RE & … ee. < RS, F2 PSS TS LITRES ds PIE PSE PRIT S RTE À \ u RCE ‘4 op (APM u L 0! H at Dont RUN h'0PR K UNE Le b ae LI À ni ” 1 } j L de: 1 Î : L 1 Eey pe : AE ( ! ' r] ù = # » A? QU f au Ed | DT | Li Li JA Ÿ C" 41 Fe UN : Û - 21 ' r [ETES f & L { , d (WA nl k NE 7 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. D'HISTOIRE NATURELLE ET'D'E SALAR TES, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. EEE —— NPEVAONSTE PEAMNEETO OIMIEVEILT A PARIS, Chez J.-J. FUCH S, Libraire, rue des Mathurins, n°. 334 AN IX DE LA RÉPUBLIQUE ( 1001 v.s5/.) L EE ——— aa 5 = JOURNAL DE PHYSIQUE, D'ECCPIMRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. NME PEONS EME ,9: DISCOURS PRÉLIMINAIRE: Parle CG: DELzLAMÉTHERTrE. MAUT HE M AT T OU'E'S: Fa A sr vient de publier nn grand ouvrage intitulé Calewi des dérivations. 11 donne le nom de dérivées à des quantités qui se déduisent les unes des autres par un procédé uniforme , et qui ressemble beaucoup à celui qui sert à trouver les différentielles de tous les ordres. Il applique ce procédé aux différens polynomes , et il apprend la manière d’en trouver les dérivées dans leur plus grand état de simplicité, et à les former Presque sans autre peine que celle de les écrire. Chaque nom du développement peut s’ob- tenir directement, et sans qu'on soit obligé de passer par les intermédiaires. Le nouveau calcul s'applique encore aux séries récurrentes , simples et doubles, et au retour général des séries: souvent aussi il sert à donner plus de généralité à des termes connus, plus de rigueur et de brièveté aux démonstrations ; enfin il est de la plus grande utilité dans les calculs différentiel et intégral, qui même ne sont qu'un cas particulier du calcul des dériva- tions. 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On se sert encore du calcul des dérivations pour trouver par une voie facile des formules générales relatives à la transfor- nation, la sommation et l’interpolation des suites. ASTRONOMIE. On n’a point de découvertes nouvelles en astronomie cette année, inais on en a perfectionné différentes parties ; c’est ce qu'a exposé Lalande à la séance publique du collège de France. Vidal, à qui nous devons un si grand nombre d'observations sur Mercure en a fait cette année de nouvelles qui perfection- nent de plus en plus la théorie de cette planète, ensorte que les tables de ses mouvemens sont à-peu-près exactes. Le passage de Mercure sur le solcil a donné occasion à La- lande de vérifier le lieu de laphélie de cette planète, et il l’a trouvé conforme à ce qu’il en avoit publié dans la Connois- sance ces temps. Mars étoit la planète dont les tables étoient les moins exactes, elles étoient sujettes à des errenrs d’une ou deux minutes : Burckardt en a calculé les perturbations ; le Français Lalande en a calculé un grand nombre d'observations, et il a présenté à l’Institut des tables des mouvemens de cette planète qui ne se- ront pas sujettes à une demi-minute d'erreur. Pendant ce même temps Triesmeker faisoit à Vienne un sem- blable travail , et il a eu les mêmes résultats. Les mouvemens de la lune sont ceux qui présentent le plus de difficultés aux recherches des astronomes : Laplace s’en est encore occupé. Le 13 juin ila lu un mémoire pour prouver que l'orbite lunaire avoit une nutation résultante de l’applatissement de la terre. D’après cette inégalité on doit supposer que l'orbite lunaire au lieu de se mouvoir sur l’écliptique avec une inclinai- son constante, se meut sur un plan passant par les équinoxes entre l’équateur et l’écliptique, et incliné à l’écliptique de 6//. Il a aussi trouvé que l’imégalité de la lune qui dépend de la longitude du nœud est de 6//. Burg et Bouvard ont calculé un grand nombre d'observations de la lune , soit celles de l'arabe Ibin-Junis, soit celles de Mas- keline et d’autres observateurs ; le résultat de leur travail a donné des tables de la lune de la plus grande exactitude. Burckardt en a dressé des tables qu'il a remises au capitaine Baudin pour son voyage à la Nouvelle-Hollande. On peut donc dire qu'aujourd'hui les mouvemens des planètes PAOD NES PM OMR EN INA NTAU ROENDL PME. 7 sont à-peu près connus ; les tables qu’en ont dressé les astrono- mes ne laissent plus que de très-leoères incertitudes. L’obliquité de l’écliptique etla quantité de sa diminution sont des points les plus essentiels de l'astronomie. Lalande a, d’après un grand nombre d'observations faites pas différens astronomes , déterminé l’obliquité moyenne pour le 11 nivôse an 8 à 2302-/ EC ILLE Herschel a fait un grand travail pour déterminer les moyens de pénétrer dans l’espace avec les lunettes et les télescopes. Son mémoire est plein de vues neuves et intéressantes. 1] dit que d’après la doctrine de Parallaxes et les observations qu’elle a permis de calculer , l'étoile la plus voisine de la terre est au moins quatre cent douze millions cinq cent trente mille fois plus loin de nous que le soleil ; c’est-à-dire , en supposant la distance du soleil 35,000,000 de lieues, l'étoile la plus proche de la terre en sera à 412,530,000 , X 35,050,000 de lieues , — 14,438,550, 000,0c0,000 lieues. La splendeur du soleil est plus de 170 mille millions de fois plus considérable que celle de Sirius. Les étoiles de la seconde grandeur sont une fois plus éloignées de nous que celles de la première ; et celles de la troisième grandeur sont à-peu-près trois fois plus éloignées de nous que celles de la première ; et ainsi dans la même progression. .Son telescope de 40 pieds pourroit faire appercevoir des étoi- les de la treize cent quarante deuxième grandeur, c’est-à-dire autant de fois plus éloignées de nous que Sirius, tandis que l'œil seul ne nous fait voir que les étoiles de la septième gran- deur. Le Français Lalande continue son grand travail sur les étoiles de notre hémisphère boréal ; il en a déja observé environ cin- quante mille depuis le pôle jusque deux ou trois degrés au-delà du tropique du cancer. Il se propose maintenant , conjointement avec Burckardt, d'observer toutes celles qui sont dans le zodiaque : ce sera le moyen de reconnoître s’il n’y auroit pas quelques nguvelles planètes comme celle de Herschel, qui auroient échappé aux observateurs. ? L'observation des étoiles et celle des comètes doivent main- tenant cccuper principalement les astronomes. On n’a encore que, ç1 comètes dont l'orbite soit calculée. Leurs mouvemens particuliers sont encore peu conuus, et leur nombre ne le sera jamais. 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Notre soleil a aussi son mouvement vers la constellation d'Her- cule; mais on en ignore la quantité. Ce sont ces recherches délicates qui sont réservées aux astro- nomes du dix-neuvième siècle. Le dix-septième siècle, dit Lalande , a vu poser les bases du système du monde, par les lois de Kepler , et celles de l’attrac- üon déterminées par Newton. Le dix-huitième a reconnu le mouvement des planètes , et en a découvert une nouvelle, ainsi que plusieurs satellites. Il a ramené à des lois fixes le mouvement des comètes, et a déter- miné ceux de 91 de ces corps qu’on croyoit autrefois errantes. Il a beaucoup étendu nos connoissances sur les étoiles. DEF LHASPPRE" Y S MONURE Herschel à fait des expériences très-ingénieuses pour prouver que la matière de la chaleur est différente de celle de la lumière. Il a fait passer un rayon solaire dans une chambre obscure, et l’a décomposé à la manière ordinaire, par le moyen du prisme. 11 a placé des thermomètres très-sensibles sous le spectre des différens rayons décomposés par le prisme : il a vu que la cha- leur produite par chacun de ces rayons étoit en raison inverse de leur refrangibilité ; ensorte que le rayon violet le plus refran- gible de tous , donnoit le moins de chaleur, et le rayon rouge qui est le moins refrangible donnoit la plus grande chaleur. Enfin un autre thermomètre placé immédiatement au-dessous du rayon rouge, montoit plus haut que celui qui étoit exposé sous le rayon rouge lui-même : par conséquent le maximum de chaleur que produit ce rayon solaire décomposé est hors du spectre solaire. D'où il conclut que la lumière diffère de la chaleur. Le photomètre. Leslie a construit cet instrument pour mesu- rer non-seulement les rayons qui viennent directement du so- leil, mais encore la lumière réfléchie pour laquelle il est prin- c'palemeñht destiné. Il marque les progrès et le déclin du jour, ainsi que les augmentations et diminutions périodiques de clarté dans le cours de l’année. Il peut servir à d’autres lumières, telle que celle d’une chandelle. Cet instrument est composé de deux boules creuses de verre, qui se communiquent par un tube; le tout fermé hermétique- ment : on le remplit à moitié d’une liqueur , et le reste de l’es- pace est occupé par l’air atmosphérique; en le plaçant de ni- veau, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4 veau, la liqueur occupe le tube et la moitié de chacune des deux boules. Une de ces boules est noire et l'autre incolore ; on les expose à la lumière, la noire en absorbe une plus grande quantité de rayons que la blanche ; son air intérieur est plus dilaté et chasse la liqueur dans l’autre boule. Cet effet est d’au- tant plus grand que la lumière est plus considérable. P. A. Lair a rapporté un grand nombre d'observations sur des combustions spontanées du corps entier des personnes qui avoient fait un abus de liqueurs spiritueuses. Ces faits sont si étonnans, que quoiqu'il y en ait plusieurs qui paroissent revêtus d’une grande authenticité , il est à desirer qu’ils soient revus par des observateurs accoutumés À observer les faits de la nature, et à en éloigner tout le merveilleux. Vassali-Eandi a prouvé que dans le corps humain il y a des parties qui sont électrisées positivement et d’autres négativentent. Buniva placa un électromètre sur le dos de bêtes malades, principalement des chats; il observa que l'instrument ne don- noit aucun signe d'électricité. Vassali est persuadé que l’élec- tricité doit varier chez les animaux en santé et chez ceux qui sont malades. Il propose de construire un électromètre très-sensible qu'il appelle visalitométre , lequel indiqueroit l’état de santé ou de maladie. On lui a objecté que les animaux morts étoient néanmoins sensibles au galvanisme ; mais il a fait voir que des animaux tués par le phosphore pris intérieurement ou dans le vide de la machine pneumatique, n’étoient plus sensibles au galvanisme ; d’où il conclut que lorsque l’organisation animale est dérangée jusqu’à un certain point, l'animal perd sa portion d'électricité naturelle ; on pourroit donc connoître ce dérangement par un instrument très-sensible : c'est cet instrument qu’il appelle vita- Llitomètre. Rumford a fait des recherches très-délicates sur le poids at- tribué à la matière de la chaleur. Toutes ses expériences lui ont prouvé qu’elle n’a pas de pesanteur sensible : « il paroît donc clairement prouvé par mes expériences, dit-il, qu'une dns de chaleur égale à celle qui ameneroit 4 214 grains ‘or (environ 9 onces) de la température de la glace à celle dans laquelle il deviendroit rouge blanc , n’a aucun eflet sensible sur une balance capable d’accuser un millionième du poids dont elle est chargée, et que si le poids de l'or n’est pas augmenté d’un millionième en passant de la température de la glace à la Tome LII. NIVOSE an 0. B 10 JOURNAL DE, PHYSIQUE, DE CHIMIE plus vive incandescence , nous pouvons conclure avec sûreté que tous Les efforts tendant à découvrir une influence de la chaleur sur le poids des corps seront inutiles. » Toutes ces expériences sur la matière de la chaleur méritent bien d’être suivies, soit par les physiciens, soit par les chi- inistes. Volta en faisant des recherches sur les causes des phénomènes singuliers que présentent les torpilles, a été conduit à des dé- couvertes intéressantes sur l’action des différens métauxles uns sur les autres. Voici un précis de ses principales expériences. Première expérience. W prend de petits bocaux qu'il remplit d’eau chaude pure, ou chargée de sel marin, et les place à une distance de deux ou trois pouces les uns des autres ; il a ensuite des lames d’argent et de zinc qu'il plie de manière qu'une de ces lames puisse tremper dans deux des bocaux. Ces bocaux sont placés sur deux lignes ; une des lames d’argent, par exem- ple, plonge dans le bocal A et le bocal B; une autre lame de zinc plonge dans le bocal B et le bocal C ; une troisième lame d'argent plonge dans le bocal C et le bocal D ; une quatrième de zinc plonge dans le bocal D et dans le bocal E, et ainsi al- ternativement : on établit entre ces bocaux des communications métalliques disposées de manière que si elles touchent d’une part le zinc d’un bocal, elles atteignent l’argent dans l’autre ; que du zinc de celle-ci elles aïllent à l’argent dans la suivante, et ainsi alternativement. Lorsqu'on se place dans le circuit entre le premier et le der- nier de ces vases, ‘on éprouve la même commotion qu'avec la bouteille de Leyde. Deuxième expérience. Il répète la même expérience d’une autre manière. {l a des disques de différens métaux, comme des écus de six livres ; il en prend par exemple d’argent et de zinc ,.et les met les uns sur les autres en alternant un d'argent un de zinc, puis un carton mouillé : ensuite un d’argent, un de zinc, un carton... Il en place ainsi un grand nombre qui sont soutenus entre des tubes de verre fixés à un support. Il se mouille les mains avec de l’eau, touche au bas de la pile la pièce d'argent, et au haut celle de zinc : il a la com- motion de la bouteille de Leyde. a. Il a reconnu que l’eau chargée de sel marin ou de sel am- moniac étoit préférable à l’eau pure. b. Que les métaux qu'il employoit s’oxidoient facilement. Er D) HI SUVONIR IE HN ASDIU REHLALTES | 31 c. Que l'électricité est positive du côté de l'argent et négative du côté du zinc. fi Troisième expérience. I s’est ensuite servi de conducteurs métalliques. Il touche la pièce d'argent d’en bas avec un fil de fer , et la pièce de zinc d'en haut avec l’autre extrémité de ce même fil de fer : il ya une étincelle vive, et cette extrémité du fil de fer se trouve oxidée. Quatrième expérience. I prend un tube de verre qu’il rem- plit d’eau et en bouche les deux extrémités avec des bouchons de liège; il fait passer à travers les bouchons des fils métalli - ques, l’un de fer, l’autre de cuivre, et en rapproche les extré- mités à environ une ligne de distance ; l’autre extrémité d’un de ces fils touche la pièce d'argent, et celle du second touche la pièce de zinc. Un instant après on voit se dégager du fil de fer plusieurs bulles d’air inflammable : l'appareil peut durer ainsi plusieurs heures, et le dégagement d'air a lieu pendant tout le temps. | Cinquième expérience. Mais si on emploie un fil de platine, lequel ne s’oxide point, on a un dégagement d'hydrogène et d'oxygène. Toutes ces expériences ont été répétées et vérifiées par Nicho!- son, Cuiskran , Pictet, Hallé, Tilhaye, Butet. Voici la conséquence qu’en tire Nicholson : « Il ne reste donc plus de doute, dit-il, que le galvanisme ne doive être mis au nombre des phénomènes électriques. » Haüy a prouvé que le nikel bien purifié par Vauquelin, agissoit sur l'aiguille aimantée et pouvoit s’aimanter lui même, Ce fait démontreroit que le magnétisme n’est point une pro- priété particulière au fer. AIR, A TIM OS PH.É R 1 QUE: Berthollet à publié des observations eudiométriques, dans lesquelles il examine les différentes méthodes que la chimie pos- sède pour constater la quantité d'oxygène que contient l'air at- mosphérique (Annales de chimie, n°. 100, page.73); on em, possède quatre principales. 1°, Celle par le gaz nitreux. Le gaz nitreux, dit-il, ne donne des résultats constans, qu’en observant avec soin les mêmes manipulations , ainsi qu'Ingenhoutz l’a fait voir depuis longtemps, et lorsqu'on en veut conclure la proportion du gaz oxygène, on B 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’a point de base fixe pour établir la part de diminution qui doit être attribuée au gaz oxygène, et celle qui est due à la partie du gaz nitreux qui se concentre avec lui. Hamboldt avoit proposé un moyen de s'assurer de la pureté du gaz nitreux. Ce gaz, dit-il, est toujours le même lorsqu'il ést pur; mais il estle plus souvent mélangé avec une portion de gaz azote ; il faut donc l’en dépouillgr ; c’est ce qu’il avoit cru faire en l’exposant sur du sulfate de fer ; et pour lors il rap- peloit tous les gaz nitreux au même état de pureté. On lui a objecté que le sulfate de fer absorboit non-seulement l’azote libre mélangé avec le gaz nitreux, mais qu’il décom- posoit une portion de ce gaz nitreux. 29, La seconde De est par le gaz fuerogene. L'épreuve par le gaz hydrogène, dit Berthollet, a beaucoup plus de précision que celle par le gaz nitreux ; mais elle exige un appareil compli- qué, etle gaz hydrogène peut différer par la quantité de char- bon qu'il tient en dissolution , ce qui peut faire varier sensible- ment le résultat. 30. La troisième est par les sulfures alkalins. « Le sulfure d’alkali liquide, dit-il, présente le double avantage de donner en même temps l’état comparatif des différens airs qu’on éprouve et la proportion du gaz oxygène employé : car toute la diminu- tion doit être attribuée au gaz oxygène, pendant qu’elle doit se partager entre le gaz oxygène et le gaz nitreux, ou le gaz hy- drogène dans les méthodes précédentes. » On ne peut craindre que l’azote soit absorbé par le sulfure ; car si cette absorption avoit lieu elle continueroit. Or, le volume du gaz azote exposé sur le sulfure reste constant dès que l’oxy- gène est absorbé. On peut donc déterminer par le sulfure liquide la proportion d'oxygène qui se trouve dans un air qu’on veut éprouver, avec toute la précision qu’on peut raisonnablement espérer en chimie. 4°. La quatrième méthode est la combustion du phosphore: « J'ai proposé, dit-il, qu’on se servît de la combustion lente du phosphore. Pour cela on place un cylindre de phosphore sur une tige de verre, dans un vase étroit où l’air qu’on ‘éprouve ést contenu sur l’eau. Si la température est fort élevée on abaisse le vase sous l’eau pour que le phosphore ne se liquéfie pas. Dans mes expériences le thermomètre centigrade étoit aux environs de 36°. Aussitôt que le phosphore est introduit dans l’air, on voit se former un nuage qui descend et vient se mêler à l’eau. Lorsque l'opération est finie on n’apperçoit plus ce nuage : et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 13 dès qu'il a disparu il ne se fait plus d’absorption sensible, même pendant l’espace de plusieurs jours, de sorte qu’on a, par ce moyen, un indice certain de la fin de l'opération. Si clle se fait dans un tube étroit, elle n’exige pas plus de deux heurés À la température dont j'ai parlé. On a mesuré dans un tube gradué l’eau qu’on soumet à l’é- preuve; quand l’opération est finie, on mesure dans le même tube le gaz résidu avec les précautions connues, et les correc- tions que peuvent exiger les changemens de température ou de pression de l’atmosphère , survenus pendant l'opération: La diminution qu’on obtient par le phosphore , se trouve tou- jours moins considérable que celle qu’on obtient par le sulfure, mais dans un rapport constant, parce que le phosphore se dis- sout dans le gaz azote, et il perd en se dissolvant l’état gazeux , ainsi que toutes les substances qui se dissolvent dans un gaz. Le volume du gaz azote se trouve donc augmenté : plusieurs expé- riences lui ont prouvé que cette augmentation étoit à bien peu de chose près d’un quarantième. Berthollet, d’après plusieurs expériences faites au Caïre, avec le phosphore, conclut que l’air atmosphérique n’y contient qu’en- viron vingt-deux centièmes d'oxygène. Ces expériences répétées à Paris lui donnent environ un deux centième de plus ; / en résulte, dit-il, que La proportion du gaz oxygène doit être fixée un peu au-dessus de 22 sur 100. Ces résultats sont bien différens de ceux qu’on adoptoit dans ces derniers temps ; on croyoit que l'air atmosphérique contenoit environ o.27 d'oxygène. Girtanner a fait un grand travail pour examiner si le gaz azote estun corps simple ou composé. Wiegleb, Goettling , Crell sou- üennent que l’eau en vapeur passant par des tubes rougis au feu, est changée en gaz azote ; d'autres chimistes prétendent le con. traire. Girtanner ayant répété ces expériences en conclut : 19: Qu’en faisant bouillir l’eau dans des vases de verre, et en faisant passer les vapeurs dans des tubes de verre , elles ne sont point changées en gaz azote. 2°. Qwen faisant bouillir l’eau dans des vases de terre non vernissés, et en faisant passer les vapeurs dans de pareiïls tubes, on obtient du gaz azote. 3°. Les vapeurs de l’eau bouillie dans des vases de verre con- tenant des terres telles que l’alumine , la silice , la chaux... on obtient de l’azote. Cette decomposition de l'eau en azote provient, suivant Gir- tanner , de la propriété qu'ont les terres d’absorber l'oxygène , 14 JOUR N Ale DE PH YSEQ UE DEN CHIMIE comme l’a dit Humboldt. Dans les expériences précédentes , la chaleur facilite.encore cette absorption. L'eau cède de! son oxy- gène aux térres,. et forme des oxides terreux; le reste.de.l'oxy- gène ani à l'hydrogène, se combine avec le calorique et forme du gaz azote. Par conséquent l'azote est une eau privée d’une partie de son oz:ygène, c’est-à-dire que l'azote est une portion de l'hydrogène de l’eau combinée avec une petite portion d'oxygène. Il appuie cette opinion par plusieurs autres faits. Schéele rap- porte qu'ayant inspiré plusieurs fois de l'hydrogène , ce gaz fut à la fin changé en azote;;c'est,; suivant Girtanner, par sa com- binaïison avec la portion d'oxygène qui se trouvoit encore dans le poumon: | Berthollet a combattu cette opinion de Girtanner , et il sou- tient que dans toutes ces expériences il n’y a point eu de gaz azote produit : ou il y existoit auparavant ; ou il s’y est introduit pendant l’opération. Ces expériences , dit-il, ne prouvent nul- lement que l'azote soit un composé d'hydrogène et d'oxkgène. MÉTÉOROLOGIE. Bouvard continue ses observations météorologiques que nous insérons chaque mois dans ce journal. On a éprouvé cette année des coups de vent terribles qui ont fait de grands ravages. Il y en a eu un le 19 brumaire qui a fait les plus grands ravages sur toutes les côtes septentrionales de la France, en Hollande, en Angleterre. Il y en a eu d’autres non moins violens du côté de Lyon quelques jours après. On écrit de Charlestown, que cette ville et ses environs ont été très imaltraités par un coup de vert qui eut lieu le 4 octo- bre ; la violence et la grande quantité de ces coups de vent est remarquable. Les grandes vicissitudes dans la température de cette année ont engagé plusieurs savans météréologues à la comparer avec celle des autres années. Ce sont ces rapprochemens qui font la base de la météorologie, car on est encore éloigné de pouvoir remonter aux causes. Van-Swinden a fait ces rapprochemens relativement aux grands hivers dont il est fait mention dans l’histoire. Les froids ont été très grands dans les années 554. 670. 717 763 624. 859.864. 881. 913 922. 928 992. 994. 1022. 1126. 1143. 1149. 1205 1206. 1234. 1250. 1251. 1257. 1287. 1296. t EMI D OH HIS TOI E YNIA TU REF EL E. 15 1923. 1361. 1385. 1391. 1399: 1434. 1442. 1457. 1464. 1468. 14800. 1402. 1902. 1911. 1514. 1943. 1552. 19564. 1568 1575. 1608. 1620 à 1621./ 1621 à 1622.11655 1670. 1604. Les hivers de ce siècle que l’auteur croit devoir placer au rang des rudes hivers, sont 1709, qui fait époque, 1716. 1729. 1731. 1732. 1740 , qui fait époque, 1742. 1745. 1746. 1747. 1748: 1749 1791 1784. 1755. 1757. 1758. 17569 à 1760. 1763. 1766 à 1767: 1767 à 1768. 1774. 1776, qui fait époque, 1703 à 1784. 1708 à 1789. 1794 à11705 | 1798 à 17909. L'auteur entre ensuite dans de grands détails sur le froid de l'hiver de 1709; il compare les thermomètres qui ont été em- ployés dans ce temps , et il conclut, qu’il n’est guère douteux qu'un thermomètre de Delxc (divisé en 80 parties) à mercure, exposé en 1709, au dehors de la tour de l’Observatoire de Paris, n’eût indiqué, pendant le grand hiver de 1709, 18. à 160.: On doit se rappeler que le thermomètre à mercure , dans les grands froids , descend plus, proportionnellement que celui à esprit de vin, et au contraire dans les températures élevées celui à esprit de vin monte davantage que celui à mercure ; car aux environs du terme de l’eau bouillante, lorsque le thermomètre à mercure descend de cinq degrés, celui à esprit de vin descend de sept; et proche le terme de la glace, lorsque le thermo- mètre à mercure descend de cinq degrés, celui à esprit de vin ne descend que de 3 à 4 degrés. Lamarck a publié un annuaire météorologique pour l'an 8; il partage chaque mois lunaire en deux constitutions, l’une qu’il appelle constitution boréale, comprend le temps que la lune emploie à parcourir l'hémisphère boréal depuis l’équinoxe ascendant jusqu’à l'équinoxe descendant. Cette époque, suivant lui, doit être marquée par un temps humide et pluvieux ; peu de froid; par des vents qui soufflent des régions du sud et de l’ouest , et par l’abaissement du mercure dans le baromètre. La seconde constitution s’appelle azstrale ; c’est le temps où la lune parcourt l'hémisphère austral depuis l’équinoxe descen- dant jusqu’à l’équinoxe ascendant. Les probabilités pendant cette époque, sont pour un temps sec, ordinairement froid , pour des vents de nord et d'est, et pour l'ascension du mercure dans le baroiuètre. L’observation a depuis fait découvrir à Lamarck une cause d’anomalie qui tient à l'époque des quadratures de la lune avant ou après les lunistices. Dans le premier cas, la constitution at- 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mosphérique est troublée; dans le second cas, elle marche assez régulièrement : chacune de ces époques est de trois mois. Pen- dant les trois premiers mois de cette année les quadratures tom- boient après les lunistices ; les constitutions ont donc dû être telles qu’elles ont été annoncées. Le contraire a dû arriver dans les trois autres mois où les quadratures précédoient les lunis- tices. Coite a comparé,les températures que donnoit la théorie de Lamarck avec celles qui ont eu lieu, et il les a trouvées rarement concordantes : d’où il a conclu que nous n'avions pas encore assez de faits pour pouvoir établir des théories sur le prognostic des températures, des pluies et des vents. Il a fait des recherches sur les grandes sécheresses observées dans le climat de Paris depuis plus d’un siècle, et sur la tempéra- ture qui accompagne ordinairement Je solstice d'été. La plus grande chaleur de cette année a été le 30 thermidor , 28° 4, à l'observatoire de Paris. Un thermomètre à mercure suspendu à une perche dans son jardin aux rayons directs du soleil , a donné à trois heures après midi 41.2. La sécheresse a été en même temps très-considérable. Il donne ensuite une table des années sèches observées à Paris. La température de Paris a été assez froide au mois de juin, sur-tout aux environs du solstice. Il fait voir que c’est un phéno- mène fort ordinaire, puisque sur 36 années d'observations , il n’y en a que huit ou dix dont la température du mois de juin puisse passer pour chaude; on a même quelquefois vu de la glace dans ce mois. 11 a ensuite fait des recherches sur l’étiage de la Seine; c’est- à dire la plus petite hauteur de ses eaux relativement à un point fixe , tel que l’échelle du pont de la Tournelle. La déclinaison de l'aiguille aimantée , à l'Observatoire de Paris étoit, le 26 vendémiaire an 9, suivant les observations de Bouvard , de 22° 5/ à l’ouest. Coulomb a inventé une nouvelle manière de suspendre J'ai- guille pour observer la déclinaison. D'après ses procédés , il pense que l’inclinaison n’est que de 68° 20’. Humboldt a fait à Caraccas , dans l'Amérique méridionale, des observations intéressantes sur la marche du baromètre proche l'équateur. « J’ailu, dit-il, dans les Transactions de la société du Bengale, que le baromètre y monte et descend régulièrement en E MIDAHNIS TUONRCE NA TU RE TT FE. 17 en 24 heures. Ici, dans l'Amérique méridionale, cette marche est des plus étonnantes. Il y a quatre marées atmosphériques en 24 heures, quine dépendent que de l'attraction du soleil. Le mer- cure descend depuis y heures du matin jusqu’à 4 heures du soir. Il monte depuis 4 heures jusqu'à 11 heures ; il descend depuis 11h. jusqu'à 4 heures du matin et demie ; il remonte depuis ce temps jusqu’à 9 heures; les vents , les orages , les tremblemens de terre n’ont aucune influence sur cette marche. MDP TAN ZTONOTMAONGLISE Virey a publié une zistoire naturelle du genre humain, dans laquelle il fait des recherches profondes sur la nature de l’homme ; il le regarde , ainsi que je l’ai toujours pensé, comme une es- pèce de singe. La nouvelle édition de Buffon, par Sonini, se continue avec le plus grand succès. Sonini y ajoute la description dé tous les objets connus qui n’ont pas été décrits par Buffon. Il a fait plu- sieurs additions - intéressantes à l’histoire des minéraux; il l’a terminée par donner un précis de ma héorie de la terre. Buf- fon avoit supposé que notre globe avoit été primitivement une masse ignescente détachée de la masse du soleil. Je pense, au: contraire, qu'i/ a été formé par une cristallisation aqueuse La minéralogie ayant fait des progrès considérables depuis Buffon , j'ai donné dans le seizième volume un précis de l’état où se trouvoit cette science au commencement de cette.année ; mais la marche de cette partie de nos connoiïssances est si ra- pide , qu’il y a déja plusieurs substances nouvellement découver- tes, comme nous l'avons vu, et qui par conséquent n’y sont pas mentionnées. Sonini suit la même marche dans l’histoire dés ‘animaux mam- mifères ; il ajoute la description de tous ceux dont n’a pas parlé Buffon, et qui ont été découverts dépuis lui: Le nombre en est assez considérable , comme nous l'avons dit dans les extraits que nous en ayons donnés. Latreille a donné, à la fin de l’histoire des quadrupèdes, une division-methodique de ces animaux ; il a profité des travaux de Cuvier et de Lacépède. 09 3 Î Ce dernier naturaliste a lu un mémoire sur leS fourmiliers. Gmelin en avoit décrit quatre espèces; Lacépède en ajoute une cinquième. Tome LIT. NIVOSE an CE C 18 JOURNAE DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Olivier a publié des observations sur les gerboises dont il fait quatre espèces désignées par les phrases suivantes, 19. Dipus cafer pedibus posticis tetradactylis. 2°, Dipus gerboa pedibus posticis tridactylis. 59. Dipus alactuga pedibus posticis pentadactylis lateralibus multo breyioribus. 4°. Dipus gerbillus supra flavus, subtus albus pedibus posti- cis pentadactylis , digitis subæqualibus. Il nous a donne des notices intéressantes sur le »4s #yphlus. Les Grecs l’appelloient spa/ax ou aspalux : on lavoit confondu avec la taupe. Cependant Aristote l’avoit bien décrit, et avoit dit que ce petit animal n’avoit aucune trace d’yeux ; c'est ce qu'Olivier a vérifié ; mais si on enlève la peau à la place où doit être situé l'œil, on retrouve effectivement cet organe tout entier et très-bien configuré quoiqu’extrêémement petit. Pallas avoit trouvé le spalax entre le Tanaïs et le Volga ; Gul- denstad et Lepechin en avoient aussi parlé, mais Olivier l’a trouvé en Syrie, en Perse. C’est un fait fort singulier que la nature ayant donné des yeux au spalax , l'ait privé néanmoins de la vüe en couvrant ces organes d’une peau épaisse et tendineuse. Blumenbach a décrit un animal que Banks lui a donné; il habite un lac de la Nouvelle Hollande. Son corps ressemble à celui d’une petite loutre ; il en a à-peu-près la grosseur, car sa longueur a environ un pied, maïs il n’a point de dents : son museau est large, ee , et presque semblable au bec d’un canard, c’est pourquoi on l’a appelé orzithorynchus. Sonini lui a donné le nom de bec d'oiseau : il est de la famille des fourmiliers, ou edentés. Azara a donné une histoire intéressante des animaux du Chili. La lionne du Jardin des plantes, à Paris, y a mis bas trois lionceaux; on croit que la gestation a été de 100 jours, parce que les dernières caresses du mâle datent de cette époque. Les lionceaux, au moment de leur naissance étoient gros comme des chats; ils avoient les yeux ouverts, et se traînoïent au lieu de marcher. Latreille a publié une histoire des salamandres ; il a décrittou- tes les espèces qui sont connues jusqu’à ce moment. Brogniard a proposé une nouvelle classification des reptiles dont il fait quatre ordres. I. ordre, les cheloniens : il renferme les tortues. ET D'HISTOIRE NATURELLE 19 II. ordre , Les sauriens : il renferme les crocodiles, les igua- nes, le dragon, le stellion, le gecko , le caméléon, les lésards, le scinque, le chalcide. III. ordre , les ophidiens : ce sont les serpens. IV. ordre , Les batraciens : 1l contient les crapauds, les raines, les grenouilles, les salamandres. Maréchal dessine les animaux vivans au Jardin des plantes de Paris, et Miger les grave. Cet ouvrage paroît sous le titre de Mé- nagerie du muséum national d'histoire naturelle. On connoît le talent de Maréchal ; le burin de Miger rend bien ces beaux dessins. Les descriptions sont faites par un naturaliste distingué. Il pa- roit quatre planches qui représentent le chameau, l’ours blanc, l’autruche , et le casoar. Daudin publie une histoire des quadrupèdes ovipares , avec figures enluminées. Il a donné un traité élémentaire et complet d’ornithologie. Cuvier a donné un mémoire sur l’ibis des Egyptiens d’après des squelettes de ces animaux trouvés embaumés en Egypte et rappor- tés par Grobert. Il pense que l’ibis des anciens n’est point l’ibis de Perrault et de Buffon, quiest un £antalus, ni l’ibis de Hasselquist qui est un ardea, ni libis de Maillet qui est un vautour : mais que c’est un courlis ou zumenius ; il le nomme : Numenius ibis albus , capite et collo nudis , remigibus, pennis aropygii elongatis , rostro et pedibus nigris. Lacépède a publié le second volume de son histoire des pois- sons, lequel contient les cinquante-sept premiers genres des pois- sons osseux. Il promet de donner bientôt la suite de ce bel ouvrage, qui formera l’histoire la plus complette que nous ayons encore sur les poissons. Lamark a donné une nouvelle classification des coquillages. Il en fait cent vingt-six genres. Mais il va bientôt faire paroître un grand ouvrage sur les animaux érvertèbrés, ou à sang blanc, dans lequel il ajoute quelques nouvelles classes aux coquilles, et il donne une nouvelle division méthodique de tous ces animaux invertébrés. Gioeni avoit décrit sous le nom de 2/0enia ou char sicilien un prétendu coquillage. Draparnaud vient de prouver que ce sont trois osselets unis par un muscle tendineux très-fort, qui se trou- vent dans l’estomac de l’animal oublie , bulla lignaria , Linn. Nicolas a publié des méthodes de préparer et de conserver les animaux de toutes les classes pour les cabinets d’histoirenaturelle. On sait que les insectes font les plus grands ravages, dans toutes 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. ces peaux préparées. C’est pour les détruire qu’on emploïe diffé- rens ingrédiens , dont les principaux sont des poisons violens, tels que l’oxide d’arsenic, le sublimé. Olivier continue son ouvrage sur.les coléopières, que son voyage au Levant lui avoit fait suspendre. Il vient d'en donner la 28°. livraison; et il promet de publier bientôt les suivantes , qui completteront ce bel ouvrage. Latreïlle , Bosc ont publié la description de quelques insectes particuliers. Dumeril:a donné une nouvelle classification des insectes. Ses ordres sont fondés sur le nombre et la nature des aîles d’un côté, et de l’autre sur les organes de la mastication. Il a fait huit grands ordres. ! 10 Coléoptères. Ts ont une bouche et quatre aîles , dont les inférieures sont pliées en travers. 20. Les orthoptères ne diffèrent des premiers que parce que les aîles’'inférieures sont plissées. en long. 30. Les zévroptères. Ils ont une bouche et quatre aîles égales et réticulees. ; 4°. Les Zymenoptères. Hs:ont une bouche et quatre aîles veinees. PJ | 5°. Les Aémiptères. {ls ont un bec non roulé sur lui-même , et point de mâchoire. Ils ont quatre aîles. 6°. Les /épidoptères. Ils ont une trompe roulée sur elle-même, point de mächoire, et quatre aîles. 7°. Les diprères. Ils n'ont point de mâchoire et deux aîles. 8°. Les aptères. Ils n’ont point d’aîles. Ses sous-divisions sont tirées des autres caractères particuliers de ces animaux. z P H Y SI O EL O GIE A N I M À L £E. Dumeril a publié les deux premiers volumes des leçons d’ara- tomie comparée de Cuvier. On y trouve une multitude de faits , qui fournissent de nouvelles lumières à la physiologie animale ; car ce sera l’anatomie comparée qui pourra l’amener à un certain degré de perfection , dont elle est encore bien éloignée. Cuvier a fait des recherches très-intéressantes sur les in$tru- mens de la voix des oiseaux. Il examine d’abord la manière dont la voix se forme dans les instrumens à vent, tels que hautbois, flûte, tuyau d'orgue ; et il fait voir que les sons y sont produits € DADEHPS/TIONMMRI EN AIT U R'EM LE. 21 Par les vibrations de la masse d'air qui y est contenue. « Le tuyau , dit-il, ne paroît donc point produire de son par lai-même, et il ne fait que modifier, diriger, ou augmenter celui qui est produit à son embouchure par le corps sonore, qui y brise l'air , et qui communique ses vibrations à l’air contenu dans le tuyau , comme il le feroit à l'air extérieur. » Il compare ensuite la manière dont se forment les sons, chez les mammifères , avec celle dont ils se forment chez les oiseaux. « La trachée artère des mammifères, dit-il, est un tube con- tinu , sans aucun retrécissement, ni sans aucune lame suscep- tible de vibrer excepté à son extrémité supérieure , où est la glotte. Le son ne se formant qu’à l'issue de la trachée , ce tuyau ne peut servir à la modifier....» « Dans les oiseaux il y a au bas de la trachée, à l'endroit où elle se partage en deux pour pénétrer dans les poumons , un re- trécissement dont les bords sont garnis des membranes suscepti- bles de tensions et de vibrations variées : en un mot, il y a là une vraie glotte pourvue de tout ce qui est nécessaire pour former un son. » Effectivement il a coupé à des oiseaux le con, de manière que la glotte étoit emportée : et ils ont néanmoins rendu des sons comme auparavant. Il distingue deux espèces de larinx dans les oiseaux : Le larinx supérieur est situé à l'extrémité supérieure de la tra- chée artère, et à la base de la langue. Il est composé de différentes pièces. Il a une ouverture qui peut s’élargir ou se retrécir : mais il n’y a point de partie qui puisse vibrer , encore moins qui puisse s’allonger ou se raccourcir, se tendre ou se relâcher, de manière à produire ou à varier un son. Le larinx inférieur des oiseaux est produit par une membrane , qui fait saillie de chaque côté de l’orifice inférieur de la trachée artère. Cet orifice est partagé en deux ouvertures, tantôt par une traverse osseuse qui va d'avant en arrière, et tantôt seulement par l’angle de réunion des deux bronches. La mémbrane qui double l’intérieur de la trachée, forme un repli sur cette partie saïllante ; et c’est ce repli qui, fermant à moitié chacune des ouvertures de l’orifice inférieur de la trachée, présente à l’air une lame susceptible de vibrer, et de produire un son. Ce sont les divers mouvemens de cette lame, qui rendent le la- rinx inférieur capable de varier le son. 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Différens muscles peuvent allonger la trachée artère. Lorsqu'ils n’agissent pas, elle revient à sonétat naturel par son élasticité. Il résulte de cet exposé que le son est produit dans l’instrument vocal des oiseaux de la même manière que dans les instrumens à vent de la classe des cors et des trompettes ; et qu’il est modifié dans son ton par les trois mêmes moyens que nous employons dans ces instrumens, sayoir : 10. Par les variations de la glotte inférieure, qui correspondent à celles des lèvres des joueurs , ou à celles de la lame de cuivre des jeux d’anches. 2°, Par les variations de la longueur dela trachée, qui corres- pondent aux cors de rechange , ou aux différentes longueurs des tuyaux d’orgue. 30, Par le retrécissement ou l’élargissement de la glotte supé- rieure, qui correspond à la main du joueur du cor, et à la fer- meture, ou aux cheminées des tuyaux d'orgue. On ne pourra donc plus reconnoître dans l’organe vocal des oiseaux un instrument à vent pur et simple, et on n’y cherchera plus de cordes, à moins qu’on ne veuille dire qu’un cor de chasse est aussi un instrument à cordes, et à vent, en même-temps. La forme de la trachée artère des oiseaux répond à celle de nos instrumens qui approchent le plus de leur voix. Les oiseaux qui ont la voix flûtée ont la trachée artère cylin- drique, comme les flûtes, les fifres. Ceux qui ont la trachée conique, plus étroite vers le bas que vers le haut, ont la voix éclatante, comme le son de nos instru- mens à pavillon , trompettes, clairons, Les savans français qui sont en Egypte nous ont confirmé les faits que nous connoïssons sur les chevaux arabes. « Ces chevaux, disent-ils, se divisent en deux classes : les nobles et les communs. Ces derniers se croisent de toute manière et forment l'espèce la plus nombreuse. Nous ne parlerons ici que des premiers. Il se présente d’abord une observation sur un usage singulier qui paroît assez conforme à l'expérience; c'est que la généalogie des chevaux arabes ne'se transmet que par les femelles (1). La noblesse du mâle n’est qu’individuelle. Les Arabes disent : telle jument est fille d’ane telle. Ils ont grand soin que les races ne s’abâtardissent point. » (1) La même chose avoit lieu chez les Incas. PPDA IS TIOITIR EN VAUT OU RFADULE, 23 « Lorsque les jumens sont en chaleur, ils les font couvrir par les étalons dont la famille est connue ; et, lorsqu'ils les envoient au vert, ils ont soin de les boucler. Dès que les ju- mens mettent bas, les chefs attestent la filiation du produit mâle ou femelle, par une patente en bonne forme et signée de plu- sieurs témoins. Celle d’un poulain ne passe point à ses descen- dans ; celle d’une pouline fait mention de tous ses ascendans maternels. Ce cet Ever accompagne la vente des chevaux. » En Europe, au contraire , on a plus de soin d’avoir des mâles de races nobles que des femelles , comme pour les chevaux, les béliers , les chiens...... Je crois qu’on doit réunir les deux méthodes, et avoir des mâles ainsi que des femelles de bonne race (1). Bichat a fait des recherches sur les causes de la vie et de la mort. Le cerveau et le cœur ont la plus grande influence sur Véconomie animale. Il a cherché à déterminer l’action de chacun d’eux sur la vie et la mort. La respiration est une troisième fonction vitale de la première nécessité. Le sang veineux arrive zoir au poumon ; il en sort Jloride. Ces deux sangs si différens ont aussi une grande in- fluence sur la vie et sur la mort. MÉDECIN E. Un des fléaux les plus redoutables, pour l'espèce humaine, est la pétite vérole; elle tue environ un quinzième de ceux qui l'ont, et il est à-peu-près prouvé que personne ne peut en être exempt. L’inoculation qui paroît venir de la Circassie , et qui a été apportée en Europe par un ambassadeur anglais à Constantinople, en a , il est vrai, diminué beaucoup les dangers. Lorsque l’opé- ration est faite avec les soins convenables, à peine périt-il quelques personnes. Néanmoins cette utile méthode est peu pratiquée , sur-tout dans les campagnes. Mais la vaccine ou cowpoz , présente encore beaucoup moins de dangers que l’inoculation. Cette pratique est due en partie au docteur Jenner. Les cultivateurs , en Angleterre, avoient observé depuis plus de 5o ans, que les personnes qui pansoiïent les ulcères que les chevaux prennent aux pieds, à la suite de (3) Voyez les principes de la philosophie naturelle. 2% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ce qu’on appelle en France eaux aux jambes ou javaris, et em Angleterre greasse , étoient souvent attaquées de pustules sur les mains. Lorsque, dans cet état, elles alloient traire les vaches, ces mêmes pustules se communiquoient au pis de la vache. Des personnes saines qui venoient traire ces vaches malades, prenoïent la même maladie. Ces boutons s’étendoient quelquefois sur les bras. La fièvre survenoit avec maux de tête, douleurs à l’aisselle, mais il n’y avoit jamais aucun danger. On observoit en même temps que ceite maladie, qu’on appe- loit petite vérole des vaches, préservoit de la petite vérole or- dinaire. Néanmoins cette opinion des cultivateurs , n’ayoit point été confirmée par les gens de Part. Le docteur Jenner résolut, en 1796, de faire des expériences pour savoir si elle étoit fondée. Il inocula cinq enfans avec du pus pris dans les boutons d’une vache attaquée de cette maladie: L’éruption eut lieu sans aucun accident. Il les exposa ensuite avec d’autres enfans qui avoient la petite vérole; aucun d’eux ne la prit. Le docteur Péarson , en 1798 , répéta ces expériences avec le même succès , ainsi que le docteur Simmons. Le docteur Woodville fit les mêmes expériences en grand , à Londres, dans l’hospice de la petite vérole ; plus de 600 per- sonnes ainsi inoculces , furent préservées de la petite vérole ; un seul enfant de 11 moïs qui eut plus de 100 boutons, en périt; maïs il fut reconnu qu’il avoit pris la petite vérole ordi- maire , car la vaccine est sans danger. La vaccine s’inocule avec le plus grand succès, à Vienne, par le docteur de Carro , à Hanoyre par Stromeyer et Balhorn, à Genève par les docteurs jOdier , Dunant et Colladon , à Paris par plusieurs médecins. Les docteurs Odier et Aubert ont fait des rapports intéressans sur la vaccine, Tandis que la petite vérole paroît moins meurtrière et dispa- roîtra peut_ètre par le moyen dela vaccine , une nouvelle maladie épidémique et contagieuse paroît menacer le genre humain : la jJièvre jaune, espèce particulière de fièvre maligne, que l'on soupçonne venir primitivement dela Havane, fait les plusgrands ravages dans l'Amérique septentrionale et paroît même menacer l'Europe. Ainsi, la peste, la petite vérole, la lèpre qui fit tant de ravages en Europe dans le temps des croïsades , le mal vénérien, et enfin la fièvre jaune , sont des fléaux qui détruisent l’espèce huinaine, Sage ET D'HISTOIRE NATURELLE 25 Sage a traité, avec l’alkali volatil , ou ammoniacal , des per- sonnes mordues par des animaux enragés , et il les a ouéries. Le cautère actuel ou le fer rouge réussit aussi. Carmoy , aussi instruit dans la pratique de la médecine que dans la théorie , a traité plusieurs personnes mordues , et il n’a pu les soulager. Il recherche ensuite la cause du fait suivant très-extraordinaire. Plusieurs personnes sont mordues par le même animal; les unes périssent, les autres n'éprouvent point d’accident , soit qu’elles ne fassent point de remèdes , soit qu’elles aient recours à des recettes minutieuses qui ont du crédit dans différentes provinces. La même chose a lieu, dit-il, pour les autres virus. Plusieurs personnes couchent avec des galeux : les uyes prennent la gale, les autres ne la prennent pas; il en est de même du virus vénérien......... C’est donc à ces causes et non point à ces recettes minutieuses que sont dus ces phé- nomènes particuliers, Les soupes à la Rumford sont devenues un objet du plus grand intérêt pour la classe indigente. Delessert fils, et Decandolle en ont établi à Paris. Elles sont faites avec de l’orge, des pommes de terre, des légumes, un peu de saindoux ; on fait cuire le tout pendant douze à quinze heures, et de la manière la plus économique. L’eau se combine avec ces substances alimentaires, comme Pobserve Parmentier, qui a fait un beau rapport sur cet objet. Ces soupes réunissent l’agrément avec l’avantage d’une excellente nourriture. Pinel a observé tous les symptômes qui accompagnent la manie intermittente ; il prouve par l’observation que les causes morales y ont la plus grande influence. Il a ensuite donnéun traité médico-philosophiquesur l’aliénation mentale ou la manie; il y a rapporté tous ses autres travaux sur cette matière ; il fait voir que la vraie manière de guérir ces malades , consiste en des soins assidus , où la plus grande dou- çeur est unie à la fermeté nécessaire pour contenir ces aliénés. Proust parle d’une espèce de maladie qui dégénère en folie furieuse chez les Péruviens de la province de Chicas, intendance du Potosi. Ce fait a beaucoup de rapport avec ce que rapporte Ovide au sujet du sant de Leucade. Seroit-il l'effet, dit l’au- teur, des exalaisons minérales? Tome LIL, NIVOSE an 9. ; D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE D'ÉUL A BO TAÏNIQ U'E Decandolle a donné plusieurs livraisons de son bel ouvrage des plantes grasses dessinées par Redouté. Ventenat a entrepris la description des plantes rares, qui se trouvent dans le beau jardin de Cels. Il ÿ en a déja deux livrai- sons, qui vont de pair avec les plus beaux ouvrages de ce genre. Il a donné un beau mémoire sur le‘genre arm. Picot-Lapeyrouse travaille à Îa continuation de sa Flore des Pyrénées. Il va publier sa monographie des saxifrages, et nous: allons jouir de quatre livraisons de ce bel ouvrage. Bridel publie à Gotha une nouvelle histoire des mousses , sous le nom de »uscologia. I les classe d’aprés Hedvig , et suit sa ma- nière de les décrire. Il en: a déja paru 2 vol. im-4°. Swartz a publié en Suède une histoire détaillée des mousses qui s'ytrouvent. 1ly a joint les figures coloriées, de 19 espècesnou- velles. Cet habile botaniste donne aussi la description des plantes qu'il a apportées des Indes occidentales. Il a déja paru 3 vol. in-8°. de: cet intéressant ouvrage. Cavanillès à publié à Madrid le cinquième volume de son ou- vrage intitulé P/antae hispanicae. Ce volume est encore supérieur aux autres par les soins qu'y a apporté l’auteur. É Flavorth a donné à Londres une monographie des mesem- bryanthemum. Elle est très-soignée. Les plantes de Coromandel par Roxburgh. Cet ouvrage se con- tinue avec activité. Les plantes y sont décrites , dans leur pays patal, et dessinées au trait. Ce genre de dessin suffit aux bota- nistes quand il est exact. L’ouvrage contient plusieurs genres nouveaux. Roxburgh a reçu du docteur Campbell une plante qui donne un suc semblable à la gomme élastique , ou cahoutchouc. Elle se trouve à Sumatra. Roxburgh la met dans la pentandrie mono- gynie , et dit qu’elle doit y être placée après le 2zberna-mon- tana. I] la nomme zrceola-elastica. Elle est monopétale. Sa tige est sarmenteuse, et s'attache aux autres arbres. Lorsqu'on fait une entaille à l’écorce de cet arbre, il en sort un fluide laiteux, qui, par l’exposition à l'air , se sépare en une portion aqueuse , laquelle ne paroît être d'aucun usage, et en un coaguleux élastique , qui a la couleur et les propriétés du cahoutchouc d'Amérique, Il effaçe les traces du crayon aussi bien €T D'HISTOIRE NATURELLE: 27 que celui d'Amérique. C’est avec ce suc que les Chinois font leurs anneaux élastiques. Cette plante paroît différente de celle qui donne la gomme élastique au Pérou. DH iY:6,2 OT -0,,G TE -V) ÉcGLÉ T A LE, De Saussure, fils aîné, a fait des expériences curieuses sur l'influence qu’a le sol sur les principes constituans des végétaux. On sait, dit-il, que certaines plantes préfèrent les terreins gra- nitiques, d’autres les terreins calcaires. Il a recherché par l’ana- lyse les causes de ces différences. Il a d’abord analysé les pierres des montagnes où il a cueilli les plantes dont il s’est occupé. DAC EE rate sa EEE QUte Le 78 F-07025 Alminezc a nées à HT QE BPOTRTN 13.25 Calc enMEnnT es Ras NA CARTE TA Oxide de fer et de manganèse. - 9. ; Cent parties du calcaire siliceux de la montagne de la Salle lui ont donné, SIC NL ER CPE EENERE 01e ie Calc NV RER RER Han 24.36 Gaze acide carbonique...,..... 27 Alluminesli SUR RAGE qu 4 Oxide de fer et‘de manganèse... 13 Cent parties de la montagne de Reculey de Thoiïry lui ont donné, Carbonate de chaux.........:. 98 Aluminet nee. 4000, 0.625 Oxide de fer....... Se CONIUEUT 0.625 Pétrole .:... j ere MER SIG Il a vu que le terreau granitique retient moitié moïns d’eau que le terreau calcaire. Cent parties de terreau granitique ont retenu eau , 120 parties. Cent parties de terreau calcaire ont retenu eau , 264 parties. Ean des végétaux. W a ensuite desséché ces plantes ; et il a ob- servé que celles crues sur un sol granitique contienent plus d’eau que celles crues sur un sol calcaire. Cent parties de plantes d’un sol granitique contiennent eau , de 51,0 à 59.73. FU parties de plantes calcaires contie nneñt eau , de 48.0 à 7 o. D 2 28 JOURNAL DE PHY6IQUE,; DE CHIMIE Le reste est de la matière végétale sèche. ZUNE Charbon des végétaux. Les végétaux calcaires et les végétaux granitiques contiennent à*peu-près la même quantité de charbon ; savoir : environ 11,00 lorsqu'ils sont verts, et 220,0 lorsqu'ils sont secs , ou un peu plus du cinquième de leur poids. F Cendres des végétaux. Les végétaux calcaires et les granitiques contiennent à-peu-près la même quantité de cendres , savoir : lorsqu'ils sont verts, à-peu-près un centième de leur poids. Analyse des cendres des végétaux. Cent parties de cendres d’un pin élevé sur le granit pur du Breven ont donné, Potassesh ne ic Set Hr0 Muriates et sulfates alkalins.... 4.24 Carbonate de chaux::.:.:...... 46.54 Alumni aie Lee annuel ee OMUIOO Oxide métallique.:.....,,,1-:,.10 82 Cent parties de cendres du pin élevé sur les calcaires siliceux de la montagne de la Salle ont donné, Potasse RAR ET EN RECE sw 14 72 30. Muriates et sulfates alkalins.... 12.63 Carbonate de chaux.....,....:. 51.19 Siice 220 dote NL Eee el IE AD Carbonate de magnésie......... o Aline ion -eh vleminnn UETOR Oxide métallique.............. 10 Cent parties de cendres du pin élevé sur le calcaire pur du Reculey de Thoiry ont donné, Potasse et sels neutres.......... 15 Carbonate de chaux.......:.... 63 SINCLAR One Oo. Alminenttt et ces eee 0) Carbonate de chaux........... 30.02 Silices Me RU NL SR 1 It 4 O0 Carbonate de magnésie......... 8 Alumine Lei: RUE. LEE R20RO Oxide de fer et demanganèse.... 8.4 ET'D'HISTOTRE NATURELLE! 2ÿ Cent parties de cendres du rosage calcaire siliceux de la Salle £ontiennent , Potasse et sels neutres.......... 12 25 Carbonate de chaux.. ......... 57. 6 SHICEN TO EC D LS PC NEC ES PEER PRO Lt Carbonate de magnésie......... 0 Alumine Han UE AITAN Tata Oxide de fer et de manganèse... 11 Cent parties de cendres du rosage élevé sur le calcaire pur du Reculey de Thoiry ont donné, Potasse et sels neutres.....:,,.. 17.76 Carbonate de:chaux...:....... 71 54 SIC. 2e NME ES AO PERTE EC) Carbonate de magnésie......:.. 0 Alumine: nee A na oh FrOM OS :Oxide métallique. ....::,:....4 : 4 06 « Ces analyses, dit l’auteur, prouvent que le sol a uneinfluence sur les parties constituantes des végétaux. Les montagnes cal- caires fournissent des plantes, qui contiennent une plus grande quantité de terre calcaire, que les montagnes granitiques; et celles-ci donnent des plantes plus chargées de terre siliceuse. Cependant il est quelques principes de ces plantes, qui n’appar- tiennent point au sol. Ainsi les plantes élevées sur le granit pur contiennent beaucoup de carbonate de chaux, jusqu’à trente cen- tièmes. » On en doit conclure que les principes dont les plantes sont for- mées , leur viennent en partie de l’atmosphère , et en partie du sol sur lequel elles végètent. | On a fait différentes expériences sur les plantes qui fournissent le sucre. Bremonde avoit planté à Nice des cannes à sucre, qui ont très-bien végété. Maïs traitées à la manière ordinaire , elles ont donné peu de sucre ; parce que la chaleur de Nice n’est point assez considérable , ni assezsoutenue. La même chose a lieu pour toutes les plantes qui contiennent du sucre. Lorsque la tempé- rature est froide , le sucre ne se forme point; il demeure seu- lement à l'état d’un corps muqueux sucré, lequel on appelle mucoso-sucré. C’est encore la même chose dans le raisin. Celui du pays chaud contient beaucoup de sucre , lequel est le prin- cipe de la fermentation spiritueuse , et ces vins sont généreux. Le raisin des pays froids contient peu de sucre, mais plus de mucoso-sucré, et donne des vins peu généreux. 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On sait également que la chaleur donne beaucoup d'activité aux résines , et en général à tous les sucs des végétaux. Toutes les plantes des climats chauds ont des principes très-actifs : tandis que ceux des plantes des régions froides sont très-aqueux, et ont peu d'activité. Coquebert a démenti les faits extraordinairesracontés par Forch sur le bzhon-upas. Ce dernier avoit dit que cetarbre, qui setrou- voit à Java, exhaloit des vapeurs si délétères, qu’elles tuoient tous les animaux qui en approchoïent à dix ou douze lieues. Ce narré de Forch a été reconnu faux par les habitans de Batavia. Cet exposé abrégé montre les progrès considérables que font chaque jour la zoologie et Ja botanique. On trouve encore une multitude de faits relatifs à ces sciences dans les voyages nombreux qui se font en différentes parties du globe. On doit distinguer particulièrement celui de la Billardière, qui contient beaucoup de faits bien vus. Humboldt, qui parcourtl’Amérique, (il est dans ce moment sur les rives de l'Orenoque) recueille une multitude de faits sur toutes les parties d’histoire naturelle, en même-temps qu’il fait des ex- périences de physique, et des observations astronomiques. Le capitaine Baudin qui avoit déja rapporté une grande quan- tité d'animaux empaillés , des plantes desséchées , et un grand nombre de vivantes, vient de partir pour la Nouvelle Hollande, Son zèle nous promet une ample récolte. Il sera secondé par l’ac- tivité et l'intelligence de ceux qui l’accompagnent. DE LA MINÉRALOGTE. Gadolin avoit annoncé dans les mémoires de l’académie de Stockholm qu’il avoit retiré une nouvelle terre d’un minéral qui a quelques rapports avec un pechstein noir , lequel se trouve à Ytterbi en Roslagie, province de Suède. Les chimistes, n’avoient as donné à cette découverte toute l’attention qu’elle méritoit. Eckeberg , a de chimie à Upsal , a répété les expé- riences de Gadolin, et les a trouvé exactes. Vauquelin vient également de les répéter à Paris , et elles lui ont parfaitement réussi. Les propriétés de cette nouvelle terre qu’on appelle yttria ow gadoline , Sont : a. D'’être blanche comme toutes les terres, b. Elle se dissout dans les acides. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 . €. Elle forme avec eux des sels sucrés comme la glucine, mais dont la saveur est plus austère. d. Le sulfate de gadoline est presque insoluble dans l’eau, tandis que le sulfate de glucine est très-soluble et déliquescent. _e. Les dissolutions de la gadoline dans les acides sont préci- pitées par le prussiate de potasse, tandis que celles de glucine ne le sont pas. _f. La gadoline n’est point soluble dans la potasse caustique , tandis que la glucine s’y dissout. La minéralogie possède donc maintenantneufespèces de terres, bien reconnues. 10. La silice, base des pierres quartzeuses , et qui est très- abondante dans toute la nature. Elle est connue de la plus haute antiquité. go !: 2%. L’alumine, qui fait la base de toutes les pierres argileuses. Elle est connue de la plus haute antiquité sous le nom d’argile. 3°, La chaux , qui fait la base de toutes les pierres calcaires. Elle est connue aussi anciennement que les deux premières. 4°. La magnésie , découverte en 1707 par Valentini. 5°, La baryte , découverte en 1777 par Gahn. 6°. La strontiane , découverte en 1792 par Klaproth à Berlin ; ét par Hoppe à Edimbourg. o. La zircone , découverte en 1785 par Klaproth. Bo. La glucine , découverte en 1798 par Vauquelin. 0°. La yttria où gadoline , découverte en 1794 par Gadolin, On peut ajouter , 100. J'agustine de Tromsdorff, découverte en 1799. Depuis dix ans, dit ce chimiste, on avoit trouvé dans les: mines , près de Georgienstadt , un minéral auquel , à cause de sa ressemblance avec le béril, on avoit donné le nom de cette pierre. J’ai entrepris l’analyse de cette substance dans l'espoir d’y retrouver la glucine ; mais au lieu de cette terre j’y ai ren- contré une terre nouvelle et différente de toutes celles connues jusqu’ici. a. Dans son état de pureté elle est comme l’alumine ; b. Elle n’est pas plus soluble ; soit par la voie sèche , soit par la voie humide , dans les alkalis caustiques que dans leurs car- bonates ; É c. L’ammoniaque , tant caustique que carbonaté n’exerce sur elle aucune action; d. Elle ne retient que foiblement l’acide carbonique ; e. Elle prend de la dureté, mais point de goût au feu ; . 3 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE f. Elle n’est point soluble dans l’eau; g. Elle s'unit volontiers aux acides avec lesquels elle forme des sels qui n’ont point, ou presque point de saveur ; L. Cette terre, endurcie au feu , se dissout dans les acides avec la même célérité que celle qui n’a pas éprouvé de calci- nation ; i. Elle forme, avec l’acide sulfurique , un sel peu soluble, parfaitement insipide , lequel , lorsqu'on lacidule , se dissout sans peine , et se cristallise en étoiles; k. Sursaturée d’acide phosphorique elle donne naissance à un sel très-soluble ; 1. Son acétite est très-peu soluble. J’ai donné, dit-il, à cette terre le nom d’agustine , de sa propriété de former, avec les acides, des sels sans saveur. Ces expériences de Trommsdorff n’ont pas encore été répétées par les Klaproth , ni par les Vauquelin. 1 Béril de Saxe ; ce béril d’où Trommsdorff a tiré l’agustine ; paroît avoir tous les caractèresextérieurs du béril ou aiguemarine de Sibérie. Sa couleur est celle de l’eau de mer. Il a la dureté de celui de Sibérie. Il fond au même degré de feu , et donne un verre semblable. La forme de ses cristaux est également un prisme hexagone droit, quelquefois subdodécaëdre. Gadolinite. On a donné le nom de Gadolin au minéral dont ce célèbre chimiste a retiré la nouvelle terre dont nous venons de parler. Sa couleur est d’un noir assez parfait ; sa cassure est impar- faitement concoïde. Eckeberg avoit retiré de la gadolinite : Terre yttria ou gadoline... 47.5 SAR RU. Re 125 FéTioxidé st At A EUR k AUENINE SARA TIENNE 5 Klaproth a eu des résultats différens. Il a obtenu ; Yttria ou gadoline... 59.75 Blend edMasnons Alumine RUN #50 Fertoxide AUS MTS) Vauquelin ET D?HISTOIRE NATURELLE. 33 Vauquelin en a retiré : " Yttria ou gadoline..... M5 STACE MMS AUS LE RTE Per onde socbtaise 25 Manganèse oxidé.,..... 2 (RENE Qt RRLRTEE PORC ARE AREC ES Eau et acide carbonique.. 9.5 Mernerite. Le célèbre Werner méritoit bien qu’on donnât son nom À une substance minérale. Voici les caractères de la wer- nerite. Sa couleur est d’un vert tendre, quelquefois fonce. Sa pesanteur spécifique est 36.069." Elle est moins dure que le feldspath , quoique faisant feu avec le briquet. Elle cristallise, suivant Haüy, en prismes octogones , dont les pans sont inclinés entre eux de 135°. Sa pyramide est com- posée de quatre faces pentagones inclinées de 122° sur les faces du prisme. la scapolite ou rapidolite ; pierre en baguettes d'Arandal en Norwège. ; 9 Sa couleur est d’un blanc grisâtre, nacre. Sa pesanteur est 3680. Elle raie le verre. Elle cristallise en longs prismes rectangles, droits ; mais le plus souvent le prisme devient suboctogone. Abilgaard en a fait l’analyse , et ena retiré, Sliceskelert d Alumine. ..... 30 ’ Chaux EE Oxide de fer... 1 Fans st 29 Pertei/d 2e0u 0 : r La sahlite se-trouve à Sala dans la Vestromanie en Suède. : Sa couleur est d’un vert d’asperge pâle. Sa pesanteur est 32366. Sa dureté est assez grande pour donner du feu avec le briquet. Sa cassure est en grandes lames comme le feldspath. Sa cristallisation est un prisme octogone , oblique , suivant Haüy. La malacolite se casse en grandes lames comme le feldspath. . IL paroît que c’est la même substance que la sahlite. La mélanite. Tome LII. NIVOSE an 9. E 34 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE On trouve à Frascati en Italie dans des substances volcaniques, des cristaux noirs qui cristallisent comme le grenat à 36 facettes ; c'est-à-dire que la forme est un dodécaèdre à plans rhombes tronqué sur ses vingt-quatre arêtes. On l’avoit toujours regardé comme un grenat ; mais Klaproth en a fait un genre particulier qu’il a appelé mélanite. L'analyse de cette substance lui a donné : SIICe Reset TO Aluminenceris tele: 2080 (DEure AA ADS AS Fer oxidé. 2%: /C0:046.5 Magnésie. ....... 10 Manganèse oxidé.. 0.25 Vauquelin a répété cette analyse sur des cristaux très-purs que je lui avois donnés ; il n’en a point obtenu de magnésie ; voici les produits qu’ils lui ont fournis : Sikce. AU 2a108% AlUrHMEME TERRES MORT Ghabx 2900 ENU IE 833 Ferlonide Rene Manganèse oxidé.. 1.5 ! Menakanite en massse, ou nigrin de JVerner, ou titaneisen de Klaproth. C’est un minéral noiïrâtre , couleur de fer, qui a un éclat métallique. Sa pesanteur est 4.673. Il se trouve en Sibérie. Il est composé de : ©@xide de titane... o 53 Oxide de fer..... o 47 La cocolite ou pierre à noyaux. Elle se présente comme un amas ou réunion de petits grains. On distingue quelques facettes dans ces grains ; maïs il n’est pas possible d’en déterminer la figure. Sa couleur est quelquefois d’un vert tendre , d’autres fois d’un vert noirâtre. Sa pesanteur est 3 316. Sa dureté est telle qu’elle tire quelques étincelles de l’acier. Au chalumeau, elle fond et donne un verre noir. L’allochroïte se trouve dans les mines de Dronmen en Nor- wège. : Sa couleur est d’un gris jaunâtre , et souvent d’un jaune paillé oncé. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 Sa pesanteur spécifique est 35 754. Elle fait feu avec le briquet. La chriolite ou sulfate d’alumine , ou alumine sulfatée , se trouve dans le Groenland. Sa couleur est d’un blanc de neige. Sa pesanteur spécifique est 29,698. Elle a peu de dureté. Sa cassure est lamelleuse. Au chalumeau , elle fond avant que d'être rouge. Abilgaard en a retiré par l'analyse, Alumine. Acide fluorique. Klaproth, qui l’a analysée de son côté , en a obtenu de la soude. Voici ses résultats : Alumines ten nn Un. El NN SN E SOU NP ae UE UM MOTS AU MERE 10436 Acide fluorique eteau decristallisation. 40. 8 Vauquelin a eu des produits analogues. Alumine...... LS erti Etat ste te ERA * 21 SOUS DA Er RL SEP Et ete #92 Acide fluorique et eau de cristallisation. 47 L’aphrizite est une tourmaline. L'akanthicone ou arandalite est une espèce de thallite, quise trouve dans plusieurs mines de Suède et de Norwège. Il y en a des cristaux qui pèsent jusqu’à b livres. La spodumène se trouve dans les mines de fer d’Aton en Suède. je n’en ai point vu. Voici la description qu'en donne Andrada : Sa couleur est d’un blanc verdâtre, avec différentes nuances. Sa pesanteur est 3,218. Elle raye le verre. Sa cassure est lamelleuse. L’ichtyophtalme se trouve à Uton en Suède. Je n’en ai point vu. Suivant Andrada, Sa couleur est d'un blanc jaunâtre. Sa pesanteur spécifique est 2,491. Elle raye le verre. Sa cassure est lamelleuse. : L’indicolite se trouve À Uton en Suède. Je n’en ai point vu. Suivant Andrada, Sa couleur est d’un bleu indigo. Son éclat approche de l'éclat métallique. 36 JOURNAL DE' PHYSIQUE, DE CHIMIE Elle cristallise en petits prismes rhomboïdaux fortement striés sur leur longueur. La petalite se trouve en Suède, à Sala et ailleurs. Je n’en ai point vu. Suivant Andrada , Sa couleur est ordinairementrougeâtre, quelquefois d’un blanc grisatre. Sa pesantéur spécifique est 2,620. Elle raye le verre, et se brise facilement. Sa texture est lamelleuse. La micarelle se trouve à Arandal en Norwège. Sa couleur est d’un blanc nacré. Elle cristallise en prisme quadrangulaire, quelquefois octogone. On n’a pu déterminer la pyramide dans les échantillons que nous ayons. La sommite de Tromoc. Abilgaard a trouvé dans un trapp ferrugineux , des cristaux qu’il croit être de la sommite. C’est à Tromoc près d’Arandal. De /a chaux phosphatée d’'Arandal. Dans les mines d’Arandal on trouve la chaux phosphatée en assez grandes masses. Elle est d’un gris blanc, composée de lames assez larges. Sa dureté est assez grande pour rayer le verre. Le spargelstein d'AAdaT Le spargelstein de Werner est la chrysolite des Français, ou chaux phosphatée cristallisée en prisme hexagone, avec des pyramides hexagones à faces triangulaires. Elle est ordinairement d’un vert d’asperge : mais celle-ci est d’un vert bleuâtre. Du titanite ou titane silico-calcaire. On'trouve à Arandal cette substance bien cristallisée. C’est un prisme rhomboïdal très-applati , terminé par des sommets. dièdres à faces triangulaires. Les sommets des triangles naissent sur l’arète obtuse du prisme , et ils se joignent par leurs bases. Sa couleur est rougeâtre , à-peu-près comme celle de la gra- natite. La même substance se trouve mêlée avec l’akanthitkone ; mais elle est laiteuse et demi-transparente. Du jarson d’Arandal. On trouve à Frederikswern en Norwêge une espèce de granit composé de hornblende noire et de feltispath rougeâtre très-la- melleux, et dont quelques parties ont le jeu du labrador. Il y a au milieu de cette pierre des jargons partaitement cristallisés. Leur couleur est rongeâtre. De la graphite où plombagine lamelleuse. Elle est composée ‘ŒÆT'DUHIS TOLIREŸN À TIU REY LE! 37 de grandes lames rhomboïdales dont les angles sont émoussés. Elle se trouve à Kragenden en Norwège. » Fleuriau-Bellevne en avoit déja parlé. , Da succin de Groenland, Il est d'un beau jaune et très-trans- parent. Ilse trouve mélangé en petits grains dans du charbon de terre. Du fer dodécaèdre et octaèdre d’ Arandal. Les riches mines de fer d’Arandal présentent des oxides de fer cristallisés en octaèdre, et en dodécaèdres à plans rhombes. De l’augite. On trouve à Arandal de gros cristaux d’un vert foncé, dont la forme est un prisme octosone, terminé par une pyramide trièdre, comme celle du pyroxène ou volcanite. C'est l’augite de Werner. W. Roux de Genève l’a analysée et en a retiré : Sillcest uns st. en LS CHAT EE ER TOR MO Adantfiniens mes ele2n0t onu Manganèse. jsuisseie ets" 1 } Ferre AE Ernie the ET RO De l’honigstein ou pierre de miel de Werner. C’est une substance combustible d’un jaune de miel. Elle cris- tallise en octaèdre , et en dodécaèdre à plans rhombes. Lampadius dit en avoir retiré : Carbone". : ... :... 800090 Auminertisnieulss 30. moi:lo3 Silice 21". OPEN 07 Oxide de fér'femeers. F Eau de cristallisation. .... o8 Klaproth vient d’en faire une nouvelle analyse. Il en a retiré : Alumine. Acide végétal particulier. Cet acide contient le carbone,et l'hydrogène dans des propor- tions différences que les autres acides végétaux. Vauquelin , qui a obtenu le même acide, lui a trouvé quelques- unes des propriétés de l’acide oxalique; mais il en a de particu- lières qui le distingnent de tous les autres acides. Chlorite blanchätre. Vanquelin'en a retiré une assez grande quantité de potasse, Plomb arsenié de Boursogne. I Champeaux , ingénieur des mines de France, a trouvé en Bour- gogne, du côté d’Autun , une mine de plomb jaune plus ou 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moins foncé. Elle se présente quelquefois en filamens soyeux comme l’amianthe , d’autres fois en concrétions très-minces dans des cavités de la gangue. Les essais ont fait voir que c'étoit du plomb combiné avec l’arsenic. Lelièvre et Vauquelin ont pensé que l'arsenic étoit ici à l’état d’oxide; et, en conséquence , on à donné à cette mine le nom de plomb arsenié. Urane oxidé de Boursogre. AE: Le même naturaliste Champeaux a trouvé dans les mêmes can- tons l’oxide vert d’uranit cristallisé en cube. Sa couleur est d’un vert jaunâtre, et n’est point d’un vert d'émeraude comme l’oxide d’uranitde Saxe. Struve et Berthout ont donné une description des différentes espèces de houilles ou charbons de terre d’après la classification du célèbre Werner. Ils en distinguent de neuf espèces, qui varient et par leur nature, et par les parties étrangères dont elles sont mélangées. Vauquelin a épuré avec tout le soin possible des lames de nikel. Haïüy a trouvé qu’elles agissoient par attraction sur l’un et l’autre pôle d’une aiguille aimantée. Il parvint ensuite à lui communiquer le magnétisme polaire par la méthode de Coulomb, ensorte qu’elle exerçoit des attractions et des répulsions très- marquées sur l’aiguille aimantée. Suspendue par un fil , elle s’est dirigée dans le méridien magnétique. Karsten de Berlin a publié un ouvrage de minéralogie dans lequel on trouve la description de plusieurs minéraux que nous ne connoissions pas. Nous allons en rapporter quelques-uns. La pharmacolite , ou chaux arseniatée. Sa couleur est d’un blanc de neige. Elle se trouve ordinairement sous forme mammelonée. En brisant ces mammelons on voit qu'ils sont formés de fibres di- vergentes. Elle se trouve à Wittrichen dans le Furstemberg. Karsten l’a nommée pharmacolite, ou pierre de poison. Klaprothen a retiré : Chaux. Acide arsenique. Cobalt. La raroxite ou spargelstein ; c’est la chaux phosphatée. Le seisenstein, ou pierre savoneuse ; c’est une stéatite qui contient 0,15 d’alumine. Les vraies stéatites n’en renferment point. FUNDS SHMOMMENENN A NTEUVRE LULEE. . 39 Le beromehl ou farine fossile ; c’est cette terre dont Fabroni a fait des briques qui flottent sur l’eau. Faujas en a trouvé de semblables dans le Vivarais. L'agzlmatolite ou pierre de lard des Chinois; c’est le #i/dstein de Klaproth , et la pagodite de Napione. La ko//yrhite ; espèce d’alun natif, dont Klaproth a retiré : Alumine.... 45 SCENE 14 HAUT. te aol 30 La chiastolithe , ou crucite de Delamétherie. La skorza; sa couleur est d’un vert serin. Sa pesanteur spécifique est 3,3500. Klaproth en a retire : STICE Mec ea see 43 Anumime eee DL OENTE RS RNA 14 FELIOxXIdé ne 20e 16.50 Manganèse oxidé.... 0.25 La pimélite ; terre couleur de vert de pomme , laquelle ac- compagne la chrysoprase de Tkosemütz. Klaproth en a retiré : Silice. ie anti s 3 Alumine ..., Lt areD Magnésie ......... 1.25 Chaux. 55: cmo ts o Nikel oxidé......, 15.62 Ferioxidé. 24e 2. 4.58 Bausssaehele is 37. ; j Le taselspath ou spath en tables 5711 paroîttre du spath cal- caire pénétré de silice. On a retiré: Chaux carbonatée.. 40 SCENE LNUAR 5a du perlstein. Lowitz en a retiré : Silrouts to, 26074 Alurminer Æ, 1e 12 Ghaug. sue #5. uroy Magnésie.. ...... 3 Fer oxidé. ...... 1 #o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE (CHIMIE … Le braun-steinkiesel, ou mine de manganèse granatiforme. Klaproth en a retiré, manganèse 0,35. L’almandine ; c'est. le grenat oriental ; l’auteur le sépare des autres grenats, parce qu'il ne contient pas, comme eux, de la chaux et de la magnésie. | E Dans la distribution des mines métalliques , Karsten a changé les distributions ordinaires. On donnoït communément à une mine le nom du métal le plus précieux; ainsi une mine qui ne contient qu’une très-petite portion d’or en comparaison des autres métaux, étoit, néanmoins appelée rire d’or. L'auteur pense différemment ; il range, par exemple, le fahlerz jou argent gris, parmi les mines de plomb, parce que ce dernier métal y est le plus abondant, et ainsi des autres. Le /ornblez ou ‘blomb corné , est un plomb muriaté du Der- bishire analysé par Klaproth'; il cristallise en cubes. Arragonite. Werner a donné ce nom à des cristaux hexa- gones prismatiques qu’on trouye én Arragôn ; il y en a aussi dans les Pyrénées. Quelquefois: ces, prismes sont droits, mais le plus souvent ils sont hérissés de sommets dièdres. Sa pesanteur est 2,94650. FA Klaproth a analysé cette substance , et en a retiré les mêmes principes que du spath calcaire. | Cependant Haüy n’a puy retrouver.ni la molécule, ni la structure du spath calcaire‘ou chaux carbonatée. En conséquence il en fait un genre particulier. Il regarde ce prisme hexagone, comme un groupe composé d'octaèdres cunéïiformes, c’est à- dire de prismes quadrangulaires à sommets 'dièdres. Les quatre trapèzes qui forment les quatre grandes faces sont inclinés entre eux *de 1160 d’une part et de 644 de l’antre. L’incidence des faces triangulairés À l'endroit: oùielles se. réunissent st d'envi- ron 7o°. . .901 I < Trois de ces prismes ayant leurs angles de 1160 ne peuvent:for- mer un prisme hexagone ; il faudroit que leurs angles fussent de 1200. 1 Pour remplir ce vuide la cristallisation emploie un quatrième prisme qui paroît pénétrer en:partie le troisième:: en sorte que dans le solide qui paroît résulter de cette réunion:, les:-deux pans qui s'entrecoupent au centre , .font entrer eux un angle de 128° pan e i£ Haüy a examiné de nouveau. la forme des cristaux du fer de l’île d’Elbe. Romé-de-l’He avoit cru .quec'étoit le cube et ses modifications : et tous les cristallographes l’avoient répété d’après MEME D AMIS DO "PRE N'A TU RE L'LE. 41 d’après lui ; mais Haüy a reconnu que c'étoit un rhomboïde dont l’angle du sommet est d’environ 87°, et par conséquent l’autre de 93. C'est le même rhomboïde des cristaux du fer des volcans et de celui de Framont. 11 résulte de ces recherches, dit-il, que toutes les mines de - fer qui conservent l'aspect métallique se réduisent à deux es- pèces très-distinctes : La première est celle qui cristallise en octaèdre ; tels sont les beaux cristaux de fer de Suède, ceux de Corse.... Il l’ap- pelle /er oxridulé. ÿ La seconde a pour forme primitive un rhomboïde très-obtus comme le fer de l’île d’Elbe , celui de Framont et celui des vol- cans. Il l'appelle er olisiste. Spinthère. Haüy a donné ce nom à des cristaux qui se trou- vent en Dauphiné; ils ressemblent jusqu'à un certain point à l’yanolite ou axinite, pénétré de chlorite. Ils sont verdâtres , assez durs ; leur forme paroît devoir se rapporter à un octaëdre rhomboïdal très-alongé et applati sur les côtés. j La sémeline. Fleuriau-Bellevue a donné dans le cahier de frimaire de ce journal, un mémoire sur les cristaux microscopiques , la séme- line, la mélilite, la pseudo-sommite et le se/ce romano. Il pré- sente des considérations générales sur l'examen des cristaux quel- ques petits qu’ils soïent , et fait voir que cet examen doit aider à distinguer dans des aggrégés les corps dont ils sont formés , donner des notions plus certaines sur ceux que nous ne con- noissons qu'imparfaitement , et sur-tont en faire découvrir de nou- veaux. Il indique les moyens de séparer les cristaux des masses dans lesquelles ils se trouvent confondus , et d'examiner avec plus de facilité ceux qui ne peuvent s’observer qu’à la loupe. Il fixe particulièrement l’attention sur ceux de ces cristaux qui paroissent: aux surfaces extérieures ou à celles des fentes des ro- ches, comme indiquant la plupart des élémens qui composent ces mêmes roches. Passant ensuite des principes aux exemples, il fait la descrip- tion de trois nouvelles substances qu'il n’a vu qu’en cristaux microscopiques: La première , à laquelle il donne lé nom de sémeline , et qu'il a reconnue dans des laves de différens pays, présente des cristaux qui ressemblent pour la couleur et la trans- parence à de belles topases. Leur forme la plus simple est celle d'un octaèdre rhomboïdal très-alongé : il en décrit six variétés. Tome LII. NIVOSE an 9. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Leur verre, au chalumeau , est singulièrement remarquable par sa faculté de redevenir à volonté noir et opaque, et ensuite in- colore et transparent , selon le degré de feu qu’on lui fait subir. 1! établit leur rapport et leur difference avec une substance , la spinthère, dont le cit. Haüy a donné la forme, et qu'il a jugée nouvelle d’après le caractère de sa structure. La troisième et quatrième partie de ce mémoire contiennent la description de la mé/ilite et de la sommite de Capo-di-Bove dont j'ai parlé le premier dans ma Théorie de la terre. L'auteur ayant examiné de nouveau les différens échantillons qu’il avoit pris sur les lieux, a trouvé à la première de ces substances cinq variétés de formes régulières , et à chacune la faculté de se ré- soudre en gelée dans les acides. D'où il conclut que la mélilite ne peut se rapporter à aucune autre substance connue, et que la seconde de ces pierres ou n’est point de la sommite, ou doit être distinguée de celle du Vésuve (qui n’est pas susceptible de se résoudre en gelée) ; il l’appelle en conséquence pseudo-sommite. Ce mémoire se termine par l’analyse mécanique de la lave dite selce-romano , faite par l’examen de cinq espèces de cristaux mi- croscopiques qui se montrent à sa surface , et qui paroissent la composer en entier en se pénétrant les uns les autres. Dans ce nombre se trouvent des cristaux de mine de fer en dodécaèdres à plans rhombes et à sommets surbaïssés et tronqués net ; variété de mine ou de forme qui paroît nouvelle. S L'auteur jugeant qu’il seroit utile, pour les classer, d'examiner séparément chaque partie des roches qu’on désigne sous les noms vagues de corréenne, de wacke et de basalte , donne cetexemple de la possibilité d’y parvenir lorqu’elles sont entièrement à l’état d’aggrégation cristalline. | Des analyses de ce genre doivent faire découvrir de nouveaux minéraux , faire connoître la nature des roches , et hâter ainsi les progrès de ja minéralogie et de la géologie. J'ai trouvé parmi les substances vomies par le Vésuve, et qui ne paroissent pas avoir été altérées par l’action du feu, des cris- taux de ceylanite et de volcanite ou pyroxène que Bellevue et moi nous avons décrits. Les ceylanites sont des petits cristanx noirâtres très-petits. Leur forme est 10. l’octaèdre ; 2°. l’octaèdre tronqué sur ses douze arêtes ; 3°. l'octaèdre tronque sur ses douze arêtes, plus sur cha- cun de ses six angles solides par quatre facettes triangulaires : ce qui donne un cristal à quarante-quatre facettes. Les volcanites sont les pyroxènes de Haüy, ou augites de En à ETOD')ATT STIOrI CRE! NN AT UT R EMAME. 45 Werner. Le mot agite paroît préférable, puisqu'on vient de trouver de pareils cristaux en Norwège dans des lieux qui ne sont point volcaniques, et c’est celui dont je me servira. Ceux que j'ai trouvés dans ces substances du Vésuve , sent des petits prismes rhomboïdaux , d’un vert tendre , et terminés par des sommités dièdres avec différentes troncatures. Brochant vient d’enrichir la minéralogie française , en publiant un Traité élémentaire de minéralogie suivant les principes du professeur Werner. On. sait que la méthode minéralogique de Werner est presque universellement adoptée par les étrangers. Néanmoins elle étoit peu connue en France. C’est donc un grand service que l’auteur a rendu aux minéralogistes français , de les mettre à même de l’apprécier. Nous reviendrons sur cet im- portant ouvrage. Haüy s’est enfin déterminé à publier son ouvrage minéralogi- que. L'impression en est commencée , et les savans en jouiront dans le cours de l’année. Les fragmens qui en ont été donnés au public, faisoient desirer depuis longtemps que l’auteur achevât son beau trayail. On voit les progrès rapides que fait la connoïissance des miné- raux. Tandis que le minéralogiste décrit avec la plus grande exactitude les objets nouveaux qui se présentent à lui, et en constitue les caractères extérieurs , le chimiste en recherche les principes constituans. Mais l'art de l'analyse n’est peut-être pas encore assez avancé. Au moins les chimistes les plus distingués n'obtiennent pas toujours des résultats semblables dans l’analyse d’un même minéral , et souvent l'analyse de minéraux absolu- ment différens leur donne des résultats semblables. C’est ce qu'a fait voir Brochant dans les analyses du grenat et de l’axinite ou yanolite faites par Vauquelin. Il a retiré de ces substances, Silice. Alum. Chaux. Feroxid. Manganèse oxid. Grenat. 43 16 20 16 o Axinite. 44 18 19 14 4 Nous venons de voir que dans l’analyse de la mélanite , Kla- ._proth a obtenu 0,19 de magnésie , et Vauquelin n’en a point trouvé. Ces légères différences ne doivent point faire rejeter les analyses des chimistes, qui seules peuvent perfectionner la minéralogie. Mais elles feront redoubler d’efforts pour avoir des résultats qui s’approchent plus de la vérité. ; / 44 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D'E)SINEIONSISMIMTCENS. L'histoire des fossiles acquiert chaque jour un nouvel intérêt. Les observations se multiplient. On y porte le même esprit de pré- cision qui règne dans toutes les autres parties des sciences. Ces recherches jetteront beaucoup de lumièressur la théorie de notre globe et sur les catastrophes diverses qu’il a éprouvées. On a divisé ces fossiles en différentes classes. o Les zoolites ou quadrupèdes fossiles. Cuvier a entrepris un travail considérable sur ces espèces de fossiles. 11 réunira toutes ses recherches dans un seul ouvrage. Il vient d’en donner un extrait que nous ferons connoître plus en détail. Nous nous contenterons de dire ici qu'il assure être parvenu à rétablir yingt-trois espèces toutes bien certainement inconnues , et qui paroissent avoir été détruites ; mais leur existence dans les siècles reculés est attestée par leurs débris. Il est d’autres fossiles, dit-il, sur lesquels on n’a pas de don- nées aussi sûres que sur ceux qui précèdent. Enfin il range dans une troisième classe des os incertains, ceux qui ressemblent complettement aux espèces vivantes ; mais qui, ayant été trouvés dans des tourbières, peuvent y avoir été en- foncés par diverses causes , sans devoir être regardés pour cela comme de véritables fossiles. Nous donnerons dans les cahiers suivans un extrait plus dé- taillé de ce mémoire. Picot-Lapeyrouse a trouvé des os fossiles sur les cimes les plus ‘élevées des Pyrénées; car dens cette chaîne de montagnes, le calcaire est ordinairement à une plus grande hauteur que le granit. ‘ Les amphibolites ou amphibies fossiles. Adrien Camper a fait de nouvelles observations sur les osse- mens fossiles de la montagne de St.-Pierre à Maestricht. Son pèré , qui avoit une si profonde connoïssance de l'anatomie comparée , s’étoit néanmoins trompé sur la nature des animaux auxquels ces os avoient appartenu. Il pensoit qu’ils étoient des os de cétacés. Van-Marum pense que ce sont des.os de poissons. Faujas les a regardés , au contraire , comme des os de crocodile ; et Camper fils est absolument de son avis. Il en rapporte plusieurs EUTOD PHNI SIMON RE" NEA T, U'RPENTALIE. 45 preuves qui paroissent ne devoir laisser aucun doute à cet égard. 11 les tire de la structure des dents, de celle des mâchoïres, et de celle des vertèbres. Cuvier a reçu le squelette presque entier d’un crocodile trouvé dans les rochers des environs de Honfleur. Les mâchoires , les vertèbres en sont très-bien conservées. Un examen approtondi de toutes ces parties lui ont fait voir que cette espèce ne ressemble à aucune des espèces vivantes. Elle a cependant beaucoup de rap- ports avec le gavial ou crocodile du Gange : d’où il conclut que c’est encore une des espèces perdues, et qui n’ont plus d’ana- logues vivans. Les ornitholites où oiseaux fossiles. Fortis a discuté dans un savant mémoire l’origine des morceaux de fer qu’on a trouvés dans les gypses auprès de Paris. Il suppose que celui que l’on voit dans le cabinet de minéralogie de l'hôtel de la Monnoiïe , et qui a été trouvé à Clignancourt , est un mor- ceau de fer de cheval qui a coulé dans une fente, et qui a été recouvert postérieurement par des incrustations gypseuses. Îl combat l'opinion que j’avois émise à cet égard dans ma Théorie de la terre, sur ce fer que je disois pouvoir être contemporain de la formation des couches gypseuses. Il a aussi examiné dans le même mémoire tous les ornitholites dont on à parlé jusques ici. Il y avoit si peu d’exactitude dans tout ce qu’on avoit dit, qu’il s’est cru autorisé à conclure qu’il ne lui étoit point prouvé qu’il existe des véritables ornitholites. Mais dans le même instant on apporta à Cuvier un morceau de gypse de Clignancourt, au bas de Montmartre, dans lequel se trouvoient la cuisse , la jambe et le pied d’un petit oiseau, qui a des rapports avec la petite hirondelle. Camper envoya aussi le dessin d’une jambe” d'oiseau fossile, qui est dans un morceau de plâtre de Montmartre. Le morceau est dans son cabinet. Traullé me fit également passer le dessin d’un bel ornitholite, qui se trouve dans le cabinet du peintre Elluin à Abbeville. Tous ces faits ne paroïissent pas laisser de doutes sur l'existence de véritables ornitholites. Les ichtiolites ou poissons fossiles. Eacépède , dans son histoire des poissons , examine aussi la 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE question des poissons fossiles. Les deux endroits où ils sont le plus abondans en Europe sont le mont Bolca, auprès de Vérone, décrits par Gazola , et les carrières schisteuses d'OEningen au- près du lac de Constance, décrits par Saussure; il y existe une grande quantité de poissons fossiles dont, dit-il, on a reconnu plus de trente espèces qui ont leurs analogues vivans ; ce sont: 1°. le pétromizon-pricka, 20. le squale-requin, 3°. la murène- anguille, 4°. le scombre-thon, 50. le caranx-trachure , 60. le cotte-chabeau, 70. la trygle-malarmat, 80, le trigle-milan, 9°. le pleuronecte-carrelé, 10. le cobite-loche, 11°. le cobite-barbotte, 12°, le salmone-fario , 130. l’ésoce-brochet , 14°. l’ésoce-belone, 150. la clupée-alose, 16°. la clupée-hareng, 17°, le cyprin- carpe , 180. le cyprin-tanche , 190. le cyprin-goujon, 20°. douze autres cyprins , 21°. l’hamburge, 220. le céphale, 23°. le vau- dois , 24°. la dobule, 250. le grislagine , 260. le spirlin, 27°. le bouvier , 28°. l’able, 29°. la brême , 300. le véron, 31°. le roux, _310. le nez. «Tous ces poissons, dit-il, vivent encore dans les diverses mers européenes qui environnent le lac de Constance et le territoire vénitien. La comparaison là plus exacte ne feroit remarquer entre les individus que l’on pêcheroit dans ces mers européenes et ceux qui sont encore gissans sous les couches d’OEningen ou du Bolca , aucune différence plus grande que celles qui séparent souvent des produits de la même ponte. » Il rapporte ensuite quelques autres espèces de poissons fossiles perdues , tels que l’uranoscope rateau , le kurte-porte-voile, etc. « Ce n’est qu'avec une grande réserve , ajoute-t-il, que nous devons dire qu’une espèce a terminé sa durée. Nous ne con- noissons pas assez la surface du globe ni les mers qui l’envi- ronnent pour prononcer formellement qu’on ne trouvera dans aucune eau douce ni dans aucun parage des analogues très-res- semblans des individus fossiles que nous n’avons pu inscrire dans aucune espèce décrite et vivante. » Les conchiolites ox coquilles fossiles. Les coquilles fossiles sont extrêmement nombreuses ; mais Poiret en a trouvé dans les tourbières du Soissonnais, dont il.a reconnu plusieurs existantes dans nos eaux douces, telles que le grand planorbe , la bulime des marais , la vivipare, des tellines, des moules , des myes. Sage a donné un mémoire sur les belemnites. Il en décrit une CD AD HAS ON R EUN AT U R'E LUE. 47 nouvelle espèce qui est divisée en plusieurs chambres, lesquelles sont séparées par des cloisons calcaires, blanches, opaques et presque feuilletées. Les enthomolites ou insectes fossiles. Faujas & obseryé à Rochemaure dans le Vivarais , des impres- sions de fossiles dans des marnes qui sont situées sous douze cents pieds de laves; parmi ces fossiles se trouve l'impression d’un insecte que Fabricius et Latreille ont reconnu être l’hydro- phile de nos marais. Les phitolites ou plantes fossiles. Faujas , dans les mêmes couches, sous ces douze cents pieds de laves, a trouvé l’impression de plusieurs plantes ; les plus célèbres botanistes les ont examinées avec soin , et en ont re- connu plusieurs dont les analogues sont vivantes: 1°. la feuille d’un peuplier-tremble; 2°, celle d’un châtaignier ; 3°. celle d’un bouleau ; 4°. celle d’un érable; 5°. un cône entier du prinus silvestris; 7°. une portion de cône du pinus sativa. Tous ces faits prouvent qu’on doit distinguer , comme je lai fait dans ma Théorie de la terre , les êtres organisés fossiles en trois grandes classes. La première classe comprendra ceux qui ont encore leurs analogues vivans. Nous avons vu qu'il y en a plusieurs. La seconde classe comprendra ceux qui n’ont aucune espèce de rapports avec les animaux ou végétaux vivans; tel paroît être le grand animal fossile trouvé au Paraguai, et qui a été apporté dans le cabinet de Madrid. La troisième classe comprendra ceux qui se rapprochent plus ou moins des animaux et végétaux existans, quoiqu'il y ait quelques différences. Cette classe est la plus nombreuse. Il restera à examiner si ces difiérences sont assez grandes pour qu’on puisse dire, 1°. que ces espèces fossiles sont perdues, et que les espèces existantes sont de nouvelle formätion ; 2°. s’il n'est pas plus vraisemblable que ces différences ne sont pas plus considérables que celles qui existent entre les individus d’une même espèce, telles que celles qui existent entre un grand ou un petit levrier, un gros bouldogue, un petit bichon; un gros cheval danois, un petit cheval corse , un cheval svelte d'Arabie... Je crois çette dernière opinion plus probable ; car il me semble 43 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'il faudroit les plus fortes raisons pour admettre une nouvelle production d'êtres organisés. 3 DES VOLCANS. Patrin, dans un mémoire lu à l’Institut le premier ventôse an 8 (20 février 18600), présente une nouvelle théorie des volcans. L’immensité des éjections volcaniques a fait penser à l’auteur que ces matières n’avoient point été contenues en masses dans le sein de la terre, puisqu’au lieu d’éprouver des affaissemens , le sol des pays volcanisés acquiert un exhaussement quelquefois très-considerable. Il n’admet donc point de gouffres sous les volcans, et leslacs qui se trouvent souvent dans les anciens cratères, lui semblent détruire la supposition de ces abîmes. Il pense que toutes les matières vomies par les volcans pro- viennent des fluides de l’atmosphère, qui circulent dans les couches des schistes primitifs, et qui , en sortänt des montagnes schisteuses prennent une forme concrète, de la même manière que les eaux de fontaines, qui, après avoir été en vapeurs dans l'atmosphère, et avoir ensuite pénétré dans les fissures des rochers ensortent sous une forme fluide, mais qui dans les temps de gelée, forment des coulées de glace, comme les fluides émanés des volcans forment des coulées de lave. Patrin observant que tous les volcans ont été sous-marins , que tous ceux quiexistent sont au bord de la mer, et qu’ils s’éteignent à mesure qu’elle se retire, regarde l'acide marin comme leur principal aliment. } Il explique la manière dont cet acide pénètre dans leur base sous-marine et comment il devientacide muriatique oxygéné. Cet acide, introduit dans les schistes , enflamme les sulfures qui s’y trouvent ; il y a décomposition d’eau et formation d'huile par la combinaison de l’hydrogène avec le charbon contenu dans les schistes ebune portion d’oxyoène : cette huile modifiée par l’acide sulfurique, devient pétrole ; c’est ce pétrole qui donne J’amertume aux eaux de la mer. Le fluide électrique joue un grand rôle dans les phénomènes volcaniques , suivant l’auteur; il forme le soufre qui entretient la déflagration , et il contient le phosphore qui concourt avec un fluide métallifère qui forme le fer des laves, à fixer l’oxygène et les autrés gaz, sous forme terreuse. x La ET’ D’H I1S,T O4 R°E N'ATUIR E/LAIVE. 49 La découverte faite par M. Humboldt d’une terre calcaire dans les pluies d’orage, vient à l’appui de son opinion sur la forma- tion des terres par des fluides aériformes. Il s'appuie encore des expériences quiontété publiées par Desormes et Guyton-Morvesu, sur la nature des terres calcaires et magnésiennes qu'ils croient formées de differens gaz. Elle est aussi prouvée par les éjections de terre argileuse qui se font depuis plus de vingt siècles à Macalouba en Sicile, où elles ont formé un grand nombre de collines. Les mêmes éjections argileuses ont lieu dans les sa/ses de Modène et dans la Crimée : ce sont des espèces de volcans pure- ment vaseux. Le phénomène du volcan de Stromboli, qui depuis un temps immémorial est continuellement en action , et fait régulière- ment de 7 minutes en 7 minutes une éjection de pierres enflam- mées, paroît à l’auteur prouver la formation subite de ces ma- tières pierreuses : il trouve difficile de concevoir qu’il y eût toujours au fond du cratère la même quantité de pierres prêtes à être lancées au dehors. Patrin finit par observer qu’on pourroit peut-être diminuer l’activité des volcans et leurs funestes effets, soit en écartant le fluide électrique par de puissans conducteurs prolongés à de grandes distances , soit en empêchant l’infiltration des eaux de la mer dans la base des volcans, ce qui n’est peut être pas im- praticable , sur-tout quand la place où se fait cette infiltration est indiquée comme elle l’est au pied du Vésuve, par le pétrole qui s’échappe du fond de la mer. G. A. {Deluc a cherché à combattre ces idées. Patrin adop- tant, dit-il, les principes de la nouvelle chimie , et l'hypothèse de Laplace, « que le globe terrestre et les autres corps plané- taires ont été formés par la concrétion d’un fluide aériforme émané du soleil , » en fäit l'application aux phénomènes volca- niques; maïs cette: opinion de Laplace, non plus que l’applica- tion qu’en fait Patrin, ne paroissent point fondés à Deluc. Il ne pense point, 19, Que la matière des laves soit fournie par des fluides aéri- formes qui sortent d’entre les feuillets de schiste, et qui se se- roient condénsés. Le foyer des volcans lui paroît beaucoup plus profond. 29, Patrin a dit : tous les volcans en activité, sans exception, sont dans le voisinage de la mer, et à mesure qu’elle s’est éloi- gnée des autres , ils se sont éteints. Ce sont là deux grandes Tome LII. NIVOSE an 9. 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE erreurs, dit Deluc : la mer ne se retire point, et les volcans s’éteignent même au milieu des eaux : il rapporte plusieurs faits pour le prouver. 50. Patrin croit que le sel marin , si abondant dans les mers, pénètre les bases des volcans et se décompose ; son acide s’in- troduit dans les schistes, en enflauime les sulfures et en dégage les gaz aériformes qui, en se solidifiant , produisent les substan- ces volcaniques. Deluc dit qu'aucune de ces hypothises n’est prouvée. Ce même savant a discuté quelques opinions que Humboldt a avancées au sujet du pic de Ténérifte. Deluc y soutient, 1°. que le foyer des volcans est à une assez petite profondeur au-dessous de la surface de la terre ; 2°. que les îles volcaniques et les mon- tagnes volcaniques ont été élevées par les éruptions que font les feux souterreins. D’E:L:A :G É O L'O GITE: On a discuté cette année plusieurs questions intéressantes de géologie ; nous allons rapporter les faits principaux qui ont servi de fondement à ces discussions. G. A. Deluc a combattu par des observations bien vues l’opi- nion de ceux qui prétendent que les vallées ont été creusées par les courans. P. Bertrand a rapporté plusieurs autres observations pour con- firmer l'opinion de Deluc. Le même naturaliste, G. Deluc, a fait différentes observations sur les faits qu’a rapporté Humboldt dans son séjour aux Cana- ries. Humboldt a dit : « Les Açores, les Canaries , les îles du Cap Vert ne paroïssent être que la continuation des formations basaltiques de Lisbonne ; Les flots amènent aussi, et jettent de la côte d'Afrique sur les bords de Ténériffe , des granits , des siénits, et le schiste micacé granitique que nous avons au St. Gothard et dans le HAE Il est à supposer que c'est de ces roches qu'est composée la haute cîme de l’Atlas qui se prolonge à l’ouest vers les côtes de Maroc. » Deluc ne croit point que les Açores ni les îles du Cap Vert soient des continuations des couches de Lisbonne, ni que les flots puissent amener sur les bords de ces îles les pierres déta- chées du sommet de l’Atlas. Spallanzani , dans son voyage aux deux Siciles, a observé END HIT S'ANONMR ÆE PNIAT ID RIE LITE: 51 avec attention un fait fort sinsulier, déja vu par d’autres natu- ralistes; c’est qu’au détroit de Messine, où la mer est si agitée, elle dépose néanmoins des sucs lapidifiques calcaires, et y forme de nouvelles pierres, en aglutinant les parties étrangères qui s’y trouvent. Cette lapidification est si active, principalement à la pointe de Pelore , que le canal du détroit en est retréci. Les ha- bitans ont vu, pour ainsi dire sous leurs yeux, la pointe du phare ou l'extrémité du pelore, durant l’espace des trente der- nières années, se prolonger en mer l’espace de plus de deux cents: pieds, de manière que les tremblemens de terre ayant ruiné la tour (bâtie du 16° siècle) qui servoit de fanal, il a fallu Ja bâtir plus avant : on en voit une plus ancienne encore qui est aujourd’hui dans un champ planté de vignes. Fortis a vu un autre fait analague. Une petite rivière du côté de Tivoli, dont les eaux contiennent une grande quantité de carbonate calcaire en dissolution , ne forme presqu’aucun dépôt dans les lieux où son cours est tranquille; mais il se trouve une espèce de pertuis où ses eaux resserrées se précipitent avec im- pétuosité : les eaux y déposent la plus grande partie du spath calcaire dont elles sont chargées. Ces deuxfaits singuliers nous font voir que les grandes cris- tallisations géologiques ontpu se faire quelquefois dans des eaux agitées comme dans des eaux tranquilles. Hoffman et Eslinger novs ont donné un précis de la division et classification des montagnes et des roches d’après le conseil- ler Werner. Ce grand maître divise les montagnes en cinq classes. 10. Les montagnes primitives formées de granits, de gneis, de schistes micacés, de schistes argilcux, de calcaire primitif, de “trapp, de porphire, de siénit, de serpentine, de quartz, de schiste siliceux 20, Les montagnes de formation intermédiaire ou de transi- tion. Elles sont formées après les primitives, mais avant les se- condaires : elles sont composées de pierre calcaire de formation intermédiaire , de trapp, d’amygdaloïdes, de wake grise. 3°. Les montagnes secondaires , qui sont encore postérienres. Elles sont composées de grès , de pierre calcaire coquillière , de gypse , de sel gemme, de craie, de charbon de terre, de mine de fer arpileuse, de calamine, de trapp secondaire , de wake, de basalte, de schiste porphyrique, de grünstein, d’amygda- loïde , de graustein, de tufs basaltiques. 4°. Les montagnes et terres d’alluvion sont un assemblage des G 2 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE débris des autres montagnes. Elles sont composées de sables et pierres roulées, de lits d’argile et de limon, de couches de tufs. 5°. Les montagnes et fossiles volcaniques. Ces montagnes ne sont point aussi considérables , suivant Werner, que suivant les minéralogistes italiens et français, parce qu'il regarde comme un produit des eaux une partie de celles que ces derniers re- gardent comme un produit du feu. La formation des granits, des porphyres.... que j’ai regardée avec plusieurs physiciens comme le produit d’une cristallisation aqueuse , a été envisagée d’une manière différente par d'autres savans. Le docteur Hutton, dans sa rhéorie de la terre , à supposé que notre globe a été formé par l’action du feu ; gze le granit, Le porphyre et le basalte sont parvenus à leur position actuelle dans un état de parfaite fusion. Hall a cherché à prouver cette dernière partie de l’opinion de Hutton par des faits : « il croit qu’un refroidissement très- lent de ces grandes masses a pu leur faire affecter une figure plus où moins régulière, d’où sera résulté cette conformation pierreuse et cristallisée commune à toutes ces substances non stratifiées, depuis le granit à gros grains , jusqu’au basalte à grain fin et presque homogène. Un fait nouvellement arrivé à Leith, semblable à d’autres observés précédemment par Keir, renforçoit la probabilité de cette conjecture. Un grand creuset à verre de vitres rempli de verre vert de bouteilles s’étant re- froidi lentement, son contenu avoit perdu tous les caractères du verre et pris complettement une conformation pierreuse. » Il a répété plusieurs fois la même expérience , et il a constam- ment obtenu le même résultat : du verre de bouteilles mis en fusion et refroidi lentement , a pris la forme d’une substance pier- reuse ; chauffé de nouveau, il est redevenu verre parfait, Il exposa pour lors du whinstone , espèce de basalte d’Ecosse, à un feu de réverbère : la substance étant en parfaite fusion, il retira le creuset et l’entoura de charbons ardens ; le feu fut soutenu plusieurs heures, ensuite on le laissa éteindre lentement. Le creuset étant refroidi fut brisé, et se trouva contenir une substance tout-à-fait différente du verre et d’une texture com- p'ettement semblable au whinstone. Il sy forme souvent des cristallisations particulières. - Les mêmes expériences ont réussi au docteur Hoppe, au doc- teur Kennedy et à plusieurs autres savans. « Je conçois donc , ajoute Hall, que la formation des subs- — ERRUDAENR SE OM RIENINTAMENU RUENLNDRE, 55 tances isolées contenues dans les laves, aussi bien que les autres particularités de la structure intérieure que ces laves possèdent en commun avec le granit et le basalte, doivent être attribuées dans toutes , à la cristallisation qui a lieu pendant le re/roidisse- ment lent qui a succédé à leur fusion , comme je l’ai avancé au printemps 1790 (Transact. Edimb. , vol. 111). L'année suivante le docteur Beddoes présenta à la société royale de Londres, un mémoire dans lequel il explique le caractère du granit et des basaltes par une cristallisation en conséquence d’un refroidis- sement. » Les cristallisations qui se trouvent dans ces matières parfai- tement fondues dans les expériences précédentes, ont été dis- tinguées par Hall par le nom de cristallite , terme que le docteur Hoppe lui a suggéré. Ces cristallites trouvées dans du verre qui a été parfaitement fondu et qui s’est ensuite refroidi lentement, expliquent l’ori- gine des divers cristaux qu’on trouve dans les laves volcaniques qu’on a vu couler ignescentes. Elles se sont refroïidies très- lentement , et des cristallisations particulières s’y sont opérées , comme dans les expériences précédentes. ...... Cette opinion de Hutton et de Hall a été combattue par Buch dans une lettre qu’il a adressée à Pictet. 