= SERRES SRB RES RSS PTE : 5 - HE È = ER 2e = LP FRISS SES NET L £ Ï | | : | J DL EN L Û LE “ LOS | ATAQIS : " ‘h 14 il à ET ne na Al 1% [RL ru LENS AN | | LP al ir f | ) 1 f [l HET à \ MUCN FOON! 4 l a e [OS Î Û nl L JU y LS ETS | CA n V0 ’ DR L'RTANON : ñ ) À to f ST EL n ) nt ‘(y Der | | ni AR k AT or Rae JOURNAL D E PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE ET DES ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-Cz. DELAMÉTHERIE, NIVOSE AM % TOME LIV. APARTSS Chez J.-J. FU CHS, Libraire, rue des Mathurins, n°. 334. AN X DE LA RÉPUBLIQUE ( 1002 v. sé. ) SR JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. NIV OSE. s\ 10. DISCOURS PRÉLIMINAIRE; Par J.-C. DEtAMÉTEHERTE. MAL HE M AN TII ONU"E S. 12e grandes tables logarithmiques et trigonométriques des si- nus, tangentes , ... en supposant la division décimale du cercle, calculées au bureau du cadastre, sous la direction de Prony, sont terminées. On en a formé deux exemplaires manuscrits, composés de dix-sept volumes, grand in-folio , comprenant : 1°. Une introduction où se trouve l’exposition des formules analytiques , l’usage des tables trigonométriques , et un grand nombre de tables particulières et auxiliaires. 2°, Les sinus naturels pour chaque 1o000m€, du quart du cercle calculés à 25 décimales , avec sept ou huit colonnes de diffé- rence, pour être publiées ayec 22 décimales, et cinq colonnes de différence. 3°. Les logarithmes des sinus pour chaque 100000"€. du quart du cercle , caiculés à 14 décimales , avec cinq colonnes -de différence. | 4°. Les logarithmes des rapports des sinus aux arcs pour les 5ooo premiers 100000". du quart du cercle , calculés à +4 décimales , et trois colonnes de différence. 50. Les logarithmes des tangentes correspondans aux loga- rithmes des sinus. 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 6, Les logarithmes des rapports des tangentes aux arcs, calculés comime ceux du 4°. article. 7°. Les logarithmes des nombres de 1 à 100000, calculés à 19 décimales. 3 . ñ 1/.° 80. Les logarithmes de roo0co à 200000 , calculés à 24 déci- males, avec cinq colonnes de différence, pour être publiés avec 12 décimales, et trois colonnes de différence. Il seroit À souhaiter qu’on put imprimer ce beau travail. ASTRONOMIE Piazzi, célèbre astronome de Palerme , apperçut au commen- cement de l’année , un astre de huitième grandeur, Il en stivit la marche pendant plusieurs jours ; et réunit un assez grand nom- bre d'observations pour en calculer l'orbite. Le résultat de ses calculs lui prouva que c’étoit une planète placée entre l'orbite de Mars et celle de Jupiter. Sa révolution est d’environ quatre années: Sa distance au soleil seroit environ trois fois plus grande que celle de la terre à cet astre , c’est-à-dire , d'environ 100 millions de lieues. Bode, en examinant les différentes distances des planètes au soleil, avoit remarqué qu’il se trouvoit une espèce de vide entre Marset Jupiter. La distance moyenne de Mars au soleil est de 52,309000 de lieues, celle de Jupiter est de 178,500008 de lieues. D'où il concluoit qu’il devoit y avoir une planète intermédiaire. Il appelle la nouvelle planète Junon ou /Zera. Piazzi l’a appelée Cérès Ferdinancea ; il lui a donné le nom de Cérès parce qu’il l’a découverte en Sicile , qui étoit consacrée à Cérès. Ferdinancea, du nom de Ferdinand , roi régnant en Sicile. Mais pourquoi ne lui donneroït-on pas le nom de Piazzi comme ou a donné le nom de Zerschel à celle découverte par ce dernier astronome ? Cette planète n’a.encore été vue par aucun astronome. Ainsi, quelque confiance qu’on doive avoir aux observations de Piazzi , il faut attendre les travaux des autres observateurs ; car le nou- vel astre doit reparoître dans ce moment. 922. Comète. — Elle a été vue le 23 messidor de Pan neuf , (12 juillet 180 ) , à Marseille, par Pons, attaché à cet observatoire. ÉT/DHISTOITIRE NATURELLE. 7 Le lendemain Messier, Méchain , et Bouvard l’apperçurent prec- que au même instant, vers les onze heures du soir. Son orbite a été calculée par Méchain. Mais tous ces calculs des orbites de comètes , qu’on avoit cru aussi certains que ceux des orbites de planètes , se sont trouvés erronnés. Il n’y a que la comète de 1680 qu’on attendoit en 1757, etqui est revenue un peu plus tard à la vérité én 1780. - Mais la comète de 1532 et 1661 qu'on attendoit pour 1789 ou 1790 n’a pas reparu aux époques où on l’attendoit. Faudroit-il donc , ajoute Lalande, dans le dix-neuvièmne siècle abandonner la belle théorie qu’avoit proposé Newton sur les co- mètes, en les regardant comme des planètes circulant autour du soleil dans des ellipses très - allongees ? et dire qu’elles errent dans l’espace ? Attendons de nouvelles observations. La mesure d’un degré du méridien , faite en Laponie, par Maupertuis , Clairaut, Camus , le Monnier , et les autres astro- nomes fançais, ne s'accorde point avec celle des autres degrés de la terre, faite en différens pays. L’astronome suédois Melander- Hielm a formé le projet de mesurer de nouveau ce degré. Comme il est très-âgé , il fera faire l’opération par ses élèves. On lui en- verra de Paris des instrumens construits par Lenoir. Duc-la-Chapelle a déterminé la hauteur solstitiale du soleil, et l’obliquité de l’écliptique. Il l’a trouye de 25° 28/ g// pour l’obhquité apparente. Delambre l’a trouvée à Paris de 230 28/ 8/! 2. Méchain et le Français l'ont trouvée de 23° 28/ 6/7. Delambre, en réunissant ses observations de troïs années trouve l’obliquité moyenne 23° 27/ 58//, Les observations de Bradley, Mayer , Lacaille, et Legentil “donnoïent pour 1750 l’obliquité moyenne de 239 28/ 18/7. Il en résulteroit que la diminution séculaire de l’obliquité ne seroit que de 40/ par siècle , au lieu qu’on la supposoit ordi- naiïrement de 5o/!. Herschel a fait un grand travail sur lanature dusolei!. Ilen aexa- miné les taches avec soin, 11 les a vues toujours dans lesmêmes er- droits. D’où il a conclu que le corps du soleil est opaque comme celui des planètes, et point incandescent. Il pense que l’atmos- phère solaire est phosphorescente , et que cette phosphorescence constitue l’état lumineux de cet astre. Ses taches sont le corps même du soleil, qu'on apperçoit quelquefois au travers de son atmosphère. Mais ilsuppose qu’il émane du corps du soleil un fluide élastique qui, par son expansion , se fait jour à trayers ? 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'atmosphère solaire , et laisse appercevoir cet astre. Ce fluide ; dit. il, est nécessaire pour entretenir la phosphorescence de cette atmosphère. On peut réduire les opinions des physiciens sur la nature du soleil , et par conséquent sur celle des étoiles, à quatre prin- cipales. 1°. Les uns le regardent comme un corps enflammé, telle seroit, par exemple, une masse pyriteuse. Les taches, dans cette hypothèse, sont, ou des matières fuli- He qui nagent dans cet océan de matières enflammées, ou des parties du corps du soleil, qui ne sont point de nature à brüler. 2°. Dans une seconde opinion, on dit que le corps du soleil n’est point en ignition, mais qu’il est couvert d’un fluide im- mense incandescent , ou en état d’ignition. Les taches , dont une partie se voit toujours dans les mêmes endroits , sont des portions plus élevées , des espèces de monta- gnes , qui né sont pas couvertes par le fluide lumineux. 3°. La troisième opinion suppose que le soleil n’est point incandescent, qu’il a des mers immenses , comme les planètes, et que ses mers sont phosphoriques , comme le sont quelque- lois les eaux de nos mers. 4. Enfin , la quatrième opinion seroïit celle qui suppose que c’est l’atmosphère solaire qui est phosphorescente. J'avois dit (dans mes Principes de la Philosophie naturelle , tome 11 }, que les soleils n’étoient point dans un état d’ignition, et que leur lumière pouvoit venir ou de leurs mers qui se- roient phosphorescentes , comme le sont quelquefois les eaux de nos mers, ou de leurs atmosphères qui seroient phospho- rescentes , comme l’est notre atmosphère dans les aurores bo- réales , ou comme l’est la lumière zodiacale. Voici une partie des raisons sur lesquelles je me fondois. A. Si le corps du soleil étoit dans un état d’ignition, il faudroit une quantité immense d’air vital pour entretenir ce feu, et bientôt tout l'air vital de l’atmosphère solaire seroit ab- sorbé. B. Le corps du soleil diminueroit journellement. C. La lumière solaire la plus pure, telle qu’elle arrive sur les hautes montagnes, est sans chaleur. On sent que sur tous ces objets, nous n'avons à présenter que des analogies très-éloignées. Lalande , dans son istoire céleste, dit qu'il y a dans le ciel beaucoup ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘9 beaucoup d'espaces vides. Il appelle ainsi des endroits où on n’appercçoit pas d’étoiles au - dessous de celles de la neuvième grandeur. Car , ajoute-t-il , avec un télescope il n’est pas d’es- -pace où on-ne puisse appercevoir un grand nombre d'étoiles , ‘mais au-dessous de la neuvième grandeur, et par conséquent trop foibles pour être d’aucun usage en astronomie. 1l donne le catalogue de tous ces espaces vides, et sa table renferme l’ascension et la déclinaison du milieu de chacun de ces espaces. Il donne une seconde table des étoiles changeantes. Elles sont au nombre de trente-une ; on connoît la période de deuze, mais il y en a plusieurs autres qui diminuent jusqu’à disparoître par intervalle. Une troisième table offre trente-trois étoiles d'une couleur rouge. En 1756 , on avoit remarqué cette teinte dans la dix- neuvième du poisson qu’il appelle rzbicunda. Michell et Bailli soupeonnent que les couleurs des étoiles peuvent tenir ou à la différente densité de leur feu , ou au degré de leur inflamma- tion , et que la couleur rouge indique un feu qui va en diminuant. Ptolémée avoit déja appercu différentes nuances entre les étoiles nommées antares , arcturus , aldebaran , sirius et la lyre. Newton constata par l'observation , et par le calcul , que tous les corps célestes exerçoient les uns sur les autres une action qui étoit en raison de leur masse , et de l'inverse du quarré de leurs distances. Il en fit une loi géométrique qu’il appella arfraction, sans en rechercher la cause. C’est d’après cette loi qu’il calcula tous les mouvemens des corps célestes. Les Bernouilli, les Euler, les Lagrange, etc., ont suivi la même marche, et ont perfec- tionné le travail de Newton. Les séomêtres sont accoutumés à faire de ces hypothèses mathé- matiques. Ainsi, ils supposent la ligne sans épaisseur , la sur- face sans profondeur , ce qui physiquement n’est pas exact. Mais le physicien va plus loin. 11 cherche à découvrir les causes physiques des divers phénomènes. On doit donc éga- lement rechercher la cause physique de la gravitation universelle. Je l’ai attribuée à un Wuide gravifique, dont l’action est en raison des masses, et de l'inverse du quarré des distances , comme celles du fluide électrique et du fluide magnétique. Si tous les corps célestes avoient une vertu magnétique aussi forte que celle de la terre, on pourroit supposer que Île fluide gravifique a beaucoup d’analogie avec le fluide magnétique. DR DA NINOSE An ro, 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE LA MÉCANIQUE. Mongolfier a perfectionné son bélier hydraulique. Au moyen d’une soupape placée dans le tuyau ascendant, il peut élever l’eau à une hauteur indéfinie. Il a construit un petit appareil dans lequel l’eau s’eélève à plus de cent pieds, et il démontre par le calcul, qu’elle pourroïit s’y élever à plus de quatorze cents pieds. C’est par le moyen d’un tuyau vide dans lequel le mer- cure est refoulé avec une force qui est telle qu’elle élèveroit l’eau à quatorze cents pieds. Solage et Bossut ont proposé de construire des écluses à sas mobile pour éviter une trop grande consommation d’eau. A l'extrémité du canal inférieur , ils construisent un mur vertical qui s'élève jusqu’au canal supérieur. Au pied de ce mur ils creusent une fosse circulaire destinée à contenir un flotteur mobile dans lequel on fait entrer le bateau. Avec un petit volume d’eau on fait monter ou descendre le sas, et par con- séquent le bateau. Si on n’ayoit point d’eau à dépenser , on pourroit employer des crics. DRE MR AMSEQURNTMENENENE Hulme a communiqué à la Société royale de Londre$, des ex- ériences curieuses sur la lumière que fournissent spontanément plusieurs substances. « Les découvertes, dit-il, qui ont été faites sur la lumière, en tant qu’elle vient du soleil, sont nombreuses-et importantes ; mais les observations sur l’espèce de lumière qui s'échappe spontanément de divers corps, sont non-seulement en petit nombre, mais en général très-imparfaites.. .» Il distingue cette lumière spontanée , de celle que donnent les phosphores arti- ficiels, les phénomènes électriques. ÿ Les substances qui fournissent cette lumière spontanée sont : 10. Certains animaux marins , soit vivans , soit morts, tels sont le pholade, la méduse phosphorescénte. 20. Tous les poissons de mer , lorsqu'ils sont morts, four- nissent abondamment de cette lumière. 30. La chair de quelques quadrupèdes en donne ‘aussi, sui- vant les observations de plusieurs physiciens. 4°. Plusieurs insectes sont éminemment lumineux, sur-tout ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11°: plusieurs porté lanterne , le lampyris ou ver luisant, le scolo- perdra electrica, le cancer ou crabe ÿzlgens. 50. Le bois pourri est très -phosphorescent , ainsi que cer- taines tourbes! L'auteur à fait un grand nombre d'expériences sur ces phé- nomèrnes. Il'opéroit dans une cave obscure dont la temp:rä- ture varioit de 4° à 14° de Réaumur. 11 exposa , le matin, dans sa cave , ou laboratoire, des ha- rengs frais suspendus par un fil. Dès le soir ils devinrent lu- mineux. On pouvoit ramasser cette matière lumineuse. La lumière. diminua , et disparut enfin à mesure que la putréfac- tion fit des progrès: Cette matière lum tenue facilement. L'auteur prit demi-once de chair de hareng qu'il mit dans une fiole , contenant deux onces d’eau et deux dragmes de sel d’epsom ( sulfate de magnésie). Le lendemain au soir il apperçut un anneau lumineux , flottant au haut de la fiole. Il agita ;la fiole dont l’eau devint toute lumineuse. La fiole étant reposée quelques heures , l'anneau reparut , mais moins vif: Enfin, la putréfaction le fit disparoître. Plusieurs expériences analogues ont fait conclure à l’auteur que la substance lumineuse est incorporée dans toute la subs- tance des poissons de mér: Les tétards ont présenté les mêmes hénomènes. i - 15 ineuse ou lucifique peut être extraite et re- Cette lumière spontanée’est éteinte par quelques -corps lors- qe lui sont appliqués. Tels sont 1°. L’eau pure. 2°. L'eau e chaux. 3°. L’eau imprégnée de gaz acide carbonique. 4°. L'eau imprégnée de gaz hépatique. 5°. Les liqueurs fermentées, les acides, les alkalis. Cette lumière est au contraire conservée par d’autres corps: La lumière du maquereau , celle du hareng furent bien con- seryées dans deux onces d’eau , tenant en dissolution deux dragmes de sel commun. R Deux dragmes de miel commun non clarifié , dissoutes dans deux onces d’eau , conservèrent très-bien la lumière de la chair de maquereau. Tel corps , dont une grande quantité éteint cette lumière, la fait paroître très-brillänte , s’il se trouve en moindre quan- tité. Ainsi, unesolution de sept dragmes de sel d’epsom dans une once d’eau , éteignit absolument la lumière tirée d’un ma- B2 1, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE, CHIMIE quereau. On ajouta six onces d’eau de: source froide , la lumière devint aussitôt très-vive et dura 48 heures. Le mouvement augmente cette phosphorescence, car lorsque la liqueur cesse d’être phosphorescente , en l’agitant ou y pas- sant le doigt , on lui rend sa phosphorescence. Il fit ensuite des expériences pour connoître les'effets que le froid produiroit sur ces phénomènes. Dans un mélange très- froid de sel et d’eau , il plaça des petits bocaux contenant des chairs de poissons très-lumineuses. Dans une heure et demie la lumière s’éteignit : mais en faisant dégeler l’eau , la lumière reparut. La grande chaleur produit le même effet que le froid. Un hareng très-lumineux , mis dans l’eau bouillante, perdit toute sa Jumière. Un long tube plein d’eau lumineuse , ramassée en haut et plongé par l'extrémité inférieure dans l’eau bouillante , on voit la matière lumineuse descendre à mesure que l’eau infé- rieure échauffée monte, et chasse en bas l’eau supérieure qui n’est pas échauffée. Enfin, lorsque toute l’eau est échauf- fée , la lumière s’éteint entièrement. Ces expériences peuvent jeter un grand jour sur la phospho- rescence qu’acquièrent les eaux de la mer en certaines circons- tances. Elles peuvent encore faire concevoir comment les eaux des mers des soleils pourroient être toutes lumineuses comme nous l'avons dit. Rochon a fait un grand travail sur les verres achromatiques adaptés à la mesure des angles, et sur les avantages que l'on peut retirer de la double réfraction de certains corps pour la mesure précise des petits angles. La découverte des verres achromatiques remonte jusqu’en 1733, qu’elle fut faite par Chester-More-Hall , anglais. Euler calcula les aberrations de réfrangibilité par l'emploi de matières différemment réfringentes, D'après ces calculs, Maupertuis fit construire, à Paris, un ob- jectif composé de verre et d’eau, mais il ne réussit pas, et ne devoit pas réussir. Dollond emploiïa pour ses verres achromatiques deux espèces de verres de différentes densités, le crown-glass, ou verre commun, et le flint-plass, dans lequel entre la chaux de plomb, lequel a par conséquent plus de densité. Grateloup a depuis composé des lunettes achromatiques , em ET; D'HI,S T OIR EN À TUIR ELLE. 13 faisant des lunettes creuses, et les remplissant d’une résine très- transparente , connue sous le nom de mastic , employée par les jouailliers pour coller ensemble les pierres précieuses. Depuis ce tems, Rochon a substitué au mastic, l’huile de té- rébenthine. Blair a essayé, pour le même objet, plusieurs dissolutions métalliques; celle d’antimoine par l’acide muriatique lui a bien réussi. Les géomètres ont cherché à connoître et à calculer les divers degrés de réfrangibilité de plusieurs substances; ils en ont cons- truit des instrumens propres à mesurer des angles très-petits. Rochon a employé le cristal de roche. Beccaria avoit observé que cette substance avoit la double réfraction lorsque le rayon de lumière la traverse dans un plan perpendiculaire à l’axe ; 2°. que la double réfraction n’a pas lieu, si le rayon de lumière traverse le cristal dans un sens parallèle à son axe. Il a construit en conséquence deux prismes de cristal de roche , dent l’un a la double réfraction , et l’autre ne l’a pas : par leur moyen , il mesure les angles que font entr'eux deux objets éloignés , et il en estime la distance par les moyens connus en trigonométrie. Il suffit de mesurer une base. A cet effet, il prend l’angle de l’objet à une certaine distance. Ensuite il s’en ap- provse , ou s’en éloigne , en mesurant l’espace qu’il a parcouru, equel lui sert de base. Il prend de nouveau les angles, et par un calcul simple , il connoît 1°. la distance cherchée ; 2°. le volume du corps. Il a fait ensuite une application ingénieuse de sa méthode pour la marine. On connoît la hauteur des mâts des différens vaisseaux. Celle du grand mât d’un vaisseau de 100 canons est de 38 mètres , celle du grand mât d’un vaisseau de 74 est de 36 mètres. De cette hauteur réelle , l’observateur qui les apper- çoit de loin et quien prend les angles en déduira facilement la distance. Brugnatelli a fait voir que l'air inflammable enflammé qui passe à travers des tubes très-minces , et d’un très - petit dia- mètre rendoit des sons dans certaines circonstances. Il met dans un flacon de la limaille de fer , sur laquelle il verse de l'acide sulfurique. L’air inflammable qui se dégage passe à tra- vers un tube de verre tiré à la lampe de l’émailleur. 11 enflamme cet air, et l’introduit dans un. tube de verre , ou de terre, ou de métal. Si l’ouverture de ce tube est assez petite , il rend des sons très-purs. Si elle est trop petite, le: jet enflammé s’é- 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE teint. Si elle est trop grande, le son diminue et cesse entiè- rement. DUC: ALIO RU QUE. Nos connoiïssances sur le calorique sont si peu avancées, que plusieurs physiciens célèbres soutiennent encore l’opinion de Roger Bacon , et disent qu'il n'existe point de calorique. La chaleur , suivant eux , est seulement le produit d’un mou- vement impriiné aux molécules des corps. Cependant l'opinion contraire est aujourd’hui plus généralement admise. On a publié cette année plusieurs ouvrages sur cette matière. Herschel prétend que le calorique rayonne du soleil , comme la lumière, et qu'il se ment avec une vitesse égale à la sienne, c’est-à-dire, qu'il parcourt 200000 mille anglais , où 67000 lieues par seconde. Socquet a fait un beau travail sur le calorique. Labarraque en a donné l'extrait. Il distingue : 1°. Le calorique de composition , ou celui qui devient partie essentielle d’un corps, et qui n’en peut être séparé qu’en le dé- naturant. 2°, Le calorique de température , retenu sur les corps par des forces comprimantes. 30. Le calorique de capacité, qui , comme nous avons dit , est soumis à une force d'adhésion, qui peut être infiniment aug- mentée par les forces des pressions : mais ces pressions diminuant, ce calorique peut devenir calorique de température , e£ vice vers. Il expose les différentes propriétés du calorique, considéré dans ces trois états. Il examine ensuite si les liquides ne sont point conducteurs du calorique, ainsi que l’a avancé Rumford. Diverses expé- riences lui ont prouvé que les liquides et les vapeurs aqueuses sont peu conducteurs du calorique, mais qu'ils possèdent cette propriete. Thomas-Thomson , professeur à Edimbourg , a fait de nou- veltes expériences pour savoir si les fluides sont conducteurs du calorique. [lui a paru qu'ils le sont réellement , mais pas autant que les solides. D'É' TD'RND PCT ET CIE. Brugnatelli a fait diverses expériences sur le fluide électrique, E; T2D° HI S'TO;1 RE; N ATU R EL LIE. 15 qui lui ont fait dire qu’il falloit le placer au rang des acides ; ce fluide, dit-il, rougit la teinture de tournesol, laquelle re- passe au bleu , à mesure qu’il se dissipe. 11 pénètre les métaux, les oxide, et en dégage du gaz hydrogène. Enfin, il a toutes les propriétés des acides. C'est pourquoi il l’appelle acide élec- trique , ou oxi-électrique ; et électrates les sels formés avec cet acide, s Il a fait un grand nombre d’expériences sur les métaux, avec l'appareil que Volta appelle sa couronne à tasses. 17e, expérience. Electrate d’or. I\ établit la communication des tasses , avec des fils d’or, et des fils d’argent. Au bout de trois jours, le fil d'or étoit parsemé de petits points brillans et trans- parens. 2°, expérience. Ælectrate d'argent. Des fils d'argent dans la même expérience , furent couverts de petits cristaux prismati- ques , terminés par des pyramides hexaëdres , réfléchissant for- tement la lumière , et d’un blanc transparent. Ils n’avoient point de saveur , ne se dissolvoient point dans l’eau. 3°. expérience, E/ectrate d’étain. L'étain employé dans ces ex- périences cristallise de même. 4°. expérience. Ælectrate de cuivre et de fer. L'auteur , en se servant de cuivre jaune et d’acier, obtint des cristaux qui étoient cubiques. Ils étoient transparens , et se dissolvoient avec effervescence dans les acides. Cet électrate de cuivre est d’une belle couleur verte transpa- rente. L'électrate de fer est d’un rouge jaune opaque. 5°. L’électrate de zinc est opaque , et d’une couleur grise foncée. L’acide électrique, suivant l’auteur, ne se décompose pas pour oxider les métaux, mais il détermine leur oxidation aux dépens de l’eau décomposée. DU GA LV A N:1S M E. Les expériences sur le galvanisme se multiplient et occupent la plus grande partie des physiciens. On peut rapporter les opinions principales sur les causes des phénomènes galvaniques , à trois: 19. Galvant, Pauteur de la découverte , croyoit qu’ils étoient _produits par le fluide électrique, mis en mouvement par les forces de l’économie animale. 2°, Un grand nombre de physiciens, tels que Humboldt , 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE croient que ces phénomènes sont produits par un fluide particulier et différent du fluide électrique. Humboldt ajoutoit que ce fluide étoit mis en mouvement par les forces de l’économie animale. 30. De troisièmes physiciens pensent que le fluide électrique commun produit tous les phénomènes galvaniques. C’est l'opinion de Volta , qui est devenue aujourd’hui presque générale. Il a eu la complaisance de répéter ses expériences , chez- moi, en pré- sence de Pictet et d’autres personnes. Elles sont contenues dans une lettre qu’il m'a fait l'honneur de m'adresser , et que j’ai in- sérée dans ce Journal. Je vais en extraire les choses les plus concluantes. « Le prétendu agent , ou #zide galvanique , dit-il ;, n’est au- tre chose que le fluide électrique commun : et ce fluide est in- cité et mu par le simple contact mutuel de condensateurs diffé- rens , sur-tout s’ils sont métalliques. » Il opère avec deux espèces d’appareils. L'un , qu'il appelle appareil à colonnes , et qui est connu aujourd’hui sous le nom de pile de Volta : Et l’autre, qu'il appelle la coyronne à tasses. L'appareil à colonnes , ou sa pile, est composé de plaques mé- talliques de différente nature , superposées les unes sur les au- tres. Il place ordinairement argent ou cuivre, zinc et substance humide , soit du papier, soit du drap mouillé, et il recommence argent ou cuivre, zinc et papier humide. Il superpose ainsi vingt, trente, quarante , cent, deux cents plaques. Ces plaques sont plus ou moins étendues, La couronne à tasses est composée de plusieurs verres ou tasses de porcelaine , qu’on remplit d’eau commune : et placées à environ un demi-pouce les unes des autres, de manière qu’elles reviennent sur elles-rnèêmes. Il a ensuite des petites plaques mé- talliques de différente nature , d’un pouce environ de surface; les unes sont pa: exemple d’argent ou de cuivre , et les autres de zinc. Il les unit deux à deux , une d’argent et une de zinc par un fil métallique qui est soudé avec la plaque, Il plie le fl métallique comme un syphon, de manière que chacune des deux plaques puisse plonger.dans deux verres différens. Chaque verre doit contenir deux des plaques , nne d’argent et une de zinc. On sent que par cet arrangement , il y a une communi: cation entre toutes les plaques , et tous les vases. Ces appareils préparés, il procède à ses expériences. La fon- damentale est celle-ci : « Deux métaux différens mis en contact, sans l'intervention d'aucune ÊT D'HISTOIRE NATURELLE: 17 d'aucune substance humide, donnent des signes non équi- voques d'électricité. » Pour le prouver, il prend un plateau d'argent ou de cuivre, et un autre de zinc. Il les tient chacun par un manche bien isolant , et les applique l’un sur l’autre. Il les sépare ensuite, et les présente l’un après l’autre à un électromètre à pailles minces. On a des signes sensibles d'électricité. Celle du plateau de zinc est positive. Celle du plateau de cuivre ou d’argent est négative. Il faut observer que les deux plateaux , en même temps qu’ils sont woteurs d'électricité , font aussi fonction de condensa- teurs, parce qu’ils se présentent l’un à l’autre par une large surface. Voilà pourquoi leur électricité, qui ne s'élève qu’à un soiïxan- tième de degré, tant qu’ils demeurent appliqués l’un à l’autre, monte à un ou deux degrés, ou même davantage, lorsqu'on les sépare. Mais, pour rendre cette électricité encore plus sensible, il se sert de son condensateur , monté sur l’électromêtre même, et voici son procédé. Il touche les deux plateaux, argent et zinc, puis les sépare, et va toucher le condensateur. Après dix, douze , vingt de ces attouchemens, il lève le disque supérieur du condensateur ; aussitôt l’électromètre qui porte le disque inférieur , s'élève à 10 , 12, 15, 20 degrés. On a une électricité positive ou négative , suivant qu’on fait toucher le plateau de zinc ou celui d’argent au condensateur. Ces faits établis, on conçoit facilement l’action de la pile. Le plateau d’argent inférieur communique de son électricité au plateau supérieur de zinc. L’électricité de ce dernier devient donc positive , tandis que celui de l’argent doit devenir néga- tive, Si on plaçoit un second plateau d'argent sur le zinc, l’action de ce dernier détruiroit l’action ‘du premier, et l’effet seroït nul. Il faut donc interposer entr’eux un corps qui soit moins bon conducteur , telque l’eau, qui est peut-être trois ou quatre cents millions de fois moins bon conducteur que les substances mé- talliqnes. C’est pourquoi il se sert d’un carton ou d’un drap mouillé. d Mais l’eau pure n’est pas le plus souvent assez bon conduc- teur. On y ajoute des sels, tels que le sel commun, le sel am- moniac.... qui sont meilleurs conducteurs qu’elle. La pile composée d’un grand nombre de plateaux ainsi super- a! Tome LIF. NIVOSE. an1o. \ :8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE posés acquiert une force plus on moins considérable. Elle donne la comnotion , et même à plusieurs personnes qui font la chaîne. Pour en rendre l'effet plus sensible , il faut se mouiller les mains avec de l’eau pure, ou encore mieux, avec de l'eau plus ou moins saturée des sels dont nous venons de parler. Si on tient la pile par son extrémité inférieure , et qu’on applique la supérieure vers l'angle extérieur de l’œil , on éprouve une sensation vive presque analogue à une piqûre , et on voit l'éclair. Si, tenant la pile toujours à son extrémité inférieure , on ap- plique la lingue à cette extrémité supérieure, du côté de l'é- lectricité positive , on éprouve une saveur vive, presque ana- logue à, celle des acides, Si la main tient la pile par son extrémité supérieure, la lan- gue ARTE à son extrémité inférieure, c’est-à-dire, du côté de l'électricité négative , éprouve une saveur presque -ana- logue à celle des alkalis. Lorsque la pile-est en bon état , elle charge une grande jarre, ou même une batterie considérable au simple attouchement , c’est-à dire, en moins d’un vingtième de seconde , tandis que par le moyen des machines ordinaires, on ne pourroit là charger que par un nombre de tours de roue plus ou, moins censidé- rable. La pile chargée donne l’étincelle électrique ;, sur-tout à l’aide du condensateur ; et Volta a enflammé son pistolet à air in- flammable , par le moyen de cette étincelle. j Si on prend un fil métallique , par exemple , un fl de fer, qu'une de ses extrémités touche à la partie intérieure de la pile, ou au côté négatif, et qu’on approche l’autre extrémité de la partie supérieure , ou au côté positif on a une déflagra- tion du fil ; c’est Gilbert qui le premier a bien vu que lé- tincelle qu’on appercevoit à l’extrémité supérieure du fl étoit une véritable combustion du métal. Toutes ces expériences , et plusieurs ‘autres que nous ne sau- rions rapporter, ne permettent pas de douter, que ce ne soit le fluide électrique qui produise tous les phénomènes de la pile. Elles nous découvrent même de noïvelles lois de ce fluide, que nous ne connoiïssions pas. La pile produit, sans être isolée, une électricité constante et permanente pendant un temps indéfini : ces phénomènes ont même lieu, quoiïqu’elle soit toute pénétrée d’eau , et qu’il n’y ait point d'isolement. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 On explique facilement. par ce moyen, tous les faits que pré- sente le galvanisme appliqué à l’économie animale. On découvre le nerf sciatique d’une grenouille , et on y ap- plique une, lame métallique ;.par exemple , une lame d'argent : -on place dessous les jambes une lame de zinc : alors on éta- -blit une communication, entre ces deux métaux par un arc conducteur métallique : il y a électricité produite entre ces mé- taux : et la grenouille éprouve des mouvemens considérables. Si la grenouille , étant préparée. comme ci-dessus , on touche son nerf sciatique , avec le bouton d’une bouteille de Leyde, la plus légèrement chargée , la grenouille éprouve les mêmes mouyemens. On en doit conclure que c’est la-même cause qui agit dans les deux expériences. Nicholson , qui a beaucoup travaillé sur la pile de Volta, a fait de nouvelles expériences. 11 a établi la communication entre ses deux extrémitÿs à travers un tube rempli d’eau. Un fil d’ar- gent , par exemple, communiquant avec le plateau d’argent de la pile du côté négatif, étoit introduit dans le tube plein d’eau , à travers un bouchon de lièoe. Un antre fil métallique ; parexem- ple , un fil d’or , communiquant au dernier plateau de la pile du côté positif étoit introduit à l’autre extrémité du tube plein d’eau, également à travers un bouchon de liège. Dès que les deux extrémités des fils étoient à une petite distance , on voyoit se dégager une grande quantité de bulles d'air. Celui qui se dé- gageoït du côté négatif étoit du gaz hydrogène : celui, qui se dégageoit du côté positif étoit du, gaz oxygène. Si.le fl métallique du côté positif étoit oxidable , tel qu’un fil de fer , il n’y avoit point d'oxygène dégagé, mais le métal étoit oxidé. Il en conclut que l’eau est décomposée. Son hydrogène se dégage toujours : mais l’oxygène ne se dégage que lorsque le métal n’est pas, oxidable. Car ,.si le métal est oxidable, il est oxidé , et l'oxygène se combinant avec lui,ne sauroit plus se dégager. Bi Ves deux extrémités des métaux se touchent , il n’y a point de dégagement de gaz. Mais si les vases sont grands , il n’est point nécessaire que les métaux soient à une petite distance. Le dégagement du gaz a lieu quoique les extrémités des fils métalliques soient éloignées. Ritter a répété cette expérience d’une autre manière , et a eu des résultats d'un grand inténèt. C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il prend un tube recourbé dont il remplit la partie inférieure d’acide sulfurique. 11 verse ensuite dans chaque tube de l’eau: il ne sauroit y avoir communication entre ces deux éaux , puis- qu’elles sont séparées par l’acide sulfurique. Les deux gaz se dégagent également , si les métaux employés ne sont pas oxi- dables. On à dans le côté positif du tube de l'oxygène, et dans le côté négatif de l'hydrogène. Les mêmes phénomènes ont lieu, si on prend deux vases séparés pleins d'eau, qu’un des fils plonge dans l’un des vases , et l’autre extrémité dans le second vase : et qu’on établisse la communication entre les deux vases ou par une verge métal- lique, ou par le moyen d’une personne dont une des mains plongera dans un des vases, et l’autre main dans le second vase. Pfaff a eu les mêmes résultats en séparant les deux tubes par un bouchon de liège. Ritter a conclu de cette expérience que : L'eau ne se décompose point. Elle se combine avec un principe quelconque , émanant du côté positif de la pile, et produit du gaz oxygène. Elle se combine avec un autre principe qui émane du côté négatif de la pile , et produit de l'hydrogène. Ainsi dans cette hypothèse : Le gaz oxygène est l’eau combinée avec le principe émanant du côté positif de la pile. Le gaz hydrogène est l’eau combinée avec le principe qui émane du côté négatif de la pile. Fourcroy, Vauquelin , et Thenard ont expliqué cette expé- rience d’une autre manière. Ils ont dit que : « Le fluide galvanique circule du côté positif de la pile, vers le côté négatif. » Selon eux, ce fluide décompose l’eau en sortant du côté positif ; il laisse échapper l’oxygène en bulles. Mais il se combine avec l’hydrogène pour former un liquide, lequel traverse l’eau , ou l’acide sulfurique , ou le corps humain pour aller gagner l’extrémité du fil négatif. Le fluide galyanique aban- donne son hydrogène, et le laïsse échapper à son tour sous forme de gaz , tandis que lui-même pénètre dans le fil : etils prouvent leur opinion par l’expérience suivante. Si on interpose entre les deux eaux un oxide C’argent bien lavé , le fil négatif près duquel devroit se manifester le gaz hy- drogène , ne donne aucune effervescence, et l’oxide se réduit en partie du çôté du positif, C’est que le galvanique chargé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21 d'hydrogène le perd en traversant l’oxide , dont l'oxygène le prend pour former de l’eau. ; Bertholletet Monge ne concevant point que le fluide galyvanique puisse emporter avec lui l’hydrogène, et lui faire traverser d’une manière invisible ou l'acide sulfurique, ou une verge métallique, ou le corps humain , ont expliqué cette expérience d’une autre manière. Quoique l’eau, disent-ils, soit ordinairement com- posée de 0,85 d'oxygène , et de 0,15 d'hydrogène , elle peut cependant sans cesser d’être ea, contenir une plus ou moins grande quantité de ces principes. De l’eau bouillie, par exemple, est de l’eau qui a moins d'oxygène que l’eau ordinaire. L'eau peut aussi avoir un excès d'oxygène. Dans l’expérience de Ritter , l’eau peut donc, suivant eux, perdre d’un côté de l'oxygène , de l’autre de l’hydrogène , sans cesser d’être eau. Mais dans l’un des tubes elle sera de l’eau avec excès d'oxygène , dans l’autre de l’eau avec excès d’hydro- gène. Kruickanc croît qu’un des principes constituans l’eau, l’oxy- gène , se combine avec le fluide électrique ( qu’il appelle encore galvanique), et qu’il est entraîné et charrié par lui. Et qu’ainsi,le fluide galvanique s’empare de l'oxygène et devient oxygéné, lors- qu’il passe de l’eau dans le métal, laissant en arrière l’hydro- gène qui prend alors la forme du gaz. Mais il laisse aller cet oxygène qu'il avoit pris, et se désoxygène, lorsqu'il passe du métal dans l’eau : l’oxygène se dégage aussi, et paroît sous forme du gaz, si le métal employé n’est pas oxidable, comme l’or et la platine. Si, au contraire, le métal est oxidable , cet oxygène se combine avec lui, et le réduit à l’état d’oxide. Volta attribuoit, il y a plus d’un an, au fluide électrique la même fonction de s’oxygéner et de se désoxygérer dans les cir- constances ci-dessus. C’est ce qui est rapporté dans les Annales de chimie, de Brugnatelli. Nous ne savons pas s’il tient encore à cette opinion. Ceux qui n’admettent point la nouvelle théorie chimique , ont donné d’autres explications de ces expériences. Ils disent : 10. Il n’est point prouvé que l’eau soit composée d'oxygène et d'hydrogène. S 20, La partie pondérable des gaz oxygène et hydrogène , ainsi que du gaz azote , est l’eau. 3°. Les gaz oxygène, hydrogène et azote , ne sont donc que de l’eau unie à des principes qui nous sont inconnus. En admettant l’hypothèse de Ritter , le principe qui sort du #2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE côté positif de la pile de Volta , unie à l’eau, formeroit l'oxygène ; et le principe qui sort du côté négatif de la même pile fourmiroit l'hydrogène. 4. Dans l’oxidation des métaux par l’eau , lorsqu'on fait passer , par exemple, de l’eau dans un tubede fer incandescent, il y a plusieurs phénomènes. a Une partie de l’eau est volatilisée , et se combinant.avec un principe quelconque , elle forme le gaz hydrogène qui se dégage. b Une autre partie de l’eau se combine en nature sous {orme concrète , avec le fer , et en augmente le poids de plus d’un tiers. Mais cette eau sous forme concrète , s’unit à un principe quel- conque, et forme l’oxysène qu’on peut dégager par d’autres procédés, F Ces principes qui, combinés avec l’eau , forment ou l'oxygène, ou l'hydrogène , sont-ils dans le métal ? Ou sont-ils le produit de la décomposition du fluide ‘élec- trique en positif et en négatif? Il est prouvé que tous les corps, et les métaux en particulier , contiennent une grande quantité de fluide électrique. Il est encore prouvé que l’eau en vapeursiest toujours chargée d'électricité. Nous venons de voir que.les expériences de Volta ne laissent pas de doute que les phénomènes galvaniques soient dus au fluide électrique. . Suivant Ritter, les gaz oxygène et hydrogène/sont l’eau unie aux principes qui émanent de la pile, soit du côté positif, soit du coté négatif, par conséquent au fluide électrique. Il paroîtroit donc que, dans l’oxidation des métaux par l’eau, les gaz oxygène et hydrogèse sont le produit des combinaisons du fluide électrique avec l’eau. Au reste, ajoutent-ils, ce sera à de nouvelles expériences à prononcer si les principes qui, avec l’eau , forment ces deux gaz, viennent réellement du fluide électrique, ou s’ils sont fournis par le métal lui-même , comme le prétendent les partisans de Stahl. Gautherot persiste à soutenir que le fluide galvanique est dif- férent de l'électricité. C’est ce qu’il prétend prouver en montrant qu'il est possible de faire des piles galvaniques très-fortes , dans lesquelles il n’entre aucune substance métallique. Erman , professeur à Berlin, a établi, par de nombreuses ex- périences, que les phénomènes dela pile galvanique sont dus à l'électricité. Biot a aussi beaucoup travaillé sur la pile galvanique. Il a éti « ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 secondé par Frédéric Cuvier. Ils ont prouvé que la He galvanique absorboit une grande quantité de l'oxygène de l’air atmosphé- rique. C'est la cause de l’oxidation considérable des plaques de zinc. Les petits plateaux s’oxident beaucoup plus facilement que les grands, proportion gardée, L’oxidation est plus accélérée , si on établit par un fil métallique la communication entre les deux extrémités de la pile. Ils ont encore prouvé que le fluide galva- nique se transmet difficilement à travers l’eau, mais qu’il glisse facilement à sa surface. Lehot s’est beaucoup occupé du galvanisme, il l’a considéré particulièrement par rapport à J'économie animale: On peut, dit-il , par l’interposition de nouveaux corps, dans la chaîne , ou par le changement de disposition des parties qui la composent, diriger soit dans un sens, soit dans un autre, le fluide galvanique, ou même le réduire au repos. La connoissance de ces phénomènes. tenoit à un fait qui avoit entièrement échappé aux physiciens et aux physiolosistes. C’est que le fliide galvanique s’accumule au passage des or- ganes aux ATIMAIUTES. « DE: L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. Marti avoit lu, à l’académie de Barcelonne , en 1791, un mé- moire sur la quantité d’air vital contenu dans l'atmosphère. Le résultat de ses expériences lui prouva que l'air atmosphérique ne contenoit qu'environ 0,21 d'air vital, et 0,79 d’azote. Il n’a pas apperçu que les airs les plus insalubres, tel que celui des marais, continssent beaucoup moins d’air vital sue l'air le plus pur. D'où il conclut que l’insalubrité de ces airs dépend de prin- cipes que l’art n’a encore pu saisir. D'EULIATINMEÉETÉ CR OL OCGTE Bouvard continue de rédiger les observations météorologiques à l'Observatoire de Paris. C’est par de pareils travaux que s'aug- mente la masse des faits, les vrais fondemens de nos connois- sances. Lamarck , dont nous avons déja annoncé les travaux sur cette matière, continue ses observations avec beaucoup d'activité. Toaldo , et les autres météréologues pensent que les diftérens points lunaires influent beaucoup sur notre constitution atmos- phérique. Lamarck a posé un autre principe. 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « L’élévation, dit-il, et l’abaissement alternatifs de la lune au - dessus , ou au - dessous de l’équateur, dans le cours de chaque mois lunaire , produisent dans l'atmosphère des eifets très-perceptibles , ét très-importans à connoître. «Pendant une déclinaison australe de la lune, et sur-tout aux approches de son lunistice auetral , les vents qui règnent prin- cipalement , soufflent des régions du nord, soit du nord-onest, soit du nord-est, soit enfin de l’est, ou de quelqu'un des points compris entre ceux-ci. « La constitution atmosphérique qui en résulte est sujette à donner des temps secs ou froids, selon la saison, et occasionne en général du beau temps. » « Pendant une déclinaison boréale de la lune, et sur-tout aux approches de son lunistice boréal , les vents qui règnent princi- palement , soufflent de quelqu'un des points opposés à ceux qui viennent d’être cités , comme prédominans dans la déclinaison australe. «La constitution atmosphérique qui en résulte est sujette à donner des temps couverts , humides , plus ou moins pluvieux. Elle est favorable à la formation des tempêtes. » Cotte a fait un relevé d’un grand nombre d’observations mé- téréologiques ; et il prétend qu'elles ne donnent point les tem- pératures qu’assigne Lamarck , pour les déclinaisons australes , ou boréales de la lune : «les résultats, dit-il, de trente années d'observations météréologiques que j'ai faites, annoncent , sans doute, une influence de la lune AE marquée dans certaines époques de sa révolution menstruelle, que dans d’autres , mais il s’en faut encore de beaucoup, et le cit. Lamarck devoit s’y attendre, que cette influence marche assez régulièrement, pour qu’on puisse établir une suite d’annonces que plusieurs autres causes qui nous sont inconnues peuvent contrarier. La seule cause influente , bien prononcée, est l’époque du-lunistice à l'égard des grands vents. L'influence des constitutions boréales et australes me paroît encore bien foible pour qu’on puisse l’é- tablir en principe. » Lamarck a cherché a établir une distinction entre les orages, les ouragans et les tempêtes. Un orage est un coup de vent violent accompagné de tonnerre et souvent de grêle. L’ouragan est une variété de l’orage dans lequel plus de vent que de tonnerre se manifeste distinctement : et ce vent part d’un nuage orageux. d à Un ET D'HISTOIRE NATURELLE, 25 F Un grain ést un orage qui s'annonce par un nuage orafeux qu’on voit de loin comme un point. C’est principalement sur mer qu'onde distingue. Les orages suivent une bande étroîte deterreins, mais quelque- fois assez longue. Is sont de peu de durée. 3 Ils sont le plus souvent les effets de l’électricité atmosphérique. Les tempêtes se font ressentir au loin et dans de grandes éten- dues en longueur et en largeur. Elles sont annoncées par un abaïssement considérable du mer- cure dans le baromètre. Leur durée n’est pas moins de dix ou douze heures , et souvent davantage. Elles se manifestent graduellement. La tempête est donc un grand mouvement dans l’atmosphère. « Je suis très - porté, dit l’auteur , à croire qu’une tempête est due à une réunion de circonstances dans laquelle les influences de la lune et du soleil sont les causes qui agissent principalement. D'où jelconclus, que toute tempête doit avoir une périodicité déterminée , etque sans doute à force d'attention et de recherches bien dirigées , on parviendra à découvrir les époques de leurs re- tours. » L'histoire des météores enflammés , tels que les globes de feu , fusées volantes, étoiles tombantes .... est peu avancée. Plusieurs auteurs , considérant leur grande élévation , les ont cru hors de l'atmosphère terrestre. Les aurores boréales , les lumières zodiacales , sont également peu connues, On regarde communément les aurores boréales comme des phé- nomènes électriques. Mais on a observé qu’elles n’agissent point sur les électromètres les plus sensibles, tandis que leur action est très-forte sur l’aiguille aimantée, Ces faits ont engagé plusieurs physiciens à attribuer ces mé- téores à d’autres causes, ; Pallas, dans le troisième volume de ses voyages, parle d’une masse de fer, pesant seize quintaux , trouvée entre Krasnojarsk et Abckank , sur de hautes montagnes d’ardoïses tout-à-fait à dé- couvert. Sa figure est irrégulière et comme comprimée. A l’ex- térieur se trouve une croûte ferrugineuse , au - dessus de laquelle il y a du fer malléable, cassant à chaud, porenx comme une éponge grossière , et dont les cavités sont remplies d’une substance vitrihée , fragile, dure , et de couleur jaune d’ambre. Cette inasse Tome LIY, NIVOSE an 10. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a été apportée à Pétersbourg. Patrin qui l’a vue , dit qu’elle res- semble à une bombe un peu applatie. Les Tartares regardent cette masse comme une relique sainte ; tombée du ciel , à quelque époque qui se perd dans la nuit des temps. Plusieurs auteurs rapportent qu’on a vu des masses analogues en divers endroits , tels qu'à Aix-la-Chapelle, dans le royaume d’Agram, et dans des plaines sabloneuses de l'Amérique , eten: Angleterre : quelques-unes de ces masses pesoient 130 , 170 , et enfin 336 quintaux. Elles sont toutes semblables, c’est-à-dire, composées de fer natif, dont une partie est rouillée. Il s'y trouve une portion de soufre. Soldani rapporte qu’on a vu tomber auprès de Sienne, dans l'hiver, un globe de feu. On fut sur les lieux : on vit que la neige étoit fondue : on creusa et on trouva une matière ferrugi- neuse , fondue en petites bulles. Il paroît que c’est du fer avec use petite portion de soufre. Howard a vu , le mois dernier, dans la province de Suffolck, un météore igné ; il tomba sur une maïson , à laquelle il mit le feu. Il en a examiné les ruines , et il ne doute point que ce ne soient des masses ferrugineuses , tombées de l’atmosphère , sous forme de météore igne. Ces masses ferrugineuses ont été l’objet des recherches de plusieurs physiciens , pour en assigner l’origine. Il faut diviser leurs opinions en deux grandes classes. Les uns pensent comme les Tartares , qu’elles sont réellement tombées des régions supérieures sur la terre : et j’ai vu des physiciens d’un grand mérite n’avoir aucun doute à cet égard. Ils se fondent 1°. Sur la figure de ces masses qui sont sphéroïdes, applaties , comme une masse liquéfiée qui tombe au travers d’un fluide dont elle est comprimée. 2°. 1ls pensent que plusieurs de ces masses ont été trouvées après l'explosion de ces globes de feu ( bolides ) qu’on voit dans l'air, et qui tombent sur la terre. Les seconds nient que ces masses soient tombées des régions supérieures sur notre globe. Ceux qui font tomber sur la terre ces masses énormes, ont cherché a en donner une explication physique. . Voici celle que donnoit Humboldt. « L'air inflammable des marais contient des particules ferru- gineuses qu'il volatilise avec lui. Cet air forme au haut de l’at- mosphère des nuages de plusieurs lieues détendue. Une étincelle électrique ou le tonnerre les enflanme. Cet air brûle en entier. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 27 Le fer qu’il contient se réunit dans une seule masse, qui est fondue comme du bon fer, mais une partie est vitrifiée: » On pourroit appeler ce gaz, hydrogène ferrugineux. Chladni a avancé , sur ce phénomène , une opinion beaucoup plus hardie. Voici un précis de son sentiment. « Comme notre globe, dit-il, est principalement composé de . particules terreuses et métalliques , et que le fer en particulier y est de beaucoup le plus abondant des métaux , d’autres corps pla- nétaires peuvent être composés d’une matière analogue, peut- être même tout-à-fait semblable. I] se pourroïit aussi qu’il existât dans l’espace quelques petites accumulations de cette même ma- tière dense indépendante des grands corps planétaires, et qui fut mise en mouvement , ou par quelque force de projection , ou par quelque attraction. Ces masses arriveroient dans notre atmos- phère; et, attirées parle globe, elles tomberoient à sa surface. Dans leur trajet , elles doivent acquérir beaucoup d'électricité et beau- coup de chaleur : elles deviennent mcandescentes, se fondent, forment un fer natif, dont quelques parties, cependant, sont vitrifiées. . .… « Si ces masses sont à une assez grande distance de la terre , pes n’êtré pas attirées à sa surface , elles forment ces fusées o- lantes, ces météores divers vus par les observateurs... à de plus ou moins grandes hauteurs. » C’est à une pareille cause que Chladni a attribué l’origine de la masse de fer dont parle Pallas. Les aurores boréales', ajoutent d’autres physiciens , sont peut- être également des espèces de combustions de substances ferrugi- neuses , car elles agissent fortement sur l'aiguille aimantée, et non sur les électromètres, : En admettant l'hypothèse de Humboldt, on'pourroit dire qu’elles sont le résultat de l’inflammation de grands volumes de gaz hydrogène ferrugineux. Les physiciens qui nient que ces masses sont tombées du haut de l’atmosphère, ont cherché de leur côté à en expliquer l’origine. Deluc nie que la masse de fer de Pallas ait pu tomber des ré- gions supérieures. Il en assigne l’origine à l’action des volcans souterreins qui aura fondu cette masse. Dans les catastrophes du globe, lorsque les couches extérieures én ont été brisées, l'ex- pansion du fluide électrique aura jeté au loin ces masses ferru- gineuses , de la même manière qu'ont été projetés ces blocs de granit qu'on trouve çà et là sur les montagnes calcaires. Louis Bertrand croit que ces massés ferrugineuses ont été é D 2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE + charriées sur les lieux où elles se trouvent par les eaux des mers, ainsi que l'ont été les blocs de granit qu’on trouve sur les terreins calcaires. Patrin ne pense pas non plus que cette masse de fer vienne des régions supérieures. IL combat aussi l'opinion de Deluc, qu’elle soit le produit des volcans dont il n’y a aucune trace dans ces cantons... Son opinion est qu’elle doit son origine à l’action de la foudre. Pallas dit qu’il se trouve un riche filon de fer dans la montagne où se trouve cette masse. Supposons, dit Patrin, une portion de ce filon isolée , et enveloppée de matières non conduc- trices, par exemple, de quartz : que la foudre ait tombée sur cette masse , elle l’aura fondue, et réduit en bon fer... Dans ma Théorie de la terre (tom. JT , pag. 224), j'ai fortin- sisté sur l’action que doit exercer sur les divers minéraux, le pas- sage continuel de l'électricité du globe dans l’atmosphère , et celui de l’atmosphère dans le globe, comme le prouvent la foudre as- cendante , et la foudre descendante. D EL AZ 0!0 1 0 GE: La belle édition de Buffon, par Sonini, se continue avec la même activité, et avec le même soin. On en a déja publié cin- quante-huit volumes. Ce qui fait vinot-deux volumes sur les oi- seaux, et leur histoire n’est pas achevée. Les éditeurs ne négligent rien pour la rendre complette : ils consultent tous les auteurs et les voyageurs qui en ont parlé. Les autres parties vont être bientôt livrées successivement à l'impression ; en sorte que le public jouira de ce cours complet d'histoire naturelle. Pictet a vu chez sir Bancks, une race de vaches de Suffolck , qui est sans cornes.: on la dit meilleure , pour le lait, que les autres. Lacépède a décrit deux nouvelles espèces de lézards; la pre- mière, qu'il appelle monodactyle, n’a en eflet qu'un doigt à chacun de ses pieds. Ces pieds sont si courts, et le corps et la ueue si alongés, que l'animal ressemble à une couleuvre : ses écailles, dont son corps est couvert, sont disposées en bandes transversales. La seconde espèce, qu’il appelle tétradactyle, a les pieds très- courts. Chaque pied a quatre doigts : son corps est marqué , de chaque côté, d’un sillon longitudinal. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 * Cuvier a fait voir qu’il y avoit trois espèces de crocodiles , bien distinctes. 10. Le gavial ou crocodile du Gange, dont le bec est très-alongé. 2°, Le crocodile du Nil, Le museau est oblong : sa mâchoire su- périeure est échancrée de chaque côté, pour laisser passer la qua- trième dent de la mâchoire inférieure. Ses pieds de derrière sont entièrement palmés. 3, Le caiman ou crocodile d'Amérique. Îl a le museau obtus : sa mâchoire supérieure reçoit la quatrième dent de la mâchoire inférieure dans un trou particulier qui la cache. Ses pieds de der- rière sont demi-palmés, Lord Clive avoit une femelle zèbre, Banks proposa à Parker, qui la soignoit , de la faire accoupler avec un cheval ou un âne, Les deux expériences furent tentées. La femelle les repoussa ; on la lia; et les accouplemens ne produisirent rien. Pour lors, on peignit un âne comme un zèbre. La femelle reçut volontai- rement ses caresses. Elle conçut. Le petit animal avoit les formes de son père , et les bandes de sa mère. Le Vaillant continue sa belle histoire des oiseaux. Lamarck a publié son Systéme des Animaux sans vertèbres, I] en fait sept classes : 1°. Les mollusques. 20, Les crustacés, 3°, Les arachnides, 4°. Les insectes. 5°. Les vers. 6°. Les radiaires. 7°. Les polypes. Les mollusques ont le corps mollasse , non articulé, muni d’un manteau de forme variable, respirent par des branchies sans stig- mates. Un cœur pour la circulation, un cerveau dans le plus grand nombre. les crustacés ont le corps et les membres articulés , recouvert d’une peau crustacée, divisé en plusieurs pièces, ont également des branchies , un cœur, un cerveau... Les arachnides , les insectes et les vers , respirent par des stig- mates et des trachées aérifères , rarement par des branchies, n’ont point de cœur, ont une moëlle longitudinale et des nerfs. Les arachnides ne subissent point de métamorphoses , ont des pattes articulées , des yeux à la tête. So JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les insectes subissent des métamorphoses , et ont dans l’état parfait six pattes articulées, et des yeux à la tête. Les vers ont le corps allongé, ne subissent point de métamor- phoses, n’ont jamais de pattes articulées , et rarement des veus à la tête. . Les radiair es et les polypes respirent par des tubes absorbans et des trachées aquifères , ou par des voies inconnues ; point de système de circulation , point de moëlle longitudinale, rarement. des nerfs perceptibles. Les radiaires ont le corps dépourvu de tête, etayant dans cette partie une disposition à la forme étoilée ou rayonnante. Quel- ques organes intérieurs autres que le canal intestinal, bouche in- férieure. L Les polypes ont le corps dépourvu de tête , et n’ont d'autre or- gane intérieur apparent, qu’un canal intestiual, dont l’entrée sert de bouche et d’anus : bouche supérieure. Maréchal , peintre du muséum d’histoire naturelle de Paris, a entrepris de peindre tous les animaux vivans qui y sont , et en forme de fascicule , sous le titre de Ménagerie du muséum na- tional d'histoire naturelle. Miger les grave, et Cuvier en donne la description. On sent que cet ouvrage ne peut être que très- intéressant. Le premier fascicule contient le chameau, l'ours blanc, l’autruche et le casoar. Olivier continue son histoire des coléoptères. D El L'AUTP HIS STELOLL I ONGUT EN ENNNPNBE A EEE. Michelotti a fait des recherches intéressantes sur la vitalité et la vie des germes. Voyant que les développemens du fœtus dans les grandes espèces se fait toujours à l'obscurité, il a voulu s'assurer si la lumière étoit véritablement contraire à la vitalité des germes ; et il a entrepris une longue suite d'expériences à cet égard. Il a pris quatre caraffts de verre d’égale capacité, dont deux ont été enduites à l’extérieur de cire noire. Il a inis dans les quatre caraffes des œufs de la phalœna dispar, de Linné ; il les a bouchées avec un bouchon de liége, traversé ar un tube de verre, pour laisser une libre communication à Pair extérieur. Les œufs contenus dans les caraffes vernissées éclorent tous, tandis que ceux des caraffes non vernissées et ex- pie à la lumière périrent. Ces expériences , très-multipliées , ui ont donné constamment les mêmes résultats , d’où 1l conclut : Que la lumière est pernicieuse au développement de tous les SETILES des animaux. PAL SD MEN S T'ON RE CN AUTRE ILE 31 Ïl a tenté des expériences analogues sur les végétaux. 1] a ris des haricots phaseolus qui commençoient à germer ; ils ont été dépouillés de leur écorce , et placés dans des caraffes de verre transparent, et les autres dans des caraffes de verre ver- nissées en noir. Ces derniers ônt continué à végéter , et les pre- miers ont péri. La lumière est donc également contraire au développement des germes des végétaux. D’autres expériences lui ont prouvé que les germes en se dé- veloppant , absorboient de l’oxygène. « Des observations, ditil, faites sur la respiration des œufs des animaux, m'ont aussi appris que ces œufs pendant leur développement, absorbent du gaz oxygène. Si ce gaz leur manque, leur développement est suspendu. « Les expériences de William Cruiksank nous apprennent que l’orge en germant absorbe du gaz oxygène, et que cette absorption est aussi en raison de l’évolution du germe. » Ef fectivement , on sait que la lumière trop forte, qui donne sur les couches où on fait des semis , leur est contraire. Socquet a examiné de nouveau la question de la chaleur ani- male. Îl regarde la théorie de la chimie moderne comme insuffi- sante à cet égard. « La chaleur animale, provient suivant lui, des capacités changées dans les nouvelles molécules , qui se for- ment sur tous les points du corps animal , où il ya circulation, assimilation ;. enfin , modification quelconque dans les molécules premiers du sang. Il me semble , ajoute-t-il, page 218, assez vraisemblable que la chaleur animale peut s'expliquer autrement que par la seule fixation de la base oxygène sur les principes hy- drogènes et carbones, presque libres du sang veineux , par des raisonnemens étayés de preuves analogues prises hors du corps: c’est-à-dire , en ne considérant, comme l’a déja fait pressentir Delamétherie (1), la température animale que comme le produit* d’une espèce de fermentation lente , générale et perpétuelle, qui a lieu dans les plus apparens, et les plus volumineux organes... L’estomac est si essentiel à l’économie animale qu’on croyoit (à) J’attribue la chaleur animale à plusieurs causes. . 1°. Au calorique qui se dégage de l’oxygène absorbé dans l'inspiration. 2°. À la fermentation générale de toutes les espèces de liqueurs animales qui se: déeomposent continuellement pour former de nouveaux composés, 3°. À la fixation ou cristallisation des parties nutritives. 4°. Au mouvement musculaire. 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'une lésion un peu considérable de ce viscère devoit être mor- telle. Cependant, nous avons vu à Paris , une femme qui a de- puis plusieurs années , à l’estomac , une fistule dont l'ouverture a plus d’un pouce de diamètre, Lorsqu'elle a mangé , une partie’ des alimens sort par cette fistule, et le reste suit les voies ordi- naires. Cette observation a été consignée dans ce Journal par Circaud. Trotter a cherché a expliquer la cause des diverses couleurs que prend la peau du caméléon. Cet animal , ditil, n’a point de dia- phragme : trois grandes vessies sont placées dans la cavité de l'abdomen et de la poitrine. L'animal les enfle à sa volonté. Sa peau est très-mince , et très-transparente, Lorsque les vessies sont gonflées , on peut appercevoir à travers la peau de l'animal , les couleurs des divers objets qui sont auprès de lui ; parce que la lumière passe à travers sa peau , comme au travers d’un corps diaphane. : MEDECINE, La vaccine éprouve le sort de toutes les institutions nouvelles, Quoique le succès en soit constant, elle a cependant éprouvé quel- ques contradictions ;on a cité quelques accidens arrivés à des per- sonnés vaccinées. Mais ces accidens étoient indépendans de la vaccine. Un enfant de quatre à cinq ans devoit être vacciné. L’opéra- tion fut différée d’un jour. L'enfant tombe malade ce jour-là même , et meurt au bout de quelques jours. S’il eut été vacciné, comme on se l'étoit proposé , on n’auroit pas manqué d’attribuer sa mort à l’opération. La plupart des accidens graves quiaccompagnent la vaccine doi- vent , ainñ que cette mort, être attribués à des causes étrangères à l'opération. On a essayé d'appliquer le galvanisme au traitement des ma- ladies. 11 paroît que les premiers essais en ont été faits à Berlin, et on a obtenu quelques succès. On a aussi eu quelques succès à Paris. Un malade qui avoit une partie des muscles de la face paralysés a cté soulagé. Les muscles reprenoient même toute leur énergie pendant qu’on galvanisoitle malade. Aujourd’hui qu’on peut regarder comme prouvé que le galva- nisme n'est que l'électricité, on conçoit qu'on doit avoir les pos crietg ETUDYH I STONURIEUNATURELLE. 33 effets dans l’un et dans l’autre cas. Mais l’action du galvanisme 4 . étant plus permanente , doit procurer un plus grand soulage- ment, DÉEMPLUASEPIONT AMNMMORUESTE: Decandolle continue son bel ouvrage sur les plantes grasses Er one à dessinées par Redouté. Il en est à la quatorzième livraison. Ventenat décrit les plantes les plus rares qui sont dans le jar- din de Celk. Il en est déja à la cinquième livraison. On connoît la J beauté de cet ouvrage. Bridel vient de publier la troisième partie de son bel ouvrage sur les mousses. 11 commence à en donner l’anatomie et la phy- siologie , puis il en donne les caractères ; il en fait quatre classes. Classe I. Mousses sans péristome, Classe IL Mousses à péristome nud. Classe II. Mousses à péristome simple: Classe IV. Mousses à péristone double. Tous lesarands ouvrages de botanique que nous avons annoncés dans les cahiers précédens, se continuent avec activité. DÉENELUA RE HERVE ST TIORE ONCE NMVÉENGRÉ STADE. Decandolle a fait plusieurs expériences pour déterminer l’in- fluence qu’a la lumière sur les végétaux. On sait que les plantes exposées à la lumière ont une couleur plus ou moins verte , et dégagent du gaz oxygène ; tandis que celles qui sont dans des lieux entièrement privés de la lumière, comme dans des caves, ou sous des pots, sont blanches ; ce qu’on appelle étiolées : elles ne laissent pas dégager de gaz oxygène. Quelques-unes som- meillent à l'obscurité ; c'est-à-dire qu’elles ferment leurs feuilles, telles que la belle-de-nuit, la sensitive... Pour connoître l'influence que la lumière ou la chaleur avoient dans ces phénomènes, Decandolle a pratiqué deux caveaux, dont l’un étoit éclairé par six lampes à la Quinquet, (D'après les expériences de Rumford ; la lumière de ces six lampes équiva- loit à-peu-près à celle de 54 bougies ordinaires.) et l’autre étoit échauffée par un poële. Sa température à quelque distance du poële étoit de 20 degrés de Réaumur; il a placé différentes plantes dans ces caveäux, tandis que d’autres étoient à l’air libre. Tome LIY. NIVOSE an 10. E 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le résultat de ses expériences a été : 19. Que la lnmière des six lampes à la Quinquet a été suffi sante pour colorer en vert ces plantes 5 20. Qu'elle n’a pas été suffisante pour leur faire dégager du gaz oxygène ; 30. Qu'elle a été suffisante pour empêcher les feuilles des sen- ‘sitives de se fermer pendant la nuit. L'auteur croit que ces phénomènes dépendent d’une irritabi- lité particulière aux végétaux, irritabilité qui diffère néanmoins de l’irritabilité animale. 11 a examiné les pores qui se trouvent à la surface de plu- sieurs parties des végétaux. Le résultat de ses observations est que : 19. Il n’y a de pores que sur les parties des végétaux exposées à la lumière. Ainsi les parties des plantes aquatiques plongées dans l’eau n’ont point de pores corticaux ; 2°, Les feuilles ont beaucoup de pores corticaux. Celles des herbes! en ont à leurs deux surfaces , tandis que celles des ar- bres n’en ont en général qu’à leur surface supérieure. 3°. Les racines n'ont point de pores corticaux. 4°. Les plantes étiolées n’ont point de pores corticaux. L'auteur a ensuite recherché quel pouvoit être l’usage de ces pores. 11 pense: 10. Qu'ils servent à la transpiration insensible des plantes ; 20, Qu'ils absorbent dans certains cas l’humidité vivifiante. Vaucher a fait des recherches sur la nature des conferves. Il pense que ce sont de vrais végétaux, qui se multiplient par de petits points qu’il a apperçus sur leurs filets. Ces points se déta- chent à une certaine époque L'auteur en a ramassé, les à mis dans de l’eau pure , et les a vus donner de vraies conférves : d’où il conclut que ce sont les graines de cès plantes. Boyle, Homberg, Muschembroeck , Boerhaave avoient dé- montré par plusieurs expériences que les graines des végétaux ne peuvent pas germer sans air. Achard et plusieurs autres physiciens ont ensuite prouvé que la germination n’a lieu ni dans l’hydrogène , ni dans l’azote, ni dans l'acide carbonique ; d’où il étoit facile de conclur#que l’air pur étoit nécessaire à la germination. Mais on a cherché à l’établir par des expériences directes. A ET D'HISTOIRE NATURELLT: 36 Nous avons vu que les expériences de Micheloiti prouvent que les germes des animaux, 1°. craignent l'influence de la lu- mière ; 2°, qu'ils absorbent de l'oxygène. La même chose a lieu pour les germes des végétaux. 19. Ils craignent une Inmière trop vive. . 20, Cruiksank , Carradori , et plusieurs autres physiciens ont prouvé que les germes des plantes absorbent en se développant une assez grande quantité d'oxygène , mais l’oxyoène pur leur nuit. L'azote mélangé avec cet oxygène, tel qu'il l’est dans l'air atmosphérique , est beaucoup plus favorable à la végétation. De l'hydrogène ou de l’acide carbonique mélangés en petite quantité avec l'oxygène , ne nuisent point à la végétation. John Gough a fait diverses expériences pour prouver que chez les végétaux la vie peut être suspendue comme chez les animaux , sans que la mort ait lieu. On sait que Spallanzani a fait voir que le rotifère, le tardigrade... peuvent être dessé- chés et privés de la vie en apparence , sans que cependant ils soient morts. La même chose a lieu pour les végétaux. Gough a pris des Zemma minor( lenticule vulgaire de Lamarck) , il l’a fait dessécher avec précision ; et plusieurs jours après mise dans de l’eau , elle a vegété à l'ordinaire. Il retrouva, en mars 1780 , quelques-unes de ces lemma, desséchées en juillet 1777 ; mises dans l’eau , elles végétèrent à V’ordinairé après une dessication de trente-trois mois. Les conferves qui forment au fond des étangs des espèces de tapis, présentent le même phénomène. On peut les faire dessé- cher pendant un tems asséz long , elles reprénnent vie aussitôt qu'on les humecte. L’auteur , en terminant ses expériences , fait voir que c’est une nouvelle analogie de plus entre le règne animal et le règne végétal. !Mirbel à fait un grand travail sur l’anatomie des végétaux, Il n’a pas encore donné tous les faits qui servent de base à la théorie qu'il se propose de publier ; mais voici les idées générales qui se présentent à l'esprit après la lecture de ses mémoires sur les plantes acotylédones et monocotylédones. (Il a fait lui-même cet extrait). Du tissu membraneux. Les végétaux observés avec les plus forts microscopes pa- roissent être entièrement composés de cellules et de tubes, E 2 36 DOMRNAT MDIE MN PMINIS RONUILEN DIE COMME dont toutes les parties sont continues entr’elles, et ne présentent qu'un seul et même Zissu membraneur. Les membranes sont minces, foibles, plus ou moins transpa- rentes , blanchâtres ou sans couleur, et percées souvent de pores et de fentes dont la grandeur varie. Les pores et les fentes sont bordés de petits Lourrelets glan- duleux qui troublent la transparence des membranes, en ren- voyant la lumière avec force quand ils en reçoivent les rayons. L'anatomie végétale, en divisant le Zissz membraneux que la nature a uni dans toutes ses parties, peut présenter séparément à l'observateur les ce//ules et les tubes , et mettre ainsi sous ses yeux les organes élémentaires. Il y a deux genres d'organes élémentaires, auxquels on pert rapporter toutes les modifications du tissu membraneux , Savoir : le zissu cellulaire et le tissu tubulaire. Du tissu cellulaire. Le zissu cellulaire est composé de cellules contigues les unes aux autres, et dont les parois sont communes. Les cellules tendent à se dilater dans tous les sens ; mais cha- cune est comprimée par les cellules adjacentes , et souvent aussi par les corps environnans ; d'où il résulte que leur forme dépend absolument de la résistance qu'elles éprouvent à l’époque de leur développement. Lorsque les cellules n’éprouvent d'autre résistance que celle qu’elles s'opposent entr’elles, leur coupe horisontale et verticale offre des hexagones semblables aux alvéoles des abeilles. Les parois des cellules sont extrêmement minces, Sans COùü- leur , transparentes comme le verre; elles sont souvent criblées de pores , dont l’ouverture n’a quelquefois pas pour diamètre la trois-centième partie d’une ligne. Elles sont rarement coupées de /entes transversales, Les pores sont nombreux et rangés en séries transversales lorsque les ce//ules sont très-alongées ; ils sont épars et peu nom- breux lorsque le diamètre des ce//ules est à peu de chose près égal dans tous les sens. Le tissu cellulaire n’est pas conducteur des fluides , où du moins il ne les reçoit et ne les transmet que très-lentement. ET SD PSHEMSTIOSTIANE NPA FI BEL: ELU 37 Du tissu tubulaire. Le zissu tubulaire est composé de #ubes dont le diamètre est plus on moins grand. Les membranes sont plus fermes , plus épaisses | beaucoup moins transparentes que celles du z/ss4 cellulaire. Le issu tubulaire est conducteur des fluides. * On peut distinguer cinq espèces de subes dans le ziss1 tubu- Laire , savoir : 1°. Les ubes simples. Is n’offrent ni pores ni fentes. 2°. Les zubes poreux. Is sont criblés de pores rangés en séries transversales. i 3°. Les zubes fendus ou fausses trachées. Ils sont coupés de fentes transversales. 4°. Les 1rachées. Elles sont formées par des lames étroites, épaisses , argentées , élastiques , roulées en spirale de droite à gauche. : 5°. Les tzbes mixtes. Ils présentent la réunion des pores , des fentes , des trachées et des tubes simples. Chaque espèce de subes offre de petits et de grands tubes. Les /ubes simples contiennent ordinairement des SLCS propres. Les quatre autres espèces de zbes sont presque toujours con- ducteurs de La sève. . Les pores, les fentes et souvent les lames des trachées sont bordés de bourrelets glanduleux très-apparens. Des lacunes et de l’épiderme. On doit considérer les /acunes et l’épiderme comme des par- ties accidentelles, et non comme des orvanes élémentaires, puisque leur existence est due à des circonstances locales et non à leur nature intime. Les /acunes sont des vides formés dans l’intérieur du végétal par le déchirement et la défection des membranes. Les lacunes offrent des tubes ordinairement réguliers. Quelqne- fois elles sont coupées de distance en distance par des diaphrag- mes formés par les restes du z/ss4 cellulaire déchiré. L’épiderme est une membrane composée des parois les plus extérieures du issu membraneux. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les pores de l’épiderme sont des fentes longitudinales entou- rées d’une aire ovale. Jamais ces pores ne se développent sur l’é- iderme formé par les parois du 4issu tubulaire ; mais souvent ils se développent sur l’épiderme formé par les parois du zissx ecllulaire. Idée générale sur l’organisation végétale. Tous ces organes se trouvent également dans les plantes mo- nocotylédones et dicotylédones , mais non pas disposés de la même manière. Dans les monocotylédones, les cellules et les tubes s’alongent constamment de la base de la plante à son sommet. Dans les dicotylédones , ils s’alongent de la base au sommet, et du centre à la circonférence. Dans les monocotylédones, le 2554 tubulaire forme des filets longitudinaux dispersés dans le ziss4 cellulaire. Dans les dicotylédones , le zss4 cellulaire occupe le centre ét la circonférence , et le ziss4 tabulaire forme un cylindre in- termédiaire, etc. etc. Dans les premières , les fluides sont portés de la base au sommet. Dans les secondes, les fluides sont portés , non-seulement de la base au sommet , mais encore du centre à la circonférence. De là, les modes différens dans les déyeloppemens..... Partie systématique. La forme du Zissz membraneux fixe la marche des fluides ; mais c’est aux mouvemens des fluides qu’il faut attribuer pri- mitivement la forme de ce #/ssu. Les fluides portés de la plante-mèré dans la graine sont mus de telle manière, qu’ils déterminent , par leur action , la for- mation du tissz cellulaire et du tissu tubulaire dans la subs- tance mucilagineuse ; espèce de cambium contenu dans la ca- vité de la graine. La naïssance et la croissance d’un végétal dépendent d’une seule et iême cause : la reproduction non interrompue de la substance gélatineuse , jointe aux mouvemens des fluides , dé- termine donc l’accroissement. L'observation et le raisonnement démontrent que la nature a 2 ECTOSD AIS MINOR ME NEN AU TI ULREELL ILE: 39 donné aux végétaux la faculté, non pas seulement de développer, mais de créer en effet des êtres semblables à eux. Solomé a fait des observations sur la température interne des végétanx comparée à celle de l’atmosphère. Il a fait, dans un arbre de 18 pouces de diamètre , un trou de-la profondeur de 9 pouces ; il y a plongé des thermomètres -très-sensibles. Un grand nombre d’expériences lui a donné le résultat suivant : La température interne du végétal a été de 9 à 19 degrés > pendant que la température de l’air extérieur étoit de 2 à 26 degrés. Je pense que la cause de cette chaleur des végétaux est la même que celle des animaux. Je l’attribue : 1°. Aux combivuaisons de l'oxygène. Nous avons vu que les plantes en absorbent, et il n’est pas douteux qu’il ne s’y com- bine ; 22, A la fermentation de toutes leurs liqueurs. Chez les végé- taux comme chez les animaux , les liqueurs fermentent conti- nuellement. Elles se décomposent pour former de nouveaux composés. Or, dans toutes ces opérations, il y a dégagement de calorique ; 3°: A Ja fixation des sucs nourriciers , qui, de liquides qu'ils sont, deviennent concrets ; ce qui ne se fait pas sans dégagement de calorique, DEL AUNT NÉ BR AL OC LE / L'étude des minéraux , qui pendant longtemps n’avoit presque été cultivée que par ceux qui exploitoient les mines , est de- venue , depuis quelques années , l’objet du travail d’un grand nombre de savans. Les ouvrages sur cette partie se multiplient. Le minéralogiste recherche les minéraux qu’il ne connoît point, Il les décrit ayec soin, et en saisit les divers caractères. Le chi- miste les analyse, et leur assigne la place qu’ils doivent occuper dans l’ordre naturel. Si on veut rechercher les causes de ce goût général pour la miméralogie , on les trouvera dans l'utilité dont elle est pour un. grand nombre d’arts. 10. La minéralogie est le fondement de l’agriculture, puis- qu’elle apprend au cultivateur à connoître les différentes terres, 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leurs propriétés ; elle lui indique les mélanges qu’il en peut faire pour awéliorer ses terres. 20. La connoiïssance des différentes terres et leur mélange est peut-être encore plus utile au tuilier, au potier, au faïencier, au porcelainier , au vitrier.... 30. Le maçon, l’architecte, l’ingénieur des pontset chaussées. doivent connoître les pierres qu’ils peuvent employer. 4. La minéralogie apprend au joaïllier, au lapidaire... à connoître les pierres précieuses dont ils font des bijoux. 5°. Pour extraire les métaux qui sont si utiles à l’homme dans l’état social , il faut en connoître les diverses mines, savoir les lieux où elles se trouvent, les suivre dans le sein des montagnes... Toutes ces choses exigent une connoissance profonde des miné- raux... Aussi les mineurs ont-ils été les pères de la minéra- logie. 6°, L'art d'exploiter les charbons de terre , les tourbes.…. sup- pose aussi une étude de la minéralogie. 7°. Les sels divers qu’on tire du sein de la terre, tels que le sel gemme, le nitre, les divers sulfates , comme l’alun , les sulfates de fer, celui de cuivre... sont du ressort du minéralo- giste. 80. Le peintre emploie les ocres, les terres d'ombre, la terre de Véronne , le lazulite ou lapis, le vert de montagnes... 9°. Les fossiles, ces débris si nombreux des animaux et des végétaux , qu’on trouve si abondamment dans le sein du globe, ont toujours piqué la curiosité du naturaliste et du philo- sophe. 10°. Les tremblemens de terre et les éruptions des volcans sont des phénomènes si imposans, qu’on est toujours tenté d’en rechercher les causes : ce qu’on ne peut faire que par les secours de la minéralogie. 119. Enfin la connoïissance des minéraux est d’une nécessité absolue pour l'étude de la géologie, ou théorie de la terre , et de la cosmogonie. Or cette partie de nos connoïssances est cultivée aujourd’hui avec beaucoup de soin , et cela doit être. Le progrès des lu- mières a ébranlé toutes les opinions qu’on avoit sur ces objets si relevés, et qui sont d’un si grand intérêt. Toutes les gdées reçues ont été reuversées ; de nouvelles ont été substituées aux anciennes.... Ceux qui veulent se décider avec sagesse sur ces matières difficiles, sont obligés de revenir aux faits de la naiure. Tous Lot ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 Tous ces motifs réunis font voir que la connoïssance des mi- néraux doit intéresser un grand nombre de personnes. Ainsi on cessera d’être surpris que le goût pour la minéralogie soit devenu si général. On a publié cette année plusieurs bons ouvrages de minéra- logie, dont nous avons parlé. La méthode de Werner et sa nomenclature sont adoptées universellement chez toutes les nations qui cultivent la minéra- logie. Néanmoins elles sont peu connues en France. C’est pour- quoi je l'ai prié, ainsi que MM. Hoffinann et Dubuisson, de m'envoyer des échantillons bien caractérisés, et nommés suivant sa méthode : ce qu’ils ont bien voulu faire. C’étoit le seul moyen pour queles minéralogistes français entendissent ceux des autres pays. Je donnerai daus un des cahiers prochains une notice de ces minéraux , dans laquelle je rapporterai la nomenclature de Werner à celles qne nous cormoissons en France. Je dirai, par exemple, quelle est la substance que Werner appelle eisenkiesel. C’est un quartz souvent cristallisé régulièrement, mélangé d’une grande quantité d’ocre de fer, qui altère la transparence du quartz. Ainsi on a de l’eisenkiesel jaune , rouge , brun. Dubuisson nous a donné un précis très-bien rédigé de cette méthode wernérienne , et de la classification des minéraux d’a- près Werner. Ce mémoire aidera à répandre en France la connoissance de la manière de voir du célèbre professeur de Freyberg. L'ouvrage de Brochant aura la même utilité. La minéralogie a été cette année enrichie de l’analyse de plu- sieurs minéraux. CAlorite blanche argentée. Vauquelin l’a analysée. Il en a retiré: Sicenor. MMM ONE Hiva Ut ue. Anne er INA NA UE RON TOS (ET A CE CS Sie Fer mêlé de manganèse. ..... ke 4. ED LL A AO ARE CPU IT LE sos LEE EU DELA LAS ES POfasse ie 1. . PRG: RR RU-:C00:8: Euclase. Il en a fait l’analyse, et en a retiré : SEC € PARA ER 1. 94 4/26: Tome L1Y. NIVOSE an 10. F - £a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Aluminenttes PRIE ANNE Mar tatag, Gluoines M Per NA ts UT. Fernoxidésetnte miser nes Dex à De HET NOR Mere PR 20I29 Il attribue cette perte considérable à quelque substance alka- line qui aura échappé à son analyse, à cause de la trop petite quantité de cette pierre qu'il a eu à examiner. Il a fait l’analyse d’une espèce de gypse cristallisé en cube. Il y a trouvé de la chaux et de l'acide sulfuriqi'e , mais sans eau de cristallisation. . Le même chimiste a analysé une espèce de stéatite, qne man- gent les habitans de la Nouvelle-Calédonie lorsqu'ils n’ont point de nourriture. Il en a retiré : Maené sie ed Re cer MR MO Site NES ARRETE OEM SU: Oxiderdeiters 1 ee us RE RE tre D EE 40 DIN EC OO El AT RP PE TE TIR EE) CE Chauxretientyrentes nee: M EN OE Cette terre ne contient par conséquent rien de nutritif, et ne peut servir que de lest à l’estomac. Humboldt dit également que les Ottomaguas du Pérou man- gent une espèce de terre lorsqu'ils ont faim. Muriacite. Molt a décrit cette substance, qui se trouve à Salzbourg. Elle est composée de chaux sulfatée unie à du muriate de soude. Sa cristallisation est le cube. Vauquelin a examiné cette substance , et n’y a point trouvé d’eau de cristallisation. Porphyrschieffer ( porphyre schisteux. ) Klaproth l’a analysé, et il en a retiré 00,8 de natron. Olivenerz. Arseniate de cuivre. Cuivre arseniaté. Klaproth, en 1786, analysa une mine verdâtre de cuivre, nommée, à cause de sa couleur d'olive , olivenerz , laquelle venoit de Cornouailles. Il reconnut que cette mine contenoit du cuivre minéralisé par l’acide arsenical. Schlotheim en donna une description en 1792. Karsten l’a examinée de nouveau, et en a décrit plusieurs sous-espèces. are, Sous-espèce. Oliyenerz prismatique, cristallisé en prismes hexaëdres. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43 ‘Couleur noirâtre. 2°, Sous-espèce. Olivenerz sphéroïdal, cristallisé en prismes à quatre angles aigus, en biseaux , et souvent accuinulés en groupes sphéroïdaux. 3e, Sous-espèce. Olivenerz en forme d’aiguilles. 4e. S'us-espèce. Olivenerz fibreux. 5e, S us-espèce. Olivenerz rayonnant. 6°. Sous-espèce. Olivenerz feuilleté, | . . “ . . L LA Lelièvre a examiné une mine de cuivre verdâtre, cristallisée en lames hexagones. Il a reconnu que c’étoit de l’arseniate de Cuivre. Vauquelin, qui en a fait l'analyse , en a retiré : Guyretonidés, 2e. taie 3g: Acide arsenique ru ne (45: Eau ER TNT NE TONER CIE 2 Karsten donne aussi la description suivante du cuivre mu- riaté. Cuivre muriaté. C'est du cuivre minéralisé par l'acide mu- riatique. Il se trouve à Rimolinos au Chili. Sa couleur est vert d'émeraude, quelquefois olive. Proust en a retiré : DHLVDE RS RTE ere ARTE AS 0.57. Acide muriatique. ..:..:,,.... 0.10, \ CRARERE STAR SEEN UE OL. ire VAR RP ES RE Dette eee MO Le Sable ferrugineux............. 0.02. Sable dé’sypses. Le... 41016. 04 Cette mine diffère peu du cuivre muriaté sabloneux, apporté du Pérou par Dombey. Cuivre phosphaté. Karsten dit que Klaproth l’a trouvé parmi les malachites, Sa couleur extérieure est noire ou grisâtre , à l’intérieur elle tient le milieu entre vert de gris ou vert d’émeraude. Fer arsentiaté. Cette mine cristallise en petits cubes. Sa couleur est vert d'olive. 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Klaproth avoit cru que c'étoit de l’arseniate de cuivre, et Karsten l’ayoit rangé parmi ces derniers. Mais Chennevix l’ayant analysé avec soin , y a trouvé beau- coup de fer et peu de cuivre. Il en a retiré : Fertoxkiteé 2 ARMOR RER RAS MON Cuivre oxide. Lie MINIME e MU: Fan. ie RERN PUR NE NE ETS SHOT AR MMA Ge à SAN ae Acide arsenique:..;-..."..:-4.4.. 81. Vauquelin , qui l’a analysé de son côté, n’y a point trouvé de cuivre. Il en a retiré : Fer. Eau. Acide arsenique. Fer chromaté. X] a été découvert par Pontier , à la bastide de la Cassade, près Gassin , département du Var. Sa couleur est d’un gris noirâtre. Sa pesanteur est 4,030. Vauquelin, qui en a fait l’anaiyse , en a retiré : EeRNOxIE RAM ERP CIO Acidechromiaue tre ec CRAOE Aline: Ce AL ee Eee Re OO SIA CR ARE RER CEA RER Il pense qu'il faut regarder ce minéral comme un chromate à double base, le fer et laluinine. Fer phosphaté. Alluau a trouvé cette mine de fer dans la même montagne où sont les émeraudes , auprès de Limoges. Sa couleur est noirâtre. Sa dureté est assez considérable. L'analyse a fait voir à Vauquelin , qu’il contenait : Manganèse.......... 42. TG) TN Lo nee anale done Acide phosphorique.. 27. Antimoine oxidé blanc. Vauquelin a analysé l’oxide blanc d'antimoine , qu’on trouve quelquefois sur l’antimoine natif d'Allemont. Sa couleur est blanche. Cet oxide cristallise quelquefois en lames rectangu- laires, d’un blanç nacré et transparentes. On avoit regardé ces ET D'HISTOIRE NATURELLE, 45 lames comme de l’antimoine muriaté. Mais Vauquelin v'ya point trouvé d’acide muriatique. Voici son analyse : Anmmmoine oxide LAHeronMe Lee ee 10e Antimoine oxidé mêlé de fer oxidé...... 3. SIC RS PEN EM TEEN OIL LEE RENE A EG Alumine, De Saussure ( Théodore) a examiné s’il existoit des combinaisons naturelles de l’alumine avec l’acide carbonique , c’est-à-dire, de Jl'alumine carbonatée, telle est la terre de Hales suivant Schreber. 0) Si l’alumine pouvoit se combiner par l’art avec l'acide carbo- nique , comme l’avoient avancé Bergman et plusieurs autres chi- mistes. - Voicile résultat de ses expériences. 19, L’alumine ne forme pas avec l’acide carbonique un carbo- nate d’alamine concret, ou du moins on n’a pas encore pu par- venir à former cette combinaison. 20. La substance regardée jusqu'ici comme un carbonate d’alu- mine artificiel concret, est le résultat de l’union de l’alumine ayec l’alkali , et l’acide carbonique, 3°. L’alumine ne paroît pouvoir s’unir à l’acide carbonique que dans le cas, où ce dernier est dissous dans l’eau. Lorsque cette terre se précipite de cette dissolution par la volatilisation de l’a- cide carbonique , elle ne se présente pas dans l’état de carbonate. 4°. Les argiles natives réputées par quelques auteurs comme des carbonates d’alumine ne paroïssent pas être dans cet état. Platine. Proust a fait un grand travail sur la platine en grains, telle qu’elle nous vient du Perou. Il a prouvé qu’elle est melangée avec an grand nombre de substances étrangères. 1°, Du sable qu’on en sépare par le lavage. 20, De l’or. Il a séparé de certaines platines 0,07 d’or, de quelques autres jusqu’à 0,12 et 0,13 d’or, ce qui donne un pro- duit moyen de 10 pour 100. Cet or est quelquefois vert ; c'est qu’il est mélangé avec le fer, comme l’or vert factice des joailliers. 30. De la plombagine. Il est des platines noirâtres qui*con- tiennent de la plombagine que l’auteur y a découverte. 6 4e. Du soufre. Il y est assez abondant pour que l’auteur dise que ce qu’on a appellé jusqu'ici la platine, n’est que du sulfure de platine. : À bo, Du phosphore. l’auteur traita la poudre noire de platine avec de l’eau régale. Il eut du phosphate de fer. D'où il conclut 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que le phosphore étoit combiné avec la platine. 60. Du fer. 7°. Du cuivre. L'auteur a reconnu, par différentes expériences , que le fer et le cuivre se trouvoient aussi avec la platine. ” Le même chimiste a examiné quelques sulfures métalliques. Voici quelques-uns de ses résultats. 1°. Sulfure de fer ou pyrite. La pyrite distillée à une chaleur rouge lui a donné : « SOUFFE esse 0,20: SE Residue- HER EMRCO: 0, La pyrite, suivant lui, est un sulfure que la nature com- pose par voie humide, et qu’elle surcharge d’un excès de soufre, comme pour assurer son ouvrage. Les pyrites en se décomposant perdent le soufre en acquérant de l'oxygène, et passent à l’état d’ocre. 30, Terre d'ombre. Elle est un débri végétal composé d’oxide de fer et de manganèse, d’argile , de sable. Il a trouvé l'argile dans la cendre de plusieurs bois. La cendre du chêne vert, ercina en espagnol , lui a donné du phosphate calcaire. 4°. Sulfure de mercure. Le cinabre artificiel contient : Mereure...... TRAME = Soir RenrE Il n’y a point d'oxygène. 5°, Sulfure d’arsenic. Le réalgar natif de Ronda en Anda- lousie ne contient que de l’arsenic , du soufre sans oxygène. 6°. Sulfure de cuivre. Ce sulfure, dans sa plus grande pu- reté, est toujours bleu foncé violet, ou d’un ton cuivreux de l’in- digo. Sa couleur est déguisée quelquefois par du carbonate de cuivre , et de l’oxide de fer. Le sulfure de cuivre est souvent masqué par d’autres sulfures métalliques. s Pyrite cuivreuse. La pyrite cuivreuse est le sulfure de cuivre uni au sulfüre de fer. Cuivre gris. Les différentes variétés de cuivre gris sont com- posées du sulfure de cuivre uni avec différens sulfures mé- talliques , tels que ceux d’antimoine , de plomb, d’arsenic, de mercure , d'argent, de zinc ; mais il n’est pas nécessaire que le sulfure d'argent s’y trouve. FORCES CINOUIMR E ANFAUTQUNRAERDATTE. AT Si aux deux premiers sulfures on unit par la pensée 2,3, 4et5 de ceux dont nous venons de parler, nous ayons tout autant de mines de cuivre compliquées. Parmi celles qui nous viennent d'Amérique , il y en a qui se surcompliquent encore d'argent natif , d’argent rouge, de car- bonate de fer, de manganèse , de sulfate de baryte. Telles sont les diverses espèces de mines appelées par les mi- néralogistes mines blanches, et mines grises de cuivre. Haüy a enfin publié son Traité de minéralogie , quietoit attendu depuis si longtemps. Tremery en a rendu, dans ce Journal , un compte détaille , auquel je n’ajonterai rien. Je vais seulement in- diquer les substances nouvelles que Lauteur fait connoître. 10. Aplome. ( C'est-à-dire simplicité.) Cette substance, dent il ignore la localité, se présente sous la forme de dodécaèdres rhomboïdaux semblables à ceux du grenat. Leur couleur est brune. Leur pesanteur spécifique est 34,444 k Ces cristaux diffèrent du grenat en ce que leur tissu n’est point lamelleux et a beaucoup moins d'éclat : les stries dont leurs faces sont sillonnées dans la direction de la perte diagonale, indiquent qu’ils ont pour forme primitive un cube , qui passe un dodécaèdre rhomboïdal, en vertu d’un décroissement par une simple rangée: sur tous ses bords. J’ai de ce grenat ou aplome verdâtre, qui se trouve dans um glimmerschieffer ou schiste micacé de Rittergrun , près Schwart- zenberg en Saxe, lequel est dans ma collection venue de Freyberg. 20, Diaspore. (C'est-à-dire qui se disperse. ) Ce minéral , dont nous devons la connoïssance à Lelièvre , est en masses composées de lames légèrement curvilignes, d’une couleur grise, d’un éclat assez vif, tirant sur le nacré , et faciles à séparer les unes des autres. La pesanteur spécifique est 34,324. Si on place à la flamme d’une bougie un fragment de certe substance, il pétille et se disperse , d’où lui vient son nom. Vauquelin en a fait l'analyse, et en a retiré : Alumine..... 6o. = Her: 2vrae RON TS Eau......... 17 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 30. Madreporite. (Madrepor-stein des Allemands. ) Cette substance est formée par la réunion d’une multitude de prismes à-peu-près cylindriques, dont l’épaisseur varie ERUE trois et douze millimètres, et qui tantôt sont parallèles entreux ; et tantôt divergent, en partant de plusieurs centres. La surface de ces prismes est terne et noirâtre : ils présentent à l’endrott de eur fracture nne concavité ou une convexité d’un noir luisant. Ils sont très-durs et cassans, et se dissolvent avec eflervescence dans l'acide nitrique, Par l'analyse, on en a retiré : Chaux carbonatée... 63, Alumine M. ©: 0010. SINGER cales lELes d Her SR AL ire L Pertes nie rs mures, MST 4. Spinthère. ( C'est-à-dire scintillant. ) J'en ai parlé dans le Discours préliminaire de l’année dernière: Béril rose. J'ai décrit un béril dont la couleur est rose. Il est cristallisé en prisme hexagone droit. Son sommet paroît comme composé de petites écailles , ou plutôt mameloné. Corindon. Adam Seybert rapporte qu’on a trouvé auprès de Philadelphie , dans une veine granitique, beaucoup de corindon ou spath adamantin. Lelièvre a trouvé auprès de Limoges : ÆEmeraudes. 1°. Des émeraudes en grande quantité. Elles ne sont pas toujours vertes. Plusieurs sont d’un blanc grisâtre et opaques. Mais Vauquelin en a retiré de la glucine : ce qui ne laisse point de doute sur leur nature. Fer phosphaté. 2°. Le fer phosphaté dont nous avons parlé. Lépidolite. 3°. La lépidolite semblable à celle d'Allemagne. Soufre natif. Dans les carrières à plâtre des environs de Meaux on a trouvé du soufre natif. J’en ai un morceau qui m’a été donné par Volney. Sa couleur est d’un jaune éclatant qui approche de celle du réalgar, Je ne crois pas qu’on eût encore trouvé du soufre dans les carrières à plâtre des environs de Paris. Dolomien a publié une philosophie minéralogique ; dans la- quelle il exarnine quels sont les caractères de l'espèce chez les MINÉIAUX, EVTUD?2H 1 ST O TR EUNATUR'EL LE: kg minéraux. J1 a traité cette question avec sa sagacité ordinaire. Mais écoutons-le lui-même , page 586 : « En résultat de toutes les recherches qui ont été faites sur la constitution des minéraux, et dont il seroit inutile de suivre plus particulièrement le cours, par suite de toutes les réflexions qu’elles font naître , et de toutes les conséquences de l’analo- pi la plus exacte, je crois pouvoir dire qué l'espèce minéra- ogique dépend uniquement de la constitution de la molécule intégrante ; que c’est de la diversité de nature dans les molécules intégrantes, dites simples pour être indécomposables ; comme c’est de la diversité des substances constituantes combinées dans les molécules intégrantes composées, que dérivent toutes les es- pèces minéralogiques ; ou même pour rendre cette idée plus con- cise, je dirai simplement : « Les molécules intégrantes sont elles-mêmes les espèces mi- néralogiques. « Puisque c’est de leur constitution particulière que résulte l'espèce, et que l’aggrégation et la désaggrégation ne peut pas changer leur nature; que par-tout où se trouve une ‘molécule intégrante quelconque l’espèce minéralogique existe dans toute sa plénitude, parce que cette existence est absolument indé- pendante du volume des masses ; et que son institution ne sau- roit exiger le rassemblement d'aucun nombre déterminé de ces molécules ; que tout ce qui est étranger à la molécule intégrante est étranger à l’espèce ; Que tout ce qui lui est superflu pour n'être pas essentiel à sa composition , est superflu à l'espèce , et que l’espèce n’est parfaite que lorsque la molécule intégrante simple est réduite à la plus extrême pureté , et que lorsque la molécule composée ne contient rien qui ne soit absolument né- cessaire au plus exact équilibre entre toutes les substances essen- tielles à sa composition. » Il considère ensuite l’espèce minéralogique sous ses différens rapports ; il entre dans des détails où nous regrettons de ne pou- voir le suivre ; il se résume en ces termes : «Enfin , après avoir considéré l'espèce minéralogique sous ses rapports les plus intéressans, sans prétendre avoir épuisé tout ce qu'il y auroit à dire sur ce sujet important, nous donnerons par forme de dernier résumé , et d’après les motifs que nous avons énoncés, une nouvelle définition de l'espèce à laquelle nous avons été conduits par le cours de la discussion. «Nous dirons donc : Tome LI, NIVOSE, an 10. G fo JOURNAL, DE THVMSIQUE,.DE CHIMIE «L'espèce minéralogique est un être distinct de tous les autres par une constitution particulière, qui reçoit de cette constitution. tout ce qui doit la caractériser. Cet être existe dans la molécule intégrante. Ilest représenté physiquement par les masses homo- gènes qui ont été soumises aux lois de l'aggregation régulière , et il tient sous sa dépendance tous les êtres qui ont une serm- blable constitution , lors même que des vices de conférmation les éloignent de la représentation physique de l'espèce , ou que des superfluités et des souillures lui font porter une livree étrangère. » \ DE: LA; CRISTALLOGRAPHIE. L'étude des cristaux est devenue si importante en chimie et en minéralogie , qu’il n'est pas surprenant qu’on se soit occupé n’y a travaillé avec plus de succès que Leblanc. Îl est parvenu Les vases à fond plat, dit-il, de verre ou de porcelaine, sont les meilleurs pour obtenir des cristaux isolés et bien réguliers. 11 faut commencer par faire évaporer la solution jusqu’au point de saturation. On obtient d’abord de petits cristaux très-nets. On prend ces petits cristaux, qu’il appelle exbrions, et on les place dans la même liqueur qu’on a décantée , et qu’on a versée dans un vaisseau plat. Les petits cristaux grossissent , ou, suivant l'expression de l’auteur, s’é/èyent. Il les retourne tous les jours, parce qu’il a remarqué que leur accroissement n’est pas le même sur toutes les faces. Ainsi les cristaux prismatiques croissent en longueur, lorsqu'ils sont couchés sur une de leurs faces ; et ils croiïssent en largeur lorsqu'ils sont placés sur une de leurs bases. On répète cette opération tous les jours. Lorsque la liqueur n’est plus assez saturée , parce qu'elle a fourni trop de cristaux , il faut la changer , parce que les cris- taux, loin d'augmenter de volume, en diminuent, la liqueur les dissolvant alors. Les eaux mères d’une dissolution qui a donné une cristalli- sation en masse, est préférable à une dissolution limpide. L'auteur a fait une observation curieuse. Lorsqu'il place ces petits cristaux dans une liqueur un peu profonde, ceux qui sont FATAD UHUNS NOIR EQN°A T'UPRUNE TE TE. 55 au fond du yase grossissent plus vite que ceux qui sont à la moitié de la hauteur , et ce$ derniers plus que ceux qui sont à la sur- face. . ; Ces ‘effets sont dus à ce que les liqueurs sont plus saturées au fond qu’à leur surface, Comme je l'ai fait observer dans ma Théorie de la terre , au sujet des cristallisations minérales. Ces faits observés par Leblanc nous serviront à expliquer quel- ques-unes des modifications de formes que présentent les grandes cristallisations. Un cristal grossit da varitage sur la. face qui touche, le fond du vase. Or, dans toutes les cristallisations salines opé- rées par l’art, on voit des cristaux dont telles faces se sont fort aggrandies aux dépens de ielle autre. On peut donc supposer que c'est par une cause analogue à celle qu’a observé Leblanc. Nous avons encore un autre fait qui peut faire entrevoir les causes des variétés des cristaux. On a envoyé de Suisse une espèce de gypse, dans lequel Vau- quelin n’a trouvé que de la terre calcaire et de l’acide sulfu- rique, sans eau de cristallisation, Aussi sa pesanteur est 58, tandis que celle du gypse ordinaire est 23. Ce gypse paroît cristalliser en cube , et sa molécule est cubique , tandis que le gypse ordinaire cristallise en rhombe. Cette différence de forme paroît devoir être attribuée à l’eau de cristallisation. Elle est très-abondante dans le gypse commun, et on n’en a pas trouvé une quantité sensible dans le gypse cu- bique. | On avoit négligé jusqu’ici de faire entrer l’eau de cristallisa- tion comme un des principes constituans des cristaux. Ces faits prouvent son influence. J’avois dit avec Leblanc, 1°. qu’une quantité plus ou moins grande d’acide ou de base pouvoit faire varier les formes des cristaux ; 20, il faudra y ajouter une plus ou moins grande quan- tité d’eau de cristallisation. Tous ces faits nous feront connoître les causes qui font varier les formes des cristaux. Des effits constans doivent avoir des causes constantes ; ai-je dit dépuis longtemps. Or nous yoyons constamment telle variété de cristallisation de la mê:ue substance dans telle circonstance. Ici on trouve constanment le spath calcaire cristallisé en prisme hexaèdre, là en dent de cochon ou le métastatique , aïlleurs l’in- verse. .... Ceci suppose des cauées constantes... G 2 52 JOURNAL DEPHYSIQUE, DE CHINE D}ESS MENO SISTTP LENS, L'histoire des fossiles doit faire une des parties les plus inté- ressantes de l’étude de la nature. Aussi est-elle particulièrement cultivée aujourd’hui. Deluc a donné un mémoire sur les bélemnites On doit se rappeler qu'il regarde les numismales comme un corps ana- logue à l’os de la sèche, et qui a appartenu à quelqu’animal. Il a la même opinion sur la bélemnite. Elle n’a aucun orifice, dit-il , ainsi elle na pu loger aucun animal. D'où il résulte que, comme la numismale qui n’a pas non plus d'orifice, elle doit avoir été renfermée dans un animal. Sage a également fait des observations intéressantes sur les bé- lemnites. Fortis se propose de publier un grand travail sur quelques nouvelles 6) eus de discolithes, telles que camerines, Llenti- culaires, hélicites, numismales , etc. etc., dont il a trouvé plu- sieurs aux environs de Paris, comme à Grignon, à la Morlaye, auprès de Chantilly, etc.:11 a donné un apperçu de son travail. J1 regarde ces discolithes comme des corps solides qui se trouvent dans le corps de divers animaux. «Je propose, dit-il, d’a- près des observations comparatives, mon opinion sur la destina- tion originaire de ces fossiles, et mes idées là-dessus se.rap- prochent de celles de Deluc. J’étaie mon hypothèse de deux observations consignées par Stavorinus, et pâr un anonyine fran- çais , dans leurs voyages à travers la mer des Indes , où ils ont remarqué des animaux extérieurement gelatineux, d’une figure analogue aux discolithes, ayant dans leur intérieur un corps solide, que le dernier qualifie de testacé et chambré.. » Cuvier a donné un extrait de son ouvrage sur les os fossiles des quadrupèdes. Voici un apperçu de ceux dont il a parlé. 10. Les os trouvés en Sibérie et dans différens endroits de l’Europe. On avoit cru qu'ils étoient les débris d’éléphans des Indes ; mais ils diffèrent beaucoup, suivant lui : d’où il conclut qu'ils ont appartenu à une autre espèce. 20. Les os trouvés sur les bords de l’Ohio dans l'Amérique septentrionale, On en a aussi trouvé dans la petite Tartarie, et en Italie. Les Américains croient qu’ils ont appartenu à une espèce d'éléphant qu'ils appellent mammouth. Mais cette espèce n'existe plus, suivant Cuvier. ; 3°. Une troisième espèce, perdue suivant lui, est celle du ETADAHMTS TOIRE N\A TU RE LIVE. 53 rhinocéros à tête alongée , qui se trouve en Sibérie et en diffé- rentes parties de l’Europe. Elle est différente des quatre à cinq espèces vivantes du rhinocéros. 4°. Le grand animal fossile trouvé au Paraguai , nommé par Cuvier mepatherium , et qui lui paroît être le même que celui dont on trouve des débris dans l’Amérique septentrionale , et que Jefferson a appelé mégalonix , n’a point d’analogue vivant. 11 le met dans la classe des paresseux. 5°. Une espèce trouvée dans plusieurs cavernes d'Allemagne, et qu'on avoit prise pour une grande espèce d’ours. Mais Camper et Rosenmuller ônt prouvé qu'il différoit des ours connus. 6°. Une autre espèce trouvée dans les mêmes cavernes , ana- logue à l’ours, mais qui en diffère réellement suivant Camper fils et Cuvier. 7°. Une autre espèce d’animal carnassier , trouvé dans les mêmes cavernes, qui tient le milieu entre l'ours et l’hyène. 80. Un animal analogue à l’élan , qui se trouve abondainment en Irlande, et dont le bois a jusqu’à 14 pieds d'une pointe à l’autre. 9°. Les tortues fossiles qui paroissent devoir se diviser en plu- sieurs espèces, - 10°, Le crocodile trouvé dans les carrières de Maëstricht. 119. Une espèce de lézard volant trouvé dans les schistes des environs d’Aichstelt, et dont Collini a décrit un squelette presque complet , conservé dans le cabinet de Manheim. 129, La douzième espèce est un animal également décrit par Collini, et qui paroît être un reptile ou un cétacé. 130, L'animal dont les dents imprégnées de cuivre, donnent les turquoises de Simore , en Languedoc, de Trévoux.. Dombey en a apporte d’analogues du Pérou. Cette espèce paroît à l’auteur voisine de celle de l'Ohio. 14°. Une espèce de tapir dont on voit une tête dans la collec- tion de Drée, trouvée dans la montagne noire, en Languedoc. Elle est de la même grandeur que celle du tapir vivant , et n’en diffère que par la forme des dernières dents molaires. k 15°. Une seconde espèce de tapir gigantesque , dont on voit les mâchoires dans la collection de Drée. On en à trouvé des débris auprès de Comminges , et de Vienne en Dauphiné. 160, Un hippopotame qui ressemble , en miniature, à l'hippo- potame vivant, mais quine surpasse pas la grandeur d’un cochon. 170. , 180. , 190. ,200, , 210., 220: Les carrières à plâtre des en- virons de Paris ont fourni des fossiles d’un genre inconnu jus- 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE u’ici, et intermédiaire entre le rhinocéros et le tapir. Leurs dif- ph entr’elles , consistent sur-tout dans le nombre des doigts des pieds, et dans la grandeur, qui va depuis celle du cheval jusqu’à celle du lapin. J'ai décrit la tête d’une de cés grandes espèces , qui a un pied de longueur depuis l'extrémité des dents de la mâchoire supé- rieure jusqu’au trou occipital, 230, Cuvier vient de découvrir, auprès de Honfleur, les osse- mens d’une espèce de crocodile, très-voisine de celle du gavial, ou crocodile du Gange, mais qui, néanmoins, en diffère par des caractères frappans. Voilà, ajoute l’auteur , vingt-trois espèces d'animaux inconnus aujourd’hui, que j'assure posséder. Mais ce n'est pas à cela que se bornent ceux que la terre recèle : ïl en est quelques-uns qui paroiïssent semblables à ceux des analogues vivans. «Je connois des morceaux fossiles ressémblant assez à de pareils espècés vivantes, dit-il, mais qui viennent peut-être d'espèces qui diffèrent par d’autres endroits ; tels sont : 10. Les os de quadrupèdes du genre du tigre, mêlés à ceux d'ours trouvés en Allemagne. Ils n’ont presque point présente de différence avec les analogues du tigre ou du bon. 20, La tête d'hyène , décrite par Collini, ne paroît point, d’après le dessin, différer de celle de l’hyène ordinaire. 30. Les os des rochers de Dalmatie. On en a des dents qui res- semblent à celles du daim. L'auteur parle ensuite de morceanx qui m’étoient pas assez complets pour qu’on pt en reconnoître l'identité ou non iden- tité avec leurs analogues; tels sont : 10. Les os des grands rwninans, des environs de Vérone, 20 Ceux de la même classe, des rochers de Gibraltar. 39. Les os de rongeurs, du même rocher. 4°. Les.os de cétacés , des environs de Dax. 5o, Des os de plusieurs grandeurs diflérentes , trouvés au mont Abuzard , près d'Orléans. 6°. Des os des environs d'Aix, de Cette. Eofin, il range dans la troisième classe des os icertains , ceux ressemblant complettement aux espèces vivantes , mais qui, ayant été trouvés dans des tourbières , peuvent y avoir été enfonces par diverses canses, sans devoir être regardes pour cela comme de véritables fossiles ; tels sont, en particulier, les os de bœuls, de buffles , d’aurochs, d’arnis.. . J'ai décrit deux œufs pétrihiés, trouvés en Espagne, dans un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 terrein sablonneux, auprès de Terruel. 1] y en avoit six ensemble. Un d'eux a été scie par la moitié. La coque a une demi-ligne en- viron d'épaisseur. L'intérieur est tout rempli de cristaux de spath calcaire, dont la forme est une nouvelle variété. Ces œufs sont à-peu-près de la grosseur de ceux de perdrix. Deluc a trouvé au mont Suève, proche Genève , deux os fossiles contournés : il les a decrits, et en a donné la figure . dans ce Journal. Ce sont, selon lui, deux dents analogues à celles de l’hippopotame. DéE SV OL CA NS. Buch a examiné de nouveau la grande question qui est agitée entre les vulcanistes et les neptuniens. Ayant vu tous les volcans de l'Italie, et connoïssant parfaitement les diverses montagnes basaltiques d'Allemagne, il est plus à même que personne de prononcer sur cette matière importante. Il a été dans des cou- ras de laves bien counus, et en a détaché des morceaux sans pores et absolument semblables anx basaltes de Bohême , de Silé- sie , de Hesse, de Saxe... Ainsi il n’est pas douteux, dit-il, que les volcans puissent produire des pierres semblables à nos basaltes, Mais assurément on seroit #rop hardi de conclure de là que tous nos basaltes sont des laves. Werner prétend que toute lave est formée par les basaltes; mais la lave de solfatare ne ressemble nullement au basalte. Il ÿ a donc des laves différentes des basaltes. Buch cherche ensuite à assigner des caractères pour distinguer les vrais basaltes non volcaniques des laves. 10, Celles-ci, dit-il , ont coulé en torrens, et ne forment pas des montagnes. Or, nos basaltes forment de grandes montagnes. 2°, Les laves du Vésuve renferment du leucite, et de l’augite ( pyroxène Haüy, volcanite Lamétherie ). Le leucite lui paroît yraïnent appartenir aux volcans, et avoir cristallisé lors du re- froidissement de la lave, et l’angite être préexistante à la lave. Toute pierre qui contiendra du leucite pourra donc être regardée comme volcanique. 30. Il croit. que le foyer des volcans n’est pas à une grande pro- fondeur. - Deluc a combattu l’opinion de Buch : il soutient que : 10. Le foyer des volcans est à unegrande profondeur au-dessous des granits. « Si l’on fait consister, dit-il, tout l’ensemble d’un volcan dans le seul cône exté:ieur; sans-doute ce cône repose 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sur le $ol extérieur. Maïs ce n’est pas là que peuvent être ses foyers. Comment, dans cette position , rassembleroient-ils les ma- tériaux qui ont accumulé ces cônes jusqu’à des hauteurs telles que celles de l’Etna et du pic de Ténériffe? Ne faut-il pas, pour qu'ils aient pu pousser au dehors d’aussi prodigieuses accumu- . 0 “ . [e] ; lations , qu’ils soient à de très grandes profondeurs sous le soi? « Pourquoi seroit-il peu probable qu’il y ait une couche in- connue sous le granit, qui puisse produire les schorls ( augite }? Savons-nous ce qui suit après le granit? Ces schorls ne se trou- vent dans aucun schiste, gneis ou granit, ni dans autune autre couche primordiale : et il est démontré qu'ils sont une cristal- lisation formée par la voie humide. Donc ils proviennent de couches qui nous sont inconnues. » Il combat cette opinion de Buch. Il dit que les basaltes d’Al- lemagne sont de vraies laves. Buch dit que les leucites sont d’origine volcanique, et non pas les augites. Deluc répond qu'il n’y a point de raison pour dire que les aupites ne sont pas d’origine volcanique , puisqu'on les trouve en abondance, non les leucites. La même lave, ajoute-t-il, con-, tient des leucites et des augites on schorls en quantité tout aussi nombreuse ; il s’y joint un troïsième petit cristal jaune et trans- parent , qu’on a nommé chrysolite. Toutest donc commun entre ces trois cristaux. Si l’un est étranger à la lave, les deux autres le sont également ; et ils le sont tous trois bien certainement. D'où il résulte que Les basaltes qui contiennent les schorls peuvent être aussi bien des laves, que les laves reconnues telles, qui con- tiennent des schorls et des leucites. Les basaltes d'Allemagne, dont parle Buch , sont identiques avec les laves, parce qu'ils ont été comme elles en état de fusion , et formés des mêmes maté- Dauer Salmon a cherché à concilier les deux systèmes des vulcanistes et des neptuniens, dans un mémoire sur la nature des laves com- pactes , et sur celles des monts Euganés. Les vulcanistes disent que tous les basaltes sont les produits du feu. Les neptuniens disent qu’il y a des basaltes produits par une cristallisation aqueuse. Salmon paroît prendre un parti qui peut concilier les deux opinions. 11 pense que les monts Euganés sont le produit de l’ac- tion du feu. Car, dit-il, ceux qui ont vu les roches porphyritiques des monts Euganés, et qui jeteront les yeux sur le filon de por- phyre % £T DHISTOÏTRE NATURELLE. 57 phyre que coupe le chemin de Naples à Pouzzol, près de la sol- fatare, reconnoîtront, dès l’abord, le caractère identique de ces deux substances... Je rapprochaiï, par la pensée , les roches des monts Euganés s’élevant en colonnes, et les porphyres sortis de la solfatare courant jusqu’à la mer. Ces masses différant seule- ment par la configuration extérieure , me semblèrent avoir visi- blement la même origine « Mais je suis forcé , continue-t-il, d'admettre deux sortes de volcans ; savoir : ® «19, Ceux où le calorique règne en agent puissantet dominateur, déploie une force extraordinaire, et se rend maître de tout le système qui est en explosion. F «20, Les volcans où le fluide aqueux par son abondance, oppose une action victorieuse au calorique qu’il éteint. « Dans le premier cas, le volcan brûle avec excès de calorique. « Dans le second , il existe avec excès d’eau. «30.