine, dans les proportions voulues pour que la masse se prenne en gelée par le refroidissement. Ce mélange nutritif étant placé dans des tubes, M. Koch y introduit, au moyen d’une aiguille préalablement flambée, quelques-uns des microbes contenus dans les déjections d’un malade. Au bout de quelque temps, les microbes se sont assez multipliés pour former, au point piqué par l’aiguille, une colonie parfaitement visible à l’œil nu. 6. Parmi les agents dont M. Koch a étudié l’influence sur la vie du microbe, les composés mercuriels, le bi-chlorure de mercure spécialement et l’acide phénique paraissent être les meilleurs. Le chlorure de zinc n’aurait, aucune action, le bacille ayant pu être cultivé plusieurs jours dans une solution de ce sel au dixième. Le ba¬ cille ne résiste pas dans un milieu acide. 7. La dessiccation tue sûrement le bacille au bout de quelques heures. L’air, et surtout l’air sec, ne contient pas ou ne contient que très peu de microbes, et ne 398 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. peut pas être un agent de transport pour eux. L’agent de dissémination le plus actif est l’eau, dans laquelle le bacille peut demeurer vivant pendant de très longues pé¬ riodes. 8. Les épidémies de choléra prennent toutes naissance dans la vallée du Gange, non spontanément, mais par suite de l’existence du bacille. 9. Le bacille a, en dehors de l’organisme, une vie limitée, qui ne se prolonge pas plus de trois ou quatre semaines, et ne peut, par conséquent, être transporté par des objets contaminés, si le voyage en mer ou en plein désert se prolonge au-delà de ce temps. 10. Le bacille, mélangé aux selles, peut être transporté dans l’eau des ruisseaux avec laquelle les fosses d’aisances communiquent trop souvent. Il est de là emporté jusqu’au port, qui devient ainsi un dangereux foyer d’infection, le bacille se répan¬ dant, au-dessus d’eux, dans l’air humide, et pouvant être ainsi transporté dans la ville. 11. Toutes les substances liquides peuvent être des agents de transport, l'eau sur¬ tout et le lait. Le vin et la bière paraissent ne pas renfermer le microbe. Si nous laissons de côté les conséquences que M Koch tire de ces faits, au point de vue de l’hygiène et de la médecine (nous examinerons plus loin ces déductions), pour ne considérer, actuellement, la question qu’au point de vue de la science pure, nous sommes obligés de reconnaître que le travail de M. Koch renferme de nom¬ breuses et regrettables lacunes, et, ce qui est plus grave, des inexactitudes et des erreurs de déductions que l’on s’étonne de rencontrer chez un homme dont les pro¬ cédés d’investigation sont d’ordinaire caractérisés par une rigueur et une précision toutes scientifiques. Il ne s’agit pas ici d’une querelle de personnalité, encore moins d’une question de nationalité. Bien que nous soyons peut-être trop portés, en France, à admirer, les yeux fermés, tout ce que font nos voisins, surtout au point de vue scientifique, il est cependant impossible de méconnaître le mérite incontestable de M. le D1' Koch, e*- nous sommes les premiers à rendre hommage à un homme que ses travaux anté¬ rieurs ont rendu justement célèbre. Peut-être ne pousserons-nous pas l'admiration pour M. Koch, jusqu’à le placer, comme .on l’a fait, au même niveau que son ancien et l’on pourrait dire son maître Pasteur, mais nous croyons qu’au-dessous d’un homme qui est l’une des plus pures gloires de notre pays, il y a encore assez de places honorables pour qu’on puisse, sans le blesser, en accorder une à M. Koch. C’est donc sur le terrain purement scientifique que doit se placer le débat et nous ne nous préoccuperons que d’une chose : savoir si les procédés d’étude et d’expéri¬ mentation employés par M. Koch sont les meilleurs que l’on puisse mettre en œuvre, si ces procédés sont assez exacts et rigoureux pour autoriser des affirmations formelles, et si les déductions tirées par M. Koch des faits qu’il a observés sont bien d’accord avec les données actuelles de la microbiologie. Pour ce faire, nous allons reprendre, l’un après l’autre, les faits avancés par le savant micrographe, et les soumettre à un examen critique aussi rigoureux que possible. 1 Le choléra est dû à l’action d’un bacille. — Ce n’est pas ici le lieu de discuter les diverses théories qui ont été émises au sujet de l’action des microbes dans les maladies contagieuses et infectieuses. Si l’on s’accorde généralement à dire que le microbe est la cause de la maladie, certains observateurs s’obstinent à le regarder comme un épiphénomène, dont la présence, voire même la diffusion, n’ont aucun effet pathologique. D’autres encore veulent voir en lui, sinon l’agent actif de la maladie, du moins l’agent de transport du virus, et, par conséquent, à la fois la cause et l’effet. Il est inutile de faire ressortir quelle est l'importance de cette ques- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 399 tion, au point de vue pratique, et quel intérêt s’attache à sa solution, dans quelque sens qu’elle intervienne. Cependant les expériences décisives font encore défaut, et les contradictions observées dans les résultats des expériences montrent la néces¬ sité de nouvelles recherches. Si cependant nous admettons que la présence du microbe soit réellement la cause de la maladie, d’autres questions restent à élucider. 2. Le bacille du choléra a été trouvé chez tous les malades atteints de cette ma¬ ladie, et seulement chez eux. — Cette proposition ne pourra être rigoureusement démontrée que lorsque la spécificité du microbe aura été solidement établie. 11 nous semble, cependant, que, dans toute la microbiologie, on s’est laissé entraîner trop facilement à admettre une spécificité d’action, qui le plus souvent n’a pas été démon¬ trée. Le plus souvent, ces nombreux microbes que l’on a décrits sont caractérisés surtout par leur origine, et l’observateur le plus habile serait embarrassé de savoir auquel il a affaire, s'il ne savait où le microbe qu’il voit a été pris. N’en a-t-il pas été de même pour le bacille du choléra ? Cela nous paraît d’autant plus vraisem¬ blable que, des caractères qui lui ont été assignés, aucun n’est assez précis et assez fixe pour assurer une certitude absolue. Qu’on nous permette de citer ici quelques lignes empruntées à la « Botanique cryptogamique » de L. Marchand : i> Chaque Shizophycète aurait-il donc, sur les milieux, uue action spéciale, et peut-on dire qu’ils ont chacun une spécialité de production telle, qu’on ne la retrouve jamais hors de leur présence?. . . En y réfléchissant un peu, il est facile de voir que la spécificité n’est pas plus défendable en médecine qu’en chimie. On fait du vinaigre par l’action de la mousse de platine sur l’alcool; on reproduit, sans le secours des microbes, la plupart des fermentations où nous les avons vus se montrer. De même en pathologie : est-ce que la vaccination ne peut être remplacée par la variolisation? Comment l’inoculation du microbe du choléra des poules peut-elle pré-erver du sang de rate?. . . . Au reste, il ressort de l’étude, faite plus haut, des ferments pathogènes, qu’aussi bien que pour les zymogènes il est impossible d’en indiquer u un seul « qui puisse se prétendre spécifique ; dans tous les cas, nous avons trouvé autant d’espèces de bactériens incriminés qu’il y a eu d’auteurs qui se sont occupés de la question. Le difficile n’est pas de trouver un microbe dans telle ou telle maladie », cette recherche est enfantine ; il y en a partout, sur tout et dans tout ; mais il s’agit de trouver tel bactérien spécial qui se rencontre, invariablement et toujours le même, dans une même maladie, et qui soit lié à elle comme l’acarus est lié à la gale ; de plus, il ne doit jamais se rencontrer, comme cause dans aucune autre affection. Or, il nous semble, n’en déplaise aux inventeurs, que la preuve, la plupart du temps, n’a pas été suffisamment faite. Existe t-il une seule maladie dans laquelle il soit prouvé que le microphyte soit la condition « sine quâ non ? » Il y a des maladies charbonneuses où le « Bacillus anthracis, » ce microbe qui supporte le temple des gerministes, fait lui-même défaut! » Ces paroles ne- trouvent-elles pas une application directe dans le cas qui nous occupe, et ne montrent-elles pas la nécessité de recherches nouvelles ? 3. Caractères spécifiques du microbe. — L’examen des caractères donnés par M. Koch comme spéciaux au bacille du choléra, et l’examen des préparations de ce bacille montrées par lui, nous confirment encore dans l’idée que sa spécificité est loin d’être établie. Ces caractères, nous l’avons vu, sont essentiellement variables, et si le bacille possède une forme que l’on dit caractéristique, il se présente très souvent sous un tout autre état. Un seul caractère paraît présenter une certaine précision : la coloration un peu- particulière que prend le microbe traité par les cou¬ leurs d’aniline. Mais M. Koch a oublié de le préciser nettement, et, d’ailleurs, est-ce là un caractère? Rappelons ici eneore lés paroles de L.* Marchand, qui, après 400 JOURNAL DE MICROGRAPHIE avoir rappelé les observations de Trécul, Nylander Van Tieghem, Ray-Lancaster, Cohn, Warming, etc., et celles de Koch lui-même ajoute : v> D’après ces considérations, on admet que tout ce qui pouvait être réputé, à simple vue, comme des espèces ou des genres, ne peut être considéré que comme des formes déterminées par l’action des milieux : « Micrococcus », Zooglœa », » Leptothrix », i> Baclerium », « Vibrio », Spirillum », * Mycoderma », ne sont que des phases de végétation de types, psu nombreux sans dou'e, mais à coup sûr, encore indéterminés. . . Une telle simplification n’est point du goût des chimistes qui font de la médecine, ni de celui des médecins qui ont tourné au chimisme. Habitués par leurs études à classer les corps d’après leurs réactions, ils ont transporté cet ordre d’idées dans la classification des bactériens zymogènes et pathogènes. Au reste, l’application est facile : le Micrococcus est-il dans l’urine, on dit M. urœ » ; se montre-t-il dans la septicémie, « M. septicus « ; dans la vaccine, v M. vaccinœ. Cette science est à la portée de toutes les intelligences. En présence de cette incertitude pour la discussion même des genres, est-cn bien fondé à établir la spécificité sur des caractères aussi fugitifs que ceux invoqués, alors surtout qu’on n'a vu qu’un état végétatif de l’organisme étudié, et qu’on n’a pas suivi son cycle vital ? M. Koch n’a pas vu la sporulation. — C'est là un point capital et il nous semble bien difficile qu’un observateur, habitué comme M. Koch aux recherches sur les mi¬ cro-organismes, n’en ait pas vu toute l’importance, alors surtout que lui-même, dans ses recherches antérieures sur le « Bacillus anthracis », a démontré que « les spores, qu’on doit bien distinguer des baguettes, constituent le contagium de la fièvre dans son état permanent et mortel.. » En injectant à des cochons a’Inde du sang frais d’un animal soutirant de la fièvre splénique, il les fit mourir de la même maladie vingt ou trente heures après l’inoculation. Desséchant le sang contenant des organismes en baguettes, dans lequel, toutefois, les spores n’avaient pas encore fait leur apparition, il ne lui conserva son pouvoir d’infection que cinq semaines au plus. Il dessécha ensuite du sang contenant des spores bien développées, le. réduisit à l’état de poussière, mouilla cette poussière pour la dessécher de nouveau, la plaça au milieu de matières en putréfaction, et, quatre années après avoir traité de cette façon le sang chargé de spores, il trouva son action tout aussi énergique que celle du sang frais. Gomment, en présence de faits aussi significatifs, dont il a fait voir lui-même toute l’importance, M. Koch peut-il aujourd’hui se préoccuper si peu de la sporulation, et comment peut-il surtout appuyer ses procédés de désinfection sur des expériences faites sur le bacille à son état végétatif, alors que, il le sait mieux que personne, les ï'pores des Schizomycètes ont un pouvoir de résistance bien plus considérable aux agents destructeurs que la forme végétative, et sont souvent un agent de contagion bien plus actif? 5. Culture. — On ne peut faire, au procédé de culture employé par M. Koch qu’un seul reproche, mais il est capital. Les cultures en grand, telles qu’il les a instituées, présentent, en effet, cet inconvénient, qu’elles ne permettent d’observer que l’état initial de l’organisme en culture, et non son état ultime. L’observation nécessitant la destruction de la culture, il n’est possible de voir les états intermédiaires qu’en multipliant les expériences dans des proportions trop considérables. Encore ne peut- on obtenir ainsi que des faits isolés, que l’on est obligé de relier entre eux par l’ima¬ gination, ce qui est regrettable. D’autre part, si l’on n’a pas suivi pas à pas l’évolution des organismes mis en expérience, comment peut-on être sûr que le résultat obtenu provient uniquement « du développement des organismes mis en culture ? Le milieu employé est loin d’être stérile, et ce ne sont pas les précautions prises, précautions peu nombreuses, qui JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 401 permettront d’affirmer qu’aucun être étranger n’est venu se mêler à ceux que l’on étudie. M. Koch lui-même, nous a montré, en étudiant le « Bacillus anthracis » quel parti on pouvait tirer des cultures sur le porte-objet du microscope : son milieu nu¬ tritif est un corps transparent, et rien 11e pouvait l’empêcher d’employer le système qui lui avait déjà fourni, en d’autres circonstances, des résultats si brillants et si positifs. 6° L’acide phénique et le bichlorure de mercure sont les meilleurs agents de des¬ truction du microbe. Celui-ci 11e vit pas dans un milieu acide. — Ce sont là des obsérvations. positives, et cependant, les faits ne sont pas toujours d’accord avec elles. Pour ne citer qu’un exemple, l'influence de la liqueur de Van Swieten , dont on a beaucoup parlé comme composé mercuriel, paraît n'être pas aussi forte que le voudrait la théorie, puisqu’un docteur de notre ville a pu constater neuf cas de choléra parmi des syphilitiques traités depuis trois mois par ce médicament. Cela ne tiendrait-il pas à ce que cet agent, dont l’action funeste sur le bacille a été cons¬ tatée, demeure sans effet sur les spores. Il paraît en être de même pour l’acidité du milieu, car il serait très difficile d’expliquer autrement, sauf peut-être de très rares exceptions, la pénétration du microbe dans les voies digestives, malgré l’acidité des sucs gastriques. L’insuccès des divers essais d’inoculation tentés sur des animaux ne tiendrait-il pas aux mêmes causes? Le fait est assez important pour qu’il mérite d’être vérifié. A. Taxis et J. Chareyre , ( A suivre ) De la Faculté des Sciences, à Marseille. NOTES MÉDICALES. LES EAUX DE POUGUES ET LE CHOLÉRA. Un éminent chirurgien, Verneuil, insistait, il y a peu de temps, devant l’Académie de Médecine, sur les dangers de ce qu’il appelait i’auto-inoculation, mais un phénomène auquel on est bien loin d’accor¬ der toute l’importance qu'il mérite, c’est l’auto-infection, phénomène qui est général et continuel. Car, c’est triste à dire, mais continuelle¬ ment nous nous infectons les uns les autres et nous nous infectons nous- mêmes. C'est une conséquence de l’état de société, et toutes les agglomérations humaines, celles qui constituent les villages comme aussi, et surtout, celles qui forment les grandes villes, sont vouées à l’infection réciproque et à l’auto-infection. C'est même en grande par¬ tie pour parer, autant que possible, aux dangers de cette action mé¬ diate et immédiate de l'homme sur l’homme qu’a été inventée cette science qu'on traite, d’ordinaire, un peu légèrement dans nos Facul¬ tés, mais qui devrait être la première et la mieux enseignée des sciences médicales : — c’est Y hygiène que je veux dire. 402 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Il est bien vrai que depuis quelques années des hommes de talent et de persévérance se sont dévoués à l’étude et à la défense des principes de l’hygiène générale, et notre vaillant confrère, le Dr P. de Pietra- Santa, ainsi que tous ses collaborateurs au Journal d'hygiène, en sait quelque chose. Malheureusement , les hygiénistes s’agitent , mais les municipalités les mènent. Il se fait beaucoup de discours , peu de travaux, — et pendant ce temps-là les épidémies éclatent. La principale cause d’infection pour les agglomérations humaines est l’accumulation des résidus et de rebuts de l’alimentation : débris, ordures, charognes, excréments et autres « documents humains. » — Que faire de tout cela? Laisser là ces pourritures, stagnantes, sur place, cela se fait en certains pays, et ce que les carnassiers, les oiseaux et les insectes ne dévorent pas devient foyer de pestilence, et les populations, à certains moments, quand certaines conditions se produisent, meurent de la peste, de la fièvre jaune ou du choléra. — Ou bien, dans d’autres pays, et ceci est un progrès, on creuse des égouts, on jette les immondices à l’égout, on y fait passer un courant d’eau , et , en fin de compte, tout cela arrive dans les rivières ou les fleuves du voisinage. Et alors ce sont les rivières et les fleuves qui, à certains moments, sont empoisonnés. Ailleurs encore, on ne se donne point la peine de creuser des égouts, on jette directement les résidus, les immondices, les cadavres dans le fleuve. C’est ce que font de tout temps les Hindous dans le Gange, c’est ce qu’ont fait l’an dernier les pèlerins de l’Islam dans le Nil. C’est si commode un fleuve pour cacher et emporter tout ce qui gêne : les villes y jettent les égouts de leurs rues, les campagnards les carcasses de leurs bêtes mortes, les usines leurs résidus infects, les vidangeurs les liquides de leurs dépotoirs, les pharmaciens y jettent l’amant de leur femme et les malheureux s'y jettent eux-mêmes ! Tout cela serait très bien s'il n’en résultait pas ceci, qui est grave : les fleuves sont empoisonnés. Personne ne conteste que le choléra, — puisqu’en ce moment c’est du choléra qu’il s’agit, — est produit dans l’Inde par l’habitude qu’ont les sectaires de Brahma de prendre le fleuve sacré pour un cimetière. Il n’est guère contestable aujourd’hui pour tous ceux qui regardent les choses de près et que des nécessités de situation ne forcent pas à soutenir quand même des idées surannées, il n’est guère contestable aujourd’hui que le choléra a été produit, l'an dernier en Égypte, par les incroyables tueries d’animaux auxquelles se sont livrés les pèlerins musulmans, jetant les carcasses dans le Nil, par milliers. L’infection des ports et de certains quartiers de Toulon et de Mar¬ seille est pour ainsi dire proverbiale. Que les cours d’eaux soient empoisonnés — non pas tous heureuse- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 403 ment au même titre que le Gange ou le Nil — cela ne peut faire doute pour personne, car on sait qu’il est des rivières où les poissons ne peuvent plus vivre, et pour ne parler que de la Seine, les Parisiens peuvent voir tous les jours, au tournant du fleuve, près de St-Ouen, des centaines de cadavres de chiens et de chats, dansant la sarabande, le ventre en l'air, au remous de l’eau, au milieu d’une débandade de feuilles de choux pourries et des restes de poissons asphyxiés. Qui de nous n’a pas regardé avec horreur les liquides immondes qui sortent par l’embouchure des égouts, poste préféré des pêcheurs à la ligne, gens à l’odorat peu sensible et qui se délectent aux senteurs de l’asticot sous un soleil de 38° centigrades ? Qui n’a vu ces liquides troubles et puants, eaux des ruisseaux, eaux des éviers, eaux des hôpitaux, eaux des latrines et des vidanges ! Et nous buvons tout cela ! Et c’est partout comme cela. Du grand au petit, c’est partout la même chose.' Il y a même des cours d’eaux qui ne sont que des égouts : voyez la Bièvre et tous les rüs des environs de Paris. Toute cette eau est de l’eau pourrie ; elle porte en elle l’infection et la pestilence. Les savants qui croient aux microbes, comme le profes¬ seur Koch, de Berlin, disent qu’elle est le meilleur véhicule du cho¬ léra et M. Pasteur défendait aux membres de sa mission, en Egypte, d’en boire. Depuis longtemps on dit que le choléra suit le* cours des fleuves, et l’on a raison, nous savons maintenant pourquoi. Conclusion : il ne faut pas boire d'eau. Malheureusement cette conclusion n’est pas pratique. Tous, excepté les ivrognes, nous avons besoin de boire plus ou moins d’eau en nature. M. Pasteur, et croyons-nous aussi, les conseils d’hygiène ont recom¬ mandé, en ce moment où l’on redoute l’extension en France du terrible fléau, de boire de l’eau qu’on a fait bouillir la veille. — C’est une idée absolument déplorable. L’eau bouillie n’est pas potable. N’a pas, en effet, les qualités d’une eau potable, — c’est-à-dire desti¬ née à réparer la perte en eau de nos tissus, — la première eau propre venue. L’eau potable doit renfermer de l’air en dissolution, sinon elle est lourde et indigeste ; l’eau bouillie n’en renferme plus. Et si onia laisse exp sée à l’air assez longtemps pour qu’elle en dissolve une nouvelle quantité, elle redevient presqu’aus-d impure qu’avant d’avoir été bouillie, car elle reçoit tous les germes et absorbe tous les gaz et les vapeurs de l’atmosphère. Une bonne eau potable doit renfermer une petite quantité de carbonate de chaux en dissolution. Entre une eau qui contient un peu de carbonate calcaire et une eau qui n’en renferme pas , les animaux 404 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ne se trompent jamais , ils choisissent la première. Or, l’eau bouillie n’en renferme plus , puisque l’ébullition a chassé l’acide carbonique qui tenait le carbonate de chaux en dissolution à l’état de bicarbonate. Des eaux gazeuses artificielles, il n’en faut pas parler, car elles sont fabriquées avec l’eau ordinaire des villes, quelquefois moins pure encore que si l’on allait la prendre tout droit à la rivière. L’acide carbonique qu’on y foule ne suffit pas à la purifier. « Il reste donc les eaux minérales naturelles , et c'est , en effet , les seules que l’on peut boire avec sécurité ; c’est-à-dire les eaux minérales captées et mises en bouteille à la source même. Mais alors, à quelle eau minérale s’adresser? Notez bien que dans le cas qui m’occupe, il ne s’agit pas de malades s’adressant à telle source plutôt qu’à telle autre , en raison de la maladie dont chacun d’eux est affecté. Il s'agit de gens en bonne santé, qui veulent boire des eaux minérales pour ne pas s’empoisonner avec les eaux septiques des villes. 11 faudra donc que l’eau minérale en question soit, d’abord, agréable à boire , facile à digérer ; puis , que par son action chimique , elle ne puisse pas troubler les fonctions de celui qui la consomme , fonctions qui sont normales. Enfin , j’ajouterai que, en temps de choléra, il est utile que cette eau ait surtout une influence salutaire sur l’appareil digestif et sur les organes qui en dépendent, sécréteurs et excréteurs, — car il ne faut pas oublier qu 'en temps d' épidémie, tout dérange¬ ment gastrique ou intestinal peut se transformer en choléra . Toutes ces conditions désignent d’une manière formelle les eaux de Pougues (St.- Léger). Et ne croyez pas que ce soit là une affaire de réclame, c’est une question de raisonnement. C’est bien simple. Il faut que l’eau soit agréable à boire : Cela élimine immédiatement toutes les eaux qui ont « mauvais goût », les eaux sulfureuses, les eaux à saveur saline que le public appelle sou¬ vent des eaux salées , et avec assez de raison, car c’est, en général, au chlorure de sodium qu'elles doivent surtout cette saveur. — En même temps sont éliminées toutes les eaux plates, lourdes, sans gaz , qui chargent et qui gonflent l’estomac. Pour qu’une eau soit très agréable à boire , il faut qu’elle soit gazeuse. On voit que nous voici , rien que par ces conditions , amenés à ne considérer que les eaux bicarbonatées , et particulièrement celles qui contiennent le plus d’acide carbonique libre. Mais, parmi ces eaux, qui sont toutes alcalines, les unes sont surtout riches en bicarbonate de soude, les autres en bicarbonate de chaux. Les eaux alcalines bicarbonatées sodiques sont les eaux du bassin JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 405 de Vieil j. Elles sont certainement fort utiles dans un grand nombre de maladies , mais encore une fois , je m’occupe de gens en santé, santé. Or, dans ce cas, les eaux de Vichy sont absolument à repousser: outre que leur saveur fortement savonneuse , urineuse même , pour¬ rait les faire rejeter comme désagréables à boire, en raison de leur excessive alcalinité elles sont de nature à troubler le travail d’un estomac qui fonctionne bien et à altérer la composition des liquides gastriques qui est normale : en un mot , à détruire l’équilibre de la nutrition qui est parfait. Il ne reste donc plus que les eaux gazeuses à alcalinité moyenne, et parmi celles-ci on devra choisir, en vertu de ce que l’eau doit être agréable à boire, celles qui sont claires et limpides, car il en est qui sont épaisses, visqueuses , remplies de flocons noirs ou bruns que l’on voit continuellement monter dans la bouteille , comme autant de ludions , soulevés par les bulles, et retomber pour remonter encore. — C’est peu attrayant. Et parmi les eaux limpides, à alcalinité moyenne, à fort chargement en acide carbonique libre, la première qui se présente est l’eau de la vieille source Saint-Léger (font la réputation est trois fois séculaire. Je ne veux pas répéter ici l’analyse de l’eau de Pougues ni citer les diverses maladies dans lesquelles elle est souveraine, je veux seulement rappeler ceci : qu’en temps ordinaire, il n’en est pas de meilleure pour remplacer, par exemple, aux repas, les eaux soi-disant potables (1) que nous livrent les municipalités. En effet, elle est très gazeuse, mous¬ seuse comme on dit, contenant 1 gr. 319 d’acide carbonique libre par litre, sans compter l’acide combiné dans les bicarbonates et qui se dé¬ gage peu à peu, à l’état naissant, rendant l’eau piquante, c’est-à-dire très rafraîchissante, De plus, elle ne renferme qu’une quantité limitée de bicarbonate de soude, c’est le bicarboncte de chaux qui domine ; par là elle se rap¬ proche donc admirablement des eaux potables types qui, je l’ai dit plus haut, doivent renfermer du carbonate de chaux en dissolution, pour la réparation de nos os. J’ajouterai qu’elle est ferrugineuse, et Trousseau la tenait en grande estime en raison de cette propriété, qui est, en effet, très importante, qui rend l’eau de Pougues tonique et reconstituante, dispensant ceux et surtout celles qui la boivent régulièrement des pilules de fer quoti¬ diennes, lesquelles ne sont pas toujours assimilées, — et noircissent les dents. Enfin, l’eau de la source Saint-Léger est claire, limpide, légère, à (1) Et les lecteurs du Journal de Micrographie savent toutes les glies ou glaires que le professeur Maggi, de Pavie, a trouvées dans ces eaux potables, par l’analvse microscopique après traitement par le chlorure de palladium et les réactifs colorants. 4 406 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. peu près sans autre saveur que le « piquant » qu’elle doit, comme l’eau de seltz, à l’acide carbonique. Elle est donc fort agréable à boire. D’autre part n’étant paps surchargée de sels minéraux et particuliè¬ rement de sels alcalins , elle ne peut jamais troubler l’équilibre des fonctions digestives de l’homme en santé. C’est donc, et l’on voit pourquoi, l’eau que je recommande à tous de boire journellement, à titre de simple mesure hygiénique et préser¬ vatrice , en temps ordinaire. Mais c’est bien davantage encore que je recommande l’eau de Pougues en temps d’épidémie cholérique , alors que l’on doit veiller à ce que les fonctions de l’estomac , de l’intestin et des autres organes annexes, le foie, les reins, se fassent avec régularité, Car les eaux de Pougues sont les premières à employer contre toutes les dyspepsies, c’est-à-dire les digestions difficiles, même les apepsies, car elles réveillent l’appétit, même les ulcères de l’estomac. Elles agissent comme régulatrices : « Sous leur influence, dit le prof. Bouchut, les gaz et le gonflement d’estomac diminuent, l’appétit est meilleur, les digestions plus faciles, et, dès que l’estomac fonctionne plus régulièrement, la tête se dégage et les vertiges disparaissent. » L’estomac actif, le ventre libre, la tête dégagée, — que peut-on sou¬ haiter de mieux en temps de choléra ? Ainsi donc, en résumé, je suis convaincu qu'il y a grand avantage à remplacer en tous temps les eaux « potables » des villes par l’eau de Pougues, et particulièrement en temps d’épidémie. Je ne veux pas dire que l’eau de Pougues est une panacée certaine pour préserver du choléra, mais j’affirme, et je crois l’avoir prouvé, que son usage régu¬ lier dans ces conditions constitue une des mesures de précaution les plus raisonnables, les plus logiques et les plus conformes à tout ce que nous apprennent la physiologie, la chimie, l’hygiène, — et l’expé¬ rience. C’est tout ce que je voulais démontrer. Dr J. Pelletan. t CORRESPONDANCE. Monsieur le Rédacteur, Je n’ai pas dit sans raison, vous le voyez, dans ma dernière note que la Commission du Bulletin de la Soc. Botanique de France avait besoin de changer la couverture «le son recueil pour renforcer son article 21 et son autoritarisme. Vous savez que le 23 janvier 1884 , j’avais envoyé à la Société Botanique une JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 407 deuxième communication : Le Pénicillium ferment dans les eaux distillées , accom¬ pagnée de deux planches sur une pierre lithographique. Depuis cette époque, je suis resté sans nouvelle; j’avais seulement oui dire qu’elle était à l’impression, quand le 9 mai je reçois du secrétariat la lettre suivante : Monsieur et cher Confrère , J’ai le regret de vous informer que la Commission du Bulletin n’a pas cru devoir insérer votre communication sur le Pénicillium ferment dans les eaux distillées. Vous pourrez faire reprendre votre pierre lithographique au siège de la Société. J. Vallot. Ne trouvez-vous pas cela un peu laconique, cher Monsieur ? Et c’est tout ce que la Commission du Bulletin a cru devoir dire à celui qu’elle a laissé dans l’anxiété depuis trois mois et demi , celui quelle veut faire taire quand même et dont elle se croit pour toujours débarrassée ? Pour une Commission se donnant une autorité absolue comme la Commission du Bulletin, n’est-ce pas généreux de laisser les auteurs des communications attendre, trois mois et demi, qu’elle veuille bien les informer qu’elle a daigné prendre à leur endroit une décision défavorable sans leur en donner les raisons ! Fière Commission qui trouve plus noble de supprimer complètement des écrits que de continuer l’indigne besogne de critiquer l’auteur sans le laisser répondre. Vous ne voyez pas d’ici ce pauvre apprenti lithographe remettant son énorme pierre sur ses épaules et reprenant tristement le chemin de ses pénates ? Je suis bien sûr que M. Bonnier n’en avait pas si lourde charge le jour où il recevait avec son ami Mangin, des mains de son beau-père , un prix qui lui était décerné d’avance ! Il est vrai que le poids des objets n’est pas toujours en raison directe de leur valeur. La distribution des prix de l’Académie a jeté un jour nouveau sur mon affaire et me donne aujourd’hui l’explication : 1° De l’accueil froid que m’a fait M. Van Tieghem lorsque je lui parlai , l’année dernière , de présenter un travail pour concourir pour le prix Desmazières ; 2° De l’opposition systématique qu’il me fit avec son entourage à la Société Botanique. Pouvais-je connaître à l’avance ce contre-temps ? 11 m’eût fallu, pour savoir que les prix ne se donnaient qu’en famille, être du petit comité où le premier venu ne saurait avoir accès. Heureusement qu’un jour la Société Botanique de France reprendra possession d’elle-même et rouvrira ses portes qui restent obstinément fermées à ceux qui ne font pas de travaux de commande et qui ne prennent pas leur mot d’ordre hors de la patrie ! On la verra enfin mettre un terme à cette exploitation indigne de quelques membres qui se servent de son bulletin comme moyen de propagande pour eux, de décourage¬ ment pour les autres , qui, ne voulant- en fait de travaux que des nouveautés, font de «. et organe, public de par les statuts , devenu privé dans leurs mains, un observa¬ toire permanent d’où ils puissent découvrir tous les mémoires originaux, encourager ceux qui flattent leur amour-propre et les grandissent, et détruire ceux qui pourraient 408 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. jeter un peu d’ombre sur leur soleil, sans oublier toutefois d’y puiser en le digérant ce qui leur paraît bon, toujours sous prétexte de sauvegarder et les deniers et la dignité de la Société ! Alors on ne verra plus la Société Botanique donner avec tant de prodigalité les colonnes de son Bulletin aux gens intègres qui croient rester dans la légalité en imposant la lecture de leurs erreurs à ceux dont ils ne veulent pas lire les vérités. Je me suis laissé entraîner, cher Monsieur, excusez-moi , — mais je sais que je m’adresse à un homme toujours prêt à servir les justes causes. Votre dévoué , Ed. Cocardas , Membre de la Soc Bot. de France. BIBLIOGRAPHIE. i FLORE DE PARIS ( Phanérogames et Cryptogames) , Par le Professeur J.-L. de Lanessan (1). Nous allions rendre compte de ce volume, ce qui n’est pas une chose facile, quand nous nous sommes aperçu qu’il y a une préface, et comme elle explique, beaucoup mieux que nous ne saurions le répéter, ce que l’auteur a voulu faire et qu’il a fait, comme de plus elle est courte, nous croyons ne pouvoir prendre un meilleur parti que de céder la parole à M. de Lanessan, en publiant sa préface elle-même. La voici : / « Aux Etudiants de la Faculté de Médecine de Paris « Je dédie cette Flore , commencée, il y a près de dix ans, pendant les herborisa¬ tions où j’avais le plaisir de récolter avec eux les plantes de nos environs, sous la conduite de notre savant et vaillant maître M. H. Bâillon, achevée pendant les quelques loisirs que me laisse une vie plus agitée, mais non moins dévouée à la science. « Cette Flore de Paris se distingue de tous les ouvrages analogues qui sont au¬ jourd’hui h la disposition des herborisateurs par l’adjonction des Cryptogames inférieurs (Algues, Champignons, Lichens), par l’addition de figures destinées à faci¬ liter aux débutants la reconnaissance des formes principales. Enfin par l'indication des propriétés utiles ou nuisibles des diverses espèces qui poussent naturellement ou qui sont cultivées dans les environs de Paris. » Toutes les espèces nuisibles et toutes celles qui fournissent les produits utiles à la médecine, à l’industrie, h l’économie domestique, sont discutées en détail. Les caractères principaux de toutes les autres sont indiqués dans des tableaux dichoto- (1) Un vol. in-12 de 950 pages, avec 702 figures dans le texte. — Paris, 1884 ; O. Doin. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 409 miques très détaillés, à l’aide desquels il est facile d’arriver à la détermination successive des embranchements, des ordres, des familles, des tribus, des genres et des espèces. » Pour dresser ces tableaux dichotomiques, j’ai toujours fait usage des caractères les plus saillants et les plus aisément constatables. J’ai eu soin également, afin de faciliter le diagnostic, de multiplier, autant que possible, le nombre des caractères employés. » A la fin du volume se trouve un tableau de toutes les espèces disposées par ordre alphabétique dans chaque famille. En regard du nom de chaque espèce j’ai placé l’indication de ses synonymes latins et de ses noms français et vulgaires, celle de l’époque de sa floraison et de sa fructification, avec celle de son habitat et des localités dans lesquelles on la trouve. » Je souhaite que ce petit livre inspire à quelques-uns de ceux qui en feront usage l’amour de la botanique, et rende des services à ceux qui ont déjà le goût de cette science. J.-L. de Lanessan. Ce « petit livre, » comme l’appelle l’auteur, est un volume de 950 pages avec 702 gravures très fines et très ressemblantes. Edité par M. O. Doin, c'est-à-dire avec le plus grand soin, ce volume est certainement le plus utile, le plus commode, le plus pratique, — en un mot, le meilleur qu’aient maintenant à leur disposition, non seulement les herborisateurs et les étudiants, mais tous les botanistes et tous ceux qui, sans être botanistes, aiment les plantes ; — et non seulement c’est le meil¬ leur, c’est encore le moins cher. Et, de plus, les microscopistes y trouveront le tableau des Diatomées et des Des- midiées de la région (par M. Paul Petit), tableau qui ne se trouve dans aucune autre Flore. On voit donc combien nous avons raison de recommander ce nouvel ouvrage de M. de Lanessan. Dr J. P. II LA BIOLOGIE CELLULAIRE Etude comparée de la cellule dans les deux règnes , Par le Chanoine J. -B. Carnoy. (1) M. le chanoine Carnoy, professeur de Botanique à l’Université catholique de Lou¬ vain, vient de publier le premier fascicule d’un grand ouvrage sur la Biologie cellu¬ laire. , étude comparée de la cellule dans les deux règnes. Cet ouvrage ne comprendra pas moins de 7 à 800 pages, et le fascicule, qui vient de paraître, est, pour moitié, consacré aux préliminaires et introduction, ainsi qu’à la partie technique. L’auteur, comme ses devanciers, décrit d’abord les instruments, et c’est à ceux de Zeiss qu’il (1) Un vol. in-8° avec gravures, chez J. Van In et Oe , à Lierre ; chez Peeters Ruelens, à Louvain , et chez O. Doin, à Paris. — 1er fascicule , prix : 12 fr. 410 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. s’adresse, puis les ustensiles divers du laboratoire et les principaux réactifs, le choix, la recherche et la préparation des matériaux, les procédés d’observation, la pratique des coupes, et, après quelques considérations fort justes sur la méthode scientifique en général, il commence l’étude particulière de la biologie cellulaire par un aperçu sur l’historique de cette question. Il distingue dans l’historique de la cellule une première période allant de 1665 à 1840, de R. Hooke à Dutrochet et Schwann, une seconde finissant à 1865 et la troisième allant de 1865 à l’époque présente ; puis, examinant la cellule dans ses parties constituantes, il divise la Cytologie statique en quatre parties relatives au noyau, au protoplasma et à ses enclaves, à la mem¬ brane cellulaire. La quatrième partie doit être constituée par l’étude générale de la cellule tout entière : après l’analyse, la synthèse. Le fascicule qui nous occupe comprend seulement l’examen du noyau cellulaire à l’état quiescent, dans sa composition chimique et sa structure; M. Carnoy y re¬ connaît un filament nucléinien constituant ce que nous appelons ordinairement le réseau de nucléine, un plasma nucléaire contenant des nucléoles, et enfin une membrane. L’auteur passe successivement en revue ces divers cléments, leurs pro¬ priétés et leurs modifications, puis, arrivant à la morphologie du noyau, il examine sa forme et ses dimensions dans un grand nombre d’exemples. C’est là que se termine ce premier fascicule, très intéressant, et dont nous recom¬ mandons la lecture à tous les histologistes ou plutôt à tous les biologistes. Ajou¬ tons, ce qui ne gâte rien, qu’il contient un grand nombre de gravures originales très bien exécutées et facilitant singulièrement l’exposition de ces questions qui consti¬ tuent une partie à peu près nouvelle de la biologie ou de l’anatomie générale, L’exécution matérielle, due à MM. J. Van In, est, d'ailleurs, de tous points, excel¬ lente. Dr J. P. Le gérant : E. PROUT. A la Librairie O. DOIN , Place de l’Odéon, 8. 4 FLORE DE PARIS (PHANÉROGAMES et CRYPTOGAMES) Contenant la description de toutes les espèces utiles ou nuisibles, avec l’indication de leurs propriétés médicales , industrielles et économiques et des tableaux dichoto¬ miques très détailles permettant d’arriver facilement à la détermination des familles, des tribus, des genres et des espèces de toutes les pharénogames et cryptogames de la région parisienne ; augmentée d’un tableau donnant les synonymes latins ; les noms vulgaires, l’époque de floraison, l’habitat et les localités de toutes les espèces , d’un vocabulaire des termes techniques et d’un memento des principales herbori¬ sations , par J.-L. de Lanessan, professeur agrégé d’histoire naturelle à la Faculté de médecine de Paris. Un beau volume in -18 jésus de 950 pages , avec 702 figures dans le texte. Prix: broché, 8 fr.; cartonné diamant, 9 fr. Huitième année. N° 8 Août 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE *. Revue, par le Dr J. PELLETAN. — Les membranes muqueuses et le système glandulaire, leçons faites au Collège de France par le professeur L. RANVIER (suite). — Notes sur un Infusoire nouveau, par M. le Dr A. C. Stokes. — Les Sarcoptides plumicoles (suite), description d’espèces nouvelles, par MM. MÉGNiN et E.-L. Trouessart. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification (suite) , par M. N. PATOUfLLARD. — Le Bacille du Choléra (fin), par MM A. Taxis et J. Chareyre. Sur les lésions des tubes nerveux dans la sclérose en plaques , par M. J. BABINSKI. — Du mouvement du cœur chez les Insectes pendant la métamorphose, par M. J. KüNCKEL. — Les Diatomées, récolte et préparation (fin), par M. J. Rataboul. — Notes médicales : Les eaux de Pougues. — Bibliographie : Conférence faite par le Dr Koch, — Avis divers. - -XX- - REVU E. Nous n’avons jamais été partisan des idées de M. Pasteur; sa théo¬ rie des microbes nous a toujours laissé incrédule et celle des virus atténués qui en découle n’ajamais excité notre enthousiasme ; la seule chose que nous ayons toujours sincèrement admirée chez le grand pensionné de la République française, c’est l’incontestable habileté avec laquelle il a su — tout de suite — faire produire à ses travaux de l’argent, beaucoup d’argent, des places, des honneurs, des croix, des médailles, — c’est-à-dire encore de l’argent. Après tout, personne ne peut lui en faire de reproches, car, en réa¬ lité, tous, tant que nous sommes ou à peu près, nous n’avons pas d’autre but à nos efforts : améliorer notre sort, capitonner notre exis¬ tence, c’est-à-dire « gagner de l’argent. » Et pour atteindre ce résultat, il faut un talent tout spécial, le plus souvent préférable au savoir, c’est le savoir-faire. Or, sous ce rap¬ port, M. Pasteur nous a toujours paru admirablement doué. Et cela suffirait pour qu’il ne fût pas un homme ordinaire. 416 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Mais, cette fois, il semble que M. Pasteur a fait une découverte importante, non-seulement au point de vue des profits qu’elle rappor¬ tera à son auteur, mais encore en raison du bénéfice que l’humanité pourra en retirer dans l’avenir. Il s’agit de la « vaccination » des chiens contre la rage. La Commission nommée par le Ministre de l’Instruction publique à la suite de la dernière communication sur la rage faite par M. Pas¬ teur, à l’Institut, a déposé son rapport, après avoir répété et vérifié les expériences du savant académicien. Cette Commission se composait, comme nous l’avons dit naguère, de MM. Béclard. Paul Bert, Bouley, Tisserand, Villemin et Yulpian; or, dans son rapport présenté par M. Bouley, la Commission cons¬ tate que ses expériences confirment entièrement les assertions de M. Pasteur. C’est-à-dire que M. Pasteur a présenté à la Commission 23 chiens traités antérieurement par lui et qu’il considère comme réfractaires à la rage, et 19 chiens neufs non vaccinés, pris à la fourrière et desti¬ nés à servir de témoins. On a inoculé la rage à tous ces chiens par des procédés divers : 1° Morsure par des chiens enragés des rues qui sont morts eux- mêmes, de leur rage, peu de temps après ; 2° Par inoculation dans les veines du virus rabique pris sur des chiens morts enragés ; 3° Par inoculation du virus rabique à la surface du cerveau après trépanation. Les résultats ont été les suivants : Les 19 chiens témoins ont fourni : Sur 6, mordus par des chiens enragés des rues, 3 sont devenus enragés. Sur 8, après inoculation intra-veineuse, 6 cas de rage. Sur 5, après inoculation par trépanation, 5 cas de rage. En somme : sur 19 chiens neufs mis en expérience, 14 ont con¬ tracté la rage. Quant aux chiens réfractaires de M. Pasteur, tous ont résisté aux inoculations rabiques par morsure, par injection dans les veines et par trépanation : aucun n’a contracté la rage. >. Voilà, certes, un résultat important devant lequel il convient de s’incliner. Il y aurait bien quelques objections à soulever, mais il faut reconnaître qu’elles sont de peu de valeur. Ainsi, tous les chiens té¬ moins, neufs, et qui n’avaient pas été vaccinés par M. Pasteur, n’ont pas contracté la rage après les diverses inoculai ions qu’on leur a fait subir : 5 sur 19 ont résisté. Mais on devait s’y attendre : on sait, en JOURNAL DE MICROGRAPHIE 417 effet, que tous les chiens ou les hommes à qui la rage est inoculée par morsure ne contractent pas nécessairement la rage, — loin de là. — De même, on pourrait se demander pourquoi on a choisi pour témoins des chiens inconnus, pris à la fourrière. Quelques-uns de ceux qui sont devenus enragés après les expériences l’étaient peut-être déjà à la fourrière et avant les inoculations faites par Ja Commission. — C’est possible, mais il est cependant bien peu probable que 14 de ces chiens, sur 19 se trouvassent à la fois dans ces conditions. En somme, nous croyons qu’il n’y a pas lieu d’attribuer une valeur bien sérieuse à ces objections et à quelques autres de même nature qu’on pourrait encore élever. Nous pensons que les résultats auxquels est arrivé M. Pasteur devant la Commission $bnt des plus importants, et nous ne pouvons que l’en féliciter, en nous en rapportant à l’avenir pour voir quelles conséquences pratiques on en pourra tirer. * * * D’autre part, si M. Pasteur ne s’est montré ni à Toulon, ni à Mar¬ seille, il est parti pour Copenhague. Ce n’est pas tout à fait le même chemin, il est vrai, mais s'il n’y a pas d’épidémie dans la capitale du Danemark, il y a le Congrès international des médecins ; s’il n’y a pas l’organisme du choléra, il y a le microbe de la gloire. Nous n’avons pas à nous occuper de cette réunion qui s’est ouverte le 10 août dernier sous la présidence du professeur Panum. Le Congrès a adopté pour ses discussions la langue française et a chaudement accueilli M. Pasteur qui Ta remercié en quelques mots, disant que si la science n’a pas de patrie, l’homme de science doit être patriote, et si les nations profitent de ses découvertes toute la gloire doit en res¬ ter au pays qui l’a vu naître. On ne peut pas dire que ce soit absolument modeste, ni même bien neuf, mais il ne faut pas être trop difficile et il convient encore de sa¬ voir gré à M. Pasteur d’avoir fourni au Congrès de Copenhague l’oc¬ casion d’acclamer la France. * * * Quelques jours auparavant, la question du microbe du choléra était venue devant l’Académie de médecine. MM. Strauss et Roux, qui fai¬ saient, l'an dernier, partie de la « Commission Pasteur » en Égypte, avec M. Nocard et le pauvre Thuillier, sont allés, on le sait, dès la pre¬ mière nouvelle de l’apparition du choléra à Toulon, y continuer les recherches commencées en Égypte. M. Strauss, en son nom personnel et au nom de M. Roux, a présenté 418 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. le résultat de leurs nouvelles recherches, et ces résultats sont très intéressants. Dès leur première autopsie, ils ont constaté les mêmes lésions que dans le choléra d’Égypte. Il n’y avait donc pas à ratiociner sur la nature sporadique ou épidémique du choléra de Toulon; c’était bien le même que celui d’Égypte , auquel on n’a pu nier le caractère épidémique. Quant aux micro-organismes, ils en ont ordinairement trouvé un grand nombre dans l’intestin comme dans les selles des cholériques, et parmi eux le bacille en virgule de M. Koch, mais ce dernier souvent en très petite quantité. Plus la maladie a été lente, plus les micro-orga¬ nismes divers sont nombreux ; dans les cas foudroyants, les microbes manquent, le bacille en virgule comme tous les autres. Les faits rapportés par MM. Strauss et Roux les conduisent à accorder au bacille en virgule un grand rôle dans la production du choléra. Néanmoins , il ne leur paraît pas possible, quant à présent et tant qu’on n’aura pas inoculé le choléra avec le bacille pur, de considérer celui-ci comme l’organisme propre du choléra. En effet, on ne le trouve pas chez tous les cholériques, et notamment dans les cas suraigus. De plus, le Dr Maddore a trouvé un bacille en virgule dans l’eau d’un réservoir, M. Malassez dans des selles dysenté¬ riques, M. Strauss lui-même dans le mucus leucorrhéique et dans cer¬ tains produits de sécrétion utérine. La conclusion de ces faits est qpe si le bacille en virgule est la cause du choléra, comme il ne réside que dans le contenu de l’intestin et que, dans les cas rapides, il n’envahit même pas les muqueuses, d'une manière appréciable, au moins, il faut admettre que, pour produire de si graves effets , il doit donner naissance à un poison soluble , une ptomaïne qui, absorbée, provoque les symptômes du choléra. — C’est ce poison qu’il faut rechercher. C’est là une conclusion à laquelle nous applaudissons énergiquement Nous croyons qu’on néglige trop l’étude physiologique de ces terribles poisons animaux dont le premier, découvert par M. Panum, a été appelé par lui septine, et qui constituent aujourd’hui la famille des ptomaïnes. M. Bouchard a récemment, et avec grande raison, rappelé l’attention sur eux Nous sommes heureux queM. Strauss y revienne, car, nous qui les croyons indépendants des microbes, — puisque dans certains cas (choléra suraigu), il y a ptomaïne foudroyante et pas encore de microbe, — nous pensons que c’est dans leur étude qu'est l’avenir de la pathogénie. Quand cette difficile étude sera faite, et elle le sera certainement un jour, nous sommes convaincu que la produc¬ tion des maladies s’expliquera d’une manière bien plus satisfaisante et bien plus exacte. Alors , les microbes seront rejetés du domaine de la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 419 pathologie, — ce qui arrivera aussi cerlaiuement un jour, — pour rentrer dans celui • de l histoire naturelle , dont ils constitueront , nous l’avouons volontiers , l’un des chapitres les plus touffus et les plus intéressants. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. LES MEMBRANES MUQUEUSES ET LE SYSTÈME GLANDULAIRE. Leçons faites au Collège de France (année 1883-84), par le professeur L. Ranvier. {Suite) (1) La glande « sublinguale » du Lézard est une glande paire, faisant saillie sur le plancher de la bouche et comprise entre la langue et la branche du maxillaire inférieur. C’est une glande elliptique dont le grand axe est parallèle à la branche du maxillaire inférieur ; sa colo¬ rai :>n est rosée et, au premier abord, on croirait avoir affaire à un muscle avant un ventre très accusé. Sa consistance est ferme et, à l’œil nu, on ne distingue à la surface rien qui indique des ouvertures glandulaires : par exemple-, rien d’analogue aux fentes en bouton¬ nière qu’on voit sur les glandes sublinguales de la Tortue. On pour¬ rait même, d’après cet examen à l’œil nu, douter de la nature glandu¬ laire de cet organe, et j’avoue que, pour ma part, n’en ayant pas trouvé la description dans les auteurs (et je ne sais même pas si cette description a été faite), quoiqu’il soit très visible et très gros, si je ne 1 avais pas examiné au microscope, j'aurais hésité sur sa nature glan¬ dulaire. J’ai étudié cette glande sur des coupes après l’action de l’acide os- mique et durcissement par l’alcool. Elle n’a pas la même constitution dans toutes ses parties : il y a une petite portion interne qui diffère du reste de la glande. Cependant les deux parties sont construites sur le même type général, différant seulement par les éléments glandulaires. (1) Voir Journal de Micrographie , T. VII , 1883, et T. VIII , 1884, p. 29 , T7, 14*2, 194 et 310. 420 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. — La surface de la muqueuse soulevée par la glande est tapissée d’épithélium pavimenteux stratifié; on voit partir des pertuis ou ca¬ naux courts creusés dans cet épithélium des tubes placés les uns à côté des autres, se dirigeant vers le fond de la glande et qui, généra¬ lement, se ramifient avant de l’atteindre. Ordinairement, chaque ra¬ mification se termine par un cul-de-sac ; par conséquent, de la sur¬ face de la glande qui correspond à la muqueuse se dégage une série de tubes glandulaires qui se terminent en culs-de-sac à la couche pro¬ fonde de la glande limitée par une capsule fibreuse. Cette glande est donc très différente de la glande sublinguale ou du plancher de la bouche de la Tortue mauresque. C’est un type abso¬ lument différent. Le type de la glande sublinguale de la Tortue est un type à part : ces dépressions profondes dans lesquelles viennent dé^- boucher une série de vésicules ou tubes glandulaires ne ressemblent à aucune des glandes salivaires que nous avons examinées jusqu'ici. La glande dont nous nous occupons appartient aussi à un type à part. Il n’y a pas, à proprement parler, de canaux excréteurs, mais une série de tubes s’ouvrant tous à la surface et dont l’ensemble constitue une glande d’un volume notable qui , s'il s’agissait d’un Mammifère , produirait une forte, saillie et pourrait même projeter la langue hors de la bouche C’est un type très curieux, mais bien plus encore quand on pousse plus loin l’analyse histologique. On voit d’emblée que ces tubes glandulaires ne sont pas tapissés des mêmes éléments dans toute leur étendue : les culs-de-sac con¬ tiennent des cellules fortement granuleuses, assez volumineuses et donnant à l’ensemble un aspect gris, tandis que le reste des tu'*cs contient des cellules transparentes comme des cellules caliciformes muqueuses, et si l’on ne prenait pas de terme de comparaison, on pourrait croire que ce sont réellement des cellules caliciformes. Je crois que nous avons affaire à des éléments voisins, mais qu’il faut distinguer. Ils ont cependant tout à fait la forme des cellules calici¬ formes avec un prolongement qui s’appuie sur la membrane d’enve¬ loppe de la glande, en s’incurvant, un protoplasma très réduit, conte¬ nant un noyau atrophié ; le reste de la cellule est occupé par une substance claire, semblant du mucigène, cloisonnée par des prolonge¬ ments protoplasmiques plus ou moins épais et granuleux. Cependant on reconnaît que ces cellules ne restent pas tout à fait incolores après l’action de l’acide osmique et se teintent en gris ou deviennent un peu brunâtres, tout en conservant une grande réfringence. Par le picro- carminate d’ammoniaque, au lieu de rester incolores, elles se teignent en jaune, et en bleu intense par l’hématoxyline qui laisse incolore le mucus et le mucigène. Quant aux cellules granuleuses, elles paraissent analogues aux cel¬ lules granuleuses que nous trouvons dans la glande salivaire du JOURNAL DE MICROGRAPHIE 421 Lapin, la sublinguale et la sous-maxillaire du Chien, la sous-maxillaire de l’Homme. Enfin, on pourrait les comparer aux cellules des crois¬ sants de Giannuzzi; — il n'en est rien, c’est un type absolument diffé¬ rent. Les grains volumineux qu’elles contiennent ont attiré l’attention de Nussbaum et d’une série d’autres histologistes qui les ont considé¬ rés comme des grains de ferment. Or, ces grains de ferment, cela est facile à constater, sont contenus dans des cellules ayant absolument la même forme que celles qui tapissent les tubes dans leur continuité, mais qui, au lieu d’êtfe remplies par une substance homogène, ren¬ ferment les grains en question, lesquels se colorent en brun pâle par l’action de l’acide osmique. — Pour bien étudier ces cellules, il faut examiner la préparation dans l’eau parce que les grains n’ont pas un indice de réfraction suffisant par rapport à celui de la glycérine On distingue alors très bien leur forme- avec le noyau refoulé à la base, etc. Je vous disais que dans la glande sublinguale du Lézard vert on pou¬ vait trouver une autre portion, la petite portion interne, dont la struc¬ ture est différente de celle de la grande ; non pas, il est vrai, la structure générale, mais la structure intime. Cette partie peut fournir le terme de comparaison dont je vous parlais tout à l’heure. Ce sont toujours des tubes partant de la surface et se dirigeant vers la profondeur, mais les tubes de cette partie interne sont tapissés des cellules calici¬ formes vraies, remplies de mucus, de sorte qu’avec de forts grossisse¬ ments on peut rencontrer à la fois dans le même champ un tube tapissé de cellules caliciformes pures, à mucus, et un tube tapissé de l’épithé¬ lium caliciforme faux dont les cellules se colorent en jaune par le picrocarminate et en bleu par l’hématoxyline. 11 y aurait lieu de multiplier encore les recherches et d’étudier sur ces deux espèces de cellules caliciformes, l’action d’un plus grand nom¬ bre de réactifs colorants. Or, je puis vous le dire par avance, je connais chez certains animaux que nous n’avons pas encore étudiés, chez les Ophidiens particulièrement, des glandes analogues aux glandes sali¬ vaires des Mammifères par leur texture générale et leurs canaux excré¬ teurs tapissés de cellules caliciformes, présentant les mêmes réactions que ces fausses cellules caliciformes dont nous parlons chez le Lézard vert. Par conséquent, je me propose de revenir sur ces faits et de sou¬ mettre ces cellules, caliciformes par leur forme et non par leur con¬ tenu, à une analyse histologique plus complète, afin d’arriver à avoir, s’il est possible, des notions exactes sur leur constitution Je dois ajou¬ ter qu’au centre de ces tubes tapissés de cellules caliciformes fausses, on trouve habituellement une masse sécrétée homogène ou légèrement striée en long. Cette masse présente les mêmes réactions histochimi- ques que les cellules elles-mêmes, et paraît se rapprocher bien davan¬ tage du groupe des substances colloïdes que du mucus , c'est-à-dire 422 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. des substances contenant de la mucine précipitable par l’acide acétique. Les glandes labiales que l’on trouve sur les deux lèvres, chez le Lézard vert, peuvent être considérées comme les analogues des glandes delà commissure chez les Oiseaux et les Ghéioniens ; ou bien, on pour¬ rait considérer avec plus juste raison les glandes de la commissure labiale des Oiseaux et des Ghéioniens, comme les glandes labiales des Sauriens et des Reptiles diminuées, réduites à cés grains glanduleux que nous connaissons. Quoi qu’il en soit, les glandes labiales du Lézard présentent avec les sublinguales du même animal une certaine analogie ; seulement, au lieu de trouver un grand nombre de tubes placés à côté les uns des autres, à peu près parallèlement, nous trouvons des tubes partant de la surface comme pour les sublinguales, mais obligés de se contourner pour se loger dans l’espace restreint qui est réservé à ces glandes. Sur des coupes , on a une image analogue à celle que donne une' glande sudoripare , avec des cellules caliciformes à noyau atrophié , refoulé vers la périphérie. Celles-ci se colorent en gris par l’acide osmique comme les fausses cellules caliciformes dont nous parlions tout-à-l’heure. Les glandes de l’œsophage sont singulièrement réduites. ■ L’épithé¬ lium est formé de cellules caliciformes très élégantes, desquelles se dégage du mucus. Le noyau est situé dans la couche profonde, au-des¬ sous de laquelle est placée une couche de cellules de remplacement. Au-dessous sont des glandes utriculaires, dont le canal débouche lar¬ gement à la surface de l’épithélium cylindrique à cellules caliciformes; seulement, les glandes paraissent correspondre simplement aux culs- de-sac terminaux des longs tubes qui composent la glande sublinguale. Ges culs-de-sac, sont tapissés de cellules caliciformes fortement granu¬ leuses, et, chose curieuse ! l’épithélium étant cylindrique, on s’atten¬ drait à trouver les canaux excréteurs tapissés des mêmes cellules : il n’en est rien. Ces pertuis excréteurs, creusés dans l'épithélium à cel¬ lules caliciformes, sont tapissés de cellules caliciformes fausses, c’est-à- dire remplies d’une substance qui, par ses caractères histochimiques, s’éloigne singulièrement de la substance qui compose les cellules cali- ciofrmes proprement dites, c’est-à-dire à mucus. Dans la prochaine séance , j’étudierai les glandes salivaires des Serpents. (A suivre). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 423 NOTES SUR UN INFUSOIRE NOUVEAU. Au printemps de l’année dernière (1883), j’ai récolté une quantité de Lemnas dans une mare dont la surface était tellement couverte de ces petites plantes que celles-ci paraissaient se pousser les unes les autres pour trouver de la place. Au-dessous , l’eau devait être tout-à-fait somnre, n’étant probablement éclairée que par la faible lueur verte des rayons du soleil qui pouvaient traverser les Lemnas, et cependant cette mare peu profonde contenait des myriades d’êtres vivants. Pendant huit mois ou davantage, la récolte est restée négligée sur ma table, un peu d’eau fraîche y étant ajoutée de temps en temps pour suppléer à la perte par évaporation ; elle est demeurée claire et sans coloration, quoique toutes les petites frondes aient perdu leurs radi¬ celles et qu’un grand nombre soient tombées en décomposition, et bien que de nombreuses générations d’infusoires , de Rotifères et de Vers Turbellariés y aient apparu et en soient disparus , ajoutant leurs dépouilles aux détritus qui forment une couche au fond du vase. Ainsi les Infusoires qui vivent maintenant dans ce réservoir restreint en verre ne peuvent être considérés comme des Infusoires des eaux putrides, et ceux qui y ont apparu récemment au milieu de l’hiver proviennent probablement de germes forcés dans leur développement et comme en serre, dans une chambre chauffée. Ces mêmes formes se retrouvent pendant la saison dans la mare originaire elle-même. Elles semblent, cependant, avoir échappé jusqu’ici à l'observation, et comme elles présentent des particularités de structure qui. autant que l’auteur peut le savoir, sont propres à ces petits êtres, il est nécessaire d’éta¬ blir, pour les y classer, non-seulement une nouvelle espèce , mais encore un nouveau genre. Le corps de l’Infusoire, que j’ai nommé Ctecloctema acanthocrypta (gen. et sp. nov.), est mou et flexible, mais persistant dans sa forme qui est ovale allongée, subcylindrique et légèrement comprimée, plus large et arrondie postérieurement , terminée en pointe obtuse au milieu de la partie antérieure. La surface cuticulaire est entièrement couverte de cils longs et fins dont la longueur dépasse souvent le petit diamètre du corps. Ils sont disposés par rangées plus distinctement sériées sur le côté dorsal. Sur le côté ventral , leur arrangement est plus irrégulier, et ils y semblent continuellement en action. Ils sont tous flexibles, tous à la fois mis en vibration, mais chaque filament sur les faces latérales et dorsale est capable d’un mouvement indépendant. Lorsqu’on met l’objectif au point sur leurs extrémités, on voit des cils épars frapper et battre contre le couvre-objet et les quatre ou cinq 424 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. poils plus raides, plus sétacés, qui se projettent de l’extrémité posté¬ rieure, trembler et par moments fouetter l’eau, comme si l’animal avait k peine le temps de manger. Un de ses cils postérieurs terminaux a son extrémité distale remarquablement crochue , comme on le voit dans les figures ci-jointes. Quand l’Infusoire est au repos, les cils cuti- culaires, à l’exception de ceux de la face ventrale, ne vibrent pas , mais se dressent sur la surface comme de longues soies ; alors , les seuls cils qui ont conservé un mouvement actif sont ceux de la série orale et une seule rangée sur le bord latéral gauche. Quand l’animal¬ cule nage avec rapidité , il est presqu’impossible de distinguer si quelques-uns ou tous les cils sont en mouvement. Ce n’est qu’un peu avant la mort par empoisonnement avec l'iode, que l’on peut résoudre la question et affirmer qu’alors aucun cil n’est au repos. L’animal est merveilleusement rapide dans ses mouvements, passant à travers le champ du microscope si vite que l’observateur peut à peine voir que quelque chose a passé. Même lorsqu’il a trouvé un favorable champ de nourriture sous les détritus d’un filament d'algue ou quelque débris, il ne peut rester au repos, mais à des intervalles fréquents et presque réguliers, il saute en avant d’une moitié de sa longueur, et lentement recule à sa position première. Dans ce mouve¬ ment rythmique, il semble se servir des pointes des cils qui le sup¬ portent comme points d’appui, se transformant lui-même en un levier animé, du troisième genre, dans lequel la puissance est placée entre la résistance et le point d’appui. A B Fig. 50. — Ctedoctema acantocryptci (g. et sp. nov.) A, vue dorsale, X T00. — B, vue latérale. Dans la fig. 50 A , le Ctedoctema est représenté du côté dorsal , dessiné à la chambre claire et grossi de 700 diamètres. Sa plus grande longueur est 1/1000 de pouce (1). Le nucléus , comme on le voit dans la figure, est ovale, placé dans une position à peu près médiane dans (1) 0mm 025 ou 25 u.. ( Trad .). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 425 la moitié antérieure du corps. La vacuole pulsatile, subterminale, au- dessous et à droite de la ligne médiane, se contracte à des intervalles de 6 secondes. Cet Infusoire a l’inexplicable habitude de produire presqu’à l’extré¬ mité du bord dorso-latéral gauche, un hémisphère de sarcode incolore, demi- transparent , dans lequel on voit souvent une circulation de protoplasma finement granuleux. Quel est le but de cette production en forme de bulle ? il m’a été impossible de le déterminer. Je l’ai prise d’abord pour le commencement d’une ouverture anale tempo¬ raire, mais je n’ai jamais observé qu’elle servît à cet usage. Elle est fréquemment rétractée, laissant à sa place une tache unie et un peu plus claire. Mais c’est sur la face ventrale que se trouvent les plus remarquables particularités de cet être. Prenant naissance au bord antérieur et s’étendant presqu’au centre le long de la face ventrale, mais un peu obliquement en arrière et en dedans, est un sillon peu profond en ovale étroit, à la partie posté¬ rieure duquel, plus large et plus profonde, est située l’ouverture orale. Cette dépression , plus étroite à son origine , s’élargissant graduelle¬ ment et régulièrement à sa terminaison postérieure arrondie , est gar¬ nie de cils fins sur les deux tiers de sa longueur. Les plus longs de ces cils vibratiles sont à peu près égaux au diamètre transversal de l’ani¬ mal , plus longs et comme fasciculés en groupes sur l’extrême bord antérieur, puis deviennent graduellement plus courts jusque vers les deux tiers du sillon. Ils semblent manquer sur le dernier tiers de la dépression, à l’exception de l’espace immédiatement autour de l’ouver¬ ture orale où ils sont seulement visibles par leurs effets : cette lueur particulière qu’ils produisent, ces mouvements de la surface qu’on peut comparer aux ondulations de l’air chauffé, et qui s’associent aussitôt dans l’esprit avec l’action des cils fins. Quand l’animal nage , les cils de la partie antérieure sont étroitement réunis , longitudinale¬ ment dans le sillon adorai. Parfois ils sont au repos , et à certains mo¬ ments assez longtemps, pour qu’on puisse reconnaître leur longueur et leur arrangement par touffes, lorsqu'ils sont rangés en forme d’arcs parallèles à la dépression adorale et dans cette dépression même. Près du bord gauche de ce long sinus , est un simple rang de longs cils vibratiles fins dont, les points d’insertion sont beaucoup plus éloignés que ceux delà surface cuticulaire générale. Leurs vibrations paraissent se faire perpendiculairement à la direction du sillon adorai, mais il est très facile de se tromper quand il s’agit d’interpréter la direction du mouvement dans des filaments si délicats. Après ces intervalles, rare¬ ment et pendant des instants d’une courte durée , quand ils s'arrêtent et deviennent visibles, leur action semble certainement recommencer, et ils disparaissent à la vue , lorsque l’animal est sur le côté , non par 426 JOURNAL DE MICROGRAPHIE un coup latéral mais en abaissant toute la série. Cependant, je ne puis pas affirmer qu’il en soit ainsi ; cela semble seulement. Fixé au bord droit du sinus adorai , est un appareil ciliaire qui , au¬ tant que je puis le savoir, n’existe chez aucun autre Infusoire. Il est réellement surprenant dans l’élégance et la symétrie de son arrange¬ ment (1). Les cils qui constituent ce très remarquable appareil (2) sont beaucoup plus gros et plus forts que tous les autres chez cet animal. Placés sur un simple rang et légèrement recourbés sur la dépression adorale , ils commencent , en avant , à une distance du bord frontal égale à environ un tiers de la longueur totale du sillon. Le premier et le plus en avant de ces cils est à peine plus court que le diamètre transversal de l’animal; ceux qui le suivent successivement devien¬ nent graduellement plus courts, jusqu’au dernier, qui s’élève au-dessus de la surface, immédiatement derrière et un peu à gauche de l'ouver¬ ture orale. Chaque pièce de cet appareil , en forme de peigne, non seulement présente une courbure qui concorde avec la courbure régulière de toute la série , mais porte à son extrémité distale un épaississement distinct grâce auquel le bout libre de chaque cil est mis en contact apparent avec celui de son voisin. Sous un grossissement insuffisant, cette disposition . donne l’aspect d’un long fiagellum courbé, naissant en arrière, ou du contour inférieur d'une coiffe (ou membrane) adorale. Et lorsqu’on examine ainsi l’animal, il présente une grande ressemblance avec un Pleuronema ou un Cyclidium. — En réalité , on n’a qu’à supposer un Pleuronema dont le vélum membraniforme est divisé dans sa longueur et chaque moitié de celui-ci fendue en fila¬ ments transversaux : l’être qu’on obtiendrait ainsi aurait une extrême ressemblance avec le Ctedoctema , et il faudrait sans doute le placer dans le même genre. Appartient-il avec les Cyclidium et les Uronema aux Ciliata - Holotricha ou aux Giliata - Heterotricha ? — Les limites entre ces deux ordres sont si indistinctement définies qu’un doute sérieux est bien permis. Cependant, les cils dont l’examen m’a conduit à cette digression , sont toujours dresses, se tenant comme des sentinelles à côté du sinus adorai. Pendant que l’animal prend sa nourriture , ils ne sont pas en (1) Le texte dit, au lieu d 'appareil ciliaire, une symphonie en cils (» symphony in cilia *) et il ajoute : u It is really musical in the beauty and the harmony of its arrangement. « C’est-à-dire • « Elle est réellement musicale dans la beauté et l’harmonie de son arran- gement. « Nous avons pensé qu’en français cette forme paraîtrait un peu hyperbolique et nous avons traduit le passage d’une façon moins musicale mais qui n’exprime pas tout-à-fait l’idée originale de l’auteur. D1 J P. (2) « Delightfully satisfactory seriez. 427 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. vibration active, quoique toute la rangée ait la faculté de se courber en masse en travers du sillon. Je l'ai vue ondulant en avant et en arrière, en une ligne non interrompue, comme un peigne vivant. Chaque cil de ce groupe a aussi la faculté de se plier séparément dans une direction hors de la ligne médiane, et il agit ainsi quand une par¬ ticule alimentaire trop grosse, ou inacceptable pour une autre cause, doit être écartée, quelques-uns agissant souvent ensemble pour dissi¬ per les trop grandes accumulations de particules autour de l'orifice oral. Quand l’animalcule nage, les cils sont ramenés contre la surface ventrale, couchés parallèlement au bord du sillon adorai et par consé¬ quent en contact les uns avec les autres, leurs extrémités se touchant postérieurement. Il m’a été impossible de me servir de la chambre claire pour dessi¬ ner les détails de cet actif petit animal. Aussi les figures ci-jointes sont elles plus ou moins schématiques, sauf la première (Fig. 50, A). — Dans la seconde, B, j'ai essayé de montrer l’animal par la face laté¬ rale avec le gros peigne de cils adoraux , la touffe ciliaire antérieure et le rang unique de longs cils vibratiles disposés latéralement , ainsi que le nucléus et la vésicule contractile. Fig. 51. — Ctedoctema acanthocryptçi vu par la face ventrale. La figure 51 représente le Ctedoctema vu par la face ventrale , particulièrement avec le sillon adorai, le peigne ciliaire sur son bord courbé latéralement sur lui et entourant son extrémité postérieure (1). I)r A. G. Stores. (A suivre). (1) Amer. Nat. 428 JOURNAL DU MICROGRAPHIE. LES SARGOPTIDES PLUMJCOLES » Révision du groupe des Analgesinœ, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. (Suite) (1) ■■terolichus Buchholxï , Var. iasciger, n. var. Semblable au type , mais d’un roux plus foncé , le deuxième article des pattes postérieures plus fortement renflé en dehors dans les deux sexes ; ces pattes n’atteignent pas l’extrémité de l’abdomen : un piquant court et un poil grêle sur les flancs ; néphridies très développées. Mâle ayant l’extrémité de l’abdomen rétrécie à partir de la base des lobes, et ces lobes coniques ( comme chez Pt. phœnicopteri ) , triangulaires à leur extrémité. Premier poil (interne) dilaté en lame de couteau, plus court et moins effilé que dans le type ; second poil (inséré sur le bord externe du lobe), en forme de houlette, c’est- à-dire à extrémité tronquée et coupée carrément , dépassant très peu l’extrémité du lobe ; un poil normal long et fort entre les deux ; poil transversal de l’échancrure petit ou nul. Lobes renforcés en-dessous par une lame foncée qui va rejoindre celle du côté opposé en formant une ligne en plein cintre en avant des ventouses copula- trices. Eperon des tarses postérieurs bien développé. Organe génital placé entre les deux dernières pattes, en forme de crosse à extrémité mousse et recourbée en arrière. Femelle à plaque notogastrique renforcée en arrière et portant un petit trou rond au-dessus de l’anus ; vulve triangulaire dépourvue de sternite vulvaire. Dimensions: Mâle, long., 0mm55; larg., 0mm 17. Femelle, long., 0 60; larg., 0 20. Habitat. — Sur le Chevalier gambette (Totanus calidris ) , la Maubêche ( Tringa canutus), le Tourne -pierre (Slepsilas collaris) etc., d’Europe. Pterolïchus Buchholzi , Var. securicatus , n. var. Semblable à la variété précédente , mais d’un roux plus clair, les pattes antérieures ayant, comme les postérieures, le 2e article fortement renflé. Mâle à abdomen atténué régulièrement (comme dans le type) , à partir de l’inser¬ tion du piquant des flancs , le bord externe des lobes continuant la ligne des flancs , ces lobes quadrangulaires , à bords parallèles , tronqués à l’extrémité qui est plus large que le milieu du lobe, le fond de l’échancrure arrondi ou -en arc ogival ; feuille terminale (interne), très large , à bord externe arrondi , en forme de couperet très court , l’externe en houlette. Pattes postérieures ^atteignant pas l’extrémité des lobes, dépassant très peu le fond de l’échancrure ; un éperon aux tarses postérieurs. Femelle semblable à celle de la variété précédente. Dimensions : Mâle, long., 0mm52; larg., 0"'m 16. Femelle, long., 0 56; larg., 0 18. (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92, 150, 211, 257, 331, 380. JOURNAL DE MICROGRAPHIE . 