11 a fait voir que la formation des granits, des gneis, desschistes micacés, des por- phyres......., est due à une cristallisation aqueuse et ne peut \ nullement être attribuée à une cristallisation ignée. D’autres savans , tels que Pallas, Bertrand......, regardent les granits, les porphyres....., comme les produits d’une cris- tallisation aqueuse ; mais ils pensent que leurs élémens sont des substances chauffées par les feux souterreins : que ces substances ont été postérieurement dissoutes par les eaux , et que le résultat de ces cristallisations ont été les porphyres, les granits...... Cette hypothèse qui seroit plus vraisemblable que celle de Hutton, n’est cependant appuyée sur aucun fait. Les eaux ont couvert tout le globe, c’est un fait à-peu-près Là 4 , 4 généralement avoué par tous les géologues. Elles se sont ensuite reuirées et ont laissé les continens à dé- couvert. Mais sont-elles revenues une on plusieurs fois recouvrir ces mêmes continens qu'elles avoient abandonnés ? C’est un point sur lequel les géologues ne sont point d'accord. Poiret dans son mémoire sur les tourbes pyriteuses du Sois- 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sonnais, rapporte un fait qui lui paroît prouver que les eaux sont venues plusieurs fois recouvrir les mêmes continens. Ces tourbes qu’on appelle dans le pays cendres noires, sont une substance noire terreuse plus où moins compacte pénétrée de fer et de soufre ; ce soufre s’enflamme spontanément par le contact de l'air, et produit beaucoup de vitriol et de sulfate de fer. Elles se trouvent par couches régulières, horizontales, plus ou moins épaisses , à différentes profondeurs et souvent alternant avec des lits de marne et d’argile. Le sol sur lequel repose cette tourbe est en général maréca- geux et limoneux. Les lits inférieurs de celle qu’on exploite au- près de Soissons sont séparés des couches supérieures par un lit peu épais de marne , dans lequel on trouve beaucoup de co- quilles fluviatiles , telles que /’helix corneæ, Linn. (le grand planorbe à spirales rondes) ; kelix palustris, Linn. (bulime des marais, Brug. ); elix vivipara , Linn. (la vivipare blanche, Geoffroi). On trouve ensuite plusieurs autres lits de tourbe , interrompus par des couches de glaise, de marne, etc. ...., dans lesquelles se rencontrent des bois , des pyrites , des os... Les couch-s supérieures qui recouvrent celles de la tourbe , sont remplies d’un grand nombre de coquilles marines , isolées , réunies par groupes , ou même disposées par bancs réguliers ; ce sont des huîtres, des visses, des cerites, des buccins , des vénus, des nerites, étc., etc. ; la plupart en fragmens. À Beaurieux , dans les mêmes cantons, on a creusé au -des- sous des couches de tourbe pyriteuse, et on y a trouvé un ma- rais tourbeux , une couche de sable gris mêlé de débris de co- quilles fluviatiles, qui ont paru à l’auteur appartenir aux tellines, aux moules et aux zzyes de nos rivières et de nos étangs. L'auteur cherche ensuite à expliquer tous ces phénomènes. Il regarde cette tourbe comme une véritable tourbe de marais. Il faut donc conclure, ditil, que le Soissonnais est resté pen- dant une longue suite de siècles, couvert de vastes forêts et de nombreux maraïs. La tourbe pyriteuse qu’on y exploite et les coquilles fluviatiles qui s’y trouvent, appartiennent évidemment à une époque antérieure à celle où la merest revenue inonder ce pays ; car les eaux de l'océan avoient primitivement couvert tout le globe ; ellesse sont retirées etles plaines du Soissonnais ont été couvertes de forêts ; les tourbes s’y sont formées ; les eaux de la mer y sont revenues une seconde fois et y ont déposé toutes les couches supérieures avec les coquilles marines. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 Monnet qui avoit visité ces tourbières, avoit déja vu qu’il s’y trouvoit des coquilles fluviatiles au - dessous des coquilles marines. Ces faits paroissent constater que les eaux des mers ont oc- cupé nos continens à différentes époques. Il y en a encore d’autres également favorables à cette hypo- thèse. Cependant la physique ne reconnoît aucune cause qui ait pu produire ces retours des eaux des mers ; c’est pourquoi je n’avois osé les admettre dans ma Théorie de la terre ; mais si les.faits éta- blissent ces mouvemens , il faudra bien les reconnoître. On en cherchera ensuite l’explication. DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX. Desormes et Guyton-Morveau ont annoncé, le 6 floréal , qu’ils étoient parvenus à décomposer les deux alkalis fixes. D’après plusieurs expériences , ils ont conclu, 1°. Que la potasse est composée de chaux et d'hydrogène. 20. Que la soude est composée de magnésie et d'hydrogène. D'autres expériences leur ont fait présumer , 30. Que la chaux est composée de carbone, d’azote et d’hy- drogène. 4°. Que la magnésie est composée de chaux et d'azote, et par conséquent de carbone, d'hydrogène et d'azote. Elle ne différeroit de la chaux que parce qu’elle contiendroiït une plus grande quan- tité d’azote. : Ces expériences n’ont encore été confirmées par aucun autre chimiste. Craamer, apothicaire , avoit déja annoncé, auparavant cette époque , que les alkalis fixes contiennent du carbone. 1l enferme de la potasse ou de la soude arrosée d’eau sous une cloche avec du gaz oxygène. Le gazest absorbé et les alkalis deviennent effer- vescens. Un alkali qui a été ainsi exposé plusieurs fois avec du gaz oxygène, lui donne toute la portion de carbone qu'il peut abandonner : il n’absorbe plus d'oxygène , et né devient plus effervescent. C’est ce que m'apprenoit van Mons dans une lettre qu il m’adressoit en floréal ( imprimée dans ce journal ). Blagden écrivoit de Londres qu'on venoit d'y décomposer l’a- cide muriatique par le moyen de l’étincelle électrique ; mais il ne donnoit aucnns détails. Berthollet a fait différentes expériences pour reconnoître les 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE principes constituans de ce même acide. Il en croit le radical composé d'azote et d'hydrogène. Ce radical se combinant ensuite avec l'oxygène, forme l’acide muriatique. Des lettres de Londres annoncent qu’on y a produit de l’acide muriatique par le procédé suivant : On prend de la limaille de fer qu’on met dans un flacon rempli d’eau chargée de gaz hydrogène sulfuré. Au bout de quelques jours , il s’en dégage de l’air inflammable ; on évapore ensuite à siccité : le résidu est du wwriate oxygèné de fer attirant l’hu- midité. Cet acide muriatique a donc été produit pendant l’opé- ration. Brugnatelli dit avoir obtenu de l'acide cobaltique. Il prend du smalt, qui est un oxide de cobalt : il le lave dans une grande quan- tité d’eau distillée; il filtre, fait évaporer la plus grande partie de cette eau : le résidu est acide, rougit les sucs bleus végétaux. Cet acide a plusieurs propriétés particulières , qui ne permettent pas de le confondre avec aucun des acides connus. En voici les principales : 1°. Îl se présente sous une forme concrète. 20, Il précipite les ammoniures de cuivre en vert clair. 30 Il précipite le nitrate d'argent en blanc, le nitro-muriate d’étain de même. 40. 1] précipite le nitrate de mercure en jaune paille, l’acétite de plomb en blanc. 50, Il précipite l’eau de chaux en un coagulum blanc, insoluble dans l’eau et dans un excès d’acide. Le pneüm. Hanneman dit avoir découvert un nouvel alkals qu’il appelle pneüm ; parce qu'étant exposé à un assez haut degré de chaleur pour le faire rougir, il se boursouffle beaucoup. Il n’a point fait connoître son procédé. Sage a observé que du fer se trouvant en contact avec de l'argent corné , ou muriate d'argent, l’acide muriatique abandonne lar- gent pour se porter sur le fer. On a du muriate de fer ; l’argent est revivifié et reparoît avec toutes ses qualités métalliques. Il a cherché à déterminer la quantité de-soufre et d’arsenic que contient une mine , telle que la mine sulfureuse et arseni- cale de cobalt, et le kupfernikel. Il a fait plusieurs expériences sur la mine rouge de plomb de Sibérie. 11 en a retiré de l’antimoine et point de fer. Thenard ayant répété ces expériences ;, a vu que le plomb rouge pur ne contient que du plomb et de l’acide chromique , comme l'avoit dit Vauquelin, Mais E T'D'HU STORE .N A TU R ELLE. 57 Maïs la gangue noirâtre sur laquelle se trouvent ces cristaux 5 SITE de plomb rouge, contient de l’antimoine. Sage répéta les expériences de Thenard avec Vauquelin. Il reconnut qu’elles étoient exactes. Il avoit été induit en erreur , parce qu’il s’étoit trouvé de la gangue mélangée avec les cristaux de plomb rouge. Le même chimiste a décomposé l'acide nitreux fumant par le moyen du charbon. Il a déterminé la quantité de.soufre et de fer que contient la mine jaune de cuivre, laquelle est composée , suivant lui, de Cuivres AA RER A0 Her BORD D'OLITE M Et LE NC 2.0 Il pense que la terre animale des os, qu’il appelle terre absor- bante , passe à l’état de terre calcaire, lorsqu'on la traite avec les alkalis. Une partie de l’alkalin, dit-il, est décomposée ; son acidum pingue s'unit à la terre animale, et la change en terre calcaire. Sage a donné un mémoire sur les causes de la fermentation vi- neuse, « Elle ne peut avoir lieu, dit il, que par le moyen de la matière sucrée. Le vin sera donc plus ou moins généreux, sui- vant la quantité de sucre que contiendra le moust. Aussi M. de Bullion ne il de Ja consistance à son vin en ajoutant du sucre dans ses cuves. La supériorité du vin ainsi préparé étoit bien décidée. » ; L’art de disposer les semences céréales à la fermentation vi- neuse offre , ajoute-t-il, le moyen de faire le sucre. C'est en fai- sant germer le grain. Une livre de farine d’orge non germée lui a donné, par le lavage, une once d’une matière extractive sucrée ; tandis que la même quantité d'orge qui avoit germé lui a donné plus de trois onces de matière extractive mielleuse. 4 Thenard a donné une nouvelle analyse de l’argent rouge qui se trouve, dit-il, absolument conforme à celle qu'avoit fait Vauquelin. Suivant ce dernier chimiste , l'argent rouge contient, Argent métallique ..... 56.6745 Antimoine métallique... 16. 1300 Sontre IN MEN ANT 0006 Oxygène..,.. JU 10 1206 Tome LII. NIVOSE an 9. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Thenard en a retiré, Oxide d'argent. ...... . 5840 Oxide d’antimoine...... 23,50 Soutres AA EU AT OO Pérte ALT nat Al hot o Le même chimiste Thenard a analysé le plomb rouge et sa gangue. Le plomb rouge lui a donné, Oxide de plomb....... . 64 Acide chromique....,.. 36 Vauquelin avoit retiré du plomb rouge, Oxide de plomb ....... 63.96 Acide chromique....... 36.04 Thenard distingue dans la sangue du plomb rouge deux par- ties ; la partie supérieure qui est d’un brun rouge , etl’inférieure qui est d’un jaune blanchâtre. La partie supérieure de cette gangue lui a donné une quantité assez considérable d’antimoine ; caril en a retiré, Oxide d’antimoine... .. 19 Oxderderfer mes Oxide de plomb... . .. 11 Acide chromique..;... NOR) SOS NT MEN TE SEM ReseT amant Ghauss UNS NTI PTE en ON ITEM Eur 3.5 La partie inférieure de cette gangue est toute différente ; car elle lui a donné, Sikce sin ane Her entoz Alümine tas brssen daté Chdux Mae Poe DER - Oxide de fer. ...:. HN Bu ta Perte en RDA RE 2 Proust a fait des recherches intéressantes sur l’étain. Pelletier avoit prouyé que l’étain étoit susceptible de se combiner avec ET D'HISTOIRE NATURE LISE, 5g l'oxygène en deux quantités différentes ; et de faire naître dans ces deux genres d’oxidation des phénomènes encore peu connus. Ce travail de Proust peut être regardé comme un supplément à celui de Pelletier. Il a traité l’étain avec divers acides, et en a obtenu différens oxides. L’étain oxidé au #aximum contient oxygène 0,30 Le muriate d’étain mêlé avec le sulfate, le nitrate , le mu- riate, l’acétite , le carbonate de cuivre, les oxides rouges, noirs, blancs et verts de cuivre, convertit généralement le cuivre en une poudre blanche qui se rassemble au fond du flacon. Cest du muriate blanc dé cuivre. Fragoso a décrit le procédé dont on se sert a Bleyl en Bohème pour retirer l’acide sulfurique. On y emploie le vitriol vert ou sulfate de fer; on le fait bien calciner préalablement pour le dessècher ; ensuite on le met dans des cuines ou espèces de re- tortes de terre. On soutient le feu trente-deux heures, et on retire de trois livres de ce sulfate calcaire une livre et demie d'acide sulfurique. Il a également décrit le procédé qu’on emploie pour sublimer le verre d’arsenic à la mine de Mauriz Zèche près de Aberdam en Bohème. On place sur des fourneaux particuliers de grandes casseroles de fer ; elles sont surmontées d'un vaisseau de, tole fait en forme de cône tronqué. On met dans la casserole la poussière d’arsenic, laquelle se sublime en verre blanc dans le cône. Quand on vent avoir le verre jaune d’arsenic, on ajoute une partie de souïîre sur deux de poussière d’arsenic. Ce travail n’est nullement dangereux pour les ouvriers. La poussière d’arsenic qu’on emploie se retire du grillage des mines d'étain et du cobalt arsenical, qui se trouvent dans les mines de Joachims Thal. Fragoso nous a fait connoître la manière dont l’amalgarmnation se fait à Joachims-Thal en Bohème. On commence par griller le minérai, ensuite on le porte dans des moulins pour le réduire en poudre. Cette poussière est mise dans de grandes cuves avec de l’eau et du mercure : des moulinets avec leurs aïlerons mus par des machines à eau agitent le tout dans les cuves. On ouvre des robinets pour écouler une partie des eaux qui se rendent dans des réservoirs préparés. L’amalgame qui est tombé au fond de la cuve sort par une autre ouverture : on l’enlève et on le met dans des sacs où on l’exprime pour en faire sortir le mercure. Hz 6o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le résidu est ensuite porte dans les ateliers où on le traite soit par la distillation, soit par le départ. Courrejoles a adressé à Fourcroy une lettre en réponse aux observations que celui-ci avoit faites dans les Annales de chimie sur la chimie optomatique. Elle roule principalement sur les: six propriétés principales que l’auteur reconnoît au feu; sa-: voir, 1°. sa lumière ; 20. sa chaleur ; 30: sa fluidité; 4°. son élasticité ; 50. son attraction ; 60. son mouvement expansif en lisne droite. Il développe ensuite ces propriétés du feu et ses combinaisons. Hamboldt avoit annoncé que les terres humectées avec de l’eau absorboiïent une partie de l’oxygëne de l'air atmosphérique ; pour s’en assurer , il a pris des terres végétaics, des glaises, des marpes: illes a humectées et exposées sous des cloches remplies d'air atmosphérique : une portion d'oxygène a été absorbée. Saussure fils répéta ces expériences avec de l’alumine très- pure. Il la précipite de l’alun par de l'ammoniaque , et la lave avec b.aucoup de précaution dans de l’eau distillée. Il l’expose ensuite sous une cloche remplie d'air atmosphérique , et il n’y a point d'absorption. Fabroni, Champy fils, au Caire, et Berthollet ont répété ces expériences ; et ils ont eu les mêmes résultats que Saussure. Champy a employé l’alumine , la chaux et le limon du Nil sans avoir aucune absorption ( Annales de chimie, n°. 103, p. 30). Je les ai également répctées avec de l’alumine bien pure pré- parée par Saussure, et je n’ai point observé. d'absorption. Humboldt ne pourroit il pas répondre que les terres ainsi que tous les autres corps ne pouvant s’oxider qu’à un certain point, elles ne peuvent se combiner qu'avec une certaine portion d'oxygène; que lorsqu'elles en sont saturées, elles ne saurojent plus en absorber. Or, pour préparer l’alumineeet les autres terres il faut qu’elles soient longtemps exposées à l’air : elles ont donc le temps de s’en saturer; dès-lors elles ne sauroient plus en absorber. 1] paroît qu’il résulte de ces expériences que, 1°. Des terres contenant des oxides de fer, du carbone, ab- sorbent de l'oxygène de l’air atmosphérique. 2°. Que des terres pures n’absoibent plus d'oxygène. Paul de Genève est parvenu à faire, par de nouveaux procédés, des eaux minérales artificielles qui sont d’un degré supérieur à celles qu’on faisoit jusqu'ici. Sen procédé renferme deux opéra- AP, ECECDU'H T'STILOUMRNE CNTA TU RE TCLME 61 tions bien distinctes, l’une d'extraire les gaz qu'il desire, et l’autre de les combiner avec l’eau. Pour extraire le gaz il a deux procédés : lorsqu'il veut avoir du gaz oxygène , hydrogène et carbonique , il les extrait par le feu. Il se sert d’un cylindre métallique traversant un fourneau, et muni à ses deux extrémités de tous les ajustages nécessaires soit pour voir ce qui se passe à l’intérieur, soit pour recueillir , transporter, mesurer, laver et purifier les gaz une fois dégages. Quand il veut extraire ces gaz sans feu et par effervescence , il emploie les moyens connus en chimie; mais il a beaucoup per- fectionné les appareils. Les gaz dégagés, lavés , se rendent dans une machine de compression , laquelle contient de l’eau : ils y sont comprimés à un tel point que quelquefois ils brisent les vaisseaux. L'artiste ne communique pas cette partie de son travail : nous allons rap- porter les quantités de gaz contenues dans les différentes eaux qu'il fait. 1] distingue eaz forte très-chargée de gaz, et eau douce qui en contient moins. Eau de Seltz forte contient par bouteille , Acide carbonique extrait par l’effervescence.. 5 fois son vol. Carbonate de chaux..... 21 centigrammes ( 4 grains). Magnésie...../)..21/,../i%.110:5{(2 grains). Carbonate de soude.. .... 21 (4 grains). Muriate de soude........ 115.7 (22 grains). L'eau de Seltz douce contient, Acide carbonique extrait par le feu et mêlé d’un peu de gaz hydrogène....... 4 fois son volume. Les quatre sels aux mêmes doses que la précédente. 3°. L’eaz dé* Spa contient , Acide carbonique par l’effervescence... 5 fois son volume. Carbonate de chaux..... 10.5 centigram. (2 grains). Magnésie ....... . ... 21 (4 grains). Carbonate de soude.....’10 5 (2 grains). Muriate de soude....... o.2(+grain). Carbonate de fer........ 0.3 (: grain ). 4°. L’eau de Spa forte, Composée comme la précédente contient le double de fer. 5°. L’eau alkaline gazeuse , Acide carbonique par leffervescence.... 4 fois son volume. Carbonate de potasse.... 800 centigramunes (144 grains). 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 60. L'eau de Sedlitz contient, Acide carbonique par l'effervescence.. . 5 fois son volume. Sulfate de magnésie..... 800 centigrammes (144 grains). 7°. l’eau oxygénée contient, Gaz oxyoène, moitié de son volume YS » . 80. L'eau hydrogénée contient , Gaz hydrogène, un tiers de son volume. DEEE 9°. L'eau hydro-carbonée contient, Gaz hydrogène carboné, deux tiers de son volume. Ë 10°. l’eau hydro-sulfurée foible contient, Moitié de son volume de gaz hydrogène mêlé de + de g hydrogène sulfuré. 110. L'eau hydro-sulfurée forte contient, ax Moitié de son volume de gaz hydrogène mêlé de + de gaz hy- drogène sulfuré. Andréossy a été visiter les lacs de zatron (1) en Egypte, et les a décrit avec beaucoup d’exactitude. Ils sont au nombre de six , situés dans une vallée qu’on appelle eve sans eau , dans laquelle on suppose qu’il a pu autrefois passer une des branches du Nil, ou peut-être tout le Nil. Les eaux de ces lacs contiennent différens sels; 1°. du sel marin , ou muriate de soude ; 2°. du carbonate de soude; 3°. un peu de sulfate de soude. Un fait, que j'ai déja fait observer dans d’autres lacs (2), et qui mérite bien l'attention des géologues , est que les eaux du même lac contiennent en divers endroits des quantités inégales de ces sels : ainsi le lac n°. 3, dit Berthollet qui & également vi- sité ces lacs, est divisé en deux parties ; la partie orientale’ ne contient que du sel marin , et la partie occidentale ne contient presque que du carbonate de soude. Berthollet ne doute point que cette soude ou natron ne vienne de la décomposition du sel marin. 11 recherche comment la na- ture opère cette décomposition. Ce sel n’est point décomposé dans la partie des lacs dont le sol est argileux ou siliceux. Il ne l’est (1) Il semble que le mot natron seroit bicn préférable à celui de soude. (2) Théorie de la terre. 1 PAR D IEP 'SAOMRIE ENASTOU R'ENLARE" 63 que dans la partie dont le sol est calcaire : d’où il conclut que c'est ce sol calcaire qui favorise cette décomposition et donne le natron. Voici des faits qui me paroissent pouvoir aider à donner l'explication de ce phénomène. ; Leblanc et Dizé se servent de la craie, ou pierre calcaire, pour aider à la décomposition du sel de glauber, ou sulfate de soude, et en obtenir le natron. A Freyberg et dans toute l’Allemagne on fait du.verre avec du sable siliceux et du sulfate de soude : d’où on doit conclure que la silice à une température très-élevée , telle que le feu des verreries , a plus d’affinité avec le natron, que n’en a l'acide sulfurique : tandis qu’au contraire dans les températures basses, l'acide sulfurique a plus d’affinité avec le natron qu'avec la si- lice : car il décompose le verre déliquescent ou liquor silicum. Dans le procédé de Leblanc et Dizé, la chaux à une haute température , celle du feu de réverbère qu’ils emploient, favorise la décomposition du sulfate de soude, tandis qu’à une tempéra- ture basse la même chose n’a pas lieu. La grande chaleur qui règne aux lacs de natron, favorisée de l’action de l’évaporation, de celle de l’air , peut donc également changer les affinités de l'acide marin ou muriatique , pour le - natron et pour la chaux. Cet acide dans ces températures élevées peut avoir plus d’affinité pour la chaux que pour le natron, tandis que dans les températures basses il en a plus pour le natron que pour la chaux ; car il décompose les muriates calcaires. Guyton-Morvyeau a fait des recherches sur le principe colorant du lapis-lazuli ou lazulite. Klaproth n’en a retiré que du fer. Guyton pense que le fer est ici uni à une petite portion de soufre. C’est ce qu'il a tâché d’établir par plusieurs expériences. Berthollet a fait un grand travail sur les affinités chimiques. Nous le ferons connoître plus en détail. CHIMIE DES VÉGÉTAUX. Chaptal a fait un beau travail sur le vin. Le corps sucré peut seul passer à la fermentation vineuse ; mais 1l faut qu'il soit uni à une partie extractive. Ses principes sont composés d'oxygène, d'hydrogène, de carbone et d’azote. La fermentation les decom- pose et fournit de nouveaux produits. a RS S ds €4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voici ceux que l’analyse du vin a donnés à l’auteur : 10. De l’eau. ë 20, De l'acide carbonique. I est abondant dans le vin. 3°. De l’acide malique. L'acide existe dans tons les vins. Les vins, même les plus doux, rougissent le papier bleu qu’on y laisse séjourner. Cet acide examiné par tous les procédés de la chimie, s’est trouvé être l’acide malique. Cet acide disparoïit par l’acétification du vin; car il n'existe plus dans le vinaigre bien fait que de l’acide acéteux. Pour ac- celérer cette décomposition de l’acide malique en acide acéteux, le meilleur moyen est d’ajouter un peu d’acide nitrique au vin qu'on fait aigrir. 4 Cet acide malique influe beaucoup sur la qualité et la-quantité d’eau-de-vie qu’on retire des différens vins par la distillation. 4°. L’alcohol. C'est ce principe qui fait le vrai caractère du vin. 1l est toujours en raison de la proportion du sucre décom- posé. Dans les pays chauds , où le raisin abonde en parties su- crées, les vins sont spiritueux, et contiennent beaucoup d’alcohol. Dans les pays froids , et dans les années froides et humides où il y a peu de parties sucrées dans le raïsin , le vin est peu généreux ; il est foible , et contient peu d’alcohol. On peut y suppléer en ajoutant dans la cuve une portion de sucre. Des vins du midi donnent quelquefois un tiers d’eau-de-vie, et ceux du nord n’en donnent souvent qu’un quinzième. Fabroni a dit que l'alcohol est le produit de la distillation. Chaptal pense le contraire. Dans les vins blancs mousseux , l'a- cide carbonique en se dégageant de la bouteille emporte une grande quantité d’alcohol , ainsi que lui et Humboldt l’ort fait Voir. 5°. Le tartre. Le tartre existe dans le verjus et le moust. Il conceurt à faciliter la formation de l’alcohol, ainsi que l’auteur l’avoit déja observé d’après les expériences de Bullion. 60. L’extractif. 11 est abondant dans le moust, où il pareît dissous à l’aide du sucre. Maïs lorsque la fermentation dénature le principe sucré, l’extractif diminue sensiblement. Alors une portion ramenée à l’état de fibre se précipite. C’est sur-tout ce qui constitue da lie. Cette lie est toujours mêlée d’une quantité considérable de tartre qu’elle enveloppe. Il existe toujours dans le vin une portion d’extractif qui est dans une dissolution exacte. On peut l’en retirer par lévapo- ration, C’est HUILE 2114 END ENS MOVE REES NV ANT U R'E) LUE: 65 C'est cette lie dont on débarrasse le vin par le soutirage lors- qu'on veut le préserver de la dépénération acide. * 7°. L’arome. Tous lès vins naturels ont une odeur plus ou moins agréable. Il en est même qui doivent une grande partie de leur réputation au parfum ou bouquet qu'ils exhaient : tels sont les vins de Bourgogne. Ce parfum se renforce par la vétusté. Il n'existe que rarement dans les vins très-généreux , ou parce que l’odeur forte de l’alcoho!l le masque , ou parce que la fer- mentation , qui a été nécessaire pour développer l'esprit, Pa éteint ou fait dissiper. 8, Le principe colorant. Ce principe colorant existe dans Ja pellicule du raisin.Lorsqu’on fait fermenter le moustsans le marc, le vin est blanc. Ce principe colorant ne se dissout dans la ven- dange , que lorsque l’alcohol y est développé. Le principe colorant se précipite en partie dans les tonneaux avec le tartre et la lie. Lorsque le vin devient vieux, il n’est pas rare de le voir se décolorer complettement. Alors la partie co- lorante se dépose sur les parois en larges pellicules. On voit comme des membranes nager dans le liquide , et troubler latrans- parence-de la liqueur. à Le principe colorant n’est point dissous par l’alcehol : donc il n’est pas de la nature des résines. Il ne l’est point par l’eau: donc il n’est point de la nature des extraits. Il présente tous les carac- tères qui appartiennent à une classe très-nombreuse de produits végétaux , lesquels serapprochent des fécules sans en avoir toutes les propriétés. Le plus grand nombre des principes colorans sont de ce genre ; ils sont solubles à l’aide de l’extractif; et lorsqu'on les dégage de cet intermède , ils se fixent d’une manière solide. Van Mons a fait des rechèrches sur le r4zs radicans ou toxi- codendron. Il s’est assuré que le poison de cette plante réside dans un gaz qui est dégagé de la plante vivante à l’oinbre ; il en a recueilli une quinzaine de pouces, et différentes expé- riences lui ont prouvé que c’est un gaz hydrogène carboné qui tient en solution le miasme délétère, lequel est lui-même un bydro-carbone. Willemet a éprouvé lui-même tout le danger des exhalaisons du Aus radicans. ; Le docteur Dufresnois a prouvé, par plusieurs observations, que l'extrait du rhus radicans étoit un remède très-efficace contre la paralysie et contre les dartres. ‘Cadet préparoit de l’éther sulfurique ; le mélange d'alcohol et Tome LII. NIVOSE an 9. 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’acide fut trop considérable pour être tout distillé ; il en demeura dix livres qui restèrent trente heures. Il s’y forma des cristaux qui étoient de l’acide oxalique. Il attribue la formation de cet acide à une portion d'hydrogène et de carbone formé par la dé- composition d’une partie d’alcohol , lesquels se sont combinés à une partie d'oxygène de l’atmosphère. Proust m'a marqué qu’un chirurgien de Madrid est parvenu à dissoudre le camphre dans une eau chargée d’acide carbonique ; cette dissolution injectée dans la vessie des personnes souffrant de la pierre, en calme beaucoup les douleurs. Achard a fait un grand travail pour extraire le sucre de la ra- cine de betterave. Margraff avoit déja reconnu que le sucre existoit dans cette racine, mais il ne l’y avoit pas cru en assez grande quantité pour en être extrait avec utilité. Achard a repris les expériences de Margraff, et dit qu’on peut obtenir du sucre qui coûteroit moins de six sous la livre. Voici son procédé. 11 fait cuire dans une suffisante quantité d'eau les betteraves au point qu'on puisse y faire entrer une paille ; alors on les coupe par tranches, et au moyen d’une presse, on en exprime le suc. Le marc est remis dans l’eau pendant 12 heures, et ex- primé de nouveau. On fait ensuite cuire ce suc et évaporer jusqu’à consistance de sirop ; on le verse dans des terrines évasées qui sont placées dans une étuve dont la chaleur est de 30 à 35 degrés ; peu-à-peu il s’y forme une croute cristalline qu’il faut briser ; dès qu'il ne se forine plus de croute , il faut arrêter l'évaporation. Le résidu est un mélange de moscouade et de matière visqueuse ; on le passe dans un sac. Cette moscouade , traitée à la manière ordinaire, donne un beau sucre blanc. Lampadius a aussi travaillé sur le même objet, et il a obtenu du très-beau sucre. Des commissaires , nommés par l’Institut de France, ont répété les expériences de Achard , et ont cherché à perfectionner son procédé. Ils ont reconna , F 10. Que la betterave fraîche contient au moins un trente- deuxième de son poids de sucre cristallisable. 29, Qu'il vaut mieux employer les betteraves crues que cuites ; ils les ont réduites en pulpe à l’aide d’un moulin à rape. Cette pulpe mise dans une presse à donné à-peu-près les deux tiers de son poids d’un suc un peu trouble et très-sucré. Ce suc dé- posé et passé à travers d’une étoffe de laine, fut mis dans une chaudière où on le fit bouillir en ayant soin d'enlever l’écume ; ET DH I ST OUR EN A:TU R'E ILE. 67 alors on le versa dans une terrine et on le mit à cristalliser. On eut des cristaux de moscouade qui faisoient la quarante-huitième partie de la betterave employée, car 1152 parties de betteraves fraîches ont donné 18 parties de moscouade, et il en reste dans la partie visqueuse. L’alcohol est le meilleur moyen pour obtenir ce sucre. Ils ont ensuite calculé le prix que coûteroit ce sucre : ils ayouent qu'il coûteroit 18 sous la livre. Parmentier a examiné en chimiste les soupes économiques dites à La Rumford; elles sont faites avec des légumes qu’on fait cuire longtemps et lentement dans de l’eau. Il fait voir qu'il y a ici une espèce de combinaison de l’eau avec la matièrenuitritive, et que ces soupes sont une excellente nourriture. Il insiste sur ce que la nourriture de l’homme doit se tirer des végétaux plutôt que des animaux. La plus grande partie du genre humain, celle qui est la plus robuste et la mieux portante, ne se nourrit que de végétaux. Fourcroy et Vauquelin ont fait un grand travail sur les acides pyro-muqueux, pyro-tartareux et pyro-ligneux. Ils ont prouvé que ces acides n’étoient que l'acide acéteux ou le vinaigre com- biné avec les huiles empyreumatiques des corps dont on obte- noit ces acides. Ils ont combiné les acides pyro-muqueux, pyro- tartareux , pyro-ligneux avec des alkalis, et après divers pro- cédés, ils ont décomposé par l’acide sulfurique ces nouveaux sels : ils ont obtenu du vinaigre , lequel combiné avec différentes bases leur a donné des acétites. Ils ontété plus loin. Avec du vinaigre ils ont formé des acides pyro-muqueux , pyro-tartareux et pyro-ligneux ; c’est en distil- lant de l’acide acéteux avec des huiles empyreumatiques de mu- cilage ou gomme de tartre et de bois. Le vinaigre a été changé en ces trois acides. Ainsi on ne doit plus regarder les acides pyro-muqueux, pyro- tartareux et pyro-ligneux comme des acides particuliers, mais comme des modifications de l’acide acéteux. Ce travail les a engagés à faire des recherches sur l'acide acé- teux : ils ont observé, 10. Que cet acide se développe dans plusieurs circonstances où on ne l’ayoit pas soupçonné ; 4. dans les terreaux, 4. dans les fèves , le tan , les eaux où ont trempé les choux, les carottes, les pommes-de-terre et les sucs des fruits aïgres. 20. Des acides tels que le sulfurique, le nitrique, le muriati- 1 68 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE que oxygéné versés sur la gomme, le sucre, les extraits...., y développent de l'acide acéteux. 30, La fermentation acide des liqueurs spiritueuses. 4°. Une fermentation particulière des liqueurs animales, telles que les urines. Vauquelin a trouvé l’acide malique en grande quantité dans la joubarbe. Pour l'obtenir il emploie deux procédés; dans le premier il fait évaporer le suc de joubarbe et passe dessus de l’alcohol , lequel enlève le sucre qui y est assez abondant et la partie extractive. Il lave le résidu et y verse de l'acide sulfu- rique très-étendu. Cet acide décompose le malate de chaux, et l’acide malique demeure pur. à Dans le second procédé il verse dans le suc de joubarbe de l’acétite de plomb; on lave le précipité et on le décompose par l'acide sulfurique très-étendu d’eau. Le sucre est assez abondant dans la joubarbe pour que son suc puisse fermenter et fournir de l’eau de vie. L'acide malique n’avoit été trouvé jusqu'ici que dans les fruits à pepin, quelques fruits à noyau et plusieurs baies. Vauquelin a trouvé cet acide , 1°. dans les sedum album, acre , telephium; 2°, dans plusieurs espèces de crassula ; 3°. dans tous les cotylé- dons qu’il aexaminés ; 4°. dans les mesembrienthemum ; 5°. dans le pourpier ; 6°. il y en a peu dans les aloës et les opuntia. Bigoin a fait un grand nombre d'expériences pour déterminer la quantité du principe tannant et de l’acide gallique contenue dans l'écorce de divers arbres (Transactions philosoph. 1799}. 1] a employé une solution saturée de sulfate de fer comme réac- tif propre à lui faire reconnoître l'acide gallique. Une dissolu- tion d’une once de colle dans deux livres d’eau bouillante a été le réactif qui lui a servi pour reconnoître le principe tonnant. Il paroît que l’écorce de la plus grande partie des arbres con- tient ces deux principes, mais en différentes proportions. L’au- teur a fait infuser différentes écorces et en a précipité alternati- vement le principe tannant et l’acide gallique par le moyen de ces deux réactifs. Les quantités ont été différentes en diverses sai- sons de l’année. Voici la table qu’il en a dressée. ET D'HISTOIRÉ NATURELLE. 6) MVAVB/DE A UND E SMD/IV LR SE S EC OR CES: 1 Acide gallique Principe Principe tannant en 4 grains, sur demi- ÉcorRcCE DE par tannant par pinte d'infusion et - une once la teinte. laréomètre. de solulion de colles Ormeausees ae tn Flrtipiocee DO Ternosn one 28 Chène coupé enhiver........... BE era): 'NTO BE AT E CCE 30 Manronienaeet Cette. Je. 6: Mishsseee DICN PORTE CE CS 30 RÉ iTE re el aber fée ini epeiote TA SAS DE GT DIN ORNE CA à à 31 Branches d'osiers tt -2etCRe DEC PS PAR OR 20 AL FN. retiens EEE Nat TP TRAME AL SE DRE ENT As A ttoorababoonono de Sn SN LAON Rte ENE ER k PÉAR C ES Saule. Ecorce du tronc........... NOUS AR GNT TARN MEANERA ENT. SOC: bhoveoprodmonboopte (CM adoiss 2 RÉNALE REMENTE SBRITERE trente astro ntote sd 08 Fes ac go 80e Loi de Bo ae L'abne PAR DOCRC CEST ER EL Ce miel te 6 Ro (D ES nn cc DOME EN SANTE CRE EN aa fe nas e Vallee 2 à Shablas eeers a CAT re Gb EDR Frêne de montagne.............. Grosses ie sce sde Corcdeutrs Peuplier...:-4..f0:4...Lerte ss CASE BARON anne AOC Noseher Mes eee Ghtadoener Greek contesane TÉLÉ TRES ED OS EME IST ME RNA LOU sense CERN RU CENTER Châtaignier d'Espagne.......... HONTE EEE CHER ERTETREE CREME ce Chêne à écorce ume.......,..... DOME LELE CHÉOROMCÉOE One DO EC ES Chêne écorcé au printemps...... rOtsactrbto GG At r arte GR ISULE dr Saule de Leicester ............. TONI PR HO AM - delete 109 ere Siret 0 ROLE tou A Here à ROLE pet ete LAN AT DER NE INSN CNANIIMOT RD CE) SL AT NOT M AMUEX: Buniva et Vauquelin ont analysé les eaux de l’amnios. On sait que chez les mammifères le fœtus nage dans le sein de sa mère au milieu d’un fluide transparent comme Peau ; c’est ce fluide dont il s’agit ici. Ce fluide chez les femmes a une odeur douce et fade, une saveur légèrement saline. Sa couleur est légèrement laiteuse : 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'analyse leur a fait voir qu’elle contient 0,012 de matières étran- gères, lesquelles sont de lalbumine , de la soude, du muriate de soude et du phosphate de chaux, Cetie liqueur dépose sur le corps de l’enfant une matière ca- séiforme , blanche, brillante, qui a de la ressemblance avec du savon nouvellement préparé. Les auteurs conseillent d’eme ployer le beurre pour en débarrasser le corps de l’enfant après sa naissance. Les eaux de l’amnios de la vache sont bien différentes de celles-ci; leur couleur est d’un rouge fauve ; leur saveur est acide et amère. Si on l'évapore en consistance de miel, et qu'on la traite par l’alcohol bouillant on en retire un acide parti- culier. 1 à Cet acide est blanc brillant; sa saveur est très-légèrement acide : il rougit la teinture de tournesol; il est peu soluble dans l’eau froide, mais il l’est beaucoup dans l’eau bouillante. Par le refroidissement, il cristallise en belles aiguilles blanches de plu- sieurs centimètres de longueur : il se combine aisément aux alkalis caustiques qui le rendent très soluble. Les autres acides le séparent de ces combinaisons sous la forme d’une poussière blanche cristalline. Mis sur les charbons ardens il se boursouffle, noircit et exhale une odeur d’ammoniaque sensiblement mêlée de celle de l'acide prussique. Il laisse un charbon volumineux. Toutes ces propriétés ont convaincu les auteurs que cet acide est d’une nature particulière (si generis), et qu’il ne ressem- ble pas complettement à aucun de ceux qui existent dans les trois classes des substances naturelles. Les eaux de l’amnios servent-elles à nourrir le fœtus? Les observateurs ont ouvert des fœtus avant leur naissance, et ils en ont trouvé la bouche, la trachée artère pleine de ces eaux. Nos deux auteurs ont analysé le méconium, et ils y ont trouvé de la bile qui ne se trouve point dans les eaux de l’amnios. Ils promettent de suivre ce trayail. FAT ADP HUE SMNONUR EN A TU R É LITE. 71 Merat-Guillot a analysé les os de différens animaux, et a donné un tableau de ces différentes analyses, qui est très-intéressant. Gelatine. Phosphate Carbonate Perte. calcaire. calcaire. Os humains pris dans un cimetière... 16 ...... (FANETASE ICO CLOS Os humains secs, mais qui n’ont pas séjourné dans la terre........ EU DELb A CE MN OS 00e afrecie 2 (OL ER TAN PASSAT AT TS SD NEC ÉRRE CAS get 1 devenu. e-eet Ltd es TO NE 54 Traces 21 5 Crée es ban ous ET AUEA (HAGSUE 67.5 1.25 20.25 Denfsde cheval. 21020. CODES 85.5 0.25 2.925 — d’éléphant, ou ivoire............ CY AÉAO EC GAME. Dior. ME1-15 Os de mouton.......... nee ee te 162457 -H7oNR-ETe- 0.5 -:+ 13.5 ENT Reine colo se sfe totale MÉTÉO LS SOS 1 101729 Rosdelcerie Cet Ce mer bec le eme CMOS 5/00 00 M À ON A Osdelcochon.= Fete bites MAROC HER 65 1 40 == CIRE VER ts rei0te 01e lelshe celtes CNERÉUOE DORE te 1 SE CU Ile ponte EEE eeepc 6 ...... TAN: Set 1.3 .. 10.5 !. Coquilesd'œuts EE. EE Denon ROSE 72 129 OsdElbrochet ER ere etes b rec TOME Te eE GTR 1 20) =ITCICATDE- cercle elelalestelere he cie se GREC CNE EME ES) idemipEre. EEE MERE rss AIDER N0O OR ERRO ONE NL7- à —d'homardiitie ea dreReetlet ECO: dAUE Se à 40 2128 . Nacre de perle ste. tee. AO RME) .87 66 101001 Pierre d’écrevisse. ................ L'ANODC EE > DR ELE 60 .. 26 Cosmailblanc rteere css cle OMNTAS MOMRESTE 50 SAUT EEE = TOnPE Secrets sereele ODA ON 4. 53: 51%%:%46 Coraline articulée....:............ 710 T ao Lee Doe 49 CSL SE ORES Ecailles de sèche........,.....,... (ND EDS Or ste 68 .. 14 ; Les grandes pertes que plusieurs de ces substances ont éprouvées lui paroît appartenir à l’eau. Des expériences particulières Ini ont fait soupconner que les cheveux, les poils et les substances cornées contiennent du soufre. Abilgaard , secrétaire de la société littéraire de Copenhague, 72 J'OU RN A'MAD'E API SN QUE, MD ENCIHIMTE a cherché à déterminer la quantité de carbone qui existe dans le sang. ‘ 1°. Une once ou 480 grains de sang veineux de cheval, sèché et décomposé dans un vase fermé lui ont donné 115 grains et demi de charbon. 20, La même quantité de sang artériel lui a donné 87 grains et demi de charbon. 3°. Pour décomposer 480 grains de nitre il a fallu 148 grains de charbon du sang veineux, et 119 du sangartériel. Le charbon du sang artériel est plus léger que celui du sang veineux. Nu bE RTE 1e ANA ee: | Proust vient de publier de nouvelles expériences sur l'urine. Il annonce plusieurs faits nouveaux qui n’ayoient pas été apper- çus auparavant, quoique.les plus habiles chimistes aient fait des travaux immenses sur cette substance. à BraGREten journalière de l’action de la vie &-péu-près comme sulfure. L'acide carbonique. 1] se trouve en grande quantité dans l'u- rinc, ce qui fait précisément que nous nous dégageons en uri- nant, de toute la quantité de cet acide, qui se forme pendant la digestion , tandis que les autres gaz insolubles prennent d’au- tres.voles. Ÿ. L'ammoniac. Xl est abondant dans l’urine. du sulfate de soude que tant de chimistes y ont trouvé. De la substance rosacée. L'auteur appelle de &e nom la subs- tance , qui pendant les fièvres , se sépare de l'urine, au moment où elle se refroïdit, et que l’on connoît: sous le nom de sédi- ment briqueté. Elle est diiférente de l’acide lithique ou ourique. De l’acide accteux de l’urine. En distillant dans une cornue une pinte d’urine fraîche mêlée avec:uxe très petite partie d’acide sulfurique , l’eau qui passe au commencement de l'opération ‘est imprégnée PDP ASS TIONTURCEMIN M ANEN PRAPTÉRERE 7» imprégnée d’une odeur bien caractérisée, et ensuite un peu de liqueur acidule dont l’odeur est celle du vinaigre. Il se trouve d’autres acides dans l'urine. a. En séparant cet acide acéteux par le moyen de l’acide sul- furique, dit l’auteur, j'ai obtenu un autre acide: c’est celui que Schéele a cru être l'acide benzoïque: mais je le crois dif- férent, car l’acide nitrique le décompose en le surchargeant d'oxygène, ce qui n’a pas lieu à l’égard de l’acide benzoïque. b. Néanmoins , ajoute-t il , on ne peut douter que lacide benzoïque ne se trouve dans l’urine. Indépendamment des re- cherches de Vauquelin qui le confirment, Schéele l’a découvert dans je ne sais quelle substance animale; et moi je lai trouvé dans le sang, dans le jaune et le blanc d'œuf, däns la soie, dans la laine, dans la colle, dans les champignons, dans l'éponge, dans l’algue-marine, dañs la substance glutineuse , dans les pois chiches. L'acide benzoïque setrouve toujours réuni à cette substance jaune annoncée Par Welter , et que l’auteur recueille depuis quelques années. Ces deux substances lui paroissent des élémens des subs- tances animales, l’acide nitrique ne fait que les séparer. Tous ces acides dont nous venons de parler forment avec la soude , suivant l’auteur, ces sels qui ne peuvent se cristalliser, et qui communiquent à l'urine évaporée la consistance du miel cuit, en opposant un grand obstacle à la cristallisation des - sels phosphoriques. Après la séparation de l’acide qu’on suppose être l'acide benzoïque de Schéele et du sel ammoniac, je n'ai trouvé, dit l’auteur , que du phosphate de soude et du muriate de potasse. De La résine qui colore l’urine. Pendant la distillation dont Vobjet est de séparer le vinaigre, il se sépare une portion de ré- sine ; toutes les manipulations subséquentes en fournissent éga- lement. Cette résine, Abh l’auteur a cinq à six onces, a la con- sistance et la couleur d’une résine de casroreum , dont elle a également l'odeur. Elle se dissout dans l’alcohol : elle lui paroît être la même que la résine de la bile, mais modifiée dans l'urine par quelques combinaisons particulières. C’est elle qui, suivant lui , est le principe de la couleur de l'urine. Ce travail de Proust prouve que l’urine contient , 10. L’urée. 20. Du soufre. 3°. De l'acide carbonique. 4°. De l’ammoniac. Tome LII, NIVOSE an 9. K 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5o, De la soude , dans le phosphate de soude. 6°. De la potasse, dans le muriate de potasse. 7°. De la chaux, dans le carbonate de chaux. 80. Une substance rosacée. 9°. De l'acide acéteux. 10°, Un autre acide particulier. 11°, de l’acide benzoïque. 12°. De l’acide lithique ou ourique. 13°. De l'acide phosphorique. 14°. De l’acide muriatique. 15°. peut-être de l’acide sulfurique. 16°, Une résine analogue aux castoreum, laquelle paroît être celle de la bile modifiée. : Voilà par conséquent dans l'urine les trois alkalis et huit acides ; peut-être y en a-t-il d’autres"\ Il s’y rrouve encore une partie extractive. Ces faits attestent toute la difficulté de l'analyse des substan- ces animales. A GER L'COU ENT JU£RUE: Milord Dundonald a fait voir les rapports intimes qui subsis- tent entre l’agriculture et la chimie. Cette dernière science doit éclairer et diriger la pratique du cultivateur. Il a examiné :en -chimiste ies, terres les plus favorables à l’agriculture, les engrais qu’on peut employer, la meilleure manière de s’en servir, et enfin l'influence de l’eau, de Pair. ...... Kirwan a donné un beau mémoire sur la nature des engrais. Maurice a traduit de l’anglais en français ce méinoire , ainsi que plusieurs autres publiés, à Londres , sur l’économie rurale. .Il les a enrichis de notes très-intéressantes. 4 Tennant ayant appris qu'aux environs de Doncaster en An- gleterre , on faisoit usage de deux espèces de chaux, comme engrais, dont l’une est très-favorable à la végétation et l’autre diminue la fertilité, si on l’emploie en trop grande quantité, ré- solut de les analyser pour connoître d'où provenoit cette diffé- rence. Il a vu que la bonne chaux étoit de la pierre calcaire pure, composée. de chauxet d'air fixe (acide carbonique), L’autre espèce de chaux contenoit beaucoup de magnésie; c’étoit une espèce de dolomie. Elle paroît composée de trois parties de chaux et de deux de magnésie. Il suit de ces expériences que les terres qui contiennent une 1 1 il3 ETAPE" ESP OM ER A ITU R'E'LIÉE 75 certaine quantité de magnésie sont peu propres à la végétation. Aussi de savans voyageurs m'ont assuré que dans tous les ter- reins où il y a beaucoup de magnésie la végétation y est très- languissante. D:E;SuALRTE LS: On sent plus que jamais le besoin de ménager les combus- tibles | parce qu'on détruit par-tout les forêts d’une manière alarmante. On a donc cherché à construire les fourneaux et lés cheminées de manière à se procurer, avec une quantité donnée de combustibles , la plus grande quantité possible de calorique. Rumford en a fait une application extrêmement utile pour préparer les soupes de légumes , ainsi que les autres alimens, dans les établissemens publics, comme hôpitaux , armées..... tout l’art consiste, 19. À faire brûler tout le combustible de manière qu’il n’y en ait aucune partie de perdue : on sait que la famée noire qui s'échappe de nos cheminées, contient encore une grande quan- tité de parties combustibles ; savoir, de l'huile , des acides vé- gétaux, du carbone, de l'air inflammable...... 11 faut donc tâcher de faire brûler toutes ces parties. 29. Cette fumée est très-chaude , et emporte beaucoup de ca- lorique , il faut employer toute cette chaleur , en sorte qu'elle sorte presque froide. Rumford a rempli ce double objet par les procédés suivans : 11 construit le foyer de ses fourneaux sous le fond de la chau- dière, et y fait arriver l'air par des conduits très-bien ménagés. La flamme et la fumée enfilent un conduit, qui fait un tour de spirale sortante sous le fond de la chaudière , de là il s'échappe le long de la partie latérale de lachaudière, eten fait un touren- tier de la partie inférieure à la partie supérieure : etenfin il se ter- mine à un tuyau qui passe à travers une espèce de cuve pleine d’eau. La flamme et la fumée déposent tout leur calorique, soit dans la chaudière ,: soit dans la cuvette supérieure ; en sorte qu’il ne lui reste plus ou presque plus de calorique; ce qui est une des parties du problème: ‘ ) L’autre partie du problême'est également résoute en partie. Le courant d'air extérieur qui arrive dans le foyer est tellement com- biné, qu’il fait brûler presque tout le combustible. K°s2 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Delessert et Decandolle ont encore perfectionné la méthode de Rumford. à Les premiers essais de ces méthodes penvent être attribués au célèbre Watt qui les avoient adaptés aux pompes à feu. Le cou- rant d’air extérieur étoit tellement ménagé et lacheminée tellenent construite, que la plus grande quantité de combustible étoit con- sumée , en sorte qu’au lieu de cette immense quantité de fumée noire et épaisse qui sort du haut de la cheminée des machines à feu ordinaires, on n’appercevoit rien de semblable dans les siennes, et ce qui s'échappoit avoit très-peu de chaleur. C’est encore sur les mêmes principes que sont construites les lampes, dites à la Argant, à la Lange , à la Quinquet....., la plus grande partie du combustible est consumée. Franklin avoit bien antérieurement encore, cherché à faire déposer à la famée tout son calorique en la faisant circuler dans des tuyaux ménagés dans l’intérieur du foyer. Les cheminées à la Desarnod sont construites dans les mêmes principes. Un grand nombre d'artistes avoient fait différentes applications de ces mêmes principes ; on doit distinguer particulièrement la société d’émulation de Rouen. Tilorier vient de construire des poëles très-ingénieux d’après la même théorie. Michel le Bon (île St. Louis) à Paris, est encore allé plus loin. Il allume du bois bien sec dans un poële d’une structure parti- culière ; la fumée qui s’en échappe est reçue dans des tuyaux, passe dans des cuves pleines d’eau; tout l'acide carbonique et les acides végétaux se déposent dans cette eau : l'hydrogène en sort pur il est reçu dans des tuyaux, et ajutages particuliers ; et par des robinets qu'on ouvre ou qu’on ferme, on a des jets d'hydrogène qu’on enflamme et qui procurent une lumière vive et beaucoup de chaleur. Par ce procédé on ne perd aucune partie du combustible ni du calorique. Chaptal a fait un beau travail sur les moyens d’appliquer les connoïssances physiques et chimiques pour perfectionner les arts ; il en parle souvent d’après sa propre expérience, car il a de beaux établissemens en ce genre. Je crois, dit-il , que pour atteindre ce but, il faudroit former quatre grands établissemens qui embrasseroient la presque totalité des opérations qui appar- tiennent aux fabriques. P EST) DA I SMNOMURIES NAT U/R EL V(ELE, 77 Le premier auroit pour objet les travaux de la teinture, im- pression sur toile et préparations animales, Le second traiteroit des métaux et de leurs préparations. Le troisième feroit connoître les terres et leurs usages pour la fabrication des poteries ; il s'occuperoït em même temps des travaux de la verrerie. Le quatrième apprendroit à former les sels, à extraire les acides et les alkalis, à distiller les vins, les plantes aromatiques et à combiner les parfums. Il entre dans les détails nécessaires pour organiser ces divers établissemens, et pour leur donner de l’activité en facilitant la vente du produit de leurs travaux. Il fait ensuite l’application de ces idées à la France. Il a fait connoître une nouvelle méthode de blanchir le coton; on la pratique dans le Levant sous le nom de b/anchiment à la fumée. On place dans un fourneau particulier une grande cuve de cuivre qui a une ouverture à la partie supérieure. Cette ou- verture se ferme avec une plaque de cuivre qu’on charge d’un poids assez considérable : l’intérieur de la cuve ést garni de barreaux sur lesquels on place les étoffes de coton ; on les im- pregne auparavant d'une lessive de soude caustique. L’excédent de cette liqueur coule dans le fond de la chaudière. On ferme la ‘cuve ayec son couvercle de manière que les vapeurs en sortent difficilement. On allume le feu dans le fourneau et on entretient la lessive à une légère ébulition pendant vingt à trente-six heu- res; on laisse ensuite refroidir : l’appareil démonté on trouve le coton parfaitement blanc ; tout l’alkali a disparu. Ce procédé, qui n’a aucun des inconvéniens qui arrivent quelquefois avec l'acide muriatique oxygéné , réussit parfaite- ment. Bourlier l’emploie avec succès aux Bons-Hommes de Passy, près Paris. Les Anglais s'en sont également servis dès qu’ils en ont eu connoissance; ils l’ont même perfectionné en faisant la chau- dière plus grande, et y plaçant des dévidoirs sur lesquels l’é- toffe est étendue. On tourne ces dévidoirs de manière que l’é- toffe reçoit également par-tout la vapeur , et se trouve parfai- tement blanchie E Higgins, professeur de chimie à Dublin, a proposé de subs- tituer dans les lessives , pour le blanchiment ordinaire des toiles, le sulfure de chaux à la potasse. Ce sulfure, dit-il, lui a par- faitement réussi, et il coûte peu. Pajot -des-Charmes est parvenu à décomposer le sel marin pour T8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en retirer le natron en grand. La belle manufacture des glaces de St. Gobin, dont il est nommé le directeur, va profiter de sa découverte ; on n’y sera plus obligé de tirer les soudes d’Espa- gne pour s’y procurer du natron: Outre l'impossibilité de le faire en temps de guerre, on épargnera près de deux millions que cette manufacture, dans les temps florissans, employoit à cet objet. ; Le même savant a fait sans alkali de très-beau verre qu'il m'a fait voir. f Leblanc a également perfectionné son procédé pour décom- poser le sel marin. Je ne cesserai de le répéter; cette décomposition du sel marin pour obtenir le natron est une des choses les plus intéressantes pour la France, et des plus lucratives pour l’auteur. La France fait une consommation considérable de natron pour ses verreries, pour le blanchiment de ses toiles, pour ses savonneries... Ainsi on ne sauroiït trop encourager ceux qui se livrent à ce genre de travail. Leblanc'a proposé de nouveaux procédés pour la fabrication du sel ammoniac. L’urine humaine, dit il, contient une grande quantité de ce sel, et il en a retiré plus de trente à quarante mille myriagrammes. Toutes les matières animales en peuvent également fournir ; or, ces matières: sont extrêmement abon- dantes auprès des grandes villes. g Des émaux. Clouet a fait des recherches sur la composition . des émaux. L’émail blanc qu’on emploie pour la faïiance où pour appliquer sur les métaux se compose de la manière sui- vante : On prend 100 parties de plomb bien pur, et 15, 20, 30 ét même 40 parties d’étain également pur : on les fait fondre en- semble, ensuite on les calcine à l'air ; aussitôt que cet alliage est chauffé au rouge, il brûle comme du charbon et se calcine très-vite. Cette chaux est appelée calcine dans les f#fanceries, Pour faire l’émail on prend, | Cale ee RER TOO DATES, DADIÉNDULS RE ere cel AT LO0 Sel marin ..... MAUR TUE ÉLR NENEX L On mélange le tout et on le fait fondre au four de la faïan- ceries 9 On broie ensuite cette matière en poudre fine pour lapplis quer sur la faïance. ET DH 1,S TOILR;E.-N A TU-R.E L L.E. 79 On rendra cet émail plus fondant en diminuant la quantité de sable. , Lorsqu'on veut avoir des émaux colorés.on emploie les oxides métalliques. Le pourpre se forme avec les oxides d’or. Le rouge se prépare de la manière suivante : On prend une, deux ou deux parties et demie de sulfate de fer et une de sulfate d’alumine, ou alun ; on les fond ensemble dans leur eau de cristallisation ; on augmente le feu jusqu’à rou- gir le mélange , et on le soutient jusqu’à ce que la matière ait acquis un beau rouge. ; Le jaune. Cette couleur peut se tirer de différens oxides mé- talliques, de celui d’argent, de ceux de plomb, d’antimoine. Le verd se tire directement de l’oxide de cuivre. Le blez s'obtient de l’oxide de cobalt. Le violet cst fourni par la chaux noire de manganèse alliée à différens fondans. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES 1 PAR BOUVArRD, astronome. = THERMOMETR E. BAROMÈTRE. pe 7 1 FU NSP OR ES EP ON EE ENT RER É Maximum. | Minimum. |A Min. Maximum. MINIMUM. aMipr. 1an2tis. + 7,4à7s + 8,01 6,2 ag ste. 28: 3,92] à 7°3 m.. 98. rues 3,50 2 à LE +aio,1là 6 5m. + 2,9 10,1 À à 6 Fm... 28. 3,g2la2 s... 28. 5,58,28. 5,66 Sà2s. + 7,8là7 m. + 0,9<+ 7,67 m... 28. 2,85 à minuit..28. 1 »90 28. 2,50 &à2s. + 9,2à7 m + 13,5+ 9114 HE DS A7) O2 A2 EAN 27.10,89|27.10,50) Sà25s + 9,2481m. + 31-+ gi äghe... 27.11,76/à midi... 27.11,42/27.11,4 Ga midi. + 8,8 à 5 m. + 2,5+ 8,8,49:s.... 28. o,g2[49 m.., na 11,92/28. 0,92 7à26s —+11,1/à minuit. + 3,0 qe à minuit. 28: 3,00 a BEms 117 |28. 2,17 Ba2ls. + gulà10%s. + 5,54 g5ta8! à "23 27) ME 1,25 28, 2,50! gà 55. + 86/7 m. + 5,04 7elè ss. : . : .128: o,58| à 7.m...0., 28. 0,25 28. 0,55 10 à 245. + 7,8là 81m: + 4,54 7,51à2%s.... 28, 2,42} à 8 4m. ..28. 2,00 26. 2,25 liñis. + 8,6à 7 m. + 2,1+ 7,64 7 m 28. 0,25|à 7 8.... 27.10,92,27.11,75 1242%6s. iii à 7 m. + 5,0 + 9,9 |à 7m EM 27. 6,50| à 24 5..-.127. 6,08,27. 6,17 1 8 s + 8,7à7lm + 5,5 8,6 1à midi. .. 27. Gg2là25s... 27. 6,17/27. 6,92 14\à midi. + 8,oà 7 1m. + 5,6+ 8,0 894 5... 27.11,82| à 75 m. .. 27. 6,12 27. 7,4 15là3 s oo à 7m. + .,.|4 7,418 8 on. .. .27.11,82là 3 s. . .! 27. 8,42 29. 9,90 164 8%s. ui, à 7 lm. + 8,5—+10,8 à midi. -. 27.10,00| à 35. . . 27. 0,58 27.10,00 17lé midi. io,2 à 8 s. + 8,5+10,2|à 75m ..27. 7,00là3}s... 27. 6,17 27. 7,08 18là nudi. <13,1là 5 m. “10,118,1 À à 5 m.... 27. 4,50] à midi. . . 27. 2,50 27. 2,50 19ä1s. —+-9,3à5 m. —- 5,2+ g,2 à 5 m.... 27.11,42| à midi. . . 27.11,00 27.1 1,00 20a 21s. 14,8 à 8 m. + 9,5+14,5 128 m 27. 7,00] à 24 m... 27. 4,42,27. 6,50! 21 ls. + 8,1là 11 58. + 6,04 80hà 1158... 28. o,00| à 7 £m.. 27.11, o|27.11,17 22àa1is. —+ 6,8 à 5m. + 0,8/+ 6,ojà 1145... 28. 2,50! à 6 m... 28. 0,08 25. 1,00 28/à 2%s. + 8/6|à 7 m. “+ 1,0/-+ 8,1 là 7m... . 28. 1,66|à 91 s.... 28. 1,42128. 1,5 24\à midi. + 8,6/à 11 5s. + 4,5/+ 8,6 fa midi. .,. 27. 8,82] à 11 55... 27. 8,17,27. 8,82 25|à midi. + 7,7là... + ..|4 7,7 1à 8 4 m.. 27. 8,58| à 2 s.... 27. 8,17127. 8,42 26/à midi. + 6,49 s + 4,3|+ 6jglàaass. ... 27. 6,17] à 9 s..... 27. 6,50|27. 6,3 27là midi. Æ 7,2lag4s. + 4,54 7,21à gs... 27.10,17| à0 m.... 27. 8,42|27. 9,25 28la midi. + 7,2là 7 À m. + 4,04 7,2 1à6s.... 28. 0,82] à midi. . . 28. 0,75|28. 0,75 Aogazs. + 5ola11is. + 1,6|+ 3,8] à 1175. . 28. 4,00| à 6 m.... 28. 2,08l28. 2,75 : ce ls. L 5,4à75m + 1,24 5,2) à 75 m.. 28. 3,50|àg s.... 28. 1,92/28. 3,08 [l RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. . . Moindre élévation du mercure. . .. Élévation moyenne. . . . . Plus grand degré de chaleur. . . .. Moindre degré de chaleur. . . . . . Chaleur moyenne. . . .. Nombre de jours beaux. . . .. de couverts. . . . .. CO EMMA 26. 4,00 le 29. 272,90 0101 6 27. 9,25 + 14,8 le 20 —+ 0,8 le 22 tu -n20 LA © TAIL'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Brumaire an 1x. ESC POINTS 5] VENTs. % |A Mini. LUNAIRES. 1| 56, N-O 2| 66,0 1 Calme 3|. 59, | Calme. Prem: Quart. 4| 65,0 |S 5| 66,0 | S-O 6! 72,5 | O. - k 7 76,0 O. Equin. ascend. 8| 83,0 | Calme g| ‘73,0 | Calme 10| 79,5 | Calme. |Pleine Lune. 11/7700 ‘| S. . 12] 85,5 | S-O. : 18| 650 | S-O fort. | Apogée. 14| 63,0 | S:0 fort 15| 83,0 |S. fort. 1677011792" RE 17| 75,0 | S-O. 18 | 55,0 | $. violent. |Dern. Quart. 19| 71,0 | S-O fort 20 | 75,0 | S-O.: : ; 21 55,0 lo JA Equin.deseend. 22 | 58,5 | Calme 23 | 69,0 | S 24 | 89,0 | S. fort 25 77,0 S. Nouv. Lune. 26 | 78,0 | N-0O. Périgée. 24 71,0 N NARAMRONT SEA CTI O MENT DE L'ATMOSPHÈRE. Beau ciel par intervalles. . Beaucoup d’éclaircis par iuterv. ; brouillard le soir. Ciel nuageux et brouill. ; beaucoup dé vapeurs le soir, : Couv. lé mat. ; nuag. vers midi; pluie le soir. Couvert par intervalles. Eclaircis le matin; pluie vers midi; couvért le soir. Pluie fine le matin; beau ciel le soir. Brouill. épais matin et soir; ciel nuageux. Ciel couvert; brouill. épais toute la journée. 1dems ‘ Brouill: considérable le m., quelq. éclaircis le soir. Pluie abondante par interv.; quelq. éclaircis de soir. . - Ciel nuageux et trouble 4v midi, pluie abond. le soir. Pluie avant le jour et dans la soirée; ‘quelq. éclaircis. Pluie abondante une partie de la journée. Quelques éclarcis vers midi ; pluie fine le soir. Couvert; pluie depuis midr jusqu’à 6 heures du’ soir. Couvert par intervalles. Ciel nuageux; très-vaporeux ; brouil. épais le malin. Quelques éclaureis. Couv. au lever du soleil; nuageux et chargé de Vap. Ciel nuageux el trouble; brouillard. Eclaircis et brouillard le matin; pluie dans la soirée, Pluie presque continuelle jusqu’à 3 h. ; éclaircis le soir, Beaucoup d’éclaircis; pluie vers midi et le soir. Pluie abondante avant midi, couvert le soir. Pluie avant le jour; couvert par intervalles, Quelques éclaircis. Idem. x Brouil. et ciel couv. le m.; pluie cont. depuis 2 h: dus, EM /B'A ET ON. RÉCAP de Yentéiirirscr LA en derrelée ET de tonnerre. .,, " de brouillard. . ,. +. ; de’neige 1-29 doferele er IP Et Le vent a soufflé du N. . ... ot} NE DERS RAGE MERDE MENITS SET 2 SE SAP MATE ARTS SH PORCSENEREE 2 TER PES RC es AL PIRATES RAS. ORAN RON LRO ME NERO Tome 111, NIVOSE an 9. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. RE : THERMOMETRE BAROMÈTRE. L SR OC *| Maximus Minimum. |a Min: Maximum. MINIMUM. AM | | — ———————___————— aû1s + 68 à 75m.+ 8,64 6,6 | a midi. . .: 28. 2,50| à 745 m.. 98. 1,92/28. 2,50 2à 3 8. + 6,8là 11 Es — 0,24 5,1} à 8m... 28. 1,50| à 11 © s. .. 27.10,58/28. 0,42 3 à midi. + 8,6à 7is. + 1,04 8,6 | à 7 Lim... 27. 9,75|àgis... # 8,50|27. 8,92 &à midi. +aii,joàgls. + 7,1l+11,0 | à 8 m. ,. .27. B,oo| à 9 À s. . . 27. 4,00|27. 4,17 Sèa2ts. + 5,2 à minuit. + 0,0 3,6 {à minuit. . 27. 8,17| à 7 : m.. dira 3,50|27. 5,2 6Gâ2s + :1,o à7;m. — 1,0+ 0,4 à 2m .. 27. 8,17| à midi. . . 27. 775|27. 7,75 7h 9s. + 3,6|à 72m. — 1,3|+ 1,6 | à minuit. . 27.11,84| à 7 © m. .. 27. 8,17|27. 8,83 Bâ2is. + 1,6/à 2 m. — 0,o|+ 1,6 à93 s.. 28. 0,58là22 5... 27.12,17/27.11,49) gà2s. + 3,6là 75m. + o,2+ 24fàgis... 28. 1,174 25..... 28. 0,66/28. 1,00 1025. “+ 6,5à8 m. “+ 8,6/+ 6,0 } à midi. . . 28. 1,75|à8 m... 28. 1,50/28. 1,50 dilà 25s. + 7,0{à minuit.+ 1,64 6,8{à7ls.... 27.10,58| à minuit. . 27. 8,08|27. 8,50 1olà 25s. + 5,o!à minuit. + 0,7 + 4,0 là 3 m.... 27. 8,50o| à minuit. . 27. 5,85|27. 6,58 1343 s + 4,61 m. + 1,6 8,1à 1 m... 27. 5,75|à 8 s.... 27. 2,17|27. 3,58 digèss. +45 7m. + 3,6 doflà2s.... 27. 0,58] à 7 3 m. :.26.11,66/27. 0,35 S'i5ä2Es. “+ 8,2/à minuit. + 0,8 3,2 | à minuit. . 27. 5,92] à 8 m.... 27. 2,33,27. 2,58 161à3 s + 3,6 à o À m. + 0,9/+ 3,3 là 3s.... 27. 5,17| à ok m. .. 27. 3,92/27. 4,75 lag 25s. “+ 2,7 8m. + 1,8 2,0 |à25%s... 27. 7,66] à 8 m. 27. 6,92|27. 7,17 18à 3s. “+ 3,6 à 75m. + 1,2/+ 2,51à 75m 27. 6,66| à 35. . . . 27. 5,42|27. 6,00 laglà midi. + 5,7 à 81m. + 86 5,7|àa2ls... 27. 8,08| à 8 !m.. 27. 7,83|27, 7,92 ‘2oà2%s. + 6,9à 8 m. + 3,6|+ 6,2 {à midi. 27. 9,83| à 27 s.... 27: 0,42/27. 9,h3 ouà2%s + 7,8/à 8 m. + ..|+ 7,2 | à midi. .. 27. 8jaylè ais. ... 27. 792 27. 8,17 palà midi. + 5,8 à 8 m. + 4,5+ 5,8] à 8 m... 27.10,08| à 21 s.... 27. 9,63,27.10,08 PRIE + 5,8à8 m. “+ 1,2/+ 4,4 Ï à minuit... 27.10,35| à 8 m.... 27. 917127: 9,50 le + 6,7jà 15m + 244 6ofàa1ks... 28. 117 à15m 27.10,50,27.11,92 25!à + 42'à1 m + 2,6 + SSH 5m. 0 28. 1,50 à midi 28. 1,25 28. 1,25 LoGlà midi. + 2,8 à8 m. — 0,6+ 2,8 {à 8m 28. 1,83|à3 s 28. 1,17/28. 1,25 27là midi. + 0,5à 8 m + o,1}+ 0,5]a8 m 28. 1,08|/à25 28. 0,66,28. 0,83 28äa2hs + 1,2à8 m — 0,2-+ 0,7 | à midi... 28. 0,42] à 215... .:28. 0,00/28. 0,42 ogà2is. + 3,2à 8 m. + o0,9+ 2,2] à 8m... . 28. 0,36 à 24s. . . 28. 0,08/28. 0,17 | Soà2ks. + 7 81m. + 5,2 7,2/à 2 À s.. 28. 0,55] à 81 m... 26. 0,25|28. 0,54 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. . . 26. 2,50 le 1. Moindre élévation du mercure. . . . 26.11,66 le 14 Élévation moyenne. : : : . 27. 7,08 Plus grand degré de chaleur. . . .. —+ 11,0 le 4 Moindre degré de chaleur. . . . . . + 1,3 le 7 Chaleur moyenne. . . .. —+ 4,8 Nombre de Jours beaux. . . ....... 2 8 GOUVELIS ele 28 deNDIUE MEN Er ere ee 14 À L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Frimaire an 1x. s|Hxe POINTS VAT DATI ON 5 c VenTs. # |A Minr LUNAIRES. DÉ L'ATMOSPHÈRE. 1 78,0 | N. Ciel nuageux et brouil. le mat.; quelq. éclaircis le soir. 2| 66,0 |S. Prem. Quart. Quelques éclaircis le matin ; nuageux le soir, 3 78,0 S. Ciel rouge et nuag. le mat.; couv. l’après-midi et le 5, 4| 69,0 |S. Equiu. ascend. Couvert le matin ; pluie abondante dans la soirée. 5 66,0 O. Pluie continuelle av. le jour; pluv. à midi; nuag. le s. 6| 66,0 | N-O. Nuageux ; brouil. et givre le mat.; quelq. éclaireis le s, 7 79,0 N. Couvert par intervalles. 8 73,0 S, Ciel à demi-couv.; gelée blanche; neige vers une h. 9 78,5 S. Brouil. et pluie fine le matin; quelques éclaircis le s. 10 85,0 S-0. Pleine Lune. Couvert et brouil. le matin ; pluie fine l'après-midi. 11 85,5 |S. Apogée. Brouil. et pluie fine une partie du jour. 12| 977,0 | 5-0. Quelques éclaircis ; temps brumeux. 13| 79,0 S. fort. Nuageux le matin; couvert et pluie abondante le soir. 14| 71,0 | S-S-O.fort Pluieune grande partie de la journée. 15| 74,0 | S-S-O. Ciel couvert; pluie fine une partie du jour. 16! 75,0 | S. «4 Quelq. éclaircis par interv.; léger brouil. le matin. 17| 780 | Calme. | Couv.; brouil. toute la journée; pluie fine le matin. 18| 78,5 |E. Dern. Quart. À Brouil. le mat.; pluie continuelle depuis 10 h. du m, 19 85,0 Calme Equin.descend.3 } Cou. et brouil. épais ; pluie continuelle l'après midi. 20 | 82,5 | Calme Couvert par intervalles ; léger brouil. le matin. 21 80,5 è Ciel nuageux. 22 | 98,5 | Calme Quelques éclaircis ; pluie par intervalles. 23| 74,5 | S-E. Ciel légèrement couvert , mais chargé de vapeurs. CA EE 2er 9 .| S-E. Périgée. Ciel en grande partie couvert; vapeurs épaisses. 25| 72,0 | E. Nouv. Lune. Ciel nuageux et chargé de vapeurs. 26 74,0 N-E. Quelques éclaircis; brouillard dans la soirée. 27| 76,0 | N-E/ Ciel couv. et brouil. très-épais toute la journee. 28 | 76,0 | Calme Idem. 29 | 82,5 |S. Brouil. et pluie fine une grande partie du jour. 30| 85,0 | O. Quelques éclaircis le matin; pluvieux le soir. RÉCAPITULATION. de Vente LE se: 25 COTE Dr léithadnn o de tonnerre. . . . .. o de brouillard. . . . . 14 de-neigeÿ}04 220: el de'grèle. ... 1... o Le vent'a soufflé duiN..0.1 70e, 2 fois 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LEE q NOUVELLES LITTÉRAIRES. Description des plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans le jardin de J. M Cels, avec figures ; Par E. P. Ventenat, de l'Institut national de France, l’un des conservateurs de la bibliothèque nationale du Panthéon. À Paris, chez l’auteur, à la bibliothèque nationale du Pan- théon. $ Bärrois l’aîné, libraire, rue de Savoie. Fuchs, libraire, rue des Mathurins. : 0 Madame Huzard , libraire, rue de l'Éperon. Garnery , libraire, rue de Seine. Pérsonne n'ignore que le cit. Cels cultive depuis. longtemps avec. saccès , dans un jardin particulier, beaucoup de végétaux exotiques, la plupart en pleine terre, et qu’on|lui doit plu- {} sieurs de Geux qui sont maïînténant acclimatés sur lé solde la France. Ce jardin offre chaque année dés objets mouveaux pro-. venant de graines reçues, de l'étranger, ou données par desvoya- geurs. La science réclamoitla publication de ce$ plantes, qui par son Tableau du règne wégétal ;'et par beaucoup d’excellens méinoires! de botanique a entrepris ce travail avec seés/-seuls moyens, sais l'intervention d'an libraire, pour se conseryer la F €, P À liberté de pouvoir donner à son ouvrage une grande perfection , én employant lesmeiileurs artistes, soit pour le dessin et la gra- vure , soit pour l'impression. À ce mérite est joint celui des des- criptions fort détaillées et très-exactes ,,présentées dans un style clair et à la portée de tout lè monde, suivies d’observations précieuses qui tendent à éélaircir quelques difficultés de la scien- ce , et à faire connoître les affinités de la plante décrite. Les détaiis de la fructification , très-soignés dans les dessins que l’au- teur a fait exécuter, facilitent encore l’intelligence de ces des- criptions. On y verra sur tout avec intérêt deux genres nouyeanx appartenant aux ordres naturels des maArzvACÉEs et des récumr- n£uses. Nous terminerons en assurant qu'il est peu d'ouvrages en botanique exécutés avec autant de perfection; et si on en uge par les deux fascicules qui ont déja paru, le travail du ci- 24 20 à DURS ES EE : VER devoit ajouter à la nombreuse série des ‘espèces, et nous donner: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 toyen Ventenat a tous les titres pour obtenir le suffrage des sa- vans et du public. D. Georgii Rudolphi Boæhmeri, ect. Commentaria botanico- ditterata de plantis; c'est-à-dire : Commentaires botanico-littérai- res en mémoire et au nom de ceux qui cultivent les plantes, depuis l’année 1770, jusqu'aux temps les plus modernes ; par M. Rodolphe Bæhmer, doyen et professeur en médecine de l’uni- versité de Virtemberg. A Leipsick , dans la librairie de Veidmann, 1799; in-8e, de 233 pages. ‘Ces commentaires offrent la continuation de l'excellent traité du grand Linnæus, qui a pour titre : Cririca botanica , et spé- cialement de la bibliothèque botanique de Haller, dont les dates concernant les écrits des auteurs, finissent en 1770. Lorsque des anciens ont besoin d’explications , le professeur Bæœhmer ne les exclut pas de ses commentaires, ainsi qu’on le peut voir aux articles Aldrovande, Actius, Albin, Ammann, Laurenberg,, Lancili, Varron , Vanswietenn, et plusieurs autres. Le’professeur Bœhmer a adopté l’ordre le plus convenable, qui est l’alphabétique. Pour me rendre clair et donner une idée de cet ouvrage , il Faut en rappeler quelques articles. Adañsonia. L: Ce genre est le baobab d’Adanson. Linnæus en a fait hommage à Michel :Adanson , membre de la société royale de Londres , et de la société d'Afrique, séante au Séné- al, auteur de l’histoire naturelle du Sénégal et des familles dé plantes. Brôussonetia. L'Héritier a créé ce genre avec le müûrier à pa- pier, et l’a dédié à Auguste Broussonet,, auteur d'une petite Flore de Montpellier. Giliberta. Cavanillès a fait honneur de ce genre à Jean Em- manuel Giibert, professeur de botanique en l’université de Vilna, auteur du système des plantes européennes et de trois nouyelles Flores qui sont celles de Lyon, du Dauphiné et de Lithuanie, Gouuna. Jacquin et Linnæus ont créé ce genre à la mémoire d'Antoine Gouan, professeur de botanique à Montpellier, au- teur de la Flore de Montpellier , d'observations botaniques , d’ex- plication du système sexuel de Linnæus et de PAortus Morns- elliensis. J'illaria. ce genre est consacré -par Schreber à Gérard de 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Villars , docteur en médecine de Montpellier , auteur de l’his- toire des plantes du Dauphiné. WVillemetta. Necker a fait hommage de ce genre à Remi Willemet , auteur d’une lichenographie , de la phytographie de la Lorraine, d’une monographie sur les plantes étoilées, d'une matière médicale indigène , et de plusieurs descriptions de plan- tes inédites , insérées dans les journaux. Ces commentaires font suite au Critica botanica de Linnæus, l’un et l’autre traitent principalement de la manière d'établir les noms et les genres. Ces écrits sont classiques ; ils doivent être consultés non-seulement par les botanistes, maïs encore par tous ceux qui voudront composer une nouvelle nomenclature de telle science que ce puisse être : un esprit vraiment philoso- phique en a dicté les principes; et ces livres précieux ne sont pas assez connus. Table générale raisonnée des matières contenues dans les trente premiers volumes des Annales de chimie, suivie d’une table s Phobsee des auteurs qui y sont cités. À Paris, chez J. J. Fuchs, libraire, rue des Mathurins, n°. 334, un vol. in-80. Un recueil aussi intéressant que les Annales de chimie de France, exigeoit une table par le moyen de laquelle on püût re- trouver les mémoires qu’on recherche. Celle-ci est très-bien faite et remplit parfaitement cet objet. Muscologia recentiorum. Muscologie nouvelle, ou histoire analytique et descriptions méthodiques de toutes les mousses connues , rangées selon Hedwig; par Bridel. A Gotha, chez Eslinger, tom. premier, in-4°. de 23 feuilles, 1797. Ce premier volume ne contient, à proprement parler, que les bases de la doctrine des lichens et de leur classification; il est divisé en onze chapitres dans lesquels il est fait mention de la définition des mousses, de l’exposé de leurs parties : telles sont les racines , les tiges, les feuilles, et de leur utilité : des par- ties sexuelles des fleurs. A cette occasion Bridel assure. que les filets dans les fleurs mâles sont les nectaires des fruits ; des pé- doncules, de leur direction, forme, couleur, conformation, ouverture, calice. Il s'attache ensuite aux opercules. des fruits et aux semences. Le chapitre.5 offre des fragmens physiologi- ques sur les mousses , dans lesquelles on apperçoit qu'il seroit difficile de prouver que leurs principaux vaisseaux ont la même ET D'HISTOIRE NATURELLE, 87 direction que ceux des autres plantes; maisil est plus sûr de s'assurer de leur irritabilité . Suit l’analyse chimique et le pro- duit de différentes espèces de gaz. Le chapitre 6 traite du sol patal, de la propagation, de la réunion en masse , de la durée, de la floraison, de la fructification des lichens , ainsi que de leur accroissement et de leur manière d’exister. Le chapitre suivant est consacré à démontrer l'utilité de l'étude des mousses dans l’économie de la nature, dans l’agriculture , la médecine et les arts. Après quoi viennent l’histoire de la muscologie, depuis Gaspard Bauhin jusqu’à Hedwig. La désignation des méthodes pour classer les mousses, suivant les différens auteurs; des éclaircissemens sur celle de Hedwig, le sort qu’elle a éprouvé ; Bridel expose les principaux défauts de cette méthode: en pro- pose une autre propre à classer les mousses et les lichens d’après le système sexuel, pour en former une vingt-quatrième classe sous le titre de calyptogamie. Cet ouvrage , sur une partie difficile de la botanique, présen- tera lorsqu'il sera terminé, bien des objets éclaircis. Le Médecin naturaliste, ou Observations de médecine et d'histoire naturelle ; Par J. E. Gizr#rrT, ancien professeur de médecine et d'histoire naturelle à l’université de Wilna, professeur d'histoire naturelle à l'école centrale du département du Rhône, et membre de plu- sieurs sociétés savantes. : Cet ouvrage, dans la partie médicale, contient entre autres, le tableau des maladies qui ont règné à Lyon, dans une certaine période, et celui des maladies aiguës observées à Grodno en Lithuanie, depuis 1776 jusqu’en 1781. La seconde partie, qui est relative à l’histoire naturelle, con- tient divers mémoires de botanique, des observations sur les castors et les élans de Lithuanie, et sur différentes substances minérales de la même contrée. 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Mathématiques. Astronomie. Physique. Air atmosphérique. Météorologie. Zoologie. Physiologie animale. Médecine. Botanique: PAysiologie végétale. Minéralogie. Des volcans. Géologie. Chimie des minéraux. Chimie des végétaux. Chimie des animaux. Agriculture. Des arts. Observations météorologiques. Nouvelles littéraires. JOURNAL DE PHYSIQUE, D E CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PET EUM PET OS PA NE. 0ù DISSERTATION() S U Kk PRO TONER ES Ac Hi Mi, Par E. P. Venrewar, de l’Institut national, l’un des conser- vateurs de la Bibliothèque nationale du Panthéon. Les plantes qui appartiennent à la famille des Aroïdes, ont une fructification qui leur est propre, et qui suffit au premier coup-d’œil pour les distinguer de presque tous les autres végé- taux. Cette fructification consiste dans une espèce de chaton qui est recouvert dans toute son étendue , ou seulement dans une partie de son étendue, de fleurs sessiles , tantôt dépourvues de calice‘et dont les organes sexuels sont mêlés ou séparés , tantôt entourées d’un calice propre à plusieurs divisions et herma- phrodites. Ce chaton désigné par le nom de Spadix est quel- quefois nu, mais plus souvent il est entouré d’une membrane appelée Spathe. Linnæus avoit plaré cette famille entre les Pal- miers et les Cypéroïdes; Adanson, entre les Renoncules et les Pins; B. de Jussieu , entre les Palmiers et les Graminées; A. L. (1) Lue à la classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut na- üonal , le 6 frimaire an 9 n Tome LII. PLU VIOSE an 9. M re 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Jussieu, entre les Naïades et les Massettes; et Lamarck ; entre les Jonos et les Naïädes. Qüôique tes auteurs n’aientipas été d’aoéord sur le rang-que les Arôïdes dévoient occuper dans la série des végétaux, quoiqu’ils aient même les uns ou les au- tres réuni dans cette faille plusieurs genres ne lui sont abso- lument étrangers , tels que les Piper, ceratophyllum, menian- thes, etc. dont l’embryon est dicotyledone, les zoszera., potamo- geton ; ruppia dont l’émbryon n’ést poinit ‘entotiré d’un péri- sperme, et peut-être l’Acorus dont l'insertion des étamines a été regardée comme périgyne par B. de Jussieu, et dont le fruit est triloculaire selon Linnæus et Géertnér ; néanmoins ils ont tous pensé que l’Arum devoit appartenir à cette famille qui a été inême désignée sous lé nom d’ordre des Aroïdes par plusieurs d’entre eux. . Tournefort qui considéroit la spathe dont le spadix est entouré dans l'Art , Comte ‘unt corollé, avoit placé ce genre dans la troisième classe de sa méthode, parmi les herbes dont les fleurs sont d’une seule pièce et irfégtilièfes. Pour faciliter l’étude de ce genre qui renferme un assez grand nombre d'espèces, il l’avoit divisé d’après la forme dés feuilles et de la spathe, en trois; savoir, Arum, Dracunculus et Arizarum. Mais les ca: ractères assignés par Toûrnefort étant de peu de valéur, et né pouvant tout au plus servir qu’à distinguer des espèces, Lin- nœæus n’hésita point à supprimer les Dracunculus et Arizarum qu’il réunit à l’Arum. Le botaniste suédois, conformément aux principes qu’il a établis et qui l’ont dirigé dans la construction de ses genres, chercha dans les organes de la fructification des caractères, pour déterminer avec précision le genre Arum. Il observa avec soin l’Arum maculatum , et il décrivit le genre d’après les caractères de cette espèce, en supposant que les au- tres qu’il y réunissoit devoient avoir la même conformation. l'erreur de Linnæus subsiste encore, parce que sa description à été adoptée sans aucune espèce d'examen. Cependant il existe plusieurs espèces dont la fructification s'éloigne encore plus du caractère générique , que celle du Ca/la qui est regardé par tous les botanistes, comme un genre très-distinct de l’Arzm. Telles sont, parmi les espèces mentionnées par les auteurs, les Arum esculentum , sagittaefolium , ovatum , sesuinum , arborescens, auritum , Lin, helleborifolium , JaAce@.;-et bicolor, AxT. Toutes ces espèces différant essentiellement de l’Arum , soit par la situation et la structure de leurs anthères , soit par la direc- tion et la forme des glandes, soit par leurs stigmates ombiliqués TEDID HESTOIRE NATURELLE. g2 et glabres, soit peut-être encore par le pollen "qui est formé de molécules aglutinées ; j’ai cru devoir séparer ces espèces de l'Arum , cet les réunir avec quelques autres nouvelles en un genre auquel je donne le nom de Caranium (1). CALADI U M. Caracrer GENERICUS. Spatha ventricosa , basi convoluta. Spa- dix apice omnino staminifer, quandoque mucronatus, mucCro- ne nudo ; medio glandulosus ; basi tectus germinibus. Antheræ sessiles, in spiram densé dispositæ, peltatæ, sub peltà ad am- bitum multiloculares vel pluriès sulcatæ; sulcis pollen concate- natum emittentibus. Glandulæ quintuplici aut sextuplici serie adnatæ spadici, inæquales, oblongæ , angulosæ, obtusæ, ad ambitum sulcatæ. Germina numerosa , sessilia, subrotunda , depressa ; styli o; stigmata umbilicata, viscoso humore referta. Parmi les espèces qui se rapportent à ce nouveau genre, il en est une, CarapruM bicolor ou Arum bicolor, Hort, Kew., qui est peu connue des botanistes. Aiton est le seul auteur qui ait parlé de cette plante; mais il s’est borné à exposer simplement son caractère spécifique. Comme j'ai eu l’occasion de l’observer chez notre collègue Cels, je crois devoir en donner une des- cription complette et en présenter une figure avec tous les détails de la fructification , sur lesquels le genre que j'établis est fondé: CABANE or; Cazapium foliis peltatis, .sagittatis, disco coloratis ; spathà erectä , basi subglobosâ , medio coarctatä, apice ovato-acumi- natâ. /ort. Cels. pl. 30. Arum bicolor, Air. Hort., Kew. Quoique cette plante soit cultivée depuis plusieurs années à Madère, à Kew, chez Cels, et au Jardin des plantes, nean- moins les botanistes et les cultivateurs ignorent encore le pays dont elle est originaire. Les recherches que j'ai faites m'ont appris qu’elle croissoit naturellement au Brésil. Commerson l'a trouvée en 1767 à Rio-Janeiro, etles exemplaires qu’il a cueillis et qui sont conservés dans la précieuse collection du Muséum (1) Cazanrux est le nom dont Rumphe s’est servi pour désigner lARUM es culentum, M 2 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'histoire naturelle, m'ont fourni la note suivante que je crois devoir citer en entier. Anuai foliis in medio rubentibus (eadem rubedine ac in Ama- ranto psittaco ). E. Brasilia. Colitur in hortis ob amænitatem colorum. Hoc exemplar lesebatur apud capucinos urbis Sr. Sebastiani sive Rio-Janeiro. Commerson, Julio, 1767. Cette belle espèce, remarquable sur-tout par ses feuilles d’un rouge cramoiïsi dans le disque, et d’un vert foncé dans leur contour, est herbacée et vivace. Elle passe l’hiver dans la serre chaude; elle fleurit au commencement de l’été , ‘et se multiplie avec facilité par les drageons nombreux que pousse sa racine. Racine charnue, conique, munie de fibres, d’une saveur brûlante. Frurzzes radicales, pétiolées, horisontales, pavoisées , en fer de flêche, ondées , pointues à leur sommet, rarement aigues, et plus souvent obtuses ou même arrondies à lasbase des deux angles inférieurs, relevées en-dessous d’une nervure saïllante et rameuse qui coupe chaque lobe en deux parties égales, veinées, d’un rouge cramoisi sur le disque, d’un vert foncé dans le con- tour , longues de 22 centimètres et larges de 12. Périores creusés en gouttière dans leur partie inférieure, et munis sur les bords d’une membrane veinée qui engaîne le col- let de la racine et la base de la hampe; cylindriques dans le reste de leur étendue , droits, insérés sur le disque de la feuille, striés, s’élevant à trois décimètres; de la grosseur d’une plume à écrire. ; Hampes le plus souvent solitaires, quelquefois au nombre de deux ou trois qui se développent successivement, engaînées à leur base, droites, cylindriques, d’un vert foncé, un peu plus longues et plus grosses que Îles pétioles. Freurs nombreuses , monoïques, incomplettes, portées sur un chaton (spadix) qui est enveloppé d’une spathe. Sgarue d’une seule pièce, droite, s’élevant au dessus des feuilles, globuleuse et se recouvrant par ses bords dans sa partie inférienre qui est coriace et verdâtre, resserrée et rétrécie dans sa partie moyenne, ovale-pointue et entr'ouverte dans sa partie supérieure qui est membraneuse , veinée, en forme de réseau, et d’un blanc dellait. Cnarox plus court que la spathe, simple, droit, cylindrique ; EUR D}H IS TO E RE N'A TU RIELLE 93 ét d’un rouge vif dans sa partie inférieure , aminci dans sa par-, tie moyenne, en forme de massue et blanchâtre, avec une lé- ” gère teinte de rose dans sa partie supérieure. Fleurs Mäles. AnTuères recouvrant entièrement la moitié supérieure du cha- ton , sessiles, disposées en spirale , d’abord très-rapprochées, se séparant ensuite au moment de la fécondation, prismatiques , creusées dans leur contour de douze loges ou sillons d’où s’échap- pe la poussière fécondante | terminées supérieurement par un plateau en forme de losange , parsemé de points brillans, et crénelé à son limbe. Poussière fécondante formée de molécules agelutinées et blanchâtres. Fleurs Femelles. “ n . sd Ovarres nombreux et très-serrés, recouvrant la partie infe- riéure du chaton:; orbiculaires , d’abord déprimés , ensuite con- caves , d’un violet tendre. Styles nuls. Stigmates simples en for- me d'ombilic, remplis d’une humeur visqueuse, d'une couleur plus vive que les ovaires. Graxves remplissant l’espace qui se trouve entre les ovaires et les étamines , disposées sur quatre à six rangs, appliquées dans toute leur étendue contre le chaton, oblongues, obtuses, épaisses, quelques-unes anguleuses , longtes de 6 millimètres ; les supérieures ou celles qui sont placées dans la partie rétrécie du chaton moitié plus courtes. Nous n'avons pas en occasion d'observer le fruit de cette es- pèce , mais il est probablè que les ovaires deviennent autant de baies qui renferment une ou quelques semences. Le caractère du genre Arum; après en avoir séparé les espe- ces congènères du BEN paroît devoir être encore réformé. En effet, il est des espèces dans lesquelles les glandes aristées se trouvent en mêine temps au-dessus et au-dessous des étami- nes, tantôt simplement en-dessous , tantôt en-dessus, et quel- quefois , semblables à des filimens, elles recouvrent entièrement la partie supéricrre du spadix, commé dans |’ A{rum muscivo- rum , LiNN.3 ainsi nommé parce que les mouches attirées par l'odeur infecté que répand le spadix , pénètrent: avec avidité dans le fond de la fleur. Frustrées' dans leur attente, et ne trou- yant pas Ja chair corrompue qu’elles cherchoïent, elles tentent 9h JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . toutes sortes de moyens pour s'échapper, mais leurs efforts sont inutiles. Les filamens qui sont renversés ferment l’orifice de la spathe , et l’insecte aîlé trouve la mort dans le lieu même où il croyoit pourvoir à sa subsistance. Les anthères des 4rum pré- senient aussi plusieurs difiérences ; elles sont sessiles et à 4 lobes qui se creusent à leur sommet en forme de cupule dans V'Arum vuloareet sa variété, Arum maculatum; à 2 lobes ar- rondis dans nne espèce que je compte publier incessamment , qui a été rapportée de Virginie par notre collègue Michaux, et qui fleurit depuis quatre ans chez Cels. Elles sont portées au nom- bre de quatre sur des pivots cylindriques et très-rapprochés dans V'Arum dracunculus, sur un simple filament dans l’A{rum ari- æarum ; et dans l’Arum pentaphillum elles peuvent être regar- dées comme polyadelphes ; c’est-à-dire que plusieurs pivots cy- lindriques sont épars sur la partie moyenne du spadix, et portent chacun jusqu’à douze anthères arrondies et creusées d’un seul sillon. ‘ F Parmi les espèces d’Arum mentionnées dans le Species de Lin- nœæus, il en est deux; savoir, 4rum colocasia et esculentum , dont les caractères spécifiques ne sont point énoncés avec assez de précision. La première est désignée par cette phrase : 4rum acaule, foliis peltatis, ovatis, repandis, basi emarginatis ; et la seconde est ainsi déterminée: Arum acaule , foliis pel- tatis, ovatis, integérrimis, basi emarginatis. Ainsi les mots, Jfoliis repandis et.foliis integerrimis sont les seuls signes indiqués par Linnæus pour distinguer les 4rum colocasia et esculentum. On doit attribuer à l'insuffisance des caractères oe par le professeur d'Upsal, l'erreur dans laquelle sont tombés des bo- tanistes célèbres qui n'étant pas dans le cas d’observer ces deux espèces, ont cru devoir les réunir en‘une seule. Cependant il est facile, lorsqu'on peut les comparer , de les déterminer d’une manière précise; prüsque dans l'Arum colocasia les feuilles aussi fermes que celles du Nyxphaeg, ont leurs lobes posté- rieurs arrondis, et que de plus lenrMfoathe cylindrique en se terminant insensiblement en pointe, est plus longue que les feuilles. Dans l’Arwm esculentum , au contraire , les feuilles très- minces , ont leurs lobes postérieurs aïgus , et leur spathe ovale et surmontée d’une pointe est plus courte que les feuilles. Je puis encore ajouter que dans l’Arwm esculentum la partie supérieure du spadix est recouverte d’anthères absolument conformes à celles du ca/adium bicolor ; tandis que dans l’arum co/ocasia ou culcasia , les étamines sont placées dans la partie moyenne MH Se LOUIS Le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 du spadix qui est nu à son sommét. Au reste, ces deux plan- tes ne sont pas les seules dont les feuilles soient pavoisees. J'en ai trouvé plusieurs dans les herbiers; une entre autres, dans "celui de Jussieu, qui est figurée dans l’Æôrt. Malab., vol xt, tab. .22, où elle est désignée -par le nom de wèli-ilà, et qui est remarquable par une pointe qui surmonte son spadix. J'ai examiné avec toute l’attention dont je suis susceptible les glandes placées dans le caladium bicolor, entre les ovaires et les étamines , et je crois pouvoir répondre à la question .propo- sée d’abord par Linnæus : guid sunt cirri isti sub filamentis commemorat:? Et ensuite par Jussieu : guis in aro cirrorum usus ? S | Lorsque le spadix du Caladinm bicolor n’est pas encore par- faitement développé, les glandes qui recouvrent sa partie moyen- ne sont tellement rapprochées qu’on ne soupçonneroit pas même leur existence. À mesure que le spadix s’alonge, les glandes inférieures commencent à se séparer les unes des autres et lorsque la fécondation s'opère, ou lorsque la poussière fécondante s'é- chappe des loges des anthèreset s'élève au niveau des tosanges, alors toutes. les glandes sont écartées les unes des autres. Si on détache en ce mornent une des glandes, on apperçoit dans son contour les mêmes sillons ou loges qui existent dans les anthè- fes; midis Comme il ne sort aucune poussière fécondante de ces sillons ; n’ést-ôn pas autorisé à conclure que les glandes sont des étamines avortées? Je puis convaincre les botanistes de cette vérité, ‘en leur montrant un bel échantillon du cazaprum i- color que Cels, plus jaloux du progrès de la science que de son propre intérêt, n’a point hésité à sacrifier pour me mettre en état de confirmer les observations que je viens de communiquer à la classe. ESPÈCES CONGÉNÈRES DU CALADIUM. S. Acaulia. _ €. elleborifolium. Folüis pedatis , foliolis lanceolatis. Jacao. 2Con. 613. C: sagirtaefoliuin. Fôkis sagittatis , triangulis ; angulisdivari- catis, acutis. Jaco. Æorti,t. 157. C. escalentum. Fous peltatis, hastatis, concoloribus (1). Decas {:) Je ne connois aucune bonne figure de cette espèce. 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C. bicolor. Foliis peltatis, sagittatis , disco coloratis. VENT. ITort. Cels. pl. 30. S. II. Caulescentia. C. ovatum. Foliis ovato-oblongis ; spathâ ovatâ acuminatä, scabrâ. Ryeën. Hort. Mal. xt, t. 23. C. seguinum. suberectum ; foliis lanceolato-ovatis ; spadice spathâque longissimis. Prum. 4mer. t. 61. C. arborescens. Rectum; folüis sagittatis. Prum. 4mer. t. 60. C. zymphaeaefolium. Folis peltatis, sagittatis, spathä tereti ; spadice mucronato. Raren. Æort. Mal. xt, t. 22. ri C. auritum. Radicans ; folüis ternatis, lateralibus unilobatis. Prum. Amner. t. 58. d Il est probable que les botanistes trouveront encore dans leurs herbiers plusieurs espèces qui doivent être rapportées au genre CALADIUM. Toulouse , 25 brumaire an 9. ' , P. DISPAN, de Toulouse, élève du cit. VAUQUELIN, Au cit. Decaméruerre , rédacteur du Journal de physique. Vous savez, citoyen, qu'il s’est élevé dans votre Journal une sorte de discussion entre le cit. Deyeux et moi, au sujet de l'acide des pois chiches. J’avois déja fait quelques expériences pour en déterminer la nature, lorsque ce chimiste publia dans le cahier de floréal an 6 , un mémoire dans lequel il annonçoit s'être assuré que cet acide n’étoit absolument autre chose que l'acide oxalique. Comme j’avois par devers moi des preuves très- décisives pour l'opinion contraire, telles que l’incristallisabilité de l'acide en question et la cristallisation de son sel calcaire, j'en publiai à mon tour le résultat dans le cahier de germi- nal suivant , an 7. Si vous voulez bien jeter les yeux sur cette esquisse, toute défectueuse qu’elle est, vous vous convaincrez que je n’entendis pas nier dès-lors la présence de l'acide oxali- que dans la liqueur des pois chiches; je donnaï au contraire mes raisons pour l’y croire, mais j’affirmai qu’il y avoit un au- tre acide ércristallisable, cristallisant avec la chaux, etc. ; et ce _4rÆT® D'HISTOIRE NATURELLE. 97 ce second acide m'ayant, par ses combiraisons avec divérses bases, paru présenter des propriétés distinctes de tous les autres, je lui assignai provisoirement le nom d’acide cicérique. Postérieurement à cette ébauche, et dans le cahier de prairial suivant, le cit. Deyeux m'accusa d’avoir martyrisé la plante pour obtenir mon résultat, et m’assura de plus , que si je voulois me donner la peine de reprendre mon travail d’après sa méthode, je ne trouverois absolument, comme lui, que de l'acide oxalique. J’aurois pu répondre au cit. Deyeux, qu'entre deux hommes dont l’un annonce avoir trouvé une chose et l’autre en avoir trouvé deux, c’est plutôt à celui qui n’en a trouvé qu’une à chercher les moyens par lesquels on trouve l’autre, qu'à celui qui a trouvé l’une et l'autre a prendre la route par laquelle on ne trouve que la première seulement ; admettant (ce qui étoit bien loin de la réalité) que j’eusse tourmenté mes pois chiches, toujours restoit-il à vérifier si en tourmentant des pois chiches, on obtenoit, comme je l’avancçois, un produit nouveau. Maïs je préférai attendre et répéter mes expériences. Ce n’est que cette année que j’ai pu faire quelque chose à ce sujet, encore même n’ai-je bien eu ni le temps ni les moyens de travailler, détourné comme je le suis par des fonctions si étrangères. N'importe, j’ai toujours recueilli de quoi mettre fin à la discussion, et mes efforts n’auront pas été perdus : le cit. Vauquelin, mon cher et illustre maître, à qui j'ai fait passer la moitié de la liqueur que j’ai ramassée ce printemps, n’a eu besoin que d’un coup-d’œil et tout est éclairci. Avant de faire part de la lettre qu’il m’a fait l’amitié de m'écrire sur cet objet, qu’il me soit permis de dire un mot du peu que j'ai fait de mon côté. D'abord , et je prie le cit. Deyeux de peser ceci avec atten- tion, la rosée des pois chiches a été recueillie à l’hcure de midi, par un beau soleil, les premiers jours de messidor dernier : on s’est servi de mouchoirs de toile de batiste très-fine, en prenant toutes les précautions possibles pour ne pas o/fenser les plantes dont le fruit commençoit à se former alors, et qui ont si peu souftert, qu’elles m'ont encore rendu dans zn demi-arpent que j'avois fait semer exprès, environ quarante fois la semence. Les mouchoirs imbibés de rosée ont été de suite étendus d’une très- petite quantité d’eau distillée, et exprimés. La liqueur filtrée immédiatement a coulé parfaitement limpide d’une belle cou- leur d’or ; son goût étoit très-acide, son odeur sensible et pa- reille à celle du pois; elle a donné 5° à l’aréomètrede Baumé. J'ai Tome LII. PLUVIOSE an 0. N 93 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mieux aimé opérer ainsi, que concentrer à l’aide du feu, comme j'avois fait l’autre fois, pour écarter de plus en plus tout soup- çon d’altération. Partie de cette liqueur a été versée sar' du spath d'Islande très< pur et réduit en poudre impalpable. 1l y a eu effervescencetrès- vive, et l’on a surajouté de la poudre de spath jusqu’à ce qu’il ne s’en excitât plus et qu’il y eût même excès de base. On a filtré au bout de 24 heures; la liqueur a‘passé jaunâtre , claire, d’un goût saumâtre et presque amer; On Va thise à évaporer spontané- ment, et il s’y est fait à plusieurs réprises üne pellicule de car- bonate de chaux. Enfin , malgré plüsieurs filtrations successives il n’y a pas eu de cristallisation ; la potasse enta précipité de la chaux que l’acide oxalique y a aussi démontré. Eile devoit ce- pendant y être en très-péetite quantité : car l'acide sulfurique n'en a presque pas troublé la transparence, quoiqu’elle fût ré- duite de plus des trois quarts. Etonné de ce phénomène , après les beaux cristaux que j’avois obtenus il y a trois ans d’une dissolution pareille, j'ai versé de la liqueur des pois chiches sur de la chaux récemment éteinte à l’eau distillée , de manière à ce qu'il ÿ eût un léger excès de base. J'ai filtré sur-le-champ et mis à évaporer spontanément. Quatre heures après étant allé revoir ma capsule, quel n’a pas été mon étonnement de trouver toute sa surface tapissée d’une quantité considérable de petits cristaux blancs , brillans et irré- guliers, dont quelques-uns avoient même engorgé le tuyau de l’entonnoir par où venoit de se faire la filtration. De suite je fis dissoudre de ces derniers à la faveur d’un peu d'eau chaude ( car ils se refusent à l’eau froide), et m’assurai qu’ils ne rougissent point le tournesol, Cette circonstance ex- cluoit toute idée de cristallisation par excès d’acide, et permet- toit moins que jamais de les confondre avec l’oxalate calcaire. Cependant pour pousser encore plus loin la démonstration, j'ai versé dans cette solution de la potasse caustique, il y a eu sur- le-champ un précipité que l’insufflation à fini par redissoudre ; et qui n’étoit conséquemment que de la chaux. Donc la potasse a plus d’affinité avec l’acide des pois chiches que la chaux ; donc cet acide n’est pas de l’acide oxalique, du moins pour la majeure parte. Restoit à déterminer la nature de cet acide. Etoit-ce vérita- blement un acide nouveau, comme cela m’avoit paru il y a trois ans ? ou bien étoit-ce un des nombreux acides végétaux connus? ‘Sans avoir appris grand chose depuis mon premier travail , j’a- ET D’HISTO DRE NATUR.E/ WE E,0 1 99 vois cependant acquis auprès du cit, Vauquelin, de qui j'ai eu le bonheur d’entendre les leçons, trop de cette défiance de soi- même dont 1l offre un exemple si admirable, et on-peut le dire à sa louange, si peu fondé, pour ajouter grande foi à mes premiers essais; je résolus donc de faire un peu tard ce que j'aurois dà faire plutôt, de comparer avant de prononcer , et revenant à nouveaux frais ; 10. Je fis dissoudre du gypse bien pur dans de l’eau distillée , et ayant versé la liqueur des pois il y eut un précipité blanc abondant. Sur cet indice d'acide oxalique je combinai de la liqueur des pois avec de la potasse, de se à laisser un excès d’acide, espérant par ce moyen séparer l'acide oxalique, à la faveur du peu de solubilité de l’oxalate acidule de potasse ; effectivement j'obtins des cristaux entièrement semblables pour la forme et pour le goût à ceux du sel d’oseiïlle. J’en fis dissoudre une partie, je précipitai par le nitrate de plomb; le précipité très-épais et grenu se sépara sur-le-champ; je lavai bien, puis ayant verse de l’acide sulfurique étendu, j'obtins des aiguilles très-recon- noissables d’acide oxalique pur. 2°. Mais quel étoit l'acide mêlé avec celui-là, et d’où prove- noïent les cristaux que j'avois obtenus avec la chaux ? D'abord, l'incristallisabilité de ma liqueur , dont je m'’étois bien assuré dans mon premier travail, ne me permettoit absolument point de songer aux acides citrique, tartareux , benzoïque et gallique ; il ne me restoit donc à balancer qu'entre les acides acéteux et malique, si toutefois ce n'étoit réellement un nouveau produit. Ainsi resserré dans mes conjectures , je fis une dissolution bien pure d’acétite de a et ayant versé dedans de la solution de mes cristaux calcaires , j'eus un précipité floconneux, très- lourd et extrêmement abondant. Par là l'acide açéteux, déja très-peu recevable d’après la forme des cristaux, se trouva défi- nitivemnent exclu, Demeuroit l'acide malique ; soupçonnant depuis longtemps que ce pouvoit bien être lui que j'avois méconnu, je m'étois pré- cautionné à mon départ de Paris, d’un petit flacon préparé au Jaboratoire du cit. Vauquelin, et qu'il m'avoit tait l'amitié de me céder dans l'intention de cet examen. Je précipitai d'abord comme ci-dessus, une dissolution d’acé- tite de plomb bien pure par Ja solution de mon sel calcaire. Je - décantai; je lavai bien, et je fis bouillir avec un peu d’acide sulfurique étendu; par ce moyen j'obtins une d -Hié acide qui 2 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne précipitoit pas le zitrate de baryte, et dans laquelle cor- séquemment il ne restoit plus d’acide sulfurique. Cet acide évaporé jusqu’à consistance de sirop, n’a pas voulu cristalliser ; combiné avec la chaux, il a donné les mêmes petits cristaux dont j'ai parlé ci-dessus ; presque insolubles à l’eau froide , solubles à l’eau bouillante, semblables en un mot à ceux que j'ai obtenus de l’acide malique du cit. Vauquelin , et de la chaux. Les uns et les autres se sont élevés en buisson au cha- lumeau, ont précipité le nitrate de baryte et la dissolution d’ar- gent, etc. et n’ont offert aucune différence. Cependant ceux provenant des pois chiches ont pris une teinte rose dont j'ignore la raison, ainsi que du sédiment de la même nuance , mais beau» coup plus caractérisée, qui s’est formé au fond de la capsule où ils ont cristallisé. D’après ces faits, amplement confirmés d’ailleurs par les ré- sultats du cit. Vauquelin, je crois donc devoir revenir sur la dénomination d'acide cicérique que j’avois beaucoup trop légè- rement donnée à cette partie de la liqueur des pois chiches, et je la regarde tout simplement comme un mélange des deux acides malique et oxalique. J’ignore au reste dans quelles proportions ils s’y trouvent, comme aussi, ce qui peut très-bien être, si ces proportions ne varient pas avec les périodes de la vie de la plante. J'ajoute qu’un reste de liqueur des pois que je conserve de- puis trois ans dans un flacon bouché à l’émeril, s’est presque tout transformé en acide acéteux , reconnoissable à l’odeur , au gout et sur-tout à la redissolution très-prompte et très-complette sans addition, du précipité qu’y fait d’abord l’acétite de plomb. Or , on sait que l'acide malique est celui de tous les acides vé- gétaux qui passe le plus volontiers à l’état d'acide acéteux. Cette liqueur de trois ans conserve cependant encore, au moins en partie, son acide oxalique , car elle précipite le zitrate de baryte , ce que ne fait pas l'acide malique, et de plus elle précipite le za/ate de chaux. Extrait de la lettre du cit. Vauquelin. « J'ai reçu, mon cher ami, l’acide que vous avez eu la bonté de m'envoyer par le cit. Frizac; je me suis presque aussitôt oc- ‘ cupé de son analyse, et je crois être assez avancé sur sa nature pour vous annoncer que vous et le cit. Deyeux aviez raison, chacun de votre côté; il est en effet formé de plusieurs acides, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 101 Savoir d'acide malique qui en forme la plus grande partie, d'a- cide oxalique qui y est en plus petite quantite; enfin, de quel- ques atômes de vinaigre. Voici comment on a procédé pour arri- ver aux résultats que je yous annonce : on a fait évaporer dans une cornue, une quantité déterminée de la liqueur des pois chiches, jusqu'à ce qu’elle ait été réduite en consistance de sirop clair, et par le refroidissement il s’est formé des cristaux prismatiques qui avoient toutes les propriétés de l’acide oxalique. Lorsqu'elle n’a plus donné de cet acide, on a mêlé l’ean mère avec une dissolution d’acétite de plomb qui y a formé un dépôt fort abondant et floconneux ; on a redissous, pour la plus grande partie, ce dépôt dans l’acide acéteux ; par là on avoit l'intention de séparer le malate de plomb de l’oxalate formé par un peu d'acide oxalique qui auroit pu rester dans l’eau mère , et c'est à quoi l’on est assez facilement parvenu. « Pour s’assurer ensuite si c’étoit véritablement du malate de plomb qu'avoit dissous le vinaigre, on a soumis la liqueur à la distillation pour retirer une partie de l’acide acéteux ; on a pré- cipité le plomb par l'acide sulfurique ; on a évaporé en consis- tance de sirop pour volatiliser le restant du vinaigre, et on a eu un acide qui, jusqu’à présent, n’a pas offert de différence avec l'acide malique. « Quant à l’acide acéteux, on a reconnu sa présence dans eau de la distillation de la liqueur des pois chiches...., etc. « Adieu, etc. VAUQUELIN. » PH ECG ECTS DES EXPÉRIENCES FAITES EN ALLEMAGNE ÂVE C DL P P'AÎRE LL GYATENV AN OUEN DRE RON EAN" Communiquées à l’Institut par le docteur FrunzANDER, de Berlin. La première nouvelle de l'appareil galvanique de M. Volta a été communiquée à sir J. Banks, le 2 mars 1800. Le Monthly 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Magasin july. n°. 