-11 y a sans doute des états où ces agens sont tels entr’eux que leurs efforts se balancent, et leurs impressions se modifient ; ce qui constitueroit une troisième espèce. » La classe où le calorique est très-supérieur et très-énergique comprendra les verres , les smalts, les frittes , les laves cellulaires et caverneuses. Dans l’autre se rangeront naturellement quelques tufs, les por- phyrites , les porphyres, certaines laves d’un grain terreux, et Je basalte colomrraire. Dans la moyenne on placera la lave basaltique. Le même volcan offrant des variations considérables dans la nature de 6es éruptions, il est évident qu’on doit distinguer, selon ces principes , les éruptions avec excès de calorique, ct les érup- tions avec surabondance d’eau. f L’auteur suppose que les monts Euganés doivent être rangés dans la seconde classe. Monte-Rosso, et Monte-Ortone ne doivent leurs colonnes prismatiques de porphyre et de porphyrites, qu’à une lave que l’eau pénétroit intimément. Leur liquéfaction étoit aquoso ignée. Dolomieu, à son retour de sa longue détention, ne put céder au plaisir de visiter le Vésuve en passant. il vit les laves de l’éruption de 1794 ; et apperçut des métaux qui avoient été ex- posés à toute l’activité du feu. Il en conclut que la chaleur de cette lave ne surpassoit pas celle capable de fondre l’argent. Tome LIF. NIVOSE an 10, H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE OT ANGLE DEC LÉ Deluc a donné des observations sur les prismes, ou schorls volcaniques , et particulièrement sur ceux de l’Etna. Les uns, dit-il, tels que Patrin, les attribhent à une cristallisation des fluides aériformes qui s’echappent des volcans. Les autres , tels que sir James Hall , pensent qu’ils sont le pro- qui d’une cristallisation qui a lieu dans la lave elle-même , lors e son refroidissement lent. - Il combat ces deux opinions , et-il soutient que ces schorls préexistoient dans les couches qui ont formé la lave où ils se trouvent. « Quand on examine , dit-il, ces laves, elles disent, en” langage très-intelligible , qu’elles-mêmes, ni aucune des subs- tances isolées qu’elles renferment, n’ont été dans un état de fluide aériforme ; que ces substances ne sont point une cristal- lisation produite dans leur sein , pendant leur refroidissement ; qu'elles existoient cristallisées dans les couches où elles ont pris naissance ayant Ja fusion ou l’état de laves de ces couches ; qu’elles y sont restées enveloppées, et que la chaleur volcanique n’a pas été assez grande pour les fondre en les incorporant avec la matière des laves ; que ce sont les layes enfin qui ont amené ces substances au jour, qui, sans cela, seroient restées pour toujours inconnues. » Socquet a donné des vues nonvelles sur la cause des volcans. Les expériences de la pile de Volta, ditil, font voir que diffé- rens métaux, en contact par l’intermède des eaux salées, com- muniquent de fortes commotions , dégagent de l’oxygène et de l'hydrogène... Il y'a un grand dégagement de calorique. La même chose doit ayoir lieu dans le sein de la terre. Les subsz tances métalliques s’y trouvent mélangées. Les roches qui les contiennent doivent donc éprouver l’action de ces torrens élec- triques. Il y aura dégagement d'oxygène et d'hydrogène ; elles seront réduites en fusion... Enfin cette cause produira tous les phénomènes volcaniques. Spallanzani a remarqué que dans la partie la plus agitée du détroit de Messine , les eaux de la mer déposent des parties calcaires , et y forment des pierres. Fortis a observé la même ‘chose aux environs de Tivoli. Une petite rivière, chargée de chaux carbonatée en dissolution , ne la dépose que dans l’en- droit où ses eaux se précipitent avec impétuosité. Coupé a fait la même observation sur les eaux de la fontaine de Bougival, EU D'HISTOIRE NATURELLE: 59 près Marly, et sur celles de la fontaine d’Arson , dans le bois de Salency, près de Noyon. Wild a traité de nouveau la question de l’origine des fon- taines’ d'eaux salées. Îl pense que celles de Bex en Suisse, de Montmorot , et autres, devoient être entretenues par des masses de sel gémme, comme le sont celles du Tyrol. Effectivement, on a trouvé À Bex des petites couches de sel gemme, Ramond a donné des vues sur la formation des Pyrénées. Dans cette chaîne de montagnes, le calcaire est trèsélevé, et paroît quelquefois l’être plus que le granitique. Cependant celui-ci l’est réellement davantage. 11 se trouve également dans le centre de la chaîne, qu’il traverse d’une extrémité à l’autre ;.et il ne diffère point du granit des Alpes, et de celui des autres grandes chaînes. «Quant à sa disposition , dit l’auteur, le granit des Hautes- Pyrénées se comporte comme celui des autres Alpes, et peut donner lieu aux mêmes dissentimens. À ne considérer que le désordre apparent des fissures dont il est traversé , il paroît accu- mulé er masses irrégulières. Cependant, il me semb'e qu’on ne sauroit se dissimuler un obscur alignement en bancs , qui courent dans la direction de la chaîne. Cet alignement est plus apparent sur les lisières, mais on les démêle encore vers le centre...» Il examine ensuite la structure de ces masses granitiques, et il croit y appercevoir des figures régulières, qui sont des quadri- Jatères irréguliers, ou des trianoles scalènes. Mais en dernière analyse, il rapporte ces figures au pentaèdre. «Le pentaèdre cunéiforme seroit donc l'élément, et, si j'ose m'exprimer ainsi, la molécule de la cristallisation d’aggrégation du granit.» L'auteur divise la chaîne des Pyrénées comme formées de trois ordres de couches. 1°. Les primitives dont nous venons de parler, qui sont le granit primitif. \ 20, Les secondaires, appuyées surles primitives, des deux côtés de la chaîne. Ces secondaires sont composées de schistes primitifs, detrapp.. et toutes mélangées de portions de granit. Ces cou- ches sont plus ou moins inclinées, et souvent verticales. 30. Les troisièmes couches sont ces pointes calcaires, remplies de débris d’êtres organisés. Blles sont appuyées sur les couches secondaires , et se prolongent sur les deux côtés de la chaîne. Il examine ensuite la manière dont on peut concevoir qu’a été formée la chaîne entière de ces montagnes. Il remonte à la for- mation du globe, qu’il suppose formé par cristallisation. « Supposons, dit-il, qu’au moment où la croûte de la terre se H 2 Fo JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE consolidoit sous les eaux dont elle étoit couverte, le granit se soit formé des élémens dissous qui tendoient le plus fortement à cristalliser. « Supposons que la tendance à cristalliser diminuant avec le nombre et la pureté des élémens cristallisables, l'attraction uni- verselle ait repris peu-à-peu sur la figure du sédiment, l’in- fluence que les attractions particulières avoient d’abord exercée, « Supposons que la croûte de la terre se formant ainsi de con- crétions qui prenoient de plus en plus l'apparence de couches , cette croûte ait été frôissée , rompue, soulevée dans quelques points de son étendue , et que ces saillies soient l’origine de nos montagnes. « Dès lors, ce qui étoit en-dessous se trouve au centre de ces éminences , ce qui étoit au-dessus se trouve sur les côtés...» Telle est la manière dont il envisage en général la formation de la croûte de la terre. l «Mais , ajoute-t-il, la nature et la disposition des matières qui forment les Pyrénées donnent lieu à des considérations moins hy- pothétiques , et fondées sur des faits mieux constatés. «Elles ont été déposées immédiatement après le granit, et elles en renferment beaucoup elles-mêmes. - «La cristallisation a puissamment agi sur l’aggrégation de la plupart de leurs élémens. « L'époque où elles se sont accumulées sur la base primitive étoit une époque de trouble, où il se formoit peu de couches régu- lières. «]ln’y a que la supposition d’une très-grande agitation des eaux qui puisse expliquer à-la-fois l’irrégularité et l’entrelacement de ces couches , et le bisarre mélange de tous les élémens divers qui s’y succèdent ou s’y confondent. » à Effectivement il suppose de grands courans qui partoient de la région méridionale : ils étoient chargés d'une quantité con- sidérable de substances diverses qu’ils ont déposées pour former cette chaîne étendue. Kirwan a réuni un grand nombre d'observations sur le zalus des montagnes. W y a eu, dit-il, des causes générales qui ont agi à l’époque même de la formation de notre globe , et d’autres dans des périodes subséquentes. 11 place au nombre de ces der- nières le déluge de Noé, dont l’action fut universelle , tandis que pr autres, telles que les tremblemens de terre, les volcans, es inondations particulières. .. n’ont eu que des effets locaux. Tilas , suédois, est le premier, dit il, qui ait observé que ces É T D'HES TOIR EN A DU RE ELLE: 61 talus des montagnes avoient des directions constantes relative- ment aux-points cardinaux. ( Mémoire de Stockholm , an 1760.) 11 dit qu’en général les pentes les plus rapides resardent toujours cetie partie du pays où le sol est le plus élevé. Bergman (Description physique de la terre, en 1773), dit que dans les montagnes qui courent du nord au sud, le côté occidental est le plus escarpé, et dans celles qui courent de l’est à l’ouest la face meridionale est la plus abrupte. Buffon a aussi parle de ces phénomènes dans les Epoques de la nature. Herman, dans sa Géologie, en 1797, dit que les pentes orien- tales sont les plus douces. Lamctherie (Théorie de la terre, 2°. édition, 1797 ) parle aussi fort au long de ces pentes. J'y ai dit qu'il me paroissoit que dans chaque grande chaîne de montagnes il y avoit une pente roïde d'un côte, et de l’autre une pente douce ; mais que ces pentes ne présentaient aucune direction fixe. Les Cordelières ont leur pente roide à l’occident, sur la mer Pacifique , et leur pente douce est à l'ouest. Les montagnes qui traversent l'Afrique, depuis le Cap de Bonne - Espérance jusqu’en Abissinie , ont leur pente roide à l’ouest, et les pentes douces sont à l'occident. Les monts des Gates , les monts Ourals, les monts de Nor- wége... ont leurs pentes roides à l’occident. La grande chaîne de l’Asie, qui court de l'orient à l’occident , a des pentes douces au nord et au sud, comme on en peut juger par les fleuves qui en sortent, l’Indus , le Gange, l’Aracan, le Menankiou , le Pégou , le Menan, le Mecon, le Kiang , le Hoan, qui coulent au midi, ne sont pas moins considérables, et ont un cours presque aussi long que ceux qui coulent au nord, tels que V'Ob, le Yennissey, la Lena... Forster ( dans sa Géologie, en 1798 ) établit comme un fait général , ane les flancs qui regardent le sud et le sud-est, sont escarpés dans presque toutes les montagnes , tandis que les pentes qui sont au nord et au nord-ouest, sont beaucoup moins inclinées. Kirwan expose ensuite, en détail, les pentes de diverses mon- tagnes. Toutes ces montagnes, ajoute-t-il, ont été formées dans le sein des eaux, et ont été modifiées par leurs courans généraux. Or, les eaux ont deux grands courans , suivant Bergman. 1°. Celui des vents alisés , ou de l’orient à l’occident, 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 20. Un second qui vient des poles vers l'équateur. L'auteur convient que le premier courant a modifié kes parties orientales et occidentales des montagnes, F Mais il pense que Bergman échoue dans l'explication des pentes méridionales ; car, les eaux venant des poles, devroient faire des dépôts égaux de part et d'autre , ce qui est contraire aux faits. Les causes secondaires out modihé ces causes générales. Nous voyons aujourd'hui de quelle manière les courans généraux sont modifiés. Les tremblemens de terre, les inondations ... ont apporté encore d’autres modifications. Il ajoute que les eaux acquièrent une direction du nord au sud , par une suite de leur chûte dans ces yastes abîmes qui se formèrent lors du déluge de Noé, dans le voisinage du pole an- tarctique. Or, ce grand mouvement produisit plusieurs talus. Hiram Cox a décrit des puits de petrole, qui se trouvent dans le royaume de Burmba ; proche la ville de Ainarapoorah , à 20° 26! latitude nord, et 04° 45! 54!! est de Greenwich. Ces pnits sont creusés à trois miles de la rivière Erai- Wuaddey. On creuse les puits dans üne colline. On trouve d'abord un terreau sablon- neux, ensuite un grès friable, dans lequel sont des couches minces horisontales d’un mélange de mine de fer , de talc et d’argile. Ces couches s'étendent jusqu'à la profondeur de 70 coudées. On ren- contre alors des couches de glaise schisteuse , d’un bleu pâle, im- prégnée de pétrole , ensuite des schistes, À 130 coudées environ, on trouve de la houille , mêlée quelquefois de soufre de pyrite. C’est de cette houïile que découle le pétrole au fond du puits. Les-ouvriers l’y ramassent , et on le monte avec les machines or- dinaires. La température est assez élevée au fond de ces puits pour que les ouvriers qui en sortent soient couverts de sueur. : L'huile est de couleur verdâtre : son odeur est forte. Chaque puits fournit, par jour, environ 1677 livres d'huile. Il y a environ 520 puits. Poiret a donné un nonveau mémoire sur les tourbes pyriteuses du Soïssonnais ; il persiste à croire : 10. Que cette tourbe n’a point été déposée par les eaux de la mer, comme on l’avoit cru jusqu'alors, mais formée dans les eaux douces , aux lieux mêmes où on la trouve aujourd’hui. Cette assertion , dit il, est évidemment prouvée par le banc de coquilles fluviatiles entre deux couches de tourbe. 2°, Il est écalement prouvé que des dépôts marins ont recon- vert cette tourbe formée et précipitée dans des eaux douces ; EUTeD HI SUTDOUR:E, NA TOUR E LLE. 63 tar elle est recouverte par des couches de coquilles marines. L'auteur ne dissimule point l’objection qu’on pourroit lui faire, en disant que cette tourbe a été formée dans des lacs postérieu- rement à la retraite des eaux des mers, et qu’elle ne se trouve aujourd’hui au-dessous des couches de coquilles marines, que par des affaissemens particuliers... Mais les circonstances lo- cales lui persuadent que cette objection n’est point fondée. Humboldt me marque qu’à la latitude boréale de 100 30/, à 505 toises au-dessus du niveau de la mer, il a trouvé la tem- pésature intérieure du globe, de 14 à 15 degrés de Réaumur. La température moyenne des eaux de la mer, à leur surface , est de 21°. , Il a fait un grand nombre d'observations géologiques dans l'Amérique méridionale : il commence par décrire les différentes chaînes de montagnes qui la traversent. Il remarque la chaîne qui vient du pole austral, Il décrit ensuite les diverses vallées qui en partent à angle presque droit , dans lesquelles coulent les grands fleuves qui vont se verser dans l'Océan atlantique. Ces montagnes sont composées des mêmes substances que celles de l’ancien continent. On peut suivre, ajoute-t-il, ces chaînes au-delà de l'Océan, à l’est, dans l’ancien continent , et l’on voit que , sous la même hauteur du pole, les montagnes primitives des gouvernemens de Fernambouc, de Mitras, de la Bahia, de Janeyro , correspon- dent avec celles du Congo; que l'immense plaine de l’Amazone se trouve.vis-à-vis des plaines de la nouvelle Guinée, la Corde- lière des cataractes vis à-vis la haute Guinée, et les Llanos du Mississipi engloutis sous les flots lors de l’éraption du golfe du Mexique , vis-à-vis le désert de Shara. Cette idée paroît moins hasardée lorsqu’on envisage l’ancien et le nouveau continent comme séparés par la force des eaux. La forme des côtes, les angles rentrans et saillans de l'Amérique, de l'Afrique, et de l’Europe, annoncent cette catastrophe. Ce que nous nommons Océan atlantique, n’est qu’une vallée creu- sée par les eaux. La forme pyramidale de tous les continens, dont la pointe est dirigée vers le sud, le plus grand applatisse- ment du globe au pole austral, et d’autres phénomènes ob- servés par Reinold Forster paroissent prouver que l'impulsion des eaux venoit du sud. Après ayoir reconnu, ajoute-t-il , la direction des montagnes et vallées, jetons un coup - d’œil sur un objet plus important et moins recherché encore , la direction et l’inclinaison des 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE couches primitives qui composent cette petite partie du monde que j'ai parcourue. J'ai cru observer, depuis 1792, que cette di- rection suit une loi générale, et que , faisant abstraction des causes locales, on trouve les couches du grañit en masse, du granit feuilleté , et sur-tout du schiste micacé , et de l’ardoise , dirigées à trois heures et demie de la boussole du mineur, en faisant un angle de 52 degrés et demi avec le méridien du lieu. L'inclinaison des couches est au nord-ouest. La direction des couches est encore plus constante que leur inclinaison. Dans tous les pays que j’ai parcourus dans l’ancien continent, ainsi qu’en Amérique, les couches sont dirigées vers l’équateur , faisant un angle de 5o degrés avec le méridien, étant dirigées du nord-est au sud-ouest , et inclinées de 60 à 80 degrés au nord- ouest. Il faut convenir que cette uniformité indique une cause très* ancienne , très-universelle, très-fondée , dans les premières at- tractions qui ont agité la matière pour l’accumuler dans des sphéroïdes planétaires. « Cette grande cause n’exclut pas l'influence des causes locales qui ont déterminé des petites portions de matières à s'arranger de telle ou telle manière , selon les lois de la cristallisation: Delamétherie à judicieusement indiqué ces phénomènes: cette influence d’une grande montagne, comme noyau, sur les voi* sines plus petites. » | J'ai fait voir depuis, que l’équateur étant élevé de dix ou douze mille toises plus que les poles, cette partie devoit être regardée comme une grande montagne qui enveloppe tout le globe , et qui aura déterminé l’inclinaison générale des cou- ches et leur direction, dont parle Humboldt. Car cette zone an- nulaire élevée de douze mille toises, a dû exercer sur toutes les couches du globe, la même attraction que les hautes mon- tagnes exercent sur les couches qui les environnent. Ainsi toutes les couches qui environrent le Mont-Blanc se fléchissent vers son sommet. Le même effet doit donc être produit sur toutes les cou- ches du globe, par la haute montagne annulaire qui est sous l'équateur. Tous ces faits prouvent de plus en plus que les montagnes ont été formées à-peu-près dans l’état où elles sont, et qu’elles ne pourroïient avoir été faites, ni par soz/èvement, ni par af/aisse- ment. Elles sont donc le résultat d’une cristallisation. Deluc a combattu néanmoins de nouveau la formation ] £ des ET DHISTOIRE NATURELLE. . 65 des montagnes par la voie de la cristallisation. Il rapporte ce que j'en avois dit J’'année dernière dans mon {Discours préliminaire ; et il ajoute,i, L'hypothèse que je vais examiner est donc celle-ci, d’après les termes dans LEE elle est énoncée. « Les montagnes, considérées comme éminences , n’ont point été formées par soulèvement ou par a/faissement , iwaïs par cris- zallisation. C’est elle qui les a élevées, réunies et,accumulées telles à-peu-près que nous les voyons aujourd’hui, . «Examinons , continue:t-il, si c’est bien ce que nous montre la nature. Sa 9 «Toute hypothèse géologique doit être fondée sur des faits, ou sur quelque analogie bien constatée, sans quoi, ne reposant sur rien de connu , elle n’auroit d’autre cause que l'imagination. « L'hypothèse de la cristallisation des montagnes devoit donc être fondée sur les loix de la cristallisation... Or , la cristallisa- tion nous montre toujours des formes constantes ; telles que celles du cristal de roche, du spath fluor ...: Cependant les montagnes ne nous présentent aucune forme régulière. Comment auroient-elles donc pu être formées par cristallisation... » J’expose l’objection de l’auteur dans toute sa force. Voici ce que je pourrois y répondre. Tous les faits que nous avons rapportés , et qui ont été ob- seryés par un grand nombre de naturalistes distingués , parois- sent prouver , 1°. que les grandes masses de montagnes n'ont pu être formées , ni par soulèvement, ni par affaissement. 2°. Qu’elles ont été formées en place, à-peu-près telles qu’elles sont. Je dis à-peu-près, parce qu’on n’ignore pas qu’elles ont été singulièrement dégradées par les pluies et l’intempérance des Saisons. , 3°, Que toutes les masses de ces montagnes sont composées de substances cristallisées. J'en ai donc dû conclure que ces montagnes elles - mêmes sont formées par cristallisation. Mais, objecte-t-on, les cristaux ont des formes régulières : donc les montagnes, dans cette hypothèse, devroïent aussi avoir des formes régulières. Je réponds par des faits. Lorsque le sel est prêt à cristalliser dans un marais salant, si on y plante le plus petit mât, la plus petite baguette, il se fait autour de ce corps un petit monticule de sel, formé de parcelles de sel cristallisées. Mais le monticule lui-même n’a point de forme régulière. Tome LIF. NIVOSE an 10. I 66 JOURNAL! DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les grands lacs salés d'Afrique se déssèchent en partie pen- dant l’eté; le sél s’y dépose, soit en couches, soit en forme de montagnes. « Le lac des Marques ( Palus tritonis des anciens : dit Shaw, Voyage eh Barbarie, tom. L, pag. 297 ), a vingt lieues de longueur , sur une largeur considérable. Ses eaux s'éva- porant en partie pendant l’été, laissent déposer leur sel. Le Jibbel-Had-Deffa, est une montagne de sel toute entière, située à l'extrémité orientale de ce lac. Ce sel’ est dur et solide comme une pierre...» 114 251 vi On trouvera: facilement la cause de la formation de ces mon- tagnes de sel. Il est reconnu que les eaux de ces lacs ne sont pas également chargées de sel dans leur étendue. Supposons que la partie orientale du lac des Marques fut saturée de sel, et que sa partie occidentale en contint peu ou point, les eaux de ce lac s'évaporant , il se sera formé une montagne de sel à cette partie orientale , tandis qu’il n’y en auroït que quelques cou ches, ou même! point à l’autre extrémite. Les mêmes causes ont agi dans les grandes cristallisations mi- nérales , et ont formé les montagnes. CHE MIE DES MINÉR AU x. Bertholleta fait un grand travail sur les affinités chimiques. Il y fait voir quédans tous les phénomènes que présentent cesaffinités, on a eu tort de n’avoir égard qu’aux rapports que peuvent avoir diverses substances “il faut encore faire attention à leurs masses, « Je me propose, dit-il, de prouver que dans toutes les com- poñitions ét décompositions qui sont dues à l’affinité élective , il se fait un païtage de l’objet de la combinaison entre les subs- tances dont l’action est opposée , et que les proportions de ce partage sont détérminées non-seulement par l’énergie de l’affi- nité de ces substances, mais aussi par /a quantité avec laquelle elles agissent : de sorte que la quantité peut suppléer à la force d’affinité pour produire un même degré de saturation. » Berthollet dit ensuite que les corps composés peuvent avoir une quantité plus ou moins grande de leurs principes consti- tuans, sans que leur nature en soit altérée. Ainsi l’eau com- posée de 0,85 d'oxygène, et 0,15 d'hydrogène, peut cependant contenir moins d’oxysène, ou moins d’hydrogène, sans cesser d’être eau. Deiman , Paets van Troostwik , Lauwuremburgh, et Vrolie ont fait des recherches intéressantes sur les phénomènes que 1IÉTID'HISTOIRÉE NATURELLE. 67 présenté le nitre lorsqu'on l’expose à un grand coup de feu. Ils ont observé que’: 6 ' F 10. Le nitre ou nitrate de potasse commence à perdre une partie d'oxygène , ce qui en change une portion en nitrite. 20. Ce nitrite perd une nouvelle portion d’oxygène en même temps: de l’azote, et devient un nitrite désoxygéné. . C’est un sel nouveau qui est composé de potasse,et de gaz nitreux , lequel, en dernière décomposition se résout en potasse caustique. LUE ds: Les propriétés de ce nouveau sel ne sont point encore connues: Darracq a fait,un grand nombre d'expériences , dont le ré- sultat, dit-il, prouve que la décomposition des alkalis et des terres , qu’on avoit annoncée , n’a pas lieu. Hahneman avoit annoncé la découverte d’un nouvel alkali , qu'il appeloit preum. Klaproth , Hermstadt ét Karsten ont re- connu que cet alkali n’étoit que du borax ; et Hahneman est con- venu qu'il avoit été induit en erreur. Vauquelin a fait l'analyse des eaux de Plombières. Voici les produits que lui a donné une livre de ces eaux : Carbonate de soude... 1 grain. Sulfate de soude...... 1 Muriate de soude.... 1 SICeRCESE SET nn O Carbonate de chaux... o Matières animales. ... { [e) “. . . ,! La silice paroît tenue en dissolution par l’alkali, dont une partie est caustique. La matière animale a beaucoup de rapports avec la matière al- bumineuse. Sans doute ces eaux passent à travers de débris d’a- nimaux. + Chenevix a fait des expériences pour déterminer les quantités de soufre et d’oxygène contenues dans l'acide sulfurique. Les ré- sultats sont : Sonfre....: 61-5., Oxygène... 38-5, Thénard avoit donné des résultats analogues. Suivant lui, l’acide sulfurique contient : : Soufre..... 55-56. Oxygène... 44-44. ! I 2 68 JOURNA DEF PHYSIQUE, DE CHIMIE :Darracq a fait des expériences sur l’acide que Brugnatelli avoit dit avoir trouvé dans le safre ou oxide de cobalt, et nommé ent conséquence acide: cobaltique.: 11 croit que cet acide n’est que de l'acide arsénique, et non point un acide particulier de cobalt. «: ts Des, lettres ‘de Londres avoient annoncé qu'on y ayoit pro duit dè l'acide muriatique, par le procédé suivant. De la limaillé de fer est mise dans an flacon rempli d’eau sa- turée de gaz hydrogéno-sulfuré. Au bout de quelque temps il s’en dégage du gaz hydrogène : le résidu évaporé, on disoit ob- tenir du uriate oxygéné de fer, d'où on'concluoit que cet oxide muriatiqué avoit été produit. Mais Vauquelin ayant ré- pété l'expérience , ne l'a'pas trotivée exacte. Cet-acide muridtique, que,noùs voyons formé en. si grande abondance dans les nitrières, soit naturelles, soit artificielles , n’a donc encore pu être formé par l’art ; et ses principes ne sont pas connus. Cependant Part le décompose. | Klaproth a observé que , dans les expériences galvaniques qu'il a faites avec la pile de Volta, le sel commun dont il avoit im- prégné l'eau , a été décomposé , et le natron est demeuré pur. Je persiste à croire que l’acide muriatique contient ; 1°. de l'air inflammable ; 2°. de l’air vital... Pelletier a examiné la nature de l’éther acétique, sur lequel son frère avoit beaucoup travaillé. Il a prouvé que cet éther acquiert de la pesanteur en le rectifiant , tandis que l’éther sulfurique ac- quiert de la légèreté. té. Il attribue cet excès, de poids à une portion de carbone que lui fournit l'acide acéteux , et avec laquelle il se combine. De l’oxide gazeux d'azote. Ce nouveau gaz a été découvert par Davy. Il le retire du ni- trate d’aämmoniaque qu’il et dans une cornue de verre, dont le bec plonge sous l'appareil pneumato-chimique. On chauffe dou- cement la cornue, ou au feu de lampe, ou avec quelques char- bons. Aussitôt que le sel fond , il:se dégage beaucoup de gaz, qui est celui dont nous parlons. Davy le croit composé de ! Gaz oxygène... 0,37. Gazazote...... 63, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 69 De l’oxide gazeux de carbone. Priestley a observé le preunier ce gaz singulier, Il mélangea de l’oxide noir de fer bien sec avec du charbon également sec, et distilla le tout à un grand feu. ]1 obtint une espèce nouvelle de gaz particulier, lequel étoit inflammable. Cette expérience , dit-il, ne peut s’expliquer dans les principes de la nouvelle chimie , car l'oxide de fer ne devroit contenir que du fer et de l'oxygène. Cet oxygène se combinant avec le charbon ne devroit fournir que du gaz acide carbonique. Donc, conclut-il, les prin- cipes de la nouvelle chimie ne sont pas vrais. Cruiksank a cherché à concilier ce fait avec la nouvelle doctrine. 11 croit « que ce gaz inflammable produit en grande abondance dans ces expériences , n’est point du gaz hydrogène, mais bien du gaz acide carbonique, auquel le fer a enlevé une partie de son oxygène , et qui paroît alors sous forme d’un oxide gazeux de carbone. Cet oxide gazeux est un gaz inflan:- mable , parce qu’il a de l’affinité pour l'oxygène. Pendant sa combustion , il récupère l’oxygène que le fer Ini avoit enlevé, et redevient alors gaz acide carbonique, » Ce chimiste a traité avec le charbon les oxides de divers mé- taux , et il en a constamment obtenu du gaz acide carbonique mêlé d’une plus ou moins grande quantité de gaz inflammable. Le carbonate de baryte traité avec le charbon , donne le même gaz. Le docteur Woodhouse, en Amérique , a également beaucoup travaillé sur ce gaz nouveau , ainsi que plusieurs autres chimistes. Ce gaz paroît composé d'oxygène de carbone et de gaz in- flammable. ; Berthollet pour répondre à l’objection que Priestley retiroit de ce gaz contre la nouvelle doctrine, est convenu que le char- bon ordinaire n’étoit point un étre simple, comme le prétendoit la nouvelle doctrine , mais gu’il -contenoit une grande quantité d'hydrogène et un peu d'oxygène. I dit que Lavoisier n’a pas été entièrement exact dans son analyse de l’acide carbonique , parce qu’on ne connoissoit pas bien à cette époque la pesanteur spécifique du gaz oxygène, et parce qu'il ne faisoit pas atten- üon à l’eau dont l'acide carbonique contient toujours beaucoup. Il a fait voir que le charbon distillé à l'appareil pneumato-chi- mique, ne donne du gaz hydrogène carboné, qu’aussi long- temps que son oxygène n’est pas épuisé. Le charbon contient donc suivant Berthollet, 1°. du carbone, 2°. de l'hydrogène , 30. de l’oxygène. 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai soutenu constamment que le charbon contient de l'hy- drogène et de l’ean. Mais... . Le diamant, suivant lui, contient 1°. du carbone , 2°. de l'hydrogène. L’acide carbonique , suivant lui, contient sur cent pouces cubiques 4, 4o grains d'oxygène 2, 16 grains de carbone €, 9 à 10 grains d’eau. Le gaz oxide sazeux de carbone retiré de l’oxide de zinc et du charbon, contient sept parties de carbone, trente-deux d’oxy- gène et deux d’hydrogène, Les gaz retirés des oxides métalliques , du carbonate de baryte avec le charbon, sont des combinaisons ternaires composées de carbone , d'hydrogène et d'oxygène. Les gaz retirés de l’alcohol , de l'huile, de la décomposition de l’eau par le charbon, ne contiennent que du carbone et de l'hydrogène, ; Proust dit que dans le muriate fumant d’étain , comme dans le muriate corrosif de mercure , les bases sexlement sont oxi- dées à leur maximum , tandis que l'acide reste dans sa simpli- cité ordinaire. Davy a construit un nouvel eudiomètre. Il se sert de la disso- lution du fer par l’acide sulfurique ou par l'acide muriatique.Ces sulfates ou muriates de fer absorbent avec avidité le gaz nitreux, comme l'a observé Priestley. La couleur de la liqueur change ; de vert elle devient d’un brun foncé. Lorsqu'elle est chargée de gaz nitreux, on y fait passer l’air atmosphérique. Le gaz nitreux l’absorbe , et le résidu donne la quantité d'azote. Brugnatelli croyant que la nomenclature chimique moderne est insuffisante, a cherché à en établir une nouvelle plus ap- propriée aux phénomènes. « Maintenant, dit-il , les nouvelles découvertes et une réflexion plus mûre des chimistes modernes des différentes nations ont démontré que plusieurs dénomina- tions chimiques sont inexactes. » En conséquence il propose les changemens suivans : Thermoxyoène est une combinaison chimique du calorique avec l'oxygène. ! Gaz thermoxygène est cette même base gazifiée, 11 lui faut une assez petite quantité de calorique, F Fhermoxides sont les combinaisons du thermoxygène avec des bases quelconques , par exemple, avec les métaux. Ainsi ce qu’on appelloit autrefois chaux métallique, sont des thermoxides. L'orygène est une partie composant la base de l'air pur de 5 ET DHISTOIRE NATURELLE. 74 l'atmosphère tout: à-fait privé du calorique qui le constitue thermoxygène. C’est cet oxygène sans calorique qui, combiné aux bases oxiables , donne naissance aux oxyques ( acides ). Le thermoxygène peut aussi se combiner avec les bases oxia- bles (acidifiables), et former des oxyques (ou acides). Le phlogosène est le gaz inflammable à l’état concret. Le gaz phlogosène est ce même phlogonèse gazifié par le ca- lorique. Le gaz septone est le gaz azote. Le gaz oxide de septone est le gaz nitreux. Suivant la chimie moderne, ce gaz ne diffère de l’air atmosphérique que par les différentes proportions des gaz azote et oxygène. Suivant l’auteur, la.différence qu’il y a entre l'air atmosphé- rique et le gaz oxide septone , est que dans le premier le gaz septone { gaz azote ) se trouve mêlé avec le gaz thermoxygène (gaz oxygène), tandis que dans le gaz oxide de septone (gaz nitreux ) il n’y a que le septone (azote) oxygène à l’état de gaz. C’est ce qu'il prouve par plusieurs expériences. Du phosphore mis dans une cloche remplie de gaz oxide de septone (gaz nitreux), à la température de 10°. Réaum., ne répandit aucune lumière, ce qu’il eùt fait dans l’air atmos- phérique. Le. lecteur verra peut-être avec plaisir uue courte récapitu- lation des différens gaz découverts depuis un petit nombre d’an- nées , et qui jouent aujourd’hui un si grand rôle dans la chimie. 1°. Air fixe, fixed air des Anglais, découvert par Bluck, en 1761. Gaz acide carbonique. 29, Air inflammable découvert, en 1771, par Cavendish et Priestley. Gaz hydrogène. 39. Air déphlogistiqué de Priestley, découvert par lui en 4774: Gaz oxygène. 4°. Air phlogistiqué de Priestley, découvert par lui en 1774, Gaz azote, 5°, Air nitreux de Priestley , découvert par lui en 1772. Gaz nitreux. w2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 6. Air nitreux déphlosistiqué de Pricstley , découvert par lui en 1774. Les corps y brûlent avec activité. Il diminue lors- qu’il est mélangé avec l'air vital et l’air atmosphérique. Gaz nitreux oxygène, ou gaz oxygène nitreux. 7. Oxide gazeux de carbone découvert par Priestley en 1795. Et nommé oxide gazeux de carbone par Woodhouse et Cruik- sank , qui en ont décrit plusieurs qualités. s Gaz hydrogéno-oxygéno-carbonique. 8. Oride gazeux d'azote de Davy, découvert par lui en 1000. Gaz oxygéno-azote. 0°. Air inflammable pesant de Priestley. Gaz inflammable des marais, de Volta. Gaz hydrogéno-carboné. On dit communément hydro-carboné. Je crois que ce nom est impropre, car il signifie seulement eau carbonée , vduwp eau. ; Il faut donc dire Aydrogéno-carboné. La même observation doit être faite relativement à toutes les autres combinaisons de l’hydrogène. 10°. Gaz inflammable oléfiant des Hollandais. Air inflammable huileux. C'est l’air qui donne de l’huile, lorsqu'il est mélangé avec le gaz acide muriatique. Gaz oléo-hydrogène. 110. Air hépatique de Bergman. Air puant du soufre , de Scheele. Gaz hydrogéno-sulfaté. 12°. Air inflammable phosphorique de Gengember et de Kir- wan , découvert en 1787. Gaz hydrogéno-phosphoré. 13°. Gaz hydrogéno-ferrugineux. Air inflammable des maraïs, qui contient du fer. 14°. Air inflammable éthéré. Air inflammable chargé d’éther. C’est avec ce gaz que Diller faisoit ses beaux feux colorés , en le faisant passer par différens tubes. Gaz hydrogéno-éthéré. Le ET DAH TS TOIRE NATURE LINE 73 Le gaz hydrogène peut se charger d’autres substances. 150. Gaz acide sulfureux. 160. Air acide marin de Priestley , découvert par lui en 1773. Gaz acide muriatique. 17. Air acide marin déphlogistiqué de Scheele , découvert par lui en 1774. Gaz acide muriatique oxygéné. 180. Air acide fluorique de Scheele, découvert par lui en 3771. Gaz fluorique. 19°. Air alkalin de Priestley , découvert par lui en 1775. Gaz ammoniacal. DÉRÉTNAL CHE M T5. DUELSN VIE G ET A U X, Dispan avoit annoncé que les pois chiches contenoient un acide particulier , auquel on donneroit le nom de cicerigue. Déyeux qui avoit travaillé sur le même acide , croyoit que ce n'é- toit que l’acide oxalique. Dispan convint avec Déyeux qu’il se trouvoit de l’acide oxalique dans celui des pois chiches , mais persista à croire que l'acide oxalique n’y étoit pas seul. Il a répété ses expériences, qui lui ont prouvé que cet acide mêlé avec l'acide oxalique, étoit l’acide malique. Vauquelin a eu les mêmes résultats. Îl s’y trouve aussi de l’acide acéteux. D'après ces expériences on peut regarder comme prouvé : 1°. Qu'il n'existe point d’acide cicerique. 20, Que l’acide qu’on retire des pois chiches contient de l’a- cide oxalique , de l’acide malique et de l’acide acéteux. Proust a fait sur l’acide du citron, des expériences qui con- firment celles de Scheele , et celles de Dizé. Ses expériences lui ont prouvé que le suc de citron contient du mucilage , de l’ex- trait, un peu d'acide malique, et une grande quantité d’acide -citrique. Il a purifié l’acide citrique à la manière de Scheele, en le combinant avec la chaux, et décomposant ce citrate cal- caire par l'acide sulfurique. Thénard a donné un moyen pour purifier l'huile de Colza en la rendant très-limpide. Sur cent parties d'huile il verse une partie et demie ou deux d’acide sulfurique concentré , et agite le tout. L'huile noircit un peu, et au bout de trois quarts d'heure se remplit de flocons. Il ajoute 250 parties d’eau, et laisse reposer le tout. La liqueur se sépare en trois parties. Tome LI. NIVOSE an 10. 74 JOURNAL DE VPHYSIQUE, DE CHIMIE La première qui surnage est l'huile , laquelle est peu colorées La seconde est l’eau mêlée d’acide sulfurique. La troisième est une matière charboneuse. Si on veut avoir l’huile encore plus fraîche , on la passe à travers un filtre composé de coton ou de laine, et de charbon pilé. Eau sure des amidoniers. L'eau dans laquelle les amidoniers font pourrir leur farine pour en séparer l’amidon , passe insensiblement à un état acide assez marqué. Catte eau est appelée eaz sure, parce qu'elle in- dique le degré de fermentation auquel est arrivée l'opération , et l'instant où on doit la terminer. Cette eau a une couleur blanche et laiteuse. Son odeur est légèrement acide et alcoholifère. Sa sayeur est acide. Elle rougit fortement la teinture du tournesol, Plusieurs chimistes avoient travaillé sur cette eau pour en re- connoître la nature. Sage et Parmentier s’en étoient occupés plus spécialement. Le premier en avoit retiré de l’alcohol ; et le second y avoit trouvé l'acide acéteux ainsi que l'alcoholg Vauquelin vient de reprendre ces travaux sur l’eau sure. Il y a trouvé : | 10, De l’acide acéteux. 20, De l’ammoniaque. 3°. Du phosphate de chaux. 4°. Une matière animale. - 5e, De l’alcohol. ) a. La matière animale qui y est assez abondante , est évi- demment un reste de la partie glutineuse de la farine échappée à l’action décomposante de la fermentation, à. Le phosphate de chaux existoit également dans la farine, Les autres principes paroissent des produits de la fermentation. c. L'ammoniaque paroît devoir son existence à la matière glutineuse, qui en fournit sensiblement , soit par la fermenta- tion , soit par la distillation. d. L'acide acéteux , e. Et l’alcohol sont des produits de la fermentation du mu- coso-sucré ; mais Vauquelin pense que les autres principes de la farine , sur-tout l’amilacé, y contribuent également; car, dit-il, la meilleure farine ne fournit guères au-delà du tiers de son ET D'HHSTOIREBNATURELLE. 7 375 pôids d’ämidon. Or, l'analyse fait voir que cette partie amilacée fait beaucoup plus du tiers de la farine avant la fermentation. Il demande si on ne pourroit pas extraire avec avantage ce vinaigre des eaux sures pour le mettre dans le commerce. Dabit de Nantys a examiné de nouveau les differentes qualités de l’acide du vinaigre ; il pense que : 10. 1] y a une différence entre l’acide acéteux et l’acide acé- tique. | 2°. Cette différence est due à une plus grande proportion d'oxygène dans l'acide acétique que dans l’acide acéteux. 30. On peut convertir l'acide acéteux en acide acétique, en le combinant avec une nouvelle quantité d’oxysène. 4. L’acide est À l’état d’accteux dans l’acétate de potasse. 5. L’acide acétite qu’on obtient de la décomposition de ce sel, par le moyen de l'acide sulfurique , est dù à une portion d'oxygène qu’il a enlevée à ce dernier acide. Il a pris parties égales de vinaigre distillé et concentré par la gelée , et d'oxide de mangarièse en poudre, mêlées ensemble. Il al a distillées jusqu’à siccité. D'abord il a passé environ la moitié de vinaigre qui n’avoit pas éprouvé le moindre changement. Le récipient fut changé ; il passa de l’acide qui avoit acquis l'odeur d’acide acétique. Il s’agissoit de savair si cet acide acétique étoit dù om à la combinaison de l’oxysène avec l’acide acéteux, ou si l'oxygène avoit seulement enlevé du carbone à l'acide acéteux , comme le prétend Chaptal. Il répéta pour lors l'expérience avec l’appa- reil au mercure , et il n’obtint point d’acide carbonique, d'où il conclut que l’oxygène n’avoit point enlevé de carbone à l’a- cide acéteux, mais qu’il s’étoit combiné avec lui. :: Darracq prétend au contraire que l’açcide acéteux et l’acide acétique sont un. seul et même acide , comme le pense Adet , Mais dans deux états différens. Cet acide peut 1°. être pur, et .il Jui laisse le nom d’acide acéteux. 2°. Il peut être uni à une certaine quantité d’eau et à une matière mucilagineuse , et pour Jors il l'appelle acide acétique. à Dabuc l’ainé, apothicaire à Rouen, a fait des expériences in- téressantes sur l’opium du Levant. Il à fait voir 1°. qu'il y a un vrai opium en larmes qui découle naturellement de la tête des pavots. à 2°, Que l’opiam cominun ést un extrait.très-impur de toutes les parties du pavot. , 3°. Enfin il a essayé de retirer des pavots blancs qu’il a plan- 2 + K 2 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ tés, du vrai opium, soit en larmes , soit commun ; et il conclut qu'il croit à la possibilité de faire du bon opium avec des pa- vots sous la zone tempérée. Boudet fils, pharmacien de Paris, a fait de l’éther phospho- rique. ]l a mêlé de l’alcohol avec de l’acide phosphorique , et a procédé à la distillation. 11 a d’abord passé une portion d’al- cohol, ensuite une vraie liqueur éthérée, plus légère que l’al- cohol, qui dissolvoit les huiles volatiles. Son odeur a quelque chose d’analogue avec celle de l'éther sulfurique. Boullay, pharmacien de Paris, ayant distillé du sucre avec de l’acide sulfurique , obtint un gaz qui étoit imprégné de phos- phore : d’où il conclut que le phosphore existe dans le sucre. DE LU ATNCOHET UM ET NENMD ESA MAL NET ANT PAMUMX. Proust annonce avoir trouvé la manganèse dans le sang de bœuf. Thénard a examiné de nouveau la nature de l’acide sébacique: Il propose deux moyens pour obtenir cet acide dans toute sa pureté. à Le premier consiste à distiller de la graisse à feu nud. On lave le produit de la distillation dans de l’eau chaude. On filtre la liquehr ; on la fait ensuite évaporer et cristalliser. On a des cristaux en forme d’aiguilles. C’est l'acide sébacique. Dans le second procédé, on distille la graisse, et on en sa- ture le produit avec de la potasse, lequel on décompose ensuite par une dissolution de plomb. Le sébate de plomb se précipite en flocons. On le décompose par l'acide sulfurique ; et par le lavage et l’évaporation , on a l'acide sébacique pur. Cet acide est sans odeur. Il se fond comme de la graisse. On peut l’obtenir sous forme de très-grandes lames brillantes. Si on met dans une cornue le produit de la distillation de la graisse saturée avec de la potasse, qu’on y verse de l'acide sul- furique , et qu’on distille , on a de l’acide acéteux. Ainsi, l'acide acéteux se trouve ici combiné avec l’acide sé- bacique. Lorsqu'on chauffe trop fortement la graisse , l'acide sébacique se décompose en partie, et donne un gaz particulier très-pené- trant, qui ne rougit point la teinture de tournesol... Thénard a fait des expériences sur l’acide zoonique. Il croit pouvoir démontrer que cet acide n’est que de l’acide acéteux combiné à une matière animale particulière. ET'D'HISTOIRE NATURE L LE. 97 DE SAR | 5. Oreilly, dans son excellent journal des Annales des Arts et Manufactures, a donné plusieurs détails intéressans sur ces deux parties. Nous allons en faire connoître quelques-uns. Ward est parvenu à rendre la fabrication de la céruse moins dangereuse pour les ouvriers. On sait que la céruse est un oxide de plomb préparé avec le vinaigre en vapeurs. Voici le procédé qu'on emploie. On creuse de grandes fosses, qu’on remplissoit autrefois de deux pieds de fumier : on y a substitué aujourd’hui du tan, dont on met un pied d'épaisseur: on place sur ce tan des planches de chêne, pour faire un plancher : sur ces planches on pose des pots de terre qui ont la forme d’un cône tronqué renversé : aux deux tiers de leur hauteur, on laisse des men- tonnets sur lesquels on place des lames de plomb, pesant en- viron deux livres , et ayant une à trois lignes épaisenal Tous Jes pots arrangés sur le plancher, on verse dans chacun environ une pinte de vinaigre. On pose sur tous ces pots des lames de plomb qui les couvrent rue on met un pied de tan. On fait un nouveau plancher de planches ; on y met de nou- veaux pots comme les premiers... on place ainsi sept rangs de pots les uns sur les autres. On couvre le tout de deux pieds de tan. En deux mois environ la conversion du plomb en céruse est opérée. On débütit l’attelier, et on portoit les plaques de plomb sous des hangards , on les secouoit pour en détacher la céruse, et on les faisuit passer entre des lames de cuivre pour la toute détacher. Ce qui restoit de la lame de plomb non oxidé, étoit porté à la fonderie. Dans cette dernière opération, la céruse s’éle- voit en poussière, et étoit très-dangereuse pour les ouvriers. Ward a substitué un nouveau procédé. Il a construit une grande cuve, qui contient dans l’intérieur des cylindres de bois et de cuivre; il y fait passer les lames de plomb : la céruse en est détachée comme dans le premier procédé : mais la cuve étant pleine d’eau, la céruse ne peut s'élever en poussière , et elle tombe au fond de l’eau. : L’acier fondu est d’un grand usage en Angleterre , pour les instrumens tranchans. Clouet nous a donné différens procédés pour le fabriquer. 7? On met dans un creuset de l’acier avec du marbre, ou toute autre pierre calcaire pulvérisée. On donne assez de chaleur pour 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fondre le tout .. On porte ensuite la masse sous le marteau. On peut employer aussi les verres siliceux , faits avec la silice , la chaux et l'alkali, tel que le verre de glace. L’acier appelé damas a une supériorité non contestée sur tous les autres, pour les instrumens tranchans, tels que les sabres, parce qu’il se casse moins facilement. Il se fabrique particuliè- rement en Orient , mais on est parvenu à en faire en Europe. Cet acier damas est composé d’un mélange de fer et d’acier. On mét depuis un cinquième de fer jusqu'à moitié. Il ne faut poist faire ce mélange sous le martinet : on doit préférer les bras des ouvriers qui ne frappent qu’à petits coups redoublés. Ce mé- lange n'est point entier, ce qui fait paroître cet acier ondulé. On le trempe ensuite à l'huile, à une température basse. Les sabres faits avec cet acier ne sont point cassans. Nicholson est parvenu à faire de l'acier de damas, par le pro- cédé suivant. Il fit perforer un morceau de fonte, d'un trou d’un pouce de diamètre, et le plaça sur une enclume, Des portions égales de li- maille de fer de Suède et d’acier d'Allemagne furent mêlées par- faitement , et on en fit une pâte ayec de l’huile de lin. Ou in- troduisit ce mélange dans le trou de la fonte, enfermé dans un cylindre de papier. On le refoula avec un tampon de fer, à grands coups de marteau. On eut un cylindre qu'on intreduisit aussi-tÔt dans un feu de forge , et la température fut portée à la chaleur du soudage. On l’introduisit une seconde fois dans le trou de la pièce de fonte , où il fut refoulé encore avec le tampon de fer. On forgea une seconde fois ce lingot, et on eut un véritable acier de damas. Lo meilleure méthode de fabriquer l'acier daurassé , est de prendre des petites barres de fer très-doux et d’acier cémenté : on forme un trousseau de ces barres éntremêlces, qt’an lie avec du fil d’archal. On chauffe le paquet à la chaleur du sou- dage, avec du charbon de bois : il est ensuite porté sous le mar- tinet, où il est bien corroyé, ét on en fait une bar e. Cet e barre est énsuite ployée sur elle-même , en longueur de cinq à six pouces, et en serpentant. Elle est de rouveau introduite dans le _ feu, soudée et corroyée. On l’étire en barres dans un sens inverce de la direction de son grain dans'la première opération, Ce sou- dage produit les ondulations qu’on soie dans le grain. On pêut aussi tortiller les barres. Il faut beaucoup de précautions pour travailler cet acier: le chaufler assez , inais pas trop; et ensuite Le tremper à l’huile. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 79 On a imité les sabres de damas à la manufacture de Klingenthal, près de Strasbourg. Voici un apperçu des différens états où le fer pent se trouver. La fonte, qui est le premier état qu'a le fer dans les fonderies, est du fer, dé l'oxygène, et du carbone à l’état concret et divi- sible. Elle est fragile et non mailéable. L’acier cémenté est du fer et du carbone à l’état élastique. s'étend sous le martèau, et se soude à une chaleur blanche. L’acier fondu est du fer , du carbone à Pétat aériforme, et un pen d'oxypène qu’on ajoute dans l'opération. Il partage quelques-unes des qualités de la fonte, puisqu'il possède les mênes principes constitutifs, mais il n’obéit pas si bien au mar- teau , et ne se soude pas, Le fer est le dernier degré de perfection du métal. Il est sans combinaison , et possède le #z4æimum de la malléabilité. La fonte s'obtient, comme l'on sait, en fondant les diffé- rentes mines de fer avec du charbon. La fonte varie suivant la nature de la mine. On a la fonte blanche, et la fonte grise. Le fer s'obtient en chauffant cette fonte , et la travaillant sons le gros marteau qui en exprime toutes les parties hétérogènes, L’acier de cémentation s’obtienten combinant du charbon avec du fer. Voici le procédé qu’on suit. On choisit du charbon de buis blanc préparé avec soin , et on le réduit en poudre. On a un grand fourneau quadranpgulaire, à-peu-près comme ceux des verreries. Il a 9 pieds sur 11 en œuvre. Il contient deux grandes caisses de briques, de 10 pieds de long, sur 2 pieds 6 pouces de large, et autant de profondeur. La flamme circule autour de ces caisses. On met au fond de chacune de ces caisses deux à trois pouces de la poussière du charbon dont nous venons de parler. On pose là-dessus une couche de barreaux de fer, ensuite une couche de charbons, d'un demi-pouce, puis du fer, et ainsi de suite jusqu’à ce que les caisses soient remplies. On les ferme en- suite avec un mélange de terre à four et de sable, pour empê- cher tout accès de l’air. On allume le feu, en augmentant la chauffe pendant quarante- huit heures ; ensuite on sise fortewent. Le sixième jour on tire des barres d’essai à divers intervalles. L’ouvrier les casse et juge par leur grain.... si elles sont converties en acier. Lorsqu’elles le sont, on laisse éteindre le feu , et le douzième ou treizième jour , on tire la charge des creusets. ” 80 ET D'HISTOIRE NATURELLE. Les barres sont alors livrées dans le commerce, soit bonrsouf- flées, et comme elles sortent des caisses, on les appelle acier- poule, soit en les étirant sous le martinet en barreaux de diffé- rentes dimensions, C’est ensuite un art assez difficile de tremper l'acier. Cette trempe doit varier suivant l'usage des instrumens qu’on en fa- brique. È On est parvenu en Angleterre à émailler l'intérieur des vases de fer dont on se sert dans les cuisines. Voici les procédes qu’a employé à cet effet fickling de Birmingham. Il prépare dilfé- rens composés qui fondent assez facilement. Voici quelques- unes de ses recettes : Dremier composé. Prenez six parties de silex calciné, deux de feldspath, neuf de litharge , six de borax , une de terre argileuse (alumine) , une de nitre , six de potée d'étain (oxide gris), une de potasse pure. On emploie ce mélange à l'épaisseur d’une ligne environ. Second composé. Huit parties de silex calciné , huit de minium, six de borax , cinq de potée d’étain , une de nitre. Troisième composé. Douze parties de feldspath , huit de bo- rax, dix de céruse, deux de nitre, une de marbre blanc calciné , une de terre argileuse , deux de potasse , cinq de potée d’étain. Quatrième composé. Quatre parties de silex calciné , une de feldspath , deux de nitre , huit de borax , une de marbre cal- ciné, une de terre argileuse , deux de potée d’étain. On fond celui de ces composés qu’on veut employer. En le retirant on le jette dans l’eau; ensuite on le pulvérise dans un: mortier. La poudre est passée dans un tamis, et porphyrisée. On la mêle alors avec de la gomme où un mucilage. On chauffe légèrement les vaisseaux qu’on veut éinailler ; et avec une brosse de poil de blaireau on met des couches d’émail aussi épaisses que l’on veut. Les pièces séchées , on les met dans un fourneau qu'on chauffe suffisamment pour faire fondre l’é- mail. On laisse refroidir lentement pour empêcher l'émail de se fendre ou tressaillir. M. Hickline a aussi reconnu que l’alliage de fer et de nickel formoit d'excellente vaisselle pour la cuisine. Elle ne s’oxide pas, et prend les enduits vitreux avec beaucoup de facilité. J'ai déja annoncé dans ce journal , que j’ai vu employer avec succès pour l’étamage des vaisseaux de cuivre , un mélange L d’étain ET D'HISTOIRE NATURELLE] Lr d’étain et de limaille de fer. On fond ces deux métaux; l’alliage s'applique très bien sur le cuivre, et forme un étamage très- solide , et auquel on peut donner beaucoup d’épaisseur. Le blanchiment à la vapeur connu dans l’Orient , et décrit ensuite par Chaptal, se fait dans une cuve où on met des étoffes imbibées de lessive de soude, et au fond de laquelle on met uue portion de cette même lessive. On chaufte la cuve. Cet alkali est volatilisé avec l’eau , et blanchit parfaitement. Cette méthode a été perfectionnée en Angleterre. La cuve a été construite de manière à pouvoir y faire mouvoir les étoffes sur des rouleaux, pour les exposer plus facilement à la vapeur. MM. Turnbull et Crook ont encore été plus loin. Ils emploient Valkali volatil qui donne à la fois à la laine, au coton, au lin, au chanvre, un degré de blancheur qu’on ne peut obtenir au- trement qu'avec une très-grande dépense. Ils mettent dans un vase de l'urine vieille, y ajoutent de la chaux, et soutirent la li- queur. Cette liqueur qui contient de l’alkali volatil caustique, est mise dans la chaudière à la manière ordinaire , et on la chauffe. Plusieurs manufacturiers emploient un autre procédé plus commode. On construit une grande chambre bien enduite et bien fermée, dans laquelle sont placés des bâtons pour pouvoir étendre une grande quantité de toiles. On trempe ces toiles dans la lessive alkaline; on ferme bien les portes. A côté de cette chambre est une chaudière à vapeurs comme pour les pompes à feu. Un conduit qu’on ouvre et qu’on ferme avec un robinet, introduit ces vapeurs dans la chambre où sont tendues ces toiles, et y porte une chaleur uniforme , qu’on en- tretient le temps que l’on veut. Lorsqu'on croit l’opération finie , on ferme le robinet à va- peurs, et on en ouvre un autre qui apporte de l’eau froide, et lave les toiles. Des conduits placés au plancher emportent toutes ces eaux. Rumford a fait voir qu’on pouvoit employer de ces tuyaux à vapeurs pour échauffer les grandes cuves, et on s’en sert au- jourd’hui dans plusieurs manufactures anglaises. Par exemple , les teinturiers ont de ces chaudières à vapeurs, desquelles par- tent plusieurs tuyaux qui se rendent au fond des diverses cuves où sont les bains de teinture. Ces vapeurs échauffent la cuve dans trois fois moins de temps que ne le feroit un feu soutenu sous la cuve. La chaleur est uniforme, et les cuves ne sont oint dégradées. Tome LIF. NIVOSE an 10, IE 829 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE Brune à imaginé un nouveau procédé très-avantageux pour carboniser le bois. Suivant l’ancien mode, dit-il , une corde de boïs ne donne que deux ou trois sacs de charbon , chacun de huit pieds cubes. Suivant le sien elle en donne six. Voici son procédé. Il fait creuser une fosse de 15 à 18 pouces de profondeur. Il lui donne un diamètre égal à celui que doit avoir la base du fourneau. Cette fosse est recouverte de feuilles de tole rivées les unes sur les autres, et supportées sur un chassis composé de quelques barreaux de fer. Sur ce plan de tole on prépare le fourneau comme dans le procédé ordinaire, c’est-à-dire qu’un prisme triangulaire composé de bûches couchées bout à bout les - unes sur les autres, forme le noyau autour duquel on dresse le bois, dont l’assemblage donne un cône tronqué. Mais ce prisme creux qui dans les fourneaux ordinaires fait fonction de cheminée , ne remplit pas ici le même but. Son intérieur est garni de bûches dressées verticalement. On recouvre le fourneau de feuilles et d'une légère couche de fraisi mêlé de terre, Outre l’ouverture qui donne accès dans la fosse qui sert de foyer , on forme trois soupiraux qui communiquent de l’inté- rieur de la fosse au dehors du fourneau. On allume le tout avec de petits fagots. M. Koops, en Angleterre , est parvenu à faire avec de la paille un papier sur lequel il a imprimé un livre qui annonce sa découverte. Le procédé paroît consister à réluire la paille à un grand état de division, soit en la hachant, soit de toute autre manière. On la jette ensuite dans un pourrissoir pour que la fermentation putride la réduise en une espèce de magma ou substance visqueuse. Il faut qu’elle puisse être suspendue dans l’eau , et s’arrêter sur une forme ordinaire de papetier , au point de former une feuille qui puisse être soumise à l’action de la presse et de l’encollage. Séguin , en France , travaille également à faire du papier avec de la paille. Le sulfate calcaire continue à être employé avec avantage pour le blanchiment. Une compagnie, à Paris, a formé un établissement de fon- taines pour filtrer les eaux les plus impures. On prend les eaux des mares les plus infectes , celles où on a fait pourrir des chairs. On les verse sur ces filtres. En passant au travers, elles acquiè- rent la plus grande limpidité , et elles perdent toute leur odeur. Smith est l'inventeur de ce filtre. ET D'HISTOIRE NATURELLE; 83 On sait que Lowitz a prouvé que le charbon Ôtoit aux viandes gâtées leur odeur infecte, et étoit très-propre à clarifier les li- queurs troubles. C’est ce qui a fait soupçonner qu'on pourroit avec le charbon composer des filtres capables de produire des efiets analogues. Ces filtres sont des découvertes très-précieuses pour les paÿs où on n’a que des eaux de mares infectes. Tels sont la plupart des pays chauds. Duhamel fils a donné nne bonne description des procédés qu’on emploie pour fabriquer le noir de fumée à Rushutte près Sarrebrack, On y emploie une houille sèche qui se casse en gros cubes , et qu'on réduit en morceaux gros comme les deux poings. On en remplit de grands fourneaux construits de manière qu'il n’y ait qu’une demi - combustion , comme pour la réduire en coak. On les allume avec du menu bois. La fumée de la houille s'échappe par des cheminées appropriées , se rend dans diverses chambres où elle dépose le noir de fumée ; enfin on la fait passer à travers une toile claire avant de la laisser échapper au dehors. Elle dépose ainsi la plus grande partie de son noir de fumée. On le ratisse avec soin et précaution. ; 1200 foudres de houille de 30 quintaux chacun ( c'est-à-dire 36009 quintaux } fournissent 1200 quintaux de noir de fumée. Cadet de Vaux a décrit des procédés pour faire de la peinture au lait. Ï prend du lait écrémé qu’il mélange avec de la chaux éteinte et du blanc d'Espagne ou craie. Il y ajoute ou de l’huile ou de la poix de Bourgogne. Ce mélange est très-bon pour la peinture. On peut la colorer par divers oxides métalliques. Darcet fils a fait aussi beaucoup d’expériences sur le même sujet. Il croit l’huile ou la poix inutiles. Voici un procédé qu’il dit lui avoir parfaitement réussi. Il prend : Fromage bien égouté. . 4 onces 3 gros 48 graïns. Chaux éteinte... ..... I gros 39 grains. Blanc d’Espagne. ..... 1 gros 19 grains. Charbon bien broyé... 37 grains. Eau............... ... 2 onces 4 gros 67 grains. Gn y peut ajouter des oxides métalliques au lieu de charbon. Michel-le-Bon a fait une application heureuse de son procédé que nous avions annoncé l’année dernière, etil a construit des thermolampes très-ingénieuses, Il met dans une espèce de four- L 2 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE neau de fonte du bois coupé en morceaux comme pour faire le charbon. Ce fourneau est placé de manière à être échauffé par un feu de charbon allumé dans une cheminée. Le boïs subit une espèce de distillation, et se trouve converti en charbon. Tous les gaz qui s’en dégagent sont conduits par des tuyaux dans des cuves pleines d’eau, où ils déposent : 10. L'acide lignique. ù 20. Des huiles. 3°. Une partie de l’acide carbonique. 4°. La portion d'air inflammable qui y est contenue est lavée dans cette eau , et passe dans de grandes cloches pleines d’eau, comme dans l’appareil pneumato-chimique. De nouveaux conduits correspondent à ces cloches ; et par le moyen de robinets, on conduit cet air dans des appareils ana- logues à la lampe à air inflammable. On allume cet air qui donne une flamme très-belle et beaucoup de chaleur , en raison du volume de son jet. On sent qu’on peut varier la forme des feux de la manière qu’on le desire. La Le charbon résidu de la distillation sert À entretenir le feu le jour suivant. L’acide lignique peut servir à plusieurs usages. Howard, en Angleterre, l’emploie pour dissoudre le plomb, et en faire un sel utile dans les arts. DÉRIÉL TA CRI LICNUNENTUINEUR, L'observation a démontré que le gypse calciné , pulvérisé et semé légèrement sur les champs , est un très bon engrais. On à fait beaucoup d'expériences sur cet objet en Angleterre. Elles ont été répétées en France où elles ont parfaitement réussi, On a observé qu'il ne falloit point mettre de gypse sur les terres gypseuses , ni sur les terres calcaires. . Charles Pictet a transporté auprès de Genève, des moutons espagnols de la race la plus pure, appelés merinos, achetés à Rambouillet; ils y ont fort bien réussi: Il a fait voir que le pro- duit moyen des toisons des moutons des plus belles races: an- glaises n’étoit en Angleterre que de 6 francs et 6 sols de France. Et celui des toisons des merinos élevés auprès de Genève , étoit environ trois fois plus considérable, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 Cette laine, ajoute-t-il, est d’un débit assuré , parce qu’elle - est nécessaire pour lez beaux draps et pour les casimirs. Tessier et Huzard ont fait à Rambouillet des expériences sur la laine des moutons d’Espagne. Ils n’ont fait tondre quelques moutons qu’au bout de deux ans. Ces animaux n’en ont point souffert. Leur laine a acquis le double de longueur et le double de poids. Elle est devenue très-propre à la fabrication des étoffes rases. On en a fabriqué des casimirs aussi beaux que ceux d’Anpleterre. Michaux a publié des observations intéressantes sur les moyens qu’on pourroit employer pour améliorer l’agriculture dans les colonies françaises des Indes occidentales. 1 fait voir qu’on pourroit y acclimater un grand nombre d'arbres précieux, prin- cipalement les diverses espèces de dattiers et de palmiers. La culture à Cayenne des arbres à épices et de l’arbre à pain y réussit très-bien , et ces plantes s’y multiplient beaucoup. —— NO TE Sur un nouveau métal, appelé Colombium ; par J.-C. DELAMÉTHERIE. On mande d'Angleterre, que Hatchett ayant analysé une mine envoyée des Etats-Unis, en a retiré une nouvelle substance mé- tallique. Ce métal, combiné avec une grande quantité d'oxygène, forme un acide. I lui a donné le nom de colombium, parce qu’elle vient du pay: découvert par Christophe Colomb , ou de l'Amérique. Nous en ferons connoître plus en détail les#propriétés. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. RAENCÉA PAECTDAUMRA AU Plus grande élévation du mercure. . Moindre élévation du mercure. . . Élévation moyenne. : . .. Plus grand degré de chaleur. . . .. Moindre degré de chaleur. . . . .. Chaleur moyenne. . . .: DORE DER TT MO SEE PCT NT EEE ET IS TE Nombre de jours beaux. . . .. IO N. 27. 8,36. 11,2 le 14. = NOISY + 3,8 à. THERMOMETR E. BAROMÉÈETRE. RS pl 8! Maximum. | Minzmum. |A Mir. Maximum. MINIMUM. ua: là midi. + 4,5là im. 1,84 4,5\à2%s.. 27. 7,58là9!}m.. 97. 6,83 |27- 7:17 D à obls. + 5,6fà71m. + où] + 53làa2%s... 27.10,58|àa 75m. .. 27. 9,50 |27 10,50 ga midi + 72lèà115s. + 4,7|+#+ 72la114s.. 27. 9,17|4 midi... 27. 7,67 (27: 7:67 gas. + 5,8là 4m. + 3,3/+ 5,7 là midi. . . 27.10,83/à 4 m. . . 27.10,25 27.10,85 à midi. + 7,9/à 7 à m. + 5,9 + 7,g{à midi. . 27. 7,17 73m... 27. 6,50 |27: 7:17 Gamidi. + 5,5làylm. + 8,6| + 5,5 {à 75m. . 27. 5,33 91s... 27. 0,72 27 2,25 7 à midi. ++ 8,5{à 10 8. + 1,8] 8,5 à 10 s.... 27. 6,oofà 8 m.... 27. 2,58 |27 3,17 glazis. + 4,5{à 82m. + 1,5] 3,1 là 84 m.. 927. 8,75à24s... 27. 8,55 |?7 8,67 gänudi. + 76là10 s + 61|+ 7,61à 105 27. &joolà 8 m... 27. 2,75 [27 3,50 ioà7hm. +656 81s + 4,5)+....làa8%s. .. 27. 3,79là 7 5m... 27. 0,93°2-° Flunazs + 62861 m. + 2,2|+ 5ofa2s. 27. 5,56[à 7 ; m... 27. 4,67 |27- 5,33 dlinazs. + 6,2à 7 im. + 2,6 + 6,64à5s. 27. 9,48[à 7 5 m... 27. 9,58 |27. 9,50 ligaos + 8,8{8 75m. + 0,5| + 8,51à 73m... 2711,08là25..... 27:10,90 |27:10,79 agè2s “ai,2hàgis. + 8,0] 10,5 à 8m... 27. 58/8 9% 5... 27.12, 50127 4,33 Blislagis. + 7:7là 1035. + 5,7] +....Nà 104 5... 27. 6,66|à 7 ; an. . . 27. Rose D'iGlà midi. + 4,588 m. + 1,8|+ 4,54à102s.. 27. g,42là 8 m.... 27. 7,85 a. 8,50 1178 255. + 48418 m. + o,4|—+ 4,318 m... 27. 8,83là24s. . .-27. 7,10 |?7 8,83 BB ais —+ 9,9là 8m + 84]+ 9,2]à8m...27 3,754 ls... 27. 2,50 |?7- 3,40 iga7im + 76haits. + 5,3|+ 6,5faz1 s... 27. 8,67|à 7 : m... 27. 7,53 |27+ 7:93 looagm. + 58à6s + 5,2|+....)a 8m... 27.10,50|à 2 mm... 27. 9,17 27.10,50 d'ouamidi + 3,5hà 7s + 2,0] + 3,3 à midi. .. 27. 9,5ola7s..., 27. 9,17 |27 9,50 lacs + 23la8m —1,3|+/21|a8m.. 27 g17la88s,,.. 27 8,42 |°7-9;17 p3a2is. + 1,3/à81m. — 0,3 + 0,1 là 8 s. . . . 27.18,25/à 81 m... 27. 6,85 21) 7,20 H\ Aa 855. + 1,8 61m. — 2,2] + 1,6 | à midi. . . 27.10,00/à 85. ... 27, 8,00 27-10,00 1 5a8m — 2,28àa35s 31,3] + 2,0 là 8m... 927. 5,08làa 5... . 27. 3,95 |27: 4,33 llosa2ls, + o8à8m. — 2,1| + 0,5lä1is 27. 6,75|à 8m... 27. 4,53 ul 4,75 a | o7lè midi. + o,4là 75m. — 5,72 o,4]à 11 sr. 27. 9,87[à midi. . . 27. 8,00 27. 8,00 Ml 2gla midi. + 1,8çà 1155. — 1,6, + 1,8fàa11 ys . 28. 3,33là 7 £s. . . 27.11,33 28. 0,08 F| 2glà midi. + 0,6là 8 m. — 3,1|+ o,6faà 8m... 28. 4,00/2......,.,........ 28. 3,87 “ Pi 51s. + 1,6à 8m. + 0,2 + 15 à 8 m.... 27.11,08là 318... .27. 9,75 [27-10,25 . 28. 4,00 le 29. 1027000, 7211010; | { on eme nnts LA À L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Frimaire , an x. ne. | POINTS VIPAMROTMASECTOTÉOMNNS VENTSs. A Mini. LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈRP. 1| 65,5 | O-NO. Nuageux le matin ; pluie dans la soirée. 2| 6t,o | O-N-O. Ciel trouble et nuageux; couv. le soir. 3! 87,5.| S O. Temps pluvieux toute la journée. &| 70,0 | N-0O. Apogée. Couvert par inierv.; pluv. tout Pap. midi et le soir. 5| 72,0 | O. Idem. 6| 80,0 | S-O. Pluie abond. vers midi ; beaucoup d’éclaircis le soir. LE eore Id. DerniQuere Pluie abondante une partie du jour. 8 73,5 Id, ÉPANAE Couvert le maun: quelques éclaircis le soir. g| 2,5 | Zd. PRCSERÉS Pluie abond. le mat. ; brumeux l'après-midi et le soir. |} 10 |. 168,01 [1 77, Fluvieux le matin; et nuageux le soir. | 11 | 72,5 | Id. Nuageux le matin; pluie abondante le soir. 12} 740 | Id. Nuageux le matin; pluie mêlée de gresil le soir. 15| 76,0 | S. Légèrement couv. le matin ; pluvieux le soir. 14 |: 82,5 | S. S-O.. [Nour Lune. Pluie abond. une partie de la journée. | 15| 82,0 | S-O.fort. Pluie abond. av. le jour; beau par intervalles. 16| 70,0 | S-O. Périgée, Ciel nuageux toute la Journée. 17 | 74,5 | S. fort. Forte gelée bl. le mat.; pluie fine versmidietlesoir. 18 | 77,5 |} Id. Pluie abond. av. le jour ; quelques gouttes d’eau parint. 19 | 77,0 | O. Temps pluvieux. DOME S-0. Ciel trouble toute la journée ; couv. le soir. 21] 66,0 | O. Prem. Quart. Ciel trouble et nuageux, 22 | 70,0 | Calme. Equin. ascend. D Trouble et nuag.; gelée bl. et brouillard le matin. 23) M67OIAN Couvert; broull. et gelée bl. le matin. 24 | 69,5 | Zd. Ciel troub. et nuageux; forte gelée bl. 25122660 (10 Pluie et neige par int. ; pluie abond. le soir, vers3 h. 26 | 69,0 | 1d. Ciel nuageux; gelée blanche. 27 | 6y,o | Zd. Nuageux le matin; neige vers midi, et dans la soirée. 28 | 74,0 | Id. Couvert le matin; et nuag. l’après-midi, ciel trouble. 29 | 72,5 | Calme. [Pleine Lune. Trouble et couv. par intervalles. 30| 77,0 | S. Neige env. 2 pouces dans la nuit; pl. ab. une part. du j. / RÉCAPITULATION. de couverts . . . . . 22 de pluie .......... 18 de vent... 1... 28 de gelée . . . ... .. 7 de tonnerre....... o de brouillard. . . .. 5 de neige.. . ... . 3 Le vent a soufflé du N..... So eo ne 2 fois. NRC ren Eve o LD MMS LT . 0 SE lo nieleercie o SA Hold 0 Lori 4 SOMMES eee El. 12 (CHEAP ENNES , 7 NOM EE Cie te 3 TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: Discours préliminaire , par J.-C. Delamétherie. Page 5 Mathématiques. Astronomie. De la mécanique. De la météorologie. De la zoologie. De la physiologie. | Médecine. De la botanique. De la minéralogie. De La chimie. Des arts. Note sur un nouveau métal appelé colombium , par J.- C. Delamétherie. Observations météorologiques. Id. EEE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PL CRRRGT OS E4 N° 10. S) SUR LES SULFURES NATIFS ET ARTIFICIELS DU FER, Par le professeur Prousr. J'ai fait remarquer dans un mémoire précédent, que si les acides qui dissolvent aisément le sulfure artificiel, n’exercent pas la même puissance sur le sulfure natif, c’est que ce dernier peut leur opposer un excès de soufre que l’art ne sait point encore unir au premier. Jusqu'ici, en effet, je n’avois osé présumer que nos moyens, imparfaits comme ils sont, pussent rivaliser d'assez près ceux de la nature , pour qu’on pût espérer de l'i- miter dans la formation des pyrites. Le hasard , cependant, a tout récemment dissipé la difficulté. Je fis chauffer , sans n'arrêter à aucune proportion , un mé- lange d'environ 10 onces de soufre et de limaille , pour remonter mon laboratoire de ce sulfure ; et jugeant à la couleur qu’il pou- voit bien n’être pas assez chargé de soufre, je crus devoir lui en ajouter une nouvelle dose. Le creuset fut en conséquence chauffé presqu’au rouge ; mais nOn pas jusqu’à la fonte, parce qu'il est plus commode pour l'usage de l'obtenir en état de poudre. Éssayant ensuite delle dissoudre avec un acide conve- pablement affoibli, je fus assez surpris de voir qu'il ne me don- Tome L1F. PLUVIOSE an 10. M ge JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE noit pas d’hydrogène sulfuré. J’eus beau varier la force de l’a- cide , et tâtonner par divers essais ; point de gaz, Ce résultat inat- tendu fut le trait de lumière qui me fit entrevoir la possibilité de reformer de la pyrite. Puisque la pyrite ne devient soluble , comme on l’a vu , qu’au- tant qu’on lui enlève le soufre qui est en excès , au point de sa- turation , il me sembla que je devois chercher d’abord à lui res- tituer toutes ses qualités , en la reportant, par ce même excès de soufre, à son premier état. C’est en effet ce qui me réussit. Je mêlai une quantité indéterminée de soufre à 400 grains de pyrite de Soria dépouillée de son excès par distillation, et fis chauffer le mélange dans une retorte , à côté d’une autre qui contencit aussi {00 grains de pyrite, mais crue. Mon objet dans celle-ci , étoit de la faire servir de thermomètre , afin de ne pas imprimer à la première retorte plus de chaleur qu'il n’en falloit ; c’est-à-dire , pour ne pas exposer cette seconde dose de soufre : qu'une nouvelle attraction devoit ajouter à celle qui constitue un premier point de saturation pour le fer, A une chaleur donnée, la surabondance du soufre fut em- portée par la distillation : après quoi, les deux retortes tenues encore une heure à la même température , ne laissèrent pas ap- percevoir la moindre vapeur de soufre. La pyrite régénérée sortit palvérulente : ce qui me prouva qu’elle n’avoit retenu aucune portion de soufre qui fut surabondante à la saturation ; autrement, je l’eusse retirée empâtée et moulée dans la retorte. Elle avoit repris la couleur jaune-verdâtre, qui est celle de la pyrite crue et pulvérisée , tandis qu'auparavant , sa nuance étoit obscure et noirâtre, comme est celle du fer sulfuré qui donne de l'hydrogène. Son poids se trouva de 5o4 grains ; c’est-à-dire que la pyrite distillée reprit dans cette opération 26 livres de soufre par quintal. En jetant un coup-d’œil sur le mémoire antérieur , on peut y voir que le produit moyen de deux distillations, chacune de 400 grains de pyrite, fut de 318 pour le résidu contenu dans la re- torte, et de 78 pour le soufre, auquel il faut ajouter 3 à 4, pour celui qui fut emporté par le gaz dont il est fait mention, ce qui donne au quintal 79 et demi de résidu, et 20 et demi de soufre. Suivant ce rapport, 400 grains de cerésidu ou de nyrite listitlée, n’auroient dù reprendre que 98 et fraction de soufre, tandis que nous voyons dans le résultat de notre expérience 104. Cette dif- érence qui ne répond qu'à 1 et demi par quintal, ou ce léger ET D'HAISTOIREINATMURENLLE. o1 excès tient à l'inexactitude de la pratique , autant qu'à la nature de la pyrite, qui n’est point une combinaison homogène, car oùtre l'argile et le sable, éllé ‘contient souvent un peu d’oxde dé far, ée qui aura donne lieu à la fixation d’une quantité de soufre ui péu plus grande que la perte qu’elle avoit essuyée par la distillation. J'ai ensuite examiné ma pyrite résénéréé avec un acide sulfu- rique de 19 degrés, au pèse-liqueur de Baumé , lequel dissout bien la pyrite distillée, et jé n’obtins que quelques onces d’hydro- gène sulfuré. J'échauffai ensuite le mélange ; il fournit quelque peu de’saz, après quoi la pyrite resta sans altération ; Pébullition continuée longtemps , il me fat impossible de saturer mon acide. Avec l’acide muriatique , je parvins à former un peu de gaz ; mais bientôt son action s'arrêta, et il me fut également impossi- ble d’en faire disparoître l'acidité. 11 étoit de 12 degrés au pêse- liqueur , et la poudre conserva sa couleur. La pyrite naturelle , traitée de même , ne donne pas le moindre soupçon de gaz ; mais il ne faut pas perdre de vue que l’art ne sait pas donner à ses côm- posés ce rapprochement agrégatif, cette densité .qui est un des grands obstacles que l'attraction aït à surmonter dans lès disso- lutions. Morveau et Fourcroy nous en ont donné des preuves bien frappantes, dans la résistance qu’ils trouvèrent à dissoudre les oxides natifs du fer et de l’étain. La pyrite n'étant pas, comme je l'ai dit , une combinaison ho- mogène , il est évident que ce w’étoit pas dans les résultats anté- rieurs qu’on pouvoit se flatter de découvrir les vraies proportions de soufre que le fer peut attirer , aussi ai-je fait les expériences qu’on va voir. Pour compter d’abord sur de la limaille pure, il faut com- mencer par la chauffer doucement et assez longtemps dans une retortede verre ; alors on n’est pas peu surpris de voir que des li- maillesnettoyées à l'aimant , et gardées dans des flacons bien bou- chés, donnent pourtant de l’eau très-ammoniacale ,. et même du muriate ; si j'ai bien jugé la saveur du liquide qu’on en sépare. Cent parties delimaïlle échauffées au rouge obscur dans une re- torte , et sur lesquelles on laisse tomber du soufre , entrent dans une incandescence remarquée même des chimistes anciens; mais elles ne se saturent pas. On leur trouve seulement 20 ou 30 de surcharge. On-broye le produit , puis on le mêle avec du soufre , et par une chaleur rouge , on obtient un résultat qui pèse assez constamment 159,3 mais que je crois pouvoir fixer à 160 , à cause des-hétérogénéités du fer. M » 92 JOURNAL IDE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le produit est Le fer sulfuré au premier degré ; il peut fondre, et fond même dans la retorte, sion y emploie du fil de clavecin , et s’y maintient sans altération. Sa couleur est métallique , mais d’un ton sombre et éloigné du doré de la pyrite. C’est en un mot le sulfure qui est propre à donner le gaz hydrogène sulfuré. Pour découvrir l'excès que ce sulfure peut encore fixer, pourvu qu'il n’ait pas à lutter contre une température aussi élevée, je traitai ayec les attentions désignées ci-dessus, 200 grains de li- maille, etobtins 318 grains de sulfure. Retiré de la retorte, il fut mélangé avec une nouvelle dose de soufre , et chauffé à côté d’une autre qui contenoit de la pyrite crue : le sonfre surabondant passa en distillation , et les retortes furent tenues l’espace d’une heure à la même chaleur ; le résultat de cette opération fut une pyrite artificielle, du poids de 378 grains. Elle sortit pulvérulente, ce qui me prouva encore qu'elle n’avoit retenu de soufre que la quantité qui lui étoit assignée par son attraction. Sa couleur n’étoit plus noirâtre , mais de la nuance jaune-ver- dâtre. Traitée avec les acides, elle se comporta en tout de la même manière que les pyrites régénérées ; et enfin , elle ne dif- fère des natives que par le manque de densité que ces dernières reçoivent d’une cristallisation qui n’a lieu que dans des milieux humides. Û Conséquences: Il résulte de tout ceci que le fer peut fixer au quintal 60 de soufre par une température assez élevée. Cette proportion cons- titue le fer sulfuré au 127imum. : À l’aide d’une chaleur inférieure , il peut encore en attirer une quantité qui est égale à la moitié de ce poids : et il en résulte um fer sulfuré au maximum, ou avec 90 de soufre, sur-tout si l’on expose cette dernière combinaison à la température qui a formé la première , on l’égalise avec elle ; c’est-à-dire qu’on la ramène au #zinimum de sa sulfuration, en la dépouillant de tout le soufre qu’elle a pu fixer au-dessus de 60 par quintal de fer, Le fer sul- furé au maximum n’est autre chose que la pyrite , à la densité, près , il partage toutes ses propriétés. Pour faire servir du fer trop sulfuré à la production de l’hydro- gène , il suffit de le chauffer ayec la moitié de son poids de li- maille. Pour faire servir les pyrites au même usage, il faut les traiter de la même manière, ou les distiller , afin de leur enlever cette E T DH SION RE /N'A"T/ UV/R-E\ LT E. 93 portion de soufre qui fait la différence du sulfure au xzrimum au sulfure au zaximum. + Le règne minéral jusqu'ici ne nous a point encore présenté le fer sulfuré au zinimum. Dans la pyrite jaune cuivreuse, quiest un composé de deux sulfures , le fer est toujours au z#aximum de sa saturation , aussi n’y a-t-il que des acides qui puissent oxider l’excès du soufre , à pouvoir attaquér les mines. J’ai fait appercevoir dans mon premier mémoire que le sulfure natif du cuivre avoit coutume de se trouyer avec un excès de soufre de 14 à 15 pour cent ; il seroit très-possible que ce métal suivit dans sa saturation la même loi que le fer , ce qu’il faudra examiner, mais dans les sulfures qui seroni purs; car dans ceux qui se compliquent, ou dans lesquels le sulfure de cuivre est partie intégrante , je l’ai trouvé sans excès de soufre. Les mines de cuivre jaune, ou l’union native des deux sulfures de cuivre et de fer sulfuré au #aximum , donnent par la distilla- tion moins de soufre que la simple pyrite, parce que le sulfure de cuivre qui en fait partie n’a point d'excès. La belle pyrite cuivreuse d’Avalar en Biscaye, ne donne qu’un douzième de soufre par distillation. Si l’on fond ces pyrites avec une portion de potasse, l'excès de soufre s’unit à celle-ci , et le sulfure de fer est ramené au 1i- nimum. Alors l’acide sulfurique aqueux peut servir à les analyser, 11 dissout tout le sulfure de fer ; sans toucher à celui du cuivre, qui se présente dans ce cas avec la couleur bleue foncée , qui est un de ses caractères. On arrive par ce moyen à découvrir le rap- port des deux sulfures qui composent ce genre de minéralisation. Mais en connoissant la quantité de cuivre qui est contenue dans une pyrite cuivreuse, on connoît toujours celle du sulfure de ce métal qui en fait partie, parce que dans la nature comme dans l’art, le cuivre ne prend jamais ni plus ni moins de 28 grains de soufre par quintal. Soit une pyrite cuivreuse dont on veut estimer le sulfure , on passe sa dissolution nitrique par l'hydrogène sulfuré, et l’on chauffe au rouge le précipité qui en provient , dans une retorte. Le produit représente toujours la quantité réelle de sulfure * combiné primitivement dans le minéral. . A Sulfure natif de manganèse. Ce sulfure n’a point encore été apperçu des minéralogistes, que je sache. Je l’ai découvert il y a déja quelque temps dans cer- tains échantillons de la mine d’or de Nagiag. 9) JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La gangue du morceau qui m'a présenté ce sulfure, est un earbonate de manganèse , mêlé de quartz, comme celle du sul- fure de tellure. Elle n'offre pas les cristaux métalliques de ce métal , mais une multitude de points quine présentent à la loupe qu’un entassement de parties pyriteuses. Ce minéral , traité avec l'acide sulfurique aqueux , donne avec beaucoup d’abondance un mélange de gaz carbonique et d'hydrogène sulfureux. Le premier appartient à la décomposition du carbonate, et le second à celle du sulfure. Il est extrêmement facile de se convaincre de l’existence de ce nouveau sulfure. Premièrement, parce que parmi tous ceux qui sont connus , il n’y en a aucun qui se décompose avec cette fa- cilité et cette abondance de gaz. Secondeinent, parce que le sul- fure artificiel du manganèse obéit avec la même célérité à l’ac- tion de cet acide ; et troisièmement parce qu’on ne découvre dans la dissolution autre chose que de l’oxide de manganèse, et quel- ue atôme de celui du fer. L’échantillon ne contient d’ailleurs ni or ni argent, ni tellure, ni plomb, etc. Dans la vraie mine de tellure j'ai trouvé que les sulfures de plomb et de tellnre étoient combinés ensemble, et que l'or s'y trouvoit en nature , et nullement minéralisé. Je ne dirai rien de plus sur l'espèce du sulfure que je viens de citer , parce que je n’en ai point assez pour décider si le man- ganèse est en oxide ou en métal. S'il s’y trouve en oxide, son sulfure tirera vraisemblablement d’une agrégation très-resserrée le pouvoir d’éluder l'activité de l’oxygène atmosphérique, car le sulfure artificiel repasse assez promptement à l’état d’oxide noir mêlé de sulfate. Sur la désoxidation du fer. En considérant la facilité ou le peu de température qu’exi- gent plusieurs oxides pour revenir à l’état métallique , on ne peut s'empêcher de croire que ceux qui résistent à l’effort de nos fourneaux , ne se désoxidassent aussi aisément , s’il nous étoit possible de les chauffer autant qu'il le faudroit pour cela. Pour que celui du fer ne reste pas. plus Iô6ngtemps dans la classe des oxides qui ne peuvent se réduire sans le secours du charbon , je crois devoir sauver de l'oubli une expérience dont je dus les moyens à l’amitié de Nast , fabricant de porcelaine, établi alors au faubourg $t.-Antoine. END EES MENONMERTE" NAT UNRME LL'DVE: 94 La bouche de la voûte à recuire, qui est au-dessus du four- neau, étoit soutenue d’une barre d’un pouce environ. L’oxida- tion s’étoit si fort approchée de son centre , que ne se soutenant plus que par un fil de fer d'une ligne, elle vint à tomber , et se brisa d’elle-même. Je ramassai ses fragmens , et en séparai le filet par un léger choc. Cet oxide ne différoit en rien de celui qui tombe du fer quand on le forge. J’en plaçai environ huit onces dans un creuset de porcelaine renfermé dans une des gazettes d’en bas. Je n’ignorois pas qu’il ne faut qu’un clou tombé dans un fourneau pour en détruire toute une pile. Voici quel en fut le résultat, Nous trouvâmesle creuset et la gazette percés. Le fer réduit et bien fondu s’étoit creusé un lit dans le sol du fourneau. Nast et moi ne pûmes l’arracher qu’à coups de ciseaux ; il n’étoit point cassant. Ce fer s’étoit-il fondu par la seule intensité du feu, ou aura-t-il pu s'approprier du charbon , décomposer la partie calcaire des pâtes, etc. ? Voilà ce qu’il seroit intéressant , je crois , de re- voir. J’ai gardé longtemps ce fer sans savoir ce qu’il est de- venu, et sans avoir assez senti dans le temps combien son examen pouvoit intéresser la théorie. Il est à desirer qu’on ré- pète cette expérience. Sur La cire. Je crois pouvoir vous annoncer que la cire existe dans la fécule verte. Je l’avois déja trouvée dans celle de l’opium. Elle sera toute formée , je pense , dans la poussière fécondante. Je la traiterai quelque jour comme la fécule, 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ARE PRAIRIE CINE FER CR PRE PERMET A SP IRIMREPE) OPOTE NL 'O'UTE SP RID/ENE,S Sur les moyens d'obtenir de bonnes observations météréologiques. Bacon avoit dit depuis longtemps qu'il falloit recommencer toutes nos connoissances , observer longtemps, au lieu de se faire des systèmes. d La chimie, l’histoire naturelle n’ont fait des progrès réels que depuis que cet avis si sage a été suivi et mis en pratique. Quelque chimérique que se présente l'espoir de connoître les variations de l’atmosphère , de trouver quelque résultat fixe au milieu des élémens qui s’y pressent, s'y amoncèlent, l’agitent dans tous les sens, doit-on, sur ce seul obstacle de la mobilité de l’air, renoncer à étudier les météores qui s’y forment? L’eau étoit classée ainsi que l'air au nombre des élémens , et cependant les nouvelles découvertes dues à la constance des observateurs , nous les ont montrés comme des êtres composés. Observons : qu'on ne se lasse pas de la durée des observations, ct quelques traits lumineux sortiront peut-être quelque jour de ces météo- res $i compliqués. PLRPIELG Mais s’il est difficile d’obtenir des résultats utiles de ces re- cherches, ne doit-on pas l’attribuer au vice, au défaut du plan qu'on se forme ? On s’occupe depuis longtemps déja d’observa- tions météréologiques ; le public en a plusieurs recueils impri- més. Toaldo en Italie , les deux frères Duhamel, le cit. Cotte sur-tout, ont publié des suites d'observations, des méthodes pour s’y livrer avec exactitude. Plusieurs physiciens, des médecins, des chimistes , des agriculteurs avoient répandu le goût de ce genre d'étude , et on trouvera dans les deux volumes in-quarto’ faisant suite au Traité de météréologie du cit. Cotte, d’amples recueils de résultats envoyés de différens points de la France. De semblables travaux ont été suivis en Allemagne, dans le Nord; ils ont été abandonnés lorsque les agitations politiques ont absorbé l'attention générale. Le ETIDIH NS MOPTARTE CP NCANTAU RVENDIELE. 97 Le cit. Lamarck vient depuis deux ans de rappeler l'attention du public vers les observations météréologiques. Ses trois An- nuaires publiés en l’an 8, l'an 9 et l’an 10, paroïssent avoir l'effet qu'il s’en étoit promis, en inspirant le desir de vérifier ses pose tirés des équinoxes ascendaus et descendans de la une. Dans le dernier , il annonce un établissement central à Paris, où pourront être adressés les tableaux que formeront, d'après ses projets , les diverses sociétés d'agriculture et d’émulation , pla- cées dans chaque département. Il attend du zèle des associés, qu’ils se livreront à ce genre d'étude, et qu’en recevant ainsi à Paris les tableaux envoyés de tous les points observés , on pourra réunir une suite d'observations propres à avancer les progrès de la météréologie. L'engagement que prend le cit. Lamarck de publier chaque année le résultat de ces divers travaux dans la suite de son Annuaire , les précautions qu'il indique pour obtenir des observations comparables , le zèle qu’il annonce pour les progrès des connoïssances météréologiques, doivent faire espé- rer que les observateurs se multiplieront, et que ses vues pour- ront être couronnées de succès. Cependant les moyens qu’il indique , les aphorismes qu’il pu- blie, sont-ils tellement présentés , qu’ils puissent conduire au but proposé ? L'appel fait aux sociétés d'agriculture et d’émulation de se livrer à des observations suivies, sera-t il entendu ? Beau- coup de membres qui composent ces sociétés, font des observa- tions ; maïs peuvent-ils s’y livrer avec cette suite, avec cette exactitude d’où dépend tout le succès de ce genre de travail ? Sont-ils posés , réunissent-ils les instrumens justes et compara- bles, qui offrent la garantie des résultats qu’ils adresseront. Plus le cit. Lamarck exige avec raison des instrumens parfaits, d’attention aux météores , plus il importe aux observateurs d’être placés avantageusement pour pouvoir observer leur note des va- riations , être attentifs à les rapporter aux diverses positions des deux corps principaux qui agissent si fortement sur l'atmosphère de la terre. Toutes ces précautions exigent des connoissances astronomiques , difficiles à réunir ;.Ja difficulté augmentera en- core de la nécessité de ne se servir que d’instrumens parfaits et comparables. Loin que ces réflexions tendent à décourager les hommes nés observateurs , qui composent les sociétés d'agriculture, rien de plus avantageux que d’appeler leur attention, mais aussiil faut Tome LIV. PLUVIOSE an 10. N 33 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leur faciliter les moyens d’observer eux-mêmes, de régulariser leurs observations; il faut des guides &üûrs. On trouvera ces guides dans les observations faites aux obser- vatoires par des hommes habitués à observer sans cesse, placés dans les lieux les plus convenables pour saisir les plus légères variations , habitués à ne se servir que des instruinens les plus parfaits, et à les connoître. Leurs observations publiées chaque mois mettent à même chaque observateur particulier de com- parer ses tables, de reconnoître la marche de ses instrumens, de rectifier et ses erreurs et celles de ses instruimens. Les obser- vations faites ainsi jour par jour, avec les déclinaisons , les phases, l’état exact du ciel, peuvent ensuite ÿâu gré des obser- vateurs particuliers, être appliquées au système des équinoxes ascendans et descendans , au retour périodique de 19 années , à l'influence des périgées et des apogées. Ces mêmes observations pourront être plus utilement comparées à la végétation , aux maladies qui ont régné dans le mois. On basera ces diflérentes applications sur des faits qui joignent à l'exactitude , à la préci- sion , une comparabilité d’instrumens qu'on ne peut attendre d’observateurs privés, que leurs occupations distraient des soins à donner à ce travail. Dos observations faites ainsi uniquement pour constater l’état graduel de l'atmosphère , sans aucun systéme particulier , sans application particulière ni à la physique , ni à l’agriculture , ni à la médecine , présentent les basés certaines aux applications particulières que chaque observateur veut en faire. On croit donc qu'un appel fait aux astronomes répandus sur différens points de la France, du Nord, de l'Allemagne , de VPltalie, pour tenir un registre exact des variations de l’atimos- phère, consigner les états par mois, par année, offriroit un travail exact qui deviendroit le guide comme le type sur lequel se rectifieroient les observations partielles. Déja le cit. Bouvard à l’observatoire de Paris, tiént ce re- gistre ;il y marque et les variations du jour et celles de la nuit. Il présente dans le résultat de chaque mois les phases de la lune et le jour de leur coïncidence facile à comparer aux observa- tions barométriques et thermométriques, à l’état actuel du ciel; aux vents qui ont régné, à leur intensité. Que le cit. Lamarck donne également ses observations avec l'application de son système particulier de l’influence des consti- tutions boréales et australes ,mais par chaque moïs pour faciliter les comparaisons avec les observations particulières; que chaque ET D'HIS TOIRE NATURELLE. 9% année ensuite il offre le tableau de comparaison de tontes les lunaisons ; les applications particulières à l’état général du ciel, tenu par des observateurs infatigables, ne pourront qu’avancer la science de la météréologie. Elle resteroit au contraire une vaine théorie , tant qu’elle se circonscriroit dans des systèmes partiels avec des applications particulières aux idées , aux tra- vaux de chaque observateur. NU OMAENE Adressée au cit. DELAMÉTHERIE, par P. EsziNGER. Freiberg , 16 brumaire, an 10. Le cit. Pajot-Descharmes , dans une lettre imprimée dans le ca- hier de ventôse an 9, ( page 210 ) du Journal de physique, an- nonce , au sujet d’un de mes mémoires , avoir fait des tentatives infructueuses , ayant pour objet de faire servir le sulfate de soude à la fabrication du verre. Dans mon mémoire sur la £héorie de l’a- malgamation des minérais , publié dans le même Journal, cahier de brumaire an 9, je dis : « que le sulfate de soude , qui s’est « formé pendant le grillage des minérais destinés à l’amalgama- « tion , est immédiatement employé dans les verreries. » Comme il s’agit ici d’un fait, la non-réussite des tentatives du cit. Pajot ne sauroit l’infirmer. Cependant, pour lui donner plus d’authen- ticité , je crois devoir le circonstancier et citer un exemple. La verrerie de Frédericstadt dans le Voigtland , à 12 milles de Freiberg, a pris , l’année dernière ( 1801), à l’attelier d'amal- gamation de Freiberg , 600 quintaux de sulfate de soude, payés à 12 francs le quintal. Ce sel, joint à un dixième de potasse, une fort petite quantité d’arsenit et de manganèse , y est immédiate- ment mis dans les fourneaux avec la matière siliceuse : et à l’aide d’uneforte chaleur , on obtient une masse vitreuse très-fluide. Le sulfate de soude ( se/ de glauber) que l’on retire des résidus des minérais amalgamés, contient un centième d’arseniate et phos- phate de soude , ainsi qu’un peu de sulfate de fer ( vitriol ) : il se dépose en cristaux sur les paroïs des cuves dans lesquelles on verse la dissolution qui doit le donner ; ces cuves sont placées dans des caves , afin que la fraîcheur facilite la cristallisation. Les cris- taux sont des prismes hexagones surmontés de pyramides égale- ment hexagones, ils sont bien distincts , et quelques-uns ont au-delà d’un pouce de grosseur. r ; Np2 +00 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nr OLANE Communiquée à J.-C, Deraméruerie, par L, BRUGNATELET, sur un procédé facile pour obtenir de l’acide phosphorique (1) et sur une combinaison de la potasse noire avec le gaz nitreur (gaz oxide de septone). La connoïissance exacte de différens états de l’oxygène a con- duit le cit. Brugnatelli à de nouvelles recherches , dont le résultat a été souvent nouveau et intéressant sous plusieurs rapports. C’est d’après cette doctrine que dernièrement il a trouvé un moyen fa- cile et prompt de retirer l’oxi-phosphorique(acide phosphorique), très-pur et concentré par la décomposition à froid du thermoxy- gène de l’oxi-septonique (acide nitrique ) , connoissant que l’oxi- septonique (acide nitrique ) concentré, lorsqu'il vient en contact avec l'alcohol se décompose en partie à l’instant, et change la proportion du thermoxygène relativement aux autres parties composantes de cet oxique ( acide ). Il a saisi ce moment pour présenter à l’oxi- septonique (acide nitrique ) le phosphore. Ce combustible oxigénable décompose alors le thermoxygène de l'oxi-septonique , et «e change en oxi-phosphorique (acide phos- phorique ). — Qu'on plonge, par exemple , un demi- gros de phosphore dans environ deux gros d'alcohoi contenu dans un verre : qu'on verse ensuite une demi - once d’oxi- septoneux (acide nitreux ) concentré. Cet acide, par sa pesanteur spécifi- que, gagne la partie inférieure du vase , et couvre le phosphore. On voit alors l’alcohol surnager le mélange. A près quelques ins- tans , le mélange manifeste quelques bovilionneimens rapides. Le phosphore ne tarde pas à décomposer le thermox ygène de l'oxique et à s'oxygéner. Le calorique se dégage : le mélange s’échauffe d'autant plus que la décomposition du thermoxygène est grande: (1) Brugnatelli a observé, il ya deux ans, que le résidu de la décomposition du nitre, pour en retirer le gaz thermoxygène ( gax oxygène ), n’est autre chose qu'une combinaison de potasse avec le gaz oxide de septone ( gaz nitreux }. C’est pourquoi cette substance fait effervescence avec les oxiques , même avec le vinaigre , qui est un oxique très-foible. C’est d’après cette observation qu’il n’a pas compris les oxi-septonites ( nitrites } dans sa nomenclature chimique , publiée £a 1800, avec les observalions qu'il a cru convenable d’y introduire. EDOD AS TON E. EUN AT OU REML:E. 101 cependant , il entre toujours en ébullition. L’alcohol , qui dans cette opération , étoit employé pour commencer la décomposition de l’oxi-septoneux ( acide nitreux }) est bientôt changé en éther et dissipé dans l'air ambiant, Jusqu'à ce que le phosphore s'oxygène , le mélange est main- tenu en ébullition. Lorsque le tout est refroidi , on trouve dans le récipient l’oxi- phosphorique liquide, mêlé d’oxi-septonique ( acide nitrique), qu’on dégage entièrement par l’évaporation sur un bain de sable, Ce qui reste , après cette opération , est cle l’oxi - phosphorique très-pur et concentré qui , en se refroidissant lentement , se pré- sente souvent en forme de lames solides et transparentes. Erreurs à corriger dans mon Mémoire , cahier de brumaire. Pag. 554, lig. 10 : chargés, lisez changés. — — l1:oxygènes, — oxiques. — 355, — 8:oxygènes, — oxiques. — — 10: oxygènes , — oxiqnes. — — 28 : oxygènes, — Oxiques. — 359, — 27: éruption, — percussion. 360, — 10: exponibles , — expansibles. DE :TOXIDE GAZEUX D’'AZOTE, Découvert par Davy. Ponr obtenir ce gaz, il met dans une cornue de verre du ni- traie d’aumoniaque, et il expose la cornue à la chaleur d’une lampe on de charbons allumés. Le bec de la cornue plonge sous l’anpareil pneumato-chinique. Lorsque le sel est fondu, on voit se dégager avec rapidité une grande quantité de gaz. Il ne faut pas l’agiter dans l’eau qui l’absorbe en assez grande quantité, Voici la principale qualité de ce gaz. Les corps enflammés , tels que le soufre, le phosphore et le charbon , y brûlent avec plus d'activité que dans l’air ordinaire. Un fil de fer ÿ brûle avec une vivacité presque égale à celle qu’il auroit dans le gaz oxygène. De l’eau. bouillie l’absorbe rapidement , et on peut l’en ex- traire par l’ébullition sans qu'il ait changé de nature. 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est aussi absorbé par l’alcohol, l’éther et les huiles. Il n'éprouve aucune diminution ni par le gaz oxygène, ni par le gaz nitreux. D, FC . 17 . L’étincelle électrique le décompose , et le change en acide nitrique , et en un gaz analogue à l’air atmosphérique. Il est un peu plus pesant que l’air atmosphérique. Ce gaz lui paroît composé de Gantazote na RENE Op Gaz oxygène. .1/..-1...:! 0,37 Davy croit que l’air atmosphérique est le premier degré d'oxi- dation de l’azote. Et l’oxide gazeux d’azote en est le second degré. Les effets que ce gaz produit sur l’économie animale sont fort singuliers. Le docteur Beddoes les a décrits avec beaucoup d’exac- titude. \ On se bouche les narines , et on respire ce gaz renfermé dans une vessie. On se sert d’un tube de verre. La première sensation qu’on éprouve est analogue à une lé- gère agitation de tout le système musculaire. Cette agitation augmente , et souvent la personne se met à courir. Son pouls est agité , et bat avec vivacité. Mais ces effets sont ordinairement accompagnés d’un bien-être général. Les personnes sont gaies, rient souvent aux éclats , - frappent du pied , et remuent les bras avec vivacité. Enfin tout annonce leur contentement. Lorsqu'elles sont sorties de cette espèce d'état spasmodique , elles disent avoir éprouvé une suite de sensations très-agréables, Quelques personnes cependant n’ont point ces agitations vives. Quoique le pouls soit élevé et rapide , elles sont calmes ; mais ciles éprouvent un sentiment délicieux. Je croyois quitter ce monde , dit Pictet, et m’élever dans l'Empirée. D'autres au contraire éprouvent un sentiment général de mal-aise, ET D'HISTOIRE; NATURELLE. 108 mens OLB'SE RV'ANT:T' O N':S Qui prouvent la nécessité d'observer et de méditer longtemps, avant de rien prononcer en physique en général, et en particulier sur la cause des tremble- mens de terre; Par CourrEJOLLES. Quelque pénibles que soient les recherches nécessaires pour découvrir les causes que la nature emploie dans ses opérations, il faut l’observer avec beaucoup d'attention et une infatigable assiduité , afin de réunir le plus de faits propres à nous y con- duire ; mais nos efforts seroient vains, si nous prétendions y parvenir par le moyen vague des hypothèses. Ce n’est pas aux hommes à imaginer des causes, elles existent dans la nature ; c'est à eux à les découvrir. Si dans les sciences exactes la précision d’un résultat nous échappe , et que nous ne puissions étendre notre conception , que jusqu'au terme où l’incommensurabilité des dimensions arrête le calcul, comment les créateurs de systèmes peuvent ils prétendre au privilège de pénétrer jusqu’au fond des abîmes , où la nature cache ses causes primitives ? Il n’y a donc que l’expérience , l'observation et la comparaison, guidées par une méthode géométrique , qui puissent nous conduire sagement dans nos recherches. Pénétré de cette vérité, j’ai cru devoir suivre cette marche dans mes observations sur tout ce qui peut avoir rapport à la cause des tremblemens de terre ; car il seroit imprudent d’en as- signer une , avant d'établir beaucoup de faits. Cette méthode est d'autant plus sûre, que la nature se décèle souvent elle- même ; mais il faut beaucoup de temps pour recueillir de bonnes observations, et ne jamais se presser de les faire paroître, parce que dans leétude des sciences, il est un âge où les passions nous aveuglent par le desir trop ardent de nous faire promp- tement une réputation ; et quand on est parvenu à l’usurper 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la sorte, l’amour-propre trop exalté nous force à soutenir nos erreurs, et à les couvrir de ténèbres, pour les préserver des atteintes de la vérité. Que l’on juge , d’après cette foiblesse de l'esprit humain , combien on deyient dangereux pour ceux qui veulent s’instruire, lorsque sous l’égide d’une réputation, on emploie tous les moyens. de perpétuer une opinion erronée ! Les hommes seroient bien plus heureux qu’ils ne le sont, si ceux dont ils suivent les documens , n'eussent marché que pas à pas dans leurs recherches , et s'ils eussent pu s’affranchir des élans de cet orgueil qu’ils confondent mal-à-propos avec ce genre d'amour-propre qui conduit au bien. Il faudroit qu'ils eussent le courage d'apprendre à se rétracter à propos de leurs erreurs ; mais par malheur nous n'avons encore aucune école qui nous apprenne à dire deux mots si difficiles à prononcer : J’az tort. L'habitude d’avoir médité et comparé un grand nombre de faits relatifs aux tremblemens de terre depuis fort longtemps, sembleroit m’enhardir à prononcer sur la manière dont les ma- tières souterreines s’enflamment , soit par la décomposition de l'eau et des pyrites, ou par d’autres causes dont on n’apperçoit ni la nature ni le mouvement ; néanmoins je fais ici l’ayeu de mon insuffisance pour n’oser rien décider sur la vraie cause de ces tremblemens de terre. Si encore une fois je n’écoutois que mon amour-propre , j'aurois bientôt fabriqué un système pour en assigner une ; mais je ne saurois mieux faire que de sou- mettre mes remarques à l'examen des hommes plus pénétrans , qui peut être pourront y parvenir mieux que moi. Je me bor- nerai donc à ne faire que citer l’extrait d’un ouvrage assez étendu que j’avois composé sur les tremblemens de terre, mais qui étant perdu dans l’incendie du Cap-Français , ne me permet plus que d’en citer les principales observations , qui pourront servir de données pour ceux qui s'occupent de semblables recherches. Première observation. Les tremblemens de terre se font ressentir plus fortement sur toutes les parties des côtes qui font face à l’occident , que sur toutes celles qui difièrent de cette situation. Seconde observation. Les tremblemens de terre que l’on ressent sur les côtes d’une longue étendue, qui font face au septentrion, n’ont jamais occa- sionné des secousses assez fortes pour faire écrouler des maisons. Troisième ET D'HYSTOIRE NATURELLE: 105 Troisièms= observations Les côtes qui font fac: u mi, ont eu fréquemment de ces secousses violentes qui ont OCCa ionné de grands accidens ; mais cette dernière situation est moins dangereuse que celle des côtes qui font face à l'occident. # Quatrième observation. ds - - 1 0 p: Les côtes qui regardent l’orient sont quelquefois sujettes 4 de LA légers tremblemens de terre. Cinquième observation. a r Les grandes îles, comme celles de Madagascar, Bornéo, Ceylan , Sumatra , Java, les Célèbes, lés Moluques, les Phi- lippines, les îles du Japon, les Grandes Antilles, et toutes [es autres îles étendues du globe , ressentent les tgmblemens cle terre de la même façon que les continens , c'est-à-dire plis violemment sur les côtes qui font face au couchant et au midi, que vers les autres parties. Sixième observation. Le peu d’étendue des petites îles fait ressentir les tremble- mens de terre presqu’également dans toutes leurs parties ; on y remarque cependant que les plus fortes secousses sont toujours du côté de l’ouest ou du sud. Septième observation. Les parties de terres retrécies entre deux mers , comme les isthmes de Portovello , de Sués et plusieurs autres , ressentent aussi des tremblemens de terre sur les deux côtes opposées. Huitième observation. Lorsque dans une grande étendue de côté qui regarde Île nord , il se rencontre des changemens de direction pour faire face à l’occident , comme celle du nord de l'Afrique vers Oran, ou comme celle du golfe de Marécaybo , les tremblemens de terre s’y manifestent avec des particularités analogues à leur po- sition , c’est-à-dire que ces parties de côtes qui regardent le cou- chant , sont sujettes à de très-forts tremblemens de terre. Neuvième observation. Les petites Îles qui se trouvent à l’ouest ou au sud des con- Tome LIVY. PLUVIOSE an 10. O 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tinens, ou d’autres îles beaucoup plus grandes, éprouvent de très - violentes secousses ; plusieurs Îles qui étoient dans cette position , ont disparu après de forts tremblemens de terre , qui les ont fait engloutir dans la mer. Dixième observation. Parmi les côtes qui font face à l’ouest ou au sud, il y a des endroits où les tremblemens de terre se font ressentir plus for- tement que dans d’autres ; c’est presque toujours dans ces mêmes endroits que se répètent les plus violentes secousses. Onzième observation. . Les grands tremblemens de terre sont presque toujours pré- cédés et suivis , quelque temps avant et après, par de petites SeCousscs. . Douzième observation. On a vu souvent deux tremblemens de terre arriver le même jour en deux lieux fort éloignés et séparés , soit par la mer, ou des terres intermédiaires qui n’ont pas senti la plus légère secousse. Treizième observation. Les grands tremblemens de terre se déclarent presque toujours à la suite de longues pluies. Quatorzième observation. Les tremblemens de terre ont souvent été suivis de fièvres malignes et d’épizooties. s Quinzième observation. Les ouragans précèdent ou suivent quelquefois les tremble- mens de terre. Seizième observation. Nous eûmes un très-violent coup de vent au Cap-Français une heure avant la première secousse du fameux tremblement de terre du 3 juin 1770. Cet ouragan venoit du côté de la montagne appelée la Charbonière , éloignée de plus de 40 lienes du Cap. Le tremblement de terre bouleversa cette montagne au point que beaucoup d’habitans, de nègres et d'animaux furent engloutis. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE, 107 Dix-septième observation. Le baromètre d’eau, établi sur mon grand météorographe , marqua ce jour-là deux pouces huit lignes d’abaissement ; 1l ne baissoit ordinairement que de deux pouces dans ses plus grandes variations. Dix huitième observation. L’ouragan qui se fit ressentir dans toute l’île de St.-Domingue en 1788, partoit aussi de cette montagne de laCharbonière. Voici comme je m'en suis convaincu. ; Peu de jours après ce coup de vent, je fis une tournée dans l’île pour remplir une mission ; je vis par-tout où je passat, que les arbres renversés par cet ouragan étoient tous couchés dans le sens des rayons partant du sommet de cette montagne , aux différens lieux où j’avois passé agtour, quoique presque tous éloignés de 15 , 20 et 30 lieues de sa base. ë : < L Observation particulière. . Certains vents étant la cause des pluies comme certains autres le sont de la sécheresse, il est nécessaire que je cite leurs effets météorologiques pour juger de leur influence sur les tremble- mens de terre et les volcans. Dix-neuvième observation. On recônnoît que quand deux parties contigues de l’atmos- phère sont de différentes densités , la partie la plus dense , et quia par conséquent le plus d’élasticité , se porte vers celle qui en a le moins, en formant un courant d’air , qui s'étend vers le côté le moins résistant. Vingtième observation. Le courant des vents alisés suit la route du soleil en pleine mer, mais il change de direction auprès des îles et des continens. Vingt-unième observation. La partie de l’est de l’île de Saint-Domingue reçoit le vent alisé sans changer de direction. Vingt deuxième observation. Toute la côte du nord de la même île change la direction du vent alisé, et au lieu de Ini laïsser continuer son courant na- O > 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE turel de l’est À l’ouest, elle l’attire , et la fait incliner vers la terre pour former un Courant comnosé , allant du nord-est au sud ouest. Vingt-troisiéme observation. La partie de l’ouest depuis le Port à Piment jusqu’au Port au Prince, attire l’air de l’ouest à l’est dans le sens directement contraire au vent alisé, et de celui de la partie de l’est ou de Samana. Vingt-quatrième observation. La partie du sud de la même île attire le vent alisé, et lui fait changer sa direction naturelle de l’est à l’ouest pour former un courant d’air allant du sud-est au nord-ouest. Vingt-cinquième observation. . LI . L LA Tous les changemens qui arrivent au courant des vents alisés, proviennent très-vraisemblablement de ce que le soleil darde ses rayons sur des matières solides de l’île, qui s'en imbibent en raison de leurs densités, et même de leurs couleurs. Vingt-sirième observation. Tous ces corps chauds dilatent l’air ambiant de l’atmosphère qui les couvre. 44; _ apré Vingt-septième observation. ” Les vapeurs de la mer étant attirées autour de toutes les côtes vers le centre de l’île, suivant les 20, 21, 22, 23 et 241 observations , occasionnent une ascension de nuages bien plus considerable sur la terre que sur la mer. Cette élévation des urs paroît d’une manière très remarquable sur toutes les vape ; à la distance de {x ou âles de la zone torride, lorsqu'on en est huit lieues au large et même plus. Les marins expérimentés se servent quelquefois de cette indication pour reconnoître, la proximite de la terre. ; V'ingt-huitième observation. Toutes les différentes brises dont nous venons de parler , changent de direction dans la nuit; elles décroissent de vitesse depuis le coucher du soleil jusqu'à 9, 10 où 1x heures du soir, après quoi le caline succède pendant quelques monens : ensuite le vent de terre se déclare pendant toute la nuit par la conden- EMDAHNST OLRE: N À T'URELLE 10g sation des vapeurs de l'atmosphère que l'absence du soleilofait refroidir pour acquérir de la pesanteur ; alors elles chassent dans leur descension l'air ambiant qu’elles repoussent de toutes parts du centre vers la circonférence , c’est-à-dire de l’intérieur de l’île vers la mer: c’est ce qu’on appelle brise de terre. Vingt-neuvième observation. Parmi toutes les brises dont nous venons de parler, les vents d’est et du nord sont plus fréquens dans les contrées desla zone torride , que ceux de l’ouest et du sud , excepté sur les côtes citées dans les vingt-troisième et vingt-quatrième observations. Trentième observation. Les montagnes forment autant de digues qui s’opposent au cours des nuages , qui s’y accumulent, s’y condensent , et tom- bent en pluie sur les flancs et aux pieds de ces montagnes, Trente-unième observation. Les plaines qui se trouvent du côté où se fait l’accumula- tion des nuages, sont fertiles, et celles qui se trouvent au côté opposé sont arides. Ces montagnes partagent ainsi les contrées en deux climats différens. Trente-deuxième observation. Les tremblemens de terre sont beaucoup plus fréquens dans “les pays arides que dans les parties arrosées par les pluies, parce que vraisemblablement les vapeurs de l’intérieur de la terre s’y tamisent , et s’y portent plus que dans ceux où les pluies rendent la terre compacte. Trente-troisième observation. Les faces des montagnes qui regardent le nord et l’est , sont plus rafraîchies par les pluies , que les faces qui regardent le sud et l’ouest. Trente-quatrième observation. On trouve dans les plaines espagnoles situées au centre de l’île de Saint-Domingue, plusieurs montagnes isolées qui, mal- gré leur peu d’étendue, font appercevoir les différentes tem- pératures marquées autour deleurs flancs , par des nuances de verdure analogues à la fraîcheur ou à la sécheresse que ces differentes positions occasionnent. 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Trente-cinquièmé observation. * Les montagnes des contrées sujettes aux grandes pluies, sont en général hérissées de rochers très-durs qui s'élèvent brasque- ment ; les parties les moins rapides portent des terres com- pactes , rouges, noires et grasses, qui produisent des arbres vigoureux , d’un vert foncé , couverts de lianes, entourés d’ar- brisseaux herbacés et de fumiers provenant des feuilles et des troncs d'arbres pourris. Trente-sixième observation. Les montaones des pays arides étant composées de beancoup de terre légère , sont arrondies dans leur sommet; elles suot en général d’une pente plus douce que celles des contrées pluvicu- ses ; elles forment des éboulemens quand elles deviennent trop rapides ; les arbres qui viennent sur ces montagnes, produisent des bois très-durs , et Fon ny trouve presque point de lianes, Trente-septième observation. Les terres des montagnes arrosées par les pluies, état com- pactes, comme nous l'avons observé dans la 35e. observation, ne permettent pas aux eaux pluviales de les pénétrer ; elles cou- lent sur la surface pour tomber dans les ravines en même teinps qu’elles tombent du ciel. | Trente- huitième observation. Les montagnes des contrées arides sont presque généralement couvertes de terres calcaires , ou de craies et des débris d’autres pierres tendres mêlées avec la poussière des végétaux desséchés , qui forment ensemble une terre spongieuse et légère. L’eau des pluies pénètre aisément cette terre ; elle la conserve dans le sein des montagnes ou des côteaux qui les entourent. Cette eau ne s'échappe que par une infiltration paisible , qui entretient des sources continuelles qui fournissent à l’entretien des eaux des ravines, qui à leur tour les fournissent aux rivières qui tom- bent dans la mer. C’est par cette raison que les parties de l’ouest et du sud de Saint-Domingue ont beaucoup plus de ravines et rivières courantes que les parties du nord et de l’est de cette île ; il en est de même des Grandes Antilles. % .