429 Habitat. — Sur le Bécasseau cocorli { Tringa subarquaia ) , d’Europe. Pterolichus mlcrophyllus , n. sp. D’un roux clair avec les 2e et 3e articles des pattes renflés ( surtout chez le mâle) , de sorte que les pattes sont fusiformes ; ambulacres petits ; deux poils grêles sur les flancs , le premier assez court , en arrière du sillon thoracique , le second, plus long, en avant de la 3e paire de pattes. Mâle de forme ovoïconique ou pyriforme, à flancs fortement bombés entre le sillon thoracique (qui est immédiatement en arrière de la 2e paire de pattes), et la 3e paire ; à abdomen conique formant deux lobes elliptiques avec une échancrure à angle aigu entre les deux ; chaque lobe portant , à partir de l’échancrure : un poil lancéolé en forme de petite feuille , deux poils normaux dont l'externe est deux fois plus long que l’autre , puis , en remontant sur les flancs , un 3e poil dilaté en lame de sabre et recourbé en dedans , enfin, plus en avant encore, un fort piquant inséré sur le dos à la hauteur des ventouses copulatrices. Organe génital conique , à base forte¬ ment échancrée. Épimères antérieures confluentes en forme de V. Les deux premières paires de pattes insérées très en avant, contre le rostre ; celles de la 3e paire insérées vers le milieu du corps , les postérieures n’atteignant pas l’extrémité de l’abdomen. i Femelle à vulve triangulaire, à sternite vulvaire en demi-cercle, à abdomen entier terminé par des poils normaux. Dimensions: Mâle, long., 0mm 40; larg., 0mm 20. Femelle, long., 0 42; larg., 0 20. Habitat. — Sur le Touraco à huppe verte et marron ( Corythaix meriani), de l’Afrique Ouest (Côte-d’Or). Pterolichus colymbi , Canestr. Dermaleichus colymbi, Can., Atti del Ist. Veneto , 1878, p. 63; Proctophyllodes colymbi , id., Atti Soc. V.-Trentina , 1879, pl. 1, fig. 13, ( nec ! pl. IV, fig. 2). La femelle a l’abdomen échancré, mais les lobes sont beaucoup moins allongés que dans la figure que M. Canestrini rapporte , avec doute d’ailleurs , à cette espèce (et qui appartient évidemment aux Proctophyllodes) . En outre, la plaque notogastrique est renforcée en arrière et porte un trou rond au-dessus de l’anus. Un fort piquant sur les flancs entre les pattes postérieures et la base des lobes. Pattes très courtes dans les deux sexes. Dimensions : Mâle , long., 0mm 40; larg., 0mm 15. Femelle, long., 0 45; larg., 0 17. Habitat. — Sur le Grèbe Castagneux ( Podiceps minor), d’Europe. Pterolichus colymbi, Var. major, n. var. Semblable au précédent, mais plus grand et plus large, la feuille terminale de chaque lobe , chez le mâle , beaucoup plus grande et plus large. Pattes courtes et épaisses. Abdomen de la femelle dilaté en arrière, à lobes et échan¬ crure plus petits que dans le type. 430 JOURNAL DE MICROGRAPHIE Dimensions : Mâle, long., 0mm 45; larg., 0mm 18. Femelle, long., 0 50; larg., 0 18. Habitat. — Sur le Grèbe oreillard (Podiceps cristatus), et le Plongeon Cat-marin [Colymbus septentrionalis), d'Europe. Ptcrolichug vanelli, Canestr. Dermaleichus vanelli , Can., loc. cit ., p. 62; Proctophyllodes vanelli, id., loc. cit ., pl. 1, fig. 5. L’abdomen de la femelle est conique dans son dernier tiers avec une plaque de renforcement et un trou ovale au-dessus de l’anus ; une très légère échan¬ crure en arrière de cet organe. Néphridies très développées dans les deux sexes. Dimensions : Mâle, long., 0mm 33 ; larg., 0mui 15. Femelle, long., 0 45; larg., 0 18. Habitat. — Sur le Vanneau huppé ( Vanellus cristatus ), d’Europe. Pterolichus vexillarius, n. sp. (fig. 52). Grande et belle espèce semblable au Pt. vanelli par sa forme générale, mais très remarquable par les grandes feuilles transparentes qui ornent les lobes abdominaux du mâle. Un poil en forme de feuille au sillon thoracique ; deux autres, dont un long et un court, en forme de piquant, en avant de la 3e paire de pattes ; ambulacres à disque elliptique , un peu cordiforme , à échancrure antérieure à peine distincte ; épimères antérieures libres ; une double rangée (de 5 à 6 paires de poils) sur le dos. Mâle ayant l’abdomen terminé par deux lobes allongés dont chacun porte deux grands poils dilatés en feuilles, acuminés à leur extrémité et découpés en cœur sur leur bord interne (cette particularité surtout bien marquée sur la feuille interne, plus courte et plus large que l’autre) ; en dedans, chaque lobe porte à son extrémité une raquette ovale, transparente, à disque plissé et gaufré, munie à sa base d’un piquant bifide dirigé en dedans; un second piquant (simple ou bifide), vers le milieu de l’échancrure, croisé avec celui du côté opposé ; sur le bord externe du lobe une petite feuille lancéolée et un poil long. Tarse de la 4e paire échancré sur son bord interne avec un tubercule en forme d’éperon en arrière de cette échancrure; cette paire de pattes un peu plus forte que les autres (surtout dans certaines variétés). Organe génital court et large, à la hauteur de la 3e paire , encadré d'une bande chitineuse foncée qui ne se continue pas en arrière avec le lobe correspondant. Femelle à abdomen entier, coupé presque carrément en arrière , et portant à son extrémité deux paires de très longs poils normaux ; un piquant court à la base du plus interne, de chaque côté ; un autre en forme de couteau sur les flancs, an niveau du bord antérieur de l’anus ; en-dessous , de chaque côté de ce dernier organe , trois paires de piquants dont les deux derniers sont bifides. Vulve à bord antérieur arrondi, plissé, à lèvres parallèles, soutenues par une paire d’épimérites de couleur foncée et surmontée d’un sternite en arc de cercle. Nymphe semblable à la femelle , mais sans plaque notogastrique ; une double rangée de poils sur le dos ; deux piquants en forme de trident à l’extrémité de la plaque de l’épistome ; deux paire de piquants bifides à l’extrémité de l'abdomen, l'une en dedans, l’autre en dehors des longs poils normaux (fig. 53 a). JOURNAL DE MICROGRAPHIE 431 Dimensions : Mâle , long., 0mm 90 ; avec les feuilles , lmm 50 ; larg., 0mun32; Femelle, long., 0 90; larg., 0mm 35 . Nymphe , long., 0 42 ; larg., 0 16 (en moyenne). Habitat. — Sur les Calaos ( Bucerotidœ ), de l’Inde, de la Malaisie et de la Nouvelle-Guinée , et notamment sur Buceros rhinocéros , Hydrocissa albirostris, Rhinoplax vigil , Anorhinus galeritus, etc., et généralement sur tous les représentants de cette famille. Remarque. — Cette espèce varie beaucoup sous le rapport de la taille, de la» forme et de la disposition des appendices épidermiques, etc., et notamment du plus ou moins de longueur de la tige des grandes feuilles terminales. Nous décrirons les variétés suivantes, qui sont les plus distinctes : Pterolichus vexillarlus minor, n. var. Mâle , semblable au type, notamment par la forme des feuilles abdominales dont l’interne est plus courte et en cœur, l’externe plus longue et plus étroite , mais presque moitié plus petit. Dimensions : Mâle , long., Qmm 55 ; avec les feuilles, 0mm 90 ; larg.. 0mm 22. Habitat. — Sur Hydrocorax planicornis des Philippines , et plu¬ sieurs autres Calaos, souvent en société avec le type. Pterolichus vexillurius homophyllus, n. var. (fig. 52). Mâle, semblable au type, mais d’un tiers plus petit ; les feuilles abdominales en forme de feuilles régulières, lancéolées, les deux paires semblables et non découpées en cœur sur leur bord interne ; le piquant de la raquette en forme de trident ; les pattes postérieures très fortes, à éperon très développé. Dimensions : Mâle , long., 0mtn 65 ; avec les feuilles, 0mui 98; larg., 0ram 23 ; Femelle , long., 0 65 ; larg., 0mm 30. Habitat. — Sur le Calao huppé ( Anorhinus galeritus) de Malacca, et plusieurs autres Bucerotidés, en société avec le type. Pteralichus vexillarius minutas, n. var. (fig. 52). Mâle, semblable à la variété précédente par la forme des feuilles abdominales, mais encore plus petit ( plus de moitié moins grand que le type ) ; les feuilles larges, ovales, moins acuminées que dans les variétés précédentes ; la raquette atrophiée ou nulle et remplacée par un piquant simple ; le piquant antérieur de l’échancrure abdominal atrophié ou nul ; les lobes abdominaux divergents en forme d’ogive. Dimensions : Mâle , long., 0mm 40 ; avec les feuilles , 0m,n 60 ; larg., 0ml" 25 ; Femelle, long., 0 40; larg., 0rain 25. Habitat. — Sur les Tocks d’Afrique ( Tockus malanoleucus , T. erythrorhynclius , etc.). Sectio F. — PterolicJu cultmgeri. Les espèces de ce groupe ont l’abdomen du mâle echancré plus ou 432 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. moins profondément et terminé de chaque côté par un appendice cultriforme ou sécuriforme, symétrique avec celui du côté opposé, et constitué par un amincissement de l'abdomen et non par des poils élargis en forme de feuilles comme dans le groupe précédent. Cette disposition se trouve déjà , à l’état rudimentaire , dans le Pterolichus eventratus précédemment décrit ( Sectio B ) ; elle se retrouve aussi chez plusieurs espèces du sous-genre Pseudalloptes , mais celles-ci ont la 4e paire de pattes plus grosse que les autres. Pterolichus xiphiurus, n. sp. De forme allongée, d’un roux clair, avec les épimères et les plaques de renforcement d’un roux plus foncé ; un piquant court et un poil très grêle en avant de la 3e paire de pattes ; épimères antérieures soudées en forme de V ; pattes postérieures n’atteignant pas l’extrémité de l’abdomen. Mâle , ayant l’abdomen profondément échancré et terminé par deux lames transpa¬ rentes très pointues qui sont des prolongements de l’abdomen lui-même ; deux poils longs insérés, en dehors, à la base de chacun de ces lobes, avec un troisième, très grêle, un peu plus en avant sur les flancs. Ventouses copulatrices placées en avant de l’échancrure abdominale, à disque large, peu distinct, mais renforcé sur son bord externe ; ces ventouses, encadrées dans une plaque de renforcement d’un roux foncé qui borde l’abdomen , et .dont l’échancrure interne , arrondie et dentelée , suit le contour des ventouses. Organe génital pyriforme, entre les pattes postérieures. Femelle à abdomen entier, mais rétréci postérieurement avec une petite échan¬ crure en arrière de l’anus, et un très petit tubercule transparent et conique au milieu de cette échancrure ; deux poils longs, de chaque côté, à l’extrémité de l’abdomen. Plaque noto-gastrique percée d’iln trou rond au-dessus de l'anus. Vulve triangulaire, sans sternite vulvaire. Dimensions : Mâle , long, (avec les lames abdominales), 0mm 45 ; larg., 0m'" 15; Femelle, long. 0mm40; larg., 0mm 17. Habitat. — Sur le Pluvier gravelotte ( Charadrius minor ) , d’Eu¬ rope, en société du Pterolichus Charadrii. Pterolichus cultrlfer., Robin. Journal cVAnat , et Phys., 1877, p. 408, pl XXII , fig. 8; Dermaleichus cypseli , Ganestrini, Atti ciel Ist. Veneto , V, 1878-79, p. 53 (nec D. paleatus ! ) Habitat. — Sur les Martinets ( Cypselus apus et C. alpinus ) , d’Europe. Pterolichus securiger, Robin (1). Journal d’Anat. et Phys., I, c ., p. 406, pl. XXII, fig. 9 ; Dermaleichus paleatus , Canestr., loc. cit., p 65 (nec D. cypseli!). (1) Une confusion regrettable s’est glissée dans la synonymie de cette espèce, et de la précédente, telle que l’indique M. Ganestrini ( Atti délia Soc. Veneto-Trentina , 1879, VI , fasc. 1, p. 8 et 9). Cette confusion provient d’une erreur dans la légende de la pl XXII, du Journal d' Anal et Phys., 1877. C’est, bien la fig. 8 qui représente le Pt. cultrlfer (et non la fig. 9 comme !e dit la légende), et cette fig. 9 représente le Pt. securiger. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 433 Habitat. — Sur le Martinet ( Cypselus apus) , avec l’espèce pré¬ cédente. Sectio G. — Pterolichi thecati. Nous réunissons dans ce groupe un certain nombre d’espèces remarquables par la lorme du sillon thoracique : la partie antérieure du corps est comme emboîtée dans la partie postérieure à la manière d'un étui à lunettes. En outre, le tarse porte, à toutes les pattes, une échancrure interne dans laquelle est reçu ï ambulacre qui est petit , court , plus ou moins sessile , elliptique ou lancéolé, et cette échan¬ crure est souvent munie, au moins chez le mâle, d'un tubercule en forme de griffe ; enfin les téguments portent des poils longs et forts. — L’abdomen est bifide chez le mâle, sauf dans la dernière espèce. — La plupart vivent sur les Echassiers et les Palmipèdes. Pterollchus luterifolia, n. sp. (fig. 53 b, c, mâle). D’un roux pâle avec les épimères à peine plus foncées, celles de la lre paire en Y ; pattes épaisses, sub-cylindriques à tarse court. Trois poils longs sur les flancs, un en arrière du sillon thoracique, les deux autres en avant de la 3e paire de pattes. Plaque de l’épistome recouvrant à moitié le rostre avec deux lignes enfoncées , longitudinales , entre lesquelles la plaque est ponctuée (au moins chez le mâle). Plaque notogastrique transparente. Mâle ayant l'abdomen profondément échancré avec une échancrure plus petite au fond de la grande échancrure. Chaque lobe ainsi formé porte, à l’intérieur de l’échancrure , en-dessous, une feuille en forme de couperet abord interne arrondi; puis à l’extrémité du lobe une petite lame transparente à trois dents ; sur le bord externe, convexe, trois longs poils dont le second est aussi long que le corps, et le premier plus court et plus grêle ; deux autres longs poils insérés sur le dos , à la hauteur des pattes postérieures. Un tubercule recourbé en forme de griffe à l’échan¬ crure du tarse. Organe génital en diapason renversé, à tiges écartées , au niveau de la 3e paire de pattes ; ventouses copulatrices un peu en arrière de la 4e paire , de chaque côté de l’anus ; une lame chitineuse joignant les épimères de cette paire postérieure à la base du second poil terminal. Femelle à abdomen entier, arrondi, un peu conique, avec une lame de renforcement formant bordure en arrière de l’anus; trois paires de longs poils à l’extrémité de l’abdomen comme chez le mâle ; deux paires de poils grêles de chaque côté de l'anus et un 3e plus sur le côté. Vulve à lèvres plissées , triangulaire , à bord antérieur arrondi en bourrelet , surmontée d’un très petit sternite en arc ; pas de griffe à l’échancrure du tarse. Dimensions : Mâle , long., 0mm 49 ; larg , 0,nin 22 ; Femelle, long., 0 53; larg., 0 20. Habitat. — Sur le Chevalier Guignette (Actitis hypoleucus) , d’Europe. 434 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Pterolichus theca . n. sp. Semblable au précédent , mais à formes plus lourdes , à téguments plus foncés ; trois poils sur les tlancs disposés comme dans l’espèce précédente , mais moins forts ; un tubercule en forme de griffe, on d’ongle recourbé, au tarse dans les deux sexes. C’est l’espèce type du groupe. Mâle ayant l'abdomen aminci en arrière et divisé en deux lobes ovalaires , avec une échancrure à angle aigu entre les deux ; le bord mince de l'échancrure présente des nervures obliques , et l’intervalle des nervures est finement ponctué : chaque lobe porte quatre poils dont le plus interne court et en piquant, oblique en dedans; le second et le troisième longs et forts , ce dernier bifide presque dès la base , le quatrième, en dehors, moins long et recourbé en dedans. Ventouses copulatrices au niveau des pattes postérieures larges à bord crénelé : organe génital semblable à celui de l’espèce précédente. Partie antérieure du corps largement emboîtée dans la partie postérieure au sillon thoracique , de sorte que cette partie postérieure , et notamment les 3e et 4e paires de pattes, sont beaucoup plus développées que les parties antérieures. Femelle plus allongée et moins large que le mâle, à abdomen entier, arrondi, portant quatre paires de poils; les deux intermédiaires très longs, l’interne très grêle et l’externe court, en piquant recourbé. Emboîtement de la partie antérieure du corps moins marqué que dans le mâle, les pattes postérieures pas plus grosses que les antérieures. Vulve en ogive, à bords fortement plissés, surmontée d’un sternite en arc. Nymphe ovoïde , en forme de sac. Dimensions : Mâle, long., 0mtn65; larg., 0mm 25 ; * Femelle , long., 0 67; larg., 0 20. Habitat. — Sur le Sternes (Sterna caspia, S. cantiaca , S. anglica , S. affmis, etc.) d’Europe. — Une variété dont l’extrémité postérieure des lobes du mâle est échancrée sur son bord interne, avec un piquant grêle dirigé transversalement , inséré en-dessous à la base du 4e poil terminal, se trouve sur les Stercoraires ( Lestris parasitions , L. Richardsonii , etc . ' . Pteroliclius Merlesei. n. Sp. Espèce beaucoup moins typique, et que nous ne plaçons qu’avec doute dans cette section , mais qui ressemble beaucoup à la précédente par la forme de l’échancrure de l’abdomen du mâle. Pattes coniques, plus grêles que celles des précédents, à tarse plus allongé, sans échancrure distincte et sans tubercule recourbé ; ambulacre large et arrondi. Un piquant court , assez grêle, un poil long et un piquant allongé sur les flancs , à peu près à égale distance les uns des autres. Epimères antérieures en Y. D'un roux assez claire, à plaques peu foncées. Mâle aminci en arrière et échancré comme dans l’espèce précédente ; échancrure en angle très aigu, sans nervures ni ponctuations sur les bords, qui sont minces et transparents. Lobes quadrilatères, anguleux sur les flancs vers leur tiers antérieur, un peu en losange, avec l’extrémité arrondie et portant cinq poils : l’interne court en piquant, les 2e et 3e longs et normaux , avec un 4e plus grêle, dirigé en dedans, inséré à la base de ce dernier, le 5e, en dehors, en piquant ; un 6e poil long et fort JOURNAL DE MICROGRAPHIE 435 inséré à l’angle externe sur les flancs; enfin, en-dessous , un piquant bifide un peu en avant du piquant simple. Organe génital petit , au centre d’une fenêtre ovale. Ventouses petites, de chaque côté de l’anus. Deuxième article des pattes (surtout des 3e et 4e paires), fortement renflés en dehors, avec un étranglement au-dessus. Femelle plus petite et moins large que le mâle , à abdomen entier, légèrement échancré en arrière de l’anus, portant de chaque côté un piquant petit et court, deux poils longs et un piquant court. Vulve triangulaire, surmontée d’un sternite en arc. Pattes plus grêles que celles du mâle, à renflement rudimentaire. Dimensions : Mâle, long , 0mm 80; larg ., 0'nm 35; Femelle, long., 0 75; larg , 0 30. Habitat. — Sur le Calao à bec plissé ( Rhyticeros plicatus ) de la Nouvelle-Guinée. Cette espèce est dédiée à M. le Dr Antonio Berlese , professeur à l’Université de Padoue, auteur de nombreux travaux sur les Acariens. — Dans le cas où l’on ne voudrait pas la maintenir ici , on pourrait la placer dans la section D ( Pterolichi delibati). Rtcrolichus setiger, n. sp. Espèce bien typique , mais plus allongée que les précédentes , à pattes courtes, un peu coniques, n’atteignant pas l’extrémité de l’abdomen, à échan¬ crure petite , sans tubercule aux pattes antérieures. Trois poils sur les flancs , le premier en arrière du sillon thoracique , le second en avant de la 3'' paire de pattes, surmonté d’un troisième très grêle. Epimère antérieure en Y. Mâle à abdomen bifide , à échancrure profonde mais arrondie en arrière de l’anus et soutenue par une lame de renforcement en forme de croissant ou de dôme d’église russe. Chaque lobe triangulaire, pointu, portant un fort piquant en lame de poignard inséré vers son tiers postérieur et dirigé en dedans , puis un poil grêle et un autre recourbé en S plus près de l’extrémité : sur le bord externe du lobe trois poils longs, deux insérés vers son milieu, le 3e à la base. Tarse des pattes postérieures étranglé dans son milieu , en forme de sablier , fortement échancré à son extrémité pour loger l’ambulacre. Organe génital en diapason allongé, à branches un peu divergentes, s’articulant avec deux lames foncées qui encadrent les ventouses copulatrices et vont rejoindre la lame de renforcement du bord externe de chaque lobe. Femelle plus petite que le mâle, à abdomen entier, fortement arrondi, portant de chaque côté un poil court, deux poils longs et un piquant. Vulve en angle aigu à bords fortement plissés , formant bourrelet en avant , surmonté d’un sternite en arc. Dimensions : Mâle , long.. 0mm 68 ; larg., 0mm 22 ; Femelle, long , 0 55; larg., 0 20. Habitat. — Sur la Barge rousse ( Limosa rufa),. d’Europe, iHcrolichus Rouvcti , n. Sp. Semblable au précédent, mais à pattes beaucoup plus longues et plus fortes, atteignant ou dépassant l’extrémité de l’ai)domen. Échancrure des tarses sans tubercule recourbé ; ambulacres très petits , sessiles , lancéolés. Néphrides bien développées. Mâle à abdomen échancré comme dans l’espèce précédente, mais sans lame en 436 s JOURNAL DE MICROGRAPHIE. croissant au fond de l’échancrure : lobes plus petits et plus courts , à extrémité arrondie, terminée par une lame transparente découpée en forme de peigne à 8 ou 9 dents ; le piquant , plus grêle , oblique en dedans ; pattes postérieures dépassant l’abdomen de la longueur du tarse qui est cylindrique et sans étranglement ; du reste semblable au précédent Femelle semblable à celle du précédent, les pattes postérieures atteignant à peine l’extrémité de l’abdomen. Dimensions : Mâle , long ., 0mm 60 ; larg 0m,n 20; Femelle, long ., 0 55; larg., 0 17. Habitat. — Sur le Pluvier à collier ( Charadrius hiaticula ) , d’Europe. Cette espèce est dédiée à notre ami Georges Bouvet , botaniste distingué et Président de la Société d’Etudes scientifiques d’Angers. Ptcrolichus longi tardas ) n. sp. Mâle en ovale allongé , à abdomen entier avec une très légère échancrure ovale , pattes très longues et très grêles , les postérieures ayant le tarse deux fois plus long que celui des pattes antérieures, dépassant V extrémité de l'abdomen de toute la longueur des deux derniers articles. Pas de tubercule recourbé à l'échancrure des tarses ; ambulacres petits, ovales, assez longuement pédiculés. Organe génital petit, à deux branches en ogive , supportant un pénis en forme de diapason rabattu en arrière. Ventouses copulatrices peu distinctes, écartées, situées au niveau de l’anus. Abdomen terminé par quatre poils simples : l’interne très grêle , les deux suivants longs et forts, l’interne plus grêle et plus court. Femelle inconnue. Dimensions : Mâle , long., 0mm 48; larg., 0mm 15. Habitat. — Sur le Vanneau pluvier (Squatarola helvetica ), d’Europe (un seul individu). P. Mégnin et Dr E. L. Trouessart. (A suivre). DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION (Suite.) (1) On divise les Amanites en deux sections : 1° Amanites à anneau. 2° — à anneau nul ou oblitéré. Lepiota. t Les Lépiotes sont des Agarics très voisins des Amanites, dont ils ne diffèrent pas en réalité ; en effet , les Lépiotes sont des Amanites à (1 ) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 33, 101, 158, 221, 266, 338, 385. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 437 anneau et sans volva , or dans le jeune âge ils sont enveloppés d’un voile général, se confondant avec l’épiderme de la plante ; dans quel¬ ques espèces ce voile montre des débris à la base du stipe et sur le chapeau comme dans les Amanites types. L’anneau est formé par une expansion de l’épiderme du stipe, qui souvent se sépare en écailles au-dessous de l'anneau qui est une première écaille circulaire, les infé¬ rieures ne faisant pas le tour du stipe. Lames blanches n’atteignant pas le stipe. Dans quelques espèces le stipe ne s’arrête pas à son point de contact avec le chapeau : son tissu fait un repli ( collarium ) à la face inférieure du chapeau, et c’est au pourtour de ce repli qui en réalité a la texture du stipe que viennent s’insérer les lames. 6 — Le tissu du stipe n’éprouve aucun changement en entrant dans le chapeau , qui est ainsi une sorte d’épanouissement du stipe. Armillaria. Ici la volve manque complètement ; le voile partiel se prolonge sur le chapeau et sur le stipe auxquels il est soudé, il se déchire circulai- rement au bord du chapeau et forme ainsi un anneau. Ce groupe cor¬ respond dans les Leucospores aux Pholiota et St?'ophay'ia dans les Chromospores. Il a des analogies avec les Tricholoma, d’une part, par les lames sinuées de quelques espèces et d’autre part avec les Collybia et Chtocybe par les lames décurrentes ou par la consistance sub¬ cartilagineuse d’autres espèces. Agarics terrestres ou arboricoles. * Tricholomoïdeœ . Lames sinuées. Ag. robustus A. et S. ** Clytocyboïdece. Lames adnées ou décurrentes. Ag. imper ialis Fr. — melleus Vahl. — Le tissu du stipe est spongieux ; il est formé d’hyphes à cellules assez larges, quelquefois rameux, peu serrés et il y a de l’air entre eux. Les hyphes du stipe se perdent dans le cha¬ peau et s’enchevêtrant forment un tissu plus serré et plus compact. L’écorce du stipe (à laquelle est adné le voile partiel) est jaunâtre, formée d’hyphes serrés, plus étroits que ceux du centre ; ce tissu se continue sous le chapeau autour des lames ; dans cette écorce les cellules sont remplies d’un liquide jaune clair, quelquefois condensé en une matière solide , jaunâtre , anguleuse. La partie externe de l’écorce du stipe (voile partiel) est formée d’hyphes se déjetant en poils simples ou rameux ; cette écorce se prolonge sur le chapeau en un tissu serré gorgé de liquide coloré ; ce tissu se soulève par place pour former des écailles. La partie de l’écorce du stipe qui se prolonge 438 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sous le chapeau se confond d’un côté avec le tissu du chapeau et de l’autre émet des hyplies parallèles entre eux qui descendent dans les lames ; ces hyphes sont incolores et d’une direction perpendiculaire au tissu du chapeau. Basides à quatre spores incolores , subarrondies. *** Collybioïdeœ. Stipe subcartilagineux. Ag. mucidus Schrad. Tricholoma. Voile peu apparent, soudé avec l’épiderme du chapeau, quelquefois pendant à la marge avec forme de flocons ou de fibrilles. Stipe charnu, non cortiqué. Lames insérées au stipe par un sinus , carac¬ tère qui se retrouve dans quelques Pleurotes parmi les Leucopores. Dans les Ag. nudus, personatus et cinerascens , les lames sont faci¬ lement séparables du chapeau ; ce caractère, joint aux spores qui sont d’un blanc sale, a donné lieu à la formation du genre Lepista, Smith. Par ces espèces , les Tricholomes touchent également aux Paxilles parmi les Ghromospores. * Limacina. Pellicule du chapeau visqueuse par l’humide. Agaricus equestris L. ** Genuina. Pellicule du chapeau non visqueuse, déchirée en flocons squameux. Agaricus rutilans Schæf. *** Rigida. Pellicule du chapeau rigide. Agaricus saponaceus Fr. **** Sericella. Pas de pellicule distincte. Secs, d’abord soyeux, puis glabres. Agaricus suif ur eus Bull. ***** Guttata. Chapeau charnu maculé par des gouttes. Agaricus albellus DG. ****** Spongiosa. Compactes puis spongieux. Aqueux mais non hygrophanes. Agaricus panœolus Fr. — personatus Fr. Le stipe est cortiqué. Cette écorce est cassante, rigide, formée d’éléments longs et grêles à faible dia¬ mètre et émettant quelques poils. A mesure qu on se rapproche du centre du stipe , les hyphes augmentent de dimensions , sont moins serrés et lâches. Le tissu grêle se continue entre les lames et le chapeau, en sorte que celui-ci est limité par une couche mince, cassante. Les lames, formées d'un tissu plus lâche, se séparent aisément du chapeau. Celui-ci est couvert d’une pellicule séparable , formée des mêmes éléments que l'écorce du stipe, mais ils sont souples et moins cassants. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 439 Le tissu spongieux du stipe se continue dans le chapeau en s'incur¬ vant sur les bords et se feutrant au centre. ******* Hygrophana. Minces, hygrophanes, pâlissant par le sec. Agaricus grammopodius , Bull. Clitocybe. Voile universel réduit à une simple prune blanche qui persiste par¬ fois sur le chapeau. Chapeau plan, puis déprimé au centre, homogène avec le stipe; lames déeurrentes sur le sommet du stype. Tissu spon¬ gieux, non cartilagineux. Structure des Tricholomes, mais les lames ne sont jamais sinuées. Affines par les lames déeurrentes avec les Hygrophores, Lactaires, Russules, Pleurotes, Panus et Lentinus parmi les Leucospores , et avec les Clitopiles , Paxilles , parmi les Chromospores. * Discifonnes. Gonvexe-plan. Lames adnées, déeurrentes. Agaricus nebularis , Batsch. ** Difformes. D’abord mamelonnés Lames irrégulières, déeurrentes. Ag. coffeatus. Fr. *'* Infundibuliformes. En entonnoir. Lames long, déourrentes. Ag. giganteus , Sow. **** Cyathiformes. Membraneux , hygrophanes , déprimés. Lames adnées , puis déeurrentes. Ag. cyaihiformis , Bull. ***** Orbiformes. Lames adnées, déeurrentes par une dent. Ag. fragrans, Sow. ****** Versif 'ormes Scop. Ag. laccatus , Scop. Cette espèce varie beaucoup par la teinte de son chapeau qui est violet ou roux. C’est presque un Hygrophore à spores sphériques aculèolêes. Hygrophorus. Voile universel visqueux persistant quelquefois en flocons ou nul. Stipe confluent avec le chapeau formé d’hyphes longs parallèles et gorgés de liquide, pénétrant dans le chapeau sans changer de nature et descendant dans les lames toujours avec le même aspect. Des lati- cifères surtout dans le chapeau. Souvent des cristaux d’oxalate de chaux. Lames déeurrentes. Ce sous-genre est allié aux Cantharellus parmi les Mérulées, mais s’en éloigne par ses lames à tranche aiguë. Il touche également aux Gomphidius et Paxillus dans les Chromospores et aux Clitocybe dans les Leucospores. 440 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. * Limacinus. Voile général visqueux , persistant en anneau sur le stipe, ou en cortine sur les bords du chapeau. Ag. ligatus, Fr. — chrysodon , Batal. ** Camarophyllus. Voile nul. Chapeau non visqueux. Lames très espacées, arquées, sinuées ou long, décurrentes. Ag. pratensis , Fr. *** Hygrocybe. Voile nul. Visqueux par l’humidité. Aqueux. Ag, ceraceus , Wulf. — conicus, Scop. Stipe formé d’hyphes cylindriques, à cloisons . distantes, volumineux, gorgés de liquide. Sur les bords les hyplies sont plus grêles et contiennent un liquide jaune. Au sommet du stype ces hyphes se ramifient et prennent une direction perpendiculaire à celles qu’ils avaient, mais sans varier de formes, et montent ainsi jusqu’au sommet du chapeau où ils sont de nouveau gorgés d’un suc coloré en jaune, Dans la couche extérieure le suc est très foncé, la couche qui vient immédiatement au-dessous ne contient qu’un liquide incolore, puis vient une zone plus pâle et ainsi de suite jusqu’à ce que le tissu soit tout à fait incolore. Dans le chapeau quelques hyphes s’ar¬ ticulent à des cellules de même forme, même direction et même dia¬ mètre qui contiennent un latex opaque. Au voisinage des lames quelques hyphes descendent perpendiculai¬ rement et forment la trame des lames dont la texture est la même que celle du chapeau et du stipe. Dans la masse du Champignon on observe quelques cristaux d’oxa- late de chaux . Ce Champignon varie par sa couleur jaune, orangé ou noirâtre. Russula. 4 Voile général à peine apparent dans le jeune âge. La texture est ici caractéristique, Stipe compact, plein, non cortiqué, s’épanouissant en un chapeau sans changement de constitution. Lames rigides, fragiles, à tranche aigüe, toutes égales dans beaucoup d'espèces, souvent four¬ chues. Chapeau plan ou déprimé dès le début ou devenant déprimé avec l’âge. Dans ce sous-genre, les hyphes sont formés de cellules courtes, arrondies vésiculaires, ce qui donne à la chair une consistance granuleuse ; de distance en distance, la coupe, au microscope, montre des hyphes très grêles réunis en faisceaux ; ces faisceaux se recouvrent par places de manière à former un réseau à larges mailles qui emprisonne les cellules vésiculeuses. Cette manière d’être s’observe dans toutes les parties du Champignon , dans le stipe, le chapeau et la trame des lames. Au voisinage des basides, la trame est JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 441 formée de cellules vésiculeuses de plus en plus petites. Sur ces petites cellules s’élève l’hymenium formé de paraphyses courtes, de massues, de basides de même forme à quatre stérigmates ordinairement longs et droits, portant quatre spores arrondies, le plus souvent échinulées, avec ou sans vacuole à l’intérieur. Ces spores sont incolores ou rendues pâles jaunâtres par une matière grasse colorée, mais toujours la paroi est incolore. Les cystides sont nombreux et très apparents , leur forme est souvent celle d’une massue, d’autres fois, ils sont en lougs fuseaux, gorgés de protoplasma incolore à vacuoles. Le stipe n’est pas pourvu d’une partie séparable en forme d’écorce, les cellules y sont simplement plus serrées et plus petites à mesure qu’on approche de sa périphérie, sans qu’il y ait de zone verticale dé¬ limitée. Souvent, il en est de même sur le chapeau, ailleurs, cette partie est recouverte d’une pellicule plus ou moins séparable formée d’hyphes grêles, serrés, dépendant du tissu vésiculeux, quelquefois visqueux, d’autres fois en forme de*poils variables. Dans plusieurs espèces on observe des laticifères au milieu des tissus, mais dans aucun cas le suc propre n’est assez abondant pour s’écouler au dehors. La couleur des Russules est très variable d’une espèce à l’autre et même dans la même espèce ; les teintes y sont, en général, bril¬ lantes, mais n'apportent qu’un caractère peu important pour la dis¬ tinction des espèces. La matière colorante est granuleuse ou liquide. Les Russules sont très affines des Lactaires, mais elles en diffèrent par l’absence de suc lactescent . La chair est, en général, blanche, quelquefois jaunâtre, souvent elle présente la teinte extérieure dans la partie qui est en contact avec la pellicule: dans quelques espèces [R. nigricans ), la chair est primitivement blanche, mais elle ne tarde pas à rougir au contact de l’air. Odeur nulle ou désagréable ; quelques espèces sont comestibles, mais la plupart sont âcres ou vénéneuses. * Compacta ?. Chapeau à bords infléehis ou enroulés dans le commencement, jamais striés ; pas de pellicule distincte. Lames inégales, chair compacte, stipe solide, charnu. Agaricus nigricans, Bull. ** Furcatœ. Chapeau à bords infléchis , puis ouverts, non striés. Pellicule mince fortement adnée. Lames fourchues, mélangées de plus courtes. Ag ariens percatus, Pers. *** Regidœ. Chapeau rigide, sec, un peu soyeux, crevassé, marge droite, non striée. Chair ferme à la fin, molle dans le stipe. Lames rigides, élargies en avant. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 442 Ag. virescens, S ch. — lepidus, Fr. Dans cette espèce le chapeau est couvert d’une pellicule subséparable formée d'hyphes très grêles et serrés, fortement appliqués sur le tissu vésiculeux. Les cystides sont en massues, gorgés de plasma; dans quelques-uns on observe à leur sommet un renflement sessile ou porté sur un long pédoncule et qui est rempli de concrétions d’oxalate de chaux. • **** Heterophyllœ. Chapeau charnu, ferme, à marge striée, à pellicule à peu près séparable. Lames minces, les unes plus courtes, les autres fourchues. Stipe plein, ferme, puis spongieux. Ag. vesca , Fr. — fœtens, Pers. La pellicule visqueuse est formée de poils ra¬ meux gélifiés. Le tissu est celui de toutes les Russules : des îlots de grosses cellules rondes, séparés par des hypbes longs et grêles. De nombreux laticifères, simples ou rameux, onduleux, courbés, sillonnent la partie formée d'hyphes grêles, .surtout dans le chapeau; leur con¬ tenu est granuleux. Ag. Queletii . Fr. ***** Fragiles. Fragile. Chapeau à pellicule séparable, visqueux par l’humide. Marge non enroulée, striée ou tuberculeuse. Lames presque toutes égales. Ag. emeiicus , Fr. — ochroleucus, Pers. Lactarius. Champignons charnus , putrescents , ordinairement terrestres . à lames adnées-décurrentes souvent rameuses. Stipe non cortiqué , confluent avec l’hyménophore. Voile nul , mais dans quelques espèces la marge du chapeau est bordée de fibrilles qui paraissent être les débris d’une enveloppe primitive. La structure des Lactaires est très analogue à celle des Russules. Le stipe offre des hypbes à cellules courtes arrondies formant une trame vésiculeuse , un peu plus serrée vers les bords ; cette trame se continue sans changement dans le chapeau et , les lames, où les vésicules sont plus petites et serrées. Comme dans les Russules , ce tissu vésiculeux est sillonné par les larges mailles d’un réseau d'éléments grêles. La caractéristique de ce sous-genre est la présence de réservoirs à suc propre très nombreux et abondam ment pourvus de latex qui s’écoule au dehors par les moindres blessures. Ces laticifères s’observent surtout dans les parties où la végétation semble le plus active, c’est-à-dire à la périphérie du végétal, et ils acccompagnent toujours le réseau d’éléments minces dont ils suivent les détours. Ces vaisseaux sont plus ou moins volumineux , droits ou onduleux , ordinairement rameux et anasto-mosés entre eux ; JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 443 leur forme est le plus souvent cylindrique, quelquefois ils sont vari¬ queux et déformés par des renflements placés sur leur parcours ; ils se terminent souvent par une partie renflée, ainsi qu’on peut l’observer dans les lames de Ag. piperatus. La latex est souvent blanc, mais dans beaucoup d’espèces il se colore en jaune , en rouge ou en violet par l’exposition à l'air, ailleurs il est coloré en rouge vif, en orangé', en verdâtre ; sa saveur peut être douce et agréable, mais fréquemment elle est d’une acreté insupportable. L’hymenium est formé de basides à 4 stérigmates généralement courts, portant 4 spores incolores sphériques, échinulées verruqueuses, très rarement lisses, homogènes hyalines ou munies de vacuoles. Les cystides sont plus volumineux que les basides , cylindriques ou en massue et pleins de plasma granuleux et à vacuoles. Les hyphes longs et grêles des tissus sont souvent incrustés de chaux. La couleur des Lactaires est moins variable que celle des Russules : plusieurs sont blancs , d’autres ont des teintes sombres et quelques- uns enfin sont parés des plus vives couleurs , fréquemment relevées par des cercles concentriques plus foncés. Plusieurs espèces sont comestibles , mais la plupart sont âcres et même dangereuses. L’abondance du lait chez les Lactaires constitue leur principale différence avec les Russules ; ils touchent également les Pleurotes par quelques espèces truncigènes et à stipe excentrique ou latéral. Le stipe de quelques Mycènes présente aussi une lactescence comparable à celle des Lactaires. * Piperites. Stipe central. Lames ne devenant pas blanches pruineuses. Lait primitivement blanc , âcre. Ag. piperatus L. Dans cette espèce les spores ne sont pas échinulées les basides tétraspores peuvent devenir monospores par avortement. ** Dopetes. Stipe central. Lait coloré. Ag. deliciosus L. *** Russulares Stipe central. Lames colorées, à la fin recouvertes d’une pruine blanche. Lait blanc, doux ou acre-doux. Ag. pallidus Pers. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. (A suivre) 444 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. LE BACILLE DU CHOLÉRA. (Fin). (1) 7. La dessication tue sûrement le bacille. — Les observations de M. Koch sur le « Bacillus anthracis », que nous rapportons plus haut, nous ont montré quelle différence existe, au point de vue de la résistance à la dessication, entre un bacille et ses spores. Les conclusions de M. Koch ne sauraient donc être légitimes que le jour où il sera prouvé, soit que les spores n’existent pas, chose peu probable, soit que leur pouvoir de résistance n’est pas plus grand que celui de la forme végétative, chose tout aussi difficile à admettre à priori. Si cependant nous ne nous occupons que de la phase végétative, et que nous admettions comme démontrée l’influence de la sécheresse (2), nous devons encore nous demander jusqu’à quel point sont légitimes les conclusions pratiques qu’en tire. M. Koch. S’il est vrai qu’une sécheresse absolue tue le bacille en quelques heures, ce ne peut guère être là qu’une expérience de laboratoire, sans grande portée pra¬ tique. La dessication complète de l’atmosphère ne pourra jamais être obtenue, et il est interdit même d’y penser. L’air, dans un état de sécheresse moyen et même assez grand, agira moins rapidement que l’air absolument sec, et il faudra, dans ces con¬ ditions, dix ou douze heures au moins pour obtenir le résultat que l’on avait, dans le laboratoire, au bout de trois ou quatre. Après ce laps de temps, comment ne pas tenir compte de l’humidité de la nuit, qui viendra donner au microbe un nouveau regain de vitalité. 'Gela nous paraît impossible, et il est plus que probable pour nous que l’expérience de laboratoire de M. Koch, fort démonstrative en apparence,, est absolument irréalisable lorsqu’on ne se soustrait pas complètement à l’action des agents naturels. 8. Les épidémies ne prennent pas naissance spontanément. — On ne pourra guère vérifier ce fait que lorsqu’on connaîtra exactement la nature du microbe, son rôle dans la maladie, et son origine. Ces trois points sont encore trop obscurs, pour qu’il soit permis d’en tirer une déduction quelconque. Quant à l’observation directe, elle nous paraît, jusqu’à présent, contredire souvent la théorie, et nous aurions été fort heureux de voir M. Koch répondre aux faits très .nets et très précis, indiqués à ce sujet par M. le Dr Suquet, touchànt l’apparition du choléra à Hamma, et par M. le Dr Poucel, touchant sa naissance spontanée dans l’Amérique du Sud. 9. Le bacille a, en dehors de l’organisme, une vie limitée. — Cette affirmation est- elle basée sur l’observation de la marche de la maladie, ou sur des expériences directes ? Nous l’ignorons. Mais, dans le premier cas, on pourrait citer quelques faits qui semblent contredire la règle. Dans le second, il faudrait avoir expérimenté, non-seulement sur le bacille, mais sur ses spores, ce qui n’a pas été fait. 10. Le transport du bacille a lieu par les ruisseaux, qui l’amènent dans les ports. (1) Voir Journal de Micrographie. T. VIII, 1884, p. 397. (2) Nous sommes prêts à prouver qu’une très grande quantité de microbes possèdent un pouvoir de résistance à la sécheresse beaucoup plus grand qu’on ne le pense généralement. Les expériences de l’un de nous (M. Taxis) ne laissent aucun doute à ce sujet. Il en est de même, d’ailleurs, pour la résistance à la chaleur, et il est bien démontré au¬ jourd’hui que les hautes températures, loin de nuire aux microbes, favorisent leur développe¬ ment. (L. Marchand, Bot. cr., p. 295). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 445 Ces derniers sont un foyer puissant de contagion , grâce aux microbes qui se répandent dans l’air humide au-dessus d’eux. — M. Koch avait dit, auparavant, que l’air même humide ne contenait pas ou ne contenait que très peu de microbes. Mais alors les ports ne pourraient devenir des foyers de contagion, puisque l’atmosphère est à peu près la seule voie par laquelle ils puissent transmettre cette dernière. Nous pouvons, d’ailleurs, nous appuyer sur l’autorité de Miquel, qui dit : « Je prouverai, contrairement à l’opinion de plusieurs auteurs, que la vapeur d’eau qui s’élève du sol, des fleuves et des masses en pleine putréfaction est toujours micrographique- ment pure. » C’est aussi l’opinion de MM. Burdon Sanderson et Cohn. D’ailleurs, la première conséquence de ce fait devrait être la propagation de l’épidémie aux alen¬ tours immédiats des ports, ou des cours d’eau, du Jarret par exemple, et rien, dans la marche de l’épidémie actuelle, ne montre qu’il en soit ainsi. Notons en passant, pour ce qui concerne la transmission par les selles, que la statistique a toujours constaté une immunité à peu près complète parmi les ouvriers vidangeurs. De tout ce qui précède, il résulte que, si la découverte du bacille du choléra est un pas immense fait en avant, les études qui ont suivi cette découverte ne sont ni assez complètes ni assez démonstratives, pour pouvoir autoriser des conclusions absolues. Nous ne voulons pas discuter ici les mesures pratiques proposées par M. Koch ; cette question n'est plus de notre compétence, et nous nous contenterons de faire remarquer que, alors même qu’elles seraient appuyées sur des faits précis et démontrés, leur défaut serait encore de demeurer à peu près impraticables rigoureusement. Notre seul but, dans ce qui précède, était de démontrer la nécessité d’études nouvelles, étiides qui, pour aboutir à un résultat quelconque, positif ou négatif, devront être nombreuses, précises, complètes et rigoureusement scienti¬ fiques. Gomment pourra-t-on atteindre ce résultat ? L’un de nous, M. Taxis, poursuivant des études sur un autre sujet, a été amené à employer un procédé de culture des micro-organismes qui lui permet de suivre heure par heure et d’enregistrer, avec toute la précision désirable, les diverses phases de leur développement. Des observations faites incidemment, au cours de ces cultures, sur le développement et le degré de résistance des bactériens à cer¬ tains agents, tels que la dessication, par exemple, l’ont engagé à étendre ces recherches à ce groupe des microbes, et il est certain, après les nombreux essais faits en ce sens, et qui ont pour la plupart pleinement réussi, de pouvoir appliquer ce procédé d’observation à tous les bactériens. Le point important à obtenir tout d’abord est la possibilité de suivre pas à pas l’évolution des êtres en observation. On y arrive, et ce n’est pas nouveau, par la culture en cellule sur le porte-objet du microscope, dans un milieu approprié. Mais cela ne suffit pas : il faut encore pouvoir modifier la constitution de ce milieu et faire varier, dans des proportions connues, toutes les conditions ambiantes. On peut y arriver de la façon suivante : quelques-uns (ou un) des organismes, dont on se propose l’étude, sont placés dans une gouttelette de substance nutritive, en suspen¬ sion à la face inférieure d'une lame de verre mince. Cette lame repose elle-même sur un godet placé sur la platine du microscope. Grâce à la transparence du milieu nutritif, l’œil peut suivre, sans le perdre de vue un moment, le microbe dans toutes ses transformations, saisir exactement les diverses formes qu’il peut prendre au cours de son évolution, et enregistrer tous les plus petits faits de son histoire. Il » est, d’ailleurs, facile, même avec les plus forts grossissements, de fixer ces diverses observations par la photographie. En même temps, il est facile de faire varier à volonté les conditions ambiantes, soit en modifiant la nature du milieu nutritif, soit en chargeant l’atmosphère confi- 3 446 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. née dans le godet des divers principes dont on désire étudier l’action. Ces modifica¬ tions dans les conditions de vie entraînent généralement des variation.? considérables dans la manière d’être du microbe lui-même, variations qui peuvent être aisément observées. Pour ne citer qu’un fait, il est facile, en modifiant le milieu pour le rendre moins nutritif, de provoquer la sporulation pour ainsi dire à volonté. Dans ces conditions, il devient aisé d’étudier avec une rigueur très grande, sinon tous, au moins une grande partie des points qui restent à élucider, et de fixer surtout : " Les diverses modifications de forme du bacille-; Les conditions de sporulation ; L’action sur l’état végétatif ou sur la spore des divers agents physiques (chaleur, lumière, électricité, sécheresse) ou chimiques, cette action peut être déterminée qualitativement et quantitativement avec la plus grande précision ; La possibilité et l’impossibilité de transport du bacille et de ses spores, par l’air, etc. On compléterait cette étude, en essayant, lorsqu’on connaîtra les diverses phases végétatives du microbe, des inoculations sur divers animaux placés dans des condi¬ tions différentes, de manière à savoir sous quelle forme le microbe peut être, s’il l’est, un agent actif de propagation. Nous croyons de notre devoir de donner à ce procédé une publicité aussi grande que possible : nous sommes persuadés qu’il peut, et qu’il peut seul fournir des résul¬ tats, positifs ou négatifs, et il nous paraît indispensable de le faire connaître, pour que d’autres observateurs, auxquels il paraîtrait bon, puissent à leur tour l’employer et contribuer à combaftre le fléau qui s’appesantit sur nous. Notre but unique est d’arriver à un résultat pratique, et ce résultat pourra d’autant mieux être obtenu, qu’un plus grand nombre d’observateurs voudra se vouer à ce genre de recherches. Quant à nous, nous sommes prêts, si l’on croit que ce système puisse être em¬ ployé utilement, à commencer des études dans ce sens et à faire tous nos efforts pour obtenir un résultat. Nous devons ajouter cependant que des efforts isolés nous paraissent devoir demeurer impuissants, et que l’union seule de plusieurs travail¬ leurs, aussi nombreux que possible, pourra permettre la solution d’un problème aussi complexe. Il faudrait, croyons-nous, que, en dehors de ce qui pourra>se faire ailleurs, les personnes de bonne volonté qui, à Marseille, peuvent participer à des observations de ce genre, vinssent se joindre à nous; cette aide nous permettrait, non-seulement de poursuivre nos recherches dans un sens déterminé d’avance, mais encore de répondre presque immédiatement aux questions que le corps médical pourrait avoir intérêt à nous soumettre pour les élucider. Ces conditions de succès seraient encore grandement augmentées s’il était pos¬ sible. de tenir le public au courant, au jour le jour pour ainsi dire, des résultats de ces recherches, par leur publication régulière et fréquente. Ces divers moyens permettraient à chacun de contribuer pour sa part à l’œuvre commune, et l’union de tous ces efforts assurerait l’obtention de résultats qu’un travail isolé, quelque consciencieux qu’il soit, ne peut espérer obtenir, surtout dans un temps limité (1). A. Taxis et J. Chareyre , De la Faculté des Sciences, à Marseille. (1) Sémaphore. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 447 SUR LES LÉSIONS DES TUBES NERVEUX DE LA MOELLE ÉPINIÈRE DANS LA SCLÉROSE EN PLAQUES d), L’absence de dégénérations descendantes et ascendantes de la moelle dans la sclérose en plaques est une des particularités les plus intéressantes de cette affec¬ tion, parce qu'elle semble constituer une dérogation à la loi Yallerienne. MM. Vulpian et Charcot, dans les travaux importants qu’ils ont faits sur ce sujet, ont montré que dans les plaques de sclérose un grand nombre, de tubes nerveux se dépouillent de leur myéline, tout en conservant leur cylindre-axe, et c’est ainsi qu’ils ont cherché à expliquer cette apparente anomalie. Quant au processus qui conduit à la dénudation du cylindre-axe, voici comment on le conçoit actuellement : sous l’influence de l’inflammation interstitielle de la moelle, la névroglie s’épaissit ; il se développe du tissu conjonctif de nouvelle for¬ mation qui comprime de tous côtés et étouffe les tubes nerveux ; la destruction de la gaine de myéline serait donc le résultat d’un travail purement mécanique. L’emploi d’une méthode, inconnue au moment où les premiers travaux sur la sclérose en plaques ont été publiés, m’a permis de constater plus nettement encore qu’on ne peut le faire à l’aide des anciennes méthodes, la disparition de la myéline et la conservation d’un grand nombre de cylindres-axes ; elle m’a donné, en outre, le moyen de suivre d’une façon précise le travail de destruction de la myéline et m’a amené à concevoir autrement qu’on ne l’avait fait jusqu’à présent, la nature de ce processus. Voici la méthode que j’ai suivie : les moelles ont été fixées et durcies par le bi¬ chromate de potasse à 2/1000 ; il en a été fait des coupes transversales et longitudi¬ nales qui ont été d’abord traitées par le procédé récemment indiqué par M. Wei- gert (2) ; procédé dont lé résultat est de teindre la myéline en brun ; les coupes ont été ensuite colorées à l’aide de l’hématoxyline préparée par le procédé de M. Ran- vier (3) qui se fixe sur les noyaux, et montées, après déshydratation par l’alcool et éclaircissement par l’essence de girofle, dans le baume du Canada. Quoique cette méthode de la myéline se rapproche un peu des noyaux par sa co¬ loration, il est facile de ne pas les confondre, et l’on peut reconnaître aussi, du moins sur les coupes longitudinales, les cylindres-axes et les distinguer des fibres du tissu conjonctif. Il est, du reste, utile de comparer ces préparations à des coupes faites dans les mêmes régions de la moelle et traitées par le picrocarminate d’am¬ moniaque Voici les faits qu’on peut observer sur les coupes transversales. Dans le manteau de la moelle la myéline a par places, et dans une étendue plus ou moins grande, com¬ plètement disparu ; des préparations comparatives colorées au picrocarmin font voir que là oii il n’y a plus trace de myéline, il reste encore un grand nombre de cj lindres- axes. Dans la substance grise on peut voir aussi que le réseau nerveux à myéline a été, dans certains points, complètement dépouillé de sa gaine et que les cylindres- axes ainsi que les cellules nerveuses sont conservés. (1) C. H. de l'Ac. des Sc. — 9 juin 1884. (2) Weigert. Ausfürliche Beschreibung der in n° 2, dieser Zeitchrifl erwâhnten neuen Frabungsmethode fur das Centralnervensystem (Fortschritte der Medicin. n° (3). (3) Ranvier. Sur la structure des cellules du corps muqueux de Malpighi ( Comptes rendus, 26 décembre 1882). 448 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. . Sur des coupes longitudinales, on voit sur le trajet des fibres de la moelle des interruptions de la myéline plus ou moins étendues en longueur et en largeur ; on distingue des groupes de tubes nerveux qui semblent disparaître et se perdre dans une plaque de sclérose pour reparaître ensuite. L’examen des plaques de sclérose sur les coupes longitudinales montre, dans beaucoup de points, et cela plus nettement encore que sur les coupes transversales, la persistance des cylindres-axes. L’étude des coupes transversales et longitudinales permet donc de voir d’une façon très nette que les cylindres-axes et les cellules nerveuses persistent dans des points où la myéline a complètement disparu. Mais c’est exclusivement sur les coupes longitudinales que l’on peut bien étudier les détails du processus de destruction de la myéline. Tout autour des cylindres-axes dépouillés de leur enveloppe,, on trouve, suivant les régions qu’on examine, soit des fibres de tissu conjonctif, soit des cellules plus ou moins volumineuses, constituées par un protoplasma grenu contenant un noyau, soit enfin, et c’est là le point le plus intéressant, des cellules analogues aux précédentes, mais présentant en plus dans leur intérieur un nombre plus ou moins considérable de gouttelettes de myéline. Ces cellules, dans certains points, forment au cylindre-axe une gaine complète que l’on voit se continuer directement au niveau des parties saines avec la gaine de myéline. 11 est assez facile de se convaincre , en examinant cette zone de transition , que la disparition de la gaine de myéline coïncide avec l’apparition de ces cellules chargées de myéline , que ces deux phénomènes sont connexes et que la des¬ truction de la gaine résulte de l’absorption de la myéline par le protoplasma de ces cellules. Quelle est la provenance de ces cellules? Se développent-elles aux dépens du pro¬ toplasma myélinique, sont-elles des cellules de la névroglie en voie de multiplica¬ tion, ou bien des cellules migratrices ? On peut admettre qu’elles ont à la lois ces trois origines. Mais l’activité du protoplasma myélinique, qui joue le rôle essentiel dans la des¬ truction de la myéline dans le bout périphérique d’un nerf sectionné, en admettant qu’elle intervienne ici, ne paraît être qu’accessoire. Les cellules de la névroglie et les cellules migratrices ont ici vraisemblablement un rôle prépondérant. En effet, dans ce cas, la fragmentation de la gaine de myéline ne se présente pas sous le même aspect que dans le bout périphérique d’un nerf sectionné. Elle ressemble bien plus à celle qu’on peut observer dans le bout central du nerf au voisinage de la section. Or, M. Ranvier, qui a décrit les phénomènes qui se passent dans le nerf à ce niveau , a montré que la myéline était absorbée par les cellules migratrices qui s’insinuent entre la gaine de Schwann et le cylindre-axe. L’absence de gaine de Schwann dans les tubes nerveux de la moelle doit rendre encore plus facile l’action des cellules lymphatiques sur la myéline. La persistance d’un grand nombre de cylindres-axes dans les plaques de sclérose peut s’expliquer assez facilement : ces filaments nerveux ayant conservé leurs con¬ nexions avec les cellules nerveuses d’où elles émanent sont doués d’une vitalité qui leur permet d’opposer de la résistance à ce travail de destruction. Pourtant, on conçoit qu’à la longue un certain nombre de cylindres-axes cèdent et soient détruits à leur tour. En résumé, les préparations faites à l’aide de cette méthode, outre qu’elles per¬ mettent de constater d’une façon plus nette des faits qui ont été établis, avec les méthodes anciennes, montrent en plus les détails des lésions. Elles font reconnaître ainsi que la destruction des gaines de myéline, loin d’être sous la dépendance d’un phénomène mécanique, d’une compression exercée sur les tubes nerveux par le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 449 tissu conjonctif de nouvelle formation, est liée, au contraire, à un phénomène vital, et résulte principalement de l’activité nutritive des cellules de la névroglie et des cellules lymphatiques. J. Babinski (1). DES MOUVEMENTS DU CŒUR CHEZ LES INSECTES PENDANT LA MÉTAMORPHOSE (2). Les mouvements du cœur persistent-ils chez les nymphes ; en d’autres termes, y a-t-il arrêt ou persistance de la circulation pendant la métamorphose ? Herold (1815) ayant vu les pulsations du vaisseau dorsal chez des chrysalides qui venaient de se dépouiller de leur peau de chenilles, admit que l’activité du cœur était incessante pendant toute la période nymphale. G. Newport (1837) ayant remar¬ qué que, lorsque la chenille est sur le point de se transformer, le nombre des pulsa¬ tions du vaisseau dorsal diminuait, tombant de 32 à 28 et même à 26, que, lorsque la chrysalide est définitivement constituée, il n’était plus que de 12 par minute, pré¬ suma que pendant l’hibernation, il devait y avoir absence complète de battements. M Weismann (1863) contesta l’opinion de Herold dans sa généralité en faisant remarquer que si les observations de cet anatomiste relatives aux Lépidoptères sont exactes, il ne faudrait pas croire que les mouvements du cœur continuent chez les nymphes de Muscides ; voici d’ailleurs comment il s’exprime : « Chez les Muscides, le cœur dégénère et il est construit à nouveau d’une autre manière. 11 n’est pas pos¬ sible d’entreprendre des observations directes sur les pulsations, mais on peut con¬ clure avec certitude, par les changements de la structure histologique, qu’à partir d’un moment déterminé aucune contraction ne peut avoir lieu. » Ayant observé les battements du cœur chez les nymphes de Syrphides (Volucelles) à divers stades de développement, j’infirmai les assertions de Weismann et me rangeai pleinement à l’avis de Herold ;je disais (1872) que les contractions rythmiques du vaisseau dorsal se continuent sans interruption. Mais à la suite d’observations faites avec plus de précision.et à intervalles très rapprochés, je professai (1875) une opinion qui venait concilier les assertions si contradictoires d’Herold, de Newport et de Weismann II y a, disais-je, suspension momentanée des mouvements du cœur, mais seulement pendant les quelques heures nécessaires à l’achèvement des légères modifications de forme que subit cet organe. M. Ganin (1876) se prononça en faveur de la doctrine du mouvement continu. « Il me semble, dit-il, que le vaisseau dorsal ne cesse pas de fonctionner chez les Muscides pendant la période postembryonnaire ; j’ai souvent observé ses contractions chez Anthomya rufipes pendant les deuxième et troisième jours après la transformation en nymphes, quand la plupart des organes ont été dé¬ truits. » En présence de ces assertions contradictoires, il importait de savoir si l’opinion mixte que j’admettais en 1875 était l’expression de la vérité : cela importait d’autant plus que la connaissance exacte de ce point de physiologie devait permettre d'inter¬ prêter les phénomènes histologiques qui accompagnent le développement postem¬ bryonnaire. (1) Travail du Laboratoire de M. Cofnil à la Faculté de Médecine de Paris. (2) C. R. del'Ac. des Sc. — 21 juillet 1884. 450 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Si les nymphes de Muscides ne se prêtent, pas facilement à l’observation directe, il n’en est pa$ de même des nymphes de Syrphides. La plus grande durée du déve¬ loppement laisse mieux saisir les différents stades de la métamorphose ; le plus» grand volume des animaux, la résistance plus grande des pupes, la présence de cornes stigmatifères rendent le maniement plus aisé ; ce sont autant de conditions favorables à l'étude. Pour corroborer les recherches que j’avais faites antérieurement sur les nymphes des Volucelles, je me suis attaché ce printemps à suivre le développement d’un autre Diptère appartenant également h la famille des Syrphides, Y Eristalis ceneus ; cela m'a permis d’établir un parallèle intéressant. Chez la Volucella zonaria , le développement postembryonnaire est relativement lent et peut, suivant la température, se faire en 52, 46 ou 42 jours (température moyenne 12% 1) ou bien en 25 ou 24 jours (température moyenne 20°, 1) ; chez Y Eris¬ talis œneus , l’évolution postembryonnaire est plus rapide et s’effectue généralement en 14 jours (température moyenne 15°). « Lorsque les larves de ces Syrphides, ayant perdu la faculté de se déplacer, se sont immobilisées, à travers le tégument débarrassé par lavage de tous les corps étrangers, on aperçoit pendant quatre jours les battements du cœur, dont les mou¬ vements sont très réguliers. Quand le tégument se durcit, il devient opaque et s’isole du corps de la nymphe pour constituer la pupe ; le phénomène cesse d'être visible: mais alors du cinquième au sixième jour en moyenne chez la Volucelle, le quatrième jour chez l’Eristale, apparaissent les cornes stigmatiferes qui vont nous fournir un point d'appui pour retirer directement les nymphes de leurs pupes. Si l’on extrait adroitement ces nymphes sans les blesser, on peut, à travers leur enve¬ loppe d’une grande minceur et d'une transparence parfaite, compter facilement les pulsations du vaisseau dorsal de l'abdomen. On peut ainsi observer les mouvements rythmiques du cœur chez la Volucelle jusqu’au onzième jour, chez l’Eristale jus¬ qu’au huitième jour; mais chez la première, quand arrive le douzième jour de repos, sixième jour après l’apparition des cornes stigmatifères ; chez la seconde, quand sur¬ vient le neuvième jour de repos, cinquième jour après la sortie des cornes stigmati¬ fères, on constate que les battements du cœur ont complètement cessé. Si l’on con¬ tinue à ôter les nymphes de leurs pupes, on voit que chez une Volucelle du quin¬ zième jour, du vingt-neuvième jour, du trente-septième jour, les pulsations ont re¬ pris leur régularité, — dans ce dernier cas, on peut en compter plus de 60 par minute, — que chez une Eristale du dixième jour les pulsations commencent à se manifester à intervalles très irréguliers et que, du onzième au quatorzième jour, époque de l’éclosion, elles s’effectuent avec une grande régularité. Le cœur continue donc à battre pendant qu’ont lieu les phénomènes d’histolyse et alors que commencent h se manifester les phénomènes d'histogénèse, car le dou¬ zième jour chez la Volucelle, le neuvième jour chez l’Eristale après la perte du mou¬ vement, on peut apercevoir, à travers les téguments, les deux grands muscles abais- seursdes ailes qui sont déjà constitués et reconnaître par la dissection, les yeux en voie de développement, les facettes déjà visibles, etc. La courte période d'arrêt du cœur ne marque donc nullement un intervalle de temps appréciable entre le mo¬ ment oit dans la nymphe cesse l’histolyse et commence l’histogénèse ; elle corres¬ pond au moment où cet organe subit les modifications histologiques qui se mani¬ festent surtout par la constitution d’un régime aortique correspondant à la formation du thorax. J. Künckel. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 451 LES DIATOMÉES. RÉCOLTE ET PRÉPARATION. (Fin) (1) PRÉPARATIONS SYSTEMATIQUES. L'arrangement systématique des diatomées est devenu, depuis quelques années, d’un usage si courant, qu’il est nécessaire d’en connaître les procédés. Le triage des diatomées, lorsqu’il s’agit d’espèces assez grosses, telles que les Eupodiscus, Coscinodiscus, Heliopelta, Campylodiscus, Arachnoidiscus , Pleurosigma ■ balticum , Pinn-daria et Navicula de grande dimension, etc., se.fait à Larde du petit appareil (fig. 1 et 2. PL VI, 1883) que chacun est à mênge de construire II se com¬ pose essentiellement d'une planchette épaisse A destinée à donner à l’appareil la stabilité voulue ; un bloc de bois B à pans coupés s’y trouve fixé et sert d’appui à la main. Dans un angle de la planchette, une tige en laiton D, doublement Articulée et portant à son extrémité horizontale un doublet ou lentille Goddington F, peut élever ou abaisser les lentilles pour la mise au point. Une autre tige L, à l’autre extrémité de la planchette, sert de support à la petite plaque en platine M destinée à chauffer les diatomées pendant leur préparation. La partie principale de l’appareil consiste en un secteur en cuivre G, tenu au sommet du bloc ou pyramide tronquée B à l’aide d’une vis V à large tête plate, qui lui permet de tourner autour de ce point comme centre. Cette platine est une plaque de cuivre, épaisse de 3 millimètres, noircie à sa partie supérieure et munie de deux ouvertures b et c dont les centres se trouvent su^ une même circonférence ayant pour rayon d b. Par suite de cette disposition, les diatomées à aligner se trouvant sur un cover fixé en c, tandis que le cover sur lequel on les aligne repose en è, il est facile, après avoir pris avec un poil emmanché et sous le doublet, une diato- mée, de faire exécuter un mouvement de rotation à la plaque et de déposer cette diatomée à une place qui reviendra se présenter à chaque nouveau mouvement. Il est bon que cette platine tournante soit assez grande pour que, lorsqu’une diatomée s’échappe par un mouvement trop brusque du poil, on puisse la retrouver par un déplacement horizontal du doublet. Pour fixer les covers sur la plaque de cuivre, j’emploie un petit morceau de parafine que je fonds à l’aide d’une petite tige en fer emmanchée G, chauffée légè¬ rement à la lampe à alcool. Rien n’est plus facile que d’enlever ces covers, lorsque l’opération est terminée en les prenant avec une pince ou en les chauffant de nou¬ veau. Il va sans dire que l’orifice le plus petit de la platine est destiné au cover sur lequel on aligne les diatomées, l’étroitesse de l’ouverture permettant de placer exactement au centre les diatomées, puisqu-’on aperçoit dans le champ de vision toutes les circonférences. On ne s’étonnera pas de l’absence de miroir réflecteur au dessous de la plaque, car les diatomées de grande dimension s’aperçoivent, plus facilement et se cueillent aussi plus aisément lorsqu’elles sont sur fond noir. En effet, je colle sous la platine un morceau de papier noir qui ne laisse passer aucun rayon lumineux. Il se peut, du reste, que le miroir devienne nécessaire, et dans ce (1) Voir Journal de Micrographie ; T VII , 1883 , p. 614, T. VIII, 1884, p. 115, 173, 231, 342. 452 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cas, un petit miroir N peut se fixer à volont,é§sur la planchette et s’enlever lorsqu’il n’est plus utile . Lorsqu’il s’agit du triage d’espèces très petites, ou, ce qui est le cas le plus fré¬ quent, lorsqu’on veut isoler une ou deux diatomées d’un mélange, il devient indis¬ pensable d’avoir recours aux grossissements du microscope composé : 100 à 150 diamètres. L’appareil précédent étant insuffisant , on doit le modifier tout en conservant la partie la plus importante, la platine tournante. Voici le petit appareil qui nous a donné les meilleurs résultats (fig. 3. PL VI. 1883). Une plaque de cuivre rectangulaire A, épaisse de 2 millimètres, longue de 90, large de 35, percée au centre d’une ouverture de 16 millimètres, porte sur un côté un secteur de cuivre B analogue au secteur G du grand appareil, mais plus petit que lui. De même que l’autre, ce secteur tourne autour de son centre et porte deux ouvertures dont les centres sont sur une même circonférence autour du point B, coïncidant aussi avec le centre de la plaque de cuivre. L’usage de cette plaque est le même que dans le cas précédent, elle se fixe sur la platine du microscope composé et se maintient à l’aide des valets. Pour permettre au poil emmanché, avec lequel on recueille les diatomées, d’exé¬ cuter des mouvements assez petits et assez précis sous les objectifs d’un grossisse¬ ment ordinaire, les mouvements de la main étant trop saccadés, il a été nécessaire d’utiliser le principe de l’ingénieux appareil de M. Ghâlon, professeur à Namur, et qui consiste en une pince en cuivre dont les mâchoires percées serrent, tout en la laissant libre de tourner autour de son centre, une petite sphère de cuivre dans laquelle glisse la tige formant le poil. Sur un collier G (fig. 4. PL VI, 1883) portant une ouverture dans laquelle peut passer le pas de vis d’un objectif de un pouce, qui le serre ainsi au tube du micros¬ cope, se trouve une sphère G dans laquelle une tige T peut monter et descendre et être fixée par le bouton à vis V, à l’extrémité inférieure de laquelle la sphère du professeur Ghâlon et la tige du poil sont pincées et peuvent tourner librement. Tel est l’appareil qui, se montant sur le microscope, a l’avantage de ne pas se déplacer avec la grande plaque de cuivre pendant le triage des diatomées. Les mouvements du poil sont en raison inverse de la longueur du bras de levier opposé. En même temps ils seront renversés, ce qui n’aura pas d’inconvénient, puisque le micros¬ cope redressera ces mouvements. Cependant le mouvement en avant delà tige sera inverse, aussi faut-il une certaine habitude pour s’en servir aisément. Les diatomées sont prises dans le tube à provision à l’aide d’une pipette I (fig. 1. PL VI, 1883), et une goutte plus ou moins grosse du liquide, suivant l’abon¬ dance ou la rareté des diatomées, est déposée sur le cover mis sur la plaque en platine M. On les chauffe à la lampe à alcool et, après évaporation, on les calcine comme pour les préparations ordinaires. Il est plus facile parfois de les saisir lorsqu’elles sont très sèches que lorsqu’une légère humidité les fait adhérer à la lamelle. Les instruments que nons venons de décrire sont loin de donner les résultats d’instruments plus précis dont se servent les préparateurs et entre autres J.-D. Môller. Le « mechanical finger. » de Zentmayer, n’était son coût trop élevé, devrait se trouver chez tout amateur qui tiendrait à composer des groupes de diatomées alignées symétriquement. Préparations au baume. — Un cover très' propre, préalablement fixé à l’aide d’un peu de parafine sur l’orifice de la platine tournante G, fig 1, ou O, fig. 3 (PL VI, 1883), reçoit en son centre une petite goutte d’une solution de gomme bien pure dans de l’eau distillée ; on l’y dépose à l’aide d’un petit pinceau. La solution de gomme se compose d’une grosse goutte de gomme arabique épaisse dans 15 c. c d’eau distillée. La gélatine donne peut-être de meilleurs résultats. Lorsque cette couche est sèche, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 453 ce que l'on obtient très rapidement en été à l’air libre ou bien en apppochant un petit bâton de fer chauffé au rouge, le cover à provision de diatomées est déposé en G et fixé comme le premier par la parafine. Le doublet étant amené au-dessus de la platine et mis au point, on prend à l’aide de la main droite, munie d’un poil emman¬ ché très court, un frustule de diatomée. Sans déplacer cette main, la main gauche fait exécuter un mouvement de rotation à la platine, et lorsque le cover se présente en B, on dépose la diatomée au centre, sur la.mince couche de gomme qui y est restée. On prend ensuite le gros tube de verre H et, l’ouverture la plus petite tournée vers la diatomée, on projette doucement l’haleine sur le cover. Un instant après, la diatomée se trouve fixée définitivement et on procède à une nouvelle opération. Après que les diatomées ont été ainsi successivement alignées et fixées, le cover est placé, la face couverte de diatomées en dessous, dans un verre de montre conte¬ nant de l’essence de térébenthine ou de lavande, ou bien du chloroforme, et on laisse l’imbibition s’effectuer pendant une heure environ. On met ensuite sur le porte-objet une goutte de baume du Canada avec le bâton de verre effilé K, et on le porte au-dessus de la lampe à alcool ; lorsque des zébrures se produisent dans la goutte de baume, on laisse refroidir la lame de verre et, s’il y a des bulles d’air on les crève ou les enlève avec une aiguille froide. A l’aide d’une pince, on retire le cover de l’essence et on l’égoutte quelque peu, puis on l’applique sur la goutte de baume que l’on a fait réchauffer un peu. Sous l’influence d’une cha¬ leur plus forte, l’essence en excès s’évapore et le baume fixe complètement le cover et les diatomées sans dérangement de ces dernières. Si quelques bulles se produi¬ saient par excès de chaleur, on appuiera du côté opposé avec une aiguille. Enfin, lorsque la lame de verre sera complètement refroidie, il ne restera plus qu’à nettoyer le baume qui a inondé les bords du cover, ce qui se fait avec un canif, et on enlèvera les dernières traces avec un linge imbibé d’alcool. La préparation terminée, on posera l’étiquette, afin d’éviter toute confusion, lorsqu’on prépare un grand nombre de diatomées à la fois, ce qui est le cas habituel. Si l’on ne se trouve pas assez d’habileté pour employer le baume du Canada sans laisser de bulles d’air, on aura recours au vernis au copal, qui est bien plus long à sécher, mais plus maniable. Pour cela, on le fait évaporer jusqu’à consistance siru¬ peuse, environ un tiers de son volume. On en déposera une petite goutte sur le porte-objet, et sans chauffer, on recouvrira avec le cover imbibé, porteur des diato¬ mées. En maintenant ensuite la lame sur une plaque de fonte chauffée à 70° pendant deux heures ou plus, on obtiendra une dessication suffisante pour permettre de nettoyer l’excès de vernis autour du cover, sans appuyer trop fort cependant, et de mettre définitivement en boîte cette préparation qui sera complètement exempte de bulles d’air. * Préparations à sec. — Ces préparations sont plus délicates et bien plus sujettes à dérangement que celles au baume. Cependant, sans obtenir les résultats merveil¬ leux de J.-D. Môller, l’habile préparateur de Wedel, on peut suppléer à ses procédés inconnus par l’emploi du moyen suivant : on déposera sur le cover, au lieu d’une couche de gomme, une goutte de baume du Canada dissous dans le chloroforme ou de vernis au copal. Les différentes solutions de ces résines seront très étendues, afin qu’après évaporation, la couche qui restera soit excessivement mince. Les diatomées seront déposées comme ci-dessus et on les fixera en ramollissant le baume par la petite baguette de fer fortement chauffée que l’on approchera de la diatomée. Cette opération pourra se recommencer sans crainte à chaque nouvelle prise, et les diatomées ne subiront aucun dérangement. Après quoi, le cover sera mis sur la plaque de platine, chauffée au rouge ; la masse d’abord noire du baume 454 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. finira par disparaître sans laisser la moindre trace et les diatomées seront toujours restées à la même place. Si le s~diato ruées sont montées sur un cover très petit (au plus 0m,006 de diamètre), on fera sur le porte-objet un cercle ou cellule de bitume de 0m,003 de diamètre inté¬ rieur et, lorsqu’il sera très sec (il convient d’avoir quelques cellules préparées au moins trois semaines à l’avance), on y déposera délicatement et sans secousse le cover, les diatomées en dessous, et on l’y fixera en chauffant un peu au-dessus de la lampe à alcool; alors on appuiera avec une aiguille, afin qu’il y ait une adhérence complète. Dans le cas où on aurait usé d’un cover de plus grand diamètre, il sera bon de faire deux cellules, la première ayant le diamètre extérieur du cover, la seconde de 2 ou 3 millimètres de diamètre. Le rôle de cette cellule intérieure sera d’éviter en premier lieu l’écrasement des diatomées, en nettoyant la préparation, et aussi leur dispersion par suite de manipulations trop brusques. En terminant ce travail peut-être trop détaillé, nous ferons cette remarque : que les premiers essais seront rarement couronnés de succès, et que l’on ne doit pas se décourager. Il est évident que si l’on prend pour modèles les préparations de Môller et de quelques préparateurs en renom, on pourra se prendre à désespérer de jamais acquérir pareille habileté. Mais si l’on se munit d’une certaine provision de patience, et que l’on se borne à vouloir réunir sur un petit espace quelques diato¬ mées dont les rares, mais beaux trust ules, sont dispersés dans de nombreux débris, ou même former sur une préparation un groupe qui résumera la flore d’une localité, on ne devra jamais désespérer d’arriver à un résultat suffisant, à l’aide des moyens que nous avons décrits et qui tous, nous le garantissons, ont subi l’épreuve d’une longue pratique. J. Rataboul. * NOTES MÉDICALES. LES EAUX MINÉRALES. Dans mes dernières Notes médicales ( Journal de Micrographie , N°7, 1884, p. 401 ) , j'invitais le public à s’abstenir, pour les usages alimentaires et particulièrement comme boisson , de toutes les eaux fournies dans les villes par les services municipaux, et même de toutes les eaux des fleuves qui traversent les grands centres de population. En même temps, je lui recommandais de ne boire que des eaux miné¬ rales naturelles , prises à la source , et , entre toutes , je signalais la vieille eau de Pougues St-Léger, l'antique gloire du Nivernais. Et, non-seulement je conseillais d’user de cette eau comme boisson habituelle en temps d’épidémie, alors que l’on peut redouter les eaux contaminées des rivières , véhicules d’infection , mais encore en temps ordinaire, et même à l’état de santé. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 455 Je dirais presque : surtout à l’état de santé. En effet , les malades trouveront toujours des eaux spéciales , parfois préférables aux eaux de Pougues pour le cas particulier dans lequel ils se trouvent, pour la maladie déterminée dont ils souffrent. Aux uns, les eaux de Contrexé- ville seront formellement indiquées , aux autres celles de la Bourboule ou bien celles de Vichy ou encore celles de Royat ou du bassin des Pyrénées. — Or, j’admets qu’aucune de ces eaux ne peut être long¬ temps prise par l’homme en santé sans qu’il y ait perturbation dans - ses fonctions digestives. Il n’en est pas ainsi pour l’eau de Pougues St. -Léger. Elle répond , il est vrai, à un certain nombre d’indications précises , maladies de l'estomac, du foie, dés reins — qu’elle guérit par un usage sulfisam- ment prolongé, qu’elle prévient même chez les personnes prédispo¬ sées, — mais en dehors de ces destinations spéciales, elle est une des rares eaux qui puissent être bues d’une manière habituelle par les gens en santé , sans danger pour la régularité de leurs fonctions. L’eau de Pougues , grâce à sa minéralisation qui n’est excessive en aucun sens, mais admirablement pondérée, si l’on peut ainsi dire, ne peut troubler l’exercice d’aucun des actes de la nutrition. Son emploi peut donc être longtemps ou même indéfiniment continué, sans aucun danger. Alcaline , en effet , son alcalinité n’est pas telle que l’on puisse craindre, qu’elle neutralise l’acidité naturelle et nécessaire du suc gastrique. On n’en peut dire autant des eaux sodiques , très fortement alcalines , et c’est même en raison de cette alcalinité excessive , que ces dernières trouvent leurs plus importantes applications , alors qu’il s’agit de neutraliser l’acidité exagérée des liquides de l’économie. Non-seulement l’eau de Pougues St. -Léger ne détruit pas l’acidité nécessaire du suc gastrique , mais elle augmente la sécrétion de celui-ci. C’est pour cela qu’elle facilite la digestion. En effet , non- seulement elle contient une notable quantité d’acide carbonique libre, ce qui contribue à la rendre agréable à boire , mais elle en renferme encore à l’état de combinaison sous forme de bicarbonates , et notam¬ ment de bicarbonate de chaux. Cet acide combiné ne se dégage que fort peu dans le verre , mais seulement dans l’estomac , au contact des acides du suc gastrique. Il se produit alors , à l’état naissant , comme disent les chimistes , dans l’estomac meme dont il excite la muqueuse ; et celle-ci, excitée, sécrète avec activité du nouveau suc gastrique prêt à agir avec énergie sur la masse alimentaire en digestion. De plus , de cette réaction des acides naturels de l’estomac sur le bicarbonate de chaux résulte , outre l’acide carbonique mis en liberté, un sel de chaux soluble tout prêt à servir à la reconstitution 456 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. des os. Or. c’est ce que ne peuvent pas produire les eaux sulfatées calciques, que l’on recommande souvent , sans grande raison , comme on le voit , aux personnes dont le système osseux manque d’éléments calcaires. En effet , le sulfate de chaux que contiennent ces eaux est un sel trop stable pour que les acides du suc gastrique puissent le décomposer, au moins d’une manière appréciable. Enfin , j’ai insisté sur une dernière propriété des eaux de Pougues , sur laquelle on n’a pas, il me semble, appelé suffisamment l'attention du public et des médecins , propriété qui résulte de leur nature ferrugineuse. Le fer est , comme on le sait , un médicament , ( on pourrait dire un aliment des globules du sang) auquel, dans notre siècle d’anémie et de pâles couleurs , bien des gens , surtout des femmes, sont condamnés pour ainsi dire toute leur vie. L’incroyable multiplicité des préparations pharmaceutiques dont le fer est la base, en fait foi. Or, le fer est une substance dont l’économie ne s'assimile qu’une excessivement petite quantité à la fois , et les eaux minérales ferrugineuses, — je crois que personne ne le conteste aujourd’hui , — présentent précisément cette petite quantité de fer sous la forme la plus facilement assimilable. Sous ce point de vue encore, l’eau de Pougues St. -Léger est donc « reconstituante », mot que l’on emploie si souvent dans les prospectus et dont on ne comprend pas toujours bien le sens. L’eau de Pougues est reconstituante parce qu’elle facilite et stimule la digestion , par conséquent active la production des éléments assi¬ milables pour la nulrition générale ; — parce qu’elle fournit de la chaux assimilable pour la formation et le renouvellement du tissu osseux ; — parce qu’elle fournit du fer assimilable pour la formation et le renouvellement des globules rouges du sang. J’ajoute, pour mémoire , qu’elle renferme un peu d'iode. C’est peut-être, au point de vue où je me place, sa propriété la moins importante. Cependant , il ne faut pas oublier que les eaux potables doivent contenir des traces de ce métalloïde , et l’on sait que l’on accuse celles qui n’en renferment pas du tout de produire le goitre, la diathèse scrofuleuse et le crétinisme. J’ai déjà dit à peu près tout cela dans mes dernières Notes médicales, mais je le répète aujourd’hui, sous une forme un peu plus dogmatique si l’on veut, pour répondre aux nombreuses demandes de renseignements qui me sont parvenues depuis lors. Et tout ce que j’ai dit à propos de l’usage habituel de l’eau de Pougues comme mesure de prudence en temps d’épidémie . particu¬ lièrement en temps de choléra , je puis le répéter aujourd’hui , en insistant même plus encore qu’il y a un mois. « L’épidémie cholérique diminue, m’écrit un de mes correspondants, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 457 » et ces recommandations , fort utiles et strictement logiques , d'ail- » leurs, viennent peut-être un peu tard. » D’abord, il n’a pas dépendu de moi de pouvoir les publier plus tôt; et ensuite, je ne crois pas qu’il soit trop tard. Loin de moi l’idée de vouloir « alarmer les populations >> et bien qu’il soit certain que l’épidémie de 1884 puisse être considérée jusqu’ici comme relativement bénigne , il n’en est pas moins vrai que les familles dont les membres ont été frappés par le fléau , ne la trouvent pas si bénigne que cela , et en tous cas , la jugent plus terrible que la dernière épidémie., laquelle les avait épargnées. Il n’en est pas moins certain encore que l’épidémie ne diminue pas. Elle s’éteint , il est vrai , quoique lentement , dans les villes primitive¬ ment envahies , mais elle s’étale sur une surface considérablement plus étendue. Et si l’on veut bien faire le total des morts pendant la dernière semaine (du 12 au 18 août) dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Gard, de l’Ardèche, de l’Hérault, des Pyrénées- Orientales , de l’Aude , des Basses-Alpes , de l’Yonne , sans compter quelques cas dans ceux de Vaucluse, des Hautes-Alpes, du Rhône, etc., on verra que ce nombre est augmenté. On trouvera des villages villages de 150 et 200 âmes qui ont perdu 36 et 50 habitants, etc. Ce qu’on peut dire, c’est que le public, surtout dans l'aire épargnée, s’habitue à l’idée que le choléra règne et s’en effraie moins, ( à Paris, par exemple, parce qu’il n’y a eu jusqu’à présent qu’un cas) ; mais on ne peut pas dire que l’épidémie s’éteint. Elle s’étend et les cas sont aussi graves. Et quand même elle s’éteindrait , ce qui arrivera, sans doute, avec les froids , il faut songer à son retour possible au printemps prochain. Ce n’est donc pas , comme on le voit , le moment de négliger les précautions. Or, parmi ces précautions , celle que j’indique ici est une des plus simples, des mieux fondées en théorie et en pratique et , à mon avis, des plus efficaces. Je le répète , d’ailleurs , je ne veux pas prétendre que l’eau de Pougues St. -Léger soit une panacée infaillible, ni même qu’il ne puisse pas s’en trouver une autre, par le monde, pouvant servir au même but. Je la recommande parce qu’elle remplit parfaitement, — et à mon sens, mieux que toutes celles que je connais, — les conditions requises, et que mes dires sont appuyés , non-seulement sur une longue expé¬ rience personnelle, mais sur celle que de nombreuses générations ont acquise depuis trois siècles. Dr J. Pelletan. 458 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. BIBLIOGRAPHIE. Conferenz zur Erorterung der. Cholerafrage , conférence faite par le D1' Koch, au Conseil de santé de l’Empire, le 26 juillet 1884. Le Dr Koch nous a adressé le texte du remarquable discours qu’il a prononcé récemment à Berlin sur le choléra , son bacille ou Kommabacillus , la culture et le mode de développement de ce dernier. Nous donnerons , dans notre prochain numéro, la traduction de cet important travail , avec la reproduction des gravures qui l’accompagnent. Nos remerciements à M. le Dr Koch. D' J. P. Le gérant : E. PROUT. LABORATOIRE DU JOURNAL DE MICROGRAPHIE, 176, Boulevard Saint-Germain, PARIS. Microscopes , objectifs, accessoires de tous les constructeurs. Instruments neufs et d’occasion , garantis. Préparations microscopiques de tous les fabricants , et préparations spéciales du Laboratoire faites au point de vue scientifique. Kéactifs bistochimic|ue* préparés suivant les formules données par leurs auteurs. Instruments pour 8cs coupes, rasoirs*, microtomes de Ranvier, de Jung ( prof. R Thoma), de Malassez, de Zeiss , etc. — Appareils pour l’inclusion , bain-marie, étuves, chambres humides, tournettes, etc. Lamelles et covers de première qualité, cellules, etc., Et toutes fournitures pour la microscopie. — Livres , renseignements. D1' J. PP]LLETAN , Directeur du Laboratoire, 176, Bd Saint-Germain , PARIS Huitième année. N° 9 Septembre 1884 JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE I Revue, par le Dr J. PELLETAN. — Notes sur un Infusoire nouveau ( fin ), par le Dr A. C. STOKES. — Sur une psorospermie trouvée dons une tumeur pleurétique , par MM. J. K ünstler et A Pitres. — Le Kommabacillus ou Bacille en virgule du choléra, d’après M. le professeur R. Koch. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification ( suite ), par M. N. PATOUfLLARD. — Idées nouvelles sur la fermentation (suite), le Pénicillium ferment dans les dissolutions salines, par M. E. COCARDAS. — Végétations pélagiques et microscopiques du lac de Genève au printemps de 1884, par le professeur J. Brun. — Sur le micro-organisme de la tuber¬ culose zooglœique , par MM. MALASSEZ et W. VlGNAL. — Sur la durée de l’immunité vaccinale antichurbonncuse chez le lapin, par le professeur Feltz. — Sur un Rhizopode, par M. J. K ünstler. — Notes médicales : Les eaux de Pougues , ferrugineuses, par le Dr J. Pelletan — Avis divers. - - REVU E. Par ce temps de vacances générales , nous nous bornerons à signaler aujourd’hui à nos lecteurs, quelques-unes des publications récentes qui paraissent mériter le plus leur attention. * * # D’abord , un important volume : la phtisie bacillaire du poumon , par le professeur G. Sée (1). Ainsi que l’indique le titre, l’auteur est un partisan de la doctrine parasitaire , mais nous ne voyons pas qu’il ait tiré un bien grand parti de cette donnée et l’on est tout à fait tenté, en lisant cet ouvrage , de se ranger à l’opinion du professeur Jaccoud : « la découverte de Koch n’ajusqu’ici servi à rien. » L’ouvrage de M. G. Sée est évidemment trop gros pour ce qu’il (1) 1 vol. in-8° avec 2 pl. lith. A. Delahaye et Lecrosnier. — Paris , 1884. 464 JOURNAL DS MICROGRAPHIE. contient, car il y a. peu de neuf. — Toutefois , le nom et la position de l’auteur nous imposent le devoir d’étudier son livre avec soin et impartialité ; c’est ce que nous ferons dans notre prochain numéro , car copier la préface, comme l’ont fait plusieurs de nos confrères , ne suffirait pas pour rendre de l’ouvrage entier un compte suffisant. Citons ensuite parmi les publications étrangères : Micropalœophytologia : Le professeur P. F. Reinsch, d’Erlangen , dont nous avons analysé récemment un mémoire relatif à la découverte d’organismes microscopiques vivants à la surface des monnaies , vient de publier à Erlangen, en Bavière, un ouvrage dont nous devons signaler l’existence aux micrographes et aux géologues.* 11 s’agit d’une grande monographie de tous les organismes microscopiques végétaux que l’on trouve dans la houille et dans les terrains carbonifères. Cet ouvrage ne contient pas moins de 108 planches , petit in-folio , présentant environ 1,800 figures , avec 18 feuilles de diagnoses et deux planches de microphotographies prises d'après nature. L’ouvrage est divisé en deux volumes : le premier comprend les Triletes et une classe particulière de corps probablement uni-cellu¬ laires ; le second contient tous les autres micro-organismes du char¬ bon aujourd’hui connus , et qui paraissent tous se rapprocher de certains types actuels d’ Algues. L’auteur peut fournir aux acquéreurs quelques échantillons en double de sa propre collection (1). La théorie des sexes et la genèse sexuelle , travail inséré par M. C. M. Hollingsworth dans Y American Naturalist de juillet dernier. Nous en publierons incessamment la traduction. Végétations pélagiques et microscopiques du lac de Genève , au printemps de 1884, par M. J. Brun, professeur à la Faculté de Médecine de Genève. Nous commençons la publication de cet inté¬ ressant travail. Observations anatomiques comparatives sur les yeux de la Taupe éclairée (Talpa europœa h.) et ceux de la Taupe aveugle (T. cæca L.), par le professeur G. Y. Giaccio, de Bologne. Cette notice, lue le 20 avril dernier à l’Académie B. des Sciences de l’Institut de Bologne , est accompagnée d’excellentes planches , représentant fidèlement les remarquables préparations du professeur et exposant supérieurement l’anatomie de l’oeil chez ces deux espèces de Taupes , prises à l’état (1) Pr. P F. Reinsch. — Micropalœophytologia , 2 vol., 93 fr. 50. — Chez l’auteur ou chez Th K ris ch e . a Erlangen, ou Bern. Quaritch , Piccadilly, Londres. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 465 fœtal et à l’état adulte. — Ce mémoire est suivi d’une courte -note dans laquelle le savant professeur étudie la question de savoir si le corps vitré pénètre dans la profondeur de la fossette centrale de la rétine ou s’il passe seulement par-dessus celle-ci , en la recouvrant. La fossette ne serait alors remplie que par de la lymphe. L’auteur a constate qu’il en est , en effet , ainsi chez le Caméléon. Notre excellent et savant maître , le Dr Gruby, qui , nous n’avons pas besoin de le rappeler , est l’un des pères de la Micrographie française , vient de publier le complément d’un important travail qu’il a fait paraître en 1879 , sur le matériel de secours aux blessés militaires à l’Exposition de 1878. Nous avons, à cette époque, rendu compte de cet ouvrage autant qu’il nous était possible dans ces colonnes ; il nous reste aujourd’hui à signaler la nouvelle partie , qui vient de paraître , et qui est consacrée à Y histoire des sociétés de secours (1). « Le motif, dit l’auteur, qui nous a poussé à faire et à publier cette » étude, dont l’esprit est surtout historique et descriptif, est autant » le désir de faire connaître les appareils de secours présentés à » l’Exposition de 1878 , que de chercher à répandre le goût et les » idées qui doivent animer tous les hommes do cœur désireux de » secourir les victimes de la guerre , d’aider à perfectionner le » matériel nécessaire , d’instruire les hommes qui doivent jouer » un rôle bienfaisant au milieu de la destruction; enfin, de pro- » voquer la création et le développement des sociétés volontaires » de secours aux blessés militaires. En un mot , nous n’avons » qu’un' but, essentiellement humanitaire: démontrer l'importance » que doit prendre une question d’un si grand intérêt. » Hélas ! pour arriver un peu longtemps après l’Exposition de 1878 , le livre du Dr Gruby, n’en vient pas moins à propos , puisque nous voici encore , sous le prétexte de « représailles , » en état de guerre effective. Le sujet que traite le Dr Gruby dans cet important ouvrage , qui ne comprend pas moins de 350 pages avec 7 planches , n’est , on le comprend , pas du tout dans notre programme , aussi ne pouvons-nous (1) Dl Gruby : Sociétés et matériel etc secours 'pour les blessés militaires. 1 v. gr. in-8, 300 p., 1 pl. (Bibl. scientif. indust. e* agricole des Arts et Métiers). Paris, E. Lacroix, 1884. Prix : cartonné 12 francs. 466 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. que recommander ce livre à toutes les personnes , et elles sont nom¬ breuses , qui s’intéressent à cette question humanitaire, toujours actuelle. — Toutefois , nous ne pouvons nous empêcher d’y cueillir ces chiffres qui n’ont malheureusement non plus rien de microscopi¬ ques : « La guerre coûte à l’Europe , de 1853 à 1878: 2 millions 713,000 hommes morts , et 60 milliards 425,000,000 de francs. » Et nunc erudimini. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. NOTES SUR UN INFUSOIRE NOUVEAU. Fin (1) Les trichocystes, qu’on ne trouve, on le sait, que dans le corps des membres du groupe des Ciliés, sont nombreux chez le Ctedoctema , au moins relativement à la taille de l’Infusoire, et présentent des par¬ ticularités qui n’ont, pas encore été signalées à propos des trichocystes des autres membres de cette classe. L’action de la solution d’acide tannique dans la glycérine, récemment recommandée pour rendre les trichocystes mieux visibles, est tout à fait satisfaisante. Quand il est tué par ce mélange, le Ctédoctéma devient un objet nouveau, couvert de cils tordus, avec des trichocystes se projetant comme de grandes aiguilles à repriser, des différentes parties de la surface. Ils sont quelquefois si violemment projetés qu’ils se séparent du corps et tombent plus loin, libres. L’Infusoire mesure 1/1000 de pouce en lon¬ gueur; les trichocystes ont 1/2000 de pouce, précisément la moitié de la plus grande largeur du Ctédoctéma et un peu moins que son diamètre transversal. Avec un grossissement suffisant, on peut les voir sur l’animal vivant. Ceux de l’extrémité postérieure sont disposés presque parallèlement à la ligne médiane, ceux de la moitié posté¬ rieure du corps sont dirigés en avant et ceux de la moitié antérieure, en arrière, vers le centre de l’animal. Ils sont rigides et droits, et, pour leur longueur, gros et forts. Ils se projettent légèrement au- delà de la surface cuticulaire, et, souvent, donnent à l’Infusoire, sur (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII , 1884, p. 424. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 467 la coupe optique, un contour finement crénelé. Quoiqu’ainsi che¬ villé, le corps reste mou et flexible. De leur extrémité libre, les bâtonnets vont en s’amincissant en une pointe obtuse et semblent prismatiques. Certains détails de structure n’ont, je pense, été notés jusqu’à présent sur aucun autre Infusoire ; ils consistent en quatre et quelquefois seulement deux petits appendices linéaires rayonnant à l’extrémité du corps du bâtonnet comme les bras d’un poteau indicateur aux carrefours des routes dans les cam¬ pagnes. Ces filaments en saillie, mesurant 1/10000 de pouce (1) en longueur, sont d’une extrême délicatesse et naissent à une distance égale environ à la moitié de leur longueur, au-dessous de l’extrémité distale du tricbocyste. Leur direction n’est pas toujours perpendicu¬ laire à leur support, mais souvent, même chez le même individu, ils se projettent vers le haut ou vers le bas et forment des angles de différents degrés. L’ouverture orale de l’Infusoire n’est pas suivie d’un conduit pha¬ ryngien distinct, et quoique je n’aie jamais observé l’introduction des particules alimentaires, cependant, d’après la présence dans le sar- code de petits corpuscules verts auxquels j’ai attribué une origine végétale, je suppose que le Ctedoctema est un phytophage. On n’a pas distingué nettement d’ouverture anale. Le phénomène qui, en plu¬ sieurs occasions, a été pris pour le rejet de matières excrémentielles, s’est produit postérieurement à l’ouverture orale et en arrière du peigne ciliaire, mais le flot des particules alimentaires rejetées qu'em¬ portent les courants adoraux est si grand et si continuel que la ques¬ tion est encore à résoudre. Quant à son mode de reproduction, ranimai est-il aussi fantasque dans sa manière de recouvrer la jeunesse que dans son anatomie ado- rale? — Oui, sous un rapport : il réussit, d’une part, à surprendre l’observateur familiarisé avec tous les modes de fission et les diverses variétés d’enkystement, et, d’autre part, à arrêter un moment son admiration sur les inépuisables ressources de l’intelligence divine. Que la reproduction se fasse par fission transversale, cela va sans le dire. Mais imaginez, si vous pouvez, ce qu'il arrive de toute cette dis¬ position complexe autour de la région orale. L'animal qui se formera de la partie postérieure du corps mûr du parent doit avoir, non seule¬ ment un sinus cilié adorai et l’appendice en peigne, tous organes qu’une division en travers donnerait , mais il doit obtenir, d’une ma¬ nière ou d’une autre, le faisceau ciliaire à l’extrémité antérieure du sinus. La terminaison postérieure du sillon du Ctedoctema parent ne (i) 2 {x, 5. 468 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. % possède pas cette touffe à transmettre au nouvel être et celui-ci ne peut pas, ou du moins il ne le fait pas, pousser des filaments de sarcode qui se durcissent en cils. Alors, qu’est-ce qui arrive ? — C’est bien simple et bien facile quand on y pense, mais personne n’y penserait s'il ne l'avait pas vu. Voici ce qui se passe : les cils du peigne s’unissent manifestement et forment une membrane. Les cils antérieurs du sinus s’unissent avec celle-ci et allongent la membrane en avant, le tissu de nouvelle for¬ mation étant très large vers le centre et rétréci vers les deux extré¬ mités. L’animal se sépare alors par le milieu, formant deux Infusoires Holotriches dont chacun porte une membrane vibrante, unie, non plissée, un peu oblique le long de la partie moyenne de sa face ven¬ trale et dont le bord libre est distinctement et fortement épaissi. Dans quel tableau de classification, ces êtres vont-ils maintenant trouver place ? S’ils se rencontrent momentanément avec un systématiste . qu’est-ce que celui-ci va en faire ? Chacun d’eux ne sera-t-il pas un Lembus d’eau douce? — Ces questions ne nous embarrassent pas. Ils procèdent à la formation de leur appareil ciliaire par le fendille¬ ment de leur membrane. Les cils s’unissent pour former la membrane, la membrane se divise pour former les cils, son bord épais devenant les extrémités épaissies des filaments du peigne adorai. En deux heures, un peu plus, un peu moins, le Lembus d’eau douce est devenu un Ctedociema d’eau douce dont on peut donner la description de la manière suivante : Ctedoctema, gen. nov. (du grec Kteosv, peigne, Kts/zk, possession) : Animalcules nageurs, libres, plus ou moins ovales, persistants dans leur forme, entièrement ciliés; cils oraux différents de ceux de la surface cuticulaire ; ouverture orale, ven¬ trale, placée à la terminaison postérieure d'une dépression ou sillon adorai, longitu¬ dinal, cilié, qui porte en bordure, sur son côté droit, un rang de gros cils ou soies arquées diminuant graduellement de longueur vers l’ouverture orale qu’elles en¬ tourent et dont les extrémités distales sont nettement épaissies ; plusieurs longs poils ou soies se projetant de l’extrémité postérieure du corps, poils dont un seul, ordinairement, est recourbé à son bout distal ; vésicule contractile unique , placée en arrière ; trichocystes gros et nombreux. C. acantho crypta, sp. nov. (grec, A/.xvô?, épine, y.p u-rrra cachée). — Corps en ovale allongé plus large et arrondi postérieurement, aminci en pointe obtuse antérieure¬ ment, sub-cylindrique, légèrement comprimé, longueur deux fois ou deux fois et demie plus grande que la largeur, présentant ordinairement une vésicule sarcodique hémisphérique près du bord dorso-latéral gauche ; cils cuticulaires longs, fins, soyeux, avec une seule soie postéro-terminale ordinairement recourbée à son bout distal ; ouverture orale ciliée, éloignée de l’extrémité antérieure et placée à la par¬ tie postérieure d’un sillon adorai superficiel, en ovale étroit, cilié, creusé longitu¬ dinalement dans les trois quarts de la surface ventrale et portant sur son bord droit un appendice en forme de peigne, flexible, composé de grands cils, forts, non vibratiles, épaissis à leur extrémité distale, diminuant de longueur en approchant de l’ouverture orale qu’ils entourent ; le sillon adorai portant aussi près de son bord gauche un rang de longs poils fins, vibratiles, et, sur toute sa longueur, une série de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 469 longs cils vibratiles comme réunis en faisceau antérieurement, et se raccourcissant en approchant de la bouche ; vésicule contractile unique, -sub-terminale, près du bord droit ; nucléus ovalaire, placé au centre dans la moitié antérieure du corps ; trichocystes grands, droits, d'apparence prismatique finissant en pointe obtuse et portant à leur bout distal deux ou plusieurs petits processus linéaires rayonnants. — Habitat : Les eaux douces, dans les Lemna. — Longueur du corps, 1/1000 de pouce (1). L’animalcule a été étudié avec un objectif à immersion homogène 1/10 de p., de Herbert Spencer, Ouv. Num. 1.35, et un objectif à immersion homogène 1/8 de p. de Bausch et Lomb, Ouv. num. 1.43, objectifs qui sont lou§ deux de véritables œuvres d’art (2). Dr A. G. Stores. SUR UNE PSORQSPERMIE TROUVÉE DANS UNE HUMEUR PLEURÉTIQUE. Les agents et facteurs des maladies infectieuses, en général, sont des végétaux d’une simplicité et d’une petitesse extrême, les Bactéries, plus spécialement connues sous le nom de Microbes. Les Bactéries ne sont pas les seuls êtres qui soient la cause déterminante de certains troubles. Bien d’autres organismes , appartenant à des groupes animaux ou végétaux divers, présentent une action analogue sur les êtres vivants. Il en est même, faisant partie du règne animal et rentrant dans la classe des Protozoaires, qui sont des agents de ma¬ ladie, principalement étudiés chez les animaux, et souvent aussi actifs, aussi terribles que les Bactéries. — Ce dernier sujet est générale¬ ment peu étudié et peu connu. Nous sommes heureux de’pouvoir ici attirer l’attention des chercheurs sur ces faits importants et encore obscurs, persuadés que dans cette voie de nombreuses et importantes découvertes sont à faire. En 1839, Hake (3) a trouvé dans le foie du Lapin certaines tumeurs déjà vues par Carswell. 11 les a étudiées et décrites, contrairement à ce dernier auteur, avec soin et y a trouvé des corpuscules qu’il prit pour des globules de pus et non pour des productions parasitaires. (1) 25 [x. (2) Amer. Nat. (3) Hake, A treatise on varicose capillaries as constit. the struct. of carcin. of hepatic ducts , mith an account of a ne u> forme of the globule. London , 1839. 470 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Depuis lors, ces lésions, qui présentent une grande analogie avec celles de la tuberculose, ont été étudiées par un grand nombre d’ob¬ servateurs, entre autres Balbiani(l). Ce sont des masses blanchâtres obstruant les conduits biliaires du foie de Lapins malades, se pré¬ sentant sous la forme de masses d’un blanc grisâtre, de consistance variable, depuis l’état liquide jusqu’à la consistance à peu près so¬ lide, et semblant constituer de petits abcès ou des masses tubercu¬ leuses plus ou moins ramollies. Ces productions accompagnent les canalicules biliaires qui les contiennent sur un trajet plus ou moins considérable, de manière que ceux-ci semblent injectés et dilatés par cette matière blanc-jaunâtre. L’issue des troubles pathologiques dus à ces formations est la mort du Lapin infecté. Ces poches caséeuses, à l’examen microscopique, se montrent formées, outre les éléments al¬ térés des conduits biliaires et du foie, dun liquide contenant des cor¬ puscules granuleux de dimensions très variables. Ces divers petits corps sont des parasites d’âges divers, vivant librement au milieu de ces masses, parasites auxquels on a donné le nom de Psorospermies ovif ormes ou Coccidies. Dans leur jeune âge, les Coccidies du Lapin vivent au sein des cellules épithéliales des conduits hépatiques. Ces canaux se dilatent par leur accroissement de volume et l’irritation locale qui en résulte détermine une prolifération considérable des éléments des tissus en¬ vironnants. Il se forme ainsi des poches dans la cavité desquelles les Coccidies finissent par tomber avec les cellules épithéliales, énormé¬ ment grossies, qui les contiennent.- La connaissance de ce processus est principalement due à Leuckart et àBalbiani. Après la découverte de la Psorospermie du Lapin, le nombre des espèces du même genre s’est rapidement accru. On en a retrouvé dans l’intestin de beaucoup de Mammifères, tels que le Chien, le Chat et aussi l’Homme. Ainsi Gubler (2) a publié le résultat de l’autopsie d’un malade ayant succombé à une affection du foie due à de semblables parasites ; mais, ainsi que le montre déjà le titre de son travail, il s’est mépris sur leur véritable nature. Le malade était un ouvrier carrier ; il a succombé à l’hôpital Beaujon à sa tumeur hépatique. L’autopsie a montré un foie hypertrophié, parsemé d’une vingtaine de tumeurs de dimensions variant depuis celles d’une noix jusqu’à celles d’une tête de fœtus, et qui se montraient pleines d’une grande quantité de corpuscules oviformes ayant une grande ressemblance avec les Coc- [1) Balbiani , G , Les Sporozoaires , leçons recueillies et publiées par le Dr J. Pelletan, Paris, 1884, p. 69-105. (2) Gubler. Tumeur du foie déterminée par des œufs d' Helminthes observée chez l'Homme. Gaz. méd. de Paris , 1858 , p. 657-661. — Aussi : Mém. Soc. Biol., vol. V, 1859 , p. 61-31. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 471 cidies du Lapin. Serait-ce la même espèce ? Cela ne nous paraît guère probable. Les Mammifères ne sont pas les hôtes exclusifs des Coccidies. L’on en a retrouvé successivement dans diverses classes de Vertébrés et d’invertébrés. Généralement, chez les Mammifères, l’action de ces êtres détermine la production de lésions analogues à celles delà tuberculose, fait qui n’est nullement en opposition avec ce que l’observation des faits pathologiques nous enseigne. La présence de tout corps irritant dans un tissu est la cause déterminante de formations tubercu¬ leuses. La nature parasitaire des corps oviformes fut longtemps méconnue. On y voyait d'abord des éléments histologiques transformés ou des œufs d’Helminthes. Les travaux de Remak (1), de Lieberkühn (2) et d’autres jetèrent sur les affinités de ces productions une lumière assez considérable pour que leur véritable nature ne fût plus douteuse. Les Coccidies sont de petits corps protoplasmiques, munis d’un noyau, dépourvus de membrane enveloppante , qui vivent au sein des cellules épithéliales. Les Grégarines, êtres voisins, en différent, à ce point de vue, car leur mode d’existence est extra-cellulaire. Pour se reproduire, elles grossissent, rompent leur enveloppe cellulaire et tombent dans le tube digestif ou dans une poche adjacente. Elles s’en¬ tourent alors d’une membrane et leur protoplasma se contracte pour former un ou plusieurs corps reproducteurs, appelés spores. Selon le nombre de spores ainsi formées, Schneider (3) a divisé les Coccidies en trois groupes. Sa première subdivision est constituée par les êtres qui n’ont qu’une seule spore ; ce sont les Monosporèes. Dans son deuxième groupe, celui des Oligosporées, il place les for¬ mes qui n’ont que peu de spores, de 2 à 4 ; le Cocciclium oviforme du Lapin, qui présente quatre spores, rentre dans ce groupe. La troisième subdivision des Coccidies est caractérisée par la formation d’un grand nombre de spores et forme le groupe des Polysporêes. Les spores de ces êtres ne sont pas les corps reproducteurs propre¬ ment dits. Chacune d’elles produit ordinairement, par une sorte de bourgeonnement, un certain nombre d'autres corpuscules pourvus d’un noyau qui ont reçus le nom de corpuscules falciformes.en raison de leur forme ordinairement recourbée en faucille. Les spores peuvent n’en former qu'un seul ; le Cocciclium oviforme , comme l’a montré Balbiani , présente deux de ces corpuscules. Le cor¬ puscule falciforme n'est qu’une espèce de bourgeon de la spore et tout (1) Remak, R,, Diagnostische und pathogenetische Untersuchungen. Berlin, 1845. (2) Lieberkühn , N., Uber die Psorospermien. Arch. f. Anal. u. Physiol ., 1854 , p. 1-24. (8) Schneider, A., Sur les Psorospermies oviformes ou Coccidies. Arch. zool. exp. 18*78, p. 38*7-402. 472 JOURNAL DE MICROGRAPHIE le protoplasma de celle-ci n’est pas employé à sa formation ; la portion restante de ce protoplasma constitue le nucléus de reliquat. Le développement ultérieur des corpuscules falciformes de cer¬ taines espèces a pu être suivi. Leur substance change de forme et ils se métamorphosent en petits êtres amiboïdes qui peuvent pénétrer dans une cellule épithéliale pour y constituer un nouveau corps oviforme . On peut fréquemment distinguer chez les Psorospermies oviformes deux périodes dans révolution. Pendant la première période, elles s’accroissent au sein de la cellule épithéliale, jusqu’à la phase repro^ ductrice, qui est la deuxième période. Cette dernière se passe à l’ex¬ térieur de l'hôte, et les spores ne se forment que lorsque l'être est • devenu libre. Un fait analogue se produit pour les œufs de beaucoup d'Helminthes, l’Ascaride lombricoïde, par exemple, dont les œufs ne se développent qu’à l’extérieur de l’hôte. Le procédé de la transmission de ces parasites d’un être à l’autre s’explique donc facilement ; les kystes expulsés avec les fèces produisent des spores qui possèdent la propriété de pouvoir attendre longtemps des circonstances favo¬ rables à leur développement, sans perdre de leur vitalité, et qui s’in¬ troduisent dans leur nouvel hôte par les aliments, les boissons, etc. Les maladies psorospermiques ne paraissent pas être aussi rares qu’on le pense. Chez nos animaux domestiques, elles peuvent consti¬ tuer de véritables épizooties, par exemple chez le Lapin et les volailles, ainsi que cela résulte de nombreuses observations faites en France et à l’étranger. Principalement chez les Poules, elles occasionnent sou¬ vent une grande mortalité. Si on ne les a pas signalées plus fréquem¬ ment chez l'Homme, il est probable qu’elles ont passé inaperçues. Cependant les cas de psorospermose ne sont pas si rares dans la science que pourrait le faire supposer l'indifférence que Ton montre pour l’étude de ce genre de maladie, et beaucoup d’auteurs ont trouvé des Psorospermies dans le cadavre.' Outre l’observation, citée plus haut, de Gubler, Grassi eu a trouvé dans les excréments ; Dressler et Leuckart décrivent aussi des cas de psorospeymose ; Lindernann, médecin russe, à l’autopsie d’un sujet mort d’une maladie de Bright, a trouvé dans le rein des amas considérables de ces corpuscules oviformes. Nous ne passerons pas sous silence une découverte de MM. Arloing et Tripier (1), qui, au point de vue de l’être que nous avons a étudier ici, est de la plus haute importance. A l’ouverture d’un poulet, ils y ont vu des lésions présentant une (1) Arloing et Tripier, L., Compt. rendu de la 2 e session de l’Ass. française pour l’avan¬ cement des sciences (Lyon). 1873 , p. 810-814. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 473 grande analogie avec celles de la tuberculose, c’étaient des tumeurs caséeuses de la grosseur d’une noisette placées sur le tube digestif et des -granulations de dimensions analogues à celles d’un grain de millet ou de chènevis , dans le foie. Un autre poulet montra de ces masses caséeuses dans le poumon. C’étaient des tumeurs d’une teinte jaunâtre, remplies d’une matière caséeuse, présentant, en un mot, l’aspect des masses tuberculeuses du poumon ou des plèvres que l’on voit dans l'affection du bœuf vulgairement appelée pommelière. Ayant écrasé de ces tumeurs et mêlé leur pulpe à de la farine, les auteurs ont infesté un vieux coq, en le nourissant de cette pâtée. Cet animal perdit de l’embonpoint, et, sacrifié au bout de soixante-quinze jours, son foie présentait des Coccidies.Une poule, nourrie d’une partie de ces portions malades, perdit en quelques mois 190 grammes de son poids initial, malgré les meilleurs soins. Ces expérimentateurs firent appel à la vaste érudition de Balbiani. L’illustre professeur du Collège de France, reconnut par l’examen microscopique que c’étaient là des productions parasitaires dues à un être paraissant présenter de grandes analogies avec une Coccidie monosporée, Y Eimeria falciformis , qui habite le tube digestif de la Souris. C'était donc là une maladie psorospermique des Poules, qui, par sa localisation presque entièrement viscérale, et par la forme de ses lésions, offrait de grandes analogies avec la tuberculose ou avec la leucémie, et qui était transmissible par la voie des aliments d’un indi¬ vidu à l’autre. Les muscles striés de certains Mammifères, tels que le Porc, la Souris, le Bœuf, le Mouton, le Chevreuil, l’Otarie, le Singe, contiennent .sou¬ vent, dans l’épaisseur de leurs fibres, diverses espèces de Psorosper- mies, que l'on a désignées communément sous les noms de tubes de Miescker ou de Raine y , de Psorospermies utrieuliformes , et auxquelles Balbiani a récemment imposé le nom générai de Sarco- sporidies. Ce sont de longs tubes, présentant une membrane souvent épaisse, perforée par des canalicules radiaires , et un contenu formé de vésicules qui contiennent des corpuscules ovalaires ou réniformes, courbes ou fusiformes. Leuckart (1) a comparé les vésicules à des spores et les corpuscules qui y sont contenus aux corpuscules falci- formes des Coccidies. L’épiderme, la vessie, les branchies, le foie, la rate, les reins, les ramifications artérielles, etc., de certains Poissons présentent des parasites, les Myxosporidies , qui rentrent aussi dans le groupe des Psorospermies. Ce sont souvent des poches à contenu protoplasmique liquide, blanchâtre, avec des noyaux libres et une multitude de cor- (1) Leuckarf, R., Die Parasiten des Menschen. Leipzig, 1879, p. 253. 474 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. puscules ovalaires. C’est Gluge (1) qui les a vus le premier sur l’épi¬ derme de l’Epinoche. Les corpuscules ovalaires, ou spores, présentent une constitution remarquable, bien étudiée par Balbiani ; à leur extré¬ mité extérieure , elles possèdent deux vésicules géminées qui paraissent être de véritables nématocystes. Les Myxosporidies sont souvent des masses sarcodiques librement mobiles au sein des organes qui les contiennent, tels que la vessie , par exemple. Ce fait a été démontré par Bütschli (2) et par Balbiani. Lorsque ces êtres se montrent sous la forme de poches, ils n’en tirent pas moins leur origine de masses amiboïdes^. Ce sont d'abord de petites amibes qui s’arrondissent peu à peu et s’entourent d’une mem¬ brane. Cette enveloppe contiendrait, d’après Bütschli, de petits noyaux. Les noyaux, au fur et à mesure que la poche grandit, se divisent ; du protoplasma se condense autour d'eux pour former les corps ovalaires que Balbiani prend pour les spores ; cet auteur y a, en effet, vu la formation de quatre corpuscules falciformes. — Contrairement, à toutes les Psorospermies précédentes, les Myxosporidies ne sont pas localisées dans certains organes, mais se trouvent répandues partout. Un dernier groupe de Psorospermies présente aussi ce même carac¬ tère. Ce sont des parasites d’insectes, d’ Arachnides, de Crustacés, de Vers, que Balbiani a appelés Microsporidies. Les plus connus d’entre eux sont ceux qu'on a appelés corpuscules de Cornalia , corpuscules vibrants , et qui donnent aux Vers à soie la terrible maladie désignée sous le nom de pébrine. La première découverte de l'un de ces êtres est due à Leydig (3) qui l'a trouvé dans le Coccus hesperidum . Pasteur (4) a beaucoup étudié l’espèce qui décime les Vers à soie. Mais c’est à Balbiani 5) que nous devons nos connaissances morphologiques les plus précises sur ces êtres. J. Künstler , * A. Pitres, Maîlre de conf. à la Fac. des Sciences Prof, de clinique médicale à la Fac. de de Bordeaux. . Médecine de Bordeaux. [A suivre ). (1) Gluge. Bull. Acad. sc. de Belgique, 1888. (2) Bütschli, O., Zur kenntniss der Fischpsorospermien.Zeit.wiss. Zool., 1881, p. 629-651 (3) Leydig , F., Zeit. wiss. Zool., 1863. (4) Pasteur, Études sur la maladie des vers à soie. Paris , 18*70. (5) Balbiani , G , Les Sporozoaires , p. 150-168. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 475 LE KOMMABACILLUS (Koch) (BACILLE EN VIRGULE) DU CHOLÉRA. Nous avons pensé être utiles à nos lecteurs en reproduisant dans le Journal de Micrographie les figures, non encore publiées en France jusqu’à ce jour, que M. R. Koch a insérées dans son travail intitulé : Erôrterung der Cholerafrage , lequel a fait l'objet de la conférence faite par l’éminent professeur de Berlin, le 26 juillet dernier, au Con¬ seil de santé de l’Empire d’Allemagne. Le temps et l'espace nous manquent pour donner aujourd'hui soit la traduction , soit l’analyse de ce travail ; nous ne voulons , sans entrer dans aucune considération étiologique , qu’indiquer les principaux caractères morphologiques que M. R. Koch a reconnus au micro-orga¬ nisme considéré par lui comme la cause primitive du choléra. Ces bactéries qui, comme on le sait, se trouvent avec un grand nombre d'autres micro-organismes dans le contenu de l’intestin et dans l'épithélium de la muqueuse intestinale des cholériques, ont une forme particulière, celle d’un bâtonnet un peu courbe, ou « en vir¬ gule ». C’est pourquoi M. Koch leur a donné le nom de Kommabaci- lus. Elles sont plus petites que le bacille delà tuberculose. Leskomma- bacilles n'ont que la moitié ou les deux tiers de la longueur de ce dernier. Quelquefois , ils paraissent avoir une dimension beaucoup plus considérable et une courbure tout-à-fait en demi-cercle ou bien en S. (Voir PI. X, fig. 2 et 3). M. Koch pense que dans l’un ou l'autre cas, il s’agit de deux individus qui sont soudés de manière à ce que la courbure de chacun continue ou contrarie la courbure de l'autre. Dans les cultures, on trouve même un groupement des individus bien plus considérable et tout-à-fait caractéristique. Il se produit de véritables filaments ondulés ou spiraux, qui ne ressemblent à aucune autre production bacillaire, mais ont une grossière analogie avec le spirochæte de la fièvre récurrente (PL X, fig. 4, a). Les kommabacilles végètent avec activité dans le bouillon de viande. En soumettant une goutte de ce liquide, ensemencé avec le microbe, à de forts grossissements, on voit sur les bords de la goutte les parasites tourbillonner en foule, comme un essaim de cousins, et entr'eux on distingue les filaments en vrille plus ou moins longs, le tout présen¬ tant un aspect hautement caractéristique. Ces bacilles peuvent être cultivés dans d’autres liquides : le lait, d’abord, qui ne paraît pas changé d’aspect ; le sérum du sang ; la géla¬ tine nutritive, mélange de gélatine et de peptone dans du bouillon de viande, mélange qui doit présenter une réaction alcaline. 476 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. % C’est particulièrement dans ce dernier liquide que les colonies de kommabacilles prennent une forme caractéristique. Sur la plaque de gélatine elles forment de petites points blanchâtres (fig. 5) qui vont en s’agrandissant et sont pleins de corpuscules ; la gélatine finit par se liquifier. Quand on dépose une goutte de culture pure sur la matière nutritive on voit la colonie se développer en profondeur et s’étrangler en forme d’ent nnoir. La meilleure température pour le développement du Kommabacülus varie entre 30° et 40° c. Quant aux préparations microscopiques, on peut les faire de diverses manières, soit avec des déjections de cholériques, soit des matières de l’intestin. On en dépose une gouttelette sur un verre mince qu'on laisse sécher, puis qu’on passe deux fois dans la flamme d’une lampe à gaz ou à alcool. On colore avec une solution aqueuse de Fuchsine ou de Bleu de méthyle, agissant pendant quelques secondes, et l’on examine avec un grossissement assez considérable. M. Koch a employé un ll^ de pouce à immersion homogène avec un condensateur d’Abbe. Les coupes de l’intestin que l’on doit conserver dans l’alcool absolu, sont mieux colorées dans une dissolution concentrée de Bleu de Mélhyle, pendant 24 heures. On peut abréger la durée de l’action en chauffant un peu suivant le procédé connu. EXPLICATION DE LA PLANCHE X. Fig. 1. — Préparation représentant une coupe de la membrane muqueuse de l’in¬ testin d’un cholérique. — Une glande utriculaire [ci) a été coupée obli¬ quement dans sa longueur. — A l’intérieur de cette glande ( b ) et entre l’épithélium et la membrane basale (c), on voit de nombreux Komma¬ bacilles. — Grossissement : 600 diam. Fig. 2, — Préparation mince du contenu de l’intestin d’un cholérique — a, noyau de l’épithélium détruit. — b , Kommabacülus en demi-cercle. — c, groupement particulièrement caractéristique des Kommabacilles — Grossissement : 600 diam. Fig. 3. — Préparation mince de déjection cholérique prise sur un linge humide, au bout de deux jours. — Forte production de Kommabacilles, parmi les¬ quels la forme en S (c). Fig. 4. — Préparation mince prise au Lord d’une goutte de bouillon de viande, avec une culture pure de Kommabacille — «, longs filaments en forme de vis. Fig. 5. — Colonies de Kommabacilles cultivées sur la gélatine. a — Aspect des colonies sur la plaque de gélatine, de grandeur naturelle. g , h — Colonies dans la gélatine, grossies 80 fois — g , Colonies très jeunes, h , après la liquéfaction de la gélatine. f — Végétation resserrée en entonnoir au point d’inoculation du Komma- bacillus sur la gélatine contenue dans un tube à essai. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 477 DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION (Suite.) (1) Nyctalis. Le groupe des Nyclalis est formé d’ Agarics dont les affinités ne sont pas nettement établies. Il renferme des espèces charnues putrescentes pourvues d’un voile général floconneux ou pruineux. Stipe confluent avec l'hyménophore , lames étroites, simples, inégales, épaisses, non décurrentes. Les hyphes sont formés de cellules longues , cylindriques , parallèles dans le stipe, s'incurvant et se feutrant dans le chapeau et de là descendant dans les lames qui sont ordinairement privées de basides fertiles. Ag. asterophorus Fr. Le chapeau de cette espèce renferme une p’oussière brune formée de chlamydospores volumineuses, anguleuses, reliées entre elles par des filaments très grêles , hyalins. Ces organes ont été attribués à un Hypomyces dont ils seraient la forme conidiale. Ag. parasitions Bull. Le tissu du chapeau ne renferme pas de chlamydospores, mais les hyphes des lames contiennent des organes sporiformes , placés bout à bout et qui paraissent bien appartenir à la plante ; nous les avons décrits précédemment comme état conidifère de cet Agaric. Pleur otus. Champignons charnus dans les grandes espèces, à stipe excentrique, latéral ou nul, croissant ordinairement sur les arbres. Voile général évanescent dont les débris persistent sur le chapeau en écailles ou sur les bords en franges, ou nul, quelquefois un voile partiel ou anneau. Stipe (lorsqu’il existe) confluent avec l'hyménophore. Lames longue¬ ment décurrentes ou sinuées et décurrentes seulement par une dent. Chapeau et stipe formés d’hyphes à cellules cylindriques , réunies par des boucles; cellules de longueur variable, larges, simples ou rameuses , plus serrées vers la périphérie , avec plasma à vacuoles ; s'incurvant dans les lames pour former leur trame. Basides à 4 spores ovoïdes incolores. Cystides en massue surmontés dans quelques (1 ) Voir Journal de Micrographie , T. VIII , 1884, p. 33, 101, 158, 221, 266, 338, 385 et 436. 478 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. espèces d’un bouton porté sur un stérigmate , quelquefois incrus¬ tés extérieurement d’une matière cireuse jaune. Dans beaucoup d’espèces le tissu est parcouru par un réseau de laticifères à larges mailles contenant un plasma homogène que l'iode colore en jaune , mais qui ne s’écoule pas au dehors par la rupture des vaisseaux. Dans quelques espèces le tissu externe du chapeau est gélifié , ailleurs on observe des poils sur le stipe et le chapeau ; ces poils peuvent devenir sporifères. Les Pleurotes touchent aux Clitocybes par leurs lames décurrentes , aux Panuset aux Lentinus par leurs lames, leur station et par leur stipe plus ou moins excentrique ; ils correspondent aux Claudopes et aux Crépidotes dans les chromospores. Les Lactaires, les Russules, les Hygrophores les Gomphidius*, les Marasmes ont également des liens étroits avec les Pleurotes, soit par leur forme excentrique, soit par leurs lames, leurs laticifères, leur voile ou leur consistance. i * Lepiotaria. Voile annulaire. Lames décurrentes. Ag. dry inus Pers. ** Concharia. Voile nul. Stipe excentrique ou sublatéral, lames sinuées ou adnées. Chapeau marginé en arrière. Ag. ostreaius Jacq. *** Holopleurus. Stipe latéral. Voile nul. Chapeau dimidié non marginé en arrière. Ag. pulmonarius Fr. — tremulus Schœff. **** Omphalaria. Chapeau retourné , fixé en arrière. Lamelles convergeant vers un point excentrique. * A g . siriatulus Fr. Panus. % Champignons charnus, coriaces, mais non ligneux, à chapeau iné • quilatéral, déprimé ou latéral, se desséchant sans se putréfier et revi- viscent par l’humidité. Stipe et hyménophore en continuité directe sans changement de structure. Lames à arête entière à trame floconneuse, à basides tétraspores et à cystides en massue, abondants sur la tranche de la lame. Spores blanches, subcylindriques. Le chapeau et le stipe sont plus ou moins garnis de poils ou d’écaiiles. Les poils paraissent former un indumentum qui remplacerait le voile ; les écailles sont formées par des déchirures de la pellicule du chapeau. Espèces des troncs , ana¬ logues aux Pleurotes mais plus coriaces et sans laticifères ; très voisines des Lentines, elles en diffèrent par leurs lames à marge non crénelée. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 479 * Conchati. Excentriques chapeau irrégulier. Ag. torulosus Fr. — rùdis Fr. ** Stiptici. Chapeau latéral. Ag. stipticus Bull. Lentinus. Agarics charnus, coriaces, devenant durs, persistants, lignicoles, à stipe central ou excentrique, caractérisés par des lames tenaces, sim¬ ples, inégales, minces, à tranchant aigu, généralement denticulé. Stipe et chapeau en continuité de substance analogue. Spores blanches sub¬ arrondies. Le voile persiste parfois sous forme de quelques appendices cortiniformes à la marge du chapeau ; ailleurs on a un anneau parfait, entier et réfléchi. Champignons arboricoles dont on observe fréquemment des mons¬ truosités sur les poutres des galeries des mines, où ils deviennent sou¬ vent rameux et ont donné naissance aux Clavaria thermalis D. C., Ramaria ceratodes, Holmsk, etc. Voisins des Pleurotus et des Panus, ils diffèrent des premiers par leur consistance , et des seconds par leurs lames denticulées sur la tranche. Ag. tigrinus Bull. Mycena. Les Agarics formant les sous-genres suivants sont caractérisés par ce fait que la consistance du chapeau est différente de celle du stipe tout en étant confluents. En général, on a un stipe creux, cartilagi¬ neux et un chapeau plus ou moins charnu. Les Mycènes sont des Agarics à stipe fistuleux, cartilagineux, à chapeau membraneux, plus ou moins strié sur les bords, d abord coni¬ que ou ovoïde et dont la marge est appliquée sur le stipe et non enrou¬ lée dans le jeune âge. Lames non décurrentes. Spores blanches, ovoïdes, lisses. Cystides variables, en fer de lance dans Ag. cruentus. Examinons la constitution de YAg. purus. Nous voyons que le stipe est formé de cellules grêles, rigides, serrées, formant des hyphes se continuant dans le chapeau ; là les cellules des hyphes deviennent plus larges, rameuses et forment un tissu spongieux se terminant à la face supérieure par 3 ou 4 rangées d’hyphes parallèles, à cellules courtes, ovoïdes formant une sorte de pellicule. Les hyphes du chapeau s’in¬ curvent et descendent parallèlement dans -les lames pour en former la trame analogue au chapeau. *) Les Mycènes sont analogues aux Collybia dont ils ne différent que 480 JOURNAL DE MICROGRAPHIE par leur marge toujours droite et appliquée contre le stipe dans le jeune âge. Ils touchent aux Omphalia mais en sont distincts par leur chapeau non ombiliqué. Un grand nombre de Marasmes sont - de véri¬ tables Mycènes à stipe un peu plus cartilagineux. Quelques Mycènes ont le stype lactescent comme les Lactaires. *) Dans une section des Omplialia on retrouve le caractère des bords du chapeau appliqués, mais ici les lames sont décurrentes. * Calodontes. Section caractérisée par la tranche des lames, qui est colorée autrement que le restant de la lame. Arête denticulée. (1) Ces caractères se retrouvent dans les Leptonia chez les Rhodospores. ** Adonideœ. Lamelles unicolores ne changeant pas de teinte. Espèces terrestres à couleurs pures, ni rousses ni cendrées. Terrestre. *** Rigidipedes. Lames décolorantes. Chapeau non hygrophane; stipe tenace, persistant. Lignatiles et cœspiteux. **** Fragilipedes. Stipe fragile , chapeau hygrophane. Lames décolorantes. Chatnpignons grêles, terrestres ou lignatiles ***** Filipedes. Stipe très long et filiforme , mou . Espèces terrestres ou muscicoles. Non hygrophanes. ****** Jjactipedes. Stipe lactescent lorsqu’on le brise. Suc blanc, jaune ou rouge. ******* Qiutinipedes. Stipe très glutineux. ******** Fasipedes. Stipe sec, arrhize , à base dilatée en un bulbe strigueux, Champignons ténus , solitaires , mous. ********* jnsititiœ. Stipe très ténu, sec. Lames adnées, décurrentes par une dent. Marasmius . Les Marasmes sont des Agarics cartilagineux , coriaces , marces- cents et non putrescents, pouvant reprendre les apparences de la vie par l’humidité. C’est sur ce caractère biologique que s’appuie ce sous- genre : il est ici porté à un assez -haut degré, mais comme on le re¬ trouve plus ou moins dans les groupes voisins, il serait peut-être plus logique de rattacher les Marasmes à la suite des Collybes et des Mycènes. En effet, comme dans ces deux derniers groupes, le stipe et le cha¬ peau sont en continuité de tissu mais d’une texture différente. Une partie des Marasmes a la marge du chapeau d'abord involutée, ce qui en fait de véritables. Collyhia à stipe plus ou moins tenace, l’autre partie a la marge dans l’origine appliquée contre le stipe : c’est-à dire que ce groupe est formé de vrais Mycènes à stipe corné. Une seule espèce, YAg. spodoleucus , a le chapeau résupiné et man¬ que de stipe. (1) Cette coloration de la tranche est due à des cystides gorgés de suc coloré analogue à celui qu’on retrouve sur d’autres parties de la plante. Les denticulations sont produites par des touffes de cystides plus saillants. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 481 Le mycélium est quelquefois floconneux et aboutit à la base du stipe sous forme de fibrilles blanches. Souvent il est corné, noir, à cellules externes cuticularisées et prend l’apparence de Rhisomorpha (R. setiformé). Ailleurs il est condensé en un très petit sclérote à cellules externes noires et vides et à cellules intérieures gorgées de plasma. Ap. buxi Fr. et Ag. Hudsonii Fr. Le stipe est corné ou cartilagineux, creux ou à cavité remplie par une moelle blanche. Il est formé d’byphes parallèles , à longues cellules cylindriques , d’autant plus grêles et colorés qu’ils sont plus périphériques. Le stipe est ordinairement simple ; dans 1 ' Ag. Bnlliardi Q. qui possède un stipe filiforme, corné, analogue aux mycéliums rhizomor- phoïdes, ce stipe joue le rôle de ces mycéliums ligneux, il émet laté¬ ralement plusieurs rameaux se terminant tous par un petit chapeau. Le stipe peut être lisse ou strié, il est souvent glabre et luisant ; ailleurs, il est velu à la base seulement par les filaments myceliens, ou pourvu d’un tomentum de poils courts sur toute sa longueur. Dans YAg. buxi ces poils sont plus rares, très courts et hyalins sur un stipe noir et corné. Dans YAg. Hudsonii le stipe est pourvu de deux sortes de poils, les uns courts, hyalins, incolores, effilés ou terminés par un renflement et les autres très longs, subulés, cornés et violets noirs comme Je stipe. Dans toutes les espèces le stipe est de moins en moins coloré et de moins en moins cartilagineux ou corné à mesure qu'on approche de son sommet où il n’a plus que la consistance sub-charnue du chapeau. Le voile est nul excepté dans YAg. subannulatus où on observe un anneau oblique et incomplet. En arrivant dans le chapeau, les hyphes du stipe, préalablement devenus plus charnus, se feutrent dans tous les sens et forment ainsi le tissu de l’hvménophore qui descend sans changement entre les deux feuillets hyméniens des lames. Le chapeau peut être arrondi ou déprimé au centre; il est plus charnu que le stipe mais toujours mince souvent strié sur les bords, glabre, papilleux ou plus ou moins pileux. Dansl’Mt/. buxi il est rendu granuleux par des cellules saillantes , sphériques , à parois hérissées extérieurement dans la partie qui est en contact avec l’air. Dans l’Ag. Hudsonii on retrouve ces mêmes cellules, mais moins régulièrement sphériques et plus allongées en cônes ; dans cette même espèce le chapeau porte en outre les deux sortes de poils que nous avons déjà observés sur iestipe . les uns grêles, courts et hyalins, les autres très longs et violets noirs ; ces derniers sont surtout répandus en grand nombre au centre du chapeau. Les lames des Marasmes sont coriaces, peu serrées et quelques fois même très distantes, souvent inégales, à tranche aigüe et très entière. 482 JOURNAL DE MICROGRAPHIE Elles sont souvent presque libres et ne s’insèrent que peu sur le stipe, ailleurs elles se soudent entre elles à leur base, en un anneau qui entoure le sommet du stipe ( Ag. rotula . graminum). Dans YAg. calopus Fr. elles sont attachées au sommet du stipe d’une façon très curieuse : elles se terminent du côté du stipe par un grand nombre de cystides bruns en fer de lame très serrés qui viennent se feutrer avec des cystides identiques partant du stipe et allant à l’encontre de ceux des lames. En général, les basides sont à 4 spores incolores, ovoïdes ou subcy¬ lindriques. Le cystides sont de forme variable, incolores et terminés par une petite tête ronde dans quelques espèces, colorés et en fer de lame dans d’autres (Ag. calopus). Quelques Marasmes sont remarquables par leur odeur plus ou moins fortement alliacée, quelques-uns ont une saveur brûlante, plusieurs sont comestibles (Ag. oreades, etc). Ils naissent généralement sur le bois ou sur les feuilles mortes. . On les divise en trois sections d’après leurs affinités. * Collybia. Chapeau charnu , cartilagineux , à‘ bords striés ou rugueux et enroulés dans le jeune âge. ** Mycena. Stipe corné, tenace, chapeau submembraneux, campanulé puis étalé, à marge d’abord droite et appliquée contre le stipe. *** Apus. Chapeau sessile, résupiné. Collybia. Comme les My cènes et les Marasmes, les Collybia ont le stipe en continuité avec le chapeau, mais la consistance de ces deux parties est différente. Ils diffèrent des Mycènes par le mode de développement du chapeau : au lieu d’avoir la marge droite et appliquée sur le stipe, elle est d’abord enroulée. Caractère qu’on retrouve dans les Omphales et Marasmes. Le mycélium peut être fïbrilleux et vient se réunir à la base ra¬ diante du stipe. Ailleurs il nous montre le passage aux sclérotes comme dans les Marasmes rhizomorphoïdes ; ainsi dans YAg. fusipes on voit la base du stipe persister et produire l’année suivante des nouveaux réceptacles comme le ferait un sclérote ; nous avons déjà indiqué la curieuse propriété signalée par M. Van Tieghem du stipe de YAg. velutipes qui reproduit des réceptacles par des blessures agissant là encore comme un sclérote, fait analogue à ce qu’on a vu dans YAg. (Marasmius) Bulliardi Q. Enfin, le mycélium peut devenir un véritable sclérote dans les Ag. cirrhalus, tuberosus , etc, Le stipe est en général creux, ou rempli de moelle, et pourvu d’une écorce cartilagineuse : lisse ou strié, il est glabre ou tomenteux. Dans YAg. racemosus Per. qui croit sur les Agarics pourrissant ; les JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 483 poils du stipe sont simples et se terminent par un capitule rameux conidifère ? D’après Gooke, ces capitules seraient de petits chapeaux avortés. Le stipe est quelquefois très long ( Ag . longipes) et muni d’une longue racine chevelue. Le chapeau est plus ou moins charnu , glabre , ou plus ou moins velu soyeux , dans YAg. longipes la couche externe est formée de cellules sphéroïdales portées sur un pédoncule. La marge n’est jamais striée. Les lames portent un hyménium à basides tétraspores ; spores inco¬ lores, ovoïdes, cystides variables. Espèces terrestres, lignicoles ou fungicoles Les Collybies sont affines avec les Mycènes ; quelques espèces se rapprochent des Tricholomes par leur chapeau charnu et leurs lames sinuées , mais en diffèrent par leur stipe cartilagineux , affines des Omphalia; ils en different par leur lame décurrante. Dans les Chromopores , les Collybia correspondent aux Leptonia , Naucoria et Psilocybe. * Striæpedes. Stipe fibrilleux ou strié. ** Vestipedes. Stipe velu, floconneux ou pruineux. *** Lœvipedes. Stipe glabre, excepté à la base qui est quelquefois renflée. Non strié (excepté dans Ag. dryophilus où il est striatulé. **** Tephrophanœ. — Hygrophanes, roux ou cendrés, très voisins des Tri- cholomes et Clitocybes. Omphalia . Les Omphales ont comme les trois groupes précédents le stipe et le chapeau en continuation de tissus mais de texture differente. Ils sont caractérisés par un chapeau déprimé , infundibuliforme et des lames décurrentes. Le stipe est en général cartilagineux , tubuleux , allongé et s’épa¬ nouissant au sommet en un chapeau membraneux-charnu ; quelque¬ fois le tube est rempli d’une moelle floconneuse blanche. Glabre ou strié-soyeux , souvent velu à la base par les débris du mycélium fila¬ menteux. Chapeau charnu membraneux , déprimé ou en entonnoir dont les bords sont ou bien droits et appliqués sur le stipe comme dans les Mycènes, ou bien enroulés comme dans les Collybes. Bords striés; hygrophanes. Lames décurrentes quelque fois longuement ; Basides tétraspores ; spores incolores. 1 Habitent les troncs pourris , les gazons ou la terre nue, quelques espèces par leurs lames touchent aux Mérules par les genres Xerotus , 484 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Cantharellus , mais s’en séparent par leur consistance et l’arête aiguë des lames. Les Omphales sont affines avec les Clitocybes par leurs lames décur- rentes et leur chapeau déprimé, mais en différent par leur stipe carti¬ lagineux et non spongieux. Ils touchent aux Collybies et aux Mycènes et s’en éloignent par leurs lames décurrentes. Ils correspondent dans les Chromopores aux Eccüia et Tubaria. * Collybiariù Marge d’abord infléchie. ** Mycenarii. Marge d’abord droite et appliquée sur le stipe, II. — Rhodospori. La série des Rhodospores est caractérisée par la coloration rose ou rubigineuse des spores examinées en masse ; elle est parallèle à celle des Leucospores,par conséquent nous y rencontrerons, des sous-genres correspondants aux sous-genres à spores blanches ayant à peu de chose près les mêmes caractères. Cette série comprendra donc des types à hyménophore distinct du stipe , et des types à hyménophore et stipe confluents , ces derniers se divisant eux-mêmes en deux , les Homo¬ gènes dans lesquels la texture du stipe et du chapeau sont analogues et les Hétérogènes dans lequels la texture du stipe et du chapeau est différente. Les spores sont ovoïdes ou anguleuses. Volvaria. * • Rhodospores correspondants aux Amanites, c’est-à-dire qu'ils sont pourvus d’un voile général membraneux persistant à la base du stipe sous forme d’involucrè : volva. Un certain nombre naissent sur la terre, d’autres sur les troncs d’arbres (A. bombycinus), une espèce, (. A g . Loveianus Bk) est parasite sur VAg. (Clitocybe) nebularis . Le stipe est charnu, régulièrement cylindrique ou renflé à la base pig. gloioceplialus) , glabre, pubescent, fibrilleux ou velu, toujours dépourvu d’anneau. Le chapeau est glabre, velu ou visqueux à la surface , charnu , à marge nue ou striée. Les lames sont larges , arrondies et n’atteignent pas le stipe. Si on examine la constitution anatomique de ces différentes parties, on voit que le stipe est formé de filaments larges et parallèles , quelquefois terminés en outres énormes ; le tissu du chapeau est formé d’hyphes fortement contextés , ne continuant pas directement ceux du stipe et descendant dans les lames pour en former la trame. Dans plusieurs espèces [Ag. bombycinus , A g. gloioceplialus) , on observe des réservoirs à suc propre (laticifères) parallèles aux hyphes du stipe , sans cloisons, quelquefois anastomosés ; dans le chapeau , ces JOURNAL DE MICROGRAPHIE 485 laticifères se contournent souvent en tire-bouchon de manière à courir dans les mailles formées par le réseau des hyphes : on les retrouve également dans les lames. Ils contiennent un suc propre épais et granuleux , coloré en jaunâtre, ou de simples granules de plasma incolore. Dans quelques espèces on trouve des cristaux d’oxalate de chaux. Les spores sont ovoïdes ou allongées , rose pâle , hyalines ou à con¬ tenu granuleux; quelquefois il y a 1-5 vacuoles. La glaire qui recouvre le chapeau de quelques Volvaires est produite par l’action de l’eau sur les cellules externes qui sont gélifiées. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. (A suivre) IDÉES NOUVELLES SUR LA FERMENTATION. (Suite). (1). LE PENICILLIUM FERMENT DANS LES DISSOLUTIONS SALINES. En suivant le développement du Penicillium-ferment dans les dis¬ solutions salines, on voit déjà combien la nature du milieu a d’influence. Dans les eaux distillées qui n'ont pas été additionnées de nouveaux éléments nutritifs, ce cryptogame ne nous montre que des formes incomplètes. Dans les dissolutions salines, au contraire, sans aucun adjuvant, et grâce à la présence seule des nouvelles substances dissoutes le Penicillium-ferment végète admirablement et peut dans un grand nombre de cas donner tous ses états ; mais s’il ne végète pas aussi bien dans toutes les dissolutions salines, c’est que toutes ne sont pas aussi favorables à son accroissement. Les substances salines en dissolution dans l’eau peuvent s’y trouver soit artificiellement : a) Pour l’usage de la chimie et de l’industrie : préparations de produits chimiques, liqueurs titrées, etc. b) Pour l’usage de la médecine et de la pharmacie : collyres, lotions, solutions, gargarismes, eaux-minérales artificielles, etc. (1) Voir Journal de Micrographie ; T. VIII, 1884, p. 281, 390. 486 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Soit naturellement : Eaux de pluies. Eaux de sources. Eaux de rivières. Eaux d’étangs. Eaux de fleuves. Eaux de mers. Eaux minérales naturelles. Cette seconde partie de la question étant d’une importance trop grande pour ne pas en faire l'objet d’un chapitre spécial, je ne parlerai ici que de la végétation du Penicillium-ferment dans les dissolutions salines artificielles, dans l’eau distillée pure à 0° hydrotimétrique. Aspect à l'œil nu. Le Penicillium-ferment se présente toujours sous la forme de flocons en suspension dans le liquide et flottant au gré du mouvement qu on lui communique par l’agitation. Mais on observe plusieurs cas : ou bien la végétation se fait presque exclusivement sur le fond et le long des parois du flacon et ce n’est que lorsque le cryptogame a acquis un certain développement qu’il peut sous l’influence d’un léger mouvement extérieur gagner la partie supérieure du liquide, ou bien il séjourne de préférence à la surface du liquide qu’il recouvre de ses filaments. Ses filaments s’enchevêtrent souvent d’une façon si dense qu’ils forment un véritable chapeau pouvant acquérir une épaisseur relativement considérable, la partie supérieure plus foncée, d’un brun quelquefois légèrement verdâtre, la partie inférieure grisâtre et frangée, laissant pendre une masse filamen¬ teuse si fine qu’on en peut à peine distinguer l’extrémité. Tantôt ce sont simplement de petits nuages très fins augmentant très lentement de volume, d’un gris blanchâtre transparent, tantôt ce sont de petites masses filamenteuses rayonnant autour d’un point cen¬ tral sur les parois du vase et formant des hémisphères soyeux, incolores, d’un aspect fort joli, tantôt de petites masses noires entourées d’une trame de filaments plus pâles. Tantôt ce sont de longues traînées grisâtres parsemées de points noirs ; tantôt, enfin, ce sont d’énormes masses glaireuses, grises, brunes par endroits et tachées çà et là par de grandes plaques noires. Aspect au microscope. 1° État corpusculaire. Dans les .dissolutions salines, les corpuscules formateurs du Penicillium-ferment, sont entièrement semblables à ceux observés dans les eanx distillées. La seule différence, c’est que leur passage à l'État bactéridien s’effectue en très peu de temps. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 487 2° État bactèridien. Les bâtonnets eux-mêmes sont doués ici d’une vitalité beaucoup plus grande que dans les eaux distillées quoique ayant les mêmes dimensions et s’accroissant absolument de la même manière. 3° État zooglairien. Aussi Y État végétatif pelliculaire succède-t-il très rapidement à Y état primordial granuleux. Il y a accroissement du zooglœa par de nouveaux éléments de zooglœa toutes les fois que le milieu est peu nutritif, soit que les matières dissoutes dans l’eau distillée soient impropres à la végétation du Penicillium-ferment, ou qu’elles s’y trouvent en trop petite quan¬ tité : on voit alors se former de rares filaments hyalins, petits, grêles, Au contraire, lorsque le milieu est convenable, la production filamen¬ teuse ne tarde pas à se faire. j _ 4° Etat filamenteux simple. Tandis que dans les eaux distillées l’état zooglairien semble prédominer la plupart du temps, dans les dissolutions salines au contraire, cet état est fugace et l’état filamen¬ teux, à de rares exceptions près, s’y rencontre toujours. L’accrois¬ sement des filaments est beaucoup plus rapide et la force végétative y est beaucoup plus grande, aussi peut-on y suivre très bien d’instant en instant le quatrième et le cinquième état végétatif du Penicillium- ferment. 5° Etat filamenteux fructifère. Si nous retrouvons les mêmes filaments articulés, les mêmes filaments moniliformes, réguliers ou bossués irréguliers, que dans les eaux distillées, nous n’avons plus ici de fructifications incomplètes. Sur ces masses filamenteuses devenues plus résistantes parce que les filaments qui les composent y sont en plus grand nombre, on voit se dresser de véritables fruc¬ tifications aériennes, à moins que le cryptogame ne reste submergé, ne pouvant venir à la surface du liquide nourricier prendre à l’air ambiant l’oxygène indispensable à son développement parfait et dres¬ ser, sur la trame filamenteuse aquatique, les filaments destinés à por¬ ter les organes de multiplication nécessaires à sa vie aérienne. Alors, dans ce cas, on n’obtient que. la fructification aquatique. Quoi qu’il en soit, dans les dissolutions salines nous avons tous les états fructifères du Penicillium-ferment, et si la forme capsulifère s’y trouve rarement, nous la rencontrerons abondamment plus tard dans d’autres milieux fermentescibles encore plus nutritifs. J’ai suivi la formation et le développement du Penicillium-ferment dans toutes les dissolutions possibles, dans l’eau tenant en dissolution des acides-, des alcalis, des sels, en en faisant varier les doses. Pour bien étudier l’influence de ces diverses substances, j’ai pris les dif¬ férents cas suivants : Un acide minéral seul ; 488 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Une base minérale seule ; Un acide organique seul ; Une base organique seule ; Un acide minéral et une base minérale ; Un acide organique et une base minérale Un acide minéral et une base organique ; Un acide organique et une base organique. Dans toutes les circonstances j’ai trouvé des formes analogues. Comme contrôle, j’ai repris les fructifications aériennes du Peni- cillium-ferment sur d'autres substances fermentescibles ; en les met¬ tant dans les diverses dissolutions salines, j’ai obtenu au bout de très peu de temps les flocons que j’avais observés directement. Non content d’opérer sur des dissolutions salines que j’avais faites moi-même, j’ai repris la même série d’expériences sur un très grand nombre de solutions préparées pour l’usage des étudiants en médecine, au laboratoire de l'École de médecine situé rue Lhomond,et je remer¬ cie sincèrement M. Jules Groslous de l’amabilité et de la complaisance avec laquelle il a, du consentement de M. le professeur Gautier, mis toutes ces solutions à ma disposition. J’avais eu déjà le plaisir de suivre, en 1878, avec M. le professeur L. Marchand, les différentes phases de développement de VHygrocrocis orsenicus jusqu’à son état sporangial. J’étais loin de penser à ce moment que, quelques années plus tard, je devais apporter une telle simplification à la question de la fermentation, et qu’au delà de cet état sporangial il y avait encore un état plus parfait et que cette forme végétative ne constituait qu’un cryptogame incomplet! A l'appui de mes observations dans toutes les dissolutions salines, j’ai dessiné avec la plus grande exactitude les différents états du Peni- cillium-ferment dans les dissolutions de : Acide borique , Acide tartnque , Acide acétique , Acide salicylique , Arsénite de soude , Arséniate de soude , Sulfate de zinc ; Pyrophosphate de soude , Pyrophosphate de fer, Sulfate de cuivre , Iodure de potassium , Phosphate de soude , Phosphite de soude , Hyposulfite de soude , Biphosphate de chaux , Sulfate de magnésie , JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 489 Bromure de potassium , Liqueur de Fowler , Acétate de soude , Succinate d’ammoniaque , Salicylate de soude , Lactophosphate de chaux. 