60 en donna la première notice’; Carlisle et Ni- cholson en firent les premières expériences et décomposèrent l’eau ; ils firent rousir la teinture de tournesol et précipitèrent la solution dés métaux dans les acidés. M. Cruikshank de Woolwich, publia dans le journal of Næ- tural History , vol. IV, p. 187 de Nicholson, qu'il avoit formé des arbres de Diane et croyoit ayoir produit de l'acide et de l’alkalr. M. Henry de Manchester, a dit avoir décorriposé l'armmoniac et l’alkali fixe, et trouvé; que l'air n’étoit pas un bon conduc- teur du galvanisme. Voilà ce qui nous est parvenu en Allemagné par les papiers français, et principalement par lés Annales de physique de M. Gilbert (c. 3, vol. VI). M. Ritter, bien connu en Allemagne par ses Beïrrage zur nahern Kenntniss der galvanismus, n'en connoïssoit que la pre- mière notice qui en a été donnée dans le journal de Bruxelles. Il avoit déja fait la plus grande partie dés découvertes des sa- vans cités plus haut, [lorsqu'il les a reçues. Voici un précis de ce qu’il a trouyé jusqu’au 30 septembre 1800. Expérience première: Un fil de zic nul à l'œil, qui commu- nique avec un autre métal qu’on touche avec le doigt mouillé, pour former la chaîné salvänique, fait voir à l'œil regardant à la colonne, une couleur bleue qui devient rougeâtre dès qu'on ôte le doigt. Il faut que l’œil soit un peu accoutumé à cette expérience avant qu'il en saisisse l’effet ; alors le phénomène devient cons- tant. Exp. 2. Une grenouille galvanisée à la manière ordinaire, qui ne donnoit plus de moûvernent après uñe demi-heure, en donnoit encore après 5 heures et demie lorsqu'on employoit l'appareil de Volta. Ezxp.3. Or, la flamme d’une lumière, le verre chaud et l'air raréfié sont conducteurs du Balvanisme (à-peu-près comme de l'électricité); ils ne peuvent donc pas servir à l’isoler. Exp. 4. Quand on approche deux fils de métal dans lé tube de verre formé à-peu-près comme le galvanomètre du cit. Ro- bertson (Journal de Paris, n°. 362, septembre), il ne se pro- duit aucun effet. — Le même effet a lieu quand on les éloigne trop (fig. 1, planche 1). Exp. 5. L’étain, le plomb, lé fer, le cuivre, le bismuth placés en & ét b, donnént des forces galvaniques différentes, pro- ENT! 1D'HAIS TIO DREÉE, NA TU R ELLE. 1@5 portionnelles au degré d'oxidabilité des corps employés. Le mer- cureet l'argent produisent le même effet. — L'or ne souftre au- cune oxidation. Erp. 6. En-employantidé l'or de deux côtés , M. Ritter ob- serva qu'il-se formoit des bulles d’air provenant des:deux fils. Il ‘observa de plus que les bulles d'air qui provenoient d’un de ces #ls étoient plus grandes que celles de l’autre ; il en tira la con- clusion que la pesanteur spécifique de l’un de ces airs devoit sur- passer celle de l'autre. Exp. 7. M. Ritter cheroha à séparer les deux airs : la fig. 2 re- présente l'appareil qu’il inventa. Îl fit passer deux fils d’or dans üun vase de marbre rempli d'eau, et il appliqua en a lezinc, et en à l’argent; le fil,z étoit éloigné du fil 6 d'environ un pouce. Il ferma la chaîne, et trouva après 16 heures, que la cloches, qu’il avoit suspendue sur 4 , contenoit une partie d'air, lorsque w suspendu sur à en contenoit deux et demie. En mettant dans l’air s du phosphore , il vit qu'il se formoit des vapeurs qui devenoient plus abondantes à mesure que l'opé- ration avançoit, et que le volume de l'air diminuoit après 6 à ‘8 heures. Il n’en restoit qu’à-peu-près la troisième partie; peut- être y avoit-il détaché de l’eau pendant l’expérience, une partie de gaz azote. L’air en # qui occupoit environ un pouce cube en passant en grandes bulles dans de l’air atmosphérique pendant qu’on l’al- lumoit, détonnoit avec la même force qu’un mélange de parties égales d'hydrogène et d’air atmosphérique. M. Ritter avoit mis deux verres a et z au-dessous des fils ; celui sous à contenoit quelques parties métalliques, provenant probablement d’un peu de cuivre contenu dans l'or. Les deux gaz mis ensemble , en faisant passer l’étincelle élec- trique , donnoient de l’eau comme à l'ordinaire. Exp.8. En employant du côté de 2 le zinc, l’étain, lecuivre, le charbon et le graphit (ou la plombagine), M. R. obtencit de l'hydrogène constamment, pourvu que le fil qui venoit en contact avec le zinc: de l'appareil fut de nature à nêtre-pas oxidé. Il employoit aussi au lieu d’or le charbon, le graphit et l’oxide de manganèse cristallisé en #,et 4 ; les phénomènes res- toient toujours les mêmes , ainsi que, lorsqu'il mettoit da côte d’a le platine ayant en 4 l'or , le charbon, le graphit et l’oxice de manganèse. Exp. 9. L'effet est d'autant plus fort que les fils s’approchent wo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE davantage sans se toucher, et particulièrement si les fils sont de zinc. Il est moins fort avec de l'or, et le plus foible avec l’oxide de manganèse. La haute température de l’eau contribue aussi à le fortifier. Une température chaude produit le plus grand effet. | Exp. 10. M. R. observant que les effets avoient lieu lors même que les fils étoient bien éloignés l’un de l'autre, il ne lui parut pes probable qu’une particule d’eau si éloignée de l’autre donnât l'hydrogène , lorsque l’oxyoène est produit beaucoup plus haut. il se demanda donc si c’étoit vraiment la même goutte d’eau qui fournit les parties constituantes , ou si l’eau n’étoit pas plutôt le conducteur du fluide galvanique qui produit les diférens ga par une composition particulière. — Il chercha donc à sé- parer les deux fils par un corps différent de l’eau. La fig. 3 mon- trera de quelle manière il y parvint. Il avoit rempli deux tubes avec de l’eau; il fit communiquer les deux tubes avec un fil d’or qui passoit dans tous les deux c. Les deux fils aux deux extrémités à et b étoient également de l’or. Il employoit de deux côtés le zinc et l'argent de sa batterie; et laissant opérer son appareil , il trouva après dans chaoun de ses tubes du gaz oxygène et hydrogène, produits de la même ma- nière que si c’eût été dans un tube seul. Exp. 11.M. R. chercha donc à trouver un corps qui pût servir de conducteur de la matière galvanique sans se décomposer. Il n’en trouva pas parmi les corps solides , puisque l’or lui avoit produit la décomposition de l’eau. Il employa l'esprit de vin et la naphte de l’acide sulphureux, ils ne produisirent pas d’air ; mais ils n'étoient pas des bons conducteurs. Il prit des dissolu- tions alkalines concentrées ; elles étoient meilleures conductrices -maïis elles donnoiïent des gaz. — M. R. trouva à la fin que l’acide sulphurique concentré blanc ne donnoit aucun gaz, étant un bon conducteur. Les fig. 4 et 5 montrent de quelle manière il s’en servit. Les deux tubes de verre coinbinés en forme d’un V étoient remplis à moitié avec l'acide, Il faisoit couler l’eau doucement le long de la parois du verre sur l’acide sulphurique , jusqu’à ce qu'ils en furent remplis, et cela réussit si bien que les deux fluides ne se mêloient point, puisqu’un morceau de papier teint avec le tournesol ne rougit pas, lorsqu'il étoit placé bien près de l’acide dans l’eau. — Les fils c et d étoient de l'or ; a le zinc, & l’argent de l’appareïl. Dès qu’ils fürent mis en contact, ù reçut daris le tube du côté du zinc le gaz oxygène, et dans celui du côté de l'argent le gaz hydrogène. É Exp. 12, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 Exp. 12. Il obtint le même résultat en séparant les deux tubes. La fig. 6 en donnera une idée. — Les deux tubes étoient rem- plis à moitié d’acide et à moitié d’eau ; un de ces fils d’or se trouve dans l’acide, l'autre dans l’eau. Ces deux fils plongés dans l’acide communiquoient à un troisième fil. Les deux autres avec le zinc et l'argent de la batterie. Dès que l'appareil commen- çoit à opérer , on voyoit le gaz oxygène s'élever dans un tube, et le gaz hydrogène dans l’autre. On n’avoit qu’à tourner le zinc du côté d’z pour produire l'effet contraire. ? Exp. 13. M. R. combina de cette même manière plusieurs tubes ( fig. 6). Tous les fils qui produisent l'oxygène se trouvent dans l’eau ; tous ceux qui produisent l'hydrogène se trouvent dans l’acide. Les fils dans l’eau en contact avec le zinc de la bat- terie , donnoient tout de suite le gaz oxygène. Iis donnent le gaz hydrogène lorsque le zinc est appliqué du côté contraire. Voilà les expériences dont M. Ritter tire la conclusion , que les deux airs ne peuvent pas être regardés comme les parties constituantes de l’eau , mais comme deux matières qui sont pro- duites par une partie de l’eau combinée avec le fluide galvani- que, et que la génération de l’un n’est pas du tout dépendante de la production de l’autre. Exp. 14.M. Ritter remplit le tube dela fig. 1 avec l'acide ni- trique mêlé avec de l’eau ; il employoit les deux fils de différens métaux , p e de cuivre. Le métal commençoit à être dissous. Mais dès qu'il portoitle tube en contact avec sa batterie galva- nique de manière qu’ils formassent une chaîne , il voyoit que le fil du côté d’z du zinc se dissolvoit d'autant plus vite, au lieu que le fil du cuivre du côté de à cessoit d’être dissous. Exp. 15. M: Ritter remplit le tube d’une solution de cuivre dans l’acide sulphurique. Les deux fils étoient de fer. La préci- pitation étoit comme à l’ordinaire ; mais dès qu’il portoit le tube dans la chaîne galyanique , la précipitation s’augmentoit du côté d'a au lieu qu’elle diminuoit du côté de l’argent. En mettant des fils de cuivre dans la même solution, tout restoit comme à l'ordinaire ; mais dès qu'il l’exposoit au galva- nisme , le fil & commencoit à être oxidé , tandis que le fil en 2 précipitoit le cuivre de sa solution. A et b étant d'argent, et le tube rempli d’une solution d’ar- gent dans acide nitreux , l'effet étoit de même. La même chose avoit lieu dans une solution de zinc par l'acide du sel , lorsque _ les fils a et 4 étoient de zinc. - Tome LII. PLUVIOSE an 0. O0 1066* JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Exp. 16. Le même eflet a lieu si l'affinité du corps dissous pour l'acide est plus grande que celle du fil qu'on y met. Les fils & et 4 étoient de cuivre, il y avoit dans le tube une solution de zinc; & et 4 étoient d’argent, mis dans une solution de cuivre ou de zinc ; a et 4 étoient de l'or, mis dans une solu- tion de zinc. Dans tous ces cas, il y avoit une précipitation du côté de ?, et une oxidation du côté d’a. Les fils n’avoient pas besoin d’être d'un seul métal. La loi étoit toujours constante. Voila la série des phénomènes qu’a observé M. Ritter. La cé- lébrité dont il jouit avec tant de raison, fait croire que ces expe- riences ont été faites avec exactitude. Si la commission nommée par l'Institut national pour suivre ce travail les examine et les constate, on doit s'attendre qu’ils produiront des changemens dans les lois des affinités. SEE Be EE Pre RE DUC A LBERMT FO RITES, Un des XL de la Société italienne des Sciences, au C. HERMANN, professeur d'histoire naturelle à Strasbourg (1), membre des plus célèbres Sociétés savantes, S'RUNIR: QUELQUES NOUÛVELLES ESPÈCES DE DISCOLITHES , (Camerines , lenticulaires , helicites, numismales, etc.) Paris, ce 9 vendémiaire an 9. Mon cher et savant ami, J'ai presque fini mon travail sur les ci-devant zumismales , len- ticulaires , hélicites et camerines, auxquelles , malgré mon peu (1) Cette lettre n’est malheureusement pas arrivée à sa destination. Le bon, savant et respectable professeur Hermana a cessé de vivre le 12 vendémiaire ELDNVD\0ES LD'SNTYONMTERMELAN)AUTLU'R :E EME: 107 de penchant à la néologie, j'ai cependant cru devoir donner le nom générique de discolithes | puisque la figure discoïlle et Ja substance pierreuse, sont les deux seuls caractères constans qui soient communs à toutes leurs espèces et variétés. Il est possible que je le publie dans le deuxième ou le troisièiie volume de mes Mémoires sur l’histoire naturelle souterreine , dont le pre- mier est déja sous presse et va bientôt paroître. Mes petites excursions dans les environs de Paris n'ayant fourni quelques espèces et plusieurs variétés de discolithes que je n’avois pas rencontrées ailleurs , je me suis remis à un ouvrage que d’au- tres espèces absolument nouvelles trouvées dans les Îles de la Croatie et dans le Vicentin, m’avoient fait ébaucher il y a 30 ans, et que j'avois ensuite tout-à-fait abandonné, quoique j'en eusse fait exécuter les dessins avec beaucoup de soin. Comme la dé- fiance n'a jamais pu s'établir chez mot, j'ai fait voir dernière- ment mon ancien travail et mes nouvelles notes à plusieurs géo- logues et amateurs , leur communiquant aussi, sans mystère, les espèces et variétés nouvelles que je venois de trouver à la Mor- laye , près de Chantilly. Je dois la plus vive reconnoissance aux savans Sage , admi- nistrateur du cabinet de la Monnoie, Faujas de St.-Fond , pro- fesseur au jardin des Plantes, Besson et Gillet-Laumont, membres de l’Institut, qui m'ont communiqué, avec une obligeance digne de leur réputation, toutes les lumières et les objets qui pouvoient rendre moins imparfait mon travail. Il me faut ce- pendant aussi vous avouer que j'ai été...... pas piqué (oh! pour cela vraiment non) mais un peu désagréablement surpris en trouvant que ma facilité n’a pas rencontré dans tous les na- turalistes cette délicatesse qui peut-être lui étoit due. Il y a des êtres qui s’avisent quelquefois d’hériter de nous , avant même que nous soyons morts ; ce qui n’est pas fort aimable. Il est vrai qu’ils se punissent très-souvent eux-mêmes en donnant au public des D HMarnages informes, qui n’en deviennent pas meil- dérnier ; il avoit écrit sous la date du premier üne longue lettre au cit. Fortis, et avoit finie par ces mots touchans : « 4dieu, l'ami de mon cœur ; j'espère, si mes forces restent telles qwelles sont, de vous écrireencore plus d'une fois : c’est mon plus doux délassement.» Hermann qui réunissoit à d'immenses connois- sances et à la plus infatigable activité un jugement sévère et une modestie sans exemple , étoit un ami précieux, dont l’attachement honoroit autant que Pappro- bation rassuroit. O 2 : 108 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE leurs par les flagorneries des folliculaires , ni par les partialités de quelques savans. Quoïque je ne tienne réellement pas beaucoup à une si pauvre propriété que celle de l'observation d’un corps fossile inconnu , ou point encore décrit, et pas trop non plus à un travail aban- donné depuis longtems sur un sujet qui n’est pas de la première importance , je ne saurois toutefois disconvenir qu’il me seroit désagréable de me trouver prévenu en tout ou en partie par quelqu'un à qui je l’aurois communiqué sans réserve. C’est pour- quoi, mon cher et savant ami , je vais faire l’enfantillage de prendre date , en vous rendant compte du plan de mon petit ouvrage, et des deux espèces nouvelles qui ont principalement contribué à changer mes anciennes conjectures en presque cer- titude sur la nature et la destination originaire de ces petits corps pierreux à qui on a donné une si grande variété de noms, plus ou moins capricieux , et d'origines plus ou moins absurdes. Après avoir détaillé les raisons qui m'ont déterminé à donner le nom de discolithes à ces corps orbiculaires et d’avoir fait l’histoire des opinions et hypothèses qu’ils ont donné occasion de proposer aux plus célèbres lithographes depuis Strabon jus- qu'à G. A. Deluc (qui vient d’annoncer la plus raisonnable de toutes); j’établis les caractères génériques dela discolithe et ceux de ses différentes espèces ou variétés. Tout cela remplit 21 articles. Je m'occupe dans le 22€. des anomalies et accidens qui en ont sou- vent change la figure extérieureet l’organisation intérieure.Je pro- pose dans le 23°., d’après des observations comparatives, mon opi- nion sur la destination originaire de ce fossile ; et, mes idées là- dessus , se rapprochent de celles de G. A.Deluc (1). J’étaye mon hypothèse, dans le 24°., de deux observations consignées par Stavorinus et par un Anonyme français dans leurs Voyages à travers la mer des Indes, où ils ont remarqué des animaux extérieurement gélatineux, d’une figure analogue aux discolithes, ayaut dans leur intérieur un corps solide que le dernier qua- Life de restacée et chambré. Je classifie provisoirement, dans le 25°., les différentes espèces de discolithes jusqu’à présent connues , dont quelques-unes de Veglia en Croatie, de Gran- cona dans le Vicentin , de la Morlaye et de Grignon en France, sont absolument nouvelles. Plusieurs notes sur les principales localités occupées en grand par les discolithes , et sur les dif- {1) Voy. Journal de physique, an 8. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 férentes manières de pétrification qu’elles y ont subi, remplis- sent le 26e. L’explication des figures, qui vont occuper quatre à six planches in-8°. , m'a fourni la matière du 27°. et der- nier. Ce travail seroit tout prêt à aller sous presse, mais je me suis proposé d’attendre des exemplaires de deux très-curienses es- pèces de discolithes, que j'ai vu et fait dessiner dans les îles de la Croatie , il y a 25 à 30 ans, et dont l’une a été passablement mal gravée dans mes Observations sur l’ile de Cherso ét Osero en 1771. La distance de l’île de Veglia , le seul endroit de ces parages peu fréquentés où il me reste des liaisons ; la difficulté d’y faire parvenir mes lettres ; celle d’en avoir la réponse et des paquets , dans l’état actuel des affaires d'Europe, en retarde- ront un peu la publication. Je n’ai pas besoin , à la vérité, de mieux examiner les deux espèces dont il s’agit, mais je veux les faire dessiner plus exactement , et pouvoir rendre compte de leur organisation intérieure en ayant des exemplaires à la main. Il est même très-possible que dans l'envoi, que je me flatte de recevoir , il s’en trouve quelque nouvelle espèce. Je ne vous envoie pas les figures des discolithes, jusqu’à présent inconnues , que la Croatie et le Vicentin m'ont four- nies ; puisque je n’ai pas à craindre qu’on prenne les devants pour me prévenir, n’y en ayant absolument pas d'exemplaires dans les cabinets de Paris. Il y a eu quelqu'un qui a essayé de pu- blier celle de la Morlaye , ets’y est si mal pris qu’on peut compter comme non existantes les figures qu’ilen a données. Maïs comme à mon ordinaire je n'ai point fait difficulté de partager aussi mes trouvailles avec les amateurs , il se peut que les d'scolithes de Grignon et de Neauphle, donnent à quelque zélateur des progrès de l’histoire naturelle souterreine , l’idée de les pu- blier au plutôt possible. Le jeune lithologiste qui a fait der- nièrement imprimer un extrait de Mémoire sur les camerines, dans le; petit Journal du département de l'Oise , n°. V ,oùuily a plusieurs inexactitudes qu’on n’auroit pas dû attendre de Jui (1), (1) Ce seroit trop long que de noter ici toutes les erreurs et les assertions inconsidérées dont fourmille l’Æxtrait du mémoire sur les camerines. Il paroît même qu'une bonne partie en est due au peu de connoissances et à l’étourderie de l'éditeur qui y a lassé passer une foule de fautes et de contre-sens. Mais en voilà qui appartiennent sans contredit à l’auteur. Il dit, p. 84, que ce fossile a eela de parüculier de former souvent à lui seul des bancs considérables. D’abord ce n’est pas exactement vrai qu'il forme des bancs tout seul, et tous les géo- 110 JOURNAL: DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’a sans doute fait que céder à une semblable tentation. C'est pourquoi je trouve à propos de vous en envoyer les descriptions et les figures toutes gravées ; recevez-les, mon cher confrère , comme des précurseurs de mon ouvrage. Le citoyen Montfort a promis, par un prospectus, il ÿ à déja un an, trois volumes sur les coquillages fossiles de Grigron; l'état actuel des choses pourroit en retarder la publication. Je ne sais pas non plus s'ilse propose d'y parler des deux discoli- logues savent d’ailleurs que les pectinites, lestellinites, les ammonites, les ostracites, les vermiculites, les madréporites, et une foule d’autres productions marines formentaussi des bancs à-peu-près foutes seules. Nous savons par les observations de Spallanzan: , que le rivage de Ponente en Ligurie présente une chaine de 25 lieues de montagnes calcaires toutes pétries de pechnites; que les environs de Troyes ne sont que marbre composé de tellinites ; comme l’on voit que les îles de la côte Dalmatienne ne sont qu’un amas d’ortocératites ; que les environs de Nevers offrent de vastes couches d’amnionites , etc. etc. IL ajoute ,p. 85, que plusieurs montagnes de France en paroissent entièrement forintes; 1l a vu sans doute les montagnes bien superficiellement ,et on peutle défier à en trouverune seule dans tout le monde connu où ce fossile ne se trouve mêlé à d’autres corps marins. Un peu plus bas il dit que les diffèrens auteurs qui s’en sont particulièrement occupés l'ont considéré tous sous un point de vue difftrent, ce qui est tres-faux; et qu'ils l’ont plus ou muins décrit, suivant l’époque, à laquelle ils vivoient , ou suit'ané Les progrès de l’helminthologie. Est-ce qu’on décrit plus ow moins ? Est-ce que Vhelminthologie peut avoir influé sur ce qui regarde un fossile appartenant à un genre encore inconnu ? À la page 86 il confond une tubercule avec un syphon, ce quiest un peu fort. Le reste de la période est peut-être rempli de contre- sens, grace à l’impéritie de l’éditeur; mais ils font un drole d'effet. Il adopte les quatre espèces de feu Bruguière, dont la troisième n’en est pas une, puisqu'elle n’est que la camerine lisse vulgaire qui a subi un commencement de décompc- sition. Même page, parlant de la camerine numismale, il dit en rondes lettres , qu’elle est plus rare que les autres ; et pour le prouver il ajoute, qu’elle est com- mune dans le VFeronnais, et que les grandes masses calcaires , dont les pyramides ont eté construites , en sont formées. La vérité est que cette espèce n’est ni plus ni moins rare ou commune que celle qui ressemble par la figure et par le volume aux lentilles, qui a été décrite par une foule de hthologues, et que l’auteur a cru bonnement nouvelle, comme il s’est imaginé que létoit la camerine globulaire dont Fichtel, de Born et tant d’autres ont parlé bien avant qu’il vint au monde. L’extrait finit par nous apprendre que toutes les contrées orientales du départe- ment de l'Oise doivent Lx composition de leurs bancs calcaires à des amas de camerines , soit siliceuses , soit calcaires , mais le plus souvent à ce dernier état. Sans insister sur linexactitude contradictoire de l’énoncé, on peut inviter le jeune auteur à voir mieux le département de l'Oise avant d’en donner la litho- graphie. On peut aussi reprocher un petit couple de défauts aux figures qui ac- compagnent cet extrait de mémoire; c’est qu’elles offrent, 1°. quelques objets qui n'existent pas, 2°. qu’en présentant l’organisation intérieure des Camerines , ces figures leur donnent une bouche qu’elles n’ont jamais eu né pu avoir. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 111 thes dont il s’agit, et sous quel rapport il le feroit. En tout cas, sije l’ai prévenu, ce ne sera qu’à l'avantage de l’objet. Ce natu- raliste ou quelqu'autre quise chargeroitde l'exécution de l'ouvrage par lui annoncé , relevera les défauts qui pourront bien se trouver dans mes descriptions et rectifiera mes conjectures qui pour- roient n’être point exactement d’accord avec son opinion. La première et la plus commune des deux espèces de Wdisco- lithes de Grignon , est d’une extrême fragilité ; c’est pourquoi on la trouve très-rarementen état de conservation parfaite. Dans le cas même qu’on ait ce bonheur , il faut la manier avec une circons- pection très-délicate , puisque rien n’est plus disposé à tomber en petits fragmens. On trouve cette même espèce un peu plus con- sistante à la jérme de l’Orme, près de Neauphle-le-Vieux. J’en airamassé un assez grand nombre d'exemplaires dans une couche très-coquillière , qui gît immédiatement sous la terre labourée et pose sur une couche épaisse de sable quartzeux. Guettard a peut-être voulu représenter ce fossile dans sa 13°. planche, tom. HI, où il l’a très-improprement nommé /élicite. Bruguière qui le cite, dit « ne l’avoir jamais vue, et qu'elle lui semble appartenir à toute autre chose : » il avoit raison ; ct il n’auroit jamais pu la classer dans un genre qu’il croyoit analogue à celui des nautiles, Voilà la description de ce joli petit corps marin, devenu fossile. Discolithe exactement ronde, applatie , relevée au centre en très-petit bouton ; déprimée autour de ce bouton, et autour des différens cercles qui marquent ses accroissemens progressifs. Ses bords sont comme coupés perpendiculairement à l'horison. Son état est terreux , sa couleur est blanche , son plus grand diamètre n'excède jamais un demi-pouce , son épaisseur aux bords rarement arrive à une demi-ligne. Sa surface est légère- ment chagrinée ; son organisation intérieure présente des la- melles perpendiculaïires, successivement adaptées en cercles les unes aux autres autour du même centre. Chacune de ces la- melles est criblée d’une infinité de petits trous , disposés sur six lignes horisontales ; mais ayant plutôt le caractère de la spon- giosité , que celui des cloisonnemens réguliers. Le centre de cette discolithe est le plus particulièrement disposé à s’en séparer. Ses bords, quoiqu’essentiellement plus forts, se détachent ce- pendant aussi avec beaucoup de facilité, tantôt par segmens de cercles , tantôt par cercles entiers. On ne la trouve pas souvent déjetée 3 mais les exemples de son analogie, sous ce rapport même, ayec les autres discolithes à bandelette tournée en spi- 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rale ne manquent pas entièrement à cette espèce : j'en ai ren- contré des exemplaires très-curieux à la ferme de l’Orme. Je ne connois dans les cabinets d'histoire naturelle que j'ai vus à Paris, qu’un seul exemple deconcrétion fossile appartenant à cette discolithe. Ce sont quatre empreintes, qui la rendent fidèle- ment, dans un échantillon de houïlle venant de Saarbruck. Ce bel exemplaire existe dans le cabinet des mines à l'hôtel de la Monnoie, où le savant et aimable cit. Sage m’a permis de le faire dessiner. 1} en avoit parlé, sous le nom de charbon de terre oculé , dans la description méthodique , par lui publiée , de cette belle et riche collection, qu’il a principalement contribué à fonder et qu'il a pu sauver de la rage du vandalisme destructeur. La fig. [ de la planche ci-jointe vous offre un exemplaire de ma nouvelle discolithe de moyenne grandeur ; la deuxième est aggrandie sous la loupe pour rendre plus sensibles les nombreux cercles concentriques qui y sont inscrits ; la troisième vous pré- sente un segment de ces cercles, aussi aggrandi , afin que vous puissiez vous faire une idée juste de son organisation inté- rieure. La seconde espèce de scolithe, jusqu’à présent propre exclusi- vewent de Grignon , y est beaucoup plus rare que la première. Elle ne s’y trouve jamais que solitaire, au lieu que l’autre se trouve souvent en famille. Discolithe ovale applatie , ayant aux deux surfaces une dé- pression longitudinale de figure oblongue. — Son organisation intérieure est comme dans les autres discolithes, une double bandelette tournée en spirale elliptique autour du même centre ; la substance de cette bandelette , examinée à la loupe, présente à la surface horisontale un assemblage de cellules oblongues , séparées par de très-minces cloisons. Sa coupe verticale offre quatre rangs de cavités généralement rondes. Le dernier pas de sa double bandelette finit ordinairement , tout comme dans les discolithes lenticulaires , en une fausse apparence de bouche , qui annonce peut-être que l’animal n'étoit pas encore à sa ma- turité lorsqu'il a été frappé par la mort. Quelques individus, qui au moment de leur inhumation étoient déjà parvenus à l'accroissement marqué par la nature à leur perfection , n’ont pas cette apparence de bouche ; le dernier pas de leur bande- lette se perd insensiblement et se confond avec les bords. Cette discolithe est ordinairement si petite, que son plus grand diamètre n'arrive qu'à une ou tout au plus à deux lignes; lesindividus , qui ont un tiers de plusde volume, en sont très-rares, et peuvent passer : come EMEMD ETS TOPIRVE N/A°T U RUE) LILNE 115 comme monstrueux. Son épaisseur est tout au plus de trois quarts de ligne. L'état dans lequel se trouve cette discolithe à Grignon, n'est qu’à demi-pierreux ; il paroît même qu’au lieu d'acquérir un degré plus fort de consistance sous terre , elle y a subi un com- mencement de décomposition qui l’a rendue blanche et happante à la langue ; elle tient environ un cinquième d’argile sur quatre parties de craie. Les figures 4, 5 et 6 vous rendent fidèlement la discolithe ovale. J’ai choisi pour la fig. 4 la plus grande que cette espèce m'ait fourni jusqu’à présent. Lafig. 5 vous l’offre aggrandie sous la loupe, et rend sensibles les cellules longitudinales dont sa bandelette tournante est toute criblée. La coupe verticale pré- sentée par la fig. 6, vous fait voir dans le même temps l’orga- nisation générale de cette discolithe , et la manière dont ses cellules sont arrangées. Vous pouvez vous convaincre de leur exactitude puisque je vous en ai déja envoyé quelques exem- plaires ; ce qu’il ne faut pas que vous vous imaginiez être un petit cadeau , mes quatre différentes stations à Grignon ne m'en ayant procuré qu’environ quarante , tant bons que mauvais. À la ferme de l’Orme cette espèce ne se trouve que microscopique , et ne paroît pas avoir souffert aucun changement en devenant fossile. Elle est encore strictement testacée, à surface luisante, et res- semble parfaitement à celles qu’on trouve dans la vase de la lagune de Venise, et dans le sable de la côte d'Italie le long de l’Adriatique, décrite par Janus Plancus, dont l'animal est encore inconnu , quoique la dépouille en soit on ne peut pas plus commune. Janus Plancus et Gualtieri l'ont publiée : ce der- nier l’a prise pour une opercule (1). Parmi les différens exemplaires de discolithes de la Morlaye près Chantilly ( puisqu’à Chantilly même il n’y en a pas le moin- dre vestige ) que je vous ai aussi fait passer dernièrement, vous aurez sans doute à cette heure bien examiné les deux, dont les bords exactement lisses et unis, sans aucune trace d’ébrèchement ou de frottement , ne permettent pas d’imaginer que leur protype ait été un animal analogue aux nautiles et ayant une bouche. Je ne crois pas nécessaire de joindre à cette lettre les figures de quelques autres individus très-capricieusement irrégu- liers, mais dont la conservation est également parfaite : je les ai ‘ (1) Gualt. tab. 19, fig. R. Lome LII. PLUVIOSE an 9. P 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fait voir ici à plusieurs naturalistes , qui avoient adopté l'opinion de Brein, et de feu Bruguière. Un seul exemplaire de discolithe, conservé dans toute son intégrité, auroit suffi pour la démontrer erronée ; mais j'ai pu en réunir un assez grand nombre, et de différentes variétés, pour mettre la chose hors de toute incer- titude. Je viens de recevoir les beaux dessins de feu votre cher fils. Les corps sphéroïdes alongés qu’il y a si bien représentés, sont effectivement du même genre que les discolithes aplaties , et leur organisation intérieure le prouve à l'évidence. Vous me mandez que la patrie de ce joli fossile vous est inconnue : je vais vouslindi- quer; il faut le chercheraux environs deVendemiesdansles Basses- Pyrénées. Le cit. Besson m’a permis il y a quelques mois de faire dessiner un petit échantillon de marbre gris qui en est tout pétri. Vous avez cependant été le premier à faire attention à cette belle espèce, et feu votre fils le premier à la dessiner. Je ferai graver ses dessins, qui sont supérieurement bien exécutés. Mais pour le moment, contentez-vous d’avoir sous les yeux la figure de l'échantillon de marbre du cabinet de Besson ( fig. 7), et des trois diverses espèces de discoliihes qu'il renferme, dont les deux, 8 et 9, rappellent bien celles que feu votre fils avoit dessinées et décrites sous le nom de #elicites sphericus que je ne retiendrai pas. La troisième que j'ai marquée 10 et 11 semble appartenir à la discolithe comruune, tournée en spirale et cloisonnée. Dans l’in- dividu (fig. 11), les cloisons ont passé à l’état de pétrification ; mais un ver lithophage ou lithontripte les avoit détruites dans individu 12. Les exemples de cette démolition sont assez com- muns parmi les disco/ithes à handelette tournante : j’en ai mis de côté plusieurs que j'ai trouvéessur la route de la Morlaye à Chan- tilly.; et j’ai souvent observé le même fait, la loupe à la main , sur de très-petites discolithes de difiérens pays. Ce moyen, dont lanaturese sert encore actuellement sousles eaux de la mer pour remettre en circulation la terre calcaire , mérite de profondes considérations. Ce ne sont pas seulement tous les testa- cées,du plus invisible et microscopique jusqu’à celui dela plus gran- de taille , qui se trouvent attaqués, cribles etdissous par d’infini- ment petits vers lithontriptes, mais aussi les fragmens et les cou- ches même de la pierre calcaire , déja parvenue depuis des milliers de siècles au plus fort degré de compacité. Quel est l’ob- servateur de la nature qui oseroit proposer, même par approxi- mation , des conjectures sur l’époque où ces opérations alterna- tives de décomposition et de recomposition ont commencé à avoir ET D'HISTONRE NATURELLE 115 lieu ? etcombien de fois s’est renonvelée cette suite de révolution lentement majestueuse , qui étonne l'imagination sans effrayer la raison ? Adieu, mon bon et savant ami. Puisse cette lettre vous dis- traire de vos souffrances et vous donner l’envie de m'écrire au long ! Nous ÿ gagnerons tous les deux ; vous , en éloignant pour quelques momens des idées tristes ; moi , mettant à profit les lumières que votre amitié se plaît si généreusement à me com- muniquer. Salut et bien sincère attachement. Explication des figures , planche 2. 1. Discolithe plate de Grignon et de la ferme de l’Orme ; gran- deur naturelle. 2. La même, aggrandie sous la loupe. 3. Segment d’un des cercles qui la composent , aggrandi sous la loupe. 4. Discolithe ovale aplatie , à bords arrondis ; de Grignon ; gran- deur naturelle. 5. La même, aggrandie sous la loupe. 6. Coupe verticale de la même , aggrandie sous la loupe. 7. Marbre gris à discolithes, poli, du cabinet de Besson. 8,9,10,11 et 12. Différentes espèces et variétés de discolithes renfermées dans ce marbre , aggrandies sous la loupe. L w VAT NT TENTE Pr OBSERV ATIONS METEOROLOG IQUES, FAITES . PAR BOUVAR-D, astronome. «| THÉRMOMETRE. BAROMÈTRE. 5 CS | Maxumuw. | Mixrmum. [a Mir. Maximum. MINIMUM. AMipi. 1boils + 68à9s + 4,3 + 66/à9"m... 28. 1,16 àgus 28. 0,25/28. 0,83 2àa21s. + 6,2agls. + 6,2|+ 4,8 là g m... 27.10,92/8935... 27 8,92/27.10,50 Sà2is. + 7,010 Es. + 3,14 6,8jà1ots... 27. 8,17|48 m 27. 7,88\27. 7,83 &ämidi. + 84à8is. + 3,24 8,41à856.... 27. 817|à 85m 27. 7,42/29. 7,50 Sas. + 6,0|a8 1m. + 4,24 541a25s.... 27. 6,08| à midi 27. 5,86/27. 5,86 6là 145. + 4,4là11s. + 2,3|4 42 fà 11 s. . . 2710,50 48m 27. 8,17|27. 8,50 gl1ios. + 5,5à 8 Em. + 1,5} 4,3 | à 8 ; m... 27.10,58| à 105... . 27. 9,25,27.10,33 84 midi. + 94à 8 m. + 8,6|+ g,4}à9 im... 27. 8,42\a8s. . . . 27. 7,25,27. 7,83 | ga8m, + 7où gs. + 5,2 41tfàiis 27. 8,08| à 8 m 27. 7,00|27. 7,83 210 8 m. —+ 4,5jà 1145. — 1,9 + 390a11ls 28. 2,60) à 8 m 27. 5,58|27. 7,42 1iè2is + ériiailm. — 1,64 3,1 hà 3 Lm 28. 2,50là2%s 28. 0,33|\28. 1,42 12à1/s + 7,5 à 8 Lm. + 3,o|+ 7,3 } à midi 28. 2,58| à 6 ; m 28. 2,42/28. 2,55 Alisä2is. + 85à 8m — 6,34 8,0 là 81m 28. 1,17la28s 29. 0,42128. 0,58 laid midi. + 8,)à85s. + 4,5/+ 7,0 jà8 2.s.. 28. 1,25 88 m,:.,. 27.10,75,27.10,52 El 15là midi. 8,6 à 8 1m. + 6,6|+ 8,8 là 8 Lim... 27.11,75| à ED lee 27.11,58 | 16à midi. + 6,04 1115. + 2,0/ + 8,0 D à-11 ls... 28. 8,25] à midi 28. 2,42,28. 2,42 Mala midi. + 5,4ia 5m. — 1,94 5,4 là 51 m... 28. 625|à21s 28. 2,42,28. 2,83 Hiaslèzis. + 6,8à8 m. + 2,1|+ 6,2 là 8in .. . 98. 215la2s 28. 1,40,28. 1,58 dlioà2is. + 55a7!m. + 0,44 5,8 Fa 11 5... 28. 2,8o[à 15m 28. 1,83,28. 2,17 ll o0à 1 2m. + 1,5 à 75m. — 0,4|+ 1,24à 218... 28. 3,00| à 2 : m. ..28. 2,86|28, 3,00 [oil midi. — ot à8 m — 0,7|— o,1 jà 8 m.,. 28. 292/à25s 28. 2,50,28. 2,83 12283 s + 0,5 à 8m. — 0,7|+40,2 À à 8m... . 28. 1,80] à 3 s.. 28. 1,25,28. 1,75 28à2%s 3,488 m — 1,0] + 1,51 à 8m..... 28. 0,5o|à1135 27.11,89 28. 0,35 2hlàss H4B5aiim. + 0,4 4a à gs. : . . 28. 0,25 8h Em 27.11,8ÿ/28. 0,25 25lè2s. 1 5,7 à 8m 0/46 5 AU IalS mie Lu27. RO RATES 27.11,90/27.11,66 ‘ 26 25 +45à8 m. —+- 5,0|+ 4,512 81s....1271042)à8 m. 27. 9,92/27. 9,83 Hla7i 25 —+ 6,3à8 m. —+ 35/4. 6,0 la8 m.... 27. g9,17|la402s. . .27. 8,66|27. 8,57 2 | 28|à midi. 4 62à 8m. + 3,51 6,2 | à nudi. . . 27.11,50| à 3 s.»..#27.10,42/27.11,50 È 2glà 2Ës. + 6,3à.. + .. 4 6,3là2,s. .. 27.10,77| à midi... 27. 9,75127. 975 : Golà 255. + Ron À m ee LAS . 28. 1,25|à12%6... "28° 1,18/260. 1,25] 1 REC ASPITUN D PANDMEONN: Plus grande élévälion du mercure. . : 28. 3,25 le 16 Moindre élévation du mercure. . . . 27. 5,56 le 11 1 Élévation moyenne. . . -. 27. 10,45 Plus grand degré de chaleur. . . . . + 94 le 8 Moindre degré de chaleur. « : -: — 1,9 le 10 Chaleur moyenne. . . .. + 3,8 Nombre de Jours beaux. . . . . . . . . . 4 Hé Couvent EME Re lene ce 26 de pluie un S'ÉLOL OS TE Hyxc. 84,0 82,0 82,0 77,0 80,0 75,0 75,0 A Mur. VENTS. puse Pre 2HHOO SE À N-O. Le veut a souffédu DR TT E TESTER o A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Nivôse an 1x. POINTS VAN TMAITLIROMNES LUNAIRES,. DE L'ATMOSPHÈRE. ——————— ————— —— —" ————————— — — ——— ———— ———————— «= Equin. ascend. À Ciel couvert et brumeux. Prem. Quart. Quelques éclaircis par interv.; brouil. épais le matin. Pluie avent le jour; b.tempslaprès midi; couvert le s. Quelques éclaircis avant midi; assez beau Le soir. Pluie dans la matinée et brouil. épais; couv. le soir. Pluie vers 10 h. du matin; couvert l'après-midi. Brouil. épais avant-midi ; pluie l’après-midi et le s. Apogée. Pluie continuelle toute la Journée, L Pluie presque continuelle. Pleine Lune. Pluie dans la matinée; beau temps le soir. Quelques éclaircis; pluie abondante le soir. Ciel nuageux et chargé de vapeurs. Quelq. éclaircis par intervalles. Pluie le matin; quelques nuages le soir. Quelques éclaircis par intervalles. Equin.descend.] Ciel en grande partie couvert; peu de nuages les. Ciel couvert; brouillard humide avant midi. Dern. Quart, Brouillard épais av. midi; beau ciel toute la soirée. Ciel nuageux; brouil. et gelée bl. ; beau temps le soir, Brouil, trés-épais toute la journce. Idem. — Idem ; givre sur les arbres. Périgée. Givre; brouil. m. et s.; assez beau vers midi et le soir, Nouv. Lune, Ciel trouble et nuageux; brouil. le mat. et le soir. Brouil. et pluie fine le mat. ; beau vers midi; couv. les. Pluie une partie du jour; brouil. épais le soir. Pluie presque continuelle. Ciel trouble et nuag. jusq. midi; pluie abondanle le s. Equin. ascend. À Pluie continuelle avant midi ; quelq. éelaircis le soir. Pluvieux une partie de la matinée ; couvert le soir. RÉCAPITULATION. CENGNSE CCE 24 detnelée RAT 6 deonnesre "#10 de brouillard. . . . . 13 BEBE bi or ce HEMETELE NME EAU o , u8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3 ES STATS SDF SIT ATEEMS MANQUE, Par J. A. Mourcur; de l'imprimerie de Crapelet, à Paris, chez Maradan, rue Pavée-S.-André-des-Arcs, n°. 16, an 9; bro- chure in-80. de 84 pag. , avec 9 tableaux. EX ae ACT NT}. Par L. Corte, membre de plusieurs sociétés savantes. L'amour du bien public a pu seul guider le cit. Mozroue dans la rédaction de cet ouvrage qui renferme , dans un cadre fort borné, une multitude de résultats intéressans ; il n’a pu les obtenir que par des recherches fastidieuses, par un travail et des calculs pénibles. Voici, en peu de mots , l’objet de cet ouvrage, d’après le rap- * port qui en a été fait à l’Institut par les cit. allé et Laplace : « Les naïssances , les mariages, les morts relevés sur des registres authentiques de la ville de Montpellier , pendant 21 ans (1772 — 1792), comparés pour les sexes, pour les âges et les différentes épo- - quesdela vie, pour les périodes épidémiques, les années, lessaisons, les mois rapprochés , pour apprécier les différentes causes de mortalité , les probabilités de la vie , telle est l’idée générale de l’objet de ce mémoire et du but que l’auteur s’est proposé d'’at- teindre. » Je vais donner les principaux résultats que présente cet ouvrage intéressant qui peut servir de modèle pour ceux qu’on voudroit entreprendre sur la même matière. Naissances. 10. Les trois mois de l’automne donnent plus d’un quart de naissances de plus que les trois mois de printemps. 2°. Le mois de janvier présente le plus grand nombre de naïis- sances , et le mois de juin en présente le moins ; la différence est d’un tiers. 3°. Les mois qui ont pour neuvièmes antérieurs ceux qui se PRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 rapprochent le plus du printemps, sont les mois qui donnent le plus de naissances ; et les mois qui ont pour neuvièmes antérieurs , ceux qui se rapprochent le plus de l’automne sont ceux qui donnent le moins de naissances. Cette obserwation est commune à tous les pays sur lesquels on nous a transmis des observations précises sur la population. 4°. Le nombre des enfans illégitimes à Montpellier , forme la neuvième partie de la reproduction totale ; il paroît en former le quart à Paris. 5°. La proportion entre les naissances des garçons et des filles est de 211 garçons contre 20 filles. . 6°. La population de Montpellier étant de 32,897 individus, il ya, année commune, une naissance sur 27 + individus ; il s’en trouve une d’enfantillégitime sur 253 individus. Mariages. 19. Le nombre des mariages est, année moyenne , à Mont- pellier , de 282. 2°, I] y a, année commune, un mariage sur 117 individus. 3°. Le quartet un peu plus de ceux qui naissent dans cette ville parvient à se marier. Nécrologe. Le cit. Mourgue présente deux nécrologes, celui des seuls habitans de Montpellier, et celui de l’hôpital de St. Eloi qui reçoit plus d'étrangers que de citoyens de Montpellier. Nécrologe des habitans de Montpellier. 1°. 11 meurt 546 enfans par an au-dessous de l’âge de dix ans. 2°. Dans les années 1774, 1778 et 1783, marquées par une épidémie de petite vérole , il est mort par an 421 enfans de plus que la mortalité commune de cet ôge. 30. L'hiver et le printemps voient périr le moins de monde ; l'été et l’automne en voient périr le plus. Le printemps qui en voit périr le moins est à l’été qui en voit périr le plus dans la proportion environ de 4 + à 7. 4°. Les mois d’août présentent le plus grand nombre de sé- pultures ; les mois de mai en présentent le moins , dans la pro- portion à-peu-près de 3 < à 2. 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5°. Le mois d'août est le plus fatal pour les hommes , le mois de septembre pour les femmes. 60. Plus de la moitié des enfans meurt avant d’avoir atteint la première année de leur âge, et à-peu-près la moitié avant cinq ans. Ce premier âge est plus dangereux pour les garçons que pour les filles. : 7°. La petite vérole est plus meurtrière pendant les mois de juillet, août et septembre ; en faisant abstraction de cette ma- ladie, les mois de novembre, décembre , janvier et février, sont les plus meurtriers pour les enfans ; le printemps est la saison qui en voit pérèr le moins. 60. Il meurt un peu plus de filles que de garçons dans la pé- riode de 1 à 5 ans. La période de 10 à 20 ans présente le moins de mortalité ; il y meurt environ + de filles plus que de garçons. La période de 30 à 40 ans présente un nombre supérieur de sépultures de femmes dans la proportion de 8 à 6 +. Le nombre des morts dans la période de 40 à 5o ans est un peu plus du double de celui des morts dans celle de 10 à 20 ans; il n’est que le quart et un peu plus du nombre des morts pendant les cinq premières années de la vie. Il meurt plus de femmes dans les périodes de 30 à 40 ans et de 50 à 60, que dans celle de 40 à 50 ; dès la période de 70 à 80 ans, il meurt beaucoup plus de femmes que d'hommes. La période de 80 à 90 ans voit périr presque le double de femmes plus que d'hommes ; il meurt trois fois plus de femmes que d'hommes dans la période de 90 à 100 ans. Eofin parmi le nombre des personnes qui, à Montpellier , ont vécu un siècle et au-delà, on a vu, dans l’espace de 21 ans, trois hommes et treize femmes. 9°. IL meurt annuellement à Montpellier , une personne sur bI- 29 Nécrologe de l'hôpital Sr. Eloi à Nontpellier. Cet hôpital reçoit beaucoup plus d’hommes que de femmes. 19. 11 meurt plus d'hommes que de femmes dans la propor- tion de 4 +. à 1. 2°, L'année commune donne 202 sépultures d'hommes et 49 de femmes. 30. De l’équinoxe d’automne à celui du printemps , la mortalité générale est d’un septième plus grande que de l’équinoxe du printemps à celui d'automne. 4. La période de 20 à 30 ans est celle qui perd le plus dans cet hôpital. 50. La TE LE ID) HAS TYOILR' ET N'A TU RI'EILE)N 321 5°. La période de 30 à 40 ans présente le plus de sépultures de femmes, comme dans le nécrologe précédent. 6°. La période de 80 à 90 ans présente deux fois plus d’hommes que de femmes ; celle de 90 à 100 ans ne fournit que 2 femmes sur 12 hommes. Le cit. Mourgue cherche ensuite la cause à laquelle on doit attribuer la plus grande mortalité qui a lieu dans les mois d’au- tomne et de l’hiver ; il la trouve dans la moins grande pureté de l'air qu’on respire dans ces saisons où la végétation est nulle. On sait d’après les belles expériences d’Ingenhoutz, de Priestley, de Sennebier , etc. que les plantes en pleine végétation exhalent un air pur connu sous le nom de gaz oxygène ; que toutes les plantes exhalent d’autant plus de cet air pur , qu’elles sont en végétation plus active, qu’elles sont plus frappées du soleil ; que les feuilles et les plantes herbacées en donnent infiniment plus que le corps ligneux ; que lorsque les feuilles et les plantes her- bacées sont devenues sèches et se décomposent , lorsqu'elles sont privées des rayons du soleil ; non-seulement elles exhalent peu de cet air pur , mais même qu’elles contribuent à vicier l’atmos- phère. Or il est évident que plus il y aura dans l’atmosphère de cet air pur , de ce gaz oxygène , de ce pabulum vita , suivant l'expression des anciens, plus l’atmosphère sera salubre et vice versé. Il est aisé de faire l'application de ces principes au phéno- mène observé d’une plus grande mortalité dans les mois où la vé- gétation a cessé. Ces mêmes principes s'appliquent aussi au ré- sultat relatif aux naissances , puisqu'ils nous montrent que le printemps est aussi la saison la plus favorable à la reproduction. L'auteur examine ensuite les probabilités de la vie que don- nent ces résultats pour la ville de Montpellier ; il trouve que la durée moyenne de la vie de chacun des mdividus morts dans l’es- pace de 21 ans a été de 26 ans 3 mois 20 jours $ septièmes. Je ne connois, ditle cit. Mozroue , aucune observation de cette nature faite sur aucune ville d’une population pareille à celle de Mont- pellier et au-dessus qui présente une vie moyenne aussi longue. 11 paroît que les femmes ont un avantage en cela sur les hommes ; car leur vie moyenne, d’après les mêmes résultats , est de 28 ans 3 mois 28 jours 3 quarts. L’auteur pense que cette plus grande vitalité des femmes tient à diverses causes morales et politiques , qui font que les femmes sont bien moins exposées que les hommes aux divers accidens qui concourent à la destruction de l'espèce humaine. Tome LIT. PLUVIOSE an 9. Q 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le cit. Mourgue a trouvé qu’à Montpellier il y a une personne sur 7 et demi qui parvient à la période de 70 à 80 ans ; une sur 15 et demi qui parvient à 80 ans : tandis que dans le pays de Vaud en Suisse, qui passe pour une des contrées les plus salubres de He il n’y a qu’une personne sur 21 et deini qui parvienne à 80 ans. En Brandebourg .. 1 sur »2 et demi. AMBreslaus 41 SONORE 0 AMBerine PR PE UT 07 A Londres.....:...1 . 40 ANVienties NL ET es R AL L'auteur termine cet ouvrage par le résultat des observations faites à Montpellier sur la marche du mercure dans le baromètre pendant 14 années consécutives, de 1772 à 1785 inclusivement. Dans cet espace de 14 années, la plus grande élévation du mer- cure dans le baromètre a été de 28 pouces 8 lignes ; la moins grande, de 27 pouces 1 ligne. L’élévation moyenne, entretoutes les observations faites pendant ces 14 années, se porte à 28 pouces 3 lignes 3 septièmes; ce qui surpasse l’élévation moyenne au bord de la mer, qui n’est que de 28 pouces 2 lignes : l’on sait que la ville de Montpellier est bien plus élevée que les bords de la mer. Le cit. Moursue fait observer que le ciel du Bas-Languedoc est si pur, que le baromètre se soutient infiniment plus souvent au- dessus qu'au-dessous de 28 pouces, et qu’on n’y est pas exposé à ces grandes variations du baromètre qu’on éprouve dans des con- trées moins heureusement situées. Un phénomène digne de remarque , c’est l'égalité singulière d’élévation moyenne du mercure dans le baromètre pendant les saisons les plus opposées par les températures et par les varia- tions de l’atmosphère. On doit en conclure que lors même que le mercure paroît avoir la même élévation pendant l’été que pen- dant l'hiver, le baromètre est de fait moins élevé pendant les chaleurs. Le cit. Mourgue pense que cette égalité d’élévation moyenne est due en grande partie à la faculté expansive du mer- cure qui monte dans le tube du, baromètre pendant la chaleur, et non totalement à la cause générale qui fait hausser et baisser ce fluide dansle-baromètre ; d’où ce savant tire cette conséquence, que le froid et la chaleur influent beaucoup moins qu’on ne pense sur la marche apparente du baromètre ; et que la cause quel- conque qui produit l'ascension et la descension du mercure dans I TS ET:DHISTOIRE NATUR E.L LE. 123 le baromètre est bien plus active pendant l’hiver que pendant l'été. Les plus grandes élévations ont lieu en décembre et février , et les moindres au mois de décembre. 3 Lorsqu'on voit le baromètre se maintenir haut, ilya14 contre un à parier que le temps sera beau : au contraire, lorsqu'on voit le baromètre baisser , il y a 20 à parier Contre un que le temps sera couvert. Lorsqu'on le voit se maintenir assez bas, il y a assez à parier au pair qu'il pleuvra ou qu’il ne pleuvra pas. | Les fortes transitions , les grands changemens d’élévation se font pendant la nuit vers le matin , lorsque le mercure est en descension ; pendant le jour et dans la matinée, lorsqu'il est en ascension. Le cit. Mouroue n’a remarqué aucun rapport entre les varia- tions du baromètre et les points lunaires. La plus forte chaleur à Montpellier est de 27 degrés ; le plus grand froid de 4 degrés de condensation , et la chaleur moyenne 12,1 degrés. Tel est le précis du travail intéressant du cit. Mourgue, tant sur les naissances, mariages et décès de la ville de Montpellier , que sur l’état de l'atmosphère. On voit avec quelle sagacité il a su tirer des résultats utiles d'un fond aride qui ne peut avoir de valeur qu'entre les mains d’un savant qui possède l'esprit de re- cherches et de combinaisons. Il seroit bien à souhaiter qu'un pareil travail fût fait sur les différens points de la république. On en tireroit des résultats qui ne pourroient manquer d’intéresser l’homme d'état , le médecin et le physicien. Nous invitons le cit. Mourgue à nous faire jouir des résultats qu'ont dû lui fournir les nombreuses observations météorologiques qu'il a faites, et qu’il a eu soin d’appliquer à la végétation et au tempérament des hommes soumis aux influences de l'atmos- phère. Paris, 17 frimaire an 9. 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Re CP PAMIOREEES EE Farr à la classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut national, par les cit. THourn et DEesFONTAINES ; Sur un mémoire intitulé : EXPÉRIENCES RELATIVES A L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE S U,R QUELQUES VÉGÉTAUX, Par le cit. DECANDOLLE. L'auteur du mémoire dont nous présentons l'analyse s’est pro- posé d'examiner l'influence de la lumière sur divers phénomènes de la végétation tels que l’étiolement, l’émission du gaz oxygène, la force de succion des branches.et particulièrement sur les veilles et le sommeil des plantes. Bonnet , Ingenhoutz , Sennebier , Tessier , etc. avoient déja donné des observations neuves et curieuses sur ce sujet impor- tant. Le cit. Decandolle, en suivant la route tracée par ces habiles physiciens , a prouvé qu'ils n’avoient pas encore entièrement épuisé la matière. Ses expériences ont été faites au Muséum d’his- toire naturelle, comparativement à l’air libre et dans deux caveaux qui n’avoient d’autre ouverture que la porte ; lun étoit échauffé par un poële; la température près de laterre à quelque distance du poële étoit de 20 degrés au thermomètre de Réaumur, de 25 à 30 tout près du poële, et de 37 sur le poële même; l’autre caveau de 3 mètres (9 pieds) de hauteur, et 150 décimètres quarrés (16 pieds) de surface intérieure, étoit éclairé par six, lampes à la guinquet fixées sur les murs à 17 décimètres (5 pieds) au-dessus du sol. On plaçoitles plantes ou à terre ou sur une tablette élevée de 13 décimètres (4 pieds), et elles n’éprouvoient que 15 à 16 de- grés de chaleur. La fumée et l'air échauffé par les lampes s’échap- poient le long de la voûte de l’escälier ; tändis qu’un courant d’air extérieur circuloit en sens contraire et entroit dans le caveau en suivant les marches du même escalier. D’après les experiences de Rumford , Ja lumière des six lampes équivaloit à-peu-près à celle de 54 bougies ordinaires. EUDMD'2HUI S MOIR'E CN ATU RE LINE: 125 Onsait que les plantes exposées à la lumière du soleil sont vertes, et qu’elles sont grêles, d’un blanc argenté, ou étiolées lorsqu'elles vivent à l’ombre. Le 5 thermidor le cit. Decandolle sema du cresson alenois ( Ze- pidium sativum ) dans un vase placé dans le caveau , et le 7 il alluma les lampes. Les graines levèrent en peu de temps. Les feuilles des jeunes plantes étoient vertes, mais cependant un peu moins que celles des individus provenus des mêmes graines semées en même-temps et qu’il avoit laissées à l’air libre. Le 8 thermidor il sema dans deux pots des graines de moutarde blanche (sirapis alba), et dans deux autres des graines de came- line (1yagrum sativum). Deux de ces pots furent mis dans le ca- veau éclairé , les autres à l’air libre. Les graines du caveau com- mencèrent à lever le lendemain vers midi, les jeunes plantes con- tinuèrent de croître à la lumière des lampes, leurs feuilles et leurs tiges étoient vertes. Les graines qu’on avoit laissées exposées levè- rent 10 à 12 heures plus tard , et leur accroïssement fut plus lent, ce qu’il faut sans doute attribuer à la chaleur moins continue qu’elles éprouvoient. La lumière du soleil en teignant les plantes d’une couleur verte, produit en même-temps l’émission d’un gaz plus pur que l'air at- mosphérique ; il étoit curieux de savoir si la lumière artificielle étoit capable ou non de faciliter la sortie de ce fluide. Le 7 thermidor , à 8 heures du soir , les feuilles d’ezcomis punctataet de /ycium barbatum renfermées dans des bocaux remplis d’eau et renversés sur des assiettes, furent exposées à la lumière des lampes ; mais ces plantes , loin de produire du gaz au bout d’une demi-heure, comme cela arrive au soleil, n’en avoient pas encore laissé échapper un atome à 8 heures du matin. Le cit. Decandolle soupconna qu’elles pouvoient l'avoir exhalé, et qu’elles auroïient peut-être eu besoin du repos de la nuit et de reprendre une nouvelle vigueur pour en produire ; desirant de vérifier ce soupçon, il mitle lendemain matin deux autres plantes, chacune dans un bocal plein d’eau comme les deux précédentes, et il les laissa pareïllement exposées à la lumière des lampes; celles- ci (aussi bien que les précédentes) ne commencèrent à donner des bulles de gaz qu’au bout de 24 heures, et il en sortit ensuite une quantité assez considérable : le cit. Vauquelin en fit l’analyse an phosphore , mais il ne trouva que -2- de gaz oxygène ; tout le reste étoit de l’azote ou de l'acide carbonique. Le cit. Decandolle exposa encore à la lumière de ses lampes, 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pendant 24 heures, des branches de pkyllirea media, de semper- vivum arboreum et d’aristolochia sipho garnies de feuilles ; au- cune de ces plantes ne donna de gaz. Ces expériences prouvent que la lumière des six lampes à la quinquet , quoiqu’extrêmement vive dans un caveau de peu d’é- tendue, n’a pas eu assez de force pour développer le gaz oxygène, mais qu’elle a suffi pour colorer les plantes en vert. L'auteur a aussi tenté quelques expériences comparatives pour connoître l’action de la lumière et de la chaleur sur la succion des racines et des branches de différentes plantes à tiges herbacées et ligneuses, dônt les unes se dépouillent de leurs feuilles en hiver et dont les autres les conservent dans cette saison. Il paroît, d’après les résultats qu’il a obtenus, que l’action de la lumière accélère le mouvement de la sève dans les plantes qui perdent leurs feuilles en automne , et qu’elle n’a que très-peu ou même point d'action sensible sur celles dont les feuilles subsistent toute ‘année; mais, comme il l’avoue lui-même, ses expériences ne sont pas encore très-concluantes , et il se propose de les répéter pourne laisser aucun doute sur des faits de physique végétale aussi 1nportans. Nous touchons maintenant à la partie la plus intéressante du travail du cit. Decandolle , à celle où il traite de l’action de la lumière sur les veilles et sur le sommeil des plantes. On saït que les fleurs d’un très-grand nombre s’épanouissent et se ferment assez régulièrement à des heures déterminées ; que ces heures ne sont pas les mêmes pour chaque espèce , et que les feuilles ont pendant la nuit une position différente de celle qu’elles prennent pendant le jour. Phénomènes admirables dont Théophraste et Pline avoient déja eu quelque connoïssance, que Linnæus a dé- crit le premier avec autant de précision que d’exactitude , et sur la plupart desquels la lumière a une grande influence , comme on en sera convaincu par les expériences du cit. Decandolle. Il nomme diurnes les plantes dont les mêmes fleurs s'ouvrent et se ferment à des heures fixes pendant plusieurs jours, telles que les ficoïdes , les chicoracées , etc. et éphémères celles qui s'ouvrent une fois et tombent ou se fanent aussitôt après qu’elles se sont fermées , comme les belles de nuit : parmi ces dernières, les unes s'ouvrent la nuit et les autres le jour ; il appelle les pre- mières éphémères nocturnes et les secondes éphémères diurnes. Plusieurs cistes dont les fleurs s’épanouissent le matin et'tom- bent l'après-midi , placés dans l'obscurité , ont fleuri à la même heure qu’en plein air pendant plusieurs jours ; mais les pétales du EU) D? HISTOURE NATURELLE, 127 cistus villosus ne sont tombés que le soir , ceux du cistus albidus ont duré deux jours, ceux du cistus apenxinus deux jours et demi , enfin les corolles de plusieurs autres se sont fermées sans tomber , ce qui n’arrive jamais en plein air. Les ænothera fleurissent sur les huit heures du soir, et les fleurs se fanent régulièrement le lendemain après le lever du soleil. Trois espèces de ce genre, l'ærothera tetraptera , l’æ. suaveolens et l’æ. anomala ont été exposées à la lumière des lampes au mo- ment où elles venoient de s'épanouir , et y sont restées pendant deux nuits et deux jours. La première s’est flétrie très-prompte- ment ; le lendemain elle a donné des fleurs nouvelles, qui ont resté ouvertes toute la nuit. La fleur de la seconde a duré 48h. , et elle en a épanoui deux autres le lendemain sur les 8 heures du soir , qui ue se sont fermées que 24 heures après ; celles de la troi- sième se sont flétries le lendemain matin comme à l'ordinaire, et elle n’a pas refleuri. Des belles de nuit ont présenté des phénomènes plus réguliers et plus constans. Les fleurs à la lumière continue des lampes se sont ouvertes:le soir un peu plutôt et fermées un peu plus tard que de coutume. La même chose est arrivée à l'obscurité con- timnue. Le cit. Decandolle a voulu savoir s’il ne pourroit pas réus- sir à changer entièrement les heures de leur sommeil. Pour y par- venir il a allumé pendant trois jours de suite les lampes à 8 heures du soir , et il les a éteintes à 6 heures du matin. Le premier jour les belles de nuit ont fleuri le soir comme de coutume ; mais-les deux jours suivans elles se sont constamment épanouies le matin, et ne se sont fermées que le soir à l'instant même où elles ont été éclairées par les lampes, tout le contraire de ce qui arrive lors- qu’elles sont exposées à l’air libre, de sorte qu’elles ont fait dela nuit le jour et du jour la nuit. Des rleurs d’ornithosalum umbellatum qui s'épanouissent , comme l’on sait, tous les jours vers les 11 heures du matin et se ferment à 3 heures après midi, mises à l’obscurité lorsqu'elles étoient ouvertes, se sont fermées presqu’à l'instant ; exposées en- suite à la lumière du soleil, elles se sont épanouies de nouveau: Cette expérience a été répétée plusieurs fois sur des individus diffé- rens , et le résultat a toujours été le même. Les fleurs du liseron pourpre ( convolvulus purpureus ) s’ou- vrent à 10 heures du soir, et se ferment entre 11 heures et midi; exposées dans le caveau à la lumière des lampes, elles se sont épanouies le premier jour à l'heure ordinaire et fermées dès 7 h. du matin ; le lendemain elles étoient ouvertes à 6 heures du soir 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et closes à minuit; mais la lumière artificielle n’a pas eu d'action sensible sur les fleurs du liseron des champs, ni sur celles du convolvulus cneorunt. Les fleurs du s//ene amana et s. sericea qui restent ouvertes la nuit et closes le jour, se sont épanouies le soir à la lumière des lampes ; mais elles ne se sont point fermées même le jour pendant tout le temps qu’elles ont été exposées à la lunière artificielle. Celles du s//ene fruticosa, au contraire, se sont ouvertes et fer- ruces comme en plein air. Diverses espèces de ficoïdes, et à la lumière artificielle, et dans le caveau non éclairé à la chaleur graduée du poële, n’ont donné aucuns résultats constans ; c’est pourquoi nous n’en ferons pas mention. Le cit. Decandolle a cru cependant devoir en tenir compte dans son mémoire. Il en faut dire autant de plusieurs composées, soumises à différentes expériences , que l'auteur se propose de répéter encore dans d’autrestemps. L’anthemis mari- tima seule , qui tient ses demi-fleurons fermés pendant la nuit, les a constamment ouverts à la lumière des lampes. A près avoir expose les principaux résultats que renferme le mé- moire du cit. Decandolle sur le sommeil et sur les veilles des fleurs, nous allons rendre compte de ceux qu’il a obtenus en soumettant les feuilles de quelques espèces aux mêmes expériences. Les feuilles de la plupart des plantes prennent, aux approches du coucher du soleil, une position qu’elles conservent jusqu’au lever de l'aurore , pour reprendre ensuite celle qu’elles avoient auparavant. Ces phénomènes extrêmement variés, dont presque toutes les légumineuses offrent des exemples si remarquables, sont très-connus des naturalistes , et ont été très-bien décrits par divers auteurs qui ont traité de la physique végétale. Le cit. Decandolle prouve que si la lumière a une action très- marquée sur les mouvemens journaliers des feuilles de plusieurs plantes , il en est néanmoins qui en paroissent indépendans. Des pieds de l’oxalis incarnata et de lo. strictæ que l’on avoit élevés dans des vases exposés pendant plusieurs jours de suite , les uns à la lumière des lampes, les autres à une chaleur graduée ans le caveau obscur , ont toujours ouvert et fermé leurs feuilles aux mêmes heures que ceux qui étoient en plein air ; et quelques tentatives que l’on ait faites, jamais on n’a pu réussir à changer l'heure de leur sommeil et de leur veille. La r1imosa leucocephala, exposée pendant trois nuits à la lu- mière des lampes et pendant trois jours à l'obscurité , a toujours continué de s'ouvrir le jour et de se fermer la nuit, mais cepen- dant AUD PHLL S TION ERMEMNIANTIU RE L'INE 129 dant moins complettement qu’en plein air. La sensitive ordinaire, mimosa pudica, soumise aux mêmes expériences , a donné des résultats curieux et bien différens. Le 7 thermidor , sur les 8 heures du soir , deux pieds de sensi- tive fermée furent placés dans le caveau et continuellement éclairés par les lampes, leurs feuilles s’ouvrirent à 2 heures du matin , une heure et demie avant celles des serres et des couches, et se fermèrent à 3 heures de l’après-midi ; lé lendemain leurs feuilles s’ouvrirent à minuit et se fermèrent à 2 heures après midi. Les mêmes expériences répétées sur d’autres individus ont donné les mêmes résultats , et toutes ces sensitives avoient conservé leur irritabilité. Le cit. Decandolle a encore réussi à changer, par un autre moyen, les heures des veilles de la sensitive ; il en placa deux dans le cayeau, qu’il laissa obscur pendant le jour et qu’il éclairoit pen- dant la nuit. Insensiblement elles chanigèrent l'heure de leur som- meil , et le troisième jour elles s’ouvrirent le soir et se fermèrent le matin ; exposées à l’air libre, elles reprirent aussitôt leurs habi- tudes ordinaires. Pour savoir si la chaleur n’étoit pas la cause de ce phénomère, plusieurs autres pieds de sensitive furent exposés le soir dans le caveau non éclairé à la chaleur graduée du poële, depuis 20 jus- qu’à 37 degrés ; elles ne s’ouvrirent que le matin beaucoup plus tard qu’à l’ordinaire. Les feuilles de l’une que l’on avoit placée sur le poële même à la température de 37 degrés, s’ouvrirent pa- reillement à 7 heures du matin ; mais elles se fermèrent à 1 heure après midi et n’étoient plus irritables. Cette sensitive transportée dans une serre se ranima , et reprit insensiblement ses habitudes ordinaires. Nous ayons journellement sous les yeux une preuve évidente que ce n’est point la chaleur qui influe immédiatement sur les veilles dessensitives, puisqu'elles se ferment en étésur les 5 heures et demie du soir, époque de la journée où la chaleur se fait sou- vent sentir assez vivement, et qu’elles s’ouvrent vers les 3 heures du matin , instant du jour où l’air a communément le plus de fraî- cheur; enfin des plantes élevées en plein air, et transportées dans une serre chaude , ferment et ouvrent constamment leurs feuilles aux mêmes heures. Il est cependant un phénomène digne de re- marque et qui mérite d’être rapporté ; c’est que les feuilles de la plante oscillante des bords du Gange ( kedysarum gyrans ) se meuvent à tontes les heures de la nuit comme en plein jour. Le cit, Decandolle réfute victorieusement toutes les explications Tome LII, PLUVIOSE an 0. 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mécaniques que l’on a voulu donner de ces phénomènes singu- liers , qu’il croit dépendans de l’organisation de la vie même des plantes. Le nom d’rritabilité par lequel on les a désignés, et qu’il ne faut point confondre avec l’irritabilité animale , \ui paroît, avec raison, tout aussi convenable que ceux de fécondation, de mâle , de femelle, de glandes, de moëlle, etc. qu’on a donnés à certains organes des plantes ou à certaines fonctions qui en dé- pendent, quoïqu’on sache très-bien qu’ils n’ont que des rapports très-éloignés avec ceux des animaux. Era nie Pit D'UN MÉMOIRE SUR LES PORES DE L'ÉCORCE DES FEUILLES, Par le C. Dscannozze; Lu à la classe des sciences physiques et mathématiques de l'Institut national. Le nom de glande dans l’anatomie des animaux désigne un organe secrétoire ; mais dans l’anatomie des plantes on a donné ce nom à une foule d'organes qui ne sont pas on que du moins nous ne sayons pas être des organes secrétoires. Les glandes des plantes ne ressemblent point à celles des animaux, et n’ont au- cune analogie entr’elles-mêmes. Leur forme, leur place, feur usage varient beaucoup, comme on s’en convaincra en examinant avec attention les 7 espèces de glandes admises par les botanistes. De toutes ces glandes , les plus universellement répandues sont celles auxquelles Guettard a donné le nom de glandes ziliaires ; de Saussure leur a donné celui de glandes corticales , et Hedwig les a nommées vasa lymphatica cuticulae. Le cit. Decandolle les désigne sous le nom de pores corticaux, parce que ce nom na rapport qu’à leur forme et à leur position qui sont des choses cer- taines , tandis que leur usage est encore incertain. Il essaie d'en donner l’histoire; et dans ce but, il Les décrit d’abord en général ; puis il suit leurs variations dans les diverses parties d’une même 7 ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 13: plante, dans les diverses classes du règne végétal, dans diverses circonstances ; et de ces faits il cherche à déduire leur usage. Lorsqu’on veut voir les pores corticaux, il faut enlever l’écorce d’une feuille , la dépouiller de son parenchime , et l'observer au microscope. On distingue alors l’épiderme, ainsi que le réseau fibreux dont elle est formée, et l’on remarque trois ou quatre fibres très-déliées qui naissent du réseau , èt vont se rendre à une petite aréole de figure ovale , au centre de laquelle est placé un pore plus ou moins alongé, souvent ouvert et quelquefois obstrué. Jamais on ne trouve de pores sur les nervures , où les mailles du réseau sont plus étroites et plus alongées que par-tout ailleurs. Les poils, au contraire, sont toujours placés sur les nervures ou leurs ramifications. Enfin on aura une idée exacte de la situation des pores corticaux., en se rappelant que le pétiole est composé de fibres qui , en se divisant, forment le disque de la feuille , et que leurs dernières ramifications vont aboutir aux pores en ques- tion. Voici la preuve de cette assertion : Les feuilles des crassula punctata, lactea, cotyletlon , etc. ont leur surface parsemée de points ronds que l’on distingue à l'œil. Si on enlève l’écorce , on voit que chacun de ces points est formé par un faisceau de fibres qui vont y aboutir après avoir traversé le parenchime ; et en examinant ces mêmes points au mi- croscope , On y découvre un amas de pores , tandis qu’on n’en t'ouve que peu ou point sur le reste de la surface. Dans les plantes dont les feuilles sont très-fibreuses, telles que le camellia Japonica , le celastrus buxifolius , etc. le cit. Decandolle a compté jusqu'à 60 pores sur une étendue de 2 millimètres quarrés, tandis qu’il n’en a vu que 5 à 8 dans le même espace sur l'écorce de plusieurs feuilles charnues, qui n’ont qu’un petit nombre de fibres. Les pores corticaux se trouvent en plus grande quantité sur les feuilles que par-tout ailleurs, et l’auteur observe que celles des arbres n’en ônt ordinairement qu’à la surface supérieure, pendant que les feuilles des herbes en ont communément sur les deux sur- faces ; mais cette loi est néanmoins sujette à plusieurs exceptions. En général, on ne trouve pas de pores sur les tiges; mais cette loi est sujette à deux exceptions. 1°. On en voit sur les tiges dont ‘la texture est molle et approchante de celle des feuilles comme les courges , les gramens. 2°, On en remarque encore sur les tiges des plantes qui n’ont pas de feuilles, telles que les éphedra , les cierges , les staphelia , etc. | n’y en a passur celles de la cuscute, plante très-singulière qui, suivant FR du cit. Decan- 2 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dolle, plongée dans l’eau et exposée soit au soleil soit à l’obscu- rité, ne donne point de gaz. Lorsque les tiges ont des pores corticaux, ils sont toujours placés dans les sillons , tandis que les poils sont constamment placés sur le dos même des sillons. Les racines sont dépourvues de pores , ainsi que les écailles des bulbes des liliacées, quoiqu’elles ne soient évidemment que des débris de feuilles. Les stipules et les bractées , si l'on en excepte celles qui sont membraneuses ou quitombent très-promptement, en sont garnies comme les feuilles. On n’en observe point surles fruits charnus, tels que les poires, les prunes, les pêches, les groseilles , etc. Mais il s’en trouve sur plusieurs péricarpes non charnus , comme ceux du baguenaudier et sur la plupart de ceux des plantes à une feuille sémimale. Iln’y en a point sur la pellicule des graines ; maïs on en trouve sur toutes les feuilles séminales , excepté sur les cotyledons charnus des hariçois , des vesces, des pois, etc. Les plantes véritablement dépourvues de cotyledons , savoir : les champignons , les byssus, les varecs, les lichens et les hépa- tiques , sont totalement dépourvues de pores corticaux ; et l’au- teur observe en même-temps que toutes ces plantes n’ont point d’écorce , ni peut-être même d’épiderme. L’absence de cet organe lui paroît expliquer pourquoi un grand nombre de champignons se pourrissent si rapidement, pourquoi les varecs et les hépatiques s’imbibent d’eau dès qu’on les y plonge , et enfin pourquoi les li- queurs colorées s’introduisent si aisément dans la substance des feuilles des lichens par leurs surfaces , expérience qu’il a faite le premier sur différentes espèces de ce genre (voy. Journ. de phys. therm. an 6), et qui ne réussit pas sur des végétaux plus parfaits. Toutes les plantes pourvues d’un ou deux cotyledons sont aussi munies d’une écorce. Le roseau cortical des mousses est dépourvu de pores ; ils existent, au contraire , dans les fougères, mais seu- lement sur la surface inférieure des feuilles. Il y en a sur celles de toutes les monocotyledones, et dans aucune de ces plantes ils ne sont placés sur les nervures. Il en est de même des dicoty- ledones. ; Le cit. Decandolle passe ensuite à l'examen qu’il a fait des pores corticaux dans plusieurs circonstances particulières , et il établit pour principe qu’il n’y en a jamais que sur les parties des végétaux exposées à l’air libre et à la lumière. Il n’en a point vu sur les portions des chaumes des graminées recouvertes par les ET D'HISTOIRE NATURELLE, 133 gaines des feuilles, ni sur la surface intérieure de ces gaînes. Il en faut dire autant de la face interne des écailles du calice des ‘ composées , ou de plusieurs autres plantes. Aucune partie des végétaux plongée habituellement dans l’eau n’a de pores corticaux ; ainsi on n’en voit ni sur les feuilles nisur la partie inférieure des tiges des ca/litriche , des sparganium, du polygonum amphibium qui sont sous l’eau , tandis que tonte l'extrémité supérieure de ces plantes qui est hors de l’eau en est parsemée. La surface inférieure des feuilles des #y#phæa, du menyanthes nymphoides , de Vhydrocharis qui flottent sur les eaux n’en a point, et l’on en trouve sur la surface supérieure de ces mêmes feuilles. Mais toutes les plantes qui sont entièrement privées de pores quand elles vivent plongées dans les eaux , en ont lorsqu’eiles croissent hors de l’eau :et vice versd ; celles qui en ont lorsqu'elles vivent à l’air, n’en ont pas lorsqu'elles croissent sous l’eau. Le cit. Decandolle a fait cette observation sur la renon- cule aquatique et sur d’autres plantes. La menthe verte, élevée dans un jardin, a jusqu’à 1800 pores sur la surface inférieure d’une seule de ses feuilles. Si on prend un pied de la même plante, etqu’on le laisse plongé dans Peau pendant quelque temps, toutes les nouvelles pousses ainsi que les nouvelles feuilles qu’elle pro- duira n’auront point de pores. Les plantes étiolées en sont également dépourvues ; l’auteur en a compté jusqu’à 250 sur chaque surface des feuilles séminales de la moutarde blanche ( sinapis alba) et du cresson alenoïis (/epi- dium sativum ) cultivés à l’air libre , tandis que celles de plusieurs individus des mêmes espèces qu’il avoit élevés à l’obscurité n’en avoient pas un seul. Ayant fait germer et lever des graines de ces deux plantes à la lumière de six lampes dans un caveau, il ne compta que 150 pores sur chaque face des feuilles séminales. Enfin la partie inférieure des feuilles des plantes bulbeuses ca- chée sous la terre n’a point de pores , et l’on en trouve sur celle qui s'élève dans l'air. Le cit. Decandolle, après avoir examiné les porés corticaux sur différenis organes des plantes de diverses familles, et fait connoître les variations qu’ils éprouvent dans quelques circons- tances, cherche à en expliquer l’usage. Des physiciens ont pensé qu’ils seryoient à élaborer la pous- sière glauque qui couvre les feuilles de certaines plantes ; mais on u’obserye pas de pores corticaux sur des fruits charnus, tels que les prunes, qui sont cependant revêtus de cette poussière ; ct plusieurs plantes grasses sont enduites d’une efflorescence 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE glauque très-abondante , quoiqu’elles n’aient qu’un petit nombre de pores. Enfin un très-grand nombre d’espèces ont beaucoup de pores corticaux , sans être recouvertes d’une poussière glauque. L'auteur ne croit pas non plus qu’ils servent à la transpiration sensible, puisqu'elle n’a pas lieu dans tous les végétaux qui ont des pores, puisqu'ils manquent dans les racines dont l’exsudation a élé observée par Brugmann, puisqu’enfin la diversité des ma- tières exhalées et de mode d’exhalation semble indiquer une di- versité dans les organes. Ces pores ne servent pas non plus À l’émission du gaz oxygène, car plusieurs feuilles qui en donnent par les deux surfaces n’ont de pores que sur l’une d’elles ; d’ailleurs plusieurs péricarpes laissent échapper du gaz sans avoir de pores , et les féuilles de l'amaranthe tricolor de même que celles du chardon marie ne laissent pas échapper de gaz dans les places tachées de rouge ou de blanc, quoiqu’elles soient garnies d’un grand nombre de pores. Enfin il en sort des mousses, des hépatiques , des lichens verts, des plantes aquatiques , sans que ces plantes aient des pores cor- ticaux. Le cit. Decandolle pense que les pores corticaux peuvent servir à-la-fois à deux usages. 1°, Il croit qu’ils sont les organes de la transpiration insensible des végétaux. En effet cette oran est commune à tous les végétaux terrestres, qui tous , en effet, ont des pores ; il n’est pas ai qu’elle s'exerce dans les plantes submergées , qui, en effet, n’ont pas de De ; les plantes grasses ont peu de pores et transpirent peu ; les feuilles herbacées en ont beaucoup et transpirent beaucoup : les corolles ne transpirent presque pas et n’ont presque jamais de pores , les plantes étiolées n’en ont point et sont aussi privées de la transpiration. On con- coit facilementque la sève parcourt les fibres dans toute leur lon- gueur ; dépose sur son chemin les molécules alimentaires , et que le résidu s’exhale par les pores placés à l'extrémité des fibres. 2°. Il paroît que dans certains cas ces pores servent à absorber l'humidité ambiante ; en effet, on expliqueroit par là l'accord des observations microscopiques rapportées ci-dessus avec les expé- riences sur la succion, et l'accroissement que quelques plantes grasses prennent lorsqu'elles restent suspendues en l’air. Au reste, le cit. Decandolle prouve par une expérience que ces ‘plantes orasses perdent de leur poids dans un lieu sec , et le reprennent lorsqu'on les plonge dans l’eau ; ce qui s'explique en supposant que si l’extrémité de la fibre est plus humide que l’air elle lui cède son humidité , et que si elle l’est moins elle attire celle de l’air, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 re NAS EM AO UT CRE BU RUL'ENG A LINVANISME, Par le C. Lruor; Lu à l’Institut national le 26 frimaire an 9. L'intérêt que tous les savans paroïssent prendre aux phénomè- nes galvaniques , m'a engagé à faire part à l'Institut de quelques expériences nouvelles sur cette branche importante de la phy- sique. M. Volta suppose dans son ingénieuse théorie , que l’hétérogé- néité des parties de la chaîne donne naissance à un courant de fluide électrique ; mais l’existence de ce courant et les circons- tances qui l’accompagnent sont si peu connues, que ni lui ni aucun autre physicien n’ont pu en assigner la direction. Au sur- plus on ne doit pas en être étonné, si l’on fait attention qu'entre deux corps électrisés , l’un positivement, l’autre négativement, on ignore encore lequel est véritablement chargé ou dépouillé de fluide électrique. L'objet de ce mémoire est particulièrement de démontrer non- seulement la circulation d’un fluide très-subtil dans la chaîne galvanique , mais encore que dans l’application des différentes chaînes aux arcs animaux , il existe des signes non équivoqnes de la direction du mouvement de ce fluide ; qu’à l’aide de quelques règles générales , on peut déterminer à priori, dans un grand nombre de chaînes différentes , la direction du courant ; que ré- ciproquement étant données cette direction et la nature des parties de la chaîne, il est possible , du moins dans certains cas, de dé- terminer leur position respective ; que l’on peut encore par l’in- terposition de nouveaux corps dans la chaîne , ou par le change- ment de disposition des parties qui la composent, diriger, soit dans un sens, soit dans un autre, le fluide galvanique , ou même le réduire au repos. La connoïssance de ces phénomènes tenoit à celle d'un fait qui avoit entièrement échappé aux physiciens et aux physiologistes : 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE c’est que le fluide galvanique s’accumule au passage des organes aux armatures. C’est encore à l’aide du même fait qu’on peut distinguer la na- ture des métaux à plusieurs mètres de distance par leur seule in- fluence galvanique ; résultat qui seroit péut-être plus récréatif qu'utile , s’il n’étoit la base des nouveaux faits que j'exposerai dans ce mémoire. On sait que lorsque la susceptibilité d’un organe est affoiblie, il faut, pour y faire naître des contractions, établir une communi- cation entre deux points de cet organe, par le moyen de subs- tances hétérogènes. Si l’on établit la communication à l’aide d’un arc métallique homogène, ou d’une chaîne composée de subs- tances hétérogènes , et disposée tellement qu’elle soit symétrique quant à la nature des parties qui la composent , alors il ne se manifeste point de contractions , à moins que la susceptibilité ne soit exaltée ; et dans ce dernier cas, il suffit de mettre les organes en contact avec des substances métalliques ou charbonneuses, pour faire naître des mouvemens musculaires. Tels sont les prin- cipaux faits connus sur le galvanisme : maintenant je vais exposer ceux que mes nouvelles expériences m'ont fait connoître. Expérience première. Si l'on prend dans l’une de ses mains une cuisse de grenouille fraîchement préparée , et qu’on mettele nerf en contact avec une lame de zinc dont l’extrémité plonge dans du mercure, au moment de l’immersion des doigts de l’autre main dans ce fluide, la cuisse éprouve de fortes contractions. Les mou- vemens musculaires se manifestent non-seulement en mettant les doigts en contact avec le mercure , mais en général toutes les fois qu'on forme la chaîñe , en quelque point que ce sait. Ce phénomène a été observé depuis longtemps par Galvani. On obtient absolument les mêmes résultats toutes les fois qu’on emploie pour armature des doigts une des substances suivantes : zinc, plomb, étain , mercure, bismuth , cuivre ; argent, plom- bagine; et pour armature du nerf, une de celles qui la précèdent dans cette série. Quant au soin d’humecter les doigts, il est ab- solument indispensable; c’est pourquoi dorénavant, lorsqu'une des extrémités de l’arc sera terminée par les doigts, je supposerai qu’ils sont toujours humectés. Exp. 2. Si au contraire on met le nerf en contact avec le mer- cure , et qu’on touche ce métal avec un morceau de zinc qu'on tient dans la main mouillée , il ne se manifeste point de contrac- tions, ou que de très-légères , si la susceptibilité n’est pas très- aïfoiblie. Mais en séparant le nerf du mercure, ou en général dé-" truisant ET-D'HISTOIRÉ NATURELLE. 13 truisant la chaîne en quelque point que ce soit, les mouvemens musculaires ont lieu. On obtient absolument les mêmes résultats toutes les fois qu’on emploie pour armature des doigts un métal de la série indiquée dans la première expérience , et pour armature du nerf un de ceux qui le suivent dans cette même série. Ainsi si l’on arme le nerf de plomb et les doigts de zinc, mettant ces deux métaux en contact , il n’y a aucune contraction : mais en détruisant la chaîne en quelque point que ce soit , les contractions se manifestent. Au contraire si, laissant le nerf armé de plomb, on arme les doigts d'argent, lorsqu'on forme la chaîne , les convulsions galvani- ques ont lieu. On doit cependant observer que ces expériences qui réussissent parfaitement avec le mercure sans Beaucoup de précautions, en exigent de très grandes pour donner des résultats constans avec les autres métaux. Indépendamment de ce qu’il est nécessaire que la susceptibilité soit très-affoiblie, et qu’il n’y ait aucune com- munication entre l’armature du nerf et le muscle que par le nerf lui-même , il faut encore que, lorsqu'on forme la chaîne, les points qui établissent le contact y restent constamment ; autre- ment ou obtient des résultats très-imparfaits. Cette condition est assez difficile à remplir, à cause du mouvement d’oscillation que communique nécessairement aux parties de la chaîne la main qui établit le contact. Voici les moyens que j'ai employés pour y re- médier. J’ai fixé une planche de manière que les circonstances extérieures ne puissent lui communiquer aucun mouvement. Ensuite j'ai scellé sur cette planche une plaque de zinc rectan- gulaire de manière qu’elle soit élevée au dessus d’un centimètre, et terminée latéralement par un petit cube formant écrou , dans lequel s'introduisoit une vis également dezine ; cette vis terminée par une pointe très-fine , et tellement serrée dans l’écrou qu’elle pe pouvoit éprouver aucune oscillation , m’a servi à établir la communication entre le zinc et une lame d’argent , fixée sur la planche, sans donner naïssance au contact alternatif de différens points, que tout autre procédé entraîne nécessairement. Avec des appareils disposés de cette manière , les autres métaux ont donné des résultats aussi constans que le mercure. Exp. 3. Si l’on place une plaque de zinc sur la langue , et qu’on touche cette plaque métallique avec une pièce d'argent qu’on tient avec les doigts humectés , à l’instant même il se ma- nifeste une saveur particulière. La saveur se manifeste encore lorsqu’après avoir placé la pièce Tome LII. PLUVIOSE an 09. 133 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'argent sur la plaque de zinc , et avoir mis la langue en contact avec cette dernière , on pose un doïgt humecté sur la pièce d'argent. Si au lieu de placer un seul doigt sur la pièce d'argent on la touche avec tous, la saveur est beaucoup plus forte : circonstance analogue aux observations des physiologistes , relativement à l’é- tendue du contact de l’armature du muscle. Les mêmes phénomènes ont lieu toutes les fois qu’on emploie pour armature de la langue un métal de ceux indiqués dans la première expérience , et un de ceux qui le suivent pour armature des doigts ; mais si la chaîne étant formée on la détruit, il ne se manifeste aucune saveur. Exp. 4. Si l'on place une pièce d'argent sur la langue , et qu'on prenne dans ses doigts humectés une plaque de zinc , lors- qu’on fera toucher cette dernière à.la pièce d’argent on n’éprou- vera aucune sensation, ou du moinsune très-légère. Mais lorsqu'on séparera l'argent de la langue le laissant en contact avec le zinc; ou en général toutes les fois qu’on détruira la chaîne en un point prie on éprouvera la saveur ; mais elle sera un peu plus oible que dans l'expérience précédente, et elle se propagera plus lentement. On obtient absolument les mêmes résultats toutes les fois qu’on emploie un métal de ceux indiqués dans la première expérience pour armature de la langue ,.et un de ceux qui le précèdent dans cette liste pour armature des doigts. Ainsi armant la langue de plomb et les doigts de zinc, et mettant ces deux métaux en con- tact, on n’éprouve point de saveur. Mais en détruisant la chaîne en quelque point que ce soit, la saveur se manifeste. Au con- traire si, laissant la langue armée de plomb, on arme les doigts d'argent , en formant la chaîne on éprouvera à l'instant la sen- sation. Exp. 5. Si l’on place la cuisse d’une grenouille sur une plaque d’argent, et le nerf sar une plaque de zinc ou de plomb, au mo- ment où l’on mettra les armatures en contact il se manifestera de fortes contractions. 1] en est de même toutes les fois que l’arma- ture du nerf étant un métal pris dans ceux indiqués dans la pre- mière expérience, celle du muscle est. un de ceux qui le suivent dans cetté série. Exp. 6. Ayant placé sur la plaque de zinc de l’appareiïl que j'ai décrit précédeminent, une cuisse de grenouille très-vive dont le nerf pendoit sur la plaque d’argent, il y a eu au moment du contacbde la vis avec l'argent de très-légères contractions. Mais EMEA DIEIISUEUONT REMNATEU'R EMILE! 139 lincitabilité étant divinuée, bien que j'aie rétabli 1: contact un très-grand nombre de fois , il ne s’est jamais manifesté de con- tractions, Mais toutes les fois que j’ai détaché la vis de l'argent, à l’instant même elles se sont renouvelées. Ayant substitué à la place de la pièce d'argent des plaques de cuivre, de bismuth , de fer, de plomb, j'ai toujours obtenu les mêmes résultats. Dans les première, troisièine et cinquième expériences, où les phénomènes se manifestent au moment où l’on forme le cercle galvanique, le fluide contenu dans les parties de la chaîne se met en mouvement et pénètre immédiatement la langue ou les nerfs. En renversant la chaîne, le courant doit avoir une direc- tion contraire , c’est aussi ce qui a lieu; car les phénomènes que présentent les deuxième, quatrième et sixième expériences, c’est- à-dire celles où l'influence galvanique ne se manifeste qu’au m6- ment où l’on détruit la chaîne, sont dus à une portion de fluide accumulé dans la langue ou les nerfs, aux points de contact de ces organes et de leurs armatures. Or, pour que le fluide soit accurnulé ainsi, il faut qu’il ait pénétré ces organes dans la di- rection du muscle au nerf, ou Le doigts à la langue. On voit que l’accumulation du fluide est un caractère certain de la direc- tion du courant , et à l’aide duquel on peut dans tous les cas Ia déterminer. D'après ce qui précède, il paroît qu'on peut conclure les prin- cipes suivans, qui forment la base de toute la théorie du galva- nisme , et dont les autres faits ne sont que des conséquences, comme la suite de ce mémoire le prouvera. 1°. Toutes les substances excitatrices contiennent du fluide galvanique ; mais les substances humides et les organes animaux en contiennent fort peu, et ont une capacité très-petite pour ce fluide , comparativement aux substances métalliques. 2°, Lorsqu'on met en contact deux substances excitatrices , il se forme une nouvelle répartition du fluide galvanique; celle ui se trouve avoir moins de capacité, perd une portion de son dhaide , et l’autre s’en empare. Les substances métalliques et charbonneuses sont tellement disposées dans l’ordre suivant : zinc, plomb, étain, mercure, bismuth, cuivre rouge , arvent , plombagine (1), que l’une quelconque, mise en contact avec (1) Ta différence de capacité qui est très-sensible entre lé zinc et les autres substances métalliques, le plomb et la plombagine, etc! ; est extrémement foi - S 2 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'une de celles qui la suivent, s’empare‘d’une portion du fluide de cette dernière , et mise en contact avec l’une de celles qui la précèdent, perd une portion de son fluide. 5°. Lorsque le flnide galyvanique pénètre la langue, en se di- rigeant de l'extrémité vers la racine, il y cause une saveur par- ticulière plus ou moiïns forte , selon la plus ou moins grande quantité de fluide et ja susceptibilité de l’organe. Mais Iérsque sa direction est telle qu’il tend à sortir de l’arc animal par la langue , il fait éprouver une saveur beaucoup plus foible et qui diffère d'autant plus de la première , que la quantité de fluide mise en mouvement est moindre ; ensorte que lorsqu'elle est très- petite, cette saveur est insensible. Mais le fluide ne sortant qu'avec difficulté de la langue , s’accumule en partie dans cet organe; et lorsque la cause qui a fait naître cette accumulation cesse, alors le fluide retournant vers la racine , y cause la sa- veur galvanique. 4°. Lorsque le {luide galvanique propagé par les nerfs pénètre la substance musculaire d’organes séparés depuis peu d'animaux vivans , il y cause des contractions, La susceptibilité étant exal- tée , si le fluide propre de l'organe par quelque cause que ce soit se répartit inégalement et s’accumule en quelques points , il eut en résulter des mouvemens musculaires. Mais si la suscepti- bilité est affoiblie , les contractions ne peuvent plus avoir lieu que par le secours de fluide étranger à l'organe. Au premier degré d’affoiblissement de la susceptibilité des or- ganes , les contractions se manifestent , quelle que soit la direc- tion du mouvement du fluide qui les pénètre. Si la susceptibilité est plus affoiblie , la direction du courant n’est plus indifférente. Lorsque le fluide est dirigé de manière à passer des ramifications nerveuses aux nerfs , les contractions sont beaucoup plus foibles que lorsqu'il a la direction contraire ; et dans le premier cas, une portion de fluide s’accumule au point par lequel il tend à sortir du nerf. Cette accumulation et cette différence d’efficacité du courant , qui pénètre l’organe dans un sens ou dans un autre, sont d'autant plus grandes que la susceptibilité est moindre, et la quantité du fluide mise en mouvement plus petite. Ainsi la ble pour d’autres métaux; ensorte que ce n’est que par le concours de plusieurs expériences qu’on peut parvenir à assigner leur puissante respective. On doit observer aussi que pour avoir un ordre constant de capacité, il faut employer des métaux purs ou d’un degré d’alliage connu. - EMA\D%HUI SIT OIRENN ATURELLE. 141 susceptibilité étant très-affoiblie , quoiqu'il y ait des contractions lorsque le fluide pénètre les organes dans la direction du nerf au muscle, elles sont nulles lorsqu'il les pénètre dans la direc- tion contraire ; et dans ce cas, il s’accumule presqu’entièrement dans l'organe. La cause qui a fait naître cette aecuinulation ces- sant , le fluide retourne sur lui-même ; et alors pénétrant les or- gants dans la direction la plus favorable, y cause des mouyemens musculaires. 50. Si l’on établit une communication entre deux points d’un -organe animal, à l’aide d’une chaîne composée de différentes substances, ei disposée tellement qu’elle ne soit pas symétrique quant à la nature des parties qui la composent, le fluide iné- galement sollicité de part et d’autre, se met en mouvement, et forme un courant dirigé du côté de la force prépondérante. 6°. Si l’on renverse toutes les parties de la chaîne qui établit la communication entre deux points d’un système d’organes nerveux ou musculaires, on donne naissance à un courant dirigé en sens contraire du premier. 7°. Lorsque la chaîne est symétrique , quant à la nature des parties qui la composent, le fluide également sollicité de part et -d’autre, ne prend aucun mouvement. 8°. Quand on détruit une chaîne qui par sa nature met le fluide galvanique en mouvement ; c’est-à-dire qu’on y interpose un corps isolant, le fluide accumulé dans l'organe par là forma- tion de cette chaîne, retourne sur lui-même , et il se forme ur courant en sens contraire du premier. Ce courant est d'autant plus fort jusqu’à un certain point, que la chaîne a duré plus longtemps; mais dans tous les cas ce serond courant est infi- niment plus foible que le premier. Maintenant je vais examiner les phénomènes qui résultent de l'application de la chaîne composée de deux substances métalli- - ques, à l’arc animal terminé à ses deux extrémités par des or- ganes susceptibles de manifester l'influence galvanique. Je crois que la conformité de ces nouvelles expériences avec les princi- pes que je viens d'exposer , donnera encore de nouvelles preuves de leur eertitude. Exp. 7. Si l’on prend une cuisse de grenouille dans l’une de ses mains, qu’on arme le nerf avec du zinc et la langue avec de l'argent, au moment du contact de ces deux métaux la cuisse se contractera, et l’on n’éprouvera point de sayeur, ou du moins elle sera très-légère; mais en détruisant la chaîne on éprouvera une saveur assez forte, et la cuisse ne se contractera 1#2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pas; si au contraire on arme la langue de zinc et le nerf d’ar- gent, au moment du contact la saveur se manifestera, et la cuisse , si l’incitabilité est affoiblie , restera dans une immobilité parfaite ; en détruisant la chaîne les monvemens musculaires re- paroîtront sans que la saveur se manifeste: ce qui doit être, car au moment où l’on forme la chaîne, le courant se dirige de l’argent au zinc, pénètre immédiatement le nerf, et causé des contractions dans le muscle , traverse le corps de celui qui fait l'expérience, s’accumule dans sa langue sans lui faire éprouver de sensation. Lorsqu'on détruit la chuîne le fluide accumulé re- tourne sur lui-même, et l’on éprouve la saveur. Si on arme la langue de zinc et le nerf d'argent, le courant étant dirigé en sens contraire , les phé1omènes opposés ont lieu. Exp. 8. Si deux personnes qui se tiennent par la main arment, Vune sa langue avec du zinc, l’autre avec de l’argent, lorsqu'elles mettent les deux métaux en contact, celle qui a la langue ar- mée de zinc éprouve la saveur et l’autre ne l’éprouve pas. Si ensuite elles séparent le zinc de l’argent , celle qui a eprouvé la saveur en formant la chaîne , ne l’éprouve plus en la détrui- sant; mais elle se manifeste dans la langue de l’autre. Exp. 9. Enfin on peut terminer l’arc animal par deux nerfs ; ainsi en plaçant deux cuisses de grenouille sur une lame de verre, et établissant communication entre leur muscle à l’aide d’une lame métallique, et armant les nerfs l’un de zinc et l’autre d’ar- gent, à l'instant où l’on établit la communication entre ces deux armatures , à l'aide d’une lame de zinc ou d’argent, la cuisse armée de zinc se contracte, et l’autre, l’incitabilité étant affoiblie, ne se contracte pas ; mais en détruisant la chaîne, les mouvemens musculaires ont lieu dans cette dernière, tandis que l’autre reste immobile. Les expériences que je viens de décrire sont susceptibles de certaines modifications qui, en variant les résultats, confir- ment encore de plus en plus l'explication que j'en ai donnée. Exp. 10. Tout étant disposé comme dans la deuxième expé- rience, la chaîne étant formée, si l’on fait toucher en un point le muscle au mercure, sans détruire le contact du nerf, ou si l’on établit communication entre le muscle et le mercure ou le muscle et le zinc, à l’aide d’un communicateur métallique, il se manifeste à l’instant des mouvemens musculaires. Ces phé- nomènes sont dus au fluide accumulé au point de contact du nerf _et de son armature, qui rentre dans le muscle et y fait naître des contractions : car si laissant toujours le communicateur toucher BD HET S TION RE NA TU RE L'L'E. 143 au muscle et au mercure, ou au muscle et au zinc, on détache le zinc du mercure, il ne se manifeste aucune contraction , comme il y en auroit eu si le fluide accumulé par la première chaîne , au point de contact du nerf et de son armature, y étoit resté. Exp. 11. Tenant une cuisse de grenouille préparée à l’ordi- naire dans l’une de ses mains, et mettant les nerfs et quelques points du muscle en contact avec le mercure, à l’instant où l’on vient à toucher le mercure avec un barreau de zinc que l’on tient dans l’autre main mouillée, il se manifeste des contrac- tions très-fortes. Cette expérience présente donc des phénomè- nes entièrement opposés à ceux que présente la troisième; le fluide, au lieu de s’accumuler dans le nerf a sorti par le mus- cle, et y a causé des contractions. On peut arriver à un tel point d’incitabilité, que le double coniact du nerf et du muscle détruise toutes espèces de contractions, tant en formant qu’en détruisant la chaîne. Exp. 12. Si tout étant disposé comme dans la sixième expé- rence, noun-seulement on fait toucher le nerf à la pièce d'argent, mais aussi le muscle, le laissant cependant toujours en contact avec le zinc, lorsqu'on établit une communication entre le zinc et l’argent , il se manifeste des contractions très-fortes. En subs= tituant à la place d’argent du cuivre, de la plombagine, du plomb, on obtient précisement les mêmes phénomènes. Chaîne composée de trois substances métalliques. À l’aide d’un très-grand nombre d’expériences et des carac- tères que j'ai indiqués pour reconnoître la direction du courant, je suis parvenu au principe suivant ; Le courant qui se forme dans la chaîne composée de trois substances métalliques , est toujours dirigé du côté du métal extrême, qui A liste indiquée page 139, se trouve avant le métal placé à l’autre extrémité de cette même chaîne ; la direc- tion du courant ne dépend donc en aucune manière du métal qui occupe la place du inilieu. | 56. Chaîne composée d’une substance métallique, entre deux de la seconde classe. 1] y a longtemps que M. Volta a fait connoître cette espèce 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de chaîne; mais dans celle-là coinme dans les autres, il n’a point déterminé la directiou du courant, ne connoissant que la première des deux expériences suivantes : Exp. 1. On place dans un vase de verre plein d’eau, une petite capsule d’étain qu’on a remplie de dissolution de savon; cela fait, si on plonge la langue dans la capsule et les doigts dans l’eau du verre, on éprouve la saveur. Exp. 2. Si au contraire on plonge la langue dans l’eau, et les doigts dans l’eau de savon , on n’éprouve rien; mais en re- tirant les doigts après un certain temps, on éprouve la saveur On voit qu'en multipliant ces expériences avec différens li- quides, il seroit facile de former une table de capacité pour le fluide galvanique , des substances de la seconde classe, comme j'en ai formé une pour celles de la première. Chaîne composée de substances métalliques et humides, Dans une chaîne composée de substances métalliques et hu- mides où il n’y a que deux ou trois métaux hétérogènes en con- tact immédiat, le courant est dirigé comme il le seroit, en considérant ces métaux indépendamment du reste de la chaîne. Chaîne composée de trois corps de la première classe, et un de la seconde ; armatures métalliques homogènes. Exp. 1. Ayant placé une lame de zinc au fond d’un vase rempli d’eau , et mis la langue en contact avec l'extrémité d’un P ? 