\ : Trente-neuvième observation. Les pierres calcaires que l’on trouve sur les montagnes de la ET D'HISTOIRE NATURELLE. sn partie de l’ouest de Saint-Domingue , laissent appercevoir les pertuis encore vides des polypes marins qui les ont formées. Il y a de ces fossiles dans toutes les montagnes de Saint-Marc et des Gonaïves en si grande quantité, que quand on les rompt à coups de masse , il est plus difficile d’en trouver qui ne portent l'empreinte d'un madrepore, que de celles où elle est effacée (1). Quarantième observation. On observe dans la partie du nord-est de Saint-Domingue, que les pierres calcaires des montagnes y sont très-dures , et ne laissent plus appercevoir aucune trace de leur origine ; il faut les polir pour y distinguer, comme dans les autres marbres de inème espèce , les coraux, les polipiers des madrepores, ct les autres marques distinctives des pierres calcaires. Quarante-rnième observation. Les côtes qui font face à l'ouest sont celles où les volcans se déclarent de préférence à toutes les autres. Quarante deuxième observation. Après les côtes qui font face à l’ouest, celles qui regardent le P q ) ] 5 (1) Pour savoir d’une manière sûre si c’est en bussant sa surface que la mer laisse ces fossiles , je fis fouiller un puits au pied d’un rocher d’une habitation qne j'ai contre la ville du Cap, afin d’y placer une machine que je fis construire à grands frais , pour que la postérité le sût d’une manière positive ; mais pressé de parür pour la France, à cause de ma nomination de dépulé de la Colome , et que mes commeltans prétendoient que l’assemblée des Etats-Généraux seroit achevée avant mon arrivée , si Je ne partois bien vite , je fus obligé d’abandonner cette machine sans avoir pu l’achever , en mai 1789. Elle consistoit principalement en divers monvemens qui faisoient tourner quatre grands cyhndres de cuivre de 6 pieds de hauteur chacun, avec leurs floticurs et leurs crayons , suivant la forme de mes météorographes , afin de tracer la hauteur des marées pour chaque jour, chique mois et chaque année lunaire , pour un siècle. L’ascension et la descension de la mer devoient faire entrer et sortir l’eau par un canal d’un pied de largeur; une pelite ouverture de 6 lignes de diamètre seu- lement, placée au fond du puits, devoit recevoir l’eau de ce canal , de manière à ne laisser monter ct descendre cette eau que fort doucement. Un gros flotteur de cuivre hermétiquement fermé devoit servir de moteur pour monter celte horloge à chaque murée, par le moyen d’un cran à échappement. Mais le malheur voulut que lors de incendie du Cap, on pillât ma maison , et qu’on enlevät tous les cuivres , le fer et l’acier de celle machine; de sorte que j’ai appris qu'il n’en reste plus aucun vestige. Une armoire pleine de manuscrits, feuit de plus de 30 années de travail, sur les sciences et les arts utiles à la Colo- mie, a eu le même sort. 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sud sont celles où les feux souterreins ouvrent aussi le plus de volcans, Quarante-troisième observation. Ôtes étendues qui regardent directement le levant, n’on Les côtes étend ardent direct tlel t, n’ont pas de volcans , à moins qu'un continent ou une grande île ne se trouve vers l’est de l’endroit où il s’en déclareroit. Quarante-quatrième observation. Les volcans de la Sicile ne semblent être, d’après plusieurs observations faites sur différentes éruptions , que des ramifica- tions du Vésuve, situé au nord-est de l’Etna , de Lipaty et des autres soupiraux qui se trouvent à l’onest du royaume de Naples. Quarante-cinquième observation. Il n’y à que deux ou trois volcans dans toutes les parties du globe connu, qui inclinent vers le sud-est ; ce sont ceux de Bourbon et du Kampchatka. Quarante-sixième observation. On ne connoît point dans aucune partie du globe connu , un seul volcan sur une côte qui regarde le nord. : Quarante-septième observation. Parmi le grand nombre de volcans qui se trouvent sur des côtes qui font face à l’ouest, on en compte 42 sur 400 lieues de longueur des Cordelières qui prolongent la mer du Sud, depuis le Chili jusqu’à Panama. Quarante-huitième observation. On compte 30 ou 35 volcans sur la côte de la Nouvelle-Es- pague , qui regarde le sud-ouest, du côté de la mer Pacifique. Quarante-neuvième observation. Les volcans situés sur des lacs ou des golfes profonds et d’une embouchure étroite , se manifestent quelquefois différemment. Celui du lac de Nicaragua est situé sur une île à l’est de l’isthme, qui sépare ce lac de la mer du Sud , ou au nord-ouest du reste du continent. \ : dn : Cinquantième observation. Les volcans sont plus animés après de longues et fortes pluies, qu'après et pendant un temps de sécheresse. Cinquante-unième EUTUD HIS TO LR EL NX TUIR ELLE. 113 Cinquante-unième observation. Lorsque la pluie tombe en quantité égale sur toutes les parties d’une montagne, celle qui tombe au sommet, doit s'écouler naturellement , et n’y pénétrer que fort peu dans la terre, tandis que les flancs reçoivent non-seulement celle du ciel, mais en- core celle qui lui vient de ce soumet. Cinquante-deuxième observation. Les flancs d’une montagne s'applanissent à mesure qu’elle baisse et s’eloigne du sommet. Cinguante-troisième observation. Les parties les plus basses des flancs d'une montagne doivent nécessairement être plus imbibées d’eau que les parties plus éle- vées. L'imbibition qui s’y fait doit être d’autant plus grande , que la pente des flancs diminue en approchant qe la base. Cinquante-quatrième observation. Il doit y avoir dans l’intérieur des montagnes rapides , des endroits où l’eau ne sauroit pénétrer. Ces endroits sont vrai- semblablement ceux qui approchent le plus de la ligne verticale qui part de son sommet pour aboutir perpendiculairement vers le milieu de sa base. Cinquante-cinquième observation. Si l’infiltration des eaux pluviales au travers des terres laté- rales des montagnes en bouche les pores, et que les vapeurs souterreines ne trouvent pas d’issue par les flancs, ces vapeurs doivent se porter vers les endroits qui approchent de la ligne verticale du sommet, qui est l'endroit où elles peuvent trouver un passage pour sortir , en se tamisant au travers des pores de la terre sèche qui doit s’y trouver. Cinquante-sixième observation. Si les gaz et les feux souterreins sont renvoyés du côté de l’axe de la montagne par l’intermission des eaux qui leur bouchent les autres passages , l’élasticité de ces fluides accumulés au centre doit nécessairement augmenter. Cette observation semble faire présu- mer pourquoi les forts tremblemenus de terre et les éruptions vic- lentes des volcans viennent souvent à la suite de longes pluies, Tome LIF. PLUVIOSE,. an 10. 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cinquante=septième observation. Que ce soient la décomposition de l’eau etdes pyrites , ou d’au- tres causes qui fassent dégager le feu des volcans, ce feu doit nécessairement , comme je viens de le dire, suivre la route par où le moins de résistance lui laisse un passage libre. Cette route paroît donc ne devoir être que celle où les eaux n’ont pas bouché les pores de la terre. C’est vraisemblablement par cette raison que les volcans se déclarent au sommet des montagnes. Cinquante-huitième observation: Les crevasses des montagnes volcaniques penchent plus sou- vent vers l’ouest, ou vers le sud , du centre de leurs crevasses, que vers les autres côtes. C’est presque toujours vers ces parties que les volcans répandent leurs laves ; les observations 31, 32, 33, 34, 35, 36, et sur-tout 37 et 38, semblent en expliquer la raison. Cinquante-neuvième observation. Les volcahs les plus forts se déclarent presque toujours sur les plus hautes montagnes. Soixantième observation. Les glaces qui couvrent leur sommet, semblent devoir ga- rantir la terre qui s’y trouve, de la pénétrabilité de l’eau de neige que la température de l’air peut faire fondre quelquefois ; et comine cette température n’agit que sur la surface de la neige, la glace de dessous doit rejeter celle qui se fond vers les côtés où se trouve la pente, et empêcher par ce moyen l’eau de pé- nétrer la terre du sommet, pour imbiber celle qui se trouve au centre de la montagne. Soixante-rnième observation. Les montagnes volcaniques qui ne sont pas fort élevées, ou qui ne se trouvent pas situées d’une manière conforme à la po- sition générale où semblent se porter les feux souterreins , n’ont ordinairement que de foibles volcans qui souvent finissent par s'étendre. Soixante-deuxième observation. Beaucoup de cratères éteints sont devenus des lacs ou réser- voirs d’eau de pluie au sommet des montagnes ; il se déclare ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 115 ordinairement des sources autour de leurs flancs, qui servent à fertiliser la terre des bas. Soixante-troisième observation. L'histoire fait mention de beaucoup de lacs qui se sont formés par l’engloutissement des montagnes ; toutes les contrées sujettes aux tremblemens de terre en ont beaucoup. Soixante-quatrième observation. On a vu des gonflemens de terre s'élever peu-à-peu comme des montagnes hémisphériques , et crever tout-à-coup avec une explosion épouvantable , et ne laisser qu’un lac à leur place. Soixante-cinquième observation. Beaucoup d’iles sont sorties de dessous la mer ; il y en a de ce nombre qui existent depuis fort longtemps, d’autres qui ont disparu peu-à-peu, et d’autres dont une ondulation continuelle, occasionnée par un feu souterrein , les a fait disparoître en les consumant lentement. , Il est bon d'observer que tous ces événemens n’ont lieu que dans des continens ou des îles dont les positions se rapportent à celles qui se trouvent citées aux première, troisième et neu- vième observations. Quoique ce mémoire ne soit qu’un extrait fort succinct d'un manuscrit perdu dans les troubles du Cap, je me fais un devoir de transmettre ce que la réminiscence m’offre de plus frappant sur tout ce que j’avois réuni dans cet ouvrage. Il se pourroit que parmi ces observations il y eût des particularités à recti- fier ; c’est à ceux qui voudront employer leur temps à faire de semblables recherches , à les examiner avec attention , et à en A le nombre pour faire un corps d'ouvrage fondé sur es faits. pra 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lg à SE mt m8 aa EEE Fait par B. G. SAGE , à la classe des sciences mathé- matiques et physiques de l’Institut , qui l’avoit chargé avec les citoyens Guyton, Vauquelin et Déyeux , de lui rendre compte des travaux entrepris par les ci- toyens Anfri et Lecour , pour extraire le cuivre et l’étain des scories du métal des cloches. On sait qu’on avoit abandonné ces scories comme intraitables, qu’on en ferroit les chemins, et qu’on les avoit employées à Romilly près Rouen, pour faire une digue ; mais le citoyen Anfri qui s’est principalement occupé de la chimie métallur- gique, est parvenu par Ja voie sèche à extraire de ces scories de trente à quarante livres d’étain et de cuivre par quintal. L'opération par laquelle on fait le départ du cuivre des scories du métal des clcches, n’a lieu qu’à la faveur de l’oxidation de l'étain qu’elles contiennent ; pour séparer ensuite l'oxide de l’E- tain du‘cuivre qu’il retient, on a recours au lavage. Les citoyens Anfri et Lecour ont fait connoître que pour opé- rer la réduction de l’oxide d’étain , il falloit le mêler avec un onzième de poudre de charbon, que l’excès, de même que le moins, nuisoit à la réduction qu'ils ont opérée en notre presence, en fondant au fourneau à vent cinq cents grammes d’oxide d’é- tain mêlés avec cinquante-cinq grammes de charbon pulvérisé. La réduction a été faite dans l’espace d’une demi-heure, et a produit de l’étain comparable à celui d'Angleterre. L’étain en passant à l’état d'oxide blanc, augmente de qua- rante livres par quintal ; aussi l’oxide de ce métal ne produit-il par la réduction , que 6o livres d’étain. Les citoyens Lecour et Anfri ont opéré en notre présence la réduction en grand de l’oxide d’étain, en fondant pêle-mèle au fourneau à manche avec le charbon , cet oxide d’étain mêlé avec un onzième de charbon pulyérisé. On a soin d’humecter un peu ce mélange avant de le jeter dans le fourneau, afin qu’une ET D'HISTOIRE NATURELLE. 117 partie de l’oxide d’étain ne soit pas enlevée par le vent des soufflets. L’étain produit par cette réduction est aussi pur que celui qui avoit été obtenu par la réduction dans le laboratoire des citoyens Anfrict Lecour. Cet étain est beaucoup plus pur que celui des magasins qui avoit seryi aux premières expériences, étain qui provient des atteliers des départemens, et qu'on raffine à présent à Paris. Un lingot de cetétsin des magasins, de trois lignes (6 milli- mètres 765 ) de diamètre, ayant été entamé d’une demi ligne (16 centimètres 2420 ) avec une lime , et ployé sur l’angle d’une enclume , s’est rompu et a présenté un grain serré grisâtre, pa- reil à celui qu'oftre un alliage d’étain pur et d’un sixième d’an- timoine , ce qui avoit porté l’un des commissaires, le cit. Sage, à annoncer que l’étain retiré du métal des cloches, devoit son grain à ce demi-métal. Afin de déterminer s’il en contenoit, on a dissous cent parties de cet étain des magasins dans environ quatre cents parties d’acide muriatique , mêlé avec un quart d'acide nitrique, la dis- solution a été complette. 11 n’est resté qu’un peu de cuivre sous forme d’une poudre noire. L'étain d'Angleterre, de même que celui des citoyens Anfri et Lecour , ayant été dissous par l’acide muriatique mêlé d’un quart d'acide nitrique , ont laissé environ un deux centième de cuivre sous forme de poudre noire , laquelle après ayoir été fondue sur un charbon avec du borax, a produit un grain métallique gris fragile , qui est un alliage d’étain et de cuivre. Dissous dans l’a- cide nitrique , il lui a procuré une couleur bleue que l’ammo- niac a rendue plus intense. Les dissolutions de ces trois espèces d’étain ayant été étendues d’eau distillée, ne se sont pas troublées ; il n’en a pas été de même de la dissolution d’étain allié d’un douzième d’antimoine : étendue d’eau , elle est devenue laiteuse , et il s’est précipité de l’oxide blanc d’antimoine. Il restoit à déterminer ce qui rend_plus dur l’étain des mapga- sins des cit. Añfri et Lecour, ce qui diminue son cri, ce qui rend sa couleur plus terne , ce qui lui donne la propriété de se rompre et de presenter une 7/re ou grain fin et grisâtre , grain qui ne peut être attribué au refroidissement plus où moins accé- léré , où à un feu plus ou moins fort pour la fusion de cet étain puisqu'on en a coulé dans tous les états , et que les lingots sont s L 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toujours restés cassans , tandis que l’étain pur de Malaca se ploie sans se rompre , sans présenter de grain. Le cit. Sage persuadé que le grain de l’étain n’étoit que le produit d’un alliage, se rappelant qu'il avoit vu mêler du cuivre jaune avec l’étain et le cuivre rosette pour l’alliage métallique des cloches, chercha à s'assurer si le cassant de l’étain qu’on en extrait n’étoit pas dû au zinc. Il allia par la fusion , de l'étain de Malaca avec du zinc en différentes proportions ; le mélange à un douzième de zinc ressembloit encore à l’étain cassant des magasins des cit. Anfri et Lecour. Il se dissolvoit de même dans l'acide muriatique mêlé avec un quart d’acide nitrique. L’eau distillée n’altéroit pas non plus sa dissolution ; mais les expé- riences qui seront décrites ci-après, font connoître que le grain et le cassant de cet étain sont dus au plomb, ce qu’on n’ima- gineroit pas, vu la mollesse et la ductilité de ce métal. Avant de rapporter les expériences probatoires, nous croyons devoir exposer à l’Institut un fait intéressant qui nous aété communiqué par MM. Volta et Brugnatelli, qui nous disent qu’on pouvoit déterminer à l'instant si l'étain coñtenoit du zinc ; qu’alors il devenoit propre aux expériences galvaniques , que la plus petite portion du zinc étoit rendue sensible par ce moyen. C'est ce que nous avons reconnu en graduant ces alliages depuis un dixième de zinc jusqu’à un deux centième, alliage où l'effet galvanique est encore très-sensible. La physique contracte donc de nouvelles obligations avec MM. Volta et Brugnatelli, puisqu'on pourra désormais substituer cet alliage au zinc pur pour les piles gal- vaniques. Cet alliage offre en outre le double avantage de se couler facilement, et de n’être pas'sujet à l’oxide comme le zinc ur. L’alliage de l’étain et du zinc est plus en rapport avec l’ar- ent par sa couleur que l’étain ; aussi estace d'un alliage sem- Flable dont on fait usage en Allemagne pour faire le papier dit arsenté de commerce , papier que M. Volta emploie pour des expériences galvaniques auxquelles l’étain seul ne pourroit suf- fire. Nous avons dit dans ce rapport, que l’étain que ayons vu ré- duire par les cit. Anfri et Lecour , étoit égal en pureté à celui d'Angleterre ; mais nous devons faire observer que ni l’un ni l’autre n’ont le vif éclat métallique de l’étain de Malaca, qui est le plus pur qu’on puisse citer jusqu’à présent. Un lingot de cet étain de trois lignes (6 millimètres 765) de diamètre sur six pouces (16 centimètres 2420) de long, ayant été entamé d’une ET DHISTOIRE NATURELLE. 119 demi-ligne (un millimètre 122 +) avec une lime, ensuite ployé sur l’angle d’une enclume, a besoin d’être ployé et reployé vingt fois avant de se rompre, et lorsqu'on y est parvenu, il offre toujours du nerf et pas de grain. Il n’en est pas de même de étain d'Angleterre , ni de celui des cit. Anfry et Lecour; les conditions données étant égales, les lingots se sont rompus au troisième ploiement , et ont présenté un grain, ce qui doit être attribué au plomb qu’ils contiennent. L'étain de Malaca allié d’un sixième de plomb, prend une couleur grise , acquiert de la dureté, et présente dans sa cas- sure un grain grisâtre. Ce même étain allié à un douzième de plomb, a une couleur moins grise, ainsi que le grain que pré- sente sa cassure. On a versé sur cent parties de cet alliage quatre cents parties d’acide nitrique , qui a dissous le plomb et oxidé l’étain ; on a lavé cet oxide avec de l’eau distillée ; on a fait évaporer cette lessive dans une capsule de verre sur un baïn de sable. Il s’est d’abord précipité du nitrate de plomb en cristaux blancs ; on a continué l’évaporation jusqu’à siccité. Ce résidu pesoit lé cin- quième de l’etain employé ; il contient le quart de son poids de nitrate ammoniacal qui se forme dans cette expérience , comme l’a fait connoître le citoyen Guyton. L’étain purifié des citoyens Anfri et Lecour ayant été traité de la même manière avec le même acide nitrique , a produit un douzième et demi de nitrate amimoniacal mêlé de trois huitièmes de nitrate de plomb, ; L'étain d'Angleterre traité de la même manière, a produit précisément la même quantité de nitrate. L’etain de Malaca soumis à la même expérience, a laissé cinq parties de nitrate ammoniacal pur. Parmi les étains remis aux commissaires par les cit, Anfri et Lecour , il y en a de deux qualités différentes ; la première dite des magasins , se casse sans effort, et présente un grain grisâtre produit par le cuivre et le plomb qu’il contient. Ayant été traitée par l'acide nitrique comme l’étain d'Angleterre, et ayant de même lessive l’oxide d’étain , et fait évaporer cette dissolution , elle est devenue d’un vert émeraude ; il s’en est précipité un peu de nitrate de plomb. La dissolution évaporée à siccité a laissé douze parties de nitrate de cuivre vert, si avide de l’hu- midité, qu'il est tombé en deliquium en moins d’une demi- h-ure, et s’est imbu , ainsi que le nitrate ammoniacal dans le papier gris sur lequel il est resté deux parties de nitrate de plomb. 129 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C'est donc à un triple alliage de cuivre et de plomb que le premier étain des magasins des citoyens Anfri et Lecour doit s2s proprietes. D'après les expériences dont on a rendu compte dans ce rap- port, les commissaires croient pouvoir avancer que l’étain de Malaca est le plus pur connu jusqu’à présent ; que l’étain d’An- gleterre » ainsi que l’étain purifié des citoyens Anfri et Lecour contiennent : 98.............. parties d’étain pur. I... 44-41 .-1partie de plomb. Un 200°........ de cuivre. Le premier étain des magasins contient : DOPAGE Re -..... parties d’étain, DÉRURCE .. .... parties de cuivre. TM La Re upartierde plomb. Les cit. Anfri et Lecour rendant au commerce , par leur dé- couverte, plus de quinze cents milliers d’étain et plus de deux millions de cuivre, nous paraissent mériter les éloges de l’Institut et l’attention particulière du Gouvernement. Nous croyons aussi devoir entretenir l’Institut d’un autre avantage que les cit. Anfri et Lecour procurent aux arts ; c’est l'oxide ou potée blanche d’étain , laquelle après avoir été bien lavée , est aussi propre que celle d'Angleterre pour donner le poli brillant à l'acier ; l'expérience en a été faite sous les yeux des commissaires. REMARQUES ET D'HISTOIRE NATURELLE: 121 memes 2e 20e mot nd REMARQUES SUR UNE ERUPTION AU PIS DES VACHES, FREQUENTE DANS QUELQUES VILLAGES DES ENVIRONS DE PARIS, Communiquées par le Comité central de vaccine de Paris. Depuis la publication des recherches du docteur Jenner sur la vaccine des vaches dans la province du Glocester, d’autres médecins ont constaté l’existence ancienne de cette éruption enzootique dans l’'Hanovre, le Holstein , aux environs de Milan, et si l’on en croit quelques relations, en France même auprès de Bordeaux. Il est donc à présumer qu'elle est beaucoup moins rare qu’on ne l’a pensé d’abord. Le citoyen Jadelot ayant eu l’occasion de faire, pendant l'automne dernier ,une suite d’observations relatives à cette con- jecture , le comité qui l’avoit invité à les continuer , publie au- jourd’hui l'extrait que le cit. Jadelot lui a remis des procès- verbaux de ses observations. Les procès-verbaux signés de plu- sieurs officiers de santé, et des citoyens Poulet et Dumoulin, artistes vétérinaires , réunis au cit. Jadelot, sont déposés au bureau du comité. Vers la fin de vendémiaire dernier , une éruption de huit ou dix boutons s’étoit manifestée spontanément sur les différentes parties du pis de l’une des vaches du cit. Senèz, cultivateur à Champigny sur Marne ; la vache se portoit bien d’ailleurs , et donnoit beaucoup de lair. L’éruption présentoit tout-à-fait l’aspect des boutons de la vaccife diversement développés ; il y avoit un bourrelet d’un blanc grisâtre à la circonférence , ct au centre une dépression d’un jaune brun; dans les plus gros boutons l’on n’appercevoit que de légers indices de l’inflammation phlegmoneuse qui en- toure ordinairement la base des boutons de vaccine. La liqueur qui suintoit lentemont par une piqûre faite aux boutons avec Tome LIV. PLU VIOSE a» 10, Q 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la pointe d’une lancette, formoit une goutelette parfaitement transparente et légèrement visqueuse , qui grossissoit peu-à-peu. Cette liqueur recueillie sur du verre, ou sur la pointe de la lancette , se desséchoit dans un instant , devenoït cassante , et conservoit sa transparence. Toutes ces particularités établissoient tant de ressemblance entre l’éruption dont il s’agit et la vaccine, que le cit. Jadelot inocula la matière des boutons à deux enfans que leur mère de- siroit vivement de soustraire aux dangers de l'épidémie vario- lique, qui faisoit alors périr beaucoup d’enfans ; maïs cette ino- culation fut sans effet local , et elle n’occasionna pas la moindre indisposition. L'insertion de la même matière faite au pis de deux autres vaches de la même ferme , ne donna lieu qu’à l’éruption à l’une des piqûres, d’un bouton irrégulier qui disparut très-vite. Malgré le peu de succès de cette épreuve , comme on avoit appris des personnes chargées du soin des vaches dans la ferme, que d2 semblables éruptions surviennent souvent au pis de ces animaux peu de temps après le vélage, on se décida à prendre sur cet objet d’autres informations dans quelques fermes consi- dérables du voisinage. Au commencement de brumaire, cinq vaches du cit. Bonnot, fermier à Chenevière , avoient des éruptions semblables à celle qui vient-d’être décrite, et un garçon très-intelligent , attaché à cette ferme , répéta les détails recueillis à Champigny. IL assura en outre que ces éruptions sont le plus fréquentes au prin- tems et en automne , et quand on donne aux bestiaux une nour- riture humide ; qu’elles ne rendent pas les vaches malades; qu’elles se communiquent aux mains de ceux qui les touchent, et qu’il lui étoit survenu à lui-même de cette manière, un mois auparavant, entre le pouce et l’index, des boutons dont on voyoit encore les restes ; mais qu’on n’attache à ces boutons , dans le pays, aucune idée relative à la préservation de la petite vérole. Dans plusieurs autres fermes du même village et de Queilli, on a obtenu de semblables renseisnemens , et réitéré les mêmes observations. Ces éruptions ont tant d’analogie avec la vaccine, elés en sont si voisines , que le comité croit qu’il sera utile d’en publier l’observation ; en fixant l’attention des médecins et des cultiva- teurs instruits, elle pourra conduire à multiplier les sources. connues d’un préservatif dont l’efficacité et la complette inno- cuité sont constatées chaque jour davantage. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 193 Ont signé les membres du comité : Thouret , président; J.-J. Leroux , Pinel, Mongenot, Delaroche , Guillotin , Jadelot , Marin , Doussin- Dubreuil, Husson, Salmade, Parfait, Lasteyrie. Pour copie conforme , Hussox , secrétaire. D'É:S:CR TP: FF ON D'UNE ARTERE PULMONAIRE CONSIDÉRABLE, NAISSANT DE L’AORTE ABDOMINALE; Publiée par A. MAUGARS, d'Angers , étudiant en médecine. Etant occupé, le 8 nivose an 10, dans l'amphithéâtre du cit. Jadelot , à la dissection des artères sur le cadavre d’un enfant de sept ans , bien conformé , et d’un tempérament lymphatique selon les apparences, j’appcrçus une artère considérable qui me parut d’abord être nne sous - diaphragmatique beaucoup plus grosse que de coutume ; mais je découvris ensuite que cette ar- tère, qui naïssoit de la partie supérieure , antérieure et droite de l’aorte abdominale, n’étoit pas destinée au diaphragme , et que pénétrant daris la poitrine, elle s’y divisoit en deux grosses branches qui se distribuoïent aux poumons. On sait que dans l’état ordinaire il n'existe pas la moindre ramification artérielle dorit la distribution ressemble à celle-ci. Je fis part de ma remarque au cit. Jadelot que je priai de se réunir à moi ; et c’est ensemble que nous recueillimes les obser- vations suivantes, . Cette artère du diamètre de cinq millimètres naissoit en-devant et à droite de l’aorte abdominale, dont le diamètre dans cet endroit n’excédoit pas un centimètre. Son origine touchoit le tronc cœliaque , qui étoit beaucoup plus petit qu’elle ; montant ‘ensuite entre l'aorte et l’œsophage , elle donnoit à quatre mil- limètres environ de sa naissance, l’artère sous-diaphragmatique droite, dont la distribution étoit telle qu’elle est ordinairement ; Ge tronc artériel pénétrant plus haut dans la poitrine par l’on- Dr? = 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - verture du diaphragme , qui donne passage à l’œsophage, se divisoit derrière ce conduit, et presqu’immédiatement au-des- sus du diaphragme, en deux branches du diamètre, au moins de trois millimètres. Ces branches se dirigeoient obliquement en se courbant vers les poumons, et formoient ensemble un angle à-peu-près droit, La droite plus longue et moins grosse que la gauche, péné- troit dans la partie postér.eure , inferieure et interne du poumon droit , et se distribnoit À son lobe inférieur, au moyen de deux ramifications principales. Ces ramifications ayant été’ suivies dans le tissu de l’organe , nous apperçumés la plus considé- rable , fournissant beancoup de ramuscules, qni s'écartoient peu de sa face diaphragimatique , et l’autre se dirigeant obliquement vers le haut du lobe inférieur. ù E La branche gauche, courte, volumineuse, et un peu courbée, entroit dans le poumon gauche par un point correspondant à l'insertion de l’autre branche dans le poumon droit Suivie dans le lobe inférieur; elle y a présenté des distribations encore plus étendues que celles de la branche droite dans l’autre poumon. Le tronc de larière et toute la portion des deux branches située hors du tissn pulmonaire, ne fournissoient d’autres rameaux que la sous-diaphragmatiqne droite , et n’étoient accompagnés d'aucune veine correspondante et d’ancun nerf particulier ; on les voyoit environnés d’un tissu cellulaire lâche qui les unissoit dans le bas ventre an péritoine , et dans la poitrine à la plèvre. Quant à l'artère pulmonaire ordinaire , on n’y observoit au premier aspect rien de remarquable ; son tronc et la branche droite étoient en effet du diamètre accoutumé ; maïs en exami- nant la gauche exactement , on appercevoit que cette branche qui est toujours moindre que l’autre, étoit encore ici beaucoup au-dessous de sa proportion habituelle , car son calibre n'égaloit pas la moitié de celui de la droite, Si on se rappelle combien le volume et la distribution de la branche gauche de la pulmonaire inférieure étoient considéra- bles, on verra une sorte de compensation du peu d’étendne de la pulmonaire ordinaire de ce côté. Le tronc des pulmonaires supérieures ayant été injecté, on a pu observer facilement plusieurs communications très-évidentes entre les derniers ramuscules de cette artère, et ceux de l'artère pulmonaire fournie par l'aorte abdominale, Les quatre troncs veineux correspondans à ces artères , étoient gros, on ne les a pas injectés ; mais leurs divisions ont été suivies (ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 à l’aide du scalpel , jusqu’à la partie inférieure des poumons, qui ne recevoit de distributions artérielles que de la pulmonaire inférieure ; de manière qu'on s’est assuré que ce tronc fournis- soit les veines correspondantes à l’artère surnuméraire. Les bronchiques existoient , et l’origine et la distribution de ces artères n’offroient rien de particulier. La sous-diaphragma- tique gauche sortoit de la cœliaque. Les poumons étoient sains, et ils n’ayoient de remarquable qu'un grand volume, et sur-tout une longueur considérable. La capacité de la poitrine étoit proportionnée à ces grandes dimen- sions des poumons. Le cœur paroissoit aussi surpasser sa gros+ seur ordinaire. F Il eût été intéressant de pouvoir jo'ndre À ces détails anato- miques, des renseignemens sur la constitution de l'enfant per- dant sa vie ; mais ayant été privé de cet avantage , on ne peut ajouter à l’exposé précedent , que le résultat de l’ivspection exacte*des autres organes Aucun d'eux ne présentoit d’altération manifeste, tout le corps avoit un embonpoint médiocre ; les muscles étoient en général d’un rouge pâle ; le tissu cellulaire , qui étoit en général fort hu- mecté , n’etoit cependant pas enfiltré. Les organes eucéphaliques n’offroient rien de particulier. Le bas-ventre dont la cavité avoit peu d’étendue, étoit le siège de particularités d’un genre opposé à celles de la poitrine. Tous les organes digestifs , le foie , la rare, le pancréas, avoient peu de volume ; l’estomac et tout le tube intestinal étoient raccor- nis ; mais les reins , dont le droit présentoit un double uretère, étoient gros et divisés en plusieurs lobes bien distincts, D'après les détails précédens , il paroÿ probable que la mort de l'individu n’avoit pas été précédée d’une longue maladie , et si l’on pouvoit former quelques conjectures sur la cause qui l’a déterminée , on devroit peut-être l’attribuer à ,une affection nerveuse ou fébrile, certainement étrangère à la disposition ar- térielle qui vient d’être décrite (1). Il résulte de l'exposé ci-dessus , 1°. que dans l'individu dont il s’agit, l’artère pulmonaire inférieure sortant de l’aorte abdo- minale , établissoit une peuite circulation particulière de sang purement artériel , qui s’étendoit du ventricule aortique jusqu’au (1) La pièce anatomique offrant cette variélé a été communiquée au ciloyen Chaussier , qui l’a fait apporter à une de ses leçons publiques : elle a été aussi présentée à la société de médecine séante au Louvre , et à la société de l’école de médecine. Elle sera déposée dans le cabinet anatomique de l’école. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l4 ventricule pulmonaire , par l'aorte, l'artère pulmonaire infé- rieure , et une partie des veines pulmonaires ; 20. qu’au moyen des communications existantes entre les dernières divisions des artères pulmonaires supérieures et celles des inférieures , il se faisoit un mélange du sang artériel des secondes avec le sang veineux des premières; circonstance analogue à ce (jui arrive dans les anévris es variqueux. Une question assez intéressante se présente à l’occasion de la particularité anatomique qui vient d’être décrite. La portion considérable du sang artériel qui, par une exception aux lois ordinaires de l’organisation humaine ,, revenoit dans ce cas aux poumons, telle qu’elle en étoit sortie , et sans avoir passé à l’état de sang veineux , acquéroit-elle alors des qualités par- ticulières par son exposition répétée à l’influence atmosphérique ? Ce sang devenoit-il encore plus rouge, plus chaud, plus aisé- ment concressible , plus fortement stimulant que n’est le sang artéricl? Enfin, cette disposition pouvoit-elle occasionnér une modification marquée dans la constitution de l'individu chez lequel elle s’est rencontrée? Si on se rappelle combien est marqué l'effet de l’air atmosphé- rique sur le sang veineux mis en contact avec lui, on trou- vera peut-être par analogie, que l’observation suivante étoit propre à fournir quelqu’induction relative à la solution de la question. Ayant recueilli à l’aide d’un tube flexible , adapté à l’une des carotides d’un chien , une certaine quantité du sang de cette artère, dans une capsule placée sous une cloche rem- plie de gaz oxygène , nous laissâmes ce sang exposé à l’action du gaz pendant plus de vingt-quatre heures , à une température douce : observé au bout de ce temps, il parut absolument tel qu’étoit alors une égale quantité du même sang laissée aussi longtemps et à. la même température, exposé à l’action de l'air atmosphérique, L’un et l’autre présentoient une masse homo- gène et lésèrement concrète, dont il ne s’étoit pas séparé de sérosité : l'intensité de la couleur rouge n’avoit augmenté dans le sang d'aucune des deux capsules ; elle paroïssoit au contraire s'être affoiblie , depuis que le sang s’étoit refroidi, très-peu d’ins- tans après sa sortie de l'artère. Cette observation très-simple semble confirmer l’idée que le sans artéricl est Complettement saturé d'oxygène ; que ce prin- cipe ne peut se combiner avec lui dans de plus grandes pour tions, ni par conséquent exciter à un plus haut degré les phé- ET D) HPSTONMRE NATURELLE. 127 nomènes dus à cette combinaison, qui est l’effet immédiat de la respiration. Il est donc à croire que la singularité anatomique , qe nous décrivons , étoit presque sans aucune conséquence physiolo- gique , et que l'artère considérable fournie aux poumons par l'aorte abdominale, n'’étoit réellement qu’un tronc inutile , une production superflue , dont il ne résultoit pas d’effet marqué sur la constitution de l'individu. Explication de la figure. Elle représente dans les dimensions de l’original, l'aorte et les branches qu’elle fournit , les reins et les poumons avec leurs artères. a Le tronc de l’artère pulmonaire inférieure sortant de l’aorte abdominale. & c Les deux branches de cette artère. d Continuation de la branche gauche de la même artère. e f k Ramifications de cette branche gauche. gg Communications entre les ramuscules de la même bran- ché et ceux de l’artère pulmonaire ordinaire. 2 Continuation de la branche droite du tronc pulmonaire inférieur. £ Principale ramification de cette branche. 2 / Communications entre les ramuscules de la même bran- che et ceux de l’artère pulmonaire ordinaire. z Branche inlérieure droite de cette dernière artère. z Sa branche inférieure gauche. o Le tronc de l’artère pulmonaire droite. p Le tronc de l’artère pulmonaire gauche. g La courbure de l’aorte. r L’aorte pectorale. ss Lambeaux du diaphragme divisé par sa partie moyenne, 4 L'artère sous-diaphragmatique droite. , v L’artère sous-diaphragmatique gauche. æ Le tronc cæliaque. y L’artère hépatique. Z splénique. LEE gastrique. D! ——— mésentérique supérieure. cl ———— rénale droite. dl! ———— rénale gauche, 128 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE e! L’artère testiculaire droite. + pu — testiculaire gauche. ——— mésentérique inférieure? A! A! Les reins. i” 2! Les artères iliaques primitives. £! k! Les poumons. Î! Les artères bronchiques. m/ ml Les artères œæsophagiennes. n! n! Les artères capsulaires. 0’ L’'artère sacrée moyenne: EDR RAIN ET TT RPC CET BR AP ONNOERE NOSE AT PEER E ERE RE ERREUR OBSERVATIONS SUR LE PHÉNOMÈNE DES TUBES CAPILLAIRES, Par le citoyen Mrzow. Le phénomène des tubes capillaires consiste en ce que 1°. si l’on plonge l’un de ces tubes dans un fluide, tel que l’eau, l'alcohol , etc. , le fluide s’y élève à une certaine hauteur au-des- sus du niveau , et cette élévation est en raison directe de la ca- pillarité des tubes. 20. Si l’on plonge l’un de ces tubes dans le mercure , loin de s’y élever comme dans les autres fluides , il s’y déprime , et sa dépression est aussi en raison directe de la ca- pillarité des tubes. Dans un temps où les sciences étoient cultivées avec moins d’exactitude , et où la chimie sur-tout n’étoit pas eurichie de la belle théorie qui lui sert maintenant de base , les physiciens ont longtemps disputé sur la cause de ce phénomène, qui est an- jourd’hui généralement attribué à l'attraction moléculaire ; le seul point sur lequel ils ne sont pas d'accord , c’est que les uns admettent le phénomène d’ascension et celui de dépression , tan- dis que les autres n’admettent que le phénomène d'ascension. Le célèbre Haüy , après avoir exposé le premier phénomène que je viens de rappottér plus haut , s’exprüune ainsi sur le se- cond dans le troisième vol. de la première partie des séances de l'Ecole normale , page 40. « Le mercure au contraire se tient au-dessus du niveau, et son abaïssement est en raison inverse da ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 du diamètre du tube; mais ces effets supposent que l’on prend le tube tel qu'il se présente ; car nous verrons bientôt qu’au moyen de certaines précautions ; on peut obtenir de même l’élé- vation du mercure au-dessus du niveau. » Et il cite (pag. 5o du même vol.) à l’appui de cette assertion , une expérience faite à Metz par le cit. Cashoïis, de laquelle il résulteruit que la dépres- ‘sion du mercure n’est due qu’à l'humidité que contiennent le mercure et les tubes dont on se sert, laquelle humidité s’inter- posant entre le mercure et le verre , neutralise l'attraction que peut avoir le verre pour ce fluide, et qu’en parvenant à suppri- mer cette humidité, le mercure rentre dans la loi générale , et s'élève dans ces tubes capillaires à la manière des autres fluides. D'un autre côté le cit. Libes, dans son nouvel et excellent Traité élémentaire de physique , (tome 2 pag. 23 et suivantes) explique la dépression dun mercure , en disant en substance : «Que quoique le verre ait de l’attraction pour le mercure, ( fait qu’il prouve par une expérience bien simple ) l’attraction des molé- cules de ce fluide entr’elles est plus considérable. » Ce qui est prouvé par cette expérience; que si l’on présente à une masse de mercure un globule de ce métal , adhérent à la surface d’une lame de verre, ce globule abandonne le verre pour se réunir à la masse de mercure ; d’où il tire plusieurs conséquences très-justes. Ce conflit d'opinions doit nécessairement faire naître des doutes u’il importe de detruire. Voici le procédé qui m'a conduit à Ban mon opinion sur cet objet. Je fis d'abord avec du mercure bien pur l’expérience ordi- naire , et le fluide se déprima comme de coutume ; ensuite je versai ce mercure dans un petit matras à long col , et je l’expo- sai au feu d’un fourneau simple à la faveur d’un bain de sable; je plaçai cet appareil au dehors d’une croisée , que j’eus la pré- caution de fermer, pour observer ce qui devoit se passer sans m'’exposer à la dangereuse influence des vapeurs mercurielles. Au bout de quelque temps le mercure commença à bouiilir, puis se volatilisant , il se rassembla autour des parois du matras en goutellettes , qui retombèrent au fond à mesure que leur poids devenoit trop considérable, Cette opération dura pendant environ un quart-d'heure ; je crus alors être en droit de conclure que le mercure étoit purgé de toute humidité ; je fis chauffer jusqu’à l’incandescence les tubes capillaires qui devoient me servir , et leur ayant seulement donné le temps , ainsi qu’au mercure , de revenir à la température du lieu où je fis l’expériente, je m’em- pressai de les plonger dans ce-mercure purgé de toute humi- Tome LIY. PLÜVIOSE an 10. R ‘ \ 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dité , et j’observai la même dépression que dans ma premiére expérience. Pour me convaincre que la dépression du mercure n'étoit pas due à l’humidité qui auroit pu rester dans l’intérieur des tubes, malgré les précautions que j'avois prises, j'élevai deux de ces tubes dans le mercure perpendiculairement à sa surface, et les rapprochant peu-à-peu l’un de l’autre , j’obtins le même résultat qu’à l’ordinaire , c’est-à-dire que plus je les approchai, plus le mercure s’abaissa entr’eux. On pourroit peut-être m’objecter que le mercure avoit déja attiré l’humidité de l'air ; mais je répondrai re. que le temps où je fis l'expérience étoit très-sec, ce qui n'étoit pas indifférent. 2°. Que quoique l’attraction du mercure pour une certaine por- tion d'humidité soit assez forte , elle n’est cependant pas subite, que son union à l’eau environnante ne s'effectue qu’au bout d’un temps assez considérable , tel que 8 à 10 heures, et que j'ai eu soin de faire l’expérience très-promptement. D'après cela , je me crois fondé à penser que la dépression du mercure est constante, que l'humidité du mercure n'apporte aucun changement au phénomène qui lui est particulier ; et que si le mercure s’est élevé au-dessus du niveau dans l’expé- rience du cit, Casboïs, bien différente , il est vrai, de la mienne quant au procédé , mais qui devoit conduire au même résultat, la réussite de cette expérience tient certainement à quelques tir- constances particulières qu’il seroit bon d’examiner ; car si d’ailleurs le phénomène d’ascension avoit lieu pour le mercure bien purgé d’eau, il faudroit qu'il eût plus d’affinité pour je verre que pour lui-même, ce qui est contraire à l'expérience. ECTDRDADMISENOMIRCE RC NIATTIUNR ETU'E. 151 SUPPLÉMENT A L’'ANALYSE DE L'OLIVENERZ; Par KARBSTEN. Etant prouvé à présent par les analyses de M. Chenevix , et confirmé par les expériences de Vauquelin et Klaproth, que la première espèce de notre olivenerz n'appartient pas à l’ordre du cuivre , qu’elle constitue plutôt un nouveau genre de fer, elle doit y être transférée. Mais nons aurons pourtant sept es- pèces d’olivenerz , en y ajoutant une autre observée depuis , et que je nomme : Olivenerz en octaëdre. ( Oktaedrisches olivenerz ). Voici ses caractères extérieurs : Sa couleur est ordinairement d’un vert de gris plus ou moins foncé , rarement un vert noirâtre. On trouve cetolivenerz disséminé, superficiel, et plus sou- vent cristallisé en petites pyramides quadrangulaires , doubles , très-obtuses ( octaèdres surbaïissés), implantés obliquement à la gangue, ou groupés les uns au travers des autres. La surface des cristaux est densique, et très-éclatante d’un éclat vitreux. Sa cassure est lamelleuse en sens parallèle aux faces des pyramides, mais en sens oblique elle est irégale à grains fins, éclatante ou peu éclatante d’un éclat gras. La figure des pyramides et des pièces séparées est indétermi- nable à cause de la petitesse des cristaux. Ce fossile est /ort translucide. La raclure est d’un blanc verdétre. Il est tendre. Et médiocrement pesant. Cette espèce d’olivenerz est accompagnée de quartz ferru- gineux. R 2 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE Due DES RES Tue ee Ne these ne à se à 4 {4 QC D né LECTURE De BAILLET au citoyen CouUré. Citoyen , vous me faites l'honneur de me citer dans le mémoire que vous venez de publier dans le Journal de physique, cahier de vendémiaire an 10, page 263 ; mais vous m'attribuez des expressions qui ne sont pas de moi. Permettez que je rétablisse ici celles dont je me suis servi. J'ai dit, page 167 du Jonrnal de physique, cahier de pluviose an 7: l’air condensé au cinquième Ou méme au siTième de son volume primitif, a dif perdre , par l’acte même de cette condensation , une grande partie de son calorique que l’eau du réservoir et le: réservoir lui-même ont absorbée rapidement. Et plus loin : Lorsgw'on ouvre le robinet , qu’arrive-til ? L'air comprimé s’étend et reprend le volume qu'il avoit sous la pression de l’atmosphère. Sa tem érature baisse à L’instant , il ne peut plus dissoudre autant A que dans son état de condensation ; il la dépose. À PT DEEE FA UE EE VASE DEEE ES SEPT CRE D EAEIEE PTE ARTE ET RENTE LI SIEERE LE MD HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, Par Lecrrnc De BurFron; Nouvelle édition accompagnée de notes , et dans laquelle les supplémens sont insérés dans le premier texte, à la place qui leur convient. L’on y a ajouté l’histoire raiuvrelle des qua- drupèdes et des oiseaux découverts depuis la mort de Pufjor, celle des reptiles, des poissons , des insectes, des vers ; enjir l’histoire des plantes dont ce grand naturaliste n’a pas eu Le temps de s'occuper. Ouvrage formant un cours complet d'histoire naturelle, ré- digé par C. $S Sonini, membre de plusieurs sociétés savantes, Tom. LI, Lil, LIN, LIV, LV, LVI, LVII, LVIN, in-8&, A Paris, de l'imprimerie de F. Dufart. ET :D’'HEIS TOLRE, NATURELLE, 133 On souscrit, à Paris, chez Dufart, imprimeur-libraire , rue des Noyers, n°. 22. Bernard , libraire, quai des Augustins, n°. 35. A Rouen, chez Vallée frères , libraires, rue Beffroi, n°. 22. À Strasbonrg , chez Levrault frères, imprimeurs-libraires. A Limoges, chez Barycas, libraire. À Montpellier, chez Vidal, libraire. Et chez les principaux libraires de l’Europe. SERRE OPEN 22 LS LINE EU Le tome LI contient la suite des alouettes. Sonini a décrit l'alouette rougeâtre, celle du Portugal, l'huppée de la côte de Malabar , la petite alouette grise de Gingi, l'alouette de Tartarie , et l’yelton. Il a donné la description de la petite fauvette , de la petite fauvetie à poitrine jaune, de la fauvette à tête noire, de la petite grisette, de la fauvette aqua- tique, du rossignol des murailles à ventre rouge , du rossignol des murailles des Indes. Virey a donné la description du becfigue noirâtre , du becfigue caffre , du becfigue patagon , du rouge-gorge des buissons, du rouge-g0rge aux joues noires , du rouge-sorge de Kamkachtka , du rouge gorge jaunâtre , de la pivote de la Chine à tête blanche, du becfigue olive et du becfigue canelle, du petit traquet des Indes , du traquet des montagnes, du traquet blackburn , du tarier noir, du traquet à queue blanche, du traquet au- rore , du traquet cendré et rayé, du traquet à front jaune , du traquet ferrugineux , du traquet citrin , du traquet gris de souris , du tarier à queue piquante , du traquet brun cendré du détroit de Magellan , du traquet à longs pieds, du motteux à chaperon noir, de la bergeronette de la baie d'Hudson , de la bergeronette seltobrinscka , de la bergeronette de Tschutschis, de la bergeronttte verte, de la bergeronette jaune. Le tome LiT contient l’histoire des fipguiers. J. Virey a donné les descriptions du figuier tati ou couturier, du Sgnier à longue queue de la Chine , du figuier de rivage , u Higuier bleu à tête noire , du figuier bleuâtre, du figuier vert Ceylan, du figuier chinois , de deux figuiers à long bec, du er à gorge noire et du tschecontschiki, du figuier à ventre iveuse jaunes, du figuier des monts sumanisiens en Perse, du rawaicha , du figuier de ja terre de Diemen et de celui de el, du figuier incarnat à huppe noire , et du figuier 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE livide , du figuier noir de Camboye et du petit figuier vert brun de Guzarat, du figuier à longue queue de Guzarat, du pouillot d'Espagne, du roitelet de Surinam, de la mésange de Norvège , de la mésange à croupion écarlate , de la mésanpge de la côte de Malabar, de la mésange noiïrâtre d'Afrique, de la mésange de la baie d'Hudson, de la mésange chinoïse , de la mésange à grosse tête, de la mésange rouge cendrée de la Nouvelle-Zé- lande , de la mésange scuby, de [a mésanpe à ventre ronge brun des Indes et de la Chine, de la petite sitelle ronge de Surinam, de la sitelle caffre, de la sitelle à long bec, de la siteile chloris. Le tome LIL contient l’histoire du grimpereau. J. Virey a donné la description du grimpereau soui-manga cardinal , à queue et aîles noires, du grnpereau histrion , du grimpereau vert, des grimpereaux à long bec des îles Sandwich, du grimpereau à queue violette, du soui-manga brun et du soui- manga roux, du grimpereau cendré, du grimpereau couleur de tabac, du grimpereau à dos rouge de la Chine, du soui-manga à domino rouge et noir , du souisanguinolent et du soui-manga verdêtre, des grimpereaux fuligineux , du souimanga de la Nouvelle-Hollande , du soui orangé, et du soui-manga jaune olive à queue fourchue, des grimpereaux-de Bengale à bec rouge, à barbes et anx aîles dorées , des quatre soui-manga nou- veaux de Sparmann, du grimpereau vert du Cap de Bonne-Espé- rance , du beau grimpereau de Malaca, et du grimpereau à queue noire, du grimpereau à long bec, du grimpereau siffleur, et du grimpereau gris de la Chine , du soui-manga caronculé , du guit-guit vert bleu, du guit-guit à bracelets , et du guit-ouit canelle. ._ Sonini a donné les descriptions de l’oiseau mouche à tête bleve , de celui à huppe bleue , de celui à calotte brune, des variétés de l’oiscau mouche à calotte brune, de l’oiseau mouche à bec blanc , de celui à plaque dorée sur la gorge , de celui à gorge bleue, de celui à gorge verte, du sussin, de l'oiseau mouche à cou moucheté, du brun gris, du mongé , de celui à gorge et poitrine vertes, de celui de Tabago, du vert et cra- moisi, du brancsroft , du rubis viellot, du vert doré à queue blanche et verte , de l'oiseau mouche à croupion, aîles et queue pourpres , d’une variété de grenat, d'une variété de plastron noir , du colibri cendré, du hausse-col doré, du hausse-col à queue fourchue , de l’arlequin , du colibri à front jaune, du co- libri à tête, à demi-collier , et queue pourprés , du colibri à tête orangée, du colibri à ventre piqueté, du colibri vert, du EF DAHMMSMTNONT RTE SNPAMUDERPENLELAE. L. «135 colibri à gorge et croupion bleus , du colibri à casque pourpre, du petit colibri varié. Le tome LIV contient l’histoire des coucous, des huppes , des guépiers , etc. Sonini a donné les descriptions du coucou à plaque dentelée aux aîles, du criard , du coucou rougeâtre tacheté de blanc et de noir , de celui à tête grise, du petit coucou des Indes, du coucou brun rayé à croupion rougeâtre, du popo arowro, du coucou pointillé , du promerops à bec rouge, du promerops bleu du Chaddajn , du schœchagha , du guépier à queue d’hi- rondelle , du guépier bicolor, du guépier à collier et à très- longue queue , du guépier à plumage varié, du guépier de Perse, du guépier jaune de la côte de Coromandel, du Kogo, du Moho, du guépier à caroncules , du guépier naté, de l’engoulevent à cou blanc , de l’engoulevent musicien , de celui de Bombay , du cendré rayé de noir , de celui à crête. Le tome LV contient l’histoire des hirondelles, celle des pics , etc. Souini a donné la description d’une variété de l'hirondelle ambrée , de l’hirondelle de O-Taiti, de l’hirondelle de fenêtres à croupion blanc, de celle de Sibérie , de celle à tête rouge , de celle à tête rousse , de celle de Ounalashka , du grand martinet de la Chine , de l’hirondelle bleue et rousse, de l’hirondelle noire et fauve , du pic vert du Lecton , du kerolla , du pic teint de vermillon , du pic de Malaca , du pic de la Cafirerie , du pic morcheut, du pic olivier du Cap de Bonne-Espérance , du pic jaune rayé de noir, du pic noir , du pic à raies blanches et bleues, du pic noir à huppes jaunes, du pic à ventre rayé, du pic grimperean d’Angola. Le tome LVI contient l’histoire des barbus , des martins-pê- cheurs, des todiers. Sonini a donné la description du tomutias brun, d'une variété du grand barbu , du barbu à masque rouge , du barbu à couronne rouge, du kottorea, du bussembuddoo, de l’arrucari à bec uni, de celui à gorge bleue, d’une variété du barbicon, du bec de fer, du calao à casque concave, de celui à casque en croissant, de celui à bec blanc, du second calao du Maila- bar , du calao de Gingi, de celui de Cerum, de celui de la Nouvelle-Hollande ; des calaos blancs, gris, verts, de celui de Wagsion, du martin-pêcheur violet de la côte de Coromandel, de celui d'Egypte, de celui de Malimba , de celui des mers du 136 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE Sud , de celui d’Apye , du bleu et noir du Sénégal , de celui à tête grise, de celui à front jaune , de celui à tête blèue , de celui de Surinam , du jacamard à bec blanc , du todier brun, de celui à tête blanche , du noir et blanc, de celui couleur de plomb, du noirâtre, du couleur de rouille, du brun à gorge blanche , de celui à large bec, de celui à gros bec, de celui à ventre jaune. Le tome LVII contient l’histoire des grues, des hérons, des crabiers , des butors, des bécasses. Sonini a donné la description du tuyaya, de la cicogve toute blanche , du jabiru des Indes, de la grue blanche de £i bérie , de l’argala , du héron roux , du héron varié, du héron montagnard , du solsie, du héron de l'île Ste-Jeanne, üu 14: hemjung , du héron à cou jaune, du héron à caroncules, héron de la Nouvelle-Hollande , du héron covleur de rouille, du béron cendré , du héron rayé, du héron blanc de laït, Virey a donné la description du crabier pigmée , du crabier à collier , des trois crabiers du Chili, du bec ouvert blanc des Indes , du butor sacré , du bthoreau d’Esclavonie, de la petite spatule. Sonini a fait des additions à l’article bécasses, et a donné la description de la petite bécasse d'Amérique. Le tome LVIII contient l’histoire des bécassines , des cheva- liers , des perdrix de mer, des courlis, des pluviers. Sonini a donné la description des variétés de la bécassine, celle de la bécassine blanche des Indes , de la bécasse aux pieds rouges , du chevalier à demi-palmé , du chevalier blanc et noir, de celui aux pieds jaunes, du cendré à raies rouges, du che- valiernoir , du brun, du cendré, de celui de Courlande, d’une variéte de sonderling, du bécasseau à aîles blanches ; de la per- drix de mer des Maldives, dela perdrix de mer de Coromandel , de celle de Madras, du cinels à collier roux, de l’ibis à masque noir , d'une variété du courlis, du courlis brillant, du jonghill, du huyedash , du courlis africain , du plus petit des courlis, du koko, du pillet , du courlis de Surinam , du premier et du second courlis de la baie d'Hudson, du teorea. Vircy a donné la description du vauneau aux pieds rouges, du vauneau d'Islande , du vanneau austral , du vanneau de Sibérie , du vanneau noir , des vanneaux de Norvège et d’Is- lande , du vanneau aux aîles blanches. Toutes les additions considérables que font les éditeurs au texte e ET D'HISTOIRE NATURELLE. 137 texte de Buffon, font voir qu’ils ne négligent rien pour donner à cette belle édition toute la perfection dont elle est suscep- tible dans ce moment. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS ; Par le citoyen Lacérène, membre du Sénat et de l’Institut national de France , etc. Tome troisième , in-4°. A Paris, chez Plassan ,/mprimeur-libraire , rue de Vaugirard, n°11095. ESA EMENTAREETS L'auteur , dans un discours sur les Æ/fers de l’art de l’homme sur la nature des poissons , fait voir tout ce que l’industrie de l’homme a pu inventer pour tirer la plus grande partie possible des poissons pour son utilité particulière. Il entre d’abord dans les détails de la pêche. Il fait voir ensuite les moyens de multiplier les reproduc- tions des poissons. L'homme d'état, dit-il, doit les envisager comme une seconde agriculture. L’homme des champs doit les adopter comme une nouvelle source de richesses et de plaisirs. Il expose comment on peut transporter , acclimater , multiplier et perfectionner les poissons. On perfectionne les espèces par des croisemens de races. Les individus qui proviennent du mélange de deux races , non- seulement valent mieux que la race la moins bonne des deux qui ont concouru à les former , mais encore sont préférables à la meilleure des deux races qui se sont réunies. Cette loi a lieu pour les poissons comme pour les autres animaux. 1l y a encore d’autres moyens d’améliorer la nature des poissons. Ce sont : V 1°. Une nourriture abondante et convenable, 20, L’abri qu’on leur procure. 30. La contrainte qu’on leur impose , tel que le-repos. 4°. Le choix qu’on fait des mâles et des femelles pour la pro- pagation de l’espèce. Le troisième volume de l’histoire des poissons renferme la des- cription de deux cent quatre-vinet-dix-huit espèces, dont cent Tome LI, PLUVIOSE an 10. 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE étoient encore inconnues. Elles sont réparties dans quarante-huit genres , parmi lesquels on en devra compter trente-quatre, qu’au- cun naturaliste n’avoit encore établis. Les trois premiers volames de l’histoire des poissons , dit l’au- teur , comprennent donc des articles relatifs à six cent dix es- pèces , dont 154 n’avoient été décrites par aucun auteur, avant notre travail sur ces animaux, et que nous avons distribuées dans quarante-neuf genres connus depuis longtemps , et dans soixante autres genres que nous avons formés. Ce troisième volume renferme la description de trente un genres , depuis et compris le soixante-dix-huitième jusques et corpris le cent - huitième. Nous regrettons de ne pouvoir entrer dans les détails de cet ouvrage ; mais on connoît le /aÿre de l’anteur, et cette histoire des poissons est bien supérieure à toutes celles que nous avons. À a PL A NT ESMGURIAS SES De P. J. RevouTé, peintre du Muséum national d'histoire naturelle , décrites par A. P. Decandolle, membre de la société des sciences naturelles de Genève. 8°, 9°, 10€, v1°, 12€, 19°, 14° livraisons. Chaque livraison de cet ouvrage, sera composée de six plan- ches imprimées en couleur sur papier vélin, avec toute la per- fection possible , et six feuilles de texte imprimées sur le même papier. Les exemplaires, petit in-folio, sont du même format que l’Herbier de la France , par Bulliard. Prix de chaque cahier......... ee CL te TenCse Grand in-folio sur nom-de-Jésus, dont il n’a été tiré que cent exemplaires... ....... NE NMSONE, A Paris, chez Garnery, libraire, rue de Seine , ancien hôtel Mirabeau ; Ant. Aug. Renouard, libraire , rue Saint-André-des-Arts ; n°. 42; À la librairie d'éducation, rue du Bacq, n°. 264. A Paris et à Strasbourg , chez les frères Levrault. ET DHISTOIRE NATURELLE. 13g RENAN EE La huitième livraison contient la description de la crassulæ orbicularis, de l’aloe rodacantha , de l'aloe retusa, de l’eu- phorbia nerifolia, du mesembrianthemum expansum , du ca- calia cylindrica. La neuvième livraison contient la description de la crassula spathulata , de l’aloe arachnoïdes, de l’aloe atrovirens, du cactus grandiflorus, du mesembrianthemum deltoides , du me- sermbrianthemum uncinatum. La dixième livraison contient la description de la crassula rubens , de l’aloe spiralis, de l'aloe margaritifera , du cactus peruvianus , du cactus parasiticus , du mesembrianthemum fila- mentosum . La onzième livraison contient la description de la crassula obvalata , de l’aloe rigida , de l’aloe carinata, de la kalan- choe aegyptiaca, de la kalanchoe spathulata , Au mesembrian- themum hispidum. La douzième livraison contient la description de la crassula glomerata , de l’aloe linguiformis, de l’aloe verrucosa, du cotyledon hispida, du sedum villosum , du mesembrianthemum dinguiforme , du mesembrinnthemum,pugioniforme. La treizième livraison contient la description de la #://æa muscosa ,; de la bulliarda vaillantii, de l’aloe plicatilis, du cotyledon orbiculata , de l’euxphorbia offcinarum , du mesem- brianthemum tuberosum. La quatorzième livraison contient la description de la cras- sula portulaca , de l’aloe serra , de l'aloe bruifolia, du me- sembrianthemum tenuifolium , du mesembrianthemum cocci- neum , du mesembrianthemum violaceum. Ces livraisons sont exécutées avec le même soin que les pré- cédentes ; et cet ouvrage est un des plus beaux qu’on ait en bo- tanique. LA 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ARTE SCENE PRICE EURE EC TO PO CROP TETE ENNEMIS TE FENPP RENTE 7% OBSERVATIONS ET EXPERIENCES SARA ’ LA VITALITEÉ ET LA VIE DES! GERMES, Par Victor MrcmEeLzoTTr, médecin à Turin; Communiquées au cit. JC SD) EL NAN ETAT E R ILE S'EÉTCIOMNPDIENPECANRMIAUE Quoique, pour le moment , je ne me propose pas de recher- cher quel est, sur les germes des œufs fécondés, l’action du ca- lorique à différentes températures, je dois cependant ‘aire quel- ques remarques en passant sur deux differens états qu'ils éprou- vent ; savoir, celui d’engourdissement , et celui de vie, lorsque la température est trop basse pour favoriser leur développement, ou qu’elle suffit pour leur évolution et vie. Il me paroît que le premier des deux états dans lequel se trouvent les germes des œufs fécondés, c’est-à-dire quand il leur manque la tempéra- ture nécessaire pour éclore, est absolument comparable à l'état dans lequel se trouvent les rotifères, les anguilles du fro- ment, elc. etc. (1), qu'on regarde bien comme morts, mais qu'on peut néanimoins rappeler à la, vie. Il y a, tant dans Euh LA ANRT ER 2 BEN EE LE QU, ES EN RUE LS ge (1) Le celebre Spallanzani s’appercut bien de la ressemblance qu'il y avoit entre les rotifères et les animaux engourdis par le froid. Il crut cependant qu’il avoit une grande différence ; en ce que les animaux engourdis comme les cra- pauds , les grenouilles , les salamandres, ont encore quelque circulaïon dans les parties les plus voisines du cœur, et qu’on peut encore les rappeler à la vie. Celte dernière remarque ne détruit aucunement la ressemblance que nous avons établie , puisque ces animaux privés du cœur et éporgés peuvent encore s’en gourdir , et ensuite être rappelés à la vie. Voyez Spallanzani, Opuscules de phy- sique animale et végétale , traduction de Jean Senehier . vol. 2, p. 320. Voyez aussi les belles et ingénieuses observations de notre célèbre concitoyen Maurice Roffredi , qui confirment notre opinion. Voyez scelta d’opuscoli interessanti , Milano. Vol, 1, pag. 322, 37. ET D'HYSTOIRE NATURELLE, 141 les germes que dans les rotifères , étc., une organisation par- faite, susceptible de vie, il y a aussi en eux la force ineffable de la vitalité, qui seule met obstacle aux agens qui tendent à détruire le corps entier ; mais il manque, dans ces deux cas, une condition indispensable pour les fonctions de la vie, je veux dire le calorique à une certaine température dans Îles œufs , et l’eau ou l'humidité pour les autres. Il ne faut ni de grandes expériences, ni de profondes ré- flexions pour se convaincre de l’existence de ces deux états dans les œufs fécondés: les différens faits que nous rapporterons en seront d’ailleurs une preuve bien manifeste. D'après ce principe, pour connoître quelle seroit l’influence des gaz sur la vie des embrions des œufs fécondés, j’eus bien soin d'élever la température à laquelle ils étoient exposés , pour que, leur état d’engourdissement venant à cesser , ils fussent disposés à éclore. J’étois persuadé que, si je voulois apprécier l’action d’un corps donné sur la vie des germes fécondés, sans mettre ces derniers à la température nécessaire , j'aurois trouvé nulle l’action mème des corps les plus actifs, comme les excitans les plus puissans n’ont aucun effet, si on les applique sur les animaux eugourdis par le froid ; ce que démontrent les obser- vations de Bufion, de Spallanzani, etc. Première expérience. Pour expérimenter comment se comportoient les œufs fécondés dans l’air, et dans les différens gaz , voici de quel appareil je me suis servi. Je pris un tube de verre de trois lignes de diamètre, long de neuf pouces, et recourbé de manière qu'une extrémité demeuroit longue de trois pouces, et je fermai celle-ci herméti- quement à son extrémité, que je remplis d'œufs. Je plongeaï l’autre extrémité dans le mercure ou dans l’eau ; moyennant un petit syphon , j'élevai ces liquides dans le tube à la hauteur d’un pouce. J'exposai quelques-uns de ces tubes ainsi préparés et remplis d'œufs de la phalène dispar, de la phalène wori, et de l’araï- gnée diadema, à la température propre à les faire éclore, c’est- à-dire au-dessus du tempéré. Je fis l'observation que ( à tempé- rature, barom. et term. , égale ) le mercure s’élevoit journel- lement dans l’extrémité ouverte, et occupoit quelquefois un sixième du vide total. Une telle élévation étoit d'autant plus accélérée que la température s’élevoit davantage au-dessus de +10, c’est-à-dire quand elle étoit à + 15 + 29, = 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'exhaussement du mercure à l'extrémité ouverte dénotoit donc une consommation d'air dans l’appareil ; et il étoit très- naturel d'en conclure que les œufs, dans leur état de déve- loppement, l’absorboient. Pour connoître ensuite la nature de l'air atmosphérique ab- sorbé par les œufs, je fis usage de l’eudiomètre phosphorique ; comme celui qui se trouvoit le plus propre à mes recherches. Ayant donc soumis à l'expérience une quantité déterminée de cet air, je trouvai que, de 60 parties, la combustion du phos- phore n’en avoit absorbé que 2. Ayant ensuite fait passer partie de cet air par l’eau de chaux, 1l y eut immédiatement produc- tion de carbonate calcaire. IL étoit donc très-manifeste qu’une partie de l’air atmosphérique absorbé par les œufs, étoit de l'oxygène, et que les œufs donnoïent de l'acide carbonique ; je soupçonnai aussi qu'une portion du gaz oxygène obsorbé s’étoit, pour ainsi dire, solidifiée avec la substance même des œufs, puisque la quantité d’acide carbonique produit ne me paroissoit pas proportionnée à la portion d’oxygène absorbé. Je devois ensuite voir si la production du gaz acide carbo- nique provenoit naturellement des œufs en état de vie, par l'absorption du gaz oxygène, ou plutôt s’il n'étoit dà qu’à un état maladif des œufs, occasionné par un commencent de corruption ou de privation d’air libre. L'expérience suivante ne tarda pas à m'éclaircir sur ce doute. Seconde expérience. Je plongeai un des appareils ci-dessus dans l'eau de chaux, et je ne tardai pas à observer que , sitôt que ces œufs commen- cèrent à absorber l’air contenu dans le tube, l’eau de chaux s’y troubla immédiatement , et la quantité du carbonate calcaire précipitée dans l’espace de deux jours, au fond du tube, fut considérable. Il étoit donc suffisamment démontré que les œufs, comine les animaux, en absorbant du gaz oxygène, produisoient de l'acide carbonique. Il se présente actuellement ici deux importantes questions à éclaircir : 1°. Pourquoi ces œufs résistent-ils à des froids aussi intenses, puisqu'ils ont la propriété d’absorber le gaz oxygène, en produisant de l'acide carbonique ? C'était un fait assez curieux que d’examiner si, par fois, la cause qui les faisoit résister au froid , ne devoit pas dériver du calorique provenant de la dé- composition de l’oxygène , car il ne paroissoit pas vraisemblable que l’on pût lui trouver quelques rapports avec celle qu’avoit ET D'HISTOIRE NATUREL LE. 143 observé le comte de Rumford dans d’autres corps composés de parties liquides ou fluides renfermées et mêlées avec des parties molles , etc. etc. Ces œufs étant arrondis et fort petits, pré- sentent une grande surface relativement à leur masse. J'en avois même exposé à nud, immédiatement au contact de l'air froid , pendant quelques mois, à la température de — 10, et même jusqu’à — 15; ils parvinrent néanmoins à éclore, et vé- curent. : "29, Puisque les semences végétales , qui absorbent le gaz oxy- gène dans leur germination , peuvent néanmoins germer aussi dans le vide , selon les expériences de Homberg (1), John Gouh, puisque des crysalides renfermées dans le vide, comme portent les observations de Muschembrock , deviennent néanmoins pa- pillons ; d’après ces faits, il étoit important de vérifier si l’ab- sorption du gaz oxygène étoit nécessaire au développement des œufs en question, ou si ce n’étoit qu'une circonstance acciden- telle, ou plutôt coopérante, mais qui ne fut pas nécessaire à leur développement. Troisième expérience. Pour résoudre ces problèmes, je commençai d’abord par éprouver si les œufs exposés au froid ambiant absorberoient vraiment du gaz oxygène. Pour cela, je plaçai quelques uns des appareils ordinaires, pendant l'espace d’un mois environ d'un rigoureux hiver, dans un lieu où la température fut de — 6 — 10, et même —15; pendant tout ce temps, il n’y eut pas la plus petite absorption : ayant ensuite exposé ces œufs à l’air libre, et à la chaleur ambiante, ils se mirent à éclore tous parfaitement. Cette expérience démontroit assez évidemment que les œufs, dans leur température froide, sont dans un état d'engourdisse- nent , et que, par la décomposition du gaz oxygène, il ne se produit point de calorique, puisqu'ils n'en absorbent pas. De plus j'ai tenu, pendant ce même froid , la bouled’un thermomètre fort sensible plongée dans un petit vase tout-à-fait plein de ces œufs, (1) Quand je me mis à observer ce phénomène, je soupconnoïs bien que l’oxy- gène devoit avoir beaucoup de part dans lévolution des germes des animaux, après que de célèbres physiciens, des chimistes avoient deja reconnu l'efficacité de l’oxygène sur les semences des végétaux, comme Priestley, Humboldt , Pnhl, etc. Mais j'ignorois encore alors les belles et curieuses expériences de William Cruikshank, John Gouh , Sénebier, de Saussure fils, sur la germination des semences végétales , etc., annoncées dans la Bibliothèque Britannique et le Journal de physique. 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sansjamais m’appercevoir que cethermomètre indiquât le moindre degré de chaud ou de froid différent de celui de l’atmosphère libre. Puisque les œufs de la phalène dispar, au froid de l’atmos- phère, n’absorbent pas du gaz oxygène, on pouvoit expérimenter si une telle absorption étoit nécessaire pour les faire éclore, et voici quel moyen j’employai pour cela, 1°. J'examinai si, au premier instant qu’ils éprouvent une chaleur ambiante, et par- conséquent lorsqu’en eux la faculté vitale passe à la vie réelle, ils auroïent aussi au même moment consumé de l’air; ce qui auroit suffisamment prouvé combien un tel-phénomène étoit lié étroitement avec leur vie. 2°, En exposant ces œufs dans un lieu privé de ce gaz, et voyant s'ils seroient éclos ou non, on auroit, delà, pu conclure la nécessité ou la nullité de sa pré- sence à leur développement. Quatrième expérience. Pour m’assurer donc si les œufs , au moment qu’ils passent à la vie, absorbent du gaz oxygène, je plaçai, dans une petite bouteille, une quantité notable de ces œufs, qui jusqu'alors avoient été exposés dans un ambiant froid pour eux, et où par conséquent ils avoient été engourdis ; j’attachai ensuite herméti- quement au col de la bouteille l'extrémité ouverte d’un petit tube de verre recourbé, qui, à l’autre bout, finissoit en entonnoir que je plongeai dans l’eau. De cette manière, en renfermant une grande quantité d'œufs dans cet appareil , et la portion d’air qui y étoit contenue étant fort petite , je devois bien sensible- ment m’appercevoir de la plus petite consommation qui pouvoit s’en faire. Le tout ainsi disposé, je plongeai ladite bouteille des œufs dans un vase de plus grande capacité plein d’eau; je versai en- suite sur cette dernière de l’eau chaude par degrés de manière à chauffer peu à peu la petite bouteille des œufs qui y étoit plon- gée jusqu’à + 25 degrés. En échauffant ainsi par gradation ces œufs, je devois nécessairement réveiller leur vitalité, et les faire passer de l’état d’engourdissement à celui de la respiration. En effet, ayant mis à refroidir ledit appareil jusqu’à leur première température, la diminution de l’air contenu dans le tube fut très-sensible, ce que m'indiqua l’eau qui s’éleva dans le tube de communication avec la bouteille des œufs. Je ne manquai pas de répéter cette expérience avec les tubes ordi- naires ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 naires à mercure, ayant soin cependant que l’extrésnité qui devoit contenir les œufs fût fort longue, et eut beaucoup de ca- pacité , pour que la chaleur à laquelle ils étoient exposés étant de si petite durée, l'absorption de l'air, qui en effet eut lieu, pût être manifeste. Ces expériences prouvoient suffisamment que le réveil instan- tané, pour ainsi dire, des œufs à la vie, étoit accompagné d'une absorption immédiate, c’est-à-dire que cette absorption de Pair étoit étroitement liée avec l’exercice de la vie même. Mais que ces œufs eussent la faculté d'éclore étant privés entièrement de la présence du gaz oxygène, c’est ce dont je voulus m’assurer par l’expérience suivante. Cinquième expérience. Pour cet effet je mis en nsage différens appareils que je tenois pleins d'œufs de la phalène dispar, de la mnori et de l’araignée diadema , dans lesquels la colonne de mercure , ayant été fixée à un sixième environ de l’espace vide du petit appareil , il ne s’é- toit plus manifesté aucune consommation sensible d’air; je pensai de prendre ces œufs, de diviser toute la quantité de chaque appareil en deux portions , une desquelles dût demeurer à l’air libre , et l’autre je la renfermai de nouveau dans l’appa- reil ordinaire dans lequel l’air eût été changé. D’après cette expérience , je pouvois connoître , 1°, si les œufs à qui l’air manquoit, puisqu'ils avoient absorbé tout l'air respirable, conservoient encore la faculté vitale; 20. en cas qu’ils l’eussent encore conservée , s’ils auroiïent encore absorbé un nouvel air ; finalement si, les laissant ainsi privés de nouvel air , ils seroient éclos ou non. Tous les œufs qui retournèrent à l’air libre , après avoir été pendant quelque tems renfermés sans absorber l'air, se mirent à éclore, c’est-à-dire, quoique ces œufs aient souffert une suspension dans leur fonction de la respiration, la vitalité ne s’éteignit point en eux. Les œufs que j'avois de nouveau placés dans les appareils ordinaires avec du nouvel air , recommencèrent de nouveau à en absorber la por- tion accoutumée ; et quand ils furent arrivés à ce terme, comme je vis qu'ils n’en prenoient pas davantage , je les laïssai ainsi pendant un moisenviron, et ensuite les ayant exposés à l'air libre , pour les faire éclore, je les trouvai morts pour tou- jours, comne aussi les œufs à qui je n’avois jamais renouvellé l'air. Tome LI. PLUVIOSE an 10. A5 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La suspension de l’exercice de la respiration dans les œufs n’est donc que passagère et fort limitée, puisqu'elle ne dure que peu de jours ; la présence du gaz oxygène en certaine quan- tité est aussi démontrée , puisqu'ils n’éclosent pas à cette portion d’air qui est le résidu de leur respiration , lequel est, en grande partie, du gaz azote. C’est ici le lieu de rapporter quelques autres faits qui , soit par rapport à l'air résidu de la respiration , soit au sujet de la fonction même de la respiration des œufs, méritent nos re- marques. Ayant une fois placé dans une fiole ordinaire quelques mil- liers d'œufs de la phalône dispar , et ayant laissé cette fiole ouverte, je vis paroître sur ses bords internes une très-abon- dante vapeur aqueuse, laquelle en se condensant tomboit goutte-à-goutte au fond de la fiole. Je lui trouvai une odeur ProREs , et si cette odeur provenoit de quelque espèce de gaz ydrogène ou non, je ne pus encore le vérifier. Sixième expérience. De plus, ayant renferme pendant l'hiver une petite quantité de ces œufs dans des tubes du même diamètre des premiers , mais jusqu’à 24 pouces de longueur , et plongeant à l’ordinaire son extrémité dans le mercure ;, pour observer , si cela se pou- voit, la quantité d’air qu'ils auroïent absorbé dans les diffé- rentes époques de leur développement, je fus fort surpris en voyant que pendant les mois d'hiver le thermomètre, au lieu de l'observation , marquoit depuis + 5 jusqu'à + 8 , il n’y eût qu’une bien petite, et dans d’autres une non sensible absorp- tion, et qu’à l’arrivée de la chaleur où le thermomètre mar- quoit depuis + 8 jusqu’à + 25 degrés, il n'y eût plus aucune sensible absorption. C’est pourquoi je plaçai ces œufs à l'air libre; mais ce fut en vain , ils étoient sans vie. C’étoit donc un fait singulier que les mêmes œufs maintenant à l’air libre , et ensuite renfermés dans ces appareils pendant les fournées chau- des , absorboïent en deux ou trois jours environ un sixième de l’air contenu dans le petit appareil. Ces observations me firent fortement soupçonner que les œufs exhaloient en éclosant, quelques miasmes ou gaz nuisible à eux-mêmes , quand il demeuroit renfermé avec eux. Je voulus donc vérifier si l’air d’un de ces appareils, dans lequel il y avoit eu une très-petite, mais pourtant sensible absorption ET D'HISTOIRE NATURELLE, 147 avoit perdu une quantité notable de son oxygène , ou si un autre gaz, qui y eût été produit en tenant sa place , eût empè- L 4 ché le mercure de s'élever. Septième expérience. Je trouvai par l'expérience, que 60 parties de cet air me donnèrent par la combustion du phosphore, 10 parties de con- sommation; c’est pourquoi calculant à un cinquième la quantité de gaz oxygène , qu’on peut démontrer par l’ascension de l’eau avec la combustion du phosphore , le résidu dans notre cas, auroit au moins été un sixième d’air intact pour les œufs ; ce qui est précisément la quantité qu’ils absorbent ordinairement. Il y a donc beaucoup à parier que la mort de nos œufs doit plutôt être attribuée à quelque miasme délétère qu’à la produc- tion d’un nouveau gaz ; mais pour expliquer comment, dans les deux cas, toute la faculté vitale a été éteinte dans les œufs, pendant que dans les températures basses et leurs lents dévelop- pemens, les œufs doivent aussi expirer une petite quantité de Ce miasme ou gaz, et en transmettre au-dehors une plus grande quantité, quand le développement des œufs est vigoureux, comme il arrive lorsque la température est élevée. Pour expli- quer, dis-je , ces phénomènes, voici comme je raisonnerois : l’action , soit la force des excitans sur la vitalité , est en raison du degré et du temps de leur action. Dans notre cas , le temps ayant été fort long , l’action de ces miasmes sur la vitalité des œufs aura aussi été beaucoup plus énergique que n’auroit pu l'être une quantité plus grande du même miasme, desquels l’action n’auroit duré que deux ou trois jours (1). * Des expériences que nous venons de voir, il résulte très-évi- demment que la fonction de la respiration de nos œufs est es- sentiellement liée avec leur vie et avec leur développement , et: (r) Voyez Réaumur , 4ré de faire éclore et d'élever , en toute saison ; des oiseaux domestiques , ete. Paris 1771, seconde édition, tom. I , mém. 6me. Ce grand observateur qu’on rencontre presque par-lout où il y a d’intéressantes observations à faire sur la nature vivante, avoit aussi remarqué que, seulement à des époques fort avancées de l’évolution , l'humidité , certaines vapeurs etc., étoient nuisibles aux poulets , ce qui veut dire que ces causes n’empêchent point la vie des germes, qui consiste dans leur évolution. . . . mais plutôt qui pri- vent les animaux de la vie qui s'opère moyennant les organes développés. Je re- viendrai sur cet important article de physiologie , aussitôt qu'il sera question des œufs de poulets etc. qb,5 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que pour opérer ce dernier , comme dans les animaux respirans, la présence de l'oxygène en une certaine dose est nécessaire. En exaninant comment ces œufs se seroient comportés à l’action du gaz hydrogène et de l'acide carbonique, je ne pouvois qu’é- claircir de plus en plus combien sa présence est essentielle à leur état actuel de vie et à leur développement. Ce moyen est d'autant plus propre à jeter de la lumière sur cet objet, que l’action de ces gaz sur l'économie animale a été démontrée fort active par les expériences récentes de Fontana , Beddoes , Tibe- rio Cavallo , etc. Huitième expérience. J'introduisis donc dans l’appareil ci-dessus la quantité ordi- naire d'œufs, je remplis le long tube de mercure, et je l’en chassai ensuite avec du gaz hydrogène. Je pris le parti d'opérer de cette manière dans un petit appareil à mercure, parce que l’expérience m’avoit enseigné de quelle importance il étoit d’o- pérer à sec sur les œufs, qui sont facilement endommagés par l’humidité , qui reste adhérente aux parois internes du tube, quand on opère avec l’eau (1). Mais comme l’action de ces gaz sur nos œufs pouvoit être bien différente, quand ils seroient exposés à une température chaude, c’est-à-dire quand ils seroient dans un état de vie pleine et vigoureuse , et quand ils n’auroient qu’une température de +6,+8, +10, dans laquelle leur vie ne peut être que foible et languissante. Je divisai mes appareils de manière qu’un ap- pareil à gaz hydrogène füùt exposé à une température un peu froide , c’est-à-dire de +6 jusqu'à + 10, et l’autre fut exposé au plein midi, couvert de papier noir ; de manière que pendant le jour ce dernier püt subir toute la chaleur solaire , sans pour- tant être endommagé par la lumière. Cette méthode de remplir les appareils de gaz factices, quoi- qu’elle semble la plus simple , a cependant l'inconvénient qu'en ne peut que difficilement chasser l’air contenu au milieu des œufs, sans risquer de porter perte aux œufs même en agitant violemment le mercure. La quantité de l’air qui peut rester entre (1) Ce qui semblera singulier peut-être , puisque les appareils à l’eau dans les- quels les œufs ont été plongés à sec, et lorsque les parois internes sont sèche aussi , réussissent mieux que ceux du mercure. FUMEDPIEMS TONER ET N'AUTOUL REFRDTEUE; 149 les œuts , peut s'évaiuer sur une mesure de dix parties d'œufs bien propres , à 6 environ d'air conne l’on verra plus bas. Neuvième expérience. Comme je soupçonnois que l’acide carbonique devoit avoir une action beaucoup plus énergique et plus nuisible sur les œufs que le gaz hydrogène, je ne construisis les appareils de celui-là que quatre jours après ; au reste , ils furent tous placés en circonstances égales. Je dirai donc que dans les deux appareïls à gaz hydrogène , il ne s’est jamais manifesté une absorption sensible ni déve- loppement d'œufs , tant à celui du sud qu’à celui du nord, que je tins les derniers jours à la température de + 11. Mais dans l'appareil du gaz acide carbonique exposé au midi , il se mani- festa une petite maïs sensible absorption , laquelle pourtant ne parut pas devoir outrepasser la petite quantité du gaz oxygène, qui pouvoit être demeurée entre les œufs , n'ayant pu m'en assurer suffisamment. Je suis cependant sûr que cette absorp- tion n'eut lieu que pendant les deux premiers jours. Dans l’ap- pareil ensuite du même gaz , mais du nord , l'absorption ne fut sensible que lorsque, pendant un jour , je l’exposai à la chaleur ambiante de + 113 mais cette absorption ne fut qu'à peine sensible. " Voyant donc évidemment que ces gaz n’étant point absorbés , n’étoient nullement propres à la respiration des œufs, il restoit à vérifier le dommage qu'ils leur avoient causé : c’est pourquoi je les exposai tous le même jour à l’air libre, dans des cassettes séparées ; les œufs du gaz hydrogène ayoient été pendant six jours plongés dans ce gaz , et ceux du gaz acide carbonique y avoient été quatre jours. Voici le résultat de l'expérience. Les œufs du gaz acide carbonique exposés au nord, passés ensuite à l'air libre, commencèrent à éclore quatre jours après. Ceux du gaz acide carbonique sud , et quelques-uns du gaz hydrogène nord ,en mirent sept. Finalement ceux du gaz hydrogène sud employèrent dix-huit jours. Quant au nombre des œufs qui se mirent à éclore , voici comme la chose se passa : presque tous ceux du gaz acide carbonique nord , la plus grande partie de ceux du gaz hydrogène nord , beaucoup de ceux du gaz acide RE VE sud , et un petit nombre de ceux du gaz hydrogène sud. Les observations que nous venons de rapporter, manifestent 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE évidemment que les œufs renfermés dans ces gaz n’ont eu à souffrir qu'une simple suspension dans leur respiration , et par conséquent dans leur développement ; mais puisque ceux qui ont été exposés à de hautes températures , ont été le plus en- dommagés , il sera de même fort probable que ces œufs auront plus souffert, parce qu’'étant plus sensibles, plus susceptibles d’impressions , ils auront ainsi éprouvé, dans toute sa force, l’action active des gaz auxquels ils ont été exposés. Ayant ainsi exploré l'important phénomène de la respiration des œufs, j’ai cherché à connoître si une telle fonction étoit en eux nécessaire à la continuation de leur vie, par les mêmes raisons qu'elle l'est dans les animaux vivans , ou plutôt si, par quelques opérations , elle influoit dans leur développement même. Ce point pouvoit éclaircir un des plus grands phénomènes de l’économie animale. Pour atteindre à ce but, je tentai trois chemins. 1°. Je cher- chai à examiner le germe même à différentes époques en ou- vrant l’œuf. 2° J’analysai l'air , qui étoit le résidu de la respira- tion, en voyant comment nos œufs se seroient comportés dans le gaz oxygène pur. Je dirai à ceux qui ne connoissent pas les œufs de la phalène dispar, que, quoique fort petits, ils sont cependant fort pesans ; et d’après divers essais que j'ai faits avec des balances fort exactes, on peut porter leur poids moyen à un cinquante-qua- trième de grain; d’autres œufs que j'ai fournis aux expé- riences, ne sont pas plus grands. Tout le monde connoît les œufs de la phalène wori et de l’araignée diadema. On pourra cependant observer avec facilité le petit animal contenu dans les œufs des deux phalènes en ouvrant ces œufs avec deux pointes fort fines et recourbées , et ayec une troisième on peut saisir l'animal. ; D’après mes recherches , j'ai observé que les œufs de la pha- lène dispar, examinés même à la fin de l’automne, contiennent déja alors leurs germes si beaux et si bien formés, qu’on peut y observer, comme dans les œufs de poule , un accrois- sement où une apparition journalière de parties. Ces germes doivent bien plutôt se considérer comme autant de très-petites chenilles bien formées, ayant même jusqu’à leurs longs poils. Mais il faut noter qu’autant que l’époque de leur développe- ment et de leur éclosion est reculée , autant ils sont plus mous, plus tendres et plus gélatineux ; de manière à sécher dans l’'es- 4 | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 151 pace de peu de minutes, et à devenir une substance cassante , glutineuse , quand ils sont exposés à l'air chaud. Ces germes sont pliés en rond dans leur coquille cornée et non crustacée , comme quelques-uns Pont cru, la liqueur dans laquelle ïls sont plongés est vraiment albumineuse avec le temps; c’est-à-dire , leur augmentation autant que je pus voir , n'avance pas beaucoup relativement à l’extension de leur corps ; mais l’accroissement qu'ils éprouvent me parut consister en ce que de jour en jour , quand ils sont en état de développement, ils deviennent de gélatineux qu’ils étoient , tendres , ensuite mous , et puis prennent de la consistance etc. En un mot, avec une fort petite augmentation dans leur volume , il se fait une notable consolidation dans leurs corps. Pendant ce temps , l’hu- meur albumineuse va encore en diminuant de plus en plus, de façon que quand ils sont proches à sortir, on n’en trouve plus aucun vestige. C’est ainsi que les chenilles sortent de leurs œufs si complettes et si bien nourries , qu’elles peuvent suppor- ter sans danger un très-long jeûne. Nous devons observer que, quoiqu’au mot développement que nous ayons employé pour nos œufs , on ne doive pas at- tacher la même idée qu’on attache en parlant des œufs de poules ; dans nos germes néanmoins il y a un véritable dévelop- pement, une véritable évolntion, et elle consiste dans une consolidation , dans une augmentation du corps de l’embrion. Le germe que nous considérons n’ayant que des parties molles, gélatineuses , et non liquides, comme sont celles des autres œufs, son corps est par conséquent plus visible, Pour ce qui regarde les œufs de la phalène wori , ils ont fait le sujet des observations des plus célèbres naturalistes ; pour ne rien laisser à desirer sur l’objet de mes expériences, je dirai seulement ici que les germes de ces œufs sont bien visibles , mais que loin de paroître achevés , on peut facilement distinguer en eux les diverses époques de leur développement, La plus grande difficulté est ensuite de pouvoir les extraire, et les placer dans le champ du microscope pour les voir avec clarté ; car ils sont mous ct faciles à se déchirer. Il est très-difficile de pouvoir dire en quel état se trouvent les germes dans les œnfs de l’a- raignée diadema, car dans beaucoup d'essais que je fis pour les examiner ; même lorsqu'ils étoient prêts d'éclore , ils me parurent toujours si fluides et si confus en employant l'eau chaude ou les acides minéraux foibles, qu’il n’y eut pas moyen 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de distinguer la tête, ni les autres parties avec clarté, leurs longues jambes étant repliées contre leur énorme ventre. On pouvoit assigner deux causes à la consolidation des parties animales. 1°. La transpiration de la partie aqueuse, comme en effet ces œufs, ainsi que les autres, transpirent de l’ean en quan- tite. C’est à une telle transpiration diminuée ou bien augmentée, que le grand Réaumur à attribué le retard ou l'accélération qu'éprouvent les germes des œufs à une température basse ou élevée. Mais il est constant par les connoissances actuelles que nous avons, que les œufs en trenspirant une portion de leur eau , ab- sorbent du gaz oxygène ; on peut aussi attribuer la consolidation de leur germe à la fixation d’une portion dudit gaz dans sa subs- tance même , comme il arrive précisément dans quelque liquide de l’animal adulte et vivant (à). En mesurant donc la diminution de poids des œufs, au mo- ment où ils auroient été prêts d’éclore, on pouvoit déja établir s’ils avoient perdu ou acquis un nouveau principe, qui eût été la cause de leur consolidation. Dixième expérience. Je pesai donc avec des balances, qui étoient très sensibles à un 25ome de grain, d’abord un grain d'œuf, ensuite quatre ; et après un mois écoulé ayant subi une température de + 8, +10, je les repesai , et leur trouvai une diminution sensible de poids. Pour plus grande précaution cependant , je pesai aux mêmes balances une grande quantité d'œufs d’un denier et douze grains ; et ayant voulu les repeser après an mois, j'en trouvai malheureusement quelques-uns d'éclos ; en les repesant pourtant ils avoient diminué de 2 grains trois seixièmes , c’està-dire, prenant un soixarte-quatrième de grain (le poids d’un œuf) pour unité; la diminution de chaque sera de 2,1876. De là on peut voir que , quoique je fus malheureux dans le temps que je repesai ces œufs , il y auroit cependant tout à parier pour une forte diminution de poids. Je voulus aussi chercher à m’assurer si les œufs en qui avoit été suspendue la respiration, subissoient ou non une augmenta- tion sensible dans leur consolidation ; maïs je puis bien assurer A (1) Voyez Foureroy, Syslème des connoiïssances chimiques. qu'aucun il ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 qu'aucun de ces œufs que Fouvris ne me manifesta un accrois- sement comparable à celui qu “il A subi à‘ l'aïr libre ; ‘en parité. de circonstances. Je suis cependant éloigné’ d’attriuer le défaut d’accroissement des œufs de ces appareils; ‘A'la Seule pri- yation de la portion absorbable de l'air ; parce ‘que dans de sem2 blables circonstances, la port tion d’eau qui peut se dissoudre de la petite por tion d’air contenue dans cette sorte d'appareil, est en trés- petite quantité. Dans cet état douteux des choses, je tentai différens essais d’ analyse sur l'air résidu de.la respiration de ces œufs , et pre- mièrement sur les petites quantités d’air qui. restoient done les appareils depuis Pinstant que lés œufs ñe paroissoient plus-én ab- sorber. En voi quelques- uns dans lesquels on eut égard à la hauteur du be ètre et à la température. Onzième expérience. 19. 1 Capacité de Pappareil divisé en parties! 42401. 611139; Pres œnféniocenpoient1 Mere Le UpebuE 3 Capacité réelle occupée par Vars: AA car mon ane 0 4 Trente- -Cinq parties de cet air contenoient 7 de gaz oxygène, qui a été démontré par l'ascension de l’eau ; moyennant lac com- bustion du phosphore (1 (2). +'A) i à 5 Après avoir fait passer cet air résidu de la HE) 0 par l’eau de chaux, Ja diminution fut de parties environ. 7 Il reste-donc parties. SRE RAR A RER REA 26 6 Ces 28 parties restantes donnèrent à la combustion du phosphore MOAZNOYECNE TS Ant eu d'A eee ed De Na 7 C'est-à-dire, le 8 oxygène A OuDe par les œufs fut envi- rOnLdepartiess se Kane arme es ERA UE. 5 8 Mais la consommation totale warquée par l'ascension de \ :,(1) Je dis ascension Le puisque foule fois L'air intérieur du tube eudiomé- quique : n’est pas, amené à la méme préssion ; ou moyennant le calcul ;oùten! éle- vani l’éau extérieure au mêine niveau dé intérieure ete. L’aseension-d’eau n’in- dique pas la ‘quantité absolue du gaz consumé. Mais comme toutes ces expériences wétoient qu’en pelit et dans des tiyaux de peu de pouces de haut , et qui d’ail- Teurs ne sont que comparalils , on voit que, Je defaut a cet ékard ne nuit PEA au résultat général. ! Tome LIV. PLUVIOS E an 10. j V 154 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE l’eau avant la combustion du phosphore, étant déja de parties 7, ce sera 7 — 5 l'oxygène consumé par les œufs — 2, l'acide car- bonique produit , :c'est-à-dire 7 + 26 gax azote phosphoré ; ré- sidu + 2 oxygène démontré par le phosphore = 35. Douzième expérience. 20, Petit tube à mercure. 1 Capacité totale de l'air après avoir déduit l’espace occupé DAT LES EE. + PP RE EEE ETS TRUE 1. fie Parties 70 2 Après la respiration par l’irmmersion immédiate dans l’eau DENAIN eee RE eee ere ce CMD REZ Reste cr #00 3 Passags ge dans l’ean de chaux avec abondante production de carbonate calcaire /Parties je, 2.2.u RS Reste:.... 45 4 Gaz oxygène résidu de cet air.................. p. Consommation!totale..,.".. 4.4.4... Fr RCE Er 5 C'est-à-dire que les œufs consumèrent en gazoxygène. p. 12 6 Combustion du phosphore... ... .....:........ p 7 Production d’acide carbonique....... ......... p. 13 8 Résidu d'azote phosphoré......................... 43 RCE el 79 Il faut convenir aussi que de pareils essais faits sur une quantité d’air contenu dans de petits tubes de 5 lignes de dia- wètre environ sur 9 pouces de long, devoient être sujets à beau- coup d'inconvéniens. Voici les principaux. 1°. Il pouvoit bien se faire que l'air restant en traversant l’eau de chaux, vint à en Pre une petite portion dans l’eau même, sans qu’il fût de acide carbonique , et produisit ainsi un décroissement notable, BT D'HISTOIRE NATURELLÉ. 156 la portion d’air totale étant si petite: 2°. La bien médiocre quan- tité d'air contenue dans d'aussi petits appareils, ne peut dis- soudre qu’une bien petite portion de l’eau transpirée par les œufs,*eticelle-ci étant saturée, les gufs ne pouvant plus trans- pirer, leur fonction de respiration doit probablement s’altérer etse vicier considerablement, tant à l'égard du gaz oxygène que les. œufs doivent absorber , que du gaz carbonique qui doit se produire. Pour obvier en partie à ces difficultés, j'entrepris l’essai ci après. Je pris un tube de 7 lignes de diamètre , long de 9 pouces et 3 lignes , gradué en 100 parties égales; jy introduisis des œufs que je tins suspendus par le moyen d’une petite gaze tendue sur un petit cercle de baleine. J'en plongeai le bout ouvert dans le mercure , et pour absorber l’eau qui s’y seroit produite de la transpiration , jy introduisis un petit morceau d’acétite de po- tasse bien sec, et que je n’enlevai qu’au moment mêine que je youlns mesurer la quantité d’air absorbée par la respiration , en la faisant traverser par le mercure sans aucune introduction d'air , et sans la moindre perte de celui de l'appareil. Une quantité égale de ce même air déja employé, c’est-à dire parties 95 donnèrent à la combustion parties 19 de gaz oxygène, c’est-à-dire l’eau monta à 19 , et l’eau de chaux nota partie 1: d’acide carbonique. Treizième expérience. 1 Capacité totalé du ‘tube. Parties. =..." 200.291 109 2 Une quantité d'œufs égale à celle qu'on avoit déja intro- dite chassoif portion dedu.. "0. NE ie) F or se QUE ab 3 Quantité d’air mise à l’épreuve: ..:..... Sel ERA D 4 Par la respiration des œufs le mercure a monté, et's’est ATHELE NA Ps loue e ec cités CL Ce DUO £ , j en chassai tous les œufs etc. J'en lavai l'air dans l’eau de chaux ; je la renou- vellai et la laissai digérer jusqu’à ce qu’elle ne donnât plus au- 5 je 1 P cun signe de moindre précipité ; je trouvai que la consommation LE re a ee oi Prés l'en) En Re 21 6 Cet air rendu à la combustion du phosphore, donna ‘de perie............:. us AL CEA RL OOEE = Perte-totale- Parties... 29 2 Gaz azote phosphoré restant. .... 7 > oo V 2 33 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE 7 C'est pourquoi 29 — 5 après avoir enlevé les œufs = 24.—+# consommation du phosphore = 23.1 acide carbonique déjà con- tenu ; il reste de consommation totale... ...... URSS 8 Mais puisque 95 de tel air contenoïent 19 de gaz oxygène, ét le phosphore n’en ayant donné qu’une ; il s'ensuit que les nt absorbent-parties. | .L 164 Jhemees bn s it "48 Ils ont donné en acide carbonique. Parties ..: ..::.. 4 Plüs ; la consommation du phosphore. .:.. :....... 1 Plus, acide carbonique contenu..... .......:.:14:... 1 Les'Œ@nfs éccüpoient ifartiés 20.4 ue Minas titi 005 1 j 29 Azote phosphoré restant (1).,:..4,.....:.:,....,..: 17 100 … Mais puisque 72 de gaz oxygène suffisent pour 100 parties d'acide carbonique, on aura 100 : 792 — 4 : 2 + o, 8, de manière que les œufs ont retenu et ont solidifié en eux du gaz oxygène, parties 1540, 12. | Quoiqu'il soit tout-à-fait probable que les œufs absorbent dans les époques successives, de leur consolidation , quantités diverses de gazoxygène , et qu’ils produisent de mème différentes quantités d’acide carbonique , il est pourtant évident par les essais ci- dessus d’analyse , que la quantité. d'acide carbonique produit , n’est pas proportionnée à la quantité de gaz oxygène absorbé ; il faut qu'une partie de ce dernier se solidifie dans la substance même du germe, et concoure de cette. façon ; directement au, ner phénomène du développement ; qui est la consoli- daMo A RAr EE LT DIT an dal Hat de | 4e alt : Voulant examiner comment ces œufs se Seroient comportés dans le gaz oxygène, j'entrepris les essais suivans : à ts aut DÉTSTI TES SL RUE Quatorzième expérience. STE O ERETRO É Ogn ÉTAT IT AS 21 ae nr et are ar 4 VUE) 1°. Je mis des œufs dans deux des tubes ordinaires, qui ne contenoient.que de l'air singe phraque : un fut plongé dans l'eau ED LC EULIE DE) © IC F ë PL AL 11 7 . de chaux; et l’autre dans le mercure. Pour être court et clair, ed heal DO Le et SOS =) S'il y avoit aussi du gaz hydrogène c LI S arboné dans ce résidu , je ne pus le vérifier. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 je dois dire que les œufs de ces tubes absorbèrent la quantité ordinaire d’air en 13 jours ; mais je dois aussi avertir, que, quaud je fis ces épreuves, les œuls étant prêts d’éclore , ïl en naquit deux dans l'appareil à l’eau de chaux dans les derniers jours , et aucun ne vint dans celui à mercure. 29. Je plaçai de même dans deux autres tubes, des, mêmes œufs et en même quantité, mettant ensuite en usage un petit appareil à mercure, je lesremplis de gaz,oxygène. Un de ceux-ci, nommé À, contenoit parties 75 — 4 occupée par les œufs, il reste 71 de gaz oxygène; je laissai, cet appareil dans le mercure, il s’y introduisit par malheur une goutte d’eau, laquelle cepen- dant ne fut pas inutile. L'autre appareil B de parties 91 — 4 occupées par les œufs = 87, fut plongé dans l’eau de chaux. Une fiole d’une certaine capacité C pleine du même gaz, par le moyen de l’eau, ( par défaut d’un appareil à mercure ), fut soumise à l'expérience. L FAUE J'introduisis adroitement dans cette dernière de la sciure de bois bien sèche , et ensuite les œufs pour qu'ils fussent à sec, je la bouchai autant que possible avec du liége. Une autre fiole D resta à l'air libre, avec la même quantité d’œufs de la fiole C, de façon que C et D contenoient parties égales d'œufs, À et B avoient une moitié de Cet D, la température de ces appareils décrits fut de + 12 jusqu'à MITA - J’eus les résultats suivans des deux. fioles vingt heures environ après. Les œnfs de la fiole C,( gaz oxygène), se mirent à éclore, -le: lendemain, il y en eut déja 15 de nés : j’en trouvai six dans la figle D. ouverte, deux jours après il y en eut la moitié qui naquit dans la.fiole C, et un tiers dans celie marquée D. Ainsi. en quatre jours tous. les œufs de la fiole C furent éclos , et ceux de la fiole D retardèrent de 7 jours avant que le plus grand nombre vint à naître. Je dirai de plus et sans prévention »-que les petites chenilles de la fiole à gaz oxygène, étoient beaucoup plus vivaces que,les autres, à leur sortie detl'œuf, mais qu'elles ne se colorèrent pas, comme il arriva à celle de la fiole À l'air libre. Seine .. Quant aux œufs des.tubes, 20 heures environ après, beau- £oup,étoient déja nes dans le tube, qui contenoit l’eaude chaux À et fort peu dans celui à mercure; de façon que dans deux joursil en naquit : de ceux qui étoient contenus dans le tube B À eau de 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chaux, et 5 seulement dans le tube A au mercure ; ce fut à ce point que les œufs finirent d’éclore dans les tubes. Il se passa pourtant ceci de singulier dans le tube A ; l'ascension du mer- cure n’y fut que de 8 parties environ ; mais la petite goutte d'eau, qui n’en occupoit qu'une partie, augmenta visiblement de la moitié , les parois du tube demeurant visiblement couvertes d’une vapeur aqueusc. Le petit tube B fut plus facile à observer, puisque l’ascension de l’eau y fut si rapide qu’on pouvoit s’en appercevoir d'heure en heure, car dans les premiers jours , l’eau mouta jusqu'a 8, 9 et 10 parties par jour, selon la diverse chaleur de la tempé- rature : enfin dix jours après , l’eau étant venue à contact avec les œufs , et son ascension devenant plus lente de jour en jour, parce que la plus grande partie des œufs étoit subwergée dans l’eau , elle s'arrêta à 81, il ne resta d’air résidu dans le tube que 6 parties non absorbables par les œufs. L'eau de chaux contenue dans le tube, donna dans les premières heures , quelques petites nuées de précipité ; les parois du tube se tapissèrent ensuite vers le fond d’une infinité de petits points , lesquels examinés à une bonne lentille, manifestèrent, à ma grande satisfaction , autant de beaux cristaux de carbo- nate calcaire en forme de rhombes bien distincts. L'eau de chaux du petit tube, comme celle de la petite fiole ; dans laquelle il étoit plongé, ayant été versée dans une autre eau de chaux , ne donna pas la moindre précipitation , d’où je peux conclure qu'elle ne contenoit pas de l’acide carbonique par excès. Je ne pus néanmoins découvrir s’il y avoit encore de l'eau de chaux en dissolution ; l'air restant n’en donna plus qu’une partie, qui fut combustible par le phosphore ; mais à ce sujet je dois avertir, qu’en remplissant les petits tubes: de mercure , il n’est guère possible d'en chasser tout l'air qui est contenu entre les œufs, c’est-à-dire l’air atmosphérique , et cela par les mêmes raisons ci-dessus. Quelque mérite que puissent avoir ces essais sur la respiration des œufs et sur-tout sur ceux de la phalène dispar, qui furent les sujets ordinaires de mes observations, j'espère au moins avoir donné lieu à diverses recherches curieuses sur les phé- nomènes qui peuvent s’opérer dans les œufs des amphibies, des gallinacées , lesquels, par leur rapport avec les animaux à sans chaud , ne peuvent que devenir utiles à la connoïissance du grand phénomène du développement du fœtus lui-même. 2 ET D'HISTOIRE NATUREL IE. 159 En suivant les traces que nousont marqué Lavoisier, Seguin, Delamétherie , etc., etc. , sur le phénomène de la respiration , eut-être qu'en opérant sur les œufs, on ne sera pas moins Re en recherches que le furent ceux-ci, qui explorèrent, sur l’embrion les phènomènes de la circulation ; c’est-à dire qu'on pourra déterminer avec precision les quantités respectives du gaz absorbé, celle des gaz et de l’eau , qui s’y produisent aux dépens de ce dernier ou de l'animal même, et la portion que s’en approprie le corps respirant , etc., etc. | RE A CNE CE NN DES PROPRIÉTÉS MINERALOGIQUES ET CHIMIQUES, Qui prouvent l'identité de la lépidolite avec le mica , précédé de quelques réflexions sur la spécification des substances minérales. Par le cit. Louis Corpter , ingénieur des mines. Les principes sur lesquels la spécification des substances mi- nérales doit être fondée , sont maintenant trop bien connus et trop bien sentis de tous les minéralogistes, pour qu’on doive hésiter d’en faire l'application, à mesure que les données deviennent suflisantes pour motiver quelque réforme que le défaut de recherches , l’aversion pour le changement, on la confiance dans les travanx des autres, auroïent retardé jusques alors. C’est principalement sur la classe des substances terreuses qu'il reste encore beaucoup à travailler ; car c’est celie dans laquelle les méprises ont pu s'établir le plus facilement et se corriger moins promptement. On n’en sera pas étonné si on con- sidère que la spécification en général a été longtemps fondée beaucoup moins souvent sur les propriétés essentielles des miné- raux, que sur le sentiment vague de l’ensemble de leurs carac- tères , sur la réunion d’apparences non caractéristiques ou même sur des motifs absolument étrangers à la science considérée en elle-même. L'analyse chimique auroit pu seule aider à réparer les erreurs ; mais les substances terreuses n’ont été que très-tard 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’objet de ses recherches exactes. La difficulté de séparer leurs principes composant , d'en déterminer la nature et les propor- tions a retarde longtemps ses progrès et l’a portée à s'occuper de préférencé des substances métalliques et des substances aci- difères, dont la composition beaucoup plas simple rendoit l'examen facile à faire comine à répéter. Aussi, la formation des espèces s’est-elle perfectionnée plus promptement dans ces deux classes que dans celle des substances terreuses. Il est à remar- quer que cette espèce de secours tiré de la chimie, pour la :spé- cification , est une des causes qui ont le plus retardé, depuis une certaine époque, Ta marche ‘philosophique ‘de la science. 1æe minéralogiste trop accoutumé à suppléer presqu’entièrement à son ignorance des caractères spécifiques, par les résultats de l'analyse chimique, ne s’est plus donné la peine de travailler à leur recherche et à leur étude. Tous les minéraux qui n’avoient point été analysés où qui/l’avoient été mal, :sontrestés dansila plus grande confusion , et leur spécification a été livrée au ca- price de chacun. Il est heureux que l'opinion, qui regar- doit l’analyse comme la seule et unique base de la formation des espèces minéralogiques , ait été enfin réduite à sa véritable va- leur par les excellens esprits qui viennent d’élever la minéra- logie au rang des sciences physiques les plus exactes. Les résultats de l'analyse sont maintenant comme réservés pour faire la preuve de la spécification, d’après les propriétes essentielles, et la science , au lien d’y pérdre ;'a' doublé en quelque sorte ses moyens d’exac- titude, puisqu'elle a acquis par là une méthode sûre de vérifier toutes’ ses opérations. La reconnoïssance des variétés qui appartiennent à l’espèce ; est toujours facile à faire , d’après des caractères essentiels, /lors- qu’elles sont en parties isolées , ét par cela même susceptibles d’un examen complet : elle présente un peu plus de difficulté , lorsque’ces variétés sont en masses composées cle parties séparées, puisque c’est dans ces parties qu’il faut chercher à retrouver celles des propriétés spécifiques qu'elles ont :dù conserver. Cette reconnoistance éxige encore une sagacité bien plus grande, lorsque les partiès séparées sont trop pêlites pour être soumises X l’observation, et que la masse , pour nous , passe à l'état com- pacte. Alors lesapparences quirésultent de cet état d’imperfection, remplacent prèsque tous lës caractères essentiels et pourroient en imposer, Si On ne pouvoit pas constater, par des suites , la dégradation successive de! ces caractères , à'raison de la dimi- nution du‘yoluine des parties séparées et de leur’ groupement en masses ET D'HISTOIRE NATURELLE, 16r masses homogènes. L’induction tirée de ceite dégradation suc- cessive , devient dans ce cas un caractère nouveau de la dernière importance , et dont il est d’autant plus utile de faire usage , que l’analyse chimique n’a encore presqu’aucun moyen de distinguer les principes étrangers à la véritable composition , que les miné- raux en masses Coutiennent souvent en grande quantité, Le minéral qui va être l’objet de l'examen suivant, se trouve natvrellement dans les circonstances les plus favorables pour la spécification, puisque les parties séparées sont encore faciles à observer , et qu'en même tems sa grande pureté le rend suscep- tible d’une analyse exacte. La substance minérale connue sous le nom de lépidolite , fut prise , on ne sait pourquoi, dans l’origine de sa découverte, d’abord pour un fluor en masse, ensuite pour une zéolithe. Elevée bientôt après, au rang des espèces, sous le nom de lilalite, elle attira l’attention de M. Klaproth, qui, à raison des principes dont il la trouva composée, crut qu’elle devoit effectivement former une espèce à part, et lui ota le nom qu’elle portoit pour lui donner celui quelle a conservé jusqu’à présent. Sa composi- tion étoit si différente de celle qu’on attribuoit alors au mica, qu’il n’est pas étonnant qu’on se soit habitué à la voir figurer auprès de lui, parmi les espèces, sans penser à comparer leurs caractères, et sans soupçonncer leur parfaite identité. La lépidolite se trouve communément en masse , de couleur violette , composée de parties séparées, grenues , à petits grains, qui, dans la cassure , offrent des lames d’un éclat demi-métal- lique très-vif. Dans les descriptions de ce minéral, on s’est tou- jours attaché aux apparences occasionnées par le groupement, au lieu de chercher les caractères essentiels qui résident dans chacune des parties séparées. C’est en isolant ces parties qu’on est parvenu à completter la connoïissance des caractères, pour établir la comparaison suivante. Les parties séparées des masses qui portent le nom de lépi- dolite, sont informes comme celles du mica, lorsque celui-ci se trouve ( rarement à la vérité } en masse grenue. Outre le blen violet très-clair , elles offrent comme ce minéral le rouge clair et le brun .gricâtre. Elles sont très-faciles à cas- ser , comme les. parties séparées du mica. Leur cassure est également très-lamelleuse dans un seul sens. Les lames qu’elles offrent sont également minces, également droites , également flexibles et élastiques , également diaphanes ou translucides, également éclatantes d’un éclat demi-métallique. Tome LIF, PLUVIOSE an 10, 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Leur dureté est absolument semblable ; elles sont également difficiles à pulvériser par la trituration ; la poussière résultante de la raclure est également douce au toucher. L'égalité des pesanteurs spécifiques n’est pas moins frappante. La pesanteur moyenne du mica est de..... 2,799 Celle de la lépidolite estde................ 