KI 1 Ê L | Si « a NS"? Ve: sn | 4 M - | # . Cu cl 1 * à VS 2 : . vie s AVR ie 3 Ur Ur ET PEN | DEPH Ysi QUE; (DE CHIMIE D'HISTOIRE NATURELLE A ARE à DES ENT Av2oDES. PLANCHES EN rAILLEDOU Cr; Fr Pan J.- Ex ni DÉLANETR ESS, MÉSSIDOR AN \QEAE TOME XLR A PA RAS, Chez J.-J, FU CHS, Libraire , rue des Mathurins , ne. 534. AN VII DE LA RÉPUBLIQUE ( 1799 V. 5£.) ESP HYSEOUE, sé DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATUREËLE SET: Det SAR THEN ET « SIXIÈME MÉMOIRE Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d’eau, Lorsqu'ils sont exposés à la lumière, de même que sur les corferves et tremelles , considérées relativement à leur nature et à leur propriété de donner du gaz oxigène au soleil ; _ Par Jean Senezrer, Bibliothécaire de Genève. | SAVE, Observations sur la formation de la matière verte et sur L'air qu’elle fournit. L 4 matière verte , restée long-temps dans l’eau à l’obscurité , semble-se dissoudre ; on en trouve des morceaux gris, blancs , jaunes : ils sont véritablement étiolés, ils ne donnent point d’air au soleil, quoïqu’on y remarque la plupart des animalcules dont j'ai parlé , et sur-tout les globulaires. A 2 (4 À (] 4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai vu, dans une bouteille de verre blanc pleine d’eau, quel- ues morceaux de cette matière verte, qui étoient devenus jaunes; ils s’évanouirent au soleil. Je plaçai la même bouteille ris ui lieu bien éclairé, où elle ne recevoit que foiblement l’action immédiate du soleil, et la matière verte s’y forma d’abord par- faitement bien. , J'ai vu encore desbullesd’air s’élever surla matière verte, quoique la gelée fut assez forte. Je cherchai si cet air venoit de l’eau ou de la matière verte ; j'en pris pour cela quelques fragmens qui étoient au fond du vase, pour les placer dans un autre , et je la vis encore donner sur-le-champ de l'air au soleil. Cette matière, après avoir supporté sous l’eau ou dans la glace un froïd de —11°, a donné le lendemain matin de l'air dans la partie de l’eau qui se fondit au soleil. 2 Je voulus voir l'effet que les différentes eaux pourroient pro- duire sur lMmatière verte ; j'en plaçai quelques lambeaux dans des yases pleins d’eau bouillie ; je fermai les uns avec le mereure , et les autres avec leauseule; j’en plaçai de même dans des vases pleins d’eau commune , et dans d’autres dont l’eau étoit chargée d’acide carbonique : tous ces vases furent exposés le 16 prairial dans le même endroit à la lumière réfléchie, et aux rayons directs du soleil. La matière verte enfermée par le mercure dans l’eau bouillie, étoit absolument périe le 39 , sans avoir donné une bulle d’air ; il n’y eut pas un seul brin de cette matière verte qui eût cherché à s’insinuer sous le verre ; le blanc de la soucoupe de porcelaine qui le portoit y avoit conservé , sous lui , sa pureté ; mais il étoit sal, par un dépôt verdâtre , sous l’eau qui étoit à l’air, et qui recouvroit le mercure. La matière verte, enfermée par l’eau bouillie dans cette eau, donua le 19 de Pair pour la première fois ; et elle continua d’en donner ; sans doute l’acide carbonique s’y étoit introduit par le moyen de l’eau dont le mercure exté- rieur au verre étoit recouvert. Il se forma aussi de la nouvelle matière. Ces vases contenoient environ 122 grammes et 287 mil- ligrammes ou 4 onces d’eau ;il y eut, le 19 fructidor , un volume d'air égal à un volume d’eau, du poids de 8,598 grammes ou de 162 grains , je l’essayai par le moyen du gaz nitreux mêlé avec l’air produit dans ure quantité égale ; le mélange fut réduit à 0,93 , et celui du gaz nitreux avec l'air commun, fut réduit à 1,00. La matière verte, placée dans l’eau commune, mais fermée par le mercure, donna d’abord de l’air avec abondance ; ensuite sa quantité diminua beaucoup, mais ilen parut de temps en te:nps ÉT D’HISTOIRE NATURELLE, #* 5 quelques bulles, il se forma de la matière verte au fond du vase ; j'obtins seulement un volume d’air égal à un volume d’eau de 2 grammes ou de 39 grains; mais dans la même eau, fermée seu- lement par l’eau commune , que je renouvellai , la matière verte donna continuellement de l'air; il se forma beaucoup de matière verte sur la soucope et sous le verre, j’eus un volume d’air égal à un volume d’eau de 13,799 grammes ou de 260 grains. Son mé- lange avec le gaz nitreux fut réduit à0,79. J’ai eu de cet air pro- duit par la matière verte dont une mesure mêlée avec deux me- sures de gaz nitreux , fut réduite à 0,63. Je plaçai cette matière verte, le 23 messidor, sous l’eau chargée d'acide carbonique et fermée par le mercure , elle donna beaucoup d'air jusques au 19 fructidor ; j'en obtins alors un volume d’air égal à un volume d’eau de 10,774 grammes ou de 203 grains, l'air, essayé par le gaz nitreux, fut réduit à 0,80. La même ma- tière , enfermée par l’eau chargée d'acide carbonique dans l’eau acidulée par cet acide, donna seulement un volume d’air égal à un volume d’eau de 8,449 grammes ou de 153 grains d’eau ; cet air, éprouvé par le gaz nitreux , fut réduit à o,81 , et il y. eut beaucoup de matière verte produite. 4 11 me paroît que dans ce cas beaucoup d’acide carbonique.s’é- chappa au travers de l’eau, et la matière verte ne put l’élaborer ou le décomposer à la lumière, comme dans le premier cas où il étoit enfermé par le mercure , parce que , comme je l’ai fait voir ailleurs, le carbone qui reste après la décomposition de- vient la nourriture du végétal et la source du charbon qu’on y trouve. Une légère couche d'huile produit sur l’eau le mème effet que le mercure. Pour compléter ces expériences , je voulus les faire dans des vases semblables , sans y placer des lambeaux de matière verte ; mais je fus curieux de la voir se former sous ces récipients pleins d’eau , placés avec les autres dans le mêmie zu. La matière verte s’annonça , le 21 prairial, sur les bords du vase, où l’eau seule recouvroit le mercure; le 11 messidor, cette matière verte s’étendoit vers le centre; le 18, le fond du verre étoit vert. L’eau seule fermée avec le mercure ,ne donna pas une bulle d'air, et par conséquent il n’y eut point de matière verte. Une surface circulaire d’un diamètre de 8 centimètres ou de 3 pouces couverte de matière verte fournit pendant deux mois et demi un volume d'air égal à un volume d’eau du poids de 18 grammes ou 340 grains. L'eau seule, à l'obscurité, ne fournit de même ni une bulle d'air , ni un atome de matière verte jusques au 19 fructidor ; j’ob- . 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE servai cependant cette eau avec les lentilles les plus fortes. Je découvris à la vérité les animalcules qu’on observe dans les verres, où est la matière verte,commeles animalcules globulaires ; mais je ’apperçuspas un brin de cette matière ;ce qui démontre que la lu- mière n'influe pas sur la production des animalcules comme sur celle de la matière verte, et qu'il n’y a point d’air produit dans les vases, quand il n’y a point de matière verte exposée au soleil ; ce qui conduit à croire que les animalcules et la matière verte ont une origine différente , qu ils produisent des effets différens, et qu’ils ne sont pas la même substance. . Ces expériences confirment toutes celles que j'ai déjà faites pour montrer que l’acide carbonique contenu dans l’eau et sucé par les plantes, est la source du gaz oxisène qu’elles fournissent; mais elles montrent aussi que, puisque la matière verte se com- porte à cet égard. comme les autres plantes , il est très- probable que cette matière est un végétal qui se ER NE de la même ma- nière,, en A rs le carbone de l’acide carbonique par l’intermède de la lumière , et en rejetant l’oxigène qui lui est uni ; on la voit ainsi périr dans les eaux privées de cet acide, parce qu’elles ne peuvent lui fournir la nourriture qui lui est nécessaire. Je fus curieux de voir l'effet que produiroit la viande mise avec l’eau fermée par le mercure et exposée à la lumière. Priestley avoit démontré que les corps pourrissans favorisoient son déve- loppement. Je fis donc cette expérience le 15 prairial , et je la suivis jusques au 19 fructidor. J’apperçus quelques bulles d’air, je vis l’eau qui remplissoit le verre se troubler, maïs je n'apperçus pas un atome de matière verte, tandis qu’un vase plein d’eau seule en fut couvert, et qu’un vase plein d’eau avec cette même viande à l’air en fournit. J’ai observé les mêmes phénomènes en répétant ces expériences avec les végétaux pourris, et j'ai eu l'occasion de voir que la présence de l'air , dans l'expérience de Priestiey, étoit la cause de la différence du résultat. Les corps pourrissans ne produisirent point de matière verte sous l’eau à l'obscurité ; j’observai néanmoins les mêmes animal- cules de toute espèce. J’ai vu constamment les animalcules gio- bulaires , et si je les ai vus sur la matière verte, c’est sans doute comme une chenille sur un arbre auquel elle n'appartient pas. Il est vrai que des animalcules globulaires se promenoient sur des brins de matière pourrie , comme sur la matière verte ; ils paroissoient avoir les mêmes allures , ils différoient seulement par la couleur, mais la couleur verte des animalcules qu’on trouve sur la matière verte, est peut-être produite par la nourriture qu'ils y prennent et qui leur donne sa nuance. 7 ETDtD'H1S TOTRIE NATURELLE, 7 On nesauroit donc regarder la pourriture des matières végétales et animales comme la cause de la production de lamatière verte, mais seulement comme un moyen qui favorise son ap) Ha à par l’acide carbonique qu’elle fournit, de manière que les animal- cules observés ne sont que des animalcules d’infusion, et les habitans de la matière ‘verte. Quand Ingenhousz ne croit pas robable que l’eau contenant de l’acide carbonique fournisse à la matière verte tout le gaz oxigène qu’elle donne , il n’a pas considéré, que si cette eau ne contient pas , dans un moment dé- terminé , tout le gaz oxigène qui sort peu-à-peu de la matière verte , c’est parce que l’eau reçoit peu-à-peu de l'atmosphère ow des corps pourrissans , l’acide carbonique que la matière verte s’'approprie et qu’elle décompose ensuite à la lumière. J’ai remarqué que la matière verte ne se développoit pas sous les vaisseaux remplis de gaz hydrogène et fermés par l’eau, quoi- qu'il y eut des corps pourrissans, comme je l'ai observé dans plu- sieurs récipiens , autour desquels la matière verte étoit fort aBon- dante , mais sous lesquels elle n’avoit pas pénétré , quoique ces vases fussent depuis 8 mois en expérience , et que le gaz hydro- gène se fùt diminué de sept dixièmes de son volume : il entra , par accident, de l’air commun dans ces vases , et la matière verte y parut ; elle a besoin de gaz oxigène comme les autres végétaux pour se débarrasser du carbone surabondant qu’elle à poar l’or- dinaire, comme j’aurai l’occasion de le prouver. ET ES À 1°, La matière verte réduite en p&te ; 20. soumise à l’action de la pompe preumatique ; 39. de la chaleur ; 4. de 1: sécheresse. I. C’est seulement par des tentatives extraordinaires qu’on parvient souvent à connoître les corps sur lesquels on les fait. Fe savois que Ingenhousz avoit irituré la matière verte, je voulus. essayer cette expérience. Je mis donc cette substance dans um mortier de verre, je la triturai, le 16 prairial, autant qu’il me fut possible , je l’examinai ensuite avec le microscope : j’observai tous les animalcules que j’avois vus avec leurs allures , ils chas- soient pour se nourrir, et leur petitesse leur avoit fait échapper l'action du pilon. On voyoit surnager des lambeaux assez grands de parenchyme, l’eau y avoit verdi comme lorsqu'on y broye des feuilles ; je l’exposai dans cet état au soleil, elle donna le jour même abondamment de l'air : elle a continué d’en fournir , et m'a rien perdu de sa couleur verte ; il s’est cependant formé. el 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une espèce de masse verte qui avoit l'apparence du carton sans en avoir la fermeté , et qui paroissoit la matière détruite ou désor- ganisée, puisqu'elle blanchit ensuite et disparut ;ilsembleroitque si une partie de cette matière verte avoit souffert par cette opéra- tion, l’autre partie s’étoit conservée parfaitement saine, elle don- noit de l’air et favorisoit la reproduction de cette substance. II. J'exposai ensuite cette matière à l’action de la pompe pneu- matique ; lorsque je fis le vide, elle donna beaucoup d’air sans surnager; le lendemain , je la vis comme auparavant; j'apperçus, à la vérité , un animalcule qui nageoït , mais il avoit pu se déve- lopper dans l’intervalle du temps écoulé entre l'expérience et l'observation ; la matière verte donnoit de l'air au soleil , mais elle avoit un peu blanchi; je l’observai de nouveau avec le mi- croscope , et je n’apperçus alors aucun animalcule , quoique je remarquasse beaucoup de bulles d’air. Je vis la pellicule et les grains que j'ai décrits, elle me parut tout-à-fait transparente ; le °0 elle donnoit encore de l'air, mais il étoit fort diminué. Je soumis la matière verte à l'action du vide pendant 24 heures, elle périt entiérement. TI. Il étoit important de connoître l'influence de la chaleur sur cette substance, je la soumis dans l’eau à son action , afin qu’elle ne füt pas privée de son humidité. Il me parut qu’elle souffroit lorsqu'elle éprouvoit une chaleur de 28°, et qu’elle périssoit en- tièrement lorsque la chaleur s'étoit élevée à 40°. Je la soumis à une chaleur de 65 ; je n’observois , après son. refroidissement , aucun animalcule , mais un grand nombre de graïns épars avec quelques lambeaux de la pellicule flottans sur l’eau , ilss’étoient détachés du verre. Je l’exposai alors au soleil où elle blanchit , elle se corrompit, et les corpuscules globulaires flottoient séparés dans l’eau où elle étoit. IV. Enfin je voulus voir si la sécheresse nuiroït à la matière verte, je vis que lorsque la dessication étoit prolongée au - delà d’un jour dans un lieu sec et dans un temps chaud , elle y péris- soit entièrement. L'action immédiate du soleil est en particulier très-nuisible à eette substance. Dans le Mémoire suivant je m'occuperai de l’action de différens Auides sur la matière verte et de son analyse chimique. PE — © — LE LAUB L'EAU DU REGNE VÉGÉTAL SELON LA MÉTHODE DE JUSSIEU, Par E.-P, VE&nTENAT, De l'institut national de France , l’un des conservateurs de la bibliothèque du Panthéon. 4 vol. in-80. avec 24 planches en taille-douce. A Paris, chez Darissonter ; et se trouve chez Pauteur, à la bibliothèque du Panthéon, et chez Fucws , rue des Mathurins. Prix 21 francs. “ BALLET 288 e3 4 Sly Te Lz système sexuel de Linnéus se distingue si avantageusement des méthodes de botanique qui l’avoient précédé par la commo- dité de sa nomenclature, et par la facilité avec laquelle il con- duit à la connoïssance du nom de chaque plante, qu’il n’est pas étonnant qu’il soit presque généralement adopté dans l’arrange- ment des ouvrages, des herbiers et des jardins. Une chose qui a peut-être autant contribué à sa fortune ses avantages intrinsè- ques , c’est l'attention qu’a eue l’auteur de ranger toutes les espèces connnes sous ses classes et sous ses genres, et d’ajouter à chacune de ses nombreuses éditions , toutes les plantes qui avoient été découvertes dans l'intervalle. 11 faisoit ainsi de son ouvrage le seul repertoire complet, où il fut possible d'acquérir la connoissance des espèces , et il forçoit par-là tous les botanistes à se familia- riser avec le système sexuel, quelque opinion qu'ils pussent avoir de sa valeur ; il faut avouer qu’il en est résulté de grands avan- tages pour la science des plantes. Les botanistes parlent tous au- jourd'hui la même langue, et en désignant une plante par son nom linnéen , on peut se faire entendre par-tout où les sciences sont parvenues. La botanique , que sa difficulté, son obscurité, la barbarie de son langage sembloient auirefois réserver aux médecins et aux apothicaires , est aujourdhui au nombre des connoissances agréa- bles qui entrent dans une éducation soignée ; elle fait l’amusement des femmes; les hommes de lettres et les philosophes y cherchent Tome V1. MESSIDOR an 7e B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE un délassement à leurs travaux ; des poëtes en font l’objet de leurs chants. C’est vraiment à Linnéus que la botanique doit cet état florissant; mais n’a-t-elle pas perdu en solidité et en profondeur ce qu’elle gagnoit en éclat; et pendant que la détermination des plantes devenoit si facile, et se réduisoit à un simple jeu d'enfant, ne négligeoit-on point l'objet réel de la botanique, c’est-à-dire, l'histoire naturelle de ces mêmes plantes, la connoïissance de leur structure, celle de leurs rapports naturels et de l’ordre que cha- cune d’elles doit occuper dans la grande série des êtres organiques? Il faut l'avouer : cela étoit ainsi. Les sectateurs de Linnéus , pres- ue unanimement occupés à compter des étamines et des pistils, et à décrire les parties que leur maître avoit fait entrer dans ses déterminations , sembloient oublier tout le reste. Une fois que leur plante étoit placée dans la pentandrie , dans la monadel- phie, etc. , ils l’y abandonnoïent sans s'inquiéter si elle étoit voi- sine ou non desautres plantes de ces élasses, ou si elle tenoit à des plantes étrangères ; une partie des gramens étoït placée avec de grands arbres ; une autre partie avec des liliacées ; la pimprenelle étoit auprès du chêne ; excepté le nombre des étamines et des pistils , les plantes n’étoient guères plus méthodiquement rangées dans les têtes des élèves en botanique, qu’elles ne le sont en effet dans les pass et sur les monts où leurs semences ont été jettées au hasard par les vents. On ne s’occupoit pas même de plusieurs organes des végétaux qui auroient pu aider dans les détermina- tions linnéennes ; comme de l’intérieur des semences , de leur disposition dans le pericarpe, etc. D’un: autre côté la physiologie végétale étoit, pour [ainsi dire ,. abandonnée de ceux qui se nommoient exclusivement botanistes , elle n’auroit fait aucum progrès si des physiciens d’un autre ordre , les Bonnet, les Duhamel, les Daubenton , les Senebier , les Insenhousz ne s’en fussent occupés. Cependant il faut rendre à Linnéus la justice de dire que cette marche des choses étoit bien éloignée de ses intentions ; cet. homme de génie connoïssoit mieux que personne Pobjet véritable: de l’histoire naturelie ; il a répété plusieurs fois que ses propres ouvrages n'étoient , pour ainsi dire, qu'un moyen pour arriver: x la science , et non la science elle - même ; il ne considéroit ses systèmes , etsur-tout celui des végétaux, que comme des diction- naires , et il répétoit sans cesse, que le botaniste une fois au fait de la langue ; dévoit laisser là le dictionnaire pour s’occuper des choses mêmes. Il exaltoit, sur-tout, la méthode naturelle , et. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11 l'indiquoit comme le but auquel devoient tendre tous les efforts du botaniste. Mais son exemple influa plus que ses préceptes ; et comme il étoit plus aisé de travailler au dictionnaire qu’à la science même, on oublia celle-ci en prétextant que le moment de s’en occuper n'étoit pas encore venu. : Plusieurs botanistes avoient prévu que tel seroit l'effet du sys- tème sexuel , et refusèrent constamment de l’adopter ; de ce nombre furent Haller et Bernard de Jussieu ; ce dernier sur-tout qui , sans avoir laissé aucun grand ouvrage, vivra cependant à jamais dans la mémoire des hommes , par le souvenir de son génie , de sa profonde science , de son étonnante modestie , et ar cette réunion de vertus qui en à fait, pour ainsi dire, un objet de culte pour ceux qui ont eu le bonheur de l’approcher. Bernard de Jussieu, dis-je, préparoit, dans le silence , les moyens de rappeller les botanistes dans la voie de la nature ; pour cet effet, sachant bien que la paresse des hommes ne leur permet- troit jamais de s'engager dans un chemin non battu , il traçoit ce chemin , il en marquoit les principaux points , il l’éclairoit par-tout. Les plantes ayant été groupées en un certain nombre de fa* milles , il déterminoit les choses communes à chacune d’elles et leurs caractères particuliers ; comparant ensuite les familles en- semble , il en déduisoit des caractères d’un ordre plus élevé. Son illustre neveu ayant reçu ce travail, la portion la plus précieuse de son héritage , et l'ayant suivi avec une constance et une pers- picacité digne d’un si sublime objet, a été conduit par cette lumi- neuse analyse, jusqu’à calculer, par le raisonnement, la valeur de chaque espèce de caractère, et dès cet instant il a pu redes- cendre du sommet de ce vaste édifice , et déterminer d'avance la place de chaque végétal ; ses principes ont acquis un tel degré de certitude, que la nature entière a semblé s’y soumettre , OU plutôt , on voit qu’il a en effet découvert les lois auxquelles elle est réellement soumise. De cette suite d’efforts est enfin résulté l’étonnant ouvrage du Genera plantarum secundim naturales ordines disposita, tableau tracé de main de maître , aussi admirable par la pureté du style et le fini des détails, que par la grandeur de l'ordonnance. Mais ces nouveaux pas de la science n’ont été jusqu’à présent à la portée que d’un petit nombre de botanistes de profession. La concision de l’ouvrage de Jussieu, et, il faut l'avouer à la honte de l’état actuel de l'instruction , la langüe dans laquelle il est écrit, empèche non-seulement les femmes , maïs encore plu- B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sieurs amateurs de la botanique de se mettre au fait de la mé- thode naturelle. C’est à quoi Ventenat a voulu remédier dans l’ouvrage que nous annonçons. Plein de respect et de reconnoissance pour son maître , ilrend par-tout hommage de ses travaux à Jussieu. Il Pa fait même d’une manière très-galante , en plaçant comme vignette sous le titre de son livre ,une jolie gravure , de la plante qui porte le nom de cette famille si célèbre dans les fastes de la botanique. Cependant il faut bien se garder de croire que l'ouvrage de Ventenat ne soit qu’une traduction de celui de Jussieu ; il y a des différences très-importantes en plus et én moins, et la ma- mière n’est pas la même. Le fond de la mé‘hode a subi quelques changemens, et il y enadenombreux dans les détails des genres. C’est ce qu’on verra plus au long dans la suite de cet extrait. Le tableau du règne végétal, proprement dit , ou l'exposition des genres , ne commence qu’avec le second volume , et s’étend jusqu'au commencement du quatrième. L’auteur a cru devoir se borner aux genres qui croissent en Europe , tant à la campagne que dans les jardins, et à ceux des genres exotiques qui fournis- sent des espèces remarquables, soit par leur beauté , soît par leur utilité. Il a omis la plupart des genres des pays éloignés qui ne sont connus que par les herbiers. Cependant son ouvrage con- tient au moins cent genres de plus que l'édition du Gezera de Linnéus de 1764. Les classes sont les mêmes que celles de Jussieu. Après l’ex- osition des caractères généraux de la classe, on trouve un ta- Feu des caractères essentiels qui distinguent toutes les familles de cette classe. C’est un avantage qui manque à l'ouvrage de Jussieu, où on est forcé de parcourir toutes les familles, et de lire leurs expositions souvent très-longues , pour déterminer à laquelle appartient une plante qu’on cherche. Ceux des noms de familles qui n’étoient que des répétitions desnoms de certains genres pris au pluriel, commeÆricae, Araliae, Vites , ont été changés , et l’auteur leur en a substitué d’autres pris des caractères les plus frappans de chaque famille , comme Bicornes , au lieu d’Ericae, ou dérivés de quelqu'un des noms de genres, mais avec une terminaison différente, comme Weliaceae pour Meliae , etc. La méthode d'exposition et de description des classes , des ordres , ou des familles et des genres, est à-peu-près la même que celle de Jussieu ; c’est-à-dire , que Ventenat commence par faire connoître çe qui est commun à toutes les espèces comprises ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 sous chacune de ces divisions, et qu’il termine par l'indication de ce qui les distingue d’avec les divisions voisines. Cette partie principale est accompagnée, lorsque cela est né- cessaire , de discussions sur l'importance de ces caractères, et sur la nature des organes propres à certaines familles. C'est ainsi qu’il a recherché avec soin ce qu’il y a de mieux constaté sur les organes de la fructification des cryptogames. ‘auteur a donné presque par-tout l’origine et la signification des noms de genre ; il indique sous chacun l’auteur qui l’a établi, les principaux synonymes , les meilleures figures, en un mot tout ce qu’on trouve dans les Gerera plantarum ordinaires a été soi- gneusement recueilli et souvent rectifié. Mais ce qui distingue particulièrement /e Tableau du règne végétal , ce sont les détails dans lesquels l’auteur entre sur les usages économiques et sur les propriétés naturelles ou médicales des principales espèces de plusieurs de ces genres. Cette partie sinépligée dans les ouvrages purement botaniques, est traitée dans celui-ci d’unemanière fort complette ; ce qui le fera lire avec intérêt, même de ceux qui ne veulent connoître les plantes que relativement à leur utilité. C’est ainsi qu'après avoir exposé tous les caractères botaniques des palmiers , il ajoute les observations suivantes, p. 121 : « les almiers viennent de graines ou s’élèvent de drageons. Ceux que Fe cultive dans nos climats y croissent très-lenteiment; meis leur accroissement n’est guères plus rapide dans leur pays natal. » Il n’est point de famille de plantes plus généralementutile qne celle des palmiers. On se sert de presque toutes les parties de ces végétaux. Les fruits de quelques-uns fournissent un aliment agréable et sain ; la et des tiges contiennent un suc doux, sucré, qui passe facilement à la fermentation. On mange le bour- geon ( connu vulgairement sous le nom de chou ) qui s’élève du centre des feuilles et du sommet du caudex, et l’on retire du périsperme de plusieurs espèces, de l'huile , et même du beurre. « » La noix du cocotier sert à faire des ustensiles , la bourre qui entoure la base des feuilles, fournit , ainsi que les feuilles elles- mêmes , des filasses plus ou moins fines. Les feuilles du latanier servent d’éventail, et celles du corypha umbraculifera, forment des parasols assez grands pour ombrager dix à douze personnes: ou s’en sert aussi pour faire des chapeaux. »L’histoire des palmiers est liée à une des découvertes les plus importantes qui aient été faites en histoire naturelle. C’est à une plante de cette famille , c’est au dattier que nous devons les con- 14 JourNAL DE pHySIQUE) DE CHIMIE noissances acquises SUT le sexe des plantes ; découverte impor” tante qui à changé la face de la botanique » et qui a fait faire à cette science les progrès les plus ra ides ». { Pour ne point sortir de cette famille , NOUS citerons encore les gbservations relatives au genre sagus rétabli par l'auteur d’après Gaertner » P: 19L: À » Le sagus € itfère du calamus avec lequel 1l à beaucoup d'af- finité par se5 fleurs monoiques » jar la présence de la spathe uni- verselle ; selon Rumphe, par son fruit monosperme » €t par la gituation latérale et horisontale de l'embryon dans la semence » selon Gaertner: » Le sagus rinifera croit à Amboine » à Sumatra , aux Isles Moluques » Et0: dansles lieux fangeux et marécageux: SES racines minces » fibreuses » rampantes » s'étendent à de grandes distances et poussent des rejets nombreux: Jln’est pas rare » selon le rapport de Rumphe , de voir des parties du terrain SUT lequel ce végéta intéressant croît eïl abondance né sans cesse par les eaux , ÊTTE entraîné par les torrens et flotter sur les bords de la mer » sem1- blables à des portions d'isles qui auroient été détachées de leur fond. : » I sélève desracmes du sagoutier ur® grande quantité de feuilles aîlées » réunies à Jeur base » Jongues environ de vinet pieds. Ces feuilles sont portées sur des pétioles armés de touffes d’épines qui protègent le tronc naissant Contre les attaques et les insultes de hauteur de 10 à 12 pieds- Son écorce » formée de ibres épaisses » recouvre une substance médullaire; blanche, humide, fongueuses qui supplée abondamment at défaut du riz» du bled, et avec laquelle on fait du pain Le sa outier ne donne des fruits que lorsqu'il est parvenu à son dernier développement» et lorsqu'il a proche delâge duretour Comme la tERcAtiDn n’a lieu qu'aux dépens de la ‘substance précieuse que renferme le palmier ,-les habitans arrêtent et retardent cette époque après laquelle on soupire. pOur les autres productions végétales. C'est du milieu des feuilles que s'élève la spathe sous la forme d’une flèche. Lorsque cette enveloppe coriace S'OUVTE » on voit paroître un Spa- dis très-Trameux » couvert de fleurs sessiles ; auxquelles succèdent des fruits arrondis » marqués d'un ombi ic à la base ; terminés ert pointe à leur sommet, et communément de la grosseur d’un petit œuf de poule. , De tous les palmiers qui croissent dans les Indes, le sagoutier ? est un des plus intéressans: Son tronc contient , COMME nous l’a- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 vons déjà dit, une substance médullaire qui est d’une grande ressource. On reconnoît que cette substance a acquis la qualité convenable pour en faire du pain , lorsque les feuilles se couvrent d’une poudre blanchâtre , qui paroît n'être qu’une transsudation de la moëlle. Quelquefois aussi on fait un trou dans le tronc, et après en avoir retiré quelques parcelles de substance médullaire , on les broie dans la main, et l’on juge par la qualité de la farine si la moëlle est pärvenue à son point de maturité. Rumphe expose dans le plus grand détail, les procédés employés par Les Indiens ; pour ee fécule ( ou sagou ) qui est très-blanche et très-fine. * Il nous apprend que la terre sur laquelle on répand le résidu , ordinairement employé à la nourriture des animaux, se couvre bientôt de champignons d’un goût exquis, et qu’une foule d’in- sectes y déposent leurs œufs, dont on voit sortir, de même que du bois du palmier lorsqu'il se pourrit, des vers blanchîtres, à tête très-brune, presque noire , qui après avoir passé à l’état de nymphes , deviennent coleoptères cet appartiennent au genre charanson. C'est à ces vers qu’on donne le nom de cossus. Les Asiatiques les regardent comme un mets très-exquis. Les Européens les dédaignent d’abord, mais ils ne tardent pas à approuver le goût des. habitans parmi lesquels ils se trouvent, et ils recherchent les occasions de le satisfaire. » La fécule qu’on a retirée de la substance médullaire du sagou- tier se conserve très-fraîche pendant quelques mois, si on a soin de l’arroser de témps à autre. On fuit , avec cette fécule , des pains de grandeur et de forme différentes. On en attache dix à douze ensemble , et on les vend ainsi dans les rues d'Amboine. Le sagou est quelquefois employé et préparé comme le riz, l'orge, le vermicelle ; il est alors peu nourrissant , mais il convient mieux aux personnes qui sont en convalescence et dont l’estomac est foible. 6 » Le palmier-sagon est utile dans presque toutes ses parties. 11 découle, des incisions que l’on fait à son tronc , une liqueur qui passe promptement à la fermentation ; mais comme l’expérience a appris que la liqueur qu’il fournit est toujours aux dépens de la quantité de farine , on se prive volontiers de cette boisson. » Son tronc , ses feuilles sont d’une grande ressource dans la construction des maisons. Le tronc fournit le bois de charpente qui soutient l'édifice , et les planches qui forment les cloïsons ; les feuilles sont employées à couvrir le toît du bâtiment , et elles sont disposées avec tant d'intelligence , qu’elles ne laissent passer - aucune goutte d’eau entre leurs joints, quoique les orages soient réquens dans le pays. È 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « Pour démontrer l'utilité du sagus farinifera , il suffit d’ob- server que les Asiatiques, aussi ingénieux ct aussi ardens à se nuire que les Européens , brèlent les sagoutiers du pays ennemi qu'ils veulent ravager. Quelquefois ils se contentent de faire des entailles aux palmiers , où de leur donner quelques coups de hache , afin que le suc, par son écoulement ; empêche la fermen- tation de la farine et s'oppose à ce qu’elle acquière la qualité qui lui est nécessaire ». Après ces remarques générales sur la marche que Ventenat à suivie, parcourons les diverses classes de son tableau , et indi- quons les principaux changemens qu’il à faits à la méthode de Jussieu. Dans la classe des plantes sans cotylédons , il a supprimé en- tièrement l’ordre des Naïades, dont une partie des genres appar- tient aux monocotylédones. Par ce moyen , cette classe ne con- ‘tient plus que les cryptogames de Linnéus ; le chara seul y reste de plus et se trouve rangé parmi les fougères à la suite de l'eguisetum. Le genre Zlichen est divisé en autant de genres que Linnéus avoit établide sections. Le nom de chaque nouveau genre derivé du grec, exprime le caractère des espèces qu'il doit renfermer. Cette disposition-est le résultat d’un Mémoire de l’auteur qui fut couronné en 1793, par la Societé d'histoire naturelle de Paris. Ven- tenat pense que les /ichens gélatineux sont des individus du #re- mella nostoc qui ont changé de forme. Cette idée a été confirmée par Carradori , qui a prouvé dans une petite brochure intitulée, sepra varie rasformazioni della tremella nostoc, Florence, 1793, que plusieurs cryptogames regardées comme des espèces ne sont que les différens états de ce singulier végétal. La classe des monocotylédones à étamines hypogines , renferme une famille de plus que dans Jussieu , ce sont les F/uviales, où celle des Naïades , qui sont monocotylédones; savoir : potamo- geton, zanichellia , etc. Ventenat y range aussi le zoséera que Jussieu regardoïit comme une aroïde. Dans les monocotylédones perygines, Ventenat fait un ordre à part , sous le nom de Smilacées des genres de la famille des asperges, qui ont les sexes séparés ( 7zsCus , smilar, dioscorea , tamus et rajapia) ;il en fait un autre sous le nom d’Alismoïdes de cenx des Joncacées qui ont l'ovaire multiple ( #bztomus , alis- ma, sagitiaria , triglochin , etc). Le but de cette séparation n’a pu ètre que de faciliter l’étude , car dans d’autres circonstances ces caractères ne lui ont pas paru suffisans pour établir des familles ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 familles nouvelles. Cette augmentation du nombre des familles est compensée par laréunion des Asphodèles aux Liliacés , et des Ananas aux Narcisses.Dans cette dernière famille paroît le genre Jurcræa , que Ventenat a démembré des agaves, et qu’il a dédié au célèbre professeur de chimie. Dans la quatrième classe , ou celle des monocotylédones éji- gyres, on trouve dans le 1°. ordre la description complète du sirelitzia. Le valisneria qui diffère beaucoup de la famille des Hydrocharidées par le nombre des étamines et par son fruit nni- loculaire, présage, selon l’auteur , l’existence d’un nouvel ordre qui tiendra le milieu entre les Orchidées et les Hydrocharidees. Les observations que l’auteur a faites durant le cours de son ou- vrage , lui font présumer que le zelumbium doit être rapporté à Pordée des Renonculacées. La cinquième classe ne renferme qu’un seul ordre formé d’un petit nombre de plantes dicotylédones apétales à étamines épi- gynes. L'auteur remarque, dans le préambule de la classe, que le calice supérieur et non staminifère n'indique pas toujours le nombre déterminé des étamines, puisque dans l’ordre précédent, où le calice est également supérieur et non staminifère , les éta- mines sont souvent en nombre indéterminé. Les ordres de la sixième classe ou des dicotylédones apétales perigynes , sont déterminés ayechbeaucoup de précision. L'auteur 2 ajouté au caractère de la forme du calice et de la situation des étamines sur cet organe , ceux qui résultent de l’ovaire libre ou adhérent et de la structure de la semence. Les genres de l’ordre 1er. sont réellement pourvus d’un périsperme qui est charnu. Lesgenres de la seconde section des E/acagnoïdes ,mentionnés dans es paroïssent devoir constituer une nouvelle famille : en effet, le nombre des étamines diffère ,et les lobes sont roulés autour de l’embryon, tandis qu’ils sont droits dans les genres de la 1re. section. Jussieu , dans la détermination des caractères des ordres de la septième classe , s’étoit borné au seul caractère fourni par la . forme et la structure du perianthe intérieur, Ventenat a ajouté celui que fournit le périsperme.A{marantoïdes , périsperme fari- peux, entouré par l’embryon. Plantaginées , périsperme corné , entourant l'embryon. Nyctaginées, périsperme amylacé , entouré pe l'embryon. Plombaginées , périsperme farineux , entourant ‘embryon. Dans ce quatrième ordre , Ventenat , en regardant l'enveloppe colorée des Plombaginées comme un calice intérieur, diminue le nombre des exceptions que présentoit ce principe Tome VI. MESSIDOR ex 7. C 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE botanique ; /z corollemonopétale esten même temps staminifère: On trouve dansla huitième classe trois ordres de plus que dans, celle de Jussieu, savoir les Liliacées qui sontune division des Jas- minoïdes; l'auteur ne les a séparés que pour rendre l'étude plus facile , puisque ces deux ordres se touchent immédiatement ; les Orobanchoïdes , ordre dont l'établissement étoit nécessaire , puisque les plantes qu’ilrenferme diffèrent sur-tout des Primula- cées par leurs placentas adnés au milieu des valves et des Fhinanihoïdes par leurs fruits uniloculaires ; les Sébestenées qui différent des So/anées par leur fruit oligosperme , ainsi que ar la structure de l'embryon, etdes Borraginées par la nature du ruit, ainsi que par le renflement de la membrane intérieure de le semence. L'existence de ce nouvel ordre avoit été indiquée par Jussieu et Lamarck. Ventenat en x assigné les caractères. L'auteur a reformé, dans cette classe , le caractère de l’ordre de Gentianées , auquel il a rapporté le menianthes, placé par Jussieu dans les Primulacées , et le Sarothra placé parmi les Caryophyllées. Les genres globularia, tozzia, samolus , avoient été rapportés à Fa famille des Lysimachies , Ventenat les à placés parmi les plantes d'ordres indéterminés: (Woy vol. 4, p. 12 et 15.) Les genres limosella, pinguicula , utricularia , ont plus d’affi- nité avec les Personées qu'avec les Lysimachies ; ( Voyez vol. 2, P- 554) Les genres erinus et manulea , placés par Jussieu dans les Pediculaires, ont été rapportés aux Personées , à cause de leur cloison qui n’est point opposée aux valves, mais qui leur est parallèle. Les /oeselia et diapensia, ont été placés, par Jussieu, avec les plantes qui ont de l’affinité avec les Convolvulacés. Ventenat a cru devoir les réunir aux Po/emonacées ; soit à cause des cloisons élevées sur le milieu des valves , soit à cause de Ja structure de la semence. ( Dans la famille des Bignonées l'auteur a réformé le caractère du fruît du martynia. Il nous apprend, dans le IV<. vol. p. 32, que les globules qui surmontent les poils des martynia angulosa et alternifolia. Lam. contiennent un acide pur et à nud , qui est probablement de la même nature que celui qui a été découvert par Deyeux dans le Cicer arietinnm. L. Dans la neuvième classe l’auteur à rapporté à la famille des Ebénacées , le camellia ; placé par Jussieu dans sa famille des Orangers , et il observe que le style est 4—5—fide. Il a réformé le caractère de l’épigæa , placé dans les Bruyères. La structure du fruit de cette plante dont les bords des valves. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 sont rentrans , lui a prouvé qu’elle devoit appartenir à la famille des Rhodoracées. Il a décrit un genre nouveau, goudenia , qu'il a rapporté à la famille des Campanulacees. Dans la classe dixième , l’auteur , en suivant les trois grandes divisions établies par Vaillant et adoptées par Jussieu , a profité de toutes les observations des botanistes modernes et de celles qu'il a faites lui-même pour donner un plus grand développement aux caractères génériques ; ainsi on trouve, dans l’exposition de chaque genre, la forme etia structure du calice , ainsi que celle de la corolle , l'espèce de polygamie qu’affectent les fleurs du centre et de la circonférence Pr forme du réceptacle nud ou sur- monté de points ou de paillettes, l'absence ou la présence de V’aigrette simple ou plumeuse , sessile ou stipulée. L'auteur a établi plusieurs divisions et sous-divisions dans l’ordredes Corym- bifères qui rendent l'étude des genres de cette famille plus facile. Il a adopté plusieurs des genres de Gærtner , tels que argyro- come,antennaria, evaz,€t il a rapporté à chacun d’eux les espèces des genres de Linnæus dont ils sont un démembrement. La onzième classe renferme les mêmes ordres que celle de Jussieu. L'auteur les distingue par des caractères que fournissent la structure du fruit, la nature et la situation es périsperme. La première famille est déterminée par son fruit qui consiste dans une seule semence couronnée par le calice intérieur et par le périsperme charnu qui entoure l'embryon: Ce dernier caractère n’a pasété employé par Jussieu , qui dit que l'embryon des Dipsa- cées est dépourvu de périsperme : à la vérité cet organe n'existe as dans le valeriana ; maïs on le trouve dans les autres genres É cet ordre. L'auteur conclut de cette observation que le va/e- riana qu’il a divisé en deux genres , à l'exemple de Tournefort et d’'Adanson, s'éloigne de l’ordre des Dipsacées, et qu’il annonce l'existence d’un ordre nouveau. Les Araliacées et les Ombellifères sont les seules familles qui constituent la douzième classe. Les observations que l’auteur a placées au commencement et à la fin de la seconde famille, ainsi que celles qui se trouvent après la description des genres , applanissent beaucoup les difficultés que présente l'étude des plantes de cet ordre. : Des connoïssances plus exactes sur la structure de la semence ont déterminé l’auteur à faire des changemens dans la série des ordres que renferme la treizième classe. Jussieu s’étoit arrêté au seul caractère fourni par la semence ; Ventenat a cru devoir y ajouter celui qui résulte de l’ovaire, considéré comme simple C2 29 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou multiple; ainsiila placé, après les Renonculacées , les Tulipi- Jères (Macxortens. Juss. ) les G/yptospermes , (Anoxes. Juss.) les Ménispermoïdes , les henidie à les Papavéracées, etc.On peut voir à la fin de chaque famille les points de contacts qui l’unissent avec la précédente ou la suiyante. L'auteur a établi dans les Ménispermoïdes ,une nouvelle section formée d’un genre nouveau , /ardizabala , dont les fruits polyspermes fortifient les rapports qui lient les Menrispermoïdes avec les G/yptospermes. Pour faciliter l'étude des Crucifères, Ventenat a introduit de nouvelles sections ; il a rétabli plusieurs genres supprimés par Linnéus, tels que le vesicaria,T. le coronopus , Hall. le capsella, Cæsalp. le zasturtium, T. le cameline , Dodon. le rapistrum, T. , etc. Les espèces de cochlearia , dont le fruit paroît formé de deux globes , ne lui ont pas paru devoir former un genre nouveau , il a cru qu'il suffisoit d'indiquer dans le caractère pe que les valves gibbeuses étoient quelquefois un peu cartées. Les observations de Ventenat sur la structure de la semence des plantes de la quatorzième classe, l’ont déterminé à faire des changemens dans la série des ordres de cette classe établis par Jussieu. Il a cru devoir mettre à leur tête les Portulacées et les Ficoïdes qui se rapprochent évidemment des Caryophillées par leur embryon courbé et par leur périsperme farineux et central; il a placé après ces deux ordres les Szcculentes,(Jousarses Juss.) et les Sarifragées ,dont l'embryon droit est entouré par un péris- perme charnu. Viennent ensuite les ordres dont l'embryon est dé- ourvu de périsperme. Parmi ces ordres il en est quelques-uns, tels que les Légumineuses , etc. , dans lesquels plusieurs plantes ont la membrane intérieure de la semence renflée , et imitant en quelque sorte un périsperme, etc. Le calcul dela valeur des caractères a aussi déterminé l’auteur a rapprocher les Myrioïdes des Rosacées. En effet les genres de ces deux ordres sont conformes par le plus grand nombre de caractères , tels que l'ovaire adhérent, le périsperme nul et les étamines en nombre indéterminé. L'auteur a rapporté à l’ordre des Saxifragées, l hortensia, que Jussieu avoit placé dans la famille des Chèvrefeuilles dont ce genre diffère , soit par le nombre et l'insertion des étamines , soit ar le fruit qui , à en juger par la grande quantité des ovules ren- fermés dans l'ovaire, doit être polysperme. Il a également placé, à la fin de cette famille , le cercodia et le ribes , qui, à la vérité, n’appartiennent pas aux Saxi/ragées, mais qui ont plus d’affinité ut famille qu'avec celles dans lesquelles ils avoient été placés. {st Fu ET D'HISTOTRE NATUR/FLTIUE. 21 On trouve dans les Epilobiènes, le trapa , qu'Adanson avoit déjà rapporté à cette famille et que Jussieu avoit cru devoir placer parmi celle des Æydrocharidées : on y trouve aussi un genre nou- veau de Cavanilles ( lopezia ). Le lagerstromia dout les feuilles sont ponctuées , dont les fleurs sont polyandres, et dont l'ovaire est semi-adhérent a été rapporté à la famille des Myrtoïwes. . Les ordres de la quinzième classe sont conformes à ceux de Jussieu , à l'exception de celui des Urticées , auquel Ventenat a rapporté l’ambrosia et le xanthium : il a aussi réuni , dans la dernière section , le piper , le cecropia, V’'artocarpus , le moruss le broussonetia , parce que ces genres qui pourroïient constituer une nouvelle famille, fournissent , par leurs fleurs en chaton, une transition des Urticées aux Amentacées. Dans l'établissement des genres de la famille des /mentacées, l’auteur a profité des observations de Gærtner : celles qu’il a pu vérifier l’ont porté à adopter les autres. Nous pensons que cet extrait de tableau du règne végétal qui forme la partie principale de l’ouvrage de Ventenat , doit suffire pour faire voir aux connoisseurs que l’état actuel de la botanique y est fidèlement représenté , et qu’elle doit même à l’auteur plu- sieurs pas avantageux ; mais les commençans seront , sans doute, aussi très-satisfaits d'apprendre que Ventenat ne les a pas né- gligés dans son livre. C’est pour eux qu'il a rédigé un tableau synoptique , de tous les genres , disposés de manière qu'au moyen d’un petit nombre de caractères faciles à reconnoitre, on arrive, par une succession d’embranchemens , à de petits groupes qui ne comprennent que très-peu de genres. Une fois qu’on a déter- miné auquel de ses groupes appartient la plante dont on cherche le nom, on n’a plus qu’à choisir entre ces genres très-peu nom- breux ; ce qui ne peut jamais être très-difhicile ; de sorte qu’on pourra, avec ce tableau , déterminer les genres , plus facilement encore qu'avec le système sexuel. Nousespérons que ce petit accessoire contribuera puissamment à ramener à la méthode naturelle , ceux qui se laissent rebuter par la difficulté de trouver les noms des plantes , à cause du peu de précision des caractères, que cette méthode fournit. Les vingt-quatre planches gravées par Sellier , sur les dessins de Redouté jeune , sont très - belles et serviront à ce livre d’un utile et agréable ornement ; elles représentent les parties carac- téristiques d’une ou de deux plantes dans chacun des ordres na- turels. Ces planches , leur explication, le tableau synoptique et les tables remplissent le IVe. volume, qui est beaucoup moins fort que les autres. 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le premier est occupé par une introduction en forme de dic- tionnaire , dans laquelle l’auteur explique les termes techniques de botanique , les principaux points de la physiologie végétale et quelques traits de l’histoire de la science. Il y a aussi un certain nombre d'articles relatifs à l’agriculture. L'ordre alphabétique m’etoit pas, sans doute , celui qu'il au- roit fallu preférer ; mais l’auteur y a été forcé par des circons- tances particulières. Ii à cherché à corriger cette disposition en traçant au lecteur, à l’article végétal, l’ordre selon lequel il faut étudier chacun des autres articles, et en terminant ce Ier. volume ar un tableau de tous les termes techniques rangés métho- ne “be * ! € La partie de ce dictionnaire qui concerne les termes techniques, comprend non-seulement ceux qu'employe Linnæus , mais aussi ceux de Jussieu et de Gærtner. Ventenat a soin d'appuyer chaque définition par des exemples tirés en général des plantes connues même de ceux qui n’ont aucune teinture de la-botanique. Il ne s’est point borné à copier les définitions données par ses prédécesseurs ; il en a réformé heureusement plusieurs. Voici, par exemple , celle qu’il donne de la fleur : « On doit en- » tendre par Frsunr, les organes de la fécondation, réunis ou sé- » parés , rarement nuds , plus souvent revêtus d’une enveloppe » simple ou double 5. Cette définition nous paroît plus juste et plus lie que celles de divers botanistes modernes. Les articles purement relatifs à l’histoire de la botanique, se réduisent à un précis HASPOrIQUE sur Tournefort , Linnæus et les Jussieu , et à veree de leurs systèmes ; mais aux articles genre , Sexe des plantes, méthode, etc. Ventenat développe plu- sieurs traits de cette même histoire avec autant d’érudition que d'intérêt. Ceux de physiologie végétale sont plus étendus ; ils contiennent le précis des observations de Halles , de Duhamel , de Bonnet , de Daubenton , de Berthollet, de Senebier , etc. Ce Ier. volume ou ce dictionnaire de botanique , est précédé d'un discours préliminaire fort important, divisé en trois parties. Dans la première l’auteur prouve, par l’histoire, que la méthode naturelle et l'étude des rapports ont toujours fait l’objet des re- cherches et des vœux des botanistes. Dans la seconde il compare l'importance des àiverses sortes de caractères, et leurutilité dans la formation des familles naturelles. 11 cherche même à exprimer cette importance en nombre , afin d’en rendre la comparaison plus précise. Le résultat de ses calculs démontre la solidité des bases adoptées par Jussieu pour sa classification. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 Ventenat trouve , dans cette recherche, à donner des solutions ingénieuses des divers problèmes proposés par Jussieu, sur cette importance des caractères , qui forme, à proprement parler, la clef de la botanique. Il examine ensuite dans quel ordre les plantes doivent être disposées pour former une série bien natu- relle ; enfin il donne le plan de son ouvrage. Nous terminerons cet extrait en énonçant l'espoir que ce livre ne laissera aucune excuse à ceux des botanistes qui ont refusé jusqu'ici de se mettre au fait de la méthode naturelle, et qu’il contribuera puissamment à la propagation de cette méthode, sans laquelle ik ne peut y avoir aucune connoiïssance solide des végétaux. REMARQUES Sur la partie qui concerne les volcans , dans le mémoire de Kirwan, sur l’état primitif du globe et la catastrophe qui lui a succédé. Par CL D£ezuc. D: toutes les espèces de montagnes , il n’en est point qui aient donné Heu à plus de conjectures que les volcans ; qui aient plus exercé l’imagmation des naturalistes , sur leur nature, leur for- mation , et les conséquences qu’on peut en tirer pour expliquer l'état actuel de la surface du globe. Les uns ont conclu ; de ce qu’on a vu une f/e et une montagne s'élever un peu de temps , et de ce qu’on en voit d’autres s’élever graduellement , parl'action des feux souterrains , que toutes les’ montagnes ont été élevées par la même cause. D’autres , au contraïre , ont pensé que le plus grand nombre des montagnes étant visiblement l'ouvrage des eaux , les volcans ne faisoient point une exception à cette formation générale, mais montroient un simple accident produit par les feux souter- rains , qui s’étoient ouvert un passage au:travers d’une montagne déjà formée , et composée , comme toutes les autres , de couches et de matières déposées par les eaux. Une troisième classe de naturalistes, qui ont observé les vo/- cans , ont reconnu , avec la plus grande évidence , que c’est une 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE espèce distincte de montagnes ; qu’ils ont des caractères invaria- bles dans leur forme , dansleur composition , et dans la manière dont ils ont été élevés , qui ne permettent pas de les assimiler à aucune autre montagne, quelle qu’elle soit. L'extrait du mémoire de Kirwan, qui fait le sujet de ces REMARQUES , inséré dans les numéros 7 et 72 de la Bibliothèque Britannique , nous apprend que ce savant minéralogiste paroît avoir adopié les idées de la seconde classe de naturalistes , quoique ceux qui leur ont succédé eussent fondé leurs conclu- sions sur des observations réitérées , dont ils ont donné les détails. 7 Il croit donc , « qu’un très-petit nombre de montagnes doivent » leur existence aux volcans , et qu’en particulier , ni le V’ésuve, » ni l’Erna , ne sont des produits de volcans , et qu’il en atteste » leurs bases , qui sont, dit-il , zeptuniennes, ou formées par » les eaux ». Kirwan se fonde sur l’opinion du père Della Torre, « que le » Vésuve est une simple continuation de l’Apennin , et que sa » charpente n’est point volcanique ». Citant pour nouvelle preuve le nombre de pierres zeptuniennes qu’il vomit dans ses érup- tons. J’ai vu le Vésuve et plusieurs autres volcans; je lai vu dans une de ses plus longues éruptions (en 1757 ) ; je l’ai observé fré- uemment ; je suis monté six ou sept fois à son sommet ; j'ai suivi e très-près tous ses phénomènes , la marche des laves et de leurs rameaux , depuis leur sortie immédiate du pied du cratère jusqu’à leur extrémité. L’éruption dont j’ai été le témoin , après avoir comblé le grand cratère , ÿ avoit élevé une petite montagne qui lançoit au-dehors ses matières ardentes ; je suis monté à son bord, et j'ai hasardé de regarder dans son intérieur au moment de ses explosions ; je l'ai vu et à plusieurs reprises, et j’ai fait quelques expériences sur la lave coulante qui sortoit de son pied. Je puis donc parler sciemment de ce volcan , et j'assure Kirwan, que le Vésuvye n’est point une continuation de l’Apennin; qu’il en est parfaitement isolé et séparé par une plaine à la distance de six ou sept milles. Je puis l’assurer encore , que depuis sa base, prise dès le bord de la mer, jusqu’à son sommet, le Vésuve est tout ARPRARS de matières volcaniques. Quant à son intérieur , on a une donnée bien sûre pour déter- miner ce qu'il doit être. C’est la face escarpée du mont Somma, qui faisoit l’un des côtés de l’ancien volcan. Cette face escarpée, qui a plus de la moitié de la hauteur totale du volcan, s’élève sur un petit vallon circulaire , dit asrio del cavallo , qui la sépare du . . , L { : ; r ET D'HISTOIRE NATUREDLE, ,. 25 du cône actuel. Or on voit sur cette face , qui montre là coupe intérieure de l’ancien volcan, tout le, désordre qui doit exister dans le $ein d’une telle montagne. Depuis le haut jusqu’en bas, et d’un côté à l’autre, on découvre une infinité de laves qui tra- versent en divers sens des couches entassées de cendres et de scories. Il se fait de fréquens éboulemens de ces matériaux sans liaisons, qui tombant au pied de l’escarpement , les mettent sous les yeux de l'observateur; et il n’y voit que des produits vol- caniques. L'intérieur du volcan actuel ne peut qu'être de même. Com- ment peut-on supposer qu'il y existe aucune de ces couches régu- lières formées par les eaux, en voyant sortir de son pied , de ses flancs et de son sommet, ces masses de laves , et ces gerbes de matières ardentes ? Les fragmens de pierres naturelles , en petit ombre , jetés quelquefois par la bouche du volcan, EE fait ane collec- tion sur les lieux, ne peuvent provenir que du bord des galeries profondes, au travers des mire les matières en fusion se sont ouvert un passage, ou qu’elles ont trouvé tout formé, et qu’elles écornent dans leur route. Ces fragmens , portés à leur surface et amenés au pied de la cheminée du volcan, y sont élevés avec elles, puis jetés au dehors par l'expansion du fluide igné et des autres fluides élastiques. Aussi ces morceaux sont-ils tous plus où moins altérés par le féu , et quelques-uns ont retenu , sur une partie de leur surface, une croûte de la lave qui leur a servi de véhicule. 44 Il'n’est pas surprenant que le père della Torre, qui écrivit sa rélation en 1758 , ait pensé que la charpente du Vésuve n’est point volcanique, puisqu'il a cru voir sur la lave coulante, dont il donne la description , « qu’elle étoit toute couverte de pierres » de diverses grandeurs , les unes naturellement blanches et » obscures, les autres calcinées ou cuites comme des briques qui » seroient restées long-temps dans le four. Il y avoit de plus, > ajoute-t-il , une quantité de sable réuni à ces pierres , en gé- » néral de couleur chataigne et cendrée ». J’ai vu couler beaucoup de laves , et je les ai observées très- long - temps. Jai vu que la surface de celles qui ne sont pas abondantes , se durcit à peu de distance de leur origine, et forme une croûte sur la matière en fusion. Celle-ci, continuant à cou- ler , la surface durcie de la lave s'éclate , puis elle se brise en morceaux irréguliers et raboteux., qui sont entraînés avec elle ; elle les dépose sur ses bords dans son cours , et il s’en forme sans cesse de nouveaux. Les vapeurs brûülantes , salines et sulfu- Tome VI. MESSIDOR ex 7. D D D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE reuses qui s’exhalent incessamment de la lave, les pénètrent et les colorent de diverses teintes ; elles corrodent et pulvérisent même ceux qui y restent long-temps exposés. De-là ces pierres et ce sable, que le père della Torre a cru voir , quoique tout ne fût, et ne sera jamais que des fragmens et une pulvérisation de la lave elle-même. Ces laves , vues de nuit , paroissent une ra- vine de pierres ardentes. Les laves abondantes se rompent en grandes masses. L ' Kirwan croit encore que l’E7za ne doit pas son origine à un volcan ; il le croit même sans aucun doute. Il se fonde sur ce qu'a rapporté un voyageur (le comte de Borch ) que « la pierre » fondamentale de l’Etna est un granit mêlé de jaspe , et qu'on » y trouve du cuivre et du plomb en abondance ». Il se fonde encore sur ce que Dolomieu a trouvé des bancs de coquil- liges marins sur les flancs de cette montagne à la hauteur de 2000 pieds. J'ai vu aussi l’'Etna. Mais ici il peut y avoir quelque compli- cation, et en mettant chaque chose à sa place, tout peut s’expli- quer , excepté cependant lassertion du comte de Borch , que la matière fondamentale de l’Etna est un granit mêlé de jaspe, parce qu'il n'existe rien de semblable. Depuis le bord de la mer jusqu’à son sommet, l’Etna ne montre que matières volcaniques. M. de Borch peut avoir pris pour jaspe et pren (s’il s’agit de l'Etna lui-même , car il peut s’être glissé quelque méprise ) des layes composées de diverses substances. Tous les corps renfermés. dans une Eee n’ont pas été en fusion. Le feu des volcans, quoiï- que terrible par ses effets , n’est pas aussi ardent que celui qu’on peut produire dans nos fourneaux. Il arrive donc que ces corps nonwitrifiés , devenant plus apparens sur les laves anciennes, ces laves peuvent être prises , par des peus nonexercés , pour des’ roches composées. J'ai trouvé dans le lit d’un torrent, sur laroute de Catane à Taormina , des morceaux de lave roulés , qui pour- roient être pris pour une sorte de porphyre. Ils présentent , sur un fond obscur , les tranches d’une multitude de lames cristal- lines blanches, peu apparentes dans la lave elle-même , mais qui le deviennent beaucoup sur ces fragmens roulés , parce que le frottement qu'elles ont subi , les a blanchi en les égrisant. Pour bien juger l’Etna, il faut l’observer dans tout son en- semble. Le meilleur poste pour cela , est la hauteur où est située Taormina , à 30 milles au N.-E. de Catane. De - là on voit cet immense volcan depuis sa base jusqu’à sa cime couverte de neige , sans que nul objet en intercepte aucune partie. On ne peut rien contempler dans la nature de plus grand et de plus majestueux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. =, À De sa vaste base | Etna s'élève comme une pyramide , jusqu'à Fa hauteur perpendiculaire de passé 1700 toises , par une pente à- peu-près égale de tous les côtés, faisant, avec l'horison , un angle d'environ 15 degrés, qui devient plus rapide en s’appro- chant du cratère ; et l’on distingue sur cette pente un grand nombre de cônes volcaniques. Et déjà de cet ensemble , on concluroit avec certitude que l’Etna est un volcan, lors même qu'on ne verroit pas, au même moment, sorlir une fumée épaisse de son sommet (1). De Catane , je fus à l’origine de la fameuse lave de 1669; et pendant tout ce trajet , qui est de 9 à 10 milles , on ne marche que sur des matières volcaniques. Je montai au sommet du cône qu'éleva cette énorme éruption , appelé aujourd’hui Monte fu- sara et Monte rosso, ou Monti rossi, parce que le sommet est partagé en deux éminences. El fut appelé dans l’origine Monte della ruina ,nom expressif ; car de cette bouche sortit , en effet, une ruine épouvantable. Les cendres et les scories qu’elle vomit, ensevelirent jusqu'aux arbres à 2 ou 3 milles à la ronde ; et la lave , dans son cours, couvrit de sa masse brülante une contrée fertile , engloutit des villages entiers , et peu s’en fallut qu’elle n’engloutit Catane elle-même , puisqu'elle couvrit une partie de ses murs. Depuis le sommet de ce terrible cône, je remarquai 24 autres cônes semblables, épars çà et là sur les flancs du volcan et sur son vaste pied, de dut desquels étoient sortis des torrens de lave. D’un lieu plus éleyé on en compte 44 , tous sur cette même face de l’Eina, et leur nombre a augmenté depuis. 11 y en a plu- sieurs autres sur le côté opposé. On seroit peut-être surpris de n’en-pas voir un plus grand nombre , si l’on ne réflechissoit pas que les éruptions de la bouche principale doivent en avoir couvert beaucoup; et que plusieurs autres ont été nécessairement effacés (1) J'observai quel étoit le degré déla pente de PEtna , et je le rapporte ici, parce que toutesles vues qu’on a données des volcans exagèrent si fort leur pente, que si elle étoit telle , en effet , il seroit bien impossible d’y monter , et aucune scorie libre ne pourroit y rester. Le cône élevé immédiatement par la chûte des matières lancées du cratère , est la partie la plus rapide, et cette pente , déter- minée par le degré d'inclinaison que prennent des corps qui tombent et roulent les uns sur les autres , ne peut jamais excéder l’angle de 45 degrés ; etilest bien rare qu'ils se fixent à une pente aussi rapide, Celle du Vésuve, prise depuis le vallon dit Ærrio del Cavallo , qui passe; avec raison, pour très-rapide, n’a que 30 degrés. Depuis le pied du cône supérieur , élevé par le cratère , Les laves et les pluies étendent la base du volcan ; qui devient de moins en moins rapide. D 2 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par de nouvelles bouches qui se sont ouvertes auprès d'eux. Je mesurai la circonférence de la base de Monte rosso , je la trouvai de 4300 pas. Aïnsi ces cônes qui paroïssent er sur l'Etna qui les a enfantés , seroïent grands par-tout ailleurs. Malgré tout mon desir , je ne montai pas au sommet du volcan ; c’étoit au printemps ; il y avoit encore beaucoup trop de neige. Et supporter cette fatigue, sans pouvoir rien observer sur cette région élevée du volcan, eût été prendre une peine bien imutile. Le sujet me conduit à faire une courte digression sur quelques produits de l’Etna. Les petits prismes de couleur noirâtre que renferment ses laves , dont on trouve une multitude isolée parmi les menues scories du sommet de Monte rosso , sont octaèdres et non pas exaèdres. Il peut être utile, pour la cristallographie des volcans , de rectifier cette erreur. Deux côtés opposés. de ces prismes ont constamment plus de largeur que les six autres, ce qui leur donne une forme applatie, et les deux faces étroites sont taillées à trois côtés à-peu-près égaux. Les deux extrémités du prisme sont terminées par une pyramide bzèdre , dont les bases reposent de part et d'autre sur les trois petits côtés. Les plus grands ont 6 lignes sur 3 de largeur et 1 : d’épaisseur. On en trouve de réunis en petits groupes. Je trouvai au fond du cratère un morceau de scorie qui a été fortement pénétré par les vapeurs acides et sulfureuses. Cette scorie contient plusieurs de ces prismes , qui ayant été pénétrés ‘par les mêmes vapeurs , semblent être convertis en petits cristaux Le soufre. Ce cas est rare, Car ces corps résistent à cette péné- tration , comme ils résistent à la fusion. es couches souterraines dont ces laves tirent leur origine , doiventrenfermer une quantité innombrable de ces prismes. On trouve encore parmi les menues scories du sommet de ce cône , plusieurs de ces petites lames blanches cristallines, sembla- bles à celles des morceaux de lave roulés dont j'ai parlé ci-dessus. Elles ne paroissent être que les fragmens de quelque pierre trans- parente Lacie , que la chaleur a fait fendiller et briser en menus éclats. Quoique ce cône fût élevé depuis près d’un siècle, sa surface , son intérieur et le terrain qui l’environne à deux milles à la ronde, de même que l'immense lave qui en est sortie , ne montroïent aucun signe de végétation , excepté quelques lichens épars sur la lave. Les menues scories qui couvroient la surface extérieure du cône, avoient encore le vif de leurs aspérités et le vernis de leur noirceur. Le terreau qui se forme sur les laves à la suite des siècles, et \ ET D'HISTOIRE NATURELLE, 29 qu'on attribue à la décomposition de leur surface , est plus en- core , je crois , une décomposition de cendres di > qui a servi en même temps de base pour retenir les dépôts des pluies et de l’air. Un particulier de Catane , à qui j’ayois été recom- mandé , m’envoya la description de l’éruption de 1763. La bouche supérieure de l’Etna vomit, dans cette éruption, une très-grande abondance de cendres : elles étoient lancées sous la forme d’une colonne épaisse et d’une noirceur effrayante. La bouche d’où dégorgea la lave, s’ouvrit sur les flancs du volcan. Les cendres parvinrent jusqu'à Catane , où il en tomba une couche de six lignes d'épaisseur ; elle fut de quelques pouces à une distance plus rapprochée du volcan. Ce particulier eut la bonté de m’en- voyer de: ces cendres ; elles sont aussi menues qu'un sable très- fin. Vues à la loupe, elles ressemblent à de petites scories , et le barreau aimanté , qu’on y promène, en retient plusieurs parti- cules, qui jetées sur le papier, sont attirées assez vivement. Voilà donc les bases d’une couche déjà bien avancée vers la décompo- sition , et toute disposée à retenir les dépôts des pluies et de l'air ; les éjections subséquentes du volcan continueront à l’augmenter. Je reviens à la suite de mes remarques générales sur les vol- cans , et je demarlerai encore : comment est-il possible de con- ceyvoir, qu’une montagne , d’où sortent de tous les points de sa surface , depuis son pied jusqu’à son sommet, d’aussi fréquentes et d’aussi énormes éruptions ; d’où dégorgent des laves, qui, coulant jusqu’à la mer , ont parcouru une distance de 12 à 14 milles ; qui couvrent toute cette étendue , à plusieurs milles de largeur , d’un massif de 30 à 55 pieds d’épaisseur , et plus, en- core dans quelques endroits; qui , atteignant la mer, continuent à s’avancer et à former des entassemens énormes d’éeueils et d’escarpemens ; comment, dis-je, peut-on concevoir qu'il existe dans une telle montagne , aucune couche de la nature de celles qu’ona appelées zeptuniennes? Toutne doit-il pas y être bouleversé et volcanique? Et l’origine de ces matières volcaniques accumulées est très-profonde , car chaque éruption est précédée de bruits souterrains et de secousses de tremblemens de terre, comme il arrive à toute éruption des volcans ; et le degré de violence de l’éruption est annoncé par le degré de force des secousses. Ceux donc, d’entre les raturalistes , qui ont placé le foyer des volcans dans l’intérieur du volcan même , l’ont renfermé dans des bornes où il n’existe pas. Le volcan ést l’effet, et rien de plus ; la cause ést à de très-srandes profondeurs. SERRES » . ë La base de PEtna , opposée au rivage de la mer , est rappro- 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chée d’une chaîne de montagnes, dont l'extrémité orientale forme le cap élevé de Taormina. Cette chaîne , à couches miturelles , qui peuvent être mme part granatiques , contient divers mi- néraux : du cuivre, de l’antimoine , de l’argent gris, et peut-être du plomb. Mais cette chaîne est distincte de l’Etna , et n’a rien de commun avec lui. Voilà, sans doute, ce qui a causé la mé- rise du comte de Borch. Il a cru voir des produits de l'Etna, a les pierres et les minéraux provenans de ces montagnes ; et il a conrlu que sa base est de granit mêlée de jaspe , parce qu'il a pu rencontrer dans le lit de quelque torrent , descendant e ces montagnes et coulant près de l’Etna , des morceaux de jaspe et de granit mêlés avec des scories. Tels sont encore les cailloux à pailleues d’or du torrent Niso, cité par le même voyageur. Mais on remarque une citation bien plus étrange : c’est celle de coquilles et de morceaux de bois légérement grillés , renfer- més dans des rochers entiers de lave. L’impossibilité d’une telle réunion est trop frappante, pour qu’il n’y ait pas , dans cette ci- tation , une méprise complète, Car , comment concevoir que des coquilles qui se réduisent en chaux si facilement , et du bois, substance si combustible , pussent être dans une matière aussi ardente que la lave en fusion ? D'ailleurs touté lave sort de l'in- térieur du volcan, et tire son origine d’une fournaise ardente ; où donc trouveroit-elle sur sa route du bois et des coquilles , en supposant même que ces corps pussent résister à la combustion et à la calcination? On voit par-là que lorsqu'on adopte des pre- mières idées sans y bien réflechir , elles peuvent être fort étranges. Ces coquilles et ces morceaux de bois étoient doncren- fermés dans une couche qui n'étoit pas une lave et qui n’ap- partenoit pas à l’Etna. La rélation que donne M.de Borch de son ascension au sommet de ce volcan, apprend qu’il a suivi la route ordinaire que les guides font tenir aux voyageurs ; et certainement si l’Etna mon- troit quelque part sur cette route , des couches à minéraux , à jaspe , à granit ou à coquilles , elles n’auroient pas échappé aux observateurs qui l’ont précédé , et à ceux qui sont venus après lui ; et tous n’ont décrit que des produits volcaniques. Les couches coquillères observées par Dolomieu, sont très- vraisemblablement un accompagnement de la chaîne de mon- tagnes dont je viens de parler, et dont la base du volcan s’est approchée en s’étendant parnses éruptions ; ou , sielles ne le sont pas , et qu’elles reposent immédiatement sur le volcan, elles ont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 été formées sur sa baseétant dans la mer ; car il est vraisemblable qu’il a commencé d’exister dans l’ancienne mer ,non comme une montagne formée par le dépôt des eaux , mais comnie un volcan qui s’est élevé sur son fond. Mon frère a observé quelques exemples semblables dans les an- ciens volcans de la Hesse et du pays d’'Hanovre , et il les a dé- crits. Les îles volcaniques de la mer du Sud , en montrent des exemples en activité , par les récifs qui les environnent. Je remarquerai à cette occasion , que l'existence de ces Îles an milieu des ee vastes mers , exclud absolument l’idée interjetée d'une Ho LE de quatre lieues , rapportée par Kirwan. La base de ces îles au-dessous de la surface de la mer , ne pouvant être à peine que la huitième partie de cette profondeur. Mais je doute beaucoup que les couches coquillères observées par Dolomieu, reposent sur l’Etna , de la même manière que les cou- ches calcaires coquillères qui enveloppent quelques anciens vol- cans,reposentsur ceux-ci. Depuisquelesolsur lequels’élève Etna, a été mis à sec par la retraite de l’ancienne mer , les immenses éruptions de ce volcan les auroïent couvertes. Je crois donc que ces couches existoient déjà dans son voisinage ; et que la base du volcan , en s'étendant par l’accumulation ses éruptions, est venu s’appuyer contr’elles. Le coup-d’œil d’un observateur exercé et géologue , éclairciroit bientôt ce fait. Les positions bien vues -et bien jugées, leveroient toute incertitude , en assignant à chaque chose la place qu’elle occupe réellement, et il trouveroit, je n’en doute pas , que ces couches coquillères n’appartiennent pas mieux à l’Etna , que les couches à w1ires de cuivre et de plomb , qui appartiennent aux montagnes de son voisinage. Lorsque j'observai la forme et l’ensemble de ce volcan, et les matières qui composent les parties que je parcourus, je ne présumois guères qu'on pourroit méconnoître sa nature, en lui joignant, comme partie intégrante, ce qui ne lui appartient point. Si je l’avois pu présumer , je n’aurois pas manqué de parcourir toute sa base , malgré la longueur de cette tournée. Je regrette aujourd’hui de ne l'avoir pas fuit (1). Kirwan a raison de recommander aux naturalistes de se tenir (1) J'ai écrit tout ce qui est relatif aux couches coquillères qui avoisinent J'Etna , avant d’avoir pu me procurer l’ouyrage cité de Dolomieu. Je l'ai trouvé enfin , et sa lecture ne me fait rien changer à ce que j'ai dit. La description qu'a * donné ce savant naturaliste , tend au contraire à confirmer mon opinion , que ces couches coquillères n’appartiennen! point à l’Etna , et sont une dépendamce des montagnes zeptunienres qui environnent une patie de sa base, 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en garde contre la tendance à trop généraliser. Ta Condamine, par exemple, à son retour d'Italie en 1756, publia une relation de son voyage , où il dit : « qu’il regardoit l’Apennin , comme » une chaîne de volcans, semblable à celle du Pérou et du Chili». Etquand ce sujet venoit dans la conversation, son expression ordi- naire étoit : « L’Apennin est un chapelet de volcans , dontle Vé- » suve et lEtna sont les gros grains». C'est pour éviter cet'écueil que j'ai remarqué très-expressément que le Vésuve est isolé de de l'Apennin, et n’a rien qui lui soit commun avec cette chaîne de montagnes, comme cette chaîne n’a rien de Commun avec ce volcan. Mais quand Kirvan dit: « que l'imagination s’échaufle ; que » l’étonnement que causent les magnifiques phénomènes de » l’éruption des volcans influe jusques sur l’entendement des » spectateurs ; que chaque pierre noïrâtre qu’ils rencontrent en- suite est une lave »; ét qu'il applique ces remarques à l’excel- lent observateur le chevalier Hamilton , en disant : « qu’il n’est » point à l'abri de cet enthousiasme , parce qu’il est d'opinion » que les colonnes basaltiques sont des laves, et que le Vésuve » et l’Etna ont été formés par une série d’éruptions volcaniques »; ce qu’il ne croit pas. Kirwan exagère à son tour , et paroît ne s'être pas fait une idée juste des volcans. Ces opinions opposées sur un même fait, sont bien dignes d'attention , et montrent à tout observateur, qu'il ne doit rien avancer sg avoir bien examiné. Car si, d’après son obser- vation , il expose une opinion qui ne soit pas fondée, il mduit en erreur tous ceux qui voyent d’après lui. Les uns donc ont cru voir des volcans et des produits volcani- ques où il n’y en avoit point; entraînés dans cette opinion par la quantité réelle de montagnes et de terrains volcaniques. Les autres refusent de reconnoître, comme produits de volcans, des montagnes et des terrains uniquement composés de leurs ma- tières, et ils les assimilent aux montagnes et aux terrains formés par le dépôt des eaux, quoïqu’ils n’aient point de ressemblance. La Condamine a cru voir, dans l’Apennin , une chaîne de volcans , parce qu’il avoit traversé , depuis Rome jusques près de cette chaîne , un terrain volcanique , qui Pétenll fort au loin à la ronde , et qui renferme plusieurs cratères très-réels. Et le père della Torre n’a vu, dans le Vésuve , qu'une continua- tion de l'Apennin ; et dans sa composition, que des couches et des pierres naturelles, quoique le Vésuve soit séparé del’Apennin, : et que sa composition soit toute volcanique. Il n’a vu non plus que des couches et des pierres naturelles sur la face escarpée du mont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 mont Somma , quoique tout y soit laves , cendres et scories. Et en cela son opinion paroîtroit plus extraordinaire que celle des autres observateurs , si l’on n’y reconnoïssoit pas qu'il n’a dû voir d’autre montagne que le Vésuve , et n’a eu ainsi sous les yeux aucun objet de comparaison. C’est encore pour éviter tous ces écueils, que j'ai décrit, avec exactitude , les caractères des volcans et des îles volcaniques. Caractères invariables , qui les distingueront toujours de toutes les autres montagnes et de toutes les autres îles. Cette descrip- tion , avec tous ses détails, fait Le sujet des n°. 48, 49 et 50 , des Lettres physiques et morales sur l’histoire de la terre et de l’homme , publiées par mon frère en 1778 et 1779. Ces trois let- tres sont dans la sixième partie de cet ouvrage , qui traite des Systémes où l’on attribue aux feux souterrains l’état actuel de la surface du globe. Ce sont ces caractères distinctifs qui ont fait l’objet principal de mes observations sur les volcans. Je les ai plus étudié en oéo- logue qu’en chimiste. Il importoit de lever les incertitudes , et d’assigner aux volcans la place distincte qu’ils doivent avoir entre les montagnes. C’est pourquoi il n’est pas dit dans la relation de mon voyage à l’ile de Vzlcano, que j’eusse rapporté de dedane son cratère aucune des matières qui s’y trouvent, nique j'y eusse fait certaines observations de détail sur leur composition. L'abbé Spallanzani, dans la relation de son voyage à la même île, en conclud : «Que si la crainte, en marchant sur lesol péril- » leux du cratère, m’avoit permis de faire mes observations tran- » quillement, je l’aurois trouvé, comme aujourd’hui , riche en » soufreet en sels de différentes espèces ».L’abbé Spallanzani s’est trompé. Je parcourus ce cratère tranquillement ; j'y remarquai ces soufres et ces sels dont il parle , et j'en rapportai plusieurs espèces de scories et de belles cristallisations de soufre. Je les détachai du bord de quelques fentes d’où sortoient des fumées sulfureuses , qui, en se condensant sur leurs surfaces, y for- moient ces cristallisations. Je pris même un morceau intéressant dans un endroit fort dangereux. Au pied d’une des faces escarpées de l’enceinte du cratère , opposée à la coupure par laquelle j’entrai en traversant une épaisse fumée sulfureuse, je remarquai une ouverture d’où sor- toitune colonne de fumée que j’avois observée très-distinctement depuis la mer , s’élevant isolément au-dessus de toutes les autres fumées. L'espace à parcourir, pour y parvenir , étoit raboteux, entrecoupé et difficile. J’y fus cependant. Je trouvai un enton- noir on cône renversé , d'environ 60 pas de tour et de 18 à 20 Tome VI. MESSIDOR ex 7. FE 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ieds de profondeur , terminé par un trou de 10 à 12 pieds de ete De ce trou sortoit la colonne de fumée , avec un bruit semblable à celui que fait la vapeur d’une eau qui bout, lors- w’elle s'échappe d’un vase qui n’est pas’entièrement couvert. La face escarpée de l’enceinte formoit un des côtés de cet entonnoir et se HOIREtS dans le fond de son ouverture qui communi- quoit immédiatement avec l’abime du volcan. Je m'en assurai en y jettant plusieurs gros morceaux de scories, qui sembloient s'anéantir dès qu’ils l’avoient passée. Sur la pente de cet enton- noir, composée de menues cendres volcaniques un peu affermies, etau tiers de sa profondeur , je vis un beau morceau de soufre pur, demi-transparent. Il me tenta. J'hésitai quelques momens si je me hasarderois à l’aller prendre. Je descendis et je le pris. Il est vrai qu’en descendant, ce que je fis en sondant le terrain à chaque pas, j'’osois à peine respirer. De-là je m'acheminai vers un autre point de l’enceinte escar- pée , d’où sortoit un épais brouillard de fumée sulfureuse. J’en- tendis en y allant, le bruit d’un vent violent qui sortoit de quel- que ouverture. Il ne m’étonna point ; j'avois déjà rencontré plusieurs de ces courans d'air, qui partoient de différentes cre- vasses. Celui - ci étoit plus fort , il est vrai , mais le croyant dans an endroit caché par la fumée, je continuois à m'en approcher , lorsque tout-à-coup je vis l'ouverture à trois pas de moi. Je m’ar- rêtai, saisi du danger que je venois de courir. C’étoit un trou de 5 à 6 pouces de dia mètre , qui terminoit un petit entonnoiïr de deux pieds et demi de profondeur. De ce trou s’échappoit un courant d'air , avec autant de violence que par le soufflet d’une forge. J’y jetai quelques scories qui l’aggrandirent , et le vent sortit avec moins de force , quoiqu'il repoussoit toujours au-de- hors les petits morceaux qui se détachoient. Quant aux scories que j'y jetai, dès qu’elles avoient passé le trou , il leur arrivoit comme au grand entonnoir , elles paroïssoient s'être anéanties ; je prêtois l'oreille inutilement, je n’entendois ni choc, ni aucun bruit quelconque. Cette découverte me faisant connoître le peu d'épaisseur de la voûte sur laquelle je marchois, déjà indiquée par le retentissement de mes pas, me fit prendre le parti de me retirer. Je rejoignis mon guide qui étoit resté hors du cra- tère , et que je trouvai fort en peine de moi. Son inquiétude l’'avoit engagé à crier Sent Lo , et je lui avois répondu ; mais les idées simistres qu’il avoit de ce lieu, et non sans raison , le tenoïent toujours en crainte , et il ne me crut en sûreté que lors- qu'il me vit paroître. L'ile de Vulcano , sacrée chez les anciens, a été plus particu- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 liérement l’objet des fictions de leurs poëtes. C’est dans cette île qu’ils avoient placé la demeure d’Eole et de Vulcain. On vecon- noît bientôt origine de cètte fable, dans les nombreux tourans d’air qui sortent du cratère et des flancs du volcan qui Favoisi- nent , semblables à des vents et à l’air chassé par les soufflets d’une forge. Ces courans d’air ne peuvent être produits que pat le dégagement de l’airdes vapeurs aqueuses. Le Vésuve et l'Etna, quoique abondans à leur cratère en vapeurs et en fumées, n’ont point de ces courans. Ce phénomène de Vz/cano peut donc s’ex- pliquer d’une manière très-claire et conforme à une bonne phy- sique ; en considérant l'intérieur du volcan comme une vaste chaudière , dont l’espace est partagé par quelques piles de ma- tières volcaniques , qui , s’élevant du fond, viennent s'appuyer contre la voûte du cratère et la soutiennent , sans quoi elle de- vroit s’écrouler. Le #ond de cette chaudière est constamment rempli par l’eau de la mer qui s’y filtre. Cette eau est réduite en vapeurs par la chaleur souterraine du volcan, et l'air qui s’en dégage , s'échappe avec violence par les évents qu'il s’est ouvert. D'un autre côté les nombreuses fissures des piles intérieures et des flancs du volcan , sont les canaux de communication , par lesquels s'élèvent depuis les cavernes souterraines, réservoirs de ses feux, les fumées salines et sulfureuses qu’on voit sortir au- dehors, et tapisser de leur sublimation, les paroïs de ces fissures. Les crevasses et les ouvertures de la voûte du cratère , par les- quelles sortent les courans d’air , sont placées immédiatement sur les intervalles vides des piles ; de-là le retentissement des pas, quand on marche sur ces endroits - là, et le silence des scories que je jetai par ces ouvertures. Elles tomboïent perpendiculai- rement jusqu’au fond de la chaudière sans toucher nulle part, et quand elles l’atteignoient , c’étoit à une trop grande profon- deur pour que le choc pût être entendu. Je És confirmé , dans cette explication des courans d’air du volcan , par une observation que je fis, à son pied , près du lieu où nous débarquâmes. 11 en sortit plusieurs petites sources brû- lantes, à quelques pouces au-dessus du niveau de la mer ; leur goût étoit celui de l’eau de mer; c’étoit donc de la mer qu’elles üroient leur origine. L’ébullition que cette eau éprouvoit dans le volcan , dont j’avois eu un signe certain , par le bruit qui accom- pagnoit la grande colonne de fumée que j'avois observée, soulevoit cette eau au-dessus de son niveau extérieur , et elle s’écouloit par ces petites ouvertures, en même-temps qu’elle formoit les vapeurs ; et il est très-vraisemblable que la colonne de fumée étoit la réunion de la majeure partie de ces vapeurs aqueuses , E 2 5 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dirigées depuis le fond de la chaudière > à l'ouverture que j'ai décrite, par un canal particulier, formé entre les piles. J’eus un autre indice de la.grande chaleur souterraine du volcan. En nous approchant du rivage , je remarquai que la mer fumoit dans plusieurs places ; j'y porta la main , l’eau étoit brûlante. Près de-là , sur notre droite , la mer étoit teinte de soufre. Dans cet endroit , on voyoit sur le rivage , les débris d’un ancien cratère, près du petit volcan, ou vulcanello. L'une des scories que je pris dans l’intérieur du cratère, est de celles qui deviennent pierre ponce ; car la pierre ponce , dans l'état où elle est un objet de commerce , est l'ouvrage du temps. C’est l'anatomie d'une espècè particulière de scorie, où il ne reste que les parties vitriliées en forme de lames et de filets , qui, ens’amollissant , ont cependant résisté à la décomposition. On voit par la scorie que j'ai rapportée , que la première opé- ration sé fait vraisemblablement dans le cratère du volcan , par l'action des vapeurs acides et sulfureuses qui les pénètrent. Le temps et l'humidité font le reste ; soit que ces scories restent sur lA surface du volcan ou sur le bord de la mer , ou qi’elles soient ensevelies dans des couches de matières volcaniques. On ne ren- contre point cette espèce de scorie sur le Vésuve , ni sur l’Etna; ce qui me fait croire qu’elle est Ps aux ties volcaniques. Le contact immédiat de l’eau salée peut être nécessaire pour pro- duire cette vitrification. Les feux de /z/cano sont, ou plus ardens que ceux du Vésuve et de l'Etna , ou ses matières sont plus fusibles. Fe trouvai sur la perte du volcan nombre de fragmens d’une vitrification de couleur obscure’, qui paroissoient avoir appartenu à un même courant de matière en fusion. Leur cassure a le brillant vitreux , et ses bords sont demi-transparens. Cette vitrification est pleine de bulles , dont quelques-unes sont fort grandes. Celles-ci se sont allongées en coulant, et leur surface s’est retirée en filets qui res- semblent à des fibres ligneuses. Les vapeurs sulfureuses s’y sont introduites, et leur ont laissé une certaine teinte qui donne à la surface de ces bulles Papparente d’un boïs pétrifié. J'ai vu quelques personnes s'y méprendre. Ces bulles présentent une autre circonstance assez singulière. Quelques-unes renferment de petits fragmens arrondis de scories anciennes de couleur grise, qui sont isolés , n’adhérant que par deux côtés aux parois de la bulle. Cette coulée vitreuseles a den saisis sur sa route et porté dans son intérieur. Les laves ne coulent pas à la manière des liquides; leur extrémité antérieure s’avance en roulant sur elle même , comme feroit une pâte; on conçoit mieux dés-lors, com- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 ment une scorie qui leur est étrangère , peut être portée dans leur intérieur. Mais il faut pour cela ce degré de Eos Les laves du Vésuve et de l’Etna n’en seroient pas susceptibles ; elles sont trop compactes , et leur fusion trop imparfaite. Je terminerai ces REMARQUES par une observatih que j'ai déjà faite , mais qu’il peut être nécessaire de répéter. (Lettre 48 ,p. 427.) « Cette expression employée par quelques auteurs naturalistes : Ze » volcan du Vésuve, le volcan de l’Erna, est très -incorrecte , » parce qu'on doitdire, le Vésuve, l'Era sont des volcans ; c’est- » à-dire,des montagnes élevées par l’accumulation des matières » qu'une ou plusieurs bouches-à-feu ont lancées de l’intérieur de » la terre ; et que ces montagnes-là ne sauroient être assimilées, » ni par leur forme, ni par leur composition à aucune des autres » montagnes du globe ». Ainsi donc, toutes conséquences tirées d’une opinion con- traire, pour déterminer l’état primitif et actuel de la surface du globe , sont sans aucun fondement. Les montagnes À couches na- turelles ou zeptuniennes , w’ont point été élevées par les feux souterrains ;et les montagnes et les îles volcaniques ne sont point l'ouvrage du dépôt des eaux. ErRaATA pour le Mémoire sur les /ertieulaires. Page 217, lig. 6, filets, lisez files. — 220 — 30, antérieur, lisez antérieure. _ — 33 en élargissant , lisez en s'élargissarrt. — 222 — 27, en la nimismale, lisez entre La numismale. — 224 —3, des différences, lisez deux espèces différentes. — 225, dern. lig. latitudes différentes , lisez latitudes si différentes. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EX PÉRIENCES SUR LES SÈVES DES VÉGÉTAUX; Par le citoyen VAUuqQuEzIN, Membre de l’Institut national de France , professeur de chimie , etc. À Paris, chez Qurrrau, imprimeur de la société des pharmaciens de Paris, rue du Fouarre, n°. 2, division du Panthéon-Français. EX T R AIT» PREMIERE SECTION. Sève DoRME, Ulmus campestris (L.), envoyée au commence- ment de floréal an 5 , par Css. La sève d’orme a une couleur rouge-fauve , une saveur douce et mucilagineuse ; elle rougit très - foiblement la couleur de tournesol , quelquefois même elle ne la roupgit pas. Elle donne avec lammoniac un précipité jaunâtre très-abon- dant , qui se dissout avec effervescence dans les acides. Les dis- solutions de chaux et de baryte produisent dans la sève d’orme les mêmes effets que l’ammoniac ; seulement le dépôt paroît plus abondant. L’acide oxalique y produisoit sur-le-champ un précipité blanc très-abondant , ainsi que le nitrate d'argent. L’acide sulfurique étendu d’un peu d’eau excitoit dans cette sève une effervescence assez vive, et le mélange répandoit très- sensiblement une odeur d'acide acéteux. L’acide muriatique oxigéné y formoit un précipité jaune flo- conneux , et décoloroit la liqueur. L’hydrosulfure de potasse et le sulfate de fer n’y occasionnoient aucun changement remarquable. Enfin , l'alcool y formoit un précipité floconneux, de nature muqueuse. La pesanteur spécifique de la sève d’orme est de 1,003 ; mais ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 cette pesanteur doit nécessairement varier suivant une foule de circonstances que l’on conçoit aisément (1). PREMIERE EXPÉRIENCE. 1,039 kilogrammes de cette sève furent soumis à lévaporation dans une capsule de porcelaine au bain de sable. Pendant le cours de l’évaporation, elle a présenté les phénomènes suivans : 10. il s’est formé une pellicule brunâtre à la surface de la liqueur ; 20. il s’est séparé une matière sous la forme de flocons de la même couleur , formée, soit par les parties de la pellicule brisée , soit par une matière qui se sera coagulée au milieu de la liqueur ; 30. il s’est déposé sur les parois et sur le fond de la capsule, une matière terreuse, aride , qui faisoit entendre un bruit aigre lors- qu’on passoit un tube de verre à sa surface. Lorsque les o,9 environ de la liqueur furent évaporés , on laissa réfroidir la liqueur ; elle avoit déposé au fond de la capsule une grande quantité de terre colorée en jaune ;il y avoit de nu beau- coup de flocons jaunâtres insolubles dans l’eau , qui ne s’étoient point attachés au vase. Cette terre fut dissoute avec effervescence par l'acide muria- tique ; lorsque la dissolution fut achevée, on filtra la liqueur pour séparer les parties végétales insolubles qui coloroïent auparavant la terre; elles pesoient 0,637 grammes (2). La dissolution muria- tique de cette terre mêlée avec le carbonate de potasse ordinaire, a fourni un dépôt blanc de » lavé et séché , pesoit 0,5 grammes; c’étoit du carbonate de chaux. On filtra ensuite le 0,1 de la liqueur restante, pour en séparer les flocons qui y nageoïent, ainsi qu'il a été dit us haut ; ceux- ci lavés et séchés, pesoient 0,743 grammes ; ils avoient une cou- leur brune de tabac; ils n’avoient point de saveur etseréduisoient a —————— ————— — ————_——_ (x) Si la pesanteur spécifique de la sève d’orme exprimoit exactement la quan- tité de matière végétale qu'elle contient , il s’ensuivroit qu'il passeroïit dans les vaisseaux de l’orme 1626 myriagrammes d’eau pour la formation de 4,377 my- riagrammes de bois , et qu'un arbre qui pèseroit 48,775 myriagrammes , auroit pomipé dans la terre et cxhalé ensuite dans l'atmosphère 16260 myriagrammes d’eau ; enfin, qu'un orme qui auroit augmenté de 2,439 myriagrammes , dans les six à sept mois que dure la végétation, auroït absorbé 813 myriagrammes d’eau ce qui est énorme, Mais on verra par la suite que la pesanteur spécifique de la sève d’orme n'indique pas la quantité de matière végétale tenue en dis- solution dans l’eau , et ne doit pas non plus l’exprimer. (2) Ces 0,637 grammes de matière se sont en partie dissous dans l’eau, et la dissolution a fourni par le cu-bonate de potasse un précipité calcaire, d’où il suit que la sève d’orme contient de l’acétite de chaux. de. 4° JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE facilement en poudre. Ils se dissolvoient dans l’acide muriatique avec effervescence , comme le dépôt ci-dessus : la dissolution filtrée , pour la séparer de la matière végétale insoluble qui les coloroit auparavant, fut mêlée avec le carbonate de potasse ; elle fournitun précipité blanc, légérement jaunâtre ,quilavé et séché, pesoit 0,318 grammes , qui, réunis avec les 0,477 grammes, for- ment un total de 0,795 grammes. Ces 0,318 derniers grammes de précipité étoient du carbonate de chaux, mêlé d’un peu de carbonate de magnésie. Ces 0,518 grammes de carbonate de chaux étoient donc mêlés avec 0,425 grammes de matière végétale, puisque la matière d’où ils furent séparés pesoit 0,743 grammes auparavant. La liqueur filtrée qui avoit déposé la matière terrense conjoin- tement avec une matière végétale devenue insoluble par les progrès de l’évaporation, fut évaporée à une chaleur douce; elle fournit 9,553 grammes d’un extrait pulvérulent , d’un gris blan- châtre, qui avoit une saveur salée très-piquante, qui attiroit l’hu- midité de l’air avec beaucoup d’énergie. La saveur de cette matière et la manière dont elle s’est dessé- chée , présente beaucoup d’analogie avec l’acétite de potasse ou terre foliée végétale. Les expériences suivantes prouvent en effet que cette matière est bien véritablement, au moins pour la plus grande partie, de l’acétite de potasse. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Mis avec de l’acide sulfurique concentré , il produit une vive effervescence , et répand une fumée blanche très-piquante , dont l'odeur est parfaitement semblable à celle de l'acide acétique ou vinaigre radical. DEUXIEME EXPÉRIENCE. Distillé avec trois parties d’acide sulfurique étendu de deux par- ties d’eau , il fournit un acide acétique très - concentré , qui ne contient pas un atome d’acide sulfurique si la distillation n’a pas été poussée trop loin. Ce qui reste dans la cornue est de véritable sulfate de potasse ayec excès d’acide. Il suit évidemment de ces expériences , que l’extrait d’orme est en grande partie composé d’acétite de potasse, et que l'emploi de l'écorce d’orme en médecine ne doit pas être sans quelque vertu, sans cependant lui attribuer toutes celles que le docteur Banneau rétendoit qu’elle avoit. Comme l’acétite de potasse obtenu de la sève d’orme avoit une lésère . ET D'HISTOIRE NATURELLE. ; 41 légère couleur grise , j'en ai dissous 9,553 grammes dans la, quantité d'alcool nécessaire ; par ce moyen la partie colorante s'est séparée sous la forme de flocons bruns ; j'ai filtré la dissolu- tion et je l'ai fait évaporer à une chaleur douce ; j'’aieu un acétite de potasse parfaitement blanc et aussi pur que celui que l’on pré- pare en pharmacie. La matière végétale , séparée de ce sel par l'alcool, pesoit tout au plus 0,318 grammes après la dessication. En réunissant tous les produits obtenus de 1 039 kilogrammes de sève d’orme , on aura une somme de 11 grammes, composés , 1°. de 0,796 gram, de carbonate de chaux ; 2°. de 1,06 grammes de matière végétale, proprement dite ; 3°. de 9,24 gram. d’acétite de potasse. AUTRE SÈVE D'ORME. Le 3 floréal an 5, le citoyen Cels m’envoya 1,834 kilogrammes "de nouvelle sève d’orme, pour examiner si elle présenteroit quel- ques différences avec la première. Éprouvée par les réactifs , elle a offert absolument les mêmes hénomènes ; sa pesanteur spécifique étoit de 1,006 ; elle fonçoit plutôt la couleur bleue de tournesol, que de la rougir , comme le font les autres sèves. Dès qu’elle a été exposée au feu, il s’y est formé beaucoup de bulles Pair , qui se sont rassemblées à la surface, où elles ont formé une écume abondante. Quelque temps après, la liqueur s’est recouverte d’une pellicule mince de couleur brune , qui se divisoit en flocons et qui étoit bientôt remplacée par une autre. Elle a formé, comme la première sève , un dépôt calcaire sur les paroïs de la capsule ; lequel dépôt dissout dans l'acide muria- tique , et la dissolution filtrée , mêlée ensuite avec le carbonate de chaux, a donné 1,3 grammes de carbonate de chaux. On voit, par ce résultat, que la sue de terre calcaire fournie par cette sève est proportionnellement an peu plus foible que celle de la première sève , puisque 1,039 kilosgrammes en ayant donné 0,795 grammes, 1,834 kilogrammes auroient dû en fournir 1,406 grammes, s’il y avoit égalité dans‘les proportions ; mais il est possible que cette petite différence de 0,106 grammes tienne à l’inexactitude des moyens chimiques , et nullement à la nature de la sève. : Les 1,3 grammes de carbonate de chaux dont on vient de par- ler, contiennent environ 0,43 grammes d’acide carbonique , qui occuperoient à-peu-près 228 centimètres cubes s’ils étoient libres; ais il a fallu presqu’autant d’acide carbonique libre pour dis- Tome VI. MESSIDOR ar 7. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, soudre les 1,3 grammes de carbonate de chaux ; d’où il suit que les 1,834 kilogrammes de sève contiennent , tant en combi- naison qu'à l’état de liberté , 456 centimètres cubes d’acide carbonique. La liqueur d’où on avoit séparé le carbonate de chaux, ainsi ue la matière végétale qui s’eétoient déposés pendant l’évapora- tion, a été soumise à une nouvelle évaporation ; elle a fourni 16,19 grammes de résidu parfaitement semblable à celui de la première sève , c’est-à-dire , d’acétite de potasse d’un blanc tirant sur le gris. Cette sève contient aussi, comme il est évident, une moins grande quantité d’acétite de potasse que la première sève , car en proportion nous aurions dù en trouver 16,87 grammes , et nous n’en avons eu que 16,19 , Ce qui fait 0,68 grammes de différence. Mais en récompense , elle contenoït une plus grande propor-, tion de matière végétale, c’est-à-dire , de matière extractive par- ticulière à l’orme; car au lieu de 1,873 grarames qu’elle auroit dû donner en proportion avec la première , elle en a fourni 2,069 grammes. Si des observations assez nombreuses avoient prouvé que ces rapports fussent ainsi dans les raisons inverses à mesure que la vésétation avanceroit, on en pourroit, ce me semble, tirer cette conclusion naturelle et intéressante , que le carbonate de chaux et l’acétite de potasse seroïent décomposés par l'action vitale des végétaux, et que le carbone et l'hydrogène des acides qui com- posentces sels serviroient à la composition de la matière végétale. TROISIÈME SÈVE. Le 26 prairial an 5, le citoyen Cels m’envoya encore une nouvelle quantité de sève d’orme ; elle avoitles mêmes propriétés physiques, excepté qu’elle étoit un peu plus colorée, et avoit une saveur plus amère que les premières sèves. Elle présenta aussi avec les réac- tifs absolument lés mêmes phénomènes que les deux premières. 3,918 kilogrammes de cette sève furent soumis à l’'évaporation: les phénomènes furent encore ici les mêmes que ceux qui ont été décrits ci-dessus pour les autres sèves. La liqueur ayant été réduite à siccité, afin de rendre insoluble la plus grande partie de la matière végétale , on l’a delayée dans une certaine quantité d’eau, et on a filtré la dissolution. Cette dissolution , évaporée de nouveau, a donné 52,482 gram. d’acé- ET D'HISTOIRE SNASBU:RE L LE. 45 üte de potasse un peu plus foncé en couleur que celui des pre- inières sèves. On voit encore ici un décroissement dans la quantité d’acétite de potasse, beaucoup plus grand que dans la deuxième sève ; car relativement à cette dernière, elleauroiït dû en fouruir 35,879 grammes, tandis qu’elle n’en a donné que 52,482, ce qui fait 3,397 de différence. ÿ La croûte terreuse demeurée sur les paroïs de la capsule , fut dissoute dans l’acide muriatique , et par ce moyen la plus grande dé de la matière végétale colorée se sépara sous la forme de flocons; la dissolution filtrée avoit une couleur fauve ; mêlée avec de l’ammoniac, elle donna un précipité brun , et la liqueur perdit entièrement sa couleur; ce précipité brun , lavé et séché, pesoit 0,9 grammes. La dissolution muriatique ci-dessus, mêlée avec le carbonate de potasse, donna deux granmmes de carbonate de chaux. Le précipité brun , pesant 0,5 grammes , s’incinéroit difficile- ment et répandoit pendant sa combustion une fumée piquante, qui n'a paru avoir beaucoup de ressemblance avec l'acide pyro- ligneux. Une partie de ce précipité, desséchée à l'air, faisoit encore effervescence avecles acides , qui en séparoient une matière brune sous la forme de flocons, et la dissolution acide donnoit un dépôt calcaire avec les alcalis. Cette dernière expérience prouve que la matière végétale a pour la chaux une attraction assez forte pour permettre à l’am- moniac de la séparer de l’acide muriatique auquel elle est unie, ce qu’elle ne pourroit faire sans cette addition de force que lui prête la matière végétale, qui fait ici l’oflice d’une double attraction. On remarque encore ici que le carbonate de chaux est dans une proportion moins grande qu’il ne devroit l'être , car au lieu de 2,707 grammes , nous n’en avons eu que 2,124 environ (1). (21) Je dois faire maitenant une observation intéressante sur la matière végé- tale contenue dans la sève d’orme ; c’est que dès qu’elle est exposée à l’action simultanée de la chaleur et de l'air , elle change de couleur , devient insoluble dans l’eau , et se précipite sous la forme de pellicule , de flocons , etc. , qui ne peuvent plus se dissoudre dans une plus grande quantité que celle dans laquelle ils étoient auparavant ; mais cette substance , qui paroissoit être, par son insolubilité dans l'alcool et dans les alçalis, de nature muqueuse, devient, après sa précipitation , plus facilement dissoluble dans ces réactifs. D'après ces propriétés, et sur-tout les vapeurs qu’elle exhale pendant sa combustion, on seroit tenté de croire qu’elle a passé, pendant un court espace de temps, par F2 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La sève d’orme abandonnée à elle - même pendant plusieurs mois dans une bouteille de verre bouchée , mais contenant un peu d’air, a déposé beaucoup de flocons bruns mucilagineux , s’est complettement décomposée , est devenue alcaline et rétablissoit la couleur bleue de tournesol rougie par les acides. 2,45 hectogrammes de cette sève ayant été filtrés, furent soumis à l’évaporation ; vers le milieu de l'opération , il s’en sépara des flocons bruns en assez grande quantité. Ces flocons bruns recueillis et séchés pesoient 0,16 grammes ; ils se dissolvoient avec effervescence dans l’acide nitrique, ce qui prouve que cette matière est un mélange de carbonate de chaux et de substance végétale colorée. La liqueur claire, poussée à siccité, donna 0,106 gram. d’alcali à l’état de carbonate. Ce fait intéressant nous éclaire sur la cause de la maladie des ormes , dont j'ai parlé dans un Mémoire que j'ai communiqué à l'Institut, il y a envirôn un an. Il nous explique comment se for- ment et se cristallisent les carbonates de potasse et de chaux que j'ai recueillis sur les vieux ulcères de ces arbres, comment la ma- titre vegétale qui les accompagne est devenue insoluble dans l'eau , mais soluble dans les alcalis et Palcool. De l'analyse des sèves d’ormes, ainsi que de celles qui vont suivre , ressortent encore plusieurs considérations très - intéres- santes sur l’état où se trouvent la potasse et la chaux dans les matières végétales. Jusqu'à présent les chimistes avoient pensé que ces substances étoient immédiatement combinées avec les principes des végétaux, et qu’on ne faisoit que les developper , les mettre à nud par la combustion des matières végétales , pro- prement dites ; mais il est beaucoup plus vraisemblable que ces substances y sont combinées avec les acides acéteux et carbo- nique, et que leur développement est dû à la destruction de l’a- cide acéteux par l’action du feu. 11 résulte au moins évidemment de cette analyse que Ha. sève d’orme est principalement composée d’une grande quantité d’acé- tite de potasse, d’une petite quantité d’acétite de chaux, d’une certaine quantité de matière végétale , et d'une assez grande pro- portion de carbonäte de chaux. J'y ai trouvé aussi de légères traces de sulfate ét dé inuriate de potasse ; Inais Comme ces deux 2 ——————— l'action de Vair et dela chaleur , de l'état gommeux à celui d’un bois dont l’ag- grégation des parties n'ayant pas eu le temps de se faire, est resté sous forme pulvérulente. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 derniers ne paroïssent jouer dans les végétaux aucun rôle impor- tant, et qu'ils ÿ sont en très-petite quantité et en quelque sorte comme accidentels , je n’en ai pas fait mention dans le cours de cette analyse. DEUXIÈME SECTION. Sève pe nèrre, n°. 1, Fagus sylvestris (L.), (premiers jours de floréal an 5) La sève de hètre a une couleur rouge-fauve, une saveur ana- logue à l’infusion de tan. Soumise aux essais par les réactifs , elle a présenté les phéno- mènes Suivans : 1°. Elle rouoit légérement la teinture de tournesol ; 20. L’ammoniac y forme un léger précipité blanc-jaunûtre ; 3°. La baryte , 2dem; 4°. Le carbonate de potasse du commerce, idem ; 5°. L’acide oxalique , un précipité blanc plus abondant; 60. L’acide muriatique oxigéné , couleur jaune et bientôt un précipité floconneux de la même couleur ; 7°. L’acide sulfurique concentré, couleur noïre et odeur d’a- cide acéteux ;° 8°. Le nitrate d'argent, rien sur-le-champ, quelque temps après , une couleur rouge et précipité noirâtre par l'exposition au soleil ; 9°. Hydrosulfure d’ammoniac , o ; 10°. Sulfate de fer, couleur noire foncée sur-le-champ ; 119. La dissolution de colle forte, un précipité blanc très- abondant. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. 4,58 hectogrammes de cette sève furent soumis à l’évaporation dans une capsule de porcelaine, placée sur un bain de sable doux. La liqueur se colora par les progrès de l’évaporation , et donna 10,505 grammes d'extrait d’une couleur rouge-brune , très-duc- üle à chaud et trés-cassant à froid. D'après cette quantité d’extrait fourni par les 4,58 hectogram- mes de sève de hètre, il est évident qu’il en fait environ les 0,0229, et que pour qu’elle dépose dans Parbre 11,17 myria- grammes de matière nourricière , il est nécessaire qu'il passe 487,8 myriagrammes de sève dans les filières végétales ; et qu’en supposant que les végétaux ne perdent rien de solide par la trans- 46 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE piration , ce qui n’est guères probable, il faudrojt 212.83 my- riagrammes d’eau pour porter 4,877 myÿriagrammes de matière dans le végétal. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Examen de l’extrait de hètre. N L'odeur de cet extrait a quelqu’analogie avec celie du pain chaud ; sa saveur participe aussi de celle du pain , mais elle a quelque chose de piquant qui ne se trouve pas dans le pain. Il attire puissamment l’humidité de l’air ,il se ramollit d’abord et se liquéfie ensuite entièrement. Exposé à l'air pendant vingt-quatre heures , il a augmenté de 0,1 de sa masse. TROISIÈME EXPÉRIENCE. Mêlé avec de la chaux vive, il exhale une légère odeur d’am- moniac ; mais elle devenoit très-sensible par l’approche de l’acide muriatique oxigené très-foible , d’où il paroît que cet extrait con- tient un sel ammoniacal. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Avec l'acide sulfurique même étendu d’eau, cet extrait répand sur-le-champ une odeur vive d’acide acéteux, mêlé d’une légère odeur empyreumatique. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. L'alcool ne dissout qu’une partie de cette substance , ce qui annonce que cet extrait est très-muqueux. L'on voit par ces premiers essais, que la sève de hètre contient 10. un acide libre ; 20. un sel calcaire ( l’acétite de chaux); 3°. un sel alcalin (l’acétite de potasse ); 4°. de lacide gallique ; 5°, du tannin ; 6°, une substance extractive et muqueuse. La présence de chacune de ces substances sera démontrée d’une manière encore plus évidente dans la sève suivante. Sève De mèrre, N°, 2, (commencement de prairial, an 5), Cette nouvelle sève avoit une couleur rouge assez foncée , une saveur de jus de tan qui a commencé à fermenter , une pesanteur spécifique de 0,016. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 Elle noircissoit en très-peu de temps la dissolution de sulfate de fer, et précipitoit abondammeut l1 dissolution de colle forte ; ce qui indique la présence de l’acide galliqne et du tavnin. En énéral , cette sève a présenté, avec les réactifs , les mêmes effets que la précédente, ainsi il est inutile de les répeter. L’odeur et la saveur de tan se détruisent un peu par l'évapo- ration de la sève ; cependant la propriété de noircir le fer et de récipiter la colle forte se conserve encore dans la masse réduite oceue Cette sève dépose , pendant l’évaporation , une grande quan- tité de matière brune, tirant sur la fauve, et la couleur de la liqueur se fonce considérablement. Cette matière, recueiilie sur un papier , pesoit 0,796 grammes, et provenoit de 9,171 hectogrammes de sève ; soumise à la. distillation , elle a fourni un produit ammoniacal, une huile épaisse et fétide , et a laissé un charbon difficile à brûler, Ce En , traité avec l’acide muriatique , a donné 0,26 grammes d’alumine pure, et il ne pesoit plus que 0,21 grammes (1), Après avoir séparé la matière qui s’est précipitée pendant l’évaporation , on a mêlé la sève filtrée et étendue d’eau , avec une dissolution de colle de poisson ; il s’est formé un dépôt blanc- grisâtre très-abondant, dont les proprié és seront décrites plus bas. Ce dépôt étant sec pesoit 3,719 grammes ; et comme il y entroit 1,59 grammes de colle de poisson , il s'ensuit qu’il conte- noit 2,123 grammes de tannin ; ainsi, 100 parties de cette com- binaison sont composées de 45 de colle de poisson , et de 57 de tannin (2). Par la séparation du tannin , la liqueur a perdra nne grande partie de sa couleur ; sa saveur éioit sensiblement changée, mais elle noircissoit encore la dissolution de fer, ce qui prouve (1) Il paroît que cette matière est formée par la décomposition d’un sel alumi- neux Contenu dans la sève , par l'affinité d'une matière extractive très-analogue aux substances animales pour l'alumine, base de ce sel, qui est vraisembla= blement l'acétite. On sait, en effet, que les sels alumineux , et particulièrement Jacétite , sont décomposés, à l’aide de la chalenr, sur-tout par les substances animales et même végétales , et que c’est sur ces propriétés qu'est fondée en teinture la théorie des mordans alumineux. (2) Cette substance a une couleur rouge-noirâire ; tant qu’elle conserve une certaine quantité d’eau, elle jouit d’une grande élasticité; elle s'étend en mem- branes blanches et transparentes; mais lorsqu'elle a perdu son liumidité, elle a une couleur rouge-brune plus foncée, et devient très cassante. Elle n’est nulle- ment dissoluble dans l’eau, elle ne lest pas davantage éans l'alcool ; elle n’a poi nt de sayeur sensible, etc. 45 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu’elle contient anssi de l'acide gallique. On a soumis ensuite cette dissolution à l’évaporation , et l’on en a obtenu 18 grammes d'extrait. Pendant cette opération , il se déposa encore quelques flocons de la combinaison du tannin avec la colle de poisson qui y étoient restés en dissolution à froid. Lorsque la liqueur fut réduite à siccité, on la traita avec l’al- cool bouillant ; ce réactif prit une couleur rouge, cependant la plus grande partie de l’extrait resta , sans se dissoudre, sous la forme de poix notre, brillante et filante. Il paroît que la plus grande quantité de la matière extractive, dissoute par l'alcool , ne l'a été qu'à la faveur du calorique ; car une partie de cette substance se déposa par le réfroidissement. La même chose arrive lorsqu'on mêle à la dissolution alcoolique chaude , une certaine - quantité d'alcool froid. Sur les 18 grammes de cet extraittraités avec l'alcool, 8,44 gram. furent dissous par cette liqueur ; ainsi environ la moitié de cet extrait est de nature muqueuse. La dissolution alcoolique de cet extrait, évaporée à siccité , ävoit une couleur rouge - jaunâtre , étoit parfaitement transpa- rente , attiroit puissamment l'humidité et avoit une saveur salée et piquante , qui avoit quelque analogie avec l'extrait muqueux de la farine. - Cet extrait étoit complètement dissoluble dans l’eau; sa disso- lution étoit acide et donnoïit un précipité assez abondant par l'addition du carbonate de potasse ; ce précipité étoit de nature calcaire : l’ammoniac produisoit un léger dépôt. La partie de l'extrait insoluble dans alcool ayant été fondue dans l’eau, il resta dix grains d’une poudre brune tirant sur le fauve qui n’avoit point de saveur sensible, qui brûloit diffi- cilement et qui répandoit une odeur de matière animale brûlée. . Quoique cette matière fût tenue rouge pendant long - temps dans un creuset d'argent, elle resta constamment noire. Mise avec de l'acide muriatique, elle produisit une vive effervescence, et le charbon se sépara sous la forme d’une poussière très- légère. La matière étant étendue d’eau et la liqueur filtrée donna avec le carbonate de potasse, 0,572 grammes de carbonate de chaux; il païtoît donc qu’à l'aide de la chaleur, la matière extractive acquiert la propriété de décomposer l’acétite calcaire , et d’en séparer l’acide pour s’unir à sa base. Revenons maintenant à la dissolution de la partie extractive insoluble dans l'alcool; mêlée avec une dissolution de carbonate de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49 de potasse , elle a donné 0,902 grammes de précipité calcaire coloré , ce qui prouve que la chaux , en se précipitant, entraîne avec elle une partie de la matière extractive. Cette liqueur, ainsi précipitée par la potasse, soumise à l’évaporation , a présenté à Sa surface une pellicule qui se brisa et se renouvella successive ment jusqu'à la fin de lévaporation , et la liqueur perdit de sa couleur dans la même proportion. Lorsqu'elle fut réduite pres- qu’à siccité, on y versa de l’acide nitrique affoibli , qui produisit une vive effervescence, dûe à du gaz acide carbonique et à de l'acide acéteux extrêmement pénétrant. En ajoutant plus d’acide . nitrique qu’il n’en falloit pour saturer l’acétite de potasse, il agit sur la matière végétale elle-même ; il se dégagea du gaz nitreux, et la liquêur prit une couleur rouge, tirant sur le jaune. L'action de l’acide nitrique sur la matière végétale étant épuisée , on trouva au bout de vingt-quatre heures, dans la capsule, une poudre blanche qui avoit tous les caractères de l’acide sachlactique , et des cristaux de nitrate de potaëse, parmi lesquels quelques-uns étoient de l’acide oxalique (1). Il résulte de cette analyse , que la sève de hêtre diffère, sous plusieurs rapports , de la sève d’orme , 1°. par l’absence du car- bonate de chaux ; 2°. par la présence de l'acide acéteux libre, du tannin et de l'acide gallique qui n’existent pas dans la sève d’orme. Il est naturel , en elfet, que la sève de hêtre , contenant de l'acide acéteux libre, ne puisse contenir en même temps du carbonate qui seroït décomposé par l’acide acéteux. Il seroit pos- sible que ce sel calcaire arrivât dans le végétal au moyen de l’acide carbonique, et qu’il se formât ensuite de l'acide acéteux qui, en s’unissant à la chaux, mettroit en liberté l’acide carbo- nique , lequel se trouve libre dans toutes les sèves examinées jusqu’à présent , et qui se dégage si abondamment et avec une espèce d'explosion des arbres que l’on perce d’un trou de ta- rière , dans le temps où la sève monte , comme la observé le citoyen Coulomb. Le tannin (2) et l'acide gallique qui sont dans la sève , ainsi (1) Les produits obtenus de la partie de l’extrait insoluble dans l’alcool, traitée avec l’acide nitrique , prouvent que cette substance est de nalure muqueuse ; car il n’y a que cette matière , parmi les principes immédiats des végétaux, qui soit susceptible de donner de l'acide sachlactique par l’action de l’acide nitrique, (2) A la fin de thermidor an 6, en nie promenant dans la forêtée Montmorenci , aux environs de l’hermitage , je ramassai sur la plaie d’un vieux chätaignier , une matière noire ou d’un brun foncé, qui s'y étoit épaissie par le contact de Pair ; elle avoit une odeur éthérée fort agréable , qui se dissipa peu de temps Tome VI. MESSIDOR an 7. G 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que dans l'écorce de hêtre, annonce que ces substances pourroient servir, comme l'écorce de chêne, à tanner les cuirs. La sève de hêtre contient aussi une matière colorante qui s’ap- lique bien sur la laine, le coton et le fil ,en employant le sulfate de pour mordant ; elle communique à ces étoffes une couleur rouge - marron assez belle et très-solide ; ce seroit donc encore un sujet de recherches pour les teinturiers , dont l’art mé- rite tant de considération à cause de son utilité , de son agré- ment et des difficultés qu’il présente. TROISIÈME SECTION. Sève pe cuanMe , Carpinus sylvestris (L.), (20 germinal an 5). La sève de charme est blanche et claire comme de l’eau ; sa saveur est légérement sucrée et douceûtre ; son odeur a quelque chose d’analogue avec celle du petit-lait. La sève de charme , essayée avec les réactifs, a présenté les phénomènes suivans : 10, Elle rougit très-sensiblement la teinture de tournesol. 20. La dissolution de baryte y forme un précipité très - abon- dant, dissoluble dans l'acide muriatique. 50. Le carbonate de potasse y produit un précipité blanc moins abondant que le précédent, et qui se dissout aussi ayec efferves- cence dans les acides. 4. L’acide sulfurique concentré lui donnoït une couleur brune, et en exhaloit une odeur de vinaigre très-sensible: 50. La dissolution de nitrate d’argent n’y a rien produit sur- le-champ, mais quelques instans apres la liqueur a pris une cou- leur rouge assez belle. 6. L’acide oxalique produit dans la sève de charme un préci- pité très-abondant. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. 3,918 kilosrammes de sève de charme ont été distillés dans une coraue de verre à La chaleur du bain de sable; la liqueur a pris, par l’ébullition, une couleur rouge-fauve , quoiqu’elle n’en après ; Sa saveur étoit extrêmement astringente ; jen rapportai une certaine quantité à Paris, et je reconnns , par différens essais, que c’étoit dn tannin presque tout pur. Il se dissolvoit entièrement dans l’eau , en grande partie dans l'alcool, et formoit un très-beau noir avec le sulfate de fer, Ainsi , le châtaignier seroit dans le même cas que le hêtre. 1 ET D'HISTOIRE NATURELLE, bz eût aucune auparavant ; celle qui a passé dans le récipient avoit un aspect légérement laiteux. La liqueur restée dans la cornue avoit une couleur rouge - fauve ; elle a fourni, par l’évaporation , 8,279 grammes d’extraits d’une couleur jaune-paille, d’une saveur salée piquante ; attirant légérement l'humidité de Pair, se dissolvant dans l’eau et don- nant par la potasse et lammoniac un précipité blanc-jaunâtre. La quantité de cet extrait s’élève , comme on voit, aux c,oo22 de la masse de sève employée, ce qui est fort peu de chose. . DEUXIÈME EXPÉRIENCE. 10,774 kilogrammes de la même sève ont été mis en distillation dans un alambic au bain-marie ; la liqueur a passé claire et avoit une saveur et ure odeur fort analogues à celles du petit-lait ; les premières portions n’étoient point acides, mais Ée dernières l’étoient très-sensiblement , et rougissoient fortement la couleur de tournesol. Ce qui restoit dans le bain-marie étoit sec, avoit une couleur rouge-brunâtre , une transparence assez parfaite , une saveur piquante et acide ; il rougissoit parfaitement la teinture de tournesol. On a délayé ce résidu extractif dans environ 2,45 hectogram. d’eau distillée , on la abandonnée au repos pour que les corps qui n’étoient que suspendus dans la liqueur pussent se déposer ; on a decanté ensuite la dissolution claire , et on a lavé le dépôt jusqu’à ce qu’il ne colorât plus l’eau (1). La dissolution de la partie extractive évaporée à siccité , à fourni un extrait brun transparent et cassant ; il pesoit 11,78 gram- mes, ce qui fait environ les 0,0018 de la sève employée. Cette quantité d’extrait fait voir que 487,8 myriagrammes de sève de charme ne peuvent porter dans l’arbre que 0,8780 myria- grammes de matière nourricière , et que pour qu’un charme augmente de 4,98 myriagrammes , il faut qu’il y passe 2709 my- riigrammes de sève , ce qui est énorme. | Cet extrait exposé à l’air pendant quarante - huit heures, s’est ramolli à sa surface , en attirant l’humidité de l’air , et avoit augmenté de 2 grammes , ce qui est peu de chose relativement à l'augmentation de l’extrait de hêtre exposé à l’air; mais il faut (1) La matière insoluble dans l’eau étoit composée d’une certaine quantité de matière extractive particulière , combinée à la chaux, séparée de l'acide acéteux par l’affinité de la matière végétale, augmentée par la chaleur. G 2 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE observer qu'iln’y avoit que la surface qui fut humectée ; le dessous étoit encore sec et pulvérisable. Une petite portion de cet extrait réduiten poudre et mêlé avec de la chaux vive etun peu d’eau, a exhalé une légère odeur d’am- momiac , qui fut rendue très-sensible par des vapeurs blanches , formées par l'approche de l'acide inuriatique oxigené très-foible. 11 paroît donc que cet extrait contient une petite quantité d’am- moniac toute formée et qui yest vraisemblablement à l’état salin. Deux grammes de cet extrait dissous dans l’eau et mêlés , 10, avec une dissolution de muriate de baryte, a formé un pré- cipité insoluble dans l’acide muriatique ; 2°. avec la dissolution de nitrate d’argent, un dépôt insoluble dans l'acide nitrique ; 30. avec l'acide sulfurique, un précipité floconneux coloré ; 49. avec l'acide oxalique, un précipité blanc très - abondant ; 5. avec l’ammoniac, un léger précipité coloré ; 6°. enfin avec le carbonate de potasse , un précipité plus abondant et moins co- loré que le précédent. Devxrime Espèce DE SÈVE DE CHARME , ( courant de germinal). Cette nouvelle espèce de sève avoit été reçue de l'arbre dans des vases de cuivre, dont elle avoit dissous une petite quantité - qui lui donnoit une couleur verdûtre. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. 1,366 myriagrammes de cette liqueur furentévaporés dans une bassine d'argent ; dès que la température de cette sève fut voi- sine de l’ébullition ,sa couleur verte disparut et devint d'un jaune- fauve. Il s’en sépara en même temps des flocons de la même cou- leur , qui nageoient dans la liqueur : ces flocons étoient parfai- tement insolubles dans l’eau ; ils n’avoient aucune saveur , et ils brûloient en répandant une odeur ammoniacale fétide ; ils pesoient 2 grammes. Cette matière étoit une combinaison d’oxide de cuivre et d’une substance végétale qui a beaucoup de ressemblance avec les ma - tières animales ; combinaison formée par l’action de la chaleur, et dans laquelle le cuivre est voisin de l’état métallique, quoi- qu'il fût auparavant saturé d’oxigène, puisqu'il étoit dans la sève uni à un acide à l’état d’oxide vert. Par la chaleur , la matière vegeto-animale a donc décomposé l’acétite de cuivre , en s’uuissant d’abord à une partie de l’oxi- gène du métal, eten se combinant à l’oxide en partie désoxigéné. Ce fait ne doit point surprendre , puisqu'on sait que plusieurs ET D'HISTOIRE NATURELLE, 53 sels de cuivre, et entr’autres les sulfates , nitrates et acétites de ce métal, sont décomposés par certaines matières végétales , et sur-tout animales ; et c’est ainsi , par exemple , qu'on teint en bleu les plumes des oiseaux destinés à former des plumets pour les militaires, ainsi que beaucoup d’autres matières animales et végétales. La liqueur d’où les flocons dont on vient de parler avoient été séparés , ayant été évaporée à siccité, a fourni 12,7 grammes d'extrait d’une couleur rouge-marron , à-peu-près semdlable à celle de l’oxide de cuivre au premier degré d’oxidation. Cette quantité d'extrait s'élève à environ les 0,0028 de la masse de la sève employée, ce qui est plus considérable que pour les autres sèves de charme; maïs il faut remarquer que celui-ci contient du cuivre. , Cet extrait est ductile et filant lorsqu'il est chaud , mais il est cassant quand il] est froid. L'alcool dissout à-peu-près la moitié de cet extrait; la dissolu- tion alcoolique de cette partie extractive a une couleur rouge, et donne , par l’évaporation., une substance transparente , d’une saveur sucrée , rougissant la teinture de tournesol etne donnant aucun précipité par l'addition de la potasse. La matière insoluble dans l'alcool , dissoute dans l’eau, laisse précipiter l’oxide de cuivre sous la forme d’une poudre rouge, et la dissolution filtrée ne rougit point la teinture de tournesol et donne un précipité abondant avec la potasse (1). On voit que par l’évaporation de la sève de charme, le cuivre qui y étoit contenu , a été réduit à l’état métallique par la partie extractive de la sève qui s’est emparé de son oxigène. L'on voit aussi que l’alcool a séparé l’extrait en deux parties; l’une en une matière sucrée et transparente , qui attire fortement l’hu- midité de l'air, qui dégage beaucoup d’acide acéteux par l'acide sulfurique , en un mot, qui contient de l'extrait, du sucre et de l’acétite de potasse ; l’autre est une matière opaque qui se dessèche à lair, qui forme un précipité avec les alcalis, c’est- à-dire, qu’elle contient du mucilage, de l’acétite de chaux et une matière colorante. (1) 1,06 grammes de la partie extractive, insoluble dans l'alcool , chauffée dans un creuset d'argent , s’est considérablement boursoufflée, a exhalé beaucoup d’acide pyromuqueux , et a laissé un résidu rougeätre contenant du carbonate de chaux et de l’oxide de cuivre rouge. 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DEUXIÈME EXPÉRIENCE. (20 germinal ). ' 1,957 kilogrammes de sève de charme ayant été exposés à l'air dans un vase de verre ouvert , cette sève a présente les phéno- mènes suivans : 1°, elle est devenue laiteuse, ils’est formé à sa surface une pellicule blanchâtre comme une espèce de fleurée léoère ; 2°. il s’est dégagé continuellement des bulles de gaz acide carbonique; 30. elle a pris une odeur et une saveur légérement alcooliques , et son acidité augmentoit de plus en plus ; 4 au bout de quelques décades, son odeur alcoolique s’est dissipée , et le dégagement du gaz acide carbonique a cessé d’avoir lieu ; 50. son acidité augmentoit encore à cette époque , et la matière blanche qui la troubloit s’est rassemblée au fond sous la forme de flocons, et elle est devenue plus claire ; 6°. au bout de cinq décades , l'acidité a commencé à diminuer, elle s’est éclaircie peu à peu ; il s’est formé de nouveau à sa surface une pellicule blanche mucilagineuse qui a augmenté insensiblement en épais- seur ; 7°. enfin, cette pellicule à diminué ensuite de volume , elle a pris une couleur brune-noirâtre, alors la liqueur n’étoit plus acide, et n’avoit qu'une saveur de moisissure. Tels sont les différens phénomènes et changemens éprouvés par la sève de charme exposée à l'air l’espace d’environ trois mois. Je ne m'arrêterai pas à expliquer la nature de ces chan- gemens , il a suffi de les exposer pour qu’ils soient facilement compris par ceux à qui la théorie des fermentations vineuse et acéteuse est familière ; c’est à-peu-près la même chose dans le cas présent. - TROISIÈME EXPÉRIENCE. 735 grammes de la même sève furent mis dans une bouteille contenant environ 1,470 kilogrammes, que l’on boucha très-exac- tement ; cette sève a présenté quelques-uns des phénomènes cités dans l'expérience précédente , mais elle s’est troublée sans s’éclair- cir ensuite, et au bout de trois mois, la bouteille ayant été ouverte , l'air contenu dans la partie supérieure ne contenoit plus que du gaz azote et de l'acide carbonique ; et à l'instant où l’on a PENSE bouchon de la bouteille , il s’est dégagé avec une effervescence vive une grande quantité d’acide carbonique comme de la bierre. La liqueur avoit une odeur et une saveur très-fortes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 de vinaïgre, de telle sorte qu’elle auroit pu servir, comme cet acide , à l’assaisonnement des mets. L'on voit qu'ici, comme dans l’expérience précédente, il s’est formé du vinaigre, mais que cet acide n’ayant pas eu le contact de l'air , il n’a point été décomposé. QUATRIÈME SECTION, Sève pe soureau, betula alba (Linn.), essaz par Les réactifs. La sève de bouleau n’a point de couleur , sa saveur est douce et légérement sucrée, sa pesanteur spécifique n’excède pas beau- coup celle de l’eau ; elle a présenté aux essais, par les réactifs, les phénomènes suivans : 10, Elle rougit fortement la teinture de tournesol. 20, Elle n’est pas troublée par l’ammoniac. 3°. La baryte y occasionne un précipité floconneux, en grande partie dissoluble dans l'acide muriatique. 4°. L'alcool n’en sépare rien. 5°. Le carbonate de potasse y forme un léger précipité blanc. 6°. La chaux se comporte à-peu-près comme la baryte. 7°. L’acide oxalique y fait naître, au bout de quelques instans, un dépôt blanc très-abondant. 8. L’acide muriatique oxigéné, nul changement apparent. 9°. L’acide sulfurique concentré y développe l'odeur de l'acide acéteux d’une manière très-sensible. 10°, Le nitrate d’argent, rien sur-le-champ, une couleur rouge quelques instans après avoir été exposé aux rayons du soleil. 119, L’hydrosulfure d’ammoniac, le sulfate de fer , la dissolu- tion de colle forte n’y produisent aucun changement. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. 3,918 kilosrammes de cette sève ont été distillés dans une cornue de verre, placée sur un bain de sable; la liqueur s’est coloxée en brun-fauve par l’ébullition , et celle qui a passé dans le récipient , étoit légérement laiteuse. La liqueur réduite Renviron le quart de sa masse ,a déposé, par le refroidissement ,0,212 grammes d’une poudre d’un rouge-brun insoluble dans l’eau ; cette poudre ayant été séparée de la liqueur, cette dernière fut évaporée jusqu’à l’état d’un extrait sec, il pe- soit 34 grammes, ilavoit une couleur rouge-brune ;'attiroit for- 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tement l'humidité de l'air, avoit une saveur sucrée fort agréable, et étoit entièrement dissoluble dans l'alcool. Cette quantité d’extrait s'élève, comme on voit, à 0,0097 de la masse de sève employée ; d’où il suit que, pour qu’il arrive dans le végétal 4,752 myriagrammes de sève , il est nécessaire qu’il passe dans ses filières au moins 488 myriagrammes de sève. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. 1,171 maus de la même sève furent distillés au bain- marie jusqu’à la réduction de 506 grammes ; le résidu avoit une couleur rouge-brune , la consistance d’un sirop liquide , et une saveur sucrée assez grande; sa pesanteur spécifique étoit de 1,134. D'après la pesanteur spécifique de cette liqueur, et en suppo- sant qu’elle soit due à une matière sucrée, j'ai reconnu , par une expérience de comparaison , que cette quantité de liqueur devoit en contenir 1,124 grammes ; en conséquence , desirant savoir si elle donneroit de l'alcool par la fermentation, j'ai mêlé aux 306 grammes de liqueur ci-dessus, 122 grammes d’eau, et 15,5 gr. de levure de bierre , molle et coulante , et j’ai exposé le mélange à une température de 12 à 15 degrés de chaleur ; au bout de quelques jours il a présenté tous les phénomènes de la fermen- tation , c’est-à-dire, que la liqueur s’est échauffée, s’est troublée et a laissé dégager du gaz acide carbonique. Quinze jours après, on a soumis la liqueur fermentée à la distillation , et l’on a obtenu environ 122 grammes d’une liqueur très-chargée d’alcool , et qui pouvoit avoir 15 à 16 degrés à l’aréomètre de Baumé. Le liquide restant dans la cornue, avoit une couleur rouge , une saveur encore sucrée et légérement amère, une odeur de bierre , et rou- gissoit fortement les couleurs bleues végétales. Cette liqueur dis- tillée presque jusqu’à siccité , a fourni environ 122 grammes d’acide acéteux assez fort. TROISIÈME EXPÉRIENCE. 1,366 myriagrammes de la même sève ont également été soumis à la distillation au bain-marie; cette liqueur a offert, pendant la distillation , les mêmes phénomènes que ceux dont on a parlé plus haut, c’est-à-dire, qu’elle a fourni une eau distillée d’une saveur douce comme du petit-lait, et que le résidu réduit à en- viron 367 grammes , avoit une couleur brune - rougeâtre ; une saveur sucrée , et contenoit quelques flocons de matière végétale séparée pendant l’évaporation. J’ai fait en vain plusieurs essais pour retirer de cette liqueur du ET D'HISTOIRE NATURELLE: 37 du sucre blanc et cristallisé, ce qui me porte fortement à croire ue la matière sucrée qu’elle contient, n’y existe pas à l’état ’un véritable sucre, tel qu’il est, par exemple , dans la canne à sucre. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Examen de l'extrait de bouleau. L’'extrait de bouleau , comme nous l'avons déjà remarqué plu- sieurs fois, a une sayeur très-sucrée, une couleur rouge-brune , et une légère odeur d’acide acéteux. Cet extrait se dissout complètement dans l'alcool , si on en excepte cependant une petite quantité de matière brune , pulvé- rulente et sans saveur. Il est également dissoluble dans l’eau ,et sa dissolution se com- porte , comme il suit, avec différens réactifs. 10. Si on la fait bouillir pendant long-temps, elle se colore de plus en plus , il s’y forme un précipité floconneux coloré qui augmente jusqu’à la fin de l’évaporation. La matière ainsi précipitée et séparée de la liqueur, devient pulvérulente en se desséchant, n’a point de saveur sensible , brûle facilement , et laisse une cendre blanche qui n’est qu’une matière calcaire contenant un atomé d’alumine. Les acides et les alcalis décomposent cette substance colorée et calcaire ; les premiers , en dissolvantla chaux et laissant la matière végetale sous la forme de flocons bruns ; les seconds en dissol- vant, au contraire , la matière colorante , et en laissant la chaux presque blanche. L’ammoniac versé dans une dissolution de cet extrait, y forme un précipité floconneux, d’une couleur brune , et qui est absolument de la même nature que celui dont je viens de parler. Des étoffes de laine blanche, bouillies dans une dissolution du même extrait, se colorent en brun-fauve, et l'extrait perd une grande partie de sa couleur ; si on verse dans la dissolution de l'extrait où on a fait bouillir ces étoffes, de l’ammoniac, elle n’y occasionne plus ou presque plus de précipité. Si l’on ajoute à la dissolution de cet extrait un peu de sulfate d’alumine , dont l’excès d’acide ait été en partie saturé , et qu’on y fasse bouillir ensuite des étoffes de laine , la liqueur se déco- lore presqu’entièrement , et les étoffes se colorent beaucoup plus. Ces expériences prouvent, 1°. que l'extrait contenu dans la Tome VI. MESSIDOR az 7. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sève de bouleau , aïnsi que dans les autres sèves,, est une véri- table matière colorante ; 2°. que cette matière colorante enlève à l’acide acéteux , par le secours de la chaleur , la terre calcaire et l’alumine qu’il.tient. CINQUIÈME SECTION. SÈVE DE MARRONIER. Le citoyen Cels m’envoya , dans le mois de prairial, environ 15,3 grammes de sève de marronier d'inde , elle n’avoit pas la saveur bien déterminée , si ce n’est une légère amertume. Evaporée à siccité , elle a donné un extrait brun, dans lequel il s’est formé, au bout d’un mois, beaucoup de petites aiguilles -de nitrate de potasse. La partie extractive n’était pas sensible- ment dissoluble dans l'alcool; elle se boursouffloit fortement sur les charbons allumés , et répandoiït une odeur fétide de matières animales. La partie dissoluble dans l’eau , évaporée spontané- ment , a donné beaucoup d’aiguilles de nitrate de potasse pres- que pur, c’est-à-dire , qu'il ne contenoit pas sensiblement de matière colorante. , La partie extractive de cette sève n’est donc pas sensiblement dissoluble dans l'alcool , d’où il suit qu’elle doit être muqueuse ; la petite quantité de cette sève n’a pas permis d’y reconnoître la présence de l’acétite de potasse, Cependant , en versant sur le sel obtenu de cette sève, de Vacide sulfurique étendu de 3 à 4 parties d’eau, on a senti très- sensiblement l’odeur de lacide acéteux ; ainsi il paroît que cette sève contient , comme les autres, de l’acétite de potasse, et sans doute de chaux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 FAITS DÉTACHÉES SUR L'ACIDE NITRIQUE,(1796); Par le citoyen Prousr, professeur de Chimie à Madrid. 