11 est à remarquer que ce sont les composés organiques et prin¬ cipalement ceux dont les éléments peuvent se séparer avec le plus de facilité qui sont les plus favorables au développement du Penicillium- ferment. Dans les composés minéraux, au contraire, il se développe mal et, si la dose d’acide ou de base est trop forte, il ne se développe pas du tout ou 11e donne que quelques filaments grêles et délicats. Les acides citrique, lactique, malique, tartrique, etc., les citrates, malates, lactates, tartrates, etc. sont très favorables au développement du Penicillium-ferment. L'acide salicylique si préconisé pour empêcher la fermentation non- seulement n’a pas d’action sur elle, mais combiné à la soude ou à d’autres bases il est un bon aliment pour le Penicillium-ferment. J’ai observé dans le salicylate de soude une végétation splendide de ce cryptogame. Ayant indiqué en détail les différentes espèces de fructifications aquatiques du Penicillium-ferment, je n’ai pas à y revenir; je tiens surtout à bien établir ici la manière dont ce cryptogame passe de la vie aquatique à la vie aérienne. Lorsqu’il se trouve dans un milieu qui lui convient, le Penicillium- ferment s’accroit rapidement ; les masses filamenteuses augmentent le volume et s’étendent à la surface qu’elles recouvrent entièrement ou en grande partie. Alors, 011 voit les filaments bruns se modifier ; chaque article devient en quelque sorte un végétal, car des bourgeons partent de tous les côtés donnant naissance à de jeunes filaments. Ce sont ces jeunes fila¬ ments qui vont servir de support aux fructifications aériennes. O11 aperçoit de distance en distance dans la longueur des fils cloison¬ nés de petites proéminences, puis un fil dressé sort entièrement du liquide, il se gonfle, l’extrémité se renfle. La partie renflée se divise en plusieurs ramifications dès la base ; dans chaque ramification se forment des noyaux protoplasmiques, qui vont devenir de véritables spores. Lorsque les spores sont entièrement formées, elles sortent par l’extrémité, poussées par le protoplasma de jeune formation qui exerce une pression sur la gaine filamenteuse dans tous les sens, mais pous¬ sant toujours vers l’extrémité renflée le protoplasma de formation plus ancienne. La première spore sortie, une autre se forme aussitôt der¬ rière elle, puis sort à son tour ; une troisième se forme et devient libre de la même manière, puis une quatrième, etc... et bientôt un véritable 490 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. chapelet de petites spores arrondies, retenues les unes aux autres par simple adhérence protoplasmique, s’est formé à l’extrémité de chacune des petites ramifications qui terminent les filaments dressés. Voilà pour la forme aérienne du Penicillium-ferment désignée sous le nom de Pénicillium (ancienne dénomination). Il peut arriver, cependant, que la formation de ce jeune mycélium aérien ne se fasse pas directement et rapidement par la germination des articles hygrocrc-cidiens lorsque le Penicillium-ferment est long¬ temps sans pouvoir venir au contact de l’air. C’est alors que le protoplasma se condense dans ces articles pour y former ces sporanges piriformes déjà décrits et dans lesquels se fait une première organisation du protoplasma. Vienne une circonstance favorable et la possibilité d’être en contact direct avec l’oxygène de l’air et aussitôt une vitalité très grande se manifeste dans le protoplasma qui paraissait comme enkysté dans ces vastes ampoules. En effet, on voit l’enveloppe extérieure se déchirer et le contenu avancer tantôt dans une seule direction, tantôt dans plusieurs à la fois, des proéminences qui vont devenir autant de filaments lesquels por¬ teront les organes de la fructification. C’est ce que j’appelle la germination intra sporangiale. D’autres fois, au contraire, les spores qui se forment à l'intérieur du sporange ne subissent aucune modification et, au moment où l’en¬ veloppe du sporange se rompt, elles sont déversées à la surface du liquide. Alors une fois libres, elles germent et donnent naissance aux jeunes filaments de mycélium aérien. C’est ce que j’appelle la ger¬ mination intra sporangiale. Quand les sporanges crèvent dans le liquide, si les spores qui s’en échappent subissent immédiatement l’action du liquide, elles restent submergées et redonnent du mycélium aquatique ; si au contraire elles peuvent avoir le temps de remonter assez vite à la surface du liquide, elles peuvent donner leur mycélium aérien comme si elles n’avaient pas du tout été plongées dans le liquide, leur submersion ayant duré un temps excessivement court. La forme aspergillée et la forme mucorée ne se rencontrant que rarement dans les dissolutions salines, j’en ferai la description en par¬ lant de la végétation du Penicillium-ferment dans les milieux fermen¬ tescibles où ces états fructifères se rencontrent presque constamment. L’étude des altérations que peut produire la végétation du Penicil¬ lium-ferment dans les dissolutions salines est très importante, aussi bien au point de vue chimique qu’au point de vue médical. Au point de vue chimique, ces altérations peuvent amener des erreurs de calcul très graves. Car le titre des liqueurs titrées à l'avance venant à changer, ces erreurs peuvent porter sur des analyses industrielles JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 491 très délicates ou des recherches toxicologiques qui demandent tant de précision ! ! Au point de vue médical, il est évident que les dissolutions, qu’elles soient employées à l’intérieur ou à l’extérieur en collyres, lotions, gargarismes, etc..., n’ont plus du tout la même action ou ont une action moins énergique quand elles sont en partie décomposées. On a donc le plus grand intérêt à prévenir ces altérations des dis¬ solutions salines, et pour cela il est de toute nécessité de bien connaître d’abord la vie et le mode de développement du cryptogame qui les produit en y végétant. C’est ce que j’ai essayé de faire. On peut résumer, dans le tableau ci-dessous, le passage de la fruc¬ tification aquatique du Penicillium-ferment à sa fructification aérienne. Fructification aerienne. Fructification directe. Fructification indirecte. Le filament mycélien sorti de la spore porte les organes de fructi¬ fication. Le filament mycélien sorti de la spore donne naissance à d’autres filaments mycéliens qui portent les organes de fructifications. 9 Germination intra-sporangiAle. Germination extra-sporangiale. Mycélium aérien émis directement du sporange. Mycélium aérien formé en dehors du sporange. Fructification aquatique. (A suivre). Ed. COCARDAS , Membre de la Soc Bot. de France. VÉGÉTATIONS PÉLAGIQUES ET MICROSCOPIQUES DU LAC DE GENÈVE AU PRINTEMPS DE 1884. Zone pélagique. — On a donné le nom espèces pélagiques à celles qui flottent sur ou près de la surface des eaux de la mer et des lacs , vivant ainsi dans cette zone aqueuse où l’air et la lumière abondent. Ces espètes sont toutes microscopiques et se rencontrent même dans les eaux qui à l’œil semblent parfaitement limpides. Ces recherches ont déjà été 492 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. faites par M. le comte de Castracane et le docteur Lanzi , sur les eaux douces et marines des environs de Rome (Lacs de Bracciano ; de Trasimène ; étang de Maccarèse et à Terracina). Le prof. L. Smith a opéré sur le Lac Erié(U. S.) et M. le Prof. Clève, d’Upsal, a fait les mêmes travaux sur différents lacs d’eau douce de la Suède. Période d1 2 observations . — Mes observations se rapportent à la région du lac qui avoisine Genève et ont été faites cette année pendant les mois de février , mars et avril , époque qui a été des plus favorables à ce genre de recherches. En effet, nous avons eu alors de longues séries de beaux jours pendant lesquels le temps a été chaud, le ciel bleu, l’eau dormante et l’air remarquablement tran¬ quille. Du 10 février au 21 mars notamment, la surface du lac n’a pas été ag'itée ; la température de l'eau s’est élevée peu à peu jusqu’à 8° et est restée à peu près constamment au même degré. C’est pendant cette période que la vie végétale pélagique a atteint son maximum d’intensité et qu'ont apparu les espèces les plus variées. Le coup de bise survenu le 21 mars a presque tota¬ lement arrêté leur apparition et depuis lors je n’ai plus trouvé que peu d’espèces, en moins grande abondance et même quelquefois isolées (1). Récoltes. — Pour ces récoltes , j’ai employé un voile de soie double , très serré et très fin, fixé aux quatre coins d’un cadre en bois, tenu verticalement dans l’eau au moyen d’un gros poids attaché à la barre inférieure du cadre. Ce cadre (de 60 centimètres de diamètre) était tenu à l’avant du bateau de ma¬ nière à laisser ressortir sa barre supérieure d’environ 3 à 4 centimètres au-dessus de l’eau. Le mouvement des rames était' très lent de manière à permettre la complète filtration de l’eau au travers de ce filtre de soie. De 1/2 heure en 1/2 heure, ce voile était secoué dans un grand vase plein d’eau limpide. C’est surtout le dépôt qui se forme dans cette eau, après un repos suffisant , qui a été étudié au microscope. Les lentilles utilisées pour cette étude sont le N° V. 1/8" à sec de Seibert , le 1/10" de Spencer ( immersion a la glycérine) et le 1/12" de Zeiss ( immer¬ sion homogène ). Les observations ont eu lieu avec le condensateur Abbé, lu¬ mière axiale, oblique et sur fond noir ; puis à la lumière polarisée. Espèces observées. — Voici les espèces observées. Toutes appartiennent à la famille des Algues : a. Ce sont d’abord le Pleurococcus palustris (Kütz. Abbild. 1869. PI. 22, Fig. 6) syn : Tetraspora virescens (Hass. Kütz. PL 78, Fig. 8) déjà observé ( comme pélagique) par M. de Rougemont et le prof. Raoul Pictet en 1880 , l’hiver à la surface dn lac de Neuchâtel, sous La glace (2) le Protococcvs viridis (1) Il est à remarquer que le développement et l’abondance des espèces pélagiques observées coïncide avec l’arrivée et l’intensité de l’épidémie de fièvres typhoïdes que nous venons de subir à Genève. De plus cette épidémie n’a guère sévi que dans les quartiers de la ville et dans les faubourgs qui boivent l’eau du lac prise âu port. (2) Voir mon travail sur Veau rouge du lac dé Neuchâtel ( Archiv. des Sciences phys. et natur. Genève , 1870). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 493 et fluvialis (1), et le Glæocapsa polydermatica (Rab.). Tous ces types occupent le deg'ré le plus simple et le plus inférieur de la grande série des Algues, dont les types unicellulaires doivent être placés tout au bas de l’échelle des végé¬ taux créés et ont dû être aussi les 'premiers types de la vie végétale sur notre vieille planète. b. L q Nostoc ienuissimum (Rab. Flor. Alg. sect. II, page 163) (syn : Hor- mosiphon tenuissimum. Kütz. Abbild. page 4, PI. 12, Fig. 1). — Peu abon¬ dant, mais sa présence a été presque constante. c. Deux Desmidiées, le Scenodesmus quadricornis et le Cosmarium Botrytis , se sont rencontrées mais rarement et mêlées à beaucoup de spores flottantes que je n’ai pu rattacher à des espèces certaines. d. Le LeptotJirix rigidula (Rab. Flor. Alg 1868, sect. II. page 74) (Kütz. PI. 59, Fig. 4) en filaments délicats et jaunâtres , tantôt libres et tantôt para¬ sites sur d’autres algues. Ils sont alors comme des poils rigides et translucides (Larg. p. 1, 6 sur 100 à 120 p. de long.) et ont la plus grande ressemblance avec le Leptothrix buccalis qui vit en parasite dans la carie dentaire. e. Des Bactéries qu’il n’est guère possible dénommer exactement dans l’état actuel de la science. Je puis citer cependant le Bacterium lineola (Cohn) (fila¬ ments hyalins de 4 à 5 p de longueur) et le Baccillus TJlna (Cohn) qui consti¬ tue des filaments longs de 10 p. sur 2 de largeur (Otto Wunsch , trad. franc. par Lanessan, pages 59 à 64). Ici se place l’observation suivante qui a son importance : Parmi ces Schizomycetes il y avait le Vibrio serpens (Cohn) (syn : Spirillum undula) (Ehr) en spires longues de 6 à 10 p. et munies d’un flagellum mobile à leur extrémité légèrement renflée, (flagellum difficilement visible même à l’immersion homogène et avec le bel éclairage que donne la nouvelle lampe électrique de Swan, décrite dans le Bulletin de la Soc. belge de microscopie (mai 1883) et dans le Jonrn. de Micrographie (mars et mai 1883). Ayant placé un slide immobile au centre de l’eau du bocal pendant plusieurs heures , et l’ayant retiré lentement avec le plus grand soin, j’ai vu plusieurs de ces vibrions qui s’étaient fixés au verre et y avaient produit 1, 2 ou 3 prolonge¬ ments identiques au Bacterium lineola précité. J’ai dû arriver ainsi à la con¬ viction que les vibrions ne sont que des spores de Bactéries rigides ; spores douées de mouvement comme la plupart de celles des Algues filamenteuses et qui se fixent et végètent dès qu’elles ont trouvé un endroit propre à leur développe¬ ment. A mes .yeux, le Bacterium lineola (Cohn), Vibrio lineola (Ehr) (Raben- horst sect. III, page 71, Fig. 10) le Vibrio serpens (Cohn) et le Spirillum undula (Ehr.l Rab. sect. 11, Fig. 19) sont la même espèce. Jacques Brun. Prof, à la Fac. de Médecine de Genève. (A suivre) . • (1) Voir mon travail sur la neige noire ( Écho des Alpes , 18T5). 3 494 JOURNAL DE MICROGRAPHIE SUR LE MICRO - ORGANISME DE L4 TUBERCULOSE ZOOGLŒIQUE (1). Lors de nos premières communications (2) sur la tuberculose zooglœique (3) nous n’étions pas encore arrivés à colorer nos zooglœées d’une façon satisfaisante. Depuis nous avons mieux réussi (4), et nous avons pu découvrir ainsi un certain nombre de faits intéressants, touchant l’histoire de ce micro organisme. Nous avons constaté d’abord que toutes les zooglœées ne sont pas également co- lorables par nos divers procédés de coloration. Les unes le sont complètement : ce sont les petites zooglœées isolées qui siègent au centre de granulations au début ou à la périphérie de granulations plus anciennes. D’autres ne sont qu’en partie colo- rables, telles sont les grosses zooglœées qui se trouvent dans les mêmes conditions que les précédentes : elles ne sont colorées qu’à leur périphérie, leurs centres restent incolores, telles sont encore celles qui, n'étant plus isolées comme les précédentes, font partie d’un groupe plus ou moins serré dont elles occupent la périphérie; la partie qui regarde au dehors est colorée tandis que celle qui est dirigée du côté du centre de l’amas ne l’est pas. Il en est enfin qui sont complètement incolores ; on les trouve dans le centre des amas susdits, ou en plein tissu conifié. Il semble donc que les zooglœées ou parties de zooglœées colorables soient oelles qui sont de déve¬ loppement plus récent, et se trouvent dans de meilleures conditions de nutrition. Vues sur des préparations très minces, et à l’aide de puissants objectifs à immer¬ sion homogène et de condensateurs de lumière, les zooglœées colorées apparaissent comme formées par un amas de petits grains allongés, mesurant de 0 p- 6 à 1 p- de long sur 0 p. 3 de large environ ; ces grains sont disposés en séries linéaires qui se recourbent en anses et s’entrecroisent sous des angles divers. On peut s’assurer, sur des préparations plus ou moins comprimées, que ces séries de grains correspondent, en réalité, à des chapelets ; en sorte que les zooglœées colorables doivent être consi¬ dérées comme étant un même peloton de chapelets de microcoques allongés. Vues dans les mêmes conditions d’observation, les zooglœées peu colorées ne présentent que très exceptionnellement la disposition susdite en chapelet ; la plupart des grains sont assez régulièrement disséminés, mais sans ordre apparent ; ils sont plus espacés les uns des autres qu’ils ne l’étaient, moins allongés, plus sphériques et plus volu¬ mineux ; ils mesurent de 0 p. 5 à 0 p- 6 de diamètre. » Quant aux zooglœées non co¬ lorées, on ne distingue rien de net à leur intérieur, quand la préparation se trouve au foyer du condensateur ; il faut abaisser celui-ci, de façon à faire apparaître les j (1) C. R. de l'Ac. des Sc. — 28 juillet 1884. (2) Société de Biologie , séances des 12 et 19 mai, 9 juin 1883. — Comptes rendus , séance du 5 novembre 1883. — Archives de Physiologie , numéro du 15 novembre 1883. (3) Nous avons appelé tuberculose zooglœique une affeclion causée par l’inoculation de produits tuberculeux, dans lesquels nous n’avions pas trouvé de bacilles (tubercule cutané, paroi d’abcès ossifluent) ayant tous les caractères cliniques et anatomo-pathologiques de cer¬ taines tuberculoses, mais présentant, pendant les premières générations tout au moins des amas zoogloeiques de microcoques et pas de bacilles. (4) Nous ne décrivons pas ici nos procédés de coloration ; ils l'ont été déjà à la Sociélé de Biologie (séance du 24 mai 1884) et le seront encore dans un travail plus complet qui doit paraître prochainement dans les Archives de Physiologie JOURNAL DE MICROGRAPHIE. > 495 différences de réfringence des objets ; on retrouve alors des grains fort semblables comme disposition, forme et volume, à ceux des zooglœées peu colorées, sauf qu’ils sont complètement incolores. Gomme on le voit, aux différences de colorabilité cor¬ respondent de notables différences de structure. Si l’on examine avec soin le tissu de granulation qui forme la périphérie des tu¬ bercules zooglœiques en voie d’envahissement, on y peut découvrir toute une série d’autres formes micro-organiques qui sont, en allant des plus compliquées aux plus simples : 1° de très petites zooglœées, ne différant des plus grosses susdécrites que par leur moindre volume, et par ce fait que leurs chapelets composants forment en général une masse noire, dense et à contours moins réguliers ; 2° de longs chapelets ondulés, recourbés souvent en anses ou en boucles ; 3° de très courts chapelets rec¬ tilignes, isolés ou réunis en petits amas (1) ; 4° des diplocoques et des microcoques, se présentant également isolés ou par groupes. Ces petites zooglœées, ces chapelets longs et courts, ces diplocoques, sont formés de microcoques allongés, semblables à ceux qui composent les grosses zooglœées et à ceux qui constituent les éléments isolés. Cette similitude de structure, l’existence de formes intermédiaires, prouvent que toutes ces formes appartiennent, en réalité, au même micro-organisme que les grosses zooglœées. De plus, comme on les trouve dans des régions en voie de développement, on peut en conclure que ce sont des formes plus jeunes. Les plus simples parmi elles étant probablement les plus jeunes, les microcoques et les diplocoques seraient les formes de début, et comme en raison de leur petit volume, elles doivent passer facilement entre les interstices des tissus, qu’elles soient mobiles par elles-mêmes, ou qu'elles soient emportées par les éléments migrateurs, ou entraînées par les li¬ quides interstitiels, ou poussées mécaniquement dans les mouvements des tissus, elles seraient le semis, la graine zooglœique. Peut-être en est-il de même pour les courts chapelets rectilignes ; mais les longs chapelets ondulés qui se trouvent enche¬ vêtrés dans les tissus doivent être considérés, au contraire, comme des éléments fixes et représentant les premières phases du développement sur place ; tandis que les grosses zooglœées seraient l’apogée. Enfin la perte de colorabilité, la dissocia¬ tion des chapelets, la transformation des microcoques allongés en microcoques sphé¬ riques, l’augmentation de la substance interstitielle indiqueraient que le parasite est mort ou qu’il est passé à une période de vie latente, puisque l’inoculation des parties caséifiées , lesquelles ne contiennent que des zooglœées incolores , peut donner lieu à une nouvelle génération de tuberculose. Dans nos pièces de tuberculose zooglœique, nous avions rencontré des granula¬ tions dans lesquelles on ne pouvait distinguer de zooglœées bien nettes ; en les trai¬ tant par nos nouveaux procédés de coloration, nous avons pu y constater les diverses formes de début que nous venons de décrire. De plus, nous y avons rencontré de très petites zooglœées et de longues chaînettes à peine colorées ou devenues inco¬ lores, ce qui nous montre que le micro-organisme zooglœique n’a pas besoin d’ar¬ river à son développement le plus complet pour passer de l’état d’activité à celui de (1) Ces courts chapelets présentent quelques analogies avec le bacille phymatogène de Koch, car, vus à de plus faibles grossissements, ils ont un peu l’aspect de bâtonnets ; tandis que le bacille de Koch, vu à de très forts grossissements et lorsqu’il a été coloré au violet de gentiane, par la méthode de Ehrlich, apparaît comme formé de grains, donc comme un court chapelet de microcoques. Mais ces grains sont sphériques, plus petits, et ils se colorent mal par les procédés qui colorent nos chapelets, tandis que ceux-ci ne se colorent par aucun des procédés qui colorent les bacilles. Il n’y a donc pas similitude entre ces deux formes pa¬ rasitaires. 496 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. vie latente et nous fait entrevoir la possibilité de lésions où toutes ces petites formes seraient incolores, auquel cas elles passeraient sans doute inaperçues, et la nature de la tuberculose serait méconnue (1) . L. Malassez et W. Vignal. DE LA DURÉE DE L’IMMUNITÉ VACCINALE ANTICHARBONNEUSE CHEZ LE LAPIN (2). Dans ma Note présentée à l’Académie des Sciences, le 6 novembre 1882, concer¬ nant l’atténuation du virus charbonneux et les vaccinations contre le charbon, j’ai mentionné diverses séries d’expériences effectuées sur des lapins et des moutons. Les vaccinations avec des virus atténués, dans mon laboratoire, avaient mis à l’abri du charbon le plus virulent les différents animaux soumis à l’expérimentation. J’ajoutais à cette Note : « En août, j’ai fait tuer, pour raison d’économie, plus de 30 lapins vaccinés ; j’en ai conservé 6 pour me rendre compte ultérieurement de la durée de l’immunité vaccinale. » 7 mois après la vaccination anticharbonneuse, j’ai inoculé à ces 6 lapins une cul¬ ture de charbon très virulente pour vérifier la permanence de l’immunité vaccinale. Le même jour, je fis subir la même operation à 6 lapins frais, en me servant de la même culture charbonneuse que pour les lapins vaccinés ; ces 6 témoins périrent charbonneux, les troisième et quatrième jours après l’inoculation du charbon. Les 6 lapins vaccinés ne présentèrent pas le moindre signe de charbon et restèrent bien portants. La conclusion s’imposait : mes 6 lapins étaient encore vaccinés contre le charbon, 7 mois après l’opération de la vaccination. Je recommençai la même expé¬ rience sur ces 6 lapins et sur 6 témoins avec du sang charbonneux fourni par M. Dieu- donné, vétérinaire à Vie. Cette expérience fut faite en présence de M. Dieudonné, à 9 mois de distance de la première, par conséquent à 17 mois de la vaccination. Les résultats furent des plus concluants : tous les témoins moururent charbonneux, du troisième au quatrième jour ; 4 des lapins vaccinés, en juillet 1882, eurent le même sort ; 2 seulement survécurent et ne présentèrent pas de signes de charbon. 4 de mes lapins n’étant donc plus à l’abri du charbon et 2 résistant encore à cette affection, je crus pouvoir conclure que mes lapins vaccinés, en juillet 1882, se trou¬ vaient, 17 à 18 mois après, à l’extrême limite de l’immunité vaccinale. La durée de l’immunité serait donc, pour le lapin, de 17 à 18 mois ; en effet, 6 semaines après cette dernière épreuve, les deux lapins survivants moururent charbonneux à la suite d’une nouvelle inoculation de charbon très virulent. Feltz, Professeur à la Faculté de Médecine de Nancy. TRICHINE ET TRICHINOSE AUX ÉTATS-UNIS, Par le Dr P. de Pietra-Santa ; Brochure publiée par la Société française d’Hygiène et que nous recommandons à ceux qui ont peur de la trichine, si onc il en est encore. (1) Travail du laboratoire d’Histologie du Collège de France. (2) C. R. de l'Ac. des Se. — 4 août 1884. Dr J. P. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 497 SUR UN RHIZOPODEd). L’être dont il s’agit ici se rencontre dans les Ophélies de la plage d’Arcachon ; c’est un organisme un peu allongé, pointu à ses deux extrémités et présentant de chaque côté des pseudopodes assez longs. On le reconnaît immédiatement par l’existence, au sein de sa substance, d’une ba¬ guette axiale noire ou brun foncé que le vert de méthyle colore d’une manière in¬ tense. Formée par une substance stratifiée, cette baguette a ses extrémités généra¬ lement bifides ou multifides ; sa surface offre souvent de petits mamelons qui, s’al¬ longeant sous forme de bourgeons, finissent par se détacher et se répandre dans le protoplasma périphérique. Là, chacun de ces corpuscules s’entoure d’une couche protoplasmique spéciale. Le reste du corps est une lamelle protoplasmique aplatie, divisée en deux régions, l’une centrale, plus dense, l'autre, périphérique, très vasculaire. L’aspect de cette dernière, souvent bulbeux, rappelle alors la substance du corps de certains Radio¬ laires. De sa périphérie partent des pseudopodes, gros filaments d’apparence rigide, mais capables de se contracter et de prendre un aspect piriforme. Par leur rigidité et leur direction rectiligne, ces pseudopodes ressemblent à ceux des Radiolaires ; mais ils s’en distinguent par leur épaisseur, une structure particulière et leur localisation sur les parois latérales du corps. Le fluide cavitaire contient, en outre, de petits corps arrondis, entièrement cou¬ verts de pseudopodes et munis d’un corpuscule central incolore. Peu à peu, ce cor¬ puscule s’allonge en bâtonnet et finit par acquérir la coloration foncée de la baguette axiale décrite chez les adultes. Par leur aspect et leurs dimensions, ces jeunes êtres rappellent d’une façon remarquable les petits bourgeons que nous avons vus se dé¬ velopper à la surface de la baguette axiale des adultes. J. Künstler, Maître de conf, à la Fac. des Sciences de Bordeaux. NOTES MÉDICALES. LES EAUX DE POUGUES , FERRUGINEUSES. J ' C’est un empire très singulier que celui de la mode. — N’est-ce pas, en effet, une chose bien bizarre que de voir la mode pénétrer jusque dans le sévère domaine de la médecine ? Autrefois, on avait des vapeurs , — puis, c’était des humeurs , humeurs noires, atrabilaires et peccantes, qui pénétraient jusque (l) C. R de l'Ac. des Se. — 18 août 1884. 3* 498 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. « dans les ventricules de l’omoplate. » — Plus tard, cela a été l’ané¬ mie. Aujourd’hui nous sommes dans le siècle de la névrose et déjà nous voyons se préparer le règne de la microbiose. Ceci, c’est le côté du malade ; le côté du médecin n’est pas moins divers. Le siècle de Louis XIV fut aussi le siècle du clystère, et, sauf votre respect, la seringue fut le sceptre avec lequel Monsieur Fleurant et Monsieur Purgon, son compère, gouvernaient et la Cour et la Ville. La purgation, qui devait régner longtemps, florissait aussi déjà : la casse et le séné formaient le fond de lofficine. One ne se vit au monde monarque ni même simple mortel qui ait pris autant de lave¬ ments ni absorbé autant de « médecines » que le Grand Roi. Puis ce fut la saignée. Après les guerres de la Révolution et de l'Empire, — ces épouvantables saignées pratiquées aux veines des peuples, — la saignée reparut maîtresse, et la lancette guérit toutes les maladies. Si bien que les populations n’ayant plus de sang, ce fut l’ère de l’anémie, et alors apparut le fer avec son camarade le quinquina. Nous qui sommes de ce monde aujourd’hui, nos mères, à tous tant que nous sommes , ont toutes pris du fer et du quinquina. Aujourd’hui, nous sommes dans une époque mal définie, transition¬ nelle et tourmentée ; le fer est en baisse : les anémiques d’hier sont devenus des névropathes et se sont mis au régime du bromure de potassium ; ou bien ils vont se faire manipuler, métalliser, hypnotiser par des médecins qui les endorment en leur touchant le globe de l’œil, les magnétisent en leur faisant regarder le bout de leur nez et les guérissent en leur persuadant, — par suggestion , — qu’ils sont gué¬ ris. (Ça, c’est malin !) Les autres préparent l’ère des anti-microbes, nécrophy tiques et autres parasiticides. Eh bien ! à mon sens, tous ces gens là ont tort. Les anti-microbes ne sont indiqués que dans un nombre de cas très limité, — encore, indiqués théoriquement, car jusqu’à présent, pratiquement ils n’ont à peu près servi à rien du tout. Les pratiques de la métallothérapie, de l’hypnotisme et de la suggestion s’appliquent à encore moins de ma¬ lades et rentrent un peu dans la médecine, sinon des fous, au moins des hystériques. Elles appartiennent à l'École de la Salpétrière. — Quant au triste bromure, la mode en passe déjà, et avec raison, car si la France se dépeuple, si nous ne faisons pas d’enfants, pour moi c’est parce que les hommes boivent trop d’absinthe pendant une partie de leur existence et prennent trop de bromure pendant l'autre. Il est certain, d’autre part, que notre génération est affaiblie, éreintée, anémiée, si l’on veut la comparer aux hommes énergiques de la fin du siècle dernier et du commencement de celui-ci. Aux lions d’autrefois ont succédé les crevés d’aujourd’hui et leurs variétés JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 499 pathologiques, les gommeux et les boudinés. Nos femmes sont, pour la plupart, mièvres, veûles, étiolées, vouées aux pâles couleurs, aux crampes d’estomac et aux maladies de matrice, — je parle des femmes des villes , car le grand air et les travaux des champs ont mieux préservé celles des campagnes. Il n’y a donc pas à dire, et que la mode le veuille ou non, il faut à notre génération des toniques et des reconstituants, puisqu’elle est flasque et dégénérée. Et il lui faut, en particulier, du fer. Il y a quelques années, c’était la mode de prendre du fer. Les femmes , notamment , n’y manquaient jamais , et toutes , auprès de leur couvert , trouvaient , deux fois par jour, leur flacon ou leur boîte de pilules. Chacune, d’ailleurs, avait son fer, carbonate, lactate, tartrate, iodure, chlorure, phosphate, suivant son goût personnel, les conseils de ses amies, ses moyens pécuniaires, et, enfin l’opinion de son médecin, — mais c’est cela qui compte le moins. Aujourd’hui, on se relâche dans l’obéissance à cette mode. On la discute. — Certaines personnes disent que la médication ferrugineuse est illusoire, et il se trouve des médecins qui ne repoussent pas abso¬ lument cette manière de voir. Il y a à cela bien des causes. Et la première, je dirai même la meil¬ leure, — c’est que ceux qui parlent ainsi ont raison . dans un cer¬ tain sens, bien entendu, et jusqu’à un certain point. Il est certain que beaucoup de personnes prennent du fer pendant bien longtemps et ne paraissent pas à en tirer grand profit. Cela peut être, mais n’est pas certain, car on ne sait pas, après tout, ce qui arriverait à ces mêmes personnes si elles ne prenaient pas de fer. On dit, il est vrai, que chez ces personnes, tout le fer ingéré se retrouve dans les « documents » éliminés et que, par conséquent, il n’y en a pas d’absorbé ou assimilé. — C’est encore possible, mais cela n’est pas certain, car la quantité de fer qui peut être assimilée dans une journée est si petite qu'elle peut échapper à l’analyse ou bien y être masquée par du fer venu par voie accidentelle avec les aliments, les ustensiles de cuisine, etc. Et en supposant qu’il n'y ait pas d’absorption du tout, ce qui est tout à fait possible dans beaucoup de cas, cela ne veut pas dire que la médication ferrugineuse soit illusoire et inutile, — cela veut dire tout simplement qu’elle est mal appliquée. Et la preuve qu’elle est mal appliquée, il n’est pas nécessaire de la chercher bien loin : je la trouve dans l’infinie multiplicité des prépa¬ rations ferrugineuses que les médecins et les pharmaciens inventent tous les jours , soit séparément , soit de compte à demi. Or, quand unphénomène est bien connu , nettement expliqué , il n’y a qu’une 500 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. explication : c’est la bonne, celle qui satisfait tout le monde. Quand une question est résolue, elle n’a qu’une solution , ou un petit nombre de solutions (voir l'algèbre) . Le problème de la médication ferrugineuse est résolu par trente-six mille solutions , — solutions , dissolutions , poudres et pilules toutes aussi martiales les unes que les autres. Voilà pourquoi, à mon avis, le traitement, par le fer, des chloroses, des anémies, des misères physiologiques, des convalescences longues, ne paraît pas toujours réussir, et, en effet, ne réussit pas toujours. C’est que les bonnes préparations ferrugineuses sont bien plus rares qu’on ne le croit. Car il est certain que sous l’influence d’une médication ferrugineuse bien comprise, bien appliquée et bien suivie, les forces affaiblies du malade se relèvent, l'appétit renaît, le nombre des globules rouges s’accroît dans le sang et la dose d’hémoglobine grandit dans les globules , en même temps que celle-ci augmente d’activité dans ses échanges avec l’air. De nombreuses expériences l’ont démontré, tout le monde le sait, et je l’ai constaté moi-même bien souvent par l’ob¬ servation directe au microscope . Malheureusement la plupart des préparations pharmaceutiques sont mauvaises. L’économie n’a besoin journellement que d’une excessive¬ ment petite quantité de fer, et elle la prend difficilement au monde ambiant. Il faut que cette infime dose de fer soit présentée d’une façon toute spéciale et soit toute prête à l’absorption. Encore doit- elle être présentée pendant longtemps et régulièrement à ce délicat organisme qui en a besoin, mais qui a de la peine à s’en emparer. Or, la plupart des préparations pharmaceutiques à base de fer sont défectueuses. Le plus grand nombre ne présentent pas le métal sous une forme facilement assimilable. Leur effet, par conséquent, doit être nul. Je n’en veux nommer aucune, car je soulèverais contre moi le corps entier des pharmaciens — et la colère des pharmaciens est redoutable. On a bien essayé de présenter le fer sous la forme à laquelle il doit être ramené dans l’estomac pour pouvoir être absorbé. Mais sait-on bien exactement quelle est cette forme? — Et le sût- on , est-il certain que dans leur passage dans l’intestin , avant d'être prises par les chylifères, ces combinaisons ne subissent pas, au contact des liquides intestinaux, de nouvelles transformations qui en em¬ pêchent l’absorption. De plus, ces préparations ont presque toutes différents petits incon¬ vénients qui peuvent, dans certains cas, prendre une assez grande importance. Presque toutes, par exemple, sont plus ou moins consti¬ pantes. Or, la constipation est un état maladif souvent plus grave qu’on ne le croit, assez habituel aux habitants des villes et presque JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 501 général chez les Parisiennes. Il est toujours inutile, parfois dange¬ reux, (l’exagérer cet état. — Tout le inonde sait, d’ailleurs, combien, d’après certains auteurs, la constipation exerce aussi d’influence sur les relations sociales. L’usage un peu prolongé de beaucoup de préparations ferrugineuses produit le noircissement et souvent l'altération des dents. Aussi tous les jours voit-on apparaître de nouvelles combinaisons pharmaceutiques qui, d'après le prospectus, sont dénuées de ces incon¬ vénients . Certainement, je ne veux pas dire que toutes soient mauvaises. — Bien loin de là : il en est de fort bonnes, mais elles ne sont pas nom¬ breuses et il faut savoir les reconnaître, les choisir suivant les dispo¬ sitions, les habitudes, le régime et le tempérament de chaque malade. Toutes ces difficultés sont évitées par l’emploi des eaux minérales ferrugineuses, et, en particulier, par les eaux de Fougues, dont je suis, depuis fort longtemps, les divers effets, à ma grande satisfaction et à celle des malades que je soumets à ce facile et agréable traitement. On sait, en effet, et depuis bien longtemps aussi, que les eaux miné¬ rales naturelles constituent un des meilleurs et plus fidèles moyens que possède la thérapeutique pour administrer les médicaments. Il y a certainement des maladies que l’on ne peut traiter avec chances de succès que par les eaux minérales. ■ — D’autre part, il est des' médicaments que l’on ne peut administrer d’une manière plus sûre et plus efficace que sous la forme d’eaux minérales. Le fer est, certainement, un de ceux-là. Il y a bien des années qu’on l’a remarqué, et ce n’est pas à moi que revient l’honneur de l’avoir démontré. Parmi les nombreux cliniciens qui ont signalé l’ad¬ mirable efficacité de certaines eaux minérales ferrugineuses, Trous¬ seau est un de ceux qui l’ont soutenue avec la plus incontestable auto¬ rité. — Trousseau qui, lui aussi, trouvait qu’il y avait trop de préparations ferrugineuses dans les pharmacies, recommandait précisément l’eau de Pougues dans le traitement de la chlorose. En la recommandant à mon tour dans tous les cas nombreux qui exigent la médication martiale, je puis donc me placer, et j’en suis heureux, sous les auspices de mon illustre maître. L’eau de Pougues-Saint-Léger renferme, en effet, — et je l’ai déjà dit ailleurs, — une petite quantité de fer : 0 gr. 012, à l’état d’oxyde, par litre d’eau. Il existe certainement des eaux plus riches en fer, mais ce n’est pas une raison pour qu’elles soient préférables. Je dirais presque : au contraire. L’organisme, je le répète, n’a besoin que d’une quantité de fer excessivement petite, dans une journée ; il ne peut en absorber et en utiliser que cette très petite quantité, au maximum, et cette 502 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. quantité est plus petite que celle dont la chimie constate la présence dans un litre d’eau de Pougues. Toute quantité surabondante est inutile ; rien ne prouve même qu’elle ne soit pas nuisible et que ce ne soit pas à cet excès que beau¬ coup de préparations pharmaceutiques doivent, en partie au moins, les inconvénients qu’elles présentent. L’eau de Pougues, de plus, n’ayant pas une minéralisation exces¬ sive, présentant dans sa teneur en éléments salins une pondération, un équilibre, une « harmonie », comme disent les Anglais, tout à fait re¬ marquables ; l’eau de Pougues pouvant être bue journellement et habituellement comme eau de table, se trouve tout naturellement indi¬ quée comme l’un des meilleurs moyens connus d’administrer le fer. N’étant pas surchargée de sels alcalins ni de fer, on n’a pas à craindre d’y voir se former, comme dans certaines eaux jplus riches en métal, un dépôt de carbonate ferrique qui rend l’eau trouble, rouillée, sale, styptique et inerte. Gomme elle peut être bue d’une manière habituelle par les gens en bonne santé, les anémiques et les chlorotiques dont l’estomac fonc¬ tionne bien, pourront en user et y trouveront, sans médicaments sup¬ plémentaires, le fer dont ils ont besoin, et sans éprouver les crampes d’estomac qu’occasionnent trop souvent les médicaments ferrugineux. Comme elle guérit les dyspepsies, les troubles intestinaux, facilite la digestion , elle aide l’absorption du fer chez les personnes dont les fonctions digestives ne s’opèrent pas d’une manière parfaite, et l’on peut dire que chez celles-là c’est la seule manière d’administrer le fer d’une manière utile. Et il faut ajouter que la plupart des chlorotiques sont plus ou moins dyspeptiques. Ne noircissant pas les dents, ne constipant pas, présentant le fer à cet état particulier de combinaison , organique , sans doute, dans le¬ quel on le trouve dans les eaux minérales et qui en assure plus que tout autre l'assimilation : n’altérant pas les fonctions digestives chez ceux dont l’estomac est en bon état ; les rétablissant chez ceux dont l’estomac fonctionne mal ou ne fonctionne pas ; agréables et faciles à prendre, — telles sont les eaux de Pougues -Saint Léger, considérées particulièrement comme eaux ferrugineuses. Il y a là, je crois, assez de qualités pour que je puisse les recomman¬ der. C’est pourquoi je le fais et ceux qui suivront mon conseil m’en remercieront. Dr J. Pelletan. Le gérant : E. PROUT. Huitième année. N° 10 Octobre 1884 JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le Dr J. PELLETAN. — Sur une nouvelle espèce de Rotateur du genre Apsilus, par Miss S. Gr. FOULEE. — Note sur les Apsilus. — Sur une Psorospermie trouvée dans une humeur pleurétique [fin) , par MM. J. KÜNSTLER et A- PlTRES. — Les Sarcoptides plumicoles [suite) , description d’espèces nouvelles, par le D" E.-L. TROUESSART. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification (suite) , par M. N. PATOUrLLARD. — Végétations pélagiques et microscopiques du lac de Genève au printemps de 1884 (suite), par le professeur J. Brun. — De l’action des hautes pressions sur les phénomènes de la putréfaction et sur la vitalité des micro- organismes d’eau douce et d’eau de mer, par M. A. CERTES. — Formation des cellules nerveuses de la moelle épinière des Mammifères par M. W. VlGNAL. — Bibliographie : La phtisie bacillaire par le professeur G. Sée. — Notes médicales : L’alimentation par les peptones , par le Dr J. PELLETAN. — Avis divers. - -XX- - REVU E. Pendant les mois de vacances qui viennent de finir nous n'avons eu à signaler l’apparition dans le monde scientifique que d’un petit nom¬ bre de microbes, et le plus important de tous est le Kommabacillus ou Bacille-virgule annoncé par M. Koch comme étant l’organisme spécifique du choléra ; nous avons reproduit dans notre dernier numéro, d’après l’éminent professeur de Berlin lui-même, la descrip¬ tion et le dessin de ce microbe, nous n’y reviendrons pas ici. D'ailleurs, en dehors des recherches dont l’épidémie en France et en Italie a été l'origine, les travaux scientifiques ont été assez peu importants et les découvertes plus que modestes. Si nous avions à traiter ici des questions purement médicales, nous devrions faire l’analyse de la discussion qui s’est élevée, à l’Académie de Médecine, sur le choléra et nous trouverions qu’elle a été, comme cela arrive toujours, assez stérile, si notre savant et excellent maître. 508 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. le Dr Jules Guérin, n’avait trouvé l’occasion d’y exposer, avec l’élo¬ quence le talent et la science qui lui donnent une si grande autorité, ses idées sur la nature, la marche et l’étiologie du choléra. A mon avis on ne peut mieux dire, ni avoir plus raison. Après quoi nous avons vu défiler pas mal de travaux tout à fait sur¬ prenants. C’est ainsi qu’il a été découvert que le gaz acide sulfureux est un excellent désinfectant, parasiticide, et que le meilleur moyen de désin¬ fecter une chambre est d’y laisser brûler du soufre sur du charbon, en fermant portes et fenêtres pendant 24 heures. C’est tout à lait nouveau. C’est ainsi qu’on a découvert que le brome, — qui est un liquide assez volatil, et qui n’est pas un gaz, — a moins de pénétration que le gaz acide sulfureux ; — c’est encore un résultat aussi neuf qu’inattendu. Etc., etc. Il faut, en vérité, avoir bien envie de faire des rapports devant les Académies et les Sociétés savantes, il faut avoir bien peur de laisser passer une semaine sans faire imprimer quelque chose quelque part, pour perdre son temps h de telles rengaines. Nous ne croyons pas que leDr Dieulafoy pense avoir inventé le trai¬ tement des fièvres palustres par les injections hypodermiques d’acide phénique, toujours est-il qu’il a publié les bons résultats qu’il a obtenus avec cette méthode à l’hôpital Saint-Antoine. — C’est fort bien, — mais il y a six ou sept ans que le Dr Déclat emploie ce traitement avec un succès constant et nous ne savons où M. Laveran — qui a décou¬ vert le microbe delà malaria sans savoir qu’il avait déjà été découvert par deux ou trois auteurs — a trouvé que « l’acide phénique, plusieurs » fois employé pour combattre la fièvre palustre, ne paraît pas avoir » donné de bons résultats. » Il nous paraît, à nous, que M. Laveran ne se tient pas bien au cou¬ rant des travaux antérieurs aux siens, tant en France qu’à l’étranger, et c’est un tort. Ce n’est pas un reproche qu’on pourra adresser à M. P. Bricon, qui a publié dans 1 s Progrès médical un excellent mémoire, très travaillé, très savant et dans lequel l’histoire entière du microbe de la syphilis à travers la France, l'Allemagne, l’Italie, l’Amérique, est retracée avec la plus minutieuse exactitude. — M. Bricon conclut de cet exposé que la syphilis paraît bien une maladie parasitaire, que le microbe de la syphilis est probablement un micrococcus ( Syphili - coccus) , mais que cet organisme n’a pu être différencié, soit par ses aptitudes de coloration, soit par ses propriétés physiques, d’un grand nombre de micrococcus rencontrés dans diverses maladies. Par-ci, par-là, enfin, il a été un peu question du microbe de la pneu- JOURNAL DE MICROGRAPHIE 509 monie franche et de la broncho-pneumonie, voire du microbe de la rougeole, mais nous aurons à en reparler. * * * Et puis, il y a eu les Congrès. Les savants ont beaucoup voyagé, cet été : à Copenhague, comme nous Lavons dit déjà ; à La Haye, où se tenait le Congrès d'hygiène ; à Blois , où s’assemblait l’Association française pour l’avancement des sciences. Dans tous les travaux, dont plusieurs fort intéressants, qui ont été portés à ces grandes réunions, il en est peu dont nous puissions entretenir ici nos lecteurs. Cependant, nous devons leur signaler une importante communication duDrHayem sur ï examen du sang au point de vue du diagnostic des maladies. L’auteur a rappelé que, si de grands progrès ont été réalisés durant ces dernières années dans l’étude du sang , ces progrès sont presque exclusivement d’ordre chimique, tandis qu’il serait utile de faire entrer l'étude anatomique du sang dans la pratique courante, au même titre que l’examen des urines, par exemple. Ce qui rend difficile l’examen du sang pur, c’est l’extrême vulnérabilité de ses éléments ; aussi . M. Hayem s’est-il appliqué à imaginer un instrument qui permet de surmonter cet obstacle ; le petit appareil dont il se sert se compose d’une lame de verre dont le centre est entouré de gouttières. On dépose une parcelle de sang sur la partie centrale de la lame ; celle-ci étant parfaitement plane, le sang s’y étale en couche uniforme, et, avec un peu d’habitude, on arrive à donner à cette couche sanguine une épaisseur constante ; à l'aide d’un peu de vaseline, on empêche tout accès de l’air, et le sang se trouve à l’abri de toute modification pouvant provenir des agents extérieurs ; l’observateur le voit tel qu’il circule dans les vaisseaux, et il peut, à l’aide d’un microscope , suivre les phénomènes de la coagulation , et apprécier ainsi la quantité de fibrine que contient le sang. Il a même l'avantage de pouvoir, en renouvelant cet examen tous les jours, suivre les modifications quoti¬ diennes du sang dans le cours d’une maladie aiguë. Enfin, dans un assez grand nombre de cas, l’examen du sang est très propre à éclairer le diagnostic, alors même que d’autres éléments font encore défaut. On sait, par exemple, combien est difficile le diagnostic d’une affection fébrile ; or, à cette période précoce, si l’on voit le sang se coaguler sans donner lieu à la formation d’un réticulum fibrineux, on peut diagnostiquer une pyrexie, c’est-à-dire probablement une fièvre typhoïde. Si, au contraire, on observe une augmentation, un épaissis¬ sement de la fibrine dans le sang, on peut affirmer qu’il n’y a pas de fièvre typhoïde, à moins, bien entendu, que celle-ci ne présente des complications de nature inflammatoire. Dans les états fébriles que l’on a désignés sous les noms de synoque, d'embarras gastrique fébrile, de 510 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. fièvre muqueuse, etc., la fibrine augmente, et le fait même de cette augmentation permet de faire le diagnostic différentiel avec la fièvre typhoïde-. — 11 est juste pourtant de signaler quelques exceptions; il existe, en effet, certaines maladies inflammatoires qui ne s’accompa¬ gnent pas d’une augmentation de la fibrine. Parmi ces maladies qui font exception à la règle, on peut citer la pneumonie typhoïde, ou symptomatique de la fièvre typhoïde. Dans ces cas même l’examen du sang ne sera pas inutile au diagnostic ; si, en effet, on constate un réti¬ culum fibrineux très léger, on peut éliminer la pneumonie typhoïde, et i’on songera de préférence à la pneumonie tuberculeuse, et surtout à la pneumonie caséeuse lobaire. * * De retour de ces excursions, les savants se sont attelés à la question du jour. — La question du jour, c’est l’empoisonnement de la Seine. Dans un récent article publié dans ce Journal nous avons décrit d’une manière peut-être un peu réaliste, ou naturaliste, les choses immondes que reçoivent journellement les eaux de la Seine : liquides sortant des usines, des égouts, des dépotoirs de vidanges , légumes pourris, ' balayages des rues, résidus des halles, jus des hôpitaux, carcasses, charognes, chiens morts..., sans compter les pauvres diables qui se noient par désespoir et les cochers de fiacre que les escarpes jettent régulièrement à l’eau tous les soirs, au nez et à la barbe de l’innocente police, qui a peut-être de la barbe (apanage, comme on sait, delà toute puissance) mais qui certainement n’a pas de nez. Il paraît que la question était mûre , car le Conseil d’hygiène et l’ Académie de médecine s’en sont emparés. Dans un jour de mauvaise humeur, nous avions compté seulement les chiens morts qui bedon naient sous le soleil et sous les mouches le long des rives fleuries de la Seine, dans le seul parcours d’Asnières à Saint-Denis. Ce total nous paraissait suffire à l’édification d’un chacun sur la qualité du liquide que la Compagnie des eaux s’obstine à fournir aux Parisiens sous le prétexte d'eau potable. A l’Académie de médecine, à cette époque où l’on cherche partout la petite bête, cela ne pouvait pas suffire : aussi, MM. Proust et Fauvel fils se sont mis à compter non les cochers de fiacre, ni les chiens, ni les chats, ni même les aslicots que cent mille pêcheurs à la ligne met¬ tent journellement à infuser dans le fleuve sous le prétexte d’amorcer de fallacieux goujons. — Non, plus fort que ça : MM. Proust et Fauvel fils ont compté les bactéries que l’on peut trouver dans un verre d’eau. Ils ont trouvé qu’il y a dans un verre d’eau de la Vanne, eau excel¬ lente d’ailleurs, plus de deux millions de colonies bactéridiennes-, tan- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 5IL dis que dans un verre d’eau pris dans la Seine à Clichy il y en a plus de 160,000,000 : cent soixante millions ! Et voilà ! — « Si vous n’y croyez pas, dit le Courrier médical , qui n’èst cependant pas un journal bien méchant, répétez les expériences de MM. Proust et Fauvel. » Autrement dit : « Allez-y voir, mais ne buvez pas d’eau de la Seine. » Et le même Courrier ajoute : « En somme, au point de vue essen¬ tiellement pratique, tout cela n’est pas sérieux. » — Non ! pas essentiellement pratique , ni même absolument , n’est- ce pas ? La Commission composée de MM. Rochard, Brouardel et Bouley a sans doute pensé être essentiellement pratique : elle a déclaré que l’eau qui sert à l’alimentation doit être exempte de toute souillure, quelle qu’en soit la provenance. — Notez bien que les commissaires s’étaient mis trois pour trouver cela. — Il est vrai qu’ils ont ajouté qu’il faut éviter surtout la contamination par les matières fécales humaines. Pourquoi « humaines ? » L’eau mêlée de matières fécales non humaines est-elle plus séduisante à boire ? — C’est une affaire de goût, et tous les goûts sont dans la nature. — Mais, c’est égal, c’esl un drôle de goût ! . - \ o ■ - - ‘ • » * * * Avant de clore cette Revue du peu de travaux, rentrant à peu près dans notre programme, qui aient paru dans le mois d’octobre,' nous- tenons à annoncer à nos lecteurs la prochaine publication' dé la qüa- " V » trième centurie des Algues d'eau douce de France. . - * Tous les botanistes connaissent ce bel et curieux herbier, le seul de ce genre, à ce que nous croyons , qui ait été mis à la disposition du- public, grâce aux soins de M. C. Roumeguère, de Toulouse, et de ses fidèles collaborateurs MM. Mougeot, Manourv et Dupray (sans oublier Mademoiselle Angèle Roumeguère, devenue récemment Madame C. Ferry). La Revue Mycologique, dans son fascicule d’octobre, annonce que la quatrième livraison est en préparation. On se rappelle que chacune de ces Centuries , formant un volumi¬ neux carton, peut être acquise au prix modique de 20 francs, et que les auteurs, fort désintéressés, les accordent facilement en échange d’autres publications. 512 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Quant à la Revue Mycologique elle-même, elle va entrer dans sa septième année. Nons sommes heureux de voir qu’elle a trouvé le succès qu’elle mérite ; nous le lui avions prédit lors de sa fondation et l’avenir ne fera que le confirmer. Le fascicule d’octobre de cet important recueil contient un article (suite) de M. Bonnet sur la génération et la culture de la truffe, de nouvelles observations sur les Urêdinêes à générations alternantes par M. E. Rostrup, une note sur la Pezize du Polygonum par M. A. Malbranche, des listes et catalogues de plantes, et des notices biblio¬ graphiques dont l’énumération ici serait peu instructive. Dans le même numéro, nous trouvons encore une analyse de notre Revue de juillet dans le Journal de Micrographie , revue consacrée au choléra et au bacille-virgule. Nous remercions de tout notre cœur, M. Roumeguère de l'appréciation qu'il fait de nos efforts persévérants pour faire triompher ce que nous croyons être la vérité et de la forme nette et franche , voire brutale , avec laquelle nous soutenons nos opinions , sans nous soucier des ambages , circonlocutions , périphrases dont se délectent les amateurs du style académique. Nous pourrions dire que notre modestie a souffert en lisant ces lignes élogieuses et non banales, mais nous n’avons pas l'hypocrisie d’être si modeste que ça. Nous nous bornons donc à remercier' le savant toulousain , et nous en sommes heureux, étant certain qu'il pense ce qu’il a écrit. A la suite de cette analyse de notre travail, la Revue Mycologique reproduit l’article de MM. Taxil et Chareyre sur le Bacille du Choléra, article qui a paru dans le Journal de Micrographie ; mais M. Roume¬ guère a ajouté une note fort intéressante à l’appui de notre opinion : le bacille effet et non pas cause. Il a cherché et trouvé dans les mala¬ dies à microbes chez les plantes, des faits analogues à ceux qui se produisent dans les maladies réputées microbiennes chez l’homme et chez les animaux. Voici d’ailleurs ses conclusions : « Les arbres fruitiers (pruniers, pêchers, amandiers, figuiers, mûriers, vignes, etc.) en France, en Allemagne, en Italie, depuis quelques années surtout, se desséchent rapidement, en pleine végétation et meurent avant la maturité des fruits. L’examen anatomique des tissus a permis d’assigner des causes probables et d’indi¬ quer des moyens préventifs ou même curatifs qui ont été quelquefois efficaces. En ce qui concerne certains arbres (pruniers, figuiers , mûriers, vignes , etc.), j'ai été un des premiers peut être à soutenir que le parasite le plus répandu à l’intérieur des tissus morts, le Rhizomo rp h a , n'était pas la cause de la mortalité du sujet, mais que sa présence était due à la lacilité de développement, offerte par un substratum déjà malade ou même mort Divers physiologistes ont adopté mon opinion (Gibelli pour le châtaignier, Cornes pour le pourridiè de la vigne, Savastano pour Ja gommose du figuier, etc., etc.). Les Bactéries , organismes très voisins des Bacilles, ont été observés parfois en très grande abondance dans les tissus malades (Voir Revue m y cologique ■ , mes propres constatations et celles de MM. N. Patouillard, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 543 Dr O. Cornes et Dr Savastano), mais encore leur présence, — ce fait a été démontré — était la conséquence et non la cause de la dégénérescence des tissus. Le mal dans les végétaux cultivés dont je viens de parler semble consister uniquement dans une exsudation gommeuse anormale des tissus, produite par l’action de l’humidité trop continue au voisinage des racines qui a produit le trouble prévu dans la vie de la plante et que l’on a qualifié, non sans quelque à-propos, d 'apoplexie lymphatique Une très petite distance sépare peut-être dans ses causes , l’atfection terrible qui frappe soudainement l’homme et l’accident éprouvé depuis quelque temps par les végétaux. " (1). En même temps que la Revue M y cologique, nous avons reçu la 2' livraison de la Muscologia Gallica, de M. T. Husnot. Nous avons analysé en son temps la première livraison ; celle-ci comprend les genres : Leucobry um, Melzleria , Dicranodontium , Campylopus, Fissidens , Conomilrium , Seligeria , Slylostegium, Blindia, Bra- chyodus, Campylosleleum, Ceratodon, Leptotrichum , Distichum . — Elle est accompagnée de huit planches comprenant une immense quantité de figures dessinées sur pierre par l’auteur. Nous rappelons aux amateurs de cette jolie famille des Mousses que l’ouvrage de M. T. Husnot comprendra en tout huit livraisons. (2) Enfin, au dernier moment, le professeur V. von Ebner, de Vienne, nous adresse un nouveau travail, relatif à l’optique cristallographique : die ljôsugsflachen des Kalkspcdhes und des Arcigonites. Nous en rendrons compte dans un prochain numéro. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. SUR UNE NOUVELLE ESPECE DE ROTATEUR DU GENRE AP SI LU S. Parmi des Spirogy?'a et des Anacharis récoltés à Fairmount-Park, il s’est trouvé un grand nombre de grands Rotateurs, attachés aux fila¬ ments et aux feuilles de ces plantes. Quoique ressemblant sous certains (1) Nous ne sommes guère compétent dans la matière, mais nous ajouterons seulement ce ci : que dans notre jardin, h Bellevue, près Paris, une partie du sol et en terre forte , argileuse, toujours humide, où les mousses, les lichens et les algues terrestres fonnent en tout temps une croûte verte, où les limaces et les escargots pullulent par myriades en toute saison : là, les cerisiers sont pourris de gomme; des stalactites gommeuses pendent à toutes les grosses branches et s'échelonnent en festons tout le long du tronc. L’exposition est au nord. — L’autre partie du jardin est au midi , la terre est plus légère, sableuse et sèche ; aucun arbre ne présente trace de gomme. — Pour notre compte, nous n’avons jamais douté que ces pertes de sève et cette excrétion de gomme ne soient dues à l’excès d’eau puisée dans un sol toujours humide. Dr J. P. (2) Prix : 5 fr. chaque livraison. 514 . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. rapports de formes au Dictyopliora de Leidy, Apsilus de Meczinchow. Cupelopagus de Forbes , ce Rotateur présente cependant des diffé¬ rences assez tranchées pour permettre de le regarder comme une espèce distincte. La taille des individus examinés varie beaucoup , le maximum étant de 1/50 de pouce (1) depuis le haut du cornet étendu jusqu'à l’extrémité inférieure du corps. Le contour de la face ventrale du corps est ovoïde ; le profil, en forme de croissant, et le contour de la face dorsale semblable au contour .du ventre. Au lieu d’organes rotateurs, cet animal est pourvu d’une coupe ou cornet près de la base duquel, sur le côté ventral, sont deux antennes latérales comme dans Y Apsilus lentiformis . Quand la coupe est rétractée, les antennes sont aussi rentrées dans l’intérieur du corps et cachées à la vue. C’est un cas qui n’est pas habituel chez les Rotateurs, dont les antennes , le pins souvent situées sur le corps , restent ordinairement étendues pour agir comme des sentinelles quand les organes rotatoires sont rétractés. Cette coupe sert à la capture de la proie , consistant en gros infusoires , et se referme sur tout ce qui est attiré dans son intérieur. Après la capture, la proie passe par l’ouverture orale , dans un large canal en forme de sac, et de là dans une seconde poche qui s’étend à travers le corps comme un sac à plusieurs loges. Lesjieux extrémités de ce sac s’élar¬ gissent en poches multiloculaires fonctionnant comme des réservoirs pour les aliments qui s’y ramollissent. Cet organe doit être considéré comme l’estomac proprement dit : il est rempli d’un liquide granuleux verdâtre . agissant comme un véritable suc gastrique qui ramollit les matières alimentaires contenues dans l’estomac et les prépare à l’action du mastax. Quand la macération a été suffisamment prolongée , la masse alimentaire est poussée par des contractions musculaires hors de ses retraites, le long de l’étroite partie centrale , traverse le mastax et arrive dans la poche opposée. Pendant que le courant de nourri¬ ture passe, le mastax, qui est situé au centre du fond de l’estomac , se tourne pour faire face au courant d’aliments et de suc gastrique mêlés, coupant et broyant les particules à mesure qu'elles se présentent. Le mastax ressemble exactement à celui des trois autres espèces con¬ nues ; il se compose de deux grandes pointes à la base de chacune des¬ quelles sont situées quatre pointes plus petites. Après avoir été soumise à l’action du mastax, la masse alimentaire passe entre les mâchoires et entre dans l'oesophage où elle est absorbée ou poussée par le système Du côté ventral, la vue de ces organes est ordinairement masquée par un grand nombre d’embryons à divers états de développement. En avant du sac digestif, et probablement en rapport avec lui, sont deux sacs courbes , piriformes, d’une couleur verte transparente. (1) 0',um 50 — 1/2 millimètre. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 515 Ce Rotateur , ainsi que les autres espèces de ce genre , a le corps sans articulations et incapable de contractions. La coupe qui tient lieu d’organes rotatoires a la forme d’une coiffe , la partie ventrale s'élevant en un lobe obtus. Pour renforcer et suppor¬ ter le bord dorsal , long et courbe , de la coupe , il existe un écusson membraneux qui en occupe les deux tiers et est doublement renforcé par deux larges bandes musculaires arquées qui en font le tour. A la base de cet écusson est une pièce pointue d’une composition encore plus solide. La nécessité de cette disposition est évidente, quand on se rappelle que l’animal se tient ordinairement dans un position inclinée , de sorte que le poids de la coupe , dont la surface est près des trois quarts de celle du corps , s’exerce d’une manière considérable à ces points si bien renforcés. Tout le système musculaire de cette espèce est fortement marqué et puissant. En mettant au point au-dessous du contour de la face dorsale de la coupe, on voit deux rangées ou bandes qui s’étendent à l’inté¬ rieur de cet organe. Ces bandes sont garnies de très longs cils ; on voit aussi des lignes diagonales plus courtes, garnies de cils plus petits. C’est le premier exemple que nous trouvons que des cils aient été découverts chez une espèce de ce genre, toutes les autres décrites jusqu’ici étant données comme totalement dépourvues de ces organes. Dans le cas actuel, leur présence a été d’abord découverte en mettant au point à travers le côté dorsal de la coupe , bien qu’ils aient pu être très bien vus ensuite par le côté ventral. Cela n’a été qu’en dirigeant le miroir avec soin, que ces cils ont pu être distingués. Attachés aux parois internes de l’animal , sont ces énigmatiques corps transparents, communs chez les Rotateurs , ainsi qu’un certain nombre d’autres corps d’un brun rougeâtre , plus ou moins foncés de teinte et dont la signification est encore inconnue. L'animal, à l’état adulte, n’a pas de queue, pas d’yeux : il est fixé dans une position demi couchée ( oblique ) qu’il ne peut quitter et ne peut s’attacher de nouveau quand il a été déplacé. A l'état jeune, il montre' deux taches oculiformes rouges, une épaisse queue en tube de lunette se terminant par un gros suçoir en forme de coupe. 11 nage alors avec une telle activité qu’on ne peut en faire aucun dessin ressemblant. Dans cet état d’incomplet développe¬ ment, la coupe rudimentaire se présente comme un épais triangle charnu, dont le sommet tronqué est inséré sur le corps , avec la base bordée d’une couronne de cils, près de l’espace où sont placées les taches oculaires. A cet état, il n’y a aucune ouverture pour l’entrée des aliments. Le développement de cette forme et son passage à celle de l'adulte qui en est si dissemblable,, sont très intéressants et valent bien le temps et la patience qu'il faut pour les observer. 516 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Nous proposons de réunir les trois formes, Dictyopliora corax , Apsi¬ lus lentiformis, Cupelopagus bucinedax , ainsi que la forme décrite ci-dessus, dans un seul genre Apsilus. Le nom de Dictyopliora qui a la priorité, devrait être adopté s’il n’était déjà employé dans deux autres branches de la science , de sorte que le choix doit tomber sur celui qui le suit dans l’ordre de priorité. Nous conservons les noms spécifiques donnés par les auteurs qui ont découvert les espèces. L'histoire de ce genre se résume ainsi : En 1857, le Dr Jos. Leidy a découvert et décrit une forme qu’il a appelée Dictyopliora vorax. En 1866, Meczinchow a décrit et nommé une forme semblable qu’il a appelée Apsilus lentiformis ; les différences avec le Dictyopliora résidaient dans la forme de la coupe, la présence de deux antennes latérales et d’un remarquable ganglion de la poche. En 1882, S. A. Forbes a décrit une forme qu’il a nommée Cupelo¬ pagus bucinedax , la désignant ainsi comme un genre nouveau. Les différences entre cette forme et les deux autres précédemment décou¬ vertes sont les suivantes : Le Cupelopagus diffère du Dictyopliora par la forme de la coupe , et la forme générale du corps ; ces détails sont très marqués. Il diffère de Y Apsilus par l’absence du ganglion de la poche l’absence des an¬ tennes latérales, et autres particularités moins importantes. L’espèce décrite par nous diffère des précédentes par les caractères suivants : Elle diffère du Dictyopliora par la forme de la coupe aussi bien que par celle du corps ; par la présence de deux antennes laté¬ rales ; par la présence d’un second jabot ou estomac placé au-dessous du jabot ordinaire: par son système musculaire très marqué et par la ciliation de la coupe. Les points de dissemblance avec Y Apsilus sont les suivants : la forme de la coupe; l'absence du ganglion ; la présence d’un second estomac et la ciliation de la coupe. — Elle diffère du Cupelopagus par la forme de la coupe ; par la structure de celle-ci ; par ses deux antennes latérales; par la présence d’un second estomac et par la ciliation de la coupe. La présence d’un estomac secondaire distingue cette espèce de toutes les autres de ce genre. L’existence des cils de la coupe fournit un caractère moins certain, car il est possible qu’avec un éclairage habi¬ lement établi, on puisse découvrir les cils dans d’autres espèces. D’après la présence de l’estomac secondaire ou poche , nous propo¬ sons de nommer cette espèce Apsilus bipera, pera signifiant « une petite poche pour porter la nourriture ». Les raisons qui portent à réunir les trois formes jusqu’ici consi¬ dérées comme trois genres distincts sont les suivantes , fondées sur trois points principaux de ressemblance qui sont, en quelques mots : la présence de deux taches oculiformes, d’une coupe membra- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 517 nouse, d'un mastax exactement semblable, dans les quatre formes , l’absence de queue ou pédoncule, l’absence de carapace, et la simili¬ tude des mœurs. Les caractères jusqu’ici employés dans la classification des Rotateurs pour établir les membres d’un même genre sont : les caractères tirés des organes rotatoires, le nombre des taches oculaires, l’absence ou la présence d’une carapace, les mœurs. Quant au nom à imposer à ce groupe, celui de Diclyophora. de Leidy, aurait la priorité, mais comme il est déjà depuis plusieurs aimées employé dans deux autres branches de la science, il faut choi¬ sir celui qui a ensuite la priorité ; c’est le nom d’Apsinus de Meczinchow. Le genre Apsilus comprend ainsi quatre espèces : Apsilus vorax , Leidy; Apsilus lenliformis , Meczinchow; Apsilus bucinedax , Foibes ; Apsilus bipera , Foulke. Gomme il n’y a pas de famille établie dans la classe des Rotateurs où Ton puisse faire rentrer le genre Apsilus , nous préposons de créer une nouvelle famille, celle des Aspilidœ dont la caractéristique est la substitution d’une coupe membraneuse dénuée de cils à l’extérieur, à la place des organes rotatoires ordinaires. Bibliographie : J. Leidy, Proc. Acad. Nat. Sc., 1857, 504. — Meczinchow, Zeits. f. wiss. Zoologie , 1866, 346, Taf. XIX. — Forbes, Am. Mouthly, Micr. Jour., 1882, 102, 151. Sara Gwendolen Foulke. EXPLICATION DE LA PLANCHE XI. Fig. i. — Apsilus vorax ( Dictyophora vorax de Leidy). a , coupe membraneuse; — b , jabot; — c, c, embryons; — d , mastax ; — e , œsophage ; — /’, ouverture orale ; — g , anus ; — h , système musculaire de la coupe. (Dessin réduit de la figure de Leidy. Le corps est un peu plus grand , en proportion de la coupe, que dans le dessin original). « Fig. 2. — Apsilus lentiformis , Meczinchow. a, a, antennes; — b , système musculaire de la coupe; — c, jabot; — d , mastax; — e, e, embryon; — f, œsophage; — g, corps rouge-brun. ( Figure réduite d’après Meczinchow). Fig. 3. — Apsilus bucinedax , ( Cupelopagux bucinedax , de Forbes)’ a, coupe; — b , ouverture orale; — c, jabot; — d , mastax; — e,e, embryon; — f , œsophage. (Animal vu de profil, dans sa position naturelle. — Figure réduite d’après le dessin de Forbes). 518 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Fig. 4. — Apsilus bipera , Foulke. a, a , antennes; — b , système musculaire de la coupe; — c, ouverture orale; — d , jabot; — 8. — » 9. — » 10. - » 11. — Fig. 12. — » 13. - » 14. - » 15. - » 1. - » 2. — » 3. — Planche XII. Corpuscule falciforme de dimensions particulièrement faibles, ld. Corpuscule falciforme ordinaire. Id. présentant des plis superficiels. ld. montrant l’enveloppe, le protoplasma et le noyau. Id. allongé (forme très fréquente). Id. montrant les stries cuticulaires. ld. en voie de division (?). ld. - Id. Id. - Corpuscule plus gros, paraissant s’être divisé. Corps allongé en boyau et fort plissé. Corps présentant quatre corpuscules falciformes à son intérieur. Vésicule avec plusieurs corpuscules. Planche XIII. Grosse vésicule avec un nucléus de reliquat central mamelonné et des corpuscules falciformes périphériques. Corps vésiculaire allongé, avec ses corpuscules formant un amas central, dont la membrane montre les stries. Déhiscence (accidentelle?) de l'une de ces vésicules. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 527 LES SARCOPTIDES PLÜMJCOLESW Révision du groupe des Analgesinœ, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. ( Suite ) (2) Sous-Genre Protoiietaus , subg. nov. Dimorphisme sexuel des membres bien marqué, les mâles ayant les pattes des 3e et 4e paires (quelquefois aussi de la 2e), plus développées que chez les femelles et les nymphes. Pour le reste, semblable au s. -g. Pterolichus proprement dit. Les espèces de ce sous-genre ont des formes lourdes qui rappellent celles des Freyana : elles se rattachent, comme nous l’avons déjà dit, aux Pterolichi phyllophori (Sectio A) par l’entremise du Pterolichus hemiphyllus, et aux Pterolichi lunulati (Sectio G), par le Pterolichus chiragricus. — Les espèces connues vivent sur les Perroquets et les Gasoars. a . Espèces dont la 2e paire de pattes est plus développée que la première; la 4 e sous-abdominale. Abdomen du mâle terminé par deux lobes étroits et rapprochés. Pt. ( Protollchug ) brachlatus , n. sp. (Fig. 54). De forme ovale, d’un roux foncé, avec les plaques de renforcement des épimères d’un rouge vif ; un poil grêle en arrière du sillon thoracique, deux autres (un court et un long), en avant de l’insertion de la 3e paire de pattes ; les pattes postérieures ne dépassant pas l’extrémité de l’abdomen. Mâle, de forme presque losangique, ayant sa plus grande largeur au niveau de l’insertion de la 3e paire de pattes, les 2e, 3e et 4e paires beaucoup plus développées par deux petits lobes triangulaires avec une échancrure en plein cintre entre les deux; chacun de ces lobes, terminé en pointe, porte, sur son bord externe, un poil long inséré un peu en avant de la pointe du lobe , un second poil plus long et plus fort inséré vers le milieu du lobe', enfin, près de la base de celui-ci, un poil court en forme de petite feuille ou de piquant bifide, avec un second poil court et grêle; un poil long et fort, sur les flancs, en avant de l’étranglement abdo- (1) M. P. Mégnin ne pouvant, en raison d'autres travaux et de son éloignement d’Angers, continuer sa collaboration au présent travail , celui-ci sera continué (texte et figures ) par M. Trouessart seul , à partir de ce jour. (2) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92, 150, 211, 257, 331, 380, 428. — L’espèce décrite et figurée, p. 151, sous le nom de Freyana ( Canes trinia ) bihamata , est identique au Dermaleichus heteropus (Michael, 1881). Le nom de Canestrinia étant égale¬ ment préoccupé , nous nommerons le sous-genre u MlClI.VELlA » , et l'espèce Michaelia heteropus. 528 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. minai; enfin, à l'intérieur de l’échancrure, un poil grêle et recourbé, croisé avec celui du côté opposé. Deuxième paire de pattes d’un tiers plus longue et plus forte que la première , portant au tibial un long poil tactile dirigé en avant ( à un fort grossissement on voit que ce poil est épineux comme celui que nous décrirons chez le Bdellorhynchus polymorphus). Cette patte, un peu épineuse, avec trois petits crochets à l'extrémité du tarse, près de l'ambulacre. Première paire plus grêle et plus courte que la 2e, le tibial portant sur son bord inféro-externe une crête transparente en forme de lame de rasoir. Epimères antérieures soudées en forme d’Y, les autres libres, Organe génital conique à base bilobée, situé au niveau de la dernière paire de pattes, entre deux lames chitineuses foncées, presque paral¬ lèles en avant, divergentes et plus larges en arrière où elles se terminent, sur les flancs, à la base du long poil qui précède l'étranglement abdominal ; ventouses copu- latrices rapprochées, au niveau de la commissure postérieure de l’anus et de la base de ce poil. Fig. 52. — Pterolichus vexillarius , Mégn. et Trt. — 1, mâle (gross. 50 diam.); 2, femelle (50 diam.) 3, Pterolichus vexillarius . var. homophyllv.s , mâle, (75 diam.) 4, Pt. vexillarius , var. minutus ; mâle, (75 diam.) JOÜRNAL DE MICROGRAPHIE 529 Femelle, de forme ovale, plus petite que le mâle, toutes les pattes égales, les pos¬ térieures presque moitié moins grosses que celles du mâle; abdomen arrondi, un peu échancré en arrière de l’anus avec un petit tubercule conique, incolore, au fond de l’échancrure ; quatre poils de chaque côté : l’interne petit, grêle, à base bifide, l’externe court, recourbé , accompagné d’un second poil en-dessous , les deux inter¬ médiaires longs et forts ; un 5e poil élargi en feuille sur les flancs. Plaque noto- gastrique échancrée en arrière et sur les côtés, figurant deux lobes qui rappellent ceux de l’abdomen du mâle. Epimères antérieures libres. Vulve en Y renversé, surmontée d’un sternite en arc. Nymphes semblables à la femelle par leur forme, celles qui renferment des mâles, avant la dernière mue, plus grosses et plus massives que celles qui renferment des femelles. Dimensions : Mâle, long., 0mm 65 ; larg., 0m,n 32. Femelle, long., 0 50; larg., 0 27. Habitat. — Sur les Perroquets d’Australie, notamment sur Lorius doruicella, Loriculus Sclateri, Trichoglossus hœmatotus, etc., des Moluques, de Célèbes et de la Nouvelle-Guinée. »*t. ( l»rotolichus ) brachlatuiü, var. crassior, n. var. Mâle, plus court que le précédent, l’échancrure abdominale plus étroite, les lobes plus rapprochés, quadrangulaires et l’étranglement de leur base moins marqué ; pattes des deux premières paires moins inégales , le poil tactile de la 2e plus court, normal ; la crête transparente de la lre paire réduite à un tubercule conique; une glande rougeâtre sur les flancs au niveau des ventouses copulatrices, le poil inséré à ce niveau plus court et en piquant. Femelle à poils abdominaux simples et non bifides. Dimensions : Mâle, long ., 0mm60; larg., 0mm28. Femelle, long., 0 47; larg., 0 25. Habitat. — Sur Trichoglossus multicolor, N anodes australis . etc., d’Australie et. de Nouvelle-Guinée, et sur Loriculus Sclateri. de Célèbes, avec le type. Pt. ( l’rotollchus ) casuarlnus, n. sp. Mâle semblable au précédent par sa forme générale et par celle de ses lobes qui portent en dehors, à leur base, une petite feuille à extrémité échancrée et bifide (les autres poils de l’extrémité abdominale inconnus). Toutes les pattes très grosses, celles de la 4e paire à insertion presqu’entièrement sous-abdominale ; celles de la 2° paire très fortes, mais moins allongées que dans l’espèce précédente, portant au dehors une crête transparente, le long des 3e et 4e article, et de plus un tubercule en forme de couteau effilé, coudé à sa base, à pointe dirigée en avant parallèlement au membre, inséré sur ce troisième article ; en dedans un tubercule semblable mais plus court, obliquement conique, s’insère sur le 4e article ; enfin le 5e (ou tibial) est court, renflé, presque pyriforme ; un poil tactile à extrémité tronquée sur le 4e arti¬ cle ; un poil semblable, mais un peu plus court, sur l’article correspondant de la lre paire de pattes. Epimères antérieures, organe génital, lames chitineuses et ven¬ touses copulatrices disposés comme dans l’espèce précédente {Un seul individu mâle incomplet.) Dimensions'. Mâle, long., 0mni 55 ; larg., O"1"1 35. 