2,516 L'un et l’autre communiquent à la cire d’Espagne, l’électri- cité vitrée. , Enfin la lépidolite fond facilement au chalumeau , se bour- souffle un peu , et donne un émail blanc translucide; et le mica se trouve quelquefois plus fusible encore ( les cristaux, par exemple , inclus dans les dolomies du Saint-Gothard) et donne un émail blanc ou gris également translucide, Un accord aussi parfait entre tous les caractères ne peut laisser aucun doute sur l'identité de ces deux substances minérales , et à la rigueur , il n’a pas même besoin de la sanction de l’analyse chimique pour être adnis. Examinons néanmoins les données qu’elle nous fournit en sa faveur , et nous verrons qu’elle le con- firme pleinement , par les résultats, pourvu toutefois qu’on fasse abstraction ( comme tous les chimistes estiment qu’on doit le faire), des petites variations ordinaires, dépendantes des moyens employés, de la pureté des masses, de l’époque où les épreuves ont été faites, et du but vers lequel elles ont été dirigees. La lépidolite contient d’après M. KlJaproth. DAIGE SANITAIRE PARA EEE RE Mr 50 Aluminel (CM Er a en AU etN Er 30,28 Oxide de fer et de manganèse. .... MSA; 78 2 Potasse A LP A SON. SE SR ELTE LEE PTT Le DORA EE CREER CCC 10 100. Le cit. Vauquelin a retiré du mica. Silice. . ..: Jet abris asie seed ti NO: Alumine. MES. CE tee SPAS à LUbesh) Chaux etmarnésie "4... Ces ON2,60 il Oxide de Tente ere DIS ONE IE Old 6 Aro Da 7 PETLe ae neis ele asile nie A ANAL: PRO 2 100. L’analogie de ces deux résultats est facile à saisir. La silice et l’alumine, qu’on peut regarder avec raison, comme les prin- ET D'HISTOTRE NATURELLE, 163 cipes essentiels, puisqu'ils forment dans l’une un peu plus, et dans l’autre un peu moins des neuf dixièmes de la masse totale, y existent absolument dans les mêmes propo tions. La magnésie et la chaux sont en trop petite quantité, pour que leur présence puisse être l’objet d’une discussion. Le mica contient à la vérité6,25 parties d'oxide de fer de plus que la lépidolite, maïs on sait très bien que les proportions de ce principe varient encore davantage dans une infinité d'espèces, et qu’on le regarde généralement comme un principe accidentel. Ensuite il est très-pen probable que le cit Vauquelin ait pu trouver du mica aussi pur que la lépidolite, qui, malyré sa contexture grenue, est translucide jusqu’à trois lignes d'épaisseur. Reste donc la potasse qui manque absolument dans le mica : mais si on considère que ce n’est que par une seconde analyse que M. Klaproth a reconnu l'existence de cet alkali dans la epi- dolite , qu’il avoit d’abord trouvé une perte presqu’égale à celle obtenue dans l'examen du mica, par le cit. Vauquelin, faite à une époque où on ne recherchoit pas encore ce nouveau principe dans les minéraux, on n’hésitera pas à croire qu’un nouvel examen le fera découvrir aussi dans cette dernière substance, et que sa proportion est'en quelque sorte fixée d'avance , d’après celle de la perte observée, S’il étoit besein d’un exemple pour achever dé prouver combien cette conjecture est fondée, on ourroit citer celui du feldspath , dont l'analyse avoit d’abord offert au cit. Vauquelin une perte considérable , qui s’est trouvée remplie depuis la découverte qu’il a faite de treize à quatorze parties de potasse pour cent dans ceite pierre. L On doit maintenant donner les raisons qui ont engagé à pré- férer , pour la comparaison qu'on vient d'établir, les analyses de la lépidolite par M. Klaproth, à celle publiée depuis peu par le cit. Vauquelin, quoique celle-ci soit probablement plus parfaite, puisqu'elle est la dernière. D’après cette analyse , la lépidolite contient : SURCC ER LOS RENE SE ME RTE TN DR re Te 54 Alumine Lt LE ME RER AE 20 Oxide de fer et de manganèse......... 3 4 Potassei eu À D SN NU DRE PAIE AR PA 15 (1) Pluatelcalcairess 4 REIN TAURERNERR 4 SOITELEREN 100. (2) La proporüon de la potasse s’est accrue ici aux dépens de celle de l’alumine De 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On n’a douté en aucune manière de l’exactitude de cette analyse ; mais on a considéré qu’il falloit que les termes de la comparaison qu’on établissoit, fussent semblables pour en rendre les conséquences exactes. Or, M. Klaproth s’est occupé de la lépidolite avant ou peu après la découverte de la potasse dans les minéraux ; le cit. Vauquelin a examiné la composition du mica à une époque où on n’y recherchoit pas cette substance alka- line ; les causes d’imperfection , en supposant qu’il en existe, sont donc les mêmes de part et d’autre , et quand bien même les résultats de leurs travaux ne pourroient pas satisfaire le chi- miste, il n’en est pas moins vrai que les conséquences tirées de leur comparaison, sont suffisantes au minéralogiste. 11 est même plus que probable qu’elles ne perdront rien de leur force, quand on aura porté l’analyse du mica au degré de perfection où est arrivée waintenant celle de la lépidolite. 1l résulte de cet exposé que l'analyse chimique confirme aussi exactement que cela est possible dans l’état actuel de ses connois- sances , l’examen des caractères minéralogiques qui prouvent que le mica et la lépidolite ne sont qu’une seule et même espèce. En ayant égard à l’ancienneté de la dénomination, cette dernière sub- stance ne doit plus être qu’une varieté de la première. Dans la méthode du cit. Haüi , elle pourra être désignée à l’avenir sous le nom de mica granuleux , dans celle de M. Werner , elle pourra former ure sous-espèce , sous le titre de mica grenu (koærnicher mica ). obtenue dans lanalyse de M. Kliproth. Ces deux substances n’auroient-elles pas quelque rapport de composition, soit entr’elles , soit avec la silice qui les accom- pagne presque toujours ? RON AD HIS TION RES NAT TER FL LE. 165 NOTE SUR LA NOUVELLE PLANETE PIAZZI. M. de Zach, à Gotha, est le premier qui l’ait retrouvée, le 8 décembre au matin , il n’en fut cependant assuré que le 3x du même mois, parce qu’il avoit observé quatre petites étoiles, et qu’il ne pouvoit pas discerner laquelle étoit la planette. Dès qu'il en fut certain , il écrivit à Lalande, lui envoya les posi- tions, celui-ci les communiqua le 5 pluviôse à tous les astro- nomes de Paris. Le citoyen Méchain avoit déja observé 3 ou 4 cents petites étoiles dans l’endroit où l’on attendoit cette petite planette ; mais elle est si difficile à voir, qu’il ignoroit encore si elle se trou- veroit dans le nombre ; enfin il l’a reconnue le 4 pluviôse, à 1380. 16 /. d’ascension droite et 11°, 52 /. de déclinaison. Le cit. Delambre l’a trouvée le lendemain. Les citoyens le Français et Burkhardt l’ont observée le 6 ; les uns la comparent à une étoile de 8e. grandeur , les autres à une étoile de 9e, , cela prouve qu’elle n’a pas deux secondes de diamètre apparent. Aïnsi elle n’a pas 600 lieues de diamètre réel : elle est cinq fois plus petite que la terre, et c’est pour cela qu’on a été si longtemps à la con- noitre. NO NPENTE SUR IP MANNMA ENS 'EUIDIE IL’ O1S ANI TE, Vauquelin a lu à la séance de l’Institut, le 21 pluviôse, un précis des travaux qu’il a commencés sur l’analyse de l’oisanite, Il y a reconnu une substance métallique qui lui paroît avoir beaucoup d’analogie avec le columbium. OBSERVATIONS METÉOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. THERMOMETRE. Maximum. Minimum. la û MINIMUM. à midi. à 10/8. à midi. &'à nudi. sl midi. 6àa2rs. 7à2%s. Sais. g'à 8 m. 10\à midi. nlà15s. 12{à midi. à midi. À Q 35: 5là nudi. . 27.10,75|à 8° m. . . 27. 27.11,17/{à 105.... 27. 8,95/4 midi. .. 27. 7,93|à 85... M 5\56|218m 1x; ..6,75l8 28 79,29122%8.... . B42lèà 8ls.. | 4,83{1 midi. . . . g,0ofa 8 m. ,,. . 0,78[à 8 m... 110,4218 918..1.7: 0,752 67m... 7.ri,42là 945... . 8,67[à 8 m... . 9,08[89 35... à midi: 27. 8,J2[à 10 5s.. - à nuidi... 27. 6,75[a 8 m. ... MB 270 OS a8%m... 27. 5,70/4 #5. .... à 11 5.2. 27. 6,17{à 7 5 m... RONAMENS + PHOÏà 7; ur. . 7 a 10 5.... 75 TE NTRE SN 0 ADS... 27.10,93|2 8 m.... bo a gs. à gHis|.! 028. #,79/48 me. 7,6 à 7 à m. à 7$m... 28. 553 105.... 1,4 à 8 m. ) ,4|a 8 m... UNE 2,5 à 7 à m. à midi. . à midi. 2,5 à 72m. à7im.. àmidi + 5,4a7im. | 5,4 | à 2 3, . …. 28: 0,50 1755... i mano uw] P D . Do à a ! -@- D- D- p. b- B- D-f@-@- p- D-p- D- D- a 2 3) - a el El - nano o Dr + o = ER HE EE = © DL RO PANNE SNNENNERREET EEE mbOIJGmE+BmXMmE D um & a GRR r = 8 PERS EEE JOHMDELE I 0 Ù eg” 20 bla & we ol=ui à sit Le WI à minuit. 3,4|à7 im. à Ô m. {a 85 m. là 83 m. a6s. à,8%5. 1,2 à 6 m. | 23là midi. la midi. 5'à 8 m. i\a,midi. à midi. EEE AE ei PES LETTRE TETE RÉ C'A PAT U L'AUNTIIO Plus grande élévation du mercure, . + 25. 5,33 le 26. Moindre élévation du mercure. . . . 27. 3,25 Île g. Élévation moyenne - 10,29. Plus grand degré de chaleur + 8,1 le 5. Moindre degré de chaleur —12,4 le 26. Chaleur moyenne. . .,. + 2,2 Nombre de jours beaux avec nuages 2] lectiné à c NAS 2 1‘ J: Le . L’instrument destiné à mesurer la quantité d’eau de pluie, ayant été dérangé depuis quelque \ temps, on n’a pas cru devoir insérer dans ce ainsi e dans le de À 1 PEAONAPEUR er dans ce tableau, ainsi que dans le précédent , l’eau quel {| l’on a recueillie dans ces deux derniers mois. A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Pluviôse, an x. © | Hye. POINTSÉ, VARIATIONS a VENTSs. = A Mur. LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈRE. 1] 81,0 | Calme. Temps pluvieux et brouillard une partie de la journée. z| 8o,o |S. Apogée. Couvert et pluie par intervalle. 3! 83,0 | O. fort. Idem. &| 62,0 |S. Couvert toute la journée. 5 72,5 S. fort. Couvert par intervalles, 6| 76,0 |S. Equin.descend.! Pluie abond. par intervalles; beau dans la soirée. 770 ESS OP IQ Ciel couvert. 8| &4,o | S-0. Pile abondante le matin et le soir. QU'U7LANILN: Plue av. le jour ; neige fine une partie de la Journée. |È 10| 69,0 | N. Quelques éclaireis par int. ; brouil. une partie du jour. |} 11| 64,0 | N. Couvert par int. ; quelques flocous de neige vers midi. | 12 | 64,5 .1L1S: Ciel nuageux et trouble. 15| 56,0 | E.fort. Même temps. 14| 62,0 | N. fort. Nouv. Lune. Neige fine toute la journée. XS1IM 77,0 MO: EE Neige dans la matinée; ciel légèrem, couv. dansle jour. 16| 61,5 | S-E. Cieltrouble et nuageux. 17 | 63,0 | Calme. Ciel légèrement couvert ; brouillard épais. 18 | 72,0 | N-E. Même temps. 19 | 76,0 | N-0. Equin. ascend. Ÿ Couvert: brouillard épais ; éclaircis le soir. 20 | 77,0 | S-O. Ciel couvert. 21 | 69,0 |'N: Couvert avant midi, et nuageux le soir. 22| 7o,o | O. Prem. Quart. L Neise avant le jour, trouble et nuageux l’aprèsmidi. 25 | 76,0 |$S. Ciel couvert; neige fine une partie du jour. 24| 68,0 | N-O. Couv. ; quelques flocons de neige vers midi; nuag. le s. | 25 | 58,0 | N. Couvent avant midi , et nuageux le soir. 26 555 N-E. Ciel nuag. vers midi brouillard épais dans la matinée. | 27 | 67,0 | Calme. Neige par intervalles, 20 | 76,0 | N-0. Plèine Lure! Ciel trouble et nuageux; brouillard le matin, 29 | 79,5 | S O. Apogée. Couvert ; pluie abondante le soir ; dégel. 30 | 62,0 | O.fort. Couvert par intervalles. R ÉLC'A PT TDIU/L ALT TON: de couverts , - . . 22 de pluie. tete dentveut.#1ei. Pets d1 2 de gelée tri u-te4 00 de tonnerre....... de brouillard. . . de neige: 1.0..." Jours dont le vent a soufllé du Hp ao NY Oo 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mc mme emo mme EXT IRIAT TD UNENME DIT RE De M. CnsrNevix au professeur Prcrer, Sur quelques découvertes récentes en chimie , et principale- ment sur le columbium , tiré de la Bibliothèque britannique. Je viens de terminer vingt-deux analyses de corundum ( spath adamantin, ou corindon) avec leurs sangues , etc., pour M. de Bournon , sur lesquelles nous allons donner un mémoire cou- jointement , comme nous l'avons fait pour les arséniates. Mais ce qui vous intéressera plus que tout cela, est un mémoire de notre ami flatchett sur un nouveau métal, Iu à la dernière séance de la Societé royale. Vous savez qu'il est occupé depuis longtemps avec le docteur Grey à mettre en ordre la collection de minéraux du musée britannique. Ils ont trouvé dans la col-. lection de feu sir flans Sloane un échantillon qu'ils ont pris d'abord ponr du chromate de fer. Pour s’en assurer, M. Hat- chett en a tenté l’analyse, et y a reconnu un nouveau métal dont voici quelques caractères. Il est acidifiable par l'acide ni- trique , et son acide est presque insoluble à l’eau ; il rougit néanmoins les couleurs bleues végétales, chasse l'acide carbo- nique des alkalis, et forme avec eux des sels cristallisables. Il en est précipité par des acides plus puissans que lui, et alors il ne se dissout plus dans ces acides. La couleur de son acide est blanche, Précipité par l'acide gallique , il donne une couleur orangée superbe ; par le prussiate , du vert d'olive; enfin , il se comporte avec tous les réactifs de manière à ne pas laisser de doute qu'il ne soit un métal différent de tous les autres. J'ai été té- moin , ainsi que M. Howard, de l'examen qui a été fait de ses propriétés , et c'est dans mon laboratoire que ces messieurs se sont rassemblés pour tâcher d’en opérer la réduction. Nous avons mis une portion de l'acide dans un creuset brasqué , dans le fourneau de Black , et au bout d’une heure et demie d’action, on l'a retiré du feu. Il ya eu, je crois, un commencement de retour à l’état métallique, car la matière, de blanche qu'elle étoit , est devenue noire. Nous n’avons pas pu nous assurer du poids après l'opération à cause des mélanges avec le charbon etc. Ensuite nous avons procédé de la même manière que je l'ai fait avec le titane, c’est-à dire, en le précipitant par l’acide phosphorique , ET D'HISTOIRÆ NATURELLE, 169 phosphorique, et tâchant de le réduire à l’état de phosphure. Nous l’avons mis avec des coaks presqu’aussi bons que ceux d'Edimbourg , dans ma forge, où je puis fondre en 20 minutes, des creusets de Hesse de façon à ne pas en retrouver la trace. Avec cette chaleur nous n’avons pu obtenir de phosphure. Il est vrai que nous n'avons peut-être pas donné tout le feu possible , car il faut aller par degrés ; mais demain on se rassemble pour le pousser à outrance; et si, avant le départ de la poste, nous pouvons-crier eupnxx , vous le saurez dans cette lettre. Le mémoire de Hatchett est très-intéressant , et il décrit son métal _n maître. Il lui a donné le nom de co/umbium en latin et en anglais; on l’appelleroit le Colomb en français. C’est parce que l'échantillon qui le lui a fourni venoït d'Amérique. Il n’en a pris que 200 grains pour son analyse, parce qu’il vouloit en laisser suffisamment dans le cabinet du Musée. J'ai pris la liberté de vous citer comme témoin du nickel non attirable à l’aimant, dans un petit mémoire que j'ai donné à ce sujet à Nicholson (1) Je vais faire un travail sur ce métal. Je ne manque jamais de l’obterir non attirable, et j'en ai ac- tuellement au moins deux onces à ce degré de pureté. J'ai ob- tenu aussi du cobalt non attirable ; et j’en ai actuellement plus de 600 grains avec cette qualité: je les destine aussi à un tra- vail sur ce demi-métal. Howard travaille sur les pierres célestes (2). M. Pepys a imagi- né un joli eudiomètre. Il emploie le muriate de fer imprégné de gaz nitreux , qu'il met dans un flacon de résine élastique , au- quel il adapte un petit tube de verre taraudé à l'extrémité , et qui entre dans une fiole graduée. On remplit celle-ci de l'air à essayer; et en comprimant le flacon de caoutchouc, on chasse avec violence, à plusieurs reprises, la liqueur dans la fiole, L’absorption de l'oxygène se fait tout de suite , eten debouchant le tout dans un petit verre, on a le résultat. Une bouteille de muriate de fer préparé à l'avance est tout le nécessaire ; et l’ap- pareil est encore moins volumineux que celui de Humboldt. P. 8. Nous venons de terminer notre opération de forge. Les creusets de Hesse se sont fondus , et nous n’avons rien trouvé de métallique. (1) Je tiens de la complaisance de mon excellent ami , l’auteur de cette lettre, un bouton de ce demi-métal, qu’il n’avoit donné à Londres , et auquel aiguille ainantée est absolument insensible. Je suis très-disposé à le montrer aux per- sonnes à qui à1l pourroit rester des doutes sur gelte parfaite pétrification. (2) Pierres tombées du ciel. Tome LIF. PLUVIOSE an 10. de 179 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RE TER OR EAU RER ERP E TT PR LR ET ET) EX DR A A EP DE ONE ME TEARSE De M. Prarr, de Kiel, sur un nouvel acide. Il se trouve dans le 4o"° cahier du Journal de chimie de M. Schérer une analyse d’un bois bitumineux de Glaucon sur l’île d’Arau, fait par R. Jameson à Freyberg. L’anteur prétend y avoir découvert un acide particulier qui ne se cristallise pas, et qui par l'évaporation se presente sous forme d’écailles très- minces , d’un goût aciduleux. Sa combinaison avec la chaux est difficile à dissoudre. Il décompose le nitrate et l’acétate de plomb ; il produit une précipitation brune dans le sulfate de cuivre. Cette précipitation est d'un brun plus foncé dausle sulfate de fer. La solution avec le nitrate de euiyre prend une belle cou- leur verte sans produire une précipitation. 1l décompose aussi le nitrate et le muriate de baryte. Cet acide mêlé avec une solution de l’indigo dans l’acide sulfureux, produit une beile couleur verte. Il ressemble le plus à l'acide carboniqne , et lorsqu'on le verse sur le charbon , il se forme une matière brune , aère, coulante, qu'on peut dissoudre dans de l’eau , l'esprit de vin, et dans les solutions alkalines. Cette solution donne alors une odeur très-pé- nétrante et aromatique. Lorsqu'on emploie l’acide nitrique dans une dose très. forte , il charge une grande partie du charbon dans un acide tout à-fait semblable à l'acide maturel, qui est propre au bois bitumineux. L'auteur croit que cet acide n’est composé que de carbone et d’oxygène. p“ L ré NOUVELLES LITTERAIRES. Médecine légale et Police médicale , de P. A. O. Mauow, professeur de médecine légale et de l’histoire de la inédecine à l'Ecole de médecine de Paris, médecin en chef de l'hospice des vénériens de Paris ; membre de la société ‘de l'Ecole de méde- cine , de la société médicale d’émulation ; et auparavant , doc- teur de la faculté de Paris , membre de Ja societe royale de mé- decine , etc. etc. Avec quelques notes du cit. Fautrel, ancien officier de santé des armées. Trois volumes in-8°. de 1550 pages. Prix, 12 francs brochés, et 16 francs par la poste, franc de port, ET D'HESTOIRESNATUMRELLE. 174 A Paris, chez F. Buisson, imprimeur-libraire, rue Haute- feuille, n°, 20 ; et à Rouen, chez J. B. M. Robert, imprimeur- libraire , derrière les Murs Saint-Ouen, n°. 4. La médecine légale, dit l’auteur , est l'application de la méde- cine à la loi ou aux lois; ou en d’autres termes , la science de faire servir les lumières de la médecine à la confection , ou à l’application des lois qui gouvernent les hommes. Cette science demande de très-grandes connoissances en médecine. La con- noïssance de l'anatomie n’est donc pas la seule nécessaire au médecin légiste, comme on l’a cru longtemps : il n’est au con- traire aucune des nombreuses parties de l’art de guérir qui ne puisse contribuer à motiver et à étayerles décisions médicc-légales, Les médecins légistes les plus recommandables ne bornent pas la médecine légale à l’éclaircissement et à la décision de certaines questions qui s’agitent dans les tribunaux. Ils en ontsinguliè- rement étendu les limites en y faisant entrer tout ce qui peut contribuer à assurer la santé publique. Les fonctions qu’exer- cent les ministres de l’art de guérir dans ces circonstances d’un intérêt général, constituent ce qu’on appelle po/ice médicale. Elle embrasse dans son objet la société toute entière, soit en prévenant et en éloignant les causes malfaisantes qui menacent la sanré publique , soit en les combattant avec les grands moyens que p°ut employer la science soutenue de l'autorité, si le mal a t'o:ipé toute la prévoyance humaïne par la subtilité de son invasion , ou par la rapidité de sa marche. Ces paroles de l’auteur font connoître toute l’étendue de son plan. Ses corno'ssances, sa probité sont un sûr garant qu'il l’a rempli par Le cit. Milon. 128 Supplément à l'analyse de l’olivenerz, par Karsten. II Lettre de Baillet au cit. Coupé. 132 Histoire générale et particulière , par Leclerc de Buffon. Id. Histoire naturelle des poissons , par le cit. Lacépèd. 137 Ælantes grasses par Redouté , décrites par Decandolle. 158 Observations et expériences sur la vitalité et la vie des germes ; par Victor Michelottr, 140 Examen des propriétés minéralogiques , qui prouvent l’iden- tité de la bsdolise avec le mica , par 1. Cordier. 161 Note sur la nouvelle planète Piazzi. 165 Note sur l’ana/yse de l’oisanite. Id. Observations météorologiques. 166 Extrait d’une lettre de M. Chenevix à M. Pictet. 168 Fxtrait d’une lettre de M. Pfaff sur un nouvel acide. 170 Nouvelles littéraires, id. Journal de Physique . 1œure TOC solés Je To! Journal de Physique > Ÿ NN der à Pluviove ar 10. Z Hauyars del a... JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PNEENNTNONSNEN AN 10: SECGO:N°D ME MO IR E SUR LA LENTICULAIRE NUMISMALE ET LA BÉLEMNITÉ; Par G. À. DeEzuc. Dans mon premier mémoire sur la lenticulaire - numismale, (inséré dans le tome 48 de ce Journal, page 216) je donnai la description intérieure de ce fossile, d’après laquelle il est évident qu’il n’est ni un wadrépore, ni un opercule , ni un vermiculite, et que n’ayant-aucun orifice qui ait pu servir de loge à un animal ni à des insectes, il n’a pu être que l’os d’un poisson mou , tel que la sèche ou les mollusques. Lorsque je donnai cette description, je ne possédois pas toutes les sections de ce fossile, d’après lesquelles je pouvois la dé- montrer avec évidence ; quelques-unes de ces sections ne pou- vant avoir lieu que par des fractures accidentelles, et par cette espèce d'anatomie produite par l’action de l'air, lorsque ces fractures y restent longtemps exposées. Il falloit chercher à me procurer des groupes d’aggrégations de ce fossile qui se trouvent isolés sur les champs ou dans les ravins. Je me suis adressé pour cela à des naturalistes de Fe , qui Tome LIY. VENTOSE an 10. jé JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ont eu la bonté d'en faire faire la recherche , et de m'envoyer quelques groupes de numismales, où se sont trouvées fort heu- teusement Jes sections dont j'avois besoin. Il me restoit à trouver un peintre qui joignit au talent et à l’exactitude , la connoïssance des objets d'histoire naturelle qui demandent , pour les peindre, beaucoup de précision. J'ai eu le bonheur de trouver ce peintre en Mademoiselle Jurine, dont j'avois admiré plus d’une fois le talent, quand M. Jurine son père, communiquoit à notre société de physique et d'histoire naturelle quelque mémoiré d’insectologie, accompagné de dessins. Cette Demoiselle a eu la bonié de me faire les dessins dont j'avois besoin , en l’accompagnant de cette complaisance prévenante qui ajoute infiniment au prix du service qu’on reçoit. Je me présente donc avec toutes les sections et les dessins nécessaires pour montrer la construction et l’organisation de la lenticulaire-numismale , et je renvoye à l'explication des figures les détails de cette organisation. Lorsque ce fossile est partagé horisontalement par son centre, et c’est la section la plus commune , parce qu’elle se fait avec facilité , elle montre une spirale creusée en goutière et partagée par une multitude de cloisons. Cette apparence avoit fait croire que cette spirale étoit un canal ou syphon isolé qui tournoit sur lui-même , comme la corne d’ammon, et quelques tuyaux de vers, et c'est cette apparence qui a trompé M. de Saussure, quand il a considéré ce fossile coinme un vermiculite, n’ayant fait attention À aucune des autres parties de son organisation. La numismale est composée de couches qui s’enveloppent en tournant sur elles mêmes , et s’aggrandissent à chaque révolu- tion. Ces couches s'accumulent les unes sur les autres au centre du disque, et s’écartent vers les bords, d’où résulte la forme lenticulaire. Elles ne se touchent pas immédiatement, laissant entre elles un léger vide occupé par une multitude de filets qui partent du c’ntre et s'étendent vers la circonférence , comme Îles rayons d’une roue, maïs formant des lignes très-irrégulières. Une partie de ces filets arrivés sur le bord de la circonférence, prennent une courbure régulière et dans le même sens , d’où résultent les cloisons qui divisent la spirale. La section trensversale passant parle centre , montre la tranche des couches , où l’on voit leurs progrès et leur arrangement, et elle montre aussi la coupe des filets sur la ligne qui sépare les souches. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 173 On ne peut pas y suivre sur une ligne non interrompue lasuc- cession des révolutions, parce qu'il arrive quelquetois qu'une couche s’incorpore à la couche suivante, d’où résulte une irré- gularité qui ñe s’apperçoit pas sur la spirale horisontale , mais qui empêche de snivre, sans quelqu’interruption , la ligne circulaire des couches sur la section transversale. Cette irrégularité a lieu quelquefois sur la spirale même dans la grande espèce plane du Véronais, et dans la même espèce qui se trouve au Bengale, La spirale se divise en deux branches qui donnent naissance à deux spirales distinctes. Plusieurs numismales ont la forme globulaire, ce qui arrive lorsque les couches s’écartent un peu sur les bords. Quelques- unes ont une forme irrégulière qui est sans doute un accident. La surface des jeunes numismales est le plus souvent couverte de petits grains qui cessent de paroître dans les dernières couches; elles sont alors lisses, mais cette grainelure existe intérieurement ; car lorsqu'une numismale est devenue en partie siliceuse, et qu’on la plonge dans l’eau seconde, cés grains qui , de même que les filets, s’imprègnent plus facilement de la substance sili- ceuse , se montrent en relief. On ne peut plus douter que ce fossile n’ait été l’os d’un poisson mou ou gélatineux; et en cherchant si quelqu’animal marin ac- tuel avoit un os qui pût représenter la numismale, j'ai trouvé la sèbke , qui renferme un os dont l'organisation est tout aussi compliquée et régulière, L'intérieur de cet os, dont la forme extérieure est bien connue, est composé de lames qui traversent obliquement d’une surface à l’autre , occupant toute la largeur de los. L’intervalle de ces lames est rempli par une multitude de filets qui leur sont perpen- diculaires, et ces filets, quoique très-déliés, sont coupés eux- mêmes par d’autres filets si petits qu’ils échappent à la loupe, si l’on n’est pas favorisé d’un beau jour. La surface supérieure de cet os , qui forme le dos de la sèche, est une lame très - dure demi-transparente , grainelée à sa sur- face, comme la numismale. Cette organisation est représentée dans les dessins de trois fragmens de cet os, dont l’un est fort grossi à la loupe. Ainsi la grainelure de la lame dure de la sèche , ses lames in- térieures et ses filets, répondent à la grainelure , aux couches et aux filets de la numismale. C'est un fait géologogique bien remarquable , que l’abondance, la généralité , et les degrés d'antiquité de ce fossile. “ ; 2 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On le trouve dans quelques provinces septentrionales de France; quelquefois mêlé à nombre de coquilles fossiles , et le plus souvent seul et en multitudes. On le trouve dans la haute chaîne calcaire des Alpes, dans le Véronais, en Dalmatie, dans les rochers de la Basse-Esypte , dans les montagnes calcaires de Lahour, sur la frontière septentrionale du Bengale. Celles de Picardie proviennent d’un des derniers dépôts de l’ancienne mer. Celles des Alpes, plus anciennes, se trouvent dans une haute montagne calcaire , appelée Sex - d’Argentine , située au-dessus de Bex, dans le mandement d’Aigle, Et l’on trouve quelquefois parmi le gravier de notre lac, des galets com- posés d’une brêche calcaire noirâtre , traversée de veine de spath blanc, qui est remplie de petites numismales de 2 à 5 lignes de diamètre , de la même espèce que l’espèce commune de Picardie. La couche d’où ces galets proviennent est inconnue. J'ai un fragment de la pierre d'Egypte que je dois à la com- plaisance d’un naturaliste de Paris. Ces numismales sont de la même espèce que celles de Picardie , et la pâte qui les lie les unes aux autres se ressemble si fort, qu'on croiroit qu’elles appar- tiennent à la même couche; les numismales d'Egypte ont quel- ques individus plus grands, c’est la seule différence. Celles des montagnes de Lahour, envoyées par mon neveu, qui est depuis plusieurs années au Bengale , sont de deux espèces semblables à celles du Véronais ; l’une , grande et très-applatie, ayant sa spirale fort large ; l’autre, en forme lenticulaire, a sa spirale plus étroite. Celle-ci fait de 20 à 25 révolutions sur un dia- mètre de 8 lignes, et la grande espèce n’en fait que 11 à 12 sur un diamètre Es 13 lignes. Il y a d’autres espèces plus petites dont les filets sont réguliers ; on en trouve dans les couches calcaires des environs de Nismes, mêlées à d’autres fossiles, et l’on en trouve aussi en Picardie. M. Albert Fortis nous fait espérer la description de plusieurs autres espèces. La grandenumismale plane n’est pas mêlée à celles de Picardie, ni, à ce qu'il paroît, à celles d'Egypte. Il en est ainsi de ce fossile comme de la corne d’ammon, qu'on ne trouve point dans les der- niers dépôts de l’ancienne mer. Et quoique l’espèce de forme len- ticulaire existe dans des dépôts récens, l’original est inconnu dans les mers actuelles. La bélemaite a été aussi très-vraisemblablement l’os d’un pois- son mou. Elle n’est point une coquiile, et n’a rien de commun avec l’orthocératite, comme quelques naturalistes le pensent ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 c’est un fossile très-différent , qui ne peut être comparé qu’à lui- même. J’en ai donné une description Vétaillée , avec plusiéurs ob- servations qui lui sont relatives, qui ont paru dans le cahier de ce Journal de foréal dernier , page 360 à 366 , auxquelles je renvoye. Je répéterai cependant ici, que l’orthocératite est une coquille du genre des cornes d’ammon. La seule différence qu’il y ait entr’elles consiste dans la forme , dont l’une est droite, et l’autre en spirale ; car d’ailleurs elles ont la même organisation et les mêmes caractères dans la forme de leurs cloisons; les unes sont en simples segmens de sphère, les autres sont ondulées, se ter- minant en feuillages contre l’intérieur de la coquille. Elles varient de même à l’extérieur , comme la corne d’ammon, les unes étant lisses, les autres à côtes circulaires et à tubercules, ce qui s’op- pose absolument à l’idée qu'elles puissent être une alvéole de bélemnite. Le Zituus ou lituite, dont le sommet est en spirale, qui fait quelquefois plus de deux révolutions, isolées les unes des autres, tient le milieu entre l’orthocératite et la corne d’ammon , et sert de lien à ces deux fossiles Aucun naturaliste attentif ne croira qu’il soit une alvéole de bélemnite, car autant vaudroit dire , à bien peu de chose près , que la corne d’ammon est aussi une de ces alvéoles, Mon neveu joignit aux numismales le fragment d’une pierre cal- caire qui renferme plusieurs individus d’un petit fossile très- remarquable. Sa longueur est d’environ deux lignes, et sa forme est ovale, ayant la surface sillonnée dans le sens de sa lon- gueur par huit côtes semblables à celles du melon, qui sont sil- lonnées elles-mêmes circulairement par de petites cannelures percées. Sa section longitudinale montre la coupe de cescannelures rangées en lignes ovales concentriques ponctuées, formées par une succession de couches comme celles des dragées ; les points sont la tranche du vide des petites cannelures circulaires. Ce fossile me frappa, il me parut ne m'être pas inconnu, sans pouvoir me rappeler où j'en avois vu de pareils. 1 y a près d’un an que M. Fortis eut la bonté de m’envoyer quelques fossiles particuliers de Grignon , remplis des débris qui composent les couches où ils sont renfermés. En observant ces débris , je fus agréablement surpris d’y trouver de petits fossiles semblables à celui du Bengale, et cette découverte m’ayant engagé à examiner les débris contenus dans les coquilles que j'avois précédemment de Grignon, j'ai trouvé plusieurs de ces 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fossiles dont quelques-uns sont colorés en vert et en couleur de brique. Lorsqu'il est dans son entier; il a une pellicule unie qui couvre toutes les côtes, Ce petit fossile varie un peu dans sa forme qui est plus ou moins renflée dans le milieu. L’individu de Gri- gnon qui a servi pour le dessin est un des plus allongés; sa meil- leure conservation en a déterminé le choix. Un dessin de celui du Bengale le précède dans la planche. Que peut être ce fossile qui se trouve dans deux contrées dis- tantes l’une de l’autre de presque la demi-circonférence du globe? - Très-vraisemblablement il étoit aussi dans le corps d’un animal marin bien petit sans doute. Il peut être désigné : Petit fossile ovoïde à côtes de melon. La pierre calcaire du Bengale qui le renferme contient de petits fragmens-de millepores, et un autre petit fossile, qui se trouve aussi à Grignon, semblable à la prétendue petite corne d’ammon qui vient des bords de l’Adriatique près Rimini. Explication des figures. I. Représente la lenticulaire - numismale, un peu plus grande que nature , couverte à sa surface de ses graïnelures , et sur ses bords de petites courbes qui correspondent aux cloisons de la spirale. IT. Est la section horisontale de la numismele, qui, la par- . tageant par son milieu , montre la spirale et ses cloisons. Il]. Section transversale de ce fossile passant par le centre. On y voit la disposition des couches d’où résulte sa forme lenticu- laire, et comment Ja spirale qu’on avoit prise pour un canal isolé, provient de l'allongement des couches sur les bords du disque. On y voit aussi la branche des filets qui séparent les couches. IV. Est Ja même section transversale passant par le centre de la numismale de forme globulaire. Celle-ci avoit ses côtés un peu applatis. On y découvre que cette forme est due à ce que les couches sont peu allongées vers les bords du disque. V. Présente la surface d’une numismale qui, ayant été usée en partie, laisse voir le pli que les couches forment succes- sivement sur les bords du disque à chaque révolution, d'où nait la spirale creusée en goutière. VI. Est une section fort intéressante. Elle montre à découvert la face concave des couches , qui indique comment elles se cou- vrent les unes les autres; on y voit aussi les filets irréguliers E TD’ H£&S TO IR E ,N AYTIU RÆEMAL'E, 176 qui les séparent, dont une partie, en aboutissant à la circon- férence, prennent une même courbure qui forment les cloisons de la spirale. VIL. Est encore une section fort intéressante , parce qu’elle met à découvert la manière dont les couches s’enveloppentsuc- cessivement ‘en tournant sur elles-mêmes depuis le centre du disque. On voit aussi sur cette surface convexe les filets qui sé- parent les couches. VIII. Numismale des montagnes calcaires de Lahour au Ben- gale. La pierre qui renferme ces numismales a été trouvée sur le bord d’un four à chaux, d’où est résulté que la substance spathique, sans doute un peu bitumineuse, qui remplit la spirale s’est noircie , et la matière de ia numismale a blanchi, ce qui donne à ce fossile un air de petit deuil très singulier, que la gravure peut exprimer. IX. Présente la coupe transversale de deux de ces numismales renfermées dans la pierre , elles sont très-applaties comme la grande espèce du Véronais. [’une et l’autre ont leur couches si minces et si serrées qu’elles sont à peine perceptiblessur la sec- tion transversale. X. Est la section transversale de la numismale des montagnes de Lahour de forme lenticulaire. La substance spathique qui sé- pare les couches ayant de même noirci, elles en sont plus dis- tinctes par cette alternative de lignes blanches et nosres, et la tranche des filets qui sont blancs paroît d'autant mieux sur M ligne noire des intervalles. XI. Cette figure représente la section longitudinale, fort srossie à la loupe, du petit fossile contenu dans une pierre calcaire du Bengale. Les points sont la tranche du vide des petites canne- lures circulaires. XII. Est ce même fossile vu à l'extérieur environné dela pierre. Celui-ci ayant sur un bord une partie de ses couches rompues, on voit leur section sur ce bord. La partie de la surface qui est con- servée montre ses côtes et leurs cannelures circulaires. XIII. Section longitudinale du petit fossile de Grignon, sem- blable à celle du petit fossile indien , grossi au même point. Cet individu est plus allongé, mais ce n’est là qu'une variété, on en trouve d’aussi renflés que celui du Benosale. XIV. Est le même individu vu à l’extérieur. On voit par ce dessin que c’est bien le même fossile, mêmes côtes et mêmes cannelures que celui du Bengale. La partie lisse est un fragment de la pellicule qui l’enveloppe extérieurement. 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE XV. Fragment d’un os de sèche, sur les tranches duquel on dé- couvre les anes concentriques à la surface inférieure de l'os, désignées dans la description, et les filets perpendiculaires qui occupent l’espace que ces branches laissent entr’elles. XVI. Autre fragment qui montre sur l’un des côtés la tranche des lames et des filets ; et sur l’autre, la lame dure supérieure de cet os, couverte à sa surface d’une grainelure qui répond à celle de la numismale. XVII. Est un petit fragment de cet os grossi à la loupe pour mieux distinguer ses lames , les filets qui traversent d’une larme à l’autre, et les filets plus petits qui traversent ceux-ci parallèle= ment aux lames. La petite ligne perpendiculaire qui précède sur le dessin les numismales et.le petit fossile ovoide à côtes de melon , indique la grandeur naturelle. LETTRE DU COMTE MOROZZO Au C LACÉPÉÈÉDE, Histoire d'un Perroquet né à Rome, suivie de quelques ob- servations sur la durée de la vie des oiseaux. Vous savez mieux que personne qu'il est impossible d’avoir l’histoire naturelle des oiseaux aussi complette que celle des qua- drupèdes ; pour la rendre donc moins imparfaite , il faut ras- sembler , comme vous venez de faire , tous les faits nouveaux , les observations exactes qui ont été faites depuis que l’immortel Buffon a publié son ouvrage, pour en former un nouveau quisera le plus complet que l’on connoisse. Pour contribuer de mon côté à l’avancement de cette branche de l’histoire naturelle , permet- tez-moi de vous adresser la notice d’un fait intéressant , savoir : l’histoire de deux perroquets de la famille des 4mazones, qui ont pondu plusieurs fois, et qui viennent d'élever un petit né à Rome, dans cette année 1601. 1°. Je donnerai en premier lieu l’histoire de ces perroquets, gelle de leur ponte et de leur incubation. 20, ET ID HIS TOILRE NATURELLE. 184 2°. De leurs habitudes, de leurs amours, comment ils ont élevé le jeune perroquet, . 3°. J’examinerai l'espèce à laquelle ils appartiennent : je don- nerai la description duôle , de la femelle , et du petit, la com- parant avec celles données par les ornithologistes. 4°. Je rapporterai quelques cas très-rares de perroquets nés dans nos climats, en Europe , et les difficultés qui s’y opposent. 50. Enfin je me permettrai quelques conjectures sur la darée de la vie des perroquets, comparée avec celle des autres oiseaux, ce qui me donnera lieu à observer qu’il y a des rapports constans entre le temps employé dans l’incubation, et la durée de leur vie. Histoire de ces perroquets , ponte et incubation. Les perroquets , dont je vais donner l’histoire , appartiennent à M. Passeri, Romain. Je dois, en premier lieu , lui témoigner ma reconnoïissance', m’ayant permis d'examiner , et de suivre de près ces oiseaux, m’ayant communiqué les observations que soit lui, soit madame sa mère , eurent lieu de faire pendant seize ans, sur les mœurs et les habitudes de ces perroquets, ce qui me met à portée d’en écrire l’histoire avec exactitude. M. Passeri fit acquisition à Marseille , en 1786 , d’un perro-. quet femelle , de la famille des amazones. Quelques mois après, on lui donna à Avignon un mâle , sous le nom de perroquet ama- zone ou du Brésil. Il les mit ensemble, ils étoient tous les deux apprivoisés , ou les laïssoit à leur gré se promener dans les chambres. Ils n’ont jamais porté de petite chaîne à la jambe, ni aucun autre signe d’esclavage. Ils restoient souvent sur le bâton ordinaire , et quelquefois ils se retiroient pendant la nuit dans une grande cage de fer que l’on ne fermoit pas, et dans tous les lieux où ils ont été depuis , ils ont toujours joui de la plus grande liberté. Du premier moment qu'ils se virent, ils prirent un très-grand attachement l’un pour l’autre , la différence de leur sexe en fut sans doute la cause ; et leur amitié continue encore , au point que si on les sépare pour quelques momens, ils sont dans la plus grande agitation , jettent des cris perçans , et leur inquietude continue jusqu’à ce qu’ils soient remis ensemble. Lorsque M. Pas- serienfit acquisition , ils avoient pris tout leur accroïssement, mais il n’eutaucun renseignement à l’égard de leur âge. Le mâle prononcoit distinctement plusieurs mots français, Tome LIF. VENTOSE an 10. Aa 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme il fait encore : la femelie, au contraire , ne jette que des cris perçans , et jase beaucoup, sans prononcer aucun mot. Ces perroquets ont voyagé avec leur meitre : di vinrent à Rome, de- là à Forty , à Valentano , à Nagni, et de nouveau à Rome; ils firent tous leurs voyages enfermés séparément , dans une petite caïsse de bois , que l’on nomme sabot. (1) La femelle a pondu plusieurs fois ; la première fois que l’on s’en est apperçu a été à Forti, il y a cinq ans : elle fit deux œufs, qu'elle posa dans un trou, auprès de la cheminée de la emisine, mais le bruit continuel du monde qui alloïtet revenoit , l'empê- cha de continuer à couver. Joignez à cela des circonstances ifi- prévues qui ont obligé le maître à changer de demeure. ; La seconde fois a été à Valentano. La femelle pondit deux œ fs qu’elle déposa dans un coin de la chambre, sans prépara- tifs de nid :elle les couva quelques jours, on crut mieux faire de les mettre à couver sous un pigeon, mais quoiqu'ils ayent été couvés longtemps, ils ne sont point éclos, La femelle pondit pour la troisième fois l'année passée , 1800 : elle fit deux œufs vers la moitié de mai, les déposa par terre ; quel- ques jours après, on les trouva cassés. Est-ce le mâle, pour jouir de nouveau , ou quelque autre raison qui en ait été la cause, c'est ce que l’on isnore : le fait est que dans les premiers jours de juin , elle pondit de nouveau deux œufs (2). Mais cette fois elle les déposa dans nn vase de terre qui avoit le manche cassé, qui sert de rechauffoir, scaldino , à demi rempli de cendres froides, qui étoit à terre , dans l’embrâsure d’une porte, dont une por- tière cachoit la femelle qui couvoit. La femelle couva pendant quarante jours, et le 15 juillet, un œifest éclos, mais le petit mourut le lendemain. M. Passeri, qui vouloit constater la naissance d'un perroquet à Rome , l’apporta au cabinet de l'hôpital de San - Spirito ; mais on le trouva trop avancé dans la putréfaction , et on le jeta. Il fut cependant vu par plusieurs élèves de chirurgie qui se trou- voient là. La quatrième fois, ou pour mieux dire la cinquième que la fe- melle pondit ( puisque dans l’année 1800 elle fit denx pontes } ce (1) Ceite manière de porter les oiseaux est fort commode , car ne pouvant se retourner ; ils ne gätent pas leur beau plumage. (2) Une seconde ponte arrive fort souvent aux oïseaux dont on a cassé on emporté les œufs. E TU DH SIMON REIN A TDIURIEE LÉ 183 fut cette année-ci 1801. Elle déposa les œufs dans le même scal- dino rempli de cendres, et sous la portière, comme l’année pré- cédente : elle fit trois œufs, l'incubation dura quarante jours ; et le 24 juin est éclos un petit ; les autres œufs, quelques jours après, furent jetés comme inféconds : ce jeune perroquetse porte à mer- veille , il est aujourd’hui gros comme un pigeon. Ce jeune perroquet resta presque nud les premiers quinze jours, n'ayant que de petits poils follets : ensuite commencèrent à sortir les petits tuyaux gris des pennes , desquels il sortoit comme d'un pren des plumes vertes ; elles crurent par degré, au point que e 20 août, c'est-à-dire au bout de deux mois environ, il fut par- faitement habillé. Le r2 juillet, savoir le dix-huitième jour, le jeune perroquet commença à crier la première fois, Le 14, savoir au vingtième jour , il commença à ouvrir Les yeux, Le 20 août , lorsque le perroquet fut bien garni de plumes, la mère qui avoit constamment dormi dans le nid avec son petit, l'abandonna, et dormit auprès du mâle à son ordinaire. Le 25 août , le jeune perroquet dormit hors du nid. IT, Habitudes, amours de ces oiseaux, manière d'élever leurs petits, On n’a pas observé que ces perroquets parlent plus en été qu’en hiver. Ils ne paroissent pas souffrir de la chaleur; cependant ils se baïi- gnent dans l'été, et se mettent à l’ombre, lorsque le soleil est ar- dent ; ils le recherchent au contraire en hiver. lis sont très-affectés du changement de temps, et pendant les orages , ils s'agitent beaucoup, et jettent des cris perçans. On n’a pas observé un temps particulier pour la mue, ellese fait petit à petit dans le courant de l’année. Ces oiseaux ne vont en amour qu’une fois par an, et dans le printemps. C’est dans les derniers jours de mars, et au commence- ment d'avril, qu’ilsen ont toujours donné des marques. Dans ce temps , le mâle redouble ses caresses à la femelle , qui lui répond par les témoignages de la plus grande sensibilité ; ils se baisent avec le bec ensuite , se gratent réciproquement , et se repassent une à une ayec le bec, les petites plumes de la tête. Quelquefois le mâle en se pressant le gosier , par une espèce de rumination, Aa 2 184 JOURNAL DE PHWSIQUE, DE CHIMIZL fait remonter quelques morceaux déja avalés, qu'il présente avec le bec à sa compagne ; qu’elle mange avec gourmandise. (1} Après ces préludes amoureux, ils s’accouplènt comme les pi- geons : la femelle se croupit et reçoit le mâle , témoignant son plaisir par des petits cris ; le mâle, avec le crochet de son bec, agrappe la terre pour la serrer davantage, Ils s'accouplent plusieurs fois dans la journée : on les a vus jus- qu’à trois fois par matin, dans le petit espace de temps que les maîtres étoient présens : ilest à présumer qu’ils se seront accou- piés plusieurs autres fois dans la journée ; ce qui prouve que ces oiseaux sont extrêmement chauds : l’accouplement ne dure qu'un instant. Ils ne construisent point de nid, coinme nous avons observé , ne rassemblent point des plumes , ni de petits brins de paille, ou autres petits corps légers qui étoient à jeur portée : la femelle a déposé ses œufs dans le scaldino , sans y apporter la moindre chose. Les œufs sont gros comme ceux d’un pigeon ; la couleur en est tout-à-fait blanche. Si quelques auteurs ont observé que les œufs du perroquet amazone étoient tachetés de gris, tandis que ceux- ci sont tout-à-fait blancs ; il faut en conclure, que l’état de do- mesticité influe sur la couleur des œufs, comme aussi quelque- fois sur celle du plumage. Cette observation n’avoit pas échappé à Aristote. (2) Le nombre des œufs a été toujours de deux, à la réserve d’une fois qu’ils furent trois. Quoique ces œufs ayent été souvent maniés , la femelle n’a ja- inaïs fait la moindre difficulté de continuer à les couver. (3) Il n’est éclos qu’un seul des œufs pondus tant cette année que la précédente. La femelle seule couve les œufs, la durée de l’incubation est de quarante jours. (4) Elle n’abandonne presque jamais les œufs, que pour aller boire , ou par quelque autre nécessité , elle reprend tout de suite sa place. Pendant ce temps , le mâle fait la sentinelle à peu de distance 1) Je n'ai observé ni poche ni abajoues, 3 Hüst. amm. Jiv. VI, chap. II. 3) Buffon avoit remarqué la même chose, pag. 285, tom. XI, éd. in-8°. (4) Buffon dit que les Amazones couvent alternativement le mâle et la femelle. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 185 de la couveuse , il est fort attentif au moindre bruit, et ne bouge de cette place que pour porter à manger à la femeile , qu'il em- bèque toujours pendant l’incubation. Dès que le petit perroquet est né , Le père et la mère ont soin de lui porter à manger. Le jeune perroquet n’a commencé à manger seul , qu’au soixante-dixième jour. Le père et la mère ont continué , pendant plus de dix jours, à lembéqueter. | Ils donnoient au petit ce qu’ils mangeoïient eux-mêmes, ayant été accoutumés à tout , ils mangent du riz, de la viande, des pâtes, du bled de Turquie, du chenevis, des fruits, mais ils sont sur-tout très-friands de la graine de tournesol, de carthame, de melon, de concombre. | Voici un fait qui mérite toute l’attention. Le maître voyant que son jeune perroquet grossissoit, et craignant que le scaldino ne fut trop étroit pour contenir la mère et son petit, prit une cor- beille qui fut garnie de linge et de plumes, la mit à la même place du scaldino , derrière la portière, et y déposa le petit : la mère allass'y placer tout de suite , elle parut même très-contente de la nouvelle habitation, mais quelques heures après , elle commença à tlavailler avec son bec pour couper d’un côté le bord du panier ; dans trois jours elle acheva son ouvrage , l’ayant ouvert en bas de quatre à cinq pouces, et de six à sept au haut L’osier fut coupé aussi nettement , que s’il l’eut été par le fer le plus tranchant. Il me paroît qu'il n’y a pas deux explications à donner sur ce fait. La mère voyant son petit grossir, et à la veille de pouvoir faire usage des jambes, coupa le bord de la corbeille, afin que lorsque le petit seroit en état d’en sortir , il n’eut pas à surmonter le bord qui étoit de six pouces environ. HI. Description du mâle, de la femelle et du petit perroquet, pour découvrir à quel genre et espèce ils appartiennent. Si tes ornithologistesnousavoient laissé des déscriptionsexactes, il seroit facile de confronter les espèces, mais fort souvent ces descriptions manquent ou bien sont très-imparfaites, L’on n’a sou- vent dessiné que le seul mâle , ou la seule femelle; nous savons la différence qu'il y a parmi les oiseaux , selon le sexe, ce qui a produit de grands équivoques dont on pourroit citer plusieurs exemples, je crois quec’est ce qui arrive à notre individu mâle. Le mâle est gros comme un poulet de quatre mois : sa longueur 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE depuis l’origine du bec jusqu’à l'extrémité de la queue, est de quatorze pouces. 11 a le sommet de la tête d’un très-beau jaune , qui lui prend la gorge et le bas du col. Sur la tête les plumes paroissent oranges, parce qu'il a un double rang de plumes , dont les plus longues sont jaunes, et les plus courtes couleur de rose, le reste du col, le dessus du dos, et les couvertures des aîles d’un vérd brillant, la poitrineetle ventre d’un verd jaunâtre , le fouet des aîles d’un beau jaune, entremêlé d’orange , les plumes des aîles sont varices de bleu , de violet, de rouge très-vif ; les deux pennes extérieures de chaque côté de la queue ont leurs barbes intérieures rouges à l’origine de la plume , et d’un vyerd foncé » jusqu'à l'extrémité, qui est d’un verd jaunâtre : les autres pennes sont d’un verd foncé, et terminées d’un verd jaunâtre, Aux cuisses, il a des plumes jaunes bien touffues, comme des culottes à la suisse, ce qui donne à l'œil tout d’un coup. Le bec est cendré, et noir sur la pointe , l'iris des yeux est orange, les pieds sont gris , les ongles noirs. ° D’après la description que je viens de donner, il paroît que par la tête et le fouet des aîles, il puisse appartenir à la famille des criks, mais sa grosseur et le plumage du ventre et du dos paroissent le rapprocher de l’amazone à tête jaune, première espèce, de M. de Buffon. Les grandes culottes jaunes à la suisse, n’ont cté décrites par aucun ornithologiste, que jesache , et cette particularité est assez remarquable pour en faire une classe à part : outre cela, le nôtre a l'iris des yeux orangé, au lieu de jaune comme les amazones et les criks ; le bec est cendré , tandis que les amazones l’ont rouge à la base, et les criks, blanc. La femelle est plus petite que le mâle , elle est grosse comme un pigeon : sa longueur, depuis l’origine du bec, n'est que de 11 pouces et demi ; elle a le sommet de la tête jaune, le fouet des aîles est d’un rouge vif, son plumage tout-à-fait semblable à l'a- mazone à tête jaune, première espèce, décrite par M. de Bufton: c’est le Psittacus major viridis alarum costa superne rubente, perroquet amazone de Barrere (1), et ce n’est certainement pas le Psittacus macronrus viridis , gencis nudis , humeris coccineis , Psittacus nobilis de Linné (2). Je crois que M, Linné à voulu parler de quelqu’espèce d’ara, nos individus n’ayant pas la joue QG) Franc. équinoxiale , pag. 144. (2) Lin, hist. nat. éd. 10°. , pag: 97; éd. 19°., pag. 140. £T DHISTOIRE NATURELLE 187 nue. Il n’y a point de doute que la femelle ne soit la véritable ama- zone, mais il est difficile de décider à quelle espèce le mâle ap- partient. Il pourroit se faire que celui-ci fut le mâle de cette espèce, et que les ornithologistes eussent seulement examiné et décrit la fe- melle, et eussent crû l’un et l’autre parfaitement semblables, ce qui arrive cependant rarement. On ne peut non plus le rap- procher des espèces voisines de l’amazone à tête jaune, sous le nom de bâtard-amazone, ou demi-amazone , car aucun ne porte ‘les culottes jaunes : de sorte que pour avoir l’histoire complette de ces oiseaux, il faudroit toujours décrire le mke et la femelle. Le jeune perroquet examiné au troisième mois, avoit la tête et le bas du col jaune comme le père; sa longueur, depuis l’origine du bec, étoit de 10 pouces environ , et à 4 mois, de 11. Le corps est tout-à-fait ressemblant à celui du père, mais son plumage est d’un verd beaucoup plus vif et plus éclatant ; le fouet des aîles est orangé, avec de petites plumes rouges parsemées de jaune; il a les culottes jaunes, moins touffues que celles du père ; les jambes , les pieds gris, les ongles noirs ; le bec gris, noirâtre sur la pointe. L'œil déparoit un si bel oiseau ; jusqu’au troisième, mois il a été gris, et l’iris de la même couleur, mais il a changé peu à peu; et au quatrième mois il étoit jaune. Je ne doute point qu’il ne passe à l’orange, comme celui du père. Sa langue est fort noire, les narines bien marquées ; l'accroissement qu’il a fait en quatre mois me fait croire qu’il grossira encore, et plus que le père. Cet individu vivant pourroit servir à beaucoup d'observations qu'il seroït intéressant de suivre. 1.° Savoir à quel âge il prendra son entier accroissement. 2.0 S'il se fera quelque changement dans son plumage. 3° A quel âge il sera en état d’engendrer. 4.0 Enfin combien d'années il vivra. J'ai prié le maître du perroquet de faire attention aux trois pre- mières ; car, quant à la durée de la vie, comme je crois qu’elle est très-longue, ce sera une notice que pourront avoir seulement nos petits neveux. Je l’ai prié de même de noter jusqu’à quel âge la mère pondra ; elle auroit à présent 20 ans, car il y en a 15 qu'il en fit acquisition , et comme elle avoit déja pris tout son ac- croissement, elle devoit en avoir au moins cinq. Je l'ai prié aussi d’être attentif l’année prochaine, et d'observer si un œuf seul donnera un petit, ou si les autres seront aussi féconds. 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE IV. Exemples de quelques perroquets qui ont pondu en Europe. Tous les perroquets tant de Pancien que du nouveau continent, ne dépassent jamais les tropiques , et paroiïssent bornés à une zone de 25 degrés de chaque côté de l'équateur ; on ne les voit jamais dans leur état sauvage franchir ces limites que la nature leur a prescrites. Transportés pourtant au-delà de ces latitudes , ils ne cessent pas de vivre et de sentir les feux de l’amour , en dépit de la différence da climat. Ainsi nous avons quelques exemples , très-rares à la vérité, de perroquets qui ont produit dans nos contrées tempérées , quoiqu'il arrive assez souvent qu'ils ne font que des œufs clairs et sans germe. M. de Buflon assure, au té- moignage de la Gazette de Littérature, du 17 novembre 1774 ,que M, de la Pigionière a eu un perroquet mâle etune femelle, dans la ville de Marmande en Angoumoiïs , qui, pendant cinq à six ans ;, n’ont pas manqué de faire une ponte qui a réussi , et donné des petits que le père et la mère ontélevés, C’est le jaco, ou perroquet cendré de la Guinée, Psittacus cinereus , seu subcaeruleus d’Al- drovandi. Il cite le P. Labat qui a fait l’histoire de deux perra- quets qui eurent plusieurs fois des petits à Paris, et l’abbesse de Beaumont-les-Tours , qui eut de deux perruches des petits, nés au mois de janvier , mais le froid les fit bientot périr. Ce sont des faits isolés, où l’on ne parle pas des habitudes de ces oiseaux, soit pendant la ponte, soit durant l’incubation. On ne trouve cependant nulle part que les perroquets-amazones, ou autres de l'Amérique , ayent produit dans nos contrées. Quoique le climat de Rome ne soitpas si froïd que celui de Pa- ris, puisque la température moyenne sur la fin de mars et au com- mencement d'avril ait été de 17 degrés à l’échelle de Réaumur (1), je ne crois pas que ce soit la raison la plus forte, car en Sicile , à Malte, et autres villes de moindres latitudes, on auroit souvent vu le même cas. Mais nous ne sachons pas qu'il soit arrivé. Je crois donc que nos perroquets ont produit à Rome parce qu'ils sont ensemble depuis longtemps, et fort amoureux l’un de l’autre dès qu'ils se sont connus, qu'ils ont toujours joui de la plus grande liberté , qu'ils sont probablement du même âge , et que le maître ayant vu que leurs œufs n’étoient pas clairs cette année-ci comme pq (1) Table météorolog. de Rom. par l’abbé Scarpellini, a Lt ’ 35 T'ID'HÜS TOPRE INAMUU RAMLILE.: ‘8 laprécédenté , mais qu’ils étoient féconds ; il jugea à propos de les laisser dans une:chambre isolée , bien exposée au soleil, leur àc- corda plusde liberté, une abondante nourriture ; je suis Pérs suadé que ces causes y ont contribué plus que le climat, Si au lieu d’un seul petit, que je crois mâle ; car il ressemble beaucoup au père, il y eut eu une femelle , ilseroit très-probable qu’on auroit pu en établir la race à Rome. On peut l’espérer pour l'année prochaine. Conjectures sur la vie des perroquets, induction de leur longé- vité, tirée de la durée de leur incubation ; comparée avec celle des autres oisearx. Salerne assure avoir vu un perroquet de 6o ans , encore vif, et très-gai. : M. de Laborde dit en avoir vu un quiavoit plns de 46 ans. J'en ai vu un moi-même qui étoit depuis 75 ans dans la même maison. Quoiqu'Ollina , excellent observateur d’ailleurs , aît cru que la vie moyenne des perroquets n'étoit que de 70 ans; je crois qu'ilse trompe , il n’aura probablement observé qu’un petit nombre d'individus. PRÉ RS e Re Enfin tous les naturalistes s'accordent à donner une longue xie aux perroquets auxquels Linné donne l’épithète de longevi. Ce fait est donc incontestable. Nos perroquets nous eñ fournissent une nouvelle preuve ; d’après le calcul que nous avons fait, nous avons vu que la femelle ne peut avoir moms ‘de »0 ans; car comme il ÿ en a cinq qu’ellefit la première ponte;,‘il résulte qu’elle avoit alors 15 ans; or si dans l’ordre de la nature ces oiseatx : commencent à pondre à cet âge, ce seroit une.autre preuve de leur longévité, puisque nous savons que les gros oiseaux qui nous sont le plus connus, sont dans le cas de pondre avant qu'ils aient accompli un an, et qu’ils vivent au moins neuf ou dix-fois au- tant. Ainsi l’on pourroit conclure que ces perroquets ‘doivent vivre de 130 à 150 ans. L'on peut objecter, à/la vérité., qu'il ar- rive quelquefois que les femelles ne deviennent mères qu'à un âge plans avancé que celui qui est établi par la nature, mais cela arrive rarement parmi les ‘quadrnpèdes ; et moins encore parmi les oiseaux. Nos perroquets ont vécn! dix ‘dns ‘ensemble sans pondre, quoiqu’ils enssent joui de;la même liberté et facilité de s’accoupler qu'ils eurent dans la suite; delà on peut supposer que la nature n'y étoit pas encore disposée. Tome LIF. VENTOSE an 10. Bb 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. M. de Buffon croit que la vie des oiseaux est plus longue à pro- portion que, celle des quadrupèdes , relativement au temps em- ployé à l’accroissement ; comme nous ne pouvons avoir des données assez sûres sur le temps employé au total accroïssement que sur un petit nombre d'individus , voyons si nous pouvons par induction , découvrir que la longévité des oiseaux ; est en pro- portion de la durée de leur incubation. Je présente donc la table ci-après, afin que d’un simple coup- d’œil l’on puisse voir la durée de l’incubation de plusieurs oiseaux, et observer dans la colonne à côté la durée de leur vie. Je dois prévenir que le temps de l’incubation n’est pas tout-à-fait le même dans tous les climats ; elle est abrégée dans les climats chauds, et retardée dans les froids. Mais cette différence est très-petite , et ne peut causer de différence sensible dans la table. Fable de la durée de l’incubation et de la vie de plusieurs oiseauT, : {Nom desoïseaux. Durée del'incub. Durée de la vie, Auteurs. b) Jours. d Années, Le cygne .......42......200 environ. Aldrovandi. Le perroquet....40......10 environ. WVolmaer. NPA) PA ONE 30...... 80 et plus. Villughby. L'aislé-ite ta L’outarde. .....30o RUE ae DRM n’a été observée par aucun naturaliste, Le coq d’Inde.. 3c Lerpaon.. 1.::4.26 à 27 25 à 28, Aristote , Pline. Lefaisan.:1110: 20 à 25. 18 à 20. Traité de la faisanerie: Le corbeau.....20 ..,..100 et plus. Hésiode. Le rossignol....19 à 20. 17 à 18. Buffon. La poule... ...18 à 19. 16 À 18. Buffon. 7 4 Le pigeon. .....17 à 18. 16 à 17. Plusieurs observations. Hamotte se. TA ETS A LAS Villughby. Lesenn. CE rai Na PAU Ar Traité des serins. Le chardonneret.13 à 14. 18,à 20. Buffon. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 191 Nous observons, par l'examen de cette table , que le cygne et le perroquet qui employent le plus de temps dans l’incubation , sont aussi ceux qui vivent le plus longtemps; l’on a porté la vie de ces deux oiseaux , celle du premier à 200 ans, et celle du second 4 4 100. Quant à l’autruche, dont les anciens portoient la durée de la vieau-delà de 100 ans, nous ne pouvons trouver aucun rapport avec le temps de l’incubation , parce que la femelle ne reste que rarement sur les œufs que la chaleur du soleil fait éclore. Il en est de même de la grue et du héron , auxquels les anciens attri- buoient aussi une longue vie ; mais nous n’avons pas des obser- vations sur leur incubation. (1). L’oie qui emploie 30 jours à l’incubation, vit au-delà de 80 ans; l’aigle, l’autarde, le coq-d’inde, le canard, suivent dans la table pour la durée de l’incubation, mais personne n’a rap- porté da durée de leur vie. Tous les autres oiseaux marqués dans cette table vivent à-peu- près en proportion du temps de l’incubation; mais comme ces ob- servations ont été faites particulièrement sur des oiseaux domes- tiques ou captifs , il est probable qu’il peut y avoir quelque différence entre ceux-ci, et ceux qui sont dans l’état sauvage. L'on sait d’ailleurs, dit M. de Buffon , que nous ne don- nons jamais le temps à nos oiseaux domestiques de parcourir la période entière de la vie qui leur est assignée par la nature. Ces observations, par conséquent, n’ont été faites que sur un petit nombre d'individus. Quant aux oiseaux dans leur état sauvage, il est presqu’im- ossible d’en avoir des renseignemens exacts ; ainsi fort peu d’ornithologistes ont parlé de la durée de leur vie; et lors- qu’on les prend dans les pièges , on cherche à juger de leur âge par des caractères extérieurs, souvent très-équivoques. ( Voy. Arist. ) Le rapport constant que j'ai observé entre le temps de l'in- cubation et la durée de la vie des oiseaux, ma fait naître l’idée d’examiner quel rapport se trouve dans la durée de la vie des quadrupèdes et le temps employé dans la gestation, et j'ai dressé la table ci-après. (1) Voyez Paulo Jovio. B b2 192 JOURNAL DE PHYSIQUÊÉ, DE CHIMIE Table de la durée de la gestation , et de celle de la vie de plusieurs quadrupèdes. Nom des animaux. Durée de la gestaticn, dé la vie, Auteurs. Mois. Années, 200. Aristote, 50. Idem. 25. M. Cajetano. Buffon: 30. Aristote. mile D ho hé Mine 16) 0) Came et Tina STAR 1720) Barhlo sir delpaalbi ta Éléphant. ... AIRE ALOLAS AD UT OR. T0 A pb CHEVAL AE INR A TEE ENS 5 MÉCHE ER AEN Dé Alu D pp Ep pp n eo © GER RE Eds na OI NO ER Q S 2 40. ouveautraité de la vénerie. Chevreui le en neEN A eCRRE NES LAN 1901 lBuffonen"1e Brebis do 6 alu a Da a lienaxin 40 Ideme Chévré.2#5100 1816 LPO hé 8001 810 (TAém CRIER SR MEN LD EE 11-à! 15, : Idem. \ La comparaison de ces deux tables nous fait voir une très- crande analosie entre le temps de la gestation des quadrupèdes 5 Ê NE UN PS q ECRAA et celui de l’incubation des oiseaux par rapport à la durée de leur vie. Ainsi , nous observons que parmi les quadrupèdes, l’é- , . . 2 NÉA + 1 À I L léphant, qui vit de 150 à 260 ans, porte 24 mois, et le cha- meau, dont la gestation est de 12 mois, vit de 40 à 5o ans. Parmi les oiseaux , le cigne et le perroquet, dont l’incubation du pre- Et ? DE mier est de 42 jours, et celle dù second de {0 , sont aussi ceux qui vivent plus longtemps, leur vie excédant les 106 ans. En parcourant la:table, on voit'les mèêrnes rapports conservés. Le cheval , l’ane, dont le temps de la gestation est lemême, vivent à-peu-près le même temps, savoir de 26 à 30. La poule et le pi- ceon, dont l’incubation est à-peu-près égale, parviennent au Oo a 2 Æ à * le) » P k même âge; il en est de même dela chèvre et de la brebis, comme aussi du serin'et de la linotte. Je ne dois pas dissimuler que je trouve dans ces tables deux à in à À exceptions bien tranchantes ; le cerf, parmi les quadrupèdes F : L > 2 : 1 P , dont la gestation est d'un mois environ moindre que celle de la jument, vit cependant environ 10 ans de plus ; et parmi les oiseaux, j'observe que le corbeau, dont l’incubation n’est que Le ET D’'HUSTOIRE NATURELLE 193 de20 jours, vit néanmoins très-longtemps et au-delà de 100 ans, selon Hésiodetet plusieurs autres observateurs. Cestexceptions prouvent toujours plus que nos connoissances sur cetterpartie sont font limitées ,.et nous démontrent la néces: sité de multipliernos observations ; d’ailleurs la difficulté d’avoir laidurée exacte de la vie des quadrupèdes, n’est pas moindre que celle-qu’on éprouve à découvrir celle des oiseaux, puisqne ces observations ne peuvent se faire que sur un petit nombre d'indi- vidus', pris la plupart dans l’état de domesticité; et M. de Buffon remarque fort sagement , que l'homme voulant jouir continuel» lement, abrège le terme de sa vie. Malgré ces exceptions si, parmiles quadrupèdes , on a cru trouver quelquerapportentre le temps employé au parfait accrois- sement du corps et la durée de la vie; il me paroit, en parcou- rant cette table , y observer un rapport plus direct avec le temps de la gestation : la nature d'ailleurs semble avoir conservé une espèce de rapport entre le temps employé dans l’incubation , et célui employé dans la gestation, quant à la durée de la vie des oiseaux et des quadrupèdes. - La durée de l’incubation du perroquet, qu'aucun naturaliste n’avoit observé, m’a entraîné , à la vérité, dans des considéra: tions un peu'éloignées; mais quelquefois des idées que l'on ne fait qu'ébaucher, trouvent, avec le temps, un observateur exact qui, à l’aide de l'expérience, leur donne tout le-développement et change quelquefois en vérités démontrées de simples apperçus: O0 -RÉTEPCA PI ON"? OPPOSÉES A UNE PROPOSITION REMARQUABLE DE LAVOISIER; Par le docteur JoAcHim CARRADORI de Prato. à On ne peut s'abstenir ‘assez en physique de tirer des consé: quences! générales par :des faits particuliers. Souvent l’analogie entraîne la raison de celui qui fait des observations et des expe- riences ; mais souvent encore on est trompé par l’analosie. Pour généraliser à-coup-sûr , il faut auparavant s'être assuré d’un grand 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nombre de faits de la même espèce, et qui prouvent la même chose: Le philosophe ne doit jamais se livrer à la séduction des appa- rences , parce qu’il semble que cela soit le moyen par lequel la nature se plaît à le tromper. Lavoisier entraîné par l’analogie à croire que tous les fluides sont évaporables , et également ca- pables d’être affectés par le calorique , ne s'est pas gardé d’avan- cer une proposition genérale, qui est absolument fausse. Je n’ai pas l'intention de diüninuer la gloire d’un si grand homme, mais au contraire , je crois honorer sa mémoire, en lui releyant une erreur; puisque c’est en faisant éclater la vérité, qu’on fait hon- neur à tous ceux qui, par leurs études et par leurs travaux ont contribué à sa propagation. Lavoisier a établi, que le même corps peut être ou solide, ou fluide, ou aériforme , à proportion de la quantité du calorique dont il est pénétré , parce que c’est du calo- rique qui exerce une force répulsive, c’est-à-dire, tend à vaincre l'attraction des molécules des corps, qu’ils reçoivent ces modifi- cations. Si cette force répulsive est inférieure à la force d’attrac- tion que les molécules d’un corps donné ont entr’elles, il sera solide : si elle étoit égale, il seroit fluide : si elle étoit plus grande, il seroit aériforme. Mais outre ces deux forces qui influent dans les changemens de la forme des corps, il y a une troisième force , qui agit sur eux, et celle-là est la pression de l’atmos- phère. Cette force même sert d’obstacle À l'éloignement des mo- lécules des corps, et empêche que la force répulsive du calo- rique ne vainque si aisément la force attractive, qui tientliées ces mêmes molécules ; d’où vient que, si la pression de l’atmos- phère venoit à manquer, nous n’aurions point liquide constant ; les corps, à la moindre augmentation LÉ chaleur au-delà de celle qui est nécessaire pour les rendre fluides , se tiendroient en vapeurs. Il y a encore M. Monge, dE selon ce qu’en dit Bar- ruel (1), a pensé que, si l’atmosph ge disparoissoit , tous les li- quides s’envoleroient dans l’espace } et se transformeroient en vapeurs. Maïs ces hommes célèbres, en considérant ces choses-là , n'ont pointeu égard à l’attraction des molécules intégrantes des corps liquides avec le calorique, qui aen ces phénomènes-là la plus grande partie. Il est hors de doute que pour que les liquides se transforment en vapeurs, ils doivent se combiner avec le calori- que qui est l’agent qui leur donne la forme aérienne, moyennant une affinité particulière qu’il a avec eax : par exemple à présent LE à (1) Journal polytechnique, cahier IV. j ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 il est convenu par tous les chimistes, que les vapeurs de l’eau ne sont autre chose que l'eau plus le calorique combiné ,ou presque fixe (1). Afn qu'un liquide se transforme en vapeurs , il ne suffit pas que la force d’attraction qu’ont entre eux les molécules, ou la force de cohésion soit vaincue parla force répulsive du calorique, mais il faut encore une portion de calorique qui se combine avec elles , puisque sans cette condition le changement du liquide en vapeur ne peut se faire :et afin que cette combinaison s’o- père , il faut que les molécules du fluide ayent une précédente disposition à s’unir avec le calorique , ou, comme disent les chimistes , un certain degré d’affinité avec la matière de la chaleur. Cependant, il est certain, comme j'ai prouvé par des expériences décisives, qu’il y a des fluides, dont les molécules intégrantes n’ont point d'attraction avec le calorique. En effet, ceux-là ne bouillent comme l’eau , et tous les autres fluides évaporables , parce qu’ils ne se transforment en vapeurs , puisque l’ébullition n’est à présent, comme tous le savent, qu’un effet de vapeur en quoi s’est transformé le fluide qui s'élève du fond , et des parois des vases (2), et met en tumulte toute la masse du même fluide. Toutes les huiles grasses , qu’on nomme encore avec une expres- sion plus signifiante , huiles fixes , sont de cette espèce. J’ai dé- montré dans un mémoire à part, que les huilés fixes ne bouillent pas, et c’est parce qu’elles ne sont pas capables de se convertir en vapeurs (3). Les fluides de cette espèce, à quelque degré de chaleur qu'on les expose , brûlent, mais ne brûlent pas absolument. L'évaporation qui se fait de leur surface , qui est touchée par l’air, n'est pas une évaporation naturelle, semblable à celle de l’eau , et des autres fluides évaporables, et qui consiste en une simple combinaison des parties intégrantes des mêmes fluides avec le ca- lorique , sans nulle autre altération ; mâis c’est une évaporation produite par la décomposition de la même huile en conséquence dela combustion. La forte chaleur que reçoivent toutes les huiles fixes , produit la séparation qui se fait à leur surface , des parties volatiles dont elles sont composées, et opère la formation des vapeurs qui s'élèvent à la sortie de la fumée de leur surface ; ce 10 Voyez mon Mémoire sur une modification particulière du calorique. Ann. di chünisa ital. di Pavia. T. VIIL . (2) Veéyez mon Mémoire sur l’ébullition de l’eau dans les Ann. di chim. ital. T, XVIII. (5) Ann. di chim. ital. T. VU, L 195 JOURNAL ,DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’est pas l'huile naturelle , ou indécomposée en état de va- peur , c’est-à-dire , combinée avec une portion de calorique, Il ne se fait donc qu’une distillation de la manière qu’on voit s’en ‘suivre en tous les corps combustibles, lorsqu’on les expose à une forte chaleur. ILest aussi vrai, que cette évaporation est produite par une décomposition de l’huile même, qui brûle lentement , et qu’elle n’est pas un simple développement de vapeurs huileuses. Lorsque l’huile commence à s’évaporer, l’on sent dans le moment l'odeur de l'huile brûlée, et si l’on approche nn flambeau à la surface de l’huile quis’évapore , la vapeur ou la fumée de l’huile s’enflammera précisément , comme tout autre combustible que l’on met à brûler surle feu. Ce sont les élémens de l'huile décomposée, ou la fumée, qui brûlent, puisque l'huile dans son état naturel re peut pas brûler. Il s'élève encore des huiles fixes , ou corps huileux , assujettis à une forte chaleur, de l’huile empireumatique : mais à l’égard de celle-ci , il est convenu par _tous les-chimistes, qu’elle est une huile qui a des propriétés dif- férentes des huiles fixes en quelque manière elle les ait acquises. ‘ Au contraire , tous les fluides qui bouillent ont la faculté de se métamorphoser en vapeurs, et entre ceux-là, ceux qui sont plus évaporables, bouillent plus aisément, c'est-à-dire À un moindre : degré de chaleur. La proposition générale de Lavoisier n’est pas donc vraie , que les liquides sont dans un état accidentel qui dépend, après le calorique, de la pression de l’atmosphère. On peut appliquer à l'huile fixe tant de calorique qu’on voudra, afin que sa force répulsive, le calorique, puisse vaincre la force répri- ‘ inante de l'atmosphère, elle ne se transformera jamais en vapeur. ‘Il y a donc des corps constamment liquides, et cela parce qu’ils n’ont pas un degré d’attraction avec la matière de chaleur suff- sante pour s’uniräelle, et prendre la forme de vapeur. Sans cela il est tout-à fait impossible qu’ils puissent jamais vaincre la force d'attraction, ou de cohésion de leurs molécules , et se transfor- ment en vapeurs, nonobstant les plus favorables circonstances, NOTE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 om NOTE SUR LES TANNERIES DE CUIR VERT, PARTICULIÈRES A LA VILLE DE GRASSE; Par Etienne Perrorte , de la Société d’Emulation du dépar- tement du Var, de l’Académie des Sciences de Turin , ancien Professeur d’anatomie et de médecine-pratique, à Toulouse , etc. On faisoit autrefois à Grasse, un grand commerce en cuirs. On y tannoit des peaux de buffle qui venoient du Levant par Marseille , avec les feuilles pulvérisées de différentes espèces de myrthe et du lentisque, arbustes qui abondent dans ces contrées. Les fabricans , jaloux de donner à leur marchandise, toute la perfection dont elle paroissoit susceptible, préparoïent les premières poudres avec le myrthe, et réservoient le lentisque pour les dernières. Par ce moyen, le principe astringent péné- troit d’une manière graduelle, et les cuirs, en acquérant de l'épaisseur et de la solidité, conservoient une souplesse sufli- sante. Le plus grand nombre des tanneurs composoient leurs poudres avec un mélange de feuilles de lentisque et de myrthe. Le lentisque y entroit en petite quantité : si l’on mettoit en usage les feuilles de lentisque seules, dans les premiers temps, les cuirs n’acquéroient point l'épaisseur accoutumée, et ils devenoient roides et sujets à se gercer. ‘ Les cuirsreçoiventchez le corroyeur de fortes couches de graisse liquéfiée, et on emploie indifféremment celle de bœuf et celle de mouton. Des réglemens relatifs à ce commerce , ordonnoiïent de ne tanner que des peaux de buffle, et de les laisser au moins 18 mois dans les fosses. Dans cet intervalle, on leur donnoit neuf à dix poudres. Pour être ainsi préparées , les peaux doivent être plamées à la chaux. Tome LIF. VENTOSE an 10. GC 198 JOURNAL DE:PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces cuirs ne réclamoient point le marteau pour être employés; ils ne s’étendoient point, ils ne se ramollissoient pas par l’action de l'humidité, et ils retenoient bien les clous. Ces qualités les faisoient rechercher pour des semelles, et principalement par les habitans des montagnes. La révolution, en jetant l’épouvante chez les négotians, a fait passer cette branche de commerce dans les mäins de quel- ques cordonniers. Ceux-ci ne trouvant plus à acheter des peaux de buffle , à cause de l'interruption du commerce du Levant, plus occupés d’ailleurs de l’intérêt du moment , qu’à conserver à leur patrie, une source abondante de richesses& n'ont pas craint de faire tanner des peaux de bœuf foibles, et quelquefois à demi- putréfiées. Les peaux n’ont été conservées dans les fosses que pendant 8 à 9 mois, et elles n’ont reçu que quatre à cinq poudres. De ces vices dans le choix et dans la préparation, il en est résulté des cuirs que l'humidité ramollit, qui durent peu et qui sont dignes du mépris dans lequel il sont tombés. Aujourd’hui que le Gouvernement a mis le comble À ses bien- faits, en donnant à la France la paix maritime, il seroit possible de rendre à cette branche d'industrie une partie de sa vigueur première, en renouvellant les anciens réglemens. Mais pour donner aux capitaux un produit plus souvent renouvellé, et pour se procurer plus facilement de cette marchandise , il seroit sans doute essentiel d’abréger le temps que les cuirs doivent passer dans les fosses. On pourroit espérer d’ateindre ce but, en mettant en usage le procédé de Seguin , entièrement inconnu dans nos tanneries. EXTRAIT D’UNE LETTRE Du Professeur Prousr, à J.-C. DELAMÉTHERIE. Persuadé avec tous les chimistes ,'que les métaux qui ne se dé- soxident qu’en rougissant, doivent donner l’oxide de charbon, je sors d’en faire l'expérience avec la mine de fer de l’île d’Elbe, et j'ai obtenu le gaz en abondance. ET D'HISTOTRE, N'ATURIELIL E; 199 Demi-once de mine et deux gros de charbon de pin dégazé, ont donné six pintes et demie de tout gaz. La première cloche (volume d’une livre d’eau) étoit pur acide carbonique, le flacon suivant , acide trois quarts , oxide de charbon un quart : les cinq autres étoient tous semblables entr'eux savoir , trois quarts oxide charboneux et un quart d’acide. Ce qui fait environ quatre pintes d’oxide charboneux pour demi-once de mine; le fourneau est encore rouge. Demain je reconnoitrai l’état du fer. Pour chauffer longtemps la cornue sans risquer de la faire cou- ler, je la place sur la grille même, élevée d’un pouce par un petit couvercle de creuset sur le bouton duquel elle repose : son col sort par la porte au charbon ; je la tiens enveloppée et couverte de charbon , sans laisser de courant d'air. L'opération n’a pas duré une heure et demie: Sur Le sucre du miel. #* Je ne sais si le miel d’Espagne diffère de celui d’ailleurs: mais ce que je crois pouvoir vous assurer, C’est que Ce ne sera pas en lui enlevant de l'acide, qu’on ramènera le nôtre à l’état de sucre , comme on l’a annoncé nouvellement. Mon miel blanc n’altère pas la couleur du tournesol. L’alcohol le dissout en en- tier à quelques flocons de cire près. Sa dissolution n’altère pas lacétite de plomb. 11 ne dissout rien quand on le fait bouillir avec la craye ; et l’alcohol ne trouble pas le miel traité de la sorte. I garde d’ailleurs son odeur, sa saveur, eic. Le miel traité avec l’acide nitrique, se change tout en acide oxalique ; il diffère de la manne en ce que celle-ci donne l’acide saccarolactique de Schéele. La gomme arabiqne et l’adragante contiennent du gluten; je ne sais si je vous ai dit, dans mes précédentes, que le gluten existoit aussi dans l'orge ; c’est lui qui reparoît dans la levure, dans le riz, les marons d’inde, la chataigne, le gland, les féves, les pois de toute espèce, dans les amandes douces et amères, dans le cacao, etc. ; dans la pomme de terre, rien. Voilà pour- quoi cet aliment n’est jamais venteux. Je lui dois une conva- lescence. À Fernandez, Chabaneau et moi, nous comptons savourer quelques cloches d’oxide d’azote , dans le courant de ces fêtes. Je vous rendrai compte du délire de ces Messieurs. Le résidu de l’opération de l’éther muriatique est épais comme GICrA 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE un sirop et d’une couleur rousse : il se'prend en masse de cristaux confus, dans sa presque totalité ; si on le soumet à la distillation il monte en entier. Ce qui reste au fond de la retorte, est un peu d’oxide d’étain auquel l’acide muriatique a manqué. On le lui ajoute. L’oxide entre en dissolution et laisse après lui du charbon. Ce qui démontre qu’il y a dans ce résidu quelque composé formé des débris de l’alcohol dont je ne soupçonne pas encore le caractère. On peut assurer qu’il n’est pas de la nature de l’acide iwalique , pr qu’il ne change pas la solution d’or , tandis que le résidu de l’éther nitrique précipite le métal aussi facilement que le suc de pomme. Ni OGErRUCGRE SUR LE MAMOTH OÙ MAMMOUTH ; * Par Louis VALENTIN, ex-médecin en chef d'armée et des hôpitaux en Amérique , de plusieurs Sociétés nationales eë )P que ; P étrangères ; résidant à Nancy. Depuis que les établissemens se sont multipliés dans l’Amé- rique Septentrionale, on a trouvé une grande quantité d’osse- mens qui ont appartenu à un animal dont on ne retrouve plus. la race et qui paroît avoir été du genre de l’éléphant, mais. beaucoup plus gros. En creusant aux environs des lacs du Ca- nada , où les sauvages appellent l’animal père aux bœufs, près des rivières qui tombent dans l'Ohio, vers les rivières Miami , Muskingum , dans l’état du Kentucky et du Teunessée, etc. ;, mais principalement près des sources salées , on a découvert des portions de squelette et des défenses d’une longueur et d’une pesanteur étonnantes. Nous avons vu un fémur et un tibia, lesquels réunis, donnoient einq pieds et demi de hauteur; un autre fémur seul qui avoit près de cinq pieds de long sur trente-six pouces de circonférence dans sa partie moyenne ou cylindrique ; des défenses d'ivoire comme celles de l'éléphant, qui ayoient près de sept pieds de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 20 Jong, sur un pied six à huit pouces de circonférence à la base. On n’avoit encore pu, jusqu'en 1800, se procurer un squelette complet de ces os fossiles. Deux médecins de Philadelphie, les docteurs Barton et Wistar possédoient la mâchoire inférieure, presqu’en totalité , garnie de deux dents de chaque côté, sur-tout celle du premier , ayant cinq et trois pointes toutes doubles ; mais personne n’avoit la tête entière. Depuis peu d’années, l’état de la Nouvelle- York ;, aux envi- rons de la belle rivière d'Hudson, est le théâtre des dernières découvertes d’os fossiles : on vient d’y en trouver un plus grand nombre qu'ailleurs. En 1800 , en creusant dans des lieux bas et marécageux des comtés d'Orange et d’Ulsten , à trois, quatre ou cinq pieds de profondeur, on est parvenu à se procurer des parties qu’on n’avoit point encore possédées. Quelques os trouvés à dix pieds de profondeur étoient aussi sains et aussi entiers que ceux qu’on avoit rencontrés plus près de la superficie de la terre. Quelques-uns cependant se sont rompus, sur-tout ceux de la tête. Dans un autre endroit , à huit milles de la ville de New-York, on a trouvé que la mâchoire supérieure est perforée pour recevoir une défense comme celle de l’éléphant ; que la connexion des défenses étoit par gomphose ; que ces défenses sont évidemment d'ivoire ; que les onvertures où étoient les narines, ont 8 pouces de diamètre , et malgré qne des os du pied paroïssent prouver que cet animal avoit des griffes, on ne peut résister au penchant qui porte à croire , d’après la structure de sa tête, que c’étoit une espèce d’éléphant. On a même rencontré des poils de trois pouces de longueur et d’une couleur obscure que l’on assure avoir appartenu à ce monstrueux quadrupède. Le docteur Graham, sénateur , dans une lettre au docteur Mitchill, représentant au congrès, et professeur de chimie et d'histoire naturelle au col- lège de Colombia, dit à cette occasion, qu’il est difficile de résoudre la question. « Pourquoi la providence auroit-elle détruit cètte espèce qu’elle s’étoit ce à créer ? Si cependant elle étoit vorace, il est heureux pour l'espèce humaine qu’elle aitété éteinte: par des moyens quelconques.» Il est permis de douter de l’assertion de quelques auteurs qui disent que des Sauvages , des Russes et des Groënlandais ont vu cet animal vivant , et qu'il existe encore dans le Nord. Tout ce qui a été transmis par tradition aux plus vieux Indiens qui ont des relations avec les Etats-Unis, et près desquels on a pris des: renseignemens sur cet objet, n’est que fable et n'offre même pas Fombre de la vraisemblance. Le président actuel des Etats-Unis 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Jefferson, s’en est autrefois beaucoup occupé, ( Voyez notes ou Virginia.) Il est de fait, qu’en Sibérie et dans le Groënland, où l’on a trouvé des os fossiles semblables, personne n’a pu attester avoir vu cette espèce vivante ; il répugne de croire que cet animal estun cétacée ou un amphibie du genre de l’hippopotame ; on ne manque pas de raisons pour prouver le contraire, M. Cuvier, qui fait des recherches aussi curieuses que savantes sur les animaux dont la race est éteinte , distingue l’animal de Sibérie qui fournit l’ivoire fossile, du mammouth, dont ce dernier diffère principalement par sa grandeur et par les pointes de ses dents molaires, etc. Depuis que nous avons reçu des détails à cet égard ( 1e me- dical repository of New-York, tome IF) et ce que nous en avions dit ailleurs (voy. la troisième édition française de la géographie de Guthrie, tome VI, p. 225 et 262, Paris, chez Hyacinthe Lan- glois), on a publié dans les gazettes américaines, en 1801, que M. William Peal , propriétaire du Museum de Philadelphie, ayant rassemblé de ces os trouvés dans le comté d'Orange, état de New-York, étoit parvenu à en former un squelette dont la hauteur est de douze pieds; que la tête a quatre pieds et demi de longueur, et les défenses dix pieds, et que les autres parties sui- vent les mêmes proportions. Presque tous ces os ont été trouvés dans des lits de terre cal- caire : les os du #egalonix ou grande griffe , dont M. Jefferson a donné la description , furent trouvés dans des cavernes de pierres à chaux dans le Tennessée. Les autres os énormes du megatherium , en si grande quantité dans le comté d’Ulster, dont M. Sylvanus Miller écuyer , a donné quelques détails, dans une lettre au professeur Mitchil], se rencontrent dans des couches de marne , lorsqu'on creuse pour se procurer cette substance calcaire que l’on répand sur les terres, afin de les fertiliser. On remarque cependant quelquefois , que ces os commencent à tomber en petites portions lorsque, bientôt après être sortis de ces tombeaux calcaires, on les expose à l’atmosphère. Des dents qui étoient saines et entières, lorsqu'on les tiroit de la terre, noircissoient bientôt, se gerçoient , perdoïent leur émail et tom- boient en petites écailles. Sans un pareil préservatif on peut présumer, avec notre ami Mitchill, que leS restes de ces ani- maux auroient été décomposés depuis des siècles. EU DH DS TOUR NAT D'R/E/L-L'E, 203 Dm | FAITS D'HISTOIRE NATURELLE OBSERVÉS Par le Professeur Mrrcu:zz, de New-Yorck. 19, Acacia blanc qui a fleuri une seconde fois après avoir dié frappé de la foudre. Un 7obinia pseudo-acacia fut frappé si violemment par la foudre , après la floraison, que ses feuilles se desséchèrent, tom- bèrent et l’arbre parut mort : cependant quelques jours après, il donna des signes de retour à la vie, et de nouveaux boutons commencèrent à se développer : il sortit de ces boutons de nou- velles feuilles ; mais ce qui est singulièrement digne de remarque, c’est que cet arbre fleurit une seconde fois, plusieurs semaines après la chûte des premières fleurs arrivée en même- temps que celle des arbres voisins de la même espèce, Ce second effort n’a point épuisé l'arbre qui a continué à croître et à pousser des branches chaque année : il étoit en très-bon état trois ans après cet accident. 2°. Régénération de l’écorce enlevée aux pommiers. Ordinairement on tue les arbres si on les dépouille de leur écorce. Il y a cependant un temps de l’année, où l’on peut enlever celle des pommiers autour du tronc, depuis les racines jusqu'aux branches, sans qu’il en résulte aucun dommage, Deux mois après avoir enlevé l’écorce d’un de ses pommiers, en laissant aux branches intactes leurs feuilles et leurs fruits , le docteur Mit- chill vit une nouvelle enveloppe recouvrir tout le tronc qu'il avoit mis à nud, et l’arbre ne parut pas en souffrir. Il faut, pour cette opération, choisir les jours les plus longs, c’est-à- dire, vers la fin de juin. Un arbre ainsi écorcé en 1797, a passé les hivers longs et vigou- reux de cette partie septentrionale du nouveau continent, en 1798 et 1799, sans en ayoir reçu aucune injure. Un autre, qui 204 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE l’avoit été en juin, a complettement recouvyré son écorce en sep- tembre, et il étoit aussi chargé de fruits et de feuilles que si on n’y eut pas touché. Des cultivateurs disent que cette opération bien faite rajeunira les vieux arbres; mais quoique notre auteur ait été témoin nombre de fois de l’innocuité de cette pratique, il avoue qu’il regarde le remède comme très-violent et douteux. Cependant cette expérience démontre une grande faculté dans l’économie végétale : il ignore encore si le même procédé peut être suivi d'un semblable résultat sur d’autres arbres. 3°. Mouvement rétrograde de la sève dans un cerisier sauvage. Deux cerisiers sauvages (prunus Virainiana) croissoient à deux pieds l’un de l’autre dans la ferme du professeur Mitchill : le corps de l’un étoit fourchu , et une branche de l’autre croi- soit précisément dans l'intervalle résultant de la séparation. Dans les progrès de la végétation, les trois branches vinrent en contact immédiat, et crurent promptement ensemble. L'inoculation de- vint si complette , que la branche étrangère parut s'être unie fermement avec l’arbre par lequel elle étoit embrassée à sa bifur- cation. Ayant enlevé l’écorce près des racines en forme de cein- ture , au tronc de l’arbre avec lequel la branche de l’autre avoit formé une si intime connexion, on vit bientôt périr la partie de l’arbre qui étoit au-dessous de la ceinture, et les racines perdre leur suc; mais ce qui étoit au-dessus continua de vivre, et le sommet de porter des feuilles et des fruits pendant plusieurs années. Cette arbre tiroit entièrement sa nourriture de la sève qui dérivoit du tronc voisin; mais ce n’est pas tout : la distance de l’insertion de la branche dans:le corps de l'arbre, à la place où l’on avoit fait la ceinture, étoit d’environ huit pieds. Cepen- dant , jusqu'à cette partie, ou un peu au-dessus, le corps a continué à vivre , à croître et à pousser des rejettons , ce qui n’a pu se faire sans un mouvement rétrograde de la sève dans toute la distance, depuis le point d’union de ces branches. On a ob- servé quelque chose de semblable sur d’autres arbres (44e medical repository 0f New-York, vol. III, p.420, année 1799). CATALOGUE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 EE CATALOGUE D'une collection géognostique de minéraux d’après Le systéme de M. Werner , fait pour J.-C. Delamétherie au magasin des minéraux de l’Ecole des mines de Freiberg , sous la direc- tion de M. Hoffman, inspecteur. “ Daubuisson à donné dans ce Journal, frimaire an 10, un ex- posé de la classification oryctognostique des minéraux par le célèbre Werner. Il a eu la complaisance de m'envoyer une collection géognos- tique de roches d’après le système du même professeur : c’étoit un des moyens les plus sûrs que nous eussions pour connoître à Paris parfaitement cette méthode, qui est aujourd’hui suivie dans toute l’Europe, excepté en France. Il me marque « que M. Hoff- man, inspecteur du cabinet de minéralogie de Freïiberg , a fait faire cette collection avec le plus grand soin ; que M. Werner lui-même en a examiné tous les morceaux. Ainsi cette collection, ajoute-t-il , est entièrement ayouée par cet illustre professeur , et vous pourrez la donner comme telle.» Daubuisson , très-instruit lui-même en minéralogie, ya joint quels notes pour faire encore mieux connoître l’opinion de LVv erner. Werner distingue les roches en quatre grandes classes. I. Urgebirgsarten. MoNTAGNES PRIMITIVES. Rocxss PRIMITIVES. Il. Ubersangsgebirgsarten. Rocnes DE FORMATION INTERMÉDIAIRE, RoCcHES DE TRANSITION. Ce sont les roches qui se trouvent entre les terreins primitifs et les terreins secondaires. IT. Zloezgebirgsarten. RocxEs DE FORMATION SECONDAIRE. Rocues STRATIFORMES. Tome LIF. VENTOSE an 10, D d 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE IV. Aufoeschremte gebirosarten. Rocxes D’ALLUVYION. I] fait une cinquième classe des roches volcaniques. V. Vulkanische gebirosarten. RocxEs VOLCANIQUES 0 QU CCS Je vais donner le catalogue de ces différentes roches que j'ai reçues de Freiberg. I. Rocurs Prrmrrivss. ( Urgebirgsarten). 1. Granir. De formation la plus ancienne. Granit à fort gros grains, composé de feldspath blanc-rou- geâtre, de quartz gris-cendré clair, et de mica d’un noir- brunâtre , de Schneeberg. Granit à gros grains, composé de feldspath rouge de chair, de quartz gris, et de mica d’un noir-brunâtre , de Johann- Georgenstadt, Granit à petits grains, composé de feldspath d’un blanc-jaune sale , de quartz gris ét de mica d’un noir-brunâtre, de Schneeberg. x Granit à petits grains, composé de feldspath blanc de lait un peu décomposé , de quartz gris-cendré et de mica noir- brunâtre de Kakelmann près Schwartzenberg. Même granit, dans lequel le feldspath n’est point altéré, de Gloesberg près de Schneeberg. Granit à petits grains, composé de feldspath en partie blanc- rougeâtre, eten partie brun-rougcâtre , de quartz gris-cendré, et de mica d’un:uoir-brunâtre de Schneeberg. Granit à très-petits grains, composé de feldspath blanc rou- geâtre, de quartz gris, et de mica d’un gris-jaunâtre des environs de Wiesenbad près Annaberg. Granit à très-petits grains , composé de feldspath blanc-rou- geâtre, quartz gris, et un peu de mica gris-jaunâtre, de Hoc- kiwerke près Geier: Granit à irès-petits grains , composé de feldspath , partie rou- geûtre, partie blanc-verdâtre, de quartz gris, et de mica d’un noir-brunâtre , et contenant de la pyrite martiale dissémi- yée en très petits grains, de Naundorf près Freïberg. PAT D ETS TD OMTERPE" CNPAENUPRNENTI DRE. 207 10. Granit à grains extrêmement petits, composé de feldspath blanc-rougeâtre, quartz gris, et de mica d’un gris-jaunûtre foncé, de Wissenbad près Annaberg. 11. Granit à grains extrêmement petits, composé de feldspath blanc-rougeâtre, de quartz grisâtre, de mica brun-foncé, mêlé de quartz et de feldspath cristallisé couleur brune ; il commence à s’approcher du granit porphyrique , de Schel- lerham près Aitenbers. 12. Le même que le précédent , composé de feldspath à petits grains blanc-jaunâtre, de quartz gris, et de mica brun foncé, mêlansé de cristaux de quartz et de feldspath du même endroit, 13. Granit PRRRTrous composé de feldspath blanc, quartz gris, mica noir-brunâtre, contenant des cristaux de feldspath , de Glasberg près Schneeberg. Ce granit n’est point encore le granit porphyrique bien carac- térisé. Dans celui-ci , les cristaux de feldspath sont beaucoup pius gros, et généralement distingnés par leur couleur , de la masse totale. Ce granit porphyrique, ainsi caractérisé, se trouve,enir’au- tres lieux, près de Ellenbogen à peu de distance de Carlsbad en Bohême. Au reste, les espèces les mieux caractérisées parmi celles-ci, pour le granit commun, sont celles des numéros 1,2, 47) Ô, CE b. Formation secondaire plus nazvelle. 14. Granit à petits grains , composé de feldspath blanc-jaunätre, de quartz gris, et d’un peu de mica gris-jaunâtre , de Grei- senstein près Ehrenfriedensdorff, 15. Granit à petits grains, composé de feldspath gris-jaunâtre un peu décomposé, de quartz blanc-grisâtre, et d’un peu de mica gris-jaunâtre, dans lequel paroîtempâté un fragment - de schiste micacé ( glimmerschieffer) du même lieu. Cette dernière circonstance est une preuve complette de la formation plus nouvelle de ce granit. 16. Granit à très-petits grains, composé de feldspath à petits grains , de quartz gris, et d’un peu de mica brun foncé, de Lavenhayn près Mitweyda, C’est principalement la position géognostique de ce granit, qui dénote la nouveauté de sa formation. Pè d 2 208 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE A. Variations accidentelles du granit dans sa contexture et dans sa composition. Les variétés suivantes doivent être regardées comme des ano- malies du granit. Elles forment des masses de peu d’étendue ,, et parconséquent doivent être regardées comme accidentelles. On ne doit pas plus y avoir égard dans la détermination de l'espèce en géognosie , qu'on en a dans la zoologie et la botanique aux monstres, et aux jeux de la nature: | (Pour qu’une substance minérale, dit Werner, soit admise en géognosie, comme une espèce particulière de roche, il faut que sa texture présente quelque chose de particulier , de carac- téristique, et principalement qu’elle forme des masses d’une éten-. due considérable. Note de Daubuisson ). a. Granit à gros grains, composé de feldspath blanc-rou- gcâtre , de quartz gris, et de mica d’un brun sombre, de Sto- werck près Geier. Ce granit, qui appartient à l'espèce du n°. 8, est entouré et recouvert de couches de gneis dans toutes les masses voisines. de cette dernière roche; il éprouve des variations très-sensibles, soit dans le volume , soit dans les proportions des parties compo- santes. Ces variations au reste, ne s'étendent en profondeur que depuis un pied jusqu’à dix pieds. On appelle cette couche supé-. rieure du granit, stockscheiders, parce que c’est là où finissent les petits filons de minerai d’étain, qui composent ce qu’on nomme le zwettnstokewerk. Ils sont tous dans le granit, et on n’en retrouve aucune trace dans le gneis, qui est au-dessus. b. Granit à très-petits grains, composé de feldspath blanc, de quartz gris, de mica nor-brunâtre ; se trouve mêlé avec le granit à gros grains de même espèce, de Gloesberg près Schneeberg. c. Granit à grains de différentes grosséurs , contenant du feld- spath rougeâtre, du quartz gris, et du mica brun, des environs. de St.-Michel près Schneeberg. d. Granit à grains peu distincts, composé de feldspath rou- geâtre , de quartz gris et d’une très-petite partie de mica gris-jau- nâtre, de Stokwerck près Geier. e. Roche à gros grains, mêlée de quartz d’un blanc-grisâtre. et de mica d’un gris-jaunâtre (dite greissen), de Zinwald , où elle. se trouve par couches dans le granit. Elle contient ordinairement de la mine d’étain, ainsi qu’on le voit dans les deux variétés sui- vantes, , JET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 J. Granit à petits grains, composé de feldspath rougeâtre, de quartz gris, et de quelques parties de mica, portant quelques taches d’une nuance bleue , aux environs de Bucholz près An- nabereg. | g. Granit à petits grains, composé de feldspath , partie d’un blanc rougeâtre, partie couleur de chair , de quartz gris, d’une très-petite quantité de mica et de talc vert, des environs d’An- naberg. Le gissement de ces deux dernières variétés n’est pas encore suffisamment connu, pour qu’on puisse déterminer à quelle époque de la formation elles appartiennent. B. Variétés des granits altérés et décomposés. h. Granit à petits grains, composé de feldspath couleur de blanc-grisâtre , de quartz gris, d’une très-petite portion de mica noir talqueux, de Stockwerk près de Geier. 2. Granit à gros grains, composé de feldspath blanc, entière- ment décomposé, de quartz gris , d’une très-petite portion de mica gris-jaunâtre, aussi décomposé qui, par son mélange avec le feldspath, forme une terre stéatiteuse verdâtre, de Zinnwald: £. Granit à très petits grains , de même espèce, même lieu. £. Granit à très-petits grains, avec du feldspath d’un blanc- rougeâtre un peu moins décomposé , de Buchoolz près Annabere. m. Granit à gros grains décomposé , composé de feldspath d’un blanc-rougeÂtre , entièrement altéré , de quartz gris et d’un peu de mica d’un gris-jaunâtre , de Schimmel près Johann-Georgenstatd. C. Masses métallifères dans le granit. 19, En couches. 7. Un mélange de mica, de quartz, de fluor, et d’un peu de mine d’étain, de Zinwald. o. Mine d’étain en masse cristallisée ,. avec du quartz et du mica , du même endroit. 20. En filons. . Granïît traversé par une veine de quartz et de mica, dans laquelle la mine d’étain est disséminée , de Stockwerk près Geier. g. Granit avec une veine de quartz et de pyrite arsenicale, du même endroit. ” 210 JOURNAL: DE PHYSIQUE, NE CHIMIE L'exploitation se faisant dans le Sickwerk par la torréfac- tion, les deux échantillons précédens ont été altérés par l’action du fer, ce qui est cause qu’en les cassant , ils affectent la forme feuilletée. r. Granit traversé par de très-petites veines, qui contiennent ainsi que la masse , de la pyrite arsenicale, du même endroit. s. Granit composé de quartzet de mica en fenilles minces, avec de la mine d’étain disséminée , du même endroit. £. Grawit à petits grains, composé de feldspath blanc, de quartz d'un blamc-grisâtre , de mica en feuilles minces d'un noir-grisâtre et de mine d'étain disséminée, du même endroit. Cette espèce est celle qui termine le filon dont il est parlé ci- dessus, et dont le remplissage éprouve un changement aussi considérable dans toute sa partie supérieure. Les filons, dont les échantillons précédens ont été détachés, appartiennent à la for- mation la plus ancienne des granits. Ils finissent ordinairement avec eux, et leur sont par-tout adhérens. Il semble que la roche étoit encore hiolle, lorsque les fentes ont été remplies ; et qu’elle ait été imprégnée de la partie métallique. (La manière dont Werner explique la formation de ces veines ressemble beancoup à celle dont vousexpliquez dans votre tAcorie de.la terre ; \a formation des filons métalliques. Note de Dau- buisson. ) . Ces observations de Werner et de Daubüisson confirment de plus en plus mon opinion sur l’origine des filons, que je regarde comme une cristallisation des matières métalliques ou autres qui étoient contenues dans la masse de la montagne , et qui se sont réunies par affinité. Quiconque verra les filons sans prévention reconnoîtra cette vérité. On voit dans tous les granits, des veines ou filons de substances différentes qui ont cristallisé de cette ma- nière par voie d’affinité. J’y ai souvent observé de petits filons de auartz, de peu d'épaisseur et d’une certaine longueur. Onne dira pas qu'ils’étoit formé une fente, et que le quartz est venu s’y. déposer. : On a objecté qu’on a trouvé dans quelques filons des cailloux roulés , des arbres...j’ai dit que ceux-ci ont été formés d’une autre matière : mais quelques cas particuliers ne détruisent point les observations générales dont nous venons de parler. Note de J.-G. Delaméthéerie. 2, Gneis (gneis). 17. Gneis très-imparfaitement schisteux , composé de feldspath I ET D'HISTOIRE NATURELLE ET © d’un blanc rougeâtre à gros et à petits grains , de quartz gris, et de mica d’un brun-noirâtre. Espèce qui forme le passage du gneis au granit , de Legenfeld près Marienberg. (La texture du gneis, dit Werner, est greuue schisteuse (kor- nige schieffrig.) ::car elle participe de la texture grenue‘etschis- teuses le feldspath et le quartz sont en grains , et par leur réu- nion ÿ ils forment des petites couches, qui vont en: s’amincis- sant yers les bords, entre lesquelles se glissent, des couches. de mica. Dans l'échantillon n°. 23 ; la double texture du gneis est très-distincte. Cette texture est appelée en allemand #osrich. Ce mot n’a point de synonime en frahçais : il exprime Ja texturelen bandes minces , couches des feuillets que présentent.des planches de sapin. Note de Daubuisson ). s 18. Gneïsimparfaitement schisteux à feuillets très-épais, composé de feldspath d’un blanc-rougeâtre à gros et à petits srains, de quartz gris et de imica d’un brur-noirâtre, de Grosvatterdorf entre Freiberg et Marienbers. .* M. Werner nomme cette variété , gneïs grenu. * 49." Gneiïs à feuillets épais et courbes, composé de feldspath d'un blanc-rougeâtre, de quartz gris, et de. mica gris à feuillets minces, deTodstein près Schwarzenberg. 20. Gneis à feuillets courbes et ondés , composé de feldspath à petits grains d’un blanc-jaunâtre, de quariz gris, et de mica d’un gris-jaunâtre ondulé à feuillets minces, de Reisland .… ventre Marienberg et Freiberg. ; s M. Werner nomme cette variété, gneis. 21. Gneis à feuillets minces un peu courbes, composé de feld- ; spath rougeâtre, de quartz gris, et de mica gris-jaunâtre , à feuilles très - minces. La masse est, quelquefois divisée en barres, dont le centre est formé de quartz; d’où M. Werner le nomme aussi gneis en barres. …. , Toutes, ces yariétés appartiennent,à Ja, plus ancienne forma- .ton de gneis, dans laquelle on netrouve point ou peu de filons _métalliques. | : 260 (1J’ai vu à Gloshütte une roche de ces gneis ondulés on en barres ; elles présentent alternativement des couchés de feldspath quiticynentile milieu entre le feidspath à petits grains, et le feld- #$path/{çompacte (le pétrosilex des:Francais ); il'étoit d’ün rose . Passant au rouge. de chaïr;blair. Ces couclies ;: assez étendnes, avoient demi, un et jusqu’à deux pouces d'épaisseur. Des couches d’un quartz de fumée sale , moins étendues que celles du feldspath 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et plus minces, et des couches de mica d'un gris-jaunâtre et très minces. Dans la masse de ce gneïs, on voyoit de grosses paillettes de mica blanc d'argent, et d’un éclat simimétallique approchant du métallique. Note de Daubuisson ). 22. Gnéis à petits feuillets composé de feldspath d’un blanc-jau- nâtre à petits grains , de quartz gris, et de mica d'un gris- jaunâtre , de Martersberg près Marienberg. x 23. Gnéis parfaitement feuilleté, composé de mica brun foncé à écailles grosses et petites, de feldspath blanc de lait, de quartz blanc-grisâtre, de Freiberg. C’est de tous les échantillons du gneiïs, le mieux caractérisé. 24. Gneis parfaitement feuilleté, composé de feldspath d’un gris- jaunâtre, de quartz gris et de mica, partie noirâtre, partie jaune clair, de Freiberg. 25. Gneis feuilleté mince, composé de feldspath à petits grains, de beaucoup de quartz et de mica d’un brun foncé à grosses écailles, de Langenau près Freiberg. 26. Gncis à feuilles minces, composé de feldspath blanc de lait, de quartz d’un blanc-grisâtre, et de mica brun foncé à petites écailles, de Groswalterdorf près Freiberg. A. Variétés de gneis , relativement à sa composition et à la nature des couches qui s’y rencontrent. a. Gneiïs feuilleté, composé en grande partie de feldspath blanc de lait à petits grains, de quartz blanc, de très-peu de mica ter- miné à feuilles terminées, et de grenat à petits grains disséminés, des environs de Brand près Freiberg. b. Gneis feuilletiné mince , composé de feldspath à petits grains, partie d’un blanc-verdâtre, partie blanc de lait un peu décomposé, de quartz d’un blanc-grisätre, de mica à petits feuillets d’un gris-verdâtre, et de grenats disséminés , du même endroit. c. Gneis feuilleté, composé de feldspath à petits grains blanc de lait en partie décomposé, de quartz d’un blanc grisâtre, et de mica à écailles minces d’un blanc-jaunâtre , des environs de Iung- Hohenberg près Freiberg. d. Roche à feuillets très-minces, formée de feldspath à petits grains , partie blanc, partie grisâtre, d’un peu de quartz, de petits grains bruns, très-petits, qui semblent être des grains de grenat, de Roswein. e. Roche BUT: D2HIS T OUR E /N A TUIR Eh LE. 213 e. Roche semblable à de très-petits grains , déja schisteuse, sans grenat, du même endroit. Cette roche semble encore appartenir su gneis, et forme une des variétés remarquables qui lui est propre; son gissement n’a pas encore été suffisamment observé. SJ. Espèce de gneis imparfaitement feuilleté, composé de feld- spath-d’un gris jaunâtre, d’un peu de quartz gris, de mica à pe- tites écailles, d’un gris-jaunâtre , et de grenats nobles en grains ; de Voigtsdorf près Freiberg. g. Roche semblable, composée de feldspath d’un gris-jaunâtre, de quartz gris, de mica gris-jaunâtre-à petites écailles , et d’une grande quantité de‘grenats nobles, de Forcheim , entre Freiberg et Marienberg. ë k. Roche composée de feldspath blanc de lait à gros et à petits grains, d’un pen de quartz et de mica d’un brun-noirâtie, de Voiïgtsdorf près Freiberg. i. Roche composée de feldspath blanc-rougeâtre à petits grains, de très-peu de quartz, de mica à feuilles très minces, des environs de Hohebirke près Freiberg. #&. Roche semblable avec grenat noble d’un rouge-brun ; de Groswaltersdorf près de Freiberg. Toutes ces espèces ne forment que des couches isolées ples ou moins considérables, et même souvent elles ne se trouvent que par parties dans le gneis. | /. Gneis composé de quartz d’un blanc-grisâtre, d'ané très- petite portion de feldspath, et de mica d’un brun foncé "à petites écailles approchant du schiste micacé , de Groswoigtsberg près Freiberg. m. Roche composée de grenats nobles, et d’an minéral qui a grand rapport ayec le strahlstein, de Voigtdorf près Freiberg. n. Roche semblable , mêlée de mica, de Groswaltersdorf. Ces deux espèces semblent former une couche assez étendue dans le gneis , et la dernière a été employée quelquefois comme émail. ; s £ € (Dans les gneis de Freïberg on trouve, quoiqu'en petit nombre, des couches de porphyre de hornblende, de calcaire primitif. Note de Daubuissor ). B. Masses métallifères dans le gneis. 1, En filons. o. Guneïs portant une masse de filons, composée de quartz, de pyrite arsenicale, d’un peu de mine d'étain, du wolfram, de Tome LIF. NENTOSE. an 10. Eve 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE topaze blanche cristallisée,de lithomarge et de talc compacte cris- tallisé , de Sanberg près Ehrenfriedersdorf. p- Mine d’étain compacte cristallisée avec un peu de chlorite sur le gneis, de Graupen en Bohème. g. Gneis mélangé de pyrite martiale commune et d’argent rouge foncé , de Grumzwerg près de Freiberg. Il a été déja observé, en parlant des granits, que les roches qui forment les paroïs des filons, sont souvent mélangées des mêmes parties métalliques. Le morceau ci-dessus , ainsi que plu- sieurs autres qui suivent, offrent des exemples de ces formations dans les montagnes de gneiïs. r. Gueis décomposé où se trouvent mêlées de très-petites py- rites arsenicales cristallisées, de Himmelfahrt et Abraham près Freiberg. Les roches et sur-tont le gneis, sont souvent altérées et décom- posées dans le voisinage des filons qui contiennent de la pyrite martiale. Les ouvriers ne donnoiïent autrefois le nom de gneis qu’aux portions de roches ainsi décomposées , désignant par celui de éruchstein , la roche dans son état naturel. D’après les nombreux travaux de M. Werner sur la géognosie , la dénomination du gneis a obtenu une toute autre signification. Elle comprend toutes les roches de cette espèce. s. Gneis décomposé, mêlé de pyrites martiales cristallisées , traversé de plusieurs filons de quartz et de pyrite martiale, du même endroit. z. Gaeis décomposé, traversé par deux filons formés de qnartz mélangé de blende noire et de pyrite martiale, de Freiïberg. z. Gneis décomposé traversé par un filon , dont la partie con- tigue au salbande, est composée de blende noire, et dont le mur est formé de pyrites martiales et de quartz , de Himmel- fahrtz et Abraham près Freiberg. Werner vous diroit ici : la fente qui étoit dans le gneiïs a été remplie d’asord par une dissolution qui a déposé la blende sur les parois de la fente : puis est venue une autre dissolution chargée de pyrites, qui a déposé un second précipité sur le premier : ou bien, diroit-il, dans ce filon, ia pyrite et le quartz sont d’une formation postérieure à la blende. Note de Daubuisson. L’inspection de l’échantillon ne permet guères d’admettre ces explications, je renvoie à la note ci-dessus. Note de J.-C, Delamétherie. à De: ET D'HISTOIRE NATURELLE. °15 v. Gneis décomposé, avec un filon composé de braunspath, de blende noire et de pyrite martiale , du même lieu. 3. Schiste micacé ( glimmer schiefer }. 27. Schiste micacé à feuillets minces, composé de quartz d’un blanc-grisâtre , de mica d’un gris-jaunâtre, et de grenat noble d’un rouge-brun ; dé Schoembran près Wo!kenstein. 28. Schiste micacé à feuillets minces, composé de quartz blanc- grisâtre, de mica gris à grandes écailles , de grenat noble de couleur rouge, de Voigisdorf près Freiberg. 29. Schiste micacé à feuillets épais, avec des grenats plus petits, de Fravenberg près Ehenfriedersdorf. 30 Schiste micacé avec une très-petite quantité de grenats très- ‘ : petits, même endroit. 31. Schiste micacé à feuillets plus épais, de Brawersdorf près Freibers. . 32. Schiste micacé à feuilles un peu épaisses, mêlé de mica blanc argentin et d’un peu de quartz, de Ehrenfriedersdorf. 33. Schiste micacé à feuillets minces d’un gris-jaunâtre, à Menzig près: Meissen. 34. Sciste micacé quartzeux, des environs de Gcier. 35. Schiste micacé semblable, des environs de Geier. A. Espèces accidentelles de schiste micacé. a. Schiste micacé à feuillets épais très-quartzeux, composé de quartz gris, de mica gris-jaunâtre, de Hinternfustembers , près Johann-Georgenstadt. B. Couches dans le schiste micacé. LA b. Grenat commun brun en masse et cristallisé, avec de la pyrite martiale , de Hochmuthe près Geier. c. Grenat commun vert compacte cristallisé avec quartz, de Kersberg près Ehrenfriedersdorf. d. Grenat commun vert olive cristallisé avec quartz, de Rit- tersgrun près Swartzenberg. e. Le même, mêlé de schifferspath , du même lieu. f. Strahlstein commun avec quartz de Kresberg près Ehren- friedersdorf. g- Strahlstein asbestoïde avec un peu de pyrite magnétique, de Christophe en Breïtenbrun près Schywartzenbers. E e 2 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A. S'rahlstein asbestoïde avec quartz et pyrite de cuivre, du même lieu. 1 z. Strahlstein asbestoïde avec pyrite martiale commune, de Katharina près Räschau. Æk. Mélange de pyrite de cuivre , de pyrites arsenicales, de mines d’étain , de spath fluor et de chlorite , de Christophe près Breï- tenbrun. l L. Pyrites magnétiques, du même lieu. (Ce minéral fait le passage de la pyrite martiale à la mine de fer magnétique ; il est plus riche en fer que la pyrite. Sa cou- leur , qui est principalement le caractère. distinctif, tient le milieu entre le jaune de bronze et le rouge de cuivre. Note de Daubuisson ). m1. Mine de fer commune magnétique en masse, du même lieu. 7. Mine de fer commune en masse, avec hornblende commune, de Kupferberg en Bohême. o. Blende brune à petits et à très-petits grains , mêlée d’un pew de galène de spath fluor et de schieferspath, de Rittergrun près Le) Schwarzenberg. p:. Blende noire à gros et petits grains, mêlée de mine de fer magnétique, de Christophe près Breitenbrun. 