9 Jz préparai, avec un nitre bien sec et l’acide sulfurique , un acide nitrique qui se trouva pur et à l'épreuve de la baryte. Après lavoir dégazé, par une distillation bien ménagée, il resta jaune, et sa pesanteur fut à celle de l’eau , comme 152 à 100. Distillé de nouveau, son premier produit se trouva comme 151- Il étoit moins jaune. Son deuxième produit , que je comptois trouver plus pesant, puisqu’il étoit encore moins coloré, ne pesa encore que 151 ; mais ce qui m’étonna bien plus, c'est que le résidu , parfaitement blanc, n’étoit que de 147. Ce résidu fut encore distillé en deux parties : son produit fut de 149, et son reste ne passa pas 144. Voici une seconde expérience de la même année. L’acide obtenu d’un nitre bien sec ,, se trouva de 155. Il fut degazé d’abord , et ensuite distillé. Son premier produit donna à l'épreuve 162; le deuxième, moins jaune, 143, et le résidu ‘ blanc n’étoit plus que de 149. On voit par-là que cet acide se comporte, dans sa concentration, d’une manière bien opposée à nos idées , et qui est l'inverse de celle de la plupart des autres acides. J’airemarqué dans ces occasions que plus l’acide est concentré, plus la distillation en est facile : il n’a pas besoin de bouillir pour se vaporiser , et même rapidement. On peut donner , dans les leçons , ‘une idée de la force d’at- traction qu’exerce sur lui-même un acide concentré par l'expé- rience suivante ; c’est de verser de l’acide à 148 sur de l’étain pulvérisé par la-méthode connue dans les pharmacies , et il n’en résulte pas plus d’effet qu'avec du sable ; mais iln’en est pourtant pas de même avec le zinc. OXIDE D'AZOTE, Pour obtenir sûrement ce gaz, c’est un acide à 15° au pese- liqueur de Baumé, qu’il faut appliquer au zinc. Un acide de 18 H à 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et 20 ne le donnent plus que mélangé de gaz nitreux ; et sans doute d’azote. | INDIGO. Un acide de 148 le dissout et l’oxide en jaune ; ce qui est connu. Cet indigo , amsi oxigéné , est une résine j l’esprit de vin le dis— sout et l’abandonne à l’eau. C = Ce qui m'a Surpris, c'est d’y trouver , au moyen d'acides foi- bles , la magnésie , et même abondamment , outre la fnatière extractivé qu'on connoît dans les rides Un acide de 151 à 152 , enflamme l’indigo , comme Sage l’a publié , et comme Woulf l’avoit aussi fait connoître à Hilaire Roïüelle qui l’enseignoit dans ses cours. DU NITRITE DE POTASSE; Par le même. Ts est toat-à-fait déliquescent. On le sépare du nitrate fondu et rougi au moyen des cristallisations qui enlèvent tout le nitrate non-altéré. L’acide sulfurique ou nitrique foïbles en séparent abondamment le gaz nitreux. Ce vinaïgre distillé n’en précipite rien ; quoiqu'il y occasionne pourtant une légère effervescence. Croyant séparer ce nitrite du résidu des cristallisations , je lui mêlai de l'esprit de vin; il y eut précipitation saline. Perdant ensuite de vue mon nitrite , il me prit fantaisie de vouloir le décomposer par un acide , au milieu de l'esprit de vin , et voici le fait nouveau que produisit une idée qui d’abord ne prômet- toit rien. De l’äcide sulfurique foible , versé dans cé mêlange , occasionna de letfervescence, et son produit, au lieu d’être du gaz nitreux, fut de l’éther nitrique avec dégagement de chaleur. Cette expé- rience mérite Certainement d’être reprise. J’enflamtmai la vapeur, et la couleur verdâtre de la flamme étoit bien celle de cet éther, Vraisemblablement le gaz nitreux fut décomposé, son oxigène absorbé par l'alcool, et l’azote dissipé , sans doute, avec le gaz éthéré ; mais pour transformer l’alcool en éther nitrique, lui faut-il autre chose qu’une simple dissolution d’oxigène concret? Voici d’autres faits qui semblent le prouver. J'ai versé 4 onces d’esprit Le vin bien sec dans un flacon dé AE ET D'HISTOIRE NATURELLE, 6x pinte , rempli de gaz muriatique oxigéné ; le gaz se dissolvit tran- uillement , et le flacon s’éclaircit dans la même propoïtion. Ouelttès minutes après , l'esprit de vin se décolora ; il yÿ eut dégagement de chaletir sans apparence d’aucuñié sorte de gaz. A l'oüverture du flacon , je reconnus l’existeñce de l’éther nitrique. Cette expérience fut répétée avec le même esprit de vin , suc- cessivement sur 11 flacons de gaz. Les mêmes phénomènes se reproduisirent, et l’éther parut aller en augmentant , après quoi je jugeai , au décroissement de l’odeur , qu'il s’'acheminoït à un autre état , qui est vraisemblablement le passage de l'alcool à l’état d’acides végétaux, parmi lesquels se retrouvoit l'acide mu- riatique avec toute son inertie. Pourquoi n’en seroit-il pas de l’alcool comme de la plupart des autres produits végétaux qui peuvent très-bien se suroxider dans leur totalité, sans qu’il y ait désanion ou combustion de quel- qu'un de leurs principes ? Telle nous voyons l’altération des huiles volatiles, grasses , des suifs , des résines colorantes , etc. qui toutes peuvent recevoir de nouvelles physionomies par l’ad- SL ou labsorption spontanée d’une petite dose d’oxigène , tandis qu'un #aximum les porte à leur entière décomposition. Tout ce que je viens de dire n’est pas applicable à l’éther sulfu- rique qui me rappelle aussi quelques faits moins connus dont je vais faire part. RÉSIDU D'ÉTHER SULFURIQUE; Par le méme. L: résidu de cet éther, poussé aussi loïn qu’il est possible par la distillation , ne donne jamais de soufre , malgré qu’on en dise. Si on en fait distiller une petite portion dans une ample retorte, on obtient de l'esprit de vin, de l'huile , les gaz ordinaires , et de l’eau. Après l’intumescence passée , la matière poisseuse ; qui n’est que l'huile épaissie par du charbon , prend ce dernier état par la concentration de l’acide , et commence à s’en séparer au point que le liquide s’éclaircit visiblement. Poussant ensuite la distillation , tout ce charbon se réaggrège; il passe du gaz sulfureux , puis de l’huile de vitriol légérement 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE colorée par du charbon. Tout l’acide passe à la fin dans ce degré de concentration , et ce qui reste au fond de la retorte est une plaque de charbon pur : telle enfin qu’on l’obtient d'une distilla- tion d’acide sulfurique sur un charbon quelconque. Lorsque pour obtenir le gaz oléfiant des chimistes hollandais, on distille trois parties d’acide contre une d'esprit de vin , la matière poisseuse se charbonne en entier , et l’on obtient ainsi d’une once d’alcool jusqu’à un gros de charbon 8ec. SUR L'INFLAMMATION DES HUILES PAR L'ACIDE NITRIQUE. Avec un acide nitrique fort comme celui qui donne 152, ilest impossible d’enflammer l'huile de lin par la méthode ordinaire ; mais pour y réussir et d’une manière qui fasse spectacle , il ne faut que verser doucement un doigt d'huile de lin sur autant de cet acide , placer le verre à pate sur une assiète avec un peu d’eau, et recouvrir le tout avec une cloche d’une hauteur suffi- sante : en moins d’un quart d'heure le bouillonnement commence et l'inflammation suit de près. On y réussit aussi également, bien quoïqu’un peu plus tard avec des acides de 149 et 150. L'huile d'olive , traitée de la même manière , mais toujours avec le mélange de l’acide sulfurique , s’enflamme avec le même succès. Dans ces expériences on a la satisfaction de voir à son aise le charbon se dégager des autres principes de l’huile avant linflammation. Et pour bien saisir les changemens que l’acide éprouve de son côté, de la part de l’huile d’olive , par exemple , on verse deux doigts de cette dernière sur autant d’un acide à 149, ouenviron, placé au fond d’un cylindre à pied, d’un pouce de largeur : on marque, à l'encre, la ligne où se touchent les deux liquides, et l’on observe. La hauteur de l’acide baisse rapidement, le gaz nitreux s’é- chappe au travers de l’huile, et les phénomènes s’achèvent quand le restant de l'acide, devenu trop aqueux, cesse d’agir sur l’huile, qui en est quitte de son côté pour un épaississement peu consi- dérable. ï Si au lieu d’huile on employe, avec les mêmes précautions de l'esprit de vin sur un acide de 35 degrés, on fait naître, d’une manière très-agréable , toute la suite des phénomènes qui appar- tiennent à la formation de l’éther nitrique. Ce procédé revient un peu à celui de Blak, qui consiste à faire entrer adroite- ment trois couches de liqueurs différentes dans un matras placé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 dans de l’eau à la glace, et qui sont de l’acide fumant , de l’eau et de l’esprit de vin. On réussit facilement à arranger ces trois cou- ches sans les confondre, à l’aide d’un siphon à boule, avec lequel on laisse découler les liqueurs surun des côtés de l'embouchure du vaisseau, qui pour cela ne doit pas avoir plus de deux pouces de collet. Je n'ai vu ce procédé dans aucun ouvrage français , si je ne me trompe , et il est pourtant décrit dans l’un des premiers journaux de Crell. SUR L'AMMONIAC; Par Le même. Ox sait que la flamme d’une bougie , placée à l'embouchure d’un cylindre plein de gaz ammoniac s'agrandit. D’après ce fait j'ai coutume, dans mes leçons, de le mêler avec une partie de gaz oxigène, et alors il y a inflammation et détonation, Le temps m'a manqué pour arranger un eudiomètre de fer ou de verre avec un conducteur en fer, et pour opérer au bain de mer- cure. Mêlant ensuite ces deux gaz, on les fera détoner , et l’on SRpaiere très-exactement la quantité d’azote , principe de l’alcali volatil. SUR LES EAUX PUTRÉFIÉES A LA MER ; Par le même. IF y a un couple d'années que le prince de Parme eut la bonté de me faire passer quelques bouteilles, fort bien bouchées, d’eau pourrie, prise dans un vaisseau de retour à Carthagène. A l’ouverture je n’eus pas de peine à reconnoître l’odeur du gaz hépatique. De l’eau teinte avec une dissolution de cuivre en fut précipitée en brun. Ce dépôt, rassemblé et examiné au chalu- meau , se trouva être du sulfure bleu de cuivre. Après que l’eau eut perdu son odeur à l’air , je l’examinai et la trouvai excessivement chargée de plâtre ; ce qui me fit juger qu'on n’avoit sûrement pas rempli le tonneau d’eau de rivière. 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Une aussi grande quantité de sulfate de chaux dans cette eau ne pouvoit pas moins que de produire de l'hydrogène sulfuré dans sa pourriture ; aussi ne fus-je point étonné de sa qualité : maïs dans les eaux de rivière qui ne contiennent point de plâtre, quelle est donc la nature de leur putréfaction ? Comme je n’aï jamais vu d’eau gâtée de cette seconde espèce, je sens qu’il fau- droit être dans un port de mer pour observer, analyser et conce- voir l'espérance de pouvoir les dépourrir facilement. En attendant, voici, par rapport aux eaux qui se sont hépa- tisées dans les voyages, quelques faits qui pourront aider à la solution de cet important problême. Avec environ demi-once de manganèse en poudre , battue dans de l’eau pourrie, je fis disparoître ,en moins de quatre minutes , toute sa mauvaise odeur. Pour savoir encore mieux de quelle efficacité pourroit être la manganèse , il falloit l’appliquer à une eau puante au plus haut degre. Pour cela, je battis fortement une once de manganèse en poudre , dans une pinte d’eau hépatique artificielle, la plus in- fectée qu’il me fût possible de le faire, et dans peu d’instans je parvins très-bien à la désinfecter , mais elle conserva opiniâtré- ment une odeur d’oignon que je ne pus faire disparoître ; néan- moins dans cet état et dans un cas urgent je l’aurois bue sans répugnance. MODÈLE L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 a MODELE D'UN FOUR A CHAUX PERPÈÉTUEL; Par BENIAMIN, comte De Rumronp (1). Lss objets principaux qu’on avoit en vue en construisant ce four à Home qui est dans la cour de l'hôtel de la Société de Dublin étoient, 19, De faire que le combustible pût consumer la fumée; et, pour cela , -on a forcé celle-ci de descendre et de traverser le combustible incandescent , pour produire autant de chaleur qu’il seroit possible. ( oyez la planche ci-jointe. } 2°, De faire que la flamme et la vapeuréchauffée qui s’élèvent du feu , fussent en contact avec la pierre calcaire dans une grande surface , dans le but d'économiser la chaleur et de l'empêcher de s'échapper dans l’atmosphère : ce qu’on a obtenu en donnant au four F forme d’un cône tronqué concave , et une grande élévation relativement à son diamètre , en le remplissant en en- tier de pierres à chaux, et en introduisant le feu par la base du cône. | ; 3°. Derendre le procédé perpétuel, pour prévenir la déperdi- tion de chaleur qui accompagne nécessairement le refroidisse- ment du fourneau lorsqu'on le vide et qu’on le remplit : opéra- tions qui forcent à éteindre le feu. 4°. D'arranger l'appareil de manière que dès que la pierre est calcinée , et qu’elle a, par conséquent , un degré de chaleur très- considérable , elle puisse, en se refroidissant , communiquer cette chaleur, et aider à échauffer la nouvelle charge dont on remplit le four dès qu’on a sorti une certaine quantité de chaux. Pour remplir cet objet, le combustible n’est point mêlé avec la pierre calcaire , mais il se consume dans un foyer fermé , prati- qué dans le côté du four, un peu au-dessus de son fond. Lorsque les fours à chaux , construits d’après ces principes , seront très-grands , il pourra y avoir plusieurs foyers pratiqués dans le même cône , et situés de différens côtés. Ces foyers pour- (1) Extrait de ses ouvrages. La rareté toujours croissante du combustible send cette méthode de plus en plus précieuse. Tome VI. MESSIDOR an 7. 1 } 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ront être disposés de la même manière que ceux qui sont en usage pour cuire la porcelaine. ° : Ilya, au fond du four, une porte qui ne s’ouyre que pour sortir la chaux. Quand, après avoir sorti une certaine partie de chaux, la pierre qui est contenue dans le four s’affaise , le vide qui se forme dans le dessus du fourneau est immédiatement rempli par de nouvelles pierres à chaux. Dès qu’on a enlevé une certaine quantité de chaux, on doit sur-le-champ refermer la porte et en garnir les joints avec de la terre glaise humectée, pour prévenir le passage de lair froid à travers la chaux ; on doit cependant y laisser une petite ouver- ture pour des raisons que je vais détailler. Comme le feu entre dans le four à quelque distance de son fond , et que la flamme s’élève dès qu’elle entre dans cette cavité , la partie inférieure du four (au-dessous du niveau du foyer ) est occupée par de la pierre déjà calcinée. Cette pierre a une chaleur extrême ; et comme lorsqu'on enlève de la chaux par le bas, elle descend pour la remplacer, l’air auquel elle communique sa cha- leur par le contact, doit s’élever dans l’intérieur et traverser la partie supérieure du four. Ainsi la pierre calcinée , en se refroi- dissant , contribue à échauffer la nouvelle charge qu’on verse dans le fourneau. Pour faciliter cette communication de chaleur de la pierre calcinée à celle qui est dans les parties supérieures du four, il faut qu’il y ait un petit tirant-d’air de basen haut, qu’on établit enlaissant une ouverture à la porte, qui procure l’accès de l’air ex- témeur dans le four. Cette ouverture (qui doit être munie d’une espèce de registre)doit être Houpue ; autrement elle établiroitun trop grand tirage : ce qui feroit plus de mal que de bien ; probable- ment,même,il saroit à propos de la fermer quand la chauxarrivée au-bas du four; sera dépouillée d’une partie de sa chaleur. La perfection des,fours à chaux étant un objet d’une grande importance , depuis que l’usage de la chaux, comme engrais, est devenu presque général, je compte destiner mes premiers mo- mens de loisir à des recherches, plus étendues sur cet objet, et je n’ai donné qu’un apperçu de mesidées à cet égard , pour que des per paeee qui auraient les mêmes projets pussent les examiner et es rectifier. d Je sais que le modèle du fourque j'ai fait construire à Dublin, est bien loin. d’être parfait; il a été construit très à la hâte en un jour , l’avant-veille de mon départ d’Irlande. Pour donner aux personnes qui voudroient s’occuper du même objet , une idée plus complète de mon plan , j'ai joint l’esquisse ET D'HISTOIRE NATURELLE. 67 suivante du four à chaux que je fais construire actuellement à l'usage de la ferme du jardin anglais à Munich. ( Voyez la planche.) J’ai cru devoir leur donner cet apperçu pour que nous puis- sions entrer en lice : et j’assure tous 1nes concurrens que je serai enchanté qu’ilsme devancent dans la carrière que nous parcourons de concert. Je ne crois pas me tromper en disant que le résultat du travail de mes semblables me procure autant de plaisir que.j’en retire de mes propres recherches, et lorsque je puis me flatter d’avoir, en quelque manière , contribué à provoquer des méditations utiles , j'en éprouve une satisfaction difficile à exprimer. Explication de la figure. Élle est la section d’un petit four à chaux construit à Munich, à dessein d’y faire différentes expériences. La hauteur du four est de quinze pieds ; son diamètre intérieur de deux pieds dans le bas, et le supérieur de neuf pouces, pour contenir plus efficacement la chaleur. Ses murs, qui sont de brique et très- peu épais, sont doubles , et l’espace intermédiaire est rempli de cendre de bois bien sèches. Pour donner plus de solidité à l’ensemble , ces deux murs sont liés dans plusieurs endroits par des traverses horisontales faites en briques et bien cimentées. A, est l’ouverture par où on introduit le combustible. C'est par cette ouverture que l’air qui alimente le feu descend dans le foyer. Ce foyer est représenté comme étant presque rempli de charbon, et la flamme passant latéralement dans la cavité du four par une ouverture pratiquée à cet effet dans le fond du foyer. | ARE supérieure , par où l’on introduit le combustible, est couvert par une plaque de fer tournant sur des gonds. En le- vant plus ou moins cette plaque, qui est suspendue à une chaîne, elle sert de registre pour modérer le feu. On voit , dans la figure, une section de cette plaque et de la chaîne qui la soutient. B, est une duverture dans le mur de face du foyer , qui sert accidentellement pour nettoyer le foyer , et l’ouverture ar où la flamme entre dans le four. Cette ouverture qui ne Re jamais être entièrement fermée , sert aussi à admettre une petite quantité d’air qui arrive horisontalement au foyer. Cette portion d’air , introduite de cette manière, a paru utile et même nécessaire dans les foyers où l’on force la flamme de descendre T2 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour consumer la fumée. On peut donc faire , à cet effet, plu- sieurs trous munis d’obturateurs de forme conique dans le mur de face du foyer. ï Le fond du foyer est une grille faite en briques placées de champ, et sous cette grille il y a un cendrier ;mais comme l'accès de l’air au foyer , par cette grille , doit être absolument interdit, la porte du cendrier C'est constamment fermée; on ne l’ouvre qu'accidentellement pour enlever les cendres. | D , est l'ouverture par où l’on sort la chaux du four. Cette ouverture doit être exactement fermée pour prévenir tout cou- rant d’air froid à travers la pierre à calciner. Comme il ne faut enlever chaque fois que la partie de la chaux qui est au-dessous du niveau du foyer; pour déterminer préci- sément qu’on n’en a enlevé que la quantité convenable, la chaux sortant du fourneau peut être jetée dans une fosse pratiquée à fleur de l’ouverture par où on l’extrait, cette fosse ayant les dimensions convenables-pour pouvoir servir de mesure fixe. Lorsqu'on sort la chaux parle fond du four, il faut la rempla- cer en haut par de la pierre calcaire ; et pendant cette opération on peut arrêter l’effet du feu, en fermant l'ouverture du foyer avec la plaque de fer qui lui est adaptée. Si l'on trouvoit nécessaire de régler le feu ou de distribuer différemment la chaleur en faisant la chaux , on pourroit fermer plus ou moins l’ouverture supérieure du four avec une pierre de grès ou une plaque de fer coulé. Les doubles murs du four , l’espace qui est entr’eux, et les traverses qui les unissent sont désignés dans la figure. Le four est représenté rempli de pierres rondes , telles que celles dont on se sert à Munich. Ces pierres se tirent dans les montagnes sur la frontière de la Bavière. Elles arrivent dans la capitale par lIser. La violence du courant de cette rivière , et le frot- tement qui en résulte sur ces pierres leur donnent cette forme arrondie. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 69 DE XT'RYE D'A.-M VASSALLI-EANDI, A J.-C. DELAMÉTHERIE; SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA TORPILLE. Paris, ce 14 messidor an 7. ÂApnis ma lettre du 21 ventôse dernier sur le galvanisme , j'ai parcouru l'ouvrage de Humboldt ( Expériences sur le galva- nisme , traduit de l’allemand par Jadelot, médecin. Paris , chez Fuchs , an 7), qui vient de paroître , et qui est le plus complet sur cet objet. J’y aï vu, avec satisfaction , qu’il pense comme moi, qu’il n’y a encore rien de certain sur le fluide galvanique, et étend ses doutes sur les phénomènes des autres poissons électriques ( page 451 ) dont il espère aussi de pouvoir s’oecuper (page 452.) Je ne doute pas que son génie n’enrichisse cette partie de la LÉ les découvertes les plus intéressantes , et qu’il ne recule les bornes des autres parties, dans lesquelles il s’est déjà distingué ,en prenant la meilleure route pour trouver la vérité. En attendant je vous indiquerai mon opinion, soit sur ce qui reste à faire pour en découvrir la véritable cause, soit sur la théorie des phénomènes de la torpille. D'abord je m’occu- perai à vérifier les faits annoncés par Réaumur , Valsh, Hunter et par plusieurs autres. Je crois que je trouverai quelques vérités parmi les fables qu’Aristote , Pline , Théophraste et leurs com- mentateurs ont débitées sur la torpille. Je tâcherai de réduire À leur juste valeur les relations pipes Er que Schilling et Kempfer nous ont laïssées sur cet objet. Mais les observations de Spallan- zani fixeront particulièrement mon attention ;elles seules m’inté- ressent plus que toutes celles des auteurs qui l'ont précédé dans cette carrière, soit par l'amitié qui nous lioit , soit parce qu’elles tiennent de près à la théorie des poissons secouans , que j'ai pro- posée à notre ami Sénébier en 1790. Vous me permettrez doncque je vous indique ces observations avant que de vous annoncer la théorie des phénomènes de la torpille, que je vais soumettre à vos lumières. Dès l’an 1799, me 7° JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trouvant à Pavie, Spallanzani , à qui j'avois auparavant communi- qué mon opinion sur les poissons secouans , me fit voir ses grandes tables sur l'anatomie des organes électriques de la torpille , et me dit qu'ayant essayé de couper les trois grands troncs ner- veux qui, en se divisant, viennent embrasser les prismes rem- plis de matière molle qui composent la plus grande partie du coxpé de la torpille; ik observa que l'animal perdoit la propriété de donner des secousses ; ce qui m'a fait dire dans la lettre que je vous ai adressée le 21 Yentôse , insérée dans ce Journal, que dans la torpille les nerfs expriment l'électricité contenue dans les muscles , et qu'au contraire lorsqu'on m’avoit point touché aux nerfs, on obtenoit encore de petites secousses de cet animal même quelque temps après sa mort. L'autre observation de Spallanzani est que les fœtus de la tor- pile dans:le ventre de la mère:sont unis à l'œuf par le cordon ombilical , et qu’en les retirant ils donnent de légères secousses. Il me fit voir, dans le Muséum, ces petites torpilles attachées aux œufs , et dont il éprouva les secousses. L'histoire de ce qui a.été observé sur d’autres poissons secouans , par Muschembroek, Bajon , Vanderlot , Fermin, etc. , me serviroit pour augmenter le nombre des expériences , de même que l'anatomie de la torpille et du gunnote , par Redi, Lorenzini, Borelli, Stenone, Réaumur, Hunter, Bajon , etc., donneroit lieu aux observations nécessaires pour déterminer la véritable structure de ces animaux. C’est sur les faits qu’on trouve dans ces auteurs, que j'ai fondé ma théorie , à laquelle je donnerai une plus grande extension , si vous lui trouvez une base établie sur des principes certains ; la voici en peu de mots. Je soupçonne que les poissons secouans ont la faculté de con- denser le fluide électrique dans une partie de leurs corps, et que dans la position ordinaire de leurs organes intérieurs, ce fluide est retenu par un voile cohibent , qui devient ensuite déférent var la raréfaction , ou par l’addition des humeurs, et laisse passer Éblécirione condensée chaque fois que le poisson veut donner la secousse. Dans cette théorie l’air et la nourriture fourniroient l'électricité, comme aux autres animaux. ( Journal de Physique, germinal an 7, pag. 339) et les organes électriques seroient la partie du corps dans laquelle se condenseroit le fluide électri- que : le milieu , dans lequel vit la torpille , ne sauroit présenter aucun obstacle à cette théorie , soit à cause de la structure de l’ani- mal , que par la nature de l’eau relativement à l'électricité. Je ne chercherai pas à prouver la première de ces propositions, ayant en elle-même le plus grand degré de probabilité, comme ET D'HIS TOLRIE INIATU RELILE, 75 . je l'ai dit dans la lettre susmentionnée ; elle démontre aussi que les différentes parties de l’animal ont dans le même temps des élec- tricités contraires; et la dénomination d’organes électriques , qui a été donnée par les auteurs aux muscles décrits par Redi et Fermin, me paroît confirmer la seconde; car ils ne donnèrent ce nom aux muscles des poissons secouans, qu'après ayoir été persuadés que Ja secousse étoit électrique , et qu’elle venoït de ces organes. Je pourrois encore appuyer*mon assertion par la nature même des organes de la torpille , qui sont composés d’un très - grand nombre de tuyaux hexagones et pps (Hunter en compta 1182 dans un seul muscle d’une torpille longue de près d’un mètre lesquels se partagent, selon Réaumur , en plusieurs autres tuyaux ou cellules rempliés d’une matière blanche et glutineuse , qui pa- roît propre à retenir l'électricité. Si on examine ensuite la structure du gimnote, composé en grande partie de mutilage , qui se fond entre les doigts, et la surface de son corps couvert de petits points jaunâtres , lesquels sont autant d’orifices de petits tuyaux, dont le plus grand nombre se trouve sur la tête et sur les autres parties qui donnent les plus fortes secousses ; on conviendra qu’elle s'accorde parfaitement avec mon opinion sur la cause de ce phénomène, L’effort que fait la torpille avant de donner la secousse , la contraction de:son corps , qui , de convexe qu’il étoit, devient concaye, etla dépression de ses yeux, qui a lieu en même temps, peuventexpliquer la modification du voile cohibent et la sortie du fluide électrique. Personne n’ignore combien nos organes inté- rieurs sont modiliés par les passions et par la volonté : on sait., en outre , que les corps perdent de leur capacité pour contenir l'électricité , à proportion que leur volume diminue : de-là il doit donc s’en suivre, dans là torpille, la plus grande condensation de l'électricité par la diminution de son volume , et la modification du voile cohibent , produite par la volonté ou par la. passion dans un même temps. En conséquence la secousse ne sera qu’un effet des lois connues du fluide électrique et de la physique ani- male : le décroissement des secousses successives , leur défaut fréquent etenfin totalsuivent aussi les mêmes lois: L'observation -d'Abilgaard , qui a galvanisé , à Naples, la torpille , et n'ya observé aucune, irritation particulière ( bal » pag- 284 ) ‘peut encore appuyer l’action de la volonté dans les phénomènes de ce poisson. f Les idées que je viens de vous présenter ici ne sont que des apperçus , que je suis bien éloigné de prendre pour des raisons concluantes,; mais il me paroît qu’elles peuvent avoir quelque 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE degré de probabilité , et je serois très-flatté qu’elles pussent con- tribuer à l’explication des phénomènes de la torpille , en four- nissant aux physiciens des nouveaux sujets qui donneront lieu # nombre d'expériences et d'observations intéressantes. Si experi- menta expectationi non sg , tamen animum informant, dit Bacon ; par conséquent les recherches sur un phénomène qui reste encore à expliquer , ne pourront qu'être bien précieuses aux sciencès. ; MÉMOIRE Sur la fabrication des crayons de pâte de sanguine , employés pour le dessin ; Par A.-F. LomsT O x éprouve , dans la plupart des écoles de dessin , et principa- lement dans les lieux éloignés de la capitale , beaucoup de dif- ficultés pour se procurer des crayons de bonne qualité. La pierre sanguine sciée , dont on fait communément usage , est presque toujours dure , graveleuse et d’une consistance inégale ; en sorte que les touches des dessins où on l'employe , ne peuvent avoir , ni le moëleux, ni la pureté nécessaire pour produire l'effet que l’on desire. Les seuls bons crayons que l’on puisse se procurer , ont été fabriqués jusqu'à présent à Paris exclusivement : ils s’y vendent fort cher ; les meilleurs sont connus depuis long-temps sous le nom de crayons de pâte du citoyen Desmarets , qui apparem- ment en fut l'inventeur. Aucun des auteurs qui ont écrit sur la composition de ces crayons n'ayant indiqué les doses des matières qu’il falloit em- ployer , j'ai fait des épreuves graduées sur toutes les combinai- sons qu’il étoit possible de former avec les substances propres à cette fabrication ; j'ai rejetté les produits qui n’ont pas rempli .Vobjet dé mes recherches : et je présente ici les procédés qui m'ont donné des résultats satisfaisans. Ces crayons se composent avec de la pierre sanguine tendre ; c’est un oxide de fer limoneux, contenant un mélange de terre de la nature des argilles , auquel on a donné le nom d'Aématite : on = ET D'HISTOIRE NATURE LLE. 73 on l’incorpore avec une substance'aglutinative quelconque , telle . que la gomme , la colle , la résine ; on y ajoute quelquefois du Savon pour adoucir l’âpreté de cette composition. On peut, au lieu de sanguine , employer les autres oxides rouges de fer, connus sous le nom de brun -rouge , de terre douce de vitriol , etc. ; en ce cas, on doit les choisir doux aw toucher , et d’une couleur vive, parce que ceux du commerce Sontsouvent mélangés d’argille, ce qui leur donne un ton jaunâtre ct terne qu'il faut éviter. J’ai essayé d’incorporer ces substances avec des blancs d'œufs et l’albumine du sang ; mais les crayons composés de cette ma- nière n’étoient pas de bonne qualité. Il faut prendre la sanguine en roche la plus tendre , et la broyer à l’eau pure sur le marbre, comme cela se pratique pour les cou- leurs que l’on employe dans la feinture , en observant de l’hu- mecter autant qu’il est nécessaire pour faire glisser la molette et de n’employer que le moins d’eau qu’il est possible. Lorsque Loi veut exécuter cette opération en grand, le broye- ment devient difficile et trop dispendieux ; alors on s’y prend d’une autre manière pour diviser les substances ; on les pile , on les passe au tamis de soie , puis on les délaye à di lavage dans des baquets où, après les avoir fortement agitées, on laisse reposer pendant quelques minutes , et seulement le temps qu'il faut pour que les parties les plus grossières se précipitent vers le fond. On retire de suite l’eau fortement chargée des particules les plus tenues; on la laisse déposer pendant vingt-quatre heures, aprés lesquelles on décante l’eau claire qui surnage , et l’on obtient un dépôt très-fin. On pile , on lave de nouveau, on traite de la même manière le marc du premier dépôt, et ainsi de suite , jus- qu’à ce que toutes les matières soient réduites à un état d'extrême division. J1 faut faire dissoudre à part la gomme, la colle ou le savon destinés à donner aux crayons le degré de solidité nécessaire ; on mêle exactement les dissolutions avec la sanguine broyée, puis on évapore le mélange en l’exposant au soleil ou à la chaleur d’un feu très-doux, en ayant soin de le remuer souvent et jusqu’à ce que la pâte ait acquis une consistance un peu plus ferme que celle du beurre : lon procède ensuite au moulage des crayons. Ce moulage peut s’exécuter de deux manières , la première est d'étendre la pâte sur une planche où l’on a pratiqué des can- uelures un peu évasées par le haut et arrondies par le fond, d’une longueur indéterminée , mais d’une largeur et profondeur proportionnée à la grosseur des crayons que l’on veut former: Tome VI. MESSIDOR ar 7. K 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La seconde manière , qui est la meilleure , consiste à forcer la pâte de passer par le canon d’une seringue d'un orilice égal à la grosseur de ces crayons. On laisse sécher les baguettes ainsi mou- lées ; cette dessication doit être faite lentement , à l'ombre et en un lieu frais, pour éviter les gerçures qui résulteroient d’un re- trait trop précipité. L Lorsque les baguettes sont désséchées , on les divise par mor- ceaux de deux pouces ( 5 centimètres : ) de longueur, on abat les arrèêtes ; on leur donne une première taille pour les appointer en gros; on les racle pour lever une pellicule qui se duroit à leur surfice pendant la dessication et qui les empêcheroit de ImaTuEeT. Il faut passer une légère couche d'huile sur les cannelures du moule de bois, pour que la pâte ne contracte pas d'adhérence- avec leurs paroïs. " ._ On doit employer, de préférence , la gomme arabique et la colle de poisson ; il suffit de faire dissoudre la gomme et le savon dans l’eau froide, mais la colle doit d’abord être hachée en pe- tits morceaux , puis délayée dans l’eau chaude et dissoute au bain-marie. Ces dissolutions doivent être suffisamment étendues d’eau , pour qu’elles pussent être passées au travers d’un tamis de crin , afin d’en séparer les corps étrangers. La pâte s’incorpore difficilement avec la dissolution de colle : il faut faire chauffer l’un et l’autre , et composer le mélange sur le feu , à la chaleur de l’eau bouillante: On doit avoir soin de bien brasser la pâte avant de la porter dans les moules, pour qu’elle soit uniformément incorporée avec la dissolution , qu'il ne s’y trouve aucun durillon. Le mieux seroit de la pêtrir avec la molette , en la rebroyant pendant quelques instans sur le marbre, avant de la déposer dans les moules. On ne doit admettre le savon que pour les crayons où il entre: de la gomme : aucun des essais où l’on a employé à-la-fois la colle et le savon n’a réussi, et cela doit être ainsi, parce que l'excès de l’alcali du savon , en se portant sur la gélatine , détruit sa faculté aglutinative. Les crayons dans la composition desquels il entre du savon ,. donnent une teinte plus rembrunie. Il'semble que cette combi- naison enlève l’oxigène à ane portion de l’oxide rouge de fer et le brunit, en le rapprochant de l’état d’éthiops martial. J’ai re- marqué que toutes les pâtes préparées avec l’oxide de fer, ne fût-ce même qu'avec de l’eau pure , se brunissent à leur surface extérieure pendant leur désséchement; cet effet a lieu d’une ET D'HISTOIRE NATURELLF. 75 manière plus sensible , lorsqu'on les expose à l’action du soleil, Ge qui paroît venir de ce que la lumière enlève une portion de l’oxigène à l’oxide de fer. Je reviendrai quelque jour sur la pro- priété chimique de ces sortes de préparations ; mais pour le pré- sent, je n’ai cherché qu’à indiquer les procédés de fabrication qui m'ont constamment réussi, et de manière qu’on pût les ré- péter par-tout avec succès. Les crayons composés d’après ces procédés ont'toutes les bonnes qualités requises : ils ne reviennent pas à un quart de leur prix ac- tuel; mais il faut être prévenu que leur composition exige une grande exactitude dans les dosés qui vont être prescrites : parce que le moindre changement occasionne des différences considé- rables dans la qualité de la pâte. On doit sur-tout être en garde contre les erreurs qui-pourroient rovenir des déchets inévitables pendant le cours de he manipu- tion. Le meilleur moyen de s’en préserver , seroit de constater par des épreuves la quantité d’eau et de matière que contiennent respectivement la sanguine broyée et les dissolutions, avant que d'en faire le mélange. Au moyen des quantités indiquées dans letableau suivant pour chacune des espèces de crayons que l’on voudra composer , il sera facile de connoître ce qu’il faudra employer proportionnel- lement de gomme, de colle et de savon pour un poids déterminé de pierre de sanguine ou d’oxide rouge de fer. Indications des substances à employer, doses et résultats. Ces crayonssont très-tendres , ils peuvent s Y re Sanguine sèche ou oxide rouge| cependant servir pour les grands dessins, ce de fer, 10 grammes ( 1 once ) Jsont ceux où il entre le moins de gomme, Gomme arabique sèche , 0,31 1et au-dessous de ce terme, ils n’ont pas suf- grammes { 18 grains. ) fisamment de consistance pour pouvoir être d'aucun usage. Sanguine , etc. 10 gr. (1 once.) f Crayons moëlleux, un peu tendres; excel- du , 0,363 gr. (21 grains.) Vlens pour les grands dessins. Sanguine , 10 gram. ( 1 once) 3 JGomme, 0,415 gr. (24 grains.) ou mieux encore 0,441 gram. (25 grains ?). Crayons doux et solides; ce sont les meil- leurs que l’on puisse employer pour l'usage habituel. utiles pour les dessins qui exigent d’être 4 Et , 10 gram. (1 once. } traités délicatement. Crayons un peu fermes, sans dureté, Gomme, 0,467 gr. (27 grains) K 2 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ç ' Crayons très-fermes , propres pour les ang m, n E c ? 5 1e RARE B"è So ar ; petits dessins dont on veut rechercher fine- Len 4 AN At d * / Cment tous les détails. Crayons durs dont on peut, à la rigueur, faire usage ; c'est le maximun de gomme que l'on puisse employer dans leur composi- tion; au-delà de ce terme, ils ne peuvent plus servir. Sanguine , 10 gram. ( r once.) < ë LR Gomine, 0,571 gr. (33 grains.) Ces crayons ont une teinte plus rembrunje que les précédens, ils sont de très-bonne con- sistance et doux à tailler; mais tous les Sansuine, 10 gram. (1 once.) Ncrayons dans la composition desquels ilentre Gomme, 0,580 gr. ( 22 grains.) /du savon , ont le défaut de donner des traits Savon blanc desséché, 0,519 gr. \qui devienrent luisans lorsqu'on repasse un ( 30 grains. ) peu fort sur les touches; aucune des autres épreuves , avec le savon, n’a réussi, Ces crayons imitent parfaitement ceux de la composition du citoyen Desmarest. Crayons d’un tonbrillant, excellens pour y ? P Colle de poisson sèche , 0,622 Sanguine, 1ogram. (1 once.) È j grammes ( 36 grains. ) brisent facilement ; et si on y en met un peu plus, ils deviennent trop durs. RP D NP PR EAST M I OO NRC TURN ES Sur l'absorption de différens gaz par Le charbon. Cixpozzzes m'a communiqué des expériences faites par des. chimistes hollandais , sur l'absorption de différens gaz par le charbon. . Un charbon rousi et refroïdi dans le vide; introduit dans du gaz hydrogène , l’absorbe. Si on le fait ensuite passer dans du gaz exigène , il en absorbe aussi beat rp Be Il y a élévation de tem- pérature, et la cloche est couverté d’eau intérieurement, La même chose a lien si on fait passer d’abord le charbon dans du gaz oxigène ; il l’absorbe. Introduit ensuite dans du gaz hydrogène, il y a nouvelle absorption, élévation de température et production d’eau. Ë | Il paroît donc que le gaz oxigène et l'hydrogène se combinent par l’intermède du charbon , et produisent de l’eau. Nous ferons connoître plus en détail ces belles expériences, l'usage. Si on y met moins de colle ils se ET D'MSTOIRE NATURELLE. 77 GE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Iistoire naturelle de la montagne de St.- Pierre de Maëstricht , par B. Faujas - Saint - Fond, administrateur et. professeur de géologie au Muséum national d'histoire naturelle dé Paris. Broisième livraison , à Paris chez H. J. Jansen,, imprineur- libraire , rue des SS. Pères , n°. 1195. > Cetouvrage , composé d’une carte topographique des lieux, et de 54 planches gravées par les meilleurs artistes, d’après les des- sins de Maréchal, péintre d'histoire naturelle du Jardin national des Plantes , et autres habiles dessinateurs , paroît régulièrement le 1er. de chaque mois par cahier de six planches avec leur des- crIpton , SAVOIT : mr În-folio sur papier vélin, nom de jesus , prix 16 francs par cahier. | . Tn-49. sur beau papier fin , nom de jesus, 8 fr. | Nous ferons connoître cette livraison , qui n’est pas moins intéressante que les précédentes, : Leçons d'Histoire naturelle sur les mœurs et l’industrie des animaux , pour servir de suite aux leçons élémentaires d'his- toire naturelle, à l'usage des enfans et des jeunes gens. Var L. Cotte, l’un des conservateurs de la Bibliothèque nationale du Panthéon ; des Sociétés des Naturahistes , de Médecine et d'Agriculture de Paris ; de la Société d’Emulation d’Abbe- - ville ; de la Société météorologique, de Manheïm. 2 vol. 27-12. . A Paris, chez, H. Barbou , unprimeur - libraire , rue des - Mathurins,,, an VIT. Prix broché 4 francs pour Paris et 2 fr. 75 centimes, franc de port, pour les départemens, : La partie la plus intéressante’ de l'histoire naturelle , la plus propre à fixer l'attention de. la jeunesse ; c’est, sans contredit, celle qu'offre le tableau des mœurs’/gt dé l'industrie des animaux, des ruses ,, des stratagèmes qu'ils éemployent , soit pour se pro- curer la nourriture , soit pour la consérvation de’ leur ‘progéni- ture , soit pour se défendre de leurs ennemis : ce tableau devient! de plus en plus piquant, à mesure que Pon descend des grands: animaux aux plus petits , tels que les insectes. É L'auteur , dans louvrage que nous arinoncons } fait passer en revue toute la série des animaux , les quadrupèdes vivi- 73 JOURNAL DE PHYSIQUE,%DE CHIMIE pares et ovipares ;, les cétacées , Les reptiles, les poissons ; il peint ensuite, dans Île second volume les mœurs aimables des oiseaux , et il termine par le détail curieux de l’industrie des insectes , de leur ruse , de leurs stratagêmes. Ila mis à contribu- tion les ouvrages des naturalistes les plus distingués dans cette partie de l'Histoire naturelle, les Buffon , les Lacépède , les Réaumur, les Bonnet , etc. Il y a joint ses propres observations qu’il a principalement dirigées vers les insectes; cette étude,chère À son.cœur, fait l’objet de ses délassemens depuis plus de {0 ans. Cet ouvrage termine la tâche que le citoyen Gotte s’étoit imposée et qu'il a remplie, en publiant depuis 20 ans , pour l'instruction de l'enfance et de la jeunesse, différens ouvrages élémentaires sur l’Aistoire naturelle , sur la physique et sur l’agriculture. On trouvera la liste à la fin du premier volume de l’ouvrage que nous anrnonçons. F Chimie optomatique , ou l’&rt d'apprendre facilement cette science , en aidant le discours de tableaux de figures ee de caractères symboliques , afin de mieux saisir, par la vue, les rapports de la composition et de la décomposition des corps , par F.-G. Courrejolles. Livre Ier. Minéraux. Segnius irritant animos demissa per aures Quam que sunt oculis subjecta fidelibus. Horace. Se vend à Paris avec le tableau gravéen taille-douce sur feuille de grand aigle , Chez l’auteur, au Lycée, près la cour des Fontaines. Delance , imprimeur, rue de la Harpe , n°. 1353. L'auteur a cherché à représeuter , à la vue par des signes , les principales opérations de la chimie. (L'étymologie du mot optoma- tique signifie l’art d'apprendre par la vue ), parce que les choses que nous voyons par les yeux du corps ; sont plus faciles à saisir que celles que nous voyons par les yeux de l'esprit. IL faut une con- tention plus ou moins grande pour saisir ces dernières, au lieu u'il suffit d'ouvrir les yeux pour voir les premières. Pour remplir son objet, il désigne par des signes particuliers , les principales substances dont se sert la chimie ; et il fait voir la manière dontelles se combinent, Des exemples vont faire con- noître la méthode de l’auteur. Il veut, par exemple, indiquer la composition de l’eau : il re- présente cette opération de la manière suivante : ce sont deux vessies dont l’une est remplie d'hydrogène et l’autre d’oxigène : nne main posée sur chaque vessie annonce la compression, Cha- . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 79 cune de ces vessies a un tube qui aboutit dans un ballon inter- médiaire , percé à ses deux poles pour recevoir les tuyaux des yessies. Une figure indique la combustion de ces deux gaz. La formation de l'acide carbonique est indiquée de la manière suivante. Un charbon est sur un support, sous une cloche rem- plie d’oxigène, Hors de la cloche est un miroir concave quirecoit des rayons solaires et les réflechit sur le charbon qui se tronve au foyer. Le charbon brûle , se combine avec l’oxigène et forme l'acide carbonique. Il faut voir le développement de cette méthode dans l'ouvrage même. L'auteur est très - au courant des découvertes les plus ré- centes en chimie. Recherches et observations sur le traitement moral des aliénés, ar P. H. Pinel , médecin en chef dé l’Hospice national de la Salpetrière , et professeur de l’école de médecine. 1 vol. 27-8. Ce savant médecin s’occupe depuis lons-temps du traitement des aliénés. Nous ferons connoître plus particulièrement son travail. ; “Recherches sur les moyens de perfectionner les canaux de navigation , et sur les nombreux avantages de petits canaux dont les bateaux auroient depuis deux jusqu'à cing pieds de large , et pourroient contenir une carzaison de deux à cinq ionneauz. On y a joint des observations sur l'importance des communi- cations navigables, une description détaillée de machines, à la faveur desquelles on établiroit ces communications à travers les pays les plus montueux , sans: le secours des sas d’écluses et de ponts, aqueducs , avec des dessins de construction nouvelle: d’aqueducs et de ponts en bois ou en fer. Ouvrage composé par Robert Fulton , ingénieur américain, et traduit de Panglois ; 1 vol. 27-8. A Paris ; chez Dupain-Triel ,. ingénieur-géographe , cloître de la Cité , n°. 1 ; Bernard, libraire, quai des Augustins ;. n°. 37, et rue Dominique - St. - Germain ,. n°, 1533 , maison. ci-devant Caraman. Cet ouvrage très-estimé fait voir qu’on peut rendre la naviga-- tion intérieure d’un Etat beaucoup plus avantageuse que n’ont fait les méthodes employées jasqu’ici. Nous en ferons connoître- plus en détail les procédés. Abrégé de la grammaire française, par Noël de Wailly,.de- linstitut national. Dixièine édition , revue , corrigée et aug-- E $o * JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mentée. À Paris, chez H. Barbou, imprimeur - libraire , rue des Mathurins , 1 vol. in-12. | Laréputation de cet ouvrage est'faite; les nombreuses éditions qu'il a eues , prouvent l'accueil qu'il a reçu du public. \ Essais politiques, économiques etphilosophiques , par Benjamin, comte de Rumford , chevalier des ordres de l'aigle blanc et de St-Stanislas ; chambellan, conseiller d’état-privée et lieutenant- général au service de S. A. S. électorale bavaro- palatine , co- lonel de son régiment d'artillerie et commandant en chef de l'état-major de son armée; membre des sociétés royales de Londres et de Dublin ; de l’académie royale des sciences de Berlin , de celles électorales de Manheiïm et Munich , membre de celle de Saint-Domingue ; de la société des arts de Genève,, et du comité d'agriculture de, Londres , traduit de l'anglais , par L. M. D. C. ... À Genève, chez G.-J, Manget imprimeur - libraire , an 7 (1799 v. st.) 2. vol. in-6. L'auteur réunit les talens de grand physicien aux vues bienfai- santes du philantrope. Il a presque toujours dirigé ses travaux intéressans vers l'utilité publique. ; Ces premiers essais contiennent les moyens qu’il a employés pour faire cesser la mendicité en Bavière ; ils se divisent en deux branches principales : 10, Fournir de l'ouvrage aux mendians et les forcer au travail; 29. Prendre-les moyens les plus économiques pour pourvoir à leur subsistance et à leur entretien. L’auteur a résolu en deux problèmes , de la manière la plus utile, les moyens d'économie pour préparer les alimens d’un srand nombre de personnes, et lui ont fait porter ses vues sur l’éco- nomie des combustibles. Il est parvenu à faire des cheminées qui donnent une grande chaleur en consumant très-peu de bois ou autres combustibles 4 Ces expériences l’ont conduit à plusieurs découvertes intéres- santes sur la manière dont le calorique se propage. Nousenavons déjà fait connoître quelques-unes à nos lecteurs , nous leur ferons connoître les autres. Icones plantarum , etc., authore Cavanilles, etc. tom. V. Cavanilles nous écrit que le cinquième volume de son Zcones plantarum paroîtra incessamment, Nous le ferons connoître plus particulièrement. Bulletin ET D'HISTOIRE NATURELLE. S1 Bulletin des sciences pour la Société philomatique. Ce journal contient l'extrait des travaux de la Société philomatique. On con- noît tout le zèle de cette Société pour le progrès des sciences. Son bulletin transmet promptement les découvertes les plus récentes. On souscrit chez Alex. Brogniard, rue. S-Marc , n°. 14. Bibliothèque germanique medico-chirurgicale , par Brewer , rue du fauxbourg Poissonnière, n°. 28, chez qui on souscrit, ainsi que chez Croullebois, libraire , rue des Mathurins , n°. 308 , et Huzard , rue de l’Eperon , n°. 11. Ce journal intéressant fait connoître les travaux des Allemands sur la médecine et la chirurgie. On sait avec quel succès ils culti- vent ces deux sciences. Nouveau Systême de l'Univers, ou Abrégé philosophique de la Physique et de la Chimie , avec de nouvelles découvertes de l’auteur , un coup-d’æilsur les rapports de ces deux sciences avec les autres, et leurs applications aux arts en grand ; par Charles-Léopold Mathieu, de Nancy , professeur de physique et de chimie à l’école centrale du département de la Corrèze, meubre de la société d'Agriculture et des Arts du département de la Meurthe, correspondant du conseil des mines de la Ré- . publique , de la société Philomatique , du Lycée des Arts de Paris, et de la société Minéralogique d’Iena. Ici l’art à son gré, rival de la nature, Forme les élémens et les êtres divers, Dirige leurs effets , leur forme , leur structure, Imite les produits de ce vaste univers. C.-L. Marx. À Paris, chez Janet , libraire , rue Jacques , n°. 31, et Croullebois, libraire, rue des Mathurins ; 1 vol. in-8. . L'auteur étant professeur de physique et de chimie aux écoles centrales, a voulu réunir les élémens de ces deux sciences dans cet ouvrage intéressant. « Les élémens de la matière, dit-il , sont le calorique, l'oxigène, » l’azote, l'hydrogène, le carbone ; ils forment tous les corps par » les diverses combinaisons qu’occasionnent entr’eux leurs affi- » nités réciproques. Les concrétions cristallisées de ces mixtes » ont formé la terre , les astres, et toutes leurs productions ». Tome VI. MESSIDOR an 7. L -THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. © 2 TT Ga am ET (ei MAX1TMUM | MINIMUM. Maximum | MiNimu nm. |A Mint. 6h.m... 27. 6,8 4ah£m...27.11,$ SUD N27 + 11,6 LISE ZSENIL Oo $h.£ m.. 28, 0,9 Ra Seule LS T SLR TES 28. 1,4 28,1 27-15,3 27- 9,9]27. 27.11,6/28. 27-11, AC 9,5 - 27e 8,3 27. 6,7 27. 10,0 1283 2,2 28. 4,4} tar 11 8 .11,4127.11,8 nr 7. TS 211,3 27. 1,8 27. 9,2|27.10,0 27. 9,4[27. 9,9 27.11,2/27.11,9 28. 0,2128. 0,6 28. 0,1]28. o,1 28 . 0,0128. 0,1 2h, s.,. + AE : à hey Sectes 27e midi. —- 13, 4).5m. midi. Ke LEE à $h. m. 3h. s.4.. 28, Li + 5m 4h me. de 8. 2h95; LS anisudil 2 2h ES, ss a, 444 me 281! hp. D 4h, 1m. 28. FApitr MAL ra: ANEEUE sa. ras 8,1 jofa $ghi£imins 218! à 2h25, ghsmt 7,2|+4 .... à 4him..r28s10o;1 midi. + on Tr 952 à 4h, m... 27.10,] nüdi. + 4h, M7 N ax 8hlis d'\28. 1,8 2h sets aim 73 14,8 la 4h mr à 28.1 037 midi, vie ail ion. Mi, 27. 10, I 2hEs. 1. im. 8,3 | 13,402 BE mn 27° "flo FREE pi 4 M 19,0 k RSR LETE °73 midi. + (ast1fa 8h s.. 28. 1,3 x him. QUE midi. : . ‘hfp7 sh m. . ee 3,5 4h m,,:28. 06,4 io op M ÉGE E pat 27)71,8 Bee 328 02 dt M, 27-1057 3h. M... 27e 1050 frise 28. 19° midi. LP280 4. ra .128% 2 HE : r ER SRE St RAA 2 1 NE re 2 E] B- D D. D- D° De D- A BAR: D-H- D; D- ppp CS ES EEE EN EENRE RS. , à à à à à à à à à à à à a à a à à à à a el à à à à à à à à 2 “1 p° p- m1p- D: D- p- prpip- p- AE bp: n re Pr - D- pr.p7 ps p- p- p- np MR DAS PP RTON io , Tr f N N ï Plus grbderélévetibe db Caharcte sisps.s 2814;70,.le 19 Moindre élévation du MEICUTE pr pommes eat 276270 le 16 ) S'Elévatiop moÿiéngét tr | É XI 1y70 Pak grand degré Me thaRurl «2 LU l iamo, le 21 esnegen de br, ang FT: de 4474 5so, de 29 ; AO INILON 29 3 € ] Chaleur moyenne, « Nombre de jours pts de couverts de pluie... de vent ES M LOBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, al Gn Fi. *:- | | nee D rt APPEU TE NAME OI OT INTTS VENTS. q Y TEA x LUNAIRES. : s : DEL ATMOSPHÈRE. Ouest. Pluie abondante avant midi ; couvert par intervalles le soir. 0. Ciel couvert aux trois quarts. Cou Même temps. * O0. Idem. : * O. Couvert par intervalles ; beau ciel le soir. Calme. ET .1Ciel vaporeux ; quelques nuages ; brouillard le matin. N-O. Dern. Quart. Idem. : N-O ‘ . Ciel trouble et nuageux. N-E. Equin. ascend,. Méme temps, À Calme. Apopée. : À : Giel chargé de vapeurs ; couvert Je soir. Mi! 76,0 ©. Cie! couvert par intervalles, M2| 76,0 | :N-O. : 1 Jldem. ë 13| 69,0 | ,0. Quelques nuages; ciel chargé de vapeurs. ln... 0. Pluie fine par intervalles. 2ÿh 7o,s | S-O. fort Nouv. Lune, Ciel couvert ; pluie ettonnerte-à $ heures du soir. Arc! 85,0 530, fort. Ciel'couvert par intervalles; avérse l'après-midi; brouillard, 17| 67,5 |‘O. Couvert par intervalles ; pluie, s £ 8M71,0 |.O:0d5f .n + {Ciel trouble; gros nuages.vers inidi.. 19| 73,0 |.N. Idem. 20 66,0 |:N-E. Quelques nuages ; vapeurs. 122, 72,0 | Calme. Idem. ; “22 88,3 |‘S-O: * + | Prem. Quart. |! Ciel er partie couvert; pluie douce fematin vers 1oheures, 23] 83,0 |UN-E. fort k Quelques éclaircis dans le jour; brouillard le matin: 22 62,5 |. N: r, | Equin.déscend.:| Ciel en partie couvert: M5! 60,5 |: N-N-O. PAP LLTN e 26| 63,0 |N. x Périgée, | Ciel couvert; broûillard le matin. " L 27, 58,3 |_N. , Quelques nuages; ciel vaporeux. 28 58,0 | N-N-E. fo.f". Ciel en partie couvert avant midi er le-soir, 1251 61,0 |: N-N°E, |Pleine Lune: Quelques petirsnwages. PSI 62,0 li N,: Idem. ; RÉCAPITULATION. j dog" e-e--ceccLis o de tonnerre." 72802632 emre de brouillard, ........... NET LUE) j 2 de neige............. RO { Le vent a (oué du N. ........ Re QUE JAN GRTOIS ÿ NÉS MAO he: ASSURE $ \ Mo TERRE SI SOUHÉ o | - S-E. . Htc LOUE cet ere (a) : Site Lee (de elsrele etelete elstételolals slots 1 ° CADLEE A SCORE AC 0 Doi. 2050 608 2 DER 4600 CHIBMIE 0 ct SOON 10 Ë NO dotenale aille jé 3 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ete, : TABLE PES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, SrxrèmEe Mémoire sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d’eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière, ar Jean SENEBIER. Page 3 Thbleau du règne végétal , selon la méthode de Jussisu , par E.-P. VENTENAT. 9 Remarques sur la partie qui concerne les volcans, dans le Mémoire de Kirwan, sur l’état primitif du globe , et la catas- trophe qui lui a succédé de G.-A. Deruc. 2 Expériences sur Les sèves des végétaux , par Vauquezin, 38 Faits détachés sur l’acide nitrique ( 1796 ra par Prousr. 59 Du nitrite de potasse, par Le même. 690 Résidu d’éther sulfurique , par le même. 61 Sur l’ammoniac, par le méme. 63 Sur les eaux putréfiées à la mer, par Le même. Idem. Modèle d’un four à chaux perpétuel, par Bensamix , comte de Rumronrn. Lettre d’A.-M. Vassarsr-Eanor, à J.-C. Deramérmerte, sur les phenomènes de la torpille. 9 Mémoire sur la fabrication des crayons de pâte de sanguine, employés pour le dessin, par A.-F. Lower. 72 Notice sur l'absorption de différens gaz par le charbon. 76 Nouvelles littéraires. 7 Observations météorologiques, faites à l'Observatoire nation, par Bouvanp. 82,83 Jellier Se. AMersidor an 7° Ar à É LR Æ 9 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE THERMIDOR «nr 7. a CONSIDÉRATIONS SUR LE BAROMÈTRE; Par Léorozi» Bucx, prussien. & Ox doit justement s'étonner que d’après tant d'observations re sur le baromèire ; depuis que Torricelli eut l’heureuse | idée de renverser un tube rempli de mercure ; qu'après Les re- r- cherches ingénieuses et pénibles d'André Deluc ; qu'après tar: de faits rassemblés, concernant cet instrument , par Cotte et Yacadémie palatine , on ignore pourtant absolument encore les causes de ses relations avec l'état de notre atmosphère ; qu’on ne sache guères rendre raïson de ses haussemens et abai s en différens temps, et que nos plus habiles mathématiciens (c# quel astronome , en Europe , n’observeroit pas le baromètre ?} … n'ont pas encore pu trouver un fil, une régle pour nous snider dans ce labyrinthe. ep qu'il faudra donc essayer un autre chemin que la voie ordinaire pour atteindre le but , et du rnoïîns il me paroït y voir une lueur qui, un jour peut-être, pourroit se changer en clarté parfaite Il parolt assez généralement supposé les variations Ce baromètre Dr PORC ri - ver de l’état du ciel ; luie, neige, » doivent avoir bien clean rooase DE , qu'un ciel serein, qu'une atmosphère dénuée de nuages et tout-à-fiit transpa- : rente. Il paroït qu'on a fait une régle fondamentale de ce f2is sup- " . posé, on pourroit mieux dire imaginé, et on s'efforce d’y réduire tous les phésomènes, souvent si défavorables 2 cette opinion Neseroit-il pasposssible qu'onse soit trompé sur L: cause et l'effet ; | > Tome VI. THERMIDOR «zx 7. M 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'on ait changé et pris pour effet ce qui étoit la cause ; et vicé versé ? Je n’imagine de plus que ce ne seroit ni la première mi Ja dernière fois que l’esprit humain se tromperoïit ainsi en météo- rologie. En effet, peut’on s’imaginer qu’un sel quelconque, qui va se dissoudre dans un liquide, pèsera plus , étant dissous jus- qu’à la transparence de la solution , qu'avant, lorsqu'il s’y trouve encore en état moitié sohde , en état de défendre aux rayons de lumière de percer ce même liquide? Peut-on croire qu’une atmos- phère remplie de vapeurs aqueuses , pèsera moins que quand ces vapeurs se sont tellement dissoutes , qu’elles ne forment qu'une matière de densité égale avec le gaz atmosphérique, qui, par conséquent, ne peuvent plus empêcher cet astre lumineux , auquel nous cherchons sans, cesse de nous approcher sans pou- voir l’atteindre, de répandreses bienfaits sur la terre ? Le Vésuve, en 1794, sembloit vouloir engloutir toute la nature. La terre trem- bloit, des mugissemens horribles paroïssoient annoncer la ruine dupays jure nuit épaisse couvroit la terre ; des cendres tomboïent en hauteur prodigiense ; des flammes et fumées s’élevoient sept fois plus haut que le volcan même, c’est-à-dire , jusquà la douzième partie de l'atmosphère terrestre ; des éclairs vifs sor- toient par-tout , et l'atmosphère marquoit une abondance d’élec- tricité négative, jamais ohservée pendant le cours tranquille de l’année ; des toxrens de pluie fondoïent des cieux et ravageoïient les fruits de l'industrie humaine. Chaque mstrument météorolo- gique se trouvoit dans la plus forte agitation ; le seul baromètre , comme un sage parmiles mondaïns, ne prenoitpoint de part au fra- cas qui l’entouroit ; ilparoïissoit d'autant plus fixe, que ses confrères se montroient inquiets , agités et errans. I n’y avoit qu’un œil exercé qui fàt en état d'y remarquer quelque changement pendant les dix jours du plus grand trouble dans la nature ; changement qui excédoit à peine une demi - ligne. Qu'en penser ? Qze Le aromètre et ses variations ne tiennent pas à Fetat de le surface de notre slube , et qu’il faut en rechercher les causes au-delà. En un mot, je pense que les phénomènes barométriques sont DFS EFFETS COSMIQUES , Comme été, hiver, printemps et automne, comme nuit et jour, comme le retour de Ja lune ,. et comme la. longueur du séjour de la lune et du soleil sur notre- horizon. Il est done possihie qu’un changement barométrique in- dique des modifications de Fatmosphère ; mais il est très-perw croyable que ces derniers sont en état de mouvoir sensiblement la colonne de mercure. fl est une règle dans les phénomènes barométriques qui paroîs ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 constante pour toute notre hémisphère boréale, la seule dont jus- qu'ici nous ayons des observations qui puissent servir. C’est que le poids de l'atmosphère est excessivement variable dans les temps d'hiver; qu'il atteint même son plus haut degré et presque le plus bas au milieu de cette saison , c’est - à - dire , au mois de janvier ; la colonne de mercure à donc sa plus grande variation dans ce mois ; elle s'élève au plus haut point , qu’elle n'atteint plus dans le cours de l’année. Elle s’abaisse jusqu'au plus bas degré , ou à très-près ( car ordinairement on la voit s’abaisser encore plus vers l'équinoxe du printemps }. De plus, l’atmos- phère diminue progressivement ces variations de poids, jusqu’aw milieu de l’été , où ce poids ne paroît point changé sensiblement, du moins ce changement n’est pas comparable à celui d'hiver, On peut compter que les variations d'hiver, entre les 7oet 5ot. degrés de latitude, excèdent toujours du double les variations de l'été. Ce phénomène marque bien clairement l'indépendance du baromètre des phénomènes météorologiques , qui se passent au fond de l'océan aërien. J’ai vu tomber le baromètre , en mars 1708 , con- jointement avec Alexandre Hamboldt, qui a publié les résultats intéressans de ses observations exactes et pénibles (Jowrnal de Physique , ventôse an 7) au fond des Alpes, de 10 lignes en ün jour et demi, et Le ciel resta serein , comme il l’avoit été ; point de vent, point de pluie , point de nuages. Deux jours après le ba- romètre continuant de tomber, mais avec moins de vitesse qu'au- paravant , nous eûmes de la neige, et le ciel se couvrit pour des semaines ; chose qui arrivoit chaque mois , chaque semaine de la mauvaise saison , sans que le baromètre eût indiqué ce phéno- mène si commun, par une descente si extraordinaire ét rapide. Je remarqueroïs de plus que ni thermomètre , ni eudiomètré , hygromètre ou électromètre ont fait observer quelque chose de frappant , quelque marche irrégulière ou quelque saut extraordi- naire. Peut-on comparer les neiges, les pluies, les brouillirds, les tempêtes de l'hiver avec ces spectacles à-la-fois grands, imposans ét terribles, ce phénomène si réitéré, si rapproché de nos instrumens et de nous-mêmes, et pourtant si peu connu, avec les orages , avec les éciairs, les foudres ébranlant la terre, les pluies l’inondant, les grèles dévastatrices ? et chaque observateur conviendra de n'avoir vu ; que très-rarement, le baromètre changer plus de deux lignes pendant ce temps de crainte et de frayeur ; même il se ressou- viendra , peut-être , de beaucoup de cas, où pendant ce temps, la colonne mercuriale ne bougeoit de place.—L’orage est phènomène local , les variations barométriques sont phénomènes géréranx. Une autre règle, non moins constante que la précédente, non M 2 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moins remarquable et extraordinaire , résulte de la comparaison de séries d'observations faites en degrés de latitude très-différens entr'eux. Ces variations barométriques diminuent en raison gu’on s’éloigne du pôle etqu'on approche vers l'équateur. Tout physicien sait que ce ne sont que les ouragans les plus forts qui autres faire changer de quelques lignes le baromètre dans es climats tropiques ; que dans le cours commun de l’année cette variation n’est tout au plus que de quatre lignes. (Je rappelle les intéressantes observations de Cassan à St -Domingue ; les obser- vations de Bouguer et La Condamine ; celles du Mexique, dans le recueil de Cotte ). Pétersbourg, au contraire , voit changer la colonne de mercure de 36 lignes, ou 30 lignes au moins. Elle re varie à Prague , à Vienne, à Paris, que de 20 à 24 lignes, terme qu’elle n’atteint jamais en Italie. Ces deux lois , dans la marche du baromètre, ont été connues il y a long-temps , mais il semble qu’on n’y a jamais porté cette attention qu’elles méritent. On n’auroit assurément plus pensé de chercher, dans les modifications de l’atmosphère , la cause de ces mouvemens. Aussi sommes-nous bien loin encore de pouvoir dire quelqu’autre chose d’eux , que d'annoncer vaguement leur existence pus uelque peu d'observations ,non suffisantes pour pouvoir les transférer du territoire de la physique à celui des calculs. Et c’est donc pour cela qu’on ne sauroït assez rappeler aux physiciens, non pas de multiplier les observations , car on en fait assez ; mais de cesser de comparer les variations journa- lières du baromètre , avec les phénomènes de pluie, de vents, d'humidité, de brouillards, de sérénité. En vain ya-t-on perdu un tempsetunesagacité précieuse. Qu'on commence donc àcomparer le baromètre avec soi-même ; qu’on ne s'efforce donc plus à cher- cher des lois dans les phénomènes pendant le petit espace d’une journée ; qu’on cherche à les purger des accidens qui ne doivent qu'y influer sans cesse , par des milieux de jours , de mois , d’an- nées et de siècles même ; et les résultats , j'en suis bien sûr, ré- compenseroient ,avec usure, la petite peine, et nous montreroient bientôt un sentier parmi les ténèbres. Qu’on me permette de donner quelques exemples des faits ci- devant énoncés , et l’on verra qu'il n’y a presqwaucune sorte d'observation qui puisse nous donner une idée plus juste et plus sûre de la nature du climat, du lieu de l'observation ;‘que ces variations mêmes. C’est ce que l’on peut conclure des observations faites à Pétersbourg, par Meyer et Krafft pendant l’espace de 18 ans. Ils ont trouvé ces variations suivant le tableau ci-après : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 89 En janvier de 15.6 lignes. Différence. RES R QUD 20572: En février. . . 14.88. . . . HE bou 1.464. En rumars.n 02-4162. 5524 dia Et 1.413. Eniavnl tir 4ta260930.% 4 FRA e AC FERA 2.103. Enimais 655 acwatotgs rater DER ETS 1.62. Bajurnip. Tu: pe b6 8:64 7. ARAN PE ES IE TS 1.104. Enijmllet:p:t:el 7.836521. % use + —1.464. ÉnAdot AE: MONA. NA TR M RS OL ie Le En septembre. . 12.36. .. see + 1 12.594. En octobre. . . 13,954. LE OIL O0 = 2,006! En novembre. . 15.96... L RIENSERERRER EE, PE En décembre. . 16.68. .: De TEL AOERS Le baromètre n’est donc jamais fixe dans les lieux septentrio- naux ; sa moindre variation , en juillet , est encore de 7: lignes, tandis qu’elle n'est à Rome, dans ce mois, que de 3.3 lignes, et celle est nulle sous les tropiques ,‘et même déjà à Basra et au Caire. Ces variations augmentent de beaucoup en août , bien plus en septembre; et vont atteindre leur extrême vers le solstice d’hiver , entre décembre: et janvier, avec moins de rapidité. Leur décroissement se fait de même très-lentement vers le printemps. Les différences des variations: n’atteignent souvent pas même une ligne ; maïs ce décroissement ‘excède une fois pues en passant d’avril en mai; il est encore d’une ligre et £ entre mai et juin ; enfin il parvient moins vîte au plus bas terme de 7.5 lignes en juillet. Qu'on fasse attention que cette marche des variations barométriques cest exactement celle de la tempéra - ture , mais en raison inverse. Les saisons sont ‘peu marquées dans cette latitude, elles se succèdent avec rapidité , et ce n’est que Phiver, qui y séjourne plusieurs mois avec une rigueur non altérée: C’est en hiver que la température moyenne des mois est presque la même, et les variations barométriques ne diffèrent 9? JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que peu entr’elles. L'hiver de Pétersbourg cesse entre avril et mai ; c’est alors que les glaces dé la Néva commencent à se rom- pre ; c’est alors que les neïges se fondent , que la température se hausse subitement , et Les variations barométriques diminuent ayec la même vitesse. La température augmente jusqu'en juillet ; les variations du baromètre diminuent jusqu’à ce mois. Il n’y a point d'automne, l’hiver succède sans interruption à l'été ; c’est- à-dire , la température diminue excessivement , dès qu’elle a atteint son extrême ; et la grande différence des variations ba- rométriques entre août et septembre nous le marque. Ces seules variations auroient donc déjà pu nous marquer qu’il n’y avoit, au lieu de l’observation , que deux mois d'été, neuf mois d’hi- ver; que le changement d’hiver en été se fait entre avril et mai, et celui d’été en hiver , entre août et septembre. Tant il est vrai que les variations du baromètre sont en raison inverse de la zempérature moyenne, pour le même lieu d'observation. Et voilà la troisième loi générale des phénomènes barométriques. Elle devient d’autant plus frappante en plaçant ces températures vis- à-vis des variations. Les températures de Pétersbourg me man- quant dans ce moment, je me servirai des observations météo- rologiques que l’habile astronome Strnadt fait depuis trente ans à Prague , avec l’exactitude d’un mathématicien pratique. L'hiver de plus n’y a pas une prépondérance si marquée sur l'été qu’à Pétershourg. . | : Les variations moyennes du baromètre y sont : | ET la température moyenne. Loan NET 0 NUE RIE MMA IRIene En leureR Reel: 00 as ill ll PAU HAS LE es Ae cle eu: Env ut 00 20 niet di rie ST) ra Een NL O 7e RSA EN LTARLe En AUS dent ue noue silielo En MALE ‘eo OsMites carccitoie nel sl à XF Pnaonte 22e O0 ciel: es) LIZ22- En septembre, 9.06... .,. ..... , 12.8. En octobre AO Rae dE EZ 0: En TOReNDrEe IL sH- Een cd: ent 3-0 En décembre. 41.080 2n0 nee ira QE Les variations sont les plus petites en août, dans ce mois qui est constamment le plus chaud de ces climats. Juin, juillet et aoûtne diffèrent pas beaucoup dans la grandeur de la variation, et Leur chaleur moyenne est presque la même. La variation aug- mente sensiblement en passant d'août en septembre, et La chaleux ET D'HISTOIRE NATURELLE, g1 tombe subitement de 17 à 12 , et marque par-là une transition subite d’été en automne. Les grandes variations en novembre, décembre, janvier et février, peu différentes entre elles-mêmes, annoncent quatre mois d'hiver pour Prague ; et la chaleur moyenne, par son petit nombre, marque que le thermomètre doit se trouver fréquemment sous le point de la congellation pen- dant ces mois. Enfin , les variations de mars, avril et mai an- noncent une transition lente d'hiver en été par le printemps. Je le répète , les variations du baromètre sont presque en etat de nous éclairer avec plus de sûreté sur le climat d'une contrée quelconque , que le thermomètre même. Il est aisé de saisir le moment où le baromètre atteint ces extrêmes journaliers ; mais pour avoir exactement la température moyenne d’un jour , d’un mois, on seroit presque obligé de ne jamais quitter l’instrument , ga jamais ne se trouve mème dans un repos apparent. Comme il y a très-peu de physiciens qui ont le temps et la patience de suivre les observations d’une telle mamière , on n’aura donc ja- mais que des nombres relatifs, quimême ne sont pas comparables entre eux , si les observations n’ont pas été faites exactement à la même heure. De-là tant d'anomalies entre la température moyenne indiquée par différens physiciens pour un même lieu ; de-là les contradictions , les singularités en les comparant avec le climat d’autres endroits. Le célèbre physicien, le père Giov. Bat- tista di San Martino , trouve la température moyenne de Vicenze de 9 degrés. L'abbé Trecca m'a fait voir, au contraire, par la suite de ses observations sur le lieu même, qu’elle montoit presqu’à 12 degrés. Les deux physiéiens observoient à différentes heures.— Onn’a pasàcraindre cetinconvénient pour les variations baromé- triques ; mais il ne faut jamais oublier , qu'une seule ou quelques années ne pourroient nous donner cette progression de varia- tion sans être très-modifée. Il y a trop de causes qui influent sur l'atmosphère $ pour qu’on puisse espérer de retrouver annuelle- ment les mêmes lois sans aliérations ; leur fond s’y remarque tou- jours. Un milieu d’une dizaine ou quinzaine d'années découvre cette progression dans toute sa pureté , et bien plus encore quand en est assez heureux de pouvoir tirer des mieux desiècles d’ob- servations , comme à Paris ou à Florence. Je remarquerois eñcore que les petites différences qui se trou- vent entre la marche de la chaleuret celle des variations baromé- triques , semblent annoncer que l'un de ces phénomènes ne peut pas être la cause de l’autre , comme peut être on seroit tenté de: le croire au premier coup-d'œil, mais que vraisemblablement les deux phénomènes sont produits pr une cause commune. ox JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RÉ NCEENR SC EAMETS Sur l'influence du gaz oxigène sur la germination des graines. Lues à la société de Physique er d Histoire naturelle de Genève YSzq » le 2 messidor an 7 , par px Saussure fs. LA plupart des naturalistes qui se sont occupés de l’influence de l'air atmosphérique sur la germination , ont reconnu que lors- qu'on met des graines en contact avec de l’eau et du gaz azote pur, ces graines ne germent pas et qu'il y a production de gaz acide carbonique , qui, se mêlant au gaz azote, augmente le volume de l'atmosphère de la plante. Ils ont vu que quand on substitue dans l'expérience précédente le gaz oxigène au gaz azote , il y a également production de gaz acide carbonique, mais que l'atmosphère de la plante diminue et que le gaz oxigène est absorbé. M. Rollo a observé , dans des expériences faites sur la ger- mination de l’orge , que la formation du sucre dans la graine pendant la germination , étoit un résultat constant de l’action du gaz oxigène sur la graine, et que dans tous les cas où l’on supprimoit cette action, la formation du sucre n’avoit plus lieu. Il conclut de cette observation et de la ee du gaz acide carbonique dans le ‘gaz azote et dans le gaz oxigène , et de la diminution que subit ce dernier par la germination , qu'il est en partie absorbé par Me , et en partie employé à former du gaz acide carbonique avec le carbone de la graine ; le sucre qui se trouve dans cette dernière immédiatement après la germination est, suivant lui, un des résultats de la combinaison du gaz oxi- gène avec le gaz muqueux végétal. Si la quantité du gaz acide carbonique formé dans cette expé- rience est moins grande que la quantité du gaz oxigène disparu, l’on peut en conclure qu’une partie de ce gaz oxigène a été ab- sorbée par la graine , et que l’autre partie peut avoir été employée à former du gaz acide carbonique avec le carbone de la graine. Si la quantité de gaz acide carbonique formé est plus grande que celle du gaz oxigène disparu, on ne peut tirer aucune conclusion : ) à à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9? conclusion de ‘cette observation pour l’objet qui nous occupe, sinon que la graine produit de sa propre substance ( et indé- pendamment de la combinaison qu’elle peut former de son car- bone avec le gaz oxigène ben) une certaine quantité de gaz acide carbonique. Mais. si la quantité de gaz oxigène dis- paru est précisément égale à celle qui entre dans la composition du gaz acide carbonique formé pendant la germination, on peut en conclure que le gaz oxigène n’a point été absorbé par la graine , mais qu’il a été uniquement employé à former 4 gaz acide carbonique avec le carbone de la graine. Comme on n’a point examiné lequel de ces trois cas avoit lieu, et qu’on a admis que le gaz oxigène étoit absorbé par les graines pendant la ger- mination sans l'avoir démontré , jai fait les expériences Sui- vantes (1). PREMIÈRE EXPÉRTENCE. J'ai semé, sur une éponge mouillée , 21 graines de pois pesant ensemble 3 grammes 29 centigrammes (62 grains). Cette éponge, soutenue par un support, a été placée sous un récipient conte- nant 267 centimètres c. 526 millimètres c. ( 13: pouces cubes) d'air atmosphérique lavé par l’eau de chaux. L'ouverture du récipient étoit fermée par de l’eau qui remontoit dans l’intérieur du récipient à une hauteur suffisante pour que les variations de l'atmosphère n’en fissent pas sortir l'air. Huit jours après l’éta- blissement de l’éexpérience, les graines ayant germé au point d’avoir des radicules entre trois et quatre lignes de longueur , l’air contenu dans le récipient avoit subi, après les corrections relatives aux changemens de température et de pression , une diminution équivalente à un treizième de son volume primitif. Cet air n’occupoit plus que 248 centimètres c. 701 millimètres c. ( 12,55 pouces c. ) l’eau de chaux y dénoncoit alors 4 de gaz acide carbonique. L’eudiomèêtre à phosphore y indiquoit -# de gaz oxigène ou ;2, de moins que dans l’air atmosphérique. 100 par- ties de gaz nitreux mêlé en quantité égale avec l’air du récipient laissoiegt un résidu de 188 parties. Le même mélange, fait avec l'air atmosphérique, laissoit un résidu de 105 parties. Si on 27 suppose , avec Lavoïsier , que l’air atmosphérique contienne =7 (1) Ces expériences ont été faites en vendémiaire eten brumaire an 7 , à une température entre + 6 degrés et + 12 degrés du thermomètre de Réaumur , et à l’abri des rayons directs du soleil. Tome VI. 'THERMIDOR er 7. N “ of JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de gaz oxioène , ou ;$, de moins que n’en indique l’eudiomètre 100 à phosphore, les 267 centimètresc, 526 millimètres c. ( 15 : pouces cubes \ d'air atmosphérique consacrés à l'expérience contenoïent avant l'introduction des pois, 72 centimètres ©. 132 millimè- tres c. ( 3,64 pouces cubes ) de gaz oxigène et 195 centimè- tres c. 393 millimètres c. (9,86 pouces c. de gaz azote.) Après la germination , les 248 centimètres c. 701 millimètres c. ( 12,55 pouces cubes) d’air restant contenoient 24 centimètres c. 870 mil- limètres c.(1,255 pouces cubes) de gaz acide carbonique , 24 cen- timètres c. 870 millimètres c. (1,255 pouces cubes) de gaz oxi- sène, et 195 centimètres c. 393 millimètres c. (9,86 pouces cubes) de gaz azote. Si la diminution du volume de l'air, pendant la germination, est due à l'absorption du gaz acide carbonique , par Peau qui ferme le récipient et qui sert à faire germer Les graines , cette diminution de volume , ajoutée au gaz acide carbonique, restant dans l’aimosphère des pois, indiquera la quantité de gaz acide carbonique formé pendant la germination. Si, de plus, cette somme de gaz acide carbonique se trouve précisément égale à la quantité de g12 acide carbonique qui doit résulter de la combi- naison du gaz oxigène disparu , pendant l’expérience, avec le carbone de la graine ; ce sera presqu’une démenstration que le gaz oxigène de l’atmosphère n'a point été absorbé par la graine, mais qu'il a été uniquement employé à former du gaz acide car- bonique dont une partie est absorbée par Peau , et l'autre partie reste dans FPatmosphère de la graine. Nous voyons qu’en ajoutant la diminution du volyme de l'air pendant la germination, ow 18 centimètres c. 826 millimètres c. (o,95 pouces cubes) à la quantité de gaz acide carbonique, 24 centimètres c. 870 millimètres c. (1,255 pouces cubes ) res- tans dans l’atmosphère des graines , on a la somme de 43 centi- mètres. c. 696 millimètres c. ( 2,205 pouces cubes ) de ga4 acide carbonique. Or ce résultat est à très peu-près égal à celui qu'on doit obtenir de la combinaison du carbone de la graine avec les 47 centimètres c. 263 millimètres c. (2,385 pouces cubes ) de gaz oxigène disparu pendant l'expérience. La différence est dans la limite des. erreurs mévitables. dans les observations de ce genre. à Il est donc très-probable ; d’après cette expérience , que leur diminution du volume de l'atmosphère des graines, pendant la germination , est due uniquement à l’absorption que l’eau a faite d'une partie du gaz acide carbonique formé par l'union du gaz oxiocne de cette asmosphère avec Le carbone de la graïne , et nom ' ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 à l'absorption du gaz oxigène par la graine. Pour constater cette opinion, j'ai recherché si en empêchant l'absorption du gaz acide. carbonique par l’eau, la diminution du volume de l’atmosphère des graines auroit épalement lieu. L'eau placée dans une at:nosphère de gaz acide carbonique pur n'en absorbe jamais, plus que son propre volume, lorsqu’aucune autre pression que le poids de l’atinosphère n’agit sur ce fluide. Elle en absorbe d'autant moins que le gaz acide carbonique se trouve mêlé à une plus grande quantité d’air atmosphérique, Elle n’en absorbe pas une quantité sensible lorsque le gaz acide carbonique n’occupe que les + de l’air atmosphérique. On peut donc, soit en augmentant le volume d'air atmosphérique en con- tact avec les graines, soit en ne laissant dans le récipient que la quantité d’eau nécessaire à la germination , rendre cette absorp- tion absolument insensible. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Dix-huit graines de pois ont été placées dans 227 centimètres cubes 805 millimètres c. (11 + pouces cubes ) d’air atmosphérique lavé par l’eau de chaux et enfermé dans une cloche plongeant dans du mercure. Le fluide remontoit à une hauteur de 2 centi- mètres 7 millunètres ( 1 pouce ) au-dessus de son niveau dans la Capacité intérieure du vase. J'ai fait passer dans ce récipient , 4 centimètres c. 954 millimètres c.( ; de pouce cube) d’eau pour faire germer les pois qui flottoient à moitié plongés dans ce fluide à la surface du mercure. Dix jours après l’établissement de l'expérience , les pois ayant ermé au point d’avoir des radicules de 7 à 9 millimètres ( 3 à 4 eue longueur ; j'ai analysé l'air de la cloche. il n’avoit subi, après les corrections requises , aucune diminution sensible de vo- lume. L’eau de chaux y dénonçoit + de gaz acide carbonique. L’eudiomètre à phosphore y indiquoit, après la soustraction du gaz acide , -—; de gaz oxigène , ou plutôt 3 de gaz oxigène de moins que dans l'air atmosphérique. Le gaz nitreux, mêlé à partie égale avec cet air, laissoit un résidu de 132 parties. Si l’on admet, avec Lavoisier, que l’air atmosphérique contientenviron 7 de gaz oxigène, ou + de gazoxigène de moins Sa n’en indique Peudio- mètre à phosphore , qui ne démontre, dans l'air de mon labora- toire, que + de gaz oxigène ; OIL trouvera que l’air de la cloche contenoit, avant l'introduction des graïnes , 61 centimètres c. 531 millimètres c. (3,105 pouces cubes) de gaz oxigène ; 156 cen- timètres c. 362 millimètres c, (8,395 pouces cubes ) de gaz azote : N 2 96 JOURNAI, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et qu'après la germination , le même volume d'air contenoït 27 centimètres €. 256 millimètres c. (1,88 pouces cubes) de gaz oxigène , 166 centimètres c. 362 millimètres c. (8,395 pouces C-} de gaz azote et 20 centimètres c. 510 millimètres c.(1,035 p. © } de gaz acide carbonique. Il y a donc eu 24 centimètres c. 276 mil limètres c. (1,225 pouces cubes ) de gaz oxigène atmosphérique employé à servir de base à 29 centimètres c. 510 millimètres c. (1,035 pouces cubes ) de gaz acide carbonique ; résultat aussi approché de la vérité qu’on peut lattendre d’une observation faite sur d'aussi petits volumes d’air. TROISIÈME EXPÉRIENCE. J'ai fait passer , dans un récipient plongeant dans du mercure, 792 centimètres c. 672 millimètres c. (4o pouces cubes ) d'air atmosphérique lavé par l’eau de chaux. J’ai introduit dans cet air un verre conique plein de petits cailloux de silex que j’avois arrosés avec 39 centimètres c. 634 millimètres c. ( 2 pouces c.) d’ean , et sur lesquels j'avois placé 5 fèves. Quinze jours après établissement de l’expérience , toutes les fèves ayant poussé des radicules de 9 millimétre$ à 1 centimètre ( 4 à 5 lignes) de lon- gueur , je les ai retirées et j'ai analysé leur atmosphère. Je n’y ai trouvé aucun changement sensible de volume. L'eau de chaux y a démontré -% de gaz acide carbonique, et l’eudiomètre à phosphore, après la soustraction de ce dernier gaz, + de gaz oxigène , ou > de gaz oxigène de moins que n’en contenoit l'air atmosphérique. Le même mélange avec l’air atmosphérique don- noit un résidu égal à 105 parties. On trouve, d’après ces données, et en ajoutant ;# aux indications de gaz oxigène données par l’eudiomètre à phosphore, que 78 centimètres c. 474 millimètres c, (3,96 pouces cubes) de gaz oxigène ont disparu pendant lexpé- rience , et ont été employés à former 79 centimètres c. 267 milli- mètres c. (4 pouces cubes) de gaz acide carbonique. Les fèves ne paroissent donc point avoir absorbé de gaz oxigène dans l'air atmosphérique. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. J'ai renfermé 3 gram. 184 m. gram. ( 6o grains) d'orge avee 7 centimètres c. (+ de pouce cube ) d’eau dans un récipient repo- sant sur du mercure, et contenant 356 centimètres ©. 708 milli-, mètres €. (18 pouces cubes ) d’air atmosphérique lavé par l’eam de chaux. La plans grande partie des grains d’orge est restée adhérente aux parois humectées du récipient. Le reste flottoit , ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 97 à moitié plongé dans l’eau , à la surface du mercure. Après la germination des graines ,leur RARE its s’est trouvée augmentée avec les correctiüns relatives aux changemens de température et de pression d’une quantité qui auroit été inappréciable à l’œil. L'eau de chaux y dénonçoit alors - de gaz acide carbonique. L’eudiomètre à phosphore , après la soustraction de ce dernier , y indiquoit -L de gazoxigène, ou -£ de gaz oxigène de moins que dans l’air atmosphérique. 100 parties de gaz nitreux mêlé en quantité égale avec cet air , laissoient un résidu de 138 parties ; le mélange , avec l’air atmosphérique, donnant un résidu de 105 parties. 1] résulte de ces observations , par le calcul détaillé plus haut , qu'il y a eu {2 centimètres c. 806 millimètres c. (2,16 pouces cubes) de gaz oxigène qui ont disparu pendant la germi- nation , et qui ont été employés à servir de base acidifiable à 41 centimètres c. 21 millimètres c. ( 2,07 pouces cubes ) de gaz acide carbonique trouvé dans l’atmosphère des graines ; résultat à très-peu-près conforme à celui que doit donner la composition de ce gaz. Pour obtenir les résultats que je viens d’annoncer, il faut que toutes les graines serment et qu’elles soient en contact immédiat avec l’air atmosphérique ; car lorsqu'elles ne germent pas, soit parce qu’elles sont trop entassées , soit parce qu’elles sont trop recouvertes d’eau, soit , enfin, parce qu’elles sont de mauvaise qualité , la quantité de gaz acide carbonique produit se trouvée plus grande que celle qui devroit être le résultat de la combi- naison du gaz oxigène enlevé à l'atmosphère avec le carbone dé la graine. Il fant , de plus , mettre fin à l'expérience , avant que tout le gaz oxigène contenu dans l’atmosphère des graines ait été converti en gaz- acide carbonique ; car, sans cetie précaution, les plantes souffriroient, se décomposeroïent et l’on retrouveroit dans l’atmosphère des graines une plus grande quantité de gaz acide carbonique que celle qu'on doit obtenir dans le cas contraire. + : La formation du sucre , dans la graine , par l’action du gaz oxigène étranger à sa propre substance, est un phénomène très- frappant que je ne me hasarderai pas d'expliquer. Je me con- tenterai d'observer qu’il résulte des expériences énoncées ci- , dessus. 10. Que le gaz oxigène atmosphérique n’est point absorbé par Ja graine , dans l’acte de la germination , comme on a paru l’ad- mettre jusqu'à présent , mais qu'il est employé nniquement à former du gaz acide carbonique avec le carbone de la graine. 29. Que la graine en germination , par le contact de l'air atmos- 98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE phérique , ne forme point de gaz acide carbonique de sa propre substance , mais qu’elle ne fait que fournir une des parties cons- tituantes de ce gaz , savoir : le carbone, tandis qu’elle fournit l'oxigène et le carbone de sa propre substance dans le gaz acide carbonique qu’elle produit , lorsqu'elle n’est en contact qu'avec de l’eau et du gaz azote pur. RÉEL mm nine. BA PA RROUENE Fait à l'Institut national des sciences et arts , le 29 prairial any, au nom de la classe des sciences mathématiques et physiques, Sur la mesure de la méridienne de France , et les résultats qui en ont été déduits pour déterminer les bases du nouveau systéme métrique (1) Citoyens, EnmpProver pour unité fondamentale de toutes les mesures un type pris dans la nature même , un type aussi inaltérable que le globe que nous habitons ; proposer un système métrique dont toutes les parties sont intimement liées entre elles , toutes dépen- dantes de ce type primitif, et dont les multiples et les subdi- visions suivent une progression naturelle, simple, facile à saisir, et toujours uniforme : c’est assurément une idée belle, grande , sublime, digne du siècle éclairé dans lequel nous vivons. Aussi l'académie des sciences, qui se rappeloit que, dès sa naïssance, la théorie et les expériences de Huighens sur le pendule simple avoient fixé les yeux du monde savant sur l’invariabilité et l’uni- versalité des mesures; qui en sentoit toute l’importance ; qui connoissoit les vœux des mathématiciens sur ce sujet; qui avoit ER SET CGT ICE (1) Ilayoit été lu à la classe des sciences physiques et mathématiques , au nom de la commission des poids et mesures, deux rapports particuliers , l'un le 6 prairial, par le citoyen Van Swinden , sur la mesure de la méridienne et la détermination du mètre; l’antre le 1r du même mois, par le citoyen Tralles, sur l'unité des poids. La classe a décidé que ces deux rapports seroient réunis et refondus en un seul, pour être lus à une séance générale de l'institut ; et elle a chargé la commission de nommer un de 6es membres pour en faire la rédaction. Cette rédaction a été faite par le citoyen Van Swinden. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 99 vu l’un de ses membres , le célèbre La Condamine, s’employer, avec un grand zèle, pour en faire goûter l’idée , et pour détruire les objections que l'ignorance et la cupidité ne cessoient alors , comme elles ne cessent encore aujourd’hui , d’y opposer (1), ne mañnqua-t-elle pas de saisir le moment même auquel le peuple français commençoit à s’occuper de sa régénération politique et sociale , pour reprendre cette matière interessante, dont. l’exé- cution n’attendoit, peut-être , que l’instant ou l'impulsion donnée aux esprits feroit saisir avidement tout ce qui pent tendre au bien public , et où les circonstances permettroient de s’en occu- per sans entraves,et avec succès. Consultée bientôt par l’assem- blée constituante , dont l'attention venoit d’être fixée sur cet objet par la proposition qu’en fit le citoyen Talleyrand (2), et chargée par elle de déterminer l'unité des mesures et celle des poids, elle employa , par des raisons sages qu’elle a developpées dans le temps (3), pour base de tout le système métrique , le quart du méridien terrestre compris entre l'équateur et le pôle boréal ; elle adopta la dix-millionnième partie de cet arc pour Vunité des mesures, et nomma wÈètre cette unité , qu’elle appliqua également aux mesures de surface,et de contenance, en prenant pour l'unité des premières le quarré du décuple, et pour celle de contenance le eube de la dixième partie du mètre ; elle choisit pour writé de poids la quantité d’eau distillée que contient ce 1ême cube , lorsqu'elle est réduite à un état constant que la n1- ture ellé-même présente ; enfin ellé décida que les multiples et les sous-multiples de chaque sorte dé mesure ; soit de poids, soit dé contenance , soit de surface , soit de longueur , seroient tou- jours pris en progression. décimale , comme la plus simple, la plus naturelle et la plus facile pour le calcul dans Le système de numération que l’'Éurope entière emploie depuis des siècles. Fels sont lé$ points fondamentaux et essentiels du nouvean’ systême métrique que l'académie a proposé , qui a été adopté var l’assemblée constituante ; et qui, sous des noms différens à ke vérité de ceux dont l’académie avoit fait choix , ont été con- sacrés par la loi du 18 germinal de l'an 3 de la République. Mais , puisque la base du nouveau système métrique dépend du quart du méridien terrestre, il fant connoître la grandeur de cet arc, sinon avec une précision extrême, au moins avec une (1) Mémoires de l'Académie pour 1748: (2) Décret du & mai 17<0. (3) Memoires de L'Acudémie pour 1789. 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE précision suffisante pour la pratique. On avoit déjà fait en France , depuis la fin du dernier siècle , différentes opérations pour déterminer la grandeur de plusieurs arcs de la méridienne qui traverse ce vaste empire ; et quoiqu'il restât des doutes sur l'entière exactitude de ces opérations , malgré les vérifications qu’on en avoit faites à différentes reprises, on étoit autorisé à croire , d’après les recherches du célebre La Caïlle , que le degré moyen ne s’écarteroit pas beaucoup de 57,027 toises ; conséquem- ment que le quart du méridien en contiendroiït 5,132,430, , et que la dix-millionnième partie de cet arc répondroit à 443 lignes 535 __, Dans la juste impatience où l’on étoit de jouir du grand bienfait de mesures exactes , uniformes, universelles, on attribua provisoirement au mètre la longueur de 443 lignes #, persuadé, comme on croyoit pouvoir l'être , que les déterminations plus pré- cisesqu'onattendoit, n’apporteroient à cette grandeur que de lé- gers changcmens. Cependant l'académie , qui considéroit cette matière sous son vrai point de vue, dans son ensemble , et sous tous ses rapports ; sous le rapport de l’utilité publique , sous celui de sa liaison in- time avec les points les plus importans de la physique céleste , sous le rapport même de la gloire nationale , à laquelle il im- porte que les bases d’un nouveau système métrique qu'on pro- pose à une grande nation , qu'on yvoudroit voir adopter par toutes, soient déterminées avec la plus grande précision , conçut le beau projet de faire faire une nouvelle mesure de la méri- dienne qui traverse la France, de l’étendre au-delà des frontières, d’aller jusqu’à Barcelone , et de faire servir ce grand arc à déter- miner le quart du méridien de la terre. L'assemblée constituante adopta ce vaste projet, elle en confia l’exécution à l’académie : celle-ci nomma, sans délai, plusieurs de ses membres pour s’oc- cuper des différentes parties qui font l’ensemble du système mé- trique ; et définitivement elle chargea de la mesure du méridien les citoyens Méchain et Delambre, si dignes à tous égards de la mission glorieuse, mais pénible , dont on les a honorés. L'institut nomma, par la suite, le citoyen Lefévre - Gineau pour faire les expériences relatives à la détermination de l’unité des poids ; il a prouvé , par la beauté et l'exactitude de son travail, combien il étoit digne d’être associé à ses illustres confrères. Cette grande et importante opération, projettée par l'académie des sciences pour l'établissement d’un nouveau système métrique, commencée par ses ordres, et heureusement terminée sous les auspices de l’Institut, après sept années de peine et de travaux, est remarquable à plusieurs égards. Elle l’est d’abord par l’étendue de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10f de l'arc terrestre qu’on a employé, et qui , étant de plus de neuf degrés et deux tiers , surpasse tous ceux qui avoient été mesurés jusqu'ici : elle l’est ensuite, par l'extrême exactitude avec lac quelle toutes les parties en ont été exécutées; mesure géodésique de l'arc terrestre, observations astronomiques, travail pour la fixation de l’unité de poids , expériences sur la longueur du pen- dule, tout a marché de pair; chaque genre a été traité avec la même précision : elle est enfin remarquable , et peut-être uni- que , par le degré d’authenticité dont elle est reyêtue. En effet, l’Institut a desiré , non-seulement que des commissaires choisis dans son sein examinassent tout ce qui avoit été fait, mais en- core que des savans étrangers pussent se joindre à eux pour faire un travail commun. Le gouvernement a accueilli ce vœu; il a invité les puissances alliées ou neutresd’envoyer des députés, pour cet objet. Plusieurs se sont rendues à cette invitation, et ces députés réunis aux commissaires français , composent la conunission des poids et mesures (1) qui s’est assemblée depuis quelques mois dans ce palais , et sous vos auspices , pour fixer définitivement la grandeur des bases du nouveau système métrique. Cette com- mission a pris une connoïssance intime de tous les détails de chaque observation , de chaque expérience ; elle en a pesé les circonstances, conjointement avec les observateurs eux-mêmes, elle a déduit des observations les résultats qui devoient servir au calcul , et a arrêté les unités de mesures et de poids , résultats définitifs de tout le travail. Jamais pareïlle opération n’avoit été soumise à pareille épreuve ; et la commission se fait un devoir et un plaisir de faire connoître à l’Institut, que les citoyens Méchain , Delambre et Lefévre-Gineau se sont empressés à faire passer sous ses yeux jusqu'aux moindres détails de leurs registres originaux ; qu'ils lui ont donné sur chaque objet tous les éclair- cissemens possibles ; qu’ils lui ont expliqué avec précision tous les instrumens dont ils se sont servis; qu’ils ont rendu compte des méthodes qu’ils ont employées ; qu’ils ont prévenu les desirs () Voici, par ordre alphabétique , les noms des membres de la commission des poids et mesures. ÆEreæ, député de la république Batave; Balbo , député du roi de Sardaigne, remplacé ensuite par le citoyen fassulli ; Borda , mort en ventôse dernier; Brisson, Bugge, députés du roi de Danemarck ; C/sear, député du roi d'Espagne ; Coulomb, Darcet, Delambre , Fabbront , députés de la Toscane ; Lagrange , Laplace , Lefévre-Ginean , Legendre; Franchini , députés de la république Romaine ; Mascheroni , député de la république Cisalpine ; Méchain, Multedo; députés de la République Ligurienne; Péderuyes, député du roi d'Espagne ; Pront , T'ralles, députés de la république Helvétique ; Van Swinden , député de la république Batave; 7assalli, député du gouverne- ment provisoire du Piémont. Tome VI. THERMIDOR wx 7. O #02 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des commissaires sur tous les points , avec toute la complaisance qu’on pouvoit attendre de confrères et d’amis , et avec cette noble franchise quicaractérise des observateurs exacts, lesquels, loin de redouter un examen sévère , desirent , au contraire , qu'on le fasse rouler minutieusement sur tous les détails , et qu'on le pousse même jusqu’au scrupule , bien sûrs que c’est le meilleur moyen de faire paroîire la vérité dans tout son éclat. | : Chergé de vous rendre compte du travail de ces excellens observateurs, et de ce qui a été fait par la commission des poids et mesures pour la fixation des znités qui servent de base au nouveau système métrique , qu’il me soit permis , pour mettre de l’ordre dans la multitude des matières que je dois soumettre à votre jugement , de vous entretenir d’abord de ce qui concerne la mesure de l'arc du méridien, etla determination du mètre , ow ‘de l’uniré des mesures linéaires , qui en est le résultat , de vous exposer ensuite les expériences qu’il a fallu faire pour parvenir à fixer l'unité du poids ; enfin , en vous présentant les étalons de ces deux unités , de vous proposer quelques réflexions sur leur nature , leur usage , et la manière de les rétablir avec la plus grande exactitude , quand même tous les étalons viendroient à ètre anéantis , et qu'il n’en restât que le nom : avantage précieux de ces nouvelles mesures, et qui leur assure le titre de mesures invariables. Commençons par ce qui concerne la mesure de la méridienne. Les citoyens Méchain et Delambre se sont partagé cet immense travail. La partie boréale, depuis Dunkerque jusqu’à Rodès;, est échue à celui-ci, et le citoyen Méchain a fait tout le reste depuis Rodès jusqu’à Barcelone ; il a vivement regretté que les circonstances ne lui aient pas permis de prolonger ses opérations jusqu’à l’île de Cabréra, comme il l'avoit desiré. Il avoit même fait tous les préparatifs pour ce travail ; il avoit entrepris les courses nécessaires pour examiner le local , et constater les sta- tions qu’il conviendroit d'employer ; il à placé sur le papier les triangles qu'il faudra mesurer : de sorte que toute cette partie est ébauchée , et que, graces à son activi é et aux soins qu'il s’est donnés sur cet objet , 1l sera facile d’ajouter cet arç à celui qui vient re mesuré , et de prolonger encore la méridienne de deux degrés. Espérons que des circonstances favorables per- mettront d'exécuter un jour ce qui n’a pu l'être jusqu'ici. Vous savez qu'il faut, pour la détermination de la méridienne, quatre genres d'observations ; d’abord des observations géode- siques ; qui consistent à mesurer tant Les angles que font en- = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 103 tr'elles les stætions qu’on a choisies , que ceux d’élévation ou de dépression de chacune des stations , par rapport à celle à laquelle on pointe l’mstrument ; afin de pouvoir reduire à l'horizon les He pranitivement observés , et de former une chaîne non interrompue de triangles , qui se terminent aux deux extrémités de la méridienne. I] s’agit ensuite de mesurer des bases, qu’on lie à la chaîne des triangles : l’une d’elles sert à déterminer par le calcul les côtés de chaque triangle , et l'autre est employée à vérilier l'opération et à la rectifier , s’il est nécessaire. Il faut, en troisième lieu , connoître la direction des côtés des triangles par rapport à la méridienne; ce qui exige des observations d’azi- auth. Enfin il est nécessaire de faire des observations astrono- tee pour connoître l’arc céleste , auquel répond l’arc terrestre de la méridienne , qu’on a mesuré géodésiquement. Nous allons reprendre ces quatre genres d'observations , pour faire connoître ce que les observateurs ont fait, quel est le degré d’exactitude auquel ils sont parvenus, quelle est la manière dont la commis- sion a discuté leur travail , et s’est convaincue de la précision rare avec laquelle cette opération a été exécutée. La partie géodésique forme un travail long et pénible par sa nature, mais qui a été singulièrement augmenté par les différens obstacles que les observateurs ont eus à surmonter. Les circons- tances des temps pendant lesquels ils ont fait leurs opérations , et dont nous ne vous rappellerons pas le souvenir , en ont fait naître un grand nombre ; mais-les observateurs ont trouvé des ressources contre ce genre d'obstacles , dans leur fermeté , dans leur courage , dans leur prudence , et dans ce zèle actif qui les a engagés à supporter les peines les plus cuisantes, les privations les plus dures, les fatigues les plus rudes , plutôt que de né- liger le travail qui leur avoit été confié, ou même de passer ent sur ce qui pouvoit contribuer à sa perfection. À ces obstacles, s’en joignoient d’autres, produits par des circonstances locales : souvent , et sur-tout dans la partie boréale, et jusqu’à Bourges , au lieu. d'employer des signaux faits exprès et placés à volonté, on a été obligé ‘de se servir de clochers. Les circons- tances et la nature du terrein empèchoient d’en agir autrement; on avoit d’ailleurs l'intention de tirer, de cette nouvelle mesure de la méridienne , tout le parti possible pour vérifier l'ancienne opération , ce qui a exigé beaucoup de recherches , quelquefois infructueuses , pour constater l'identité des stations ; l’intérieur des clochers rendoit l’observation très-pénible, et celle au centre ‘de la station ordinairement impossible. Il falloit donc imaginer des moyens pour déterminer ce centre avec exactitude, et y ré- O2 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE duire l’observation faite d’un autre point. La figuré des clochers exigeoit beaucoup d’attention pour être sûr qu’on pointoit cons- tamment sur la même arrête, et que le rayon visuel passoit par le centre , ce qui n’étoit pas toujours facile. Les différentes ma- nières dont les objets ronds sont éclairés à différentes heures du jour, produiroient encore des erreurs si on n’y avoit égard. Les signaux mèmes exigent de l’attention , selon qu'ils se projettent d'fféremment. Il s’agissoit d'étudier la nature des erreurs qui pouvoient résulter de ces différentes causes , et de trouver des formules pour en calculer l’eftet. Ce sont autant de recherche que les observateurs ont faites. L’un d’eux ,le citoyen Delambre, vient de publier les siennes , et toutes les méthodes de réductions qu’il a employées, dans un Mémoire singulièrement intéressant(:); et si le citoyen Méchain faisoit également part au public de ses profondes méditations sur ces objets , la classe des livres de science se trouveroit de rechef enrichie d’un ouvrage du premier mérite. En un mot, C’est en employant tout ce qu’une longue habitude d'observer leur donnoit de dextérité , ce que leur sagacité leur fournissoit de moyens pour discerner , et pressentir même les différentes causes d’erreur quipouvoient avoir lieu, et leurs con- noissances mathématiques de ressources pour les calculer , que les citoyens Méchain et Delambre sont parvenus à vaincre tous les obstacles , et à élever un monument éternel à la gloire de l'académie , de l'Institut, des sciences , de la nation française même ; gloire à laquelle , sraces à leurs travaux, la leur propre, est à jamais intimement liée. Les observateursse sont servis pour la mesure des angles, dans quelque genre d'observations que ce soit, du cerele entier de Borda, qu'on pourroit nommer, à juste titre , cercle répétiteur, ar le précieux avantage qu'il procure de répéter , pour ainsi dire , l’angle à observer , en permettant d’en prendre tel multi- ple qu'on desire , et conséquemment de diminuer en même raison les erreurs, inévitables d’ailleurs , soit à cause des limites de nos sens , soit à cause de celles de la perfection des instru- mens, et de les rendre à la fin insensibles. L’utilité de ce cercle, construit avec un grand soin, sous les yeux de Borda même, par le célèbre artiste Lenoir , avoit déjà été pleinement prouvée par les observations que les citoyens Cassini , Méchain et Eegendre avoient faites en 1787 pour la jonction des observatoires de Paris (1) Méthodes analytiques pour la détermination d’un wrc du méridien : à Paris, chez Duprat, in 4°.: oct ouvrage est précédé d’un mémoire du citoyen Legendre sur le même sujet. + ET D'HISTOIRE NATURELLPF. 105 et de Greenwich, et dans lesquelles ils sont parvenus à un degré de précision inconnu pe a et s’il pouvoit rester encore quelque doute sur l'extrême exactitude qu'on peut obtenir au moyen de ce cercle , quand on s’en sert d’ailleurs avec les pré- cautions qu'il exige , les observations des citoyens Méchain et Delambre suffiroient pour les dissiper entièrement. . Ordinairement il a été fait à chaque station plus d’une série d'observations , et les oliservateurs ont formé chaque série du nombre d'observations qu’ils ont crues nécessaires pour parvenir à un résultat constant et suffisamment exact ; ils ont noté dans leurs registres les nombres indiqués par chaque observation ; ainsi que les circonstances particulières qui avoient eu lieu , soit pour la manière dont les objets étoient éclairés , soit pour celle dont ils se projettoient , soit pour la partie à laquelle on poin- toit, soit pour l’état de l'atmosphère ; en un mot , ils y ont mar- qué tout ce qui peut servir à constater la valeur intrinsèque d'une observation. Aussi les membres de la commission qui ont été nommés pour le dépouillement de ces registres, ont-ils pu juger de cette valeur, et par les notes dont nous venons de parler , et par les renseignemens que les observateurs ont eu la complai- sance d'ajouter de vive voix, et par la marche de chaque série d'observations, et par l’accord des différentes séries entre elles. Cet examen a mis les commissaires en état de fixer la valeur de chaque angle d’une manière abstraite, et sans faire attention ni aux autres , ni à ce que la somme des trois angles d’un même triangle , fixé de cette manière , pourroit fournir ; ils ont cru devoir prendre les observations telles qu’elles sont , sans y faire la moindre correction, sans rien arranger après coup. Pour cet effet ils ont pris pour chaque angle le milieu entre les résultats des différentes séries d’observations faites pour le déterminer ; résultats qui d’ailleurs différoient très-peu entre eux; et ils l’ont déterminé ce milieu , soit en ayant simplement égard aux résul- tats de chaque série , soit en faisant entrer en ligne de compte le nombre des observations ; soit en accordant plus de poids à celles qui paroïssoient préférables , et en rejettant celles que les observateurs eux-mêmes avoient notées comme peu dignes de confiance ; enfin en employant toutes les ressources que Part de discuter des observations et une saine critique en €e genre peuvent fournir , et en donnant autant d'attention et de soins à la détermination de dixièmes de seconde ( car c’est ordinaire- ment sur des quantités de ce genre que rouloient les discussions, rarement sur des secondes entières ), que s’il s’agissoit de quan- Li 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tités considérables. Les commissaires ont formé de cette manière des tableaux de tous les triangles qui ont servi à la détermina- tion de la méridienne ; ils les ont présentés à la commission gé- nérale , ensemble avec le détail de la méthode qu'ils ont employéé, et des raisons de leurs détermmations. La commission à arrêté ces tableaux et les a déposés dans les archives de l’Institut comme des pièces authentiques , lesquelles renferment tous les principes qui doiventservir au calcul des triangles et des parties “3 la mé- ridienne ; comme c’est effectivement sur eux que les calculs ont été faits par la suite. Pour vous faire juger de ia précision que les observateurs ont obtenue dans cette partie de leur travail, nous vous dirons, que sur quatre-vingt-dix triangles qui joignent les extrémités de la méridienne, il y en a trente-six dans lesquels la somme des trois angles diffère de moins d’une seconde de ce qu’elle auroiït dù être ; c’est-à-dire , dans lesquels l'erreur des trois angles pris en- semble est de moins d’une seconde; qu'ily en a de plus vingt- sept où cette erreur est au-dessous de deux secondes ; que dans dix-huit autres elle ne monte pas à trois secondes ; et qu'il n’y en a que quatre dans lesquels elle est entre trois et quatre se- condes , et trois seulement où elle est au-dessus de quatre , mais au-dessous de cinq. Nous doutons qu’on puisse parvenir à une plus grande exactitude , sur-tout dans les pays qu’il a fallu tra- verser : aussi ceux qui considéreroient ces tableaux sans être instruits de la manière dont ils ont été formés , pourroient être tentés de croire , à la vue de cette précision, qu’on a arrangé les choses après coup, pour donner à l’ensemble cet air d’exac- tftude ; mais je registres originaux des observateurs , les résultats qu'eux-mêmes avoient envoyés à Paris long-temps avant la me- sure des bases, et dans le temps qu’ils étoient encore occupés à leurs opérations, et le travail des commissaires prouvent le con- traire de la manière la plus authentique ; on ne s’est permis au- cune correction arbitraire ou conjecturale, quelque légère qu’elle pût être : et tous les angles ont été déterminés d’après des consi: dérations puisées dans les observations mêmes. De la mesure des angles passons à ce qui concerne les bases. Le citoyen Delambre en a mesuré deux : l’une entre Melun et Lieusaint ; l’autre près de Perpignan, entre Vernet et Salces. Ce n’est pas un travail aussi facile qu’on pourroit le croire au premier abord , que cette mesure d’une base : il faut une infinité d’attentions scrupuleuses sur tous les élémens qui constituentcette mesure , et de précautions sur les causes multipliées qui pour- roient produire des erreurs ; il faut des méthodes exactes pour ET. D'HISTOIRE NATURELLE. 107 réduire la somme de toutes les parties contenues entre les deux extrémités de la base , à cette longueur , qui doit être considérée : comme ie base , comme l'arc terrestre compris entre ces deux ex ités. On peut assurer que rien n’a été négligé , ni dans la mesure, ni dans les calculs de réductions. Le citoyen Delimbre a détaillé, dans le mémoire que nous avons déjà cité, les mé- thodes qu’il a adoptées et les moyens dont il s'est servi dans des cas qui présentoient des difficultés. Il faut, disons-nous, des attentions sur les différens élémens qui constituent cette opération, Il en faut d’abord sur la longueur exacte des iustrunens qu’on employe ; elles ont été prises. Ces instrumens Ont été construits , avec beaucoup de soin, par le citoyen Lenoir , d’après les idées du citoyen Borda , et sous ses yeux. Ce sont quatre règles de platine : chacune d'elles est re- couverte , jusqu'à quelques pouces de son extrémité antérieure , d’une pareille lame de laiton , mobile selon la longueur de la règle de platine , et fixée à celle-éi par l’autre extrémité. Cette lame forme, par les différentes dilatations que la même variation de température fait épronver au. laiton et au platine , un ther- momètre métallique très-sensible , dont les divisions sont gravées sur l'extrémité antérieure , laquelle porte un vernier et un mi- croscope pour voir et évaluer les sous-divisions. On sent qu’il a été fait, avant qu'on se soit servi de ces règles, nombre d’expé- riences pour constdter la dilatation de ces métaux, l’état des thermomètres métalliques , leurs marches et leur comparaison aux thermomètres ordinaires. On a également comparé les lon- geursdes règles n°.2,n0.3, no. 4.,à la règle n°, 1,à laquelle on a tout réduit , et que par cette raison, nous nommexons désormais le r10du/e ; comparaison qui a été faite par des moyens si exacts, qu’ils ne laissent pas de doute sur des deux-cent-millièmes parties. Le citoyen Borda a remis à li commission le mémoire qui contient le détail de toutes ces expériences. Cette pièce fera une partie intéressante et essentielle du recueil qu’on publiera sur cette grande opération. Il faut ensuite des précautions pour que ces règles ne subis- sent aucune altération , soit pendant le transport , soit pendant qu’on les employe à la mesure : pour cet effet elles sont posées chacune , avec les précautions convenables pour ne pas nuire au mouvement,de dilatation et de contraction qu’elles doivent éprouver par les changemens de température, sur des pièces de bois assez fortes pour ne pas fléchir ni se travailler ; elles sont recouvertes, à quelques pouces de distance, d’un toît qui les met à l'abri de l’action directe des rayons du soleil. 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il faut encore , avons-nous dit , des précautions dans l’opé- ration même; d’abord des précautions pour l'alignement des règles; des pointes placées avec l'exactitude convengble sur le toît dont nous venons de parler , servoient de nures, et ont été substituées à l’alignement au cordeau dont on se servoit anciennement. Ensuite des précautions pour que les règles quisont encore posées à terre, ne soient pas déplacées de la plus petite quantité et par le choc le plus léger, lorsqu'on veut en placer une bout à bout avec la dernière de celles-ci Pour en être sûr» on ne plaçoit jamais les règles de cette manière ; mais on laissoit entre chaque règle et celle qui la précédoit et la suivoit immé- diatement un intervalle , qu’on mesuroït ensuite en poussant lé- gérement , jusqu’au contact parfait , la languette de platine qui est à l'extrémité antérieure des règles et s’y meut dans une cou- lisse ; languette qui, d’ailleurs, porte un vernier et un micros- cope, pour connoître le nombre des divisions contenues dans l'intervalle qu'on a laissé entre les deux règles, et qui se trouve rempli par la languette. Précautions encore pour recommencer chaque jour l'opération au même point où elle avoit été terminée la veille : elles ont été prises par des moyens aussi exacts que simples. Précautions enfin , pour être sûrs de ne pas se tromper dans le compte du nombre des règles qu’on a posées sur le ter- rein ; ni dans celui des parties de languettes, ou des thermo- mètres métalliques , qu’on a observées et qu’on note dans le re- gistre, ni dans aucun des plus petits détails : elles ont été toutes employées jusqu’au scrupule ; et l’on peut être sûr qu’il n’y a aucune erreur sensible dans la mesure actuelle des deux bases. On en trouve d’ailleurs la preuve dans l’opération même, puisque la différence entre la partie qu’on avoit mesurée pendant un jour entier, et qui s’élevoit à soixante-dix modules , mais sur laquelle on croyoit pouvoir former quelque doute, à cause qu’il avoit soufflé ce jour-là un vent très-violent, et la même partie mesurée une seconde fois le lendemain , dans des circonstances favorables , n’a guère monté qu’à la quatre-millième partie du module, ou environ à la deux-cents-soixante-dix millième par- tie de tout l'intervalle mesuré ce jour-là. Mais la somme de toutes les parties comprises entre les extré- mités de la base , et mesurées avec l’exactitude dont nous venons de parler, ne forme pas la base vraie. D'abord ces règles ont eu à différens jours des températures différentes , indiquées par les thermomètres métalliques, et, par conséquent , des longueurs qui n’ont pas toujours été les mêmes, il s’agit de les réduire à une température donnée , et par-là à une longueur constante : première ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 première réduction. Ensuite ces règles , quoique portées sur des trépieds montés sur des vis, afin que les languettes puissent être en contactimmédiat précisément au point qu'il faut ,ne sauroient être de niveau , à cause des inégalités du terrein. Leur ensemble forme une somme de lignes droites différemment inclinées. Il a donc fallu connoître l'inclinaison des règles par rapport à l’ho- rizon ; aussi a-t-elle toujours été mesurée pour chaque règle , au moyen d’unniveauaussisimple qu'ingénieux, inventé parle citoyen . Borda , et exécuté par le citoyen Lenoir : on le posoit sur le toît de chaque règle, à des points fixes, uniquement destinés à cet objet; on a donc pu connoître, par le calcul, l'erreur que produit l'in- clinaison de chaque règle, et avoir la longueur de la ligne unique qu’il s’agit de connoître : seconde réduction. Mais cette ligne unique n’est pas posée , pour ainsidire, sur la surface de la mer, niveau constart auquel il faut réduire tous les'autres. Le cercle de Borda , dont on s’est servi pour la mesure des angles, a fourni le moyen de faire cette réduction avec beau- coup d’exactitude , parce qu’il a servi à déterminer, avec une très-grande precision , l'élévation de chaque station au-dessus de celles qui forment avec elle un même triangle , ou sa dépression au-dessous de ces mêmes stations , ou de quelqu’une d’entr’elles ; de sorte que , connoiïssant, comme on les connoissoit, la hauteur de la tour de Dunkerque au-dessus du niveau de l'Océan, et celle de Montjouy au-dessus du niveau de la mer Méditerranée , cette même opération a servi à faire un nivellement exact de toute cette partie de la France et de l'Espagne , que les observa- teurs ont traversée sur une longueur de près de dix degrés de latitude ; avantage vraiment précieux à beaucoup d’égard. On a donc pu faire le calcul nécessaire pour réduire les bases mesu- rées aux bases vraies , à l'arc qu’elles forment sur la surface de la terre, au niveau même de la mer : c’est la troisième réduction qu'il s’agissoit de faire. Et voilà ce qu’il en coûte de peines , de soins , d’attentions , de précautions , de calculs, pour parvenir à ce degré de perfection auquel l’état actuel des sciences permet d'atteindre , et qu’il exige conséquemment qu’on emploie. Aussi la commission des poids et mesures a-t-elle été intimement con- vaincue que cette base a été mesurée avec une exactitude rare, supérieure à celle qu’on a pu obtenir dans les opérations du même genre faites précédemment en France, au Pérou ou au Nord ; et il suffit, d’une part, de cette conviction , puisée dans la nature même des moyens et des précautions qu’on a employés, et de se rappeller , de l’autre , que sur des bases de pareille lon- sueur, mesurées au Pérou par des méthodes moins dignes d’une 5 Tome V1. THERMIDOR ar 7. E 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE entière confiance , il n’y a pas eu deux pouces, ou un deux-cent- vingt-millième de la base entière , d'incertitude, pour être per- suadé qu’il eût été inutile de faire une seconde fois des opérations aussi pénibles. à La Méeubut des bases se trouve donc exprimée en nombres dont l'unité est la règle n°. 1, ou le module ; et conséquemment celle de la méridienne , celle du quart du méridien terrestre , seront exprimées en zrités du même genre. Mais, pour se faire entendre dans la société et donner une idée exacte de cette zité, il faut nécessairement la comparer aux anciennes mesures con- nues , comme d'autre part, pour ne pas ie le fruit de tout ce qui a été mesuré dans des temps précédens , il faut réduire les anciennes mesures aux nouvelles. On sent aisément qu’un point aussi important n’a pas été négligé. Avant qu’on eût entrepris la mesure des bases , la règle n°. 1, ou le z10dule, a été comparée exactement à la toise de l'académie , dite toise du Pérou , et Von a employé des moyens qui permettent de s’assurer de cent millièmes de toises. Les détails de ces expériences sont consignés dans le mémoire du citoyen Borda , que nous avons déjà cité plus d’une fois. Après son retour, le citoyen Delambre n’a pas manqué de faire la comparaison des règles qui avoient servi à la mesure des bases ; et il a trouvé qu’elles n’avoient pas subi le plus léger changement dans leur longueur, et qu’elles avoient conservé avec la double toise le même rapport qu’elles avoient avant d’être employées , sans qu’il y ait aucune différence que nous puissions assigner. Enfin la commission elle-même a chargé quelques-uns de ses membres de faire encore une fois la même comparaison , et de tirer de leur travail tout Le parti possible , en comparant , à cette occasion, entr’elles , la toise du Pérou , celle du Nord, et ceile de Mairan , toutes trois devenues célèbres ou importantes ; les premières , par les grandes opérations auxquelles. elles ont servi, et la troisième, parce que c’est en parties de cette toise que Mairan a exprimé les résultats de ses belles expériences. sur la longueur du pendule , et que c’est sur elle qu'ont été éta- lonnées les toises qui ont servi à la mesure de deux degrés ter- restres faite près de Rome , par les célèbres Boscovich et Femaire. Cette nouvelle comparaison du module à la toise du Pérou , a encore donnéle même résultat ; savoir , que les règles n’ont subi aucun changement ; et elle a prouvé de plus que le module est mabtémentAe double de la toise du Pérou, et a con- séquemment douze pieds de longueur , lorsque le thermomètre centigrade est à 12° + : d’où l’on déduit, soit par le calcul de la éilatation des métaux, soit par les expériences directes deBorda, cd . ET D'HISTOIRE NATUR ELLE. 111 Le qu’à la température de 16° £ ( ce qui revient à 13° du thermo- mètre de Réaumur), le module est plus court que la double toise de + deligne , c’est-à-dire, d'environ un quatre-vingt-cinq-mil- lième du total. Les observations d’azimuth, si délicates et si difliciles , ont été faites avec toute l'exactitude dont elles sont susceptibles , et cal- culées avec la plus grande précision. On auroit pu se contenter d'observer un seul azimuth pour déterminer la direction que formé avecla méridienne un des côtés d'un seul triangle, puisque cela suffit pour faire le calcul de la méridienne entière ; mais il étoit extrêmement important d’en observer plusieurs , parce que la théorie fait entrevoir que si les azimuths calculés diftèrent de ceux qu’on observe réellement , ces différences et leur marche peuvent servir à perfectionner nos connoissances sur la figure de la terre, sur les irrépularités qui peuvent se trouver dans son in- térieur, sur l’action des causes locales ; et il étoit de la plus haute importance de faire servir cette belle opération à tout ce qui peut contribuer au perfectionnement de nos connoïissances su ces in- téressans objets. Les observateurs l’avoient trop à cœur ce perfec- tionnement, auquel d’ailleurs ils contribuent tant eux-mêmes par leurs travaux, pourne pas saisir avec empressement une occasion aussi favorable de faire des observations d’azimuth utiles , et plus parfaites que celles qu’on fäisoitanciennement en de pareilles occasions. D'ailleurs , pour déterminer les azimuths , ils ont nôn-seulement employé le soleil, mais encore l'étoile polaire ; et ils n’ont rien négligé dans les réductions et dans les calculs de ce qui pouvoit contribuer à l'exactitude du résultat. Ces observations ont été faites à Watten, à Bourges, à Carcassonne et à Montjouy, c’est-à-dire, aux deux extrémités de la méridienne , et dans deux endroits intermédiaires. Les observations de latitude, les dernières dont nous avons à vous rendre compte , ont un degré d’exactitude proportionnée à importance dont elles sont pour fixer les résultats d’une opéra- tion du genrede celle-ci. C’est encore le cercle de Borda que les observateurs ont employé; et si, après les épreuves faites précé- demment, et les observations faites en 1790 à l'observatoire na- tional , par les citoyens Cassini , Borda et Méchain , et imprimées dans le dernier volume des Mémoires de l’Académie 1 pouvoit rester encore quelque doute sur la grande précision que donne cet instrument pour les observations des distances au zénith, et par conséquent des latitudes , il suffroit de consulter les registres des citoyens Méchain et Delambre pour se convaincre qu'il n’y en a aucun, On y verra, dans ces registres , la multitude vraiment Pz 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . étonnante des-observations ; la marche régulière des séries ; l’ac- cord des différences entr’elles ; les précautions qu’on a prises, tant dans les observations que dans les réductions ; les étoiles dont on a fait choix ; leurs passages , tant supérieurs qu’infé- rieurs , qui ont été observés ; et l’on finira par être aussi sûr que que le sont les membres de la commission qui ont été spéciale- ment chargés de cet examen , que l’est la commission entière , qu'il n’y a dans aucune des latitudes observées par les citoyens Méchain et Delambre une seconde d'incertitude, et que celle qui pourroit y rester encore ne monte pas, ni à beaucoup près , à une demi-seconde. Ces observations ont été faites à Dunkerque et à Evaux, parle citoyen Delambre , à Carcassonne et à Montjouy, par le citoyez Méchain , et à Paris par le citoyen Méchain, à l’observatoire natio- nal, et par le citoyen Delambre, dans son observatoire particu- lier ,rue de Paradis, au Marais : mais aucun de ces deux observa- toires n'entre dans la chaîne des triangles ; c’est le‘Panthéon français’, dont la distance à chacun des observatoires dont nous venons de parler est suffisamment connue pour déterminer sa latitude. Or on trouve pour le Panthéon, à wne quantité insen- sible près, la même latitude, soit qu’on la déduise des observations du citoyen Méchain , soit qu’on emploie celles du citoyen De- lambre , preuve de l’extrême exactitude des unes et des autres. Telles sont les différentes parties de l’opération que les citoyens Méchain et Delambre ont si heureusement terminée ; opération qui surpasse par son étendue, et égale par sa précision , ce qui a été fait de plus accompli en ce genre : elle fournit toutes les données nécessaires pour parvenir à des résultats propres, non- seulement à fixer les bases du nouveau système métrique , mais encore à faire naître, sur la question si importante de la figure de la terre , des recherches fort intéressantes et dignes des ma- thématiciens les plus célèbres , qui, sans doute , vont reprendre cette question avec une nouvelle ardeur. Il ne s’agit plus que de vous indiquer quel a été le travail de fa commission pour déduire des résultats de cette opération , l'unité des mesures de longueur , ou le-mètre. | Quatre commissaires se sont spécialement chargés du calcul des triangles , ils ont fait leurs calculs séparément et par des méthodes différentes, afin de ne rien laisser à desirer sur la certi- tude des résultats. Ils ont aussi calculé, et toujours par différentes méthodes , les quatre parties de la méridienne qui se trouvent comprises entre les endroits dont la latitude a été observée, c’est- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 113 à-dire, les arcs terrestres compris entre Dunkerque et le Pan- théon , le Panthéon et Evaux, Bvaux et Carcassonne , Carcassonne et Montjouy(1). Les détails de pareils calculs , et des principes sur lesquels ils sont fondés ,ne sauroient se trouver dans un rap- port tel que celui-ci; ils ont été exposés à la commission dans un mémoire qui est déposé dans les archives de l’Institut. Nous di- rons seulement que la méridienne entre Dunkerque et Montjouy, qui soustenc un arc céleste de 9 , et dont le milieu passe à 460 11! 5/ de latitude , est de 275,792 modules et 36 centièmes. S'il s’agissoit de vous présenter les différentes idées que les ré- sultats du calcul des parties de la méridienne ont fait naître, nous fixerions principalement vos regards sur ces deux conclusions : la première , que les degrés moyens, qu'on conclut pour les quatre intervalles dont nous venons de faire mention, décroissent tous à mesure qu'on s'approche de l'équateur , et qu’ainsi cette opé- ration pourroit elle seute prouver l’aplatissement de la terre, s’il étoit encore besoin de preuve sur cet article : la seconde, qu’on étoit bien loin de soupçonner, et qui présente un phéno- mène très-remarquable , digne des recherches des plus profonds mathématiciens, c’est que ces mêmes degrés ne suivent pas dans leur diminution une marche graduelle , mais qu’ils décroissent d’abord très-peu et très-lentement entre Paris et Evaux, seule- ment de deux modules pour un degré de latitude ; ensuite , très- rapidement et très-fortement , de seize modules par degré de latitude , entre Evaux et Carcassonne ; et que cette diminution rapide se rallentit entre cette ville et Montjouy , n'étant plus que de sept modules (2). R Nous ajouterions à cet exposé succint , que ce fuit si remar- (1) 1°. La distance entre les parallèles de Dunkerque et du Panthéon, qui soustend un arc de 2°, 18910, et dont le milieu passe par la modules. latitude de 49° 56/ 30/, est de................ Det Gertiée 62472, 59 2°. La distance entre les parallèles du Panthéon et d'Evaux, qui soustend un arc de 2°, 66868 , et dont le milieu passe par la latitude de 47° 50/ 46”, est de....... OS re ee ie 76145, 74 3°, La distance entre les parallèles d'Evaux et de Carcassonne , la latitude de 44° 41 /48/, est de........... PRES DURE e AVERTIR 9, Enfin la distance entre les parallèles de Carcassonne et de Montjouy , qui soustend un arc de 1°, 85266, et dont le milieu passe par la latitude de 42° 17/20”, est de... ... oo +... 52749; 48 (2) Si l’on déduit des quatre intervalles énoncés ci-dessus le degré moyen qu’on en peut conclure, en employant simplement l'hypothèse sphérique, qui suffit pour un premier apperçw , on trouvera en nombres rouds pour le degré moyen, 114, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quable est intimement lié à un autre, à celui que présentent, tant les différences qu'il y a entre les azimuths calculés pour Bourges , pour Carcassonne , pour Montjouy , d’après celui de Dunkerque pris pour base , et les azimuths observés dans ces trois stations, que la marche de ces mêmes différences ; de sorte que ces deux faits se servent mutuellement de confirmation et d'appui, et que, réunis, ils indiquent ; soit une irrégnlarité dans les méridiens terrestres , soit une ellipticité dans l’équateur et ses parallèles, soit une irrégularité dans l’intérieur de laterre , soit un effet de l’attraction des montagnes, soit une aclion puis- sante de ces différentes causes réunies , ou de quelques-unes d’entr'elles : action qui n’avoit pas été démontrée dune manière aussi frappante qu’elle l’est par les résultats que nous venons d'indiquer. Ce sera aux mathématiciens les plus célèbres à fixer leur attention sur ces faits, pour tâcher d’en démêler les élé- mens , et de parvenir sur la figure de la terre à une théorie plus parfaite que celle que nous possédons jusqu'ici. Nous ne pouvons vous indiquer ces objets qu’en passant : ils ne sont pas du ressort de la commission des poids et mesures ; mais 1ls Pévoieet trop frappée, et ils sont trop importans pour qu’elle pût les passer sous silence. Bornée , comme elle l’a été, à ce qui concerne la détermination du quart du méridien, puis- que c’est de celle-ci que dépend l'unité des mesures , elle a tourné toute son attention vers cet objet ; elle l’a considéré sous toutes ses faces , et s’est déterminée à s’en tenir uniquement aux faits , sans y mêler aucune idée théorique sur tel ou tel point susceptible de discussion : elle a donc employé dans ses calculs Varc total compris entre Dunkerque et Montjouy, et qui est, comme nous l’avons dit , de 275,792 modules et 36 centièmes. Cet arc est le plus grand de tous ceux qui ont été déterminés jus- qu'ici , et par là il rend plus petite l'influence, soit des irrégula- rités qui peuvent se trouver dans la figure et dans l’intérieur de la terre , soit de celles que de légères erreurs , toujours insépa- rables des observations É mieux faites , pourroient produire. ————— À diff. pour un Entre Dunkerque et le Panthéon , à la latitude modules. différence. degré delarie, moyæne de 49° 56/30/....,.@.............. 28538 Ëntre le Panthéon et Evaux , à la latitude 5 2 moyenne de 47° 30! 46".............. HR ECII20882 Éntre Evaux et Carcassonne , à la latitude 44 16 moyenne de 44° 41/et4/.....................: 28489 Entre Carcassonne et Montjouy , à la latitude 12 7 moyenne de 42°17/ 20!,.......,....,...4.,... 26472 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 115 En prenant cetarc pour base, on en a déduitle quart du méridien par un calcul rigoureux dans l’hypothèse elliptique. Il falloit , pour faire ce calcul , connoître l’aplatissement de la terre : c’est encore l'expérience que la commission a consultée pour cette détermination. Pour cet effet, elle a employé, d’une part, le grand arc que les citoyens Méchain et Delambre viennent de iesurer en France ; et de l’autre , eelui que d’excellens observa- teurs ont mesuré au Pérou , il y a soixante ans , à-peu-près sous l’équateur même : c’est un de ceux qui ont été déterminés avec le plus de soins, et discutés avec le plus d'attention et d’exactitude. Il est d’ailleurs le plus grand de tous ceux qui ont été mesurés hors de France , soit par les ordres de différens gou- vernemens, soit, comme celui-ci, par les ordres du gouverne- ment français. Enfin, sa distance même de l’arc auquel or le compare , diminuera l'influence des erreurs qui pourroient s’être lissées dans sa détermination, puisqu'elles se trouveront distri- Pites sur un plus grand intervalle. La comparaison de ces deux arcs faite avee soin , et par diffé- rentes formules, a donné un trois cent trente-quatrièeme pour Vaplatissement de la terre ; et il est très - remarquable que cet aplatissement , calculé d’après les données que nous venons d’indiquer , est le même que celui qui résulte de la combinaison d’un grand nombre d’expériences faites dans différens endroits sur la longneur du pendule simple , et qu’il est encore conforme à celui que la théorie de la nutation ét de la précession exigent, L'accord de ces trois résultats , tirés de trois genres d’observa- tions très-differens , mérite la plus grande attention, et il est bien propre à inspirer beaucoup de confiance sur chacun d’eux. D'ailleurs , une légère erreur sur ce point auroit d’antant moins d'influence sur le résultat définitif, que le milieu de l’arc entier, terminé par Dunkerque et Montjouy , passe près du quarante- cinquième degré de latitude , ou du degré moyen. Cet élément du calcul une fois arrêté, le calcul même du quart du méridien ne pouvoit plus offrir de difficulté ; et l’on a trouvé- par différentes méthodes , en employant l’are intercep'é entre Dunkerque et Montjouy et un 334. pour l’aplatissement de la terre, que le quart du méridien terrestre est de 2,565,87omodules : d'où il suit, et c’est là le résultat définitif de tout le travail, que sa dix-millionième partie ou le wètre , unité de mesure, est de -H07- parties du module. Pour réduire cette longueur aux anciennes mesures, nous: dirons d’abord , que si le module et la toise du Pérou étoient supposés l’un et l’autre à la température qu’avoit celle-ci lors 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu’elle a été employée par les académiciens , qui se rapporte au treizième degré du thermomètre à mercure, divisé en quatre-vingt varties , ou au seizième et un quart du thermomètre centigrade , |: mètre seroit égal à 443 lignes -2=_ de cette toise : ensuite qu’en réduisant , comme il le faut, le module à la température à laquelle il a été réduit dans l'expression de la longueur des bases, laquelle a servi à calculer les griangles et la méridienne , /e métre vrai et définitif est de 443 lignes -2 de la toise du Pérou, celle-ci toujours supposée à la température de 1601, puisque c’est à cette seule température que cette toise peut être considérée comme étant celle dont les académiciens se sont servis. Les va- riations de longueur que les métaux éprouvent par différentes températures exigent ces attentions. ( La suite au cahier prochain ). LETTRE DE DECANDOLLE, AA TPEIC "D /ENTPANMOELTSEV EUR IE SUR L'ABSORPTION DE DIFFERENS GAZ PAR LE CHARBON. Vous desirez que je vous donne quelques détails sur les expé- riences intéressantes des docteurs Rouppe et Van-Noorden, dont j'ai déjà eu l'avantage de parler avec vous ; vous avez déjà vous même étudié l’absorption de l’air par le charbon, et, à ce titre, elles doivent encore vous intéresser. Les docteurs Rouppe et Van-Noorden se servent dans ces expériences d’un petit appareil assez commode ; il consiste en une boîte de fer dont le couvercle se visse hermétiquement et promptement au moyen d’un manche de bois adapté à l’une et l’autre pièce de la boîte. C’est là qu’on jette le charbon de bois incandescent , on ferme la boîte à l’ins- tant même et on la plonge dans l’eau. Il est à remarquer que la température de l’eau n’est pas élevée d’une quantité sensible au thermomètre. On retire la boîte de fer quand le charbon est tout- à-fait refroidi , et plus long-temps on le laisse sous l’eau , plus l'effet est sensible. Le fond de la boîte est disposé de manière à se visser sur un récipient plein de l'air qu’on veut faire absorber au charbon : on ouvre pour cela le robinet, et autant que ma mémoire ET D'HISTOIRE NATURELLE. 117 mémoire a pu me rappeler les déterminations que ces savans ont trouvées , une même quantité de charbon absorboit 25 pouces de gaz hydrogène. 49 de gaz oxigène. 60 de gaz azote. 61 d’air atmosphérique: 130 de gaz nitreux. 160—200 de gaz acide carbonique. L’inspection seule de ces chiffres prouve qu’il y a une action chimique et élective dans cette absorption ; cette élection se re- marque encore, 1°. en ce que quelques gaz , comme l’air atmos- phérique , sont absorbés subitement, et d’autres , comme le gaz acide carbonique , xe le sont que graduellement ; 2°. en ce que, lorsque le charbon est saturé d’un gaz , il peut encore absorber un autre gaz Comme auparavant. Ceci à fourni à ces ingénieux physiciens une expérience fort intéressante : si on fait absorber du gaz hydrogène au charbon, et qu’on le mette peu après sous un vase de gaz oxigène formé par le mercure , on voit, 10. le mercure s'élever à cause de l’absorption ; 2°. la température monter à 43° de Réaumur ; 30. au bout de peu de momens les parois du vase se couvrent d’une forte vapeur aqueuse et même de petites gouttelettes d’eau. La même chose a lieu sous l’air at- mosphérique ; mais il n’y a aucune action si on met le charbon sous de l’azote. On peut encore varier l'expérience en faisant d’abord absorber le gazoxigène , et en plaçant ensuite le charbon sous le gaz hydrogène. D'après ces expériences , que j'ai vues répéter aux docteurs Rouppe et Van-Noorden, il ne reste aucun doute , ce me semble, qu’il y a ici une composition d’eau. Je vous laïsse le soin de tirer de ce fait les conséquences et les in- ductions qu’il est capable de fournir ; les deux savans qui l'ont remarqué sont occupés maintenant à déterminer quel est le rôle du charbon dans cette synthèse, et cette recherche ne peut que tourner au profit de la science. Tome VI. THERMIDOR ar 7. Q LL OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BouvaAnRrD, astronome. THERMOMÈTRE, CR RQ RS RSS A MID] M a x 1 MU M. Minimum. |A Mint, Swunoîf Max1MUM. | MINIMUM. or fiahis, Æ 16,0[à 3him.+ 8,3 + 13,2]à 8h15... 28. 1,212 3h! m.. 28. 0,928. 1,2ÿ | 2 [a 22 . + 18,02 45m:.+4 8,0! 17,62 8r 5... 28. 1,3]a 2bis,.. 28. 1,028. :,2 | 3 [a 3hs.. + 12,9 à 4h. m.+ 6,$|+ 12,2}à 7u£m.. 28. 1,0] à 3h.s.... 28. 0,828. 1,0 Al là 2h 6. + 19,5 [à 4h5m.tio,8|+ 19,5]a 4him.. 28. o,3la 8h2s.. 27,11,6/28. o,o |$ [à ahis, + 20,6 à 4h.m........|+ 20,5/a midi 27. 9,6[a 8his... 27. 9,3|27. 9,6 6 [à 2h,s.. + 13,5/à 4m. 7,5|+ 9,5 fa 2h. s.... 27.11,3/a 4h. m... 27.10,1/27.11,2 7 la his, + 16,5/a 4m. 7,5 |+ 15,69a midi... 28. 1,8|ä 4h, m... 28, 1,0128. 1,8 Satis, + 19,61à 4m. 8,5 17,0fà 4h m... 28. 0,7|a fhis... 27.11,2|27.11,4 lo la ais. H 13,912 ShËm.tia,fHiu3,2là 2his... 28. 0,312..,..,.. ....... 27.11,9 10 |à midi. + 19,$/a 4him.i0o,3 | 17,5 ja 4h m. 28, 2,4|à 7h, s... 28. 1,2/28. 2,4 RE a midi. + 17,$5{a 4hhm.æHio,2|+ 17,5ha 4h5m.. 28. 2,3|a 8hs.... 28. 11/28. 2,0 12/a 2hls, + 16,812 4. m,......|h 1$5,${a 7h.m.., 28. 1,1|a 8his... 28. o,5|28. 1,0 [53 a ahis. + 19,7, 4°.m........|+ 18,7/a midi... 27.11,9là........ ...... . [27-159 14la midi. + 18,3/a 4h.m.+ig,s|+ 18,3 fa ohs... 27.11,$/à 4h£m.. 27.11,1/27.11,4 I$fa this. + 16,312 $h. m.<+-12,$|—+ 15,3]a......,, ....... a $h.m... 27.11,7/28. 0,2 16|à 2his. + 18,2|à 4h.5m.+ 9,3 |+ 15,5 à 6h21 m., 28. 1,6 à 2hls.. 28. o,9|28. 1,3 17[à 2b2s. + 20,3/à 45m 9,7 20,3/a midi. ., 28. 1,7] à 4h. m.. 28. 1,4128. 1,7 18|a 2his. + 21,0|à 4°,m..æii,8 + 20,32 4h, m.., 28. 1,8] à 3h.s.... 28. 1,6[28. 1,7 19 [à 3his. + 13,8|à 40,m..+#13,7|+ 23,812 4h. m... 28. 1,3 à 4hs 28. 0,4/28. 0,6 2o/à anis. + 22,1/a 4hm.+i2,5|+ 21,7]à 8b,m... 28. o,6|a 4hls... 27.11,6[28. 0,2 21|à 2h,s.. + 21,5 /à 4b.m..+12,0|+ 21,ofà midi... 27.11,4 SYMRRE TER bte PAT TL A 22|à midi. + 20,5/a 4h.m.....,,.| 20,$a midi... 27.11,2| à 2h15... 27.10,8|27.11,2 2;/à midi.. + 22,3 [a 4h.3m.+-12,0 + 22,3/a 4h35 m 27.10,8|a 8hts 27+ 9,1127.10,3 24|a midi,. + 20.$|1à 4h5m....,..|]+ 20,5 a midi 27: 7,3/a.-...... sons ale 758 2$là as, + 17,1/4 3h5m.+12,3 {+ 16,0! midi... 27.11,2| à 6h. m... 17.10,6|27-11,2} 26|à 2his, + 16,5/a 4h.im.+Hio,2|+ 16,4/a midi... 28. 1,1] à 4h£m.. 27.11,7|28. 1,1) 27|à midi. + 17,4/à 4him.+ 8,84 17,4la 4m. 27.10,6| à 3D. S....-27e 9,8|27. 9,7 28|à midi. + 17,0 à 4h 4m. 8,5|++ 17,0f2 2h£s... 27.11,0| à 44m... 27.10,5|27.10,8 29|à 2his, + 16,6/à 4hm.+ 6,5 |+ 16,6fà 4.4 me. 27.11,5l a... ceci 27 11,4} Hlsoa 3b2s. + i7,o[à 4h2m....... | 16,8fà sr m.. 27. 6,61 à DMC es 27 NT 27 UE RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. .....,,.... 28.2,41, le to Moindre élévation du mercure.....,,.,..,... 27.5,12, le 3a Elévation moyenne... 27-1976 Plus grand degré de chaleur. ....... ser... 023,8, le ng Moindre degré de chaleur........,...... + 6,5, le 29 Chaleur moyenne... ... HODOC CAUSE EE NA Nombre de joursbeaux ei. 2.7 0.5. 133 CERN TO TOME ONE A UE ee denpluie.