530 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Habitat. — Sur le Gasoar ( Casuarius uniappendiculatus), de Pile Salwatty et de la Nouvelle-Guinée. b. Espèces dont les pattes des deux paires antérieures sont sen¬ siblement égales. Abdomen du mâle terminé par deux lobes écartés. Fig. 53. — a y Pterolichus vexillarius , nymphe (face dorsale). b, Ptarolichus [inter i folia, Mégn. et Trt.; mâle (face ventrale); c , tarse et ambulacre. Gross. : <2 et b, 65 diam.; c , 150 diam. Rt. Rrotolichus ) leurycnemiN . n. sp. Semblable au précédent par sa forme générale, d’un roux foncé avec les plaques de renforcement des épimères d’un rouge vif; deux poils grêles sur les flancs en avant de la 3e paire de pattes ; les pattes postérieures plus courtes que l’abdomen ; épimères antérieures affrontées par leur extrémité inférieure mais non confluentes. Mâle , de forme losangique avec les pattes de la 3e paire continuant la ligne des flancs, insérées vers le tiers antérieur, celles de la 4e paire vers le milieu du corps ; abdomen allongé en arrière de celles-ci, à flancs subparallèles, terminé par deux lobes triangulaires, à pointe obtuse, avec une échancrure profonde à angle droit en arrière de l’anus ; cette échancrure bordée par une lame transparente assez large et de même forme, qui se prolonge de manière à former une bordure plus étroite à l'ex¬ trémité et un peu en dehors du lobe. Chaque lobe porte, en outre, en dedans de l’échancrure, près de son extrémité, un poil court modifié en forme d’écaille arrondie et transparente, un poil long et grêle à cette extrémité, puis sur le bord externe, un second poil plus long et plus fort, une petite feuille et enfin un piquant grêle. Or¬ gane génital conique, à base largement échancrée, situé au niveau des pattes de la JOURNAL DE MICROGRAPHIE 531 4e paire, entre deux lames chitineuses foncées, un peu obliques, dont l’extrémité postérieuse va renforcer le bord externe de chaque lobe. Ventouses copulatrices à bord crénelé, séparées de deux fois leur diamètre, situées à la base des lobes. Pattes de la 4e paire latérales, un peu plus fortes que celles qui précèdent, souvent terminées par un ongle plus ou moins marqué outre l’ambulacre, les pattes antérieures plus grêles et égales entre elles. Femelle aussi grande que le mâle, mais de forme ovale, à pattes postérieures grêles comme les antérieures, celles de la 3e paire un peu plus grêles que les autres, les postérieures atteignant mais ne dépassant pas l’extrémité de l’abdomen : poils in¬ ternes et externes de cette extrémité simples et très grêles. Du reste semblable à la femelle du Pt. brachiatus. Dimensions: Mâle, long., 0mm 62 ; larg., 0‘nm 35. Femelle, long., 0 60; larg., 0 33. Habitai. — Sur les Aras et les grandes Perruches de l’Amérique méridionale, notamment sur Arara macao de la Guyane et sur Conurus smaragdinus de Patagonie. Pt. ( Protolichus ) falctillger, n. sp. Cette espèce, très voisine de la précédente, n’en est probablement qu’une variété locale. Mâle, semblable au précédent, mais plus petit, à épimères antérieures confluentes, à lobes abdominaux séparés par une échancrure en plein ceintre , à lame transpa¬ rente nulle, sauf à l’extrémité du lobe ; poil en écaille réduit à une petite feuille, re¬ courbée en forme de faucille, et insérée vers le milieu de l’échancrure ; sur le bord externe du lobe, la petite feuille est remplacée par un poil long et recourbé et le pi¬ quant grêle par un poil très long et très fort dirigé en arrière. Du reste semblable au précédent. — Femelle inconnue. Dimensions: Mâle, long., 0m,D 53 ; larg., 0mm 28. Habitat. — Sur N anodes australis d’Australie, en société avec Protolichus b'achiatus crassior. Sous-Genre Pseudalloptes , subg. nov. Mâles ayant les pattes de la 4e paire plus grosses que les autres (comme dans le genre Alloptes Canestrini) , la 3e paire étant relative¬ ment plus grêle. — Nous avons précédemment considéré ce groupe comme pouvant former un genre bien distinct (1) ; mais on trouve, dans le sous-genre Protolichus proprement dit , comme nous l’avons vu , un certain nombre d’espèces dont les mâles présentent déjà une inégalité plus ou moins grande dans le développement des deux paires de pattes postérieures. 11 est donc préférable de ne séparer le groupe actuel du genre Pterolichus qu’à titre de sous-genre ; ce sous-genre (1) Comptes Rendus l. c., 1844 , (I) 21 janvier, p. 156 ; Bulletin de la Société d’ Études scientifiques d’Angers, 1884 , p. 138. 532 JOURNAL DE MICROGRAPHIE forme, du reste, une série parallèle à celle du sous-genre Pterolichus , et les espèces peuvent se classer méthodiquement de la façon suivante d’après la forme de l’abdomen du male. Ce sous-genre mène au genre Xoloptes. a. Espèce dont V abdomen est entier ou bilobè comme dans la Section B du genre Pterolichus (Pseudalloptes obtusi). Pterolichus (Pseudalloptes) bisubulatus , Robin , Jouncil d’Anat. et Phys., 1877, p. 399, pl. XXII, fig. 7. Habitat. — Sur les Perdrix rouge et grise (Perdix rufa, Starna cinerea ), d’Europe, et sur les autres espèces de ce genre. Pterolichus (Pseudalloptes) bimucronatus 9 n. sp. / Semblable au Pterolichus cataphractus par sa forme générale, mais les pattes de la 4e paire du mâle d’un tiers plus grosses que celles de la 3e. Plaque notogastrique ponctuée et réticulée, mais ne présentant pas de plaques régulières en forme de rose. Pattes postérieures dépassant l’abdomen. Mâle à abdomen bilobé, chaque lobe portant quatre poils dont l'interne en forme de piquant fort et court , les 2e et 3e longs et normaux, l’externe grêle et court. Un petit tubercule en forme d’éperon au tarse de la 4e paire. Du reste semblable au Pt. cataphractus . Femelle , plus grande que le mâle, avec 3 paires de poils à l’extrémité de l’abdo¬ men, dont l’interne est très petit et grêle ; sternite vulvaire en fer-à-cheval, circons¬ crivant presque complètement une vulve en Y renversé Plaque notogastrique trouée au-dessus de l’anus. Du reste semblable à celle de Pt’ cataphactus. Dimensions : Mâle, long., 0mn' 22 à 30; larg ., 0mm 12 à 16. Femelle, long., 0 35 à 40; larg., 0 18 à 22. Habitat. — Sur les Lagopèdes ( Lagopus albus , etc.); d’Europe, et sur divers Faisans (Phasianus Reevasii , Polyplectron bicalca- ratum) , d’Asie. Dr E. L. Trouessart. (A suivre). DES H YMÉNOMYCËTES Al POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION (Suite.) (1) Annularia. De même que les Lépiotes sont des Amanites sans volva, de même les Annulaires sont des Volvaires privés de voile général, mais pourvus d’un anneau. ( I ) Voir Journal de Micrographie , T VIII , 1884, p. 33, 101, 158, 221, 266, 338, 385, 436 et 471. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 533 Les lames sont libres et n’atteignent pas le stipe. Lestipe est glabre ou fibrilleux, le plus souvent creux à l’intérieur, il est distinct du tissu du chapeau qui lui est glabre ou squamuleux. Anneau tenu , mobile , fugace. Les Annularia sont très voisins de Lépiotes , mais se rapprochent peut être davantage des Psalliota parmi les Pratellœ, avec lesquels on les confond quelquefois à cause de la teinte rosée des lames dans les deux cas , mais dans les Psalliota elles deviennent un peu pourpre noir, tandis qu’elles demeurent rosées dans les Annularia. Ce groupe renferme des espèces terrestres et d’autres lignicoles (A. Fenzlii Sch.). Le sous-genre Annularia a été établi par Schultz, en 1868 ; il correspond aux Chamœola de Worthington Smith (in Seem. Journ. 1870). Pluteus . Rhodospores à stipe et hyménophore distincts comme structure et privés de volva et d’anneau. Ce groupe n’a pas d’analogues parmi les Leucospores , il répond aux Pilosace parmi les Pratelles. Ce sont des Volvaria sans volva. Stipe charnu , fibrilleux, distinct de l’hyménophore ; ni volva , ni anneau, chapeau charnu, glabre, soyeux ou fibrilleux. Lames libres n’atteignant, pas le stipe , d’abord blanches , puis jaunâtres et enfin roses. Spores ordinairement régulières , ovoïdes , ou bien anguleuses (Ag. nanus Fr.) de couleur rose plus ou moins brillante , ou un peu plus ochracée rappelant la teinte des spores de quelques Hebelorna. Espèces lignicoles ou naissant au voisinage des troncs d’arbres. Bolbitius . Ce petit groupe d’espèces funicoles présente un stipe creux , con¬ fluent avec l’hyménophore, des spores ovales, lisses, rosées ou ferru¬ gineuses et un voile partiel cortiniforme , fugace. Les lames libres, membraneuses molles , deviennent bientôt d’une autre couleur par les spores pulvérulentes ; les lames, sans être diffluentes, deviennent très humides. Espèces éphémères, rapidement marcescentes en non reviviscentes. Par la couleur de ses spores , ce groupe est intermédiaire entre les Rhodospori et les Dermini. il se rattache aux Coprins par sa stature, sa durée éphémère et ses lames subdéliquescentes ; sa cortine et ses lames décolorantes le placent au voisinage des Cortinaires. Quelques espèces se rapprochent des Hypholoma dans les Pratelles , par le port et la teinte des spores , ainsi que des Galera hypnophiles. Espèces généralement à teinte jaune. 534 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Entoloma. Rhodospores à spores irrégulières anguleuses, à stipe confluent avec l’hyménophore à lames sinuées, adnées comme dans les Trichotoma et à voile nul ou très peu distinct. Stipe charnu ou fibreux, mou ou céracé, plein ou creux, formé d’hyphes à cellules allongées, onduleuses, souvent renflées aux extré¬ mités et souvent pourvues de boucles. Ces cellules sont plus serrées, plus grêles et plus colorées vers la périphérie qu’au centre où elles deviennent ventrues , incolores et lâches , mais ne forment jamais d’écorce. Elles renferment un plasma granuleux. Dans quelques espèces on observe parmi les hyphes du stipe des réservoirs à suc propre opaques, irréguliers, onduleux, formés par des hyphes spécialisés mais encore pourvus de cloisons et de boucles comme les hyphes voisins. (Ag. batichianus. Fr.) Au sommet du stipe les hyphes de la périphérie s’incurvent régu¬ lièrement sans changer de nature et, en s’épanouissant ainsi, forment la face inférieure du chapeau, de laquelle descendent perpendiculaire¬ ment des hyphes parallèles entre eux qui forment la trame des lames. Les hyphes du centre du stipe s’élèvent dans le chapeau et là s’en¬ trecroisent dans tous les sens pour former la partie charnue; vers la face inférieure ils redeviennent parallèles , mais toujours de même forme, et s’incurvent jusqu’à la marge du chapeau où ils rejoignent ceux émanés de la périphérie du stipe. Ceux de la couche externe du chapeau sont de plus en plus grêles colorés et serrés. Les hyphes de la trame se redressent pour former une couche sous-hyméniale mince, portant des basides à 4 spores. Sur les basides on observe souvent des spores très inégalement déve¬ loppées ; elles sont d’abord sphériques et incolores, puis deviennent anguleuses, rondes, hyalines ou à 1-3 vacuoles. Le stipe et le chapeau sont glabres, pruineux, tibrilleux ou soyeux ; la marge est toujours lisse et le chapeau quelque fois hygrophane. Les Entoloma correspondent aux Tricholomaponv le port, la texture et les lames adnées-sinuées, ils sont également affines avec les Hebe- loma et Hypholoma dans les Chromospores. Ce groupe contient des espèces comestibles à côté d’espèces véné¬ neuses. * Genuini. Non hygrophanes. Chapeau glabre, humide ou visqueux. ** Leptonidei. Non hygrophanes. Chapeau floconneux , subsquameux. *** Nolanidei. Hygrophanes. Grêles, soyeux; souvent ondulés, difformes. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 535 Clitopüus. Stipe charnu ou fibreux, velu ou pruineux , se dilatant en un cha¬ peau à marge d’abord involutée ; chapeau homogène et confluent avec le stipe, pruineux, charnu ou subfibreux, souvent déprimé au centre, blanc, cendré ou brunâtre. Lames décurrentes, larges, ventrues. Spores roses, plus ou moins pâles ou blanchâtres, ordinairement ovoïdes, apiculées , quelquefois sphériques, anguleuses , comme dans les Entoloma ( Ag . sinuatus. Fr.) Agarics terrestres correspondant aux Clitocybe dans les Leucospores et aux Flammula dans les Dermini , affines avec les Entoloma mais à lames décurrentes et dans le même rapport avec ces derniers que les Clitocybe avec les Tricholoma. * Orcelli. Lames longuement décurrentes. Chapeau onduleux subexcentrique, à marge d’abord floconneuse. ** Sericelli. Lames adnées , peu décurrentes. Chapeau régulier, marge nue , soyeux ou hygrophano-soyeux. Claudopus . Rhodospores à chapeau excentrique, latéral ou résupiné, correspon¬ dant aux Pleurotes dans les Leucospores. Stipe quelquefois nul, mais lorsqu’il existe, homogène et confluent avec l’hyménophore. Lames sinuées ou décurrentes. Spores ovoïdes régulières, excepté dans YAg. byssisedus Fr. où elles sont anguleuses étoilées. La teinte des spores de ce petit groupe le place entre les Leucospores, les Dermini et les Pratelles ; en effet, on observe des espèces à spores presque blanches, d’autres où les spores ont une teinte lilacée pâle se rapprochant beaucoup des Pratelles ; ailleurs on touche aux Crépidotes auxquels la forme du chapeau nous reporte également Espèces lignicoles ou muscicoles, à aspect très variable, pouvant être résupinées , versiformes ou même à stipe central (Ag. de - pluens Fr.) Nolanea. Les Nolanea sont dans les Rhodospores ce que les Mycena sont dans les Leucospores. Le stipe est creux, cartilagineux et se continue avec un chapeau qui tout en étant confluent est de consistance différente. Chapeau submembraneux, campanulé, ordinairement papillé et à marge striée, d’abord droite et appliquée sur le stipe, puis étalée ; glabre, quelquefois floconneux ; secs ou hygrophanes. Lames libres ou fixées au stipe, mais jamais décurrentes. Spores roses, ordinairement anguleuses. 536 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Espèces terrestres croissant entre les gazons où dans les bois. % Très voisins des Mycènes, ils correspondent aussi aux Galera . Psatliyra et PsaihyreUa ; ils diffèrent des Leptonia comme les Mycena des Collybia, c’est-à-dire par la nature de la marge, droite et non enroulée dans l’origine. Plusieurs espèces sont affines aux Eccilia et aux Entolorna. Leptonia. Rhodospores correspondant aux Collybia. Stipe cartilagineux , creux, confluent mais hétérogène avec un chapeau à marge d’abord incurvée. Stipe formé d’hyphes parallèles à cellules longues régulièrement cylindriques gorgées de plasma et présentant quelquefois des cristaux d’oxalate de chaux; les hyphes s’incurvent pour pénétrer dans le chapeau où ils sont moins serrés, et de là descendent dans les lames ; couche sous-hyméniale de cellules courtes, portant des basides tétra- spores ; spores à développement souvent inégal sur le même baside, roses, anguleuses, hyalines, ou à 2-3 vacuoles. Le stipe est souvent glabre, brillant, muni à la base de poils très grêles et provenant du mycélium. Chapeau lisse, glabre, écailleux ou fibrilleux ; les fibrilles sont for¬ mées d’hyphes qui se séparent des autres, sous l’action de la sécheresse et du développement. Les lames sont en général blanchâtres à l’origine et deviennent rosées avec le temps. Dans quelques espèces la marge est denticulée (Ag. serrulatus ) et aussi d’une couleur différente. Cette partie colorée est due à des cellules analogues à des cystides qui, partant de de la trame, passent au travers l’hymenium et aboutissent à la tranche qe la lame ; ces cellules sont vides et comme cuticularisées. La couleur dos Leptonia est variable, quelques-uns sont plus ou moins violacés, d’autres vert œrugineux ; les parties plus foncées sont dues à de l’air interposé entre les hyphes. La matière colorante est ordinairement liquide. Petites espèces d’été naissant entre les gazons sur les pelouses. Eccilia. Stipe cartilagineux, tubuleux (le tube est quelquefois rempli de moelle) , ’sétalant à son sommet en un chapeau confluent , membra¬ neux , à marge d’abord enroulée comme dans les Leptonia ; déprimé au centre. Lames atténuées, décurrentes. Spores roses, anguleuses. Ce groupe correspond aux Omphalia dans les Leucospores ; comme « JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 537 eux il a les lames décurrentes , le chapeau déprimé ; mais ici toutes les espèces ont la marge d’abord enroulée. Par ce caractère , il touche aux Leplonia et aux Collybia, et par les lames aux Clitopili. Espèces ordinairement terrestres , quelquefois lignicoles. Dermini. Agarics caractérisés par leurs spores ochracées , ferrugineuses , ar- gilacées ou jaunes. Ils sont parallèles aux Leucospores et aux Rhodo- spores et se divisent de la même manière. Rarement on observe des types correspondant aux Amaniia et Volvaria, le Ag. (Pholiota) caperatus offre un voile universel très fugace, quelquefois persistant membraneux. M. Gillet signale une nouvelle espèce pourvue de volva, Ag. (Locellina) Alexandri, et correspondant assez bien aux Amanites ; il a formé pour elle le groupe Locellina qu’il élève au rang de genre. Les Lépiota , Annularia et Psalliota sont sans représentant dans les Dermini, ou du moins une seule espèce, l 'Ag. gibberosus Fr., s’y rattache par son hyménophore non confluent avec le stipe, son anneau et ses lames libres , mais on la maintient dans les Pholiota , avec lesquels elle a la plus grande affinité. Les groupes Pluteus et Pilosace ont quelques analogues dans les Galera pour lesquels Fries faisait le sous-genre Pluteolus. Locellina. Cette section a été établie par M. Gillet pour une espèce pourvue d’une volve dans le genre de celle des Amanites. Pholiota ;. •i / Dermini k chapeau et stipe confluents et homogènes , à voile gé¬ néral nul (excepté dans l 'Ag. caperatu sr, où il est pulvérulent et très fugace) , k voile partiel , étendu et soudé sur un stipe , s’en séparant pour rejoindre les bords du chapeau k la façon des Armillaria, mem- braneu oux subfibrilleux. Lames adnées au stipe. Spores ovoïdes régulières. Chapeau et stipe souvent écailleux parues parties soulevées du voile partiel adné; quelque fois par écailles diffluentes. Les Pholiota sont très voisines des Cortinarius , dont ils ne diffèrent en réalité que par la nature aranéeuse de l'anneau dans ces derniers ; ils passent, par tous les intermédiaires, aux Flammula et aux Hebeloma. Beaucoup d’espèces arénicoles ont des affinités avec les Pleurotes à stipe subcentral. * Humigeni. Terrestres et isolés ; rarement cœspiteux. .** Truncigeni. Lignatiles, souvent cœspiteux, quelquefois radicants. *** Muscigeni. Petites espèces hygrophanes qui sont des Galera à anneau. 3 538 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Coriinarius. On sépare ordinairement les Cortinaires des Agarics pour en former un genre particulier, mais leurs caractères les rapprochent tellement des Pholioia qu’il est impossible de les en séparer génériquement ; leur nombre est très considérable. Le groupe est caractérisé par un voile général formé de filaments aranéeux , et un voile partiel également aranéeux (cortine) , allant des bords du chapeau , sur lequel il se continue , au stipe sur lequel il s'étend plus ou moins. Les spores sont de couleur ocre , ovoïdes , régulières ou courbées et étoilées dans la section Inocybe, quelquefois verruqueuses (Ag. (Coriinarius) violaceus). Le voile partiel peut exister seul comme dans l’espèce suivante. Examinons la structure de l 'Ag. violaceus. Grande espèce à stipe renflé à la base , munie d’une cortine laineuse allant du sommet du stipe aux bords du chapeau et s'étendant sur une assez grande lon¬ gueur. Stipe formé d’hyphes parallèles à cellules ventrues, souvent conte¬ nant des cristaux d'oxalate çle chaux et remplies de liquide violet; quelques hyphes sont pleins de grannulations jaunes ; la coupe du stipe montre des marbrures plus foncées , elles sont causées par de l’air interposé entre les hyphes. Ce tissu se continue directement (homo¬ gène) dans le chapeau en devenant plus serré et en perdant le caractère d’avoir les hyphes parallèles ; les lames de couleur violet foncé sont adnées au stipe et d’inégale longueur; leur trame est formée d’hyphes parallèles peu colorés , si ce n’est vers le centre de la lame où il y a des granulations jaunes. Cystidos en forme de grosses vessies, pleines de liquide violet foncé ; les basides sont à quatre spores. Spores ovoïdes à une vacuole, ochracées et couvertes de verrues. La cortine est formée d’hyphes à cellules très longues , grêles , rameuses, articulées par des boucles ; elles renferment un suc violet et des granulations brunes. Le chapeau est couvert d’un tomentum court , formé de poils courts et fasciculés , remplis de liquide violet, pluricellulaires et à boucles de formes variables. Les Cortinaires sont terrestres et silvicoles. En général, les lames sont adnées, quelquefois elles sont sinuées ou subdécurrentes ; la couleur des lames varie à mesure qu’elles se dessèchent lorsque les spores tombent. * Phlegmacium. Chapeau charnu à pellicule visqueuse. Cortine et stipe secs. ** Myxacium. Chapeau glutineux ; cortine et par suite les parties sur lesquels elle s’étend (stipe) visqueuses. Lames adnées, décurrentes. *** Inoloma. Chapeau charnu, sec, squameux ou fibrilleux, soyeux, non hygroghane. Voile simple. Stipe subbulbeux. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 539 **** Dermocybe. Chapeau ténu, d’abord villeux, puis glabre sec, non hygro- phane; stype grêle non bulbeux; voile simple, fibrilleux. ***** Telamonia. Voile double, annulaire. Chapeau humide, hygrophane, glabre ou couvert de fibrilles superficielles. ****** Jlydrocybe. Chapeau mince, glabre, hygrophane, mais non visqueux. Stipe rigide, subcartilagineux, cortine ténue, fibrillaire. ******* Jn0Cybe . Voile général subfibrilleux ; cortine fugace ; lames adnées , décurrentes ou sinuées. Spores souvent scabres. Cette section est souvent réunie aux Hebeloma, dont elle diffère par sa cortine , et ses spores souvent scabres , ce qui les rapproche des Cortinaires , ainsi que leurs lames décolorantes. Les cystides sont caractéristiques ; ils ont la forme de vessie allongée, atténuée au sommet , puis renflée en une tête hérissée ; dans 1 ' Ag. hiulcus Fr. les poils du stipe sont rameux et terminés par des cellules renflées et ayant au sommet les rugosités de cellulose des cystides. Hebeloma. Stipe charnu , fibreux , continu et homogène avec l’hyménophore , farineux au sommet. Chapeau charnu , pourvu d’une pellicule glabre , subvisqueux, à marge d’abord incurvée, lames sinuées-adnées à tranche plus ou moins discolore , blanchâtre. Spores ferrugineuses ou argilla- cées. Voile partiel presque cortiniforme , tantôt persistant en fibrilles à la marge du chapeau , tantôt en un anneau fibrilleux autour du stipe. Quelques espèces ont une odeur fétide de rave. Champignons terrestres. Ces Agarics répondent aux Tricholoma par leur stipe confluent et homogène avec le chapeau et par leurs lames sinuées-adnées. Leur voile cortiniforme les rattache aux Cortinarius , surtout du groupe Inocybe ; ils passent de même aux Flamrnula mais s’en éloignent par leurs lames non décurrentes. Quelques espèces de petite taille ont l’aspect des Naucoria. * Indusiati. Cortine persistant en fibrille à la marge du chapeau. , ** Denudati. Voile nul. *** Pusilli. Petites espèces à aspect de Naucoria. Flamrnula. Stipe charnu , fibreux , mou , farineux au sommet , confluent et homogène avec le chapeau. Chapeau charnu, à marge d’abord invo- lutée, souvent pourvue d’une pellicule plus ou moins séparable, glabre, humide ou visqueuse. Lames décurrentes ou adnées mais sans sinus. Voile partiel fibrilleux cortiniforme ou nul. Spores ferrugineuses, jaune d’ocre ou brique. 540 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Champignons terrestres ou lignicoles. Le groupe Flammula est affine avec les Cortinarius et Hebeloma par sa cortine, avec les Plioliota par son voile, ses spores et la station truneicole de quelques-unes de ses espèces. Mais il se distingue aisé¬ ment par ses lames décurrentes qui le reportent aux Paxilli , lesquels sont de vrais Flammula à lames facilement séparables du chapeau, et aux Gomphidius, mais ceux-ci sont à spores d’une autre couleur; dans les Leucospores , Flammula répond à Clitocyle et à Clitopilus dans les Rhodospores. * Gymnoti. Voile nul. Chapeau sec, souvent squamuleux. ** Lubrici. Cortine fibrilleuse. Chapeau couvert d’une pellicule visqueuse. *** Udi. Cortine appendiculée. Cuticule du chapeau humide. Lignicoles. **** Sapinei. Voile persistant en fibrille sur le stipe. Espèces pinicoles. ***** Scricelli. Une cortine. Cuticule du chapeau soyeuse, sèche ou visqueuse. Paxillus. Stipe et chapeau charnus , confluents et homogènes. Le stipe s’é¬ paissit graduellement et devient hyménophore sans éprouver de chan¬ gements , marge involutée. Lames décurrentes, facilement séparables du chapeau. Quelques fois anastomosées en pores sur une longueur variable. Spores sordides ou ferrugineuses. Ce groupe touche ainsi de très près aux Chanterelles parmi les Mérules , par le Paxillus panuoïdes ; ce dernier a la structure et les lames d’abord en plis turgides, des Mérules : c’est une Chanterelle à spores ochracées. Stipe et chapeau formés d’hyphes cylindriques parallèles , s’incur¬ vant dans le chapeau pour former un tissu lâche. Les hyphes de la face inférieure du chapeau sont plus serrés. La trame des lames n’est pas nulle , mais formée d’hyphes lâches , en sorte qu’ils se séparent facilement de la zone plus serrée. Lames souvent anastomosées ou rameuses. Spores ovoïdes brun ocre, à contenu homogène ou à vacuoles. Les Paxilli sont affines avec les Flammula ; les espèces à spores pâles sont presque des Clüocybe. On retrouve le caractère des lames séparables chez quelques Tricholoma détachés de ceux-ci par W. Smith pour former son genre Lepista. Les bolets présentent également ce caractère qui, joint avec le fait d’anastomose des lames dans quelques Paxilli passent ainsi aux genres Agaricus. Espèces terrestres ou naissant au voisinage des troncs. * Lepista. Chapeau entier, central. Spores sordides. ** Tapinia. Chapeau excentrique ou ricupiné; spores ferrugineuses. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. (A suivre ) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 541 VÉGÉTATIONS PÉLAGIQUES ET MICROSCOPIQUES DU LAC DE GENÈVE AU PRINTEMPS DE 1884. (Suite) (1) f. La Merismopedia punctata Kütz.) syn : Sarcina punctata , bien caracté¬ risée. Tantôt rare , tantôt abondante et cela d’un jour à l’autre , et sans qu’il y ait eu un changement atmosphérique appréciable. Oscillaire pélagique. — g. La plus curieuse végétation que j’ai pu observer pendant cette période est celle d’une Oscillariée (2). L’espèce en question communiquait à l’eau un goût saumâtre , avec une forte et très mauvaise odeur. Elle constituait d q petits îlots flottants , variant de 4 millim. jusqu’à 4 centimètres de diamètre , et composés par une foule de petits filaments , ayant chacun sa vie individuelle et dont la réunion prend l’aspect d’un feutre chevelu aplati ( stratum ) et tout autour duquel rayonnent de nouveaux fils en formation. Détermination de V espèce. — Je ne crois pas que des naturalistes aient ja¬ mais observé cette espèce sur Veau du lac Léman ! Vaucher dans son ouvrage décrit plusieurs Oscillaires avec dessin à l’appui ; mais comme à cette époque ( 1803) on les rangeait dans le règne animal et que les microscopes d’alors étaient loin d’égaler ceux d’aujourd’hui , il est difficile d’établir exactement l’espèce d’après ses données. J’estime néanmoins pouvoir la rapporter à son Oscillatoria nigra (fusca) qu’il décrit ainsi : Oscillaria fusca. Page 197. « Filaments articulés , noirâtres , ou vert-jau- « nôtres; diamètre 1/160"' ( soit p 16,6) ; distance des cloisons égale au tiers » du diamètre ; anneaux des extrémités à peine différents des autres. On la » rencontre en grandes masses au milieu deJ’été dans les eaux pures et tran- » quilles. Elle s’épanouit promptement et ses mouvements sont très sensibles. » J’ai eu le plaisir de l’observer quelquefois dans les environs de Genève, (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII , 1884 , p. 491. (2) Famille peu connue et difficile à étudier, à cause du développement rare et capricieux de ses types, qui restent quelquefois plusieurs années à reparaître, après avoir été abondants dans uLe localité. Voici les caractères généraux que Rabenhorst donne à cette famille d’Algues : « OsciL- ' latoriées ( Vaucher ), syn. : Ambulatoriées [Germain de Saint-Pierre), OscillariÉes " {Kützing). Filaments microscopiques, doués de mouvement, articulés, englobés dans une " gaîne ou rayonnants autour d’un mucilage amorphe ou solitaires et libres. — Endochrôme " de couleur ordinairement foncée et variable (vert, olive, jaune, bleu, violet , rouge, noir, " etc.) Odeur toujours fétide. Articles ponctués à leur périphérie, courts, cylindriques et à " face discoïde. ■> — Il ne dit rien ni de leur respiration ni de leur reproduction . 542 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. » etc. page 193). Elle est presque identique à Y Ose. nigra qui se rencontre » en thermidor sur la surface des eaux peu courantes. Elle s’étend en filaments » rayonnant autour d’un centre et, dans un vase, se dispose en étoile à la sur- » face du liquide, » etc. Il avait déjà remarqué que les Oscillaires rendaient l’eau infecte : que le froid, la nuit ou le vent les faisaient disparaître et (page 195) « qu’elles pou¬ vaient encore vivre dans une eau putride où les autres conferves avaient cessé de vivre » (page 188). Il dit aussi que « les expériences du chimiste genevois Scherer avaient prouvé qu’au soleil elles dégagent du gaz oxygène ». « De Cendolle dans son beau travail publié en 1826 [Ann. de la Soc. de phys. et d’hist. natur.) sur YOscillaria rufescens qui avait rougi alors le lac de Morat, fait les mêmes remarques. Il ajoute (page 31) : « Elle recouvre le lac comme » d’une écume formant des couches variant du noir verdâtre au rouge. Pen- » dantlejour, cette masse exhale une odeur infecte. La nuit tout disparaît » pour reparaître le lendemain ! Lorsque le lac est agité par des vents vio- » lents , le phénomène cesse et se représente de nouveau quand le calme » revient. » etc. Toutes ces remarques s’appliquent également à l’Oscillaire de 1884 du lac de Genève et ça a été pour moi une satisfaction de voir mes observations récentes coïncider avec celle de ces deux observateurs. Les Oscillaires sont en générai très résistantes et peuvent supporter de longues stagnations ou de hautes températures sans périr. Ehrenberg cite une Oscilluire qui vit dans les sources chaudes d’ischia dont la température est de 82 à 85° centigr. Moi- même j’ai gardé en vase clos un magana aqueux et putride de mes récoltes pélagiques où toute la vie animale et végétale avait depuis longtemps cessé, tandis que non seulement l 'Ose. nigra y vivait encore, mais s’élevait même en ramifications le long des flancs de la bouteille. Et dans mes préparations microscopiques, la segmentation des articules a continué à se faire encore plus de 8 jours après l’occlusion hermétique de la cellule ! Kützing dans son ouvrage ( Species Algarum , 1869. page 248 et d’autres auteurs, ont maintenu cette espèce, et l’ensemble de leurs descriptions se rapporte assez bien à l’Oscillaire actuelle de notre lac. Il n’y avait donc pas lieu d’ 'en faire une espèce nouvelle. C’est probablement aussi celle que Germain de Saint-Pierre a nommée Trachearia annnlata dans sa famille des Ambulato- riées. Enfin, Rabenhorst, dans son dernier ouvrage sur les Algues , considère les Ose. Brebissonii : glaucescens et rufescens (Kütz.) les Ose. nigra : fusca (Vaucher) et Y Ose. nigrescens (Mong. et Nestl. Exsiccata ) comme appartenant toutes à la même espèce et il les décrit comme variétés de Y Ose. nigra (Vaucher^ qu’il prend pour type avec l’indication de 10 p. comme épaisseur moyenne de ses filaments (1). (1) Flor. algar. (sect. II, pages 107-108). « Oscillaria nigra ( \ aucher) . Ose. strato plus minus compacto , submenbranaceo , plerumque natante chalybeo-vel obscure olivaceo-nigro cum nitore eximio, radiis plus minus JOURNAL DE MICROGRAPHIE 543 h’ Ose. tenioides (de Bory), espèce adoptée par Desvaud et Meneghin, Bre- bisson et Kützing, PI, 44, Fig. 1, ressemble aussi à notre espèce, mais son épaisseur indiquée l/60/// soit 38 jj.) est alors trop considérable pour y appar¬ tenir et c'est avec raison que Rabenhorst en a fait une espèce différente. Autres caractères. — J’ajouterai que la couleur de cette Algue est très chan¬ geante. Vue à un fort grossissement, ses filaments apparaissent translucides, de couleur jaune-fauve, vert-olive ou bronzée. Mais vue en masse, le feutre parait à l’œil être brun , ou couleur chocolat et même noirâtre. Desséchée et conservée quelques jours à l’air, elle s’est transformée en un détritus friable d’une belle couleur violet-pourpre, colorant l’eau de la même teinte. En résumé, ce sont les différences d’épaisseur des filaments et surtout la grande variabilité que j’ai pu constater dans leur couleur, qui ont dû faire créer ainsi plusieurs espèces, là où il n’j en a en réalilé qu’une. J’ai acquis en sus la conviction que VOsc. rubescens (Kütz. PI. 41, Fig, 49), et Y Ose. nigra (Kütz. PI. 24, Fig. 3 ainsi que VOsc. irrigua (Kütz. PI. 42, Fig. 4) doivent également être rapportées à VOsc. nigra (Vaucher). J’ai pu cultiver et étudier à domicile ces singuliers et minuscules îlots. Les filaments en étaient larges de 16 p.. et de longueur très variable, cloisonnés transversalement, fragiles et toujours très mobiles à leur sortie de l’eau du lac. Leur mouvement était soit une ondulation tenant toute la longueur du fil (ondulation assez semblable à celle d’un serpent qui avancerait lentement) ; soit un balancement semblable à celui du pendule. Ces mouvements se ralen¬ tissaient beaucoup , une fois que l’Oscillaire avait séjourné en bocal , soit en chambre, soit sur la fenêtre. Reproduction. — Il m’a été aussi possible d’étudier leur mode de repro¬ duction. Celle-ci a lieu , soit par spores , soit par segmentation. La formation des spores ressemble à celle des Melosira et des Chætoceros Ces spores sont ovales et elles se forment entre deux compartiments. On les distingue facile¬ ment par leur teinte gris-bleuâtre qui tranche avec la teinte vert-jaunâtre (du reste assez variable) de chaque filament. Quant aux segments détachés , ils sont plans, à angles assez nets. Ils ont 3 à 4 p. d’épaisseur sur 14 à 16 de diamètre ; vus de tranche on les aperçoit encore très nettement , mais vus à glat ils sont presque incolores. Ils flottent longtemps dans l’eau ambiante, puis [en bocal) las uns se déposent et d’autres vont se fixer contre les parois du verre à la surface de l’eau pour s’y gonfler, s’allonger et donner chacun un elongatis concoloribus : Trichomatibus rectis vel leviter flexuosis, acipe obtuso-rotundatis nudis vel attenualis et tum plerumque barbatis, articulis diametro aequalibus ( post divisio- nem factam duplo triplove brevioribus) , dissepimenlis distinctissime granulatis , apiculo plerumque rectosubrostellato barbato , rarius breviter curvato ; cytioplasmate pallide oliva- ceo subtiliter granuloso. ( Diam . 1/250 /7/). Hab. in aquis stagnantibus et lente fluentibus et in fossis coenosis et fontibus per totam Europam non rara. — Ad Turicum helvetiæ (Nægeli). .1 544 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nouvel être (1). Dans l’eau du lac qui est pour eux Y immensité, que deviennent ces segments? et où vont ces spores? Je n’ai pu l’établir. — Après la bise du 21 mars, j’ai inutilement recueilli et examiné la vase du fond sans pouvoir les y retrouvep. * Respiration. — Cette Oscillaire respire en décomposant le gaz acide carbo¬ nique dissous dans l’eau du lac. Elle s’assimile du carbone et rejette de l’oxy¬ gène. Le calcaire qui n’est dissous dans les eaux que grâce au gaz acide carbonique, se sépare et reste attaché, sous forme de petits cristaux, au mu¬ cilage que le centre de ces agglomérations de filaments contient toujours ; mucilage qui retient aussi de petites bulles de gaz oxygène englobées. C’est même grâce à ces bulles de gaz que ces plaques organiques flottent à la sur¬ face du lac. Ces espèces d’ïlots sont donc constitués : 1° par un mélange de mucilage amorphe ; 2° par du calcaire terreux pulvérulent ; 3° par des bulles d'oxygène, puis 4° par les filaments qui , en continuant à vivre , augmentent toujours et peu à peu les dimensions de ce feutre flottant. — Vienne un coup de vent qui agite la surface de l’onde, le tout se désagrège, se précipite ou se disperse. Jacques Brun , Prof, à la Fac. de Médecine de Genève. (. A suivre). DE L’ACTION DES HAUTES PRESSIONS SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA PUTRÉFACTION Et sur la vitalité des micro-organismes d'eau douce et d'eau de mer. « Le problème que je me suis posé , et que j’ai déjà abordé dans une précédente Communication (2), est celui de savoir par quels procédés et dans quelles conditions s’effectue , au fond de la mer, le retour de la matière organique à l’état inorganique. Quels sont les agents de cette transformation ? sont-ils autres que ceux que nous connaissons déjà ? • (1) Vaucher. (Conferves d’eau douce, Genève, 1803), avait déjà observé ce fait , page 180; il dit ; u Comment se fait l’accroissement de ces animalcules ? On peut croire qu’il a eu lieu par le développement de chaque anneau qui augmente en dimension à mesure que l’oscillaire grandit » et plus loin : « 11 faut supposer aussi qu’entre les anneaux primitifs il se déve¬ loppe d’autres anneaux , etc. » On voit par là combien , pour l’époque , il était bon observateur . (2) Sur la culture à l’abri des germes atmosphériques , des eaux et des sédiments rap¬ portés par les expéditions du Travailleur et du Talisman (Comptes rendus , 17 mars 1884). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 545 » Dans une première série d’expériences , je crois avoir démontré que les eaux et les sédiments des grands fonds, rapportés et cultivés avec les précautions voulues , contiennent toujours des germes de microbes qui se développent et pullulent, dès qu’on les place dans des conditions de milieu et de température favorables. » Dans les expériences dont j’ai l’honneur de rendre compte à l’Académie, j’ai étudié directement, à l’aide des appareils de M. Cailletet, l’action des hautes pres¬ sions sur la vitalité des micro-organismes et sur les phénomènes de la putréfaction. Avant de signaler les résultats auxquels je suis arrivé , j’insiste sur ce point que, dans ces expériences comme dans les précédentes , je me suis efforcé de m’éloigner le moins possible des conditions de la nature. Par un dispositif spécial (1) j’ai pu éviter les compressions et les décompressions brusques , et bien que l’appareil dont je dispose donne facilement une pression de 1000alm, je n’ai jamais dépassé 600atm. La plupart des expériences ont même été faites entre 350atm et 500atm, ce qui cor¬ respond à la pression des profondeurs moyennes relevées dans l’Océan par les expéditions sous-marines. » Grâce à la température de la saison , je n'ai pas eu besoin de mettre l’appareil à l’étuve , mais , par contre , il ne m’a pas été possible de répéter mes expériences à la température moyenne des grands fonds : -+- 4° ; je les reprendrai l'hiver prochain. » En attendant, je puis dès à présent annoncer que , dans ces conditions favo¬ rables de température , les phénomènes de la putréfaction se sont invariablement produits dans les bouillons et dans les infusions de nature fort diverse que j’ai cultivés sous pression. Dans toutes , après un temps plus ou moins long, le liquide se trouble , les matières organiques , animales ou végétales , se dissolvent et dispa¬ raissent, et l’examen microscopique révèle un abondant développement de microbes. Ce développement est cependant plus lent qu’à l’air libre. » Sans vouloir rien affirmer prématurément en ce qui touche la spécificité des organismes développés sous pression , je crois néanmoins devoir signaler certaines particularités qui ressortent d’expériences comparatives. » Le 13 juin , par exemple, je prépare deux tubes renfermant une infusion végé¬ tale d’eau de mer fraîche (radis avec ses feuilles). L’un est mis sous pression à 350atm ; l’autre laissé à l’air libre sert de témoin. L'appareil est visité tous les jours et remis chaque fois , au début , à 350 tm et , à la fin de l’expérience , à 500atm. Dès le 26 juin, l’infusion fourmille de bactéries (1) ; le 4 et le 11 juillet, nouvel examen et même résultat. Enfin l’expérience est définitivement arrêtée le 21 juillet , jour où la putréfaction des tissus végétaux est complète dans le tube témoin. Ce tube ne renferme plus que du liquide et une cuticule flasque, vide, blanchâtre. Le tube, maintenu sous une pression de 350 à 500atm pendant quarante-deux jours présente \ , (1) A ma demande et sur les indications obligeantes de M. Cailletet , M. Ducretet a légèrement modifié le dispositif de l’appareil de l’éminent physicien. Dans cet appareil modifié il y a deux récipients et deux manomètres au lieu d’un. Les récipients sont, à volonté, isoles ou mis en communication à l’aide d’un robinet, ce qui permet d’emmagasiner la pression ou d’opérer la décompression, sans aucune précaution dans le premier récipient. On peut ensuite, à l’aide du robinet, transmettre l'effet obtenu d’un récipient à l’autre, aussi lentement qu’on le veut. (2) Dans cette expérience et dans la pluspart de ceiles qui ont suivi, je me suis servi d’eau de mer non stérilisée comme liquide compresseur. Cette eau de mer, à la sortie de l'appareil, était toujours pleine de microbes et n’avait d’autre odeur que celle des huiles qui servent à préparer les cuirs des soupapes et des obturateurs. 3* 546 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. absolument le même aspect ; mais , à un examen plus approfondi , on reconnaît de notables différences entre les deux iufusions : Infusion mite sous pression, Pas d’odeur. Réaction acide. Microbes nombreux , agiles, généralement* petits, bâtonnets courts et fins à formes voisines de celles que j’ai déjà décrites dans les cultures d’eau de mer prove¬ nant des grands fonds (1). Pas de coloration spéciale par l’iode. Infusion Laissée à l'air libre. Odeur nauséabonde. Réaction alcaline. Microbes nombreux , les' uns agiles, les autres immobiles , bâtonnets générale- ment plus gros que dans l’autre infu¬ sion ; longs filaments bactéridiens. Pas de coloration spéciale par l’iode. Cellules fusiformes ( levures ou moisis¬ sures ? ) . Infusoire : Pleuronema chrysalis. » Il faut observer en outre qu’après avoir chauffé pendant dix minutes , dans un bain-marie porté à l’ébullition, deux tubes renfermant l’un le liquide de l’infusion mise sous pression, l’autre le liquide de l’infusion laissée à l’air libre, le premier s’est trouvé stérilisé, tandis que le second donnait, dès le lendemain, d’abondantes cultures. Il semble donc, dans la plupart des cas, qu’il n’v a identité ni dans les processus chimiques , ni peut-être même dans les agents microscopiques de la putréfaction , suivant qu’elle se produit à l’air libre ou sans pression. Quoi qu’il en soit , et je me réserve de revenir sur cette question , le fait même de la destruction complète de la matière organique par des microbes qui vivent et se développent sous de hautes pressions est, dès à présent , formellement établi. » Il est beaucoup plus difficile de savoir quel est le degré de résistance aux hautes pressions des organismes microscopiques plus élevés en organisation : in¬ fusoires, algues unicellulaires, rotifères , etc. La privation de lumière et la dimi¬ nution progressive de l’oxygène dissous sont autant de causes de mort qui viennent s’ajouter à la pression anormale qu’ils ont à subir. » Cependant, ainsi que je l’ai déjà annoncé (2), j’ai retiré vivants de l’appareil Cailletet, après les avoir soumis pendant vingt-quatre, quarante-huit et soixante- douze heures, à des pressions de 300atm et 500atm, des Infusoires et même des Rotifères et des Tardigrades. Mais, d’autre part, dans des tubes maintenus aune pression moindre pendant un temps beaucoup plus long, il n’y avait plus de vivants que des microbes. La privation d’oxygène n’avait-elle pas une large part dans ce résultat ? » Pour m’en rendre compte, j’ai préparé avec la môme infusion et mis sous pression à 350 atm deux tubes l’un avec un indice d’air volumineux, l’autre sans indice d’air. Au bout de vingt et un jours, le tube aéré renfermait encore un certain nombre de Chlamydococcus pluvicdis vivants et agiles. Ils étaient tous morts dans l’autre tube , et ni l’un ni l’autre ne renfermait , en dehors des microbes , d’autre organisme vivant. Pour apprécier ces faits à leur valeur, il ne faut pas oublier que les Chlamydococcus sont réviviscents et qu’ils s’enkystent pour se mettre à l’abri des perturbations atmosphériques. (1 1 Comptes rendus , loc. cit. (2) De l’action des hautes pressions sur la vitalité des micro -organismes d'eau douce et d'eau de mer (Soc de Biologie , 5 avril 1884). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 547 » Je ne saurais passer sous silence l'effet des hautes pressions sur la bactéridie charbonneuse. Avec M. le L)r Roux , nous avons soumis du sang charbonneux à une pression de 600 atm pendant vingt-quatre heures. Ce sang a conservé toute sa virulence, et les cultures qui en ont été faites ont pleinement réussi. (1) » A. Certes. ($5 août 1884). FORMATION ET DÉVELOPPEMENT DES CELLULES NERVEUSES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE DES MAMMIFÈRES. (2; Les cellules nerveuses ne font dans la moelle de l’embryon de brebis (3), leur apparition , d’une façon nette et absolument certaine , qu’à l’époque qui correspond à la dixième semaine de la vie utérine de l’embryon humain ; elles proviennent d’une transformation des cellules qui forment la substance grise embryonnaire , et que nous avons décrites dans une Communication précédente (4). Lés cellules ner¬ veuses apparaissent simultanément dans cette substance en deux groupes princi¬ paux : l’un est situé au bas de la corne antérieure, l’autre plus haut et sur le côté externe de cette corne. Ces deux groupes correspondent respectivement , dans la moelle dorsale , au groupe antérieur et au groupe de la corne latérale ; quelques autres cellules disséminées irrégulièrement se voient encore dans la corne anté¬ rieure . Lorsqu’on étudie ces cellules dans une préparation obtenue par dissociation , on voit qu’elles sont plus grandes que celles qui les environnent ; leur forme est très variable, irrégulière ; elles ont de longs prolongements très grêles qui, quelquefois, se croisent ; leur noyau est toujours volumineux , il a un contour fort net et ren¬ ferme, entre des granulations peu distinctes , un ou deux nucléoles; leur proto¬ plasma ainsi que ses prolongements se colorent faiblement par l’osmium. Ce proto¬ plasma est peu dense, il rappelle comme aspect une émulsion d’albumine légèrement teintée en brun ; il renferme souvent de nombreuses vacuoles quelquefois très petites , d’autrefois assez volumineuses ; ces vacuoles ne se trouvent jamais dans les prolongements. Entre cette forme qui est la plus avancée , et les vraies cellules embryonnaires , qui constituent à cette âge la niasse principale de la substance grise de la moelle, on rencontre toute une série intermédiaire. Dans un embryon de mouton long de CPU) et correspondant comme âge à un fœtus humain de trois mois et demi , on voit encore dans la corne antérieure quelques cellules qui présentent le même aspect que celles que nous venons de décrire , mais généralement elles sont plus volumineuses , ont de nombreux prolon- (1 ) Ces diverses recherches ont été faites dans le laboratoire de M Pasteur. (2) C. /?. de l'Ac. des Sc. — Ier septembre 1884. (3) Mes études ont été faites sur des embryons de mouton , car, comme il est nécessaire d'avoir des embryons tout à fait frais, ceux qui viennent d’avortement ou d’autopsie ne sont pas dans de bonnes conditions. (4) Comptes rend-us, 23 juin 1884. 548 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. gements qui se ramifient souvent ; leur noyau volumineux , nettement délimité , renferme un ou deux nucléoles brillants. Leur protoplasma se colore en brun clair par l’acide osmique , il renferme de grosses granulations peu réfringentes, qui ne sont jamais nettement délimitées, mais qui se confondent plus ou moins avec #la masse générale qui les enveloppe. Les prolongements des cellules nerveuses ont le même aspect que le protoplasma ; ils se ramifient souvent. Dans les cellules les plus développées on aperçoit généra¬ lement un prolongement plus grêle que les autres , qui jamais ne se ramifie et qui paraît formé par une substance homogène ; nous avons tout lieu de croire que c’est le prolongement de Deithers. Les cellules de la colonne de Clarke font leur apparition dans l’embryon de la brebis lorsque celui-ci a 0m17 de long, et qu’il correspond comme âge, à un fœtus humain de quatre mois. ( Jusqu’à ce que les embryons du mouton aient atteint une longueur deOm25, ce qui correspond environ' au cinquième mois et demi de la vie utérine de l’embryon humain , le protoplasma des cellules nerveuses des cornes antérieures ne change pas sensiblement d’aspect , il devient seulement plus ferme et les prolongements augmentent de volume; il est alors plus facile de voir leurs divisions ; mais la structure de la cellule reste la même. A cette époque apparaissent les cellules des cornes postérieures. Au sixième mois de la vie utérine de l’embryon humain et à l’époque correspondante dans celui de la brebis , on voit que, dans quelques cellules des cornes antérieures, la surface du protoplasma formant le corps cellulaire prend une apparence vague¬ ment striée. Cet apparence est due à ce que les granulations du protoplasma, deve¬ nues plus fines se rangent en séries linéaires, mais de fibrilles proprement dites , on n’en découvre pas la moindre trace. Cet arrangement des granulations n’existe généralement pas dans tout le protoplasma, mais seulement dans une partie : il ne s’étend jamais dans les prolongements. Au septième mois , la majorité des cellules des cornes antérieures présentent dans le protoplasma entourant le noyau , soit dans toute son étendue, soit seulement dans une partie, une différenciation fort nette, sous la forme de fibrilles excessive¬ ment grêles, entre lesquelles se trouvent des granulations protoplasmiques. Au huitième mois, presque toutes les cellules des cornes antérieures possèdent une véritable structure fibrillaire , celle-ci s’étend même souvent dans les prolonge¬ ments, tandis que, dans celles des cornes postérieures, la fibrillation n’est pas encore distincte. A la naissance , il est rare de voir des cellules qui ne soient pas striées ; cepen¬ dant on en rencontre toujours quelques-unes. Les cellules nerveuses sont alors tout à fait semblables à celles de la moelle adulte; elles présentent les détails de structure que nous leur connaissons , d’après les travaux de Deithers et de M. Schultze. Leur volume est cependant moindre que celui des cellules adultes, et elles ne renferment jamais de granulations pigmentaires, ce qui semble bien indi¬ quer que ces dernières sont des produits de dégénérescence. Je rappellerai , en terminant , que quelques auteurs d'anatomie comparée ont émis l’hypothèse que, à un certain moment de son développement, la moelle est formée par une série de ganglions soudés bout à bout, et qu'elle représente alors la chaîne nerveuse de certains invertébrés. Les travaux des embryogénistes ont fait justice, jusqu’à un certain point, de cette supposition en démontrant qu’elle ne présente pas une série de renflements et de rétrécissements. Il restait à savoir si , lorsque les cellules se forment , elles ne sont pas réunies par petits groupes , de façon à constituer des ganglions dissimulés. A l’aide de coupes transversales faites en série et de coupes longitudinales, je me suis assuré JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 549 qu’à aucun moment du développement les cellules ne forment des groupes qu’on pût assimiler à des ganglions : elles s’étendent sous forme de colonnes presque régulières dans toute la longueur de la moelle (1). « W. VlGNAL. BIBLIOGRAPHIE. LA PHTISIE BACILLAIRE DU POUMON Par le professeur G. Sée (2). C'est, nous l'avons dit, un gros livre qui doit inaugurer une série de 19 volumes, publiée parle Prof. G. Sée et le Dr Labadie-Lagrave . sous la rubrique générale : Médecine clinique. Comme le titre l’indique , l’auteur considère la phtisie pulmonaire comme une maladie parasitaire, virulente et transmissible par inoculation. Le bacille découvert par le professeur Koch en 1882, ( Bacillus tuberculosis ) est l'agent de la virulence. L’ouvrage de M. G. Sée est divisé en sept parties. Dans la première, l’auteur donne quelques détails sur les microphytes morbigènes. Nos lecteurs micrographes n'apprendront pas grand chose dans ces 20 pages, qui ne contiennent que ce que tous savent déjà depuis longtemps , aussi bien que les 8 pages constituant la seconde partie, relative au bacille tuberculeux. La troisième et la quatrième, consa¬ crées à l’anatomie du tubercule et aux causalités de la tuberculose, ne renferment rien de nouveau. L’anatomie du tubercule est connue depuis longtemps, et quant aux causalités, en admettant la cause bacille , il suffit, pour les indiquer, de rechercher tous les moyens d’entrée possibles du microbe dans l’économie de l’individu sain ou malade. La cinquième partie, plus intéressante, est consacrée à hétude clinique de la phtisie pulmonaire, à ses diverses modalités, à ses caractères diagnostics par la percussion et l'auscultation. Toutes ces questions d’enseignement médical sont malheureusement fort connues, nous ajouterons que ces notions sont très difficiles à acquérir et à utiliser d’après la lecture; l’étude au lit du malade est, dans ce cas eomme dans bien d’autres, plus profitable que la lecture du livre; néanmoins, puisque livre il y a, cette partie, quoique pas neuve, de l’ouvrage de M. G. Sée, est la plus intéressante; elle est d’ailleurs bien faite et commodément divisée. La sixième partie traite de l’hygiène, c’est-à-dire des moyens de préservation contre l’invasion du bacille. Malheureusement , il ressort de cette lecture qu’il y a peu de moyens préservatifs sur lesquels on peut compter, car non seulement il s’agit d’éviter les bacilles , mais les spores de ces bacilles, germes presqu’invisibles et indestructibles. Dans ce chapitre, nous ne pouvons nous empêcher de cueillir le petit passage suivant relatif à l’hérédité : « Que le virus, propagé par le père ou par la » mère, puisse rester à l’état latent chez les très jeunes enfants, et qu'en général (1) Ce travail a été fuit au Laboratoire d’Histologie du Collège de France. (2) Un volume in-8'1 2 avec 2 pl. — Paris , 1884 , Ad. Delahaye et E. Lecrosnier 550 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. » il ne se développe qu’après 5 à 10 ans sous la forme de scrofule, ou plus tard sous » forme de phtisie pulmonaire, il n’y a rien là de surprenant. . » Comment, d'après la théorie bacillaire, le virus, c'est-à-dire le bacille, peut-il se développer sous forme de scrofule? — Nous ne voyons pas qu’il puisse se développer autrement qu’en produisant la phtisie, ou bien il n’est pas le bacille de la phtisie. Dans la dernière partie, qui a rapport au traitement, l’auteur passe successivement en revue la thérapeutique climatérique, et la série des médications nécrophytiques, trophiques et respiratoires, l'iode, l’arsénic, l’huile de foie de morue et les médica¬ ments depargne: puis, l’acide benzoïque, la créosote, l'hydrogène sulfuré, les sulfures et les eaux sulfureuses, les aliments minéraux, etc., etc. Et quand on a lu ces nombreuses pages, on se demande : « Et après? » — On se prend à chercher une dernière page, qui manque : — les conclusions. 11 n’y a pas de conclusions. Certainement , nous ne voulons pas dire que le nouvel ouvrage du professeur G. Sée ne soit bon à rien, — bien loin de là : la partie clinique est bien faite, la partie thérapeutique est utile comme collection de renseignements, — bien que nous y trouvions une tendance exagéree à faire de la chimie physiologique, et à poser, comme « péremptoirement » démontrés , des faits absolument douteux, bien que nous y rencontrions des assertions que nous considérons comme de pures hérésies; malgré tout cela, disons-nous, l’ouvrage est bon à consulter, mais d’après son titre, on espérait davantage. On espérait que s’emparant et s’inspirant de la doctrine bacillaire, M. G. Sée allait aboutir par la réalisation d’un traitement spécial , en rapport avec cette théorie parasitaire que M. Jaccoud accuse, jusqu’à présent à juste titre, de stérilité. Il n’en est rien. Tous les ouvrages que nous connaissons sur ce sujet, ceux d'Am. Latour, de Fonssagrives, de Pietra Santa, et de tant d’autres, formulent une conclusion, conseillent un traitement dans lequel l’auteur a plus de confiance que dans tel autre ; — M. G. Sée ne propose rien du tout. Après avoir indiqué tous les moyens plus ou moins chimiques dont on s’est servi depuis un siècle, après avoir passé complètement sous silence, on se demande pourquoi, la méthode qui domine aujourd’hui toutes les autres et compte de réels succès, la suralimentation par les poudres de viande et, mieux encore, par lespeptones, il ajoute quelques petits paragraphes sur l’effet physiologique de divers médicaments, atropine, tropéine, kaïrine, quinine, dans les formes initiales, et il écrit : Fin. De sorte que l’ouvrage du professeur G. Sée ne peut être considéré que comme un résumé, utile à consulter, de beaucoup de documents, en général connus, sur la phtisie pulmonaire, précédé de quelques chapitres sur les bacilles pathogènes. C’est certainement quelque chose, mais ce n’est pas assez. Sous un autre point de vue, il n’y a rien à redire : l’exécution matérielle est excellente et les éditeurs ne méritent que des compliments. Dr J. P. NOTES MÉDICALES. L’ALIMENTATION PAR LES PEPTONES Les personnes qui depuis neuf ans ont bien voulu suivre mes travaux, soit dans le journal, soit ailleurs, savent que depuis longtemps je m’occupe d’une manière toute JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 551 spéciale de l'étude et du traitement des maladies de poitrine, — de la phtisie pulmo¬ naire. Elles savent qu'il y a déjà plusieurs années j’ai soutenu, en vertu d’idées qui m'étaient particulières , l’importance extrême de l’alimentation dans le traitement de la phtisie , non pas comme adjuvant banal , et sur lequel on ne compte guère , d’une thérapeutique spécifique quelconque , — mais comme constituant , pour ainsi dire, le traitement tout entier. L’un des premiers , si ce n’est le premier , j’ai établi la nécessité, dans la tuberculose , d’une alimentation intense, « intensive » comme j’ai dit alors quand, dans une série d’articles , j’ai appelé l’attention de mes confrères sur cette question qui pour moi constituait un très sérieux point de doctrine. A cette époque, en effet, cette méthode thérapeutique , aujourd’hui si appréciée , était loin d’avoir acquis l'importance qu’elle a maintenant ; la doctrine de la phtisie parasitaire n’était pas établie , telle quelle l’est à présent depuis la découverte du Bacille de la tuberculose, par le prof. Koch. Mais bientôt, les résultats absolument inattendus obtenus par cette méthode en généralisèrent l’emploi , et l'alimentation intensive ou suralimentation , devint le mode de traitement normal des maladies consomptives. On en arriva même à l’introduction forcée de matières alimentaires dans l’estomac des malades avec la sonde, le tube de Faucher, l’appareil de Dujardin- Beaumetz, et l'on institua le « gavage ». Ce qui m’avait le plus aidé dans mes expériences sur l’alimentation intensive est la facilité où je me suis trouvé alors d’employer des aliments qui, sous un minimum de poids et de volume, contiennent le maximum de matière azotée assimilable , et contiennent cette matière toute digérée (1). J’ai nommé les peptones. Après divers essais, je me suis arrêté aux peptones préparées par M. Chapoteaut, parce qu’à l’analyse j’ai trouvé qu’elles renferment plus de peptone réelle que les autres, et, à poids égal, contiennent plus d’azote; parce que ce sont des peptones préparées directement avec de la pepsine agissant sur de la viande de bœuf choisie , et m’of¬ frant des produits, pour ainsi dire, moins artificiels, plus naturels , plus semblables à ceux qui se forment dans l’estomac humain en digestion. Enfin , parce que M. Chapoteaut est un savant qui a fait, sur les ferments digestifs et les produits de leur action sur les substances albuminoïdes, des travaux très sérieux et très remar¬ quables , et qui , par conséquent , me paraît posséder une compétence toute spéciale pour la préparation de ces produits. Les résultats, comme je l’ai dit, ont été excellents. C’est donc avec une certaine surprise , je l’avoue , que j’ai vu plusieurs de mes confrères avoir recours à des préparations qui, pour moi, présentent beaucoup moins de garantie et de valeur, les poudres de viande. Ces poudres sèches, en effet, quoique renfermant beaucoup plus de matière azotée que le même poids de viande fraîche , doivent néanmoins être employées, si l’on veut établir la suralimentation, en quan¬ tité très considérable Ces poudres ne sont pas digérées d’avance; de plus, elles sont sèches, et pour être digérées, il faut qu’elles réabsorbent de l’eau en quantité à peu près égale à celle que contenait la viande fraîche qu’elles représentent. Il faut donc qu’on les accompagne d’une grande masse de liquide. Le malade est alors obligé d’avaler cette somme considérable d'aliments aussi peu attrayants au goût qu’à la vue. S’il y parvient, le plus souvent la digestion est , comme on le comprend , très pénible, accompagnée d’étouffements, de gonflements, d’éructations : — ou bien, s’il n’v parvient pas, il y a vomissement. C’est ainsi qu’on a été amené au gavage mécanique, grâce auquel on est parvenu à entonner au malade des quantités incroyables de matières alimentaires. On ne sait, en effet, lequel on doit le plus admirer du médecin qui parvient à ingurgiter au (1) Il conviendrait mieux de dire : chymifiée. 552 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. patient, en un seul repas , trois cents grammes de poudre de viande, une douzaine d’œufs crus et deux litres de lait. — ou dudit patient qui , devant ce demi-seau de barbotage, n’a pas vu son estomac se soulever de dégoût et s’est prêté volontairement à cette nouvelle mise à la question. Il est vrai que bien souvent pour que l’opération réussisse, il faut cacher l’appareil à la vue de l’opéré. Notez bien que je ne veux pas nier d’une manière absolue l’utilité du gavage. Cette pratique est évidememnt utile en certains cas, quelquefois nécessaire ; mais je crois qu’on peut l’épargner plus souvent encore au malade et que, si elle est nécessaire , on peut la rendre moins pénible. Il est certain, en effet, que le gavage, facile à pratiquer dans les hôpitaux , où le malade doit obéir à peu près passivement à l’ordre des médecins, est beaucoup plus difficile à faire accepter dans la pratique civile, où le malade — à moins qu’il ne soit très malade, (auquel cas le gavage ne servira pas à grand’chose), — envoie bien sou¬ vent le médecin au diable quand il lui parle de la gaveuse. Parfois, encore, le gavage n’est pas possible : il provoque des spasmes invincibles ou des ulcérations à l’œsophage. C'est pour toutes ces raisons que je crois être dans le vrai quand je réclame l'em¬ ploi des peptones pour la suralimentation, de préférence aux poudres de viande, comme je l’avais indiqué dès l’abord. Et je me fonde pour cela sur ce simple fait que la peptone est une matière toute digérée, et point la poudre de viande. Par consé¬ quent, l’estomac n’a pas à exécuter ce travail de digestion souvent exagéré qu'il lui faut appliquer à la poudre ; il n'est pas besoin de cette grande quantité de liquide , qui étouffe et gonfle, pour rendre l’eau d’hydration, en partie nécessaire. De plus, comme la poudre de viande ingurgitée n’est pas toute digérée ni toute assimilée, — bien loin de là, — il faut beaucoup moins de peptone, qui est toute digérée , pour produire le même résultat alimentaire qu’un poids donné de poudre de viande. Enfin , certaines peptones renferment plus d’azote que le même poids de poudre de viande. Veut-on des chiffres, en voici : La meilleure poudre de viande dose 13,72 d’azote; la poudre de peptone pepsique dose en moyenne 13,67, (bien qu’il y ait, nous l’avons dit, des peptones qui contiennent plus d’azote que la poudre de viande). Mais 100 gr. de la meilleure poudre de viande laissent dans l’estomac de l'homme en santé, 35 gr. au moins de résidu non digéré, souvent 38, quelquefois 44 et même jusqu’à 79 gr. 50. L’estomac de l’homme malade laisse toujours en plus un résidu minimum de 20 gr. non digéré. — C’est donc au moins 55 pour 100 de la poudre de viande qui , chez le malade , reste dans les résidus. Il n’y a donc que 45 gr. d’absorbés sur 100. Au contraire , 100 gr. de poudie de peptone, matière digérée d’avance , sont en entier absorbés (1). La valeur nutritive de la bonne peptone est donc en réalité , à celle de la meilleure poudre de viande, comme 100 est à 45, ou, si l’on ne veut pas faire de différence entre l’estomac sain et l’estomac malade, comme 100 : 65. Avec les peptones on réalise donc plus facilement la suralimentation ; il faut (1) Il en résulte qu’en n’admettant même qu’un résidu de 35 p. 100 de poudre de viande non digérée , celle-ci , malgré sa teneur de 13, 72 d’azote , agit comme si elle n en contenait que 8,83 , tandis que la peptone, absorbée entièrement, agit pour ses 13,67 d’azote. En effet, les 35 gr. de poudre non utilisée renferment 4,89 d’azote sur les 13,72 de teneur totale; il reste donc 13,72 — 4,89 =r 8,83 d’azote.utile. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 553 moins souvent en venir au gavage, et quand il faut en venir là, l’opération est moins pénible pour le malade, qui a moins de matière à ingurgiter. D’autre part, l’expérience prouve que les peptones à elles seules peuvent suffire à la nourriture de certaines personnes. On peut citer le cas récent d’un malade du service de M. Besnier, à l’hôpital Saint-Louis, malade qui ne se nourrit que de peptone Chapoteaut. C’est là ce qu’on peut appeler la peptone suffisante. De même , on connaît , j’ai cité déjà bien des cas , extrêmement remarquables , dans lesquels l’usage de la peptone est indispensable. J’ai dans ma propre famille l’exemple d’une jeune fille de vingt ans qui perd l’appétit, ne peut plus se nourrir et dépérit aussitôt qu’elle cesse l’usage journalier d’une petite quantité de peptone. — C’est ce que j’appelle la peptone nécessaire. — Je puis encore citer l’observation ci-dessous recueillie dans ma clientèle. Enfin, il est des cas, peut-être plus curieux encore, de personnes qui ne peuvent se passer de peptone, mais, de plus , sont dans l’impossibilité de prendre aucune autre nourriture. J’en connais encore en ce moment un exemple très intéressant chez une personne habitant Cherbourg. C’est la peptone nécessaire et suffisante. Dans tous ces exemples , les poudres de viande ont été de peu d’utilité , et l’on comprend, en effet, a priori, que l’effet physiologique d’un aliment encombrant et tout entier à élaborer par l'estomac, ne peut pas être le même que celui d’un aliment à faible volume et tout élaboré, immédiatement assimilable et, en somme, plus riche en azote. OBSERVATION. Mllie Héloïse P. . . . , demeurant à Paris, rue Lepic. n° 23, âgée de 29 ans, employée de commerce, se plaint d’éprouver, depuis plusieurs mois, un grand affaiblissement avec perte complète d’appétit , crampes d’estomac , bourdonnements d'oreilles , palpitations, essouffle¬ ment, éblouissements, etc. La malade a eu deux enfants , elle est réglée tous les mois, mais irrégulièrement comme date, et chaque époque menstruelle est précédée d’une période de six à sept jours pendant lesquels la malade tousse beaucoup. Elle est en outre tourmentée par des hémorrhoïdes fluentes , très douloureuses. Ecoulement leucorrhéique continuel et très abondant. Tempérament lymphatique. Nous la voyons pour la première fois le 11 mars 1883. Elle est très amaigrie, pâle, presqu’exsangue , refuse toute nourriture, qui lui occasionne des crampes d'estomac intolé¬ rables et des vomissements. • % L’examen de la poitrine révèle une matité notable au sommet du poumon gauche et à la base du poumon droit. Souffle bronchique. Quelques craquements sous la clavicule gauche. L’expectoration est assez abondante à la suite des quintes de toux qui se présentent en ce moment. Au microscope, et traités par la méthode d’Erhlich, les crachats ne révèlent aucun bacille spécifique. Au cœur, tintement métallique — Bruit de diable dans les artères. Chloro-anémie ; menace de tuberculose. (La mère est morte d’une « fluxion de poitrine » à 41 ans). Traitement : Peptone de Chapoteaut en conserve, deux cuillerées à café le matin et à 4 h. du soir dans une tasse de bouillon. — Lacto-phosphate de chaux (Dusart) avant les repas. — Vin de peptone (Chapoteaut) trois ou quatre verres à madère dans la journée, autant que possible après les repas. Les hémorrhoïdes sont arrêtées par cinq injections hypodermiques d’ergotine dons la glycérine, pratiquées au pourtour de l’anus. 554 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Au bout de huit jours, le 25 mars, la malade est en meilleur état ; l’appétit revient; les repas sont attendus avec plaisir ; l’amaigrissement est arrêté Le sommeil , jusqu'alors diffi¬ cile, agité, troublé par des cauchemars , est bon et réparateur. Continuation du traitement. Un mois après, 18 avril, la malade est en bonne santé ; l’appétit est satisfaisant, les forces suffisantes , les fonctions régulières. Le flux hémorrhoïdal n’a pas reparu. L’embonpoint revient rapidement. Dans ces conditions, la malade rentre à son magasin (30 avril). Le 23 juillet, je suis rappelé auprès de Mme P. . . . qui , depuis deux mois , n’a plus suivi aucun traitement et que je retrouve dans le même état qu’en mars dernier, sauf les hémor- rhoïdes qui n’ont pas reparu. Mais l’appétit est absolument nul, le dégoût des aliments invincible, et l’amaigrissement considérable. Toux. Je rétablis le régime des peptones, en portant les doses, jusqu’à 6 cuillerées de conserve par jour et 6 verres à madère de vin de peptone. Dès le cinquième jour, l’appétit est revenu et avec l’appétit les forces; tous les symptômes se sont améliorés. Le 21 août, la malade peut reprendre ses occupations. Le 16 octobre, appelé une troisième fois auprès de M,ne P. . . . , je constate que , malgré mes conseils, elle a abandonné complètement l’usage de la peptone, et, sur l’avis d’un méde¬ cin qu’elle a rencontré, a pris du fer réduit et du vin de quinquina. Elle n’en est pas moins retombée à peu près à l’état où elle était lors de ma première visite. La constipation est •xtrême et les hémorrhoïdes ont reparu. Je prescris de nouveau les peptones Cnapoteaut et le lacto-phosphate de chaux, à l'exclu¬ sion de tout autre traitement. Et en quelques jours la malade est remise sur pieds. Il ressort pour moi de ces faits que le régime de la peptone est indispensable à Mm,‘ P. . . , ainsi que je l’ai constaté sur plusieurs autres malades. M,ne P. . . . n’a d’appétit et ne peut manger que quand elle fait un usage régulier des peptones. M,ne P. . . . se rend à l’évidence et depuis plusieurs mois prend tous les matins deux cuillerées à café de conserve et un verre de madère de vin de peptone après chaque repas Depuis lor-, (les hémorrhoïdes ont disparu spontanément en même temps que la consti¬ pation) la santé de Mine P. . . est bonne et elle n’a jamais été obligée de quitter son travail. (31 juillet 1884.) Dr J. Pelletan. Le gérant : E. PROUT. Huitième année. N° 11 Novembre 1884. JOURNAL DE 4* MICROGRAPHIE SOMMAIRE I * 0 Revue , par le D1 J. PELLETAN. — Notes -mr quelques Infusoires nouveaux, par le Dr A. C. Stores — Les Sarcoptides plumicoles [suite), description d’espèces nouvelles, par le D' E.- L. TrouESSART. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification (suite), par M. N. PATOUfLLARD. — Idées nouvelles sur la fermentation (suite) , . par M. E. CocVRins. — Végétations pélagiques et microscopiques du lac de Genève au printemps de 1884 (fin), par le professeur J. BRUN. — Contribution à l’étude du Bacille du choléra , par le D' VAN ErmengeM. — Sur un nouveau Phylloxéra , par M. J. Lichtenstein. — Laryngoscope électrique et éclairage pour le spéculum, par MM. Corneloup et Cadot. — Notes médicales : Médication ferrugineuse par les eaux de Fougues, par le D1' J. PELLETAN. — Avis divers. - ‘«XX-’ - REVU E. L’invasion de l’épidémie cholérique à Paris, où elle a tué douze cents personnes en vingt jours, sur une population évaluée à plus de deux millions d’hommes , a donné une nouvelle impulsion aux recherches dont le Kommabacille de M. R. Koch est l’objet depuis quelques mois. Il n’est pas possible d’ouvrir un journal médical sans y trouver la question du Kommabacille discutée, fouillée , retournée , « agitée en cent façons ». Pour nous c’est absolument fatigant, parce qu’au point de vue médical, c’est absolument stérile. On comprend que nous ne pouvons pas, dans cette Revue, faire l’ana¬ lyse de tous ces travaux ; nous nous bornerons à citer les principaux et leurs conclusions, — mais nous publions in extenso , un assez long mémoire de notre distingué confrère de Bruxelles, le docteur Van Ermengem qui a fait une bonne étude du Kommabacille dans le but de le 560 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. différencier d’autres bacilles en forme de virgule, plus ou moins récem¬ ment découverts. C’est ainsi que M. T. -R. Lewis, dont nous avons, il y a quelques années, analysé les travaux sur les parasites du sang, a trouvé (1) dernièrement, dans la salive de l’homme en santé et dans le tartre des dents, un Bacille qui a la forme courbe du Konnnabacille de Koch; si c’était le même organisme cela enlèverait à ce dernier beaucoup de l'importance qu’on lui prête. Aussi, les bactériologues se sont mis à la besogne et il paraît que les Bacilles de la salive sont un peu plus gros, un peu moins obtus aux extrémités ou un peu plus renflés au centre que les Kommabacilles du choléra. Ils ont plus la forme en croissant de lune que ces derniers qui ont sensiblement la même épaisseur partout , comme une saucisse un peu arquée. D’autre part, MM. Finkler et Prior ont communiqué récemment à l’assemblée des naturalistes de Magdebourg un travail sur un Konuna- bacille trouvé par eux dans les déjections de malades atteints, non pas de choléra asiatique, mais de choléra nostras. Pour eux, c'est le Bacille cholérigene de Koch. Ils ont envoyé au professeur de Berlin, une de leurs préparations, et celui-ci, après examen, a reconnu que ces Bacilles ne végètent pas dans les cultures de la même manière que le Kommabacille spécifique. M. R. Koch se livre dans la Meclinische Wochenschrift à une longue discussion sur ce sujet et il conclut en ces termes : « Le résultat de ces nombreuses recherches, ainsi que les tentatives infructueuses d'autres observateurs qui s’imaginent trouver ailleurs et en dehors des sujets cholériques des bactéries semblables au bacille du choléra, et dont les conséquences se sont évanouies, confirment tout ce que j’ai dit antérieurement sur le rapport qui existe entre le Bacille cholérique et le choléra. » « Les Bacilles en virgule sont des bactéries spécifiques appartenant exclusivement au choléra asiatique. » Le professeur R. Koch s’élève aussi dans cet article et, avec raison, contre un grand nombre de médecins — ou même de simples enthou¬ siastes des doctrines parasitaires — qui, sans avoir les connaissances nécessaires, se lancent dans la recherche des microbes ; naturellement, ils en trouvent, prenant des bouts de fil pour des bacilles, et ils édifient sur leur découverte des théories que parfois les gouvernements sou¬ tiennent et sur lesquelles les académiciens s’emballent. A propos des préparations qui lui ont été adressées comme contenant des bacilles virgule, M. Koch écrit : «ni moi ni d'autres micrographes, nous n’avons pu y trouver la moindre trace d’un petit rien du tout pouvant être pris pour un bacille ». 