5 4. Schiste argileux (thonschieffer ). a. Lspèces essentielles. 36. Schiste argileux quartzeux , approchant du schiste micacé , mélangé d’une grande quantité de feldspath en grains, de Herold près Ehrenfriedersdorf. C’est une variété remarquable, toute particulière, dont le gissement rest pas encore bien connu. 37. Schiste argileux gris, portant des taches oblongues d’un noir-grisâtre , formées de hornblende, de Burghardswalde près Meissen, 38. Schiste argileux semblable, avec des taches pareiïlles, mais plus petites, du même lieu. 39. Schiste argileux à feuillets épais, de Schneeberg. 40. Schiste argileux rouge , avec des taches semblables aux pre- cédentes, un peu plus foncées, du même lieu. 41. Schiste argileux gris-jaunâtre tacheté, du même lieu: 42. Sihiste argileux gris tacheté , de Schneeberg. RTE D AMIS OËTORLE. LIN ANTULR EU T.E. £17 43. Schiste argileux, avec des taches semblables plus foncées, du même lieu. 44. Schiste argileux , un peu épais d’un gris un peu bleuâtre foncé, même lieu. 45. Schiste argileux quartzeux d’un gris-bleuâtre très-foncé, tra- versé diagonalewent par un filon de quartz, de Gebhard près de Schneeberg. 46. Schiste argileux d’un gris-verdâtre , de Gersdorf. 47. Schiste argileux à feuilles assez minces, d’un noir-grisâtre très-fonce , avec de petites pyrites martiales disséminées, de Lehsten dans le Margraviat de Bareuth. On en fait des dessus de tables et des plaques à écrire. 43. Schiste argileux à feuillets minces, d’un gris-bleuâtre, avec un peu de pyrite martiale disséminée, de Gersdorf. 49. Sciste argileux à feuillets très-minces, gris-bleuâtre , de Hormers près Locniz. 5o. Schiste argileux à feuillets extrêmement minces, d’un gris- bleuâtre très-sombre extraordinairement, du même lieu. 51 Schiste argileux rougeâtre, à fragmens extrêmement minces, des environs de Rochlitz. Ù Ces trois variétés servent d’ardoise à couvert. 52. Schiste argileux gris, qui commence à approcher du schiste chlorite , avec de petites pyrites martiales disséminées, de Hartensten. 33. Schiste argileux à fragmens esquilleux, du mêrne lieu. b. Espèces subordonnées au schiste argileux. 54. Schiste à aïguiser (wetzschiefer ), d’un gris verdâtre, appro- chant du vert de montagne, de Seisersdorf près Freiberg. 55. Schiste à aiguiser, de la même couleur, mais un peu plus clair , se cassant en feuillets minces, du même lieu. 56. Schiste alumineux (alaunschiefer) commun, imprégné de pyrite et de soufre clairsemés, de Reichembach en Voist- land. 57. Schiste à dessiner (zeichenschiefer) , de Lentenberg dans le pays de Schwartzberg. A. Masses métallifères dans Le schiste aroileux. a. Cinabre rouge foncé, disséminé dans le quartz, de Har- tenstein. - 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE b. Masse de galène à petits grains , blende noire , pyrite, soufre et quartz adhérens au schiste argileux , d’une mine de Hormersdorf près Locsnitz. Ces deux variétés sont les seules dont il y avoit des échan- tillons dans le magasin ; mais on peut dire que les montagnes de schiste argileux sont les plus riches en masses métallifères. 5. Pierre calcaire (kalkstein ). 28. Pierre calcaire grenue à petits grains, approchant de celle à gros grains, mêlée de quartz , des hautes montagnes de la Saxe. 59. Pierre calcaire grenue, d’un blanc-rougeâtre, à fragmens séparés à petits grains, de Scheibenberg, près Annaberg:. 60. Pierre calcaire grenue à très-petits grains d’un blanc-ver- dâtre, parsemée de petites pyrites martiales, de Altemberg près Schmalzgrub dans le voisinage de Marienberge 61. Pierre calcaire grenue d’un blanc-rougeâtre foncé à très- petits grains, adhérens au gneis micacé', de Krotsdorf près Annabere. 62. Pierre calcaire grenue d’un blanc-grisâtre à petits grains, de Lengenfeld près Marienberg. Toutes ces pierres calcaires constituent des couches considé- rables qui se rercontrent dans le gneiïs. Celles qui suivent au contraire , se trouvent dans le schiste micacé et le schiste argi- leux. 63. Pierre calcaire d’un blanc de neïge à très-petits grains, de Furstenberg près Raschau. 6 64. Pierre calcaire grenue d’un blanc-grisâtre à grains exacte- went petits, de Weissenadler sur l’achte Bergmonnsgrun: près Schwarzenberg. , 65. Pierre calcaire d’un gris-blanchâtre, à grains extrêmement petits, de Miltiz près Meissen. 66 Pierre calcaire gris de perle à petits grains, de Maxen près Dresde. Dans ces dernières variétés, les petits grains ne peuvent se remarquer, que lorsque les échantillons sont éclairés d’une forte lumière : au premier aspect il paroïssent compactes et sous forme esquilleuse. 67. Pierre calcaire d’un blanc rougeitre, grenue , mêlée de mica gris-verdâtre, de Jaumhaus près Altemberg. 63 Pierre calcaire d’un blanc-rougeitre, grenue , avec une plus grande quantité de mica , du même lieu. ET. D'HISTOIRE NATURELLE, 21g A. Masses métallifères dans le calcaire primitif. a. Pyrite magnétique mêlée de hornblende commune d’un noir-verdâtre , et de pierre calcaire grenue, de Hilfe de Hernn près Altenberg , proche Smalzgrub, dans le voisinage de Ma- rienberg. b. Mine de fer magnétique commune, compacte dans la pierre calcaire grenue, du même endroit. Ces masses se tiennent ordinairement au-dessous , ou à la partie inférieure de ces couches calcaires. 6. Trapp primitif (urtrapp). a, Roche de hornblende. (Les trapps de Werner, dont on verra les descriptions, sont absolumentdifiérentes de ce qu’en France ,nous appelons srapp , d’après les Suédois, que nous suivons à cet égard. Le trapp suédois ( nom tiré de la forme des marches d’un escalier qu’il affecte dans ses cassures) , se rapproche du #zesel- schieffer de Werner, c’est-à-dire, de nos cornéennes et de nos lydièues où pierres de touche. C’est pourquoi nous ne pouvions point entendre les minéralogistes Wernériens quand ils nous par- loient de zrapp. Note de J.-C. Delamétherie). 69. Horublende commune , d’un noir-grisâtre à gros grains, de Mudesdorf près Freiberg. 70. Hornblende commune, d’un vert de poireau, à petits grains, des environs d'Annaberg. 1. Hornblende commune, d’un vert-grisâtre, approchant du schiste hornblende , et mêlée de mica , du Beschert-Gluck, derrière les Trois-Croix près Freiberg. (Cette hornblende forme une couche d’une épaisseur consi- dérable dans le gneis. Le filon, en traversant cette masse, ne change point de nature, mais il se divise en filons qui se joi- gnent en-dessous. Note de Daubuisson ). 2. Schiste hornblende ( hornblendeschiefer ) d’un vert-noirître , de Wsigsdorf près Freiberg. 73. Schiste hornblende d’un vert-noirâtre très-foncé , rayonné 7 De "rt 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à rayons extrêmement déliés et entrelacés en grand, schis- teux à feuillets très-épais, de Miltiz près Meissen. Ces espèces de hornblende constituent des couches isolées; les quatre premières se rencontrent dans le gneis , la dernière dans la glimmerschiefer. b. Grunstein. 74. Grunstein primitif commun à petits grains, composé de feld- spath d’un blanc-verdâtre, et dé hornblende commune d’un vert-grisâtre, de Ilkendorf près Nossen. Il faut rapporter ici le grunstein porphyrique , le grunstein porphyre, et le porphyre vert. Ces deux dernières espèces se tronvent en blocs, isolés, découverts par le temps, près de Rome et des côtes de Constantinople. On les employoit autrefois aux travaux de la sculpture ; le lieu de leur gissement est inconnu. 75. Grunstein schisteux, composé de hornblende d’un vert- noiïrâtre, mélangé avec du feldspath compacte, parsemé de pyrites magnétiques et de pyrites martiales , de Schneeberg. 76. Grunstein schisteux, semblable, de Gersdorf. 77. Grunstein schisteux, composé de feldspath compacte, mêlé d’une trés petite partie de hornblende , de Siebenlhen. Ces deux dernières variétés composent une partie des mon- tagnes, dans les endroits cités on y trouve beaucoup de filons métallifères. On voit de ces filons près de Gersdorf, qui sont interrompus par les schistes argileux des variétés numéros 46 et 48, qui reposent sur le grunstein ; d’où il résulte évidemment que ces filons se sont remplis avant la formation des schistes argileux. - A. Variétés de trapp primitif. a. Grunstein primitif à grains fins, de Fravenberg près Ekren- friedersdorf. b. Roche à base de hornblende , mélangée d’un peu de quartz et lésèrement parsemée de pyrites martiales, de Sauberg près £Ehrenfried ersdorf. c. Roche de hornblende, approchant du grunstein schisteux , de Ronbenberg près de Johann-Georgerstadt. Les gissemens de ces trois variétés n’ont pas encore été bien reconnus : la dernière pourroit bien/appartenir au grunstein schisteu x. d: Grurstein echisteux décomposé avec des veines de spath calcaire, de Romanus près Sicbenlehn. e. Grunstein ET D'HISTOIRE NATURELLE. 221 e. Grunstein schisteux décomposé, traversé de veines de pyrites martiales, du même lieu. Ces deux espèces se trou vent dans le voisinage des filons. (La pyrite martiale caractérise principalement le trapp pri- mitif. Lorsque ce grunstein se décompose entièrement, il forme de da terre à foulon, wa/kerde. Note de Daubuisson ). 7. Porphyre (porphyr ). a. Porphyre à base de hornstein (hornstein-porphyr ). 78. Porphyre à base de hornstein, tenant le milieu entre le hornstein écailleux , et les concoïdes, avec de très petits cristaux isolés de quartz et quelques-uns de feldspath , de Friebischthal près Meissen: Les roches de cet endroit sont composées de porphyre argi- leux et de porphyre à base de pechstein qui seront cités plus bas. Dans le premier, on trouve quelquefois le porphyre à base de hornstein ci-dessus , disposé par petites places : il y a de ces places où le hornstein est tout-à-fait concoïde sans cristaux de quartz ni de feldspath, mais il devient bientôt plus ou moins argileux. Ces masses de hornstein ont, de temps en temps, la forme de boule , en voici quelques exemples : a. Hornstein d’un blanc-grisâtre concoïde à écailles, mêlé ça et là d’un peu d’argile, de Fribischthal près Meissen. b. Hornstein écailleux en boule, du même lieu. Dans ces deux échantillons, le hornstein concoïde est un peu argileux , et n’est pas bien caractérisé. c. Hornstein concoïde, du même lieu. d. Hornstein rouge , parfaitement concoïde, du même lieu. e. Hornstein, parfaitement concoïde; du même lieu. f. Hornstein concoïde, semblable, dans lequel on retrouve plusieurs boules semblables, plus petites, du même lieu. 79. Porphyre à base de kornstein vert, dont la masse principale est composée de hornstein concoïde , avec un grand nombre de petits cristaux de quartz, et de feldspath décomposé, ayant aussi de petites veines d’agathe, des environs de Planitz près Zwichau. 80. Fragment d’une boule de porphyre, dont la masse principale est composée de hornstein concoïde brun, avec de très- £ Tome LIY, VENTOSE an 10. Ff 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE petits, cristaux de quartz, de feldspath, et un noyau de quartz, du même lieu. ‘81. Porphyre semblable , en boule, traversé de calcédoine, du même lieu. 82. Porphyre à base de hornstein, avec une très-petite quantité de feldspath, en grande partie décomposé, et de quartz brun, de Obergrun près Siebenlehn. 83. Porphyre à base de hornstein , semblable, du même lieu. 64. Porphyre à base de hornstein , dont là masse principale est composée de hornstein écailleux , avec de petits cristaux de quartz et de feldspath, de Rothfurth près Freiberg. Ce porphyre se trouve comme le suivant dans le gneis , et forme une couche passablement étendue au travers de laquelle les filons, qui se rencontrent dans le gneis , passent aussi sans se détourner. : 85. Porphyre à base de hornstein écailleux rougeñtre , mêlé de petits cristaux de quartz brun, et d’une très-petite partie de feldspath , de Kleinwalterdorf, près Freiberg. 86. Porphyre à base de hornstein écailleux rouge, avec des cris- taux de quartz brun et de feldspath bianc-rougeâtre , du même lieu. 87. Porphyre à base de hornstein écailleux, d’un rouge de chair pâle, mêlé de cristaux de quartz brun, partie intact, partie décomposé , du même lieu. La masse principale de cette variété est déja argileuse, et tient proprement le milieu entre le hornstein et le feldspath. b. Porphyre à base de feldspath (feldspath porphyr). . 88. Porphyre, dont la maêse principale est composée de feldspath à grains fins d’un rouge de chair , renfermant des cristaux de feldspath rouge de chair, et de quartz gris, de Kunners- dorf près Glashutth. . 89. Porphyre rouge, à base de feldspath, avec de petits cristaux de quartz et de feldspath, de Zinwald. Il pourroit se faire que ces deux espèces appartinssent à la formation la plus ancienne des porphyres. Mais c’est ce qui n’a point encore été déterminé d'une manière exacte. Les espèces suivantes sont de formation plus nouvelle. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 223 c. Porphyre à base de siénite (sienit-porphyr). 90. Porphyre à base de siénite, avec des cristaux de feldspath rouge de chair et de quartz, de Travestin. La masse principale est composée de feldspath à grains fins, Dis argileux, et qui contient de l’hornblende par places isolées. d. Porphyre à base de pechstein (pechstein-porphyr}). - 91. Pechstein ronge, de Korbis près Mcissen. 92. Pechstein brun , du même lieu. Ilse rencontre souvent dans ces montagnes des porphyres à base de pechstein , de grandes masses de pechstein pur , sans mélange de feldspath ni de quartz. Ces-deux échantillons sont de cette espèce. 95. Porphyre à base de pechstein vert olive, en pièces séparées à gros et à petits grains, avec un peu de feldspath, de Garsebach près Meissen, 94: Porphyre à base de pechstein , approchant du vert poireau en pièces séparées , à gros et à très-gros grains, avec un peu de feldspath blanc, du même lieu. + 95. Porphyre à base de pechstein d’un vert-noirâtre et d’un vert de poireau foncé , avec très-peu de feldspath , du même lieu. 96. Porphyre à base de pechstein d’un vert-noirâtre foncé ,avec un peu de feldspath , du même lieu. 97. Porphyre à base de pechstein noir, même lieu. 98. Porphyre à base de pechstein noir, veiné de rouge , même lieu. , 09: Porphyre à base de pechstein noir, avec une petite quantité de cristaux de feldspath très-petifs, du Planiz près Zwirkau. 100. Porphyre à base de pechstein gris, du même lieu, On ne peut encore déterminer avec certitude , si cette dernière - espèce de porphyre à base de pechstein , appartient à la même for- mation que les précédentes, ou à une formation plus récente. e. Porphyre à base d’aroile (thon-porphyr). 101 Porphyre dont la masse principale tient le milieu, entre le hornsiein écailleux, et l'argile endurci, de Keselsdorf, entre Dresde et Freiberg. F2 ES 224: 102. 103. 104. 105. 110. 116. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Porphyre semblable , avec une grande quantité de feld- spath , partie intact , partie décomposé , et un quartz brun , de Siebenlchn. Porphyre semblable rouge, avec des cristaux de feldspath et de mica, de Friebischihal, près Meissen. Porphyre semblable rouge, avec du feldspath , en grande partie décomposé , et du quartz gris, de Siebeniehn. Porphyre à base d’argile rouge, avec des cristaux de feld- spath décomposé , et un peu de quartz gris, de Friebisch- thal près Meissen. : Porphyre semblable, du même lieh. Porphyre à base d’argile , schisteux , rouge, tacheté de blanc , avec des cristaux de quartz et de feldspath très-dis- séminés, de Mohorn aux environs de Freiberg. Porphyre semblable rouge , renfermant des fragmens de- roches schisteuses , du même lien. Porphyre semblable, renfermant des fragmens de quartz, de: porphyre, et d’autres roches , du même lieu. ROHAURe semblable, avec un fragment de gneis, du même. ieu. _8. Siénite (sienit). Siénite à gros grains, composé de feldspath rougeûtre, et de hornblende noire commune, de Robschuts près Meissen: Siénite à gros grains , composé de feldspath rouge , et de hornblende noïre commune, du même endroit. Siénite à gros grains, composé de feldspath rouge, et de hornblende noire commune, des*environ de Planich près. Dresde. Siénite à gros grains, composé de feldspath d’un rouge de chair pâle, de quartz gris, de hornblende verdâtre, et de mica d’un noir-brun, de Scharfenberg près Meissen. Siénite porphyrique, formé d’une masse de siénite à petits grains, mélangé de cristaux de feldspath d’un rouge de chair, d’Altenbere. Siénite semblable, dont la masse principale est un peu argi-. leuse , et contient plus de hornblende, du même endroit. À. Variétés de siénite. a. Roche siénitique, composée de feldspath, de quartz et de hornblende , près Freibersg. EXD LDHAVEIS "IMONTORLE NL A TOULR ELLE E. 225 Cette roche!se trouve placée immédiatement sur le schiste mi- cacé , en très-grande quantité sur une étendue considérable. 9. Serpentine ( serpentin ). 117. Serpentine commune d’un jaune de soufre, avec un peu de talc disséminé , de Zoeblitz. 318. Serpentine commune rouge , légèrement mélangée de talc, { du même endroit. 119. Serpentine commune d’un vert-grisâtre foncé, mélangée de tale, du mème endroit. 120. Serpentine commune rouge , mélangée d’un minéral appro- chant du schillerstein , de Zellerwald près Siebenlehn. 121. Serpentine commune d’un vert-noirâtre , mêlée de talc,, traversée de petites veines d’asbeste et de stéatite, de Zoé- blitz. 122. Serpentine commune verte, avec le même fossile qu’au n°. 120 , de Hohenstein. 123. Serpentine commune rouge, avec de petits grains de pyrop,. de Zoéblitz. 124. Serpentine commune d’un vert-noirâtre, avec des grains plus gros de pyrop, de Zoéblitz. Toutes ces serpentines appartiennent aux serpentines de for- mation plus nouvelle. A. Minéraux qui se rencontrent accidentellement dans les serpentines. a. Talc d’un blanc-rougeûtre, tacheté de vert, de Zoéblitz. b. Talc endurci d’un gris-verdâtre , du même lieu. c. Talc endurci d’un blanc-verdâtre, du même lieu. 4. Asbeste commune, du même lieu. B. Masses métallifères dans les serpentines. e. Mine de fer magnétique commune dans la serpentine, de Hohenstein. 10. Roche de 1opaze (topasfels). 125. Roche de topaze à feuillets épais, composée de quartz à grains fins, d’un blanc-srisâtre, d’un peu de schorl commun, et de topaze compacte , d’un blanc-jaunâtre et d’un jaune- 226 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE blanc, de Senekenstein près Awerbach, dans le Voistland. 126. Roche de topaze semblable, avec de la topaze cristallisée et du quartz; et un peu de lithomarge (steinmarke), du même endroit. 127. Roche de topaze semblable , d’une structure schisteuse, for- mée de parties séparées à très-gros grains , même lieu: ( Cet exemple donne un exemple de cette texture de roches que Werner appelle schisteuse grenue. Note de Daubuisson. } 11. Quartz. (quartz). 128. Quartz d'un blanc grisâtre , formé de pièces séparées , à grains fins , et adhérant fortement les uns aux autres, de Oberschæna près Freiberg. 129. Quartz semblable, à grains très-fins et très-petits, du même lieu. 130. Quartz semblable gris, mêlé d’un peu de mica provenant d’une couche quartzeuse, près Freiberg. 131. Quartz semblable avec plus de mica , du même lieu. 12. Schiste siliceux. (kieselschiefer. ) 132. Kieselschiefer commun gris, des environs de Wilsdruf près Dresde. & : : Ë ; 133. Pierre de Lydie noir - velouté , traversée d’une grande quantité de veines de quartz, des environs de Hainichen à peu de distance de Freïberg, Il y a plusieurs formations de kieselchiefer. IL n’est point en- core positivement reconnu que les deux morceaux ci-dessus ap- partiennent à la plus ancienne de ces formations, On ne pourroit néanmoins guères en douter. 134 Jaspe rubanné ( bandjaspis ) à bandes étroites, de Gnand- stein près Froburg aux environs de Penig, 135. Jaspe rubanné semblable à très-larges bandes, passant à l’ar- gile endurcie, du même lieu, Ce jaspe rubanné, d’après les observations faites jusqu'ici, qui à la vérité ne sont pas de la plus grande exactitude , semble appartenir à une formation du kieselschiefer, A ces roches primitives il faut encore joindre le gypse primitif (urgips) mélangé de mica , et se rencontrant dans les schistes micacés , qui se trouvent près Locarno et Bellinzone dans la Suisse italienne. ET D HIS TO MR°E N'A TU R'ÉMTIL'E. 227 IT. Rocmes DE rRansirion. ( Ubergangsgebirgsarten.) Rocues DE FORMATION INTEBMÉDIAIRE. Pierre calcaire de transition. ( ubergangs-kalstein. ) 136. Pierre calcaire de transition, d’un rouge de chair foncé, avec du schiste argileux, de Kalkgrun proche Schneeberg. 137. Pierre calcaire de transition , d’un rouge de chair pâle, mêlé de schiste argileux parsemé de pyrites sulfureuses, du même lieu. 138. Pierre calcaire de transition gris de perle, même lieu. 139. Pierre calcaire de transition grise , du même lieu. 140. Pierre calcaire de transition, d’un noir grisâtre , veinée de spath calcaire avec beaucoup d’entroques, de Ka!ksrun près Schneebere. 141. Pierre calcaire de transition avec des veines de spath cal- caïre plus fortes , du même endroit, La pierre calcaire dans les lieux cités se trouve immédiatement sur le schiste argileux , et se mêle avec lui dans les couches in- férieures. Ce mélange diminue graduellement ; dans les couches supérieures qui sont de couleur noire, il cesse entièrement, Læ pierre calcaire des parties inférieures , qui est de couleur bigar- rée , est fortement translucide sur les bords; et lorsqu'elle est for- tement éclairée par les rayons ‘du soleil, on y remarque encore assez distinctement des parties séparées à grains fins. Dans les parties supérieures elle est tout-à-fait opaque , compacte, et com- mence à renfermer des pétrifications dont la partie inférieure est absolument exempte. 2. Trapp de transition. (uebergangs-trapp ). 142. Roche argileuse, avec de petits cristaux de quartz isolés, de Planitz. 143. Amygdaloïde ( mandelstein), dont la masse principale est une argile ferrugineuse, avec de petites boules de terre verte et de lithomarge, du même lieu. 144. Amygdaloïde semblable d’un gris-verdâtre, avec des boules semblables, maïs plus petites, même lieu. Ce minéral n’est qu’une des nombreuses espèces qui appar- tiennent aux trapps de transition. Il manque encore ici particu- lièrement le grunstein argileux à petits grains, qui se présente 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sous la forme de roche en boule, parce qw’elles ont la forme sphé- rique , et sont composées de pièces séparées, qui forment des écailles concentriques. 3. Grauwacke. 145. Grauwacke à gros grains, composée de quartz d’un blanc- grisâtre , de schiste argileux, partie d’un noir-grisâtre , partie d’un gris-verdâtre ; ce dernier semblant s'approcher déja du schiste à aiguiser ( wetzschiefer), d’une très-petite portion de mica à écailles très-minces, de Braunsdorf près Freiberg. 146 Grauwacke semblable à très-gros grains , du même lieu. 147. Grauwacke semblable à petits grains , avec plus de quartz , du même lieu. 148. Grauwacke semblable à grains fins , avec plus de mica, du même lieu. 149. Grauwacke à grains fins très-quartzeuse, de Klunstal dans le Hartz. 150. Grauwacke schisteuse (graunwaken schiefer) d’un noir- risâtre, de Braunnsdort près Freiberg. Elle se distingue encore du thonschiefer primitif par la grande quantité de petites écailles de mica très-minces qui s’y trouvent mêlées. 151. Graunwacke schisteuse gris-jaunâtre, du même lieu. III. Roces srrarrronmes ( floezsebirgsarten ). Rocues DE FORMATION SECONDAIRE. 1. Grès (sandstein ). 152. Grès à gros et à petits grains, composé en grande partie de grains de quartz roulés, ensuite principalement de grains de feldspath liés entr'eux en une masse semblable à grains fins, un peu argileuse , de Bettendorf dans la Thuringe. Ce grès appartient à la formation la plus ancienne des roches de grès stratiformes , dans la Thuringe et dans les pays voisins où l’on exploite des minerais en co hes , sous la dénomination populaire de AMont- Rouge, qui lui vient de ce que le schiste marneux , qui contient le cuivre, le recouvre, et de ce que c’est souvent une argile rovge ferrugineuse qui forme les liaisons des rès. 7 153. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 229 153. Grès semblable, imprégné d’azur de cuivre (kupfer lazur) et de malachite, de sable cuivreux { kupfer sanderz}, même lieu. Souvent il est arrivé que le minerai de cuivre renfermé dans le schiste marneux qui recouvre le grès, a aussi pénétré le grès, et qu’alors celui-ci est exploité et soumis également à l’action du feu , sous le nom de kupfersanderz ou sable de cuivre. 154. Bois pétrifié ( holtzstein ) très-quartzeux , de Kishaeuser en huringe. ’ On trouve dans les montagnes citées , qui appartiennent aussi à la formation primitive du grès, des blocs considérables , et des souches entières de ce bois pétrifié au milieu du grès. Mais il est plus ou moins pénétré de sable, et la texture ligneuse y est plus ou mnoins conservée. 155. Grès à grains fins d’un gris-jaunâtre, de la Thuringe. 156. Grès semblable rouge, avec des taches d’un blanc-jaunûtre, de Wangen près Nebra en Thuringe. Grès à grains très-fins blanc-jaunâtre, ayant pour liaison, une espèce argileuse, de Nebra en Thuringe. à Grès semblable jaune , à grains extrêmement fins, de Frei- bourg en Thuringe. 159. Grès semblable don gris-jaunâtre , qui commence à se sé- parer en fragmens à tranches épaisses, en Thuringe. Grès à petits grains d’un gris-jaunâtre, dont le ciment est argilo-calcaire, de Ziegelroda en Thuringe. Il se présente alternativement avec l’espèce qui suit. 161. Oolite (rogenstein) grès à petits grains chargé de sable, même lieu. Toutes ces espèces de grès, et tous les minéraux qui sé ren- contrent avec eux appartiennent à la seconde formation des grès, qu’on appelle grès bigarrés, parce qu’ils se présentent sous di- verses couleurs. Cette espèce de grès suit les pierres calcaires stra- tiformes , et les gypses de première formation. Elle contient sou- vent des couches d’oolites plus ou moinssablonneuses, elle contient aussi quelquefois un mélange de petites écailles de mica, ce qui donne une contexture schisteuse , et la fait désigner sous le nom de grès schisteux (sandstein-schiefer ). 162. Grès à petits grains d’un blanc-jaunâtre, avee de petites écailles de mica , et lié par un ciment argileux , de Nieders- choena près Freiberg. 163. Grès à petits grains jaune, lié par un ciment argilo-ferrugi- neux , de Herndorf près Freiberg. Tome LIF. VENTOSE an 10. 157. 158. 160. Gg - 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, 0E CHIMIE 164. Grès semblable de couleur foncée , même lieu. 165. Grès semblable-jaune, portant des empreintes de coquilles, de Schollwiz près Pilnitz entre Dresde et Pirna. Les grès de cette dernière espèce appartiennent aux grès de troisième formation, qui se rencontrent sur-tout dans la partie sud-ouest de la Saxe , ainsi que dans la Silésie et dans la Bohême, qu’ils avoisinent, Il est beaucoup plus solide et plus propre aux usages économiques , que Ceux des deux formations antérieures. 2. Pierre calcaire stratiforme (floezkalkstein). 166, Schiste marno-bitumineux ( mergel-schiefer ) d’un noir- | grisâtre , de Eisleben, dans la principauté de Mansfield. 167 Schiste marno-bitumineux, parsemé de pyrites cuivreuses et de malachite , du même lieu. ‘ 168. Schiste marno-bitumineux , avec une empreinte de poissons parsemé de pyrité cuivreuse, même lieu. Ce schiste marneux appartient à la formation la plus ancienne de la pierre calcaire stratiforme : qui.est elle-même placée immé- diatement sur le grès de formation la plus ancienne. Communé- ment il contient sur: tout dans les lits inférieurs , un mélange assez considérable de cuivre, d’où lui vient aussi dans la Thuringe ét dans les pays voisins, la dénomination populaire de schiste cui- vreux, et ce qui fait qu’on le traite pour en retirer le cuivre. Il est recouvert d’une pierre calcaire compacte de couleur grise! 169. Pierre calcairecompacte d’un gris be fumée, de la Thuringe. 170. Pierre calcaire compacte grise ; de Quertfurth en Thuringe. 171. Pierre calcaire compacte d’un gris jaunâtre très sale, du même lieu. 172. Pierre calcaire compacte marneuse d’un gris-jaunâtre, de la Thuringe. Toutes ces pierres calcaires appartiennent aux pierres calcaires _ stratiformes de seconde formation, qui, à raison des nombreux coquillages dont elle est remplie, se nomme pierre calcaire co- quillière (muschel-kalkstein. Cette espèce est beaucoup plus éten- due que la première, et se trouve placée sur le grès et le g'psede seconde formation. 173. Pierre calcaire compacte grise, de Korbitz près Dresde. Cette pierre calcaire, ainsi que celle du numéro suivant, appar- tient encore à une troisième formation, où la pierre calcaire est la plus fortement marneuse et chargée de sable. On la rencontre dans la partie occidentale de l’électorat de Saxe et des environs de Dresde, On la nomme en termes vulgaires p/aener. Li . - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251 174. Marne durcie d’un gris-bleuâtre, de Uchiltzschewlich près Meissen.. 175. Marne durcie ;de Wohrau dans la Haute Lusace. Cette espèce appartient encore à une autre formation de pierre calcaire stratiforme , attendu qu’on trouve çà et là des empreintes de corps organisés. Peut être aussi les formations les plus ancien- nes de la pierre calcaire stratiforme pourroient-elles comprendre encore les roches stratiformes de plomb, de fer et de: calamine qui se trouvent en Silésie et sur les bords du Rhin. Cet objet exige encore de nouvelles recherches, et toute présomption à cet égard, demande à être constatée. 3. Gypse stratiforme (floezgyps ).- 176. Gypse d’un blanc-grisâtre compacte et approchant du gypse lamelleux à grains fins, de Rottendorf en Thuringe. 177. Gypse d’un blanc-grisâtre compacte gris de cendre clair, avec la sélénite (fraveneis), du même lieu. 178. Gypse compacte d’un gris-jaunâtre clair, mélangé demême + de sélénite, du même lieu. 179. Sélénite (fraveneis) d'un gris de fumée , mêlée d’uné forte partie d’argile, de Nebra en Thuringe. 180. S‘lénite d’un blanc grisâtre, de Wendelstein en Thuringe. 181. Sélénite d’un blanc-grisâtre, du même lieu. 182. Gypse plus ou moins mélangé, ayec la pierre puante (stink- stein), de Nebra en Thuringe. 183. Gypse compacte gris râyé , mélangé en partie avec la pierre . puante, de Rotterdorf en Thuringe. ( k : 184. Pierre puanté (stinkstein) d’un gris-cendré, dofit la cas- sure est à petites écailles, du même endroit. 185. Pierre puante à feuillets épais, du même lieu. Toutes ces roches appartiennent à la formation la plus ancienne du gypse dans la Thuringe : leur formation suit la formation de la férmation primitive de la pierre calcaire stratiforme. Elle est composée de couches qui alternent avec lé gypse cotipacte, le gypse laelleux , la sélénite, la pierre puante. Gés roches , ainsi qu'on le voit dans les échantillons ci-dessus , se trouvént souvent plus ou moins mélangées les unes avec les autres. Dans cette forma- tion on rencontre très-souvent des sources salées, et dé grandes cavités connues sous le nom de Xa/kschlotten,dontla signification m'est inconnue , et qui vraisemblablement doivent leur fofmation à la décomposition du sel gemme, \ G ee 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 186. Gypse d’un blanc-jaunâtre, de Nebra. 187. Gypse d’un blanc-rougeâtre foncé , de Jena. Le gypse constitue en Thuringe une formation secondaire plus récente, moins considérable, et qui suit la formation secondaire du grès. La roche de sel gemme tient de près sous ses rapports géognostiques aux gypses stratiformes, si toutefois elle ne leur appartient pas entièrement : et ce seroit alors ici qu’il faudroit en intercaller les variétés. 4. Craie (kreide). 188. Craie d’un blanc-jaunâtre, de l’île Danoise de Zéélande. 5. Porphyre stratiforme (floez-porphyr). 189. Pierre argileuse (thon-stein) rouge, avec quelques taches blanches, et de très-petits cristaux de quartz, de Chemnitz. Nouvelle formation de porphyre. ( Cette formation vient avec le charbon de terre, et consiste rincipalement en #4on-stein ou pierre argileuse. Note de Daubuisson). 190. Pierre argileuse jaune , du même lieu. 191. Pierre argileuse d’un blanc-jaunâtre , même lieu. 192. Pierre argileuse rouge, tachetée de blanc, même lieu. 193. Pierre argileuse rouge, chargée d’une grande quantité de sable , du même lieu. Ce minéral qui offre d’abord quelque analogie avec le porphyre argileux le plus récent , paroît cependant, d'après les observa- tions les plus récentes en différer absolument sous les rapports éognostiques ; et au contraire, avoir quelques affinités avec les houilles (steinkohle) stratiformes, C'est pourquoi on lui a assigné jusqu’à présent la place qu’il occupé ici, jusqu'à ce qu'il soit pleinement décidé où on le placera. Il forme au reste plusieurs lits très-épais et très-étendus , et contient quelquefois des troncs d'arbres entiers pétrifiés , ainsi que des branches , des racines et d’autres parties d’arbres. Les deux numéros suiyans & et à fournissent des débris de ces pétrifications. a. Bois pétrifié. b. Bois pétrihié. ET D'HISTOIRE: NATURELLE, 253 6. Houille (stein-Kohlen). a. Formation ancienne de la houille. Espèce de houille. 194. Houille schisteuse (schieferkohle) alternativement unie avec la houïlle massive (grobkohle), de Hermsdorf aux environs de Dresde. (Les diverses espèces de charbons de terre, ainsi que les roches appartenant à leur formation, sont tout-à-fait incomplettes dans votre collection. Note de Daubuisson ). j 195. Houille schisteuse, de Planitz près Jwickau. 196. Houille schisteuse qui se décompose déja en partie en houille piciforme ( pechkohle), mêlée de bois charbonné, du même lieu. ; Autres espèces stratiformes qui s’y rencontrent. 197. Argile schisteuse (schieferthon) avec des empreintes de plantes , de Berthelsdort près Hainichen. 198. Argile schisteuse, avec l'empreinte d’une très-grande quan- tité de plantes ; du même lieu. 199. Argile schisteuse extrêmement micacée , de Planitz près Zwichau. 200 Argile schisteuse, avec des empreintes de roseaux, même lieu. 201. Argile schisteuse très-micacée, avec des débris de plantes enlacées dans la houïlle, même lieu. 202. Pierre argileuse (thonstein) grise, en partie porphyrique, de Hermsdorf près Dresde. Ce minéral se trouve sur les couches de charbon deterre, et paroît tenir de près aux porphyres stratiformes particulièrement cités ci-dessus: 203. Agglomération de petits grains de quartz, de feldspath, et de petites écailles de mica fort minces, le tout lié par une substance argileuse, de Berthelsdorf près Hainichen. 204. Agglomération à petits grains de quartz et de mica liés en- tr'eux par un ciment argileux, de Gikelsberg entre Oede- ran et Chemnitz. 205. Grès argileux à grains fins , mélangé de beaucoup de mica, de Rothenthal près Olbernhau, 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 206. Grès argileux à grains fins avec beaucoup de mica mêlé de houille , de Planitz près Zwichau. Ces roches se rencontrent tantôt au-dessus , tantôt au milieu, tantôt au-dessous des couches de houille proprement dite ; maïs toutes ne s’y trouvent cependant pas par-tout. Les numéros 194 et 202 semblent appartenir à la formation la plus ancienne, les autres à une formation un peu plus récente. b. Formation nouvelle de la houille. 207. Moorekohle passablement crevassée , ou houille de Kuterschuz près Billin en Bohême. 208. Moorekohle avec des parties isolées où la texture ligneuse est encore conservée distinctement , et qu’on pourroit nom- ner bois minéral , du même lieu. 209. Bois minéral semblable, Ces charbons de terre qui se trouvent en couches aussi con- sidérables , particulièrement dans la chaîne des montagnes qui traversent la Bohême, semblent annoncer une formation beau- coup plus récente que les espèces qui les précèdent ici. Mais ce qu'on ne peut encore déterminer d’une manière positive , c'est leur rapport au trapp stratiforme dans le voisinage duquel on les rencontre. 7. Trapp stratiforme. (floeztrapp.) a. Espèces qui lui appartiennent proprement. NV PA TIGREME, 210. Wacke d'un gris-bleuâtre mêlée d’une forte partie de bol de la couche de wacke de la colline de Scheiïbenberg. o11 Wacke d’un gris de cendre foncé, qui commence à appro- cher du basalte , et se trouve entre la wacke ci-dessus, et le basalte qui le recouvre. Dans le voisinage de ces couches de wacke , on rencontre aussi quelquefois des filons assez considérables également fonmés de wacke. Tels sont les échantillons ci-après provenant de ces .filons. a. WVacke d'un gris-bleuâtre mêlée intérieurement de quarts , avec un fragment d’une roche d’un noïr-grisätre , d’un tilon de waeke, près Wiesenthal. b.NVacke d'un gris verdâtre avecides veines de spath calcaire, du même lieu. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 235 c. Wacke d’un gris-verdâtre , mêlée de spath calcaire , même lieu. d. Wacke d’un gris-verdâtre foncé , même heu. e. Wacke d'un noir-grisâtre avec du spath calcaire, même lieu, ; J: Wacke gris de cendre avec une grande quantité de mica cristallisé et de hornblende (basalticher hornblende ) d’un autre filon , près Wiesenthal. g Wacke d’un gris de cendre foncé, mêlée de mica et de horn- blende basaltique , d’un filon près Annaberg. b. Basalte. (Basalt.) 212. Basalte d’un noir-grisâtre , de Stolpen. 213. Basalte d’un noir-grisâtre en pièces séparées, à petits grains et peu distincts, de Poelberg près Annaberg. 214. Fragment de basalte ayant la forme d’un prisme à quatre faces , de Kuckelsberg près Hohenstein. 215. Ün fragment d’un morceau de basalte semblable, de Ha- senberg en Bohème. .216. Fragment de basalte en table. P 217. Basalte d’un noir grisâtre avec une grande quantité de pe- tits cristaux. de hornblende basaltique , de Scheinben- berg Hugel. 218. Basalte avec des cristaux plus gros d'hornblende , d’augite et d’olivine, du Poelhberg près Annaberg. 219. Basalte avec de l’augite et de l’olivine cristallisés , du Rob- schutz près Billin en Bohème. 220. Basalte avec de l’olivine, de Voigtsdord aux environs de Freiberg. 221. Basalte avec de l’olivine , de Geisimberg près Altembers. Cette montagne (geissengberg ) est sur la partie la plus élevée (le dos) de la chaîne appelée erzgebirg. Etant descendu à plus de 800 pieds de profondeur , à partir du milieu de la roche de basalte , dans les mines d’Altemberg, je puis vous parler de la structure de cette montagne singulière. L'endroit le plus profond des excavations est dans une roche porphyrique sur laquelle se trouve du gneis, Sur ce gneis se trouvela siénite porphyrique dont vous avez plusieurs échantillons. La montagne ainsi com- posée est au niveau des autres sommités de la chaîne , et à 2300 pieds au-dessus du niveau de la plaine, Sar le milieu du dos s'élève le basalte formant une calotte ou segment sphérique, 236 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE qui peut avoir 600 pieds de circuit et 50 de hauteur. Cette ca- lotte est formée de fragmens de basalte, de débris de colonnes. J’ai fait creuser un trou. de six pieds de profondeur dans cette calotte, et j'ai encore vu ces mêmes fragmens. La décomposition en avoit émoussé les arêtes ; mais leur forme prouvoit qu’ils n'é- toient point roulés. Parvenu au plus haut de cette sommité , j'y ai vu avec admiration un groupe d’une vingtaine de colonnes implantées verticalement, et qui ont été à mes yeux une preuve évidente qu’il avoit été formé en cet endroit. ( Note de Dau- buisson ). 222. Basalte avec de l’olivine en partie presque distincte, et de la zéolite, de Voistsdorf. 223. Basalte dontles vides en forme de bulles sont en partie rem- plis d’olivine, du même lieu. 224. Basalte en prisme à quatre pans avec du fer magnétique en sable et de l’olivine, de Henberberg dans la bruyère de Schandan. J'ai trouvé dans le basalte de cette montagne un minéral qui n’est pas encore connu, et dont celui que vous avez dans l'échantillon 222 pourroit approcher. Le Henberberg est une des montagnes les plus élevées entre Dresde et les frontières de la Bohême , en tirant vers le sud-ouest. Ces montagnes sont de grès (165) superposées au granit, et présentent des vallons, des sites de toute beauté. Au sommet du Henberberg on trouve un groupe de petites colonnes de basalte, pouvant avoir une tren- taine de toises de circuit et trois ou quatre de haut. C’est vrai- ment un contraste frappant que de voir une masse noire com- pacte semblable à du fer , divisée en prismes réguliers et verti- caux, sur la cîme très-élevée d’une montagne formée par une roche blanchâtre de texture très-grossière , presque friable, di- visée en assises ou s/ratus , épaisses et horisontales. C’est une chose encore bien remarquable que de voir dans une chaîne de montagnes primitives la majorité des cîmes les plus élevées (Holpen , Hohenstein, Lechemberg , Geiïssenberg , Henberberg , Heidelberg , Polhberg , Scheibenberg , Johann-Georgenstadt) formées d’une substance dont on ne trouve plus de vestiges dans les endroits moins élevés de la même chaîne, et superposées in- distinctement au granit , au gneis, au porphyre , à la siénite, au grès... Je viens dans ce moment-ci de faire un voyage minéralogique dont le but étoit en partie de visiter tous ces sommets basaltiques. ÇNote de Daubuisson }, À Porphyre ET D'HISTOIRE NATUREL LE. 237 Porphyre schisteux. (porphyr-schiefer. ) 225. Porphyr-schiefer éclaté après avoir été brisé en travers, composé de klingstein ( pierre sonnante ) grise et de cris- taux de feldspath qui s’y trouvent mélangés , de Schoen- berg , près Tæœpliz en Bohême. . Le klingstein, pierre sonnante , est une espèce de pétrosilex gri- sâtre que j'ai fondu en verre incolore. ( Note de J.-Æ€. Delamé. therie. F) 226. Porphyr-schiefer semblable éclaté dans la direction de sa cassure en long ou de ses feuillets , du même lieu. 227. Porphyr-schiefer semblable où la cassure en long eñ feuillets extrêmement épais est encore plus remarquable, même lieu. C'est ici le lieu d’intercaller le ‘ grunstein stratiforme, le graustein ( pierre grise) et le tuf basaltique. Lre . ° . - . b. Espèces caractéristiques, mais qui n’appariiennent pas ex- clusivement à celles ci-dessus. Suite des couches de la montagne de basalte de Scheibenbers. 228. Sable quartzeux à gros et à petits grains , qui forme le lit in- férieur , et recouvre immédiatement le gneis. 229. Sable quartseux un peu ferrugineux , jaune, à gros et à petits grains. 230. Sable quartzenx blanc , à grains fins, un peu argileux, 231. Sable quartzeux jaune, à grains fins , très-arsilçux. 23a. Aroile fort sablonneuse, jaune. ' 233. Argile sablonneuse blanche. 234. Argile sablonneuse et ferrugineuse rouge. 235. Argile brune fétrugineuse, un peu sablonneuse. Ces argiles que les potiers se procurent en abondance au lieu cité, et dont Le font un grand usage , s’épurent graduellement, et passent enfin par une suite de nuances à l’espèce de wacke da n°. 210. Après elle vient la wacke du n°. 211 qui approche du basalte , et enfin le basalte du n°,217, partie en prismes colon- naires ; partie en fragmens de ces mêmes prismes. Ce basalte forme la masse supérieure, 236. Grès (sandStein) à grains petits et très-fins, unis par une . substance quartzeuse, des environs de Tœpliz en Bohêine. 237. Grès semblable, à grains fins, du même lieu. Tome LI. VNENTOSE an +0. Hh »% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE V. Rochës D'ALLUVIONS | ( Uufgeschwemie Gebirgsarten }. 238. Argile à potier. (tæpferthon ) d'un blanc- -jaunâtre , de Loelhayn près Meissen. 259. Argile à potier grise, du même lieu. 240. Aroile à potier grise fan peu sablonnieuse, de Mitweyde. 241. Argile ou limon rouge très- a — de Filz prie Son- meberg, - # 243 Argile d’un gris-verdâtregbdu Læsnitz près Freiberg. 243. Argile grise mêlée de sable qRéntanE très-grossier ! let de mica , même lieu, 244. Tuf calcaire (kalketuf) d’un gris-jaunâtre très.compacte. de Thuringe. 245. Tuf calcaire très-poreux , même pays. 246: Tuf calcaire portant une empreinte de’ feuille , même ays. à un. Mine de fer des prairies rique de la Haute-Lusace. 248. Ferre alumineuse (alaunerde) d'un noir-brunâtre, de Muska dans la Hante-Lusace. 249. Terre alumineuse friable , de Swengel près Dubeni 250. Terre alumineuse d’un brun: noirâtre , qui commence à s'approcher de la terre de bois bitumineuse ( holz Hi ), même lieu. 251, Terre bitumineuse-du boïs fossile (HituninovedhalErdc), de Kalkenberg entre Freiberg et Meissen. 252. Terre bitumineuse , du même lieu. V. Roturs vorcanrques. ( Vulkanische Gebirgsarten ). 1. Roches psezdo-volcaniques. ( pseudo-volcanische }. 253. Argile cuite rouge avec des scories”"terreuses , de Strucke: près Bi lin en Bohême. 254. Argile cuite rouge avec des empreintes de plantes, ‘de Planiz près Jwickau. Les empreintes de plantes donnent suffisamment à connoître que cette espèce a été, dans le principe, de l'argile schisteuse, réduite par l'effet de la houille en combustion à l'état sous lequel elle se présente. 255. Argile bleue calcinée qui commence à approcher du jaspe porcelaine avéc des empreintes de plantes, du même endroit, sd - ET DHISTOIRE NATURELLE, 239 . 256. Argile bleue calcinée avec des empreintes de plantes, même endroit, qe 257. Argile très-fortement calcinée , qui passe déja tout-à-fait à l’état de jaspe porcelaine , du même endroit. ._ 258. Jaspe porcelaine jaune fort crevassé ou éclaté, de Lissa près Karlsbad en Bohème. 259. Jaspe porcelaine bleu de lavande , ayant sur les côtés une teinte rouge et tout-à-fait compacte, de Stracke près Billin en Bohême. . 260. Argile fortement calcinée , qui se change partie en jaspe porcelaine , partie en scorie terreuse ayec des empreintes de plantes , de Planiz près Zwirkau. | 261. Jaspe porcelaine qui commence à-se changer en scorie terreuse , même endroit. 262. Scorie terreuse d’un brun-rougcâtre, de Stracke près Billin en Bohême. Je FR Ar 263. Scorie terreuse de même espèce, très-poreuse, du même endroit. + h-É? TESTS GER EE Pa 264. Schiste à polir (polirschiéfer ) d’un blanc:jaunâtre , de Billin en Bohême. RTE M. Werner présume que ce pourroit bien être aussi une roche ‘pSendo-volcanique , et probablement un produit d’une combustion ancienne de couches de houille: Echantillons particuliers , ajoutés à la collection ; par Daubuisson. 1. Eisenkiesel en masse (silex ferrugineux) d’un brun-jau- nâtre , et dans certains endroïfs d’un brun d’ocre à pièces séparées grenues, à grains petits et intimement unis les uns aux autres, d’auprès de Aïbenstock, | 17e À 1140: -6d J0'1 MT rx) HG KE 2. Eisenkiesel en masse, et cristallisé en petits prismes hexa- gones ,- terminés par un pointement à trois facettes, placées sur es faces latérales alternes, du même endroit. . 3. Eisenkiesel d’un jaune d’ocre foncé à fort petits cristaux, du même endroit. . PE Fe NOR | 44 Eisenkiesel d'un rouge de sang , approchant du rouge- brunâtre em snasse, «et présentant des pièces séparées. grenues à petits grains, des environs de Johann-Georgenstadt ( Ces’ descriptions font voir que l’eisenkiesel est un quartz fer- rugineux. Note de J.-C. Delamétherie). Hh 2 do. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMLE 5. Hornstein écailleux à cassure matte, et à petites très- petites écailles, foiblement translucide , de Schnecberg. 6. Hornstein écailleux d'un rouge de chair à cassures écail- leuses, à grosses écailles approchant du concoïde très-évasé ; il forme le paësage de l’écailleux au concoïde. 7. Hornstein concoïde gris-verdâtre , à cassure luisante .et concoïde évasée, translucide sur les bords. Je crois que c’est à l’hornstein qu’il faut donner exclusivement le nom de pétrosilex: i 8. Opal-jaspis ( jaspe-opale ) brun-noirâtre, à cassure con- coïde brillante. | 9. Opal-jaspis noïr-grisâtre , approchant du noir de velours , de Rosadin. Ce dernier échantillon est très-caractérisé. Lampadius a retiré de l’opal-jaspis : Silice Ent RER 5 56. Alumine....... ta DD. Fer oxide etc 7,9. Urane oxidé....... 92: 10. Semi-opale d’un blanc-grisâtre , peu brillanté ,-à cassure concoïde imparfaite , et fort évasée de la mine de Silberspath, auprès de Freiberg. Elle forme un filon, et en occupe toute la puissance. CARE INSO TE SUR LE MAGNÈÉTISME DE TOUS LES CORPS, Coulomb a lu à l’Institut un mémoire sur le magnétisme de tous les corps organisés ou inorganisés. 11 suspend, à la manière ordinaire, un corps quelconque, tel qu’une aïguille de bois : à chaque extrémité de cette aiguille‘il place de forts aimans qui $e regardent par les poles opposés. L’aiguille acquiert la vertu magnétique et la polarité.-C’est ce qu’il a! prouvé par un grand nombre d'expériences. : ::: La même chose à lieu avec tous les corps de la nature: Nous ferons connoître ces belles expériences plus en détail. CPE ET D'HISTOIRE N A UT U RE L'ILE. 241 IN OTUE SORA OURS AIN DUT IE: Par J.-C. Dxraméraenrte. Nous ayons annoncé dans le dernier cahier, que Vauquelin faisoit l'analyse de l’oisanite , et qu’il y avoit reconnu une subs- tance métallique. Son travail terminé lui a,prouyé que l’oisanite étoit du titane oxidé. Il est par conséquent de la même nature que ce qu’on avoit appellé schorl rouge. L’oisanite et le schorl rouge ne sont que des oxides de titane. Dans la première de ces deux. substances , le titane est à l’état d’oxide brun , et dans la seconde à l’état d’oxide rouge. Nous ferons connoître plus en détail les expériences de ce : célèbre chimiste. EE PE LE RS Les ERRATUM Au cahier du Journal de Physique de vendémiaire an 10. Dans la citation de l’explication du cit. Baillet , sur les effets dela compression de l’air dans la pompe de Schemnitz, on a imprimé par mégarde distillation pour dilatation. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. l'a THERMOMETER E,. - BAROMÈTRE. IE ” F Maximum. Minimum. |a Mir. Maximum. MINIMUM. A Mir a Ë midi. —Æ 6,9 à7tim.+ 5,1 LL 6,g9laioûs à8+m... 27. 8,50/27. 9,17 Da2its. + 4,2 à 8m. —+ 3,4 + 8,6 ;àa2ts à 8 m.... 28. 0,08/28. 1,33 Sa23s + 24 àgim 1,5, # 25 à25s.. 31à9%6....28. 5,93/28. 6,00 &a 25. + 2,5 à 5 m. — 1,0| + 2,4 ;a 5 m. 2 25:01.%.196: 4,72 |28. 5,33 825 +24) à 75m, — 2,6“ 2,0 |à 11 %s à 5m... 28. 3,67|27. 5,68 6à235s + 2,9 à 5 m. — 2,1|+ 28 /|à25s. à 5m.... 28. 3,80|28. 4,08" Ja nudi. + 2,6) à73m. — 0,4 + 2,6 |à3s. | à 6 mi... 28. 3,93 128. 6,08], B'amidi + 0,5! à 7 San. = 0,6| + 0,6 | à 74m 37| à Desserretsoss. 27. 6,83)" glauts: H11,6| à y mr + 0,6|-- 4,2 à 7 £m à2 35. :, 28. 3,93/28, 4,00 liola2is + 4,2) à 1 Em. — 0,2) 4,0 | à 12. m d125s... 28. 3,42/28, 3,50 11à 315: + 4,2] à 8m. — 0,4| + 2,8 ]|à 8 m à BTS... 28: 1,75128, 2,7 A12425s + 65] à 2 n. + 3,0|+ 653 |à2m 2%, . 27.11,17/27,11,33 F 15h 2 25 7,7] à 8m + 5,0! 4 7,6 l'as à83 m::. 27.10,75|27.11,33 ligaz2;s yo àym 4 4Lol- 6,6 |à 8m... à mudi 28. 0,17/28. o,17 29 almidi. ; 9,6!-à 4m. + 1,6 + 7,6 |à 4 m. à 25 28. 0,50/28. 0,60 16à21s. +52 à73s + 1,5 + 4,95 fais dim 27.11,75|28. 1,48 17làèmidi. + 78| crie —+ 7,3 |à 82 m à midi 27 5,83 27. 5,83 4 16/à midi. + 2,5] .-.........1, + 2,9 [................. EURO nn 0 BOIS CL +127. 8,25 Arr midi 4 $3/|-a-7 Fm -robt6,8 -8-y ms dress dec..|20, 2,29 ÿ 20 É| 21 LE: B, 23 il 24| | F, 24 | ET -20 1 ‘ 27 : 1 j 1) 28 À $ ï 2 FE o | ! RÉ CAPITULATION. | Plus grande élévation du mercure. . . 28. 6,37 le 8. A Moindre élévation du mercure. . . . 27. 5,83 le 17. 1 Élévation moyenne. . . . . 28. 0,10. || Plus grand degré de chaleur. . . .. + 7,7 le 13. | Moindre degré de chaleur. . . . .. — 26le 5. A L£ a ———— il Chaleur moyenne. . . .. —+ 2,9 ji Nombre de jours beaux. . . . .. 7 NB. Je n’ai pu continuer les observations à cause d’un gros rhume qui m’a retenu chez moi sans pouvoir sortir , depuis le 19 de ce mois. A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Pluviôse , an x. © a VENTSs. a À Mipr.|, cr 107200 RO 2] 68,0 | N-O. fort. 3| 63,0 | N-O. - 4} 62,0 | Calme. EN MCE AE 6! 68,0 | SO. 7 | 77,5 | Calme. 81 78,0 |-Za. 9! 80,0 | Id, 10[ 64,0 | S. 11} 780 |S. 12] 76,0 | S-O 18! 77,0 | S-O 14! 77,9 |S. 15 | 64,0 | O. 16] 71,0 | O. 17 | 6ao | S-O. 18 | 74,0 | N-O. 19 | 73,0 | ©. 20 21 22 J 23 24 25 26 27 28 29 30 Jours dont le vent a soufflé du POINTS À LuNMIRES: Equin.descend. Dern. Quart. Nouv. Lune. Périgée. Equin. ascend. Prem. Quart. Aposée. Pleine Lune. RÉCA VOA RICA TT UT ONE DE L’'ATMOSPHÈRE. Pluie parüinienvalles; grésil le soir à 10 heures. Beaucoup d’éclaircis par intervalles. Ciel trouble et nuageux; forte gelée blanche le matin. Trouble et nuageux toute la Journée; beau ciel le soir. Très-beau temps ; brouillard sur la Seine. Ciel vaporeux; petts.nuages blancs. - Ciel nuageux; brouillard épais toute la journée. Même temps. , Brouillard épais jusq. 8 h. soir ; givre sur les arbres. Couvert et léger brouillard ; très-épais le soir. Brouil. très*épais jusq. 11 h.; ciel nuag. eltr.l’ap.mid. Pluie avant le jour ; ciel couvert toute la journee. Ciel très-couvert. , 4 Couvert; beau temps depuis 6 h. jusqu’à 10 h: du soir. |8 Ciel nuageux avant midi; pluie le soir. Ciel couvert par intervalles. Pluie abondante avant midi. Temps pluvieux ; beau temps le soir, Ciel nuageux ; gelée blanche. Li PATIO PL ARE ON: de couverts . . ... 12 derpluiel: ni 5 defventiéi ide) os 14 delpelép sil ee 9 de tonnerre ....... o de brouillard, . . .. 6 defngige. M HU). 0x NORMES" ER ROU NL 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TEE CEE PAP LE PO SRE NE PRE PETER EP 2 EST XIE SON VONT MN MERE PRE NN RE TENC SERRE ESS DELA STE TITENCRISTATETLTSÉES par J.-C. DELAMÉTHERTIE. Speckstein des Allemands. J'ai parlé dans ma minéralogie ( Théorie de la terre, tom.2, pag. 347) sous le nom de spath magnésien, d’une stéatite cris- tallisée, ayant la forme à-peu-près du spath calcaire muria- tique de Delisle , inverse de Haüy. Ce cristal se trouve dans la collection de Fougerai de Launaï à Paris. « Je soupçonne , ai-je dit, que ce beau spath n’est qu’un spath calcaire entièrement pénétré de stéatite. » Je me suis procuré de la stéatite d’un blanc-jaunâtre de Ba- reuth que Vizard nous a apportée à Paris. Elle est cristallisée en prismes hexaëdres , avec une pyramide hexaëèdre à faces triangulaires. J’ai détaché de ces cristaux de leur gangue ; ils ressemblent à des eéristaux de roche ; mais ils: sont entièrement de stéatite très-douce et assez tendre. Ils sont si petits qu’on a de la peine à mesurer les angles des faces triangulaires de la pyramide. Quelques-uns de ces cristaux ont, comme tous les cristaux, des faces plus grandes , d’autres plus petites ; ce qui paroît leur donner différentes formes : mais elles reviennent toutes à celle dont nous venons de parler. Ces formes appartiennent-elles à la stéatite ? ou ne sont-elles = D . . , . ! » . que des pseudo-cristaux , comme je l’avois avancé au sujet du cristal de Fougerai de Launai ? Pour m'en assurer, j'ai brisé leur gangue , et dans une cas- sure elle s’est trouvée entièrement composée de molécules rhom- boïdales. Ces molécules peuvent donner la forme prismatique du cristal de roche , et celle du spath calcaire muriatique ; mais ces molécules sont trop petites pour en mesurer les angles. D'après cette observation, je pense que les formes de la stéatite lui sont propres, et qu’elle cristallise comme toutes les autres substances minérales. RESULTAT PE Tome LIV , page 242: MENT D EN j Mozs. RHONE | MOT A Te Hours. | Femmes. K | te ments |Vendémiair 03 121 223 447 & Brum. 29 et: 99 160 278 537 A Frimaire. 10 190 315 615 1 Nivôse. 146 158 312 616 APluviôses © 428 | 155 | 280 | 763 }| Ventôse. 354 369 927 1650 à Germinal. 563 705 | 1669 | 2937 a 1 Floral. 576 11 3811 E| Messidor. e 24 47 92 \\Thermidor. a é Le L F Fructidor. « it ° 5 | Jours compl. » » » » POTAUE TEA 2601 5237 9854 Les, qu siége ont empêché dans l'an V de l’an 40e ont fait terminer ces : Tome LIV , page 245. D PEUUS EU LI ES EAU GYÉ NOÉ CRAN TLC O'MP'ANBAA QUI DÉS TABLES NÉCROLOGIQUESNDU KAJIRE, sax WII. VIIL = IX. Panth DESGENELPES, Médecin en held la ne do Ë AN VTT BENSAVETETETe | AN IX H FLORENT el ENT lu Se F Moss. Hommes. Femmes EnrAns. Torar. Mous. Fermes. Evravs. M os. | Howwrs, | Femmes. EnFAN Torar. E Vendémiaire, » » » » Vendémiaire. 112 325 Vendémiaire. 103 121 223 447 k Brum. 29 et 30. 2 5 10 17 |Brumaire. 147 380 Brumaire. 99 160 278 537 A Frimaire. 67 96 138 3o1 |Frimaire. 171 b64 Frimaire. 110 190 315 615 A Nivôse. 62 101 198 361 Nivôse. 160 813 Nivôse, 146 158 312 616 À Pluviôse. 97 102 197 396 ||Pluviôse. 117 499 Pluviôse. 228 195 380 763 | Ventôse. 98 159 253 490 ||Ventôse. 7 97 Ventôse. 354 369 927 | 1650 d Germinal. 103. 152 263 518 ||Germinal. 5 » Germinal. 563 7o5 1669 2937 P|Floréal. 110 139 320 575 ||Floréal. 86 117 Floréal. 324 576 911 1811 #|Prairial. 71 138 330 539 |Prairial. 167 285 Prairial. 68 143 173 386 F Messidor. 91 148 365 624 ||Messidor. 163 197 Messidor. S1 24 47 92 à Ther midor. 96 113 b17 720 |Thermidor. 133 120 Thermidor. » » : F É Fructidor, 87 132 04 617 |Fructidor. 92 143 Fructidor. » » » » ! Jours ésigp 84 29 76 119 | Jours compl. 21 26. Jours compl. » » » » | ToTAUXx. 198 1294 | 8071 | 5263 | Toraux. 1376 | 3516 ToraAux. | 2016 | 2601 | 5237 | 0854 penses er Les Tables de l’an VII n’ont été commencées que le 29 Brumäire : les circonstances du siége ont empêché dans lan VIII d’avoir les résultats de Ventôse , Germinal et Floréal; enfin les événemens connus de l'an IX ont fait terminer ces Tables le 21 Messidor. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 245 EE LE on Cu 2 mama url amine me annee SUR UN NOUVEAU FOSSILE APPELÉ CORNUCOPIA; Per le docteur Taomsson. Article extrait des nouvelles de littérature , sciences , arts et commerce , tom. Il,n°. 23. Naples , 1801. Le dix-huitième siècle auquel on a donné, à juste titre, le nom de siècle de lumière, a été particulièrement fécond en obser- vations de la nature. Parmi les découvertes qui ont été faites, on doit placer spécialement celles des ossemens fossiles des quadru- pèdes, lesquelles ont donné lieu à des observations intéressantes de Cuvier et de son traducteur et disciple Léopold Fabroni de Florence. Nous publierons ces observations dans le sixième vo- lume de nos mémoires pour les amateurs de l'agriculture.En aiten- dant, nous nous empressons de présenter aux naturalistes une notice sur un os fossile que vient denous fournir le docteur Thoms- son, ci-devant professeur d’anatomie à Oxford. Elle doit jetter le plus grand jour sur l’histoire des animaux qui ont ancienne- ment habité notre globe. Ce savant, se trouvant à Palerme en 1799, y observa , dans le cabinet d’histoire naturelle de M. Chiarelli, quelques fossiles absolument semblables à des fragmens qu’il avoit vus quatre ans auparavant, entre les mains d’un de ses compatriotes. Celui-ci le. regardoit comme des os de thon pétrifié. Ils se trouvent au Cap- Passora (l'ancien Cap Pachynus en Sicile). Thomsson examina attentivement ces fossiles, et trouva, à chacun d’eux, la forme d’un animal entier. Il observa que chacun de ces fossiles présen- toit comme la forme d’un fémur de bœuf où de cheval, genre de conformation qui n'appartient àaucundesanimaux connus jusqu’à présent. Réfléchissant d’ailleurs à l’entassement considérable de ces fossiles sans aucun mélange d'aucune espèce d’ossemens , sans au- cune trace de ces combinaisons de différens ossemens nécessaires aux mouvemens de grands animaux ;1l pensa ayec raison , que ces corps quels qu'ils füssent, wéritoient une attention particulière. Ce fut pour lui l’objet d’un voyage qui fut entrepris en 1800. Arrivé au Cap Pessaro , il ne trouva, dans l’endroit qui lui Lome LI. VENWTOSE an 10. Ti 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DIE CHIMIE avoit été indiqué, que des fossiles ressemblans à-peu-près , par leurs formes, à um étui, et par leurs dimensions aux cornes d’un taureau d'environ trois ans , non-compris leur base osseuse ; c’est un cône un peu eourbé (voyez la planche’ 11), leur intérieur est vide : et dans ce vide on observe constamment deux corps cylin- driques, qu'il compare ä deux chandelles se réunissant dans la pointe du cône. Ils divergent à l’extrémité opposée et occupent seulement sept vingt-quatrièmes du diamètre de cette cavité. La base de ce cône est ferinée par une espèce de couvercle semblable à celui des cornetsà poudre des chasseurs. La structure interne de cet étui, ressemble à un amas de. coquilles d'œufs cassées transversalement, et entassées de manière qu’elles se touchent, mais laissent un espace vide au milieu d’elles. Leurs feuilles ont une telle flexibilité qu’elles permettent à la partie convexe de ce eornet, de rentrer dedans lorsqu'on la comprime. La disposition de ces feuilles a quelque ressemblance avec le diaphragme du corps hunrain. C'est pourquoi ces étuis et ces: cornes ne sont pas entièrement divisés en concamérations, et n’ont point de tubes de communication où syphons, comme on l’observe chez les cornes d’ammon, les béleinnites et quelques nautiles, sans nommer l’ortocéracite. En conséquence, le doc- teur Thomsson suppose que l'animal qui occupoit l’intérieur de ce corps, avoit un système différent de celui des bélemnites , quoiqu'il lui ressemble à d’autres égards. La texture de cet étui, tel qu'il est à l’état de fossile , est laelleuse en long et en tra- vers. La cassure transversale, quand elle est fraîche , paroît pierreuse et composée de couches concentriques ; mais exposée à l’air pendant quelque temps , cette fracture paroît cariée et spongieuse, de manière que dans la partie altérée‘par l'air , elle est ramifiée comme une paitie animale ; ce qui lui donne l'appa- rence d’un 03. Mais sa texture intérieure est toute différente de celle des os. Cet étui fossile est fermé par un opercule dont la surface interne est embriquée: en rayons convergens comme la coquille appelée peigne. La grosseur de cet opercule fait croire à Thomsson que cet étui étoit habité par un seul animal , et qu'il n'étoit pointle nid de plusieurs animaux. Thomsson invite les naturalistes à lui communiquer leurs lumières sur ce fossile ; et dans le cas qu’on n’en ait point parlé , il propose de le classer parmi les tuyaux fermés , et de lui donner le nom de cornzcopia, par rapport à sa figure. Il l’a fait dessiner , afin que ceux qui voudront s’en occuper en prennent une connoissance plus exacte. ( Voyez planche IT ). ET D'HISTOIRE NATURELLE. toy Description générale du cornucopia. Enveloppe de quelque animal marin, autrefois testacée , au- jourd'hui pierreuse, Ayant la forme de la corne d’un taureau ; Fermée par un opercule. Description particulière. Substance de l'enveloppe. — Chaux carbonatée. Couleur. Elle a celle d’un os récent, Dimension. Sa longueur est en ligne droite de dix pouces anglais. Le diamètre intérieur a 14 lignes , l’extérieur 25, Structure. Ce sont des lames disposées en long. Surface. Elle est ornée à l'extérieur de stries légères, longi- tudinales ; à l’intérieur elle a des aspérosités, des stries sans ordre et des cotes doubles , les unes et les autres longitudinales. Viscères. On ne peut les distinguer ; ils sont trop ambigus. Opercule. C’est un disque concave , sillonné , oblique à l’en- veloppe. Sa grosseur au centre est linéaire , maïs elle est le double aux bords. Sa surface interne est imbriquée en rayons convergens. On ne peut distinguer les stries de la surface in- terne dans les échantillons. ; Patrie. Cet animal habitoit autrefois sur des rochers au fond de la mer au Cap Pachynus. On n’en reconnoît aujourd’hui que les dépouilles. Sort. Il se peut qu’il ait été détruit par une irruption volca- nique, ce que j'ai de la peine à croire ; ou il se tient caché dans le fond de quelque mer où les feux souterreins'se cachent, pour être chassés peut-être quelqué jour, comme il l’a été au Cap Pachynus. Liz 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE CLOUD VE RITRE Pour la clarification et la purification des eaux ; ulilité de son applicalion aux fontaines publiques et domestiques dé- montrée par une suite d'expériences de la plus grande au- thenticité , par les cit. Smith, Cuchet et Monfort , à Paris, rue de Beaune, ancien hôtel de Nesle. Il est peu de personnes, disent les auteurs, qui après avoir joui du plaisir de se désaltérer à une source d’eau vive , ne desirent renouveller cette jouissance , et se procurer à volonté une eau pure, limpide et cristalline. « Nos travaux à cet égard ont été couronnés du succès le plus complet, et nos filtres dont l'opération est aussi simple que ra- pide , obtiennent constamment ce double résultat , c/uri/icatiom et purification. à L'eau la plus putride versée sur ces filtres eu sort claire et limpide. Elle ne conserve aucune odeur. Les auteurs ont obtenu un brevet d'invention. NOUVELLES LITTÉRAIRES Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , appliquée aux arts , principalement à l’agriculture et à l’économie rurale et domestique ; par une Société de savans naturalistes et agricul- teurs , dont les noms se tronvent ci-dessous , et dont le travail est distribué comme il suit : L'homme , les quadrupèdes , les oiseaux , les reptiles et les poissons, par Sonini , membre de la société d'agriculture de Paris, éditeur et continuateur de l'Histoire naturelle de Buffon. ; et Virey auteur de l'Histoire naturelle du genre humain. L'art vétérinaire et l’économie domestique ; par Parmentier et Huzard , membres de l’Iustitut national, et Sonini, membre de la société d'agriculture de Paris , etc. Les molusques et les vers , par Bosc, membre de la société: d'Histoire naturelle de Paris , et de la Société Linnéenne de Londres. Les insectes, par Olivier, membre de l’Institut national ; eù Latreille, membre associé de l’Institut national. ET,D'HISTOIRE NEANDIUCRAIEUBLE: kg La botanique ;et son application aux arts; à l'agriculture, à L'économie rurale ét au jardinage , par Chaptal, Parmentier et Cels, membres de l’Institut national; Thouin , membre de VInstitut national , professeur et administrateur au Jardin des Plantes ; Dutour , membre de la société d'agriculture de Saint- Domingue ; Bosc, membre de la société d'Histoire naturelle, etc. La minéralogie et la météorologie , par Chaptal, membre de l’Institut; Patrin membre assoeié de l’Institut national , et de l’académie des Sciences de Saint-Pétersbourg , et auteur d’une Histoire naturelle des minéraux, etc. Cet ouvrage, qui paroîtra en entier dans le courant de ven- démiaire de l’an 11,.est offert par souscription jusqu'au premier - germinal prochain, Les personnes qui se feront inscrire avant cette époque, ne paieront chaque volume qu’à raison de 5 francs, et il coûtera 6 francs à celles qui ne seront pas inscrites au pre- mier germuinal. Cette condition est de rigueur, et sera ‘observée stitctérrient. La liste des souscripteurs sera imprimée à la fin du dictionnaire. Le public à assez g‘néralement peu de confiance aux sous- criptions qu’on lui propose, parce qu’il en a souvent été la dupe ; mais il ne peut l’être de celle-ci, 1°. parce qu'on ne lui offre point, ainsi que cela se pratique communément, une partie d'ouvrage, dont la suite se fait presque toujours attendre, et quelquetois même ne paroît pas; au lieu qu’il s’agit ici d’un ouvrage complet et entièrement achevé ; 2°, parce qu'il ne fait aucune avance , et qu’il ne paie qu'après avoir reçu la valeur de son argent; enfin, parce qu'une simple inscription procure l’a- vantage d’avoir un bon livre à un sixième au-dessous du prix que seront obligés de donner ceux qui ne prendront pas cette mesure, Les ouvrages que le citoyen Déterville à déja mis au jour , sont, pour le public, un sûr garant que celui-ci paroîtra au terme fixé , et qu’il aura la même perfection typographique que ceux qui sont sortis de sa librairie. On souscrit à Paris , chez Déterville, libraire, rue du Battoir, n°. 16,.et chez les principaux libraires de France et de l'Etranger. LA Dictionnaire des sciences naturelles , dans lequel on traite méthodiquement des différens êtres , considérés, soit en eux- mêmes, d’après l’état actuel de nos connoissances , soit relative- ment à l'utilité qu’en peuvent retirer la médecine, l’agriculture , le commerce et les arts, suivi d’une biographie des plus célèbres paturalistes ; ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE aux manufacturiers, aux artistes, aux commerçans, et à tous ceux qui ont intérêt à connoître {es productions de la nature, leurs caractères génériques et spécifiques , leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. Par plusieurs professeurs du Muséum national d'histoire naturelle et des autres principales écoles de Paris. Liste alphabétique des noms des auteurs. Brongniart ( A1.), professeur d'histoire naturelle à l’école cen- trale des Quatre-Nations. — La minéralogie et la géologie. Cuvier (G.), membre de l’Institut national, professeur d’his- toire naturelle au collége de France et à l’école centrale du Pan- théon. — Les articles généraux de l’histoire naturelle, et spé- cialement de la zoologie ; l’anätomie, la physiologie; l’histoire des reptiles et des vers , etc. Duméril (C.) professeur à l'Ecole de médecine, — L'histoire des insectes. Dumont (Ch.), membre de plusieurs sociétés savantes. ”Ais- toire des 0ISe?UT. Fourcroy ( A.), membre de l’Institut national , conseïller d'é- tat, professeur au Muséum d’histoire naturelle , à l'Ecole de méde- cine et à l'Ecole polytechnique —Z;a chimie dans ses applications à l’histoire naturelle , aux autres sciences et aux arts. Geoffroy (Et.), professeur au Muséum d'histoire naturelle, membre de l’Institut d'Egypte.æ L'histoire des mammifères. Jauffret (L. F.), secrétaire perpétuel de la société des observa- teurs de l’homme. — ;'hïstoire naturelle de l’homme. Jussieu ( A. I. de), professeur au Muséum d’histoire naturelle, membre de l’Institut national. — La botanique. (La description des plantes exigeant des détails et un travail immenses, le citoyen de Jussieu s’est associé pour coôpérateurs les citoyens Beauvois, Desportes, Duchesne, Jaume ; Massé , Mirbel , Petit-Radel, Poi- net, entre lesquels il à réparti, par familles, la description des genres et espèces , en se réservant tons les articles gériéraux). Lacépède (B. G. E. L.), membre da sénat conservateur et de VPInétitut national, professeur au Muséutn d'histoire naturelle.— L'histoire des poissons. Lacroix (S.F.), membre de l’Institut national, professeur à l’école centrale des Qnatre- Nations et à l'Ecole polytechnique. L’astronomie et la physique. Lamarck (1.-B ), membre de l’Institut national, profusseur ET D’ HIS T OUR E NATURE B L'Er 281 au Muséum d'histoire naturelle. — L'histoire des mollusques, des radiaires et des polypes. Mirbel (C. F.B.), aide-naturaliste au Muséum d'histoire natu- relle, et professeur de botanique aw Lycée républicain. —Za physique végétale. Tessier (H. A. ), membre de l’Institut national, de la société de l’école de médecine et de celle d’agriculture, membre du con- seil général d'agriculture, arts et commerce, du ministre de l'In- térieur. — L’agriculiure. Le dictionuaire des sciences naturelles-sera composé de quinze volumesin-89.: de 6 à 700 pages chacun: On en tirera aussi une édition en dix volumes in 4., et de: celle-ci un petit: nombre d’exemplaires sur papier vélin. La beauté du papier répondra à celle de l'impression. L'ouvrage paroîtra en entier dans le cou- rant de l'an XI. On peut s'inscrire, dès à présent, pour le rece- voir. L'avantage de cette incription, qui n’entraîne aucun dé- boursé, consistera, jusqu'au premier germinal prochain, dans une diminution sur le prix, d’un franc par volume. Les inscrits ne paieront chaque-volume qu’à raison de 5 francs. La liste en sera imprimée à la fin de l'ouvrage. On ne paiera rien avant sa publication. On.s’'inscrit à Paris chez les frères: Levrault , imprimeurs- libraires , quai Malequais ; Wagimel, quai des Augustins ; à Strasbourg, chez Levrault, frères, et chez les principaux libraï- res de France et de l'étranger. L'intérêt qu'inspirent aujourd’hui les sciences naturelles à toutes les classes de la société , esttrop général pour qu’il soit nécessaire d’insister sur celui des deux entreprises que nous annonçons. Le public jouit déja depuis longtemps d’un Diction- naire d’histoire naturelle par Valmont-de- Bomare : les nom- breuses éditions qui en ont été faites , ont prouvé assez qu’il a été accueilli avec le plus grand empressement. Mais la marche rapide des sciences naturelles fait que les ou- vrages en ce genre ne sont plus au courant au bout d’un bien pétit nombre d’années ; et il est difficile qu'un même auteur puisse traiter également bien les diverses parties. C’est ce qui a engagé les auteurs des nouveaux Dictionnaires à se réunir plusieurs pour coopérer au même ouvrage. Chacun traitera de la partie qu’il a particulièrement étudiée. Les noms des savans qui doivent travailler à cette grande entre- prise, sont un sûr garant pour le public , de la bonté de leurs travaux. Tout ce que nous pourrions en dire seroit superflu. 25% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE | radis d DES ARTICLES CONTENUS DANS Le CAHIER. Second mémoire sur la lenticulaire numismale et La bé- lemnite , par Deluc. ; -— Pag. ZLeitre du comte Morozzo au citoyen Lacépède. Histoire d’un perroquet né à Rome, suivie de quelques observa- tions sur la durée de la vie des oiseaux. Objections opposées à une proposition remarquable de La- voisier, par le docteur Joachim Carradori de Prato. Note sur les tanneries de cuir vert, particulières à la ville de Grasse, par Etienne Perrolle. Extrait d’une leltre du professeur Proust à J.-C. Dela- métherte. | (SI CELE: Notice sur le Mamoth ou Mammouth , par L. Valentin, ex-médecin en chef d'armée ét des hôpitaux en Arné- TIQUE. Faïts d'histoire naturelle observés par le professeur Mit- chill, de New-Forck. Catalogue d'une collection géognostique de minéraux - d'après le systéme de M. Werner, fait pour J.-C. Dela- métherie au magasin des minéraux de ? Ecoledes mines de Freiberg, sous la direction de M. Hoffman , inspec- 1eur. ÎNote sur le magnétisme de 1ous les corps. Note sur l’oisanite, par J.-C. Delaméthertie. Observations météorologiques. De la stéatite cristallisée, par J.-C. Delamétherie. Tables nécrologiques du Kaïre pendant les années 7,8 et 9. Sur un nouveau fossile appelé cornucopia , par le docteur Thomsson. Découverte pour.la clarification et purification des eaux. Nourelles littéraires. PLUIE IN Jophie J'elier Journal de Lyrique. 4 î QT ji \ LA : 1] } | Fentose An À Vophie J'eller Je JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, GER ALATEN AN L,. alnisre. RÉFLEXIONS SU RL ESC O:M.ET.E:S, Par G. À. Deruc. Une comète qui venoit d’être observée , a donné lieu à beau- coup de conjectures sur l’influence que ces corps peuvent avoir sur notre globe. On a attribué à celle-ci, quoique fort éloignée, la douceur de la température et les pluies abondantes qui.ont terminé l'autorhne et commencé l’hiver, et les personnes qui ayoient cru à cette influence, ne doutoient point que cet état de choses ne dût continuer longtemps. Le froid rigoureux et l'abondance des neiges qui ont succédé ont dû convaincre que cette comète n’avoit guère influé ; que ces variations de temps et de température, si différentes d’une année à l’autre, ont leur source dans notre atmosphère composée de fluides qui subissent des degrés très-variés de développemens, de décompositions et de combinaisons, par des causes sur lesquelles les hommes ne feront jamais que des conjectures fort incertaines, parce que ces causes échappent à nos sens. On avoit toujours mis quelqu’importance , en astronomie , à la découverte d’une comète , lorsqu'un astronome est venu nous assurer que cette découverte étoit peu de chose, qu’on auroït des comètes quand on voudroit. On ne sait pas trop que penser Tome LI. GERMINAL,. an 10. K k 25% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de cette idée: car isolée et sans explication, elle ne présente pas un sens raisonnable. D’après la grande excentricité de l’orbite des comètes, et, l'apparence remarquable de celles qui s'approchent de nous, plusieurs géologues s’en sont fort occupés pour leur faire exé- cuter les plans de leur imagination. J'ai adressé à MM. les rédacteurs de la Bibl. Britannique une lettre insérée dans le n°, 142 de leur recueil, où j’examine l’hy- pothèse de M. le professeur Louis Bertrand , qui fait intervenir une comète pour opérer un déplacement périodique de la mer , destiné à renouveler les continens terrestre, dont il suppose la «destruction au bout de quelques milliers de siècles (x). Il débute dans son hypothèse par assigner aux comètes la fonction. de servir de poids et contrepoids au mouvement des globes qui composent notre systéme solaire , puis d'opérer dans les planètes des révolutions telles que le déplacement des mers sur la terre; d’où il tire cette conclusion : « qu’il n’est pas né- cessaire de recourir à la supposition que ces corps excentriques sont habités, pour y trouver la raison suffisante de leur exis- tence ; supposition étrange, en ce qu’elle admet des animaux capables de supporter une chaleur mille fois plus grande que celle de la zone torride, et un froid mille fois plus intense que celui des pôles.» (P. 299). Cette diversité d’opinions m’a conduit à quelques réflexions sur les comèêtes, qui me paroissent donner des idées plus rap- prochées de la vérité sur leur nature et leur destination. Dans son hypothèse, M. Bertrand s’est fondé sur la supposi- tion que le soleil est un globe de feu, dont les rayons sont la cause immédiate de la chaleur qu’ils font éprouver. M. de Buffon avoit aussi considéré le soleil composé d’une matière ardente et en fusion , d’où il déduisit ce système si connu, qui est un des exemples les plus frappans des égaremens de l'esprit humain, lorsqu'il se détourne des sources de la vérité ets’abandonne uni- quement à ses seules conceptions. Tous les phénomènes physiques sont contraires à cette an- eienne opinion ; ils démontrent que le soleil n’est pas ur globe ER SR G) Renouvellement périodique des continens terrestres, par Louis Bertrand, professeur émérite de l'académie de Genève. A Paris, chez Pougens, impri meur-hbraire , chez Hocquart, chez Duprat, libraires , etc. etc. An 8. +8 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 de feu mais de lumière ; que la fonction de ses rayons , après celle d'éclairer les globes dont il est l’astre vivifiant, est de s’unin à la matière du feu que chacun d’eux contient à sa sur- face et dans son atmosphère, et par cette union de lui donner le degré d'action dont chacun de ces globes a besoin ; car les rayons du soleil ne sont pas ca/orifiques par eux-mêmes, ils ne sont que médiatement cause de la chaleur. Par là on se rend raison, avec le sentiment de l'évidence , comment il se peut que les planètes les plus éloignées du soleil éprouvent autant de bienfaits de cet astre que celles qui en sont les plus rapprochées, chacune d’elles renfermant en soi et dans son atmosphère, les principes de la chaleur qui lui convient, auxquels les rayons du soleil, à quelque distance qu'il soit, donnent le développement et l’action qui sent nécessaires à la uature et à la distance de la planète. Ainsi malgré l'extrême excentricité de l'orbite des comètes , qui les approche et les éloigne excessivement du soleil, elles n’éprouveront ni excès de chaleur, ni excès de froid. C’est dans leur atmosphère modifiée par les rayons solaires, que résident toutes les ressources dont elles ont besoin. Cette atmosphère très-abondante, retardée dans leur marche rapide par le fluide éthéré qui remplit l’espace , lorsque les comètes s’approchent du soleil, s’allonge extrêmement et les suit en forme de queue ou de chevelure; elles n’ont pas besoin d’en être complettement enveloppées. Dans cette partie de leur trajectoire, et quand elles s’éloignent du soleil, leur marche étant ralentie, la gravité ramène l’atmosphère autour d'elles, et elles en sont enveloppées comme d’une couverture. L'action des rayons solaires , quoiqu’affoiblie par la très-grande distance, suffit alors pour développer le feu et les principes de vie que cette atmosphère renferme. Les comètes peuvent donc être ha- bitées, et il est vraisemblable et conforme à l’analogie qu’elles le soient. Tout nous conduit à l'opinion que ,je viens d'exposer , car s’il en étoit autrement, Mercure qui est si près du soleil, com- parativement à la terre, éprouveroit déja une chaleur insup- portable. Sans doute tout étant combiné dans l’univers par la sagesse éternelle, pour que chacune de ses parties, en même temps qu’elles jouissent de leur existence propre , concourent à l’har- monie du tout ; l’excentricité de l'orbite des comètes est néces- saire à cette harmonie. L'espace immense qui sépare les systèmes k 2 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE solaires pour qu'ils ne se nuisent point dans leurs mouvemens,. devient un champ vaste où s'étendent les orbites allongées des comètes ; et ces globes destinés à s’éloigner beaucoup de l’astre central de.leur mouvement, ont reçu de l'auteur de l'univers une atmosphère capable de suppléer par son abondance et son intensité à d’aussi grandes distances. Leur fonction n’est donc pas d'opérer des déplacemens ou des révolutions sur les globes qui appartiennent au système dont elles font partie , et bien sûrement elles n’en opèrent point. Elles ont, on ne peut en douter , des habitans qui jouissent de l’exis- tence , et elles contribuent à l’harmonie générale. En examinant , dans la lettre mentionnée ci-dessus, quelques- uns des argumens de M. L. Bertrand pour fonder son hypothèse des Renouvellemens périodiques des continens terrestres, par un déplacement subit de lamer, causé par l’approche d’une co- mète qui, en changeant la position d’un #lobe magnétique isolé. q 5 P 8 5 supposé au sein du globe terrestre, changeroit son centre de gravité, je remarquai qu'il résulteroit à chacun de ces renou- vellemens une destruction des hommes et des animaux, et la substitution d’un sol cultivé et fertile au fond stérile de la mer ; destruction qui ne pouvoit être le but du créateur de la terre et des hommes, la terre étant trop remplie des marques de sa bonté et de la surveillance paternelle de sa providence. | N'ayant porté mon attention que sur cette conséquence iné- vitable de l'hypothèse, un paragraphe m’avoit échappé, où M. B. donne ses moyens de conservation de l’espèce humaine , qui se réduisent à ceci, que les derniers habitans de La terre , pour- suivis par les flots de la mer, trouveroient zx asile sur des. hauteurs inaccessibles à Keau. (P.3:5). Pour conserver cet asileaux derniers habitans de la terre, M.B. considérant le globe terrestre dans sa masse dit, que si es mers sont grandes, le globe qui soutient les terres et Les mers est encore plus grand. Cependant il ne s’agit pas ici de la masse du globe mais de sa surface. Celle des mers a plus d’étendue que les continens ; bien peu de sonmités ont une lieue de hauteur perpen- diculaire, et M.B., d’après M. de la Piace, assignant aux ETS une profondeur de quatre lieues (P. 288), il résulte, dans sa prepre opinion , qu’il existe trois fois plus d’eau qu'il n’est besoin pour submerger la surface des continens terrestres jusque par dessus leurs plus hantes montagnes, qui même devroient être détruites ; car, dans son hypothèse, c’est par elles que commence la destruction des continens.. ET D'HEFSTOIRE NATURELLE, 257 Ün naturaliste géologue, qui à de la célébrité, avoit prouvé par les faits et par une observation attentive , que les continens actuels ne tendent point à se détruire maïs à se perfectionner et à prendre un état permanent (1). Voici ce que lui oppose M. B. (P. 248), sous le titre de réfuta- tion. « Lorsque les continens, dit-il, seront arrivés à cet état de permanence, quelle sera la hauteur à laquelle seront réduites les plus hautés montagnes ? sera-ce mille, douze cents toises? Lequel que ce soit, on conviendra que de nos jours , les montagnes de mille, douze cents toises, se dégradent; qu’à plus forte raison elles se dégraderont lorsqu'elles seront encore plus vieilles. Et si l'on réduit la hauteur des montagnes permanentes de mille toises à huit cents, six cents, quatre cents et moins encore, ce sera toujours même réponse. Une montagne de cent toises, un monticule de cent pieds, s’abaïssent nécessairement par la caducité de leurs supports , et par le plus ou moins de matières solides que les eaux en détachent et roulent plus bas avec elles. » Ainsi M. B. qui faitentrevoir sa comète au bout d’une période de quelques milliers de siècles pour renouveller les continens lorsqu'ils seroient détruits ou près de l’étre , ne laisse pas même, dans la succession continuelle de ses dégradations, #7 monticule où les derniers habitans de la terre puissent se sauver, lorsque Pocéan viendroit avec /’mpétuosité d’un torrent, prendre la place des continens détruits. En admettant même la possibilité de ce réfuge, que deviendra ce petit reste d'hommes placés sur cette hauteur environnée de toutes parts de la mer, car ils seroient justement sur le sol dont la mer viendroit s'emparer en abandonnant son ancien lit? La différence ertre la conséquence que j'ai tirée et cette foible ressource se réduit à bien peu de chose : ces hommes réfugiés sur ces hauteurs isolées, au milieu d’une mer qui vient d’inonder pour des siècles, le sol déja détruit qu’ils habitoient, éviteroient: difficilement d’y périr de faim et de misère. Et en supposant leur conservation possible , la presque totalité des hommes et des. animaux auroit péri. J’ai donc eu raison de dire, que c’étoit-là. un ériste renouvellement , que le sortdes hommes et des animaux n’est pas ce qui avoit embarrassé. M. B. a écrit à ce sujet une lettre fort courte à MM. les ré- dacteurs de la Bibl. Britannique, où mettant en opposition son (1) Lettres physiques et morales sur l’histoire de la terre et de l’homme, 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moyen de conserver quelques hommes , avec les conséquences que j'ai présentées , il s’énonce en ces termes : Cette opposition entre ce que j'ai écrit et ce que me fait dire M. Deluc me dispense de répondre au reste de sa lettre. (Bibl. Brit. N°. 144). Gela est bientôt dit et bien aïsé à dire ; et d’abord je n'ai rien fait dire à M. B. ; j'ai simplement exposé ce qui résultoit de son hypothèse. La différence entre cet exposé et la ressource qu'il a indiquée pour sauver quelques hommes se réduit à si peu de chose, qu’elle ne le dispensoit pas de répondre à mes argumens s’il avoit une réponse satisfaisante à leur opposer. Ce n’est pas ainsi, du moins, que je me suis présenté, lorsqu’en rectifiant une méprise complette de M. B. dans sa manière de rendre une opinion que j’avois énoncée, j'ai repondu à toutes les hyporhèses qui l’avoient précédée et à celles qui étoient à sa suite, en me fondant sur des faits de physique terrestre qui sont sous nos yeux. Etil reste encore une terrible conséquence à laquelle les moyens de M. B. ne pourvoient point, J’ai dit que, « si une comète s’approchoit assez de la terre pour déplacer le globe magnétique supposé , le déplacement de la mer qui en résulteroit, suivant l’hy- pothèse , quoique terrible et destructeur , seroit le‘moïindre effet, du moment que la masse des eaux attirée par la comète ‘s'élè- veroit vers elle comme une montagne, et reverseroït avec une telle violence, que les êtres vivans de la terre seroient balayés comme la paille SARNÉGeE les vents. » Conséquence qui ne peut être contestée. Que deviendroit dans ces momens de sub- version générale ce petit nombre d'hommes réfugiés sur ces hau- teurs, ou plutôt aucun d’eux pourroit-il y parvenir ? Ce ne fut pas par une catastrophe périodique que la première race des hommeset les continensqu’elle habitoit furent submergés. Le déluge récité par Moïse fut un châtiment direct prononcé contre cette race à cause de son extrême perversité ; et le moyen inspiré par l’arbitre suprême des événemens au chef de la seule famille qui lui étoit restée fidèle, pour la préserver et avec elle les animaux de la terre , étoit le seul efficace. Le déluge fut donc un châtiment, et peut-on supposer des châtimens périodiques (1)? (1) J'ai traité ce sujet avec plus d’étendue dans ma lettre insérée au n°. 142 de la Bibl. Britannique à laquelle je renvoie. J’y renvoie aussi pour les preuves tirécs des fails, que nos continens loin de se détruire tendent à se perfection- ner , et que le limon charrié par les fleuves jusqu'à la mer, ne va point dans ses profondeurs y former des continens futurs, mais que les flots le repoussent au rivage, d’où résulle un accroissement des continens à l'embouchure des fleuves, et non pas des destructions. - ’ ECRMD ENS I OTURE UN2A TIU R ELLE. 25q Un autre grand inconvénient qui résulteroit de l'approche de cette comète naîtroit de la lune ; car pour opérer le déplacement du globe magnétique et celui des mers, elle devroit passer très- près de la terre. Que deviendroit alors le globe qui éclaire nos nuits et donne un mouvement régulier à la surface de la mer, s’il se trouvoit dans la partie de son orbite que traverseroit la comète ? Peut-être nous seroit-il enlevé, ou s’il ne l’étoit pas, sa distance et son mouvement subiroient un changement inévitable, dont nous sommes bien éloignés de présumer quelles seroient les conséquences. Revenons à cette conclusion que j’exprimai à la fin de ma lettre. « Les moyens employés par la providence divine pour la conservation de ses ouvrages, sont plus assurés et plus efficaces que les pensées des hommes. La main puissante qui impriwa le mouvement aux astres, l’a combiné bien sûrement de manière qu’ils ne peuvent se nuire dans aucun instant de leurs révolu- tions, » PPT CPE PE POSE PE EU UP EE LE TL PSE RES CAPPPN TEE CRUEL CERTA DA OBSERVATIONS SUR LES VENTS, FAITES \ VERS LA MONTAGNE NOIRE EN LANGUEDOC; Par J. À. Cros, médecin , professeur de botanique au collége de Sorèze. Les vents empruntent certaines de leurs qualités des lieux qu’ils habitent ; ainsi ils sont humides ou secs selon qu'ils vien- nent de la mer, de grands lacs, ou de terres arides, et leur direction est changée ou modifiée par celle des montagnes et des vallons. Je me suis appliqué à observer les qualités des vents sous tous ces rapports ; mais celles qui ont le plus attiré mon at- tention , et sur lesquelles on a , je crois, des données moins pre- cises , semblent tenir de plus près à la nature propre et inhérente de chacun de €es vents , et consistent dans des exacerbations et des rémissions subordonnées ou liées à la révolution diurne du soleil. Les qualités de cette sorte me paroissent devoir être gé- 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nérales et moins dépendantes des localités ; aussi je les ai exa- minées avec plus de soin. S’il est vrai que l’on doive étudier les vents dans les contrées où ils ont des qualités plus prononcées , plus notables, certes c’est dans celle que j’ai habitée , et où j’ai fait ces observations. Pour l'intelligence de ce que j'ai à dire sur celte matière, il suflira de savoir que la montagne Noire , en France, cette même montagne où se trouvent les magnifiques bassins de S. Ferriol et de Lampi, ainsi que la rigole qui fournit les eaux au grand canal de communication des deux mers , forme une chaîne qui s’étend de l’est à l’ouest , et qui sépare le Haut Languedoc du Bas. Elle est couverte de forêts dans quelques cantons , mais cultivée dans sa plus grande partie. Son élévation est de 250 toises environ au-dessus du niveau de la mer. Au nord de cette chaîne, est la belle plaine de Rével assez couverte et bien cultivée, fermée au midi par un des prolongemens de la montagne, et bornée du couchant jusque vers le nord par des côteaux. Les gorges s’ou- vrent dans cette plaine le plus souvent dans la direction du sud- est au nord-ouest. De toutes les petites villes de la contrée, So- rèze est la plus connue et la plus remarquable par la culture des arts et des sciences ; elle est située au pied de la montagne, et donne au pays le nom de Sorézois. Presque tous les vents paroissent dans le Sorézois ; mais jene parlerai que des principaux en commençant par le sud-est qui à les qualités les plus prononcées. Ce vent connu dans le Haut- Languedoc sous le nom d’autan et de vent marin, parce qu’il souffle directement du golfe de Lyon vers Narbonne, a chez nous une force prodigieuse qu'il doit à la disposition des vallons et à la direction des gorges de la montagne Noire. Cette force est sensiblement moindre pendant deux heures après-midi , sur- tout vers le coucher du soleil ; sans doute que le mouvement d'occident en orient que cet astre imprime alors à l’atmosphère, est la cause de cette diminution ; mais bientôt il se relève et n’en devient que plus furieux dans la nuit. 1] est chaud et sec quoique très-humide dans le Languedoc ; et cela peut-être parce que les vapeurs qu'il apporte de la Méditerranée, sont déposées sur la montagne à mesure qu’il la traverse. Du reste il agite fortement les huineurs sans trop relâcher les solides, et développe la rage des chiens. Tontes choses étant égales d'ailleurs, les astres sont plus clairs; plus bleuâtres, par le souffle du sud-est , les petites étoiles paroissent plus distinctement , l’air est plus délié , les corps s’apperçoivent de plus loin. Ce vent, lorsqu'il souffle je e ET DHISTOFRÉ NATURELLE. 26: le plus de violence , élève le son , l'emporte au-dessus de la terre, et ne le rend pas sensible quoïqu'on soit à une petite distance sous le vent. Il dure Jongtemps. S'il ravage trop souvent nos moissons , il favorise aussi la végétation ; il diminue sur-tout l'influence de notre exposition occidentale regardée comme in- salubre et en général désavantageuse par toute l'antiquité ; et après l’avoir beaucoup étudié , j'ignore encore si nous devons le regarder comme un fléau destructeur ou comme un des plus puissans agens de la vie et de la fécondité. Avant que le sud-est domine , le vent souffle léoèrement et irrégulièrement , tantôt d’un point, tantôt d’un autre, en par- courant plusieurs fois le tour de l’horison. C’est ce que les pay- sans connoiïssent sous le nom de vent rodeur. On diroit que les vents du nord et du couchant, qui doivent céder leur place, se réfugient de tous côtés. Mais lorsque le sud-est doit enfin se fixer , le vent passe du sud-ouest à l’ouest et au nord par les divers intermédiaires ; quelquefois il revient, mais il s’en re- tourne par le même chemin, paroît un peu sous la forme de nord-est, et se change enfin en sud-est. Ce dernier changement se fait ordinairement un peu avant le coucher du soleil ; le souffle reste encore foible jusqu’après ce coucher, mais ensuite il augmente peu-à-peu et acquiert dans la nuit sa force accou- tumée. De petits nuages blancs, floconneux ou ridés , presque iinmo- biles et très-nombreux , qui tapissent la voûte du ciel à une grande hauteur , sont un des signes principaux qui annoncent le sud-est, sur-tout s'ils se trouvent vers l’orient ou le couchant. Egalement on doit s'attendre au sud-est si l’on distingue claire- ment les monts Pyrénées dans le lointain, ou bien si une odeur de marine se répand sur la montagne sans qu’on apperçoive au- cune agitation dans l'atmosphère, ou bien encore lorsqu’après un jour calme et serein l'air est épaissi près de l'horison , à plus forte raison si le ciel devient rouge ou l'a été la veille; dans ce cas le vent sera violent. Quelquefois l’autan souffle avec force à Sorèze et tout le long de la montagne, et n’est presque pas sensible à demi-lieue dans la plaine. À cette distance et même plus loin il est annoncé par un bruit sourd , mais assez fort, sem- blable à celui d’une rivière ou d'un gouffre profond. Ce n’est que peu-à-peu que les colonnes d'air s’ébranlent, que le souffle s'étend dans tout le pays ; et plus d’une fois les propriétaires de la plaine avertis par le bruit dont j'ai parlé, ont eu le temps de faire couper leur récolte et de la préserver de ce fléau. Tome LIF. GERMINAL an 10. 6 LI 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il ést très-remarquable que l’autan ou le sud-est souffle d’a- bord sans troubler la sérénité du ciel ; ce n’est ordinairement qu'après quelques jours qu’il amène de gros nuages qui au com- mencement sont blanchâtres et en petit nombre, mais qui en- suite se multiplient et deviennent plus chargés. Leur passage est très-sensible vers le midi où ils sont plus rapprochés de l’horison, et ils semblent aller se réunir vers le nord-ouest avec ceux qui, d’après les mouvemens apparens, passent par le nord-est à mesure que les nuages se chargent, et se succèdent plus rapi- dement, l'air s'épaissit et se rembrunit. Il y a donc deux pé- riodes le plus souvent très-marquées, et ce n’est pas sans raison que le peuple distingue deux sortes d’autans , le blanc et le noir. Si ce vent charrie des nuages ou rembrunit l’atmosphère bientôt après s’être levé , il ne dure pas longtemps ; et en général toutes les fois qu’il est très-prononcé et a duré quelques jours, on ne doit pas s’attendre à le voir cesser qu'il n'ait charrié des nuages qui n’apparoissent pas toujours aux habitans de la plaine à cause de l'élévation de la montagne vers le midi. Tant que le cours est rapide , on peut conjecturer que le vent durera encore ; mais lorsque ce cours est ralenti ou arrêté, et que le couchant est chargé, l’autan cessera bientôt, quand même son souffle seroit très-fort. Egalement lorsque le couchant n’est pas chargé, mais offre seulement au-dessus de l’horison quelques nuages blancs sans mouvement » ON peut présumer que ce ventne du- rera pas. La pluie qui tombe après qu’il est appaisé, est propor- tionnelle à la quantité des nuages qu’il a amenés. Le sud-est qui tend vers sa fin à un soufile plus irrégulier. Ce sont des secousses ordinairement très-violentes , et qui de- viennent de plus en plus éloignées. Sans doute elles sont produi- tes par la résistance de la colonne d'air vers le couchant, et par l'effort des vents contraires pour pénétrer, L’autan ne leur cède l’empire qu'après de grandes commotions et, pour ainsi dire, de grands combats. L'air est poussé tantôt d’un côté tantôt d’un autre. Après avoir été comprimé dans les gorges de la rnoûtagüé , 1l réagit avec une force extraordinaire. Les vents du couchant profitent de l'heure où le sud-est est plus foible , sur- tout au coucher du soleil, pour pénétrer et se fixer : c’est alors que l'orage est à craindre si le couchant est chargé de nuages de diverses couleurs (1). Lorsque le sud-est finit avec efforts et (1) Le 26 prairial de l’an VI ( peu avant le solstice d’été ) le sud-est domina pendant tout Je jour. Cependant le vent du couchant fusoit quelques efforts pour ÉTÉ D AEMESPTIONNRUE NISMTIUNRNENTANIE, 265 D pour ainsi dire dans les convulsions, les vents d’ouest ou de nord qui le remplacent , soufflent avec force et emmènent la pluie avec orage ; mais lorsque ce même sud-est diminue peu- à-peu et s'éteint, les vents qui lui succèdent ne soufflent que légèrement, Ordinairement l’autan qui commence doucement et n'augmente que progressivement , dure longtemps et finit sans secousses bien violentes. Le contraire a également lieu lorsqu'il Commence subitement et avec force. Vers la fin de son souffle il amène ordinairement quelques gouttes de pluie ; mais souvent il se relève encore après cette pluie, et dure quelquefois plu- sieurs jours. Dans des cas semblables on n’a qu’à examiner l’ho- rison au couchant; s’il est clair en cet endroit , quand même il séroit rembruni sur tous les autres points , on ne doit pas crain- dre encore la pluie, et on peut compter que l’autan persistera. Vers la fin du souffle du sud-est les nuages se rassemblent du côté du nord-est , et forment , à quelque distance au-dessus de l'horison, une assez longue bande noirâtre ét chargée qui s’é- tend depuis l’ouest jusqu’au nord. Le temps de la pluie n’est pas encore arrivé ; le sud-est persiste, cette bande de nuages se dis- sout, et au bout de quelque temps , tantôt le soir même, tantôt le lendemain ou le surlendemain , l’amas se forme au couchant etest plus rapproché de l’horison ; alors le sud-est cesse , et les vents du couchant pénètrent avec la pluie, * Le sud ne peut souffler dans sa vraie direction que doucement et sans efforts ; pour le peu qu’il acquière de violence , il paroît sous la forme du sud-est (1). Il est annoncé , comme ce dernier : par un grand nombre de nuages blancs et floconnés ou ridés ; mais alors ces nuages sont moins élevés, et se trouvent plutôt vers le midi on le nord que vers lorient et le couchant ; d'ail- leurs la disposition respective de ces flocons on de ces rides sert encore pour distinguer ce vent, Les gros nuages qu’il charrie ——————— EN pénétrer. Le tonnerre se fit entendre le soir ; et les nuages presque immobiles Étoient rassemblés à l'occident en masses énormes. Le sud-est diminua vers le coucher du soleil , à sept heures et sept heures et demie. Alors l’ouest s’éleva tout-à-coup avec une violence extraordinaire. Il rompit les nuages qui furent en ua moment dispersés dans le ciel, brillans de mille couleurs. Ils répandirent un déluge de pluie , et de la grêle qui fit beaucoup de ravage. (1) J'ai cependant remarqué que pendant que le sud domine, il s'élève quel- quefois du sud-sud-ouest une tempôte de peu de durée, mais extraordinairement violente; d’où j'ai conjecture qu'alors ce même sud pourroit bien être uni au sud-ouest, et souffler dans une diagonale ou direction moyenne, ce qui expli- queroit Ja force prodigicuse qu'il acquiert dans ce cas, 7 2 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE traversent les gorges de nos montagnes en paroissant et dispa- roissant alternativement à l’horison, Souvent il est de peu de durée, et est bientôt suivi de la pluie. Lors même qu'il persiste pendant quelque temps , il est rare qu’il se soutienne plus d’un ou deux jours dans le même état, la sérénité et la pluie se suc- cédant assez rapidement et à diverses reprises. Ce vent qui n’est le plus souvent qu’un léger zéphyre , s'élève un peu le soir et pen- dant la première partie de la nuit; maïs il ne diminue pas sensi- blement au coucher du soleil comme le fait le sud-est. Le prolongement de la montagne qui ferme la plaine au midi détourne aussi le sud-ouest de sa vraie direction , et le fait souf- ler dans celles de l’ouest ou de l’ouest:snd-ouest. Ce vent a dans le jour deux exacerbations très-prononcées , dont une se fait vers onze heures, et l’autre vers trois ou quatre heures du soir. Je présume, mais je n'ai pas constaté , que l’heure de l’exacerbation de l’après-miui varie selon que les jours sont plus ou moins longs, avance vers deux heures et demie , et trois heures dans l'hiver sur-tout au solstice , et retarde au contraire vers quatre heures dans l’eté. Ce vent pousse presque continuellement des nuages qui, étant arrêtés par la montagne , nous inondent à tous momens. | Le vrai ouest est moins pluvieux que le sud-ouest, et la pluie qu’il amène est répandue par des brouillards qui se dispersent assez uniformément dans toute la plaire, , L’ouest-nord-ouest est le plus violent de nos vents après le sud-est. Je crois que c’est proprement le cers auquel l’empereur Auguste éleya un temple dans la Gaule Narbonnaïse. Il est froid; son souffle est le plus contenu , et n’a pas des secousses irrégu- lières comme celui du sud-ouest. J’ai observé qu’il diminue vers le coucher du toleil à-peu-près comme l’antau ; mais il n’aug- mente pas immédiatement après comme ce dernier vent, et ne diminue pas non plus après-midi. Il ponsse continuellement un grand nombre de nuages, blanchätres pour la plupart, et par grosses masses , et les disperse dans toute la voûte du ciel. Si après du mauvais temps et le souffle du sud-ouest , l’ouest nord- ouest règne constamment et fortement pendant quelques jours, il faut croire qu’il ramènera la sérénité , quoique le ciel se couvre de nuages , et qu’il y ait par fois menace de pluie. Ge fait est connu de quelques paysans. Voici donc comment les choses se passent le plus ordinaire- ment chez nous, en commençant par le sud-est. D'abord ce vent ne trouble pas sensiblement l'atmosphère ; ce n’est que vers la PMR DEMI S TM OL RE NA TU RE LE Et 265 fin qu'il charrie des nuages et qu’il charge et rembrunit l'air ; peu après il amène une petite pluie ; il se relève encore et s’a- gite fortement par secousses irrégulières : enfin il cesse souvent vers le coucher du soleil. Les vents d’occident le remplacent ; c'est quelquefois le sud:ouest immédiatement ; d’autres fois c’est le nord-ouest ; et le sud-ouest qui ne vient qu’ensuite amène la pluie en abondance. L’ouést souffle après. L’ouest-nord-ouest le suit et souffle ayec force. Enfin le nord-ouest frais et agréable s'établit et règne pendant le beau temps, jusqu’à ce que l’on sente un calme presque parfait, avant-coureur du tumulte. En effet, un vent doux souffle bientôt de divers points de l’horisos. Peu après le sud-est se déclare , et la même scène recommence. Quelquefois cependant les choses ne se passent pas ainsi, et le sud-est succède immédiatement au sud-ouest. Alors il y a entre ces deux vents une lutte semblable à celles dont j'ai parlé , mais bien moins violente. Le 8 brumaire an 8, au lever du soleil , les brouillards étoient répandus dans tout Sorèze. Le sud-est n’étoit pas bien prononcé ; ce vent et le sud-ouest se disputoient l’em- pire. C’étoit un spectacle curieux de voir comment les deux vents repoussoient et se renvoyoient alternativement les brouillards qui sortoient de la ville, et rentroïent à diverses reprises. Enfin le sud-est les poussa avec plus de vigueur dans la plaine , les chassa au-delà de l’horison et domina seul. Le sud-est ou l’autan souffle ordinairement par secousses plus soutenues et plus répétées ; le son qu’il produit est plus sourd et plus grave. Presque tous les vents du couchant , sur-tout le sud- ouest, ont des secousses longues , maïs formées d’une suite de petites secousses multipliées ; elles reviennent plus rarement ; le calme ou l'intervalle est plus marqué ; le son qu’elles produisent s'approche plus du sifflement. Le nord-est est de tous les vents celui dont le souffle est le plus élevé par rapport à nous. L’oreille en perçoit le bruit comme si la tempête se passoit dans les ré- gions les plus élevées. Je n’ai rien de particulier à dire sur le nord qui est, comme par-tout je crois, glacial en hiver et très-chaud en été, mais qui ne paroît pas souvent quoique lhorison lui soit ouvert. L’est souffle rarement dans sa direction propre ; pour le peu qu’il de- vienne fort, il emprunte celle du sud-est, de même que le sud et quelquefois aussi le nord est. J’observerai à ce sujet que dans les pays montueux ou voisins des montagnes , tels que le nôtre, on ne doit pas toujours juger de la vraie direction du vent au moment de ses plus grands efforts ; car alors l’air est pressé et 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE enfile les gorges dans leur direction. On juge bien mieux lorsque le souffle est tranquille, et par les plus légères bouffées. D’un autre côté si l’on néglige d’observer Les qualités particulières des vents, les signes qui les annoncent , les circonstances qui les accompagnent ou qui les suivent , on sera souvent trompé par les transformations variées qu’ils subissent. Le nord-est, par exemple , lorsqu'il souffle avec le plus de violence pendant les très-fortés gelées , ne pouvant pas pénétrer directement à cause de l’élévation de la montagne Noire , franchit cette montagne et la plaine , va se réfléchir sur les côteaux du couchant, et paroît sous la forme de l’ouest. Lorsque le sud-est charrie dans le Sorézois des nuages multi- pliés et chargés, il pleut dans le Bas-Languedoc, et si ces nuages répandent une légère bruine chez nous, on peut conjecturer que ce Bas-Languedoc est inondé de pluie. L'inverse a également lieu à l'égard des vents du couchant. Tant que leur soutfle est bas , les nuages sont arrêtés par la montagne, et il pleut abon- damment à Sorèze ; et ce n’est que vers la fin que le souffle de ces vents devient plus supérieur , et que plusieurs nuages trans- portent ailleurs une partie de la pluie. La montagne Noire, par sa position, a une grande influence sur les qualités des vents et des météores , dans plusieurs départemens méridionaux. De ces observations quelques-unes sont susceptibles d’une ap- plication générale ; car il est des faits qui ne demandent que d’être apperçus une fois, ou un petit nombre de fois, et qui apportent pour ainsi dire , avec eux la raison de leur existence. Mais quant aux autres observations qui sont plus particulières, il seroit à desirer que les physiciens voulussent en faire d’analo- gnes dans divers pays. Par exemple , il seroit bon d’observer si dans toutes les expositions semblables à celle du Sorézois , les changemens les plus notables des vents se font de la manière que j'ai décrite , ou d’une manière différente ; ainsi je ne serois pas étonné d'apprendre que dans les expositions orientales ces changemens se font au lever du soleil, tandis que dans les occiden- tales, comme la nôtre, ils se décident au coucher de cet astre, Egalement il seroit bon de savoir si les exacerbations se font par tout aux heures qne j'ai indiquées, quels sont les signes qui annoncent tel ou tel vent, et ceuxquifont présumer sa finetc. , soit au bord des mers , soit au milieu des continens. Ce que j'ai dit des fréquentes transformations des vents fait voir combien il est facile de se tromper sur toutes leurs qualités quand on se guide uniquement sur les giroucttes ou les autres signaux pour ET D'HISTOIRE NATUREZL'LE. 267 déterminer la direction de chacun d’eux. Ce n’est guères que par de semblables moyens que l’on peut parvenir à perfection- ner la science de la météorologie dont Toaldo et les citoyens Cotte et Lamarck ont pose les fondemens sous de si heureux auspices. NO APCE SUR QUELQUES NOUVELLES CRISTALLISATIONS DES GRANITS DE LA MONTAGNE NOIRE ; Pur l'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Employé dans le département du Tarn ; Membre de plusieurs So- ciétés savantes. Il yaenviron quinze ans, qu’habitant Castelnaudary , voisin alors de la partie de la montagne Noire, qui fait aujourd’hui la démarcation respective des départemens du Tarn , de Haute- Garonne , et de l'Aude , j'ai décrit dans le Journal de Phy- sique , tome 29 , les diverses substances intégrantes qui cons- tuent les beaux granits de cette montagne. Un nouvel examen que je viens de faire de ces roches dans la revue générale de celles que j'ai apportées avec moi , et auxquelles je n’avois pas tonché depuis dix ans, vient de me faire reconnoître des ‘espèces qui m'avoient échappé , et quel- ques cristallisations nouvelles. Le granit graphique que M. Patrin dit, dans son excellent ouvrage de l'Histoire universelle des minéraux, ne se trouver qu’en Sibérie , en Ecosse , et en Corse , et dont il donne le dessin , est ici en grande masse formant des montagnes en pla- teaux. L’échantillon de la figure première a pour fonds an feidspath ( petuntzé ) blanc, et par fois roux, miroité sur deux faces : les fragrnens de cristaux de quartz qui s’y sont insérés sont gris et de toute dimension. J’en possède qui ont depuis trois centimètres de grosseur jusqu’à la plus légère ténuité ; sous cette dernière forme , ce n’est qu’en les mouillant qu’on dis- tingue ces fragmens quartzeux qui, vue à l’aide d’une assez 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE forte lentille , figurent encore les caractères hébraïques, et arabes qu’on voit dans la figure première, Je ne chercherai point à faire connoître , comme M. Patrin, si c’est le feldspath , ou le quartz qui a cristallisé le premier. Dans tout ce que j'ai devant les yeux, je ne vois qu’une cris- tallisation confuse de feldspath , et de quartz qui sont du même âge. Je le crois d'autant plus que lorsque le feldspath s’est trouvé avec moins de molécules quartzeuses , chacune de ces subs- tances a cristallisé de son côté, Les grands échantillons que j'ai présens me le prouvent. Jy vois les cristaux de feldspath très-distincts des cristaux de quartz; tantôt ces derniers sont enchatonés dans le feldspath , et tantôt ils le reçoivent dans leur sein. Je persiste d'autant mieux à croire que les granits Te phiques sont les produits d’une cristallisation simultanée de feld- spath et de quartz, que l'un et l’autre se trouvent souvent réu- mis en parties si égales qu’elles y forment des veines ou fibres si parallèles , si régulières qu’on prendroit le feldspath pour de V'ivoire de la plus haute D étidur ou de couleur roussâtre. Souvent ces granits graphiques contiennent des petits grenats roses. Les lanies rhomboïdales du mica , et la tourmaline trans- parente , quelquefois aussi, en font partie intégrante. On rencontre dans les granits cristallisés de la montagne Noire Ja figure de presque tous les cristaux de feldspath décrits par Romé de Lisle : mais il en est aussi quelques-uns dont il n’a pas eu connoïssance ; telle est la pyramide quadrangulaire obii- quangle, figuré 2°, Ce cristal a 55 millimètres de hauteur sur 50 millimètres de base. Le sommet en est accidentellement tron- qué. Les angles solides opposés sont alternativement de 96 et #49. 