8 , barreau d’étain dont l’autre extrémité touche à la lame de zinc, si l’on prend dans l’une de ses mains un second barreau du inême métal et de même dimension que le précédent; lorsqu'on plonge dans l’eau l'extrémité de ce second barreau, on n’éprouve aucune saveur. En effet, le courant est dirigé de manière à passer par les doigts en traversant le corps fe celui qui fait l'expérience , pour venir s’accumuler dans la langue; mais au moment où le plongeant plus profondément on touche au zinc, la saveur se fait sentir (1). Ce phénomène qui n’avoit point été ao (1) Si au lieu de faire toucher le barreau d’étain au zinc, on établit com- munication entre les deux barreaux d’étain à l’aide d’un communicateur métal- lique, on éprouve la saveur; car alors on forme une chaine symétrique qui rétablit l'équilibre. à observé ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 observé, est une suite naturelle des principes que j'ai exposés dans ce mémoire : car mettant ce second barreau en contact avec le zinc, on forme une chaîne symétrique qui est telle que le fluide doit y être en équilibre, par conséquent la quan- tité de ce fluide qui s’étoit accumulé dans la disposition précé- dente, doit retourner sur elle-même et causer la saveur. Déta- chant le barreau d'étain de la plaque de zinc, sans le retirer de l’eau , on n'éprouve aucune sensation, puisqu'il se forme un courant dirigé de manière à pénétrer les doigts. Si on sort de l’eau le barreau d’étain, on éprouve la saveur ; le fluide ac- cumulé retournant sur lui-même. Ainsi rendre une chaîne symétrique ou la détruire par l’inter- position d’un corps isolant; c’est la même chose, relativement au mouvement du fluide galvanique. Il estévident, d’après l'explication que je viens de donner, que si au lieu de rendre fixe le barreau qui touche à la langue, et mobile celui qu’on tient à la main, on hit l'opération inverse, on éprouvera la saveur dans les circonstances contraires, puis- que le courant aura, dans tous les cas, une direction opposée. Exp. 2. Lorsqu'on plonge l’extrémité du barreau mobile dans l’eau , celui qu’on tient avec la main mouillée étant fixe et en contact avec la lame de zinc qui est au fond du vase, on éprouve la saveur. Le plongeant plus profondément, de manière à ce qu’il touche à la lame de zinc, on n’éprouve aucune sensation ; le détachant de la lame de zinc sans le sortir de l’eau, on éprouve de nouveau la saveur. Enfin, au moment où l’on le sort de l’eau, le fluide ne se fait pas sentir. Exp. 3. Si on place deux points de la langue aux deux extré- mités des deux barreaux d'’étain; 10. à l’instant où le barreau mobile touche à l’eau, celui qui est fixe étant en contact avec la lame de zinc, on éprouve la saveur à l’extrémité du barreau mobile ; 2°. le plongeant plus profondément si on le met en con- tact avec la lame de zinc, on éprouve la saveur au point-de contact de la langue et de l’autre barreau; 3°. au moment où l’on sépare de la lame de zinc l’un ou l’autre barreau, sans.ce- pendant le sortir de l’eau, on éprouve à l'extrémité la saveur galvanique. Enfin, l’autre étant toujours fixe, si l’on sort le mobile de l’eau, la saveur se fait sentir à l'extrémité du pre mier. c | D’après les principes exposés dans ce mémoire, il est facile de conclure qu’en employant pour barreau un métal pris dans la série que j'ai donnée (page 139 ), et pour communicateur plongé Tome LII. PLUVIOSE an 9. & 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans l’eau un des métaux qui le suivent, les phénomènes qui ont lieu dans les expériences précédentes , doivent être entière- ment opposés; c’est-à-dire que dans la première et seconde expé- rience, les cas où il y a sensation sont ceux où il ne doit pas y en avoir ici, et ceux où il n’y en a pas sont ceux où elle doit se manifester ; dans la troisième, que les cas où la saveur se fait sentir à l’extrémité du barreau mobile , sont ceux où elle doit se faire sentir à l’extrémité du fixe, et réciproquement : car le courant est alors toujours dirigé en sens contraire. L’expé- rience confirme encore ici les résultats de la théorie. Exp. 4. Ayant placé une pièce d'argent dans un vase plein d’eau, et mis en contact avec elle un barreau de zine, à l’extré- mité duquel on a placé la langue ; si l’on plonge dans l’eau ur second barreau de zinc qu’on tient dans la main mouillée, on éprouve la saveur. En le plongeant plus avant, de manière qu'il touche à la pièce d'argent , on n’éprouve point de sensation. En le séparant de la pièce sans le sortir de l’eau, on éprouve de nouveau la saveur. Le sortant de l’eau , il ne se manifeste au- cune sensation. Exp. 5. Si l’on suppose mobile le barreau qui est en contact avec la langue, et fixe celui qu’on tient à la main, au moment où le barreau mobile entre dans l’eau la saveur ne se manifeste point ; mais elle se fait sentir en le plongeant plus profondé- ment , de manière à ce qu’il touche à la pièce d’argent. Lors- qu’on le détache de cette pièce métallique, on n’éprouve aucune sensation , et le sortant de l’eau la saveur de nouveau se fais sentir. Exp. 6. Ayant armé un point de la langue avec un barreau de zinc, en contact par son autre extrémité avec la lame d’argent qui est au fond du vase , et un autre point avec un second bar- reau de zinc, lorsqu'on fait toucher ce dernier à l’eau la saveur se manifeste à l’extrémité du barreau fixe. Lorsqu'on le fait tou- cher à l’argent, on l’éprouve à l’extrémité du barreau mobile. Lorsqu'on le sépare de la pièce d'argent , la saveur se fait sentir à l’extrémité du fixe. Lorsqu'on le sort de l’eau , on l’éprouve à l'extrémité du mobile. Exp. 7. La susceptibilité des organes peut être telle, que pla- çant les nerfs d’une cuisse de grenouille sur une lame d’étain terminée par une petite cavité remplie d’eau, et les muscles sur une autre lame parfaitement égale ; si on met une des extrémités d’un arc de zinc en contact avec le fond de la cavité pratiquée dans l’armature du nerf, et qu’on fasse plonger l’autre extrémité ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 de cet arc dans l’eau de celle de l’armature du muscle , il ne se manifeste pointde contractions. En plongeant plus profondément le communicateur , ensorte qu’il touche au fond de cette der- nière cavité , à l'instant les contractions se manifestent dans l’arc animal (1). Détachant l’arc de zinc du fond de la cavité de l’ar- wature du nerf, sans cependant le sortir de l’eau, l'organe reste immobile. Au moment où on le sort de l’eau, le laissant toujours en contact par son autre extrémité , les contractions se manifes- tent de nouveau. J’ai répété avec succès cette expérience un très- grand nombre de fois ; cependant, dans le dernier cas, les con- tractions sont toujours plus foibles que dans Le premier , et même quelquefois nulles (2). Exp. 8. Si on met l'arc de zinc en contact avec l’armature du muscle , et qu’on plonge son autre extrémité dans la cavité de l'armature du nerf, la cuisse se contracte très-fortement. En en- fonçant plus l’arc de zinc, ensorte qu’il touche au fond de cette gavité , il ne se manifeste point de contractions. En le détachant, on appercoit ordinairement des mouvemens musculaires ; mais souvent l’organe reste immobile. On obtient absolument les mêmes résultats toutes les fois qu’on émploieun métal plus puissant, pour établir communication entre deux armatures homogènes d’un métal moins puissant. Si l’on emploie des armatures d’un métal qui a une plus grande capacité, et pour communicateur un autre qui en a moins, alors on obtient des effets parfaitement opposés. Métaux ne formant pas chaîne. # M. Humboldt a observé le premier que, laissant tomber un nerf sur une lame de zinc, il se manifestoit des contractions dans le muscle qui lui étoit uni organiquement. En substituant du mer- cure au zinc, j'ai obtenu le même phénomène. Ayant préparé une cuisse de grenouille avec toute la prompti- tude possible, et l’a yant placée sur une plaque de verre bien sèche, (1) En établissant une communication entre les deux lames d’étain avec une substance métallique, on produit le même effet. (2) Il faut, pourque ces expériences réussissent constamment, avoir égard aux observations dont il est fait mention page 157, et particulièrement à celle qui pres- erit de n’employer que des organes dont la susceptibilité est affoiblie , autrement dans les quatre cas de ces expériences il se manifeste des dre 2 145 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lorsque j’ai laissé tomber le nerf sur du mercure, à l’instantmême il s’est manifesté des contractions. Ellesse sont renouvelées toutes les fois qu’à l’aide d’un tube de verre j'ai relevé le nerf, et l’ai laissé tomber de nouveau. Ce phénomène a duré trois à quatre minutes ; après quoi, la susceptibilité étant diminuée, il n’y a plus eu de contractions en laissant tomber le nerf sur le mercure; mais elles ont eu lieu toutes les fois que je l'ai détaché de ce métal: Fait qui n’avoit point encore été observé. À l'instant du contact du nerf avec le mercure, le fluide propre de l’organe se porte vers ce métal, quoiqu'il se meuve dans une direction qui n’est pas favorable pour causer des contractions ; cependant elles se manifestent dans les premières minutes, la susccptibilité étant alors exaltée. Lorsqu'elle commence à s’affoi- blir , le fluide s’accumule an point de contact du nerf et de son armature ; et lorsqu'on sépare le nerf du mercure , il retourne sur lui-même , pénètre l'organe dans la direction du nerf au mus- cle , et y cause des contractions. " Les nouvelles expériences qui sont l’objet de ce mémoire con- duisent à ce résultat assez singulier , qu’on peut distinguer un métal d’un autre sans le voir ni le toucher immédiatement. En effet, composant une chaîne, telle qu'étant fermée par l’un des métaux proposés elle donne naissance à un courant dirigé dans, un sens, et étant fermée par l’autre à un courant dirigé dans le sens contraire, il sera facile de les reconnoître. C’est ainsi que, j'ai souvent distingué un morceau de zinc d’unc pièce d'argent, à l'extrémité de fils métalliques de quelques mètres de longueur. Je terminerai ce mémoire par l’exposé des moyens qu’on peut employer pour augmenter l'effet de chacune des chaînes que j’ai examinées. Si l’on unît plusieurs chaînes semblables composées de deux métaux, par des substances humides, ces chaînes partielles, agis- sant indépendamment les unes des autres, mettront chacune en mouvement la quantité de fluide qu’elles auroient mises , si elles eussent été seules. Donc la chaîne totale mettra plus de fluide en mouvement que chacune des chaînes partielles, et elle en mettra d'autant plus que le nombre de ces dernières sera plus considé- rable. Si l’on substitue aux corps humides une substance métallique, on n'obtient plus les mêmes effets. Dans ce cas l’on rend les difté- rentes chaînes partielles dépendantes les unes des antres , et alors le fluide se trouve soumis à des forces à-peu-près égales. Il en est de même de la succession alternative de deux métaux . ET'DHISTOTRE NATURELLE. | 147 * Le professeur Volta vient de faire connoître un appareil fondé sur les principes que je viens d'exposer, qui donne naissance à un courant tellement fort, qu’en pénétrant les doigts il y fait naître des contractions. em T° «I Lorsqu'on attache à chacune des extrémités des chaînes formées par la succession des arcs, composés de zinc, cuivre, substance humide ; zinc ; plombagine , substance humide; zinc, plomb, substance humide; plomb, plombagine, substance humide ; etun morceau de fil de laiton , et qu’on ferme le cercle, en faisant plon- ger les deux extrémités de ces fils dans l’eau acidulée par l’acide aitrique ou sulfurique , l'extrémité du fil de laiton quitient au métal le moins puissant se trouve alors couverte d'une couche de cuivre rouge , tandis que l'extrémité de l’autre fil ne présentepoint ce phénomène. J'ai rapporté ces expériences, non pour examiner l'influence du fluide galvanique dans les différentes combinaisons chimiques, mais seulement pour fairé voir que la (différence qui se manifeste aux deux extrémités d'une chaîne efficace ; est toujours danS'un rapport constant avec lajdirection du courant: ) € 15973 J'ai désigné lc fluide qui agit dans les phénomènes de lirrita= tion métallique sous le nom de fluide galvanique. Il resteroit maïn- tenant à en examiner la nature, et à le comparer au fluide élec- trique. Mais plusieurs physiciens se sont déja occupés de cet objet ; particulièrement le célèbre Volta paroît avoir prouÿé l’i- dentité de ces deux corps, 'én faisant voir qu'il sé manifeste de l'électricité positive du côté terminé par le zinc dans la chaîne formée de la succession d’arcs, composés dezinc , cuivre , subs- tance humide , et négative du côté terminé par le cuivre. Les lois du mouvement du fluide qui circule dans la chaîne galvanique , qui ontifait le sujet de ce mémoire , nous font donc connoître de nouvelles propriétés, et une nouvelle manière de se comporter du fluide électrique : connoissance qui paroît prouver qu’il n'existe qu’un seul fluide électrique , et que’les corps qu’on a considérés jusqu’à présent comme electrisés positivement, sont véritablie- ment chargés de fluide électrique, tandis que ceux qui sont élec- trisés négativement en sont en partie dépouillés. 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DENT BINE DE J.4M::20:0 Ù PE. A UC uP:0 LR ET; A;U.,,.S8 UUs ET DES TERRES-HOUILLES QU, TOURBES PYRITEUSES DU SOISSONNAIS. "CITOYEN, J’ai lu avec le plus grand plaisir vos observations sur les terres-houilles ou tourbes pyriteuses du Soissonnais. 10, « Vous avez vu les coquillages fluviatiles qui se rencon- trent dans ces sortes de tourbes : et par-dessus ces couches vous avez vu d'autrés stratifications remplies de coquillages marins. « Une explication géologique s’est présentée à votre esprit : la mer est revenue couyrir ces marais et ces tourbières. » Sans doute ces évènemens sont trés-possibles : cependant, si vous me le permettez, je vous présenterai une observation dont je vous prie d’être le juge. Il existe à droite et à gauche de la rivière d’Aisne, au-dessus comme au-dessous de Soissons , sur les diverses pentes du pays, des coquillages marins différens, et notamment des huîtres, commé nous en voyons autour de Paris, à Montmartre, au Mont Vailérien , à Montmorency, à Belleville, sous le château de Sceaux , sous le parc de S, Cloud en face de Ville-d’Avré, à Chaville, à Mont-Boiron, à Juvisy, etc., sans parler de Grignon, deS. Germain, de la ferme de l’Orme, Les pluies ravinent sans cesse , et précipitent tout ce qu'elles détachent , dans le courant des rivières. Vous avez très-bien observé que les vallées et les coteaux de l’Aisne et de l'Oise se ressemblent ; c’étoit la même mer. Je peux vous parler de la vallée de Chaulny : vous la connoïssez ; je ne vous en citerai que quelques points. En allant de Chaulny à Folembray, par exemple, on voit sous les champs et à la simple profondeur des fossés ordinaires, El ND’ HIS T'ON RE FNTA TU R EPLUE 154 des bancs entiers de coquilles d’huîtres entassées. Des huîtrières nombreuses s’étoient multipliées sur les pentes de ce grand banc ui forme la haute plaine du Soissonmais, du Laonais et du Vans. Par l'effet des pluies es coquillages ont été détachés et stratifiés sur les terreins inférieurs; ils ont été repris progres- sivement, et portés plus loin. ; Auprès de Noyon, aux sablières de Morlincourt, il y en a d’épaisses stratifications confondues avec les graviers de l'Oise. Entre la Chartreuse du Mont Renault et le village de Passel , il ya sur la pente des hauteurs un ravin qui fend un sol sa- blonneux et sans adhérence. Les eurieux vont y ramasser des glosso-pètres, des vertèbres de poissons, etc. Quand il fait de grandes pluies ces eaux vont se rendre ayec tout ce qu’elles portent, dans la vallée de l'Oise qui est tout auprès. Au nord et au revers des hauteurs de Susoy est le vallon des Essarts où coule un ruisseau abondant en hiver et presque à sec en été. Ce ruisseau ravine des sables gras où sont des huîtrières encore sur lit, des cames encore fermées et sans altération : il roule sur ces coquillages; on croit être sur le bord de la mer. Les eaux de ce ruisseau vont se rendre dans les prairies de la petite rivière de Dive. On peut trouver là bien des coquillages marins : mais ce n’est pas la mer même qui les y a jonchés. Vous faites encore , citoyen, une remarque.qui est très-juste ; «il y a des tourbières au niveau de la rivière d’Aisne; il y en a qui sont au-dessus, » Sans doute le sol des marais où reposoient les eaux du paÿs, étoit autrefois plus élevé : l'effet nécessaire des eaux courantes est de caver sans cesse et de se rapprocher insensiblement du centre de la terre. Dans la longue suite des siècles lé niveau de l'Aisne est des+ cendu, comme celui de toutes nos rivières : le sol des anciens marais est resté au-dessus, en plusieurs endroits ; et les pluies ont apporté les débris supérieurs sur les marais d’aujourd’hui. Beaurain, dont vous citez les tourbes pyriteuses, a bien été au fond de marais ; présentement il paroît une éminence ; mais deux petites rivières et deux larges ravins ont cayé alentour , en différens sens, et le niveau des eaux du pays est beaucoup descendu. Golancourt , que vous citez encore , paroît aussi une éminence, mais c’est respectivement aux enfoncemens qui se sont formés à la longue sur les terres environnantes, par les eaux qui d’une part se rendent dans l'Oise, et de l’autre dans la Somme. 152 JOURNAL DE'PHYSIQUE,DE CHIMIE Il est de ces lieux qui sont restés éminens parce que les eaux n'y ont point passé ; 1l en estd’autres' qui sont restés tels, parce qu'étant d’une substance plus tenace, la pluie les a moins dé- gravés , tandis-qu’elle portoit ses courans sur les terres les plus faciles à lui céder, : «ere + Ceci, citoyen, ne seroit-il point l’explication véritable des observations que vous avez publiées? Quand cela seroit, elles ne perdroient rien de leur mérite et de leur exactitude. J. M. Covuré AECRSRETES BEEN NEE EPSON TENTE PE TIME ERAET LEPLET ET ENCRES TES SEE PTE SYSTÈME DES CONNOISSANCES CHIMIQUES ET DE LEURS APPLICATIONS AUX PHÉNOMÈNES DE.LA NATURE ET DE L'ART, Par A. F. Fourcrox; 10 vol. Chez Baudouin, Extrait par Le cit. Tuenann. Il existoit an grand nombre de faits épars qu'il importoit de” réunir , afin que liés méthodiquement entre eux , et dépendant ainsi les uns des autres , ils devinssent d’une utilité plus géné- rale en rendant plus facile l’étude de la science. Mais si d’un côté ce trayail étoit important, je dirai même: indispensable à cause de la multitude de découvertes que l'analyse plus éclairée ne cesse d’accumuler chaque jour ; de l’autre , les obstacles qu'il présentoit étoient aussi nombreux que difficiles. Le cit. Fourcroy, dont le zèle est infatigablé, ne s’est effrayé ni du genre ni du nombre de ces difficultés ; à force de veilles et d’étude il a su les vaincre, Le système des connoïissances chimiques est présenté avec un ensemble et sous un point de vue que personne n’avoit encore saisi; les bases de la doctrine pneumatique y sont développées avec cette clarté, cet ordre qui n’appartient qu’à ceux qui, comme ce célèbre professeur, sont versés avec tant de succès et depuis si longtemps dans l’art didactique ; on ne doit point le regar- der "1 EATY D HT SUMONL R'EUN AIT U R EL DIE, 192 der comme une simple compilation : outre tous les faits connus jusqu’à présent, il en renferme beaucoup d’autres qui sont pro- pres à son auteur et qui n’ont encore été décrits nulle part. Enfin , il nous offre par-tout à-la fois et le chimiste profond, et l’homme érudit, et le littérateur exercé. Il est divisé en huit sections; en voici le dénombrement et les titres : Première section. Bases de la science chimique. Généralité. In- troduction. Seconde sect. Des corps simples ou indécomposés. Troisième sect. Des corps brûlés; oxides ou acides. Quatrième sect. Des bases salifiables terreuses ou alkalines: Cinquième sect. Des acides unis aux bases salifiables ou des sels terreux ou alkalins. Sixième sect. Des métaux en particulier. Septième sect. Des composés organiques végétaux. Huitième sect. Des composés organiques animaux. . NOTICE DE LA PREMIÈRE SECTION. Ca Sur les généralités de la chimie. Cette première section a pour objet les notions préliminaires de la chimie et les principes de son étude. Elle se divise en douze articles ; Le premier contient la définition de la chimie, les noms divers qu’elle a eu depuis qu’elle existe , ses rapports et ses différences avec les autres sciences. Le second qui a pour titre, division et branches de la chimie, indique en quelque sorte les espèces que ce genre de science ren- ferme, la chimie générale ou philosophique, la chimie météo- rologique, la chimie minérale, la chimie végétale, la chimie animale , la chimie médicinale, la chimie économique ou ma- nufacturière et la chimie domestique. Le troisième article contient une histoire abrégée de la chimie. Le quatrième traite de la nature chimique des corps et des principes qu'à diverses époques les chimistes ont cru y ren- contrer. Le cinquième et le sixième des deux moyens que la chimie emploie pour parvenir à son but, de l’analyse et de la synthèse. Le septième , de l'attraction d’aggrégation. Dans le huitième l’auteur considère les faits les plus impor- Tome LIT. PLUVIOSE an 9. 154 JOURNAL/DE FHYSIQUE, DE CHIMIE tans et les plus généraux sur l'attraction de composition ; il re= garde ces faits comme des phénomènes constans auxquels il donne le nom de lois : il ajoute deux nouvelles lois aux huit premières qu’il avoit établies dans ses cours et dans ses élémens. Le neuvième article montre l'existence des phénomènes cht- miques que la nature et l’art produisent en grande partie au moyen d'une force qui agite les molécules des corps. Le dixième article renferme une définition précise des prin- cipales opérations chimiques : quoique cet ouvrage ait seulement pour but la théorie de la science, cependant comme on n'auroit pu comprendre la description de quelques expériences, l’auteur n’a pas cru devoir passer sous silence cette définition prélimi- naire. Le onzième article contient la classificationr chimique des corps, et le douzième et dernier article , les bases de la nouvelle nomen- clature , ainsi que les signes adoptés par les chimistes français. NOTICE DE LA SECONDE SECTION. Sur les corps simples ou indécomposés. La seconde section a pour sujet la nature et les propriétés des corps simples ; cette seconde section est divisée en douze articles. Le premier traite d’une manière générale de ces corps, de leur dénombrement et de leur classification ; après ces généra- lités de l'article premier, les 11 articles suivans contiennent suc- cessivement l’exarmen chimique de 11 genres de corps parmi esquels il y en a 10 simples ou indécomposés d’après l’auteur ; lesquels il y pl d [ l'après l’auteur ; savoir, la lumière , le calorique, l’oxygène, l’azote, l’hydro- gène, le carbone, le phosphore, le soufre, le diamant et les métaux, et un composé qui est l’air atmosphérique. Les métaux étaux , et P til tmosphériq L t ne sont placés dans cette seconde section que pour les rappoiter à la première classe de corps simples à laquelle ils doivent ap- partenir ; mais à cause de leur importance, de leurs usages, de leur nombre , l’auteur a pensé que leur histoire exigeoit d’être aite en particulier, et il les a traités avec le plus grand dévelop- fait particulier , et il 1 trait pement dans la sixième section de son ouvrage. END DE TS UIMORERTE INPACT DRE LUE, 255 NOTICE DE LA TROISIÈME SECTION. Sur les corps brulés oxides ou acides: La troisième section est divisée en seize articles. Le premier roule sur la combustion ; c’est un résumé rapide de toutes les données déjatexaminées dans la section précédente ; les corps brûlés y sont divisés en oxides et en acides : on y trouve la définition de ces deux genres de produit; les premiers sont divisés en oxides permanens et en oxides non permanens, c’est- à-dire qui sont susceptibles de passer à l’état d’acide en se com- binant avec une plus grande quantité du principe acidifiant. L’au- teur fait voir que les oxides du premier genre peuvent être à divers degrés d'oxidation , et que ceux qui ont le même radical varient souvent entre eux par la proportion d'oxygène qu’ils contiennent. : Le second article a pour objet l'examen chimique de l’eau ou oxide hydrogène; ses divers états naturels, ses principales pro- priétés physiques, sa pesanteur, sa limpidité, son niveau , sa cristallisation , ses caractères à l’état de glace, sa fusibilité, sa vaporisation , sa vapeur formée , condensée, etc. y sont rappor- tés ayec soin; on la met en contact avec les corps simples dont il a été parlé jusqu’à présent, en suivant leur ordre respectif; cet article se termine par un apperçu sur les usages multipliés de ce liquide. Il faut observer ici que telle est toujours la marche simple et méthodique de l’auteur. Il étudie tons les corps en les mettant seulement en contact ayec ceux qui ont été précédem- ment examinés. Le troisième article est consacré aux diverses espèces d’oxides métalliques; ces corps ne sont placés icique pour servir de com- plément à la liste des oxides, car leur histoire détaillée appar- tient soit à la section des métaux, soit à celle des composés organiques végétaux et animaux. Le quatrième traite de la classification générale des acides; on y donne la définition de ces corps; on démontre comment leur acidité est due à l’oxysène, et on fait une distinction par- ticulière de ceux qui ont pour radicaux des combustibles simples qui ont été examinés dans la section précédente : on y montre ensuite leur état souvent double d’acidité , suivant la proportion du principe acidifiant, et on prend pour mode de leur classifi- cation l'attraction diverse de leurs radicaux pour l’oxygène. 2 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'auteur, dans le cinquième article, offre l'examen de l’acide carbonique ; il place cet acide le premier À cause de la forte attraction du carbone pour l’oxygène ; il décrit les diflérens états naturels où se trouve ce gaz; il s'étend ensuite sur ses proprié- tés et ses usages, Dans les articles 6 et 7 destinés aux acides phosphorique et phosphoreux, 1l explique les deux modifications de l’acide du phosphore dépendantes de sa combustion différente; il considère Son existence dans la nature, ses divers moyens de fabrication, ses propriétés et ses usages ; il examine l'acide phosphoreux dans le nême ordre et ayec le même soin que l'acide phosphorique. nl consacre l’histoire des acides sulfurique et sul!ureux aux huitième et neuvième articles ; après avoir passé rapidement sur les noms variés de l’acide sulfurique et sur les travaux qui le concernent, il porte son attention sur son histoire naturelle, sa préparation, ses propriétés et ses usages. L’acide sulfureux n’est pas moins soigneusement étudié que l'acide sulfurique. L'article 10 a pour objet l'acide nitrique, l’un des plus pré- cieux réactifs dont les chimistes se servent aujourd’hui : cet acide y est examiné avec toute l'exactitude et l'étendue que demande son importance. ; L’acide nitreux est étudié ayec le même soin et la même mé- thode dans l’article 11. Dans l’article 12 le cit. Fourcroy parle des propriétés générales des acides métalliques qui sont au nombre de quatre ; ces acides ne sont qu’énoncés dans cet article, parce que leur étnde dé- taillée doit être faite dans la section consacrée en particulier aux substances métalliques. L'article 13 comprend un autre genre d’acides qui ont beau- coup de propriétés analogues à celles des précédens, mais qui s’en éloignent par leur nature inconnue. L’acide muriatique est placé au commencement de cet article, parce qu'il se rapproche le plus de cenx dont nous venons de parler, par l'énergie de ses attractions ; tout ce qui concerne cet acide est traité d’une manière qui ne laisse rien à desirer. Dans l’article 14 est placé l’acide muriatique oxygéné. Enfin , les deux derniers articles de la troisième section, le 15 et 16°. sont réservés aux acides fluorique et boracique. M ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 NOTICE DE LA QUATRIÈME SKCTION. Sur les bases sulifiables. Terres et alkalis. Les bases salifiables terreuses et alkalines font le sujet de la quatrième section ; ces substances sont ici placées parce qu'elles ont de grandes affinités avec les acides et parce qu’on les trouve presque toutes et presque toujours unies à ces composés. Cette quatrième section est partagée en 14 articles. Les bases salifiables sont traitées généralement dans le premier article ; elles y sont définies et classées avec beaucoup d'ordre. L’auteur distingue six matières terreuses bien différentes les unes des autres et très-bien caractérisées ; il les divise en terres arides ou terres proprement dites , et en terres alkalines. Les terres arides sont au nombre de quatre ; la silice, l’alumine, la zircone et la glucine ; et les terres alkalines au nombre de deux; la magnésie et la chaux ; toutes ces bases sont disposées suivant leur degré d’attraction pour les acides. Le second article renferme l'examen de la silice, ses noms divers, son histoire, ses propriétés physiques et la manière dont elle se comporte avec les corps précédemment examinés. L’alumine occupe le troisième article. L'article 4, qui est relatif à la zircone, est beaucoup plus court et moins intéressant que les deux précédens, parce que cette terre nouvellement découverte, n’a encore été soumise qu’à un très petit nombre d’expériences. La plucine, snjet du cinquiène article, découverte par le cit. Vauquelin, quatre ans après la zircone, n’est pas plus connue que celle ci; l’auteur parcourt d’abord l'histoire de sa décou- verte, puis il fait connoître les procédés de son extraction ainsi que ses propriétés physiques et chimiques. Il donne ensuite le résultat de l’analyse d’une terre décou- verte 3 ans ayant la glucine par le cit. Gadolin, chimiste suedois, qui a nommé cette terre yétria. L’article 6 contient l'examen de la magnésie ; cette terre s’éloi- gne deja des précédentes à raison de ses propriétés légèrement alkalines; le cit. Fourcroy fait voir sa différence d’avec les terres qui précèdent ; il s'étend sur ses états divers dans la nature, l’art de l’obtenir pure , ses caractères extérieurs et son usage fréquent dans l’art de guérir. L'article 7, l’un des plus intéressans de cette quatrième sec- 158 - JOURNAL DE PHYSIQUE, DE-CHIMIE tion, présente l’examen de la chaux; cêtte matière est traitée dans cet article avec toute l'attention et l'importance qu’elle exigc ; l’auteur y offre successivement l’histoire des découvertes qui ont un rapport marqué avec elle, son histoire naturelle , sa préparation par le chaufournier, les propriétés de sa dissolution aqueuse ou de l’eau de chaux, ses attractions comparées à celles des autres bases pour les acides; son union par le feu et l’eau, avec la silice et l’alumine : la description des usages multipliés de cette terre termine cet article. L'article 8 traite des alkalis en général ; l’auteur annonce dans cet article que la baryte et la strontiane, qui ont été rangées jusqu'ici parmi les terres feront dorénavant dans sa méthode, partie du genre des alkalis dont le nombre est ainsi porté à cinq. Ils sont disposés suivant l’ordre de leur attraction pour les acides; en commençant par l’alkali le plus fort, il place successivement la baryte , la potasse, la soude, la strontiane et l’'ammoniac. L’article 9 renferme la baryte ; on y trouve sa synonimie , son histoire , son état dans la nature, sa préparation et l'effet qu’elle éprouve de la part des corps précédens. L’auteur examine avec une attention particulière, 1°. l’hydro-sulfure de baryte, le sulfure hydrogéné de baryte et le sulfure de baryte ; 2°. l’ex- tinction de la baryte à l’air beaucoup plus vive que celle de la chaux ; 30. la dissolution de la baryte dans l’eau et sa cristal- lisation ; 40. sa combinaison avec les terres; 5°. sa forte attrgc- tion pour les acides; 6°. ses effets vénéneux dans l’économie animale. . Les articles 10 et 11, destinés à la potasse et à la soude, contiennent plus de détails encore; l’auteur démontre que la potasse n’est point un alkali exclusivement appartenant au règne végétal , comme on l’a cru; qu’on la trouve abortdamumnent parmi les fossiles : après avoir indiqué ses propriétés physiques, sa pré- paration, son action sur les corps précédens et sur-tout ses com- binaisons avec le soufre et l'hydrogène sulfuré, il parle de son usage dans une infinité d’arts. - La soude est examinée dans le même ordre et avec le même soin. © L'article 12 a pour objet la strontiane ; elle est rangée parmi les alkalis à raison de son énergie, de sa dissolubilité , de sa cristallisabilité et de son attraction pour les acides; on y indique les caractères qui la distinguent de la baryte , et le procédé nou- yeau du cit. Vauquelin pour l'obtenir pure ainsi que la baryte, ÉD D'HISTOIRE NATURELLE. 159 L'auteur consacre l’article 13 à l’ammoniaque; il s'occupe Successivement du gaz ammoniac et de l’ammoniaque propre- ment dite dans leurs propriétés physiques et chimiques et dans leurs combinaisons diverses. Le quatorzième et dernier article de la quatrième section est le plus long de tous; il renferme des généralités sur la litholo- gie ; l’auteur ne pouvant ;, malgré le desir qu’il en avoit., classer ces corps chimiquement à cause du peu de connoïssance que Von à encore sur l'analyse des composés terreux solides, a cru devoir au moins donner un abrégé des notions actuelles sur la lithologie, et peur le faire avec plus de clarté,’ il a divisé cet article en 6 paragraphes. Le premier renferme les caractères distinctifs des pierres, tirés de leurs propriétés physiques, géométriques et chimiques. Dans le second l’auteur indique très-sommairement les prin- cipales méthodes lithologiques fondées sur leurs propriétés ex- térieures ou sensibles. Dans le troisième il trace une ébauche des systêmes lithologi- ques fondés sur la nature chimique ou la composition des pier- res, depuis Croustedt, qui a eu le premier cette belle idée, jusqu’à Bergmann ; de Born et le célèbre Kirwan. Le quatrième présente la suite des pierres traitées suivant la méthode du cit. Æaiy. Dans le cinquième est décrite la marche qu'ont suivi les chi- mistes modernes dans l’analyse des pierres. Enfin, le sixième contient le résultat de toutes les analyses de pierres, faites par les divers chimistes qui s’en sont occupés. Les ta premières sections dont on vient de parler, com- posent les tomes 1 et 2 de l'édition in-8°., et le tome premier de l'édition in-4°. NOTICE DE LA CINQUIÈMÉ SECTION: Sur les sels. La cinquième section ; l’une des plus étenduesset des plus neuves, traite de la combinaison des acides avec les bases ou des sels. Il y a vingt ans on connoïssoit environ trente sels, tandis qu’aujourd’hui on en connoît 144 au moins ; tous ces sels sont divisés en genres et en espèces. Les genres sont fondés sur les acides , et suivant les prin- cipes de la nouvelle nomenclature ;, ils portent respectivement 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le nom qui caractérise ces derniers. 1ls sont classés dans l’ordre de la force d’attraction des acides pour les bases en général , tandis que les espèces que chacun d'eux renferme sont arrangées entre elles dans celui de la force d’attraction des bases pour l'acide. Cette histoire des sels forme elle seule la matière des 3°. et 4°. tomes in-0°., et du 2°. tome in-4°. Elle est partagée en 18 articles. Le premier renferme les généralités, la classification des sels et l'exposition de la méthode suivie par l’auteur dans leur étude. . Les articles 2, 3, 4, 5,6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12e. sont consacrés à l’histoire des onze genres de sels que l’auteur dis- tingue ; savoir, les sulfates, les sulfites, les nitrates, les mitrites, les muriates, les muriates oxygénés , les phosphates , les phos- phites, les fluates, les. borates et les carbonates. Chacun de ces articles est divisé en deux paragraphes. Le premier est destiné à l’exposé des proprietés du genre, et le second à celui des propriétés des espèces qui composent le genre. L’exposé des propriétés de chacune de ces espèces contient huit sous-titres : À , sa synonimie et son histoire ; -B, ses propriétés physiques ; C, son histoire naturelle et sa préparation ; D, l’action qu’elle éprouve de la part du calo- rique; E, celle qu'elle éprouve de la part de l'air; F, ses rapports avec l’eau ; G, sa décomposition , les agens qui l’opèrent et la proportion de ses principes; H, ses usages, L'article tréizième offre un résumé surles propriétés prin- cipales et comparées des sels; ce résumé a l’avantage de pré- senter, d’une manière très-concise, les caractères qui les dis- tinguent. Dans les 5 paragraphes qui composent cet article , il est successivement parlé de leur saveur , de leur forme cris- talline , de l’action de l’air et de l’eau sur eux. L'art. quatorzième est une autre sorte de résumé, présentant, dans un tableau, les 134 sels disposés suivant la méthode dont il a été question plus haut, et distingués par des caractères ap- partenant exclusivement à chaque espèce ; cet article diffère du précédent en ce que dans celui-ci , à l’aide d’une seule propriété , il caractérise chaque sel ; c'est comme l’observe l’au- teur, un essai de la méthode de Linnaeus qu’il a appliquée à cette partie de la chimie. ï L'article quinzième contient l’énumération des doubles dé- compositions que nous offrent ces 134 espèces de sels ; l'au- teur E TAD”.H I STORE CN A TU RE L'ISE: 16t teur a mis dans cette liste celles même sur lesquelles il n’a que de simples soupçons, mais en les retirant il fait voir qu'il en reste encore près de mille assez bien déterminées. Le seizième article présente le tableau de la composition de toutes les espèces de sels et la proportion de leurs principes Constituans. L'article dix-septième est une récapitulation des sels fossiles , et de leur classification dans les diverses méthodes ou systèmes minéralogiques. Enfin l’article dix-huitième a pour objet l'analyse des eaux minérales ; il est divisé en plusieurs paragraphes , dans lesquels se Dune la manière de préparer les eaux minérales artjfi- cielles. NOTICE DE LA SIXIÈME SECTION. Des métaux. La sixième section qui traite des métaux, dont le nombre s'élève aujourd’hui à 21, est divisée en 22 articles. Le premier contient des généralités sur ces corps , et chacun des 21 suivans offre l’histoire en particulier d’une substance métallique. Le premier article est partagé en 12 paragraphes. Le premier paragraphe a pour objet l'importance et l’histoire littéraire des métaux. Le deuxième , leur nombre et leur classification ; ils y sont partagés en cinq genres , fondés sur leur différence de ductilité et d’oxydabilité. Le premier est composé des métaux cassans et acidifiables ; ils sont au nombre de quatre ; savoir, l’arsenic, le tungstène, le molybdène et le chrome ; le deuxième des métaux cassans, et seulement oxydables au nombre de huit espèces ; le titane l’urane , le cobalt , le nickel , le manganèse , le bismuth , l’an- timoine et le tellure ; le troisième, des métaux demi ductiles, le mercure et le zinc ; le quatrième des métaux ductiles et fa- cilement oxydables, Pétain, le plomb, le fer et le cuivre ; le cinquième enfin , des métaux très - ductiles et difficilement oxydables, au nombre de trois, l'argent l’or et le platine. Le troisième paragraphe du premier article offre l’examen géné- ral des propriétés apparentes ou physiques des métaux ,et succes- sivement comparées les unes aux autres ; 1°. le brillant, 20.la Tome LIT. PLUVIOSE an 9. X 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE couleur , 3°, la densité ou la pesanteur, 4°. la dureté , 5°. l’élas- ticité, 60, la ductilité, 7°. la tenacité , 8°. la conductibilité du calorique , 9°. la dilatabilité, 100. la fusibilité, 110. la volatilité, 120, la cristallisabilité, 130. l'électricité, 14°. l'odeur , 15°. enfin la saveur. Le quatrième paragraphe traite de l’histoire naturelle des métaux. Le cinquième , de l’art d’essayer les mines ou de la doci- masie en général. Le sixième, de la métallurgie. Le septième , de l’action de l'air sur les métaux. Dans le huitième , l’auteur passe rapidement en revue les combinaisons des métaux avec les corps combustibles simples, l'hydrogène, le carbone, le phosphore, le soufre , le diamant et celles qu’ils forment entre eux. Le neuvième paragraphe présente l’action réciproque des métaux en général sur l’eau et les oxides. Les dixième , onzième et douzième , la manière dont ils se comportent avec les acides , les bases salifiables et les sels. Le deuxième article a pour objet l'étude de l'arsenic ; il est partagé en ‘deux paragraphes; dans le premier, il est considéré à l’état de métal. L'auteur examine successivement À , son historique ; B, ses propriétés chimiques; C,son histoire natureile ; D, les travaux métallurgiques et docimastiques dont il est l’objet ; E, son oxidabilité par l'air; F , son union avec les corps combusti- bles; G , son action sur l’eau et les oxides ; H,: celle qu’il a sur les acides , et celles que ceux-ci ont sur lui; I, l’action des bases et des sels sur lui ; K, ses usages : ces dix sous-titres con- tiennent tous les faits chimiques connus sur ce métal. Dans le deuxième il examine les deux acides que forme ce métal. Le tungstène , le molybdène et le chrome formant les articles 3, 4 et 5 , sont étudiés comme l’arsenic sous deux points de vue, à l’état métallique et à l’état d'acide. L'auteur a traité de, même les dix-sept articles qui viennent après le cinquième ; leur examen est toujours divisé en dix sous-titres: Ainsi, d'après cette disposition, sont examinées avec beaucou Ve P P ? , , ! de soin et d’étendue , les autres substances métalliques rangées dans l’ordre suivant ; le titane , l’urane , le cobalt ,le nickel , le Rs ELA D ENT. SUIOYTIRLE PNA TU R'EMINL E | 165 manganèse , le bismuth , l’antimoïine , le tellure , le mercure, le zinc , l’étain ; le plomb, le fer, le cuivre, l'argent, l'or et le platine. NOTICE DE LA SEPTIÈME SECTION. La septième section consacrée aux matières végétales, est partagée en six ordres de faits. Dans le premier , l’auteur considère la structure des végé- taux , ét les différences qu’elle présente d’avec les corps inor- ganiques. Dans le deuxième, la nature ou la composition chimique des plantes en général. Dans le troisième ordre de faits , il s’occupede l'examen des propriétés chimiques des substances végétales en général. Dans le quatrième , de l'exposition des divers matériaux des ‘plantes en particulier. ” Dans le cinquième , il traite des altérations spontanées dont les matières végétales sont susceptibles ; et dans le sixième, ‘des phénomènes chimiques que présentent les plantes vivantes. Considérant ensuite en pa ticulier chacun de ces six ordres de faits ; il divise le premier en quatre articles, qui contiennent successivement, 1°. l'exposé de la structure extérieure des plantes; 2°. celui de leur structure intérieure ; 5°. celui des phénomènes apparens de leur vie ; 4°. celui de l’utilité générale des végé- taux dans l’économie de la nature. Le deuxième ordre de faits est comme le premier partagé en quatre articles , contenant aussi successivement, 1°. la série des découvertes qui ont été faites dans la chimie végétale ; 20. les différentes méthodes d’analyser les végétaux au nombre de huit ; 30. les résultats généraux de toutes ces analyses ; 4°. un appercu des applications les plus générales des faits découverts par l’ana- lyse , aux phénomènes des plantes dans l’état de vie et de mort. Le troisième ordre de faits est divisé en huit articles. L'auteur traite dans le premier des propriétés chimiques des composés végétaux en général. Dans le deuxième , des effets du calorique en différentes proportions sur la substance vésétale depuis son simple desse- Chementjnsqu’à sa décomposition complette ; dansletroisiène, des effets de l'air ; dansle quatrième , de ceux de l’eau ; dans lé cin- quième ; de ceux des acides; dans le sixième, de l'action des terres et des alkalis sur lecomposé végétal ; dans le septième , de X 2 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’action des sels sur ce composé; dans le huitième, de celle des métaux, de leurs oxides et de leurs sels. Le quatrième ordre de faits divisé en vingt-quatre articles, a pour objet l’analyse végétale proprement dite. L'auteur , dans les trois premiers, fait voir, 1°. ce qu’on doit entendre par métériaux immédiats des végétaux , et leur siège suivant leur nature diverse ; 2°. le moyen de les extraire sans altération ; 3°. leur nombre etleur classification. © Dans les vingt articles qui suivent les trois premiers, sont exami- nés les vingt matériaux immédiats reconnus jusqu'ici dansles vé- gétaux; savoir, 1°. la sève, 2°. le muqueux, 3°. lesucre, 4°. les acides végétaux. Le septième article, divisé en sept paragraphes , contient, dans le premier , l'énoncé des six genres d'acides, qui donnent licu aux six paragraphes suivans. Ces six genres renferment; savoir, le premier, les acides natifs et purs, au nombre de cinq espèces; l'acide gallique , l’acide benzoïque , l'acide succinique , l’acide malique et l’acide citrique. M Le deuxième genre, les acidules ; savoir, l’acidule oxalique et l’acidule tartareux. Le troisième genre , les acides empyreumatiques , l’acide py- romuqueux, l’acide pyroligneux et l’acide pyrotartareux : ce genre n'existe plus d’après les nouvelles recherches des cit. Fourcroy et Vauquelin. Le quatrième genre, les acides factices différens de ceux qu’on trouve dans la nature ; savoir, l’acide saccholactique , nommé par l’auteur acide muqueux , parce que les gommes traitées par l'acide nitrique en produisent une grande quantité , l’acide camphorique et l’acide subérique. : Le cinquième genre , les acides factices existant dans la nature ; sayoir, l’acide malique , l’acide tartareux et l’acide oxalique. L'auteur renvoie l'examen de l’acide acéteux au cinquième ordre de faits. Le cinquième principe immédiat des végétaux est la fécule ; le sixième , le glutineux ; le septième, l'extractif; le huitième, l'huile fixe ; le neuvième, les cires et suifs des végétaux ; le dixième , l’huile volatile ; le onzième, le camphre; le douzième, la résine ; le treizième, la gomme résine ; le quatorzième, le caoutchouc ; le quinzième , les baumes ; le seizième , les ma- tières colorantes ; le dix-septième , l’albumine végétale; le dix- = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 huitième , le ligneux ; le dix-neuvième, le tanin; le vingtième, le suber ou la matière du liége. Le vingt-quatrième et dernier article du quatrième ordre de faits, porte sur les sels et quelques oxides métalliques contenus dans les végétaux. Dans le cinquième ordre de faits, relatif aux composés vé- gétaux ; l’auteur traite des altérations spontanées dont ils sont susceptibles. Cet ordre comprend huit articles. Le premier développe la nature et les causes générales de leurs altérations spontanées. Le deuxième a pour objet les mouvemens intestins qui cons- tituent les fermentations divisées en plusieurs espèces. Le troisième renferme la fermentation saccharine. Le quatrième est consacré à l’histoire de la fermentation vineuse et de son produit. Le cinquième parle de Ja fermentation acéteuse avec la même méthode que le précédent. Dans le sixième, l’auteur s’occupe des fermentations panaire et colorante. Le septième contient la fermentation putride végétale: Le huitième et dernier article, la décomposition lente , et les altérations diverses dont les végétaux sont susceptibles, lors- qu'ils sont enfouis dans le sein de la terre. Le sixième et dernier ordre de faits de la chimie végétale présente les phénomènes chimiques des végétaux vivans. Il est divisé en dix articles. L'article premier montre les végétaux comme des instrumens chimiques , destinés par la nature à unir au moins trois à trois les matériaux qu’is puisent dans les divers milieux où ils trou- vent leur nourriture. Dans l’article deux , l’auteur regarde la nutrition végétale, comme une suite de combinaisons chimiques dont le résultat est de former le composé végétal. Dans les articles 3, 4, 5, 6, 7 et 8 , l’auteur considère l'influence qu’exerce sur la végétation, la lumière, l'air, l’eau, le gaz acide carbonique, le sol et les engraïs. Le neuvième article traite de ce qu’il y a de chimique dans les fonctions végétales. Enfin l’auteur offre , dans le dixième et dernier article du sixième ordre de faits , un tableau rapide des modifications produites par l’art dans les végétaux vivans , des altérations 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que leur font éprouver une foule de corps extérieurs , ou de leurs maladies. NOTICE DE LA HUITIÈME SECTION. Des composés animaux. La huitième section dans laquelle il s’agit des matières ani- males est divisée en quatre ordres de faits. Le premier ordre qui renferme des généralités sur la struc- ture anatomique, et la composition chimique des animaux, traite dans quatre’ articles de l'ensemble de leurs organes , des fonctions qu'ils exercent , de l’histoire des découvertes chimr- ques auxquelles ils‘ont donné lieu, et des données que l’analyse moderne a fournies sur les élémens constituans des composés animaux. L Le deuxième ordre de faits indique’les propriétés chimiques des composés animaux en général. Cet ordre de faits est divisé en dix articles, Après avoir considéré , d'une manière générale dans l’article premier , les principes de cette chimie animale , le deuxième article fait connoître l’action du calorique sur le composé animal. Les articles 3 et 4°. contiennent l’action de l’air et de l’eau sur ce même composé ; le cinquième, celle des acides ; le sixième, celle des alkalis ; le septième, celle des sels | des oxides et des dissolutions métalliques ; le huitième , celle des matières végétales ; l’article neuvième présente la production des acides animaux, et la formation de l'acide prussique , comme une des propriétés les plus caractéristiques du composé animal. Il en est de même de la putréfaction, sujet de l’article dixième et dernier de ce deuxième ordre de faits. Le troisième ordre de faits comprend l'examen des propriétés chimiques des substances animales en particulier. Il est divisé en 34 articles. Le premier traite des divers modes de classer les matières ani- males et offre un tableau dans lequel elles sont partagées mé- thodiquement sous le rapport de leur origine , de leur région et de leurs usages. L'article 2 expose l'histoire chimique du sang : cet article est partagé en 9 paragraphes où sont successivement examinés , 10, l’histoire de l'analyse du sang; 2°. ses propriétés générales ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 3°. sa séparation en plusieurs matériaux immédiats ; 4°. le serum; 5°, le caillot ou cruor ; 6°. sa partie colorante; 7°. sa partie fibreuse; 8°. ses différences ou ses variations ; 90. les altéra- tions dont il est susceptible. L'article 3 traite de la lymphe. L'art. 4, de la graisse et de l’acide sébacique. Le cinquième , de l'humeur, de la transpiration et de la sueur. Le sixième, de la synovie. Le septième , des tissus cellulaire , membraneux, tendineux et ligamenteux. Le huitième, du tissu musculaire ou charnu. Le neuvième, du tissu du derme et de l’épiderme. Le dixième, du tissu corné, des poils, des cheveux et des ongles. Le onzième, du tissu cartilagineux. Le douzième, ‘du. tissu osseux. Le treizième article divisé en 4 paragraphes, contient l’examen de la pulpe cérébrale et nerveuse , du fluide nerveux, de la li- queur des ventricules du cerveau et des concrétions de la glande pincale.. Dansle quatorzième article sont considérées les humeurs aqueu- se, vitrée, cristalline et ies larmes. Dans le quinzième, le mucus nasal. : Dans le seizième, les humeurs de la bouche, sur-tout de la sa. live, du calcul salivaire et du tartre des dents. Dans le dix-septième, le cerumen des: oreilles. Dans le dix-huitième, l’humeur trachéale ou bronchique, le gaz et les concrétions pulmonaires. Toutes ces humeurs ont été peu examinées. Le dix-neuvième article est consacré à l’examen du lait; l’his- toire de cette substance contient, outre un grand nombre de re- cherches faites. par beaucoup d'hommes habiles, une série: de faits qui sont dus entièrement à l’auteur ; il l’a divisé en huit pa- ragraphes, où il nous détaille successivement, 10. l'histoire na- turelle et la formation du lait; 20..ses propriétés physiques ; 3°. l’analysetchimique du lait entier ; 4°. celle du sérum ou petit lait; 50. la matière caséeuse ; 6°. la substance butireuse; 7°. les diverses espèces de lait employées ; 8°. enfin les usages économi- ues ét médicinaux de ce liquide. qhetis L'article vingtième a pour objet les matières animales apparte- nant à la région ombilicale, savoir : les sucs gastrique et pancréa- tique. : * 168 JOURNAL: DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'article vingt-unième considère la bile; son histoire contient sept paragraphes, 10. la secrétion de la bile ; 2°. ses propriétés physiques ; 3°. ses propriétés chimiques ; 4°. l'examen des diffé- rens matériaux qui la constituent considérés en particulier ; 50. les variétés de la bile dans les divers animaux; 6. ses usages dans l’économie animale ; 7°. enfin ses usages médicinaux et écono- miques. Les calculs biliaires , substance encore peu examinée, font l’objet de l’article vingt-deuxième. L'auteur s’est occupé très en détail de leur nature, eten a tiré des inductions pour leur trai- tement. L’article vingt-troisième est destiné à quelques matières appar- tenant aux intestins et bien peu connues encore, telles que l’hu- meur intestinale, le chyle, les excrémens, le gaz et les calculs in- testinaux. L’article vingt-quatrième contient ce qu’on sait aujourd’hui sur quelques liquides particuliers au fœtus, comme la liqueur de l'amnios, l’enduit cutané qui le recouvre, l'humeur surrénuale et le méconium. L'article vingt-cinquième traite de l'urine; cet article, qui a été examiné avec beaucoup de soïn, contient dix paragraphes qui ont pour objet, le premier, la formation de l’urine ; le deuxième, ses propriétés physiques ; le troisième , l’histoire des découvertes successives auxquelles elle a donné lieu; le quatrième, ses pro- priétés chimiques et son analyse; le cinquième , les matières qui sont contenues ; le sixième, /’zrée, nom donné par l’auteur une substance différente de toute autre matière animale et qui caractérise l’urine ; le septième, les variétés de ce liquide dans di- verses circonstances de la vie; le huitième, ses différences dans les animaux ; le neuvième , l’application des nouvelles connois- sances chimiques qui sont relatives à la physique de l’homme ; le dixième , enfin ses usages médicinaux, chimiques et écono- miques. L'article vingt-sixième est consacré à l'examen des calculs uri- paires humains ; cet article contient huit paragraphes où sont considérés successivement, 1°. ce qu’on a fait jusqu'ici sur ces concrétions ; 2°. leur siége et leurs propriétés physiques ; 30. leurs divers matériaux constituans; 4°. leur classification d’après leur nature ; 5°. les causes de leur formation; 6°. leurs dissolvans ou les lithontriptiques; 7°. les calculs urinaires des animaux ; 80. les concrétions artritiques de l’homme. L'article ‘ IET D'HISTOIRE NATURELLE. a69 L'article vingt-septième est destiné à l'examen de la liqueur de la prostate et de la liqueur spermatique. Les articles 28 , 29 , 30, 31, 32, 33 et 34. ont pour objet quel- ques matières animales particulières que la médecine ou les arts tirent des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des poissons , des mollusques , des insectes, des vers et des zoophytes. Le sujet du quatrième et dernier ordre de faits est une des appli- cations les plus précieuses de la chimie, je veux dire la physique animale. L'auteur divise en douze articles les généralités de ces applications. Il prouve dansle premier l’existence des phénomènes chimiques dans la vie des animaux. Dans le deuxième il parle des phénomènes de cette nature qui ént lieu dans la respiration. , Dans le troisième il expose ceux qui ont lieu dans la circulation. Dans le 4e il décrit ce qu’il y a de chimique dans la digestion. Le cinquième article traite de la secrétion et dela transpiration. Dans le sixième il considère les phénomènes chimiques de la nutrition. Le septième montre que l'exercice de l’irritabilité musculaire pourroit bien dépendre d’une force chimique , et commence à dissiper au moins l'obscurité jusqu'ici impénétrable de cette fonc- tion encore si peu connue. | Le huitième a pour objet la sensibilité et la principale fonction des nerfs et du cerveau. L’article neuvième, en parlant de la génération, prouve qu'il manque trop de données encore pour pouvoir concevoir le méca- misme de cette fonction ainsi que de la précédente. On est beaucoup plus avancé sur l’ossification, qui fait le sujet du dixième article. L'article onzièine fait voir la différence que produit dans les hénomènes chimiques la diversité de la structure des animaux. Enfin l’article douzième et dernier prouve qu’il existe dans les maladies des phénomènes chimiques dontll’étude peut éclairer la connoissance de la nature, des causes et par conséquent du traitement de ces affections. Tel est le plan de cet ouvrage dont l’esquisse légère que je viens d’en tracer n’offre que la méthode ingénieuse qu’on y suit, et le nombre considérable des matières qu’on y traite. Son au- teur, en le publiant, a rempli les vœux du public, qui accueille avec autant d’empressement les productions d’un homme de génie , qu’il reçoit ayec indifférence cellés d’un homme ordinaire. Tome LII. PLUVIOSE an 9. ‘ 170 JOURNAL DE@HVYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Histoire naturelle des minéraux, contenant leur description ; celle de leur gîte, la théorie de leur formation ; leurs rapports avec la géologie ou histoire de la terre , le détail de leurs pro- priétés et de leurs usages, leur analyse chimique, etc. avec figures dessinées d’après nature ÿ par Eugène-Melchior-Louis Parrin, membre associé de l’Institut national de France cet de plusieurs autres sociétés savantes. De l'imprimerie de Crapelet. A Paris, chez Déterville, rue du Battoir, n°. 16, 5 vol. in-16. . L'auteur a été jusqu’à l’extrémité de la Sibérie, sur les con- fins de la Chine, étudier les minéraux et leur gîte ; il y a fait un séjour de huit années ; aussi reconnoîtra-t-on dans ses des- criptions l’observateur profond qui a beaucoup et bien vu. Cette histoire des minéraux ne peut donc manquer d’intéresser le mi= néralogiste. Histoire naturelle de la montagne de $. Pierre de Maës- tricht, par B. Faujas-St.-Fond, administrateur et professeur de géologie au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, quatrième et cinquième livraisons. A Paris, chez J. Jansen, imprimeur-libraire , rue des Maçons, n°. 1195. Ces nouveaux cahiers qui sont faïts avec le même soin que les précédens, contiennent la description d'un grand nombrede coquilles fossiles , dont les analogues sont vivans. Plantes grasses de P. J. Redouté, peintre du Muséum na- tional d'histoire naturelle, décrites par P. A. Drcanporte, membre de la société des sciences naturelles de Genève, hui- tièine et neuvième livraisons. À Paris, chez Garnery, rue de Seine , ancien hôtel Mirabeau ; Ant. Aug. Rénouard , libraire , rue St.- André-des- Arcs, n°, #2, et à la librairie d’éducation, rue du Bacq, n°. 264. | A Paris et à Strasbourg chez les frères Levrault, libraires. Ces livraisons aussi soignées que les précédentes , contiennen les descriptions et les figures des plantes suivantes : crassula or- bicularis , aloe rodacantha ; aloe retusa ; euphorbiwn neriifolia, | codes ET DH S FOIRE NATURELLE 171 mesembryanthemum expansum , cacalia cylindrica , crassula spa- tulata, aloe arachnoïdes , aloe atrovirens, cactus grandiflorus , mesembryanthemum deltoïides , mesembryanthemum uncinatum. Lettre aux cultivatewrs français , sur les moyens d'opérer un grand nombre de dessèchemens par des procédés simples et peu dispendieux , tels que ceux qui furent employés dans le dix- septième siècle par les Hollandais, dans les ci-devant provinces d’Aunis, Poitou et Saintonge , formant aujourd’hui les départe- mens de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Charente-Inférieure, précédé d’un avant-propos sur les lois nécessaires pour assurer la conservation des rivières, des canaux navigables et flottables, et des dessèchemens ; par Pierre-Charles-Martin Cuasstrox , membre du tribunat, et de la société d’agriculture du départe- ment de la Seine. O fortunatos nimium sua $i bona norint Gallos ! A Paris, de l'imprimerie de Madame Huzard, rue de l’Eperon ;, HANET. L'objet de cette lettre est du plus grand intérêt. Traité élémentaire de minéralogie suivant les principes du professeur Werner, conseiller des mines de Saxe, rédigé d’après plusieurs ouvrages allemands , augmenté des découvertes les plus modernes , et accompagné de notes pour accorder sa nomencla- ture avec celle des autres minéralogistes français et étrangers , par À. J. M. Brocnaxr, ingénieur des mines. Mes pensées, dans les circonstances critiques où je me trouve, se portent principalement vers la Saxe, où je projettois de voya- ger pour décider plusieurs questions minéralogiques etpour éta- blir ane concordance dans la nomenclature (lettre de Dolomieu au conseil des mines , écrite du port de Messine au moment de son emprisonnement). Tome premier , avec dix-huit tableaux et une planche. À Paris, chez Villier, libraire , rue des Mathurins, n°. 596. Nous ferons connoître plus en détail cet ouvrage intéressant. Essai sur le calorique , ou recherches sur les causes physiques et chimiques des phénomènes que présentent les corps soumis à l’action du fluide igné , avec des applications nouvelles relatives à la théorie de la respiration, de la chaleur animale , de l’origine des feux volcaniques , etc. 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Suivi d’un essai particulier sur les anomalies d’affinités chi- miques, d'expériences et d'observations sur le métal des cloches; enfin , d’une description de la fameuse alumine de Souvignaco en istrie , et des procédés employés pour l'extraction et la purifi- cation de l’alun naturel, par Joseph-Marie Socquer, docteur de la faculté de Turin, et ci-devant médecin aux armées, Desine quapropter novitate exterritus ipsa Expuere ex animo rationem , sed magis acri Judicio perpende , et si tibi vera videtur Dede manus, Lucret. À Paris, chez Desray, rue Hautefeuille, n°. 36, 2 vol. in-8e. On ne sauroit trop multiplier les recherches sur le calorique. Celles-ci sont d’un grand intérêt et ne peuvent manquer de fixer l'attention du physicien et du chimiste. — SON DID E DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Dissertation sur le genre arum, par E.'P. Ventenat. Page 89 Lettre de P. Dispan, au cit. Delamétherie. Précis des expériences faites en Allemagne avec l'appareil galvanique de Volta; communiquées à l’Institut par le docteur Frudlander. à 101 Lettre du cit. Albert Fortis, sur quelques nouvelles espèces de discolithes. 106 Observations météorologiques. 116 Essais de statistique, par J. 4. Mourgue. Extrait par L. Corte. 118 Rapport sur un mémoire intitulé : expériences relatives a l'influence de la lumière sur quelques végétaux, par le cit. Decandolle. 12/4 Extrait d'un mémoire sur les pores de l'écorce des feuilles, par le cit. Decandolle. 130 Mémoire sur le galvanisme, par Lehot. 135 Lettre de J. M. Coupé au cit. Poiret, au sujet des terres- houilles ou tourbes pyriteuses du Soissonnais. 150 Systéme des connoissances chimiques et de leurs applica- tions aux phénomènes de la nature et de l'art, par A. F. Fourcroy. é 5 153 Nouvelles littéraires. 170 Pluviose An.9 . TPE Jeter SU Je. : ui HN ÿe 2 fl LE Loti: Lo sde dames 4 2 Phvose 7/2 t, 9 . PLU, Sophie Seller Det. el Jeu - # 4, à ES 4 A À À | 1€) L : an 7 yet > 3 à LRudpetieent : JOURNAL DE PHYSIQUE, DEC E Mi E ET D'HISTOIRE NATURELLE. PEN TIO STE), AR 9: M É M OIRE SUR LA QUANTITÉ DE L'AIR VITAL DE L’'ATMOSPHÈRE, Eu UT SUR LES DIFFÉRENTES MÉTHODES DE LA MESURER, Presenté à l’Académie royale des sciences et des arts de Barcelonne, par M. Anroine ne Marti, membre de ladite Académie, et lu le 22 mai 1790 (1). Eee ul Rd Te Le célèbre Hales avoit observé que l’air commun , exposé avec d’autres substances, étoit réduit à un moindre volume. Le doc- teur Priestley avança plus dans la matière, ayant découvert, par ses expériences , que le gaz nitreux causoit une diminution d’au- tant plus considérable à l’air, qu’il étoit plus propre à la respi- ration ; et qu'au contraire l’air inflammable, la mofette, et d’au- (1) Ce mémoire a été imprimé en 1795, à Madrid, dans un recueil périodique intitulé Mémorial littéraire , mois de novembre et décembre. Tome LII. VENTOSE an g. 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tres fluides aériformes , incapables de conserver la vie d’un animal, ne diminuoient pas par le même gaz nitreux. D'autres physiciens ont observé ensuite cette diminution de l’air , proportionnée à sa pureté par le moyen du foie de soufre, par une pâte de soufre et de limaille de fer humectée , par la combustion de l'air inflam- mable , et par celle du phosphore. Ces substances , qui absorbent l'air respirable avec exclusion des autres corps aériformes qui peuvent y rester mêlés, ont servi pour mesurer la pureté d'un air quelconque. On en a établi différentes preuves eudiométriques ;, savoir: 1°, celle du gaznitreux ; 2°. celle du sulfure ; 3°. celle de la pâte de soufre et de fer; 4°. celle du gazinflammable; et 5°. celle du phosphore. Mais toutes ces épreuves sont parvenues à un tel point de perfection, qu’ellés sontaussi commodes qu’exactes. C’est cet examen que je vais exposer dans ce discours, qui me conduira naturellement à l’analyse de l'air de l'atmosphère. Celle-ci se trouve constammént plus où moins imprégnée de différens corps hétérogènes , et particulièrement d’eau, dont M. de Saussure nous a montré à mesurér la quantité. Mais elle con- tient aussi deux substances aériennes, sayoir : de l’air vital et de la mofette, ou gaz azotique. Dans mon premier mémoire, de 1787, je rapporte l’opinion de M. Cavendish , que l’aïr vital à Londres faisoit près de la cin- quième partie de l’atmosphère ; ensorte que 100 parties d’air at- mosphérique contiendroient 20 d'air vital, et 8o de mofette. Le docteur Priestley est de sentiment que la quantité d’air vital est entre 0,20 et 0,25. Schéele, qui fit ses expériences à Stockholm pendant l’année 1778, trouva que ladite quantité avoit seulement varié entre o,24 et 0,30. M. Lavoisier, et d’autres savans de Paris, croient qu’elle est près de 0,28. De quelques expériences de M. Sénebier on peut inférer que l’air à Genève change de quelques centièmes , et que sa portion vitale passe de 0,25. Mais d’autres observations faites en Europe, qui méritent quelque confiance, semblent déja avoir prouvé que l’air atmosphérique ne contient pas plus de 30 pour 100 d'air vital, ni moins de 20. Quand au mois de juin de 1787 je remis à cette société mes observations sur l'air vital des plantes, j'indiquai déja que l’air commun que j'avois respiré à Altafulla ma patrie, pendant les 4 mois precé- dens, étoit de 97 à 100 degrés , savoir : que 100 parties d’air nitreux et égale quantité d’air commun ,; mêlées à la manière d’'Ingenhoutz, se trouvoient réduites de 100 à 103, ayant par conséquent disparu de 97 à 100 parties. Depuis ce temps-là je continuai mes expériences sur le même objet, tant par ce moyen ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 que par d’autres preuves , pour m’assurer si cette petit” inégalité provenoit encore des circonstances de l'opération , et non de la nature de l’air. Epreuve par l’air nitreux. L'épreuve par l'air nitreux est celle qu’on a cherché le plus à perfectionner. Fontana , Priestley , Ingenhoutz et plusieurs autres savans ont fait de grands travaux pour atteindre ce but. Mais cette méthode présente plusieurs difficultés ditficiles à vaincre. + 10. L’eau dans laquelle se fait l'expérience n’est jamais pure. Elle contient une plus ou moins grande quantité d'oxygène, d’a- zote et d’acide carbonique , qu’il n’est point facile de déter- miner. 2°, L’air nitreux n’est pas toujours de la même pureté. 3°. L’air nitreux est absorbé en partie par l’acidenitreux qui est produit. Epreuve par l'air inflammable. Il est donc démontré que la preuve eudiométrique , faite avec l'air nitreux, est imparfaite parce qu’on y emploie une matière fluide et élastique : la seconde épreuve dont je dois parler, et qu’on pratique par le moyen du gaz inflammable quiest un corps aérien, comme le gaz nitreux, sera aussi su- jette à la même imperfection. Par cette raison j'ai non-seule- ment cessé de m’en servir ; mais en considérant la découverte de M. Cavendish exposée dans mon premier mémoire, qu’une quantité de mofette peut s’unir avec l’air vital dans l’état d’igni- tion ; je dois dire que dans la preuve de l'air inflammable, qu'on brûle avec l'air qu’on veut examiner , il peut non- seulement se perdre toute la portion del’air vital de ce dernier fluide, mais qu'il restera encore une certaine quantité de mo- fette absorbée , à moins que les deux airs n’en soient entièrement exempts, c’est ce qu’on ne peut savoir sans une très-grande difficulté; et il faut calculer dans le résidu la disparition du gaz inflammable et azotique pour pouvoir graduer avec toute exactitude la perte de la quantité de l'air vital, qui est ce qu'on prétend avérer. Epreuve par le phosphore. Il est donc préférable que la substance qui sert pour exa- Z 2 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. miner la pureté de l'air ne soit pas aérienne ou gazeuse ; ni qu’elle soit à l’état de combustion. Par cette dernière raison le phosphore indiqué par M. Achard , comme propre aux preuves d’eudiométrie , quoiqu'il soit une matière solide , peut être exposé au même inconvénient , car non-seulement l'air vital perdra sa forme élastique , mais une partie de sa mofette sera absorbée. . Epreuve par un mélange de fer et de soufre. L'épreuve qui semble n'être sujette à aucune erreur , est celle du mélange humecté de soufre et de limaille de fer. D'abord je me servois autant de celle-ci que de celle du sul- fure , en les jugeant , avec les autres physiciens , également bonnes ; il est vrai que l’une et l’autre de cés substances ab- sorbe seulement la portion d’air vital qui se trouve dans l'air atmosphérique, en laissant intacte la mofette ; et ainsf en mesurant l’air résidu du total employé , on trouvera déter- minée la quantité de l’air disparu , qui ne peut être autre que le vital. Dans quelques jours de l’an 1787 dans lesquels l'air commun mavoit souffert aucune variation , par le moyen de l’air nitreux, puisque 100 parties de chacun des deux res- toient réduites à 99 ou à 100, je voulus faire des preuves de comparaison du même air commun par le moyen du fer avec du soufre ; et j’observai qu’au même temps de 100 parties d'air, il en restoit de 79 à 81 , en disparoiïssant par consé- quent de 19 à 21 centièmes. Dans de semblables jours j’ex- posai 100 parties d’air atmosphérique au sulfure liquide, et je trouvai que l’air perdoit entre 21 et 23. Par cette circonstance de trouver toujours plus hauts les résultats de la dernière épreuve, je commençai alors à soupçonner qu'on ne devoit pas se servir indifféremment du fer avec du soufre et du sulfure, mais que celui-ci méritoit la préférence. En effet en me souvenant des observations de M. Lavoisier sur la formation de l’acide vitrio- lique, et de celles du docteur Priestley que la pâte de soufre et de limaille de fer donnoit de l’air inflammable dans de cer- taines circonstances, je connus que pendant l'absorption de Pair vital, celui ci s’unissoit avec le soufre , dont la combinaison formoit l'acide sulfurique, qui, en exerçant son action sur le fer, produisoit un peu d’air inflammable ; qui montoit pour s'ajouter au gaz azotique restant dans la partie supérieure du vase après l’opération , et quoiqu'il soit réellement disparu de [ET D'HISTOIRE NATUR£ELLH. 177 21 à 23 parties d’air vital qui entrént dans 100 d’air ätmosphé- rique , il sembloit qu’il manquoïit seulement de 19 À »1, puisque hors des 0,77 à 0,79 de mofette , une ou deux centièmes dé gaz inflammable s’y ajoutoient , d’où il résultoit: le nombre de 79 à 81. Non-seulement les expériences de Fair commun , maïs äussi celles d’un autre très-supérieur , Comme celui extrait de l’agave américaine mirent en évidence de rester plus diminué d’une petite quantité par le sulfure, Que par le mélange du fer avec le soufre ; en sorte que l'air tiré de cette plante avec les précautions exposées dans un de mes précédens mémoires, est si éminent , que quelquefois il m'est sorti libre de toute autre substance aérienne , en restant absorbé par le sulfure sans le residu d’une centième partie. vi Epreuve par le sulfure. Le sulfure est le moyen le plus propre pour vérifier la quantité d’air vital contenue dans un fluide aérien , puisqu'il laissera la mofette, et les autres airs qui lui sont incombinables, sans crainte de se produire , ni de se perdre d’autré substance aéri- forme que la quantité d’air vital, qui a seulement de l’afhinité avec elle, comme je m'en assuraï en 1787; cent parties d’air atmosphérique exposé au sulfure perdoient entre 0,21 et 0,23, et comme d’ailleurs plusieurs épreuves du même air, faites avec le gaz nitreux, m'avoient déja appris qu’il ne subissoit aucune variation sensible , je fus alors persuadé que l'air que nous respirions dans cette province dé Catalogne , étoit constam- ment composé de 0,21 à 0,23 d’air vital , et de 0,77 à 0,79 de gaz azotique. Pour m’assurer s'il y auroït dés variations à l'avenir dans la proportion de ces deux principes qui constituent dans l’atmosphère la substance élastique, dont notre vie dépend principalement, je ne cessai de continuer mes expériences par le moyen du sulfure. Afin d’abréger l’opération, je me pourvus de quelques flacons de cristal de différentes capacités, qui aboutissoiènt en nn cou étroit avec son bouchon usé à l’émeril; jen remplis un de sulfure calcaire liquide ; j’introduisis ayec la plus grande promptitude par son orifice submersé dans l’eau de la cuvette, une portion d’air atmosphérique ; le flacon bouché fut secoué pendant peu de temps, et en l’examinant immédiatement je trouvai complette sa diminution. Mes recherches se dirigèrent bientôt à déterminer la quantité d’air qu'il falloit introduire respectivement «à celle du sulfure, non-seulement pour m'instruire de la plus grande 178 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE, CHIMIE briévcté possible pour pouvoir effectuer les épreuves, mais aussi pour m'’assurer si celles-ci seroient également exactes , faites avec une petite ou une grande portion d’air vital. Différentes experiences , exécutées à cet objet, m'ont fourui les observa- tions suivantes. ; Une quantité d’air atmosphérique depuis une quatrième partie de mesure jusqu'à une entière , qui est de la capacité d'une once d’eau, a perdu entre o,21 et 0,23 dans des flacons d’une et demi à 6 mesures, remplis de sulfure, sans avoir été secoués, en tenant débouché son orificesubmergé dans le même liquide con- tenu dans un vase, Plusieurs autres expériences m’ont donné les mêmes résultats. Une quatrième partie de mesure d’air commun, secouée avec cinq mesures, ou vingt fois son volume de sulfure , perdit 0,26; je supposai que cette substance, hors les 0,21 À 0,22 d’air vital qui composent l’air atmosphérique , avoit aussi absorbé 0,05 de sa mofette. De là je déduisois que si je secouois une autre égale quantité d’air commun dans le même sulfure, que par la ma- nœuvre précédente je le considérois déja uni avec toute la mo- fette qu'il pût acquérir, il ne diminueroit plus que de 0,21 à 0,23 ; et en effet, ce fut le résultat. J’introduisis immédiate- ment une quantité égale de mofette qui ne subit aucune perte par l'agitation du même sulfure qui devoit en être précé- demment imprégné. Mais en secouant cette mofette dans un flacon contenant aussi cinq mesures de sulfure entièrement égal à l’autre, avec cette seule différence de n’ayoir été auparavant secoué avec aucun air, elle perdoiït 0,05 , qui est la différence de 21 à 26. Il est donc évident que le sulfure est capable de con- tenir une certaine portion de mofette, et plus il en sera destis tué, plus l'absorption d’une quantité d’air atmosphérique sera plus grande, L'expérience suivante me démontra cette vérité. Je remplis un flacon de cinq mesures d’un sulfure récemment fait, et encore bouillant qui, par conséquent se trouvoit dépouillé de toute substance aérienne, sans lui donner le temps d’en absor- ber aucune : je le débouchai , et après avoir été refroidi, j’y in- troduisis la quatrième partie d'une mesure d'air atmosphérique qui, secoué pendant l’espace régulier de 3 à 5 minutes, perdit 0,90 , c’est-à-dire la moitié de son total. Dans ce cas donc, hors les 0,21, il absorba 0,29 de mofette, et réellement je trouvai avoir perdu cette quantité, une quatrième partie d'une mesure de mofette, secouée dans le même flacon , en changeant le sul- fure en tout semblable au précédent. Les centièmes qui man- PUR EDAH E SEMOPRE FAN ATTHUTRIE L'ILE 179 quent de 29 à 50, et qui sont 21, indiquent la quantité d’air vital seulement disparu dans l'épreuve de l’air atmosphérique, Après cela on peut facilement entendre que cet air diminuera d’avtant plus que la quantité respective de sulfure sera plus con- sidérable. ; Je passe à expliquer ma manière d'opérer qui , après plusieurs tentatives, m'a paru la plus simple et la plus exacte. Je m'en sers depuis longtemps sans avoir observé la différence d’un cen- tième dans ses résultats. Tout mon appareil est un tube de cristal de 5 lignes de dia- mètre et de 10 pouces de longueur ; il est fermé par une de ses extrémités, et divisé vers ce côté en 100 parties égales, chacune d’une ligne, et quitoutes ensemble contiennent, à peu de différen- ce, la capacité d’une once d’eau. Comme l’air commun se trouve par-tout, pour en prendre une quantité correspondante aux 100 divisions, il ne faut que remplir le tube d’eau, l’avoir dans une situation perpendiculaire , l'ouverture en bas. On appuie sur celle-ci le gros doigt qu’on lâche par intervalle; l’air extérieur s’introduit dans le tube et quand il en a occupé les 100 lignes on l’arrête, en tenant l’orifice bouché avec le doigt également serré; on submerge le tube dans l’eau de la cuvette, afin qu'il en prenne la température : en le retirant, on regarde si l’air sur- passe ou non l’espace des 100 lignes ; pour en ôter ou ajouter la quantité qu'il en faut, quoiqu'il soit exactement de niveau à l'endroit où les divisions commencent. J’introduis ensu'ie cet air de la manière ordinaire, dans un {lacon qui contient depuis deux à quatre fois son volume de sulfure liquide calcaire, pré- cédemment imprégné de gaz azotique ; je le bouche et je le se- coue pendant près de 5 minutes; je le renferme pour lui donner immédiatement quelqu’autres secousses ; je transyase quelqu’au- trefoiïs l’air dans le tube gradué, et je trouve que ce fluide aéri- forme qui occupoit auparavant les 100 divisions précises, après l'opération en occupe seulement 79, ayant par conséquent dis- paru 21 parties. Si le tube gradué aboutit en un cou avec son bouchon de cristal usé à l’émeril , en place d’eau on peut d’abord le remplir de sulfure, et en procédant dans la forme exposée lopération sera plus prompte , sans avoir besoin d'employer de Veau , ni de passer l’air dans des flacons et de le transyaser. Ce- pendant pour éprouver un autre air respirable, qui ne soit pas atmosphérique ; de semblables transvasions sont indispensables, comme il est évident, et on l’exécute avec plus grande commo- dité par le moyen de la petite mesure de M. Fontana, 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans l’examen de l'air vital, comme celui qui sort des plantes exposées au soleil , il arrive quelquefois qu’il faut faire l'épreuve eudiométrique avec une petite quantité : si l'air qu’on a recueilli occupe seulement l’espace de 25 lignes en place des cent, il est clair qu'un centième au lieu d’une ligne correspondra ‘seule- ment à une quatrième partie; mais dans des portions d'air en- core moindres , comme les divisions seroïent insensibles ; il faut se servir d’un autre tube d'un diamètre plus étroit. Avec cette précaution et celle de ne pas oublier de secouer auparavant le sulfure pour l’imprégner de sa mofette correspondante , et d'employer proportionnellement de moindres flacons , on n’aura jamais la différence d’un centième, quiconque ait acquis l’usage et l'adresse requise à de semblables expériences. Je les ai tant répétées avec l’air atmosphérique, et en un si grand nombre de jours, que l’uniformité dans les résultats dé- montre non-seulement l’exactitude de cette méthode, mais: il semble résulter de mes observations, faites dans la côte méridio- nale de cette province, 1°. qu'aucun vent n’a causé une varia- tion d’un centième dans les quantités respectives d'air vital et de gaz azotique qui composent le fluide élastique de notre atmos- phère, puisque j'ai toujours trouvé que cent parties contenoient 79 du dernier et 21 du premier sans arriver à 22. 20, Que ni l'humidité, ni la sécheresse de l’atmosphère, ni l’état de celle-ci d’être plus ou moins chargée d’exhalaisons, ni le temps serçin, ni le pluvieux n’ont causé aucune différence. On ne peut pas nier que dans un espace égal de l’atmosphère , le fluide aériforme contenant une plus grande portion d’eau dis- soute , et plus imprégné d’autres corps hétérogènes, ne peut pas se trouver en aussi grande quantité comme celui destitué de ma- tières étrangères ; mais le nombre «21 de la partie vitale trouvé tant de fois dans les deux cas, montre que les élémens qui cons- tituent sa portion élastique, si précieuse et si abondante, sont respectivement invariables, 39. La proportion de la quantité des deux mêmes principes a été également constante dans des jours que le thermomètre de Réaumur marquoit le point de congellation, comme dans ceux pendant lesquels il indiquoit 24 degrés de, chaleur. 4°. Je n'ai non plus observé aucune variation dans l'air pris aussi pendant que le mercure du baromètre étoit très-bas, comme quand il se trouvoit passer les 28 pouces. Si donc les plus grandes vicissitudes de chaleur et de pression de l'atmosphère, ‘observées dans ce pays-ci, n’ont occasionné aucune ET D'HISTOIRE NATURELLE 182 aucune variation quant à la quantité respective des deux fluides aériformes qui la composent ; la dilatation ou la compression du même air commun qui est en raison composée des deux varia- tions de chaleur et de pression ne lui ont causé non plus au- cune différence. La mofette étant la seule de toutes les subs- tances aériennes que j'ai trouvé incombinable avec de l’eau: cette inaltérabilité me fournit l’idée de composer un instru- ment permanent pour connoître la plus ou moins grande di- latation que l’air atmosphérique subit, soit par une des deux causes indiquées , soit par les deux ensemble. Je pris un tube de verre d’un petit diamètre; je le remplis d’eau ; j'y introduisis ensuite une quantité de mofette dont l’espace occupé fut di- visé en cent parties égales; je mis ce petit tube dans un autre plus grand, contenant également de l’eau jusqu’à une éléva- tion déterminée et constante ; il resta ouvert pour recevoir les variations de l'atmosphère, qui chargeant plus ou moins sur la colonne de la mofette, celle - ci reçoit proportionnellement sa sis ou moins grande extension, et avec tant d’exactitude et e permanence qu’elle gardoit au bout de quelques mois les mé- mes dimensions que le baromètre et le thermomètre indiquoiïent le correspondant degré de pression et de chaleur. Ce simple ins- trument m'apprit à corriger avec la plus grande précision l’er- reur venant quelquefois de la différence de la dilatation de l'air, que j'examinois et qu’il étoit facile de survenir pendant le long temps nécessaire pour completter l’épreuve du sulfure sans se- cousses, en observant les centièmes qu’elle marquoiït au com- mencement et à la fin de l’opération. Par de semblables correc- tions cette méthode quoique de longue durée, correspond exac- tement avec celle de secouer le sulfure, pendant laquelle le chan- gement de dilatation n'ayant pas lieu, le nombre constamment indiqué est le 21 complet. Enfin pendant l'hiver, en été, au printemps, en automne, dans tous les mois et dans différentes heures j'ai trouvé que l'air de ma patrie, pris au découvert, se composoit toujours de 21 à 22 parties d'air vital, et de 78 à 79 de gaz azotique ; et si, très- rarement , le résultat s’écartoit de quelques centièmes, l’expé- rience immédiate que je pouvois déja répéter avec la plus grande facilité, et dans peu de minutes, me démontroit bientôt l'erreur; je restois convaincu que cette petite différence ne provenoït pas de la nature de l'air, mais de quelque négligence dans l'opé- ration. : J'ai pris souvent de Vair dans des lieux où il y avoit beaucoup : Tome LII. VENTOSE an 9. À a 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de personnes ou près de mares d’eaux croupies..., et j'ai trouvé constamment cet air aussi pur que l’air ordinaire. : On ne peut pas nier que les eaux croupies, dont, la superficie occupe des dimensions considérables ne causent des effets insalu- bres; mais il ne semble pas moins certain que l’'insalubrité ne Peut pas venir de la disproportion d’air vital et de mofette , dans laquelle peut se trouver l’air de son voisinage, car la diflérence n’étoit pas sensible d’une centième partie. On sait que les eaux croupies dégagent trois différens airs ; savoir, de la mo- fette, de l’air inflammable et de l'acide carbonique ;, tous in- capables d’entretenir la vie d’un animal ; maïs on doit supposer que ces fluides se dégagent en bulles, et en très-petite quantité respectivement à l’atmosphère très-étendue ; que le dernier d’eux, étant plus pesant que l'air commun, doit se précipiter im- médiatement, ou se mêler avec l’eau qui y est flottante; que le second, pour être plus léger , est forcé à s’élever aux régions supérieures , et qu’enfin le premier étant d’égale densité, doit pénétrer rapidement et se perdre dans l’espace immense. Où ne doit donc pas être surpris que toutes ces substances aériennes altèrent la quantité de la portion élastique de l’atmos- phère , ensorte que la différence devienne perceptible de quel- ques centièmes qu’il peut y avoir entre la quantité d’air vital et celle des autres fluides qu'il est capable de contenir; et si cette variation de l’air pris dans des lieux où l’on sait exister réelle- ment des émanations d’airs non respirables , ne s'élève pas à un centième; comment encore loin de la sphère d’activité de ces causes partielles, peut-il s’en trouver d’autres plus grandes, que quelques physiciens prétendent avoir observées non-seule- ment dans difterens mois, mais dans des heuresd’un même jour P H faut certainement attribuer à l’imperfection des instrumens, ow à quelque négligence dans la manière d’opérer, si l’on apper- çoit quelquefois des inégalités considérables dans la pureté de l'air ouvert; et les expériences répétées me donnent sujet de croire que par-tout où il est une communication libre avec le vaste réceptacle de l’atmosphère, tous trouveront l'air qu’ils res- pirent constamment composé de 0,21 à 0,22 d'air vital, et de 0,78 à 0,79 de gaz azotique, pourvu qu'on l'examine avec les précautions que j'ai indiquées. Si les épreuves eudiométriques, d’ailleurs très-recommanda- bles, et qui ne peuvent pas avoir une grande application à la physique, ne suffisent pas pour expliquer les etfets dangereux que l’on éprouve au voisinage des eaux croupies, on pourrojt A ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 peut-être en trouver la cause dans l'analyse de- l’eau flottante dans l'air. Les observations de M. Berthollet prouvent que l’al- kali volatil est composé des gaz azotique et inflammable dépouil- lés du feu ou de ce principe qui les conseryoit auparavant sépa- rés en forme élastique ; nous savons que ces deux fluides se dé- gagent des eaux stagnantes: ne peut-on donc pas présmmer que sa portion alkaline , toujours la même dans ses modifications, se décompose en partie, et une bonne quantité non décomposée, soit seule, soit combinée avec quelqu’autre substance inconnue , et qu'elle reste avidement absorbée par de l’eau, comme sa puan- teur semble l'indiquer en s’évaporant, et en conséquence res- tant dissoute dans l’air immédiat, elle va porter une certaine altération sur la vie des animaux ? Il n’est pas impossible de recueillir une suffisante quantité de cette eau pour pouvoir l’examiner ; ses produits donnés par le moyen de son analyse, comparés avec ceux d’une autre eau sus- pendue dans l’air contigu à des eaux courantes, serviroient peut- être à faire connoître lescausesde l’insalubritédes eaux stagnantes. Les expériences eudiométriques n’ont pas pu éclaircir cette diffi- culté, et seulement nous ont appris qu’on ne doit pas attribuer l'insalubriié de certains endroits à ce qu’il ya dans l’atmosphère une quantité plus considérable de fluides aériformes respective- ment à la portion de l’air vital: Mais si cette proportion ne varie pas d’un centième pendant plusieurs mois, et même pendant quelques années, pourroit- elle varier d’une très-petite partie comme d’un millième, qui après longtemps devint assez sensible pour que l’air vital de l'atmosphère subît une augmentation ou di ‘inution progressive ou périodique? Les expériences que j’ai faites jusqu'à présent ne sont pas suffisantes pour m'assurer s’il peut y avoir une sembla- ble difiérence de quelques millièmes ; et même qrand on emploi- roit des quantités considérables d’air commun et des tubes très- longs, on ne pourroit pas le savoir. En effet, l’observation fait voir que le sulfure peut contenir interposée une ceitaine portion de mofette, et nous ignorons si elle ne varie pas de quel jue pe- tite partie; d’aillenrs les particules d’eau plus ou moins adhé- rentes à la superficie intérieure du tube, quelque soin qu’on prenne , la différente température, et d’autres causes réunies , bien qu'on peut les éviter pour ne pas avoir dans le résultat de l’opération une erreur d’un centième, sont capables d’en occa- sionner quelquefois de moins considérables , comme d’un milliè- Aa 2 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, YË CHIMIE me, à moins qu’on applique une attention dont peu de personnes sont capables, Quoique généralement on peut déja considérer comme exactes les analyses des productions naturelles portées au degré de per- fection , dañs laquelle nous avons les preuves eudiométriques , cependant d’après plusieurs raisons, il ne seroit pas impossible qu'on pût obtenir cette plus grande exactitude, principalement pour resoudre la question proposée. Seroit certainement dans l'erreur celui qui voudroit calculer la perte de Pair vital, sur- venant clans l'atmosphère par les causes déja connues de sa des- truction; il trouveroit surement qu’il ne pourroit pas se passer plusieurs années sans devenir perceptible, étant ee la quantité que les animaux consument, ainsi que les combustibles avec lesquels il se combine dans l’acte de combustion. Par consé- quent l1 postérité seroit sans doute forcée à respirer un air plus chargé de mofette que celui que nous respirons à présent. Mais si l’on ignoroit les moyens dont la divine providence se sert pour restituer ce fluide actif au réceptacle commun, elle vient d’en montrer un des plus puissans, les plantes, quand elles reçoivent les rayons du plus puissant des astres qu’elle a créés. Mais il n’est pas possible de calculer la quantité d’air vital que Patmos- phère recouvre par ce côté. IH fant aussi attendre que les contem- plateurs de la nature découvrent d’autres causes d'addition d’air vital ou peut-être de destruction de mofette dans l’atmosphère, pour compenser les pertes et entretenir constamment la quantité requise à la conservation des habitans de ce globe, sans avoir une angmentation ou diminution continue dans les substances aériennes qui composent l’atmosphère. Quels désordres ne s’en- suivroient-ils pas, si quelques centièmes d’air vital y manquoient seulement? Le feu perdroit bien de sa force , les lumières ne répandroiïent pas leur parfaite clarté , et les vivans recevroient déja avec difficulté l'air vivificateur. Il ne résulteroit pas de moindres inconvéniens si au contraire l’atmosphère se trouvoit respectivement plus chargéé d’air vital que de mofette. Les ani- maux obtiendroient vraiment par ce moyen une plus libre res- piration. Mais qu’on s'arrête à considérer l’activité que le feu acquiert par un air d’une supérieure pureté. En d’autres occa- sions on sait que Ja moindre étincelle excite la flamme la plus vive au combustible renfermé dans lui, en se propageant jusqu’à le consumer dans peu d’instans; les chandelles donc à peine seroient-elles allumées, qu’elles resteroïent sitôt détruites sans d'autre usage que celui de nous éblouir pour quelques mo- PÉDNDPAEET, SXIVOUMRNE UN AUTUURIENLATUE. 185 mens; le fer se calcineroitayant de recevoir cette flexibilité propre à le transformer en plusieurs et si utiles instrumens , et qu'il prend d’ailleurs par un feu plus modéré. Rien ne seroit capable d'arrêter les progrès de cet élément dévastateur qui se nourrit de l’air vital, si cetie substance aériforme n’etoit pas abondam- ment enveloppée avec la mofette pour lui servir de frein. EEE NE PER ET QUE PE PURE MEET ESP TE RTE EEE 15 ARE RE TERRE SEEN PRET EXPERIENCES ET OBSERVATIONS S UR LA VITALITÉ ET LA VIE DES GERMES (1), Par Vrcror Micusrorrr , médecin à Turin. Me proposant d’examiner la force vitale dans ce mémoire èt dans les suivans , j'ai pensé que pour plus de facilité , je devois prendre la vitalité à l’époque de la vie où le nombre et la complication de ses fonctions est moindre, c’est-à-dire dans l’embrion; elle se réduit alors à la simple nutrition, et à un accroissement plus prompt. Nous connoissons fort peu encore les forces qui animent l'embrion et qui le développent ; les observations que l’on a faites jusqu’à présent sur les différentes espèces d’œufs et de semences , n’avoient pour but que de prouver ou de réfuter le système de la préexistence des germes, ou tout au plus celui d’éclaircir la formation ou le développement de quelques-unes de leurs parties. C’est cependant de cette force dont les corps vivans sont doués, et de l’action des corps qui ont quelque influence sur elle, que dérivent tous les phénomèses de la vie... Mais comment se fait-il que l’action de certains agens si énergique sur l’alulte , paroisse nulle sur le fœtus, puisque la force vitale et le siimulus sont les mêmes ? Y auroit-il donc, à certaines époques de la vie, un stimulus particulier, destiné à agir sur des organes particuliers, ou bien la sensibilité varie- t-elle dans les différentes périodes de la vie? (2) Communiquées au médecin Villars, professeur de botanique, à Grenoble, ete, 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pour appuyer la première hypothèse, nous pourrions prendre pour exemple la lumière qui, paroissant un des principes vi- vifians des animaux et des végétaux, semble cependant n’in- fluer guères sur le développement des germes , puisque la plupart passent la première période de leur vie dans l’obscurité. Mais si nous supposons une sensibilité différente dans les divers états de la vie, nous remarquerons que le principe vivifiant de l’animal devroit être d'autant plus énergique qu’il est plus près de sa force , puisque tout l’espace parcouru doit l’être aux dépens de la source employée à le faire parcourir. En effet une des premières modifications sous laquelle se pré- sente la force vitale est celle de l’irritabifité, et c’est précisé- ment dans le premier développement du fætus qu’on observe l'irritabilité plus grande , et pour ainsi dire plus impatiente. Mais pourquoi un stimulus aussi puissant que le calorique, à certaine dose, éteint-il la vie de l'adulte , sans altérer , ou du moins très peu , là vie du même animal encore embrion ? Nous n'avons pas plus de lumières sur l’action des gaz, des effluves odoriférans ou narcotiques , des miasmes, etc. Enfin il y auroit plusieurs autres agens à examiner , en les appliquant extérieurement aux animaux. Je me bornerai à l’examen des principaux , et cela de la manière la plus simple , la plus aisée , pour passer ensuite, dans les mémoires suivans, à des recher- ches qui supposent connue la manière d’agir la plus générale des forces animales , et l’action des stimulus les plus simples sur l’embrion. 1°. La lumière apgit-elle sur l’embrion encore renfermé dans l’œuf ? son action lui est-elle utile ou nuisible ? Pour décider cette question, je pris (le 5 décembre 1796) quatre caraffes de même capacité, deux desquelles jerecouvris d’un vernis de cire noire ; je mis dans chacune une quantité égale d’œufs de la phalaena dispar de Linnée, je les bouchai d’un bouchon percé , au travers duquel je fis passer un tube recourbé , ver- nissé de la mème manière, afin de maintenir une libre com- munication entre l’air intérieur et l'extérieur , en empêchant , autant qu’il était possible , le passage de la lumière dans Jes caraffes vernissées. Ensuite je placai à exposition du nord une caraffe noire et une transparente, dans une situation où le soleil ne donnoit jamais ; les deux autres furent exposées au plein midi, c’est-à-dire À l’action la plus énergique de cet astre. Dans l’un et l’autre endroit le plusgrand froïd, pendant l'hiver, fut de — 6°. (Réaumur), et la plus grande chaleur au nord et EDÉD RU IIS ROM RTENNA TU RE LE LE. 187 { celle de l’époque de la naïssance des chenilles, fut de + 150., tandis qu'au midi, à l’ardeur du soleil, elle alla jusqu’à + 300, Le 20 et le 21 ävril 1797 , les œufs de ces phalènes n’éclo- soient point encore dans la campagne , en visitant ma caraffe noire du midi, j’ÿ trouvai la plupart des œufs déja éclos ; les petites chenilles avoient grimpé au sommet du cou de la caraffe , où elles étoient attirées peut-être par quelques rayons de lu- mière qui, malgré mes précautions , pénétroient par le tube recourbé. En visitant, dans le même temps, l’autre caraffe du midi, qui étoit transparente , je n’y tronvai qu'un seul œuf éclos , et encore fut il le premier et le dernier à éclore de cette caraffe. Bien plus, dans une autre petite bouteille transparente, placée de même auamidi , qui contenoit plusieurs milliers de ces œufs ; il n’y en eut que cinq qui pussent éclore , tous les autres périrent. J’enlevai un peu de vernis de la caraffe noire pour pouvoir observer les chenilles 3 je la laissai exposée au soleil avec sa compagne, et je puis assurer que depuis lors, il n’est plus éclos aucun de ses œufs , si ce n’est perdant le pre- mier et le second jour qu'il en naquit quelques uns. On auroit pu attribuer l’anticipation de la naissance des œufs de la caraffe noire à un plus grand degré de chaleur qu’elle auroïit éprouvé , si l'air renfermé dans la caraffe n’avoit pas eu libre communication avec l’air extérieur. Les caraffes exposées au nord , de manière à ne recevoir qu’une lumière réfléchie, devoient nous apprendre si cette lu- mière étoit également sensible aux tendres germes. En effet (le 21 avril) , j'en trouvai déja plusieurs éclos dans la ca- raffe noire, ét trois jours après ils commencèrent à naître dansun cornet de papier , où j'en tenois un grand nombre renfermé ; et ce ne fut qu’au bout de cinq jours qu’ils commencèrent à éclore dans Îa caraffe transparente du nord. Je répétai ces expériences en 1798, avec la différence que je vernissai mes caraffes avec des couleurs à l'huile , et qu'aux Caraffes noires et transparentes j'en ajoutai d’autres vernissées en rouge et en blanc. Les résultats furent tout aussi décisifs , puisqu’au midi je vis éclore tous les œufs contenus dans la carafie noire les pre- miers, ensuite une grande partie de ceux de la caraffe rouge, enfin ceux de la blanche ; mais il n'en put éclore aucun de celle que j'avois laissée transparente. Au contraire ils prirent bientôt la couleur gris de perle, que l'expérience m’a appris être le signe certain que ces œufs n’éclorront plus. 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les œuis restans, contenus dans la caraffe rouge et dans la blanche du midi, devinrent également gris, et ne purent éclore. Le succès ne fut pas différent au nord où le soleil ne donnoit jamais, puisque les premiers à éclore furent aussi ceux de la caraffe noire, puis ceux de la rouge et de la blanche pres- que en même temps ; ceux de la transparente furent les derniers. Pour répondre à l’objection que l’on pouvoit me faire que les différens vernis produisent une différence notable de chaleur dans les caraffes , ( quoique cette difficulté ne püt regarder les caraffes du nord ) j’avois préparé (a 5 février 1798) deux tubes de verre recourbés , l’un desquels étoit vernissé en noir, et j'avois mis dans chacun une centaine des mêmes œufs; je les plongeai dans une bouteille assez grande, non vernissée , et pleine d’eau, que j’avois soin de changer souvent, de crainte qu’elle ne se corrompit , et je les exposai au plein midi. Le premier mars 1798 , les œufs commencèrent déja à éclore dans le tube noir , et huit jours après dans l’autre : avant la {in du mois, 94 œufs furent éclos dans le tube noir , tandis que dans le tube transparent il n’en naquit que 41, et que les autres devinrent gris, c’est-à-dire qu’ils périrent, L’anticipation notable de la naïssance des chenilles dans ces tubes me paroît devoir être attribuée à ce qu'étant plongés dans l’eau , ils ne furent pas sujets à des changemens si violens de température, puisque le froid ne fut pas plus grand que l’année précédente , et que l’eau contenue dans la bou- teille pendant la plus grande chaleur ne passa les 15°. au- dessus de o ; tandis qu’au soleil , où étoient les caraffes, il monta jusqu'à + 25 et + 30 ; mais au nord il n'étoit que de + 10°. à + 150. , température qui suffit pour faire éclore les œufs de ces insectes ; et comme cette année ce degré de chaleur s’étoit fait sentir plutôt qu’à l'ordinaire , il paroît assez probable que ce n’est pas une certaine période de temps qui leur est nécessaire pour éclore, mais bien un cer- tain degré de chaleur. Je répétai les mêmes expériences sur la phalaena mori de Linnée (le ver à soie) ; les résultats furent tout-à-fait analo. gues à ceux que nous venons de voir; j'en supprimerai les dé- tails , mais je rapporterai celles que je fis sur les œufs d’une espèce d’araignée, Ces œufs n'étant recouverts que d'une pellicule fort mince, me parurent très-propres à cette expérience ; et outre cela, l'attention avec laquelle la mère les enveloppe et les cache sou- vent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 vent dans les crevasses desarbres , me prévenoit en leur faveur. Je mis donc (26 mars 1800 ) sur deux morceaux de papier blanc plusieurs de ces œufs d’araignée , que je recouvris de deux petites cloches de verre très-minces , avec l'attention de laisser à leur sommet une petite ouverture afin d’y-conserver la circulation de l’air. J'en vernissai une en noir, et je les exposai au plein midi. Au bout de quelques jours , les œufs qui étoient sous la cloche transparente se colorèrent et se desséchèrent , et tous ceux qui étoient sous la cloche noire furent éclos le 11 avril. Je répétai sur ces œufs l'expérience des tubes plongés dans l'eau , et le résultat en fut également décisif ; puisque non- seulement je vis éclore tous les œufs renfermés dans un tube de verre recouvert d’une mince lame de plomb, mais encore ils en précédèrent d’autres qui , quoique placés pareillement à l'obscurité , n'étoient pas plongés dans l’eau. Quant à ceux qui étoient. contenus dans le tube transpa- rent, ils périrent tous. D’abord ils ne donnèrent aucune marque sensible de souffrir | ensuite ils commencèrent. à se colorer un peu, puis ils prirent de jour en jour une couleur plus rouge, mais ils ne flétrirent tout-à-fait que dans les derniers jours , pendant lesquels ceux du tube recouvert éclosoient. L'on peut donc conclure de ces différentes expériences que la lumière à une action marquée sur les germes qui en ont fait le sujet; que cette action leur est nuisible , et finalement que cette action se manifeste en retardant leur développement , si la lumière est foible , telle que la lumière réfléchie ; ou par l'extinction totale de leur vie, si cette lumière a beaucoup d’in- tensité , comme celle qui vient directement du soleil. A ces faits si l'on ajoute que le développement des vivipares sé commence et se perfectionne dans les ténébres ; que les ovipares produisent des œufs à coque opaque , comme sont ceux des oïseaux, etc. ; que si les œufs ont la coque délicate, Ja mère les dépose ordinairement dans des endroits obscurs et cachés, ou elle les recouvre de poils, de terre , etc. ét l’on sera très-porté à penser que l’action de la lumière est généralement nuisible au développement des germes. Mais de quelle manière leur nuit-elle? c'est ce que je vais tâcher d'expliquer. Nous pouvons concevoir que l’action de la lumière peut nuire aux germes de trois manières différentes ; ou,par le desséche- ment qu'elle peut produire en échauffant beaucoup les corps Tome LII. VENTOSE an 9. 