1) The Lancet, de Londres, 20 sept 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 561 Ce qui prouve qu’il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Corinthe et qu'il faut toujours se garder de prendre des vessies pour des lan¬ ternes. A la Société de Biologie, c’est du microbe de la fièvre jaune qu’il a été question. Nous avons déjà dit que le docteur Domingos Freire, de Rio de Janeiro, a annoncé avoir découvert, dans le sang et dans les vomissements des malades atteints de fièvre jaune, un micrococcus qu’il considère comme spécifique, le Micrococcus xanthogenius . Cet organisme , cultivé dans du bouillon de veau, inoculé à des cobayes, détermine rapidement la mort. Mais cultivé suivant des pro¬ cédés particuliers qui ne sont pas indiqués, il s’atténue, et les inocula¬ tions de ces cultures ne communiquent plus aux animaux qu’une maladie bénigne. L’Empereur du Brésil, frappé de ces résultats, a ordonné que des inoculations, jugées par lui préventives, fussent faites sur l’homme. Et 500 ouvriers, dit-on, ont été ainsi inoculés. Il n’en est résulté aucun accident sérieux et les inoculés n’ont point contracté la maladie depuis l’opération, sauf cinq, qui sont morts, parce que, à ce qu’il paraît, ils avaient été inoculés à la lancette et non à la seringue de Pravaz. Tels sont les résultats que M. Rebourgeon est venu confirmer devant la Société de Biologie, en assurant que les personnes inoculées ont acquis l’immunité et qu’il n’y a plus qu’à savoir pour combien de temps. Pour nous, tout cela n’est malheureusement pas bien concluant. Nous ne voulons pas dire que M. Domingos Freire n’a pas découvert le microbe de la fièvre jaune, par la raison que nous n’en savons rien du tout, mais on l’a déjà découvert tant de fois, et les chercheurs sont souvent arrivés à des résultats si étonnants, que nous n’osons plus y croire. Et, d’ailleurs, voici ce qu’en dit M. Gornil : « Les dessins qui ont été envoyés par M. Freire à l’appui de sa découverte ne sont pas démonstratifs : on y voit représentés, au lieu des microbes, des brins de charpie, des filaments de coton, etc. D’autre part, il est difficile d’admettre que la fièvre jaune soit due à un cryptogame, ce serait en contradiction avec tout ce que nous avons vu jusqu’ici. Pour entraîner la conviction, il faudrait nous apporter des préparations de ce microbe et des lésions trouvées dans les organes ». Et M. Rebourgeon reconnaît que les dessins envoyés par M. Freire « n’ont aucune valeur », mais comme il va retourner au Brésil, il en rapportera “des cultures et du vaccin. Parfaitement ! Mais il faut être animé d’une foi près de laquelle celle du charbonnier n’est que de la gnognotte pour s’écrier, comme l'a fait M". Bouley, après cette discussion : 562 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. « Quelle que soit la nature du microbe de la fièvre jaune, il n’en reste pas moins acquis au débat un fait de la plus haute importance, puisque des centaines de personnes ont pu être préservées d’une maladie terrible par la découverte d’un nouveau vaccin. » Mais non ! rien du tout n’est acquis au débat , sauf ce résultat mé¬ diocre que 495 personnes sur 500 n’ont pas contracté la fièvre jaune. Ça ne prouve pas qu'elles aient été préservées par le vaccin, il y a , bien sûr, à Rio, bien des centaines d’autres personnes qui n’ont pas contracté la fièvre jaune et qui n’étaient pas vaccinées du tout. Le Dr de Lacaille vaccinait aussi et son microbe , « leucocyte amibe » était des bulles d’air, comme celui de M. D. Freire paraît être des brins de coton. — Et son vaccin, à l’en croire , préservait aussi. Supposons que pendant l’épidémie de choléra qui vient de sévir à Paris, un homme soit venu annoncer qu’il avait découvert un vaccin préservateur du choléra ; et supposez encore que tous les Parisiens , badauds, aient été se faire vacciner. L’homme leur aurait fourré un peu d’eau claire sous l’épiderme. 11 n’y aurait certainement pas eu à déplorer de graves accidents , il ne se serait pas produit , à Paris , un seul cas de choléra de plus ou de moins : les 1,236 cholériques qui sont morts , seraient morts sous le prétexte qu’ils avaient été mal vaccinés, mais les 2,299,000 personnes qui n'ont rien eu glorifieraient aujourd'hui le vaccin d’eau claire comme les ayant préservées. Et il y aurait des savants pour chanter qu’il y a là un fait considé¬ rable et que l’immunité est acquise ! Ces savants seraient des gobeurs, — voilà tout. * * * Du reste , il y a , en ce moment , un certain gâchis dans les idées , relativement à la fièvre jaune. Il paraît , toujours d’après M. Domingos Freire , que les micrococcus contenus dans les vomissements seraient renfermés dans une sorte d’enveloppe cellulaire chargée de matière noire, ce qui explique la couleur de ces vomissements. Ges éléments cellulaires seraient très riches en ptomaïnes. Alors, on ne sait plus trop quel est l’élément meurtrier : l'infime mi¬ crocoque , qui ne paraît pas devoir être bien gênant dans un estomac d’homme, ou la ptomaïne ? Est-ce le minuscule microcoque qui produit le redoutable alcaloïde, ou bien nait-il dans les liquides de l’estomac altérés, quasi putréfiés et dans lesquels s’est développée d'abord cette ptomaïne, comme la septine dans la putréfaction ordinaire ? Enfin, il y a un médecin qui, dans la Revue scientifique d’un grand Journal, prend les cellules à microcoques, elles-mêmes, pour les ptomaïnes. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 563 Il est vraf que dans le champ de la médecine et de la physiologie , les découvertes continuent à être surprenantes. Un médecin a décou¬ vert que le rectum est incapable de digérer et qu’il ne peut qu’absorber les matières digérées ; un autre a trouvé que les sels calcaires sont tout à fait inutiles à l’économie animale, — précisément après que M. Dusart, dans un excellent travail, à la suite d’expériences irréfu¬ tables , a eu démontré que le phosphate de chaux est indispensable à la vie des cellules et à la constitution des tissus animaux. Mais, il est des gens qui veulent toujours parler, même quand ils n’ont rien à dire. Enfin, dans ce même journal politique dont nous avons déjà parlé , un rédacteur, — nous ne savons trop pourquoi, — a pris à partie M. R. Koch qui , dit -il , a eu « l'outrecuidance » de venir à Marseille donner insolemment des instructions aux autorités, aux médecins, etc., et qu’on a décoré pour avoir découvert un bacille qui n’est pas le bacille du choléra, etc. Nous avons, une fois déjà, relevé cette bêtise. M. R. Koch n’a eu à faire preuve ni d'insolence ni d’outrecuidance : il est venu étudier le choléra de Marseille , par pur intérêt scientifique , comme il avait été étudier le choléra d'Égypte , comme il était allé étudier le choléra de l’Inde, — pendant que M. Pasteur, le cher pensionné de la République Française, vers qui tous les yeux se tournaient, travaillait à Paris à obtenir du gouvernement encore de l’argent et un château , puis s’en allait se faire apothéoser en Danemarck. M. R. Koch s’est alors trouvé le seul homme de science en état de donner aux populations et aux municipalités affolées des conseils autorisés, et l’immense encou¬ ragement de sa seule présence ; lui, qui avait été affronter de gaîté de cœur l’épidémie d’Alexandrie , braver celle du Gange , et qui s’en ve¬ nait encore à Marseille , tranquillement , comme un homme qui sait ce que c’est, semblait dire aux gens frappés d’épouvante : « rassurez -vous donc, j’en ai vu bien d’autres et me voilà ! — Faites comme moi: n’ayez pas peur ! » C’est pour cela qu’on l’a décoré, et, nous le répétons, on a bien fait, et non pas pour son bacille comme le dit encore une fois le bête d’ar¬ ticle dont nous parlons. Le plus joli de la chose, c’est que le rédacteur dudit article part de là pour se livrer à un éreintement en règle du Bacille-virgule , qui , dit il, n’est pas le microbe spécifique du choléra. (Parbleu ! ce n’est pas M. Pasteur qui l’a découvert ! Ah ! si c’était M. Pasteur, ce serait le vrai microbe, le seul microbe !) Et puis, le rédacteur continue sur ce ton, affirmant que le Bacille- 564 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. virgule n’est pas la cause , mais un effet du choléra — qu*il nait dans l’intestin désorganisé par la maladie, etc., etc. Et sans s’en aperce¬ voir, il démolit avec entrain la théorie parasitaire. Gela n’est certes pas pour nous déplaire , à nous qui ne croyons pas plus à la théorie parasitaire quand elle vient de M. Koch que quand elle vient de M. Pasteur. Mais nous ne pouvons nous empêcher de trouver très amusant cet éreintement inattendu de toutes les idées pastoriennes parce que l’étiquette en a été un moment changée. — Voilà ce que c’est que de s’asseoir sur un sac sans avoir d’abord regardé ce qu’il y a dedans ! Nous non plus, nous ne croyons pas, et nous l’avons déjà trop répété, que le Kommabacille, — celui-là ou tout autre, — soit la cause spécifique du choléra. M. le Dr Bochefontaine le croit encore bien moins que nous, et il l’a prouvé récemment par la courageuse expérience qu’il a faite sur lui- même et que tout le monde connaît sans doute maintenant : Le 8 novembre dernier, le Dr Bochefontaine, chef du laboratoire de pathologie expérimentale à la Faculté de Médecine de Paris, a fait l’effrayante expérience que voici : Lue femme, d’environ 35 ans, était morte dans le service du prof. Vulpian avec tous les symptômes d’un accès de choléra foudroyant. Il y avait eu crampes , algidité, vomissements , diarrhée, etc. M. Boche- fontaine a pris 5 centimètres cubes du liquide de la diarrhée et les a avalés sous forme de pilules préparées avec de la gomme arabique et de la poudre de lycopode. Le liquide ingéré contenait un nombre prodigieux de vibrioniens de toute espèce , parmi lesquels dominaient des bactériens très courts , tourbillonnants sous la lamelle du microscope avec une rapidité telle qu’il était difficile de les suivre de l’œil. Au milieu de cette foule de micro-organismes , on reconnaissait parfaitement des bacilles en vir¬ gule et en accent circonflexe. Aussitôt après l’ingestion, M. Bochefontaine but , en plusieurs fois , un grand verre d’eau ordinaire. Deux heures et demie après, il ressen¬ tit un peu de fièvre avec chaleur à la peau et accélération du pouls (100 à 120 pulsations par minute au lieu de 70, état normal). Quatre heures plus tard, nausées, dysurie, convulsions dans les membres infé¬ rieurs. Inappétence et constipation pendant 24 heures. Puis , tout rentra dans l’ordre et M. Bochefontaine se porte fort bien. Ce même liquide, dont 1/4 de centimètre cube injecté sous la peau des cobayes les tue en quelques heures, conservé au laboratoire, a été examiné de nouveau à plusieurs reprises. Cinq jours après avoir été JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 565 recueilli, il contenait une quantité encore plus considérable de bacté¬ ries plus grosses, pour la plupart immobiles et des Bacilles en virgule beaucoup plus nombreux et très faciles à voir. Ce qui démontre que l’ingestion des matières des selles cholériques avec tous leurs bacilles, komma-bacilles et autres, dans l'estomac, peut occasionner quelques troubles et quelques nausées , — et cela arrive¬ rait à moins , — mais ne donne pas le choléra. Voilà, certes, une expérience aussi courageuse que probante et dont on doit savoir un grand gré à M. Bochefontaine. Et pour nous, nous l’en félicitons de tout notre cœur. Mais les Parisiens , qui rient de tout , même des choses les plus re¬ doutables, ont trouvé tout de suite une manière à eux de populariser le nom de M. Bochefontaine, cet homme convaincu qui venait ainsi, en pleine épidémie, les rassurer d’une si transcendante façon. Déjà, il y a quelques mois, alors que M. Pasteur s’obstinait à ne pas aller à Toulon , où tout l’appelait , une caricature avait paru , — et les parisiens en ont bien ri , — « blaguant » l’extrême circonspection du célèbre châtelain de Villeneuve-rÉtang. Aussitôt que T expérience des fameuses pilules a été connue, une autre caricature a été lancée , et si l’on en a bien ri aussi , certainement M. Bochefontaine a dû en rire plus que tout le monde. Elle représente ce « médecin épatant » accroupi le long d’un mur, culottes bas , et ingérant, par en haut , un notable... cas, tout fumant, tandis qu’il rend, par en bas ,.*. . un bouquet de violettes. Et vous croyez que cette caricature naturaliste qui célébrait, d’une façon aussi drôle que malpropre, l’heureuse témérité de M. Bochefon¬ taine, — vous croyez que cette caricature n’a servi à rien? — Détrom¬ pez-vous ; — voici ce que nous avons entendu dire à un ouvrier qui se tenait les côtes devant l’image coloriée : « — Ah ! mince, alors, si l’on peut manger de la m — de cholérique sans en crever, nous n’avons plus besoin d’avoir peur. » Et voilà comment M. Bochefontaine, — en dehors de la portée scientifique de son expérience, — a rendu un grand service, et com¬ ment, popularisé par la caricature , ii a bien plus sûrement « rassuré les populations » que tous les. comités d’hygiène , conseils de salubrité et autres Commissions officielles que vous savez. Et maintenant, après avoir demandé pardon à nos lecteurs de cette excursion dans le domaine de M. Zola , nous aurions encore à parler de diverses théories du choléra, (car il en pousse plusieurs par minute), — et notamment de celle du D1 Maurin, qui attribue la maladie à un 566 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Micrococcus, et celle du prof. Hallier, d’Iéna, qui attribue le choléra asiatique aux spores de VUrocystis oryzœ , champignon du riz, le cho¬ léra nostras à celle du Tilletia caries, du blé, et la cholérine au Péni¬ cillium crustaceum. — Malheureusement , l’espace nous manque , et nous n’avons que juste assez de place pour dire combien nous sommes heureux de voir l’activité des chercheurs qui s'inspirent de la théorie microbienne ou parasitaire. Cette doctrine est certainement très utile et rend de très grands services , sous ce point de vue qu'elle est un excellent moyen de travail. Elle a produit et elle produira encore beaucoup de recherches , elle a fait dire et elle fera dire encore beau¬ coup de bêtises. Mais elle a créé une branche tout entière de la biolo¬ gie : toute cette histoire des micro-organismes , leurs modes divers de développement et de végétation dans les différents milieux, particu¬ lièrement sur les sols solides, sont excessivement intéressants, curieux et instructifs. La théorie microbienne, nous le répétons, a donc été sous ce point de vue, très utile à la sciences des êtres vivants, mais quant à la médecine et à son but sublime, la guérison des malades, elle leur a été jusqu'à présent, et leur sera peut-être encore longtemps, de la plus complète inutilité. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. NOTES SUR QUELQUES PARASITES NOUVEAUX. En procédant à l'examen microscopique du contenu de l'intestin et de l’estomac de jeunes Crapauds « hermites à pieds pointus » (Sca- phiopus Holbrooki ), dont le DrC. C. Abbott étudie lTiistoire naturelle, j’ai observé deux formes, apparemment non décrites, d’infusoires endo- parasites, encombrant tellement le rectum qu'il ne semblait qu’un tube à mince paroi enveloppant une masse demi-solide, contournée, qui, vue sous un objectif faible, rappelait à l'esprit l’idée des ondulations de l’air chauffé ou de la flamme vacillante d’un feu incolore, et à travers laquelle passait çà et là une étincelle jaune. Le rectum des crapauds et des grenouilles est depuis longtemps un terrain fécond pour la recherche des endoparasites , particulièrement des Opalines ; mais, autant que je puis le savoir, on n’a jamais observé que des espèces incolores de ce genre. Dans le cas présent, toutefois , les points jaunes dans la masse vivante ont été reconnus pour des Opalines d’une couleur jaune-citron. La périphérie et , à un moindre JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 567 degré, la partie plus profonde de l’endoplasme, sont colorées, la teinle, qui paraît une coloration et non une agrégation de particules , étant concentrée dans une couche près de la surface cuticulaire, avec une et le sarcode intérieur du corps. L’Infusoire est ovale, épais, mou et flexible , de forme assez modi¬ fiable, prenant à volonté une figure sub-piriforme ou sub-globuleuse. La surface paraît dentée par des stries disposées obliquement et qui portent les cils vibratiles longs et fins qui revêtent l’animal. Epars dans l’endoplasme, sont de nombreux corpuscules réfringents mêlés à de plus gros corps sphériques ayant l’aspect de vacuoles. Les premiers paraissent être des parties de noyau, car on sait que cet élément se brise avec l’âge, en plusieurs parties ou corpuscules qui se dispersent à mesure que l’Infusoire mûrit. Rien autre chose correspondant à un endoplaste n’a été observé, même en employant les réactifs. Il n’y a pas trace de bouche. Les nutriments sont probablement pris aux fluides intestinaux dans lesquels l’animal a l’habitude de vivre. La vésicule contractile manque. Il ne se rencontre pas en nombre très considérable : peut-être une douzaine dans le contenu du rectum. On ne le trouve pas non plus dans tous les cas. Comparé à ses associés les plus nombreux, cepen¬ dant, cet Infusoire jaune est un géant parmi des pygmées et tourne au milieu de la masse avec une insouciance des résultats tout-à-fait en i apport avec sa grosseur. Il mesure de 1/330 à 1/350 de pouce en longueur (1). En raison de sa couleur, on peut l’appeler Opalina flava et la des¬ cription suivante avec l’indication de son habitat, dans le rectum d’un des plus rares de nos Batraciens, suffiront sans doute pour le détermi¬ ner. La figure 54 le représente avec un grossissement d’environ 235 diamètres. Fig. 54. — Opalina (lava, sp. nov, Opalina flava . sp. nov. — Corps ovale, renflé, souvent aussi long que large , ou sub-piriforme, plus gros et arrondi postérieurement ; d’une longueur une Ibis et demie à deux fois plus grande que la largeur ; les contours à droite et à gauche éga¬ lement arrondis; striations delà surface cuticulaire disposées obliquement et portant (1) De 65 à 70 P-. 568 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cle longs et fins cils vibratiles ; nuclei (?) nombreux, petits , épars , sarcode renfer¬ mant plusieurs corpuscules réfringents et de plus gros, sphériques , probablement vacuolaires ; pas de vésicule contractile; parenchyme jaune-citron, d’une couleur plus foncée près de la périphérie ou la teinte est disposée en une couche , la partie centrale du sarcode étant comparativement incolore. — Longueur : 1/330 à 1/350 de pouce (75 à 71 p-). — Habitat: le rectum du Crapaud hermite à pied pointu ( Scaphiopus Ilolbrooki). Les liquides intestinaux paraissaient épaissis par la masse de Bacté¬ ries , Bacilles , Vibrions et Spirilles qui accompagnaient les Opalines , et associés à celles-ci, se trouvait non-seulement le Flagellé non décrit dont il va être question, mais une grosse espèce d’Opaline que j’ai, après quelqu’hésitation , rapportée à YOpalina Ranarum , Park. L’aspect de ces êtres et leur structure sont ceux de l’espèce précé¬ dente, mais leur taille est beaucoup moindre. Ils sont tout-à-fâit actifs. Quand ils se pressaient les uns les autres au-dessous de la surface ou s’efforçaient de monter les uns sur les autres , le champ optique res¬ semblait d’une manière comique à une vaste soupe bouillant furieuse¬ ment avec de grosses boulettes tourbillonnant dedans. Mêlé à cette multitude, se trouvait un Infusoire plus intéressant. Gomme la plupart des endoparasites , il est incolore, très mou et très ffexible. Sa structure est si différente de celle de tous les autres êtres, dans tant de détails, qu’il faut un genre nouveau pour le recevoir. Son habitat semble réduit au rectum. Très rarement, sinon jamais , on le trouve remontant dans l’intestin supérieur. Sa forme est plus ou moins ovoïde, ordinairement s’amincissant en une sorte de pointe vers l’extré¬ mité antérieure, et sa consistance semble à peine plus grande que celle du blanc d’œuf. Les Jrois flagellums vibratiles antérieurs , égalant à peu près la longueur du corps, sont d’une extrême ténuité, leur aspect triple n’apparaissant qu’après l'étude la plus attentive de l’Infusoire affaibli ou sur le point de mourir. Chez l’animal en activité, leur mou¬ vement rapide suggère l’idée de cils , ou quand on peut les voir un moment, ils apparaissent comme un filament unique. Sur toute la longueur de l’un des côtés du corps s’étend une étroite membrane rapidement ondulante que l’on prendrait facilement pour un fiagellum tordu en spirale. Son bord libre paraît épaissi et sa ligne d’insertion sur le corps a l’apparence d’un filament distinct ou d’une arête. Il est certain que cette ligne si tranchée n’est pas un fiagellum, car son adhérence à la surface du corps est invariable. On ne l’a jamais vu se relever ni montrer aucun mouvement indépendant; elle suit toujours les contorsions du corps et garde toujours la même position relative par rapport au bord libre de la membrane ondulante. Il est néanmoins très facile de la confondre avec un long fiagellum filiforme qui sort du bord terminal de la membrane. Cet appendice JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 569 unique dans sa position , ne semble pas avoir de mouvement propre et indépendant , il suit et complète les ondulations du tissu auquel il est attaché , comme dans un fouet la lanière suit l’impulsion du manche. Je suis convaincu qu’il n’a pas d’autre connexion avec le corps proprement dit , bien qu’il soit aussi délicat et aussi difficile d’examiner d’une manière satisfaisante comment sont insérés les trois flagellums antérieurs. Le parenchyme est. ordinairement plus ou moins vacuolaire ; il le devient remarquablement quand l’animal est plongé dans l'eau , les vésicules variant de taille et souvent même changeant rapidement de position. Il n’y a pas de véritable vacuole pulsatile. Le nucléus est assez incertain. Accidentellement un petit disque réfringent, ordinai¬ rement sans structure , rarement granuleux . peut être noté près du milieu d’un des côtés et est peut-être un endoplaste. Tout le long de l’animal, depuis le sommet jusqu’à l’extrémité posté¬ rieure où elle fait une notable saillie , règne une sorte de baguette flexible, un peu courbe, élargie à son origine, puis conservant la même largeur jusqu'à l’extrémité distale, où elle se termine en pointe brusque. Son point de sortie du sarcode est bien marqué, la surface cuticulaire paraissant occasionnellement l’envelopper sur une certaine longueur, comme un fourreau. Quand l’animal est plongé dans l’eau pure, il se raccourcit et devient fusiforme , d’une manière permanente ; alors , cette baguette s’allonge en une saillie plus grande que couvrent sou¬ vent de petites gouttes protoplasmiques. Quelles peuvent être la fonction et la constitution de cet organe immobile et réfringent ? — il est difficile de le savoir. Il n’y a pas d’ouverture orale visible. Très rarement , on reconnaît dans le corps un petit nombre de granules à bords sombres ; mais s’ils sont d’origine extérieure, leur mode de pénétration est inconnu. Bien qu’ils se présentent en profusion, je n’ai observé la reproduclion de ces êtres que dans une seule circonstance. Cela tient probablement à la facilité avec laquelle ils perdent leur santé dans l’eau. Ils sont cependant vivaces , car des individus vivent pendant vingt-quatre heures dans un rectum sur un « life-slide », mais l’eau ne leur convient pas. La multiplication se fait avec une étonnante rapidité. Une goutte de sarcode séparée de l’extrémité postérieure du corps est rapidement suivie par une autre , et toutes deux prennent immédiatement une forme sphérique; puis, presqu’immédiatement , elles se rompent avec une certaine force, rejetant au-dehors un être d’une taille moindre que le quart de celle du parent , ayant une membrane ondulante moins développée, mais lui ressemblant d’autre part. Division, enkystement, rupture et sortie , tout s’est accompli en moins de deux secondes. Je n’ai observé ce fait qu’une fois, ainsi que je l’ai dit, mais avant de le voir j’avais souvent remarqué un acte dont je n’avais pas reconnu la 570 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. signification jusqu’à ce qu’il ait été examiné à la lumière réfléchie du processus complet. J’avais vu qu’une partie de l’extrémité postérieure de l'animalcule se sépare souvent, mais immédiatement subit une désa¬ grégation ou une diffluence: probablement ce phénomène représente un essai de reproduction rendu incomplet par des conditions ambiantes défavorables. Les nombreux jeunes sont beaucoup plus petits que les adultes , d’une forme plus allongée, et plus actifs. La figure 55 représente cet endoparasite à l’état mûr, sous un gros¬ sissement de 1.100 diamètres. Fig. 55. — Exechlyga cicuminata , gen. et sp. nov. Exechlyga (Eçsjjijs saillie; baguette). Gen. nov. — Animalcules nageant librement , mous et flexibles , ovales ; trois flagellums vibratiles, longs, sub-égaux, partant de l’extrémité antérieure; longueur, deux fois et demie à trois fois la largeur; membrane ondulante , développée , le long d’un côté ; organe en forme de baguette immobile traversant toute la longueur de l’animal et se projetant au-delà de l’extré¬ mité postérieure; pas d’ouverture orale: pas de vésicule contractile. — Habitat : endoparasite. Exechlyga acuminata , sp. nov. — Corps ovale , plus large et arrondi à la partie postérieure , aminci et un peu pointu à l’extrémité antérieure ; longueur, deux fois et demie à trois fois la largeur; parenchyme souvent vacuolaire, incolore; flagellums antérieurs au nombre de trois, aussi longs que le corps, sub-égaux et fins; membrane ondulante étroite à bord libre paraissant un peu épaissi et ligne d’insertion ordinai¬ rement très marquée, et se terminant par un filament fin sub-égal à la longueur de l’animalcule; organe en baguette interne, courbe, élargi antérieurement, à extrémité distale formant une saillie en pointe brusque au-delà de l’extrémité postérieure du corps. — Longueur du corps : 1/1000 de pouce (25 ;j.). — Habitat : le rectum du Crapaud hermite à pied pointu ( Scaphiopus Holbrooki). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 57 'l Un autre Infusoire qui vit plus ou moins à la lumière du jour; mais souffre et souvent meurt quand il est forcé de quitter son hôte , se trouve assez fréquemment comme ectoparasite sur un Rotateur qui vit en société, le Megalotrocha. Je l’ai rencontré en grand nombre sur des colonies récoltées dans des localités très éloignées et à de longs intervalles. Cette année, les Rotateurs ont paru particulièrement abon¬ dants et leurs colonies remarquablement luxuriantes. L’Infusoire glisse rapidement à la surface de l'hote, passant souvent d’un individu à l'autre, marchant sur le bord du disque ciliaire, d’où un courant venant d’un Rotateur voisin le balaye parfois dans l’eau ambiante. S'il est emporté assez loin par l'action des courants pour qu’il ne puisse plus relrouver sa voie derrière les colonies, il commence à montrer d’une manière évidente qu'il n’est plus dans son milieu natal. Sa forme change, il se rende, devient pâle, transparent; ses cils se meuvent irrégulièrement et il meurt bientôt, les sécrétions cuticulaires du Rotateur paraissant nécessaires à son existence. Cet ectoparasite appartient aux IIypotricha de Stein et au genre Cliiloclon d’Ehrenberg. Il diffère du cosmopolite Chilodon cucullulus ( Müll.) Elir. par sa forme et sa taille , par l’absence de l’extrémité antérieure nettement acuminée ou lèvre, par la plus grande courbure de son pharynx , par ie trajet du canal adorai qui, chez le C. cucullu¬ lus , est dirigé en avant et en dehors de l’orifice pharyngien, et parti¬ culièrement par son mode d’existence ectoparasite. La convexité de la surface dorsale varie. Chez quelques individus elle est également arrondie, chez d’autres, notablement aplatie et souvent traversée par des sillons ou canaux irrégulièrement transversaux. La courbure de l'armature pharyngienne est aussi variable. Fig. 56. — Chilodon Megalotrochœ , n. sp. — Vue ventrale. (Gross. 600 diam.) Le même, vue latérale (600 diam.) Quand le parasite passe sur la surface de l'hôte, il n’est pas possible d'observer comment il prend sa nourriture; mais des individus qui ont 572 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. été poussés dans l’eau et rejetés en arrière par le remous du courant , se sont acidentellement fixés sur le couvre-objet , dans une position telle que ce processus est visible. Quand ils prennent leur nourriture sur le côté d’un Rotateur ou sur le sommet rétracté et arrondi , l’ex¬ trémité antérieure se rétrécit beaucoup et s’allonge, pendant que le pharynx est projeté au dehors et étroitement appliqué à la surface sur laquelle l’animal est placé. La reproduction se fait par division transversale et par division longitudinale. La figure 56 représente la vue ventrale et la vue latérale, sous un grossissement de 600 diamètres. On peut convena¬ blement désigner cette espèce par le nom de son hôte et l’appeler Chiloclon Megalotrochœ. Chilodon Megalotrochœ , sp. nov. — Corps mou , flexible, ovale , d’une longueur peu dirigée vers la gauche ; surface dorsale convexe , nue ; surface ventrale plate , finement striée et entièrement garnie de cils vibratiles courts , ceux de l’extrémité antérieure un peu plus marqués; sillon adorai court, dirigé en arrière et en dehors de l’orifice pharyngien, avec des cils qui, sous un grossissement insuffisant, présentent l’aspect d’une seule soie saillante ; nucléus ovalaire, granuleux, placé au milieu de la moitié postérieure du corps ; armature pharyngienne plus ou moins incurvée; vésicules contractiles nombreuses , éparses. — Longueur du corps 1/400 à 1/350 de pouce (62 p-, 5 à 71 p-,5). — Habitat : ectoparasite sur le Rotateur social Meglao- trocha (1). Dr A. C. Stores. LES SARCOPTIDES PLUMICOLES Révision du groupe des Analgesinœ, et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. (Suite) (2) Pterolichus ( Pscmlalloptes ) gmis, n. sp. D’un roux assez foncé, plus allongé que le précédent, le sillon thoracique placé très en avant , immédiatement après les pattes de la 2(' paire ; un poil court en arrière de ce sillon et deux autres assez grêles en avant de la 3^ paire de pattes; épinières antérieures confluentes. Néphridies très développées. Pattes postérieures atteignant ou dépassant l’abdomen au plus de la longueur de Pambulacre. Plaque notogastrique criblée de trous. (1) Amer. Nat. (2) Voir Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 92, 150, 211, 257, 331, 380, 428, 527. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 573 Mâle à abdomen bilobé, plus allongé que dans l’espèce précédente, chaque lobe portant 4 poils dont l'interne et l'externe très courts en forme de piquants mousses; les deux intermédiaires longs et normaux. Organe génital petit , en forme de cône arrondi . Femelle, plus grande que le mâle, à abdomen arrondi, un peu conique, sans trace d'échancrure postérieure, portant 4 paires de poils, les deux postérieures très lon¬ gues, les deux autres très petites et très grêles, insérées un peu obliquement sur les flancs. Vulve en V renversé, a lèvres renforcées par une paire d’épimérites en S, sans sternite. Plaque notogastrique avec une échancrure elliptique au-dessus de l’anus, et une très petite paire de poils de chaque côté (ce qui porte à 5 paires le chiffre des poils de l’extrémité de l’abdomen). Dimensions : Mâle, long., 0mm 33 ; larg., 0mm 17. Femelle, long., 0 48; larg., 0 20. Habitat. — Sur la Grue d’Europe ( Grus cinerea). aBteroliclius (Pseudalloptes ) aquilïnus, n. sp. D’un roux clair, de forme losangique , avec l’abdomen atténué en arrière ; un poil très court au sillon thoracique , deux autres , un court et un long-, eu avant de la 3° paire de pattes ; épimères antérieures en forme de V; népliridies bien développées. Pattes postérieures dépassant l’abdomen, surtout chez la femelle. Mâle à abdomen profondément échancré en ogive, les bords de l’échancrure amin¬ cis et transparents, formant deux lobes arrondis, un peu tronqués en dehors, et dont chacun porte 4 poils, l’interne et l'externe courts et en alêne, les deux intermé¬ diaires longs et normaux. Pattes de la 4e paire deux fois plus grosses que celles de la 3e. Organe génital en cône court et arrondi, surmontant un cadre en forme de profil de cloche. Femelle, plus grande que le mâle, à abdomen conique, l’extrémité qui porte les poils formant un cône plus petit , articulé en arrière de l'anus ; ce cône terminal porte 3 paires de poils, dont l'externe petit et grêle, les deux autres longs et forts, et de plus un petit tubercule conique médian. Vulve en Y renversé, surmontée d'un sternite en arc. Pattes postérieures dépassant l’articulation de l’abdomen, celles de la 4e paire des deux derniers articles, celles de la 3e au moins de la longueur de l'arnbu- lacre. Plaque notogastrique largement échancréeen arrière, ne recouvrant pas le cône terminal, mais renforcée sur les flancs en avant de l’articulation de l’abdomen. Dimensions : Mâle, long., 0",m 35 ; large 0inm 18. Femelle, long., 0 50; larg., 0 22. Habitat. — Sur les Aigles (Aquila fulva , A. nœvia , Haliœtus leucoceplialus , etc.), d’Europe et de l’Amérique du Nord. Var. a. B*teroIictaus i Psciid.) aquïlïnu* var. milvulinu* n. vcir. Semblable au type, mais le 1er poil court, qui précède la 3e paire de pattes, rem¬ placé par un piquant. Le mâle ayant les lobes abdominaux confluents et prolongés en arrière en deux disques transparents et incolores, à bord libre arrondi. Habitat. — Sur le Milan ( Milvus regalis), d’Europe, et sur l'Ha- liastur indus , var. girrenera, d’Australie et de la Nouvelle-Guinée. 2 574 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les individus qui vivent sur cette dernière espèce sont plus petits que le type. Pterolichus ( l'seudalloptes ) tennis , n. sp. Semblable au précédent mais plus petit et plus grêle, d’un roux pâle , un poil court et grêle en arrière du sillon thoracique ; un piquant et un poil grêle en avant de la 3e paire des pattes, comme dans la Variété milvulinus. Mâle à abdomen rétréci en arrière, à.partir du piquant, allongé et fortement bilobé, sans disques transparents, avec 4 poils, dont les deux intermédiaires très-longs, à l’extrémité de chaque lobe . — Femelle en ovale très allongé, plus grande que le mâle, à l’abdomen entier, un peu conique ; du reste semblable au précédent. Dimensions : Mâle, long., 0mm 20 ; larg., 0mm 08. Femelle, long., 0 30 ; larg., 0 10. Habitat. — Sur le Perroquet amazone ( Amazona menstrua ) . de l’Amérique tropicale (Equateur). Pterolichus Pseudalloptes ) calcaratus . n. sp. Plus grand et plus allongé que les précédents , d’un roux clair, avec les plaques de renforcement plus foncées ; un fort piquant , dirigé en dedans , au 3e arlicle de la 11C paire de pattes ; un fort piquant , dirigé en arrière , sur les flancs, après le sillon thoracique , puis un piquant court et un poil long et fort , presque superposés , en avant de la 3e paire de pattes. Epimères anté¬ rieures affrontées mais libres. Pattes postérieures dépassant l’abdomen. Mâle à abdomen fortement rétréci en arrière de la 4e paire de pattes, se prolon¬ geant en deux lobes allongés avec une échancrure profonde entre les deux ; chacun de ces lobes porte à son extrémité cinq poils, savoir : un poil court dirigé oblique¬ ment en dedans ; un poil plus long, à l'extrémité du lobe, dirigé en arrière, un poil long et fort et un poil court presque superposés, dirigés obliquement en dehors; enfin un piquant long et très fort dirigé transversalement en dehors. Pattes de la 4e paire doubles, en diamètre, de celles de la 3e et terminées par un éperon conique à deux tubercules. Organe génital petit, en arc ogival, au niveau du bord antérieur de la 4e paire de pattes. Femelle à abdomen entier, non rétréci en arrière, légèrement échancré en arrière de l’anus, avec un petit tubercule conique et incolore au milieu de cette échancrure, portant de chaque côté cinq poils, savoir : un fort piquant croisé obliquement en dedans avec son congénère ; deux poils allongés et forts dirigés en arrière ; enfin deux forts piquants dirigés obliquement en dehors, en remontant sur les flancs. Vulve en Y renversé, surmontée d’un sternite en arc. Cette espèce varie beaucoup sous le rapport de la taille, des appendices de l'ab¬ domen, et de l’éperon plus ou moins rapproché de l’ambulacre. Dimensions ; Mâle, long., 0mm33 à 43; larg., 0mm12 à 17. Femelle, long., 0 40 à 50; larg., 0 15 à 18. Habitat. — Sur la plupart des Calaos (Bucerotidœ) , notamment sur Buceros bicornis de Cochinchine (variété major), et sur Buccros rhinocéros. Cranorhinus corrugatus , etc. de la Malaisie (variété minor). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 575 Fig. 57. — Protolichus brachiatus , Trt. u, mâle; — &, femelle; — c, extrémité du tarse et ambulacre du mâle. (gross. 65 diam.) b. Espèces dont l'abdomen est aminci en arrière , èchancrè et terminé par des lames transparentes comme dans la Section F du g. Pterolichus ( Pseudalloptes cultrigeri). Ptcrolicliiis ( iNcndallopUvs J trîtivcntris, n. Sp. D’un roux foncé avec les néphridies très développées et formant deux taches d’un brun foncé de chaque côté de l’abdomen ; un piquant très court et un poil grê'.e presque superposés sur les flancs , en avant de la 3° paire de^ pattes; pattes postérieures plus courtes que l’abdomen ; les deux paires antérieures plu3 longues et plus développées , surtout chez le mâle. Epimères antérieures en Y. Mâle de forme presque quadrilatère, peu allongé, à flancs subparallèles, à abdo¬ men un peu rétréci en amère de la 4e paire de pattes, puis élargi, aminci et comme 576 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. écrasé , formant deux lobes qui se terminent en lame transparente , à extrémité arrondie, portant chacun trois poils, dont le médian est le plus développé, très rap¬ prochés l’un de l’autre, et insérés sur le tiers externe de chaque lobe, un peu obli¬ quement en dehors. Ventouses copulatrices au niveau du fond de l’échancrure abdo¬ minale ; organe génital court et en crosse, entre les pattes de la 3e paire ; celles de la 4e d’un tiers plus fortes, coniques, d’un brun plus foncé que les précédentes, termi¬ nées en dedans par un petit ongle en forme d’éperon. Femelle plus grande et plus allongée que le mâle, à abdomen terminé par un cône court qui semble articulé ou surajouté à l'extrémité de celui-ci ; ce cône fortement échancré en arrière, l’échancrure presque carrée, séparant deux petits cônes secon¬ daires qui portent un long poil à leur extrémité et un second poil vers le milieu de leur bord exierne. Vulve en V renversé, à lèvres soutenues par de larges épi mérites, et surmonté d’un sternite fortement arqué. Dimensions: Mâle, long ., 0mm 35 ; larg ., 0mm12. Femelle, long ., 0 55; larg., 0 15. Habitat. — Sur les Aras (Arara canga, A. chtoroptera) , et les grandes Perruches (Conurus cruentatus ) de l’Amérique méridionale. Une variété plus pâle, plus allongée et plus grêle , à éperon nul ou peu développé chez le mâle , se rencontre sur les mêmes oiseaux avec le type. Par la forme de l’abdomen du mâle, cetle espèce forme la tran¬ sition entre les deux groupes a et b , tandis que la forme de l’abdomen de la femelle la rapproche du Ft. aquilinus , qui par sa variété milvulinus est également intermédiaire entre les deux. Pterolichus ( i*semlalloptcs ) forflcîventrïs , n. sp. Semblable au précédent , mais en différant par les lames incolores qui terminent l’abdomen du mâle. Epimères antérieures en V très ouvert. Mâle à abdomen conformé comme dans le Ps. tritiventris mais beaucoup plus profondément échancré et se terminant de chaque côté par deux lames minces et transparentes, recourbées l’une vers l’autre en forme de crosse (comme dans les Ps. cultriventris et Ps. securiventris) , de telle sorte que l’échancrure abdominale est en cœur renversé. Trois poils de chaque côté, en dehors du lobe, dont le plus interne est le plus long, l’externe en forme de piquant assez grêle. Pas d’éperon au tarse de la 4e paire. Organe génital surmonté d’un pénis en crosse, muni, près de son sommet, de deux piquants latéraux en forme d’oreilles. Du reste semblable au pré¬ cédent. Femelle plus allongée que le mâle, à abdomen échancré comme dans l'espèce pré¬ cédente, mais avec l’articulation du cône terminal moins marquée que dans l'espèce précédente, et l’échancrure triangulaire. Plaque notogastrique trouée au-dessus de l’anus. Cette espèce n’est peut-être qu’une variété de la précédente, mais nous ne con¬ naissons pas les variétés intermédiaires. Dimensions: Mâle, long., 0mm33, larg., 0mm13. Femelle, long , 0 45; larg., 0 13. Habitat. — Sur le Perroquet à ventre blanc ( Caïca leucogastra ). de la Guyane et du Brésil. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 577 Pterolichus ( rseudalloptes ) spathuliger, n. sp. D’un roux pâle , ovale, avec un poil court sur les flancs en arrière du sillon thoracique, un piquant et un poil long en avant de la 3e paire de pattes; épinières antérieures en Y ; pattes postérieures dépassant l’extrémité de l’abdomen. Mâle à abdomen rétréci en arrière, légèrement échancré et bilobé, chaque lobe étant terminé par une petite lame transparente en forme de spatule présentant trois ou quatre plis gaufrés sur son disque ; trois poils, deux longs et un court en dehors de cette lame. Organe génital, petit, court, entre les pattes de la 4e paire, qui sont doubles en diamètre de celles de la 3e, et portent un tubercule en forme d’éperon au tarse. Femelle plus grande que le mâle , à abdomen entier, un peu conique terminé par deux paires de poils longs ; vulve en Y renversé à lèvres soutenues par des épimé- rites en S, et surmontée d’un sternite fortement arqué. Dimensions ; Mâle, long., 0mm 38 ; larg., 0mm 13. Femelle, long., 0 50; larg., 0 17. Habitat. — Sur le Cacatoès noir ( Calyptorhynchus macrorhyn- chus ) , d’Australie. Ptcrolichus Pseudalloptes ) lohiger, n. sp. Semblable au précédent mais plus petit et plus court, les pattes postérieures atteignant à peine l’extrémité de l’abdomen. Mâle semblable au précédent mais l’échancrure abdominale plus large, en plein ceintre, les lames transparentes plus écartées, non gaufrées, en forme de couteau arrondi. Orga,ne génital en forme de cadre ovale avec un pénis gros et cylindrique, rabattu sous le ventre. Éperon de la 4e paire de pattes très petit. — Femelle sem¬ blable à celle du précédent mais plus petite. Dimensions Mâle, long., 0mm28, larg., 0mm10. Femelle, long., 0 35; larg., 0 12. Habitat. — Sur le Lori ( Lorius domicella ) des Moluques. Pterolichus ( Pscudalloptcs ) ciiltrivcntris , n. sp. Mâle semblable au précédent (dont il n’est peut-être qu’une variété), mais les lames transparentes recourbées en dedans et dirigées obliquement l'une vers l'autre. Pénis recourbé en crosse. Ventouses copulatrices à base ctoilée. Pas d’éperon au tarse de la 4e paire de pattes : celles de la 3e presque égales à celles de la 4e. Dimensions : Mâle, long., 0,nm 30 ; larg., 0mm 10. Habitat. — Sur le petit Trichoglosse ( Nanodes australis) d'Aus¬ tralie. Pterolichus ( pseudalloptes ) sccuriventris, n. sp. Mâle semblable au précédent (dont il n’est peut-être qu’une variété) mais les lames transparentes à disque plus large et rappelant celles de l’espèce suivante et surtout 5Z.8 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. celles de Pteroliclius securiger, c’est-à-dire en forme de couperet et un peu echan- crées en dehors; un poil long inséré au fond de cette échancrure; un autre un peu plus en avant sur les flancs. Epimères antérieures libres. Organe génital court, sur¬ monté d'mti pénis assez grêle. Pattes postérieures sans éperon, atteignant l’extrémité de l’abdomen. Femelle inconnue. Dimensions , : celles de l’espèce précédente. Habitat . — Sur le Coryphilus taïtianus de Tahiti , avec le Ps. emargiventris. Pterolichus ( Psendalloptes ) emargiventris , n. sp. Semblable au précédent , mais plus allongé et d’un roux plus foncé ; épinières antérieures libres. Mâle ayant l'échancrure abdominale très large , très profonde et presque carrée , avec deux lobes quadrilatères dont la moitié interne se prolonge sous forme de lame transparente, cultriforme et arrondie , avec un petit poil recourbé à son extrémité ; la moitié externe de chaque lobe, séparée de l’autre par une petite échancrure, porte trois poils , savoir : un poil long et grêle inséré au fond de la petite échancrure , un poil long et très fort plus en dehors, enfin, un poil grêle et plus court sur l'angle externe qui est arrondi. Pénis très long, gros et cylindrique, rabattu sous le ventre. Un crochet terminal au tarse de la 4e paire. Femelle plus allongée que le mâle , avec l’abdomen entier, légèrement échancré en arrière de l’anus; du reste semblable à celle des deux précédents. Dimensions: Mâle, long., 0mm 27 ; larg., 0mm 08 Femelle, long., 0 35; larg., 0 10. Habitat. — Sur le Psittacula ( Coryphilus taïtianus) de Taliili (îles de la Société). Pterolichus ( Pscudulloplcs ) delihati veuf ris , n. sp. Mâle semblable au précédent , mais sans lames cultriformes, l’échancrure abdo¬ minale triangulaire à bordure mince et transparente, le piquant des flancs très gros, les ventouses copulatrices cratériformes et à base fortement étoilée, le pénis cylindrique, gros et court. Un éperon au tarse des pattes de la 4e paire, qui dépas¬ sent un peu l’extrémité de l’abdomen. Femelle inconnue. Dimensions : Mâle , long., 0mm 28; larg., 0m,n 08. Habitat. — Sur le Lorius domicella des Mol uques. Pterolichus ( Pscudalloptes ) discifer, n. sp. Plus grand que les précédents , d’un roux clair, avec les épinières et les plaques de renforcement d’un roux foncé ; épimères antérieures libres ; un poil grêle, puis un piquant et un poil grêle sur les flancs. Mâle à abdomen rétréci et profondément bilobé, chaque lobe se prolongeant en un disque transparent et incolore, semblable à ceux du Pterolichus securiger, mais sans échancrure sur le bord externe, arrondi à son extrémité et fortement échancré en dedans, en forme de crosse , se croisant avec son congénère de manière à cir¬ conscrire , en arrière de l'anus , une échancrure ovale. Quatre poils en dehors de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 579 l’insertion du disque, deux moyens , un très long et un très court, très rapprochés l’un de l’autre. Organe génital en crosse. Ventouses copulatrices à base étoilée. Pattes postérieures plus courtes que l'abdomen, terminées par un tubercule en forme d’ongle. Femelle à abdomen entier, portant de chaque côté de l’anus , un poil court et grêle, deux poils longs et forts, et un petit piquant grêle en dehors. Pattes de la 4 e paire dépassant l’abdomen de la longueur du tarse, munies d 'un tubercule épineux sur le bord interne de leur second article. Vulve en V renversé, surmonté d’un sternite en arc. Dimensions : Mâle, long., 0mm 37, larg., 0min 18. Femelle, long., >) 40, larg., 0 18. Habitat. — 8ur le Lorius domicella des Moluques , en société avec les Ps. lobiger et Ps. delïbativentris. Dr E. L. Trouessart. [A suivre). DES HYMÉNOMYCÈTES AU point de yue de leur structure et de leur classification (Suite.) (1) Crepidotus. Voile nul. Stipe nul , ou lorsqu’il existe , latéral et confluent avec l’hyménophore. Chapeau excentrique , latéral ou resupiné. Spores ferrugineuses. Cette section répond aux Pleurotes dans les Leucospores. Elle est très voisine de la section Claudopus W. Smith, car les spores de celte dernière passent par leurs teintes aux couleurs ferrugineuses des Crépidotes. Dans quelques cas, les spores sont colorées en brun noi¬ râtre établissant le passage avec les Pratelles. Dans YAg. ( Crepidotus ) palmatus les lames viennent s’attacher à un collarium. Espèces lignicoles Galera. Stipe cartilagineux continu avec un chapeau membraneux , creux. Chapeau à marge d’abord droite et appliquée sur le slipe comiSe dans les Mycena et Nolanea. Lames adnées ou à peine décurrentes par une dent. Voile nul ou fibrilleux et fugace. Spores ocracées ferrugi¬ neuses. ( i ) Voir Journal de Micrographie , T VIII , 1884, p. 33 , 101, 158, 221, 266, 338, 385 436, 471 et 532. 580 JOURNAL DU MICROGRAPHIE. Agarics grêles naissait en automne parmi les mousses, à chapeau conique non déprimé , lisse ou strié sur les bords , atomateux ou hygrophane. Ils répondent aux Mycena et au Nolanea , dont ils ne diffèrent que par la couleur des spores. Ils touchent aux Naucoria , mais ceux-ci ont la marge du chapeau enroulée comme les Collybia et Leptonia. Touchent aux Bolbitius par les lames subliquescentes de quelques hypnophiles.' Naucoria. Stipe cartilagineux , creux ou rempli de moelle , grêle , confluent avec un chapeau membraneux , glabre ou squamuleux. Lames libres ou adnées , non décurrentes. Marge du chapeau d’abord enroulée. Spores brunes ou brique. Voile nul ou fugace, persistant en anneau sur le stipe ou en fibrilles à la marge. Agarics répondant aux Collybia et aux Leptonia , différant des Calera comme les Collybia des Mycena. Les espèces à anneau correspondent aux Pholiota , mais la nature hétérogène du chapeau et du stipe les en distinguent. Espèces terrestres ou épiphytes , grêles. * Gymnoti. Chapeau glabre, spores ferrugineuses. ** Phœoti. Spores brunes ; voile peu apparent, mais existe. *** Lepirloti. Spores ferrugineuses; chapeau floconneux ou squamuleux ; voile manifeste. Tubaria. Stipe cartilagineux , creux , confluent mais hétérogène avec le 'chapeau. Chapeau déprimé, membraneux, à marge d’abord incurvée. Lames décurrentes. Spores ferrugineuses ou rousses. Voile universel floconneux ou nul. Ce groupe correspond aux Omphalia et aux Eccilia. * Genuini. Spores ferrugineuses. ** Phœoti. Spores rousses ferrugineuses. Pratellæ. Série caractérisée par ses spores brun-pourpre , noir-pourpre ou brun-fgncé. La couleur des lames est généralement la même que celle des spores ; avant le développement de celles-ci elles sont blanches , le même fait se produit lorsque les spores sont tombées, en sorte qu’on peut confondre les Pratelles avec les Leucospores. Dans certains cas , les lames restant stériles sont toujours blanches. Ici encore on retrouve des groupes correspondant aux formes que nous avons vues dans les séries précédentes. Les Amanites sont repré- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 581 senlées par des espèces presque toutes exotiques formant le groupe Chitonia Fr., etc. Chitonia. Hyménophore et stipe distincts , primitivement entourés d’un volva libre comme dans les Amanites. Stipe avec ou sans anneau. Lames libi ‘es. Spores roux-pourpre. Une seule espèce Européenne : Ag. Coprinus Fr. Plusieurs espèces exotiques sont connues : Ag. podileus , Bk., Ag. pocleces , Bk., etc., de Ceylan. Psalliota. Correspondants des Lepiota et des Annularia dont ils ne diffèrent que par la feinte pourprée des spores ; cette teinte présente des inter¬ médiaires qui font que quelques espèces oscillent entre les Annularia et les Psalliota véritables. Une coupe pratiquée sur un jeune individu montre que le chapeau et le stipe sont reliés par un voile général non distinct de la substance du chapeau et du stipe ; par le développement, ce voile se déchire autour de la marge du chapeau et la partie qui s’étendait en dessous des lames retombe sur le stipe en forme d’anneau. Ailleurs, ce voile se sépare du stipe et persiste en lambeaux à la marge du chapeau. Stipe distinct du chapeau. Lames libres. Spores ovoïdes , lisses. La chair de quelques espèces [Ag. hemorroïclarius ) change de couleur au contact de l’air. Chapeau lisse, fibrilleux ou squamuleux. Odeur souvent agréable. Espèces terrestres , plus rarement lignicoles. Pilosace. Section formée pour des espèces exotiques correspondantes des Pluleus. Hyménophore distinct du stipe. Lames libres , ni volva , ni anneau . Siropharia. Groupe répondant aux Armillaires et aux Pholiotes. Le stipe est confluent et homogène avec le chapeau. Le Champignon est d’abord enveloppé dans un voile universel fibrilleux ; ce voile se déchire autour de la marge , une partie persiste en fibrilles sur le chapeau ou disparaît; l’autre partie chausse le stipe sur une grande longueur puis devient libre et forme un anneau membraneux ou fibrilleux. Lames plus ou moins adnées, pourpres, rousses ou noirâtres. Chapeau plus ou moins visqueux , lisse ou squameux. Spore rouge-pourpre, brune ou pourpre-noir. Espèces terrestres, souvent fimicoles ou épiphytes. 582 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. * Viscipelles. Chapeau à pellicule lisse ou squameuse, souvent visqueuse. ** Spintrigeri. Chapeau sans pellicule, mais fibrilleux et non visqueux. Hypholoma Répondent aux Tricholoma, Entotoma, Eebcloma et Pœtweolus par le stipe confluent et homogène avec l’hyménophore , par leurs lames adnées ou sinuées. Joignent de très près les Hebeloma par la nature du voile souvent cortiniforme. Yoile persistant en lambeaux ou fibrilles à la marge du chapeau , rarement sur le stipe en portions d’anneau. Chapeau couvert d’une pellicule non séparable, souvent squamuleux, à marge d’abord incurvée Lames adnées ou smuées , pourpres ou ocracées , quelquefois avec arête discolore. Spores pourpres, ovoïdes, lisses, quelquefois presque noires. Le stipe est formé d’hyphes fibreux, à cellules cylindriques; ces hyphes s’épanouissent en chapeau en restant parallèles à la périphérie et en formant un lasci au centre. La trame des lames provient d’une simple incurvation des hyphes de la face inférieure du chapeau , qui eux proviennent directement de la périphérie du stipe. Espèces souvent caspiteuses , terrestres ou lignatiles. * Fasciculares. Chapeau glabre non hygrophane. ** Viscidi. Chapeau nu, visqueux. *** Velutini. Chapeau vergeté de fibrilles soyeuses. **** Appendiculati. Chapeau glabre , hygrophane. Psalhyra. Répondent aux Mycena et aux groupes parallèles dans les séries colorées. Comme eux , ils ont le stipe confluent avec l’hyménophore , mais les deux tissus sont hétérogènes. La marge du chapeau est d’abord droite et appliquée contre le stipe. Voile nul ou universel et floconi.eux, fibrilleux. Stipe cartilagineux tubuleux, chapeau membra¬ neux, strié. Lames pourprées ou fuscescentes ainsi que les spores. Quelques espèces se rapprochent delà teinte noire de la série suivante. Lames libres ou adnées. Diffèrent des Psilocybe comme les Mycènes des Collybia. Espèces terrestres ou lignicoles. * Conopilei. Chapeau conique campanulé. Yoile nul. ** Obtusati. Chapeau campanulé convexe. Voile nul. *** Fïbrillosi. Voile universel fugace. Psilocybe. Correspondants des Collybia. Voile nul ou très fugace. Stipe sub¬ cartilagineux , confluent mais hétérogène avec l’hyménophore , tubu¬ leux ou rempli de moelle, souvent radicant. 583 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Chapeau un peu charnu , glabre , à marge d’abord incurvée , sec ou un peu visqueux. Lames adnées, plus ou moins ventrues , fuscescentes ou purpurescentes. Spores pourpres ou pourpre-noir. Très voisins des Psathyra , dont ils diffèrent par leur marge incur¬ vée, ils touchent aux Peconica, mais ceux-ci ont les lames décurrentes. Diffèrent des Hypholoma par l’absence de voile persistant. * Tenaces. Stipe cartilagineux. ** Rigidi. Stipe rigide. Peconica. Ce groupe , confondu par Fries avec le précédent , en a été distrait par Worth. Smith pour des espèces correspondant aux Omphalia , Eccilia, Tnbaria. Chapeau mince, plan ou ombiliqué, à marge d’abord incurvée; voile nul ou adhérent à la marge du chapeau, mais ne formant jamais anneau. Stipe cartilagineux, confluent avec * l’hyménophore , mais hétérogène avec lui. Lames décurrentes élargies vers leur insertion au stipe. Espèces coprophiles. Melanospori. Dernière série du genre Agaricus , renfermant des espèces dont la coloration des spores approche de la teinte noire. Cette teinte est plus ou moins foncée , cendrée , pourpre ou rousse. Comme les séries correspondantes, celle-ci offre des types correspondants à ceux que nous avons vus précédemment. Coprinus Le sous-genre Coprinus est caractérisé par ses spores noires et la propriété que possèdent les lames et le chapeau de se fondre en une eau noirâtre. Ce groupe pourrait peut-être être séparé des Agarics pour former un genre spécial, mais le fait de la déliquescence des lames ne lui est point exclusif, on le retrouve à des degrés variables dans les Bolbüius, Psathyra , Psathyrella, et en général dans les sous-genres où les spores approchent de la teinte noire. Si nous étudions le développement de YAg. (Coprinus) alramenta- rius , nous voyons que lorsqu’il est très jeune la masse générale est enveloppée dans une volva membraneuse , distincte du chapeau et se confondant avec la partie inférieure du stipe ; cette volve disparaît bientôt par le développement du champignon et il n'en reste que des débris annuliformes vers la base du stipe. Dans YAg. ( Cop .) comatus la volve est plus ou moins soudée à la surface du chapeau où elle persiste en écailles, elle est soudée au stipe 584 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sur une grande longueur, son bord libre forme un anneau qui se sépare bientôt du stipe lui-même et forme un anneau mobile . Ailleurs le voile général est soudé sur une très petite longueur à la base du stipe, et persiste sur le chapeau en touffes furfuracées et enveloppe la base du stipe dans une petite volva (Ag. Cop. radiatus ). Enfin dans YAg. Cop. niveus le voile tout entier se résout en fila¬ ments aranéeux très fugaces qu’on voit pendant un certain temps sur toute la surface de la plante. Le stipe est creux, atténué vers le sommet, où il se dilate brusque¬ ment, en un petit disque distinct du tissu du chapeau, c'est sur les bords de ce disque que s’insèrent les lames ; dans quelques cas il se développe beaucoup et forme un Collarium qui sépare les lames du stipe. La consistance du stipe est plus ferme, et il est moins fugace que le chapeau, en sorte qu’il persiste seul après la déliquescence de celui-ci. Le chapeau est distinct du stipe, sa marge est droite, d’abord appli¬ quée sur le stipe , souvent striée, puis à la fin il est déliquescent , ou couvert d’écailles furfuracées. Son tissu est mince, fugace; lames linéaires insérées à l’épaisissement du sommet du stipe. Spores à la fin noires mais naissant incolores ; ovoïdes régulières, lisses. Le stipe est formé d’hvphes parallèles à cellules cylindriques , inco¬ lores, vers le sommet, les cellules deviennent.très courtes, très grêles et tonnent un tissu fragile qui se détache du chapeau par un faible effort. Le chapeau est formé de cellules courtes, parallèles, fugaces, des¬ cendant dans les lames pour former une trame où elles deviennent plus allongées et ventrues. L’hyménium est formé de cellules stériles, courtes, presque cubiques, entre lesquelles s’élèvent des basides saillants à quatre spores. De distance en distance s’élèvent de très gros cystides incolores, ventrus, abondants surtout vers la tranche de la lame. En dehors des Agarics , les Coprins touchent aux Montagnites qui sont en quelque sorte des Coprinus n’ayant pas de chapeau et dans lesquels les lames sont attachées au disque du sommet du stipe. Espèces fimicoles ou lignatiles, fugaces, abondantes après les pluies chaudes. * Pelliculosi. Chapeau pourvu d’une pellicule ; charnu ou membraneux. ** Veliformes. Chapeau ténu , sans pellicule ; plissé-strié. Panœolus. Agarics caractérisés par un chapeau légèrement charnu, lisse, vis¬ queux par l'humide, luisant par le sec, à marge sans stries et dépas¬ sant les lames ; lames brunes ou noirâtres tachetées de macules plu foncées. Spores noires citriformes lisses ou échinulées. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 585 Voile nul quelquefois ou un voile partiel membraneux, tantôt persis¬ tant en anneau sur le stipe, ou en lambeau à la marge du chapeau. Stipe lisse et glabre en dessous de l’anneau , pruineux ou strié en dessus, le plus souvent bien distinct du tissu du chapeau. Lames adnées, quelques-unes plus courtes. Stipe raide , formé d’hyphes parallèles , serrés , à cellules cylin¬ driques, plus grêles à la périphérie. Le pruineux du sommet est formé ces cellules qui dérivent du stipe paraissent un hyménium stérile. Les hyphes du sommet du stipe élargissent leurs cellules qui sont plus courtes. Entre le tissu du stipe et celui du chapeau se trouve un tissu très fin, d’éléments grêles, dirigés perpendiculairement à ceux du stipe. En dessus de ce tissu s'étend celui du chapeau qui est composé de grosses cellules entrelacées dans tous les sens, plus grêles et moins serrées vers le sommet. Dans YAg. campanulatus la face supérieure du chapeau est formée de cellules sphéroïdales pédicellées, émanant des hyphes intérieures. Quelques cristaux d’oxalate de chaux dans les tissus. Les Panœolus sont très voisins des Coprinus et des Psathyrella ; ils diffèrent des premiers par leurs lames non déliquescentes et des seconds par les lames plus courtes que le chapeau. Les auteurs placent les Panœolus sur la même ligne que les Tricholoma. Ils ont bien quelques rapports avec eux par leurs lames adnées, mais ils s’en éloi¬ gnent essentiellement par leur stipe distinct de Vhijmènophore, ils se rapprochent plutôt des Bolbitius. Espèces fimiçoles ou des lieux bien fumés. Gomphidius. Stipe charnu, compact, s’épanouissant en chapeau continu et homo¬ gène. Lames déeurrentes, mucilagineuses. Spores noires ou grises. Voile universel filamenteux cortiniforme , soudé avec le chapeau auquel il forme une pellicule séparable, et avec une grande partie du stipe , vers le sommet duquel il persiste en un anneau glutineux, aranéeux. La base est d’un tissu plus dur, formé d’hyphes à cellules courtes, étroites à leur base , s’élargissant rapidement et brusquement tron¬ quées au sommet, sur lequel s'insère la base étroite de la cellule supé¬ rieure ; plus haut sur le stipe ces cellules sont moins ventrues, s’allon¬ gent beaucoup pour devenir presque cylindriques. Elles divergent bientôt pour former le chapeau, au centre duquel est un tissu peu serré. La corline est de filaments grêles, cloisonnés, simples ou rameux, gélifiés sur la face supérieure du chapeau. 586 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les lames sont formées d’éléments courts, serrés, émanant du cha¬ peau. Paraphyses et basides très allongées à 2-4 spores noirâtres fusi¬ formes à 3-4 vacuoles. Cystides cylindriques, très saillants et entourés d’une matière cireuse jaunâtre, soluble dans l’acide azotique. Ce groupe dans les Mélanospores correspond exactement aux Hvgro- phores dans les Leucospores ; il est aussi très voisin des Cortinaires par son voile et touche également aux Paxilli. Psalhyrella Voile nul, ou fugace et filamenteux. Stipe confluent mais hétéro¬ gène avec l’hyménophore. Chapeau membraneux, strié, à marge d'abord droite et appliquée sur le stipe. Lames noires fuligineuses, non tachetées, adnées. Marge du chapeau ne dépassant pas les lames, spores noires. Ce sous-genre dans les Melanosporées est voisin des Coprins et des Panœolei, mais il diffère des premiers par son chapeau non déliques¬ cent et des seconds par ses lames non tâchées. Il a la constitution générale des Mycena , Nolanea, Galera et Psathyra, mais s’en sépare par ses spores non pourprées , mais noires ou grisâtres. Le même caractère le sépare également des Bolbolius avec lesquels il a quelques affinités. N. Patouillard, Membre de la Soc. Bot. de France. (A suivre ) IDÉES NOUVELLES SUR LA FERMENTATION. (Suite). (1). LE PENICILLIUM -FERMENT DANS LES SUCS VÉGÉTAUX. J’ai montré à propos des dissolutions salines comment les matières dissoutes dans l’eau distillée pouvaient, suivant leur nature, favoriser ou contrarier le développement du Pénicillium -fer ment. Il est donc facile de comprendre que dans les sucs naturels, qui ne sont rien autre chose qu’une dissolution, dans l’eau de végétation, de certains prin¬ cipes acides , sucrés , alcalins , gommeux , résineux, etc., l’accroissement du Penicillum-ferment soit lié à la présence ou à l’absence de certaines subs¬ tances, (1) Voir Journal de Micrographie ; T. VIII, 1884, p. 281 390, 485. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 587 Le Penicillium-ferment présente dans les sucs végétaux tous ses différents états végétatifs. Cependant, la production de ses formes aériennes peut être plus ou moins retardée par la nature même du suc. Si le suc est épais et visqueux , elles apparaîtront de très bonne heure. On ne les verra au contraire que beaucoup plus tard , si le suc est très fluide , le Penicillium-ferment ayant besoin d’une assise très solide pour pouvoir rester en dehors de l’humidité. De même , elles se montreront plus tôt et plus abondamment dans un suc acide et sucré. J’ai suivi le développement du Penicillium-ferment dans les sucs de : Bardane , Saponaire , Belladone , Betteraves , Bourrache , Cerises , Cerfeuil , Citrons , Chicorée , Coings, Ciguë , Fraises , Gochlearia , Framboises , Colchique , Groseilles , Cresson, Merises , Fumeterre , Mûres , Jusquiame , Nerprun, Laitue , Oranges , Mercuriale , Pommes , ou cidre , Oseille , Poires , ou poiré , Persil , Prunes , Pissenlit , Raifort , Pointes d’asperges , Raisins ... ou vin , etc. . . Quel que soit le principe dominant dans ces sucs , que ce soit un principe amylacé, acide , sucré , sulfuré, gommeux, résineux, etc..., j’ai toujours trouvé les formes que j’ai décrites antérieurement. Voici dans les sucs végétaux les phases de développement du Penicillium- Ferment. Lorsqu’un suc a quitté les cellules du végétal dans lequel il était renfermé, tige , feuille , racine ou fruit , et , qu’il se trouve abandonné à l’action de l’oxygène de l’air , le travail de décomposition commence tout d’abord, puis s’accentuant davantage est facile à saisir par les dégagements gazeux qui l’accompagnent. Aspect à l'œil nu. Le Penillium-ferment dans le suc encore trouble est répandu dans toute la masse du liquide ; mais il ne tarde pas à se séparer en deux parties , l’une venant vivre à la surface du liquide pour former une membrane résistante et assez épaisse sur laquelle doivent se développer les fructifications aériennes : c’est le chapeau ; l’autre se précipitant au fond , demeurant inactive à cause de la submersion qui empêche son contact direct avec l’air : c’est la lie. 588 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Alors le liquide lui-même est parfaitement clair. Vient-on à remuer légère¬ ment le vase qui renferme le suc de façon à humecter le chapeau , il s’affaisse lentement sur la lie pendant qu’un second chapeau se forme ; il peut s’en former ainsi plusieurs successivement et dans les mêmes conditions. Aspect au microscope. 1° État corpusculaire . — Dans les sucs végétaux les corpuscules formateurs du Penicillium-ferment n’offrent aucune différence avec les corpuscules forma¬ teurs examinés dans les eaux distillées et dans les dissolutions salines. Ici, cependant, cet état est excessivement fugace ; il faut suivre son déve¬ loppement d’instant en instant pour se rendre bien compte de la rapidité avec laquelle le Penicillium-ferment passe d’un état, végétatif à l’autre. 2° Etat bactéridien. — L’état bactéridien succède à l’état corpusculaire au bout de quelques heures. Encore ce temps varie-t-il suivant la nature du suc. Les bâtonnets , exactement pareils à ceux que j’ai décrits antérieurement , se multiplient d’une façon vraiment étonnante, On sent qu’ici le milieu est tout à fait favorable. 3° Etat zooglairien — Aussi a-t-on peine à distinguer le passage de Y état végétatif pelliculaire de V état primordial granuleux. Il n’est pas rare au bout de vingt-quatre heures de voir les éléments de zooglœa remplacés par les petits fils hyalins dont j’ai donné la description déjà. 4° Etat filamenteux simple. — - Mais ici au lieu de rester grêles, allongés, de petit diamètre comme dans les eaux distillées et les dissolutions salines , les filaments acquièrent, grâce aux éléments nutritifs que les sucs renferment, un accroissement considérable ; ils sont gorgés de protoplasma et se déve¬ loppent aussi bien dans le sens de la largeur que dans celui de la longueur, 5° Etat filamenteux fructifère. — Je prends ici le suc de cerises comme exemple. En examinant l’état filamenteux du Penicillium-ferment, on trouve une prolification admirable. On voit, une véritable forêt aquatique. Les ramifications, examinées à un grossissement de 100 diamètres, offrent à l’œil un panorama splendide. On a devant soi des plantations magnifiques formées de troncs innombrables, branchus et superbes de végétations. On dirait autant d’arbres étendant leurs rameaux dans toutes les directions; ce qui donne à l’ensemble un aspect plus grandiose et plus charmant à la fois , ce sont les fruits portés sur tous ces rameaux enchevêtrés par milliers les uns dans les autres. Ces fruits , tantôt sphériques, tantôt pyriformes, quelquefois terminent les rameaux. Fréquemment ils sont portés sur des sortes de pédicules qui partent de ces rameaux. Les filaments centraux simulant les troncs ont environ 0nim,03 de diamètre ; les latéraux 0mm,02. Tantôt on voit se détacher d’un rameau de 0m,n,02 de diamètre un petit pédicule de 0mm,01 de diamètre et de 0nnn,02 de longueur, surmonté d’une JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 589 partie renflée sphérique de 0mm,03 ; d’une seconde de 0mm,03 de longueur sur 025 de largeur; puis vientune cellule divisée en deuxdontl'une a 0mm,025 de long sur 0,,un,02 de large et l'autre 0mm,015 de long sur 0m,n,02 de large, enfin une cellule terminale de 0mm,01 de large sur 0mm,045 de long. Tantôt ce sont des fructifications ovales de 0mm,04 de long sur0mm,025 de large portées sur un pédicule de 0mm,08 de long sur 0mm, 01 de large à la base et 0mm02, à la partie renflée adhérente à la fructification ovalaire. Enfin, très souvent, on voit sortir d’un rameau un petit pédicule de 0mm,01 à la base s’allongeant, puis se renflant à environ 0DHn,09 de distance où il a 0mm,015 de large à cet endroit. Ce pédicule adhère à une masse protoplas¬ mique arrondie de 0nm,01 qui elle-même est reliée à une fructification pyri- forme de 0niin,02 de diamètre à la base , allant en diminuant jusqu’à son extrémité qui n’a plus que 0mm,01 de diamètre, et ayant 0mm,06 de longueur totale. C’est là la fructification aquatique du Penicillium-ferment dans le suc de cerises. Ces fructifications sphériques ou pyriformes se développent très promptement. On voit la gaine du filament se renfler en un point sous la pression du liquide protoplasmique intérieur; ce renflement s’accentue davantage, puis il se forme une cellule qui se cloisonne, dont la partie inférieure sert de support et dont la partie supérieure devient en réalité le fruit. C’est là que le protoplasma se condense et prend les différentes formes que nous avons vues. Au milieu du protoplasma , on remarque des vacuoles de 0mm,01 de dia¬ mètre , sphériques. Lorsque ces masses filamenteuses arrivent à la surface du suc, on aperçoit les organes fructifères aquatiques donner naissance à des filaments dressés soit directement, soit par l’intermédiaire d’un mycélium aérien ; puis ces fila¬ ments dressés se renflent , émettant directement de la partie renflée des bour¬ geons protoplasmiques formant de petits rameaux branchus qui portent des chapelets de spores (forme Pénicillée). D'autre fois encore, le protoplasma se concentre dans la partie renflée qui augmente considérablement de volume , s’y organise pour donner naissance à des spores qui mûrissent dans l’intérieur du sporange, l’enveloppe restant intacte (forme Mucorée). D’autres fois , au contraire , l’enveloppe du sporange se résout avant la maturation des spores internes. Ces spores restent adhérentes après la colu- melle et adhérentes entre elles (forme Aspergillée). Dans l’un et l’autre cas, il suffit d’un peu d’humidité pour désagréger ces fructifications aériennes et les spores se déversant à la surface du suc donnent bientôt naissance , par germination , à de nouveaux filaments. Enfin, si ces organes de reproduction sont examinés attentivement avant la production filamenteuse, on voit successivement les états mycodermiques du Penicillium-ferment : Micrococcus , Mycoderma, Saccharomyces, etc.... 590 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les fructifications du Penicillium-ferment se présentent telles que je viens de les décrire dans un grand nombre de sucs comme les sucs de groseilles , framboises , coings, mûres , oranges , citrons , etc. . . . Dans bien des sucs les choses ne se passent pas ainsi. Lorsque les filaments peuvent arriver promptement au contact de l’air, ils ne passent pas par ces arborisations et ces fructifications aquatiques signalées dans le suc de cerises. Les filaments émettent directement leurs fructifications aériennes. Dans quelques-uns, comme dans le suc d’asperges, le Penicillium-ferment n’acquiert pas un développement aussi considérable et il est rare de rencontrer des filaments aussi gros. Voici les substances qu’on rencontre, comme partie dominante, dans les sucs végétaux , qui sont en général les plus favorables au développement du Penicillium-ferment : Acide citrique et acide malique. < Acide malique seul . Acide tartrique et tartrate acide de potasse . Sucre . Sucs de citrons. — oranges. — groseilles. — cerises. — fraises. — berberis. — framboises. — airelle myrtille. Sucs de pommes. — coings. — sureau. — Suc de raisin. Sucs de betteraves. — canne. Mucilage végétal Sucs de bardane. — consoude. — guimauve. — téssilage. L’étude des altérations comme aussi des modifications que produit dans les sucs végétaux la végétation du Penicillium-ferment offre un intérêt immense. Non- seulement au point de vue médical , mais surtout au point de vue écono¬ mique : Les sucs de pommes ou cidre , — de poires ou poiré , — de raisin ou vin , ne sont-ils pas la boisson naturelle à peu près exclusive des Français et d’un grand nombre de peuples? C’est là une question très vaste qui ne peut être traitée en quelques lignes , et je ne pourrais, quant à présent, l’examiner à un point de vue assez général sans sortir des limites que m’impose mon sujet. E. Cocardas, Membre de la Soc. Bot. de France. (A suivre). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 591 VÉGÉTATIONS PÉLAGIQUES ET MICROSCOPIQUES DU LAC DE GENÈVE AU PRINTEMPS DE 1884. Fin (1) Diatomées pélagiques. — Le filtre de soie a aussi ramassé beaucoup de Diatomées dans un grand état de pureté , ce qui en a grandement facilité l’étude (2). Il est vraiment difficile d’expliquer comment ces algues microscopiques , avec leur forte et lourde enveloppe de silice vitreuse (valves), arrivent à la surface du lac et s1 2 y maintiennent pour y vivre. Y a-t-il une montée de ces êtres chaque jour du fond à la surface ? ou se tiennent-elles flottantes entre deux eaux ? Des recherches ultérieures pourront peut-être le dire, mais diffi¬ cilement. Du reste, qu’elles viennent des profondeurs du lac ou de ses bords, la distance à parcourir est immense pour leur petitesse ! Leurs mouvements. — Le mouvement le plus rapide que j’ai pu observer, parmi ces types pélagiques, a été chez la Nitzschia palea. Il était de 15 à 18 p. par seconde. Le lac où je l’ai prise a en moyenne 12 mètres de profondeur à cet endroit. Il faudrait donc 8 à 9 jours d’une marche constante pour qu’elle arrive du fond à la surface ; à supposer que son mouvement ait lieu constam¬ ment dans le même sens , ce qui n’est pas le cas pour cette espèce. Or , le soir elle disparaît pour reparaître quelquefois le lendemain dans la matinée ou vers le milieu du jour. Il y a donc une force motrice autre que leur mouvement propre, qui les amène à la surface. Je n’ai pas pu constater, dans l’eau, des courants internes. En tous cas, ces courants n’étaient pas appréciables à l’oeil, et l’eau apparaissait comme remarquablement tranquille. Mucilage excrémentiel. — Il importe de dire que , en examinant la récolte immédiatement au sortir du lac , les mouvements étaient tous bien plus rapides que plus tard, en bocal, daDS la chambre ou sur la fenêtre. Gel état de torpeur ou cet arrêt du mouvement de ces Diatomées à domicile , doit avoir une autre cause que la diminution du gaz acide carbonique par leur respiration. Je crois que cette cause résulte de Ja production d’un mucilage excrémentiel ; mucilage qui en bocal (comme j’ai pu l’observer plusieurs fois), tend visiblement à enve¬ lopper l’mdividu, gêne en tous cas sa respiration et modifie aussi la solubilité (1) Voir Journal de Micrographie , T. VIII , 1884 , p. 491 et 541. (2) Les Diatomées ou Diatomacées , Algues microscopiques, toujours aquatiques, unicel- luiaires, adhérentes à une couche muqueuse ( thalle ) ou libres et douées de mouvement dans l’eau. - Cellule bivalve, à deux enveloppes, l’une externe membraneuse molle ( coleoderme ), l’autre dure et siliceuse ( frustule ). — Endochrôme jaune d’or ou orange, verdissant par la chaleur ou les acides. — Reproduction par conjugaison ( spores ) ou par scissiparité ( division des frustules). J. B. 592 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. dans l’eau des gaz utiles. L’oxygène, en plein lac , combure probablement ces détritus muqueux que le végétal rejette et l’en débarrasse au fur et à mesure de leur production. Lorsqu’on les sort du lac, j’ai pu observer chez les Cyclo- tella et les Melosira de légers mouvements ondulatoires relativement lents ; mais jamais lorsqu’elles avaient séjourné quelque temps chez moi ou lorsqu’elles s’étaient déposées. Le grand soleil, l’air et une nouvelle dose d’eau ajoutée en abondance, facilitent les mouvements de toutes les Diatomées conservées à domicile, mois ne peuvent leur rendre l’activité qu’elles ont en plein lac. Je n’ai jamais constaté la présence dé bulles de gaz soit dans leur intérieur, soit sur le mucilage de leur Coleoderme. ? Cinq espèces abondantes. — Parmi les espèces recueillies les cinq suivantes se sont toujours trouvées de beaucoup les plus abondantes : % h. Asterionella formosa (Hassal) (1) , PL 1, Fig. P2. En la sortant du lac , le matin ou au milieu du jour, elle était douée d’un mouvement rotatoire fort singulier ; rotation combinée avec un rapprochement et un écartement de 2 ou 3 des rayons-valves et ressemblant au mouvement des bras d’un nageur. — En chambre, pas trace de mouvement. i. Nitzschiella Pecten (J. Br.). PI. 9, Fig. 27, et PI. 5, Fig. 30. — Syn : Synedra Crotonensis (Edw.). Fragilaria Pecten (Castracane). — Au soleil au sortir du lac, balancement bien net des frustules agglomérés, mais à domicile, immobilité complète. k. Cgclotella comta (Ehr) ver : Comensis et paucipunctata (Grun.). Cycl. operculata (Kütz. PI. 1, Fig. 14. Çà et là un faible balancement au soleil au sortir du lac. Leur forme globuleuse se prête mal à l’observation d’un mouve¬ ment qui leur serait propre. Il est à remarquer que les récoltes de Diatomées pélagiques faites par MM. Castracane et Lanzi sur les eaux douces des environs de Home et celles de M. L. Smith sur le grand lac Erié contiennent aussi ces mêmes espèces en abondance ! Dans les récoltes du lac Erié on rencontre , comme ici dans notre lac quelques Synedra longissima (W. Sm.) Tabellaria fenestrata (Kütz.) Melo¬ sira crenulata (Kütz.) var : tenuis (Grun.). Puis en sus le Rhizosolenia Eriensis L. Sm.) que je n’ai jamais rencontré dans nos eaux. Espèces apparaissant irrégulièrement. — y. Les epèces suivantes se sont montrées plus rarement et surtout plus irrégulièrement : Melosira orichalsea (W. Sm.) PL 1 , Fig. 9 et PL 9, Fig. 25. Mel crenu¬ lata (Kütz ) var : tenuis (Grun.) Ces 2 espèces en longs chaînons et rarement douées d’un mouvement ondulatoire et au soleil seulement. Cyclotella Meneghiniana (Kütz. Van Heurck , PL 94, Fig. 11, 18, 19. » minutula ( Kütz. ) PL 1, Fig. 7. (Syn: Stephanodiscus Astrea , var : minutula Grun.) (1) Les Nos qui suivent se rapportent à mon ouvrage sur les Diatomées des Alpes et du Jura . — (Genève-Paris, 1880, neuf planches). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 593 Nitzschia palea (Kütz) 5, Fig. 21 et 22. » fonticola (Grun) Van Heurck. PI. 49, Fig. 15 à 19. » linearis (W. Sm.) PI. 5, Fig. 25 et 26. Tabellaria flocculosa (Roth.) PI. 9, Fig. 14. Diatoma vulgare (Bory). PI. 4, Fig. 13. » Ehrenbergii (Kütz.) PI. 4, Fig. 17. Ces 3 dernières espèces, soit en frustules libres, soit en longues séries arti¬ culées, où je n’ai pu constater d’autre mouvement vital qu’une espèce de dislocation lente. Sgnedra longissima (W. Sm.) Pl. 4, Fig. 21. » gracilis (Kütz.) Pl. 5 , Fig. 7. Cymbella gracilis (Ehr.) var : lœvis. Pl. 3, Fig. 1. » amphicephala (Næg.) Pl. 3, Fig. 10. Mastogloia Smithii (Thw.) Pl. 8, Fig. 28 f. Navicula dicephala (Ehr.) Pl 7, Fig. 34. » gracilis (Ehr.) var : lœvis. Pl. 7, Fig. 5. » Mauleri (J. Br.) Pl. 1, Fig. 18. » viridula (Rab.) Pl. 8, Fig. 7. Rien de plus variable que l’apparition et la disparition de ces espèces' d’un jour à l’autre et dans des conditions atmosphériques en apparence tout à fait semblables (1). Diatomées des eaux stagnantes. — Depuis l’établissement des jetées , i’eau du port de Genève a pris peu à peu, et chaque année davantage, les caractères d’une eau stagnante. Les Diatomées parasites qui caractérisent l’eau des ma¬ rais, y abondent actuellement. Les Gomyhonema intricatum (Kütz.) capitatum et acuminatum (Ehr.) de même que les Cocconeis placentula et pediculus (Ehr.) pullulent sur toutes les grandes algues filamenteuses du port ( Zignema et Spiroggraj ainsi que sur les Potamots et les C haras qu’elles recouvrent presque entièrement d’un feutre parasite. En remuant la vase du fond, on en dégage des bulles de gaz des marais (2). Dans le petit lac également, il est évident que, pendant cette période indiquée, le temps calme et la chaleur constante (1) M. le professeur I’ouchet, professeur au Musée d'Hist. Natur., à Paris, dans son travail sur la vie animale pélagique marine , fait la même remarque (page 10). (Journal de Physiologie. Histoire des Cilio-flagellés , Paris, 1883.) » Rien n’est curieux comme » ces variétés de formes pélagiques recueillies d’un jour à l’autre dans des circonstances en •> apparence identiques. Non seulement les espèces changent , mais les mêmes espèces se " présentent avec des caractères nouveaux , etc. (et page 9) y Pour ces êtres microscopiques * l’agitation des eaux semble un facteur important de leur existence ». Ceci est aussi vrai pour les algues pélagiques du lac. (2) M. Albert Brun, pharmacien et licencié ès-sciences, qui a bien voulu en faire l’analyse chimique, a trouvé à ce gaz la composition suivante : méthane , 87, T — acide carbonique , 61 — azote , 5,7 — oxygène , 0,5 (en volume, sur 100) — Pas d’hydrogène sulfuré, mais des traces d’un hydrocarbure fétide 594 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sont venus exagérer ce printemps la végétation pélagique. Ceci explique aussi comment l’oscillaire précitée a pu faire son apparition et pourquoi elle n’y avait pas encore été observée ! (1) m. Bien que les représentants du règne animal microscopique ne rentrent pas dans le cadre de mes observations, je dois cependant mentionner la pré¬ sence dans mes récoltes de divers Infusoires, d’Auguillules et surtout du Ceratium hirundinella Bergli syn. Cer. macroceras (Schr.) de la famille des cilio -flagellés. — Ce Peridviien muni aussi d’une forte enveloppe siliceuse ( carapace ) s’est montré plusieurs fois assez abondant dans cette même zone pélagique du lac. Il est quadricorné. à cuirasse réticulée transparente, et avec un sillon circulaire central muni de cils qui servent à sa locomotion. J’avais déjà remarqué plusieurs fois cette espèce sur les bords de quelques lacs alpins (2). Elle y était toujours en exemplaires isolés. — M. le professeur J. -A. Forel a eu la bonté de me faire déterminer cette curieuse espèce par M. Pavesi, de Pavie, et d’autre part M. le professeur Pouchet, de Paris, m’a (1) M. le professeur Forel , de Morges , dans sa notice sur l'histoire naturelle du lac Léman (Montreux , ÎS""), dit , à propos du grand lac , page 243 , Flore pélagique : *> des " millions et des milliards d’Algues flottant près de la surface de l’eau , en plein lac, petits flocons verts et verdâtres, gros comme des grains de pavots , représentent la flore péla- « gique que l’on peut retrouver pendant toute l’année , anssi bien en hiver qu’en été. Les » Algues pélagiques n’appartiennent qu’à deux espèces : Pleurococcus angulosus et 'i Anabaena circinalis. Cetie dernière espèce sert de support à l’infusoire que nous avons « cité à propos de la faune pélagique, à la Vorticella convallaria. « Puis, relativement à la Flore profonde ; « Elle habite la région profonde du lac, mais ne » descend pas au delà de la zone éclairée , 45 mètres en été et 100 mètres en hiver. Nous " avons à citer : Algues, Pleurococcus roseopersinicus , Oscillaria subfusca et versatilis » avec des Diatomées, etc. Enfin de très petites Palmelacées forment par leur développement *» prodigieux une couche brunâtre qui recouvre le fond partout où la lumière pénètre , et a renfermant dans ses mailles les autres Algues et Diatomées, mérite le nom d q feutre a organique , tellement elle est dense et serrée. »> Parmi les Diatomées que j’ai trouvées dans ce feutre organique dont parle M. Forel et dont il m’a remis des échantillons (feutre que j'ai aussi souvent récolté au fond du petit lac), j’ai constaté 114 espèces décrites et dessinées dans mon ouvrage avec les autres Diatomées de la Suisse (Alpes et Jura). Beaucoup de ces espèces se retrouvent dan^ les espèces péla¬ giques précitées. Plus tard, suivant la saison ou les circonstances atmosphériques, ou trou¬ vera certainement encore d’autres espèces à la surface du grand lac. Quant à ce qu’on appelle la floraison du lac , M. Forel dit, même page : * Vers le milieu « du mois de mai on peut voir parfois la surface du lac couverte, par places, d’une pous ière >' jaunâtre que les riverains appellent la fleur du lac. Ce phénomène a été expliqué par a M. Schnetzler, qui a reconnu dans ces petites granulations jaunâtres le pollen des sapins « et des pins apporté des Alpes par les vents et par les affluants du lac. Des faits analogues * ont été observés sur les lacs du Nord et sur la Baltique. « « (2) Dans l’Engadine et les Alpes pennines. Notamment aux lacs de Sils et Silvaplana ; dans ceux de Chanrion et de Szofferay en Valais ( altitude 2400 m.) ; près des glaciers de Chermontane et de l’Otemma et dans le Lac Noir, au pied du Cervin (altitude, 2558 m.), puis, quelquefois aussi dans les dépôts du Lac Léman, au banc de travers , près de Genève, et dans la région vaseuse et peu profoude des bords du lac avoisinant Villeneuve et le Bouveret. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 505 dernièrement confirmé cette détermination. — Les guides des hautes alpes de la vallée de Bagnes (en Valais), région abondante en immenses glaciers, disent que lors des longues et chaudes journées de juillet et d’août « le glacier est parfois phosphorescent la nuit ». Comme ce Ceratium est voisin des JSocti- luques qui rendent la nuit la mer phosphorescente, je me suis demandé si cette espèce était la cause de ce phénomène glaciaire ? S’il m’est donné de pouvoir l’été faire encore des observations et des récoltes dans les hautes régions gla¬ ciaires de nos Alpes, je ferai mon possible pour vérifier ce fait (1). Jacques Brun , Prof, à la Fac. de Médecine de Genève. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DU MICROBE DU CHOLÉRA ASIATIQUE. Recherches sur un micro-organisme , découvert par MM. Finckler et Prior, dans le choléra sporadique (2). A la dernière réunion du Congrès des Naturalistes allemands, tenu à Magdeboug, M. le professeur Finckler a communiqué les résultats des recherches qu’il a entre¬ prises en commun avec son assistant, M. le Dr Prior, sur un microbe qui existe dans les selles de malades atteints de choléra sporadique (3). D’après ces observateurs, on y trouve un microorganisme spécifiquement distinct de ceux observés jusqu’ici dans les diverses affections intestinales. Ses caractères morphologiques seraient en tout semblables à ceux du bacille-virgule, découvert par Koch chez les cholériques, et les modifications que ses végétations impriment aux milieux où on le cultive, ne permettraient en rien de les distinguer l’un de l’autre. Enfin, ils ont constaté dans le mode d’évolution de ce microbe diverses particula¬ rités biologiques fort importantes, une période de sporulation , entre autres, qui n'ont pas encore été reconnues chez les virgules du choléra vrai. M’occupant en ce moment de l’étude des propriétés spécifiques de ce dernier microbe, pour laquelle j’ai réuni d’abondants matériaux', dans un récent voyage au foyer principal de l’épidémie de choléra qui a sévi dans le midi de la France, j’ai été nécessairement amené à faire aussi une étude critique approfondie des travaux de MM. Finckler et Prior. Grâce à l’obligeance qu’ils ont eue de m’envoyer une de leurs cultures, je me propose de soumettre toutes leurs conclusions au contrôle de nouvelles expériences. J’ai jusqu’ici réussi à inoculer de nouveaux milieux avec la culture qui m’a été adressée, et j’ai pu me livrer déjà à une étude comparative très intéressante de leurs caractères avec ceux des cultures pures du microbe cholérigène, dont j’observe depuis huit semaines une série non interrompue de plus de quinze générations. (1) 5e Bulletin de la Société botanique de Genève. (2) Note communiquée à la Société Belge de Microscopie , dans la séance du 26 octobre 1884. (3) Séance du 20 tept^mbre 1884. Voy. Deutsche Medicinischc Wochenschrift , N* 59 , 1884 , p 632-634. 596 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. La découverte d'un microorganisme propre à une forme de maladie, qu’il est parfois si difficile de reconnaître par sa symptomatologie du choléra asiatique, a des conséquences générales et pratiques des plus considérables. En effet, s’il était démontré que cette espèce ne se distingue — ni par ses caractères microscopiques, — ni par son mode de végétation, — ni par ses diverses propriétés biologiques, du microbe attribué au choléra épidémique, la doctrine pathogénique nouvelle de cette affection serait profondément ébranlée. La communauté d’origine et de nature de ces deux maladies, que l’observation pure et les études cliniques les plus patientes n’ont pas su démontrer, s’imposerait désormais à tous les esprits. On voit aussi les modifications graves que ce fait introduirait nécessairement dans le code de prophylaxie partout adopté actuellement. Une autre conséquence très sérieuse pour la pratique en résulterait : une des applications les plus importantes de la découverte du microbe de Koch serait ruinée dans son principe. En effet, si le choléra qui surgit spontanément sous nos latitudes et celui qui nous est importé des Delta du Gange, sont dus au même microbe, l’examen microscopique et bactë- rioscopique des déjections perd toute valeur pour établir le diagnostic des cas dou¬ teux. En même temps les mesures d’isolement et de désinfection si efficaces, que la constatation de la nature exacte des premiers cas cholériformes observés d^.ns une localité permettrait d’instituer, n’ont plus la même raison d’être prises. Enfin les observations de MM. Finckler et Prior, en attribuant à leur microbe des propriétés biologiques inconnues du savant micrologue de Berlin, ne peuvent manquer de jeter du doute sur l’exactitude des résultats de ses longues et patientes recherches. A tous ces points de vue, il importait de soumettre sans retard à de nouvelles investigations et à un contrôle expérimental rigoureux les faits décrits par ces auteurs. Les déjections caractéristiques des diarrhées cholériformes, qui ont éclaté en diverses contrées pendant les fortes chaleurs de l’été dernier, ont été étudiées au microscope par plusieurs observateurs. Koch et d'autres, dans un but de contrôle, les ont examinées attentivement sans y trouver d’organismes ayant quelque ressem¬ blance avec les virgules du choléra asiatique (1). J'ai fait de mon côté, au mois de juillet dernier, d’assez nombreuses recherches sur les selles de cinq malades atteints de choléra sporadique bien caractérisé, (éva¬ cuations très abondantes, même riziformes, crampes, voix éteinte, anurie, phéno¬ mènes d’algidité, etc.). Mais dans les déjections liquides à peine colorées, je n'ai trouvé que des Diplococcus ou des chaînes de microcoques, parfois de gros bacilles en grande quantité, jamais la moindre apparence d’un microbe incurvé rappelant les virgules, dont mes autopsies à Marseille et mes préparations de selles de cholé¬ riques m’ont fourni de si nombreux spécimens. Dans une première note préliminaire (2) à ce sujet, parue le 4 septembre dernier, MM. Finkler et Prior avaient annoncé que l’examen microscopique de ces matières, quand elles sont très aqueuses, peu colorées, ou même riziformes, ne leur avait pas non plus fourni de renseignements précis sur l’existence d’un microorganisme spécial au choléra sporadique. Mais lorsqu’au lieu d’étudier les selles caractéristiques de la période de confirmation de la maladie, ils examinèrent les matières fécales solides rendues au début, une forme bien différente des micrococcus en chaînette qui paraissent constants dans les fèces liquides, vint frapper leur attention. A côté des nombreuses bactéries fourmillant dans les résidus alimentaires, micrococques de (1) Deutsche med. Wochenschrift , 1884 , p. 32 , etc. (2) Untersuchungen u. Choiera nostras , Ibid.; N° 36, 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 597 volume variable, bacilles divers, etc., ils y ont toujours rencontré des bacilles incurvés , groupés en nids, et présentant absolument la configuration des virgules de Koch. Ils purent se convaincre aisément de leur ressemblance en les comparant avec les organismes caractéristiques du choléra asiatique contenus dans une préparation de cet auteur. On est en droit de s’étonner que les baciles courbes qui produiraient les diarrhées cholériformes, ne se soient rencontrés que dans les matières fécales du début de la maladie. Dans l’accès de choléra vrai, tout au contraire, les virgules sont rares dans les selles colorées et surtout abondantes dans les selles riziformes de la période d’algidité; dans les cas foudroyants, elles existent même souvent dans le liquide intestinal à l’état de culture pour ainsi dire pure. Il est difficile aussi d’admettre, avec ces auteurs, que les évacuations aqueuses profuses qui surviennent dans le cours de la maladie, auraient pour effet de balayer l’intestin et de le débarrasser complètement des microbes, auxquels ils attribuent, d'autre part, tous les phéno¬ mènes caractéristiques de la maladie. Les rapports anatomo-pathologiques établis par les observations de Koch, entre la présence des virgules dans les déjections et les lésions propres du choléra, leur abondance proportionnelle à l’intensité même des processus morbides et à la durée des symptômes, font donc défaut dans les observations sur le choléra sporadique. Cette absence de concordance dans les faits observés par MM. Finckler et Prior doit être soigneusement notée. Cependant la description qu’ils donnent des caractères morphologiques de l’espèce du choléra nostras, correspond bien avec celle du microbe cholérigène. Un seul détail dans leur description ne me paraît pas convenir à ce dernier : ils n'y insistent aucunement et ignorent probablement qu’il fait défaut chez le bacille -virgule. L’espèce trouvée dans le choléra sporadique présente, d’après eux, vers le milieu de sa courbure, une épaisseur plus grande, de sorte qu’avec ses extrémités amincies, elle a la forme d’un croissant de lune, tandis que les virgules de Koch ont partout la même épaisseur et des extrémités mousses, arrondies. En outre, par un mode de préparation tout à fait abandonné, — qui consiste à ajouter le liquide colorant directement aux matières fécales, au lieu de les colorer sur des préparations séchées et chauffées sur la lamelle, — ils purent encore y déceler la présence d’autres formes, ayant l’aspect de filaments allongés, à extrémités effilées et à ondu¬ lations variables, ressemblant à de gros spirilles. A côté de ces organismes, se retrouvent enfin toutes les formes intermédiaires entre les longs filaments et les bacilles courts et incurvés. Pour établir les rapports qui pourraient exister entre ces organismes et la maladie, MM. Finckler et Prior s’assurèrent ensuite de l'absence de ces formes dans les selles de malades atteints de typhus, de tuberculose intestinale, de dyssenterie, de diarrhée intestinale et dans les fèces de gens bien portants. Ils concluent des résul¬ tats négatifs de ces examens que les microbes incurvés, trouvés dans tous les cas de choléra sporadique, sont propres à cette affection. Ils cherchèrent, en outre, à isoler cet organisme et à l’obtenir en culture pure , afin de mieux mettre en relief ses propriétés spécifiques, et, en inoculant le produit de ces cultures à des animaux, de démontrer son pouvoir pathogène. Ces divers essais ne donnèrent aucun résultat. Est-il nécessaire pour expliquer les insuccès que ces expérimentateurs ont obtenus dans leurs cultures, d’invoquer, comme ils l’on fait, des circonstances spéciales (1), (1) Weitere Untersuchungen müssen es klarstellen, op die Erfolglôsigkeit unsere Cul- » turversuche für Bouillon einen p.incipiellen Grund hat. . . » p. 582, loc. cit. 3* 598 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ignorées, qui rendraient ces organismes inaptes à végéter dans les conditions auxquelles ils les ont soumis à cette époque ? — Je ne le crois pas et je pense, au contraire, que le procédé assez primitif de culture employé explique tout seul ces insuccès. On doit reconnaître qu’il n’offrait guère de garanties pour l’obtention d’une culture pure et que s'il réussit parfois, c’est en vertu de conditions qui se ren¬ contrent très exceptionnellement. Sans doute, il est exact, comme Koch l’a observé, qu'en déposant une parcelle de mucus intestinal ou de déjections cholériques, ou les virgules sont rares, sur de la toile mouillée ou sur des pommes de terre, exposées sous cloche à une atmosphère humide et à une température de 20° à 25°, on obtient en 24 heures une culture naturelle et presque pure de ces organismes. J’ai pu maintes fois constater ce fait dans mes recherches au laboratoire du Pharo, où ce procédé a servi pour obtenir des préparations extrêmement démonstratives des virgules, mais je doute qu’on puisse en tirer le même parti pour des microorga¬ nismes quelconques. L’explication bien simple de ce fait est donnée par la prodigieuse. faculté de repro¬ duction des virgules, quand elles sont exposées à une atmosphère humide, riche en oxygène. Ce pouvoir de multiplication si rapide caractérise cette espèce, et il n’y a probablement pas beaucoup d'autres microbes qui lui soient comparables à ce point de vue. MM. Finckler et Prior se sont inspirés de cette observation pour chercher à obtenir une abondante multiplication de leurs bacilles. Mais en opérant de cette manière, ils n’obtinrent que des végétations extrêmement exubérantes de petits micrococcus parmi lesquelles on ne trouvait plus de virgules. J’ai essayé de répéter, de loin, cette expérience, en déposant, sur du linge mouillé recouvert d’une couche de gélatine nutritive, une parcelle de la culture que je tiens de leur obligeance; je n'ai pas été surpris de trouver ce milieu envahi dans ces conditions par des colonies très variées, parmi lesquelles les formes incurvées étaient rares. Ce fait démontre d'ailleurs qu’il existe entre les bacilles courbes du choléra asia¬ tique et ceux trouvés dans le choléra sporadique, des différences que l’étude de leurs cultures pures rend plus frappantes encore. Trois semaines après la publication de cette première note, MM. Finckler et Prior annoncèrent , au Congrès de Magdebourg , qu’ils étaient parvenus au moyen de procédés de culture différents de ceux employés par leurs premiers essais, à iso¬ ler l’organisme en question. En inoculant divers milieux , tels que du linge humide , des pommes de terre , du lait , du bouillon et de la gélatine nutritive avec une parcelle üe ces matières fécales, et en faisant de fréquentes réinoculations, ils avaient obtenu, pensaient-ils, dès la sixième ou la septième génération des cultures pures du bacille courbe. Tous les microbiologistes savent combien il est rare qu’on parvienne , en ense¬ mençant un milieu avec une substance contenant des bactéries d’espèces diverses , dont la rapidité de développement et l’adaptation au milieu sont variables, à avoir une culture pure d’un organisme déterminé ; dans ces conditions défavorables, ce résultat si désirable ne peut guère être atteint que par une sorte de hasard. Pour que ce procédé ait quelque chance de réussir, il faut, comme je le disais plus haut, qu’il existe, dans la matière ensemencée, une espèce douée d’un pouvoir reproducteur très grand et à laquelle les conditions de milieu soient très favorables. Dans ce cas, il peut arriver qu’elle se reproduise seule et que ses générations innombrables étouffent, pour ainsi dire , toutes les autres espèces qui l'accompagnent. Or , les expériences citées tantôt , semblent indiquer que les bacilles incurvés du choléra nostras ne jouissent pas d’une activité végétative très grande. Les difficultés qu’on éprouve à obtenir la multiplication d'une seule espèce déter¬ minée d’organismes dans les cultures en masse inoculées au moyen d'une semence JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 599 impure , ont fait imaginer , depuis longtemps , diverses méthodes de triage et de culture fractionnée , qui facilitent leur séparation. Parmi ces procédés , dont l’importance est majeure pour l’obtention de cultures pures , le plus parfait et le plus sûr incontestablement est celui imaginé par Koch : il consiste à cultiver les organismes sur une lame de verre, un porte-objet, clans un milieu nutritif de con¬ sistance ferme, mi-molle. Ce procédé, bien connu depuis les remarquables publica¬ tions des travaux du savant micrologue du Gesundheitsamt de Berlin , permet de reconnaître, sous un faible grossissement , par la forme de leurs colonies distinctes et séparées, les divers organismes confondus et mêlés dans les produits patholo¬ giques. Il est facile, dès lors, de faire isolément des cultures de chacune de ces colonies, tout en ayant la certitude qu’elles ne sont contaminées par aucune autre espèce. J’indiquerai plus loin les résultats très intéressants que ce procédé , si simple à mettre en pratique, m’a donnés en l’appliquant à l’étude des microbes con¬ tenus dans la culture qui m’a été envoyée par MM. Finckler et Prior. Quoi qu’il en soit, par l'examen de nombreuses préparations de leurs cultures, les expérimentateurs de Bonn ont été amenés à admettre dans le cycle de développe ment du microbe courbe une série de phases, qui n’ont guère été observées jusqu’ici chez d'autres microbes et qui offrent le plus grand intérêt. D’après leurs observa tions, les bacilles à la septième génération , mêlés encore à quelques rares micro- coccus, atteignent l'apogée de leur développement en 24 heures. Des formes arron¬ dies semblables h des coccus (des spores ?), prennent ensuite leur place , et dispa¬ raissent à leur tour, après peu de temps, en ne laissant plus comme trace de leur présence que des détritus noirâtres sans forme déterminée. L’apparition, dans les cultures, des bacilles incurvés est donc très passagère , et ils n’y existent, à l'état de pureté, que pendant ce court espace de temps, qui arrive 48 heures après l’ino¬ culation du milieu ; peu après, ils sont remplacés par des formes successives de développement très différentes. Les bacilles augmentent d’abord de volume , prennent l’aspect fusiforme d'une pierre à aiguiser ( Gestalt eines Wetzsteines ), de¬ viennent transparents, et à chacune de leurs extrémités on voit apparaître une spore. Celles-ci, devenues libres et mobiles , s’éparpillent dans le milieu où on les retrouve à côté de l'enveloppe vide du corpuscule qui les a produites. Ces spores germent à leur tour sans avoir changé de milieu , et se transforment peu à peu en bâtonnets courbes, qui finalement s’allongent et prennent toutes les formes possibles des spirilles. L’existence de ces derniers paraît aussi assez limitée. A un moment donné, ils se transforment complètement , en gonflant considérablement en certains points ; les filaments se renflent tantôt à leurs extrémités , en massue, tantôt vers, leur milieu et prennent ainsi les formes les plus bizarres. Arrivé k ce point , le cycle paraît complet, et les spirilles disparaissent. Mais bientôt après , il recommence et l’on voit apparaître soudain dans les préparations des masses énormes de petits bacilles courbes. Très souvent, ils sont agglomérés en nids, ou en groupes, dont la disposi¬ tion rappelle tout à fait la forme des spirilles-mères ( Ammenspirillen ), qui, en écla¬ tant, leur ont donné naissance. A leur tour, ils deviennent le point de départ d’une génération nouvelle en passant par la période de sporulation. Ce mode d'évolution si intéressant , que je viens d’esquisser, présente de l'aveu même de ces observateurs , des différences très marquées avec tout ce qui a été observé et décrit jusqu’ici. Aussi croient-ils devoir insister sur la complète pureté de leurs cultures et sur la présence dans leurs nombreuses préparations de tous les stades intermédiaires de ce cycle végétatif. Mais comme toute cette description des diverses phases de développement des bacilles courbes se rapporte k une série de faits absolument nouveaux dans la science bactériologique, ils doivent être reçus avec la plus grande réserve, et les observations sur lesquelles on les base doivent 600 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. être examinées d’autant plus sévèrement, qu’elles nous amènent à admettre des phénomènes végétatifs tout à fait nouveaux (1). Ces recherches établissent aussi des différences extrêmement nettes entre le mode de développement de cet organisme et celui décrit par Koch : la présence d’une période de sporulation, la transformation des virgules en spirilles très déve¬ loppés, de formes extraordinaires, qui reproduisent par génération endogène (?) une nouvelle génération de jeunes bacilles incurvés, tout dans cette succession déformés végétatives nous éloigne de celles observées pour l’espèce cholérique. La sporula¬ tion, fait de la plus grande importance, n’a jamais été constatée, chez les virgules cholériques, par Koch et ses collaborateurs qui pourtant ne se sont épargné aucune peine, pendant de longs mois, pour les suivre dans toutes les périodes de leur déve¬ loppement. Après ces observations faites dans les milieux et dans les conditions les plus variées, il demeurait peu probable que ce stade de développement existât chez la virgule du choléra asiatique. J'ai fait aussi de nombreuses cultures de cet organisme dans du lait, du bouillon, du sérum, de l’Agar-Agar et de la gélatine nutritive ; elles m’ont fourni des prépa¬ rations en quantité et je crois pouvoir assurer, à mon tour, qu’il n’y existe rien de semblable. Mes observations sur le développement des virgules cholériques sont surtout ba¬ sées sur l’observation directe, continue, sous le microscope, de leurs transforma¬ tions successives, lorsqu’elles vivent dans une goutte de sérum stérilisé, placée en chambre humide sur la platine chauffante de Ranvier. J’ai pu ainsi étudier sans interruption, en maintenant 15 jours durant la culture à 37° par l’excellent thermosi¬ phon de d’Arsonval. On pourrait résumer, comme suit, le mode d’évolution des vir¬ gules cholériques : — Dans les milieux épais, quand la prolifération par division est très active, grâce à une surabondance de matériaux nutritifs, d’oxygène et à la température la plus favorable, — virgules courtes, tantôt libres et isolées, tantôt formant des îlots, où elles sont placées en série, tantôt en filaments composés de virgules disposées bout à bout. — Mouvements gyratoires très vifs, peu étendus, et consistant plutôt en tournoiements sur place. — Dans les liquides nutritifs, tels que le bouillon de poule, le sérum, appa¬ raissent de nouvelles formes ; leur corps légèrement incurvé d’abord se développe en longueur, et en même temps se contourne pour prendre la forme spiraloïde. — Grandes virgules allant jusqu’au demi-cercle complet, demi-spires et spires entières, qui en se multipliant par division, produisent même plusieurs tours complets. — Mouvements en hélice, très rapides, transportant les spirales en avant ou en arrière, comme si elles se vissaient dans le milieu. — Quand l'oxygène commence à manquer dans les couches profondes, ou quand certaines conditions nouvelles surviennent dans le milieu, elles se réunissent à la surface du liquide, en y formant des essaims, — des pelotes de filaments déroulés et enchevêtrés, en tout semblables à des vibrions, souvent même faiblement ondu¬ lés ou rectilignes. — Leur volume paraît alors augmenter. — Peu à peu, leur con¬ tenu se trouble, la membrane d’enveloppe se gonfle ; ils deviennent granuleux et disparaissent finalement en tombant en déliquium. — Toutes ces périodes ont une durée qui varie considérablement. A la température (1) On ne peut guère comparer ce mode d’évolution qu’aux phases végétatives décrites par Geeldes et Ewart pour le Spirillum undula (?) (V. Proceedings of the Roy. Soc., vol. XXIV, 1878, p. 481.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 601 moyenne, après quelques semaines, le liquide n'est plus inoculable à d'autres milieux (1). ( A suivre) Dr E. Van Ermengem. (1) Au moment de metire sous presse, nous recevons du Dr Van Ermengem une lettre qui nous prie de publier dès maintenant les conclusions du son travail , bien que nou^ n’en ayons encore insère que la première moitié. — Nous nous rendons à son désir. D1 J. P. Conclusions principales du travail présenté à la Société Belge de Microscopie , dans sa séance du 26 octobre 1884, par M. le Dr Yan Ermengem. 1. Il existe dans les liquides intestinaux des malades atteints du choléra (8 autopsies et 34 cas d’examen des selles) un organisme identique avec le bacille-virgule découvert par Koch. 2. Sa forme incurvée , ses groupements en S et en chaînes, produites par la juxtapo ilion de ses articles, et parfois sa configuration en filaments faiblement ondulés , fournissent un ensemble de caractères microscopiques qui le font reconnaître facilement des microorganismes pathogènes connus jusqu’ici. 3. Il est plus ou moins abondant dans les produits cholériques d’après la période de la maladie et 1 époque où on les examina. Dans deux cas foudroyants, il existait dans le contenu intestinal à 1 état de culture presque pure. Dans un cas de courte durée, où la malade avait succombé avec des phénomènes d’algidité très prononcés , les virgules ont été trouvées très rares dans le liquide intestinal. — Elles di -paraissent dans les selles colorées de la période de réaction. 4. Il aurait été très important de les rechercher dans les déjections des malades atteints de diarrhée dite prémonitoire • mais nos investigations n’ont pas pu porter sur ce point. 5. Dans le seul cas de choléra algide, où l’examen microscopique n’avait pas permis de retrouver de nombreuses virgules, la mise en culture sur du linge mouillé, placé dans une chambre humide, d’une petite quantité de contenu intestinal, a donné, après 24 heures, un nombre incalculable de virgules caractéristiques. 6. L examen microscopique des déjections peut suffire pour établir le diagnostic du choiera a îatique, lorsqu’on obtient des préparalions où les diverses formes de virgules prédominent. i. La recherche bactérie scopique supplée à l’insuffisance de l’examen microscopique, dans es cas où les virgules sont rares et même ne se retrouvent pas avec certitude dans les prepa- i allons. L aspect caractéristique de leurs colonie', étudiées sous un faible grossissement (150 diamètres), les fait reconnaître sûrement. Le valeur pratique de ces procédés de culture sur porte-objet et dans la gélatine nutritive à 10 /0 est bien démontrée par nos expériences. Des mélanges d’une très petite quantité d'un produit de culture à des masses a sez considérables de sang putréfié, d’urine croupie à l’air, de matières fécales, d’infusion de foin , etc., fournissent des préparations, où le-: colonies typiques de virgules ont pu être retrouvées avec facilité au milieu de'- végétations les plus variées. 8. L étude des caractè es morphologiques des virgules à leurs diverses périodes de dévelop¬ pement, cultivées dans des milieux var és et principalement dans le bouillon de poule et le sérum fluide, montre qu on doit les rapprocher des spirilles vrais. 9. Les circonstances de température et de milieu les plus diverses n’ont pas permis de découvrir chez elles l’existence d’une période de sporulation. Leur défaut de résistance à la dessiccation prouve bien qu’elles ne produisent pas des g rmes résistants. 10. Les cultures dans la gélatine cessent d’être inoculables six à sept semaines après avoir été ensemencées. Les cultures sur Agar-Agar contiennent encore des organismes vivants après hujt à neuf semaines. 11. La température la plus favorable à leur développement paraît être celle de 25 à 31° Sous 16° (entre 8 et 15°) elles se développent encore , mais péniblement. 12 Leurs phénomènes de croissance et de multiplication sont extrêmement actifs. En deux à trois jours , elles liquéfient complètement plusieurs centimètres cubes de sérum coagulé. 602 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. SUR UN NOUVEL INSECTE DU GENRE PHYLLOXERA [PHYLLOXERA SALICIS) (U. J’avais remarqué depuis longtemps la présence sur l’écorce des saules de mon jardin , d’une sorte de moisissure d’un blanc de neige, semblable aux sécrétions cotonneuses de beaucoup de Coccicliens. En fendant un morceau d'écorce , j’y découvris une peau desséchée, que je fis ramollir dans la potasse caustique et qui m’offrit sous le microscope la figure d'un Phylloxéra. C’est un insecte de 0mm,67 de long, jaune, avec des antennes de trois articles et un très long rostre, dépassant de beaucoup l’abdomen. En examinant les écorces , je parvins à voir, dans la même fissure , de petites enveloppes ovoïdes de deux dimensions différentes, les unes de 0mm,36, les autres de 0,nm, 25, presque incolores et paraissant des œufs. Il était évident pour moi que je n’avai6 pas affaire à l’œuf véritable, mais bien à ce que j’ai appelé des pupes sexuées. Je mis alors ces petites enveloppes dans un tube et je les soumis à un examen journalier. Je vis d’abord ces petites pupes se dresser sur leur extrémité postérieure , et croître en se dégageant d'une très fine pellicule , qui leur formait comme une tige. Vers le quatrième ou cinquième jour, je commençai à distinguer deux petits yeux noirs, puis de petites pattes, excessivement courtes, et des antennes, bien plus courtes encore , ne formant qu’un petit moignon triarticulé. Pendant huit ou dix jours , je pus suivre le développement de ce genre microscopique , se balançant dans son calice soyeux , et s'élevant toujours. Enfin l’évolution est accomplie et , comme une graine mûre , les insectes sexués 13. Les bacilles incurvés de la salive, signalés déjà par Miller (mars 1884) et que le Dr Lewis croit identiques aux virgules cholériques, ne se développent pas dans la gélatine à 10 °|0. 14. Les cultures des organismes auxquels MM. Finclder et Prior attribuent la pro¬ duction du choléra noslras , sont impures. Celle que j’ai examinée contient deux espèces de bacilles. Leur mode de végétation et l’a-pect de leurs colonies dans la gélatine diffère de ceux des virgules du choléra asiatique. L’un d’eux communique aux milieux de culture une fluorescence vert-bleue très caractéristique, qui fait défaut dans les cultures pures des virgules. 15. Les essais d’inoculation des produits de culture ont donné jusqu’ici des résultats très encourageants chez quelques espèces animales , telles que les chiens , les lapins et les cobayes. Trois cobayes sur quatre ont succombé en deux à trois jours à l’injection dans le duodénum d’une goutte d une culture (4e jour) des virgules dans du sérum liquide , d’après la méthode de MM Nicati et Rietsch , de Marseille. Les phénomènes cadavériques ont été ceux du choléra , et les liquides intestinaux renfermaient de grandes quantités de viigules. 16. L’action pathogène de ces produits de culture e t due vraisemblablement à une zymase, à un composé albuminoïde facilement lestructihle. D.'S globules de sang humain frais, placés en prép ration sur la platine chauff inte de Ranvier, et mis en contact avec une goutte d’une culture au sérum, présentent des altérations caractéristiques et comparables en tout avec celles décrites par MM. Nicati et Rietsch d’après leurs observations du sang des cholériques. 17. La découverte du bacille-virgule a la plus grande importance pour le diagnostic des accidents cholériformes de nature douteuse qui se produisent au début des épidémies , et pour l’application de mesures prophylactiques d’autant plus efficaces, que ce diagnostic précoce permet de les ins'ituer en temps opportun 18. L’application au diagnostic du choléra vrai des procédés bactérioscopiques n’offre pas de grandes difficultés d’exécutien au point de vue pratique , et il serait extrêmement désirable, en présence des menaces sérieuses d’invasion du choléra en Belgique, qu’un nombre suffisant de médecins, préposés au s rvice sanitaire, y soient initiés dans le plus bref délai. (1) C. R. de l'Ac. des Sc. — 13 octobre 1884. ^ E. v. E. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 603 male et femelle, se laissent tomber sur le bouchon du petit tube qui les renferme et l'accouplement, a lieu. Le mâle meurt bientôt après. La femelle pond alors un énorme œuf, jaune clair, presque aussi gros qu’elle-même, et je puis soumettre les deux sexes au microscope. Ainsique je l’avais prévu, ce sont bien des insectes sexués, offrant tous les caractères des Phylloxériens. Le rostre manque complètement , les membres sont presque rudimentaires, surtout les antennes, réduites à un petit bouton très court. La moisissure du sol n’est que l’amas de dépouilles de ces pupes, qui se dégagent d'une façon si singulière de leur longue pellicule. J’ignore si je réussirai à suivre l'évolution ultérieure de cet insecte ; je ne com¬ prends vraiment pas , vu son abondance, qu’il ait pu échapper jusqu’à présent à l’observation. Je l’appellerai Phylloxéra salicis. Il se rangera dans le groupe de ceux dont la forme pupifère est aptère ; je tacherai, au printemps, de compléter son histoire. J. Lichtenstein. LARYNGOSCOPE ÉLECTRIQUE ET ÉCLAIRAGE POUR LE SPECULUM. Par MM. Corneloup et Cadot. MM. Corneloup et Cadot, ingénieurs électriciens bien connus, ont trouvé une heureuse application des lampes minuscules, genre Swan, que nous avons le premier, en France, employées à l’éclairage électrique du microscope. Tout le monde connaît aujourd’hui ces petites lampes que M. Trouvé a logées dans des bijoux et que M. Vaucorbeil a placées dans la coiffure des danseuses de l’Opéra. MM. Corneloup et Cadot s’en servent d’une manière moins poétique, mais plus utile , — pour éclairer le laryngoscope et le spéculum. Déjà, en 1865 , le Dr Brück , de Breslau , avait eu , le premier, à ce que nous croyons, l’idée d'employer l’incandescence d’un fil de platine placé dans un courant à l’éclairage de la cavité buccale ; en 1867, le Dr Millot, et, en 1868, le Dr Lazarevic, de Karkoff , avaient employé le même système à l’exploration de diverses cavités du corps humain , notamment du vagin. Mais tous ces appareils, encombrants, en raison de la pile nécessaire , peu maniables, irréguliers dans leur fonctionnement , furent aussitôt abandonnés comme impossibles. C'est en 1870 que M. Trouvé reprit le problème et, grâce à la pile secondaire de Planté, réalisa un appareil plus pratique et que tout le monde se rappelle sans doute avoir vu à l’exposition de 1878. C’était le polyscope dans lequel la lumière était fournie par l’incandescence d’un fil de platine de 1/6 à 1/12 de millimètre, aplati en disque à son milieu. Cette lumière réfléchie par de petits miroirs de diverses formes servait à éclairer le larynx, les fosses nasales, le vagin , et même les cavités de l’estomac et de la vessie. Mais cet appareil avait encore de nombreux inconvénients : le fil de platine fondait s’il était trop fin , se transformait en cautère s’il était trop gros , etc. .. Et le prix du polyscope était de quelque chose comme 150 à 160 fr. et même davantage. MM. Corneloup et Cadot ont remédié à tous ces inconvénients en employant les petites lampes à incandescence. La lampe est portée sur un manche de 25 centi¬ mètres de long contenant les deux fils et terminé par un petit miroir en glace argentée qui réfléchit vers l’observateur l’image des surfaces éclairées par l’étincelle, — ceci est pour le laryngoscope. Pour l’éclairage du spéculum, la petite lampe est portée par une pince en communication avec la source électrique et qui se fixe par une vis de pression sur n’importe quel spéculum; elle envoie sa lumière dans le 604 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. corps de l’instrument et l’œil voit directement les surfaces profondes de la cavité vaginale vivement éclairée de cette manière (Fig 58). Le trait caractéristique de cette invention est dans l’artifice fort élégant du montage de la lampe sur le support. Cette ingénieuse disposition qui contribue à rendre l’instrument si pratique et si commode est de l’invention de MM. Cadot et Corneloup et non de M. Mareschal comme on pourrait le croire d’après un article de la Nature (26 août). Fig. 58. — 2. Laryngoscope de MM. Cadot et Corneloup, éclairé par une lampe à incandescence. 1. Eclairage pour le spéculum , par les mêmes constructeurs. La lampe peut être enlevée instantanément et remise en place ou remplacée par une autre. Le miroir s’enlève avec la même facilité, ce qui permet d’employer le manche du laryngoscope à d’autres usages par exemple comme porte-cautère. Quant à la pince qui porte l’éclairage du spéculum, elle peut se fixer sur les instruments de toute construction et son prix n’est que de 15 fr. Le laryngoscope coûte 30 à 35 fr.; les lampes de rechange , 7 fr. La même lampe peut servir pour le spéculum et le laryngoscope. Les appareils fonctionnent avec 2 éléments (1/2 litre) au bichromate montés en tension ou bien avec un accumulateur de poche. On peut considérer cette fois le problème comme résolu. Ajoutons , ce qui ne gâte rien, qu’il est résolu d’une façon fort élégante et très pratique. Nous ne pouvons que féliciter MM. Cadot et Corneloup. Dr J. P. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 605 NOTES MÉDICALES. CHLOROSE TRAITEE PAR L’EAU DE POUGUES. Mme Jeanne M - , âgée de 32 ans, professeur de piano , demeurant rue Denfert- Rochereau, n° 94 , me fait appeler parce qu’elle se trouve depuis longtemps , mais particulièrement depuis quinze jours , dans un état d’affaiblissement , d’épuisement qui l’inquiète. Il y a déjà longtemps qu’elle n’a plus d’appétit ; la viande lui fait horreur , elle ne digère pas le lait. Elle n’a de goût que pour la salade , les radis et le hareng saur. Mais elle ne les digère même plus. Ses règles, ordinairement abondantes, durant huit jours et revenant à peu près toutes les trois semaines , ont disparu depuis près de deux mois , et la dernière fois elle a été réglée, dit-elle, pendant cinq minutes. Elle ne peut plus sortir; elle a des étourdissements pendant lesquels elle est près de tomber, des palpitations très douloureuses au moindre mouvement , et même des hallucinations de la vue : elle voit des hommes qui passent derrière son fauteuil pendant qu’elle travaille , mais elle se rend compte que ce sont des illusions de ses sens. Je la trouve dans cet état et constate les symptômes suivants : teint décoloré , cirèux ; muqueuses exsangues ; pouls lent , filiforme , misérable , irrégulier ; amai¬ grissement notable ; estomac douloureux, ballonné ; inappétence , vertiges, consti¬ pation extrême ; crampes d’estomac, maux de tête , bourdonnements d’oreilles , éructations acides , etc . L’auscultation de la poitrine ne révèle aucune menace du côté des poumons ; le cœur est un peu hypertrophié; souffle au premier temps ; bruit de diable. Pas de fiueurs blanches. Chlorose avec gastralgie. La malade a été pendant longtemps traitée comme chlorotique , mais le vin de quinquina lui donne des crampes d’estomac et quant au fer « elle en a tant dans le corps qu’elle fait perdre le nord aux boussoles rien qu’en les regardant. » — Elle déclare ne plus vouloir en prendre, jamais. Dans ces conditions , je pense que la première chose à faire est de rétablir la nutrition , la malade ne présentant aucun symptôme d’affeciion organique. Pour cela, il faut vaincre la dyspepsie et rétablir une alimentation raisonnable. Traitement. — Suppression de la salade, des radis et des harengs saurs. Prendre tous les matins une petite tasse de bouillon avec une cueillerée à café de peptone Chapoteaut. A déjeuner une noix de côtelette bien cuite , un œuf à la coque, un fruit bien mûr ou un peu de fromage. Vin de Bordeaux coupé avec de l’eau de Pougues St-Léger. Au dîner, régime analogue , avec un peu de légumes frais et cuits. Eau de Pougues. Repas à des heures régulières. Trois jours après , je revois Mme M. . . ., son état n’a pas changé. Le premier et le second jour, elle a vomi son dîner. La digestion du déjeûner a été pénible : gon¬ flement de l’estomac , congestion à la face , éructations; mais pas de vomissements. Le troisième jour les choses se sont un peu mieux passées. Continuation rigoureuse du régime ; prendre deux verres d’eau de Pougues à chaque repas. Courte promenade après le déjeuner. La malade suit le traitement avec exactitude pendant huit jours. L’aspect exté¬ rieur est encore à peu près le même , toutefois si l’appétit n’est pas revenu , au moins n’y a-t il plus de dégoût pour le peu d’aliments qu’elle prend , lesquels sont 606 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. digérés sans grande difficulté. Les crampes d’estomac ainsi que les vertiges ont absolument cessé , et surtout les hallucinations , ce qui enchante Mme M. .. . qui « avait peur de devenir folle. » Continuation du régime. — Je recommande de ne pas négliger de boire chaque jour quatre verres d’eau de Pougues (le seul ferrugineux que la malade prenne). Quelques jours après , M'ne M _ se sent plus forte. Elle a pu donner une leçon de piano , et pense que la semaine prochaine elle pourra revenir à ses occupations. Je l’engage à continuer le même régime et à ne pas se trop hâter de reprendre ses leçons qui sont très fatigantes. D’ailleurs, les forces reviennent réellement, les muqueuses se colorent, la malade est gaie. Elle a découvert que depuis quelque temps elle adore les rognons à la brochette , — elle qui ne pouvait, il y a un mois , les voir sans nausées. Traitement: Rognons à la brochette for ever , etc. — Eau de Pougues , deux verres à chaque repas. Au bout d’un mois , Mme M _ a repris toutes ses occupations; sans être absolu¬ ment vigoureuse, elle va bien ; l’appétit s’est réveillé et elle mange convenablement. Le teint est meilleur. La malade marche certainement vers une prompte guérison. J’ordonne un régime réconfortant sans être encombrant, et la continuation de l’eau de Pougues. On me promet de m’obéir religieusement , et je sais qu’il sera fait comme il est dit. _ Epilogue. — Ceci se passait à la fin de l’été dernier. Je n’avais plus revu M:ne M. . . .; plusieurs fois, j’avais été chez elle, sans rencontrer personne. Et je n’v pensais plus, lorsqu'il y a quelques jours, je l’ai trouvée, le soir, dans une réunion d'artistes. Elle était fort gaie , rose et animée, paraissant s’amuser beaucoup et ne plus du tout penser à sa maladie, non plus, il faut le dire, qu’à son médecin. — Et alors , lui dis-je , vous êtes guérie? — Parfaitement, docteur, grâce à vous , et je vous remercie de tout mon cœur. — Il n’y a pas de quoi , chère madame , mais vous me paraissez encore un peu essoufflée. • — Oh ! c’est que je viens de danser. Nous avons fait quelques tours de valse. — Bigre ! répondis-je , vous en avez joliment rappelé. Et ces rognons à la bro¬ chette , qu’est-ce que vous en faites ? — Les rognons... , je trouve ça un peu mince , maintenant; j’aime mieux un bon bifteck avec beaucoup de ponnnes-paille autour. — Et, tenez, êtes-vous des nôtres? — A minuit, nous allons descendre tous chez Grüber manger une chou¬ croute garnie de quelques saucisses de Francfort. — Saprelotte ! — Et vous allez digérer ça ? — Je vous crois ! — Oh ! mais, je bois toujours ma bouteille d’eau de Pougues tous les jours. Sans cela, je me figure que je ne digérerais rien du tout. — Et vous avez raison. — Certainement que j’ai raison. Et vous voyez qu’on peut guérir les chlorotiques sans leur fourrer du fer. — Parfaitement ! mais l’eau de Pougues - — Ah oui ! — Vous m’avez bien dit qu’il y en avait un peu de fer dedans, mais il y en a si peu . — C’est vrai , il n’y en a pas beaucoup, mais il paraît qu'il y en a assez. Dr J. Pelletan. t Le gérant . E. PROU T. Huitième année. N° 12 Décembre 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE *. Revue, par le Dr J. PELLETAN. — Quelques détails de l’histoire naturelle du Clathrulina elegans , par Miss Sara Gwendolen Foulke. — Les Hyménomycètes au point de vue de leur structure et de leur classification (suite), par M. N. Patouillard. — Contribution à l’étude du Bacille du choléra asiatique [suite), par le D1' Van Ermengem. — Note sur la résolution en perles de VAmphipleura pellucida et sur la nature réelle des stries des Diatomées , par le Dr A. Yan HéurCK ; Observations sur ce travail , par le Dr Van Ermengem. — Table des matières contenues dans le tome VIII du Journal.de Micrographie. — Table des Auteurs. — Table des Figures et des Planches. — Avis divers. - -XX~ - REVUE. L’espace nous étant très parcimonieusement mesuré dans ce fasci¬ cule, nous nous bornerons aujourd’hui à signaler à l’attention de nos lecteurs plusieurs publications que l’obligation, où nous étions, de nous occuper des importantes questions du jour nous a fait négliger depuis quelque temps. * * * s L’ American Naturalist , contient un intéressant article du Dr G. O. Whitman, sur les organes sensoriels segmentaires de la Sangsue. Nous reproduirons prochainement, avec la planche qui l’accompagne, ce remarquable travail dans lequel l’auteur prouve que les papilles que portent les Sangsues de chaque côté du corps, sur les segments de cinq en cinq, sont les homologues des yeux. Dans un des récents fascicules du Quarlerly Journal of Microscopical 612 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Science , le Dr G. T. Hudson donne une nouvelle classification des « Rotifères , » qui sont pour nous des Rotateurs. Il partage cette classe en 4 ordres fondés, en somme, sur les mêmes caractères que ceux que Dujardin a établis jadis. I. Rhizota. — Rotateurs fixés. (Floscul ariens, Mélicertiens. II. Bdelloïda. — Rotateurs qui nagent et qui rampent. (Philodi- niens. III. Ploïma. — Rotateurs nageurs. ( Hydatiniens , Synchœiiens , N otommatiens , Asplanchniens , Brachioniens, Pterodiniens, Euchlanidiens) . IV. Scirtopoda. — Rotateurs qui nagent avec leur couronne ciliaire et sautent à laide de membres creux contenant des muscles. (Pêdalioniens) . Cette nomenclature, dans ses grandes divisions, au moins, repro- duit à peu près, sous d’autres noms, les groupes créés par Dujardin, et ne nous paraît pas réaliser un progrès bien sérieux dans la classification de ces êtres. * * * Le Zoologischer Anzeiger (n° 165, 1884), donne la description d’un appareil employé par le D1 F. W. Hoffman pour obtenir une pénétra¬ tion complète, par la paraffine, des objets un peu gros, de plus de quel¬ ques millimètres d’épaisseur , que l’on veut inclure dans cette substance. Nous donnerons , dans un prochain numéro , l’explication de cet appareil qui nous paraît , d’ailleurs , assez compliqué et que l’on peut remplacer, à notre avis, par des dispositions beaucoup plus simples. « Dans le Zeitschrift fur wiss. Zoologie (XL, H. 4.), M. Witlaczil a publié un assez long travail sur le développement des Aphides ; il y décrit ses procédés d’examen pour les embryons et les œufs. Les embryons des pucerons vivipares sont examinés dans une solu¬ tion de sel marin à 11/2 pour 100, dans laquelle ils restent vivants pendant près d’une heure. Les premières phases de développement des œufs peuvent être suivies après un traitement par l’acide chlorhydrique ou l’acide acé¬ tique (à 3 pour 100) qui, dissolvant en partie les granulations vitellines, rendent la préparation plus transparente. Il en est tout autrement pour l’examen des dernières phases : le même traitement rend la prépara¬ tion plus opaque. M. Ludwig Will prépare les ovaires de pucerons vivipares, par les coupes, de la manière suivante : JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 613 On tue le puceron dans l’eau à 70° G, puis on le durcit dans des alcools de plus en plus forts. On ponctionne alors la peau avec une très fine aiguille, afin que la matière colorante la traverse, et l’on emploie une substance très fortement colorante, le borax- carmin et l’hématoxyline, par exemple. Il faut ensuite se servir de la laque ou du collodion pour fixer les coupes dont , sans cela , certaines parties pourraient se détacher. Dans un fascicule antérieur du même recueil, M. K. Kr pelin, de Hambourg, avait publié un travail sur un sujet bien souvent étudié : Anatomie et physiologie de la trompe de la Mouche. Il s’agit de la Musca vomitoria. Nous donnerons , sinon la traduction intégrale, au moins une analyse détaillée de ce travail et nous en reproduirons les principales figures. * * * Le Bulletin de la Société l. des Naturalistes de Moscou (n° 1, 1884) nous apporte un intéressant mémoire du général O. Radoszkowski sur les armatures copulalrices des mâles du genre Bombus. C’est un travail très important, que nous recommandons aux hyménoptéro- logistes et qui est accompagné de quatre planches représentant les organes de près de cinquante espèces de Bombus. Dans le même recueil, nous trouvons un bon mémoire de.M. W. Lwoff, sur l’histologie du cheveu, de la soie, des écailles et des plumes, avec quatre planches très finement dessinées (Texte allemand). Enfin, nous signalerons dans le fascicule précédent (4, 1883) de ce Bulletin, un intéressant article de M. Edouard Kern, de Moscou, sur le Cœoma pinitorquum , champignon qui détruit le bois des pins. Ce travail est accompagné de jolies planches, dont une coloriée, représen¬ tant très exactement les effets du champignon sur le bois de l’arbre et la structure microscopique du cryptogame, et de deux cartes montrant la marche du Cœoma sur les terrains étudiés par l’auteur depuis l’année 1862 (Texte allemand). * * * Le savant professeur de l’Université de Bologne, M. G. V. Ciaccio, l’histologiste bien connu du monde savant, a fait récemment paraître, dans le recueil des Mémoires de l’Académie R. des Sciences de Bologne, un grand et excellent travail sur la fine structure des yeux des Diptères. Cet ouvrage considérable se compose principalement de 12 superbes planches in-folio qui étaient, dans l’origine, destinées à illus¬ trer un mémoire important que l’auteur espérait, depuis plusieurs années, 614 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. pouvoir achever. Malheureusement sa santé ébranlée, les événements, les occupations diverses l’en ont empêché, et aujourd’hui, n’espérant pour ainsi dire plus pouvoir finir son travail, il se décide à publier ses planches avec de simples légendes explicatives. Or, ces douze planches sont de véritables chefs-d’œuvre, dessinées à la chambre claire par le prof. Giaccio et contenant 173 figures métho¬ diquement disposées . Chacune des planches représente d’abord une coupe générale de l’organe entier, l’œil d’un Diptère appartenant aux principales familles du groupe, suivant l’ordre établi par Rondani, le savant entomologiste que la science regrette. Ces espèces sont les suivantes : Hippoboscidés. — Hippobosca equina. Œstridés. — Gastrophilus hœmorrhoidalis . Syrphidés. — Eristalomya tenax , Syrphus corolla. Syrphidés, Anthomydés. — Lasiophticus pyrastri, Sphœrophoria scripta, Megaglossa humbrarum. Muscidés. — Somomya erypthrocephala. Empidés. — Empis livida. Leptidés. — Thereva plebeja. Asilidès. — Seilopogon impar , Asilus genualis. Bombilidés. — Bombilius fulvescens. Tabanidés. — Tabanus grœcus, T. autumnalis, Chrysops mar - moratus. Chironomidés. — Culex pipiens. Tipulidés. — Pachyrhina crocata. Pulicidés. — Pulex irritans. Ocelles ou Stemmates. — Gastrophilus hœmorrhoidalis , Chry¬ sops marmoratus, Bombilius fulvescens . Autour de cette coupe représentant l’organe entier, sont groupés, sur la même planche, les dessins des divers détails de l’organe. L’explication des planches est faite d’une manière méthodique, les mêmes lettres représentant dans toutes les figures les mêmes éléments, ce qui permet de faire facilement et , pour ainsi dire , d’un seul coup d’œil, une étude comparative des mêmes organes chez les différentes familles de Diptères, en évitant des répétitions et des recherches fa¬ tigantes. Près de chaque figure représentant une préparation microscopique, sont indiqués les méthodes de technique micrographique qui ont été mises en œuvre et le grossissement avec lequel la figure a été dessinée. En somme, comme on le voit, ce magnifique atlas forme une mono¬ graphie des organes optiques chez les Diptères, qui, fondée sur l’étude d’un certain nombre de types méthodiquement choisis dans les princi¬ pales familles (Je ce groupe d’insectes, est de nature à donner, sur la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 615 composition et la structure intime de ces organes, des notions aussi complètes que possible, ce que n’avaient pu faire jusqu’ici l’examen de quelques espèces prises isolément, et suivant les caprices ou les pré¬ férences des observateurs, parmi le monde aussi nombreux que divers des mouches à deux ailes. Aussi, bien que nous regrettions que l’éminent professeur de Bolo¬ gne n’ait pas pu joindre à son splendide recueil de planches, le volume de texte dont il avait primitivement l’intention de l’accompagner, nous trouvons ces dessins , supérieurement exécutés d’ailleurs , tellement éloquents par eux-mêmes que nous ne savons pas trop , en vérité , ce que l’auteur eût pu ajouter à la brève et lucide légene qui explique chacune de ces planches. Aussi , nous adressons au professeur G.1 Y. Giaccio nos félicitations les plus vives , regrettant surtout, mais le regrettant beaucoup, de ne- pouvoir absolument , et par aucun moyen , reproduire ces belles planches pour l’édification et l’instruction de nos lecteurs. • • Le Bolletino Scientifico de Pavie, dont le dernier fascicule pour 1884 a paru récemment, est plein de travaux intéressants relatifs à l’histoire naturelle des microbes. Nous y trouvons d’abord une impor¬ tante notice due au professeur L. Maggi sur V influence des hautes températures sur le développement des microbes , note accompagnée de procès-verbaux d’expériences et de tableaux que leur étendue nous empêche de reproduire ; un autre travail, du même genre, dû aux professeurs A. de Giovanni et G. Zoia, est relatif au développement et à la résistance des bactéries et des vibrions en présence de diverses substances médicinales ; le Dr E. Bonardi publie aussi une note sur Vinfluence de V acide phènique sur les microbes et sur leur dévelop¬ pement. Enfin , le professeur L. Maggi revient à la question des eaux potables qu’il étudie depuis longtemps et avec tant de soins ; à propos de la technique qu’il met en œuvre pour l’examen microscopique de ces eaux, il compte le nombre de réactions microchimiques qu’on doit opérer sur chaque échantillon d’eau à étudier. Il établit ainsi, d’une manière générale, qu’il y a à faire dix catégories d’expériences et deux examens au microscope pour la partie superficielle de l’échantillon, deux pour la partie moyenne et deux pour le fond. Enfin, quant au temps néces¬ saire à cette étude, il établit qu’il ne faut pas moins de 15 heures. * * * A propos des eaux potables, — c’est-à-dire des eaux qu’on boit, ce qui ne prouve pas du tout qu’elles soient bonnes à boire, — nos lecteurs 616 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. se souviennent peut-être que nous avons naguère fait un tableau, peu flatté mais vrai, des bords de la Seine aux environs de Paris. Or voici ce que nous lisions, il y a*quelques jours, dans un journal politique: « On boit à Paris plus d’eau de Seine que d’eau de sources. Voici » néanmoins ce qu’on a trouvé cet été dans la rivière, indépendamment » des ordures de toute nature, des graisses, etc. » 3929 chiens , » 1916 rats , » 349 chats ; » 191 poules , » 130 lapins , » 23 débris de viandes pourries , » 8 oies , » 3 dindes , » 2 sangliers , » 2 moutons , » 1 chèvre , » 1 porc, » 1 chevreuil , % » 1 veau , » 1 singe. » Très joli votre catalogue, ô statistique, mais les hommes, les noyés, les machabés , qu'est-ce que vous en faites ? Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORIGINAUX. QUELQUES DÉTAILS DE L’HISTOIRE NATURELLE DU GLATHRULINA E LE GAN S 0). En récoltant des Infusoires parmi les Lemna et les feuilles du Nuphar jaune, dans un fossé près de Brandy wine Greek, comté de Ghester, Pensylvanie , l’auteur a été assez heureuse pour capturer un grand nombre d’exemplaires du bel Héliozoaire : Clathrulina elegans. (2) Ce Rhizopode était fixé par myriades aux radicelles des Lemna , par groupes composés souvent de plus de vingt-cinq colonies-souches, (1) Communication à l’Académie des Sciences Naturelles de Philadelphie, 15 janvier 4884. (2) Nos lecteurs trouveront une description du Clathrulina elegans dans le Journal de Micrographie , T. VIII, 1884, p. 135. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 617 tellement serrés par l’enchevêtrement des pédicelles, et tellement entourés de débris qu’ils cachaient complètement la radicelle qui les portait. Les animaux étaient dans un état très actif, se nourrissant au moyen de leurs pseudopodes rayonnants, caractéristiques, et se multi¬ pliant par division si rapidement que l’eau était remplie de corps à forme d’Actinophrys, et presque toutes les capsules portaient de 1 à 10 jeunes individus. Après être restés en captivité pendant deux semaines, les grands groupes sociaux avaient diminué en nombre et les individus solitaires étaient beaucoup plus nombreux. La reproduction se faisait encore, mais d’une manière moins active et par des procédés divers. Ce sont les phénomènes observés pendant l’acte de la reproduction qui font le sujet de cette communication. Les modes de reproduction sont au nombre de quatre, dont deux sont assez analogues, tandis que les deux autres ont un caractère essentiellement différent. Ces quatre modes sont : 1° par division ; 2° par expulsion instantanée d’une petite masse de sarcode ; 3° par transformation du corps en monades flagellées ; 4° par la formation et la mise en liberté de petits germes. Dans le premier mode, et c’est le plus commun, la masse sarcodique placée à l’intérieur de la capsule rétracte ses rayons, se resserre et se divise en deux à quatre masses granuleuses qui, après une période variable de repos, passent à travers la capsule et immédiatement allongent des rayons pseudopodiques de tous les côtés, prenant ainsi l’aspect d’un Actinophrys sol. Ces corps à forme d'Actinophrys déve¬ loppent bientôt un tronc protoplasmique ou pédicelle, à l’aide duquel ils s’attachent, ordinairement, sur la capsule du parent. Une mince couche de protoplasma est ensuite séparée et sous-tendue à une cer¬ taine distance du corps par les rayons ; et celle-ci, par développement et secrétion, devient la capsule siliceuse treillissée. Le pédicelle aussi devient plus rigide, quoique conservant toujours une certaine flexibi¬ lité. Ce procédé de reproduction a été d’abord décrit par Cienkowsky, le grand observateur russe qui a découvert le Clathrulina elegans (voir Leidy, Rhizopods of N orth America). Dans le second mode de reproduction, les rayons ne sont pas rétrac¬ tés et le corps ne se divise pas, mais le sarcode finit par devenir vacuolaire et présente des projections en forme de boutons. Tout à coup une petite masse de sarcode, ordinairement une des projections en bouton, se détache et, passant à travers la capsule, émet des rayons, et, quoique plus lentement, se développe de la même manière que ci-dessus. Cela continue jusqu’à ce que le corps du parent soit très réduit en grosseur ; alors les rayons s’allongent de nouveau et l’animal revient à son état ordinaire. 618 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Le troisième mode de reproduction se fait par la formation et l’émis¬ sion dè petits germes. A cet état, encore, les rayons ne sont pas retirés, mais le corps du Clalhrulina se remplit de fines particules vertes, qui, même avant d’être mises en liberté, présentent des mou¬ vements actifs. Un certain nombre de celles-ci sont expulsées, enfer¬ mées dans une fine lame protoplasmique ou sac globuleux qui se rompt bientôt et les germes, mis en liberté, nagent çà et là. Le déve¬ loppement ultérieur de ces germes est encore à suivre. Le quatrième mode est encore plus remarquable et est aussi signi¬ ficatif, car il met en lumière une nouvelle phase de l’histoire natu¬ relle des Héliozoaires. Le Clathrulina sur lequel ces phénomènes ont été observés pour la première fois avait retiré ses rayons et s’était divisé en quatre segments, comme dans le processus ordinaire, mais le sarcode, au lieu de devenir granuleux et inégal, devint plus lisse et plus transparent. Puis vint une période de quiescence, — dans ce cas de 5 à 6 heures de durée, bien que dans d’autres circonstances, elle ait duré trois jours et trois nuits ; — après quoi, un des quatre segments commença à émerger peu à peu hors de la capsule ; puis, un second segment quelques minutes après. En passant à travers la capsule, ces masses de sarcode semblaient avoir une consistance plus épaisse que les corps similaires qui, dans le mode ordinaire, revêtent instantanément la forme Actinophrys. Après être complètement sorties, les masses de sarcode restèrent environ une minute à l’état de repos, s’allongeant ensuite graduelle¬ ment. Puis, un frémissement se fit visiblement à l’une des extrémités et un court prolongement de sarcode apparut ondulant de côté et d’autre. Celui-ci s’allongea aussitôt en flagellum, les vibrations deve¬ nant plus rapides, jusqu’au moment où les deux monades, mises en liberté en même temps, s’en allèrent à travers l’eau. On put les suivre pendant environ dix minutes, puis on les perdit de vue dans une niasse de détritus, et la crainte de les confondre avec quelques monades ordinaires décida l’observateur à abandonuer leur recherche. Pour revenir à la capsule parent, une troisième monade s’était échappée pendant ce temps, et au bout de 25 minutes, le quatrième segment, à son tour, s’approcha des parois de la capsule, sortit, déve¬ loppa un flagellum et se mit à nager, monade libre. — Avec un objectif d’un demi-pouce, on put l’examiner avec soin et noter les détails sui¬ vants: corps ovale, transparent; noyau de couleur sombre et situé vers le centre ; vésicule pulsatile petite, située postérieurement ; flagellum un peu plus long que le corps. Pendant 1 heure 50 minutes, la monade nagea librement dans toutes les directions, tournant ordinairement en cercles de plus en plus larges et tout d’un coup s’élançant sur la tangente pour recommencer en un autre point. Au bout de ce temps, elle toucha dans sa course un des jeunes •JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 619 Chathrulina libres, et pour éviter qu’elle ne fût la victime des mœurs cannibales de ses parents, on frappa sur le couvre-objet de la chambre humide et le courant produit emporta la monade à quelque distance de là , où elle resta , pendant quelques secondes , presque sans mouvement. En employant un grossissement de 350 diamètres, on put voir la monade attacher le bout de son flagellum au verre et tourner rapide¬ ment pendant quelques moments, puis, instantanément, tout le corps devint sphérique, des rayons furent émis et la monade transformée devint de tous points, sauf la taille, semblable à ses parents à forme d’Actinophrys, dont le sort avait été si différent. Dans quelques cas, la monade reste attachée par son flagellum, s’en servant comme de pédi- celle. Le développement tout entier, depuis le moment où la monade avait commencé sa vie libre, avait duré deux heures et quelques secondes Ce mode de reproduction assure une distribution plus large des jeunes que cela ne serait possible avec la forme paresseuse d’Actinophrys. 11 semble raisonnable de supposer que c’est là une sage précaution pour perpétuer l’espèce , en cas qu’il advienne des conditions d’existence adverses, et aussi pour empêcher une accumulation trop grande d’ani¬ malcules dans un espace circonscrit. La tendance de ces Rhizopodes à s’attacher à la capsule du parent, résultant de l’inertie de la forme Actinophrys des jeunes, et le fait que ce mode de reproduction est apparemment produit par une captivité prolongée, ce qui nécessairement amène des conditions d’existence adverses, semblent légitimer les conclusions ci-dessus. Miss Sara G. Foulke. DES HYMÉNOMYCÈTES AU POINT DE VUE DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR CLASSIFICATION (Suite.) (1) Genre 2. — Monta gnites Fr. Epier, p. 240. Fries caractérise ainsi ce petit groupe : Voile universel, volvacé, persistant, stipe dilaté au sommet en un disque plan, orbiculaire, à la marge duquel sont fixées des lames libres, rayonnantes, persistantes à fl) Voir Journal de Micrographie , T. VIII , 1884, p. 33, 101, 158, 221, 266, 338, 385 436, 471, 532 et 579. 620 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tranche obtuse. Spores oblongues, lisses, noires -rousses. Trame cellulaire. Ce petit groupe, qui dans nos climats ne renferme qu’une espèce, le M. Candollei du midi de la France, est intermédiaire entre les Aga¬ rics et les Gastéromycètes ; il touche aux premiers par les Coprins, dont il a les spores ; si dans un Coprin on considère le chapeau réduit à sa simple pellicule supérieure, s’étendant sur des lames attachées au disque qui surmonte le stipe, on aura un Montagnites ; d’un autre côté un Gyrophragmium (Gastéromycètes) entièrement développé a les plus grandes analogies avec ce petit genre. Genre 3. — Boletus. Les Bolets sont très voisins des Agarics dont ils ont tous les carac¬ tères essentiels ; on peut dire que ce sont des Agarics dans lesquels les lames sont remplacées par des tubes dans l’intérieur desquels s’étend l’hyménium. Ces tubes, dans la plupart des espèces, sont facile¬ ment séparables du chapeau, mais ce caractère n’est pas absolu. Le mycélium est filamenteux ou nématoïde et rampe dans le sol ou parmi les débris végétaux qui le recouvrent. Sur ce mycélium on voit s’élever de petits mamelons celluleux qui sont les rudiments des réceptacles. Ces mamelons sont d’abord homo¬ gènes, puis bientôt la masse cellulaire se spécialise de manière à former une enveloppe générale qui entoure le réceptacle. Cette enveloppe est l’analogue du volva des Agarics ; elle disparaît en général de bonne heure mais cependant persiste à la base de quelques espèces, comme dans les Amanites. Le tissu cellulaire central prend bientôt la forme d’un stipe sur¬ monté par un chapeau, réunis, dans quelques cas, par un voile pay'tiel fugace ou persistant en anneau vers le sommet du stipe. Le stipe et le chapeau sont toujours en continuité de tissu, on n’observe pas des changements de texture comme dans beaucoup d’ Agarics. Le stipe est formé d’hyphes parallèles plus serrés vers la périphérie qu’au centre, où ils s’enchevêtrent ; dans les mailles, on trouve de l’air interposé ; quelques hyphes contiennent des cristaux. En arrivant dans le chapeau, ils s'épanouissent et s’intriquent dans tous les sens. A la face inférieure il y a souvent une pellicule séparable, formée dans beaucoup de cas de cellules courtes émanant des hyphes et fortement imprégnées de matières colorantes. Cette pellicule est souvent séparée du tissu du chapeau par une zone lâche où il y a de l’air interposé entre les hyphes. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 624 L’ensemble des tissus de la plante est parcouru par un grand nombre de réservoirs à suc propre, contenant une matière liquide ou granu¬ leuse diversement colorée. La face inférieure du chapeau est d’abord lisse et le microscope n’y montre que les hvphes courbés continuant ceux de la périphérie du stipe. Bientôt on voit apparaître un réseau de petites cavités qui en s’allongeant formeront les tubes. Ces tubes sont formés d’hyphes très grêles , parallèles , puis s’incurvant pour se terminer par quelques ramifications portant chacune une cellule hyméniale. A la base des tubes, entre leur tissu et celui du chapeau, il y a souvent une zone d’une teinte différente, elle est formée d’hyphes lâchement con- textés et entre lesquels il y a de l’air interposé. C’est à cette zone lâche qu’est due la propriété «des tubes de se séparer aisément du chapeau. Dans cette zone, on remarque parfois une abondance de réservoirs à suc propre, il en est de même dans le tissu qui sépare les cavités des tubes. Les cellules hyméniales sont souvent pyriformes, de longueur égale et stériles ; entre ces cellules stériles s’élèvent des basides renflés au sommet, saillantes, à 4 stérigmates. On voit également de nombreux cystides, saillants, ventrus, pyriformes ou terminés par une petite pointe. Fréquemment , quelques cellules stériles et quelques cystides sont remplis de matière colorante, liquide ou granuleuse, analogue au con¬ tenu des hyphes à suc propre. Les spores sont ordinairement fusiformes, rarement arrondies ; lisses, hyalines ou à vacuoles. Leur couleur varie, et sert comme dans les Agarics à former des séries parallèles. L’ouverture des tubes est arrondie ou anguleuse, quelquefois laby- rinthée, sinueuse. Ils peuvent s’arrêter au sommet du stipe ou être décurrents. L’hyménium des Bolets n’est pas seulement limité à la face inférieure du chapeau, mais il s’étend également sur toute la partie supérieure du stipe qui est protégée par le chapeau. Le réseau qui orne le sommet du stipe de beaucoup de Bolets est un hyménium de tuhes courts, larges et anguleux, identiques à ceux du chapeau. Ce réseau est souvent séparé du tissu du stipe par une zone à air, de la même manière que les tubes sont séparés du chapeau. Cet hyménium du stipe apparaît de bonne heure et est bientôt stérile ; nous avons observé dans le B. edulis le réseau du stipe couvert de basides fertiles, alors que les tubes du chapeau étaient encore à peine indiqués et absolument stériles. A mesure qu’on s’éloigne du sommet du stipe, les mailles du réseau deviennent de plus en plus larges et de plus en plus stériles, en sorte que vers la base il n’y a plus que quelques poils allongés dont 622 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. quelques-uns offrent encore des renflements qui sont les derniers reflets d’une tendance à former des cystides et des basides. Cette transformation en poils allongés est due à l’action des agents extérieurs et surtout de la pluie sur les éléments hyméniens en dehors de la limite de protection du chapeau. La teinte générale des Bolets est le brun, plus ou moins mélangé de jaune ou de rouge ; ils sont secs ou visqueux à l’extérieur ; leur con¬ sistance est charnue. La chair est blanche ou jaune, mais, dans beau¬ coup de cas, elle change de couleurs dès qu’on la brise, elle devient ainsi jaunâtre, rougeâtre, verte et surtout bleue. Cette coloration bleue a été attribuée à l’action de l’air extérieur qui, par son ozone, agi¬ rait comme sur le réactif de Schœnbein et la teinture de gayac ; mais ce n’est qu’une hypothèse possible. Il est à noter que le phénomène se produit également lorsqu’on casse la chair sous l’eau. On devra tenir compte dans l’explication qu’on sera tenté de donner à ce phénomène, des sucs propres extravasés par la fracture et de la modification des couleurs qu’amène l’air interposé entre les hyphes. Nous diviserons le genre Boletus , avec la plupart des auteurs, en 4 sous genres : L Boletus. — Tubes arrondis ou anguleux, séparables du chapeau. a. Ochrospori : spores ochracées. b. Dermini : spores ferrugineuses. c. Hyporrhodii : spores rosées. d. Leucospori : spores blanches. IL — Gyrodon , Opatowski. — Tubes très courts, peu distincts de l’hyménophore, sinueux ou plissés- tournoyants. III. — Boletinus, Kalchbr. — La trame du chapeau descend entre les tubes et forme des prolongements sur lesquels on voit l’ouverture des tubes. Il résulte de cette disposition que ces tubes ne peuvent se séparer les uns des autres ni du réceptacle. On ne connaît jusqu’ici qu’une seule espèce, le B. cavipes Kalchbr. de Hongrie. Stipe annulé. IY. — Strobylomyces, Bk. — Tubes grands, anguleux, sub-stratifiés peu distincts de l’hyménophore. Spores sub-globuleuses , d’un roux- noir. Le B. strobilaceus , Fr. a les tubes arrondis, ondulés, labyrinthés ; il est primitivement enveloppé dans une volve pileuse, qui persiste en squames feutrées , sur le chapeau et sur le stipe. Beaucoup d’hyphes sont remplis de matière colorante brune. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 623 Série des MÉRULÉES. La série des Mérulées est caractérisée par un hyménium paraissant sous forme de plis turgides , à tranche obtuse , épaisse, plus ou moins anastomosés. Le réceptacle charnu , membraneux ou cartila¬ gineux, n’est jamais entouré d’un voile et l’accroissement est acrogène : l’hyménium paraît d’abord en un point , puis s’étend et gagne peu à peu du terrain à mesure que le réceptacle s'agrandit. Ce mode de développement est tout différent de celui des Agaricées où nous avons vu que les lames ou les tubes se forment en une seule fois sur un espace limité et déterminé de la face inférieure du chapeau. Les Polyporées se développent comme les Mérulées , mais en diffèrent par leur texture sub-ligneuse et la tranche aigüe de l’hymé- nium. Cette deuxième série est formée d’espèces à spores blanches, intermédiaires entre les Agaricées et les Polyporées , touchant aux premières par les genres à hyménium lamelleux et aux secondes par les genres à hyménium poreux ou aculéolés. On y rencontre des basides à 2-4-5-6-7 et 8 spores. Dans quelques Agaricées, l’hyménium est d’abord en plis turgides: dans les Nyctalis , mais ici il y a un voile et l’accroissement est limité; dans les Paxillus , mais ici : voile , spores brunes. Nous les diviserons de la manière suivante : Hyménium lamelleux : Cantharellus. Trogia . Xerotus. Schizophyllum. Hyménium poreux. Merulius. Porolhelium. Favolus. Hyménium pliciforme ou tuberculeux. Phlëbia. Radulum . « Hyménium lisse ou ruguleux. Craterellus . 624 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Hyménium lamelleux. Cantharellus. Champignons charnus ou membraneux à spores blanches , à lames épaisses , pliciformes , rameuses , à tranche obtuse , étendues à la face inférieure d’un réceptacle qui est comme l’épanouissement d’un stipe , quelquefois très court ou nul. Fries fait remarquer que l’hyménium s’étend sur le réceptacle entre les lames, mais ce fait est général dans tous les Hyménomycètes, comme l’a indiqué M. de Seynes. Si nous faisons l’analyse de C. cibarius Fr. nous voyons qu’il est formé d’un stipe étalé en un chapeau membraneux , ondulé , déprimé , ayant à sa face inférieure des lames décurrentes. Le stipe est formé d’hyphes à cellules longues régulières , à parois minces ; à la périphé¬ rie ces hyphes sont grêles , épais , serrés et jaunâtres ; au centre, ils sont plus gros , lâches , peu serrés, incolores et ont de l’air interposé entre eux. Ces hyphes se recourbent peu à peu en conservant leur direction parallèle et forment le chapeau, qui est limité en dessus par un tissu serré analogue à celui de la périphérie du stipe. La couche sous-hyméniale est très épaisse, formée d’hyphes très entrelacés, perpendiculaires à ceux du chapeau. Les cellules de cette couche se ramifient et se terminent chacune par un élément hyménien. Hymé¬ nium formé de cellules stériles allongées, eu massue plus renflée, ayant à leur sommet des granulations de plasma ; les basides sont très allongés, cylindriques et en massue renflée au sommet qui est plein de plasma. Cystides nuis. Les stérigmates sont en nombre variable, or¬ dinairement cinq, quelquefois six, sept et même huit (docteur Doas- san). Spores ovoïdes, lisses, incolores. La face supérieure du chapeau présente quelques poils rameux. Dans une espèce voisine, le C. Friesii, Q., nous avons vu des basides à quatre (rarement), cinq, six spores ; dans le C. lutescens, nous n’en avons pas rencontré à quatre, mais seulement à cinq, six spores. Dans C. cinereus , Fr., basides à quatre, cinq spores. L’aspect de l'hyménium est variable : dans les espèces citées précé¬ demment il est dècurrent sur le stipe ; dans d’autres que Fries a détachées pour former le genre Arrhenia, les stries ne sont pas dé¬ currentes ; enfin, dans quelques espèces telles que C. muscigenus , Fr., il arrive que les plis sont absolument nuis, et alors on a non plus des Cantharellus , mais de véritables Craterellus. Les Chanterelles sont terrestres ou parasites sur les grandes mousses. Le C. muscigenus présente un mycélium filamenteux empâtant les tiges des mousses ; de ce mycélium s’élèvent des réceptacles ondulés à stipe sub-central ou excentrique et alors épanoui en une lame mince JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 625 spathuliforme, lisse sur les deux faces ou légèrement plissée en des¬ sous. Son tissu est très analogue à celui du C. cibarius, mais ici les basides sont courts et seulement à quatre spores. a. Mesopus. Chapeau entier, stipe central. b. Merisma. Stipes nombreux, réunis en une columelle rameuse. c. Pleur opus. Dimidiés ou stipe latéral. d. Resupinati. Chapeau d’abord cupuliforme, attaché par le dos. Les chanterelles sont très voisines des Agarics , mais leur dévelop¬ pement les en sépare, elles touchent de très près au genre Craterel- tus qui n’est, en somme, que formé de Cantharellus à plis nuis. Nous avons vu que le C. muscigenus pouvait parfois présenter l’aspect d’un vrai Craterellus , surtout étant donné que ceux-ci ont parfois l’hymé- nium ruguleux. Nous réunissons aux Cantharellus les Arrhenia , Fr., qui n’en dif¬ fèrent pas. Les Merulius , Trogia et Xerotus sont aussi très voisins des Chan¬ terelles. Trogia . Genre formé d’espèces membraneuses, molles, mais persistantes et reviviscentes, à hyménium étendu sur des lames pliciformes, à tranche épaisse, canaliculée surtout dans les espèces exotiques. Une seule espèce européenne : le Trogia crispa Fr,, croissant sur les troncs de divers arbres (pommiers, bouleau, hêtre, etc.). Cette plante a la forme d’une cupule, plissée, lobée, substipitée, à lames crispées, quelquefois déprimées sur l’arête et ayant une tendance à se canali- culiser. Le tissu est formé d’hyphes lâches, contournés , entrelacés, à cloisons et boucles, d’où s’élève un hyménium de basides courts à quatre stérigmates. Spores incolores étroites, spermatiformes et courbées. La face extérieure du chapeau est couverte de poils rugueux. Le genre Trogia est voisin des Chanterelles, sa consistance sèche le rapproche du genre Xerotus. Xerotus. Champignons rigides, persistants, à chapeau membraneux confluent avec le stipe. Lames pliciformes , coriaces, dichotomes, à tranche obtuse, adnées, décurrentes. Spores blanches. Ce genre a plusieurs représentants sous les tropiques : en Europe, on n’en rencontre que deux espèces : X. degener et X. romanus, croissant sur la terre parmi les mousses. 626 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ce sont des Chanterelles coriaces, membraneuses, à lames dicho- tomes. Ce genre touche également aux Schizophyllum qui a les lames fendues longitudinalement. Schizophyllum. Ce genre compte plusieurs espèces dans les régions tropicales, en Europe, on n’en connaît qu’une seule, le S. commune , qui croît abon¬ damment sur les vieilles souches et dont voici les caractères. Une base commune stiptiforme portant des sortes de chapeaux partiels formés d’un tissu serré, dense, terminé en dessus par des poils rigides et feutrés et en dessous recouvert par une couche hyméniale se soulevant sur des lames ; ces lames ont la tranche ’ déchirée bifide et le tissu fait saillie en forme de poils par cette déchirure. Ces chapeaux partiels sont contigus, en sorte que les poils qui les recouvrent se feutrant ensemble, il en résulte que la plante a l’appa¬ rence d’un seul réceptacle. Les bords de deux chapeaux partiels en se réunissant forment eux-mêmes une lame plus grande que les autres et que son origine rend également bifide et velue sur la tranche . Champignons coriaces, persistants, reviviscents, à basides tétras- pores et à spores blanches subcylindriques. Les lames canaliculées des Trogia , celles dichotomes des Xerotus conduisent aux lames bifides des Schizophyllum . Hyménium poreux. Merulius . Champignons épixyles ordinairement résupinés, formés d’une membrane molle , aqueuse, recouverte d’un côté par un hyménium répandu sur des veines contournées, anastomosées, formant des pores souvent incomplets. La membrane émane d’un mycélium floconneux, qui se feutrant et prenant de la consistance, forme la membrane. Dans le Merulius corium , les hyphes sont fortement chargés d’oxalate de chaux en cristaux anguleux, ou en masses arrondies, irrégulières, jaunâtres, entourées d’une membrane épaisse qui est une expansion de la paroi des hyphes. Basides tétraspores, incolores ou ferrugineuses. a. Leptospori. Spores blanches. b. Coniophon. JOÜRNAL DE MICROGRAPHIE. 627 Les Mérules, par leur consistance molle et leurs plis, sont proches des Phlebia ; ils ressemblent aux polypores par leurs alvéoles. Porothelium. Champignons resupinés membraneux, formés par l’entrelacement des hyphes mycéliens. La face fructifère est d’abord lisse, puis elle se recouvre de petites aspérités en forme de papilles distinctes. Ces papilles s’allongent et bientôt s’ouvrent à l’extrémité pour former des tubes libres dont l’intérieur est tapissé par l’hyménium. Champignons lignicoles, minces , dont les affinités sont multiples Leur myc lium arachnoïde les joint aux Mérules, mais le mode de formation des pores libres les rapproche des Fistulines. Favolus. Champignons épixyles à chapeau membraneux, dimidié ou porté par un stipe court excentrique. La force fructifère du chapeau se recouvre d’une réticulation délimitant des alvéoles ou des cellules comme dans les mérules. Bientôt cette réticulation s’allonge et se change en pores inégaux, grands et anguleux, rayonnants. La trame est formée d’hyphes à paroi épaisse, cloisonnés, intriqués, rappelant ceux des polypores ; elle se termine par des basides en mas¬ sue allongée, à quatre stérigmates. Spores blanches, ovoïdes ou cylindriques, hyalines ou à vacuoles. Ce genre est très nombreux en espèces dans les pays chauds ; en Europe, on ne rencontre que le Favolus europœus dans la région méridionale, où il croît sur plusieurs arbres ("mûrier, cerisier, etc.). Nous l’avons rencontré dans le Jura sur les rameaux morts de noyer. Les Favolus sont très voisins des Polypores pour leur texture et leurs pores anguleux, aussi avions- nous autrefois réuni le F. europœus aux Polypores sous le nom de P. Favoloïdes ; mais ces deux genres doivent rester distincts si on tient compte de la manière dont pa¬ raissent les pores. En effet, dans les Favolus on ne voit primitivement que des alvéoles anguleuses, grandes, tandis que la face inférieure des Polypores, même chez ceux à grands pores, est primitivement recou¬ verte de très petits pores et non de réticulations anguleuses. Ces réticulations correspondent à ce qui se passe dans les Mérules, près desquels nous les maintenons. Le genre Hexagona, de Fries, paraît devoir rentrer dans le genre Favolus , et d’après M. Bresadola, Y Hexagona mori et le Favolus œuropœus seraient deux formes de la même plante. N. Patouillard, Membre tle la Soc. Bot. de France. (A suivre) 628 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DU MICROBE DU CHOLÉRA ASIATIQUE. Recherches sur un micro-organisme , découvert par MM. Finckler et Priqr, dans le choléra sporadique . (Suite) (1) J’ai observé quelquefois dans des préparations de cultures sur gélatine à 10 °/0, âgées de 36 heures seulement, des bacilles incurvés assez petits et courts dont les extrémités étaient plus fortement colorées que le reste du corps. Je ne me crois pas en droit de pouvoir conclure que cet état représenterait la formation des spores , n’ayant jamais vu celles-ci isolées et en voie de germination. Des colonies renfer¬ mant des bacilles de ce genre ont été desséchées pendant 24 heures sur une lame de verre ; j’ai ensuite déposé sur elles une goutte de sérum ou de gélatine nutri¬ tive : mais je n’ai jamais obtenu de végétations dans ces préparations (2). Je n’ai pas, non plus, laissé de faire tous mes efforts pour réunir les conditions expérimentales les plus variées qui auraient favorisé la production des spores chez les virgules cholériques. Quand on tient compte de mes expériences et de celles que Koch a faites dans le même but, l’hypothèse de l’existence de ce mode de reproduction chez le bacille-virgule du choléra asiatique devient bien invrai¬ semblable. Je crois, d’ailleurs, qu’une étude plus complète des divers représentants du groupe des Schizomycètes pourrait bien démontrer que ce phénomène fait défaut chez la plupart des spirobactéries (3). S’il existe réellement chez le bacille courbe trouvé dans le choléra sporadique, comme le croient MM. Finckler et Prior, ce fait nous fournit une particularité de la plus haute importance, qui différencie nette¬ ment cette espèce du bacille-virgule et qui domine, à ce point, toute son histoire naturelle, qu’elle nous oblige à la ranger à part. Il ne manque pas d’observations qui tendent à démontrer indirectement la non- existence de spores chez les spirilles vrais. On pourrait citer, notamment, l’absence de ces formes, comme source de contamination, dans les liquides nutritifs préparés de toute pièce dans les laboratoires, — fait qui avait déjà frappé le professeur (1) Voir Journal de Micrographie T. VIII, 1884, p. 596. (2) Dans les microphotographies que j’ai envoyées à M. Finckler et qu’il m’a fait l’hon¬ neur de montrer à la réunion des naturalistes à Magdebourg, on voit nettement les diverses formes de virgules et les filaments spiraloïdes. Mais il n’existe là, pas plus que dans la préparation elle-même obtenue au moyen d’une culture dans du bouillon, de virgules mu¬ nies de spores , ni de spirilles anormaux, qui me paraissent être des formes d'involution, déjà signalées par Nægeli et beaucoup d’observateurs. (V. Zopf, Die Spaltpilze, 2e éd., p. 8 et 9). J’ai observé fréquemment ces apparences monstrueuses, entre autres , chez les di¬ verses formes de Leptothrix et de bacilles qui habitent la cavité buccale. Elles apparaissent surtout quand on essaie de les cultiver hors de leur milieu normal.. (3) Voir les recherches récentes de Mülhauser sur quelques spirilles, dans les Archives de Virchow , 9 juillet 1884, p. 84 à 107. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 629 Gohn (3); leur absence dans les selles des gens bien portants (4), malgré la présence dans les liquides buccaux de divers spirilles, tels que denticola, et la forme si rapprochée des virgules, décrite par Miller (3), sous le nom de bactérie Celle-ci a été découverte à nouveau par M. Lewis (4) qui a proclamé, il y a quelque temps, sa complète identité avec les virgules du choléra asiatique, mais quoique cet observa¬ teur n’ait pas essayé de la cultiver. Je puis assurer qu’elle ne végète pas dans la gélatine à 10 °/0, où les virgules cholériques se reproduisent avec une rapidité et une facilité surprenantes. J’y ajouterais volontiers les observations du Dr Miquel qui ne les a j amais ren¬ contrées dans l’air à l’Observatoire de Montsouris : « Si on rencontre fréquemment » des spirilles, dit cet expérimentateur, au sein des liquides infestés par les végé- » taux en putréfaction, il est difficile de prouver leur existence parmi les poussières » atmosphériques ; pour ma part , je n’en ai pu y découvrir, ce qui tient peut-être » aux soins pris à l’Observatoire de Montsouris de recueillir séparément un à un » les germes aériens ; quoiqu’il en soit, leur rareté est extrême ; les sédiments » aériens n’en renferment pas un seul sur 50,000 à 60,000 schizophytes re » cueillis (5). » Leur mode de vie toute aquatique, dont toutes les phases se passent au sein des liquides, n’explique-t-il pas d’ailleurs, sans peine, l’absence d’un mode de propa gation par spores ; et la nature n’a-t-elle pas abondamment pourvu, chez les vir gules cholériques, à la conservation de l’espèce par leur faculté extraordinaire de reproduction par scissiparité ? Quant aux caractères macroscopiques de leurs cultures, MM. Finckler et Prior croient qu’ils concordent exactement avec ceux que Koch, dans sa conférence sur le choléra (6), a donnés[ du bacille-virgule. Mais je doute que la description de (1) Beitrage z. Biologie der Pflanzen , vol. II, 1877. (2) Bienstock affirme qu’il n’a jamais pu trouver dans les selles de gens bien portants des formes rapprochées des vibrions ou des spirilles, notamment du Spirochæte denticola , et il en attribue l'absence à leur déstruction par le suc gastrique. Si des spores existaient chez ces spirobactéries, si abondantes dans la bouche , elles pourraient résister à l’action des acides de l’estomac et devraient se retrouver dans les selles. (V. Fortschritte d. Medicin., n° 15, 1884.) Leeuwenhoek, le père de la micrographie, auquel on doit les premières obser¬ vations d’un microbe, avait déjà remarqué, en 1867, que toutes les fois que ses selles deve¬ naient diarrhéiques ou étaient en purée , il y voyait apparaître o des animalcules se mou- >■ vant comme des serpents si petits, que leur grandeur mesure le sixième du diamètre du » globule sanguin. « Opéra omnia. Lettre à Hooke , p. 321. Leyden, 1687. (3) Deutsche Med. Wochenscrift, flg. 5, n°36, 1884. Beitrage. (4) The Lancet , 6 sept. 1884. Le seul cas, bien observé de la présence de Spores dura¬ bles, chez un Spirillum, est celui décrit par Van Tieghem en 1879 ( Bulletin de la Société de Botanique de France, t. XXVI, p. 65-68 : Sur le développement du Spirillum amyli - ferum sp. nov.). D’après les recherches de Zopf, auxquelles les observations de MM. Finckler et Prior semblent donner un appui, l’état spirillaire est un strade de développement commun à bien d’autres formes, depuis les Coccus jusqu’aux Cladothrix, mais ce mycologue admet la for¬ mation de spores nombreuses dans l’intérieur des spirilles mêmes, à côté de leur segmenta¬ tion en articles incurvés. (V. loc. cit., p. 17, fig. 9.) (5) Les organismes vivants de l'atmosphère, p. 126, 1883. (6) Conferenz zur Erorterung der Cholerafrage, dans Deutsche med. Wochenschrift , n°s 32 et 32 a, 1884. 630 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Koch, malgré sa précision, puisse tenir lieu de l'étude des transformations obser¬ vées directement sur les cultures dans leur ordre de succession , et je crains qu'elle n’ait induit ces observateurs en erreur sur cette ressemblance. Mes propres obser¬ vations m'obligent à reconnaître qu’il existe réellement des différences entre l’aspect des cultures faites dans la gélatine des microbes du choléra sporadique et l'aspect d’une culture pure de la virgule cholérique prise comme terme de comparaison. La question de savoir si MM. Finckler et Prior ont obtenu jusqu’ici des cultures pures, constitue le point capital du débat que leurs recherches ont soulevé ; en effet, la preuve absolue de la pureté de leurs cultures peut seule décider de l’iden¬ tité de l’organisme étudié et confondu par eux avec celui du choléra asiatique. Je pense qu’il ne sera pas sans intérêt de connaître les résultats principaux, mais encore incomplets, auxquels je suis parvenu à ce sujet. J’ai reçu le 19 octobre dernier, de M. le professeur Finckler, une culture sur Agar-Agar et une préparation du microbe du choléra nostras cultivé dans du bouillon. Je l’avais prié de m'envoyer aussi une préparation des selles de ses malades, contenant les virgules; mais, ne l’ayant pas reçue jusqu’ici, je ne puis guère me prononcer sur leur ressemblance avec celle du choléra asiatique et je me vois forcé de borner mes observations aux préparations faites avec cette culture. Le Dr Hueppe (1) qui a vu ces préparations au congrès de Magdebourg, trouve que les virgules du choléra nostras sont plus épaisses , plus massives ; mais il paraîtrait que Koch lui-même a reconnu depuis leur complète identité avec les bacilles- virgules. Convaincu des services précieux que la photographie peut rendre dans les études bactériologiques, en fixant les moindres détails morphologiques de ces infïniments petits avec une précision que le dessin le plus exact n’égalera jamais, j’ai eu fré¬ quemment recours à ses procédés (2) J’ai l’honneur de faire hommage à la Société de quelques épreuves que je viens d'obtenir et qui mettent bien en lumière les caractères microscopiques de différents microbes incurvés en virgule. Le photogramme A reproduit à 700 diamètres la préparation de M. Finckler. Il suffit de comparer attentivement les formes du microbe qui y est représenté avec celles de l'espèce figurée dans le photogramme B , pour se convaincre qu’il existe entre eux des différences assez notables. Cette dernière épreuve reproduit la virgule typique de Koch, telle qu’on la voit dans les cultures liquides. Je l’ai obtenue , en inoculant du bouillon de poule avec une culture prise sur Agar-Agar. La culture a été placée dans l’étuve de d’Arsonval, portée à 37° et maintenue à cette température pendant quatre jours. Une première différence saute aux yeux : elle consiste dans les dimensions moindres de moitié environ dans la longueur du microbe de M. Finckler. De plus, il est plus grêle , plus mince. Son degré de courbure surtout le différencie nettement ; en outre, dans cette préparation, il n’y a pas de formes recourbées en demi-cercle, et les filaments si caractéristiques , composés de virgules placées bout à bout , y font également défaut. L'incurvation de ces microbes est généralement peu marquée; c'est un bâtonnet légèrement recourbé , cinq fois plus long que large , à extrémités amincies ; le plus souvent isolé , mais présentant aussi parfois la disposition en (1) Cholerabacillen u. Choiera nostras. Deutsche med. Wochenschrift, n° 40. 1884. (2) V. ma note sur l’emploi des plaques isochromatiques en microphotographie , dans Bull, de la Société belge de Microscopie , n° X, p. 170-2, 1884. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 631 S allongé. Sans doute, on ne doit pas attacher une grande valeur à des diffé¬ rences minimes de taille et de forme, d’autant plus que les virgules cholériques elles- mêmes varient entre elles à ce point de vue, d’après le milieu où on les cultive. Mais on reconnaîtra néanm.ois que ces différences, entre deux espèces soumises aux mêmes conditions de milieux méritaient d’être signalées. D’autre part; on ne peut manquer de trouver une grande ressemblance entre l’espèce attribuée au choléra nostras et les virgules si abondantes , à côté du leptothrix buccalis et de divers spirochœte , dans la salive et les dents cariées. On peut en juger par le photogramme G, qui les reproduit sous le même grossissement. Miller a d’ailleurs figuré très exactement (fig. 5) (1) ces mêmes formes et a dessiné un spirochœte, en tout semblable aux filaments composés de virgules alignées qu’on trouve dans les produits cholériques. Le tube de culture qui m’a été envoyé par M. Finckler renfermait une très petite quantité d’Agar-Agar, un c. c. environ, solide, parfaitement translucide et ayant une légère fluorescence verdâtre. Sa surface était en partie recouverte par des végétations formant une couche opaque, blanchâtre et assez consistante. Une préparation de ces colonies mises sous le microscope nous a donné le photo¬ gramme D. On y voit des bacilles en virgule, qui , par leurs formes et leurs dimen¬ sions , rappellent ceux de Koch , cultivés dans le même milieu. Les formes en S et en U y sont assez rares. Je n’y ai pas trouvé de longs filaments. A côté d’eux , il existe aussi d'autres corpuscules de même forme , mais qui s’en distinguent nettement parce qu’ils prennent très mal la matière coloiante. Ce sont peut-être ces formes là qui ont été décrites par M. Finckler comme étant les enveloppes des microbes sporifères. Enfin on y trouve encore des organismes de forme arrondie ou un peu allongée , se colorant très fortement. Ils sont tantôt disséminés et souvent groupés en diplococcus , tantôt agglomérés en colonies plus ou moins nombreuses, en zooglées. Ces formes correspondraient-elles aux spores , d’après M. Finckler? Gela paraît, à première vue, bien peu probable, à cause de leur grande affinité pour la matière colorante , de leur groupement par deux , en colonies , etc. Le mélange de ces types très différents et entre lesquels la préparation ne permet guère de saisir de rapports génétiques , donnait à supposer que la culture de M. Finckler était impure , supposition confirmée par les observations ultérieures. I. Cultures en masse. — Il importait, avant tout, d’étudier les caractères macroscopiques des cultures sur gélatine nutritive et sur Agar-Agar, ensemencées avec le produit de la culture qui m’était fournie par les expérimentateurs de Bonn. En les comparant avec des cultures pures des virgules cholériques, il devait être facile de voir si, comme il a été affirmé au Congrès de Magdebourg, la ressemblance est complète. Dans ce but, j’ai inoculé le même jour, 19 octobre dernier, à dix heures du soir : 4 tubes Agar (2), Nos 204, 205, 206 et 207, série M , et 4 tubes gélatine (3), Nns208, 209, 210 et 211, série N, (1) Gahrungsvorgànge in Menschlichen Munde; ihre Beziehung zur Caries der Zàhne , etc. . . Conférence faite à la Soc. de Médecine de Berlin , le 4 mars 1884. — V. Deutsche Med. Wochenschrift, n° 36-1884. (2) D’après la formule adoptée par Koch pour la culture des virgules, ce milieu contient 4 p. c. de gélatine nutritive et 0,5 p. c. d’Agar-Agar ou gélose. (3) Macéré à froid de viande hachée , dont le suc a été exprimé à la presse et neutralisé soigneusement avec du triphosphate de soude ; .on y ajoute 10 p. c. de gélatine , 1 p. c. de peptone et 0,5 p. c. de chlorure de sodium. 632 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. avec les colonies du tube de M. Finckler. En même temps , dans un but de comparaison : 4 tubes Agar , Nos 212, 213, 214 et 215, série L, et 4 tubes gélatine, Nos 216, 217, 218 et 219, série O , furent inoculés avec une culture pure des virgules cholériques, VIIe génération dans Agar-Agar. Cette dernière provenait d’une série de générations nombreuses, datant de plus de huit semaines, de ce microbe, dont la couche était issue de virgules prises dans du mucus intestinal recueilli chez un cholérique mort à l’hôpital du Pharo, au mois d’août dernier. Ces tubes demeurèrent dans une chambre non chauffée, dont la température a varié entre 8° et 15°. En les exposant à une température aussi peu élevée , j’avais pour but de m’orienter rapidement au sujet de l’influence que le degré de chaleur exerce sur le développement des organismes du choléra nostras. Je comptais , en même temps, si ces cultures prospéraient, pouvoir mieux observer, grâce à une len¬ teur plus grande des tranformations qui s’accompliraient dans les milieux , les di¬ verses particularités de leur végétation et de celles des virgules cholériques. Mes observations m’ont d’ailleurs démontré que le microbe de Koch, malgré l’opinion contraire de cet auteur qui pense qu’en dessous de 16° il ne se développe plus, four¬ nit encore, mais après un temps plus long, huit à dix jours, les modifications si caractéristiques et si constantes dans le milieu à la gélatine. Le 20 octobre , à -10 h. matin (12 heures après l’inoculation). — Aucun des tubes en observation ne présente de trace d’opacités, indices d’une végétation débutante. Même jour, à 10 h. soir. (24 heures). Les 4 tubes de la série M (Agar) et ceux de la série N (gélatine) inoculés avec la culture de Finckler, offrent déjà, le long du canal creusé par le fil de platine ayant servi à l’inoculation, une trace de multiplication sous forme d'une légère buée blanchâtre. Les tubes des séries L et O ne présentent pas le moindre changement. Le 21 octobre, à 10 h. matin (36 heures). — .Les 4 tubes de la série M (Agar , inoculée avec tube Finckler ) sont le siège d’une végétation active. — Les colonies se sont étendues à la surface libre du milieu et y forment une couche d’aspect graisseux, d’un blanc pur, assez semblable à de la bougie fondue. — Autour de la piqûre, les opacités se sont étendues sous forme de gaîne. Le tiers supérieur du milieu a pris une coloration verdâtre très claire , comme fluores¬ cente — (J’ai noté cette même coloration à Marseille dans des cultures contaminées par un gros Microccocus dont j’ai des préparations.) Les opacités dans la profondeur sont homogènes, peu épaisses et d’un blanc très pur. Pas de cristallisations. Examinée au microscope . je ne trouve plus dans cette culture que des bacilles courbes , pareils à ceux du tube ayant servi à l’inoculation, et, à côté d’eux, des bacilles droits et des Microccocus ovales, souvent réunis par deux, peu abondants et parfois en zooglées épaisses. Les 4 tubes de la série N (gélatine) à la même heure , montrent le long de la piqûre une opacité blanchâtre, homogène, en traînée, sans grumeaux, ni cristallisations. Les tubes des séries L et O (Agar et gélatine inoculés avec le Microbe cholérique) offrent le long du trajet laissé par l’aiguille des pointements cristallins , orientés perpendiculaire¬ ment à l’axe de ce canal. Sous un grossissement de X 100 , on reconnaît que ce sont des aiguilles prismatiques géminées. Pas d’opacités. (.4 suivre ) Dr E. Van Ermengem. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 633 NOTE SUR LA RÉSOLUTION EN PERLES de L 'AMPHIPLEURA PELLUCIDA , KÜTZ ET SUR LA NATURE RÉELLE DES STRIES DES DIATOMEES U). h' Amphipleura pellucida possède une double striation due à des stries transver¬ sales et à des stries longitudinales; ce fait était connu depuis longtemps, quoique le nombre des observateurs qui aient vu les stries longitudinales soit bien restreint. Jusqu’ici cependant on n’avait guère résolu, d’une façon positive, les perles de cette diatomée et l'on contestait même que la chose fût possible. Aujourd’hui le doute ne peut plus s’élever ; je viens présenter une preuve positive, palpable, une photographie des dites perles, qui, d’ailleurs, sont bien connues de mes amis à qui je les ai fait voir en différentes occasions. Au mois d’octobre de l’année dernière, je réussis une épreuve où les perles pou¬ vaient être soupçonnées, mais les faits n’étaient pas encore assez évidents pour être publiés et je me proposais de continuer mes essais, lorsqu'une grave maladie vint pendant tout l’hiver entraver mes recherches. J’ai fait de nouveaux essais dans ces derniers temps, et j'ai eu enfin la satisfaction d'obtenir, aussi bien par transparence que par l’emploi du reflex illuminator, des épreuves sinon parfaites, au moins suffisantes pour prouver nettement l’existence des perles. Si ces perles sont difficiles à voir nettement, elles sont encore infiniment plus dif¬ ficiles à photographier, et j'ai même désespéré d’obtenir une épreuve suffisante. En effet, on a beau obtenir ces perles sur la glace de l’appareil photographique, les y voir avec netteté, lorsqu’on développe l’image de la plaque sensible, on n’obtient qu’une représentation vague ou nulle de ce que l’on voyait. Sur plus de cinquante épreuves à peine en ai-je une qui soit assez bonne. J’ai eu beau employer les objec¬ tifs les meilleurs qu’il y ait, et notamment le 1/12 et le 1/10 de Zeiss, le 1/10 de Toiles, le 1/8 (1,47 N. A.) de Powell et de Lealand, le résultat était presque toujours négatif. J’ai d’abord attribué ces insuccès à l’existence d’iin foyer chimique des objectifs, mais là n’était pas la cause et je ne l'ai découverte que dans ces derniers temps. Les meilleurs microscopes actuels ne sont pas assez parfaits. 11 ne faut qu’un mouvement imperceptible de l’appareil pour que l’image de ces perles disparaisse ; or, pendant la pose, il se passe dans le microscope des mouvements, qui, sans influence en d'autres occasions, en exercent ici une réelle. Je n’ai pas encore pu débrouiller, si ce sont des flexions ou des dilatations des pièces métalliques ou si ce sont de très légers mouvements des ressorts du mouvement lent qui produisent la confusion de l’image. L’éclairage électrique par incandescence m’a seul permis de photographier ces perles, la lumière de Drummond que j’ai essayée m’a donné un résultat négatif. Il est à supposer cependant que des essais ultérieurs permettront d’obtenir des résultats plus parfaits. Je joins une épreuve de Y Amphipleura Lindheimeri Grun, espèce intimement liée à la précédente et qui n'en diffère que par sa taille plus grande et par sa stria¬ tion plus vigoureuse. Les détails de cette dernière épreuve feront plus facilement comprendre ceux de l’épreuve Y Amphipleura pellucida. (1) Bull. Soc. B. de Microscopie. 634 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. On remarquera que dans les deux espèces les lignes longitudinales ne sont pas droites, mais ondulées, ce qui provient de ce que les perles en alvéoles ne sont pas opposées, mais irrégulièrement alternes. La même chose se remarque dans les pho¬ tographies (Voyez phot. E négatif 789) faites par le Dr Woodward, du Vcinheurchia rhomboïdes, Breb. Cette disposition de la striation, jointe à la présence du rudiment du nodule médian, devenu apparent sur mes épreuves, confirme l’opinion exprimée par M. Kitton dans une note jointe au texte du Synopsis, qu’il a bien voulu relire. Le genre Amphipleura ne présentant aucun caractère générique essentiel qui le dif¬ férencie du genre Vanheurckia (l’existence des carènes ne pouvant pas être démon¬ trée et leur mention lui semblant due à une erreur d’observation), les espèces du genre Amphipleura devraient, d’après lui, être ramenées au genre Vanheurckia Je profite de l’occasion qui m’est offerte par cette note pour exprimer mon opinion sur la nature des stries de certaines diatomées, que nous ne pouvons résoudre en perles et qui, dans beaucoup de cas, ne sont montrées que par les con¬ denseurs obliques. Je ne puis admettre que ces stries soient illusoires. Les perles des diatomées sont en icalité des alvéoles ou des cavités creusées dans l’épaisseur des valves; entre ces cavités se trouvent donc des endroits épaissis et ce sont ces épaissements qui se montrent striés. Ces stries sont plus ou moins fortes, selon que la distance entre les alvéoles est plus ou moins grande et que la bande siliceuse qui les sépare est plus ou moins robuste. J’ai détaillé ce point, ainsi que mes autres vues sur la structure des valves aux pages 35, 36, 37 du texte du Synopsis, pages qui ont été imprimées au commence¬ ment de cet été et dont j'ai déposé un exemplaire au Secrétariat de la Société belge de microscopie. Comme conclusion de cette note je crois pouvoir dire : 1° Que VA. pellucida aussi bien que l’A. Lindheimeri possède des alvéoles dispo¬ sées en séries se coupant à l’angle droit ; ces alvéoles sont disposées en séries trans¬ versales régulières et en séries longitudinales flexueuses. 2° Nos objectifs actuels suffisent à élucider la structure des valves des diatomées, pourvu que l’on emploie des médiums suffisamment réfringents et un éclairage con¬ venable. 3 ’ Les stries montrées sur une valve d’une diatomée quelconque, par un objectif incapable d’en résoudre les alvéoles ou les ponctuations, sont , produites par les endroits épaissis de la valve bordant les alvéoles ou ponctuations. (1). Dr H. Van Heurck. M. Van Ermengem fait au sujet du travail ci-dessus les observations suivantes : La résulution de Y Amphipleura pellucida en perles constitue, comme on le sait, le dernier mot en fait de difficultés à vaincre pour la résolution des tests. Tous les (1) La note de M. Van Heurck est accompagnée de deux épreuves photogiaphiques sur papier. L’une montre Y Amphipleura pellucida , sous un grossissement de 2850 diamètres. Cette photographie a été obtenue au moyen d'un objectif à immersion homogène 1/18 de Zeiss, de V amplifier de Toiles et d’un éclairage très oblique produit par le reflex illuminator et la lumière électrique par incandescence. L’autre reproduit Y Amphipleura lindheimeri fous un grossissement de 3000 diamètres ; la préparation est montée dans un milieu à indice très élevé: 2, 4, et reproduite avec le même objectif et un éclairage central. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 635 « dilettanti » du microscope s’y sont essayés tour à tour et depuis peu de temps seulement ils paraissent y avoir réussi. Je crois pouvoir rappeler à la Société que dans sa séance du 30 décembre. 1881, j'ai montré à plusieurs membres une résolu¬ tion très nette de ce test, en stries bien perlées, que j’avais obtenue avec un éclai¬ rage spécial, fourni par le « Vertical Illuminator » combiné avec l’objectif 1/18° à immersion homogène de Zeiss. J’avais fondé quelques espérances sur l’emploi de ce procédé, et j’ai cru qu’il pourrait être utile pour l’étude de certains détails de struc¬ ture extrêmement délicats d’autres objets microscopiques, tels que les éléments histologiques, les bactéries, etc. Mais je dois avouer que des recherches ultérieures ne m’ont pas convaincu de son utilité dans ces cas. M H. Yan Heurck s’est efforcé de mettre hors de doute l’existence de l’aspect perlé des stries de YAmphipleura, en les reproduisant au moyen de la photographie. Gomme il nous l'a appris, il a eu recours pour mettre les perles en évidence à un éclairage très oblique, fourni parle « Reflex Illuminator » de Wenham, et à l’em¬ ploi pour le montage d’un milieu spécial à indice très élevé. Il a été beaucoup ques¬ tion, dans ces derniers temps, de ce milieu, dont les avantages paraissent assez grands, même pour l’étude d’autres objets que les Diatomées. Malheureusement, sa composition a été tenue secrète, et ce n’est que depuis peu qu’on sait à peu près quelles substances il renferme. M. Hamilton Smith, en effet, a eu la générosité de la faire connaître à la dernière réunion du Congrès des Microscopistes américains, et nous savons maintenant que c’est un composé de sels arsénicaux et stibiés. Les clichés très remarquables de M. Van Heurck permettent de se faire une idée des difficultés de ce genre de micro-photographie, et il suffit de comparer l’épreuve de YAmphipleura Lindheimeri avec celle de Y Amphipleura pellucida , espèce qui lui est voisine, mais qui est beaucoup moins grossièrement marquée, pour se con¬ vaincre combien on est loin encore d'avoir parfaitement résolu en perles les stries de ce dernier test. Je ne suis pas bien d’accord avec l’auteur sur la cause même à laquelle il attribue le succès relatif de ses essais de reproduction photographique de ces détails de structure. Il croit que les difficultés éprouvées pour fixer sur la plaque photogra¬ phique l’aspect de stries perlées, seraient dues à un défaut de stabilité qui existerait à un certain degré dans tous les appareils optiques. Pour divers motifs je pense que les imperfections qu’il croit avoir reconnues dans la construction de la partie méca¬ nique de la plupart de nos microscopes n’ont pas cette influence, et je crois pou¬ voir faire remarquer que d'autres expérimentateurs sont parvenus, dans ces derniers temps, à photographier très nettement des images de détails structuraux encore plus ténus et plus délicats, les cils vibratils, par exemple, de certains bacilles, des Bac. tremulus et subtilis , si admirablement réussis par Koch. (V. Beitràge zur Biol. d. Pflanzen , Photogrammes 5 et 6. PL II. Vol. II.) Il est clair que pour obtenir une image nette d’objets de dimensions aussi infiniment petites, il faut une mise à point extrêmement exacte et tout aussi précise que pour photographier les perles en question. Il n’en est pas moins vrai que notre collègue a été le premier à reproduire, par la photographie, un aspect particulier de ces stries, qui permet de croire qu’elles sont interrompues, et vraisemblablement formées par la juxtaposition d’une suite de détails structuraux auxquels correspondraient des images de perles ou de points. Les perfectionnements des méthodes optiques, ici encore, nous révèlent une com¬ plication structurale plus grande qu’on ne pouvait le soupçonner avec des appareils moins parfaits. Tout porte à croire que les stries, chez les Diatomées, pourront être résolues toutes, un jour, sous cet aspect. Mais il ne me paraît pas que la connaissance de la structure réelle des sculptures 636 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de leur enveloppe siliceuse sera beaucoup plus avancée par là. Nous avons suffi¬ samment établi, M- Prinz et moi, dans un travail communiqué antérieurement à la Société (V. Annales , vol. IX : Recherches sur la structure de quelques Diatomées , etc.) que les phénomènes de diffraction masquent complètement l’image vraie fournie par les détails structuraux, et que des images identiques, dues à la diffrac¬ tion, peuvent correspondre à des structures très différentes. Aussi longtemps qu’on ne pourra pas éliminer cette cause d’erreur, nous croyons avec le professeur Abbe, qu’il n'y a pas lieu de se baser sur l’aspect microscopique des valves intactes pour établir leur structnre. C’est pour cette raison que nous avons eu recours, pour nos recherches, à la méthode des coupes. Il est bien vraisemblable qu’elle ne sera pas applicable d’ici longtemps à l’élucidation de la structure si délicate des valves de Y Amphipleura pellucida. Ces observations m’ont paru nécessaires pour éviter que de nouvelles obscurités ne soient répandues sur cette question toujours embrouillée de la morphologie des Diatomées. Lorsque M. Yan Heurck et les diatomistes dont il partage les vues, auront démontré avec la dernière certitude quelle est la structure exacte de ces organismes, quand il aura établi, ne fut-ce que pour une seule espèce, qu’elle con¬ siste dans la présence d’alvéoles ou de chambres closes creusées dans l’épaisseur de leur membrane d’enveloppe, il sera temps encore d’examiner si des espèces délicate¬ ment marquées, comme les Amphipleura sont construites sur le même type D‘‘ E. Van Ermengem. ERRATUM. Page 527, ligne 18, au lieu de 4 fig. 54 », lire « fig. 57 ». Grand choix de préparations microscopiques d’histologie humaine et animale, normale et pathologique : Coupes sériées de moëlle épinière, bulbe, cerveau (homme, cobaye) ; peau, foie, poumon, etc. (homme). Poumon tuberculeux , cirrhose du foie , moëlle et cerveau dans le tétanos, etc., etc. Prix : 2 fr. pièce. — 20 fr. la douzaine. S'ach'esser au DT J. Pelletan , au laboratoire du Journal de Micrographie, 176 , boulevard Saint-Germain , Paris. Le gérant : E. PROUT. TABLES ■ ' . ; . \ ' • . TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME HUITIÈME. Académie des sciences , arts et belles-lettres de Dijon. — Avis relatif aux médailles à décerner en 1884 . 242 Action ( De T) des hautes pressions sur les phénomènes de la putréfaction et sur la vitalité des micro-organismes d’eau douce et d’eau de mer, par M. A. Certes . 544 Action (De T) du froid sur les microbes, par MM. R. Pictet et Yung . 293 Amphipleura (Résolution de T), par le Dr H. Van Heurck . 633 Id. id. par le Dr E. Van Ermengem . 634 Analgesinœ (Révision du groupe des) et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musee d’Angers. — Les Sarcoptides plumi- 1 n ïx r n tr * ii T\ r ti t m , • » i coles, par MM. P. Mégnin et le Dr E -L. Trouessart, (continué par le D1' Trouessart) . 92,150,211,257,331,380,428,527,572 Anguiilule de l’oignon (Nouvelles observations suri’), par M. Joannès Chatin. 178 Apsilus (Sur une nouvelle espèce de Rotateur du genre), par Miss Sara Gwendolen Foulke . . . .’ . 513 Apsilus (Note sur le travail de Miss Foulke, relatif aux), par le Dr J. Pelletan 518 Astasia hœmatodes, par le professeur Samuel Lockwood . 220 B Bacilles de la tuberculose (Coloration des spores dans les), par M. A. F. Negri . 349 Bacille (Le) du choléra, par MM. A. Taxis et J. Chareyre . 397, 444 Bacille (Le) en virgule du choléra ( Kommabacillus Koch), par le Dr J. Pelletan . 475 Bacillus tuberculosis (Coloration du), par M. J. -T. Burrill . 240 Bacillus tuberculosis (Procédé rapide du Dr Gibbes pour la démonstration du) 241 Bacterioïdomonas sporifera, par M. J. Künstler . 376 Bibliographie : Manuel de microscopie clinique, etc., par le professeur G. Bizzozero, trad. franç. par le Dr Ch. Firket. — Notice par le Dr J. Pelletan . 180 Histoire sommaire du microscope composé et de ses récents perfectionne¬ ments, par M. H. Peragallo. — Notice par le Dr J. Pelletan . 181 Le Conseiller Scientifique. — Notice par le Dr J. Pelletan . . 351 Guide pratique de Botanique rurale , par G. Camus. — Notice par le Dr J. Pelletan . 352 640 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. Pages . Les Champignons, parle Dr Gautier. — Notice par le Dr Bellot . 353 Flore de Paris, par le professeur J.-L. de Lanessan. — Notice par le Dr J. Pelletan . 408 La Biologie cellulaire , par le chanoine J. -B. Carnoy. — Notice par le Dr J. Pelletan . 409 Conférence duT)r Koch sur le Choléra. — Notice par le Dr J. Pelletan.. 458 Trichine et Trichinose aux États-Unis , par le Dr P. de Pietra Santa. — Notice par le Dr J. Pelletan . 496 La phtisie bacillaire du poumon, par le professeur G. Sée. — Notice par le Dr J. Pelletan . 549 G Chlorose traitée par l’eau de Pougues. - — Notes médicales. — parle DrJ. Pelletan . . 605 Choléra asiatique ( Contribution à l’étude du microbe du) , par le Dr Van Ermengem . 595, 628 Choléra (Le bacille du), par MM. A. Taxis et J. Chareyre . 397, 444 Choléra (Le) en Egypte. — Rapport de la Commission française, par le Dr Straus . 52 Clathrulina elegans ( Quelques phénomènes de la vie du), par Miss Sara Gwendolen Foulke . 616 Cœur (Des mouvements du) chez les insectes pendant la métamorphose, par M. J. Künckel . 449 Coloration des spores dans les bacilles de la tuberculose, par M. A. -F. Negri. 349 Coloration du Bacillus tuberculosis, par M. J. -T. Burrill . 240 Contribution à l’étude du microbe du choléra asiatique, par le Dr Van Ermengem.- . 595, 628 Correspondance : Lettre du Dr H. Van Heurck, répondant à une note de M. Stein relative à l’éclairage électrique applique au microscope . 273 Lettre de M. E. Cocardas , relative à la non publication de ses Idées nouvelles sur la fermentation dans les Comptes rendus de la Société Botanique de France . 277 Lettre de M. E. Cocardas, relative à la non publication du Penicïllium- ferment dans les eaux distillées, dans les Comptes rendus de la Société Botanique de France . 406 Coupes (Innovations dans la technique des), par les professeurs A. Andres, W. Giesbrecht et P. Mayer . 166 D Développement de Stylorhynchus , par le professeur A. Schneider . 50 Diatomées (Les). — Récolte et préparation, par M. J. Rataboul. 115, 173,231, 342,451 Diatomées ( Observations nouvelles sur les mouvements des) , par M. Jabez- Hogg . 109 Diatomépélite (La) de Séville , parM. Julien Deby . 44 Diatomiques (Notes), par M. Julien Deby . . 228 Douleurs ostéocopes (Valeur pathogénique et thérapeutique de certaines), par le Dr Arthaud . 297 Duboisii (Nyctotherus) , par M. J. Künstler . . . . . 86 Durée (De la) de l’immunité vaccinale anticharbonneuse chez le lapin , par le professeur Feltz . 649 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. 641 Eaux (Les) de Pougues et le choléra. — Notes médicales, par le Dr J. Pelletan . 401 Eaux (Les) de Pougues ferrugineuses. — Notes médicales, par le Dr J. Pelletan . 497 Eaux (Les) minérales. — Notes médicales, par le Dr J. Pelletan . 454 Eau de Pougues (Chlorose traitée par T). — Notes médicales par le Dr J. Pelletan . 605 Éclairage électrique appliqué au microscope (Lettre du Dr H. Van Heurck., répondant à une Note de M. Stein relative à 1’). — (Correspondance) . 273 Éléidine dans la muqueuse bucco-œsophagienne des mammifères ( De l’exis¬ tence et de la distribution de 1’), par le professeur L. Ranvier . 118 Erratum . ; .... ; . 636 Existence (De 1’) et de la distribution de de l’éléidine dans la muqueuse bucco- œsophagienne des mammifères, par le professeur L. Ranvier . 118 Fermentation (Idées nouvelles sur la) , par M. E. Gocardas . 281 — Le Penicillium-ferment dans les eaux distillées pharmaceu¬ tiques, par M. E. Cocardas . . . 390 — Le Penicillium-ferment dans les dissolutions salines, par M. E. Cocardas . - . 485 — Le Penicillium-ferment dans les sucs végétaux, par M. E. Cocardas . 586 — Lettre de M. E. Cocardas relative à la non publication de ses Idées nouvelles sur la fermentation et du Penicillium-fer¬ ment , dans les Comptes rendus de la Société Botanique de France. — (Correspondance) . . 277,406 Fièvre jaune (Le microbe de la), parle Dr de Lacaille . 75 — (Note sur les observations du Dr de Lacaille, relatives au microbe de la), par le Dr J. Pelletan . 77 Formation et développement des cellules nerveuses de la moelle épinière des Mammifères , par M. W. Vignal . 547 Forme aberrante (Sur une) du Phyllum sporozoa , par M J. Künstler . 240 Froid sur les microbes (De l’action du), par M. R. Pictet et Yung . 293 G Gallicole (Sur le phylloxéra), par M. L.-F. Henneguy . 51 Glandulaire ( Les membranes muqueuses et le système) , par le professeur L. Ranvier . . 29, 77, 142, 194, 310, 419 H Histochimie (Manuel d’) du Dr J. Pelletan. — Notice par le Dr J. Pelletan. 247 Humeur pleurétique (Sur une psorospermie trouvée dans une) , par MM. J. Künstler et A. Pitres . . 469, 520 Hyménomycètes (Des) au point de vue de leur structure et de leur classifica¬ tion, par M. N. Patouillard. 38, 101, 158,221,266,338, 385, 436, 477, 532,579, 619 I i • Idées nouvelles sur la fermentation, par M. E. Cocardas . . 281 3 642 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. • Pages. Idées nouvelles sur la fermentation. — Le Pénicillium -ferment dans les eaux distillées pharmaceutiques, par M. E. Cocardas . 390 Idées nouvelles sur la fermentation. — Le Pénicillium ferment dans les dis¬ solutions salines, par M. E. Cocardas . . 485 Idées nouvelles sur la. fermentation. — Le Pénicillium- fer ment dans les sucs végétaux, par M. E. Cocardas . 586 Idées nouvelles sur la fermentation. (Lettre de M. E. Cocardas relative à la non publication dans les Comptes rendus de la Société Botanique de France, de ses). — (Correspondance) . 277 Idées nouvelles sur la fermentation. — ( Penicillium-ferment dans les eaux distillées. — Lettre de M. E. Cocardas relative à la non publication dans les Comptes rendus de la Société Botanique de France du). — ( Corres¬ pondance) . 406 Immunité vaccinale anticharbonneuse chez le Lapin (De la durée de P), par le professeur Feltz . 496 Infusoire nouveau (Notes sur un), par le Dr A. G. Stores . 423, 466 Infusoires parasites (Sur deux) , par M. J. Künstler . 176 Innovations dans la technique des coupes, par les professeurs A. Andres , W. Giesbrecht et P. Mayer . 166 K Kommabacillus .(Le) (Koch) (Bacille en virgule) du choléra, par le Dr J. Pelletan.. . 475 L Lac de Genève ( Végétations pélagiques et microscopiques du ) au printemps de 1884 , par le professeur Jacques Brun . 491, 541, 591 Laryngoscope électrique et éclairage pour le spéculum , par MM. Corneloup et Cadot. — Notice par le Dr J. Pelletan. . . . . . 603 Lépidoptères (Vaisseaux de Malpighi chez les), par M. Cholodkovsky . 290 Lésions (Sur les) des tubes nerveux de la moelle épinière dans la sclérose en plaques, par M. J. Babinski . • . 447 M Mammifères (Formation et développement des cellules nerveuses de la moelle épinière des), par M. W. Vignal . 547 Manuel d’histochimie du Dr J. Pelletan. — Notice par le Dr J. Pelletan. . . 247 Membranes (Les) muqueuses et le système glandulaire, par le professeur L. Ranvier . 29, 77, 142, 194, 310, 419 Microbe (Le) de la fièvre jaune, par le Dr de Lagaille . 75 Microbe de la fièvre jaune (Note sur les observations du Dr de Lacaille, rela¬ tives au), par le Dr J. Pelletan . 77 Microbe du choléra (Contribution à l’étude du), parle Dr Van Ermengem. 595,628 Micro-organismes d’eau douce et d’eau de mer ( De Faction des hautes pres¬ sions sur les phénomènes de la putréfaction et sur la vitalité des), par M. A. Certes . . • . . . 544 Micro-organismes d’eau douce et d’eau de mer (Note relative à l’action des hautes pressions sur la vitalité des), par M. A. Certes . . 291 Micro-organisme (Sur le) de la tuberculose zooglœique , par MM. L. Malassez et W? Vignal . . . . . 494 Micro-organisme (Sur le) d’une septicémie observée chez l’homme et le mouton , par M. Ch. Degagny . . . . . . . . 348 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. 643 Pages. Microscope « continental » (Note relative au) du Dr J. Pelletan . 121 Modifications (Des) que présentent les muscles à la suite de la section des nerfs qui s’y rendent, par M, J. Babinski . 120 Moelle épinière dans la sclérose en plaques (Sur les lésions des tubes nerveux de la), par M. J. Rabinski . . 447 Mot (Un) au Dr Blochmann, par le professeur B. Grassi . 219 Mouvements (Des) du cœur chez les insectes pendant la métamorphose , par M. J. Künckel..* . 449 Muscles (Des modifications que présentent les) à la suite de la section des nerfs qui s’y rendent, par M. J. Babinski . 120 N Note relative à l’action des hautes pressions sur la vitalité des micro-orga¬ nismes d’eau douce et d’eau de mer, par M. A. Certes . 291 Note relative au Microscope « continental » du Dr J. Pelletan . . 121 Notes sur les observations du Dr de Lacaille relatives au microbe de la fièvre jaune , par le Dr J. Pelletan . 77 Note sur le travail de Miss Foulke relatif aux Apsilus , par le Dr J. Pelletan 518 Notes diatomiques, par M. Julien Deby . 228 Notes médicales : Les eaux de Pougues et le choléra, par le Dr J. Pelletan . 401 Les eaux minérales, par le Dr J. Pelletan . . . 454 Les eaux de Pougues ferrugineuses, par le Dr J. Pelletan . 497 L’alimentation par les peptones , par le Dr J. Pelletan . 550 Chlorose traitée par l’eau de Pougues, par le Dr J. Pelletan . 605 Notes sur quelques parasites nouveaux, par le Dr A. G. Stokes . . . 566 Notes sur un Infusoire nouveau, par le Dr A. C. Stokes . 423, 466 Nouvelle (Sur une) espèce de Rotateur du genre Apsilus , par Miss Sara Gwendolen Foulke . . . 513 Nyctotherus Duboisii , par M. J. Künstler. . . . . . . 86 O Observations (Nouvelles) sur l’Anguillule de l’oignon, par M. J. Chatin. 178 Observations nouvelles sur les mouvements des Diatomées , par M. Jabez- Hogg . . 109 Organismes unicellulaires (Les). — Les Protozoaires , par le professeur G. Origines (Les) de la vie, par M. J. Künstler . . . 200 P Penicillium-ferment dans les eaux distillées. — (Lettre de M. E. Cocardas relative à la non publication dans les Comptes rendus de la Société Bota¬ nique de France au). — (Correspondance) . 406 Peptones (L’alimentation par les). — Notes médicales par le Dr J. Pelletan. 550 Péridinien (Sur un) parasite, par M. G. Pouchet . 347 Persistance des types inférieurs (La théorie transformiste et le fait de la), par le professeur Mathias Du val . 13 Phylloxéra (Sur le) gallicole, par M. L.-F. Henneguy . 51 Phylloxéra (Sur un nouvel insecte du genre), par M. J. Lichtenstein . 602 Phyllum sporozoa (Sur une forme aberrante du), par M. J. Künstler . 240 644 TA H LE ALPHABETIQUE DES MATIERES. Pages. Pressions sur les phénomènes de la putréfaction et sur la vitalité des micro¬ organismes d’eau douce et d’eau de mer (De l’action des hautes), par M. A. Certes . . . . 544 Pressions sur la vitalité des micro-organismes d’eau douce et d’eau de mer (Note relative à l’action des hautes), par M. A. Certes. . . . 291 Procédé rapide pour la démonstration du Bacillus tuberculosis. (Procédé du Dr Gibbes) . . 241 Protozoaires (Les). — Les organismes unicellulaires, par le professeur G. Balbiani . . . . . . . 9, 66, 134, 249, 367 Psorospermie (Sur une) trouvée dans une humeur pleurétique, par MM. J. K ü nstler et A. Pitres . . . . . 469, 520 Q Quelques phénomènes de la vie du Clathrulina elegans , par Miss Sara Gwendolen Foulke . . . . . 616 R Rage (Le virus de la) atténué, par MM. Pasteur, Roux et Chamberland. . . . 345 Rapport de la Commission française sur le choléra en Égypte, par le Dr Straus. 52 Recherches de pathologie et de thérapeutique expérimentales sur la tuber- Récolte et préparation des Diatomées, par M. J. Rataboul. 115,173231,342,451 Résolution de Y Amphipleura, par le Dr H. Van Heurck . 633 Id. id. par le Dr E. Van Ermemgem . 634 Revue, par le Dr J. Pelletan. . 3, 63, 127, 187, 247, 303, 359, 415, 463, 507, 559, 611 Rhizopode (Sur un), par M. J. Künstler . 497 Rotateur du genre Apsilus (Sur une nouvelle espèce de), par Miss Sara Gwendolen Foulke . 513 S Sarcoptides (Les) plumicoles. Révision du groupe des Analgesinæ et descrip¬ tion des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers, par MM. P. Mégnin et le Dr E. L. Trouessart (continué par le Dr Troues- sart) . 92, 150, 211, 257, 331, 380, 428, 527, 572 Sclérose en plaques (Sur les lésions des tubes nerveux de la moelle épinière dans la), par M. J. Babinski . 447 Septicémie observée chez l’homme et le mouton (8ur le micro-organisme d’une), par M. Ch. Degagny . 348 Séville (La diatomépélite de), par M. Julien Deby . 44 Spéculum (Laryngoscope électrique et éclairage pour le), par MM. Corneloup et Cadot. — Notice parle DrJ. Pelletan..- . . . 603 Stylorhynchus (Développement de), parle professeur A. Schneider . 50 Sur deux infusoires parasites, par M. J. Künstler . 176 Sur un nouvel insecte du genre Phylloxéra, par M. J. Lichtenstein . 602 Sur un Rhizopode, par M. J. Künstler . 497 Système glandulaire (Les membranes muqueuses et le), par le professeur T Théorie (La) transformiste et le fait de la persistance des types inférieurs, par le professeur Mathias Du val . . . 13 Transformiste (La théorie) et le fait de la persistance des types inférieurs, par le professeur Mathias Duval . . . . 13 TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS, 645 Trichomonas vaginalis. — Don, par M. J. Künstler . 317 Tuberculose (Coloration des spores dans les bacilles de la), par M. A.-F. Negri . 349 Tuberculose (Recherches de pathologie et de thérapeutique expérimentales sur la), par le professeur Coze et le Dr P. Simon . 235, 294 Tuberculose zooglœique (Sur le micro-organisme de la), par MM L. Malas- sez et W. Vignal . . . . 494 V Vaginalis ( Trichomonas ). — Don, par VÉ J. Künstler . 317 Vaisseaux de Malpighi chez les Lépidoptères, par M. Cholodkovsky . 290 Valeur pathogénique et thérapeutique de certaines douleurs ostéocopes, par le D1 Arthaud . 297 Végétations pélagiques et microscopiques du lac de Genève au printemps de 1884, par le professeur Jacques Brun . . . 491, 541, 591 Vie (Les origines de la), par M. J, Künstler . 200 Virus (Le) de la rage atténué, par MM. Pasteur, Roux et Chamberland . 345 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. A Pages. Andres (A.), W. Giesbrecht et P. Mayer. — Innovations dans la technique des coupes . . . 166 Arthaud (le Dr). — Valeur pathogénique et thérapeutique de certaines dou¬ leurs ostéocopes.* . 297 B Babinski (J.). — Des modifications que présentent les muscles à la suite de la section des nerfs qui s’y rendent . 120 — Sur les lésions des tubes nerveux de la moelle épinière dans la sclérose en plaques . 447 Balbiani (le professeur G.). — Les organismes unicellulaires. — Les Proto¬ zoaires . 9, 66, 134, 249, 367 Bellot (le DU). — Bibliographie. — Notice sur les Champignons, par le D’ Gautier . 353 Brun (le professeur Jacques). — Végétations pélagiques et microscopiques du lac de Genève au printemps de 1884 . 49l, 541, 591 Burrill (J.-T.). — Coloration du Bo.cillus tuberculosis . 240 G Certes (A.). — De l’action des hautes pressions sur les phénomènes de la putréfaction et sur la vitalité des micro-organismes d’eau douce et d’eau de mer . . 544 — Note relative à l’action des hautes pressions sur la vitalité des micro¬ organismes d’eau douce et d’eau de mer . . . . . 291 646 TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS. Pages. Chamberland, Pasteur et Roux. — Le virus de la rage atténué . . 345 Chareyre (J.) et A. Taxis. — Le bacille du choléra. ^ . . 397, 444 Chatin (Joannès). — Nouvelles observations sur l’Anguillule de l’oignon... 178 Gholodkovshy. — Vaisseaux de Malpighi chez les Lépidoptères . 290 Cocardas (E.). — Idées nouvelles sur la fermentation . 281 — Le Pénicillium- fer ment dans \es eaux distillées pharmaceutiques. 390 — Le Penicillium-ferment dans les dissolutions salines . 485 — Correspondance. — Lettre relative à la non publication de ses Idées nouvelles sur la fermentation dans les Comptes rendus de la Société Botanique de France . 277 — Correspondance. — Lettre relative à la non publication du Péni¬ cillium ferment dans les eaux distillées dans les Comptes ren¬ dus de la Société Botanique de France.. . 406 Coze (le professeur) et le Dr P. Simon. — Recherches de pathologie et de D Deby (Julien). — La diatomépélite de Séville . 44 — Notes diatomiques . 228 Degagny (Ch.). — Sur le micro-organisme d’une septicémie observée chez l’homme et le mouton . 348 Duval (le professeur Mathias). — La théorie transformiste et le fait de la persistance des types inférieurs . 13 E Ermengem (le Dr Van). — Contribution à l’étude du microbe du choléra. 595, 628 — — Résolution de V Amphipleur a . 634 F ♦ Feltz (le professeur). — De la durée de l'immunité vaccinale anticharbon¬ neuse chez le lapin . : . . 496 Foulke (Miss Sara Gwendolen). — Sur une nouve’le espèce de Rotateur du genre Apsilus . 513 — Quelques phénomènes de la vie du Clathrulina elegans . 616 G Gibbes (le Dr). — Son procédé rapide pour la démonstration du Bacïllus tuberculosis . . 241 Giesbrecht (W.), A. Andres et P. Mayer. — Innovations dans la technique des coupes . . . . . , . 166 Grassi (le professeur B.). — Un mot au Dr Blochmann . . . 219 { * H Henneguy (L.-F.). — Sur le phylloxéra gallicole . 51 Heurgk (le Dr H. Van). — Correspondance — Lettre répondant à une Note de M. Stein relative à l’éclairage électrique appliqué au microscope . 273 Heurck (le Dr H. Van). — Résolution de V Amphipleur a . 633 J Jabez-Hogg. — Observations nouvelles sur les mouvements des Diatomées. . 109 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 647 Pages. K Künckel (J.). — Des mouvements du cœur che^ les insectes pendant la métamorphose . 449 Künstler (J.). — Nyctotherus Duboisii . . 86 — Sur deux infusoires parasites . 176 — Les origines de la vie . » . . . . . . 200 — Sur une forme aberrante du Phyllum sporozoa . 3*0 — Trichomonas vaginalis. — Don . 317 — Bacterioïdomotyas sporifera . 376 — Sur un Rhizopode . . . 497 — et A. Pitres. — Sur une psorospermie trouvée dans une humeur L. Lacaille (le Dr de). — Le microbe de la fièvre jaune. . . 75 Lichtenstein (J.). — Sur un nouvel insecte du genre Phylloxéra . 602 Lockwood (le professeur Samuel). — Astcisia hœmatodes . 220 M Malassez (L.). et W. Vignal. — Sur le micro-organisme de la tuberculose zooglœique . 494 Mayer (P.), A. Andres et W. Giesbrecht. — Innovations dans la technique des coupes . . . . . . 166 Mégnin (P.) et le Dr E.-L. Trouessart — Les Sarcoptides plumicoles. Révi¬ sion du groupe des Analgesinœ et description des espèces et genres nouveaux de la collection du Musée d’Angers. (Gontiuué par le Dr Troues¬ sart) . 92, 150, 211, 257, 331, 380, 428, 527, 572 N Negri (A. -F.). — Coloration des spores dans les bacilles de la tuberculose. . 349 P Pasteur, Roux et Chamberland. — Le virus de la rage atténué . 345 Patouillard (N.). — Des Hyménomvcètes au point de vue de leur structure et de leur classification. 38, 10L 158, 221, 266, 338, 385, 436, 477, 532, 579, 619 Pelletan (le D1' J.). - Revue. 3, 63, 127, 187, 247, 303, 359, 415, 463, 507, 559, 611 — Note sur les observations du Dr de Lacaille relatives au microbe de la fièvre jaune . 77 — Manuel d’Histochimie. — Notice . 247 — Le Kommabacillus (Koch) (Bacille en virgule) du choléra . 475 — Note sur le travail de Miss Foulke relatif aux Apsilus . 518 — Notes médicales : — Les eaux de Pougues et le choléra . . 401 — Les eaux minérales . 454 — Les eaux de Pougues, ferrugineuses . 497 — L’alimentation par les peptones . 550 — Chlorose traitée par l’eau de Pougues . 605 648 TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS. Pages. Pelletan (le Dr J.). — Bibliographie : Manuel de microscopie clinique etc., par le professeur G. Bizzozero, trad. fr. par le Dr Ch. Firket . 180 Histoire sommaire du microscope composé et de ses récents perfec¬ tionnements par M. H. Peragallo . 181 Le Conseiller scientifique . . . 351 Guide pratique de botaniqne rurale pae G Camus . 352 Flore de Paris, par le professeur J. L. de Lanessan . 408 La Biologie cellulaire, par le chanoine J. B. Carnoy . 409 Conférence du Dr Koch sur le choléra . 458 Trichine et trichinose aux Etats-Unis, par le Dr P. de Pietra-Santa. 496 La phtisie bacillaire du poumon, par le professeur G. Sée . 549 — Laryngoscope électrique et éclairage pour le spéculum, par MM. Corneloup et Cadot. — Notice . 603 Pictet (R.) et Yung. — De l’action du froid sur les microbes . . 283 Pitres (A.) et J. Künstler. — Sur une psorospermie trouvée dans une humeur pleurétique . 469, 520 Pouchet (G.). — Sur un Péridinien parasite . 347 R Ranyier (le professeur L.). — Les membranes muqueuses et le système glan- k dulaire . . . . 29. 7 7, 142, 1§4, 310, 419 — De l’existence et de la distribution de l’éléidine dans la muqueuse bucco-œsophagienne des mammifères . 118 Rataboul (J.). — Les Diatomées. — Récolte et préparation. 115, 173, 231, 342, 451 Roux, Pasteur et Chamberland. — Le virus de la rage atténué . 345 S Schneider (le professeur A.). — Développement de Stylorhynchus . 50 Simon (le Dr P.) et le professeur Coze. — Recherches de pathologie et de thé- _ rapeutique expérimentales sur la tuberculose . 235, 294 Stores (le Dr A.-C ). — Notes sur un Infusoire nouveau . 423, 466 — Notes sur quelques parasites nouveaux . . . 566 Strauss (le Dr.). — Le choléra en Egypte. — Rapport de la Commission fran¬ çaise . 52 T Taxis (A.) et J. Chareyre. — Le bacille du choléra . 397, 444 Trouessart (le Dr E.-L.) et P. Mégnin. — Les Sarcoçtides plumicoles. — Révision du grou nouveaux de la co sart) . pe des Analgesmœ et aescripuon aes especes ec genres élection du Musée d’Angers. (Continué par le D1' Troues- '"'O 00i oor' ,r*° er 92, 150, 211, 257, 331, 380, 428, 527, 572 V Vignal (W.). — Formation et développement des cellules nerveuses de la moelle épinière des mammifères . Vignal (W.) et L. Malassez. — Sur le micro-organisme de la tuberculose zooglœique . 547 494 Y Yung et R. Pictet. — De l’action du froid sur les microbes 293 TABLE DES FIGURES DANS LE TEXTE. 649 TABLE DES FIGURES DANS LE TEXTE. Fig. 1. — P. 10. — Fig. 2. — P. 11. — Fig. 3. ; — P, 12. — Fig. 4. — P. 12. — Fig. 5. — P. 13. — Fig. 6. — P. 46. — Fig. 7. — P. 49. — Fig. 8. — P. 69. — Fig 9. — P. 71. — Fig. 10 et 11. — P . Ta Fig 12. — P. 73. — Fig. 13 à 15 i. - - P. 75 Fig. 19. — P. 90. — Fig. 20. — P. 98. — Fig. 21. — P. 99. — Fig. 22. — P. 138. — Fig. 23. — P. 139. — Fig. 24. — P. 141. — Fig. 25. — P. 151. — Fig. 26. — P. 153. — Fig. 27. — P. 168. — Fig. 28. — P. 169. — Fig. 29. — P. 170. — Fig 30. — P. 208. — Fig. 31. — P. 212. — Fig. 32 — P. 214. — Fig- 33. — P. 217. — Fig. 34. — P. 251. — Fig. 35. — P. 253. Fig. 36. — P. 253. — Fig. 37. — P. 254. — Fig. 38. — P. 256. — Fig. 39. — P. 256. — Fig. 40. — P. 257. — Fig. 41. — P. 257. — Fig. 42. — P. 258. — Fig. 43. — P. 263. — Fig. 44. _ _ P. 334. _ Entosiphon sulcatum (deux formes). Phialonema cyclostomum (vu de face et de profil. Menoiclium pellucidum. Tropidocyphus octocostatus. Cyclotella Sevillana (face valvaire et face connective). Cyclotella Sexpunctata (face valvaire et face connective). — Le microbe de la fièvre jaune (divers états). Ceratium cornutum. brevipes. Appareil pour étaler les coupes. Appareil enregistreur de la vis microscopique. Pince pour tenir l’objet, mobile sur trois axes. Parasite du cæcum du Gobai (divers états). Pterolichus denticulatus (mâle, femelle et variétés). Pterolichus denticulatus (femelle) et Pterolichus hemi- phyllus (extrémités postérieures). Pterolichus cataphractus ( mâle , femelle et plaque noto- gastrique). Prorocentrum micans (face et profil ). Carapace vide de Ceratium tripos. Coupe transversale de Ceratium tripos. Dinophysis acuacuta . delibati. et œuf. 650 EXPLICATION DES PLANCHES. Fig. 45. — P. 368. — Polykrikos auriculcCria ( animalcule entier et deux organes urticants). . ■ Fig. 46. — P. 370. — Kystes de multiplication de Péridiniens. Fig. 47. — P. 371. — Ceratium cornutum. Fig. 48 — P. 380. — Pterolichus forficiger : — P. degamus et P. Phœnicopteri (formes diverses). P. 383. — Pterolichus Rehbergi , var. gracilis (mâle et femelle). P. 424. — Ctedoctema acantocrypta {vue dorsale et vue latérale). P. 427. — Ctedoctema acanthocrypta vu parla face ventrale. ’i P. 528. — Pterolichus vexillarius (mâle, femelle et variétés). P. 530. — Pterolichus vexillarius (nymphe) et Pterolichus interifolia. P. 567. — Opalina flava. P. 570. — Exechlyga acumiuata. P. 571. — Chilodon Regalstrocher (vue ventrale et vue latérale). P. 575. — Protolichus brachiatus (mâle, femelle, extrémité du tarse et ambulaére). Fig. 58. — P. 604. — Laryngoscope et éclairage pour le spéculum , de MM. Cadot et Gorneloup. Fig. 49. - Fig. 50. - Fig. 51. — Fig. 52. - Fig. 53. - Fig. 54. — Fig. 55. - Fig. 56. - Fig. 57. - EXPLICATION DES PLANCHES. Planches I, II, III , IV.— Hyménomycètes.— Développement, structure, formes et états divers ; (v. p. 340 à 342). Planche V. Planche VI. Planche Vil. Planche VIII. Planche IX. Planche X. Planche XI. ( Trichomonas Vaginalis. — Formes diverses, structure ; (voir ( p. 330 et 331). — Bacterioïdomonas sporifera. — Formes diverses et spores ; (voir p. 379 et 380). — Idées nouvelles sur la fermentation . — Produits de la fermen- iation dans diverses substances ; (v. p. 396). — Idées nouvelles sur la fermentation. — Divers états fructifères aquatiques, état fructifère aérien ; (v. p. 397). — Komabacillus du choléra dans diverses préparations. — Colonies de Kommabacillus ; (v. p. 476). — Formes diverses à'Apsilus ; (v. p. 517 et 518). Planche XII. ( Psorospermie trouvée dans une humeur pleurétique — Corpus- Planche XIII \ cules, vésicules et formes diverses ; (v. p. 526). FIN DU TOME HUITIÈME. JOURNAL DE MICR0GRAPHIE_1884. PL 111 — • • * . • . . li |1S * - JKlVEESnY Of XLlNüiS - JOURNAL DE MICROGRAPHIE _ 1884. PL IV JOURNAL DE MICROGRAPHIEL1884. Pl.V. 1- v LIBRARY UHIVERSITY OF ILLINOIS URBANA JOURNAL DE MICROGRAPHIE _1 8 84. PI. VIL * • ■ C ' KO X» v » *c * * «* «V* r» /. . *°.**\*V ,* **■ f * * * « ® „ * f » • ç . t* . f*V • - ' * o , » • V **ï«r * ‘ « /t * • **• * * « :;*• « « » ' à ‘ «**„*“■ „ e . x c *» . ® * • e c * ° „ « \î ) * • V *’ n; r o- •oV,;V ^ .r. « ? ?S A c <► f «?* * * / 9 / * « • * • ** «'•*** A e « * et e « * < I - *. ’ \ t r tf * C O J> o «P , . * » ‘ • » O *. « ' » a *8 r v P , 6 C *« . * / £ \ c * < • ott a * * \ tS *» I " \tf . e « ’ * * « O !• 6 « * . * v *» O ? tj o’*1 . '■ • ( * » * * «. O* 5 0 * . " * » » 6 « • C Ç ° • mj * i; » c. * * s »«.»«, *>'■ tf , * ‘ , c y' X L r * „ r c {■ « , V* * JT» L .»' Xft- • o .*»'• « * c'>-' f « « ’ c «>' Æ....r. ": R~- I» "ï \ ■*-'•- ,^n a A/?r>x, A % A V:V > Ü / ## ^ As- 4 ‘f.C\ ^ f w\\ W4.4 \ â>% il£« . m% f i««« \ . v! îé^iâH I,' ! 4 a - •' h • • <- sr'--,. rf, *> */- V ï ‘K 6 ‘- ? V i • n r t "k. 6 j ; * f « ; ? k C ; v i s ^ n \ \s : V t ] - • > . 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(^/'JVn\-tjrJlcUtcr1ts j JOURNAL D£ MICROGRAPHIE _ 188* PI . IX LIBRARY URBAN A r JOURNAL DE MICROGRAPHIE _1884-, Pl.X . OU . ' V . . , . LIBRARY UÏ41VERS1 i V Or ILL1MOIS (JRBANA I JOURNAL DE MICROGRAPHIE .1884. PL XI. L13RARY UNiVERSt i Y Of ILLINOIS URBANA JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 1884. PI .XII. I ? ÜBRARY UNIVERS! 1 Y OF ILLINOIS ÜR8ANA • JOURNAL DE MICROGRAPHIE _1 834. PI. XIII. * J LI8RARY UNiVERSnY Of ILUNOIS URBANA tf . » i ■ y \ # - - . . . . . •• « * • * r ' .* UNIVERSITY OF ILLINOIS — URBANA N301 12009438570A