80 et 7b°. Sa couleur est un blanc de lait gras au toucher. C’est l'effet d’une couverte ou vernis de mica blanc pulvérulent décomposé , passé à l’état de stéatite blanche ; quelques parti- cules du mica y sont encore apparentes sous leur couleur ar- gentine, La figure 3e: représente, sous deux échantillons, l’un en creux, l'autre en relief, une cristallisation singulière de feldspath dont la réunion parfaite ne compose qu’une même masse. Le feld- spath est couleur de chair. L'intérieur est encore revêtu de ce vernis de mica qui lui Ôte son éclat miroité qu’il a au dehors. Romé de Lisle fait mention sous la planche 41e. de la planche te, d’une macle de sulfate de chaux qui ressemble à l'échantillon concave, Cette identité de forme paroît tenir aux mêmes prin- cipes générateurs : mais notre cristallisation n'est point sus 1i1aCie, ET D'HISTOIRE NATURELLE: 269 macle. Je laisse au savant Haüy à en déterminer les élémens. On retrouve la figure du relief sur l'échantillon de la figure en creux qui forme les mêmes angles de 700. Ces traces jettent quel- que jour sur la composition de cette cristallisation. Les cristaux de quartz de nos granits sont presque toujours enchatonés dans le feldspath qui les recoit , ils y laissent leur empreinte, soit que leur formation lui soit antérieure ou postérieure’, ou soit que leur cristallisation ait été simultanée ; pourquoi n’en auroit-il pas été de même du relief de feldspath ? L’un aura été moulé sur l'au- tre. Nous voyons tous les jours le même effet dans les cristaux de quartz qui reçoivent l'effigie des cristaux de même nature qu'eux. La figure {e. paroît être la variété décrite par Romé de Lisle, planche 3e., figure 106 qu’il nomme aussi macle. Mais ce n’est point encore une macle. Les macles sont des cristaux de mêmes substances qui se pénètrent, font un même corps, et adhèrent entr’elles. Celui-ci, qui est un feldspath blanc , est engagé dans un quartz gris. La pyramide cachée ressemble à celle qui est à nud ; elle a 15 millimètres de saillie. J'en ai la prenve dans des fragmens de la même cristallisation. La figure 5°. approche de la figure 104 de la planche 8e. Elle én diffère par deux faces de plus , et quelques stries bien prononcées , placées sur l’arête du petit prisme intermédiaire ; sa pyramide tronquée lui donne beaucoup de ressemblance avec la figure 24 de la planche 6°, que notre célèbre cristallographe décrit comme une variété du cristal de roche. Ce cristal de feld- spath a 30 millimètres de diamètre et 15 millimètres de hau- teur. La figure 6e. est celle d’un joli cristal quartzeux. Il est chargé de stries parallèles sur les 6 facettes dont deux sont à peine sen- sibles à l'œil, qui au premier aspect ne présente , dans son en- semble , qu’une pyramide à 4 faces. Le dessin supérieur est l'empreinte du même cristal quartzeux dans le feldspath. Il y est moulé avec la plus parfaite exactitude. Ce petit cristal a deux centimètres de base : sa pyramide saille de 15 millimètres au- dessus du prisme intermédiaire. La figure 7e. est une nouvelle variété de feldspath blanc. Je lai dessiné sous deux aspects opposés pour en ire connoître l’ensemble, et en mieux faire sentir le détail. Sa surface est encroûtée d’un vernis de mica pulyérulent infiniment disséminé, oxidé, passé À l’état de stéatite , qui lui donne une couleur de. Tome LI. GERMINAL an 10. M m 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rouille. Ce cristal a 5 centimètres de hauteur sur 32 millimè- tres dans la plus grande largeur. Le mica , dans cette partie de la montagne Noire affecte tou- jours, et d'une manière bien prononcée , la forme rhomboïdale, figure we, soit en simples feuillets, soit en masse feuilletée. Sa couleur la plus commune est le blanc argentin , très-souvent aussi roux , ou de couleur d’or, ou d’un vert-noirâtre , et même. d'un vert de pré ; souvent aussi il est chatoyant de rouge, de vert , et de violet , comme le feldspath du Labrador. Je possède des rhomboïdes de mica blanc de 4 à 6 centimètres de longueur sur 2 à 3 de largeur. Les angles aigus sont assez constamment de 5oe, et les obtus de 110. Souvent j'en ai vu , et j'en garde encore un , au centre duquel est un petit rhombe très-distinct qui paroît être le noyau générateur de la forme. Cette figure n’est pas privilégiée à cette partie de la montagne Noire. Je l'ai vue fréquemment dans les Pyrénées , et j'en ai rapporté des échantillons. La forme hexagonale est si peu commune dans la montagne Noire , que j'en conserve et garde avec soin , deux de cette espèce, comme un effet rare ; ils font partie d’un granit cristallisé. Les micas verts feuilletés y sont aussi très - abondans, quelques-uns en lames prennent encore la forme rhomboïdale , mais le plus souvent ils existent sous la figure d’écailles amonce- lées les unes sur les autres ; ils se trouvent en nids volumineux sous cette forme, dont les parties sont friables et savonneuses. C’est le vrai passage à la stéatite verte, Dans cet état de décompo- sition, le mica a encore une tendance à la cristallisation. J’ai dans mon cabinet beaucoup de cette première stéatite cristallisée. La figure 8°. m’a paru trop remarquable pour ne pas la faire con- noître. C’est un petit prisme à 4 pans principaux dont les arêtes ou les angles solides sont tronques. Son sommet ést coupé hori- sontalement : la base est engagée dans le quartz ; quoïque cachée, je vois par d’autres échantillons que cette base est également coupée horisontalement ,.et que les faces du prisme sont verti- cales. On distingue à l’œil nud les lames rhomboïdales du mica qui le constituent. L’angle aigu est au centre. C'est un composé de micien feuillets blancs et verts. La hauteur de ce prisme est de 15 millimètres, et son diamètre ou largeur , d’un angle solide à l’autre, de 12 millimètres. J'ai sous les yeux, dans les nombreux produits de la décompo- sition des micas, et de leur passage à la stéatite, de gros fragmens. de cristaux de cette nature dont la figure est encore la même : ils ont 4 centimètres de hauteur sur trois centimètres d'épaisseur. ET D'HIS TOÏRE NATURELLE 271 Î L’éclat de leurs lames , et leur chatoyement les rapproche de la stéatite spéculaire que Saussure a trouvée sur le Mont-Cervin. La couleur extérieure est ici d’un vert-noirâtre et rougeâtre, Ce cris- tal, qui est brisé sur la moitié de sa longueur , offre dans sa frac- ture un poli gras , et la fracture horisontale présente la réunion des lames de mica blanc et vert; on y voit un canon de schorl qui s’y est immiscé. La vue de cette fracture présente l’aspect d'une mine de fer spathique ; comme celle de Saussure , cette stéatite spéculaire se raye en gris, elle a , quand on l’humecte, l'odeur terreuse. De nombreuses nuances des filiations de ces cristaux, depuis leur état lamelleux à leur passage à l’état oxygéné ou ter- reux , m'ont donné d’une manière indicible la transition des micas , et des schorls lamelleux à la roche , improprement nom- mée roche de corne. s Il est assez fréquent de voir le mica blanc se cristalliser soit en plan , soit en solide sous les formes de la figure 10°. Les côtés des lames rhomboïdales sont accolés les uns contre les autres, et forment une pyramide hexagonale dans leur cristallisation groupée , etun hexagone dans leur plan. J’ai encore vu , mais très-rarement, le mica hexagone former par la division de ses li- gnes d’intersections un rhombe dans son centre. D’après tous ces faits, n’est-on pas autorisé à penser que la figure rhomhoï- dale des micas argentins est la primitive , comme étant la plus simple , et que l'hexagone n’est que la troncature de la forme, ainsi que je l’ai avancé depuis longtemps ? Les cristaux de schorl sont très-abondans dans la partie de la montagne Noire où se trouvent les granits cristallisés. Prec- que toujours engagés dans le feldspath , et dans le quartz avec lesquels ils cristallisent indifféremment , il est très-rare de les avoir isolés, et conséquemment de pouvoir en observer parfai- tement la figure, mais les fragmens si multipliés de leur som- met , et de leur base , qu’on trouve à découvert dans nos gra- nits, me font croire qu’il n’existe ici aucune forme qui n'ait été décrite par Romé de Lisle. Les schorls d’une forte dimen- sion sont presque toujours articulés; la cristallisation est alors interrompue par des veines de quartz ou de feldspath, mais le plus souvent par la première substance , le mica s'y trouve quelquefois immiscé. J’ai des cristaux de schorl opaques de 6 à 7 centimètres de longueur sur 3 centimètres d’épaisseur : leurs prismes sont chargés de stries nombreuses et longitudinales ; leur cassure est lamelleuse ; c’est le schorl le plus commun; ea cristallisation est celle d’un prisme ee dont les an- M m 2 ar JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gles solides sont arrondis. J'en ai un sous les yeux dont l’en- tière décomposition n’a altéré ni la forme extérieure , ni la cris- tallisation lamelleuse. Il a 7 centimètres de hauteur sur 2 cen- timètres d'épaisseur. Sa texture terreuse le feroit nommer cor- néenne par nos nouyeaux nomenclateurs, qui seuls compren- droïent que c’est un schorl décomposé que l’on desire faire connoître. Quand cessera-t-on d'introduire de nouveaux mots pour l'intelligence d’une science aussi simple que l’objet qu’elle décrit, dont la difficulté consiste à se bien pénétrer de la filia- ton des substances primitives dont elles dérivent , et dont la nouvelle nomenclature fait perdre l’origine ? 11 n’est pas rare de voir cristalliser nos schorls en rayons divergens. Ils ont sous cctte forme jusqu’à 10 centimètres de longueur. J’ai des schorls noirs tellement encroûtés de mica blanc et couleur d’or qu'ils en cachent la texture. J'en tiens un de cette nature, si chargé de lames de mica qu'il est oblitéré par ce même mica qui la converti en une petite pyramide dont le sommet est des plus aigus ; il a 5 centimètres de hauteur. Les granits de la montagne Noire , contiennent aussi des tour- malines ; elles y sont même assez communes depuis la grosseur d’un cheveu jusqu’à celle d’un tuyau de plume ; quelques-unes sont opaques ; d’autres n’ont que leur côté transparent ; vus à la lumière , ou au soleil, ils ont la couleur de la résine ou de la colophane. Le corps extéricur est noir , et d’un éclat très-vif. Toutes sont électriques par la chaleur , ou le frottement. Quel- ques-unes sont articulées, mais plus rarement que les schorls. J’ai des échantillons dans lesquels les tourmalines varient en couleur depuis le vert-bouteille jusqu’au vert-jaunâtre : quelques-unes vues ; à l’aide d’une médiocre lentille , paroissent de la couleur de la topaze dont elles ont l'éclat, la transparence , et la forme du prisme , autant que leur finesse permet de l’observer. Les grenats font aussi partie constituante de quelques-uns de nos granits. Ils y sont cristallisés depuis la grosseur du pouce jusqu’à celle de la tête d’une petite épingle. Lenr couleur est communé- ment d’un rouge foncé , et quelquefois d’un rose tendre. J'ai vu dans nos granits , et notamment dans ceux nommés graphiques, les élémens du saphir beau bleu, mais ils y exis- tent sous une forme trop déliée pour que j'aie pu en assigner la figure. Ce sont des petits points d’un superbe bleu; je ne doute pas qu'avec des recherches faites avec attention, on n’en trouve de plus grosses dimensions : j'en dis autant des topazes blanches ot jaunes dont les élémens y paroissent moins rares. Ken pos- PVDAD ANS OMR E'LN A CQU,R"E LIL. 275 sède un cristal isolé d’un jaune un peu enfumé que j'ai ren- contré dans cette espèce de granit, il a 23 millimètres de lon- gueur sur 6 millimètres de largeur. Les émeraudes n’y sont pas non plus étrangères, je les ai vues disséminées , et distinctes sous les formes les plus tenues à la vérité : mais pourquoi ne trou- veroit-on pas ces trois gemmes sous de plus grandes formes ? Nos granits graphiques ont tant de ressemblance avec ceux des monts Ourals qu’on doit espérer de les y rencontrer. Je terminerai cette notice en disant qu’à mon très-erand éton- nement, j'ai quelquefois observé , tant dans l'intérieur de nos granits que sur leur surface , tantôt de l’oxide d’un superbe rouge de cinabre, tantôt d’un beau bleu , et tantôt d’un beau vert qui x autant que je le présume , paroïssent être des oxides de cuivre, Mais ce qui m'a le plus frappé et que j'ai dans les mains, c’est de voir que nos schorls ont laissé, avec leur empreinte dans le quartz, un vernis d’oxide bleu. Je n’ai encore vu nulle part annoncer ce fait. Nos schorls contiendroient-ils des molécules de cuivre ? J’ai décrit, tome 56 , page 401 , du Journal de Physique, le beau feldspath argentin, nacré , ou œilde poisson, qui est si coin- mun dans les produits tertiaires de la montagne Noire, Je l'ai re- trouvé depuis dans nos granits proprement dits, il en est partie constituante. C’est un rhomboïde qui paroît agrégé, la moitié chatoye dans un sens, et l’autre moitié dans l’autre. Il a 25 mil- limètres de longueur sur 8 millimètres de largeur. Son éclat nacré est de la plus grande pureté. Jusqu’à présent je n'ai parlé que du feldspath blanc de lait qui fait partie intégrante de nos granits ; j'ai aussi trouvé , l’année dernière , du beau feldspath sans couleur prononcée, il a l'éclat du cristal de roche ; il chatoye, ce qui est assez rare , sur ses quatre faces. Ge feldspath qui habite une autre contrée que celle que je viens de décrire, quoique faisant partie de la montagne Noire, se trouve dans une roche micacée amygdaloïde dont ik forme les rognons sous d’assez grandes dimensions. Les échan- tillons que j'ai rapportés avec moi me présentent des singularités trop frappantes pour ne pas m’engager à faire des recherches plus suivies , et je n’y manquerai pas à ma première tournée, & el Æ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LE DE RUE SUR QUELQUES EXPERIENCES FAITES AVEC L'APPAREIL ELECTRIQUE A COLONNE ; Ecrite par le docteur Joachim Carranorr, de Prato en Tos- care , au cit. Jean SeNesren , bibliothécaire , de Genève. Vous m’écrivez que toute l’Europe s’occupe du galvanisme ; j'en fais de même : quoique tard , je m’occupois de ce sujet , n'ayant pu résister aux invitations de si belles expériences. L’ami Brugnatelli m’avoit déja mis en curiosité de répéter les expé- riences qu’avoit fait l’inmortel Volta, en imitation de la torpille , en m’en instruisant ; mais les maladies que j'ai souf- fertes cette année m'en détournèrent. A peine rétabli de ma der- nière , je ne pus enfin résister davantage aux impulsions des ad- mirables effets de l'appareil à colonne , et j'avois commencé des expériences pour divers objets ; mais ma foible santé ainsi que le laborieux métier de médecin , m'ont obligé d’y renoncer. Je veux dorénavant suivre votre conseil, et me borner ; car il est trop vrai, comme vous le dites , qu’une once de santé vaut mieux qu’une livre de science. Mon appareil étoit composé de 38 pièces de zirc et autant d'argent, et avec ce composé j'ai obtenu tous les effets les plus re- marquables. J'ai vu entr'autres, le contraire de ce qui a été assuré par plusieurs (1), j'ai vu sortir du fil métallique qui commu- niquoit avec le zinc, une fumée blanche, et une solution d'oxide, qui forme en partie une atmosphère autour du fil, et en partie se précipite au fond du vase : cette atmosphère par la suite se condense en nuage et entoure le fil; et le fil opposé , qui com- (1) Rapport des expériences galvaniques répétées à l'Ecole de médecine de Pans. Magasin Encyclopédique , n°.-16. £T! D'HISTOIRE NATUREL ELIE 275 muniquoit avec l'argent , je l’ai vu se couvrir de vésicules, qui se détachoïent , et venant à la superficie se dissipoient en gaz. J'ai vu aussi quelquefois des mêmes vésicales sur le fil attaché au zinc , mais elles ne se détachent , ni se reproduisent aucune- ment comme sur l’autre. Ce fil, qui communique avec le zinc, je l’ai toujours retrouvé plus ou moins oxidé , et rongé , ce que n’a pas produit l’autre, qui communique avec l'argent. Ce phénomène arrive de quelque métal que soîentles fils, même différens entr’eux, et quelque soit l’ordre que l’on tient relative- ment aux pièces d’argent et de zinc, c’est-à-dire, si pour base de la colonne on pose premièrement le zinc , et ensuite l’argent , ou le contraire. En substituant un fil d’or au fil qui communiquoit avec le zinc, je vis se former autour de lui la même atmosphère blanche , comme aux fils des métaux oxidables , qui présentoient le même phénomène , et ce devoit être une solution d'oxide d’or, puisque le fl avoit le caractère d’être oxidé , car il étoit noir et avoit perdu son lustre et sa mollesse. Ajoutez aux pointes des fils métalliques, des fils de sezg/e ou sorgo (1). On n’eut aucan indice de passage de fluide électrique , quoiqu'on les mit près l’un de l’autre , et il n’y eut pareillement aucun. indice dans les fils métalliques quand on les faisoit com- muniquer par le moyen desdits fils de seigle avec le zinc, ou avec l'argent. Il m'est arrivé de même ayant enfilé de petits morceaux de charbon , pris au hasard, aux pointes des fils métalliques , le charbon n’en fut aucunement altéré. Ayant posé ‘au milieu desdits fils métalliques de l’oxide blanc de plomb, w’on appelle céruse , il-s’y forma des crevasses , et il en sortit de vésicules. Ne sachant pas si personne jusqu'ici avoit essayé de _substi- tuer à l’eau des différens fluides, j’essayois premièrement avec l’Auile d'olive , et n’en obtins aucun effet, c’est à-dire , ni la solution de l’oxide par le fil qui communiquoit avec le zinc, ni apparition de vésicules de l’autre, qui communiquoit avec l’ar- gent. En répétant les expériences avec l’Auile essentielle de la- vande , cela ne produisit pareillement aucun effet. Maïs avec V’Azile essentielle de Pa on eut les vésicules par les fils communiquant avec l’argent , ou soit fils d’aroent | mais aucun du fil communiquant avec le zinc , ou soit #/ de zinc, et {1} Æolcus saccaratus , Linns 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE je ne pus y voir autour aucune solution d’oxide. Mais après avoir mieux examiné , j'ai trouvé une légère couche d’oxide, qui l’en- touroit et paroïssoit rongé. Avec l'yrize on eut les effets les plus marqués, et de plus il se forma autour du fil de zinc une croûte blanchâtre d’oxide mêlée avec des substances urinaires , et il en sortit pareillernent des vésicules qui contenoient un gaz , et me parurent plus grosses que celles qui se soulevoient du fil d'argent, Avec une forte so/ution) aqueuse de sucre on eut une infinité de vésicules du fil d'argent ; le fil du zinc se trouva avec une couche d’oxide mêlée avec de la matière charbonneuse nota- blement rongée , et le fil d’argent devenu rougeâtre. Les effets furent les mêmes avec une forte solution de savon ; je trouvai autour du fil de zinc une espèce de pâte d’une matière huileuse verdâtre et d’oxide , et le fil d'argent étoit resté lissé et clair. Toutes ces expériences furent faites avec les fils d'argent, de même que les suivantes. Avec l'Auile de vitriol de commerce , ou soit acide sulfu- rique concentré il ne parut aucune fumée blanche ou solution d’oxide du fil de zinc , mais des vésicules de gaz ainsi que du fil d'argent, et elles me parurent plus grosses , mais toutes les espèces des vésicules étoient continues tout le temps que la ma- chine étoit en exercice. En examinant les fils , je les ai trouvés couverts d’une teinte noirâtre , qui s’évanouissoit par le frotte- ment, et ils retournoient clairs. Cependant en examinant avec la loupe, le fil du zinc me parut rongé tandis que l’autre ne l'é- toit pas. Avec l’acide marin concentré, ou esprit de sel de commerce , j'obtins du fil d'argent des petites vésicules de gaz continuées , et aucune solution d’oxide du fil du zinc : en les examinant, je les ai trouvés noircis , mais le fil de l'argent l'étoit seulement à l'extrémité et recouvroit sa clarté en le frot- tant; au contraire, l’autre fil du zinc avoit souffert une oxi- dation manifeste. Avec l’acide nitrique , ou eau-forte de com- merce bien concentrée , faisant usage de fils d’or , car comme chacun sait, les autres métaux sont attaqués , il parut une légère solution blanche d’oxide du fil du zinc, qui précipitoit en forme d'une bande très-subtile, et une quantité de vésicules très-me- nues, qui se détachoient continuellement et alloient en haut : du fil d'argent il ne sortit d’abord aucune vésicule , et ensuite il en parut queïques - unes qui restèrent fixées. En examinant ces fils d’or, je les trouvai tous deux noircis, mais celui du zine davantage , et il étoit aussi couvert d’une très - légère couche d’oxide , et l’autre fil d'argent me parut aussi oxidé , mais ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 mais légèrement et sur la pointe. Ayant répété les expériences avec un acide nitrigue moins concentré , j obtins une solution d’oxide plus abondante par le fil du zinc, et des vésicules du gaz du fl d'argent qui se soulevoient en haut. Avec du vinaigre blanc non concentré , j’obtins une grande solution d’oxide du fil du zinc, et les vésicules ordinaires en quantité du fil d’ar- gent. Le vinaigre étoit très-fort. Avec l'esprit de vin ou alcohol , faisant usage du fil d’ar- ent , j'observai qu’il en sortoit de très-minces vésicules , et e fil du zinc se couvroit d’une matière blanche : en les exa- minant je trouvai l'enveloppe dudit fil composée d’oxide blanc et d’une substance charbonneuse, il étoit devenu noir et notable- ment oxidé ; l’autre fil, c’est-à-dire celui de l’argent, se maintint toujours clair. Ayant par hasard en répétant ces expériences fait usage des fils d’argent que j'avois employés avec l'huile essentielle de lavande, je vis se former de très-belles cristal- lisations charbonneuses autour de ces deux fils , mais celui du zinc en étoit plus revêtu , et je le trouvai ensuite couvert de beaucoup d’oxide. On étoit sans doute redevable de cette nou- veauté curieuse , à la décomposition de l’huile essentielle de lavande, opérée par le fluide électrique. J’obtins un pareil phé- nomène , en faisant usage avec l’eau des fils de /aiton qui avoient été dans l'huile : le fil du zinc se trouva alors couyert d’une très-agréable croûte verte et s’oxida beaucoup. Il me semble que l’huile acidifiée en cette occasion concouroit beaucoup à l’oxidation du métal. En vernissant les fils métalliques par des substances huileuses , et par conséquent cohibentes, comme par exemple, de cire mêlée avec de la térébenthine, on n'obtient aucun effet ; mais l’on voit de suite qu’une portion de ces fils , c’est-à-dire, des fils qui restent dans ka bouteille , reste découverte. J'ai essayé d'empêcher tout accès à l’air, par le moyen d’une couche d'huile , versée sur la superficie de l’eau de la bouteille qui étoit en action ; nonobstant l’empêchement de l’entrée de l'air , l’eau continua de donner es mêmes effets. Ainsi , l’eau dépouillée d’oxygène, par le moyen de la respiration des pois- sons , qui est le moyen le plus efficace que je connoisse, donna cependant les mêmes effets. On a donc l’oxidation indépen- damment de l’oxysènc de l’atmosphère. Se peut -il que l'oxi- Tome LIV. GERMINAL an 10, Nn 378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CUIMIE électrique ( 1) produise de soi-même l’oxidation , et que l'eaw s'emploie dans la formation de l'hydrogène , et de l'oxygène , se combinant, ou avec les élémens de l’oxi-électrique , qui pro- bablement en.cette opération se décompose, on avec quelque principe particulier des métaux ? Pareilles et autres expériences faites en grand , et répétées avec diligence , c'est-à-dire en examinant les gaz qui s'élèvent des divers fluides , et les fluides qui restent , et les oxides des divers métaux, doivent , selon moi , répandre de grandes, lu- mières sur l’oxidation des inétaux, et sur la composition tou- jours combattue de l’eau et du fluide électrique. Enfin , j'ai le plaisir de vous dire , que cette petite machine qui donne électricité négative d’un côté , et positive de l’autre, et ensuite la secousse , comme la bouteille de Leyde, confirme ma première opinion sur la manière d’asir de l'électricité animale , ou galvanisme , et comme l’appelle Volta, électricité métallique, c’est-à-dire , qu'on ne pouvoit expliquer un tel phénomène sans l'admission de deux électricités contraires, puisque dans une lettre insérée dans le tome 8 des Annales Chimiques de Pavie , je dis expressément : « La nécessité de la chaîne de communication est, selon moi, une prenve incontestable qu’il y a en quelque partie et en quelque moment une électricité négative: » Et dans une autre lettre adressée à M. Volta , insérée dans le tome 15. du même Journal : « Le phénomène n'arrive pas sans la chaîne de communication : cela ne s'explique point sans recourir à l’idée de la bouteille de Leyde , c’est-à-dire , sans recourir à une élec- tricité négative. » ARR RE (1) J'admets.le sentiment de Volta, que le galvanisme est produit de l’uni- versel fluide électrique , et Brugnatelli croit que c’est un acide particulier , qu’il appelle oxi-electrico. td ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 MÉMOIRE D'ANATOMIE VÉGETALE, LU A LA CLASSE DES SCIENCES DE L'INSTITUT , Par le cit. MrRrBE1t. DES ORGANES ÉLÉMENTAIRES. Avant - Propos. Après avoir médité les ouvrages de Duhamel, de Sennebier , de de Saussure , et de plusieurs autres savans , sans parvenir à fixer mes idées sur l’anatomie intérieure des végétaux , il m'a semblé qu’il seroit plus avantageux d'étudier la nature sur ses propres ouvrages. Je me suis efforcé de bannir de mon esprit toute espèce de système , afin que mes observations n'en reçussent aucune at- teinte. Tous les végétaux ont trop de rapport dans le mode de leur développement pour que leur organisation n'ait pas de grandes similitudes. Cette réflexion qui se présente d’abord na- turellement à l’esprit, m’a déterminé à diriger mes premières observations sur une seule espèce. J’ai choisi le sureau comme étant d’un tissu plus lâche et plus facile à observer que celui de beaucoup d’autres végétaux. Pendant six mois consécutifs , j'ai employé tous les procédés connus pour parvenir à la con- noissance des organes de cette plante ; je me suis servi com- parativement de quatre ou cinq microscopes différens, et quand J'ai cru avoir saisi la série des faits , j'ai tenté les mêmes ob- servations sur un grand nombre d’autres végétaux. Les rappro- chemens que je fis alors , ont beaucoup contribué à m'éclairer sur la nature et la forme des organes ; et pour écarter , par tous les moyens possibles, les illusions qui pouvoient m’induire dans une fausse route , j'ai prié le cit. Massey, mon ami et mon colla- borateur de revoir mes observations et d’en faire une critique sé- vère. Ses observations comparécs aux miennes les ont ou confir- mées ou rectifiées. 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je vais donner la description des parties que je nomme organes élémentaires , parce qu’en effet, tous les autres organes n'en sont que des composés. CHAPITRE PREMIER. Des parties que l’on distingue à l'œil nu. Les végétaux , en général sont composés, comme tout le monde. a pu l’observer de parties molles et dures. A la vérité, quelques- uns , tels que les champignons et les fucus semblent formés entiè- rement d’une substance homogène , assez molle ; mais cette classe est peu nombreuse. La tige des plantes plus parfaites présente à sa superficie une. substance colorée, molle , plus ou moins épaisse , c’est l’écorce : Elle adhère fortement aux parties intérieures dans un grand nombre de plantes monocotyledones , et quelquefois même elle se confond et se lie avec elles au point qu'il est impossible de les distinguer ; alors on peut dire qu’il n’existe point d’écorce ; c’est ce qu'on observe dans les palmiers , les graminées, etc. Mais dans les dicotyledones et quelques monocotyledones l’écorce très - dis- tincte du reste du tissu forme une couche extérieure qu’on déta- che facilement. Dessous l'écorce on trouve le bois, plus compacte, plus dur , plus lié dans toutes ses parties, et qui semble formé par des fibres longitudinales collées fortement les unes aux autres. Dans les mo nocotyledones sans écorce , on le trouve immédiatement dessous l’épiderme , membrane fine et transparente qui est la partie la plus extérieure des végétaux. Le bois, comme l’a dit le savant Desfontaines , dans son excel- lent mémoire sur l’anatomie comparée des végétaux, le bois est distribué , dans la longueur des tiges et des branches des monoco- tyledones , en filets déliés ; ces filets sont souvent parallèles , et quelquefois convergens les uns vers les autres; ils se réunissent un à un., deux à deux , ou se divisent et se ramiñent en filets plus déliés encore. Tous ces filets sont environnés d’une substance molle , élastique, spongieuse, facile à déchirer , ordinairement blanchâtre , à laquelle on a donné le nom de moëlle et-que j'ap- pellerai parenchyme pour ne pas la confondre avec la moëlle des plantes dicotyledones. Le bois de ces dernières toujours placé dessous l’écorce n’est point divisé en filets distincts , il forme communément un cylindre au centre duquel est placée la moëlle ET D'AFIS"T OI'RE"N'ATU RE PF IE. 281 comme dans un étui. Néanmoins quelques plantes évidemment pourvues de deux cotyledons m'ont offert des filets ligneux sem- blables à ceux des monocotyledones parcourant le canal médul- laire dans sa longueur; mais ce sont des exceptions qui ne dé- truisent point la règle générale. 4 Dans les arbres ou les arbrisseaux à deux cotyledons on observe presque toujours des lignes distinctes du bois qui partent de la moëlle , traversent le cylindre ligneux et aboutissent à l'écorce ; elles se dessinent sur la coupe transversale des troncs , des tiges, des branches , des rameaux , comme les lignes horaires d’un ca- dran. On leur donne le nom de rayons médullaires. Elles ne se montrent que rarement dans les tiges des herbes dicotyledones et n'existent point dans les monocotyledones , soit herbacées, soit lisgneuses,. Dans les feuilles , les fleurs, les péricarpes, etc., on tronve également des parties plus ou moins molles, plus ou moins du- res , dont la substance paroît semblable à l’écorce ,à la moëlle, ou au bois. Telles sont les différentes parties que les végétaux présentent à la simple vue. Il faut maintenant rechercher quels organes élémentaires entrent dans leur composition. CÉEPPAN PTS EGRN EU I Du tissu membraneux: Les végétaux sont formés d’un tissu membraneux qui varie par sa forme et sa consistance , non-seulement dans les espèces différentes, mais encore dans le même individu. Je n’examinerai pas si les membranes sont composées de fibres organiques ran- gées les unes à côté des autres et réunies par un gluten comme le prétendent quelques auteurs. Cette supposition n’est suscep- tible ni d’une démonstration sévère, ni d’une réfutation en forme; c’est un de ces systèmes qui amusent l'esprit , quand les recher- ches deviennent infructueuses, Je me contenterai de dire que, quelle qu'ait été la persévérance de mes observations , je mai jamais apperçu de véritables fibres dans les végétaux ; les filets auxquels on a donné ce nom ne sont que des membranes qui se déchirent en lanières longitudinales : tels étoient les filamens déliés que Duhamel séparoiït d’un brin de bois qu’il observoit au microscope. 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le tissu membraneux quoique continu dans toutes ses parties forme deux espèces d'organes différens ; le tissu cellulaire et le tissu tubulaire. C'AMA P LT RH R TILL ‘+ Du tissu cellulaire. Ce tissu oflre à l'observateur une suite de poches membra- neuses qui paroissent au premier coup-d’œil n’avoir aucune com- muuication entr’elles. Ge ne sont point de petites outres ou utri- cules comme le disent la plupart des auteurs ; c’est une mem- brane qui se dédouble en quelque sorte pour former des vides contigus les uns aux autres, Dans les parties où ces cellules , n’éprouvent aucune pression étrangère, elles sont toutes également dilatées, leurs coupes transversales et verticales présentent des hexagones semblables aux alvéoles des abeïlles , chaque côté de ces figures géométriques sont communs à deux cellules et tout le tissu est d’une régularité admirable ; mais lorsqu'une force étrangère comprime le tissu, les hexagones se déforment et font place quelquefois à des parallélogrammes plus ou moins allon- gés. Les parois membraneuses des cellules sont très - minces et sans couleur ; elles sont transparentes comme le verre; leur or- ganisation est si déliée que les microscopes les plus forts ne peuvent la faire appercevoir. Elles sont ordinairement criblées de pores dont l'ouverture n’a certainement pas la trois-centième partie d’une ligne ; ces pores sont bordés de petits bourrelets inégaux et glanduleux qui interceptent la lumière et la réfrac- tent avec force lorsqu'ils en recoivent les rayons. Le tissu cel- lulaire et spongieux , élastique, sans consistance ; plongé dans l’eau il s’altère , et même se détruit en peu de temps ; il se réduit alors en une espèce de mucilage. Les pores établissent la communication d'une cellule à une autre, et servent à la trans- fusion des sucs qui est extrêmement lente dans ce tissu. Je dois même observer qu'il n’est pas cozducteur des fluides ré- pandus dans le végétal et qu'il ne produit rien par lui-même, J’ai dit que les membranes sont transparentes et sans cou- leur ; cela est vrai quand le tissu est dégagé de tout corps étran- ger ; mais souvent il est masqué par des substances colorées qui en ternissent la transparence. Ce tissu existe dans tous les végétaux, non pas en égale proportion. Les champignons et les fucus ne mont paru qu'un composé de tissa cellulaire, æ “4 PUR DES ETIS TAN I REC Ne AUTOUR ESELL, 5, 283 E’écorce des monocotyledones et des dicotyledones en est pres- qu'entièrement formée ; là il est ordinairement un peu comprimé entre l’épiderme ctle bois ; il est rempli de sucs résineux et co- lorés ordinairement en vert , mais quelquefois en rouge ou en jaune , selon les végétaux, ce qui donne des teintes différentes à l’épiderme qui n’est autre chose que la paroï extérieure du pre- mier rang de cellules comme le pensoit lillustre Malpighi. La moëlle , dans toutes les plantes , est composée de cellules hexa- gones. Dans les plantes herbacées et sur-tout dans celles qui sont très-succulentes, ces cellules sont souvent remplies de sucs plus ou moins épais ou colorés. Dans les plantes ligneuses . na- turellement plus sèches, elles sont au contraire presque toujours vides et transparentes. Le tissu cellulaire est charnu et succu- lent dans les racines bulbeuses ; il est ferme et cassant dans les cotyledons , sec et aride , dans l’albumen des graines. Le paren- chyme des feuilles, des bractées, des stipules , des calices , est formé par des cellules remplies d’un suc presque toujours coloré en vert. Les riches corolles qui étalent à la lumière l'élégance de leurs formes et l’éclat de leurs couleurs, maïs dont la grace et la fraîcheur s’éyanouissent en un moment ne sont aussi que des lames minces de tissu cellulaire ; les sucs qui gonflent les outres transparentes dont elles sont formées leur donnent ces couleurs tantôt fondues les unes dans les autres par des teintes impercep- tibles, tantôt opposées brusquement et faisant ressortir leur éclat par leur contraste. Ici le tissu cellulaire est si délicat que l'at- touchement le plus léger suffit pour l’altérer et le ternir ; la moindre pression le réduit en mucilage ; il semble n’être que le produit momentané de l’air et de l’eau. On observe encore ce tissu dans les étamines et les pistils. Le pollen , cette pous- sière fine qui renferme dans son sein le fluide subtil nécessaire à la fécondation ne paroît lui-même qu’un amas de petits sacs formés de tissu cellulaire ; enfin c’est encore ce tissu qui se di- late pour produire les fruits succulens. Proportion gardée , les cellules sont plus abondantes dans les herbes que dans les arbres, et dans les jeunes pousses que dans l’ancien bois. L’embryon n’est composé presqu’entièrement que de tissu cellulaire. Les rayons médullaires qui s'étendent du cen- tre à la circonférence dans les troncs et les branches des arbres à deux cotyledons ne sont aussi quelquefois qu’une lame mince de cellules. 284 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE CHENAMIPIMTOTSRMEMMRENUVE Du tissu tubulaire. Il y a deux genres de tubes ; les grands et les petits. AURAENENCEE D (ENRSEMNLTÉRUR. Des grands tubes. Dans les premiers temps de leur formation les grands tubes ne sont pas comme on pourroit le penser, des canaux mem- braneux séparés et distincts du tissu ; ce sont des ouvertures ménagées dans le tissu même ,et elles n’existent que parce qu'il y a une lacune dans les membranes. Telle est l'extrême simpli- cité de l’organisation des végétaux que toutes les différences qu’on y observe se bornent presque uniquement à quelques modifi- cations dans le tissu cellulaire. Mais les parois de ces grands tubes continuellement humectées par les fluides qui abreuvent le végétal, prennent peu-à-peu plus de consistance et se sépa- rent du reste du tissu quand leur solidité surpasse celle des membranes environnantes. Je n’ai jamais pu appercevoir de grands tubes dans les champignons, les lichens, les fucus , même en me servant du microscope ; mais il suffit d’avoir la vue bonne pour distinguer l'ouverture de ces canaux sur la coupe transversale des tiges, des branches, et des racines de plusieurs monocotyledones et dicotyledones. Dans les premières on les trouve toujours au centre des filets ligneux, et quelquefois même ils en composent la majeure partie ; dans les secondes ils sont répandus souvent comme au hasard dans le bois : quelque- fois aussi ils y forment des groupes placés assez régulièrement de distance en distance , ou bien ils y sont rangés en zones con- centriques ; ils sont sur-tout très-nombreux autour du canal mé- dullaire. On les trouve également dans l’écorce. Si on les suit dans leur marche , on les voit naître dans la racine , traverser le collet , s’élancer dans le tronc et s’élever parallèlement les uns aux autres ; puis se joindre , se séparer et se détourner de leur route verticale pour pénétrer le bouton qui se forme à la super- ficie de l'écorce , s’allonger avec lui et se distribuer dans toutes ses ramifications, passer de la branche dans les filets ligneux dont le faisceau compose le pétiole et se partager dans les grosses ner. vures des feuilles commes les artères et Îes veines se re ans EL D'HISTOIRE NATURELLE. 285 dans le corps humain. On peut encore les observer dans les ner- vures des périanthes , les filets de quelques étamines , les pistils et dans les filets ligneux qui parcourent la pulpe des fruits. A peine l'embryon est-il formé que déja on les apperçoit. Dans cetté enfance du végétal , ils ne sont point masqués par le bois qui n'existe pas encore ; la substance qui doit le produire est alors dans un état de fluidité qui permet à l'observateur d’exa- miner les parties qu’elle recouvre. Ce n’est pas encore le mo- ment de parler de ce chyle végétal produit par les fluides élabo- rés dans les vaisseaux de la plante ; j'y reviendrai bientôt. Les grands tubes forment quelquefois les rayons médullaires comme je lai observé dans les prêles, cependant je crois que ce cas est rare. } Il y a quatre espèces de grands tubes : les tubes simples , les tubes poreux, les fausses trachées et les trachées Ce sont des mo- difigations d’un même organe. 10, Les tubes simples. Les parois de ces tubes sont parfaite- ment entières ; On n’y apperçoit ni pores ni fentes ; ils contien- nent ordinairement des sucs résineux ou huileux connus sous la dénomination de szcs propres. Ces tubes sont très remarquables dans les arbres verts , dans les euphorbes , les périploca , et en gé- néral , dans toutes les plantes dont les sucs sont épais, ils sont plus nombreux et plus visibles dans l’écorce que dans aucune au- tre partie. 20. Les tubes poreux. Leurs paroïs sont criblées de petits pores semblables à ceux dont j'ai parlé à l’article du tissu cellulaire , avec cette différence que ces pores sont beaucoup plus nombreux et qu’au lieu d’être semés au hasard et sans ordre , comme il ar- rive souvent dans les cellules, ils sont distribués en séries régu- Bières et parallèles autour des tubes. Ces tubes ne paroissent pas destinés aussi particulièrement que les précédens à contenir des sucs résineux ou huileux ; on les trouve en quantité dans les bois durs tels que le chêne. 30. Les fausses trachées. Ces tubes sont coupés transversale- ment de fentes parallèles, ce qui feroit croire, si l’on s'en tenoit à l'apparence, qu’ils sont formés d'anneaux placés les uns au- dessus des autres , ou de filets contournés en spirale ; mais on ne peut les dérouler ni les séparer en anneaux distincts , et d’ailleurs en parvient , avec un peu d'attention à découvrir la continuité de la meinbrane , et par conséquent , l'endroit ou s'arrêtent les fen- tes. Ce sont donc des tubes poreux, mais dont les pores sont beau- coup plus grands que dans les précédens. Je dois mème observer Tome LIF. GERMINAL an 10. Oo 295 JOURNAB DE PHYSIQUE, DE CHIMFHE que le bord des fentes est garni d'un bourrelet semblable à celut: qui entoure les petits pores. Ces tubes sont destinés aux mêmes usages que les tubes poreux, mais ordinairement on les trouve dans des bois moins durs et moins compactes , et souvent même dans des plantes herbacées ; je les ai observés dans un grand nombre de monocotyledones. Le centre des lycopodes présente un cylindre épais et composé en grande partie de vaisseaux de cette nature. Les fongères en renferment aussi beaucoup dans leurs filets ligneux. Les dicotyledones n’en sont pas moins pour= vues ; ils sont très-nombreux dans la vigne dont le boïs est mou et poreux. 4. Les trachées. L’inexpérience a fait donner à ces tubes qui. n’avoient pas été suffisamment observés, une dénomination con- sacrée par l’usage. Les trachées des plantes ressemblent par la forme aux trachées des insectes ; on en a conclu trop légèrement que dans les premières comme dans les seconds les trachéeside- voient être l’organe de la respiration. La trachée végétale est un tube formé par un filet tourné en spirale de droite à ganche. Ce filet est opaque, brillant , argenté, épais. Sa coupe transversale m'a présenté quelquefois une lame plate ou une ellipse, et quel- ‘ quefois même deux filets réunis par une membrane intermédiaire ; mais jamais je n’ai pu y appercevoir l'ouverture d’un tube comme plusieurs auteurs l'ont avancé. La surface est tantôt unie , tantôt inégale , tantôt poreuse. Les spires des trachées sont souvent si rapprochées que lorsqu'on n’a point troublé leur disposition , en brisant ou en coupant sans précaution les parties qui les recèlent, clles paroissent être des tubes continus marqués d’une strie légère. Malpighy et Reichel disent qu’on remarque des étran- elemens dans la longueur des trachées, et d’abord j’avois cru. aussi en appercevoir ; depuis j’ai apperçu que ce n'étoit qu'une illusion d’ontique. Ces tubes existent en grande quantité dans les monocotyledoneset dicotyledones herbacées, sur-tout dans les espèces aquatiques dont le tissu est plus foible ; ils occupent le centre des filets ligneux dans les monocotyledones; on les observe dans les arbres à deux cotyledons autour de la moëlle ; souvent ils y sont mêlés et confondus avec les fausses trachées.Jamais je ne les ai vus dans les parties dures des végétaux, à moins que ces parties n’aient été longtemps dans un état de mollesse qui ait per- mis aux trachées de se développer ; c’est ce qui a lieu dans les branches et les tiges dont la moëlle a disparu; ces tubes se sont formés lorsque la substance médullaire existoit. Les trachées ne se trouvent pas dans la longueur de l’écorce ; mais elles pénë- ET D'AMS NOIRE) NA DURELL'E, 287 trent dans les pétioles et les feuilles de même que les fausses tra- chées ; elles jouent par-tout le même rôle qu’elles et ne contien- nent de sncs épais que dans les plantes où ils sont fort abondans, come dans certaines liliacées. Tout le monde sait que pour voir ces organes à l'œil nu il faut prendre une jeune branche verte et molle , la tordre et la briser sans secousse afin que les trachées se déroulent sans se rompre ; alors en opposant au jour les deux parties de la branche qu’on vient de diviser, on distingue les filets à demi roulés qui vont de l’une à l'autre partie, et les spires se rapprochent ou s’éloignent selon que l’on rapproche ou qu'on éloigne les morceaux ; ils se déroulent ét se resserrent de même dans les feuilles qu’on a déchirées. Cependant les feuilles du 6z- tomus umbellatus , présentent un phénomène contraire ; les tra- chées qui y sont extrêmement multipliées , une fois déroulées, ne se contractent plus. Revenons aux grands tubes pris en général ; la division en tubes simples , tubes poreux , fausses trachées et trachées n'est point rigoureuse. En l’établissant , je n’ai pas prétendu assigner les lois immuables de la nature ; j'ai eu l'occasion d'observer w’elle s’en écarte souvent. Ainsi le bztomus umbellatus oftre SRE le même tube les pores des tubes poreux, les fentes des fausses trachées , et les spires des vraies trachées , ensorte qu’un seul tube comprend trois des modifications que j'ai décrites: ce sont ces tubes que j'appelle mixtes dans mon tableau. D’autres végétaux présentent quelque chose d’analogue ; ou bien on y trouve indifféremment dans des situations semblables , l’une des quatre variétés des grands tubes. Il n’est pas rare de voir tous ces tubes étroitement unis les uns aux autres et ne formant qu’un même tissu. Enfin on peut conjecturer,avec quelqu’apparence de raison , que , dans beaucoup de cas, les trachées ne se déroulent que parce qu'on déchire les membranes qui unissent les spires en- tr’elles. Concluons donc que ces différences qui paroïssent au premier coup-d’œil si importantes ne sont en effet que des nuances légères dans l’économie végétale. Mais les grands tubes consi- dérés d’une manière plus générale se présentent à l'esprit comme les organes créateurs; leurs nombreuses ramifications distribuées dans toutes les parties du végétal y portent les sucs vivifians ; par elles la tige acquiert plus de vigueur; le bouton naît, perce l’écorce et s’allonge sous la forme d’une branche ; la feuille se développe , la fleur s’épanouit , le fruit se gonfle et mûrit ; l’em- bryon caché dans son sein reçoit les premiers sucs nourriciers. Oo 2 288: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SR UDNI CT EME. Des petits tubes. Ils sont composés de cellules unies les unes aux autres , comme celles qui composent le tissu cellulaire ; mais dans le tissu cellu- laire , les cellules ont un diamètre à-peu-près égal dans tous les sens , tandis que dans ceux-ci les cellules sont extrêmement alon- gées, et forment des véritables tubes dont les extrémités sont fermées : de plus, les paroïs sont moins transparentes, et les membranes qui les forment ont plus de consistance ; elles sont souvent criblées d’une innombrable quaxtité de pores. Ce tissu est épais , solide, tenace. On le coupe d’ordinaire assez difficile- ment en travers ; mais il offre beaucoup moins de résistance dans sa longueur, et se sépare souvent, sans qu’il soit nécessaire d’em- ployer un grand effort, en filets plus ou moins déliés , auxquels on a donné assez improprement le nom de fibres. La solidité du végétal dépend sur-tout de la quantité et de la densité de ce tissu ;, il contient , selon les espèces où il se trouve , tantôt des sucs épais et colorés, tantôt , et plus ordinairement, des sucs limpides et sans couleur. Dans le sapin il est imbibé d’une liqueur résineuse ; dans la vigne , sur-tout au temps de la sève, il regorge d’un fluide aqueux. L'embryon encore enveloppé dans ses tégamens n’a que peu. ou point de petits tubes ; toutes ses parties sont molles et presque mucilagineuses ; on ne trouve ce tissu que dans la plante déve- loppée. On l’observe au centre ou à la circonférence des ramifi- cations de certains lichens rameux et dans les tiges des mousses ; dans les monocotyledones ce tissu distribué autour des. grands tubes forme les filets ligneux ; dans les dicotyledones , placés au- tour de la moëlle et des grands tubes qui l’environnent, ils for- ment les couches ligneuses. Les petits et les grands tubes sont or- dinairement réunis ; de la présence de ces derniers dépend lexis- tence des autres. Le lien qui les rassemble n'est pas autre que celui qui unit effet à la cause. Cependant on trouve quelquefois les grands tubes sans les petits , et les petits sans les grands; mais il faut se rappeler que ces derniers sont PE créateur , et que par conséquent leur existence est indépendante de celle des autres : voilà pour le premier cas ; et il faut considérer qu'il arrive une époque pour beaucoup de végétaux où les grands tu- bes se remplissent et se comblent du tissu même auquelils don- nent naissance : voilà pour le second cas. EVTACD AT S TONER, EN! AUTUUR"'E TITLE) 289 Les parties avancées des cannelures et des stries qui sillonnent Ja superficie des végétaux , sont des faisceaux de petits tubes, On observe encore ce tissu dans les nervures les plus délicates des feuilles et des pétales, il pénètre dans les étamines , les pistils, et gagne l'extrémité des stigmates ; mais dans ces organes délicats, il perd sa rigidité, et n’est plus qu'un tissu cellulaire très-alongé, G H:AP'DE BYE: Des lacunes. La nature qui a coutume d’opérer les développemens sans se- cousse, et qui conduit par des degrés insensibles les êtres orga- nisés duMnéant à la vie, de la vie à la mort , Semble ici s'écarter de sa marche ordinaire ; elle détruit pour créer ,et c’est de l’a- néantissement des organes qu’elle fait naître un nouveau système organique. Les lacunes sont des vides réguliers et symétriques formés dans l’intérieur des végétaux par l'effet du déchirement des membranes. Les lacunes n'existent ordinairement que dans les plantes dont le tissu est lâche. Elles sont très-nombreuses dans la plupart des herbes aquatiques ; cependant on les trouve quelquefois dans les arbres vigoureux dont le bois est très-dur ; mais dans tous les cas elles ne se forment que par la destruction du tissu cellulaire qui est la partie la plus foible du tissa membraneux. Si les lacunes s'offrent plus habituellement dans les monocotyledones , c’est parce qu’en général ces végétaux ont moins de vigueur , et parce qu'ils ont une organisation moins parfaite, ou, si j'ose le dire, moins de puissance végétative. C’est un phénomène qui mérite toute l'attention des physiologistes , que ces déchiremens qu, loin de nuire au végétal , ne sont qu'un moyen d’accroîre ses forces en les concentrant davantage. Les plantes d’un tissu flasque, et sur-tout celles qui sont plongées dans l’eau, reçoivent des sucs en abondance ; mais elles ne peuvent les élaborer , parce que les organes ne sont point assez vigoureux , relativement au volume de ces plantes qui ont plus d’embonpoint que de force réelle. Mais si par des ruptures internes, les organes devenus inutiles sont détruits , et que les organes utiles soient conservés ; en un mot, si une partie de l’organisation est sacrifiée à l’autre , la partie qui se soutiendra » recevant seule toute la substance nutritive , acquerra plus de solidité , et le végétal pourra croître encore avec une nouvelle vigueur ; car ses forces n’auront pas diminué, et les résistances seront moindres. 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On n’apperçoit point de lacunes dans l'embryon , parce que ces déchiremens sont une véritable désorganisation qui ne peut avoir lieu dans des êtres qui commencent à vivre. Ce n’est qu'avec le temps qu'elles se forment. Elles se montrent dans les pétioles des fougères , dans les tiges des potamogétons , et dans une mul- titude d’autres végétaux , comme des tubes longitudinaux placés à et là dar le tissu cellulaire. Elles affectent dans les prêles une disposition d’une extrême régularité ; l’une, plus grande que toutes les autres, forme un tube au centre de la tige, autour de ce tube sont d’autres lacunes très - petites placées circulairement , et d'autres lacunes plus grandes que ces dernières et plus rappro- chées de la circonférence alternent avec elles. Les AAA des feuilles des monocotyledones sont coupées de fréquentesscloisons qui ne sont que le tissu celinlaire ramassé de distance en distance, et fermant les tubes par des diaphragmes membraneux. Cette or- ganisation , ou pour mieux dire, cette désorganisation paroît à travers le tissu transparent des 4ypha et d’une multitude d'autres monocotyledones à feuilles en épée. On peut remarquer le même phénomène dans le tissu des gaïnes dont est composée la tige du bananier. Les zestio ont des lacunes longitudinales , et ils en ont aussi de transversales ouvertes dans l’épaisseur de l'écorce ; il ne pa- roit pas que cette dernière espèce de lacune se présente fréquem- ment dans les végétaux. ; On pourroit soupçonner que les grands tubes des plantes com- mencent toujours par n'être que des lacunes , et que les vides intérieurs où se développe un nouveau tissu qui augmente à-la- fois le volume et la densité du végétal , ne sont de même que des lacunes. GIP AVP ONE LE EENVET Des glandes. Les plantes ont-elles des glandes analogues à celles des ani- maux, c’est-à-dire des organes propres à donner aux fluides les qualités nécessaires au développement et à la conservation de l'être , en leur faisant subir de nouvelles combinaisons et en sé- parant les principes inutiles ou nuisibles ? cette question n’est pas facile à résoudre. Dans un sujet si délicat les choses de fait et de raisonnement sont également obscures; cependant il me semble hors de doute que nous ne saisissons avec nos plus forts microsr ETUDIHIS TOURE NATURE LHE. 2nt copes que la partié grossière de l'organisation végétale. Je ne puis concevoir que la transfusion des fluides d’une cellule dans une autre, suffise pour modifier ces fluides au point de les changer en matière organisée, et de les rendre susceptibles de donner un nouvel accroissement et une nouvelle vigueur à la plante. Je ne concevrois pas davantage que les lois ordinaires de la chimie pussent, seules, opérer ce phénomène , parce que dans l'une et l’autre hypothèse rien n’empêcheroit que Le travail ou le hasard ne dévoilât à l’homme le secret de la nature : or, cette consé- quence répugne à la raison. Il me paroît donc plus judicieux d'admettre des organes secrétoires dans lesquels s’élaborent les fluides. 11 faut bien supposer que les membranes ne sont pas im- pénétrables aux fluides, pu‘squ’elles se dilatent, se développent ét changent de nature ; mais elles doivent nécessairement modi- fier les fluides , puisque ceux-ci en les pénétrant deviennent ca- pables d'augmenter le tissu membraneux dans toutes ses dimen- sions: c’est donc dans les membranes qu’il convient de chercher les glandes végétales. On pourroit soupçonner avec quelque apparence de vérité que les bourrelets opaques et irréguliers dont sont bordés les pores et les ouvertures des grands tubes, sont des. corps glanduleux. Les filets des trachées dont l'épaisseur surpasse de beaucoup celle des membranes, paroissent aussi remplir les inêmes fonctions ; et ce qui donne à ces probabilités plus de poids,. c’est de considérer que le mucilage , qui se transforme en tissu organisé, s’amasse toujours autour des petits et des grands tubes qui sont tous couverts de ces corps opaques. CPE MP AIMER EE ENIOT Des pores. Les pores sont de petites ouvertures pratiquées dans les mem- branes ; ils favorisent l’évaporation , l’absorption et le mouve- ment des fluides. Il y en a de trois espèces. 10. Les pores insensibles. Ce sont des ouvertures que l'œil armé des plus forts microscopes ne peut appercevoir ; cependant les résultats ne permettent pas de douter de leur existence. out le tissu végétal en est criblé. Ce qui le prouve , c’est la transpi- ration insensible ; ce qui démontre en même temps leur extrêine finesse, c’est ce qui a lieu lorsqu'on met une pomme, ou un autre fruit charnu , dessous le récipient de la machine preuma- tique : l’air très-dilaté ne s'échappe qu'en crevant la peau, 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE »°, Les pores alongés. Is ont été observés par plusieurs natu- ralistes , et notamment par le citoyen Decandolle , qui leur a donné le nom de pores corticaux. Je vais tâcher de completter sa description en réunissant sous le même point de vue ses obser- vations et celles que j'ai faites depuis. La connoïssance de la plupart des faits que je vais exposer est due à ses recherches ; mais comme il a plus considéré ce sujet sous le rapport de la physique que sous celui de l’anatomie, son travail ne me dis- pense pas de publier le mien. Les pores alongés n’existent que sur l’épiderne des parties herbacées exposées à l'air et à la lumière. Si l’on enlève avec adresse la membrane extérieure du végétal, et qu’on l’examine au microscope , on apperçoit les parois intérieures du tissu cel- lulaire qui adhèrent encore à l’épiderme, et qui forment comme un réseau hexagone ; mais çà et la au lieu d’un hexagone , on voit une ellipse , et la partie de l’épiderme circonscrite par cette aire elliptique, est fendue longitudinalement. L'ouverture est quelque- fois libre, quelquefois obstruée ; dans ce dernier cas, je crois que cela vient de ce que les lèvres du pore, plus longues qu'il ne seroit nécessaire même pouréermer l’ouverture, s'appliquent l’une sur l’autre et interceptent la lumière. Les pores alongés se trouvent communément sur les tiges , les branches, les feuilles , les brac- tées, et même les péricarpes herbacés. Dans les plantes herba- cées , les deux surfaces des feuilles sont couvertes de pores ; dans les plantes grasses , ils sont moins nombreux que dans les autres végétaux, Dans les arbres et les arbrisseaux, la surface inférieure seule en est ordinairement criblée. Les tiges devenues ligneuses n’en oftrent plus. Ces pores servent à la transpiration sensible et insensible et à l'absorption des fluides. Ils répondent chacun à une cellule qui, selon que l’air est plus humide que le tissu cel- lulaire, ou ce tissu plus humide que l'air, absorbe les fluides répandus dans l’atmosphère, ou rejette ceux que le végétal con- tient. Lorsque les parties se roiïdissent , et que les liqueurs con- tenues dans le végétal n’ont plus la même fluidité, ces cellules se remplissent de gomme et de résine épaissies, qui ne pouvant ni s'échapper par les pores, mi rentrer dans la circulation géné- rale, se durcissent totalement , et sont enfin rejettées au-dehors quand l’état du végétal, ne permettant plus à l’épiderme de se dilater , le force à se déchirer. 3°. Les pores glanduleux. Ce sont des ouvertures bordées de bourrelets épais, opaques, inégaux, Ces pores servent à la mar- che et à la communication des fluides dans l’intérieur même dun végétal, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 végétal. À la vérité, on les observe quelquefois sur l’épiderme, mais ce cas est extrêmement rare. Il y a deux espèces de pores glanduleux , les petits et les grands. Les premiers sont d’une pe- titesse prodigieuse ; ils ne paroissent aux plus forts microscopes que comme de petits trous faits dans une feuille de papier avec la pointe d’une aiguille. Quelquefois ils sont épars et peu nom- breux ; d’autres fois ils sont très-multipliés et disposés par séries régulières , toujours dans la largeur et jamais dans la longueur du tissu. Les grands pores glanduleux ne sont qu’une modifica- tion de ceux-ci ; on pourroit même présumer que la réunion des petits pores d’une série en un seul produit ces grands pores dont la direction est la même que celle des séries. Il faut se rappeler ici ce que j'ai dit précédemment des tubes poreux, des fausses trachées , et même des trachées ; il y a des rapports très-marqués entre ces différens tubes , et le plan de la nature n’est pas équi- yoque. CHAPITRE ,VLI1. De l’épiderme (1). On donne ce nom à la membrane extérieure formée par les dernières parois des cellules, ou, pour mieux dire , l’épiderme n’est que le terme du tissu cellulaire lui-même. On feroit un livre très-volumineux s1 l’on vouloit rapporter ce que les auteurs ont dit sur cette membrane. Il n’est pas de ur dans l’organisation des plantes qui ait donné lieu à plus de re- cherches, ni peut-être qui ait prêté à plus d’erreurs. La première faute est de l’avoir comparé sans restriction à l’épiderme des animaux. Cette idée, une fois adoptée, on a voulu que tont füt analogue. L’épiderme , a-t-on dit, existe dans tous les êtres or- ganisés ; il recouvre l’embryon naissant et l'individu arrivé à la décrépitude ; il suit toutes les sinuosités du corps , pénètre dans ses cavités , et protège les parties les plus délicates : ainsi on le voit dans les animaux après avoir enveloppé toutes les parties extérieures en y comprenant même le globe de l'œil , se replier sur les lèvres , pénétrer dans le canal intestinal, dans les narines et dans le conduit de l'oreille ; et danses planes, revêtir les tiges, (1) Ce chapitre a été entièrement refait depuis que l’auteur a lu son mémoire à l’Institut. Il a pensé que le sujet méritoit plus de développement qu'l n’en avoit donné d’abord ; mais les principes qu’il établit sont absolument les mêmes. Tome LI. GERMINAL an 10. Pp 294 JOURNAL, DE, PHYSIQUE, DE CHIMIE les branches, les feuilles, les fleurs et les fruits. L’épiderme , ajoute-t-on , n’est pas semblable à lui-même dans toutes les par- ties du même être ; il est tantôt d’une finesse extrême, et tantôt il prend plus de consistance ; mais dans tous les cas il est sans couleur et transparent. S'il paroît blanc sur le tronc du bouleau, et brun sur les jeunes branches, gris-cendré sur le prunier, roux et argenté sur le cerisier, vert sur les jeunes pousses de l’aman- dier et du pècher , et cendré sur les anciennes ; cette différence tient uniquement à la couleur des substances qu'il recouvre, de mêrne que la couleur blanche , noire, ou cuivrée du blanc, du nègre, ou du cafre, dépend de la couleur du corps muqueux. En suivant cette comparaison,on croit appercevoir un nouveau point de similitude dans la dilatabilité de l’épiderine des animaux et des plantes ; il se prête à tous les développemens, et s'étend à mesure que l'être croît ; il n’embrasse qu’une petite surface dans le fœtus animal, mais il se dilate insensiblement et recouvre une surface beaucoup plus grande dans l’animal arrivé à son dernier point de croissance. C’est ainsi que l’épiderme qui re- couvre les graines des plantes se dilate et se prête à la croissance des fruits , et que celui qui revêt l'embryon se prête également à la croissance des arbres. On trouvera l’extension de cette mem= brane, prodigieuse si l’on considère ce qu’étoit la courge avant que sa fleur ne fût flétrie, et ce qu'étoit le chêne caché dans le gland. Mais de même qu’il est certains animaux dont l’épiderme ancien se détache et fait place à un autre au bout d’un certain temps , de même aussi certains végétaux se débarrassent de leur épiderme pour en prendre un nouveau. On observe que l’épi=. derme du tronc et des branches du platane se détache par pla- ques comme celui des quadrupèdes ovipares. Ces comparaisons , très-ingénieuses d’ailleurs, sont loin d’être exactes dans tous les points. On peut même dire qu’elles sont fondées sur des observations imparfaites. Pour s’en convaincre , il suffit de réfléchir à la définition que nous avons donnée de l'épiderine des végétaux. Cette membrane n’est que la réunion extérieure des cellules de la circonférence , et elle ne difière des membranes qui forment les autres parois que par les changeinens que sa position occasionne. Si elle est moins transparente, plus sèche et plus ferme, c’est qu’elle est sans cesse exposée à l’in- fluence de la lumière et de l'air, et au contact de tousles corps qui nagent dans l’atmosj hère; mais ce n’est pas réellement une partie disuncte, et l’on peut dire , à la rigueur , que les végétaux n’ont point d'organe analogue à l’épiderme des animaux. Lorsque les ET D'HISTOIRE NATURELL TI 295 végétaux grossissent , la membrane extérieure semble se dilater ; mais si cette membrane prend plus d'extension, c'est que le nombre des cellnles se multiplie à la circonférence comme à l’ex- térieur, et que par conséquent les paroïs qui la composent se multiplient à proportion , et aug nentent sa capacité. TI reste une objection à combattre. Pourquoi , dira-t-on, est-il si facile durant le printemps de détach®r l’épiderme des jeunes branches , si en effet il ne forme pas un organe distinct ? Voici comme cela s'explique : Toutes les causes qui agissent extérieurement sur le végétal, altèrent sa surface , et la déta- chent des parties intérieures ; mais cette séparation devient plus apparente quand la végétation est plus vigoureuse , et que les fluides imbibent le tissu cellulaire , et remplissent les tubes ; car alors la superficie désorganisée ne pouvant se développer avec les autres , cesse d’y adh:rer, et souvent même s’enlève par mor- ceaux ou se détruit insensiblement. C’est précisément ce qui à lieu au printemps. Au reste, cette lame extérieure que tant de causes contribuent à détruire, et sur laquelle on apperçoit presque toujours les traces de la désorganisation , n'est pas composée seulement de la dernière membrane : on y trouve la partie interne du tissu cel- lulaire , comme cela est évident dans le platane , et plus encore dans le chêne vert qui produit le liège. Tout ce que je viens de dire ne s'applique qu'aux tiges et aux branches qui ne meurent pas dans l’année ; car dans les herbes et dans les parties annuelles des plantes ligneuses, telles que les feuilles , les fleurs , les brac- tées , etc., la superficie ne se détache point du reste du tissu. Mais quoique l’épiderme des végétaux ne ressemble pas à celui des animaux , et qu’il soit formé certainement par la partie ex- térieure du tissu cellulaire, il n’est pas moins vrai que des causes secondaires modifient sa nature , et qu’il devient par le fait un organe dont les fonctions sont très distinctes et très-importantes- Dans l'enfance du végétal , lorsque toutes les parties sont molles et mucilagineuses , il s'oppose à la-fois à la désunion des organes naïssans et à l’action trop forte des fluides ; dans un âge plus avancé , lorsque les sucs sont moins abondans , il empêche leur évaporation trop prompte , et maintient un juste équilibre entre les solides et les fluides ; dans tous les temps il garantit le végétal de l’influence délétère des météores, et le met à l’abri de la cha- leur et du froïd excessifs, de l'humidité et de la sécheresse ; en un mot, il le protège contre toutes les causes extérieures qui pouvoient lui nuire. Îl sert encore à lg transpiration sensible et Pibia 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: CHIMIE insensible et à l'absorption de gaz et des fluides répandus dans: l'atmosphère ; c'est pour cela qu’il est souvent criblé de pores très- visibles : je dis souvent, parceiqu’en effet ce n’est pas une loi générale , et l’épiderme des fruits charnus ou pulpeux , par exemple, n’a point de pores apparens : aussi dois-je ajouter que ces fruits transpirent très-peu , comme Hales l’a démontré dans. sa statique des végétaux. GHAPITRE IX et dernier. DE LA SUBSTANCE ORGANISATRICE , OU C4MBIUM DE DUHAMEL. Hypothèse sur la formation et le développement du.tissu cel. lulaire et du tissu tubulaire. Toutes les parties du végétal ont été d’abord mucilagineuses et fluides et ce n’est que par succession de temps que le tissu est devenu ferme et solide. Cet état de foiblesse est visible dans la graine. L’embryon ‘n’est dans l’origine qu’une goutte de muci- lage où les plus forts microscopes ne font discerner aucun or- gane. Cette substance a un coup-d’œil vitré. Le contact de l’air et de la lumière la dessèche et la détruit promptement ; ce n’est point, à proprement parler , un fluide , c’ést une substance or- ganisée , semblable, par l’apparence , à la glaire de l'œuf. La substance organisatrice se forme durant tout le temps de l’accrois-. sement ; elle se dépose dans l’endroit du tissu où le végétal doit prendre plus de vigueur. Dans les monocotyledones , c’est autour. de chaque filet ligneux ; dans les dicotyledones , c’est à la super-. ficie de l’aubier et du canal médullaire ‘aussi, voyons nous cha- que jour les filets ligneux des monocotyledones prendre plus de volume , les couches concentriques des dicotyledones se mul- tiplier et leur moëlle se changer en bois. La substance organi- satrice est d’autant plus abondante et se renouvelle avec d’au- tant plus de facilité, que l'individu est plus jeune et plus sain, qu'il est dans une situation plus favorable , ét que la saison convient mieux à la végétation. Insensiblement cette substance prend des formes déterminées. Soit que les fluides y dévelop- pent par leur impulsion les cellules et les tubes ; soit qu’une puissance inconnue y agisse seule et y détermine ces dévelop- pemens ; soit, comme il est probable , que ces deux causes réu- nies et combinées agissent de concert, pour changer en tissu membraneux la substance organisatrice , il est certain que le vé- gétal acquiert un volume plus considérable , qu’il s’allonge et | BAT DANS TT OL RSE: ON A FAURE Es ET 297 s'épaissit de jour en jour. Pour expliquer les deux phénomènes de l’épaississement et de l'allongement dont l'action est simul- tanée , il faut reconnoître que fa force d'expansion, agissant dans le tissu membraneux nouvellement créé, est modifiée par la nature même de ce tissu. Il est , comme nous l'avons vu pré- cédemment, composé de deux élémens organiques ; l’un est le tissu cellulaire formé de cellules dont le diamètre est à-peu- près égal dans tous les sens; l’autre est le tissu tubulaire formé de petits et de grands tubes contigus les uns aux autres. Sup- posons un moment que les fluides aspirés par le végétal soient la cause de cette dissemblance dans le tissu : nous le pou- vons d’autant plus que ce système n’est pas dénué de proba- bilité. Que ce soit, si l’on veut, l'embryon qui nous serve d'exem- ple. Prenons la graine avant la fécondation : elle est attachée à la plante-mère par le cordon ombilical , et la cavité intérieure que forme la membrane externe est remplie de la substance organisatrice , dans laquelle ïl n’est pas encore possible de re- connoître les traces de l’organisation. Maïs après la fécondation tout change : les fluides aspirés par le végétal , pénètrent jus- qu’au cordon ombilical, dont , sans aucun doute, l’organisation varie suivant les espèces. À la faveur des vaisseaux qui unissent. cet organe à la graine , les fluides pénètrent dans la substance organisatrice , et.leur impulsion étant détermince par les canaux qui leur livrent passage, ils tracent dès-lors la route que suivront désormais les fluides , et déterminent l’ordre des développemens à venir. Poussés avec vigueur sur différens points, qui varient suivant les espèces , ils ouvrent les tubes longitudinaux , et fil- trés ensuite lentement à travers leurs parois, ils se déposent dans la substance organisatrice et favorisent le développement des cellules. Dans le premier cas, les iluides sont poussés par la force qui fait mouvoir la sève ; dans le second cas , ils ne s'épanchent st ne pénètrentla substance organisatrice que parce qu'ils tendent à prendre l’equilibre. Ces deux forces balancées l’une par l’autre produisent une multitude de nuances intermé- diaires entre les tubes longitudinaux et le tissu cellulaire par- fait. Mais cette théorie est encore bien loin d’expliquer les phéno- mènes de l’organisation végétale. Sans doute il existe mille autres causes physiques dont nous ne pouvons calculer l'influence , et, par-dessus toutes ces causes , il faut placer la puissance organi- satrice dont le principe nous est totalement inconnu. Quoi qu’il en soit , les cellules et les tubes, étant une fois for- més, croissent jusqu’à ce que l’épaississement et l’endurcissement 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des membranes mettent un obstacle à leur développement. Durant la croissance du tissu membranenx les fluides portés dans les tu- bes par plusieurs forces combinées déterminent la direction de l'allongement par l'impulsion qu’ils donnent aux molécules orga- niques. Mais les cellules ne se laissent pénétrer que lentement par les fluides , et n'étant soumises à aucune force qui détermine leur développement dans un sens plutôt que dans un autre, croïssent et se dilatent dans tous les sens. Il suivroit de là , si les cellules croissoient en nombre égal aux tubes , que les cellules serviroient plus à l'épaississement du végetal qu’à son allongemwent , et que l'inverse auroit lieu pour les tubes : maïs quand ceux-ci viennent à se multiplier beaucoup , leur nombre compense le peu d’épais- seur de chacun d’eux , et alors ils ne contribuent pas moins que les cellules à l’épaississement très - sensible des végétaux. Il ÿ a plus , la masse ds tubes augmente sans cesse dans les arbres, et les cellules ne se multiplient point dans la même proportion ; enfin plusieurs causes que je développerai dans la suite contri- buent à les désorganiser , et même à les transformer en tubes ; en- sorte qu’au bout d’un certain temps, la inasse de ceux - ci l’em- porte de beaucoup sur la masse des cellules (1). (1) Nous ne croyons pas inutile de consigner ioi le sentiment des citoyens Jussieu et Desfontaines, commissaires, chargés par l’Institut d'examiner ce mé- moire qui a eu l’approbation de la classe. Le tableau dont il est question dans cette note, est déposé au Muséum d’histoire naturelle. « Le mémoire ke citoyen Mirbel présente une suite d’observations intéres- santes sur l’organisation des plantes qu’il ramène à des principes clairs , sim- ples et exposés avec méthode et précision. On y trouve plusieurs faits nouveaux sur le tissu cellulaire. et vasculaire ; il prouve que les grands et petits tubes, ceux qui sont poreux, ainsi que les fiusses trachées et les trachées , ne sont qu’un seul et même Système de vaisseaux différemment modifiés. La décou- verte des tubes poreux et des fausses traehées lui appartient toute entière. Ces recherches ont exigé de la patience et de la sagacité. On peut d’après les faits établis dans le mémoire, se rendre compte de la belle observation du cit. Coulomb sur l'ascension de la sève par les couches ligneuses voisines de la moëlle , puisque c’est-là que les grands tubes et les trachées se trouvent réu- « nis en plus grande quantité. « L’auteur a joint à son mémoire un tableau représentant les divers organes des plantes dont ila parlé. Ce tableau exécuté sur ses esquisses par le citoyen Sauvage , jeune grtiste très-distingué , ne laisse rien à {desirer. Nous avons vé- rifié avec soin sur un grand nombre de plantes les faits énoncés dans le mé- moire, et ils nous ont paru de la plus grande exactitude. Nous croyons que la classe doit engager le citoyen Mirbel à suivre son travail,et que son mémoire mérite d’être imprimé parmi ceux des savans étrangers, » ET D'HISTOIRE NATURELLE. : gp DESCRIPTION DE L’ARSENIATE DE CUIVRE ET DE FER, Par le comte de Beurnon; Lue devant la Société royale, Le 19 février 1801. PrRVEUN'IÈ RE SEC TT ON: Arseniate de cuivre. La combinaison naturelle de l’acide arsenique avec le cuivre, et les différens aspects sous lesquels cette combinaison se mon- tre, suivant les proportions dans lesquelles ces deux substances sont unies, ont été des objets de minéralogie , qui , à raison de la connoissance imparfaite que nousen avions, exigeoient le se- cours de l’étude et de l'observation. Une mine de cuivre récem- ment exploitée, appelée Azel-Gorland , dans la paroisse de Gwennap, comté de Cornouailles, ayant dans les deux dernières années enrichi les cabinets de Londres de plusieurs beaux échan tillons de ces arseniates , j’ai été invité à leur donner une atten. tion particulière , et j’offre le résultat de mes observations à la Société royale , comme une preuve de la reconnoissance que moi et tous les Français doivent sentir et professer pour un pays qui s’est distingué par la protection qu'il a accordée à l'honneur et à la loyauté. Quoiqu'il paroisse , d'après qrelques auteurs allemands , qu'il ait des raisons de penser que l'arseniate de cuivre à été trouvé . en Silésie, la plus grande quantité, et les aspects variés sous lesquels il existe dans le comté de Cornouailles , doivent le faire considérer comme une des substances minérales particulières ou à-peu-près à l'Angleterre. Des différens ouvrages publiés récemment sur la minéralosie, il en est peu qui n’aient pas placé l’arseniate de cuivre parmi les espèces de ce métal. Il paroït néanmoins que quelques-uns de leurs auteurs n’ont eu connoïssance de cette espèce que par la 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE relation très-imparfaite , communiquée par le célèbre Klaproth, en 1787, dans les Mémoires des Amis de La nature, de Berlin, vol. VIT; ouvrage contenant une esquisse intéressante de la minéralogie du comté de Cornouailles , telle qu’elle étoit alors connue. D’autres paroïssent avoir possédé seulement des échan- tillons imparfaits d'arseniate de cuivre ; mais aucunes des formes qu'ils attribuent à ces cristaux , ne peuvent appartenir à cette espèce. D'ailleurs ils confondent tous avec celle-ci des cristaux cubiques d’une très-belle couleur verte, que l’on trouve dans les mines de Muttrell, qui touchent à celles d’Huel-Gorland, et qui, d’après l’analyse faite avec autant de soin que d’habi- leté par M. Chenevix , sont d’une nature absolument différente, et ne peuvent convenablement être placées dans les espèces de cuivre , dont elles contiennent cependant une très - petite quantité. L'existence de l’arseniate de cuivre paroît néanmoins , même aujourd’hui , être un objet de doute parmi les minéralogistes francais ; car l’abbé Haïüy n’en fait pas mention dans le N°. 28 et suivans du Journal des Mines, quoiqu'il contienne un extrait intéressant d’un système de minéralogie qu'ilse disposoit à mettre sous presse ; et M. Fourcroy n’en dit rien dans son Système des connoissances chimiques qu’il a publié en dernier lieu. Il y a environ vingt ans que l’arseniate de cuivre fut découvert dans le comté de Cornouailles ; le premier fut trouvé dans la mine Carraruch , paroisse de Gwennap, ou dans la mine de Tincrost, paroisse d’Allogan. Sa gangue semblable à celles de presque toutes les espèces de cuivre de la contrée, étoit siliceuse , et consistoit en granit décomposé dont la plus grande partie du feldspath étoit parvenue à l’état connu sous le nom de kaolin. Il étoit accompagné d’une mine de cuivre gris vitreux, fréquem- ment en masses considérables , ainsi que d’oxide de cuivre très- noir, et de divers oxides de fer. L’arseniate dont on parle ici , et qui jamais n’a été trouvé en grande quantité, a cessé d’exister dans les mines que nous avons nommées plus haut, tandis que celle d'Huel-Gorland, rarement travaillée, commence à enrichir la minéralogie de cette substance peu commune. La matrice de celle-ci est également siliceuse, quelquefois cristallisée , et d'autres fois en masse amorphes. Cà et là nous y trouvons mêlés dans une quantité plus ou moins considérable tous les oxides de cuivre connus , plusieurs des oxides argileux de fer, de même que l’espèce de cuivre gris vi- treux , les pyrites arseniques , et la riche mine de cuivre forte- ment ET D'HISTOIREINAMURELLE! sd ment coloré en jaune. Cette dernière a été souvent trouvée sous des formes qui diffèrent de ces apparences ordinaires, et dans une espèce qui,je crois, n’a pas encore été décrite jusqu'à présent. Je pense qu’elle devroit former une variété parmi les cui- vres foncés , sous le nom de cuivre jaune Aématite. Lorsque le mélange de cuivre avec Île fer et lé soufre est riche dans le métal , (car lorsqu'il est pauvre c’est seulement une py- rite martiale mêlée avec un peu de cuivre)sa couleur propre, lors- que le morceau est fraîchement rompu , est un jaune foncé, et cette couleur jaune est plus foncée dans l4 proportion que la quaritité de cuivre est plus abondante. Dans son état le plus richeil prend une couleur plus ou moins verte. La surface d’une fracture ré- cente est très-brillante , et paroît plutôt unie que formée de pe- tites feuillés se croisant les unes et les autres d’une njanière ir- régulière. Lorsqu'elle commence à se décomposer , sa surface présente les plus belles couleurs, parmi lesquelles on distingue particulièrement le violet , le bleu et le vert, ce qui l’a fait com- parer à la gorge d’un pigeon. Lorsque ces couleurs sont très- foncées et occupent toute la surface d’un morceau , nous apper- cevons ordinairement çà et là quelques petits points dans l’état d’oxide rouge de fer, et d’autres de couleur verte dans l’état de carbonique vert de cuivre. Cette espèce de mine de cuivre est quelquefois d’un jaune foncé , qui tire le plus sur le vert et ne jette aucun éclat. Il est très compacte, et lorsqu'il est rompu , la fracture paroït unie, quelquefois un peu conchoïdale ; sa surface cependant est d'un très-beau grain qui, vu avec une bonne loupe, paroît être la réunion d’une masse très-compacte du plus beau sable. Sa con- texture la plus ordinaire est en couches minces ou plates, re- posant l’une sur l’autre , et tellement unies qu’elles sont à peine visibles à l’œil nu ; mais elles sont facilement distinguées ayec la loupe. Ces couches cependant ne sont pas si fortement adjacentes les unes aux autres, qu’elles ne puissent toujours être séparées par un coup de marteau. Cette mine prend fréquemment la forme mauwillaire; ces ma- melons sont de différentes dimensions, depuis la grosseur de la tête d’un homme et au-dessus jusqu'à celle d’un petit pois. Dans ce dernier cas, ces mamelons spnt très-souvent unis à la manière de la mine de fer appelée c/ster , ou'hématites en groupe ; quelquefois la surface de ces mamelons est couverte de petits points, mais plus fréquemment elle est unie, de telle sorte qu'elle ressemble beaucoup à une pièce de métal poli ; et comme la sur- Tome LIF. GERMINAL an 10. Q q %a JOURNAL DÆ PHYSIQUE, DE CHIMIE face de ces mamelons tire plutôt sur la couleur brune, ils ont l'apparence de bronze antique. L’oxide vert du cuivre que l’on y remerque quelquefois, complette l'illusion en prenant l'aspect de cette belle patina ,, qui couvre souvent les morceaux de bronze antique, On trouve pareillement cette mine sous la forme de petits cylindres souvent placés les uns contre les autres, et quelquefois ramifiés de la même manière que l’on remarque dans quelques espèces d’hématites. Lorsque la surface brisée est exposée pen- dant quelque temps à l'air, elle prend la couleur de l’or terne. IL acquiert aussi par la décomposition de sa surface , la même con- leur violetre, bleue ct, verte que l'espèce déja décrite ; mais quoique ces couleurs. soient, fréquemment très foncées, elles ne sont jamais aussi brillantes que dans cette espèce. Il est très-rare de trouver des morceaux de cette mine qui ne soient pas mêlés , et même fréquemment pénétrés de mine de cuivre gris vitreux. Celle qui accompagne l’arseniate de la mine d'Hnel-Gorland , offre sons ce rapport une apparence rare et très-partigulière. La-mine jaune est mécaniquement mêlée avec la mine vitreuse , de manière à former un composé ; dans le- quel , à l’aide d’une loupe, les petites parties qui appartiennent à chacune de ces deux espèces, peuvent être facilement distin- guces. La gravité spécifique , aussi bien que la quantité de cuivre dans cette mine , varie considérablement suivant les proportions dans lesquelles la mine de cuivre jaune et celle de cuivre gris vitreux sont inêiees ensemble ; quelquefois elles paroissent mêlées dans une égale proportion , ou à peu-près. La nature a établi de très-remarquables différences entre les arseniates de cuivre, et on les trouve non-seulement dans leurs formes, mais même dans leur solidité et gravité spécifiques. Ces différences proviennent de la manière dont l'acide arsenique est combiné avec le cuivre ou des diftérentes proportions dans les- quelles ces deux substances sont mélangées J’ai été naturelle- ment conduit à suivre le mêine ordre et à diviser les arseniates de cuivre en quatre espèces différentes ; l'analyse de cette subs- tance faite par M. Chenevix , a confirmé de la manière la plus satisfaisante cette division. C’est ainsi que le naturaliste et le chi- miste, en unissant franchement leurs:travaux sans jalousie ni prévention , doivent dass toutes les circonstances agir afin d’at- teindre cette certitude qui est la récompense desirable de leurs, efforts. ET D IH IST OMR ETIN AITQU R'E LiL:E, 303 PRET HR tROR ER SPLÉ CE. Arseniate de cuivre sous la forme d’un octaèdre obtus. La forme la plus simple sous laquelle cette espèce se montre, est un octaèdre très-obtus , formé par la réunion des bases de deux pyramides tétraèdres, surbaissées à faces triangulaires iso- cèles , et cette forme paroît être la forme primitive. Cet octaèdre a dans chacune de ces pyramides deux surfaces opposées plus inclinées que les deux autres , ce qui donne la forme d’un pa- rallélogramme à leur base commune. Les deux surfaces plus in- clinées que les deux autres, se rencontrent au sommet de cha- cune de ces pyramides sous un angle de 130 degrés, et à la base commune sous un de 50. Les deux surfaces moins inclinées se rencontrent au sommet sous un angle de 115 degrés, et à la base sous un de 65. Ces surfaces sont ordinairement unies et brillantes ; quelque- fois cependant elles sont cannelées dans une direction parallèle à leurs tranchans. Les quatre surfaces se terminent rarement en un seul et même point ; plus souvent le sommet est formé par une arête, l’octaë- dre étant prolongé parallèlement aux surfaccsles moins inclinées, la base est alors un carré , ou au moins approche beaucoup de cette forme. Ces deux variétés sont les seules que j’ai observées dans la forme des cristaux de cette espèce , quoique j'ai eu l'accasion d'examiner un grand nombre d'échantillons. Cet arseniate est très-brillant et très-léger ; sa gravité spécifique moyenne, prise sur six morceaux parfaitement purs, fut 2,861; sa dureté est de même très-peu considérable ; il mord facilement sur le speth calcaire, mais ilne fait aucune impression sur le spath fluor. Il est rare qu'il soit parfaitement transparent ; il a en général un aspect terne, La couleur ordinaire de cctte espèce (car ce caractère est aussi essentiel dans les substances métalliques qu’il est indifférent dans les pierres } est un beau bleu foncé: quelquefois, mais très-ra- rement , il tire plus ou moins sur le bleu de Prusse, Il est fré- quemment d’un très-beau vert de pré; les cristaux ont alors une beaucoup plus belle transparence. J'en ai vu quelques-uns qui sont d’un très-beau vert-pomme, d’autres Bin: ayant une Q q 2 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE teinte bleu-clair. Dans un morceau , dont les cristaux sont de couleur verte et mois transparente qu'ils ne le sont ordinaire- ment , je découvris en les rompant , que la couleur de leur partie centrale , près de leur demi-épaisseur , étoit bleue. Des obser- vations faites par M. Chenevix, dans son analyse des arseniates , il paroît que la variation dans leur couleur dépend principale- ment de la quantité d’eau qui entre comme partie conétituante dans leur formation. Cette espèce se trouve mêlée avec toutes les autres espèces de mine de cuivre arsenique ; mais ce qui l’accompagne plus ordindirément, est l'espèce prismatique triédrale. Je n'ai jamais rien trouvé dans cette espèce qui pt me faire supposer qu’elle est susceptible de décomposition ou même de changement. SÉéconxpe ESPÈCE. Arsehiate de cuivre en lames hertaèdres avec des Boris inclinés. Cette espèce se trouve ordinairement en lames hexaëdres ; les six côtés étroits de ces lames ont urre position inclinée , alter- nativement dans une direction opposée , sur les deux faces lar- ges, de telle manière que chacune de ces faces est entourée de trois côtés qui sont inclinés sur elle. Autant que le petit vo- lume et plus particulièrement le peu d'épaisseur de ces cris- taux , m'ont pérmis d'en juger, deux dé ces trois côtés inclinés forment un angle d'environ 135 degrés avec les faces larges sur lesquelles elles inclinent, ét le troisième , un de 115 degrés. ‘Les déux faces larges soft unies et jettent beauconp d'éclat; 166 six côtés étroits sont rendus très-rernes , par le grand nom- bré de stries dont ils sont couverts ; la plupart sont très-sail- lantes et toutes sont parallèles aux tranchans des faces larges. D'après cela , cés cristaux peuvent être divisés, parallèlement aux faces, presque aussi aisément que les cristaux de mica. Ceite structure empêche que le cristal ne soit considéré comme ne modification de l’octaèdre, telui qui ent été produit par l'accroissement des côtés inclinés , auroit été seulément un cris- tal secondaire , et aucun des échantillons que j'ai vus ne m'au- torise à supposer l'existence d’une pareille variété. La couleur de cette espèce est nn vert émeraude foncé, queï- ‘quefois, mais rarement elle se trouve d'une couleur plus claire. ET D'HISTOIRE NATURE/LILIE: # 505 L'éclat de ces faces larg:s, qui sont les seules parties du cristal qui frappent vivement la vue, lui donnent un peu plus l’appa- rence de ces lames de métal coloré qui sont connues sous le nom de paillettes. Cette espèce est toujours moins pesante que la précédente , sa gravité spécifique étant seulement 2,548. Elle est aussi moins dure, elle mord facilement sur le gypse, mais elle ne produit aucun effet sur le spath calcaire. Lorsque ces cristaux sont très-minces , ils sont très-transpa- rens , mais leur apparence diminue lorsqu'ils ont quelque degré d'épaisseur. Lorsqu'elle est exposée au feu, cette espèce décrépite très- fortement. Cet arseniate , dont la matrice est généralement quartzeuse , se trouve quelquefois mêlé ayec quelque autre arseniate de cuivre et particulièrement avec l’octaèdre aïgn dans l’état capillaire ou Bbreux , mais l’espèce avec laquelle on la trouve le plus ordi- nairement , est la mine de cuivre rouge , qui est fréquemment très:abondante, Je n’ai jamais apperçu dans cette espèce aucune apparence de décofnposition. PVR /OURISUITE M 6 | RUSELELCNE. Arseniate de cuivre dans la forme d’un octaèdre aiou. La forme la plus simple dans laquelle cette espèce est trouvée, est pareïllement un octaèdre ; mais cet octaèdre , au lieu d’être obtus ; tel que celui de la première espèce, est légèrement aigu ; il a, cowme celui-ci, dans chacune de ces pyramides , deux faces opposées plus inclinées que les deux autres. Leg surfaces les plus inclinées se montrent au sommet sous un angle de 84, ct'à la base sous un de 96 ; les deux autres se rencontrent au sommet sous un angle de 68, et à la base dans un de 112. Dans cet octaèdre il arrive quelquefois que les faces qui com- posent ces pyramides aboutissent à ‘un seul et même point, où 1ls forment le sommet; mais il est beaucoup plus ordinaire de le trouver étendu en une ligne parallèle aux faces les moins incli- mées de la pyramide. Le cristal se présente plus fréquemment sous la forme d’un long prisme tétraèdre rhomboïdal de 84 et 96, terminé par un sonunet dièdre avec des faces isocèles trian- » 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gulaires , qui sont placées aux angles de 84 degrés et se remon- trent sous nn de 112. Plus ordinairement , dans l'octaèdre parfait et allongé, les angles de 96 sont remplacés par une face qui est également inclinée sur les côtés adjacens , et est fréquemment très- large , alors le prisme tétraèdre de 84 et 96 est changé en un prisme applati hexaèdre , ayant deux angles de 84 et les autres quatre de 138. Je n'ai jamais vu les angles de 8{°. rem- placés. La pesanteur spécifique moyenne de cet arseniate de cuivre, prise sur cinq pièces pures , étoit de 4,200. Il est suffisamment dur pour mordre sur le spath fluor, mais il ne l’est pas assez pour mordre sur le verre. Sa couleur ordinaire est brune , ou vert-bouteille , tellement foncée que les cristaux paroïissent de couleur noirâtre , lorsqu'ils ne sont pas opposés au jour; quelquefois, mais bien rarement , dans les cristaux réguliers qui se trouvent être beaucoup plus épais, cette couleur est un vert plus clair ; dans d’autres échan- tillons les cristaux ont un coup - d'œil jaunâtre , et la surface dans ce cas réfléchit souvent une lumière d’une couleur d’or. La transparence de cette espèce est généralement assez grande. Elle n'est pas toujours cristallisée sous une forme déterminée, mais c'est absolument un protée, soit sous le rapport des formes, soit sous celui des diverses couleurs. J'en ai observé les cinq va- rictés suivantes ; re. Varréré. Capillaire d'une forme déterminée. Dans cette variété les cristaux sont extrêmement minces , ce- pendant ils conservent leur forme, qui est celle d’un octaèdre très-allongé. Les plus petits forment souvent entr’eux un groupe confus 3 quelquefois cependant ils forment de petits mamelons par la divergence d’un certain nombre du centre commun, Leur couleur est un beau vert-pré , ou un vert-jaunâtre, ou un jaune d’or , et ils ont généralement une belle transparence. 2°. Variété. Capillaire d’une forme indéterminée. ans cette variété, les cristaux, aussi déliés que des aiguilles D tt té, les cristaux, déliés d Iles, ne sont pas terminés par le sommet dièdre de 112, représentant deux faces de l’octaèdre ; mais ils deviennent graduellement plus petits et se termirent en une pyramide très - aigue. Cette variété EME D HS ET OL INR EN; AGTAUL R{ENLITLE, 307 a les mêmes couleurs que la précédente , et les cristaux les plus minces sont groupés de la même manière que dans celle-là. Les substances , dans l’état de cristallisation , en passant d’une forme déterminée à une fibreuse, prennent fréquemment une forme intermédiaire, dans laquelle le eristal se termine insen- siblement en une pyramide aigue. 3e. Vanréré. Cristaux parfitement réguliers dans une partie de leur longueur et fibreux à leur extrémité. Dans cette variété , les cristaux sont parfaits durant une partie de leur longueur ; mais leur substance se divise insensiblement à mesure qu’ils approchent de extrémité, qui dans le fait n’est souvent qu’un amas de fibres extrêmement délicates, dont ia couleur paroît toujours plus claire que celle de la partie solide du cristal. 4°. Vaniéré. Forme d’amianthe ou amianthiforme. Cette variété est composée de fibres aussi délicates que celles de l’amianthe , dont elles possèdent fréquemment la flexibilité jus- u’à un certain degré. Ces fibres sont parallèles ou divergentes dun centre commun , auquel cas elles ressemblent beaucoup au oil d'un pinceau ; leur couleur varie considérablement : j'en ai vu de différentes nuances de vert, depuis le vert de pré jus- qu’au vert-brun foncé , d’un brun d’or de couleur-paille, d’un jaune d’or et d’une couleur bleue tirant sur le vert, et même parfaitement blanche, ayant fréquemment le lustre du satin. Les fibres sont quelquefois si délicates , si courtes et si con- fusément groupées, que le tout paroît semblable à une masse de coton , couverte de poussière , leur véritable nature ne peut s’appercevoir qu’à l'aide de la loupe. D’autres fois, cette variété paroît en petites lames minces , plutôt flexibles , qui quelquelois peuvent à peine être apperçues par l'œil nu , d’autres fois sont médiocrement larges et parfaitement semblables à l’amianthrs papyraceus. J'& vu la dernière forme de cette variété , d’un vert-clair , et outre cela d’une blancheur très-agréable. 5e. VARIÉTÉ. Âématitiforme ou forme d’hématite. Cette variété est en couches plates ou mamelonées , et est d'une texture fibreuse ; mais elle est rendue compacte par la 308 JOURNAL DT PHYSIQUE, DE CHIMIE manière serrée dont les fibres sont unies les unes aux autres, de la même manière qu’on l’observe dans plusieurs hématites martiales , et plus particulièrement dans cette espèce de mine d’étain qui est connu sous le nom d'étain sauvage ( ou de bois woodtin) avec lequel plusieurs morceaux de cet arseniate de cuivre ont une très-grande ressemblance.Cependant il arrive quel- quefois , comme dans plusieurs pyrites, ayant la forme globu- laire , que la surface des petits mamelons est couverte de petites aspérités qui sont les extrémités dièdres des petits oristaux qui sont supposés avoir contribué à leur formation. La variété hématitiforme se trouve avec la même diversité de couleurs que la précédente , ou variété amianthiforme. QUATRIÈME ESPÈCE. Arseniate de cuivre sous la forme d'un prisme trièdre. La forme primitive de cette espèce est un prisme trièdre , dont les bases sont des triangles équilatéraux. Ce prisme est souvent considérablement allongé dans une direction parallèle à une de ses bases. Cette forme est une des plus rares en cristal- lographie. Les cristaux ont tous leurs côtés unis et brillans : ce- pendant l’on peut appercevoir sur quelques-uns d’eux, lorsqu'ils sont examinés avec un microscope, des stries placées en travers sur un des côtés du prisme et toutes parallèles aux tranchans des bases. C'est donc principalement sur les faces des bases que les lames cristallisées paroïssent placées les unes sur les autres , et produisent l'augmentation ou la modification du cristal primitif, Comme les cristaux de cette espèce sont rarement assez déta- chés pour être aisément apperçus, et sont très-souvent si petits qu'ils échappent à l'observation de l’œil nu ; je pense qu’il est nécessaire de décrire ici toutes les différentes formes sous les- quelles je.les ai vus avec les progrès que j'ai observés dans leur passage d’une forme à l'autre, quelque petite que puisse paroître la différence entre ces formes. Une telle description conduira à une connoissance plus exacte, non-seulement du cristal pri- mitif lui-même, mais aussi de ces formes qui paroïssent le plus éloignées de la forme originale. L'auteur décrit ensuite un grand nombre de variétés de cette forme primitive. S:coxvr ET DPHISTOIRE NATURELLE 309 DE CON D'E ‘SES CUT TO N. Arseniate de fer. La mine de Muttrel qui touche immédiatement à celle d'Huel- Gorland, dans le comté de Cornouaïilles, a produit quelques échantillons d’arseniate de cuivre exactement semblables à ceux décrits dans la première partie de ce mémoire. Mais cette mine est toujours plus intéressante aux minéralogistes sous le rapport d’une combinaison qui y a été trouvée, de l’acide arsenique avec le fer, et même d'une double combinaison de cet acide avec le fer et le cuivre. a Le premier de ces arseniates dont il est fait mention, paroiït analogue à ces cristaux ou cubes, d’une belle couleur verte, dont quelques échantillons avoient déja été trouvés dans les mines de Carrarach et de Tincrost , et que Klaproth, dans son mémoire sur la minéralogie de Cornouailles , avoit considérés comme appartenant aux arseniates de cuivre; mais d’après l’a- nalyse faite par M. Chenevix avec tout le soin que ses connoi- sances étendues et son zèle extrême pour la science l’ont natu- rellement porté à employer , il paroît être un vrai arseniate de fer, contenant seulement une petite quantité de cuivre, € même cette quantité paroît être un mélange purement acciden- tel. Comme dans les échantillons des anciennes mines de Tin- crost et de Carrarach , la plus grande partie des cristaux adhère à la mine de cuivre gris vitreux, il est possible que quelques parcelles de cette espèce demeurent attachées aux cristaux, ou, ainsi que je l’ai fréquemment trouvé, que quelques pareilles par- celles aient pénétré dans les cristaux, et que M. Klaproth ait été par là trompé en trouvant dans le bouton laissé par le cha- lumeau , une beaucoup plus grande proportion de cuivre que ce minéral n'en contient réellement. La décomposition naturelle de cet arseniate , qui produit un oxide de fer d’une belle couleur jaune tirant sur le rouge, confirme fortement le résultat de l’a- nalyse de M. Chenevix. | Gmelin , dans ses Principes de minéralogie ; imprimés à Got- tingue en 1790, avoit déja suppôsé que ces cristaux ne pouvoient appartenir à la substance désignée dans les ouvrages minéralo- piqués, sous le nom de cuivre arsenical. il les avoit conséquem- ment séparés , les laissant cépendant parmi les espèces de cuivre, sous le nom de wärfelertz. Tome LIY. GERMINAL an 10. Rr 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La double combinaison de l'acide arsenique avec le cuivre et le fer, bien qu’il eût paru exister dans l’arseniate dont on vient de parler , dans les mines de Tincrost et Carrarach, n’avoit pas. excité l’attention des minéralogistes. Il est cependant possible que la transparence , le brillant et la couleur bleue-pâle de ces. cristaux les aient fait prendre pour des cristaux d’une nature pierreuse , à moins que leur petitesse ne les ait fait échapper à une observation ordinaire , particulièrement lorsqu'ils ne sont pas en groupes d’une certaine grandeur. : La gangue de ces deux arseniates est exactement la même que celle des arseniates de cuivre , consistant comme celle-ci en quartz mêlé avec du minéral de cuivre jaune, gris et vitreux, avec de l’oxide de fer et avec le wispickel, Les mines d’Huel- Gorland et Muttrel, quoïqu'’elles ne soient pas situées dans le voisinage des mines d’étain , ont cependant produit quelques échantillons d’étain , dont les cristaux sont couverts de ceux de l’arseniate dont nous avons. parlé. Deux échantillons de cette espèce sont dans la collection de Sir John St.-Aubin. PREmMTrÉRAE ESPÈCE, Arseniate de fer pur. Cette espèce cristallise en cubes parfaits , quelquefois, mais rarement , un peu applatis ; leurs côtés sont unis et. brillans. La seule modification que j'ai observée dans cette forme , est que quatre des 8 angles solides du cube sont remplacés par un nombre égal de surfaces triangulaires équilatérales , placées de telle manière que chacun des côtés du cube devient un hexa- gone alongé , ayant deux angles de 90 degrés chacun , et quatre de-135. Les cristaux ainsi modifiés sont très-rares. Je n’en ai ja- mais vu qu'un échantillon qui est dans la collection de Sir John St-Aubin. Les cristaux en sont assez étendus et parfaitement bien déterminés, La pesanteur spécifique de cette espèce est 3,000 ; sa dureté est assez grande pour mordre sur le spath calcaire. Les cristaux qui sont médiocrement transparens , sont d’une couleur vert foncé , avec une teinte brune ; quelquefois ils sont. profs jau- nâtres, et il existe quelques échantillons d’une couleur jaune tirant sur le brun, telle que la résine. Je n’ai jamais vu cette Sie dans aucun autre état que celui d’une cristallisation par- aite. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 341t Cette mine se décompose quelquefois, ce qui est cause que les cristaux passent à l'état d’un oxide pulvérulent, d’une belle cou- leur rouge , tirant sur le jaune. Dans ce cas, comme le volume des cristaux a beaucoup diminué , on appercoit en les rompant, un nombre considérable de petites cavités dans leur substance. Ces cavités sont analogues à celles qui paroïissent dans les mines spathiques de fer , lorsqu'elles ont passé dans un état semblable de décomposition, Là \ SECONDE ESsSPÈCs. Arseniate de fer contenant du cuivre. Les cristaux de cette espèce jettent un éclat extraordinaire ; “et sont parfaitement transparens. Leur forme est un prisme rhomboïdal tétraèdre, ayant deux de ses bords très-obtus , et les deux autres très - aigus; mais à raison de l'extrême petitesse de ces cristaux ; je n’ai cependant pu déterminer la valeur de leurs angles. Le prisme est terminé à chacune de ses extrémités par une pyramide tétraèdre assez aigue ; et ses faces qui sont des triangles scalènes , finissent deux à deux, formant des sommets alongés qui joignent les bords aigus du prisme; et dans un autre sens ils finissent également deux à deux, de manière à former un sommet qui est moins alongé , et joint les bords obtus. Très- souvent les bords obtus du prisme sont remplacés par des faces d’une étendue plus ou moins grande ; quelquefois les bords aigus sont aussi remplacés de la même manière , mais toujours par des faces d’une moindre étendue. Ces variétés sont les seules que j’ai observées dans cet arse- niate. Les cristaux se trouvent rarement seuls ; ils sont générale- ment groupés d’une manière très-singulière ; quelquefois cepen- dantils sont assez unis pour prendre une forme mamillaire, et les pyramides des cristaux qui composent ces mamelons , sont placés sur cette surface. è La gravité spécifique de cet arseniate est 3,/02. Sa dureté est plus considérable que celle du simple arseniate de fer ; il mord avec la plus grande facilité sur le spath calcaire , mais il ne produit aucun effet sur le spath fluor ou pesant. Sa couleur est d’un bleu très-foible ; quelquefois la couleur bleue est un peu plus foncée. J’ai vu quelques cristaux qui ont la même couleur brune de la résine que la précédente espèce , mais ils sont très-rares. Rr 2 312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jusqu'à présent je n'ai rencontré cette espèce sous aucune autre forme que celle d’une parfaite cristallisation. te à à A VA NUNE OBSERVMA TION L'URE MA STIENTENESE TETE AUEEN Par B. G. Sace, directeur de la première Ecole des Mines. De l’altération que la lumière fait éprouver à l’arsenic rouge: sulfuré , connu sous le nom de réalgar. La lumière altère les couleurs rouges des oxides ou chaux mé- talliques ; le minium ainsi que l’oxide rouge de mercure , expo- sés à la lumière , noïrcissent quoiqu'ils soient dans des bocaux fermés. Un des chimistes le plus justement célèbres , Schééle , a fait connoître que le muriate d’argent perdoit sa couleur blanche par la lumière , lors même qu’il étoit sous l’eau. Ce même phy- sicien ayant décomposé la lumière , par le moyen du prisme, à reconnu que le muriate d’argent connu ci-devant sous le nom de la lune cornée, étoit Coloré en quatre secondes par....... le rayon violet. En vingt-cinq secondes par......... le rayon pourpre. En vingt-neuf secondes par..... , :. le rayon bleu. En trente-sept secondes par. ...... .. le rayon vert. En cinq minutes par...... RC AlENTAYON Anne En douze minutes par.....,..... ... le rayon orangé. En vingt minutes par..."........., le rayon rouge. Le réalgar naturel qui se trouve en masses considérables parmi les produits des volcans du Japon, est rouge-pourpre , brillant ; lorsqu'il a été poli, les Chinois et les Indiens l’emploient pour faire des pagodes et des vases. Ayant mis une de ces pagodes dans une armoire vitrée , où le soleil ni l’air extérieur n’avoient point d'accès, je vis quelques mois après , que cette pagode avoit perdu son brillant et sa couleur rouge, qu’elle étoit couverte ESRAD ESS TONI E CN A TOUR AE TUE 31% d’une efflorescence jaune orangée d’orpin, quise détache faci- lement d’elle-même, et tombe sur la tablette ; l’aÿant rassem- blée et fondue dans un creuset, elle n'offrit du réalgar. J’ai fait connoître que l’orpin ou mine jaune d’arsenic dont les feuillets sont d’un jaune d'or brillant , demi-transparens , passent à l’état de réalgar ou mine rouge d’arsenic sulfurée , dès qu'on le fondoit , ou qu’on le sublimoit. Je mets sous les yeux de l’Ins- titut un morceau d’orpin, dont j'ai fait passer une partie à l’état de réalgar, en dirigeant dessus la flamme d’une bougie, à l’aide d’un chalumeau ; pour cet effet il ne faut pas que la flamme soit trop vive. 5 ‘ Pott a fait connoître que l’orpin ne contenoit qu’un dixième de soufre ; celui-ci passant à l’état de réalgar, par la seule action du feu, et repassant ensuite à l’état d’orpin par le contact de la lumière , il est évident que ces deux substances si différentes par la couleur, sont composées des mêines élémens. Ayant retiré de l’armoire la pagode de réalgar , je vis que la partie qui n’avoit pas reçu le contact immédiat de la lumière , avoit conservé sa couleur et son brillant. Le réalgar qui se sublime à la solfatare, sous forme de cristaux octaèdres, connus sous le nom de rubine d’arsemic, effleurit aussi par la lumière. Quelques volcans du Japon produisent des masses considéra- bles de réalgar d’un rouge vif ; les Chinois en font des pagodes, des vases. « On en trouve aussi en grandes masses dans la mine d’étain de la province de Kianfu , à cinq journées de Nanckin ; Le Camus en a eu un morceau qui pesoit vingt-huit livres. Ge même naturaliste a du réalgar travaillé, au centreduquel est une veine de spath calcaire.» \ GE OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES! PAR BOUVARDP, astronome. k |. THERMOMETRE. BAROMÈTRE. RE | “Maximum. | Minrmum. |a Mir. Maximum. MINIMUM. 1 3 i à Î £ | 6 à 3h68. +25] àr1ar3s— 0,4] 2,3 | à 11 lTs.. 28. 1,53là35s.... 28. 0,93/28. 1,1 Ba midi. + 4,8) à7lm. — 2,9/+ 4,2 |à7%m... 28. 1,35] à 11586... 28. 0,75 28. 1,1 982% 5 —+ 7,8 à 2 m. + 0,5|+ 7,4 |à 2m... 27.11,75 228... 27.10,25/27.11,28 Mlioà25s. SR a 6 Im. + 6,3 8,8 |à 64m... 27. 850|à25s... 27. 8,53,27. 8, | 11 à midi. —+ 8,2 à6m.....4.|+ 8,2|à 8m... 27. 7,77| à midi. . . 27. 7,42/27. no à midi 11,5) à 61m. + 6,2| 21,5 | à midi. . . 27. 9,45] à 6 im... 27. 9,17127. 0,4 Blisa 7m. + 72là5s + 3,24 3,6 |à 8 s.... 27. 9,o0| à 7 m... 27. 7,00|27. 6,08 Bli4a is. + 4,ul à 6 im. + 0,8|+ 4,0 | à 11 55... 28. 0,60! 2 6 5m. . 28. 0,00!/28, 0,4 15 à midi. + 3,2] à 2m. + o,9|+ 3,2 | à midi. . . 28. 0,85] à 2 m.... 28. 0,58,28, 5 diGañs. + 7,6) à 2m. + 0,9|+ 5,6 | à 2 m.. .. 28. 1,00! à 6 s.. 27.11,08 28. 0, jazanudi. + 5,6| à 6 À m%,+ 1,2|+ 5,6 | à 6 m 27. G,00]| à midi. .. 27. 8,00 27. 9,00 lus a 2s. + 8,4] à 6 4 m. + 2,8|+ 3,2 |à2s 27.10,93| à 6} m.., 27. 9,42/27.10,50 H'ioà5ss. —++ 5,6! à 61m. — 0,7|-+ 5,2, à midi 28. 3,50] à 1 m. .. 28. 2,50,28. 3,50 dooa3ls. + 8,olàim. “+ 10/4 7,1 à 1 m 28. 3,42là61s. .. 28. 2,20 /28. 3,00 'ora2ls. + 8,4| à 6m. + 0,8|+ 8,0 | à 6 L m.. 28. 0,93|à7;s... 28. 0,50 28. 0,9 l 22à25s + 5,5la8s. + 1,9/+ 54|à8s. 28. 1,92] à 6 5 m... 28. 1,90|28. 1,2 A 23/ämidi. + 3,4| à 61m. + o,2]+ 3,4/|à9s 28. 2,50] à 61m... 26. 2,08|28. 2,06 Él24la2ts. + 8,5] à 6 in. — 1,5/+ 3,4|à1im 28. 2,83| à 9 = s. .. 28. 2,50 28. 2,7 l26la21ls. + 46|à6 m. — 1,84 3,0 |à10o1s... 28. 4,33] à o ? m... 28. 2,50|2B. 5,5 A 26à midi. —+ 6,0! à 6 3m. + 1,8} 6,0 | à midi. . 28, 4,75| à 11 #5. . 28. 4,33)28. 4,70 loyla35s. + 81làGm. — 0,84 8,1 46m... 28: 3,75) à115s.. 28. 1,10/28. 3,3 A28à2s +94 à6 im. — 0,8 + 9,2 | à o à m... 28. 1,10] à 1058. . . 27.10,25,26. 0,00 M 2ola midi. + 0,4! à om. 2,24 9,4|à11%s.. 27.11,67| à 05m... 27.10,00 27.10,67 H| Solà 1 s. 1,8 à 1 © m.+ 2,0|+-11,1 | à 1 Lm... 27.11,67| à 15... . 27. 9,50|27. 9:98] RÉCAPITULATION. q Plus grande élévation du mercure. . . 28. 4,75 le 26. hi | Moindre élévation du mercure. . .. 27. 7,00 le 13. Élévation moyenne. . . . . 27. 11,87. El Plus grand degré de chaleur. . . .. + 11,8 le 30. a Moindre degré de chaleur. . . . . . — 1,8le 25, Chaleur moyenne. . . .. —+ 5,0 Nombre de jours beaux. . . .. 11. NB. Le rhume qui ma empêché de continuer les observations sur la fin du mois précés | dent, ne m’a pas permis de recommencer la série de ces observations météorologiques avant les | sept de ce mois. l rai si | |: ÉRR " Ventôse, an x. RÉCA purs dont le veut a soufflé du POINTS VENTS à Muor LUNAIRES. ee Dern. Quart. N. Calme 74,0 | Calme 740 | S-E. 77;0 | S-E, fort. | Périgée. 70, ©. 75,0 N. Equin. ascend, 51,0 NE. Nouv. Lune. 59,0 | N. fort. 64,0 | N-E. * 70,0 | N-O. 73,0 | NN-O 65,0 | N-E. . 62,0 | Calme. Prem. Quart. 63,0 | N-O. 50,0 | NN-O. 48,5 | NN-O.fort. 47,0 | NN-E. fort.| Apogée. 50,0 | N. 55,7 | N. 54,0 N-E. Equin.descend. 50,0 S-E. Pleine Lune. 58,0 | S-O. 66,0 | SS-0. A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, MA NRA TIMONNES DE L'ATMOSPHÈRE. Ciel très-couv.; quelq. éclaircis l’ap.-m. beau tempsles. Ciel trouble et nuageux ; brouillards l'après-midi. Ciel chargé de pelits nuages ; gelée blanche le matin. Ciel couvert; pluie fine à 11 h. ; forte brume le soir. Ciel légèrem. couvert ; petits nuages blancs dispersés. Quelques éclaircis par intervalles. Temps pluvieux une partie de la journée. Ciel en grande partie couvert; trouble et nébul, le jour. Quelques éclaircis par intervalles. Ciel trouble et nuageux. Beau temps; petits nuages blancs dispersés. _ Pluie abondante jusqu’à midi ; assez beau temps le soir, Ciel nuageux et chargé de vapeurs à l’horison. Beau temps; gelée blanche le matin; brouiflardsle soir. Ciel trouble et nuageux ; couv. le soir vers 10 heures. Couv.en-gr. partie; quelq. flocons de neige à 6 h. soir. Couvert par intervalles, Ciel couvert par intervalles ; beau cielle soir. Quelques nuages. Couvert par intervalles. Ciel nuag. ; léger brouillard le matin ; superbe le soir. Ciel sans nuages; gelée blanche le matin. Ciel couv. , pluie fine le s.; assez beau vers 11 heures. Couvert toute la journée; pluie fine avant le jour. PITULATION. de couverts . . ... 15 de plie"... 9 de VERT Au te de de tonnerre de brouillard. . . .. de neipe. ei ue 2) ol bkio mL else) aus sYelelois tasse ajat.)s * 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ER ER + D PS Du citoyen Cros à J.-C. DrramérTuents. Ayant ouï dire à Sorèze, que Madame N*** n'étoit point su= jette à l'électricité, je fus excité par la singularité de ce fait; je voulus m'assurer de la certitude , et voici ce que j'ai su de positif. Il ya environ 18 à 20 ans que cette dame, jouissant d’ailleurs d’une constitution robuste, étoit entièrement insensible aux effets du fluide électrique : dans les expériences que l’on faisoit au Cabinet de physique , elle se soumettoit sans peine aux plus fortes commotions , et les communiquoit à d’autres personnes , sans les éprouver. À cette époque elle avoit une sœur qui étoit à-peu-près dans le même cas. On ignore si les autres parens pré- sentoient la même singularité. Depuis quelques années cette dame est devenue valétudinaire , et par fois atteinte d’affections nerveuses ; aussi est-elle actuellement sujette à l'électricité, maïs d’une manière à n’en ressentir que très-peu les effets. Elle est aimable , assez vive, spirituelle, et sensible comme le sont or- dinairement les personnes chez lesquelles le système nerveux est très-mobile. Madame N*# est-elle préservée de la foudre ? Je le penseroiïs volontiers si les accidens de ce terrible météore ne venoient le plus souvent de la commotion que son explosion imprime aux corps environnans , ainsi que d’un dégagement de vapeurs sul- fureuses qui suftoquent. Quoi qu'il en soit, comme ma mémoire ne me fournit pasde. fait analogue dans les livres de physique que j'ai lus, je vous communique celui-ci. Si vous le jugez assez important pour mé- riter d'autres détails, je les recucillerai et me ferai un plaisir de vous les adresser. . EXC RATE om nt ET D'HISTOIRE NATURELLE. 317 PRET TORRES ARE EE CERTA PRZIRENE 240 CPS PEU ISIN DEC SPEED ERP EXTRAIT D'UN MÉMOIRE LAUMAR L'ETENES ET TE UT SUR L'AMALGAME NATIF D'ARGENT, Par Louis Corbprer. Le citoyen Cordier , ingénieur des mines, a lu à l’Institut un mémoire sur l’amalgame natif d'argent ( mercure argental de Hauy). La plupart des caractères de cette substance n'’étoient point encore connues et son analyse manquoit à la science. Le travail du cit. L. Cordier ne laisse plus rien à desirer sous ce double rapport. Nous allons rapporter quelques-unes des pro- priétés de ce minéral. Sa pesanteur spécifique est de 141,192, il est par conséquent le plus pesant des corps de la nature après le platine et l’or. Il est parfaitement so/ide et sa con- sistance approche de celle de la pyrite martiale. Ses formes secon- daires sont des modifications du dodécaèdre rhomboïdal : la plus remarquable est le résultat de l’intersection des faces qui appar- tiennent à six espèces de solides réguliers ou symétriques : elle est terminée par 122 faces. C’est la plus compliquée de toutes les formes observées jusqu’à ce jour parmi les substances du règne minéral. ÿ 100 parties d’amalgame natif cristallisé contiennent de mercure sblide...:........... 72,6 L VESTE PONT 4 100,0 D'après ces proportions, le citoyen Louis Cordier a cherché à estimer d’une manière approximative la pesanteur spécifique du mercure solide. Il a trouvé qu’en supposant la pénétration ou la dilatation nulle, cette pesanteur seroit de 162,662. Il pense enfin qu’on doit distinguer l’amalgame natif de l’a- malgame artificiel ordinaire. Ce dernier n’est qu’r mélange pâteux , formé de cristaux extrémement petits d’amalgzame solide , réunis par l’adhérence d’une quantité variable de mer- cure liquide excédant à la combinaison. Tome LIVY. GERMINAL an 10. S's H8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE N OUT'E SU RATEELTR O RUAICNNT'É, Par le citoyen Vauquzzrinx. Les minéralogistes connoissent cette substance trouvée par Eassius dans du gypse à Kalkberg près de Luncbourg. Wes- trumb qui le premier l’analysa , dit en avoir retiré : Magnésie...:.......::: 19,5 Cher ere 10:62 84 11 AlumiRe M PMRERC ARE NUE SAGE. PR AE RESTES 2 Ferloxidé:. 14 Jeter +: 0,79 Acide boracique........ 