-e mec RE HO COTE CO AERE _ A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Messidor an ru. L te ob VAR IA EESTU N S o | Hyc. 5 SARIAVENTS. du ar res 4 A midi. LUNAIRES. DEL'ATMOSPHBRE > < 1 | 7c,o | Nord, Ciel couvert le matin ; quelques nuages depuis 10 heures. 24]0 70,0 | :N. Même temps. 3 | 63,0 | N. Quelques éclaircis dans la journée. 4 | 76,0 | N. Ciel nuageux ; beaucoup de vapeurs. sua Te Calme. Le matin ciel nuageux ; pluie et tonnerre à $ heures du soir, 6 | 760 | N. Equin. ascend. Pluie une partie de la matinée ; quelques éclaircis le soir. 7 | 65,0 | Calme. Dern. Quart. | Quelques nuages. 8 | 61,5 | Calme, Apogéc. Ciel à demi-couvert ; quelques gouttes d’eau à $ heures soir, 9, || 7535 Calme, Ciel couvert ; pluie abondante par intervalles. 10! 73,0 | N-O. Beau avec nuages le matin ; couvert l'après-midi. 11| 72,0 N-O. Quelques éclaircis le matin ; plusieurs petites averses l'après-midi. 4 12| 72,0 | N. Ciel à demi-couvert ; vaporeux. 13| 70,0 S-O, Idem. 14| 8$5,o | S-O. Pluie abondante une partie de la matinée; quelques éclaircis le soir. rs Soul aO: Nouv. Lune, Idem. 3 16| 79,5 O. Ciel couvert le matin; beaucoup d'éclaircis le soir. 17| 80,0 | O. Gros nuages le matin } vapeurs ; quelques éclaircis le soir, 18! 75,0 | N. Quelques nuages. e 19| 77,5 Calme. Beau le matin ; gros nuages l'après-midi. zo| 75,0 | N-O. Ciel vaporeux ; quelques nuages, 21| 72,0 | N-0. Equin. descend. | Ciel trouble et nuages blancs. 22| 72,0 | N. Prem. Quart. | Quelques éclaircis. 23 172,0 1 |MS°O: Périgée. Idem. 24 79,0 | S-O. Pluie par intervalles ; forte averse à 6 heutes; tonnerre, 25| 70,0 | O. fort, Quelques éclaircis. 26| 67,5 O. Couvert une partie du jour ; superbe toute. la soirée, 27| 70,0 | O. fort, Couvert par intervalles. 28| 67,0 | ©. Quelques éclaircis. 29| 67,0 | N-O, Pleine Lune. Ciel couvert aux trois quarts. 30] 75,0 | ©. Pluie fine par)incervalles dans la journée, RÉ C A PIT U LA TI O:N. deigrêle:.....s.tluesse.s : 0 de tonnerre........ STE SN) de brouillard, ..... seEaameer OO de neige........ or ch ro Le vent a fouffé du N. ...,../..,........ 219 sufos BÉERSRET AE tte © Ex éosets asia eee at {00 SE Re cneideenuepe cote o CSP IEEE TAPER Se o d s:0::. cé cute iniot so ° "4 | k ON CA SOPCEE LEE HAS 8 N-O. . sr. scoopeo. 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur les questions élémentaires ou fondamentales d’une Théorie de la Terre. Par BenrranD,auteurdes Nouveaux Principes de Géologie. L, >hysique et la chimie ont fait, depuis peu, plusieurs grandes et belles découvertes , parmi lesquelles on a cru pouvoir trouver, enfin , la vraie clef d'une théorie générale de la terre. Néan- moins , et malgré les nombreuses LÉtertationl ou dissertations géologiques que nous recevons de tous les savans et de tous les pays , j'ose dire que cette science , loin de faire des progrès , s’embrouille de plus en plus. Pourquoi cela ? C’est parce qu’on ne veut pas employer ici d’autre méthode que celle reconnue pour indispensable dans les sciences positives ; exactes ou géométriques , et qu’on voudroit toujours n’y marcher ou argumenter que du petit au grand , du connu à l'inconnu , du moderne à l'antique ; conclure , par exemple, d’un cristal gemme ou d’un petit résultat de notre chimie , aux plus grandes masses de granit, de gneïss, de ‘schiste..….. "ete. aux-plus grands et aux plus anciens gestes de la nature. C’est sur-tout , parce que les plus habiles observateurs et géo- logues , quoique forcés d'admettre , dans l’histoire du globe , de grandes et terribles catastrophes qui ont, nécessairement, défi- guré son état antécédent , troubléiet interrompu l’ordre régulier , n’en parlent que d’une manière vague ow épisodique , sans s’ap- pliquer à découvrir ou à’spécifier le genre de ces phénomènes , ni les traces , les effets et produits qui en restent ; sans les faire entrer pour rien dañs leurs tableaux géologiques , et ne voulant expliquer les faits les plus désordonnés , que par un ordre inva- riable qu’ils sapposent dans la marche et dans le travail de la nature ou de la mer universelle : croyant, enfin , avoir suffisam- ment défini les formes. et les substances les plus disparates par ces noms insignifians de primitives , secondaires et tertiaires. Ayant toute ma vie obsérvé et médite sur ce grand sujet, je sentois depuis long-temps les vices de cétte méthode , lorsqu’en 1779 j'osai opposer la mienne à celle que Buffon venoit de publier -ET D'HISTOIRE NATURELLE. 121 si magnifiquement, et même à celle que le célèbre Saussure ne faisoit qu’esquisser ou annoncer alors. Une des grandes objec- tions qu’on me fit, et qu'on ne cesse de me faire , c’est que nos connoissances ou nos observations sont encore trop bornées , pour qu'on puisse où qu'on doive y asseoir un systême ; qu'il faut donc s’en tenir à grossir la masse des faits particuliers , comme matériaux devant servir un jour à élever l'édifice ; mais je vois qu’ils ne serviront jamais qu’à encombrer la place sur aquelle ils pourrissent. Voilà donc encore une des grandes causes de l’obscurité qui règne et qui s’épaissit de plus en plus sur cette science. £ Car, malgré cette opinion presque générale, il est avéré qu'une observation géologique , quelconque , ne pourroit être vraiment utile qu’à celui-là seul qui l’a faite; que si vives qu’ayent u être ses sensations à la vue de tels détails ou de tel ensemble e faits , il ne pourrä jamais rous les transmettre, ni même nous faire une description fidèle des objets les plus palpables. Mais ce est pas seulement ce travail journalier de l'observateur plus ou moins clairyoyant qui reste inutile pour nous et pour lascience, ce sont même les observations les plus décisives et les plus frap- pantes aux yeux de tout le monde.Je citeraï seulement en preuve quelques-unes des vérités que je donne pour inattaquables , et qui avoient été, non pas reconnues , mais publiées avant moi par Ray » Bourguet : Dérnitrats ; Laämanon » Etc. ; lesquelles , après avoir fait grand bruit, sont aujourd’hui comme non ave- nues, sont mème contestées ét traitées d'illusions. Grand ét triste exemple des peines et du temps que nousperdons, pour ne laisser à nos neveux que des collections immenses de minéraux , des- criptions , méthodes, dictionnaires ! . .. | Cela montre encore combien il est fâcheux que les auteurs cités en soient restés là, qu'ils n’ayent tiré aueun parti de dé- couveries aussi heureuses , aussi riches en conséquences ; enfin , qu'ils nayent pu, ou qu'ils n’ayent osé systématiser à ce sujet : ‘car , autrement , leur travail et leur gloire rre seroient pas tombés dans l'oubli. Mais ce qui justifie bien leurs assertions , et ce qui est fort remarquable , c’est que ces quatre grands faits , dont je ‘fus frappé avant eux, dy moins sans leur secours , ne sont réel- lement qu’un seul et même fait , une seule et même vérité diffé- rémment démontrée par plusieurs géologues qui, touten eotoyant Je même chemin , se croyoient fort loin les uns des autres. Toutes les observations géologiques , comme celles dont je viens de-parler , seroient donc absolument nulles ow nor rece- vables, si elles se montroient toutes nues , et sans quelqu'appa- 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rence systématique , soit en elles-mêmes, soit dans la manière de les décrire ; tout observateur est donc tenu de faire actuellement quels hypothèse. Si maloré cela ses observations restent encore inutiles, c’est que le petit système qu'il ÿ présente est isolé et trop circonscrit pour éclairer ses lecteurs ;, donc, et quoi qu’on puisse dire , il faut qu’il systématise , non-seulement lui-même, mais en grand ; d'autant que ceux qui ne veulent que des faits, en trouveront nécessairement beaucoup dans un grand système qui, füt-il faux dans son ensemble , leur sera encore précieux à cet égard seul. Enfin, dans un seul fait naturel, l’observateur en voit ou en dessine plusieurs , comme étrangers l’un à l'autre, ou dans plusieurs faits très-différens ilne voit que le même fait ; parce qu’il prend la face pour le corps, l’accessoire pour le prin- cipal , une nuance ou une variété pour un genre ; parce qu'il ne s'est procuré aucun moyen propre à diriger , à rectifier et fixer ni sa vue, ni son jugement. Îl faut donc nécessairement encore, que toute observation soit excitée ou précédée par quelques idées hypothétiques , et les plus étendues qu’il sera possible. Cette dernière conséquence est le principal motif de ce mé- moire. J’y suppose un physicien ordinaire , au moment où il va se livrer à l’étude de la géologie , sans être préoccupé d'aucune théorie nouvelle ou ancienne, ne voulant arriver au but que par sa propre conviction, et cependant prévenu qu’il a besoin, comme je viens de le prouver, de se faire un guide , un ordre, un plan quelconque des premières ou principales questions qui doivent exercer ses sens et sa pensée. C’est ce plan général que je lui propose ici, comme le meilleur que j'aye pu concevoir , dans un ordre qui, quoique tout opposé à celui des méthodistes , lui offrira la plus parfaite liaison entre touset chacun des grands ou principaux faits naturels : et pour lui épargner encore bien d’autres doutes et tâtonnemens , qui pourroient le rebuter , jy ose ces questions toutes résolues , j'en réduis même le nombre à dix, que je donne comme élémentaires ou fondamentales , et ue je tire de mes Nouveaux Principes dont, par conséquent, elles feront le précis le plus succinct, et néanmoins aussi vaste qu’il me semble possible et nécessaire ici. 1. Notre planète étant sortie, comme foutes Les autres, d’une masse inerte et placée , et ayant reçu avec le mouvement , læ lumière , la liquidité , la chaleur et la vie , l’eau vierge et fé- condée engendra la terre calcaire vierge par une vitalité minérale , source de toutes les vies organisées. II. Après la grande réduction qui s’ensuivit dans le volume ET D'HISTOIRE NATURELLE. 123 des eaux, l’émersion des premiers continens se fit ou s’acheva par une catastrophe qui, chang'ant tout à-coup l’axe , ss teur et le niveau du sphéroïde , partagea l’Océan universel, et découvrit une terre-ferme en la ravinant. UT. Szr les dépouilles marines s’entassèrenttoutes celles d’une prodigieuse population terrestre , dont la fermentation et La de composition sul/ureuses, jointes, sans doute , à d’autres causes météoriques et locales, excita en nombre d'endroits de grands incendies et tremblemens de terre. IV. Les tremblemens soulevèrent , bouleversèrent et entr'ou- vrirent de très-grandes masses ; ce qui Les rendit toutes bossues, inclinées et délitées , par conséquent toutes schisteuses ou prétes à Le devenir. V. Le feu ayant pénétré dans ces schistes, et jusque dans Phumus inférieur , qui étoit, tout à-la-fois , la matrice et le terreau des êtres organisés, n’a laissé, au moment de son extinction, que des abimes, des cendres , des Litumes , des Zerres ochreuses et torrefiées.… VI. La stalactite ou la Lessive de la cendre, encore chaude , Jut princip.lement le quartz qui, en se recombinant avec elle seule, a fait les vrais granits ; mais qui, en S'exiravasant dans les schistes inférieurs ou environnans, a rendu tous ces calcaires plus ou moins vitreux et méconnoissables. VII. Les huiles bitumineuses , et toutes chaudes aussi, cou- lant d’un autre côté, et infiltrant d'autres, ou quelquefois les mêmes schistes , ont changé en houille les couches qui leur of- Jfroient ou l'entrée où la qualité la plus favorable. VIII. De ces deux genres de flux pyriques, diversement mélés et combinés, tant entr'eux et leurs élémens qu'avec le flux et l'élément calcaire, sont résultées , avec Le temps, et par des circonstances nouvelles , toutes les autres minéralisa- tions dites magnésiennes , alumineuses , aroïlleuses.….… , Sauf la siliceuse ou le silex , qui demande une exception et une explication toute particulière. IX. Deux autres catastrophes , par une cause pareill2 ou différente , ont encore déplacé la mer par deux débacles qui, la faisant descendre jusqu’à son niveau actuel, ont également découvert et ruviné, l'un après l’autre, deux nouveaux étages .de continens, sur lesquels se sont renouvelées des scènes à-peu- 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE près semblables, mais proportionnées aux forces vitales et toujours décroissantes de notre globe. X. Conczusron 1. Les tremblemens, les incendies et les débacles sont donc les causes médiates ou immédiates , non- seulement des montagnes , des vallées , des lacs , des mers, et en général de toutes les grandes formes , mais encore de toutes les espèces de matières qui font l'enveloppe du globe ; excepté la forme et la matière des grandes couches horisontales de calcaire vierge , lesquelles , soit visibles , soit encombrées, sont les seules qui ayent conservé la nature, la place , le gisse- ment de leur formation originelle et marine. 2°, Excepté donc ce calcaire vierge que j'appelle natif, et celui que les bouleversemens ont rendu schisteux, toutes Les autres grandes masses , quel qu’en soit la nature ou le mélange, sont nécessairement ou arrenacées , je veux dire delayées , bri- sées , charriées , puis stratifiées en couches par les débacles et Les torrens ; ou jetisses, c’est-à-dire , jetées et amoncelées, sans ordre , par les venis, les feux, les éruptions , et tout autre er | gue l’eau courante ; aussi n’ont-elles jamais ni cou- ches , ni délits continus ou parallèles. Tels sont les problêmes, questions et solutions que je mets avant tout, et qui, selon moi, doivent fonder et embrasser toute la science géologique. Je sens bien cependant, qu’une théorie aussi extraordinaire peut ne paroître qu’un rêve , si l’on n’a pas la patience de lire et de peser tous les faits naturels , tous les argumens justificatifs , sur lesquels jai établi les neuf principes qui ont amené cet étrange résultat ; mais ne pouvant pas rentrer ici dans un aussi long détail , je me borne à quelques mots sur chacun de ces articles. Sur le premier article , je dirai seulement que je me sens irré- sistiblement forcé d’admettre , dans le globe , une vie minérale qui eut , d’abord, une puissance ou une fécondité incompréhen- sible pour nous ; qui après avoir conçu et enfanté le globe ter- reux, fut encore la mère de toutes les autres espèces de vies, qui aujourd’hui la remplacent ; maïs dont la première génération, A une eau ou une matrice vierge , fut la terre calcaire pure, et ne pouvoit pas être autre chose. C’est dans ce dernier point, sur-tout , que je contredis les plus rands physiciens qui veulent, quelques-uns , que l’eau ne se soit convertie en terre que par la voie de la cristallisation ; et qui tous soutiennent que cette voie , telle qu’elle fût, n’a pee abor ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 d’abord que les terres purement quartzeuses et sans couches , qu’ils nomment donc primitives ; puis les secondaires, qui se trouvent fort mélangées et avec des couches , mais toutes inclinées ; puis les calcaires, qui sont les plus pures de toutes , et en cou- ches parfaitement horisontales ; puis... mais je n’ai jamais pu croire à un Océan qui auroif tenu en dissolution , toutes à la-fois, tant de terres préexistantes et aussi disparates, et qui les auroit précipitées, distinctement , à des époques très-éloïgnées, et de manière à les faire contraster par leurs formes encore plus que par leurs substances. Je dis même, qu’une cristallisation aussi vitreuse , aussi ignescente que le granit, est infiniment moins vraisemblable dans le systême d’une fluidité aqueuse, qu’elle ne l’étoit dans celui d’une fusion ardente qu’on a cependant rejeté avec grande raison. Néanmoins , et pour dégager une aussi importante contro-. verse de tout débat qui pourroit paroître ul , jaccorderai , à Delamétherie , etc., que le globe entier, avec tous ses habitans, est un produit de la cristallisation ; que ce mot exprime toutes les fonctions vitales ; qu’il est équivalent ou préférable à ceux de génération , pétrification , végétation , etc. C’est donc , par exemple , à cette loi des affinités que l'oignon doit son germe , sa substance et sa forme. Eh bien ! telle fut aussi la formation de mon globe terreux , au moins de son enveloppe, par szscep- zion de couches semblables et homogènes , universelles et con- centriques. Or , de toutes les terres connues, le vrai calcaire est la seule qui réunisse ces caractères à tous ceux par lesquels je l'ai déjà signalée, comme étant exclusivement la production ori- inelle et marine , comme faisant non-seulement le chapeau des Alpes , sous le nom ou l'apparence de marbre , mais aussi la base des continens et le Éhd des mers, sous le nom de craie. Je demande donc, à mon tour , qu'on m’accorde , 1°, que lors- que ces couches furent accumulées jusqu’à la hauteur qui fait ou qui faisoit le sommet des Alpes, le globe terreux étoit formé ; 2°. que toute autre cristallisation marine devenoit, si non impos- sible , au moins inutile à ce grand objet; 3°, que le calcaire fut donc non-seulement la première , mais encore la dernière , c’est- à-dire, la seule et unique cristallisation qu’on puisse appeler générale et originelle; 4°. et que toute autre masse dont les caractères sont tant soit peu différens , fût-elle à des hauteurs où profondeurs beaucoup un grandes , n’a pu sortir de la cristal- lisation primitive ou générale ; qu’il faut donc absolument cher- cher son origine dans quelque cause ou cristallisation particulière, différente et même postérieure , comme je l’ai fait, Tome VI. THERMIDOR «x 7. R 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le deuxième principe n’est, je l'avoue, qu’une hypothèse ; mais je pense qu'on ne peut ni s’y refuser ni la remplacer , car, 10, l’émersion de toutes les terres par un baissement graduel de la mer qui , jusqu’à ce jour , l’auroit fait descendre insensible- ment , et tout au moins de 6 mille mètres , est une opinion qui n'a paru et que j'ai montrée comme insoutenable ; 20, sur le globe , tout naïîssant , on ne peut pas supposer des îles ou émi- nences ; 3°. ces îles elles-mêmes eussent été très-long-temps découvertes avant d’être habitées , ou hors d’atteinte des vagues et des marées, mêmes Les plus ordinaires ; 4°. elles seroientmême restées à jamais inhabitables , puisque la fureur de ces flots jour- valiers n’y auroit pu laisser que le sable et le gravier, toujours, et de proche en proche, le rivage le plus aride ; à plus forte raison , s’il n’eût été par lui-même qu'une roche primitive , comme on le prétend ; 5°. au contraire, le berceau de la nature vivante fut, nécessairement , un large et riant théâtre, un grand continent qui ne put éclore que par une retraite prompte et lointaine des eaux. En effet, pareilles fuites ou débacles ultérieures de la mer, sont incontestablement démontrées par tous les détails que j’ai donnés de leurs effets et de leurs ravages. Si la cause en restoit inconnue , inconcevable , le fait n’en seroit pas moins réel; mais si en rapprochant plusieurs autres phénomènes , je ne les trouve explicables que par la même cause que je donne à celui-ci , dès-lors elle sera pour moi , non-seulement vraisemblable, mais presque évidente. Or , il n’est pas douteux, par exemple , que le rhinocéros n’ait vécu là où est la Sibérie, le crocodille là où est Maëstricht, le palmier là où est Cologne , etc. Il est donc aussi très-bien avéré que ni la zone torride , ni l'axe , ni le renflement du sphéroïde, ne sont plus là où ils étoient ; que lorsqu'ils ont été déplacés, ce fattrès-brusquement , et non par une 7ztatior dont le progrès est presque insensible depuis 3000 ans, puisque le rhinocéros fut tué et saisi par un froid qui le tient encore au- jourd’hui à l’état de glace ; enfin , que si tout le globe eût encore été sous les eaux dans ce moment, elles en auroient découvert une grande partie par un affaissement subit et relatif qui , comme l’on sait , eût pu être , dans quelques climats, non-seulement de 6 mille mais même de 19 mille mètres. Le troisième principe étant une opinion admise , très-vague- ment à la vérité , par les plus anciens philosophes, les modernes n'ont aucune raison de la rejeter , puisqu'ils n’ont pu acquérir aucune preuve contre ce fait dont, cependant, les témoins ma- icriels disparoissent de plus en plus. Mais cette hypothèse do "ETVD'HISTOIRE NADUR'ELLE. 127 l'incendie des premières terres n’eût-elle jamais existé, j'en aurois certainement été l’auteur ; car les preuves sans nombre que j'en ai données par des objets sensibles , sont encore moins convainçantes pour moi , que les sensations internes qui n’en restent et que je ne puis exprimer. Je pourrois abandonner à la dispute les causes et l:s agens qui ont pu livrer à la déflagration la surface , et même la masse de ces terres ; mais j'insiste sur le fait, et cependant je n’y admets rien de commun avec les feux modernes , souterreins où volcaniques , si ce n’est que , comme eux , il a été nécessairement annoncé , accompagné et suivi de tremblemens de terre , qui étoient proportionnés , c’est-à-dire , terribles , et qui se démontrent encore par eux-mêmes ; quoique leurs effets ayent été aussi fort différens de ce qu'ils sont dans les tremblemens modernes qui , trouvant une croûte déjà rabo- teuse et déformée , des bancs de roches et de terres arides , par- tout des résistances inflexibles ou inégales , ne peuvent que briser , fracasser , lancer inégalement et dans le plus grand dé- sordre : au lieu que les premières terres qui avoient toutes leurs couches parallèles , homogènes , et encore ductiles, cédant ensemble et également aux efforts de l’explosion , ont été soule- vées en bosses immenses et uniformes , sous des courbures con- tinues , régulières, et qui seroient encore aujourd’hui risoureu- sement géométriques , si, comme je l’ai prouvé , elles n'eussent pas été compliquées, corrompues ou tout-à-fait détruites par les nouveaux arrachemens, éboulis et tassemens qu'y ont causé les ravines et les autres ravages de la débacle. Enfin , ce phénomène des antiques incendies ettremblemens , qui semble révolter tous les géologues , est le premier mot de la grande énigme sur la- quelle ils pâlissent ; il est aussi la clef des principes suivans ; Du quatrième , sur-tout , qu’on a trouvé d'autant plus extraor- dinaire qu’il est tout neuf, et qu’il doit renverser les notions | a its qu’on croyoit les plus certaines. J'ai annoncé depuis dong-temps que le problème sur la nature et la cause générale des schistes , étoit un des premiers qu’il falloit résoudre ; et que cette solution en ameneroit bien d’autres qui, jusques là, reste- ront impossibles. Et en effet, quelle observation plus grande, plus frappante et plus féconde en conséquences , que celle qui me montroit, d’une part , le calcaire vierge restant toujours lui-même, parce qu’il est resté assis horizontalement , couvert et pressé par toutes ses couches , sans pouvoir ni admetire aucun fluide extérieur , ni se minéraliser autrement que dans sa propre substance et avec son propre gluten : d'autre part, ce même calcaire qui, de proche en proche , devient bossu, deversé , R 2 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s’entr’ouvrant de lui-même , parce qu’il pèse debout sur une de ses tranches , ou les portant souvent toutes deux en lair, béantes , destinées et toutes prêtes à recevoir ou aspirer du de- hors tous les fluides et solides qui s’y présenteront ; qui, d’ail- leurs, se trouvant toujours au dessous, au voisinage ou à l’entour des masses granitiques et inçendiées , est devenu non- seulement l’égoût ou le réceptacle de tous leurs flux et élémens quärtzeux, bitumineux , sulfureux. ..., maïs encore le gîte exclusif , la gangue de toutes les minéralisations , houilleuses , duartzeuses , alumineuses , magnésiennes, métalliques , ete. , etc. Quoi de plus frappant pour un bon observateur ! Le cinquième principe est un autre corollaire qu’il faudra bien m’accorder , si ce n’est peut-être encore les abîmes que j’aï mis au nombre des effets et ravages du feu. Ce sont, à mes yeux, des terres qui furent les unes dévorées , volatilisées ou inciné- rées , et les autres creusées en dessous, puisenglouties. Je suppose mème que cet engouffrement des eaux comme des terres , ayant été l’efter de extinction simultanée de plusieurs grands incen- dies , fut une des causes ultérieures des baissemens subits de la mer. Il seroit trop long de rapporter ici tous les faits locaux que j'ai cités à l'appui de cette hypothèse, et qui m’ont presque convaincu que la plupart des lacs et des mers doivent à pareïlles causes la formation de leurs bassins actuels. Le sixième principe, où je fais jouer à la cendre un si grand rôle , n’est aussi qu’une conséquence nécessaire du précédent ; mais c’est celui qui effarouche le plus les minéralogistes praticiens , et même les géologues observateurs. Ils ne voyent la cendre nulle part, tandis que je la vois presque par-tout , et principale- ment dans leurs pierres primitives , qu’ils avouent être indéfinis- sables , et que je crois avoir toutes cha en les rajeunissant. En effet, tous pr cristaux sont des sels + tous les sels ont eu leur terre congenère pour base , matrice ou élément ; les cristaux ignescens, comme quartz, feld-spath et autres, sortent donc d’une terre très-vitreuse © Eh ! quelle terre auroït jamais pu être et plus vitreuse et plus riche en sels que la cendre ? Quelle autre terre vitreusè pourroit-on même nous montrer, imaginer, Ou supposer ? La silice , dira-t-on : maïs la silice n’est qu’un nom ; c’est le sujet ou le produit qu’on prend pour la base ou le pro- duisant ; elle ne se voit , elle n’existe pas sous la forme massive de terre. D'ailleurs , sous ce nom de silice , je ne dois , je ne puis même la reconnoître que comme originaire du silex, et accidentelle dans le grès siliceux qui en est le détritus. Or, les masses de silex pur, outre qu’elles sont toutes isolées et très 2 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 pétites, ne sont elles-mêmes qu’un sel ou un soufre créé et cris- tallisé dans une décomposition animale. Si, comme on le prétend , cette silice est exactement la même que celle qu’on tire du quartz et du granit, j'en concluerai que la nature a pu faire exactement le même extrait des corps orga- nisés, soit par la voie humide et sulfureuse , soit par la combus- tion et l'incinération. Mais le sel résultant de cette dernière voie n'est, à mes yeux , et ne peut être qu’un flux lixiviel qui, uelquefois , et par une simple dessication , est resté sous la orme terreuse et pulvérulente du kaolin, qui fort souvent s’est filtré , pétrifié ou cristallisé , très-pur , dans les veines et les cavités du schiste ; mais dontla portion qui n’avoit point extravasé, se voit encore dans le vrai granit, comme dans sa source, son lieu natal et sa matrice. Là, le quartz n’est jamais pur , parce qu’il est toujours con- fondu , amalgamé et recombiné avec sa propre terre , qui est elle-même en partie dissoute et en partie neutralisée , tant avec lui qu'avec plusieurs autres salcifications neutres ou cristallisées , mais de formes et de couleurs très-différentes ; de sorte qu’il en résulte, non pas un aggrégat , mais un composé si disparate , si hétérogène en apparence, si varié d’un pays et même d’une place à l’autre , que je trouverois encore impossible de lexpliquer au- trement que par les différens genres ou espèces de corps orga- nisés qui auront été incinérés ensemble ou l’un après l’autre ; par le mélange fortuit et inégal qui se sera fait de ces différentes natures de cendres ; par maintes autres différences, soit dans la durée , soit dans l'intensité de l’ustion qu’elles avyoient subie. ... Au surplus , cette terre génératrice du quartz, on dit n’exister que dans mon imagination , ce n’est pas dans le granit seulement que je la montre : j'avoue même, 1°. qu’elle y est trop défigurée pour que l’incrédule puisse l’yreconnoître ; 2°, que d’ailleurs , quoïque dissoute et considérablement réduite , son premier volume n’auroit jamais pu s’y trouver assez grand pour engendrer encore tant d’autres quartz qu’on voit en dehors et même loin du granit ; aussi, est-ce à l’entour et au dessous de tous les monts granitiques , c’est dans les 10/aces sur-tout, que j'ai montré la cendre , en la signalant par ses traits ou caractères originels et irrécusables. Ce sont évidemment des cendres qui étoient déjà plus ou moins lessivées., dont Le quartz étoit ox déjà descendu et fixé dans les granifcations inférieures , ou encore trop fluide et fugitif , lorsqu'elles furent arrachées du monceaw général, par la débacle qui les a charriées, puis stratifiées ex 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE grandes couches. Là , quand même elles n’eussent pas encore été aucunement lessivées , elles ne pouvoient plus se granitifier , à cause du lavage, du transport, du mélange , et des circonstances toutes différentes : elles n’y ont donc reçu qu’un simple gluten, souvent calcaire , qui en-a fait une pierre tendre, poreuse , opaque , légère , et absolument semblable à celle que nous pou- vons obtenir avec nos cendres domestiques. Malgré cela , elle n’est pas mieux connue que toutes les autres pierres composées , et la hote géologique est encore si courte, ou déjà si enfumée, qu’elle n’y voit pas autre chose que du grès. Mais voici la grande objection qu’on me fait : « D’où auroît pu » sortir l'immense quantité de cendre que vous nous montrez ? » Quelle autre et encore plus immense quantité de végétaux et » d'animaux il faudroit supposer avoir été livrés aux flammes ! » car, la terre simple n’est point combustible; le feu ne pouvoit » donc pas non plus y creuser des abîmes » ? J'ai répondu, d’abord , qu'on ne peut argumenter ni du temps, ni des quan- tités contre les puissances créatrices de la nature , et qu’en effet, il nous est impossible d'évaluer ni de concevoir quel put être l’entassement des dépouilles marines et PRE RE , dans les premiers siècles d’une germination spontanée , d’une première éruption de toutes les forces vitales. Ensuite , et en avouant V'incombustibilité de notre terre simple , je dis qu’on n’en peut rien conclure pour la terre qui venoit d’éclore et qui, comme on vient de le voir , étoit la matrice, l’aliment, ou le premier ter- reau de tous les êtres organisés ; dont, par conséquent, toutes les particules étoient elles-mêmes ou vivantes ou du moins orga- niques , jusqu’à une profondeur inconnue. D'ailleurs , la masse de terre qui portoit le brâsier étoit déjà bouleversée et schisteuse (comme je la vois effectivement sous presque tous les granits ) ; ses couches supérieures et encore organiques se trouvoient donc , dès-lors , inclinées et engagées jusques dans le fond : elles y auront donc porté l’ignition d’autant plus fortement , que les corps enflammés chassant en l’air toute la matière volatilisable , précipitoient sourdement toutes les graisses et huiles bouillantes dans les autres couches qui, étant toutes schisteuses , quoique n’étant peut-être plus organiques , pouvoient ainsi, et de ns en proche , devenir également combustibles. Enfin , si la £erre simple , que je n’admets pas ailleurs que dans le calcaire vierge , est incombustible aujourd’hui, je suis très-persuadé qu’elle ne l'étoit pas , ni lors de sa forma- tion , ni lorsqu'elle enfantoit d’elle-même tous les êtres vivans : et puisqu'elle est une conversion de l’eau, qu'on assure être ET D'HISTOIRE NATURELLE. 151 laliment nécessaire à l’ignition , comment ne l’auroit-elle pas été elle-même ? Les septième et huitième principes me semblent être assez éclaircis et justifiés par les détails précédens. Le neuvième principe , par lequel j'établis deux autres catas- trophes, qui ont encore changé brusquement le bassin et le niveau des mers , me sera peut-être accordé par quelques obser- vateurs qui, déjà, ont reconnu la nécessité d'admettre, ici et là, des événemens à-peu-près semblables ; comme des irruptions de grands lacs supérieurs... torrens furieux à la cime des plus hautes montagnes... inondations et soulèvemens prodigieur , puis une chite précipitée de la mer....etc. Les pure faits naturels qui les frappent , et qu'ils ne trouvent explicables que par un torrent quelconque , sont précisément ceux qui m'ont frappé, et que j'ai aussi expliqués par un torrent. Maïs certaine- ment ils avoueront que ce torrent simple et général , défini et circonstancié par l’origine comme par la fin de sa course , est bien plus naturel et plus admissible que tous ceux qu’ils ont “imaginés ad libitum ; et certainement encore, ils auroïent abouti: à celui-là et s’y seroient fixés, si au lieu de concentrer toute leur attention sur des objets locaux les plus apparens ou les plus singuliers , ils l’eussent soutenue en continuant d’observer jus- qu'aux formes du globe les plus simples ou les plus communes ,. lesquelles , quoi qu'on en dise, m'ont paru être aussi les plus. instructives. Ils auroient donc reconnu, eomme moi , dans les ee sur-tout qui nous environnent , deux anciennes stations de’ ‘Océan , l’une à près de 200, l’autre à près de 1009 mètres au- dessus de son niveau actuel. À Cependant ,, presque tous les autres géologues me diront que ce que je crois avoir vu le premier , tout le monde le savoit d'avance sans y aller voir ; que la mer ayant employé un nombre de siècles que l’on m’ose pas évaluer , pour descendre par un baissement graduel et insensible de la hauteur de 6500 mètres, il faut bien qu’elle ait séjourné à 1050 , puis À 290, pendant nombre d'années. ; mais on doit bien sentir que je m’attendois à cet argument , et que j'étois bien en garde contre cette illusion. C’est dpne par des signes non équivoques que j'ai jugé ces denx stations fixes et permanentes de la mer ; c’est par le gallet marin qui est toujours Énorat , et dont les bancs ne sont jamais que de: quelques mètres au-dessus: et au-dessous de sa plus haute laisse ;. par les dunes qui se forment et se sont toujours formées au-dessus de son niveau ;. par les falaises marines et a-pic, lesquelles, er: prouvant que la mer a très long-temps battu et sappé uniquement 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leur base, prouvent encore, sans replique, qu’elle n’étoit pas des- cendue jusques là par un baïssement lent et progressif; enfin, c’est par l’état et la forme des deux amphithéâtres ou continens , tant inférieur que supérieur , qui, loin d’offrir aucun de ces vestiges littoraux , offrent tous ceux d’un torrent général qui les a ravagés du haut en bas. ‘Ce sont ces ravages subits du torrent ou de la débacle, ce sont encore leurs suites prochaines ou éloignées qui donnent le plus d'importance à ce neuvième principe ; puisqu'il devient ar-là le tableau général , ou au moins la clef nécessaire à : ls des principales et dernières formes que présente la surface du globe, même des accidens qui ont plus ou moins agravé , défiguré ou effacé celles qui étoient déjà imprimées par les tremblemens et les incendies , même encore d’une infinité de masses et de composés qui n’existoient point auparavant ; enfin , de presque tout ce que nos plus habiles géologues ne peuvent expliquer autrement que par les mystères d’une cristallisation qui auroit produit les plus simples , comme les plus bisarres , de ces formes et de ces composés , spontanément, dans le sein et dans le fond du vague Océan. Mais ne pouvant réunir ici tous les faits justificatifs qui sont parsemés dans mon ouvrage , je vais les Deere en quatre traits. La débacle fut un torrent général ; elle arrachoit tout ; elle charrioit presqu’autant de terre que d’eau ; sans elle il n’y auroit ni montagnes ni vallées , proprement dites ; encore les eût-elle toutes effacées et réduites à de grandes plaines ou pentes uniformes, si, tombant de plus haut, elle n’eût pas cessé aussi promptement de les surmonter et de les ravager : car ses ravages n’ont été nulle part plus grands que là où ils sont le moins sensibles aux yeux du vulgaire , et nulle part moindres que là où ils semblent le plus horribles. Le dixième et dernier article est le résultat des précédens , ou une analyse encore plus resserrée de mes Nouveaux Principes, sous deux cadres géo-minéralogiques , formant deux méthodes différentes , mais relatives et inséparables. L’une comprend la nature propre ou essentielle de chaque espèce de terres , avec les causes soit originelles , soit accidentelles et successives de léur formation. L'autre embrasse également toutes et les mêmes es- pèces , mais dans l’état actuel où elles se trouvent , soit séparées, soit confondues , et se réduisant à quatre genres de masses qu’il faut absolument distinguer , non-seulement par leur constitution ou organisation , par leur placement ou gissement , mais sur-tout par les quatre agens ou véhicules qui en furent la cause, qui sont fort différens l’un de l’autre, et qu’on ne peut pas confondre sans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 133 sans tomber dans de grandes erreurs : on y verra entr'autres, que toutes les masses de vrai granit sont du genre nommé etisse. Voilà donc les bases nouvelles et fondamentales que je donne à la géologie, et que je propose à celui qui voudra ne l’étudier d’abord que dans ses grands objets matériels ou les plus sensi- bles , en n’y procédant que par les notions communes et dans le langage vulgaire , sans le. secours des autres sciences , pas même de ï, chimie , que je n’y voudroiïs appeler que lorsqu'on sera d'accord sur tous, au moins sur les principaux faits naturels. Car , c’est alors seulement, qu’elle pourra projetter , diriger ses manipulations sur les minéraux actuels, dans la vue et avec quelqu’espoir d’y découvrir, enfin, comment la chimie naturelle a pu les travailler intestinement , ou sur la place, pour les rendre “A qu'ils sont, après lui avoir tous été livrés , tels que je le dis, par des causes désordonnées , mécaniques ou convulsives ; excepté un seul qu’elle aura pris on retrouvé tel qu’il étoit sorti, origi- naïirement , de ses mains créatrices : aussi l’ai-je nommé /e fls unique de l'Océan , et Le père commun de toutes les autres Zerres. Comment, en effet, le chimiste qui ñe sauroit pas que toutes ces autres terres étant ou schisteuses où arrenacées Ou jetisses , n’ont pu passer à l’un de ces trois cas sans avoir déjà perdu leur nature ou leur position et organisation primitive , même celle qu'elles avoient quelques heures auparayant ; que dans et depuis ce passage , elles ont encore reçu toutes les espèces possibles de mélanges qui, ensuite , ont encore produit une infinité de com- binaisons chimiques , toutes inouies et impossibles jusqu'alors ? Comment, dis-je, pourroit-il tirer quelque grande ou importante conclusion géologique de l'analyse qui lui montre, dans ces pierres , jusqu’à 8 et 10 matières composantes ? et de cette fa- meuse silice, entr'autres , qui se trouve par-tout, et qu’il met toujours en tête, comme la prééminente ? s’il ne sait pas que, souvent , elle n’y est que l’un des derniers irgrediens apportés par les eaux qui, en déchirant et dispersant les monceaux de cendres , et même de granits encore imparfaits , ont aussi délayé leur flux quartzeux qui étoit encore ou liquide ou liquefiable , et l'ont, ainsi que la cendre , répandu et insinué par-tout ; si ce n’est dans le seul calcaire za4/f qui, parce que seul il avoit échappé ou résisté à toutes les catastrophes , se trouvoit seul inaccessible ou imperméable à ce nouvel ingredient , comme à tous les autres, sans quoi il n’eût pas conservé jusqu’aujourd'hui son homogénéité presque natale ou originelle. Au surplus » Ce que je donne avec confiance comme principes Tome VI. THERMIDOR «x 7. S 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE long-temps médités , et tellement liés entr'eux qu'ils doivent être ou tous vrais, ou tous faux, j'invite le nouvel adepte à les prendre au moins comme suppositions ; mais à les méditer aussi sur le grand théâtre ,-en prenant la patience d’y vérilier tous les Faits et argumens qui, après nr’avoir conduit à ce résultat , en sont devenus pour moi les preuves complètes. Ce n’est qu’ainsi qu'il pourra juger si j'ai vu et conclu bien ou mal. Et d’ailleurs, Ver l'histoire physique et minéralogique du globe est encore à faire ; puisqu'elle ne pourra résulter que de grandes et nou- velles observations ; puisque toute observation en ce genre sera vaine , fausse ou inutile , tant que l’esprit et les sens n’y seront pas portés, guidés et fixés par quelque hypothèse préalable ; et puisque cette hypothèse suppose elle-même beaucoup de tenta- tives et de combinaisons déjà faites et rejetées ; il trouvera une rande avance dans la mienne, qui embrasse non-seulement tous es grands problèmes que l’on tenoit pour insolubles, mais encore ceux qu'on ne songeoit pas même à mettre en question. Enlin, s'il ne la juge pas admissible en tout point, il y prendra du moins plusieurs des matériaux inconnus ou négligés jusqu’à résent , sans lesquels il lui seroit impossible d’en édifier une meilleure ; sans lesquels aussi, nos plus habiles géologues reste- ront dans l’étonnement et l'embarras où les jettent plusieurs ob- servations importantes qu’ils viennent de faire récemment sur les Vosges, les Alpes, les Pyrénées..…., que depuis long-temps j'avois déjà faites et même rangées parmi mes preuves écrites ; et qui, de leur aveu , contredisent ou renversent absolument leurs pro- pres idées , ainsi que les systèmes qu’on regardoit généralement comme dogmes ou axiômes : les va donc aujourd’hui bien plus errans que jamais , puisqu'ils ont même perdu la boussole qu’ils croyoient posséder ; mais j'ose croire qu'ils trouveront moins fautive celle que je leur présente ici. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 135 SEPTIÈME MÉMOIRE Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d'eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière, de même que sur les conferves et tremelles, considérées relativement à leur nature et à leur propriété de donner du gaz oxigène au soleil ; Par Jean SsnEegrer, Bibliothécaire de Genève. SrTixe La matière verte combinée avec l'esprit-de-vin. vanp on verse de l’esprit-de-vin sur la matière verte contenue dans l’eau , tous les animalcules et les corpuscules globulaires mêlés avec elle éprouvent une grande agitation ; la couleur verte disparoît en grande partie , mais les masses restent les mêmes. Cette agitation , après avoir duré une ou deux minutes, finit; le calme revient , et les animalcules morts , avec les corpuscules lobulaires , gagnent le fond de la goutte , comme on le voit avec e microscope. Ces petits corps ne forment plus alors la matière verte ; elle est une membrane transparente, ayant une teinte verdâtre , que l'esprit-de-vin n’a pu enlever , comme il l’a ôtée au reste de cette matière. æ Le mouvement dont je viens de parler me parut extraordinaire ; lesanimalcules ne pouvoient l’acquérir d'eux-mêmes , à ce degré de violence. Aussi je ne tardai pasà voir qu'il étoit l'effet de l’ac- tion de l'esprit-de-vin sur l’eau pendant le mélange ; j’observois au moins le même mouvement, soit que le mélange se fit dans l'eau pure , soit qu’on l’opérât dans celle qui contenoit la matière verte, ou dans celle qui avoit tué les animalcules par l’esprit- de-vin qui y étoit mêlé. Quand on met une goutte d’esprit-de-vin sur une goutte d’eau, il se forme au milieu un espace circulaire quiest plus transparent ; c’est l’esprit-de-vin qui surnage ; le mouvement commence alors vers les bords lorsque le mélange se fait, et on l’observe par-tôüt en mêlant la goutte avec un pinceau ; on est moins étonné de la vivacité de ce mouvement , quand on sait que le mélange de S 2 . 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’esprit-de-vin et de l’eau occupe un espace pres petit que celui qui seroit formé en ajoutant le volume de chacun d’eux ; parce que l’on comprendra quelle doit être la force de leurs affinités réciproques. Je mis une goutte d’eau chargée de matière verte sur une goutte d’esprit-de-vin : il y eutun mouvement de flux et de reflux entre toutes les parties de la goutte ; plusieurs parties de la ma- tière verte se détachèrent en se dissolvant; elles étoient entraînées par des torrens qui se formoient pendant le mélange ; au bout de quelques momens tout se calma , le mélange devint laiteux par la séparation de la gomme. L’esprit-de-vin qui dissout la partie résineuse détache une srande quantité de petits corps globulaires, qu’on trouve au fond. Le mouvement excité dans l’eau par l’esprit-de-vin , est d’au- tant plus petit que sa quantité est plus grande relativement à celle de l’eau ; mais si la quantité de l’esprit-de-vin est la plus petite relativement à celle de l’eau, on renouvelle le spectacle en y versant une nouvelle quantité d’esprit-de-vin , jusqu’à ce que l’eau soit saturée ; on produit le même effet dans le cas précédent, en y versant de l’eau jusqu'à ce que l’esprit-de-vin soit entièrement combiné avec elle. SHOP La matière verte soumise à l’action de la garance, de l'urine ; et de l'eau de chaux. {. Je mis la matère verte dans une infusion de garance ; je sayois que divers animaux en avoient mangé sans être trop in- commodés, et que les végétaux qu’on avoit arrosés avec elle n’en avoient point souffert ; j'espérois donc apprendre quelque chose par la teinture que cette infusion pourroït communiquer aux animalcules et à cette matière. L'espèce de mucilage qui couvre la matière verte, sa pellicule, me parurent clairement rouges , ou du moins le vert me sembloit passer au rouge ; mais cette matière continua de donner de l'air , etses globules ne changèrent pas de couleur ; les petits animalcules restèrent avec leurs nuances, les gros animalcules à tourbillons se teignirent en rose. On voit qu'il y a dans quelques-uns , des vaisseaux dont les calibres sont trop fins pour filtrer la matière rouge. 4 II. J’essayai l'effet de l’urire sur les animalcules , parce que ET D'HISTOIRE NATURELLE. ! 137 Spallanzani avoit observé que ce fluide tuoit les animalcules qu’il avoit vus, Je crus trouver ici un moyen tranchant pour décider si la matière verte étoit un Yégétal ou une ruche d'animaux, parce que je supposai que l’urine tueroit les animalcules sans nuire à la matière verte. Je versai donc de l’urine dans un vase où il y avoit beaucoup de matière verte , le 7 messidor ; je trouvai qu’elle continua de donner de l'air au soleil ; le 8 j’apperçus quelques animalcules lobulaires en mouvement, la verdure se conserva toujours balle , et le gaz oxigène fut toujours produit. Le 29 cette matière verte étoit fort belle , sa couleur étoit plus foncée , je n’y dé- couvris qu’un petit nombre de corps ellipsoïdaux et d’animal- cules transparens ; mais j'apperçus plusieurs Animalcules d’un vert foncé , dont la grosseur s’approchoit de celle des plus gros ; s’ils avoient fait une partie intégrante de la matière verte , on les auroit facilement vus dans cette matière, et ils n’auroient pas échappé quand on l’auroit rompue. J’ai vu sur un vieux verre où la matière verte avoit crû dans un mélange d’urine et d’eau, la pellicule sur laquelle ces animalcules verts nouveaux nageoïent et paroissoient paître. On voit ces animalcules se multiplier par division, etl’on peut suivre facilement cette partie de leur histoire. L’urine favorise le développement de la matière verte, et comme les animalcules verts qu’on y voit sont assez pros, on pourroit aussi facilement y découvrir des bulles que‘des points, ou des animalcules qui s’en séparent , puisqu'on voit aisément ces bulles s'échapper de la matière verte. J’ai cherché s’il se formeroit de la matière verte dans l’urine, Je préparai, le 17 germinal, l’expérience : je remplis les deux vases avec l'urine fraîche , et je remplacai la partie évaporée de l’un avec l’urine nouvelle, et clé de l’autre-avec l’eau commune. Dans le vase où étoit l’urine pure j’observai , le 18 , un léger mucilage ou quelques"points transparens ; le 21 je vis un muci- lage grenu où l’on distinguoit quelques filets plus foncés. Le 1%. prairial j'apperçus la pellicule sur les morceaux de verre mis au fond du vase, je continuai à suivre cette expérience, et le 14 fructidor je découvris la matière verte dans le vase rempli * avec l’eau commune , il conservoit néanmoins une forte odeur urineuse. J’y remarquai des cristaux semblables à ceux que Romé Delisle représente dans la planche V, fig. 20 et 3 de la première édition de sa Cristallographie. IT. Je versai de l’eau de chaux dans des vases qui contenoiïent la matière verte , sa couleur disparut ; mais je remarquai toujours 138 JOURNAI, DE PIYSIQUE, DE CHIMIE sa pellicule ; j’observai quelques animalcules, comme le gonium, et quelques globulaires. L'eau de chaux , en enlevant l'acide carbonique de l’eau, qui est l'aliment des plantes , feroit périr la matière verte , quand elle ne la tueroit pas par sa causticité. Si ET: Action des acides sur la matière verte. Je voulus essayer l'influence des acides sur la matière verte ; je commençois ces expériences par le vinaigre ; je remarquai d’abord qu'il n’y avoit point de mouvement dans l'instant du mélange comme avec l’esprit-de-vin. Le 15 prairial je versai quelques gouttes d’un vinaigre assez fort dans un vase de verre, où cette matière étoit assez abon- dante : elle ne donna point d’air jusqu’au 27, qu’elle recommença de le distiller ; mais le 21 elle avoit paru se blanchir et lessiver, ensuite elle reprit sa couleur et sa santé ; j’observai aussi les animalcules globulaires. Le 7 messidor je versai dans le verre environ le quart de son volume de vinaigre ; il y eut encore de Vair produit , mais je n’y apperçus aucun animalcule ; le 8 une eue partie de cette matière prit la couleur de la rouille ; le reste étoit très-vert ; le 9 il n’y eut point d’air produit; le 29 il n’y avoit plus de verdure. Il étoit curieux de voir les anguilles du vinaigre mettre en mouvement de grandes parties de cette matière sans les rompre. Si la pellicule ou la matière verte avoit été un aggrégat d’ani- malcules , cela auroit-il été possible, sur-tout quand les animal- cules furent tués par l’action du vinaigre ? Enfin , il falloit voir si cette matière se trouveroit dans le vi- maigre pur. J’en mis, le 17 germinal, dans un vase de verre, et je remplaçai toujours celui qui s’'évaporoit : j’apperçus, le 18, sur les morceaux de verre placés au fond des vases, quelques oints transparens ; le 28 il se forma un mucilage fort épais. LE 4 floréal j’apperçus plusieurs cristaux rhomboïdaux ; depuis le 16 prairial ce vase fut rempli avec de l’eau , et au milieu du mois suivant la matière verte y parut ; je vis plusieurs animal- cules globulaires absolument indépendans de cette matière , qui se développoit. Je répétai la même expérience avec un mélange d’eau et de vinaigre dans des quantités égales ; j’observai les mêmes phéno- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 139 mènes que dans l’expérience précédente , mais je ne vis ni ani- malcules globulaires , ni animalcules verts. Enfin , j'ai vula matière verte se former dans un flacon rempli d'une dissolution saturée et filtrée de tartrite de potasse. Sans doute que les acides végétaux , décomposés par l'action de la lumière , fournirent à la matière verte le re nécessaire à son développement. Les acides minéraux, comme l’acide nitreux, tuent tous les animalcules qui disparoissent d’abord , ils détachent aussi cette matière verte, ou sa pellicule , du fond et des parois des vases où elle est, comme je l’ai déjà remarqué ; ils déchirent même cette pellicule , lorsqu'elle ne se détache pas également par-tout des corps auxquels elle adhère ; mais on apperçoit les corpuscules globulaires et ellipsoïdaux qui n’ont point été altérés par l’action desces acides, et qui paroïssent, à cet égard , d’une nature dif- férente de celle des animalcules, dont on ne sauroit appercevoir les cadavres. (02:00 bei à Sur quelques cristallisations. Tous ceux qui ont fait des observations microscopiques ont observé des cristallisations, qu’ils ont cru des sels différens. Ingenhousz, qui l’a remarqué de même , a négligé de le démon- trer. Il parle , dans ses vermischten schriften de corps transpa- rens et anguleux qui lui paroissent des sels ou des cristallisa- tions péerreuses , ils sont plus srands que les insectes , et Se trouve ans un nombre plus ou moins considérable ; suivant la nature des eaux employées. J’ai étudié ces cristallisations avec plus de soin ; et j'ai trouvé dans les eaux où étoit la matière verte , qu’elles étoient des spaths calcaires , que l’eau chargée de terre calcaire laissoit tomber , lorsqu’elle ne pouvoit plus la dissoudre avec l’acide carbonique que la matière verte lui enlevoit pour son aliment. Je mis une goutte d'acide nitreux sur un morceau de verre couvert de ces cristaux , ils furent tous dissous à l’instant avec effervescence. Si ces spaths sont le produit de l’évaporation et de la disparu- tion de l'acide carbonique , en hâtantl’évaporation par la chaleur, on doit hâter la formation de ces spaths ; c’est ce que je remar- quai en échauffant légérement l’eau. Mais si l’on n’employe l'eau très-pure , où soigneusement dis- 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tillée, il n’y aura point de cristaux , quoiqu'elle s’évapore comme l’eau commune ; cependant cette eau distillée fera paroître des cristaux , quand on l’échauffera après l'avoir mêlée avec l’eau eommune , ou après y ayoir dissous de la terre calcaire avec l’acide carbonique. Ces cristaux seront d'autant plus nombreux dans des vases égaux remplis avec la même eau, que la matière verte sera plus abondante dans l’un d’éux , parce qu’elle s'empare d’une quan- tité plus grande d’eau et d’acide carbonique ; maïs l’eau distillée , chargée d'acide carbonique, ne laisse appercevoir aucun de ces cristaux, è L’eau qui a fourni ces cristaux , comme celle qui a bouilli, contient moins de térre calcaire ; la première la dépose en cris- taux , et la seconde précipite la terre avec plus d’abondance et moins de régularité. de Ces cristaux ont une forme rhomboïdale , et l’on reproduit avec les acides qui les dissolvent les sels neutres que ces acides for- ment avec la chaux, Je ne pouvois avoir aucun doute sur ce sujet, parce que je m'étois assuré de l'existence de la terre calcaire dans l’eau que j'employois pour .mes expériences , comme de celle de l’acide carbonique qui la tenoit dissoute ; maïs on prouve, sans replique, la vérité de ces observations , si l’on a de l’eau distillée forte- ment, chargée d’acide carbonique , et si on lui fait dissoudre toute la terre calcaire qu’elle peut contenir : alors, en exposant des feuilles au soleil , sous des récipiens pleins de cette eau, on voit se produire du gaz oxigène , et la terre dissoute @äns l’eau se déposer sur le fond du vase , ou sur ses paroïs ; mais Comme ce gaz oxigène est un produit de la décomposition de l’acide carbonique , on voit que la terre cristallisée qui tombe est celle que l'acide carbonique avoit dissoute dans l’eau exposée ausoleil avecla feuille De Saussure a fait une observation sur ce sujet qui lui a été disputée ; il raconte, dans ses Voyages dans les Alpes, tom. 1, pag. 211, qu'il avoit mis sept livres d’eau filtrée dans une bou- teille de verre fermée avec un bouchon usé à l’émeril ; au bout d’une année il y trouva une espèce de conferve ou de mousse aquatique qui restoit opiniâtrément attachée au verre: l’agitation de l’eau fournit des lames blanches, brillantes , longues , étroites : les plus longues avoient six lignes de longueur sur demi ligne de largeur , et l’épaisseur d’une feuille de papier ; elles étoient for- mées par la réunion d’un nombre de cristaux transparens, due es ET D’HISTOIRÉ NATURELLE. 141 les sommités saillantes avoient la forme d’une pyramide triangu- laire , ressemblant au spath à dents de cochon. Ces cristaux se dissolvoient en entier , avec effervescence , dans l’acide nitreux, et formoient une selenite avec l'acide vitriolique. Cette expé- rience me paroît expliquée par toutes celles que j'ai faites ; mais De Saussure , à qui on la contesta, me pria de la refaire. Je pris un flacon de verre blanc contenant environ cinq livres d’eau , je le remplis d’eau commune, de manière que la dilatation de l’eau par la chaleur ne pôt le faire sauter ; je le bouchai avec un très-grand soin , et je l’exposai à la lumière du jour dans un lieu où il ne pouvoit recevoir les rayons immédiats du soleil ; je lai conservé de cette manière pendant quatre ans, et je vis bientôt la matière verte se former, les spaths calcaires se déposer au fond et sur les parois du flacon : je puis donc conclure ici, comme je l'ai fait, que le gaz acide carbonique absorbé et dé- composé par la matière verte, a favorisé Ce dépôt calcaire, puisqu'il a augmenté à mesure que la matière verte est devenue lus considérable. Aussi, dans un flacon pareil, rempli d'eau histillée , bouché de la même manière, et exposé à la lumière dans le même lieu , il n’y eut aucune production de matière , et aucun dépôt de terre calcaire, ou de spath, pendant le même temps. | ; Re Dans le mémoire: suivant je m’occuperaï de l'influence des odeurs sur la matière verte, et de son analysé chimique. q MEMOIRE SUR UNE ESPECE NOUVELLE DE CORNE D'AMMON:; Par le citoyen Denrs-Monrrorr, aide-géologiste au muséum rational d'histoire naturelle de Paris. L'ssricr nouvelle d'ammonite, ou corne d’'ammon , que je vais décrire, n’est point roulée en. disque , comme les cornes d’ammon ordinaires ; elle n’est point droite non plus, comme celles dont Lamarck a fait dans son prodrome(1), un genre sous (2) Voyez Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Paris, page 80. Tome VI. THERMIDOR an 7. T 143 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le nom de baculite , ce qui veut dire bäton pierre ; mais elle est contournée en vis et la spire est très-prolongée etturbinée. Lang , Bayer et Scheuzer l’ont eu entre les mains, ils en ont figuré des. fragmens, mais ils ne l'ont point connue , et quelques-uns des lithologistes , qui écrivirent depuis ces auteurs, se sont contentés de les copier; les uns comme les autres ont publié ces fragmens sous les noms de cornets et toupies de mer, de turbinites, de duccinites , et même de zeritites. Depuis près de deux ans j'avois dans ma collection de fossiles une espèce de coquille rapprochée des vis, par sa forme papi- racée , elle est remplie de matière calcaire d’une couleur blan- châtre , jaunissante et cendrée , et elle offre un massif solide ; sa spire tuberculeuse et très-allongée présente , dans son contour, quelques traces de sutures persillées : à la première attaque du marteau j'obtins une articulation découpée comme celles des am- monites ; mais cet individu étoit seul : il étoit tronqué , son allongement pouvoit n’être qu'une dépression accidentelle d’une corne d’ammon ordinaire, et malgré ce que je voyois il me fal- loit d’autres coquilles fossiles du même genre pour constater son mode d’être. J’attendois donc que quelque nouveau fait vint m'éclairer sur l'existence de cette organisation particulière. Depuis ce temps, le citoyen Launoi, marchand naturaliste , fit un voyage au Havre ; il passa par Rouen, etramassa quelques pétrifications.sur la montagne de Sainte-Catherine , qu est près de cette dérnière ville, montagne digne des regards de tout naturaliste. entièrement calcaire , et qui renferme encore d’au- tres corps pétriliés qui pourront faire l’objet de quelques autres mémoires. rh À . De retour à Paris, le citoyen Launoï remitau citoyen Faujas- Saint-Fond un amas de diverses coquilles fossiles provenant de cètte montagne ;cet amas ést lié et joint par un ciment calcaire ; au milieu de ces coquilles je retrouvai les mêmes cornes d’ammon, turbinées et articulées. A cette vue, j'éprouvai le plaisir le plus vif; mais il fut bièn augmenté lorsque ce savant célèbre me fit le don de ce bel échantillon. Je remarquerai ici que je dois beaucoup au citoyen Faujas: il voulut bien guider mes pas dans la carrière philosophique de l’histoire naturelle , et toujours je nvestimerai heureux lorsque je pourrai lui offrir les témoignages et l'étendue de ra reconnoïssance. 1 Une fois possesseur d'individus qu’il m’étoit permis de com- arer;je-conmençaialors seulement à faire quelques recherches : e hasard me servant à souhait, je me procurai quelques autres échantillons, J'en ai, depuis, retrouvé deux dans le riche et J ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 145 mgnifique cabinet du citoyen Sage , un dans celui des mines, deux ou trois, dont un agatisé, dans le cabinet du citoyen Drée ; et consultant les auteurs divers qui ont figuré des pétrifications , j'en ai rencontré quelques autres ; mais, comme les anciens, leurs modernes possesseurs les ont méconnu. Cette espèce , qui au premier abord me parut unique, s'est pour ainsi dire étendue sous ma main : on peut en former un genre. Je me contenterai d'en décrire , pour le moment , trois espèces que j'ai été à même de comparer, et j'en indiquerai cinq autres, toutes plus ou moins prononcées. J'en ai dessiné deux dans la planche qui est à la suite de ce mémoire, elles dif- fèrent absolument l’une de l’autre. Jeles ai tirées de la collection du citoyen Faujas et de la mienne. Je vais passer à leur des- cription, SECLET Gexne. Corne d’ammon turbinée. Caractère. Coquille univalve concamérée , en spire régulière prolongée et articulée 4 s'élargis- gant graduellement vers sa base. Bouche. À gauche , ronde, point de plis à la columelle. Siphon. Central. Gexus. Cornu ammonis turbinalur. Tesrac Univalvis concamerata ; spiralis , articulata ; basim radatim gibbosa. Apertura , sénistra , rotunda. Columella , explanata. Diaphragwatis wedio perforati. E'S'P'È C'E'Ss. so. Corne d'ammon turbinée. Tours de spire chargés perpert- diculairement , et vers le haut , d’unran de forts sillons, deux autres rangs de tubercules vers Le bas. Base unie. ( Foy. la pl. Host SATA la montagne de Sainte-Catherine , près Rouen. — Saru- biniek sur le Dnieper. De ma collection (1). 2, Corne d’ammon turbinée. Tours de spire chargés vers le haut d’un rang de tubercules, suivis de forts sillôns et de deux autres rangs de tubercules vers le bas. Base sillonnée. Habite le Havre. Dé‘ma collection. 30. Corne d'ammon turbinée. Tours de spire chargés de quatre rangs de tubercules disposés en quinconce. Base sillonnée. (1) Foyez les cabinets de la Monnaie , celui des mines , et celui du citoyen Drée. DE 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE .. Habite la montagne de Sainte-Catherine, près Rouen. Collec- tion du citoyen Faujas.( Voy. la pl. fig. 2. ) Charles-Nicolas Lang qui, un des premiers , au commence- ment de ce siècle , publia les corps fossiles de la Suisse et de ses environs , décrit dans cet ouvrage , qu’il accompagna de bonnes figures, trente-deux espèces de 1zrbinites ; il confondit, sous cette dénomination , des coquilles fossiles d’espèces différentes , et il y plaça notamment deux ammonites ou cornes d’ammon zurbinées. W paroît qu’il n’en possédoit que des fragmens qui, dit-il, sont de couleur jaunâtre et cendrée, et viennent des montagnes près Bæstein et Luggeren, au comté de Baden. Illes désigna comme turbinites , sous les phrases caractéristiques suivantes : VE 10. T'urbinites striatus striis transversis densioribus, et ex parte superiore in tubercula abeuntibus a dextra, ad sinistranr convolutus major pullus duarum spirarum. Tab. 32 , fig. 6. 20, Turbinites striatus striis transversis et in medio in dupli- cem papillarum seriem divisis a dextra ad sinistram convolutus major pullusunicae spirae. Tab.32, fis. 7. (1) Bourguet, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire natu- relle des pétrifications , se contenta , plus de trente ans après , de copier servilement Lang. Il donne , dans sa planche 54, fig. 230 et 231 , les deux mêmes figures ; et comme son graveur ne grava même pas au miroir , à; sont mal représentées , et ce qui est à gauche dans l'original, se retrouve à droite chez le copiste ; à la vérité, il cite l’auteur allemand , mais il les nomme à son tour, et dit que ce sont des fragmens de cornets de mer à raies et à tubercules (2). Lang nous offre donc deux espèces de cornes d’ammon turbi- nées. Sa figure 7 se rapporte à la figure 1e. de la planche qui est jointe à ce mémoire , et sa figure 6 en présente une autre espèce, dont es tours de spire sont chargés d’un rang de forts sillons vers le haut , et d’un seul rang de tubercules vers le bas. La base est sillonnée (3). J.-J. Bayer ; qui écrivit peu de temps après Lang, et qui lux dût peut-être la première pensée de son ouvrage sur l’orictogra- phie du territoire de Nuremberg, a denné, dans sa planche 6, = Qi) Vide Caroli-Nicolai Langy, Historia lapidum figuritorum Helvetiæ ejusque Viciniæ , pages 111 et 112, édition de Venise, in-4°. (2) Voyez Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des pétrifice- sions , etc. La Haye , Jean Neaulne ; 1742. in-4®. (3) Voyez Lang, Tab. 32, fig. 7 et 6, ET D'HISTOIRE -NATURELLE. 145 deux figures de fossiles qu’on peut rapporter à ma core d’ammon turbinée. L'une, figure 12, qu’il nomme buccinite, a la spire revêtue de protubérances isolées et de forme oyale ; son aspect et le tour dE sa volute paroïissent appartenir de plus près au ge nouveau dont il est question, qu’à toute autre. La figure 27 e la même planche 6 est , dit l’auteur , que nous citons , une espèce de zérite. Lorsqu'on l’étudie et qu’on l’examine de près, on voit que c’est un fragment , un tour unique de spire d’une espèce de corne d’ammon turbinée ; elle offre trois rangs de tubercules disposés en quinconce , et donne , comme la prenuère, une espèce distincte et séparée d’ermmonite turbinée. La figure 12, planche 6, sera donc une corne d’ammon turbinée à spires char- gées d’un rang de protubérances isolées et ovales. Et la figure 27, même planche, une corne d’ammon turbinée à spires chargées de trois rangs de tubercules. Toutes deux viennent de Winckelcheid , dans les environs de Nuremberg (1). J.-J. Scheuzer écrivit après ces deux auteurs ; allemand comme eux , et compilateur infatigable, it nous donne, à son tour, dans. sa Physique Sacrée, deux espèces de coquilles fossiles qui se rapportent naturellement à l’ammonite ou corne d'ammon tur- binée. Nous consulterons ici la traduction française de cet ou- vrage, qui fut imprimé avec un luxe et une somptuosité sans exemple , et la planche 55, figure 54 du premier volume, nous présentera un strombe canelé avec de petites élévations. 1] ne diffère en aucune manière de la figure 1. de la planche de ce mémoire. Sa spire offre un rang de sillons et deux rangs de tubercules. Sa base est seulement rayonnée. , Mais dans la planche 58 du même volume, figure 103, on voit un fragment d’une espèce bien distincte, bien caractérisée de la corne d’ammon turbinée. est impossible ici dela méconnoître aussi cet auteur est celui qui s’est rapproché le plus de la vérité; il ne lui restoit qu’un pas à faire , et si, comme moi, il eût eu individu entier, il n’eût pas hésité de le placer parmi les am- monites ; l'objet de comparaison lui manquant , il dit formelle- ment que c’est zx morceau spiral d’une toupie de mer canelée dans toute sa longueur, avec des marques de feuilles imprimées sur sa superficie (2). Elle sera pour nous v#e corne d’ammor €1) Vide J.-J. Buyerr, Orictographia norica , où Description des fossiles du territoire de Nuremberg , page 69 planche 6. : (2) Voyez Physique Sacrée de J.-J. Scheuzer, traduite en français , in-folio, Amsterdam, 1732, 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE turbinée à tours de spire chargées uniquement de sillons per- endiculaires. Qu'il est donc beau et vaste le champ qui se présente à l'œil de l'observateur , lorsqu'il étudie ces corps fossiles qui, autre- fois organisés , sont aujourd’hui disséminés avec tant de profusion dans les couches pressées de la terre ! Tous à un autre -ordre de choses ; ils sont étrangers au sol qui les recouvre , et les lits où ils reposent sont recouverts par de nombreuses familles d’êtres organisés qui doivent leur existence à de nou- veaux climats ! Qu'elle est immense cette carrière ! C’est ici que se trouvent ensevelis et confondus, pêle-mêle , et entassés les uns sur les autres , des individus qui furent doués de l’existence. Ils pèsent sur ceux qui les précédèrent ; tous ont rempli le but de l’inépui- sable et féconde nature qui, en les créant, exigea de chacun d’eux une quantité plus ou moins grande de matière calcaire ; leur vie entière fut consacrée à remplir ce but invariable. C’est ici seulement que nous retrouverons les médailles probantes de Vantiquité du globe et des révolutions qui déchirèrent ses en- trailles et sillonnèrent sa surface, et tout nous y prouvera que chaque point de sa circonférence subit, tour-à-tour , les influences de tous les climats. $ En effet, ne voyons-nous pas les restes des animaux , des co- quilles , des bois de la zône torride; hérisser les terres glaciales et les zônes tempérées, et l’analogie n’est-elle pas venue éclairer de son flambeau ces débris de la succession de générations sans nombre qui habitèrent cette antique terre , maintenant devenue le partage de l’homme et son domaine? Enfin, tout ne concourt-il pas à prouver, d’une manière irrévocable, ce qu’il fut donné de pressentir à ces hommes célèbres, à ces génies immortels qui , devançant le temps où nous vivons ; sondèrent la sombre nuit du passé , et firent jaillir quelques rayons de lumière au milieu des ténèbres épaisses de l’entassement des siècles? Mais indépendamment des rapprochemens les plus grands, cette étude , vraiment sublime , nous offre , au milieu d’une foule d’analogues que nous connoïssons , d’autres corps fossiles qui nous sont encore étrangers , et d’autres , enfin , qui, au premier apperçu, se présentent à nos sens sous des formes fantastiques, et à l’existence desquels l’esprit se refuse souvent de croire. Leur découverte nous offre presque toujours les passages qui nous manquent , et en se plaçant naturellement , ils viennent remplir les lacunes qui existent encore dans la série des corps organisés , que nous a fait connoître l'étude approfondie de l’histoire natu ET D'HISTOIRE NATURELLH. 147 relle. Quelquefois, à la vérité , ils viennent renverser tantôt une hypothèse , tantôt un système ; mais c’est ainsi que, pas-à-pas, cette belle science a fait tant de progrès , et qu’elle estarrivée au point où nous la voyons de nos jours. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Figure 1e. Corne d’ammon turbinée dont la spire est chargée vers de haut d’un rang de forts sillons et de deux rangs de tuber- cules ; base unie. 5 On remarque dans le fust de la spire le persillage des articu- ations. Figure 2. Corne d’ammon turbinée dont la spire est chargée de Les rangs de tubercules. Elle présente de même ses sutures. Figure 3. Révolution entière d’un tour de spire vu par dessous | et présenté de manière à laisser voir les feuillures persillées de l'intérieur , on y voit le siphon central. Figure 4. Le même tour de spire dessiné perpendiculairement, Comme la figure précédente , c’est un tronçon de la coquille #ossile , fig. 1°. et en offrant la découpure de l'articulation, ainsi que le ter , il laisse voir de plus , à découvert, la columelle. * Figure 5. Articulation isolée , vue perpendiculairement. Le siphon et les sinuosités de ses jointures y sont indiquées. El > offre la figure d’un coin. t Toutes ces figures sont de demi grandeur. 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pe À SUR LE FER NATIF DU PÉROU,; Par Prousr, professeur de chimie à Madrid (à). L'uisrorns de sa découverte, faite par Rubin de Célis, est consignée dans les Annales de Chimie , tome 5. Le hasard m’en ayant procuré quelques petits morceaux qui pouvoient peser demi-once en tout , je fus curieux de voir si l’analyse m’aideroit à résoudre le problème du fer natif. Avant de le livrer au pouvoir des dissolvans , je m’arrêterai à considérer ses caractères extérieurs. | Le plus remarquable , est de ng pas se roniller aussi facilement que le fer forgé. Mes morceaux le sont bien, dans les parties qui appartenoient, selon toute apparence , à la superficie de la :rande masse ; mais par-tout où le ciseau qui servoit à les détacher de bloc a passé , ils conservent une blancheur , une propreté qui étonne , sur-tout si l’on fait attention qu'ils ont traversé les mers, et qu'ils ont été gardés plusieurs années dans du papier , l’enve- loppe la plus faite que l’on connoïsse pour faire rouiller le fer. Ces morceaux sont très-ductiles , se forgent à merveille, sont fort doux à la lime , et sont incapables de durcir par la trempe. Placés à côté d’un morceau de fer Été et adouci au même degré, ils sont plus blancs et ressemblent à l’acier recuit et limé. J’en ai fait dissoudre cent grains dans l’acide sulfurique aqueux, et ils ne m'ont produit que 170 pouces d'hydrogène, tandis qu’à même température, et sous même pression atmosphérique, le fer doux me donne assez constamment deux cens pouces. La dissolution s’en fait très-bien. Des parties noïres s’en sépa- rent , mais disparoissent sur la fin de la dissolution , en sorte que je n’ai pu en couclure qu’elles fussent de la plombagine. Pour examiner cette dissolution , je commençai par l’essayer à l'eau hépatique ; dans le dessein de voir s’il s’en sépareroit quel- qu’un des métaux qui cèdent l’oxigène à l'hydrogène sulfuré ; mais elle n’en fut pas troublée. (1) Ces fragmens , extraits du portefeuille du professeur Proust, ont ‘été confiés depuis long-temps à un ami, et ne peuvent donner qu’une foible idée des travaux immenses de ce savant chimiste, Nous ne saurions trop l’engager à publier ses découvertes, il ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 Il ne me restoit plus qu’à reconnoître si elle ne contiendroit pas quelqu'un des quatre métaux qui ne se laissent point préci- piter par l’eau hépatique , et commençant par la manganèse , je préparai ma dissolution à l’effet d’en vérifier la présence. Je la fis chauffer avec un peu d’acide nitrique, afin d'élever l’oxide de fer au maximum de son oxidation. Ensuite je la précipitai eu-à-peu avec le carbonate de potasse , jusqu’au point de voir È lessive sans couleur jaune ; elle fut filtrée et ensuite achevée de précipiter. Alors il se fit un dépôt vert clair, que je ne tardai pas à reconnoître‘pour le carbonate de nïkel. Il étoit parfaite- ment pur ; il teignit le borax en couleur d’hyacinthe. Ce précipité redissous dans acide sulfurique , donne facilement des cubes rhomboïdaux assez volumineux : j'en ai obtenu aïnsi environ 50 grains , ce qui mdique une quantité assez considérable de nikel dans le fer du Pérou. Si l’on chauffe le carbonate de nikel de cet alliage , ou de telle mine que ce soit, etqu'il soit parfaitement pur , comme j'ai réussi à l'obtenir , il perd l’acide carbonique , noircit , perd en- suite l’oxisène , et reste enfin sur le charbon bien pourvu de l’état métallique. Il y est infusible , au moins selon mes moyens ÿ il ressemble assez bien, par la couleur et par le ton spongieux, à de la platine retirée au chalumeau , du muriate ammoniacal de platine. Le nikel est parfaitement attirable à l’aimant , et très-indépen- dant du fer, comme je l’ai constaté par des recherches sur le nikel d'Aragon, que je ferai connoître dans la suite. On peut conclure , je crois , que le nikel allié au fer , dans une certaine proportion, lui communique de la blancheur , diminue sa disposition à la rouille, et n’altère en rien sa ductilité , si même elle n’y ajoute, ce qui mériteroït bien d’être constaté par des expériences directes ; et enfin , qu’il seroït prématuré de juger si ce précieux alliage est l’ouvrage de l’art ou de la nature. Une notice sur ce fer se trouve dans le tome 5 des Annales de Chimie. Tome VI. THERMIDOR an 7. v 159 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SUR LA PYRITE DU PEROU, CONNUE SOUS LE NOM DE MIROIR DES INCAS; Par le même. Lx morceau que j’examinai avoit appartenu à un de ces sortes de miroirs te trouve quelquefois dans d'anciens tombeaux du Pérou. Sa fracture est assez grise , et son poli la rapproche un peu de la couleur de nos glaces, quoique le jaune y prédomine. J’avois dessein de reconnoître si cette pyrite étoit cuivreuse ow aurifère : pour cela je lui appliquai , après l'avoir pulvérisée , un acide nitrique de 20 degrés, au pèse-liqueur. La dissolution ayançant, j’apperçus une poudre noire flotter dans la liqueur , que je crus d’abord pouvoir être de d’or ; mais lorsqu’elle eût été rassemblée et lavée, je ne fus pas moins surpris de sa légéreté que de sa noirceur. Chauffée à la flamme du chalumeau , elle brûla , blanchit, et laissa pour cendre une fine poussière de sable blanc. Cette poudre, en un mot, projetée dans le nitre fondu et rouge , le fait détonner aussi parfaitement que le charbon. Quant à la dissolution , je n'y trouvai que le fer oxidé au maximum , et l'acide sulfurique provenant du soufre ; elle ne contient pas un atôme de cuivre, car l'eau hépatique , réactif bien autrement sensible que V’'alcali volatil, pour décider la pré- sence du cuivre , ne la troubla pas. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 151 SUR LES OXIDATIONS DE L'ARSENIC; Par le même. L'ansenre , considéré comme métal , Ou comme combustible , peut s'unir à l’oxigène dans deux proportions différentes. La première de ces proportions , où l’oxidation au minimum cons- titue l’arsenic blanc du commerce , et la seconde transforme ce dernier en acide arsenical. Pour connoître ces deux espèces d’oxidations , j'ai fait les expériences suivantes : Ceut parties de régule d’arsenic, récemment sublimé ; traitées par distillation avec l’acide nitrique , ont donné 153 d'acide arse- nical. Une seconde expérience a rendu 152 7. L'augmentation que l’arsenic reçoit de son alliance avec l’oxigène , est donc de 53 p.? : nous ne connoiïssons que le fer , et vraisembla- blement la manganèse , qui fixent une qussi grandé quantité d'oxigène. Cent parties d’oxide blanc, traitées avec l’acide nitrique, ont donné, par deux expériences, 115, 115+ d'acide arsenical. L’acide nitrique ajoute donc 15 livres d’oxigène à l'oxide d’arsenic blanc. Maintenant que nous connoissons combien l'acide arsenical contient de métal , nous en déduisons facilement ce que l’oxide blanc en renferme ; car , si 153 livres d’acide arseniçal contien- nent 100 livres d’arsenic , il est clair que 11h livres de cet acide provenu de l’oxidation majeure de Poele blanc , en contien- dront 75 >. . L’oxide blanc est donc composé de 75 livres de métal , et 25 à-peu-près d’oxigène , ou d’un quart de son poids. Cent livres d’arsenic ne se convertissent donc en oxide blanc qu'à laide de 33 livres d’oxigène , et si on y en ajoute encore 20 livres, 1l en résulte 153 livres d’acide arsenical. Si la quantité étoit la mesure de l’aflinité dans les unions chi- miques , l’arsenic pourroit être regardé comme un des métaux qui ont le plus d’affinité pour l’oxigène ; mais la facilité avec laquelle il cède te principe aux autres combustibles, démontre au contraire que cette affinité est en raison inverse de la quan- tité d’oxigène qu'il absorbe. Pour faire ces appréciations avec succès , il y a quelques pré- cautions à prendre. D'abord on traite le métal ou son oxide, V2 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avec une suffisante quantité d'acide nitrique , afin d'être assuré que l'oxigène ne lui a pas manqué , ensuite on distille le mélange. ê : - : ; £ Le gaz nitreux s'échappe, de l'eau vient ensuite, puis aprés de l'acide nitrique ; mais lorsque l'acide arsenical touche au oint de passer 4 la liquidité à la sécheresse, il se produit tout- a-coup un bouillonnement qui soulève et disperse cet acide jusque dans le col de la retorte. Les dernières portions d’acide nitrique peuvent alors en entraîner une partie dans le récipient, et causer des erreurs dans l'estimation. Ce bou'llonnement soudain , qui a lieu dans plusieurs cas semblables, n’est point dù à l’augmenta- tion du feu dans le fourneau, mais bien au calorique , qui aban- donne l’acide arsenical avec d’autant plus de célérité , que le pas- sage de la liquidité à la sécheresse ést plus instantané. C’est ce calorique devenu libre qui s’ajoute à celui que le fourneau admi- nistre , qui convertit tout-à-coup les restes de l'acide nitrique en vapeurs, et donne à ces dernières l’énergie tumultueuse qui oc- casionne le soulèvement et la dispersion explosive du résidu. Lorsque l’acide arsenical s'approche du terme de sa dessication , on tient à la main le col de la retorte , garni d’un papier pour ne pas se brûler ; ensuite , par un mouvement circulaire , on le promène autour de la retorte. Ce moyen, qui augmente la surface du liquide , accélère la dissipation des restes de l’acide nitrique ; on évite le soulèvement , l'acide métallique s’épaissit et sèche à instant. Parvenu à ce point, on rougit lésérement le fond de la retorte, et il passe de l’eau pure. La dessication complète de l’acide est un peu longue, et même ne se complète bien qu'au moment où sa décomposition va commencer ; elle s'annonce par quelques cris- taux d’oxide blanc qui paroïssent dans le col de la cornue. C’est à ce point qu’il faut la laisser se refroidir. On pèse le tout , en dé- falquant le poids de la retorte, qu’on avoit mis en note. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 SUR LE MERCURE CONTENU DANSÆE SEL MARIN; é Par le même. L'acrpr marin , le plus fort que l’on trouve dans le commerce de France et d’Espagne, se fait ordinairement avec le sel commun et l'huile de vitriol. Cet acide contient du mercure à l’état de sublimé corrosif : il provient de celui qui est naturellement mêlé au sel commun. Ce fait, qui étonna beaucoup la première fois qu'Hylaire Roüelle l’annonça dans le Journal de Médecine , ne se trouve point cité dans les Æ/émens de Chimie moderne , in à qu’on s’est permis dele juger un cas accidentel. Cependant e mercure se trouve aussi dans le sel marin qui se consomme"en Espagne. Je m’en apperçus, la première fois, aux taches d’amal- game qu'il laissa dans les bassines d’argent où je venoisid’en urifier une quantité : c’est aussi de cette manière que Roüelle ut conduit à le découvrir. L’acide marin de la fabrique de Charlar, à Paris , contient du mercure : c’est à ce dernier que j’attribue aujourd’hui l’amalgame que je trouvai dans tous les étains du commerce , lorsque je tra- vaillai à Paris. M’étant pourvu d’acide marin de la même fabrique, dans les premiers temps de l’érection du laboratoire de Ségovie , je retrouvai encore cet amalgame à la fin de la dissolution des étains d'Angleterre , du Mexique, et de Monterey en Espagne. Je suis resté long-temps perplexe sur lexplication de ces faits, jusqu’à ce qu’enfin le hasard ne découvrit, il y a peu de temps, la source de cet étonnant mercure. Il est dans l’histoire du cuivre un genre d’oxidation particulier qui me paroît n'avoir point encore été apperçu ; C’est celle qui a lieu quand on garde des lames de cuivre avec de l’acide marin dans un flacon plein et bouché. Le cuivre, après n’avoir pris qu’en- viron 17 centièmes d’oxigène, tandis qu’il peut en recevoir jusqu'à 25 dans les autres acides , ce cuivre se transforme en un muriate blanc, cristallisé en tétraèdres ; il se violette à la lumière , est insoluble dans l’eau , se dissout dans l’ammoniac sans le colorer, et a d’autres propriétés assez curieuses, dont je donnerai le détaif 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIB dans un autre temps. Voulant donc répéter cette expérience avee l'acide marin de Paris , je trouvai deux jours après mes lames de cuivre blanchies ; je les retirai, les examinai, et découvris sans peine qu’elles étoient blanchies par le mercure. Pour m’assurer plus directement de son existence dans l’acide marin , je le mêlai avec de l’eau hépatique :.il se troubla d’abord en blanc, puis déposa en noir du cinabre. C’est aussi la manière d'agir des solutions de sublimé sur l’eau hépatique. Si on mêle à l'acide marin de la fabrique de Cadahasso , dans la Manche, de la dissolution d’étain muriatique , qui ait été conservée sur de l’étain, on voit bientôt le mêlange se troubler, devenir légérement gris et déposer du mercure sur une pièce d’or. qu’on aura placée au fond du vase: J’en ai trouvé jusqu’à 2 grains par livre de cet acide. Quelque peu d’usage que soïent aujourd’hui les citations des chimistes anciens, je ne laïsserai pourtant pas que d'offrir ici des passages qui démontrent, ce me semble, que le mercure du sel marin étoit connu. Boyle trouva un peu de mercure coulant dans un mélange de lomb et de sel commun, abandonné depuis du temps dans son AR PA Cela me surprit d'autant moins, dit-il , que l’ingre- dient principal étoitle sel marin. De Product. principiorum, p.55. * Ce passage ne démontre-tl pas que l’existence du mercure dans le sel marin n'étoit pas un fait nouveau pour Boyle? Athanase Kirker dit , page 316 d’un de ses traités , dont j'oubliai le titre quand je fis cette note , qu’on retiroit du hercure du sel marin. De son temps la mercurisation et le système du mercure, principe des métaux ; étoient fort en règne. Beccher, Fif. Subst. page 206 , retira du mercure d’un mélänge de sel marin et d’argille. Il dit, page 456, qu'il étoit assuré que le mercure pouvoit augmenter par le sel marin , et il demande, à ce sujet, combien y a-t-il de sel marin dans une livre de mer- cure © La question inverse eût été mieux fondée. Senac, dans sa Chimie , parle aussi du mercure trouvé dans le sel marin. Enfin, on trouve d’autres traces de ce mercure du sel marin, dans Tackenius , Clavens, Beguin , dans le Traité de ribus principiis de Glauber , etc. . Si quelque voyageur , après avoir lu ceci, prenoit la peine d'observer si le doublage d’un vaisseau nouvellement mis en mer s’argentoit dans quelques parties, sur-tout lorsqu'il commence à sillonner pour la première fois les mers; s’il prenoit la peine de suspendre dans leurs eaux une plaque d’or, pour en observer les changemens , il pourroit se flatter , peut-être, de fournir à son ETCD'HISTONRE NATURELLE. 155 retour un article de plus à l’histoire naturelle du sel marin ? Qui sait si la destruction des doublages, quelquefois si rapide, et encore si inconnue dans sa cause, ne dépendroit point de l’exis- tence du mercure , plus abondant dans certaines mers que dans d’autres ? SUR LA COMPOSITION .DES HUILES; Par le même. Lss expériences de Lavoisier ne nous laissent plus de donte sur la composition des corps gras tirés du règne animal et végétal ; l’hydrogère concret ohéissant à son affinité, pour le carbone , s’y unit dans diverses proportions , etédonne naissance aux huiles , en général. : Cette combinaison de l’hydrogène et du carbone, que la nature opère sous nos yeux dans les milieux organisés, l’art ne nous otire pas la moindre espérance de Pres re Pèle On voit dans les annales de la science les vains efforts de quelques chimistes , tie faire croire qu’ils étoient parvenus à créer de l’huile dans e procédé qui est en usage aujourd’hui pour se procurer l'acide marin oxigéné ; mais en y regardant de plus près, l'illusion a disparu , et l’on a fini par ne trouver que l'huile des luts gras. La production d'huile que je présente ici n’est point acciden- telle ou dépendante de quelque manipulation variable qui échappe à celui-ci en réussissant à l’autre ; elle a constamment lieu durant la dissolution des fontes dans l'acide muriatique ou sulfurique. Toutes les fois qu’on procède à ces dissolutions , il s’en élève un gaz hydrogène huileux, pesant et très-odorant. Son adeur est décidément bitumineuse ou succinée : celui qu’on dégage des fers forgés ne lui ressemble jamais ; Priestley en a bien connu la différence. Il le traite d’air inflammable ertrémement fétide ; il remarque que le résidu insoluble des clous de fonte qu’il mit en dissolution avoit a même féridité que l'air qui en étoit provenu, de même que la poudre noire qu’il en avoit séparé par une dis- solution ser complète. Enfin, il répète ailleurs { tome 4), que V'air inflammable des fontes a une puanteur particulière. Ayant souvent examiné des fontes. qu’on employe en Espagne pour les canons de fer, les bombes , les boulets , etc., j'ai tou- jours remarqué que les matras et Les retortes où se faisoit la dis- 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE solution , restoient engraissés, et que l’eau ne suffisoit point pour les nettoyer ; il faut y employer de l’esprit-de-vin. Ce dissolvant prend alors la même odeur , et blanchit à l’eau comme une disso- lution d'huile essentielle. Les plombagines lavées et sèchées recèlent également une partie de cette huile, dont on les dépouille-en les chauffant dans une retorte à une chaleur légère. Si on les chauffe à découvert, il leur arrive de s’embrâser et de continuer à brûler jusqu’à ce que toute cette huile soit détruite. L’esprit-de-vin le leur enlève éga- lement. J'ai fait des dissolutions de 18 onces de fonte noire avec des acides mélangés d’esprit-de-vin, pour voir si par la distillation j'obtiendrois d’assez grandes quantités d’huile ; mais je n’en ai jamais obtenu que des gouttes , parce que l'hydrogène m'a tou- jours paru en emporter la plus grande quantité. Tel est l’hydro- gène qu’on retire de la distillation des huiles; il est si chargé d'huile , et même devenu si pesant , qu'il se laisse transvaser comme l’acide carbonique. Quoi qu’il en soit, enfin , cette production d'huile accompagne toutes les dissolutions de fonte , et le charbon séparé du fer re- passe, par son union avec l'hydrogène , à l’état de charbon végétal. EX ME oA » ET D'UNE LETTRE DU PROFESSEUR PICTET DE GENEVE , A J.-C. DELAMÉTHERIÏE, Sur la terre siliceuse trouvée dans l’épiderme de certaines plantes de la famille des joncs. « Vo üs trouverez dans le numéro de notre Bibliothèque Bri- » tannique, qui s'imprime, une découverte curieuse faite en » Angleterre. Quelques plantes de la famille des joncs contiennent » dans leur épidermeune assez grande quantité de terre siliceuse , » pour que, lorsqu'on les frotte , elles donnent une lumière vive. » On savoit déjà que cette terre, sous le nom de fabasheer, » existoit dans le bambou ; mais elle est plus abondante dans ces joncs ». Nous ferons connoître cette découverte plus en détail. à HISTOIRE LI ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 RS D CSSS CE SC << | EST O TRENNAITURE L LE DE LA MONTAGNE DE SAINT-PIERRE DE MAESTRECHT ; Par B. Fauzras SarnrT-Fonp. Troisième livraison. BI I TRVA TE Te Fa) Verre livraison contient la description de tortues fossiles trou- vées dans la montagne de Saint-Pierre. L'auteur rapporte ce qu'ont dit des tortues fossiles les naturalistes. Paul Lamanon avoit décrit celles qui se trouvent à Aix en Provence, dans un mémoire imprimé dans ce journal , tome XVI, page 468 , sous le titre de Mémoire sur la nature et la position des ossemens trouvés à Aix en Provence dans le cœur d'un rocher. N pense que ces tortues fossiles sont du nombre de ces animaux dont les analogues vivans n’existent plus. On peut donc les nommer , dit Lamanon , Chelonites aguensis anomites maxime arcuatus. Burtin, dans son bel ouvrage intitulé Oryctographie de Bruxelles , a décrit une tortue fossile , laquelle est gravée dans le même ouvrage. Buch’oz avoit déjà publié la description de la même tortue, qu’il tenoit de Burtin. Cette tortue avoit été trou- vée à Melsbroeck , auprès de Bruxelles ; mais ce qu'il y a de lus curieux dans ces tortues de Melsbroeck , c’est qu’on peut en déterminer l’espèce , et qu’elles appartiennent à la zortue franche de Lacépède. Testudo Mydas, Lin. Testudo marina vulgaris: Ray synopsis quadrupedum. On a, au museum d'histoire naturelle de Paris, plusieurs de ges tortues fossiles. Boccone parle d’une écaille de tortue fossile trouvée à Malte. Gesner parle d’une écaille de tortue pétrifiée trouvée auprès de Berlin. Il parle encore d’une tortue pétrifiée trouvée dans des ardoises auprès de Glaritz. Un autre endroit où l’on a trouvé des tortues fossiles , est la montagne de Saint-Pierre , près Maestrecht. C’est principalement à Hoffman que l’on doit leur découverte, parce qu’il récompen- soit généreusement les ouvriers qui lui apportoient quelques Tome VI. THERMIDOR er 7. X 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fossiles de cette montagne. Camper en a décrit une de celles-Fà dans les Transactions philosophiques de Londres , en 1786. Le chanoine Preston, à Liése , en a une très-belle , qui a quatre pieds trois pouces de longueur sur neuf pouces de largeur moyenne ; ce qui est à-peu-près la même dimension que celle décrite par Camper. Ses tortues ne ressemblent point aux analogues vivans. Le museum d'histoire naturelle , à Paris, possède trois tortues fossiles de Maestrecht, qui ne sont pas aussi grandes que celles de Camper et de Preston. Faujas en a fait graver deux. Il faut en voir la description et les figures dans son bel ouvrage. Une de ses tortues fossiles se trouve avec une belemnite. On trouve dans cette mêmelivraison la description et la gravure de trois fossikes qni ressemblent beaucoup à des portions de bois d’élan. Ils ont été également trouvés dans la montagne de Saint-Pierre de Maestrecht. NOTE De B.-G. SAGE, directeur de la première école des mines, Sur l'argent antimonié du citoyen Hav x. Ox lit dans le Journal des Mines , N°. 30 , ventôse an 5, et dans l’extrait du Traité élémentaire du citoyer Haïy : « L'argent » antimonié laisse plusieurs doutes à éclaircir pour déterminer » sa véritable nature ». La citation qu’il a faite ensuite de moi, prouve qu'il révoque en doute mes expériences ; cependant elles sont exactes. J’ai fait connoître le premier cette mine, je lai désignée le premier sous le nom de ire d'argent blanche anti- moniale. J'ai fait connoître que l'argent et l’antimoine y sont combinés avec du soufre dans les proportions suivantes : AIDER ne 2e NRA ele) MOUSE EE AQU Le es SR eh DOUTE » Mae jee Palo Tee ES 100. Cependant l’auteur cité dit gze la mine d’argent blanche an:i- moniée est l'argent minéralisé par de larsenie, ET D'HISTOIRE NATURELLE . 159 La phrase argent antimonié sulfuré, par laquelle ïl cherche à caractériser l'argent rouge , désigne réellement la mine d’argent blanche antinoniée , et non la mine rouge d'argent. L'argent et l’antimoine sont à l’état de chaux dans la mine rouge d'argent, qui contient en outre de l'acide arsenical , de l'eau et de l'acide méphitique , qu’on en retire par la distillation. Ces produits sont encore exacts, quoiqu’ils n ayent pas été cités dans l’analyse de la mine rouge d’argent, publiée récemment par Vauquelin , dont j'apprécie le talent etestime le personnel, parce qu’il est impartial. Je suis d’ailleurs assuré que s’il eût eu pour opérer, une plus grande quantité de mine rouge d’argent, ni l'acide arsenical , ni l’eau qu’elle contient, ni l'acide méphitique qu’elle produit , ne lui auroient pas échappé. On verra dans mes Æ/émens de Chimie et de Minéralogie , qui paroîtront incessamment , que je n’ai pas défiguré ces sciences par des mots. Si je m’empresse de les produire , c'est afin d’être encore utile à ceux qui cultivent la chimie et la minéralogie, et faire connoître que je pouvois diriger une école des miries. Je lai prouvé par les élèves que j'ai formés(1}), par le cabinet ins- tructif que j'accrois tous les jours à mes dépens ; cabinet qui se séroit bien plus vîte accrû , si des circonstances orageuses n’eus- sent pas changé Ceux que j ai élevés. J'espère eucore prouver par cet ouvrage que je pouvois tenir avec distinction ma place à l'Institut, soit dans la chimie , soit dans la minéralogié. Je me dis : j'ai été pendant vingt-sept ans de l’Académie des Sciences, Milisavi non sine gloria , meminisse | Juvat. (1) C’est de mon école que sont sortis Romé Delisle ; Demeste , Qualandris , Chaptal, etc. , etc. . ÿ6o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ete D T: AB LE DES ARTICLESICONTENUS DANS CE CANMIER. CoxsrpéraTions sur le baromètre, parLéororr Buc. Page 85 Recherches sur l’influence du gaz oxigène sur la germination des graines. 92 Rapport fait à l’Institut national des sciences et arts ; etc. 98 Lettre de Drcanvoize, à J.-C. Drramérusrte, sur l'absorption de différens gaz par le charbon. 116 Observations météorologiques, faites à l’Observatoire national, ar Bouvarp. 116,119 Mémoire sur Les questions élémentaires ou fondamentales d’une Théorie de la Terre, par BerTRAND. 120 Septième Mémoire sur la matière verte qu’on trouve dans 12e vases remplis d’eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière, ar Jean SENEBIER. 135 Mémoire sur une espèce nouvelle de corne d'ammon, par Denvs-Monrrorr. 141 Sur le fer natif du Pérou, par Prousr. 148 Sur la pyrite du Pérou ,connue sous le nom de Miroir des Incas, ar le même. 150 Sur les oxidations de l’arsenic, par le même. 141 Sur le mercure contenu dans le sel marin, par le même. 153 Sur la composition des huiles , par le méme. 155 Lettre de Picrer sur La terre siliceuse, existante dans Les joncs. , » : 156 Jistoire naturelle de la montagne de S. Pierre de Maestrecht, ar B. Fauzas. - 157 Note de B.-G. Sace, directeur de la première école des mines, sur l'argent antimonié du citoyen Hay, 158 4 LL A \i VAT Montfort del . Jorluce delle Zhermidor an 7. vs — M D SR Sie = JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EPL D'HLSTORRE.:-N'A TUELE L'ILE: FR DCI T, D'OR ar. 7. So —7 de, SOL EE, DU: AP DORE —/? NS Fait à l'Institut national des sciences etarts, le 29 prairial any, au non: de la classe des sciences mathématiques et physiques, Sur la mesure de la méridienne de France , et les résultats qui en ont été déduits pour déterminer les bases du nouveau systéme métrique. Novws vous avons entretenus assez en détail du travail de la commission pour fixer la vraie longueur du ètre , base de tout le système métrique , unité des mesures de longueur. Les mesures de surface et de capacité s’en déduisent trop facilement pour qu’il soit nécessaire de s’y arrêter. 1l n’en est pas de même de l’unité de poids : sa détermination dépend d’une foule d'expériences, de considérations , de réductions , plus délicates les unes que les autres ; et ce n’est qu’à force de patience, de soins, d’attention, de dextérité , que le citoyen Lefévre-Gineau, auquel l’Institut a confié ce travail , est parvenu à un degré de précision rare. Sa- chant combien les opérations qu’il avoit à faire sont difficiles , il a desiré ( car le vrai mérite , lors même qu’il est universelle- mént reconnu , est toujours modeste, et se défie de ses propres forces ) que la commission lui adjoignît un de ses membres pour vérifier les expériences qu’il avoit déjà faites , et pour assister à celles qu’il se proposoit de faire encore. Il suffira de dire que le citoyen. Fabbroni de Florence a été nommé , pour que tout le monde soit convaincu que ces expériences ne pouvoient tomber en de méilleures mains, ni être faites et vérifiées avec plus d’exac- Tome VI. FRUCTIDOR ax 7. (Yi 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE titude , ou revêtues d’une plus grande authenticité, ni inspirer plus de confiance. Enfin une commission spéciale s’est occupée de l'examen de tous les registres d’observations et d'expériences, des réductions et des calculs. Nous pourrions nous étendre sur toutes les particularités de ce beau travail , si la nature d’un rap- port tel que celui-ci pouvoit nous permettre de vous présenter un grand nombre de résultats purement numériques ; mais, oblisés comme nous le sommes, d’une part, de nous restreindre, et de l’autre, de vous présenter néanmoins des données qui puissent vous faire connoître ce qui a été fait, ce qui devoit se faire , et vous mettre en état de juger du degré de confiance que méritent les résultats définitifs ; permettez-nous de vous proposer simplement quelques considérations sur l'esprit général de ces expériences , sur les différens points qu’il s’agit de déterminer , et sur la méthode qu’il a fallu employer pour fixer avec exacti- tude la véritable unité de poids. Le poids d’un corps exprime la quantité de matière qu’il con- tient ; mais comme tous les corps ne sont pas également denses, que les uns contiennent , sous le même volume , beaucoup plus de matière que d’autres , on n’auroit qu’une expression vague et indéterminée, si, à l’idée de quantité de matière , on ne joignoit celle du volume sous lequel elle est contenue ; conséquemment déterminer l’unité de poids, c’est déterminer la quantité de ma- tière qu’un certain corps, qu'on emploie de préférence, contient sous un volume dont on est préalablement convenu , afin de rappeler à cette quantité , et de mesurer par elle , celle que con- tiennent tous les corps quelconques. Or, comme la détermina- tion de ce volume dépend des mesures linéaires, il en résulte que cette question , guelle est l’unité de poids ? tient intimement à celle Fa la fixation des mesures linéaires , c'est-à-dire, du mètre; et ensuite que, pour la résoudre entièrement , il faut, 10. fixer le volume qu’on emploiera pour terme de comparaison ; 2°, faire choix d’un corps propre à le remplir ; 3°. enfin déterminer le poids ou la quantité de matière que ce corps contient sous ce volume. Il peut y avoir de l’arbitraire dans le volume qu’on emploie ; mais les usages de la société demandent qu’on ne prenne pas d'unité trop grande ou trop petite ; et la nature du système mé- trique décimal exige qu'elle soit exprimée par un nombre cubique dont la racine est un sous-multiple décimal du wèrre. L’académie des sciences a sagement adopté a millième partie du czbe du mètre , Où, ce qui revient au même , le cube du décimètre. : Le corps dont on fait choix pour remplir ce volume n’est ET D'HISTOIRE NATURELLE: 163 nullement indifférent : personne ne doute qu’il ne doive être fluide ; qu’il ne doive être en état de conserver sa fluidité à-une température qu’il soit facile d'obtenir par-tout ; qu’il ne faut pas qu'il ait un degré de densité qui rendroit les expériences trop ‘difficiles , ou leurs résultats peu exacts : enfin, et sur-tout , il doit être de nature à pouvoir être retrouvé par-tout dans le même degré de pureté, àse dépouiller facilement de toutes les matières hétérogènes qui pourroient se combiner chimiquement avec lui, ou s’y mêler mécaniquement , et propre à rendre la comparaison immédiate avec tous les autres corps très-facile. L'eau paroît pos- séder ces qualités dans un degré éminent, ou du moins plus qu'aucun autre corps que nous connoïssions ; et distillée elle est toujours également pure. Aussi l'académie des sciences a-t-elle choisi cette eau pour le corps dont la quantité de matière , con- tenue sous le cube du décimètre , seroit l’unité de poids. Il n’est point de physicien qui ne sache qu'il faut renoncer à l’idée qui se présente la première et le plus naturellement à l'es- prit, celle de remplir d’eau distillée un cube, dont le côté seroit un décimètre , et de la peser. Le peu d’exactitude d’un pareil procédé est trop évident pour qu’il soit nécessaire de le dévelop- per ; tout le monde sent qu'il faut en revenir à ce principe d'hydrostatique si connu , que le poids d’un fluide contenu sous un certain volume est égal au poids que ce volume, pesé d’abord dans l’air, vient à perdre si on le pèse ensuite dans ce fluide. Mais l'expérience par laquelle on confirme ce principe , et qui paroît sisimple, si facile, quand on la voitfaire dans des cours de physique, devient singulièrement délicate et difficile quand il s'agit de déterminer des quantités absolues. En effet, il faut d’abord connoître , avec une précision rigoureuse, le volume du corps qu’on emploie ; opération très-compliquée : il faut ensuite peser ce corps dans l’air et dans l’eau ; deux opérations qui exi- gent des attentions que la plupart des personnes , même ins- truites , sont bien loin de connoître , et qu’il est rare de savoir apprécier : il faut enfin faire aux résultats de ces expériences les réductions que différentes considérations, comme par exemple celles du poids et de la température de l'air , exigent ; considé- rations qui demandent des expériences , des soins et des calculs. Le résumé général de ce qui a été fait sur chacun de ces articles donnera des notions exactes et précises de toute l'opération. Il s’agit d’abord de construire un corps qui soit propre à être esé et dans l’air et dans l’eau avec exactitude, et d’en connoître a volume avec la plus grande précision. Comme ce dernier point est d’une extrême importance , la figure du corps , qui seroit par ee) d 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE elle-mêine assez indifférente , au moins jusqu’à nn certain point, ne l’est plus : elle doit être celle du corps auquel il sera le plus facile de donner exactement une figure régulière ; etona, comme de raison, choisi le cylindre. Le citoyen Fortin, quia donné dans l’exécution des machines dont nous vous parlerons successivement , de nouvelles preuves de ses talens , a construit en laiton un cylindre creux(n'oublions pas cette circonstance ; car ici, rien de ce qui est même minutieux ne doit être omis ) dont le diamètre égale à-peu-près la hauteur , dont le volume est de plus de onze décimètres cubes (ou d'environ cinq cent soixante pouces ); c’est-à-dire qu’il vaut onze fois celui qu'il s’agit de déterminer ; circonstance qui mérite d’être remarquée, parce que les conclusions qu’on tire d'expériences faites en grand méritent , dans leur application , plus de confiance que celles qui se trou- veroient dans un cas contraire. Les parois du cylindre sont sou- tenues intérieurement par une carcasse qui empêche que ce corps ne change de volume par la pression de l’eau , lorsqu'il s’y trouve plongé ; et il a été fait des expériences pour constater qu'il n’en change pas. Mais ce cylindre , avec quelque soin qu'il ait été construit, nous dirons même quel que soit le degré de perfection auquel le citoyen Fortin l’a amené , n’est point un cylindre parfait, et il ne sauroit l'être dans la rigueur mathématique ; car tel est le sort de l’homme , que sa main ne peut jamais exécuter ce que son génie crée , avec cette précision rigoureuse que son imagina- tion attribue à l’objet idéal : mais aussi telles sont ses ressources, que la sagacité de son esprit lui fait saisir des moyens propres à connoître combien ce qu'il a exécuté diffère de la perfection idéale ; et conséquemment de ramener à celle-ci ce qui ne peut, physiquement parlant , qu’en différer. Ce sont ces moyens que le citoyen Lefévre-Gineau a su mettre habilement en usage , à l'aide d'une machine très-ingénieuse du citoyen Fortin , par la- A quelle il a pu mesurer de légères différences de longueur avec la précision d’un quatre millième de ligne des anciennes mesures, ou d’un dix-sept-centième de millimètre. En effet, si le corps dont il s’agit est un cylindre parfait , il faut d’abord , au moins dans la pratique , qu’il soit un cylindre droit, et toutes les expé- riences lémontrent qu'il l’est, sans qu’il y ait aucune différence que nous soyons en état d’assigner ; il faut que toutes les per- pendiculaires abaissées d’une des bases sur l’autre , prise pour un plan , soient égales ; il faut que ces bases , et les coupes qui leur sont parallèles , soient des cercles parfaits ; il faut enfin que les diamètres de ces cercles soient exactement égaux. Il ne s’agit H'DUD2ELI-STIO I RE .:NATU R EL LE. 165 donc que de mesurer ces perpendiculaires et ces diamètres , pour savoir s'ils le sont réellement, ou pour connoître leur inégalité. , lnaginons donc qu’on ait tracé sur les deux bases en partant du centre, et sur chacune d’elles aux mêmes distances de celui-ci, trois cercles ; que les circonférences soient chacune divisées en douze parties par six diamètres : on aura sur chaque base trente-si* points d’intersection. Supposons qu’on tire une ligne droite de chacun de ces points, pris sur une des bases, à son point correspondant sur l’autre base , et l’on aura trente-six lignes, lesquelles font avec la ligne des centres ou l'axe , trente-sept hauteurs qui doivent être rigoureusement égales si le cylindre est parfait. Le citoyen Lefévre-Gineau a mesuré chacune de ces hau- teurs plusieurs fois, et à chaque fois il les a comparées à une lame de laiton bien déterminée, que nous nommerons règle des hauteurs. Figurons - nous encore qu’on ait tracé sur la surface convexe du cylindre, à des distances déterminées , huit cercles, et qu'on ait tiré des droites qui joignent les extrémités des six dia- mètres correspondans tirés précedemment sur les bases, et on aura quatre-vingt-seize intersections qui formeront quarante-huit diamètres , six pour chaque cercle. Ces diamètres ont été mesurés avec les mêmes soins que les hauteurs , et comparés successive- ment à une règle de laiton bien déterminée , que nous nomme- rons règle des diamètres. 1] seroit superflu d'ajouter qu’on a eu égard à la température , qu’on a pris toutes les précautions pour qu'elle ne variât point pendant le cours de l'expérience , enfin qu’on a porté l'attention la plus scrupuleuse sur tous les détails. Ces comparaisons ont prouvé que le corps dont il est question n’est pas un cylindre parfait, puisque les deux bases ne sont pas exactement parallèles entr’elles , et que même elles ont une légère courbure ; que les sections parallèles aux bases ne sont pas, rigoureusement parlant , des cercles , quoiqu’elles en diffèrent d’une quantité extrêmement petite ; enfin que les diamètres de ces sections ne sont pas parfaitement égaux , mais augmentent pro- gressivement, quoique très-peu , d’une base à l'autre , et qu’ainsi le corps approche un peu d’être un cône tronqué. Toutes ces dif- férences, quelque petites qu'elles soient réellement, sont donc “exactement connues, déterminées avec une grande précision ; et conséquemment il n'a pas été difficile à des géomètres de calculer quel doit être le diamètre moyen , quelle doit être la hauteur moyenne d’un cylindre idéal égal au volume du corps employé : sans qu'il en résulte aucune erreur sensible ; et c’est ainsi que la légère imperfection , que la main la plus habile ne sauroit éviter 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans ce qu’elle entreprend de faire , disparoît, et n’a plus d'in- fluence , dès qué des physiciens et des mathématiciens se réunis- sent pour en faire l'examen et l'évaluation. Mais cette hauteur et ce diamètre moyens ne sont encore que des quantités relatives , puisque l’une est rapportée à la règle des hauteurs , Vautre à celle des diamètres. Il a donc fallu déter- miner la longueur de ces règles en mesures connues , ce qui a été fait par des moyens analogues à ceux que les citoyens Borda et Brisson ont employés pour vérifier la longueur du mètre pro- visoire , et qu'ils ont décrits dans leur rapport (1) sur ce sujet. La nature de celui-ci nous interdit tout détail numérique qui ne résenteroit par lui-même aucun intérêt. Il suffira de dire qu’à fa température de 17° £ du thermomètre centigrade , le volume du cylindre employé est à très-peu-près 11 fois le cube du déci- mètre , plus 29° centièmes (2). Ce volume étant déterminé , il s’agit de le peser d’abord dans l'air, ensuite dans l’eau distillée, pour connoître le poids d’un areil volume de cette eau. Il est à ce sujet plus d’une précaution f rendre. Il faut d’abord des balances extrêmement exactes ; celles que le citoyen Fortin a faites pour ces expériences sont d’une construction particulière. L'une d’elles , chargée d’un peu plus de deux livres, poids de marc, dans chaque bassin , est encore sensible à la millionième partie de ce poids , c’est-à-dire d’un cinquantième de grain ; et elle trébuche à un dixième de grain lorsque chaque bassin porte environ vingt-trois livres. Il ne suffit pas d’avoir des balances exactes , il faut que les poids qu’on emploie le soient aussi. Le citoyen Lefévre-Gineau en a fait faire ‘onze, tous en laiton , tous parfaitement égaux, et vérifiés avec l'attention la plus scrupuleuse : comme ce sont des : oids arbitraires , nous les nommerons znités. Les subdivisions, faites également avec la plus grande exactitude , étoient des dixièmes, centièmes , millièmes , et ainsi de suite jusqu’à des millionièmes. Les subdivisions de même nom ont été comparées entr'elles pour juger de leur parfaite égalité, etensuite , réunies, à leur décuple , pour être certain de leur valeur réelle et absolue. Le citoyen Lefévre-Gineau a mis beaucoup d’attention et de pa- tience à tous ces préparatifs , persuadé que ce n’est qu'à ce prix qu’on achète la précision dans ce genre d'expériences. 2 (1) Rapport sur la vérification du mètre : à Paris, de l'imprimerie de la République , thermidor an 3. (2) Exactement à 0.0112900054 du mètre cubes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 Il y a plus ; la construction du corps qu’il s’agit de peser n’est pas indifférente. Pour l'exactitude ds pesées il faut qu'il soit aussi léger qu’il sera possible , afin qu'il ne fatigue pas trop la balance , et néanmoins il doit être assez pesant pour qu’il plonge dans l’eau par son propre poids ; c’est la raison pour laquelle e cylindre dont on s’est serviest creux, comme nous l'avons dit ci-dessus ; et l’excès du poids de sa partie solide sur le poids d'un volume d’eau égal à tout le corps est très-petite. Mais, puisque ce cylindre est creux, il s’ensuit qu’il contient de l'air : on a sagement laissé ; au moyen d’un tube de laiton qu’on Y applique , une communication libre entre l’air intérieur et celui de l’atmosphère , lors même que le cylindre est plongé dans l’eau. Vous sentirez, dans un moment, qu’elle a été la principale raison de ce procédé. k Il faut enfin dés précautions dans les pesées mêmes , pour être- sûr de l’équilibre vrai. Il faut avoir soin que le centre de gravité des masses qui font équilibre , corresponde avec les centres des bassins ; et comme il se pourroit qu'il y eût quelque inégalité dans les deux bras de la balance, i faut se servir du même bras, et pour le corps qu’on veut peser, et pour le contre-poids qu’on employe. On cherche donc d’abord l'équilibre entre le corps à peser et une masse quelconque ; on Ôte le corps à peser du bassin qui le contenoit , et on lui substitue le contre-poids, qu’on rend égal à la masse équilibrante ; l'égalité de ce contre-poids et du corps à peser est conséquemment déterminée d’une manière sûre , et absolument indépendante de la parfaite égalité des bras de la balance , qu’il est si rare de pouvoir obtenir. Les pesées dans l’air forment la partie la moins difficile de l'opération. Le milieu de cinquante-trois expériences , dont les extrêmes ne diffèrent pas de quarante-cinq milliontèmes parties, a donné pour ce poids onze unités , et #Æ (1). Quoique ce cylin- 1000 dre ait été pesé dans l'air, ce poids est exactement celui qu’il auroit étant pesé dans le vide , parce que , d’une part, le contre- poids employé est de la même matière que le cylindre , et par conséquent est, à poids égal, de même volume que la partie solide de ce corps; et que de l’autre l’action de l'air qui soutien- droit le reste du volume apparent de ce cylindre creux , est dé- truite par la communication qu’on a laissée entre l'air intérieur du cylindre et latmosphère ; de sorte que, si l’on transportoit dans le vide tout l’appareil d’une balance à laquelle seroïent (1) Exactement 1:1,4660065. 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE suspendus ; d’un côté le cylindre , de l’autre le contre-poids , l'équilibre qui auroit lieu dans l'air n’y seroit pas détruit. Il est bien plus difficile (et tous les physiciens en conviendront aisément ) de peser le cylindre dans l’eau que dans l'air ; et ce- pendant les extrêmes de trente-six pesées n’ont varié que de quarante-cinq millièmes parties , tant on a employé de soins et de dextérité ; et leur terme moyen a donné , pour le poids appa- rent du cylindre dans l’eau , à-peu-près deux cent neuf millièmes parties de l’anité (1). Je dis le poids apparent ; car le poids vrui diffère , par plusieurs raisons , de celui que nous venons d'énon- cer : en voici les preuves. Premièrement, l'air soutient le contre-poids, et ne soutient pas le corps-plongé dans l’eau : si donc on transportoit l'appareil dans levide , ce contre-poïds, perdant son support, se trouveroit trop fort de toute la quantité dont il a été soutenu , c’est-à-dire du poids de l'air sous un volume égal: première réduction, L Secondement, ce poids apparent n’exprime pas seulement le, poids que le cylindre a dans l’eau ; mais en outre, le poids de. l'air contenu dans le creux du cylindre. Il faut donc retrancher. celui - ci pour obtenir le poids du cylindre seul : seconde ré-. duction. Troisièmement , ce poids n’est encore que relatif, tant qu’on ne fait pas attention à l’état dans lequel l’eau se trouve , et qu’on ie détermine pas pour celle-ci un état constant. L'eau, comme tous les corps, se dilate par la chaleur, se condense par le, froid ; et un même volume d’eau se trouve par-là avoir difiérens oids à différentes températures. C’est pourquoi l'académie des Sciences a choisi une température constante , celle de la glace fondante : c'est aussi à-peu-près à cette température qu'ont été faites les expériences dont nous venons de rendre compte. Mais, quelques soins que se soient donnés les citoyens Lefévre-Gineau. ét Fabbroni, en entourant le vase qui contenoit l’eau , d’une, grande quantité de ‘glace pilée , et renouvelant fréquemment, celle-ci , ils n’ont jamais pu parvenir à faire descendre le ther- momètre centigrade au-dessous de deux dixièmes de degré ; et la température moyenne de l’eau, pendant le cours de leurs expé- riences , a été de À. ’ Mais cette règle générale , que les corps se condensent à me- sure que leur température s’abaisse, n'est vraie qu'autant que ces corps ne changent pas de nature : au moment oùils en chan- 2000 (1) Exactement 0,2994190, gent, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 169 gent, toute loi de continuité cesse ; et l’on sait que l’eau est bien près d’en changer lorsque le thermomètre est à la glace fondante, ou un peu au-dessous de ce point, puisqu'il suffit d’une légère augmentation de froid pour la faire passer de l’état de corps fluide à celui de solide. Mais elle se dilate au moment de sa con- gélation ; et si rien ne se fait par saut , cette dilatation ne com- mence-t-elle pas ayant la congélation même? Les expériences de. Deluc paroïssoient annoncer qu’elle a lieu dès le cinquième degré, c'est-à-dire que là seroit la limite de la condensation , le point qui sépare la condensation de la dilatation, celui où l’eau est à son #arimrm de densité. Cet objet étoit trop important pour qu'on ne fit pas les recherches nécessaires pour le déterminer ; et c’est sur-tout sur ce point que l’on doit Rates au zèle et aux lumières du citoyen Tralles , qui a profondément discuté tout ce qui y a rapport. En effet, les expériences du citoyen Leféyre-Gineau ont fourni les moyens de parvenir à un résultat précis. Ce physicien , desirant lui-même de connoître ce qui pouvoit avoir lieu sur cette matière , avoit eu l’attention de faire des pesées très-exactes, non-seulement aux environs du point de la glace fondante , mais encore à des températures plus éle- vées : on les a examinées, combinées entr’elles ; on en a calculé les résultats, et il a été prouvé que le corps plongé dans l’eau est d'autant plus soutenu par ce fluide que celui-ci se refroidit davantage , et cela jusques vers le quatrième degré ; mais que, passé ce terme , il l’est graduellement moins à mesure que la température approche du terme de la glace : d’où il suit que l’eau se condense jusqu’à un certain degré , et se dilate ensuite passé ce terme ; point de physique important qui ne peut plus être sujet au doute ; et c’est ainsi que des expériences bien faites présentent toujours des résultats intéressans , souvent même nou- veaux : mais ce n’est que l’homme de génie qui les entrevoit, que le mathématicien qui peut les saisir avec précision , et en calculer la valeur. Il y a plus, cette vérité directement constatée par les pesées , c’est-à-dire par les poids successivement plus grands jusqu'à un certain terme, et puis graduellement plus _petits , que perd le corps plongé dans l’eau , méritoit d’être con- firmée par l'évaluation immédiate des condensations ou des dila- tations mêmes. Le citoyen Lefévre-Gineau a encore fait , sur ce sujet, des expériences qui seront publiées en détail. Elles sont infiniment précieuses pour notre objet, puisqu'elles nous prou- vent que la nature nous présente un état de l’eau non-seulement constant , mais même rique , celui où elle a un maximum de densité : d'où il suit que cet état unique seul doit servir de Tome VI. FRUCTIDOR «r 7. Z 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mesure aux autres , qui sont variables. Aussi la commissiont n’a-t-elle pas hésité à l’employer , et à retrancher encore du P PROYEF à poids apparent primitivement fixé, = parties de l'unité, que le corps perd de plus lorsque l’eau est à son z#4xrimum de den- PS P sité , que lorsqu'elle est à + au-dessus de la glace ; et c’est-là une troisième réduction ; réduction nouvelle, importante, et absolument indépendante de la connoiïssance de la température. Toutes ces réductions donnent pour le vrai poids du cylindre P P Ÿ dans l’eau distillée , prise au #aximum de sa densité , 25 parties de l’unité (1). Tel est le résultat des pesées ; il ne s’agit plus que d’en déduire 5 Sup les conclusions. Si l’on retranche le poids du cylindre pesé dans l’eau , du poids qu’il a étant pesé dans l'air , et qui, comme nous avons dit , est le même que celui qu'il auroit eu pesé dans le vide , on trouvera que ce poids est de onze unités et 27 (2), et c’est-là le poids de Peau distillée , prise à son maximum de densité , et contenue sous un volume égal à celui du cylindre. Mais quel est ce volume ? Nous vous avons dit ci-dessus qu’il étoit de onze déci- mètres cubes , et 42 (3); mais, dans la pesée, le volume a changé , il n’est plus celui que nous venons d’énoncer. En effet, le cylindre avoit ce volume à la température de 170! ; maïs il étoit à la température de # quand il a été pesé dans l’eau : il a donc éprouvé une contraction , une diminution de volume , à laquelle il faut faire attention , et que le résultat de l’expérience sur la dilatation du laiton nous met en état de calculer. D’un autre côté , le volume a acquis une petite augmentation , parce u’uue partie du tube auquel on le suspendoit, plongeoïit dans l'eau ; augmentation à laquelle on a eu égard : et ces deux con- Sidérations ont réduit le volume primitif à onze décimètres cubes et 2 (4), et c’est là le volume d’eau qui pèse onze unités et 2; d’où il est aisé de conclure qu’un seul décimètre cube d’eau , réduite à son maximum de densité, pèse 999 millièmes parties de l'unité (5) ; poids qui constitue ce qu’on nomme, dans le nouveau système métrique , le Æz/ogramme ; kilosramme vrai , et qui se trouve déterminé par une suite d’expériences , de cal- (1) Exactement 0.1953268. 2) Exactement 11.2706787. es Exactement 11.290005. (4) Exactement 11.2796203. (5) Exactement 0,9992072. ET: D'HISTOIRE NATURELLE, , 171 culs et de réductions , auxquels on ne se seroit peut-être pas attendu au premier abord. Mais quel est le rapport de ce poids arbitraire , que nous avons nommé zñité , aux anciens poids ? C’est une dernière ques- tion qu'il s’agit de résoudre. On s’est servi de ce corps précieux, et respectable même par son antiquité , qu’on nomme la pile de Charlemagne, et dont le poids est de cinquante mares. Le citoyen Lefévre - Gineau a pesé itérativement , et avec le plus and soin , ces cinquante marcs , c’est-à-dire cette pile entière, et il a trouvé qu’elle est égale à douze unités et 22 (1); d’où il résulte que chaque unité est égale au poids de 18842 (2) grains poids de marc ; et que le vrai £//ogramme , le poids d’un déci- mètre cube d’eau distillée, prise à son maximum de densité , et pesée dans le vide , ou l'unité de poids , est de 18827 grains, ou de 2 livres 8 gros 35 grains (3). Si la pile dite de Charlemagne avoit été faite avec une préci- Sion rigoureuse, le marc unique creux et le marc plein, qui en font parties, seroient égaux entr’eux, et chacun d'eux seroit égal à la cinquantième partie de la pile entière. Maïs quoïque cette pile ait été faite avec soin, et avec une exactitude à laquelle on ne s’attendroit peut-être pas dans un monument de ce genre du quatorzième siècle , où l’on prétend que ce poids a été fait, ou renouvelé , le marc creux et le marc plein diffèrent, et entr'eux, et de la cinquantième partie du total, d’une quantité, petite à Ja vérité , mais néanmoins réelle et sensible (4) Le marc que le célèbre Tillet a employé en 1767, dans le grand travail qu'il fit “alors, pour l1 comparaïson des poids employés dans plusieurs parties de la France et dans d'autres pays, ( arc que la commis- (1) Exactement 12.2279475. (2) Exactement 18842.088. (3) Exactement 18827, 15 gr. Comme Îles physiciens se sont beaucoup ocs eupés de fixer le poids d’un pied cube d’eau distillée, nous ajouterons que, d’après ces expériences , le pied cube d’eau distillée , prise à son maximum de densité , est de 70 hv. 223 grainsÿ qu’il pèse 70 liv. 141 grains, si on prend l'eau à la température de - de degré , et qu’il seroit de 70 liv. 130 grains , si on prenoit l’eau à la glace fondante. L (4) Le marc , supposé la cinquantième partie de la pile entière, a été trouvé Mere e en Si ss... 02445589 unité. Le marc creux..... 02445127 plein...... 0.2444675 " Ainsi les différences sont , entre le marc pris de la pile entière et le marc creux , dé 0:87 grains: entre le même et le marc plein, de 1.72 grains ; entre le marc creux et le marc plein, de 0.85 grains, Z z ee : 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sion a eu occasion de vérifier , puisque l’un de ses membres , le citoyen Brisson , en possède un qui lui a été fourni par Tillet même }), est encore différent de ceux dont nous venons de parler. Les marcs employés dans le commerce se trouveront donc dif- férer entr'eux , selon les étalons d’après lesquels ils auront été faits ; différences qui en prouvant, d’un côté , que jusqu’à ce jour on n’a pas eu de poids uniformes , et qu’il est temps de re- imédier à un inconvénient aussi grave, fait voir de l’autre, que dans l'évaluation qu’elle fait du kilogramme en poids anciens , a commission doit s’en tenir au marc moyen de la pile de Charlemagne. C’est aussi à ce marc moyen qu’on a comparé le kilogramme provisoire , qui avoit été fixé , d’après les expériences des citoyens Lavoisier et Haïüy, à 18841 grains. Tel est le précis des expériences qui ont été faites pour les déterminations de l’unité de poids, seconde base essentielle du système métrique. Dignes émules des citoyens Méchain et Delambre , les citoyens Leféyre-Gineau et Fabbroni ont contri- bué avec enx, comme à l’envi, chacun dans la partie qui luia été confiée , à la perfection d’un systême métrique , attendu de- pui long-temps avec impatience par tous ceux qui attachent de ’importance au bien-être de la société, à la facilité des opéra- tions de commerce , à leur intégrité, et à tout ce qui peut con- tribuer à en bannir les fraudes, les voies obliques, et ces ma- nœuvres si fréquentes , mais non moins condamnables , fondées uniquement sur les différences réelles qu’il y a entre des mesures qui portent le même nom , et que néanmoins on fait tacitement prise pour égales 3 différences sur lesquelles la plupart des ommes ne sont , n1 ne peuvent être instruits, Il nous reste à vous présenter les étalons que la commission des poids a fait faire, et à vous proposer quelques réflexions intéressantes sur Ce sujet. Commençons par l’étalon du mètre. Nous avons dit que le mètre, la dix-millionième partie du quart du méridien , est de 443 1. 2 de la toise du Pérou. Une ligne mathématique qui auroit cette longueur , seroit donc le mêtre , un mètre mathématique , idéal , et à l’abri de toute va- riation. Mais il s’agit d’un étalon, c'est-à-dire d’un mètre , si je puis m’exprimer aiusi, atériel, physique , qui représente te mètre idéal dont nous venons de parler La loi du & germinal an 3 fixe la matière dont ce mètre étalon doit être fait. « Ce » sera , dit l’article IT, une règle de platine sur laquelle sera » tracé le mètre : cet étalon sera exécuté avec la plus grande » précision, d’après Les expériences et les observations des com- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 175 » missaires chargés de sa détermination , et il sera déposé près » du corps législatif , ainsi que le procès-verbal des opérations » qui auront servi à le déterminer ». Et l’article III nomme cet étalon, Z’étalon prototype. La commission a donc employé la platine , conformément à la loi; mais ce métal , comme tous les autres corps , éprouve des variations de longueur , par celles de température; ainsi un mètre fait de platine ne sauroit avoir dans tous les temps la longueur du mètre idéal, comme aussi des mètres faits de différens métaux ne sauroient être ésaux entr’eux à toutes les températures : il n’en est qu’une à laquelle ils le sont, et peuvent l'être. Ces différences tiennent à la nature même des choses, et sont hors de la puissance de l’homme ; ce qui lui reste, c'est la faculté de tout réduire à un terme constantetinyariable. Ce terme dépend ici du degré de température qu’on choisira, our donner exactement au mètre de platine la longueur de la ANR, JE A du quart du méridien terrestre déterminée ci- dessus, et au degré de température auquel tous les mètres , de quelque matière qu’ils soient faits , seront exactement égaux entr'eux et à celui-ci. La commission, en suivant l'esprit du sys- tème métrique proposé par l'académie et adopté par la loi , a choisi la température de la glace fondante , ou ce que nous nom- mons le zero de nos thermomètres ; température constante. C’est donc à cette température que l’étalon de platine a été rendu égal à 4451.-26 de la toise du Pérou, cette toise étant supposée à 1602, comme il a été dit ci-dessus Nous présentons à l'institut, au nom de la classe des sciences mathématiques et physiques , le mètre en platine destiné à être offert au corps législatif, et à y rester en dépôt. 11 a été fait, comme-tous les äutres, par l’excellent artiste Lenoir , sous la direction des membres de la commission qui ont éténommés pour suivre cet objet ; et il a été vérifié avec le plus grand soin et avec des précautions qui seront constatées par un procès-verbal. Cet étalon sera , sans doute , conservé avec le même soin , je dirois volontiers , avec ce même respect religieux , avec lequel on'a conservé la pile de Charlemagne pendant cinq siècles , au bout desquels ce précieux monument se trouve n’avoir pas subi de changement. Mais, par sa nature même, cet étalon de platine ne doit servir que dans les cas, extrêmement rares, où ïl s’asi- roit de faire des vérifications très-importantes ; il ne sauroit servir aux étalonages ordinaires, et ne doit absolument pas être em- ployé. Aussi la commission a-t-elle fait faire, avec le même soin et avec les mêmes précautions , des mètres de fer exacte- ment égaux entr'eux , et, à la température de la glace fondante, ‘74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à celui de platine dont nous venons de parler. Nous en présentons quelques-uns à l’Institut : ils devront servir à étaloner les mètres destinés aux usages de la société , et ils portent aux deux extré- mités des saillies en laiton pour les préserver de toute usure. Mais puisqu’aucun métal ne conserve constamment la même longueur , et que différens métaux éprouvent des changemens différens par les mêmes variations de température , il convien - droit de faire ces étalonages au dixième ou au quinzième degré du thermomètre centigrade , puisqu’alors une variation de dix degrés dans la température, variation qui produit, ou le froid à-peu-près glacial , ou un assez grand degré de chaleur, ne feroit différer entr’eux des mètres , faits de différens métaux, que de -À de millimètre, s'ils sont, l’un de fer, et l'autre de platine ; et de -# de millimètre , s’ils sont de laiton et de fer : à quoi nous croyons devoir ajouter que le mètre provisoire, qui a eté fait en laiton , a été déterminé pour la température de 16 du thermomètre centigrade. Nous présentons aussi les étalons des poids : d’abord ; un ki- logramme de platine destiné pour le corps législatif, et pour y être conservé avec les attentions les plus scrupuleuses , sans qu'on en fasse jamais d'usage que pour les cas rares d’une grande im- portance ; ensuite plusieurs kilogrammes de laiton faits avec la même exactitude, égaux entr'eux , et qui sont destinés aux usages civils et aux étalonages ordinaires. ‘Tous ces kilogrammes ont été faits par le citoyen Fortin. Quoique ces deux kilogrammes , celui de platine et celui de laiton, soient l’un et l’autre des kilogrammes vrais , ils n’ont as le même poids étant pesés à l’air , et ne doïvent pas l’avoir : e kilogramme de laiton est le seul qu’il faille employer pour les pesées dans l’air. C’est un paradoxe que nous devons nécessai- rement vous expliquer : il tient uniquement à la différence des métaux , et l'explication sera aussi courte que simple. Qu'est-ce qu’une masse de métal qu’on nomme kilogramime ? C'est le représentatif d’une masse d’eau , prise à son maximum de condensation, contenue dans le cube du décimètre, ét pesé dans le vide. Nos deux kilogrammes de platine et de laiton , ces deux représentatifs d’une même masse d’eau, doïvent donc avoir le poids dans le vide : mais par là même ils ne peuvent être égaux en poids que là, et doivent être inégaux dans l'air. Figurons-nous , en effet, qu’ils soient suspendus dans un réci- pient, mais dans l’aw, à la balance la plus exacte et la plus mobile , et qu’ils soient dans un équilibre parfait : nous aurons, d'un côté, wi volume, celui de laiton, d’un peu plus de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 six pouces cubiques ; et de l’autre , un volume, celui de platine, de deux pouces + seulement : c’est l’image d’une expérience de physique que tout le monde connoît. Supposons qu’on fasse le vide dans ce récipient , c’est-à-dire , qu’on en fasse sortir l'air qui soutenoit les corps à raison de leur volume ; qu’arrivera-t-i] ? le kilogramme de laiton, perdant deux fois et demie plus de support que celui de platine , prévaudra ; il se trouvera avoir plus de poids; et cet excès sera le poids de trois pouces et € d’air qui formoient l’excès du support pour le laiton au - dessus de de celui pour le platine ; et conséquemment il sera de 1 gr. 2, Au contraire , si Le kilogramme de platine avoit été à l’air plus pesant de 1 gr. +, ou de 88 milligrammes et £ , le kilogramime de laiton devenant dans le vide plus pesant de cette quantité , l'équilibre auroit été rétabli; et les deux masses auroient dans le vide le même poids, celui de la masse d’eau dont ils sont les représentatifs , et qui , comme nous l'avons dit ci-dessus , est exprimé dans le vide , comme dans l'air, par le contrepoids de laiton qu’on a employé dans le cours des expériences. Nous ayons cru devoir faire cette observation, simple, à la vérité, mais d’un genre assez délicat pour expliquer par quelles raisons deux corps de différente densité, représentatifs l’un et l’autre d’une même masse d’eau , ou du *//ogramme vrai, doivent né- cessairement être inégaux en poids quand on les pèse à l’air, et pourquoi, puisque c’est dans ce fluide que nous faisons toutes nos pesées , la masse de laiton est la seule qu’on doit employer pour les étalonages et pour représenter le K/ogramme primitif: Tels sont donc les étalons vrais des deux unités dans le nou- veau système métrique , celui de l’unité de longueur, et celui de l’unité de poids ; ils seront sans doute conservés avec le plus grand soin. Mais tel est encore l'avantage du nouveau système métrique , avantage non accidentel, mais qui lui est vraiment essentiel , parce que son essence est d’employer des types de mesures pris dans la nature : c’est que , quand même tous les étalons viendroient à être détruits, anéantis , de sorte qu'il ne restât de tout le systême d’autre trace que le seul Souvenir > ques l’une des deux unités est la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre, et l’autre , la masse d’eau prise àson mazimum de densité , et contenue dans le cube de la dixième partie de la première unité, on pourroit encore retrouver parfaitement leur valeur primitive. Il est aisé de sentir que , pour recouvrer celle des poids , il n’y auroïit qu'à répéter les expériences du citoyen Lefévre-Gineau, et qu'à y mettre les mêmes soins et la même dextérité qu’il a employés ; expériences pénibles , il est vrai, mais » 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE u’on peut faire dans tous les temps et par-tout sans se déplacer: À ne s’agiroit donc que de rétablir le mètre ; et il ne seroit pas nécessaire pour cela de répéter une opération aussi difficile, aussi délicate , que celle que les citoyens Méchain et Delambre viennent de terminer. Il sufhroit d'exprimer dès-à-présent en parties du mètre la longueur du pendule simple , qui bat les se- condes dans un lieu déterminé , et de donner aux expériences qui serviroient à fixer cette longueur un degré d’exactitude qui ne laissât rien à desirer. La longueur du pendule deviendroit par là une znité secondaire infiniment précieuse à tous égards ; unité encore puisée dans la nature , et dont aucune cause des- tructive quelconque ne sauroit altérer la longueur. Aussi l’aca- démie des sciences avoit-elle parfaitement saisi cette idée ; et un de ses premiers soins , en méditant sur le système métrique , a été de nommer des commissaires pour faire des expériences sur la longueur du pendule : elles ont été faites à l'observatoire na- tional par les citoyens Borda, Méchain ct Cassini avec un appa- reil digne du génie de ceux qui l’ont imaginé , et à l’exactitude duquel il seroit difficile, pour ne pas dire impossible , de rien ajouter: C’est encore le citoyen Lenoir qui l’a exécuté. Borda a° décrit ces expériences dans un mémoire dont il a présenté une copie à la commission , et qui sera imprimé. Nous nous conten- terons de dire que par un milieu de vingt expériences , toutes faites avec une précision singulière , puisque ce milieu ne s’écarte pas d’un cent-millième des extrêmes , et discutées avec cette saga- cité rare qui caractérisoit d’une manière si distinguée le citoyen Borda, dont nous pleurons encore amèrement la perte , cette longueur du pendule simple qui bat les secondes à Paris a été trouvée de #2%% du module, supposé à la glace fondante : d’où il est aisé de conclure que cette longueur est de 225817 du mètre. Il sera donc toujours facile de retrouver le mètre en dé- terminant à Paris la longueur du pendule simple ; il seroit même très-avantageux, pour le perfectionnement des sciences physi- ues , que la longueur fût déterminée avec la plus grande exac- titude pour plusieurs endroits , et principalement au bord de la mer , sous la latitude du quarante-cinquième degré. L’académie des sciences , qui sentoit toute l’importance dont cette expérience pouvoit être , l’avoit proposée comme devant couronner cette grande opération , et lui servir de complément : espérons qu'elle pourra être exécutée sous peu, comme elle mérite de l’être. Tel est, citoyens, le résumé général de ce qui a été fait pour la détermination des bases du système métrique , et des conclusions les plus générales déduites d’une opération qui fera époque dans l’histoire ET D'HISTOIRE NATURELLF£. 