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu’elle frappe, ou en favorisant de nouvelles combinaisons entre les parties presque liquides du germe , de manière à dé- truire leur disposition naturelle ; ou finalement parce qu’étant elle-même un stimulus , €’est-à dire un agent capable d’aftecter de différentes manières la vitalité, elle pourra, par la violence de son intensité , ou par la continuation de son action, éteindre la vitalité, comme finissent par l’épuiser tous les stimulus ou trop violens on trop longtemps continués. L'on voit d’abord que a première hypothèse , celle du des- séchement produit par la lumière du soleil , est dépourvue de fondement , comme le prouvent les caraffes noïres exposées au nord, et les tubes qui furent tenus plongés dans l’eau: Quant à celle de l'influence que peut avoir la lumière sur les germes, en facilitant ou produisant de nouvelles combinai- sons, elle mérite certainement d’être examinée. En effet l’on conçoit aisément qu’une nouvelle disposition de parties contraire à celle qui est nécessaire à l'exercice de la vie, ne peut se faire sans la détruire, et l’on sait, par les différentes expériences de Hunter, combien le principe vital a de force pour faire résister efficacement au froid les germes des œufs des gallinacées, qui gèlent aisément dès que le principe vital est détruit. Harvey et plusieurs autres physiciens ont aussi observé que l’œuf se conserve sain, tant que la cicatricule qui renferme le germe est saine ; et plusieurs observateurs ont remarqué que e principe vital peut même faire résister les semences de cer- taines plantes aux injures des siècles. Les insectes qui sont capables d’une espèce de résurrection , ne le sont que tant que dure en eux le principe vital, par le moyen duquel ils résistent aux forces destructrices ÿ mais si ces forces dérangent leur organisation , ils perdent sans retour la faculté de reprendre une nouvelle vie : C'est-à-dire que dans ces animaux, comme dans les germes le principe vital est toujours essentiellement uni à une certaine disposition d'organisation qui ne se change qu'après la destruc- tion de la force vitale. Il me paroît donc que la lumière détruit le principe vital des germes , et qu'après sa destruction il se forme de nouvelles combinaisons, En effet la couleur que prenoïent les œufs dans nos expé- riences ne se manifesta jamais sans la destruction de la vie; £T D'HISTOIRE NATURELLE. 191 et elle ne se montra non plus que lorsque la lumière eut exercé sur eux une action assez vive. L’épuisement de la vitalité opéré par la lumière ne doit pas être différent de celui qu’opèrent les autres stimulus, c’est à- dire que la lumière affoiblit le germe, et par conséquent en retarde le développement ; enfin à force de l’affoiblir et de l’épuiser elle en éteint la vie; ce qui est tout-à-fait conforme à ce que nous avons observé dans les œufs qui furent retardés ou qui périrent suivant l'intensité de la lumière qu’ils avoient reçue, L’on pourroit. conjecturer que la lumière affecte principale- ment la substance nerveuse des tendres embrions , parce que l'on connoît la véhémence avec laquelle elle affecte et même cruellement notre rétine , toutes les fois que son action sur elle est trop longtemps continuée. L’existence de la membrane pu- pillaire dans le fœtus, et la douleur qu’éprouvent les nouveaux nés lorsqu'on les expose à la lumière , sont encore des preuves en faveur de cette hypothèse. Dans mes œufs, l’on discernoit déja sur la tête de l’insecte ces deux hémisphères à facettes qui forment dans la suite les yeux de l’insecte , preuve de leur organisation avancée, ) Quelque plausibles que fussent ces raisonnemens , je voulus les éprouver par des expériences. Les végétaux n’ayant pas de substance nerveuse destinée à sentir , me parurent propres pour cet objet. Je pris donc des haricots ( phaseolus vzlgaris L.), des pois chiches ( cicer arietinum ), des lupins (lupinus a/bus), et je les humectai jusqu’à ce qu’ils commençassent à donner des signes de germination. Alors j’enlevai l'écorce , et les mis ainsi pelés dans des tubes de verre avec un peu d’eau ; je longeai ces tubes dans une même bouteille de verre blanc et ort mince, pleine d’eau. J’en avois enveloppé quelques : uns d’une lame de plomb , afin qu’ils ne reçussent point la lumière du soleil ; ils étoient tous à la même température. J’observai d’abord, dans tous les tubes, une plus prompte germination. Je vis que les semences des tubes transparens jau- nirent également , mais ensuite elles commencèrent à pourrir sans aucun signe de végétation ultérieure. Au contraire les se- mences contenues dans les tubes obscurcis par la lame de plomb , jaunirent bien aussi , mais prenant ensuite une couleur plus foncée , elles verdirent un peu , poussèrent des racines, déve- loppèrent leur cotylédons, et se montrèrent en pleine végéta- j Bb 2 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tion. La petitesse des tubes ne leur permettant pas de se dé- velopper davantage, dès qu’elles en eurent rempli la capacité elles cessèrent de végéter. ; Les différens degrés de végétation auxquels parvinrent ces semences, m'indiquèrent donc que la lumière pouvoit fort bien avoir de l'influence sur les semences des végétaux , quoique privées de substance nerveuse; pour m’en convaincre de plus en! plus ; je m’y pris de la manière suivante. Je mis quelques féves de lupins et de pois chiches , germés etécorcés dans deux bouteilles garnies au fond d’un peu d’étoupes trempées dans l’eau. J’enlevai à-celle des bouteilles, qui étoit vernissée en noir, une petite partie de ‘son vernis d’un côté, afin qu’étant éclairée par cet endroit , je pusse observer , par l'ouverture , la végétation des semences sans être obligé de les Sortir. h Les semences continuèrent d’abord à végéter également daus les deux bouteilles et À pousser des racines : mais bientôt j'ob- servai que l’extrêmité des radicules des semences contenues dans la bouteille transparente , commencèrent à prendre une cou- leur de plus en plus obscure , et enfin elles pourrirent tout-à- fait. Cependant comme le développement du gérme de la plante se faisoit à cette époque aux dépens des cotylédons, et que ceux-ci se trouvoient humectés, il arriva que le développement du germe ne cessa point totalement, quoiqu'il fût assez lent. La principale racine poussa même quelques radicules , maïs elles pourrirent bientôt avec les autres ; de sorte qu'après avoir langui quelque temps , la végétation cessa tout-à-fait. _ Dans la bouteille vernissée , la chose se passa différemment : toutes les semences y végétèrent parfaitement , poussèrent de nombreuses racines dans l’étoupe, et il n’y eut que deux graines qui donnèrent quelque signe de putréfaction à l’extrêmité de leur principale racine, tandis que dans leurs autres parties elles étoient saines et vigoureuses ; il y eùt même quelques plantes qui s'élevêrent jusqu’au sommet de la bouteille; en un mot je ne vis d’autre diftérence entre ces plantes et celles qui végètent naturellement dans la terre, si ce n’est que celles de la bou- teille obscure avoient la tige et les radicules plus longues et plus blanches, et les cotylédons plus verds. De ces observations nous pouvons conclure que si les phy- siciens connoissoient depuis longtemps l'influence de la lumière EVPND HIS TIOPT RE NEA TOUR FE) LE: 195 sur la végétation, l’on ne savoit qu'imparfaitement (1) que le premier degré de la végétation, c’est-à-dire, le développe- ment du germe des plantes exige, comme celui des germes ani- maux , l'obscurité , puisque la lumière leur est évidemment nuisible. Si nous faisons attention que les semences des végétaux sont toutes recouvertes d’une écorce opaque assez dure, nous serons ortés à croire que celte écorce n’est pas seulement destinée à es défendre contre les influences nuisibles de l’air, des gaz, etc. mais encore à dérober le tendre et sensible germe à l’action de la Ilumière solaire qui le feroit périr. Qu'il me soit permis de terminer ce mémoire en présentant une idée qui m'est venue sur la vie des embrions. Je crois que la force vitale des embrions se développe d’une manière très- simple et commune à tous les germes, et que cette manière n’a pour but que le développement des organes dont l’exercice forimera un jour la véritable vie. Quoique ces organes existent tous dans l’embrion , ils n’influent presque point sur la vie actuelle. Les faits qui me portent à penser ainsi, sont que les graines végétales, dépourvues non-seulement d’yeux, mais même de système ner- veux , sont néanmoins affectées par la lumière, ainsi que les germes animaux. Des observations faites sur la respiration des œufs des ani- maux, m'ont aussi appris que ces œufs pendant leur dévelop- pement absorbent du gaz oxygène ; si ce gaz leur manque, leur développement est suspendu, et cette respiration ou plutôt absorp- tion d’air peut être accélérée ou suspendue , en accélérant on arrè- tant l’affluence de l'oxygène qui influe sur le développement du germe : Les expériences de William Cruiksank nous apprennent que l'orge en germant absorbe du gaz oxygène, et que-cette absorp- tion est aussi en raison de l’évolution du germe. Cependant comme dans cette époque de la vie les trachées des plantes et des animaux ne paroissent guères propres à la respiration , je crois que comme les germes qui ont fait le sujet de nos expé- riences sont sensibles à la lumière, quoique privés des organes destinés à la sentir, de même ces jeunes êtres, ce germe, ils (1) Deux habiles physiciens, Senebier et notre compatriote Vassalli, ont fait la mème observation. 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE absorbent l’air sans les organes qui seront un jour respiratoires. Les germes , en se déployant , vivent et sentent donc d’une manière nouvelle qui leur est particulière, NOTE AJOUTÉE. L'on a observé dans les jardins, sur les couches et dans les serres depuis longtemps , qu’une lumière subite et forte , fait souvent périr à l'instant les jeunes plantes qui viennent de paroître. fl n’en est pas peut-être qui craignent plus le froid et la lumière que les germes du mélèse et de quelques autres plantes des Alpes, qui passent cependant neuf mois de l’année sous la neige , et les trois autres mois sous un soleil brûlant, sous un ciel le plus pur, Elles ont besoin d’être abritées comme les plantes du Cap pendant leur enfance ; en seroit-il autrement de l’espèce humaine ? Il paroît que les règles géné- rales, comme lestmaximes des philosophes, sont chaque jour con- tredites par la bénigne et prévoyante nature , quisait se ployer et se mettre à portée de tous les êtres, veiller sans sauts et sans secousses à leur conservation. Il ne faut pas moins que des expériences directes pour arrêter l’affluence de l’opinion , qu'en- traînentsouventl’éloquence ou la réputation des grands hommes, et la paresse ou l’insouciance de la multitude. Celles du mé- decin Michelotti, vraiment originales, soulèvent un coin du voile qui couvre les mystères dont la nature se plaît à envelopper ses productions. Elles ne sont pas moins une leçon donnée aux hommes sur le danger de tirer des conséquences trop générales des faits particuliers. Elles nous apprennent enfin ce qu’il sem- ble que le bon sens auroïit dû nous inspirer depuis longtemps, que les premiers, les plus utiles, les plus vivifians de tous les élémens de la vie, peuyent l’éteindre, l'arrêter, la suffoquer à l'instant ; tels sont le calorique et la lumière donnés préma- turément aux germes des animaux et des plantes Mutata frangunt, adsueta conservant. Linné. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 PP EE OBS RCATV A TT ONNTS SUR LES PRISMES OÙ SCHORLS VOLCANIQUES, ET PARTICULIÈREMENT SUR CEUX DE LETNA, Par G. À. Dsruc. J'annonçai, à la fin de mon dernier mémoire sur les volcans, inséré dansle cahier de ce journal de frimaire an 9 , p. 418, des observations sur les prismes ou schorls volcaniques. Ces petits cristaux , qui sont en si grand nombre dans plu- sieurs laves du Vésuve et de l’Etna, et qui se trouvent quel- quefois isolés en multitudes, sont très -importans à con noître, et à suivre dans leurs diverses circonstances. obser- vables. Ils deviennent alors une sorte de fil qui peut diriver, jusqu’à un certain point, dans le labyrinthe des phénomènes volcaniques. C’est pourquoi, après avoir déja discuté l’hypothèse de M. Patrin sur les faits généraux des volcans , je: me propose de l’examiner sur cet objet particulier, que je suivrai dans toutes ses circonstances ; non en courant, ni sur des appe.Çus, mais d’après les faits observés avec attentiori. Voici l'opinion de M. Patrin sur ces petits cristaux volcaniques. « Cette multitude incroyable de prismes isolés, de schorls volcaniques, qui tombent comme la grêle pendant les éruptions, et qu’on trouve en si grande abondance dans les cendres du Mont-Rosso ; au pied de l’Etna : comment concevoir qu'ils aient été en même temps si complettement dépouillés de leur gangue, et si parfaitement dépouillés eux-mêmes, qu'ils n’ont erdu, ñi la vivacité de leurs angles, ni le brillant de leur poli ? Il me paroît , d’après ces difficultés et une infinité d’autres, que ces cristaux ne sont point préexistans aux laves, mais que ce sont des substances qui, en passant de l’état aériforme à une consistance solide, par l'effet des attractions, ont pris une forme régulière, comme nous voyons dans nos labora- toires le soufre se sublimer en vapeurs, qui forment ces petits prismes qu’on appelle fleurs de soufre. La seule différence, 19 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE c'est que dans nos petites opérations , les cristaux sont micros- copiques, et que dans les grands ateliers de la nature, ils ont un volume plus considérable. » Je connoiïis ces schorls volcaniques; je les ai vus sur les lieux où les éruptions les ont déposés, et je puis répéter mes obser- vations sur la collection que j'ai faite au Monr-Rosso. Ces prismes ou schorls, n’ont aucun rapport avec les fleurs de soufre auxquelles M. Patrin les assimile. Les volcans ont aussi leurs fleurs de soufre, qui n’ont rien de commun avec ces schorls. Le cratère de ’zlcano, sur-tout, abonde en ce genre de sublimation. Il est entrecoupé de crevasses au travers desquelles sortent les vapeurs sulfureuses qui se condensent contre leurs parois en petits cristaux. J'en aï rapporté un grand et beau morceau, creusé en forme de géode, dont l’intérieur est tapissé d’une multitude de ces petits cristaux. Avant de l’en- lever de la crevasse, je remarquai que chaque petit cristal avoit à son extrémité une goutte de la vapeur condensée qui pro- duisoit ce dépôt cristallin. Cette cristallisation se forme ainsi hors du volcan, lorsque les vapeurs, arrivant au contact de V’air, se condensent contre les parois des crevasses au travers desquelles elles s’exhalent. Cette cristallisation est ainsi absolument différente de celle des sclor!s. Ceux-ci sortent, tels que nous les voyons , des entrailles du volcan, et passent intacts au travers de ses feux, avant lesquels ils existoient. La seule altération qu'ils éprou vent, à ce qu'il paroîtroit, d’après quelques indices , c’est de passer d’une couleur verte foncée, demi-transparente, à la noirceur et à l’opacité. Et les cristaux de soufre se forment hors du volcan, et sont prêts à s’allumer et à se dissiper, au premier contact du feu. | Ces schorls ne sont pas lancés seuls; cette grêle, dont parte M. Patrin, n'en est pas uniquement composée; ils sortent mêlés à une quantité plus grande encore de cendres volca- niques ; ainsi, Ce qui seroit vrai pour ces prismes , devroit l'être aussi pour cette multitude de petites scories, et bien sûrement personne ne le pensera. Les cendres du Monr-Rosso, ainsi quetontes les cendres volcaniques, sont de menus fragmens de layes, scorifiées et brisées par de nouveaux feux dans l’intérieur du valcan; et de ces fractures ou brisemens multipliés de la lave, est résultée une séparation imparfaite des prismes; car ces laves en con- tiennent ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE: 197 tiennent une grande quantité, et vraisemblablement les contien- nent tous. On en jugera par les faits suivans. Les plus gros fragmens de cendres renferment plusieurs de ces petits cristaux; un très-grand nombre sont brisés , et ceux qui sont dans leur entier, loin d’avoir un poli brillant et le vif de leurs angles, ont retenu un enduit de lave couvert de petites boursouflures, et souvent de petites portions de lave y restent adhérentes, ce qui les rends rudes et ternes. Ce n’est qe soleil qu’ils jettent un foible éclat, réfléchi par l'enduit e lave; et cette multitude de points brillans qui frappent, par un beau soleil, au sommet du Mont-Rosso, sont dûs principalement à la réflexion de la tranche cristalline des prismes brisés. Leur nombre plus abondant au sommet du Mont, ou pour s'exprimer plus exactement , sur les lèvres de ce cratère, est un effet très-naturel. Ces prismes, spécifiquement plus pesans que les cendres, sont retombés du point où ils avoient été lancés, par une ligne plus rapprochée du centre de l’explo- sion, et les cendres les plus légères s’en sont écartées da- vantage ; c’est pourquoi l’on trouve moins de prismes à mesure qu'on s'éloigne de ce centre, et les plus éloignés sont les plus petits. Les prismes dont la surface cristalline est à découvert, sont ceux qui, étant retombés sur les pentes intérieures du cratère ou sur son fond , ont été exposés à l’action des vapeurs acides et sulfureuses qui ont corrodé et décomposé l’enduit de lave. Cet effet même n’est pas complet sur plusieurs prismes, il ne s’en opère le plus souvent que sur le côté qui étoit exposé aux vapeurs. Les fragmens de laves ou de scories, éprouvent la même décom- position. Ces vapeurs attaquent leur surface, et les prismes qui résistent à leur action, comme ils résistent à la fusion volca- nique, paroissent en relief. Cet effet est plus marqué encore sur quelques laves du Vésuve, qui contiennent la même espèce de schorls, mais plus petits. Ces vapeurs ont produit un autre effet très-singulier. Les prismes isolés ou réunis à des scories, qui sont restés exposés à leur action plus concentrée, en ont été si fort pénétrés, sans être décomposés, qu'on les prendroit pour des cristaux de soufre. A plus forte raison la scorie elle même est-elle altérée. Elle prend alors une couleur blanchâtre, et se brise facilement sous les doigts. Tome III. VENTOSE an 9. Cc 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Rapprochons maintenant les faits. La masse entière de la lave, contient une grande quantité de ces prismes. Les plus gros fragmens de cendres ou lave brisée, en renferment. Les prismes isolés ont tous retenu un enduit, et plusieurs de petites portions de lave; ce qui prouve qu’ils y ont été enveloppés. Un très-zrand nombre sont brisés ; effet naturel arrivé ; lorsque la lave, qui les contenoit, a été brisée elle-même. Ils sont rassemblés dans une plus grande proportion sur les lèvres du cratère, par une cause que j'ai expliquée. Enfin, ce sont les prismes qui ont été exposés à l’action des vapeurs sulfureuses et brûlantes du cratère, qui montrent leur poli naturel, et non point parce qu’ils sont sortis tels du volcan. Comment concevyroit-on, dès-lors, que ces prismes n’aient pas préexisté à la lave, en tant que matière en fusion et in- candescente, et comment concevroit-on encore, d’après les faits, qu'ils eussent pu se former isolés de toute gangue, en passant de l’état de fuide aëriforme à celui de substance solide? Où se seroit fait cette transformation, en la supposant possible ? Én quel lieu, dans quelle circonstance donnée , pour se trouver ensuite tous enveloppés dans la matières des laves ? Il est bien plus conforme à la marche de la nature et à l’analogie, qu’ils aient été formés dans cette même matière avant son incandescence, comme les cristallisations de ños couches ; avec cette différence essentielle, que ces myriades de petits cris- taux avant tous leurs deux sommets, et plusieurs étant groupés » EtP group sans marque d’adhérence , il est vraisemblable que les matières où ils prennent naïissance sont dans un état vaseux. Ce qui seroit déja un indice de la cause pour laquelle ces matières diffèrent de celles de nos couches ; et pourquoi la fusion des laves est si différente de celle que produisent nos fourneaux , lorsqu'on y soumet la lave elle-même; car il seroit bien impossible de lui redonner cette espèce de fusion imparfaite qu’elle a au sortir du volcan (1). 2 —_—— à (1) J'ai réussi quelquefois au sommet du Vésuve, à pouvoir observer de très- près la lave à sa sortie immédiate du volcan; j’en ai même enlevé des mor- ceaux pour les avoir dans cet état de primeur. Cette lave sortoit au pied du petit cône élevé par cette éruption. Je m’étois mumi pour cela d’une perche de 10 à 12 pieds, armée d’un large crochet de fer. Je m’étois pourvu d’un masque, de bons gands et de cartons pour ine garantir lès jambes. Avec ces précautions je m’approchai étant surle vent de Ja lave. Si je n’avoispas réussi du premier coup de mon crochet d'enlever un morcean, j’étois obligé de me retirer avant de faire “ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 J'ai revu, à cette occasion, avec plus de soins, les cendres que j'ai prises au Vésuve, et celles sur-tout de l’éruption dont j'ai été le témoin. J’y ai trouvé quelques prismes isolés, enveloppés d’un enduit de lave. Il est plus difficile de les reconnoître parce qu’ils sont petits, et plus rapprochés de la forme cylindrique. Ces mêmes petits cristaux qui résistent aux feux et aux va- peurs des volcans, entrent en fusion dans nos fourneaux de fonte, lorsqu'on y pousse le feu au plus haut degré possible, et donnent un bouton de verre noir, dont les menus éclats ont une foible transparence. Dans la 94°. de ses lettres physiques et morales, mon frère donne la description d’un lac, près d’Andernach ( Loclher Mahr), qui est l’intérieur d’un ancien cône volcanique, dont le fond s’est affaissé, laissant de bout l’extérieur de l’enceinte. Le menu gravier qui borde ce lac, dont mon frère m’'envoya un échantillon, contient, en grand nombre , de petits corps noirs cristallins, qu’on découvre bientôt être des brises de schorls volcaniques , arrondies par le roulis des vagues. La question que je traite dans ce moment, m'a engagé à examiner de nouveau ce gravier, et j'ai trouvé plusieurs petits schorls entier, qui ont conservé assez de leur forme originelle, pour montrer qu'ils sont en tout semblables à ceux du Vésuve une seconde tentative , pour me rafraîchir, et sur-tout les pieds qui éprouvoient bien vite la chaleur brûlante de la lave durcie sur laquelle je marchois. Le mor- ceau détaché je le tirois promptement à moi, en me retirant moi-même, et avec une cpatule de fer, dont je m'étois pourvu, je lui donnois une forme déterminée et lui faisois une empreinte, afin qu’on ne püt pas douter qu'il avoit’ été pris à la lave coulante. Cette opération devoit êlre faite ayec la plus grande promptitude, parce que le morceau perdoit très-vite sa molesse: il en est de même de la surface de la laye. À trente pas seulement au-dessous de son origine 1l eût été unpossible d’en détacher aucun morceau. J’avois un autre but dans cette tentative; celui de vérifier sil étoit vrai, comme l’avoit dit le père Della Torre, qu’un morceau détaché de la lave se gonfloit , d’où il concluoit qu’elle renfermoit du bitume. Mais celle opinion ne se vérifa point, ce dont j’étois d'avance déja bien persuadé, parce que je n’avois rien observé dans les laves en fusion d’où l’on püût conclure cet effet. Je nassurai encore par diverses épreuves, qu'aucun morceau de lave, une fois durci, ne peut plus rentrer en fusion, exposé de nouveau à la lave cou- Jante. On le eroyoit cependant, et ce qui donnoit lieu à celle opinion, c’est qu'un morcean de lave jeté sur la lave en fusion, près de son origine, en est peu-à-peu surmonté et couvert; d’où l’on concluoit qu'il s’étoit fondu. Mais ce a’étoit là qu'une apparence ; il éloit seulement envelappé. Je remarquai depuis dans l’intérieur de quelques laves rompues, divers morceaux de laves plus an- gienues qui y étoient renfermés sans aucun mélange. c c 2 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et de l'Etna. Voilà un autre exemple, et très ancien, de ce q'e montrent aujourd’hui ces deux volcans. La lave sortie du Mont- Rosso, et plusieurs autres laves du grand volcan, dont il est le rejeton, contiennent aussi; et en grand nombre, de petits corps minces, blanchâtres, la- melleux, irréguliers, demi-transparens, qui paroissent être de menus éclats de quelque substance cristalline, fendillée par la chaleur ; on les à nommés feldspath. Ces petits corps ou frag- mens se trouvent isolés parmi les cendres comme les prismes, et dans toutes les mêmes circonstances. Voilà donc un autre corps de forme irrégulière co existant avec eux, et qui a résisté ; comme eux, à la fusion volcanique. Si les prismes provenoïent de substances aëriformes , passées à une consistance solide par l’effet des attractions , il devroit en être ainsi de ces lamelles, puisqu'elles sont leurs compagnes intimes dans toutes les circonstances observables. Mais ici cette origine n’est plus A6 parce que ces lamelles devroient avoir une forme régulière. Si donc la transformation supposée ne leur est pas applicable , elle ne pent pas l’être mieux aux prismes. Je fais cet argument par surabondance : car les faits suffisent pour démontrer que les prismes ou schorls volcaniques ne sont pas des substances passées de l’état aëriforme à une consistance solide. I semble même qu'il ne devroit pas être besoin de citer des faits , qu’il suffiroit d’énoncer l'hypothèse comme décou- lant de celle que Ze globe terrestre est une concétion de fluides aëriformes émanés du soleil, Maïs tout s'arrange si bien , en apparence, sous la dictée des mots et des phrases de lx chimie nouvelle , que l’imagination s’élance et chemine avec eux sans être arrêtée. Les résultats , sans doute, ne sont que des fruits de l'imagination , mais encore faut-il le prouver par des faits évidens et bien constatés. Et d’ailleurs il est toujours utile, quand l’occasion se présente , d’établir et faire connoître des vérités qui peuvent garantir de nouvelles errreurs , en corri- geant des observations inexactes ou incomplettes. Ce n’est pas la première fois que des observations de ce genre ont fait naître l'erreur qui s’est propagée. Je l’ai déja fait remarquer. M. Dolomieu lui-même, ce sayant et judicieux observateur, n’a pas fait toutes ces remarques , quoique essentielles , et il s’est trompé quelquefois. Mais il ne lui a pas échappé que les prismes isolés ont été enveloppés dans la lave , et il l'a dit expressé- ment. 1 BIT D'HISTOIRE NATURE LES. 201 .! Partant de l’idée que cette multitude de schorls isolés du Mont- Rosso ont été séparés de la lave par l'effet d’une scorification opérée par le soufre, qui a attaqué la lave comme contenant plus de fer que les schorls , et les a isolés de leur base en con- Servant leur poli et la perfection de leurs angles, M. Dolomieu à envisagé, comme une variété, ceux qui sont ternes et rudes, qui ont leurs angles émoussés et quelques boursouflures; il les a rélégués dans les sables volcaniques au pied du mont , eta placés tous les autres à son sommet. Ce n’est pas là l'état des choses. Le plus grand uombre , et j'osérois dire la totalité des schorls qui abondent sur les lèvres de ce cratère, sont ces mêmes schorls rudes et ternes, à angles émoussés et petites boursouflures. Cette apparence ne vient point d’un caractère distinctif, mais de l’enduit de lave qui leur est testé adhérent; et très-sürement il n’en est aucun qui eût été séparé, dépouillé de cette enveloppe. Ils adhèrent si fortement à la matière de la lave , que cette séparation parfaite n’est pos- Sible que par voie chimiqne qui n’a pas eu lieu à cette époque. Les schorls qui montrent leur poli et l'intégrité de leurs angles, Sont ceux, je le répète , qui ; depuis leur séparation de la lave, ont été exposés sur la pente intérieure du cratère ou sur son fond , à l’action érosive des vapeurs sulfureuses , qui a détruit l’enduit de la lave et n’a pas attaqué le schorl. C’est-là cette voie chimique qui a opéré la séparation parfaite ; elle n’a eu lieu que dans cette circonstance. Faït important qui n’a point été remarqué. = Depuis que j'ai visité le Aonr-Rosso il est très-possible que les lèvres de ce cratère, composées de matériaux si désunis, eussent éprouvé des dégradations qui, en les abaissant , aient mis à découvert des parties qui appartenoiïent à l’intérieur du cratère , et qu’on y trouve alors des schorls dépouillés de tou enduit de lave; mais ce dépouillement sera toujours dù à l’ac- tion des vapeurs sulfureuses depuis la sortie de ces schorls du volcan ; car ce n’est que par cette opération qu'ils peuvent être entièrement séparés de la lave, et paroître avec le vif ori- ginel de leurs angles et le poli de leurs surfaces. On a une preuve bien certaine que ce n’est, ni à la cause, ñi à l’époque assignées par M. Dolomieu que les schorls doi- vent leur séparation de la lave ; puisqu'on trouve des scories dans le cratère même , qui, par l'altération de leur couleur et leur friabilité, portent les signes de l'attaque la plus active du soufre ; et où cependant les schorls sont encore retenus ei en- # LL 202 JOURNAL DE BHYSIQUE, DE CHIMIE veloppés. Et j’ajouterai , par surabondance de démonstration ; que tous les schorls répandus sur le sommet et sur la pente extérieure du cratère, ainsi que les mêmes scories avec lesquelles ils sont mêlés, ont, sans exception , leur dureté et leur noirceur originelle ; ce qui ne seroit pas si le soufre avoit opéré leur sé- paration , car la surface des laves, les cendres et les scories que ses vapeurs atteignent , elles les pénètrent, changent leur cou- leur et même les décomposent. M. Dolomieu a fait une erreur dans la description des schorls qui surprend de sa part. Illes dit exaëèdres et ils sont octaëdres|; l'abbé Spallanzani a répété la même erreur. Cependant il étoit essentiel de ne pas s’y méprendre , parce que rien n’est plus commun que la forme prismatique hexaèdre dans les cristalli- sations de nos couches, et rien n’est plus rare que Z’octaèdre. Je n’en connois même aucune qui ressemble à la cristallisation, de ces prismes. Ces petits cristaux ont huit faces, dont denx opposées sont plus larges que lessix autres, ce qui leur donne une formeapplatie. Leur coupe transversale présente un parallélograme ; dont les deux côtés étroits sont taillés à trois faces. Cette forme à des variétés ; quelque prismes ont leurs huit faces plus égales ; d’autres n’ont pas plus de longueur que de largeur ; leurs som- mets qui forment une pyramide bzèdre , dont les bases repo- sent de part et d’autre sur les trois petites faces du prisme, ont aussi des tailles différentes , et leur réunion en groupes est très-variée. Ces schorls considérés comme des solides , sont ainsi dodécaèdres. Les plus grands ont six lignes ; quelques- uns ont une variété très-singulière , que je ne connois dans aucune autre cristallisation. L’une de leurs pyramides est parz tagée dans le sens longitudinal de ses faces par une arête sail- lante , et alors , sans exception , la pyramide opposée est creu- sée en goutière dans le même sens , tellement qu’on croiroit que l’enfoncement de l’une a causé la saillie de l'autre. L’un des schorls que j'ai trouvé dans le gravier du lac volcanique d’Andernach , a la même variété. Cette pyramide bièdre , terminant de part et d’autre des pris- mes octaèdres , est une cristallisation peut-être inconnue entre les cristallisations de nos couches, ce qui est une nouvelle preuve que les laves ne tirent pas leur origine de couches ou de matières semblables à celles que nous connoissons. Dans les voyages géologiques que mon frère a faits dermiè- rement en Bohème, il y a remarqué plusieurs cônes volçani- F ET D'HISTOIRE NATURELLE. Boo ques , et m’a envoyé un morceau d’une de leurs laves, qui contient quelques corps étrangers et particulièrement des schorls. J'ai réussi à en dégager un assez entier à la partie de la surface de ce morceau qui avoit été exposée aux injures de l'air, ou plutôt peut-être à l’action des anciennes vapeurs sulfureuses. Ce sckorl'a la même cristallisation que tous les autres schorls des volcans. C’est un fait bien digne de remarque que ces petits cristaux soient aussi généralement répandus et en si grand nombre dans les couches où naissent les fermentations volca- niques, et d’où partent leurs éruptions. 11 a paru ; dans le n°. 106 de la Bibliothèque britannique , ün mémoire sur le whinstone et la lave , par sir James Hall, dans lequel est énoncée à la page 73 , une hypothèse bien dif- férente de celle que je viens d’examiner. La chaleur des volcans , selon cette hypothèse , excède de beaucoup ce qui est nécessaire pour réduire en fusion les laves, et toutes les matières qu’elles contiennent ; et les substances isolées dans les laves , doivent être attribuées à une cristalli- sation ; qui a eu lieu après leur fusion , pendant leur réfroi- dissement lent. - Une hypothèse aussi nouvelle, faite par un naturaliste qui a visité les volcans , devoit fixer l’attention. Seroit -1l conforme aux faits que les feux volcaniques peuvent réduire en fusion toutes les matières que contiennent les laves , et seroit-il aussi conforme aux faits que les substances isolées qu’elles renfer- ment, sont des cristallisations produites après leur fusion pen- . dant leur réfroidissement lent ? J'ai adressé des remarques sur cette hypothèse à MM. les rédacteurs dela Bibliothèque britannique. Je l’ai examinée d’après une suite de /zi#s dont je donne le détail ; et ces faits, que tout observateur peut vérifier, ne la confirment point. # Ceux que j'ai rapportés iti suffiroient déja; car comment con- cilier l'opinion que les corps isolés que renferment les laves , sont une cristallisation formée pendant leur refroidissement lent, avec cette multitude de schorls qu'en trouve sur l’Etna , sortis de l’intérieur de ce volcan, et des laves où ils étoient renfermés, mêlés , épars aux cendres et aux scories? Comment se seroient- ils ainsi séparés , s'ils étoient une cristallisation de l4 lave même ? 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si les corps isolés dans les laves provenoient de leur propre substance , il devroit y avoir entre eux et la lave des rapports chimiques. Cependant nous voyons que les vapeurs acide-sul- fureuses des volcans, attaquent, changent Ja couleur et décom- posent la lave ; et que les schor/s sortent intacts du milieu de cette décomposition. Ce n’est même que par elle qu'ils peuvent en être séparés, en conservant l'intégrité originelle de leurs angles et le poli de leurs surfaces. Ces schorls et les /amelles dont j'ai parlé qui résistent aussi à l’action des vapeurs , n’ap- partiennent donc pas à la matière des laves. Quant à la chaleur des feux volcaniques, supposée excéder ce qu’il faut pour réduire en fusion tous les corps contenus dans les laves, j'ai cité des faits qui sont contraires à cette opinion. En voici un autre que j'ai sous les yeux ; dans ma collec- tion des matières volcaniques. | J'ai rapporté de Vulcano un grand morceau de laye vitreuse , que j'ai pris sur la pente du volcan ; ce morceau a de grandes bulles ou boursouflures. Je le rompis à une plus grande masse, et la surface de cette fracture montre, dans les boursouflures ui sont à découvert , plusieurs fragmens d’une lave ancienne, e la grosseur d’une noisette et de plus petits, adhérens par une partie de leur surface aux paroïs de la boursouflure. Ces fragmens de couleur grise contiennent de petits schorls nairs ou vert foncé, Ici il y a eu incandescence répétée ; la lave ancienne , quoiqu’en petits fragmens, n’a pas été réduite em fusion par la chaleur de la lave nouvelle, qui cependant doit avoir été plus grande que la chaleur ordinaire des laves. Et les schorls , invulnérables à tous les feux volcaniques, sont restés isolés dans les fragmens de la lave ancienne , qui les avoit déja enveloppés dans son état de fusion. PA Ces deux hypothèses , dont l’une fait sortir les schorls vol- caniques d'un fluide aëriforme , et l’autre d’une cristallisation vitreuse de la lave formée pendant son réfroïdissement , mon- trent, d’une manière frappaute , combien peuvent être opposées les explications d'un même fait, quand elles s’écartent du sens le plus simple et le plus naturel. C'est donc tous les produits volcaniques qu'il faut consulter , les cendres, les scories , comme la lave compacte , non sur des apperçus, mais d’après des observations nombreuses , faites premièrement sur les lieux , sans être préoccupé d'une hypo- thèse antérieure , afin de saisir l’ensemble des phénomènes , puis ET D'HISTOIRE NATURELLE: 205. puis dans son cabinet pour observer et comparer les échan- tillons divers qu’on doit avoir rapportés. Alorsdes laves disent, en langage très-intelligible , qu’elles- mêmes , ni aucune des substances isolées qu’elles renferment, n'ont été dans un état de fluide aëriforme; que ces sub tances. ne sont point une cristallisation produite dans leur sein pen- dant leur refroidissement ; qu’elles existoient cristallisées dans les couches où eiles ont pris naissance avant la fusion ou l'etat de laves de ces couches; qu’elles y sont restées enveloppées , et que la chaleur volcanique n’a pas été assez grande pour les fondre et les incorporeravec la matière deslaves ; que ce sont les laves enfin qui ont amené ces substances au jour, qui, sans cela , seroient restées pour toujours inconnues. re OBSERVATIONS Sur les morceaux d'or trouvés dans le Comté de Wicrlow en Irlande (1), Par G. A. Deruc: Ces morceaux d’or disséminés dans des couches de gravier à la surface du sol, présentent au naturaliste géologue un fait très-intéressant, Mon fils aîné, qui étoit en Irlande lorsque cette découverte, tenue secrette pendant quelques années, fut connue du public, m'écrivit, d’après le récit de quelques personnes, qu’on trou- voit ces morceaux d’or dans le terrein et le gravier du lit d’un ruisseau , en creusant à peu de profondeur , et que le fameux morceau de 22 onces acheté pour le roi, avoit été trouvé en déracinant un arbre, D'après cet exposé, je regardai ces morceaux d’or comme étrangers au sol qui les renferme; qu'ils avoient appartenu à des couches détruites dans le fond de l’ancienne mer , puis ré- (1) Cet or contient un neuvième de son poids d’argent, sans aufre alliage. Tome LIT. VENTOSE an 9. Dd 2667 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE pandus par ses eaux sur le même fond parmi le gravier où ils se trouvent aujourd’hui. pre Je viens d’avoir la confirmation de cette conjecture, fondée sur plusieurs faits analogues, dans un de ces morceaux d’or donné à mon fils, à Dublin. Il pèse trois deniers; sa forme est. alongée et à-peu-près cylindrique ; sa surface est inégale, ses aspérités sont arrondies, et ayant remarqué dans une cavité des vestiges de quartz blanc, je les examinai à la loupe; je vis qu'ils étoient liés intimement avec l'or, et que la surface de ces frag- mens de quartz étoit aussi arrondie. Mon fils m’a dit, à cette occasion , qu’il avoit vu à Dublin un morceau du poids d’une once, où il ayoit aussi remarqué des vestiges de quartz blanc. Voilà donc manifestement des restes de la gangue où ces morceaux d’or étoient renfermés; le frottement qu’ils ont subi par le roulement des eaux depuis leur séparation de cette gangue détruite, a arrondi les parties saillantes de l'or et les fragmens du quartz qui y sont restés attachés. à Ce fait, nouveau peut-être pour des morceaux d’or, est répété de bien des manières pour des substances moins précieuses. Ainsi on trouve isolés dans les couches de sable des bruyères de la Westphalie, des noyaux d’échinites et des madrépores si- liceux, dont quelques-uns ont des vestiges de la craie où ils étoient renfermés , et des marques, sur tonte leur surface, du frottement qu’ils ont subi dans les eaux de la mer. Et ce qui est ici bien important, il existe près de Lunebourg une éminence de craie qui renferme des échinites à noyaux siliceux, portion en- core subsistante des couches détruites dans le fond de l’ancienne mer, auxquelles ont appartenu les noyaux d’échinites et les autres corps marins actuellement épars dans les sables de cette contrée. Il est possible , de même, qu’il existe dans le comté de Wicklow ou dans ses environs, des couches qui faisoient suite à celles qui renfermoient les morceaux d’or. Près d’Aix-la-chapelle on remarque une colline formée en partie de couches sableuses, où l’on trouve divers corps qui y sont isolés, tels que des fragmens de bélemnites, d’orthocéra- tites, des noyaux de turbinites et de bivalves, des glossopétres , nne espèce de porpites et quelques petits fragmens d'os de pois- sons, mêlés à un gravier de quartz, tous arrondis et polis par le frottement qu'ils ont subi avant d’être enveloppés dans les cou- ches sableuses qui les contiennent. Les corps marins dont ces fragmens pétrifiés proviennent , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 avoient été déposés dans des couches formées au fond de lan- cienne mer , et ces couches ayant été brisées dans le temps où cette mer subissoit de grandes révolutions, ces corps d’une pé- trification plus dure qu’elles, sont restés isolés, puis mêlés et renfermés dans ces couches de sables, formées postérieurement sur ce même fond. . Tels sont encore ces galets et ces silex qui contiennent des corps marins qu'on trouve répandus dans quelques brêches, et dont j'ai cité un exemple dans ma description du mont Voirons, près de Genève (1). ‘ De même les morceaux d’or trouvés dans le comté de Wicklow sont des reliques de veines quartzeuses dont les couches qui les contenoient ont été brisées dans le fond de l’ancienne mer, et qui se trouvent aujourd’hui hors de son sein , par la même cause qui a mis à découvert les continens actuels, c’est-à-dire l’affais- sement des continens anciens et la retraite de la mer qui, en remplissant ce nouveau bassin , a laissé à sec son ancien fond. qq (2) Journal de physique , cahier de prairial an 8, p.421 à 425. Dd 2 OBSERVATIONS METÉOROLOGIQUES, FAITES 1 PAR BOUVARD, astronome. THERMOMETRE. BAROMÈTRE. LE > | Maximum. | Mincmum. |a Minr. Maximum. MINIMUM. AMipr. 1à3%s. + 0,48" m. + 7,04 8,71à9"m... 28. 1,33/à5°s 28. 0,42|25, 1,25 ofà 81 m. + 7y2là midi. + 4,5 4,5 | à midi. . , 27. 9,179|à 85m 27. 7:92/27. 9,17 3là midi. + 2,1là8 m + o,4|+ 2,1 | à midi. . . 27. 5,85|à 8 m.s : 27. 6,50|27. 5,65 4làns. 1,7l881m. — 0,34 1,51à9 11s.. 27. 8,66|à 83m À . 27. 5,86127. 6,75 SA midis o,4là 75m. — 2,8l-4 0,4 Ja 11 4 s.. 27. 0,96! à 75m 27. 8,98|27. 8,87 6118 s. + o;olà 7 5m. — 2,6— 1,408 midi. . 27.10,06| à 7 5m... 27.10,25/27.10,66 jlè midi. — 49/8 m. + 2,5|+ 491è8 s..... 27, .9,89| à 8m.... 27. 9,17/27. 9,58 8l2s + 6,44 8 m. + 4,714 6,5 à 8 m.... 27. 9,85| à midi. . . 27. 9,58 27. 9,58 gfù2s + 8ojà111s. + 4,54 7,6]à113 s... 27.11,50 a midi. :. 27. 9,83/27. 9,85 108155. + 7,8là 81m. + 4,6|+ 7,6la1%s... 26. 0,55] à 5 ;m.. 28. 0,00 28. 0,50 nil 258 + 7,8là8ls. — 6,0+1:7,5 à 25... 27.192] à 8 3 m...27.11,42|27.11,85 jaofà midi. + 6,7|à8 ! m. + 8,7 6,7 /a253s.. 28. o417|à 87 m... 28. 0,08,28. 0,0 |13là midi. + 7,6là 7 1m. + 5814 76 fa2is... 28. 0,60|à7: m 28. 0,50/28. 0,50 14825 “+ 8,3là7ÿm. + 5,64 8,2 à 2s..... 28. 1,17|à 75 m... 28. 0,75/28. 1,08 15[à 255. +10,5|a 85 + 8,2| 10,4 | à midi... 128:2,70|à 8 s 28. 2,58/28. 2,83 16 25s. io,tà 7m. + 7,2-10,5 à 85... . 28. 517 a8im 28. 2,58128. 2,42 j17f2 s. 8,9f4115s.+ 7,0l+ 8,8 à 10is... 28. 0,25|-à 7 3 m 28. 2,40|28. 0,29 18[à o 5m. + 6,7à75m. + 5,14 5,41à25s.... 28, 1,92|à 1 m 28. 0,25|25. 1,83 igjà 145. + 51là7lm. + 3,24 5,olà7;m... 28. 2,bolà11s.... 28. 2,42/28. 2,58, {aoû midi. 2,898 1,5 2,8] à7 Lim... 28. 1,25] à 9 s.... 28. 1,00/28. 1,25 loulà midi. — o,4là 7 :m. — 1,8[— 0,4 à 7 }m... 28. 0,56] à 5 s...: 27.10,17/27.11,9 lazlà 7m. — 4,5là8ls. — 5,9— 5,6|à 7 m... 27. 842)a8 }s. .. 27. 7,50/27. 8,10 23là2 s. — 2,2là 7 im. — 7,0— 2,5 à 55m... 27. 6,85| à 1145... 27. 6,25,27. 6,60 2hlà midi, — 2,5là11s. — 8,j1l— 2,5hà8s. ... 27. 7,33| à o 5m... 27. 6,25,27. 6,75 25là midi. — o,4là7is — 2,4— 0,4 fà 7 Im...927. 5,6o|à2%s... 27. 466127. 5,17 26à21s. + 0,5|à 7 Im. + 0,5+ 0,5 là nudi. . . 27. 3,75) à 7im...27. 8,42|27. 3,78 272 s —o,rlà7 m —10—o0,${à2s..... 27. 5,6o| à 8 ;m... 27. 5,42/27. 5,40 o8là midi. + 4,5là71m. — 0,24 3ofà21s... 27. 6,42] à 7 4m... 27. 6,20|27. 6,58 oglà midi. + 0,5là to s. — 2,4 0,1 fà 108... . 27.10,$)| à 7 m... 27. 8,42127. 0,00! Bolà midi. ++ 4ilàym- = 2,5-+ 2,1/)à8m.... 27. 9,82 à gs. . . . 27. 8,20/27. 8,79 RUE CAP IUT U L AUD NON: Plus grande élévation du mercure. . . 28. 3,17 le 16 Moindre élévation du mercure. . .. 27. 3,42 le 26 Élévation moyenne. . . . . 27. 9,50 Plus grand degré de chaleur. . . . . 10,5 le 15 Moindre degré de chaleur. . . . . . — 8,1 le 24 Chaleur moyenne. . . .. + 1,2 Nombre de jours beaux. . . . . . . . .. A de couverts Meme 0 26 GÉANT MEL D pyobéesto SCO A ? À L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Pluviôse an 1x. H y c. POINTS VAATEEAUTRATE PE TONNES VENTS. A Mir. LUNAIRES, DE L'ATMOSPHÈRE. 83,0 | ©. Preni. Quart. Temps pluvieux toute la journée. 70,5 | SOetN-O. Pluie abond. le m.; un peu de grêle à 2 h. et demie s. 70,5 | N-OetC Neige avant le jour ; demi-couv. le jour peu de neige s. 72,5 |N. 1 Quelq. éclairois le soir; et quelq. gr. de grésil à 2 h. s. 640 | N. Ciel trouble et nuageux; léger brouill, l'après-midi. 57,0 | Calme. Apogée. Ciel chargé de vapeurs et de nuages; neige et grésils. 77,0 O. Couv. et brumeux; forte averse a 3 h. du soir. 77,5 | O. | Temps brumeux; quelques éclaurcis le soir. 78,0 | O. Pleine Lune. Pluie avant le jour, et nuages par intervalles. 78,5 | O-N-O. Quelques éclaircis au lever du soleil. 79,0 | 5-0 Beaucoup d’éclaircis le matin ; couvert l’après-midi. 55,0 | S. Ciel couvert. 69,0 8. Equin.descendi}. Ciel couvert; quelques gouttes d’eau le soir. 80,0 | S. Pluvieux une parüe du Jour ; beaucoup d’éclaircis les. 80,0 RE Ciel légèrement couvert; vapeurs épaisses, 77,0 | S-O. Nuageux dans le jour; beau ciel le soir. 77,0 | S-O. DEMO Couv. et brumeux le mat.; quelq. éclaircis le soir, 66,5 | N. Ciel couvert et brumeux toute la journée, 65,0 | NE. Idem. 65,0 | N-E. Ciel nuageux; couvert le matin et le soir. 380 | N-E. Périgée. Ciel trouble et nuageux; neige l’après-midi. &1,5 | NN-E. Quelq. nuages vers midi; temps neigeux le soir. ARE TION-N:E;: Ciel trouble et nuageux. 45,0 | N. Nouv Tune. Nuageux; quelq. gros floc. de neige à m.; superbeles. 77,0. | N-E. Tempsneigeux presque toute la journée. 84,0 | Calme. Pluie, verglas et brouill, le m.; brumeux l’après-midi. 76,0 N. Equin. ascend. Couvert., brouill. toute la journée, neige le soir. 77,0 N. Neige au lever du soleil; couv. et brouil. tout le jour, 70,0 | N. Beaucoup d’éclairois le jour ; beau ciel le soir. 73,90 | S-E Ciel un peu couv. et brouill. av. midi, neige à9 h.s. RÉCAPITULATION. Hdeyent..-43-11%0h 28 de gelée, . . : : +]. : 12 de tonnerre. . . . .. © de brouillard. . .4 . 6 de neige. _. ..: 9 | de gréle. (4: ":#- 2 3 Le vent a soufflé du N. . ......... MROTOEE “ALL NÉ DHIOL ONE re LESC EE & LD AN PARELE MU 9 o SE DAMON RAT a 1 CAES ECS NET MN 4 CAO: redoute Fo & Où SAM acte te 5 NON. STATE NME Te 1 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4 PaAgoT-DESCHARMES à J. C. DELAMÉTHERIE, On lit dans le Journal de Physique du mois de brumaire an 9, (mémoire du citoyen Eslinger) que le sulfate de soude, sorti des ateliers d'amalgamation de Freyberg, estemployé sans pré- paration et intermède à la fabrication du verre siliceux. Permettez que, relativement à l’emploi de ce sel dans les verreries, je vous fasse passer ( autant que ma mémoire peut me le fournir en ce moment) et avec prière de les insérer dans votre intéressant recueil, si vous les en jugez dignes, quelques notes résultant des différens essais que j'ai eu occasion de faire sur ce çel neutre, depuis nombre d’années, par suite d’expé- riences étonnantes Concernant la décomposition du sel marin ou muriate de soude, k Toutes les fois que j'ai employé le sulfate de soude directe- ment avec le sable seul, et dans des proportions telles que dans l'hypothèse de sa décomposition par le calorique, la base alkaliné devintun, sur un et demi de sable au plus ; je n’ai jamais puréunir, même après un feu de verrerie, longtemps soutenu, qu'ung belle fritte vîtreuse, employée dans des proportions inférieures. Je n’obtenois qu'avec peine quelques parties de fritte vîtreuse, et dans des proportions supérieures j'obtenois difficilement un verre très-pranuleux; dans ce dernier cas les creusets étoient dégradés. En traitant, au contraire , le sulfate de soude avec l’intermède du charbon pilé, depuis un dixième jusqu’à un vingtième du total du mélange de sulfate et sable, dans les proportions ci-dessus, j'ai obtenu très-promptement un verre plus ou moins noir ou fauve, dans le genre des verres ou pierres obsi- diennes. Les creusets n’étoient alors que peu dégradés. Avec l’intermède du carbonate calcaire seulement, dans la proportion du tiers, c’est-à-dire, partie égale de sulfate de soude desséche, de sable et de carbonate calcaire, j'ai obtenu assez promptement un beau verre net et solide, dont la couleur tiroit un peu sur le jaune pâle; les pots étoient très-peu dégradés. Pour peu que je m'éloignai de ses proportions, toutes alors égales d’ailleurs , le résultat étoit où un verre granuleux sans ETID'HESTOIRE NATURELLE 211 $el de verre, ou un verre feuilleté et semé de sel de verre. Dans ce dernier cas les pots étoient très-dégradés. Il est à remarquer que, malgré les soins apportés à l'épu- ration du sulfate de soude , de la silice et du carbonate cal- caire, j'ai constamment obtenu un verre, dont la couleur tiroit sur le jaune verdâtre, vue en masse et sur la tranche prin- cipale ; bien différent en cela du muriate de soude ou sel marin qui, traité à l'instar du sulfate de soude, m’a toujours donné un verre d’une teinte bleue légère, tirant plus ou moins sur le vert. Combinés en outre dans de certaines porportions, avec des cassures de verre blanc ou gresil, les deux verres en résultant ont constamment conservé la nuance de couleur qui paroît leur être propre, c’est-à-dire, que celui fait avec le sulfate de soude avoit une teinte jaune verdâtre, et celui produit avec le muriate de soude, une teinte bleue verdâtre. Ces deux couleurs étoient seulement plus ou moins altérées. Il est à propos d'observer que ces deux espèces de verres, qui sont toujours colorés, et en outre remplis plus ou moins de fil ou stries, par une suite de l’action de leurs sels sur la terre des creusets , ne peuvent convenir, par ces raisons , qu’à faire de la gobletterie, du verre à vîtres ou des bouteilles ; les fils et cordes dont ils sont le plus souvent parsemés, doivent les faire rejeter en quelque sorte de toute composition pour verre blanc, comme verre de Bohème, cristal, glaces, etc. Je me réserve, au surplus, de faire connoître plus particu- lèrement les diverses expériences auxquelles j'ai eu occasion de me livrer à ce sujet, surtout depuis trois ans : en attendant, j'ai cru utile pour le bien de l’art, et afin d’éviter aux artistes des essais inutiles et souvent décourageans , de publier à l’a- vance les observations ci-dessus; elles m'ont paru suffisantes pour régler leur marche dans les expériences qu’ils pourroiïent être portés à tenter, d’après l'annonce du citoyen EÉslinger. m2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EE NOTICE GÉOLOGIQUE S U KR UNE MONTAGNE CALCAIRE PRÈS CHESSY, DÉPARTEMENT DU RHÔNE; Par le C. Lrwarsrre, inspecteur des poudres et salpêtres. Je ne crois pas qu’il existe un fait dans la nature ; qu’il y ait d'observations , silégères qu’elle soient, qui ne méritent l’at- tention du géologue, qui doit sans cesse étudier dans le livre volumineux que la nature tient ouvert à ses yeux. Quelque peu intéressantes que paroiïssent certaines pages de ce livre, il ne doit, s’il est possible, en passer aucune, pour parvenir à connoître exactement l’histoire intéressante de notre globe, et des étonnantes révolutions qu'il a éprouvées. Une montagne, une mine, une carrière, un simple éboulement sont autant de tableaux où le géologue peut lire cette histoire. Cette considé- ration m’a fait croire qu'ils verroient peut-être avec quelqu’in- térêt la notice et le dessin (pl. 1) que je leur présente ici, et qui me paroissent offrir quelque chose de singulier, peut-être même problématique, dont la solution leur appartient. La vallée schisteuse, dans laquelle est situé le village de Chessy, est bornée, au nord-est, par une chaîne de montagnes peu élevées, qui m’a semblé courir du sud-est, au nord-ouest, et dans laquelle se trouve une exploitation de mine de cuivre jaune sulfureuse très-connue. La vallée est fermée, du côté op- posé, par une chaîne de montagnes de 200 à 300 mètres ( 600 à 750 pieds) d’élévation, dont la direction est à-peu-près pa- rallèle à l’autre chaîne, mais qui se prolonge moïns au nord- ouest, et qui est coupée à un kilomètre (un quart de lieu) de Chessy par une autre yallée qui rencontre la première presqu’à angle droit. Cette dernière chaîne est calcaire jusqu'aux deux tiers, à-peu-près, de sa hauteur, à partir de son sommet. Sa base m'a paru de roche schisteuse, semblable à celle qui com- pose vraisemblablement la première chaîne et la vallée intermé- diaire ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 213 diaïre ; puisque le filon de cuivre, exploité jusqu’à 150 mètres (450 pieds environ) de profondeur, est encaissé dans cette même roche. L’extrémité de la haute chaîne calcaire, dans l'espèce de promontoire, qu’elle forme à l'angle des deux vallées, pré- sente, à son sommet, une grände exploitation de pierre calcaire qui fournit aux constructions du pays. On y voit une tranchée verticale de 25 à 30 mètres ( 80 à 90 pieds) de hauteur, faite à-peu-près dans la direction de l’est à l’ouest. Cette tranchée fait voir une suite de bancs de 20 à 40 centimètres ( 8 à 15 pouces ) d'épaisseur , qui ne sont pas tous disposés horisontalement , mais sous différens degrés d’inclinaison , et qui se croisent en divers sens, comme on le voit dans le dessin ci-joint, que j'ai fait sur le lieu même. Le degré de pendage , que j'ai cotte sur chaque disposition de bancs, n’est qu'évalué à la vue, parce qu’il ne n'a pas été possible de le mesurer à l'instrument, à cause de l’es- carpement., Tous ces bancs sont parallèles entre eux dans chaque disposition , excepté ceux cottés À. et B. qui s’élargissent; le pre- mier en s’abaissant , le second, en suivant la courbure des bancs inférieurs sur lesquels il repose. Chacun d’eux est très-distincte- ment séparé de celui qui le suit immédiatement , ou de la tête, ou de la base de ceux qu’il recouvre ou qui viennent s’y ap- puyer par une espèce de salbande de même nature que les bancs, mais d’une autre nuance, La pierre de cette carrière est d’un grain assez fin, jaunâtre par de l’oxide de fer, et un peu coquillère. On y trouve des petites bivalves de la famille des cames, des rateaux ou grif- fites, et quelques bélemnites. Les bancs coquillers et grossiers servent à bâtir, les bancs fins et durs sont employés aux en- tablemens et aux parties d'ornement. Le conseiller des mines, Gilet-Laumont, a donné , sur les crochets et les replis sinueux de certaines veines de houilles et autres bancs a/luviaux , tels que les houillères d’Anzin, près Valenciennes, les couches de mine de fer limoneuse, près Saarre-Libre, un système tellement satisfaisant que ce natura- liste semble avoir pris la nature sur le fait. Son ingénieux système peut-il expliquer la disposition des bancs de la car- rière de Chessy ? Je laisse à la sagacité et à l'habitude de voir et de bien voir des Dolomieu, des Gilet-Laumont, etc., de deviner ici le secret de la nature, si ce que je leur soumets en est un pour eux. Elle a quelquefois écrit en caractères hyéro- Tome LII. VENTOSE an 9. E e 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE glifiques ; mais ils ne sont pas inintellisibles pour ces observa- teurs. J’ai rempli ma tâche en décrivant le mieux qu'il m'a été possible ce que j'ai vu. L. F: LEMaisTre. ESSAI SUR LE CALORIQUE, Où recherches sur les causes physiques et chimiques des phénomènes que présentent les corps soumis à l’action du fluide igné ;. etc. , par JEAN-MARIE SOCQUET. À Paris, chez Desray, rue Haute-Feuille, n°. 36. Extrait par Laranraque, élève en pharmacie. Les diverses modifications, que le fluide igné on matière de la chaleur fait subir à tous les corps, sont si différentes, les formes variées sous lesquelles se présentent ces mêmes corps, pe ou moins pénétrés de cet agent subtil, sont si considérables; eurs propriétés paroïssent si opposées , par le changement opéré en eux , que l’étude de ce principe est devenue très-nécessaire , sur- tout depuis les progrès de la chimie moderne, ou pour mieux dire depuis le renouvellement de cette science. Le citoÿen Socquet a bien senti cette vérité; et, dans un ouvrage qu’il vient de publier , il répand sur cette matière des lumières très-étendues. Chaque propriété essentielle de ce fluide fournit le sujet d’un mémoire particulier , où une foule de faits entièrement neufs sont rapportés avec un soin et une méthode qui lui appartiennent. Faire connoître quelques-unes des idées dont il a emichi la science, tel est le but que je me suis proposé de remplir. Dans le premier mémoire , il considère le calorique sous ses rapports physique et chimique avec les autres corps, d’où l’on peut déduire les principaux phénomènes que ceux-ci nous pré EVER HDA EU IIS-TLO DREEY NA TU R E L'LUES 285 7 sentent, soumis à l’action de ce fluide; tels qué leur capacité pour le calorique, leur dilatation, leur fusion, gazification,, tendance à l'équilibre de température, etc. , Après avoir donné une définition claire et succincte de ses effets dans les différentes espèces de combustions, l’auteur considère le calorique comme un corps réel, et non comme une simple modli- fication de la matière. Îl lui attribue, ainsi qu'aux autres substan- ces , les lois d’affinité de pression , etc. La capacité des corps pour le calorique est, selon lui, la propriété qu’ils ont d’en fixer sur les molécules, dont ils sont composés , une plus ou moins grande quantité, par affinité des surfaces relatives à la diverse configuration des pores. Ainsi, voyons-nous l'eau se fixer sur plusieurs corps en différente quantité Ce liquide, par exemple, se combine en assez grande quantité, par affinité des surfaces, sur les molécules du sulfate d’alu- mine , tandis qu’il ne se combine que très peu sur le sulfate de chaux. Les capacités dépendent donc, selon lui, des propriétés particulières, des surfaces, de l'énergie des affinités et de la force des pressions. Il distingue le calorique de composition ou celui qui devient partie essentielle, d’un corps, et qui ne peut être séparé qu’en le dénaturant de celui de température, retenu sur les corps par des forces coinprimantes , et de celui de capacité qui, comme nous avons dit, est soumis à une force d'adhésion qui peut être infiniment augmentée par les forces des pressions. Mais ces pressions diminuant, ce calorique peut devenir calo- rique de température e£ vice versa. De l’affinité plus ou moins marquée du calorique, pour telle ou telle substance, affinité toujours relative à la pression que ce corps éprouve en raison du plus grand nombre de ces pores et de leur conformité, l’auteur tire des conséquences sur la con- ducibilité des corps pour le calorique. En effet, cette propriété des corps n'étant que celle de laisser un libre passage à ce prin- cipe, Abu EE a que plus un corps aura d’affinité d'adhésion pour lui, plus il présentera une disposition régulière dans ses pores, et lui offrira ainsi peu de tortuosités à parcourir, plus cette propriété sera énergique. Les métaux sont bons conducteurs du calorique, en raison de la configuration des pores et de leur petitesse, Dans ce cas, l'auteur pense que ce fluide est attiré par un plus grand nombre de points de toutes parts, parce que la petitesse du calibre fait que ceux de la circonférence interne peuvent agir en même temps sur la même molécule de calorique. Voilà pourquoi, Ee 2 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ajoute-t-il, l’eau monte plus haut et plus vite dans les tubes capillaires que dans les tubes plus larges. Les briques, et autres corps mauvais conducteurs, nous pré- sentent des pores irréguliers, très-larges et d’un grand volume; aussi le calorique n’est point attiré par plusieurs points à-la-fois. D'ailleurs, il doit vaincre, dans son mouvement, la résistance occasionnée par les molécules d’air adhérentes à ces mêmes surfaces : résistance d’autant plus grande que ce composé aéri- forme est très-mauvais conducteur. De cette propriété de l’air, d’adhérer à certains corps, l’auteur déduit la théorie sur la faculté que possèdent les plumes des oiseaux aquatiques, de ne oint se laisser pénétrer par l’eau. La dilatation des corps, et leur gazification par le calorique, dépendent de la nouvelle quantité des surfaces que les molécules des corps laïssent anudées et libres de contact, lorsque ces mo- lécules s’écartent les unes des autres. Le citoyen Socquet croit encore que les molécules ie sont déja vernissées d’une plus ou moins grande quantité de çouches de calorique, fixées par affinité de surfaces, peuvent encore attirer de nouvelles couches de fluide igné , comme lé soufre pur peut absorber une multi- licité de couches d'oxygène, en changeant successivement ét et de propriétés. Il eïte une infinité de faits intéressans, nouveaux et curieux, our prouver les forces d’affinités des surfaces des différens iquides sur les corps solides. Le passage de ce dernier à l’état liquide, par la variée et successive disposition des points de contact que le calorique fait éprouver à leur pores, est bien expliqué par le citoyen Socquet. La forme irrégulière que prenvent certaines substances, par un refroidissement subit, les dangers d’un prompt dégel des matières organiques, lui donnent un moyen d’établir une théorie qui nous paroît solide. La grande capacité momentanée que prennent les corps, en passant de l’état liquide à celui de gaz ou de vapeurs, tient, suivant lui, à la disposition particulière que prennent les pores des corps qui cessent de se toucher. Ce passage, d’un état à l’antre, n’est pas sensible d’abord; les corps absorbent beau- coup de calorique sans aucun indice de dilatation, ni d’échauf- fement ; enfin, la capacité de cet état stationnaire satisfaite, ils s'élèvent un peu en température et se dissipent en vapeurs ou en gaz. Le calorique de température retenu, comme nous ayons dit, par des forces comprimantes, sur la surface des corps, tend EWD'HUI S T'ONTR EN ATU R'EUXLILE. 217 toujours à satisfaire son élasticité naturelle ; c’est cette élasticité satisfaite que l’auteur nomme calorique radiant. La production perpétuelle du calorique, par le frottement des corps, la recherche des causes, qui font naître la sensa- tion de la chaleur, occupent le citoyen Socquet dans un second essai. Il croit, d’après un grand nombre d’expériences, que cette faculté qu’ont les corps de produire de la chaleur par le frottement, ne tient qu'aux points en état de collision actuelle, qui sont obligés d'abandonner toutes les couches de calorique qui se trouvent entre les points de frottement; c’est ce calo- rique ainsi détaché qui devient thermométrique. Ces points re- prennent des couches voisines, le calorique qu’ils ont perdu , calorique qui ne peut point leur être fourni par celui de tempé- rature, celui-ci ayant déja satisfait une partie de son élasticité naturelle. D'après ce court exposé, et en se rappelant que l’auteur ne distingue point la capacité des corps, pour le calorique, de la propriété qu'ils ont d'en retenir des couches plus ou moins serrées, et comprimées par affinité de surface , et par les pres- sions, l’on voit que ces surfaces étant mises, pour ainsi dire, à nu, par le frottement, reprennent le calorique des corps voisins ; et enfin, que cette déperdition se répare ( sans Fa ment ) comme celle du fluide électrique, dégagé par le frotte- ment du disque vitreux, sur les coussinets. Dans un troisième essai, le citoyen Socquet se livre à des expériences , sur la faculté conductrice des liquides, pour le calorique , faculté révoquée en doute, par le célèbre Rum/ord, dans un mémoire traduit par le citoyen Pictet, et consigné dans le Journal de physique, de chimie et d'histoire naturelle , par le citoyen Delaïnétherie. L'auteur a répété ces expériences, les a variées, en a fait de nouvelles, et, après des résultats non équivoques et satisfaisans , il conclut que les liquides et les va- “peurs aqueuses sont peu conducteurs du calorique , mais qu'ils possèdent cette propriété. L'examen bien réfléchi de l'acte de la respiration, la cause de la chaleur animale , voilà l’objet du quatrième mémoire. Le citoyen Socquet, après avoir tracé brièvement la moderne et ‘séduisante théorie sur cette fonction importante de la vitalité, en fait sentir l'insuffisance pour l'explication de la production perpétuelle de la chaleur, par le gaz oxygène concret. En effet, comment concevoir ce phénomène , si la combustion de quelques décigrammes d’Ether ne produisent point une température bien 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE haute ? Comment, dans les poumons, la combustion d’une moins grande quantité d’hydropène, de carbone entretient-elle la vie ? Comment le sang se charge -t-il si facilement du calorique dégagé, le sang qui doit suivre les mêmes lois que les autres liquides pour la conducibilité du calorique ? Et comment , enfin, peuvent s’opérer ces effrayantes combustions humaines spon- tanées ? L'auteur en donne l’explication en considérant la chaleur animale comme provenant des capacités changées dans les nouvelles molécules qui se forment sur tous les points du corps animal où il y a circulation, assimilation, enfin, modi- fication quelconque dans les molécules premières du sang. « Il me semble, dit:il, page 218, assez vraisemblable que la cha- leur animale peut s'expliquer autrement que par la seule fixation de la base oxygène sur les principes hydrogènes et carbones pres- que libres du sang veineux, par des raisonnemens étayés de preuves analogues prises hors du corps ; c’est-à-dire, en ne con- sidérant, comme l’a déja fait pressentir le savant et modeste Delamétherie (1), la température animale que comme le produit d'une espèce de fermentation lente, générale et perpétuelle, qui a lieu dans les plus apparens et les plus volumineux organes, tels que le poumon, le foie, la rate, les glandes, etc, aussi bien que dans les plus petits et les plus insensibles, ceux de la formation des os , de la solidification des molécules tendineuses, musculaires, nerveuses , aponévrotiques , cartilagineuses , grais- seuses , etc., car c’est un fait incontestable, évident, pour tout physiologiste, que le chyle est converti en sang, que de celui-ci comme d'un fluide principal, sont produits, et non pas sim- plement extraits et séparés, la salive, la bile, la semence, les sucs gastriques, le cérumen, la graisse, la gélatine, la partie fibreuse, les principes des os, les membranes, les secrétions, des classes de différentes classes, etc., etc. Il faut donc que les —_——_———————— (1) Delamétheyie attribue la chaleur animale à trois causes principales. 1°. Au calorique qui se dégage de l'air pur qui sé combine dans le poumon dans l'acte de Ja respiration. 2°: Au mouvement musculaire ; car chez l’animal qui dort, la respiration est la même que chez celui qui veille, et cependant la chaleur est bien plus grande chez ce dermier. 3°. À la fermentation des matières amimales qui forme un grand nombre de nouveaux produits: car prenons l’herbivore , Pherbe qu'il mange se change en chyle, puis en sang : il se forme ensuite de la bile, de la salive, de Purifie, de la graisse , de l’albumine.... Il y a donc plusieurs décompositions et recompo- sions; or dans toytes ces opérations 1l y a dégagement de calorique. ED DYHTLS TO INRIE, N AT U RE L L'E. 219 principes constituans du sang fermentent dans le torrent de la circulation...... Nous devons donc, l’évidence des faits nous force d’adinettre cette fermentation réelle, habituelle et suc- cessive dans tout le système de circulation et d’assimilation. Et pourquoi tant de produits nouveaux, formés dans tous les points de notre corps, ne pourroient-il pas, par leur change- ment de capacité, donner lien à un dégagement de calorique suffisant à la chaleur animale? Ne faut-il pas que la fibre musculaire, la lame osseuse, la fibre tendineuse, membra- neuse , nerveuse, se solidifient ? En se concrétant, n'est-il pas naturel qu’elles expriment du calorique ?» L'auteur regarde l'oxygène absorbé à chaque inspiration comme un simple stimulant absolument nécessaire au jeu des organes animaux. Son opinion est étayée, d'expériences nouvelles et curieuses; il croit les résultats des combustions humaines spon- tanées entièrement analogues à ceux des poudres fulminantes, faites ayec des gaz concrets sur des oxides métalliques, excepté que dans le corps humain les oxides n’ont point cette base. Enfin, le citoyen Socquet termine son intéressant traité du calorique par un mémoire sur les volcans, qu’il considère comme devant leur naissance aux torrens électriques qui abandonnent des sommes incalculables de calorique. Ce fluide vient se con- denser au travers des eaux salées et des roches, pourvu, dit il, que celles-ci se trouvent placées dans des circonstances favorables à sa condensation, circonstances non encore déterminées, à la vérité, mais prouvées très-possibles par les expériences faites depuis peu avec l'appareil électro-galvanique du célèbre Fo/ta. Ce calorique accumulé et fourni constamment, tant queles roches ne seront, point désorganisées, et que les torrens électriques dureront, établira la fusion volcanique supposée appartenir à une dissolution aqueuse ou vaporeusé , incandescente, qui em- pèche la fusion vitreuse par la pression que cette eau éprouve et qui empêche la volatilisation. Il prend de là occasion de prouver l'impossibilité de la décomposition de l’eau à une si haute tem- pérature ; ensuite il donse la théorie de la formation de quelques produits volcaniques ; et enfin, il donne quelques apperçus sur les produits qui semblent ne se former que près des bouches des cratères où l’atmosphère a un libre accès avec les substances eéjpectees. Auimé d’un desir bien louable, celui de rendre facile l’étude de toutes les parties de la chimie, l’auteur s'attache, dans un mémoire particulier , à résoudre plusieurs cas anomaliques d’af- mo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE finités, et à déduire, des lois établies et bien avérées, la théorie deices cas qui, comme il l’obsérve, ne sont qu’apparens et plus ou moins compliqués, mais qu’on voit après de sérieuses réflexions s'appliquer aux faits déja connus. Ses vues, sur les affinités prédisposantes, offrent des appli- cations tout-à-fait neuves; il croit que les molécules des corps ont des propriétés nouvelles au moment même qu'elles sont dans leur sphère d’attraction, quoiqu’à nos yeux ces corps ne paroissent avoir éprouvé aucun changement de combinaison. Ainsi, par exemple, il pense que l’oxygène de l’eau est semi- combiné avec la base fer, lorsqu'on met de la limaille dans l’eau. Mais cette combinaison commencée est étouffée dans ses effets sensibles par l’affinité qui existe entre les deux bases oxygène et hydrogène. En y ajoutant l’acide sulfurique, cette foible com- binaison devient plus forte par l’affinité de cet acide pour l’oxide de fer déja moitié formé. De ce que l’addition d’un troisième corps ne produit aucun changement visible dans un composé de deux principes , doit-on en conclure qu’il n’y ait produit aucun changement ? Non sans doute ; c’est comme si, placé entre deux hommes d’inégale force, un corps quelconque étoit tiré en sens contraire ; et parce que l’homme le plus fort entraîneroit ce corps, pourroit-on dire que le plus foible ne le tireroit pas ? C’est cet état d’union imparfaite que l’auteur appelle semi-combinaison. Il rapporte à la même cause la production d’eau dans la for- mation de l’éther sulfurique. Enfin, il étend jusqu’à la génération des nitres naturels dans les pierres calcaires, sans concours de vapeurs animales , les conséquences de sa théorie sur les affinités prédisposantes. Il suppose que le muriate calcaire est le premier germe nitrificateur; et sa formation, dit-il, est très-facile à concevoir quand on connoît les expériences répétées en différens pays sur les vents du midi dans lesquels on a toujours trouvé dissoute une petite quantité d'acide muriatique : aussi la nitri-, fication se montre-t-elle toujours sur les côtes exposées à ce vent. Cinq autres cas anomaliques , sur les affinités chimiques, sont encore traités par l’auteur ; la théorie satisfaisante qu’il en donne prouve qu’il a médité ces sujets importans. La fameuse alumine de Souvignaco, en Istrie, que le citoyen Socquet a visitée, fournit le sujet de son septième mémoire. Après avoir décrit le site du schiste alumineux et celui de la fabrique, avec le soin et l’art qui caractérisent l’observateur instruit et accoutumé à pénétrer les secrets de la nature, l’auteur s'élève NET D'HISTOFRE NATURELLE. 229 s'élève À des considérations théoriques sur la formation de ce minerai, sur son exploitation ; et HER sur les procédés ingénieux qu’on emploie pour obtenir l’alun à l’état de pureté. Il donne la description du fourneau qui sert à l’évaporation des eaux, et fait connoître les changements qu’on y a faits d’après ses conseils. Il offre , dans cet état, une évaporation surprenante et à peu de. frais. Dans le huitième essai, l’auteur fournit quelques moyens pour obtenir le cuivre pur du métal des cloches. Ces procédés ne paroissent point différer de ceux déja connus, et sur-tout de celui publié en 1791 par Pelletier. Si l'analyse très-succincte que j’ai présentée de l’onvrage du citayen Socqnet, offre quelque intérêt, on le devra à l’avantage qué j'ai eu de pouvoir m’entretenir souvent avec lui des sujets qu'il a traités , et sur-tout aux développemens qu’il m’a fournis avec une bonté vraiment rare. Qu’il recoive ici le témoignage public de ma reconnoissance, et le prix de sa confiance, en me chargeant de quelques expériences relatives à l’efflorescence du sulfate de magnésie natif, trouvé sur les carrières à plâtre de Montmartre, Avant lui, le citoyen Armet en avoit parlé dans un mémoire présenté à l'Académie des sciences, le 6 juin 1792. £a même observation avoit été faite ailleurs par plusieurs natu- ralistes; mais personne n’avoit donné la théorie de sa formation. Le citoyen Socquet l’auroit déja fait, si des affaires particulières ne léussent obligé de quitter Parisavant l’époque qu’il avoit fixée. Ce que je puis assurer, c’est que sa théorie est étayée d'une foule d'expériences qui nous ont donné la conviction parfaite de la possibilité de former du sulfate de magnésie artificiel par la combinaison directe des principes qui existent en grande quantité sur les carrières à plâtre de Montmartre. Les résultats de ces expériences sont parfaitement connus du citoyen Pelletier, dans le laboratoire duquel l’auteur est venu souvent travailler. Tome LIT, VENTOSE an 9. F£ 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE AP men gt 2 ENS LE HE à UE DE P. ESLINGER A J. C. DELAMÉTHERIE, Sur quelques règles que Werner observe dans la description des minéraux. Freyberg, le 2 ventôse an 9: Je viens de parcourir avec beaucoup d'intérêt le traité de minéralogie qui précède votre intéressant ouvrage sur la théorie de la terre. J'ai comparé avec soin votre manière de décrire les minéraux avec celle qu’emploie Werner : vos manières n’étant pas entièrement conformes , permettez-moi quelques. observa- tions sur quelques-unes des règles que Werner s’est prescrites dans cette partie de la minéralogie qu’il nome oryctognoste ; et qui traite des moyens de reconnoiïtre et caracteriser les mi< neraux. Lorsqu'il décrit une espèce il assigne ( pour chaque caractère extérieur) non quelques variétés (du caractère) isoléesgs par exemple le saphir est bleu , rouge etc., mais bien une série de variétés ou nuances dont les termes passent le plus souvent les uns dans les autres. Cette série étant presque toujours exclusive à une espèce est propre à la caracteriser, et c’est elle qu’il s’at- tache de saisir et présenter dans ses descriptions oryctognos- tiques. à Il ne peut parvenir à ce but qu'après avoir vu nne très-grande uantité d'échantillons d’une même espèce, ou avoir observé des suites entières ; aussi jamais il n’a décrit un minéral sur la foi d’autrui : tous ceux qu’il introduit dans son système, toutes les variétés qu'il fait entrer dans ses descriptions, il les possède dans sa superbe collection ou il-les a vues ailleurs, et il s’est assuré de leur authenticité; de là vient l’exactitude que lon trouve dans ses descriptions, dans lesquelles il est inoni que l’on ait jusqu'ici relevé la plus petite erreur. C’est encore une des raisons pour lesquelles Werner n’admet point dans son sys- tême plusieurs minéraux que l’on trouve décrits dans vos difié- ETID A AHRNS MO NREN NATURE LUE 223 rens ouvrages, et dont il possède même quelques échantillons ; il attend d’en avoir vu un plus grand nombre et d'avoir quel- ques renseignemens positifs sur leurs gissemens. Mais pourquoi, me demanderez-vous , Werner n’emploie-t-il Pas notre méthode de décrire et déterminer les cristallisations ? elle est si exacte , si simple, si savante. Il la connoît; il en fait le plus grand cas, et plus que personne il sait apprécier les ser- vices que Romé-de L'Isle et Haüy, pour qui il professe une haute considération, ont rendus à la minéralogie, en introdui- sant dans cette science la précision et la certitude géométrique ; mais voici un de ces grands principes : À/ faut employer abso- dument tout ce qui est nécessaire pour parvenir à son but, mais Tien, rien de plus. Or, quel est le but de Werner dans son oryctognosie? C’est de donner des moyens s#rs, simples et faci- les de reconnoître les minéraux ; il regarde cette branche de la minéralogie comme une espèce d'introduction à la géologie; il veut que sans appareil l’observateur, le géologue puissent sur-le- champ reconnoître et distinguer les minéraux. L’unique instru- ment qu’il emploie est un aimant en fer-à-cheval ,,qui lui sert en même temps de briquet, et dont les angles vifs et acérés lui permettent d’essayer par une simple rayure, la dureté et la raclure des minéraux ; très-rarement a-t-il recours à la loupe. Voulez-vous sayoir sa façon de penser à l'égard d’un de vos minéralogistes ? Ecoutez la traduction littérale de ce qu’il en dit dans le Journal des mines de Freyberg, 1790, tom.2, p.70 —. 5.... La vraie chrysolite avoit échappé à la sagacité du mi- néralogiste français à qui nous sommes redevables de l’excel- lente cristallographie ; en note il ajoute: cristallographie ou descriptions, etc. Paris, 1702. Je ne puis assez recommander cet ouvrage à la méditation et à l’étute de tous ceux qui ont déja quelques connoissances oryctognostiques ; nous n'avons pas un seul livre aussi riche en observations importantes, 'ugemens excellens et déterminations exactes , etc. Plus loin il dit en- core : Je vais d’abord citer celui que, parmi tous les minéra- Logistes qui me sont connus, je regarde comme le plus profond, et celui à qui la science a le plus d'obligation. Voilà le cas qu’il fait de vos cristallographes ; il n’en fait pas moins des ob- servations géologiques de vos Saussure , Dolomieu, etc. Voici quelques exemples de la manière dont il décrit (dans ses cours) les minéraux et assigne la série de nuances de chaque caractère extérieur : j’ai laisse de côté les caractères chimiques et physiques. J'ai pris ces exemples parmi les primes; comme F2 224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE étant universellement connus ; d’ailleurs Werner peut en donner des descriptions complettes, vu que sa collection des gemmes est la plns belle et la mieux assortie qui soit en Allemagne. On y compte plus de trois mille échantillons de circons, plusieurs centaines de saphirs, autant de rubis, plus de cinq cents to- pases, etc. $ APHIR: . Dans cette espèce est aussi compris le vrai rubis qui en est la väriété rouge. Couleur. La couleur ordinaire du saphir est le bleu; on en 2 aussi de rouge et de toutes les nuances entre ces deux couleurs principales. Voici la série des couleurs bleues : bleu de lavande, bleu d'azur, bleu de Prusse , indigo, bleu de ciel, vert très- foncé. La suite des rouges est rouge fleurs de pêcher, cramoisi ; cochenille, rarement le rouge va:t-il jusqu’au carmin : cette suite tient à celle des bleues par une espèce de lilas qui tient le miliew entre le bleu de lavande et le rouge fleurs de pêcher. On a en- core des säphirs dont les couleurs pâles se rapprochent du gris et du blanc; c’est ainsi que du bleu de lavande la couleur passe au gris de perle et de là au gris bleuâire, et même au blano bleuâtre ; de même dans la série de rouges, de rouge fleurs de pêcher, la couleur passe au rose et de là au blanc rougeâtre. On trouve quelques saphirs d’un blanc jaunâtre, et je ne doute point, ajouté Werner , qu'il n’y en ait de jaunes. On a des saphirs qui ont deux couleurs à-la-fois; Werner en a même un qui est blanc au milieu, bleu d’un côté, rouge de l’autre. a Figure. Cette pierre se trouve ordinairement en petites masses roulées et en cristaux ; ces cristallisations sont : 1°. Le prisme hexagone droit. 2°, Le même tronqué sur les arêtes terminales. Lorsque les facettes de la troncature augmentent On 4, . 30, Le prisme hexagone terminé par un pointement à six fa- cettes. Si les faces latérales convergent vers une des extrémités äl en résulte , 4°. La pyramide hexagone tronquée ou pointée. Si les faces latérales du prisme convergent vers les deux ex- trémités 1l se forme, LA: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 5°. La double pyramide hexagone (ou prisme ventru ) tronquée ou pointée aux sommets. Il est à observer que dans ces cristallisations les pyramides sont terminées vers leurs sommets de la même manière que le sont les prismes d’où on les fait dériver. Les cristaux sont petits ou de moyenne grandeur , et les cristallisations sont souvent confuses. Ses faces. Les faces latérales sont striées transversalement ; elles sont très-brillantes, d’un éclat vitreux. Sa cassure. Elle est concoïde ; quelquefois la transversale est plus ou moins lamelleuse. Sa transparence. Le saphir est ordinairement transparent ; ce- pendant il y a quelques échantillons qui ne sont que transluci- des, tels sont ceux qui exposés aux rayons du soleil présentent tn chatoiement étoilé à six rayons. Il est très-clair , Facile à casser. Pesant (4,00). KRAUB, 1 S718 PI N EUL PE: Couleur. Sa couleur principale est le rouge ; d’un côté il passe au bleu ét jusqu’au vert foncé ; de l’autre il passe au jaune et au brun. D’une part les nuances sont carmin, cramoisi, coche- nille, cerise, prune, violet, indigo d’où il passe dans un vert foncé : cette dernière variété est très-rare. D'autre part, on a le carmin rouge de sang, ponceau, orange , brun, rougeätre, gérofle. De plus on a des spinelles d’un blanc rougeâtre si pâle qu'il paroît presque blanc. Quelquefois ce minéral paroît comme recouvert d’une pellicule opalissante qui donne un chatoiement étoilé. Figure. On le trouve quelquefois en grains roulés qui pré- sentent encore des restes de cristallisation ; mais très-souvent il est cristallisé. Ses variétés de cristallisation sont, 10. L’octaèdre régulier ; cristallisation radicale. 2°, L'octaèdre, comme élevé dans sa longueur. 30, L’octaèdre plus ou moins fortement tronqué sur toutes ses arêtes. Lorsque les troncatures augmentent jusqu’au point de faire disparoître les faces de l’octaèdre on a , 4°. Le dodécaèdre du grenat; il est strié diagonalement : variété fort rare. 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si dans l’octaèdre quatre faces augmentent proportionnelle- ment aux quatre autres, il en résulte , * 50. Le tétraèdre régulier, tronqué sur ses coins. Si dans cette variété la troncature du sommet augmente considérable- ment On a, 6o. Le segment de la pyramide triangulaire tronquée aux coins de la base. Ce segment peut former , 7°. La table hexagone, (avec des faces terminales, alternati- vement placées de biais). Cette variété peut être regardée comme un octaèdre dont deux faces opposées auroient considérablement augmenté par rapport aux autres. Si deux faces terminales de la table hexagone viennent à disparoître on a, 8. La table quadrilatère comprimée , ayant également les faces terminales alternativement placées de biais. Sion conçoit plusieurs tables hexagones placées les unes sur les autres on aura, 9°. Le prisme hexagone tronqué sur les angles alternes de la base. 10°. Le cube tronqué sur deux angles diagonalement oppo- sés. Variëèté très-rare. Si l’on oppose base à base deux segmens de la sixième variété, on formera, 110. Un cristal double (cristaux jumeaux), présentant trois angles rentrans. Si sur deux faces du tétraèdre de la cinquième variété on place deux segmens de la sixième variété, on aura, 120. Un cristal triple. Werner a quätre échantillons de cette variété remarquable. ÿ Les cristaux sont petits, fort petits, rarement de grandeur moyenne. Ils se trouvent ordinairement comme enchassés dans un autre minéral, et cristallisés tout-au-tour. Surface. Leur surface est lisse, excepté sur les facettes de troncatures, : Eclat. Elle est brillante, très-brillante et d’un éclat vitreux. . Cassure. Sa cassure est concoïde , évasée; elle est quelquefois si plate et affecte un tel parallélisme, qu’elle se rapproche de la lamelleuse. Les fragmens sont de forme indéterminée. Transparence. Le spinelle est transparent. Dureté. Fort dur. Frangibilité. Facile à casser. Pesanteur. Médiocrement pesant (3,7). ET D'HISTOIRE NATURELLE, 227 ÉY RO P». Le pyrop est cette variété du grenat, connue sous le nom de renat de Bohème. Werner a cru devoir le distinguer du grenat Ft il diffère principalement par la couleur, le défaut de cris- tallisation et par sa transparence. Ce n’est que cette année que Werner l’a présenté comme une nouvelle espèce ; il lui a donné un nom pris de sa couleur de feu, et qui se trouvoit déja dans Pline : c’est peut-être la même pierre que ce Romain a décrite sous ce nom. Couleur. Rouge de sang foncé, qui passe à l’orangé lorsque le minéral est exposé au soleil. Forme. 1] ne se trouve jamais cristallisé, mais uniquement en grains anguleux ou arrondis, et qui sont presque toujours petits. É : Eclat. Dans sa cassure il est très-brillant, d’un éclat vitreux. Cassure. Elle est parfaitement concoïde ; les fragmens sont de forme indéterminée. Dureté. Il est très-dur. Pesanteur. ( Elle n’est pas encore déterminée. ) Gissement. 11 se trouve en Saxe dans la serpentine , et dans les montagnes de Bohème , appellées witrlere gebirse , où sa gangue est une espèce de wake qui appartient aux trapps se- condaires. : AGciTre PYROXÉÈNE DE Haüryr) V’olcarite de Delamétherie. Couleur. Vert foncé , qui est ou vert de poireau ou vert noirâtre, et passe quelquefois au noir verdâtre. Figure. 1] se trouve soit en grains, soit en cristaux d’une grandeur moyenne ; ses principales cristallisations sont, 1°. Le prisme hexagone applati, ayant deux faces larges, opposées , terminé par un biselement dont les facettes naissent sur les arêtes aigues du prisme : (l’arête ou intersection des facettes du biselement est oblique à l’égard de la base du prisine ): Si on tronque légèrement les arêtes aigues de cé prisme , on 4, 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 0. Le prisme octogone applati , terminé comme le pré- cédent. .: Eclat. Dans la cassure il est brillant, tirant sur le peu brillant, d’un aspect gras. 1 Cassure. Imparfaitement concoïde , approchant de l’inégale, à petits grains, et passant quelquefois à l’écailleuse. Dans les cristaux elle paroît imparfaitement lamelleuse. Transparence. L'augite est translucide. Dureté. Dur , plus que le quartz. Pesanteur. Médiocrement pesant (3,47. ) I Gissement. L'augite ne se trouve que dans le basalte , soit seul, soit avec l’olivine. } x men me TRAITÉ DE MINÉRALOGIE DEA P RIRES LES PRINCIPES DE WERNER; Conseiller des mines de Saxe, et professeur à l’école de Freyberg, parle C. BROCHANT,, ingénieur des mines. Extrait par le C. Louis Conprer, ingénieur des mines. Il n’en est pas des sciences physiques comme de toutes les autres, leurs progrès sont lents et pénibles parce qu’elles sont plus fondées sur l'observation que sur la réflexion. Néanmoins il arrive pour chacune une époque où la masse des faits étant devenue très-considérable, leur étude deviendroit en quelque sorte impossible, si on ne prenoït enfin le soin de les préciser davantage , et de les ordonner entre eux. Alors on s'occupe de les discuter , de les comparer et de les raisonner, et sur-tout de fixer la valeur des expressions du langage dela science, parce qu’on sent enfin la nécessité d’attacher toujours les mêmes idées aux mêmes mots, pour parvenir, à l’aide du raisonnement, à des résultats toujours comparables. Alors, il se fait une véritable révolution ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘229 révolution dans la science; tous les esprits qui s’en occupent sont dans la plus grande activité; une foule d'idées nouvelles se développent; les écrits se succèdent rapidement, jusqu’à ce qu’enfin l’homme de génie, qui sait démêler ce qu'il y a de bon et de raisonnable. dans chacun , remette les choses dans une assiette convenable, et fixe pour longtemps la marche de la science. Autant qu’il est permis d’en juger, d’après les appa- rences , cette époque , déja passée pour la botanique et la chimie, est arrivée pour la minéralogie. Les recherches et les découvertes importantes, faites depuis peu d'années par un grand nombre de savans du premier ordre, ont agquis à la science une masse de faits intéressans qui la rendent digne de l’étude des meilleurs esprits, et ne laissent à desirer que des méthodes perfectionnées de les classer et de les décrire de la manière la plus convenable à la propagation et à l’ayancement des connoissances. Dans de telles circonstances, on ne pouvoit manquer d’ac- cueillir favorablement un ouvrage qui auroit pour but de faire connoître l’état actuel de la minéralogie en Allemagne, où on la cultive depuis longtemps avec succès. Tel est en effet l’objet du Traité que le citoyen Brochant vient de publier. 5 Dès 1774, M. Werner avoit senti une partie des vices qui retardoient les progrès de la minéralogie : le vague de la langue descriptive des minéraux l’avoit sur-tout frappé, et il s’étoit occupé de l’étendre , de la préciser et de la fixer invariablement. Alois , il publia un traité des caracières extérieurs, et depuis, soit dans d’autres ouvrages, soit dans ses leçons à l’école des mines de Freyberg , il s’est occupé des autres parties de la mi- néralogie , qu'il a traitées avec un égal succès, au moins à en juger d’après l’assentiment général que ses compatriotes et les étrangers ont donné à ses méthodes, en les adoptant presque sans aucunes modifications, C’est cet assentiment général qui a déterminé l’auteur de ce Traité à l’entreprendre , et on doit lui en savoir d’autant plus de gré, qu'il a eu à lutter contre le préjugé qui repousse, depuis longtemps en France, tout ce qui tient aux découvertes de M. Werner. Au reste il annonce formellement lui-même qu’il ne prétend pas s'établir juge en aucune manière ; il a voulu seule- ment faire connoître ce qui étoitignoré, afin de mettre les gens instruits en état de juger et de choisir. ; Cet ouyrage étant exactement rédigé d’après les principes de M. Werner, examiner ces principes, c’est examiner l'ouvrage ; Tome LII. VENTOSE an 0. Gg 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nous allons en conséquence les extraire tels que l’auteur les # lui-même énoncés dans son introduction. M. Werner divise Ja minéralogie en cinq parties : 10. L’oryctogrosie, ou la connoissance des espèces; C’est ce que nous appelons plus particulièrement minéralogie. 20. La minéralogie chimique. 30. La géogrosie, ou connoissance de la terre; c'est ce que nous appelons géologie. 4°. La minéralogie géographique. Elle a pour objet la cons- titution de chaque contrée en particulier. 5°. La minéralogie économigze. Elle considère les minéraux sous le rapport des usages auxquels les hommes peuvent les employer. L’oryctognosie est donc la partie principale de la minéralogie, puisqu'elle est nécessairement ie fondement de toutes les autres: C’est de cette partie dont M. Werner s’est le plus occupé , et c’est celle qui fait spécialement l’objet de ce traité. L'oryctognosie se divise elle-même en deux parties, dont l’une a pour objet les minéraux simples, tels que le quartz, le diamant; et l’autre , les minéraux mélangés, ou plutôt les masses formées par le nd constant d’un certain nombre de minéraux sim- ples, comme le granit, le porphyré, la sienite. La connoissance des animaux simples comprend leur descrip- tion, leur classification et leur nomenclature. Décrire un métal, c’est indiquer tous les caractères qu’il pré- sente ; on en distingue de quatre sortes. 10. « Les caractères extérieurs; ce sont ceux que l’on peut reconnoître dans les minéraux par le seul usage des sens, et sans détruire leur aggrégation ; tels sont, la forme cristalline, la dureté, la cassure , la pesanteur, la transparence, la cou- leur, etc. «20, Les caractères intérieurs ou chimiques ; ce sont ceux que l'on tire de la composition chimique ou de quelque propriété chimique des minéraux, et que l’on ne peut reconnoître qu’en détruisant l’aggrégation. Tels sont la fusibilité, l’effet des acides, etc., ou l’analyse complette. 3°. Les caractères physiques. Tels sont ceux que présente plusieurs minéraux doués de quelques propriétés physiques par- ticulières, comme la phosphorescence , le magnétisme , l’élec- tricité. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 251 4. « Les caractères empyriques; ce sont ceux que l’on tire de quelque circonstance particulière que l’on observe ordinai- rement dans un minéral ; telle est la présence d’un autre mi- néral qui a coutume d'accompagner celui qu’on veut connoître , le lieu où on le rencontre communément, » M. Werner donne la préférence aux caractères extérieurs pour la description des minéraux , parce qu’il pense que ce sont cer1x que l’on peut reconnoître et déterminer le plus exactement , dont la recherche est la plus facile et exige le moins de temps ;, qu’on découvre sans décomposer les minéraux, et qu’enfin ils sont , avec les caractères chimiques , les seuls qui, non-seu- lement, se présentent à la fois dans tous les minéraux en général et dans chaque minéral en particulier , mais encore qui indi- quent le plus certainement une différence essentielle entre les espèces. On peut ajouter de plus , avec l’auteur, que ce sont les seuls qui donnent du /acies ou de l'aspect extérieur d’un minéral, une idée assez exacte, un portrait assez ressemblant pour qu’on puisse se le représenter sans l'avoir vu. Au reste, nous verrons bientôt que M. Werner est loin d'employer exclnsive- ment les caractères extérieurs dans ses descriptions, comme on J'a cru longtemps en France ; quoiqu'il les regarde comme les plus importans , il ne laisse pas pour cela de faire usage de tous les autres. | La classification des minéraux simples de M. Werner est en- tièrement fondée sur la composition chimique. Mais néanmoins il distingue le principe prédominant , c’est-à-dire celui qui est le plus abondant , d’avec le principe caractéristique , c’est-à-dire celui qui a le plus d’influence sur les caractères. Cette distinction est fondée sur l’observation qu'il a faite que certains principes donnent constamment aux composés dans lesquels ils entrent, des caractères analogues, quoiqu’ils n’y soient pas prédominans, et que d’ailleurs il y ait d’autres cs dans la, compo- sition, C’est par cette supposition que M. Werner excuse le rap- prochement de certaines espèces que l’analyse chimique auroit éloignées. Quant à la nomenclature des espèces , M. Werner s’est fait une loi de conserver toujours le nom le plus ancien et le plus en usage, ou bien celui employé par les minéralogistes les plus célèbres, ou bien, à lcur défaut , d'en imaginer un tiré de quelque carac- tère saïllant, et qui füt propre à faire distinguer l'espèce. La seconde partie de l’oryctognosie a pour objet la connois- sance des minéraux mélangés, en tant qu’ils a des masses g æ 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÊ CHIMIE considérables à la surface du globe. Werner désigne les masses de minéraux mélangés , sous le nom de gebirgsarten littérale- ment espèce de montagne, que lauteur à traduit par le mot roche , en lui donnant une acception plus étendüe qu'on ne lui donne ordinairement. {l exprime par là zoute masse miné- rale une grande étendue à la surface ow dans l’intérieur de la terre, constituant des montagnes ou des plaines. On peut considérer les roches relativement à leur descrip: tion , à leur classification et à leur nomenclature. Les caractères dont on peut se servir pour décrire les roches ; sont tirés de leur composition, de leur contexture , de leur for- mation et de leur gissement, | - Werner fait, relativement à la composition des roches, deux distinctions. Il considère les roches simples où composées en grand , et les roches simples ou composées en petit. Le gneiss, qui est toujours une roche mélangée en petit, forme tantôt une roche simple en grand lorsqu'il constitue des masses homo- gènes, et tantôt une roche composée en grand lorsqu'il ren- ferme dans la masse du sol qu'il constitue , d’autres espèces de roches telles que la pierre calcaire, grenue ou la hornblende schisteuse. Le pipse , qui est une roche simple en petit, peut être une roche simple en grand , s’il ne contient aucune couche étrangère, mais il forme une roche composée en grand , lors- qu'il contient de l'argile ou du sel geinme. Les couches qui, par leur interposition , changent une ro- che simple en grand , en une roche composée en grand , sont appelées couches subordonnées , lorsqu'elles se rencontrent pres- que toujours dans la même roche , et couches étrangères lors- qu’elles n’y sont que très:peu fréquentes. Ainsi la horneblende schisteuse est souvent en couches subordonnées dans les :oches de gneiïss, tandis que le-stralstein y est en couche étrangère. Les minéraux simples qui constituent les roches en petit, sont essentiels ou accidentels Aïnsi le feldspath , le quartz et le mica sont parties composantes essentielles du granit, tandis que la hornblende, le grenat , la tourmaline en sont des parties com- osantes accidentelles. On considère les parties composantes re- Eréenent aux caractères qui sont propres à chacune, à leur roportion , à leur aggrésation , à la préexistence des unes à Fégurd des autres, et à (eue décomposition. La contexture des roches peut être grenue (comme dans le granit et la siénite ), schisteuse ( dans le gneiss et le thonchiefer), PR 8 ou irrégulière ( dans la roche de topaze ). ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 253 « Relativement à la formation on distingue les roches formées par cristallisation après une dissolution préalable , celles qui sont dues au transport et au dépôt par les eaux, sans y avoir été dissoutes auparavant , et celles qui doivent leur origine à l’action des feux volcaniques. Enfin quant au gissement, on considère pour chaque roche, celles qui l’accompagnent le plus souvent , celles sur-tout aux- quelles elle est superposée, ainsi que celles qui la recouvrent ordinairement. La classification des roches est basée sur leur ancienneté re: lative. Ainsi M. Werner regarde le gneiss comme plus ancienne que la pierre calcaire coquillère , parce qu’il en est souvent recouvert, et qu'il ne la recouvre jamais. Quant à la nomenclature des roches , il ne paroît pas que M. Werner soit parti d'un principe unique. Il s’est servi des noms employés avant li tels qu'ils sont, c’est-à-dire tirés tantôt de la contexture, tantôt de la composition, tantôt de l’un et l'autre à-la-fois. Tel est l’abrégé des principes de M. Werner , développés par le cit. Brochant. C’est d’après ces principes qu’il a rédigé son traité, et qu’il l’a divisé en quatre parties. 19. Exposition des caractères des minéraux simples. 2°. Tableau de la classification des minéraux. 30. Description des minéraux simples. 