68 Vauquelin et Smith des Etats-Unis ont répété l'analyse de cette substance sur des cristaux très-transparens ; ils n’y ont point trouvé de*chaux , mais seulement de la magnésie : d’où ils concluent que : Les cristaux transparens de cette substance ne sont que de la magnésie boratée ; qu’ils ne contiennent point de chaux :: Que la chaux que l’on trouve dans les cristaux opaques de cette substance, y est unie à l’acide carbonique , et seulement interposée dans la masse dont elle cause, l’opacité. N'OT,:E SUR UNE NOUVELLE COMETE. Le célèbre astronome de Bremen, Olbers, a apperçu le 28. mars une nouyelle comète (ou planète), qui ressemble à une étoile de 7°. grandeur. Son ascension droite étoit de 1800. 56/. Sa déclinaison boréale à 9 heures 26 étoit de r1°. b3/. Le 1 avril , à 8 heures 1/, son ascension droite étoit de 1849 15’, et sa déclinaison étoit de 12°. 54/, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 319 EE EXTRAIT D'UNE LETTRE De B...x à J.-C. DeraAMÉTHERIE. Un marchand du département de l'Izère , fut mis, lui, sa femme , ses enfans , et tout ce qui portoit son nom, sur la liste des éminemment suspects. I] se cacha ; mais la profonde terreur dont il étoit frappé le suivit dans sa retraite, et il y perdit en vingt-quatre heures , barbe, cheveux, sourcils, et absolument tous les poils de son corps. Quelques personnes, dans une si- tuation analogue , avoient vu blanchir leur barbe ou leurs che- veux dans un espace de temps fort court, dans une nuit, même dans peu d'heures. Maïs en avoit-on vu éprouver une dépilation aussi complette ? : Sur la fin de l’été dernier, un de mes voisins tua un oiseau tout blanc, de la grosseur d'un bec-figue et du même genre. Une dame le prépara très-proprement pour le conserver ; mais un événement le lui fit perdre peu de temps après. Michelottia conclu de ses expériences sur des œufs de pha- lène , et peut-être de quelques autres espèces, « que la lu- mière est pernicieuse au développement de 1ous les germes des animaux, » { Cahier de nivose, page 30. ) Eh quoi! dans le pays qu’il habite n’y a-t-il pas, comme dans le nôtre , de nombreuses espèces de chenilles , de fausses chenilles, d'araignées , de mou- ches, d'insectes, qui déposent leurs œufs sur les branches , sur les feuilles d'arbres, sur les brins d'herbes, sur les murs ; les uns nus, les autres couverts ou enveloppés de poils, ou d'un tissu transparent qui n'empêche point la lumière de pénétrer jusqu'à eux ? Les œufs de presque tous les insectes qui passent dans l’eau les premiers temps de leur vie, ne sont-ils pas sous l’eau exposés à la lumière? Beaucoup de poissons, les gre- nouilles , les crapauds , ne déposent-ils pas leur frai de manière à leur faire recevoir l'influence de la lumière ? Que de nom- breuses exceptions à la loi que Michelotti assigne à la nature! Pourquoi mettre les œufs en expérience dans des caraffes dont la courbure du verre réunit les rayons sur les œufs, et porte sur eux une chaleur qui les dessèche ! C’est à l’air libre qu'il falloit les exposer à la lumière ; peut être n’eüt-elle pas paru alors pernicieuse à 1ous. Ss 2 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mme BLANCHIMENT INSTANTANÉ ET SANS FEU DU SEL MARIN GRIS A L'USAGE DOMESTIQUE, Par le citoyen Pasor {DescHARMES. . Le sel marin gris ou non raffiné est, comme tout le monde sait, recouvert d’une petite couche terreuse qui altère plus ou moins sa blancheur. Il n’est point du tout indifférent soit pour la propreté, soit pour la santé, de le purger de cette substance hétérogène qui s’enveloppe sur toutes les faces de ses cristaux. Jusqu'à présent on n’est parvenu à purifier ou raffiner ce sel que par dissolution , filtration ou précipitation , (selon que l’o- pération se fait en petit ou en grand) et ensuite par évaporation. Cette méthode, par rapport à l’usage domestique , demande du temps, du bois ou du charbon , et des vases appropriés. Beau- coup de personnes ne la connoissent point, souvent n’ont pas le loisir , et quelquefois même n’ont ni les vases ni les combus- tibles nécessaires. J'ai pensé qu’un procédé qui n’exigeroit ni feu, ni vases par- ticuliers , ni aucuns frais , et qu’on pouvoit pratiquer en tout temps, qui d’ailleurs, à la portée d’un chacun, seroit aussi prompt que facile, ne pourroit manquer d’être accueilli. Voici donc en quoi il consiste : Mettez en expérience quatre onces de sel marin gris. Si ce sel est sec, aspergez-le d’eau très-légèrement , de manière qu'il ne soit seulement que ce qu’on appelle 4zmide ; (rarement on est obligé d’humecter le sel du commerce). Renfermez ce sél dans le coin d’une serviette ou d’un torchon blanc de lessive. Faites-en une espèce de nœud ou sac que vous tenez d’une main , tandis que de l’autre vous agitez et frottez ce sac contre la surface intérieure du torchon , pendant l’espace d’une demi- heure ; vous le changez ensuite de place, et successivement en répétant la même manœuvre pendant six, sept et huit fois, selon que le sel est plus ou moins gris. Dès le premier roulage du sel, on voit dessus la toile les taches que le dépôt de ladite terre y a formées, et qui diminuent insensiblement d'intensité à chaque ET D'HISTOIRE NATURECŒELELE, 328 changement de place, jusqu’à ce qu’enfin on n’en voie plus. Pour Pordinaire , il faut asperger le sel tous les deux ou trois change- mens de place qu’on lui fait subir. On accélère encore le blan- chiment en broyant légèrement le sel dans un égrugeoir , ou de toute autre manière, avant de l’asperger. Après deux à trois aspersions et les deux à trois façons de roulage qui les suivent , il est rare que le sel ainsi purifié ne se trouve pas aussi blanc, pour ainsi dire , que celui raffiné selon le mode usité de la dissolution et évaporation. Le déchet en est à-peu-près le même, c’est-à-dire environ le huitième lorsque le sel est sec, et que l’on a eu l’attention , lors de chaque change- ment de place , de secouer les grains qui restent collés au linge. C’est ordinairement le sel le plus blanc qui s’y fixe, on ne doit pas craindre de l’abattre , la terre qui s’est déposée sur la toile ne sauroit s’en détacher que celle-ci ne soit sèche. Communé- ment le sel gris du commerce contient douze et demi par cent de substance étrangère , dont moitié à-peu-près en eau , eten- viron autant en terre. Ce procédé que j'ai considéré à raïson de sa simplicité comme pouvant être utile particulièrement à l’usage domestique , peut le. devenir [aussi à différens états. D’après ce qui vient d’être dit, on entrevoit la possibilité d’en faire une application heu- reuse au profit soit des salines, soit des raffineries ; sous peu je ferai connoître quelques moyens que je réunis dans cette vue, NIOMTEL C. E SUR LE COEUMBIU M, Par Charles HaATcHET. Ce minéral a été envoyé avec quelques mines de fer , à feu Sir Hans Sloane , par M. Winthrop de Massachusett , et cette circonstance donne tout lieu de présumer que cette matière provenoit de quelqu’une des mines de fer de cette province. Ce minéral est lourd, et de couleur gris foncé tirant sur le noir. Il ressemble à quelques égards au chromate de fer de Sibérie. Les acides nitrique , muriatique et sulfurique, n’agissent 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que très-foiblement sur ce minéral, C’est cependant l’acide sul- furique qui produit le plus d’effet , et il dissout un peu de fer. Lorsqu'on le fait-fondre avec cinq ou six parties de carbo- nate de potasse , il est partiellement décomposé ; mais pour opé- rer la décomposition complette il faut faire alternativement fondre la mine avec la potasse , et la mettre en digestion dans l'acide muriatique , qui s'empare du fer. Pendant la fusion , l’acide carbonique est chassé ; et la po- tasse devient en partie neutralisée par un acide métallique qu’on peut en séparer , après solution préalable dans l’eau , par l’a- cide nitrique ajouté en excès. L’acide métallique paroît alors sous la forme d’un précipité abondant, floconeux et blanc. Le minéral contient plus des trois quarts de son poids de cette matière , combinée avec le fer. Le précipité est insoluble dans l’acide nitrique bouillant , et conserve sa blancheur parfaite, L’acide muriatique bouillant le dissout lorsqu'il a été récem- ment séparé de la potasse. IL est aussi dissoluble dans l'acide sulfurique fortement chauffé. Ces solutions acides lorsqu'on les sature par les alkalis don- nent des précipités blancs floconeux ; le prussiate de potasse le donne vert-olive; la teinture de noix de galle, orange foncé ; l’eau même ajoutée en abondance aux solutions dans l’acide sulfurique précipite la substance à l’état de sulfate, qui en se desséchant passe du blanc au bleu, et devient finalement gris. Le zinc forme un précipité blanc. Le précipité blanc se combine avec la potasse et la soude, tant par la voie sèche que par la voie humide, 11 chasse l’acide carbonique , et forme avec la potasse un sel en écailles bril- lantes qui ressemble beaucoup à l’acide boracique. Les acides le séparent des alkalis fixes ; et lorsqu'on les met en excès, ils ne le dissolvent qu’à l’aide de la chaleur ; et même dans ce dernier cas , l’acide nitrique demeure sans effet. On observe des résultats analcgues quand on ajoute aux solu- tions acides , des alkalis en excès. Si l’on verse sur les solutions alkalines de cette substance l’hy- dro-sulfure d'ammoniaque , on a un précipité couleur de cho- colat. L’ammoniaque ne se combine pas avec le précipité blanc. Quand on ajoute aux solutions alkalines le prussiate de po- ET DA SIT OT RÉLNIA T UMR PE EILE, 323 tasse, ou la teinture de noix de galle, il n'y a point d'effet jusqu’à ce qu’on verse un acide sur le tout ; alors on obtient les précipités vert-olive ; et-orange, dont il a été question fout-à- l'heure. Les solutions acides et alkalines sont sans couleur. Le précipité blanc ne se combine pas avec le soufre par la voie sèche. Uni par la fusion au phosphate d’ammoniaque il forme un verre de couleur bleue tirant sur le pourpre. Il rougit le papier teint en bleu par le tournesol. Il paroît très-difficile à réduire , ou obtenir en régule. D’après les propriétés sus - énoncées , cette substance paroît être un métal acidifiable, différent de ceux qui sont connus jus- qu’à présent ; et on l’a désigné en conséquence sous un nom particulier, celui de Co/umbium relatif à la contrée du globe d’où provenoit l'échantillon qui a été examiné, RE EE D DEN REP EC DOME EIRE 07 0 AT DCE REED EDP EXTRAIT D'UNE Lo PuR IE Du Professeur ProwusrT à J.-C. DEL AMÉTHERYFE,. L’émulsion des amandes est le casezum animal uni à l'huile avec une très-petite portion de gomme et un peu de sucre. J’ai déja une bonne portion de sucre tiré du muscat, et j'espère décider si ce sucre et celui des cannes sont de même qualité. J’ai analysé les meilleures encres dela Chine, et je n’y ai trouvé que du noir de fumée, une colle animale et un peu de camphre. Le ñoir de fumée préparé à la potasse et sommé de colle forte, m'a donné une encre que les personnes de notre académie ont jugée meilleure que toutes les encres de la Chine dont ils s'étoient servis. Le spath calcaire à double réfraction doit être placé parmi les mines de fer, puisqu'il contient le fer oxidé au minimum et À l’état de carbonate de fer. Les crisolites d’Espagne analysées par Vauquelin, sont des fosfato - fluates , et non des fosfates. Celles que j'ai analysées sont de Jumilla en Murcie; c’est dans ce même endroit que Lau- moy en a pris. J’en ai de semblables venues du Mexique. 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SEAL DENAIN GE TERESA TRES ENNTESE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Mémoires de l Académie de Turin, années 1792 à 1800 , tome VI ,in-40, Turin , 1801, de l'imprimerie nationale, chez les frères Reycend et compagnie, libraires de l’académie. Cette célèbre société a rendu d’importans services aux sciences. Il suffit de dire que c’est dans son sein que s’est formé Lagrange. Ce volume contient des mémoires intéressans dont nous ren- drons compte. The mineralogy of Derbyshire. Minéralogie du Derbyshire avec la description très-intéressante des mines du nord de l’Angle- terre, de l’Ecosse, et de Cornouaiïlles, avec l'analyse de l'ouvrage de Williams , sur /e règne minéral. On yajointun vocabulaire de termes anglaiss, employé par les mineurs du Derbyshire , un vol. in-60,, par John. Mawe, À Lon- dres , de l'imprimerie de Williams Philippe , rue Lombard. L'auteur (propriétaire de plusieurs mines du Derbyshire) décrit avec beaucoup d'exactitude les diverses mines qu’il a visitées. Son ouvrage ne peut être que très-utile à ceux qui voyageront dans ces contrées. Il intéressera également tous les naturalistes. Voyage en Italie de M. l’abbé Barthelemy , de l'académie française, de celle des Inscriptions et Belles-Lettres, et auteur du Voyage d'Anacharsis ; imprimé sur ses lettres originales au comte de Caylus. Avec un Appendice , où se trouvent des morceaux inédits de Winckelmann, du P. Jacquier, de l’abbé Zarillo , etc. pu- blié par A. Sérieys , bibliothécaire du Prytanée , et communi- qué pendant l'impression au Sénateur , neveu de cetacadémicien, et au Directeur de la monnoie des médailles , son compagnon de voyage en Italie. Seconde édition , augmentée d’une notice sur madame de Choïi- seul, Un vol. in-80, de 450 pages, imprimé sur carré fin et caractères neufs, avec une planche , 5 francs broché , et 6 francs 5o cent. franc de port par la poste. En papier vélin , ro francs. À Paris, chez F. Buisson ; imprimeur-libraire , rue Hautefeuille , n°. 20. Annoncer ET D'HESTOIHRE NA TU PELLE, 325 Annoncer un ouvrage de l’abbé Barthelemy, sur les monumens de l'Italie , suffit pour intéresser tous les gens de goût. Observations sur la fièvre des prisons , sur les moyens de la prévenir en arrêtant les progrès de la contagion , à l’aide des fumigations de gaz nitrique , et sur l'utilité de ces fumigations pour la destruction des odeurs et des miasmes contagieux , etc., traduites de l’Anglais , du docteur James Carmichart Smith, mé- decin extraordinaire de sa Majesté Britannique, etc. ; suivies d’un extrait des observations du docteur James Curru , de Liverpool , sur les bons eftets des aspersions d’eau froide dans les fièvres , et terminées par des observations additionnelles sut les fumigations de gaz nitrique, en réponse aux objections faites contre ces fu- migations , par le cit. Guiton Morveau , dans son Traité sur les moyens de désinfecter l'air ; avec une instruction sur les moyens d’en faire usage , par Louis Odier , docteur et professeur en mé- decine , un vol.in-8e. prix , 2 fr. 5o cent. et 3 fr. 30 cent. franc de port ; à Geneve, chez S. J. Paschoud ; et à Paris, chez J.J. Fuchs , rue des Mathurins , hôtel Cluny. Cet ouvrage intéresse une partie de la société. Les connoissan- ces profondes de l’auteur sont un sûr garant de son utilité. Nous en donnerons un extrait détaillé. Histoire naturelle des poissons , par le cit. La Cépède , con- tinuateur de Buffon , in-4°., tome IV , avec 16 planches repré- sentant 48 espèces d’animaux, prix 15 fr. 50 cent. broché en carton ; à Paris, chez Plassan , imprimeur-libraire , rue de Vau- girard , n. 1195 , entre celle des Francs-Bourgeoïis et l’Odéon. On trouvera dans ce quatrième volume de l'Histoire des pois- sons , la description de cinq cent quatre espèces , dont quatre- Yingt-dix sont encore inconnues des amis des sciences naturelles. Elles composent quarante-trois genres, dont trente-deux n'ont encore été établis par aucun naturaliste. \ Les quatre premiers volumes de l'Histoire des poissons ren- ferment donc la description de onze cent quatorze espèces , dont deux cent quarante - quatre avoient échappé aux observations des naturalistes , avant la publication de nos recherches. Nous avons réparti ces onze cent quatorze espèces dans soixante genres adoptés depuis longtems , et dans quatre- vingt - douze autres genres que nous avons cru devoir former. Les tomes VII et VIII, in-12 , paroîtront à la fin de floréal. Nous ferons connoître plus en détail cet intéressant ouvrage. Traité pratique des Maladies des Yeux , ou expériences et Tome LIV. GERMiNAL an 10. CNE 326 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE observations sur les maladies qui affectent ces organes ; par A. Scarpa , professeur d’anatomie et de chirurgie - pratique à l’uni- versité de Pavie 3 premier chirurgien de la Lombardie autri- chienne ; des académies de Vienne , de Berlin ; de la ci-de- vant société royale de médecine de Paris, de celle de Lon- dres , etc. traduit de l'Italien sur le manuscrit , sous les yeux de l'auteur, et augmenté de notes , par J. B. F. Léveillé, médecin- chirurgien de l'ecole de Paris ; membre des sociétés de médecine , médicale d’émulation , d'histoire naturelle, philomatique de la - même ville; chirurgien de première classe de l’armée française en Italie ; correspondant de la société de médecine , de chirurgie et pharmacie de Bruxelles, etc. 2 vol. in-8°. de 740 pages , im- primés sur carré fin et caracières neufs de cicéro ; avec trois plan- ches en taille-douce, supérieurement gravées à Pavie sous les yeux de l’auteur. Prix, 8 francs broché, et 10 francs para poste, franc de port. À Paris , chez Buisson , imprim.-libr. , rue Hautefeuille , n. 20. Le célèbre Scarpa a fait des recherches savantes sur les organes des sens. Il a exposé dans cet onvrage les maladies des yeux. Son savant traducteur l'a enrichi de notes, Il ne peut donc qu’être très- utile aux gens de l’art. ” LL ydrogéologie , où Recherches sur l’inflaence qu'ont les eaux sur la surface du globe terrestre, sur les causes de l’existence du bassin des mers, de son déplacement et de son transport successif sur les différens points de la surface du globe, enfin sur les changemens que les corps vivans exercent sur la nature et l’état de cette surface , par J. B. Lamarck, membre de l'Ins- titut national de France, professeur -administrateur au Muséums d'histoire naturelle, etc. Un vol. in-80. A Paris, chez l’auteur , au Museum d'histoire naturelle, Jardin des Plantes. Agasse , imprimeur-libraire , rue des Poitevins, n. 18. Maillard , libraire , rue du Pont de Lodi, nr: : + « Mon objet dans cet onvrage , dit l’auteur, est de présenter quelques considérations que je crois nouvelles, qui me parois- sent devoir servir de base pour former une bonne théorie de la terre. j « Je vais en conséquence proposer et essayer de résoudre quatre des problèmes les plus importans. Les voici : « 10, Quelles sont les suites naturelles de l'influence et des mouvemens des eaux sur la surface du globe terrestre ? de. EOMMDEEMISSIT OMR E € NAT UMR ER DELLE 327 « 20, Pourquoi la mer a-t-elle constamment un bassin ct des limites qui la contiennent etla séparent des parties sèches dela surface du globe , toujours en saillie au-dessus d’elle ? « 30. Le bassin des mers a-t-il’ toujours existé où nous le voyons actuellement, ét si l’on trouve des preuves du séjour de la mer dans des lieux où elle n’est plus ; pour quelle cause s’y est-elle trouvée , et pourquoi n'y est elle pas encore ? « 40. Quelle est l'influence des corps vivans sur les matières qui se trouvent à la surface du globe terrestre , et qui compo- sent la croûte dont il est revêtu, et quels sont les résultats gé- néraux de cette influence ?» Il faut lire dans l'ouvrage les idées ingénieuses que propose l’auteur pour la solution de ces diverses questions. Journal du dernier Voyage du citoyen Dolomieu dans Les Alpes , par, T.C. Bruun-Neergaard. Multis ille bonis flebilis occidit, Nulli flebilior quam mihi. S Horar. Un vol. in-8v. À Päris , chez Solvet , libraire, rue dù Coq, n°. 125. . Chez Desenne , libraire au Palais du Tribunat, n°. 2. Chez Surosne, libraire, Galeries de bois , n°. 253. Dolomieu rendu à la liberté, s’empressa d’aller revoir ses chères montagnes, Nous partimes ensemble de Paris, en ther- midor , pour nous rendre dans le ci-devant Mâconais , où ïl fut chez sa sœur , madame de Drée , qu'il aimoit si tendrement. Ce sont les derniers momens que j'ai passés avec lui, momens que je n’oublierai jamais. Son beau-frère Drée étoit en voyage dans cet instant. Dolomieu partit de cet endroit pour aller dans les Alpes. Neergaard le joignit au mont St-Bernard , et l’accom- pagna dans toutes ses courses minéralogiques. Il expose ce qu’ils ont vu. Ce Journal intéresse par conséquent tous les minéra- logistes. « Dolomieu n’est plus !... dit Neergaard : quel coup pour l'histoire naturelle , pour la philosophie minéralogique ; pour la géognosie , et sur-tout pour la science des volcans! Quelle nouvelle pour ceux qui l'ont chéri, et à qui il venoit d’être rendu ! » {ci l’auteur exprime les sentimens de tous les savans et de tous ceux qui ont connu Dolomieu, . Tt2 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE _ Bibliothèque commerciale, ouvrage destiné à répandre les con- noissances relatives au commerce , à la navigation, et aux divers établissemens qui ont l’un et l'autre pour objet; par J. Peuchet, membre du conseil de commerce au ministère de l'Intérieur , et de celui du département de la Seine. Ce premier cahier de 100 pages in-8°. contient une Intro- duction : vues sur le commerce en général. Commerce extérieur: Du commerce de la Baltique et de l’entrepôt de Gothembourg. Marchandises de France portées dans les ports de la Baltique ; marchandises et productions de la Baltique , qui eatrent dans Le commerce de France ; comment les Français peuvent-ils faire * aujourd’hui Le commerce de la Baltique ? Commerce de l'Inde. Compagnie de l’Isle de France ; Mémoire sur le commerce de L'Isle de France et de la Réunion. Commerce intérieur ; Mé- moire sur l’état actuel des fabriques de Lyon. — Culture et commerte de la Garance dans le département du Bas-Rhin. — Commerce du département de Sambre et Meuse. — De la di- plomatie commerciale. Plusieurs souscripteurs ayant témoignéMle desir de jouir de cet ouvrage à des époques plus rapprochées , le public est pré- venu que dorénavant chaque cahier de 100 pages in-8e. sera di- visé en deux livraisons qui seront publiées dans le courant de cha- que mois ; à des distances à-peu-près égales. ù « Le prix de la souscription pour Paris , les départemenset l’étran- ger , est de 21 francs , et l’on recevra , franc de port par la poste , T2 cahiers divisés en 24 livraisons , dont deux chaque mois. On souscritaussi pour 6 cahiers ou 12 livraisons que l’on recevra fran- ches de port, à raison de 2 livraisons chaque mois, pour le prix de 12 francs. La lettre et l’argent doivent être affranchis.On peut aussi , pour éviter les frais , envoyer le prix de la souscription en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris , chez F. Buisson, imprimeur-libraire , rue Hautefeuille, n. 20, et chez tous les libraires et directeurs des postes de France et de l’étranger. La liste des souscripteurs va être imprimée et publiée. On ne sauroit trop multiplier les ouvrages qui répandront dans la nation les connoissances sur le commerce et la navigation. Les lumières de l’auteur, sur ces objets, sont un sûr garant de la ma- nière dont sera fait ce journal. ELTODUHMIS TO DRE -N'AUT URE EL. 39 Traité des constructions rurales , dans lequel on apprend la manière de construire, d’ordonner et de distribuer les habita- tions des champs , les chaumières , les logermens pour'les bes- tiaux, les granges, étables, écuries , laiteries , et autres bâti- inens nécessaires à l’exploitation des terres et à une basse-cour. Ouvrage publié par le Bureau d’agriculture de Londres, et traduit de l’Anglais avec des notes et additions , par C. P. Las- teyrie, membre des sociétés philomatique , d'encouragement pour l'industrie nationale , d'agriculture du département de la Seine, de la société royale patriotique de Stockholm , etc. ‘Un volume in-8°. imprimé sur carré fin et caractères de cicéro neuf ; avec un vol. grand in-4°. renfermant 33 planches grayées en taille-douce par Sellier , et imprimées sur beau Jésus superfin d'Auvergne. Prix 12 francs broché , et 14 francs par la poste , port franc. À paris , chez Buisson , imprimeur-libraire, rue Hautefeuille , n°. 20. « Le Traité dont je donne la traduction , dit Lasteyrie, fait partie des ouvrages sur l’économie rurale publiés dans ces der- nières années par le Bureau d'agriculture de Londres. Les hom- mes éclairés qui dirigent cette utile instruction , ont pensé qu’un bien de campagne ne peut être exploité avec de grands avan- tages qu’autant qu’on y trouve des constructions saines ; com- modes , élevées à peu de frais, et distribuées de manière à faci- liter et accélérer les travaux. Ils ont réuni dans un corps d’ou- vrage les notions acquises sur cette matière par l'expérience des meilleurs agriculteurs anglais. » C’est assez faire sentir l'utilité de cet ouvrage. , Flore des jeunes personnes , ou Lettres élémentaires sur la Botanique , écrites par une Anglaise à son amie , et traduites de V'Anglais par Octave Ségur , élèfe de l’école polytechnique. Un volume in-12 de 250 pages , seconde édition, imprimée sur carré fin de Buges , et caractère neuf ; avec douze planches gravées en taille-douce par Sellier. Prix, 3 francs 60 centimes broché, avec les planches en noir ; avec les planches très-bien enluminées , 7 fr. 5o cent. En papier vélin 7 francs ; idem avec les planches enluminées , 10 francs. Pour recevoir ce volume franc par la poste, on ajoutera 5o centimes. A Paris, chez F. Buisson , imprimeur-libraire , rue Haute- feuille , n°, 20. ta Et chez Donnier , au Jardin des Plantes. Le 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'étude des plantes a tant d'aitraits, et elle inspire dés sen- timens si doux, qu'elle semble faite particulièrement pour le beau sexe. C’est donc un vrai présent qu’on offre aux jeunes personnes que de leur présenter cette Fiore. Aussi la première edition a-t-elle été bientôt épuisée. Celle - ci est encore plus: soignée. Histoire naturelle générale et particulière par Leclerc de Buffon. Nouvelle édition accompagnée de notes, et dans la- quelle les supplémens sont insérés dans le premier texte à la place qui leur convient. L'on y a ajouté l’histoire des quadru- pèdes et des oiseaux découverts depuis la mort de Buffon, célle des reptiles, des poissons , des insectes et des vers ; enfin l'his- toire des plantes dont ce grand naturaliste n’a pas eu le temps de s’occuper. Ouvrage formant un cours complet d'histoire naturelle, ré- digé par C.F. Sonini , membre de plusieurs sociétés savantes. Tomes cinquante-neuvième et soixantième , in-8°. À Paris, de l'imprimerie de Dufart. On souscrit à Paris, chez Dufart, rue des Noyers, et Bertrand, libraire , quai des Augustins , n°. 35. A Rouen #chez Vallée frères, libraires, rue Beffroi , n°. 22. A Strasbourg , chez Levrauit, libraires. A Limoges, chez Bargéas, libraire. À Montpellier, chez Vidal, libraire. Et chez les principaux libraires de l’Europe. Ces deux volumes donnent la suite de l’histoire des oiseaux, Le tome cinquante-neuvième contient la continuation de l’his- toire des pluviers par Buffon. Virey y a ajouté l’histoire du pluvier rougeâtre , celle du petit pluvier à collier des Isles Philippines, celle du pluvier social , du pluvier solitaire, du pluvier de la Nouvelle-Zé- lande , du pluvier noirâtre ; celle da guignard à tête noire et du pluvier à ventre blanc ; celle du pluvier des Isles Falkland et de la Terre de Diemen ; celle des trois pluviers du nord de l’A- sie ; celle du vanneau des Grisons ; celle du pluvier furet d'O- Taïti. Sonini a ajouté l’histoire de l’échasse de Cayenne, celle des variétés de l’huitrier , celle des variétés du courre-vîte , celle des variétés du râle de terre on de genêt, celle du ralo-ma- rouette , celle du râle de la Daourie, du râle de Posega , du râle à gorge et poitrine rougeâtres, du râle rayé à beç noir el picus ED D'HIS'MOIRE NATURELLE. 35i rouges , du râle à cou bleu, du râle noir ; du râle rougeâtre à tête noire , du râle noir pointillé de blanc , du râle à paupières et iris rouges , du râle rougeâtre à bec et pieds cendrés, du râle cendré à queue noire, du râle brun rayé de noir, du râle de la Nouvelle - Zélande ; celle de la variété du petit râle de Cayenne, celle du râle bruyant, celle de la yariété de la grande poule d’eau de Cayenne, de la poule d’eau rousse à frônt bleu, de la poule d’eau à poitrine jaune, celle de la pouie d’eau cen- drée, celle du jacana de l’isle de Luçon, celle du coudey , celle du vuppi-pi, celle du jacana cannelle , celle du theyel, celle du chavaria, ceile du karatina, celle de la poule sultane blan- che , celle du bec à fourreau ; celle des variétés de la foulque , celle de la foulque cendrée, celle de la variëté du phalorope cendré , celle du phalorope à cou jaune, celle du phalorope rayé, celle des variétés du -grèbe à joues grises, celle du grèbe 5 ] à long bec, celle du castagneux des isles Hébrides, celle du harle impérial et du râle à queue fourchue. Le tome soixantième commence par l’histoire du pélican. Sonini a ajouté l’histoire de plusieurs variétés du pélican, et ensuite celle du çormoran pygmée, celle du tingmik , celle du tschegrava , celle de l’hirondelle blanche, celle de l’hirondelle -de mer à dos et aîles bleuâtres, celle de l'Oboumras, de l’hiron- delle de mer rayée , de l’hirondelle à bandeau, de l’hirondelle à couleur plombée , de l’hirondelle à tête et poitrine noire, de l’hirondelle rouge bai , celle du paille-en-queue à bec et pieds noirs , du petit fouquet , celle du goëland à bec varié, “ la mouette rieuse de Sibérie, de la plus petite des mouettes. Ce volume est terminé par un mémoire de J. C. Lapierre sur la ponte des oiseaux, lequel contient des observations intéres- santes sur cet objet, 332 JOURNAL DE RAT DE CHIMIE RE PER 2" CORRE LA PURA BORNE DES ARTICLES CONTENUS DANS. CK CAHIER. . Réflexions sur les comtes, par G. A. Deluc. Page 253 Observations sur les vents, faites vers la montagne Noire en Languedoc , par J. 4. Clos, médecin , professeur de botanique au collége de Sorèze. 259 No:ices sur quelques nouvelles cristallisations des granits de la montagne Noire, par l'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées , AE dans le département du Tarn ; Membre de plusieurs Sociétés savantes. 267 Lettre sur quelques expériences faites avec l'appareil électrique à colonne, écrite par Le docteur Joachim Carradori , de Prato en Toscane , au cit. J. Senebier , bibliothécaire de Genève. 274 Mémoire d'anatomie végétale, lu à la chasse des sciences de l’Institut, par le citoyen Mirbel. . - . 279 Description de larseniate de cuivre et de fer, par le comte de: Bournon. 299 Extrait d’une observation lue à l’Institut, par B. G. Sage, directeur de la première Ecole des Mines. © 312 Observations météorologiques. 314 Lettre du cit. Clos à J.-C: Delamétherie. 316 Extrait d’un mémoire lu à lPiInstitur, sur l’amalgame natif d'argent, par Louis Cordier. 317 Note sur le boracite , par le citoyen Vauquelin. 318 Note sur une nouvelle comète. Id. Extrait d’une lettre de B...x à J.-C. Delamétherie. 319 Blanchiment instantané et sans feu du sel marin gris à l’usage domestique , par le citoyen Pajot Descharmes. 320 Notice sur le columbium, par Charles Hatehet. 321 Extrait d’une lettre du professeur Proust à J.-C. Dela- métherie. 323 Nouvelles littéraires. 324 : 6o 7.771. a — * J2 17. We Journal de L’hyvique.. Germinal An 10 EEE — JOURNAL DE PHYSIQUE, DE 'CHIMIÉ ET D'HISTOIRE NATURELLE. PL O RÉ A L 42% "0: BELLE TRE De J.-F. Daugursson a J.-C. DEëLAMETRERIE, SAUMR QUELQUES POINTS DE MINÉRALOGIE. Dans ce moment l'attention de presque tous les minéralogistes de l’Europe est fixée sur l’ouvrage que le cit. Haüy vient de pu- blier. Cet ouvrage diffère absolument de tous ceux que l’on avoit écrits sur la minéralogie : une méthode toute nouvelle por- tant l'empreinte de la précision et de la certitude géométrique, l'exactitude des observations de l’auteur , la délicatesse de ses expériences sur les minéraux, la justesse de ses raisonnemens , l'élégance de son style ; voilà qui ne pouvoit manquer de donner le plus grand intérêt à ce nouveau traité de minéralogie. J'ai déja entendu faire un grand nombre de comparaisons entre la mé- thode qui y est erposée et celle qui est due à M. Werner. Peut-être les réflexions , à ce sujet , d’une personne qui étudie à l’école de Freiberg, pourront trouver place dans votre in- téressant Journal : au reste , je ne prétends point n'ériger en juge entre les deux plus grands minéralogistes de notre tems. Non noslrum , « + « + + . tantas componere lites. Tome LIY. FLOREAL an 10. My 334 HOURNENL DEL P HV AS ONE, DE ICIHINNIE Werner de son côté rend au cit. Haïüy toute la justice qui lui est due ; et certainement le minéralogiste français ne man- quera pas d’en faire autant, dès qu'il aura une vraie con- noïssance des travaux minéralogiques du professeur de Frei- berg. x Une comparaison entre les deux méthodes est déplacée et ne peut même avoir lieu : car on ne peut comparer que des choses de même espèce. Or le but de Werner et celui de Haïüy , ainsi que l'exécution diffèrent essentiellement. Un mot à ce sujet, Werner, comme vous le savez, a divisé la minéralogie en plusieurs branches, qui sont chacune l’objet d’une considéra- tion particulière. 11 donne à Freiberg des cours d’orictognosie _et de géognosie ( géologie ) : si dans ces cours, il puise dans les autres branches , c’est pour rendre complet ce qu’il a à dire sur celles dont il s’est plus spécialement occupé. L'oric- tognosie est même la seule sur laquelle ses élèves aient publié des ouvrages, ainsi ce n’est que sur celle-ci que toute com- paraïison peut tomber. Quel est donc le but de WVerner dans son orictognosie ? C'est de donner des moyens suffisans , mais simples et faciles dans leur application , pour reconnoître les divers minéraux par le secours zmmédiat de nos sens. C’est au milieu des mon- tagnes, dans lPintérieur des mines que Werner, ayant besoin de distinguer et caractériser des minéraux, sentit l’insuffi- sance des méthodes déja existantes, qu’il conçat la sienne, ou plutôt que la néceisité la lui suggéra et la lui dicta. C’est à des mineurs, à des gens des montagnes ( Berglente) disent les Allemands, qu’il a dû , et doit encore apprendre à reconnoître les minéraux , objets de leurs travaux ou de leurs observations. Or, pour remplir ce but , il falloit que sa méthode donnât des moyens simples et faciles de distinguer sur-le-champ les minéraux ; il ne falloit penser, ni à des analyses, ni à des opé- rations longues et délicates : c’est au minéralogiste Ja s'occupe de la géologie, de la géographie minéralogique qu’il appartient de décider jusqu’à quel point elle remplit son objet ; c’est prin- cipalement pour lui qu’elle a été faite. Elle devoit employer sur-tout les caractères que nos sens, sans intermède , trouvent dans les minéraux ; caractères que l’on à nommés très- im- proprement caractères extérieurs. Ce nom n’exprime que bien imparfaitement l’idée que Werner attache à cette dénomina- tion : elle comprend non-seulement tout ce qui constitue le L2 PVR DL AH SPT OT RAEINPACTAULRE FOD/PNF: 335 Jacies d'un minéral, mais encore tous les détails de sa struc- ture mécanique , de sa cassure , de ses pièces séparées ; la forme primitive de Haïüy est même comprise sous cette déno- mination , elle porte le nom de fragment régulier de la cas- sure : Werner fait déja mention de cette forme dans sou pe- tit Traité des caractères extérieurs, publié il y a près de 50 ans. Au reste , il seroit injuste de juger des connuissances ©C- tuelles de M. Werner par ce traité, production de sa première jeunesse ; il n'avoit guère plus de 22 ans lorsqu'il le ce Les changemens que Werner a faits depuis à sa méthode descriptive sont très - considérables. Par exemple ; dans toute cassure lamelleuse il considère le sens de lames, que nous ap- pelons clivage , et il distingue ; 10. le nombre de ces clivages ; 2°, leur perfection (plus ou moins nets); 3%. l’angle qu’ils for- ment entr’eux, et par conséquent la forme du fragment (forme primitive ) qui en résulte ; 4°. leur position par rapport aux faces des cristaux : il est vrai qu’il ne fait mention de cette posi- tion que dans les cas où étant très - distincte elle peut servir à faire reconnoître les minéraux ; et uniquement pour la cris- tallisation principale de l'espèce. Ainsi, par le mot caractères extérieurs, NVerner désigne les mêmes caractères que Haüy a nommés caractères physiques ( l'électricité exceptée. ) Dans la détermination des particularités du clivage et de la grandeur des angles des cristaux , il ne fait pas usage de cette exactitude et précision géométrique que l’on trouve dans le Traité de Haüy : il acs'gne la grandeur des angles en se cou- tentant de dire , qu’ils sont srès- aigus, aigus ; peu aigus, droits , peu obtus , obtus, très obtus : parce que, à quelques petites exceptions près, cela lui suffit pour atteindre son but, qui est de donner du minéral une idée aussi exacte qu'il est nécessaire pour le faire reconnoître. Si quelquefois il lui ar- rive de déterminer , à l’aide du goniomètre , le nombre de degrés des angles , il les met entre parenthèses , à côté de la déter- mination verbale. Il en est de même de sa méthode de décrire les cristaux ; certainement cette description n'aura jamais l’exactitude d’une figure faite d’après toutes les rèples du dessin géométral , dans laquelle on voit d'un coup-d'œil la forme , la grandeur , et la position respective de toutes les faces. Cctte manière ( ainsi que les modèles ) de représenter les cristanx est la plus exacte , et même la seule parfaite : mais il en faloit encore une autre à l'observateur qui parcourt un pays pour en faire la descrip- V v 2 836 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tion minéralogique, et qui doit communiquer ses observations aux autres. Dans un rapport, dans une lettre , il peut, en employant la méthode descriptive de Werner , en donner une description assez exacte pour qu’on puisse à la simple lecture s’en former une idée suffisante pour en reconnqître un sem- blable. Âu reste, en attachant une grande importance aux carac- tères extérieurs (en prenant ce mot dans l'acception indiquée plus haut), Werner se garde bien de donner l'exclusion aux autres : il Îes rapporte dans ses descriptions orictognostiques Ê toutes les fois qu'ils donnent un moyen de reconnoître un mi- néral : il en recommande l’usage; sur-tout lorsqu'on veut sou- mettre un minéral à un examen particulier ; e& que l’applica- tion des caractères extérieurs laïsse quelque doute sur sa na- ture : il les regarde comme devant être employés conjointe- ment avec les autres toutes les fois qu’il s’agit de déterminer et de classer une nouvelle espèce. Comme les autres minéralo- gistes, il dit : « Le Aornstein et le feldspath compacte sont quelquefois très difficiles à distinguer d'après leurs caractères extérieurs , mais le premier est infusible au chalumeau ; le second ( petrosilex de Dolomieu ) y fond aisément en un émail blanc ; un des caractères des calcaires est de faire efferves- cence avec l’acide nitrique ; lorsqu'on dissout du tungsthène dans l’acide muriatique , l'acide tungsthique se précipite et paroît d’un beau jaune de citron : les minéraiïs de cuivre co- lorent en bleu l’ammoniaque , etc. etc. Après avoir dit quel étoit le but que Werner s’est proposé dans son orictognosie, il me faudroit parler des moyens d’exé- cution qu’il a employés ; mais je ne puis mieux faire que de renvoyer , à ce sujet, à l’ouvrage publié d’après les principes du minéralogiste saxon , par le cit. Brochant : le détail des caractères extérieurs y diffère , il est vrai, en quelques en- droits des descriptions faites en dernier lieu par Werner ; soit que ce savant y ait fait depuis peu quelques changemens , soit qu'Emerling , et autres auteurs des ouvrages où a puise le cit. Brochant , se soient permis quelques changemens et additions qui ont quelquefois fortement altéré les productions de leur inaître. La manière dont l'éditeur français a su démèêler et ré- voquer en doute une grande partie de ces changemens fait éga- lement honneur à :ses connoiïssances et à son discernement ; et Werner même dit, que dans aucun écrit, il n’a trouvé ses propres sentimens mieux exposés que dans ce traité de minc- ET D'HISTOIRE NATURELLE 337 ralogie, Nous en attendons le second volume avec impatience. Cependant pour donner une idée de la méthode dernièrement employée par Werner pour décrire les minéraux, je joins ici la description du diamant, telle qu’il l’a faite cette année dans son cours public d’orictoonosie. Maïs qu'on veuille bien se rap- peler que cette science n’est qu’une partie de la minéralogie ; et que la connoissance des autres, de la chimie-minérale , de la géologie , de la géographie-minéralogique , etc. , est encore nécessaire pour un minéralogiste parfait. Il faudroit avoir étudié , plus à fond que je n’ai encore pu le faire, le Traité de minéralogie du cit. Haïüy , pour pouvoir dire quel en est le but principal et sur-tout pour être à même de porter un jugement raisonné sur ce savant ouvrage. J’avois com- mencé à en étudier la partie géométrique ; j’avois été frappé de la simplicité et de la fertilité de la méthode des décroisse- mens : je ne pouvois lui refuser mon admiration : avec quelle facilité on déduit d’une supposition ( la superposition des lames de molécules sur la forme primitive ) déja frès-vraisemblable , toutes les formes que présente la série des termes de la cristal- lisation d’une espèce ; même celles qui paroïssent avoir le moins de rapport avec cette forme primitive , telle est par exemple le métastique du spath calcaire ! Les conséquences que l’on tire de cette supposition , à l’aide des combinaisons infaillibles de la géométrie, étant d’accord avec les résultats de l’obser- vation , me paroissent lui donner tout le degré de certitude que l’on peut desirer en histoire naturelle. J'ai été obligé à regret d'interrompre cette étude ; le plaisir qu’elle me faisoit, s’emparant de mon esprit, auroit fini par en bannir des objeis moins attrayans , moins satisfaisans , mais dont j'étois forcé de m'occuper : je la reprendrai, dès que je n'aurai plus à consulter que mon goût dans le choix de mes occupations. Il m’a paru qu’un des objets principaux du cit. Haüy étoit de faire une application de sa méthode des décroissemens aux cristallisations de tous les minéraux ; d’assigner la corrélation entre les formes extérieures de tous les cristaux de la même espèce avec une forme primitive ; de faire servir cette forme primitive à la détermination des espèces , de chercher et de pré- ciser, autant que possible, toutes les différences essentielles entre Îes minéraux, et peu lui importoit que les moyens qu’il employoit pour cet objet , exigeassent des opérations délicates, pourvu qu’ils lui indiquassent de vraies différences, et pussen! par là, en bien distinguant les espèces ; venir à l’appui de sa méthode: 338 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la certitude, la précision dans les résultats, voilà te qu'il cher- choit. Tout le reste , dans son ouvrage , quelque intéres- sant qu'il puisse être, ne m'a paru qu’accessoire. On voit donc combien le but que ce savant s’est proposé diffère de celui de Werner : et combien peu un parallèle rigoureux , une compa- raison exacte peut avoir lieu entre leurs travaux ; quoiqu'ils aient la même science pour objet , ils doivent être considérés sous des points de vue différens. Quant à leur mérite intrin- sèque , il ne m’appartient d’en juger , ni à moi, ni à ceux qui, n'étant pas minéralogistes consommés , n’en ont pas une con- noissance parfaite. Au reste, il me paroît que Haüy a complettement atteint le but que je puis lui supposer. J'ai déja dit, combien je trou- vois simple et ingénieuse sa manière de déduire toutes les formes cristallines que présente ou peut présenter une espèce ; et com- bien je la croyois fondée dans la nature, Certainement il a une grande supériorité sur l'observateur le plus exact , qui auroit scçupuleusement décrit toutes les formes cristallines que nous connoissons ; sa sagacité l’a porté au-delà de l'enveloppe ; et l'ayant fait pénétrer dans le secret de la structure des cristaux, elle lui a appris quelle étoit la raison de cette diversité de formes. Si je puis m’exprimer ainsi , je dirai que la forme primitive dans les cristallisations d’une espèce, est la raison de La série ou le module du systéme de ces cristallisations ; par son moyen, on peut en former tous les termes, tant ceux que nous connois- sons déja , que ceux que nous pourrons connoître par la suite. i à l'avenir , nous conservons les expressions Zroncatures , bi- sellemens , pointemens , en décrivant les cristallisations , et même en les déduisant les unes des autres, c’est uniquement parce que cette méthode , quoique fictive et point du tout fondée dans la nature comme celle de Haüy , fait image et qu’elle peint à l'i- magination ce que nous voulons lui représenter. Dans les minéraux où Haüy a trouvé réellement une forme rimitive , la suite des cristallisations est d’un grand intérêt pour É minéralogiste : dans ceux où il J'a supposée , la supposition et la suite qu'il en déduit n’en font pas moins honneur à sa sagacité, Quant à l'usage de la forme primitive pour la détermination des espèces, je crois qu'il n'y a personne, pour peu qu'il ait quelques connoïssances sur la nature des minéraux , qui ne s’em- presse d'adopter cette conséquence que Haüy tire avec autant de justesse que de modestie : « Tout ce que je prétends inférer de ET D'HISTOIRE N ATIUR/E MIE. 35y cette discussion, c'est que le caractère tiré de la structure doit occuper un rang très-distingué parmi ceux qui servent à faire le triage , parini les corps originaires d’une même espèce. Il-a sans doute ses côtés obscurs, et il est des circonstances où il disparoît: Mais par-tout où il se montre, c’est un trait de lu- mière auquel on ne doit point fermer les yeux.» Longtemps avant que l'ouvrage de Haüy eût paru, je disois à Freiberg : « Je con- viens que tous les minéraux qui ont une même forme primitive ne peuvent être placés dans la même espèce ; mais convenez aussi que tous ceux qui ont des formes primitives (clivages ) différentes appartiennent à des espèces différentes ; » et je n'ai trouvé personne qui ait soutenu lescontraire. Ainsi la zéolite cubique ou analcime doit être séparée de la zéolite , c’est l'a- pinion de Werner : si j’avois eu occasion de voir et de recon- noître les clivages de la mésotype ; je dirois de même qu'il faut la séparer de la stilbite. Le clivage-on sens des lames étant le caractère le plus essen- tiel et le plus distinctif des minéraux , quoique élève de l’école wernérienne , je n’en dois pas moins dire que Haüy a rendu un service signalé à la minéralogie en le déterminant avec pius d’exactitude et de précision que personne ; et parmi les consé- quences de sa méthode de déduire les cristallisations de la forme primitive, une des plus intéressantes est de présenter, dans chacun des termes d’une suite de cristallisations , la position-des clivages par rapport aux diverses faces du cristal. Un des points où Werner et Haüy paroissent le plus différer, e’est dans le nombre des espèces qu'ils admettent dans le règne minéral ; mais encore"ci cette différence est plus apparenté que réelle ; elle vient principalement de ce que ces deux minéralo- gistes ne donnent pas la même acception ou la même étendue à la dénomination espèce. Le citoyen Haüy a réuni dans l’espèce quartz les Lornstein, les silex , les calcédoines , etc. Werner au contraire en a fait des espèces séparées ; mais il n’en a pas moins vu les rapports qui existoient entr’elles ; il les a réunies dans une division particulière qu’il a nommée /amille ou tribu: ainsi la calcédoine , dans le système du citoyen Haüy , est dans l'espèce du quartz ; dans celui de Werner , elle est dans la n du quartz. La différence est plutôt dans le nom que dans la réalité. Il semble que le citoyen Haïy. a traité avec une prédilection particulière les minéraux qui, par leur structmie et leur nature, lui permettoient l’application de son ingénieuse® méthode , et étoient propres à lui donner des résultats aussi exacts que satis- 540 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faisans. Il n’a pas entièrement négligé les autres, mais ils lui oïfroient beaucoup de vague ; et il vouloit dans son livre des résultats positifs et qui fussent marqués au coin de la précision. Il faut convenir qu’il y a bien réussi, et qu'il n’existe pas encore un livre de minéralogie où les résultats de cette espèce soient en aussi grand nombre. Werner de son côté a cru devoir décrire et donner les moyens de reconnoître tous les corps du règne minéral ; non qu'il veuille caractériser absolument jusqu'aux plus petits fragmens des mi- néraux, et qu’il veuille les ériger en espèces ; mais tous ceux qui se trouvent en grandes masses dans la nature, et qui portent quelques caractères qui les distinguent les uns des autres, il a fallu les soumettre à un examen , et leur donner des noms par- ticuliers qui les distinguassent. Mais, dira-t-on , une grande partie des masses minérales ne présente pas un caractère précis qui puisse servir à les caractériser ; on ne peut rien dire de positif sur leur nature, ni donner une règle fixe et certaine pour les reconnoître. A cela je répondrai : que l’œil exercé de l’obser- vateur sait bien les distinguer les unes des autres; que considé- rées avec attention , elles présentent quelques caractères qui sont particuliers à chacune d'elles ; que si un caractère seul ne suffit pas , il faut en réunir plusieurs ; qu’il est vraiment à regretter que les caractèrestque l’on peut employer dans ces cas, n'aient pas la certitude et la précision de ceux que présentent les cris- taux ; mais n’en ayant pas d’autres il faut en faire usage. Car en- fin ces masses sont des minéraux , elles sont une des parties constituantes dela masse solide de notre globe ; et quoique au’ premier coup-d’œil elles ne paroïssent présenter rien de distinct et n'être que des jeux de la nature, cependant on ne peut mé- connoître une certaine loi que la nt ire s’est prescrite dans leur formation. Pour n’en citer qu’un seul exemple , le X/ingstein de Werner a été trouvé dans l'Amérique , formant des masses de montagnes , des sommités semblables à celles que l’on voit en Bohême, en Silésie , en Ecosse, dans le Vélai, etc. ; c’étoit par- tout la même pierre , par-tout placée de la même manière , par- HN dem une forme semblable, et présentant les mêmes ca- ractères : ainsi cela suffit, le £/ngstein doit avoir un nom parti- culier qui le distingue des autres pierres. Il faut en donner ane description particulière qui puisse, autant que possible, servir à le faire reconnoître ; et qu’ensuite on dise que c’est une espèce ou une sow$-espèce ; c’est ce qu'il y a de moins important. De même le minéralogiste qui aura vu le cristal de roche et le silex touiours ET D'HISTOIRE NATURELLE. 341 toujours différens, le premier transparent , presque toujours cristallisé , incolore , etc., et le second presque opaque, ne pré- sentant aucun indice de cristallisation, n’ayant que peu ou même point d'éclat, d’une couleur sombre ; et sur-tout qui aura presque toujours vu le premier dans des filors , ou dans des terreins le plus souvent primitifs, et le second dans des terrèins secondai- res, et même tertiaires, dans des lits de craie ; ce minéralogiste demandera, dis-je , un nom , une description différente pour ces deux espèces de minéraux. Vainement lui dira-t-on que l'analyse chimique n’a découvert que de la silice dans leur composition, et qu'ainsi ils doivent être réunis en une même espèce; il pourra dire , la silice peut être la seule partie constituante essentielle des deux minéraux ; mais peut-être ces particules siliceuses sont jointes d’une manière plus intime dans un de ces minéraux que dans l’autre ; peut-être y éprouvent-elles une modification par- ticulière; et le fait est que les deux minéraux sont différens dans les caractères qu’ils me présentent , et que la nature les a placés dans des gissemens absolument différens. Ainsi en rédigeant le tableau des minéraux que nous connoissons , il faut que chacun d’eux y occupe une place particulière. Pourquoi n’en seroît-il pas de même de l’opale , qui est certainement un produit de la nature bien différent de tous les autres, etc. , etc. ? Si parce que deux espèces minérales ont quelques rapports , on les réunit, on les confond sous xin même nom, dit le célèbre Saussure , bientôt tout le règne minéral ne présentera qu’un seul nom et qu’une seule espèce. Ce minéralogiste sentoit le besoin de désigner par des noms particuliers une infinité de substances minérales qui s'étoient présentées à ses observations , et qu'il ne trouvoit pas dans les descriptions des minéralogistes des temps antérieurs. Au reste, le reproche de Saussure ne peut nullement concerner le citoyen Haïüy, qui peut au contraire dire : c’est moi qui ai posé la borne que l’on ne peut plus dépasser dans la réduction des espèces minérales, Je dirai même plus : j'ai trop de confiance dans la logique du citoyen Haüy, j'ai trop de défé- rence pour les conclusions qu'il peut tirer, pour que je ne croye pas que , d’après le point de vue sous lequel il'a envisagé la mi- néralogie, il n’ait dù faire les réductions qu’il a faites. Cepen- dant il n’en est pas moins vrai que ce n’est qu’à regret que le minéralogiste qui vient d'observer la nature , qui vient de consi- dérer ces grandes masses, ces pièces principales de la charpente de notre globe, en entrant dans nos cabinets y retronve à peine des échantillons de ces substances qui viennent de fixer toute Tome LIV. FLORÉAL an 10. X x 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE son attention ; elles sont éclipsées par un étalage de minéraux que la naiure avoit comme relégués dans un petit coin du monde , et que je pourrois appeler les infiniment petits de la minéralopie. Quoique le minéralogiste , l’orictognoste sur-tout, ne doive s'occuper que de la qualité sans avoir égard à la quan- tité ; faisons cependant en sorte que le naturaliste ne soit pas étranger dans nos cabinets d'histoire naturelle. Les cristaux , a-t-on dit , sont les fleurs de minéraux ; maïs les vastes forêts doivent être comptées pour quelque chose. L'on me dira ici que ces masses minérales, qui composent la partie solide de notre globe, sont des mélanges , et qu’elles sont particulièrement l’objet des considérations du géologue. Je l'ai dit moi-même dans le mémoire sur la classification des minéraux d’après Wemmer ; mais il faut que je développe ici ce que j’aurois dû faire dans ce mémoire. Les minéraux, objets de la classifi- cation orictognostique, doivent être mécaniquement simples ; aussi les mélanges en sont exclus. Cependant lorsque les parties mélangées sont si petites que l'œil ne peut les discerner , et que leur ensemble présente une masse homogène, le minéral rentre alors dans de domaine de l’orictognosie ; la prase n’est qu’un mélange intime de quartz et de rayonnante , l’héliotrope est une calcédoine imprégnée de chlorite , etc. ; malgré cela Werner les admet dans son système orictognostique. Ainsi les schistes , les argiles , les marnes, quelques cornéennes (ornblende ; Lorn- blende-schieffer) doivent s’y trouver également. Je sais que ces masses passant souvent les unes dansles autres, étant chimiquement ou mécaniquement composées de parties constituantes en proportions très-sujettes à varier , ne peuvent être classées ayec la même précision que les cristaux ; mais enfin ce sont des substances minérales , elles doivent avoir leur place dans le système minéral , et la difficulté de leur assigner celle qui leur convient, prouve que l’étude de la minéralogie est moins simple qu’on pourroit le croire d’abord , et qu’on ne peut deve- nir minéralogiste qu'après avoir observé et.obseryé avec soin un bien grand nombre de minéraux. Au reste, les cristaux eux- mêmes ne sont pas exempts de ces variations qu'éprouvent les masses amorphes. Ordinairement ce sont eux qui nous présentent l'espèce dans sa pureté comme dans sa perfection ; mais quel- quefois , sans changer de forme, la masse du cristal éprouve de grands changemens: je n'en cite qu’un exemple pris dans le spath calcaire. Nous avons ce minéral sous la forme du rhombe primitif, presqu'uniquement composé de carbonate de chaux ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 513 nous l'avons, toujours sous la même forme , mais contenant un quart d’oxide de manganèse et un quart d’oxide defer, c’est le nte sn calcaire ; enfin nous l’avons contenant près d’une moitié de fer; de sorte que du spath calcaire le plus pur jusqu’à la mine spathique , nous avons un passage non interrompu. Je ine félicite d'avoir été presque toujours du même avis que le ct. Haüy, et il est malheureux pour moi de ne l'avoir pas été au sujet des passages d’une espèce à l'autre. Je conçois , dit ce Savant, pag. 243, tom. III , que les granits, les gneis ,etc., les mélanges peuvent passer de l’an à l’autre ; maïs il n’en est pas de rc E des espèces proprement dites ; « si malheureusement il-en étoit ainsi, nous n’aurions plus que des séries de nuances ; la minéralogie deviendroit une sorte de dédale.où l’on ne se re- connoîtroit plus, et tout seroit plein de passages qui ne mene- roient à rien. » En exposant la doctrine de Werner sur la clas- sification des minérais (Journal de Physique, frimaire an 10), J'ai au contraire, $ 7 et 15, très-expréssement parlé des passages d une espèce à l’autre ; et même, par un tableau, j'ai cherché à représenter la chaîne ou l'arbre que forment les passages immé- diats et médiats d’une espèce à plusieurs espèces. Pour ne pas discuter sur des mots, je vais fixer le sens que j’attache au mot Passage où transition. Haü y croit qu'il peut y avoir une transition d’un mélange mécanique à un autre ; pourquoi n’y en auroit- il pas d’un mélange chimique à un autre mélange chimique, c'est- à-dire d’un minéral homogène à un autre minéral homogène ? Dans nos laboratoires nous combinons à volonté l’or et l’argent en toute sorte de proportions; et le mélange forme une masse entièrement homogène qui a ses caractères particuliers. La na- ture peut en faire et en fait réellement autant. Nous trouvons de l'or pur , de l’or mêlé d’un peu d’argent ; la quantité relative de ce dernier métal augmentant successivement par degrés, nous finissons par avoir l’argent pur : or, comme je lai dit dans le mémoire cité, ce n’est que dans les deux extrêmes de la série que les espèces sont bien décidéinent distinctes ; ces deux extrè- mes forment deux espèces, etje dirai avec le citoyen Haüy , que de l'or pur à l'argent pur il y a un saut brusque. Maïs ces inter- médiaires que l’on trouve fréquemment , et qui ont leurs carac- tères particuliers, qui ne sont ni de Mor ni de l'argent, il fant en donner une description particulière pour qu’on puisse les re- connoitre, lorsqu'ils se présenteront à nos regards; et je pourra! même dire très-rigoureusement, entre l'or et l'argent nous avon une suite non interrompue de nuances; ou ce qui revient ai. Xx 2 344 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE même , dans le règne minéral nous avons par l'or argentifère’et l'argent aurifère une transition de l’or à l'argent. Dans les mines de Freiberg, presque toutes les pyrites martiales contiennent un peu de cuivre ; lorsque dans ces pyrites la quantité de cuivre augmente , la dureté diminue , la couleur se charge de vert et s'approche du jaune de laiton ; enfin on finit par avoir la pyrite cuivreuse la plus pure. Aïnsi de la pyrite martiale à la pyrite cuivreuse, nous avons une suite non interrompue de nuances , une transition parfaite; mais encore je l'ai dit, ce sont les ex- trêmes de la série que l’on doit décrire comme espèces , et puis il faut indiquer par quelles nuances de caractères les espèces passent les unes dans les autres, afin que l’on puisse reconnoître les intermédiaires et savoir ce qu'ils sont lorsqu'ils s’offriront à notre vue : car enfin le minéralogiste a pour but de connoître , autant que possible, tous les produits du règne minéral ; et lors- que le mineur lui demandera, quel est ce minéral qui est un des termes de la série citée ? ilne pourra pas lui répondre, ce n’est rien. À Freiberg l'usage ordinaire est de dire : par exemple ; c’est une pyrite martiale, approchant de la pyrite cuivreuse , ou bien c’est un milieu entre ces deux espèces de pyrites. Les cristaux parti- cipent-ils à ces variations de composition ? une suite d’analyses peut seule nous l’apprendre. Quant à la forme primitive, les py- rites ( surtout la martiale) n’ayant pas une cassure lamelleuse nous ne pouvons que la supposer ; et je crois avoir montré plus haut que le minéral peut subir des modifications sans que cette forme change. : La minéralogie n'est malheureusement pas une science exacte comme la géométrie , tout n’y est pas clair et précis ; le vague tient ici à la nature des choses ; et graces soient rendues au cit. Haüy d'avoir porté la précision dans la partie qui en étoit sus- ceptible. Si cette lettre parvient jusqu’à ce savant estimable , je le prie de m’excuser si je n’ai pas toujours saisi sa façon de pen- ser , et si jai quelquefois manifesté une opinion différente de la sienne. Ecolier en minéralogie , je n’ai pas la prétention de vou- loir disputer d’opinion avec un maître consommé ; vraisembla- blement j'aurai tort au jugement d’un tiers. Incessamment j'irai lui demander des leçons , et je les écouterai avec la prévention la plus favorable : c’est à l’école de Werner où j'ai puisé ces sentimenss ET'DHISTOIRE NATURELLE. 335 MÉMOIRE SHEUTER QUELQUES NOUVEAUX GENRES DE MOLLUSQUES ET DE WERS:LITHOPHAGES, EXT SUR LA FACULTÉ QU'ONT CES ANIMAUX DE PERCER LES ROCHERS ; Lu à l’Institut National, le 26 ventose an 10 ; Par le cit. FreurtrAu-BELLEVUEz, Plusieurs genres de mollusques et de vers habitent l’intérieur des rochers des côtes de la Rochelle et les criblent de tant de mil- lions de trous qu’ils semblent les dévorer. L’un d’eux sert aussi de nourriture aux hommes et jouit d’une propriété singulière , celle d’être éminemment phosphorique. Ces faits ont excité depuis longtems la curiosité des natura- listes ; mais ils ont différé entre eux sur la question de savoir si la pholade (pho/us dactylus appelée dail à la Rochelle ) se logeoit dans les vases de la mer , qui se pétrifioient ensuite, ou si elle perçoit réellement les pierres, comme le dail-moule de la Méditerranée (datte de mer , #ytilus lithopagus Lin.) modiole lithophage de La Marck. Réaumnur et Lafaille ont été de la première opinion au sujet des pholades du pays d’Aunis. Ils ont dit ( et Valmont de Bo- mare le répète d’après eux) qu'on ne trouve point de jeunes dails dans la anche , mais seulement dans la glaire qui s’est pétrifiée après que l’aniwal y a pris son développement. 346 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE La minéralogie étoit si peu avancée dans leur temps qu’on admettoit sans beaucoup d'examen cette conversion rapide des vases de la mer en pierre dure. C'étoit alors, dans beaucoup de cas l'explication d'usage. | Le fait est que cette conversion n’a point lieu. Si cela étoit nos ports seroient bientôt comblés, ou du moins semés d’écueils. Les pholades quelque petites qu’elles soient percent la pierre calcaire , appelée anche dans ce pays; j'ai eu plusieurs fois l’oc- casion de m’en convaincre ; cette pierre est à la vérité plus ten- dre dans l’eau qu’à l'air libre, mais souvent il faut encore de forts marteaux pour la rompre. Et ce qui d’ailleurs résout péremptoi- rement la qmestion sur la manière dont élle s'est formée , c’est qu’elle contient grand nombre de fossiles qui appartiennent à l’aneienue révolution du globe. Les modiolés percent le marbre, les pholades attaquent quel- quefois des pierres moins dures ; toutes ont à-peu-près la même faculté ; ce fait me paroît donc suffisamment éclairci. Mais est-ce par le mouvement de leurs coquilles ou seulement à Vaide d’une liqueur dissolvante que ces animaux, ainsi que tous les autres lithopages, parviennent à s’introduire dans les rochers ? où bien emploient - ils ces deux moyens à - lois’, comme quelques auteurs l'ont soupçonné , sans donner aucun fait à l’appui de cette opinion ? et quelle est cette liqueur dis- solvante ? Ces questions ne sont point résolues et méritent peut-être quel- qu'attention. Quatre sortes de mollusques testacés et deux sortes de vers les uns inconnus, les autrès presque ignorés , pour n'avoir pas été suffisamment décrits, et qui tous pénètrent et vivent dans l’intérieur des rochers des côtes de la Rochelle, m'ont fourni des données qui pourront jeter quelque jour sur l’objet dont il s’agit. Ces mollusques se distinguent singulièrement des autres par la forme de leurs coquilles et sur - tout par leurs habitudes , comme vous pouvez vous en convaincre en jetant les yéux sur celles que je vous présente. Je commencerai donc par les décrire et les classer : leur his- toire servira ensuite de réponse aux questions que je viens de proposer. Ces coquilles sont Divalyes et équivalres : elles ont encore cela de commun d’être toutes d’un Le gris où jaunâtré. La première ( qui a trois centimètres de longueur et qui est ET D'HISTOIRE NATURELLE; 347 la plus abondante , mais cependant beaucoup moins que la pho- lade) me paroît devoir constituer un genre nouveau : il sera composé de deux espèces ; l’une , fut désignée par Lafaille dans les mémoires de l’académie de la Rochelle, sous le nom très- vague de came ronde sur l'un de ses côtés et allongée sur l’au- tre , et n’a point été citée dans les divers traités de conchy- liologie, parce qu'il se contenta d’en décrire l’extérieur et en négligea une partie des caractères génériques ( 1 ). La deuxième espèce sera la vénus lithophage de Retz qui, d’après mème l’exacte description qu’il en donne , ne devoit pas être com- prise parmi les vénus , mais former un nouveau genre. Ces deux espèces ont de très-grands rapports ; je les réunirai donc en un seul genre , que je placeraï à la suité des pétricoles de La Marck et auquel je propose de donner le nom de 7z- Pellaire. Je prends ce nom de 7vpella la Rochelle , pour dé- signer tout-à-la-fois la nature de la demeure de ces animaux, dans des rochers , et l’un des lieux où l’on peut en trouver un grand nombre. PREMIER GENRE. Ruperraire, Rupellaria aura pour caractères Coquille transverse ; inéquilatérale ; bâillante ; extrémité an- térieure comprimée et postérieure bombée. Deux dents cardi- nales crochues sur chaque valve , une simple et l’autre bifide, alternant, Lisgament extérieur. Deux impressions musculaires. Premiere espece. Rzupellaire striée. Coq. ovale; bâillante et striée à sa seule partie antérieure et à bords unis. Sorte de came de Lafaille ; mém. de l’académie de la Ro- chelle , tom. 2. pag. 61 (pl. 2. lett. G. ) LA A 3 Pénètre et demeure dans les rochers des côtes de la Ro- chelle et de la Méditerranée. (1) Lafaille dit dans son intéressant mémoire sur les Pholades, qu'il trouva cette coquille avec deux autreset la datte de mer, .dans.une pierre qu'il fit vemit de la Méditerranée , et que M. Seignelte de l’académie de £a Rochelle retrouva ensuite la première sur les côtes du pays d’Aunis. Il donne pour règle générale que les coquilles qui vivent dans le sein des pierres, sont inéquilatérales. . 348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dsevxreme espece: Rupellaire réticulée. Coq. ovale; inéga- lement réticulée ; bâillante aux deux extrémités , et à bords intérieurs légèrement denteles. Vénus lithophaga de Retz in act. acad. Taurin. vol. 3. p. 11. Pénètre et demeure dans les rochers des côtes de Livourne. J'observe à l'égard de cette dernière espèce que le citoyen La Marck a fait un genre sous le nom de pétricole auquel con- vient parfaitement la coquille qui lui en a donné l’idée et qui existe dans sa collection ; mais qu'il a cru devoir y comprendre la lithophaga de Retz qu’il n’avoit pas sous les yeux. À peine a-t-il revu sa description et la rupellaire striée , qu’il a reconnu que cette prétendue vénus ne pouvoit appartenir qu'au genre où Die à placée , qu’ainsi elle doit être ôtée du genre pé- tricole. DEUXIÈME GÉNRE. J'ai trouvé sur les mêmes côtes une autre sorte de coquille Jithophage qui est beaucoup plus rare que la précédente , et qui paroït nouvelle. Elle a 10 à 12 millimètres de longueur. Je pense d’après l'avis du cit. La Marck qu’elle doit former an genre entre les wyes et les g/ycimères. Je l’appellerai Ruprcorr. Il aura pour caractères Coquille transverse ; inéquilatérale ; un peu bâillante aux denx extrémités. Sans dents , ni callosités ; une fossette semi-lunaire en saillie intérieure sur chaque valve accompagnant le liga- ment cardinal. Premiere rspece. Rtzpicole concentrigue, Coquille ovale plus ou moins bombée ; à stries concentriques. Pénètre et demeure dans les rochers des côtes de la Ro- chelle. TROISIÈME GENRE. » J'ai vu dansle même lieu une troisième sorte de lithophage qui n’y avoit pas encore été apperçue, et qui avoit été désignée par Lafaille sous le nom très - vague de came tronquée, d’un côté et fort allongée sur l'autre. W l'avoit observée dans des pierres qu’il fit venir de la Méditerranée ; il n’en donna point les carac- tères génériques. : d } Cette ET D'HISTOIRE NATURELLEL. 349 Cette coquille , qui a de 1 à 3 centimètres de longueur, a des traits et des habitudes qui lui sont propres; cependant comme elle a presque toujours trois dents sur chaque valve, ou ne peut guère la séparer des vénus. Il me paroît qu'elle doit oc- Cuper , dans ce genre, une place entre la decu/lata et la vir- ginea. Je désignerai cette espèce sous le nom de . L VÉNUS SAXATILF. Elle aura pour caractères Coquille allongée ; très-inéquilatérale ; un peu anguleuse an- térieurement ; à stries transversales , plus saillantes à la partie antérieure ; bâillante ; tantôt plate , tantôt bombée ; à dents car- dinales éomprimées. ONUPFANT RIVE M ENGLE N'R°FE; Les mêmes pierres renferment une autre coquille, de 2 à 3 centimètres de longueur , dont les valves, un peu contournées et dépourvues de dents , ressemblent aux petites valves des fis- tulanes , ce qui nécessite la formation d’un nouveau geure. Je l’appellerai . SA EI CR ANNE Il aura pour caractères Coquille transverse ; inéquilatérale ; bâillante ; sans dents , ni callosités , ni fossettes. Ligament extérieur. Pacmiere espece. Saxicave striée. Coquille allongée; assez plate ; à stries grossières , plus fortes à la partie antérieure. Perce les rochers des côtes de la Rochelle. Je comimnencerai l’histoire de, ces animaux par deux observa- tions. La première ; que les pholades et probablement tous les li- thophages s’attachent ordinairement aux rochers mêmes ; et que, bien qu'il s’en trouve plusieurs sur des corps isolés , on doit présumer que c’est par erreur qu’ils les ont attaqués, Car il faut essentiellement que l’orifice de leurs trous reste ouvert pour qu’ils subsistent ; le renversement du corps où ils se sont introduits suffit pour les anéantir. J’ai cru en conséquence devoir prendre pour radical des noms qui les désignent les mots r7pes ou PeHRE » plutôt que ceux qui rappelleroïent l’idée d’une pierre isolée. Tome LI. GERMINAL an 10. Yy 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La scconde ; qu'il manque aux descriptions que je viens de donner, comme à la plupart des coquilles connues, celles plus importantes des animaux qui les habitent. Le temps ne m’a pas suffi pour trouver ces mollusques ; ils ne s’établissent , ainsi que les pholades , que dans la partie du rivage qui se découvre aux grandes marées. Je n’ai fait ces recherches qu’au mois de frimaire dernier ; je n'ai pu examiner que les fragmens de ro- chers que les flots ont lancés au-dessus de ce niveau et dont les animaux étoient déja décomposés. Néanmoins leurs coquilles bien conservées et les traces de leur industrie nous offrent encore suffisamment d'observations pour mériter d'être citées (1).* : É Ces animaux percent la même pierre calcaire appelée barche où se trouvent les pholades. Ils attaquent même des fragmens de marbre épars sur le rivage ; et comme celle-ci ils se creusent une demeure au fond de laquelle ils prennent tout leur accroisse- inent et dont ils ne peuvent jamais sortir. Cette cavité a la forme de la coquille ; à peine a-t-elle 2 à 3 millimètres de plus en pro- fondeur. Il résulte de là que leur trompe, s'ils en ontune,( comme cela est probable) doit être proportionnellement plus courte que celle de la pholade. L’orifice de cette cavité est oblongue dans ces divers genres , tandis que celui du trou de la pholade est rond. Ce qui donne un moyen de les reconnoître au premier abord. Ce dernier animal s'enfonce presque verticalement : les pre- miers au contraire suivent toutes sortes de directions: d’où ré- sulte qu’ils empiètent souvent sur le terrein de leurs voisins ; alors le plus actif perce la coquille de l’autre : ce dernier ne pouvant fuir est contraint de souffrir cette injure ; on en trouve plusieurs , spécialement parmi les rpellaires , qui portent ainsi les marques de l’usurpation de ceux qui les avoisinent. Un caractère distingue particulièrement l'ouvrage de ces mol- lusques de celui de la pholade. Gelle-ci se meut HiBnement dans sa cavité ; elle pent tourner sur elle-même et par là donner lien de penser qu’elle creuse sa demeure à l’aide des aspérités de sa coquille : mais les autres la remplissent si exactement qu'il n'existe guère qu’un demi-millimètre entre leurs coquilles et les (1) Je ne donne point les figures de ces coquilles, parce que deux sont déja gravées dans les ouvrages de Lafaille et de Retz, et que je laisse les deux au- tres aux citoyens Lamarck et de Roissy qui pourront les-communiquer à ceux qui voudront publier un nouveau Traité de conchyliologie. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 351 parois de cette cavité. On voit de plus dans celle de la 7zpel/aire une sorte de crête de sillon de la pierre qui remplit le vide qui existe entre ses deux crochets et qui se continue dans l’espace où ses valves s’entr'ouvrent ; en sorte que cette cavité repré- sente exactement l’empreinte de la presque totalité de la co- quille, ce qui exclut toute idée de la possibilité d’un mouve- ment, soit de rotation , soit de vibration à l’aide duquel cet animal auroit pu limer la pierre pour s'y introduire. Ce fait m’a conduit à quelques réflexions sur le moyen qu’em- ploient tous les mollusques en général pour pénétrer dans le sein des pierres. , J'ai remarqué que les coquilles dont il est question sont min- ces et délicates ; qu’elles n’ont aucune pointe ; qu’elles sont seu- lement striées et que même la partie postérieure de la rzpel- laire étoit absolument lisse , qu’il en étoit à-peu-près de même du modiole lithophage ( datte de mer ) et que cependant ce ne seroit que par cette partie que ces animaux pourroient appro- fondir leur trou s’ils le creusent réellement à l’aide de leur co- quille. D'un autre côté, ils percent les coquilles voisines, ils percent le marbre qui est encore plus dur ; et de même qu’on ne voit aucune des pointes de la coquille de la pholade qui soit émoussée , on ne trouve point non plus sur la surface de celles-ci le moindre indice des effets du frottement. On ne peut donc expliquer ce mystère par l’action mécanique des coquilles contre les corps durs ; on est forcé de recouxir à celle d’une liqueur corrosive , qui du moins les amollisse. Ce dernier moyen devient encore plus vraisemblable si l’on con- sidère que différens vers parviennent aussi à s’introduire dans les pierres. Celle appelée banche que je mets sous vos yeux et qui renferme les pholades et les quatre genres que j'ai cités, est éga- lement criblée de trous qui prouvent évidemment que des ani- maux dénués de coquilles y pénêtrent avec autant de facilité que ceux qui en ont. Ces vers ne paroissent munis d'aucune espèce de corps durs qui pourroit leur en donner le moyen. Rien ne prouve mieux ce me semble que le test des mollusques qui percent les pierres n’est point l'instrument essentiel à l’aide duquel ils parviennent à s’yintroduire; qu’il ne leur sert tout au plus qu'à diviser et à chasser de bas en haut le limon produit par la dissolution de la pierre. On dira peut-être que, s’ils la corrodent par une humeur âcre ou une sorte d'acide , cette humeur doit attaquer aussi leur pro- pre coquille, puisqu'elle n’est composée que de ES cal- y 2 352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE caire avec très peu de gélatine ? A cela je répondrai que faisant déborder leur pied et leur manteau entre leur coquille et la pierre, et les vaisseaux qui contiennent cette liqueur ne la versant qu’au gré de l'animal, ceux-ci ne doivent s'ouvrir que du côté opposé à cette même coquille. On ne voit point les animaux qui portent un venin quelconque le laisser réagir sur leur propre substance. J'observe enfin qu’on peut juger par la forme des plaies que les rzpellaires se font entre elles, de l'existence de cette humeur corrosive et de sa grande prépondérance sur l’action mécanique. Ces plaies sont telles qu’un dissolvant les produiroit ; elles sont le plus souvent irrégulières dans leurs contours et dans leur pro- fondeur ; ce qui n’auroit point lieu si elles eussent été formées par le simple frottement ; dans ce cas , elles’ présenteroient né- cessairement une concavité régulière. Il y a plus : on voit souvent une membräne cornée au fond de ces plaies ; soit qu’elle existe naturellement entre les couches de la coquille ou plutôt qu’elle soit le résidu gélatineux de la partie dissoute ou bien que l'animal attaqué l’y établisse pour se dé- fendre : quoi qu’il en soit, cette membrane arrête l’action de l’a- gresseur ; le trou qu’il a commencé ne s'étend point au-delà. Or , cette membrane est certainement bien plus tendre que la co- quille elle-même ; mais elle est d’une nature sur laquelle l’hu- meur corrosive n'a pas de prise : donc cette humeur est le prin- cipalmoyen mis à la disposition de ces animaux pour percer les corps solides. Maïs quel est ce dissolvant? Ici nous entrons dans le domaine de la chimie, et les faits deviennent plus rares et plus compliqués. Je ne puis cependant me défendre de suivre cette recherche, parce qu’il me reste encore quelques observations qui, si elles sont insuffisantes pour faire connoître la nature de ce fluide, peuvent du moins en faciliter la décou’erte-et servir À l'his- toire de ces animaux. Je ferai d'abord remarquer que les pholades, presque toute l'année , sont baignées dans leurs cavités par un limon extrême- ment noir , qui se distingue facilement des vases de la mer, et qui parole produit de quelque humeur de l’animal mêlée à une terre très-fine, ( celle probablement qui fournit la demi-dissolution de la pierre). ( # " Que cette liqueur est si active qu’elle pénètre à un centimètre de distance de leur cavité , dans les pierres tendres , et les teint en bleu; qu’il en est de même du contour des cavits des mol- ET DHISTOIRE NATURELLE. 353 lusqnes que je viens de décrire et des deux sortes de vers dont je parlerai ci-après. F D'un autre côté on ne voit point les lithophages attaquer les pierres de corne , les schistes argileux , les ardoises , les sul- fates de chaux et quantité d’autres pierres plus tendres ou d’une égale dureté à ‘celles où on les trouve ; quand ils attaquent une pierre, c’est toujours à la chaux carbonatée qu'ils s'attachent. La pierre de hanche où l'on voit ceux ci en contient ordinai- rement 0,94. Ne doit-on pas présumer de cette observation qu'ils ne percent ceîte pierre que parce qu’ils ont réellement la faculté de la dissoudre ou du moins d’en séparer la terre de sa combinaison. je > Il s’agit maintenant de savoir si c’est à l'aide d’un alkali ou d’un acide qu’ils parviennent à en dégager l’acide carbonique. La couleur noire de la liqueur qui les environne feroit présu- mer la présence d’un alkali, et d’un autre côté la décomposi- tion du sel marin pourroit le fournir en abondance. Mais les alkalis ont si peu de force en général pour enlever l'acide car- bonique à la chaux que l’action d’un acide devient plus -probable que la leur. . Parmi les acides qui peuvent remplir cette condition, j'indi- querai, non pas un acide complet qui détruiroit infailliblement l’organisation de l’atimal , mais un acide inco plet. Je m’arrè- terai particulièrement à l'acide phosphoreux qui est capable de dissoudre et à plus forte raison de ramollir la pierre calcaire. Je l'indique parce qu'il a plus d’affinité aveo la chaux que les acides sulfureux , nitreux, boraciques et carboniques ; et d'un autre côté, parce que cet acide répand une lumière brillante sem- blable à celle des pholades et des modioles lithophages. On se rappellera que ces animaux jouissent d’une prérogative qui n'appartient qu'à un très - petit nombre de mollusques, celle de répandre une lumière phosphorique durant plusieurs mois de l’année et seulement pendant leur vie , tandis que les autres n’en donnent que lorsqu'ils sont corrompus. Cette lu- mière n’est point due à une disposition électrique , puisque les liqueurs qu'ils laissent échapper de toutes les parties de leur corps ont la même propriéte ; ce n’est point non plus un pyro- phore (1). On ne peut donc présumer qu'elle est produite par (1) Les pholades ne donnent aucune lumière en hiver, mème en les expo- sant à la chaleur d’un poële ; le principe de leur phosphorescence. ou n’existe donc pas constimment chez eux, ou diffère de celui du vers luisant, lampyris 35% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'acide phosphoreux. Et par suite , que cet acide, dont ces ani- maux paroissent abondamment pourvus , leur donne la faculté de creuser lés pierres. , Dans ce cas on trouvera peut-être des indices de phosphate de chaux dans le limon noir et dans la partie bleue de la pierre qui est voisine de leurs cavités. Mais on ne doit faire cet essai qu'en été et sur des pierres qui n’auroient pas été exposées aux injures de l’air. Ce sont des expériences qu’il faut tenter. Il: faudroit encore s'assurer, pour donner plus de force à cette opinion, que les animaux dont j'ai parlé sont phospho- riques comme,la pholadeset la modiole, ce qui me paroît assez probable et mérite d’être constaté. La saison ne m’a point permis de vérifier ces faits ni celui de l’état acide ou alkalin du limon noir, ce que son mélange avec l’eau de mer rendra toujours fort difficile à déterminer. ; C’en est assez sur un article où les données nous manquent. I me suffira d’avoir fourni quelques idées plausibles suf cette question ; d’avoir décrit des animaux dont l'industrie méritoit l'attention des naturalistes , et d’avoir démontré qu'un dissol- vant est indispensable pour expliquer leur introduction dans les rochers. Je finis en récapitulant le nombre de mollusques et de vers qui, de concert avec la mer qui les nourrit , travaillent sans cesse à la destruction de nos côtes. On trouve : 1°. La pholade‘dactyle , pholas dactylus, Tän. 20. La rupellaire striée , rpellaria striata. 30. La rupicole concentrique , rzpicola. 4°. La vénus saxatile, venus saxatilis. bo. La saxicave striée , saxicava striata. 60. Un ver très-plat et d'un millimètre à-peu-près de largeur à en juger du moins par la forme des trous qu’on trouve dans la pierre ; ces trous, qui sont souvent étranglés dans leur milieu, n’ont guère que 5 à 6 millimètres de profondeur, maïs sont si multipliés qu’ils donnent à la pierre l’apparence d’un crible. J'ai supposé qu'ils doivent leur existence à un ver plutôt qu’à un mollusque conchylifère ou à un crustacé , parce que je n’ai pu y trouver aucun reste d’enveloppe calcaire ou crustacée ; qu'ils splendidula; car j'étois parvenu à faire briller celui-ci dans un'temps froid , en le soumettant à une forte chaleur ; je ressuscitois aussi sa lumüére à volonté. E TM'D'HISTOIRE NA DURELLE, 355 sont d’un égal diamètre dans toute leur longueur, tandis que ceux des mollusques s’élargissent toujours en s’approfondissant , et parce qu'ils ont ces rapports de forme avec les trous où j'ai trouyé le ver suivant. 7°. Enfin. Un ver rond transparent de plus d’un millimètre de grosseur sur 7 à 8 de longueur, que je n’ai vu que desséché. Ses trous, qui sont cylindriques, serpentent de plusieurs cen- timètres dans l’intérieur de la pierre. Quelquefois deux ou trois de ces animaux travaillent parallèlement et côte à côte les uns des autres , d’où résuitent des rudimens de cloïsons entre leurs trous. ]ls font pénétrer à plusieurs millimètres de distance la liqueur noire dont j'ai parlé ; ils percent facilement le marbre le plus dur ; et sont beaucoup moins nombreux que les vers plats (1). ; Telle est l’histoire des mollusques et des vers rongeurs des côtes de la Rochelle qu’un petit nombre de courses m’ont fait apper- cevoir. Je ne donte pas que de nouvelles recherches n’en fissent découvrir d’autres ; je me propose de les entreprendre dès que j'en aurai la possibilité. EX do AR AE ET DES OBSERVATIONS LUES A L'INSTITUT NATIONAL, Par B. G. Sace, directeur de la première Ecole des Mines. Ayant eu dessein: de répéter les expériences par lesquelles Klaproth, Tassaert ef Hauy ont déterminé que le cobalt et le nikel étoient susceptibles de prendre les propriétés magnétiques, j'ai procédé à l’affinage de ces substances demi-métalliques par (1) Je viens de voir dans un marbre gris, veiné de blanc , qui paroît venir de la Méditerranée ; la modiole lithophage avec la rupellaire striée et de longues traces en forme de boyaux, qui annoncent l’ouvrage d’un ver semblable à celui- ci, mais deux fois plus gros ; enfin une espèce d’arche striée , à crochets rap- prochés et d’un centimètre de longueur. L’onifice du trou de la modiole et ce ren lui-même sont oblongs; elle ne tourne donc pas sur elle-même pour le ormer. 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les moyens que je vais décrire ; moyens à l’aide desquels j'ai extrait du cobalt, l’arsenic, le fer, le bismuth ct l'argent, subs- tances avec lesquelles il.se trouve presque toujours combiné. * Après avoir dégagé par la torréfaction , l’arsenic de la mino de cobalt d’un gris-blanchâtre , j'ai mêlé du charbon en poudre avec l’oxide ou chaux brunâtre qui restoit dans le test, je l'ai torréfié une seconde fois afin d’en dégager l'acide arsenical. J'ai ensuite mêlé cet oxide de cobalt avec deux parties de flux vitreux (1), et un+peu de charbon pulvérisé : J'ai fondu ce mélange , et j'ai obtenu un culot de cobalt que j'ai refondu avec du borax ; après ces deux fusions le cobalt offroit un grain homogène quoiqu'il contint du fer, du bismuth (2), et sur-tout de l'argent dans le rapport de près d’un quart: J'ai pulvérisé ce cobalt , je l’ai mêlé avec parties égales de sel aimmoniac, je l'ai soumis à la distillation , il s’est dégagé de l’alkali volatil caustique , äl s’est ensuite sublimé dans le col de la cornue du sel ainmoniac coloré en jaune par un peu de fer ; la portion qui s’est subliméo ensuite avoit une teinte de vert-pâle , couleur qui est due à du cobalt. La cornue ayant été tenue rouge pendant une heure , il s’est sublimé du sel, ou muriate de bismuth , en cristaux blancs feuilletés. Ce sel, mis dans de l’eau distillée, s’y décompose et la rend laiteuse. J'ai mêlé le muriatede cobalt, qui restoit dans la cornue avec du sel ammoniac. J'ai procédé à la distillation : le sel am- moniac qui s’ést sublimé , ne contenoit ni fer, ni muriate de bismuth, et étoit coloré en vert-tendre par un peu de cobalt. J'ai fondu le sel ou muriate de cobalt qui restoit dans la cornue, avec parties égales de flux noir , et un cinquantième de charbon pulvérisé , j'ai trouvé dans ce flux alkalin , le cobalt et l'argent qui étoient accolés sans adhérence , ce qui annonce des pesanteurs spécifiques à-peu-près égales. (3) C'est ce cobalt purifié que j'ai employé pour-reconnoître s’il étoit, susceptible de prendre des poles pour l’aimant,, et afin d’en être bien assuré , j'ai prié"notre collègue Coulomb qui est si familier avec ces expériences , d’avoir la complaisance de me diriger ; je lui ai porté des lingots de cobalt et de nikel purifiés. (1) Composé de parties égales de verre blanc et d’alkal fixe., (2) Sice demi-métal est dans le rapport d’un tiers, il enchatonne, et serlit le culot de cobalt. : * (3) Jai purifié le nikel du fer qu'il contenoit , par les sublimations avec le sel ammmomac, et Je l’ai réduit en le fondant avec le flux noir. 1 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 Il chercha à les aimanter ; mais comme ils n’indiquoient pas d’une manière satisfaisante , il m'invita à les couler en lames minces , ce que je fis; elles s’aimantèrent facilement , suspendues avec une soie simple ; elles indiquèrent parfaitement les poles. Ces faits confirment que ces deux substances demi-métalliques ont, ainsi que le fer, la faculté de retenir le fluide magnétique engagé dans leurs pores. Eine A NL E co DES PHÉNOMÈNES ELECTRIQUES, QUI NE PAROISSENT PAS S'ACCORDER AVEC LA THÉORIE DES DEUX FLUIDES, Lu à la Société philomathique, le 3 floréal an 10 , Par le cit. Tremsny, Ingénieur des Mines. L'étude de l'électricité a donné lieu à diverses hypothèses ‘ qui se sont multipliées avec d'autant plus de facilité , que la science à laquelle elles se rapportoient , offroit continuellement de nouveaux faits. Mais la plupart des théories , qui ont été imaginées pour rendre raison des phénomènes électriques , n’é- tant appuyées sur aucune expérience décisive , n’ont eu qu’une existence passagère. Maintenant la théorie des deux fluides et celle de l'électricité positive et négative , peuvent être consi- dérées comme les seules qui partagent encore les savans. La première de ces théories, dont l’idée est due à Dufay, a l’ayantage sur toutes celles qui lui ont été opposées tour-à- tour , d'expliquer d’une manière simple et plausible, la plus grande partie des phénomènes électriques. Dufay fut le pre- mier en France, qui, S'occupa avec succès de l’électricité , non- seulement il découvrit un grand nombre de faits dignes d’at- tention , mais encore, parmi tous les phénomènes qui étoient À sa connoissance , et qui ( comme il le dit lui-même) sem- bloient n'être soumis à aucune loi constante , il parvint à dis- Tome LIV. FLOREAL an 10. 2 Z 558 JOURNAL .DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tinguer ceux qui, par leur généralité , devoient servir comme de clef à la thcorie de l'électricité (1). La théorie de Dufay , aujourd’hui adoptée, avec quelques modifications, par plusieurs savans distingués , fut peu de temps après sa naissance presqu’entièrement abandonnée des électri- ciens. C’est un de ces exemples qui prouvent que les sciences, quoïqu'elles paroïissent marcher vers leur perfection, peuvent quelquefois, non-seulement devenir stationnaires, inais encore se rapprocher, pour ainsi dire , du point d’où elles sont parties. Dufay avoit en quelque façon devancé les connoissances de son temps , en sorte que sa théorie donnoit lieu à plusieurs objections auxquelles 11 paroissoit alors très - difficile de ré- poudre. “Au licu) de’ cherchér à perfectionner tcétte théorie , afin de la faire cadrer avec les expériences qui lui étoient opposées , on eut recours, à de. nouvelles hypothèses pour expliquer les phénomènes électriques. Franklin trouva que selon toute appa- rence , les deux électricités de Dufay dépendoient d’un même fluide ; suivant lui , l'électricité vitrée , consistoit dans une sur- abondance de matière électrique, et l'électricité résineuse étoit produite par un défaut de cette même matière. Franklin en présentant ainsi sous un point de vue tout nouveau l’idée de Dufay, «en fit une application très-heureuse à l’expérience de la bouteille de Leyde, dont il ramena la décharge à un simple rétablissement d'équilibre. Cette manière mécanique de: conce- voir un fait quiltenoit alors le premier rang parmi les mer- veilles de l'électricité, attira une foule de partisans au philo- sophe de Philadelphie (2). » AEpinus, qui le premier eut l’idée d’appliquer le calcul à l'électricité ; adopta la doctrine de lélectricité positive et né- gative ; etmême la rendit plus rigoureuse. Mais cet habile phy- vLte S\ [e) A sicien ‘en cherchant.à analyser, d’après l'hypothèse d’un seul (1) Dufay attribuoit les phénomenes électriques à l’action de deux espèces d'électricité qu'il regardoit comme essentiellement distinctes par leur nature. Telle étoit , suivant lui, la mamière d’agir de ces électricités , que d’une part, il y avoitrépulsion entre les électricités de même espèce , et que d’une autre part, il y avoit attraction entre les électricités de différentes espèces. Ïl restoit à Dufay à déterminer suivant quelle loi se faisoient les attractions et les répulsions électriques ; mais à cette époque on ne connoissoit pas cet ingé- nieux instrument, qui a servi au citoyen Coulomb à porter la science de lélec- tnicité à un si haut degré de perfection. (2) Hiüy , Lecons de physique aux Ecoles normales. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 559 fluide , les différentes forces qui devoient nécessairement se COm- biner dans la production des phénomènes électriques, « se trouva. entraîné , par la théorie, dans cette étrange conséquence, que sous le point de vue des phénomènes électriques , les molécules de tous les corps se repoussoient(i).» En effet, la supposition d’un fluide unique, dont les molé- cules se repoussént mutuellement et sont attirées par tous les corps connus, donne naissance à plusieurs forces distinctes, qui ne peuvent se faire équilibre , et qui par leur manière d’agir sont telles, que deux corps qui seroient à l’état naturel et qui ne seroient sollicités par aucune force étrangère à l’électricité , devroient tendre l’un vers l’autre. je | La supposition d’une force répulsive entre les molécules pro- pres des corps solides , devient inutile si l’on conçoit « le fluide électrique comme formé par la réunion de deux fluides , dont l’un fait la fonction qu’'AEpinus attribuoit aux molécules des corps. Il répugne beaucoup moins d'admettre une répulsion à distance, entre Îles molécules de deux fluides particuliers, qui comme tous les autres se repoussent déja au contact, qu'entre celles de tous les corps solides de la nature. Les physiciens qui ex- pliquoient tout avec un seul fluide, avoient commencé eux- mêmes à croire que ses molécules se repoussoient aussi, à dis- tance , d’une surface à l’autre de la bouteille de Leyde ; et comme ce que nous appelons actions à distance , n’est propre- ment qu’un fait sur lequel nous appuyons une théorie , sans rechercher la cause qui fournit le point d'appui, il nous suffit que la manière dont nous concevons ce fait puisse s’adapter à no- tre physique , et que toutes nos hypothèses se lient dans notre esprit, comme les véritables causes dont elles nous servent à re- présenter les résultats sont liées dans les desseins de la sagesse suprême (2). » AEpinus , qui ne dissimule pas sa répugnance à se persuader , que la force dont neus venons de parler pût avoir lieu, au- roit sans doute adopté l'hypothèse des deux fluides , si de son temps , la nature des phénomènes électriques eut été mieux con- nue. Mais à cette époque, les moyens d'observation étant peu perfectionnés , les expériences n’avoient pu être faites avec cette précision qui caractérise celles que nous devons au cit. Coulomb, (1) Hauy , Lecons de physique aux Ecoles normales. s (2) Haëy, Lecons de physique aux Ecoles normales. Zz 2 360 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DE CHIMIE et qui sont devenues comme la source des découvertes impor- tantes à l'aide desquelles ce physicien célèbre, « en partant du point où étoit resté Mpinus, a élévé la science à un haut degré de perfection, dans cette belle suite de mémoires où l'on admire l’adrèsse avec laquelle il a su manier également l’expé- rience et le calcul (1). » Tous les phénomènes électriques, à l'exception de quelques-uns seulement , paroissent dépendre de l’action de deux fluides parti- culiers, dont telle est la manière d’agir, que les molécules de chacun se repoussent mutuellement à distance , en raison inverse du carré de cette distance , et attirent celles de l'autre fluide suivant la même loi. Il est essentiel de ne pas confondre les deux fluides dont il est ici question , « ayec les deux courans, l’un de matière ef- fluente , et l’autre de matière affluente, que Nollet avoit ima- ginés pour expliquer les phénomènes électriques. Ces deux cou- ‘rans appartenoïieut à un même fluide, et s’élançoient l’un du conducteur vers les corps environnans , et l’autre de ceux - ci vers le conducteur. 11 y a loin sans doute de ces hypothèses qui employoient des eflluves dont les actions affranchies de toute loi et de toute méthode rigoureuse, ne conduisoient qu’à des explications vagues d’une partie des phénomènes , et étoient prises en défaut par les autres, à ces théories fondées sur des forces dont la mesure est donnée par l'expérience, et gouver- nées dans leur marche par le calcul, qui leur sert à-la-fois de guide et de garant (2). » Nous allous essayer d'appliquer l'hypothèse des deux fluides, à l’explication des phénomènes électriques qui ne paroïssent pas s’accorder avec elle , et qui par la manière dont ils se présen- tent, tendent à faire regarder les électricités vitrée et résineuse, comme une simple modification d’un même fluide. Les expériences que l’on oppose à la théorie dont il s’agit , sont en très - petit nombre ; elles peuvent se réduire aux sui- vantes : Première expérience. Sisur la surface d’un gâteau de résine , on trace divers dessins , en employant l'extrémité d’un conducteur , tantôt électrisé vitreusement ou positivement, et tantôtélectrisé ré- sineusement ou zégativement ; si sur cette surface ainsi électrisée , où (1) Haüy , Traité de minéralogie. (2) Haüy, Lecons de physique aux Ecoles normales. ET D'HISTOIRE NATUREL LE. 362 on laisse tomber une poudre convenablement; disposée (1), les dessins qui deviendront alors apparens , présenteront des ca- ractères qui serpnt particuliers à chaque espèce d'électricité , et qui suivant les Franklinistes, sembleront indiquer d’un oûté, une szrabondance de fluide électrique , et de l’autre, un défaut ou une privation de cz même fluide. Seconde expérience. Lorsqu'un corps conducteur terminé par une pointe , est électrisé vitreusement ou positivement , on ob- serve au sommet de la pointe, une aigrette lumineuse. Sitoutes choses égales d’ailleurs , on substitue à l'électricité vitrée, l’é- lectricité résineuse ou régative , l’aigrette disparoît et est rem- placée par un simple point lumineux. Suivant les partisans de la thétrie de l'électricité positive et négative, l’aigrette annonce la sortie du fluide électrique , du corps électrisé positivement , et le point indique l’entrée du même fluide , dans le corps qui est à l’état négatif. Troisième expérience. Lorsqu'une décharge électrique a lieu, tout le fluide ou toute la matière électrique, paroît constamment sortir du corps électrisé vitreusement ou positivement , pour se porter vers le corps électrisé résineusement ou zégativement. L'appareil , dont les Franklinistes font usage pour déterminer la direction de la matière électrique , consiste en une espèce d’excitateur universel a b c d (2) entre les conducteurs duquel on dispose une carte comme on le voit en # 7. Lorsque cet appareil est mis en expérience, on observe que l’étincelle élec- trique glisse toujours sur la surface de la carte qui est en con- tact avec le conducteur électrisé vitreusement ou positivement. Si par exemple , le conducteur # b est électrisé vîtreusement ou positivement , et le conducteur € 4 résineusement ou zégative- ment , l'étincelle glissera sur la surface à æ de la carte, en for- mant sur cette surface une traînée lumineuse , et il arrivera que la carte sera percée en x , en sorte que du côté de la surface Z c on appercevra , au moment de la décharge, un point lu- mineux à l’extrémité c du conducteur c 4. Ces expériences , qui s'appliquent heureusement à la doctrine de l'électricité positive et négative , paroissent au premier coup- d’œil inexplicables, lorsqu'on fait dépendre les phénomènes élec- (1) Cette poudre doit être composée de deux substances qui , par leur frotte- ment mutuel, soient susceptibles d’atquérir des électricités différentes. (2) La partie H de cette figure représente la projection horisontale de l’appa- reil, el la partie V la projection verticale du même appareil. 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE triques de l’action de deux fluides particuliers. En effet , les molécules qui composent ces fluides étant supposées soumises aux mêmes lois , il semble : . 10, Que les dessins tracés sur la surface d’un gâteau de résine, ou d’uné äutre substance idio - électrique, en employant d’une part, l'électricité vitrée , et de l’autre, l'électricité résineuse , devroient'en tout être semblables. 20. Que les phénomènes qu’on observe au sommet d’une pointe qui termine un corps conducteur électrisé , devroient toujours être les mêmes, quelque soit l’érar électrique du corps. 0. Que lorsqu’une décharge électrique a lieu , les électricités vitrée et résineuse qui s'attirent mutuellement , devroient for- mer sur chaque surface de la carte une srafnée lumineuse, et percer la carte, en un point y également distant des extrêmi- tés bet c. Nous pensons qu’il est inutile de rapporter ici un plus grand nombre d’expériences de ce genre, À l’aide d’un raisonnement fort simple, il est facile de concevoir , que tous les phénomènes qu’on peut opposer à la théorie des deux fluides , se réduisent à ceux dans lesquels les électricités virée et résineuse parois- sent avoir des manières différentes d’agir. La matière à laquelle on attribue les phénomènes électri- ques, étant regardée comme composée de deux fluides parti- culiers , on peut dans cette supposition concevoir que tous les corps, considérés relativement à ces fluides , ne jouissent pas des mêmes propriétés. Il est possible que les électricités vîtrée et résineuse soient telles par leur nature , que d’une part, cer- tains corps anélectriques ou conducteurs , aient à leur égard des facultés conductrices différentes , et que d’une autre part, la force coërcitive (1) des corps idia-électriques ou 07 conduc- teurs, varie, suivant que ces corps s'opposentau mouvement des molécules propres à l'électricité vitrée, ou au mouvement de celles propres à l'électricité résineuse. Si par exemple, l’air atmosphérique au milieu duquel les phéno- mènes électriques ont lieu le plus ordinairement , avoit pour l’é- lectricité résineuse , une force coërcitive 22comparablement plus (1) Nous donnons ici le nom de force coërcitive à cette résistance que les corps :dio-électriques ou zon-conducteurs oppôsent comme on sait , au mouvement des molécules: qui sont particulières à chacun des deux fluidés qui, d’après l’hy = pothèse dontil s’agit, sont supposés former par leur réunion le f/uide électrique. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 365 grande, que celle qu’il a pour l'électricité vitrée ,lil seroit alors très-facile d'expliquer les expériences que nons venons de citer. Dans cette circonstance l'électricité résineuse , à cause de la ré- sistance presqu’infinie que l’air opposeroit an mouvement de ses molécules , pourroit être regardée comme inhérente à la surface des corps , d’où il suit , que les choses devroient nécessairement se passer de même , que si les corps électrisés résineusement avoient la propriété d’exercer par eux-mêmes une force attractive sur l'électricité vitrée ou positive; propriété, que les corps à l’é- tat négatif, sont supposés avoir, suivant la théorie de Franklin. Si maintenant , par une cause quelconque , la force coërcitive que nous avons supposée à l'air pour l’électricité-résineuse , pou- voit diminuer de manière à devenir égale à celle qui a lieu our l'électricité vitrée, il arriveroit que les signes qui ont fait regarder l’électricité vitrée comme positive , et l'électricité rési- neuse comme zégative disparoîtroient , en sorte que tous les phé- nomènes sembleroient également dépendre de l’action de deux fluides qui seroient soumis aux mêmes lois. Dans cette nouvelle circonstance, on observeroit une aïgrette lumineuse au sommet de la pointe qui termineroit un corps conducteur qui se trouve- roit électrisé résineusement ou zégativement , et lorsqu'une dé- charge électrique auroit lieu , les électricités vitrée et résineuse aroîtroient se porter l’une vers l’autre. Si les choses étant dans ce dernier état , la force coërcitive de l'air pour l'électricité vitrée seulement , augmentoit de ma- nière à devenir à son tour £zcomparablement plus grande que celle qui, d’après notre précédente supposition , a lieu pour l'électricité résineuse , il est évident , que la matière électrique en agissant au milieu d’une pareille substance, produiroit des phénomènes qui seroient en tout semblables à ceux que nous con- noissons ; mais dans ce cas, l'électricité vitrée ou positive feroit la fonction de électricité résineuse ou zégative,, et réciproque- ment cette dernière espèce d'électricité feroit la fonction qu’on attribue à l’electricité vitrée ou positive ; tous les signes qui, suivant les Franklinistes, caractérisent l'électricité positive, appartiendroient à l'électricité négative, et tous ceux qui, sui- vant les mêmes physiciens , sont propres à l’électricité négative appartiendroient à l'électricité positive. Ainsi, au sommet de la pointe qui termineroit un corps conducteur électrisé vîtreuse- ment ou positivement , On observeroïit un simple point /umi- neux , et lorsque deux corps conducteurs différemment élec- trisés , se trouyeroient placés à une distance convenable l'un de 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’autre , tout le fluide ou toute la matière électrique paroîtroit constamment sortir du corps électrisé résineusement ou zégative- ment ; pour se porter vers le corps électrisé vîitreusement ou positivement. Supposons , que pour une densité donnée , À représente la force coërcitive de l'air atmosphérique pour l'électricité vitrée , et B la force coërcitive de cette même substance pour l'électricité ré- sineuse. Cela posé , il est évident que si la densité de l’air venoit à changer, les forces A et B éprouveroient nécessairement des augmentations ou des diminutions plus ou moins considérables , puisqu'en général ces forces ne peuvent demeurer constantes qu’autant que la substance idio-électrique, au milieu de laquelle on fait agir la matière électrique, conserve son même état. Mais les augmentations ou les diminutions de force , qui dans cette circonstance auroient lieu de partet d'autre , pouvant être sup- postes soumises à des lois particulières à chaque espèce d’élec- tricité, nous avons pensé qu'il seroit possible de trouver une densité telle, qu’il yauroit égalité entre les forces A ct B. Pour parvenir à ce but, nous ayons disposé sous le récipient d’une machine pneumatique l'appareil représenté en H, V, et afin de conserver à l’air de l’intérieur du récipient , une densité susceptible d’exercer des forces coërcitives appréciables , nous avons eu soin de cesser de faire jouer la machine , lorsque le baromètre à indiqué une hauteur de quatorze centimètres en- viron au-dessus du niveau. Les choses étant dans cet état, nous avons mis le conducteur a b en communication avec un corps électrisé vitreusement ou positivement , et en même-temps nous avons fait communiquer le conducteur c d avec un autre corps électrisé résineusement ou zégativement. L'explosion qui s’est faite alors, a occasionné un phenomène très-différent de celui qu’on observe lorsque la décharge électrique a lieu sous la pression ordinaire de l’atmos- phère. Dans cette circonstance particulière, les forces À et B étant devenues , selon toute apparence , sensiblement égales , la carte a été percée en un point y à-peu-près également distant des extrémités & et c, et sur chaque surface de Ja carte, il s’est manifesté une érafnée lumineuse (1). (1) Lorsqu’on répète cette expérience sous une pression encore moins consi- dérable, on parvient’à percer la carte en un point qui se trouve plus éloigné de l'extrémité c que de lextrémité à ; d’où il suit que la plus grande traînée lumi- neuse s'appercoit alors sur la surface de la carte, qui est en contact avec le corps conducteur électrisé résineusement ou mégativement, Nous Ÿ ET D'HISTOIRE NATURELLE, 365 Nous avons ensuite laissé, à différentes reprises , rentrer l’air sous le récipient de la machine , et il est arrivé que les décharges électriques qui ont été à plusieurs fois excitées , ont occasionné pour chaque densité zr trou particulier , ensorte que la partie y æx de la carte a été successivement percée en une suite de points peu distans les uns des autres (1). Il résulte de ces expériences : 10. Que l’air atmosphérique, sous le point de vue des phéno- mènes électriques , doit être considéré comme ayant la propriété d’exercer à-la-fois deux forces coërcitives À et B, qui sont es- sentiellement distinctes, et dont chacune est particulière à l’une des deux espèces d’électricité qu’on suppose entrer dans la compo- sition du fluide électrique. 20. Que sous la pression ordinaire de l’atmosphère , la force B (force coërcitive de l'air pour l’électricité résineuse ) est in- comparablement plus grande que la force A ( force coërcitive de l'air pour l’éectricité vitrée ). 3°. Que les forces À et B, lorsque la densité de l’air varie, croissent ou décroissent , suivant des lois particulières à chacune de ces forces , et telles que pour une certaine densité, ya égalité entre ces mêmes forces. 4°. Que c’est de la différence qui a lieu ordinairement entre les forces A ct B, que dépendent tous les signes , qui ont fait regarder l'électricité vitrée comme positive , et l’électricité rési- neuse comme zégative. D’après tout ce que nous venons de dire il est évident , que si dans l’application de la théorie aux phénomènes électriques , on regarde comme essentiellement distinctes Les forces coërei- zives de l’air pour le fluide électrique , on pourra facilement expliquer toutes les expériences qui ont été jusqu'ici opposées à l'hypothèse des deux fluides ; hypothèse, qui a l'avantage d’é- tablir , relativement aux deux espèces d'électricités, « une parité exacte entre les actions qui produisent des phénomènes que l’ob- (G) Afin d'éviter que l’étincelle ne passe par les trous qui sont déja formés, on dispose l’appareil de manière à pouvoir faire à volonté glisser la carte , sui- vant une direction parallèle à p g. Quelquefoïs la carte est percée en plusieurs points par l'effet d’une même décharge électrique; mais dans ce cas, tous les trous sont toujours tellement disposés, qu'il seroit impossible de dire sur quelle sur- face de la carte,'a été appliqué le conducteur électrisé vitreusement ( positive- ment), ou le conducteur électrisé résineusement { négativement ). Tome LI. FLOREAL an 10. Aaa 566 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE servation nous offre sous des traits si ressemblans (1), et derame- ner tout à des explications dont l’une n’est, pour ainsi dire , que la contr’épreuve de l’autre (2). » Les forces coërcitives des corps non-conducteurs, pour lefluide électrique , ayant été jusqu'ici confondues en une seule force, les physiciens n’ont pas cherché à connoître la résistance que ces corps opposent, dans les mêmes circonstances , au mouve- ment des molécules propres à l'électricité vitrée , et au mouve- ment de celles propres à l'électricité résireuse. Nous sommes portés à croire qu’on trouveroit qu’il existe une grande diversité de rapports entre les forces À et B, si pour toutes les substances idio-électriques ou z201-conductrices | on parvenoit à déterminer d’une manière exacte, la valeur de chacune de ces forces. En terminant ce mémoire , nous croyons devoir observer , que nous ne prétendons pas inférer des expériences que nous venons de rapporter , qu’il existe réellement deux fluides électriques. Notre but a été seulement de faire voir que si quelques phéno- mènes électriques ont paru à plusieurs physiciens plus favora- bles à la théorie de l'électricité positive et négative , qu'à la théorie des deux fluides, c’est que cette dernière n’a pas dans tous les cas été envisagée sous son véritable point de vue. Il nous est indifférent que la nature pour produire les phénomènes élec- triques , mette en action deux fluides particuliers , ou qu’elle se serve de tout autre moyen ; il nous suffit que la théorie que nous adoptons, puisse représenter exactement tous les résultats de l’ex- périence. Au lieu d’avoir recours à une matière éthérée (3), à G) La répulsion des corps que l’on suppose électrisés négativement , a tou- jours été l’écueil de la théorie de l'électricité positive et négative. En effet, comment concevoir que deux corps, qui ont chacun perdu une partie de leur fluide , soient déterminés à s’écarter l’un de l’autre , tandis qu’une surabondance de fluide produit précisément le même effet, Les physiciens qui ont tenté de résoudre cette difficulté , ont en vain eu recours à l’action de l’air ambiant ou des corps environnans. Il y a tout lieu de penser ( ainsi que l’observe très-bien le cit. Hauy , dans ses Leçons aux Ecoles normales ) que lorsqu'on a, par exemple, électrisé. d’une part deux morceaux de résine , et de l’autre deux corps vitreux, à l’aide du frottement, la répulsion mutuelle des premiers et celle des seconds sont des eflets en quelque sorte parallèles , dont 1l faut chercher les causes dans les corps eux-mêmes. k (2) Haüy , Lecons de physique aux Ecoles normales. (3) Euler pensoit que l’électricité n’étoit autre chose qu’un dérangement dans Téquihibre de l’éther. « Cette matière subtile , nommée éther , suffit, dit cet au- teur, pour expliquer très-naturellement tous les effets étranges que l’électricité nous présente, » ( Zuler, Lettres à une princesse d’ Allemagne; tom. II). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 367 des effluves, à des atmosphères , dont les actions sont prises en défaut par la presque totalité des faits, nous supposons « des forces , dont la loi démontrée , à l’aide d’une première observa- tion , sert ensuite à lier étroitement tous les faits entre eux, par les méthodes rigoureuses du calcul; et l’idée des deux fluides dans lesquels nous faisons résider ces forces, idée dont la théorie ourroit absolument se passer , ne sera, si l’on veut , qu’une Ernie propre à aider nos conceptions, en les rapportant à des êtres qui font image, et qui sont , du moins à notre égard, comme s'ils existoient réellement (1).» EXPÉRIENCES Qui prouvent que tous les corps, de quelque nature qu'ils soient , obéissent à l’action magnétique , et que l’on peut même mesurer l'influence de cette action sur les différentes espèces de corps. Par le cit. Couromsz. Extrait de la notice des travaux de la classe des Sciences mathématiques et physiques de l’Institut ; Par le cit DEëLAMBREz. On avoit remarqué depuis longtemps querle platine ; le nikel et quelques autres corps prénoïent un degré sensible°de magnétisme ; mais quelques physiciens n’attribuoïent cette pro- priété qu'à un reste de fer qu’il étoit difficile de séparer , et pensoient qu’en obtenant un degré plus grand de pureté , on parviendroit à faire cesser toute influence du barreau aimanté sur ces Corps. ini 14 Les nouvelles expériences-que le, cit; Coulomb vient. d’ima- giner, et qu’il a répétées devant l’Institut, nous portent à croire, (:) Hauy, Traité de minéralogie. À aa 2 368 JOURNAL NE PHYSIQUE, DB CHIMIE au contraire , que l’action du magnétisme s'étend sur toute la nature, puisque de tous les corps éprouvés jusqu'ici, aucun n’a “encore échappéà linflaence des barreaux aimantés. Mais cette action , quoique réelle , n'a pas la même force dans tous les corps , et dans la plupart elle est nécessairement très-petite , puisqu'elle à pa se dérober jusqu'ici à l'attention des physiciens. 