97 l'histoire des sciences. La commission des poids et mesures æ fait tous ses efforts pour remplir la tâche qui lui avoit été pres- crite, d’une manière qui pût mériter votre approbation , comme elle a obtenu celle de À classe des sciences physiques et mathé- matiques. Il ne nous reste qu’à former des vœux pour que ce beau système métrique s'établisse dans la République française entière avec toute ba célérité que son bien-être , la nature des choses et la prudence pourront permettre ; qu’il soit adopté par tous les peuples de la terre ; et qu’il serve à faciliter leurs liaisons commerciales , à en assurer l'intégrité, et à resserrer entr’eux les nœuds fraternels qui devroient les unir. Puisse une paix, aussi glorieuse qu’elle est ardemment desirée , hâter le moment de cette union , et assurer à l’Europe entière un état heureux et tranquille ! ‘ CE TR une MÉMOIRE Sur la matière de la chaleur, considérée ; d’après des expériences chimiques , comme la cause de l’effet lumineux. Lu à l’Institut national, il y a à-peu-près un an, et dans plusieurs sociétés savantes , par Dizi. Ox connôît, depuis long-temps, en physique et en chimie, la propriété qu'ont certaines substances de produire de la chaleur et de la lumière, mais , le plus souvent, de la chaleur sans lumière, Les phénomènes singuliers de la phosphorescence de la chaux, quelques momens après sa cuisson, les phosphores animaux, végétaux et minéraux avoient déjà enrichi la masse de nos con- noissances , lorsqu’en 1782 Pelletier confirma, d’après Mayer , que la chaux mise en certaine quantité avec l’eau, donnoït une violente chaleur , accompagnée de lumière, dans les ténèbres, Les opinions sur la cause de cet effet lamineux , dans l’extinc- tion de la chaux , sont encore partagées. Les uns pensent, avec Mayer , Rouelle, Darcet, Lamétherie , que l'acide carbo- nique est remplacé, dans la calcination du carbonate calcaire, par la matière de la chaleur qui s’y combine en certaine quantité, Tome V1. FRUCTIDOR gx 7: Aa 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et forme avec cette terre un nouvel être doué des propriétés par- ticulières qu’on lui connoît. D’autres, au contraire , assurent que la chaux est une matière simple , isolée de toute combinaison , et qu’elle re doit sa caus- ticité, sa solubilité dans l’eau , qu’à cet état de simplicité , d'iso- lement , qui la rend avide de combinaison avec les corps soumis aux lois de son attraction. Mon but, dans ce mémoire , n’est pas de discuter ce point de théorie : je me borne simplement à rappeler l’état de la question qui divise les chimistes et les physiciens célèbres sur les qualités de cette substance ; sous d’autres rapports, j'ose me flatter d'en tirer des résultats nouveaux ; dignes d'occuper l'attention de l'institut national. Il y a quelques années, j'étois occupé à perfectionner le pro- cédé de la décomposition du sulfate de soude, dont j'ai coopéré à élever une manufacture près Paris. Les expériences que mes idées me suggérèrent dans ce travail , me donnèrent des résultats nouveaux sur les propriétés du calorique et de ses effets. A cette époque les divers sentimens des philosoplies, des phy- siciens anciens et modernes, sur la nature de la chaletr , du feu et de la lumière, ne présentoient à mon esprit qu’un résumé incertain , sans cesse contrebalancé par les systèmes plus ou moins prépondérans des sayans qui les avoient fait connoître. Je résolns de fixer mes idées sur ce sujet , et de les fonder sur mes ‘propres expériences. Mais afin de mettre de l’ordre dans mes recherches , et de les classer , je me posai les questions suivantes : 10, Le calorique combiné ou isolé, diffère-t-1l de la matière du feu et de la (PR ? Dans le cas où il en différeroit, avant de statuer sur cette question , il est nécessaire de dire que l'opinion des physiciens et des chimistes est si divisée sur la nature de ces êtres qui jouent un si grand rôle dans la physique et la chimie , que Ati les explique comme il les conçoit. Dans le cas où le calorique ne différeroit pas de la matière du feu et de la lumière , comment déterminer leur identité, tandis qu’ils se présentent sans cesse sous trois états différens et avec de variations multiplices. Mes recherches tendant à expliquer l’homogénéité de ces trois matières , que leur manière d'être nous a fut considérer sous trois rapperts différens, je dois, avant d'entrer dans le détail de mes expériences et des conclusions que j’en ai tirées , rappeler ÊT D'HISTOIRE NATURELLE: 479 ici les principales opinions des physiciens anciens et modernes, pour pouvoir les comparer avec les résultats de mes essais. Exposé succinct des différens systémes sur la nature de la chaleur, du feu et de la lumière. Les hommes savansont, dans leurs différens idiômes , exprimé par le mot chaleur cette sensation que nous éprouvons sur l’or- gane de la peau, à l'approche ou par le contact d’un corps quelconque, doué d’une température supérieure à celle qui nous pénètre dans ce moment : par le mot f2z, ce degré de chaleur élevé qui, dans ses différens états de force , produit quelquefois de la lumitre , et dont l’incandescence irrite , altère et détruit les corps organisés. Par le mot /mière, cet effet produit par le feu Où par toute autre cause qui peint dans la rétine tous les objets frappés par ses rayons lumineux, soit directement, soit par réflexion. ‘ Dans l'antiquité , chaque école avoit son systême sur la nature de la chaleur , du feu et de la lumière. Les recherches sur la nature du feu et de la lumière paroissent éur-tout avoir fixé l'attention des physiciens de ce temps. Dans la Grèce, l’école d’Epicure, soutenoit que la lumière étoit une émanation continuelle des corps lumineux qui lancent au loin une partie de leur substance. Descartes , dans les Principes de sa Philosophie , 4°. partie, art. 29 , paroît croire que le feu n’est que le résultat du mouve- ment et de l’arrangement : que toute matière réduite en matière subtile par le frottement , peut devenir ce corps jeu, et que cette matière subtile, qu’il appelle le premier élément , est le feu même. Descartes , dans sa Dioptrique, dans ses Lettres , assure que la lumière , qu’il appelle son second élément , est un com- posé de petites boules qui ont une tendance au tournoiement. Postérieurement , Newton a embrassé l'opinion de l’école d'Epicure. Euler , et beaucoup d’autres , ont pensé que le fluide lumineux est répandu dans tout l’espace , que les corps lumineux ébranlent ce fluide comme les corps sonores ébranlent l’air. Bacon, et ensuite Boerhaave, furent les premiers qui doutè- rent que le feu fût un fluide particulier , qui estimèrent que sa propriété ne pouvoit pas être prise pour le corps , et que le feu n’étoit autre chose que la lumière. Macquer croyoit que la chaleur n’étoit qu'une modification de Aa2 389 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE corps, dûe au mouvement et à la collision de leurs molécules ; et que le feu n’étoit autre chose que la lumière. Des chimistes modernes ont pensé que le fluide lumineux étoit ‘élémentaire ; quelques-uns l’ont confondu avec le feu , d’autres Y'ont cru composé du principe inflammable et de ia chaleur com- binée ou latente. Malgré la sagacité et la beauté des diverses opinions que je viens de citer, ne seroit-1l pas permis d’avoir quelques doutes sur leur solidité, lorsque des nouveaux phénomènes, présentés par l'expérience, semblent les indiquer ? Les idées sublimes que ces grands hommes ont transmises aux générations qui leur ont suc- cédé , étoient souvent plutôt le fruit d’nn génie exalté et soutenu _par l'esprit de secte , que le résultat des expériences conduites avec cet ordre et avec cette précision faits pour parler à l'esprit, pour le diriger et pour en arrêter les écarts. Les progrès rapides de nos connoïissances physiques actuelles sont au contraire le résultat dela science de l’analyse devant laquelle les théories brillantes disparoîtront toujours. Les faits de l'expérience résistent aux siècles ; ils parlent dans tous les temps à nos sens ; et si la fougue de quelque génie transcendant en- traîne pendant quelque temps les esprits , l'analyse exacte les ramène à cette base première, qui peut seule les conduire à la vérité. C’est en suivant cette marche simple, transmise au monde savant par les chimistes français, que Lavoisier et ses contem- “porains sont parvenus à consacrer quelques vérités fondamen- tales sur la nature de la chaleur , du feu et de la lumière. Ainsi, aujourd’hui, on s'accorde à les considérer, par rapport aux moyens analytiques que nous possédons , comme des êtres simples , comme des corps fluides, lorsqu'ils sont libres. La cha- leur , proprement dite, est regardée sous deux états, libre et “combinée : lorsqu'elle ‘est combinée ou latente , on la nomme calorique ; lorsqu'elle est libre, on se borne à l'appeler ckaleur. Les expériences qu’on a faites pour prouver cette distinction, sont nombreuses et sans replique : nos connoissances sur la na- ture du feu et de la lumière ne sont pas aussi avancées ; les opi- nions , quoique tendant à se rapprocher , ne nous présentent pas des HA décisifs. Le feu et la lumière sont encore considérés , par des savans , comme élémens absolument distincts. D’autres leur font subir des modifications aussi multipliées que leur manière de voir : enfin Lavoisier pense que le feu et la lumière ne son que la chaleur modifiée : mais des expériences décisives n’aynt pas encore ET D'HISTOIRE NATURELLE. 181 écarté tout doute à cet égard , je suis parti de ce point pour di- riger les essais que je vais décrire, ainsi que les conclusions que j'ai cru pouvoir en tirer. e FPAP ETES: PREMIÈRE EXPÉRIENCE. J'ai pris un myriagramme de chaux nouvellement préparée , après l'avoir tenue pendant un quart d’heure à une chaleur ca- pabie de la faire rougir , pour lui enlever le peu d’acide carbo- nique qu’elle auroit pu absorber pendant le transport ; je la fis éteindre en la mouillant peu-à-peu avec de l’eau. Le vase qui la contenoit étant placé dans l’obscurité, j’étois en état de pouvoir observer le phénomène de l’apparition de la lumière. Dés l’ins- tant que le calorique se dégagea , à-la-fois, dans toute la masse, jé vis des points lumineux et phosphorescens. Cette expérience, Et j'ai répétée pour m'en confirmer le résultat, ne m’en a pas onné de constant. Je dois prévenir ceux qui seroient dans le cas de la répéter, que sa réussite dépend de la qualité de la chaux, de son degré à cuisson , et de la précaution de ménager son extinction, de manière à augmenter graduellement $et avec rapidité, le dégagement du calorique , jusqu’au point où la lu- mière paroît ; car, si l’abondance d’eau absorboiït le calorique à inesure qu'il devient libre, la lumière ne seroit pas produite : l’usage , d’ailleurs , apprend facilement à la faire paroître. Il m’est arrivé bien des fois de répéter cette expérience avec des qualités de chaux , dont l’émission du calorique étoit si vio- lente , que les matières combustibles répandues à dessein à la surface , se sont charbonnées et ont quelquefois, pris feu. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Convaincu par mes propres essais des faits énoncés , je voulus m'assurer si la chaux , en passant dans une combinaison qui changeroit son état, donneroit du calorique accompagné de lumière. + Je m'’assurai, 1°. de la qualité de la chaux, après l'avoir fait rougir , comme je l'ai dit plus haut ; elle fut soumise aux combi- naisons suivantes :, On mit dix parties de chaux en poudre dans quatre vases de verre de forme conique : ils furent placés par ordre dans un lieu obscur. Je versai peu-à-peu , dans le premier vase, six parties d'acide sulfurique à 30 degrés de densité. La combinaison se fit 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avec vivacité et avec un dégagement de calorique tel que le vase fut brisé; mais je ne vis pas de lumière. Les acides nitrique, muriatique , acéteux, affoiblis, versés chacun sur la chaux de trois autres vases , n’eutent pas un meilleur succès pour l'effet lumineux. Ayant examiné au jour l’état de la matière dans les vases , je trouvai leur surface couverte de chaux qui avoit été soulevée et lancée par la violence du calorique. Je soupçonnai qu’au moment de cette combinaison la chaux, étant élevée: avec force , avoit produit un nuage assez épais pour me dérober les points lumi- neux qui auroient pu paroitre. D'un autre côté, que la quantité d’eau qui affoiblissoit mes acides , avoit dù absorber le calorique , lui servir de conducteur en se combinant avec elle. La reprise de mes expériences , de la manière suivante , con- firma mes soupçons. à Des vases nouveaux ayant été disposés comme les RE 5 je répartis dans chacun d’eux la même quantité de chaux, non en poudre, mais seulement divisée par parties du poids à-peu- près de 3 grammes. Ÿ TROISIÈME EXPÉRIENCE. Je versai dans le premier de l'acide sulfurique pur et concentré à 63 degrés , en observant lés mêmes précautions que dans l’autre expérience. Les phénomènes furent cette fois bien différens ; il n’y eut pas de chaux volatilisée , le calorique considérable qui se manifesta , brisa le vase , et la lumière fut très-visible. Pendant cette combinaison, le calorique qui se dégagea , s'em- ara d’une portion d’acide sulfurique et le réduisit en vapeurs blanches , très-denses , dont le volume remplit bientôt mon la- boratoire , et m'obligea de le quitter sur-le-champ, Les acides nitrique et muriatique dégagèrent aussi de la lu- mière , mais moins considérable ; l'acide acéteux concentré à la glace donna une lumière très-foible et proportionnée à sa concen- tration (1). $ III Frappé du résultat que je venois d'obtenir, je voulus m’assurer PEN ENONCE SEE LP NPA POLE LMP PE AN RE LEO (1) La lumière n’est pas toujours dégagée avec l'acide acéteux : mais avec les acides minéraux concentrés , elle réussit constamment , lorsque la chaux est de bonne qualité, É ET D'HISTOIRE NATURELLE, 183 si les acides que j’avois employés se décomposoient dans cet essai , et si la lumière obtenue étoit un produit de leur décomposition, QUATRIÈME EXPÉRIENCE. J’introduisis ensuite dix parties de chaux dans une cornue de verre ; tubulée et adaptée à une allonge recourbée qui étoit reçue dans un flacon à deux goulots, et ce dernier communiquoit à un appareil pneumato-chimique ; le tout étant bien disposé et luté, la même dose d’acide sulfurique concentré y fut ajoutée en plu- sieurs parties , et aussi prestement qu'il fut possible. La combi- naison terminée , on n’eut pour pers que l'air des vaisseaux , et pas un vestige de gaz acide sulfureux. Le flacon intermédiaire contenoit de l’acide sulfurique évaporé , par l’action du calorique dégagé ; les acides nitrique, muriatique et acéteux , se compor- tèrent de même. On peut conclure de ces faits, que la lumière qui se dégage dans la combinaison de ces acides avec la chaux, ne peut être l’effet de leur décomposition , puisqu'il n’a pas été produit de gaz sulfureux et nitreux , et que leurs parties constituantes sont restées en équi- libre. On ne peut nécessairement l’attribuer qu’à l'effet dn calo- rique ou chaleur latente de ces corps , rendue libre lorsqu'une attraction plus puissante rompt celle qui la combinoïit avec eux. S. I V. La chaux n’est pas la seule matière dont on puisse retirer du calorique et de la lumière par la simple combinaison. Tont le monde connoït la manière de préparer la potasse caus- tique avec la chaux : on sait qu'aussitôt que le point de contact a lieu entre ces deux substances, il se fait un déplacement de l’acide carbonique de la potasse en faveur de la chaux, qui re- devient carbonate calcaire ou craie ; selon l’ancienne doctrine, la potasse absorbe le calorique que perd la chaux et lui donne le caractère caustique qu'on lui connoît ; tandis qu’au contraire , suivant la nouvelle théorie , la potasse est ramenée à son état de simplicité. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Je pris dix décagrammes de potasse caustique préparée avec soin , elle fut grossièrement concassée et renfermée dans un bocal de verre , enveloppé jusqu’à l'extrémité de poudre de charbon 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fine et très-sèche(1). Du centre de la potasse caustique s’élevoit; au travers du bouchon, un thermomètre à mercure. On versa peu-à-peu, dans l’intérieur du bocal , cinq décagrammes d’eau à 5 degrés de température : le calorique qui se dégagea dans Vunion de l’eau avec la potasse, dilata le mercure jusqu'à 85 degr. déduction faite des 5 degrés que l’eau avoit, resté pour 89 degrés de calorique produit. Il se dégagea pendantle mélange une torte odeur de chaux ou de mortier. : SIXIÈME EXPÉRIENCE. On mit dans le fond d'un vase de verre sphérique dix déca- grammes de la même potasse caustique , il fut ensuite placé sur un support dans un lieu très-obscur ; j'y mêlai avec ménagement huit décagrammes d'acide sulfurique concentré. Il se fit un mou- vement de combinaison etun dégagement de calorique si brusque , que l'acide etoit lancé tout autour du vase où se passait l'action , et la lumière parut avec étincelles. Le mélange acquit un degré de chaleur si fort, qu’il devint rouge comme un charbon ardent, et conserva cette incandescence quelques secondes. Le sulfate de potasse , formé dans cette combinaison, entra en fusion, et coula sur le support. J'observai dans cette expérience, 1°. qu’il n’y avoit pas eu d'acide sulfurique de décomposé ; que tout le calorique émis’, ainsi que la lumière, venoient de deux corps dont l'affinité ré- ciproque avoit rompu celle qui les unissoit au calorique, qu'ils avoient fourni. , 2°. Que la lumière émise avoit beaucoup plus d'éclat que celle que la chaux avoit répandue, SEPTIÈME EXPÉRIENCE. Vingt décagrammes de potasse préparée avec le tartrite acidule de potasse , ayant été introduites dans un creuset de platine, on les exposa pendant quatre heures à une chaleur capable de la rougir simplement , pour faciliter le dégagement de l'acide car- bonique. Le feu fut poussé au point de fondre la potasse ; on la tint dans cet état de fusion pendant six heures, après lesquelles elle fut pe (1) Je prends cette précaution afin que le verre, qui est un bon conducteur e la chaleur, en perde le moins possible par la te de la poudre de charbon , qui est un très-mauvais conducteur de la chaleur, ainsi que la sciure de bois. coulce ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 coulée sur une plaque de cuivre et introduite de suite dans un bocal. Cette potasse attiroit puissamment l'humidité de l’air atmos- phérique ; sa cassure n'’étoit pas vitriforme comme celle de la potasse caustique , elle présentoit , au contraire, une contexture poreuse. J’exposai 12 décagrammes de cette potasse dans un vase de verre placé dans l'obscurité ; je lui combinai peu-à-peu 10 déca- grammes d’acide sulfurique concentré. Il y eut dégagement de gaz acide carbonique et de chaleur, assez fort pour casser le vase ; mais il n’y eut pas d’acide sulfurique évaporé , ni d’acide sulfureux de produit, et la lumière ne fut pas visible. Cette expérience démontre bien que le calorique seul n’enlève pas facilement à la potasse la dernière portion de l'acide carbo- nique ; que lorsqu'on combine l’acide sulfurique avec cette po- tasse , la présence de la partie d’acide carbonique qui y est encore fixée s’oppose à l'apparition de la lumière , en absorbant le ca- lorique qui se dégage dans la combinaison , et qui lui donne par ce moyen la forme gazeuse, . Je crus qu’il étoit essentiel de m’assurer si la chaux et la po- tasse caustique , ainsique l'acide sulfurique , privés du calorique u’ils absorbent comme tous les autres corps exposés à une tem- æpérature élevée au-dessus de zero , donneroïent également de la chaleur et de la lumière. HUITIÈME EXPÉRIENCE. En conséquence , je tins dans des flacons séparés une dose donnée de bonne chaux, de potasse caustique et d’acide sulfu- rique concentré , exposés à la glace jusqu’à ce que le thermomètre marquât zero, en le plongeant dans les différens vases qui conte- noient ces matières. J’avois disposé ces objets dans un lieu obscur , de manière à porter dans chaque expérience la plus grande célérité , pour éviter que le calorique de l’atmesphère ne se combinât avec les substances dont la température étoit descendue à zero , afin de pouvoir mettre les deux corps en contact , chacun à ce même degré. ee confirma mon opinion. Les deux combinaisons produisirent une violente chaleur et de la lumière. NEUVIEME EXPÉRIENCE. Je cherchai à déterminer , aussi exactement qu'il me fut pos- Tome VI. FRUCTIDOR ez 7. Bb à 486 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sible , le degré de calorique qui se dégageoit dans la combinaisore de la potasse caustique avec l'acide sulfurique ; mais n'ayant as à ma disposition un calorimètre tel que celui imaginé par Éavoieu et le citoyen La Place, j'en construisis un de la manière suivante : Je fis choix de quatre entonnoirs de fer blanc, dont la capacité et la hauteur étoient graduées ; j'en fixai et lutai un par son extrémité dans l’intérieur de la tige de l’autre , de manière à laisser un intervalle d’un pouce entre les deux entonnoirs. Cet espace fut garni de glace Le On plaça dans le centre du second entonnoir une bouteille de verre mince, doublée de toile collée avec une dissolution d’amidon, afin de lui donner plus de solidité contre l’action brusque du calorique qui devoit 1a- frapper. Les choses étant ainsi disposées , j’introduisis dans la bouteille 3,0572 grammes de potasse caustique concassée , et dont la tem- pérature étoit à zero; on lentoura de glace pilée. Un troisième entonnoir renversé lui servit de couvercle, et fut également cou- vert de glace. Enfin , pour empêcher Pair extérieur d’avoir aucun accès sur l’appareil, je renversai sur Le tout un quatrième enton— noir, dont le diamètre étoit plus fort que celui qui en faisoit læ base: Au moyen d’un tube qui partoit du centre de la bouteille , où étoit la potasse caustique , et qui traversoit les tiges des deux entonnoirs supérieurs, j'ÿ Versai peu-à-peu 3,072 grammes d’acide sulfurique concentré, et refroïdi à zero. Le thermomètre marquoit deux degrés de chaud au moment où j'opérois. La chaleur qui se manifesta dans le moment de l’action fit fondre la glace qui entouroit la bouteille , et l’eau étoit reçue dans un vase de verre sur lequel reposoit mon appareil. Le lendemain , c’est-à-dire douze heures après , la glace avoit cessé de fondre ; la quantié d’eau qui. s’étoit écoulée pesoit 45,8574 décagrammes. Cette quantité de glace, rendue liquide d’après celle que fond 4,891 hectogrammes d’eau à 8 degrés, ne représentoit pas tout-à-fait 60 degrés de chaleur émise. Cette expérience , répétée plusieurs, fois, m’a donné à-peu-près les mêmes résultats. Persuadé que ke dégagement du calorique devoit être plus con- sidérable , je cherchaï à le déterminer d’une autre manière. Je glissai dans un tube de verre, fermé par une extrémité, une pièce à thermomètre de Weedgwood , nan cuite ; elle étoit juste & zero de son échelle de graduation. L’autre extrémité du tube fut FT D'HISTOIRE NATURELLE vè» #llongée en tuyau capillaire pour laisser une issue à la dilatation de l’air intérieur du tube. On enferma dans un bocal de verre 13 décagrammes de potasse caustique en poudre grossière (1) Le bouchon destiné à le cou- vrir étoit percé de trois trous, celui du centre laissoit passer l'extrémité capillaire d’un tube, dont la base qui renfermoit la pièce à thermomètre se trouvoit dans le milien de la potasse caustique ; les deux autres recevoient chacun ün tube de verre destinés , l'un à porter l’acide sulfurique dans le fond du vase, et l’autre à la surface du vase , afin qu’étant répandus également, “action de l’acide sur la potasse caustique et le calorique dégagés, fussent uniformes sur tous les points de la masse, Lorsque le tout fut assujetti avec du lut gras , et exactement fermé , on en- fonça le bocal dans un vase plein de charbon en poudre. On fit couler par gradation, dans chacun des tubes , celui du miliea excepté , 9,1716 décagrammes d’acide sulfurique concentré. La chaleur fut très-vive. L'appareil refroidi , je cassai le vase ; la matière étoit extrèmes ment dure, et le tube qui renfermoït la pièce à thermomètre, intact ; après l'avoir brisée , je la présentai à l'échelle thermomé- trique , elle étoit descendue de 3 degrés. DIXIEME EXPÉRIENCE. L'expérience ayant été répétée avec un thermométre à mercure, d’après Réaumur, le mercure monta, dans le fort du dégage- ment du calorique, à 300 degrés ; donc un degré de la gradua- tion de Weedgwood en représentoit cent de Réaumur, Les résultats que je viens de citer ont été obtenus plusieurs fois de suite, et à différentes époques. Je ne doute pas qu’en traitant la potasse caustique avec les autres acides minéraux très- concentrés , on ne produise de la lumière. Le résumé de ces expériences précipitées répond naturellement à la première des questions que j'ai proposées, et que je vais rappeler. LA Le calorique combiné ou isolé diffère-t-il de la matière du feu æt de la lumière ? Pour peu qu’on réfléchisse sur les faits nouveaux de mes essais, älsera facile de se convaincre, 1°. que les substances qui ont été ee ee A RS Ce (1) Refroïdie à zero, On doit avoir la précaution de choisir un vase dont les deux tiers restent vides, pour Jaisser un espace aux gonflemens qui arrivent . . ? . “dans cette combinaison. ‘ Bb2 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mises en expérience contiennent une quantité de calorique com- biné , telle , que lors de son dégagement elle est capable de pro- duire de la chaleur , du feu et de la lumière. > 20, Que le feu et la lumière qui ont été produits , étoient tou- jours précédés de chaleur ou de dégagement de calorique. 30. Le degré de calorique, suivi de l’effet Ilumineux qui a eu lieu, est de 300 degrés du thermomètre de Réaumur, et de 3 de celui de Weedgwood (1). . 49. Que la vivacité de la lumière est en raison du degré de ca- lorique qui se dégage. 50. Enfin, qu'on a raison de conclure que le calorique combiné aux différens corss, doit être de même nature que celui transmis ar l'air atmosphérique à ceux qu'il environne , et désigné sous le nom de chaleur libre ; car, comme ce calorique , il produit un sentiment de chaleur sur la peau, dilate les corps : accumulé à un certain degré , il détruit les substances organisées , produit du feu et de la lumière. : Conséquemment, le feu etla lumière ne pouvant jouir de leurs propriétés sans émettre du calorique, doivent être de même nature. Du calorique , considéré comme matière de feu et de la lumière. Pour donner à mon explication toute Ja clarté que mérite un point si important de discussion, parmi les physiciens et chi- mistes, je dois commencer par faire bien distinguer la cause de Feffet, en donnant à chacun leur propre dénomination : par ce moyen l'esprit pourra saisir le caractère distinctif d’une matière incoërcible , et dont nous ne connoissons l’existence que par ses effets. Il est aujourd’hui une vérité reconnue de la majorité des phy- (1) Ces degrés de calorique ne peuvent être estimés qu’en raison de la justesse et de la sensibilité de nos instrumens , ainsi que par les moyens que nous possé- dons pour retenir accumulées les molécules du calorique qui se dégagent d’un corps. Quoique le charbon dont j’entoure fortement le vase , dans lequel j’opère, soit le plus mauvais conducteur de la ehaleur, il s’en sature cependant toujours en raison de son affinité , ce qui affoiblit à proportion la masse du calorique qui se dégage et diminue par conséquent ses effets. Il est probable que le calo- rique ; jouissant d'une force répulsive qu'on pourra peut-être un jour soumettre au calcul, il est probable, dis-je, que le degré 300 de Réaumur , où le calorique donne un effet lumineux, soit plus considérable ; mais il est nécessaire , qu’ew égard à l’imperfection de nos. moyens physiques actuels , nous nous contentions , jusqu’à nouyel ordre , de l’estimer à ce degré. LS LS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 189 siciens et chimistes ; et, comme je l'ai dit plus haut, Bacon et Boerhaaye avoient établi qu’il ne faut pas confondre la matière de la chaleur avec ses effets. J’ajouterai que ce que nous désignons vulgairement en- core, par les mots fez et lumière, n’est autre chose que l'effet pris pour la cause qui le pro C’est de cette idée que naît la diversité d'opinions sur la nature de la matière de la chaleur , du feu et de la lumière. Proposons l’idée claire et précise que l’on doit avoir de ces dénominations. Je suppose, pour un instant , que la matière, ou la cause de la chaleur et de la lumière soient deux êtres différens , les déno- minations de chaleur et de lumière ne sauroient nous exprimer l’idée que nous devons avoir des corps qui en sont les causes, puisque , dans le fait, elles ne sont que l'expression de leurs propriétés. Ne seroit-il pas plus juste de dire la chaleur du calo- rique, et la lumière du corps lumineux ; nomenclature vraie , qui trace en même-temps à l’esprit la distinction du corps d’avec ses effets. Cette distinction , une fois bien conçue, je vais en faire l’ap- plication aux résultats de mes propres essais. Lorsque j'ai combiné de l’acide sulfurique avec la potasse caustique, ou d’autres acides minéraux avec la chaux , Peffet du calorique qui s’est dégagé a dilaté le mercure à 300 degrés, et dans le zaximum de cette évasion de calorique, j’ai obtenu l’effet lumineux. Ceite lumière ne peut être attribuée à un effet de l'absorption de l’oxigène de l'air environnant , ni à la décompo- sition de l’eau , ni à celle de l'acide, puisque , 16. l'expérience s’est faite dans un vase aux trois quarts plein... fermé avec un bouchon , luté et traversé de tubes. 20. La dilatation qui a eu lieu avant l’effet lumineux défendoit l'entrée du bocal à l’air exté- rieur. 30. Il n’y a pas eu de gaz hydrogène de produit, ni d’acide : sulfureux... de même que le corps mis en combinaison ne parti- cipoit en rien du calorique atmosphérique , puisqu'il étoit à zero de la glace , ainsi que l’atmosphère dans lequel j’opérois , au moyen de quoi toute la masse du calorique dégagée étoit réel- lement celle combinée soit dans la potasse caustique , soit dans l’acide concentré (1). : (a) Lavoisier a dit, dans ses Ælémens de Chiinie, tom. 1, pag. 107 , ar. Combustion de phosphore : « On suppose ici que l’acide phosphorique ne con- » serve aucune portion de calorique ;, €e qui n'est pas rigoureusement yrai ; mais 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ayant toujours remarqué dans le cours de mes expériences que le calorique ne se dégageoit que par degrés, et lorsque toutes les le des deux corps étoient en attraction dans tous les points de contact, l'effet du feu et de la lumière avoit lieu ; je ne doutai plus alors qu'ils ne fussent une conséquence directe du calorique plus ou moïns accumulé : car , si le corps feu et le corps lumineux différoïent du calorique, et s’ils étoient des êtres différens , se suivant et se combinant ensemble avec les mêmescorps,c’est-à-dire , jouissant toujours des mêmes facultés attractives , pourquoi leur effet lumineux n'a-t-il lieu que lorsque. l'émission du calorique est à tel degré de mazimum, plutôt qu’à tel degré de minimum de dégagement ? En effet, dès l'instant qu'une goutte d’acide touche un point de potasse caustique , la combinaison à lieu sur cette partie aussi parfaitement que lorsqu'une once d’acide est en contact avec une surface proportionnée de potasse. SR , dans le remier cas, action se réduit à produire simplement de la cha- ee , tandis que dans de second il y a chaleur , feu et lumière. Si les corps, causes de ces troiseffets , entroient dans la potasse caustique comme êtres de nature différente, leur dégagement, et par conséquent leurs effets, devroient être en raison de celui du calorique , et comme lui , sensible à nos organes. Mais le contraire a lieu; le feu et'la lumière me sont sensibles pour nous que lorsque l'émission du caloriqueest à son #aximum, que j'ai fixé à 300 degrés de Réaumur, et à 3 de Weedgwood, our produire l’effet lumineux (1), d’où il résulteroït que le ca- litque devroit être la cause principale de leffet lumineux. Voici comme je conçois l’état singulier des trois propriétés du calorique libre. Le calorique est un fluide subtil composé de molécules lumi- æ la quantité , comme on l’a déjà observé plus haut , en est probablement très- æ petite, etonne la suppose nulle, que faute de pouvoir l’évaluer..… » IL sembleroit ; d’après cela , que les autres acides, comme l’acide phospho- rique, ne conserveroient dans leur composition qu’une quantité de calorique à-peu-près nulle. Cependant la combinaison de la potasse caustique avec l’acide sulfurique en a fourni une grande quantité. L'autorité d’un homme aussi célébre que Lavoisier me porteroit à croire que c'est la potasse caustique qui a donné la quantité de chaleur que j’ai pu appré- cier avec mon instrument; mais peu importe à mon explication que ce soit la potasse où l'acide qui ait fourni, séparément ou en commun, cette quantité «considérable de SE ue, ce n’est pas ici la question : j’y reviendrai dans un «utre mémoire, lorsqu'il me sera libre d’en terminer les effets. (4) Il faut toujours avoir égard à la note que j'ai mise à ce sujet, page 188. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 neuses si déliées, que nous ne pouvons les appercevoir dans leur isolement ; dès l'instant qu’elles entrent en combinaison , leur effet cesse : la ténuité de ses molécules est plus grande que celle de l'air et des gaz que nous connoissons , puisque celles-ci sont coërcibles dans les vases poreux, et que celles du calorique traversent les pores des matières les plus du qui soient con+ nues. Elles jouissent de la faculté attractive et répuilsive par leur rapprochement à une certaine distance , lorsqu'une affinité plus puissante leur dispute les corps qu’elles saturent , comme dans la chaux , la potasse cantique et les acides ; leur évasion se faisant dans le même moment dans toutes les parties du corps dont elles sont expulsces ;*elles sont alors assez rapprochées pour l'instant, et produisentune aggrégation d’effets lumineux sensible à la vue : de même qu’aussitôt que la quantité de dégagement des molé- cules s’affoiblit, ou n’est plus relative à la force de répulsion qu’elles opéroient au moment de leur liberté , le foyer de l’effet hunineux s’atténue , et la propriété magique des molécules du calorique cesse pour nous. Ainsi le feu et la lumière ne sont autre chose qu’une pro- priété inhérente aux molécules du çalorique libre, dont l’ac- cumulation ou la concentration graduée donne les différens effets. É Par ce moyen le calorique libre accumulé à un degré, forme la température au-dessus de zero, premier effet : à 85 degrés, chaleur où l’eau bout, deuxième effet. À 300 degrés le nombre des molécules accumulées étant assez considérable pour avoir une aggrégation de propriété lumineuse capable de frapper la rétine , donne le troisième effet, qui est le zaximum pourarriver à la formation du point lumineux. Je ne prétends pas fixer à 300 degrés le maximum de l’accumu- lation des molécules du calorique , ni ue ses effets. La flamme nous présente d'exemple d’une propriété supérieure par une aggrégation plus forte , ainsi que cette. incandescence où peut arriver un four à porcelaine, par exemple , et qu’on désigne sous la dénomination impropre de chaleur blanche ; laquelle éblouit et produit , relativement à la grandeur de son foyer , le même effet que celle émise par le foyer d’un miroir ardent, le souffle du gaz oxigéné sur un corps embrâsé, et l’astre qui éclaire le globe. Il y auroit donc un maximum de concentration des molécules du calorique hibre qui donne la première base de l'effet lumineux , et un autre maximum de cette même concentra- tion de calorique pour produire Peffet lumineux rayonnant. Ce dernier degré ; autant qu’on peut l’apprécier par la perfection > 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE actuelle de nos instrumens , s'élève au nombre de 200 du ther- momètre de Weedgwood, oude 20 mille selon celui de Réaumur, en prenant toujours pour base la dilatation de 300 degrés, que j'ai obtenus dans la combinaison de l’acide sulfurique avec la potasse caustique , leur température préalablement ramenée: à Zero. Après avoir exposé les causes de l’effet lumineux par l’accu- mulation des molécules de la chaleur sensible , je vais parler de l'existence de l'effet lumineux qui a lieu dans les cas où la cha- leur n’a pas encore été reconnue sensible à nos organes , ou par nos instrumens. C’est l’existence de l’effet lumineux sans chaleur reconnue. Ce phénomène , qui a lieu dans les différentes substances des trois règnes de la nature , indique, là où il se manifeste , la pré- sence du phosphore passant dans les deux états d'acide phos- horeux ou phosphorique. Cet effet lumineux, qui est plutôt une ueur ou-foible clarté, tient effectivement à la combustion du phosphore par le mode particulier d'absorption de l’oxigène qui one , ct du calorique qui se dégage nécessairement. Je dis nécessairement , quoiqu’on ait pensé jusqu’à ce jour que cette sorte de combustion avoit lieu sans A sensible à nos organes ou à nos instrumens ; car il me paroîtroit très-difficile , d’après les principes actuels en physique et en chimie , d'admettre la combustion d’un corps sans dégagement de calorique , et par conséquent d’effet lumineux plus ou moins sensible. Les expériences suivantes vont établir, dans toute sa force, le fait que j'avance. ONZIÈME EXPÉRIENCE. Je coupai en morceaux 25 grammes de phosphore très-pur ; j'en entourai, dans le fond d’un entonnoir de verre , la boule d’un thermomètre à mercure , très-sensible et marquant dans le moment 0,16 de chaleur. À côté de cet appareil j’avois placé un autre thermomètre qui indiquoit de même 0,16 de chaleur. Au bout de deux minutes, à-peu-près, je vis la surface du phos- phore répandre des vapeurs blanches et se liquefier ; le mercure du thermomètre se dilata aussitôt, et à mesure que les morceaux de phosphore se fondirent, il s’éleva jusqu’au 0,44 degrés : ainsi le phosphore , en passant de l’état solide au fluide, par le seul contact de l'air atmosphérique , émit*donc une quantité de calorique égale à 0,29 ; aussitôt après la masse du phosphore re- passa à l’état solide, en se moulant sur la boule du thermomètre, de manière que cet instrument étant placé perpendiculairement aw ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 au fond de l’entonnoir , la boule étoit à moitié recouverte de phosphore solide, et en même temps le mercure redescendit à 0,20 , où il resta fixe (1). Je fis tomber une goutte d’eau sur la surface du phosphore , et la versai dans une teinture de tournesol qu'elle rougit sur-le-champ. Les vapeurs blanchâtres qui se sont dégagées au moment où le phosphore a été en contact avec l'air atmosphérique , sa liqué- faction , la lucur phosphorique qu’il a répandue, la formation de l'acide qui a eu lieu, enfin le signe non-équivoque de la cha- leur qui s’est manifestée , tous ces caractères suffiroient pour prouver que dans ce court espace de temps le phosphore a brûlé lentement , €tarépandu de la lumière avec dégagement de calo- rique. Cependant , les suites que j'ai données à cette expérience, m'ont présenté des résultats trop convaincans en faveur de l’émis- sion du calorique qui se dégage dans la combustion insensible du phosphore, pour négliger de es faire connoître. Afin de pouvoir apprécier , aussi exactement qu’il me seroit possible, les degrés de calorique qui se dégageoient pendant l’es- pace de temps nécessaire à l'entière combustion ou conversion des 25 grammes de phosphore en acide, j'abandonnai dans un lieu , dont la température varioit peu , cette quantité de phos- por qui étoit déjà en expérience. À côté de l’entonnoir , au ond duquel il etoit , j’eus le soin de placer le même thermomètre qui me servoit de comparaison , et aussi sensible à l'impression de l'atmosphère que celui dont la boule étoit à moitié plongée dans les 25 grammes de phosphore. L’acide phosphorique , qui devoit en être le produit , étoit reçu dans un bocal sur lequel reposoit l’entonnoir. Pendant les 25 jours que dura cette combustion lente du phos- phore , j'observai très-exactement la marche des deux thermo- mètres , le matin, à midi-etle soir. Celui dont la boule plongeoït dans le phosphore s'éleva constamment de quelques centièmes au-dessus de celui qui me servoit de comparaison, Le tableau suivant, dans lequel toutes les variations de tem- pérature que j'ai obtenues sont exposées , les présentera plus exactement que ne le feroit une explication détaillée. () On est donc induit en erreur lorsqu'on dit que le phosphore exposé à une température sèche de 24 degrés, s'allume et brûle avec violence, Tome VI. FRUCTIDOR &x 7. gMERE M > 194 Tasrrau des degrés de chal-ur émis dans la combustion insensible et lumineuse du phosphore exposé au contact de L'air atmosphérique. ÉPOQUES du JOUR. *Si1LvVa Matia Midi Soir. Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soi Mario 6 Midi Soir % "1 ou } Midi Soir Matin $ Midi Soir Matin Midi ; Soir :‘ Marin 10 $ re Soi ee “ : | Midi Soir Matin Midi Soir FT TE ES LTIN Matin | 0,14 s 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17 ns THERMOMÈTRE THERMOMÈTRE | Dontla boule étoit à moitié louBée de dans le phospho- rccn combustion COMPARAISON. lente et lumi- NCUSE, 0,13 0,16 0,13 0,16 9,13 0,16 0,13 0,16 9,1$ 0,19 0,14 0,138 0,14 0,19 0,1$ 0,19 0,19 0,24 0,24 0,14 0,24 0,24 0,24 0,23 0,213 0,13 0,23 0,23 0,23 ©,19 9,19 0,19 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17 o,21 0,21 O,211 0,17 0,17 0,17 0,16 0,16 ! | 0,16 0, 14 0,14 o,14 | 0,14 @,14 o . 0,18 0,18 ©,21 0,18 o,21 0,18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L2 CHALEUR Réelle émise par le phosphore en combustion lente et lumineuse, OBSERVATIONS. 0,03 . 9:03 0,03 0,03 0,04 0,04 0,0$ Le Acné de chaleur , émise ŒPr dans le centre, 0,04 ontété, à peu de 0,07 Le que les , chose près les 3 iouts précé- 0,07 dens k 0,07 0,97 0,07 0,07 Idem. 0,06 0,06 0,06 6,06 0,06 0,06 0,03 0,03 0,03 0,03 0,03 0,03 0,03 0,03 9,93 0,03 0393 0,03 9,03 0,03 0,03 Idem. Idem: e E: Ca ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 . 4 Suite du T1B83LEAU. THERMOMÈTRE THERMOMÈTRE | Dontla boule étoit| CHALEUR à moitié plongée | Réelle émise par de dans le phospho-| le phosphore en | o8sERvarTIÔoNs reencommbustion | combustion lente ( COMPARAISON. lente et iunu- et lumineuse. neuse. ———————— 0,17 0,20 0,03 0,23 0,26 0,03 0,18 O,Z1 0,03 0,18 0,21 0,03 0,13 0,26 0,03 0,18 O,21 0,03 0,18 0,22 0,04 0,19 o,21 0,02 0,18 0,21 0,03 0,18 o,21 0,03 0,21 0,1$ 0,04 0,18 O,21 0,03 —_—— —_——— —__—_—_—_— . —————_—_— 0,19 0,23 0,04 0,20 0,23 0,03 0,20 0,23 8,03 0,19 o,22 c,03 0,19 O,22 0,03 O,21 0,04 —— 0,20 c,93 0,19 0,02 0;19 0,02 0,20 0,04 0,19 0,03 0,19 0,03 0,19 0,02 0,19 0,02 o,19 0,02 ef O,19 0,02 0,19 0,02 0,19 0,02 (EE LC PE ONE TRE 0,18 o,01 0,20 o,o1 0,19 o,01 0,18 0,01 0,10 o,01 à-peu-près. 0,20 0,02 LR PE LIN SARRESS Matin 0,20 0,02 Midi 0,10 o,01 Soir 0,19 0,00 ——— —___—_—_—— a pe Ccz 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On voit, par le résultat de la combustion lente du phosphore, que pendant les 25 jours de sa durée il y a eu constamment dé- gagement de calorique et une phosphorescence qui s'est sou- tenue , jusqu'à ce que la molécule de phosphore ait été assez petite pour ne pas produire , en brûlant, une chaleur capable de dilater la masse du mercure contenue dans la boule du thermo- mètre. On voit encore que le plus haut degré de chaleur produite, a été de 0,07 au-dessus de la température qui environnoit l’appa- reil, et son terme moyen le plus constant de 0,03. Cette variété dans les degrés du calorique dégagé dans l’acte de cettecombustion, doit s’attribuer à l'influence que la variation de l’état de l’atmos- vhère y exerce , et d’où dépend ordinairement la rapidité ou la lenteur de la combustion insensible du phosphore. Il est facile de s’en convaincre. En examinant avec soïn les phénomènes que présente cette substance singulière , mise en contact avec l’air atmosphérique , laquelle , de toutes les matières combustibles , est celle qui semble être la plus rigoureusement soumise aux lois de la combustion , dans un degré de température le moins élevé ; je vais tâcher de démontrer succinctement la cause de ces varia- tions , comme j'ai cru l’appercevoir pendant le cours de mon expérience. Chaque fois qu’on expose un bâton de phosphore dans une atmosphère dont la température est au-dessus de zero , sur-le- champ toute sa surface est lumineuse dans l’obscurité , répand l’odeur d’ail et se décompose ; mais si l’on le place, au contraire, dans une température de 0,20 de degrés , la vapeur et la lumière qu’il émet sont plus considérables , et aussitôt que toute la sur- face est en pleine décomposition insensible , en l’examinant avec soin , on la voit entrer en liquéfaction , et la léoère ondulation superficielle qu’on apperçoït, et qui semble lancer cette lueur phosphorique-, n’est autre chose qu'une évaporation ménagée des molécules extrêmement déliées du. phosphore, qui ne sont plus ou moins phosphoriques qu’en raison de leur grandeur , et par conséquent ne peuvent qu'émettre une quantité de cha- leur et de lumière , relative à celle de l'air environnant qu’elles absorbent et décomposent. De même chaque fois que le phosphore est exposé à l’air, dont la température est suffisante pour rendre plus prompte son évaporation, ses molécules évaporées acquièrent du volume et se succèdent avec rapidité; au moyen de quoi l’air qui les environne est décomposé en plus grande masse , ce qui rend lincendie violent , avec un dégagement proportionné de ca- lorique et d'effet lumineux. C’est cette dernière combustion du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 phosphore qu’on appelle combustion avec déflagration , et qui , Communique le feu aux substances combustibles. Quoique tous les résultats nombreux, dont j'ai donné le détail, me parussent assez puissans pour me porter à croire que cet effet qu'on nomme lumière ne peut exister que par propriété magique des molécules plus ou moins concentrees du calorique libre, ce- pee je n'ai voulu en négliger aucun, capable de concourir établir l’existence de cette singulière propriété du calorique libre , et sous ce rapport, la Hr électrique méritoit d’être le sujet d’un examen particulier , afin de m’assurer si la cause de son effet lumineux étoit le même que celui produit par les molé- cules accumulées de la chaleur At Il m’auroit peut-être suffi de rappeler à ce sujet quelques pro- priétés connues de la lumière électrique. Car, comme la leur accumulée et concentrée , elle éclaire et enflamme lorsqu'elle est en force suffisante , les substances combustibles ; elle fond les métaux les plus réfractaires , tel que le platine , et contribue à oxider les moins oxidables, tel que l’or. Mais , comme on n’a pu , jusqu’à ce jour , indiquer par une expérience certaine que la lumière électrique émît de la chaleur libre , et que d’après mes essais et les inductions que je croirois pouvoir en retirer , il ne peut exister nulle part, ni se produire de la chaleur sans effet lumineux plus ou moins sensible à nos ie , ni par conséquent d’effet lumineux sans chaleur libre , la umière électrique devoit me donner aussi une chaleur propor- tionnée à sa masse et à la rapidité extrême avec laquelle elle se montre et rentre dans l'équilibre naturel ; aussi cette conséquence. va-t-elle devenir, je crois , un fait irrécusable par le résultat de l'expérience suivante. DOUZIÈME EXPÉRIENCE. Toutes les fois que la lumière électrique est assez forte pour être visible , elle se montre avec la rapidité de l’éclair. Il eût été bien difficile , en lui appliquant les thermomètres ordinaires , de présenter à la chaleur qu’elle peut émettre, dans un instant si rapide , un conducteur capable d’absorber et d'en marquer la auantité par la dilatation que cette émission de chaleur auroit exercée sur lui. Pour lever cette difficulté , il a fallu trouver un corps en même temps bon conducteur de la chaleur et propre à présenter des points de contacts très-régnliers à toute la surface de l’étincelle électrique , de manière qu’aussitôt son apparition il pât l’envelopper dans tous les sens , et absorber par ce moyen 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toute la quantité de chaleur libre accumulée qui auroit produit cet éclair. {/air atmosphérique n'ayant paru réunir ces facultés, j'ai construit l'appareil ci-après. (Woyez la planche re. ) J'ai choisi un tube de verre d'un diamètre convenable ; l’une de ses extrémités à été terminée par une boule À , prolongée et ouverte comme B. Ce tube a été ensuite recourbé dans les deux sèns cc, de ma- nière que les deux extrémités étant en ligne droite, formoient deux tiges 2 n , excepté que la tige > éioit plus longue que l’autre. Je graduai ensuite la tige M par centièmes et millièmes dans toute sa longueur , comme je vais l’expliquer. J'ai introduit de l’eau distillée dans le tube , jusqu’à ce qu’elle montât à moitié de la tige N, ensuite le tube fut exposé à une température dans laquelle le thermoinètre à mercure marquoit 10 degrés au-dessus de zero : par ce moyen l’air atmosphérique qui remplissoit l’intérieur de la boule à été condensé à 10 degrés au-dessus de celui de glace , aussitôt après j’ai fermé l’extrémité allongée de la boule avec un bouchon de liége o, traversé de deux gs de métal z À, terminées par une boule de même ma- tière, et isolées chacune par un tube de verre vy. On voit qu'elles sont disposées de manière à communiquer et à recevoir l’étincelle électrique ; j'assujettis le bouchon et lutai très-exacte- ment les jointures avec du lut gras, afin qu’il pût opposer une résistance convenable à l'issue de l’air renfermé dans la boule, lorsque la température le dilateroit au-dessus de 10 degrés. L'appareil ainsi disposé , l'air qu’il contient, reçoit avec une grande sensibilité l’impression du changement de température, et cette sensibilité est telle, que l'approche de la flamme d’une bougie, placée à une bonne distance, échauffe assez l'atmosphère qui environne la boule pour dilater l'air qu’elle renferme et faire monter l’eau dans le tube M de quelques millièmes. Après avoir disposé ce thermomètre à côté d’une machine électrique , je communiquai l’étincelle à la tige £ avec un exci- tateur , et la tige zla reçut au moyen d’une chaîne de métal com- muniquant à la terre. Assuré du passage du fluide électrique , je notai la température ui existoit dans l’appartement où j'opérois, l'air renfermé dans la boule de verre pressoit l’eau du tube et l’élevoit jusqu'au 0,20 degrés, aussitôt on fit passer une suite rapide d’étincelles, L’air de la boule ayantété dilaté par la présence du calorique du fluide électrique , comprima l’eau et l’éleva dans le tube M jus- qu’au 0,24 degrés ; elle redescendit très-lentement. - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 On répéta l'expérience plusieurs fois avec le même résultat. Ensuite une houteille de Leyde fut chargée à-peu-près avec le même nombre d’étincelles qu’on avoit fait passer auparavant dans l'appareil , et sa décharge subite dans Vair de la boule fit monter l’eau brusquement à 0,26 ; la deuxième fois il y eut une ascension de 0,27, sans doute parce que la bouteille de Leyde contenoit une plus forte masse d’électricité ; mais on remarqua aussi dans cette dernière expérience que le retrait de l’eau étoit aussi brusque qu’avoit pu l’être son ascension. Tous les faits que je viens de rapporter, résultant d’un certain nombre d’expériences faites avec toute l’exactitude que j'ai pu y porter , m'amènent à conclure , 1°. que la chaleur précède tou- jours l'effet lumineux , comme on le voit dans l'expérience du mélange de l’eau avec la chaux, la combinaison de l'acide sulfurique avec la potasse caustique , l'exposition à l’air du phos- phore et sa combustion lente ; enfin , par celle de l’étincelle élec- trique qui dilate Pair et fond les métaux les plus infusibles. 20, Que la lumière ne peut être un corps sz£ generis , comme on l’a cru jusqu’à présent, parce que l’effet lumineux n’a lieu que là où le calorique est en liberté, et dans une accumulation suf- fisante , de laquelle dépend la force de l'acte lumineux qui est produit : en un mot, l’effet lumineux ou la lumière, quant à sa propre existence, n’est aux molécules de la chaleur libre, que ce que peut être le son aux molécules de l'air qui sont vibrées ar un choc quelconque. 5°. D'où il résulte que l’effet lumineux appelé fumière ne peut être qu'une propriété lumineuse dont jouit chaque molécule du calorique libre, relativement à sa petitesse lorsqu’elle est isolée, js quelle n’émet d'effet lumineux sensible à nos yeux que par une accumulatiort invariablement proportionnée de ces mêmes molé- cules , soit qu’elles se dégagent de l'air qui se décompose , soit qu'ellés s’'échappent d’un corps quelconque pour rentrer au même instant dans des nouvelles combinaisons. ; Le calorique étant un corps dont le volume est limité, ainsi que tous ceux qui remplissent l’espace, s’élance vers le soleil qui est son point d'attraction le plus fort , d’où résulte cette harmonie sublime de lattraction et répulsion , seule cause de l’équilibre de l'univers. Les molécules du calorique ainsi attirées par cet astre, ayant formé dans son centre une aggrégation ou un foyer immense, dont l'acte lumineux proportionné à sa grandeur , se répand sur toutes les planètes qui l’environnent , jouissent de leur faculté répulsive intrinsèque lorsque leur aggrégation dans ce foyer est 200 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE assez considérable pour l’emporter sur l'effet de l'attraction qui les y avoit concentrées. C’est par ce mécanisme, toujours actif d'attraction et de répul- sion du calorique libre, betélart la saturation des autres pla- nètes et des iluides qui composent l’univers , que le soleil est la source féconde de l’acte lumineux. Les molécules de ce calorique aceumulées dans son foyer immense , dont le diamètre n'est qu'hypothétique, baignent sans cesse d’un éclat toujours renais- sant les globes flottant dans l’immensité de l’espace ; elles y for- inent le changement de température ; elles y vivifient les corps organisés qui lui renvoient eux-mêmes cette substance vivifiante dans le moment de leur annihilation. Cela posé, on conçoit facilement, 1°. que le calorique est un fluide dont le flux et reflux est toujours en action ; 2°, qu’aussitôt qu'il est libre, ces molécules lumineuses tendent à s'éloigner , et se dirigent vers le point le plus fort qui les attire ; 3°. que ce point est le soleil ; 4°. que lorsque ces molécules sont en assez grande masse pour vaincre la force qui les attire , elles éprouvent un mouvement de répulsion qui les éloigne et les disperse dans les autres corps en raison de leur propre masse ; 5°. que l'effet de répulsion , que ces molécules s’impriment alors, les isole de nouveau dans l’espace ; que leur propriété lumineuse et répul- sive étant affoiblie , les rend aussitôt dépendantes de la loi d’at- traction supérieure que le soleil exerce sur elles , en fait par ce moyen le foyer éternel de l'effet lumineux. L'acte lumineux que nous produisons par nos moyens mécani- ues , soit en ébranlant le calorique dans ses combinaisons par # choc de deux corps durs , 6oit par le frottement ou par la simple loi de l’affinité chimique , est le même que celui que le foyer naturel nous transmet directement ou réfléchi par les pla- nètes qui l’environnent. Comme celui du soleil , l’effet lumineux artificiel du calorique concentré , échauffe et éclaire ; ses rayons sont également réflé- chis et concentrés par les miroirs planes et concayes (1), ceux que répandent un foyer embrâsé ou un flambeau qui brûle émettent aussi de la chaleur , transmettent dans la rétine le simulacre des objets qui les réfléchissent. A la vérité cette lumière réfléchie est sans chaleur , ainsi que les rayons lumineux de la lune concentrés et réfléchis par le mi- roir concave (2); mais lorsque les rayons du soleil nous éclairent mm (r) Schèele, Traité de l'Air et du Ferre (2) Expérience de Fiorence. : indirectement ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 indirectement et ne nous parviennent que par des réfléxions ré- pétées, ils sont plus ou moins chauds, et ce en raison du point de distance. Or , la lune étant pour la terre le miroir de réflexion de la lumière du soleil , qui dans ce moment s'éloigne et dispa- roît pour nous , les molécules du calorique qui nous parviennent sont trop écartées entr’elles pour produire une sensation de cha- leur; aussi la lumière que la lune nous transmet est-elle foïble, mourante et prête à disparoître. Le même phénomène sera ee duit par la lumière réfléchie d’un foyer ardent; dont les effets seront proportionnés relativement à sa grandeur avec celle de celui du soleil. En terminant, je citerai les faits suivans qui concluent en fa+ veur de ce que j'avance à ce sujet. ” Chaque faisceau lumineux du soleil, étant un composé de sept espèces de rayons lumineux teints de couleuts divérses , la loi de la refrangibilité nous faic distinguer chacun d'eux , et fait que tel corps ne réfléchit que tel rayon , et est perméable ou re- tient tel autre. Voilà la cause qui nous fait distinguer les cou- leurs diverses. Il résulte de cette loi générale que les rayons lumineux pro- duits par un corps embrâsé , qui peindront dans la rétine aussi fidèlement que ceux du soleil , les objets qu'ils frapperont , doi- vent être nécessairement de même nature. Il est constant que le rayon lumineux d’un brâsier et d’un flambeau brûlant dans les ténèbres produisent les mêmes effets , puisqu'on y distingue les mêmes couleurs ; et si leur éclat n’est pas aussi brillant que lorsqu'elles réfléchissent les rayons du soleil , c’est que nos foyers artificiels et ceux de nos lumières ne produisent pas une masse divergente de rayons lumineux assez considérables pour égaler le plus petit rayon qui nous vient du soleil, et alors l’éclat de la refrangibilité de la couleur est rela- tive à la grandeur du rayon lumineux. J’en trouve un exemple frappant dans les effets mêmes des rayons solaires. Si on expose des verres colorés aux foibles rayons du crépuscule du jour, la vivacité de chaque couleur s’accroîtra à raison de la force des rayons solaires qui seront lancés sur notre horison, desorte qu’il seroit facile à l’œil de saisir et de comparer l'effet lumineux qu’au- roit produit tel foyer ardent ou telle lumière dans les ténèbres, sur tel verre coloré , et peut-être seroit-il possible à la géométrie d’en calculer les forces avec la force des rayons que produira le soleil sur les mêmes couleurs. Le but que je me suis proposé par les résultats rapportés dan le cours de ce Mémoire, et par les conséquences que j'ai cræ ‘Tome VI. FRUCTIDOR «ex 7. D d 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pouvoir en tirer, est la recherche de la vérité sur des phénomènes naturels si étonnans , qu'ils ont exercé la sagacité des génies du premier ordre. J'ai fait en sorte d’opposer l'esprit de l'expérience aux élans de leur imagination, dont les théories brillantes sur ka chaleur du feu et de la lumière seront toujours regardées comme _le point où peut s'élever la force du génie. Si, par ces foibles travaux, je pouvois espérer d’avoir soulevé le coin du voile qui cache la vérité , je serois satisfait en faisant connoître quelques expériences qui peuvent fixer l’attention des hysiciens et des chimistes, et avec leurs connoissances les aider À la dévoiler entièrement. G TU Q EXPERIMENTS AND OBSERVATIONS, etc. Expériences et observations sur la terre siliceuse entrant comme partie Sa dans l’épiderme de certains végétaux , ow contenue dans quelques-unes de leurs parties ; Par Humpnnex Davr (Journal de Nicholson. Mai 1799. ). Clifton, 11 avril 1798. Monsieur, | « Je vous adresse ci-inclus le détail de quelques expériences et observations sur la terre siliceuse contenue dans l’épiderme et dans d’autres parties de certains végétaux ; ces expériences ont été faites dans la quinzaine qui vient de s’écouler. Ja les publie très-promptement dans l’espérance de mettre sur la voie d’autres : physiciens qui auront des occasions plus fréquentes que je n’en ai de travailler sur ces matières, ou plus de loisir pour s’en oc- cuper de suite. Je ne doute point qu’on ne trouve d’autres plantes qui contiennent cette même terre aussi-bien que les ro- seaux , et les gramens que j'ai éprouvés... ». Expériences et observations sur la terre siliceuse qui fuit partie de l’épiderme de certaines plantes.” « M. Croates de Clifton m’apprit, il y a quelques jours , que son fils, en frottant accidentellement deux morceaux de Éonnet- cane l’un contre l’autre dans l'obscurité , avoit remarqué qu'il se produisoit de la lumière. Ce phénomène méritoit d’être constaté et étudié. Je trouvai que tous les roseaux de cette espèce , lors- ET D'HISTOIRE NATURELLPF. 203 qu'on les frottoit vivement l’un contre l’autre , donnoient des étincelles d’une lumière blanche. L’apparence lumineuse étoit beaucoup plus vive lorsqu'on les heurtoit à la façon du briquet ; alors les étincelles étoient presqu’aussi fortes que celles cn la batterie d’un fusil ; et l’odorat étoit frappé en même-temps d’une odeur très-marquée , ressemblante à celle qui résulte du frot- tement des cailloux, ou du dégagement du fluide électrique. * » Je crus d’abord que c'étoit véritablement 1à un phénomène électrique , et qu’il provenoit de quelque matière résineuse ren- fermée dans l'écorce ; mais l’électromètre n’étoit pas sensiblement affecté durant l’expérience. On n’appercevoit aucune lumière lorsqu'on frottoit le roseau contre du bois , mais lorsqu'on répé- toit le même procédé contre du quartz , de l’agate, ou une pierre siliceuse quelconque , la lumière étoit aussi vive que lors- qu’on frottoit ensemble deux roseaux. On la produisoit de même | le choc d’une lame d’acier trempé ; mais nullement lorsqu'on ottoit le reseau contre du sulfate de strontiane , ou de baryte, ou contre du carbonate de chaux. » Ces circonstances me firent présumer que ce phénomène dépendoit de la présence de la terre siliceuse dans l’épiderme ow dans la substance même du roseau. Pour vérifier ma supposition , j'enlevai une petite quantité de l’épiderme d'une de ces plantes. Il étoit solide , blanc, et ressembloit un peu à du verre qui auroit été pulvérisé. Lorsque cet épiderme eut été enlevé, les roseaux perdirent la faculté de donner de la lumière par le frottement. . » Pour établir avec quelque certitude quelle étoit la nature de cet épiderme, je tirai de 289 grains de roseau 22 grains de cette écorce ; je l'exposai , dans un creuset, à la forte chaleur d'un fourneau à vent pendant demi - heure. Elle perdit 3 grains seulement de son poids, devint très - blanche , infusible seule au chalameau , et insoluble danses acides minéraux. On en tint 10 grains en fusion pendant un quart d’heure dans un creuset d’argent avec de la potasse caustique. Le composé qui en résulta étoit blanc et demi-transparent, il étoit parfaitement soluble dans Peau, sans troubler la limpidité de ce liquide. Lorsqu'on versa de l'acide muriatique dans la solution, il s’y forma des flocons blancs en abondance. Ce précipité , recueilli, pesoit environ grains et avoit toutes les propriétés de la silice. » Pour déterminer si la partie ligneuse du roseau et son écorce interne contenoient cetteterre, j'en fis brûler et calciner pendant une heure 240 grains soigneusement dépouillés de l’épiderme ; les cendres furent parfaitement-blancheset pesèrent environ 7 grains. Lorsqn’on versoit dessus de l'acide muriatique, il en dissolvoit D d 3 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une portion , avec effervescence. Cette portion étoit principale ment du carbonate de potasse ; la partie insoluble , recueillie , pesoit environ 2 grains et paroissoit être de la silice. » Après avoir établi par ces expériences, que l’épiderme du Bonnet-cane étoit principalement composé de terre siliceuse , et que l'apparition de la lumière dépendoit de cette circonstance, je crus probable que d’autres plantes du même genre, telles que la canne à sucre , et le bambou ( arundo Fe plante dont l’or- ganisation est analogue à celle du roseau en question, offriroient Te même phénomène ; mais je frottai inutilement deux bambous lun contre l’autre, je n’apperçus point de lumière. Quatre onces de ce roseau ne me donnèrent que 7 grains de véritable épiderme , qui exposés à une forte chaleur, se réduisirent à 5 grains d’une matière blanche qui avoit toutes les propriétés du silex. Je crois que ces roseaux ne donnent pas de lumière par le frottement , à cause de la trop grande dispersion des molécules siliceuses dans le tissu de leur épiderme. Celui de la canne à sucre contenoit encore proportionnellement moins de terre siliceuse : 200 grains de celui-ci ne donnèrent que 5 grains de cendres blanches, dont 1 grain seulement étoit insoluble dans l'acide muriatique. Les 4 grains de iatière soluble parurent être du carbonate de chaux. Un gros morçeau de bambou (qui ne fut pas pes ), privé de son épiderme , donna une quantité considérable de cendres blanches dont près dé deux tiers étoient solubles dans l’acide muriatique; la partie insoluble étoit de la, silice. Les cendres de, la canne à sucre privéé de son épiderme,, parurent être principalement com- posées des carbonates de chaux et de potasse. » L’analogie qui existe entre certains roseaux et gramens qui croissent en Angleterre et les roseaux en question , et sur-tout la ressemblance de leur épiderme me fit soupconner que ceux-là pourroient bien renfermer aussi de la silice. Dans cette supposi- tion , jexaminai d’abord le roseau commun, arundo phragmites , il ne donna aucune lumière , frotté contre un caillou : 27 grains de son épiderme exposés àune forte chaleur , donnèrent 13 grams d'une matière terreuse blanche , insoluble dans les acides miné- raux. On en fit fondre 10 grains avec 34 grains de potasse : le com- posé étoit soluble dans l’eau. Le phosacide nitreux (oxide gazeux d'azote) occasionina dans ce liquide un précipité floconneux, qui ne pouvoit être que de la silice. Je n’en déterminai pas le poids, mais je conjecture qu’il pouvoit peser £ à 8 grains: 110 grains pesait du roseau dont on avoit enlevé l’épiderme donnèrent en- viron 6 grains de silice. ». J’examinai ensuite la tige du blé. Un poids de 200 grains ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 donna 31 grains de cendres blanches , dont 18 furent solubles avec effervescence dans l'acide muriatique. Le reste avoit les pro priétés de la silice. La substance dissoute dans l’acide muriatique se trouve être de la potasse. Les cendres des tiges d'avoine et d’orge donnèrent à-peu-près la même proportion de silice que celles du blé. Les tiges de quelques graminées , parmi lesquelles je citel’anthoranthum, etla poa pratensis , parurent contenir plus de silice dans leur épiderme que le froment même ; et une pro- portion plus considérable de carbonate de potasse. » Dans toutes ces plantes, ainsi que dans les roseaux, la silice paroïssoit exister particulièrement dans l’épiderme ou la seconde écorce. Lorsqu'on les fait brûler avec quelque précaution, la figure de l’épiderme se conserve ; et dans le roseau, lorsque la combustion a été bien complète, le résidu forme un solide blanc, brillant, de même forme que l’épiderme, et qui a une demi- transparence. Dans les roseaux , les blés et les gramens , ce ré- sidu est blanc et opaque , et vu à la loupe ; il paroît formé de fils longitudinaux joints ensemble par un rézeau à mailles ; cette disposition particulière s’oliserve jusques dans les plus petites particules que le microscope peut découvrir. La quantité considérable de carbonate de potasse que fournis- soient les cendres des blés et des gramens , me porta à présumer u’elles se convertiroïient en verre si on leur faisoït éprouver une fe chaleur. J’en fs l'épreuve sur les cendres de ’arundo phrag- rites, dans un fourneau à vent pendant quelques minutes, mais je n’obtins aucune apparence de fusion ; le carbonate de potasse ne su{fisoit pas sans doute à dissoudre la silice. Les cendres de paille donnèrent , dans une forte chaleur , un beau verre blanc et transparent , parfaitement insoluble dans l’eau , et indécompo- sable par les At: Les cendres de foin donnèrent un verre noir, avec excès de potasse. On peut opérer avec le simple chalumeau cette conversion du blé et du gramen en verre , et l'expérience en estamusante. Unetige de paillé, brûlée au chalumeau , et poussée à la forte chaleur de la pointe bleue, en commençant par le haut, se convertit à mesure en un beau globule de verre très-transpa- rent et qui pourroit presque servir aux observations microscopi- ques. Une tige de gramen se fond de même ; mais le globule est noir et opaque , probablement parce qu’il contient du fer. » Ces faits peuvent fournir matière à des spéculations sur la nature organique. On peut considérer la silice qui entre dans la composition des tiges creuses’ de certains végétaux , comme y jouant un rôle analogue à celui de la terre calcaire dans les os des animaux; elle leur donne leur forme et leur solidité , et logée 206 JOURNAL DE PHY6IQUE, DE CHIMIE, dans l’épiderme, elle met les vaisseaux délicats que cette enve- loppe recouvre à l'abri des injures extérieures. Ces mêmes faits peuvent conduire à découvrir si la silice est une terre simple ou une substance composée. On pourroit facilement faire végéter des roseaux ou du blé , sans que la silice pût s’introduire dans leur tissu. Ces plantes , confinées dans des récipiens reposant sur le mercure , dans un terreau formé de quantité connue des seules terres solubles aux acides , arrosées d’eau distillée , et en- vironnées d’un air factice , nous montreroiïent bien si elles peu- vent composer la silice , ou 6i, forcées de s’en passer , elles lui gubstituent quelqu’autre terre. Nous nous proposons de joindre cette expérience à quelques autres. du même genre , dès que nos occupations nous le permettront. La variété des compositions dans la nature organique produit , dans les affinités, nne com- plication de laquelle peuvent résulter des changemens que l’art du chimiste ne peut imiter. La chimie n’a étudié jusqu’à présent que les effets réciproques des molécules inorganiques , maîs une carrière nouvelle et immense s’ouvre dès qu’on fait agir les forces vitales sur la matière inerte. Et les effets qui résultent de cette action peuvent amener des découvertes sur l’organisation ani- male elle-même ». ( Extrait de la Bibliothèque Britannique ). RE SP, CONSIDÉRATIONS SUR LEGRANIT; Par Léoroin De Bucx, prussien, « Lis géologues les plus éclairés paroïssent être convenus maintes nant de donner le nom de granit'exclusivement , à cette roche, composée de quartz , de /eld-spath, et de mica, qui, d’après toutes les observations, paroît être la plus ancienne connue , et celle qui forme le fond de la surface du globe. Cette roche porte un grand caractère géologique qui la distingue absolument de tant d’autres mélanges, que beaucoup de naturalistes très-distin- ésont voulu ranger sous ce nom , en oubliant qu’en recherchant fe différences des roches on ne peut être guidé, ou dn moins qu'imparfaitement , par la chimie et les caractères extérieurs ; et ue c’est sur-tout leur caractère , en formant une partie consi- dérable de la surfaçe de notre globe , etleur rapport sous ce point ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 de vue avec d’autres roches, qui doivent principalement servit à les distinguer entr'eux. : Qu'on ne parle donc pas de granit des environs de Gênes, composé de smaragdite et de jade , roche appartenant à la formation de transition ; qu’on ne parle point de granit , ou de laves à base de granit , parmi les productions du Vésuve et de la contrée de Rome, quand même on y auroit trouvé mica , feld- sus et quartz mélangés ensemble. Ce mélange, personne n’en oute, ne provient absolument pas de cette formation ancienne, dont nous parlons ici; et si quelqu’un , néanmoins , vouloit le croire , il seroit aisé de lui démontrer son erreur par la nature de tout le pays et des productions mêmes. Qu'on ne parle pas de granits composés de feld-spath et tour- maline, de feld-spath quartz et cyanite sappare ou tremolile, etc. ; u’on ne nous énonce point des granits qui se trouvent en cou- ches dans les schistes micacés, dans les schistes argilleux mêmes ; des couches qu’on prétend quelquefois n’être que de 3, 4 et6 pieds d’epaisseur. On voit toutes ces substances absolument dénuées de ce grand caractère d’une roche qui, presque uniformément, re- couvre tout notre globe, et un œil attentif n’y verra que des anomalies accidentelles qui , nécessairement , doivent se trouver dans des formations qui ont été sollicitées par tant de causes différentes. - Etant si peu exact sur les dénominations des roches, on con- found bien a qu’on ne range ses idées et les substances mêmes, pour en retirer un apperçu facile et exact, qui directement mène aux causes des phénomènes qu’on cherche à dévoiler. Et c’est bien de cette manière là, qu’un géologue que toute l’Europe ad- mire et suit dans ses savantes recherches et découvertes., depuis vingt ans , peut être réduit à s’écrier à la fin de sa carrière : « Il » n'yarien de constant dans les montagnes , que leur variété ». Le granit est une roche constante, qui n’est composé que de quartz, de feld - spath et de mica, et ces substances ne sont point combinées par un ciment quelconque. Ce sont des cristaux réunis eux-mêmes par cette force merveilleuse , tout-à- fait inconnue dans ses lois. ’ Qu’on observe un granit à petit grain et à feld-spath blanc, tel qu’il se trouve dans les plaines , on y distinguera facilemeni les formes des substances différentes qui le composent ; l'hexagone prove- nantde la coupe des raides de quartz , ou ces pyramides elles- mêmes , le prisme quadrangulaire biselé du feld-spath , l'hexagone du mica. Les autres A En extérieurs mêmes de ce es. ; paroiïssent être constans. Le feld-spath, toujours prépondérant , 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne change presque jamais sa couleur blanche jaunâtre, sa cassure lamelleuse ; le quartz ne présente qu’une cassure conchoïde, une couleur blanche grisâtre , un brillant vitreux, tandis que celui du feld-spath approche du brillant nacré de perle. Les. pail- lettes de mica , dispersées en moindre quantité parmi le quartz et le feld-spath, ne montrent qu’un noir très-foncé et une cas- sure lawelleuse , à peine reconnoissable à cause du peu d'épaisseur des cristaux. Ce granit est Sa des mélangé avec d’autres substan- ces ; on y trouve quelquefois des dodécaëdres de fer magnétique qui occasionnent la polarité de plusieurs blocs et rochers de ranit, très-renommés par là, comme par exemple, les schnarcher et l’i/senstein , dans les montagnes du Harz. Le schorl ou la tourmaline s'y trouve rarement en petits morceaux, bien plus rarement encore des mines de métaux. Mais des couches de quartz pur yÿ sont assez fréquentes , ou des couches où le quartz est mélangé en très-gros cristaux avec le feld-spath sans mica. Il paroît incontestable que cette roche cristallisée est la plus ancienne que nous connoiïssons ; elle se trouve recouverte de toutes les autres roches , dans les plaines ou dans des petites monticules, et s'étend ainsi sur de grands espaces. C’est ainsi welle forme le noyau des montagnes du Harz et de la Saxe, qu’elle s'élève dans ces montagnes de Silésie , connues sous le nom de licsengebisge ( montagnes des Géans ); qu’elle forme les plaines de Silésie vers la Pologne, et celles de Nogaï aux environs du Dnieper ; qu’elle se trouve dans les contrées de Lyon, d'Autun , de Rouvray , et dans d’autres parties de la Bourgogne et dans le Limousin , à Tain, Vienne, au bord du Rhône , etc. Le granit à feld-spath rouge et à gros grains, ( celui de l’obélisque de Sainte-Marie majeure , et des colonnes du Panthéon à Rome), est constamment superposé à ce granit blanc, par conséquent d’une formation plus récente , et sa cristallisation n’est plus de la régularité de celui-ci ; le mica , sur-tout, s’y trouve en cristalli- sation un peu confuse. Les granits des Hautes-Alpes mêmes ne paroissent pas pouvoir atteindre à cette ancienneté du granit blanc de la plaine. Outre qu’il est évident, ou du moins très- vraisemblable au premier apperçu , qu'une masse qui s'élève de 1400 à 2050 toises sur le niveau, l’autre doit être d’une formation bien plus nouvelle ; nous y trouvons aussi moins de constance dans les parties constituantes que dans la plaine. Les grands traits de la caractéristique des granits doivent donc être pris des granits des montagnes peu élevées. Ceux des Hautes-Alpes s’approchent toujours plus ou moins des gneiss , et par eux des schistes mi- cacés ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 cacés , d’après l’opinion unanime des géologues les plus distingués. il seroit inutile de citer des faits particuliers extraits du grand magasin de phénomènes géologiques, les Voyages de Saussure , où on en trouveles preuves presque à chacune des pages, quitrai- tent de roches primitives. Nous en serons d'autant plus convaincus, qe nous ferons plus attention à un phénomène très-remarquable et e la plus grande conséquence pour toute la géologie ; c’est l'effort visible des terres simples entrant dans la composition des substan- cesquiforment les roches, de se séparer et de cristalliser isolément, sans concours de plusieurs d’entr’elles ; effort qui doit se remar- quer le plus clairement dans le temps de la plus parfaite cristal- lisation , et dont les traces se perdent progressivement avec cette cristallisation même. Le granit a une surabondance de terre siliceuse , laquelle est la première qui paroît s'être formée , c’est-à-dire , cristallisée sur le globe connu. Le gzartz n’est composé presque que desilice pure , elle le caractérise. Ce minéral réunit au plus haut degré le carac- tère des genres de la classe des pierres siliceuses. Cette terre , quoique encore surabondante dans le fe/d-spath , y est pourtant masquée par la terre argilleuse, ou l’alumine qui, pe consé- quent caractérise ce fossile. L'analyse de Jean Mayer, donne pour un feld-spath tiré du granit de Feutschbrodt en Bohème, 75 de silice. 22.91 d’alumine. 1.04 de fer. Wiegleb trouva dans un autre feld-spath, 63 de silice, 32.08 d’alumine, 1 .45 de fer. : e La silice est bien plus masquée encore par l’alumine dans le mica. Quelques analyses même y font voir cette dernière prépondé- rante; mais iln’ya, en effet, de bonne analyse dumica que celle que Vauquelin a faite il y a quelque temps, Es lui donna, 5o de silice, 35 d’alumine. 7 d’oxide de fer. 1.33 de chaux. j 1.35 de magnésie, Bergmann , en analysant une espèce particulière de mica , celle qui se trouve avec la leucolite, près d’Altenberg en Saxe , y trouva, 4o de silice. 46 d’alumine. Tome VI, FRUCTIDOR «an 7. è Ee DS 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - 9 d’oxide de fer. 5 de magnésie. L’alumine devient bien plus prépondérante dans les roches qui suivent le granit, eu égard à l’ancienneté ; et cet aspect de cristal- lisation se perd peu-à-peu. Les gneiss , quoique composés des mêmes substances que Île granit, fe contiennent d’une manière assez différente. C’est ici le mica, non le feld-spath , qui est le plus fréquent ; c’est lui qui donne le tissu schisteux à cette roche ; mais on remarque toujours encore des cristaux distingués, quoique irès-rassemblés et entremêlés. Ils sont si petits dans le schzste mnicacé , qu'on ne les apperçoit plus , et que la masse paroît uniforme. L’alumine devient toujours plus abondante ; le quartz n’est plus si fréquent , et le feld-spath manque entièrement. La magnésie paroît en plus grande quantité et la terre calcaire, car ce sont les schistes micacés qui contiennent les premières et les plus anciennes couches de pierre calcaire. Elle yest blanche , granuleuse , et souvent phosphorescente. Le schiste aroilleux perd tout aspect extérieur de cristallisation : on n’y voit presqre qu’un très-fin sédiment mécanique, et ce ne sont que les horn- blendes et les autres pierres cristallisées qu’ilrenferme , qui le font entrer encore dans la suite des roches de la formation primitive ou chimique. Mais il fait la transition immédiate aux grès etaux autres roches secondaires, dans lesquelles la force de cristalli- sation paroît balancée et entièrement détruite par d’autres forces exterieures. 3 Quand on considère qué tout sédiment se forme par couches, w’étant sollicité que par la pesanteur des particules rageantes dans un liquide, qui s’y dépose au fond ; couches qui sont d’au- tant plus distinguées , que ces sédimens se déposent dans des temps différehs: qu’une cristallisation,au contraire,a toujours lieu lorsque les parties dissoutes dans unliquide sont assez rapprochées pour que la force de cristallisation qu'ils exercent entre eux-mêmes, puisse vaincre.la force d’attraction avec le liquide dissolvant ; que ces cristaux se forment donc aussi bien au fond du liquide qu’à sa surface : quand on considère cette différence d’effet dans ces modes de formation , on devroit bien s’imaginer alors de trouver bien plus de couches, et de les trouver bien mieux pro- noncées dans la formation mécanique ou secondaire , que dans la formation chünique ou primitive ; et assurément n’est pas dif- ficile de le voir exactement confirmé par la nature. . On peut presque assurer , sans hésiter , que le granit , que je desirerois nommer , par excellence , /4 roche cristallisée, n’est Jamais en couches. Le tout est un assemblage de cristaux réunis . . * ET D'HISTOIRE NATURELLE, 211 par la même force cristallisante, et toute la montagne de granit w'estelle-même qu'un gros cristal; crane 1DÉE de Delaméthérie, qui devient convaincante quand on examine attentivement la uature du granit, et quand on le compare avec les roches de sédiment. La grande quantité de faits rapportés par trois des plus grands géologues quiayent vécu, les citoyens De Saussure , de Dolomieu et Defuc , pour prouver le contraire , quelque séduisans qu'ils soient , ne sont pas convaincans. Je n’ai jamais trouvé qu'on ait pu determiner exactement la direction constante des couches granitiques , tandis qu’il est connu que la direction, l’inclinaison même des couches de schiste micacé, reste la même pour toute une montagne , pour tout un pays, pour toute une suite de mon- tagnes même. Il est probable , par exemple , que les schistes mi- cacés et les schistes argilleux ontla même direction dans toute la chaîne des Alpes ; je peux l’assurer, tant pour la direction que A l'inclinaison même, pour toute la Silésie et une partie de a Bohême. Mais malgré l'attention et la peine, dirigées expres- sément sur cet objet, je n'ai jamais apperçu une trace de couches régulière dans la chaîne granitique du Pierne Die , longue de plus de 30 lieues, ni dans les granits de la Saxe , de la Bohême ou de la partie des Alpes , que j'ai eu occasion de parcourir. Le citoyen De Saussure lui-même convient de n’en pas avoir trouvé dans les granits de la plaine, dans ceux qui bordent le Rhône, entre Lyon et Valence. Ces granits, qui sont les plus anciens que nous connoissions , comme nous avons remarqué ci-dessus , son expression de couches granitiques, qui entourent la montagne en forme de feuilles d’artichauds , expression qu'on retrouve quel- quefois dans ses voyages , qui jamais ne devroïent quitter le pu- itre du géologue , fait conjecturer qu’il a donné une extension à l'idée de disposition en couches, qui demandoit des sous-divi- sions ; car ces couches ne paroiïssent nullement comparables à celles du schiste micacé, des grès ou des montagnes de houille. Ces causes et ces effets paroissent infiniment différens, Les Hautes Alpes étant si isolées, si élevées sur la plaine , ont été exposées à quantité de causes qui ont pu les déchirer , et par lesquelles ces fissures ont pu prendre un aspect, une ressem- blance de disposition en couches ; causes qui n'ont pu influer sur les granits peu élevés ou ceux qui setrouvent dans la plaine même, Mais l'absence totale de régularité dans ces couches apparentes , leur peu d’extension , leur manque de parallélisme, j'ajouterai même leur position presque toujours approchante de la verticale, très-rarement horisontale , les fait distinguer facilement des véri- Herr 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tables couches , telles que celles qui caractérisent les gneiss et les schistes micacés. Il y a beaucoup de faits qu’on pourroit opposer à l’opinion que ces couches apparentes verticales et les couches de roches plus récentes adossées contre eux, ayent pris cette position par des affaissemens ou des soulèvemens au centre de toute la masse, en changeant une position horisontale primitive. Une des plus fortes raisons qui en font douter , et sur laquelle j'insisterai parti- culièrement ici, est la difiérenee dans la disposition des roches aux deux côtés des chaînes des montagnes. On voit clairement comme le noyau granitique de cette chaîne a empêché la commu- nication du fluide dissolvant en deçà eten de-là d’elle, et par con- séquent des causes qui sollicitèrent tantôt telle , tantôt une autre roche à se former. Je n’ai jamais plus vivement été frappé de ce fait, qu’en examinant la chaîne du Riesengebirge en Silésie, que j'ai déjà citée plusieurs fois. Quoique peu élevée , ses plus hautes montagnes n’excèdent pas cinq mille pieds; elle paroît pourtant avoir été un obstacle au fluide dissolvant des roches schisteuses. Passé cela, on ne voit au penchant du Nord, dans toute sa longueur , que du granit à petit grain , jusqu’à la cime des montagnes. Le côté du Sud, au contraire, est tout-à-fait couvert de schiste micacé, de gneiïss et de couches calcaires pri- mitives , etle granit n’y paroît absolument pas: aussi ce penchant est-il, sans comparaison , plus doux que celui du Nord ; mais dès - qu’on voit s’abaisser la chaîne de granit au-dessous de 4000 pieds de hauteur aux extrémités de la chaîne , on ne le rencontre plus à découvert, les schistes micacés le cachent, et vont descendre et se répandre ici , ainsi que sur le penchant du Nord des mon- tagnes. La chaîne devoit donc avoir existé avant que les gneiss, les schistes micacés ne se soient formés ; c’est-à-dire que le granit s’étoit élevé, et avoit cristallisé lui-même déjà lors du temps de sa formation en cette chaîne , laquelle opposa aux roches suivantes une digue insurmontable. On peut répéter une observation semblable dans la chaîne des Alpes , et j’en suis sûr, dans toutes les chaînes de roches primi- tives. Le porphyre , dans les Alpes, est excessivement fréquent du côté de l'Italie, et il s’y élève à des hauteurs très-considérables, on trouve, par exemple, ces roches à plus de 4000 pieds de hau- teur entre Bolzano et Brixen en Tyrol. Il manque absolument du côté de l'Allemagne et de Suisse. Ce côté, au contraire , abonde en pierres magnésiennes, eten serpentines sur-tout ; elles sont très- Yares du côté de l'Italie. Si la chaîne s’étoit formée par un soulè- vement ou par des affaissemens , d’où viendroit donc cette dif- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 Férence entre la départition des roches aux deux côtés ? Ne de- vroit-on pas trouver lemême ordre , là même quantité de matières d’un côté que de l’autre ? Ne devroit-on pas trouver les roches récentes à une hauteur aussi considérable que les plus anciennes ? car , en supposant celles-ci , ayant une fois été horisontalement couvertes par les premières , en s’éleyant ou s’abaissant , elles de- voient bien s'élever sur celles qu’elles coùvroient déjà. Mais l'observation nous démontre bien , au contraire , qu’il y a beau- coup de roches dont l'élévation , le niveau , ont limités dans une chaîne de montagnes , qui souvent est bien inférieure à l’éléva- tion d’autres roches plus anciennes. La pierre calcaire primitive , is exemple , les schistes micacés , les serpentines, ont une imite sur laquelle ils ne s'élèvent plus , et on peut la déterminer comme la limite de la neige éternelle. Tout cela paroît bien prouver que la chaîne du milieu, le noyau granitique, s’est élevée sous sa forme actuelle du temps de sa formation même , et il s'ensuit presque immédiatement que toute chaîne de montagne primitive ( et les chaînes calcaires ) ne se for- mèrent ni par un soulèvement , ni par un abaïssement de ses côtés , mais par la force réunie de la gravitation et de la cris- tallisation. HUITIÈME MÉMOIRE Sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d’eau, lorsqu'ils sont exposés à la lumière, de même que sur les conferves et tremelles, considérées relativement à leur nature et à leur propriété de donner du gaz oxigène au soleil ; Par Jean Seneszxer, Bibliothécaire de Genève. SALLE. OS HEURE Action des odeurs sur la matière verte. L xs belles expériences de Spallanzani sur les animalcules des infusions , m’avoient appris que les odeurs , et sur-tout celle du camphre, étoient nuisibles aux êtres microscopiques. Je plaçai donc dans l’eau, sous un grand récipient , quelques portions de matière verte remplies d’animalcules , et je suspendis 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans le milieu un morceau de camphre. La matière verte donna alors, pendant quatre heures au soleil , beaucoup d’air, je l’ob- servai dans ce moment avec des lentilles assez fortes ; je n’y trouvai point d'êtres bougeants ; je répétai l'expérience en fer- mant avec l’eau l’atmosphère camphrée ; et, quoique la matière verte fournît de l’air avec abondance, je n’y apperçus pas un animalculé vivant. Je répétai cette expérience sur un vase de matière verte qui avoit été produite dans l’eau , où il y avoit de la viande pourrissante : elle donna de l’air au soleil, et je trouvai, au bout de cinq jours , des animalcules globulaires qui me paru- rent en vie. Je fis ces expériences , de la même manière , avec l’huile de térébenthine ; alors tous les animalcules disparurent , à l'excep- tion d'un très-petit nombre d’animalcules M Du res » mais la matière verte fournit de l’air pendant plusieurs jours. SUR XIV Analyse de la matière verte. Quoique l'analyse chimique soit encore un moyen imparfait de connoître les corps , cependant elle fournit souvent des in- ductions qu’il seroit peu convenable d’écarter. Ingenhouzs annonce des observations sur l’analyse chimique de la matière verte et des conferves, mais elles se bornent à des considérations sur la division des plantes entre celles qui don- nent de l’ammoniac et celles qui fournissent un acide ; cepen- dant il est presque sûr que toutes les plantes produisent plus ow moins d'acide et d’'ammoniac, parce que ces deux sels sont alors en grande partie les produits de l'opération, ou d’une nouvelle combinaison des principes constituans de la plante. Il remarque ensuite que les substances animales fournissent l’ammoniac , À l'exception des seules fourmis ; et comme la matière verte et les conferves lui ont donné l’ammoniac , il conclut que ce produit est une induction , pour croire que les conferves et la matière verte sont des animaux : il ne donne cependant aucun détail sur cette analyse , maïs il se borne à un résultat généril , et il assure que ces produits ne sont pas une preuve de nalte de ces substances. Je pensai long-temps à l'avance pour me procurer une certaine uantité de cette matière verte , afin de faire son analyse ; mais je fus trompé dans mon attente, je ne pus en avoir qu'une quan- tité très-petite. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 Je mis en digestion 1,486 grammes , ou 28 grains de cette ma- tière dans 978,292 grammes , ou 2 livres d’eau distillée, pendant 24 heures, je ne tiens pas compte de la matière verte qui resta, parce qu'il S'en perdit un peu pendant l’ébullition ; mais je pris 1,061 grammes, ou 20 grains du résidu qui étoit d’un vert jaunâtre, je le mis dans l’esprit-de-vin; il fut réduit, au bout de quelques jours , à 849,21 milligrammes , ou 16 grains. L'eau de la digestion , rapprochée par l’évaporation jusqu’à la consistance d’un syrop, avoit une Couleur d’or ; je trouvai au fond des grains d’un blanc sale. L’esprit-de-vin troubla le fluide que j’avois obtenu ; il se forma un précipité dont une partie resta suspendue. ette eau a lésérement rougi le papier bleu. La dissolution du nitrate de mercure dans l’eau a formé, avec cette liqueur , un nuage jaunâtre orangé avec un prècipité gris. Le muriate de baryte produisit un léger nuage blanc. Le nitrate d'argent ôta à cette eau sa couleur ; elle ÿpritune nuance orangée ; il se forma un léger précipité jaunâtre. L’acide saccharin troubla la liqueur , et forma un précipité abondant. : | La potasse ne produisit aucun changement bien sensible. Les acides minéraux dissipèrent la couleur , et occasionnèrent un léger précipité. L'eau de chaux ne formoit qu’un très-léger précipité. Je répétai ces essais sur l’eau où la matière verte avoit végété, quoiqu’elle eût servi de tombeau à une foule d’insectes, et qu’elle eut été un réceptacle de mille saletés. Je la filtrai, elle me parut rousse , sans odeur et sans goût; elle ne me fournit pas les mêmes résultats que l’eau de l’infusion. L’esprit-de-vin ne donna qu’au bout de deux jours un léger précipité gommeux. L'eau de chaux fut très-légérement troublée, Le nitrate de mercure produisit un précipité moindre que dans . le cas précédent , mais il fut À pr abondant et prompt. Le muriate de baryte, l’acide saccharin n’occasionnèrent aucun changement. Le nitrate d'argent donna un précipité gris-blanc considérable. La potasse et les acides minéraux ne forimèrent aucun précipité. Ces expériences confirment celles que j'ai racontées dans le Mémoire précédent ; elles montrent que cette eau élaborée par la plante avoit perdu la terre qu’elle contenoit en perdant son gaz oxigène. Je mis 1,486 grammes , ou 28 grains de matière verte dans #16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 188,430 grammes , ou 6 onces d’esprit-de-vin, je renouvellai trois fois cette dose ; la matière fut alors épuisée par l’esprit-de-vin ; elle se réduisit à 1,061 grammes, ou 20 grains après sa dessication ; je les fis bouillir dans l’eau distillée ; ils perdirent 53,08 milli- rammes , ou.1 grain , le reste avoit une apparence fibreuse , dont ë couleur étoit celle de la terre sèche ; je remis encore ce résidu dans l’esprit-de-vin , où il perdit 106,16 milligrammes , ou 2 grains. Je retirai la matière que l’esprit-de-vin avoit dissoute dans la digestion avec la matière verte , en faisant évaporer l’esprit-de- vin ; elle étoit d’un vert foncé ; elle se sécha difficilement , elle se ramollit à un feu doux , elle y coula même comme l'extrait vert des feuilles retiré par le même moyen, suivant les belles expé- riences du citoyen Tingry. J'ai mis 106,18 milligrammes , ou 2 grains de cet extrait, dans 7,643 grammes, ou un quart d’once d’éther sec; ilscommencèrent à se dissoudre avec une grande vivacité, et la teinture fut d’un vert foncé ; il yeut un précipité gris qui se dissout dans l'esprit-de-vin, et sur-tout dans l’eau ; c’étoit un reste de gomme qui s’écailloit en séchant, et qui prenoit l’humidité à l’air. J'ai retrouvé cette gomme en versant de l’esprit-de-vin et de l’eau sur une dissolution faite par l’éther de l’extrait vert retiré de l’esprit-de-vin; j'en employai 212,50 millisgrammes, ou 4 grains, et je trouvai 185,77 milligrammes, où 3 grains et demi d’une ma- tière résineuse et verte ; en la traitant sur les charbons , elle ré- andit une odeur de marais, l'acide qui se développa ne fit point impression sur l'œil , il parut UE analogue à celui de la artie colorante verte des végétaux. Le reste, abandonné par Péther à l’esprit-de-vin età l’eau , pesoit 26,64 milligrammes, ou demi grain, et me parut tout-à-fait gommeux. Enfin ; je soumis cette matière verte à l’action du feu ; 1,804 grammes, ou 34 grains, donnèrent deux gouttes d’un pur hlegme, deux gouttes de liqueur foiblement acide , trois gouttes De liqueur neutre , quatre gouttes d’une liqueur neutre avec . excès d’ammoniac. Ce dernier produit étoit confondu avec une huile épaisse ; le charbon restant pesoit 875,75 milligrammes, ow 16 grains et demi. 5 La liqueur alcaline étoit trop foible pour faire effervescence avec les acides ; mais en ajoutant de la potasse , le muriate am- * momiacal décomposé donne naissance à des filandres blanches ét épaisses qui s'élèvent , a on promène sur la surface de la liqueur une paille mouillée d’acide nitreux. On à reconnu l'aci- dité de la liqueur par la rougeur que prit le papier coloré en rouge ET D'HISTOIRE NATURELLE, 7 217 rouge par le tournesol , et la nature de l’acide par ses effets sur les réactifs. Les 875,75 milligrammes , ou 16 grains de ee charbon incinéré} ont été réduits à 636,91 milligrammes , ou 12 grains : la cendre étoit grise ; mise dans l’eau son infusion précipitoit en blanc la nitrate d'argent , et blanchissoïit l'huile de chaux ; ce qui donne quelque idée d’acide muriatique et de potasse. L’acide nitreux versé sur cette infusion , mêlée avec la cendre, occasionne une effervescence vive ; la dissolution fut presque totale ; ilétoitau moins resté 79,62 milligrammes, ou 1 gr. et demi de matière composée de mica ; dont les paillettes avoient volé de mon cabinet sur mes fenêtres , depuis mon bureau ; de grains de sable portés par les vents, et de quelques atômes de fer, que laiman rend sensibles , quand ils ont été réduits par le moyen de l'huile. La potasse a précipité de cette dissolution une terre très-blan- che, très-fine, qui pesoit 554,22: milligrammes, ou 9 grains et demi ; elle étoitcombinée avec l’acide sulfurique; elle fournit deux sul< fates de chaux , l'un qui cristallise en petites écailles , l'autre soyeux , assez dissoluble dans l’eau et cristallisant en beaux cris: taux prismatiques. La terre propre à faire ce second sulfate peut être les trois quarts du total ; elle est vraiment une des parties composantes des cendres désignées sous le nom de magnésie. So NX OV. CONCLUSION. Quel sera le résultat de toutes ses recherches ? Quelle sera læ conséquence de ces faits curieux que l’on vient de parcourir ? Je suis loin de croire cette: matière épuisée , et cette question ré- solue ; mais il me semble que j'ai montré la route qui pourra conduire à sa solution tranchante , et que j'ai fourni de grandes probabilités pour prévoir la nature de ia solution qu'on peut avoir. Sans m’arrêter ici à faire une récapitulation oiseuse de toutes mes observations , je me bornerai à rassembler les motifs ui me font croire que la matiere verte est plutôt une substance végétale qu’une substance animale. À : Il me paroît que j'ai employé deux moyens différens ; j'ai fait voir que la matière verte ne pouvoit être composée d'animaux ; j'ai montré qu’elle devoit être une collection de plantes ; cepen+ dant ,comme je sens que l’on pourroit avoir attendu des preuves plus solides ; des faits plus évidens que ceux que j'ai fournis, Tome VI. FRUCTIDOR «ur 7. F£ 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quoiqu'il y en ait qui sont plus frappans , je me borne à regarder mon travail comme devançant celui qui supprimera les petits doutes qui peuvent rester. J'ai fait voir que la matière verte ne pouvoit être composée de tous les animalcules qu’on remarque dans les eaux où elle se trouve ; qu’il faut donc se borner à en choisir un petit nombre 5 mais j'ai fait voir encore qu’il n’étoit pas probable que la matière verte en fût composée , parce que leur nombre étoit trop petit et qu’on ne pouvoit avoir recours aux métamorphoses pour y trouver les animalcules qui fourmilloient avec eux. J’ai fait ensuite une comparaison des animalcules de la matière verte avec elle-inême, et elle a insinué qu’ils n’avoient aucun rapport propre à former l'opinion de ceux qui croyent que les premiers sont des parties intégrantes de la seconde ; qu’il n’étoit pas même probable que ces aninalcules s’y fussent incarcérés ; que les Le de la ma- tière verte différoient de ceux des animalcules par la forme , les effets de leur dessication sur eux ; par leur manière d’être dans l’eau , par leur mouvement lorsqu'on les agite ; par l'impossibilité de les dénicher de leurs cellules, mais sur-tout parce que la ma- tière verte peut exister sans animalcules , tout comme on voit des animalcules sans matière verte : cependant , comme ces deux der- niers faits ne s’observent pas toujours , et que quelques cas par- ticuliérs pourroient faire des exceptions à ce que j’ai cité comme une preuve, j'ai cru devoir être très-réservé dans ma conclusion générale, et laisser plutôt. soupçonner ce que je crois , que le prononcer. Si l’on considère ensuite que cette matière verte ressemble assez, au moins par ses globules , au nostoch, à l’/ra intestinalis, et AÉBE a besoin du soleil, comme les autres plantes, pour ‘se développer , croître ; prendre ou conserver sa verdure ; qu’il lui faut de l’éau , comme aux autres plantes subaquées , qui soit lé- gèrement chargée d’acide carbonique , pour germer et végéter ; qu’on ne la voit jamaïs paroître dans les eaux bouillies et dis- tillées bien fermées ; qu’elle fournit du gaz oxigène au soleil ; qu’elle a tous les rapports des plantes avec la terre, l’eau, l’air, là chaleur , la lumiere, etc.; qu’elle fait remarquer dans sa pel- hcule le parenchyme , qui est le principal organe des plantes; qu’on yentrevoit au moins les vésicules. Enfin ; si l’on fait atten- tion que l’analyse chimique y montre la gomme et la résine, y découvre la teinture verte qui se décolore à la lumière , comme celle des feuilles ; y reconnoît une grande quantité de charbon qui la rapproche beaucoup des parties vertes des plantes , remar- quables par cette propriété, on se croit bien près de la conclusion. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 219 TL est vrai que cette matière verte a fourni aussi de l’'ammoniac ; mais il y a plusieurs végétaux qui le laissent appercevoir , sans qu'on y soupçonne des ahimaux pour le produite, comme les crucifères. Enfin, il seroit très-possible que cet:ammoniac dût sa formation aux débris nombreux desanimalcules, des mouches et des papillons qui ont péri sur cette matière verte, et qu’il auroit été impossible d’en écarter et d’en séparer. .Je terminerai ce paragraphe comme je l'ai commencé , ‘et je dirai que comme malgré toutes ces probabilités concourantes pour en faire une plante, il peut rester quelques doutes ; je me Laon bien de décidés cette question pour d’autres que pour moi. ais je ne craindrai pas d'affirmer , que s’il y a quelques animal- cules verts, qui ont pu tromper les observateurs, 1l me paroît Les la Lepra infusionum et a Conferva infusionum de Schranck, ans la }/ora Bavarica , sont des végétaux bien caractérisés. Dans le Mémoire suivant je commencerai à m'occuper des conferves. SUR LE PHOSPHURE DE CHARBON; Par Prousr, professeur de Chimie à Madrid. Ox ne connoît encore aucun fait en chimie qui prouve l’affinité du phosphore pour le charbon, ou du moins si cette affinité a été présumée, ce n’a pu être que comme induction tirée de celle qu'ont entr'eux les combustibles, en général ; mais l'observation suivante fixera , je pense, nos idées sur cet objet. Lorsqu’à la manière de Pelletier, on clarifie le phosphore par le chamois , il reste dans la peau une quantité de croûtes rou- eâtres, qu'on ne peut épuiser, parce qu'elles refusent de se re à la chaleur de l’eau qu’on emploie. Pour connoître la nature de cette matière , j'en mis une portion dans une retorte de verre à feu nud, etsgarnie d’un récipient avec de l'eau. Comme elle étoit humide, la enr fut modérée d'abord, afin de donner à l’eau Le temps de s'élever avant le phosphore ; mais quand celui-ci commença à monter, il y eut, malgre le ménagement du feu , de l’eau décomposée , et partant du gaz phosphoré, qui brûla au bec de la cornue , et donna lieu à quelques petites Fu sions ; tout cela se termina sans danger. Il passa ensuite du phos- phore très-pur ; la chaleur, enfin, fut légérementaugmentée pour Ff2 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE être sûr qu’à cette température il n’y avoit plus rien à distiller. L'appareil refroidi, on déluta , le col de la retorte fut nettoyé de phosphore , et on la ferma d’un bouchon de papier. La matière restante étoit d’un rouge assez beau , elle étoit mot- telonée , légère , et sans adhérence au verre. Quelque peu qu’on en versa sur la table , il s’enflamma avec vivacité ; mais en re- connoissant le résidu de sa combustion , j'y trouvai des globules de charbon : ils étoient spongieux comme les masses rouges dont ils venoient de se dégager ; et abreuvées d’acide phosphorique. D’après cetapperçu , je crus devoir appliquer une chaleur plus forte à cette matière rouge, pour connoître à quelle température l'attraction de ces deux combustibles cesseroit. J’en conservai done une partie dans un flacon bien bouché, et je distillai Pautre. Il fallut , en conséquence , rougir le fonds de la retorte pour y réussir ; il passa du phosphore |, la substance perdit sa couleur , et finit par n'être plus que.du charbon pur. Il y a plus d’une année que je conserve ce phosphure de charbon dans un flacon, il ne s’enflamme point, jette à peine de l’odeur , et'gardé sous une cloche étroîte et jaugée , il ne manifeste pas d'action sur l’atmosphère. Pour l’enflammer, il faut en appro- cher un charbon ardent : alors il commence à fumer, s’embrâse, et laisse après lui son charbon ; tant parce que ce dernier ne peut brûler à cette température , qu'à cause de l'acide phosphorique dont il s’imbibe. Quand on expose à l’action de l’air des plaques de phosphore pour les convertir en acide phosphoreux , la portion de phos- phure qu’elles recèlent quelquefois reste seule sur l’entonnoir. C’est aussi à ce mélange de phosphure qu’il faut attribuer la poudre charbonneuse qui se dapuse au fond des lessives qui ont servi à produire l’hydrogène phosphoré. Enfin , je'citerai encore une expérience qui démontre bien que l’union du phosphore au charbon est le produit d’une affinité réelle. Faites chauffer ce phosphure dans l'acide nitrique , il s’élèvera un mélange de gaz nitreux et carbonique , et l’on n’ap- percevra pas un atôme de charbom se séparer , tandis que le même acide, beaucoup plus fort et en aussi grande quantité qu’on voudra, ne fera jamais disparoître complètement un grain de charbon. | | Il reste à fixer les proportions de cette nouvelle combinaison ; et à reconnoître si elle jouit de quelques propriétés dont on puisse ürer parti. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 221 SUR LE MURIATE D'ARGENT; Par le même. : Oxa précipité par l’eau de chaux ‘une dissolution d’argent : 200 grains de cet oxide: bien sec ont été calcinés dans un petit creuset de terre poli à l’intérieur et couvert. Il en est résulté 183 grains d’argent mat, visiblement mêlé d’un peu de chaux. Cet argent, fondu; avec,un peu de verre de borax , a donné un bouton net de 181 grains. Cent grains d’oxide d’argent, préparé par la chaux , sont donc composés, Argent. 4... 4.4 .:.190: grains. Châux.12:.niss te ob Oxigène.. ..... + 82 ; 100. (09 Cent grains d'argent absorbent donc 9? d’oxigène pour se changer en oxide par la voie humide: Quant à la chaux , ‘elle n’est point accidentelle dans ce précipité. La plupart des oxides métalliques en entraînent plus ou moins avec eux dans là même circonstance : 100 grains d'argent produisent constamment 133 gr. de muriatemétallique. Pareïlle quantité de muriate est donc tou- jours composée de , : Argent.) . + . +.» » + + + 100 grains, ue mOn enterrement Acide naTine PAR Ne 20 +190 7 Ces données , que j'ai cherché À fixer par plusieurs expériences, me paroissent aussi exactes que le permet la pratique , toujours sujette à de légères erreurs, L’oxide d’argent a une saveur métal- lique rave , dissous dans l’alcali volatil , il tache , dessè- che et détruit l’épiderme presque aussi fortement que le nitrate d'argent. Ses effets prouvent bien que la causticité des sels mé- talliques est, en.général , proportionnée à la facilité avec laquelle leurs oxides cèdent l’oxigène : aussi voit-on que ceux qui retien< nent ce principe avec le plus de force ; sont ceux dont l'énergie est la plus limitée, 2922 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Quant à l’oxide fulinminant de Bertholet , le succès en est trés- variable. Je ne puis dire à quoi cela tient ;maïs ayant découvert dépuis que le nitrate d'argent pouvoit contenir son oxide, oxidé au #arimum et au minimum , C'est sais doute dans ces diffé- rences d'état, qu’il faudra chercher d’où provient la difficulté d’ob'enir constamment l'argent fulminant. Ce que j'ai déjà re- connu , c’est que le nitrate d’argent oxidé au minimum refuse absolument de cristalliser , et décompose l'acide nitrique. Peut-être dois-je indiquer aussi comme cause possible d'erreur l'état de l'ean de chaux qui contient quelquefois du sel marin, etinême celui de l’ammoniac , qui contient toujours une portion d'acide marin, sion ne l’a pas reçu dans l'eau à l’état de gaz. Il suffit d'exposer à l'air de l’ammoniac , dont on veut connoître la pureté ; l'ammoniac se dissipe, l’eau reste seule , et ne doit pas troubler une dissolution d’argent. A l'égard du degré de concentration des ammoniaques , leur pesanteur spécifique est en raison inverse. de leur orce. J’ai trouvé que le plus chargé de gaz alcalin est à l'eau comme 953 : 100. M, 44: Cent grains de sel ammoniac , précipités par le nitrate d'argent, donnent constamment de 26% à 268 foibles de muriate d’argent ; ce qui suppose de 66 à 67 d'acide marin par quintal de sel ammoniac , quantité peu différente de 68 + trouvée par Kirwan. . Cent grains de muriate de potasse donnent toujours 152 de mnuriate d'argent ; donc de 26 à 27 d’acide marin pour cent. Cent grains de sel marin produisent 245 de muriate d'ar- gent ; le quintal de sel contient donc de 42 à 43 livres d'acide marin. o AIM NT M tte ep ten ere nier QUELQUES RÉFLEXIONS SUR DES PRUSSIATES; Par J.-M. HAUdSsSsMANNK. t Povun fixer avec succès les prussiates métalliques sur les étoffes , il a fallu examiner soigneusement les résultats provenant du mé- lange des dissolutions métalliques avec des prussiates de potasse ou sé chaux. Voici ce que mes expériences m'ont paru aveir d'intéressant,. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 223 L'oxide rouge de mercure soumis à l’action de la liqueur de prussiate de potasse ou de chaux acidulée par l'acide sulfurique, n’a point produit de bleu , maïs s’est transformé peu-à-peu en sulfate de mercure jaunâtre ; le lendemain après une addition d'acide muriatique , la métamorphose se fit à l'instant, et j'obtins un bleu très “brillant. Au lieu d'acide sulfurique j'ai employé le muriatique ; l’oxide rouge s’est dissous , la liqueur est devenue transparente sous l’apparence d’un mauvais bleu qui s’est em- belli successivement en se précipitant, L’oxide rouge de mercure, dissous d’abord par l'acide nitrique avec excès , auquel on ajoute du prussiate de potasse ou de chaux , fournit aussi un bleu; l'opération est lente , quand on se sert d’oxide rouge , sans le dissoudre, et qu’on se borne à aciduler le prussiate d'acide nitrique. La dissolution aqueuse du muriate oxigéné de mercure , mêlée à la liqueur de prussiate de potasse ou de chaux acidulée par l’acide muriatique ou nitrique ; donne encore un très-beau bleu. Dans tous ces procédés da mercure , dans le dernier sur-tout, : une partie de cette substance oxigénée reste en dissolutiônet res- semble à la liqueur que l’on obtient en décolorant le prussiate de fer par l’oxide rouge de mercure au moyen de leau. L’oxide d’argent se métamorphose plus difficilement. J'étends d’eau la dissolution nitrique de ce métal ; lorsque j’attrape les justes proportions de prussiate de potasse et d’acide'sulfurique ou muriatique , j'obtiens , en remuant de temps en temps , le plis beau bleu, dans l’espace de vingt-quatre heures. De l’acide arsenique en liqueur , mêlé avec du prussiate de po- tasse ou de chaux, acidulé d’acide sulfurique , résulte un très- beau bleu. La dissolution de cobalt fournit un violet grisâtre et un beau bleu violet avec addition de muriate d’ammoniac ; tandis qu’en traitant les dissolutions de sulfate dezinc, de nitrate , de bismuth, de muriate d’étain et d’acétite de plomb avec la liqueur de prus- siatede potasse ou de chaux acidulée, on n’obtient que des blancs; le cuivre est précipité sous une nuance brune. Le muriate d’anti- moine , précipité par l’extension aqueuse , et exposé , comme Poxide d’argent, au traitement du prussiate de potasse acidulé , indique aslltué disposition à devenir bleu. der à la dissolu- tion muriatique d’oxide de manganèse noir, du muriate d’ammo- niac , et mêlant cette dissolution à la liqueur de prussiate de potasse acidulée par l'acide sulfuriqué , il se forme un très-beau bleu. Je dois avertir de ne pas se rebuter , lorsque la production des 224 JOURNAL DE PHYSIQUE, D£ CHIMIE bleus n’a pas lieu d’abord; si par hasard , on ne l’obtenoit oint, l’on varieroitles proportions jusqu’à ce que l’on eût atteint son but. Le bleu d'argent est celui sur-tout dont la réussite n’a souvent lieu qu’à la iongue , et n’acquiert son dernier degré d’in- tensité qu'au bout de huit, dix ou quinze jours. Me proposant de répéter et continuer ces essais par les mélan- ges des dissolutions métalliques avec les liqueurs des prussiates de potasse et de chaux acidulées , j’ai préalablement exposé à l'action de ces mêmes liqueurs, duelques oxides métalliques fixés sur l'étoffe: De la toile de coton , imbibée d’une dissolution de platine en pailleties, presque toutes insensibles à l’aimant , puis bien expri- mée , fut trempée, sans la sécher, dans la liqueur de potasse caustique ; l’oxide de platine resta en grande partie adhérent à l'étofte, qui, étant lavée, prit un jaune plus beau que celui de rouille. Ayant plongé cette toile dans la liqueur de prussiate de potasse ou de chaux acidulée d’acide sulfurique, j'obtins un bleu aussi vif et aussi prompt que si j'avois employé de la toile colorée par l’oxide de fer. Le mêlange de; dissolution de platine à la dissolution muria- tique d’étain avec excès d’acide , est d’une très-belle couleur rouge transparente ; sans excès d’acide , il se forme d’abord un précipité de belle couleur d'orange. Ce procédé pourroit fournir un"moyen, de plus pour la purification du platine. Ün morceau de toile, de coton, imbibé de la dissolution d'or, contenant un sixième de ce métal sans excès d’acide , et plongé dans la liqueur d’ammoniac , m’a fourni un jaune d’ocre. Ce jaune est devenu noirâtre à la longue , conservé dans un cahier de papier. Comme les liqueurs alcalines, sur-tout celle du carbonate de potasse ou de soude, ont une grande tendance à dissoudre l’oxide d’or, on ne peut s’en servir pour sa précipitation sur la toile. L’étoffe Ha en jaune d’or, trempée dans du muriate d’étain étendu d’eau , subit une métamorphose en gris-foncé noirâtre , : qui devient plus clair, à mesure que l’on étend la dissolution. J’ai souvent obtenu des violets et.des lilas en trempant, sans : précipitation, la toile simplement imbibée de la dissolution d’or, dans des dissolutions nitro - muriatiqnes d’étain , en différentes proportions d’acide RE Plusieurs nuances de couleurs d’or , seront le résultat d’un récipité d’oxide d’étain de sa dissolution nitro-muriatique , par ns d’eau , daus laquelle on fera desoutter, à différentes j ; reprises - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 reprises par intervalles de quelques heures, de la dissolution d'or. Cette manière d’opérer fournira des couleurs d'orange, tandis que si l’on substitue l’oxide d’or à la dissolution , l’ox obtiendra des lilas qui , se nuançant de plus en plus en cramoisi, finiront par devenir orangés ,en continuant d’y ajouter de temps en temps l’oxide d’or. Ces nuances dépendent beaucoup de la portion d'acide muriatique qui se trouve dans la dissolution nitro-muriatique d’étain ; s’il s’y rencontre en trop grande quan- tité , il faut augmenter la dose d'eau pour précipiter l'oxide d’étain; et l’or, en ce cas, colore en gris plus ou moins rougeâtre. La dissolution d’étain , dont je me suis servi pour cesexpériences, étoit composée de quatre parties d'acide nitrique , d’une d’acide muriatique, et d’une et quart d’étain granulé dissous lentement, pour empêcher , autant que possible , le désagement trop abon- dant de gaz nitreux. Ces oxides d’étain colorés par l’oxide d’or , plus ou moins désoxigéné, n'exigeant pas beaucoup de métal, ne sont par con séquent pas bien chers. Ils se présentent tous , étant séchés , sous différentes nuances de gris et de lilas, de plus ou moins d’in- tensiié, et peuvent, probablement , servir à la peinture des por- celaines. | : L'étoffe, colorée par l’oxide d'or, semble attirer les parties colorantes de la garance, et prend une teinte brune-rougeâtre ou espèce de carmélite , qu’une continuation et augmentation de chaleur noircit de plus en plus, Les autres ingrédiens propres à la teinture noircissent pareïllement l’oxide d’or , à l’aide de la chaleur. La noix de galles, par ébullition , fait un effet analogue et produit à-peu-près la même couleur noire - grisâtre , que celle ue l’on obtient par la trempe dans la dissolution muriatique étain , probablement parce que tous ces moyens désoxigènent oxide d’or. : La métamorphose en bleu, de l’étoffe colorée en jaune par l’oxide d’or, exposée à l’action de la Haaere de prussiate de potasse ou de chaux acidulée par l'acide sulfurique , ou tout autre , ne se fait que très-lentement ; il faut trois, quatre, même cinq heures de trempe pour obtenir un beau bleu, dont l'intensité sera en raison de celle qu’aura eu le jaune d’or. En acidulant trop fortement la . liqueur de prussiate ,Voxide d’orse dissout sans formation de bleu, Il n’est pas rare de voir manquer l’expérience lorsqu'on mêle directement la dissolution d’or à la liqueur d’un prussiate alcalin ou de chaux ; tout dépend ici du degré d’acidulation ; mais on réussit ordinairement quand, au préalable , on précipite l’oxide 9 d’or par l’ammoniac ou un autre alcali. Tome VI. FRUCTIDOR «ax 7. .G a 826 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai cru très-long-temps que ces bleus provenoient du métal employé et formoient des prussiates. J’étois tellement engoué de cette idée, que lorsque j'en fis la découverte , en 1781, ‘ela com- muniquai au célèbre professeur Spielmann , qui me fit À ce sujet la réponse suivante : d: « Westenberg , dans une dissertation soutenue à Gottingue , » en 1772,et plus amplement, Martin, dans une thèse imprimée » ici, en 1775, ont remarqué que la lessive du sang précipite » l’or sous une couleur bleue , mais que pour obterir cette cou- » leur , ‘il faut qu’on se serve d’un acide ; le dernier principa- » lement a observé que l’alcali, saturé par le bleu de Prusse, » précipite l'or tout de suite coloré de bleu , et que si on dis- » tille de la lessive du sang , l’alcali volatil, le résidu, plus con- » centré, teint les métaux qu'il précipite de leurs menstrues » encore plus aisément ». . J Au moment où j'étois occupé à répéter mes expériences , mon ami Charles Bartholdi m’objecta que tous mes bleus ne proye- noient que du fer ; que les liqueurs des prussiates de potasse et de chaux tiennent plus ou moins en dissolution. Un passage de Buffon, dans ses Observations sur la nature de la platine, m'indiqua aussi que Morveau avoit révoqué en doute l'expérience de Fourci, qui avoit précipité l’or en Heu par lal- cali prussien. Quoiqu’on ne puisse nier l’existence du fer dans les prussiates alcalins et de chaux , j'avois néanmoïns peine à croire qu’une substance métallique fixée sur l’étoffe pûüt être remplacée par une autre avec force d’adhésion. Si dans mon expérience sur la toile colorée par l’oxide d’or , cet oxide eût disparu ; si le prussiate de fer se fût précipité dans la liqueur, au lieu de se fixer sur l’étoffe ; si les cendres de quel- ques échantillons n’eussent doré l'argent ; si, enfin, l'intensité des bleus n’eût pas été générale et si considérable , et la nuance de chacun différente de l’autre , j'eusse sans doute été plutôt tiré de mon erreur ; mais, enfin, je le suis, et voici comment j'ai procédé pour me convaincre. J'ai décoloré , par la liqueur de potasse , un morceau de toile de coton , coloré en jaune d’or et rendu bleu ; je l’ai lavé et trempé pendant plusieurs heures dans une dissolution muriatique d’étain à petit excès d’acide, et étendue de quatre parties d’eau. Je me suis apperçu qu'il n’y avoit pas de changement en gris comme avec l’oxide jaune d’or ; qu’au contraire , la toile aban- donnoit son, oxide à la dissolution muriatique , et produisoit le même effet que l’oxide de fer. Cette toile, décolorée et redeyenue ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2277 d'un jaune semblable à l’oxide de fer , s’est changée en bleu par les prussiates alcalins , tout aussi promptement que ce dernier. Cette toile bleue , ainsi que celle décolorée par la potasse , ré- duites en cendres, n’ont presque pas doré l'argent ; et ces cen- dres , traitées avec le mercure , n’ont fourni qu’une légère dorure provenant sans doute d’une petite portion d’oxide d’or restée intacte dans la liqueur des prussiates acidulés, laquelle, ar une trempe plus long-temps continuée , n’auroïit pas man- quée d’être absorbée. Ces preuves étoient trop saillantes pour ne pas m’engager à continuer. J'imbibai dont de la toile de coton d’une dissolution nitrique d'argent , et sans la sécher ; je la trempai dans une li- queur de potasse caustique ; l’oxide fixé sur l'étoffe offrit des inégalités , et se présenta sous différentes nuances de violet , lilas , gris et jaune. L'action de l'air atmosphérique influe pour beaucoup dans l'expression de ces nuances. L’étoffe , après avoir été séchée , séjourna pendant quinze jours dans la liqueur de prussiate de potasse acidulée par l'acide nitrique , muriatique, ou sulfurique , et prit une couleur bleue bien égale , de toute beauté et vivacité ; mais décolorée par la liqueur de potasse caustique , elle ne püt plus être rappellée à ses premières nuan- ces ; la jaune, conservant une supériorité marquée , sembloit masquer les autres , ce qui démontre que le prussiate de fer avoit remplacé une grande partie de l’oxide d’argent. La dissolution nitrique d’oxide rouge de mercure , dont j'im- bibai de la toile de côton , pour la plonger dans la liqueur de potasse caustique , donna un très-beau jaune , tandis que la dis- solution nitrique de mercure, récemment faite, produisit un ris ; mais ces deux nuances ayant passé quelques jours dans la Éuour de prussiate de potasse , acidulée par l'acide nitrique , muriatique ou sulfurique , elles se métamorphosèrent en bleu. Décolorées ensuite par l’alcali caustique , les nuances grise et jaune reparurent, avec cette différence, que la dernière ressem- Blot davantage à la rouille de fer. Ce qu'il y a de particulier , c’est que la grise ne différoit que très - peu de sa première nuance ; si, cependant, l’oxide gris de mércure avoit été masqué par le prussiate de fer , la décoloration auroit dû produire un jaune d’ocre ou merde d'oie. Toutes ces expériences présentent des phénomènes si singu- liers, qu’elles méritent d’être répétées ; je me réserve de le faire : en attendant il me paroît yrai que la plupart de ces bleus ne sont que du prussiate de fer; toutefois le jeu d’äffinité estextraordi- Gg2 528. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - naire ; c’est sur-tout sur l’oxide gris de mercure , métamorphosé en bleu , qu’il est intéressant de fixer son attention. Comme les précipités qui se forment dans les mélanges des dissolutions métalliques avec les liqueu-s des prussiates alcalins ou de chaux acidulées , encore qu'ils ne soïent pas bleus , sont également des prussiates sous couleurs différentes , il est très- probable que les oxides métalliques , tel que celui de l’or, fixés sur une étoffe destinée à être métamorphosée en bleu, deviennent des prussiates dissolubles dans les acides Quant au bleu de platine , je ne doute aucunement que ce ne soit un prussiate de ce métal ; sa métamorphose s'opère aussi promptement que celle du fer. SUR LES ALCARAZZAS D'ESPAGNE. LA note du citoyen Lasterie, insérée dans le Bu/letin de la Société Philomatique , donna occasion au citoyen Fabbroni de faire quelques observations sur les alcarazzas. On sait que ce sont des vases destinés à rafraîchir l’eau dont ils sont remplis: cette propriété est fondée sur la perméabilité de la terre dont ïls sont ce et sur les effets connus de Vévaporation. On en fait en différens endroits de l'Espagne ; mais les a/carazzas les plus célèbres, ou meilleures, sont celles d’Anda- lousie. Elles sont faites avec une terre märneuse qu’on trouve rès du Janusoro, petit ruisseau à un quart de lieue d’Aduxar. l'faut que la porosité des parois laisse passer autant d’eau que peut en enlever l’évaporation de leur surface: s’il en passe dayan- tage , c’est autant d’inutilement perdu ; s’il n’en passe pas assez, on a un moindre refroidissement dans l’intérieur. On a dit que la chaleur de l'atmosphère étant à 35 degrés du thermomètre, les alcarazzas vrafraïchissent leur eau SL température qu’elle pourroit prendre à la cave. Cette expression est un peu vague ; inais il paroît que c’est toujours au moins 15 à 20 degrés de dif- férence. Voici, à-peu-près, ce qu’en dit le citoyen Fabbroni dans son Mémoire. Pouvant disposer de troïs de ces vaisseaux, qe contiennent presque 59 livres d’eau, je les ai exposés à l’air libre , après les avoir rempli d’eau , ainsi que d’autres vaisseaux de cuivre d’égale capacité , pour les comparer ensemble. ( C’étoit le 30 messidor de \ : ÆET D'HISTOIRE NATURELLE, 22g Van VI). La chaleur de l’atmosphère avoit fait monter le ther- momètre de Réaumur au 17e. degré. L’eau des vaisseaux métal- liques se mit bientôt de niveau, et celle des a/carazzas se tint constamment au 13e. , ou à 4 degrés plus bas que l'atmosphère. Leur surface extérieure étoit toute mouillée par le suintement de l’eau interne, et il se faisoit une évaporation assez rapide et abon- dante , quoique l'air fut très-peu agitée par le vent. Cette expé- rience étoit nécessaire pour savoir ce qu'on pouvoit espérer de Veffet frigorifique de cette sorte de vaisseaux. Nos sybarites n’en seront pas trop satisfaits , car la différence de 4 degrés seulement, quoique sensible , ne l’est pas assez pour quiconque peut mêler une seule livre de glace àsa boisson ordinaire. Il eständubitable, qu'avec un courant d’air plus ou moins rapide , on doit obtenir un refroidissement plus où moins grand. Il seroit très-aisé de faire de ces vases rafraîchissans parmi nous, si on le vouloit. Le citoyen Darcet, qui a donné l’analyse de leur terre , y a trouvé, Chaux Alumine Silice en doses à-peu-près égales, et un peu de fer. On soupçonne qu’on ajoute du sel marin à la terre, pour la rendre poreuse en la pétrissant : cela est fort douteux ; et d’ail- leurs, on peut s’en dispenser ; et je crois que l’on s’en dispense, en effet, lorsqu'on a de la terre qui reste naturellement poreuse après la cuisson. Telle est la terre que j’ai employée pour faire des briques flottantes , qui se trouve abondamment en Toscane (1), et qu’on trouvoit autrefois en Asie et en Espagne » Suivant le té- moignage de Pline et de Strabon. Je l'ai appelée farine fossile, par sa parfaite ressemblance avec la farine végétale : j'ai limité ainsi la signification trop vague qu’avoit autrefois ce nom parmi les naturalistes (2). Les principes composans de cette terre sont , DIICES SD INEUNE POIL CRM NS 5, Mapnédie, "Ne TO es ANCIEN LI MEN ITS PA SR a (1) Le citoyen Faujas, ce savant si justement célèbre , et qui a tant travaillé sur les volcans, a trouvé abondainment de cette terre en France, et en possède des échantillons dans son cabinet. ( Note de l'Editeur). 2) C'est ainsi que Kirwan a attribué le nom de {ait de lune au carbonate d’argille , et celui d'egaric minéral au carbonate de chaux. 230 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Chaux: 2e PAR É MÉTNENS Ha leu en ee le latte 1 On conçoit bien que si l’on ajoute à cette terre une nouvelle quantité d’une argille marneuse commune , les vases qu’on en feroit auroient les mêmes propriétés que les alcarazzas d’Es- pagne , et offriroient les mêmes composans à l'analyse. C’est ce ue j'ai fait, en effet, et j'ai vu que les vases que j'en avois orinés laissoient suinter l’eau au travers, tout comme ceux dont j'avois examiné la faculté frigorifique. On est quelquefois en peine. + our avoir du grès à filtrer ; rien de plus facile que de faire des ontaines filtrantes , en mêlant une certaine dose de farine fossile à l’argille commune des potiers de terre. NOTE Sur le tremblement de terre arrivé au Pérou en 1797 ( v. 54. ) Co Communiquée par le naturaliste CAVANILLES. Os compte plus de seize volcans dans le royaume de Quito , dont l’intérieur est dans une fermentatipn continuelle , et dont il sort des vapeurs denses et souvent même des flammes , soit par le cratere, soit par des fentes latérales. On entend souvent au milieu du calme le plus profond , un bruit et des mugisse- mens effroyables qui annoncent des tremblemens de terre, auxquels cette partie du monde est souvent exposée. Depuis 1791 ce bruit se fit souvent entendre dans les environs de la montagne de Tunguragua. Antonia Pineda et Née ( naturalistes de l’expé- dition autour du monde ), examinant la pente de ce volcan dont la lave étoit endurcie plus par le feu intérieur que par l’ardeur du soleil, furent saisis de frayeur au son horrible qu’ils entendi- rent et à la chaleur qu'ils éprouvèrent. Pineda , cet homme pré- cieux, dont les amis des sciences déplorent encore la mort pré- maturée , prédit qu'une éruption terrible se préparoït dans la montagne de Tunguragua , et l'événement confirma ses conjec- tures. Le 4 février 1797, à 7 heures 3 quarts du matin, la cime du volcan étant dénuée de vapeurs plus qu’à l'ordinaire , l’intérieur de la montagne fut agité par des secousses fréquentes, et les chaînes adjacentes furent ditacérées ( crévées ), de manière que pendant 4 minutes un mouvement ondulatoire bouleversa ux } st ka PA] 2: pi . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 231 pr immense, Jamais l’histoire n’a rapporté les effets d’un trem- lement de terre aussi extraordinaire ; jamais phénomène de la pature n’a produit plus de malheurs et fait périr plus d'hommes ? ans un instant un nombre de villes et villages furent détruits: les unes, comme Riobamba, Quero, Pelileo , Patate, Pillaro, ensevelies sous les décombres des montagnes voisines ; d’autres, dans les jurisdictions de Harnbata , Latacunga , Guaranda, Riobamba et Alausi , détruites de fond en comble. D’autres ont souffert prodigieusement par les gouffres qui se formèrent , et par de reflux des rivières , interceptées dans leur cours par des digues de terre. D’autres, enfin , agitées par des secousses fréquentes , se sont conservées dans un état de délabrement qui menace leur ruine prochaine. On compte jusqu’à 16,000 hommes qui ont péri dans le premier tremblement et dans les suivans. À 10 heures du matin et à 4 heures l’après dîner , le même jour (4 février) après un bruit effrayant, la terre trembla de nouveau avec force. Elle ne cessa pas 4 trembler , quoique foiblement , pendant tous les mois de février , de mars ; mais le 5 avril, à 2 heures 3 quarts du matins, les villages déjà ruinés souffrirent de nouveau des se- cousses si fortes , que celles-là seules auroiïent suffi pour les dé- truire. Ce phénomène extraordinaire se fit sentir dans l’étendue de 140 lieues de l’est à l’ouest , depuis la mer jusqu’à la rivière de Napo , et sans doute plus loin ; car nous connoissons peu ces lieux habités par des sauvages. Du nord-est au sud-ouest de Popajan, jusqu’à Piura, on compte 170 lieues.(Le volcande Tungu- ragua avoit déjà occasionné un tremblement dé terre l’an 1557); mais dans le centre de cette région , 1 degré à 16,6 de ces lieux, est située la partie totalement détruite, et qui comprend 49 lieues du nord au sud , depuis Guarandam jusqu’à Machache , et 20 lieues de l’est à l’ouest. Comme si le tremblement de terre seul n’eût pas suffi à ruiner ce pays aussi fertile , aussi riche , aussi peuplé, il se prépara un autre malheur , inoui jusqu'ici. Les terres s’en- tr'ouvrirent en formant des gouffres immenses ; les sommets des montagnes s’écroulèrent dans les vallées , et de leurs flancs fen- dus , il sortit une si immense masse d’eau fétide , qu’en peu de temps elle remplit les vallées qui avoient 1,000 pieds de largeur et 600 de profondeur. Elle couvrit les villages, les édifices, et les habitans : elle boucha l’ouverture des sources les plus pures , et se condensant ( par la dessication ), en peu de jours , dans une pâte terreuse et très-dure , elle intercepta le cours des rivières , les fit refluer pendant 87 jours , et convertit en lacs des terres qui étoient sèches auparavant. Pendant ces tremblemens, il arriva les phénomènes les plus extraordinaires dont l’histoire un jour >32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE féra mention sans doute. Je me contente d’en rapporter deux Dans le même instant que la terre trembla , le lacnommé Quirotoa (voisin du village Insiloc, de la jurisdiction de Lacatungua ), s’enflamma , et ses vapeurs suffoquèrent les troupeaux qui pais- soient dans les environs. Près de la ville Pellileo , étoit située une grande montagne nommée Moya , qui , bouleversée dans un clin d'œil, vomit une rivière de cette matière épaisse et fétide qui couvrit et acheva de détruire les misérables restes de cette ville. Un naturaliste trouvera un jour, dans ces pays ravagés, des objets dignes de ses recherches. On va transporter des fragmens de minéraux et de terres de Tunguragua en Espagne ; mais ce n’est pas dans ces fragmens que l’on doit chercher la cause de ces phénomènes surprenans. Il faut visiter le sol même, où se fit ce “conflit des élémens, et où l’on en découvre les ruines. DEEP EE EEE PCT PEER PIE SN PEN NOOLUELE SU RL EU PIE RIRMIIN MINS ME: PF n’y a pas de découverte , un peu éclatante, qui ne laisse après elle quelque résultat utile. Si Mesmer n’est plus en crédit , le magnétisme animal n’en conserve pas moins quelques partisans ; il excite encore l’attention dés médecins. be docteur Perkins pu- blia en Amérique, en 1796 , et en langue anglaise : Certificates of the efjicaey of doctor Perkins metallic instruments. Newburg- port printeb by Edmund M, Blunt. C’est un ouvrage qui ren- ferme une multitude de témoignages de personnes les plus dignes de foi, sur les effets avantageux du procédé du docteur , qui consiste à promener deux aiguilles métalliques sur les parties affec- tées de rhumatisme ou de maladies de nerfs. Cet ouvrage en a fait naître un autre à Copenhague , que nous allons faire connoître. Il a pour titre : Réflexions sur le Perkinisme, ou les Aiguilles Métalliques du docteur Perkins, en Amérique’; avec des certi- ficats américains et essais des médecins de Copenhague, publiées ar M. le professenr Herholdt et M. lassesseur Rafn, traduction allemande du danois, avec remarque par M, le professeur Tode, 1798. On trouve ici le traité entier du docteur américain, qui fait usage de deux aiguilles d’un métal différent , et qui a obtenu le privilège exclusif de vendre de ces aiguilles pendant 14 ans ; mais onles contrefait déjà à Copenhague, « La manière, dit-il, dont 6 je ET D'HISTOIRE NATURELLE. 233 » je m'en suis servi ordinairement avec le plus de succès contre les douleurs et les inflammations, est de glisser et de promener > la pointe des aïguilles depuis la partie affectée jusqu’à d’autres > parties plus musculeuses, à une distance plus ou moins consi- > dérable, suivant le besoin ». Nous remarquons qu'indépendamment du témoignage de l’au- teur , les premiers médecins du célèbre hôpital de Copenhague ont fait avec ces aiguilles de nombreuses expériences, qui ont réussi assez fréquemment , et en général, il est permis d’assurer que si ce née ne fait pas toujours du bien , au moins ilne fait jamais de mal. Il doit donc exciter l'attention des médecins, et Sur-tout fixer celle des physiologistes. U LS ÿ y ( Article communiqué ). Tome VI. FRUCTIDOR «7 7. Hk à. A1 ( OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES PAR BouvaARD, astronome. = THERMOMÈTRE., BAROMÈTRE. Le) x » | Maximum | Mina M |A Mini! M a x 1 mu M. Mr 1 Mu M. |4a Mini, 1 [à midi. + 13,o/à 4°.im.æ10,8/ 13,ofa 8h.s.... 27. 9,0 à 7 27. 6,0/27. 7,0 2 [a 2hts. + 16,5/à 4hém....... H 15,4)a 2h£s... 27.10,2| à 6h, m... 27. 0,9 |27.10,3 | 3 [à 2his. + 16,9|à 4hom.+ 8,7|—+ 15,24a 6hË m.. 27.10,8| à 8h,s.... 27.10,3 |27.10,7 4 [à midi. + 17,1/à 4. gt 8,7,+ 17,1}à midi.,.. 27.10,5|à 8bis.., 27, 9,$|27.10,6 s à midi. + 17,2/à ÿh.5m. +#15,11%+ 17,244 8h,s.... 27. 8,8] à Shim.. 27. 7,327. 8,0 6 [à midi. + 14,2/à sh mi1,2| + 14,25a ÿh,m... 27. 7,9] à midi.... 27. 6,6|27. 6,6 glaamgs Æagalà ge mairal- 163à 86... 27c1oila 4m. 27. 92/27. 9,3 8 [a als. + 18,3la 4m o,2| 16,34 405mi. 27.11,4/à 8his... 27.10,4|27.11,3 lo là 3nis. + 10,3|[à 4Pim.æii,s|+ 18,8/a 4h.im.. 27. 9,3] 4h. s... 27. 8,3|27. 8,s dliolà 2hÈs. + 16,3[a 4himii2,1|# 16,25 8h2s... 27. 9,2| à 4hlm.. 27. 8,6/27: 9,1 dira 2hËs. + 14,5{à Shm..æir,1|+ 13,6/2 2h55... 27.10,8|à $fh.m... 27. 9,8|27.10,4 12|à midi. + 14,6/à............. [+ 14,6hà 2h1s.,. 28. o,9| à 7h! m.. 28. o,3|28. o,8 13[à midi. + 18,7 à 4him+ 8,5|—+ 18,7 à 4hfm.. 28. 0,4 à he 27.11,5/27.11,8 14fa 2his. Æ 18,0/à 4hem.+ 9,7 |+ 17,4/à 3h 5... 27.11,2] à 4h m.. 27.10,3|27.10,9 1$|à 3h.s.. + 19,5 à 4h.im.+11,2|+# 19,2/a 4h. m.. 28. o,4| à 3h.s 27.11,7/28. 0,2 16|à midi. + 22,2|à 4b.im.+10o,6|<+ 22,2/à 4h5 m., 27.10,6|à shis 27. 9,0|27. 9, 17|à 2his. + 18,6|à 4him.Hil,2|+ 18,3 à FPS NL: TOs2l ds ee R|e7S To 18la midi. + 17,3 à 70.5 s13,0| + 17,3]à 7his... 27. 8,8] à 4hls... 27. 8,3127. 7,8 19|à 20.26. + 21,5|à 4him.uii,s| + 20,$]à midi... 27.10,3| à 7". m 27.10,0[27.10,3 1olà 2his., + 19,3 à 4him.+12,3|+ 17,6]à 2hs... 27.11,5| à 4h.m... 27.10,3|27.11,3 za 4h. 24012... cs 020,$4midi. 271028 diNnIs. 27 0882721018 22|a hs. + 18,5 à Sh.m..+-t1,3|+- 18,3 # 5h. m 27.11,2 à 3h s,.. 2711,1/27e11;1 Mzslà 3,5. + 19,5/à 3h.4m. + 9,5|+ 18,6/à 3h£m.. 28. o,3|[à gh-s.. 27.11,8|28. o,1 24|à 2his. + 21,2|à 3h43 Fm.+ 9,0|+ 20,9 à 3h m.. 27.11,7|à 2h15... 27.10,6|27.11,I 25la 2hs.. + 18,2 An ER enraR {+ 18,02 midi... 28. o,5là 4h.is... 18. o,2|28. o,5 26|à midi. + 16,6|à $h.m..+#11,2|+ 16,6 d7him.... 128. O8| 4 13rr1s 18. 0,428. 0,7 27|à 105. 20,0/à............" | 18,802 7h m.. 27.11,9|à 7h s... 27. 9,3 |27.11,0 18/|à 2h, €. H 120,0 |à GES +13,2/|+ 19,48à midi. .. 27. 9,0] à 2h, m... 27. 8,3|27. 9,0 29|à midi. + 18,5|a 4h. rie si+ 18,5 à midi ++ 27.10,8|à 4h.im.. 27. 9,9/27.10,8 3o[à midi. + 17,3 ae romeo 17338 50 -s-.027. 6,814 midi. . 27. 6,5l27. 6,5 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. .......... 28.0,42, le 15 Moindreélévation du mercure.....,,..... ZT. 602 let Elévation moyenne........:....,:.... 27. 0,22 Plus grand degré de chaleur. ........ tr 0 2430 Miler2T Moindre degré de chaleur. .......,.... amas Cle) rs Chaleur moyenne......,.......... + 16,2 Nombre de jours beaux.......,...... SU ME de couverts. ...... HU ACREE 12 dE PLUIC- EE NELrE EE 11 CENDRES Seite AT #1] ‘ Thermidor an rr2. HN An pbm | ‘sywnof Oo Hyxc. 2OMTEINTE NUTÉS. midi. 75,0 | S-O. fort, ©. 75,0 | O. 75,0 s-O. 76,0 O: 83,0 | Calme, 72,0 | S-O. 73,0 | Calme. 770 E. 75:50 | S-O. 77,0 | N-0O. 72,3 | ©. 71,5 | Variable, 76,5 O. 73,5 | S-O. 79, $ S-O. 7c,o | O. 73% S. fort. 86,5 | S-O. 83,5 | S-O, 7939 E. 69,0 S-O. 67,0 s-0. 65,0 | S. 67,0 ©. 69,5 | Calme. 78,0 S-E. 70,0 | S-O. fort, o S. fort. 67,0 | S-O. fort. Le vent a foufflé du N. ......,............. die NE Riposte E: POINTS LUNAIRES,. Equin. ascend. Dern. Quart. Apogéc. Nouv. Lune. Equin. descend. Périgée. Prem. Quart. Pleine Lune. RÉCAPI de gelée. ...... de tonnerre. ... de brouillard, . ... de ncige...... DS Es ele ses A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, VAT TALELE ONTS DE L'ATMOSPHÈRE, Ciel très:couvert ; quelques gouttes d'eau vers midi, Quelques éclaircis le soir. Idem. Ciel nuageux avant midi ; couvert le soir; brume. Pluie douce le matin; beaucoup d’éclaircis le soir ; aurore boréale. Pluie abondante une partie de la journée; Couvert par intervalles. Beau avec nuages le matin ; beaucoup d’éclaircis le soir. Quelques éclaircis dans la matinée. Couvert le matin ; beaucoup d’éclaircis le soir. Couvert ; éclaircis dans la soirée. Ciel couvert ; forte averse à une heure. Couvert le matin ; beau par intervalles l'après-midi. Couvert par intervalles. Couvert le matin ; nuageux depuis 10 heures du matin. Ciel en partie couvert et nébuleux ; pluie dans la soirée. Ciel trouble et nuageux. Pluie presque contiuuelle. Pluie fine ER la matinée ; beau toute la soirée, Ciel couvert par intervalles. Ciel nuageux avant midi; tonnerre et pluie à $ heures du soir, Ciel nuageux ; très-gros nuages. Idem. Ciel à demi-couvert ; quelques gouttes d’eau le soir, Même temps. Ciel couvert. Quelques éclaïrcis avant midi; beau par intervalles dans la soirée, Tonnerre ét pluie à 4 h. du matin; à demi-couv. toute la journée, Beaucoup d’éclaircis le soir. Pluie avant le jour et l'après-midi, OUPS IN OEN, neue fois BOOOoro sos... Sos nnusse 1 2 sonsrsssssse 12 7 2 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SE A. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Plantes grasses de P.-J. Redouté , peintre du Miséum national s « « , Q d'histoire naturelle , décrites par A.-P. Decandolle , membre de la société des sciences naturelles de Genève. Troisième et quatrième livraison. —, Chaque livraison est composée de six planches imprimées en couleur , avec toute la perfection possible , et de six feuilles de texte imprimé sur papier vélin. Les exemplaires , petit in-folio, sont du même format que l'Herbierde France, par Bulliard. Prix de chaque cahier 12 francs. Grand in-folio, sur 10m de Jesus, dont ïl n’a été tiré que cent exemplaires, 30 francs. À Paris, chez A.-J, Dugour et Durand, libraires, rue et maison Serpente. Nous avons déjà fait connoître les deux premières livraisons de ce bel ouvrage : celles-ci ne sont pas moins intéressantes. Discours d'ouverture et de clôture du Cours d'Histoire natu- relle donné dans le Muséum national d'histoire naturelle , lan VII de la République , et Tableaux méthodiques des mammifères et des oiseaux , par le citoyen Laciérève , de L'institut national de France , etc. À Paris, chez Plassan , imprimeur-libraire , 1 vol. in-4. L'auteur a ouvert son cours par un discours préliminaire , et il l’a terminé par un autre. Ce sont ses discouxs scientifiques qu’il a fait imprimer. 