4 Description des minéraux mélangés, ou des roches. Les caractères chimiques et physiques étant en petit nombre, et sur-tout peu variés, leur nomenclature s’est faite insensible- ment avec facilité ; mais il n’en est pas de même des caractères extérieurs; comme ils sont nombreux, qu’ils offrent des mo- difications très-variées, et des nuances très-délicates, ou _bien on les a souvent confondus entr'eux dans le langage, faute de les avoir bien observés, et d’avoir su les distinguer d’une ma- nière précise, ou bien on n’en a fait usage que d’une manière vague qui laissoit tout à desirer. Tel est le motif qui a déterminé M. Werner à observer et à préciser chacun de ces caractères jusque dans ses dernières modifications , à les classer dans un ordre systématique pour aider la memoire, et sur-tout à fixer pour chacun une dénomination raisonnée , ensorte que le langage de la science puisse enfin devenir uniforme par-tout. Sans pre- juger ici de la valeur des différentes espèces de caractères et de l'emploi qu’on doit en faire, on ne peut s’empêcher de com- 234 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE parer avec l’auteur ce travail de M, Werner à celui de Linnœus, dans sa philosophia botanica. Le citoyen Brochant a divisé en deux parties ce qui a rapport aux caractères extérieurs. La première consiste dans le tableau systématique de ces caractères. disposés dans l’ordre suivant lequel les sens nous en donnent l’idée. La seconde en contient l'exposition raisonnée. : La classification des minéraux comprend, comme on l'a vu, deux parties, savoir: les minéraux simples et les minéraux mélangés , ou les roches. Les minéraux simples sont divisés en quatre classes; 1°. les terres et les pierres, 2°. les sels, 3°. les combustibles, 4°. les métaux. La classe des terres et des pierres contient autant de genres qu'il y a de terres simples connues. M. Werner y a ajouté de plus un genre particulier pour le diamant, dont il ne croit pas qu'on ait encore trouvé la véritable composition. En parcourant ces genres, on est étonné de voir plusieurs espèces dans les quelles, non-seulement le principe prédominant n’est pas celui de la terre qui détermine le genre , maïs encore dans lesquelles cette terre, qui pourroit être considérée alors comme principe caractéristique, ou n’est qu’en très-petite quantité, ou manque tout-à-fait. C’est ainsi qu'on trouve dans le genre siliceux le saphir, qui ne contient point de silice; dans le genre argileux l’opale, qui souvent ne renferme pas un atome d’alumine , le tripoli qui n’en renferme que sept; dans le genre magnésien, la cyanite qui ne contient que deux de magnésie. On passe sous silence plusieurs autres contradictions occasionnées par les analyses modernes, dont M. Werner a probablement déja fait usage pour rectifier ses tableaux. Les espèces de chaque genre sont souvent réunies par groupe, qu'il appelle familles, à raison de l’analogie de leurs caractères extérieurs. C’est ainsi qu'il forme une famille des zéolites , une des quartz, une des trapps, etc. Lorsqu'une espèce offre constamment plusieurs modifications analogues dans ses caractères extérieurs, M. Werner la partage en plusieurs sous-espèces. C'est ainsi qu'il divise la chlorite en quatre sous-espèces, savoir : la chlorite lamelleuse , la commune, la terreuse et la schisteuse. On pourroit faire des observations sur lusieurs de ces sous-espèces, telles que celles du quartz et du béril » ainsi que sur la formation de plusieurs espèces qui parois- sent devoir n’en former qu’une ps comme la pierre à fusil, EX DID? HAS LT 'OMRE :N°A TU RELILE, 2355 la calcédoine , l’héliotrope, etc. ; mais comme l’auteur s’en est occupé d’une manière très judicieuse dans ses remarques, on se contente de les indiquer ici. Relativement aux trois autres classes, on se contente égale- ment d'indiquer qu’elles contiennent, ainsi que la première, pen espèces nouvelles; telles que le plasma, l’eisenkise], e lazulite, la wacke, le bergbutter , le kolenblende , leziegelerz, l’olivenerz, l’étain pyriteux, etc. La série des minéraux mélangés, ou des roches rangées, d'après leur ancienneté relative, est coupée en cinq classes, savoir : 10. les roches primitives, 2°, les roches de transition, 3°. les roches stratiformes, 4°. les roches d’alluvions , 5°. et les roches volcaniques. La formation et la classification des espèces parmi les roches, ne pouvant avoir des motifs fixes et absolus comme celles des minéraux simples, on ne discutera point ici les mé- thodes de M. Werner; il suffira de dire que le tableau qui con- tient plusieurs espèces nouvelles est fait pour inspirer aux géolo- qe le desir de connoître le traité des roches qui sera contenu ans le second volume que le citoyen Brochant doit incessamment publier. Après s'être occupé de la valeur, de la classification et de l'exposition des caractères des minéraux, de la formation, de la nomenclature et de la classification des espèces, l’auteur passe à leurs descriptions, qui forment l’objet principal de son ou- vrage, tout le reste n'étant qu’un travail préliminaire, indis- pensable ; à la vérité, pour y procéder avec ordre, clarté et précision. La description des minéraux simples comprend les titres sui- vans : 1°, Caractères extérieurs. Is sont exposés dans le même ordre que celui de leur exposition; à quelques modifications près. 20, Caractères chimiques. 30. Parties constituantes. Les résultats d'analyses sont séparés des antres caractères chimiques. 4°. Caractères physiques. À ae: 5°, Les usages. Cet article a sur-tout pour objet ce qui tient à la minéralogie économique. à. 60. Les localités. Ce titre remplit en partie objet de la mi- Aéralogie géographique. à ne ' 7°. Le gissement. Tout ce qui a rapport à la minéralogie géognostique est contenu sons ce titre. à 8. Les remarques. C’est là où sont indiqués les caractères 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE empyriques, où-on trouve ce qui a rapport à la découverte et à l’histoire de chaque espèce en particulier : c’est sous ce titre que l’auteur rend compte des nombreuses découvertes, faites depuis nue années, principalement en France, qu’il place un grand nombre d'excellentes recherches et d'observations judi- ciéuses, toutes les fois qu’il n’a pu les faire entrer à leur place, dans le corps de chaque description. Ce travail important n’ap- partient qu’à lui, et suffiroit seul pour lui donner des droits à l'estime des gens instruits (1). En un mot, on peut dire que l’ouvrage du citoyen Brochant répond à ce qu’on devoit attendre d’un des meilleurs élèves des citoyens Dolomieu et Haüy, et sous ce rapport sur-tout il ne peut que faire honneur à ces deux hommes célèbres. Puisse le premier être bientôt rendu, et à ses amis qui ne seroient pas à le desirer, si leurs efforts avoient été aussi fruc- tueux que leurs vœux sont ardens, et à la science qui attend depuis Rice les résultats de ses observations nombreuses et de ses grandes conceptions , et enfin à sa patrie qui lui prépare sans doute les honorables récompenses des maux qu'il a soufferts pour sa cause et celle de la philosophie. Pour faire mieux connoître la méthode de l’auteur nous allons rapporter la description qu’il fait d’une substance cristallisée , l'émeraude , et celle d’une substance non cristallisée, l’kornstein. CLASSE DES TERRES ET PIERRES, GENRE SILICEUX. DOUXIÈME ESPÈCE. SMARAGD ou SCHMARAGD. — L'ÉMERAUDE. SILEX SMARAGDUS. Id. Emm.T.1, p. 80. —Wid. p. 271. —M. L. p. 69.— W, Cronst, p. 102. (1) Lorsque le second volume de cet ouvrage aura paru on fera connoître la saéthode descriptive des roches. . f Gemma ET D'HISTOIRE NATURELLE. 237 Gemma pellucidissima.. . Smaragdus , Wall. T. 1. p. 253. — Emeraude du Perow. R. d. L,T.2,p, 245.— Emeraude , D. B. T.1, p. 66.— Id. Daub.—14. Lam.T.2, p.227. — Emerald, Kirw. T.1,p.247.— Smeraldo, Nap.p,122. + Emeraude, Haïüy. E. p.257. — Emeraude verte, Haüy. T. LE Caractères extérieurs, - Sa couleur est un vert pur sans mélange d’autre couleur, qui, à cause de la nuance qui lui est particulière, a reçu le nom de vert d’émeraude; ce vert est plus ou moins foncé, et passe quelquefois au vert de pré, L'émeraude se trouve ez morceaux roulés ou cristallisée. Ses formes sont : | a. Un prisme (régulier) à 6 faces: 10. Parfait ; 20. tronqué sur ses bords latéraux; 3°. tronqué sur ses bords terminaux ; 4°. tronqué sur ses angles terminaux ; 5°. portant un biseau sur ses bords terminaux. Plusieurs de ces modifications sont souvent réunies ensemble dans le même cristal (1). Les cristaux sont de moyenne grandeur ou petits. La surface des cristaux est /isse et éclatante. A l’intérieur, l’émeraude est aussi éclatante et même frès-écla- tante; c’est l’éclat du verre. La cassure est conchoïde ou inégale; elle est aussi quelque- fois lamelleuse en travers. Les fragmens sont z1déterminés, à bords aigus. L'éméraude est assez communément diaphane, où au moins demi-diaphane : il y a cependant des variétés qui ne sont que translucides (2). Elle est dzre un peu plus que le quartz; elle est /roide au toucher ; médiocrement pesante. Pes. spéc. Brissow , 2775. (1) La variété 4 d'Emmerling est un cristal double qui me paroït évidemment être la forme ec du rubis, les deux descriptions étant presque identiques ; du moins je ne vois pas Comment on peut rapporter celte forme à celles connues de l’émeraude. (2) L’émeraude a la propriété de la double image. (Hauyx). Kirwan la aussi observé , t.1;p. 247. Tome LII. VENTOSE an 0. Hh 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Caractères chimiques. Elle est fusible au chalumeau, en verre blanc un peu écu- mant , mais difficilement ; elle se fond sans bouillonnement avec le borax. : Parties constituantes. Vavqueurx,; J. d. M: n°. 38, p. 96. Silice..... MÉTÉ NE 6450 Alumine....... AR te 16. GORE ND) PESTE RSS Oxide de chrome........ 3 25 Chaux: RTS 1.60 Eau etre È ; AIRE Le 100.35 Allaminestes ein Ie 15. Glucmei.s.:. ue 12458 Oxide de chrome......... 0.25 Chaux ME : 0 20) Oxide de fer... tre. 1 97:90 Klaproth a, comme on le voit, confirmé l’analyse faité par Vauquelin. Il avoit obtenu auparavant 66,25 de silice, 31,25 d'argile, et 0,5 d’oxide de fer. T.2, p. 15. Usages. L’émeraude est employée comme pierre précieuse : elle est (1) Foyez ci-après à l’aruicle béril et son analyse. ET D'HISTOIRE NATURELLE 25d fort estimée quand elle est pure; mais il est rare d’en rencon- trer qui soient sans taches, et en même temps d’un certain volume. Gissement et localités. Les émeraudes nous viennent principalement du Pérou, où elles se trouvent en grande quantité : on en a rapporté aussi de l’Egypte et de l'Ethiopie. ° Le cit. Dolomieu a trouvé dans un granit de l’Elbe, une éme- raude parfaitement diaphane et sans couleur. » Remarque. C'est à tort que l’on attribue à l’émeraude la propriété de devenir phosphurescente lorsqu’elle a été chauffée ; il paroît que l'on avoit pris un spath fluor vert pour une émeraude. Voyez en outre les remarques sur le béril noble. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. HORNSTEIN,—LA PIERRE DE CORNE ou LE HORNSTEIN. SILEX CORNEUS. Nota. Il ne faut pas confondre /4 pierre de corne ou le horn- stein des Allemands, avec la pierre ou roche de corne des mi- néralogistes français, qui désigne la plupart des corneus de WVallerius , et qui dans cet ouvrage correspond à plusieurs va- riétés de thonschiefer, à la hornb'ende schistsuse , etc. ( ’oyez . ci-après la synonymie et les remarques sur l’espège Aornstein). Id. Emm. T. 1, p. 138.—W id. p. 305.—Lenz, T. 1, p. 202. —NV.P.T. 1, p. 247. —M. L. p. 1 8. : Petrosilex squamosus et petrosilex aequabilis, WalLT. 1, p: 280 et 281. — Hornstone, Kirw. T. 1, p. 303, en excluant la Hh 2 240 JOURNAL DÆ PHYSIQUE, DE CHIMIE seconde famille (1).— Petroselce, Nap.p. 177.— Petrosilex (?) Lam. p. 180. | Ld Petrcsilex (?) Haüy. T, ( Voyez les remarques). M. Werner partage l'espèce hornsteiu en trois sous-espèces ; les deux premières ne diffèrent entre elles que par la cassure , et la troisième, qu’il nomme Ao/zstein, est un bois imprégné de hornstein. Il paroît que c’est depuis peu qu'il à fait cette réunion du kolzstein avec le horstein : elle est adoptée par Em- merling, Linz et Reuss. Estner, au contraire , renvoie Le holz- stein avec les pétrifications. Nous verrons plus bas les raisons sur lesquelles Werner a fondé son opinion. SOU SE SP ÈCE, SPLITTRICHERHORNSTEILN, == LE HORNSTEIN ÉCAILLEUX. Id. W.P.T.1,p. 247. — Petrosilex squamosus, Wall. T. 1, p. 280.— Perrosilex écailleux (?) Hauy. T. : Caractères extérieurs. Ses couleurs sont le pris bleudtre, le gris de fumée, le gris de perle., les gris noirätre , verdätre et jaunétre ; rarement le blanc grisätre et le blanc jaunûtre; les bruns jaunâtre , rouged- tre et noirdtre ; le rouce de chair, le rouge brun&tre. Le vert olive, le vert de pré, le vert de montagne Sont très-rares. Sou- vent plusieurs de ces couleurs sont mélangées ensemble et pré- sentent des dessins tachetés et rubanés. | On le trouve en z12asse et en "10rceaur arrondis (2); il est toujours at, excepté dans le passage au quartz, où il estun peu brillant. La cassure, est écailleuse, à grandes ou, petites écailles. Les fragmens sont irdéterminés, à bords aigus. () M. Kirwan, dans sa première édition de sa Minéralogie , avoit décrit sous ce nom la. hornblende de Werner, par une méprise sémblable à celle indiquée dans la note précédente. (1) M. Emmerling ajoute aussi qu’on en a trouvé en pseudo-cristarx , Qui tous appartiennent-au spath calcaire; mais M. Rcuss pense que ce sont des pseudo- cristaux de quartz commun, qu’on a cru composés de Lornstein. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 243 Îl est communément ranslucide sur Les bords , très-rarement entièrement sranslucide. - Il est dur, mais moins que le quartz, et quelquefois passant presqu’au demi-dur, — aigre, — facile à casser , — médiocre- z1ent pesant. ë < Pes. spéc. GmMeuin , 2,699. BLUMENBACH , 2,708. C aractières chimiques. Suivant Lenz et Emmerling , le hornstein écailleux est fusible au chalumeau sans addition. Suivant Widenmann, au contraire, il est infusible , si ce n’est avec le borax. Kirwan rapporte qu'ayant essayé plusieurs variétés de horn- stein , prises dans la collection de Leske, à une température au- dessus de celle qu'on obtient par le chalumeau, il n’en a trouvé qu'une seule qui ait donné des signes de fusion (t. 1, p. 303). 11 a analysé uu hornstein qui lui a donné 72 de silice, 22 d’alu- mine et 6 de carbonate de chaux (id. p. 305), Gissement et localités. _ Le Aornstein écailleux se trouve principalement en filons dans les montagnes primitives; on en trouve aussi en /10/ceaux ar- rondis dans des montagnes d’alluvion. 11 forme aussi la masse principale d’une espèce particulière de porphyre. (Foy. horn- stein-porphyr). On en trouve en Bohème ( Wüsterndorf, près de Tœplitz) ; : en Saxe (à Freyberg, Schneeberg , Johann-Georgenstadt, Gres- dorf,etc.), en Suede (Dannemora , Garpenberg), en Tirol ; etc. Werner, dans le catalogue de Pabst, cite un hornstein d’un gris blanc , accompagné d’améthyste, du Schneekopf, dans le Henneberg. Karstein, dans le muséum de Leske, cite deux échantiilons de hornstein, qui forment les passages de cette pierre au quartz et à la calcédoine. Emmerling cite aussi des passages à la pierre à fusil et au jaspe. à IE SIOIU SE S\P'É"C'E: MUSC®LICHER HORNSTEIN. LE HORNSTEIN CONCHOIDE. Id. W.P.T.1,p. 250— Petrosilex uequal lis, Wall. T.1, p. 281 — Petrosilex uni (*) Haüy, V. ET 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ Le Aornstein conchoïde a , suivant Emmerling et Lenz, abso- lument les mêmes caractères extérieurs que le Aornstein éeail- leux , excepté la cassure qui est conchoïde. Aussi ils les réunis- seut tous deux en une seule description. Widenmann rejette même la distinction de Werner , et il pense (pag. 307) que la différence de cassure ne doit constituer que des variétés. Je ne puis donc donner de description particulière de cette sous-espèce de hornstein. " ” Werner dans le catalogue de Pabst, cite un Aornstein con- choïde d’un blanc grisâtre tacheté, accompagné de gneïiss du Goldberg en Saxe. Il cite aussi deux hornsteins écailleux, l’un de Dannemora en Suède, l’autre de Saxe , comme étant des pas- sages au hornstein conchoïde, III SOU SE SPÉCE. JHOLZSTEIN. = LE BOIS PÉTRIFIÉ ou LE HOLZSTEIN Silez lithozxilon. Id. Emm. T. 1, p. 168.— Wid. p. 329.— Lenz, T. 1, p. 218. M. L. p. 136.— W.P. p. 263.— Woodstone, Kirw.T.1, DO Cette substance est comprise dans les quartz agathes xyloïdes, Hauüy. T. Caractères extérieurs. Ses couleurs les plus ordinaires sont le gris noirätre, passant quelquefois au noir grisdtre, le gris de cendre , passant quel= quefois au blanc grisdtre, le gris de fumée , le gris jaunétre, le pris de perle, qui passe souvent au rouge de chair, au rouge de sang et au rouge de cochenille. Quelques-uns sont aussi runs jaunâtres et bruns rougeätres. Les holzsteins jaunes d’ochre ou verts de montagne sont rares. Plusieurs couleurs se réunissent souvent dans le même morceau, et forment des dessins tache- tés , ou rubanés, ou n1agés. 3 On le trouve presque toujours sous forme ligneuse; ce sont des branches ou‘des troncs d’arbres plus ou moins gros, sou- Ré. !: È | EUDWDIEAMIS NON EMNANT OU R'E L'ILE: 243 vent parsemés de nœuds, quelquefois de racines : on en trouve Aussien zz0rceaux arrondis. ; Sa surface est comme celle du bois, ou rzde, on inégale, ou striée en longueur , à grosses stries. A l’intérieur il est pez éclatant, quelquefois même il n’est que brillant ou même "mat ; c’est l’éclat du verre. Sa cassure présente le, plus souvent la contexture des fibres du bois ; elle est alors schisteuse, à feuillets minces ; elle est aussi quelquefois écai!leuse ou conchoïde imparfaite. Les fragmens sont indéterminés, assez aigus, quelquefois esquilleux. Il est le plus communément sranslucide sur les bords, ce- pendant il est aussi tantôt eztièrement translucide , tantôt opa- gue.—Tlest dur;— facile à casser; — froid au toucher ; — médiocrement pesant. Usages. Le holzstein est susceptible d’un beau poli , et on en fait des plaques qui sont employées en bijouteries. Gissement et localités. (Les auteurs allemands n’indiquent pas dans quelles espèces de montagnes on trauve le holzstein , et quelles circonstances l’accompagnent ). On en trouve en Bohème, en Hongrie, en Saxe (Shemnitz), à Kolywan, en Sibérie, etc. LA Remarques. ‘ Les minéralogistes français doivent sans doute être étonnés de voir le Ao/zstein ou bois pétrifié occuper une place parmi les espèces oryctognostiques, dans la méthode de Werner. Il ne faut pas croire néanmoins que tous les bois pétrifiés se rapportent à cette espèce : le holzstein est sans doute un bois pétrifié ; mais tous les bois pétrifiés ne sont pas le holzstein. Werner considère dans toutes les pétrifications la substance pierreuse qui sert de pâte, et les regarde alors comme des va- rietés de forme de cette substance pierreuse ; mais par le holz- stein il désigne un bois pétrifié particulier, dont la pâte pier- af JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE reuse lui paroït avoir été tellement modifiée par son union avec “les parties ligneuses, qu’elle difière essentiellement de toutes les espèces pierreuses simples. 1] en avoit d’abord fait une espèce æarticulière, mais depuis il a reconnu qu’on pouvoit l’adjoindre comme sous-espèce au hornstein , avec lequel il lui a trouvé beaucoup de rapports. ' > .… Rémarque générale sur l’espèce hornstein. On croit communément que les hornsteins des Allemands sont des petrosilex des minéralogistes français; mais je suis porté à croire que celte opinion n’est pas fondée. Le cit. Dolomieu ap- pelle petrosilex (géologiquement) certaines roches primitives (simples ou mélangées ) qui se trouvent en grandes masses, qui 6ont toujours fusibles au chalumeau en un émail blanc, et qui, par leurs caractères extérieurs, $e rapprochent beaucoup du feldspath en masse : il a même avancé qu’il pensoit que les petrosilex sont au feldspath ce que les silex (c’est-à-dire toutes les pierres à fusil, jaspe, calcédoine, opale, etc.) sont au quartz; et d’après cette idée, le cit. Haüy a appelé perrosilex le minéral qui forme la base principale des roches nommées petrosilez par le cit. Dolomieu; ainsi le pecAstein des Allemands est pour lui un petrosilex résini'orme; Île néphrite, connu sous le nom de jade, est le pétrosilex jadien , etc. Comparons, d'après cela , le petrosilex avec le hornstein. On a vu, dans les descriptions précédentes, que le hornstein de Werner étoit tantôt fusible, tantôt infusible ; que sont gisse- ment est le plus ordinairement dans des filons ou dans des ter- reins non primitifs; que Cependant il forme la masse principale d’un porphyre qui est une-roche primitive. On a vu aussi que le hornstein est lié par des passages, d’un côté au quartz, et de lPautre à la pierre à fusil et au jaspe. Les différences princi- pales qui les distinguent sont, qu'il est moins dur que toutes ces pierres, moins transparent que les deux premières, et que sa cassure est le plus souvent écailleuse et quelquefois con- choïde.... Il est évident que tous ces caractères, sur-tout ceux de non- fusibilité et de gissement , ne peuvent être appliqués au petrosi- lex; et le seul hornstein que l’on pourroit considérer comme pe- trosilex, est celui qui fait la base du hornstein-porphyr; ce n’est pas que le caractère d’être primitif ou secondaire doive servir à distinguer Ù ET D'HISTOIRE NATURELLE. 245 distinguer les espèces minérales, mais il est impossible d’identi- fier deux espèces, dont l’une ne contient que des minéraux primitifs (le petrosilex), et l’autre (le hornstein) qui renferme principalement des substances de formation très-secondaire , parce qu’à coup sûr les minéralogistes qui ont décrit ces deux espèces , n’ont pas observé les mêmes minéraux. Les caractères du hornstein de Werner avoient été très bien sentis par de Saussure, lorsqu'il dit ( ’oyage des Alpes ; $.1 194) qu’il croit devoir distinguer deux espèces de petrosilex , le néopè- tre ou petrosilex secondaire , qui est le hornstein de Werner, et le pal/aïopètre ou pétrosilex primitif, qu’il croit correspondre à ce minéral, qui fait la base du porphyrschiefer de Werner, et qui dans cet ouvrage est le kZngstein. ( Voyez porphyrschie- fer et klingstein). Je pense donc que le hornstein de Werner comprend à la vé- rité quelques-uns de nos petrosilex , mais qu’il désigne le plus souvent certaines variétés de nos silex ou des quartz-agathes et quartz-jaspes du cit. Haüy. Le chert des Anglais est un hornstein. É rome men P: AU Li login: OL 1 en re ‘og DE LA CHLORITE BLANCHE ARGENTÉE, Par Vavwuqueziw. : Sa couleur est d’un blanc d'argent. Elle répand une odeur argileuse lorsqu'on l’humecte. Elle est formée de petites écailles brillantes, extrêmement douces au toucher, et qui laissent sur les corps qu’elles touchent un enduit semblable aux écailles de certains poissons. L’eau dans laquelle a macéré pendant quelque temps cette substance est alkaline et verdit fortement le sirop de violette. Elle précipite aussi les dissolutions métalliques. Chauffée à la flamme du chalumeau elle se fond en un émail blanc-verdâtre. Calcinée à une forte chaleur, cette pierre perd 00,6 de son poids, et devient légèrement rouge. Tome LII. VENTOSE an 9. Ii 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'analyse m'a prouvé qu’elle est composée , To ME STlice. Teen ST AMOI5E 2 MD AlUMIENIER RME EN ,. 0,18 DD Cha A AN ANNEE ANG 08 4°. De fer mêlé de manganèse.. 0,04 BOND ERA RE PEER GE 6%. De potasse. 1, 0: Me: 0,08 0,95 - Perte réelle.........:,.. 0,05 Il résulte de ces expériences que cette substance est différente de la chlorite verte cristallisée en prismes, car cette dernière contient de la magnésie et point de potasse; la blanche , au con- traire contient de la potasse et point de magnésie. ANALYSE DE L'EUCLASE. Le même chimiste a analysé l’euclase, et en a retiré une grande quantité de glucine. En grec en A HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, Par LECLERC DE BUFFON. Nouvelle édition accompagnée de notes , et dans laquelle les supplémens sont insérés dans le premier texte , à la place qui leur convient. L’on yÿ a ajouté l’histoire naturelle des quadrupèdes et des oiseaux découverts depuis la mort de Buffon; celle des reptiles , des poissons, des insectes et des vers; enfin l’histoire des plantes dont ce grand naturaliste n’a pas eu le temps de s'occuper. Ouvrage formant un cours complet d'histoire naturelle, ré- digé par C. S: Soxinr, membre de plusieurs sociétés savantes. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 247 Tom. XXXV, XXXVI, XXXVII, XXXVIII, XXXIX et XXXX. A Paris, de l'imprimerie de F. Dufart. On souscrit à Paris chez Dufart , imprimeur-libraire , rue des Noyers, n°. 22. Bertrand , libraire , rue Montmartre, n°. 113 , à côté des di- ligences. A Rouen, chez Vallée frères, libraires rue Beffroi , isa À Strasbourg , chez Levrault frères , imprimeurs-li- braires. PAGE RS AAIS T: Les tomes trente - cinquième et trente-sixième contiennent l’histoire des singes. Latreille a fait plusieurs additions au texte de Buffon. « Collaborateur , dit-il, du respectable et savant Sonini , si digne d’être l'éditeur des œuvres du Pline français dont il fut l'ami, et auquel il communiqua de si bonnes ob- servations , ayant été chargé de rédiger la partie des singes , j'ai recueilli toutes mes forces pour répondre à la confiance dont j'étois honoré. Je me suis donc proposé de rendre l’his- ioire de ces animaux, publiée par Buffon, aussi complette que l'état de la science peut le permettre ». Il a puisé dans les voyageurs tout ce qu’ils ont publié de nouveau sur ces ani- maux. Le travail d’Audebert lui a été d’une grande utilité, ainsi que ceux de Cuvier, Geoffroi et Lacépède. Voici la note des articles qu’il a ajoutés au texte de Buffon. ‘ Addition à l’article de la nomenclature des singes. Il a beaucoup ajouté à l’article des orangs-outangs ; ces espèces de singes si intéressans par les grands rapports qu’ils ont avec l’homme. Il fait voir que les différences sont encore plus consi- dérables : d’où il conclut que les orangs, quoique plus près de l’homme que les autres singes | ont cependant une organisa- tion qui les éloigne considérablement de nous, et doit les faire ranger avec les autres animaux, Ces différences sont, 1°, Leur trou occipital est plus en arrière que le nôtre, ainsi leur tête ne peut être en équilibre lorsqu'ilsse tiennent debont, et ils sont forcés de regarder le ciel , tandis que marchant à quatre pattes leurs yeux se dirigent naturellement en avant. 2°. Le bassin a son plan d’entrée parallèle à l’épine, et si étroit , dit Cuvier , qu'il ne peüt fournir au tronc une base suf- fisante, ni des attaches égales, et que le corps ne peut demeurer dans une situation perpendiculaire. Ii2 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 3°. Les pieds de derrière ne posent point sur la plante en- tière , mais seulement sur le bord extérieur, ne présentant aucun point d'appui. On voit, par leur conformation, que la nature les a formés de manière qu'ils servissent à l’animal à grimper facilement. 4°. La rainure du fémur dans laquelle la rotule glisse lorsque nous étendons la jambe , est si courte , les muscles fléchisseurs sont insérés si bas , que l’orang demeure toujours les genoux à demi ployés. 5°. Son larinx ne sauroit articuler aucun son. L'air de vant remplir deux sacs considérables , placés au-devant du cou, et communiquant avec la trachée avant que de passer par la glotte. 6°. Le pouce des mains est si court qu’il n’est presque d’au- cune utilité. 7°. L’os maxillaire est, comme dans tous les animaux à ma- melles , l’homme seul excepté , divisé par une suture placée entre la dent canine et la dernière des incisives ; ensorte que celles-ci sont toutes implantées dans l’os intermaxillaire. Latreille a aussi fait des additions assez considérables à l’ar- ticle du gibbon. Il a donné l’histoire du singe de Wurmb, dont Geoffroi a parlé dans ce journal , en 1798. Il a décrit le singe noir dont a parlé Vaillant, ainsi que le rhesus d’Audebert. Dufresne à donné l’histoire de l’entelle. Latreille a décrit l’ascagne. L’atys. Il a fait des additions aux articles des sagoins et des sajous. Il a décrit quelques espèces peu connues , tels que : Le babouin à queue très-courte. Le babouin à queue de pors, Le singe brun. Le singe bouc. Le singe annelé. Le Sapajou en deuil. , Le syrichta, Il a ensuite cherché à éclaircir ce qu’ont dit des voyageurs, sur quelques espèces de singes. Enfin , il a exposé un tableau de toutes les espèces de singes connues. L'histoire des singes termine l’histoire des mammifères. .: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249 Le tome trente-septième commence l’histoire des oiseaux. On Y trouve également un grand nombre d’additions au texte de Buffon. Virey a beaucoup ajouté au discours sur la nature des oiseaux ; le reste du volume traite des aigles. Sonini a fait des additions à l’article de laigle commun. 11 a décrit plusieurs espèces d’aigle dont n’avoit pas parlé Buffon , tels que l’aigle blanc, le igriffard , le huppard , le blanchard, le vocifer, le blagre , le cafre, le bateleur, le mogilnik, l’aigle de Gottingue. Le trente-huitième contient la suite de l’histoire des aigles, celle des vautours, du gypaete ou laemmer-geyer, des milans et des buses; on Y trouve également des additions très-con- Sidérables par Sonini, et par Virey. Le trente-neuvième volume contient l’histoire des éperviers, des autours, {des faucons, des émerillons et des pie-grièches ; Sonini en a décrit un très-grand nombre dont n’a pas parlé Buffon. Le quarantième volume traite des oïseaux de proie nocturnes, tels que les ducs et les chouettes. Il finit par les oiseaux qui ne Ssauroient voler, tels que l’autruche, le casoar, le dronte et le solitaire. 11 y à dans ce volume, comme dans les autres , un grand nombre d’additions par Virey, et par Sonini. Ces additions rendront complette cette histoire des oiseaux. 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Voyages physiques et lithologiques, dans la Campanie’ suivis d’un mémoire sur la constitution physique de Rome, avec la carte générale de la Campanie, d’après MN celle des cratères éteints entre Naples et Cumes; celle du Vésuve ; du plan physique de la ville de Rome ancienne et moderne ; la description des anciens champs Phlégréens, et leurs produits minéralogiques, etc. etc.; par Scipion Breislak, traduits du manuscrit italien, et accompagnés de notes par le général Pommereuil, préfet du département d’Indre et Loire; 2 vol. in-8°., ornés de belles cartes enluminées ; prix 10 fr. pour Paris, et 13 fr., franc de port par la poste. Papier vélin 20 fr., et 24 fr., franc de port par la poste. A Paris, chez Dentu , imprimeur-libraire, palais du Tribunat, galerie de bois, n°. 240. Nous avons déja fait connoître l'édition italienne de l’ouvrage que nous annonçons. L'auteur a fait à cette édition française des additions considérables qui en augmentent l'intérêt. Tous les minéralogistes le liront avec autant de profit que de plaisir. Nous le ferons connoître plus en détail. Description abrégée de tous les travaux, tant d’amalzama- tion que des fonderies qui sont actuellement en usage dans les ateliers de Halsbrück, près Freyberg , pour servir de guide aux étrangers qui voudront visiter ces établissemens, et aux jeunes gens qui voudront étudier cette partie ; par J. P. Fragoso, membre de l'Académie des sciences de Lisbonne. Dresde, 1800, brochure in-4°. de plus de 100 pages, avec 2 planches en taille douce ; prix 3 fr., et # fr., franc de port. À Paris, chez Théophile Barrois, libraire , rue Haute-Feuille, n°. 22. Nous avons déja fait connoître une partie de ce beau travail de M. Fragoso ; mais l'intérêt dont il est pour l’exploitation des mines nous engagera à en donner des extraits plus étendus. De la petite vérole, par La méthode naturelle, ou des moyens de rendre cette maladie plus souvent benigne et de s’en préserver sans le secours de l’inoculation ; avec un tableau ana- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251 lytique où l’on expose l’origine , la nature et les causes de dif- férentes espèces de petites véroles, leurs divisions en ordres et en genres , .et leur traitement basé sur ces divisions ; Par L. P. Collinet. Un vol. in-12. A Paris, chez Caïillot, imprimeur-libraire , rue du Cimetière-André-des-Arts, n°. 6 ; JT Ki à : : Méquignon l'aîné, rue des Cordeliers, vis-à-vis celle Haute- En ES , re Feuille ; Croullebois, rue des Mathurins; Villiers, même rue. ? ? E 2] : É ? ae » La petite vérole est une maladie si meurtrière, que l’art de guérir ne sauroit trop s’en occuper. Principes de physiologie ou introduction à la science expéri- mentale , philosophique et médicale de l’homme vivant; par Charles-Louis Dumas, de l’Institut national de France, profes- seur d’anatomie et de physiologie , chargé des cours de biblio- graphie médicale et de clinique interne, à l’école de médecine de Montpellier, membre de plusieurs sociétés savantes et litté- raires; 3 vol. in-8°, À Paris , de l’imprimerie de Crapelet. Chez Déterville, libraire, rue du Battoir, n°. 16, quartier de l’Odéon. Nous donnerons un extrait détaillé de cet ouvrage intéressant. 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Mémoire sur la quantité de l’air vital de l'atmosphère , et sur les differentes méthodes de la mesurer, par M. Antoine de Marti. : Page 173 Expériences et observations sur la vitalité et la vie des germes, par Victor Michelotii. 18) Observations sur Les prismes ou schorls volcaniques , et par- ticulièrement sur ceux de l'Etna , par G. A. Deluc: 195 Observations sur les morceaux d'or trouvés duns le comté de Wicklow en Irlande, par G. A. Deluc. : 1205: Observations météorologiques. | 208 Pajot-Descharmes à J.-C. Delamétherie. 210 Notice géologique sur une montagne calcaire près Chessy , département du Rhône, par le cit. Lemaistre. 212 Essai sur le calorique, par Jean-Marie Socquet. Extrait par Labarrague. 214 Lettre de P. Eslinger à J.-C. Delamétherie , sur quelques règles que Werner observe dans la description des miné- TAUT. 222 Traité de minéralogie d’après les principes de Werner , par le cit. Brochant. Extrait par Le cit. L. Cordier. 228 Analyse de la chlorite blanche arsentée, par Vauquelin. 248 Histoire naturelle, générale et particulière , par Leclerc de Buffon. 246 Nouvelles littéraires. 25a x 09 Ppf dnypap 6 up ovopue y Ÿ \ S , \ Ÿ \ — N RE \ \ N % S \ N N \ = ——— NT ù NN UORALOTE D ON \ = N\ N KW MANS \ REP NT A AK 0 ep PRNPOUX PAU LS POPPHEMYUNS POUPEE NN N N N = 4 7 “4 # LOL KA < SS L LP NS I 7. 7 4 c# - à È / 7 — À # F A\e CU F° 14 7 We À LV UoHaUD LÈ UoPALÔf} D 202997 200 5 ODNOP chbpoun nn APRES, LE POUD €J SS L Z £ = ns PP EE LL LES COL Z Æ ES CLZLLLE EL 70 > RARES ATOS ALL ie 222 Ge An 2 AL Le tntleié IAE" nt ons a —_ — — ONE] op JP 01" ET A en «pme li JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. GERMINAL 4x 0. EXTRAIT D’UN OUVRAGE SUR LES'ESPECES DE QUADRUPÈDES Dont on a trouvé les ossemens dans l’intérieur de la terre, adressé aux savans et aux amateurs des sciences, par G. Cuvren, membre de l’Institut, professeur au collège de France et à l’école centrale du Panthéon, etc. Imprimé par ordre de la classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut national, du 26 brumaire an 9. Tout le monde sait aujourd’hui que le globe que nous ha- bitons présente presque par-tout des traces irrécusables des plus randes révolutions : les productions variées de la nature vivant qui embellissent sa surface , ne couvrent que des débris qui at- testent la destruction d’une nature antérieure. Soit que l’on creuse dans les plaines , soit que l’on pénètre dans les cavernes des montagnes , ou que l’on gravisse leurs flancs déchirés , on ren- contre par-tout des restes de corps organisés, enfouis dans les couches plus ou moins épaisses qui forment la croûte extérieure du globe des amas immenses de coquilles se trouvent à de grandes Tome LII. GERMINAL an 9. s 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DES CHE E distances de toute mer, et à des hauteurs où il seroit .impos- sible aux mers-d'arriverraujourd’hui; des bancs.d’ardoïises ren- fenmentdes poissons; deslits de-houille présentent-des-empreintes de végétaux à des hauteurs ou à des profondeurs également éton- nantes. Mais ce qni surprend; davantage enpoxes, c’est le désordre qui règne dans l’entassement de ées objets : ci, Tes couches coquil- lières en couvrent d’autres quine contiennent que des végétaux ; là, des poissons sont'superposés à des‘animaux terrestres, et ont à leur tour des plantes on des coquilles au-dessus d’eux. Des tor- rens de laves, de pierre ponce, produits d’incendies souterrains, se mêlent en d’autres endroits 4ux.pradfits .de)l’océan ; presque par-tout ces dépouilles d’êtres organisés sont absolumént étran- gères au climat dont-le-sol-les-recèle-:.6"est-sous l'équateur qu’on trouve vivans les analogues des coquilles ou des poissons fossiles du nord, et réciproquement. En un mot, autant la nature a em- belli la deménro actuelle des espècés vivantes autant élle’a pris soin d'assurer leur bonheur et leur conservation; autant elle sem- ble s'être plüe à leur laisser ales monwnenpsde sa puissance dans ce désordre ét cette apparente confusion , preuves évidentes des bouleverséméns qui doivent aWoir précédé (Vordie (présent de l'univers. ; Ces tracés de dévastation ont frappé de tout temps l'esprit des hommes;lestraditions de déluges , conservées chez presque tousles peuples, sont dues à ces corps marins répandus sur toute la terre. Celles non moins universelles de géans viennent de ces ossemens supérieurs à ceux de tous les animaux des climats où on en a découvert de temps en temps. Mais ce ne sont là que des idées populaires. Des hommes d’un autre ordre ont cherché à embrasser toute la généralité du phé- nomène , pour rémonter à ces causes ; il ont fouillé dans les ruines du globe pour y découvrir des monumens de son his- toire physique ; éommé lespañtiquaires fouillent dans les ruines des cités:pour y découvrir dés monumens de l’histoire des arts t des coutumes des peuples qui les habitoient. Les Woodward, Whiston , les Leibnitz, les Buffon n’ont pu envisager ces objets sans cette inquiétude. qui caractérise le génie ; leur ima: gination , échauffée parun si grand spectacle, s'est élancée dans le passé; elle a eru assister à ces catastrophes successives, à ces inondations, à ces affaissemens, à cesincendies ;ellea cru en tracer lPhistoire, lorsqu'elle ne faisoit que celle de ses propres créa- tions. EXTODAEM SYNONMR ENNANT UR ELLE, 255 Mais les sciences ont leurs âges comme les hommes : livrées, dans leur jeunesse , aux illusions brillantes de l’imagination, elles deviennent plus froides, plus raisonneuses dans l’âge mür. Les génies créateurs qui leur donnent naissance s’élancent dans la carrière par une sorte d'inspiration; c’est presque en témé- raires qu’ils la parcourent : et il faut que cela soit ainsi. Les esprits timides commenceroient par remarquer les obstacles ; les têtes hardies passent par-dessus sans les appercevoir : mais leur exemple encourage les premiers ; ils s'engagent à leur suite; leur marche est plus lente; ils ne font pas un pas qu'ils n'aient reconnu les difficultés , qu'ils ne les aient applanies. Les uns avoient deviné plutôt qu'étudié, la nature; les autres , tout en ne pensant qu’à vérifier des systèmes qu’ils admirent , l’étudient véritablement : et c’est ainsi que les sciences comme les peuples passent par la poésie pour arriver à l’histoire. La théorie de la terre a donc pris, depuis vingt ans, une marche nouvelle ; les Saussure , les Pallas, les Dolomieu ont été moins empressés de s’attirer l'admiration de leurs contempo- rains par des édifices brillans et fragiles, que de poser des fon- demens solides sur lesquels la postérité püt construire un jour un monument durable. Tout système a été rejeté par eux; ils ont reconnu que le premier pas à faire pour deviner le passé, v’étoit de bien cons- tater le présent. Dès-lors, au lieu d'imaginer des causes , on a recueilli des faits; les montagnes, les filons, les, couches ont été sondées en tout sens; on a rassemblé tous leurs matériaux, on les a comparés entre eux ;,et déja naus.possédons une, masse de connoïssances réelles, qui surpasse de beaucoup tout ce qu’on pouvoit espérer lorsque cette méthode à commencé à prendre faveur. : Cependantil estune partie du règne animal dont les dépouilles fossiles ont été moins étudiées : c’est celle qui concerne les qua- drupèdes. Longtemps on n’a donné d'attention qu’à ceux de leurs ossemens fossiles qui frappoient par leur grandeur ou par leur forme extraordinaires. Sloane,, to Daubenton, et Pallas nous; ont fait ainsiconnoître les os d’éléphans et de rhi- nocéros épars dans lé pays, du,nord, et ont faitnaire l'idée assez généralement répandue, que les animayx. du, midi ont habité autrefois le nord ou qu'ils y ont été portés par quelque, inon- dation qui suivoit cette direction: EE AY Camper, Blumenbach,, Hunter, Rosenmiller , Faujas, ayant continué ces recherches, se sont bien apperçus qu’uné telle cause Kk 2 256 JOURNAL, DELPHYSIQUE,WDE CHIMIE ne suffisoit pas pour expliquer tous les phénomènes, et que la distribution des ossemens fossiles n’est pas, à beaucoup près, aussi régulière qu’on l'imagfnoit : mais ils n’ont pas épuisé la matière. En comparant le nombre des espèces qu’ils ont examinées, avec celles qui restent encore, on peut presque dire qu’ils l'ont à peine effleurée. Cependant cette espèce de fossiles n’a pas moins d'intérêt que les autres pour la théorie de la terre ; on peut même assurer qu'il est plus facile d'obtenir un résultat décisif de l’examen des ossemens (le quadrupèdes, que de tous les autres fossiles d'animaux. La question principale étant de savoir jusqu’à quel point est allée la catastrophe qui a précédé la formation de nos continens ac- tuels , ils’agit sur-tout de rechercher si les espèces qui existoient alors ont été entièrement détruites, ou seulement si elles ont été modifiées dans leur forme, ou si elles ont simplement été trans- portées d’un climat dans un autre. Or il est clair qu’un tel examen doit être plus facile à faire par rapport à la classe des mam- mifères , que par rapport à toutes les autres ; c’est la moins nombreuse ; nous en connoiïssons à-peu-près toutes les espèces : s’ilen reste quelques-unes à découvrir , elles sontsûrement petites, et peu importantes. Ilest presque impossible qu'aucune des grandes ait échappé aux poursuites des voyageurs, aux enquêtes des na- turalistes : il y a plus, nous possédons aujourd’hui les sque- lettes de presque toutes celles qui sont connues. Nous pouvons donc comparer, et prononcer avec assez de certitude si un os fossile quelconque ressemble ou ne ressemble pas à l’os analogue des espèces vivantes. 11 n’en est pas de même des coquilles et des poissons ; les naturalistes sont encore bien éloignés d’en avoir ob- servé la totalité ; et chaque fois que nous trouvons dans la terre un poisson ou une coquille inconnue , nous pouvons supposer que l'espèce en est encore vivante dans des mers éloignées ou à des profondeurs inaccessibles. Malgré ces raisons d'étudier de préférence les os fossiles de quadrupèdes , les hommes célèbres que j'ai cités plus haut ont été arrêtés dans leurs recherches par deux sortes de difficultés. D'une part, ces os sont plus difficiles à recueillir que tous les autres fossiles; rarementsetrouvent-ilsbien conservés.Les ouvriers quilesrencontrent y font peu d’attention, païce qu’ils les prennent pour des os d'hommes Gu d'animaux ordinaires souvent même des savans n’ont pas apperçu les différences délicates qui les distinguent de ceux des espèces communes. D'autre part , il n’est pas facile d’établir par-tout les com- BAND HS TOR E N/AUT,U, RC WILE: 257 paraïsons nécessaires : ce n’est presque que de nos jours que l’ana- tomie comparée est sortie de l'enfance ; il n’y a guères, en Europe, que deux ou trois lieux où l’on'ait des collections assez complettes pour y trouver tous les objets nécessaires à une comparaison exacte. \ C'est à ces deux causes que nous devons attribuer l’imper- fection de nos connoïissances sur le sujet qui nous occupe, et les erreurs qui règnent dans les ouvrages les plus estimés. J’ai déja cité plus haut celle que l'on ne trouve que dans le nord , les ossemens des animaux du midi. Plusieurs auteurs pensent en- Core que ces ossemens sont parfaitement les mêmes que ceux des espèces vivantes; qu’on ne les trouve jamais que dans des ter- reins meubles, où ils ont pu être transportés par des rivières; que lJ’Amérique méridionale ne possède point les ossemens des animaux de la zône torride de l’ancien monde, quoiqu'il yen ait dans la septentrionale , et que l’ancien monde n’a point d’os- semens des animaux propres au nouveau. C’est pour avoir ainsi mal déterminé le phénomène , qu’on a cru pouvoir l’expliquer par ces suppositions d’un printemps perpétuel, d’une inclinaison de l’axe du globe, d’un déplacement du bassin des mers, d’un refroidissement graduel de la terre , et par d’autres encore tout aussi insuffisantes. J M'étant apperçu des causes de ces inexactitudes, j’ai cru devoir m'occuper à les détruire. J’ai commencé par revoir tout ce qui avoit été fait sur ce sujet par mes prédécesseurs; j’ai comparé de nouveau aux analogues vivans les os dont ils avoient parlé , et qu’il m’a été possible de me procurer; j'ai employé des hommes pour me chercher dans les environs les ossemens que recèlent nos carrières ; j'ai visité les cabinets où il y en avoit de déposés; j'ai ouvert des correspondances en différens pays, et les savans qui les habitent m’ont envoyé des descriptions et des dessins des os fossiles qu’on y a découverts. Je dois dire que j’ai été secondé avec le zèle le plus ardent et le désintéressement le plus noble, non-seulement par mes amis, mais encore par tous les Français et les étrangers qui cultivent ou qui aiment les sciences, et qu’il m’a été possible d'interroger. De cette reunion d’efforts est ré- sultée la notice la plus complette qui ait encore été rassemblée des divers ossemens qui ont été jusqu’à présent retirés des en- trailles de la terre. Mais cela ne suffisoit point : il falloit déterminer le genre et l'espèce de chaque os, de chaque portion un peu considérable d'os; il falloit rapprocher les os appartenant à une même espèce , 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE reconstruire en quelque façon les squelettes des animaux; faire ensuite la comparaison de ces êtres ainsi ressuscités avec ceux que les naturalistes ont découverts vivans sur la surface de notre terre actuelle , déterminer leurs ressemblances et leurs dif- férences. Je dis plus : il falloit reconnoître dans ces charpentes jusqu’au naturel et à la manière de vivre des animaux dontelles Droviennent. Cette assertion n’est point aussi romanesque qu’elle le paroîtra peut-être aux personnes qui n’ont point d’idée de la méthode qu’on suit dans ces sortes de recherches. Tous les os, dans l’état de vie, sont attachés les uns aux au- tres , et forment un ensemble dont toutes les parties sont co- ordonnées. La place que chacun d’eux occupoit est toujours facile à recon- noître par sa forme générale, et on peut juger par le nombre et la position de leurs facettes articulaires , du nombre et de la direction de ceux qui leur étoient attaches. Or, le nombre, la direction et la figure des os qui compo- sent chaque partie du corps déterminent les mouvemens dont cette partie est susceptible , et par conséquent les fonctions qu’elle peut remplir. Chaque partie, à son tour , est dans un rapport nécessaire avec toutes les autres , de inanière qu’on peut conclure , jus- qu'à un certain point, de l’une d’elles à l’ensemble , et réci- proquement. Par exemple, lorsque les dents d’un animal sont telles qu'il faut qu’elles soient pour qu’il se nourrisse de chair , nous pou- vons assurer , sans autre examen , que tout le système de ses or- ganes de la digestion est disposé pour cette sorte d’alimens , et que toute sa charpente , et ses organes du mouvement, et même ceux de la sensibilité, sont faits de manière à le rendre habile à appercevoir ; à poursuivre et à saisir une proie : en effet, ces rapports sont les conditions nécessaires de l'existence de l’animal, et ilest évident que si les choses n’étoient pas ainsi , cet animal ne pourroit pas subsister. J'ai choisi cet exemple comme le plus palpable , et le plus propre à faire concevoir l’espèce de raisonnement que ces re- cherches exigent. ù On sent aisément que tous les rapports des parties ne sont pas aussi démontrés que ceux-là , et qu'on est souvent réduit à des ‘conjectures plus délicates et à des conclusions moins cer- ET D'HISTOIRE NATURELLE taines ; mais il est du moins touisurs facile d’assigner à chacun de ces résultats le degré de probabilité qui lui appartient. D'ailleurs on n’a pas toujours à opérer sur des os isolés ; très-souventil'arrive qu’on découvre des inembres presque entiers ; quelquefois aucune partie du squeletten’a été écartée des autres: dans ces cas heureux , l’anatomiste n’a presque rien à faure; car, je le répète, le squeletie détermine les formes des parties molles ; et en supposant celles-ci recouvertes par la peau , on a l'animal tel qu’il étoit de son vivant , aux ornemens peu im- portans près , tels que les crètes, les crinières et autres parties purement extérieures, et qui n’influent nullement sur sa nature intime. C’est en étudiant, d’après ces principes , les ossemens fos- siles de quadrupèdes , que j'ai obtenu les résultats que je vais exposer d’une manière générale, et dont je donnerai les preuves, avec tous les développemens dont elles sont susceptibles, dans l'ouvrage dont le présent mémoire est en quelque façon le programme. D'abord on trouve abondamment sous le sol de tous les pays des os différens de ceux des animaux qui en habitent aujourd’hui la surface. Je dis abondamment; car dans tous les lieux où on les a cherchés avec un peu de soin, on en a trouvé un grand nombre: il n’est pas de jour, par exemple , où les ouvriers qui travail- lent dans les carrières à plâtre des environs de Paris , n’en découvrent quelques-uns; et si on n’en a pas davantage dans les cabinets , c’est que les curieux n’y ont pas mis assez d'intérêt, et lus les ouvriers les ont rejetés ,: faute, d’en connoître la valeur. Je dis dans tous les pays, parce qu’il n’y a que ceux que les naturalistes n’ont pu encore examiner à loisir , qui n’en aient point fourni. Le sol de la Sibérie en fourmille. Il n’est pres- ue aucune contrée de l’Allemagne, de l'Italie, de la France, de l'Angleterre, de l'Irlande , de l'Espagne, qui n’en ait de par- ticuliers. Depuis que l'Amérique, est examinée par des gens ins- truits qui séjournent sur les lieux même, elle en a aussi donné. On connoît depuis longtemps ceux des bords de l'Ohio ; Dombey en a trouvé d’autres au Pérou. Les Espagnols ont rapporté du Paraguay un squelette entier. La société philosophique de-Phila- delphie vient d'en faire connoître de nouveaux des Etats-Unis. La Tartarie en°a montré quelques-uns ; et quoique nous n’en ra 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ayons encore ni de l'Afrique (1), ni du grand continent de la Nouvelle-Hollande , il y a tout lieu de croire que cela vient seulement du défaut de recherches. J'ai dit enfin que ces os fossiles sont presque toujours dif- Jérens de ceux des animaux qui vivent sur le sol qui les recèle, même lorsqu'ils ont d’ailleurs une ressemblance plus ou moins complette avec ceux d'animaux d’autres pays : c'est qu’il ne se forme plus de couches pierreuses, ni terreuses, dans nos con- tinens, depuis qu’ils jouissent de leur climat naturel. D’après cela , lorsque des animaux meurent, leurs os, exposés à toutes les injures de l’air , ne tardent point à se décomposer. La dé- composition est un peu lente, quoique non moins réelle , lorsque ces os sont enfouis dans une terre meuble , comme cela arrive dans nos cimetières et nos voieries. Des stalactites pierreuses peuvent seules , en les enveloppant , les préserver de la cor- ruption ; hors de là, il est à-peu-près impossible aujourd’hui qu’il se forme des os fossiles , et en effet nous n’en trouvons point de nouvellement formés. Nulle part il n’y en a d’humains ; tout ce que l’on a dit de contraire à cette assertion s’est trouvé faux, lorsqu'il a été possible d'examiner de bonne foi les os que l’on prétendoit tels. Quelques auteurs, et en dernier lieu M. Deluc , ont pensé que les os fossiles de quadrupèdes se trouvent: toujours dans des couches meubles , les plus récentes de toutes celles qui enveloppent le noyau du globe. Ar Cela n’est pas général. Souvent ils sont incrustés dans de vé- ritable pierre, soit calcaire, soit gypseuse , soit même siliceuse ; et cela, non pas seulement dans les cavernes ou les fentes des rochers , où, comme je viens de le dire , des stalactites pour- roient les avoir enveloppés nouvellement, maïs encore dans les lits naturels de ces rochers, et quelquefois de rochers fort anciens. Ainsi, ceux des environs de Paris sont dans le milieu d’énormes bancs de plâtre, recouverts eux-mêmes par des bancs d’huîtres et d’autres coquillages marins. Je crois même avoir remarqué un fait d'autant plus important , de a ses analogues par rapport aux autres fossiles : c’est que plus les couches dans lesquelles on trouve ces os sont anciennes, plus ils sont différens de ceux des animaux que nous connoïissons aujourd’hui. Mais c’est dans la généralité de cette différence que consiste (:) On dit qu'il y en a à Ceuta d’absolument semblables à ceux de GRR € PDA SETIONORDENCANT UPR ELLE. 262 le résultat le plus remarquable et le plus étonnant que j'aie obtenu de mes recherches. Je puis presque affirmer aujourd’hui qu'aucun des quadru- pèdes véritablement fossiles qu'il m’a été possible de comparer exactement, ne s’est trouvé semblable à aucun de ceux aujourd’hui vivans, Je sais bien que s’il ne s’agit que de témoignages d'auteurs , et même d’auteurs respectables d’ailleurs, on en trouvera beau- coup à .m'opposer. Sans parler des anciens naturalistes , qui trouvoient par -tout des ossemens humains fossiles, Gouan et Spallanzani disent en avoir trouvé de nos jours ; Esper pré- tend que les os des cavernes de Franconie sont de vrais os d'ours blancs ; Pallas, que le mammouth de Sibérie est en tout semblable à l'éléphant, et ainsi des autres. Mais ces témoignages s’évanouissent bientôt devant une ob- servation scrupuleuse ; et lorsqu'elle laisse quelque doute , c’est que les os que l’on examine sont tels , qu'ils ne différeroient point non plus d’une espèce vivante à une autre espèce vivante. Tous les animaux ruminans , par exemple, ont les dents si sem- blables, qu'on ne les distingue que par la grosseur ; ainsi deux espèces de même grandeur ont les dents absolument pareilles. Il n’est donc pas possible de conclure de l'identité d'une dent de ruminant fossile avec celle d’une espèce existante, qu’elle ne provenoit pas d’un animal différent. Ce seul cas excepté , tous les os fossiles complets que j'ai vus étoient différens de ceux des quadrupèdes vivans. Après de longues recherches , et avec le secours de mes pré- décesseurs et de mes amis, je suis parvenu à rétablir vinet- trois espèces, toutes bien certainement inconnues aujourd’hui, et qui paroissent toutes avoir été détruites , mais dont l’exis- tence , dans les siècles reculés , est attestée par leurs débris. La plus anciennement découverte, est celle dont les défenses donnent l’ivoire fossile si commun en Sibérie; on s’étoit ac- cordé à la regarder comme la même que l’éléphant des Indes , mais j'ai montré , dans un autre mémoire , qu’elle en diffère assez considérablement, et on savoit avant moi qu’ellele sur- asse ordinairement par sa grandeur. On en trouve des débris dans toute l'Europe et dans toute l'Asie, jusque sur les bords de la mer glaciale. On en a: trouvé encore un squelette presque entier l’année dernière, près de Gotha , au même endroit où on en avoit trouvé un autre au commencement de ce siècle. Un vallon des environs de Ganstadt en Souabe en a fourni huit Tome LIT. GERMINAL an 9. ri \ 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE squelettes. On en'a trouvé, il y a deux ans, des portions con- sidérables près du village d'Argenteuil, à deux lieues de Paris; il seroit impossible de détailler ici tous les lieux où on en a déterré, La seconde de ces espèces est celle à laquelle les Anglaiset les habitans des Etats-Unis ont transporté le nom de #ammoutk, qui appartient proprement à ka première. Elle est aussi grande que la précédente, mais ses énormes dents , armées de pointes, lui donnent un caractère particulier. On en trouve une très- srande quantité d’ossemens dans un endroit des bords de la rivière d'Ohio , à l’ouest des Etats-Unis ; c’est de là que vien- nent presque tous ceux que possèdent les cabinets d’Purope et d'Amérique ; mais on trouve aussi cette espèce en Sibérie, dans la petite Tartarie et en Italie. ; La troisième espèce perdue est celle du rhinocéros à tète alongée , que j'ai montré dans un autre mémoire être essen- tiellement diflérent des quatre ou cinq espèces ou variétés vi- vantes de rhinocéros ; il est commun en Sibérie et en Allemagne. On en a trouvé un tout entier enfoncé avec sa peau et ses chairs, dans les terrains glacés des bords du Vilhoui , rivière qui se jette dans la Léna ; ce qui, pour le dire en passant , prouve que la révolution qui a détruit les animaux dont je parle a été extrè- mement subite, La quatrième espèce perdue sera celle que j’ai nommée, dans un mémoire particulier, mégatherium, et qui ressemble en grand aux quadrupèdes nommés paresseux. On en a trouvé au Paraguay un squelette entier, conservé aujourd’hui dans le cabinet du roi d'Espagne , et dont on a publié une fort bonne description à Madrid. li s'en trouve aussi des débris dans l'Amérique sep- tentrionale ; car le mégalonyx , décrit par M. Jefferson , ne paroît point en différer. La cinquième epèce est ce grand ours dont les ossemens sont rassemblés en quantités énormes dans quelques cavernes de l’Allemagne, et qui a été reconnu par Camper et par Rosen- muller , comme très-difiérent des ours vivans. Une autre espèce d’ours qui se trouve pêle - mêle avec la précédente dans les mêmes cavernes , et dont Camper fils et inoi avons les premiers reconnu les différences , formera ma sixième espèce. Une sorte d'animal carnassier des mêmes cavernes, intermé- diaire entre le loup et la hyène, formera la septième. La huitième sera cet animal voisin de l'élan, dont on trouve si abondamment les os en Irlande , et dont le bois a jusqu’à ETIDY AI STORE NATURE L'ELr; 265 14 picds d’une pointe à l’autre. Les Anglais en ont décrit plusieurs fois les ossemens. La neuvième comprendra les grandes tortues fossiles qu’on trouve dans plusieurs pays, et qui paroïssent devoir se diviser en plusieurs espèces. La dixième est ce grand animal qui passe pour être du genre des lézards, et qui est si connu sous le nom de crocodile de Maëstricht. MM. Camper père et fils se sont beaucoup occupés de son étude, et le citoyen Faujas vient d’en donner une histoire complette , ainsi que des carrières où on en trouve les os. La onzième sera le reptile très-singulier , incrusté dans les schistes des environs d’Aichstedt , et dont M. Collini a décrit un squelette presque complet, conservé dans le cabinet de Man- heiïm. 11 étoit peut, et paroît avoir joui de la faculté de voler, comme aujourd’hui le petit lézard nommé dragon. La douzième est un autre animal , soit reptile, soit cétacé , également décrit par M. Collini. Outre ces douze espèces dont les os ont été découverts ou déterminés par d’autres, j’en ai recueilli où j’ai reconnu le pre- mier les caractères de onze autres, dont la plupart se trouvent en France; savoir, 19. L'animal dont les dents imprégnées de cuivre donnent les tur- quoises occidentales. On en trouve beaucoup à Simore en Langue- doc, où il y avoit autrefois une carrière de ces turquoises. On en a trouvé aussi une dent auprès de Trévoux. Dombey a rapporté du Pérou des dents qui paroïssent de même espèce, et dont plu- sieurs étoient imprégnées en divers endroits d’argent natif. Cette espèce étoit très-voisine de celle de l'Ohio. 20. Une espèce de tapir dont on trouve aussi les os en Lan- gucdoc , le long des pentes de la montagne noire ; .elle est de la même grandeur que le tapir vivant, qui est, comme on sait, de l'Amérique méridionale , et n’en diffère que par la forme des dernières molaires. 3°. Une seconde espèce de tapir, que je nomme gigantesque, à cause de sa grandeur qui égale celle de Péléphant, mais dent les formes ne diffèrent point de celles du tapir ordinaire. On en a trouvé les débris auprès de Comminge et auprès de Vienne en Dauphiné. 4°. Une espèce d’hippopotame , qui ressemble en miniature à l'hippopotame vivant , mais qui ne surpasse pas la grandeur du cochon. J’en ai découvert les os dans un grès siliceux dont j'ignore le pays. LI 2 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 8°. — 10°. Les seules carrières à plâtre des environs de Paris m'ont fourni six espèces fossiles , de trois desquelles j'ai déja parlé ailleurs. Elles sont toutesles six d’un senre inconnu jusqu'ici, et intermédiaire entre le rhinocéros et le tapir. Leurs différences entre elles consistent sur-tout dans le nombre des doigts des pieds et dans la grandeur , qui va depuis celle du cheval jusqu’à celle du lapin. J'ai un si grand nombre d'os de ces espèces, que je pourrai en rétablir presque entièrement les squelettes. 110. Enfin je viens de découvrir récemment l'existence , auprès de Honfleur, d’ossemens d’une espèce de crocodile , très-voi- sine de celle appelée gavial ou du Gange, mais cependant facile à en distinguer par des caractères frappans. Voilà bien les vingt-trois espèces d’animaux inconnns aujour- d'hui que j'ai assuré posséder; mais ce n’est pas à cela que se bornent ceux que la terre recèle ; et les données suivantes que je n'ai pas voulu mettre au même rang que celles qui précè- dent, parce qu’elles n’ont pas le même degré de certitude, suffisent cependant pour nous faire espérer que nous pourrons, dans peu, augmenter ce catalogue des antiquités zoologiques. Je range ces données encore incertaines sous trois classes. D'abord je connois des morceaux fossiles ressemblant assez aux pareils d'espèces vivantes , mais qui viennent peut-être d'espèces qui différoient par d’autres endroits. Tels sont : 10. Les os de quadrupèdes du genre du tigre, mêlés à ceux d'ours dont j'ai parlé plus haut : les morceaux que j'ai vus ne m'ont presque point présenté de différence avec les analogues du tigre ou du lion. 29. La tête d’hyène, décrite par Collini, et regardée par lui comme celle d’un phoque. À en juger par le dessin et la des- cripton , elle ne diffère en rien de celle de la hyène or- dinaire. 3°. Les os des rochers de Dalmatie. J’en ai vu des dents qui ressemblent parfaitement à celles du daïm ; mais peut-être l'animal differoit-il par le bois. re J’ai vu ensuite d’autres morceaux qui n’étoient pas assez com- plets pour qu'on pût en reconnoître clairement l'identité ou la nou-identité avec leurs analogues. Fels sont : 10. Les os de grands ruminans des environs de Vérone. 20, Ceux de la inême classe du rocher de Gibraltar. 3°. Les os de rongeurs de ce même rocher. 4e. Les os de cétacés du genre du dauphin ou du cachalot, 20 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 que M. Deborda d’Aureau a découverts aux environs de Dax, et qu’il a cru appartenir à des crocodiles. 50. Des os de ruminans de plusieurs grandeurs Cifférentes, dont quelques-uns approchent du mouton , trouvés au mont Abuzard près d'Orléans. 6°. Les os d’environs d'Aix, de Cette, etc. J’en ai bien vu des morceaux, mais si mutilés, que je ne peux pas même en désigner la classe. 7°. J’ai encore entendu parler ou lu des relations d’une mul- titude d’endroits où doivent se trouver des os , mais dont je n’en ai pas vu du tout. Tels sont diverses caverites des monts Crapac, du Harz, des îles de Dalmatie, l’île de Cerigo, les environs de Concud en Arragon , ceux de Cadix, etc. Enfin je range sous la troisième classe des os incertains ceux qui ressemblent complettement aux espèces vivantes, maïs qui, ayant été trouvés dans des tourbières, peuvent y avoir été en- foncés par diverses causes , sans devoir être regardés pour cela comme de véritables fossiles. Tels sont en particulier les os de bœufs, de bufles, d’auroches et d’arnis , si fréquens dans les marais et les fonds tourbeux de l'Europe et de l’Asie. Toute la Sibérie , l'Allemagne , la Hollande , l’Ecosse , et sur-tont en France la vallée de la Somme , en ont fourni un grand nombre. Voilà donc encore quelques espèces non déterminées dont il faudra probablement ajouter une partie aux vingt-trois qui le . sont. Cette quantité remarquable a été recueillie ou déterminée en deux annees seulement, et cela par un homme qui n’a employé d’antre moyen que son zèle et la faveur de quelques amis des sciences. Que l’on jnge de ce que pourra produire l'attention des na- turalistes , éveillée par ces premiers apperçus , et sur-tout le temps , cet éiément nécessaire à la perfection de toutes nos connoissances Si tant d’espèces perdues ont été rétablies en si peu de temps , combien ne doit-on pas supposer qu’il en existe encore dus les entrailles de la terre ! combien les idées que nous avions déja des révolutions du globe ne s’agrandissent- elles pas encore par ces circonstances jusqu'ici inconnues : les animaux qui vivoient jadis à la surface de la terre ensevelis sous des montagnes entières ; les mers laissant entre eux et la surface actuelle des traces de leurs passages successifs ; une terre, une nature primitives qui n’étoit point soumises à l’em- 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pire de l’homme , et dont il ne nous reste que des ossemens à demidécomposés ! Comment ces êtres antiques furent-ils détruits? comment ceux qui leur ont succédé furent-iis formés ? La mé- taphysique même n'est-elle pas plus embarrassée’ encore par ces faits que la simple physique ; et cette nouvelle production d’êtres organisés n’est elle pas peut-être plus inconcevable que toutes les autres parties du phénomène ? Il me semble du moins que ce que nous avons déja reconnu est assez important pour nous engager à de nouvelles recherches, et j'espère que les amis des sciences voudront bien continuer à me favoriser. Je ne leur demande que ce qu'il est impossible d'obtenir autrement que de leur amitié : je veux dire des notices des os fossiles qui se trouvent dans leur possession ou à leur portée. S'ils veulent bien me faire faire des dessins de ces os , je me charge de tous les frais que ces dessins exigeront, De mon côté , je n’efforcerai de leur rendre tous les services qui dépendront de moi , en leur faisant connoître les objets que je suis à portée d'observer , et qui pourront être utiles à leurs études et à leurs recherches. Cet échange réciproque de lumières est peut-être le commerce le plus noble et le plus intéressant que puissent faire les hommes. J’aurai le plus grand soim de consigner dans mon ouvrage les noms detous ceux qui auront contribué à sa perfection , et je ne ferai usage des découvertes qu'on me comuuniquera, qu'en en reportant la gloire à leurs véritables auteurs. Les naturalistes étrangers les plus célèbres , MM. Blumenbach, Camper , Fortis, Fabroni, Brugmans , Autenrieth, Jæger, Wiedenman ; mes confrères Lacépède , Faujas, Daubenton 5 Termann, Gillet, Lelièvre, Bosc, Brongniard , Dolomieu , Fischer; les possesseurs des plus belles collections, Drée, Besson, Saint-Genis ; des dépositaires de plusieurs cabinets publics, en France et dans l’étranger , m'ont aidé de leurs conseils, et des faits parvenus à leur connoïssance ; n’ont communiqué les objets qui se trouvoient à leur disposition. De pareils hommes doivent encoura ger à suivre leur exemple, et je ne doute pas qu'ils ne trouvent de dignes imitateurs. C'est dans cette confiance que j'ai prié la classe de l’Institut à laquelle j'ai l'honneur d’appartenir , de me recommander en quelque sorte aux hommes qui pourront ètre utiles à mon entreprise, en ordonnant elle-même l'impression du programme de mon ouvrage. La grace qu’elle a bien voulu me aire en accédant à ma demande , m'est un sûr garant de l’accueil que ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 267 j'obtiendrai des savans de l’Europe. Je me crois encore une espèce de droit à cet accueil, par l’état très-avancé où se trouve mon ouvrage. J'ai déja plus de trois cents dessins ; cinquante plan- ches sont gravées entièrement; plusieurs autres sont commen- cées ; et je n'attends plus pour faire paroître mon livre , que les renseignemens que l’écrit actuel pourra me procurer. Au Jardin des Plantes de Paris, le 10 frinaire an 9. CAICRUMVETPERR MELESEMe O ER E SUN NUL TE VEA LL ON DE TNEO NE TI EXTLS'U:R LES PÉTRIFICATIONS QU'ON.Y TROUVE;: Lu à la société de physique et d’histoire naturelle de Genève, le 23 octobre 1800. Par G. À. Der wo (1). Le vallon de Moneti , si connu des Génevois , et l’un des buts les plus agréables de leurs promenades , coupe les con- ches du mont Salève, et en a mis ainsi à découvert de bien intéressantes pour le naturaliste. C’est dans l’une de ces cou- ches, qu'après bien des recherches , j'ai trouvé dans son entier, ce biyalve singulier, en forme de cœur, à valves très-inégales et à charnière fortement articulée, qui est décrit et gravé dans le premier volume des voyages aux Alpes de M. de Saussure. Je le désignerai sous ie non de bivalve de Salève. (1) Quelques remarques qui furent faites après la lecture de ce mémoire, m’ont engagé à donuet un peu plus de développement aux endroils qui en furent le sujet. 268 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE Cette couche, qui a cinq pieds d'épaisseur environ , con- tient aussi des madrépores d'un grand nombre d’espèces. Dégagés du rocher , découverts exactement avec le ciseau et polis, on parvient quelquefois à obtenir des morceaux fort intéres- sans et très-agréables au coup -d’œil. Quelques-uns de ces madrépores , pénétrés de spath calcaire, sont demi -trans- parens ; leur surface étoilée est extrêmement nette , et quel- ques-uns sont agréablement colorés. D’autres sont vides comme une géode, et cet intérieur est tapissé de cristaux spathiques de différentes formes, en rhombes, en pyramides, en polyèdres. J'en ai trouvé sur le bord d’une fente incrustée par une sta- lactite cristallisée en rayons; cette stalactite polie avec le madré- pore, ajoute à ces morceaux une réunion intéressante et curieuse : On trouve aussi dans cette même couche des coquilles turbi- nées et d’autres espèces de bivalves. La couche supérieure, formée de plusieurs assises , est com- posée d’un sable calcaire , d’un grain fin et bien lié. C’est dans cette couche, et entre deux de ces assises, qu’on voit, de dis- tance en distance, sur une même ligne , les valves séparées de ce bivalve fort épais ressemblant à une huître , dont les tranches présentent un massif de filets perpendiculaires aux sur- faces , semblables à ceux qu'on découvre sur les fractures de la pine-marine ; mais ils sont bien plus gros , et leur couleur étant brune , ils ne représentent pas mal, en diminutif, une co- lonade de basaltes. On découvre par la coupe transversale de ces filets, qu'ils n’affectent aucune forme régulière. Ce bivalve, dont les tranches, sur la face du rocher, avoient été prises pour une espèce de spath brun strié, est aussi décrit et gravé dans le même volume des voyages aux Alpes. Quelques pieds au-dessus de la ligne dun bivalve pinigène, et toujours dans un rocher de même composition , on trouve une couche d’un pied d’épaisseur, qui contient aussi des ma- drépores, dont la pétrification est plus dure , et reçoit un poli plus vif que ceux de la couche inférieure. Ce n’est pas à une recherche rapide que je dois ces curieuses et belles pétrifications , mais à des recherches soutenues et beau- coup de travail. Dans une de ces recherches , un jeune garcon m'offrit une pétrification qu’il avoit trouvée sur le bord d’un four à chaux ; elle est ainsi malheureusement un peu calcinée (pl, 1). Elle paroît être une dent qui est arquée comme les dents canines de l’hippo- potame et un peu contournée, ce qui lui donne aussi l'appa- rence ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 rence d’une corne , mais sa substance d’un grain fin et com- pacte, décide qu’elle a été une dent. Elle a cinq pouces de lon- gueur, sur deux pouces et demi de largeur à sa base, qui est creusée et remplie de la pierre. Elle est sillonnée longitudinale- ment, et ces sillons sont traversés par de légères rainures , plus prononcées sur une partie de sa surface intérieure de l’arc: cet endroit est séparé des deux côtés par un sillon plus profond. Sa pointe est rompue. Je joins à ce mémoire le dessin de deux faces de cette dent dans sa grandeur naturelle. A quel animal a-t-elle appartenu ? Les dents de tous les animaux marins et amphibies ne sont pas assez connues pour répondre à cette ques- tion. Peut-être même l’espèce n’existe-t-elle plus, comme le bivalve de Salève n'existe plus très-vraisemblablement. Toute la surface découverte de ces couches qui comprend une hauteur d’environ trente pieds, est exploitée par les ha- bitans du village de Moneti pour faire de la chaux , ce qui net successivement à découvert de nouvelles surfaces , et fa- vorise ainsi les recherches du naturaliste. A force de creuser cet espace, qui peut avoir cinquante pas de longueur, le rocher qui le couvroit , composé de plusieurs couches, forma une saillie de sept à 8 pieds, fracturée en plusieurs endroits, qui étoit couverte d’un talus de terre et de rocaille, sur lequel reposoit un gros bloc de granit. Je réfléchissois souvent, en rompant avec un pic et un grand. ciseau , les couches coquillères , que cette masse tomberoiït un jour ; et cette chute, très probable , fixoit de moment en mo- ment mon attention. Elle est arrivée en effet , à deux reprises, à la suite de temps pluvieux, et toujours de nuit fort heureu- sement ; Le bloc de granit s’est arrêté sur la plate-forme des fours à chaux. … Dans ces chutes, les couches, dont le rocher, qui faisoit la saïllie , étoit composé, quoiqu'il parut n’en former qu'une seule, se séparèrent et restèrent appuyées sur la pente , au pied de la face creusée. Elles montroïient ainsi, comment il arrive, qu’on en trouve dans cette position inclinée contre des faces de mon- tagnes , et contre le bas de la face escarpée de Salève. Ici, c'est une excayation creusée par la main des hommes , qui a causé la chute et le renversement de ces couches; ailleurs, ce sont des fractures accidentelles , ou bien l’action de l’air et l’in- filtration des eaux qui, en décomposant des couches plus tendres, ont causé la chute et le renversement des coaches supérieures à ces excavations. Mais l'effet le plus général , celui qui a ébranlé Tome LII. VENTOSE anc. Mm s 270 JOURNALDENPHYSIQUE, DE CHIMIE la masse entière des couches des montagnes , est arrivé lors des catastrophes successives qu'a éprouvé le fond de l’ancienne mer. Alors les fractures, les chutes, les dislocations de toutes sortes ont eu lieu en grand nombre; d’où est résulté ce désordre extrême qu'on remarque , avec étonnement , dans les couches des grandes chaînes lorsqu'on y fait attention. La chute des couches supérieures de la carrière de Moveti les ayant mises à la portée des fabriquans de chaux , ils ont trouvé plus commode d’y prendre les matériaux pour leurs fours, C’est pourquoi il n’en restera bientôt plus de traces. Ces couclies inclinées et quelquefois verticales , s'appuyant contre le pied des escarpemens, et liées avec eux par des dé- bris et des végétations , ont trompé quelques naturalistes , qui ne réfléchissant pas aux affaissemens , et aux culbutes qui en ont été les suites, ou ne les admettant pas, ont pensé que ces couches avoient été formées dans cette position , par l'effet d’une espèce de cristallisation confuse ; car , Hs , « les cristallisations n’aflectant aucune situation particulière , et se formant sous toutes sortes d’angles, on ne doit nullement s'étonner de voir des couches perpendiculaires à l’horison , ou même contour- nées, et dans des situations que des sédimens n’eussent jamais pu prendre (1) ». L’une des apparences qui a conduit M. de Saussure à em- brasser cette opinion, c’est la très -prande différence d’épais- seur entre les couches supérieures de Salève et celle des cou- ches qui'sont appuyées contre sa base. « J'ai Comparé, dit-il, nos couches verticales avec les bancs supérieurs du mont Salève , dont suivant l'hypothèse des bôule- versemens , elles auroient dû être anciennement la continuation : mais quoique la pierre soit également calcaire, et qu’elle soit même généralement d’une semblable espèce de marbre grossier, cepen- dant on y trouve bien des différences. La plus frappante , et qui est même absolument décisive, est celle de leur épaisseur. Les couches horisontales du mont Salève sont, par intervalles, d’une très-grande épaisseur : on y voit des bancs épais de plus de soixante pieds, au lieu que nos couches perpendiculaires ont rarement plus d’un ou deux pieds.» Ces bancs épais qui se présentent sur la face escarpée de (1) Voyage dans les Alpes, chap. VIT, du mont Salève ET D'HISTOIRE NATURELLE. A Ja montagne , sont séparés les uns des autres par un talus rapide de rocailles , tombées du banc supérieur et arrêtées sur le banc inférieur plus saillant ; ce qui donne à chacun de ces bancs l’apparence d’une couche unique ; et leur face escarpée étant couverte d’un enduit déposé par l’eau des pluies ; la jonc- tion des couches, dont chaque banc est composé, ne paroît point. Mais lorsque quelques grands fragmens de ces bancs s’en détachent , les chocs Mais éprouvent dans leur chute séparent les couches ; c’est ce qui est arrivé lors de l’écroulement de celui qui couvroit la carrière que j'ai décrite ; et la carrière elle- même , composée d’un &rand nombre de couches, qui suivent bien sûrement cette même stratification jusqu'à l’escarpement de la montagne, distant seulement de quelques centaines de pas, n’y montre plus que l'apparence d’un seul banc. Vers le milieu de la face escarpée, les bancs ne sont plus séparés par des talus de rocailles , ils y sont réunis. Là, l’un de ces bancs forme une corniche d’un où deux pieds de saillie, qu’on appelle le dérroit. Placé sur cette corniche , on voit dis- tinctement toutes les couches , qui ne sont pas plus épaisses que celles qui ont été culbutées au pied de la montagne. On observe d’autres exemples de ce genre dans lesexcavations qui séparent en quelques endroits les bancs du pu Salève. On y voit des plateaux détachés de la couche qui forme le toit de lexcavation , et dans la tranche enfoncée plusieurs couches très- distinctes les unes des autres. Ainsi l'argument tiré de la diffé- rence apparente d'épaisseur entre les couches supérieures en coe à leur place , et les couches qui sont au pied de l’escarpementd an$ une situation perpendiculaire , pour fonder l’hypothèse de leur -cristallisation , a été une méprise. Le vallon de Moneti , agréable par ses sites et ses beaux points de vue, présente au naturaliste géologue , ungsujet très inté- ressant à sa méditation. Quelle est l’origine de cette échancrure ? comment s’est-elle opérée ? sont des questions qui viennent na- turellement à son esprit. Il ne tarde pas à comprendre qu’elle est due à une sépa- ration des couches de la montagne , qui ont été rompues dans cet endroit-là. Mais comment cette séparation s’est-elle faite ? Est-ce par l’action érosive d’un courant d’eau, ou bien est elle une large fracture de ces mêmes couches , causée par l’affais- sement d’une extrémité de la montagne ? Cette question vaut bien la peine d'être examinée ; car elle se lie à nombre de cas semblables qu'on rencontre fréquemment dans les montagnes. M m 2 572 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. de Saussure a vu dans cette gorge ou vallon l'effet de l’action érosive d’un courant de la mer. Après avoir attribué à cette cause l’excavation des grottes de l’hermitase , et plusieurs autres excavations de Salève , il ajoute: « La gorge même de Monctier ou cette grande échancrure qui sépare le grand Salève du petit, et dans le fond de laquelle est renfermé le joli vallon de Menctier , paroît avoir été formée par un courant semblable, qui, descendant des Alpes par la valléë& de l’Arve , venoit se jeter dans notre grand courant ; car les couches correspon- dantes du grand et du petit Salève, indiquent leur ancienne jonction ; et l’on ne comprend pas quel autre agent auroit pu détacher et emporter la pièce énorme qui manque à cet endroit de la montagne. » (Chap. VIT, dz mont Salève. $ 226 et 231.) Dans le dernier mémoire que je lus à cette Société , j’exa- minai la question générale ; savoir , si les courans d’eau ont sur les rochers durs l’action érosive qu’on leur attribue ; et je démontrai , par les faits et le raisonnement , que cette action se réduit à si peu de chose qu’elle est presque nulle (1) Ce n’est donc pas sous ce point de vue que j'examinerai la question présente; je le regarde décidé. Aucun courant d’eau n’a pu creuser la gorge de Moneti. É Mais M. de Saussure partant de l’état des choses, tel qu’il existe, pour faire descendre un courant particulier depuis les Alpes , par la vallée de l’Arve , qui seroit venu frapper contre ce point de Salève et le creuser ; c’est d’après cet état des choses que j’examinerai maintenant |a question. La gorge de Moneti est bien en effet vis-à-vis la vallée de l’Arvé , mais cette vallée n’y aboutit point; une très-grande vallée les sépare , celle des Bornes ; vallée qui a trois lieues de . largeur , et dont les deux extrémités sont plus basses que la partie la moins élevée de Salève. Avant donc d’atteindre cette montagne , et sûr-tout de pouvoir s’y diriger sur «un seul point, le courant supposé, descendant We la vallée de l’Arve, auroit pre :ièrement rempli le fond de la vallée des Bornes, puis se seroit écoulé par ses deux extrémités ; principalement par celle qui forme le grand espace qui sépare Salève du mont Voirons et où coule l’Arve, bien plus abaïssée que le vallon de Moneti. 1] s’éleveroit plusieurs autres objections , toutes tirées des (1) Ce mémoire est inséré dans ce Journal , cahier de brumaire an 8, p. 317. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 273 positions locales et de la combinaison supposée des courans : mais celle que je viens d'indiquer suffit ; elle porte avec elle la démonstration. Il résulte donc, d’après l’inspection des lieux, qu’un courant descendant par la vallée de l’Arve, ne pouvoit pas venir frapper contre un point donne de Salève et le creuser. Cet effet ne pouvoit pas mieux être produit quand on sup- poseroit le courant passant par dessus le sommet de Salève ; car qu'est-ce qui auroit déterminé son action sur cette partie du sommet plutôt que sur toute sa surface ? Ce ne sont pas ici des couches plus tendres qui l’auroient favorisée, puisque toutes les couches y sont coupées dans le sens de leur épaisseur. Quelques naturalistes ont pensé que lors de cette action sup- osée des courans de la mer creusant les gorges et les vallées, se couches étoient dans un état de mollesse; mais, dans ce cas, elles devroient avoir conservé leur état primitif d’horisonttalité de part et d’autre de la coupure, au lieu d'être, comme nous les voyons , rompues et inclinées sous toutes sortes d’angles. Cet état de choses n’indique-t-il pas, que les couches étoient dans leur état de dureté, lorsqu'elles ont subi toutes les fractures et tous les dérangemens qu’on y observe. Ainsi séparées et souvent réduites en débris, si elles eussent été dans un état de mollesse, elles se seroient dissoutes de nouveau dans les eaux de la mer. Je n’ai examiné l'hypothèse de M. de Saussure, d’après l’état actuel des choses, que parce que c’est sur cet état qu’elle a été fondée ; car ce que nous voyons aujourd’hui , n’existoit pas ainsi, bien sûrement, au moment où la gorge de Moneti s’est ouverte. Dans l'ouvrage publié par M. le professeur L. Bertrand, sous le titre de Renouvellemens périodiques des continens terrestres, rappellant le vallon de Moneti, il trouve qu’il est difficile de concevoir qu'n courant de mer ait pu ouvrir un front de rocher ‘de plusieurs centaines de toises en hauteur , largeur et pro- fondeur ; qu’il l’auroit plutôt biaisé , et poursuivi sa course selon la direction où il anroit trouvé le moins de résistance, Cette remarque est très-juste. Mais partant ensuite de cette opinion que 705 montagnes ont été formées sous l’océan telles que nous les voyons aujourd'hui hors de son sein ; (opinion que tous les faits contredisent } M. Bertrand pense qu'il est plus facile de concevoir que pen- dant la formation des couches de Salève, ce même courant les traversoit et mettoit obstacle à leur conjonction. « Combien 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n'est-il pas plus vraisemblable, dit il, ( pag. 95 ) que ces courans en sillonnant le fond des eaux y ont de tout temps maintenu leur place, et empêché que des banos de pierre quelconque ne se formassent jamais dans le fil de leur eau , sans toutefois mettre obstacle à ce qu’il s’en construisit sur leurs bords, et que leurs couches d’une part correspondissent à celles de Pautre part. » , Je ne m'arrêterai pas à l’invraisemblance de cette supposi- tion ; que des couches d’une même nature et d’une même stra- tification, puissent se former depart et d’autre d’un courant, s'élever sur ses bords , et ainsi isolées devenir rochers ; je deman- derai seulement comment on peut concevoir ces colonnes d’eau courante dans un océan ou masse d’eau tranquille ? D’où leur viendroit cette impulsion particulière ; où seroit leur pente ; léur issue pour l’écoulement, car il en faut une, pressées de toutes parts , comme elles le seroient , par le poids de l’eau environnante, qui leur opposeroit un obstacle invincible ? On disoit autrefois que le Rhône traversoit le lac sans y mêler ses eaux, et cette opinion étoit reçue. On a vu même des géo- graphes l’adopter, et tracer sur leurs cartes son cours au mi- lieu du lac. Nous savons tous que c'est une fable. Le Rhône ne se fraie pas une route au travers du lac; il y mêle ses eaux, et c’est la masse entière qui s'écoule par un déplacement in- sensible de la surface, à une profondeur qui ne peut pas être très-grande. De même aucun courant isolé ne peut se frayer une route au travers de l’océan. Quand il montre des courans c’est sur de grandes étendues , et seulement aussi à peu de profon- deur, bien loin de pouvoir sillonner son fond. Ce dernier fait, connu des navigateurs, leur sert de moyen pour découvrir si leur vaisseau est sur un courant. On met un canot à la mer, d’où on laisse descendre un poids quelconque jusqu'à la profondeur de 200 brasses. Ce poids étant alors très- avant dans une eau tranquille , fait l'effet d’une ancre qui retient le canot ; on jette à l’eau une planchette mince , afin que le veut n’y ait pas de prise ; et d’après le mouvement de cette plan- J chette, si elle en a un ,. on juge de la direction et de la vitesse du courant. Dans certains gissemens de côtes, et quand elles sont bordées d’écueils , les courans produits par les marées , deviennent tour- noyans et rapides, mais ces courans varient avec elles, et très- vraisemblablement aussi n’atteignent pas le fond, s’il y a beau- coup de. profondeur, Ce n’est donc pas mieux de ce fait qu'on ET D'HISTOIRE NATURELILL. 275 pourroit tirer l'induction de courans isolés , sil/onnant le fond des mers, et empêchant la jonction de couches qui tendroient à s'y former ; supposition dont l’impossibilité est manifeste. Ce ne sont pas non plus ces courans causés par les marées, ni aucun autre courant , de quelque espèce et dans quelque époque qu’on le suppose , qui pourroient, creuser les rochers; leur action sur ces masses dures est impuissante. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet, il est suffisam- ment éclairci , et je reviens au vallon qui fait le sujet de ce mémoire.- J'ai démontré que ce n’est pas dans l’action d’un courant d’eau qu’il faut chercher la solution du problème de cette échancrure. . Quand on porte un coup-d’œil attentif sur le petit Salève, on voit que ses couches ne suivent pas l’alignement de celles du grand Salève , auxquelles elles ont appartenu. Elles plon- gent par une inclinaison graduelle vers l'extrémité opposée , de manière que sur une longueur d’une demi-heure de marche , la conche supérieure , qui, au sommet du petit Salève , a une élévation perpendiculaire de 1400 pieds sur la base de la mon- tagne , vient s’enfoncer dans le terrein à son extrémité. Cet affaissement en bascule en a produit un autre bien plus brusque à cette extrémité. Là les couches se sont rompues, et plongent rapidement ; d’où est résulté une autre échancrure qui forme un petit vallon par lequel on passe , en partant de Mornex pour descendre par un sentier rapide et rocailleux au château d’Etrembrières. h Cette extrémité de la montagne est dans le plus grand dé- sordre ÿ elle ne montre que des couches rompues et brisées, qui se sont précipitées à la suite des couches inférieures enfoncées dans le sol. Cet effet est si frappant, qu’il semble qu’on en soit le témoin, qu'on voie le sol s'enfoncer , les couches s’affaisser à sa suite, et l'inégalité de leur résistance causer ces fractures et.ces déchiremens. Il ne suffiroit donc pas d'expliquer l’échancrure du vallon de Moneti par l'érosion d’un courant d’eau. Dès qu'on a supposé cette cause , il findroit encore y recourir pour creuser le vallon dont je viens de parler ; maïs ici elle ne peut plus s'appliquer, parce que ce petit vallon est si près de l’extrémité de la mon- tagne , que le conrant se seroit écoulé en la tournant. C’est donc à l’affaissement en bascule du petit Salève vers le- quel les couches du grand Salève se sont un peu inclinées , comme celles du petit Salève vers l’échancrure du petit vallon, Li :7 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que celui de Moneti doit son existence. Les couches se rom- pirent à ce point de séparation, et par un effet nécessaire , cette fracture s’élargit considérablement vers le haut. Elle est cepen- dant plus large que l’inclinaison des couches ne paroît l’indi- quer ; mais sans rien forcer dans l'explication , on peut con- cevoir qu’il se fit à cette place plusieurs fractures , dont les débris tombèrent au pied de la face escarpée, où ils sont exis- tans, entraînés par l'ébranlement que dût causer l’affaissement de la partie de la montagne qui faisoit suite à la face escarpée, et par le courant subit de la mer qui dût en résulter ; toutes ces catastrophes étant arrivées dans le temps où nos continens étoient sous les eaux de l’ancienne mer. Ce n’est pas seulement Salève qui montre ces coupes A put sur notre vallée, ce sont la plupart des montagnes qui bordent du même côté toute la ligne , depuis la vallée d’Ain jusqu’à V'extrémité du lac, c’est-à-dire sur une longueur de 26 lieues; et les couches sur le revers de ces montages, comme sur celui de Salève , plongent dans les vallées opposées, par une incli- naison souvent très-rapide. Telle est la ligne des montagnes à laquelle appartiennent les pointes d’Ocke (1). Comment , par exemple , pourroit- on expliquer autrement que par l’affaissement de ses côtes , la montagne du ÆMôle ? Cette bute élevée de 760 toises sur le niveau du lac, monte isolément depuis sa base, excepté d’un seul côté fort étroit , (1) Je montai avec M. M.-A. Pictet, au mois de septembre de l’année 1778, et avec mon fils aîné au mois d’août 1784, sur le sommet de la plus élevée de ces ponte appelée le Bec d’Oche. L’acces est très-difiicile pour atteindre le point e plus élevé , que les bergers des chalets voisins appellent le 2/04. D’après l'observation du baromètre, M. Pictet trouva sa hauteur sur le miveau du lac, de 5,600 pieds. Arrivé sur ce belvédère, on a peine à suflire à toutes les sensa- tions qu’on éprouve par la grandeur et la magnificence des points de vue. On a sous les yeux ,-comme une vaste pièce d’eau , toute l’étendue du lac, depuis les embouchures du Rhône jusque très-près de Genève. On découvre à l’occident le lac de Neufchâtel au pied du Jura, et tout le pays dans une vaste étendue. À l’orient la chaîne des Alpes, très-rapprochée, se monire sur une ligne qui ne peut pas avoir moins de 60 lieues, sur laquelle on voit dominer, seulement à 7 ou 8 lieues de distance, le Mont-Blanc et le Vélan. Toutes les croupes des chaînes intermédiaires, élevées au-dessus de la végétation des arbres, présentent une succession de pelouses sur lesquelles on voudroit pouvoir s’élancer pour jour du plaisir de les parcourir. Et tous les détails de ce grand ensemble. . .! Alors tout étoit sensations agréables, en réfléchissant au bonheur dont jouissoient les habitans de ces paisibles contrées, qu’elle FOD AD AEET SION RC EE N ANT U R ELMELLE. 277 qu'elle tient à une montagne bien plus basse qu’elle. L'une de ses faces est abrupte dans une partie de sa hauteur , et ses couches sont rapidement inclinées sur l’autre face. Ce n’est pas là sa forme originelle, ni ce n’est pas l’effet de courant de la mer ; l’un et l’autre cas sont impossibles. Je cite cet exemple parce qu'il est frappant , et qu'il est sous nos yeux, car il est répété de mille manières. Tout annonce donc ces affaissemens dans les montagnes. Quand on porte son attention sur le désordre extrème de leurs cou- ches; sur ces escarpemens, ces fractures, ces inclinaisons rapides, on ne peut les méconnoîire. Ils sont arrivés à de longs périodes sur le fond de l’ancienne mer , laissant successivement debout .ces masures provenant de couches qui avoient été formées par dépôts successifs dans ses eaux; à partir depuis le granit qui cst le produit des premières précipitations connues. Ces diverses catastrophes durent causer de très-grandes agi- tations dans l’ancienne mer, qui répandirent les débris des rochers de diverses espèces, et formèrent ces couches de brêches qu’on rencontre à de très-grandes élevations. Rien donc n’est plus contraire à tout ce que nous montrent les montagnes que cette hypothèse , qu’elles ont été formées dans la mer à-peu-près telles que nous les voyons hors de son sein. Elles y ont été formées sans doute, mais par couches suc- cessives, continues et parallèles, et non point dans l’état où elles sont : une telle formation ne peut pas être. ï Cette question me conduit à examiner , dans la seconde partie de ce mémoire , l'hypothèse de la formation des Re par cxistallisation , compagne de la précédente ; car pour l’etablir, il falloit en effet supposer que ous voyons les montagnes telles à-peu-près qu’elles ont été formées. Tome LII, GERMINAL av g. N n OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. = THERMOMETR E. B À R'OMETERE: s oo | See EE) | | Maximum. | Minimum. |a Mir. Maximum. MINIMUM. AMir. 1è2ls. + 9,48} m. + 1,5|+ 5,4 à2"1ls.. 927. 893,47" mm... 27. 8,20|27. 8,254) 2à2ls. + 75à7m “+ 2,04 7,0 àgm... 27. 8,25|à 258. . . 27. 7,00,27. 7,60 3à midi. + 8,6à 1148. + 1,84 8,6 [à a1.s.. 27. 6,00|4g m... 27. 4,08|27. 4;oÿ}} 4&là midi. + 6,0 àg1s. + 3,44 Gofà8im 27. 6,009 s... 27. 5,85|27. 5,66 klars. + 495à7m. “+ 0,2+ 3,8 |à11}s... 27.10,58 à7m.. - 27. 6,58|27-7t 6à3s + 7où7 m + 4,5 6,0 | à 7m.... 27.11,42 à 3 s.... 27.10,83|27.11,2 7lè midi. + 5,5 à 8 m. + 5,0o|1 6,5 | à midi... 28. 0,69! 4 7 m. .. 28. 0,00 28. 1,42 8ä7is. + goû7im + oo 8,3|à7£m... 28.160295... . 28. 0,58 28. o,5l gè25s + 7,34............ + 7,2la2s..... 28. 0,75] à 82 m...28. 0,17|28. 0 | 10 midi. +airlà 7m. + 5,611, 189 s..... 28. 3,08| à 65m... 28. 1,00/28. 1,331 Nauka midi. H13,o à 65m. + 7,3130fà21 5... 28. 4,75| 2 5m... 28. 3,25,28. 43 Éliolà midi. ihoë6is. 8,o|+14,0 | à 6 Lim. .. 28. 6,00 13s.,.. 28. 5,75\28. 6,0 B|13làmidi. —i2,7/à 6 À m. + 6,5/—+12,7 | à 6 Fm... 28. 4,92/8255s... 28. 4,75,28. 4,88] Big 255. + 7,4 à 6im. + 2,54 7,21à6 2m... 28. 4,75/410 55... 28, 5,75,28. 4,29 15825 + o8la7im. + 3,54 8,5là7i m... 28. 5,30 à 225... 28. 1,92,28. 2,50 16l2s +7,5à6!m. +214 7,2là101s. 28. 4,00 à 6: m.. .28. 2,53,28. 3,75 178245 + 8,2à6m <+oo+ 7,41 6m... 28.15,57|à &s.... 28. 1,50,28. 2,66] 18là 2 s. + 9,618 6 Em. + 3,0/+ 9,2} à 6 ; m... 28. 0,5 à midi. . . 28. 0,17/28. o,17 19215. ++ 9,58 6m + 5,5/H.9,5 la 6 m... 28. 0,85| à 9 s.... 28. 0,35,28. 0,831] 20/à mie 128 64m + 6,0/+11,2 186 Em.. 27.10,25| à 25 s... 27. 8,66/27. 9,33 nè2is 10,7 |à 6 m. + 6,5 0,8 | à 6 m.... 27. 7:83; à midi. . . 27. 779|27- 7,82 22à 258. ii,ilà 7.......... 10,4 à midi. +. 27: 9,92] à 7 m. . . 27. 9,17/27- 9,92 23 à inidi. 12,4 à 7m. + 7,1|-H12,4 {à 7 m....927. 8,53|à 26... . 27. 6,83/27. 6,92 24à om. + 38à6m. + 3,0+ 3,81à gs... 27.10,50| à 6 m. .. 27: 6,00/27. GUAI 25\à midi. + pa là 7im. + 08+ 7,4 à undi. , . 20. 0,66] à 6 £ m. .. 27.11,42|28. 0,66! 26là 25. “10,5 à 1 m. + 3,1,+10,2 à à m... 28. 0,95|à > 5... . 27.11,25|27.10, 27h2ls. + 8,1 à 6 me = 5ol17,31à6 mea. 8,25|'A 2e. 07. 7,66 27. 77 28là midi. + pbs En ei 7,24à1a2s ..28. 0,66| à 65 m... #7. 8,00 /27.10,98 29là midi. + 8,4à1 m. 1e + 8,4 Ste on pe Ar 5,75 271017 5olà midi. + 6, re 6 m. + 3:1l+ 8,2/à BEST Ua Ts 6,86] à 6 m. 27. 6,50|27. 6,881 RICA PMEDITUn ALTO. Plus grande élévation du mercure. . . 26. 6,00 le 12 Moindre élévahon du mercure. . .. 27. 4,08 le 3 Élévation moyenne. . . .. 27.11,04 Plus grand degré de chaleur. . . .. 14,0 le-x2 Moindre degré de chaleur. . . . . + “+ 0,0 lc 6 etlea Chaleur moyenne. . . .. + 7,0 Nombre de jours beaux. . . . .. . . .. g deconverts NME 21 GONDITCLEMORE Jo Le 16 . À L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, V'entôse an 1x. : POINTS VAAMERSIHA MTS I O NES LUNAIRES, DE L'ATMOSPHÈRE. Prem. Quart. Ciel nuageux et trouble. Pluie abond. le m. et le s.; beaucoup d’écl. vers midi. Pluie abond. avant midi; beauc. d’écl. après ; nuag. les. Beau par intervalles; pluie Paprès-midi. Nuageux et gelée blanche; en partie couvert le soir. Ciel couv. ; temps brumeux avant midi; pluvieux les. Ciel nuageux toute la journée. Ciel trouble et brouill. épais le mat.; pluie le soir. Ciel couvert; quelques gouttes d’eau le soir. Ciel nuageux et trouble; entièrement couvert le soir. Idem. Quelques éelaircis par intervalles. Même temps. Ciel couv. et brouill. le mat. ; nuag. après-midi et les. Temps pluvieux le mat.; couvert toute la journée. Pluie avant le jour ; nuag. dans la journ.; superbe le s. Superbe; gelée bl. lem.; léger brouill. et nuag. les. Couv. le mat.; nuag. l’après-midi et le soir. Périgée. Ciel couvert toute la Journée. Es Pluvieux le mat.; nuageux vers midi; couvert le soir. | Temps pluvieux le mat.; quelques éclaircis le soir. |f Pluie avant le jour ; couv. par interv. toule la journée. !À Ciel très-couvert ; pluie fine à 3 h.; ciel nébuleux les. £ Temps pluvieux par intervalles ; beaucoup d’écl. le s. |K Ciel nuageux. Ciel nuageux; couv. l'après-midi; pluvieux le soir. Temps pluvieux le mat, et le soir. Ciel légèrement couv. le mat. ; nuag. et trouble le s. S-0. Beau temps avant midi; pluie par intervalles le soir. SO fort. Ciel couvert par intervalles; plusieurs averses le soir, | Apogée. Pleine Lune. Equin.descend. gono AD QZANO Dern. Quart. © pu Nouv. Lune. Equiu. ascend, CI) RAÉUC APP /INTAUNE ANT) 1 QU: depelée 1- CT de tonnerre. . . . .. de brouillard. . . . . delneige 2. EU dérprele Meter Le vent a soufllé du N N-E 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE enr pepe ns RECHERCHES SUR L’ALUMINE. Lu à la société de physique et d’histoire naturelle de Genève, le 27 frimaire an 9, par Théodore de Saussure. De la combinaison de l’alumine avec l'acide carbonique. S I. On ne peut s’empècher de s'étonner que la plupart des combinaisons de l’alumine avec les acides, étant connues, nous n’ayons encore que des notions imparfaites sur l'union de cette terre ayec une substance aussi répandue que l’est l'acide car- bonique. Lorsque je voulus répéter les expériences de M. Hum- boldt sur l'absorption du gaz oxygène par les terres simples , je fus appelé à considérer l'alumine dans ses différens états, et en particulier dans celui que la plupart des chimistes regar- dent comme un carbonate. J’ai fait à ce sujet quelques obser- vations qui pourront jetter du jour sur cette combinaison. Opinions de guelques chimistes sur Les carbonates d’alumine. S II. Bergman dit dans une dissertation sur l’acide aérien (édit. franc. , tom. I.) « L’air fixe attaque à peine l'argile pure, c’est-à-dire, la terre de l’alun séchée et durcie; cependant la précipitation de l’alun par l’alkali aéré, prouve qu'il peut en autre une petite quantité quand elle est aussi atténuée : car quoique la liqueur bien filtrée paroisse limpide , on remar- que cependant qu’en la laissant quelques jours à Pair libre, et à une chaleur capable de favoriser l’évaporation de l'air fixe, elle se trouble et dépose insensiblement un peu de terre qui étoit tenne en dissolution par le fluide volatil. L’argile de Co- logne donne elle-même à un feu violent une quantité d'air fixe qui excède plusieurs fois son volume. Il est mêlé d’un peu d’air inflammable qui s’élève dans le commencement de l'opération. » Bergman donne ensuite les proportions du gaz acide carbonique dans le carbonate d’alumine artificiel, et trouve que cent parties ET D'HISTOIRE NATURELLE. 281 d’acide aérien peuvent s'unir à trente parties d’alumine pure. $ II. Le citoyen Fourcroy, dans ses Elémens de chimie et dans l'ouvrage intitulé Systéme des connoissances chimiques, tom. 4, page 61 , admet aussi la combinaison de l’alumine avec le gaz acide carbonique, sous la dénomination de carbo- nate, 1°. d’après les expériences de Bergman ; 2°. d’après les siennes propres. Il a observé que si la précipitation du sulfare d’alumine par un carbonate alkalin est faite à froid , il ne se po que peu ou point d’effervescence , parce que suivant ui une partie du gaz acide carbonique quise sépare de l’alkali se porte sur l’alumine précipitée , et l’autre partie sur la liqueur qui tient alors en dissolution du véritable carbonate d’alumine qu'on peut obtenir par l’évaporation du gaz acide. 11 dit en- suite qu’on rencontre assez fréquemment des terres alumineuses naturelles , combinées avec l'acide carbonique qui peut être séparé par un acide plus fort. Gren annonce ( Manuel de chimie , $. 449 et 516 ) que V’alumine n’a aucune affinité avec l’acide carbonique. Cet au- teur n'entre dans aucun détail à ce sujet, et il paroît appuyer son opinion sur l’effervescence qui se produit dans la décom- position du sulfate d’alumine par les carbonates alkalins. Le citoyen Hassenfratz a donné depuis lors les pesanteurs spécifiques de l’alumine et du carbonate d’alumine. Plusieurs autres auteurs ont admis et admettent les carbonates alumi- neux , soit artificiels, soit naturels. $ IV. J’exposerai maintenant les résultats de mes recherches sur cette combinaison. J’ai fait dissoudre dans de l’eau du sulfate d’alumine, connu sous le nom d’alun de Rome (1), et j'ai précipité Ja liqueur à froid par une solution saturée de carbonate de (1) J'ai choisi pour ces expériences un sullate d’alumine qui ne contenoit qu’une infiniment petite quantité d’oxide de fer, et je me suis assuré, par des expériences comparalives sur de l’alumine aussi pure qu’elle peut l'être, que cette pelite dose d’oxide n’avoit aucune’ influence sensible sur les résultats que je vais donner. Le fer est dans le sulfate d’alumine du commerce à son minimum d’oxidation. Il n’en est précipité par les prussiates alkalins qu'après l’exposition du mélange à l’air libre et à la chaleur; et il est facile de démontrer que si Pon a cmployé dé Palumine reurée de l’alun dans la’ répétition des expériences de Humboldt, c’est par la présence de l’oxide de fer que plusieurs chimistes ont été induits en erreur sur l'absorption du gaz oxÿgène atmosphérique par une terre réputée pure et qui ne létoit pas. Car l’alumine purifiée par ses dissolutions 282 JOURNAL, DK, PHYSIQUE, DE, CHIMIE potasse. Il ne s’est produit que peu ou point d'effervescence , comme l’a observé le cit. Fourcroy ($. 