1l y a joint sa méthode pour diviser les mammi- fères et les oiseaux. Carte Physique de la France, où l'on a essayé d'exprimer Les configurations de son territoire par une nouvelle méthode de nivellemens , par l’ingénieur-géographe Dupain-Triel. Cette carte présente une double nouveauté : celle 1°. de l’idée conçue , la géographie ne nous ayant donné jusqu'ici la projec- tion de la France que sur le seul plan supposé parfaitement hori- sontal de sa base ; 20. celle de l’idée exécutée, car c’est la pre- mière carte géographique où l’on ait tenté d’obtenir , par la gravure au lavis, les nuances de clairs et d’ombres nécessaires EMVD'HIS TOEPERE>;N AT U R EL LE. 237 à l'expression sensible des terreins , suivant leurs diflérentes élé- vations au-dessus de l’horison , en sorte que la France est sur cette carte presque vue commé en relief. Ce travail a été entrepris pour donner une première idée des effets d’un résultat plus exact qu’on obtiendra par des nivelle- mens faits pour le grand objet de completter la géographie phy- sique de la France , et qui conduiront à la connoïssance certaine des communications qu'on peut établir sur le territoire français, en même-temps qu'on y étudiera le meilleur emploi des eaux pour la navigation , l’agriculture , les arts et la défense de nos frontières. ; Cette carte se trouve à Paris, chez l’auteur, cloître de la Cité, n°. 1. Prix 4 francs, avec l’enluminure. Chez le même auteur se trouve la carte de la Navigation inté- rieure de la France. Annuaire Météorologique pour l’an VIII de la République Jrançaise, contenant l’exposé des probabilités acquises par une longue suite d'observations sur l’état du ciel , et les varia- tions de l’atmosphère pour divers temps de l’année ; l'indication des époques ri cle on peut s'attendre à avoir du beau temps , ou des pluies , des orages, des tempêtes, des gelées , des dégels, etc. Enfin, la citation , d’après ces probabilités , du temps favorable aux fêtes, aux voyages, aux embarquemens, aux récoltes , et aux autres entreprises dans lesquellesil importe de n'être point contrarié par le temps. On y a joint nne ins- truction simple et concise sur les nouvelles mesures de la Ré- publique , par le citoyen Lamarck. À Paris, chez l’auteur, au Muséum d'histoire natürelle , 1 vol. in-16. de 116 pages. On se rappelle les idées que l’auteur a développées dans ce journal sur l’influence que la lune a sur la température , suivant welle est en-decà ou en-delà de l'équateur. Il a, d’après ces données , calculé quelle doit être la température suivant les dif | férentes positions de la lune. Ces indications ne sont fondées que sur des probabilités. Rapport fait à la Société d'Emulation de Rouen, séance du - o pluwiôse an VIT, sur les expériences comparatives de La consommation du bois dans les fourneaux des teinturiers et autres , avec celle des fourneaux de construction nouvelle. — Deuxième rapport sur le méme objet. Nous ferons connoître plus particulièrement ces intéressans OUYTa ges . 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voyage dans la haute et basse Egypte, fait par ordre de l’an- cien gouvernement , et contenant des observations de tous genres ; par C.-S. Sonnini, ancien officier et ingénieur de la marine française , et membre de plusieurs sociétés savantes et littéraires (1) ; 3 vol. in-8 de 1350 pages , imprimés sur papier carré fin, et caractères cicéro Didot, avec un vol. in-4. ren- fermant une collection de 40 planches , gravées en taille- douce, par J.-B.-P. Tardieu, contenant des Portraits, Vues, Plans, Carte Géographique , Antiquités, Plantes, Animaux, etc. dessinés sur les lieux , sous les yeux de l’auteur. Prix 21 francs brochés, et 26 francs par la poste, franc de port pour toute la République. En papier vélin, 42 francs, non compris le port. En papier ordinure , avec les planches enluminées , 26 francs. A Panis, chez F. Buisson, imprimeur-libraire , rue Hautefeuille, 11°. 20. à « L'Egypte, dit l’auteur, cet antique berceau des sciences , où les merveilles de l’art et celles de la nature se disputoient l’ad- » miration , a été le but des courses philosophiques des anciens, * comme des modernes. Depuis Hérodote jusqu'a Volney , écri- » vains également célèbres , les récits multipliés, sur une contrée » dont la surface entière du globe n'offre pas la pareille , attes- » tent la curiosité qu’elle excitoit généralement. Mais cette sorte » d’affluence ne peut empêcher que je n’y trouve encore ma » place, et la crainte de parler de l'Egypte, après tant d’autres, » ne m'a point arrêté ». On trouvera effectivement, dans ce voyage, beaucoup de choses qui ne sont point dans les autres. L'auteur a parlé et de l'Esypte ancienne et de ses monumens , et de l’Esypte moderne et de ses habitans. Il décrit avec soin les objets d'histoire naturelle qu’il y a rencontrés. w La Bulletin des sciences par la société philomatique de Paris. Troisième année. a Ce journal , composé de huit pages in-4°., paroît dans la pre- mière décade de chaque mois. Il est destiné à mettre au courant des découvertes faites dans les sciences, les personnes qui s’y intéressent. Il est composé (1) Le citoyen Sonnini a été l’un des collaborateurs de Buffon , pour la partie Ornithologique. Ceux qui ont lu les ouvrages du Pline de la France, se rappel= leront d’y avoir vu son nom répété souvent, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 d'extraits de mémoires lus dans les diverses sociétés savantes ou imprimés dans les journaux étrangers , et accompagnés des plan- ches nécessaires à l'intelligence des articles. Les vingt-quatre numéros qui forment les premières années, contiennent un grand nombre d'articles intéressans d'Histoire natürelle , de Physique , de Chimie , et quelques-uns de Mathé- matiques , d'Anatomie , d'Economie rurale et de Médecine. Ces derniers articles seroient plus multipliés, si la société w’apportoit dans le choix des extraits la plus scrupuleuse critique. Tout dis- cours , toute théorie vague, sont exclus de ce journal, unique- ment destiné à recueillir et publier promptement les faits nou- veaux dans les sciences : les rédacteurs ne copient jamais aucuns extraits déjà imprimés ; ceux que l’on retrouve dans d’autres journaux , ont presque toujours été pris dans le Bz/lerin des Sciences. Les extraits insérés dans ce Bulletin , n’indiquent pas seulement les résultats , maïs encore les principaux moyens em- ployés pour y parvenir, lorsque ces moyens sont neufs. C’est, sans doute, à cette sévérité dans le choix des articles , et à l'exclusion de tout ce qu’on nomme remplissage que le Z27. letin des Sciences doit l'accueil qu’il a reçu du public éclairé pendant la première année de son existence. Le prix de l’abonnement à ce journal , envoyé franc de port , est de six francs pour une année ; l’année commence en ger- minal. On souscrit, à Paris , chez le citoyen Alexandre Brongniart, professeur d’ristoire naturelle aux écoles centrales, et trésorier de la société, rue Saint-Marc, n°. 14 ; et chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins, maison Cluny. Et dans les départemens et les pays étrangers chez les prin- cipaux libraires. %{o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Suirr du rapport fait à l’Institut national des sciences et arts sur le mètre , etc. “Page 161 Mémoire sur la matière de la chaleur , etc. par Dizi. 177 Fxperiments and observations , etc. Expériences et observations sur la terre siliceuse , etc. par Humprnex Davy. 200 Considérations sur le granit, par Lixororp ne Bucx, 206 Huitième Mémoire sur la matière verte qu’on trouve dans Les vases remplis d’eau , lorsqu'ils sont exposés à la lumière, par Jean SENEBIER. 213 Sur le phosphure de charbon, par Prousr. 219 Sur le muriate d’arsent, par le même. 221 Quelques réflexions sur des prussiates, par J.-M. HAussmMAN. 222 Sur les alcarazzas d’Espagne ; par Fansroxr. 228 Notesur le tremblement de terre arrivé au Pérou en 1797(v.st.) communiqué par le naturaliste Cavanrires. 230 Note sur le perkinisme. 232 Observations météorologiques, faites à l’ Observatoire national, ar Bouvaron. 234,235 Nouvelles littéraires, : 236 nl CE EE — —_— LT à Æructidor an 7 , ie d Ad dre » 4 rs 2 () 1 Ts ” [| : | RNA EUR PERSO U Es DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. VENDÉMIAIRE an 8. BE ———';; RECHERCHES SR UE ME A BILUEMULS DNEL DaRAUMS NS EE EE Par Prousr, professeur de Chimie à Madrid. E S rle fer étoit , comme on le pense , susceptible de s’unir à toutes les proportions d’oxigène comprises entre 27 et 48, qui sont le moins et le plus de son oxidation, il devroit, ce me semble, donner avec un même acide autant de différentés combinaisons qu'il peut produire d’oxides différens. Pourquoi, par exemple, ce métal, qui donne avec l'acide sulphurique un sel constant o dans ses attributs, quand il n’est oxidé qu’à 27 p. ?, se refuse- roit-il à autant d’autres combinaisons , également constantes, quand son oxidation s'élève à 34, 38 et 45 ? Une quantité de faits prouve , tout au contraire, que le fer ne s'arrête point indifféremment à tous les degrés d’oxidation pos- sibles entre les deux termes que nous venons de citer ; c’est-à- dire , qu’il ne se soustraït point à cette loi de la nature, qui assu- jétit toutes les combinaisons des corps à certaines proportions aussi constantes qu’invariables. II. Malgré les diverses nuances d’oxidation, par lesquelles on croit que le fer peut passer, quand son sulfate est exposé à l'air , on ne connoît pourtant que deux sulfates de ce métal. Le premier est le sulfate vert, ou cristallisable , dans lequel Lavoisier a démontré que le fer étoit oxidé à 27 p. £. Ce sel, Tome VI. VENDÉMIAIRE an 8. Ti 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quand il est pur , est insoluble dans l'alcool. Sa dissolution dans Veau est d’un vert de mer extrèmement délayé, ou beaucou moins coloré qu’on ne le croit ordinairement: Elle est inaltérable par l'acide gallique , ne donne point de bleu avec les prussiates alcalins , etc. La secogde espèce de sulfate, non moins constante dans ses attributs , est cette, combinaison rouge , déliquescente , incris- tallisable , et soluble dans l’alcool, qu’on connoît, sous le nom d’eau-mère de vitriol, mais qui n’est réellement telle qu’autant qu’elle n’altère point l’acide marin oxigené, c’est-à-dire , que tout son oxide est à 48 p. 2. On obtient aisément ce sulfate en achevant de saturer d’oxi- gène la base du sulfate-de fer, par l'acide nitrique. Cette satura- tion doit être au point que la dissolution ne produise plus de gaz nitreux par une nouvelle dose d'acide. Outre les propriétés déjà citées , ce sulfate jouit exclusivement du pouvoir de se noircir avec l’acide gallique , et, comme on le verra bientôt , de donner du bleu avec les prussiates alcalins. TRAIT Entre ces deux sortes de sulfates , que j’appellerai dans la suite sulfate vert et sulfate rouge, pour éviter les périphrases, on ne connoît point de terme moyen et il est facile de s’en con- vaincre par l'expérience suivante : Appliquez convenablement Valcoo! à un sulfate vert mal gardé de Pair , et vous en séparerez les deux sulfates ci-dessus, qui sont le vert et le rouge. L’un et Vautre se-montreront pleinement pourvus de leurs qualités dis- tünctives. Le vert Hégdush toujours un précipité vert-d’herbe avec les alcalis caustiques. Ce précipité , gardé sous l’eau et bien défendu des approches de l'air, passera du vert au noir ; ses mo- lécules s’agsrégeant plus étroitement les unes avec les autres , il perdra de son excessive division ; 1} offrira plus d'intensité, et et sera enfin l’oxide noir ou le fer oxidé à 27 p.+. Le sulfate rouge, au contraire , donnera avec ces mêmes al- calis un précipité jaune -rouge, un oxide incapable d’une nou- velle acrétion de la part de latmosphère ou de l’acide marin oxigéné ; oxide constamment à 48 p. :; selon mes expériences , et qui peut être la base d’une série de combinaisons , qui sont à celles que fournit l’oxide noir, ce. qu'est le sulfate de fer ronge au sulfate noir. On voit déjà, dans cet exposé , qu'il faut distin- guer deux muriates de fer, deuxarséniates , deux prussiates, etc. Ces derniers vont être l’objet de ce Mémoire. 1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1243 Mais , enfin, à quelque terme d’altération qu'on examine un sulfate, vert commun, on n’y découvrira jamais que le sulfate vert prédominant sur le sulfate rouge, ou bien ce dernier sur le vert, . Il suit de-là , par conséquent , qu’une dissolution ordinaire de fer dans l’acide sulfurique ou muriatique , n’est autre chose qu’un mélange de deux sulfates on de deux muriates, dont l’un a pour base un oxide à 27 p. 2 ,et l’autre à 48 ; et, comme jusqu'ici on n'a pas connu nettement les propriétés qui différencioient ces deux substances , il est arrivé qu’on a toujours attribué à l’une des propriétés qui n’appartenoient qu’à l’autre. Les expériences qui vont Suivre achèveront d’en convaincre. TV: Prussiate blanc de fer. Pour lobtenir, il faut d’abord se procurer un sulfate vert qui ne recèle pas un atôme d'’oxide rouge. On y réussit en gardant un sulfate récemment fait sur un morceau de fer ou d’étain, dans un flacon plein et bien bouché. On parvient encore au même but, en ramenant le peu d’oxide rouge d’un sulfate, à l’état d’oxide noir , par le mélange de l’eau hépatique.Ce sulfate, ainsi dépuré , ne doit pas changer à l’épreuve de l’acide gallique. C’est alors qu'on peut remarquer qu'il n’a qu'une trés-légère nuance de vert de mer, et que le vert , sous lequel on a coutume de le voir, ne commence dans sa dissolution que lorsque l’air peut y avoir accès. Secondement, on a sous la main la minou d’un prus- siate saturé , tel que celui dont les cristaux d’un beau jaune citron sont des pyramides tétraèdres tronquées près de leur base, On verse de cette lessive sur la solution du sulfate renfermé dans un flacon , puis on bouche à l'instant. Il se fait aussitôt un dépôt blanc épais , qui ne tarde pas à se nuancer d’une teinte verte légère, occasionnée par l'air contenu dans le flacon , autant que par une autre cause, que je citerai plus loin. Mais si le flacon reste fermé , cette nuance ne va pas plus avant , et la lumière seule n’a pas le pouvoir d’y rien ajouter. Il est bon de verser un excès de prussiate sur le sulfate , afin de le décomposer complètement. Aprèsquelquesheures de repos, le prussiate blanc est couvert d’une liqueur jaune, qui est un mélange de prussiate et de sulfate à base d’alcali. Cette liqueur retient un peu de prussiate blanc en dissolution. Aussitôt qu’on ouvre le flacon, ce prussiate attire l’oxigène ; se colore en bleu, li2 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE devient insoluble et se dépose sur celui qui est au fond. Ce der- nier, recevant à son tour l'impression de l’atmosphère , bleuit aussi par sa surface. L’intensité croît successivement , gagne le fond , et à la fin le prussiate blanc est converti en prussiate bleu. V. L'action de l’atmosphère est si frappante dans ces premières épreuves , et ses effets si bien expliqués aujourd’hui , que je me m’appesantirai pas à les rappeler. Si l’on verse le prussiate blanc sur un filtre , on voit ce qui en arrivera. Il passera au bleu à mesure qu’il fixera l’oxigène atmos- phérique , et cette couleur ne parviendra à sa plus haute intensité, qu’autant que l’oxide , base du prussiate blanc , s’élèvera de 2 à 48 d’oxigène p £. De toutes les combinaisons salines du fer , il n’en est aucune dont l’oxide achève de se suroxider aussi rapi- dement que ce prussiate. Le carbonate de fer récent ne lui est pas comparable : c’est-à-dire, que de tous les acides connus, le prussique est celui qui retarde le moins la suroxidation de l’oxide noir du fer. V7 De l’action des acides sur Le prussiate blanc. Les acides sulfurique et muriatique, versés dans un prussiate renfermé , ne lui causent aucun changement. L’acide marin ox géné , tout au contraire , avive le prussiate à l'instant , et perd son odeur. L’acide nitrique le porte aussi au bleu, mais plus lentement , parce qu’il n’abandonne pas son oxigène avec autant de facilité que l'acide marin. VIE L’eau hépatique qui n’altère point, comme on l’a dit plus haut, le sulfate vert, n’agit pas non plus sur le prussiate blanc ; seu- lement elle ramène au blanc le peu de prussiate passé au bleu par l’accès de l'air , ou, en d’autres termes, elle lui ravit cette dose d’oxigène qui, comme on le voit déjà , forme la différence qu’il y a du prussiate blanc au prussiate bleu. ARR S C’est aller au-delà des faits, peut-être, que de nommer blanc _+ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 245 un prussiate qui n’est rigouréusement-telqu'au moment de sa formation ; et qui ensuite se cônséryé d’un blanc verdâtre. Mais il est bien probable qu’il ne doit cette/nuañce qu’à l’air contenu tant dans les flacons que dans les liquidés employés. Une seconde cause de cette nuance , jé la trouve aussi dans la portion d’oxide rouge , à laquelle Les prussiates âlcalins , même celüi de chaux, doivent leur couleur jauné: Cet oxide'se convertit en prussiate bleu et se mêle au prussiate blanc, dans'le mément où lacide prussique ; dégagé des alcalis |‘pent s'unir atx divers oxides qu’il rencontre. Cés oxides sont :; comme on vient'de ‘voir, une grande quantité d’oxide noir mêlé à l’oxide rouge du prussiate alcalin ; il faut donc aussi qu'à une grande quantité: de prussiate blanc, se trouve mélangée une petite portion de prussiate bleu. De-là , la nuance vérdâtre du prémier, pi TX Par tout ce qu’on vient de voir, il est évident que l’oxide, base du prussiate blanc , jouit du même degré d’oxidation que l’oxide , base du sulfate vert. Cet oxide, en effet, passe tranquil- lement du sulfate au prussiate blanc , sans qu'aucune cause puisse ajouter ou diminuer sa proportion d’oxigène. Il suit de-là que puisque les alcalis séparent l’oxide du sulfate vert sous une couleur vert-d’herbe , ils devront le séparer aussi du prussiate blanc sous la même nuance ; c’est ce qui arrivé aussi à l'instant qu'on verse l’alcali caustique ou l’ammoniac'sur le prussiate blanc. Mais pour mieux juger de l'égalité des nuances, il est bon duser de liqueurs très-délayées, afin que la lumière puisse les traverser , et en rendre plus nettement compte à l'œil. Notre oxide vert n’est complètement dépouillé d’acide prussi- que qu'après l'application répétée des alcalis. On s’en convaint en l’essayant avec un acide qui enlève l’oxide vert, et remet sous les yeux de l'observateur le prussiate blanc qui avoit éludé leurs pouvoirs. C’est ici, comme avec le prussiate bleu , et enfin, comme avec la plupart des sels métalliques , qu'on veut décom- poser par les substances alcalines. Je passe à la seconde espèce de prussiate de fer. X. Prussiate blerr. “à On devine déjà comment le sulfate rouge, le nitrate, et toutes les dissolutions dont l’oxide est élevé à son waxzimum, se com- 246 JOURNAL DEPHYSIQUE, DE:CHIMIE, porteront ayec, les prussiates alcalins. Il seroit languissant d'em éparpiller les. détails : nul intervalle , en effet, entre la préci- pitation et,le bleu le plus vif. Sa nuance est parfaite aussitôt qu’il est formé , et l'atmosphère ne sauroit rien ajouter à son éclat. 41 Le‘bleu de prusseest , en un mot, le prussiate dont la base est oxidée, à 48 p: 2, Il estau prussiate blanc, ce que le sulfate rouge est ausullate vert. Ces deux prussiates, ne différant point du côté de l'acide, sontentr’eux comme les oxides qui leur servent de base. Le prussiate,bleu ne reçoit aucun avivage de la part des acides: l'acide marin oxigéné l’altère, le verdit , et s’y altère lui-même , corme Va découvert Bertholet ; mais l’action de cet acide des- tructeur, retoinbe alors sur l'acide prussique , et non sur l’oxide quiine peut-recévoir june dose d’oxigène plus grande que celle qu’il a reçue de l’acide nitrique, de l’air , etc. X I. À quoi,servent , dira-t-on, les acides qui avivent, en effet, les, prussiates récens mal colorés ? C’est , comme on ile sait , à reprendre toute cette quantité de carbonate de fer , qu’ajoute à nos prussiates la, potasse non saturée qui surabonde dans les les- sives mal préparées. Aussi.remarque-t-on que, durant l’avivage, le caillé verdâtre qui efface le bleu de Prusse , disparoît, pour ue laisser sur le. filtre .que le bleu. Quant à ce dernier , il est complet en couleur ; il est prussiate bleu , parce qu’il provient du sulfate rouge , plus ou moins abondant dans les vitriols du,com- merce : et pour le.prussiate blanc, qui est le produit du sulfate vert , il achève de s’aviver sur le filtre, aux dépens de l’atmos- hère , et non des acides. C’est donc à l’atmosphère exclusivement qu’appartient la fonc- tion de l’avivage : et pour les acides , leur usage ne peut être mieux comparé qu’à celui de l’eau, dans le lavage d’une toile. Si l’eau la blanchit,, c’est parce qu’elle se charge des corps étran- gers qui salissoient son éclat naturel. ARE, Si l’on pouvoit douter un instant que l’oxigène est le principe teignant du prussiate bleu , il suffiroit de considérer la couleur de son oxide au sortir des alcalis. Dans le sulfate vert, il étoit noir, cet oxide , maintemant le voilà rouge : or , quel autre prin- cipe que l’oxigène a pu porter cette diflérence dans les oxides que nous comparons ? ÉT D'HISTOIRE NATURELLE * 247 Quand on passe l’acide sulfurique sur un prussiate décoloré, on en extrait un pur sulfate rouge, pas un atôme de sulfate vert. AMD . Ce sulfate rouge donne à l'instant le bleu le plus vif avec les russiates alcalins : donc, dans l’avivage du prussiate blanc par étnbsphere , c’est l’oxide dé ce prussiate qui s'élève de 27 p. 2. d’oxigène à 48. | | | : J’ai nommé plus hant, jaunes.ou rouges ,,les oxides oxidés au matimum ; C'est que nombre de faits me prouvent qu’il n’y a point de différence entr’eux. Tout oxide rouge dissous dans un. acide quelconque , se précipite en jaune par es alcalis purs ow saturés d'acide carboniqiäte. Cet acide ne porte point de diffé- rence dans leurs précipitations, parce que l’oxide rouge n’est pas comme l’oxide noir , susceptible de s’unir à l'acide carboni- que. Les oxides rouges desséchés sont bruns , obscurs ; souvent, noirs , selon le degré de dessication et la densité qu’ils ont pris. Mais, si on les broye dans un mortier de porcelaine, on les à bientôt rappelé à la couleur qui les caractérise. Ces: oxides , dit-on , ont le pouvoir de décomposer lammoniac:: depuis plu- sieurs années j'en garde sous l’ammoniac , sans remarquer en eux le moindre changement. Je n’ai pas été plus heureux avec celui de manganèse , à la température ordinaire de l’atmosphère. X PAT L’eau hépatique , gardée dans un flacon avec du prussiate bleu, s’y décompose ; elle enlève à son oxide la portion d’oxigène , qui fait la différence du prussiate bleu au prussiate blanc; et ce prus- siate, ainsi ramené au blanc, se comporte avec les alcalis comme le prussiate blanc fait immédiatement avec le sulfate vert. Le prussiaté blanc , gardé sous l’eau hépatique , ne s’y altère point : en cela, 1l ressemble an sulfate vert ; l’un et l’autre cèdent faci- lement à l'hydrogène , dissous dans cette eäu , tout ce qu’ils pos- sèdent d’oxigène au-delà de 27 p. ?. C’est par une suite de cette théorie, que le sulfate rouge, le nitrate de fér , etc., décomposent l’eau hépatique. T’oxide de fer lui enlève l'hydrogène, le soufre se dépose , et la liqueur , au lieu de se précipiter en rouge avec les alcalis, donne alors le précipité vert-dherbe , - parce que le sulfate rougé est devenu: sulfate-vert. Quant aux-sulfates- de fer-du-commerce, on les ré- tablit aussi de cette manière ; mais quandils forment des dépôts bruns , c’est qu’ils recèlent du cuivre. 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE X 1 V. L'eau hépatique n'est pas le seul corps qui puisse ramener le prussiate bleu à l’état de prussiate blanc. Pour opérer cette sous- traction d’oxigène , il ne faut que garder du prussiate bleu dans un flacon fermé , avec de l’eau et du fer ou de l’étain ; et pour rétablir la couleur bleue d’un prussiate blanchi ou demi-desoxidé par ces métaux , il ne faut aussi que l’exposer de nouveau au contact de l'atmosphère. Cette répartition de l’oxigène entre um métal et son oxide, n’est pas rare en chimie; c’est en gardant un sulfate où un muriate rouge avec du fer, qu’on les rappelle à leur premier état. Le mercure gardé dans une dissolution de sublimé corrosif, se change , ainsi que ce sel métallique , en mercure doux. Le mercure subit encore ce changement dans le muriate rouge de fer , tandis qu’il reste inaltérable dans le mu- riate vert. Dans le sulfate vert , il se conserve intact; mais dans le sulfate rouge , on voit le mercure se convertir en espèce de sulfate qui ne jaunit point à l’eau, c’est-à-dire, dont l’oxide est oxidé au zinimum , et ainsi de beaucoup d’autres. X V. On a dit plus haut que l’action de l’acide marin oxigéné ne retomboit nullement sur l’oxide du bleu de Prusse ; en voici la preuve : c’est que tous les oxides rouges connus, naturels ou artificiels , le colcothar , la mine de fer de l'île d’Elbe (1), etc, n’éprouvent aucune nouveauté dans cet acide ; mais non pas les oxides bruns natifs, qui ne sont la plupart, selon ce que j’en ai pu reconnoître, que des mélanges Mostde noir et rouge. C’est par l'acide marin oxigéné qu’on découvre que l’oxide du nitrate , de l’acétate de plomb , du muriate, etc., n’est point non plus porté à son #aximum. d'oxidation. Tous ces sels, gardés sous cet acide , s’y décomposent ; on ne tarde pas à voir un oxide brun ou pur se déposer , et même cristalliser autour des flacons. L’acide nitrique n’a plus d’action sur ce nouvel oxide ; avec le temps, cependant , l’acide prend une belle couleur de rose. Des bulles s'élèvent du fond du mélange, et à la fin, il se reproduit du nitrate , lorsque cet oxide , continuellement sollicité à union par cet acide , a perdu la dose d’oxigène qui s’y opposoit, Re (1) La mine d'Elbe contient souvent du phosphate de fer : on l’estrait en lui eppliquant l'acide nitrique, puis on le précipite par l'ammoniac ou la potasse pure, L’acide ET D'HISTOIRE NATURELLE. | 249 L’acide marin ne dissout le plomb suroxidé qu’en produisant abondamment de l’acide oxigéné ; mais pour se procurer cet oxide - en plus grande quantité , il ne s’agit que d’appliquer un acide nitrique foible au #2nimum du conunerce , et on en sépare de 13 à 14 p. £. d'oxide brun qui, comme on sait, a été trouvé par Scheële. Le plomb rouge de Sibérie n’est, comme l’a démontré Macquart , qu’une suroxidation naturelle de ce métal (1). I seroit intéressant de savoir si, en poussant la calcination au-delà du point qui donne le minium, on ne porteroit pas cet oxide au brun , ce qui seroit un moyen, peut-être, de suppléer la disette des manganèses pour la préparation de l'acide marin oxigéné. Dans une autre occasion, je ferai connoître la nature du plomb moins oxidé que celui qui sert de base au nitrate de ce métal : mais je reviens à mes prussiates. XVIe: CONCLUSION. L'oxide que les alcalis séparent du bleu de Prusse, est rouge, uoiqu'il existât primitivement en noir dans le sulfate vert qui a fourni ce bleu. : Le prussiate blanc est un sel qui ne se comporte pas avec l'at- mosphère autrement que les sulfates, les muriates , les carbo- nates verts , et enfin la plupart des combinaisons salines qui contiennent le feroxidé au #7inimum. I] n’y a, pour leurs suroxi- dations , de différence , que Le temps plus ou moins long qu'exi- sent ces sels métalliques. Je dis la plupart, car j'ai remarqué que fes arseniates et les phosphates , dont l’oxide est au z1inimum , ne s’altèrent pas sensiblement à l'air. Dans toute démonstration publique, on aura, dorénavant, deux prussiates différens à faire connoître , de même que l’on démontre deux sulfates, deux arseniates, trois phosphates de fer , etc. Le prussiate de fer n’est pas la seule combinaison de ce métal qui doive sa couleur bleue à l’oxigèné atmosphérique. Ce qu'on appelle blez de Prusse natif, dans les cabinets d'histoire naturelle , n’est que le phosphate de fer oxidé à un certain degré. Je ferai connoître des phosphates artificiels, gris de lin, bleu et blanc , selon le degré de leur oxidation. 1) Les expériences de Vauquelin, sur le plomb rouge , n’étoient pas connues P de | ere Lo ! P de l’auteur, lorsqu'il a envoyé ce Mémoire à Paris, Tome VI, VEN DÉMIAIRE an 8. Kk 259 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nous connoïissons maintenant la cause de ces tons sales ou ver- dâtres qu’affectent souvent les prussiates récens , soit dans les démonstrations, soit dans l'atelier du fabriquant. Souvent les acides ne réussissent point à l’aviver : souvent même les specta- teurs n’emportent pas la conviction qu’ils attendoient, ou ne la reçoivent, enfin , qu'après que le prussiate, étendu sur le filtre, a puisé dans l’atmosphère le principe colorant que n’avoient pu lui fournir les ingrédiens de sa composition. Si le prussiate frais a quelqu’épaisseur, c’est assez de découvrir la première couche avec une spatule , pour voir la suivante se colorer à vue d’œil. Les fabriquans connoïssent bien cet effet, aussi se gardent-ils bien de dépenser des acides pour amener leur préparation au bleu. J’ai dit, au commencement de ce mémoire , que le sulfate vert: pur ne noircissoit point avec l’acide des galles , ce qui est très- vrai ; mais le contact de l’air ne tarde point à colorer le mélange par sa surface Quelques gouttes d'acide marin oxigéné produi- sent sur-le-champ la couleurnoiïre. Ce n’est donc aussi qu'autant que le fer est oxidé au maximum, qu’il forme de l’encre avec Vacide gallique. Cette couleur noire peut également s’anéantir , si l’on renferme dans un flacon lè mélange noir ayecune certaine quantité d’eau hépatique. L’on reconnoît plus nettement, dans ces faits, quoiqu'on l’eût déjà entrevu, pourquoi il est néces- saire d’aérer les étoffes qu’on teint en noir ; pourquoi l'encre, récemment faite et mal colorée, noircit à vue d’œil à mesure qu’on l’étend sur le papier, etc. ? C’est que dans tous ges mélanges l’on emploie le sulfate du commerce , qui ne contient que peu de énllate rouge sur beaucoup de sulfate vert. Que l’on verse Pacide gallique dans les dissolutions de sulfate et de muriate de fer rouge, dans le nitrate , etc. , et l’on produit l’encre à l'instant. La base de l’encre et de toute teinture noire n’est donc que le gallate de fer, dont l’oxide est oxidé #2aximum. Enfin , on ne eut manquer de reconnoître , dans tous ces faits, que jusqu'ici Fon s'étoit mépris sur la propriété qu’a le sulfate vert ordinaire de noircir avec l'acide gallique , de donner du bleu avec les prus- siates alcalins , etc. Ces propriétés appartiennent exclusivement aux combinaisons dont l’oxide est à 48 d’oxigène p. ? et non à 27. Je terminerai par conclure , de ces expériences , le principe que j'ai établi au commencement de ce mémoire , savoir , que le {er est, comme plusieurs autres métaux, assujéti par cette loi de la nature qui préside à toute combinaison vraie; assujéu , dis-je, à deux proportions constantes d’oxigène. Il ne diffère donc point, en cela , de l’étain, du mercure, du plomb, etc. , et enfin, de ET D'HISTOIRE NATULELLF. 251 presque tous les combustibles connus. Je ferai connoître , sous peu , l'espèce d’oxide qui résulte de l'union de l’oxigène au char- bon dans üne proportion inférieure à celle qui constitue l'acide carbonique. MÉMOIRE SAND ET E LS TTC LT: Par ETrenxe Bannrurth Professeur de physique aux écoles centrales de Paris. d me propose, dans ce mémoire , d'examiner quelques pro- priétés des corps, et particulièrement leur élasticité, d'ordonner les phénomènes qui en dépendent, et d'éclairer quelques points de théorie. L’élasticité, comme on sait, est une propriété en yertu de laquelle un corps revient à son premier état, lorsqu'on fait cesser les circonstances qui l'en éloignent. Mais , d’où pent venir cette propriété ? Parmi les physiciens , les uns en attribuent la cause à une force répulsive , dont ils supposent gratuitement les molécules des corps animées , et qui augmente par le rapproche- ment de ces mêmes molécules : les autres, à l'air, dont la plu- part de leurs pores sont souvent remplis , mais + n'entre pour rien dans les phénomènes de l’élasticité, puisqu'ils ont également lieu dans le vide : d’autres, enfin, à une prétendue matière sub- tile , supposée universellement répandue dans la nature, et dont ils croient tous les corps pénétrés. Sans avoir recours à des qualités occultes, ou à des causes abso- lument étrangères aux phénomènes dont il s’agit , il suffit, pour les expliquer , d'observer ce qui se passe dans les circonstances où ils se produisent. D'abord , nous savons qu'il n’y a aucun corps dont la porosité ne se manifeste d’une manière plus ou moins sensible ; et quand même cette propriété échapperoit aux yeux, armés du meilleur microscope , on peut la démontrer d’une manière générale, par la faculté qu'ils ont tous de se condenser, suivant toutes leurs dimensions , lorsqu'on les expose à une température plus basse que celle dont ils jouissent. Or, comme nous ne connoïssons pas Kk 2 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de terme où cette condensation puisse s'arrêter, c’est-à-dire , où la retraite du calorique cesse de se manifester , il suit de-là qu'il n’y a aucun corps dont les molécules se touchent rigoureusement, et qu’elles sont toutes séparées les unes des autres par une cer- taine quantité de ce fluide ; de sorte que ce que l’on appelle or- dinairement contact, n’est autre chose que cette distance de mo- lécules , qui n’est point perceptible à nos sens. Alors la quantité de calorique interposée est d'autant plus grande , que ces mêmes molécules ont entr’elles moins d’affinité , et qu’elles en ont plus pour ce même fluide. Lorsque cette porosité dans les corps est très-grande , ils deviennent alors faciles à diviser ; maïs , si les intervalles qui séparent leurs molécules sont très-petits , c’est-à- dire, qu'elles soiéht dans un contact plus intime, comme alors elles ont plus d’adhérence entr’elles , elles opposent nne plus grande résistance à leur séparation ; et , dans cet état, les corps sont appelés durs. De sorte que , s’il en existoit quelques-uns qui fussent totalement dépourvus de porosité , ils jouiroient d’une dureté parfaite , parce que leurs molécules se toucheroient toutes rigoureusement ; et cette dureté seroit d’autant plus considérable que ces mêmes molécules seroïent unies par une plus grande af- dite ; mais la nature ne nous en offre aucun de cette espèce. En second lieu , nous sayons encore que le calorique est de toutes les substances celle qui jouit au plus haut degré de la propriété d’être élastique. Ce principe , une fois reconnu , cet autre principe encore admis , qu’il n’y 4 , comme on vient de le voir, aucuns corps dont les parties intégrantes ne soient séparées les unes des autres par des molécules de calorique ; il paroît donc naturel de chercher la cause de leur élasticité dans ce fluide même. On dira sans doute que c’est ramener l’état de la question, puisqu'il restera toujours à savoir pourquoi le calorique est st éminemment élastique ? A cela je réponds : 10. Qu'il ne s’ensuit pas pour cela que l’on soit en droit de nier que le calorique soit la source de l’élasticité des corps ; de même que l’on ne peut contester que ce soit l’affinité des molé- cules de l’eau , pour celles d’une éponge dans les pores de la- quelle elle s’introduit, qui en produise l'augmentation de volume, quoique nous ne puissions pas dire pourquoi ces diverses molécules s'attirent réciproquement. Ce dernier phénomène n’auroit pas lieu, en effet , s’il n’existoit pas une telle force attractive, en vertu de laquelle chaque molécule d’eau fait alors l'office d’un coin qui tend à écarter celles de l'éponge ; par la même raison qu’il n’ar- rive aucun changement au volume d’une masse de sable déposée au fond d’un vase que l’on remplit d’eau. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 253 29, Que tout nous porte à croire que cette propriété, qui est un des principaux caracières du calorique, est dûe à celle qu'ont ses propres molécules , de se repousser mutuellement. Il répngne d'autant moins d'admettre une telle répulsion, qu’elle s’observe dans l'électricité, dont les phénomènes semblent dûs à un fluide particulier qui por jouir de cette faculté répulsive , et qui a une grande analogie avec le calorique , dont il n’est peut-être qu'une modification. 30. Enfin, que d’ailleurs rien n’empêche d'admettre l’élasticité du calorique comme un fait duquel on part , comme d’un prin- cipe incontestable. N’en use-t-on pas de même à l'égard de la gravitation , dont nous ignorons entièrement la cause ? Et ne sait-on pas , d’un autre côté , que la meilleure manière de rai- sonner en physique , est de prendre certains faits principaux pour base , et d’en faire découler tous les phénomènes du même genre ? D’après ces observations, commençons donc par voir com- ment le calorique agit sur les corps. l’affinité qu’il exerce sur leurs molécules , et réciproquement celle de ces mêmes molécules pour le calorique est démontrée généralement par la faculié qu'a ce fluide de les dilater tous plus ou moins, selon toutes leurs dimensions’, lorsqu’on les expose à une température plus élevée que celle qu’ils ont ; et il se comporte , à cet égard , exactement de la même manière que l’eau par rapport à l'éponge que pénètre ce dernier liquide. Cette affinité du calorique est variable pour les différens corps; mais , quelle que soit la loi qu’elle suive, quelle que soit celle qu’observent les affinités propres des corps , il est certain que , pour une même substance, ces forces Hi ee à mesure que la distance augmente , et qu’il est un terme au-delà duquel elles cessent d’exercer leur action. D'un autre côté , tout nous induit à penser qu’il n’y a aucun corps dont les molécules commencent à agir les unes sur les autres à une distance aussi grande que celle à laquelle elles peuvent agir sur le calorique. Cela posé , concevons d’abord , avec Monge , qu'une quantité donnée de calorique soit renfermée dans un récipient , d’où il ne puisse sortir , et qui soit incapable d’agir sur lui: ce fluide, en vertu de élasticité qui lui est propre, s’y répandra d’abord par- tout également ; mais si l’or y faitentrer une molécule de matière, les choses se passeront différemment. Le calorique qui est émi- nemment compressible , se condensera inégalement tout au tour de la molécule , en vertu de l’action inégale qu’elle exerce sur les parties de ce fluide, qui en sont différemment éloignées : de sorte qu’elle sera environnée d'une espèce d’atmosphère ignée , dont 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les diverses couches iront sans cesse , croissant en densité , à mesure qu’elles approcheront de la molécule. Enfin , cette atmos- phère sera exactement, à l'égard de la molécule , ce qu'est l’at- mosphère terrestre par rapport à notre ee , et sa limite sera déterminée là où le rayon d’activité de la molécule est tel que l'action qu’elle exerce sur le calorique, est égale au ressort de ce fluide. Imaginons ensuite, dans le même récipient , une seconde mo- lécule semblable à la première , tout se passera encore de la même manière: et, tant qu’elles seront éloignées l’une de l’autre d’une quantité égale au diamètre de leurs atmosphères , ou d’une quan- tité plus grande , il n’y aura rien de changé , si ce n’est dans la température. Tout étant parvenu à l'équilibre, si, par un moyen quelconque , on rapproche les molécules a une distance qui soit moindre que ce même diamètre , leurs atmosphères se compri- meront réciproquement de la manière que l'indique la figure 1, pl. 15 et les parties par lesquelles elles se touchent , prendront d’abord par-là une température plus élevée qu'auparavant, et qui ne pourra plus faire équilibre à la température du reste de la capacité du récipient. D’où il suit que ces parties , jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli, se dépouilleront d’une portion de calorique qui se répandra dans le récipient , et à laquelle parti- ciperont les autres parties de ces atmosphères. De plus , sile rapprochement des molécules se fait doucement, le phénomène précédent pourra se passer paisiblement ; mais s’il s’opère subitement, et que les molécules soient amenées au con- tact , alors le calorique qui sera exprimé en grande quantité , se dégagera avec une force égale à celle qui le comprimoit , et capable de briser les paroïs du récipient, s’ils ne lui opposent pas une résistance suffisante. De-là viennent , en grande partie, les détonnations violentes que produisent plusieurs substan- ces que l’on soumet à la percussion du marteau , telles que celles du muriate suroxigéné de potasse. La poudre à canon elle-même doit particulièrement sa grande propriété de détonner à un semblable dégagement de calorique qui, auparavant, étoit très-comprimé. En effet, on sait que les sels, en cristallisant dans l'eau qui les tient en dissolution , se precipitent toujours saturés de leur dissolvant, et cette eau saturante se nomme eau de cristallisation. Il en est de même des substances gazeuses , c’est-à-dire , dissoutes par le calorique, lorsqu'elles passent à l'état liquide ou solide : alors elles entraînent avec elles une grande quantité de calorique dont elles se saturent , qui doit se trouver dans un grand état de compression, et que l'on peut ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 nommer calorique de saturation , expression analogue À celle d’eau de run ; et c’est ce qui arrive. à l'azote et à l’oxigène, en passant de l’état de gaz à l’état solide que prennent ces substances dans le nitre. Cela posé, lorsqu'on porte une étin- celle dans un mélange de nitre , de charbon et de soufre , quicons- tituent la poudre à canon, la petite portion de nitre qu’elle frappe éprouve ure température capable de rompre la combinaison de ses principes , dont l’oxigène s’unit au soufre et au charbon, D'un autre côté , le calorique de saturation , qui ne peut plus subsister dans l’état de compression où ilétoit auparavant, parce que l'équilibre est rompu , devient en partie libre, et produit le phénomène de la flamme. L'autre partie est employée et suffit à la formation du gaz azote , du gaz acide carbonique , et peut-être du gaz acide sulfureux qui se dégagent. Je dis sfft, parce qu’il faut moins de calorique à la fluidité élastique de ces deux derniers gaz qu'à celle du g12 oxigène qui a concouru à former le calo- rique de saturation. Enfin , on voit que le calorique libre qui se dégage dans cette opération , doit contribuer au phénomène de détonnation plus que les divers gaz qui en sont le résultat. Ce n’est pas tout : les molécules étant supposées à la distance où les présente la figure , le segment z707n retiendra plus de calorique que n’en comporte la seule action de la molécule A : de même le segment #7pm, plus qu’en w’ayant égard qu’à celle de la seule molécule B, puisque chaque point de ces segmens.étant soumis en même-temps à l’action des deux molécules, il doit en résulter que ce fluide y est plus comprimé qu'auparavant , et il se maintiendra dans cet état de compression , tant que subsistera la force qui sollicite le rapprochement des molécules. Si elles sont alors parvenues à la distance à laquelle elles agissent l’une sur l’autre , et que l’on vienne ensuite à les abandonner à elles-mêmes, il peut arriver que l’action qu’elles exercent en- tr'elles soit plus grande ou plus petite que la force avec laquelle leurs atmosphères tendent à se -estituer. Dans le premier ças, le système conservera son état actuel : dans le second , au contraire, il reprendra son premier état ;.et c’est en cela particulièrement que paroissent consister la plupart des phénomènes d’élasticité que présentent les corps. Enfin , ce que l’on dit de deux molécules peut s'appliquer à un plus grand nombre , et ces diverses hypothèses nous ranènent naturellement à l'exemple d’un corps dont toutes les molécules sont séparées les unes des autres par une certaine quantité de calorique. Voyons à présent ce qui se passe , soit dans les cir- constances où l’élasticité d’un tel corps peut se manifester , soit 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans l’emploi des moyens propres à augmenter ou à faire naître cette propriété. 10. Ces circonstances sont principalement la compression , le choc et la flexion. Dans toutes ces opérations on tend à séparer quelques-unes des parties du corps, et si l’on ne fait qu'un médiocre effort , il peut arriver que l’adhérence de ses molécules soit ou ne soic pas vaincue. Dans le premier cas, le corps.est dit fragile ou cassant : d’où l’on voit que la fragilité dans les corps vient de ce que leurs molécules sont mises par-là hors de leur sphère d'activité ; et coinme le rayon de cette sphère varie pour Rires d'eux , ainsi que la force qui enchaîne leurs molécules, il suit de-là que cette propriété est elle-même variable. Nous verrons tout-à-l'heure que , toutes choses égales d’ailleurs, elle est d'autant plus grande , que le contact des molécules est plus intime. Dans le second cas; le corps est dit Jexible , mais alors le calorique qui est interposé entre ses molécules, se soustrait ou non à la compression. S'il s’y soustrait, les différentes parties du corps n’éprouvent qu’un déplacement , sans que ses molécules changent de distance : il n’en résulte qu’un nouvel arrangement de parties dont les conditions d'équilibre , qui sont les mêmes qu'auparavant , leur permettent de rester dans ce nouvel état, et alors le corps est dit ductile. Si, au contraire, le calorique ne peut se soustraire à la com- pression , ce fluide cède ou résiste. Dans le cas où il cède, il est exprimé , le corps dont les parties sont par-là rapprochées , di- minuant de volume , peut conserver sa nouvelle He , et alors on le nomme corps 104 ; sur quoi il faut observer que cet état de mollesse et de ductilité n’est qu’un commencement de fusion : c’est ainsi que le verre devient ductile par le feu, et que la cire ramollie par la chaleur des doigts perd toute sa roideur. Dans le cas où le calorique résiste à la compression , il en éprouve les effets , c’est-à-dire , qu’il se comprime en même-temps que le corps change de forme ; et lorsque la compression cesse , ce fluide tendant à se restituer avec la même force qui l’a comprimé, peut ramener les molécules du corps dans le même état qu’au- paravant ; alors ce corps est dit élastique. Jusques-là j'ai supposé que toutes ces propriétés, ductilité, mollesse ; élasticité , étoient parfaites dans les corps qui en jouissent ; mais de tels corps ne se présentent jamais dans la nature, Il est très-rare qu’en soumettant quelques-unes de leurs parties à la compression , il n’y ait pas de calorique exprimé ; de sorte qu'ils participent tous des trois propriétés précédentes ; hs selon = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 selon que l’une d’entr’elles domine, ils sont dits mous, ductiles -ow élastiques. Alors la portion de calorique qui reste après cette opération, se trouvant plus comprinée qu'auparavant, comme on l’a vu précédemment , et venant à se restituer avec une force moindre que si ce fluide fût demeuré dans son intégrité , cette portion , dis-je, n'est plus en état de tenir les molécules du corps à une distance aussi grande qu'avant la compression : d’où il arrive que la restitution n’est pas complète , et c’est en partie pour cela qu'il n’y a pas de corps parfaitement élastiques D'un autre côté , lorsqu'on comprime un ressort, la masse entière consomme pour elle une partie de la vitesse qu'il reçoit , de ma- nière que , se restituant alors avec une vitesse moindre que la vitesse imprimée , il ne réagit pas sur le corps comprimant avec la même force qui a produit la compression. Mais lorsqu'il n’y a qu’une très-petite partie d’un corps de comprimée , en compa- raison de la masse entière , celle-ci consomme peu de chose pour elle, et les molécules se restituent sensiblement avec la même vitesse qui a eu lieu dans la compression. Ainsi l’on voit qu’il n’y a pas d’élasticité parfaite , soit parce que la restitution a’est pas toujours complète , soit parce qu'il ÿ a une perte de vîtesse dans cette même restitution , quand même elle se feroit “complètement. Sinous examinons ce qui se passé en particulier dans la flexion, abord on observera qu’il est facile de voir, d’après ce qui précéde , que la eribilité dans un corps, c'est-à-dire , la fa- culté qu’il a de plier sans se rompre, vient de ce que le calorique qui est interposé entre ses molécules, étant compressible, ce fluide permet à celles qui sont du côté concave de se rapprocher ; ce qui dispense celles qui sont du côté convexe de s’éloigner les unes des autres , autant qu’elles seroient obligées de le faire (à degré égal de flexion ), s’il n’y avoit pas de calorique ; et cette propriété doit se manifester d'autant plus, FE la quantité de calorique interposée est plus grande. Il résulte de-là que , s’il existoit des corps parfaitement durs, c’est-à-dire , entièrement dépouillés de calorique , ils seroïent absolumentinflexibles , parce que l’effét de la flexion ne pouvant se partager entre la partie convexe et la partie concave , et se portant entièrement sur la première , les molécules de celle-ci seroient plutôt hors de leur sphère d’activité : et c’ést pour cela que les corps sont, en géné- ral , d'autant plus cassans , qu’ils sont plus durs. C’est cette flexibilité dans certaines substances qui les rend si commodes, parce que , prenant facilement la forme des corps qui y reposent, les contacts sont plus multipliés que si elles oppo- Tome VI. VENDÉMIAIRE an 8, D] 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3 soient de la résistance, et que la pression se distribuant alors sur un plus grand nombre de points, l'effort qu’a à supporter chacun d'eux est moins consilérable, D'où il suit que on peut affirmer qu'on seroit aussi parfaitement couché sur un lit d’acier trempé que sur le meilleur duvet , s’il étoit possible de lui donner une forme telle que toutes les parties du corps reposassent sur autant de parties métalliques. La plupart des métaux jouissent particul èrement de cette pro- priété , mais ils présentent des phénomènes différens , selon l’état où ils se trouvent. Si l’on prend, par exemple, une lame de cuivre non -écrouie , et qu’on la fasse plier, elle reste sensible- ment dans Pétat où la met la flexion , parce que les molécules de la partie concavye se rapprochant, elles expriment la portion de calorique qui tent le moins à chacune d’elles ; car l’observa- tion nous apprend que si l’on plie plusieurs fois sur lui - même un fil métallique, il s’échauffe d’une manière sensible. Quant à l'autre portion de calorique qui reste , elle se trouve à la vérité plus comprimée qu'auparavant par un effet du rapprochement des mêmes molécules ; mais l’excès de ressort qu’acquiert par;là ce fluide , est contrebalancé par lPexcès d’adhérence que ces mêmes molécules contractent par le rapprochement : de sorte qu'il n’y a pas de raison pour que le nouvel état dans lequel elles se trouvent éprouve quelque changement. Il n’en est pas de même, lorsque la lame a subi la pereussion du marteau , ow qu’elle a passé au laminoire , à la filière , etc. Ces opérations, en expriment une quantité considérable de ca- lorique , qui se manifeste par une très-haute température ; etla portion de fluide qui reste et qui tient aux molécules plus forte- ment que n’y tenoit celle qui en est sortie, se tronve dans un graud état de compression. Lorsqu'on vient ensuite à plier une telle lame , le calorique interposé dans la partie concave est par-là encore plus comprimé ; et l’excès de ressort qu’il acquiert n’est plus compensé par l'excès d’adhérence que les molécules reçoi- vent de leur rapprochement ; parce que ce fluide, qui est la portion qui y tient avec le plus de force , n’est pas sensiblement exprimé par la flexion , comme dans le ças précédent +: de sorte que , lorsqu'on abandonne la lame à elle-même , le calorique jui tend à se restituer , la ramène dans son premier état. Outre ces circonstances dans lesquelles se produisent les phé- nomènes de l’élasticité, on sait encore qu'ils se manifestent dans le tiraillement qu’on fait éprouver aux diverses parties d’un corps. Si, par exemple , on prend par le milieu un long tube de verre, dont une des extrémités soit terminée par une boule de même | “ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 1: 111200 nature , et que vers l’autre extrémité on fasse glisser sur sa sur- face une éponge ou un linge mouillés , il fait dans le sens de sa longueur de vibrations qui produisent des sons harmoniques , dont l'éclat surpasse de beaucoup l'effet qu’on peut obtenir de nos instrumens : et cette observation peut fournir l’idée d’en exécuter un qui seroit très-propre à augmenter la majesté de nos grandes fêtes nationales, parce que, indépendamment de la beauté des sons qu'il produtroit , il se feroit entendre à une dis- tance considérable. Quoi qu’il en soit, dans le cas dont il s’agit, les molécules du tube qui, par l'extension qu’il éprouve, ont quitté la position qui convient à leur équilibre , tendent à reprendre cette position et à se rapprocher de nouveau , lorsqu'on les abandonne à elles-mêmes : et , comme en vertu du mouve- ment acquis , elles se portent au-delà du terme d’où elles sont parties , il en résulte dans le calorique interposé une compres- sion plus grande que dans l’état d'équilibre. Ce fluide venant ensuite à se restituer avec la même force qui l’a comprimé, repousse les deux parties du tube à la distance où les avoit mises l'extension , ainsi de suite ; ce qui établit, dans le sens de la longueur du tube , un mouvement d’oscillation ,.qui continue jusqu’à ee qu'il soit entièrement détruit par la résistance de l'air. Ce n’est peut-être pas tout-à-fuit ainsi que se passent les phé- nomènes que présentent les cloches et les cordes vibrantes. En effet , lorsque l’on pince, par exemple , une corde à boyaux, qui est tendue entre deux points fixes , et qu’on en distend toutes les parties, en les éloïgnant de la ligne de repos ; dans ce cas , comme dans le précédent , les molécules abandennées 4 elles-mêmes tendent , en vertu de ce qu'elles ne sont pas hors de leur sphère d'activité , à se rapprocher de nouveau et àreprendre la position qui convient à leur équilibre : ce qui ne peut se faire sans que la corde se raccourcisse, et par conséquent que ses molécules n’acquièrent une vitesse perpendiculaire à sa position primitive. Alors , en vertu de cette vitesse acquise , elles se portent au-delà de la ligne de repos , de manière que la corde prend , comme on sait , une figure parfaitement égale à celle de létat initial , mais dans une situation opposée ; et elle oscille ainsi sans cesse , jusqu'à ce que son mouvement soit anéanti par les résistances. Il en est à-peu-près de même d’une cloche que Von met en vibration, et dans laquelle chacun des anneaux, dont on peut la regarder comme composée ;. se divise en quatre parties qui oscilent autour de quatre nœuds. On voit, d’après l'explication de, ces derniers phénomènes, qu'elle n’exige pas à la rigueur l'intervention du calorique. 1 Li12 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pourroit se faire, cependant , que ce fluide y eût la plus grande part : tout ce que j'ai dit précedemment semble nous mettre em droit de le conclure, et nous conduit à ce dernier résultat, que: c’est le calorique qui est la source de l’élasticité de tous les corps , ou du moins qu’il y joue le plus grand rôle. Poursuivons , et nous acquerrons de nouvelles preuves de cette assertion. Cette propriété ne se manifeste pas , à la vérité, avec autant d'énergie dans les corps à l’état liquide, que dans ceux qui sont à l’état solide, quoique les premiers contiennent une beaucoup: plus grande quantité de calorique. C’est qu’alars leurs molécules. jouissant d’une très grande mobilité , et cédant à la moindre pression , peuvent se soustraire facilement à l’action des forces. comprimantes ; mais leur élasticité n’en est pas moins démontrée. par la faculté qu’ils ont de transmettre les sons et de réjailir sur eux-mêmes. On voit encore par tout ce qui précède, que l’accu- mulation de ce fluide , loin de favoriser cette propriété dans les corps qui sont à lun ou à l’autre de ces états, lai est au con-— traire nuisible. Il n’en est pas de même des corps sous la forme de gaz : comme dans cet état ils sont tenus en dissolution par le calorique , ils partagent toutes ses propriétés mécaniques , de- viennent alors éminemment élastiques , et le sont d'autant plus, qu'il y est combiné en plus grande quantité. 29, Il nous reste à examiner ce qui se passe dans l'emploi des divers moyens propres à augmenter où à faire naître l’élasticité dans certains corps. On a déjà vu que ces moyens , pour les métaux, consistent à les soumettre à des opérations qui , rappro- chant toutesleurs molécules, y maintiennent le calorique dans un grand état de compression. Alors l’élasticité est d'autant plus grande , que ce rapprochement est lui-même plus considérable, pourvu qu'il n'arrive pas au terme d’une dureté parfaite. D'où ik suit, en général , que les corps deviennent plus élasti- ques , c’est-à-dire, qu'ils se restituent avec une plus grande vitesse , à mesure qu'ils sont plus durs ; résultat qui est bien opposé à l'opinion qu'ont ene jusqu’à présent les physiciens, que leur élasticité diminue en même-temps que leur dureté augmente. Dans ce cas, c’est leur flexibilité qui devient moins grande ; mais alors on peut les rendre plus dexibles en les amincissant , parce que leurs molécules ont à céder À un moindre écart pen- dant la flexion. De-là vient que, si l’on essaie de courber une lame de verre qui est très-dure , très-cassante , elle ne fléchit que très-peu ,. mais se restitue avec une grande promptitude ; et que , si on la convertit en une multitude de fils très-fins, ceux a acquièrent par-là une souplesse qui approche de celle dix cheveu. ET, , D'HISTOIRE NATURELLE... 261 On voit par-là qu'il y a deux choses très-distinctes à considérer dans l’élasticité des corps , la rapidité des excursions des parties mises en mouvement, et la grandeur de ces mêmes excursions , laquelle dépend de leur flexibilité ; et que c’est particulièrement au premier de ces élémens qu’il faut avoir égard dans la pro- priété dont il est question , lorsqu'on l’envisage d’une manière absolue. Maïs , lorsqu'on la considère relativement aux besoins: auxquels elle s'applique, c’est proprement dans le rapport de ces, inèmes élémens que consiste l'intensité plus ou moins grande de’ cette même propriétét ©! CNE AU ° Le rapprochement des molécules d’an corps peut s’opérer, non - seulement par des moyens comprimans , mais encore à Vaide de certaines circonstances qui le favorisent. C’est ainsi qu’on parvient à rendre la plupart des métaux plus durs et plus élasti- ques , en les alliant ensemble , parce que là condition nécessaire à la combinaison de deux substances, est que la tendance de de l’une pour Fautre soit plus grande que la somme des forces qui enchaînent les molécules de chacune d’elles ; d’où il suit que le contact des molécules de Palliage est plus intime qu'avant la combinaison. Si par-là ils deviennent quelquefois cassans , c'est. qu’alors ce contact est plus rigoureux. C’est, encore, ainsi que, si l’on fait subir l'opération de la trempe à une lameid’acier , elle acquiert, comme on sait, une dureté, qui la rend, capable. d'attaquer la plupart des substances de la nature , et elle devient en même-temps très-élastique et très-cassante. On parvient à lui restituer de la flexibilité , sans lui ôter beaucoup de son élasti- cité ; en lui donnant un peude recuit, c’est-à-dire, en l'éxposant À un feu modéré, et en la laissant refroidir lentement. Il arriye, dans ce cas, que, ses molécules ; d’abord ün peu dilatées, se condensent ensuite librement et sans. accélératiorr , en ne cédant qu’à leur propre action ; ce qui produit un rapprochèment moin. re que korsque.le refroidissement est subit , et d’où résulte, par conséquent, une plus grande flexibilité qu'après la trempe. Si de deux timbres , l’un d'acier doux , et l’autre d’acier trempé eelui-ci est beaucoup moins senoré , quoique doué d’une plus. grande éhsticité, c’est qu'il est em même-temps moins flexible :. ce qui empêche ses molécules d’avoir des excursions assez grandes, pour produire le son proprement dit. D’un autre côte , si la trempe resserre beaucoup de parties de l'acier , elle en désunit. diversement beaucoup d’autres, puisque sa pesanteur spécifique augmente par le recuit ; d’où il suit qu’elles ne vibrent pas toutes, de la même manière , ce qui doit produire une altération dans ke son. y 1. cŒT niT : ft ‘re nc 26% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Enfin, tous les phénomènes que l’on vient de/passer en revue ,. ne sont que des conséquences rigoureures des deux principes établis au commencement. Ces principes étant incontestables , il fauf en conclure nécessairement que, quelle que soit la cause que l’on veuille assigner à, l’elasticité , le calorique entre au moins pour beaucoup dans les phénomènes qu’elle présente. MEMOIRE SUR LA FORMATION DE LA LEUCITE; SE 2py1 4 4 « Par LéorozDpBucu, prussien. ! LA Zeucite présente des singularités extraordinaires sous plus d'un rapport. C’est sa forme , si constante, si invariabie , si régu- lière, quoiqu’elle-même soit si peu dure ; ce sont ses relations chi- miques ; ses parties constitnantes ; ce sont ses rapports LU PEN et géographiques ; enfin, c'est son origine qui ; tour-à-tour , ont occupé et étonné les naturalistes. C’est sous ce dernier point de vue, qui ne sera pas de long-temps éclairci, que je me pro- pose de la considérer ici, croyant avoir eu occasion , pendant mon séjour dans les pays volcaniques des contrées romaine et napolitaine , d'y faire quelques observations qui peuvent aider à dissiper les doutes, qu’à juste titre on a encore sur ce sujet. Û ‘ On voit ce minéral, la première fois, aux environs de Viterbe ; je n’ai jamais entendu dire qu'on en ait trouvé dans les roches des montagnes Euganées ou de Vicenze , si célèbres par les savantes recherches d'Albert Fortis. C’est au-delà de Ja chaîne qui sépare la Toscane de la Romanie qu'il faut les chercher ; maïs les ayant rencontrés une fois , on s’en trouve environné par-tout en si im- mense quantité , que toute. l’attention est ramenée sans cessé sur cette production singulière. On ne la perd'de vue que quand on traverse la chaîne entre les golfes de Naples et de Salerne. Une substance, qui est siévidemmentparticulière àune contrée limitée, doit bien y avoir trouvé plus de facilité à se former, et on devroit s'imaginer qu’en étudiant ses rapports et la nature des roches dans laquelle elle se:trouve , qu'en les comparant'avec celles où on ne la rencontre plus, on se trouveroit àportée de décider sur son origine avec bien plus de précision que nous le pouvons sur tant d’autres productions intéressantes. & ET D'HISTOIRE NATURELLE. 263 C’est dans ces vues que j’ai parcouru , en juillet 1798, les mon- tagnes de Frascaii et d’Albano; et quoiqu’on y trouve la leucite sous des rapports infiniment variés, je me trouvois cependant plus incertain si on devoit la regarder comme volcanique ou comme matière antérieure ou postérieure aux masses qui les renferment, que je ne l’avois été en .commençant ces recherches. Mais en faisant un petit voyage minéralagique dans les hautes montagnes de. l’Appennin , vers l’Abruzze , avec mon ami, le savant Breislack , auynel nous devons la seule description géolo- gique existante du Vésnve , il me fit remarquer les beaux cris- taux de leucite anx environs de Civita Castellana ét de Borghetto , au bord du Tibre. Nous nouûs y arrêâmes plusieurs heures , et nous crûmes voir que les phénomènes que nous présenta là da roche et la leucite qu’elle renfermoit, pardissoient indubita- blement parler pour une origine dans la masse-même , dans an temps que celle-ci sé trouva dans un’‘état de fluidité. Mon ami Salmén , à quije éémmuniquai des pièces que j'avois rassemblées sur les lieux , y trouva les mêmes phénomènes; ;1il les a publiés dänsce Jourñél, prairiabanye | HPOŸ ep Te Nous remaxdträmes d’abordique ces leucites se tronvent dans une masse qui'est infininient difivrente du basalte qu’on trouve dans le voisinage de Rome, à Frascati, à Albano , owvers le Capo: di Bove. La roche de Borghetto est d’une qoulerw bien méins foncée , d’un gris noirâtre , tandis que la pierre de Capo di Bove est presque noire decharbon. Celle-là est d’une cassure écailleuse, sans aucun éclat; celle-ci, au contraire, présente une infinité de petites lames, qui réfléchissent quelque pen de lumière par toute leur surface ; et sa dureté n’atteint pas celle de la roche de Borghetto. Il est probable que c’est la masse que plusieurs aütenrs ont désignée sous le nom: de Zwe à base de étrosileæ, quoiqu’ilne paroi pas que cette-dénomination puisse Aéde convenir , và la grande différence tentr’elles et un pétrosile primitif. Ilest bon de remarqtier chaque petite nuance entre les roches de la formätion basaltique ; sur-tout dans ‘ces contrées si problématiques et si embrouillées Les matières contenues dans de telles roches sont toujours différentes , si celles-ci le sont entr’elles: Où voit -on dé plus grands: cristaux de leucites , que jastément dans cette/masse de Borghetto ? La plupart ont un diamètre de 5 lignes, et il n’est pas rare d’en ‘trouver de 8 à 10 libnes. IIS contiennent presque toujours un point noir au centre , autour duquel le cristal paroît s’être foriné, qui pour- tant, ce qui est très-singulier , n’est pas cohérent avec la masse de la leucite. Il y a toujours un petit vide entre deux, etla 864 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE matière noire ne touche la leucite qu’en peu de points, comme si elle l’avoit repoussée. De la cire fondue se refroidiroit d’une telle manière autour d’un grain de fer rougi au feu. On remarque très-facilement, par une couleur blanche-jaunâtre plus ou moins foncée, que la leucite entoure ce point en couches très-minces, qui ont la forme d’un polyèdre octogone , provenant de la conpe des:cristaux ; dont la cristallisation ne paroïîtjamais être modifiée. En admettant que la leucite étoit antérieure à la masse qui la ren- ferme, il fauten dire autant de ce point d'appui, qui ne manque que rarement dans:ces cristaux; mais souvent , quand ce point étoit trop grand ; la leucite n’a pas été en état de l’entourer en- tièrement , «et c’est alors qu’on le voit adhérent à toute la roche snême , dont ïl ne diffère pas. J'ai, de plus, remarqué sou- vent qu'un cristal du pyroxène de Haüy, prenoit la place de ce point informe, et souvent même ses deux extrémités passoient la leuoite qui , plus ronde et courte que lui, ne l’entouroit qu’à moitié. La formation dela lencite devoit donc être bien posté- rieure àrcelle du: pyroxène. DEC J US La roche n’est pas tout-à-fait compacte : elle contient quantité de trous , ronds quand ils sont petits, très-alongés, quand ils ont plus de grandeur ; preuve qu’ils se sont formés , en effet, dans une masse coulante , qui emporte la bulle de gaz, qui cher- che à s'échapper dans la direction de son cours , ‘mais qui ne peut agir sur la forme des petites bulles, và qu’elles les emportent tout- à-fait. Or; les leucites qui se trouvent entre ses petits trous sont æondes, toutes leurs faces sont égales; mais celles qui sont voisines des wides alongés, sont constamment alongés elles-mêmes dans la même direction. Ce phénomène est des plus singuliers, et mérite une attention particulière : la constance du Pr prouve qu'il n’y a aucun accident qui d’ait produit , et qu’il doit y avoir un rapport entrerles vides et l’alongement; de la leucite qui les environne. Ces leucites ont;.les angles nets, les faces très-bien prononcées. Il ne paroît donc pas qu’on puisse imaginer la leucite préexistante , fondue et entraînée, comme le gaz dans le vidé ; car dans ce cas toute la forme du cristal auroit été dé- truite ; onn’auroit vu qu’un globule informe ou rond ,,au lieu du polyèdre octogone alongé , qui ne se méconnpît jamais ; pas, même les couches concentriques qui entourent le noyaw noir au milieu. IL paroît donc évident que les parties constituantes de la leucite se:rassemblèrent et sortirent de la lave, pendant qu'elle couloit , et que le mouvement composé de cette substance dans le sens du courant et vers le centre de cristallisation ,, lui a fait prendre cette forme alongée, j ET D'HISTOIRE NATURELLE: 265 Il est aisé de faire encore quantité de réflexions sur ces lieux, qui jamais ne seront trop favorables à l'opinion , que la leucite n’a été qu'enveloppée dans la masse qui la renferme. J'en réserve la plus grande partie pour le récit de mes Observations minéralo- £gigues , sur toute cette partie du territoire romain, que je me propose de publier. J’observerai pourtant encore , qu'il est in- concevable , en admettant cette préexistence , comment cette immense quantité de leucite a pu se répandre si uniformément dans une masse qui, certes , n’a jamais été si fluide , qu’elle l’au- roit pu percer par sa pesanteur spécifique. Il est inconcevable comment cette leucite a pu si bien conserver la forme de ces cristaux , sans altération n1 d’angles, ni de faces. Qu'on ne m’al- lègue point les cristaux très-bien conservés de vésuvienne , jetés par le grand cratère du Vésuve, et qui n’ont encore jamais été cru volcaniques. Ils ne sont ni si fréquens , ni si isolés que les leucites, et ils se trouvent toujours en groupes dans différens autres minéraux primitifs, qui les ontmis à l'abri des effets des- tructeurs de la chaleur du volcan , et du choc qui les a lancés hors du cratère. En recherchant les différences des laves du Vésuve de diffé- rentes époques, j'eus le bonheur d'observer un phénomène, qui paroît démontrer la formation volcanique de la leucite , d’une manière bien plus évidente encore que toutes les singularités que présente la leucite de Borghetto. J’avois remarqué que ni la lave sous laquelle, en 1794, fut ensexyelie la malheureuse ville de Torre del Greco, ni celle de 1760 , qui sortit, comme elle , de huit petits volcans au pied du Vésuve , et qui coula vers la mer, près de la Torre del!’ Annunziata , ne contenoïient aucunetrace de leucite , ni même une seule lame brillante dans la masse noire , qui approche tant des basaltes d'Allemagne. J’étois presque tenté de croire que les courans de laves modernes ne contenoient jamäis ce fossile singulier. Je fus donc bien frappé, en montant au grand cratère, de trouver dans les deux courans de 1767 et de 1779, dont le dernier coula sur l’autre, un grand nombre de petites taches blanches , et une plus grande quantité encore de petits points brillads parsemés par toute la masse de la lave. Une loupe médiocre montra d’abord que lestaches blanches étoient évi- demment des leucites bien cristallisées, et que les points brillans n’enétoient pas moins. Ces derniers sont tout-à-fait transparens , et paroïssent avoir la couleur noire de la lave qu'on voit à travers d’eux. Leur éclat les distingue, et fait remarquer leur forme polyè- dre. On poursuit ces points jusqu’à une petitesse où ils se perdent absolument à la vue. Une loupe plus forte en fait voir de plus Tome VI. VENDEMIAIRE an 6. Man 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE petites encore : et de l’autre côté ils s'agrandissent , jusqu’à ce que l'œil non armé même n'ait plus de doute sur leur nature’ Le leucite. Ne voit-on donc pas ici, avec évidence ; comme la leucite sortit peu-à-peu de la masse de la lave ? Comment concevoir une: préexistence de tant de millions de si petits cristaux | qu'à peine on les reconnoît? Assurément ce ne sont point des débris de cristaux détruits ; leur forme régulière est trop marquée ; et ils n’auroient pu. conserver ni transparence , ni éclat. On pourroit croire , avec la même raison, les jolis petits cristaux de feld-spath que le citoyen Brochant a découverts dans la pierre calcaire com- pacte du'Bonhomme , département du Mont-Blanc, préexistans & cette roche ; qui les renferme , quoïque chacun trouveroit , dans ce cas, cette opinion singulière et inadmissible. Je ne crois donc pas qu’on puisse encore trouver des raisons contre cette origine volcanique de la leucite, après avoir exa- miné attentivement ces deux courans, dont les habitans de ces contrées se souviennent très-bien encore. Le premier , celui de 1767 , ayant menacé la ville de Portici et celle de Naples même ; le second ‘ayant été accompagné d’une si énorme quantité de cendres , qu'on avoit lieu de craïndre le sort de tant de villes enterrées autour de ce volcan dévastateur. Mais , pourquoi ne trouve-t-on pes des leucites de cette gran- deur et beauté dans les layes modernes , que nous remarquons dans des courans anciens , et sur-tout dans ceux dont nous isno- rons absolument la date ? Le fait est des plus singuliers , ‘et mérite toute notre attention. Les courans de lavés qui, sortis du Vésuve, ont peu-à-peu reculé lamer, etle font encore sans cesse, quoiqu’ils contiennent la leucite plus distinctement que ces deux laves , desquels nous avons parlé tantôt ; ceux, par exemple , qui forment des promontoires le long de la côte, depuis le pont de la Magdeleine jusqu'au-delà de la Favorite, à Resina , dont on croit la plupart de la terrible éruption de 1651 : ils ne peuvent jamais se comparer avec les roches de la Rocca Monfina , près de Pessa ; avec les roches de Velletrietdi Albano ; avec ceux des environs de Viterbe, de Caprarnole ou d’Orvietté, ou avec les basaltes d’'Acquapendente, ayant regard aux leucites qu'ils ren- ferment. Breislack, dans sa Topographie Physique de Naples , demande; sile foyer du Vésuve nese trouva péut-être pas autrefois dansune roche pleine de leucites ; qu’il a maintenant passé cettero- che, etbrüle dans une autre, qui contientdes pyroxènesf Mais, où trouverons-nous au monde quelqu’analopie pour de telles roches ? Elles doivent nécessairement gîter sous le granite , car tout ce que nous connoissons depuis le granite, jusqu’à la roche calcaire | INIET D'HISTOIRE: NAMURELLEOLT 0967 compacte, sur laquelle, les: premières laves du} Vésive ont:cou- lé,, va aucun rappartavecces rochés pleines. de loncites etiile -pyroxènes., Et.on n’a qu'àjeter un coup-d'æilatteatif sur Gette progression admirable de,cristalisation-parfaite danslés eranites, par les roches, micacéesiet sahistensés, jusqu'aux formations pu- remént aceumulées par: des matières chatriées desiplns Hauies montagnes; progression Quest indubitablement.dansila mature, et qui n'est pas la suite d’unç :bellé méditation dans le cabinet, et l’on se convaincra de l’invraisemblance, d’imeroche de telle nature , encore sous:les graïits,, en cas/qu'on neovoulüt: pas avoir égard à ces raisons, qui s'opposent ;sifortement,contre +oute admission de foyers érès-profonds dans les volcans. Mais observôns de plusiprès la nature des rochés qnij à présent. , en. veéloppent ces matières, et leur gissement; Les layes de 176ojet de1794sortirent avec inpétuosité des bonchésqu’elless’onvrirent elles-mêmes aux côtés du volcan ,etelléscherchèrentavec une ra- pidité étonnante àgagner la mer. Ces deux courahs, comme nous l'avons remarqué, ne contiennent auçune trace,de leucite. Les deux courans de 1767 et:de1770:, quisontremplis de, ces leucites microscopiques,, sortirent du côté occidental dus cône ; kioù, ayant atteintle pied de ce cône , leur couiis se rallentit sur cette sorte, de plaine, cette horrible mer de:lave, , couverte dé:glaçcons'arides, entortillés, noirs et spongieux, entre Le Vésuve et le mont Somma ; et ce cours ne pouvoit reprendre plis de vivacité qu'au moment que Ja lave se. jeta dans! umé, profonde, vallée ,, sous l’hermitage ; pour atteindre par elle larplaine de Mauroet de Poer- tici , sur laquelle elle se répandit encore trois jours de suite.-Ces courans ,-en les obsenvant.de la crète: du:grand cratère,; parois- seht desifils noôixs: attachés aux bouéthés:qui les vomirent, ,et aboutissans dla plaine où à la côte dela «mer.,Leur largeur dis- paroît presqu'absolument contre. la longueur. ‘Qn:les voit suivre absolument toutes les lois.des liquides ; ils se:jéttent dû haut. vers le-bas x et -uandäls ‘ont franchi une hauteur :qui B'épposoit à leur cours cils se précipitent de-là dans;le fond ;:1à oùsonElé- vation:est de môindre; Jamais:ils ne:resternt etae,s’aggandissent sur :la) cime, de la hâuteur Imême:-La petite lave de:1785 en donne tn exemple frappañt-:.elle fut-divisée, parinne.telle han teur, «ensix où hüit courans différens qui ,[de loin, paroissent A L de L . 1 -encoréuà présent sesprécipiter dans labime tant; ils;ont retenir lescaraotères dedluiditéss ve, 2 !liopaenr 9h46 su ei s} Les laves antiques ,! celles sur:- tout qui-cantiennent.de bien grosses: deucites ;: ne présentent -riénsde tout cela. Ge sont des grandes masses qui couvrent une grande surface. dé,terrein avec M m 2 Le 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE | presqu’égales dimensions de largeur et de longueur , qui souvent forment des éminences , des hauteurs , des montagnes même, et qui , par conséquent manquent absolument de tout caractère de courant. C’est ainsi que le basalte de Frascati et d’Albano couvre un terrein de plus de 60 milles quarrésitaliens ; que la roche de leucite de Rocca di Papa , et du monte Cavo, s'élève de plus de 2500 pieds sur la plaine ; que tout le territoire entre Civita Castellana , Caprancolo , Viterbe , paroît couvert d’une couche uniforme de basalte ou de lave. Il est donc bien difficile de s’imaginer leur origine , comme celle d’un courant du Vésuve ; si ce sont des laves fluides ( ce qui paroît très - vraisemblable ) , elles doivent avoir été formées d’une manière bien différente que celles qui ont élevé le Vésuve ; et si cela est, doit-on s'étonner d’y voir la leucite d’une manière si différente de celle des laves de nos jours ? Peut-être que ce minéral , pour se former dans la masse liquide , eut besoin d’un Jong état de fluidité , étant en même - temps en contact avec l’atmosphère, et une sorte de repos, pour que ses parties cons- tituantes pussent se rapprocher et'se ranger selon les lois in- connues de la cristallisation. Il paroît que ces circonstances se sont trouvées plus réunies dans les soi-disant laves antiques , celles dont le gissement ne permet pas de pur à un courant formé par elles ; et il semble , en effet, que la leucite s'agrandit autant qu'on la cherche dans une roche plus ancienne. Je ne connois point de basalte dans l'Italie inférieure , qui soit plus ancien que celui qui se trouve presque enveloppé de la roche calcaire d’Acquapendente , et> dont la formation ne paroît du moins pas être très-postérieure à celle de ces masses calcaires mêmes. Mais il est aussi sûr qu’on ne trouve nulle part de plus gros cristaux de leucite , que justement à Acquapendente, Les laves qui constituent le mont. Somma, sont connues par la quantité de leucites qu’elles renferment , et elles n’y sont pas petites. Mais ces laves , et celles qu’on trouve sous les bâtimens de Pompeia , et qui peut-être appartiennent plus proprement au Vesuve que celles de Somma, furent lancées d’un eratère bien différent de celui d’à-présent , et d’un volcan qui présentoit des phénomènes nullement ressemblans à ceux d’aujourd'hui. Le Vésuve paroît s'enflammer de plus en plus ; il précipite ses érup- tions, et ses prodnctions en sont moins variées. Il paroît qu’il fut dans un état de tranquillité , avant la grande éruption , sous Titus , comime de nos jours la Rocca Monfina, ou le lac de Nemï, près de Rome: Ses premiers vomissemens ne furent que des cendres , des morceaux de pierre - ponce et de rapilli , ET D'HISTOIRE NATURELLE, Les et chacune fut éloignée de l’autre de plusieurs siècles entiers. Ce n’est que pendant sa septième éruption , en février 1036, qu’on en vit sortir le premier torrent de lave, un feu bitumi- neux , comme s'expriment les auteurs contemporains. Ces iaves, et celles qui suivirent celles-ci, formèrent encore de belles leucites. Un grand repos de deux siècles annonça la terrible éruption de 1631 : le volcan paroissoit éteint de nouveau, et les habitans ne le craignoïent Be: Maïs depuis ce temps , et plus encore de- puis 1694 , on n’a point vu passer deux années sans éruption , Tr ou petite ; et un repos de cinq années consécutives , depuis 1794 , est un phénomène inoui depuis 150 ans. Muis c’est aussi depuis ce temps, qu'on ne voit plus de leucites comme celles des laves de Somma. Le volcan paroît s'étendre , s’en- flammer journellement , et ses productions en deviennent plus uniformes. Les laves de Somma ne paroissent point être des courans; elles reposent en couches l’une sur l’autre ( phénomène qui les dis- tingue infiniment des matières volcaniques de la Romañnie je L'intérieur du cône du Vésuve auroit vraisemblablement le même aspect, car on voit distinctement des couches de laves solides aux parois du cratère. Le côté intérieur de Somma , for- mant jadis un tel parois , fut élevé, comme le cône actuel , de laves , qui s’élevèrent jusqu’au haut du cratère et se placèrent là sur des laves anciennes , avant que la force des fluides aérifor- mes, enfermée sous elle, pût percer et crêver la montagne, où celle-ci résistoit moins à leur sortie. Il est donc très-possible que la leucite ait trouvé ici plus de repos ou plus de circonstances favorables à sa formation. Il y a peu de phénomènes qui m’aient tant frappé que celui-ci : des masses rejetées par le Vésuve ; ces grosses pierres, dans lesquelles la quantité decristaux de leucite paroît souvent faire une pâte , qui enveloppe des cristaux de pyroxène ; des pierres, qui jamais ne se trouvent comme lave coulante , ni même quel- que chose de semblable, ces masses étoient fondues ou prêtes à couler elles-mêmes lorsqu'elles sortirent du cratère. On peut les manier comme de l’argille baignée , et on yÿ remarque une variété étonnante en grandeur etimélanges de leucites. Si ce minéral eût été arraché d’une roche , qui le contenoit avant l'existence des feux souterreins , comment s'expliquer sur ce phénomène ? Que ces masses ne forment jamais des courans ; inais que constam- ment elles se trouvent en grosses pierres rejettées ; tout cela nous mène à croire que la leucite ne se forme pas même dans l’inté- rieur du volcan ; mais que cette formation a besoin d’une substance DTA JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui ne paroît se trouver qu’à la surface , et qu’elle trouve pets étre dans le contact avec l'atmosphère. Il est donc possible qu'elle se forme en plus grande quantité dans la couche supérieure de la lave élevée dans le cratère, qui brisé par les gaz qui s’échap- pent , est lancé en gros morceaux et en blocs de la pesanteur de lusieurs quintaux quelquefois. Cette idée exige pourtant encore FE confirmation d’un observateur attentif. Qu’onne se hâtepas de prononcer, en voyant la quantité de leuci- tes quiparoissent êtresemées entre Frascati, Albanoet Rome! Qu'on ne s’imagine pas ytrouver les restes de cette prétendue roche de leucite qui, détruite par les feux souterreins, a laissé les cristaux non-fondus, incohérens, dispersés sur toute la contrée. J'ai fait ” voir, dans.un mémoire sur la Constitution physique de la plaine de Rome, que cette plaine ne peut absolument pas être regardée comme prinutivement volcanique ; que toutes les matières qu'elle contient, ces différentes sortes de tufs, yont été amenés et dé- posés par les eaux, et que, quoiqu'ils puissent très-bien devoir leur origine à des volcans , ils sont pourtant bien éloignés pré- sentement des lieux qui les ont vu naître. Ces leucites s'y trou- vent là, sous des formes de décomposition très-variées. Presque tous les cristaux sont entourés d’une farine blanche, opaque , mais qui se détache facilement et laisse ‘un noyau transparent, brillant, et qui a exactemeut la même forme que le tout aupa- ravant ; preuve certaine de la formation en couches concentri- ques du fossilé autour d'un milieu. Il y a quelques roches de tuf près de Rome, entr’autres celles qui reposent sous le Travertin , vers la fontaine A cidule au bord du Tibre , qui ne contiennent plus qu'un noyau transparent presqu'imperceptible dans un grand cristal farineux ; mais dans le tuf ordinaire, dans cette couche qui S’étend sum toute la plaine autour de la ville ; on ne voit que des taches blanches informes ; tant la leucite a été décomposée par le roulement, les eaux et l'atmosphère. Les mélanites et les pyroxèues sont totalement exemptes de cette décomposition su- bite. Elles sont aussi fraîches dans le tuf que dans le peperin d’Albano. Seroit-ce la potasse qui entre dans les parties consti- tuantes dela leucite , qui occasionneroit ce phénomène ? On pourroit tirer nombre d’objections contre la volcanicité de la leucite du peperin d'Albano , de Marino et de Frascati; et quoiqu'il seroit possible d'y répondre.et de les écarter , je con- vieus pourtant , qu'en général, je ne congçois la formation di peperin ni de manière volcanique, ni par une voie neptunienne, ET D’HISTOIRE NATURELLE. 27T DE L'ACTION DU FROID SOL UD CTP UC É TIENDUX Par PérRÈSs. J’xr distillé , dans une cornue de verre , à une‘ douce chaleur , un kilogranime de bon vinaigre blanc, qui avoit été exposé la veille au froid extraordinaire que nous ressentîmes à Milan, le 6 nivôse dernier. Quand un peu plus de la moitié eût passé dans le récipient que j'avois, auparavant, couvert de neige, on déluta l'appareil et on redistilla le produit, en rejettant le résidu, ainsi successivement , et prenant toujours les mêmes précautions , jusqu'à six foisæLes propriétés du dernier produit que nous ob- tîinmes , étoient celles-ci : il avoit un œil laiteux , une odeur pi- quante , une saveur acide, une pesanteur spécifique égale , à ce que je pus voir avec la main et à l'œil , à celle de l'alcool. On mit ce produit dans une bouteille à long col , et on le laissa re- poser pendant vingt-quatre heures ; il s’étoit rassemblé, au bout de ce temps , au haut du vase , une liqueur blanche , huileuse , qui surnageoit le reste, qui avoit encore cependantune apparence laiteuse , quoiqu'il ne se séparât plus rien. Il s’étoit précipité aussi une substance blanche, limelleunse , sefnblable à des écailles d’épiderme , que je ne pus examiner faute de moyens. On ob- serve une semblable précipitation quand on prépare la Zqueur d’'Hoffmann, avec de l'alcool distillé depuis peu de temps. Cetteliqueur surnageante , séparée par un syphon, pesoit deux grammes et demi. Sa faculté de s’enflammer , quand on en ap- prochoïit une bougie, me la fit reconnoître pour être de véri- tableéther, en tout semblable à celui que l’on retire en distillant de l'alcool avec de l'acide sulfurique ; car, il est évident , pour le dire en passant, d’après la connoïssance que nous avons à présent de l’action de l'acide sulfurique sur les matières végé- tales, et celle plus moderne encore, et qui m'est due, de la différence de nature des acides acétiques et acéteux, et maloré les contradictions que cette opinion a pu éprouver dans le temps, que tous les éthers sont toujours absolument les mêmes , de quelque manière et avec quelque substance qu’on les forme. L'expérience que je viens de décrire , et qui m'a été indiquéé 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par Lowitz de Pétersbourg, quoique je diffère en quelque chose de ce chimiste, comme on le verra plus bas, où je donnerai même la raison de cette différence , conduit, ce me semble , à cette conclusion naturelle , que le froid non-seulement enlève à l’acide acéteux qu’on y expose, une partie de l’eau surabondante, mais qu’il en change réellement la nature. On voit par-là que la dénomination de vinaigre concentré par la gelée , est vicieuse, et par suite que l’action du froid sur l'acide acéteux a toujours été méconnue. Si nous n’avions cependant d’autre preuve à donner de ce changement de-nature , qu’une simple induction , il pourroit être permis de n’y croire pas; mais voici quelque chose de plus. Quand on examine particulièrement ce vinaigre concentré par la gelée , on voit d’abord que son odeur est beaucoup plus vive qu'auparavant , sa saveur plus acide et plus piquante ; on a beau lui rendre l’eau que le froid lui a enlevée , on ne lui rend passes premières qualités. Tout est changé. Les sels qu’il forme dans LÉ remier état sont foibles, attirent l'humidité de l'air, ne cris- tallisent pas. Le contraire a lieu dans le second (1). Dans le pre - mier état, le vinaigre ne se combine guère avec les oxides métal- liques ; il oxide seulement les métaux : dans le second , il les attaque vivement et forme avec eux des sels durables , sur-tout celui de cuivre , avec lequel il donne d’aussi beaux cristaux que ceux que l’on forme avec le vinaigre distillé, comme cela se prouve par l'emploi que l’on en fait, pour cela , dans plusieurs manufactures d'Allemagne, Il s’agit maintenant de faire voir en quoi consiste ce change- ment, Ce que nous venons de dire sur les propriétés que le froid donne à l'acide acéteux , nous fait voir déjà qu’il le rapproche de l’état de vinaigre radical , en lui enlevant cette portion de carbone qui le constituoit acide acéteux. Ainsi le froid décarbo- nise l’acide acéteux ; mai il faut convenir que dans nos climats cette décarbonisation (2) n’est jamais que partielle ( bien que du kilogramme de vinaigre sur lequel j'ai fait ma première expé- (1) Depuis long-temps Porrati, chimiste de Milan, a observé et imprimé que la cerre foliée de tartre , préparée avec le vinaigre concentré par la gelée, n’étoit pas déliquescente. (2) Cette décarbonisation s’observe bien dans les pommes de rainette qui ont été exposées à un froid subit ; chaque molécule d'acide étant alors comme saisie par lo froid, sa décompositione:t plus parfaite : aussi ces fruits répandent-ils toujours uue odeur suaye d’éther, et leur intérieur est-il toujours noir, rience y IMTET'DHISTOLRE NATUREÆEZLE£LE.0: 575 rience; j'ai retiré deux gros ouw cinq: grammes à-pen-près de vrai charbon qui étoit au fond du vase ) ; elle doitêtre plus complette dans le froid pays de la Russie, où Lowitz fit ses expériences ; aussi quatre distillations lui suffirent, et encore obtint-il plus d’éther que moi: Quoiqu'il me soit bien prouvé par toutes les expériences que j'ai faites là-dessus, et dontje n’ai présenté ici que les résultats, que l’acide acéteux éprouve des changemens considérables par l’action du froid , mais cependant qu’il n’est pas ramené tout-à-fait, par-là , à l’état de vinaigre radical, je ne veux point dire qu’il se forme un nouvel acide , quoiqu’avec moins de scrupule et plus de prétentions on pût réussir à oies croire. J'ai voulu seulement , en faisant connoître ce fait particulier, tourner l’attention des physiciens vers l’action chimique que lé froid exerce sur les corps ; et les changemens qu'il leur fait éprouver. Ces changemens n'ont sur-tout frappé dans les acides végétaux ; j'ai énoncé autre part, que, distillés avec de l’acide sulfurique, on parvenoit à les changer tous les uns ‘dans les au: tres, et par conséquént que l’oxigène n’étoit pas ce qui faisoit leur différence. En examinant l’action particuliëre du froid sur chacun d’entr’eux , j'espère donner bientôt à cette assertion une nouvelle force, SIT tests DE LA DIVERSE RÉFLEXIBILITÉ Des rayons élémentaires dônt la lumière blanche est composée. Lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, ‘Le 16 me$sidor an 7, par P. Prevosr, professeur de, philo- sophie à l'Académie de Genève , de l’Académie de Berlin, ER STE. érc, L lumière est pour nous un moyen unique de communication avec les parties de cet univers qui excitent léplus notre admira- tion. Le sens sur lequel elle agit, est, de mille manières, la source de nos plus précieuses connoiïssances. Ses propriétés sont par elles-mêmes remarquables, et se lient d’ailleurs à des faits plus énéraux et qui ont beaucoup d'importance. La construction: et es effets de ces merveilleux instrumens, qui semblent faire de la Tome VI. VENDÉMIAIRE en 8, Nn a74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vue un sens nouveau , dépendent des lois auxquelles la lumière est soumise. Aussi ces lois ont-elles été recherchées avec autant d’ardeur que de constance ; et ces recherches ont été couronnées par le succès. À La diverse réfrangibilité des élémens de la lumière a dès-long- temps occupé l'attention des philosophes. Et cette découverte, attaquée dans tous les sens , semble enfin être mise hors d’at- teinte (1). Il n’en est pas de même de la diverse réflexibilité de ces élémens. Un physicien anglais ( M. Brougham), dirigeant en dernier lieu ses recherches sur les lois de ce phénomène ; a déduit de ses observations quelques conséquences opposées à celles que Newton avoit déduites des siennes. Il importe de reconnoître de quel côté est la vérité , lequel de ces deux physiciens a le mieux interrogé la nature , et lequel a le mieux interprêté ses oracles. C’est lasdécision de cette question que je vais soumettre*au juge- ment des physiciens. Avantd’entreprendre cette discussion , je dois faire remarquer que le Mémoire qui y donne lieu, contient des observations très-cu- rieuses ; indépendamment de celles qui sont relatives à la réflexi- bilité dés rayons. En particulier , les phénomènes de l’inflexion y sont développés avec beaucoup de soin. Des faits nouveaux et -intéressans se trouvent ainsi liés aux opinions de l’auteur , et ne permettent pas de traiter légèrement. C’est ce qui m’a déterminé à en faire un examen attentif. S. Ier., Le mot réfexibilité se prend en deux sens différens. 1°. Newton ( Opt. Liv. 1. part. 1. prop. 5 ), entend par-là cette propriété d’un rayon de lumière homogène , en vertu de laquelle ce rayon est réfléchi, s’il tombe sous un certain angle d'incidence , et non s’il tombe. sous un angle plus petit : on plus simplement ; une disposition à être réfléchi et non transmis à la limite qui sépare deux milieux transparens. Ce philosophe pense qu’en ce sens la réflexibilité des rayons n’est pas la même. Il établit par des expériences , qu’il estime concluantes, que les rayons plus réfrangibles , sont aussi plus réflexibles. En sorte que, selon lui, toutes les circonstances étant données et constantes, si un rayon blanc tombe sous un certain (G) Je yois cependant que quelques physiciqns croient pouvoir réduire à cinq ‘ou même à trois , le nombre dés rayons élémentaires. C’est l'opinion de M. Burja. CHAOS de Berlin pour 17992 er 1793, page 42 ). Je n’entre pas dans cette 1SCUSsiGn. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 3279 angle sur la face dirimante, le rayon violet sera réfléchi, tandis que les six autres seront encore transmis et réfractés. Mais en augmentant l'angle d'incidence , on obtiendra successivement la réflexion de tous les rayons, depuis le violet, qui est le plus ré- flexible , jusqu'au rouge , qui l’est le moins. M.Brougham (Trans. Philos. 1796, p.1. pag. 272), ne trouve pas concluantes les expériences par lesquelles Newton établit cette proposition ; et, se fondant sur d’autres principes et sur une expérience particulière , il établit la proposition contraire , sa- voir : que tousles rayons ont la même disposition à être réfléchis, pourvu que l’angle Tadene soit le même. 20. M. Brougham entend par réfexibilité. une disposition à être réfléchi près de la perpendiculaire à uncertain degré. En d’autres termes : une propriété du rayon homogène par laquelle son angle de réflexion est à l'angle d'incidence, en un certain rapport, qui est rarement celui d'égalité. Selon ce physicien, ce rapport varie pour chaque rayon élé- mentaire. Le rapport d'égalité a lieu pour les rayons qui confi- nent au bleu et au vert. Le rapport d’inégalité a lieu pour les . autres ; et les plus réfrangibles sont les moins réflexibles ; en sorte que , pour le rayon rouge, l’angle de réflexion est moindre ; et pour le violet , plus grand , que l’angle d’incidence. On sait que Newton affirme , au contraire , que l’angle de ré- flexion est toujours égal à l'angle d’incidence, Discutons ces sentimens opposés. COR EU Première quesrion. Les rayons élémentaires différent-ils en réflexibilité au sens newtonien ? — En d’autres termes. — Sous un même angle d'incidence, arrive-t-il que le rayon violet soit ré- fléchi, tandis que le rouge ne l’est pas , toutes choses d’ailleurs étant précisément pareilles ? Des deux expériences par lesquelles Newton établit l’inégale réflexibilité des rayons, il suffira de rappeler celle que M.Brougham attaque directement, \ Newton fit tomber un-rayon blanc perpendiculairement à la face antérieure d’un prisme; puis, tournant le prisme sur son axe , il observoit la réflexion qui s’opéroit à sa face postérieure ; et il vit le violet se réfléchir le premier , puis les autres rayons, dans l’ordre de leurs réfrangibilités , jusqu’au rouge , qui fut réfléchi le dernier. Il en conclut que le violet est réfléchisous un moindre angle d'incidence que le rouge (Op£. exp. 9 ). N n 2 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C’est cette conclusion que M. Brougham attaque : et pour re point altérer sa pensée , je vais transcrire ici ses expressions. « Que cette démonstration renferme une erreur logique, c’est » ce qui paroît assez évident. Quand les rayons, par la réfraction » FR éprouventen passant à travers la base du prisme employé » ‘dans cette expérience , sont séparés en leurs élémens, ceux-ci » deviennent divergens ; ke violet et le rouge sortent sous des » angles très-différens | et ces mêmes pu élémentaires tom- » bent sur cette base sous des angles. différens , à cause de la » réfraction du côté par lequel ils sont entrés. Lors donc*que le » prisme est tourné sur son axe , comme cela estærescrit dans la » proposition newtomienne ; la base est plns près du rayon violet » à cause de la position des rayons /résultant de la réfraction , et » il la rencontre plutôt ; en sorte que le violet , étant réfléchi à » l'instant même où il rencontre la base, 1l est réfléchi avant » tous les autres rayons élémentaires ; ce qui ne provient nulle- » ment d’une différente disposition à être réfléchi, mais unique- » ment de sa différente réfrangibilité (1) ». Ainsi M. Brougham pense que la réflexion du rayon violet ne précède celle du rayon rouge que parce que’la réfraction , qui à lieu à la face antérieure , force le rayon violet à atteindre la sur- face postérieure plutôt que ne peut faire le rouge. $& III. Mais il semble que l'effet est ici en sens inverse de la cause. — Ecartons d’abord un faux séns. — Il est impossible que l’auteur veuille dire que l’œil peut saisir l’intervalle 4 temps qui s'écoule entre l’arrivee des rayons violets et celle des rouges à la surface postérieure. — Maintenant, celui des deux rayons qui décrit la route la plus courte , tombe plus près de la perpendiculaire abaissée du pomt de départ ; et de cela seul on peut conclure EEE (1) « Thatthe demonstration involves a logical error appears pretty evident. » When the rays, by refraction through the base of the prism used inthe » experiment; are separated into their parts ,:these become divergent , the » violetand red emerging at very different angles , and these were also incident » ou the base at different angles , from the refraction of the side at which they » entered ; when , therefore, the prism is moved round onits axis , as described » in the proposition, the base is nearest the violet, from the position of the » rayÿs by réfraction , and nieets it first; so:that the violet being reflected as » soûn as it meets/1he base, it is reflected before auy of the other rays, noÿ » from a different disposition to be so , but merely fromits different refrangi- » bility ». ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 qu’il tombe sous un angle d'incidence plus petit. D'où il suit que c’est le rayon rouge qui devroit être réfléchi le premier, et non le violet. lg En effet, considérons d’abord la position du prisme au pre- mier moment , et telle que la représente la figure que Newton en a donnée dans son Optique. Le rayon blanc FM ( #g. 2), est perpendiculaire sur A C. En ce cas il n’est pas réfracté à sont immergence , et suit la droite FM. A ce point Newton représente le seul rayon violet MN réfléchi, tandis que tous les autres , tels que MH, MI, sont transmis et réfractés. - Cependant, il est certain qu’il a fallu, pour obtenir ce phéno- mène , chercher , en faisant tourner le prisme , à lui donner le degré d’inclinaison qui pouvoit faire réussir l’expérience ; et M. Brougham a raison d'observer que dès-lors le perpendicula- risme du rayon sur la face antérieure AC a dû cesser ; qu’en conséquence il y a eu réfraction , et que les divers rayons homo- gènes n'ont point suivi une route rectiligne , telle que FM, et n'ont point rencontré la face postérieure BC , sous des angles égaux. Soit donc maintenant A’B'C'( /ig. 3), la nouvelle position du prisme , qu’il a prise en vertu de sa rotation sur son axe , et le rayon F P tombera obliquement sur A'C’ au point P, de sorte que la perpendiculaire PO sera du côté A’, par conséquent com- prise dans l'angle A’P F. C’est ce qui résulte, 1°. du but que s’est proposé Newton , savoir : d'augmenter l’angle d'incidence sur la face postérieure , lequel angle ( formé en M dans la fr. Be qui représente la première position du prisme ), étoit trop petit pour produire la réflexion ; 20. des expressions précises de Newton , qui dit que /e prisme ABC est tourné sur son axe selon le sens qw'indique l'ordre des*leitres A, B,C, dans sa figure qui, ( pour l’objet que j'ai eu en vue), est la même que ma fe. 1. Le rayon FP (#2. 3 ) sera donc réfracté, et il s’approchera de la perpendiculaire O P ; mais le rayon le plus réfrangible ( le violet ) s'en approchera le plus ; le moins réfrangible (le rouge) s’en approchera le moins. Ainsi , les routes que suivront ces rayons sont bien représentées par les lignes P V , PR, respecti- vement, Le rayon violet fera donc, avec la face postérieure B'C!, un angle PVC’, plus grand que l’angle P RC! formé parle rouge. Or , les angles d’incidence aux points V,R, sont les complémens des angles PV C', PRC', respectivement. Il est donc certain, qu'en vertu de la réfraction qui s’opère à la face antérieure , le rayon violet rencontre la postérieure sous un angle d'incidence 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moindre que le rouge ; et par conséquent le premier est dans des circonstances plus défavorables à la réflexion que le second. Ce- péndant , le premier est réfléchi , tandis que le second ne l’est as encore. On est donc en droit de conclure que, par sa nature, 1l est plus réflexible au sens newtonien (1). Ainsi la considération introduite par M. Brougham ( et qui est très-juste ) , fait conclure à fortiori en faveur de l’assertion newtonienne. On peut dire non-seulement qu’à même incidence le violet se réfléchit , tandis que le rouge ne se réfléchit pas ; mais même on doit dire que ce phénomène a lieu , quoique l'incidence du violet soit plus défavorable à la réflexion que celle du rouge. EAN PA VE Jusqu'ici, pour rendre mon raisonnement plus simple, j'ai laissé indéterminé l'angle réfringent du prisme. Newton le dé- termine. Dans l'expérience 9 du /&. 1, part. 1 de son Optique , il employoit un angle réfringent de 45°, et cependant il dit expres- sément que les rayons entroient perpendiculairement ; d'où il suit que l’angle d'incidence qu’ils formoient sur la face posté- rieure étoit aussi de 45. On seroit donc fondé à croire , au pre- mier coup-d’œil , que les rayons tombant sous cette incidence , sont en partie réfléchis et en partie transmis. C’est le parti qu'ont pris quelques physiciens, quoiqu’ils n’ignorassent pas d’ailleurs que l’angle de 40° (2) suffit , en ce cas, pour opérer la réflexion dé tous les rayons. Mais les opticiens , plus attentifs, tels que Robert Smith, ont bien vu que cette solution n’est pas la vraie. Il est certain qu'avec un angle réfringent de 45, les rayons en- trans devoient être un peu inclinés pour que l'expérience réussit ; et cette circonstance donne lieu à une objection contre les con- séquences que l’auteur en tire, objection à laquelle il est peu nécessaire de nous arrêter (3), car Newton, qui, dans cet en- (1) Tout ceci s'applique également à la 10e, expérience de Newton , dans laquelle il emploie deux prismes réunis en un seul parallélipipède. — Dans l'une et l’autre expérience (expér. get 10), il est question d’un autre prisme destiné à rendre l'effet plus sensible , en dispersant les rayons réfléchis, Il étoit inutile de parler ici de cet accessoire. . (2) 40° 10/ selon Newton , 40° 20! selon Adams, etc. (3) L'objection est celle-ci : si l’angle réfringent C(Æg. 1), est de 45° , et won veuille rendre l'angle d'incidence en M moindre que 45° ( par exemple ’ 40° ) , il faut que le rayon FM soit oblique sur A C, dans le sens opposé à celui qu’indique la /£g. 2, en sorte que l'angle APF soit moindre que F PC. Dèés-lors le rayon le plus réfrangible ( le violet ) tombera sur la face posté- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 droit de son Optique , ne s'exprime pas pleinement, nous offre lui-même, dans ses Leçons d’Optique (Lectiones Orticae ), un commentaire utile. On verra, en le consultant, que ce grand physeies ne s’étoit pas borné , dans l'expérience dont il s’agit, un angle réfringent unique. Il y dit , au contraire , expressé- ment , qu'on peut saisir une inclinaison au moyen de laquelle une partie des rayons incidens est réfléchie , tandis que l’autre ne l’est pas, et telle, cependant, que les rayons entrent per- pendiculairement dans le prisme ; maïs que , pour cet het = 1l est nécessaire d'employer un angle réfringent de 40° seule ment (1). Il résulte , enfin , de tout ceci que, lorsque l’angle réfringent du prisme est choisi convenablement , un rayon blanc perpendi- culaire à la face antérieure ( ou à son entrée dans Le prisme ), peut être tellement décomposé par la face postérieure ( ou à sa sortie du prisme ), qu'une partie de ses élémens colorés soit ré- fléchie , tandis que l’autre est transmise. $. V. Et il est bon de remarquer que , pour rendre cette expérience concluante , et la répéter avec succès , il n’est pas nécessaire de circonscrire l'angle réfringent dans les limites qui rendent le rayon perpendiculaire sur la face antérieure du prisme ( ou à son entrée ). La conclusion sera tirée à fortiori quand langle ré- fringent sera moindre , et de nouvelles expériences tentées sous ce point de vue , non-seulement offrent un champ plus vaste et beaucoup moins de difficulté ; mais elles présentent des résultats probables très - intéressans , pour peu qu’on veuille les varier , résultats que je me propose de rechercher. Quant à présent, je me contente de dire que rien n’infirme les assertions de Newton sur l’inégale réflexibilité des rayons colorés homogènes au sens que cet auteur a défini. Nous conti- nuerons donc à croire que les rayons plus réfrangibles sont ré- fléchis sous un angle d'incidence moindre ; qu’ils sont plus ré- flexibles au sens newtonien. rieure BC sous un angle d'incidence plus grand que le moins réfrangible ( le rouge ), et par là mêmeil se trouvera dans des circonstances plus favorables à Ja réflexion. Ainsi , l’objection de M. Brougham se représente ici sous une nou- velle forme ; mais on voit aussi que le commentaire auquel je renvoie ;[la fait disparoître de nouveau. (1) Opusc. tom. 1, page 219. 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s ! VIE M. Brougham étaye l'opinion contraire d’une expérience qu'il énonce ainsi : « Je tins un prisme dans une situation verticale, et » je fis réfléchir par sa base le spectre d’un autre prisme, de » manière que tous les rayons tombassent sous le même angle » d'incidence ; alors , faisant tourner le prisme vertical sur son » axe, je vis que dès qu’une sorte de rayons étoit transmise ou » réfléchie , tous aussi étoient trrnsmis ou-réfléchis (1) ». SH EV ETES La discussion complette de cette expérience exigeant d’assez longs détails, je me contenterai d'observer que fe plan de la face verticale , sur lequel s’opéroit la réflexion , ne pouvoit point être ajusté de manière à produire un même angle d'incidence avec tous les rayons du spectre à-la-fois ; et supposant même la chose possible , et exécutée un instant , la rotation du prisme eût changé cette disposition en altérant inégalement cet angle pour divers rayons. On peut concevoir, en conséquence, une multitude de résultats divers ; entr'autres on peut concevoir que les angles d'incidence des divers rayons soient tels que l’observa- tion de M. Brougham se concilie avec le sentiment de Newton sur leur inégale réflexibilité. Mais , puisque M. Brougham n’en- tre pas dans ce détail , et ne donne qu’un résultat , 1l est à pré- sumer qu’il n’a pas répété , ou du moins varié, cette expérience. Ce physicien paroît même n’y pas donner beaucoup d'importance par la manière rapide dont il l’énonce. Je pense donc qu’elle ne peut pas, quant à présent , infirmer les conclusions de Newton ; et qu’on est encore en droit d’affir- mer , au sens de ce philosophe , que les rayons les plus réfran- gibles sont aussi les plus réflexibles. : Se NT. SerconDe QUESTION. Les rayons élémentaires différent-ils en réflexibilité au sens broughamien ? — En d’autres termes. — Sous un même angle d'incidence , le rayon rouge forme-t-il un angle de réflexion moindre, et le violet un angle de réflexion plus grand» que l’angle d'incidence ? 1 { (1) La même expérience ; tentée par Newton, lui à donné précisément le résultat contraire. Radii purpuriformes primo omnium reflectuntur,'etultima rubriformes. ( Lece. Opr. Opusc. tom, Îl, page 220). L'expérience MIT DIRISTOIRENATOURELLET SD: © L'expérience fondamentale de ‘laquelle M.: Brougham déluie « cette Te à au'sens dé)sa définition ?est FL Un cylindre brillant et poli , ‘d'ün très-petit diametre, (ühe fibre métallique ) (1), étant présenté par s1 convexité 4 un rayon ‘blanc , a réfléchi un spectre coloré ; ‘et tout étant mesuré ou cal- culé (selon les principes de l’auteur) , il à paru que les rayons ui confinent au bleu et au vert , étoient les Seuls qui fussentré- fléchis sous un angle égal à l'angle d'incidence: Les rouges étoient réfléchis sous un anglé moindre , les violetssous un plus grand. Maintenant la question se réduit à savoir , 8i‘cette expériente est concluante en faveur dela thèse de M. Brongham. $: L'X. Si le résultat observé s'explique :très - bien par les principes newtoniens , il faudra s’y tenir ; car il n°y.aura. aucune raison nouvelle de s’en écarter. Or, si l’on a égard à Veffet de la conyexité, on trouvera:sans difficulté la raison des apparences que M. Brougham a observées, et la prétendue différence que ce physicien établit entre des an- gles de réflexion de divers rayons , sous même incidence ;;pa- roîtra une hypothèse gratuite. On lui devra néanmoins d’avoir fixé l'attention sur un cas nouveau et intéressant. $. X. Le principe newtonien est que la force quelconquequi produit la réflexion de la lumière , agit sans cesse perpendiculairement au plan réflecteur, selon quelque raison inverse de la distance. C’est de ce principe que Newton déduit rigoureusement la loi de légalité des angles d'incidence et de réflexion 3; loi que M. Brougham a, je croïs, le premier contestée , et que l’obser- vation à jusqu'ici paru démontrer, Maintenant, qu'on applique ce principe à an rayon incident sur une surface cylindrique, et l’on verra que le rayon émergent doit d'autant plus diverger , qu’il pénètre davantage dans la sphère d'activité du cylindre. Or ,-on admét généralement que les divers rayons colorés homogènes ,sont sujets à.d’inégales in- fluences de in part d’un même milieu. Les: phénomènes de la réfraction démontrent que les milieux ‘exercent sur le rayon violet une attraction plus forte que sur le rayon rouge, Celui-ci, (1) C'étoit ordinairement sur une épingle que cette fibre éloit observée. Tome VI. VENDÉMIAIRE en 8. 00 282 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE -en;conséquence , doit être plus affecté,des causes ‘répulsives : . c'est aussi ce, qu'admet formellement M: Brougham. Selon lui , . Je rayon rouge est plus repoussé que le violet. Il pénétrera donc plus avant dans la sphère d'activité; doncil divergera davantage. Mais , comme Ja fibre cylindrique dont il s’agit, est d’un dia- .mètre très-petit,, comme. ce diamètre n’est même qu’un point optique , la divergence produite par sà, convexité, paroîtra la somme des angles d'incidence et de réflexion. RAR TE : Cette ‘Somme, variant ;. et l'angle d'incidence, étant reconnu constant, les angles de réflexion devront nécessairement paroître varier , et l'observateur trouvera que celui des violets est plus grand que celni des rouges. Voilà certainement une explication fort simple , et qui dérive directement du principe newtonien combiné avec les données que M: Brougham ngusfournit lui-même ; mais elle exige peut- être tuñe figure pour: êtré/pleinement comprise. ( Fig. 4). HHHH , est la section perpendiculaire du cylindre ; 'BRVX, célle de sa sphère d'activité ; AB, le rayou blanc incident ; BQV , la route du rayon violet ; VL , le rayon violet émergent ; BOR,, la route du rayon rouge ; RG , le rayon rouge émergent. Maintenant que BR VK évanouisse et devienne un point, con- fondu et co-incident avec le centre C. Ce pointsera lesonimet de deuxangles, ACL ; ACG , chacun desquels est'la somme; des angles d’ineidénée'et de réflexion for- més: pat une certaine perpendiculaire intérmédiaire fictive , qui l'est cénsée élevée sur 1érplan appaventdént Je point C fait partie. L’incidencéren B, on C3 est manifestement la même pour tous -les élémens du rayon blanc A B.: 210% Il faut donc bien que l'angle de réflexion , formé par le rayon violet émergent V L, soit plus grand que celui qui est formé par le rouge R G: ‘oi Sans entrer ici dans aucun détail , je me borne à remarquer que la plus grande divergence du rayon violet est déterminée par le principe newtonien , parce que , d’après ce principe, les trois angles ABD, ERG,FVL, doïvent nécessairement être égaux (es lignes CD, CE,CEF, étant les demi-diamètres des -sections circulaires concentriques HHHH , BRVK ).4 ET D'HISTOIRE NATURELLE 283 SAXE Il importe de remarquer ici, que si M. Brougham.affirme que lesçrayons qui confinent au bleu et au vert sont, réfléchis sous un angle de réflexion égal à l’angle d'incidence , ce n’est pas qu'il l'ait reconnu , ou pu reconnoître , par aucune expérience directe ; mais c’est qu’il n’a eu aucune supposition plus naturelle à faire. Que si l’on prétendoit que tous les angles de réflexion sont plus petits, ou tous plus grands que celui d'incidence , ou que la li- mite d'égalité tombe sur quelqu’autre division, du spectre, on feroit une supposition , gratuite à la vérité , mais à laquelle l'ob- servateur n’auroit aucun fait direct à opposer ; car il n’y a aucun moyen concevable , par lequel ,. dans ces expériences , l’angle d'incidence puisse être mesuré directement et séparé de l'angle de réflexion. $. XII I] résulte de la discussion précédente que les rayons violets se réfléchissent plutôt , et les rouges plus fortement. Lors même que ces deux effets auroient lien dans des circons- tances pareïlles , ils ne seroient peut-être pas inconciliables. On pourroit concevoir que la sphère d'activité s’étend un peu plus loin pour les violets que pour les rouges, tandis qu’elle agit sur ceux-ci avec plus d’intensité.r y = Mais 1l est essentiel de faire remarquer que ces deux effets ont lieu dans des circonstances très-différentes ; même opposées ; et ceci indique une exception importante à l’assertion de Newon, sur l’inégale réflexibilité des rayons homogènes, Dans Îes expériences par lesquelles ce physicien l’établit ( Opr. ezxpér. 9 et 10), laréflexion s’opèredansle milieu le plus dense (1); elle se fait donc par attraction. An contraire,, dans les expériences de M. Brougham { que jai exposées sommairement au $. VII ), la réflexion , s'opère dans le milieu le plus rare; c’est-à-dire , qu’elle se fait par répulsion. 5 ) Ainsi , d’une part, on voit que les rayons les plus réfrangibles, ———— À © (x) Dans sa 10°. expérience (la seule sur laquelle on pût élever un doute}, Newton dit bien , à la vérité , que la réflexion is’opère par /& base commune des deux prismes qu'il a réunis'en un ‘seul parallélipipède ; maïs cette réunion ne pouvoit se faire sans qu’il restât une lame d’air suffisante pour produire: la réflexion à la surface antérieure. —C’est ce que Newton dit expressément dans ses Lecons d’Optique , et il y expose même cet effet'avec détail. (Opasc. t. II, page 221 ). ° Oo2 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou les plus attirés dans l’acte de la transmission , sont aussi plus attirés dans l’acte de la réflexion. Et d’autre part, on voit que les rayons les moins réfrangibles , ou les moins attirés dans la trans- mission, sont les plus repotissés (ee qui est aussi ,en un sens plus étendu, être moins'attirés ) dans l’acte de la réflexion. , :Ckci paroît faire exception à la loi d’irégale réflexibilité néewto- nienne , puisque cetté- inégale réflexibilité rest prouvée, par Newton, qué/pour le cas où le rayon Se meut dans le milieu lé plus dense. Jé ne me’rappelle pas que Newton , ni aueun‘opti- cien,, jusqu'à ME Broughiam, ait traité l’autre cas; Les expériénces dE ce dérniier phésitién pañoissent fhdiquer (ai moins indirectes ment }Pinégsale réfléxibihténewtémienneé pour le ‘cas que Newtort ä népglisec jéiveux diré ; pour celui où! lé rayon: Se meut dans lé Mälren Je plus rdré set ilen résulte } à ce ‘{irilme semble , quel: que pénchant à croiréique-cetté/réflexibilité est en sens ‘inverse de l'autre , ce qu’il étoit d’ailleurs assez naturel d'attendre: Je conclus enfin , de toute qui précède, que les rayons homo- gènes,ne sont point inégalement réflexibles au sens de M. Brou- ghdm ?'en d'alttés rermés , que 14 1bi de réflexion adnuüse, par Newton est la vrai lot de 14 ndture!t °°, NT k “J'omets d’autres remarques liées à'ce sujet (1), et jen viens à l'exposé dé'quelqués expériences , qui me paroiïssent concluantes en fayeur des raisonnemens précédens. PPTAL RS J js I" Jp DAS], 22H OT 894 AI g: MALTE ni D t 9 D TAN DIET OTHER 59 F M.Broughamaffrmé qu'ayant fättomberun rayon blanc surüre » { ‘ EX ras Us fibre métallique sous angle dieggescl,, il 4 vu lesrayons rouges se réfléchir sous un-amglede760 50! ; et les violets sous unangle de 78:51". Ensortéique le rapport des-sinuside réflexion des rayons rdugestiet violets :s’estitrénvél être] celui de! 77 à 48! Cet auteur observe dise rüppart nnéiconformité avaéicelui qüia lieu pour les rdyons rélractés.: Mais (cet nest. pas’ dér'éette harmonie: que jeveux n’oëcüpet. Je 1’én tiensau‘{ait dllésué, et jen vaisdé- duire quelques conséquences. «OIL Ou la divergence dés rayons réfléchis rouges et violets étoit l'effet de la conyexité, comme je le prétends , ou elle étoit l'effet U T. 1 1198 £1 ) voulu employer :ca moyen: de divergence :qui-tient à lenfoncement.du rayon dans Ja sphére d'activité, .ona faitrwie-application au: nriroir plan ; quine peut être admise ; car, dans un miroir plan, tous les rayons, plus ou moins enfoncés; ressortiront, parallèles, ( Priseine 1:-961ôre = nfitnvs « HD6!T 102 «QI | r2 (1) Je diraiseulement que M,'-Bnougliam ;| daus,un-second, Mémoire ; ayant! t ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 28 de la diverse réflexibilité desrayons,comme le prétend M.Brougham dans ce dernier cas , elle doit se manifester par un miroir plan. | MX EN. - Avant de m’en assurer , j'ai fait le raisonnement suivant, Si les rayons rouge et violét, incidens au même point etgsous mème angle, sont réfléchis divergens ; si la différence de leurs. sinus de réflexion ; qui exprime cette divergence est 2 du plus: grand ; il est clair qu’en faisant croître proportionnellement pes et l'autre sinus, ( c’est-à-dire ,en les mesurant dans un plus grand cercle), on pourrà rendre cette différence sensible. L'œil étant éloigné de 10650 parties An. point où s'opère la ré-, flexion ; etl’angle moyen de réflexion étant dé 77° , on trouye par les tables que lé sinus moyen:est d'environ 9750 parties. Par con- séquent la différénce des sinus, ou l’écartement des rayons rouge et violet, qui est (selon la détermination de M. Brougham) un peu de: de ce-sinus', devroit être de 125 de ces parties. : J’accorderai maintenant que si ces parties sont beaucoupmoin- dres! que des centièmes de millimètres , on pourroit aisément confondre deuxinages aussi rapprochées. Mais si cesontdes dixiè- mes de millimètres , ou des longueurs plus grandes, on ne les confondra plus. Car une image rouge éloignée d’une image violette de la distance de-plus d'un _ceütimètre devra n’être pas moins apparente que le spectre coloré produit par un prisme de crown- glass avec un angle réfringent d'environ 63° à la distance de 17 centimètres (+ pied). Or , un telspectre:estnon-seulement visible, mais remarquable. ( PREMIÈRE. EXPÉRIENCE: Je me'suis placé à la distance d’un peu plus de 3 mètres ( en- viron 10 pieds) d'une glace, en observant que la direction de l'œil (ou-rayon visuel) fît avec le plan du miroir un angle d’én# viron 77°, Et j'ai observé l’image d’un trou. cireulaire d’un milli mètre (à-peu - près + ligne) de diamètre, par lequel passoit ‘un: rayon de lumière. : 1. Cette image n’étoit-point colorée. 2. Elle étoit le plus souvent unique. .3. Lorsqu'elle ne l’étoit pas, (ce-quidépendoit de-quelques-cir+ constances de position. eten particulier de la distance du trou ou. point lumineux, à la glace) , la multiplicité des images étoit manifestement due aux réflexions multiples opérées par les sur- faces antérieure et postérieure du verre , dont je vais parler, am- plement à l’occasion des expériences suivantes. 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Ce résultat étoit bien naturel à attendre. En effet, si la ré- flexion , par les miroirs plans, produisoit une telle divergence des rayons élémentaires, ils n’offriroient pas les objets sous leurs couleurs naturelles, et on les y verroit colorés comme à travers un prisme, dès qu’on s’en éloigneroit un peu. Aus&ä M. Brougham, dans sonler. Mémoire (inséré dans les Trans. hil. pour 1596 )est-il convenu qu'il n’avoit pas réussi à opérer Fe séparation des rayons réfléchis par des surfaces planes. Cepen- dant, comme dans un second Mémoire(1), M. Brougham s'exprime comune s’il étoit enfin parvenu à opérer cette séparation, sans donner aucun détail sur la manière dont il l’a opérée , et sans faire aucune mention d'expériences probantes à cet égard , sans donner , par conséquent , aucune raison de son assertion que nous puissions soumettre à la discussion : j'ai présumé que ce physicien avoit employé, pour arriver à son but, des expériences assez longues à décrire et probablement compliquées. J’ai donc tâché d’y suppléer en trouvant un moyen commode de faire croître indéfiniment l’effet quelconque de l’inégale réflexibilité prétendue, selon une progression beaucoup plus forte que ne fait la seule: augmentation de la distance ; afin que la reconnoïissance, de cet effet ne dépendît pas d’expériences délicates et difficiles à répé- ter; mais qu’il devint très-grand et très-évident. 1 tbe La multiplicité des réflexions consécutives est le moyen que j'ai employé ; et il est aussi simple qu’efficace. Supposons deux plans parallèles, et que ces plans indéfinis soient des miroirs , ou surfaces réfléchissantes. Supposons encore que la séparation prétendue des rayons élémentaires n'ait lieu qu’à la première réflexion. On sait que cet divergence croîtroit en raison de la distance mesurée par la somme de tous les rayons : réfléchis plusieurs fois, comme s'ils ne l’avoient été qu’une seule. Ainsi, à cet égard , en augmentant la distance du point d’inci- dence , on peut faire croître la divergence des rayons rouge et violet, précisément comme nous la faisions croître en n’employant qu'un seul miroir , ( S.préc.). (1 Ce second Mémoire est imprimé dans Mgr. philos. pour 1797. Je saisis cette occasion de dire que je n’en avois paS Connoissance ; et n'aurois même pas eu possibilité de l'avoir , quand je réfutai le premier dans un Mémoire qui a été inséré dans les ras. philos. pour 1798, et qui fut envoyé dès le mois d'octobre de l’année précédente. Il ne paroït pas non plus que M. Brougham ait pu avoir connoissance du mien lorsqu'il composa le second de ses Mémoires, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 Mais de plus , à chaque nouvelle réflexion, linégale réflexi- bilité prétendue doit avoir son effet qui surajoute au précédent; ét cet effet est mêsne toujours un peu croissant, à cause du chan- gement d’inclinaison, lequel lui devient de plus en plusfavorable. Ainsi, plus les réflexions seront nombreuses , plus leffet devieadra sensible , selon une progression qui croît très-rapidement. Et d’autre part, plus les distances des deux miroirs opposés seront augmentées, plus l'effet sera grand. Avec trois réflexions seulement , l’angle d'incidence étant de 77° et la différence des sinus de réflexion étant supposée + du plus grand ; on verra que cette différence est devenue plus grande que -: de ce sinus , et à-peu-près -; ce sinus étant mesuré d’a- près la distance donnée des miroïrs parallèles , sur la surface de l’un d’eux. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. J’ai fait tomber, sur une glace, un rayon de lumière blanche sous un angle d’environ 77°, ou moindre. Je l'ai vu réfléchi ; et, eu regardant la glace sous une inclinaison convenable , j'ai dis- tingué plusieurs images produites par réflexion multiple des sur- taces postérieure et antérieure du verre. Ces images se suivoient à d’égales distances. Elles alloient en dégradant. La plus forte sembloit être la se- conde , ensuite la prenuère , ou la plus voisine de la glace : celle- ci étoit néanmoins ordinairement la plus nette ; après quoi la 3°. paroissoit plus affoiblie, ensuite la 4e. , la 5e. , et ainsi de suite. Les trois premières étoient très-distinctes, quoiqu'inégales en vivacité. Aucune n’offroit les couleurs prismatiques ses bords. La distance du rayon incident, au rayon réfléchi qui formoit la 5e. image , mesurée sur la surface du miroir, étoit d'environ 66 millimètres (2 pouces ) (1). Or cette distance est quadruple du sinus d'incidence. Et nous venons de voir que. la diversence rétendue est mesurée par la = de ce sinus. Elle a donc dû être - de 56 millimètres. Si donc il y avoit eu séparation des rayons rouge et violet, leur différence auroit dû être d’un peu plus d'un millimètre ( : ligne). Elle auroit donc pu devenir sensible ; quoi- qu’à la vérité sa quantité ne pût être qu’extrêèmement petite , et * (à) Cette distance se mesure par l'intervalle entre deux points qui, étant masqués , font disparoître l’un la 3°. image seule; et l’autre, la 1'°, { soit que celle-ci disparoisse seule, ou que les autres disparoissent avec elle). 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pût échapper aisément: — Quoi qu’il en soit, elle ne se fit point remarquer ; et, comme je l'ai dit, il n’y eut aucune image colorée. DATE Dans cette expérience , il faut peut-être prévenir l’objection ‘que pourroit présenter , au premier coup-d’œil, la réfraction qui s'opère à l’entrée. Mais, comme cette réfraction est exactement compensée à la sortie, les rayons de diverses couleurs ressortent parallèles ; et leur léger écartement ( que n'augmente point le nombre quelconque des réflexions ) est absolument insensible. Ainsi on est dispensé d’avoir égard à cette considération. Si, dans cette expérience , la seconde image est réellement plus brillante que la première, ce que je n’ose décider positivement pour tous les cas où j'ai voulu le déterminer (1), cela résulte de ce qu’elle est celle qu'’opère la réflexion du côté du tain, la are, étant formée par la réflexion de la surface antérieure ; la 3°. ne peut être que l’effet d’une triple réflexion. Elle est produite par quintuple réflexion , si la 1re, image est formée par la surface du tain : ce qui a lieu si cette 1re. image est la plus brillante. En ce cas, toutes mes conclusions acquerroient une nouvelle force. Si, au lieu d’un rayon passant par un trou très-petit, on pré- sente à la glace la flamme entière d’une bougie , on distingue à l'œil (du moins dans quelques glaces) jusqu’à sept ou huit images. La 8e. est formée par 15 réflexions ; et cependant on n’y remarque aucune apparence prismatique. Seulement ces dernières et foibles images m'ont paru tirer le plussouventtrès-légèrement sur le bleu. Cette circonstance de l’expérience n’ayant pas rapport à l’objet présent, j'en dirai un mot après avoir terminé celui-ci. SEXE ENT Quoique le résultat de cette expérience fût satisfaisant , il étoit susceptible de le devenir plus, en obtenant une plus grande limite d'écart. TROISIÈME EXPÉRIENCE. J'ai opposé, sur deux plans parallèles , trois miroirs plans de verre, de manière qu’un rayon incident sur le premier sous un oo (1) Le doute que j'énonce ici est probablement l'effet de quelque défaut d'at- tention ou de distinction dans la division ; car mon parent Bénédict Prevost , qu’on sait être exercé à bien voir, m’assure qu'il voit, sans aucun doute , et constamment, la 2°, image plus brillante que la tre, angle el ._ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 289 angle d'environ 77° fût réfléchi successivement par les autres, de l’un à l’autre plan alternativement. La distance des deux plans, ou le cosinus d'incidence étoit de 4 ou 5 décimètres ; d’où résultoit un sinus moyen un peu plus grand que deux mètres (comme on le voit par les tables). ; Il y a point eu de double image colorée. € Cependant dans les Ron de M. Brougham , l’écartement des images rouge et violette ou la différence finale des sinus, auroit dû être d’environ 17 centimètres ( 6 pouces ). Il eût été bien inutile d’aller au-delà. D'ailleurs, en multipliant les réflexions, la déperdition de clarté , jointe à la confusion pro- duite par les réflexions des doubles faces, déjà incommodes avéc trois miroirs seulement , rend l’expérience ‘douteuse avec un nombre plus grand, ou du moins devient très-embarrassante. J'ai pensé que par ces raisons «les miroirs métalliques, mêmes impar- faits, auroient bien de l'avantage. LA QUATRIÈME EXPÉRIENCE, J'ai répété l'expérience précédente avec des miroirs métal- liques. Le résultat a été le même. Il faut remarquer, 1°. LE lorsque je dis que j’ai répété la même expérience ; j'énténds parler seulement de sés circonstances prin- cipales et essentielles. Car la position des miroirs n’étoit pas exae- tement Ja même. La distance des plans des miroirs n’étoit que d'environ 18 ou 19 centimètres (7 pouces), et par conséquent la distance des images , sur le plan du dernier miroir, auroit dû être de 7 centimètres ( 2 + pouces ) seulement. Mais cet écar- tement est bien suffisant pour ne laisser lieu à aucune équivoque. 2°, Les miroirs (qui n’étoient que de larges boutons plats d’acier poli) n’étoient pas très - parfaits. Ils rendoient l’image nette et $ans changer ses dimensions dans le milieu, mais vers les bords ils la déformoient un peu. Ce défaut(et toute autre irrégularité), loin de rendre l'expérience moins concluante, ne peut que for- tifier la conséquence que j'en ai déduite. Car il pouvoit bien ré- sulter quelques iris des convexités et concavités fortuites qui cau- soient ces légères déformations ; mais il eùt été impossible que de tels accidens rendissent achromatiques des réflecteurs planes, si ceux-ci étoient par leur nature propres # produire des iris. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. J'ai varié l'expérience précédente, en substituant à la lumière Tome VI. VENDÉMIAIRE en 8, Pp 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’une bougie, deux bandes de papier colorées , l’une en rouge, l'autre en bleu. Ces bandes vues par des rayons trois fois réfléchis, n’ont point changé de place , et l’une substituée à l’autre a paru occuper le même lieu. Cependant ces deux images auroïent dû se séparer, comme par un prisme , si la réflexion décomposoit la lumière. Et, d’a- près les calculs précédens , elles auroient dû santer à deux pouces et demi de distance , lorsqu'on les substituoit ainsi l’une à l'autre. | Pour que cette expérience ne laisse aucun doute , il convient d'éclairer fortement les bandes colorées , parce que trois miroirs (sur-tout à la vérité trois miroirs assez imparfaits ) occasionnent une grande déperdition de lumière. cn. GAP EM Ces expériences montrent , à ce qu'il me semble , que c'est à la convexité, et non à la prétendue différence de réflexibihté , UE Fponle ; qu'est due l’inégale réflexion des rayons colorés homogènes dans les expériences de M. Brougham. CORAN GA VA RAA Po Je finirai par quelques remarques sur les reflexions multiples , qui s’opèrent par les deux surfaces d’une même glace. Ces re- marques sont une espèce de digression, et c’est par cette raison que je les ai rejetées à la fin de ce Mémoire qui n’en sera que peu alongé. Les réflexions multiples, produites par les deux faces d’une même glace étamée , peuvent très-bien être vues de jour , at moyen d’un trou pratiqué sur un écran qu’on oppose à la lumière d’une fenêtre. En le présentant à la glace , et regardant son image sous une inclinaison suffisante , on la voit triple avec toutes les circonstances que j'ai indiquées. Je vais en mdiquer d’autres , en faisant remarquer les principes dont elles dépendent. Les deux surfaces d’une même glace sont rarement, ou plutôt ne sont jamais , exactement parallèles. Si elles l’étoient, les images produites par réflexion multiple seroient toutes placées sur une droite perpendiculaire au plan de la glace. C’est ce que je n’ai jamais vu arriver. Si les deux faces sont inclinées, et parfaitement planes , les images seront placées sur une circonférence de cercle,dont lecentre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5b1 est au sommet de l’angle d’inclinaison , et dont le rayon est la distance de l’objet au miroir (1). Ainsi, selon la construction plus ou moins régulière , les glaces doivent offrir diverses apparences. À On en voit qui d’un côté offrent les images dans l’ordre inverse de celui où elles les présentent de l’autre. L’inclinaison de ces glaces doit être régulière et constante. La plupart offrent les images des deux côtés dans le même ordre; et cet ordre est presque D ni celui qui avoit lieu dans l’expé- rience que j'ai employée ci-dessus (5. 15), c’est-à-dire que l’ordre est le même que si les faces étoient parallèles. L'image la plus forte est la plus voisine de la glace. Les autres vont en dégradant à mesure qu’elles s’éloignent. On en peut conclure que ces glaces ont les deux côtés travaillés de même , et de même épaisseur ou à- peu -près ; elles vont en s’amincissant du eentre vers les bords. Enfin dans plusieurs glaces , je n’ai pas réussi à voir la suite d'images par réflexion multiple. Ces glaces sont , sans doute, celles dont le verre est si mince que la séparation distincte de ces images ne peut être observée que par quelques précautions particulières que je n’ai pas employées. Au contraire, il en est qui donnent ces apparences beaucoup plus distinctes, parce qu’elles sont d’un verre très-épais. Du reste, en tout ceci il n’est point question de cette espèce de bordure ou de cadre de verre, taillé en biseau qui forme l’en- tourage de quelques glaces. Je ne parle que de leur partie plane, ou que l'artiste a eu évidemment intention de rendre telle. Supposons maïntenant qu’on employe une glace dont les deux faces approchent du parallélisme , et dont les bords soient sembla- bles , et coulés ( ou planés) de manière qu’on y voie les images d'autant plus éloignées qu’elles sont plus foibles. C’est l’espèce de glace la plus commune. En ce cas, si l’on fait glisser un écran sur la glace en partant de l'œil et allant vers les images, c'est la dernière ou la plus foible qui disparoît d’abord , puis l’avant-dernière, et enfin suc- cessivement la seconde et la première ; celle - ci disparoïssant après toutes les autres. Cet ordre de disparution n’exige aucune explication. Si l’on masque le trou lumineux par un écran qui le touche - immédiatement , toutes les images disparoissent simultanément. (1) Exactement à la face postérieure du miroir. Pp2 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais si l’on masque lentement le trou par-devant sans le tou- cher et à un certain éloignement de lui, on qu’on fasse glisser Vécran sur la glace , en commençant par le poser plus loin de l'œil que toutes les images , puis l’avançant doucement vers l'œil, quoique toutes les images disparoïssent à-peu-près à la fois, cha- cune d’elles étant éclipsée par l’image correspondante de l'écran : cependant , en opérant lentement , il arrive quelquefois qu'on réussit À masquer la première image ( ou l’image antérieure ) sans que les autres disparoissent tout-à-fait. On voit quelque partie de chacune de celles-ci, qui paroïissent alors comme échan- crées ; et même sous une inclinaison très-grande , elles peuvent n'être point entamées. Cette apparence est au premier coup - d'œil fort étrange. En effet, comment un même rayon, produisant, par exemple, trois images , peut-il cesser de produire l’une, sans anéantir les deux autres ? Voici , je crois, la solution de cette difficulté. Le rayon qui traverse le trou étant supposé cylindrique , sa coupe (ou sa pro- jection } sur le miroir est d’une longueur presque quintuple du diamètre du cylindre ; car le plan de l'écran étant tenu perpen- diculaire à celui de la glace, ces lignes sont entr’elles comme les sinus et cosinus de l’angle d'incidence ; ( lequel est ici d'environ 77°). De plus, on sait que la lumière, ‘en passant par un très- petit trou , se disperse et forme un cône, non un cylindre. Par ces deux raisons , il paroît que le grand axe de la section de la glace sur laquelle le rayon se réflechit, est au moins sept ou huit fois aussi grand que le diamètre du trou de l’écran par lequel il passe. Il ya donc quelque différence sensible dans l’inclinaison des rayons incidens aux deux extrémités de cet axe. Or les rayons les plus inclinés sont les plus faciles à réfléchir, et à la seconde réflexion cette différence doit avoir son effet. Si l’on admet cela , on re- connoîtra que la 3e. image doit être principalement formée des rayons qui ont traversé la partie de la section (ou projection lu- mineuse ) la plus voisine de l'œil. Ces rayons sont ceux qui se manifestent après qu'on a voilé tous les plus reculés qui formoient Ja 16. et la 2°. images, et dont une partie contribuoit à former la 3e. , de même des autres. Ceci SRplare peut-être pourquoi les dernières images se colo- rent en bleu , quoique d’une teinte extrêmement légère et qui ‘n’est sensible qu’à la 5°. ou 6e. image, puisque l'extrémité de la section , qui contribue principalement à former les images éloi- gnées , est celle sur laquelle les rayons tombent le plus inclinés ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 ces rayons répercutés par plusieurs réflexions successives doivent laisser passer, et, pour-ainsi dire ,tamiser un plus grand nombre de ceux de leurs élémens qui sont aisément transmissibles et diffici- lement réflexibles , tels que les rouges , et rester composés de ceux qui sent les plus réflexibles , tels que les bleus. Du reste; ces apparences offrent des variétés dont la plupart m'ont paru dépendre des causes que j’ai exposées , mais dont je: supprime le détail. Je dirai seulement que l'égalité de distance qui a lieu entre les images multiples dont il est question dans toutes les remar- précédentes n’est pas plus rigoureuse que le paraliélisme es deux surfaces dont elle dépend : mais la régulaité du dé- croissement de ces distances supplée à leur égalité et trompe l'œil. rl Pour terminer par une application usuelle , je ferai remarquer que les apparences varices de ces images en diverses glaces , dé- pendant de leur épaisseur et de leur égalité (ou régularité), offrent un moyen de déterminer celles-ci. Ces expériences pourroient avoir quelque influence sur la micrométrie , et en général sur tout emploi utile des miroirs de verre. Je finis sans prétendre épuiser ce sujet. J'ai déjà trop long- temps, peut-être , usé du droit de le discuter. 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RSC PDU LR UN CO PRES DU DOCTEUR BUNIVA, Professeur de médecine en l’université de Turin , correspondant de La société de médecine de Paris , ét membre de plusieurs académies , eic. Tendantes à éclaircir la doctrine de la vitalité animale , des sé- crétions , excrétions , effusions tant naturelles que vicieuses , et spécialement à prouver que la partie rouge du sang dans un animal vivant est retenue dans ses propres cavités par force de la vitalité active des parties, plus que par défaut de capacité des vaisseaux et des pores , par le volume des globules. Lu à l’Institut national le 26 thermidor an 7. PREMIÈRE PARTIE. PREMIÈRE EXPÉRIENCE, faite dans le théâtre anatomique de l'hôpital de S. Jean, à Turin , le 12 février 1798 ( ». 