3.) Cependant cet eftet n’a lieu que lorsque la dissolution est étendue d’une certaine quantité d’eau. L’alumine obtenue par cette opération, après avoir été lavée encore humide à plusieurs reprises , desséchée à la texpérature de l'atmosphère , pesoit les vingt-neuf centièmes du sulfate d'alumine employé, elle s’est dissoute dans l’acide nitri- que avec une vive effervescence , et y a perdu environ les sept cen- tièmes de son poids en gaz acide carbonique. La précipitation du sulfate d’alumine, par le carbonate de soude , a présenté des résultats à-peu-près semblables. J’ajouterai ici que la quantité de gaz acide carbonique dégagée n’a pas été constante dans dif- férentes opérations, et qu’elle m’a paru varier en raison de la concentration des carbonates alkalins , et sur-tout de la quan- tité surabondante que j'ajoutois de ces carbonates pour décom- oser les sulfates. Les précipités , dans tous les cas , ont été Le de manière à éviter toute erreur sous ce rapport. &. V. Cent parties du même sulfate d’alumine précipité par le carbonate d’ammoniaque en excès, n’ont fourni que 23 parties d’alumine desséchée à la température de l’atmosphère. La terre s'est dissoute dans les acides avec dégagement de gaz acide car- bonique. Mais elle n’a perdu en acide aérien qu'y» et demi pour cent dans cette opération. * Berthollet a reconnu, dans ses belles recherches sur les affi- nités, que l’alumine précipitée du sulfate d’alumime potassé par l’ammoniaque , retenoit encore de la potasse et de l'acide. Pour purifier cette terre je l'ai fait dissoudre dans de l’acide muria- tique, et je l’ai précipitée de nouveau par le carbonate d’am- moniaque. Les 23 parties d’alumine se sont réduites par cette purification à 21 parties. Elles perdoient alors un et demi pour cent en gaz acide carbonique par leur dissolution dans les acides. Elles n’ont pas pu former des cristaux octaèdres avec l’acide sulfurique , et la quantité impondérable d’acide muriati- que qu’elles retenoïent, ne pouvoit produire aucune erreur sensible. J’appetlerai, dans les expériences qui suivront, alumine re , la terre obtenue de l’alun à laquelle j'aurai fait subir cette double précipitation. réitérées dans la potasse, n’a jamais, étant humectée, exercé aucune action sur le gaz oxygène atmosphérique dans les expériences que j’ai faites à ce sujet. On trouve souvent dans le commerce des aluns assez purs pour que l’alumine qu’on ga relire donne les mêmes résultats sans ces purifications. P'ÉRIMDLSENT SÉTAIONT R EU N À'T'ULR E LEE, 283 J'ai divisé en deux parties l’alumine pure. L’une a été pul- vérisée ; l’autre a été laissée dans son état naturel d’aggrega- tion. Elles ont été exposées à l'air libre pendant dix-huit mois sur une tablette de mon laboratoire. Après ce terme, l’alumine pulvérisée ne produisoit plus aucune effervescence (1). L’alu- mine non pulvérisée , qui avoit été placée dans les mèmes cir- constances , en produisoit une très-sensible. Ce phénomène m’a conduit à penser que l’effervescence de l’alumine que je croyois en état de carbonate , étoit due au carbonate d’ammoniaque qui avoit été retenu dans l’alumine qui n’ayoit pas été palvé- risée, et qu’il s’étoit volatilisé dans celle dont toutes les parties offroient un libre accès à l’air extérieur. En effet j'ai trouvé que la potasse triturée avec l’alumine effervescente en dégageoit de l’ammoniaque, et ne produisoit pas cet effet sur la même terre pulvérisée. $. VI. J'ai précipité par de l’ammoniaque en liqueur, une dis- solution d’alumine pure , et j'ai obtenu, après la dessication du précipité, une quantité d’alumine spongieuse, égale en poids à celle'que j’avois obtenue de la même quantité de dissolution d’alu- mine, en la décomposant par le carbonate d’ammoniaque, et lors- que je ne mettois un excès du précipitant. Cent parties de sulfate d’alumine potassé entièrement décomposé par l’ammoniaque ou par le carbonate d’ammoniaque, ont fourni 21 parties d’alumine spongieuse desséchée à une température comprise entre 18 et 25 dégrés duthermomètre de Réaumur. Ces 21 parties se sontréduites à 9 parties par leur dessication à un violent feu de fusion. Cent par- ties del’alun que j’employois ne contenoïent donc environ queneuf arties d’alumine pure desséchée; proportion bien éloignée de celle que quelques auteurs ontattribuée à la composition de ce sel. S. VIT. J’ai fait dissoudre jusqu’à saturation de l’alamine dans de l'acide nitrique étendu d’eau , j'ai placé dans cette dissolu- tion un cristal rhomboïdal de carbonate de chaux. Il s’est p o- duit une effervescence lente, qui a duré même plusieurs se- (1) Ce fait est contraire à célui qu’annonce le citoyen Fourcroy (Systéme des connoissances chimiques, tom. Î[, page 145). Il dit que l’alumine enlève peu-ä-peu à l'atmosphère le gaz acide carbonique. Il seroit intéressant de con- noitre Les détails de cette obseryalion qui, je crois, n’a été faite que par l’auteur que Je viens de citer. 284 JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE maines. l’alumine , déposée par cette opération , n'a produit aucune effervescence avec les acides. Je remarquerai à cette occasion qu'il me paroît douteux que la terre calcaire seule soit un intermède propre à unir l’alumine avec l'acide carbonique, et que si j'ai cru pouvoir attribuer à cette cause la grande quan- tité d’acide carbonique que j'ai reconnu dans les dolomies , c'est parce que j'ai été déçu par l’alumine que contenoit extraordinairement les échantillons que j’avois analysés. M. Ten- nant a eu plus de raison d'attribuer les propriétés des dolomies à la combinaison triple de l’acide carbonique avec la terre calcaire et la magnésie que les dolomies contiennent toujours en quantité notable , tandis que les plus pures ne renferment qu’une infini- nent petite quantité d’alumine. I] paroît que la dolomie est au- bitter-spath desAllemands, ce que le marbre estau spath calcaire. J'ai soumis à la distillation de l’alumine précipitée de son sulfate par le carbonate d’ammoniaque, et desséchée à la tem- pérature de l’atmosphère. Je n’ai obtenu de cette opération, poussée jusqu'à une longue et vive incandescence , que de l’eau et point de gaz acide carbonique. S. VIIL. J’ai cru pouvoir expliquer l'expérience du citoyen Fourcrey (qui prouve la combinaison pure et simple de l’alu- mine avec l’acide carbonique , parce qu’il ne se dégage pas d’effervescence dans la décomposition des dissolutions alumi- neuses par les carbonates alkalins ) , en attribuant en partie son résultat à la formation triple et concrète d’une combinaï- son d’alumine , d’acide carbonique et d’alkali, mais j’ai aban- donné cette opinion , en observant que lorsqu'on ne décom- pose qu’en partie une dissolution d’alumine , par un carbonate de soude et de potasse on obtient une alumine qui ne fait pas sensiblement effervescence avec les acides, quoiqu'il n’y ait pas eu d’effervescence pendant la précipitation. J’ai cru ensuite que l’eau de la dissolution qui doit être un peu étendue pour qu’il n’y ait pas d’effervescence, pouvoit seule suffire pour retenir l’acide car- bonique. Mais cette quantité d’eau comparée avec le volume du gaz acide carbonique qui doit résulter de la décomposition du carbonate alkalin, fait voir qu’elle n’a pu retenir , par sa propre affinité pour l’acide carbonique , qu’une très-petite partie de celui qui est resté en dissolution dans la liqueur. Ne peut-on pas supposer ici, en suivant les idées de Berthollet sur les af- finités , que l’alumine précipitée contribue, par sa masse con- jointement avec la dissolution acidifère et l’alkali, à retenir l'acide carbonique ? ET D'HISTOIRE NATURELLE. 285 carbonique ? Nous verrons bientôt que l’eau carbonatée dissout l’alumine. Maïs cette dissolution filtrée paroït abandonner aussi facilement son acide carbonique à l'air libre, que l’eau car- bonatée pure. SIX. J'ai rapporté, S II, les expressions de Bergman quiannonce que lorsqu'on précipite par les carbonates alkalins une disso- lution d’alumine , il se forme, dans la liquêur filtrée par une exposition de plusieurs jours à l’air libre et à la chaleur, un dépôt terreux dù à l'expulsion de l’acide carbonique qui le tenoit en dissolution. J’ai répété cette expérience avec tous les alkalis saturés d’acide carbonique ; mais je n’ai pu observer au- cune précipitation postérieure à celle de l’alumine par le car- bonate alkalin ; et je crois probable qu’elle n’a réussi à Bergman que parce que son alumine n’étoit pas pure , Ou que parce que ses alkalis, imparfaitement saturés de gaz acide carbonique, avoient dissous une petite quantité de terre. D’aïlleurs le pré- cipité que j'aurois pu obtenir, auroit été une combinaison d’alu- mine et de carbonate alkalin. - J'ai voulu assurer, par une expérience plus directe que la précédente , si l’eau carbonatée étoit capable de dissoudre l’alumine. A cet effet j'ai placé dans des boutcillés à deux cols de l’alumine pure, récemment précipitée par du carbonate d’am- moniaque et encore humide, je l’ai délayée dans une grande quantité d’eau distillée , et j'ai fait circuler pendant huit heures un courant de gaz acide carbonique dans le mélange. Cette eau séparée ensuite par le filtre a été soumise à l’ébullition. Elle s’est troublée sur-le-champ, et a déposé de l’alumine que la potasse a pu dissoudre. L'eau carbonatée d'alumine s’est troublée éga- lement par son mélange avec quelques gouttes d’awmoniaque , et enfin par la simple agitation de la bouteille fermée qui la contenoit lorsqu'elle n’en étoit qu’à moitié remplie. J'ai recueilli denx ou trois grains de l’alumine précipitée, de l’eau carbonatée à l’aide de son exposition à l’air libre ; etelle n’a produit aucune effervescence en se dissolvant dans les acides, lors même que je faisois cette épreuve avant de l'avoir com- plettement desséchée À la température atmosphérique. Il en étoit de même del’alumine déposée au fonddes bouteilles danslesquelles le gaz acide carbonique avoit circulé. $. X. Bergman a donc eu raison d'annoncer que l’alumine, l'acide carbonique et l’eau pouvoient entrer en combinaison, uoïque les expériences sur lesquelles il a fait reposer cette as- Tome III. GERMINAT, an 0. Oo 286 JOURNAM DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sertion ne m'aient pas paru propres à la démontrer ; mais il n'auroit pas dù admettre que l’alumime formât , avec Pacide carbonique , un carbonate concret. D'un autre côté, Gren a eu, sous certains rapports, raison de dire que l’alumine précipitée de ses dissolutions par les car- bonates alkalins, ne se présentoit point dans l’état de carbonate d’alumine. Mais devoit-il en inférer que l’alumine n’eût aucune affinité avec l'acide carbonique , puisque nous avons vu que l'eau carbonatée dissout cette terre ? Sous ces deux points de vue les deux chimistes que je viens de citer, paroissent s'être trompés , quoiqu’avec des sentimens opposés , comme il n’arrive que trop souvent, lorsqu'on veut donner pour vérité générale une vérité particulière. Des carbonates d’alumine natifs. $. XI. Jusqu’à présent jé ne me suis occupé que des carbo- nates alumineux qu’on a considérés comme un prodnit de l’art. Il me reste à parler de ceux qu’on regarde comme naturels. Je n’examinerai point ici si l’acide carbonique forme des com- binaisons composées ou ternaires avec l’alumine , et une autre terre ou un oxide métallique. Il n’est pas besoin de dire que ces combinaisons pourroient exister sans qu’on dût en conclure que l’acide carbonique formât avec l’alumine un carbonat concret. Bergman infère que ce dernier composé existe dans la nature, de ce que l'argile de Cologne , poussée à un feu violent , lui a donné plusieurs fois son volume de gaz acide carbonique. En omettant la considération des combinaisons ternaires ou qua- ternaires où peut se trouver l’argile de Cologne, puisqu'elle con- tient le quart ou la moitié de son poids de substances étrangères à l’alumine, la conclusion de Bergman seroit juste , s’il s’étoit assuré que sa terre ne contenoit point de matière végétale ou animale. Mais comme la plupart des argiles qu'on trouve à la surface de la terre en contiennent, et qu’elles détonnent légère- ment avec. le nitre; ( voyez Home, Principes de l'agriculture et de la végétation, trad. franc., page 28). On ne peut pas ajouter grand foi à l’observation du chimiste d’'Upsal, d'autant plus qu’il ajoute que le gaz acide carbonique qu'il a obtenu étoit mêlé de gaz hydrogène qui semble dénoncer ici la décomposition de quelque inatière végétale ou animale , ou de l’eau contenue avec du carbone dans cette argile. Il existe une autre terre du même genre , mais beaucoup plus BDD PEN SM NOMME EN VAUT UVR'E EL LE 28y dépouillée de principes étrangers. Elle est désignée, dans la plupart des auteurs , sous le nom d’argile pure de Hales (reine thonerde de Werner). Le lieu où on l’a trouvée dans le jardin du collège de Hales, et dans le voisinage d’une pharmacie ; sa forme ex- térieure , sa petite quantité , et enfin sa pureté ont fait soup- çonner à quelques auteurs qu’elle étoit un produit de l’art. Cela peut être, mais elle n’en mérite pas moins toute l'attention des naturalistes , puisqu'elle a des caractères que n’a point l’alumine préparée artificiellement. M. Lenz dit qu'on‘trouve l'argile pure ailleurs qu’au collèse de Hales ; mais il ne dit point si elle est cristallisée comme celle qui nous occupe. M. Schreber, qui a fait l'analyse de cette substance, la re- garde comme une combinaison d’alumine avec de l'acide car- bonique, de l’eau et très-peu de calce, de silex, de fer, de matière inflammable et quelquefois de gypse. Je n’ai pas pu me procurer les détails du travail de ce naturaliste sur cette terre: mais la petite quantité ( environ cinq grammes ) que j'en ai eue à ma disposition , a suffi pour me persuader qu’elle ne con- tenoit point d’acide carbonique. Je décrirai ici les principaux caractères extérieurs de mes échantillons , parce qu'ils sont peut-être subordonnés aux résultats que j'ai obtenus. —Elle est blanc de neige , —forme extérieure en rognons ou en truffes , — cassure fine terreuse , — tendre presque friable , — s'attache peu à la langue, — un peu translucide aux bords, — paroît fine au toucher, mais elle n’est point grasse (1). (1) L’alumine pure spongieuse ou gélatineuse n’est pas grasse ou onctueuse, ou du moins elle ne l’est pas plus que toute autre terre réduite au même état de di- vision. Elle ne le devient pas même par son mélange avec l’eau après son des- sèchement à la température de l’atmosphère. Elle ne peut point se résoudre dans ces-circonstances avec ce liquide en pâte liée, plus ou moins visqueuse, comme la plupart des argiles natives. L’alumine ne doit l’onctuosité qu’on regarde à tort . comme un de ses caractères essentiels, qu’à son mélange avec d’autres subs- tences. Il en est de même de l’odeur terreuse qu’on regarde comme essentielle à l’alu- mine humectée et qui, je crois, n'appartient point à cette terre dégagée de toute combinaison. On voit cetle odeur diminuer dans l'argile à mesure qu’on la dé- pouille d’oxide de fer. L’alumine humectée obtenue du sulfate ordinaire du com- merce affecte lodorat d’une manière à peine sensible, mais l’odeur terreute n’existe plus dans l’alumine purifiée par la potasse, lorsqu’après avoir été séchée à la température ordinaire de l’atinosphère , elle a été humectée de nouveau. Si unodorat délié peut la reconnoître au moment detsa précipitation, c’est parce que Valumine retient, même après avoir été dissoute une seule fois dans la potasse , Oo 2 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On voit au microscope, avec un grossissement de 200 ou 300 fois (comme l’a remarquéSchreber ) qu’elle est composée de petits cris- taux transparens, prismatiques, comprimés et terminés par des pyramides émoussées. Je n'ai pas pu découvrir cette cristallisa- tion dans l’alumine préparée artificiellement. Elle perd, aux premiers degrés de l’incandescence , environ les deux tiers de son poids. L’alumine n'en perd que les cin- quante - huit centièmes. Sa décoction dans l’eau n’a pas changé les papiers colorés ; mais elle s’est troublée par l’oxalate de potasse et par la dis- solution de baryte. Cette dissolution évaporée à siccité à une douce chaleur , a laissé un résidu qui n'étoit que la 0,022€. partie de l’alumine employée. Il étoit composé de sulfate de chaux , et d’une matière jaune susceptible d’être carbonée par la combustion et semblable à un extrait végétal. Un gramme d’argile de Hales s’est dissous à froid, à la ré- serve d’une centième partie dans l’acide nitrique sans produire aucune effervescence. I ne s’en est point produit en faisant cette dissolution à une chaleur de soixante degrés du thermo- mètre de Réaumur. L’acide sulfurique l’a aussi dissoute à froid presqu’en totalité et sans effervescence. La dissolution de cette terre par l’acide nitrique , n’a pas été troublée par le muriate de platine. Cette même dissolution a été précipitée à froid par le car- bonate d’ammoniaque en excès. La liqueur filtrée a été soumise à l’ébullition , pour éprouver si elle ne contenoït pas de glucine. Elle a été assez abondainment troublée par cette dernière opé- ration ; la nouvelle substance a été recueillie avec soin ; elle pesvit, étant desséchée à la température de l'atmosphère , en- viron Jes sept centièmes de l’argile native : maïs je doute que ce fut de la glucine , car elle n’a produit aucune effer- une petite quantité d’oxide de fer (car l’alumine purifiée dans une seule opé- ration par ce dernier procédé, peut fournir par les prussiates alkahins, une quan- tité de prussiate de fer très-supérieure à celle qui existe toujours dans les prus- siates alkahns les plus purs). Pai communiqué à une alumine inodore une odeur alumineuse ou terreuse au moyen de la trituration avec de l’oxide de fer. Il est possible que cette dermère substance puisse communiquer la même odeur à d’autres terres; car le cit. Vauquelin, dont le nom est attaché à toutes les bran- ches de la chimie; a reconnus que quelques calcédoines exhaloient une odeur alumineuse dans leur trituration quoiqu’elles ne continssent point d’alumnine. 4 EUTNDPIAT SIMON EIN A UT DUR FE SLIE 28% vescence en se dissolvant dans l’acide nitrique , comme la glucine l’auroit fait en pareil cas , suivant les expériences de Vauquelin. Sa dissolution dans l’acide nitrique en excès n’a point été pré- cipitée par le prussiate de potasse , l’oxalate de potasse et l'acide sulfurique , mais elle l’a été par l’'ammoniaque. Ce précipité étoit soluble dans la potasse, ainsi ce n’étoit pas non plus de la ga- dolinite. Est-ce une nouvelle substance ou de l’alumine unie avec une base qui lui a donné la propriété de se dissoudre dans le carbonate d'’ammoniaque ? c’est ce que ceux qui possèdent l'argile de Hales en quantité suffisante, pourront déterminer. La potasse a pu dissoudre, à la réserve d’une quantité impon- dérable d’oxide de fer , l’alumine précipitée de l’acide nitrique par le carbonate d’ammoniaque dans l'opération antécédente. Cette alumine séparée de la potasse a cristallisé en octaèdre ayec l’addition alkaline requise en pareil cas. L’arsile de Hales projetée dans du nitre en fusion n’y pro- duisoit pas de détonation , elle laïssoit voir seulement dans l’obs- curité une trace blene très - foible qui ondoyoit à la surface du sel. Mais cet effet est douteux : elle gardoit une lueur à peine sensible lorsqu'elle étoit projetée sur un fer rouge. Enfin j'ai soumis à la distillation, à une chaleur rouge, dans une petite cornue de verre lutée, un gramme et demi de la substance qui m'occupe, j'ai obtenu quelques gouttes de liquide transparent comme de l’eau , et une quantité d’air qui n’excé- doit pas la capacité des vaisseaux distillatoires. Cet air contenoit un ou deux centièmes de gaz acide carbonique , quantité in- férieure à celle que je m’attendois d’obtenir par la décompo- sition de l’eau et de la matière inflammable contenue dans l'argile. Le gaz acide carbonique appartenant naturellement à l’air des vaisseaux antérieurement à la distillation auroit dù être sous- trait de l'évaluation que je viens de donner. S- XII. Je résumerai, en peu de mots, les principaux résul- tats de ces observations, 10. L’alumine ne forme pas , avec l’acide carbonique , un carbonate d'alumine concret, ou du moins on n’a pas pu par- venir encore à former cette combinaison. x 20. La substance regardée jusqu’à présent comme un car- bonate d'alumine artificiel concret , est le résultat de l’union de l'alumine avec l’alkali et l’acide carbonique. Cet acide n’entre vraisemblablement dans cette combinaison que par son affinité pour l’alkali. + 299 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE x 3°, L’alumine ne paroît pouvoir s'unir à l’acide carbonique que dans le cas où ce dernier est dissous dans l’eau, lorsque cette terre se précipite de cette dissolution par la volatilisation de l’acide carbonique , elle ne se présente pas dans l’état de carbonate. ù 4°. Les argiles natives , réputées par quelques auteurs comme des carbonates d’alumine , ne m'ont pas paru être dans cet état. 5o. L'argile native deHales , précipitée de ses dissolutions dans l’acide nitrique par le carbonate, d’ammoniaque en excès, laisse en dissolution dans ce dernier sel une substance, ou une combinaison qui requiert un examen ultérieur. Des différens degrés de desséchement de l'alumine pure dans ses différens états. L’alumine précipitée par l’ammoniaque et par le carbonate d’ammoniaque, se présente sous deux aspects très - différens , suivant la quantité d’eau dans laquelle le sel alumineux se trouve dissous quoique relativement à ce sel, les poids des précipités soient les mêmes lorsqu'ils sont désséchés à une température d'environ quinze à vingt degrés du thermomètre de Réaumur. Si la quantité d’eau n'excède pas celle qui est nécessaire pour la dissolution du sel alumineux , on obtient une terre blanche, léoère , friable , très-spongieuse et qui s'attache à la langue. Je l’appelerai : a/umine spongieuse. Mais si le sel alumineux est dissous dans une très - grande quantité d’eau, on obtient, après le desséchement du précipité à Ja température susdite , une masse transparente (1) jaune, fragile, (1) L’opacité n’est donc pas essentielle à l’alumine. Celle-ci ne paroît opaque à l'œil nud que lorsqu'elle est dans l’état spongieux ou que lorsqu’étant dans l’état gélatineux elle a été exposée à un feu violent. Jignore si c’est dans ces circonstances que la considéré le cit. Fourcroy, lorsqu'il dit (Système des con- noissances chimiques) que l’alumine paroît opaque dans ses dernières molécules. — Qu'elle réfléchit la lumière toute entière. — Qu’elle communique cette pro- priélé aux pierres où elle entre en grande quantité. — Et que le saphir (télésie) à la vérité est transparent. — Mais quelques exceptions ne détruisent pas une règle générale. Je cemarquerai que l’alumine considérée soit dans l’état spongieux, soit dans celui de desséchement complet, ne paroît opaque que par la division de ses parties. J’ai observé avec un bon microscope, à un grossissement de 200 fois. de l’alumine gélatineuse en poussière fine après son exposilion à un degré de feu, exprimé par le cent soixante-dixième degré du pyromètre de Wedgwoaod. ET\DHIS TOJIRE NATU RE L.L'E, 294 qui , Jorsqu’elle est en fraginens un peu volumineux, saute cn éclats dans la main comme le fait le soufre en pareil cas; elle a une cassure lisse et conchoïde , elle n’a point un aspect ter- reux , elle ne s'attache nullement à la langue, elle ne se gonfle et ne se résout point dans l’eau ; — elle occupe, sous le même poids, un volume dix à douze fois moindre que l’alumine spon- gieuse , et elle ressemble à la gomme arabique ou à une gelée desséchée. Je l’appellerai alumine gélatineuse. Si l’on emploie de l’ammoniaque pour précipiter l’alumine gélatineuse , 1ln’est pas nécessaire d'étendre la dissolution d’une aussi grande quantité d’eau que si on youloit obtenir ce pré- cipité par le carbonate d'ammoniaque , parce que le dégage- ment de l'acide carbonique contribue à donner au précipité un aspect spongieux. — Mais l’ammoniaque très concentré en li- queur peut lui-même fournir une al/umine spongieuse lorsque la dissolution d’alumine est très-rapprochée , parce que les élémens de précipité n’ont pas assez d’espace pour nager li- brement dans la liqueur, et se rapprocher de manière à ce que la lumière ne réfracte plus en passant d’une molécule à l’autre. L’alumine spongieuse et l’alumine gélatineuse , séchées à la température de l’atmosphère , contiennent les mêmes quantités d’eau, comme je le prouverai bientôt. Mais la première , à raison de son extrême division , abandonne aux premiers degrés de l’incandescence toute l’eau qu’elle paroît contenir , tandis que la seconde, plus compacte , en retient une partie au plus haut degré de feu que nos fourneaux puissent produire. Cent parties d’alumine spongieuse perdent en poids à une chaleur rouge , inférieure à celle qui fait entrer l'argent en fusion, cinquante - huit parties et elle n’en perd pas une plus grande quantité à cent trente degrés du pyromètre de Wedgwood , à une chaleur capable de fondre du fer. Cent parties d’alumine gélatineuse perdent, aux premiers de- grés de l’incandescence , quarante-trois parties de leur poids, et seulement quarante-huit parties et un quart, à cent trente degrés du pyromètre de Wedgwood. RE PR PE NP Elle étoit transparente dans ses plus minces molécules, quoique la poudre d’alu- mine meût souffert ni aggluhnation, ni fusion. La télésie, la topase , la cymo- phane contiennent ayec de rubis plus d’älumine qu’on n’en trouve dans < pierre ou roche opaque à la surface de la terre, et cependant ces gemmes sont transperentes ! — À force de nous presser de nous élever à des règles générales nous relombons dans le cahos. 54 2ÿ2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pour démontrer que l’alumine spongieuse et l’alumine géla- tineuse desséchées entre dix et vingt degrés du thermomètre de Réaumur, contiennent les mêmes quantités d’eau, j'ai fait dissou- dre, dans de l’acide nitrique, cent parties d’alumine gélatineuse desséchée entre le quinze et le vingtième degré du pyromêtre de Wedgwood , en opérant cette dissolution à l’aide de son mélange avec la potasse à un feu de fusion. L’alumine purifiée a été précipitée avec les précautions que j'ai prescrites pour obtenir cette terre sous l’état spongieux. Elle a été ensuite desséchée à une température comprise entre le quinze et le vingtième degré du pyromètre de Wedgwood , et elle n’a pesé alors que quatre- vingt-cinq parties. Cent parties d’alumine gélatineuse , desséchée aux premiers degrés de l’incandescence , retiennent donc environ quinze parties d’eau , ce qui s’accorde ayec les résultäts énoncés plus haut. Je ne suis entré dans ces détails, qui sont sans doute minu- tieux, que parce qu’on a pu commettre dans les analyses chi- miques d’assez grandes erreurs, en estimant , comme on a paru Te faire jusqu'à présent , la quantité d'alumine pag le poids qu'on a obtenu de cette terre desséchée à une chaleur rouge, qui indique ordinairement les premiers degrés de l’incandescence. Cette méthode n’est exacte que quand l’alumine est dans l’état spongieux. Mais elle expose à une erreur de quinze centièmes quand elle est dans l’état gélatineux , et dans ce dernier cas il n'y a d'autre parti à prendre que de la dessécher entre le quinze et le vingt-sixième degré du thermomètre de Réaumur, et de diminuer son poids dans le rapport de cinquante-huit pour cent ; ou, ce qui vaut encore mieux, d'opérer sa dissolution , et de ‘ Ja précipiter sous l’état spongieux. Si cette terre, alors dessé- chée à la température de l'atmosphère, ne perd pas à une chaleur rouge environ les cinquante-huit centièmes de son poids, on doit présumer qu’elle n’est pas pure. Considérations sur l'application de l’alumine gélatineuse à la pyrométrie. L’alumine gélatineuse éprouve, à une chaleur successivement angmentée , des pertes de poids qui, à des intervalles de cha- leur égaux , suivent une progression décroissante dont la loi seroit très-importante à connoître, parce qu’elles pourroient servir à estimer, d'une manière précise, les différens degrés de feu. Je me suis assuré, par des expériences réitérées , et faites avec un EFNSDAET SNMOTRFERNFANTUU R'E L'ILE: 243 un thermomètre de Réaumur , qui parvient à deux cents de- grés ; que la quantité d’eau qu’elle perd est invariable ; c’est- à-dire que lorsque la terre a atteint son maximum de déperdi- tion de poids à un certain degré de feu, la permanence de la chaleur à ce degré n’a aucune influence pour produire un des- séchement ultérieur. Quoique les expériences que j'ai faites , sous d’autres rapports , pour avoir un apperçu sur la possibilité d'appliquer l’alumine gélatineuse (1) à la pyrométrie , ne m’aient pas à beaucoup près satisfait, je les rapporterai dans toute leur imperfection. Elles ne seront pas inutiles pour ceux qui auroient la constance de suivre ces recherches. Cent parties d’alumine gélatineuse en poudre , et desséchée à la température de quinze à vingt-cinq degrés du ther- momètre de Réaumur , perdent à une température de Degrés du therm. Pyromètre de Parties d’eau de Réaumur. Wedgwood. volatilisées. DOS ARR E SERRES NIMES 2OO0 1 Dre chose stiebeie « e *...:19 1508 eos netee: let 207 DO ONR Me meeideie re foie Ste R 2722 a 2 À à Le PHEMEIC ...42,9 ‘ LOG 247,9 169 ..... 40,29 Ces expériences n'ont été faites chacune que sur deux grammes et demi ( cinquante grains ) et avec une balance dont je ne puis + (1) L’alumine spongieuse abandonnant à une foible incandescence toute l’eau qu’elle contient , ne pourroit être employée que pour des degrés inférieurs. (2) On attribue la retraite des cylindres pyrométriques, et en général des ar= giles par le feu à l’expulsion de l’eau, Cette opinion paroït hors de doute pour les basses températures; mais je la crois en grande partie erronée pour la re- traite de l’argile du pyromètlre à une température au-dessus du vingt-neuvième degré de cet instrument. Voici l’expérience sur laquelle je me fonde : j’ai pesé à une balance sensible à 6 myriagrammes et demi (un huitième de grain), le cylindre pyrométrique de la dernière expérience. Il pesoit, avant d’être mis au feu 1,72 grammes (52 grains et demi). Je lai retiré au vingt-neuvième degré; il ayoit alors perdu 192 myriagrammes (2 grains ct demi). Depuis ce terme jus Tome LII. GERMINAL an 9: PBp 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: CHIMIE pas garantir une erreur moindre que treize myriagrammes ( un quart de grain ); elles sont donc bien éloignées d’avoir le de- gré de précision nécessaire pour déterminer la loi de la pro- gression qui ous occupe. Leurs résultats ne sont point, quant à l’uniformité de leur marche, concordans avec le pyromètre de Wedgwood. Mais j'ob- serverai que cet instrument est trop incertain pour qu’on puisse s’en servir pour déterminer la loi des desséchemens. Le cit. Necker, à qui j'ai dû l’usage de celui que j'ai employé dans ces expériences , a renfermé en même-temps huit cylin- dres pyrométriques dans un creuset de platine. Il a vu avec moï us indiquoient 127—126—111—107—98—96—93—90 degrés e leur échelle. Les uns se sont vitrifiés \ d’autres sont restés en état de porcelaine ; les uns se sont éclatés intérieurement ou extérieurement , ou ont changé plus ou moins de forme ; d’autres n'ont souffert aucun de ces accidens. Ces résultatstiennent à l’iné- galité du mélange qui forme la pête des cylindres. Il est difficile de supposer que deux artistes ; quoiqu’avec la même formule, puissent parvenir à former des cylindres semblables , parce que les différens degrés de pulvérisation de la silice , qui ne seront jamais constans , auront toujours une grande influence sur les résultats: Le cit. Garérau est parvenu à cette parité qu'ila même surpassée , mais après des essais pénibles et multipliés , quoique fondés sur l’analyse des cylindres de Wedgwood. On voit que si la propriété qu’a l’alumine à de basses tem- pératures de ne perdre qu’une quantité d’eau déterminée à un degré de feu constant, se soutient à une chaleur plus élevée, il est possible qu’en employant pour chaque expérience , en- viron neuf grammes et demi (deux cents grains ) d’alumine gélatineuse, et une balance sensible à 2, 6 milligrammes (un qu'au 170°. degré de la même échelle, il n’a pas changé sensiblement de poids et cependant dans cet intervalle il avoit perdu plus du quart de son volume. Ce n’est donc pas seulement à l’expulsion de l’eau qu'est due cette retraite, mais bien plus, et presqu'uniquement aux nouvelles combinaisons ou modifications que subissent les élémens terreux de Pargile à une haute température. \ Au 170°. degré le creuset de platine qui contenoit l’alumine a donné à sa surface extérieure des preuves de ramollissement très-grand et presque de fusion. Cette surface a offert dans quelques parties une cristallisation confuse semblable à celle que présente le marbre de Carrare poli. Le couvercle de platine, quoi- qu’assez épais , s’est affaissé sur lui-même et s’est légèrement fondu dans plusieurs points. PDO DIEANNSP MOD RME EN ATOUL REP LIDRE 295 vingtième de grain ) on obtienne une aussi grande exactitude que celle à laquelle prétend le pyromètre de Wedgwood supposé dans son état de perfection; maïs on voit aussi que ces observations ne pourront guères s'étendre au-delà du cent trentième degré de ce pyromètre , parce qu’au delà les déperditions en poids, de l’alumine ne sont que peu ou point sensibles sur de petites quantités. La méthode que je propose seroit sur-tont utile pour dé- terminer les degrés compris entre le centième degré du ther- moinètre de Réaumur et la plus foible incandescence; degrés qui ne sont point compris dans l'échelle de Wedgwood , et qui ne peuvent l’être à cause de la dilatation qu'éprouve l’argile avant de parvenir, à une chaleur rouge. J'indiquerai ici quelques précautions à prendre pour faire ces observations avec exactitude. 10. Le desséchement de l’alumine gélatineuse à la tempéra- ture de l'atmosphère est incertain ; il peut n'être pas égal dans toutes les parties de la terre; — il convient donc de la pulvé- riser, et de partir d’un desséchement constant. À cet eftet on en soumettra une petite partie à une chaleur de cent degrés du thermomètre de Réaumur , en la mettant avec ce thermo- mètre dans un tube de verre fermé à une de ses extrémités, et enfoui dans un bain de sable, chauffé par uné lampe d’Argand dont on gradue le feu à volonté. On retranchera la déperdi- tion de poids qu'aura souffert l’alumine desséchée à cent de- grés , dans toutes les opérations que l’on fera avec la terre des- séchée à la température de l'atmosphère. Celle-ci sera conservée dans un flacon exactement fermé. J'ai indiqué le centième degré du thermomètre de Réaumur comme le terme le plus bas , parce qu’à des degrés inférieurs à l’ébullition de l’eau , la déperdition de poids de l’alumine des- séchée à la température 2e l’atmosphère se fait avec üne ex- trême lenteur. J'ai employé neuf heures pour en dessécher deux grammes CAGE esse eee sels SA Dordesfes de RÉAUMUr, deux heures...... à 100. demi-heure...... à 200. On apperçoït facilement le terme de l'opération , lorsque le tube qui contient l’alumine cesse d’être obscurci par les va- peurs qui s’en échappent. 2°. Dans les opérations inférieures à l’incandescence, il con- Pp2 296 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE vient de peser la terre au moment où elle sort du feu , parce qu'au bont d’une heure ou deux elle enlève à l'atmosphère une quantité d’eau qui peut produire une erreur d'un ou deux cen- tièmes sur le poids de l’alumine. SECRET MERRR tEER TT RECHERCHES SUR LA PÉRIODICITÉ PRÉSUMÉE Des principales variations de l’atmosphère , ct sur les moyens de s’assurer de son existence et de sa détermination ; 2 Lues à l’Institut national de France, le 26 ventôse an 9, Par le cit. Lanarck. Il n’est personne qui ne conçoive combien seroient grands les avantages que l’on retireroit de la connoïissance d’un ordre périodique quelconque dans les principales variations de l’at- mosphère en nos climats. L’on sent que cette connoïssance nous permettroit de prévoir chaque année les époques des principaux changemens de température, d’hnmidité ou de sécheresse, etc. que l'air qui nous environne subit dans différens temps ; enfin elle nous apprendroit que dans telle réunion de circonstances, une tempête, par exemple , ou telle autre sorte de météore, peut ou ne peut pas avoir lieu. Assurément une pareille con- noissance seroit d’une importance extrême ; et comme il n’est pas prouvé qu'on ne puisse l’acquérir ; elle doit donc être un des principaux buts des recherches des physiciens météorologistes. Je l’ai déja dit bien des fois, la météorologie est la seule des sciences physiques qui; depuislongtemps , nait faitaucun progrès. Elle n’est pas même véritablement cultivée dans aucune con- trée de l’Europe (1); et cependant les physiciens n’ent point assuré qu’elle eût atteint le terme où elle peut parvenir. a ———— (1) Je n’entends pas dire que personne en Europe ne s’est occupé de l’atmos” phère du globe terrestre, mais je veux exprimer qu'à ma Cconnossance , per— PRIMO S TOM RE EE NA (TQU RE AL EDNEr 297 Dans le peu qu’on fait encore en quelques endroits pour cette science , on s’obstine à ne chercher , pour résultat des obser- vations , que des sermes extrêmes et des termes moyens dans les variations de l'atmosphère ou dans les phénomènes météorolo- giques, recueillis en différens climats et pendant diverses saisons de l’année. Sans doute cette voie est excellente pour déterminer le carac- tère d’un climat qui ne seroit pas connu. Maïs elle ne mène à rien de plus ; on en est bien convaincu , et cependant on ne fait presqu’aucune observation suivie qu’on ne la présente sous cette forme. De là vient que les observations météorologiques sont telle- ment dépourvues d'intérêt, qu'elles n’excitent l’attention de per- sonne ; qu'elles sont reléguées dans quelques ouvrages pério- diques, comme pour grossir le volume , et où qui que ce soit ne les examine ; enfin que celles même qu’on présente quelque- fois à l’Institut, ne peuvent lui être développées ni par lecture, ni même par des rapports. Pour l'avancement de la météorologie , et sur-tout de la partie la plus utile de cette science , une seule question se présente naturellement. On auroit pu la juger depuis longtemps ; et personne, je crois , ne l’a même proposée : la voici. Parmi les diverses variations dans l’état de l’atmosphère , et sur-tout parmi celles qui s’observent dans les latitudes depuis quarante degrés jusqu'aux poles , en est-il qui aïent une pério- dicité déterminable ? Qui est-ce qui ne sent pas l'importance de la solution de cette question ; quand même elle ne donneroit lieu qu'à la négative ? En un mot, qui est-ce qui ne voit pas que c’est vers ce but essentiel que les recherches des méteéorologistes euro- péens doivent être principalement dirigées ? Néanmoins , si l'on en excepte Toaldo , personne, à ce qu’il me semble , n’a entrepris avant moi aucun genre d’observa- tions, ni fait la iAdbe tentative pour savoir si dans nos la- titudes, la lune, par les suites de ses variations d’aspect, de » sonne encore ne me paroît avoir entrepris des recherches pour découvrir Pordre qui peut exister dan$ les grandes variations de l'atmosphère; recherches néan- moirié qui sont {résinporlantes. Je ne mets pas de ce nombre ce qui a été fait à cet égard sur la période lunaire de 19 ans, parce que cela ne me paroït pas mé- riter d’être citéVoyez l2 Journal de physique, annte 1786, p. 276. 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE position et de déclinaison , avoit une influence assez grande sur l'atmosphère, pour occasionner, concorremment avec d’autres causes périodiques, les principales variations que nous lui voyons subir en divers temps. Toaldo à supposé avec raison cette influence, et a cherché à en reconnoître les effets, en s’attachant à observer ce qui arrive aux époques des points Junaires ; et il résulte des obser- vations faites pendant quarante huit années, et appliquées par ce physicien à l’objet de ses recherches, que la lune a une influence réelle sur l'atmosphère , et qu’elle est une des principales causes qui occasionnent des changemens dans son état. C'est sans doute avoir fait faire un grand pas à la science que d’avoir constaté , par des faits nombreux , que la lune a une véritable influence sur l’atmosphère , et qu’elle concourt puis- samment à effectuer les variations qu’il éprouve endifférens temps. Mais Toaldo s’en est tenu là; il n’a pas osé entreprendre la détermi- nation d’aucune des influences lunaires ni de leur nature. S'ila prouvé que la premièresygysie avoit plus de puissance pour opérer un changement de temps que la seconde ; qu’il en étoit de même du périgée rélativement à l'apogée ; et qu'enfin au même égard les sygysies et les apsides l’emportoient sur les quadratures, il n'a jamais entrepris d’assigner quelle sorte de changement une nou- velle lune pourvoit exercer sur l’état de l’atmosphère. Je me suis attaché à d’autres considérations que celles qu’a suivi Toaldo dont j'avoue que je n’avois pas connoissance ; et j'ai cherché non-seulement à reconnoître les effets de l'in- fluence de la lune sur l’atmosphère , mais même à découvrir quelle pouvoit être la nature de cette influence. Il me vint dans l’idée d'examiner si la lune qui , en par- courant son orbite dans l’espace d'environ un mois, s'éloigne de l’équateur alternativement vers le sud et vers le nord, jus- qu’à 28 degrés, n’exerceroit pas sur l’atmosphère par les suites de ce mouvement en déclinaison continuellement varié, des chan- gemens déterminables. Or quelle fut ma surprise , je dis même ma satisfaction , lorsqu'après un certain temps d'observation , je découvris dans les principales variations de l'atmosphère, pendant les deux déclinaisons lunaires qui se succèdent alter- nativement , un ordre de choses très-reconnoissable. J'insiste aujourd’hui sur cette découverte importante, parce que les faits la confirment tous les jours de plus en plus, et que, malgré les efforts de l’envie , son évidence devient incontestable. es ADD TS TO TRE IN TATEIULRIEMLULIE, 299 Sans doute l’ordre de choses dont je parle est souvent troublé, interrompu , et quelquefois même cesse entièrement d'être per- ceptible. J'en ai été, je l’avoue, bien des fois découragé dans le cours de mes recherches. Mais, outre qu’une majorité sou- tenue, dans le nombre des déclinaisons concordantes avec le principe que j'ai découvert, sur celles qui y sont discordantes , établit maintenant le fondement de ce principe ; je me suis ap- perçu que les principales causes qui donnent lieu à ces excep- tions au principe , sont régulières , périodiques , et conséquem- ment déterminables. J’entrepris dès-lors de nouvelles tentatives pour arriver à la détermination de ces causes perturbatrices ; je variai les considérations, et j'y donnai toute l’attention que Fimportance de son objet me parut mériter. Je ferai connoître tout-à-l'heure l’ordre et l’état de mes recherches à cet égard. Quoique je sache très-bien maintenant que la considération isolée des deux sortes de déclinaisons de la lune , soit un élé- ment insuffisant pour déterminer complettement la périodicité des principales variations de l’atmosphère dans nos latitudes ; je suis eu état d’assurer , d’après des faits recueillis et déja nom- breux , que l'influence de la lune dans ses déclinaisons , pré- domine sur toutes les autres par sa durée, et acquiert par là sur elles une supériorité d’effet qu’elle ne leur cède que mo- mentanément, et qui constitue son importance. . Convaincu de cette vérité, j’ai le regret de voir que par ce sentiment naturel qui rend l’homme longtemps inconfiant sur les découvertes de ses contemporains , et qui fait que les vérités mêmes les plus utiles sont très difficiles à répandre, par la raï- son qu’elles sont nouvelles, j'ai dis-je , le regret de voir que les avantages de ma découverte sont encore nuls pour mon pays. Si, par exemple, le contre-amiral Ganthaume avoit eu la moindre confiance dans les observations que j'ai publiées, et par- ticulièrement dans celle relative aux véritables tempêtes qu’on ne voit guères avoir lieu que pendant une déclinaison boréale de la lune, il n’auroit pas fait sortir son escadre dans le cours d’une constitution boréale, et-ne l’auroit pas exposée à la dis- persion dangereuse qu’elle a éprouvée la nuit du 3 au 4 plu- viôse dernier, aux coups de vent affreux qu’elle a essuyés pendant toute la journée du 4 , et par suite à une perte de temps, objet si précieux pour le succès de son entreprise. J'accumulerai , dans un ouvrage exprès , une multitude de faits authentiques de cette nature , afin d'amener les hommes, en quelque sorte malgré eux, à une vérité qu'ils ont le plus nn. 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE” grand intérêt de connoître. Maïs , dans ce mémoire , je dois ne borner à l’objet que j'ai en vue , c’est-à-dire, à l’exposi- tion des moyens de s’assurer si, dans nos latitudes , les prin- cipales variations de l'atmosphère ont une périodicité déter- minable. En réfléchissant sur l’état connu des choses , relativement à l'atmosphère , je sentis la nécessité d’une concurrence entre diffc-entes causes qui influent à-la-fois sur l'état de cette en- veloppe fluide du globe terrestre; et bientôt j’eus la conviction que presque tous les changemens importans dans l’état de l'at- nosphère , soit par l’étendue qu'ils embrassent , soit par la durée de leurs effets, ne résultent jamais ou presque jamais de l’ac- tion isolée d’une seule cause ; mais sort au contraire le produit d’une réunion de causes qui se combinent en agissant , et parmi lesquelles cependant certaines sont dominantes. Comme depuis longtemps l’on aura présumé ces combinaisons de causes réunies , cette considération , en montrant toutes les difficultés à vaincre , aura sans doute contribué au peu de zèle que les, physiciens météorolôgistes ont mis jusqu’à présent dans leurs recherches à cet égard. Ces difficultés néanmoins ne me paroiïssent pas insurmontables ; elles ne le seront vraisemblablement pas, si, en recueillant beaucoup de faits , l’on parvient à présenter ces faits dans l'ordre et sous les points de vue qui peuvent faire appercevoir les réu- nions de causes qui y ont donné lieu. En effet, par suite de ces considératious, je crois être par- venu à découvrir la véritable route qui peut conduire à déter- ininer la périodicité des principales variations de l'atmosphère en nos climats, et À reculer considérablement par là les bornes de nos connoissances en météorologie. Voici, à cet égard , les moyens qui me paroissent propres à ‘assurer le succès de nos recherches. Moyens dont le concours ae faire connoître si, dans des latitudes telles que celles de la France , les principales variations de l’atmosphère ont wne périodicité déterminable. L'objet maintenant recherché étant de savoir s’il y a quelques relations entre les grandes variations de l’atmosphère en nos climats, et les divers aspects combinés et influens de la lune et du soleil ; et si conséquemment ces grandes variations at- mosphériques ont réellement quelque périodicité déterminable ; je ET D'HISTOIRE NATURELLE. 301 je puis assurer que le succès de cette importante recherche ne sauroit être obtenu que par le concours des trois moyens sui- vans, employés pendant un temps suffisant pour fournir des résultats solides. PREMIER MOYEN. Emploi d’une correspondance météorologique. Ce moyen consiste dans l'établissement d’une correspondance réglée d'observations journalières faites dans des points éloïgnés les uns des autres, en un grand pays, afin de s'assurer si les grandes variations atmosphériques observées en un lieu quel- conque , sont réellement le résultat de quelqu'influence qui ait une périodicité déterminable. Cette correspondance convenablement établie , rapporteroit à un point central, toutes les observations qui auroient été faites en même temps, suivant un mode déterminé et semblable dans des points divers ; et mettroit le physicien , situé au point cen- tral , et chargé de rédiger ces observations , à portée de for- mer les tableaux comparatifs nécessaireS pour en obtenir des résultats , et les soumettre périodiquement à l'opinion publique. Le moyen que je propose est si important, si essentiel même pour l’avancement de la partie utile de la météorologie , que je ne puis concevoir comment on a pu le négliger jusqu'à ce jour. Îl est la base sur laquelle doivent s'appuyer toutes les recherches de ce genre, et lui seul peut ‘confirmer et mettre en évidence les indices que les observations isolées peuvent nous obtenir. En un mot, sans lui les remarques judicieuses , et les découvertes mêmes d’un observateur isolé, serontregardéescomme des idées hypothétiques ; et après avoir été consignées dans quel- qu’ouvrage , elles seront oubliées comme tant d’autres ; leur fon- dement et leur utilité n’ayant pas été apperçus. Il n’y a pas le moindre doute , si la lune a , dans certaines circonstances , assez d'influence sur l’atmosphère de nos climats pour occasionner , dans son état, un changement quelconque ; ce changement ne s’opérera pas uniquement dans l'atmosphère qui domifie un point isolé de la surface du globe, mais il s’exé-. cutera nécessairement dans la portion de l’atmosphère qui do- mine une grande région , et ÿ sera par conséquent perceptible dans tous les points, queiles que soient les modifications qu’ap- porteront à son effet les circonstances locales. . Tome LII. GKRMINAL an 9. Q q 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je n’ignore pas, en effet, que la différence des localités amèné nécessairement des différences dansles faits météorologiques que l’on observe en chaque lieu particulier ; mais les effets de l’in- tluence prédominante de la lune dans diverses circonstances n’en seront pas moins reconnoiïssables par-tout où cette influence sera exercée. : h Il est donc de toute évidence que si un grand changement, dans l’état de l’atmosphère , et observé tel jour à Paris, est réellement Ic résultat de l'influence combinée, mais prédomi- nante de la lune, se trouvant alors dans la réuion.de. circons- tances propre à l’opérer ; ce changement sera perceptible dans toute la France, et peut-être dans l’Europe entière, mais par-tout ses effets seront soumis aux modifications que produiront les localités. Ainsi, à l'époque du changement dont je.viens de par- ler , il y aura des lieux où , par l’effet influent de leur latitude, leursituation, leurnature, etc. l'atmosphère paroîtra n’éprouver aucun changement dans son état, au moins à l'égard des per- sonnes qui n’y regardent pas de près : mais le physicien atten- tif verra les choses différemment, et il y découvrira, par quel- que variation, soit dans le baromètre , soit dans le vent régnant, soit dans la nature de à transparence de l'atmosphère, des indices réels du changement opéré dans une grande portion de j’at- mosphère terrestre. S’il en étoit autrement , ce scroit une preuve que le grand changement dans l’état de l’atmosphère, observé à Paris, ne seroiït pas le résultat de l'influence prédominante d’un astre comme la NE $ , L’on sent donc, si mon assertiongest fondée , que le seul moyen de reconnoître si un grand changement dans l’état de l’atmos- phère est véritablement le produitde l’influence d’unetelle réunion de circonstances dans laquelle la lune agit principalement ; ce ne peut être que par l’établissement d’une correspondance réglée d'observations journalières faites dans différens points éloignés les uns des autres , en un grand pays , qu'en ôbtiendra cette connoissance. Si l’on parvient à l’obtenir , la périodicité de cette réunion de circonstances sera elle-même facilement déterminable, et alors on aura atteint le but important que l’en doit ayoir en vue dans ce genre de recherches. En consequence , s’il est un établissement dont Î& création soit fortement à desirer dans un grand pays comme la France, c’est sans contredit celui que je propose : car 1l tend à procurer des connoïssances d'un intérêt majeur pour la société en gé- néral, et pour les individus en particulier ; çonnoissances qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 seront sur-tout de la plus grande utilité pour la marine , pour l’agriculture , pour la médecine et pour tous les arts. SEC O'N D MO Y.E N. Emploi d’un mode approprié d’annotation. Quelqu’avantageux que soit, pour l’avañicement de la partie utile de la météorologie , l’établissement d’une correspondance réglée d'observations journalières faites dans différens points d’un grand pays , et quoique ce moyen soit du plus haut intérêt F puisqu'il fournit les faits dont on a essentiellement besoin ; il me paroît qu’on manqueroit entièrement le but important que l’on se propose dans ce genre de recherches , si l’on se bornoit à l'employer uniquement , c’est-à-dire sans le concours d'aucun autre, Mais il est tellement essentiel qu’un autre moyen dont je vais parler , soit mis en usage concurremment avec le premier , que sans ce second moyen , l’emploi du premier's-roit absolument de nulle valeur. En effet , si par la voie du premier moyen [ de la correspondance météorologique ], l’on obtient avec le temps cette multitude de faits qu’il est indispensable de recueillir et de considérer convenablement pour parvenir à bien connoître la nature; par la voie du second moyen, ces faits seront dis- posés et présentés de la seule manière qui peut en faire obtenir les résultats desirés. Ce second moyen consiste dans l’emploi d'un mode d’anno- tation des faits et des observations météorologiques , qui soit tel qu’il présente, avec une disposition convenable des faits recueillis , toutes les circonstances influentes qui sont en rap- port avec ces faits dont celles ne doivent jamais être séparées. ‘J'ai publié, dans le Journal de physique [mois de frimaire an 9], un mémoire intitulé Dz mode de rédiger et. de noter les ob- servations météorologiques , afin d’en obtenir des résultats utiles, etc. et dans ce mémoire j'ai développé principalement ce qui a essentiellement rapport au moyen dont il est ici question. Je crois y avoir démontré que si les observations météorolo- giques qui ont été faites depuis un grand nombre d’années , n’ont fourni presqu’aucun résultat , et n'ont rien appris relative- ment à la périodicité présumée des grands changemens qui s’opè- rent en certains temps dans l’état de l’atmosphère ; cela doit Q q 2 ns 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE être essentiellement attribué à la manière très-défectueuse et tout-à-fait inconsidérée dont on a jusqu'à présent formé les tableaux d'observations. Je le répète , tous les physiciens - météorologistes inscrivent leurs observations journalières sur des tableaux divisés par mois ou par des portions de mois; ét jamais ils ne les accompagnent d'une colonne en regard , indiquant pour chaque jour posi- tion des deux astresinfluens , ainsi que les époques des points particuliers de leurs aspects qui augrnentent leur influence. Or, comme il n'y a absolument aucun rapport entre les mois de l’année et le cours de celui des deux astres en question qui paroît le plus influent, c’est-à-dire de la lune; il est de toute évidence que les météorologistes qui suivent ce mode d’annota- tion , n’apperceyant point sur leurs tableaux toutes les circons- tances influentes, ne peuvent découvrir les causes qui ont donné lieu aux faits qu’ils observent. Mille ans d’observations disposées et présentées de cette manière, ne produiroïient pas un résultat plus avantageux que celui que nous avons retiré de la somme des observations faites jusqu’à ce jour. Tant que le discernement des vrais moyens, qui peu- vent conduire au but desiré, ne dirigera pas les observateurs vers l’emploï de ces moyens , tous les soins pris pour arriver .au but, seront sans succès et par conséquent inutiles. Je ne m’arrêterai pas davantage sur ce sujet , parce que je crois l'avoir suffisamment développé" dans le mémoire cité ci- dessus. Je dirai seulement que , pour être de quelqu'utilité , tout tableau présentant des observations météorologiques faites régulièrement tous les jours , à différentes heures, doit, 10. Offrir, dans son ensemble, la série de rapports divers que la lune, en parcdurant son orbite, contracte par son influence avec l’atmosphère de la contrée qu’habite lobservateur ; et comme les plus grandes différences dans cette série de rapports, sont produites par les déclinaisons continuellement variables du satellite de la terre , tout tableau d'observations doit être né- cessairement limité par les deux équinoxes lunaires, , afin de conserver la totalité ou l’ensemble des rapports dont il vient d’être question. 2°. Tont tableau d’observations doit présenter en outre une colonne en regard dé toutes celles qui contiennent l'inscription des faits; dans cette colonne particulière , les époques des points lunaires tels que les deux apsides, les deux sygysies et les deux quadratures doivent y être mentionnés ayec exactitude. FIND HAS T'OUNRE INA TIUR FE L'EIT 305 Telle est la nature du second moyen que je trouve indispen- sable d'employer pour l’avancement de la météorologie , et par- ticulièrement pour atteindre le but important que l’on se pro- pose dans les observations. Je passe maintenant à l'exposition du troisième et dernier moyen dont il convient de faire usage con- curremment avec les deux premiers. TROISIÈME MOYEN. Emploi d’un mode raisonné de recherches. Ce troisième et dernier moyen consiste dans la détermina- . tion et l'emploi d’un mode raisonné de recherches à faire sur les tableaux d’observations , afin de s’en procurer les résultats utiles qu’ils peuvent fournir. Les recherches: dont il s’agit doivent avoir pour but de nous faire démêler dans les réunions de causes qui ont occasionné les faits recueillis, quelle est parmi ces causes celle qui est pré- dominante, et quelle est la nature de ces réunions. Il est dommage sans doute que les considérations auxquelles on est forcé d’avoir égard dans la recherche des causes qui produisent les principales variations de l’atmosphère, soient com- pliquées de tant d’élémens divers. Cela rend le succès de cette recherche fort difficile à obtenir, et peut-être même incertain. H suffit néanmoins que ce succès soit possible , pour qu’on doive tout tenter pour yÿ parvenir. Par le premier moyen -mentionné ci-dessus nous recueille- rons des faits, et l’on sait assez que sans faits les progrès des sciences physiques seroient nécessairement nuls. Par le second moyen, les faits et les observations seront dis- posés et présentés de la manière la plus convenable pour mettre en regard toutes les circonstances qui y ont rapport, et qui ont pu contribuer à y donner lieu, Enfin, par le troisième moyen , un mode raisonné de recher- ches sera établi , et pourra, s’il est convenable, faire reconnoître sur les tableaux d'observations, quelles sont les causes dominantes qui ont produit les faits observés. LE" Ce mode raisonné de recherches doit être considéré comme l'emploi même des observations recueillies, en un mot comme leur ztilisation, si l'on peut s'exprimer ainsi. On le fera con- sister dans des tentatives diverses, établies d’abord sur de simples 306 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE suppositions , et auxquelles on soumettra avec ordre tous les faits recueillis. Voici l’exposé de celles que j'ai faites jusqu’à ce jour , et l’apperçu de leurs résultats. Tentatives pour l'exécution du troisième moyen. Le but de toutes mes recherches étant de m’assurer si les principales variations de l’atmosphère, en nos climats, ont une périodicité déterminable, j'ai dû, parmi les causes des grands changemens dans l’état de l’atmosphère , m’attacher principa- lement à la recherche de celles qui dépendent de l'influence de la lune et de celle du soleil ; ces deux sortes d’influences étant les seules dont les effets puissent être périodiques. Pour diriger ensuite la nature de mes tentatives, j'ai dû donner à l’un des deux astres que je viens de citer , une préférence relativement à la supériorité supposée de son influence sur l’at- mosphère , au moins en certaines régions du globe. À la vérité, il est difficile de s’assurer si les influences qui dépendent des deux sortes d'action du soleil sur l’atmosphère, sont par-tout prédominantes sur celle de la lune : néanmoins j'ai dû supposer qu’à des latitudes plus grandes que quarante de- grés , les variations promptes et considérables dans les situations de la lune pendant le cours de chaque mois, par rapport à tel point de la surface du globe , pouvoient donner à cette pla- nète, une influence sur l’atmosphère, prépondérante relati- vement à celle du soleil. ÿ _ En conséquence j'ai partagé le cours entier de la lune dans son orbite , en deux déclinaisonsidistinctes, et j'en ai formé deux constitutions atmosphériques , que je nomme l’une boréale et Vautre australe. Ces constitutions, comme on va le voir, sont souvent d’une durée inégale. Inegalité des constitutions a£nosphériques. Si le mouvement de la lune dans son orbite étoit toujours par- nn égal, il est certain que les durées des deux déclinai- sons de cetté planète seroïent aussi tout-à-fait égales, car la lune s’écarte alternativement de l'équateur vers le.nord et ensuite vers le sud, d’une quantité à-peu-près égale. Mais on sait que la vitesse du mouvement de la lune dans JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ‘367 son orbite , varie considérablement selon les parties de cet orbite dans lesquelles elle se trouve successivement. En effet, si l'on partage l'orbite lunaire aux points moyens, par une section transversale qui en fasse deux arcs opposés et égaux , l’on verra que la lune emploie plus de temps à parcourir l’arc supérieur, qui est celui que partage /’apogée , qu’elle n’en emploie à parcourir l'arc inférieur, c’est-à-dire l'arc du périgée ; cela est connu de tout le monde. On sent donc qu’une constitution atmosphérique dans laquelle l'apogée se trouvera dans le lunistice ou dans son voisinage, sera beaucoup plus longue que la constitution opposée dans laquelle le périgée arrivera dans le voisinage du lunistice ; la différence pourra être de plus de deux jours. L’on sent encore que les constitutions deviennent de plus en plus égales. à me- sure que les apsides s’approchent des points équinoxiaux. Ainsi il y a donc des constitutions dont la durée n’est que de treize jours ou quelquefois un peu moins, et d’autres qui s'étendent jusqu’à celle de quinze jours. Division d’une constitution. Maintenant, connoissant le besoin d’entrer jusques dans les moindres détails pour justement apprécier toutes les circons- tances influentes , j’ai partagé la durée de chaque constitution en trois sortes de jours ; savoir en jours égzinoxiaux , en jours moyens et en jours /wnisticiaux. Êt comme deux de ces sortes de jours se trouvent susceptibles d’une distinction utile à con sidérer, j'ai distingué les jours d’une constitution atmosphéri< que en cinq sortes particulières 3 savoir ; ‘ 10. En jours équinoxiaux ( lunaires ) antérieurs ; 2°. En jours moyens antérieurs ; . 3°. En jours lunisticiaux ; 4°. En jours moyens postérieurs ; 5°. En jours équinoxiaux ( lunaires ) postérieurs, 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Durée d'une constitution atmosphérique partagée en différens ordres de jours. DIVISION DES JOURS D’UNE CONSTITUTION. EÉQUINOXE LUNAIRE. ua Ni (Tours équi- noxiaux anlérieurs, 3 —| Jours 4 moyens antérieurs. 5 6 == 7 Jours 8 lunisticiaux. 9 =— 10 Ca 11 — Jours moyens 12 Ré postérieurs. 1 , . 4 Jours équi- ——| noxiaux ostérieurs. 15 |P a, nt TS me “arInu onbsaid aouonqUI “ayues -$1019 99Uan qu} Es suPP SOUONFUT *9910} “aqures opuess snjd -$10109P 9OU9NTJUT aqquu snbsoid ÉQUINOXE LUNAIRE, aouanquy Nota. L’'inégale durée des consttutions, fait seulement varier le nombre des jours lunisticiaux. Ja EST EME SIN ONMPRIE PEN ANT UIRMENLIINE 309 J'ai déja fait mention de cette division d’une constitution at- mosphérique ; dans mon mémoire Sur le mode de rédiger les observations météorologiques ( voyez le Journal de physique , mois de frimaire an 9, p. 6 et 7), et je la rapporte ici de nouveau , parce que l'expérience , dans l’examen de la posi- tion des points lunaires, m’a déja confirmé sa grande utilité et même son importance. Détails des tentatives commencées pour découvrir lés circons- tances qui augmentent ou diminuent les influences de chaque point lunaire. Première tentative. Ayant reconnu qu’à-peu-près #tous les quarante -cinq jours la position du soleil dans l’éclyptique se trouyoit tellement changée, que la nature de son influence sur l’atmosphère d’un climat déterminé , changeoït aussi d’une ma- nière notable, ét varioïit assez fortement ses rapports avec les diverses positions de la lune ; ensorte qu’il en résultoit une mo- dification réelle de l'influence des points lunaires , je divisai le cours de l’année en huit saisons au lieu de quatre; je fixai les époques et les limites de ces saisons, et je leur donnai le nom de saisons météoriennes. Voyez l'Annuaire de l’an 9, p. 20. Ainsi, pour l’intérêc des recherches météorologiques , il faut considérer l'année partagée en Deux saisons éguinoxiales , une du printemps et une d’au- tomne ; Deux saisons so/sticiales, une d’été et une d’hiver ; Quatre saisons z12édianes, une d'automne, une d’hiver, une de printemps et une d'été. Sur des tableaux particuliers , destinés à recevoir les obser- vations relatives à la même sorte de saison , j'inscris tous les faits observés pendant leur durée , ou au moins leurs résuliats généraux. Or , en mettant ainsi en comparaison toutes les sai- sons de la même sorte , j'espère obtenir de l’examen de ces ta- ‘bléaux , des conséquences importantes qui seront d’autant plus solides que le nombre des saisons, mises en comparaison , sera plus considérable. Deuxième tentative. La position des apsides , ainsi que celle des sygysies qui arrivent dans le cours d’une constitution , est d'autant plus importante à considérer, qu'il paroît qu’elle change l'influence de ces points lunaires, selon qu'ils se trouvent, ou Tome LI], GERMINAL an 9. Rr 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plus voisins ou plus écartés des jours équinoxiaux , et en outre, selon qu’ils se rencontrent avant ou après le lunistice , ou dans les jours lunisticiaux. J'ai, en conséquence, cru nécessaire de former les tableau suivans, afin de me mettre dans le cas, en les consultant , de juger de la nature et du fondement de ces circonstances in- fluentes. 1°. Un tableau pour noter la position des sygysies dans chaque constitution. Il est à quatre colonnes ; dans la première, j'ins- cris les sygysies équinoxiales ; la seconde est employée à rece- voir les sygysies médiaires'anterieures ; dans la troisième, je note les sygysies lunisticiales; enfin, je place dans la quatrième les sygysies médiaires postérieures. 2°. Un tableau pour noter la position des apsides dans chaque constitution. Il est divisé comme le précédent, et dans chaque colonne les apsides sont notées en suivant les mêmes principes que dans le tableau des sygysies. : Outre ce travail, qu’il me paroît important de continuer , j'ai entrepris l’annotation des sygysies et des quadratures dans huit tableaux particuliers, dont quatre reçoivent les notes re- latives aux sygysies et aux quadratures australes , chacune dans un tableau séparé ; et sur les quatre autres tableaux, les sy- gysies et les quadratures boréales sont pareillement inscrites , et chacune aussi séparément sur un tableau avec les détails des faits qui s'y rapportent. Tel est l’ordre et la nature des recherches qu’il m’a paru convenable d'établir , et que je crois néces.ane de continuer le plus longtemps possible , non seulement pour savoir définitive- ment s’il existe dans les variations principales de l'atmosphère de nos climats, quelque périodicité déterminable, mais encore pour connoître toutes les variations atmosphériques qui sont dans ce cas,etles réunions de circonstances qui produisent chacune d'elles. RÉ SU, BP: AUTOS: Proposer déja les résultats de mes recherches météorologiques(1), (1) Je dois dire néanmoins qu'il y a 27 ans que je m'occupe de ce genre de recherches , et qu’il y en a déja 25 que jai présenté à la ci-devant Academie des scicnces les prenuers résuliats de mes observations météorologiques. à Dans un rapport de MM. Duhamel et Guettard, fut à l'Académie des smiences ET D'HISTOIRE NATURELLE.. 311 ce seroit annoncer que je suis parvenu au but que je dois avoir en vue en me livrant à ces recherches. Or, je ne me fais pas illusion à cet égard, et je sais très-bien , par l'expérience même que j'ai acquise dans l'examen des faits météorologues, je sais ‘bien, dis-je, que je suis encore fort éloigné du terme où l’on peut arriver. . Néanmoins, outre que j'ai déja obtenu quelques succès très- importans , j'aurai encore beaucoup fait, si, en frayant une route nouvelle et plus propre à conduire au but desiré que celle que l’on suivoit auparavant , j'ai pu contribuer à mettre les météorolo- gistes dans le cas de résoudre complettement le problème inté- ressant , proposé dans ce mémoire. En attendant, je vais présenter pour résultat actuel de mes recherches , relativement au problême dont il s’agit, 19. Une connoissance de fait qu'il ne me paroît plus pos- sible de révoquer en doute, et qui a une importance réelle ; 2°. Quelques apperçus qui présentent déja beaucoup d'intérêt en ce qu'ils paroissent être les indices de vérités fort utiles à connoître. Je'suis maintenant très-convaincu que l'influence que je suis parvenu à découvrir dans les deux sortes de déclinaisons de la lune , est une connoissance de fait aussi certaine que toutes celles que l’homme peut acquérir par la même voie. Cette connoiïissance me met conséquemment dans le cas d’éta- blir , comme principe en météorologie , celui que je vais exposer ci-dessous , et auquel il ne manque, pour, être de la plus grande utilité, que d’avoir obtenu l'attention des hommes, que d’être suffisamment répandu , et d’avoir vaincu l’obstina- tion de ceux à qui les nouvelles idées sont déplaisantes. PER ren C TUE. L’élévation et l’abaissément alternatifs de la lune au-dessus ou au - dessous de l’équateur , dans le cours de chaque mois le 6 février 1779, et que j'ai fait imprimer en tête de ma Flore française, on remarque les expressions suivantes des commissaires : « Ce qui rend cette prévention encore mieux fondée, c’est que M. de la Marck est déja connu de l’Académie par un mémoire sur les vapeurs de Patmasphère , qu’elle a d’autant plus accueilli , que les observations renfermées dans ce mémoire, ont paru à l’Académie de nature à être suivies, et qu’elle a engagé M. de la Marck à se livrer à ce travail, et à lui faire part de ses nouvelles observations. » EE 312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lunaire, produisent dans l’atmosphère , des effets très-percep- tibles et très-importans à connoître. N 56 Tour ED ES EFFETS, Pendant une déclinaison australe de la lune , et sur-tout aux approches de son lunistice austral , les vents quigègnent prin- cipalement , soufflent des régions , soit du nord, soit du nord- ouest , soit du nord-est, soit enfin de l’est, ou de quelqu'un des points compris entre ceux-ci. ‘ La constitution atmosphérique qui en résulte est sujette à donner des temps secs ou froids, selon la saison, et occasionne en gé- néral du beau temps. Pendant une déclinaison boréale de la lune , et sur-tout aux approches de son lunistice boréal , les vents qui règnent prin- cipalement, soufflent de quelqu'un des points opposés à ceux qui viennent d’être cités comme prédominans dans la déclinaison australe. : ) La constitution atmosphérique qui en résulte , est sujette à donner des temps couverts , humides, plus ou moins pluvieux: Elle est favorable à la formation des tempêtes. DÉVELOPPEMENT DEUTAPPERMEMN AC TETE Pendant la durée des jours équinoxiaux , l'influence de la déclinaison lunaire , soit que cette déclinaison s'achève , soit qu’elle commence , cette iniluence , dis-je, est si foible, qu'il n’est pas possible d’assigner d’avance aucune probabilité sur l’état de l'atmosphère pendant cette durée , à moins qu’on ne la fonde sur la considération de quelque point lunaire influent. Pendant les jours moyens antérieurs , l'influence que la lune a sur l’atmosphère dans sa déclinaison , s’accroît graduellement, et elle décroît de même pendant les jours moyens postérieurs. Enfin les jours lunisticiaux présentent le temps où cette in- fluence de la lune sur l'atmosphère, par suite de ses déclinai- sons, est dans sa plus grande force. CA use S D EP ER TU R 8 À T 1 ON, Il n’y a pas de doute que, si le principe que je viens d’ex- ET D'HAS.T'O TR E ON A TU À ELLE L F3 poser, et dont j'ai depuis longtemps publié les bases (1), ne souffroit jamais de modification , ensorte que chaque déclinaison lunäire ‘offrit toujours alternativement un état de choses bien opposé , comme des vents de sud ou de sud-ouest , etc. pen- dant les déclinaisons boréales , et ‘des vents de nord ou de nord- ‘st, etc. dans les déclinaisons australes , il n’y a pas de doute, dis-je, que depuis longtemps ce principe seroit connu. Mais:il s’agit ici d’une découverte d’autant plus difficile à faire, qu’il falloit en démêler l’objet , c’est-à-dire, reconnoître l’ordre de choses dont il s’agit, à travers mille perturbations diverses qui le masquent plus ou moins , selon les époques , ou selon la nature de ces perturbations. Ilest vrai que, parmi les causes des perturbations dont il s’agit, trois seulement sont tellement prédominantes, qu’elles seules mé- ritent de fixer notre attention. - La première de ces causes perturbatrices résulte de l’influence des points lunaires. | ‘ La seconde tient à la position du soleil, relativement à la terre et à la lune ; position qui ne peut changer , sans faire varier Pinfluence de cet astré sur l’atmosphère, dépendant de la gra- vitation universelle. Enfin la troisième cause perturbatrice est due aux effets dela lumière solaire , traversant l’épaisseur de l’atmosphère , tantôt librement, et tantôt avec interruption dans son passage ; aux va- riations dans la quantité d’eau dissoute et flottante que Fat- mosphère contient habituellement; à ses diverses quantités d’élec- tricité, etc., etc. On voit que la première et la seconde de ces causes de per- turbation ont une périodicité connue , qui permet de prévoir d'avance leurs effets, et peut-être de parvenir à leur détermi- nation. La troisième malheureusement n’est pas dans ce cas ; et, comme elle a beaucoup de puissance, c’est sans doute à elle qu’il faut attribuer , dans l’ordre maintenant reconnu, ces ano- malies singulières, dont on le voit assez fréquemment troublé, mait qui sont peu durables. Cela n'empêche que je ne sois très-fondé à dire que l’ordre de chosés résultant de la série des deux déclinaisons alterna- (1) Voyez le Journal de physique, mois de prairial an 6, et l'Annuaire mé- téorologique de l’an 8, p. 75. 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tives de la lune, étant une fois clairement désigné ; cet ordre sera reconnoissable dans la plus grande partie de l’année , parce qu’il prédomine réellement les causes perturbatrices qui le mo- difient. J'en puis maintenant fournir des preuves nombreuses par le recueil de mes observations. Voici ceux des résultats de mes recherches sur la périodicité des principales variations de l'atmosphère , que je ne puis encore présenter que comme de simples apperçus : je les distingue en deux séries. PREMIÈRE SÉRIE. Apperçus relatifs à la position des apsides. Les apperçus relatifs à la position des apsides, se bornent ac- tuellement à ceux qui suivent. — Lorsque les apsides sont équinoxiaux , les constitutions concordantes sont moins nombreuses que les discordantes, et, parmi celles - ci, ce sont principalement les australes qui sont dans ce cas. — Lorsque les apsides sont médiaires antérieurs , les cons- titutions discordantes sont moins nombreuses que les con- cordantes. ! — Lorsque les apsides sont lunisticiaux , les constitutions concordantes sont beaucoup plus nombreuses que les dis- cordantes. — Lorsque les apsides sont médiaires postérieurs , les cons- titutions discordantes sont les plus nombreuses. LA Résumé de ces apperçus. — La position des apsides la plus avantageuse aux effets des déclinaisons de la lune , a lieu lorsque les apsides sont lunisticiaux. = La position des apsides la plus désavantageuse aux effets des déclinaisons de la lune, a lieu lorsque les apsides sont équinoxiaux, et lorsqu'ils sont médiaires postérieurs. ET D'HASTOIRE NATURELLE, 315 SE C:O'N' D'EÉSS'ÉÈR I E. Apperçus relatifs à la position des sygysies. Les apperçus relatifs à la position des sygŸsies approchent beaucoup de ceux qui concernént les apsides. C’est pourquoi je me Contenterai d’en indiquer ici le résumé suivant : La position des sygysies la plus avantageuse aux effets des dé- clinaisons de la lune, a lieu lorsque les sygysies sont lunisticia- les. Elle est encore fort avantageuse lorsque les sygysies sont médiaires antérieures. La position des sygysies la plus desavantageuse aux effets des déclinaisons de la lune a lieu lorsque les sygysies sont médiaires postérieures. O'BIS'ER.V A LT ON: J'ai senti que, pour parvenir à reconnoître la nature de celles des influences du’soleil qui ne dépendent pas de l'émission de sa lumière , il falloit observer et rechercher ces influences, d’abord dans les temps des quatre points les plus remarquables de sa position , comme les Zemps solsticiaux , et les temps équinoxiaux , ensuite dans les temps des quatre points inter- médiaires aux premiers points. Ces considérations donnèrent lieu à l’établissement des huit saisons météoriennes dont j'ai parlé ci-dessus, et c’est de l’ob- servation de l’influence de ces saisons météoriennes sur les effets des deux déclinaisons de la lune, que je dois obtenir les ap- perçus d’une troisième série. Je n’exprimerai ici aucun de ces apperçus , parce que les ma- tériaux que je puis employer pour les former, sont encore trop licomplets, Je vais terminer les résultats actuels de mes recherches par la question suivante que l'examen des choses m’a suggérée, et que je crois très-important d’éclaircir. 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D'OISE ON: La position des points, lunaires ne changeant qu'avec beau- coup de lenteur, ce qui les fait tomber plusieurs mois de suite, soit dans les jours équinoxiaux , soit dans les jours lunisticiaux, soit dans des jours moyens; cette position , si longtemps pro- longée des points lunaires , ne donneroit-elle point lieu , dans cer- tain cas, à cet état stationnaire de, l’atmosphère , qu'on ob- serve dans telle ou telle saison .de certaines années , et qui rend ces saisons et ces années extraordinaires ou très - remar- quables ? Dans l'an 8, les apsides se sont trouvés, la plupart, dans les jours médiaires antérieurs ;, il y en.a eu très-peu , soit dans des jours équinoxiaux, soit dans les jours lunisticiaux ; aucun enfin ne s’est rencôntré dans les jours médiaires postérieurs. Depuis que l’an 9 est commencé , la plupart des apsides se sont rencontrés dans les jours lunisticiaux. Déja la moitié de l’année est écoulée , et aucun apside n’a été équinoxial. En étendant ces considérations aux sygysies, etc. l’on décou- vrira peut - être les causes-de certains états à - peu - près sta- tionnaires qu’on observe de temps à autre dans l'atmosphère de nos- climats. AN AL Y SE. D:E: La Eubb Gui An SUE 2 Par le C. Vaviqueztn. Cette pierre a été ainsi nommée par le cit: Haüy, à cause de la facilité avec laquelle on la brise. Elle est rare ; aussi le cit. Vauquelin prévient-il qu’il n'a pu opérer que sur de très-petites quantités. On sait que cette pierre est verdâtre, qu’elle raye facilement le verre, qu’elle se laisse ‘aisément diviser parallèlement aux pans d’un prisme droit , à base rectangulaire, etc. . ; Dans la suite de son analyse, ‘le cit. Vauquelin a eu occasion de remarquer deux faits qu'il est utile de consigner ici. 1. Lorsqu'on eut fait fondre cétte pierre avec la potasse,, on fit dissoudre le tout dans l’acide nitrique, et on sépara la silice par l'évaporation ET D'HISTOIRE NATURELLT. 317 l’'évaporation de la dissolution. On versa de l’ammoniaque dans la liqueur, et on obtint un précipité qui fut entièrement dissous dans la potasse. L'acide oxalique ajouté à la liqueur surnageant le précipité, ne la troubla pas. Ces deux essais sembloient prou- ver l’absence totale de la À me Cependant le cit. Vauquelin ayant fait dissoudre dans l’acide sulfurique l’alumine dont cés essais avoient également démontré la présence , il obtint, par l’évaporation de cette nouvelle disso- lution, quelques cristaux de sulfate de chaux. Ceci prouve, selon l’auteur, que dans les circonstances où la chaux est dis- soute en petite quantité dans un acide avec l’alumine , l’ammo- niaque la précipite en même temps que cette terre, tandis que” la chaux seule n’est point précipitée par cet alkali. Ce fait sem- ble prouver en même temps, que la chaux unie en très-petite quantité avec l’alumine, peut être aussi dissoute par la potasse , qui n’a cependant aucune action sur cette terre quand elle est seule. 2. On sait que la glucine est dissoluble dans le carbonate d’am- moniaque, tandis que l’alumine ne l’est point; le cit. Vauquelin ayant fait évaporer à siccité une dissolution limpide de glucine dans le carbonate d’ammoniaque, et ayant combiné cette glucine avec de l’acide sulfurique et un peu de sulfate de potasse, obtint outre le sulfate de glucine, quelques cristaux d’alun , ce qui lui a démontré que l’alumine étoit aussi légèrement dissoluble dans le carbonate d’ammoniaque. Il résulte de l'analyse du cit. Vauquelin, que l’euclase est composée, : De silice.......... 35 à 36 D'alumine......... 22 23 De glucine......::. 42 15 De fer oxide..... .. 2 5% Pertes SP #7 04 25 100 Le cit. Vauquelin attribue cette perte considérable à quelque substance alkaline qui aura échappé à son analyse ; à cause de la trop petite quantié de pierre qu'il a eu à examiner. Extrait F3 bulletin de la Société philomatique. Rome LII. VENTOSE an 9. Ss 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE KR A PRO RU SUR LE GALVANISME, PAPANETENT A: SEINS :T ITAULT Ni AT. I O N'A L, _ Par le C. Cuvrenr. Le hasard , ce père de presque toutes les découvertes , a encore favorisé les physiciens , dans ces dernières années , d’une manière qui rendra cette époque bien remarquable dans l’histoire des sciences. Quelques morceaux de métal , mis en contact, ont manifesté des phénomènes qu'aucune sagacité ne pouvoit prévoir, et nous Ont ouvert un champ aussi vaste que fécond en applications importantes. L'influence de ces phénomènes s'étend plus que jamais. Bornés d’abord én apparence à l’économie animale, ils semblent au- jourd' hui jouer un rôle important dans la chimie. C’est sur-tout au génie de, Volta qu'ils doivent ce nouvel ac- croissement. Son opinion , quele galvanisme n’étoit qu'une ap- plication de l'électricité à l’économie animale, ayant été con- testée par plusieurs savans ,, il chercha les moyens d’accroître les effets au point de rendre leur véritable nature,évidente pour sions et des commotions toutes semblables à celles de la bou- teille de Leyde , et qu’en général une pile de disques alterna- tivement formés d’argent , de zinc et de cartons mouillés , mani- feste à l'instant toutes les apparences de l'électricité vitrée à l'extrémité où est l'argent, et de la résineuse à célle où ‘est le zinc. Cependant il y a ‘cette différence: qu’une bouteille de Leyde une fois déchargée: né présente plus d'effets, ‘à: moins qu’elle n'ait été électrisée de nouveau ; au dieu que la pile de Volta s’électrise constamment elle-même, que ses elfets se re- nouvyellent sans cesse, et que ce n’est qu'en la déchargeant avec ESTDND EH LS OMR LP 'ENANRUVR FE LUE: 319 de très-gros conducteurs qu’on parvient à les diminuer pour un instant. = 4 _De plus, la bouteille de Leyde se décharge toujours par le moyen de l’eau. Pour peu qu'il y ait d'humidité continue entre ces deux surfaces , ses effets sont anéantis ? la pile a beau ruis- seler de l’eau dont ses cartons sont imbibés, ses'effets ne perdent rien de leur intensité ; ils ne cessent que lorsqu'elle est entiè- rement plongée dans l’eau. Ces différences devoient faire douter de l'identité parfaite du galvanisme avec l'électricité; d’autres phénomènes encore plus extraordinaires sont venus augmenter ces doutes. Si on plonge dans l’eau les bouts de deux fils métalliques, dont l’un com- munique avec l'extrémité résineuse ou négative de la pile , et l’autre avec la vitreuse ou positive, et qu'on les tienne à une petite distance l’un de l’autre , il se dégage à l'extrémité du premier des bulles de gaz hydrogène , et à celle de l’autre de l'oxygène qui se fixe sur le métal lorsque celui ci est oxidable, ou s'élève en bulles s’il ne l’est pas ; et cette action continue tant que l’appareïl reste dans cet état. Mais ce n’est pas en cela que consiste la plus grande singularité du phénomène , et c’est ici que le galvanisme commence à entrer dans le domaine de. la chimie. # Il auroit été tout naturel de regarder ce gaz comme le pro- duit de la décomposition de l’eau , si une circonstance . parti- culière n’avoit donné encore des doutes sur cette explication. Il faut, pour que le dégagement ait lieu , que les bouts des fils soient à une certaine distarice ; s'ils se touchent , on ne voit plus de bulle. Comment l’oxygène et l’hydrogène , pro- venus de la même molécule d’eau , paroissent-ils à des points éloignés ? et pourquoi chacun d’eux paroît-il exclusivement au fl qui tient à l’un des deux bouts de la pile , et jamais à l’autre ? . Tel étoit l’état de nos connoïssances sur le galvanisme, lors de la notice qui a été donnée il y a trois mois des travaux de la classe. Toutes les expériences faites par des savans français et étrangers, classées et constatées par une commission dont le citoyen Hallé à été l'organe , ne sont trouvées conduire qu’à ces trois grands résultats : augmentation d'intensité d’après le nombre et l'étendue des Se métalliques mises en contact ; renouvellement perpétuel de l’action ; et production des deux ge par la communication des deux extrémités de la pile avec l'eau. Ss 2 320 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais depuis trois mois les physiciens ont redoublé d'efforts ; le dernier phénomène sur-tout a piqué leur curiosité; les uns ont cru y voir des bases, d’une chimie nouvelle ; les autres , plus prudens, ont suspendu leur jugement , ou ont cherché à ramener les faits aux théories connues. Cependant , quel que It leur système , tous devoient commencer ‘par une recherche semblable , par voir si on parviendroit à produire les deux gaz dans des eaux séparées. à Si ces eaux sont absolument isolées , les gaz ne se montrent point; si on les fait communiquer par un fil métallique, il y a seulement. une production de gaz double, c’est - à - dire que chaque extrémité du fil intermédiaire agit dans la portion d’eau où elle plonge, comme si ce fil venoit immédiatement de l’ex- trémité de la pile opposée à celle qui communique avec cette portion , de manière que chaque portion donne à la fois les deux gaz. Maïs si on interpose entre les deux eaux de l’acide sulfu- rique, les gaz se manifestent chacun de son côté. Il en est de même si on établit la communication des eaux par le moyen d’un corps animé , comme la main. Ainsi la production de chaque gaz dans des eaux séparées est complittement prouvée. : 11 est clair qu’il n’y a que trois manières possibles d’expli- quer ces faits ; Ou l'action galvanique tend à enlever dans chaque eau une de ses parties constituantes en y laissant l’autre en excès ; Ou elle décompose de l’eau, et laissant dégager un des gaz au bout d’un des fils , elle conduit l’autre d’une manière in- visible ‘à l'extrémité de l’autre fil, pour l’y laisser dégager ; Ou bien enfin l’eau ne se décompose point du tout; inais sa combinaison avec un principe quelconque , émanant du côté positif de la pile , produit le gaz ox\gène , et avec celui qui-émaneroit du côté négatif, l'hydrogène. Les deux premières opinions ont été avancées dans la classe : Vune verbalement par le citoyen Monge, l’autre dans un mé- moire detaillé par le citoyen Fourcroy ; la troisième appartient à quelques etrangers , et sur-tout à M. Ritter, professeur à Jena. Elle paroït tellement en contradiction avec l’ensemble de tous les autres phénomènes a qu'il auroit été pres- que impossible de l’almettre , quänd même on n'auroit pu trouver autrement d'explication satisfaisante de l’expérience en question. ETOD/HISTMOTRE NATURELLE. 321 Je dois sur-tout rendre compte du mémoire du cit. Foureroy. Il est le résultat d'expériences très-nombreuses qu’il a faites avec les citoyens Vauquelin et Thénard, et il joint à une explication fort ingénieuse du fait principal une multitude de circonstances inconnues auparavant. O Ses auteurs admettent l’existence d’un fluide particulier, qu’ils nomment galvanique, et qui circuleroit du côté positif de la pile, vers le côté négatif. Selon eux, ce fluide décompose l’eau en sortant du côté positif; il laisse échapper l'oxygène en bulles ; maïs il se combine avec l’hydrogène pour furiner un liquide, lequel traverse l’eau , ou l'acide sulfurique, ou le corps humain, pour aller gagner l’ex- trémité du fil negatif; là le galvanique abandonne son hydro- gène et le laisse s'échapper à son tour sous forme de gaz , tandis que lui-même pénètre dans le fil. Voici l’expérience par laqueile les autears prouvent que telle est la marche secrète du phenomène. Si on interpose entre les deux eaux un oxide d’argent bien lavé, le fil négatif près duquel devroït se manifester le gaz hy- drogène , ne donne aucune effervescence, et l’oxide se réduit en partie du côté du positif ; c’est que , disent les auteurs , le galvanique chargé d'hydrogène le perd en traversant l’oxide, dont Poxygène le prend pour reformer de l’eau. Au reste, ce mémoire des citoyens Fourcroy, Vauquelin et Thénard n’est encore que le prélade d’un travail plus considé- rable , dans lequel ils se proposent d'examiner le galvanisme sous toutes ses- faces. Nous devons d’autant mieux espérer de leur projet, qu’ils seront secondes par presque tous les physi- ciens ; chaque jour nous apprend quelque observation nou- velle faite, sur ce sujet, en France ou dans l’erranger; plusieurs ont même été présentées à l’Institut par des savans qui n’en sont point embres, et notamment par les citoyens Gautherot , Has- senfratz, Desormes et Lehot : elles eclaireissement diverses cir- constarices accessoires , et conduisent anssi à des difficuliés nou- velles. Il est fort à regretter que nos réglemens et le temps qui m'est accordé ne me permettent pas d’en rendre compte; mais le public jouit déja de quelques-unes par l'impression qui en a été faite daus les Arrales de chimie et dans d’autres journaux. 522 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, SEE RP EP EE RE PEER "9 NO" TE SUR UN BÉRIL COULEUR DE ROSE, Par J.-C. DELAMÉTHERIE. J'ai eu l’occasion de me procurer un béril ou aigue-marine d’un assez gros volume , dont le prisme est hexagone droit. Sa couleur est d’un beau rose : j’en fais mention, parce que je ne sache pas qu'aucun naturaliste ait parlé d’un béril de cette cou- leur. Celui-ci est encore remarquable parce que son sommet n’est point uni. Il paroît composé d’une multitude de molécules ma- mélonées légèrement et écailleuses. ER CR SS Q 5 à n ef Gi GS dd 0 SUR LA DÉCOMPOSITION DU SEL MARIN ” PEUR: LE GALVANISME, ET SUR LA MÉLANITE, Par M. KLAPROTH. Dans les expériences que j'ai faites sur le galvanisme , j'ai été principalement frappé dù fait suivant. Le sel marin, dont j'im- prègne. l’eau qui humecte le drap interposé entre les pièces d’ar- gentet de zinc, est promptement décomposé ; le natron demeure pur. M. Vauquelin, dans l'analyse qu’il a faite de la mélanite, a eu des résultats différens de ceux que j'ai eu d'une substance qu'il croit être la mélanite ; mais je vous prie de lui dire quela substance sur laquelle j'ai opéré est un grenat de Bohème diffé- rent de la mélanite. Ces petites méprises ont eu souvent lieu, sans doute à cause de la différence des langues. Extrait d’une lettre de M. Klaproth à M. 'Friedlinder. Note de J.-C. Delamétherie. C’est moi qui ai donné au cit. Vauquelin les cris- taux qu'il a analycé. Des voyageurs allemands m’avoient assuré qu'ils éloient la mélanite de M Klaproth; ainsi il faudra conserver le nom de znélanite à ces cristaux à 36 facettes de Frascati, et laisser le nom de grenat noir à ceux qu'a analysé M. Klaproth. CG ET DD HIS TI ONTERI PEN ANEUSRRE L'DIE. 32 .NOUVELLES LITTÉRAIRES. Systême des animaux sans vertèbres, ou tableau général des classes, des ordres et des genres de ces animaux , repré- sentant leurs caractères essentiels et leur distribution d’après la considération de leurs rapports naturels et de leur organisation , et suivant l’arrangement établi dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle parmi leurs dépouilles conservées ; précédé du discours d'ouverture des cours de zoologie donné dans le Mu- séum d’histoirenaturelle l’an 8 de la république; par J.B.Lamarck, de l’Institut national de France, l’un des professeurs, adminis- trateur du Muséum d’histoire naturelle, etc. Un vol.in-8°. Paris, chez l’auteur, au Muséum d'histoire naturelle, Déterville, li- braire , rue du Battoir. Nous rendrons un compte détaillé de cet ouvrage intéressant. Mémoires d'agriculture, d’économie rurale et domestique, ubliés par la société d'agriculture du département de la Seine; imprimés par ordre du préfet du département; tome premier. A Paris, ,à la librairie de madame Huzard, rue de l’Éperon- Saint-André-des Arts, n°. 11; un vol. in-80. C’est avec un vif intérêt qu’on voit la société d’agriculture reprendre ses travaux. Car l'agriculture est l’art le plus utile aux nations populeuses , et néanmoins il est bien éloigné de l’état de perfection auquel il peut arriver. On ne sanroit donc trop multiplier les recherches sur ces différentes parties, On trouvera dans ce volume dés vues saines sur plusieurs ob- jets d'économie rurale. S Coquilles fluviatiles et terrestres observées dans le départe- ment de l’ Aisne et aux environs de Paris. Un vol. in-12. Ÿ PRODROME: Par. J. L. M. Pornèr, professeur d'histoire naturelle à l’écote centrale de l’Aisne, de la société libre d'histoire naturelle de Paris, et de plusieurs autres sociétés savantes. À Paris, chez Théophile Barrois, libraire, rue Haute-feuille, n°, 22, et à Soissons , chez l’autenr. 324 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE L'auteur, connu par plusieurs ouvrages intéressans , nous à déja envoyé plusieurs mémoires sur l’histoire naturelle de son departement , lesquels sont imprimés dans ce recueil. 11 seroit bien à desirer que les professeurs des diverses écoles centrales voulussent suivre son exemple et faire des recherches sur les parties de l’histoire naturelle de leur département, qu'ils pu- blieroient. Le savant professeur d'histoire naturelleïde l’école centrale du département de l'Aisne, fait graver dans ce moment les coquilles fossiles qu'il a trouvé dans son département; il en donne ici le prodrome. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIEK. Extrait d’un ouvrage sur les espèces de quadrupèdes dont on a trouvé les ossemens dans l’intérieur de la terre , par le cit. Cuvier. Page 253 Mémoire sur le vallon de Moneti et sur les pétrifications u’on ytrouve, par G. 4. Deluc. 267 Observations météorologiques. 278 Recherches sur l’alumine, par Th. de Saussure. 26a Recherches sur la périodicité présumée des principales va- riations de l’atmosphère, et sur les moyens de s’assurer de son existence et de sa détermination, par le citoyen Lamarck. 296 Analyse de l’euclase, par le cit. Vauquelin. 316 Rapport sur le galvanisme, par Le cit. Cuvier. 318 Note sur un béril couleur de rose, par J.-C. Delamétherie. 322 Sur la décomposition du sel marin par le galvanisme, et sur la mélanite, par M. Klaproth. 322 Nouvelles littéraires. 323 Cermenal An 9 LEVES à he Le HOT PLPLET: nd HE e TU ï : : 5. = M à ri ; L AS LA | RE: F * î JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CGHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PIC OR ESA Die 0. NA EE On D RCE SAN RAD IENS CDS A TT IE ES: A 'MVE CC Des observations sur quelques moyens utiles aux progrès de l’agriculture dans les colonies occidentales, par le C. MicHAUx, associé de l’Institut (r); Lu à l’Institut le 6 floréal an 7. En considérant la ressemblance de température qui existe entre les pays de l’ancien et ceux du nouveau continent, situés sous les mêmes latitudes, on conçoit aisément que les plantes de la Chine, des Indes orientales et de l’Afrique pourroient être cultivées avec succès en Amérique. Le règne végétal de ces an- ciennes contrées produiroit une abondante moisson de nouvelles richesses pour les colonies, si les habitans vouloient s’appliquer à 2 (1) Ce savant vient de partir en qualité de naturaliste , avec le capilaine B audin. (Note de son beau-frère), Tome LII. FLORÉAL an 9. Mi DM 326 JOURNAL DT PHYSIQUE, DE ÆHINMIE connoître les ressources de la nature : O félices, si sua bona zorint! Les premiers colons des Antilles, au lieu de l'abus im- modéré qu’ils ont fait de leurs richesses pour se procurer des objets de luxe, auroient acquis des droits immortels à la recon- noïssance de leurs concitoyens et de la postérité, s'ils eussent favorisé chez eux l'introduction d’un grand nombre de plantes et de fruits utiles, qui jnsqu'ici, y sont restés inconnus. Ils avoient pour cela les plus grandes facilités ; ils pouvoient profi- ter des relations du commerce de la France aux Indes orientales et des fréquens voyages qui se faisoient annuellement à la côte d'Afrique. Ils pouvoient, par leurs communications avec les Æspagnols et les Portugais du continent de l'Amérique, se procu- rer un grand nombre des productions utiles qui croissent sur les rives de l'Orenoque ct des Amazones. Il est indubitable que ces contrées de l’intérieur de l'Amérique, situées sous les tropiques, dont le sol couvert de vastes forêts et arrosé par de grands fieu- ves, est bas et humide, ne soient infiniment plus riches en pro- ductions naturelles, que les Îles qui sont isolées ct exposées à toutes les directions des vents de l'Océan. Car c’est un fait con- firmé par les voyageurs, que dans certaines contrées privilégiées, la nature produit d'elle-même des plantes utiles, tandis que dans les autres, elle n’accorde ces productions qu’à une culture ré- gulière et assidue. Ces acquisitions précieuses, en procurantaux colons des alimens de première nécessité, diflérens de ceux déja connus, et des plantes utiles à la médecine, aux manufactures et aux arts, leur eussent fourni d’abondantes ressources et de nouvelles branches de commerce. Deux grands obstacles ont retardé les progrès de l’agricultur aux Antilles ; le premier , est l’indifiérence des Européens pour le bien général des colonies; la plupart ne s’y rendoicnt que pour y faire une fortune rapide : ils se contentoient des jouissan- ces que le climat pouvoit produire ; ceux qui venoient y exercer l’administration en épuiscient les richesses, et les uns et les au- tres abandonnoient le pays sans avoir jamais rien fait pour son amélioration, parce qu’ils n'y laissoient pas de propriété L-s Africains, consacrés uniquement à multiplier les jouissances de leurs tyrans, n’avoieut nulle propriété héréditaire à espérer, et conséquemment nul intérèt à desirer la prospérité de la colonie. Le second obstacle est l'ignorance des habitans et des cultiva- teurs qui, faute de connoître les richessts de la nature dans les autres contrées , se sont bornés à Ja culture des plantes qui pon- voient leur fournir ou des alimens de première nécessité, ou des Col. RES ET DHISTOIRE NATURELLE, 327 objets d’un’ commerce déja en pleine activité, tels que la canne à sucre ct le cafier. Encore est-ce par un heureux hasard et par les soins d’un seul individu, que la culture du café s’est établie dans les colonies. Ses progrès furent si rapides , que dix ans après l'introduction du premier plant de café, l’industrie , le commerce et la navigation qui en résultèrent, tenoient déja en activité plu- sicurs milliers d'individus. Il en est de même à l'égard des épice- ries de Ceylan et des Moluques dont la culture à déja fait les plus grands progrès dans la colonie de Cayenne. Avant ces époques très-récentes, les habitans ne soupçonnoient même pas que l'on pût s'occuper utilement de la culture des productions étrangères. Cependant on voit par les heureux suc- _ cès de celles qui sont déja naturalisées dans nos colonies, ce que l’on doit espérer d’un esprit d'émulation qui auroit pour objet d’y en introduire de nouvelles et de faire des recherches sur celles qui sont imparfaitement connues. Il est vraiment hu- miliant que nous ne connoissions pas encore un grand nombre de plantes dont quelques-unes forment des branches considéra- bles de commerce depuis plus d’un siècle; je cite entre autres, celle qui produit la salsepareille ; cette plante nous est imparfai- tement connue (1), ainsi que plusieurs autres dont les productions sont employées dans la médecine et dans les manufactures. Enfin, si l’art de la culture n’a fait aucun progrès dans les colonies, c'est que les habitans avoient uniquement les yeux tournés vers le commerce, et que les cultivateurs eux-mêmes ont toujours mis peu d'émulation à acquérir les connoïissances qui les eussent élevés au niveau des commerçans, et même leur eussent donné la prééminence, parce que cette profession est la base des richesses coloniales. L'opinion générale a porté les habitans à dé- daigner tout ce qui tient à la pratique‘de l’agriculture, et à mé- riser les hommes de cette profession. Mais maintenant que la He , éclairée par la philosophie, saura apprécier les hommes et les talens suivant leur degré d'utilité, l’agriculture sera aimée et considérée , et les colons rechercheront avec ardeur les con- noissances nécessaires pour profiter de ses ressources. (1) Cette plante est nommée smilax sassaparilla , Species plantarum , Linnæi; mais plusieurs autres auteurs indiquentpour la salsepareille des espèces de smilax dont les descriptions ne s'accordent pas avec celle de Linnée. #oy. Apparatus medicaminum , par Murray , tom. I. p. 488. Tate 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Une colonie nouvelle sans agriculture et bornée uniquement aux productions naturelles de son sol, seroït évidemmen lan- guissante, et l'espèce humaine y seroit réduite à quelques hor- des errantes et sauvages. 