54.) J’ar injecté dans l'artère ophtalmique du cadavre d'un homme de 40 à 43 ans , du sang humain dissous dans l’eau commune. 10. D'abord l'œil s’est enflé, et devint rouge. 2, La cornée transparente, qui étoit flasque , et qui touchoit de près à l’irisse releva beaucoup, parce que ladite injection passa dans la capacité du globe. 30. Toute la surface de la conjonctive se fit pareïllement voir chargée de vaisseaux remplis de la même matière, de sorte qu’elle forma une espèce d’ophtalmie. 4e. Quelques-uns de ces vaisseaux étoient dirigés vers ladite cornée , quelques autres se répandoient sur la surface de celle- ci ; ce qui nous prouve, sinon la continuation de la conjonctive avec la cornée , au moins nous indique qu’il est des petits vais- seaux , lesquels de la conjonctive vont tout droit à la cornée. 5°. L'iris devint aussi bien plus chargée de couleur. 6, En coupant transyersalement le nerf optique j'ai pu obser- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 ver quelques goutelettes de sang au centre de la section, c’est-à- dire , un point teint de sang bien rouge. La section a été faite bien près de son insertion dans la sclérotique. 7°. La sclérotique , ainsi que la chorvïde, outre qu’elles avoient leurs vaisseaux /onga et brevia, ciliaires et verticaux pleins d’un serum sanguinolent , la dernière montroit sa surface interne ver- nissée de la substance plus liquide de l’injection. 8. L’eau qui se trouve au-dessous de la conjonctive là où se rencontrent la sclérotique et la conjonctive étoit de même en trop grande quantité , et sa couleur étoit aussi rougcâtre. 9°. L’humeur vitrée étoit altérée dans sa couleur, de même que sa capsule vitrée ,et la rétine. On ne peut nier que quelque petit vaisseau n'ait souffert des ruptures : nons pouvons cependant conclure que la plus grande partie des phénoinènes annoncés ont été produits par la simple pénétration du sang sans rupture de vaisseaux. DEUXIÈME EXPÉRIENCE, faite le même jour. J'ai injecté l'artère auxillaire du bras droit, tout près de læ sortie de la poitrine. 10, J’ai fait quelques légères incisions: sur la peau de l’avant- bras , sur le dos de la main, sur les doigts : à mesure que je pous- sois la matière de l'injection, savoir, du sang dans l’eau! j'ai vu tous les plus menus vaisseaux coupés dans lesdites incisions jeter du sang abondamment. 20, En poussant légérement le piston, à différentes reprises!, j'ai pu très-bien faire jaillir le sang, comme il arrive lorsque dans le vivant il jaillit de quelque petite artère qui à été percée, 30. Le sang qui sortoit des veines où les artères l’avoient déjà poussé par la force du piston, passoit tranquillement dans les vides causés par les incisions. 4°. J'ai continué lesdites injections , mais je les ai faites plussu- perficielles : aussitôt que je pénétrois tant soit peu avec la pointe du scalpel , il suintoit nombre de gouttes de sang. 5°. L’injection achevée malgré les différentes ouvertures que j'avois ainsi pratiqué au liquide rouge injecté, toute la surface du même bras droit devint uniformément teinte de couleur de sang, La paume même de la main montroit une belle couleur rose très- foncée. 6°. Les os devinrent aussi rouges, ainsi que lé périoste. En un mot , tel fut le changement dans ce membre , pour ce qui regarde la couleur , la figure et le volume, que , séparé du cadavre, 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE on l’auroit cru appartenir à tout autre corps qu’au cadavre ex question. TROISIÈME EXPÉRIENCE, faite le 13 février 1798 (vs. )s Après avoir repris les mêmes expériences dont j'ai donné les détails, et à-peu-près avec le même succès , j'ai injecté, avec le même liquide , la carotide externe du côté gauche dans un ca- davre d’un septuagenaire , mort après avoir souffert une espèce : de consomption. 10, Tout son visage d’abord fut couvert d’une teinte rose beau- coup plus foncée sur la joue , et les lèvres devinrent plus ver- meiïlles. 20. L’œil du même côté s’enfloit de façon qu'il paroissoit re- prendre vie. 3°. J'ai observé à-peu-près les mêmes phénomènes qne j'ai ré- marqués en parlant des succès de l'injection par l’ophtalmique dans la première expérience. 4°, Jai de même observé que la joue de la partie opposée s’en- floit et devenoit rouge. | 50. Je vis aussi toute la surface d’un ulcère, causée parun vésicatoire placé à la nuque , quoique superficielle s’enifler, de- venir rouge et se couvrir de gouttes de sang injecté. 6°, Je vis encore une infinité de gouttes de la même matière, dont on avoit fait l'injection sur la joue, et particulièrement plus sensible à sa partie supérieure ; c’étoit précisément une véritable sueur sanguine artificielle, QUATRIÈME EXPÉRIENCE. J'introduisis ensuite, à la manière accoutumée, le même sans dans l'artère crurale du côté droit , et puis du côté gauche. 1°. Quand j'injectai du côté droit , deux ulcères superficiels produits par deux vésicatoires qui avoient été appliqués à la par- tie interne de la cuisse, donnoient une grande quantité de l’hu- meur très-rouge injecté, 20, Ce membre s’est coloré tout entier d’un beau rouge, sans même en excepter la plante des pieds. 3°. Je voyois encore quelques gouttes de sueur sanguine ré- pandue çà et là sur toute la surface. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. J’ai continué l’injection du côté gauche. 10, Outre les mêmes phénomènes, j'ai observé encore celui d'un ET D'HISTOIRE NATURELLE Ar (297 d’un ülcère déjà un peu ancien ,maïs cependant superficiel ; rendre de tous côtés de la matière injectée. To 20. Et par-tout où il falloit couper pour découvrirles vaisseaux injectés ; 1l sortoit, quelques momens après la première action du piston , la liqueur colorée qu’on venoit.d’injecter , et dans ces deux extrémités, les os et le périoste étoient colorés en rougeûtre. 6°. Je pus observer par-tout une sueur sanguine artificielle très-curieuse. 4°. J’ai trouvé par-toutles cellules gonflées de la solution de sang , qui formoit des espèces d’échimoses. SIXIÈME EXPÉRIENCE. … d’ai injecté la carotide gauche , après avoir fait la ligature à la carotide droite et aux veines jugulaires droite et gauche, comme encore aux artères et veines vertébrales ; j’ai ensuite in- jecté, à la manière accoutumée, non pas du cruor-du sang hu- main dissous dans l’eau , comme j'ai fait dans les expériences précédentes , mais du sang tout pur de bœuf, 1°. Dans le moment la tête, le visage , les lèvres , le lobe des oreilles devinrent rouges ; l’œil s’enfla énormément , comme on l’avoit observé dans Îes prenuères tentatives. Le cadavre ap- partenoït à un homme fort âgé. . 20, Dans plusieurs incisions artificielles faites cà et là exprès, j'ai vu sortir , en grande quantité, du fluide injecté, cependant proportionnellement à la quantité que les vaisseaux pouvoient contenir. 30. Les mêmes sueurs sanguines se montroient sur toute la figure , mais particulièrement du côté de l'injection , quoi- que en général beaucoup moins sensible que dans la deuxième expérience, SEPTIÈME EXPÉRIENCE. J’ai injecté la céliaque (1) et la mésenterique supérieure. 10. Lorsque je voulus introduire par celle - ci le sang, et à mesure que le jeu du piston augmentoit et que l'injection péné- troit, le foie et la rate enfloient, mais beaucoup plus encore cette dernière , de sorte qu'il parut, pour ainsi-dire , causer une inflammation artificielle, (1) Introduisant le tube de la seringue dans la celiaque, j'ai rencontré deux petits fragmens osseux: encore un troisième de figure triangulaire dans la mésen- térique supérieure , lorsque je voulus introduire par celle-ci le sang, Tome VI. VENDÉMIAIRE an 8. Q q , 398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2°. J'observai encore une sueur sanguine , savoir , uñe trans- sudation de sang sur les deux viscères. 30, Cherthant ensuite dans le foie , au moyen du scalpel , les conduits biliaires vers leur insertion ; je ne trouvai plus aucune marque de bile toute pure, mais par-tout où elle paroissoit ; elle n’avoit plus sa couleur , et elle étoit telle que j'aurois bien pu lui donner le nom de sang bilieux. 4°. L’estomac qui avoit en partie été vidé des matières digerées ar l’ouverture du cardia (car j'avois coupé l’æsophage avant Pete pour observer sur sa superficie interne la couleur na- turelle, la qualité , la quantité et la couleur des parties y conte- nues) montroït extérieurément une couleur si rouge , que si l’on eût jugé seulement d’après la superficie, on auroit dû le classer parmi les parties qui sont totalement formées par de la chair très-rouge. 50.11 parut ensuite de la transsudation sanguine, maïs fort peu dans l'intérieur. Où. il étoit excité de la matière chimacée , elle parôissoit mêlée de sang, tant elle étoit devenue ronge seu- lement en raison de latranssudation du sang injecté ; mais c’étoit seulement sur la surface. Font l'extérieur en étoit coloré , et sur- tout du côté de sa plus grosse extrémité. HUITIÈME EXPÉRIENCE. J'ai procédé ensuite à injecter la mésentérique , êt par elle je fis passer dans le mésentère et dans les intestins la matière colo- rée , savoir, le sang de bœuf. Mais auparavant j’ouvris en long, avec le scalpel, environ la longueur d’un travers de doigt , l’z/607 ét le colam , pour observer quel étoit l’état de superficie interne de ce tube, que je trouvai jaunâtre et blanchâtre avec ùne cer- taine quantité du liquide du chile , et pendant qu’on continuoît à remplir la seringue de sang , on voyoit suinter par tous les points de la süpérficie du sang injecté , et, 19. De même que dans l’expérience précédente , les intestins ne paroissoient être qu'une substance charnue , ét tout-à-fait musculaire. 20. On auroit pu y recueiïllir bién des gouttes de sang injecté qui transpiroit de tous les points. 3°. Ayant ensuite ouvert , sur $a longeur et eh différens en- droits , le tube intestinal qui venoit d’être injecté, j'ai trouvé , tout autour de sa surface interne , que ka hqueur rouge y avoit pérétré et y étoit niême en si grande quantité que les matières äliment ires , dont nous avors parlé ci - dessus ; et qui étoient contenues dans Hsdites cavités des intestins, ayoient été péné- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 trées par le liquide injecté , de sorte qu’on produisoit de cette ma- nière une espèce de dyssenterie artificielle. NEUVIEME EXPÉRIENCE, faite dans la boucherie, à Turin , le 18 avril 708 de la même année. Voulant faire de pareilles expériences sur le vivant, je pris le pes d'opérer dans la boucherie même : j’ouvris donc l'artère axil- aire d’un veau ( qu’on devoittuer ), afin d'introduire dans l’ouver- ture la seringue remplie de sang d’un autre veau tué dans l'instant, ( l'hémorragie qui étoit extrêmement forte , et d’autres circons- tances rendirent l’opération pénible ; aussi mé vis-je forcé à lier Supérieurement l'artère); je poussai ensuite , avec force , le sang contenu dans la seringue : le sang entroit difficilement et aucun signe externe ne marquoit son introduction , Comme il arrivoit dans le cadavre ci-dessus : finalement , après avoir fait plusieurs efforts toujours sans indice extérieur, je ds au boucher de couper à son commencement bien près de la tête, la moëlle épinière avec un couteau bien tranchant, ce qui fut exécuté sur-le-champ , et avec une adresse unique. Presque dans l'instant le cœuf ét les artè- res cessèrent de battre, le veau perdit entièrement la viè ,et ausst presque subitement la partie du sang qui étoit restée dans la se- ringue passa rapidement dans le membre:,en-se montrant à la surface comme dans les nrembres des cadavres dont j'ai parlé ci-dessus. Ces ophtalmies, sueurs sanguines, cruentations d’ulcères artifi- cielles, rajeunissemensapparens , inflammations et dyssenterie, et tous les autres phénomènes qui nous ont été offerts par les précé- dentes expériences, et particulièrement la différence des résultats entre les mêmes expériences faites sur le cadavre et sur le vivant, sont autant de nouvelles lumières qui peuvent éclaircir les doctri- nes, dont il estparlé dans l'intitulé de cet exposé: C’est pourquoi je mesuis proposé- de les répéter à l’école vétérinaire d’Alfort , sous les yeux des célèbres professeurs Huzard- et Chabert, de les varier à leur gré, et de les communiquer ensuite à l’Institut, et les résultats ; en même temps que nous decrirons uni autre genre d'expériences bien. curieuses ,, qu’il m'est déjà prouvé qu’on peut opérer, dans le vivant, la greffe d’une portion d'os sur les os mêmes , et finalementides observations microscopiques sur le sang des bêtes à cornes pestiférés que nous avons faites, le‘citoyen Vassali, mon compatriote et:collèpue , et moi, il y a un an. P. 8. L'auteur a démontré, par dés expériences directes, qu'ila communiquées à la Société Médicale d'Emulation, qu'une portion d'os de cadavre récent peut être greffé sur un os d’un animal vivant de la même , ou de différente espèce. 11 procédera aussi à la suite de ces expériences , à l'école vétérinaire d’Alfont. Qq2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES. PAR Bouvanrp, astronome. ! Maximum. | MiNiMumM.|la Mini. MiN1iMuUM. |A Mini, à midi, + 16,4/à Smim+ 8,0/+ 16,4/à sh£m.. 27. 9,4|à 2h26... 27, 9,227. 9,5 à 2his, + 16,4/à $Psm...... .[+ 15,81a 7h. m... 27. 9,6] a 2h£s.., 27. 9,4127. 9,6 | à midi. ++ 16,7,à $fh.m.—+io,9|+ 16,7]à 7h.s.... 27. 8,8] à 7h. m... 27. 8,627. 8,8 à his. + 16,9 1à éhim.—+iro|++ 15,6{a 11h45. 28. 1,7] a 6.5 m.. 27.10,6|27.11,8 à ahis. + 19,6|a $him.......|+# 16,5fà 8h.m... 28. 1,7 a 2045... 28:101,3) 28.010 àah£s. + 19,5/à s'im.+i1,0 + 18,5/a 7h.m... 28. 1,2 à 1ohts.. 28. o,5|28. 0,8 à 2h.s.. + 19,9/à ébim.æ+io | 19,2/à 75 m.-27.11,8là 7h25... 27.11,2/27.11,7 a ghis. + 15,4/à 7h m..—+-11,0 in 14,4|a HDALENE : ms a 7h. m... 28. 0,4|28. 1,5 ASE M On EN ..... fa tom. 2 1,8/a....,... .......|....... à his. + 20,412............. + 10,0 a gh 1 m.. 28. 0,4 à 7h.4s... 27.11,4/28. o,2 à 3b,s.. + 18,3/à shim.+12,8| + 18,0fà $hsm.. 27.111,32 3hs..., 27.10,6|27.10,9 k à 3h2s, H 15,5la shim.+ 9,5/+ 15,;5la 10M26., 28, 1,6 à 51m. 27.11,5|28. 0,6 à 1b,s.. + 18,6/à shäm......,|4- 18,5{a 8h. m.. 28. 1,7 à 1ohæs... 27-11,3/28. 1,2 ( à his. 15,0|a $him.tHio,;|+ 14,082 $.5m.. 27.10,8| à 10h,s... 27.10,6|27.10,8 à ahËs. + 12,4 à 5tim.Hio,7|+ 11,0a 2his... 28. 1,6 à fhim.. 27.11,3/28. 1,0 | à anis. + 14,4ja s'aime 4,0| 14,3fa 2h55... 28. 3,4] à Shim...28. 2,928. 3,4 | à abs. Æ 16,2|à shim... 6,11 15,1/à shim.. 28. 3,4la 2hls... 28. 3,2|28. 3,4 | à 2h À SEL TSLE A NQUSAT EN TES LL T852hà loh.11m..#284] 3,6lal7hus:13. 028: 03;5128. 3,5 | à 2h.s. + 20,8 à shim.+ 8,5|+ 19,8/à 7h. m.….. 28, 3,5là 3h.s.... 28. 3,128. 3,1 | à als ++ 19,8/à çhim.t12,1|+ 19,5fa midi. .. 28. 3,5|à 6h.m..,. 28. 3,3128. 3,5 | Aoahi si 7 lance .….|+ 16,7{a 8h21 m.. 28. 2,3 à 20,5... 28. 1,5/28. 1,7 il à pes + 16,8|à 5h 3m... 8,5.[5i7 1554 a 7h42 m.. 28. 0,8 à SPP ETS (28 OPA à ass + 16,5/à $him+ 6,5|+ 15,5fa als... 27.71,$/ à 6h m..! 27.11,2/27.11,5 a 2h.5.. + 15,2|à shim.+ 8,04 14,6 à midi:... 28. 0,6 à 2h,s.... 28.104,|28. 0,6 à ahs. + 15,6/à spimh 9,3] 14,8fa 6h. m... 2.11,8/ à 4b, s...,:27.10,2|27.10,8 à midi. + 1$,6|à çhim.æ+io,2|+:15,6fà 2h5s.. 27, 7,9] à midi.... 27. 7,3|27. 7,3 à midi. + 16,2|a ghim.—+ 8,2|+ 16,2 à 7him.. 27. 9,4 à shime,. 27. 9,327. 9,4 UE à ans. + 15,1|à shém+# 8,0|+ 13,8/à 6h. m... 27. 9,3/à 2b.s.... 27. 9,2127. 9,2 [' à ns. + 16,1/à 6h. m.+ 8,5|+ 14,6 à midi... 27.11,6 26h m/27. 1227. 11,2 | à midi. + 15,3[à 6him.+ 9,8, + 15,3 à ob mer. DAT à 2h,is... 27.10,9117.11,0 à midi. + 18,2/2 çhim.—+ 9,1|—+ 18,2hà 6h. m... 27.10,7| à 3h, s.... 127.10,0|27.10,0 à midi, + 15,6|à 6h. m.+i1,o|+ 15,6fa 20, s... 27,.10,1|à 6h. m.., 27. 9,4[27.10,3 à 3hrs + 15,3/à 6h, m.+-10,2|+ 14,6 a 6b.m... 27, 7,8 à 10h. m. . DTA 27 77 à fs. + 15,0[à 6ham.tio,s|+ 14,5ha 5h.s.... 27. 7,5|à midi... 27. 7,4|27. 7,4 à his. Æ 15,2/à............|+ 15,0fà midi... 27. 7,3 2 3.5... 27. 9,2127. 9,3 à abs. + 16,o[à 6h, m.+ 9,0|+ 15,5]à 6m. 27.15,2|a.....,..,.......[27. 4,4 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. ....,..... 28.3,61, le 18 Moindreélévation du mercure. ....,........ 27.4,35, le 6 compl. Elévyation moyenne..." -CecnCie27. 200098 Plus grand degré de chaleur. .........,.:. + 10,8, le 19 Moïndre degré de chaleur. .............. + 4,b, le 16 Er Chaleur MOYENNE. . sers... À 11,4 Nombre de jours beaux... ...... Met Ne et AUS de couverts...... sicrsle cislsiee eZ 2 dENPIUIC RE RC ER ELEC EUR SEC REIS de VENTRE Cent CELIDE ‘Sunof DOI Gun FR » pp Om | TA Ho. | VAR T AT ON ST | à POINTS +. | VE NS, ù midi. LUNAIRES. DEL ATMOSPHÈRE, { 64,0 | S-O.fort, |Equin. ascend. | Ciel nuageux ; vapeurs à l’horison. | 69,5 | S-O. Beau ciel par intervalles ; quelques gouttes d'eau à midi, é 73,5 N-O. Pluie au lever du soleil et par intervalles dans le jour. ; 71,5 | N-O. Aporée Ciel couvert le matin ; à demi-couvert l'après-midi. L 73:08 AS Ciel nuageux. : 80,5 | ©. Deru. Quarr, | Ciel:couvert une grande partie du jour. à 72,0 | SO.et NO Ciel couvert; pluie depuis $ heures du soir et toute la soirée, 73,0 | N-O Pluie fine le matin ; beaucoup d'éclaircis depuis 10 heures. ASE Calme, Ciel troubler nuageux; brouillard le matin. 64,0 | S. Ciel nuageux. ÿ ; 200 NS: Couvert; pluie continuelle depuis 3 heures de l'après-midi. : 75,0 | N-O. Couvertle matin; ciel nuageux le soir, Ë 74,0 | S-O. Noum Pure Ciel nuageux ; vapeurs. à 76,3 | S-O. Beau le matin ; pluie fine à 9 heures du matin et 2 heures du soir. !à 72,8 N-O. Equin. descend, | Pluie par intervalles avant midi; beau dansila soirée. " {à 67,5 N. Périgée. Ciel nüageux ; beaucoup de vapeurs. j 68,3 N-E, Même temps 3 aurore boréale le soir à 8 heures, 72,$ N. Beau ciel le matin ; brouillard ; superbe le soir. 72,0 N-E. Ciel presque sans nuages ; brouillard le matin, r 61,0 | N-E, Prem. Quart. Idem, sans brouillard, ; $7,0 N-E. Méme temps. 57,0 | N-E. fort Idem. * 57,0 | Calme Ciel couvert ; quelques gouttes d'eau vers 8 heures et demi du mat, 70,0 | N-O. Ciel couv. er brouil. le mat. ; beaucoup d’éclaircis dans l'après-midi, 69,0 | SO. Couvert et brouillard ; pluie abondante dans la soirée. 8$,$ S. fort. Couvert ; pluie par intervalles. À 79,0 | S-O. fort Couvert par intervalles ; quelques gouttes d’eau à 2 heures du soir, 70,0 | ©. Plénelibne: Ciel à demi-couvert. 77,9 | ©. Equin. ascend. Ciel nuageux er trouble ; couvert l'après-midi, 74,5 | ©. Quelques éclaircis avant midi. s 72,0 S. Apogée. Ciel trouble ; vapeurs épaisses ; pluie abondante depuis 5 heures, 75,0 | ©. fort Couvert par intervalles. 84,a | S-O. Pluie le matin ; assez beau dans la soirée, 81,0 | SO. Beaucoup d’éclaircis ; plusieurs averses dans la journée, 75,0 | S-O. | Ciel couvert par intervalles, 87,0 | S. Dem.Quarr. | Ciel couvert er pluvieux avant midi; superbe toute la soirée, RÉ GR ANP)DTQUIL/A TION. de gelée....... È SERRE o de tonnerre. .......... ° HO de brouillard, ........... 3 4 de neige...,..........:... o Le vent a foufflé du N. ........ RE SE ENIERT 22 "f61s 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE "OBSERVATIONS Sur une espèce de bois pétrifié, trouvée à Bellen , proche Soissons ; Par J.-L.-M. Poxrer, professeur d'histoire naturelle à l'école centrale du département de l'Aisne. Lues à l’Institut national, le 26 brimaire an VII de la Rép. Ex parcourant plusieurs ravins formés par les pluies du prin- temps dernier dans les environs de Soissons , j'ai rencontré dans l'un d'eux , proche la commune de Bellen , au Mont-Fendu , une grande quantité de bois. pétrifié dans un état tout-à-fait remarquable. Les eaux avoient détruits une portion du chemin qui conduit de Soissons à . .. ils’y étoit établi un rayin d’environ 5 mètres de profondeur, L’éboulement des terres avoit laissé à découvert un tronc d’arbre placé horisontalement en travers du chemin. Il n’étoit recouvert que par un mètre environ de terre en partie Sa blonneuse. Ses deux extrémités se perdoient , de chaque côté, sous deux monticules sablonneuses , d’une hauteur très-inégale. Ce tronc formoit une seule masse cylindrique, mais quise divi- soit très - facilement en morceaux et même en lames longitudi- nales, ainsi qu’en portions transverses, comme si elles eussent été sciées. L'intérieur du bois étoit converti en une substance pierreuse , très-dure , siliceuse , disposée par lames : mais les couches extérieures , celles qui paroïssoient avoir appartenues au diber etrmèême à l'aubier , se présentoient en longs filamens capil- laires , fragiles , qui prenoient la forme de flocons lanugineux dès qu'ils oies ttranpée par le contact de l'air. Ils étoient entrc= laçés en réseau dans la même position qu’ils affectent dans le bois vivant. Enfin, la partie qui constituoit l’épiderme n’étoit plus w’une poussière noire , très-fine, charbonneuse, noircissant les dise et offrant tous les caractères du charbon. Ce tronc d’arbre étoit renfermé dans une couche de sable jau- nâtre, humectée par une petite source ferrugineuse qui descend de la montagne, coule sur les bords. du chemin , et y dépose un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 oxide de fer jaunâtre. Certains morceaux se trouvoient pénétrés d’une forte teinte de rouille, d’autres de prussiate de fer : d’au- tres morceaux isolés , restés long-temps exposés à l'action de l'air, étoient revêtus d’une couche blanchäâtre , épaisse , semblable à la couthe calcaire qui revêt plusieurs cailloux, mais celle ci étoit de nature siliceuse. Les filamens dont j'ai parlé plus haut, et qui se présentoient sous une forme assez semblablé à celle de l’asbeste éssaié par lés acides, n’en ont point été attaqués. Ils y perdent seulement leur couleur grise, ét se réduisent en uné poudre blanche , laquelle examinée au microscope , n’est autre que ces tnêmes filamens brisés, mais conservant toujours leur même: forme filamenteuse. Ils résistent également à l'épreuve du feu parle chalumeau, qui leur donne seuleimetit une légère courbure , tandis que l’asbeste, au mêrne degré de feu, s’y fond très-promptement. Ils sont donc composés de silice, mêlés peut-être avec un peu d’alumine. Ces observations prises, dans la nature paroissent s’accorder assez bien avec celles que Humphreydayyavoit faitespar le moyen. de l'analyse chimique , etquise trouvent insérées dans'ce Journal (ion. 49, fruct. an VII, p: 202 ). 3 | Plusieurs tiges dé graminées lui-avoient f6urni, par l'analyse SE nt , te certaine portion de terre siliceuse;plus ou moins, selon léur espèce. Elle lui a paru exister done dans l’épidérme où la seconde écorce. des 9 « Lorsque, dit-il, on les fait brûler avec quélque: prééaution , » la fisuré de l’épiderme se conserve , et:dans-le foseau, lorsque » la combustion à été bien complèté, le résidi formé un solide » blanc, brillant, de même forme qüe l’épiderine, et qui a une » demi-transparence. Dans les roseaux , les blés et lés gramens , » ce résidu ést blanc et opaque; et, vuàla loüpeilparoît forrhé :» dé fils léñgitidinaux joints ensemble par mn réséau à maïllés. » Cette disposition particulière s’observe jusqués dans :les plus » petites particules que le microscope perit-découyrir, b » Le même auteur observe que 27 grains de l’épiderme de » l’'arundo phragmites exposés à une forte chaleur , donnèrent » 13 grains d’une matière terreuse, blanche , insoluble dans les » acides minéraux. Il en fit fondre 10 grains avec 34 grains de » potasse. Le composé étoit soluble dans l’eau. Le phosacide ni- » treux (l’oxide gazeux d’azote) occasionna dans ce liquide un » précipité floconneux qui ne pouvoit être que de la silice ». Il suit donc de ces observations , faites au moyen de l'analyse chimique , confirmées par celles prises dans la nature, qu il existe une plus ou moins grande quantité de terre siliceuse dans les vé- 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Es pe ; que cette terre se trouve insensiblement mise à nud par la destruction des autres principes qui entrent dans la constitu.- tion des plantes ; qu’enfin cette terre est quelquefois si abondante qu’elle affecte encore les formes organiques dela végétation , quoiqu’elle y reste:seule, et qu’elle est la dernière à se désorga- miser , s’il est permis de s'exprimer ainsi. fai C'est alors que les plantes paroissent être dans l’état le plus favorable à la pétrification. Les élémens de la végétation détruits, ‘tels que la sève , la moëlle , le suc propre, les substances gom- ‘meuses ; résineuses , etc. , il reste nécessairement des vides qui se ærouvent remplis par des molécules pierreuses introduites à l’aide de l’eau, entre les interstices de la terre de végétation ,.et en ‘forment, avec le temps , une masse compacteet solide. Il paroît encore , d’après mes. observations , que cette. pétrification com- mence par le cœur du bois, et se termine à la circonférence : que l’épiderme se convertit , suivant les circonstances , en carbone plus ou moins pur, et qu’enfin une partie de. la terre siliceuse , qui se remontre à la surface du globe, est fourni par la décom- - position des plantes ;'sur-tout par celles des grands végétaux. Au reste, je ne présente ces réflexions que cornme des conjectures qui exigent d’être confirmées par uñe suite d’autres observations. de ne prononcerai pas sur le temps que peut employer la na- ture pour opérer la pétrification des végétaux , question depuis long-temps agitée, et encore sans solution. Je crois que cettemps . dépend particulièrement des causes qui altèrent plus ou moins -promptement les substances vésétales , et des circonstances locales qui y amènent des eaux chargées de molécules lapidifiques. Je me borneraià observer; relativement au morceau que je soumets aux regards de l'institut, que d’anciens habitans de la commune de Bellen m'ont dit qu’ils se rappeloient très-bien que le chemin dans lequel je l'ai trouvé , avoit été formé , il y a environ 4o ans, et que pour le consolider, on y avoit jeté des arbres recouverts de sable et de décombres. LOUICHE , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 305 MEL JO Na lai ci GA TU OR ENS CE TG LOUICHE, membre de l'Inspection des Mines de la République , + À J.-C. DELAMÉTHERIE, Rédacteur du Journal de Physique. , Paris, 4 vendémiaire an VIII. Lz choix que vous faites de matériaux pour composer votre Journal , le rendant un recueil précieux et complet de tout ce Qui concerne les sciences physiques et mathématiques : je vous adresse l'extrait d’un Mémoire du citoyen Pajot-Descharmes , directeur de la glacerie de Tourlaville , près Cherbourg, votre abonné, sur le soudage, le débouillonnage, le décolorage et le Jaminage des glaces , que j'ailu, en son nom , à la première classe de l’Institut national, le 16 fructidor dernier ; ainsi que des conclusions du rapport qu’en ont fait, le 26 du même mois, les citoyens Darcet, Guyton et Chaptal, nommés commissaires pour examiner cet objet d'art , aussi intéressant que nouveau. Soudage. Il réunit , 1°. des morceaux provenant de cassure ordinaire ou en étoiles , droites ou ondulées, et dontonne pourroîit souvent retirer aucune valeur. 20. Plusieurs petites glaces pour en former une d’un plus grand volume, dont le prix peut être double et même quadruple de celui cumulé des petites glaces employées, et qui soit exempte des joints défavorables, brisantles rayons de lumière et défigurant les objets, ( Il ÿ avoit une glace seulement soudée ). Débouillonnage. 11 fait disparoître une grande quantité de bouillons longs ou ronds , dont une glace est quelquefois parsemée de manière À n'être pas vendable. (II y avoit une glace précédemment souillée, qui avoit été rendue nette). Décolorage. Il dépouille les glaces de la teinte violacée , désagréable qui Tome VI. VENDÉMIAIRE an 8. Rc 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en empêche la vente et leur en fait prendre une agréable et con- ‘forme au goût des consommateurs. (On à présenté une glace qui en étoit impregnée et qui l’avoit perdue ). | è l 27 | A Pre : € [A Laminage., | A Il procure trois avantages notables. -:19. Il complète et solidifie le soudage , et même peut.en faire disparoître totalement la trace. La comparaison d’une glace seu lement soudée , avec une autre Soudée d’abord, ensuite laminée, en a donné la preuve. Dans cette dernière , la jonction de deux morceaux étoit à peine sensible , et celle d’un troisième avoit totalement disparu sur une certaine longueur. [ ] \ 29, Il enlève un grand nombre des bouillons que le soudage seul avoit encore laissés , arrondit ceux oblongs peu nombreux qui résistent à son action , à raison de leur enfoncement dans l'épaisseur de la glace , et de plus en diminue considérablement la surface. À 30. Il augmente les dimensions d’une glace, à proportion que son épaisseur leur permet. On en a présenté une qui n’avoit d’a- bord que 0,38 sur 0,30 , et qui a été étendue, à 0,48 sur 0,38 , d’où il est résulté un doublement de prix. Solidité du soudage. Elle est telle qu’en appliquant la ligne de jonction sur un sup- port angulaire et appuyant sur les deux extrémités d’une glace , la rupture n’a pu s’y faire , maïs seulement à côté. On a pré- senté une glace de deux verres de couleurs très-distinctes, l’urr blanc et clair , l’autre vertet obscur qui contenoit ce fait, etc. etc. Les conclusions des commissaires ayant été que cet objet d’artnou- veau méritoit d’être distingué honorablement et présenté comme tel par l’Institut au ministre de l’intérieur , pour être proclamé à la fête de la fondation de la République , au Champ-de-Mars , et que les glaces présentées à l’Institut, faisant une suite intéres- sante , fussent déposées dans son cabinèt, après avoir été sou- mises aux regards. du public parmi les produits de l’industrie française ,exposés sous les galeries du Palais national des sciences. ét des arts ; cette exposition a eu lieu dans. les jours complémen- taires ,et continuée le 1er, yvendémiaire courant, et même encore aujourd’hui beaucoup de personnes qui en avoïent entendu par- ler trop tard, se succèdent pour aller les voir chez le concierge, où elles ont été déposées jusqu’à la première séance particulitre de l'Histitut, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 507 J'ajouterai que pour satisfaire la curiosité du public , j’avois désigné les morceaux de rupture, et en général chaque objet, par une étiquette spéciale, et que j'avois joint, dans un cadre séparé , nn tableau explicatif contenant sommairement chaque fait ; enfin de la forme et même de la minute de celui d’autre part faisant l'extrait. Le public , qui a voulu voir par lui-même , ayant été très-sa- tsfait, j'ai cru qu’il seroit à propos d’en dédommager vos lecteurs, qui , à raison de leur éloignement , w’auront pas pu jouir de cet avantage ; en conséquence , je vous ai adressé cet extrait : je de- sire , pour eux , que vous le jugiez digne d'obtenir une place dans votre journal , à son tour de date d'envoi, ou de naturè d'objet.” NOTE SUR LE ELUATE D'ALUMINEF. se à Ox a envoyé de Copenhague , à l'Ecole des mines de Paris, ce minéral composé d’acide fluorique et d'alumine. C’est une pierre blanchâtre , demi-transparente , lamelleuse et assez tendre. Nous la ferons connoître plus en détail. 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Li x N + NOUVELLES LITTÉRAIRES. Lettre du D. William Kentisch, neveu de Smelie, au citoyem \ Baudeloque, sur quelques passages de son Traité d'accouche- ment. À Paris, chez Maradan, libraire , rue Pavée-André-des- * Arts , n°. 16. 1 vol. in-8. Ces Lettres sont une critique de l’ouvrage de Baudeloque. Voyagé dans les Deux-Siciles et dans quelques parties des Apennins , par Spallanzani, professeur d'histoire raturelle dans l’université de Pavie, traduit de l’italien, par G. Toscan, bibliothécaire du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, avec des notes du citoyen Faujas-de-Si-Fond. A Paris, chez Maradan, libraire, rue Pavée-André-des-Arts , n°. 16, an VII. 6_ vol. in-8. Prix 18 fr. , et 22 fr. 5o’ c. franc de port par la poste. Nous ferons connoître plus particulièrement cette’ nouvelle traduction du voyage dans les Deux-Siciles par Spallanzani. L’ Abeille française ; recueil destiné à la jeunesse, par Edmond Cordier, instituteur du Lycée de la jeunesse française. 2 vol. in-12. À Paris, chez Edmond Cordier ; Guillaume , libraire , rue de l’Eperon , n°. 12; et Charles Pougens, imprimeur et L- braire, quai Voliaire. L'ouvrage que nous annonçons est un recueil de maximes mo- rales et de traits historiques offerts à la jeunesse. La morale em est pure et présentée de manière à intéresser la jeunesse. Géométrie descriptive, par Gaspard Monge , in-4., avec25 plan- ches ; 8 fr. pour Paris, chez Baudouin , imprimeur ; et chez Bernard, libraire pour les mathématiques , sciences et arts, . 2 o . . quai des Augustins , n°. 57. On y trouve sa Sratique, in-8. nouvelle édition. La Géométrie Descriptive est du plus grand intérêt pour plu- sieurs arts. L'auteur l’a traité avec tout le talent qu’on lui connoît. Introduction à l'étude de la botanique , ouvrage orné de dix: planches coloriées ; contenant un discours sur l'accord des. sciences naturelles, ou traité complet et comparé des organes Aa 4 5 des plantes et des fonctions de ces organes à toutes les époques. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 01 309. .de leur vie , dans lequel les termes. d'usage en botanique sont, paques etexpliqués; uneexposition particulière des organes es plantes connues sous le nomde cryptogames ; /es principes de l’art de décrire d’après Linné; les détails sur l'habitation des, plantes, leurs vertus, leurs usages , leur culture et la manière de. les arranger et de conserver en herbier; l'exposition des, méthodes générales.de Tournefort, de Linné,; Jussieu,\et des méthodes particulières. des fougères de Smiih.,des mousses de _Hedwig et de Bridel;des champignons de Bulliard, etc., avec des tables quiwlonnent à cet ouvrage la commodité d'un Dic- tionnaire,par J.-C.Philibert.A Paris,del'imprimerie de Digeon, etse vend chez Debure l'aîné, rue Serpente ; Plassan, rue du ci-, metière André-des-Arts ; Déterville , rue du Battoir ; Fuchs , rue des Mathurins ; Bossange , Masson , Besson , rue et maison des Mathurins ; Truttel et Wurtz ,:quai de Voltaire ; Villiers, rue des Mathurins ; Desseine , palais Egalité. 2 vol. in-8, Il y aura un Ille volume. L'auteur a annoncé , dans son titre , le but de son travail. Jaccueil qu'il a reçu des botamistes est un sûr garant pour le public de la manière savante dont ïl a traité son objet ; il s’est attaché principalement à la partie physiologique. Mémoire de la Société d'histoire naturelle de Paris. 1 vol. in-4, A Paris, chez Baudouin , imprimeur du corps législatif et de l'institut national , place du Carrousel , n°. 662. Prix 6 fr., et * par la poste , franc de port , 7 fr. 50 c. - « La Société d’histoire naturelle de Paris, est-il dit dans l’aver- >» tissement, desirant reprendre la publication de ses travaux. » en présente aujourd’hui le premier cahier au public. Le ma- » nuscritest prêt pour en faire paroître successivement Jane » autres , si la Société y est engagée par l’accueil que recevra » celui-ci ». Nous ne doutons pas de l’accueil favorable que le public fera aux travaux de cette Société. Il suffit de nommer les auteurs des mémoires que ce volume contient. Ce sont Lamarck , Haü Cuvier ; Ventenat , Geoffroy , Latreille, Decandoles , Gillet- Laumont et Lelièvre. Nous les ferons connoître plus en détail. £ours d'histoire naturelle des animaux , et Dictionnaire moral. C. S. Sonnini, membre de plusieurs sociétés savantes et de celle d'agriculture de Paris, se propose d'ouvrir , sous une forme nouvelle , le 21 du mois de brumaire prochain, au VIII, un cours 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - d'histoire naturelle de l’homme et des animaux. Ce que les an- ciens en ont écrit, ce qui a été reconnu par les modernes, ce que Sonnini a observé lui-même dans ses longs et nombreux voyages ; enfin les observations et les faits qui tonstituent proprement l'histoire de la nature , y seront rapportés et analysés. La nature y sera présentée telle qu’elle est , telle que Buffon et Lacépède , parmi les Français , l'ont ae » intéressante ét aimable ; et la vaine et sèche apparence d’érudition dont on ne l’effarouche que trop souvent , en sera bannie. ‘ Afin de donner, à ce cours, le degré d'utilité dont il est sus< ceptible, les espèces d'animaux que l’homme a associées À ses travaux, celles-dont il tire sa subsistance , ses vêtemens , etc. ; celles qui ont pour lui quelqu’avantage ou quelqu’agrément , feront l’objet de détaïls plus étendus. Les méthodes ke plus sûres de les élever, de les nourrir , de les soigner , d’en obtenir le meïlleur parti , seront tracées; en sorte que , sous ce point de vue , le cours d’histoire naturelle deviendra en même-temps un Cours, D'ÉCONOMIE RURALE. , Persuadé que pour étudier avec fruit, il est nécessaire d’écrira ce que l’on veut apprendre, Sonnini dictera des leçons élémen- taires qui formeront un abrégé d'histoire naturelle , et au moyen desquelles les développemens qu’il ajoutera , seront plus facile- ment retenus. Les séances seront de deux heures , et se tiendront de deux jours l’un. Le prix est de 24 francs par mois. L’on souscrit chez Sonnini , rue du Puits-l'Hermite , n°. 8, section du Jardin-des- Plantes. Les souscripteurs fixeront eux-mêmes l’heure qui leur sera la plus commode pour les leçons. Fossiles de Grignon , avec un tableau offrant un nouvel ordre naturel des vers testacés , et un grand nombre de planches, dont quelques-unes coloriées, dessinées, gravées et enluminées par l’auteur. Ouvrage formant une conchyliologie nouvelle , élémentaire et complète. 3 vol. grand in-8., beau papier et beaux caractères ; chaque volume de 450 pages environ, y compris les planches. Par Denis Montfort, dE PéUloee au Muséum d'histoire naturelle de Paris. PAR SOUSCRIPTION. S'il est une belle étude qui , enflammant à-la-fois l’ame et la pensée , soit digne du génie et des hautes destinées de l’homme, n'est-ce pas celle qui le reportant dans l’abîme du passé, déchire l'épais rideau sous lequel reposent ces filiations d’êtres qui le : ET D'HISTOIRE NATURELLE ot O1 précédèrent sur cette terre antique soumise aujourd’hui à:sès lois et à son empire ? C’est en étudiant les fossiles ; en les comparant entre eux et avec les corps actuellement vivans qu’on obtient les plus grands résultats dE arte , . ” Les coquilles fossiles, si nombreuseset si variées, que présente cet ouvrage, ont presque toutes été recueillies par l’auteur dans les voyages fréquens qu’il a faits à Grignon: Cette localité célèbre dans l’oryctographie des environs de Paris , offre plus de trois cents espèces de coquilles qui, blanchies par les gaz et presqu’en- tièrementdécolorées , sont cependant dans le plus bel état dé con- servation , quant à leurs formes. LE + L'ouvrage que lon présente au public estla suite d'ün travail assidu, de courses et recherches multipliées ; et indépeñdammèent de sa propre collection, l’auteur a pu consulter célles dés citoyens Maugé, Vatin , Hédouin , Drée, Richard , Eamarck , Faüjas, et enfin celle du Muséum national d’histoire naturelle dé Paris, ui toutes lui ont été ouvertes avec autant de complaisance que Ex générosité. ñ 4 aial Les trois volumes que nous annonçons seront précédés! d’un discours préliminaire sur d'étude des fossiles et des coquilles vis vantes. Le texte, orné de nombreuses figures ; offrira leur sÿ#to> nymieetleur'analogie avec les genres que forma L'amarck ;chatque genre sera précédé d’un exemple d’une coquille vivante qui, lui servant de type , sera coloriée pour la distinguer des fossiles : on y joindra les genres naturels que Grignon n'a pas encore offerts dans l’état fossile; et, sous tous ces rapports ; cet ouvrage: peut être regardé comme une conchyliclogiè élémentaire et a Errrtet Prix de la souscription. . Le prix de chaque volume broché en carton est de dix francs, qu’on paiera en souscrivant ; ils seront le‘prix du dernier volume : les autres se, paieront lors de leur livraison. On'souscrità Paris, chez H.-J, Jansen,imprimeurlibraire ,rue des Pères, n°.:1195. {si PAR SOUSCRIPTION. fistoire naturelle ; générale et particulière , par Leclerc dé - Buffon ; nouvelle éfrion ; accompagnée de notes, et dans la- quelle les supplémens sont insérés dans le premier texte À la place qui leur convient. L’on y a ajouté l’histoire naturelle des quadrupèdes etdesoïseaux découverts depuisla mortde Buffon, celle des reptiles , des poissons ,desinsectes et des vers ;enfin, 812 JOURNAË DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’histoire des plantes dont ce grärid naturaliste n’a pas eu le temps de s’oëcuper. Ouvrage formant un cours complet d’his- toire naturelle ,rédigé par C.-S:Sonnini, membre de plusieurs sociétés savantes. Soixante volumes grand in-8. , beau papier avec environ 1,300 planches, et Eu PIR OS PE CT U S. Les monumens littéraires ne sont pas les moins honorables pour les siècles. Savant architecte du temple le plus auguste qui ait jamais été consacré à la nature, Buffon a couvert de sa gloire le siècle témoin de ses travaux. Le temps, ce juste et lent apprécia- teur des actions des hommes , pourra effacer de nos annales:les faits extraordinaires , dont l'éclat nous a éblouis; mais il respec- tera la mémoire du génie , et la postérité citera , avec admiration ; Fépoque où Buffon composoit des pages dont l’immortalité s’ems paroit, ; Mais le génie assez vaste pour embrasser un planiqui n’avoit d’autres bornes que-celles de la: nature: elle-même, dût s’arrèter au, milieu de sa çarrière-La mort vint suspendre ses travaux. Le temple dont la façade et quelques autres parties sont si brillantes etsi magnifiques ; resta imparfait, et peu de personnes se crurent dignes d'appuyer de nouveaux morceaux de l'édifice sur les pier- res d’attente que Buffon avoit posées, Le rédacteur de cètte nouvelle édition des œuvres de Buffon', n’a pas la prétention téméraire et presque sacrilège de toucher au tra- vail de cet homme rare , ni de le profaner par le contact du sien. Amant de la nature, admirateur du pinceau le plus hardi et le lus moëlleux qui ait jamais su la peindre, et auquel les détrac- teurs de Buffon n’ont opposé que des crayons durs et secs, il vénère également et le modèle et le peintre; il ne se permettra aucun changement au texte de l’histoire naturelle ; il n'y ajoutera rien; et si sa plume osoit en'retrancher quelque chose , il la re- jetteroit pour toujours , comme un instrument de dommage. Cependant, afin d’éviter des recherches dans plusieurs volumes, Buffon n’ayant pas voulu faire de nouvelles éditions de ses œu- yres , les supplémens qu'il a publiés successivement, seront fon- dus avec le premier texte , à la place qu'il avoit lui-même indi- quée ; en sorte que le lecteur aura. sous les yeux , à chacun des articles, tout ce qui peut y avoir rapport, sans recourir à des fragmens épars. Lorsque la matière l’exigera , le rédacteur ajou- tera aussi quelques notes propres à donner des éclaircissemens, ou Trr ? ET D'HISTOIRE NATURELLEF. 313 ou un complément à des objets mieux connus depuis la mort du Pline de la France. Les quadrupèdes et les oiseaux nouvellement découverts seront ajoutés à la suite de ceuxavee lesquels ils ont le plus de rapport. Enfin, pour donner un cours complet et vraiment général d'histoire naturelle, et remplir, autant qu’il est possible , la tâche immense que Buffon s’étoit proposée ,son ouvrage, et la surre dont on vient de parler, seront terminés par l’histoire naturelle des rep- TILES , des poissons, des 1\sEcTES et des vens ; enfin , par celle des PLANTES. Tel est, en précis , le plan d’une vaste entreprise, qui man- quoit aux belles et grandes collections littéraires , et dont la ré- daction est confiée à C.-S. Sonnini , qui a employé une partie de sa vie à l'étude de la nature et à des voyages de long cours , et qui vient depublier récemment, et avec un succès complet, le voyage dans la haute et basse Egypte (3 volumes in-8. , et un de paie in-{., imprimés chez Buisson , libraire , rue Haute- euille). Il a vécu et travaillé avec Buffon, et cette circonstance honorable , en répondant de son zèle, est un titre à la confiance. Afin de remplir dignement une tâche trop étendue pour un seul homme , Sonnini s’est réuni à des savans d’un mérite dis- tingué. Latreille , associé de l’Institut de Francè, membre des sociétés philomatique et d’histoire naturelle de Paris, et zoolo- giste distingué , attaché au Muséum d'histoire naturelle, s’est chargé de Ya partie des insectes. Denys Montfort , géologiste, également attaché au Muséum et rempli de zèle et de science , traitera l’histoire des vers, et dans cette classe , les coquillages sont compris. Enfin l’histoire naturelle des plantes sera composée par Philibert, qui fut l’élève et l’ami de Diderot, et qui à une par- faite connoissance de la botanique , sait allier la chaleur et le coloris du style, ainsi ques est à portée d’en juger par son in- troduction à l'étude de la botanique. Une pareille réunion de talensne peut qu'être favorable à cette entreprise littéraire. Le public possédera enfin une u1STorRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, rédigée dans les principes de Buffon ; c’est-à-dire, qui, loin d’effaroucher l’homme de goût par un vain appareil d’érudition , paroissant interdire aux Fran- çais la faculté de traïter la plus intéressante des sciences dans leur propre langue, se fera lire avec plaisir, et dont l’exactitude et la précision dansles descriptions n’excluera pas l'intérêt des ha- bitudes et des propriétés , et la pureté du style. Et. pour que rien ne manquât à la perfection de l’ouvrage, les éditeurs ont engagé Denys Montfort, dont la science en his- Tome VI. VENDÉMIAIRE an 8, Ss F x 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toire naturelle est accompagnée de l’art d'en peindre les divers objets , à entreprendre tous les dessins ; et l’on sent combien ik est important qu’ils soient tracés par le crayon d’un naturaliste, Les dessins de Prisroire Naturelle de Buffon seront recommen- cés , et ceux de la suite seront faits, autant qu’il sera possible , d’après nature : lorsque le sujet vivant ne se trouvera pas à la portée, ils seront copiés d’après les meilleurs maîtres. L’on pourra donc être assuré qu’une foule d’erreurs qui se perpétuent dans les gravures des livres d'histoire naturelle , ne seront jamais ré- pétées dans celui-ci. Déjà cinq livraisons , de deux volumes chacune , ont été pu- bliées ; la sixième paroîtra au commencement de brumaire pro- chain, et ainsi de suite dans les premiers jours de chaque mois. Les éditeurs avoient annoncé dos leur premier prospectus , une augmentation de souscription , à dater du premier thermidor an VII; mais, en considération de la difficulté des circonstances, ils reportent l’époque de cette augmentation au premier nivôse de Van VIII. Le prix de chaque volume broché en carton continuera donc à être de 4 francs pour ceux qui souscriront d’ici au 1°", nivôse de l'an VIII. Ceux qui n'auront pas souscrit , le paieront alors 5 francs. On payera , en souscrivant, 8 f. à valoir pour le paiement en- tier de la dernière livraison ; les autres livraisons se paieront au fur et à mesure qu'elles paroîtront. Les éditeurs délivreront aux souscripteurs un prospectus imprimé sur même format , caractère et papier que l'ouvrage , au bas duquel sera la quit- tance , relativement à cette entreprise , de Dufart et compagnie, imprimeur-libraire , rue des Noyers-Jacques , auquel il faut s’a- dresser pour souscrire ; ainsi qu'à Bertrand, libraire , rue Mont- martre , n°. 113, à côté des diligences. La quittance , annexée au présent prospectus, sera #imbrée et coriçue en ces termes : Nous avons reçu d la somme de pour la souscriplion à exemplaire de l’Hisrorne NATURELLE , générale et particulière, de Buffon, augmentée d'environ 25 volumes de supplément , contenant : /es animaux découverts depuis sa mort, l’histoire des reptiles , des insectes et des vers, des poissons et des plantes ; en tout 60 volumes in-8. avec 1300 planches ;et nous nous engageons à la parfuite exécution dudit OUVTASE 3 conformément au présent Prospectus. Paris, ce L'’on'en tire quelques exemplaires sur papier vélin de Lagarde; les figures de ce petit nombre seront à donble , C'est-à-dire, en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 noir, et coloriées d’après nature. Le prix est de 20 fr. par chaque volume broché en carton. La souscription est aussi ouverte , à raison de 5 fr. chaque vo lume, chez Les libraires ci-après. À Rouen, Vallée , frères. — Lièce , Demarié. — Nancy, Mathieu. Idem , Chefneux. — Nantes, Gigougeux. — Genève, Manget. — Angers, Fourier, Mame. — Lausanne, Luquiens. — Bordeaux, Audibert et Bur- — Bâle , Decker. kel. — Leyde, Muray, frères. — Toulouse , Lafont. — Breslau, Korn. — Auch , Lecaze. — Milan , Giegler. Idem , Armagnac. Lun Reyscent , frères. — Bayonne, Bonzom. — Parme, Faure, frères, — Montpellier, Vidal. — Hambourg , Guerrier. — Avignon, Joly. — Francfort, Eslinger. — Riom et Clermont-Ferrand, — Berlin , Delagarde. Landriot et Rousset. — Bruxelles , Lecharlier. — Marseille , Mossy. — Mons, H.-J. Hoyois. — Lyon, Leclerc. — Londres, Deboffe, — Amiens, J.-F. Darras. — Madrid , Alvara et fils. — Strasbourg , Levrault. — Naples, Merande. — Limoges, Bargeas, — Moscow , Engelback. . — La Rochelle , Sanlecque. — Pétersbourg , Klostermann. — Cambray , Hurez. — Vienne , Degen. | — Lille , Hautecœur. — Léipsick , Grieshammer. Et chez les autres principaux libraires de lEufope. Les livraisons seront faites par ordre de numéros, de sorte que celui qui aura le plutôt avancé son argent, jouira des meilleures épreuves. La souscription sera irrévocablement portée à 5 francs chaque volume , au lieu de 4 fr. dès le 17. nivôse an VIII. | Les dix volumes qui paroissent maintenant contiennent , 10. La théorie de la terre, par Buffon, tom. 1 et 2. 20, Les époques de la nature , tom. 3. 30, L'introduction à l’étude des minéraux , tom. 4 et 5. 4°. Idem , partie expérimentale , tom. 6. 5°. Idem, partie hypothétique , commencement du tom. 7. 6°. Histoire des minéraux , fin du tom. 7, tom. 8, get 10. L'ouvrage de Buffon est trop connu pour que nous ne soyons pas dispensés d’en parler. Sonnini n’a fait aucun changement aw 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. texte ; mais il a ajouté plusieurs notes qui sont toutes intéres- santes. Nous en ferons connoître quelques-unes. Leçons d'Histoire prononcées à lEcole normale, en lan III de la Republique francaise , ouvrage élémentaire , contenant des vues neuves sur la nature de l'Histoire , sur le degré de confiance et le genre d'utilité dont elle est susceptible ; sur l'abus de son emploi dans l’éducation de la jeunesse , et sur le danger de ses comparaisons et de ses imitations gé- néralement vicieuses en matière de gouvernement. Accompagnées de notes et de trois plansrelatifs à l’art de cons- truire les salles d’assemblées publiques et délibérantes, par C.-F. Volney, membre de l’Institut. À Paris ,chez J.-A. Brosson, rue Pierre-Sarrazin , n°. 7. 1 vol. in-6. t Ces leçons furent écoutées avec beaucoup de plaisir aux écoles normales. On y trouve une philosophie sage et hardie , des vé- rités neuves , et des applications sayantes de l’histoire aux mœurs et au gouvernement des peuples, ù RERSBU LE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Rrcrrnewss sur le bleu de Prusse, par Prousr. Page 241 Mémoire sur l’élasticité, par Etienne Barruer. 251 Mémoire sur la formation de la leucite, par Léororr Bucx, rUSSiETL. 261 De Paction du froid sur l’acide acéteux , par Pérès. 271 De la diverse réflexibilité des rayons élémentaires dont la lu- mière blanche est composée , par P. Prévosr. 273 Expériences du docteur Buxxva. 204 Observations météorologiques, faites à l'Observatoire national, ar BouvarD , fructidor et jours compl. an WII. 300,301 Observations sur une espèce de bois pétrifié , trouvée à Bellen , proche Soissons, par J.-L.-M. Porrer. 302 Louicne , membre de l'Inspection des mines de la République s à Deraméræente, sur l’art de sonder les glaces. 1 305 Note sur le fluate d'alumine. 307 Nouvelles littéraires. 308 4 | MAUR Q « ‘ = n ici. À eu AL { r : 1 è A 1 ns : À PRES LES DER } ï 1 el ET her: fa Le 92 PNR IVe TRS AU ROURNALYDE PHYSIQUE DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. BRUMAITRE an 8. — AD Te | TEA = w MÉMOIRE Sur une vis pétrifiée du mont Saléve , et sur la couche où on la trouve ; suivi d’un examen de l'opinion de plusieurs natura- listes : Que Les torrens ont creusé Les coupures des rochers où ils ont leur cours ; C K Par G,-A, Dgzuce (1). Lu à la Société de Physiqueet d’Histoirenaturelle de Genève, le 19 septembre 1799. La face escarpée du petit Saléve, du côté de notre vallée, composée de couches de rochers calcaires , présente deux de ces couches qui sont excavées, séparées l’une de l’autre par un intervalle d’en- viron 200 pieds de hauteur. La première est appelée grottes de l’hermitage. On trouve dans la seconde , d’un accès moins facile, de grands plateaux séparés du rocher , et restés sur place. Ces plateaux ont à leur surface quelques pétrifications marines , et particulièrement des vis ou strombites , qui peuvent être déta- chées. On en trouve de sept pouces de longueur. La couche mince qui les renferme est plus tendre, et son peu de liaison est la cause , (1) Sur les remarques que firent, après cette lecture , quelques membres de la société , j'ai ajouté à ce Mémoire quelques citations et de nouveaux éclaircis- semens. Tome VI. BRUMAIRE 78, TT 3r8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sans doute, de la séparation de ces plateaux , lorsque la couche inférieure a été détruite on rompue. Quoique cette pétrification ait l'apparence d’une vis dans son entier , je n'y reconnoissois pas ses vrais caractères , et je soup connai qu’elle pouvoit n'être que le fût ou columelle d’une vis; c’est-à-dire , cette colonne intérieure qui est le centre et le point d'appui des spirales dans la coquille. Je suis resté longetemps sans en avoir la démonstration. Je lai eue , enfin, et ce n’est pas Saléve qui me l’a fournie , mais une pétrification qui vient de quelque montagne de la Suisse. C’est une vis dont le fût à découvert, a conservé la moitié d’une ‘des spirales extérieures. Ce fût, à-très-peu-près semblable à la pétrification du petit Saléve , montre ainsi, que cette pétrilication n’est en effet qu'un fût, dont la spirale , qui l’environnoit , a été détruite. Cette colonne torse, qui forme l’axe de la coquille , a acquis dans ce cas plus de dureté que la spiraie environnante , par la concentration des particules pierreuses qui s’y sont réunies, et elle a résisté ainsi à la destruction. J'ignore si c’est là une première remarque , ou si elle est seu- lement une confirmation de remarques déjà faites. Quoi qu’il en soit ,il en résultera toujours cette conséquenceutile pour l’histoire des pétrifications marines, c’est de prévenir qu'on ne multiplie les espèces des vis pétrifiés , en faisant des espèces particulières, de ce qui n’est que le fùt d’espèces déjà connues ; et ces fûts va— riant däns leur forme , on pourroit aisément multiplier ainsi les espèces (1). La portion de la spirale extérieure conservée dans la pétrifica- tion de Suisse, m'a montré que , sans m'en douter, j’avois trouvé la vis entière dans l’une des couches du petit Saléve, du côté de la sorge de Moneti. Les spirales de cette vis s’aggrandissent rapi- dement. Sur une longueur de trois pouces, elle n’a que cinq ré- .volutions, dont la dernière a près de deux pouces de diamètre. L’individu: que j'ai trouvé a une portion de sa coquille , qui est convertie en:spath calcaire. On voit par cette portion conservée, que la spirale de la vis est unie et peu marquée à l'extérieur , mais qu’elle est très- prononcée sur son moule ou noyau. L’intervalle 0 (x) Je recus, il y a quelques années, des pétrifications du Hernbers, montagne: près de Goitingue. L'une de ces pétrifications, qui est le fût d’une vis, encore engagé dans la pierre, avoit pour étiquette: 35 & dowbles spirales. L'écrivain de l'étiquette considéroit ainsi ce fût, comme une espèce particulière de vis. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 319 des deux dernières révolutions , occupé ci-devant par la coquille, laisse un vide de deux lignes de largeur. Il ne faut pas confondre ces fûts , avec cette autre pétrifica- tion qui est le noyau d’une vis. Celle-ci est le moule de l’intérieur de la spirale ; la coquille et le fût lui-même sont détruits. Telle est cette pétrification dont la pierre à bâtir de Paris est remplie. La surface de cette multitude de petits vides, a retenu l'empreinte de l’éxtérieur de la vis; le noyau, semblable à une vis d’Archi- mèêde , reste isolé au milieu de l’espace, et la place qu’occupoit le üt, forme un vide prolongé au centre de la spirale. On trouve à Erménonville cette même espèce de visayant sa coquille parfaite- ment conservée. Après avoir déterminé la nature de la pétrification qui se trouve dans la couche excavée du petit Saléve , je considérerai l’exca- vation elle-même ; et je présenterai mon opinion sur la cause qui la produite. Cette excavation , non plus que celle des grottes de l’hermi- tage , n’est pas l'effet de l'érosion d’un courant d’eau , comme l’a pensé M. de Saussure (1). On n’y voit aucune trace d’une telle érosion ; les faces ont encore leurs aspérités, et les fractures la saillie de leurs angles ; on n’y découvre d’autre trace que celle du temps, : La dispofition et la nature de ces excavations , excluent même la possibilité de cette cause. Elles suivent, comme sur la face du rand Saléve , le parallélisme des couches , quelles que soient te inclinaison et leur direction ; ce qui s’oppose à l’idée d’une érosion produite par un courant d’eau , qui l’auroit tracée sur une même ligne dans le sens de son écoulement ; et ici même, l’inclinaison des couches et de leurs excavations, plonge dans un sens contraire à la pente du courant supposé , descendant des Alpes , et s’écoulant par-dessus le Vouache et le mont de Sion. Ces excayations n'étant pas l'effet de l'érosion d’un courant d’eau , ne peuvent être dues qu’à l’une de ces deux causes : ou la pierre des couches excavées , moins dure que celle des cou- ches voisines, a été gersée et décomposée par l’action de l'air et des gélées , comme on en voit plusieurs exemples ; ou lors del’affaissement de la partie qui faisoit la continuité de la face escar- pée de la montagne, dont la coupe abrupte, montre évidemment l'effet d’une rupture et la disparition de la partie séparée ; cette (1) Voyage dans les Alpes , rom. T1, chap. VIT, du mont Saléve, Lt 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE partie, en se rompant et s'affaissant , a entraîné avec elle la por: tion des couches fracturées qui remplissoit les excavations. Les deux causes peuvent encore yavoir contribué. Celle-ci, en emportant la pièce , a produit le premier effet ; et le temps l’a. augmenté par l’action de l'air , qui en a décomposé les surfaces. Les hommes mêmes y ont contribué aux grottes de l’hermitage, en emportant pour bâtir les morceaux séparés. La face escarpée du grand Saléve a d’autres excavations bien plus grandes et bien plus profondes, Celles - ci coupent du haut en bas toutes les couches, et forment des enfoncemens perpendi- culaires très -considérables , qui ne peuvent être expliqués que par l’écroulement des pièces rompues, lors de la grande fracture de la montagne. J’ai montré que des courans d’eau n’ont aucune part à toutes ces excavations ; et je pourrois en donner d’autres preuves , si celles que j'ai alléguées ne me paroissoient pas démonstra- tives. Je vais examiner à présent si des courans d’eau quelcon- ques peuvent produire de tels effets. On fonde l'hypothèse des érosions de courans d’eau, sur ces fentes profondes où coulent plusieurs torrens dans les montagnes, et l’on dit : ces torrens les ont creusées (1). Si cet effetétoit réel , il devroit continuer , et c’estce qui n’arrivepoint. Ces fentes sont fréquemment terminées par une coupe abrupte du rocher; le torrent tombe alors en cascade. S’il eût creusé la fente supérieure, cette action ne cesseroit point; le torrent continueroîit à s’enfon- cer ; la cascade s’abaisseroit , et il ne resteroit enfin qu’un canal ou continuité de la fente supérieure où couleroit le torrent. Ce- pendant le point d’où le torrent se précipite et forme la cascade , reste toujours le même. | On observe le peu d’action érosive des torrens sur les rochers. durs, lorsqu'ils coulent sur des faces unies ; ils n’y font alors pres- qu'aucune impression. Je le remarquai d’une manière frappante sur la face d’une montagne très - éleyée de la Tarentaise , qui (1) Dans la relation de son voyage du Pérou à la côte du Brésil, M. dela Condamine adoptant cette hypothèse , dit, en parlant du Maragnon : « Ce fleuve, » après s'être ouvertun passage au milieu des montagnes de la Cordilière , rompt » la dernière digue qu’elle lui oppose , en se creusant un lit entre deux murailles » parallèles de rochers, coupés presque à plomb ». C’est ce fameux èr dangereux passage de deux lieues de longueur, appelé Porgo de Mansériché. M. de la Condamine s’y hasarda sur un radeau conduit par trois Indiens. « Bientôt, ajoute- » t-il, je me trouvai dans une galerie étroite, profonde et tortuense , minée » par leseaux dans Le roc, et éclairée seulement par le haut », Mérm, de l'Acad. année 1745. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 321 termine la vallée dite dx glacier , située derriere le Mont- Blanc , entre le passage des Fours et le col de la Seigne. Le sommet de cette montagne est couvert d’un glacier, d'où descen- dent plusieurs torrens qui se réunissent au fond de la vallée , et vont, sous le nom d’eau du glacier, se jeter dans l'Isère. Ces torrens coulent avec une très-srande rapidité ; maïs ici , le rocher n'ayant pas de coupures, ils glissent sur sa surface sans s’y être creusé de lit. Cependant ces torrens coulent depuis un temps aussi ancien qu'aucun autre torrent des Alpes. Tout l'effet d’un courant d’eau sur un rocher dur, se réduit , avec le temps, à en adoucir les surfaces et en émousser les angles. On peut en juger soi-même, quand on se baigne dans une eau courante et qu'on y reste tranquille. On sent l’eau glisser sur la peau, dont le frottement n’est même sensible que par le choc que produit un courant rapide sur un corps qu’il ne peut entraîner. Tels sont les courans d’air. : Comment , en effet, un fluide aussi mobile que l’eau, dont les particules roulent les unes sur les autres; de se prêtent sur l’ins- tant à toutes les formes , à toutes les inflexions ; qu’un souffle agite, pourroit-il frotter avec assez de pression sur un corps dur, pour l’user d’une manière sensible ? Lors donc qu'un torrent coule dans la coupure d’un rocher , cette coupure n’est là qu’un accident ; elle existoit avant le tor- rent qui s’y est dirigé , comme à l'endroit le plus bas , lorsqu'elle s’est trouvée sur sà route: On voit dans les montagnes beaucoup de ces coupures sans torrent, et l’on en voit aussi dans des rochers moins élevés. Telle est cette énorme coupure près de Buxton en Derbyshire, appelée clden-hole, qui a plus de 200 pieds de profondeur. Si clle étoit dominée par une haute montagne d’où descendît un torrent qui coulât dans son fond, on n’auroit pas manqué de dire, c’est le torrent qui l’a creusée. Quelques naturalistes persuadés de cette idée, et réfléchissant au temps qu'il faudroit pour produire un tel effet, ont cru voir, dans ces coupures où coulent les torrens , une preuve de la grande antiquité de nos continens. Mais il en est de ce fait, coume de tous ceux cités par les partisans de cette antiquité ; c’est que lorsqu'ils sont examinés avec plus d’attention , cette première apparence disparoît , eton leur reconnoît une toute autre origine. Sans doute les fentes où coulent les torrens se dégradent plus ue celles où il n’en coule point. L’eau qui pénètre dans les issures du rocher et qui se gèle en hiver , en détache de grands morceaux qui vont encombrer le lit du torrent ; mais cette cause #22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne tend pas à le creuser, et ce n’est pas celle dont il s’agit dans l’hypothèse ; non plus que l'impression que fait sur un rocher , le choc d’une chûte d’eau. On rencontre assez fréquemment sur le sommet des hautes montagnes calcaires, sur les parties élevées de leurs pentes, des surfaces de rochers sillonnées et entrecoupées de fentes de plu- sieurs pieds de profondeur ; telle est la plus haute sommité de Saléve, appelée le piton. Ces sillons et ces fentes , qui paroïissent au premier coup-d'œil, l'ouvrage de courans d’eau, sont l’effet de l’action de Pair, du soleil , des pluies et des gelées. Ces agens décomposent la surface du rocher exposée à leur influence ; et ces rochers ayant le plus souvent des veines plus ou moins dures, il en résulte ces inégalités en forme de sillons; en même-temps que les fissures originelles du rocher s’élargissant par la même cause, produisent ces fentes qui surprennent quand on les voit pour la première fois, Si ces rochers renferment des concrétions siliceuses ou des pé- irifications marines plus dures que le rocher lui-même ; ces con- crétions et ces pétrifications restent en relief à sa surface , et sont là comme une espèce d'anatomie du rocher , dont les influences de l'air ont été le scalpel. Les torrens ne se creusent un lit dans les montagnes , que sur des talus formés des débris des rochers supérieurs. Ces matériaux sans liaisons cédent à l’action d’une eau courante, et, entraînés par elles, ils vont remplir le fond des vallées. C'est'ainsi que les ruisseaux et les rivières se creusent un lit dans les plaines. C’est dans ce premier transport des débris des rochers fait par les torrens , que ces débris commencent à prendre une forme arrondie par le frottement qu’ils éprouvent les uns contre les au- tres et sur le fond où ils sont entraînés, La coupure du rocher où le Rhône se perd , n’est donc pas l'effet d’une érosion du fleuve. Il a bien pu creuser les couches de sable, d’argille et de pierres roulées qui couvroiïent ce rocher, dont les bancs horisontaux s'étendent par-dessous ces premières couches ; mais arrivé là, le rocher arrêtoit son action, et puis- qu'il s’y enfonce , et par un canal aussi étroit, c’est-là, comme ailleurs, une fente accidentelle. M. de Saussure en a jugé autrement, « On croiroit, dit-il, » que ces rochers qui paroissent durs sous le marteau , auroient » dù mettre un obstacle aux érosions du Rhône , et l'empêcher » de s’enfoncer davantage; mais, au contraire , il a pénétré dans » ces rochers beaucoup plus avant que dans les terres ; illes a > mème creusés au point de se cacher et de disparoître entière- y ET D'HISTOIRE NATURELLE. 825 > ment. C’est- là ce qu’on appelle Z4 perte du Rhône (1)». On pourra juger , d’après l’exposé des faits, entre cette opinion et celle que je présente. Pourquoi le Rhône n’auroit - il pas creusé toute la surface du rocher mise à découvert, plutôt que de concentrer son action sur une ligne large seulement d’une toise ? Et cette ligne creusée n’est pas une couche plus tendre du rocher , puisqu'elle coupé toutes les couches dans le sens de leur épaisseur ; ces couches étant les mêmes de part et d'autre de la coupure. Ce n’est donc là qu'une fente accidentelle, qui , très-vraisemblablement , a plu- Sieurs rameaux souterrains. Sans elle, le Rhône eût coulé en en- tier par-dessus la surface découverte du rocher, et auroit formé une cataracte sur l’endroit où on le voit ressortir. Il paroît même que la première couche du rocher étoit au- trefois contigue ; qu’elle couvroit la fracture , et formoit dans les basses eaux un pont naturel ; car on voit des traces de mines sur les bords de la fente , qui ne peuvent avoir été faites que pour rompre une couverture qui existoit , ou élargir la fente “Te. même, qui, dans cet endroit , pouvoit être franchie , afin de couper une communication trop facile. C’est bien ici où l’on peat remarquer à quoi se réduit l’action d’une eau courante sur ur rocher dur. Quelle que soit la violence du courant du fleuve, resserré dans un canal aussi étroit, ce canal est toujours le même ; les chocs et les bouillonnemens de cette masse d’eau qui s’y engouffre , ne font qu'adoucir les surfaces et arrondir les inégalités. Les bords de ce canal restent à sec dans les, basses eaux, et Je rocher étant abondant en pétrifications marines , j’en ai détaché plusieurs : un nautille de 4 pieds 3 pouces de circonférence , des noyaux de tonnes de # à 5 pouces de diamètre, des huîtres et quel- ques grandes, cames. La partie de ces pétrifications , qui étoit à dé- couvert à la surface du rocher, et sur laquelle les eaux du fleuve ont coulé depuis des siècles, pendant neuf mois de l’année, est seu- Jement adoucie ; elle a conservé ses stries , ses tubérosités , ses volutes (2). (1) Voyages dans les Alpes, tom.T, chap. XW II, dei la perte du Rhône. (2) Nous avons été, mon fire et moi , les premiers curieux qui aient remarqué ces pétrifications , et nous en avons eu ainsi les prémices. On a été si souvent, dés-lors ; dans cet endroit-là, et les paysans du lieu , qui nous les ont vu ramasser, en ont tant ramassé eux-mêmes, pour les offrir aux voyageurs curieux, qu'il est possible qu'on ne trouvât plus de ces pétrilications avec la circonstance que j'indique, 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La puissance érosive d’un courant d'eau, qui n’use un rocher qu'en adoucissant sa surface , est réduite à bien peu de chose, si elle n’est presque nulle, Et cet effet, tout foible qu'il est , est dù , sans aucun doute, au menu sable que charie le Rhône. On conçoit très-bien que ces petits corps , quoique durs, ne peuvent pas agir avec plus de puissance ; parce que flottans dans l’eau , où is n’ont aucun point d'appui, ils glissent avec elle; mais ils con- servent ce foible degré d'action que n’auroit pas l’eau toute seule. Si le Rhône étoit aussi clair dans cette partie de son cours, qu’il l’est au sortir du lac; loin que seseaux produisissent aucune érosion, les rochers se couvriroient de végétations aquatiques , comme. on le voit dans sa partie claire , quoiqu'elle coule ave rapidité. Dars le nombre des couches qui composent le rocher, il y en a de plus dures les unes que les autres. On voit leurs tranches au- dessous du canal où le Rhône se perd , contre les bords escarpés de l’encaissement du fleuve. Il s’est fait là une sorte d'anatomie de ces couches ; les unes sont creusées , les autres restent en sail- lies. C’est l’effet ordinaire de la décomposition des couches plus tendres , quand elles sont exposées à l’action de l'air; décompo- sition à laquelle le fleuve peut contribuer, lorsque dans ses crues, il s'élève à la hauteur de ces couches et yentretient l'humidité, Mais ce n’est là qu'un effet secondaire , opéré depuis la fracture, dont la fente profonde, où coule avec fracas la valsselline, est une ra- mification. Ces excavations peuvent aussi s'être faites en grande partie , au moment de la fracture , par l’enlevement de la pièce qui les remplissoit ; comme je l'ai observé en parlant des excavations du etit Saléve. Ainsi le Maragnon, au sortir des Cordilières , n’a pas creusé le fameux Pongo ; mais ayant trouvé sur sa route, cette longue et profonde coupure , il y a pris son cours comme à l'endroit le plus bas. Les rochers qui causent la chûte du Rhin; celui qui partage la fameuse cataracte de Niagara; ainsi que tant d’autres rochers qui brisent le courant des fleuves , seroïent déjà effacés, si l’eau avoit sur les rochers durs , l'action érosive qu’on lui attribue. ScrFIONX ÊT D'HISTOIRE NATURELLT. 325 Scrrrone Bnrrrsracx, Topographia Physica della Campania, dedicata alla signora contessa Skawronsky. Firenze 1798. C’EST-A-DIRE: TOPOGRAPHIE PHYSIQUE DE LA CAMPANIE; Par Scrrron BrREISLACK. Dédiée à la comtesse SxAWwWRONSK:z, EXTRAIT par Léorornr Bucx, prussien. Barrstacx , un des premiers naturalistes d'Italie, connu par son bel ouvrage sur la solfatare, dans le cratère de laquelle il eut le courage de vivre solitairement plusieurs années, pour y étudier, sur le lieu même, ces merveilles de la nature , et recommandable - encore par plusieurs autres savans écrits sur l’histoire naturelle, nous donne , dans cet ouvrage, le résultat de ses pénibles recher- ches pendant douze années,consécutives dans la province de la Campanie, celle qui environne Naples. Nousn’avions jusqu'ici que des fragmens sur la minéralogie du Vésuve , de ce volcan si varié dans ses productions , si intéressant pour la théorie des volcans en général. Tous les écrivains , avant lui , (on en pourroit for- mer une bibliothèque) n’ont traité que l’histoire des éruptions ; et le premier ouvrage vraiment minéralogique , le catalogue de Giœni , est en effet ce qu’il annonce , un catalogue. Breislack est le premier qui parcourut ces contrées en géologue philosophe, et ses grandes vues , jointes à son exactitude, ont produit un ouvrage qui est trop intéressant pour la physique pour ne pas s’y arrêter plus long-temps. L’auteur observe d’abord , que toute cette contrée volcanique, les heureuses plaines de la Campanie, sont entourées, en demi- cercle, de hautes montagnes calcaires, qui appartiennent à la grande chaîne de lApennin, et s'élèvent au promontoire de Gaeta , et se terminent au sud par le promontoire Minerve ou de la Campanella , entre les golfes de Salerne et de Naples. Cette roche calcaire est grise, compacte, écailleuse, etap- partient aux roches secondaires. La haute montagne de Pierra- Tome VI. BRUMAIRE gx 8. Vy 326 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Roja; près de Ceretto , contient beaucoup d'empreintes de pois= sons, et plus haut, une quantité de pectinites et d’ammonites. On y a même trouvé un 6s d’un cetace. La roche calcaire près de la Torre d’'Orlande, non loin de Castellamare , contient beaucoup de restes du sparus guarracinus , pelit poisson excessivement commun à Naples. Mais cette roche se perd dans des formations plus anciennes vers Salerne et Sorrente : la montagne de Massa est déjà composée d’un schiste argilleux micacé , qui lui-même repose sur un grès micacé , tous deux appartenans vraisembla- blement à cette formation ancienne , qui suivit immédiatement celle des montagnes primitives ; celle dans laquelle se trouvent les riches fHilons de la Transilvanie, celles du Harz, et la plus grande partie de cenx de Giromagay, en Alsace; celle enfin qui est désignée par l’école de Werner, sous Le nom de formation de transition. On voit sortir, presque par-tout, au pied des premières collines calcaires, une quantité de fontaines minérales, qui exhalent des nuages de gaz hydrogène sulfuré ; tels sont ceux au bas de Pzjo, près de Garigliano ; celles près de Sarro , celles près Castella- mare, déjà si renommées par les anciens. Ces fontaines déposent fréquemment du soufre sur les objets qui les avoisinent. Elles naiïs- sent dans le territoire volcanique, et peut-être, se poussant dans un cours souterrain contre ces grandes masses calcaires qu’elles ne peuvent percer , elles se trouvent obligées par-là de sortir à jour. Leur température, du moins jamais excédante celle de l’atmos- phère, paroît confirmer un cours souterrain d’un point, où la cha- leur leur fournit les substances qui s’en détachent dès qu’elles sont en contact avec l’atmosphère. Cuar. Il, I. La grande plaine de la Campanie est divisée par deux montagnes remarquables, le Mont-Massico, et la Rocca Monfina, près de Sessa. La première est calcaire ; la seconde est un très - grand volcan éteint , qui offre encore des traces très- distinctes de plusieurs cratères et de beaucoup de courans de lave. Breislack est le premier qui en ait parlé ; c’est en avril 1793 qu'il y fit ses premières recherches. Îl remarqua d’abord que la ville de Sessa doit avoir subi le même sort que celle *’Herculanum, quoique l’histoire n’en parle pas. En creusant sous le fond de la ville actuelle , on rencontre par -tout, sous la pouzzolane , des restes d’édifices anciens ; des chambres ornées de peinture, eton a trouvé.même un ainphithéâtre. Les matières qui couvrent ces restes, ressemblent beaucoup à celles sous les- quelles Herculanum fut enterré. En remontant les ruisseaux, au bas de la colline de Sessa , on ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 trouve bientôt à la Molara di Valogno , lieu remarquable par sa situation pittoresque , deux courans de lave l’un sur l’autre. La lave inférieure est grise , poreuse , et contient beaucoup de leu- cites, ( petrosilex argilleux de Breiïslack ), et quelques petits cristaux d’olivine ; la seconde est de couleur bien plus foncée, elle a le grain plus fin et plus compacte, et contient peu de leu- cites, mais beaucoup d’olivines. Celle-ci ressemble parfaitement aux pierres dont on a construit la voie appienne. Tous les écri- vains se sonttrompés sur le lieu, d’où ils veulent qu’Appius ait fait tirer ces pierres ; car ni les montagnes de Cori et de Segni, ni le mont Massico , niles environs de Pouzzol, ni le Vésuve même re les ont pu fournir , quand même on ne voudroit pas avoir égard à l'incommodité du transport des matériaux qu’on pouvoit se pro- curer du voisinage même. Maïs la Rocca-Monfina a été inconnue jusqu’à nos jours. En allant de Sessa à la Rocca, on traverse un autre courant cle laye compacte, qui ne contient que des olivines, mais qui faitencore remarquer , à sa superficie, tous ces entortille- mens que les laves d’à-présent affectent pendant leur cours. Cette configuration démontre qu’elles ne sont pas très-anciennes. En effet, tous les courans des environs de Sessa ont un air de fraîcheur, comme une lave récente du Vésuve ;on doit donc s'étonner d’au- tant plus ,; qu'aucun historien ne nous a jamais transmis un fait qui pourroit faire conclure une éruption du volcan de la Rocca-Monfina. L'auteur parcourt toute cette montagne remarquable, avec une exactitude étonnante ; il poursuit tous ces courans dès leur origine jusqu'à leur perte dans les vallées profondes au penchant de la montagne;il décriten quoiilsdifférent, en quoi ilsse ressemblent ; on le suit comme observant avec lui , et plus d’une fois on s'étonne comme on a pu ignorer si long-temps un volcan, qui l’est si in- contestablement , qui surpasse le Vésuve de beaucoup en gran- deur et variété de ses laves , et qui pourroit presque s’égaler à PEtna même. Le cratère de ce grand volcan s’est presque écroulé entière- ment ; on reconnoît pourtant aisément encore qu’il doit avoir eu huit milles de diamètre ( 2 : lieues de France). Les deux mon- tagnesdi Lattanti et deS. Croce s'élèvent de cette plaine, comme le cône du Vésuve sur la vallée entre lui et les montagnes de Somma et d'Ottajano. Peut-être un jour pourroit-il prendre entièrement la forme du cratère de la Rocca-Monfina. Cxap. IV. Wésuve et mont Somma. L'auteur pense que les collines volcaniques depuis le Vésuve jusqu’à Cumes sont en con- nexion entr’elles , et qu’il faut les Rs ru comme un seul vol- V y 2 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE can , dans lequel se sont formées plusieurs ouvertures , selon [& force et la durée des explosions, comme on le voit encore à-pré- sent sur l’Etna ; opinion qui peut-être ne pourroit point paroître si convaincante à ceux qui connoissent la grande diversité du terrain et des produits en-decà et au-delà de la chaîne du Pau- silippe , et qui ne cherchent point le foyer des volcans presqu’au centre de la terre. Mais quand Breislack suppose avec Giœni, la première origine du Vésuye au fond de la mer, On ne sauroit s'y opposer, mème s'il ne rapportoit aussi, pour confirmation de cette idée , les tufs qu’on a trouvés dans le voisinage du Vésuve , qui renferment des celepora spongiles, corail très-fréquent dans le golfe de Naples. La montagne de Somma est tont-à-fait com- posée de couches de laves , qu’on remarque , même sur le côté méridional , malgré la belle végétation qui couvre le penchant de ce côté ; lave qui contient beaucoup d’olivines et de leucites, Toute la montagne est couverte de pierres non altérées du feu , pierres primitives, qui, à juste titre , mettent toujours le natu- ralste dans le plus grand embarras, quand il doit Pt sur leur origine. Maiselles ne sontpas jetées parune seule et même éruption , comme le pense Giæœni ; la différente profondeur dans laquelle elles se trouvent s’yoppose; et l’auteur lui-même a trouvé sur le cône du Vésuve , une masse de trois pieds cubiques de pierre calcaire blanche, qui doit y avoir été jetée très - récem- ment. La quantité infinie de pièces de marbre blanc, sur le pen- chant du Vésuve, montre un phénomène très-remarquable. Beau coup d’elles sont phosphorescentes à un haut degré, même en les frottant sous l’eau ; mais la lumière phosphorique est différente : généralement elle est rouge , quelquefois blanche. Un choc très- léger est en état de produire cette phosphorescence dans quel ques pièces. D’autres ne font remarquer qu’une foible lueur même en les frottant très-fortement. Il y a même des pièces qui sont très-phosphorescentes dans une partie et qui ne le sont pas dans d’autres , alternativement. Ces marbres différent essentiel lement de la dolomie, en ce que cette pierre ne fait qu’une lente effervescencee avec les acides , et que celles du Vésuve en font une très-forte. Ces pierres calcaires contiennent de petits cris- taux de chlorite et de mica , des feld-spaths en prismes hexagones, de schorls noirs , des olivines et des vésuviennes ( hyacintes du Vésuve ). Enfin des cristaux octaëdres de fer magnétique, des filamens de sulfate de chaux , et même des /ezcites , tantôt opaques , tantôt transparens, enyeloppés dans la pierre même , ou sur les bords de ses cavités. La leucite est la pierre la plus abondante dans les laves de læ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 329 Somma; ce minéral curieux, si commun dans la partie inférieure de l'Italie , se trouve sous des formes bien différentes ; où il est isolé ; on en a trouvé ainsi de la grandeur de 18 lignes : (ily en a dans la belle collection de Thompson , Angloïs) , jusqu’à celle d’une ligne de diamètre , et moins encore. Ou la leucite est enveloppée dans la lave, ou elle est combinée avec des pyroxènes et des micas, comme sur la colline de Tusculum , près de Rome, où elle se trouve dans la pierre calcaire. Elle est généralement blanche , quoiqu’on en trouve quelquefois aussi des rouges ; les grandes sont opaques; maiselles deviennent à demi-transparentes en les humectant avec l’eau. Lady North possédoit un très-beau cristal dont les deux tiers étoient transparens et luisans , le reste d’un blanc mat et opaque. Ces cristaux renferment toujours une substance étrangère, ou une pyroxène ( schorl) ou du feld-spath, et cela même quand ils se trouvent dans le marbre de Somma, Leur forme est d’une invariabilité étonnante , on n’y remarque jamais les décroissemens, sur les bords et sur lesangles, qui sont si fréquentes dans les substances volcaniques cristallisées, Il n’est pas moins singulier que les leucites ne se trouvent plus dans cette quantité et avec cette grandeur de cristaux dans les layes mo- dernes , que dans les anciennes, comme ceux de la montagne de Somma , ceux sur lesquels Pompeïa fut bâtie; et, en général, tous ceux qui précèdèrent la grandeéruption sous Titus. Ceux qui se trouvent dans les laves modernes ne sont que petits , indis- tincts et confondus avec la masse de la lave. Peut-être, demande l'auteur, y a-t-il une roche pleine de leucites dans la partie méri- dionale de l'Italie , le foyer du Vésuve l’a passée et se trouve maintenant dans une, autre qui contient des olivines et des py- roxènes ? On trouve au Vésuve une lave terreuse , contenant des spaths calcaires , des pyroxènes, et quelquefois de la calcédoine mam- melonée , qui renferme , dans ses cavités, de l’eau pure. Ce phé- nomène n’est pas rare ; on le remarque souvent dans la lave de Capo di Bove, près de Rome , et dans quelques laves de Somma. Breislack croit que cette eau pourroiït bien se composer dans la lave même fluide. Le cône du Vésuve, qui ne présente à sa superficie que scories, fragmens de lave , sable volcanique , paroît construit comme la montagne de Somma , de différentes couches de lave. On vit, én 1776, s'ouvrir une fente au nord-ouest , longue de 1000 pieds, large de 400 pieds, et d’une profondeur au moins de 60 pieds. C’est alors qu’on remarqua ces couches successives, qui donnent 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, de la solidité et de la consistance au cône. Tous les courans qui sortent du grand cratère , contribuent à l'agrandir. Ce cône change sa forme presqu’après chaque grande éruption, Celle de 1794 l’abaissa d’un quart de sa hauteur, et présentement (en 1798) il paroïit tronqué , d’un plan incliné dans la direction du nord-est au sud-est. Le périmètre de la grande bouche au sommet , est à-peu-près de 5000 pieds ; sa profondeur , 300 pieds. En 1794, lorsque Breislack eut le courage de visiter ce cratère, peu de jours après la grande éruption , il trouva ceite profondeur de 500 pieds. Le fond s'élève insensiblement, sur-toui par la chûte des parois, trop roides poursesoutenir contre les grandes pluies et les autres forces destructives de l’atmosphère. Cette élévation est quelquefois si See que le cratère paroît rempli tout entier, C’est ainsi que la plaine du fond ne fut abaissée que 23 pieds sous la cîme. Au milieu de cette plaine s'éleva un autre petit cône de 80 à 90 pieds de hauteur, avec un nouveau petit cratère. L'auteur ne croit pas que les vapeurs qui s'élèvent sans cesse du grand cratère, quand le volcan est en repos, proviennent du foyer même ; il pense qu’ils tirent leur origine de matières qui se dé- composent non loin de l'ouverture :nême. Il ne se montre pas plus favorable pour l’opinion d’une communication de ce foyer avec la mer, par laquelle plusieurs physiciens ont voulu expliquer la formation des vapeurs d’acide muriatique , de lammoniac et de la potasse, que l’on trouve fréquemment effleuris dans le cra- tère du Vésuve. Il pense que toutes ces substances se forment dans Je volcan même, Après quelques observations sur l’invraisemblance du torrent d'eau , qu'on prétend être jeté du cratère , l’auteur décrit les courans de lave qu’on remarque au penchant de la montagne , avec une exactitude , qui seule est nécessaire pour nous ayancer dans la théorie des volcans. Au pied du Vésuve, du côté du midi, près du fort de Pietra- Bianca, à un peu moins d’un mille de terre , il se trouve, au fond de la mer, une source de pétrole. Quand les gouttes de cette subs- tance s'élèvent à la superficie de l’eau, elles y forment des ta- ches parfaitement rondes, de trois à quatre pouces de diamètre , et d’un brun-jaunâtre. Peu-à-peu les gouttes s'étendent, prennent une forme irrégulière, et se divisent en grumeaux qui deviennent d’une couleur plomhée , un peu changeante. L'odeur est très- forte , et se sent à une grande distance dans la direction du vent. Une source de pétrole , auprès du Vésuve , pourroit servir d'explication , à un faiseur de système. En combinant ce phéno- mène ayec d’autres sources de pétrole , dans le voisinage des ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331 Apennins et avec les charbons fossiles de Bénévent et de Gifone, auxquels rien n'empêche d'attribuer une extension considérable sous terre , on peut se figurer , sous le Vésuve, un réservoir im- mense de bitume , qui s'allume par une fulmination électrique , ou par quelqu’autre cause inconnue. La combustion durera tant que la masse du réservoir ne sera point consumée ,etelle pourra se répéter chaque fois qu’une nou- velle cause d’incendie agira de nouveau sur une nouvelle quantité de bitume. Je ne fais qu’indiquer le plan d’un édifice ; si quel- qu’un veut se charger de le construire , on trouvera peut - être aisément des gens qui ne dédaigneront pas de l’habiter. td rm en UE PEU GS dc ds | | MÉMOIRE Sur la manière dont se fait la nutrition dans les insectes ; Par Cüuvrien, Lu à l’Institut national , en vendémiaire an VI. / Ls animaux à sang blanc, infiniment plus nombreux en espèces et plus variés en formes que ceux à sang rouge, et qui s’en écar- tent tellement , qu’on pourroît peut-être , selon l’idée ingénieuse et hardie de notre respectable confrère Daubenton , les considérer comme un règne à part, presque aussi différent des autres ani- maux que des végétaux, ont été observés , classés , nombrés et décrits avec beaucoup de soins, quant à leurs formes extérieures, par les naturalistes ; mais on n’a presque point encore de con- noissances un peu générales sur leur organisation. Nous voyons encore dans l'ouvrage de Vicq-d’Azyr , le plus nouveau et le plus parfait que nous ayons sur Panatomie com- parée, quoique la mort trop prompte de l’auteur l'ait empêché de le continuer ; nous y voyons , dis-je , qu’il attribue à tous ces anunaux indistinctementun vaisseau longitudinal noueux, au lieu de cœur. Gmelin , dans son édition de Linnéus, n’a rien changé aux anciennes erreurs de ce grand homme , qui donnoiït pour carac- ière aux insectes un cœur à un seul ventricule et à une seule ’ 33% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE oreillette ; et aux vers, un cœur à un seul ventricule sans oreillette. C'est pourtant plutôt par négligence que par défaut de faits acquis’, que ces assertions erronées se sont glissées dans ces deux ouvrages. On savoit depuis long-temps , par les observations de Moro, que les sèches ont un cœur très-composé', et pourvu d’o- reillettes; par celles de Swammerdam, et de plusieurs autres, que les limaces ont un cœur musculaire avec une seule oreillette; par celles de Trembley et de Ræsel,qu'il n’y a rien de semblable ni à un Cœur, nià un vaisseau noueux, dans les hydres ou polypes à bras; en sorte que les formes de cœur attribuées par Linnéus et Vicq-d’Azyr à leurs versétoient tropimparfaites pour lesuns, trop compliquées pour d’autres, et n’existoient peut-être véritablement dans aucune espèce. Je crois être le premier qui ai distingué les vers en deux grandes familles très-éloignées l’une de l’autre pour la perfection de l’organisation , celle des mollusques qui à un cœur et ur système complet de circulation , et celle des zoophytes qui n’a ni l’un ni l’autre ; et quoique j'aie pu commettre alors quel- ques erreurs de détail en plaçant certaines espèces ailleurs qw’elles auroient dû l’être , ou en ne les associant point selon leurs véritables affinités , je pense que cette division doit servir de base à toutes les recherches ultérieures qu'on pourra tenter dans cette partie. J'ai décrit depuis, dans un mémoire qui vous a été lu dans June de vos premières séances, les différentes particularités qui s’observent dans les cœurs et les systèmes lue des princi- paux genres de mollusques, et je crois y avoir prouvé que leurs vaisseaux veineux font en même-temps les fonctions de vaisseaux absorbans, K d Les expériences et les injections que j'ai tentées cette année sur des mollusques bivalves , tels que les huîtres, me font regarder leurs vaisseaux pulmonaires comme entièrement vei- neux, c’est - à - dire, comme absorbant du dehors un fluide quelconque qu’ils portent dans le cœur , sans rien recevoir de celui - ci. En me réservant de prouver cette opinion dans un autre mémoire, je vous l’annonce ici d'avance , parce qu’elle peut jeter quelque lumière sur l'objet que je vais traiter au- jourd’hui. Le premier anatomiste qui ait parlé avec quelque étendue de ce qu'il appeloit le cœur des insectes , est Malpighi , dans son traité du ver à soie. Cette utile et célèbre chenille a , comme toutes les autres, et comme la plupart des insectes et Se rye& ET D'HISTOIRE NATURELLE. 333 . 4 larves, un vaisseau transparent, situé dans le dos , immédiate- mentsous la peau, et s'étendant depuis la tête jusqu’à l'extrémité opposée. Les espèces d’épiploon ,ou de corps graisseux qui remplissent le corps des chenilles , sont attachés tout du long aux deux cô- tés de ce vaisseau ; et comme ils forment , d'espace en espace , de léoères saillies qui avancent sur lui , ou qui le compriment , ils lui donnent , au premier coup-d’œil , l'air d’être partagé par des étranglemens en autant de vésicules ovales ou Sblenes que le corps de l’insecte a d’anneaux ; c’est ce qui avait fait donner à ce vaisseau le nom de ?zbus articulatus aut nodosus : Vicq- d'Azir le nomme aussi vaisseau dorsal noueux. Cependant Swammerdam et Réaumur nous avoient déjà appris que ces étranglemens n’étoient qu’une apparence ; et en effet , lors- qu'on l’a débarrassée des parties qui l’environnent, il paroît tel qu'il est, un simple tube , égal dans toute sa longueur , et seu- lement plus mince vers les deux bouts. Ce vaisseau observé dans un insecte vivant, montre une sorte de mouvement péristaltique , une contraction successive de ses diverses parties, qui semble imprimer à la liqueur limpide qu’il contient , un mouvement dans le même sens. Cela le fit considérer pe Malpighi comme une suite de cœurs ou de ventricules, de ’un desquels le sang passe dans l’autre. Les anatomistes modernes ze se sont point nettement expliqués sur ce qu’ils pensoient de cette idée ; ils se sont presque tous contentés de rapporter his- toriquement l’opinion de Malpighi. Cependant les observations mêmes de cet auteur , et celles que je vais rapporter , la rendent extrêmement improbable, pour ne pas dire plus. _ Malpighi a constaté avec soin, et rapporte avec candeur, un fait qui jui est très-contraire ; c’est qu’il y a une irrégularité totale dans les mouvemens de ces prétendus cœurs. Le plus souvent le fluide paroît se porter de la tête vers la queue ; mais on le voit souvent aussi prendre une marche contraire ; ou bien celui d’une partie du vaisseau marche dans un sens, et celui de l’autre partie dans un sens opposé : et ces changemens de direction n’ont point de rapport constant avec les differens états de l’insecte ; ils n’ar- rivent point à des époques marquées, ni d’une manière lente et , graduelle ; mais ils sont souvent très-subits, et se succèdent sans ordre et avec rapidité. Or, je le demande, d’après les idées que nous avons de la cir- culation du sang , seroit-il possible que de pareilles variations z'altérassent point la santé de l’animal , si ce vaisseau dorsal étoit Tome VI. BRUMAIRE «x 8. Xx 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en effet le centre de la circulation et le princinäl réservoir du fluide nourricier ? Peut-on même supposer que ces changemens viennent de l’état contre nature où l’observateur met l’animal, objet de ses recherches ? et est-il possible d'imaginer un tel état de douleur ou de convulsion , qui fit, par exemple , changer le cours du sang dans un des animaux que nous connoissons , malgré la disposition des valvules et de toutes les autres puis- sances qui agissent dans la circulation ordinaire ? D'ailleurs nous ne pouvons appeler cæzr qu’un organe propre à chasser dans tout le corps, par des ramifications vasculeuses , la liqueur nourricière, soit que cet organe ait une forme renflée comme le cœur de l’homme, soit qu’il soit simplement tubuleux comme lartère dorsale des poissons. Or, le vaisseau dorsal des insectes n’est rien moins que cela. Le point le mieux constaté de leur anatomie, c’estque ce vaisseau n’a aucune branche , et que les liqueurs qu’esi y injecte ne peuvent en sortir qu’en le rompant. Malpighi ayoue qu'il n’a vu aucun rameau , et qu'il n’a pu trouver de continuation à ses extrémités. Swammerdam , à la vérité, a dit qu’en insufflant une liqueur colorée dans celui des sauterelles au moyen d’un tube de verre: filé à la lampe de l’émailleur, on voyoit se colorer les autres: parties du corps. L’autorité de cet homme célèbre, dont la pa- tience dans les choses utiles est mille fois plus étonnante que celle qu'on admire dans les auteurs tant cités de bagatelles dif- fciles; cetteautorité sufhroîït , s’il avoit répété son assertion dans ses derniers mémoires : maïs il ne l'a dit qu’en passant, dans son petit et imparfait ouvrage qui , sous Le titre pompeux d’/éstoire générale des insectes , w’étoit qu’une espèce de prospectus ou de catalogue de son cabinet; il ne l’a dit qu’à propos de la sau- terelle, dont il ne donne point l’anatomie , et 1l n’a rien avancé: de semblable dans ses belles monographies dont le recueil inter- calé par Boerhaave , après la mort de l’auteur, entre les divers. chapitres de cette prétendue histoire générale, constitue le cé- lèbré ouvrage du Biblia naturae. Tous les auteurs postérieurs avouent qu'il ne sort du grand vaisseau dorsal aucun vaisseau plus petit. Lyonnet , qui a donné sur la seule chenille du bois de-saule un gros volume 27-4°, où 1 n’y à pourtant pas un mot d'inutile, et dont les planches sont, sans contredit, le chef-d'œuvre de l'anatomie et de la gra-- vure , assure qu'il n’y a point de ces vaisseaux particuliers ; ce- pendant il a disséqué , décrit, dessiné et gravé des parties mille fois plus petites que ces vaisseaux ne seroïient, en supposant du moins qu'ils auroientdans leurs proportions quelque analog'e avec ceux que nous connoissons dans les antres animaux. ET D'HISTOIRE. NATURELLE. 335 J'ai fait aussi des expériences pour reconnoître si ce vaisseau m’avoit point quelques ramifications ; j'y ai injecté avec quelque force une liqueur colorée ; jy ai fait entrer du mercure pressé par une colonne de plusieurs pouces ; enfin je l’ai soufflé , sans avoir jamais rien trouvé de ce que je cherchois. M'étant ainsi bien assuré que le vaisseau dorsal des insectes n’étoit point le centre ni le principal organe de leur circulation, je voulus chercher ce centre ailleurs : pour cet effet , il falloit commencer par trouver des vaisseaux; Car, sans eux, tous les corps creux, plus ou moins contractiles , que j'aurois pu ren- contrer , auroient été exposés aux mêmes objections que le vais- seau dorsal. Je savois déjà qu'aucun auteur n’avoit parlé clairement de vaisseaux sanguins dans les insectes : mais je ne désespérois pas encore de les découvrir , tant j'étois accoutumé à la structure connue des classes supérieures , et tant mes succès dans la re- cherche de ceux des mollusques me donnoient d’espérance de voir encore l’analogie triompher ici. Mes efforts pour les trouver ayant été vains, il ne me restoit qu'un parti pour échapper à l'horreur du doute qui tourmente tant les hommes qui s’occu- pent d’un objet ayec quelque passion : c’étoit de montrer qu'il n'y en avoit point. Pour cet effet, j'examinai avec soin les parties du corps des insectes où ces vaisseaux eussent dà être le plus sensibles s'ils eussent existé. On saitsque les membranes des intestins sont au nombre de celles où il y a le plus de vaisseaux , et où on les xoit le mieux. Je pris donc différentes portions de ces membranes dans plusieurs grandes espèces d’insectes ; et les ayant nettoyées, fendues et étendues dans de l’eau , je les exposai, dans des verres Jègèrement concaves et très - minces , au foyer d’un microscope composé , en les éclairant par-dessous au moyen d’un miroir. Il me fut très- facile de voir qu'il n’y avoit absolument d’autres vaisseaux que les zr4chées , ou vaisseaux aériens , lesquels s’y ramifient comme les vaisseaux sanguins et lymphatiques le font sur les nôtres. Leurs ramifications sont aussi variées , et la transparence des membranes permet de les suivre beaucoup plus loin , parce qu'ils sont opaques. On en voit qui n’ont pas la deux-centième artie d’une ligne en diamètre ; mais , quelque petits qu'ils Nate , il est aisé de voir qu’ils finissent tous par se rendre dans les troncs des trachées , et qu’ils sont tous de la même espèce. J'ai représenté, #g. 1, ceux de l’estomac d’une grande demoi- NEC 2 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE selle (Z4el/ula grandis , Lin. ); ils diminuent uniformément de diamètre , et leurs plus petites branches tendent à prendre une direction parallèle et longitudinale. La membrane même , vue avec la plus forte lentille , ne présente aucune apparence d’au- tres vaisseaux ; son tissu paroît demi - transparent , avec des points un peu plus opaques , à-peu-près comme les pétales les plus fins des fleurs paroïssent à l'œil nud dans les intervalles des trachees. La /i9. 2 représente un morceau de la membrane du canal in- testina] d’une sauterelle(gry/lus campestris). Ses trâchées ne dimi- nuent point uniformément ; elles sont légèrement renflées d’es- pace en espace : leurs branches sont plus courbes , et s’unissent par des anastomoses plus fréquentes , en sorte que leurs plus fines ramifications forment une espèce de réseau à mailles rondes. La riembrane elle-même ne présente , dans leurs intervalles, qu’un tissu pulpeux , composé comme de très-petites vésicules , serrées les unes contre les autres. D’autres insectes présentent d’autres variétés dans les mem- branes et l’arrangement des trachées ; il ÿ en a sur-tôut dont les estomacs sont très - remarquables par leur texture interne : mais ce n’est pas ici le lieu d’en parler. El suffit de cette obser- vation générale , qu’on n’y voit aucun autre vaisseau que des trachées. Peut-être croira-t-on que les vaisseaux de l'intestin sont trop: petits pour être vus ; mais au moins devroient-ils aboutir à des: troncs mésentériques plus gros , qui ensuite se rendroient au: centre commun. Or ici il y a encore moins d’équivoque : on ne peut pas même: alléguer que leur transparence les fait se perdre pour l’œil dans l'épaisseur du mésentère ; car les insectes n’ont aucun mésentère. Leur canal intestinal n’est retenu en place que par les trachées: nombreuses qui l’enveloppent de toutes parts : en le tiraillant , on allonge et on rompt ces trachées ; on les voit toutes distinc- tement ; et on verroit de même d’autres vaisseaux , quelque fins. qu'ils fussent, s’ils existoient. Et qu’on ne croie pas que la petitessedes objets et la grossiereté de nos instrumens nous fassent détruire ou méconnoître le tissu si délicat de toutes ces parties. Outre qu’une souris, un roitelet, ou tel autre animal à sang rouge, que nous disséquons tous les jours, et dont nous distin- gons très-bien tous les genres de vaisseaux ne sont guère plus grands qu’une chenille , comme celles de plusieurs sphinx , ni ET D'HISTOIRE NATURELLE. 337 qu’une larve , comme celle du scarabée monocéros, ces dernières espèces présentent plus de facilité à l’anatomiste. Les insectes n’ont point de ce tissu que nous appelons cellu- laire ; et c’est une nouvelle preuve en ma faveur , puisque l’on sait aujourd’hui que cette cellulosité ne consiste presque qu’en vaisseaux lymphatiques. Puis leurs trachées étant toujours pleines d'air, donnent à toutes leurs parties une grande légéreté spécifi- que ; en sorte qu’en y versant un peu d’eau, on les voit se sou- lever , se développer , et présenter le plus beau spectacle à l'œil de l'observateur par leur variété et leur délicatesse. Enfin la variété des couleurs contribuent encore à faciliter l’a- natomie des insectes. Dans les animaux à sang rouge , presque toutes les parties sont teintes de nuances plus ou moins fortes de rouge ou de brun; celles hr n'ont pas cette couleur la prennent en peu de temps , lorsqu'elles sont exposées à l’air : ici, au con- traire , les diverses nuances de blanc pur, de couleur métallique, de vert , de jaune, se marient ou s'opposent de la manière la plus nette ou la plus tranchée. Pour reyenir à mes recherches sur les vaisseaux des insectes, après avoir examiné les membranes de leurs intestins, j’en soumis à mon microscope de plus fines, et qui, dans les animaux à sang rouge , sont encore mieux pourvues de vaisseaux. Je ne parlerai ici que de la choroïde de la demoiselle. Son œil est, comme on sait, très-grand ; il occupe près de la moitié de la surface de sa tête ;sa membrarte externe est très-dure , et divisée en une multitude étonnante de facettes hexagones. Hook , Hollandois, qui-a eu la patience de les compter, pré- tend qu’elles sont au nombre de quatorze mille. On a cru que chacune d’elles étoit un œil particulier ; c’est ee qui est encore douteux. Quoi qu’il en soit , leur face postérieure est enduite d’un vernis noirâtre ; derrière chacune il y a un petit filet ner- veux quitient par un extrémité à ce vernis noirâtre, et par l’autre à une membrane qui a la même étendue que la surface externe , et se trouve derrière elle comme une doublure , à une distance égale à la longueur des petits filets dont on vient de parler. C’est cette membrane qu’on peut regarder comme la choroïde de cet œil singuliér. Elle se détache très-aisément des petits filets ner- veux, et paroît à l'œil simple rayée très - finement de blanc et de noir. Derrière elle est encore une membrane de substance entièrement méldullaire ; et qui tient, de chaque côté , aux hémisphères du cerveau. Tout cet appareil est représenté dans la fig. 3. C'est cette membrane que j'ai mise dans de l’eau, sur le porte- 338 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE objet de mon, microscope. J'y ai vu très-clairement queles lignes blanches étoient des trachées ; leurs intervalles, qui paroïssoient noirs à la vue simple, étoient transparens , avec un grand nombre de petits points noirs : mais il n’y avoit nulle apparence de vais- seaux , excepté les trachées susdites. Voyez Ve: 4. La peau des insectes, leurs ailes, toutes leurs parties extérieu- res, ne montrent jamais non plus d’autres ramifications que celle des trachées. Certaines larves d'insectes qui vivent dans l’eau , comme celles des éphémères , ont sur le corps des lames ou des panaches qu’on a pris pour des branchies ; mais les vais- seaux que l’on voit se ramifier dans leur épaisseur sont aussi des trachées. Il faut remarquer ici que je distingue expressément des in- sectes ordinaires les écrevisses et les monocles , qui ont vé- ritablement un cœur et des branchies , comme je le dirai plus bas. G Les muscles des insectes nous montrent encore , par leur tex- ture, que ces animaux n’ont ni vaisseaux, ni tissu cellulaire; leurs fibres sont rangées à côté les unes des autres, sans adhérence , comme séroient des cordelettes fixées par leurs deux bouts seu- lement ; et lorsqu'on coupe une des attaches du muscle, on voit ses fibres s’écarter les unes des autres pour flotter dans l’eau, où il faut faire cette opération , comme toutes celles qui concér- nent l’anatomie des insectes. Au fond , cette absence de tous vaisseaux sanguins dans ces animaux ne nous étonne que parce que nous sommes tou jours tentés de juger de tous les objets d’après ceux que nous connoissons le mieux. ‘Accoutumés à voir dans l’homme , et dans les animaux à sang rouge , la nutrition s’opérer par le moyen des vaisseaux et par l’action musculaire du cœur et des artères , nous avons cherché des organes semblables jusque dans les plantes. Grew en décrit les vaisseaux et jusques aux valvules ; et cependant il paroît très - probable aujourd'hui qu'il n'y a rien de tout cela , et que les végétaux ne se nour- rissent , que par la succion du tissu spongieux qui fait la base de leur substance. . Si cette opinion est encore problématique pour les plantes , nous avons du moins des exemples bien certains d’une pareille manière de se nourrir , dans une multitude d’animaux. L’hydre, ou polybe à bras, n’a bien certainement ni Cœur ni vaisseaux ; C’est une espèce de sac pulpeux entièrement homogène , un estomac pourvu de la faculté locomotile , et voilà tout : aussi nulle diffé- rence entre ses parties ; chacun de ses fragmens est autant sus- LA ET D'HISTOIRE NATURELLE, 339 ceptible que le tout, de s’assimiler les molécules des corps étran- gers par une force de succion , et de redevenir semblable au tout par cette force mystérieuse, accordée aux corps organisés , de re- prendre, sous certaines conditions et sous certaines limites , dif- térentes pour chaque espèce , la forme propre à cette espèce , lorsqu'elle a été altérée. Pourquoi le corps un peu plus composé des insectes ne seroit- 3l pas susceptible de se nourrir aussi par imbibition ? Supposons que le chyle transpire au travers des parois du canal intestinal , il pourra se répandre uniformément dans toutes les parties du corps : car c’est.encore une remarque à faire, qu'il n’y a dans le corps des insectes aucune membrane transverse , aucun dia- phragme ; c’est une cavité continue , qui se rétrécit seulement à différens endroits, mais sans s’y diviser. Là chaque partie en atti- rera les portions qui lui conviennent, et se les assimilera par voie d’imbibition , tout comme le polype s’assimile la substance des animaux qu’il enferme dans son estomac. Nous savons que les tubes capillaires de verre qui repoussent le mercure, attirent les liqueurs plus légères. On peut supposer à des pores plus fins , et dont les paroïs seront de matières dif- férentes , une sensibilité plus grande pour les différences de pe- santeur spécifique des liqueurs ; et en tenant compte des diffé- rentes affinités chimiques des substances de ces pores pour les substances fluides qu’elles peuvent attirer ; on peut expliquer en- core une bien plus grande variété et une bien plus grande pré- cision dans leurs choix, si toutefois on peut employer ce motpour exprimer une opération purement physique. Au reste, tout ceci tient à la question générale des seerétions et de l’assunilation , qui n’est pas de mon sujet, Pour y rentrer, je vais montrer ici que ce w’est pas seulement sur l’argument négatif, que les vaisseaux des insectes n'ont point encore été vus,que se fonde cette opimon. Toute la disposition organique de ces animaux est faite pour en augmenter la yrai- semblance. La respiration qui leur est aussi nécessaire qu’à nous , se fait cependant chez eux d’une manière bien différente. Tout le monde sait que de petites ouvertures latérales , nommées s/iomaies , donnent entrée à l’air , qui pénètre par des vaisseaux élastiques, nommés trachées , dans tous les points de leur corps sans exception. Ce sont même les insectes qui nous montrent le mieux le véri- table usage de la respiration, parce que cette opération est dé- barrassée chez eux de toutesles circonstances accessoires qui on£ 349 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fait illusion aux physiologistes dans les animaux à sang rouge La nouvelle théorie, qui attribue la mort des asphyxiés à la ces- sation de lirritabilité 4 cœur , ne trouve pas même d'application ici, puisqu'il n'y a point de poumon ni de cœur, que l'air agit sur tous les points du corps immédiatement , et que cependant les insectes meurent aussi promptement et avec les mêmes symp- tômes que les autres animaux, soit lorsqu'on les prive d’air en huilant leurs stigmates , selon les anciennes expériences de Malpighi et de Réaumur ; soit lorsqu'on les place dans des gaz différens de l’air vital , selon les nouvelles expériences de notre confrère Vauquelin. ASS La respiration est donc réduite ici à son usage essentiel seule- ment, c’est-à-dire, au complément de l’animalisation par l’action de l’oxigène , soit qu’il ait besoin de se combiner avec toute mo- lécule avant qu’elle aille se placer au point où la nutrition l’ap- pelle, soit qu’il doive simplement débarrasser ces molécules des portions superflues de carbone et d'hydrogène , en les faisant exhaler en eau et en gaz acide carbonique ; et il est bien clair que cette opération chimique est de toute nécessité , puisque tous les animaux ont été tellement disposés , qu’une prompte mort est la suite constante de son interruption. Mais pourquoi la nature a-t-elle employé pour la respiration des insectes un appareil si différent de tout ce que nous connois- sons dans les autres animaux ? C'est précisément dans l'absence du cœur et des vaisseaux qu’il faut en chercher la raison. Dans lesanimaux quiont ces organes, le fluide nourricier se rassemble continuellement dans un réser- voir central, d’où il est lancé avec force vers toutes les parties ; c’est toujours du cœur qu'il y arrive, et il retourne toujours au cœur avant d'y revenir. Il pouvoit donc être modifié dès sa source par l’action de l'air ; et en effet, avant de se rendre par l’aorte et ses rameaux aux parties qu’il doit nourrir, il commence par faire un tour dans le poumon , ou dans les branchies , pour y être exposé à l'air ou à l’eau, dont l’action est du même genre sur lui, soit qu’elle se décompose , ou qu’elle laisse simplement se précipiter l'air qui y est en dissolution ou en simple mé- lange. Mais il n’en étoit pas de même dans les insectes : leur fluide nourricier n’a point de mouvement régulier ; il n’est point con- tenu dans des vaisseaux, et il n’étoit pas possible que sa prépa- ration s’opérât dans un ôrgane séparé avant qu’il se rendît aux parties. Il ne part point d’une source commune ; sorti comme une rosée des pores du çanal alimentaire, il baïgne continuelle- ment ET D'HISTOIRE NATURELLE. 341 ment toutes les parties qui y puisent sans cesse les molécules qui doivent s’interposer entre celles qui les constituoient déjà. L'action de l'air ne pouvoit donc s’exercer qu’au lieu et au mo- ment même de cette interposition ; et c’est ce qui arriye très- parfaitement par la disposition des trachées, n’y ayant aucun point solide du corps des insectes où les finesramifications de ces vaisseaux n'aboutissent, etoù l’air n’aille immédiatement exercer son action chimique. En un mot, le fluide nourricier ne pouvant aller chercher l'air, c’est l’air quile vient chercher pour se combiner avec lui. Nous pouvons remarquer ici la même analogie entre la res- piration des insectes et celle des plantes qu'entre leurs nutri- tions. Les plantes , également AÉROURTHEE de vaisseaux et de circulation , ont de même des trachées ou vaisseaux aériens qui pénètrent dans leur tronc , leurs racinès, etc. Les feuilles ne sont que des réseaux de trachées enveloppés de membranes , et ont leur analogue dans ces feuillets des larves d’éphémère que j'ai déjà cités. L’analogie existe jusque dans la texture , et cela à un point étonnant , Car les trachées des plantes et des insectes sont formées les unes et les autres de fils élastiques con- tournés en spirale, comme l'ont remarqué tous les auteurs qui se sont occupés de lanatomie de ces deux sortes de corps organiques. Il seroit très - curieux de décrire les différentes structures de ces trachées , l’arrangement de leurs principaux troncs, les ren- flemens et les dilatations qu’on y observe, les divers écartemens de leurs branches ; on en tireroit une multitude de caractères pour reconnoître et distinguer les familles naturelles des in- -sectes : ainsi parmi les coléoptères les seules genres à antennes lamelleuses ont des trachées vésiculaires , etc. On reconnoîtroit aussi ce singulier fait, que souvent les trachées d’une larve n’ont rien de commun avec celles de l’insecte parfait qui en sort. Mais tous ces détails entreront dans les descriptions particu- lières que je me propose de publier dans un ouvrage détaillé, Je remarquerai seulement ici qu’il y a des insectes aquatiques, savoir les écrevisses et les monocles , qui n’ont aucune trachée ; et ce sont précisément ceux chez lesquels on trouve un cœur, ou du moins un organe de structure semblable. Il faut pourtant observer qu’il n'existe peut-être pas entre eux et les autres in- sectes une différence aussi grande qu’on le croiroit d’abord : ils ont, à chaque côté du corselet, des paquets de vaisseaux ca- pillaires rangés d’une manière très-régulière sur deux des faces de certains corps en forme de pyramides triangulaires ; toutes Tome VI. BRUMAIR E en 8. bé: 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces pyramides sont comprimées et dilatées alternativement par le moyen de quelques feuillets membraneux que l’écrevisse meut à volonté. Mes essais d'injection m'ont bien permis de porter la liqueur de ces branchies vers le cœur , mais jamaïs je n’ai pu la diriger en sens contraire ; tandis que du cœur on peut la faire parvenir par tout le corps, au moyen de vaïsseaux nombreux et très-visi- bles dans certaines espèces, notamment dans le bernard-lher- mite , où ils sont colorés en un blanc opaque. S’il se trouvoit , par des recherches ultérieures , qu’il n’y eût ni second cœur, ni tronc commun veineux, qui, devenant artériel, portât le sang aux branchies par une opération à-peu-près inverse de celle qui a lieu dans les poissons , alors on pourroit croire que les bran- chies ne font autre chose qu’absorber une partie du fluide aqueux, et le porter au cœur, qui le transmettroit à tout le corps. Ce pré- tendu cœur et ses vaisseaux ne seroient donc, en dernière analyse, qu'un appareil respiratoire , qui ne différoit de celui des insectes ordinaires que par cet organe musculaire qu’il auroit reçu de plus. Et on concevroit aisément la raison de cette différence , attendu que la substance respirée étant sous forme liquide, et ne pouvant se précipiter , comme l'air le fait, dans lestrachées par l'effet de son élasticité, il lui falloit un mobile étranger, qui est cet or- gane qu’on a pris pour un cœur. Quant à la nutrition propre- ment dite , elle se feroit exactement comme dans les insectes ordinaires et dans les zoophytes , c’est-à-dire , par une simple imbibition. Quant aux insectes aquatiques , qui ont, comme les aériens , des trachées é'astiques pleines d’air, et qui manquent d’un organe musculaire analogue à un cœur , on doit les diviser en deux classes. Les uns viennent à la surface pour y respirer l'air en nature : et s'ils s’enfoncent plus ou moins sous l’eau , ils ne le font qu’en plongeant , c’est-à-dire , en suspendant leur respira- tion. On l’observe aisément sur les ditisques et les hydrophiles : leurs stigmates , placées sous leurs élytres , sont inaccessibles à l’eau ; mais sitôt que l’insecte vient à la surface , il soulève les élytres pour laïsser arriver l'air aux stigmates. Il est clair que ces insectes-là rentrent dans la classe des insectes aériens. D’autres insectes aquatiques sans cœur , et à trachées élastiques , respirent véritablement l’eau ; bien entendu que je ne détermine point encore en quelle manière , et que j'entends seulement par cette expression que l’eau en nature va seule frap- per les organes de leur respiration. De ce nombre sont les larves des demoiselles ; on les voit sans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 543 cesse ouvrir leur rectum , le remplir d’eau, et, l'instant d’après, la repousser avec force , mêlée de grosses bulles d’air. Comme ce rectum contient un appareil très-compliqué de res- piration , que je décrirai tout-à-l’heure , je suis assez porté à croire qu’il décompose l’eau. Il seroit facile de vérilier cette con- jecture , en examinant si les bulles d’air qui en sortent à chaque expiration sont de l'air inflammable, Je n’ai pu encore faire cette expérience facile. Quoi qu’il en soit, la simple inspection anatomique de cet or- gane respiratoire nous offre un spectacle remarquable. L'intérieur du rectun présente à l’œil nud douze rangées lon- gitudinales de petites taches noires, rapprochées par paires , qui ressemblent à autant de ces feuilles que les botanistes nonnnent ailées. Au microscope on voit que chacune de ces taches est com- posée d’une multitude de petits tubes coniques , qui ont tous la même structure que les trachées ; et on voit en dehors du rec- tum qu’il naît de chacune de ces taches de petits rameaux, qui vont tous se rendre dans six grands troncs de trachées qui rè- gnent dans toute la longueur du corps, et desquels partent toutes les branches qui vont porter l’air dans les divers points du corps. Voyez fig. 5 et 6. D’apres cette organisation, et les phénomènes que j'ai décrits plus haut, je pense que les amas de tubes rangés si régulièrement dans l'intérieur du rectum, sont autant d'organes qui séparent de l’eau Je gaz qui doit remplir les trachées. Mais c’est sur - tout la disposition des organes sécrétoires des insectes qui appuie fortement ma manière de concevoir leur nu- trition ; et j'ai à cet égard une quantité considérable d’observations qui seroient toutes intéressantes par elles-mêmes, et indépen- amment de leur rapport avec l’objet de ce mémoire : je me con- tenterai de vous en exposer les résultats généraux, persuadé, que je ne dois point, dans une simple lecture , forcer votre attention à suivre péniblement les détails d’une foule de faits particuliers ; je me permettrai seulement de vous en faire voir les principaux, comme des exemples propres à faire comprendre plus aisément les autres. Nos principaux organes sécrétoires forment des masses plus ou moins considérables auxquelles on a donné le nom assez im- propre de glandes conglomérées , et dont la substance consiste en un tissu extrêmement fin: de vaisseaux artériels et veineux mêlés de nerfs, de vaisseaux lymphatiques , et de vaisseaux ap- pelés propres , qui conduisent au dehors le fluide produit , ou, comme o2 dit, séparé de la masse du sang par ces organes. On DOS 344 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE suppose que des extrémités des artères à l’endroit où elles com- muniquent aux veines, transsude une portion quelconque des: élémens du sang; que les origines , les racines des vaisseaux pro- pres , absorbent ceux de ces élémens qui doivent composer le fluide qu'ils charient , et que le reste est reporté dans Île torrent de la circulation par les vaisseaux lymphatiques. Toujours est-il vrai que dans tous les animaux qui ont un cœur et des vaisseaux, ces organes sont épais en tout sens, d’une solidité plus ou moins considérable , et que la sécrétion s'opère dans tout leur intérieur. Ainsi les principales glandes conglomérées de l’homme , les salivaires , le foie , le pancréas ; les reins , les testicules , se retrouvent à-peu-près les mêmes dans tous les animaux à sang rouge: Dans ceux des animaux à sang blanc , qui ont un cœur et des vaisseaux , savoir dans les mollusques , on trouve encore un foie , des glandes salivaires , des testicules glanduleux. Le foie,des sèches et des limaçons est même très - considérable: à proportion de leurs corps, et il ressemble beaucoup au nôtre par sa texture , sa couleur , et la nature de la liqueur qu’il produit. Mais dans les insectes on ne trouve tout d’un coup rien de semblable. Je pose en fait qu'il n’y a chez eux aucune vraie glande conglomérée ; leurs secrétions ont lieu dans des organes tout différens ; ce sont des tuhes très - longs , très- ininces , qui flôttent dans l’intérieur du corps, sans être liés en- semble en paquets, et sans être fixés autrement que par les trachées. Ces tubes sont remplis de diverses liqueurs qu'ils séparent, et ils se rendent aux réservoirs-où ils doivent les verser , quelquefois chacun séparément , d’autres fois après s'être réunis en un canal commun. Lorsque j’eus fait cette remarque importante , et sur- tout lorsque je l'eus généralisée , j’imaginai d’abord que c’étoient autant de tuyaux ouverts au boutdibre , et qui exerçoient par-là seulement une simple succion dans la masse du fluide ; car leur finesse surpasse souvent celle d’un cheveu. Mais en les considé- . rant au microscope, je vis bientôt que ce bout libre est toujours fermé, et que ces tubes ne peuvent exercer leur action que par les pores de leurs surfaces. En effet, celles-ci paroïssent d’une texture entièrement spongieuse, et trés-propre à cet usage. Voyez fig. 7. On voit aisément qu’une telle structure dans les organes sécré- toires étoit une suite nécessaire de l'absence du cœur et.des vais- ’ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 345 seaux. Lorsque ces puissans moteurs existent , ils portent avec facilité le fluide nourricier jusque dans les points les plus pro- fonds des glandes. L’entrelacement des vaisseaux sanguins forme un tissu épais et serré dans lequel les vaisseaux propres sont saisis. Il n’en est pas de même dans des animaux dont le fluide nourricier est répandu par tout le corps dans une espèce de stagnation. Nulle force ne le poussant plutôt vers les or- Henes secrétoires qu'ailleurs , ceux - ci avoient besoin d’une orce attractive plus puissante ; et puisque cette force s’exerce ar les parois de ces vaisseaux , il falloit qu’ils fussent libres, ottans , longs et minces , afin d'augmenter la surface de ces parois. Pour donner à ce genre de preuve tout le développement dont il est susceptible, je vais parcourir avec vous les principales es- pèces d’organes sécrétoires des insectes. Ils se rapportent à trois fonctions, dont l’une, la génération , n’a lieu que dans les insectes parfaits; les deux autres , la diges- tion et la production de certaines liqueurs excrémentielles, se trouvent aussi dans les larves. Les organes internes de la génération consistent toujours au moins dans deux paires de tubes , dont l’une est plus grosse , plus courte’, jamais repliée ni divisée; mais elle est quelquefois double ou triple : d’autres fois même il y en a plusieurs centaines ; for - mant de grosses gerbes ; tel est le cas des sauterelles. Je la regarde comme l’analogue des vésicules séminales. L'autre paire de tubes , qui est toujours simple, mince, et plus longue , est très-sonveut repliée sur elle-même , comme notre épi- dime; ces replis formentmême, dans certains insectes, comme les. diusques , une espèce de peloton qui pourroit faire illusion etêtre pris pour une glaire : maïs lorsqu'on le prend au moment où ces insectes sont prèts à s’accoupler, il est très-facile de le dévelop- per , et on voit qu’il n’est formé que des replis d’un seul tube. D’autres fois ,,comme dans les sazterelles ei le senre de coléop- tères nommé bouclier (s//pha ), ces tubes prennent leur origine dans un paquet de petits tubes plus courts, disposé comme ces brosses nommées têtes de loup, c’est-àeuvent s’attribuer à une opération chimique, au passage de peus d’une combinaison quelconque , à une combinaison nouvelle , au développement du principe soluble ou sapide , qui se manifeste si sensiblement à l’organe du goût. Galvani , Aldini, Volta, et d’autres physiciens également ha- biles, qui se sont occupés avec tant de succès de ce genre de re- cherches , n'ayant pas présent que l’action chimique s'exerce avec la promptitude de l’eclair ; surpris de celle avec laquelle ces deux métaux différens font sentir leurs effets sur la fibre animale, crurent qu'on ne pouvoit les attribuer qu’au fluide électrique. La transmission du galvinisme à distance et par chaîne , favo- visoit leur idée , qui fut ensuite généralement reçue, malgré les objections très-fortes qu’on pouvoit opposer dans quelques cas , au moins , à leur système. On a observé, à la vérité , quel- ques signes d'électricité lorsqu'on sépare deux métaux qu'on avoit mis auparavant en contact : mais on sait très-bien que même plusieurs opérations chimiques sont constamment accompagnées. par un disequilibre de feu électrique ; et par conséquent par des inarques sensibles d'électricité. C’est ainsi qu'on remarque des éclairs dans les grandes fontes ou éruptions volcaniques ; et c’est ici un des cas où quelques physiciens ont pris pour cause de ces incendies ce qui n’en étoit qu'un effet. Il suffit de liquéfier un peu de soufre , un peu de chocolat, pour avoir quelques signes d'électricité : il suffit même de mettre tout simplemeut de l’eau en ébullition , ou en vapeur ; et certainement ce n’est pas du feu électrique qui a été la cause de l’ébullition ou de la fonte de ces substances. Je ne prétends pas exclure toute influence électrique dans les faits prodigieux du galvanisme; je veux prouver seu- lement que ce principe n’a point de part au phénomène de Sultzer, et que plusieurs autres faits analogues dérivent de la même source. Les métaux ayant affinité entr’eux , leurs molécules doivent s’attirer mutuellement dès qu’elles viennent à se toucher. On ne peut pas évaluer la force de cette attraction ; mais je pense qu’elle est suffisante pour affoiblir celle de leur aggrégation, jusqu’à les disposer à contracter des combinaisons nouvelles, à céder plus 1H à l’action des dissolvans les plus foibles. J'avois observé , en répétant l'expérience de Sultzer, que si j'essuyois ma langue le es exactement possible , la sensation qui se réveille par l'approche des deux métaux en contact , étoit di- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 351 minuée au point qu’à peine pouvois-je la distinguer. La salive, ou la limphe, ou une humidité quelconque entre conséquemment pour quelque chose dans ce phénomène. C’est donc elle peut- être qui, en totalité ou en partie , forme une combinaison sapide avec le métal dont l’aggrégation est affoiblie par le contact d’un autre métal qui a de l’affinité avec lui. Mais pour m’assurer de la vérité de ma supposition , je mis dans différens gobelets remplis d’eau... 1°. Des pièces séparées ; d’or, par exemple dans l’une ; d’ar- ent, dans l’autre ; de cuivre, dans la troisième ; et puis de l’étain, FA plomb, etc. 2°, Je mis dans d’autres gobelets pareïls les mêmes métaux que ci-dessus , mais deux à deux, dans le même gobelet, l’un plus, l’autre moins oxidable, et séparés de leur contact par le moyen d’une petite lame de verre. 30. Je mis enfin, dans d’autres gobelets, des métaux, mais au contact immédiat deux à deux, de différente espèce. Les deux premières séries ne manifestèrent aucñn changement sensible , tandis que dans la dernière, le métal le plus oxidable étoit chargé visiblement d’oxide , peu de momens après avoir été au contact d’un métal différent ; oxide qui augmentoit graduellement , jusqu’à déborder du métal inférieur , à se réunir en masse, à couler en cascade tout le long des parois. Ce phénomène commence , quoique insensiblement, à l'instant même du contact; mais je laissai pendant un temps considérable les métaux ci-dessus en expérience , pour voir ce qui en résulteroit de plus. Je les exa- minai au bout d’un mois; et je trouvai d’abord que les deux métaux avoient contracté une adhésion si esdrabe y que pour détacher une pièce de cuivre jaune ( qui n’étoit pas plus grande que deux centimètres ou environ ), de dessus une plaque d’étain, il ne fallut pas moins de deux kilogrammes d'effort : j'observai ensuite, que plusieurs métaux s’étoient non-seulement chargés d’oxide , mais qu’il s’y étoit formé des petits cristanx salins de différentes figures. Il me parut donc qu’une action chimique avoit eu lieu d’une manière évidente, et qu’il ne falloit. pas chercher ailleurs la nature du nouveau stimulus que dans l'expérience de Sultzer , on appelloit ga/vanisme. C'etoit manifestement une combustion , une oxidation du métal Le principe stimulant pou- voit donc être , ou le calorique qui se dégage ; ou l’oxigène qui passe à des combinaisons nouvelles ; ou enfin le nouveau sel métallique ; c’est ce que je n’ai pu bien véritier. J'ai coloré quelque - fois avec du tournesol, l’eau dans laquelle je mettois les métanx en contact; mais je n'ai remarqué d'autre circonstance qu'une ZLa2 352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE précipitation de cette fécule colorante , sans que sa couléur na- turelle en fût aucunement altérée. J’ai remarqué que l’eau , dans laquelle on fait l'expérience, contracte une légère saveur mé- a , dirois-je même arsénicale , qui dure quelque temps , qni excite un principe de salivation ; mais sans paroître contenir our cela du métal en quantité sensible aux réagens les plus. délicats. J'ai donc dû me lniter à penser que ce phénomène n’est qu’une combustion lente du métal, combustion qui doit être ac- compagnée d'attraction d’oxigène, de développement de lumière, et de calorique. On sait bien que dès qu’on amalgame un métal, tel que l'or, par exemple, avec du mercure, il y a aussitôt ex- pulsion de calorique, et non pas, peut-être, par la solidification du mercure , mais parce que la diminution de la force d’aggré- gation dans les molécules de ce dernier métal donne lieu à un principe de combustion. L'augmentation de poids qui s’observe avoir lieu progressivement dans les amalgames', ne vient que de l'oxigène qu'ils attirent de l'atmosphère. Jai essayé en vain de incsurer la quantité du calorique qui se développe par le simple contact de deux métaux solides, quel que fût leur poids : cette quantité est trop petite, trop étendue , pour ainsi dire, sur une grande surface; et nos instrumens ne sont pas assez délicats. Ce- pendant on peut bien voir la lumière qui émane de cette com- bustion métallique , si l’œil lui-même fait partie de l'expérience , si c’est par le concours de sa propre humidité que s’opère la combustion, On n’a qu’à tenir, par exemple , une pièce d’argent dans la bouche , et appliquer un morceau d’étain sur le bulbe de l’œil ; dès qu’on fait communiquer ces deux métaux directement, ou même par un troisième métal, on voit une foible lueur très- distincte , qui n’est pas un éclair électrique , qui n’est pas non plus une irritation convulsive ; car , quoique cette lueur ne pa- roisse affecter cet organe que dans le premier instant, parce que l'œil s’accoutume bientôt à cette foible sensation , on peuts’assurer que l’émanation dela lumière, dans ce cas , est continuelle, puisque si l’on fuitglisseralternativementla cornée transparenteet la cornée opaque sur le métal qu'on y a mis au contact, on na remarquer constamment une lueur plus vivetoutes les fois que le métal esttou- ché par la partiela plus transparente de cet organe. Mais en outre, si on fait cette expérience dans l'obscurité, comme il convient, il suffit de faire attention au moment dans lequel on interrompt la communication entre les deux métaux, pour s'assurer qu'on voit pour lors une obscurité plus profonde , s’il m'est permis de m'exprimer ainsi; ce qui est une preuve de la présence constante d’une lumière quelconque auparavant, Je ne parlerai point de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 353 cette espèce d’éclair que quelques-uns on dit avoir vu , en ap- pliquant les deux métaux simplement à la langue etaux gencives , sans que l'œil y ait part. Je n’ai pas su en vérifier Le fait par moi- même , et j'ai remarqué que plusieurs personnes disoient voir ce que d’autres ne voyoient pas ; et que tout au plus il s’agit dans ce cas d’une sensation convulsive , d’une apparence illusoire , tout conne le feu qu’on voit lorsqu'on presse l'œil avec le doigt, ou qu'on reçoit quelque coup dans le voisinage de cet organe. Il paroît donc que la sensation de la saveur , que l’émanation de la lumière ne sont, dans ce cas, que les résultats d’une opération chimique. Mais ceux qui ont voulu attribuer tout cela à l’élec- tricité ne manquoient pas d'observations plausibles pour justifier leur liypotèse. On a remarqué, par exemple, que l’on éprouve la sensation ci-dessus, même si l’on fait la communicition des deux métaux au moyen d’une chaîne ou d’un long conducteur métallique : mais on sait que le feu électrique se propage par ce moyen à des distances indéfinies ; et j'ai observé qu'environ 6 ou 7 mètres sont l'extrême limite à laquelle peut s'étendre la manifestation de l’action métallique sur la langue ou sur l’œil. C’est certainement au point précis du contact des deux métaux que leur action réciproque est la plus forte : mais il est naturel de croire que les molécules qui en sont les plus affectées doivent communiquer , de proche en proche, aux molécules voisines, jusqu’à un certain point , la force disposante qu’elles ont reçue, ‘Ælle doit se propager en s’affoiblissant , tout comme les cercles qu'inprime la chûte d’un corps dans une eau dormante; et le terme de son action est celui , à-peu-près, que je viens d'indiquer. En variant de plusieurs manières mes expériences , j’observai que , si je couyrois d’une légère couche d’huile l’eau du gobelet où étoierit les deux métaux en contact, l’oxidation n’avoit lieu qu’en petite quantité , et qu’elle s’arrêtoit entièrement lorsqu'elle étoit parvenue jusqu'à un certain point. Mais ce n’est pas as- surément parce que l’intermède d’un corps cohibent s’est op- posé à l’effectuation d'un phénomène électrique, comme :il pourroit paroître au premier aspect; car j'ai essayé de plonger au - dessous de l’huile un conducteur métallique, pour entre- tenir la communication de l’eau et des métaux avec le ré- servoir commun ; et la combustion n’a pas plus continué qu’au aravant. Elle est interrompue ou bornée de même , si l’on exclut ke contact libre de l’atmosphère au moyen d’une petite cloche renversée sur du mercure , qui ne s'oppose point au passage de l'électricité : d’ailleurs les galyanistes croient que ce n’est pas de V'électricité universelle que dépendent leurs phénomènes , mais 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de l'électricité spécifique, pour ainsi dire, des différens métaux: Si cela étoit, on ne pouroit concevoir pourquoi l’effetne devroit pas se produire dans l'instant même du contact, tout comme il se fait à l’approche de deux bouteilles chargées de différentes espèces, ou de différentes quantités d'électricité, D'ailleurs, rien n’empêcheroit la continuation du phénomène lorsque les deux métaux viendroient à se toucher, quelle que fùt le condition des circonstances. Maïs je sens bien aussi qu'on m'objectera , peut- être , que si les deux métaux acquièrent la faculté de déconrposer l’eau par leur simple attouchement, par la seule disposition de leur attraction ou affinité réciproque; une légère Rte d'huile, une cloche renversée , ne peuvent et ne doivent pas non plus s’op- oser à la continuation de leur oxidation complète , toutefois qu'ils sont entourés de cet élément. J'ai remarqué que. pour que ce phénomène ait lieu , il faut le contact libre de l’atmosphère ; et c'est parce qu'il est nécessaire que l’eau contienne cette portion de gaz oxigène qu’on lui trouve toujours, lorsqu'elle est restée quelque temps au contact de Pair : il faut, ce me semble, que son hydrogène soit dans une espèce d’rquartation, pour ainsidire, avec l'oxigène , tout comme l'or doit l’être avec l'argent, afin que la dissolution ou le départ puisse avoir lieu. Il faut donc le contact de l’atmosphère au gobelet de l'expérience ci-dessus , car il faut que l’eau puisse reprendre l’état d’zzguartation nécessaire à la continuation de l'effet, en réabsorbant le gaz oxigène de l'atmosphère à mesure que la combustion de l’étain, par exemple en enlève le radical. Si l’on fait cette expérience dans un endroit tranquille , on pourra observer une espèce de pellicule à la sur- face de l'eau, qui est directement à plomb, et de la même figure et grandeur que le métal qui s’oxide ; ce qui semble même indi- quer les points de la surface et les colonnes de l’eau qui ont servi à la transmission de l’oxigène atmosphérique. Cette réab- sorption est si vraie, que si dans quine cas on substitue au contact de l'air libre un oxide métallique bien chargé d’oxigène, on obtient très-bien la combustion du métal en expérience. On sait que le fer ET La l’eau tout seul, quoique très-lentement, et en développe l'hydrogène : si on ajoute de l’oxide de plomb rouge au fond de l'eau, le fer se change en oxide noir sans que l’eau en reste décomposée. J'ai obtenu , quoiqu’après un très-long temps, oxidation de l’étain dans l’eau an contact de l'argent dans une bouteille de fintglass remplie d’eau, presqu'hermétiquement fermée : mais j'ai remarqué que le plomb, ingrét ient de cette espèce de verre, a cédé son oxigène à l’étain, et s’est changé en oxide noir et ET'ID'HISTOIRE NATURELLE, 355 opaque, tout comme il arrive lorsqu'on fait rougir au milieu des . charbons ardens une bouteille de flintglass remplie de gaz hy- drogène : celui-ci brûle et enlève l’oxigène au plomb, qu’il re- vivihie , tout comme l’a fait l’étain dans le cas ci-dessus. Il'paroît donc évident que l’expérience de Sultzer n’est qu’une combustion, une opéra ion chimique, et ce n’est pas seulement le résultat, mais sa durée même qui l’atteste ; car l'électricité agit toujours d’une manière instantanée , tandis que les effets des affinités chimiques durent autant qu’il existe de réactifs non sa- turés. J'ai laissé très-long-temps dans l’eau des pièces d’argent enveloppées dans de la feuille d’étain à plusieurs doubles : jen ai retire quelques-unes à des époques différentes ; et j'ai trouvé les progrès de la combustion exactement proportionnels au temps. Dans celles que j'ai retiré les dernières, l’étain étoit percé , ronge d'outre en outre dans tous ses replis, comme si on l’eût plongé dans un acide, Mais si on avoit besoin d’autres preuves pour se convaincre que l’électricité n’a aucune part au phénomène en question » On pourroit varier les expériences de maniëre à ne point empêcher ces effets du fluide électrique , et s’assurer par ses yeux que la combustion qui a lieu, dépend de la disposition des métaux , et de leur affinité chimique. Par exemple : 1°. Si l’on pose une pièce d’étain assez épaisse sur l'œil, et qu’on la touche par la surface opposée avec une barre d’argent , il ne se fait point de décomposition de l’humi- dité, point de combustion, point de lueur ; et cependant le contact des deux métaux devroit produire ces effets sensibles, s'ils dépendoient de la communication de leur électricité. 2°. Si l’on tientune pièce d’étain sur l'œil, une autre dans la bouche, et qu'on établisse la communication entr’elles au moyen d’une baguette d'argent , on ne voit pas plus de lumière que dE la première ex- périence. 30, Si l’on applique une pièce d’or sur l’œil , une d’argent sur la langue , et qu’on fasse la communication avec une clefde fer; nulle apparence de lumière, comme ci-dessus. 4°. On ne voit pas non plus de lumière si on met le fer sur l’œil, et l’étain sur la langue , communiquant entr’eux. 6°. L’or et l’argent , appliqués séparément sur les deux organes , donnent à peine quelques foibles signes de sensation par leur contact. 60. La même chose arrive si on emploie deux pièces d'argent, dont on fait la communication au moyen du fer. 70. Il en est de même, si l’on met le cuivre sur œil , Pétain sur la langue , et que l’on établisse la communica- tion avec du fer. 80. La sensation n’est pas plus grande si l’on pose de l'argent sur l'œil, et de l’or sur la langue, en les faisant communiquer par le moyen du cuivre. 9°. Au contraire, on voit 3356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DFE CHIMIE une lueur considérable , si le fer touche l'œil, l'argent la langue, : et si le cuivre en fait la communication. 10°. Il en est de même si l’on remplace l'argent par de l'or. 11°. Comme si l’on fait com- muniquer le fer qu'on tient sur l’œil, et l’or sur la langue, au moyen d’une spatule d'argent. 12°. On voit aussi de la lumière, si le fer qu'on tient sur l'œil, et l'argent sur la langue , communiquent directement entr'eux. 13°. La même chose à lieu en renversant l’ordre de ces deux métaux. 14°. Ou si l’on emploie de l'or en place de l’argent. 15°. Etenfin on peut voir de même la lumière de la combustion, si au lieu de placer l’un des métaux sur la langue, on les net tous deux sur les yeux. On voit par ces expériences , les seules dont je me souvienne dans ce moment, et qui sont très-faciles à répéter et à varier de différentes manières, que ce n’est pas l'électricité qui en opère les résultats ; car on'sait bien que le fluide électrique pénètre d'outre en outre, et du premier instant , tous les métaux qui en sont les conducteurs par excellence , quelle qu’en soit leur situa- tion ou rappôrt. Mais s'il est vrai que l'eau fournisse l’oxigène au métal dans le cas dont il s'agit, on demandera ce qu'est devenu son-hydrogène, Ilest à observer d’abord , que par la raison que le contact de l’atmosphère fournit du gaz oxigène à mesure que la combustion du métal en consomme , il doit y ayoir bien peu d’eau de dé- composée. J'ai dit avoir laissé pendant long-temps les différens métaux en expérience : je les ai examinés à la fin; et non-seulement j’y ai trouvé grumelé de l’oxide en abondance, maïs jy ai trouvé encore des cristaux salinsréguliers, aluminiformes, adhérent sur- tout aux pièces d’argent, et des sels bien déterminés, constitués par deux pyramides tétraëdres attachées par leur base, et qui avont paru n'être du. de l'étain hydrogéné. On sait déjà que l'hydrogène dissout plussieurs métaux; car on trouve dans le gaz hydrogène lui-même , du fer, du zinc, de l’ar- sénic, etc. : on sait que l'amalgame de zinc et de mercure con- tient de l'hydrogène qu’on peut enlever à Païde de la chaleur. J'ajonterai que quelquefois au lieu, de mettre mon appareil d'étain et d’argentdans de l’eau, je l'ai laissé long-temps dans lal- cool ; j'ai trouvé sur l'argent des cristaux an ae , bien transparens, et qui paroissoient contenir du cuivre par leur couleur légèrement vérdâtre. Ce cuivre venoit peut-être de la pièce d’ar- gent; car c'étoit en général de gros écus que j'employois de préférence , parce que j'ai vu que les irrégularités de leur surface, occassionnées par les lettres où par lécusson , favorisoient beaucoup ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 beaucoup la formation des cristaux , qui se logeoient dans ces cavités, et autour de leur bord. Jai essayé de mettre ces mêmes métaux dans de l’ammoniac fermé dans un bocal de cristal, mais sans effet remarquable : c’est peut-être parce que la com- binaison de l’hydrogène est trop forte, et parce que l’oxigène de l’atmosphère ne pouvoit concourir à la décomposition du métal avec lui. L’ammoniac a pris seulement une légère couleur bleuâtre , ce qui fait voir qu’il a enlevé quelque peu de cuivre à la pièce d'argent que j’y avois plongée. On voit bien clairement par les résultats que j'ai obtenus du simple contact de deux métaux, c’est-à-dire par l’oxide et les cristaux salins , qu’il s’agit d’une opération chimique, et que c’est à elle qu’on doit attribuer les sensations qu’on éprouve sur la langue et sur l'œil. Il me paroît donc probable que c’est à ces nouveaux composés, ou à leurs élémens , qu’on doit ce stimulus mystérieux qui opère les mouvemens convulsifs de la fibre animale dans une grande partie au moins des phénomènes du galvanisme. NEUVIÈME MÉMOIRE Sur les conferves considérées dans leur propriété de donner du gaz oxigène , quand elles sont exposées sous l’eau au soleil ; Par Jean Senxegrer, Bibliothécaire de Genève. 5. Ier. Histoire de ce travail. J s n’aurois jamais pensé À m'occuper long-temps des conferves, si on ne les avoit pas représentées comme des ruches d’animal- cules, de même que la matière verte ; aussi les raisons qui m’ont fait étudier la matière verte sous ce point de vue, m'ont engagé à étudier les conferves , pour y chercher des motifs qui pussent appuyer ou détruire ce que j'avois observé dans les mémoires précédens. Ingenhousz , dans le Journal de Physique , t. XXV, juiller 1784 , dit : On placera , peut-être les conferves, parmi les z00- phytes , lorsqu'on sera convaincu que ces corpuscules verts , Tome VI. BRUMAIR E an 8. Aaa ET 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dont les fibres de la conferve sont comme farcies, sont des 2usectes morts ou vivans. Le même physicien , dans ses ver- mischton schriften , publié en 1784, t. Il, p. 216, etc. , traite encore ce sujet ; il y regarde les filets de conferve comme des tubes « contenans des corpuscules ronds et oviformes de la même » grosseur et de la même forme que ies petits insectes qu'on voit » sortir de la matière verte ». Il y décrit les couferves, page 219 ; et il y cite la figure de la Flora danica , tab. 881, où l’on voit ces corpuscules ronds dans les tubes. Il croit que ces corpuscules y sont enveloppés dans une matière glaireuse , qu’il ne trouve , non facilement miscible avec l’eau. | ajoute que cesantmalcules sont Sans mouvement, lors mêine qu'ils sont désagés du tube où ils étoient renfermés ; mais qu’au bout de six ou sept jours, on les: distingue pour deszrsectes pleins de:vie , contenus dans la matière glaireuse. il ne s'arrête point à rechercher si toutes les parties des: conferves communiquent entre elles par leurs nœuds, mais pour s'assurer que les corpuscules qu'on voit dans les tubes de la con- ferve sont les animalcules observés , il dit : « Je les lave avec » grand soin dans l’eau distillée , pour Ôter de la conferve tous » les insectes qui ne lui appartiendroient pas ; ensuite je com > prime ces filets entre mes doigts, je les presse, je les coupe » en petits morceaux, je les mets dans l’eau distillée qui est ver- » die: une foule de petits corpuscules y fourmillent qui com- » mencent à se mouvoir dans peu de jours ». A la page 223, Ingenhousz peint la filiation des opérations de ces animaux. « On voit naître sous une cloche de verre pleine d’eau un essaim » d’animalcules qui forment la croûte verte, ou la matière verte » de Priestley, dans laquelle on voit croître, après un certain » temps, les filets visibles qui se changent ensuite en tremelles ». Les idées de Ingenhousz sur les conferves ne sont pourtant pas tellement fixées , qu’il n'ait cru quelquefois que la conferva rivu- laris étoit une plante ; car après les mémoires et l'ouvrage cités plus haut, il a écrit, dans le Journal de Physique , t. XX, P: 449; « qu’il y a des plantes dont toute l’économie est d’abord » dérangée par le contact d’une eau un tant Dre plus chargée » d’air Hxe que l’eau de source. Telles sont le potamogeion » crispun , et la conferva rivularis'». Ces observations méritoient 'bién un nouvel éxamen : aussi , après mes expériences sur la matière verte, j'ai cru devoir étudier avec soin les conferves, pour n’instruire par moi-même de ce nou- veau phénomène , ét découvrir la vérité. Ces mémoires étoient faits depuis long-temps, lorsque j'ai lu les observations de GirodChantran , dans les bulletins intéressans de: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 359 la société philomatique ; elles m'ont aussi inspiré la plus grande dé- fiance sur mon travail, comme je l'ai déjà dit; mais elles sont ra- contées avec tant de briéveté, que je n’ai pu juger que leur im- portance , sans pouvoir les examiner comme elles le mériteroient, et les répéter comme j'aurois voulu. Je dois donc à la vérité , à cet illustre naturaliste, à moi-même et àtous ceux qui s’occupent de ces recherches , de dire ici que Girod Chantran affirme qu’il y a des animaux dans le tube qui forme les filets des conferves , et que ce physicien doit avoir eu de bonnes raisons pour tirer cette conclusion remarquable. SET T. Description de la conferva rivularis. La conferva rivularis de Linné me paroît avoir été confondue par Haller , avec la conferva fontinalis. L’âge de cette plante, son exposition plus ou moins grande au courant de l’eau, l’action variée du soleil sur elle , la qualité de l’eau ; tout cela influe sur la longueur des filets de ce singulier végétal , et sur sa couleur. Ce qui feroit croire quelquefois , que la conferva fontinalis est une variété de la conferva rivularis. Voici la synonymie de la conferva rivularis. Conferva fila- mentis simplicissimis , aegualibus, longissimis FI. Suec. 1023, . 2161. Hall. 2115. Hudson F1. Angl. 2,p.59,sp.1.Conferva ca- Pillaris simplicissima enody Roy. Lugd. 511. Guettard Hamp 1, pars 45. Conferva fluviatilis , sericeaæ , vulgaris et fluitans. Dillen musc. 12,t.11,f. 2. Conferva Plinii. Gesn. Catalog. 27. Rayi sinopsis 58.Byssus palustris confervoides , n0n ramosa , viridis, sericeum referens , flamentis longis ,tenuissimis. Michel Gener. 2105. 89, f. 7. On trouve la conferva rivularis au bord des ruisseaux , des rivières, des fleuves de toute l'Europe; elle naît souvent sur des pierres, elle est vivace et verte pendant toute l’année. La longueur de cette conferve est quelquefois très-srande ; ses tiges simples varient beaucoup dans leur conformation et leur diamètre ; à la vue simple on ne peut distinguer que des filets très-déliés, mais avec une lentille assez forte on observe un cy- lindre lisse , à demi-transparent, verdâtre , divisé dans sa lon- sueur en parties égales par des espèces de diaphragmes. On re- marque dans l’intérieur de ce cylindre , vers ses bords , des globules à demi-transparens. Telle est la conformation des filets jes plus gros. Les filets les plus jeunes sont aussi cylindriques, Afaa 2 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE demi-transparens , verdâtres , avec de petits diaphragmes : on y voit de même, dans l’espace renfermé entre deux diaphragmes, un ou plusieurs globules. { Corti a donné une description curieuse , exacte et détaillée des conterves, dans l’ouvrage qu’il a publié sur les tremelles ; en le joignant aux lettres que Spallanzani n'a écrites sur ce sujet, on aura une idée assez juste de cette plante. Voici quelques observations relatives au but que je me suis proposé dans ce mémoire, Je les ai fait avec les microscopes que j'ai décrits. Tous les filets de conferves que j'ai vus, ne m'ont pas offert les mêmes apparences , ils m'ont paru de diverses grosseurs ; ils n’a- voient pas tous la même transparence et la même verdure , lors- que je les comparoïis entre eux, ou lorsque je comparois seule- ment les diverses parties du cylindre formant le même filet ;: celui - ci étoit divisé par des nœuds ou des diaphragmes , dont l'intervalle étoit rempli par des corpuscules verts et globulaires qui formoient souvent des espaces plus grands que ceux qui étoient parfaitement transparens. Les nœuds sont marqués sur les bords qui ne sont pas opaques, et ils se prolongent dans le let par un trait. I! sembleroit que le bord transparent s’enfle ,, et qu’il se forme des corpuscules verts entre les nœuds. Dans les parties les plus minces du filet on observe plus de transparence que de verdure: J'ai quelquefois mieux observé cette conferve , lorsqu'elle étoit sèche , que dans sa fraîcheur : j’ai vu que dans l’endroit du filet où la section se forme pour le multipher, il s’étrangle ,Îes bords voisins de l’étranglement s’amincissent , la partie verte se rap- proche , devient plus foncée , et le petit filet qui se détache du grand vers le nœud , après avoir fait quelquefois un angle: ne ou moins obtus, se trouve parfaitement semblable à ’autre.. La conferva rivularis se rompt très-facilement , elle est sujette à blanchir ; elle se décompose alors et se ré‘luit en très-petits mor- ceaux , où l’on devine à peine les nœuds, quand sa destruction est fort avancée ; mais on y observe encore long-temps les globules verts. J'ai vu dans les mêmes filets plusieurs anneaux sans ver- dure , tandis que ceux qui les touchoient à droite et à gauche étoient toujours verts. À Il m'a semblé remarquer une épiderme grainue sur cette con- ferve qui rappelloit un peu la pellicule de la matière: verte ; on la voit mieux sur les plus gros filets. J'ai observé dans les vases où étoit la conferve dans l’eam Le EE IJDOHIS TOIRE NAT/URE/LLE, \ KT: de fontaine , et sur la conferve elle-même, ces cristaux calcaires, qu’on yoit dans les vases où se trouve la matière verte. Les conferves se multiplient par division; elle se fait toujours au nœud : si l’on coupe un morceau entre les nœuds, la partie ‘coupée qui est aupres du nœud périt jusques à lui. Quand les conferves se divisent, la partie du cylindre qui est près du nœud, se courbe et se coupe, les petits globules ne changent point, le tube seul s’alonge. Toutes les conferves n’ont point de globules perceptibles, j’em ai observé plusieurs où il m'étoit impossible d’en remarquer, et d’où il n’en sortoit point après les avoir hachées. J'ai lu dans l’A/gmeine tentsche Bibliothec. 1. LXXXIF, P: 465 , un extrait des vegetabilia cryptogamica de George- François Hoffman, fascic. 1 , publié en 1787, où l’on trouve une description de deux espèces , la sphaeria et la tremella ; il dit que les boutons sphériques sont remplis avec une es èce de gelée ou de pt qu'on peut faire sortir en les ouvrant. Il atrouvé ,dans a croûte gélatineuse , dont il parle, des grains brillans colorés, qu'on découvre nettement avec le microscope dans la sphaeria , et il soupçonne que ces grains sont les poussières mâles dont les petits boutons sont fécondés. Il ajoute que la ressemblance que Adanson et Fontana ont découverte entre ces plantes et les ani- maux , est l'effet de l’irritabilité végétale excitée par la lumière dans les conferves et l’ulua intestinalis , comme dans d’autres plantes, et par des causes particulières dans les m2mosuae. Dans le bulletin, n°. 50, de la société philomatique de Paris, on lit des observations curieuses sur diverses conferves. Les citoyens Romain et €harles Coquebert font remarquer dans la conferva jusgalis de Muller , que ses filamens sont des tubes transparens et sans couleur, traversés à distances égales par des cloisons ou diaphragmes , dont les interstices sont remplis de globules verdâtres extrêmement petits, disposés en spirale ; que ces globules verts passoient d’un des filamens dans l’autre, par les mammelons qui établissent une communication ; ces petits globules peuvent exister séparément du tube , et ils en ont vw sortir une petite conferve semblable à celle d’où elle procède. ?] CARNET EN © Les conferves sont-elles une production animale ? Pour se peindre la conferva rivularis comme une production animale , il faut voir Les filets qui la forment comme des tubes. 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE contenans des corpuscules ronds ou oviformes, de la même figure que ces petits £zsectes que Ingenhousz fait sortir de la matière verte. On peut, suivant ce physicien , tirer ces arimalcules vi- vans hors des tubes de la conferve, et les observer en vie sept ou huit jours après qu’on les en a chassés ; d’où il résulte que ces corpuscules dont les filets de la conferve sont comme farcis doi- vent être des insectes morts'ou viyans, conformément à l’opiniom de ce physicien. Cette opinion ne paroît point d’abord impossible ; mais quand on veut l’approfondir , elle offre de grandes difficultés, Il faudroit trouver l’origine des corps oviformes et de l’étui ; savoir , si les premiers peuvent exister sans lesecond , et cela peut être de cette manière , l’étui ne leur est pas essentiel ; et s’ils peuvent exister sans lui, pourquoi en auroïent-ils à lordinaire ? Il paroît d’abord , dans l'hypothèse de l’auteur , que cés ani- malcules peuvent vivre sans leur étui, puisqu'ils paroiïssent , sui- vant lui , prendre une vraie vie, après l'avoir quittée pendant sept ou huit jours , et la conserver ensuite sans lui. D'où vient donc cet étui ? Les animalcules ne le fabriquent pas comme les teignes, puisqu'ils se sont ranimnés sept ou huit jours après qu’on le leur a Ôté; ils ne prennent pas un étui qui ne leur auroit pas appar- tenu , comme Bernard Tate , puisqu'ils le chercheroïent inu- tilement ; ils ne le filent pas comme les chenilles, on n’apperçoit au moins aucune trace de soie. D'ailleurs si le tube est végétal, comment les animalcules y entrent-ils? Quand y arrivent-ils? Où sont les portes? Ces questions curieuses sont encore à résoudre et devoient être résolues par l’auteur de cette idée... C’est un fait que les conferves se multiplient par division ; que les cylindres renfermés entre les nœuds, ou les diaphragmes sont toujours semblables à eux-mêmes depuis leur enfance jusques à leur mort ; on y voit toujours ces globules , et l’on peut croire , d’après les observations de Romain et Coquebert, que les petits globules donnent naissance à de nouvelles conferves. Quel seroit l’état de ces animalcules dans leur étui? Ils doi- vent y être morts Ou en vie; mais ils doivent y être vivans puis- qu’ils vivent six ou sept jours après en être sortis par l’hypothèse, et fournissent le gazoxigène que les conferves donnent au soleil; on ne peut supposer leur métamorphose, puisqu'ils conservent , ou doivent conserver leur forme extérieure , et puisqu'on n’apperçoit pas leurs dépouilles , imaginera-t-on aisément que ces animalcules , qui sont si vifs quand on les a fait sortir de leur prison, soient condamnés par la nature pour y rester toujours, car ET D'HISTOIRE NATURELLE. 363 on ne fixe pas l’époque de leur sortie naturelle , on ne la laisse pas même soupçonner, puisqu'on n’en parle jamais. On voit, par l'hypothèse, ces animalcules paroître aveo toute leur activité et leur perfection , six ou sept jours après leur sortie de leurs étuis, quand on les à mis dans l’eau distillée; mais je soupçonne beaucoup que ces globules verts disparoiïssent au bout de ce temps, et qu'on voit alors éclore tous ces animalcules qui remplissent les infusions végétales, entre lesquels on trouve tou- jours les animalcules globulaires : mais si ces corps oviformes des conferves étoient animalisés , et si le mucilage qui les recouvre les empêchoit de se mouvoir , ils devroient prendre leur agilité , quand ils sont débarrassés de leurs chaînes dans l’eau distillée ; au lieu que ces animalcules paroissent à-peu-près: avec ceux qu’on voit naître dans les infusions. Pour rendre l’observation de Ingenhousz sans réplique , il au- roit fallu mettre quelques petits globules de conferve , après les* avoir bien comptés ; dix, par exemple , dans l’eau distillée ren- fermée dans un vase plein , scellé hermétiquement ; alors si l’on avoit retrouve seulement ces dix animalcules globulaires, au liew des dix globules verts, on auroit eu une preuve sans réplique de la vérité de l'opinion; mais je doute que cette expérience réussisse de cette manière ; j’assure mème qu’elle ne réussira jamais. J'observe qu’on voit dans les eaux, où la conferve se développe, tous les animalcules dont j'ai parlé à l’occasion de la matière verte; mais quoiqu'il dût y avoir de la conferve par-tout où il y a de la matière verte, suivant l'hypothèse ; j'ai eu souvent des vases pleins de matière verte sans conferve, quoiqu'ils touchas- sent des vases où l’on en trouvoit; peut-être que la différence de leur production ou de leur habitation, occasionne cette grande différence dans leur nature, qu'on ne peut apperçevoir que par leurs effets : mais la grazde ressemblance de ces animalcules ne prouveroit-elle pas, que dans les deux cas , ces animalcules sont de la même espèce, et qu'ils se dévelopent dans les infusions ? J’ai toujours vu ces animalcules oviformes s’éloigner , s'appro- cher indifiéremment des filets de conferves, et quand ils se pla- coient sur eux , ils y paroissoient comme de petites perles. Le nombre ce ces animalcules est assez grand ; ils sont par-tout, dans les lieux sans conferves comme dans ceux où elle abonde. Ils ne sauroient contribuer à sa verdure, puisqu'ils paroïissent la diminuer lorsqu'ils s’y placent. Les tubes de la conferfe ne sont pas formés par les animaux , puisqu'on les y voit végéter ; ils se divisent vers les diaphragmes qu’on trouve près de leurs nœuds pour le multiplier ,et dans cette 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE place où il n’y a point d'ouvertures ces morceaux deviennent des plantes entières. R La partie tubulaire des conferves laisse observer la contexture des plantes. Je ne répète pas ici la description de ces animalcules , que j’ai déjà faite, parce que, suivant l'hypothèse , ils sont précisé- ment les mêmes que ceux de la matière verte. Si les animalcules globulaires forment la conferve , il est diffi- cile d'imaginer cette régularité observée dans les parties vertes et transparentes : elles ne sont pas des alvéoles qui se touchent comme dans les ruches ; ce sont des parties fluides renfermées dans des tubes. Celles qui sont vertes fournissent le gaz oxigène, et les globules n’en seroient pas la source unique , puisqu'on voit paroître des bulles là où y a point de globules. Je n’ai jamais vu ces animalcules globulaires entrer dans les filets de conferve , quoique je les aie vus souvent se promener sur eux, J’ai pris un filet de conferve exposé À la lumière , je l’ai bien lavé dans l’eau distillée ; je l’ai placé sous le microscope de Dellebare, armé de sa plus forte lentille ; je l'avois auparavant coupé en divers morceaux, et humecté avec l’eau distillée; je vis que quelques parties coupées avoient perdu une partie de leur verdure , et d’autres entièrement, parce que leur suc vert s’étoit écoulé ; mais je n’apperçus dans ce suc aucun animalcule. Les globules de la conferve sont verts ; ils ne sont pourtant pas ri- goureusement semblables entre eux , quoique les animalcules globulaires se ressemblent parfaitement. Si l’on compte quelques globules après avoir Sont un petit mor- ceau de contferve , si on les place dans un verre de montre plein d’eau distillée, on voit au bout de quelques jours, que ces globules sont parfaitement immobiles , et prêts à disparoître par leur fer- mentation ; mais on voit avec eux les animalcules globulaires qui se meuvent avec rapidité , de sorte que leur réunion ne laisse aucun doute sur l’immobilité constante des globules et sur leur identité avec ceux qui étoient dans la conferve ; de même que sur la production des animalcules , qui est celle de tous les ani- malcules d’infusion de sept ou huit jours , les globules sont prêts à être détruits ; maïs les animalcules paroissent avec abondance, et ils sont, à la rigueur , des animalcules d’infusion qui n’ont rien de commun avec les globules des conferves. Si les animalcules globulaires apparteñoiïent à la conferve , ils différeroient essentiellement des animalcules , qui périssent dès qu'ils sont à sec ; au lieu que la conferve ne périt pas toujours 2 après ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. /01 365 après sa dessication 3 au moins quand elle n'a pas été forte et longue. J'ai vu les animalcules absolument périr , après avoir été privés d’eau pendant deux heures et demi ; la conferve que j'avois laissée avec eux , donna de l’air quand je l’exposai sous has, au soleil, au bout de 4 heures. Si les animalcules globulaires étoient essentiels aux conferves , ils périroïent avec elle , etil ne devroit jamais y en avoir moins que lorsqu'elle se dissout ; ce qui est contraire à l'expérience. Si ces animalcules vivent en donnant du gaz oxigène , ils doivent périr à l’obscurité, où ils n’en fournissent point ; ce qui est en- core totalement contraire à l’observation. La figure des animalcules globulaires diffère de celle des cor- A verts qu'on trouve dans les conferves , comme on peut le juger lorsque les premiers se reposent sur la seconde, ou la parcourent ; on voit bientôt que les animalcules globulaires er rans ne seroient pas de mesure pour l’étui où ils doivent se loger, au moins pour le plus grand nombre ; outre cela , on n’apperçoit sur la conferve aucune ouverture qui puisse leur donner une entrée et une sortie facile ; aussi je n’ai jamais vu ces corpuscules globulaires entrer ou sortir ; le choix entre les animalcules se- roit borné à ceux qui sont verts , et leur figure est assez uniforme; cependant cette uniformité rigoureuse s’observe moins dans les lobules qui ne sont pas rigoureusement sphériques , mais dont É différences sont très-variables dans chacun, soit dans la figure , soit dans le diamètre ; elle doit être souvent déterminée par la situation des filets et par l'impression qu’ils peuvent rece- voir continuellement de tous les corps environnans. Quand la conferva rivularis se détruit , elle devient une espèce d’étoupe ; si on l’examine alors avec un microscope , on y dé- couvre de petits cylindres , où l’on apperçoit des globules verts, lorsque le cylindre à conservé la couleur verte ;mais ils sont sans couleur quand le cylindre a perdu la sienne. Les points verts, où ces globules observés sur les conferves qui périssent , semblent y tenir opiniâtrement , on a cru que ces globules se changeoïent en cylindres; mais cétte opinion ne peut être fondée que sur une illusion d'optique , ils peuvent paroître tels , lorsqu'ils sont vus d’une certaine manière , quand ils sont rapprochés par quel- ques circonstances fort rares. J'ai vu un morceau de conferve déchiré de façon, qu’un des glo- bules compris entre Îés nœuds se trouvoit tout-à-fait en dehors, ét y formoit une espéce d'éminence extérieure bien marquée ; mais je puis assurér que le glôbule me parut toujours dans le repos le plus complet. Tome VI. BRUMAIRE ex 6, Bbb 366. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On voit quelquefois les globules disparoître entre les nœuds , mais ils ne se remplacent pas ; s'il y avoit des globules errans, avec quelques moyens pour pénétrer dans le cylindre , pourquoi ne les verroit-on pas errer ou entrer dans cette retraite ? J'ai pu m'assurer de l’immobilité des globules dans la conferve, j'avois un filet de celle-ci légérement plié, le globule se trouvoit précisément dans le sommet de l'angle , de sorte qe je pouvois observer le moindre mouvement qui auroit eu lieu; mais au bout d’un temps assez long , je ne pus en remarquer aucun. Tandis que j'observois l’immobilité absolue des globules contenus dans les filets de la conferve , je distingnois les mouvemens rapides des animalcules globulaires, que je voyois parcourir la sürface des filets dans toute leur étendue. Enfin j'ai manifestement vu, pendant plusieurs jours , un globule à l'extrémité d’un filet, où il resta sans laisser appercevoir la moindre apparence de mou- vement. Corti a bien prouvé que la conferve se multiplie par division, que les parties divisées s'étendent pour en former des nouvelles ; mais ce ne sont pas les corpuscules globulaires ou oviformes qui forment l’étui. Les tremelles se divisent, par le milieu du filet pour se multiplier , et les divisions faites dans les extrémités ne sont pas moins fécondes, quoique les corpusculeset leur étuin’ayent pas pris tout leur accroissement, La conferve en se divisant, forme un angle vers un nœud , la partie convexe s’ouvre peu-à-peu, jusqu’à ce qu’elle soit rompue , mais communément ces corpus- cules globulaires ne sont pas bien près du nœud, et lesnouveaux filets ont d’abord des globules plus petits. Il y a des conferves sans globules qui donnent de l’air comme les autres : de sorte que leurs filets , qui ressemblent si fort aux autres, et qui ne paroissent en différer que par leurs globules , montrent évidemment qu’on peut obtenir le gaz oxigène sans eux, et par conséquent que les globules ne le produisent pas ex- clusivement, ou qu’ils ne sont pas essentiels à sa production. Il me semble résulter de-là , que les globules des conferves ne sont point des animalcules , puisqu'ils sont sans mouvement, puisqu'on ne peut découvrir leur filiation et suivre leur histoire sous ce point de vue; il leur seroit au moins impossible de pénétrer la conferve et d’en sortir, et puisqu'il faut sept ou huit jours à ceux qu’on a retirés des filets pour qu’ils puissent s’a- nimer ; d'autant plus que cette azimation est tout- à-fait illusoire; elle ne peut être absolument produite que parle développenient des anhmalcules qu’on trouve dans toutes les infusions, soit qu’il y ait des conferves à globules, soit qu’il n’y en ait pas , enfin ; avec ET D'HISTOIRE NATURELLE. 367 plus d'attention, il eût été facile de voir les globules de la con- ferve , lorsqu'elle se détruit ; servir de nourriture aux animal- cules globulaires , bien autrement nombreux que les globules de la conferve qu'on a comptés avant de les mettre en expérience. Je ne répète pas ici tout ce que j’ai dit de la preuve analogi- que dans les mémoires précédens sur la matière verte, maïs j'y renvoie entièrement, Je me borne à rappeler ce que j'ai observé sur les caractères végétaux des conferves , dans le paragraphe de ce mémoire, en y joignant encore quelques remarques qui sem- blent augmenter la probabilité de cette opinion. O.-F. Muller a découvert trois ou quatre espèces de conferves meet nr qu’il appelle sirand perlend band ; il les décrit comme des tubes transparens contenant une suite de tubes ovi- formes. Quoique ce naturaliste fût porté à y voift des animaux, puisqu'il avoue qu’on se laïsseroit séduire par ces idées sans une grande attention, il reconnoît cependant qu’on ne peut prendre pour des animaux, ni le filet , ni les autres parties. Chaque glo- bule a au milieu une ligne transversale qu'on voit fort bien, quand il est hors de son étui , il partage le globule en deux. Muller y trouve les graines de la plante. Cette conferve étoit sans nœuds. Voyez Magasin allemand de Gotha , 1786 , part. TIIe., pag. 76. | Le même naturaliste, dans les Mémoires de l’Académie de Stockholm pour l’année 1783 , regarde les conferves monilifor- mes de la Flora danica , planche 883 comme une plante, et il y considère les corpuscules oviformes ou globulaires comme les graines de la plante. Pallas, dans son bel ouvrage sur les zoophytes, dit clairement dans l'introduction , que les tremelles et les conferves sont des plantes. On a voulu comparer ces plantes avec les corallines pour rendre probables les animalcules qu'on auroit voulu y placer ; mais il faut l'avouer, elles n’ont guères de ressemblance. Les conferves diffèrent des corallines par leur couleur qui est jaune ou brune- pâle, quand elles sont sèches , tandis que les conferves sont vertes. Les polypes des corallines leur sont adhérens, ils sortent de leur étui , ils y rentrent, mais les conferves ne laissent appercevoir aucune ouverture, et les globules ne s’en: échappent que par force, On voit les trous qui sont sur les carollines s'éloigner et s'aggrandir ; il n’y a rien de pareil sur les conferves qui con- servent leur forme, quand elles ont pris leur accroissement. Les corallines sont les ouvrages des animaux qui les habitent , la réu- nion irrégulière de divers tubes qui se durcissent en vieilliss Bbb2 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sant , mais les conferves conservent toujours la même mollesse et les mêmes proportions, c’est toujours un filet continu comme dans les graminées ; et si les conferves étoient l'ouvrage des glo- bules, conçoit-on qu’elles pussent avoir la régularité qu’elles manifestent ? Les corallines sont presque anéanties par l’action des acides qui changent seulement la couleur des conferves , et tandis que celles-cine donnent que peu on point d’ammoniac par la distillation , les corallines en donnent beaucoup. 11 paroît par ces observations que les corallines et les conferves ne peuvent se rapprocher à aucun égard. Je conclus donc , avec beaucoup plus de probabilité, que les conferves appartiennent au règne végétal , comme la matière verte. Dans le mémoire suivant, je me propose de donner les rapports de la conferve Auec diverses substances qui peuvent agir sur elles, et de faire connoître leur analyse chymique. OBSERVATIONS Sur la feuillaison ‘et l’effeuillaison , avec l’indication des signes qui annoncent la pleine vigueur des feuilles des végétaux et le moment où l’on doit les récolter pour les usages pharmaceu- tiques et économiques ; Par Monstor , professeur à l'école de pharmacie de Paris. LA nature ne suit pas un ordre uniforme et constant dans læ feuillaison des végétaux et dans leur effeuillaison. Il est des plantes dont les tiges et les rameaux se trouvent chargés de fleurs avant que les feuilles paroissent , et qui présentent une exception à la loi plus générale de la végétation, qui eommence à se ima- nifester parle développement des feuilles, et succéssivement celui des fleurs et des fruits: Cette observation donne lieu à une multitude d’autres observations que le physicien naturaliste ne néglige pas d'approfondir. L'homme qui rapporte tout à lui, s’est d’abord persuadé que la naissance précoce de ces {leurs étoit ordonné par‘ une prévoyance bienfaisante, dont le but étoit de hâter ses jouissances, et:il n’a-pas apperçu tout de suite que. la nature suit dans ses productions, uñe marche .toujours conforme aux lois dela physique. En effet, les fruits qui doivent naître sur ces plantes à fleurs précoces, et qui doivent arriver à leur ma- \ EUR D'HISTOLMRE! NATUIRELTE 36) turité dans la saison où tous les êtres organisés jouissent d’une vie extrêmement active, seroient en proie à la voracité des in- sectes destructeurs , si ceux-ci avoient eu le temps de sortir de leur engourdissement , et de déposer leurs œufs dans les ovaires de ces fleurs , au moment de leur fécondation par l'insertion du pollen. Cette observation n’est qu'incidentelle, et je ne la porterai pas plus loin, parce qu’elle m'éloigneroit trop de la fin que je me pro- pose à l'égard de la feuillaison et de l’effeuillaison. Les naturalistes sont d'accord avec les botanistes sur l’origine des feuilles des végétaux. Les uns et les autres les regardent comme un prolongement de l'écorce de la tige, même de chacun des végétaux sur lesquels elles se trouvent implantées ; que ces feuilles soient sessiles ou pétiolées , quelles que soient leurs for- mes, peu importe pour les observations auxquelles leur développe- ment , leur accroissement , leur vigueur , leurs fonctions phy- siques , leur caducité, leur chûte peuvent donner lieu. Il est question d'examiner jusqu’à quel point elles sont néccessaires à la plante qui les produit, en, quel moment elles jouissent de leurs véritables propriétés, et quel est celui où elles doivent se séparer ‘de la tige qui leur sert de support, pour rentrer dans la classe des corps inerts ; en un mot pour cesser d’être un corps organisé. Le premier état d’une feuille, est celui que l’on a désigné sous le nom de éozrgeon. Un fait bien digne de remarque, et qui n’est consigné nulle part , c’est que tous les bourgeons ont dans le moment de leur premier développement, un arome plus ou moins sensible , qui appartient à la seconde écorce de la tige du végétal, qui lui est analogue , etque cetarome se perd à mesure que le bourgeon se prolonge et se convertit en feuille. Si l’on avoit bien suivi l'acte de la végétation , on aureit remarqué que cet arome ,que le vernis résineux, protecteur du bourgeon lors de son enfance , ne disparoïssent , par rapport à nos organes , que rela- tivement et non effectivement. L’arome du bourgeon ne devient moins sensible, à mesure que la feuille se développe , que parce - qu'il se trouve progressivement étendu et noyé dans une quau- üté donnée du fluide séveux qui, s’interpose entre ses parties pro portionnellement à l’eau de végétation qui est essentielle à la plante : son vernis résineux s’amincit comme une feuille d’or sous le maiïllet du batteur d’or , sur toute la surface de la fouille pour la rendre imperméable à l'eau ; ii devient partie intégrante de la feuille , et y remplit une fonction infiniment importante pour sa conservation. | Tous les botanistes connoissent les fonctions principales des feuilles à l'égard de la plante entière. Ils savent qu’elles conitien- 379 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nent les organes respiratoires et expiratoires, et les chimistes ont fait remarquer qu’elles avoient la propriété de décomposer l’eau, qu’elles s’'approprioient l’hydrogène de ce fluide, et qu’elles ex- haloient de l’oxigène lorsqu'elles étoient en contact avec la lu- mière, et de l'acide carbonique , dans l’obscurité. Cette dif- férence dans l'expiration des feuilles est relative aux forces d'attractions chimiques ; ce n’est pas ici la place de les ex-. pliquer. Mais ce qu’il est nécessaire d’exposer avec quelque détail , c’est la théorie des fonctions des feuilles en faveur du végétal. Une fois sorties de leur état d'enfance, les feuilles rendent à leurs tiges, non moins de services qu’elles en ont reçus. On peut- dire qu’elles exercent entre elles un acte perpétuel de bienfai- sance réciproque. Tant que les feuilles jouissent de leurs facul- tés organiques , elles servent de canaux pour transmettre aux tiges une quantité donnée d’hydrogène qu’elles ont analysé de l'eau , lequel se combine avec le carbone du végétal ; et ce sont les proportions relatives d'hydrogène et de carbone parfaitement combinées avec la portion d’oxigène nécessaire , qui constituent ce que l’on appelle le suc propre du végétal , et en forme une tige plus ou moins solide, plus ou moins résineuse. Les feuilles , par le moyen de cette élaboration de la nature , acquièrent de leur côté plus de consistance ; leur couleur prend une nuance plus foncée, leur arome devient plus sensible, et tous les prin- cipes qui doivent les constituer, tendent à se combiner d’une ma- nière plus exacte. La température de l'air quidevient plus haute, fait évaporer ce qu’elles ont d'humidité superflue , et leurs prin- cipes les plus immédiats s’y rencontrent dans un état plus rap- proché. Le moment de la pleine vigueur des feuilles arrive , et ce moment se manifeste par les signes extérieurs que nous allons tâcher de faire connoître. Ces signes dans les plantes à tiges molles, à tiges ligneuses et dans les arbustes , se font remarquer d’une manière assez sen- sible. Les premières feuilles qui dans les plantes à tiges molles se sont élevées de la racine, sont, par une singularité bien ex- traordinaire , tantôt plus amples, tantôt plus etroites, et pres- qué toujours d’une configuration différente de celles qui doi- vent leur succéder. Elles servent de véritables réservoirs du fluide séveux qui doit contribuer à l’accroissement de la tige; on les nomme feuilles radicales : elles se flétrissent à mesure que la plante s'élève ,etelles tombent assez promptement. Les secondes feuilles quiparoissent,serapprochentdavantage dela configuration de celles qui doivent appartenir au végétal et arriver à leur matu- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 371 rité. Dès qu’on les voit s’incliner du côté du pied du végétal, on peut s'assurer que la plante commence à enirer dans son pre- mier état de vigueur. Les troisièmes devenues assez fortes pour s’alimenter d’elles - mêmes , n'empruntent plus le secours des feuilles qui sont nées les premières : celles-ci dont le suc végé- tatif étoit plutôt un produit séveux qu'un suc propre, n’ont qu'une frêle existence , qu’une odeur herbacée ; elles se fanent, elles se rident , elles se dessèchent, leur destination est remplie ; ce n’est pas la tige qui s’en sépare , ce sont elles quise séparent de la tige, parce qu’elles ne reçoivent plus d’aliment par intussusception , et que toute communication avec la tige cesse d’avoir lieu. Dans les plantes bisannuelles, dans celles qui sont vivaces , les phénomènes de la végétation , quoique les mêmes, sont infini- ment plus remarquables , parce que leur texture étant plus so- lide , et que résistant à plus d’une saison , il est plus facile de suivre le travail de la nature. Les feuilles de ces sortes de plantes en font presque tous les frais. Leurs racines sont ligneuses , et leurs organes sucçoires, n’aspirant que très-peu d'humidité , leurs tiges seroient bientôt desséchées s1 la nature n’avoit usé d’une libérale prévoyance à leur égard , en multipliant à infini dans ces feuilles , les utricules ou trachées, à la faveur desquelles Pali- ment propre au développement, à l’accroissement et à la ma- turation du végétal , se trouve sans cesse renouvelé. Les pre- mières feuilles qui paroissent sont produites comme dans les le précédentes, par l’ascension du fluide séveux aspiré par es racines ; mais la conversion de ce fluide en suc propre , ne s'opère que par les fonctions que remplissent les feuilles à mesure qu'elles sont devenues plus fortes. On peut remarquer encore u’elles sont extrêmement nombreuses dans toute la longueur et den le pourtour de la tige. Les feuilles radicales tombent comme dans les espèces de plantes du premier genre que nous avons cité, et les'autres se perfectionnent par une élaboration plus com- lettée. Elles ont une durée d’existence toujours proportionnée i la nature des principes qui les constituent ; ce que nous nous réservons d'expliquer plus bas. Enfin , les feuilles fs plantes arbres, suivent absolument les mêmes lois de la végétation ; c’est-à-dire, que constamment, les premières qui paroissent sont déjà caduques , lorsque les feuilles qui naissent par la suite sont à peine dans leur enfance. La vigueur bien déterminée des feuilles des végétaux s'annonce donc par la chûte de celles quisontles plus proches de la racine, par le ton de leur couleur qui est d’un vert plus foncé, par leur direction sur la tige, qui est plus perpendiculaire à l’horison ; 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ar leur texture, qui est ou plus charnue, ou plus ferme; par leur arome , qui est plus sensible et plus homogène : mais le signe le plus caractérisé , le pre univoque , ést celui où la plante est dans l’état prochain de Îla floraison, et non pas celui où elle commence à se garnir de boutons de fleurs. Cette seconde époque annonce un nouveau travail de la nature ; les feuillescommencent déjà à perdre : elles commencent à avoir un peu moins d’eau de végétation ; elles entrent dans le second période de leur âge, qui les conduit insensiblement à la vieillesse. Dans le moment de le floraison commençante , leurs fonctions vitales sont remplies, elles ne s’alimentent plus par intussusception , elles n’augmentent plus de volume , elles ne subsistent plns que de ce qu’elles ont amassé pour leur propre compte ; les principes qui les consti- tuent , tendent à une combinaison plus intime, plus parfaite, et elles sont , à l’écard des ‘fleurs , les réservoirs des sucs pro- pres, suffisamment élaborés , pour leur transmettre tout ce qui convient au développement des organes de la génération. On conçoit que pour une fonction si importante il faut nécessaire- ment que le premier travail de la nature n’offre rien d’imparfait. L'acte de la végétation est alors consommé ; les feuilles et la tige de la plante se dessèchent, en fournissant à la fleur, et successi- vement au fruit, tout ce que la nature leura fait préparer par un long travail, pour remplir son vœu , dont la fin dans les êtres orgauisés , est constamment la reproduction de l’espèce. Voyons maintenant quelle est la cause de la chûte des feuilles. C’est dans l'examen de cette cause que le naturaliste observateur rappelle toutes les remarques dont il a tenu note. Il a vu les feuilles radicales se dessécher et tomber les premières ; il n’as- signe pas pour cause de la chûte de ces feuilles, l'absence du calo- rique , mais bien l’épuisement des sucs propres de ces feuilles en faveur de la tige qui, par une suite nécessaire de l’ascension des fluides , augmentera de hauteur, et produira de nouvelles feuilles à fur et mesure de son élévation ; et il conclut de cette première conséquence que les feuilles d’un végétal doivent né- cessairement tomber dès qu’elles n’ont plus de contact avec la tige par une communication entretenue par la présence du fluide qui en traverse les filières. La fructification accomplie, le fruit parvenu à sa maturité, tombera à son tour ,'par la même raison que ses organes de succion sont obstrués et sont devenus inerts. Les feuilles qui restent sur l'arbre , après le complément de la fructification , laisseront échapper les sucs qui les maïntenoïent encore dans l’état de verdeur ; elles se décoloreront , elles jau- niront ou elles se coloreront en rouge , comme il arrive à la vigne , : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 373 vigne, et cette nouvelle coloration sera due à une véritable dé- composition du prussiate de fer, qui sera amenée à l’état d’oxide jaune ou rouge de fer, ensuite elles tomberont , parce qu’elles seront totalement oxidées. Si le sue propre des feuilles est plus résineux qu’aqueux , elles resteront inhérentes sur la tige , parce que tout le végétal ne fait qu’une perte presque insensible de son suc propre ; que sa température interne est plus élevée que-celle des végétaux aqueux , et que les feuilles sont beaucoup plus imper- méables à l’eau. Enfin , l'on remarque que les feuilles des végé- taux qui ne produisent ni fleurs , ni fruits , ou dont.les fleurs et les fruits sont très-petits , ont une durée vivace beaucoup plus longue que celles des végétaux qui portent fleurs ét fruits , ou dont ces produits sont plus amples. R É SU M É. La feuillaison des végétaux est une opération simple de la nature , qui se renouvelle nécessairement tous les ans , soit que le végétal se soit dépouillé ou non de ses feuilles. Les premières feuilles qui naissent sur les végétaux sont encore loin d'offrir les propriétés médicinales qui doivent un jour leur appartenir. Le médecin qui en prescrit l'usage , et le pharmacien qui en prépare, soit des sucs exprimés, soit des extraits , se trompent, chacun dans son art : il est même à craihdre que l'usage en devienne nuisible. Le moment‘de la maturité des feuilles est celui de leur pleine vigueur. Il ne faut pas confondre la maturité des feuilles avec celle de toute la A EN : celle-ci est mûre , lorsque le fruit est propre à la reproduction de lespèce , et c’est à l'instant prochain de la floraison , que les feuilles jouissent de toutes leurs pro- prictés ; c’est le moment où on doit les récolter pour les usages pharmaceutiques ét pour l’économie domestique. Si les pro- priétaires de champs couverts de lin et de chanvre, si les culti- vateurs qui récoltent les plantes de fourrages entendoient bien ieurs intérêts , ils n’attendroient pas que ces plantes fussent gar- nies de fleurs , encore moins de fruits , pour les arracher de terre ou les couper , l'écorce des plantes textiles fourniroit des fila- mens plus fins, et les plantes de fourrages seroient plus tendres, plus odorantes , et fourniroient un aliment plus délicat et plus savoureux aux animaux qui en font leur nourriture. Les pro- priétaires pourroïent en outre espérer jusqu’à deux et trois coupes de regain. Enfin, la chûte des feuilles est ordonnée par la nature ; leur Tome VI. BRUMAIRE en 5. Ccc 374 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vie végétale suit les mêmes lois qui appartiennent à l’animalité. Elles se séparent des tiges par l’auimalisation de leurs principes, ou par une dessication qui procède de leur épuisement ou de leur oxidation complète. La gelée peut bien accélérer leur dis- sociation d'avec la tige ; mais ce n’est qu’un incident et non un effet nécessaire , puisqu'il est des feuilles qui résistent à la puis- sance physique du froid , que l’on doit considérer comme relatif à l’égard des végétaux , à raison de leurs divers degrés de tem- pérature, et aussi à raison de la nature des combinés qui les constituent. D ESLCGRRE RON DUNEPIERRE APPELÉE SIBÉRITE(), Par le citoyen LERMINA; Et analyse de ladite pierre par les citoyens G1rrNvet Pecxevr, élèves de l'Ecole Polytechnique. Historique. C ETTE pierre a été apportée de Russie par le cit. Veyer. Dès 1791, ilen avoit doriné un échantillon au cit. Lermina, sous le nom de ScAorl rouge de Sibérie ; mais cet échantillon ne suffisant pas pour en déterminer la nature , le citoyen Veyer a bien voulu communiquer les quatre ou cinq morceaux dont il est possesseur ; il a même consenti à en sacrifier quelques portions à son ami, pour l’etudier et la faire connoître au public. Le citoyen Veyer ayant été prié de donner des renseignémens sur l’origme de cette pierre , a répondu : « Elle a été apportée de » Sibérie à Moscou en 1790 ; on na assuré qu’elle avoit été » trouvée en un seul bloc dans le gouvernement de Perme près » de Catherinbourg ; qu’on l’avoit cassée en six morceaux à-peu- » près pareils à celui que vous avez vu ; qu’en 1795 le gouverne- » ment et plusieurs riches amateurs en avoient inutilement fait » rechercher. Le marchand qui les a rapportés , m'a , l’année » dernière, confirmé que l’on n’en avoit plus retrouvé. J’en pos- » sède un morceau taillé en bagne , demi-transparent, imitant » la couleur du rubis ; les stries y sont presque impercepti- bles , etc. » ÿ ÿ (1) C'est la même que Delamétherie a décrite sousle nom de Daourite. Théorie de lu Terre, seconde édition, tom. II ,-page 305. ( Note du Rédacteur}. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 375 Forme générale. Les morceaux de cette substance présentent un assemblage de longues aiguilles aggrégées, partant d’un ou plusieurs centres , et divergentes jusqu’à la superfrie , où elles se terminent par des sommets à faces planes. Lorsque les aiguilles sont fines , la masse ressemlle ar sa tree Sp , c » P disposition , à certains morceaux d’asbes'e ; lorsqu'elles sont plus P ; : 3 q LT grosses , la masse ressemble parfaitement à celle de la thallite ou schorl vert du Dauphiné. Dans quelques parties , la masse aisuillée est interrompue par des rognons solides noirs ou bruns , qui semblent n’être que la même matière devenue compacte et sans aucune trace de cristal- lisation. Quelques cavités ou interstices sont aussi remplies d’une ma- tière terreuse jaune , dont la nature n’a pas été déterminée. Forme régulière. Les différentes aiguilles divergentes dont nous venons de parler, étoient terminées originairement par une pyramide régulière ; mais le morceau entier a été mutilé par le frottement , au point qu’il a fallu une longue étude et beaucoup d'habitude de voir pour rassembler les indices épars sur toute la masse et propres à déterminer l’ensemble de la cristallisation. D’après l'examen le plus scrupuleux , on a reconnu que la py- ramide terminant chaque aiguille à l’extérieur , est la pyramide exaèdre du cristal enneaèdre décrit par Romé de Lille,, pl.‘4, fig. 93 (tome II, page 394 ). Mais l'angle du sommet a semblé approcher davantage de 155° que de 157°, fixé par Romé de Lille pour le schorl noir. La petitesse des cristaux et la nécessité de respecter des morceaux aussi précieux , n’ont pas permis de donner une mesure plus précise. Transparence. La sibérite est très-transparente , considérée dans chacune de ses aiguilles ou cristaux particuliers ; mais cette transparence est altérée, 1°. par l'intensité de la couleur ; 2°. par l’'agerégation parallèle des cristaux ou.aiguilles , qui se touchent sans adhérer parfaitement ; 30. par les fêlures perpendiculaires dont on parlera à l’article de sa cassure. Cassure. Cette substance en masse sé sépare aisément dans le sens de la longueur des aïguilles, et ces aiguilles séparées pré- sentent des surfaces lisses assez irrégulières. Il est essentiel de distinguer cette disgrégation de la véritable cassure. Celle - ci s'annonce comme très-facile à faire par des fissures apparentes perpendiculaires à l'axe des aiguilles ou cristaux. Cependant ces fissures ne sont qu'apparentes ; Car la cassure faite dans le même C'ecz 376 JOURNAL DE PHYSIQUE, DECHIMIE sens est vitreuse, sans aucun indice de la surface plane , qui se- roit la suite d’une fissure réelle. : : La structure particulière des morceaux que nous avons eus sous les yeux, ne nous a pas permis de chercher le sens de la: cassure, pour découvrir la molécule primitive , suivant la mé- thode du citoyen Haüy. Nous eussions desiré rendre ce nouvel hommage à l’homme célèbre qui , par de longs et pénibles tra- vaux , est parvenu à mettre la clef de voûte à l'édifice de la mi- néralogie élevé par Romé de Lille. Couleur. La couleur de la sibérite est d’un. lilas vineux très- brillant : elle ne peut être mieux comparée qu'aux fleurs de co- balt lilas , lorsque celles-ci ont de la transparence. ; il : Se HAS peiu Cette couleur , plus vive dans l’intérieur de la masse, s’affoi- blit en approchant des pyramides extérieures ; de sorte que quelques-unes d’elles paroïssent blanches et transparentes. La couleur disparoït au premier coup de feu, au chalumeau même plus facilement que celle de l’hyacinthe (zircone ), à la-' ÊUrS, j ; quelle on l’a comparée sous ce rapport. Brovée dans un mortier d’agate , la poussière en est blanche ne : TRES Le Ë tirant sur le rose : mais lorsqu'elle a été broyée avec de l’eau Legs À y , la poussière est d’un jaune ventre-de-biche clair. Odeur! La sibérite soumise à l'humidité de l’haleine, exhale l'odeur alumineunse à un degré moyen. Deux:morceaux frottés l’un contre l’autre exhalent la même odeur que deux cailloux frottés , mais à un degré plus foible. Pesanteur.La pesanteur spécifique a été prise sur trois fragmens d’un même morceau ; elle s’est trouvée constamment, de 3,000 : mais un autre morceau formant un faisceau isolé de cristaux plus compactes, a donné pour pesanteur spécifique 3,048. Dureté. Fait feu au briquet ; raye fortement lé verre ; attaque foiblement le cristal de roche. On peut assimiler sa dureté à celle du béril de Sibérie. Electricité. La sibérite n’est pas électrique par le frottement. Par la chaleur elle devient électrique à la manièretle la tour- maline, ayant deux pôles. _ Lorsqu'elle a RE sa couleur et sa transparence par le feu , elle conserve la propriété de dévenir électrique par la chaleur ; mais elle cesse d’avoir des pôles , ou au moins sont-ils considéra- blement affoiblis. Qt Elle est conducteur de l'électricité à-peu-près aumême. degré que le feld-spath ; le grenat, l’asbeste , mais beaucoup plus 2 . , . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 377 que le quartz , le béril , la tourmaline , le schorl vert de Dau- phiné. Ft Frottement. Dans l'obscurité, le frottement de deux morceaux de sibérite produit la même phosphorescence , mais à un degré plus foible que le silex. Au chalumeau. Un fragment de sibérite exposé au dard du chalumeau, y perd sa couleur et sa transparence dès le premier coup de feu. Il ne AREA , quoique le feu soit continué. Avec le borate de soude, il reste le même , empâté dans le verre sans laisser appercevoir de fusion et sans lui donner de couleur. Au feu. Un fragment de sibérite exposé seul dans un creuset à un feu d’environ 80° pyrométriques , perd sa transparence , ac- quiert un blanc on dt les aiguilles ou faisceaux se désa- grègent , se délitent facilement. Il perd -Z de son poids, sans doute par la perte de l’eau de cristallisation. AUNVATT UN ISLE; fre. Cent parties de sibérite pulvérisées au mortier d’agate , et préalablement poussées au feu nud jusqu’au feu rouge , ont été traitées dans un creuset de platine avec 400 parties de potasse purifiée à Lalkool. Le feu ménagé graduellement a été poussé jusqu’à faire rousir le creuset ; on l’a continué dans cet état pendant une heure. La matière retirée du feu présentoit une masse homogène, dune couleur vert-bleuitre. Ayant. versé de l’eau pour la dissoudre , la couleur s’est chan- gée en un beau vert; les premières gouttes ont été absorbées avec avidité , avec un dégagement considérable de calorique ; en con- tinuant de verser , l’eau s’est emparée de la couleur verte, et il s’est déposé , au fond du creuset, une substance brune assez abondante. II. Le tout exposé au feu pour faciliter la dissolution , une partie est restée insoluble au fond de la capsule. . Sur la liqueur réduite aux deux tiers on & versé de l'acide mu- riatique avec excès : on a présenté de nouveau à l’évaporation ; il s’est formé aussitôtun précipité d’un brun foncé, quis’ést changé én peu de temps en jaune. 373 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Vers la fin de l’évaporation, la liqueur a acquis la consistance d'une gelée transparente, jaune, etenfin , en continuant à remuer la matière , elle a été réduite en poussière fine. LRTATE Ayant fait bouillir cette matière avec de l’eau acidulée (par l'acide mnriatique ), on a filtré : la substance restée sur le filtre étoit fortement colorée ; mais après avoir été lavée à plusieurs reprises avec de l’eau chaude , on s’est apperçu que le principe coton se dissolvoit. P On a continué de laver jusqu'à ce que la liqueur filtrée ne donnât plus de précipité par le nitrate d'argent; alors la matière restée sur le filtre avoit les caractères de la silice : pour s'assurer si elle ne contenoit pas d’autres terres, on l’a traitée avec 180 par- ties de potasse caustique de la même manière que l’on avoit traité les 100 parties no. I. On a obtenu la silice pure , qui, après avoir été séchée au rouge, pesoit 35 parties. IN Comme il pouvoit se trouver de la silice dans la dissolution muriatique des autres terres, on a mis cette dissolution, jointes aux eaux du lavage de la silice, dans une capsule de verre ; on a fait évaporer lentement : au bout de deux à trois heures il s’est fait un léger précipité, qui a été reconnu être de la silice pesant une pre , laquelle, jointe aux 35 du n°. III, porie à 56 la quan- tité de silice contenue dans la sibérite. NE Toutes les eaux de lavage étant réunies à la dissolution muria-, tique des “rotae précédentes , on y a versé de l’'ammoniac caustique ; il s’est fait un précipité floconneux très-abondant ; fil- tré , ce précipité d’abord blanc est devenu rougeâtre. Après l'avoir lavé jusqu’à ce que le nitrate d’argent ne précipitât plus l’eau de lavage, on l’a traité à chaud avec une dissolution de po- tasse caustique ; la plus grande partie de ce précipité s’est dis- soute, et la partie restante est devenue d’une couleur brune rougeâtre. VI. La dissolution de potasse de l’expérience précédente (n°. V), ayant été filtrée , et ce qui restoit sur le filtre ayant été suffi- sanment lavé ( n°. VIII), on a saturé d'acide muriatique la liqueur filtrée ; il s’est formé un précipité qui s’est redissous par -1 e ET D'HISTOIRE NATURELLE. 379 un excès d'acide : on a versé dans cette dissolution de l’ammo- niac caustique , jusqu’à ce qu’elle n’y occasionnât plus de préci- pitation ; le dépôt ( l’alumine), après avoir été lavé et séché au rouge , pesoit 48 parties. No: . Les eaux de lavage du précipité par l’ammoniac(n°. VI ), ont été traitées avec du carbonate de potasse parfaitement saturé d’a- cide carbonique ; il s’est fait un précipité qui , dûment filtré , lavé et séché, pesoit 6 parties de carbonate de chaux, équivalant, suivant Bergmann , à 5 : de chaux. VIII. Quant à la partie qui n’avoit pas été dissoute par la potasse caustique (n°. VI), on l’a dissoute dans l'acide muriatique ; il s’est dégagé pendant cette dissolution une grande partie d’acide muriatique oxigéné. Après avoir enlevé, par l’évaporation , la plus grande partie de l'acide excédent , on a ‘versé dans cette dissolution du carbonate de potasse parfaitement saturé d’acide carbonique. ( Si le manganèse avoit contenu du fer , il se seroit précipité en rouge.) Les premières gouttes n’ont occasionné au- cun précipité ; mais lorsqu'on en a ajouté davantage, il s’est formé un précipité blanc qui a été redissous par une plus grande quan- tité du même carhonate. De l’ammoniac versé dans cette liqueur , y a fait naître un dépôt gélatineux blanc , se changeant bientôt en brun, qui, filtré, lavé et séché au rouge, a pris une couleur noirâtre , et pesoit 9 parties ; il avoit toutes les propriétés de oxide de manganèse, Résultat de l’analyse de la Sibérite. Alumines lh4.c8 uses lente lede) jen 46, PATTES: Siice hRie neNENEAs re 36: GRANT OEM PN ME AMENER RES Oxide de manganèse . . . . . . . .… 09. 96 =. RENOMMER NET TAMNEERESeRENET 100 SH UNION OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITE THERMO'MÈTRE. Maximum | MINrMmMumM.|a Mini. à midi.s + 16,5|a 6h m4 0,7 + 16,5 à als, 13,82 6n.5m.+ 9,8|+ 13,2 à 3his. + 15,412 6h. m.+ 8,5|+ 14,8 à midi. + 18,7/à 6".im.+ii,4l+ 18,7 à midi. 14,6|4.......... [+ 14,6 a midi. + 16,8|4 6p.5m+H+10,0|+4 16,8 à 2h,s. = 12,9|2 6h me 8,3|+ 12,7 à nudi.. + 13,414 63m. 7,5 | 13,4 à 2h,s.. +u3,olà 64m. 8,7|+ 12,9 à 2h,s.. + 12,1|2 6h5m.+ $,4|+ 11,4 à ah£s, + 13,9|4 6h.m..… $,0|—+ 12,5 à ahis. + 12,4|a 6h-m.— 9,8|- 10,8 à abs. + 12,0|à 6him.+ 6,5|+ 12,0 à abs. + 15,7là 6%im+ 8,0|+ 15,2 là als. + 16,3/4...,..... | 1535 à abs. + 13,912...........,.|+4 13,6 à 26,5. + 12,0|à 6h.m.+ 8,3|—+ 12,0 à 3b,s.. + 12,0 4 6him.+ 7,7 + 10,7 à ahis. + 12,2|à 6hém.+ 3,5 | 32,0 à his + 15,94 6h=mf 7,0] 14,4 à midi... + 14,0 GER UE sert + 14,0 à 2h2sa# 12,0 217h4m 73|+ 11,0 à midi... 10,8|a 6h.im.æ+ 1,8|— 10,8 à midi. + 10,414 6h.5m.+ 1,3 | 10,4 à midi. + 7,5là 6himæ+ 3,414 7,5 à midi. + 8,4là 7h. m.+ 2,2|+ 8,4 à 3h. + 8,o|à 7h m.+ 4,64 6,8 à midi. + 9,8|à 7him.+ $,o|+ 9,8 à midi. + 9,7|a7hm.# 4,74 9,7 à Mis. + 10,8/àa éhim.t+ 2,414 10,6 RE CAP NTULL AND ON: Plus grande élévation du mercure. .......... Moindre élévation du mercure...,.. Elévation moyenne........ Plus grand degré de chaleur.............. par BouvarD, astronome. BAROMÈTRE: Maximum | Minimum. |a Min. à Ghis... 27, 6,9] à 6h.m... 27. 5,1/27. 6,1 à midi... 27.11,9[à Gh.im.. 27.11,2|27.11,9 à his... 27.11,9| à 6h. m... 28. o,6|28. 0,6 à 6h. m... 27.11,0|a 2h,s 27. 9,1|27. 9,2 ais 271140 a 7h. M... 27. 9,4127.10,4 à 6him.. 27. 6,1|à 6h.s. De 5,8 27. 6,0 à 6b,m... 27. 8,0] a midi, 27. 6,5|27. 6,5 à midi... 27. 6,8|à 6h im... 27. 6,1|27. 6,8 à 2h.s.… 27. 6,9là 6" m.. 274 6,5|27. 6,8 à 2hs.... 27.10,8|à 6h1m.. 27. 9,4/27.10,6 à 226... 27.11,3| à, 6, m,.:,27.10,9|27.11,0 à 6h!m... 27. 8,9|a midi... 274 8,5|27. 8,5 Dana M 280032 him. 27. 11,3 |28. 0,2 atah.s,... 28:10,3| à 7h. m:.. 27.11,8|28: o,2 à 7h.m... 26. 0,4] à 2h5s... 27.11,6|28. o,2 à 7him.. 27. 8,4[à 2his..,. 27. 7,1|27. 7,7 à 2h.s.s... 27. 9,6] à 6h, m... 27. 8,1|27. 9,1 ah4s. Le 28. ,0,2|a#70.m.#27.11,2|28- "10,2 ANmidié. 286020 rla Di eN28 NI 2S- 210 | à 6h,ltm.. 27:11,9| à 2h=s!. . 27,10,3|27.10,7 | a) 7h.tm.. 2227-95 ame see 7) 227. 9,5 a 2hrs...N27 L01|lalt4m...l#27. [96] 47- 10;9 à midi... 28. o,8|a 6h2s 28, 0,5[28. 0,8 A6 ne 28 MO | A-Re ete Lie |L8:100;2 RSR à his... 27.10,8| à 61. m.. 27.10,4|27.10,5 UE à midi... 27.121,31 à 3005... 27 1101|27- 11,3 RUE Anime 27e pal 3ns:.. 27.101852 |27. 18,4 à 3h,s.... 27. 9,9 à 7 4m.. 27. 9,1/27. 9,7] il à 7h Mers 27e 8 | ARAUNIERE rs manlz7 17,8 00 à 6h.2m. 27. o,5là 3his... 27. 9,527. 9,6] 1 28.2,01, le 19 2745505, (1curcc: Mb re Rene 27. 8,63 + 18,7, en 4 Moindre degré de chaleur............... + 1,3, Îe 24 —— Chaleur moyenne................ “+ 10,0 | Nombrefde oursibeaux.=ereeen tee: -007 | de Couverts... ... AH Dans DA) deMpltie certe ceci 7 OMC Toentde dibcadocnadude y Nota. Il faut ajouter À de ligne aux hauteurs du baromètre , pour avoir des hauteurs |A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Vendémiaire , -an rrii. comparables à celles faites avec de bons instrumens. EHyc. | VOAURY I AIT ON TS N POINTS dE + VENTS. midi LUNAIRES. DEL'ATMOSPHÈRE. 81,5 LiSIO: Ciel couvert et pluie par intervalles, 77,0 | ©. Ciel couvert au rois quarts toute la journée, 78,0 Calme Ciel nuageux ; brouillard épais le matin. 78,0 S. fort ._ . … | Ciel nuageux ;.pluie et ronnerre à 7 heures du soir. 84,0 | S.fort Equin. descend. | Temps pluvieux par intervalles. 88,0 | S. fort Nouv. Lune. | Pluie abondante le matin; quelques éclaircis dans le jour. 84,8 S. fort Apogée. Beau daus la matinée; pluie abondante le soir. 84,0 | S-O. Idem. 2 80,0 O. Couvert par intervalles et vaporeux ; pluie le soir vers 4 heures. 75,0 | N-O. Ciel à demi-couvert. { 80,0 $S-O. Ciel couvert par intervalles ; pluie le soir. 84,0 S O. Fortes averses par intervalles. 76,0 O. Prem. Quart, Beau ciel le matin; couvert l'après-midi. 88,s | O. Pluie presque coutinuelle toute la journée. 95,0 | S0. Quelques éclaircis.vers midi. 97,0 | S. Pluie abondante une partie du jour. 75,0 s-O. Ciel couvert ; pluie par intervalles 81,0 ©. Ciel beau par iurervalles lematin ; couvert l'après-midi, 80,o |} 8! Brouillard le matin ; cielinuageux vers midi, 85 S;S: Equin, ascend. Ciclen partie couvert et chargé de vapeurs. 102,554 Pleine, Lune, Pluie par intervalles, 80,0 O! Ciel nuageux. 75,0 Calme. Arogée. Peau ; brotillard et gelée blanche le matin ; en partie couvert. 75,0 À S: Beau temps ; brouillard er gelée blanche ; pluie le soir. 79,0 O. Beau de-matin ; pluie abondante le soir. 75,0 cu Ciel couvert ; beaucoup d'éclaircis le matin, 79,0 Se Temps pluvieux. 84,0 | Calme ! Cikl'nuageux ; brouillard lématin et le soir. 84,0 S-S, eru. Quart, Pluie par intervalles ; assez forte à 11 heures du matin, 85,0 S. 1 [' 7] Ciel couvert; fort brouillard le‘matin. R É C:ÆP IT UL À T I ON. de gelée......… HAT à 2 ROME rene re SO AD le brouillard, 222...50. 06 de neige. :...,.. ELA DE o Leivent a oudié di N°21. cigese Futur se NEC Fois IN DR PE Ë lan este RE TS D ee debian CES : (] SERRE Te rc aide eee que 1 st elieeeletete ane Ame = cioie 12 CROSS EEE ELA 00 Do TO 6 CM orient che Lt ne 7 NEO Etre HOTEMSSE JOUR 1 Tome VI. BRUMAIRE en 6. D dd JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. G5 C2 Bb RÆECHERCHES PHYSIQUES, CONTENANT: 1e. Des expériences relatives à la propagation du son dans di- verses substances , tant solides que fluides ; »°, Un essai d'expériences qui tendent à déterminer la cause de la résonnance des corps: ; Par L. PERROLLE, De l’Académie des Sciences de Turin , ancien professeur d'Anatomie et de Médecine-Pratique , à Toulouse. Lzs observations faites 'sur le son, considéré dans l’eau (1), dans un air plus ou moins dense (2), et dans différentes substan- ces aériformes (3), ayant augmenté la somme de nos connois- sances , j'ai pensé qu'un. moyen certain de les étendre encore , seroit de. transmettre à un grand nombre de corps, de nature différente , les mêmes modifications sonores , ER comparer entr’eux les résultats de ces tentatives diverses. Telles sont les vues qui ont dirigé les expériences dont je rendrai compte dans la première partie de ce Mémoire : on verra dans la seconde partie, l'application de ces tentatives à la recher- che de la cause de la resonnance des corps. PRÉMIÈRE PARTIE. Les essais que j'ai annoncés , étant fondés sur l’expérience sui- vante , il importe d’en bien saisir toutes les circonstances. ———_—_—_—_—_——_——— (1) Voyez Nollet, Mém. de l’ Acad. des Sciences, ann. 1743. (2) Voyez Muschembrock , n°. 1442; Nollet, Lec. de Phys. te 3,, p, 555. (3) Foyez Priestley , Exp. et Observ. sur différentes branches de le Phys. part. II, pag. 555 ; mes Expériences Physico-Chim., etc: , Mém. de l' Acad. des Sciences de Turin, ann. 1786 —87 ; celles’de Chladni et de Jacquin, Journ. de Phys. Messidor an 6, erc. ET D'HISTOIRE NATURELLT. 383 PREMIÈRE EXPÉRIENCE., Bouchez les oreilles exactement avec du papier mâché ; sus- : pee une montre à un point fixe ; placez une oreille à deux ignes de distahce de la montre , vous n’entendrez pas ses bat- temens : prenez ensuite un corps solide, tel qu’un petit cylindre de bois d’un pied ou d’un pied et demi de longueur, et d’une oude deux lignes de diamètre ; mettez-le en contact par une extrémité avec la montre, et par le bout opposé avec une des nombreuses parties de la tête qui propagent le son par le toucher(x) ; par exem- ple, avec les parties cartilagineuses de l'oreille, vous entendrez le son beaucoup mieux que si l'oreille n'étant pas bouchée , le corps sonore étoit placé rec à une moindre distance de l’organe. Le son n'ayant pas été entendu à la distance de deux lignes dans la première Ron , et l’ayant été très-fortement à un bien plus grand éloignement dans la deuxième , il est évident que le petit cylindre a propagé le son beaucoup mieux que l'air qui nous euvironne, En réfléchissant sur cette expérience et sur le résnltat qu’elle présente , on verra sans peine que pour connoître la force res- pective de propagation des corps solides , il ny a qu’à se procurer des substances de nature différente , teur donner la même forme et les soumettre à‘urie épreuve semblable ; c’est ce que j'ai exé- cuté de la manière suivante : DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Je fis construire des petits cylindres de boïs secs de sapin, de “chêne, de buis, de cerisier, de marronier, et de campêche. Ils avoient tous une ligne de diamètre et un pied de longueur. Les oreilles étant bouchées , je les mis les uns après les autres en con- tact avec la montre et la partie cartilagineuse de l'oreille, comme dans la précédente expérience. Les différens cylindres transmirent très-bien le son : maïs son timbre sembla varier toutes les fois qu’un cylindre nouveau fut essayé. L’intensité ne parut jamais exactement la même. Nous n'avons aucun moyen pour déterminer la différence du timbre, (1) Presque toutes les parties de la tète propagent le son par Je soucher, c'est-à-dire , lorsqu'elles sont en contact avec le corps sonore. On peut s'en convaincre en promenant une montre sur la tête, après avoir bien bouché les oreilles. Voyez ma Diss. Anatomico-Acoust. de Toulouse , 1782 ; mes Re- cherches sur l'Organe de l’Ouïe et la Prop.des Sons, t. IT des Mém. de la Société de Médecine, et le Journ, de Phys.ann. 1783, tome II. Ddd > ©3884 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, l'intensité parut être dans l’ordre suivant, en commençant par les cylindres qui semblent propager avec le plus d’activ té, 19, Sapin.! + : 40. Chêne. 20: Cämpêche. 59. Cerisier. 30. Buis. 6°. Marromier. TROISIEME EXPÉRIENCE. Voulant étendre mes recherches, je fis construire des cylindres métalliques semblables aux précédents , soumis à la même “épreuve ; ils propagèrent en général un peu moins bien que les cylindres de bois. L’espèce de son, parut aussi différer dans les cylindres de métal comme dans ceux de bois. Examiné dans les différens métaux, le timbre ne fut pas le même et l'intensité parut affecter l’ordre suivant : 10. Fer. 4. Or. 20, Cuivre. 50, Etain. 30. Argent. 6°. Plomb. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. J’attachai ma montre successivement à des cordons de soie, de laine ; de chanvre , de lin , de cheveux, de cordes de boyau qui -étoient à-peu-près de même diamètre et de la même longueur que les cylindres solides. Une extrémité du cordon fut mise avec la main en contact avec le cartilage de l'oreille inclinée, tandis que la montre pesoit sur le bout opposé du cordon et ne touchoit aucune partie du corps: Les cordons propagèrent avec moins de force que les corps solides, et ils modifièrent le son d’une manière assez marquée; -dans chaque cordon , le timbre parut varier, et l’intensité suivre -cet ordre. 10. Boyau. 50, Chanvre. 0, Cheveux. 6°. Laine. 30, Lin. 7°. Coton. 4°. Soie. Des expériences précédentes il résulte, 1°. que les corps durs et les cordons tendus , transmettent le son beaucoup mieux que Pair ; 2°. que chacun de ces milieux le propage d’une maniere qui lui est propre, de telle sorte que lespèce et l'intensité du son ne sont pas exactement les mêmes dans les différens corps , autant du moins qu’on peut en juger par des essais qui ne présentent pas toujours des résultats tranchants ; 5°. qu’en général le bois pra-: » ET D'HISTOIRE NATURELLE. 385 “Page très-bien le son, que les métaux le transinettent ayec un peu moins d'énergie , et que les cordons tendus occupent le troisième rang dans l'échelle de la propagation respective. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Ayant résolu de donner plus d'extension à mes recherches, je fis traverser au son de la montre des morceaux de zinc , d’anti- moine , de verre, de sel gemme , de gypse ; d’argille desséchée et de marbre. Comme je ne pus donner à ces différentes subs- _tances la même forme, il m'a été impossible de déterminer avec quelque exactitude leur force respective de propagation ; mais j'ai observé que tous ces corps ont propagé avec beaucoup plus d'activité que l’air (1), et que le son a été modifié d’une ma- nière spéciale par chacun de ces milieux. Le marbre s’est fait remarquer par le peu de force avec lequel il a transmis les mou- vemens sonores. Deux fragmens de cette substance de forme et - de volume différent , ont propagé le son d’une manière foible et presque insensible, Tels sont les essais que j'ai entrepris sur les corps solides. Pour achever de parcourir le cercle que je u'étois tracé , il me restoit à soumettre des fluides à un examen sem- blable. HU Ant J'ai déja fait connoître mes recherches sur les gaz (2); je ne ‘ rendrai compte ici que de mes tentatives sur les liquides. Ce der- nier travail n’ayant pu être exécuté sur le plan adopté pour les solides , voici la route que j’ai suivie. SIXIÈME EXPÉRIENCE. J’attachai ma montre (après en avoir luté les jointures avec de la cire molle ) à un fil de soie ; je la tins suspendue au moyen d’une tige de fer plantée dans un mur, au milieu d’un bocal de 5 pouces de diamètre sur 7 d’élévation, observant bien que ni le fil ni la montre ne touchassent au vaisseau. J’examivai l’espèce de son que la montre produisoit , et la distance à laquelle je ces- .serois de l’entendre , je marquai ce point : bientôt après, je rem plis le récipient d’eau, et je plongeai ma montre dans ce liquide avec les précautions indiquées dans la disposition précédente. (x) Voilà peut-être le moyen d'expliquer pourquoi le bruit du canon s'est souvent fait entendre à la distance de 30 à 40 lieues , etc. (2) Voyez Exp. Physico-Chim., Acad. des Sciences de Turin ; ann. 1786 — 87. Mes expériences et celles que Priestley a publiées sur cette matière, donnent des résultats bien différens de ceux que Cliladni et Jacquin disent avoir obtenus. Voy. ma lertre a Delumétherie, Jour, de Phys. Prair.an, p.455, 0 386 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le timbre du son fut modifié par l’eau d’une manière frappante ; le son se propagea avec tant de vivacité, que le bocal et une petite table de bois qui servoit de support, paroiïssoient éprouver des percussions directes de la part d’un corps dur ; mais ce qui paroîtra bien plus étonnant, c'est qu’au milieu de toutes ces agi- tations , le fluide dans lequel la montre étoit plongée conservoit une tranquillité parfaite, aucun mouvement n’agitoit sa surface, Ayant substitué à l’eau différens liquides , j'eus, en général, des résultats analogues à ceux que j'avois obtenus dans l’eau 3 mais chaque milieu modifia différemment le son , dont l’intensité relative a été désignée dans le tableau suivant : Tableau de l'intensité relative du son , observée dans différens Jluides (à). 1°. Dans l'air, il cesse de se faire entendre à la distance Heart db use senete o amellé hatémieds. non Bande miviè restitue tnt FRS EU NT ERA Lao 3bh1Hruilerdolive. ts tune marne ri #°-Huïleïde térébenthine. Liu Los té Do PATCQOLS MERE ATEN /ESIT ENS LR NE PR NES EE PS) Je crois devoir noter que ces tentatives ayant été réitérées , j'ai observé quelques variétés qui m'ont paru tenir à la dispo- sition de l’organe ou à des bruits accidentels. Il résulte de ces essais que, 1°. comme les solides, les fluides transmettent beaucoup mieux le son que l'air, qu'il n’y a pas même d’exception à faire pour les huiles grasses (2); 20, Que chaque fluide modifie le son d'une manière particu- lière ; 30. Les physiciens sont dans l'opinion que le son se propage au inoyen de certains mouvemens , de certaines ondulations, que la diaphanéité du fluide ambiant nous empêche d’appercevoir. Mes (1) Je n'ai pas tenu compte de l'état de l'atmosphère , parce que ces expé- riences ayant été faites à la même heure, il n'y a qu'à les répéter avec cette précaution , pour que les rapports restent les mêmes. Au surplus , que peut à cet égard un léger changement dans la température, ou dans la pesanteur de l'air? Si je n'ai pas déterminé la pesanteur spécifique des liquides soumis à l'expérience , et notamment celle de l'alcool, la raison en est que je me suig assuré qu'une différence assez marquée d: concentration ne changeoit pas sen- siblement les résultats. (2) Mortrof. Stent. pag. 1Q4, avoit avancé que les huiles grasses ne sont pas propres à la transmission des mouvemens sonores, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 387 tentatives faites sur des fluides qui n’échappent pas à la vue, et dans lesquels on n’apperçoit aucun mouvement , malgré que la propagation du son s’y effectue d’une manière très-efacace , au- torisent plus que des doutes à cet égard ; 4°. Enfin , des expériences faites sur les solides , les fluides, et de celles qu'on à publiées sur les gaz, on pourroit conclure avec vraisemblance , que tous les milieux opèrent des modifications particulières relativement au timbre et à la force du son', ou au- trement , que le même son varie toutes les fois qu’il parcourt un milieu différent, I) PT AOIGE NM ED A ET LE. Il n’est personne qui n’ait observé que si l’on place une montre sur un support de bois , le son en est fortifié d'une manière très- marquée, On sait aussi la différence qu’il y a entre le son que donne un instrument de fer écroui , connu sous le nom de da- pason , lorsqu'il exerce ses vibrations sans être en contact avec un corps solide, et celui qu’il produit, lorsque, mis en mouvement, son manche est appliqué sur un corps ligneux d’une grande surface. Les expériences dont j'ai rendu compte dans la première partie de ce Mémoire , m'ayant fait présumer. que l’augmentation de force et d'harmonie étoit due , dans ces conjonctures , à la pro- priété qu'a le bois de mieux propager le, son que l'air , et de modifier son timbre , je résolus d’exposer ma: conjecture au creuset de l’expérience. La différence que j’avois observée entre le boïs et le marbre, relativement à la force propagative, me fournit le moyen de jetter quelque jour sur cette question importante. En effet, si les modifications qu'éprouvent les sons du d'upason et de la montre, lorsqu'on applique ces instrumens sur une table de bois , sont dues à la manière énergique dont le bois transmet les mouve- mens sonores , le son de ces instrumens , appliqués sur une table de marbre, ne devra point être fortifié , ou ne sera auginenté que d’une manière peu marquée. C’est sur ces considérations que j’entrepris l’expérience sui- yante : PREMIÈRE EXPÉRIENCE. J’appliquai sur une table de bois un dapason sonnant : lorsque ses vibrations furent éteintes, je mis ma montre à sa place ; le son fut fortifié dans l’un et l’autre essai d’une manière propor- 388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tionnée à l’activité de chaque instrument. Je fis ensuite ôter le dessus de la table, et j'en substituai un de marbre qui avoit la même étendue ct la même épaisseur. Le son du diapason fut fortifié, mais beaucoup moins que lorsqu'il avoit été appliqué sur le support de bois. Le son de la montre n’éprouva aucune augmen- tation de force bien sensible ; je ne l’entendis guère mieux que lorsqu’elle étoit placée en l'air et à la même distance de l’organe. Quoique cette expérience fournît un appui solide à mon ap- perçu , je résolus néanmoïns de la soumettre à une nouvelle épreuve , que je dirigeai d’après le raisonnement suivant : Si la différente résonnance des corps tient à la variété de la force propagative , il s'ensuit que dans l'expérience précédente , la table de bois doit transmettre très-bien le son, tandis que celle de marbre le propagera foiblement. Voici par quel moyen je cherchai à découvrir ce qui se passoit dans ces circonstances, DEUXIÈME LXPÉRIENCE. Je mis ma montre sur la table de bois , et je bouchai mes oreilles avec du papier mâché. Je plaçai une oreille à quelques lignes de la table , je n’entendis pas les battemens de la montre ; alors je mis mon oreille en contact avecun des petitscylindres de “bois dont je m’étois servi dans les expériences rapportées dans la première partie de ce Mémoire ; j’appliquai le bout opposé du cylindre sur la table, Le son de la montre frappa tout de suite mon oreille avec force : je fis parcourir tous les points de la table , sans excepter les pieds, à l'extrémité du cylindre la plus éloignée de l'oreille, j’entendis toujours la montre d’une manière très-distincte. Je fis le même essai, en substituant le dessus de la table de marbre à celui de boïs. Les battemens de la montre ne se firent entendre que d’une manière peu marquée, et seulement lorsque le cylindre ne portoit pas sur un point éloigné du corps sonore. Dans cette expérience, je ne fis point usage du d’apason, parce que, quelque précaution que l’on prenne pour bien bou- cher les oreilles , on ne cesse jamais d’entendre le son qu'il produit. Pour donner à mon hypothèse toute la consistance dont elle étoit susceptible , il me restoit à me procurer des tables sembla- bles , faites avec les diverses substances dures que j’avois essayées sous la forme cylindrique , et à examiner si la résonnance sui- vroit les rapports de la force de propagation. Les difficultés que j'éprouvai pour l'exécution de mon plan , me déterminèrent à me contenter ET D'HISTOIRE NATURELLE. 389 - contenter d’éclaircir si, comme la force propagative , la réson- nance varieroit dans les différens corps. TROISIÈME EXPÉRIENCE. Je mis d’abord le diapason, ensuite la montre , sur des assiettes de fayence , de porcelaine , sur des lames de verre , des plaques de cuivre et de fer-blanc isolées : le son fut fortifié par tous ces corps , et le tubbre ne parut jamais le même. Les expériences dont je viens de rendre compte , me portèrent à examiner les effets des instrumens de musique sur les mêmes sons. { 1 QUATRIÉEME EXPÉRIENCE. Des basses , des violons , des mandolines , des guitarres , des clavecins et des cors-de-chasse , ayant été soumis à l’essai précé- dent , les deux sons éprouvèrent une augmentation de force ; leur timbre fut modifié par chaque instrument ; ils parurent acquérir plus d’intensité et d'harmonie qu’au moyen des corps précédemment essayés : l'intensité sembla être en raison du volume de l'instrument. Il résulte de ces expériences , 10. Que tous les corps essayés qui présentent des grandes sur- faces , fortifient les sons foibles des corps sonores , avec lesquels ils sont en contact, et qu’ils en modifient le timbre ; 20. Que ces effets sont dûs à ce que les corps solides transmet- tent mieux le son que l'air , et à ce que chaque corps le propage d’une manière spéciale ; 30. Que c’est en grande partie à ces causes que la résonnance des instrumens de musique doit être attribuée (1). 4. Les tentatives faites sur les instrumens de musique , nous autorisent à présumer que le volume des corps influe sur leur résonnance. 5°. Maupertuis (2) a cru que la résonnance étoit due à ce qu’un (x) Si un instrument produit sur le son un effet plus marqué qu'une planche de la mème étendue , on en voit facilement la cause. À raison de ses surfaces intérieures , l'instrument communique par tous les points , et en même temps les mêmes impressions , à une masse d'air circonscrite. On trouvera dans la différence des substances employées à la construction des différentes espèces d'instrumens et dans la variété de leurs formes , des raisons trés-probables de la différence du timbre. (2) Mém. de lAcad. des Sciences , ann. 1724. Tome VI. BRUMAIRE an 8. Eee 590 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1pstrument de musique étant un composé de fibres de toutes les longueurs possibles , chaque son met en mouvement celles qui sont en consonnance et dans un certain rapport ayec lui, tandis que les autres fibres restent immobiles (1). L’experience 2e., par laquelle on voit qu’il n’y a aucune partie du corps résonnant qui ne transmette le son , ne permet pas de s'attacher à l’idée ingénieuse de cet auteur célèbre. 60. Le marbre , suffoquant en quelque sorte le son, est envers les corps solides ce que l’hydrogène ou Vair inflammable est parmi les fluides (2). Il ne doit pas être employé dans la cons- truction des églises , des salles de spectacle, de concert et de tous les lieux qu’on veut reudre résonnans. Voilà les principaux résultats qu’offrent des expériences dont l'ensemble m'a occupé pendant un nombre d’annees assez consi- dérable (3). Malgré que je n’aie pu leur donner encore le déve- loppement dont elles sont susceptibles , je n'aurai cependant pas le regret d’avoir pris des soins inutiles , si les physiciens juÿent que mes travaux ajoutent quelques faits nouveaux à la somme des découvertes dont ils ne cessent d’enrichir les sciences naturelles. (x) Maupertuis ne s'est occupé , dans ce Mémoire , que des instrumens à corde. : (2) Dans l'hydrogène , le son perd presque toute sa force et son agrément. Voyez les expériences de Priestley et les miennes. (5) Il est presque inutile d'observer qu'une grande exactitude est impossible dans des expériences de la nature de celles-ci. Pour pouvoir arriver à une pré- cision mathématique , il faudroit que des bruits accidentels ne pussent jamais troubler l'observateur ; que son organe eût toujours la même activité, et que dans tous les individus la sensibilité fût la mème. Comment réunir des condi- tions qui ne se rencontrent pas même isolées ? - ET D'HISTOIRE NATURELLE, 391 DESCRIPTION D'UN SOUCI INÉDIT; Par le citoyen Wi:LLEMET, Professeur d'histoire naturelle de l’école centrale du Pere ment de la Meurthe, directeur du jardin national des plantes, à Nancy. soucr ÉToizLé Calendula stellata., Sovc: à fructification étoilée ; senience en forme de nacelle, recourbées , muriquées. Sa racine est annuelle , brune, fibreuse. Sa tige est haute d’en- viron un mètre, très-branchue, diffuse , cylindrique, grêle, courbée , tombante , légérement pileuse ; ses feuilles sont alternes, sèssiles, semiamplexicaules , ovales , veinées : les inférieures spatulées ; les supérieures lancéolées, comme ciliées à leur bord. La corolle jaune composée de vingt pétales dans les plus grandes fleurs , et de onze seulement dans les plus petites ; chaque pétale est un peu poileux à sa base, à son insertion sur le bord du réceptacle , et offre trois dents à sa partie supérieure terminale. Le centre de la fleur contient une foule d’anthères d’un pourpre foncé. Le calice est composé de vingt segmens aïgus sur un seul rang poileux. La transition de sa fleur forme une fructification dont l'organisation est tout-à-fait singulière ; 5 segmens du calice agréablement déchiquetés , réunis avec les parties bisexuelles , présentent un péricarpe étoilé qui renferme plusieurs semences recourbées , muriquées ; celle du centre forme une espèce de rosette. La semence de cette plante m’a été envoyée l’an 6, du grand jardin botanique de Copenhague. Je l'ai semée le 8 floréal de la même année, sur couche chaude ; huit jours après elle s’est montrée ; en messidor ses semences étoient déjà en parfaite ma- turité ; celles que je n’ai pas recueillies ont leyé spontanément ; j'en ai fait metire en pot pour passer l'hiver dans la serre-oran- gerie ; elles ont été bien conservées ; après avoir resisté l'hiver, ce souci a fleuri dès le commencement du mois de floréal, Je ne connois pas sa patrie ; ce que j'en sais, c’est qu'’il-est fa- cile à cultiver , qu’il est annuel, que nos botanistes les plus mo- dernes ne l’ont point décrit : je trouve seulement que Ernest Eeez2 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Adolphe Raeuschel, botaniste nomenclateur allemand, le désiene sous le nom de calendula stellata, parce que son fruit Tessemble » une étoile. Cette plante peut être employé en médecine comme les autres soucis ; étant céphalique , antispasmodique , emménagogue , apéritif, résolutif. J'ai encore reçu depuis quelques années le calendula gibrat- taria et le calendula fonkhaliana ; si cette description intéresse les botanistes , je me ferai volontiers un devoir de décrire ces deux nouvelles espèces inédites. Calendula , parce que plusieurs espèces de ce genre, fleurissent à toutes les calendes, qui étoit le premier jour de chaque mois chez les Romains. La fleur du souci étoilé, peut figurer avec éclat dans l'horloge de Flore , car elle se referme vers le soir. ER HE LES. REONS CURE NS, RELATIVES A LA CIRCULATION DE LA SEVE DANS LES ARBRES ; Par G o vw z o Ms. Vsns la fin de germinal de l’an 4, j'ai fait abattre plusieurs grands peupliers d’Italie ; la sève avoit déjà commencé à monter , et les arbres étoient couverts de feuilles naïssantes. En suivant le travail des ouvriers, je m'apperçus qu'un de ces arbres , qui étoit coupé jusqu’à quelques lignes de distance de l’axe de l'arbre, rendoit à la coupure un bruit pareil à celui qui produit de Pair, lorsqu'il sort en abondance et par petits globules de la surface d’un fluide. En continuant de faire abattre plusieurs axbres de la même espèce , j'observai que ce bruit ainsi que l'écoulement d’une eau très-limpide etsans saveur, n’avoit lieu que lorsque les arbres étoient presqu'à moitié coupés. Je fis ensuite entaïller quelques arbres circulairement ; en sorte qu'ils ne tenoient que par un cy- lindre de 30 à 40 millimètres de diamètre placé à l'axe des arbres. Ces arbres en tombant restoient souvent unis à cet axe, par des fibres en partie rompues, et pour lors on voyoit sortir en grande abondance des bulles d'air , dont le volume étoit sans nulle proportion beaucoup plus considérable que celui de l'écoulement ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 593 de l’eau séveuse. Cette eau au surplus étoit parfaitement limpide, et n’avoit aucun goût. D’après cette expérience , je soupçonnai que la sève dans les ros arbres , ne montoit sensiblement que vers l’axe de l'arbre qui forme le canal médullaire des jeunes branches , ou au moins dans ‘les vaisseaux qui avoisinent ce canal. Pour n’en assurer, je fis tout de suite percer avec une grosse tarière 4 ou 5 peupliers de 3 à 4 décimètres de diamètre , le trou fut fait à un mètre au-dessüs du sol, et dirigé horizontalement vers l’axe de l’arbre. J'observai que jusqu’à 2 ou 3 centimètres de distance du centre de l'arbre , la mêche de la tarière étoit à peine humide : mais que dès que j’étois parvenu à cette distance de l’axe de l'arbre, l'eau sortoit en abondance , et que l’on en- tendoit un bruit continu de bulles d'air , qui montoient avec la sève, et crevoient dans le trou formé par la tarière, Ce bruit a continué d’avoir lieu dans les arbres ainsi percés pendant tout l'été ; cependant il a toujours été en diminuant : il étoit comme on peut prévoir d'autant plus grand, que lardeur du soleil augmentoit la transpiration des feuilles. Il étoit pres- que nul pendant la nuit, ainsi que dans les jours humides et froids. D’après le bruit et la quantité de bulles d’air qui s’échappent , il paroiït que le volume d’air, ou de gaz, de quelque espèce qu'il soit, qui monte ayec la sève , est sans nulle proportion , comme nous l’avons déjà dit, plus considérable que celui de-la sève. Ne pourroit-on pas conjecturer d’après cette observation , que la seule circulation qui aît lieu dans les arbres, se fait par les parties qui avoisinent le canal central de l'arbre ; et par cette infinité de rayons médullaires horizontaux, à l'extrémité desquels Von voit toujours se former et éclore les bourgeons, et s'établir une communication médullaire avec l’axe de l’arbre ; commum- cation dont le diamètre augmente à mesure que le bourgeon grossit , et qu’il passe à l’état de branche ? Je soumets au surplus cette expérience aux botanistes. Elle me paroît devoir jeter quelque jour sur la physique végetale. de les engage à la répéter. 59f JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a ——…—— | | NOUVELLES LITTÉRAIRES. Cours d'Histoire naturelle , par les citoyens Van der Stigen et Van Mons, professeurs à l’école centrale du département de la Dyle. Cahier 26°. Cet ouvrage, dont la publication avoit été interrompue un moment par la mort du cit. Van der Stigen, continuera de pa- roître par cahier de quatre feuilles, de quinze en quinze jours , rédigé, pour la partie végétale et animale, par le citoyen Rozm, successeur du citoyen Van der Stigen , et élève de Linnée ; et pour la partie minérale , par le citoyen Van Mons. Le prix de chaque cahier, très-beau papier et superbe impres- sion , est de 75 centimes. Handsbuch der Apothekerskunst, c’est-à - dire, Manuel de Pharmacie, par Westrumb, 6 parties in-8°. On n’a, jusqu'ici, rien publié en Pharmacie qui ressemble à ce précieux ouvrage. Pharmacopæa Borussica ; ou Pharmacopée de Prusse ; par Klaproth et Formey. Berlin , 1799 , in-4°. Une traduction française de cette excellente Pharmacopée ; avec des additions , retranchemens et corrections , est déjà sous presse. Actes de la Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie ; établie à Bruxelles sous la devise AEcroTANTIBws ; tome 1%,, J. partie. A Bruxelles, chez MM. Wanasbroeck , rue du Sol , et Kok , rue de l’Orangerie , n°. 21, 1 vol. in-80. Cette société , composée de savans distingués , publie le pre- mier volume de ses travaux : il sera bientôt suivi d’un second. Celui-ci renferme différentes observations médicales, et quelques préparations chimiques. Les unes et les autres sont également intéressantes, Métrologie terrestre , ou Table des nouveaux Poids , Me- sures et Monnoies de France ; les rapports qu’ils ont avec les poids, mesures et monnoies les plus connues de l'Europe , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 395 et ceux-ci réciproquement comparés avec eux et avec ceux de Paris; les dimensions, et autresrenseignemenssur la fabrication, et le commerce des nouveaux poids et mesures de la République Française , les changes des principales places de l’Europe, et larithmétique linéaire , avec un tableau ou échelle graphique, et les moyens qui en facilitent la pratique ; par L.-E.-Pouchet, membre du conseil des arts et manufactures. Nouvelle édition considérablement augmentée, sur-tout quant aux principes du calcul décimal comparé au calcul ordinaire, et terminé par l’an- nonce des principales foires de l’Europe. A Rouen, de l’im< primerie de V°. Guilbert et Herment, rue Nationale, empla- cementdes Cordeliers, r vol. in-8. Chez l’auteur, et chez Guédra, marchand d’estampes sur le pont, n°. 62. À Paris, chez Dupont Imprimeur-Libraire , rue de la Loi, n°. 1231. À Livourne, chez Masi et compagnie. À Gènes, chez Yves-Gravier et com- pagnie. À Turin, chez les frères Reycends. À Naples, chez Joseph Polycarpe Merende, 1 vol. in-6. Le titre seul de cet ouvrage fait voir son utilité pour toutes sortes de personnes, mais principalement pour les négocians. Tableau réunissant les propriétés physiques er chimiques des corps , disposées méthodiquement , déstiné à l’exécution de la loi sur les écoles centrales; par J.-B. Bouillon-Lagrange , pro- fesseur de physique et auteur du Manuel d'un cours de chi- mie , 2 Vol. in-8.. À Paris, chez Bernard, libraire pour les mathématiques, sciences et arts, quai des Augustins, n°. 37, une feuille in-fol. 50 centimes pour Paris. ÆERRATA au dernier Cahier. Page 309 , ligne 38. Dictionnaire de Morale ; Zisez Dictionnaire d'Economie Rurale. 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ete, T A B LE: DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Mémorre sur une vis pétrifiée du mont Saléve , etc , par G.-A. Deruc. Page 317 Scrrrowe Brrisracx , Topographia Physica , etc., c’est-à- dire, Topographie Physique de la Campanie ; par Scxrios BREISLACK. 325 Mémoire sur la manière dont se fuit la nutrition dans les in- sectes , par Cuvier. 331 Sur l’action chimique des difjérens métaux entr'eux, etc., par FaBroNI. 348 Neuvième Mémoire sur les conferves, etc., par Senxerer. 357 Description d’une pierre appelée Sibérite , par Lenmina. 374 Observations météorologiques, faites à l’Observatoire national, ar BouvarD, vendémiaire an VIII. 580,381. Recherches Physiques contenant des expériences relatives à le propagation du son, etc., par L. PEerrorrs. 3582 Description d’un souci inédit, par Wirremer. 391 Expériences relatives à la circulation de la sève dans Les ar- res , par Couroms. 392 Nouvelles littéraires. 394 a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. FRIMAIRE an 8. )ù A MÉMOIRE SUR LA MATIÈRE DU SON; Par Lamanrce«. Lu à l’Institut national, le 16 brumaire an VIII, et le 26 du mére mOIS, Là choc des corps, opéré à certaine distance de nous , produit sur l’organe de notre ouïe une sensation connue de tout le monde, sous le nom de bruit ou de so (1). Il n’est pas douteux que cette sensation ne soit le résultat de l’ébranlement ou de la vi- bration d’une matière fluide, interposée entre le corps choqué et notre organe ; matière que son extrême transparence ne nous permet pas d’appercevoir. Quelque familière que nous soit cette sensation du son ou du bruit , il me semble que la matière qui la cause en affectant notre organe auditif, ne nous ést pas encore bien connue. Peut-être paroîtra-t-il d’abord assez indifférent à quelques per- (1) Le son, proprement dit , résulte du choc des corps élastiques : il est dù à une série de vibrations régulières et décroissantes de ces corps ou de leurs parties ; Vibrations qui opérent dans le fluide subtil, qui est la matière propre de ceison , une série de vibrations analogues. Le bruit , au contraire, résulte du choc des corps non élastiques : il est le produit d’un ou de plusieurs chocs qui ne se répètent point par vibrations, Ce n'est en quelque sorte qu’un son simple, Tome VI. FRIMAIRE an 8, Ff£ 395 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sonnes de savoir quelle est réellement cette matière ; car il y a peu d'apparence, diront-elles, que plus de connoissances À cet égard nous soit de grandeutilité. Pour moi, je pense, au contraire, qu’il importe beaucoup pour l'avancement de nos connoïissances en physique, de déterminer positivement quelle est la matière in- visible qui occasionne en nous la sensation du bruit ou du son ; parce que’ des recherches à cet égard , penvent nous mettre dans le cas de découvrir quelque fluide particulier , qui quoïqu’échap- pant à plusieurs de nos sens par sa ténuité et son extrême trans- parence , peut être néanmoins assez actif et assez puissant, pour influer considérablement sur la plupart des faits physiques que nous observons , et peut-être encore sur des faits relatifs à lor- ganisation des êtres ,vivans,, qu’il nous est si important de bien connoitre. it Nr Le fluide invisible qui est pour nous la matière propre du soz et du bruit, se trouvant nécessairement interposé entre les corps choqués et notre organe auditif, doit être un fluide qui nous en- vironne partout, dans lequel par-conséquent nous nous trouvons sans cesse plongés ; en un mot, il doit constituer le milieu invi- sible dans lequel nous vivons , ou au moins en faire partie. Quoique l'air commun ; queje nomme gaz. atmosphérique (1), soit un fluide absolument invisible , ce fluide dans lequel nous sommes continuellement plongés, est sans doute de tout temps arvenu à notre connoïssance ; parce que dans ses déplacemens 1l se rend sensible à nous eu affectant l'organe du toucher, en nous poussant même avec force, et ensuite parce qu’étant d’une certaine grossiereté dans ‘ses’ parties , nous avons la facilité de l’enfermer dans des vaisseaux , de l’y retenir à notre gré, d’en {aire l'examen , etc., etc. RTS k Il étoit donc naturel de penser qu’un fluide dans lequel nous ! J4) } 4 ) ' (1) J'ai donné à l'air, cotumun,, dans lequel nous vivons, le nom de gaz atmosphérique, parceque , Gomme je le ferai voir ailleurs , c'est un composé gazeux , résultant de la combinaison de l'äir élémentaire avec les principes ‘une grande partie des vapeurs qui. émanent et s'exhalent de toutes parts de la surface du globe , et qui s'élévent et se répandent dans le sein de l'atmos- phère , où'elles s'y détruisent. Ces vapeurs , qui né peuvent ainsis’éleyer dans l'atmosphére que jusqu’à une hauteur limitée , y donnentdieu à la formation et àl'entrétièen continuel d’uñecornbinaison particuliére et gazeuse, dans la- quelle l'air élémentaire {l’oxégérietdés chimistes) ,'paroit entrer au moins pour un quart , et qui constitué ce Haidéinvisible connu sous le nom d'air com- min. I'remplit seulement la région'inférieure de l'atmosphère ;que je nomme Région des vapeurs. , ET D'HISTOIRE NATURELLE 399 sommes sans cesse plongés, qui se trouye par conséquent inter- posé entre tous les corps et nous, que nous Connoissons en quel- que sorte de tout temps, qui nous semblé’ d’ailleurs jouir .d’un ressort considérable , devoit être la matière même quinous affecte dans la sensation du son ou du bruit, Il étoit raisonnable de croire que c'étoit ce même fluide qui, dans le choc des COrpS , .Te- cevoit un ébranlement ou des vibrations dans un degré de force proportionné , et propageoit cet ébranlement ou ces vibrations jus- qu’à notre ouïe. C’est en effet ce qu’on a pensé jusqu’à présent , et c’est sans doute ce qu’il faudroit continuer dE croire , si l'observation des faits ne nous apprenoit d’une manière conyaincante , que le fluide, quel qu’il soit, qui a la faculté de nous transmettre le bruit ou le son , a aussi celle dele transmettre à travers des.milieux et des corps que l'air commun ne sauroit traverser. Nous allons voir que la matière fluide qui forme le bruit ou le son, a la faculté de propager à travers différens milieux , et sur-tout à travers des milieux solides , les ébranlemens ou les vi- brations qu’elle peut recévoir du choc des corps, et qu’en con- séquence , il est nécessaire que sa ténuité ow son extrême rarité la mette dans le cas de traverser facilement ces différens milieux, Or , on sait que l’aïr commun ne sauroit traverser une vessie de porc lorsqu'on l'y enferme, et qu’on peut le retenir à son gré dans toutes sortes de vaisseaux ; il n’a donc point les propriétés dont jouit évidemment la matière propre du son. Lorsqu’arriva l’affreux accident qu'éprouva la‘poudrerie établie dans la plaine de Grenelle, près Paris (le 14-fructidor an 2.), je distinguai très-bien la commotion qui ébranloit tout ,.et qui causa tant de dommages dans les matières fragiles, du bruit ou cra- quement remarquable qui lui succéda, et qui parvint à mon oreille à travers l'air commun. Je m’apperçus clairement que le fluide qui causa la commotion que je ressentis dans le lieu ou je me trouvois, arrivoit à moi à travers la masse du sol, me péné- troit et occasionnoit en moi une sentation sourdeet particulière , très-distincte de celle que le bruit qui se propageoit à trayers l'air vint opérer sur mon ouïe. Je fus A ue l'air commun étoit incapable de produire de semblables effets ; car quelles que soient les ondulations ou les vibrations qu’on pourroit sup- poser s'être alors formées dans sa masse, elles ne, pourroient s’être propagées à travers le sol à la distance d’environ 5 kilomètres (plus d’une lieue), où je me trouvois , avec la célérité et la force que je remarquai dans cette circonstance. J’eus donc occasion de me Fff2 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE convaincre que la commotion (1) que j'éprouvai à cette grande distance étoit due singulièrement à l'agitation violente d’un fluide subtil et élastique qui avoit la faculté de traverser la masse du sol sans résistance , ou plutôt qui s’y trouvant répandu, y pro- pageoit les ébranlemens violens qui venoient de lui être commu- niqués. La matière qui occasionna la commotion dont il s’agit , pro- duisit les plus grands effets sur les corps denses , et ne fit point osciller le feuillage des arbres ; ce que j’observaï étant à ma fe- nêtre , et faisant face au lieu ou s’opéroit cette terrible déton- nation, Une porte de communication de ma chambre à une pièce voisine s’ouvrit , etles plus légers ébranlemens ne se firent point remarquer dans les rideaux. Le piton d’un crochet de fer qui te- “oit une autre porte fermée, s’arracha, pendant que dans le même lieu le calme-de air se faisoit ressentir par le repos des corps légers. J’appris le lendemain que dans une maison fort élevée qu'occupoit alors le citoyen Crapelet, imprimeur (rue des Carmes), la commotion s’étoit si fortement fait ressentir dans le bas, au rez-de-chaussée de cette maison , que les ouvriers y avoient été effrayés de l’ébranlement ques remarquoient dans les meubles de leur atelier ; tandis que le citoyen Crapelet qui se trouvoit alors au 4°. étage de la même maison, n’avoit point res- senti de commotion , mais avoit seulement entendu par la fenêtre le bruit que l’explosion avoit occasionné. Les grandes agitations de l'air par déplacemens, comme les vents tempêteux, peuvent causer le renversement des édifices, (1) La commotion que je ressentis à une aussi grande distance du lieu de son origine , n'étoit pas, comme on pourroit le croire, le résultat d'une com- pression successive des parties du sol comprises entre le lieu où j'étois , et celuë où se faisoit l'explosion. Car on sait que l'effet de la compression est non-seu- lement proportionnel au degré de force avec lequel agit le corps comprimant , mais aussi au degré de compressibilité du corps comprimé ; ensorte qu'une masse sera d'autant plus comprimée par la force comprimante , que ses parties seront moins dures et plus susceptibles de céder à la compression. Ce n'esi as- surément pas la masse terreuse et pierreuse qui constitue le sol qui a subi la commotion dont il s'agit, et que comparativement au fluide subtil qui la pénè- tre , on jugera trés-susceptible de céder a la compression. Tandis qu'un fluide subtil, éminemment élastique par sa nature, répandu dans toutes les parties du globe et dans toutes les masses qui le constituent , recevant tout-à-coup , par l'explosion en question , une compression énorme et subite , a dû communiquer , de proche en proche , à ses parties voisines, la compression qu'il venoit de recevoir , et par suite de son ressort , s'efforcer de se rétablir par-tout dans son premier état ; ce qui a produit la commotion et les accidens observés. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 401 le soulèvement des toîts , etc. Celles.que l’on croit pouvoir se faire par ondulations circulaires , concentriques et croissantes ou par des espèces de vibrations , deyroient ébranler proportionellement les corps légers, tels que le feuillage des arbres, etc. etc. Mais aucune de ces sortes d’agitations ne doit pouvoir casser des vitres sans forcer les fenêtres , rompre: des glaces dans l’intérieur des habitations, comme cela est arrivé à plusieurs de celles qui fer- ment les armoires des galeries du Museum , fendre des plafonds, et arracher des pitons de fer , dans le moment même ou l’air trés- calme , ne parut pas même faire branler ou voltiger le feuillage des arbres. C’est cependant ce qui est arrivé à la suite de l'explosion de la poudrerie de Grenelle. — Recherck. vol. 2, page 401. L'observation des faits m’a forcé de reconnoître et d'établir en principe , que le son ou le bruit se propage avec une intensité ou une force qui est en raison directe du choc ou des vibrations des corps, et à-la-fois de la densité des milieux , à travers les- quels la matière qui le forme propage ses ébranlemens. Le bruit ou le son se propage dans l’air commun d’une manière connue de tout le monde , etavec cette seule variation qu’il sétend plus au loin, et s’entend plus fortement dans un air dense que dans un air raréfié. Aussi le bruit ou le son s'entend mieux le soir ou la nuit que dans le jour ; dans un bois que dans une plaine nue ; dater qui domine les eaux que dans celui qui couvre des terrains arides. Mais dans tous ces cas, la propagation du bruit ou du son à travers l'air, est toujours plus lente et moins forte qu’à travers les autres milieux plus denses. Diverses observations attestent que le son ou le bruit se pro- page sous l’eau, c’est-à-dire, dans la masse de ce liquide bien plus fortement qu’à travers l’air (1): on y entend même, quoique plus foiblement, les sons qui y arrivent à travers l’air qui la domine (2). La nature a donnée aux animaux qui vivent dans l’air , un conduit auditif externe , pour augmenter en eux les moyens | 2 ———_—_—_—_—————…. …— … — _ ———————. ————— ————" " """ " " — (x) C’est un fait prouvé que les bruits qui se font sous l’eau sont si formida- bles et si terribles , qu'au rapport de l'abbé Nollet , un plongeur qui étoit des- cendu au fond de la mer , par le moyen d'une cloche, eut à peine commencé de sonner du cor qu'il pensa s'évanouir. { Problème d’Acoustique, introduct, pag. xxvj. T'entamen de vi sont et musices in corpus lumanñim, par Roger, médecin de Montpellier. €. 98 ). À ' (2) « J'ai eu la curiosité ; dit Nollet, ( Lecons de Phys. vol. 3, pag. 420), de me plonger exprés , à différentes profondeurs, dans une eau tranquille, et jy ai entendu très-distinctement toutes sortes de sons , jusqu'aux articulations de la voix humaine », 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'entendre le bruit ou le son qui ne se propage qu’avec une cer“ taine foiblesse , à travers un milieu si mou et qui a si peu de densité ; mais elle a privé de conduit auditif externe presque tous les ani- maux qui vivent continuellement dans l’eau , parce que se trou- vant dans un milien beaucoup plus favorable à la propagation du bruit ou du son , ils n’en avoient pas besoin. Ainsi , dans beaucoup d'animaux, tels par exemple que les poissons , le fluide élastique subtil et pénétrant , qui est la cause matérielle du bruit ou du son, est obligé de propager ses ébran- lemens au travers de la substance même du crâne, afin d’en im- primer l'effet sur l'expansion pulpeuse de leur nerf auditif; car , dans ses animaux , tout ce qui appartient à l’organe de l’ouïe est énfermé avec le cerveau dans le crâne même , et n’a aucune communication libre avec les milieux extérieurs. C’est cependant pour les poissons, au travers de l’eau d’abord, et ensuite au travers de leur crâne , que le fluide , qui est la cause du bruit ou du son, doit pénétrer , pour arriver à leur nerf auditif. Assuré- ment l’air ne jouit pas d’une pareille faculté. ( Mém. n°. 158 ). Nollet, en parlant de l’expérience d’un timbre que l’on fait sonner dans le vide, s'exprime de la manière suivante dans ses remarques à cet égard. « Cette expérience du timbre , ou d’une sonnette, dans le vide, si connue et tant répétée dans les colléges , a fait conclure à bien des gens, que l'air étoit le seul milieu propre à la propagation du son. Qu'il y soit propre , cela n’est point douteux ; qu’il soit le seul, je crois que c’est trop dire. Car, pourquoi cette même expérience ne réussit-elle pas au gré de ceux qui la font, quand ils n’ont pas soin d'isoler le corps sonore, ou d'empêcher qu’il ne touche immédiatement la platine , le récipient ou quelqu’autre corps dur qui communique au dehors? N'est-ce point parce que Je son se transmet par les corps solides qui ont communication d’une part avec le timbre, et de l’autre avec l’air extérieur » ? ( Leçons de Phys. vol. 3, pag. 416 ). On voit que Nollet qui , se pliant aux prévéntions existantes ,. vouloit que l'air fût la matière propagative du son, se trouvoit forcé , par les faits , d'admettre encore une autre matière propa- gatrice du son. Or, on peut bien assurer maintenant qu'il n’y à qu'une seule matière qui ait cette faculté , soit qu’elle agisse à travers la masse de l'air, soit qu’elle propage ses ébranlemens au travers de l’eau ou au travers des corps solides. Suivons encore ce physicien célèbre dans ses remarques , au même endroit cité. ? & D'ailleurs ( continue-t-il ) la quatrième expérience ne nous ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 laisse , ce me semble, sur cela aucun doute, Si le son ne pouvoit se transmettre que par l’air , PO l’entendroïit-on lorsque le corps sonore, enfermé par le verre ét par le plomb , se trouve plongé dans un vase plein d’eau f N'est-on pas forcé de recon- noître que le son se communique du réveil (ou timbre) à l’air qui l’environne, de l’air au récipient ( la cloche de verre ), du récipient à l’eau , et de l’eau à l’air extérieur ? » Zbid. Nolletétoit trop instruit pourne pas être convaincu que toutes les vibrations possibles de l'air enfermé sous la cloche de verre, comme dans sa quatrième expérience ( Leçons de Phys. vel.3, pag. 414), ne pouvoient pas communiquer leur mouvement à l’air extérieur , puisque le premier se trouvoit séparé de celui-ci, d’abord par le verre du récipient, que l'air qui y étoit enfermé ne sauroit traverser, et ensuite par l'eau qui entouroit de tous côtés ce récipient , autre milieu qu'il falloit encore traverser pour arriver à l’air extérieur avec ses mouvemens de vibrations. Si, dans le vide, le son paroît affoibli et presque nul, cela n'arrive pas ainsi, parce que la matière propre du s0z y manque ou s’y trouve trop raréliée , ce qu’on a cru jusqu’à présent; mais c’est que cette matière du soz n’y trouve point de milieu propre à aider la propagation de ses ébranlemens , en servant d'appui à ses répercussions multipliées. L'effet de l’élasticité du fluide subtil qui, par ses ébranlemens, forme le bruit ou le son , va en augmentant à mesure que ce fluide ébranlé traverse des milieux plus denses , parce que ces milieux lui donnent latéralement des points d'appui et de réper- cussion d'autant plus solides. Or, il est évident que ce même effet doit diminuer proportionnellement lorsque le fluide élasti- que, qui forme le bruit ou le son, ne traverse que des milieux mous et rares, et qu'il doit presqu’entièrement s’anéantir , lors= que ce même fluide , mû par des chocs ou des vibrations de corps sonores, se trouve isolé ou dans le vide. ( Mém. n°..157 ). Si le principe que j'ai établi plus haut est fondé, savoir , que le soz ou le bruit se propage avec une intensité et une force qui est en raison directe des chocs ou des vibrations des corps , et à- la-fois de la densité des milieux à travers lesquels la matière qui le forme propage ses ébranlemens , on ne sera plus étonné de remarquer ; 10. Que dansle vide , effet des ébranlemens de la matière du bruit ou du son soit presque anéanti ; 20, Que dans l’air , le même effet soit alors perceptible, mais avec une certaine lenteur et foiblesse ; do4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3°. Que dans l’eau , le même effet soit beaucoup plus fort et se prolonge ou s’étende plus loin ; 4°. Enfin , qu’à travers la terre même et différens corps solides, le même effet s’étende encore plus loin, et ait plus de force et plus d'intensité. Ainsi, l’on ne doit plus être surpris, si, en se couchant sur la terre , on peut entendre le canon d’un siége , à la distance d’en- viron 10 myriamètres ( plus de 20 lieues), tandis qu'on cesse aussitôt de l'entendre , si on se lève pour écouter dans Pair. On entendoit à Monaco , en se couchant sur la terre , le canon des vaisseaux de Toulon , tirant , suivant la coutume, à 10 heures , le jour du samedi de Pâques. La distance de Toulon à Mozaco est cependant de 12 ou 13 myriamètres au moins ( plus de 25 lieues ). C’est la même cause qui fait qu’on entend, à l'extrémité d’une grosse et longue poutre, les coups que l’on frappe avec la tête d’une épingle à l’autre extrémité ; tandis que ce léger bruit ne sauroit être entendu à travers l’air à la distance d’un mètre, Si l’on passe un bout de corde dans le sommet d’une pincette de cheminée (de celles qui ne sont pas à charnière), et qu’on porte à ses oreilles les bouts de cette corde , en faisant balancer et frapper contre quelque corps solide la pincette ainsi suspendue ; on entend aussitôt un bruit et un bourdonnement considérable , qui cessent dès que l’on éloigne des oreilles les bouts dela corde , et qui recommencent dès qu’on les en rapproche. Les enfans s’en font un jeu qui les amuse , parce qu'ils aiment le bruit. Maïs le physicien pour qui aucun fait n’est indifférent, remarque ici que la matière du soz mue par le choc et les frémissemens de la pincette, propage avec plus de force ses ébranlemens à travers la corde, dans le sens de sa longueur, qu’à travers l’air commun. Il paroît que le son ou le bruit éprouve de la difficulté à se transmettre d’un milieu dans un autre, lorsque la différence des densités est considérable , à moins que l’un des deux milieux n'ait peu d'épaisseur. Cela est cause qu’il est aisément réfléchi va les corps durs, lorsque la matière élastique et subtile qui le forme, propage ses ébranlemens à travers un milieu rare et vient à ren- contrer ces corps. En effet, quoique cette matière du son soit elle-même très-pénétrante, on sent que l’extrême promptitude , et même que la nature de ses ébranlemens la mettent plutôt dans le cas d’être repercutée ou réfléchie dans cette circonstance, que de se répandre avec la conservation de ses mouvemens d’un mi- lieu rare dans un autre beaucoup plus dense. I’observation des faits me paroît confirmer complètement cette idée. L’écho A! 1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 405 : L’écho n’est pas seulement le résultat d’une réflexion parfaite du son, comme Buffon l’a pensé (vol. 5. p.342) : mais Î est di à une réunion , dans un point central, de réflexions ou réper- cussions diverses de la matière ébranlée qui le forme. Aussi l’éczo se trouve-t-il en un point qui peut être regardé comme le foyer où se réunissent les réflexions ou les répercussions diverses de la matière du son: En deça et au-dela de ce point, l'écho n’a plus lieu. Si vous êtes placé en face d’une muraille en ligne-droite, à une distance quelconque , le bruit que vous ferez ne se per pas en écho à vos oreilles ; parce que les répercussions de la ma- tière duson, ébranlée par vous, ne se réuniront pas en un foyer. Mais si la muraille étoit disposée en ligne courbe, il se trouveroit un point d’où le bruit formé pourroit se répéter en écho. On sait qu’au milieu d’une caverne, que sous la voûte d’un bâtiment , qu'entre les rochers d’une montagne, et qu’entre les arbres d’une forêt , le bruit ou le son y forment ordinairement des échos remarquables ; or-la disposition de ses corps durs, c’est- à-dire celle des parois de la caverne et de la voûte, celle des rochers et des arbres que je viens de citer, les met dans le cas de réfléchir diversement la matière ébranlée qui produit le son ou le bruit; et c’est dans les points où un certain nombre de ces réflexions se réunissent et se croisent , que se rencontre les éch®s que l’on y observe. Hors des foyers dont je viens de parler, les lieux où s’opèrent beaucoup de réflexions de la matière du son, ébranlée par le choc ou la vibration de auelques corps, résonnent considérable- ment, et souvent même d’une manière incommode ; maïs il n’y a point d’écho. . La multitude de réflexions que la matière du son , en propa- geant ses ébranlemens , peut subir et recevoir de la disposition circulaire ou concave des corps durs , augmente proportionnelle- ment la force du son au lieu de l’affoiblir , si cette disposition se trouve répétée et multipliée. Cette même disposition , ainsi répétée, multiplie en effet, pour la matière du son mise en mouvement, les réflexions et lenombre de leurs foyers ; et elle fait que les canaux coniques, tortueux, ou en volute, qui ne sont autre chose que des séries de cavités confondues, croissantes ou décroissantes , présentent la circons- tance la plus favorable à la propagation du son , et même au maintien ou à l’accroissement de son intensité. De-là on peut concevoir pourquoi la nature a donné aux ani- maux qui vivent dans l'air , un appareil tel à l’organe de leur Tome VI. FRIMAIRE a 8. Ggg 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ouïe ; que la matière du son, avant d'arriver à leur nerf auditif , trouve dans la forme de leur conduit auditif externe , lequel souvent est augmenté d’un pavillon qu'on nomme oreille exté- rieure , ettrouve ensuite dans celle de leur conduit auditif interne , qu'on nomme labyrinthe , occasion d'accroître la force de ses ébranlemens par des réflexions où répercussions nombreuses , qui se multiplient avec le rétrécissement des canaux qui reçoivent cette matiere. Ce que nous venons de remarquer ici en grand , sur le pouvoir des répercussions de la matière du son dans ses ébranlemens, et sur les effets de la multiplication de ces répercussions, nous in- dique assez maintenant pourquoi la matière du son propage avec plus de facilité ses ébranlemens à travers des milieux denses et mème solides, qu’à travers ceux qui sont mous et rares. La réunion de ces faits et de toutes les observations que je viens de présenter , prouve que l'air commun, qui est un fluide gazeux, grossier, mou , incapable de pénétrer la substance ou les masses d’un grand nombre de corps, ne peut être lui-même la matière qui forme et propage le bruit ou le son. Cette réunion de faits prouve ensuite, qu’outre l’air commun qui nous environne , il existe dans sa masse et dans celle de tous les corps un autre fluide invisible , singulièrement élastique , très-subtil, d’une rarité extrême ; present dans toutes les parties ‘de notre globe , et parconséquent dans son atmosphère , qu'à une hauteur que je crois limitée. Elle prouve , enfin , que ce fluide subtil qui, sans doute, est la cause de la force du ressort que nous observons dans l’air commun , est susceptible d’être mû par le choc et les vibrations des corps , et qu’il propage ses ébranle- mens à travers différens milieux, avec une Ecilité et une inten- sité d'autant plus grandes , que ces milieux ont plus de densité. L'air commun n’est donc à la matière du son , qui propage à travers sa masse les ébranlemens ou les frémissemens qu’elle reçoit du corps sonore vibrant, qu’un milieu qui facilite le main- tien des frémissemens de cette matière subtile. Peut-être que l’air lui-même , qui est par-tout pénétré ou rempli du fluide subtil , dont il est question , et qui en reçoit la très-grande partie de son ressort, participe aussi du même frémissement ? Cela est très- possible. Mais le composé gazeux qu’on nomme air commun est trop grossier , {TOp mou, et sur-tout trop peu pénétrant > pour propager ses frémissemens à travers des milieux plus denses que lui. C’est je crois ce qu'on ne sauroit contester ; tandis que les faits déjà cités suffisent pour nous convaincre que la matière qui yropage le son jouit pleinement de cette faculté. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 497 Ainsi, l'air n’a point par lui-même le ressort dont il paroît jouir ; ce fluide composé , grossier , malgré son extrême transpa- rence , est incapable d’avoir, par sa propre nature, un pareil ressort. Il doit donc celui qu’on lui observe au fluide subtil dont il se trouve pénétré ; fluide qui paroit être aussi la source du ressort de tous les autres fluides élastiques, et qui met l’air lui- même dans le cas d'étendre , avec une vîtesse égale à celle de la propagation du son , les vibrations ou frémissemens qu’il en peut recevoir. L’air ressemble en cela aux autres matières composées gazeuses, qui ne doivent leur état de gaz et la totalité de leur ressort, qu’à un fluide subtil et éminemment élastique qui les pénètre , c’est- à-dire |, qui se trouve répandu dans leur masse sans y être combiné ( le calorique ). L'effet du ressort que l'air reçoit du fluide élastique continuel- lement répandu dans sa masse, a pu être observé , calculé , et très-bien déterminé par les géomètres , et ensuite le résultat du calcul de cet effet a pu s’accorder parfaitement avec la vitesse bien connue (1) de la propagation du son ; ce dont je ne doute nullement : mais je dis que cette considération n’intéresse au- cunement la proposition que j’entreprends d'établir dans ce Mémoire. 1 En effet, la proposition dont il s’agit, se réduit à ayancer que l’air commun n’est point la matière propre du son, mais que c’est uniquement le fluide subril et essentiellement élastique , répandu dans la masse de ce composé gazeux ; qui constitue cette matière ; puisque ce même fluide subtil a la faculté de propager , sans obstacle, à travers des milieux plus denses que lui, les frémissemens que lui causent les vibrations des corps sonores , et de pénétrer , dans cet état d'agitation , jusqu’à l'expansion pulpeuse de notre nerf auditif; ce qui produit en nous La sensation du son. L'établissement de cette proposition ne contredit donc aucune vérité mathématique , comme on me l’a objecté lorsque j'ai eu commencé la lecture de mon Mémoire, et ne pouvoit me mériter tout ce que j'ai eu à essuyer dans cette circonstance. av La preuve, enfin, que l’air commun n’estpoint la matière même du son, c’est que les vibrations que cet air peut recevoir des corps sonores , à la faveur du fluide élastique dont il est toujours (1) On sait , d'une maniére certaine , que le bruit ou le son qui se propage à travers l'air commun , parcourt environ 534 inètres ( 173toises) par seconde. Ggg2 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE énétré, ne lui donnent point pour cela la faculté de traverser, ans cette circonstance , les milieux qu’il ne pouvoit traverser dans l’état de repos: on ne pourroit assurément supposer qu'il ait alors cette faculté. Or, si une simple membrane l’arrête , à plus forte raison sera-t-il arrêté par l’inertie et l’incompressibilité propre de l’eau ;, par l'enveloppe osseuse qui constitué le crâne des rater , par le tissu serré et solide du bois , etc., etc., tandis que la matière subtile et vigoureusement élastique , qui se trouve répandue par-tout , et conséquemment dans le sein de Pair , et qui en constitue presque tout le ressort , ne s'arrête point à ces obstacles ; elle passe outre , sait traverser différens milieux, et arriver jusqu’à l'organe essentiel de notre ouïe , avec Yagitation qu'eile à pu recevoir du choc ou des vibrations des corps. Cette matière subtile peut seulement , comme je lai déjà dit, subir divers degrcs d’affoiblissement dans la force de ses mouve- mens , soit lorsqu'elle change de milieu dans la transmission de ses frémissemens , soit lorsque de grands déplacemens de l'air, au travers duquel’ellé se ment ; viennent à altérer la force et la di- rection des mouvétmens qu’elle propage. Maintenant , considérant que le fluide subtil dont je viens de parler, existe indubitablement, puisque tous les faits relatifs à l’acoustique attestent la nécessité de-son existence ; considérant ensuite que le /ez éthéré , qu’une multitude d’autres faits bien constatés , m'ont fait reconnoître dans la nature ( Mém. de Phys. et d'Hist: nat. p. 135 ;'etc ), existe pareillement et de la mêmemaniere. Enfin, considérant que ce jeu éthéré est, comme da matièré même du son, un fluide invisible, subtil , excessive- ment élastique , d’une rarité extrême, pénétrant facilement les masses de ds les corps , et conséquemment répandu par-tout dans notre, globe ( Mém. de Phys. etc. p. 136, n°. 146 et147), je suis forcé de reconnoître que le fez éthéré dontil s’agit , et la matière propre du son et du bruit, sont une seule et même matière. Ce n’est assurément point par hypothèse ni par aucune suppos sition vague et gratuite , que j'ai établi l'existence du fx éthéré, et auquel j'ai assigné, d’après l'examen des faits, les qualités essentielles qui lui appartiennent. J’ai acquis et publié à cet égard, dés preuves suffisantes pour convaincre ceux qui n'aiment que des connoissances exactes , et j'ose dire que ces preuves sont telles que je n'ai pas à craindre qu'on entreprenne de les contester pu- bliquemeént: J'ai été conduit à découtrir existence du jeu éthéré, en suivant ET D'HISTOIRE NATURELLE, 409 avec soin tous les faits relatifs au /ez calorique , et en examinant les suites de son expansion , c’est-à-dire ce qu’il devient lui-même au terme de l’expansion qu'il éprouve (Mém. de Phys. etc. p. 171. et suiv.). Je fus ensuite confirmé dans ma découverte , en obser- yant les faits relatifs à la chaleur communiquée au globe ter- restre , par la lumière du soleil , et à celle qui se forme et s’a- masse sur un point ou un Corps résistant , par les chocs multi- pliés de la lumière réunie au foyer d’une lentille. J’en fus sur- tout convaincu , lorsque des expériences qui me sont propres, m'eurent appris que la lumière dont je viens de parler , n’avoit en elle-même aucune chaleur quelconque. Newton avoit, il y a long-temps, pressenti l’existence d’un fluide semblable, c’est-à-dire d’un fluide subtil, élastique, et qui pénètre tous les corps ; mais il ne put trouver les moyens d’en établir la démonstration. Eneffet, démontrer l’existence d’un fluide qu'on ne sauroit faire voir ,.et qu’on ne peut retenir dans aucun vaisseau, cela n’est pas facile à exécuter. Cethomme illustre, en fait beaucoup mention dansses questions qui sont à la suite de son Traité d'Optique.( Voyez les questions 17,18 ,19, 20 et 21 ). Il donne à ce fluide le nom de z1ilieu éthéré , et à son égard il s'exprime ainsi à la fin de sa 18e. question. « Ce milieu n'est-il pas excessivement plus rare et plus subtil que l'air, et excessivement plus élastique et plus subtil ? Ne pé- nètre-t-1l pas facilement tous les corps? Et par sa force élastique ne se répand-il pas dans tous les cieux ? » Ce dernier membre de la question est complètement hypothé- tique ; au lieu que ceux qui le précèdent , peuvent recevoir une réponse affirmative , appuyée sur des faits bien constatés, Si Newton eût bien connu Îe fez calorique , et s’il eût décou- vert que ce feu n’avoit qu’accidentellement et non essentiellement, les facultés qu’on lui observe , il n’eût pas manqué de découvrir le feu éthéré, d’en établir la démonstration , et de reconnoître en lui ce même fluide subtil, éminemment élastique , qui pénètre tous les corps, que son génie et son œil observateur lui ont fait pressentir , et auquel ïl a donné le nom de wilieu éthéré. Newton a sans doute pris l’idée des ondes de vibration qui s'étendent au loin dans la masse d’un fluide, à la suite d’une per- cussion comprimante ; 1°. dans les ondes concentriques qui naïc- sent à la surface de l’eau par la chûte d’un corps qui trouble le repos de sa masse ;2°. dans la manière et la célérité avec lesquelles la matière du son propage ses ébranlemens , lorsque le choc d’un corps l’a mise das ce cas. En effet, voilà jusqu'à présent les deux 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seuls faits qui sont parvenus à notre connoissance , relativement aux ondes de vibration qui peuvent avoir lieu dans un fluide. On a ensuite lieu de croire que Newton , qui ne connut pas la matière du feu , n’a réellement pris l’idée de l'existence d’un fluide subtil, qui peut raverser tous les corps, qu’en con- sidérant celui qui constitue la matière du son, puisque ce fluide a effectivement cette faculté. * Mais Newton ayant besoin de former une hypothèse, pour ex- pliquer d’une part plusieurs faits relatifs aux effets de la lumière à la surface des corps ou se transmettant dans leur masse, et de l’autre part pour trouver ou assigner la cause de la gravita- tion universelle, attribua par une simple supposition, une force élastique à son milieu éthéré , bien ce grande qu’à la matière du son, et une célérité dans les vibrations de ce zzilieu éthéré, supérieure même à la vitesse de la’transmission de la lumière. Or, comme en bonne physique on doit soigneusement distin- guer les connoissances certaines, acquises par l'observation des faits, des simples suppositions que l’on forme pour établir des raisonnemens , je dis qu’on ne seroit pas fondé à m’objecter ici l’emploi qu’a fait Newton de son ilieu éthéré, en lui attribuant par une pure supposition , une vîtesse de vibration qui surpasse même la célérité de la transmission de la lumière. Newton convient lui-même de la supposition qu’il forme, n'ayant aucun fait pour l’appuyer ; car après avoir indiqué la vitesse des vibrations de la matière de son, et celle de la trans- mission de la lumière du soleil, il s'exprime ainsi à cet égard dans le cours de sa 21°. question : « Et afin que les vibrations de ce milieu éthéré puissent produire les accès alternatifs de facile transmission et de facile réflexion , elles doivent être plus promptes que la lumière, et par conséquent plus de 700,000 fois plus promptes que le son ». aa On sait que Newton voulant expliquer les effets de la lumière à la surface des corps, et sur-tout ceux de la lumière qui tombe sur un Corps transparent, et qui varient à raison de l’épaisseur de ce corps, imagina d'attribuer à la lumière dardée par les corps lumineux , des accès alternatifs de facile transmission et de facile réflexion. Or, il eut besoin pour produire ces divers accès alter- natifs, de supposer une action des vibrations de son milieu éthéré, sur le mouvement de la lumière ; action qui, toujours par sup- position , occasionne des accélérations et des retards dans le mou- vement de la lumière, d’où peuvent naître les accès alternatifs de facile transmission et de facile réflexion qu’il lui suppose. Pour complèter son hypothèse ; Newton dit en outre que la ET D'HISTOIRE NATURELLPF. 41 lumière lancée par les corps lumineux, se rompant ou se réflé- chissant dans son milieu éthéré, comme dans bien d’autres, y peut exciter au point d'incidence, des ondes successives de vi- brations semblables à celles qu’excite dans l’eau la chète d’une ierre. Enfin , il pense que les ondes de vibration de ce méliem éthéré, se continuant depuis le point d'incidence jusqu’à des distances considérables, ont à leur tour la faculté d’atteindre les rayons de lumière, et d’exercer sur leur mouvement l'influence que je viens de citer. | D’après ce que je viens d’exposer, on voit que Newton pensoit que la lumière agit sur son milieu éthéré, comme sur les autres corps, qu'elle excite dans sa masse et dans celle des autres corps, des ondes de vibrations qui causent en eux la chaleur ; et qu’en outre il croyoit que les vibrations de son milieu éthéré, ainsi que celles de beaucoup d’autres corps, avoïent à leur tour la faculté d'agir sur la lumière , de la lancer, de la réfléchir et de la ré- fracter , selon leurs différens états et leurs diverses natures. Mais tout cela n’est qu’une belle hypothèse , digne à la vérité du génie de l’illustre Newton ; hypothèse que ce savant justement célèbre , fut obligé d'imaginer pour remplacer une cause qu’il n’eût pas occasion de connoître : cette cause réside dans l’influ- ence que l’état du /ez fixé dans les corps , exerce sur la lumière qui tombe sur eux ; influence que j'ai suffisamment fait connoître dans mes écrits , et à laquelle Newton n’a point pensé. (7’oy. mes Mém. de Phys. et'd'Hist. Nat. pag. 56. n°. 44 à 52.) CONCLUSION. D’après les observations et les faits cités dans ce Mémoire, je me crois très-fondé à conclure ; 1°. Que l'air commun dans lequel nous vivons, rest point la matière propre du son ; puisque malgré sa parfaite transparence , ce fluide est encore trop sons pour pénétrer librement les masses des corps qui ont plus de densité que lui ; faculté dont jouit évidemment la matière propre du son. 2°, Qu'il existe un fluide invisible , très-subtil, singulièrement élastique , d’une rarité extrême, pénétrant facilement tous les corps , répandu dans toutes les parties de notre globe, et consé- quemment dans son atmosphère; et que c’est aux facultés de ce He. qu'un grand nombre de faits physiques jusqu'ici mal expliqués doivent être attribués. 30. Que ce même fluide subtil qui est répandu dans toute la masse de l’air atmosphérique , est à cause essentielle du ressort 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dont cet air paroît jouir par lui-même; et que c’est aux vibra- tions communiquées au fluide subtil dont il s’agit; vibrations qui se transmettent avec célérité à travers différens milieux , même à travers des milieux solides, qu’il faut rapporter la cause immé-. diate du son et du bruit par rapport à nous ; 4. Que le fluide sobf qui constitue la matière propagatrice du son, est parfaitement le même que le /2z éthéré dont j'ai démontré l’existence dans mes différens écrits; et qu'on peut aussi le regarder comme le même que le zilieu éthéré dont a parlé Newton , si, à toutes les facultés bien reconnues de ce fluide , l’on n’y joint pas la supposition par laquelle Newton at- tribue à ses vibrations une vîtesse plus grande que celle du mou- vement de la lumière (1) ; 59. Que puisque parmi les matières invisibles , il en existe au moins une que son extrême rarité met dans le cas de traverser facilement les corps mêmes les plus denses, en sorte que nous ne pouvons jamais la retenir ou en isoler des portions dans aucun vaisseau ; il est possible que cette matière, dans certaines circons- tances , soit susceptible d’être modifiée et fixée dans les corps, comme un de leurs principes constituants, et que dans d’autres circonstances elle en soit dégagée ; elle peut donc jouer un rôle important dans les combinaisons qui se forment, comme dans celles qui se détruisent. Qui est-ce qui raisonnablement osera nier l'importance de cette considération ? 6°. Enfin que tant qu’on ne sera pas assuré de tenir un compte exact de tout ce qui se passe et de tout ce qui agitdans un phéno- mène que l’on observe, ou dans un fait que l’on examine , on sera nécessairement exposé à se tromper dans l’explication des causes auxquelles on lattribuera. (1) La lumière , comme on sait , met environ 7 minutes à parcourir l’espace qui nous sépare du soleil ; elle parcourt donc au moins 760,000 lieues {58,000 myriamètres ) par seconde, tandis que les vibrations de la matière du son ne parcourent pas +°. de lieue par seconde, THÉORIE ET D'HISTOIRE NATURELLF. 413 RD CG AP EME ORIMEDEUL'ÉRASTICITÉ. APPUYÉE SUR DES FAITS, CONFIRMÉE PAR LE CALCUL ; Par A Lire s, Professeur de Fhysique et de Chimie aux écoles centrales de Paris. Mémoire lu à l’Institut national le 1%. brumaire an VIT. sr Niro trace , à la fin de son O tique , le tableau des décou- vertes les plus importantes à faire None l'étuce de la Physique ; et parmi les principaux traits qui le composent , il est aisé de remarquer la cause de lattraction , de l’élasticité et des autres forces qui animent la nature. Le témoignage de ce grand homme est la meilleure réponse qu’on puisse opposer aux déclamations de quelques physiciens qui ne courent qu'après des faits isolés , qui dédaignent les théories et qui regardent comme stérile toute recherche qui a pour objet la cause des phénomènes. 2. Lucrèce, Daniel Bernouilli, Lesage et plusieurs antres phy- siciens , se sont occupés du phénomène de l’élasticité ; mais toutes leurs recherches se sont bornées à expliquer d’une manière vague l’élasticité des fluides aériformes. Les uns la faisoient dé- peudre d’une agitation continuelle de leurs molécules intégrantes, sans assigner aucune cause qui produise cette agitation ; les antres admettoient, pour expliquer ce phénomène, une force répulsive, inhérente aux molécules des fluides aériformes. Quelques-uns, enfin , ne pouvant se résoudre à admettre dans les molécules de la matière deux forces diamétralement opposées, ont eu recours, pour produire l'agitation des fluides élastiques , à un fluide dis- cret répandu dans tout l’univers , dont chaque particule , exces- sivement petite, se meut avec une prodigieuse activité en lisne droite, et dont les courans , arrivant de tous les points de l’es- pace , se croisent dans tous les sens. Ce système, connu sous le nom de systéme des corpuscules ultra- mondains , est fondé , somme tous les systèmes , sur des bases imaginaires , et est bien Tome VI. FRIMAIRE ax 8, Hhh 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, loin d'offrir une explication satisfaisante des phénomènes de l’élasticité. : TA Ce Mémoire a pour but de donner , du phénomène de l’élasti- cité ,une explication fondée sur des faits , confirmée par le calcul. IT MAP RMTPN CYENPI ES 3. Les molécules intégrantes, d'un corps quelconque , souffrent uu écartement par l’action de la chaleur. FI PR IN NC INP'E: 4. Le refroidissement rapproche les molécules intégrantes des corps. Si, après avoir échauffé un corps et avoir ainsi écarté ses molécules , on le ramène, par degrés , à la température qu'il avoit avant d’être soumis à l’action de la chaleur , il repasse par les degrés d’extension qu’il avoit parcourus , et finit par reprendre le même volume qu’il avoit avant d’être échauffé (1). ri PANNOITPE.L 5. On ne peut concevoir ces phénomènes sans admettre l’exis- tence d’un fluide extrêmement délié, qui, tantôt pénètre les mo- lécules des corps, et qui , tantôt les abandonne, pour produire, suivant les circonstances , l'écartement ou le rapprochement des molécules. C’est à ce fluide , quel qu’il soit , que nous donnons le nom de calorique. Nous ne regardons point son existence comme démontrée ; aussi ne supposerons-nous pas, pour expli- quer les phénomènes dont il s’agit, que le calorique est une substance réelle. Il suffit que ce soit une cause répulsive quel- conque qui produise l’écartement des molécules. TUVE ANPRECSTENNO ETAPE 6. Tous les corps de la nature ont plus ou moins d’affinité avecle calorique: ils ont en outre , plus ou noïns de capacité pour le contenir , ét cette capacité est en raison composée de la figure de leurs molécules intégrantes, de leur grosseur et de la distance qui les sépare. 