11 faut donc y porter des graines et des plantes étrangères, d’abord celles qui sont de première nécessité , et qui peuvent suppléer aux plantes indigènes en cas de disette ; ensuite celles dont l’utilité s'étend à la médecine, au commerce et à toutes les branches d’industrie. Mais en cherchant à introduire les productions étrangères dans nos colonies, il ne faut pas s’en tenir à cette agriculture rou- tinière qui se traîne dans des opérations usitées, souvent elles- mêmes vicieuses ; leur culture doit être soignée et raisonnée. Il faut, outre les connoissances générales et celles d’une pratique excrcée, des connoissances particulières ; car c’est en étudiant les modifications dont la culture des plantes étrangères est sus- ceptible, que l’on en obtiendra les mêmes résultats d'utilité que les habitans des pays d’où elles sont originaires. On commencera donc par établir dans le lieu le plus favorable de la colonie , un jardin où on s’appliquera à multiplier les arbres trop lents à produire des graines. Un des moyens à employer est celui de la greffe sur les espèces sauvages du pays, lorsque leur analogie avec l'arbre que l’on veut naturaliser ne permettra pas de douter du succès. C’est ainsi que le camphrier et le canelier pourroient être entés sur un grand nombre de lauriers sauvages qui abon- dent aux colonies ; le litchy de la Chine, ezphoria, Juss. (sa- pindus edulis), réussiroit probablement sur le savonier des Antilles (sapindus saponaria ), parce que ces deux arbres sont congénères , bien que le fruit de l’un soit excellent , et que celui de l’autre ne soit pas même recherché par les animaux. Les ca- ractères donnés par les botanistes seront très-utiles pour étudier l’analogie qui se trouve entre les différens arbres que l’on desi- reroit multiplier et leurs congénères du pays, sur lesquels on pourroit les greffer. Mais comme il y a un grand nombre de plantes dont l’affinité et les classifications ont été établies par des botanistes sédentaires , sur des caractères extérieurs et d’a- près une méthode artificielle , il faudra s'appliquer à connoître ceux donnés par la nature ; elle seule ne se trompe pas et ne nous trompe jamais. L’habitude d’observer dans les plantes la fructification, la foliation , la gemmation , indiquera les rapports naturels; la pubescence même, la glandulation, l'intorsion , etc., fourniront des moyens de comparaison; et l’observateur exercé reconnoîtra au premier coup-d’œil, des caractères qui ne pour- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 829 roient être apperçus par le botaniste le plus érudit et le plus mé- thodique , borné dans sôn cabinet à des échantillons secs et souvent défigurés. Malgré l’aualogie qui existe entre deux arbres congénères, il y à néanmoins des circonstances où une différence dans la tex- ture, la densité ou la conformation des parties que l'on veut unir peut faire échouer le cultivateur. Il faut savoir encore que dans bien des cas, de deux arbres parfaitement analogues, l’un peut toujours servir de’ base à l’autre, et recevoir sa greffe , mais il ne pourra jamais être enté sur lui. Par exemple, le coïgnas- sier admettra bien la greffe du poirier, maisle poirier n’admet- tra pas celle du coignassier ; ou si, par quelqu'opération particu- lière, comme le retranchement des rameaux situés près de l’inser- tion , on parvient à conduire le principe vital dans le sujet enté, celui-ci n’aura jamais qu’une existence débile et de peu de durée. Il y auroit' plusieurs faits à rapporter ici sur la nécessité d’ap- pliquer à la pratique de l’agriculture des soins dirigés par des connoissances particulières ; je me bornerai à quelques observa- tions sur la culture des palmiers. Les arbres de cette classe oc- cupent le premier rang dans le rêgne végétal ; ils sont aux plan- tes ce que l’homme est aux animaux. Ils surpassent les autres arbres par la majesté de leur éléyation et par la beauté de leur port. Leur tige entière et sans irrégularités, est couronnée au sommet, d’une vaste foliation toujours verte. Plusieurs d’entre eux produisent des fruits utiles et des alimens de première né- cessité; les voyageurs instruits , Commerson , Poivre, Sonnerat, Aublet, Richard, Mutis, etc. ont observé des palmiers oleracés, butyracés , sebifères et cerifères. Ces différentes espèces, déja très-précieuses dans l’état de näture par leur utilité envers l’homme sauvage, invitent et attendent l’industrie, la culture et les soins de l’homme civilisé , pour se perfectionner entre ses mains , et devenir peut-être aussi utiles que le dattier. Les Arabes auquels, de temps immémorial ; nous sommes redevables de l'éducation des chevaux et des chameaux , et de la domesticité des moutons, ont de tout temps aussi cultivé le dattier. Le fruit de cet arbre est devenu, par leurs soins, un aliment de première nécessité et une ressource abondante. J’ai voyagé chez diverses nations arabes, établies sur les rives du Tigre, de l’'Euphrate et sur le Golphe persique , qui en font leur principale nourriture (1). Voici ce que j'y ai remarqué : les {1) Ce fait est encore attesté par plusieurs voyageurs, Tavernier , Kempfer, etc. 55 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Arabes cultivent trois principales variétés de dattes; la première est la plus abondante, elle tient lieu de pain et elle est très- saine; la seconde ne sert qu’à faire de l’eau-de-vie : il est dan- gereux d’en manger, parce qu’elle produit des indigestions mor- telles ; la troisième se mange fraîche aussitôt après la maturité. La culture du dattier exige des soins tout particuliers (1), qui ne peuvent être mis en pratique à l'égard des autres arbres à fruit cultivés en Europe ; mais ils sont applicables à tous ceux de la classe des palmiers oleracés, sagou, etc. Ces arbres, déja estimés par leurs fruits, quoique la plupart aient toujours été abandonnés à la nature, obtiendroient indubitablement un plus grand degré d'utilité si on leur adaptoit la méthode de culture que les Arabes emploient à l'égard des dattiers. Les principaux résultats de cette méthode sont de devancer l’âge ordinaire de la fructification de ces arbres, de prolonger leur existence, de faciliter la fécondation des femelles et d’en améliorer les fruits. L'opération de la fécondation est si avantageuse qu’elle épar- gne aux cultivateurs la moitié du terrein et des dépenses, parce que si on l’abandonnoit à la nature, il faudroit cultiver autant ce mâles que de femelles, et conséquemment leur consacrer le même espace de terrein et les mêmes travaux. Cette opération facile consiste à couper, au temps de la floraison , les panicules ou grappes des fleurs mâles, à les diviser en autant de rameaux simples que la grappe peut en fournir, et à placer deux ou trois de ces rameaux sur les spathes des fleurs du dattier femelle. Un seul dattier mâle fournit à la fécondation de ving-cinq à trente femelles. Les propriétaires réservent ordinairement cinq arbres mâles pour cent femelles; et ceux qui n’en possèdent pas sur leur terrein , achètent tous les ans des fleurs fécondantes. Cette opé- ration doit être faite un peut avant la floraison, sans quoi elle seroit sans succès. Je présume qu’il seroit utile de placer les fleurs mâles dans la direction du vent, pour que la poussière fût por- tée plus sûrement sur les fleurs femelles ; maïs la nature ne man- que jamais d’arriver à son but, et c’est ordinairement le matin (1) La nature, dans l’accroissement des palmiers, a une marche si différente de celle qu’elle suit à Pégard des autres arbres, que l’on ne doit pas être surpris si sa culture exige des opérations différentes. Voyez dans le dernier vol. des mé- moires de l’Académie des sciences , des observations sur l’organisation et l’ac- croissement du bois, par Daubenton, et dans le premier vol. des mémoires de l’Institut national , sciences mathématiques et physiques , un mémoire sur l’or- ganisation des monocotylédones, par Desfontains. “. à ERADAHERNS PT OMERNE MEN PAU OUR E TALUNE 531 que s’opère la fécondation dans toutes les plantes ; la douce in- fluence d’une rosée abondante les y prépare ; alors les vents sont plus modérés, et la chaleur progressive du soleil les dispose à recevoir et à nourrir le principe viviliant qui perpétue le végétal et l'animal. Il ne seroit peut-être pas déplacé de rapporter ici nn fait qui, quoiqu'il ne paroïsse pas devoir être utile aux cultivateurs eu- ropéens , suffit pour prouver que nous sommes encore bien loin de connoître le secret de la nature dans ses opérations. En 1779 et 1780 , sous le règne de Kerim K-han, les Persans vinrent as- siéger Bassora et ravagèrent le pays situé entre cette ville et la mer , lequel est très-fertile et couvert d'immenses forêts de pal- miers (1). Pour exécuter plus’ facilement leur plan de dévastation, ils coupèrent seulement tous les palmiers mâles, de sorte que l’an- née suivante la récolte manqua. Quelques particuliers envoyèrent acheter à un très-haut prix et à une grande distance des fleurs mâles et ils en fécondèrent leurs palmiers femelles. Mais plusieurs habitans de ce pays, qui avoient déja éprouvé les mêmes effets de dévastation dans les dernières guerres, eurent la précaution dé réserver des fleurs mâles de l’année précédente, et de les conserver dans des phivles de verre. Ils en firent usage au temps de la fécondation, et leurs dattiers femelles fructilièrent aussi bien que ceux à l’égard desquels on avoit employé des fleurs fraiches. Au reste , si les colons d'Amérique ont négligé la culture du dattier, on ne doit pas en être surpris, cet arbre y est exotique et peu connu ; mais, au centre même des colonies européennes, au Brésil, à la Guyanne, à Surinam et maintenant même à Cayenne; il existe un des arbres les plus utiles que la provi- dence ait offerts à l'espèce humaine : on le nomme le pa/mier paripou; son fruit est très-bon à manger ; il fournit une récolte abondante : son accroissement est rapide mêune dans l’état inculte, etil se multiplie facilement, Il offre les mêinès caractères que certaines plantes dont la cul- ture remonte à des époques reculées , car de même que le fruit à pain d'Otaïti, le bananier, et un grand nombre d’autres plan- (1) Dans ce pays on estime la richesse d’un habitant par le nombre des dattiers qu'il possède ; 1l n’est pas rare d’en trouver qui en ont deux ou trois mille en propriété, #. F £ 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tes cultivées à la Chine, cet arbre produit beaucoup de rejettons et de fruits, peu ou point de graines fertiles, ce qui donne lieu de croire que l’utilité de cet arbre ayant été reconnue par des indigènes, ils auroient aussi employé le moyen de le reproduire par les rejettons (1). L'introduction des palmiers utiles dans nos colonies , mérite- roit donc de fixer d’une manière particulière l'attention du gou- vernement. Leur culture pourroit se faire d’abord dans un jardim colonial : on s’y occuperoit essentiellement à déterminer les gen- res et les espèces qu’il conviendroit de multiplier, à fixer leur degré d'utilité, à les améliorer par une culture éclairée, afin d'enseigner aux colons cultivateurs la marche qu’ils auroient à suivre pour obtenir les mêmes succès. Je vais présenter une courte notice de quelques plantes utiles dont les naturalistes ont parlé , et sur lesquelles je me suis pro- curé des renseignemens ; je suis convaincu qu’on peut les natu- raliser dans nos colonies. Le dattier (phœnix dactilifera, Linn.). Cet arbre est indi- gène sur les bords du Golphe persique , entre Bassora et Mas- cate, et dans quelqu’autres lieux situés sous les mêmes latitudes. C’est toujours dans les endroits marécageux et couverts de joncs où je l’ai vu abandonné à la nature; il ne s’y élève pas à une grande hauteur , et il produit à sa base une grande quantité de rejettons qui y forment un buisson très-touffu ; les fruits en sont d’un goût âpre et la plupart sont avortés; mais ceux qui sont cultives depuis longtemps produisent des dattes d’autant meil- leures que la culture en est plus soignée. Ces dattes sont nom- mées £ mr par les Arabes (2), zchurma par les Persans, et phœnix balanoi par les Grecs. Celles de Bagdad et de Bassora sont très-estimées , et les habitans en font des exportations sur la côte de Malabar et sur celle de l'Arabie, jusqu’à Jedda et Mocka. Les carayanes même en apportent à Alep, où l’on fait (1) Dss cultivateurs instruits savent que cette opération, en facilitant la mul- tiphication des plantes, maintient la bonne qualité de leurs fruits; elle les per- fectionne même après une longue suite d’années , en même temps qu’elle détruit leur faculté reproductive par les graines. (2) T-mr est le mot dont les Ârabes se servent pour exprimer la datte qui est chez eux le fruit par excellence, et quand 1ls veulent désigner un autre fruit, ils ajoutent au mot mr, un autre mot qui en indique l’espèce; ainsi ils, nomment t-mr hendi, datte de l’Inde, le fruit que nous nommons tamarin, qui d’après son étymologie devroit s’écrire tamarind ou tamar-hind,. peu PEDED EE TIENSETNORTNR EN ACTIUUR ENT TE. 333 peu de cas de celles de Syrie et des états barbaresques (1). Le sol de Bagdad et de Bassora, qui produit des forêts de dattiers, n'offre, sur une étendue de 140 lieues le long du Tigre et de l'Enphrate, qu’une argile grasse, fortement imprégnée de sel marin. Les dattes cultivées sur la côte maritime de Perse, depuis Bender-Rick jusqu’à Mina sont délicieuses ; on les nomme tchur- ma-shahi, dattes royales; mais ce pays continuellement ravagé per les guerres depuis un siècle, n’en fournit pas assez pour les exportations maritimes. Le commerce ne s’en fait que par les ca- ravannes qui les transportent dans l’intérieur de la Perse, à Shiraz, Ispahan, et même jusqu’à Recht, sur la mer Caspienne, comme j'en ai été le témoin oculaire. On les sert sur la table des gouverneurs et des princes du pays. Le sol des côtes mari- times de Perse, sur lequel croît le dattier , est calcaire-argileux; les montagnes sont hérissées de roches calcaires de première for- mation , et les plantations se trouvent au bas de ces montagnes. Les vents du midi y sont violens, chauds et de longue durée, aussi bien qu’à Bassora. En hiver les froids s’y font vivement sentir, et en cté les chaleurs y sont excessives. C’est au mois de décembre 1782 que j'ai fait mes observations à Bagdad : j'y ai vu deux fois le thermomètre de Réaumur descendre à cinq degrés au-dessous du point de congellation, et l’année suivante , étant à Bassora au mois de mai, j'y ai vu le même thermomètre s’éle- ver trois fois à 36 degrés au-dessus de zéro (2). Ces observations prouvent que le climat et le sol des Antilles seroient aussi favo- rables à la culture du dattier qu'aucune autre contrée d’Asie. Le palmier sagou (sagus farinifera , Gært.). Cet arbre, cité (1) Ce sont ces dattes que l’on vend en Europe pour l’usage de la médecine. (2) On peut compter sur l’exactitude de mes observations; je les ai faites trois fois par jour; savoir à 6 heures du matin, à une heure après midi, et à 6 heu- res du soir. Celles de Bagdad commencèrent le 20 novembre, et continuèrent jusqu’au 15 janvier suivant. Celles faites à Bassora commencèrent le 25 avnil et continuèrent jusqu’au 12 juin suivant. À Bagdad j’avois placé mon thermoinètre au nord , à 16 pieds au-dessus du sol, et à Bassora au nord-nord-est, à 18-20 pieds au-dessus du niveau du fleuve, lors de la plus haute marée. C’est à une journée au-dessus de Bassora que se fait la joncüon du Tigre et de l'Evphrate, et alors ces deux fleuves réunis portent le nom de Shat-el-Arab (littéralement Tigre des Arabes ). Le thermomètre dontje me suis servi m’avoit été donné par Je chevalier Lamanon, un des savans qui ont péri à la Nouvelle Zélande, C’étoit le même dont il se servoit pour ses observations météorologiques. Tome LII. FLORÉAL an 9. Vv 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par Poivre , Sonnerat, Forrest, etc., est cultivé à Java, Suma- tra, etc. Il est la principale ressource des habitans de ces con- trées : les Malais en font des plantations considérables : il fruc- tifie maintenant à Cayenne. Le palmier paripou. Cet arbre n’est pas inférieur au fruit à pain pour lutilité. Il est maintenant connu à Cayenne. V. Au- blet/ftom- 2% /pLo1: Le palmier avoira. Le fruit de cet arbre est abandonné aux ani- maux ; mais il est un des plus utiles par la grande consommation que l'on fait de son huile à Cayenne et à Surinam. L'arbre indiqué par Linnée sous le nom de cocos butyracea, est originaire du Brésil; mais il y a en Asie, en Afrique et en Amérique plusieurs autres espèces de palmiers dont on retire du beurre. On trouve dans la Guyanne des palmiers dont le fruit est bon à manger, tels que le palmier bache , le maripa, etc. etc., mais ils sont peu connus. Enfin, il y a des palmiers oléifères, sébifères et cérifères sur le continent de l'Amérique. L’Afrique est aussi très fertile en palmiers dont la connoissance est à desirer. Le fruit à pain (aztocarpus incisus, Lin.). Cet arbre trouve- roit dans toutes les colonies des Antilles un climat et un sol fa- vorable à sa culture. Il a été envoyé par le gouvernement l’année dernière à Cayenne. Le laurier-camphre (/Zaurus camphora , Linn.) et le vrai ben- zoin (séyrax benzoin) (1). La résine de ces arbres, cultivés maintenant dans quelques jardins botaniques, seroit un objet de commerce considérable ; leur utilité dans la médecine et dans les arts est connue. Le manguier (mangifera indica, Lin.), est un arbre déja naturalisé dans les colonies ; mais comme il y a un grand nom- bre de variétés dans l'Inde , dont les fruits sont de médiocre qua- Eté, il est bon d'indiquer celui d’Ormus cultivé sur le Golphe persique , depuis Mina jusqu’à Bender-Abassi. Son espèce est supérieure à toutes celles connues dans l'Inde. En 1785 j’en ai rapporté plusieurs noyaux qui ont été plantés à Malte. En 1792 les Anglais en ont rapporté des îles Timon à la Jamaïque , une espèce excellente. (1) Styrax benzoïin Dryander’ s Botanical description of the Benjamin tree of Sumatra. Philosophical Transactions, vol. 77. tt: END” H TS TOXRIE. NA DUR ELLE: 335 Le mangostan (2arcinia mangostana, Linn.}). Le fruit de cet arbre, cultivé à Batavia, est le meilleur de tous ceux des Indes orientales. Les essais de sa culture doivent commencer d’abord à Cayenne et dans la Guyanne. Le litchy (sapindus edulis, Flora kewensis), est un fruit excellent de la Chine, cultivé maintenant aux îles de la Réunion et de France. Cet arbre est connu, mais rare dans les jardins botaniques. Il a été porté par les Anglais à St.-Vincent, il y a déja plus de vingt ans. Le pistachier (pistacia vera, Linn.) produit un fruit qui sert d’aliment dans son pays natal. Il pourroit être cultivé aux colo- nies dans tous les terreins montagneux , arides et calcaires. Le pin du Chili (arancaria, Juss.) est un arbre supposé de la classe des pins, dont la graine est grosse et bonne à manger , mais cet arbre est peu connu. Je pourrois indiquer ici un plus grand nombre d'arbres utiles, si les circonstances étoient favorables pour réaliser leur planta- tion dans les colonies. Il me suffit d’avoir indiqué une partie de ce qu’il est possible d’exécuter lorsque les colons voudront, par leur énergie et leur émulation, tourner leur attention vers cet objer, En attendant, il seroit à souhaiter que des sociétés d’agri- culture établies dans chaque colonie s’occupassent d’assigner des fonds qui seroïient employés aux divers encouragemens, et par- ticulièrement aux dépenses à faire pour y naturaliser les plantes exotiques destinées à produire de nouvelles branches d'utilité , d'industrie et de commerce. Les colons qui ne seroïent pas mem- bres de ces sociétés , seroient également admis à souscrire pour former ces fonds d’encouragemens , et à participer aux avanta- ges qui en résulteroient. Lu à la société coloniale , le 15 floréal an 7. “ A. Micuaux. V v2 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ENS ANS NRANINIE SUR L’ANATOMIE DES VÉGÉTAUX, Par MiIRrBE1z. Aucune science n’est moins avancée que l’anatomie végétale; cependant il seroit important de perfectionner cette partie de l’histoire naturelle qui ne pourroit manquer de jetter un grand jour sur la classification des familles. J’ai fait beaucoup d’obser- vations microscopiques ; il en est résulté pour moi une théorie très-simple et que je crois applicable à tous les cas. Cependant avant de l’exposer , il me paroît à propos de faire connoître les bases sur lesquelles elle repose. Je donnerai donc successivement l'anatomie des plantes que j’ai observées, et la théorie ensuite se développera comme d’elle-même. Anatomie des champignons. J'ai examiné l’agaricus edulis, L., vulgairement connu sous le nom de champignon de couches; son pédicule m’a offert un tissu cellulaire membraneux, continu dans toutes ses parties, formant des cellules en tube et dont l’alongement est dirigé dans la longueur du pédicule. Le chapeau m’a présenté aussi un tissu cellulaire, mais il m'a paru moins alongé, très-irrégulier , et formant des cases de grandeur inégale, Les lames sont cellulaires comumne le reste, mais les cellules sont très-petites, polygones et assez régulières. J’ai reconnu à la surface de ces lames les corps que Bulliard regarde comme des graines , et Gœrtner comme des gemmes ; ils sont globuleux et portés sur un filet très-grêle. L'organisation du pédicule et du chapeau présente dans son aspect beaucoup de rapports avec la moëlle des dicotyledons, mais il y a sans doute des caractères très-essentiels qui les sépa- rent, puisque la moëlle n’est point conductrice de la sève, et que dans cet agaric, au contraire, le tissu est imbibé comme une éponge. Il a aussi une consistance cotonneuse que je n’ai jamais remarquée dans la moëlle. Quoique je n’aie pu appercevoir dans EFNUDUYH EL SITIOMRIE NA TURE LL EU 337 ce tissu les pores dont sont criblées les membranes qui compo- sent les vaisseaux des plus grands végétaux, il m’a semblé qu’il étoit très-perméable à l’eau, ce qui résulteroit peut-être d’un relâchement général dans tout le système organique : la rapidité des développemens vient à l'appui de cette conjecture. Plusieurs agarics ligneux m'ont présenté les mêmes caractères. + Anatomie des algues. LircHens. Les lichens ont beaucoup d’analogie avec les champignons; leur tissu est très-difficile à appercevoir ; cependant on peut y découvrir une substance cellulaire. Le Zchen hirtus, L. (fig. 1, pl. 1et2)qui, comme on sait, est très- rameux , dressé et couvert de tubercules farineux, présente, dans sa coupe transversale, deux parties bien distinctes ; l’une occupe le centre eta une formecylindrique; l’autre la recouvre et l’enfer- me comme dansun fourreau. La partie centrale (A)offre un tissu cellulaire qui paroît, avec les plus fortes loupes, d’une finesse extrême ; cependant on en saisit assez la texture pour reconnoîi- tre que les cellules s’alongent dans la direction de l’alongement de la tige; les membranes composant le tissu paroïssent pointil- lées, mais je n’oserois rien affirmer à cet égard. La partie qui enveloppe celle-ci (B), est également cellulaire, mais plus lâche; cependant elle n’est guère plus facile à observer, attendu qu’elle est remplie d’une substance farineuse qui en masque le tissu. Ses branches ou rameaux prennent naissance dans le cylindre du centre ; ils s’alongent sous la forme de petits cônes (C), et sont enveloppés, comme les tiges principales , dans un tissu cel- lulaire farineux. Toute la plante est recouverte d’inégalités et de poussière (D), que Linné indique comme l’organe femelle des lichens. J’ai examiné ce prétendu organe avec beaucoup d’atten- tion, et j'ai reconnu que la poussière étoit due aux crevasses qui se forment à la partie extérieure; le tissu cellulaire sort par ces crevasses et se réduit en poudre. J’ai dessiné un tronçon de tige d’après nature, et en consultant la gravure, on verra ce qu'on doit penser de cette substance pulyérulente. Le Zlichen globiferus, L. Petite plante qui se ramifie en arbris- seau et porte des tubercuies creux et globuleux à l’extréinité de ses rameaux, est solide comme le précédent, mais sa surface est parfaitement lisse. Sa coupe horisontale présente, comme 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE celle de ce dernier, un axe cylindrique et un étui qui ‘entoure. Son tissu est également serré, mais ce cylindre est beaucoup plus considérable relativement à l'épaisseur de l’étui. Cette der- nière partie est d’un tissu plus serré et n’est point iariseuse ; c’est à cela qu'il faut attribuer la surface unie de ce lichen. J'ai encore observé le lichen paschalis, L, (Fig. 2). Solide, ramifié en arbisseau , comme le précédent, et couvert de fo- lioles crustacées. Sa substance est cellulaire, mais uniforme; on n’y voit point de couche extérieure , et le tissu n’est pas moins serré que dans les deux autres. Les tubercules qui terminent ies rameaux (E) et que l’on désigne sous le nom d’organe femelle , sont bombés comme le chapeau de quelques agarics ou de quel- ques bolets. Les tiges quiles portent ressemblent au pédicule des champignons (F). Si l’on coupe un tubercule horisontalement auprès du support (G), on remarqué au centre le tissu cellu- laire assez lâche et farineux (H}). Le tour, au contraire, est composé d’un tissu très-serré (1). La coupe perpendiculaire montre également le tissu plus dilaté occupant le centre: il a la forme d’un cône renversé (H). Les cellules de la tige sont alongées ; celles du tubercule ont un diamètre égal dans tous les sens (1): on diroit qu’il est formé par l'épanouissement du tissu de son support. Fru cu s. L'organisation des fucus est moins obscure que celle des hi- chens ; le tissu cellulaire est facile à appercevoir; cependant toutes les espèces ne sont pas également propres à ces recher- ches ; dans quelques fucus les membranes s’affaissent, se collent sur le plateau du microscope, et alors on ne distingue plus que des points qui indiquent quelques vides, mais qui ne représen- tent nullement l’organisation qu’on cherche à découvrir. D’au- tres, au contraire, ont un tissu tel que l’on y distingue parfai- tement les cellules, tels sont le /zcus fimbriatus, Gmel. , Hist: fucor., et le ÿzcus saccharinus, Lin. La coupe transversale présente, dans le premier (fig. 3), des cellules hexagones d’iné- gale grandeur (K); celles du centre sont beaucoup plus petites. La coupe longitudinale montre les mêmes loges hexagones un eu alongées, et prenant même quelquefois la forme d’un pa- rallélograme (L). Une lame de la peau extrêmement mince observéeavec les plus forts verres ne présente encore que le tissu cellulaire très-resserré , et dont le terme forme ce que quelques ET DHISTOIRE NATURELLE: 339 physiologistes désignent dans les autres végétaux sous le nom d’épiderme ; mais l’observation démontre que cette classe d’êtres organisés n’a point de véritable épiderme. Je tâächerai d’éclaircir ce fait quand je traiterai de l’anatomie des végétaux plus parfaits. L'organisation est encore plus visible dans le /zcus sacchari- aus L. (fig. 4.). La coupe transversale (M) présente un tissu très- dilaté. On remarque, comme dans le précédent, que les cellu- les sont plus petites vers le centre et vers la circonférence ; toutes forment des hexagones irréguliers, alongés dans le sens de la longueur de la feuiile. La coupe perpendiculaire (N ) montre ces cellules très-alongées et formant comme des tubes on des vais- seaux ; la superficie est semblable à celle du /zcus fimbriatus. J'ai remarqué cependant des taches que je n’avois point vues dans l’autre ; elles sont ovales, et remplissent çà et la quelques mailles. Ce seroient peut-être des corps analogues aux pores corticaux ob- servés par Decandolle : je n’affirmerai rien à ce sujet, d’autant plus que , nonobstant les très-belles observations de Decandoile, cette matière re me paroît point su/fisamment éclaircie. Les membranes des cellules sont quelquefois obscurcies par des points noirs qui interceptent la lumière (O). Je seroïs porté à croire que ce sont des pores analogues à ceux que nous verrons dans tous les végétaux dont l’organisation est plus parfaite; si d’ail- leurs je n’avois quelques raisons de soupçonner que ce tissu des champignons, des lichens et des fucus est plutôt composé de membranes spongieuses que de membranes percces de pores ap- parens et réguliers. Le fucus cartilagineus , L ne diffère des précédens, que parce que ses cellules sont beaucoup plus petites (fig. 5.). Je n’ai vu dans les uns ni dans les autres aucun organe qui eût vraiment l’apparence de vaisseaux. Pour prendre une juste idée de l’organisation de ces plantes , ii faut supposer des cellules unies formées par des membranes, de telle manière que chaque paroi de l’une de ces cellules esten même temps la paroi d’une autre; en un mot, que ce tissu çst semblable, quant à la forme, au tissu cellulaire des animaux. Chauyue loge prend des dimen- sions calculées mathématiquement sur sa force de résistance , et la force de pression qu’exerc: nt sur elle les autres loges. De-là souvent ces hexagones semblables à ceux des alvéoles des abeiïl- les. On ne peut pas douter que les membranes elles-mêmes ne soient formées d’une multitude de vaisseaux; mais ici les meil- 340 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leurs microscopes sont en défaut, et le raisonnement seul peut démontrer ce que l’imperfection de nos sens ne nous permet : pas d’appercevoir. Anatomie des mousses. Je n’ai eu jusqu’à présent l’occasion d'examiner que le support. de l’urne du ryum murinum et du hryum pyriforme, L. (fis 6.). J'en ai coupé des tronçons extrêmement minces que j'ai placés sous une très-forte lentille : j’ai reconnu l’existence des mailles hexagones et par conséquent , du tissu cellulaire ; il est très-res- serré vers la circonférence ; à peine ai-je eu le temps d’observer les mailles du centre; elles se sont déchirées , et leur défection a laissé un vide au milieu du tronçon (P ) : les lycopodes et les fougères m'ont offert un phénomène analogue , comme on pourra le voir quand je parlerai de l’anatomie de ces plantes. Il est probable que le dessèchement produit le même effet dans les mousses des herbiers, et voilà sans doute pourquoi , lorsqu'on en fait l'anatomie, on trouve ur filet cylindrique logé au cen- tre des supports : les membranes du centre s'appliquant sur les cellules mitoyennes, et les doublant de lenr propre épais- seur , leur donnent une solidité qu’elles n’avoient point aupa- ravant , et lorsqu'on vient à écarter la lame extérieure qui n’a point changé de nature, on trouve dessous un cylindre plus compacte qu'on prend facilement pour un organe particulier ; du moins je ne puis expliquer autrement cette différence que j'ai moi-même remarquée entre les mousses fraîches et les mousses que je tirois des herbiers. La coupe verticale présente un tissu cellulaire très-alongé, formant des tubes fermés de distance en distance , dont le A mètre diminue du centre à la circonférence. La transparence des membranes est troublée quelquefois par des points extrêmement fins qui se détachent en brun quand on les oppose à la lumiere. On verra ce qu’on peut penser de ces points en lisant l’ana- tomie des lycopodes, Anatomie des lycopodes. Les lycopodes ont une organisation plus compliquée que tout ce que nous avons vu jusqu’à présent. Onremarque dans les tiges, à la simple vue, deux parties très-distinctes ; l’une occupe le centre : elle est cylindrique et se resserre sur elle-même lorsque les ETAD'HESTOURE NATURELLE. 341 les plantes se dessèchent ; l’autre a l’aspect d'une écorce; elle entoure la première, et ne change point d’état par la dessication. Ainsi, dans les lycopodes dessèchés la coupe transversale ne donne souvent l’idée que d’un cylindre creux traversé par un axe très- délié. Dans les lycopodes verts, au moment où j’on coupe la tige, l’extrémité du cylindre aboutissant à la section, se détache de la paroi interne de l’écorce par une contraction analogue à celle qui s'opère au centre du support de l'urne des mousses. Il est évident que les membranes se déchirent, et qu’il y a une solu- tion de continuité qu’il faut attribuer à l’extrême fragilité des cellules ; l’état bien différent de l'écorce et de l’axe central dénote une différence dans l’organisation ; aussi voit-on que les produits ne sont pas les mêmes : les feuilles naissent de l’é- corce et n’en sont qu’une continuité ; les rameaux partent de l'axe central , et se couvrent de l’écorce à leur sortie de la tige. Ceci est visible sans le secours du microscope; mais passons à une anatomie plus délicate. Le lycopode penché ( /ycopodium cernuum, L.) (fig. 7.), est l’espèce que j’ai d’abord examinée. L’écorce est épaisse ; la coupe horisontale (Q) la montre formée d’hexagones très-petits à la circonférence et au voisinage du cylindre central (R), mais beaucoup plus grands dans la partie moyenne. Le cylindre ad- hère à la paroi interne de l’écorce dans les tiges un peu fortes; sa coupe horisontale présente un réseau de mailles très-inégales ; les unes sont grandes, arrondies, ovales ou triangulaires ; les autres sont très-petites, et remplissent les espaces que laissent entre elles les grandes, : Mais en coupant un troncon de la même tige, très-voisin du premier, eten y mettant une attention très-soutenue , On se COn- yaincra que le diamètre de ces mailles n’a rien de constant, en sorte que les petites s’élargiront souvent ou plus haut ou plus bass et que les grandes se resserreront dans ces diverses po- sitions. L'examen de la coupe perpendiculaire (S) va nous donner l'explication de ce fait. Nous y voyons que chaque maille in- dique l’orifice d’une cellule, large à son milieu et se terminant en pointe à ses deux extrémités. La même chose a lieu dans l'écorce avec des modifications qu’il convient de faire connoître ; et dans l’une et dans l’autre, comme dans les fucus, le tissu est continu et formé véritablement d’une seule pièce. Examinons l'écorce (T) dans sa coupe perpendiculaire. Les cellules de la circonférence sont très-serrées, très-étroites et peu Tome LII. FLORÉAL an 0. X x 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE alongées ; mais en s'éloignant du centre elles se dilatent et s’a- longent davantage jusqu’à ce qu’elles se resserrent de nouveau au voisinage du cylindre central. Leur tissu est membraneux, percé d’une multitude de trous d’une finesse extrême. Ces pores sont bordés d’un bourrelet opaque et irrégulier, composé lui- même de petits mamelons glanduleux, si rapprochés les uns des autres, qu’ils paroissent soudés. Quand on les observe sur un plateau opaque, ils reflettent avec force les rayons de la lu- mière ; mais quand on les place sur un plateau de verre, ils se détachent en brun et interceptent le jour. Ces pores sont disposés sans symétrie et sans ordre dans les cellules peu alongées, et sont disposés en lignes horisontales dans les cellules dont la lon- gueur surpasse la largeur. Les cellules s’alongent considérable- ment en s’approchant du centre, et ressemblent à des tubes adhé- rant les uns aux autres. Ici, au lieu de plusieurs pores placés ho- risontalement, on n’en a souvent qu’un; mais celui-ci tient la lace de tous les autres, et marque le tube d’une longue fente Ré les mamelons du Bd sont évidemment irréguliers , et leur épaisseur est très-sensible. Passons maintenant à l’examen du cylindre central. Ses cel- lules sont beaucoup plus alongées et plus régulières que celles de l’écorce; elles ont absolument la forme de longs tubes qui iroient en se resserrant vers leur extrémité ; elles se terminent en pointe très-aigue, et comme il n’y a aucune interruption, aucune discontinuité dans le tissu , là où une cellule commence à perdre de sa capacité, il en naît nécessairement une autre qui se dilate d’autant plus que ses voisines se resserrent davan- tage , et quienfin prend son plus grand diamètre lorsque les au- tres s’'évanouissent tout-à fait. Si les cellules de l'orange müre étoient adhérentes les unes aux autres,ensorte qu’elles formassent un tissu cellulaire non interrompu, je ne pourrois citer aucun exemple plus parfait de ce que j'ai vu, avec cette différence, toutefois, que dans le centre des lycopodes, les cellules sont plus alongées. Ici nous retrouvons encore ces pores et leurs bourrelets ; à l'extrémité des cellules ce ne sont que des points, mais peu- à-peu ils fendent les membranes horisontalement en une multi- tude de petites lanières (U) toujours bordées de glandes en ma- melons Mais les pores se ferment aux endroits où la membrane se dédouble , pour ainsi dire, et forme une nouvelle cellule éga- lement coupée horisontalement en petiteslanières. Pour rendre ce fait plussensible employons une comparaison grossière mais frap- pante; supposons des cerceaux placésles uns au-dessus des autres, smshabe EPP DERHPT SÈT OR EN N'AUTIU"R FLE; 343 à égale distance, formant un cylindre à jour; supposons en- core un cylindre pareil touchant le premier dans toute sa longueur , et fisgurons-nous les cercles de l’un et de l’autre unis entre eux par une lame longitudinale au point de contact des deux cylindres ; admettons maintenant une multitude de cylin- dres pareils rapprochés des premiers et consolidés par un lien semblable; figurons-nous que tous ces cercles, en se pressant , changent leur fôfme cylindrique en polygones plus on moins ré- guliers, et que leurs extrémités soient composées de cercles allant en diminuant jusqu’à n’offrir plus qu’un point, et nous aurons une idée aussi nette qu’il est possible de cette organisation re- marquable et dont je ne crois pas qu’il existe de description. Le lycopode alopécuroïde (Zycopodium alopecuroïdes , Lam.) (fig. 8), ne diffère pas beaucoup du cernuum. J'ai observé seu- lement que parmi les cellules alongées, ou si l’on veut, parmi les vaisseaux qui forment le centre, beaucoup sont absolument sembla- bles au tissu de l'écorce, c’est-à-dire que les cellules sont per- cées de pores très-petits et répandus souvent sans symétrie. J’ai été à portée d'observer les premiers développemens des branches dans cette espèce : en donner l’histoire, c’est faire connoître celle des branches de tous les lycopodes ; une coupe horisontale m'a présenté quatre aires circulaires ( V ) placées à distance égale autour de l’axe central. Le centre de ces aires offre un tissu assez lâche; la circonférence formant une espèce d’anneau , est d’un tissu plus serré. En coupant cette même tige verticalement, j'ai reconnu que ces aires circulaires étoient l’extrémité de petits cylindres qui partoient du cylindre central (X), et s’en écartoient d'autant plus qu’ils s’éloignoient davantage du point d’insertion. L’anneau, d’un tissu plus serré, forme un étui analogue à l’écorce; les cellules qui le composent sont courtes ; le centre, au con- traire est composé de longues et larges cellules à jour, comme celles que nous avons décrites plus haut. C’est dans ces nouvelles productions que se manifeste sur-tout l’extrême fragilité des mem- branes : à peine lé tronçon soumis à l’observation est-il desséché, que le tissu se crispe et se détruit. Jusqu'à ce que les branches alent percé l’écorce , l'angle qu'elles font avec la tige mère est très-aigu. Dans les plantes dicotyledones, le nœud que forment les nouvelles productions est quelquefois presque perpendicu- laire sur l'axe, parce qu'il se développe dans la direction des rayons médullaires ; mais ici ces rayons n'existent point, etces faisceaux particuliers ne s'éloignent du faisceau principal que yentement et successivement ; ainsi, lors même qu'en apparence x 2 344 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les développemens de quelques monocotyledons ressemblent à ceux des dicotyledons , l'observation approfondie décèle toujours un grand nombre de différences. Les feuilles de ce même lycopode sont composées de cellules alongées dans le sens de la longueur de la feuille, et criblées de pores. Dans les descriptions que je donnerai désormais, je désigne- rai sous le nom de /ausses trachées les cellulesalongées et cou- . pées à jour horisontalement, parce qu’elles ont foujours été con- fondues par les auteurs avec les véritables trachées dont elles ont l’apparence. ue MAÉ UNION UE SUR LES GRAINES DES CONFERVES, Lu à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, le 27 germinal an 8, par PIERRE VAUCHER, membre de la même Société, Les botanistes qui se sont occupés de la fructification des plantes cryptogames , n’ont pas, jusqu'à ce jour, étudié celle des conferves. Quelques-uns d’entre eux ont négligé cette re- cherche comme si elle présentoit trop de difficultés ; d'autres ont cru que ce genre de plantes n’avoit pas été pourvu des or- ganes sexuels que l’on rencontre dans les autres végétaux, et les plus célèbres des botanistes français, La Marck et Jussieu, rangent encore les conferves parmi les plantes dont la fructifica- tion n’a jamais éte apperçue. Cependant, puisque malgré les observations de quelques natu- ralistes , les conferves sont des plantes et non des animaux, il est plus que probable qu’elles se reproëuisent d’une manière analogue à celle des autres végétaux, et que si elles n’ont pas des organes sexuels aussi composés que la plupart des plantes, elles sont au moins pourvues de graines au moyen desquelles leurs espèces se perpétuent. J’avois souvent desiré de vérifñer cette opinion, et de recon- PSP D/PAMEISNIMOMANRTE NPAMIQUrR ENT E, 345 noître , s’il étoit possible , les graines des conferves. Mais quoi- qu’à plusieurs reprises j'eusse examiné ces plantes à la vue sim- ple et au microscope , je n'avois rien apperçu qui ressemblât à des semences. Je désespérois presqu’entièrement du succès, lors- qu’au mois de brumaire dernier j’apperçus dans un fossé rempli d’eau, une pellicule verdâtre qui recouvroit en entier sa surface; curieux d’observer de plus près cette substance, je l’examinai à la loupe, et je vis qu’elle étoit composée d’une multitude de grains verts, à-peu-près sphériques, sensiblement égaux entre eux et terminés pour l'ordinaire par un ou deux filets en forme de queue (voy. fig. pl. 3). La régularité de ces petits grains ne me permit pas de douter qu'ils ne fussent organisés : en cffet, ceux d’entre eux qui n’avoient point de queue ressembloient assez bien au polype vert (kydra viridis) de Linné ; mais lorsque je les plongeai dans l’eau, ils n'étendirent point de bras. En considérant plus attentivement ces grains , et sur-tout ceux d’entre eux qui avoient des queues, je crus voir que ces queues ressembloient aux filets des conferves. Elles avoient leur couleur verte; elles étoient cylindriques et antant que j’en pouvois juger au microscope, elles étoient organisées à la manière des con- ferves. Mais comme une simple conjecture ne suffsoit pas dans ce sujet, je résolus de pousser plus loin mes recherches, et de dé- couvrir, si je le pouvois, l’origine de ces grains. Pour arriver à ce but, j’avois deux moyens à employer ; le premier consistoit à suivre le développement de mes grains; le second étoit de trou- ver quelque espèce encore chargée de ses grains, que j'aurois observés jusqu’à ce qu’ils se fussent détachés et qu'ils eussent proluit des queues qui seroient devenues des conferves. Sans négliger le premier moyen , je m’arrêtai de préférence à ce se- cond qui me parut plus convaincant, et qui donnoit plus de luiière sur la formation des graines de ces plantes. Apiès plusieurs recherches iniructueuses, j'eus le bonheur de trouver, le 10 nivôse , une conferve chargée d’une multitude de grains ; elle étoit d’un vert foncé et du nosnbre de celles dont les fiets sont simples et sans division. Elle n’étoit pas non plus articulée ou divisée à l’intérieur par des cloisons. L'espèce de Linné (fig. 2), sous laquelle elle est comprise, car le même nom comprend sûrement an grand nombre d'espèces, est la conferve des fontaines ( conferva fontinalis). Une partie de ses grains étoit déja détachée et flttante. Lorsqu’ensuite je la lavai, pres- que tous les corpuscules qui étoient encore adhérens se sépa- 346 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rèrent (fig. 3), Je les recueillis avec soin et les plaçai dans une cuvette pour observer de plus près leur développement. Ils res- tèrent longtemps dans le même état, rassemblés au fond du vase et non pas à la surface, et durant cet intervalle j’eus soin de renouveler, à diverses reprises , l’eau qui les contenoit. Malheu- reusement, malgré toutes mes précautions, le gel de lhiver at- teignit l’eau de ma cuvette et ces grains se trouvèrent engagés dans une glace assez épaisse. Ils y restèrent jusqu’au moment du dégel , c’est-à-dire à-peu-près une quinzaine de jours , et lors- qu'ils reparurent, je les crus d’abord trop maltraités pour espérer aucun succès. Mais comme je me rappelai en même temps les expériences de Spallanzani sur les divers degrés de froid que peuvent supporter les semences sans perdre leur faculté de ger- mer, et que je sentois bien que celles des conferves qui étoient actuellement en plein aïr , n’avoient pas été plus heureuses que les miennes, je résolus de ne pas abandonner encore mes ob- servations. Pendant que j'attendoïs avec une espèce d'inquiétude le résul- tat de cette expérience, et que selon les alternatives du froid et de la chaleur l’eau de ma cuvette geloit et dégeloit, le 12 luviôse , six semaines après le moment où mes grains s’étoient détachés de leur tige, je crus appercevoir quelques changemens dans leur nature. Leur couleur verte s’étoit affoiblie et leur vo- lume avoit un peu augmenté : au bout de deux jours tout de- vint plus marqué; chacun de mes points verts, et j'en avois plusieurs milliers , étoit pourvu d’une queue ou d’un filet sem- blable en tout à ceux des conferves dont ils tiroient leur origine (voy. fig. 4). J’éprouvai alors ce sentiment de plaisir que l’on ressent toutes les fois qu’on arrive à une vérité dont l’on a fait l’objet de ses recherches. Car il ne pouvoit me rester aucun doute sur l’exis- tence de ces graines. Les corpuscules dont il étoit question s'é- toient bien détachées d'eux-mêmes des conferves , et ces corpus- cules étoient bien ceux qui avoient ensuite donné des filets. Je suivis scrupuleusement ces grains pendant quelques jours afin d’écarter toutes les illusions et d’assister , pour ainsi dire, à la naissance et aux premiers accroissemens de ces nouvelles con- ferves. Huit jours après leur apparition, les filets avoient près de deux lignes; bientôt ils s’entrelacèrent les uns aux autres et formèrent des flocons verts très-petits, mais du reste exacte- ment semblables à ceux qui flottent si souvent sur la surface des EXT DE HI SMMONTR EU N'ANTUNR'E L'ILE. 347 eaux , ensorte qu’il ne fut plus possible de méconnoître dans ces flocons de véritables conferves. Cependant je n’abandonnai pas encore mes filets ; il m’impor- toit de les conserver pour en tirer de nouvelles lumières , en les suivant dans les diftérentes époques de leur vie. Je plaçai donc ces flocons dans trois vases séparés, et je les exposai à l’air libre; bientôt ils grandirent considérablement , et quinze jours après, chaque filet av@it plus d’un pouce. 11 conservoit toujours à l’une de ses extrémités le point rond d’où il étoit sorti, mais ce point étoit vide à l’intérieur et presque transparent. Ensuite ces jeunes conferves qui d’abord avoient formé de petits flocons imperceptibles et d’un vert pâle, occu- pèrent successivement une plus grande étendue , et au commen- cement de germinal ils remplissoient à-peu-près la moitié d’un vase de 10 pouces de haut sur 8 de large. Cependant ils n’étoient encore chargés d'aucune graine; je n’en apperçus non plus au- cune au milieu du même mois; maïs au 22 de germinal , comme je rédigeois ces notes et que je voulois donner une juste idée de l'état actuel de ma conferve , je l’examinai de nouveau , et à ma grande surprise , je la trouvai chargée des mêmes grains que j'avois trouvés sur sa mère le 10 nivôse an 8, non pas à la vérité aussi verts et aussi près à se développer, mais pourtant très-distincts et très-nombreux. Voilà donc une conferve observée depuis le moment de sa naïssance jusqu’à celui de l’apparition de ses graines. L’intervalle entre ces deux époques a été à-peu-près de trois mois, et j’ai lieu de croire, par le grand nombre des grains qne je rencontre en ce moment et qui etoient fort rares auparavant, que les con- ferves de la même famille ont à-peu-près la même durée. Elles se sèment sans doute principalement au printemps, et lorsque les circonstances ne s’y opposent pas , elles redonnent probablement de nouvelles graines après le même intervalle. Au contraire , si elles sont surprises par la sécheresse , leur développement doit être suspendu aussi longtemps qu'elles sont privées d’eau. Ensuite les pluies d’automne commençant à les favoriser , elles reparoiïs- sent bientôt dans tous les fossés et dans tontes lies mares où elles se multiplient une seconde fois avant les froids de l’hiver. Telle est sans doute la marche de leur reproduction, si du moins l’on peut conclure d’un fait particulier à une observation générale, et si la reproduction des autres conferves ressemble à celle de la conferve des fontaines. . Tout en m’occupant des graines de ma conferve , je fus curieux 518 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’observer si les espèces du même genre avoient des graines semblables. Mon attention se porta d’abord sur les espèces les plus voisines, et qui par conséquent étoient vertes sans divi- sions ni articulations quelconques. J’eus le bonheur d’en ren- contrer quatre espèces dont les filets étoient chargés de graines différentes de celles que je viens de décrire. Dans la première , ces graines au lieu d'êtrérondes comme les précédentes, étcient piritormes, pédonculées , avec une articulation beaucoup mieux marquée; dans la seconce, elles étoient disposées en grappes, au nombre de trois à quatre sur le même pédoncule ; dans la troi- sième, ces grains solitaires étoient anguleux plutôt qu’arrondis ; dans la quatrième, ils étoient placés deux à deux au sommet d’un filet très-court et divisé, qu'ils terminoient. Le n°. premier et second se trouvoient, à la vérité, dans les eaux bourbeuses des fossés qui bordent les grands chemins; le n°. 3 étoit le bys- sus vert de Linné qui, quoiqu'il vive sur la terre, ne peut ni ie son organisation, ni par ses grains, être séparé des con- crves. Le n° 4 est une conferve que j’ai trouvée à la source de la Versoix, petite rivière qui traverse la ville du même nom. Et quoique la seconde et la troisième soient les seules dont les grains se soient jusqu’à présent développés, cependant comme leur développement a été le même que celui dont j'ai donné l’histoire , je ne doute point que la multiplication des deux au- tres ne se fasse de la même manière , puisque les grains sembla- blés qu’elles portent doivent être destinés aux mêmes fonctions. Comme la suite de mes observations me portoit naturellement à rechercher les graines des autres familles de ce genre, j’exa- minai d’abord sougce point de vue les conferves vertes ramifiées. Celle qui fit le principal objet de mes recherches est la conferve fluviatile , qui est fort commune dans les eaux du Rhône et dans celle de ruisseaux. Je crois bien avoir à-peu près trouvé la ma- nière dont elle se reproduit, mais comme il me reste des doutes que le temps seul peut lever , je préfère la passer sous silence jusqu'au moment où des observations plus nombreuses les au- ront dissipés. J'ai été plus heureux à l'égard des conferves articulées, et j'ai découvert la graine de la conferve à chaînette ( conferva gela- tinosa ) et d’une autre espèce non décrite et représentée fig. 7 etô. Mais ces graines n’ont aucun rapport avec celles des con- ferves simples. Dans celles-ci la semence est un simple bulbe au- quel les botanistes ont donné le nom d’acotyledon , parce qu'il est privé de lobe et qu’il est en entier lui-même ce qu'est le germe ET D'HISTOIRE NATURELLE. 349 germe dans les autres semences. Les graines des conferves arti- culées que j'ai vues, sont d’une nature bien différente : elles ont à la vérité, comme les autres, la forme d’un point presqu'im- perceptible à la vue. Mais ce point contient en petit toute la conferve resserrée sur elle-même , pourvue de toutes ses ramili- cations, en un mot telle qu’elle doit être, la grandeur exceptée. Elle se développe donc visiblement de tous les côtés, au lieu de pousser par un seul point un filet qui s’alonge insensiblement ; et sans doute qu'avec des instrumens plus parfaits que ceux que nous employons, on verroit dans les ramifications qui sortent de ce centre, les graines de la conferve qui doit succéder à celle qui se développe, comme on voit sur les vieilles conferves les graines de celles qui vont se développer. L’emboîtement des graines devoit encore avoir lieu dans la conferve à réseau ( conferva reticulata) qui ressemble exactement à un filet à mailles pentagones. Son apparence , lorsqu’elle a ac- quis toute sa grandeur , et qu’elle n’a point été mutilee , est celie d’un sac cylindrique fermé par ses deux extrémités (voy-: fig. 9). Il étoit physiologiquement impossible de comprendre comment un tel réseau auroit pu être produit par un filet simple, sembla- ble à celüi de la conferve fontinale. Comment avec ce filet for- mer un réseau, et sur-tout un réseau fermé et cylindrique. J'ai attendu pendant plusieurs mois pour voir quel seroit le moyen que la nature emploiroit pour reproduire une conferve aussi sin- gulière, et enfin le 24 germinal j'ai obtenu la solution complette de ce curieux problême. Chacun des cinq filets qui forment le pen- tagone a commencé par se renfler légèrement à ses extrémités par lesquelles il tenoit aux deux côtés contigus; ensuite il s'est séparé après avoir resté quelque temps sous la forme de bäton cylindri- que, peu-à peu il s’est applati et a éprouvé une altération que je comparerois à celle qu’un commencement de fusion produit sur les métaux. Bientôt les fibres dont la réunion formoit le bâton, s'étant écartées les unes des autres, il est devenu lui-même un réseau cylindrique, dont l’on distinguoit les mailles au micros- cope : ensuite je les ai reconnues à la s'mple loupe ; enfin cha- que bâton s’est entièrement changé en un réseau cylindrique semblable à celui dont il faisoit partie. Et comme il n’y a au- cun doute que les nouveaux côtés de ces maïlles pentagones ne soient destinés à former à leur tour tout autant de réseaux, il s'ensuit que l’on doit considérer chacun de ces côtés comme des germes qui donnent naissance à d’autres conferves, de manière que le réseau en entier n’est qu’un assemblage de germes contenus Tome LII. FLOREAL an 9. Ney 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les uns dans les autres jusqn’à un terme indéfini. Voilà donc un exemple d’emboîtement si non plus évident, du moins plus sin- gulier que la plupart de ceux qui jusqu’à présent ont été ob- servés. De cette conferve j'ai passé à une autre de famille différente , et mes observations se sont dirigées sur une espèce non décrite par Linné, mais qui est figurée dans Dillen , n°. 17; sa coule est d’un noir verdâtre : elle est d’une nature un peu gélatineu et assez semblable à ceile des conferves marines (voy. fig. 10). On la rencontre dans les eaux pures et courantes, et en parti- culier aux moulins de Bossey sous Salève. Quoique je l’eusse sou- vent visitée, lorsque je croyois que toutes les conferves se mul- tiplioient par des grains , je n’y avois jamais rien vu qui ressem- b'ât à une graine. Mais au commencement de ventôse je la trou- vai chargée, dans toute l’étendue de son tube, de petits bour- relets cylindriques d’où sortoient une foule de filets extrêmement déliés. 11 ne me fut pas difficile de reconnoître dans ces petits filets le commencement d'une nouvelle conferye; mais je ne sa- vois point encore comment se feroit la propagation de l’espèce. En continuant à l’examiner je vis que lorsque les filets avoient acquis une certaine étendue, le tube principal commençoit à s’amincir; bientôt après il se rompoit , et le petit globe entraîné par l’eau courante dans laquelle vit la conferve, et retenu par Les fils dont il étoit couvert, alloit former à quelque distance une nouvelle conferve, à-peu-près comme les polypes partiels déta- chés du polype principal, vont former ailleurs de nouveaux polypes. Cette nouvelle manière de reproduction que je reconnus en- core dans une autre conferve qu’il est inutile de décrire, mais qui est représentée dans la fig. 11, me rendit plus difficile sur une conclusion générale. Jusqu’alors j’avois imaginé que les con- ferves vertes qui n’étoient point ramifiées, se reproduisoient toutes par des grains semblables à ceux que j'ai décrits ; mais comme je n'avois jamais rencontré de pareils corps sur celles de ces con- ferves qui étoient divisées par des cloisons transversales , je com- mençai à soupçonner qu’elles pourroient bien se propager d’une manière diféfrente ; et en effet, j'apperçus entre les filets de la conterve bulleuse de Linné, qui est peut-être la plus commune de toutes les espèces de ce gerre , des filets qui contenoïient dans chacune de leurs articulations un corps ovoïde, plus ou moins alongé à ses extrémités. Comme ces corps avoient beaucoup de ressemblance avec les grains des autres conferves; je crus d’abord ET D'HISTOIRE NATURELLS. 351 qu’ils étoient des semences et que bientôt ils se développeroïent. Et en effet, peu-à-peu les tubes qui les contenoïent se détrui- sirent et les graines flottèrent à nu dans l’eau où ils étoient plon- gés. Mais au lieu de redonner la conferve qui les avoit produits, ils sembloient au contraire se décomposer ; déja ils avoient pres- qu'entièrement disparu sans que j’eusse pu reconnoître aucun corps auquel je pusse raisonnablement donner le nom de graine. Enfin , à force d’examiner les débris de ces grains, j'apperçus, au microscope, des globules verdâtres ; d’abord simples , puis divisés en deux cloisons, puis en trois, puis enfin de véritables conferves semblables à leurs mères (fig. 12); je crus reconnoître ensuite que ces globules étoient produits par ce corps ovoïde que j'avois d’abord considéré comme une graine. Ces corps ovoïdes m'ont paru ne pas donner de graïnes; ce- pendant cette circonstance peut tenir à l’état particulier de la conferve dont l’eau n’a pas toujours été suffisamment renouvelée. Mais comme de toutes les espèces de conferves que j'ai exami- nées aucune n’a exigé plus de recherches que celle dont il est ici question, aucune non plus ne m'a laissé autant d'objets à éclaircir. D’abord, je ne sais point si tous les filets donnent des corps ovoïdes, ou si cette prérogative n'appartient qu’à quelques- uns. Ensuite le plus grand nombre des tubes m'a paru contenir à l'intérieur un filet très-délié, disposé en spirale, dont je ne connois point l’usage non plus que celui des grains presqu’im- perceptibles dont il est parsemé. Ces différentes circonstances qui pourront être un jour autant d'objets de recherches et d’au- tres plus singulières encore, que j’omets à dessein, montrent que l’organisation des conferves à cloisons transversales , est plus composée qu’on ne le croit communément , et je comprends comment en les observant, non-seulement l’on n’aura pas apperçu leurs graines, mais encore l’on aura pris les corps ovoïdes qu’elles contiennent pour des animaux microscopiques du genre des mo- nades de Muller (fig, 1,5, 9), avec lesquels ils ont en effet le plus grand rapport : mais je crois pouvoir assurer avec confiance, premièrement, que mes corps ovoides ne se meuvent point ; se- condement, qu’ils contiennent ou sont eux-mêmes les véritables graines. Toutefois, pour répéter avec succès ces expériences, il faut nécessairement isoler ces conferves au moment où leurs grains sont formés, les recueillir avec soin lorsque le tube se déchire, et attendre patiemment qu’ils reproduisent des conferves, ce qui n’a lieu qu'après un intervalle de deux ou Roi mois; si l’on y 2 352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE prend toutes ces précautions, et que l’on ne se lasse point d’exa- miner au microscope les corpuscules que l’on aura isolés, on saisira le moment même où les grains commenceront à donner de nouvelles conferves ; et dans le même temps on verra le vase qui contient la conferve détruite, prendre une teinte verte, et quelques jours après l’on aura le plaisir d'observer distincte- ment une multitude prodigieuse de jeunes conferves J’ai déja suivi trois espèces qui se reproduisent de cette ma- nière. La première est la conferve bulleuse, proprement dite, à filets d’un vert jaune et doux au toucher (voy. fig. 12); la seconde est une conferve assez semblable, mais d’un beau vert, et cette différence de couleur ne tient point à l’âge ni à d’autres circonstances, puisqu'elle se conserve dans les deux conferves lorsqu’eilles se détruisent, et dans les nouvelles graines au mo- ment où elles se développent. Enfin, une conferve à filets d’un diamètre plus que double, différemment conformée et qui habite dans les eaux pures. Cette dernière est la 7zgalis de Muller , sur laquelle les ci- toyens Romain et Charles Coquebert ont fait des expériences curieuses consignées dans le Bulletin de la société philomatique, n°. 30, nivôse et pluviôse seconde année de la république. J’a- vois vu les mêmes phénomènes dont ils font mention , avant de savoir que personne s’en fût occupé avant moi; mais comme il me reste encore quelques doutes à éclaircir sur cette singulière conferve, je renvoie à un autre moment ce que je me propose d’en dire. En résumant ce que nous avons dit jusqu’à présent sur les reproductions des conferves, nous en distinguerons cinq dif- férentes. La première est la reproduction par des grains attachés aux parties extérieures de la conferve , et ordinairement pédonculés. Ces grains produisent des filets simples, La seconde est la reproduction de la conferve gélatineuse ; ses graines qui m'ont paru engagées dans sa substance, et nullement pédonculées, donnent en se détachant une multitude de filets déja articulés et divisés au moment de leur naïssance. La troisième est la reproduction de la conferve à réseau ; chaque côté du polygone est une conferve proprement dite. La quatrième est la reproduction à bouture ; c’est celle de la conferve n°, 17, de Dillen ; édit. 63. Dans cette conferve cha- ue nœud se sépare et redonne une autre conferve. Enfin, la cinquièine est la conferve bulleuse qui contient à l'intérieur des corps qui s’ouvrent et répandent leurs graines. ET D'HISTOFRE NATURELLE. 353 Et chacune de ces conferves forme une famille distincte. La première est celle des conferves simples et veries; la seconde, des conferves à genoux ; la troisième, des conferves à réseau ; la quatrième, des conferves solides et noirâtres ; la cinquième enfin, des conferves à cloisons intérieures et transversales. Il paroît que c’est principalement cette dernière forme de re- production qui a lieu dans les conferves marines ; car j’ai actuel- lement sous ies yeux un mémoire du cit. Decandolle, lu à la société de physique et d’histoire naturelle de Genève, dont il est membre , et dans lequel, en traitant de l’organisation des plantes marines, il rapporte en détail celle de la conferve n°. 38 de Dill. et celle de la conferve polymorphe de Linné. Or, il paroît, d’après sa description et d’après les figures qui l’ac- compagnent (1), que l’intérieur de ces conferves est divisé par des cloisons transversales dont les intervalles sont remplis de grains. Et comme les grains contenus dans les loges de la conferve bul- lense donnent des semences, il est assez probable que les grains des conferves marines doivent aussi en fournir. Cependant, comme la conferva nodosa de Hudson , de même que la conferva rubra du même auteur, portent à l’extérieur des grains arron- dis, je serois également porté à croire que ces grains se détachent et donnent des conferves. Il faut donc examiner les conferves marines pour reconnoître la manière dont elles se produisent ; car , comme on l’a vu plus haut, l’analogie ne s’étend ici qu’à des espèces très-semblables et non pas à des familles différentes. Et puisqu'il y a déja tant de variétés dans les reproductions des conferves d’eau douce, à plus forte raison doit-il s’en trouver entre les conferves d’eau douce et les conferves marines. Je n’ignore pas que le nom de graines que j’ai donné aux cor- puscules qui reproduisent les conferves, n’est pas l'expression ui leur convient, et que ce mot emporte avec soi l'idée d’une écondation préalable; mais je prie que l’on me passe cette ex- pression à laquelle j'ai été forcé de recourir, parce que je n’en ai trouvé aucune qui fût plus convenable, et cependant je ne voudrois pas que l’on crût trop légèrement que les conferves n’ont pas des graines, proprement dites; car les observations dont je viens de rendre compte ne prouvent pas que les corps d’où proviennent les conferves n’eussent pas été préalablement fécondés. J'ai desiré de m'occuper de cette nouvelle recherche qui te- oo) (1) Voyez l’extraitide ce mémoire, Bull, philom., n°. 22, nivôse an 7, 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE noit immédiatement à mon sujet, et je me suis par conséquent proposé cette question générale : les conferves ont-elles des. fleurs ? Pour y répondre j'ai écarté toutes les idées de calice, de corolle , etc. qui dans les plantes ordinaires accompagnent lidée que nous nous formons de la fleur, et réduisant ainsi la question à ses termes les plus simples, j'ai recherché si les conferves avoient des organes que l’on pût regarder comme contenant la poussière fécondante. Or, j'ai reconnu dans toutes les conferves de Ja première famille, qui ont les filets simples et les grains extérieurs ordinairement pédonculés, un corps trop généralement répandu pour n'être pas destiné à des fonctions importantes. Sa forme générale est celle d’une massue alongée et cylindrique qui, presque toujours termine le tube. Il s’en distingue par son plus grand diamètre et par sa couleur qui est d’un vert noir. Au pre- mier coup-d’œil on le prendroit pour une espèce de bourgeon qui remplit chez la conferve les mêmes fonctions que les bou- tons remplissent chez les arbres; mais en l’observant plus atten- tivement, on voit d’abord qu’au lieu de s'étendre il disparoît assez promptement; ensuite on remarque au microscope qu'il s'ouvre par son extrémité, et qu’ilen sort une poussière fine et verdâtre répandue d’abord comme un nuage autour du corps qui la contient, mais qui ensuite disparoît dans l’eau avec laquelle elle se mélange. On peut même à volonté déterminer l’ouverture de la massue en l’irritant avec une aiguille, et lorsqu'on saisit le moment convenable, on voit immédiatement la poussière se ré- andre de la même manière que si la massue s’étoit ouverte d'elle-même. Les conferves sur lesquelles j'ai remarqué les massues sont , comme je l’ai dit, les conferves de la première classe. Dans celle des fontaines, proprement dite, elles sont très-petites et ressem- blent assez aux capuchons de quelques mousses (voy. fig. 13). Celles du bissus vert sont peut-être encore moins distinctes ; mais elles sont très-apparentes dans l’espèce à grains simples qui est représentée fig. 13, n°. 2. Elles sont également remarquables dans une conferve d’eau courante dont je n’ai pas encore trouvé les grains, fig. 13, n°. 3. Mais aucune espèce n’en présente de plus singulières que cette conferve à graines géminées trouvée dans les eaux de Ja Versoix. La massue est placée exactement au milieu des deux grains, et au moment de la féeondation elle se contourneen spirale, comme on peut le voir , fig. 6. Ces massues sont extrêmement nombreuses dans presque tou- tes les espèces. On ne peut guère manquer de les appercevoir ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 355 si on examine avec un peu de soin les conferves qui les portent. Mais cette recherche ne doit pas être faite indifféremment dans tous les momens de. l’année. Par exemple, ces massnes étoient extrêmement communes dans le mois de ventôse ; à-présent, c’est- à-dire dans le mois de floréal, il seroit difficile d’en trouver une seule. Cette dernière circonstance confirme encore leur usage, car puisque l'époque où elles ont paru étoit précisément celle où les graines commencçoient à se répandre, et que dans ce mo- ment où l’on n’apperçoit aucune graine, l’on ne retrouve plus aucune massue, 1l est assez évident qu’elles étoient exclusive- ment destinées à l’acte important de la fécondation. Cette fécondation , différente de celle des autres plantes aqua- tiques, s’opère d'ordinaire dans le sein de l’eau : il ne peut y avoir aucun doute à cet égard pour les espèces qui vivent atta- chées au fond des ruisseaux. Mais la conferve des fontaines m'a présenté une différence qui pourroit ne pas lui être particulière. Les fleurs mâles qui lui appartiennent s'élèvent au moment de leur maturité, au-dessus de la surface de l’eau et se réunissent en petits groupes remarquables par leur beau vert, tandis que les autres filets de la plante sont d'nn jaune beaucoup plus pâle. D’après cela il paroît que les fleurs des conferves ne sont pas hermaphrodites comme celles de la plupart des plantes où les étamines sont placées à côté du pistil; on doit plutôt les regarder comme moavïques , car j'ai quelquefois rencontré des filets terminés par des massues et qui dans leur longueur étoient chargés de quelques grains. Cependant comme d’autre part j'ai presque toujours observé que les filets à massues étoient distincts des filets à grains, principalement dans quelques espèces , je crois qu’il convient de ne rien décider encore, et d’attendre les éclaircissemens que donneront le temps et l'observation. Les conferves des autres classes ont-elles aussi leurs fleurs mâles? Si l’on ne consultoit que l’analogie , elles devroient en être pourvues ; mais si l’on a recours à l’observation on sera plus réservé à prononcer ; car quoiqu'il me paroïsse que j’aie reconnu des corpuscules chargés de poussière fécondante sur les filets de la conferve fluyiatile ; quoique j'aie aussi observé que l'extrémité des fiiets de la conferve bulleuse à grand diamètre sortoit constamment de l’eau pour accomplir quelques fonctions importantes ; quoique la conferve à réseau soit fréquemment chargée de tubercules pulvérulens, j'avoue qu’il me seroit diffi- cile d'affirmer que ces dilférens organes remplissent tous les fonctions d’étamines , et que les autres conferves où je n’airien 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE remarqué de semblable sont également pourvues des mêmes organes. Cependant, tout considéré, il me semble assez probable que la même loi de reproduction qui préside à tous les corps or- ganisés s'étend aussi sur les conferves. J’aurois bien desiré de faire des observations directes sur cet important sujet, et de m’assurer par mes propres yeux si les grains étoient réellement fécondés par les massues. Mais il est bien difficile de tenter avec succès de pareilles expériences sur des êtres si petits, et le seul moyen qui se présente à l'esprit et qui consiste à isoler avant la fécondation des filets chargés de grains, et à s’assurer si la présence des massues est nécessaire à la fertilité de ces premiers, me présente dans ce moment trop de difficultés pour pouvoir être tenté : Hedwig, lui-même, n’a pas constaté de cette manière l’existence de la poussière mâle dans les mousses. Cependant je ne négligerai pas une expérience aussi décisive, lorsqu'il se présentera des cir- constances assez favorables pour que je puisse la tenter avec quelqu’apparence de succès. J'ajouterai en forme d’éclaircissement, qu'il ne faut point confondre les massues dont j'ai parlé (voy. fig. 14, numéros 1, 2, 3), avec un corps assez semblable que l’on rencontre fré- quemment dans la conferve des fontaines , et peut-être dans quelques autres. Il s’en distingue d’abord parce qu’il n’est jamais placé aux extrémités des filets, mais seulement dans leur lon- gueur. Sa grosseur , lorsqu'il est parvenu à son dernier déve- loppement, sa solidité et sa consistance sont aussi beaucoup plus grandes. Il contient dans son intérieur un point noir et sphéri- que ; quelquefois on diroit que ce corpuscule va se développer et donner de nouveaux filets ; d'autrefois on pourroit imaginer qu’il remplit la fonction des massues; maïs quoique j'en aie observé une multitude dans l’espace de six mois, je ne les ai jamais vus se vider comme les fleurs mâles, ni donner nais- sance à des conferves comme les grains dont j'ai parlé ; au con- traire ils se détruisent dans le même temps que le tube de la conferve avec laquelle ils sont intimément liés, et bien loin de connoître l’usage auquel ils sont destinés, je n'ai pas même à cet égard la moindre conjecture à proposer. Voilà jusqu'où j'ai conduit l’histoire de la reproduction des conferves dans un espace de six mois, depuis brumaire jus- qu'en floréal. Je sens plus que personne combien ce mémoire est incomplet, et quels sont les perfectionnemens que oi ui ÊT D'HISTOTRE NATURELLE. 207 Ini donner le temps et l'expérience; maïs dans un travail aussi étendu on peut se contenter d'indiquer la route à ceux qui ont pour la suivre plus de sagacité et de loisir. Il seroit donc à desirer que l’on étudiât les conferves sous ce nouveau point de vue, et qu’en particulier ceux des botanistes qui séjournent près des bords de la mer examinassent avec atten- tion les conferves qui y croissent ; j'ose leur promettre des dé- couvertes faciles et curieuses. Mais il est absolument nécessaire pour obtenir quelques succès , de séjourner quelque temps dans les mèmes lieux, d’y suivre les mêmes individus et d'observer leurs apparences, depuis le moment de leur naissance jusqu’à celui de leur mort. Un autre avantage des observations réunies, c’est de diminuer les erreurs qui sont presqu’inévitables dans de tels objets. Quoique j'aie raconté les faits ainsi que j'ai cru les voir, et que pour éviter les illusions j'aie répété plusieurs fois mes observations; quoique j'aie eu l’avantage d’être cons- tamment aidé par des personnes d'un grand discernement, je me suis sûrement plus d’une fois trompé, et je ne doute pas que je n’aie beaucoup à profiter des remarques qui me seront adres- sées. En attendant, je remarquerai que si mes observations sont fondées, il n’y a point de végétaux qui fournissent des reproduc- tions plus variées que celui des conferves. On trouve des classes entières de Linné , dans lesquelles les organes sexuels ne pré- sentent presqu’aucune différence, tandis que dans le petit nom- bre des conferves que j'ai examinées, j'ai déja obtenu cinq re- productions différentes; et pourquoi ne croirois-je pas que les espèces qui me sont inconnues sont aussi remarquables que les autres. Ces objets ont été si peu étudiés, et dans ces dernières limites du régime végétal la nature est si féconde en moyens! Les conferves des lacs et des grandes rivières, et sur-tout les conferves marines doivent, sans aucun doute , fournir un grand nombre d’objets nouveaux, car jusqu'ici elles n’ont été consi- dérées que botaniquement , et les botanistes eux-mêmes sont fort éloignés d'en avoir achevé la description. Je tire encore de ces observations une conséquence générale ; c’est qu'il sera nécessaire , dès que la fructification des confer- ves sera mieux connue, de diviser ce genre trop nombreux, et de faire autant de familles séparées qu'il y aura de reproductions différentes ; et ce changement est déja sollicité par l’apparence extérieure de ces plantes. 11 y a peu de rapports entre les con- ferves simples et les conferves ramifiées : il y en a moins encore Tome LIT. FLOREAL an 0. Zz 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE entire les vertes et les gélatineuses, entre les marines et le plus grand nombre de celles d’eau douce. Les organes sexuels qu présentent ici tant de différence, sufñront, je le croïs , pour caractériser solidement les espèces, et cette nombreuse famille de cryptogamiques , si variée et si intéressante par les usages auxquels elle est destinée , sera enfin tirée de la confusion où elle a été si longtemps plongée. RAP DE ANUMD)E ST'ENMIGEURRMETLS Fig. 1. (pl. 3 et 4) Graines de la conferve fontinale au moment où elles germent. (4) à la vue simple. (4) à la loupe, (c) au IniCroscope. Fig. à. Les mêmes graines encore attachées à leurs filets. (a) à la vue simple. (2) à la loupe. (c) au microscope. Fig. 3. Les mêmes graines détachées et flottantes. (a) à la vue sinple. (4) à la loupe. (c) au microscope, Fig. 4. Les mêmes graines déja développées et commençant à s’entrelacer. (a) à la vue simple. (b) à la loupe. (c) au mi- croscope. Fig. 5. Graines de la conferve en grappe, attachées à leur tube, vues à la vue simple (4). Au microscope (c). , Fig. 6. Graines de la conferve géminée, vues à la vue simple (a). Au microscope (c). Cette espèce est inédite. Fig. 7. Conferve gélatineuse non distincte et commune dans nos ruisseaux (a). Ses graines qui se développent (c). Le tout est yu au microscope. Fig. 8. Conferve gélatineuse de Linné, vue au microscope avec ses graines (a). Les mêmes détachées et se développant (c). Fig. 9. Conferve réticulée de Linné, à la vue simple repré- sentée en partie (4). Une maille à la vue simple (4). La même au microscope (c). Un bâton séparé, à la vue simple (7). Ce bâton commeuçant à donner un nouveau réseau vu au microscope (e). Le même beaucoup plus développé (f). Fig. 10. Conferve des moulins chargée de ses graines, re- présentée au n°. 27. de Dillenius. ET D'HISTOIRE NATORELPEE "33 Fig. 11: Conferve à bourrelets ; non décrite: (a) à la vue sim- ple. (&) au microscope. Fig. 12. Conferve verte à cloisons transversales contenant des graines dans son tube , à la vue simple. (a) au microscope. (4) raines séparées, à la loupe. (c) au microscope. (4) les mêmes ans les divers points de leur accroissement (e). Tube de la con- ferve jugalis, à la vue simple (f). Le même frisé et chargé de graines, à la vue simple (2). La même conferve chargée de son second filet, vue au microscope. Fig. 13. Fleurs mâles des conferves à tubes simples. (aa/) à la vuc simple. (b”) au microscope. Elles appartiennent à trois espèces différentes. Fig. 14. Appendices singuliers trouvés constamment sur les tubes de la conferve à grappes et sur d’autres. (a) à la vue sim- ple. (4) au microscope. (c) graines de la conferve. (4) un ap. pendice en particulier. N N © OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. SEE THERMOMETRE. BAROMÈTRE. | IE Om | Minimum. arr Maximum. MINIMUM. A Mini. | 1 MER SRE RTE RASE EE GR AR à 24238. -ho,olà 61 m. —+ 4,8 7,8 l 6*lm. :27./6,92 à 28 Ls 97. 6,85 27. 6,92 2l2ks. Æ 9,7 à 1155. + 4,54 g,2fà 1158... 27. 8,75|à9. m 27. 5,17/27. 6,25 3à2 s. 10,0 à 5m. + 1,8, + B,4ià25S.... 27-11,75|à5 m 27. 9,92/27:11,25 Aàos. + 9,3à5im. + 5,0+ 8,41äà93s... 28. 2,82] à 5 :m 28. 1,00|28. 1,55 Sans. + 95 àofm. + 3,4—+.0,8 ja o un. .. 28. 3,25|à5s. . 28. 2,25|28. 92,75 Gà2s +9,8à6 m + 2,5+ 8,9 {a 6m...28.0,92|à2s.... 28. 0,25.28. 0,33 qà 2hs. 410,6 ,à 55 m. + 7,24 9,7 à 21.s.. 28. 1,66| à 8 5m... 28. 1,25,28. 1,66 Sämidi. 18,5 à 5im........ 13,5 j à 8 Lui... 28. 1,85|à 2 Ls. . . 28. 1,50/26. 1,66 d| g'à midi. 19,0 à 5 1 m. + 7,2/+13,ofà 114 s.... 28. 3,58] à 55 m. .. 28. 2,25/28. 3,00 Blioï2s. 13,2 à 1115. + 7,0|F12,8 là 54m. !. 28. 3,42|à 1118... 28. 3,08,28, 3,17 ‘J 11235. +14,6|a 2 m. + 6,8} +153, à 2 m.... 28. 5,08] à 11 Ÿ m.. 28. 2,85 /28. 5,17 Biioauls. —15,8à 3 3n + 6,8/+15,0 À à 5 m 28. 2,83| à 115... 28. 2,17|28. 2,85 fa | 15 2 Fs. 16,44 m. + 6,9|+18,8 {à 4 m 28. 1,82 à 8 s.... 28. 0,00|28. 1,17 Mliga2ss. 16,8 à 41m. + 5,8416,4}à4 5m... 27.11,25|à8%s. . . 27. 9,58/27.10,50 Hl15àaimdi. + 9,4là9 8. 2,5+ 94889 s..... 28. 0,00! à midi 27. 9,42/27. 9,42 HlaGè2s. + 7,o/à 5 Îm. + 0,6+ 6,7 À à audi. . . 28. 0,bb|à 9 s 27.11,42}28. 0,66 d'aza2hs. + g,2là 5 Im. + 2,0 + 0,2 à51m... 27. 9,66|à2}is 27. 7,92127. 8,58 HhaBlà midi. 10,08... —ioolà2is. 27. 7,35|à 9m 27. 717127. 7,25 AI 19/à midi. + g,oà 7m + 5,4 + 9,0 a midi... 27.10,17|à 7 m 27. 9,82|27. 9,82 2olà midi. + 9,5jà4lm. + 2,0o|+- 9,5} à7 5m... 27. 9,58|ä1s 27. 8,53|27. 8,42 oulà midi. — 7,9là 9 s& “+ 2,34 7,21à9s ....27.10,25| à 4 m. .. 27. 9,33|27. 9,58 Dazhois. ++ 5,glà ........... + 4,8 fà midi. .. 27.10,00|à2%s.., 27. 9,66,27.10,00 234 15s. + 4,9là 5 1m. + 1,9+ 4,9fà midi. . 28. 0,00| à 55 m.. . 27.11,42/28. 0,00 DA SC ONE COL OE + 3,6 ag ?s... 28. 0,66| à midi. . . 28. 0,00 28. 0,00 25à 216. Hi0,246m. + 2,54 9,51à 6 m...."28. 0,83|à 275... 27.11,75 28. 0,25 ÉloGla midi. Haij2là us. + 7,5 411,2 fà midi... 928. 0,25|à9 8. . .. 27.11,92/28. 0,08 {lola nndi. —i4,4là 4m. “+ 4,9 14,4 à midi. .. 27.11,66/a6s.. , 27.11,63|27.11,66 É 28là 255 —at,8là 11 5 s. + 5,2--14,0 D à midi... 27.11,75|à........,....... 27.11,75 4 29là 156. 14,64 4 m. + 5,8itofä1os.... 28. 1,35] à 4m... 28. 1,00 128. 1,25 Solà1hs. “<15,ÿla............ 15,2 {à 105... 26. 1,17|a midi. . . 28. 1,08|28. 1,08 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. . . 28. 5,58 le 9 Moindre élévauon du mercure. . .. 27. 5,16 le 2 Élévation moyenne. . . . . 27-10,37 Plus grand degré de chaleur. . . . . —+16,8 le 14 Moindre degré-de chaleur. . . . . . + 2,0 le 17 Chaleur moyenne. . . .. + 7,4 Nombre de jours beaux. . ...,..... 18 de COUVELES. Fe ete en 1-0 12 denpluie. MANN ICE 9 A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, . Germinal an 1x. SR I | D TE D ‘Sunor M ei bi bi 5 Ga OUR QD = 0 DNI DU O1 = Hyie: ES Mio. 65,0 597 57,0 55,0 53,0 Le vent a soufflé du CRE [el VENTS. S-0 fo O.5-0 0. FPE © 00 ‘ wo! A ll 22222000 0F00 un Fer ce [el 2229 rt. fort. POINTS LUNAIRES,. Prem. Quart. Apogée. Equin.descend. il Pleine Lune. Périgée. Dern. Quart. Equin. ascend. Nouv. Lune. Apogée. NO ARC DPATDSIMONMNMNS DE L'ATMHOSPHÈRE. Couvert; pluie par intervalles. Temps pluvieux et beau par intervalles. Quelq. nuag, le mat.;en grande partie couv. Vaprès-m. Broull. le mat. et nuageux par iuterv. ; superbe le soir. Ciel sans nuages, mais un peu trouble. Ciel nuageux et trouble. Temps pluvieux le matin ; couvert toute la journée. Quelq. éclaircis dans la journée; ciel légèrem. couv. En grande partie couvert ; assez beau temps le soir. Ciel vaporeux ; petits nuages par intervalles. Idem. Même temps. Brouill. dans la mat.; beaucoup de vapeurs blanchätr. Brouill. ; ciel trouble av. m.; écl. , pl.,ton.à6et8.h.s. Ciel. couv. jusqu’à 6 h. du soir; superbe toute la nuit, Brouillards et ciel sans nuages, gelée blanche. Superbe le mat.; forte gelée ; quelq. nuages dans le j. Temps couvert et brumeux. Ciel trouble ; brouill. av. midi ; nuageux le soir. Ciel trouble et nuageux; quelques nuages le soir. Couv. parint.; pl. méléede neige; averse de gresilà5h. Pluie av. le jour , vers m. et le s.; neige à 5 h. dus. Temps pluvieux; quelq. flocons de neige à 7 h. du m. Temps couvert et pluvieux. Ciel trouble et nuageux; pluie le soir vers 10 heures. Ciel trouble et nuageux. Même temps. Quelques éclaircis dans le jour; nuageux le soir. Ciel trouble et nuageux ; brouillards le matix. Quelques nuages par intervalles. RÉCAPITULATION. deventi- te 27 de felée. corspeite 3 de tonnerre. . 1 de brouillard. . .. , 7 dencre El ee de’grele-- "ct ( Ne: 0 2: titine 6 fois. FRESH MEN STE NORMES RU RRRE 2 SA DST . o DR te leu te 2 DO ee et 0 EU enr 3 ON Re eng» 5 NON TE EE, 5 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a OBSERVATIONS SUR LU ANUR ELLE M NE UT RE Par G. A. DELUCc. La bélemnite est un fossile qu’il est intéressant de bien con- noître , parce qu’il est abondant et très répandu , que sa forme est remarquable, sa structure plus remarquable encore, "il a donné lieu à plusieurs conjectures sur son origine , dont ques-unes ont été fort bisarres. ue. C'est avec quelque surprise que j'ai vu dans les Reclerches sur ce fossile, de M. Sage , (insérées dans ce Journal , cahier de brumaire dernier ) qu’il le place à côté de l’orthocératite ; qu'il le considère comme une coquille , puis comme le royaz de l’orthocéras. La bélemnite , connue des anciens naturalistes, qui lui don- nèrent ce nom, d’après sa ressemblance au fer d’une flèche, n’a rien de commun avec l’orthocératite que la forme, l’une et l’autre ayant celle d’une corne droite ; car , d’ailleurs , tout est différent entre ces deux fossiles. Ils sont originaires de la mer; c’est là leur seule communauté. L’orthocératite a été manifestement une coquille , elle en 4 retenu quelquefois des traces qui ont conservé le test naturel. Elle est cloisonnée dès sa pointe jusqu’à sa base, comme la corne d'ammon l’est depuis le centre de sa spirale jusqu’à sa bouche, et ses cloisons laissent entr’elles un intervalle, comme celles de la corne d’ammon ; et, comme elles , elles sont percées par un syphon qui communique d’une cloison à l’autre. Sontest, sans organisation comme celui des coquilles, change de nature, sui- vant les substances dont il à été pénétré , dans la couche pier- reuse ou arpileuse qui la renferme: La bélemnite , au contraire, reste toujours la. même ; sa con- texture ne change point ; elle ne varie que par quelque dififé- rence de couleur. Sa cassure transversale montre constamment une convergence de rayons de la‘ circonférence au centre ; et sa coupe longitudinale, passant par l’axe, une suite de lignes ETAD HI SUD OUR EN ANT U RIE ME! 365 serrées qui, partant de la pointe, et successivement le long de l'axe, vont aboutir, en s’écartant, à la circonférence , formant autour de l'axe, ou point central d’où elles partent, un angle de 10 à 12 degrés. Ces lignes qui représentent ainsi une suite de cornets, qui s’emboîtent les uns dans les autres, et dont la bélemnite reçoit sa forme , montrent, dans la cassure transver- sale, des cercles concentriques qui croisent les rayons ; et lorsque la bélemnite a subi quelque décomposition , ces cercles parois- sent séparés à sa base en lames très-minces ; et sur ses côtés ils présentent des tranches comme les feuillets d’un livre. Je ne connois qu’un seul cas où cette contexture s’efface en partie; c'est lorsque la bélemnite a passé à l’état siliceux, La bélemnite, dont la substance a le plus ordinairement la demi-transparence de la corne , est solide dès sa pointe jusqu'aux deux tiers de sa longueur. L'autre tiers est creusé en entonnoir ; et cette cavité contient un corps , qui la remplit exactement, composé d’une pile de petites calotes qui se touchent, et qui ne sont pas percées. Ce corps, connu sous le nom d’a/béolz, se sépare facilement de la bélemnite ; un grand nombre ne le con- tient plus , et on le trouve quelquefois séparé. La cavité est alors remplie par la matière de la couche où la bélemnite étoit renfermeée. L’alvéole ne participe point à la contexture de la bélemnite ; elle recoit l'impression des matières de la couche ; elle est pier- reuse , ou cristalline , ou pyriteuse , selon la nature des dissolu- tions qui l’ont pénétrée. La bélemnite dont il y a plusieurs espèces, comme il y en a de l’orthocératite , n’est le noyau d’aucune coquille; on ne l’a jamais trouvée dans une coquille , ni dans aucune autre enve- loppe. On en trouve au contraire plusieurs chargées à leur sur- face , de divers corps marins , tels que des huîtres et des tuyaux de vers. Comment pourroit-elle être le noyau d’une coquille ? Dans l'état de pétrification , le noyau d’une coquille est formé par la matière extraite de la couche qui la renferme , qui s’y est in- troduite et moulée ; et dans l'état vivant du coquillage , son noyau , si l’on peut employer ce terme, est l’animal lui-même auquel sa coquille sert de demeure et d’enveloppe. Certainement, ni lun ni l’autre cas n’est applicable à la bélemnite. Il n’est donc pas étonnant que celles qui se trouvent dans les carrières de craie de Meudon , citées par M. Sage, n'aient retenu aucune trace d’une coquille qui n’exista jamais. ‘ s 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La bélemnite n’est pas non plus une coquille ; car le test de ‘toute coquille est, comme je l'ai remarqué, une matière sans organisation , et la bélemnite a une structure très-régulière. Elle n’est pas non plus une pointe d'oursin , ni une dent, comme l'ont pensé quelques naturalistes , et elle n’appartient ni au règne végétal , ni au règne minéral. C'est un fossile distinct, qui est lui, et qui ne doit être classé avec aucun de ceux auxquels on VP’assimile. Il est étonnant qu’on se soit fait jusqu’à présent des idées si peu justes sur la nature et l’origine probable d’un fossile qui, étant aussi généralement répandu , est plus facile à observer. Si, d’après une légère ressemblance de forme , on mettoit sur la même ligne l’alvéole de la bélemnite avec l’orthocératite , ce seroit une étrange méprise. Celle-ci est une coquille dans son entier , et l’autre n’est que la partie d’un fossile très-différent. L’accroissement de la bélemnite ne s’est pas fait, comme celui des coquilles, par une addition successive de matières ajoutées par l'animal à une première bouche, mais très-probablement il s’est fait à la manière des os. On trouve de petites bélemnites de trois quarts de ligne de diamètre, qui ont la même forme et les mêmes proportions des plus grandes. Je crois que la bélemnite , comme la lenticulaire numismale, a été l'os d’un poisson mou, dont nous avons un rapprochement dans l'os de la sèche , qui montre, de même que ces deux fos- siles , une organisation compliquée et d’une régularité admirable. J'ai indiqué dans mon Mémoire sur les /enticulaires, inséré dans ce Journal ( cahier de ventôse an 7) les rapprochemens qui existent entre la 7zmismale et Vos de la sèche, et les carac- tères qui m'ont conduit à regarder ce fossile comme l'os d’un poisson mou dont l’espèce est détruite. Cette opinion , qui me paroît toujours plus vraisemblable, m'a conduit aussi , par analogie , à penser que la bélemnite peut avoir une même origine. Je desireroiïs , je l'avoue, de voir les divers fossiles dessinés sur l’une des planches qui accompagnent le Mémoire de M. Sage, pour juger par moi-même s’ils sont tous des bélemnites, et si.la forme de quelques-uns, plutôt que leur organisation, n’a pas déterminé la place qui leur est donnée. Le fossile, par exemple, représenté seul sur l’une des planches sous le n°. 1, avec la désignation de bélemnite en cône aigu, est une orthocératite , et non pas une Lé/emnite. Si l’on s’accoutume à réunir dans une même classification des corps ET D, HS TOIRE NATURELLE. 365 corps si différens, et même de les confondre , en ne portant pas son attention sur les caractères essentiels qui les séparent , on perdra l’avantage des classifications , en perdant de vue les ori- gines, et l’on ne s’entendra plus: sur-tout on ne se fera pas entendre des naturalistes attachés à l'exactitude , comme au seul moyen de se garantir de l'erreur. L’analogie dicte la réunion , dans une même classe , de l’or- thocératite avec la corne d’ammon , et de la bélemnite avec la zumismale , plutôt que celle de la bélemnite avec l'orthocé- ratite. Car qu'est-ce que la ressemblance des formes, si l’origine et l’organisation n’y correspondent point ? Placeroit-on le bois d’un cerf à côté d’une branche d'arbre , et la coque épineuse de la châtaigne sur la même ligne que celle de l’oursin ? La corne d’ammon est en spirale, et l’orthocératite est droite; mais l’une et l’autre se ressemblent par l’organisation. L'une et l’autre sont cloisonnées ; ces cloisons sont percées , et ont un syphon de communication. Une espèce de corne d’ammon a ses cloisons en simples segmens de sphères ; plusieurs les ont on- dulées , se terminant en ramifications contre l’intérieur de la coquille. On trouve ces mêmes caractères dans les orthocéra- tites. L’une d'elles, appelée lituite, a sa pointe contournée , ce qui la rapproche encore plus de la corne d’ammon ; et lorsque l’orthocératite. a conservé des traces de sa coquille dans leur état naturel , ces traces sont nacrées comme celles de la corne d’am- mon. La vis cloisonnée ou corne d’ammon droite , décrite par M. Denis Montfort, peut être considérée comme un intermé- diaire , qui lie l’orthocératite à la corne d’ammon. j La bélemnite a la forme d’une corne droite, et la numis- male celle d’un disque ; mais l’une et l’autre sont organisées ; leur organisation est régulière, et a même des rapprochemens. Et l’os de la sèche nous montre par son organisation , qu’il a pu exister dans l’ancienne mer, des poissons de cette classe, mous ou gélatineux, dont la bélemnite et la numismale ont été les os. Cet os de la sèche est ainsi, un rodèle , d'après lequel on peut tracer l’origine probable de plusieurs fossiles marins, dont , sans cet exemple, il seroit difficile de se faire une idée juste (1). LL © (1) M. Albert Fortis vient d'annoncer un mémoire historique et detaillé sur cette classe de fossiles, qui devra intéresser tous les naturalistes qui s'occupent de la connoïssance des fos&iles marins. Tome LII. FLORÉAL an 0. Aaa 366 * JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cet os dont on ne se lasse point d'admirer la structure, né _seroit-il pas le filtre qui extrait cette liqueur très-noire que l'animal répand pour se cacher de ses ennemis ; ou pour mieux attraper sa proie, en péchant en eau trouble ? L'appareil de cet organe est trop grand, pour qu’il n'ait pas une destination de première nécessité à la vie de l'animal. : La cavité de la bélemnite étant occupée par l’alvéole, il ne reste aucun vide , aucun orifice pour loger un animal ; et il est même incertain si toutes les espèces ont cette cavité : d’où ré- sulte que la bélemnite, comme la numismale, qui n'a pas non plus d’orifice , doit avoir été renfermée dans un animal. L’os de la sèche se trouve frésuemmnrent sur le rivage de la mer séparé du poisson , qui, étant mou, s’est dissous. Dans cet état isolé , il peut recevoir à sa surface , ces petits coquillages qui se fixent sur toutes sortes de corps; et plusieurs numis- males et bélemnites, séparées aussi de leur poisson dans l’an- cienne mer, ont de même servi d'appui aux petits coquillages de cette espèce , qui étoient leurs contemporains. Voilà une réunion de faits bien suffisante pour démontrer que la bélemnite est un corps distinct, qui n’est ni une coquille , ni le noyau d'aucune coquille , et qui ne peut pas Pêtre ; qu’il n’a point de rapport avec l'orthocératite ; que celle-ci se lie à la corne d’ammon ; et que l'origine de la bélemnite vient se lier à celle de la zzmismale. ; R'É CHE R°C'H ES SEUr TE LA PRÉPARATION DE L'ACIDE CITRIQUE, Parle professeur Prousr. Un de mes amis, don Antonio Hernandez del Valle, secré- taire du consulat de la Havane, m'écrivit (en 1795) durant le séjour qu’il fit à Cadix avant de s’embarquer, pour me demander des renseignemens sur la conservation du suc de limon, dans les voyages de long cours ; conservation , me disoit-il, à laquelle EéDPD EURSM OT RE NATURELLE 367 on n’a point encore réussi au gré des équipages. Comme ses connoïssances en chimie lui inspiroient le dessein de s’en occuper , il m'engagea à faire de mon côté quelques recherches, afin de les réunir à celles qu’il se proposoit d'entreprendre sur cet acide, lorsqu'il seroit rendu à sa destination. Ce que je vais présenter aujourd’hui n’ajoutera rien à nos connoïssances sur la nature de l’acide du limon, puisque l’infa- tigable Schéele ne nous a rien laissé à desirer. J’ai seulement eu dessein d’assujettir à des données fixes sa formule pour l’ex- traction de cet acide, et de reconnoître si les substances qui s'opposent à sa conservation sont de nature à pouvoir en être séparées par des moyens moins dépendans de l’art de nos labo- ratoires. Le suc de limon, dont j'ai fait usage, avoit été clarifié par filtration , et on le conservoit depuis une année à la cave, recou- vert d’un peu d’huile , selon l’usage des pharmacies. I. L'esprit de vin mêlé à ce suc en assez grande quantité ne le trouble pas, même après 24 heures de garde. J’en fis évaporer, à une très-douce chaleur, trois livres, à consistance de sirop, et vis, comme Schéele, que l'acide citrique n’annonçoit aucune disposition à cristalliser , même par une évaporation poussée tout près de la: consistance d’un extrait. Ce qui vient, sans doute , de ce que cet acide , très-cristallisable, n’exige cependant que fort peu d’eau pour sa cristallisation. . Le suc de limon prend, par l’évaporation, la couleur et l’odeur peu agréable de l'extrait des plantes. Redissous dans l’eau , il reproduit un suc d’une saveur qui tient encore de celle des extraits. En un mot, l’'évaporation, qui ne laisse aucunement entrevoir la possibilité d'en séparer les principes qui l’altèrent, ajoute encore l'inconvénient ordinaire à tous les extraits; leur dissolution dans l’eau ne ramène jamais les sucs à la saveur qu’ils ayoient dans les plantes. Dubuisson , dans un supplément à son 4rt du distillateur , annonce que l’évaporation du suc de limon par une chaleur douce, en fait déposer le mucilage , et le met en état de se con- server. Je n’ai rien apperçu de cela , et n’en ai point été surpris, puisque le mucilage et la matière extractive ne sont point de nature à se séparer par un semblable moyen. La dernière sur- tout n’est pas du nombre de celles qui , faisant pellicule, aban- donnent leur dissolyvant, par l’insolubilité qu’elles contractent en se caturant d'oxygène. Le suc de limon , ainsi préparé, sera Aaaz2 568 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE d’une bonne garde sans doute, mais où ? Dans nos caves, et non dans la cale d’un vaisseau qui fait voile vers la ligne équi- noxiale. On est, selon que me le marquoit don Hernandez, dans l'usage de cuire assez fortement le suc de limon avant de l’em- barquer ; mais outre l’odeur du rôti qu’il contracte, il n’en fer- mente pas moins dans les bouteilles, et les fait sauter quand les vaisseaux s’approchent de la ligne. IT. La concentration du suc de limon par la gelée, proposée par Georgius , n’est pas plus heureuse. Elle l’amène à la consis- tance d’un sirop, d’un acide plus puissant, sur-tout s’il est réduit à un huitième de son volume. Mais ce procédé n’en détruit ni le mucilage , ni l’extrait : et outre qu’il n’est pas pra- ticable dans les pays où le citronier croît, parce que ce sont des pays chauds, on sent bien que ce sirop ne soutiendra pas plus les chaleurs de la navigation que celui qui a été préparé par le feu. III. Le docteur Brugnatelli annonce que le suc de limos, délayé dans l'esprit de vin, se défait de sa partie mucilagineuse dans quelques jours Il ajoute qu'après en avoir séparé l’alkool par distillation, on obtient cet acide aussi pur que concentré. On peut bien croire, par ce procédé , que l’objet n’est point encore rempli; car nous demanderons à l’auteur : qu’est devenue la partie extractive reconnue par Schéele dans le suc de limon ? J'ai aussi voulu essayer le pouvoir décolorant de la poudre de charbon, tant prôné et tant disputé en Allemagne ; sur un suc de limon assez coloré ; mais je n’ai rien apperçu de vrai dans ce procédé. Il suit de cette revue, qu’à l'exception de la formule de Schéele , on n’a point encore trouvé le moyen de séparer le mucilage et la substance extractive du limon , et qu’il faudra s’en tenir à elle, tant qu’on ne découvrira rien de plus simple. 1V. Le suc de limon évaporé à consistance de sirop, et délayé dans sept à huit fois son volume d’esprit de vin, se trouble et dépose une matière légèrement rembrunie, poisseuse, et qui se dissout complettement dans l’eau. C’est un pur mucilage. Ce mélange spiritueux, distillé dans une retorte, laisse le suc au même degré de consistance et avec la même ceuleur ; et quoi- qu’il ait perdu le mucilage , on ne peut point encore le rendre cristallisable par la concentration, parce que sa matière extractive EPP D A STE OO TIRVEN IN AITOU RE LVL EE: 369 soluble dans l’eau lui reste. Le suc dont on a usé dans ces expé- riences donnoit entre 5 et 6 degrés au pèse-liqueur de Beaumé. Desséché autant qu’il est possible sans l’altérer, il rendit 46 grains de matière sèche par once. V. On a fait chauffer, dans une bassine d'argent, 4 onces de craie blanche avec une livre d’eau. On l’a ensuite saturée , en versant successivement du suc de citron aussi longtemps qu’il y a eu effervescence. Ce point obtenu, on a surajouté environ une once de suc, afin d’être certain que la terre en étoit com- plettement saturée. Il en a fallu 94 onces pour ce procédé. LÉ mélange refroidi, on a décanté le liquide de dessus Je citrate qui occupoit le fond de la bassine. Il a été lavé ensuite trois ou quatre fois avec de l’eau froide, afin d’en séparer tont reste de matière extractive, et l’on a retiré, par ce moyen, 7 onces demi-gros de citrate calcaire blanc, pulvérulent et léger. Le liquide séparé du citrate , joint aux eaux de lavage, a été évaporé jusqu’à un certain point; ce qui a mis à même d’en _retirer encore 3 gros et demi. Le produit de citrate a été par conséquent de 7 onces 4 gros; eten y ajoutant un demi-gros , que j'estime être resté dans l'extrait des liquides évapores, on a obtenu un total de 60 gros et demi de ce sel citrique! VI. Comme l’acide citrique , en s’unissant à la craie, expulse l'acide carbonique , il s’agit maintenant de savoir à combien se monte ce dernier , pour connoître la quantité d'acide citrique qui le remplace. Analyse de cette craie. Cent parties converties en chaux par la calcination se sont réduites à 56 et demie. La perte d’acide et d’eau est donc de 43 et demi pour cent. Cent parties de la même craie, dissoutes par l'acide nitrique, n’ont perdu qu'entre 40 et 41 d’acide car- bonique. Il y a donc eñviron 3 pour cent d’eau dans cette terre. L’acide nitrique en a séparé de plus trois d’argile , legèrement ferrugimeuse. Le quintal de craie peut donc fournir le tableau suivant: * ATPTIEN np de SAINS ES AS AUD 5 DANS MR on AU Pr |A es 3 Acide carbonique ...... 40: Chaux PE. ts ne tr NE 37 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Alors on a dans 4 onces, ou 32 gros de craie, les quantités suivantes, à de très-petites fractions près. Aroile ATP sonne 1 as ARE ER RUE A See la Acide carbonique :...... 12 À Change AIT rue Lotals.:4..t4.: -82'dragnies: Ilest clair maintenant que la base terreuse fournie à 60 et demi de citrate par 32 gros de craïe, sera de 17 gros unquart de chaux, ou de 18 un quart en y comprenant l'argile. 11 l’est également que l'acide citrique, qui a pris la place des 12 gros 5 quarts d’acide carbonique , se monte à 41 gros un quart. Si on ajoute à ces 58 gros et demi de citrate pur 2 gros d’eau et d'argile, on aura les 60 gros et demi de produit total. D'après ces rapports on trouve, par le calcul, qu’il doit y avoir 30 deux tiers de chaux, mêlée d’un peu d'argile, dans un quintal de citrate : mais ayant calciné cent parties de ce citrate, il a laissé 31 et demi de chaux, rapport très-approché du pre- mier ; et si l’on déduit environ un et demi d'argile de cette chaux, on aura, dans le quintal de citrate, Chaux: berne 39 1 Acide citrique, ...... 7o AGE Mais la quantité d’acide réel sera moindre de toute l’eau avec laquelle il peut être uni dans le citrate; ce que je n’ai point cherché à vérifier. Le citrate de craie est, comme l’a remarqué Schéele , très- peu soluble dans l’eau, et cette solution n’a pas de saveur mar- quée. L'esprit de vin ne la trouble point, elle n’altère pas le tournesol, la solution de sulfate de potasse non plus. L’acide fluorique , le phosphorique, et le boracique n’y font pas d’im- pression ; mais l’oxalate de potasse et l’acide oxalique en pré- cipitent la chaux. La lessive extractive contient, outre du mucilage et de l’ex- trait, du malate calcaire, que l’esprit de vin en précipite sur-le- champ , si elle a été rapprochée par l’évaporation. L’extrait de cette lessive a la couleur, l’odeur ët la sayeur ordinaires aux ex- traits de plantes. S’il n'a été rapproché qu’à consistance de sirop, il se couvre de moïsissures assez promptement. Le suc de limon ne change pas de couleur par quelques gouttes ETUDE IIS IIONMNRCENN AT U AR ELL TE 371 de nitrate de fer , parce que l’excès des acides redissout le gallate, ou la combinaison du fer a l’astringent; mait si on Ôte cet excès par la potasse, la couleur vineuse s'annonce , mais foible. Ce qui démontre que l’astringent y est en petite quantité. Le citrate calcaire, gardé sous l’eau, au soleil durant les cha- leurs de l’eté, se pourrit ; l’eau se couvre de croûtes pierreuses, qui sont du carbonate de chaux. Semblable aux autres acides végétaux , le citrique se détruit par la putréfaction. Sa partie charbonneuse, réunie à l’oxygène de l’eau décomposée et transformée en acide, reproduit la craie. Cette putréfaction lâche continuellement des builes, qui ne peuvent être que de l'hydrogène charbonneux. VII. Décomposition du citrate calcaire par l’acide sulfurique. Pour déloger cornplettement l’acide carbonique de 4 onces de craie, il a fallu y employer 20 onces d’un acide sulfurique aqueux , donnant 19 degrés au pèse-liqueur de Beaumé. Cet acide se fait en mêlant trois parties d’eau à une d’huile de vitriol du commerce ; si l'huile n’est pas bien concentrée, on diminue l’eau , et par un léger tâtonnement, on amène l’acide aqueux au point indiqué. Pour séparer l'acide citrique uni à la base des 4 onces de craie, il est encore évident que la quantité d’acide sulfurique ci-dessus doit suffire. Cette quantité revient par conséquent à cinq fois le poids du citrate, ou à 500 pour 100 de ce sel terreux. J’ai fait chauffer à l’ébullition 6 onces de citrate avec 2 livres d’eau, et y ai ajouté 30 onces de mon acide sulfurique à 19 degrés. Après un demi-quart-d’heure d’ébullition, et en prenant soin d’agiter le mélange avec une spatule, tout le citrate s’est trouvé changé en sulfate calcaire. Le mélange passé au papier gris, a été mis à évaporer , il s’est déposé du sulfate, et il a fallu jusqu'à 4 évaporations et filtrations consécutives pour le débarrasser totalement de ses dépôts terreux. On peut abréger la séparation de ce sulfate , en mêlant la liqueur évaporée à consistance de sirop clair , avec nne certaine quantité d’esprit de vin. C’est même le procédé qu’il convient de suivre, toutes les fois que ne se proposant pas d'extraire une très-prande quantité d’acide citrique , on desire l'avoir aussi pur qu'il est possible. La consistance de sirop clair n’est pas encore le point où 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'acide citrique puisse cristalliser ; il faut la porter à celle de sirop cuit , et cela, parce que cet acide prend fort peu d’eau dans ses cristaux. Par deux cristallisations, j'obtins 3 onces et demie ou 28 gros de cristaux assez volumineux. Les 2 gros qui manquoient pour completter les 30 que , selon la proportion établie ci-dessus, doivent rendre les 6 onces de citrate, res- tèrent dans l’eau mère. Mais, comme il ne m'a pas paru qu’il pût y avoir plus de demi-gros dans ce résidu , il est clair que l'acide citrique sera, comme je l’ai indiqué plus haut, de 2 à 3 au-dessous de 70 pour 100. VIII. Quoique le citrate soit blanc et bien lavé, il ne laisse pas que d’avoir fixé un peu de matière extractive, dont la couleur se retrouve, après sa décomposition, dans les liqueurs; Il arrive de là qu’il est difficile d’obtenir les cristaux blancs, À moins de deux nouvelles cristallisations au moins. Le citrate calcaire se comporte en cela comme d’autres terres et sels ter- reux , qui s’attachent et se fixent facilement à des parties colo- rantes. Le citrate qu’on peut séparer du suc de verjus par la craie, a sur-tout cet inconvénient. Si on ne le sépare pas sur- le-champ de la liqueur, il prend une couleur violacée que les lavages répétés ne peuvent lui enlever. L Une once du suc de limon employé dans les expérienges sui- vantes, évaporé au soleil , a laissé 48 grains de résidu sec. Mais l'acide citrique ayant été trouvé de 34, l'extrait, la gomme, et un peu d’acide malique forment ensemble 14 grains. Ces 48 grains de divers principes sont donc délayés dans 5 onces, 7 gros, 24 grains d’eau; c’est-à-dire qu’ils font un quatre-vingt- quatorzième du suc de limon, - PX & S S N Fucus carti lagineus . 4 jIONNNN D DU E 5 surot des lam Lycop. alopecurot … Pr Foreal. an 9: He ; : . l Te TE IE 6 ww: 7240) z D ‘y «AK © PCA mc es is") 17" ee ; s Y mu TR Hu Wu ln À Lo Me AN ; Al af \ Û PUR ON FAIR ON Li ù | HT Tor NT f | 1 NT ? { fi ral M \ y j " (} 2 VTT n h) ï DEN APR LL ' TAN OOT pi t (Ur Fa POLE l DETTE an ù os È DIS A nl n hi d } J 1] A AO NCAA TR” E QE Ü TS l 7 È DAT k7 vi « ni € DR OUT SDENT L'AI An 1 ue 1 1! 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