7. Ces principes ne sont pas équivoques. Ils sont, aujourd’hui, (1) Lieau et les substances métalliques passant de l'état liquide à l'état solide, éprouvent une augmentation sensible de volume. Tous les physiciens sont d'ac- cord aujourd'hui sur la cause de ce phénomène. 11 dépend principalement de la cristallisation , et ne peut , en aucune manière, restreindre la généralité du principe que nous venons d'énoncer. x L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 généralement avoués des physiciens : nous pouvons donc , sans entrer dans le détail des expériences qui concourent à les éta- blir , entirer les conséquences qui doivent nous conduire à l'expli- cation des phénomènes qui font l’objet de ce Mémoire. 8. Toutes les fois que, dans un phénomène, on soupçonne des effets produits par une cause déterminée, un physicien sage doit tâcher de justifier ou de détruire ces soupçons. Il faut, pour y réussir , isoler , autant qu’il est possible, l'effet et la cause qu’on soupçonne lui avoir donné naïssance; les interroger chacun en particulier, les réunir ensuite, examiner si l'existence de l’effet est tellement liée à celle de la cause soupçonnée, qu'il ne puisse exister séparément : il faut, en un mot, se mettre pour ainsi dire, à la place où étoit la nature avant la production du phé- nomène , étudier les moyens qu’elle a core pour le pro- duire , et voir si, avec des moyens quelconques, on peut faire naître de semblables effets. Si ce travail a du succès, c’est alors qu’on peut se flatter d’avoir trouvé, sinon la véritable cause, du moins une cause équivalente , et d’être parvenu à la solution du problème qu’on se proposoit de résoudre. 9. En suivant cette marche dans l’objet qui nous occupe , nous supposerons d’abord tousles corpsdela nature entièrementdépouil- lés de calorique. L’abandon de ce fluide est marqué par le rappro- chement de leurs molécules intégrantes ; toutes cèdent à la force d’affinite qui les maîtrise : les substances gazeuses perdent la fluidité aériforme ; les liquides, la liquidité ; tous les corps, en un mot, ne présentent aux yeux du physicien qu’un amas de molécules qui se trouvent en contact immédiat. Plusieurs de leurs propriétés , telles que la porosité , la compressibilité , et l’élasticité , se sont évanouies avec le calorique que nous soupçonnons leur avoir donné naissance. Faisons reparoître le SRE à supposons tous les corps plongés de nouveau dans un bain de ce fluide ,-et cal- culons , s’il est possible, les différens effets qui doivent résulter de sa présence. 10. 1°. Il est évident, d’après les principes que nous avons établis, que tous les corps prendront une portion de calorique roportionelle , d’abord, à leur affinité pour ce fluide , et ensuite à la capacité qu’ils auront pour le contenir ; d’où il résulte que, ceux mème qui auront même, s’ils sont de différente espèce , n’en prendront pas également. 11. 20, Le calorique se combinera , suivant les lois de l’affi- nité, avec les molécules intégrantes des corps, et leur communi- quera une force répulsive opposée à la force d’aggrégation. Mais, Hbhh 2 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à mesure que cette combinaison s’effeetuera , l’affinité des molé-. cules pour le calorique souffrira une diminution telle que, lorsque cette affinité sera parvenu à son terme de saturation, les mo- lécules ne pourront plus admettre entr’elles que du calorique libre, tout prêt à s'échapper par le contact des corps dont l’affinité pour le calorique ne sera pas satisfaite. 12. 50, Ta force répulsive que fera naître le calorique com- biné sera différente dans les différens corps; mais dans.tous, dans ceux mème où elle sera la plus petite possible, l’écartement des molécules intégrantes aura lieu. En effet, lorsque tous les corps étoient entièrement privés de calorique, leurs molécules inté- grantes se touchoient immédiatement. La force d’affinité étoit complètement satisfaite ; elle étoit parvenue à son terme de sa- turation : la moindre force répulsive est donc suffisante pour la vaincre, et conséquemment pour produire l’écartement des mo- lécules. Mais bientôt après la force d’affinité augmente, et si cette augmentation est telle que la force d’affinité parvienne à égaler la force répulsive , c’est le point où s’établit l'équilibre entre ces deux forces qui marque le terme de l’écartement des, molécules, qui détermine l’état permanent de solidité ou de li- quidité des corps à la température et à Ja pression habituelle qu’ils éprouvent. Mois si la force d’affinité ne parvient pas à égaler la force répulsive, les molécules des corps, cédant à l’im- pulsion de cette dernière force , souffrent nn écartement pro- ressif qui les fait bientôt sortir de la sphère d’activité où s’exerce: a force d’aggrégation , et alors les corps acquièrent la fluidité aériforme. 13. Les physiciens éclairés par la chimie moderne expliquent d’une manière différente la formation des corps solides, liquides. et aériformes. Les corps, disent-ils, conservent l’état de solidité, tant que la force attractive des molécules l'emporte sur la force répulsive communiquée. par le calorique ; ils passent à l’état de liquidité au moment où la force attractive égale la force répul- sive ; ils acquièrent , enfin , la fluidité aériforme lorsque la force répulsive Pemporte sur la force attractive. Maïs, si dans les corps solides la force attractive domine sur la force répulsive , pour- uoi leurs molécules intégrantes ne cèdent-elles pas à l’impulsion d cette force ? Pourquoi ne se rapprochent-elles pas jusqu’à ce qu'elles soient en contact immédiat ? La fluidité aériforme est dûe , il est vrai, à la supériorité de la force répulsive sur la force aitractive , quoique les molécules ne soutfrent pas un écartement indéfini. Mais je vois ici une force extérieure qui s'oppose à cet ET D'HISTOIRE NATURELLE. 417 écartement ; la pression de l'atmosphère , de concert avec la pe- santeur de ces fluides , balance l'excès de la force répulsive sur a force attractive , ct détermine la limite de l’écartement des molécules. Mais dans les corps solides je ne vois pas de force extérieure qui puisse balancer l'excès de la force attractive sur la force répulsive, et qui , conséquemment, puisse s'opposer au rapprochement des molécules , tant que la force attractive sera victorieuse. 14. Quoi qu'il en soit de ces différentes manières d'expliquer Ta formation des solides , des liquides et des substances aérifor- mes , il n’en est pas moins vrai que ces trois états des corps sont l'effet du calorique qui se combine ayec leurs molécules inté- grantes , en plus ou moins grande quantité , suivant leur plus ou moins d’affinité pour ce, fluide. 11 n’en est pas moins vrai que l'union du calorique avec les molécules.des corps doit faire naître deux propriétés qui les caractérisent , la porosité et la compres- sibilité. En vain quelques physiciens ont attribué aux liquides le privilége de l’incompressibilité. L’incompressibilité réelle sup-- pose le contact immédiat des molécules ; elle n’existe donc pas dans la nature. L’incompressibilité des liquides ne seroit donc, tout au plus, qu'une incompressibilité relative à la foiblesse de zos moyens ; et personne n’ignore que le terme où s’arrête l’ar- tiste est souvent bien loin de celui où s’arrête la nature. 15. L’élasticité des. corps, soit solides, soit aériformes , est encore une propriété qui nous paroît avoir pour cause la combi- naison du calorique avec les molécules des corps. Quelques re- marques vont précéder l’explication de cet important phénomène. - 16. 10: Des signes d'élasticité supposent une compression ef- fectuée ; c’est-à-dire, une altération dans la figure des eorps , sroduite par le rapprochement des molécules ; d’où il résulte que Es corps dont les molécules cèdent avec une très-grande facilité à la plus légère pression , de manière à rouler les unes-sur les autres sans.altérer leur figure , ne peuvent donner des signes sensibles d'élasticité. Tels sont , en général, tous les liquides. 17. 20. Lorsqu'on comprime un corps élastique , quelques-unes de ces molécules intégrantes sont rapprochées ; d’autres souffrent un écartement à-peu-près égal au rapprochement des premières. 18. 3°, Au degré habituel de chaleur et de pression que nous éprouvons , tous les corps ont un volume déterminé par le rap- port d'égalité qui existe entre la force attractive de lenrs moké- eules et la force répulsive communiquée par le calorique com biné avec c:s mêrnes molécules. | 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 19. Cela posé, je dis que le rétablissement des corps solides après la compression est un effet combiné qui dépend en partie de la force répulsive que leurs molécules intégrantes ont reçue du calorique, en partie de la force attractive de ces mêmes molécules. En elfet, lorsqu'on comprime un corps élastique , plusieurs de ses molécules intégrantes sont rapprochées , d’autres souffrent un écartement égal au rapprochement des premières. Dans les molécules rapprochées , la force répulsive augmente, La force attractive augmente aussi 3; mais l’accroissement de la première force l'emporte sur celui de la seconde. En effet, à l'é- poque de la formation du Corps tel qu’il est avant la compression , la force répulsive communiquée à ses molécules par le calorique combiné, a suffi pour leur donner le degré d’écartement qui les distingue. Elle étoit donc supérieure à la force attractive jusqu’au moment où les molécules ont acquis le degré d’écartement qu'elles ont dans l’état naturel du corps ; d’où il résulte que si on rap- proche les molécules par la compression, si on les resserre avec le calorique combiné dans un plus petit espace , le rapport d’é- galité qui existoit avant la compression , entre la force attractive et la force répulsive, doit être détruit en faveur de la force ré- pulsive , et que, conséquemment, la compression cessant , elle doit agir et écarter les molécules rapprochées par la compression jusqu’à ce que l’équilibre se rétablisse entre la force attractive et la force répulsive ; et cet équilibre ne peut se rétablir que lorsque les molécules auront recouvré le degré d’écartement qu’elles avoient avant la compression. Par des raisons semblables , la force attractive domine sur la force répulsive dans les molécules qui ont souffert un écartement : elle doit donc agir pour rappro- cher les molécules et rétablir l'équilibre de ces forces ; et cet équilibre ne peut se rétablir que lorsque l’écartement des molé cules sera tel qu’il étoit avant la compression. 25. Des exemples répandront quelque clarté sur cette explica- tion. Je laisse tomber sur un plan une boule d'ivoire ; le diamètre perpendiculaire au plan diminue ; les molécules intégrantes , dans le sens de ce diamétre, se rapprochent : le diamètre hori- sontal augmente ; les molécules, dans le sens de ce diamètre , s’écartent. Les molécules de la boule avoient, avant la compres- sion , un écartement déterminé par un certain rapport entre leur force attractive, et leur force répulsive, communiqué par le ca- lorique combiné. Ce rapport est détruit par la compression. Leur force répulsive est devenue relativement plus grande dans les molécules qui ont été rapprochées, et la force attractive est su- périeure dans les molécules qui ont été écartées. Les moléculeg \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 rapprochées doivent donc s’écarter , et les molécules écartées se rapprocher pour rétablir le rapport qui existoit avant cette com- pression ; d’où il résulte que , la compression cessant , la boule doit reprendre l’état que la compression lui a fait perdre. 21. Lorsqu'on ploie une lame d’acier, il y a rapprochement des molécules dans la pariie intérieure , et écartement des molé- cules dans la partie extérieure de l'arc qu’on fait décrire à cette lame : le calorique combiné avec les molécules qui composent la partie intérieure de l’arc se trouve donc resserré dans un plus petit espace, tandis que celui qui est combiné avec les molécules qui composent la partie extérieure de l’arc occupe plus d'espace : la force répulsive communiquée par le calorique combiné doit donc dominer sur la force attractive dans les molécules qui com- posent l’arc intérieur , et faire effort pour les écarter jusqu’à ce que léquilibre se rétablisse, tandis que la force attractive qui domine dans les molécules qui composent l'arc extérieur agit pour rapprocher ces mêmes molécules : etcomment concevoir que l’é- cartementdes molécules dans l'arc intérieur , et le rapprochement dans l’arc extérieur , puissent s'effectuer sans que la lame reprenne son premier état. 22. Plus on bat les métaux, plus ils deviennent élastiques. En battaut les métaux , on rapproche leurs molécules inté- grantes , on les réduit , ainsique le calorique combiné avec elles, à occuper uu plus petit espace ; des percussions réitérées font donc croître la force répulsive , en plus grande raison que la force ac- tractive, et conséquemment l’élasticité des métaux doit augmenter par l'effet de la percussion. 23. L’acier trempé est plus dur et plus élastique que l’acier non trempé : d’où il paroît résulter que le réfroïdissement augmente son élasticité. Ce phénomène semble d’abord contrarier notre explica- tion de l’élasticité des corps solides ; mais un instant de réflexion suffit pour faire disparoître cette apparente contrariété. Lorsqu'on plonge dans Veau un barreau d'acier incandescent , il ya dé- gagement de gaz hydrogène ; la surface du barreau passe à l’état d’oxide ; et c’est probablement à ce passage que sont dues, en artie, la dureté et l’élasticité que l'acier acquiert par la trempe. Le qui paroît justifier cette conjecture , c'est que, d’après les expériences de Lavoisier, l’acier acquiert plus de dureté et d’é- lasticité, lorsqu'étant foiblement chauffé , ou le plonge dans un liquide , tel que d'acide nitrique qui favorise par lui-même son oxidation, En un mot, dans l’opération de la trempe , l’eau se décompose ; son oxigène se combine avec l'acier ; son effet n’est 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE-- d'abord sensible qu’à la surface qui durcit seule, tandis que l'in: térieur conserve sa ductilité. Mais à la faveur d’une chaleur modérée , l’oxigène , fixé d’abord à la surface , se répartit bien- tôt également dans toute la masse du barreau : il se fait denc, dans l'opération de la trempe , une composition nouvelle qui doit nécessairement faire naître de nouvelles propriétés. Le nouveau composé peut très-bien, par son affinité propre , fixer une plus grande quantité de calorique : d’où il doit résulter pour ces mo- lécules intégrantes , plus de force répulsive , et conséquemment plus d’élasticité. Le refroidissement subit qu’on fait éprouver à l'acier, par la trempe, contribue aussi à lui donner plus de dureté et d’élasticité. Le réfroidissement subit produit le rappro- chement subit des molécules intégrantes. Le calorique combiné se trouve resserré avec elles dans un plus petit espace , et'con- séquemment la force répulsive augmente en plus grande raison que la force attractive ; d’ailleurs les molécules prennent en- tr'elles un arrangement bien différent de celui qu'eiles auroient, si l'acier rougi étoit ramené , par dégrés successifs, à la témpé- rature qu’il avoit avant d’être échauffé, et ce différent arran- gement de molécules occasionné par un réfroidissement subit , -peut fort bien être favorable à l'élasticité. 24. L'élasticité des fluides aériformes nous paroît dépendre de la même cause qui donne naïssance à l’élasticité des corps solides : il faut remarquer que les corps qui passent à l’état permanent de fluide aériforme , ont'une très-srande affinité pour le calori- que ; ils en prennent une très-grande quantité ; il se combine intimement avec leurs molécules intégrantes ; elles acquièrent , par cette combinaison, une force répulsive supérieure à leur force attractive. Cette supériorité de la force répulsive les en- traine loin de la sphère d'activité où s'exerce la force d’agoré- ation. Il en résulteroit , sans doute, un écartement indéfini,, si F, pression de l'atmosphère et la pesanteur de ces fluides ne mettoient un terme à cet écartement. Lorsqu’on comprime les fluides aériformes , on resserre leurs molécules intégrantes, ainsi que le calorique combiné avec elles, dans un plus petit espace : on augmente donc, par la compression , la force répulsive des molécules intégrantes. La compression cessant , elle doit déployer toute son activité pour rétablir l’écartement des molécules. 25. L'élasticité des fluides aériformes est telle qu’elle leur donne après la compression, plus de volume qu'ils n’avoient avant la compression. Cet effet, qui a lieu dans le vuide, est dù à la supériorité de la force répulsive qui doit agir avec effi- cacité o “ET D'HISTOIRE NATURELLE. 01 42% cacité pour écarter de plus en plus les molécules , lorsqu'on sup- prime la pression de l’atmosphère qui s’opposoit à cet écartement. Il n’en est pas aïnsi des corps solides élastiques, parce: querla force répulsive de leurs molécules intégrantes se trouve ‘épale:à leur force aitractive. ne . FILeE Hp . } Vilrxo 15 VO 2 /TÉR ICT 55 OÙ Ne " 26. Tous les corps contiennent du calorique : d’où vient dore que tous les corps ne sont pas élastiques, si le calorique est le principe de l’élasticité ? R É P\ON SE 27. 10. Il n’y a dans la nature aucun corps parfaitement dur, ni parfaitement mou. Il n’en est donc aucun qui ne jouisse d’un certain degré d’élasticité. 28. 20. Des signes sensibles d’élasticité supposent la com- pression effectuée ; il n’est donc pas étonnant a corps dont nous ne pouvons effectuer la compression , ne donnent auçun signe d’élasticité. | j 29. 3°. De ce que le calorique est le principe-de Félasticité , il ne s’ensuit pas que tous les corps qui contiennent du calorique doivent jouir de cette propriété. 1°. Le trop et le trop peu de calorique peuvent nuire Lntemett à la force élastique ; la chimie moderne nous ôffre un exemple ‘bien: frappant de cette vérité. L'oxigène est le principe de l’oxidité de la plupart des substances combustibles: et cependant toutes les substances combustibles qui contiennent de l’oxigène ne sont pas acides. L'eau et l'acide muriatique oxigéné en contiennent une trop grande quantité. Il en est problablement de même du calorique relativement à l’é- Jasticité dont il est le principe. 2°. La forme différente qui dis- tingue les molécules intégrantes desidifférens corps , le différent arrangement que prenpent les molécules, suivant les circons- tances, peuvent être itaniôt plus ou mois favorables, tantôt plus ou moins nuisibles à l'élastieité. 39. Les corps mous, tels que le beurre , la terre-glaise humide, éprouvent dans leur état de molesse un commencement de solution: par l’eau qui doit altérer la force répulsive de leurs molécules , et nuire conséquemment À V’élasticité. Cela est tellement-vrai.-que ces corps, dépeuiliés de leur partie aqueuse, sans changer leur température, donnent des signes sensibles d’élasticité, Ur DR Tome VI.FRIMAIRE an & | NAT: 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, PE CHIMIE 3.1.7 0" B JE 'CNTIT ONN. 30. On conçoit facilement que les corps doïvent acquérir de l’élasticité en se combinant avec un corps tel que le calorique , qui jouit éminemment de cette propriété. Mais il reste toujours à expliquer pourquoi le calorique est élastique , et jusqu’à ce qu'on ait trouvé la solution de ce problème, on n’aura fait que reculer la difficulté au lieu de la résoudre. RÉ PO N SE. 31. Pour expliquer l’élasticité des corps solides et aériformes, nous sommes partis d’un fait : il consiste en ce que les molécules des corps exposés À l’action de la chaleur, s’écartent les unes des autres , et acquièrent FO ARS une force répulsive par leur combinaison avec un fluide, quel qu’il soit, qui les pénètre. Mais il peut se faire que ce fluide que nous avons ap- ellé calorique , en se combinant avec les molécules des corps four communique une force répulsive sans que les molécules de ce #luide se repoussent mutuellement. Lorsqu'on plonge du pain sec dans de l’eau, le pain se gonfle , les molécules s’écartent les unes des autres; l’eau, en pénétrant les pores du pain, commu nique donc à ses molécules une force répulsive : il seroit ridicule d’en conclure que les molécules de l’ean se repoussent entr’elles, De même, lorsqu'on soumet un corps à l’action de la chaleur, ses molécules intégrantes s’écartent les unes des autres ; elles acquierent une force répulsive par leur combinaison avec le ca- lorique ; mais ce phénomène dépend'probablement ; comme le précédent, du concours de plusieurs forces attractives, telles que la force attractive des molécules du calorique , la force attractive du corps pénétré par ce fluide : d’où il résulte que l’élasticité des molécules du corps les unes À l’égard des autres , enfin l’at- traction réciproque des molécules du calorique et des inolécules des corps ne suppose pas celle du calorique qui lui a donné nais- sance. En un mot, l’oxigène est le principe de l'acidité d’un grand nombre de.substances , et cependant l’oxigène isolé ne jouit pas de cette propriété, Et qui sait si le principe de la gravitation est lui-même soumis à cette loi qui maîtrise tous les corps connus de la nature? Application du Calcul à la Théorie exposée dans ce Mémoire. Il résulte des principes établis dans ce Mémoire que dans l’état ° + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 428 naturel, c’est-à-dire à la température et à la. pression habituelle que les corps éprouvent, leurs molécules sont en équilibre éntre bi force attractive et la force répulsive communiquée parle-calorique! La force attractive de chaque molécule égale le produit de sa masse par la vîtesse qu’elle auroit si elle cédoit à l'impression de cetté force. La vitesse est en raison directe de la masse attirante, et en raison inverse d’une fonction de la distance de la molécule a centre d'attraction ; exprimant cette distance par d, la fonction de d qui entre comme élément dans l’estimatiôn de la force at- tractive par F (4), la masse d’un corps élastique par AZ, celle d’une de ses molécules par z2, nous avons pour expression £ 5 Pa . M m a … analytique de la force attractive Fa Fr) en faisant It = «a. La force répulsive égale aussi le produit de la masse par la vitesse. La vitesse est en raison directe de la quantité de calorique dont le corps est pénétré. Elle augmente encore par le rappro- chement des molécules ; mais la loi qui la maîtrise , relativement aux distances, n’est pas la même que célle de la force attractive. La force répulsive augmente plus que la force attractive par le rapprochement des molécules, comme nous l'avons prouvé n°. 19 de ce Mémoire : d’où il résulte qu’en exprimant par g la quantité de calorique dont le corps est pénétré, nous aurons our expression de la force répulsive, gm= divisé par une autre Ro de d que nous poûvons représenter ainsi : F (d).#{(d), ou 3 © ——— — en faisant gm—6.N NE j F(d):v(d) g ous avons donc dans l’état na a LS à ELPLAES turel des corps Fitd) E F(d).0 (4) (2 Ft Fidel © oua . 0 (d)— bone Cela posé , lorsqu'on laisse tomber sur un plan ure boule d'ivoire , les molécules de la boule, situées dans le diainètre vertical, se rapprochent : donc 4 diminue : donc l’équation pré- cédente devient a . # (d— r)— b— une quantité négative : donc la force répulsive l'emporte sur la force attractive, et consé- quemment les molécules situées dans le diamètre vertical s’écar- tent. Les molécules situées dans le diamètre horisontal sont écartées : donc 4 augmente : donc notre équation devient &. * { d+r) — B— nne quantité positive : donc la force attractive l'emporte sur la force répulsive, et conséquemment les molécules Tito #24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE situées dans le diamètre horisontal se rapprochent, tandis que les molécules situées dans le diamètre vertical s’écartent afin que le corps reprenne son état naturel. En prenant l'expression analytique des forces entre lesquelles les molécules des corps sont en équilibre dans leur état naturel, nous n'avons eu aucun égard à la pression de l'atmosphère, parce que cette force n’agit pas efficacement sur les corps solides. Il n’en est pas de même des lignides et des fluides élastiques. La pression de l’atmosphèré agit avec efficacité pour rapprocher, leurs molécules ; nous devons donc la faire entrer dans l’esti- mation des forces qui les animent. La pression de l’atimosphère est une quantité constante que nous exprimons par l’unité. Nous avons donc pour les liquides et pour les fluides aériformes a .o (d)+1—b—o. La simple inspection de cette formule fait voir; 1°, que lorsqu'on comprime des fluides élastiques , la force répulsive devient plus puissante que la force attractive, et con- séquemmient que la compression cessant , les molécules doivent retourner vers leur première position ; 20. que les liquides et les fluides aériformes ont le privilège exclusif de prendre plus de vo- Tume lorsqu'on supprime la pression de l'atmosphère. Dans cette supposition , notré équation devient à , # (4) — b —une quantité négative, c'est-à-dire , que la force répulsive l'emporte sur la force attractive. Cela n’arrive pas pour les corps solides. Lors même qu’on supprime la préssion de l’atmosphère , on a; a .* (d)— b—o, c'est-à-dire , que la force attractive reste égale à la force répulsive. , : ET D'HISTOIRE NATURELLE, 425 OPBESTE RNPATET'O:NTS, Sur les colonnes percées de pholades du temple de Sérapis , à Pozzuolo près de Naples ; suivies d’une nouvelle Remarque concernant les volcans ; Par iG SAT Die "Ts Tic. L'ox des phénomènes les plus singuliers ét les plus intéressans pour l’histoire naturelle, et peut-être pour la géologie , est celui que présentent les colonnes du temple de Sérapés , situé sur les bords du golfe de Pozzuolo. Ces colonnes de marbre blanc, au nombre de trois , encore debout sur leur piédestal, et reposant sur le pavé du temple, ont une partie de leur fût percée par les pholades , dont la coquille existe dans presque chaque trou. Ce- pendant, le payé de ce temple est élevé d’environ 15 pieds sur le niveau de la mer, et la partie percée des colonnes l’est d’environ 12 pieds sur ce payé. De ce fait isolé , tel qu'il existe à présent, séparé de son his- toire et des circonstances locales qui l’accompagnent , les parti- sans du systême, qui attribue la sortie de nos continens de la mer à un déplacement successif de ses eaux, où à leur abaiïsse- ment graduel , peuvent y voir une preuve de ce système. Voilà, pourroient-ils dire, un ouvrage récent de coquillages marins , élevé d'environ 27 pieds sur le niveau actuel de la mer ; donc la mer a baissé ou s’est retirée de toute cétte hauteur. Ce fait mérite donc d’être examiné et d’être, plus approfondi que ne l’ont fait jusqu’à présent , les naturalistes qui l’ont vu et qui en ont parlé. nn M.Ferber, dans ses Lettres sur l’ Histoire naturelle de l'Italie , en parlant de ce fait remarquable, s'exprime ainsi : « Le fût des » colonnes de ce temple est élevé d'environ 18 pieds au-dessus » du niveau de la mer , et à la moitié de cette hauteur , elles » sont rongées par les pholades et dactylites, sur uné hauteur » d’une ou deux mains. Les pholades se tenant précisément à la » surface de la mer, il s'ensuit que la mer a été, pendant un » temps considérable , à g pieds au-dessus de son miveau actuel, » et qu’elle est retombée de toute cette hauteur à-la-fois ». Cette manière d’indiquer la position des colonnes et de leur 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE partie rongée » est trop vague et trop peu exacte pour que À d’après elle , on puisse s’en faire une idée juste ; et cette expli- cation , qui suppose que la mer a dû s'élever de 9 pieds, rester à cette élévation pendant nombre d'années , pour donner le temps aux pholades de ronger les colonnes et s’y loger , puis re- tomber à son niveau actuel , est une supposition à laquelle on ne peut pas s'arrêter un instant , car c’est mettre en jeu l'Océan pour opérer un fait isolé. Avant les progrès de l’astronomie , ne considérant aussi que l'apparence , on faisoit tourner le ciel au- tour de la terre, L'abbé Spallanzani a observé dès-lors ces mêmes colonnes, et il les décrit avec plus d’exactitude. Il relève, avec raison , l’allé- sué de M. Ferber, que les pholades se tiennent à la surface de la mer; ce coquillage vivant à toutes profondeurs. Après sa description , l'abbé Spallanzani donne son opinion sur la cause de ce phénomène , et il Le fait en ces termes : « Tout » ce qu'on peut dire de plus probable , c’est que la seule zone, » qui a servi de retraite aux pholades dans les marbres des co- » lonnes dé ce temple, a été couverte par la mer pendant plu- ». sieurs années, comme l’annonce l’étui de ces mytiles , dont la » grosseur apprend que l'animal étoit arrivé à son plus grand » accroissement , ce qui suppose au moins un demi-siècle. On » objectera , peut-être , qu'il semble étrange que ces colonnes , » qui sont sur pied , aient été si long temps baignées par les eaux » de la mer dans cette bande , sans l’avoir été dans les parties » inférieures? Mais ne peut-on pas dire que ces marbres , avant » d’être destinés à devenir colonnes , avoient été dans le fond de » la mer, de manière que le seul anneau couvert de dépouilles » marines étoit couvert par les eaux ? Et quand cette hypothèse » ne plairoit pas, quand on n’en trouveroit pas même une plus » convenable , je m'en rapporterai toujours au fait, sans m'in- » quiéter de mon ignorance pour l'expliquer (1) ». Cette hypothèse n'est pas, en effet, satisfaisante. Il n'est pas naturel de supposer qu’on eût choisi, pour tailler des colonnes destinées à l’ornement d’un temple-t à en soutenir la voûte, des blocs de marbre gâtés par les pholades ; et il n’est pas à supposer non plus que ces marbres , apportés de la Grèce pour cette cons- truction , eussent été abandonnés dans la mer pendant nombre d'années , plutôt que de les avoir déposés sur le terrein où l'on devoit bâtir le temple. 07 (1) Voyage dans les Deux- Siciles , tome I, chap. IT, traduction de M, Sénebier, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 La partie gâtée de ces colonnes ne l’est pas seulement par les trous des pholades ; elle a été rongée à sa surface par d’autres petits animaux marins nommés serpules , ce que l'abbéSpallanzani a observé lui-même. C’est donc bien sur place, après avoir été taillées et posées sur leur piedestal , que ces colonnes ont été ron- gées et percées par les insectes marins. Les parties du füt au-des- sus et au-dessous de la zone percée sont intactes. 11 n’en est pas de ce fait, comme de tant d’autres phénomènes de la nature , dont on ne peut dire autre chose si non, cela est ainsi. Ici on peut chercher une explication , et en trouver une, -qui ne blesse ni la vraisemblance , ni aucune des loïs connues de la nature. La cause est évidemment locale ; elle dépend de l’état et de la nature du sol. En parcourant le golfe de Pozznolo , on découvre par-tont des traces de bouleversemens causés par les feux souterrains et les tremblemens de terre. On voit la solfatare et plusieurs autres cratères ; on voit le monte Nuovo, élevé en très-peu de temps ; on yoit une partie du sol qu’occupoient les villes de Bayes et de Mysène, qui est affaïssé, et l’on découvre des ruines au fond de la mer, aussi avant que la vue peut y pénétrer. Voilà donc des preuves évidentes de grands bouleversemens. Mon frère avoit déjà cité le phénomène de ces colonnes, dans la 41°. de ses Lettres Physiques er Morales ; et, d’après mes observations, il avoit donné en peu de mots l’idée vraie de som origine, « Ce fait particulier, dit-il, tient aux causes des volcans » et des tremblemens de terre : le temple de Sérapis, après » avoir été bâti hors de la mer, a dû s’y enfoncer ; puis des » pholades se sont logées dans les colonnes , et ikest ressorti » ensuite à la hauteur où on le voit aujourd’hui ». Telle est la vraïe cause de ce phénomène ; mais elle exige des détails dans son explication , et il est nécessaire aussi de donner une idée des circonstances qui l’ont accompagné. Je vais donc reprendre sa description pour la rendre plus exacte ; donner de résultat des informations que je pris sur les lieux (en 1757), et j'ajouterai les réflexions que je fus conduit à faire sur la canse de ce phénomène vraiment remarquable , et peut-être unique, C’est à la découverte d’Herculanum qu'on doit celle du temple de Sérapis. Tant de belles choses trouvées en fouiilant dans les ruines de cette ville, engagèrent à faire tes mêmes tentatives par tout où quelque indice donnoit des espérances. ÿ On avoit remarqué , depuis long temps, trois sommités de colonnes dans le lieu où le temple de Sérapis étoit recélé sans y faire attention ; mais dès qu’on eut vu l'utilité des recherches à : t 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Herculanum , on revint à ces vestiges et l’on creusa à l’entour. Ce travail ne fut pas infructueux. On découvritle payé du temple, qui est en grandes plaques de marbre blanc; on trouva plusieurs nièces d’autres colonnes semblables à celles qui sont debout, et Lon trouva une statue de la divinité égyptienne , dont ce temple “porte le nom , qui est conservée au muséum de Portici. Je fus très-étonné , en examinant les pièces de colonnes renver- sées, de voir une partie de leur fût percée de pholades, et de remar- quer encore les coquilles daus presque chaque trou ; et mon éton- nement redoubla en observant la même chose aux trois-colonnes droites. Je remarquai sur les colonnes abattues , comme sur les colonnes droites, que la partie rongée étoit d’une égale largeur sur les unes et sur les autres , c’est-à-dire, de 4 à 5 pieds , lais- “sant le dessus et le dessous parfaitement intact; que la partie rongée étoit à la même hauteur sur les colonnes droites, et qu’elle étoit rongée également sur toute la circonférence. Toutes ces circonstances montroient incontestablement que ces colonnes avoient été attaquées par les pholades sur la place même. Cepen- dant, la bande rongée est d’environ 12 pieds au-dessus du pavé, et le pavé est élevé d'environ 15 pieds sur le niveau de la mer. Comment donc les pholades y étoient-elles parvenues ? Ce fait étoit trop singulier et trop intéressant pour ne pas en chercher l'explication, Tous les environs du golfe montrent, comme je l'ai déjà oh- servé, que ce sol a éprouvé de grands bouleversemens par les feux souterrains depuis les*siècles les plus reculés. Il doit donc être arrivé, qu'après la construction de ce temple , et peut être avant qu’il fût fini, le terrain sur lequel il est bâti nine par l’un de ces bouleversemens, dont les secousses renversérent les murs ; et l’eau de la mer, se précipitant avec impétuosité sur la partie enfoncée, fit écrouler le terrain environnant, avec d’au- tant plus de facilité, qu’il est composé de matières volcaniques ; le terrain écroulé couvrit le pavé du temple jusqu’à la hauteur où commence l'ouvrage des pholades , laissant à découvert sons l'eau et au même niveau, une portion du fût des colonnes de 4 à 5 pieds de hauteur, la partie supérieure restant hors de ‘l’eay. Cet état de choses subsista pendant un nombre suffisant d’an- nées pour que les pholades enssent le temps de se loger dans-la païtie des colonnes restée découverte et sous l'eau. Au bout de ce temps, un nouvel effort des feux souterrains souleva ce sol, et le replaça au-dessus de la mer dans la position où il est au- jourd'hui, Ce nouvel ébranlement rompit plusieurs colonnes , et trois ET D’HISTOIRE NATURELLE, 429 trois seulementrestèrent entières. Leterrain environnant s’écroula de nouveau , couvrit les colonnes rompues et celles qui étoient restées sur pied; ou bien elles furent couvertes par quelque éruption abondante de cendres volcaniques , comme l'ont été les villes d'Herculanum et de Pompeia. Depuis cet événentent, la mémoire de ce temple se perdit, et il resta ignoré jusqu’au mo- ment où la découverte d’Herculanum l’a rendu aux amateurs de l'antiquité. Telles furent mes observations et mes conjectures sur la ma- nière dont ce fait singulier a pu s’opérer. Je sens très-bien qu'il resteroit quelques observations de plus à faire dans les détails , d’où pourroïent résulter de nouveaux éclaircissemens.; mais je ne doute pas qu’ils ne concourussent à donner un plus grand degré de probabilité à l'hypothèse que je viens d'exposer. Je crois même qu’elle est la seule à laquelle on puisse s'arrêter. Le raisonnement que j'ai fait tenir aux partisans du système de la retraite graduelle des eaux de la mer, pour tirer de ce phé- nomène une preuve en faveur de leur système, ne peut pas , quand on y réfléchit , se soutenir un instant. Il ne s’agit pas ici de rochers qui , ayant été baignés par la mer , seroient à décou- vert et montreroient un travail récent de pholades ( ce dont on. n'a pas d'exemple ) ; mais un ouvrage des hommes, qui a été -construit hors de la mer ; et pour que l'accident qu’il présente Ût avoir lieu sans que le sol eût changé de position , il faudroit .qu'il fût arrivé ce qu’a supposé M. Ferber , une élévation de la mer très-longtemps subsistante, puis son abaïssement , ce qui est démontré impossible. Et par surabondance on peut ajouter , que la construction du temple de Sérapis n’est pas si ancienne , pour que la mémoire d’un aussi grand mouvement dans la mer, et d'une aussi longue durée , s’ileût eu lieu , ne se fût pas conservée. ‘Il y a done eu abaïssement, puis soulèvement du sol, et j'ai exposé la manière dont il m'a paru que les circonstances acces- soires ont pu s’opérer. Le Monte-Nuovo , que j'ai rappelé dans ces Ossenvarrons, me Fournira une nouvelle Remarque concernant les volcans , à ajou- ter à celles que jai déjà faites(1), pour montrer qu’il est difficile de se faire une idée juste de la manière dont ils se forment et _s’élèvent, si on ne les a pas vus soi-même en action, etsi on ne (x) Cahier de Messidor, pag, 23 à 37. Tome VI. FRIMAIRE en 6. Kkk 439 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les a pas étudiés autant en géologue et en physicien , qu’en chi: miste et en naturaliste. M. Faujas , qui a vu et décrit tant de volcans anciens , n’en fournira un exemple. Dans la relation intéressante de son voyage aux Hébrides, il rapporte un fait qu'il a observé dans l'ile de Mull. Ce sont des montagnes volcaniques de 250 toises de hauteur , sur le sommet desquelles il a vu «quelques gros blocs de granit roulés et en partie » arrondis, isolés, et reposant sur la matière volcanique , avec » laquelle ils n’ont aucune adhésion ; cependant l'île de Mall n'a » aucun rocher granitique ». M. Faujas expose trois hypothèses pour expliquer la manière dont ces blocs peuvent avoir été transportés sur ces montagnes ; l'une desquelles, et celle qu’il paroït préférer , est celle-ci: « H » est dans l’ordre des choses possibles que les parties élevées de » ces montagnes , où l’on voit actuellement les blocs de granit , » ne fussent point alors un sommet élevé, mais bien un fond de » mer, où les courans faisoient rouler des blocs granitiques qu’ils » entraînoient de loin ; il est possible que dans ces circonstances » des explosions souterraines , aussi terribles que celles qui eu- » rent le pouvoir d’élever l’île de Santorini dans l’Archipel, ou » le Monte-Nuovo dans l'Italie, aient également soulevé ce fond » de mer, et en aient fait un pic volcanique ». D’après l’exposé de cettehypothèse, M. Faujas paroît se repré- senter l'île nouvelle qui s’éleva près de Santorini ( car ce n’est pas Santorini elle-même ), et le Monte-Nuovo près de Naples , comme ayant été soulevés en masse et pour ainsi-dire tout d’une pièce ; et il faudroit , en effet, qu’ils eussent été soulevés ainsi, pour fonder par ces exemples , l'hypothèse dont il est question ; savoir que ces blocs ont été soulevés avec les montagnes qui les portent. Mais ni l’île nouvelle de l’Archipel , ni le Monte-Nuovo , tant de fois cités pour fonder le systéme du soulèvement des monta- genes par les feux souterrains , parce qu’on a méconnu les faits, n'ont éte élevés de cette manière. Ces deux éminences volcani- ques ne font point une exception aux autres volcans ; l’une et Fautre ont été élevées par l’accumulation de matières lancées par une bouche à feu qui, en retombant autour d'elle , ont pris la forme d’un cône. Ce qui a frappé dans l'élévation de l’île et de la montagne nouvelles , c’est la promptitude de cetie élévation dans des lieux où aucune bouche volcanique ne s’étoit manifestée depuis plu- sieurs siècles ; et le Monte-Nuovo, en particulier , qui fut élevé sur un so} dont les environs étoient fort peuplés. Cependant , les auteurs contemporains , qui ont décrit cette terrible éruption , ET D'HISTOIRE NATURELLE 451 r’ont rien dit dans leur narré qui ait pu fonder l’idée d’an sou: lèvement en masse. Ils disent tous, qu'après de fréquens trem- blemens de terre « la terre s’ouvrit, et qu'il se manifesta une » bouche horrible qui vomit avec fureur du feu, des colonnes » de fumée, des cendres, des pierres ponces, et des pierres » embrâsées , en si prodigieuse quantité , qu’elles élevèrent une » montagne et couvrirent tout le pays ». Tel est le phénomène de tous les volcans , et la forme du Monte-Nuovo , ainsi que sa composition , s’y rapportent en entier. Quand on est parvenu à son sommet, dont j’estimai la hauteur perpendiculaire sur la base du mont, d'environ 8o toises , on trouve un bord circulaire de 1600 pas de tour , et ce bord envi- ronne un cratère de 150 à 200 pieds de profondeur , dont les pentes sont fort rapides. Rien dans cette forme, à l’intérieur comme à l'extérieur, n'indique un soulèvement en masse : c’est une élévation formée par accumulation , comme tous les au- tres volcans ; elle ne montre rien de différent que les nom- breux cônes volcaniques répandus sur l’Etna , excepté qu’elle n’a pas produit de lave. Si donc, il se fût trouvé des blocs de granit sur le sol d’où le Monte-Nuovo est sorti , ils n’auroient pas été élevés avec lui, mais culbutés à l’entour du centre de l’explosion, et ensevelis au pied du mont sous les matières lancées, ou ils seroient tombés dans le soufre pour n’en plus resortir ; car les bouches volcani- ques ne lancent pas d'aussi grosses masses. On peut concevoir comment un petit espace , tel que celui qu’occupe le temple de Sérapis , et d’une aussi petite élévation, après s’ètre enfoncé , a pu être soulevé de nouveau et rester en Ita maisonne concevroit pas comment un grand espace pourroit être soulevé et rester dans cette position au-dessus du vide qu'il auroit fait ; car, en supposant le soulèvement possible , la masse soulevée, et à une grande hauteur , retombéroit nécessairement dans le vide dès que la cause soulevante auroit cessé. On en voit desexemples au Vésuve. Lorsque dans les éruptions de ce volcan, la lave monte au cratère, elle le comble première- ment, puis elle s'écoule par-dessus le bord , et un nouveau cône se forme par l’accumulation des matières lancées. Quelque temps après que l’éruption a cessé , tout ce qui avoit comblé le grand cratère , restant sans appui , s’enfonce de nouveau ; la lave et le cône disparoïissent (1). Cette question est examinée et traitée , (G) Un ami m'écrivit de Naples : « Le cône nouveau sur lequel vous êtes Kkk'2 432 JOURNAL DE'PHYSIQUE, DE CHIMIE sous toutes ses faces, dans la 52e. des Lettres Physiques et Mo- rales, déjà citées. Quant à la forme des blocs de granit, observée par M. Faujas, elle est plutôt due à la décomposition de leurs angles , depuis qu'ils ont été portés sur ces sommités, qu’à un roulement qu'ils auroient subi. On voit de ces blocs, avec cette forme arrondie , sur les rochers même d’où ils proviennent , et on en rencontre d’angulaires dans des lieux où ils sembleroient devoir être ar- rondis. L’un et l’autre état dépend du degré de dureté des blocs ; il y a des granits qui se décomposent facilement et d’autres qui ne se décomposent point. De tels blocs, reposant sur un fond de mer, resteroient à la mème place ; aucun des courans connus de la mer ne pourroient les bouger , moins encore les entraîner et les faire rouler à de grandes distances. Les torrens des vallées , dans les hautes mon- tagnes , ont fréquemment dans leur lit de gros blocs tombés des rochers voisins; et malgré la violence du courant , ils y restent immobiles. Les torrens ne les entraînent que sur des pentes ra- pides qui favorisent l'impulsion de l’eau ; maïs dans ce cas, c’est bien plus la gravité qui est cause agissante , que le torrent lui- A même. Les granits de l’île de Mull ont été transportés sur les som- mités où on les voit aujourd’hui, par la même cause puissante et générale qui en a répandu en si grand nombre sur la surface de nos continens. Je renvoie sur cet objet aux lettres et aux écrits géologiques de mon frère ; il a parcouru dès-lors d’autres pays à montagnes granitiques, Où il a fait plusieurs observations nou- velles sur ce grand fait géologique, qu'il ne tardera pas, j'espère, à publier. » imonté tant de fois au sommet du Vésuye , a disparu; ils’est enfoncé dans le » volcan. Voyez comme vous avez êté heureux de ne pas Vous y trouver dans » ce moment-la »! ET D'HISTOIRE NATURELLE. ; 453 LETTRE D'ALEXANDRE HUMBOLDT ATH GS DEEE AUMUÉ T'HSE\R/IIE, Cumana, dans l'Amérique méridionale!, le 50 messidor an 7. I; n’y a que 6 jours, mon bon et digne ami , que je suis arrivé sur cette côte de l'Amérique méridionale, et déjà il se présente une occasion favorable pour vous donner nu signe de vie ; pour vous dire en hâté (car le bâtiment est prêt de mettre à la voile ) que mes instrumens d'astronomie, de physique et de chimie ne se sont point dérangés ; que j'ai beaucoup travaillé pendant la navigation sur la composition chimique de l'air, sa transparence , son humidité , sur la température de l’eau de mer, sa densité, .. sur l’inclinaison de l'aiguille aimantée , l’intensité de la force magnétique... Mes sextants de Ramsden et de Tlhroughton, ét le chronomètre de Louis Berthoud (cet excellent instrument me donna la longitude de Ste Croix de Teneriffe , à 1" 14! 25,5, et Borda l’a trouvé 1° 14! 24/), m'ont donné la faculté de déterminer avec une grande exactitude les endroits où chaque observation a été faite; avantage très-grand pour les observations magné- tiques. Maïs comment vous dire en cette hâte ce que j'ai vù? quelle jouissance m'a donné le séjour aux Canaries ? Presque tous les naturalistes qui ( comme moi) sont passés aux Indes, n’ont eu le loisir que d’aller au pied de ce colosse volcanique , et d'admirer les jardins délicieux du port de l’Orotava. J'ai eu le bonheur que notre frégate , a Pizarro , s'arrêta pendant six jours. J’ai examiné en détail les couches dont le pic de Teyde est cons- truit. Le citoyen le Gros, vice-consul de la République , a bien voulu nous accompagner à la cime ; c’est lui, et M. Bernard Cologan , qui ont observé avec beaucoup de sagacité la dernière et terrible éruption du 9 juin 1798.. Le citoyen le Gros naus fait espérer une description de ce grand phénomène, accompagné d’un beau dessin, que j'ai vu ébauché aw jardin botanique du roi à Orotava. Vous sentez combien sa société nous a été utile. Nous dormîimes au clair de lune à 1290 toises de hauteur; la nuit à-2 heures, nous nous mîmes en marche vers la cime, où malgré le vent violent, la chaleur du sol qui brûloit (consumoit) uos bottes , et malgré le froid perçant, nous arrivämes à 8 heures. 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je ne vous dirai rien de ce spectacle majestueux , des Îles vol- caniques de Bancerotte, Canarie, Gomere, que l’on voit à ces pieds ; de ce désert de 20 lieues quarrées convert de pierres ponces et de laves ; sans insectes; sans oiseaux (habité seulement par li viole decumbens ); désert qui nous sépare de ces boïs touffus de lauriers et-de bruyères ; de ces vignobles ornés de palmiers, de bananiers et d'arbres de dragon, dont les racines sont baignées par Les flots.: Nous somnies entrés jusque dans le cratère même , qui n’a que 40 - 60 pieds de profondeur. La cime est à 1904 toises au- dessus du niveau de la mer, tel que Borda l’a trouvé par une opération SEA GLS , très - exacte : j'y ai ramassé des bou- teilles d’air atmosp hérique , et cet air analysé avec beaucoup dé soin par un gaz nitreux (dont par le sulfate de fer, je connoïs la purété ) ne contient que 0,19 d’oxigène. Cependant le vent tiès-Violent méla sans doute Pair pur de la plaine (à 0,278 d’o- xigéne), à celle de la cime. J'y trouvai le thermomètre dé Réaumur (non centigrade) à 20; à Orotava , il étoit entre 16° et 19°. En comptant 160 de différence, on auroit 119 toises par degré ; ce qui s'accorde bien avec les observations de Saussure, qui, je crois, donne 107 toises par degré. Le pic de Feyde est une immense montagne basaltique , qui paroît reposer sur de la pierre calcaire dense et secondaire. C’est la même , qu'avec beaucoup dé pierre à fusil, on trouve au Cap Noir en Afrique ; la même à Cadix, à la Manche, en Provence ; la même sur laquelle reposent les basaltes de St. Loup près d’Agde , et ceux du Portugal. Voyez avec quelle uniformité le globe est construit! Les Açores, les Canaries , les îles du Cap Vert ne paroissent être que la continuation des formations basaltiques de Lisbonne ! Les flots ainènent aussi et jettent de la côte d'Afrique , sur les bords de Ténériffé des granits, des syenites et le schiste micacé grani- tique , que nous avons au St. Gothard, dans le Salzbourg... Il est à supposer que c’est de ces roches que consiste la haute crète de l'atlas, qui se prolonge à l’Ouest'vers les côtes de Maroc. Le cratère du pic, c'est- à-dire celui de la cime ne jette ( depuis des siècles ) plus de laves (celles-ci ne Sortent que des flancs ). Mais le cratère produit une énorme quantité de soufre et de sulfate de fer. Le soufre se compose-t-il, où ne vient-il pas de cette roche calcaire au-dessous Le basaltes , qui identique avec celle d’Andalousie (et de Kreczezowiz en Pologne ) pourroit bien le fournir? Vous savez sie la pierre calcaire ‘et gypseuse d'Andalousie (c'est la même ormation , le gypse fait des bancs dans la roche calcaire) pourtoit fournir dusoufre à toute l'Europe. Mais le basalte dont lé pic de Teyde est construit, n'est pas ET D'HISTOIRE NATURELLE ©: 435 seulement du basalte contenant de la cornéenne et de l’olivin feuilleté et cristallisé (la chrysolide basaltique } non sur-tout vers la cime , il y a des couches du porphyrschiefer de Werner et d’un autre porphyre à base d’obsidienne, Le porphyrschiefer est feuil. leté, sonore, à demi transparent sur les bords , formé d’une base verte très-dure, ayant de l’affinité au jade et enchâssant des cristaux de feld-spath vitreux. Les pierres ponces du pic ne sont que de l’obsidienne décomposée par le feu. On ne peut pas attri- buer leur origine au feld-spath. J'ai ramassé et déjà vu dans les cabinets de Madrid, beaucoup de morceaux à demi obsidienne d’un noir olivâtre, et à demi pierre ponce fibreuse blanche.— J'ai fait un grand nombre d’observations sur l’inclinaison!, avec le nouvel instrument inventé par Borda , et auquel le citoyen Megnié à Madrid à fait quelques simplifications. Vous aurez vu les observations qu'avec un mémoire astronomique, j'ai envoyé au citoyen Delambre. Nouv. Division. Force fMagnét. oscillation (1). Pants MEN Lee, Vo PACE 21740 Nes Net. CNT PA GO Lich 22 AU Baxcelone ft t4184710 6031010 ce 2430 Valence. mien ATEL 23,7 MARMITE ESA HETO le MEANS LO ee Cie te ci 20i7 * Mer. Longit. Latit. Anclinaïison. 2010 el ADO LC RO, Lil 24 L CONS PPT T3 CPE CPP LR Te TEST MN ao 4 dl ANS da lete ADO M0 LA LE 20,0 JO DR el OO, 2 AE RO 10 el 4 100-507. 1 10010,9120 00/4000 0e 2257 Vous voyez que la force n’est pas en raison de l’inclinaison; le phénomène est très-compliqué. Je vous en dirai un autre fois davantage. J’ai pesé l’eau de la mer avec une balance de Dollond ; elle devient moins dense en s’approchant de l'équateur ; mais il n’y a pas de doute que le mirimum est au nord de la ligne ; depuis latitude 16° 8° la densité de l’eau augmentoit de nouveau. — Je suis parvenu à faire l'analyse de Fair à bord. avec la même facilité que dans mon laboratoire. J’ai commencé un mémoire, que j'enverrai à l'Institut , à ce sujet : vous y verrez que les belles nuits au clair de lune à 10° 30! de latitude, l’air de la mer conte- noit au-delà de o, 30 d’oxigène, — J'ai examiné avee soin la (1) En une minute , en temps de caline , on peut parfaitement compter les oscillations sur mer. N 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE température de l’eau ; je l’ai vu augmenter de 12° à 200, 8; Co- rogné, mer à la surface 120 latit. 350 8/ 130 lat. 299 199 lat., 200 8 yo lat. 149 57: 190 lat. 130 30 200 8. Vous savez que la température de l'air n’influe aucunement sur la tempé- rature de l’eau : dans une latitude ; elle est la même à toute saison. Mais par-tout où il y a des bas-fonds, l’eau .est froide. Je l'ai vu descendre de 209:5 à 180. L'idée de Jonathon Williams ( Trans- actions de la Societé d’ Amérique; vol. III. pag. 82.) de sonder avec le thermomètre’; idée que le grand -Franlkin lui suggéra:, est très-heureuse. Je donneraiun jour la suite de Ja carte de Williams. :: Bonpland , moncompagnon de voyage ; fait une belle collec; tion de plantes. Notre maison est construite en bois de quinquina. Nous ferons des expériences sur le gimnotas! electricus. D SUR L'ORGANISATION DE L’A:N IMALNOMMÉ MÉD USE; Par CuvyzreER, Lu à l’Institut national , en brumaire an VIII. S: je me bornois à vous annoncer qu'il existe un animal sans bouche , se nourrissant comme les plantes par ‘des suçoirs rami- fiés, et auquel lestomac tient lieu de cœur, vous auriez sans doute quelque droit de vous refuser à croire, sur parole, des as- sertions aüssi extraordinaires ; mais comme je mets cet animal sous vos yeux(#oy.la planche) ; comme il est assez grand , et que son organisation est assez développée:, pour que vous puissiez sans peine l’obsérver par vous:mème , je suis plus hardi à vous expo- ‘ser le résultat de mes recherches , quelque contraire qu’il paroisse, au premier coup d’æil , aux impérieuses lois de l’analogie. Cet animal est un de ceux que les anciens nommoïent Orties de mer, parce qu’ils leur attribuoïent la faculté de causer sur la eau des sensations douloureuses , et d’y faire lever des ampou- hs , comune la plante nommée Ortie. On l’a nommé depuis Ortie de mer libre, pour le distinguer d’un autre genre d'animaux marins qui portoit aussi ce nom d’Ortie , mais qui reste attaché aux rochers. Ce sont les Actinies d'aujourd'hui, Lionœæus, ET D'HASTOIRE NATURELLE." - 45g Linnæus , voulant faire cesser ces dénominations composées et équivoques , donna , lors de sa grande réformation de la no- menclature , aux animaux qui nous occupent, le nom de méduse,, sans qu’on sache trop pourquoi ; mais comme c’est souvent un mérite pour un nom de genre de ne, rien signifiér ,.éelui:ci à tellement pris, qu’on n’en n’employe plus d'autre pour désignér ces animaux. 1 Les méduses vivent dans l’eau de la mer ; elles y nagent avec assez de vitesse. Leur corps a la forme d’un segment de sphère, ou d’un chapeau de champignon. Quoiqu’on n’y appercoive aucune fibre musculaire ; il jouit de la faculté dé!se. contracter et de se dilater à volonté, en tout ou en partié. En se rendant alternativement plus ou, moins concayé à sa partie inférieure, il frappe l’eau avec assez de force pour s'élever jusqu’à sa surface ; en ne se donnant aucun mouvement, son propre poids le fait gagner le fond , et lorsqu'il veut se mouyoir dans le sens horisontal, l'animal ne frappe l’eau, qü’avecsune partie de ses bords séulement , et il vasoù il veut; en tournoyant. : Sous le milieu de la partieplane du;segment desphère est une saillie cylindrique ou conique, plus ou, moins longue selon les espèces , et qui représente en quelque façon le pied du champi- gnon, dont le corps seroit le chapeau. Dans quelques espèces de méduses, dont il faudra faire par la suite un genre particulier ; cette saillie se termine par une large ouverture , qui :est la bouche ; mais dans l’espèce dont il est ici question, il n’y en a point, ou si ôn l'aime mieux, il y en a des centaines. ) Cette espèce a été décrite et figurée par Réaumur dans les A6 moires de l’Académie, pour 1710 : c’est celle que j'ai indiquée dans mes Æ/émens de Zoologie, sous le nom de Méduse bleue ; et que j'ai cru être le Medusa aurita de Linnée ; mais je vois aujourd’hui qu'il est impossible. de la: déterminer , d’après les hrases du Systema Naturac , même dans la nouvelle édition ; a figure de Réaumur , qui est la seule bonne , n’y étanticitée nulle part. Cette figure n’est pas non plus copiée dans l’'Ercyclopédie, qui n’en donne aucune autre de cette espèce. C’est cependant de toutes les méduses celle qui est la plus commune sur nos côtes. Lors du reflux on en trouve des milliers étendues sur le sable, et sans mouvement. Il y en a de toutes les grandeurs , depuis trois décimètres jusqu’à trois centimètres de diamètre ; elles sont transparentes , avec un reflet bleuâtre assez agréable. Leur consistance ne surpasse guères celle de la Tome VI. FRIMAIRE az 8, LI1 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gelée de veau , et lorsqu’on les suspend pendant quelque temps, elles se réduisent presque à rien ; l’eau qui en gonfle le paren- chyme s’égoutte , et il ne reste que des membranes minces et frêles. C'est la délicatesse de leur substance qui a empêché sans doute , jusqu'à présent, de les disséquer , et d’en reconnoître la structure intérieure. Il étoit sur-tout difficile de les injecter avec succès. On ne pouvoit penser à une matière chaude , comme de la cire fondue , qui les auroit cuites en un instant. Le mercure déchiroit tous les vaisseaux par son poids ; les substances liqui- des , comme l'encre et l’huile colorée ; s’écouloient par la moindre ouverture. Après plusieurs essais infructueux, nous avons eu recours à une matière très-fluide , et que l’on peut solidifier à volonté sans changer sa température. Nous avons injecté l’animal avec du lait ; et au moment où les vaisseaux étoient le mieux gonflés , nous avons coagulé ce lait en versant une quantité de fort vinaigre, C’est ainsi que nous sommes parvenus à rendre vi- sible tout le système vasculaire de la méduse , et mêmeà le con- server pour longtemps dans l’esprit-de-vin. Voici donc en quoi consiste ce système, Sous l’espèce de pédicule dont j'ai parlé plus haut , sont huit feuillets charnus, assez grands , triangulaires , et à bords den- telés. A chacune des dentelures de ces feuillets est un petit trou qui n’est visible que lorsque la liqueur injectée le dilate. C’est pe ces petits trous que l’animal absorbe la portion du fluide qui doit lui. servir de nourriture. Ces ostioles donnent naissance à autant de petits vaisseaux qui , après s'être réunis deux à deux, ou trois à trois, aboutissent tous à un grand, qui occupe le mi- lieu de chaque feuillet. Les huit vaisseaux des feuillets se réunissent aussi deux à deux en quatre grands troncs, qui descendent dans une cavité, la seule qui soit dans tout le corps , etqu'on peut nommer à volonté le cœur ou l'estomac. Cette cavité est située dans la base de ce cylindre , que j'ai comparée au pédicule d’un champignon. Cette base va en s’élar- issant en quatre piliers charnus, qui se perdent dans le corps ou da la partie que j'ai comparée au chapeau d’un champignon. C'est entre les quatre piliers charnus qu’est située la cavité de l'estomac. Les intervalles des piliers seroient autant d'ouvertures de cette cavité, s'ils n’étoient fermés par une membrane mince et plissée , dont l’usage est sans doute de s'étendre lorsque l’es- tomac se remplit. Quoi qu’il en soit, il part de l’estomac seize vaisseaux qui se ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 rendent directement à la circonférence du chapeau , et qui en partagent l’aire en seize secteurs égaux. Quatre de ces vaisseaux répondent aux quatre piliers charnus, et il y a à la face interne de chacun de ceux-ci un sillon qui établit une communication directe entre les vaisseaux correspon- danset un des quatre grands vaisseaux du pédicule. Les douze autres sont distribués trois à trois dans les intervalles de ces quatre-là , et aboutissent dans les parties de l'estomac, qui sont fermées par des membranes plissées. Les seize vaisseaux du chapeau communiquent tous les uns avec les autres , par un vaisseau circulaire, exactement concen- trique au pourtour de l’animal. L’intervalle ou la couronne située entre ce vaisseau et le bord, est rempli d’une multitude innombrable de petits vaisseaux qui forment un réseau commun, représéntant l'aspect de la plus jolie dentelle. Au côté opposé du vaisseau circulaire , c’est-à-dire , à son côté concave , il y a seize vaisseaux en demi cercle, un pour chaque secteur , qui communiquent avec ce grand vaisseau , non seulement par leurs deux extrémités, mais encore pär deux ou trois vaisseaux courts qui vont directement de lun à l’autre. Ces seize demi-cercles paroïissent nourrir Les parties du chapeau situées entre le vaisseau circulaire et le pédicule ; mais nous n'avons pu pousser l’injection jusques-là. Cependant nous en voyons assez pour conclure , 1°. que le suc nourricier arrive dans l'interieur par une multitude d’ostioles , et non par une bouche unique ; ce qui est un trait évident de ressem- blance avec les plantes dont les naturalistes n’avoient jusqu’à ce jour aucun exemple. 29, Que ce suc nourricier ne passe dans les vaisseaux qu'après s'être déposé dans une grande cavité de l’intérieur ; ce qui est une autre disposition qui ramène notre méduse vers les animaux. 3°. Que les vaisseaux qui conduisent ce suc à toutes les parties, artent immédiatement de cette grande cavité. C’en seroit encore LÉ seul exemple connu jusqu’à ce jour , si on vouloit regarder ces vaisseaux comme de véritables artères ; mais si on suppose que ce sont seulement des prolongemens de la cavité intestinale , des espèces de cœcums, alors la méduse viendra se placer à cet égard entre les étoiles de mer et les polypes; car dans les étoiles de mer l'estomac produit aussi des cœcums disposés en rayons , mais qui flottent dans la cavité du corps , et ne font point avec elle une Lil 2 449 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, seule masse ; et dans le polype, l’estomac ne produit aucum cœcum , mais il adhère et fait corps avec le reste de l'animal. La méduse réunissant ces deux particularités, se trouve aussi réunir ces deux genres ; et je suis heureux aujourd’hui de lavoir placée entr'eux dans mes Élémens de Zoologie, comme par une espèce d’instinct. Le citoyen Lamarck l’avoit aussi fait dans les tableaux de ses Cours d Helminthologie. Alors le caractère remarquable de cet animal consistera seu- lement dans la multitude de ses petites bouches. Si on aime mieux regarder la cavité intérieure comme un cœur, et les vaisseaux qui en partent comme des artères , il faudra comparer les petits vaisseaux qui y conduisent à des veines ou à des vaisseaux lymphatiques , et on pourra dire que la mer lui sert d'estomac, comme la terre en sert aux plantes. Mais la première supposition est beaucoup plus naturelle , attendu que dans l’échelle des êtres le cœur disparoît beaucoup plutôt que l'estomac. Cette méduse n’a aucuns nerfs ni aucun organe particulier de sensation ; je ne lui en ai vu non plus aucun de génération ; et j'ignore comment elle se multiplie. On peut regarder les membranes minces et plissées qui entou- rent l'estomac dans les intervalles des piliers charnus comme servant à la respiration , puisque l’élément ambiant peut agir au travers de leur épaisseur sur le fluide nourricier. J'ai pensé que dans le grand nombre d'observations anatomi- ques que je suis occupé en ce moment à recueillir , celle-ci mé- ritoit de préférence l’attention des naturalistes, par sa singularité , et par l'influence qu’elle peutavoir sur la disposition systématique des animaux ; c’est pourquoi je me suis hâté de vous l’offrir. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 441 MÉMOIRE Sur la faculté que les liquides ont de conduire le calorique , AHDIIRENS SH A HERO RAT 1S1S Par Soquer, D.M.(du département du Mont-Blanc). (CS fs lit dans le célèbre Journal de Physique et d'Histoire Naturelle, rédigé par le citoyen Delametherie, (mois fructidor an 6), un mémoire sur l’inconducibilité des liquides quelconques pour le calorique , traduit par Pictet. Frappé autant par la nou- veauté des propositions contenues dans ce mémoire , qu’étonné de la variété et de la sagacité détaillée , simple et ingénieuse des expériences faites à ce propos, je ne pus m'empêcher de réfléthir sur la nouvelle doctrine qu’on étoit en droit d’eétablir d’après des assertions aussi décisives, touchant la non-conducibilité absolue des vapeurs et des liquides quelconques : mais un peu de médi- tation, sur tous les phénomènes que je voyois tous les jours se passer sous mes yeux, iw’apprit à douter , et me conduisit bientôt à tenter à mon tour quelques expériences propres à éclairer mes doutes. Je vous tracerai , mon cher et bon Fortis, une légère esquisse de mes observations et des corrollaires que j’en ai tirés. L’auteur du mémoire cité , affirme la parfaite et absolue inconducibilité des vapeurs et des liquides pour le calorique, d’après des expériences variées et répetées , où , après avoir mis au fond dun vaisseau de verre un morceau de place , dont la surface avoit une petite protubérance à son milieu , ayant eu soin ensuite de couvrir ce morceau de glace , tantôtavec de l’eau , tantôt avec de l'huile, tantôt avec du mercure; ces liquides étant à peine un degré au-dessus de zero Réaumur, il en- touroit ce verre de glace pilée, mêlée avec de l’eau et du sel, afin de maiïntenir autour de lui une température moindre que zero ; enfin il plongeoït très-lentement un cylindre de fer chaud, à 80 de Réaumur , enveloppé d’un fourreau solide en carton; il plongeoit, dis-je, dans les liquides placés au-dessus du mammelon de glace, mis au fond du verre, ce cylindre, et l’approchoit de la protubérance de deux à trois lignes à-peu-près, sans jamais pourtant le toucher. Jamais il ne put observer la moindre fusion ; d’où il conclut , que tous ces liquides n’avoient point permis au calorique de passer à la glace; tellement que ces deux lignes 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’épaissseur des liquides placées entre l'extrémité inférieure et chaude du cylindre de fer, et la surface de l'extrémité supérieure du mammelon de glace, avoient été une barrière insurmontable pour le calorique , qui tentoit de les dépasser du haut en bas en cherchant léquilibre, ) A des faits en petit, qu'on me permette d’opposer quelques faits en grand, avant que je passe à fournir des expériences faites exprès et en petit. Me trouvant un jour à la superbe manufacture en cristaux du célèbre Briati de Venise, je vis plonger dans un grand vaisseau rempli d’eau froide, contenue dans une auge quarrée d’une seule pièce , et de carbonate calcaire ; je vis plonger, dis-je , une masse de cristal, pesant environ 40 livres, qu’on sortoit du four, et qui étoit incandescente au plus haut point. Cette masse de feu fixée au bout d’une barre de fer , que l’ouvrier tenoit appuyée sur le bord du baquet en pierre pour ne passe fatiguer, étoittenue comme suspendue au milieu de l’eau : je croyois à tout ins- tant voir l’eau bouillir , au moins la voir circuler rapidement du bas en haut à l’état de vapeurs , toutautour de la masse, enfin , avec laquelle elle étoit en contact ; rien de tout cela n’arriva. La masse se voyoit très-rouge au milieu de l’eau, dont ni la transparence , ni le corps n’étoit troublé, si ce n’est à l’endroit où l’eau touchoit le fer , là précisément où celui-ci s’implantoit dans le verre , parce que là l’eau venoit, ou se décomposer, ou se vaporiser, ou prenoit ces deux états à-la-fois. Mon étonnement et mon air de surprise ayant beaucoup amusé les ouvriers accoutumés à ce phénomène, j'éprouvois avec la main la température de l’eau qui commençoit affumer ; je la trouvois jusqu’assez profondément très - chaude , uniformément ; je descendis doucement la main jusqu’au fond du baquet en y plongeant presque tout le bras dénudé ; je m’ar- rêtois quelques secondes au fond sans remuer, afin d’accoutuiner ma main à cette température , ersuile douce , Qui me parut sen- siblement plus froide que l’eau de la surface ; ensuite doucement j'avancois ma main perpendiculairement en dessous de la masse encore très-rouge de verre. Là, je m’arretois, et avec toute la pré- caution imaginable , je montois avec la main en dessous du verre rougi : très-sensiblement je m’apperçus, à la distance de six lignes au moins, de l'irradiation du calorique au travers de son enveloppe aqueuse, en tout sens ; je répétai trois fois l’expé- rience , toujours avec le même succès. On voit donc dans cette expérience , d’abord , que le verre incandescent ne fait point frissonner l’eau dans laquelle on le plonge, en la réduisant en vapeurs. J’expliquerai tout-à-l’heure la théorie de ce phénomène ET D'HISTOIRE NATURELLE. 443 curieux. 2°, On a vu que l’eau étoit plus chaude à la surface qu’au fond , phénomène très-naturel ; l'eau chaude étant moins pesante comme plus raréfiée que l’eau froide relativement, doit toujours occuper le dessus. L'eau s’échauffoit lentement , cela devoit être, elle est un très-médiocre conducteur du calorique. Le verre est resté long-temps rouge incandescent , attendu qu’il ne perdoit que très-insensiblement son calorique par la foible con- ductibilité de l’eau dont il étoit environné ; enfin il répandoit son calorique en tout sens, et celui-ci pénétroit l'épaisseur de l’eau de plusieurs lignes très-sensiblement en tout sens : donc on en pouvoit conclure que l’eau étoit jusqu’à un certain point conductrice du calorique. On a supposé l’eau absolument inconductrice du calorique, qu'avec des contestations , des oppositions fortes et soutenues , on a plus facilement accordé ce privilège à la glace ; presque tous les physiciens sont tombés d’accord sur la non-conducibilité parfaite de ce dernier. Je demande cependant si, par incondu- cilité absolue d’un corps , on entend l'impossibilité de livrer passage au calorique à travers ses molécules? Je demande pour- quoi, quand une masse d’eau se gèle dans un vase sphérique , la congélation commençant tout autour ; pourquoi, dis - je , l’eau du milieu, la dernière à la vérité à se geler , se réfroidit sensi- blement et arrive elle-même au quatrième degré au - dessus de zero ? Certainement ici il n’y a plus de circulation de molécules de la circonférence au centre , puisque la circonférence est déjà gelée ; quelle route, quel chemin prend donc le calorique pour sortir du centre de cette masse , puisque son noyau, encore aqueux , baisse continuellement de température ? Sans doute ce calorique passera au travers de l’enveloppe de glace, pour s’équilibrer avec la température ambiante. Donc la glace sera au moins , dans ce cas, conductrice du calorique , je veux dire , lui laissera passage entre ses molécules. La glace est susceptible de se durcir PROD ARE par une augmentation de froid. On connoît les belles tentatives qu’on a faites sur la dureté de la glace à Petersbourg , en en formant des palais, des terrasses, des canons à tirer, dans un hiver très- rigoureux. La glace peut être froide à 10, à 14 >» à 20 , à 325 de- grés, etc. , jusqu’à la privation totale de calorique. La glace étant un corps solide , on ne peut si la aucune circulation entre ses molécules. Comment.donc s'échappe le calorique des portions du centre des masses de glace , lorsqu'elles sont obligées de baisser de température ? Elles traversent nécessairement les cou- ches concentriques de glace. Donc la glace n’est point d’une 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE manière absolue inconductrice de calorique. Quand ces mêmes masses de glace reviendront à la température de quelques de- grés seulement au-dessous de zero , il faudra encore alors qu’elles ayent laissé passer , au travers d'elles , du calorique. Si l’eau est absolument inconductrice du calorique , comment se fait-il que des:substances suspendues au centre de la machine à Papin, exactement remplie d’eau et hermétiquement fermée , se fondent, se cuisent , en un mot, sont fortement pénétrés par le calorique , qui ne peut les avoir atteint qu'au travers de plu- sieurs couches d’eau , et cependant cette eau n’avoit pu être ré- duite en vapeurs, ni entrer er expansion? Quand une barre de fer rougie , ou un globe métallique incan- descent est suspendu en l’air au milieu d’un amas de vapeurs qu'on y fait exprès circuler tout autour , pourquoi , dis-je, erpendiculairement en bas, le thermomètre indique-t-il une élévation de température à une certaine distance du globe ? Les vapeurs , plus raréfiées par le calorique , devenant plus légères , tendront toujours vers le haut ; donc elles ne sauroïent circuler perpendiculairement en bas; donc élévation de température qu'y annonce le thermomètre , est entièrement due au calorique qui a tout simplement pénétré , traversé les couches inférieures de vapeurs pour arriver au thermomètre. 1 Ce west pas que je doute de la vérité et de l'exactitude des expériences annoncées dans ce célèbre journal, mais voici cornme j'en. analyse les résultats. D'abord le fer n'étoit chaud qu'& 80 degrés de Réaumur , température bien médiocre ; 20. lemam- melon de glace et les liqueurs qui le recouvroient devoiént être un ou deux degrés au-dessous de zero ; on voit même qu’on les entretenoit plus bas, par le sel et la glace pilés dont on entouroit le verre qui contenoit ces substances. Il falloit donc fournir tout le calorique nécessaire à satisfaire la capacité de ces deux degrés ; il Paie donc que le fer d’abord réchauffät les liquides qui l’entouroient , ensuite qu'il conservât encore ässez de calorique pour élever de 60 degrés la surface du mammelon pour la dre ; car on sait que la glace absorbe 60 degrés de calorique avant de passer à l’état liquide de zero. Il y a plus, le calorique ne pouvyoit arriver que très-lentement à la surface du mammelon ;, atténdu que la température du cylindre de fer. étoit très-baëse , ét que le passage du calorique est toujours prompt et rapide en raison directe de la distance à l'équilibre: de température ; mais l’on sait que de leaufroide ; à 1 ou > degrés au-dessus de zero, jetée sur de la glace froide à 2 ou n a r x . x ä 3 degrés du-dessous de zero ; se gèle , si elle est en’très - petite quantité ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 quantité et disséminée sur une large surface glacée ; c’est ici pré- cisément le cas. Quand bien même le calorique arrivé au travers de la couche d’une ou deux lignes de liquides interposés entre le mammelon et le bout inférieur du cylindre eût été assez con- sidérable pour fondre légérement la surface du mammelon, après avoir satisfait sa capacité comme glace au-dessous de zero, cette petite portion , instantanément fondue , auroit dû instan- tanément se remettre à l’état de glace , à raison de son contact inmédiat avec la glace inférieure. Au reste , dès que le calorique arrive lentement sur une surface de glace et en très-petite quan- tité , il ne fond point la glace avant que la masse de glace sus- posée n’ait une température assez élevée pour ne plus dérober, qu’en très - petite quantité , le calorique qui pénètre , en petite quantité, dans la première couche. Donc, dans l’expérience citée par l’auteur, d’abord on voit que le cylindre de fer étoit peu chaud; 2°, qu'il étoit immergé dans des liquides qui l’entouroient de toute part, et lui ôtoient ce peu de calorique ; 30. que le bout infé- rieur étoit , de toutes les portions du cylindre , celle qui avoit le plus traversé de liquides froids ; 4°. que l'auteur avoit procédé très-lentement à l’immersion du cylindre; ce qui lui avoit donné plus de temps pour se refroïdir ; 5°, que le mammelon de glace devoit avoir 1 ou 2 degrés au-dessous de zero , en conséquence ne devoit pas se fondre au premier accès de quelques molécules de calorique ; 6°. que ce calorique devant arriver et très-lente- ment eten très-petite quantité à-la-fois à la surface du mammelon, devoit rester glace , à raison de son contact avec les couches sus- posées de glace , qui auroït rendu glace sa surface, si même elle avoit eu une légère couche d’eau froïde à zero. Enfin, etle carton et la main de l’opérateur étoient d’assez bons conducteurs ducalo- rique pour bientôt absorber une portion de celui du cylindre plus chaud qu'eux , pour le réduire à leur température, Avant de décrire une petite expérience qui m'est propre et que je tiens pour autant décisive en faveur de la conducibilité , quoique très-médiocre , de l’eau et autres liquides pour le calo- rique, que l’auteur tient les siennes pour leur non-conducibilité absolue , je vais encore donner un exemple en grand, Faisant un jour fondre mille et cinq cents livres de bronze , pour en extraire le cuivre pur( ce à quoi j’ai parfaitement réussi) dans un four à réverbère qui avoit, à son centre, à-peu-près, un trou bouché par un cylindre en fer, qu'on poussoit de dehors en dedans du four pour le déboucher, afin de faire couler le métal fondu lorsqu'on vouloit le couler ou le jeter en canons. J’observai , au bout de trois heures, depuis que le métal étoit Tome VI. FRIMAIRE an 8. M m m 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE complètement fondu , que le cylindre de fer , placé au-dessous du métal fondu, sous l'épaisseur au moins de sn pouces , éloit rouge. Je conclus immédiatemeut que la chaleur du métaï fondu avoit passé sur le fer ; ce métal fondu étoit parfaitement tran- quille , il n’y avoit sûrement pas de circulation de haut en bas; car le bas étant moins chaud que la surface, devoit être plus dense, en conséquence moins léger. Donc, les conchesinférieures du métal fondu et qui étoit en contact avec le sol ou l'air du four , n’étoient conservées liquides que moyennant le calori- que qui leur venoit au travers des couches supérieures assez -épaisses ; donc les couches supérieures de métal fondu étoient suffisamment conductrices du calorique , pour en fournir autant aux couches plus pesantes susposées , que celles-ci en perdoïent en se communiquant au sol du foyer , jusqu’à faire roügir le cylindre de fer. Pour mieux m'’assurer de la conducihilité des différens liquides , j’ai établi l'expérience suivante , simple et facile. J’ai pris , dans un jour des plus froïds de la fin de décembre 1798 , un vase de terre très-large d’orifice, et assez profond ; j’ai prié un fabricant de sublimé corrosif et de précipité rouge (mu- riate oxigéné de mercure et oxide rouge de mercure par l’acide nitrique ) de me fournir la quantité de mercure nécessaire pour remplir ce vase seulement pour deux heures. J'ai pris un mor- ceau de glace , large comme un écu , épais d’un bon doigt, j'y ai fait un petit trou au centre , jy ai passé , au travers , un petit fil de fer terminé en crochet ; par ce moyen, en attachant , au fond du vase de terre , l’extrémité libre du fil de fer , l’autre extrémité qui traversoit et retenoit, par son crochet à angle droit, le petit fragment de glace pouvoit retenir ce dernier suspendu à- peu-près à dix lignes en-dessous de la surface du mercure. Ce morceau de glace étoitdonc isolé au milieu du mercure. La tem- pérature du lieu où j'opéroiïs , étoit 5 degrés et demi au-dessous de zero. Tout étant ainsi disposé , j'ai pris un cylindre assez large , d’excellent cristal ( c’étoit une cheminée cylindrique d’une lampe d'argent de mon petit laboratoire économique et portatif, selon l’invention de Guyton), je l’ai placé immédiatement au- dessus du milieu du mercure, à l'endroit où étoit suspendu , sous les premières couchesde mercure, le petit morceau de glace: Les bords inférieurs du cylindre entroient à peine une ligne dans l’épaisseur de la couche superficielle du mercure , je lai fixé dans cet état. Ensuite j'y ai versé tantôt de l’eau bouillante , tantôt des dissolutions très - saturées de différens sels , tantôt de l'huile, etc. Quand le cylindre étoit plein jusqu’à. un: certain ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 point de ces différentes liqueurs , toujours j'ai observé que le morceau de glace tenu au-dessous des premières couches de mer- cure se fondoit, et son eau venoitsurnager. On sait bien que les li- quides énoncés ne pouvoient pas passer au travers du mercure, celui-ci étant et plus dense et plus pesant, il falloit donc que le calorique , seul de ces liquides bouillans , pénétrât perpendicu- lairement en bas les couches de mercure , etc. etc. Chacun est à même de tirer les conséquences de cette expé- rience simple ; je préviens qu’on peut la répéter avec un cylindre cave de métal quelconque au lieu de verre qui se casse facile- ment, comme je l'ai éprouvé quand on veut verser la liqueur très-chaude au fond, sans remuer le mercure, il faut avoir un entonnoir à longue tige, dont l'extrémité inférieure soit légére- ment recourbée en haut; en versant la liqueur bouillante avec précaution , le mercure en vient couvert de toute la hauteur du cylindre, si l’on veut , sans donner au mercure d’autre mouve- mens que celui de dépression que doit lui faire éprouver le poids de la colonne liquide qu’il suppose. Au reste , voici comme je raisonne sur le calorique , touchant sa perméabilité ou nonà travers les liquides. Tous les liquides ne sont liquides que parce qu’ils ont autour de leurs molécules, ou à l’état d’affinité d’adhésion, ou à l’état d’affinité de combinaison chimique , une certaine quantité de molécules de calorique. Mais les liquides ont toutes leurs molécules en contact plus ou moins nombreux , et chaque molécule , quand elle n’est pas très - élevée au-déssus de zero, est encore susceptible de se charger d’une nouvelle quantité de calorique , ce qui veut dire qu’elle peut en- core se surcharger de calorique, par l’affinité que celui-ci exerce sur elle. Si cela est ainsi ; qu'on s’imagine une colonne de mercure , par exemple , longue d’un demi-pied , formée par deux ou trois cents mille molécules métalliques , toutes se touchant les unes les autres. Si l’on suppose que la première molécule de calorique soit plus chaude que la seconde , et que le calorique qui surabonde dans la première , mait aucune répugnance à s'unir également à la seconde, comme il l’a fait avec la première pour chercher l'équilibre , que cette seconde nouvellement sur- chargée et en contact avec la troisième , transmette à cette der- nière les points où elle est en contact avec elle, une portion de son calorique excédent, et ainsi proggessivement jusqu’à la trois cent millième molécule , on voit que la colonne métallique fluide pourra être échauffée par succession de points de contact d’une extrémité à l’autre. Or, il est physiquement impossible que deux corps ou deux molécules de même nature, qui ont même affinité M m m 2 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour le calorique, et qui ont entc’elles plusieurs points de con- tact , se maintiennent , l’une très-chaude et l’autre très -froide , sans se répartir leur calorique ; comme encore qu'il est impossible que si la portion d’un liquide quelconque cst plus échaulfée à la surface qu'au fond. Les molécules de la surface, supposées ho- mogènes avec celles du liquide restant, descendent au fond du vaisseau pour y porter le calorique , moyennant une espèce de circulation : on devra donc convenir que si les molécules d’un liquide ont de l’affinité pour le calorique , ce calorique , après avoir saturé une molécule , se répartira dans sa voisine , et la molécule qui aura ainsi transmis de son calorique , en reprendra de nouveau ; de manière qu’on ne devra pas dire qu’une molé- cule satürée de calorique, conservera le même calorique , tandis que le calorique nouvellement fourni, se portera sur la seconde inférieure ; mais on devra concevoir qu’une portion de latmos- phère calorifique de la première molécule , se communiquera à la seconde , tandis que la première reprendra le calorique qu’elle a transmis , l’atmosphère de la seconde transmettra portion de son calorique à la troisième , et prendra de l'atmosphère calori- fique de la première , ce qu’elle aura perdu ; et ainsi progressi- vement , on dira que le calorique ne sera point conduit immé- diaterment de la surface à travers les pores du liquide jusqu’au fond, mais que de la surface au fond il se communique de proche en proche par le contact des atmosphères calorifiques des pre- mières couches échauftées avec les inférieures moins chaudes ; mais cette transmission, cette conducibilité impossible à être démontrée fausse , autant que je puis voir, dans des molécules homogènes et en contact, ne nécessite à aucune circulation de haut en bas des molécules des liquides, les plus chaudes comme plus légères devant toujours surnager. Je crois donc que plusieurs corps peuvent transmettre immé- diatement à travers de leurs pores le calorique , et le faire pres- qu'en même temps équilibrer dans toute leur masse , outre le pouvoir que chaque molécule échauffée possède de transmettre à sa voisine plus froide , une portion de son calorique excédent. Ces corps ont donc deux causes qui accélèrent leur échauffement en tout sens , et semble faire circuler plus promptement le calo- rique à travers leur masse. Je regarderai de tels corps comme des bons conducteurs : ceux, au contraire , dont la nature des pores ne sera pas du tout disposée à laïsser libre passage au ca- lorique , et qui conséquemment ne s’équilibreront dans toute leur masse en température que progressivement par le contact de leurs atmosphères calorifiques , communication de température ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 qui sera toujours possible , quoique très-lente ; ceux-là je les appellerai mauvais conducteurs : on conçoit les degrés intermé- diaires de cette échelle , le plus ou moins, veux-je dire , de dis- position des pores des différens corps à laisser pénétrer librement et promptement le calorique au travers d'eux. Les liquides se- ront , Selon moi , des corps dont la disposition des pores sera telle à ne pas livrer passage immédiatement au calorique , il ne se communiquera donc de proche en proche , de haut en bas, que par le contact des molécules échauffées avec les molécules encore froides. Cette communication sera lente , etles effets pourront quelques instans en paroître insensibles ; mais je crois avoir assez développé mon opinion , je reviens au phénomène de la non-vaporisation de l’eau autour d’un globe incandescent de verre , comme je l’ai noté plus haut. Les chimistes savent que l’affinité de composition est toujours forte et efficace , en raison inverse de l’affinité d’aggrégation. Aussi employons-nous tous les moyens mécaniques et chimiques pour détruire celle-ci , afin d’obterir plus promptement la pre- mière. Ce principe posé , plus les molécules intégrantes de l’eau auront entr'elles d’affinité d’asgrégation , moins l’affinité de composition du calorique jen elles aura d’effet : or le verre in- candescent ne conserve plus d’affinité d'adhésion pour les mo- lécules de l’eau , elles glissent sur lui le plus légérement possible , au lieu qu’elles y adhèrent lorsqu'il est très-médiocrement chaud. Le calorique donc , lorsque le verre est incandescent, doit vaincre tout seul l’affinité d’aggrégation des molécules de l’eau , tandis que lorsque le verre est médiocrement chaud , les molécules de l’eau sont tirées par deux forces opposées et en sens contraire, qui tendent toutes deux à leur faire perdre leur affinité d’aggré- gation ; d’un côté , elles sont distraites par l’aflinité d'adhésion avec le verre, et de l’autre, par l’affinité de composition pour le calorique. L Car si l’on conçoit une petite masse d’eau formée de deux seules molécules , et qu’on conçoïve encore une petite surface capable seulement de pouvoir recevoir une des deux molécules pour se la tenir adhérente , on prévoit que si l’on vient à ajouter du calorique à cette petite masse, la molécule qui ne touche point la surface par adhésion, sera d’autant plus facilement entraînée, gaziliée, ou vaporisée par le calorique, qu’elle étoit moins forte- ment unie à Sa compagne par affinité d’aggrégation , qui avoit diminué d’autant de degrés d'énergie que celle-ci en avoit ma- nifesté à rester unie par adhésion à la petite surface dont nous avons parlé. Le calorique donc, dans ce dernier cas , n’aura qu’à 459 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMTE # vaincre le peu de résistance que lui offre le restant d’affinité d'aggrégation que conserve encore la molécule d’eau intégrante pons Sa Compagne , qui est adhérente comme on l’a vu. Dans e cas où l'expérience a lieu sur du fer ou tout autre métal , à la place du verre incandescent, le phénomène est plus compliqué; d’abord, à une très-haute température , lhydrogène et l’oxipène unis entr'eux à l’état d’eau , conservent plus d’affinité pour leurs bases réciproques , qu'ils n’en ont, soit pour. le métal incandes- cent , soit pour le calorique. Aussi une très-haute température réunit à l’état d’eau les gaz hydrogène et oxigène mêlés ensemble; une très-haute température désoxide les métaux. Si la tempéra- ture donc est très-élevée , une goutte d’eau, placée sur un métal incandescent , n'aura aucune force Ctrangère qui tende ou à décomposer ou à désunir ses molécules intégrantes, le calorique seul donc devra tout faire et vaincre toute laflinité d’agoréga- tion des molécules d’eau pour les vaporiser ; on sait même que le contact de l'air facilite l’évaporation ; dans une température aussi élevée , l’air sera tellement raréfié autour de la goutte d’eau placée sur le métal incandescent, qu’il n’operera presque rien. Si même mon assertion est vraie , 1] doit s’ensuivre qu’une mo- lécule d’eau, dans cet état de haute température , doit être inh- niment plus chaude qu’une molécule d’eau au simple état de va- peur au 80€. degré de Réaumur, Je suis entièrement sûr que le fait est ainsi par expérience ; car ayant des ouyriers qui, au moyen d’un coin d'acier , tâchoient de faire un trou carré à une grosse plaque de fer de fonte incandescente , ils moulloient le coin à chaque fois qu'ils le mettoient dans la rainure qu’ils avoient déjà faite dans l'épaisseur de la plaque incandescente , l’eau s’en RE en partie, couloit dans la rainure, et y res- toit tranquille, sans frissonner ni s’évaporer que très-insensible- ment ; mais quand ils battoient sur le coin avec des #rosses masses . A0 . . O en fer , pour faire la rainure plus profonde , si les gouttes ve- noient à jaillir sur la main ou sur le visage des ouvriers , sur le- champ es le cautérisoient, tout ainsi qu'une éteincelle de fer rouge par le feu ; si le fer, au contraire, est peu chaud, d’abord son affinité d'adhésion pour l’eau diminue l’affinité d’aggrégation de celle-ci, et le calorique trouve moins de résistance à vaporiser les molécules non-adhérentes. 20, À une certaine température , le fer décompose l’eau , et le gaz hydrogène qui en provient, aide, par son action dissolvante à l’état de gaz , la vaporisation de l’eau ; car tous les gaz secs en contact de l’eau en accélèrent la vaporisation , sur-tout s'ils sont en état de mouvement. Il faut donc calculer pour beaucoup la diminution d’affinité ET D'HISTOIRE NATURELLE. - A51 d'aggtégation qu'éprouvent les molécules d’eau par leur adhésion à la surface d’autres corps ; affinité d'adhésion qui peut être plus ou moins forte , et ainsi produire des effets plus ou moins mar- qués sur la facilité de l’évaporation de l’eau par la présence d'une même quantité de calorique. C’est ainsi, par exemple, que je me rendroïs raison pourquoi une plaine humide évapore plus d’eau en un jour, à même sur- face et même température atmosphérique , qu’une égale surface d’un lac ; la terre retenant par affinité d'adhésion les molécules d’eau , facilite la vaporisation des non-adhérentes. Un verre plein d’eau , et un autre plein de terre humide, exposés à la même température , le dernier perdra beaucoup plus en poids que le premier , dans le même espace de temps. L’eau qu'on fait bouillir dans les vases se vaporise toujours, ou par les surfaces latérales en contactavec les côtés solides du vase, ou au fond , ou à la surface en contact avec l’air, et jamais par le centre , ou dans les endroits où l’eau n’adhère pas à d’autres corps ; ce qui veut dire qu’elle ne se vaporise précisément que là où son affinité d'adhésion diminue considérablement son affi- uité d’aggrégation. Je ne vois pas d'autre moyen d’expliquer le phénomène inté- ressant, observé par Vauquelin, et consigné dans les {nnales de Uhimie de laris , savoir, que certaines dissolutions salines assez concentrées peuvent bouillir long-temps avantles 80 degrés Réaumur, chose qui paroît extraordinaire. Il arrivera , dans ce cas , qu'une portion de l’eau des dissolutions adhérentes au sel dissous , rendra plus aisément vaporisable l’autre portion , qui se vaporisera d'autant de degrés au-dessous des 89 , que son affinité d’aggrégation a été diminuée. Je ne-porterai pas plus loin mes inductions , et me limiterai , mon bon et tendre ami, à vous ébaucher quelques corollaires , que je crois pouvoir déduire des propositions antécédentes, car je suis moi-même si convaincu du peu de conducibilité des li- quides et des vapeurs aqueuses ( quoique je ne puisse croire à leur absolue non conducibilité ),, que je ne vois d’autres raïsons à donner , pour l'explication des plus intéressans phénomènes de la nature , que cette inconducibilité relative. Fordice , et ceux qui ont partagé ses dangers dans les fours chauds à de très-hautes températures( jusqu'à 240 degrés Réaumur) , disent que la surface de leur corps étoit tou- jours pen chaude relativement , que le thermomètre approché de la peau baïssoit même sans la toucher , ce qui annonçoit un pouvoir , une atmosphère destructive du calorique ambiant. Le 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE calorique vaporisoit l’eau de leur transpiration ; cette vapertr formoit autour d’eux une atmosphère isolante du calorique. Dans la bouche , sous les aisselles, où cette vapeur devoit être plus dense , le thermomètre baiïssoit davantage , comme cela devoit être. A mesure que la capacité du four étoit plus saturée de vapeurs aqueuses , ils ressentoient davantage l’action du calorique ; sans doute d’abord , parce que l’eau qu'ils transpiroient , n’étoit plus vaporisée., et conséquemment n’absorboit plus du calorique qui les entouroit ; en second lieu , la température du four dissolvoit ces vapeurs ( qui les environnoient ) à l’état de gaz , ils cessoient donc d’avoir une atmosphère inconductrice, L’eau, donc, qu'ils transpiroient , devoit se réduire en sueur, tout comme dans la machine de Papin. Cette eau ne pouvoit plus être ni vaporisée , ni gaziliée, devoit prendre la température du lieu où elle étoit ; elle ne pouvoit bouillir , quoique chaude , au-dessus de 80 Réaumur , car l’ébullition n’est que l'effet de la gazification ou de la vaporisation : ici ni l’une ni l’autre ne pouvoit avoir lieu , la capacité de l’atmosphère intérieure du four pour l’eau étant satisfaite à cette température. Moins, d’ailleurs , la transpiration cutanée trouvoit de moyens à être reçue à l’état de vapeurs dans la capacité du four, plus le calorique dégagé du sang par la cir- culation , restoit accumulé sous la peau , ne pouvant être employé à la vaporisation de la perspiration , qui d’ailleurs trouvoit au- dehors plus de calorique pour se combiner à l’état de gaz. Je ne crois donc point au pouvoir destructeur du calorique du corps humain , placé dans des températures très-hautes ; je crois RL AA qu’au moyen de sa transpiration il est bientôt envi- ronné d’une atmosphère peu conductrice du calorique , et que cette atmosphère vaporeuse empêche le calorique de la tempé- rature ambiante d'arriver aussi abondamment jusqu'à sa peau ; outre l'absorption du calorique , devenu insensible par sa com- binaïison avec les molécules de la perspiration. Pour donc ne pas sentir l'inconvénient des températures très-chaudes , il faut deux conditions : la première , de fournir assez de liquide pour former une atmosphère inconductrice vaporeuse ; la seconde , que le milieu chaud, dans lequel on se trouve , ne soit pas déjà complètement saturé de vapeurs , car alors le liquide ne se vapo- rise plus, et plus alors d'absorption de calorique, plus de for- mation d’atmosphère inconductrice. RECHERCHES ET D'HISTOIRE NATURELLE, 453 D EEE RRR EEe es nn RECHERCHES EXPÉRIMENTALES Sur l'existence supposée d'êtres vivans microscopiques. çonta- giiières ; Par les citoyens Vassazzr et Bun:rva. Ds illustres savans de l'antiquité avancèrent que la cause efficiente des maladies contagienses de l’homme et des animaux domestiques dépendoit d’une classe d'êtres animés infiniment pe- tits , introduits dans leurs corps ; quelques modernes très-respec- tables , allemands et italiens, ont adopté ce système de patho- logie animée, à l'occasion de la nouvelle invasion dela contagion parmi les bêtes à cornes de l'Italie, qui fait, depuis plusieurs années et actuellement , des ravages horribles, sur-tout en Pié- mont. Cetie opinion, devenant prépondérante , pourroïit donner des directions particulières au régime politique , à l'égard de cette peste, aussi bien qu’aux méthodes curatives ; elle peut , en con- Séquence, devenir utile ou nuisible là où règne ce malheur terrible ; c’est pourquoi le citoyen Vassalli et moi, nous nous engageñmes à faire ensemble des observations etdes expériences pour éclaircir un point de si grande importance , et faciliter la résolution d'un problème si difncile. Ces observations microscopiques furent faites dans le cabinet de l’abbé Vassalli , les premiers jours de janvier 1798 , les cir- constances étant favorables à ce genre de recherches , avec ux très-bon microscope de Dollond. Il nous parut essentiel , avant tout , de chercher si quelques substances réputées anti-contagieuses et anthelmintiques, per préférence , pouvoient offrir des animalcnles microscopiques vi- vans ; c'est-à-dire, de tels animaux se trouvaient, ou bien pou- voient vivre dans de l’eau qui contiendroit de pareiïlles subs- ances. 10, Nous ne pümes observer qu'un seul de ces animalcules dans l’infusion du tabac. 20. Dans la solution de savon, nous vimes des points qui pa- roissoient aux yeux d’un observateur de petits œufs déposés dans la gouttelette exposée au microscope. Tome FI. FRIMAIRE ex 6. . Na 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE 30. Dans l’infusion d'oignons , nous ne vimes rien autre , si- non de nombreux points noirs se mouyant. * 4°. Nous apperçümesle même phénomène dans l’infusion d’ail, et en outre noustremarquân es un point noir opaque , Se INOtu- vant , qui représentoit une molécule infiniment petite , laquelle se portoil vers une petite portioncule de poudre à cheveux idis- soute qui étoit tombée de nos têtes dans la goutteleite d’infusion. L'œil nud ne pouvoit pas discerner le petit être en question. 50, TI’infusion de fleur de pêchers étoit remplie de quelques molécules noireset opaques ; mais elle montroït particulièéremont ° des animaux infusoires, qui s’alongeoient et se rétréeissoient alternativement. 60. Dans l'infusion de tithymale , nous remarquâmes aussi que k y 20€ l de semblables animalcules se donnoient des mouyenens assez brusques de tous côtés. 79, L'infusion d’artémise n’en donna pas. 80. Dans linfusion d’absynthe les infusoires alloient précipi- e >: don i tamment en avant et en arrière , ayant des formes différentes, auxquelles ne marquoient pourtant pas aucun des signes qui caractérisent cette classe d'animaux. s 9°. Dans l’infusion de l’agaric la multitude de ces infusoires étoit immense. 100. Dans l’infusion d’anthora, nous observâmes des molécules qui prenoient du mouvement d’abord que l'atmosphère étoit tant soit peu agitée , où bien que la gouttelette avoit de Poscillation d’une manière quelconque. Leur aptitude au mouvement étoit si marquée , qu'elles paroïssoient de véritables molécules ani- mées ; mais ayant porté l'attention nécessaire , nous n’y recon- nûmes aucun signe caractéristique d’animalité. 110. Nous observâmes plusieursinfusoires morts dans l’infusion de la tanesie. 120. Dans l'huile empyreumatique , excellent anthelmintique, nous ne vîimes aucun infusoire ; cependant cette huile ne tua point ces animalcules de l’infusion d'agaric , dont nous avons parlé ci-dessus. I. Nous espérons que des circonstances plus favorables nous permetteront de revenir à de pareilles expériences , lesquelles répétées et varices de différentes manières , nous donneront assurément des résultats concluans ; en attendant on peut remar- quer que des infusions de substances anthelmintiques et anti- ET D'HISTOIRE NATURELLE -: 435 pestilentielles ne sont point privées de leurs animalonles iu- fusoires : nous ne pouvons donc pas attendre de ces infusions , la destruction des animalcules contagifères , puisque , d’après des expériences que le citoyen Buniva à mult'pliées à l’occasion de l’épizootie, en Piémont, il est constant que les choses infec- tées du principe contagieux ne perdent pas leur force contagieuse, en les laissant en immersion dans les infusions bien chargées des substances anthelmintiques des animalcules microscopiques : disons encore une autre fois que l'huile empyreumatique ne peut pas tuer les animaux infusoires ; ajoutons que le vinaigre , lequel avec d’autres remèdes , a été donné assez utilement à nos bêtes pestiférées est tout plein , comme tout le monde sait , de petites anguilles. II. Les chaînes de fer, maïs sur-tout les lancettes, communi- quent la contagion quand elles ne sont pas bien lavées. III. Les draps imbibés du principe miasmatique ne donnent pas moins la peste aux bêtes à cornes , quoique exposées aux émanations de l’acide muriatique oxigéné. IV. Nous remarquâmes que les herbes les plus vénimeuses peuvent être infectées du principe contagieux. V. Nous ayons plongé plusieurs foisle cœur palpitant de veaux tués, par les bouchers, dans une grande quantité de sang d’un bœuf infecté, et nous observâmes qu'il perdoïit, aux premiers momens de l'immersion , le reste de son irritabilité ; nous avons répété bien des fois cette expérience, et nous yes constarmuent que le cœur perdoït toujours son irritabilité bien plutôt dans le sang infecté que dans le sang pur, dans lequel je plongeois un autre cœur que j'y retenois le même temps pour faire l'expérience de comparaison ; nous ne reconnümes pourtant aucun indice de corruption dans le sang infecté ; nous ne trouvâmes aucune diversité évidente entre un sang et l’autre , laquelle auroit dà se manifester si le sang isfect eût été rempli d’une quantité énorme d’animalcules microscopiques. Finalement, mousne püines trouver aucun de ces animaux duns le sang tiré d’une bête pesti- férée , comme nous dirous ci-après. VI. Les défenseurs les plus systématiques de la pathologie animée, conjecturent que les vers contagifères tuent les vermicules natu- rels, qui produisent vraisemblablement , suivant [eur manière de voir , la vie des animaux plus grands. Sans mépriser cette idée , je raionne de la manière suivante. Sila chose étoit ainsi, les vers spermetiques qui se trouvent dans un animal pestitéré devroient perdre leur vie j or ayant trouvé le contraire par Nunz2 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'expérience, on doit conclure qu’une semblable idée est pour le moins presque chimérique. J'ai cueilli une suffisante portion de semence de taureau , coulante sur les parties naturelles d’une vache ; cette semence étoit pourvue de ses animalcules snerma- tiques , comme le microscope le montroït à l'évidence ; je l'ai divisé en denx parties ; j'en ai dissous nne partie dans l’eau tiède toute pure , l’anitre dans ane dissolution également tiède d’un mucus virulent : les animalcules spermatiques donnèrent encore des signes de vie bien marqués pendant l’espace d’une demi- heure dans le verre contenant la première partie, égrilement que dans l’autre , qui contenoit la seconde. VIT. Une remarque qui peut faire croire d'avance que les animaux pestiférés sont imaginaires , est que les différens au- teurs qui en ont parlé leur onidonné des figures et des volumes, en un mot des caractères bien Cifférens les uns des autres; il faut cependant avouer qu’il est une circonstance particulière dans ce genre d'expériences microscopiques qui a pu faire illusion , et conséquemment tromper des observateurs incapables de vorloir en imposer. Nous vimes , Vassalli et moi, au premier aspect ruicroscopique , quelque vermiculation dans le sang infect ; mais , par le moyen d’un examen approfondi, nous fimes en sorte de ne pas être trompés par cette apparence illusoire , d’au- tant plus que , par la suite, nous dûmes voir que le sang d’une bête entièrement saine offroit à nos yeux armés le phénomène de vermiculation, tout-à-fait semblable à celui qui nous avait été offert par le sang pestifèré. Le sang tiré des veines d’un veau sain , âgé de douze mois , exposé à un très-bon microscope de Dollond, montra, au premier coup-d’œil , un immense amas ce très-petits animalcules dans une très-grande agitation. Nous y apperçümes des molécules diaphanes sans fin, d’une figure irré- gulière , jointes par des fils opaques, qui avoient les apparences de vermicules, maïs les mouvemens devenant languissans : ayant porté la plus exacte attention , il nous devint aisé de comparer tous ses mouvemens à ceux d’une humeur en fermentation , et l'idée d’annnalcules se mouvant s’évanouit entièrement. Il est à observer qu'il étoit en notre pouvoir de reproduire le même phé- ñnomène lorsqwil ne s’offroit plus à nos yeux , en ajoutant une gouttelette d’eau à la petite portion de sang qui ne donnoit plus aucun signe de mouvement. Alors tout-à-coup le fourmillement susdit recommençoit et finissoit de nouveau comme le premier, On reproduisoit le même phénomène toutes les fois qu’on ajoutoit de l’eau à la gouttelette restante ; mais les mouvemens dévenoïient toujours viyaces. Le sang contagieux, par les mêmes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 essais, donnoit les mêmes phénomènes ; aussi ses apparences étoient tout-à-fait semblables à celles du sang non-infect, à l'ex- ception de la plus grande tenacité du premier qui nous obligeoit à ajouter de l’eau pour faire les expériences. Nous passons présentement sous silence plusieurs autres consi- dérations , observations et expériences qui continueroient , amssi bien que celles que nous venons d'exposer, à refuter le systéine de pathologie animée adopté par Varron, Lucrèce, Columelle, Viiruve, Palladins, Kirker |, Lancisi, Réaumur, Christien Lan- gius, Plenutz, Cogrossi, Cestoni, Wallisnieri, et bien d'autres auteurs trè -renomimnés tant anciens que modernes. RAP PORT Sur un Mémoire du citoyen Manr:x, relatif à la culture des arbres à épicerie de la Guyane française ; Par Jussieu et D'ESFONTAINES. Le gouvernement ayant senti combien il étoit important de ropager les arbres à épicerie et autres végétaux utiles dont is Ha avoit enrichi les Isles de France et de Bourbon , or- donna, dès l’année 1772, d’en faire un envoi à la Guyane fran- çaise. On en expédia un second en a783 , et enfin un troisième an commencement (le 1788. Ce dernier , beaucoup plus consi- dérable que les précéclens , fnt confié à la surveillance du citoyen Martin , que l'on avoit envoyé à l'Isle de France pour cet objet; arrivé à Cayenne le 9 juin de la même année, il y déposa le nius- cadier (zzyristica aromatica L.) ; le poivrier ( prper rigrum L. ); l'arbre à pain ( ærtocarpus communis, Foxster ); l'évé ( spondias cytherea , Sonnerat) ; le lit-chi (ezphoria lir-chi) ; le mangous- tan ( garcinia mangoustana L.); le raven-sara ( agothophillum aroniaticum ); le bibacier (mespilus japonica , Thunbers ) ; le noyer de bancoul (eroton mollucanum , L.) , tous arbres pré- cicux et dont la plupart étoient inconnus sur ce continent. Quel- que temps après il s'embarqua pour la Martinique et pour 5 Do- mingue , emportant avec lui plusieurs individus des mêmes espèces qu'il laissa dans ces isles, où ils furent cultivés avec succès jus- qu'aux temps désastreux des guerres civiles qui ont ravagé ces deux colonies si {lorissantes, , \ 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le citoyen Martin, pendant ses voyages , n’avoit point perdu de vue le jardin des plantes, il y apporta, à son retour, plus de 350 arbres ou arbrisseaux exotiques vivans et parfaitement con- servés , présent le plus riche que l'en ait jamais fait en ce genre à ce bel établissement. La société d'agriculture sut reconnoître les services du citoyen Martin , par un prix d'encouragement qu’elle lui décerna dans une de ses séances publiques ; et le gouvernement, qui vouloit activer la culture des arbres à épicerie dans la Guyane française, Jui donna la direction du jardin de botanique de cette colonie. À son arrivée à Cayenne , le 3 septembre 1799 , il s'empressa d'aller visiter les arbres qu’il avoit apporté deux ans auparavant; mais il n’y retrouva plus ni le mangoustan , nile bibacier, ni le raven-sara de Madagascar : les poivriers , entièrement aban- donnés , étoient sur le point de périr , heureusement le citoyen Noyer, chirurgien-major de la colonie, avoit pris soin des mus- cadiers déposés dans son jardin, ils étoient en très-bon état. Il ne suffisoit pas d’être en possession du jardin botanique, il falloit encore des bras pour cultiver le sol ingrat qu’on y avoit destiné. Après des instances réitérées, on accorda trois nègres d’un âge avancé et peu capables de suffire à un travail assidu et ‘péuible. Néanmoins , avec du temps et de la patience ils parvin- rent à défricher une portion de terrain d’une certaine étendue, où l’on fit des semis, et où l’on planta des boutures et des marcottes. Lorsque les pépinières furent bien garnies , que les jeunes plantes eurent pris de la vigueur, le citoyen Martin invitoit les colons qui desiroient de cultiver les arbres à épicerie , à former des demandesparticulières , afin de mettre de l’ordre dans les dis- tributions. 11 ER indiqua la manière de distribuer ces arbres au milieu de leurs autres plantations, sans leur causer aucun dom- mage ;enfin il leur démontra si bien les avantages q u’ils pouvoient retirer de ce genre de culture, que plusieurs l’adoptèrent ets’y livrèrent avec succès. Le piroflier et le canncllier existoient à Cayenne depuis plu- sieurs années : le gouvernement les ÿ avoit introduits à grands frais ; il en connoissoit tout le prix, et sa volonté étoit qu'ils fus- sent cultivés par les habitans. Le citoyen Martin n’avoit été chargé jusqu'alors que de la di- rection du jardin botanique ; la municipalité de Cayenne lui confia aussi celle de Vhabitation nationale, dite /4 Gabrielle, en V'invitant à remédier au dépérissement qu’elle avoit éprouvé. Le 5ol en étoit excellent , mais les plantations avoient été délaissées; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 les arbres étoient chargés de gni et entourés de lianes qni les étouffoient en les privant de l’air. Il fit d’abord exécuter les tra- vaux les plus urgens , puis il demanda le nombre d'hommes sui: fisant pour soigner cetie culture etenréparer tous les désorires. On forma ensuite des pépinières, on y planta 520 jeunes siroflicrs, on prépara des échelles pour la récolte , des carbets (espèces de hangars ) pour sécher le girofle, et des magasins ponr le con- server. Enfin cet établissement , qui touchoït à sa ruine , fut remis en pleine activité. Dès l’année 1791,on récolta environ 405 myriagrammes pesant de girofle ; 1009 myriagrammes en 4792; 1°55 myriagrammes en 1795 ; 650 en 1794; en 1799 , les pluies abondantes et continues, avec les vents du nord qui soufflèrent constaminent pendant le temps où les bourscons commençoient à se développer, fireu manquer entièrement la récolte. Il est probable que celle de cette année aura été la plus abondante de toutes : les girofliers, au moment du départ du citoyen Martin, étoient couverts de fruits ; il en évalue le poids au moins à 1500 myriagrammes. Ce produit est dü à 4200 giroiliers, et dans ce nombre il en est plu- sieurs qui ont pen rapporté , parce qu'üs végètent avec trop de vigueur. l’auteur des mémoires pense que ces 4505 indi- vidus peuvent produire jusqu'à 2500 myriagrammes pesant de girofle dans une bonne année. Le siroilier est un arbre de la famille des myrthes, qui croît à la hauteur de 13 à 16 mètres. Le tronc a de 32 à 4a centimc&- grandeur et la consistance de celle du isposses en bouquets au somincet des ra- meaux, Ont un calice alonsé, surmonté de quatre petites dents, il porte 4 pétales blancs, arrondis et ur grand nombre d’étami- nes ;. il n’y a qu'un style, le calice devient un fruit charnu, oyoïde , à nne ou deux loges renfermant une ou deux graines. C’est le bouton de la fleur que l’on récolte au moment où il com- mence à rougir ; les girotliers produisent dès l’âge de 4 à 5 ans, lorsqu'ils sont adultes ils portent ordinairement 3 à 5 kilosammes de girofle ; un seul de ceux de Cayenne en a produit jusqu’à 15 kilogrammes , cet individu avoit 16 mètres de hauteur. Depuis 1791, le citoyen Martin a encore planté 14,509 nou- veaux girofliers , ils seront bientôt en plein rapport ; alors la plantation produira , année commune , plus de 10,009 myria- grammes pesant de girofle , lesquels , à raison de G fr. la livre, 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le plus bas prix que cette denrée s’est toujours vendue sur les lieux , donneront un revenu annuel de 1,296,000 fr. Son inten- tion étoit de porter les girofliers à 100,000 , ct de multiplier beaucoup les poivriers , les cannelliers, les muscadiers , ainsi que l'arbre à pain , dont les nègres mangent volontiers le fruit cuit dans l’eau, quoiqu'il soit d’une qualité bien inférieure à celui des Îles des Amis. La liberté des noirs a suspendu l’exécution de ce projet. L'établissement dont je viens de parler est disposé de manière que dans la suite tous les bâtimens se trouveront au centre des plantations. La sècherie qui vient d’y être bâtie n’a coûté que la main-d'œuvre des constructeurs : les bois de charpente et autres matériaux ayoient été préparés par les nègres de l'habitation. Sa lorgueur est de 4 mètres sur 8 de largeur ; elle est très-solide, très-bien exposée, et distribuée intérieurement, de manière qu’on peut y faire sécher le girofle avec la plus grande commodité. On étoit obligé, auparavant , de l’exposer au soleil sur des draps, des nattes ou des claïes, et comnie les averses sont très-fréquen- tes dans les premiers temps de la récolte, il falloit employer beau- coup de monde pour le rentrer e: le sortir. La continuité des pluies mettoit quelquefois dans la nécessité de le laisser entassé ; alors il étoit exposé à se détériorer, ou même à perdre tout son prix. Le cannellier appartient au genre des lauriers. Cet arbre , re- marquable par ses belles feuilles ovales , entières , lisses , d’une consistance ferme, marquées de trois nervures saillantes longi- tudinales, ne s'élève qu'à 5 ou 6 mètres. Sa forme approche de celle de l’oranger ; ses fleurs paroïssent en décembre et en mars ; elles répandent une odeur désagréable. C’est particulièrement dans l'écorce que réside le parfum; le bois y participe un peu. Pour tirer le meilleur parti possible du cannelier , il faut le planter en haïe sur trois rangs, de manière qu’il y ait deux pieds de distance en tous sens entre les individus. On les coupe, la première année , à deux décimètres au-dessus de la surface de la terre. Ainsi rapprochés, ils ne poussent que des branches droites verticales , dont l’écorce est très-fine et facile à dépouiller : on peut employer à cette récolte des vieillards, des enfans et même des infirmes. Le poivrier pourra encore devenir un grand objet de spéculation pour la colonie : sa culture exige peu de soins ; il suffit de le planter au pied d’un moubin où d’une immortelle ( ehythirina- corallodendrum ), qu'il aime de préférence : il s'attache comme le lierre , au moyen des racines-qui sortent de ses nœuds ; de em- DTAsse {ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 461 brasse leurs tiges et monte en serpentant autour d'elles. Lorsqu'il est parvenu à trois, mètres. d’élévation , on coupe la tête de l'arbrisseau qui lui sert d'appui , afin de cueillir les fruits avec facilité ; un seul pied de ceux que le citoyen Martin avoit appor- tés de l’Inde , a produit six livres de poivre gros, bien plein, d’une saveur piquante , aromatique , et d’une qualité bien supé- rieure à celui de Mahé. Le muscadier dont les'fleurs exhalent un parfum exquis, approchant de celui de l’oranger , mérite d’être employé À la décoration des jardins et des vergers. Dans sa jeunesse il veut être abrité des rayons du soleil ; on peut le planter à l'ombre des bananiers. Le muscadier paroît avoir du rapport avec les lauriers; c’est un arbre de 8 à 10 mêtres. Son écorce est lisse et grisâtre ; ses branches sont étalées , ses feuilles alternes, ovales, entières, luisantes en dessus .et blanchâtres en dessous, ressemblent un peu à celles du poirier. Les fleurs sont dioïques, c’est-à-dire, que les mâles et les femelles se trouvent sur des pieds séparés , comme dans les palmiers ; elles sont petites, sans corolle et naissent aux aisselles des feuilles. Leur calice est évasé ,à trois divisions. Les étamines sont au nombre de 9 à 12. L’ovaire est surmonté de deux stigmates : il devient une baie pyriforme de la grosseur d’un peut œuf. Le.brou est d’abord vert , puis il se teint d’une couleur jaune foncée : en s’ouvrant il laisse appercevoir une énveloppe intérieure , mince, à réseau , d’un beau rouge et très- parfumée ;° cette, enveloppe est connue sous le nom de macis : elle est appliquée sur une coque cassante qui contient la mus- cade. L'arbre fleurit en octobre ; le fruit est 8 à 9 mois à mürir. L'auteur joint à son mémoire un tableau où l’on voit, d’un coup-d’œil , le nombre d'individus qu’il a distribués depuis 1791 jusqu’à son départ; savoir , 52447 girofliers, 6230 cannelliers , 440 poivriers , 1363 arbres à pain , 125 badamiers , 27 cannes à sucre violettes de Batavia , 5 vakouas, 16 rotangs, 11 manguiers, autant de vanilles, et une multitude de fruits qui ont levé abon- damment. ® Lés citoyens Guillot ; commissaire civil, et d’Alais, gouver- neur de Cayenne , accordèrent , en: 1793, un terrain excellent, très-diversilié, et arrosé d’une source d’eau vive qui ne tarit ja- mais , pour y former un nouveau jardin de botanique, et il eût été facile d’en faire ensuite de grandes plantations aux environs de Cayenne. Le citoyen Guillot étoit entré dans ces vues, il alloit ordonner l’exécution de ce projet, lorsqu'il fut renrplacé. Le citoyen Martin annonce qu'il avoit chargé , sur la gabarre Tome VI. FRIMAIRE za 8, 000 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le Dromadaire, dans le mois de décembre 1792,un grand nombre d'échantillons de différens bois d'environ 9 décimètres de lon- gueur , adressés à l'Orient , où ils devoient servir à des expé- riences relatives à la marine. Un double de ces mêmes bois eût été déposé dans le cabinet du Muséum d'histoire naturelle; malheureusement ils ont été perdus, ainsi que deux autres en- vois considérables composés À graines ; de plantes sèches , et autres productions dé la nature. Lé citoyen Martin peut se consoler de ces pertes par le souvenir des établissemens qu'il à formés à la Guyane, et qui pourront un jour élever cette colonie au plus haut degré de prospérité. Pour ly conduire , il ne fant plus que des bras dirigés par une administration sage , éclairée et fidèle. La Guyane française’est une dés provinces les plus fertiles de la terre ; son sol varié , entrecoupé de rivières et de ruisseaux, ést propré à toutes sortes de culture. L'air qu’on yÿ respire est plus salubre que dans la plupart de nos autres colonies. On pourra étendre les défrichemens aussi loin qu’on voudra sur le coñtinent, dont les vastes et antiques forêts, peuplées d’une multitude d’es: pèce d'arbres, fourniront abondamment et à peu de frais tous les bois nécessaires aux usages ét aux commodités dé la vie. Nous pensons que le citoyen Martin a rempli, avec beaucoup de zèle et d'intelligence , la mission importante dont il avoit été chargé ; et son mémoire , qui renferme des observations in- téressantes sur la culture des arbres à épiceries , nous paroît digue d'être imprimé parmi ceux de sävans étrangers: © SUR L'ALUMINE FLUATÉE: Par le citoyen H 4 u x. L'arvminr fluatée a été trouvée dans le Groenland, par un parti- culier qui en porta quelques morceaux à Copenhague , où ils res- tèrent pendant huit à neuf ans sans que l’ony fît attention. Enfin M. Abildgaara entreprit de les examiner chimiquement , et reconnut qu’ils étoient composés d’alumine et d’acidefluorique. Il a envoyé un de ces morceaux au citoyen Vauquelin, qui en a destiné une partie à lanalyse , et a obtenu des résultats con- formes à ceux de M. Abildgaard : ïl lui à paru ,ainsi qu'à ce ce chimiste, que quand on décomposoit la substance dont il s’a- / r \ ” n ‘ æ : », ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 git, au moyen de l'acide sulfurique , une portion de l’alumine étoit emportée par l'acide {luorique , 4,mesure que celui - ci se dégageoit; car cent parties né lui en ont donné que vingt-huit de cette terre. Ainsi , quoique la nature de: la substance soit ‘bien, constatée , 1l reste encore des recherches à faire ; pour déterminer les quantités relatives de ses prihcipes composans. L’alumine fluatée forme des laines blanchâtres, qui ont quel- que ressemblance , par leur aspect , avec certains morceaux de chaux sulfatée de Lagny. Sa pesanteur spécifique est de 2,949 ; sa dureté est moindre que celle de la chaux fluatée, mais supé- rieure à celle de la chaux sulfatée qu’elle raye assez facilement. Reduite en fragmens minces et mise dans l’eau » elle y devient hydrophane jusqu’à un certain point , ensorte quelle ressemble à une espèce de gelée. Elle entre en fusion à la simple flamme d’une bougie , et lorsqu'on l'exposé au chalumeau , e//e coule Presque comme la glace, suivant l'expression de M. Abildgaard, ce qui lui avoit fait donner d’abord , à Copenhague , le nom de cryolithé , dérivé de zevoc, froid ou glace , et de ailes pierre. Cette même substance se soudivise en prismes droits qui pa- roissent rectangulaires, et dont les bases sont assez nettes. Mais on ne distingue bien sensiblement les divisions latérales > qu'en faisant mouvoir les fragmens à une vive lumière, On apperçoit de plus, dans ce même cas, une multitude de petites lames situées parallèlement à des plans qui » en partant des deux dia- gonales de chaque base , intercepteroient les angles solides du prisme. Ces dernières divisions semblent indiquer , pour forme rimitive, un octaëdre rectangulaire , à triangles isocèles, et en É combinant avec les premières, on trouve que celles-ci sou- divisent l’octaëdre suivant trois plans perpendiculaires entr’eux À dont l’un coïncide avec la base commune des deux pyramides : qui composent l’octaëdre , et les deux autres passent par les arrêtes terminales et en même temps par l’axe. | Oo02 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES ïl t ; PAR BouvaAanrp.,,astronome. E THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. a O0 QU 4 SR see, CR SR RE CS # | ! l'y | \ [| Maxzmum. | Minimum.) a Mini! Maximum] Minimum. |a Min, 1 fin à hs. oirala 7m 6,5 ars2laghäm.. 27. 8,21 à 3h.si.. 27. 7,527. 7,8 2 la 4h,s,. + 8,6|a 7himb 7,5|— 8,2/à Hos 27$,7la 7h me. 27.) go |27. 4,6 dl a ghls. + o,0!à 7haim.+ 6,1/- 8,4fà hs... 27. 8,4[à 7hîm.…, 27. 7,727. 8,1 Hl4 [a midi. + 9,2la 7hlm.—+ 6,o[+ 19,2fà 4hs..... 28. 1,3|[a 7h.-m.. 27.115528. 1,0 Als [a ibis + 8,2 à 7hémp 56/4 8,r)a 7h mie 28. 2,7|à 2h.s 28202428. 2,$ fl 6 |a midi. +0 9,2la 7m 5,44 lp,2datmidi. 2. 28.,3,8|à 7hEm.. 28: 3/28. 3,8 fl7 [à his. + 8,2 a 7himti1,$l sp2haipe me. 28.1/2,2la 3h 28. 0,2/28. 1,2 NS a anis. +r2,r la, 7hgm.t S,2/ a1,29à 75m. 27.,8,7]à 2his,.4 27. 7,5 |27. 8,2 lo là ss. + 0,9 là 7h guet S7IH 9,812 midi. .. 27. Golà 5, s.... 27. 5,527. 6,9 fliola midi. + 11,2/2............./4 11,204 8h m.i. 27. 1,9] à 2h25 27 LM | 27. 157 Dlrr|a midi. 10 r|à 7hm.—+ 8,4 1c,1fa 2h ls. :27. 7,5 à 7hime../27. 4/9 |27. 6,6 Blrz la 20s. + 11,2 /à 7him.+ 6,6|— 10,8a 8h.im... 27.11,4 d2his.: 27. 11;2 27.11, 13{à midi. 11,o{à 7hém.+- 16,7 | 11,0à: him. 27, 9,8] à 2h, 274 8,827. 9,6 Dlrala abs. + 7,8/à 7h m+ 5,7] ,17,8fà& midi... 28. 0,7 à.2h,5,... 28.1e,3 |28. 0,7 15 à Shin 75 lutte nélué + 537ja 7h mm. 27. 9,2] ShEs.. 27. 6,2|27. 6,5 16|à midi. + 7,6|2 9h: s.+4 4,1|#+ 7,6 EOLR SE 27e 7147 M... 27-.,6,0|27-. 6,7 É 17|à midi. + 8,cla sus. 3,8% 6,61à 7m. 27. 7,1] à sh, 5... 27. 8,6|27. 7,1 | 18|à 2h26. + 6,4/2 7him.+ o,9 [ft Gj2fa 3h... 27.1 9,5 à 7PEm.. 27. 88/27. 9,4 19|[à midi. + 7,6/a 7h2m.+# 1,4|+ 7,6ka 2h,s,... 28, 0,7|4 7h. m. 27:10;9|28. 0,6 2o|à 2h, 8,7/a 7homh 6,7 | s4fa 7m. 27210,4| à 7h, m... 27:10,4|27. 9,4 21|à Ze. Linden the URI LEA 7h Ms 279571241717 mm... 27.9,7|217. 9,6 22/à H 98 7hemt 5,2 + 9,8 À 7yeg M: 27-10,8 à QUE 27.10,4|27.10,8 2;|a HR 10,712 nm $,6/"4 10,5far2h2s... 27, 9,5] à 8. m... 27. 955|27. 9,2 24|à Horro|à 7hin.+ 414 2,5 Va his... 27\11)$l ag" lim. 27 11,3|27.11,4 1çs|à Hs ns7 a 7h. 6ç3 {+ a,3ha 7 so. ,28:00,3| à 70m... 28. 0,1|28. 0,3 26|à Ho 19,3 la 7hlimÆ éAnt PES midi... 28, 3lj4 à 70.5 m 28..1,1|28. 1,$ 27|à H. 62/2 7he5m.+ 2,2) 1 6,2/à 7n mes 1282 143 2 LE. Sa 48e [28 019 28|à + 7,412 7him,.— 2,0|<+ 6,2hà 2.25... 28. 1,4|2à 7h.=m,, 28. 1,1|28. 1,4 29 |à + 6,4|2 7ham.+ me Sa 2h25... 28. 3,2[à 70m. 28. 2,6/28. 4,1 3o|à + 4,71à 7m 0,12|+ 4,oià 7 .hm.. 28. 3,41à 2h15, 28. 3,3l28. 3,3 RÉCAPITULATION. CES SE Plus grande HEbaidn dUIMELCUTE see sers LS: 320 ICE Moindre élévation du MICECUEC sie cree eee SONA7 NII Neue Elévation moyenne......,..,.,... de-027.18,46 Plus grand degré de chaleur. ............ 12,0, le 24 Moïndre degré de chaleur. ...... SEE — 10,2, “le,30 Chaleur moyenne................ + 5,9 E O Nombrellde jonrsibeanxe-emeteeniiseenieets 6 AETCONVETtS Pc Eten 24 CON SOS ME G ces 15 OMMENt Arcs 28 RS D re ——— Er D ne RU VAE à RESTOS PPS TE ISERE DRE ROUTE RSR SNA ES EE A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Brumaire , an riii. 12 ÿ IV. CAMIRSE CA MM OFNTS a à Vents. [POINTS 3 Fe midi. | LUNAIRES, DE L'ATMOSPHÈRE I 87,5 S-E. Pluie par intervalles. 2 | 97,0 | S-O. Idem. : 3 | 97,0 | O. Ciel couverter brouillard le matin ; beau le soir. 4 | 90,0 N. Equin. descend, | Ciel couvert. Dis] Soo | N. Ciel couvert ; brouillard le matin. j 6 | 82,0 Calme, Nouv. Lune, Ciel couvert le matin ; nuageux l’après-midi. * 17 | 820 | E, Périgée, Nuages à l’horison ; brouillard sur Paris ; gelée blanche. s 8 | 90,0 E, Cielen partie couvert ; brouiilard ; pluie Le soir, 9 | 92,0 S-E: Quelques éclaircis. 10| 93,0 S. fort. Pluie une grande partie de la journée. 11| 96,0 SO! Couvert par intervalles ; pluie le soir. 12| 93,0 S. Couvert; pluie abondante le soir. E3| 92,0 s-O. Dern. Quart. Couvert par intervalles et pluie. ; 14| 8$,o | S-O. Quelques éclaircis. 15| 90,0 S. fort. Pluie par intervalles, 16| 86,5 | ©. Idem ; petite gréle à 2 heures du soir. 17| 86,7 s-O, Equin. ascend. | ]dem. 18| 87,0 | ©. Ciel trouble et nuageux le matin ; pluie le soir à 4 heures, 19| 77,0 O. : Même temps. 20|. 97,0 | S-O. Apogée. Pluie presque continuelle. 21|107,0 | S-O. Prem, Quart. Ciel en partie couvert ; pluie fine dans la matinée, 22| 90,0 S. Ciel trouble et en partie couvert, 23| 90,$ S-E. Quelques éclaircis, 24| 90,0 S-E. _| Ciel trouble et à demi-couvert. 2$| 921,0 S. Beau par intervalles, 26| 84,5 | N, Beau ; brouillard le matin. 27| 92,5 | N-E. fort Superbe ; brouillard le matin, 28) 71,$ N-E. Jaerr. 29| 71,0 N-E.- Dern. Quart. Quelques petits nuages le matin; 30| 71,0 | Calme. Superbe ; brouïllard sur Paris. RÉCAPITULATION. de gelée.....:.......... pr de tonnerre. ...s...+.. se de brouillard,........... ie > de neige................. à : EY Le vent à foufflé du N. ........ sm: Doc de fois + NE: ...... EE to Eco Ôe O RQ n7æ D #5 PB oc On 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ————— — RE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Manuel économique des plantes , ou Traité de toutes les plantes qui peuvent être utiles aux arts, et dont se servent journelle- ment les charpentiers, les charrons , les layetiers , les menui- siers , les sculpteurs , les tanneurs, les peintres , les teinturiers, les papetiers , les manufacturiers en fil, en toile et en coton, les facteurs d’instrumens , les luthiers , les ébénistes , les carrossiers, et généralement tous les artistes en bois et autres, de même que les cultivateurs. On y à joint des observations sur les plantes propres à remplacer le chanvre , sur celles propres à faire du papier et remplacer le chiffon ; sur celles qu’on peut substituer au tan , et deux dissertations de Linnée sur la Flore économique , et l’autre sur l’utilité des mousses. Ouvrage premier en son genre d’une utilité universeliemeut reconnue , et qui fait suite au Manuel vétérinaire et historial des plantes, par J.-P. Buc’hoz, auteur de différens ouvrages de médecine humaine et vétérinaire , d'histoire naturelle et d’é- conomie champêtre. A Paris , chez l’auteur , rue du passage des ci-devant Jacobins , n°. 449 , dans la rue St. Jacques. Fuchs , libraire, rue des Mathurins, n°. 334 ; Perrier , li- braire , rue de la Harpe ; les principaux libraires des dépar- temens et de l'étranger. Le titre de cet ouvrage en annonce l'utilité. Précis d'expériences et observations sur les différentes espèces de lait, considérées dans leurs rapports avec la chimie, la médecine et l’économie rurale, par A. Parmentier et N. Deyeux, membres de l'institut national de France. A Strasbourg, chez F,-C. Levraut, imprimeur-libraire , rue des Juifs, et à Paris , chez Théophile Barrois , rue Hautefeuille , n°. 21. 1 VO. in-6. Cet ouvrage contient les expériences les plus intéressantes sur le lait. Nous les ferons connoître en détail. Histoire naturelle et raisonnée de l’ame , par M. Rey Regis Cazillac, docteur en médecine de la faculté de Montpellier , et correspondant du musée de Bordeaux. À Londres , 2 vol. in-12, Cet ouvrage interessera plusieurs lecteurs, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 467 Mémoire pour servir à l’histoire naturelle des araignées d’eau, par le père de Lignac, in-12. de 64 pages. Prix 75 centimes -pour Paris , et gs centimes , franc de port , pour les départe- mens. À Paris, chez Barbou , imprimeur-libraire , rue des Mathurins. Depuis long-temps on ne trouvoit plus d'exemplaires de ce mémoire , il est fort curieux et fort bien écrit. Pour répondre aux vœux de tous les naturalistes , le citoyen Barbou vient de le réimprimer , et, quoiqu'il se vende séparément , cet imprimeur a cruqu’il ne dépareroit pas l’excellent ouvrage du citoyen Cotte. Leçons. d'histoire. naturelle sur les mœurs. et l’industrie des animaux ; en deux vol. in-12. , dont le prix, avec cette addi- tiou , est de 4 fr. 75 centimes pour Paris, et 6 fr., franc de port pour les départemens. Dissertation sur les fièvres pernicieuses , ou ataxiques inter- mittentes , présentée et soutenue à l’école de médecine de Paris, le 28 brumaire an VIIT de la république française , par J.-L. Albert , médecin et membre de plusieurs sociétés savantes. Medicus curatione febrium , 4 aiunt methodicé institutæ, se gerit ue inspector morbt, et minister naturæ ; Curalione vero perhinam se gerit ut arbiter morbi et instaurator naturæ. Torti. À Paris, chez Richard, Caille et Ravier, libraires, rue Haute- feuille, n°. 11,1 vol. in-8. On trouvera , dans cette dissertation , l’homme instruit etle médecin sage et prudent. Séance de l'Ecole de médecine de Paris , du 21 vendémiaire an VIII. L'Ecole de Médecine de Paris, déjà si distinguée, compte au- jourd’hui plus de quinze cents élèves : elle acquiert chaque jour une célébrité que lui méritent les talens des professeurs et le zèle des étudians. Les prix qui ont été distribués dans cette séance, prouvent les progrès des étudians , et le discours pro- noncé par Thouret , l’un des professeurs , fait voir que cette Ecole suit les vrais principes de l’art de guérir. Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique , par le Vaillant, hui- tième livraison!, qui termine le premier volume in-fol. et in-4. Prix des 8 livraisons formant le premier volume. L'édition in-fol. en papier vélin , nom de Jesus, avec les doubles figures noires et coloriées 6o fr. par livraison 240 fr. 468 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Celle in-4. , sur papier vélin, nom de Jesus , avec les figures coloriées , 15 fr. par livraison. . . 120 francs. Celle in-4. , beau papier, figures noires, à 6 fr. la livraison, 48 francs. Edition in-12, 2 vol. avec 45 figures, 7 fr. 5o cent. , et 9 fr. par la poste. À Paris, chez Fuchs, libraire , rue des Mathurins. Ce bel ouvrage se continue avec succès. ‘Annales de historia naturali, c’est-à-dire, Annales d'histoire naturelle , à Madrid , par Proust , Cavanilles, Crojen et Gaacia Fernandez. Proust est chargé de la partie chimique, Cavanilles de la botanique ; Crojen et Fernandez, de la minéralogie. À Les talens distingués des auteurs de ces Annales sont con« nus. PAPDP EE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Msworne sur La matière du son, par Lamarck. Page 397 Théorie de l'élasticité, appuyée sur des faits ; confirmée par le calcul , par À. Lissxs. 413 Observations sur les colonnes percées de pholades du temple de Sérapis , à Pozzuolo près de Naples, etc. , par Drrvc. 425 Lettre d'Arsxanpre Humsozpr à J.-C. DerAMÉTHERIE. 433 Sur l’organisation de l'animal nommé Méduse , par Cuvrer. 436 Mémoire sur la faculté que les liquides ont de conduire Le calorique , par SOQuET. 442 M expérimentales sur l'existence supposée d'êtres viVans miCTOSCOpiques contagifières , par les cit. Vassartr et BunrvA. 453 Rapport sur un Mémoire du cit. ManTis, relatif à la culture des arbres à épicerie de la Guyane française , par Jussteu et DEsroNTAINES. 457 Sur l’alumine fluatée , par le cit. Hauy. 462 Observations météorologiques, faites à l’ Observatoire national, par Bouvarp , brumaire an VIII. 464,465 Nouvelles litiéraires. 466 TABLE TABLE GÉNÉRALE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. PIS SNMOMIMR ER ENMARTSURES EL NE; Srxremr Mémoire sur la matière verte qu’on trouve dans les vases remplis d’eau lorsqu'ils sont exposés à la lumière , par Jean SExesier. Page 3 Septième Mémoire , idem. 135 3 Huitième Mémoire , idem. 213 2 Tableau du règne végétal, selon la méthode de Jussrev, par E.-P. VENTENAT. Remarque sur la partie gui concerne les volcans dans le Me- moire de Kirvan sur état primitif du globe, et la catastrophe qui a succédé, par G. A. Deruc. 29 Mémoire sur une nouvelle espèce de corne d’Ammon fossile , par Denis Moxrrorr. 141 Histoire naturelle de la montasne de Maestricht , par S El B. Fauzas. 197 Note de Sace , sur l’arcent antimonial du citoyen Haux. 158 ; & ÿ Considérations sur le granit , par Léopold Buox. 206 £ » P F Sur les alcarazzas d’Espagne , par Farsront. 228 Note sur le tremblement de terre arrivé au Pérou en 1797, communiquée par CAVANILIES. 230 Mémoire sur la formation du leucite , par Léopold Bucu. 261 Observations sur une espèce de bois pétrifié , trouvée à Bellen , proche Soissons , par J.-L.-M. Poiret, 302 Sur le fluate d'alumine. 30 Mémoire sur une vis pétrifiée du mont Salève, par G.-4. Deruc. 517 Tome VI. FRIMAIRE az 8. Ppp 479 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Topographie physique de la Campanie , par Scipion Bnrrs- EACK. 229 Neuvième Mémoire sur les conferves , par Sexrrren. 357 Description d’une pierre appelée Sibérite, par L'Hermixa. 374 Description d’un souci inédit, par Wizremer. 391 Sur la matière du son, par L\warok. 307 Oëservations sur les colonnes percées de pholaëe di temple de P P / Serapis , à Pouzzole , suivies d’une no velle remarque con- cernant les volcans, par G.-A. Derue. 425 Note sur le fluate d'alumine, par Haux. 467 Sur l'organisation de la Méduse , par Cuvrer. 436 PHYSIQUE. Modèle d'un four à chaux perpétuel, par Benjamin comte de Rumronp. 65 Lettre de A.Vassarrr-Eanor, sur les phénomènes de la tornille. 69 Mémoire sur la fabrication des crayons de pâte de sanguine , employés pour le dessin, par A.-F. Loner. 72 Observations météorologiques , faités à l'Observatoire ; par BouyarD. - 02. 83 Idem. 115. 119 Idem. 234 209 Idem. 390. 3o1 Idem. 380. 381 Idem. 464. 465 Considérations sur le baromètre, par Léopold Buer. 85 Recherches sur l'influence du saz oxigène sur la germination des grains , par Saussure, fils. 6 92 Rapport fait à l’Institut national des sciences et arts sur la mesure de la méridienne de France, et les résultats qui em ont été déduits pour déterminer Les bases du nouveau sys- tÊême métrique. 08 Suite 167 Mémoire sur les questions élémentaires et fondamentales d'une théorie «de la terre, par Bsrrrans. 120 Mémoire sur la matière de la chaleur , par Divi. 177 Fe VIT ETS j ET D'HISTOIRE NATURELLE. 473 Note sur Le perkinisme. 232 Mémoire sur l’élasticité , par Etienne Barruet. 251 De la diverse réflexibilité des rayons élémentaires dont la 1 mière blanche est composée, par P. Preyosr. 73 Expériences du docteur Buxiva sur les injections dans les ani- maux vivans et les animaux morts. 294 Szr l’art de sonder les glaces, par Fasor nss Cnanmes , com- muniqué par Lourcus. 30 Mémoire sur la manière dont se fait là nutrition dans Les in- sectes, par Cuv:Er. 551 Recherches PA) ysiques contenant des expériences relatives à la propagation “du son, e 7 L. Penozrres. 382 Expériences relatives à la circulation de la sève, par Cou- LOMB. : 392 Théorie de lé} lasticité appuyée sur des faits , confirmée par le calcul , par À. Lasas. 415 Leitre de Humboldr. 433 Sur la faculté que les liquides ont de conduire le calorique , par SOQuET. 441 Sur les animalcules des maladies contagieuses , par Nassarr et Buxrva. 453 C'HNTAMAIYE. Expériences sur les sèves des végétaux , par Vavquerix. 38 Faits détachés sur l'acide nitrique , par Prousr, 59 Du nitraie de potnsse , par le même. Go Résidu d’éther sulfurique , par le même. 6: Sur l’ammoniac , par le méme. 63 Notice sur labsorption de difjérens gaz par le charbon. Lettre de Decaxporre sur l’absorption de différens gaz par le Du [en] charbon. 116. Sur le fer natif du Pérou, par Prousr. 148 Sur La pyrite du Pérou, connue sous le nom de miroir des Tacas, par le même. À A Sur Les oxidations d'arsenic , par le même. 151 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. Sur le mercure contenu dans Le sel marin, par le même. 133 Sur la composition des huiles , par le même. 109 Leitre de Picrer sur la terre siliceuse existante dans les joncs, par le même. 156 Expériences et Observations sur la terre siliceuse contenues dans les joncs, par Humraney Davis, 200 Sur la phosphure de charbon, par Prousr. 219 Sur le muriate d'argent, par le même. 221 Quelques réflexions sur des prussiates,par J. M. Haussmax. 222 Recherches sur le bleu de Prusse, par Prousr. 241 De l'action du froid sur Pacide acéteux , par Penis. 171 Sur l’action chimique des différens métaux, par Farsnonr. 348 Nouvelles Littéraires. 167 77 Suite. 56 2 L6 Suite. 3h 106 Suite, 368 3 à 4 Suite. 854- Suite. \ RÉEL TIER TE MT SEL D PURES ENT DE NRMO IEEE. TOP LEE ET CLP CREER OL PRE ENCEINTE AN UE SRE VENUE) A'PARIS "DE L'T MP RAMEE AR ME SD E PB NE EUENE PA Rue Jacques, N°. 22. Zremare an 8 . à Joplae Jelher Se. RTE IN à À ds 1e FU ne Us ll l (! Ua nl {} 4 un Ù ; fi { i 4 TE "31 te LA LÉ dr en RS TS TES HRRERS ELLE