1! falloit dore , pour l'anpercevoir et la mesurer, commencer par donner aux corps qu'on vouloit soumettre à l'expérience une mobilité qui leur permit de céder à l’action même la plus foible. Pour y parvenir , le cit. Coulomb a donné à chacun des corps qu'il'a essayés, la forme d’un cylindre ou d’un petit bar- rean ; et dans cet état , il les a suspendus à un fil de soie, tel qu’il sort du cocon,, :#t les a placés entre les poles opposés de deux barreaux d’acier. Le fil de cocon ne peut guère por- ter qu'un poids de huit à dix grammes sans se rompre 3 il.a donc ‘fallu rétiré)à désidfiierfsions très - petites ‘lés aiguilles formées des différens,conps qu'omwouloit éprouver. Le citoyen , Coulonib leur a donné de sept à huit millimètres de longueur avec trois /quarts Ue Imälifnètie d’épaisscur , et mêine pour les métaux ila fait l'épaisseur.eneore:trôïis fois-hoindre: Pour ces expériences , ‘il plaçoit les barreaux d'acier dans une même ligne droite. Leurs poles opposés étoient éloignés l’un de l’autre de cinq à six millimètres de plus que la lon- gueur de laiguille qui devoit osciller entre eux. Le résultat delexpériente à appris que dé quelque matière que les ai- guilles fussent forméés ; elles se raipeoient toujours exactement suivant la direction des deux barreaux , et que si on les dé- tournoit de cette.-direction; Cependant le sucre candi, le beau sucre blanc , la cassonade sont toujours le même sucre. Ils ne varient que par le mode de cristallisation. Tome LI. FLORÉAL an 10. C cc 382 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les minéraux, ainsi que les autres corps homogènes , le sucre , les résines , les gommes..….. peuvent ensuite être altérés par divers mélanges de parties étrangères. L'espèce ne sera pas changée ; mais elle sera modifiée. Tels sont les divers marbres colorés. Si le mélange des parties hétérogènes est plus considérable , lespèce sera plus ou moins altérée , et quelques-unes de ces qualités seront changées. Ainsi la dolomie, le spath perlé ne font point effervescence avec les acides ; la dolomie est phos- phorescente , est quelquefois flexible , comme les marbres plians.... Enfin si le mélange étoit trop considérable , toutes les qua- lités de l'espèce disparoîtroient comme dans le vert antique. Ce que nous venons de dire de l'espèce pierre calcaire , s’ap- PRE à tous les autres minéraux, et confirme ma définition de espèce minéralogique. Une espèce minéralogique est une substance minérale homo- gène que dans ses plus petites parties, ayant un certain nombre de propriétés constantes, dont quelques-unes n’appar- tiennent qu'à elle. Par consequent un minéral , formé de plusieurs autres miné- raux réunis , n’est point une espèce proprement dite. Les gra- nits, les porphyres , les amygdaloïdes... ne sont pas regardés comme des espèces proprement dites : ce sont cependant des manières constantes d’être de ces minéraux. C’est comme les végétaux sur lesquels croissent des lichens , des guys, des orobanches... ne sont pas confondus avec ces plantes parasites. Le botaniste distingue les uns et les autres. La comparaison n’est pas cependant entièrement exacte; mais elle explique suffisamment les raisons pour lesquelles on ne place point ces pierres aggrégées parmi les espèces proprement dites. Si on vouloit persister à en faire des espèces de pierres ag- grégées , tandis qu’on appelleroit espèces homogènes , celles dont nous avons parlé jusqu'ici, on s’entendroit également. ET 'DAHISTOIRE NATURELLE. 383 EX PR AI TAD'UN ECLE TER E De M. Prarr , Professeur à Kiel , Au Docteur FRrrenLraAnper, à Paris. 1] y a aussi une institution des Sourds-Muets à Kiel. J’ai em- ployé depuis une vingtaine de jours la pile électrique de Volta comme remède dans la surdité. Elle ne produit d’effet que bien lentement ; j'ai cependant observé qu’elle en produit. Les lettres que les sourds-muets entendent peuvent , pour ainsi dire, ser- vir de mesure pour déterminer le degré de leur surdité. Ils en- tendent la lettre à le plutôt, ensuite le c, et enfin l’z. Ils changent souvent l’o en u (ou). Un d'eux entendoit pendant quelques jours oz comme u. À est de toutes les consonnes celle qu’ils entendent la première. Ils parviennent aussi bientôt à entendre ss et c; mais ils n’entendent l’Zet s que bien tard. Ces mêmes phénomènes s’ob- servoient dans plusieurs individus en même temps. — 11 semble cependant que la pile de Volta ne produit qu’une irritation mo- mentanée sur les nerfs de l’ouie pendant le temps qu’on l’em- ploie, et que cette irritation est suivie d’une foiblesse ou d’un relâchement dans les parties. Les malades étoient sourds comme auparavant dès qu’on cessoit de les électriser, car l’effet n’est autre chose que celui qu’on produit avec l’électricité. Je me pro- pose de continuer mes expériences pendant huit semaines au moins, etc. etc. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES BAR LOUVARD, as:ronomec. Le à THERMOMETRE. B A 'RIOME TRE: E CR EE À ra Î | Maximum. | Mrninux. a Mir. Maximum. MINIMUM. A Mint 1à midi. 10,0] matin. ..... io,o |a6hs,. 27. g,17/à7 Lm.. 27. 8,50l27. 8,75 HAE — 9,0 àguis. + 4,5) + 80ià9%s 28. 2,50| à 61m... 28. 0,17\28. 2,50 als. + 6,9 a6m. + 6,3| + 8,9 ,àa7is., 28. 4,35] à 6m... 28. 2,75,28. 3,17 &ä midi. 11,286 m. + 6,7 +u,2jàs. 28. 5,17] à 6 m. . . 28. 4,85/28. 5,17 5à2s. “15,0! à6 Lm. + 5,1| 412,4 | à midi. ... 28. 5,20| à 11 5 8... 28. 4,10/28. 5,20 6àazks. Hi4,ol àGim. + 6,3|—+13,0 | à 64 m.. 28. 5,42là 112 5. . 928: 4,58128. 2,25 ab s 0 0) cle S 01e ma OR 28 4068 ONE Pere 28. 2,17[28. 3,25 Säim. + 8,0 à1os. — 2,0) + 7,4 |à1m... 26. 0,67| à midi. .. 28. 0,35|28. 3,83 gà midi. + 6,4| à 5 5 mt 1,9] + 6,4 |àg9%s... 28. 3,50|à5 £m.. 28. 1,00/28. 1,95 lioàkis. + 7,5/à5im. + o1l+ 7olà4ls... 28. 4,00|à 1 m.... 28. 3,75,28. 4,00 11à2%s —+ 9,0! à4 ls. — 0,7] + 7,8 |à 41m... 28. 2,58 225... 28. 1,17,28. 1,58 la2a2is. 14,4) à 5 Em. + 2,2] 15,8 | à 5 mm... 27.10,80|à 93s.. . 27. 9,42127.10,20 pa3là 2 ls. i5,2|.............| 14218926: 27. 9,go| à 9 m.... 27. 9,83/27. 9,50 dl14à 3s. 15,4) à 5 3 m. + 7,1] 15,2 |à gs. . 27-10,47 à 5 +m... 27. 9,65\27.10,00 Hii5lämidi. —23,6| à 51m. + 7,0] 15,6 |à 255... 28. 0,08] à 55m... 27.11,17|27.11,75 Hl16à3s. —Hio,glä is. —H 7,8 io,4 |à 115... 28. 4,00| à 8 m.... 28. 2,60[28. 3,28 17là 21s. —10,7| ...... ces... -Lio,o |à 8Ëm... 28. 4,50|à 1125... 28. 3,90|28. 4,50 18à3£s. ii, à 5m. -E 4,5 10,6 |[à 5m. .. 28. 3,83là11s. . . 28. 2,55/28. 3,55 ligà 2$s. “+13,8| à 5 m. -k 5,6| 13,4 ,à25s 28. o,70| à 3 m... 928. 2,00|28. 1,25 loola 3s. 10,5 à5%m. — 3,5] +10,5 | à midi 28. 2,08| à 5} m..: 28. 1,54128. 2,08 21là midi. —10,8| ..........2..| 410,3 | à 9m... 28. 0,08 à9Ës. .. 27.11,50|28. 0,08 |292là midi. + 7,3là1s. + 2,0| + 7,3 |à1is... 27.11,00| à 5 m..,. 27.10,98|27.10,67 H|23à midi. + 7,6là11s. “+ 1,6| + 7,6 |à11s. ... 28. 2,40 à Y3m... 27.11,67|27:11,98 dl 24la midi. + 73) a1os. + Do + 7,3 |à1os... 28. 3,75] à midi. . . 28. 3,60|28. 2,70 125 à midi. 12,0 à 5m. — 3,5| 12,0 | à 8 m... 28. 2,50] à 11 s° ... 28. 1,70|28. 2,53 HA 2645s 11,9 à 5m + 5,1| +11,5 | à 11 8.... 268. 1,60] à 10 m.... 28. 0,90/28. 0,93 Hloya3ls. 13,5) ...:........../Hirg à ar Ês... 28. 3,50 à 8 :m.. 28. 2,95,28. 4,00 la8a4 is. —+15,4| à 5m. + 6,0! +15,2 | à 5 m. 28%5,50| à 4Ïs. . 18. 2,75,28. 3,58 Diag 55. “11,2 .............| +105 |à3s 28. 4,08| à 5 m.. .. 28. 3,05|28. 4,98 1 30526. 15,2! à 6 3m. + 4,3) Li4o|àä1im 28. 3,95| à 31m... 28. 2,78,28.13,53 R ÉNC AP EI TULA TION. Plus grande élévation du mercure. . . 28. 5,42 le 6. Moindre élévation du mercure. . . . 27. 8,50 le 1°, Élévation MOYENNE... 28. 0,96. Plus grand degré de chaleur. . . .. —+ 15,4 le 14. Moindre degré de chaleur. . . .. . + o0,1]e 10. Chaleur moyenne. . . .. + 7,7: Nombre de jours beaux. . . . . 17. A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Germiral, an x. HYxce VENTS. A Mir 76,5 | S-O. 57,0 | NO. 71; N-0O. 74,5 | Calme 71,0 || N. 63,0 | EN-E 66,0 Calme 45,0 | N-O. 45,0 4 42,0 | NN-E. 39,5 | N-E. 54,5 | S-F. 61,5 |S. 61,5 | O. 61,0 | O. 64,0 | N. 51,5 \. 49,0 | N. 58,0 | O. 51,0 | O. 58,0 | O. 57,o { ON-0O 51,0 | N-O. se. ION-O 54,0 O. 56,0 | O. 57,0 N. 59,0 | N. 37,0 | N-E. 44,0 | N-0. POINTS LUNAIRES, Dern. Quart. Périgte. Équin. ascend. Nouv. Lune. Prem. Quart. Apogée. Equin.descend. Pleine Lune. VA NOR: ER ATSEST OPNES DE L'ATMOSPHERE. Pluie une parlic de la journée. Ciel en grande partie couvert; pluie le soir. Couvert; léger brouillard le matin , et brum. le soir, Temps couvert et brumeux. Ciel trouble et nuageux ; brouillard le matin. Nuageux dans le jour et trouble, superbe le soir. Beau temps : brouil. épais le man ; nuages le soir. Couvert le matin et nuageux le soir. Couvert par intervalles. Quelques nuages. Id Ciel trouble et nuageux dans le jour. Pluie fine au lever du soleil; quelq. éclaircis par interv. Ciel trouble et nuag. ; beaucoup d’éclairs dans la soirée. Nuageux le matin, pluie et grêle à 2 heures du soir. Quelques éclaircis dans la journée. Ciel nuageux et trouble. Brouillard épais le matin ; superbe l'après-midi. Ciel nuageux. dé Ciel couvert par intervalles; légers nuages. Quelques éclaircis ; pluie fine le soir. Pluie par intervalles, mêlée de grêle. Ciel nuag. le matin ; à 1 heure soir pluie, grèle ef neige. Ciel en partie couvert; beaucoup de vapeurs. Couvert le matin ; nuageux dans la soirée, Id. Ciel nuageux et trouble, Quelques éclaircis par intervalles. Ciel nuageux. Ciel trouble et nuageux. RÉCAPITULATION. Jours dont le vent a soufflé du de couverts . ..... 13 dephel+. 02e 5 deventiel. - 24. 28 de’geléem p.17 nt o de tonnerre ..:..:.. o de brouillard... . … . 4 de neige.. - 1 IN Re éehe a mheereue © 8 . À aber st RO dc one A 2 EN ALMA EE. RTS. à 1 ES DENON TS NEA 1 SES EE n'O ME TRT 1 SOMME VE OR 1 L OS RENE e NÉORNAN ECS ER ERRe 0e ? “ 586 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lo BONES RL AN: DUMBEA PP. OL RTE SURLES TE NTATIVES FAITES DANS LE FILON QUI CONTIENT L'EMERAUDE, PRÉSENTE A la Société d’agriculture et des arts du département de la Haute-Vienne ; Par lecit. F. Arzuaup aîné, l’un de ses membres, Localités. Au sein des granits et dans la partie orientale de la route de Paris à Limoges , s’écoule au nord le ruisseau de Barat qui donne son nom à un petit village sur la grande route au-dessous de Chanteloube, commune de Bessine. Près la rive droite de ce dernier , sur le revers incliné à l’ouest d’une colline couverte de châtaigners , est une carrière de quartz exploitée pour l’entre- tien des routes ; c'est dans cette carrière que j'ai trouvé, avec le cit. Lelièvre , l’émeraude qu’il avoit précédemment rencon- trée sur la route dans les tas amoncelés pour leur entretien. Nature du filon et des roches qui l’accompagnent. Le quartz hyalin compose ce filon qui se dirige sud-est nord- ouest sur une épaisseur d'environ deux mètres. Il est encaissé dans des granits à grandes parties qui varient beaucoup par les proportions de leurs principes , qui généralement sont le feld- spath , le quartz et le mica ; le plus souvent même ces deux dernières substances sont seules ou y dominent. Presque tou- jours lesmicas sont globuleux ; n’importe leur couleur qui tantôt est noire , verdâtre , blanche ou rougeâtre. Cette dernière va- riété ne forme cependant que les parois du filon où elle est à l’état de gneiss compacte. ENS AEETS MIO RTE NN TANTIUNERNEMESE TE 387 Quelquefois encore le mica est en grandes lames sur le quartz, et j'ai reconnu cette variété pour être souvent magnétique, en faisant flotter sur l’eau des fragmens de cette substance (1). J’avois aussi trouvé avec le citoyen Lelièvre , quelques mor- ceaux de granits dans lesquels l’émeraude paroissoit former un des principes constituans , mais je crois m'être assuré depuis , qu’elle ne lui est associée qu’accidentellement , et seulement dans les parties qui forment les parois du filon. Tentatives faites sur l’émeraude. Dans la partie de ce filon , exploitée pour l'entretien de la route , l'émeraude étoit mêlée avec une masse de feldspath en décomposition. Loin d’être belle dans cette association , l’éme- raude est altérée par une surabondance d’argile qui la rend presque toujours opaque , lui donne la cassure terne, incolore, rarement elle est translucide. Elle se trouve quelquefois sous la forme primitive. Après être descendu à environ trois mètres de profondeur , ce bloc se retrécissoit ; l’eau incommodoit les ouvriers , etdépour- vus de tours et ustenciles pour puiser , il a fallu abandonner les travaux dans cette partie sur laquelle je n’ayois que très-peu d’espérance, tant que le feldspath y seroïit le principe dominant, Ayant remarqué au contraire que l’émeraude étoit moins al- térée lorsqu'elle se rencontroit directement avec le quartz; je la recherchoïs dans cette association , et mes conjectures furent bientôt confirmées dans une tentative que je fis à peu de distance sur le même filon. J'avois déja observé que sur les murs du filon, l’éineraude entroit quelquefois dans la composition du granit ou du gneis, et comme cette partie en contenoit en assez grande quantité sur la superficie , je présumois que le filon en renfermoit abondam- ment , et dans cette espérance je le fis attaquer. Après avoir bien découvert le filon, je ne tardai pas à retrou- RE V (1) Presque toutes les parties des lames devenoient aimant en les chauffant au chalumeau. Je n’ai pas déterminé si la direction des poles dépendoit de la situa- tion géologique du mica. Un très-grand nombre de substances minérales sont aussi susceptibles d'acquérir le magnétisme , et les grenats jouissent à un très-haut degré de cette propriété. Je laisse à déterminer au physicien, comment le calorique développe le magné- tisme dans les corps qui, avant (être soumis à son action , n’en donnent aucun signe. 388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE :CHIMIE ver l’'émeraude ; mais à deux mètres environ de profondeur, elle étoit plus homogène , et surpassoit par tous ses caractères tout ce que j'avois précédemment rencontré. Elle forme une masse cristalline assez considérable par la réunion de prismes cannelés qui s’engrènent ensemble , et que l’on peut diviser facilement. Je recueillis les diverses variétés de cette substance , et malheu- reusement je ne pus sauver du marteau destructeur de l'ignorance, qu’un petit nombre de morceaux cristallisés , et je fus obligé de faire cesser les travaux, le propriétaire s'étant imaginé que je lui enlevois des trésors immenses. Variétés de l’émeraude. Forme cristalline. Emeraude prismée : les faces des prismes sont tantôt cannelées , tantôt unies. Je possède des cristaux qui ont depuis un jusqu’à huit pouces de diamètre environ. Dans quel- ques-uns l’émeraude est tronquée perpendiculairement à l’axe du prisme ; maïs il est fort rare de la rencontrer ainsi sous la forme primitive, et ce n’est que lorsque le prisme dans une po- sition horisontale est traversé par une scissure remplie d’argile ; alors le prisme est encore plus transparent ou plus translucide qu’en se rapprochant du centre ; quelquefois même l'extrémité transparente du prisme forme une espèce de croûte très-peu ad- hérente au reste de la masse. Cette forme n'ayant pas été trouvée dans d’autres situations, il paroît qu’elle a été la plus favorable à la cristallisation de l’é- meraude en grandes masses, Emeraude amorphe. Couleurs et transparence. Forme indéterminable. Verdâtre et bleu-verdâtre translucide quelques fragmens transparens susceptibles d’être taillés. (Ces variétés se rapprochent beaucoup du béril ou aigue-marine de Sibérie ). Blanche, laiteuse , translucide ,. (variété inconnue Ja Légèrement enfumée , translucide, (variété inconnue ). Opaque , cassure terne , laïssant appercevoir quelquefois des stries. Ces trois dernières variétés sont très-difficiles À bien distinoner 2 . À . . . o de plusieurs quartz ; il seroit même presque impossible de re- A = me . . . connoître un fragment de cette substance , si l'analyse chimique ne EÎT® D’'HUI S T'O IR E NA TU RE L LIE: 38g ne prononcoit sur la nature de ses principes, ou si elle n'étoit pas observée sur des masses un peu considérables. Mais alors on la distinguera bientôt dans quelqnes parties par ses caractères particuliers , et l’un des plus tranchans sont les stries parallèles aux arêtes du prisme , tandis que dans le quartz elles leur sont perpendiculaires, L’émeraude du Forèz appartient à ces variétés. Exploitation. En continuant des recherches sur ce filon, il est plus que probable qu'on trouvera des morceaux infiniment intéressans par leur cristallisation , leur transparence et leur volume , sur- tout s’il a des fentes et des scissures remplies d’argile comme en Sibérie. L'exploitation sera un peu coûteuse; le toit du filon étant peu élevé au-dessus du ruisseau de Barot , la localité ne permet- tant pas d’établir des galeries d'écoulement, Peau importunera bientôt les ouvriers. Outre les soins minutieux qu’exige une ex- ploitation de ce genre, l’extrait du quartzest très-dispendieux, lorsqu'on le fait au coin et à la masse, ; Ces collines composées de granits qui ne renferment que peu de feldspath , cause de la désunion de ses principes par la dé- composition de ce dernier , sont très-compactes , et ne sont re- couvertes que par une très-petite couche de terre végétale de mauvaise qualité. L'agriculture n’ayant pas éncore paru dans ces malheureuses contrées , la minéralogie n’aura pas la douleur de nuire à ses travaux. Gissement du fer et manganèse phosphaté. C'est dans ce même filon que j'ai retrouvé , avec le citoyen Lelièvre, cette substance nouvelle ; elle formoit une masse asez considérable encaissée dans le quartz qu’elle colore quelquefois. Il est tombé entre mes maïns un morceau garni de cristaux dodécaèdres, que le cit. Lelièvre a reconnu pour du grenat. Lépidolite. Quoique j'aie beaucoup recherché le lieu d’où elle a été ex- traite , je n’ai encore pu le rencontrer. Tome LIY. FLOREAL an 10. D dd 390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RÉFLEXIONS Sur l'affinité ou les degrés de tendance à la combinaison qu'ont eu entr’elles les substances minérales , lors de leur Jormation. = Par le cit. Arzuau l'aîné. On n’a pas encore assez observé les degrés de tendance à la combinaison ou d'attraction qui ont régné entre les substances minérales , lors de leur formation. Cette partie intéressante des sciences naturelles est entièrement neuve. Si l’on parvient ce- pendant à les déterminer , la crystallographie sur-tout y gagnera infiniment ; car alors on saura que c’est dans telle association qu’un minéral a pu le mieux affecter ses formes cristallines. Sans doute que l’émeraude ayant eu moins d’affinité avec les principes du quartz qu'avec ceux du feldspath, elle s’est réunie _avec plus de facilité au quartz lors de sa formation, et doit être nécessairement plus homogène et mieux cristallisée que dans son association avec le feldspath. D'après quelques observations, il me paroît que généralement les substances qui contiennent la quantité de silice nécessaire à leur formation ; sont rarement susceptibles de se combiner et même de se mélanger avec une plus grande quantité. Dans ce cas , elle tend presque toujours à la cristallisation au milieu des imnasses des autres substances ; aussi retrouve-t-on souvent des cristaux de quartz dans ceux de feldspath. C’est ce que prouve encore le granit graphique qui, quoique paroissant le résultat d’une cristallisation très-précipitée, et maloré que la silice a dû être répandue dans cette substance encore à l’état pâteux , elle n'a pas moins fait des efforts pour se réunir, tendre à la cristal- lisation , et occasionner la configuration bisarce qu'’aftecte la si- lice dans cette substance. L’alumine surabondante à la formation des substances a au contraire beaucoup plus d’affinité avec elles ; aussi en altère-t- elle plus souvent la pureté. Tels sont les quartz mélangés d’ar- giles ferrugineuses qui forment les agathes et les jaspes. Tel est encore le feldspath qui par une surabondance d’argile, qui aroît lui être plutôt intimement combinée que mélangée , passe à l’état de pétrosilex, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 391 Ces observations ne s'appliquent que pour les substances qui étoient susceptibles de se consolider et de cristalliser dans un même temps, après l'abandon de leur principe dissolvant. Il est des cas au contraire où une substance déja cristallisée et répandue dans la massed'une autre encore À l’état pâteux, en retardant le rapprochement des molécules de cette dernière, a permis qu’il se fît plus conformément aux lois de la cristalli- sation , et a laissé former des cristaux plus nets et plus réguliers que si les molécules avoient été abandonnées à leur affinité sin- ple. C'est ce que nous offrent les cristaux d’axinite qui renfer- ment la clorite, et les grès de Fontainebleau d’une formation plus récente. RS TH:EO REF E DE L’ATTRACTION MOLECULAIRE OU BELL ASE ES IEN LU TU, GE TIM LOUE; RAMENÉE 4 MEN SEOT DEULAIGRANITATEON: PREMIER MÉMOIRE Lu à l’Institut national , le 21 germinal an 10", Par À. Lisrs, Professeur de physique aux écoles centrales de Paris. I. On peut considérer l'attraction , ou dans les grandes masses , ou dans leurs molécules élémentaires. Newion a établi l’exis- tence de la première ; et après avoir démontré les lois qui la maïtrisent , il les a fait servir à dévoiler le mécanisme du système planétaire. Les mêmes lois lui avoient paru donner naissance aux phénomènes qui regardent l'attraction moléculaire , tels que l’iñflexion de la lumière à l'approche des corps ; l’ascension ou Ja depression des liquides an-dessus ou au-dessous du niveau dans des tubes capillaires ; l’union plus ou moins intime, sui- D dd 2 3y2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vant les circonstances, des molécules des corps, au moment où réduites par un moyen quelconque à un état d'extrême té- nuité , la distance qui les sépare s’évanouit entièrement. Mais sur l’identité de ces deux sortes d'attraction , Newton n'a ja- mais formé que des soupçons contrariés d’ailleurs par la diver- sité, quelquefois même par l’apparente opposition des phéno- mènes ; et cette branche de sa philosophie naturelle est restée dans son enfance. IT. Les disciples de Descartes ne tardèrent pas À trouver dans les phénomènes de l’attraction moléculaire de nouvelles armes pour combattre la théorie de Newton , et offrirent ainsi à leurs tourbillons chassés, sans espoir de retour, dés espaces célestes, un azyle où ils vinrent se réfugier. II. D'un autre côté les newtoniens s’attachoient à prou- ver que ces nouveaux phénomènes dépendoient exclusivement de Pattraction. Mais cette attraction leur paroissoit différente de celle qui anime les grandes masses ; elle étoit soumise #d’an- tres lois. Les uns la faisoient dépendre de la raison inverse du cube de la distance, les autres d’une raison mixte de l’inverse du quarré et de l'inverse du cube, etc. IV. C'est dans ces derniers tems que Buffon a tâché , dans sa seconde vue de la nature, de ramener les lois de l'attraction moléculaire à celle de l’attraction newtonienne ; et c’est à la dif- férence de la figure des molécules qu'il attribue la différence des lois qui les maïñtrisent, Mais malgré la confiance que doit naturellement inspirer la juste célébrité du peintre sublime de la nature , son opinion ne m’a paru que comme un simple ap- perçu dénué de ces preuves rigoureuses qui commandent la con- viction , et que la physique moderne réclame. Je me propose de faire voir, sans le secours d'ancnne hypo- thèse, que l’attraction moléculaire et l'attraction newtontenne sont une seule et même force soumise à la mème loi, de mon- trer comment de cette loi générale émanent ces sortes de lois particulières qui distinguent l’attraction moléculaire, et de ral- lier ainsi au principe admirable de la gravitation , des jrhéno- mènes qni, loin de le contrarier, se réunissent pour en confir- mer l’existence, Pin ms M re rt PRINCE P &. V. A distance finie tous les corps de la nature s’attirent en raïon directe des masses, et en raison inverse du quarré de la distance. ÊT cDHUISTOAQELRE NATURELLE. 32 SECOND PRINCIPE. VI. L’'attraction n’appartient pas exclusivement aux masses, toutes leurs molécules la partagent, TROISIÈME PRINCIPE. VII. Une masse finie quelconque peut être regardée comme composée d’un nombre infini de parties infiniment petites que j'appelle molécules elsimentaires , et dont chacune égale la masse entière divisée par l'infini. Car rien n'empêche de considérer une masse finie comme une variable, ou du moins comme une indéterminée ; rien n’empêche de la designer par y dont l'élé- ment sera dy —= 2. J'aurai occasion de revenir sur ce prin- cipe dans un mémoire que je me propose de publier dans le numéro suivant de ce Journal. VIII. Cela posé , soient deux masses finies quelconques M, dont les centres d'acuion sont séparés par une distance finie - M quelconque D : l'attraction que M exerce sur 7» égale Dr et 2 TL / , celle que » exerce sur M égale D n°, 5, Donc la somme de ces attractions , ou l'attraction totale que j'exprime par M+ y A—= FES IX. L’aitraction de M sur étant rm reçoit , en vertu d ' » > ? e cette attraction, une yîtesse — Spanre conséquemment sa force J My . LA [LA LU ‘ . Ex: L’attraction de zz sur M étant mac la vitesse impri- ; 7 72 mée à M égale — ; et sa force = —- — : les deux masses sont ; 1? D: donc animées d’une force égale à laquelle l'attraction donne à 21 M2 naissance, Désignant cette force par F, nous avons F — Ds * L’équation du n°. 8 et celle du ne 9 me conduiroient au même résultat. N:anmoins la première est ia seule que j'emploierai dans ce mémoire. 394 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE X. À la place des deux masses finies dont il a été question n°.8, supposons deux de leurs molécules élémentaires. Rien n’est changé excepté les masses. Au lieu de deux masses finies, nous avons deux de leurs parties infiniment petites : donc pour avoir, dans ce dernier cas, l’expression de l'attraction , il faut substi- M LR tuer —— à la place: de M, et ee la place de 77 n°. 7; et notre Le) Mise se chan Il RUN ris TS hange en celle-ci A XI. Si nous faisons varier la distance D suivant cette série 1,2,3,4-... © , l'attraction yariera suivant cette progression géométrique décroissante Res 2e EE ER Mæ+wm M+m M+mn M+m M + 72 M +72 DRAP M ET ENTER SE ;. CE qui donne le rapport inverse du quarré' de la distance. Mais tou- jours, c'est-à-dire à une distance finie quelconque , l’attraction est infiniment petite ou nulle. formule générale À — XII. Faisons à présent éyanouir la distance finie qui sépare ces deux molécules élémentaires. M+r de 1 Dans cette suprosition D = — : doncla formule À = ——— (ee) D? M y a: M mX =: — M + z X ©, : donc co devient À — I Ce) ET] au moment où la distance qui séparoît ces molécules devient in= finiment petite, c’est-à dire au contact, l'attraction devient infinie. XII. Il suit de là que si la distance varie suivant cette série -0,1, 23 3, 4... c , l'attraction variera suivant cette loi pre M+m Mm M+m M+y»r M + 7 HAN NET Test 08e ae RON Toi qui, en divisant tout par M + », se change en celle-ci 1 I 1 1 1 RE _.. 2 — 7 40 207 14100 0 OM RO ES co $ ‘ XIV. Jusqu'ici nous avons envisagé des molécules élémentai- res isolées ; considérons à présent des molécules réunies en masse; un cône, par exemple, touchant par son sommet une moléoule "Te ET :D? HUIS TO DRE’ N'A TU REZLYLE. 395 élémentaire qu’il attire. Concevons ce cône divisé en tranches in- finiment minces parallèles à sa base : les distances de ces tran- ches à la molécule attirée croissent depuis le sommet jusqu’à la base suivant cette série 0, 1,2, 3, 4 ....c : donc l’action de la molécule du sommet sur la molécule attirée qu’elle touche :—= n°. 13. L’attraction de chacune des molécules situées dans . . . Q 0 I o , e la tranche qui suit immédiatement — — n°. 13 : donc l’action D de la tranche entière = 1 , puisque la distance qui la sépare de la molécule attirée est exprimée par 1 , et que sa masse est comme le quarré de cette distance. L’attraction de chacune des molé- 1 n°. 13 : cules qui se trouvent dans la tranche suivante — 2 c donc l’action de la tranche entière située À une distance comme 2, de la molécule attirée — à : il en est de même des tranches sui- vautes, comme il est aisé de s’en assurer par un raisonnement semblable au précédent : donc en commençant par le sommet du cône , l’action de chacune des tranches infiniment minces qui le composent sur une molécule élémentaire placée à son sommet suit cette loi ,1,1,1,1.... 1 ;et conséquemment l'attrac- tion est infiniment plus grande au contact qu’à une distance finie quelconque. XV. Les moyens qui nous ont conduit à ce résultat peuvent faire naître'des doutes sur son exactitude. Il importe d’en jus- tifier la bonté en y parvenant par une méthode différente de celle qui nous a servi à le trouver. Si l’on concoît le cône divisé en tranches infiniment minces parallèles à sa base , l’action de chaque tranche sur la molécule élémentaire qui touche le som. met est égale à sa masse divisée par le quarré de sa distance à la molécule attirée; et comme la masse est proportionnelle à ce quarré ; l’action de chaque tranche est égale à 1. Mais le sommet du cône qui touche la molécule attirée n’embrasse et ne I peut embrasser qu’une molécule dont la masse est ——, Le quar- co F : 4 y À 4 1 a ré de sa distance à la molécule attirée est —— : donc son action co ; 1 ” L sur cette molécule égale 75 —<: Donc, à commencer par le — I co 2? 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sommet , l'action des tranches qui composent le cône sur une molécule élémentaire touchant le sommet suit cette loi 5 , 1, 1, 1 ..., 1. Résultat parfaitement conforme au pré- cédent, XVI. Quelques physiciens ont trouvé que dans l’hypothèse mêrne du contact , le sommet du éêne et chacune des tranches qui le composent exercènt une action égale sur une molécule élémentaire : mais ils ne sont parvenus et n’ont pu parvenir à ce résultat qu’en considérant le sommet du cône comme une tranche , ce qui nous paroît contraire aux principes de la saine géométrie, XVII. Un exemple d’un autre genre servira en même-temps à confirmer la vérité qui nous occupe, et à détruire une erreur généralement accréditée, Soit une molécule élémentaire située à une distance finie quelconque d’une sphère homogène qui l’attire. Toutes les parties de la sphère attirant suivant la loi in- verse des quarrés de leurs distances, la sphère attire selon la loï inverse du quarré de la distance de son centre. Les preuves qui attestent cette vérité sont consacrées dans les ouvrages de tous les physiciens qui ont écrit sur l'attraction. On a conclu de là que si la molécule est transportée sur la surface de la sphère , l'action de la sphère sur la molécule devient propor- tionnelle au rayon : conclusion fausse à laquelle on a été con: duit par le défaut de considération de l’atiraction moléculaire. Lorsque la molécule élémentaire. est placée sur la surface de la sphère , elle est en contatt avec unedes molécules du solide dont l’action = n°. 13, La molécule de la sphère , située à l'extrémité opposée du même diamètre, exerce sur la molécule | < È 1 j attirée une action — ——, n°. 13 : donc les deux molécules de la co sphère, dont l’une touche la molécule attirée , et dont l’autre est située à l'extrémité opposée du mêure diamètre , n’agissent point comise elles agiroient, si elles étoient réunies au centre ; et conséquemment l’action d’une sphère sur une molécule élé- mentaire qu’elle tonche n’est pas proportionnelle au rayon. L'expérience vient à l’appui de cette conclusion. Sur deux sphères de nême matière, de cuivre par exemple, dont les rayons sont dans le rapport. de 1 à 2; si l'on place deux molécules semblables quelconques, l’action du métal sur la molécule est très-sensiblement la même dans les deux globes : d’où il résulte qu’elle n’est pas proportionnelle au rayon. « XVIII. ET'D'HISTOIRE NATURELLE, 397 XVIIT. Ce que nous avons dit jusqu'ici suffit pour faire sentir qu’il importe de distinguer dans deux corps qui se touchent l’at- traction des masses et l’attraction moléculaire à laquelle le con- tact donne naissance , et qui se concentre en ce point. Pour rendre cette vérité plus sensible , supposons demx globes séparés d’abord par une distance finie , rapprochés ensuite jusqu’au contact. Loin de nuire à l’attraction des masses , ce rapproche- ment la favorise. Mais outre cette attraction des masses, le con- tact des deux globes fait naître dans les deux molécules qui se touchent une attraction qui égale « n°. 13, et cette nouvelle force qui donne naissance au phénomène de l’adhésion. Ici l’adhésion n’est pas considérable , parce que deux globes ne peuvent se toucher que par un point, Mais si au lieu de deux globes, j'applique l’une sur l’autre deux plaques de métal, de marbre ou de verre poli, outre l'attraction réciproque des masses qui est absorbée par celle de la terre, je vois naître de l’applieation immédiate des surfaces, une attraction exprimée ar l'infini pour chaque molécule qui touche n°. 13. La force d'adhésion des deux plaques est donc comme l'infini multiplié par le nombre des molécules qui touchent, et ce nombre est pro- portionnel à la grandeur des plaques et au poli de leur surface. XIX. Quant à la force de cohésion qui unit entrelles les molécules d’un corps homogène , ou devenu homogène par l’at- traction des principes qui le composent, la théorie fait voir ;, et l’expérience confirme qu’elle doit être beaucoup plus grande que la force d'adhésion. Dans celle-ci il y a seulement rappro- chement de surfaces : dans la cohésion il y a contact dans tous les sens queles figures des molécules le permettent. Deux plaques métalliques appliquées l’une sur l’autre , doivent donc opposer à leur séparation une résistance bien foible par rapport à celle qu’opposent les deux plaques réduites en uneseule masse par le moyen de la fusion. Dans les opérations chimiques on commence par diviser, par atténuer les corps avant de les mettre en contact pour détermi- ner leur union. Cette espèce de mécanisme présente non-seule- ment l’avantage de détruire la force d’aggrégation qui résiste à la combinaison, mais encore celui de réduire les molécules à cet état d'extrême ténuité qui , dans le moment du contact , aug- mente si puissamment l’énergie de l’attraction : de là vient sans doute que l’union de deux substances s'effectue avec plus d’ac- tivité, lorsqu'on lenr donne la forme liquide ; la combinaison estencore plus rapide , si elles ont reçu la fluidité aériformes Tome LIF. FLOREAL an 10. E çe 398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si l'attraction déja augmentée par l’excessive ténuité des molécules se trouve encore favorisée par leur figure , de ma- nière à multiplier les points de contact; son activité deviendra très-puissante ; et il est aisé de concevoir qu’elle pourra l'être au point de commander, pour ainsi dire, la séparation de deux prin- cipes foiblement unis pour produire de nouvelles combinaisons. XXI. Et qu'on ne dise pas que si l'attraction moléculaire étoit soumise à la loi inverse du carré de la distance, elle seroit absorbée par l’attraction de la terre , comme l’est celle qu’exer- cent les uns sur les autres les corps placés sur sa surface. En supposant que la masse de la terre soit infinie par rapport à une masse infiniment petite , l’attraction que la terre exerce sur (ce) une molécule élémentaire égale D:? fraction qui approche d'autant plus de l’infiniment petit , que D approche davan- tage de l'infiniment grand. Deux molécules élémentaires mises en contact exercent l’une sur l’autre une action = œa°. 15. Donc la force que fait naître dans une molécule élémentaire l'attraction de la terre, est très-inférieure à celle qui lui est imprimée par le contact d’une molécule semblable. Conclusion. Des rêcherches faites dans ce mémoire , il resulte , XXII. 10. Que la loi générale d’attraction doit produire dans. les molecules élémentaires des corps une action infiniment plus grande au contact qu’à une distance finie quelconque, et con- séquemment qu’il est inutile de recourir à la loi inverse du cube de la distance, ou à une hypothèse quelconque pour expliquer les phénomènes qui regardent l’attraction moléculaire. XXII. 2°. Que l'effet de l’attraction moléculaire ne dépend pas de toute la masse du corps attirant, etne pénètre pas dans l’intérieur du corpsattiré , lorsque ces deux corps ont plus de rayon que la sphère efficace d'activité. Elle est uniquement pro- portionnelle à l’étendue du contact. ; XXIV. 30. Que les lois de l’attraction moléculaire sont indé- pendantes de la figure des molécules. Une altération dans læ fgure d’un corps quelconque peut sans doute faire varier la po- sition du centre d'attraction, et conséquemment la distance. L'expression de la loi doit donc changer, et ce changement doit donner naissance à une grande variété de phénomènes. Mais la loi ne change jamais ; elle est immuable comme la nature qui lui a donné l’existence. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 2 LE STAR CRC BEC VND A ARC ETIENNE SEC PLER TE RUE VE ISA TUE RENE ERREURS NOUVELLES LITTÉRAIRES. Voyage des élèves du pensionnat de l’école centrale de l'Eure , dans la partie occidentale du département, pendant les vacances de l’an huit, avec des observations , des notes, et plusieurs gravures relatives à l’histoire naturelle, l’agriculture et les arts. « Qu'on lui (l'enfant ) mette en fantaisie une honnête curio- sité de s'emparer de toutes choses ; tout ce qu’il y aura de sin- gulier il le verra. Un bâtiment, une frontière , un homme, le lieu d’une bataille ancienne , le passage de César, de Charle- magne.…. , la solitude , la compagnie, le matin, le vesper , toutes heures lui seront bonnes , toutes places lui seront étude. » Æssais de Montagne , iv.T, chap. 25 de l’Institution des enfans. À Evreux, chez J. J. Ancelle, imprimeur-libraire. Un vol. in 8°. ? De pareils voyages sous les yeux de savans professeurs ne peuvent qu'être très-utiles aux jeunes gens. C’est perfectionner leur éducation , parce qu’on leur fait mettre en pratique ce qu’on leur a appris en théorie. Nouvelle Théorie de la formation des filons , application de cette théorie à l’exploitation des mines, particulièrement de celle de Freiberg, par A. C. Werner, conseiller des mines de Saxe , professeur de minéralogie , de l’art de l’exploitation des mines. Ouvrage traduit de l’Allemand , et augmenté d’un grand nom- bre de notes, dont plusieurs ont été fournies par l’auteur lui- même , orné de son portrait. Un vol. in-12. À Freiberg, chez Cruz, libraire. La théorie du célèbre Werner sur la formation des filons est toute réunie dans ce volume. Le sayant traducteur Dau- buisson l’a enrichi de notes. Nous la ferons connoître dans les cahiers suivans. E ee 2 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lettres sur Constantinople , de M. l'abbé Sévin , de l’acadé- mie royale des inscriptions et belles-lettres , écrites pendant son séjour dans cette ville , au comte de Caylus ; suivies de plusieurs lettres de M. de Peysonnel , de la même académie , et d’autres, savans, écrites au même , contenant des détails curieux sur l’em- pireottoman. ; On y a joint la relation du consulat de M. Anquetil , à Surate, adressée à M. de Vergennes ; un mémoire du savant B:schi, sur le calendrier de l’intérieur de l’Inde , revu par Jerdme Lalande, de l’Institut national, etc. Le tout imprimé sur les originaux inédits , et revu par M. l'abbé Boarlet de Vauxcelles. Un vol. in-8°. de 468 pages , imprimé sur carré fin et caractères neufs. Prix, 5 fr. br., et 6 fr. 5o cent. franc de port par la poste. À Paris, chez Obré, libraire , rue Mignon, n°. 1, et Buisson, imprimeur-libraire , rue Hautefeuille , an 10. Cet ouvrage, intéressant par lui-même , l’est encore bien da- vantage dans un moment où l’Europe entière a les yeux fixés sur Constantinople et sur toutes les parties de ce vaste empire, dont de petites provinces ont autrefois joué un si grand rôle. . Histoire naturelle , générale et particulière des reptiles , ouvrage faisant suite à l’histoire générale et particulière; com- posée par Leclerc de Buffon, et rédigée par C. F. Sonini, membre de plusieurs sociétés savantes. Par F. M. Daudin, membre des sociétés d’hiitoire naturelle et philomatique de Paris, tome premier et second. À Paris, de Pimprimerie de F, Dufart. On souscrit à Paris, chez Dufart, libraire, rue des Noyers, n°. 22. | Bertrand , libraire, quai des Augustins , no. 35. À Rouen, chez Vallée, frères, libraires, rue Beffroi , n°. 22. À Strasbourg, chez Levrault, frères, imprimeur-libraire, À Limoges , chez Bargéas , libraire. A Montpellier, chez Vidal, libraire. Et chez les principaux libraires de l'Europe. L'auteur, dans une introduction qui a trois cents pages, donne une définition générale des reptiles. Il les considère ensuite phi- losophi juement, 11 décrit leurs principaux organes et leurs prin- cipales fonction:. Cette partie de l'ouvrage est extrêmement inté- ressante , parce qu'on voit les rapports qui se trouvent entre cette grande famille d'animaux et les autres familles du règne animal, E TD” HU ST OIRE .N A TU RÆELLE 4o1 Le premier volume est terminé par un exposé des méthodes sur les divisions de ces animaux, par plusieurs naturalistes , tels que Klein, Laurenti, Scopoli, Linnæus, avec les corrections de Gmelin , Lacépède, Alexandre Brogniart et Latreille. L'auteur donne dans le second volume la description des tor- tues , des crocodiles, des caymans et des dragons, Ces descriptions sont faites avec baucoup de soin , et he peu- vent manquer d’intéresser tous les naturalistes. Histoire naturelle, générale et particulière des mollusques, animaux sans vertèbres et à sang blanc, faisant suite aux OEu- vres de Leclerc de Buffon , et partie du cours complet d'histoire naturelle , rédigé par C. F. Sonini, membre de plusieurs sociétés sayantes. Par Denis Monfort , tome premier et second. À Paris, de l'imprimerie de F. Dufart. On souscrit à Paris, chez Dufart, imprimeur Hbraire , rue des Noyers , n°, 22. Et Bertrand, libraire , quai des Augustins , n°. 35. A Rouen, chez Vallée , libraire , rue Beffroi , n°. 22: A Strasbourg , chez Levrault, frères , libraires. A Limoges, chez Bargéas, libraire. À Montpellier , chez Vidal. Et chez les principaux libraire de l’Europe. LA L'auteur commence par des vues générales , très-bien présen- tées, sur les animaux. Elles le conduisent à jeter un coup-d’œil rapide sur la théorie de la terre. Il promet de donner plus de dé- veloppement à ces idées sur cet objet, et pour lors nous les ferons connoître en détail. 11 passe ensuite à l’histoire des mollusques coriacés. Il donne celle de la sèche ; du calmar et des ponlpes. Il s'arrête beaucoup à l’histoire du poulpe colossal , qui est le polypus monstruosus de Pline. Ce dernier auteur dit que cet ani- mal attaque les vaisseaux dans l'intention de les couler bas, Mon- fort raconte d’après des rapports d’un capitaine de vaisseau de Saint-Malo , qu’un mollusque énorme: attaqua un vaisseau et manqua à le submerger. Pline dit qu’il existe dans le grand océan des poissons dont les branches sont tellement étendues , qu'il leur seroit impossible de passer dans le détroit de Gibraltar. Plusieurs auteurs ont parlé de ces énormes animaux. Eric Pontoppidam dit « qu'il existe dans les mers du nord un 4o2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « animal immense , connu sous le nom de kraken, ou kraxen, « ou krabben. Les pêcheurs rapportent que lorsque dans les beaux « jours de l’été ils montent sur leurs bâtimens, et s’éloignent de « la côte, où les eaux plus profondes ont jusqu’à 83 à 100 bras- « ses de profondeur ; il leur arrive quelquefois en jetant la sonde « de ne plus en rencontrer que trente à quarante brasses, et « qu'ils en concluent qu’un monstre marin suspendu au milieu « des ondes est la cause de cette diminution de profondeur... .. « Ils s’éloignent, et voient alors ordinairement s'élever au large « un vaste et immense animal qui vient se montrer au-dessus des « eaux , et dont le dos présente une île d’une telle étendue, « qu'elle paroït avofr un quart de mille de longueur... » Toutes ces assertions de pêcheurs paroïssent au plus grand nombre des naturalistes mériter peu de confiance. Ces deux volumes présentent beaucoup de faits intéressans sur les mollusques , et sont écrits avec clarté et élégance. Histoire naturelle, générale et particulière des crustacés et des insectes , ouvrage faisant suite aux OEuvres de Leclerc de Buffon et partie du cours complet d'histoire naturelle , rédigé par C. F. Sonini, membre de plusieurs sociétés savantes. Par P, À Latreille, membre associé de l’Institut national de France, des sociétés littéraires de Londres , philosophique, d'histoire naturelle de Paris, et de celle des sciences , belles- lettres et arts de Bordeaux, principes élémentaires , tom. premier et second. À Paris , de l’imprimerie de F. Dufart. On souscrit à Paris, chez Dufart, imprimeur-libraire , rue des Noyers, n°. 22. Et chez Bertrand , libraire, quai des Auoustins , n°. 35. A Rouen , chez Vallée, libraire, rue Befïroi , n°. 22. A Strasbourg, chez Levrault, frères. A Limoges , chez Bargéas, libraire. A Montpellier , chez Vidal. Et chez les principaux libraires de l’Europe. L’anteur a consacré ces deux premiers volumes à présenter des notions élémentaires sur l’histoire des insectes. Il est entré dans des détails très-intérèssans sur leur instinct , et sur la manière dont ils se nourrissent. Leur industrie pour se nourrir présente à celui qui a la patience de les observer, des faits très - curieux et tres- piquans . ET D HUNS TOUR E INA TU RE L LIFE: 403 L'auteur décrit ensuite les moyens qu’on emploie pour prendre les insectes et les conserver. Il fait des observations très-justes sur la nomenclature des couleurs relativement à l'étude de ces animaux. Dans le second volume , il traite de l’organisation intérieure et extérieure des insectes, et de la manière dont ils se reprodmnisent. Enfin il termine ce volume par un exposé de différens systèmes entomologiques, tels que ceux de Geoffroy, de Shæfïer, de Fabri- cius , d'Olivier , de Cuvier , de Lamarck , de Dumeril. Il déve- loppe également la division des insectes qu’il a proposée. On connoît les talens de l’auteur. Ils sont un sûr garant de l’exac- titude de son travail. Le lecteur doit voir avec quelle persévérance et quel zèle les éditeurs des OEuvres de Buffon cherchent à completter le cours d’histoire naturelle que ce célèbre naturaliste avoit commencé : on aura par ce moyen une histoire entière des productions de la mature qui nous sont connues dans ce moment. 40% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE STE ne COST Lo As BiEqtE DES ARTICLES CONTENUS DANS C& CAHIER. Lettre de JF. Daubuisson à J.-C. Delamétherie, sur quelques points de minéralogie. Pag. 333 Mémoire sur quelques nouveaux genres de mollusques et de vers lithophages , et sur la faculté qu’ont ces ani- maux de percer Les rochers , lu à l’Institut national , par le cit. Fleuriau-Bellevue. 345 Extrait des observations lues à l’Institut national, par B. G.Sage, directeur de la première Ecole des mines. 355 Examen des phénomènes électriques , qui ne paroissent pas s’accorder avec la théorie des deux fluides, par le cit. Tremery , ingénieur des mines. 357 Expériences. qui prouvent que tous les corps , de quelque nature qu'ils soient , obéissent à l’action magnétique, et que l’on peut même mesurer l'influence de cette action snr les différentes espèces de corps, par le citoyen Coulomb. 367 Des espèces en histoire naturelle , et en particulier des es- èces minéralogiques, par J.-C. Delamétherie. 369 Extrait d'une lettre de M. Pfaff , professeur à Kiel, au docteur Friedlander , à Paris. 383 Observations météorologiques. 384 Extrait du rapport sur les tentatives faites dans le filon qui contient l’émeraude , par le cit. Alluau l’atné. 386 Réflexions sur l’affinité ou les degrés de tendance à la combinaison qu'ont eu entr’elles les substances miné- rales , lors de leur formation. 390 Théorie de l’attraction moléculaire où de l’affinité chi- mique , ramenée à la loi de la sravitation , par 4. Libes, Professeur de physique. 391 Nouvelles littéraires. 399 Lloreal An 10. EEE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE... GI METRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. WP: RSASISRET., AL, ame: EXAMEN DE QUELQUES OBSERVATIONS De M. CourREJOLLES, Par GA DEF ESUMC: M: Courrejolles a donné plusieurs observations géologiqnes insérées dans le cahier de pluviose dernier , qui sont principa- lement relatives aux volcans, à leur cause et à leur position. Dans un préambule à ces observations, M. Courrejolles in- siste, avec raison , sur la nécessité de réunir le plus de faits propres à conduiré à la connoïssance des, causes. Mais il.est une autre condition nécessaire, et qui l’est plus encore, c’est de bien voir les faits et de les bien juger ; car s’il en est autrement, ils éloignent de cette connoissance plutôt que d’en rapprocher. M. Courrejolles considère l’eau des pluies camme agent prin- cipal de la décomposition et de la férmentation des matières inflammables qui produisent les volcans. C'est pourquoi, dit il, dans la 57°. observation , « ce feu doit suivre Ja route où il trouve le moins de resistance, et cette route ne peut être que cellé où les eaux n’ont pas bouché les pores de la terre ; c’est vraisemblablement par ceite raison , ajoute t-il , que les vo/cans se déclarent au sommet des montagnes j » opinion répétée dans Tome LI. PRAIRIAL an 10. FE ff 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la 5oe. observation en ces termes: /es volcans Les plus, forts se déclarent presque toujours sur Les plus hautes montagnes. Ces observations données comme des /üits , confirment ma remarque, car ce n’est pas ainsi que se montre la nature. M. Courrejolles distingue le volcan de la montagne où il se manifeste, il en fait deux objets différens ; cependant c’est une seule et même chose : ç’est le volcan qui a élevé la montagne. Tout volcan est composé depuis sa base jusqu’à son sommet, de matières volcaniques ; c’est une montagne d’une classe dis- Uncte, qui n’a rien de commun avec les autres montagnes , ni dans sa formation , ni dans son composé. J’ai été plusieurs fois dans le cas de répéter cette vérité parce qu’elle est souvent méconnue. Les matières qui composent un volcan ont été rejetées par une première bouche ouverte par les feux souterreins, dans le lieu, sans doute, où ils trouvent le moins de résistance ; c’est pourquoi le Vésuve est élevé sur une plaine, isolé de l’Appennin, et l'Etna est isolé des montagnes qui l’environnent. Ce cas a cependant quelques exceptions. On observe dans les volcans anciens, que les éruptions de plusieurs de ces volcans se sont fait jour au travers de couches de granits ou de telle autre substance ; mais le foyer de ces éruptions a toujours sa source à une grande profondeur au-dessous du sol et au-dessous de ces conches. Les matières lancées par cette première bouche retombent autour d’elle , et s'accumulent sous la forme d’un cône tronqué* Au centre de cette éminence , les feux souterreins se maintien- nent des canaux qui communiquent avec le foyer Principal, et servent de conducteurs à de nouvelles matières rejetées par les éruptions subséquentes’, dont l’accumulation élève par degrés une montagne qui parvient à une très-grande hauteur. Il arrive fréquemment que les canaux du centre s’obstruent en partie , d'où il résulte que les feux souterreins ont moins de résistance à vaincre en s’ouvrant un passage sur les flancs du volcan ; de là ces éruptions latérales qui sont si fréquentes sur les grands volcans, et chacune d'elles élève un nouveau cône. L'Etna en montre un très-grand nombre d'exemples, et chacun dé ‘es cônes a été l’origine de laves considérables. Ce n’est donc pas seulement au sommét du volcan que les feux se manifestent. La terrible éruption qui éleva le célèbre A/onte-Nuovo près de Naples, ouvrit son passage sur le bord de la mer. Ces bouches nouvelles se manifestent indistinctement sur tous ET D'HISTOIRE NATURELLE. hoy les points de la circonférence du volcan, quoique plus ordinäi- rement sur le côté qui regarde la mer, et finissent avec l’éruption qui les a fait naître, pour ne plus s'ouvrir de nouveau. Mais les canaux du centre qui s'élèvent à la bouche principale, se maintiennent constamment , et servent d’évents aux émanations ignées, aux fumées salines et sulfureuses, et quelquefois d’issue à d’immenses colonnes de menues cendres volcaniques. Ce n’est pas l'eau des pluies qui produit les fermentations des volcans , c’est l’eau de la mer. Le foyer de ces fermentations est à une grande profondeur sous le sel qui forme la base du volcan ; c’est pourquoi les grandes éruptions sont toujours pré- cédées de tremblemens de terre. L’Etna qui a 1,700 toises de hauteur perpendiculaire , est composé en entier de matières volcaniques depuis son sommet jusqu’à sa base , qui atteint le bord de la mer dans une grande étendue. Et voici une observation générale qui est sans exception. Tous les volcans actuellement brûlans sont au bord de la mer ou for- ment des isles. Plusieurs de celles-ci sont éteintes, parce que les matières qui les ont formées et alimentées pendant un temps sont épuisées, É Les montagnes volcaniques qu’on observe en tant d’endroits des continens , ne brülent plus par une autre cause, Elles ont brûlé lorsque nos continens étoient sons les eaux de la mer, et elles ont cessé de brûler quand ils ont été mis à sec par l’affais- sement des continens anciens, dont la mer a pris la place en abandonuant son précédent lit lors de la grande catastrophe du déluge. Dès-lors le niveau de la mer n’a pas changé ; tous les faits cités pour établir l'opinion contraire ont été mal jugés. Cette vérité est démontrée dans les Lettres physiques et morales sur l'histoire de la Terre et de l'Homme, et j'ai été à portée de faire plusieurs observations confirmatives. J'ai toujours distingué les montagnes volcaniques continen- tales qui ne brûlent plus , d’avec les volcans des ïsles et des bords de la mer qui ont cessé de brûler , en désignant les pre- miers, volcans anciens , et les seconds, volcans éteints. Ainsi , le groupe des isles de Lipari, composé de sept isles tontes vol- caniques , en a cinq qui sont éeintes , et deux qui brülent encore. Et les volcans de l’Anvergne et de tant d’autres lieux des continens sont des volcans anciens, qui peuvent montrer sur leur pente, comme les volcans actuels, de petits cônes élevés par des éruptions latérales contemporaines aussi à celles du cratère principal. F2 408, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si les volcans pouvaient brûler au centre des continens , et que ce füt l’eau des pluies qui excitât leurs fermentations et non pas’ uniquement l’eau de la mer, pourquoi n'en existeroit-il pas un seul exemple parmi ce grand nombre de montagnes volcani- ques qu’on y observe ? Car il ne faut pas confondre avec les feux volcaniques, ceux qui sont causés par l’inflammation des houil- les et des pétroles ; ce sont deux phénomènes très-distincts. M. Courrejolles croit qu’il n’y a pas de volcans sur les côtes qui regardent directement le levant, Cependant l'Etna , l’un des plus grands qui existent, est sur la côte orientale de la Sicile, et cette partie de la côte est ouverte à la pleine mer. Il pense encore, dans la 46e. observation , que l’oz re cou- noît point dans aucune partie du globe connu , un volcan sur une côte qui resarde le nord. À Qu'un volcan se manifeste sur la côte même ou à peu de dis- tance de ses bords , c’est sans doute un fait semblable quant à l'exposition ; on ne sent pas au moins en quoi pourroit consister la différence. Eh bien, les isles de Lipari, toutes volcaniques comme je viens de le remarquer , sont bien plus près de la côte septentrionale de Sicile , que de la côte occidentale d'Italie. Us- tica est vis-à vis de Palerme, J’zlcano vis à-vis de Melazzo, lune et l’autre à 7 ou 8 lieues seulement de distance. j C’est ce groupe d'isles que j'avois sous les yeux depuis le som- met du mont Pellegrin près de Palerme , qui fat un trait de lu= mière qui m'éclaira sur l’origine des groupes d’isles et des isles solitaires qui sont au milieu des mers, dont on se faisoit aupa- ravant des idées si peu satisfaisantes. L’extension des côtes et leur position ne paroissent pas influer sur la manifestation des volcans; il en est de très-étendues qui n’en ont aucun actuellement brûlant, quoique dans l’exposition requise par M. Courrejolles. Ainsi, à l'exception de la péninsule de l'Italie, toutes les côtes occidentales et méridionales de l'Eu- rope n’en ont aucun , et il en est de même des côtes occiden- tales et méridionales de l’Afrique. Les mers les plus septentrionales connues en renferment ; Pisle de Mayen située an 7re. degré, est volcanique , et ses érup- tions sont considérables ; et il n’est pas certain, à ce que je crois, que Plslande , cette isle si abondante en matières volcaniques, n'en ait point sur sa côte septentrionale. Les volcans de Kam- chatka au 60€. degré sont sur une côte orientale. Mais , je le répète, ce n’est pas la position des côtes qni décide la manifestation des volcans, c’est l’existence des matières in- ET DHUCS TO DRE) NATURE LL'E. 40g flammables qui les produisent, qui peuvent être aussi bien à l’est qu’à l’ouest, au nord comme au midi d’une grande isle ou d’un continent, Nous voyons que ces matières existent à toutes lati- tudes et longitudes , et qu’elles se sont manifestées quand l’eau de la mer a pu les pénétrer et exciter leurs fermentations. M. Courrejolles n’a porté son attention que sur les volcans exis- tans sur les côtes, quoique ceux qui forment des isles et des groupes d'isles , éteints ou en activité, soient en beaucoup plus grand nombre. Je terminerai par ces quatre observations. 1°. Tout volcan est composé depuis sa base jusqu’à son som- met de matières volcaniques. C’est une montagne d’une classe distincte qui n’a rien de commun avec les autres montagnes. 2°, Lorsqu'il existe sur la base d'un volcan ancien des ma- tières zeptuniennes, ce sont des couches que la première érup- tion a rompues pour se faire jour , ou que la mer a déposées depuis l'élévation du volcan. Un observateur ‘attentif et éclairé sur les phénomènes volcaniques pourroit décider entre les deux cas. Si les matières sont granitiques , il est à-peu-près sûr que c’est le premier ; si elles sont calcaires ou sableuses , il est plus vraisemblable que c’est le second. 30, Tous les volcans actuellement brülans sont au bord de la mer ou environnés de ses eaux, c’est-à-dire formant des isles. 4°. Il n’y a aucun volcan brûlant dans l’intérieur des terres. J'aurois encore quelques remarques à faire sur d’autres ob- servations que M. Courrejolles paroît considérer comme des axiomes ; mais je me résume à celles qui concernent les volcans, parce que cette classe de montagnes est moins connue. 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SOA UTUE DES RECHERCHES RYEUL ATOUT NES AO DETINGENLAUEP NICE RD MEME MPAMENU NE" SARUUVR LES VARIATIONS DE L'ATMOSPHÈRE EN GÉNÉRAL, ET SUR CELLES DU BAROMÈTRE EUNOGPr AGRADNECAUREUINEZR}, Par L. Corrse, membre de plusieurs Sociétés savantes. Depuis quarante ans que je m’occupe de météorologie, j'ai toujours donné une affection particulière à l'influence de la lune sur notre atmosphère. Cette influence est fondée sur un préjugé si ancien , que j'ai Cru qu’à force de recherches et de combinai- sons , dont les ubservations consignces dans nos registres ont servi de bases , je parviendrois à découvrir, non pas un système complet , mais quelques données propres à conduire peu-à-peu à la solution du problème. On peut voir les résultats de mes efforts eu ce genre, 1°. dans mon Traité de météorologie, pu- blié en 1774, pag. 166, 302, 317, note, 280 ; 606 ; 2°. dans mes Mémoires sur la météorolopie , publiés en 1788, tom. I, pag. 100, 101, 102, LOSBITIO LOU 229, 12 TRS NOUS tom. 11, pag. 80.3; 3°. dans le Journal de physique, années 1782 , seconde partie, pag- 249; — 1766 , première partie , pag. 276 ; — 1792, seconde partie , pag. 272, 274 3 — 1793, première partie , pag. 279 3 — 1800 , première partie, pag. 558 , Seconde partie, pag. 337 ; — 1001, première partie, pag. 338 , seconde partie, pag. 221, 409. c ET D'HISTOIRE NATURE£ELLE. 4at Les nouvelles recherches que je publie aujourd’hui , ont été occasionnées par la lecture que je viens de faire, dans la Billio- thèque Britannique ( sciences et arts, tom. XIX, pag. 227, mars 1802 ) de l'extrait d’un mémoire de M. Luxe Howard sur une variation périodique du baromètre due en apparence à l'influence du soleil et de la lune sur l’atmosphère. Ce mémoire est tiré du PAilosophical Magas., tom. VII, publié à Londres. L'auteur de ce mémoire se fonde sur une année d’observa- tions faites en 1798 , à Plaiston en Essex , environ cinq milles à l’est de Londres; et sur dix années de pareilles observations fai- tes à Londres, et consignées dans les Transactions philosophi- gues de la Société royale pendant dix ans ( 1787 — 1796 ). M. Howard, pour parler aux yeux, a dressé un tableau di- visé en semaines lunaires , d’après les quatre principales phases de la lune; il a fait graver deux courbes qui représentent la marche du mercure dans le baromètre. L'une de ces courbes ponctuées trace la marche du mercure telle qu’il la observée à Flaiston en 1792; l’autre courbe qui est pleine , indique la marche moyenne du mercure à Londres, relative à chacune des principales phases pendant dix.ans. Il y a longtemps que M. Béonelin , à Berlin, et M. #aret, à Dijon, avoient adopté ces sortes de tableaux pour représenter la marche du baromètre et du thermomètre : M. 41. 4. Piciet dit en avoir trace un semblable , en 1774, dans le but de com- parer la marche contemporaine du baromètre à Genève ‘et a Bordeaux. J’en ai dressé un pareil en grand pour mettre en pa- -rallèle la marche du baromètre dans deux années correspon- -dantes de la période lunaire de dix-neufans ( 1768 et 1787). Il seroit à souhaiter que ces sortes de tableaux fussent d’un usage universel, et qu’on en trouvât de gravés, de manière qu’il n’y eût plus que la courbe à tracer, comme on le pratique mainte- nant à Londres. M. Howard a remarqué , et l'inspection de son tableau le dé- montre à l’œil , qu’azx approches des nouvelles et pleines lunes, la ligne barométrique éprouve une dépression , et qu’elle s’é- lève au contraire, dans les quadratures. La plus grande dépres- sion de l’année 1798 répond à douze heures environ après la nouvelle lune du 8 du onzième mois lunaire ; et la plus grande et vraiwuent extraordinaire élévation a eu lieu le 7 du second mois lunaire à l’époque du dernier quartier ; la plus grande dé- pression du mercure observée à Paris depuis 40 ans, le 20 jan- vier 1791, a eu lieu le lendemain de la pleine lune. Cette coïn- 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cidence paroît arriver plus régulièrement lorsque le temps est beau et uniforme , et en général quand le baromètre a descendu dans l'intervalle entre la nouvelle et la pleine lune et le premier ou dernier quartier. Il s’en est suivi un dérangement notable dans l’atmosphère : (j'ai remarqué les mêmes anomalies dans la marche diurne du baromètre; cette marche est régnlière quand le temps est constamment beau ; elle est troublée quand le temps est variable. Voyez le Journal de physique, 1790, seconde par- ue, pag. 108 , et 1792, seconde partie , pag. 276 ). M. Howard tire cette conséquence générale que Za pression de Patmosphère , telle qu’elle est indiquée par Le baromètre , peut étre soumise à certains changemens périodiques , produits par une cause plus permanente et plus régulière que ne le sont ni les changemens de température, ni les courans, ni la solution ou la précipitation de l'eau, causes auxquelles ces variations avoient été exclusivement attribuées. En comparant la moyenne elévation de chaque phase lunaire avec la moyenne générale de l’année, il a trouvé que la moyenne des nouvelles et pleines lunes différoit constamment en moins, et celle des quadratures différoit en plus dela moyenne générale. Le même résultat a eu lieu en soumettant à la même épreuve les dix années d’observations faites à Londres. Le baro- mètre , d’après ce dernier résultat, descend au moins de quatre dixièmes de pouce anglais, lorsque la lune passe de ses deux quadratures à la conjonction et à l’opposition ; et il s'élève dans la même proportion dans le retour des sizygies aux quadratures, effet que l’auteur attribue à l'attraction qu'exercent le soleil et la lune sur la tuatière de l’atmosphère qui doit avoir ses marées comme l'océan , mais proportionnellement moindre, en raison de sa moindre densité. C’est ce que M. l’abbé Chiminelle avoit déja prouvé, (Nouv. Mém. de l’acad. de Berlin, année 1778, pag. 45 de l’histoire ; — Journal de phys. 1782 ; seconde partie, pag. 88; — Méin. sur la météor, tom. I , pag. 617). Le baromi- tographe de M. Changeux indiquoit des marées journalières ; et à Calcutta dans le Bengale, où la variation du baromètre est très-petite , on a observé qu’à partir de six heures du matin, le baromètre montoit pendant quatre heures , puis descendoit pen- daut huit heures ; il remontoït encore pendant quatre heures, puis redescendoit pendant les huit heuressuivantes : cet effet à lieu presque tous les jours sans exception. L'auteur entre ensuite dans quelques détails sur la comparai- son des marées aqueuses et atmosphériques : si celles-ci ne sont pas ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 pas aussi sensibles et aussi régulières que les premières, on re- connoît toujours la même cause influente ; les différences ne sont dues qu’à celles qui existent entre les deux fluides. La marée est aqueuse , celle de l’atmosphère qui l’est vraisemblablement aussi, n’est cependant bien sensible que deux fois par semaine lunaire. La nouvelle forme que j'ai donnée à mes registres d’observa- tions pour me faciliter les recherches relatives à la théorie des constitutions lunaires du citoyen Lamarck, ( Jourual de phys. 1801 , seconde partie, pag. 222) m'a aussi été très-commode pour vérifier les résultats annoncés par M. Howard. J'ai douc noté pendant un espace de 34 ans et 5 mois (du 1 janvier 1768 au 22 mai 1802 ) la marche ascendante et descendante du baro- mètre dans chacune des sizygies et des quadratures de la lune qui ont eu lieu durant tout ce temps. Voici la somme totale des élévations et des abaissemens du mercure dans le baromètre à chacune de ces époques. Baromètre. Nouv.lune. Pr.quart. Pl.lune. Sec. quart. Somme pour der du merc. 218 fois 296fois 199fois 290 fois. 34 + années. { Abaiss. du merc. 281 229 279 106. Différences........ 63 67 80 84. Ce résultat de près de trente-cinq années d’observations con- firme , comme on le voit, celui que M. Howard a conclu , tant d’une année d’observations faites à Plaïston , que de dix années de pareilles observations faites dans les bâtimens de la Société royale de Londres. . On remarque 1°. que les quatre nombres qui expriment les dilférences entre les élévations et les abaissemens du mercure pour chaque phase lunaire, sont dans une proportion à-peu-près exacte, car 65 : 67 :: 80 : 85 &. 2°. Que les deux dernières phases, savoir la pleine lune et la quadrature , sont plus influentes que les deux premières phases. 3°. J'ai examiné à quelles époques lunaires ont répondu cha- que mois pendant dix ans les plus grandes et les moindres éléva- tions. du mercure : voici le résultat de mes recherches. Baromètre. Nouv.lune. Pr.quart. Pl.lune. Sec. quart. Somme pour j Plus gr. élévat. 26 fois 4o fois 26 fois 28 fois. dixans. ?Moindr.élévat. 30 34 29 27 Différences.....,:... 4. | SÉREe 3 1, Tome LI1F. PRAIRIAL an 10, G gg 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voilà donc un nouveau pas de fait dans la carrière météoro- logique. Il faut espérer qu’en redoublant d’assiduité pour mul- tiplier les observations , et qu’en les soumettant à différentes combinaisons pour en tirer des résultats, cette carrière s’étendra encore. L'application utile qu’on peut faire de ces observations à la physique, à l’agriculture et à la médecine , est bien propre à soutenir le zèle des observateurs, et à les dédommager des sarcasmes et des imputations odieuses dont certains sayans même ont quelquefois accueilli ce genre d'observations, ainsi que ceux qui s’en occupent, ( Voyez mes Considérations sur la méléoro- logie, Journal de physique, année 18or , tom. LIT, pag. 388 ). rt SUITE DE LA LETTRE De J.-F. Dauguisson à J.-C. DrLaMÉTHERTE, EEE MR ANNE TE Du cours verbal d’orictognosie de M, Werner. Div. D r'4 mA N:T. En exposant les principes de ma classification ( c’est Werner qui parle); j'ai développé les raisons qui me portoient à faire du diamant un genre particulier que je mets à la tête de la classe des pierres. Quelques minéralogistes , décidés par les nou- veaux travaux des chimistes sur cette substance , l’ont placée dans la classe des combustibles : je n’ai pas cru devoir suivre leur exemple ; et voici , en peu de mots , les raisons qui m’en ont empêché. Les substances que je place dans la classe de combustibles, ont la propriété de brûler facilement ; après la combustion, elles laissent un résidu d’une nature différente ; leurs couleurs sont en général obscures et foncées ; elles sont légères , et tendres ou très - tendres. Le diamant au contraire brûle difficilement , ou plutôt il se volatilise lorsqu'il est exposé à l’action d’un feu violent, maïs sans laisser de résidu ; ou bien , si on interrompt ET D'HISTOIRE NATURELLE. &i15 Ja volatilisation , ce qui reste est encore un diamant de moindre volume , mais il n’a éprouvé aucune altération dans sa nature: les couleurs du diamant sont claires ; il est presque pesant ; c'est la substance la plus dure que nous connoiïssions ; elle est trans- parente , presque toujours cristallisée : en un mot elle possède, ans un degré éminent , les propriétés qui caractérisent princi- palement les pierres. De plus les corps combustibles se trouvent dans des gîtes particuliers ; le plus souvent en couches les uns avec les autres : le diamant au contraire se trouve dans et avec les pierres , et de la même manière que l’on trouve le zircon, le pyrop, le saphir, etc. Toutes ces raisons , que nous pourrions encore développer davantage , nous portent à laïsser le diamant dans la classe des pierres et à en former un genre particulier. Dans un système de chimie- minérale , le diamant devroit être placé parmi les fossiles combustibles; mais dans l’orictognosie, nous classons les minéraux d’après leurs rapports naturels, et sous ce point de vue, le diämant a plus d’analogie avec les pierres. Etimolosie. Le mot diamant dérive du mot latin adamas , adamantis que les Romains donnoïient à celte gemme :le mot latin venoit du mot grec qui signifie zzdomptable , parce que les anciens , au rapport de Pline, Le croyoient à l'épreuve du feu et du marteau. : Caractères extérieurs. Couleur. La couleur la plus ordinaire du diamant est le b/anc et le gris, mais on en a de verts, de jaunes et même de bruns, de rouges , et de bleus ; ces derniers sont les plus rares. Les va- riétés du blanc, que l’on trouve dans les diamans , sont le blanc-grisätre, blanc-jaundtre , blanc-verdätre. Celles du gris sont le gris-de-cendre , gris-de-fumée , gris-de-perle , gris-ver- détre. Les variétés des autres couleurs passent les unes dans les autres à-peu-près dans l’ordre suivant: rouge-rose, rouge-cerise, brun-de-gérofle , brun-jaunâtre , jaune-d’ocre , jaune-de-vin , jaune-citron , jaune-de-soufre , vert-de-serin , vert-d’asperge , vert- de-pistache, vert de-poireau, vert-de-montagne ; là la cou- leur rentre d'un côté dans le gris-verdätre, de l’autre elle passe au lez, et va jusqu'au, b/eu-indigo (1 ). Ces couleurs (1) C’est la seule des variétés bleues que possède Werner: vraisemblablement ; dit-il , ilexiste aussi des nuances intermédiaires entre le bleu et le rouge. Au G gg 2 416, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sont presque toujours péles et claires, rarement foncées , et presque jamais obscures. Exposé à une grande lumière , sur- tont lorsqu’il est taillé, le diamant présente un /ev de couleurs très-vif et très-agréable. Forme. On le trouve en grains, soit de forme indéterminée, soit presque sphérique ; ces grains décèlent une tendance à la cristallisation ; il faut les regarder comme de formation pri- mordiale , et non comme des diamans roulés. Il se trouve aussi très-fréquemment cristallisé. La cristallisation principale et radicale, celle d’où dérivent toutes les autres est a. L’octaèdre parfait , à faces planes ou bombées. À partir de cette forme , on a une série dont le terme extrême, qui tient de bien près à l’octaèdre , est d. Le seomént d’octaèdre , (on l’obtient en coupant l’octaèdre parallèlement à une face). . 11 existe vraisemblablement encore des cristaux de diamant, qui sont des zétraèdres tronqués sur tous leurs angles , et des iables heragones à faces terminales placées de biais , alterna. ivement dans deux sens différens ; car ces deux cristallisations ont de grands rapports avec le segment. D'un autre côte on a : c. L'octaèdre tronqué sur toutes ses arêtes ; les troncatures sont cylindriquement convexes. d. L'octaèdre bisellé sur toutes ses arêtes ; les facettes des bisellemens également bombées. e. L’octaèdre bisellé sur toutes ses arêtes , et les bisellemens TOTMLPUSe . Lorsque les facettes ou troncatures de la variété c augmentent jusqu’à faire disparoître les faces de l’octaèdre , on a: f. Le dodécaèdre rhomboïdal à faces bombées, quelquefois allongé. ? Lorsque les facettes des bisellemens de la variété Z augmen- tent jusqu’à faire disparoître les faces de l'octaèdre radical , on a: reste, les couleurs que nous venons d'indiquer ici , existent réellement. Wer- ner les possède dans sa collection ; rangées dans l’ordre que «nous avons-donné , elles forment la suite des couleurs. Il y a en outre pour le diamant, ainsi que pour toutes les’autres espèces, la suite de formes indéterminées , celle des cris- tallisations , celle des cassures. Ainsi ses descriptions peuvent être regardées comme le catalogue de sa collection, ms EMI ID IH IS TIONERSE "NAT DURE D'LE 417 g. L'octaèdre à faces (bombées) brisées en 3 ; les arêtes de brisure partent du centre de chaque face , et vont aboutir au sorrnet des £TOiS angles. Lorsque les facettes des bisellemens rompus de la variété e augmentent, et font disparoître les faces de là cristallisation radicale , on a: k. L'octaèdre à faces (bombées ) brisées chacune en 6 ; les arétes des brisures partent du centre de chaque face, et se diri- gent, 3 vers le sommet des trois angles , et 3 vers le milieu des rois côlés. Le dodécaèdre rhomboïdal fournit encore trois rameaux, dans l'arbre de la cristallisation du diamant, ce sont les suivans : z. Le dodécaëdre rhomboïdal à faces brisées en 2 ; l’aréte de la brisure passe par les angles obtus de chaque rhombe ? ( ou obtus dans les faces du pointement , et aigus dans les faces laté- rales ). K. La double pyramide triangulaire obtuse d faces contre arêtes , tronquée quelquefois sur les angles de la base. Ge cristal provient d’un raccourcissement du prisme dans le dodécaèdre rhomboïdal ; les facettes des troncatures sont les restes des faces latérales du prisme. Enfin, si l’on prend deux dodécaèdres rhomboïdaux, qu’on les emboîte l’un dans l’autre , et qu’on en tourne un d’un sixième de circonférence , on obtiendra : 1. La double pyramide triangulaire fort obtuse, à faces contre Jfaces, et portant un pelit pointement assez obtus à 4 facettes sur chacun des angles de la base commune. Les facettes de ces pointemens sont les restes des faces laté- rales des deux dodécaèdres. Les grains et les cristaux se trouvent rarement enchassés dans la gangue dans laquelle ils ont été formés. Le plus souvent on les trouve séparés et isolés. Les cristaux présentent dans tout leur pourtour des faces de cristallisation. Grandeur. Les grains et cristaux sont ordinairement très- pelits, quelquefois petits , très-rarement de grandeur moyenne : ceux qui sont d’une grandeur supérieure sont mis au nombre des plus grandes raretés. Surface. La surface des cristaux octaëdres est Zisse, celle des dodécaèdres , ainsi que celles: qui proviennent des troncatures , est siriée et rude ; celle des grains est souvent granulée (comme de la peau de chagrin), quelquefois même elle est drusique. 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Eclat, La surface des diamans est ordinairement brillante, quelquefois très-brillante , d'autres fois peu brillante. Dans la cassure le diamant est toujours #rès-brillant. Il a une espèce d'éclat qui lui est propre, et que nous nom- mons éclat de diamant. Cassure. La cassure est parfaitement lamelleuse, à lames plates , et à 4 clivages tous également parfaits, se coupant à angles égaux; tls sont parallèles aux faces de l’octaèdre ra- dical (à). 1 De là vient que les fragmens ont la forme ou d’un octaëdre, ou d’un tétraèdre , ou des intermédiaires entre ces deux. Les lames de la cristallisation ( cristallisations blœltehen) , étant superposées les unes aux autres dans le sens des clivages, les faces de l’ocfaèdre radical doivent être lisses. Le diamant ne m'a pas encore présenté de pièces séparées ; s’il en existe, ce ne peut être que des pièces grenues , à petits grains , qui sont des grains de diamant , ou des cristaux réunis ensemble. Transparence. Il est transparent, passant quelquefois au semi- transparent , et allant même jusqu’au translucide. Sa transpa- rence n’égale jamais celle du cristal de roche. Il est dur au plus haut degré, c’est le plus dur des corps que nous connoIssiOns. Il est aigre, difficile à casser , médiocrement pesant, appro- chant du pesant. Caréctères physiques. Tout ce que l'on a dit sur certaines propriétés physiques pro- pres au diamant, telles que d'attirer le mastic, de phosphorescer dans l'obscurité , est dénué de fondement. Caractères chimiques. Le diamant a des propriétés chimiques très-remarquables. Exposé à l’action d’un.feu violent , il se volatilise ; sa surface (1) Pour montrer les particularités de la cassure du diamant, Werner a un diamant octaèdre qu'il a fait tailler, pour cet effet, à Amsterdam. Une des py- ramides est entière et dans son état nalurel. L'autre est taillée de manière à ce qu'on puisse distinguer les clivages ou sens des lames. END D'HNTES TION RTE PN'A UDLUNRIENTAIL (IE 419 paroît se couvrir non d’une flamme, mais d’une légère phos- phorescence. Si on continue l’action du feu, il se volatilise en entier sans laisser de résidu. Mais si on interrompt l'opération , ce qui reste, non volatilisé, est encore un diamant qui ne pré- sente absolument aucune trace d’altération. Tout cela, ajoute Werner , me fait dire que le diamant ne brûle pas à la manière des autres combustibles. D’après les travaux des chimistes , notamment de Guiton- Morveau , il paroît que le diamant est presqu’entièrement com- posé de carbone pur ; cependant je ne crois pas qu’on puisse se flatter d’en avoir encore une analyse exacte et complette. On ne peut pas dire que l’on sait quelles sont toutes ses parties constituantes , et en quelles proportions elles sont combinées. Localités. Le diamant se trouve au Brésil dans l’intérieur du pays, mais principalement dans les Indes orientales , au nord de la pénin- sule de l’Inde , dans les royaumes de Golconde , Visapour , etc., au pied de la chaîne des monts Orixa. On en a aussi trouvé , dit- on , à Java et à Borneo. Gissement. Le pissement primordial du diamant, celui dans lequel il a été formé, ne nous est pas connu : on trouve ce minéral dans les sables ferrugineux qui sont au pied de lOrixa ; mais comme tout ce qui est dans des sables n’y est que dans un gissement secondaire , et y a été charrié par les eaux, je croïs que le dia- mant a eu son gissement primitif dans l’Orixa ; et comme cette montagne appartient à la formation des trapps secondaires , le diamant me paroît être un des produits de cetie formation. Ainsi son gissement paroît avoir de grands rapports avec ceux de Fhÿacinthe , du saphir, que l’on trouve également dans des sa- bles ferrugineux auprès des montagnes de trapp. Usage. Ici Werner parle de l’usage que l’on fait du diamant, prin- cipalement pour la parure. Il entre dans quelques details sur ‘les diverses manières dont on le taille ; il finit par parler du prix de cette gemme, et par citer les plus belles que l'on connoît. Je supprime tous ces détails. 4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE P.S. Je veux encore m'expliquer sur les passages d’une es- pèce à une autre. Je dis qu’on trouve dans la nature des miné- raux qui offrent une suite graduée de propriétés ; que les termes de ces suites passent insensiblement les uns dans les autres ; que c’est dans les extrêmes de la suite que les minéraux sont bien décidément distincts, qu’ils forment des espèces absolument séparées ; et les intermédiaires sont ce que j'entends par le mot passage. Ces intermédiaires se trouvent quelquefois dans la na- ture, mais, il faut en convenir , en moindre quantité que les espèces pures ; et même parmi les intermédiaires possibles , il y en a quelques-uns qu'on ne trouve pas, ou qu’on ne trouve que très - rarement. Ce sont ceux qui se présentent en plus grande quantité, et qui sont assez caractérisés, que Werner a décrits sous le nom de sous-espèces et même d’espèces. Il sembleroit que les parties constituantes des minéraux de la série se sont trouvées dans la dissolution d’où les minéraux se sont précipités en quantité différente , à différentes époques et à différens en- droits ; et qu’un certain rapport , dans les affinités de composi- tion , permettoit ou favorisoit une réunion des parties consti- tuantes en de certaines proportions, et qu’il excluoit les mélan- ges (chimiques) dans d’autres proportions, ou du moins faisoit qu'ils étoient bien moins fréquens. Je pourrois exprimer mon idée d’une manière peu exacte, je le sais, mais qui me fera peut- être mieux comprendre. Dans la série des intermédiaires possi- bles entre deux espèces distinctes , on peut se représenter comme des centres d’affinité autour desquels s’est formée la réunion des parties constituantes, c’est-à-dire le minéral ; entre les centres il ne s’est point formé de termes , ou bien ils se sont formés plus rarement. RAPPORT BA PB OS RTE SR OURS DÉVEPS ICNONNEBEMRANVI PEU ISES FAIT A LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. Par le citoyen Dscannorzr. La Société m’a chargé de lui rendre compte d’un mémoire du citoyen Vaucher sur les graines des conferves , et de comparer ce travail avec les observations du citoyen Girod-Chantran (1); j'ai cru que pour remplir entièrement son but, je devois recher- cher ce qui a été écrit sur les conferves depuis qu’on a commencé à douter qu’elles appartinssent au règne végétal ; sans m’astrein- dre à l’ordre des mémoires que j'ai été chargé d’examiner, je vais présenter le précis des observations faites par Adanson, Priestley, Ingenhousz , Senebier , Roth ; Girod-Chantran et Vaucher. J’examinerai à quel règne les conferves appartien- nent ; je jeterai un coup-d’œil général sur la famille dont elles font partie ; je tracerai les divisions génériques que la nature me semble y avoir établies, et sans prétendre faire la monographie des conferves, j’indiquerai les espèces inédites que les citoyens Vaucher et Girod-Chantran ont fait connoître. bi PE ; ; Ua I. Dans quel règne doit-on ranger les conferves É La plupart des naturalistes ont resardé les conferves comme 1e 3 qe] + \ des vésctaux ; d’autres ont Cru qu’elles apparténoïent au rêene Su 5 EU ES AO animal 5 quelques-uns ont suppose qu elles étoient des êtres in- termédiaires entre les vésétaux et les ‘animaux. le) (1) Le rapport qu’on va lire a été fait sur les mémoires manuscrits envoyés à la Société par le cit, Girod-Chantran, et avant la publication de l'ouvrage de ce naturaliste. Il a été fait pour la société philomatique ,.et je n’aurois jamais pensé à le publier, si la note ajoutée à la fin des Recherches chimiques et mi- croscopiques sur Les confèrves, bisses ettremelles du cit. Girod-Chantran , ne m'y avoit forcé, J’espère que les naturalistes qui le liront comparativement avec les recherches du cit. Chantran, reconnoitront que je n’en ai pas rendu compte d’une manière si peu exacte. Tome LIY. PRAfRIAL an 10. Hhh 41. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette dernière idée a été avancée par Priestley, en 1779, à l’occasion de cette petite espèce de conferve connue sous le nom de matière verte, qui croît dans les bocaux pleins d’eau et ex- pocés à la lumière ; mais deux ans après, le même chimiste aban- donna sa propre hypothèse ; et parla de la matière verte comme d’une véritable plante ; je ne m'arrêterai donc pas à combattre une liypothèse sans preuves, et qui est maintenaat abanJonnée par tout le monde, Fontana , Ingenhousz et Girod-Chantran ont classé les confer- ves pari les animaux , mais les opinions de ces naturalistes ont beaucoup varié sur le mode d’animalité qu’ils attribuent aux con- ferves : tantôt on a regardé la conferve comme nn polype, tantôt comme un polypier, tantôt enfin comme une aggrégation d’ani- malcules. Examinons ces troisshypothèses. L'observation la plus favorable à la première opinion est celle qu’Adanson a consignée dans les méinoires des savans étran- gers pour 1757 ; il y décrit une petite conferve gélatineuse com- posée de filets articulés droits, verts, longs, d’1 —3 lignes, et 13 fois plus fins qu’un cheveu : il dit y avoir vu deux mouve- mens, l’un latéral qui n’est sensible: que dans le bord de la touffe, et qui va à un quatre centième de ligne par minute ; l’autre lon- g'tudinal par lequel le filet s’allonge jusqu’à près de trois lignes en une minute. Adanson nomme ces mouvemens spontanés imais non volontaires , et il ajoute: /a structure , la substance , le dé- faut de sensibilité, et autres qualités qui différencient le tre- mella (c'est ainsi qu’il nomme la conferve) des animaux; le rangent nécessairement dans la classe des végétaux. L'observa- tion d’Adanson estexacte , mais comme il l’a faite dans un temps où l’histoire des polypes étoit encore mal connue , il a décrit comme végétal un véritable animal. Muller a depuis étudié ce même être , et a reconnu que c’est un véritable animalcule qu’il nomme vibrio seniculatus; maïs comme cette prétendue conferve est la seule où l’on ait observé de pareils mouvemens, il s'ensuit que l'observation d’Adanson ne prouve point l’animalité des conferves. 1] paroît que dans le commencement de son travail, Girod- Chantran assimiloit les conferves aux polypes; ainsi dans le se- cond mémoire qu’il a envoyé à la Société (et qu’il a supprimé à l’impression ), il propose de nommer le bissus velutina polype de muraille : il remarque cépendant, et comme avec surprise, qu'il n’a vu aucun mouvement dans ses tubes. Le citoyen Girod- Chantran paroît revenir à la même idée au n°, 19, où il décrit EUT DH IS TOI RSENN AUTRU R ELLE: 423 une espèce qu’il nomme conferva fontinalis ; il dit que ses tubes jouissent d’un mouvemént progressif , très-lent dans le sens de leur longueur , et quelquefois se jettent de côté: mais comment des tubes fixés par la base auroiïent-ils un mouvement progressif longitudinal ? et quant à ces déjetemens latéraux, ne sont-ils point dus au dégagement de quelque bulle d'air ou à une oscil- lation du liquide? Le même naturaliste affirme plus clairement son opinion au n°, 11:il y décrit le bisszs ffos aqua, et le trouve composé de deux sortes d'êtres ; les premiers immobiles ou n'ayant qu’un mouvement très-lent , sont des tubes verts, cloi< sonnés et simples; les seconds se meuvyent rapidement, sont jau- nes, ovoïdes-aigns , ou terminés des deux côtés par une espèce de chapiteau. Girod-Chantran croit que les filets verts se trans- forment en animalcules jaunes , et il apporte pour preuve, que quelquefois les animalcules jaunes ont une forme cylindrique , voyez la fig. 11 de son ouvrage; mais même dans cet état ces deux êtres me semblent suffisamment distinoués.par le chapiteau qui termine les filets mobiles , et qui manque dans les filets immo- biles , par la couleur jaune des premiers comparée à la couleur verte des seconds. D'ailleurs , d’après le récit du citoyen Girod- Chantran , il me semble bien plus probable que les animalcules jaunes habitoient avec le bisse, et peut-être s’en nourrissoient : en effet , il raconte qu’au bout de dix jours il se forma sur les parois de son vase des plaques verdâtres composées de filamens verts, et de corps ovoïdes à leur dernier degré d’accroissement ; il n'y vit point de ces prétendus corps intermédiaires , et s'ils eussent dû exister quelque part , c’eût été dans ces productions nouvelles où se trouvent les deux extrêmes. D'ailleurs, si les ani- malcules jaunes étoient des développemens de la conferve, on ne devroit pas en trouver de plus petits qu’elle , ce qui a lieu cependant d’après la figure. R A l'exception de ces trois cas, le cit. Girod-Chantran ne pa- roît point croire que les conferves soient des polypes ; je ne m’ar- rêterai donc pas à réfuter une opinion qui n’est appuyée que sur trois observations équivoques- Mais les conferves ne seroient-elles point des epèces de poly- piers , c’est-à-dire les animalcules qu’on observe entremélés avec les conferves n’auroient-ils point forme ces tubes pour se loger dans leur intérieur ? Cette opinion paroît être celle de Fon- tana et d’Ingenhousz ; elle a été souvent soutenue par le citoyen Girod-Chantran , savoir aux numéros 4, 8,9,10,12,15,16, 17, 27, etc., de ses méinoires. Hhh 2 424 JOURNAL DE PHYSIQUÉ,DE CHIMIE On sait que les conferves et les bisses articulés renferment dans leur intérieur des globules que quelques bo'anistes ont regardés comme leufs graines ; on sait aussi que dans presque toutes les eaux, et sur-tout dans les touffes de conferves, on trouve des my- riades d’animalcules ; le cit. Chantran pense que les anñmalcules qui se meuvent autour des conferves , sont les mêmes êtres que les globules qui se trouvent dans leur intérieur , et il compare leur état de torpeur dans le tube à celui d'une chrysalide, Les preuves qu'il en apporte dans les divers articles de son livre où il soutient cette opinion , sont 1°. une ressemblance plus ou moins parfaite entre les animalcules et les corps intérieurs ; mais outre que leurs formes sont souvent très-différentes , pourroit-on, même en admettant la ressemblance, donner une grande impor- tance à une ressemblance apparente entre des êtres si difficiles à observer ? La seconde preuve du cit, Chantran, et celle sur laquelle il s'appuie le plus souvent, est que si on prend une conferve dé- pourvue d’animalculés extérieurs, si on la laisse quelques jours dans un vase d’eau exposé à l’air, on trouve que Îles globules qui étoient à l’intérieur des tubes ont disparu , et que l’eau est remplie d’aniinalcules. Ce fait qu’il a observé très-souvent paroît concluant; mais ne s’explique-t il pas plus naturellement encore en admet- tant que le séjour de la conferve dans une eau stagnante a cor: rompu les paroïs des tubes , que les globules sont sortis des tubes ou ont été eux-mêmes décomposés , et qu'il s'est développé dans le même bocal des animalcules infusoires , comme LME a lieu dans toutes les eaux qui contiennent des matières végétales en décomposition. Cette opinion s'appuie non-seulement sur l’histoire générale des animalcules infusoires, mais en particulier sur l’observation que le cit. Girod-Chantran a consignée au n°. 13 de son ou- vrage: il y raconte qu'ayant fait macérer le /ichen prunastri dans l'eau, il s’y développa des animalcules ; j'avoue que je ne vois point comment on prouveroit que les lichens ne sont pas des polypiers , si l’on soutenoit , d'après cette preuve , que les con- fèrves en sont. : Il me paroît d’ailleurs qu’on peut faire cinq fortes objections contre l’analogie des conferves avec les polypiers. 1°. On n’ap- pereoit dans aucune conferve ni tous ni pores qui puissent donner passage à ces animalcules , gt ces animalcules qui sont très-visibles au microscope doivent cependant être plus petits que les trous qui devroient leur donner passage ; en sorte que cenx-ci . “ L . . o ? . devroient à plus forte raison se laisser appercevoir. 20. Les mêmes ÉPRND PAS ENOMMRTENNTANTAUNRIE" LATE 425 animalcules qu’on prétend former telle ou telle conferve, se re- trouvent quelquefois dans des eaux qui ne contiennent pas de conferves, ou qui du moins contiennent d’autres espèces ; ainsi l’animalcule singulier, décrit par Girod Chantran au n°. 19 de ses mémoires comme fabricateur de la conferva fontiualis, est le gonium pectorale de Muller ( Acad. Sued. 1781), qui se re- trouve dans des eaux dépourvues de conférva fontinalis.3°. Une même espèce de conferye se trouve souvent habitée par une foule d’animalcules différens ; ainsi Senebier qui a étudié pendant longtemps la matière verte, y a reconnu à diverses époques et dé- crit cinq espèces de monades ; 3 volvox, 4 enchelys, 5 vibrions, 2 cyclidiums, 1 kolpoda, 1 trichoda , et plusieurs vortiselles. L:- quel de tous ces animaux auroit fabriqué cette conferve ? ou dira-t-on que par une singularité unique dans l’histoire des êtres organisés elle seroit l’ouvrage de plusieurs espèces à la fois, Le cit. Girod-Chantran lui-même a observé deux espèces d’animal- cules autour de la conferve qu’il décrit au n°. 4 de ses mémoires. Je ne doute point que si un observateur tout aussi exact et la- borieux que le cit. Chantran ou le citoyen Chantran lui-même, observoit de nouveau les mêmes conferves, il n’y remarquât d’autres espèces d’animalcules que celles qu'il a décrites. 4°. On trouve des conferves dépourvues d’animalcules ; je citerai pour exemples les observations mêmes de Girod-Chantran : ainsi il n’a yu aucun animalcule dans les conferves qu'il décrit aux numéros 6,7, 14, 18, 26,58 , etc. de ses mémoires. 5°. Enfin admettons que les globules qu’on voit dans l’intérieur des tubes, sont des animalcules , il resteroit encore à prouver que ce sont eux qui ont créé les tubes , et qu’ils n’y sont pas entrés pour s’y loger comme ils le font dans toutes les plantes aquatiques : or, comme on ne les y observe qu’à la fin de la vie des conferves, on seroit plus tenté de croire qu'ils servent à leur destruction plutôt qu’à leur propagation. D’après les observations que je viens de présenter , observa- tions faites par ceux mêmes qui soutiennent l’animalité des conferves , il me semble prouvé qu’elles ne sont point des po- lypiers. Une troisième hypothèse a été avancée par le citoyen Girod- Chantran, savoir , que les conferves sont des aggrégations d’a- nimalcules accolés les uns aux autres ; cette idee paroît au premier coup d’æil encore moins admissible que les précédentes, et il est cependant bien plus difficile de la combattre, parce qu’elle repose sur ure supposition dont jusqu'ici nous n'avons 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DË CHIMIE aucun exemple ; dans les règnes organisés nous voyons cons- tamment un être organisé tendre à se diviser pour multiplier le nombre des individus , et jamais nous n'en voyons plusieurs se réunir en un seul pour en diminuer le nombre. Cette réflexion ne détruit pas l’idée ingénieuse de Girod Chantran , mais elle doit engager à n’admettre une opinion aussi nouvelle que lors- que des faits non équivoques l’auront suffisamment étayée. Examinons les preuves qu’il en donne aux numéros 21, 45, 56, 58 , 80 et 81 de ses mémoires. Dans trois de ces articles il affirme avoir vu les globules doués de mouvement se réunir pour former une espèce de chapelet ; il dit qu’alors ils perdent leurs mouvemens, que le chapelet s’ac- croît et devient un véritable tube de conferve , que ce tube émet avant sa mort de petits globules qui reprennent le mouvement dès qu’ils en sont sortis. Dans les autres articles il soutient la même opinion, parce qu’il a vu les passages par lesquels il pense que l’accroissement a eu lieu. Les figures et les descriptions que le cit. Girod-Chantran donne de s< différens passages, me paroissent parfaitement exactes , mais loin de représenter la reproduction des conferves, elles me paroissent au contraire représenter leur dissolution. En effet, 1°. tous ceux qui ont étudié les conferves , savent que dès leur première jeunesse, et pendant leur état adulte , elles sont tou- jours d’un beau vert , et qu’elles ne deviennent blanchâtres qu'à Jeur mort ; or, dans tous les dessins où l’auteur représente ces formations de conferves par aggrégation , leurs tubes sont déco- lorés , en sorte qu’il me semble que l’accroissement des conferves suit un ordre précisément inverse de celui qu’il indique, 2°. Le cit, Chantran a souvent observé des conferves desséchées depuis plus ou moins de temps, ét il me semble singulier qu’à l’instant où on les humecte de nouveau , elles reprennent non-seulement la vie, mais qu’elles travaillent peu de temps après à l'acte de leur reproduction. Cependant ces difficultés s’'évanouiroient si un observateur exact affirmoit avoir vu distinctement l’aggrégation des animal- cules, et je m’en rapporte encore ici au cit. Girod-Chantian;au n°. 56 il dit avoir vu le monvement des molécules au moment où elles commençoient à se réunir, mais il ajoute que ce mouvement quoique sensible étoit lent. Ces mouvemens de molécules na- geantes dans un liquide ne seroient-ils point simplement des jeux d’attraction qui tromperoient l'œil de l’observateur ? ces mouyemens que Chantran décrit dans les molécules élémentaires END PDIHMIISUM OR IE AN ANNE UNRSE LE: 427 de la conferve ne leur seroient-ils point communiqués par les animalcules étrangers qui negent dans l’eau ? ces animalcules ne cherchent-ils point à s’introduire dans les tubes à moitié dé- composés de la conferve pour y trouver leur nourriture ? et cette circonstance n’auroit-elle pas trompé l’observateur © Il est sans doute permis de rechercher toutes ces possibilités , lorsqu’en dernière analyse il se trouve que c’est sur deux ou trois observa- tions que repose une hypothèse contraire à tous les faits connus. Certes , lorsque Trembley présenta ses observations sur l’anima- lité des polypes , on exigea bien plus de preuves avant d'ajouter la moindre foi à son opinion , quoiqu'elle ne choquât aucune des lois générales de la nature. Ici quelques observations faites sur des conferyes qui paroissent porter les caractères de la dé- composition , suffisent-elles pour admettre une opinion contraire à la loi la plus générale qu’on connoïsse jusqu'ici dans les êtres organisés ;je ne Le crois pas, et je soumets mes doutes à la Société. Nous venons d'examiner les trois hypothèsés des naturalistes ui soutiennent l’animalité des conferves ; nous avons vu que ‘après leurs propres observations , cette opinion est loin d’être prouvée : nos doutes n’augmenteront-ils pas encore en pensant combien il seroit extraordinaire que des êtres si rapprochés par leur forme , leur couleur, leur manière de vivre , fussent cepen- dant tellement distincts, que les uns seroïent des polypes, les seconds des polypiers, et les troisièmes des aggrégations de po- lypes. Voyons si l'opinion des anciens naturalistes qui classoient les conferves parmi les végétaux, est plus admissible que les pré- cédentes ; l’examen de leur nature chimique , de leur manière de vivre et de leur structure , doït résoudre cette question. L'analyse chimique des conferves a été faite pour la première fois par les citoyens Lacroix et Chantran; elle a été répétée par le citoyen Vauquelin , ei celui-ci conclut de son analyse qu’elles appartiennent au règne végétal plutôt qu’au règne animal. En eftet, 1°. loin de donner de l’ammoniaque à nu dans la cornue, elles ont fourni un acide, et la petite quantité d'ammoniaque qu’elles ont donnée étoit combinée avec l'acide pyro-muqueux, comme cela arrive à plusieurs végétaux. 20, Elles ne contiennent pas de muriate de soude comme l’ont cru les citoyens Lacroix et Chantran , mais du muriate et du carbonate de potasse, et quand elles contiendroiïent de la soude , on sait que cet a!kali se trouve aussi dans plusieurs végétaux. 30. La grande quantité de cendres données par les conferves est une preuve de végéjabilité plutôt que d’anumalité, 428 JOURNAL DE PHYSIQUÉ,DE CHIMIE La manière de vivre des conferves confirme cette analogie avec les végétaux ; comme eux elles sont vertes la lumière , et comme eux s’étiolent à l'obscurité. Elles exhalent de même pen- dant le jour une grande quantité de gaz beaucoup plus pur que l'air atmosphérique ; elles sont pour la plupart fixées par leur: base et dépourvues de tout mouvement apparent, et sur-tout de tout mouvement progressif. Elles oflrent, comme toutes les: plantes , des phases périodiques d’accroissement et des change- mens d'état qui se renouvellent toutes les années ; les touftes des conferves, comme la plupart des plantes aquatiques, servent de retraite à des myriades d’animalcules qui probablement se nourrissent de leur substance ou de leurs exhalations : on n’a pas encore découvert d’animalcules vivans dans l’intérieur des tubes de conferves , et sous ce point de vue elles méritent moins d’être classées parmi les animaux que le chêne ou tout vésétal qui nourrit des millierS de peuplades vivantes dans son écorce: et dans son bois. La structure des conferves nous fournira de nouvelles preuves qu'elles appartiennent au règne végétal ; elles touchent de si près aux tremelles , aux fucus et aux lichens , que ce n’est qu'avec la plus grande difficuité qu’on peut établir les limites de divers genres de cette famille. Les rapports des conferves avec les tremelles se font sur-tout: remarquer dans la zremella verrucosa ,., qui paroît composée de filamens englobés dans une viscosité transparente. Je remar- querai à cette occasion que ce seroit un problème intéressant à résoudre que de reconnoître la nature et l’origine de cette glaire visqueuse qui envelcppe un si grand nombre de conferves et de végétaux aquatiques ; elle me semble servir à les garantir du contact de l’eau, et ne paroît analogue sous ce point de vue avec la liqueur onctueuse qui recouvre les plumes des oiseaux d’eau, ; Les rapports des conferves avec les fucus se font remarquer évidemment dans la conpe transversale des conferves marines comparée avec celle du fzcus plocamium, comme je l'ai fait voir dans un mémoire dont on lit l'extrait au n°. 22 du Bulletin des Sciences ; parmi les plantes marines on est convenu de regarder comme conferves celles qui sont articulées, et com re fucus celles qui ne le sont pas, tandis que parmi les plantes d’eau douce nous trouvons un grand nombre de conferves sans articu- lations entièrement analogues à celles qui en sont pourvues. Les bisses forment la liaison qui unit les conferves avec les lichens ; ECUD D HN SÛTIOÏR RE : N AUDUI RE LIIE; 429 lichens ; les bisses filamenteux sont entièrement semblables aux conferves , à l'exception qu’ils vivent hors de l’eau. Les bisses pulvérulens, dont les botanistes allemands ont avec raïson fait un genre sous le nom de /epra , sont tout-à-fait analogues à la section des lichens crustacés et pulvérulens. Ces rapprochemens des conferves avec des genres bien évi- demment reconnus pour végétaux , sont sans doute de nouvelles raisons pour penser qu’elles sont aussi de véritables plantes. Le cit. Vaucher vient de donner un nouveau développement à cette vérité par les observations qu’il a faites sur les conferves. Je ne donnerai point ici l’extrait de ce mémoire, je dirai seulement que la lecture la plus attentive et l'inspection de quelques-uns des phénomènes qu'il raconte , m’ont convaincu de l’exactitude des observations et de la justesse des conclusions du cit. Vaucher; j'ajouterai que j'ai trouvé la confirmation de quelques-uns de ces faits, soit dans l'ouvrage de Roth sur les cryptogames aqua- tiques , soit dans les Mémoires de Girod-Chantran lui - même. Ainsi , par exemple, la conferve qu’il décrit au n°. 1{, se rap- porte très-bien à ce que Vaucher dit de sa première famille ; les conferves décrites par Chantran aux numéros 26,27, 57, etc., se rapportent bien à la cinquième famille de Vaucher. La figure 29 de Chantran représente presque le même mode de re- production que celui que Vaucher attribue à sa seconde famille. C’est ainsi que les observations des naturalistes exacts se retrou- vent confrimées les unes par les autres, quelle qu’ait été d’ail- leurs la diversité de leurs opinions. Je crois donc avoir prouvé dans la première partie de ce rap- port, que les conferves ne sont ni des êtres intermédiairesentre les végétaux.et les animaux, ni des polypes, ni des polypiers!, ni des aggrégations d’animalcules ; mais qu’elles sont de vérita- bles végétaux analosnes aux tremelles , aux fucus etaux lichens:; dans la seconde partie j'examinerai les conferves relativement à leur classification, IT. 4 quelle famille les conferves appartiennent-elles ? J'ai déja indiqué dans la première partie de ce rapport, que les conferves ont de grandes analogies avec les fucus, les tremelles et les lichens , d'où l’on comprend qu’eiles doivent faire partie ‘de la famille des algues; il convient donc d'examiner un instant cette famille, avant d'entrer dans le détail des genres qui la composent: Tome LIF. PRAIRIAL an 10, Tü 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Linné avoit mis dans la famille des algues toutes les cryptoga- mes qui n’étoient ni fougères, ni mousses, ni champignons , c’est à dire les hépatiques , les lichens, les fucus , les bisses , etc. Jussieu a diminué l’hétérogénéité de cette famille en en séparant les hépatiques ; de sorte qu'actuellement dans l’ordre naturel on considère Ja famille des algues comme intermédiaire entre les champignons et les hépatiques. Les algues se distinguent facilement des hépatiques, soit par leur structure , soit par leur manière de vivre ; on n’y à point jusqu’ici remarqué des sexes différens , du moins avec quelque certitude , et ce qu’on connoît de leurs graines et de leur repro- duction , diffère beancoup de ce que nous savons sur les hépa- tiques ; celles-ci habitent les lieux humides ou la surface des eaux , tandis que les algues sont ordinairement submergées où häbitantes des lieux les plus secs. Les lichens se rapprochent des hépatiques plus qu'aucun genre de la famille des algues, mais ils en diffèrent encore beaucoup , parce qu'ils n’ont pour tout organe sexuel que des scutelles on des tubercules qui ne s’ou- vrent point, qui ne répandent ni pollen, ni peut-être de véri- tables graines. Les algues touchent de près à la nombreuse et hétérogène fa- mille des champignons, et la limite entre ces deux groupes est difficile à tracer, soit À cause de leur proximité réelle , soit à cause de notre ignorance; les bisses sont très-voisins des moisis- sures : nous les distinguons parce que les moisissures portent des capsules terminales et polyspermes , tandis que les graines des bisses sont disséminées le long des filamens ; mais ces grains qu’on trouve sur les bisses n’ont pas encore été suffisamment étudiés, pour qu’on puisse affirmer que ce sont des graines. Le genre des tremelles offre un exemple singulier des rappro- chemens des algues avec les champignons ; elles ont été alter- nativement classées dans les deux familles ; et, en effet, quel- ques espèces me paroissent être de vrais champignons , tandis que d’autres sont de véritables algues : c’est ainsi que la zremella purpurea me semble un champignon voisin des æcidiums ou des sphæria, et doit être séparée des autres espèces ; elle est en effet charnue et fongeuse , tandis que les autres sont membra- neuses et gélatineuses : ces dernières espèces sont voisines des pézizes et des helvelles élastiques et gélatineuses. Elles en diffè- rent parce qu’elles n’ont pas de formes aussi déterminées , et que leurs graines , ou ce qu’on regarde comme leurs graines , parois- sent logées dans leur propre substance, et non répandues à leur ET DHISTOILRE NATURELLE. 454 surface supérieure comme dans les pézizes, ou à leur surface inférieure comme dans les helvelles. I! se trouve un troisième point de contact entre les lichens et les champignons , et je l'ai indiqué dans mon Essai sur la nutri- tion des lichens, je veux parler du /ichen ericetorum et des espèces voisines dont j'ai proposé de former un genre sous le nom de Jungimorpha ; ces plantes ont une base lichénoïde et des tuber- cules d’une substance fongeuse. Les voit-on sans capsule? on les prend pour une /epra : les voit-on sans croûte ? on les con- fond au premier coup-d'œil avec les sphæœrocarpes. Les fongi- morphes appartiennent réellement à la famille des lichens, car on retrouve des protubérances charnues dans les lichens pixidés. _ Jussieu a réuni à la famille des algues les genres cyathus, hypoxylon et sphæria ; mais ils me paroissent appartenir vérita- blement à la famille des champignons , comme l'ont cru jusqu’ici tous les naturalistes , et comme il seroit facile de le prouver en suivant dans les détails l’analogie des cyathus avec les pézizes , des sphæria et des hypoxylons avec les uredo, les æcidiums et les lycoperdons. La famille des algues se distingue donc suffisamment des champignons et des hépatiques ‘mais on ne peut lui assigner que des caractères négatifs , vu la grande diversité des genres qui la composent. Qui pourroit croire en voyant une z/va et une lepra , une conferva et un Zichen, que ces plantes sont classées dans le même ordre naturel ? Jussieu avoit senti cette difficulté, et il a divisé sa famille des algues en trois sections , les bisses, les fucus et les lichens, etil ajoute : ambiguis innilitur signis caracter algarum quae dum rectius innotescent in duos tresve posthac ordines distribuentur. Les observations faites depuis cette époque nous ayant fait connoître d’une manière plus exacte les divers genres qui composent cette famille , nous pouvons , ce me semble, la diviser facilement en deux , les lichens et les al- gues proprement dites. La famille des lichens tire son caractère non seulement de la substance crustacée ou coriace des genres qui la composent, mais encore de ces scutelles ou tubercules qui se présentent sous diverses formes dans les divers genres. Toutes les espèces de cette famille habitent les lieux secs, à l'exception de la peltipera aqguatica Hoffin., licher aquaticus Lin., et dune espèce inédite que je nomme V’errucaria rivularis. Ces deux espèces habitent sous l’eau. Leslichens ne poussent pas de véritables racines , mais re 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ils aspirent l'humidité, soit par des poils radiciformes comine dans la peltigera , etc., soit par leur surface inférieure ou supérieure. Les genres de cette famille sont /epra Humb., fungimorpha Decand., verrucaria Hoffm., psora Hoffw., lobaria Hoftin. , peltigera Hoffm., cladonia Hoffin., usnea Hoftiw., wmbilicaria Hoffin., collema Hoffin. Ce dernier genre renferme toutes les es- pèces de lichens tremelloïdes, et touche de près aux tremelles par la nature gélatineuse de ses feuilles ; mais il en est suffisam- ment distingué par les scutelles dont sgs feuilles se chargent. Les parties de la fructification des Aie , quoique moins ap- parentes que celles des lichens, sont cependant mieux connues des naturalistes dont la curiosité semble avoir été piquée par la difficulté même; les graines des algues sont placées soit à la sur: face, soit dans l’intérieur de leurs feuilles ou de leurs filamens. Dans quelques genres il n’existe pas de graines , mais une simple reproduction par division et par extension. Toutes les espèces renfermées dans la famille des algues ainsi circonscrite , sont aquatiques à l'exception de quelques bisses et de quelques tre- inelles : toutes sont dénuées de racines, et aspirent leur nourri- ture par leur surface entière ; aussi croissent-elles dans toutes les directions sans tendre à la perpendicularité (1). Parcourons les divers genres qui composent cette famille. TT. Caractères génériques des conferves et des autres genres de la famille des alyues. ! La famille desralgues se divise en trois sections ; la première comprend les plantes dont les graines sont renfermées à l'inté- rieur des feuilles ou des filamens ; la seconde celles qui ont leurs graines à l’extérieur ; dans la troisième je place les algues qui se multiplient par boutures ou par division à la manière des poly- pes : remarquons que les espèces d’algues dans lesquelles on a cru remarquer un mouvement spontané, n’appartiennent pas à cette dernière division. De tous les genres de la famille des algues celui qui s’approche le plus du collema est, comme je l’ai dit, le genre Tremella; son caractère est : une substance gélatineuse recouverte d’une peau membraneuse, les grains de la fructification épars au milieu de (1) Voyez mon Mémoire sur la végétation du guy, dont l'extrait est inséré dans le Bulletin des Sciences , n°, 49. E AP D? HUI SDIOUNR E "N° ANTIU RYEVTMLIE: 433 cette gelée. Les tremelles sont verdâtres ou d’une couleur oran- gée, habitantes de l’eau ou des lieux humides ; leur végétation est prompte , leur durée fugace , leurs formes très-diverses. Il faut rapporter à ce genre , ainsi que Roth l’a fait remarquer , les ulves globuleuses, savoir, l’lva pruniformis et l’ulva pranulata. Je pense que lorsqu'on connoîtra mieux l’organisation des tre- melles , on divisera ce genre en deux; le premier sera composé des tremelles vertes qui exhalent du gaz oxygène au soleil, qui sont membraneuses et analogues au nostoch; le second des tre- _melles orangées, fongeuses, analogues à la remella juniperina , qui n’exhalent pas de gaz oxygène au soleil , et font probable- ment partie de la fanulle des champignons. Après les tremelles on doit placer un genre nouveau décrit par Roth (1) sous le nom de Rivw/aria , et qui diifère du précédent en ce que /a matière gélatineuse dont il est formé n'est point enveloppée d’une peau membraneuse. Ces plantes sont vertes, gélatineuses , branchues; elles vivent dans les ruisseaux , se pour- rissent très-promptement lorsqu'on les sort de l’eau. Le troisième genre de la famille des algues est l L//va. Les ulves sont des feuilles membraneuses qui, prés de leurs bords, con- tiennent des vésicules qu’on suppose être des graines ou des capsules. Ces graines ne peuvent sortir que par la destruction du tissu de la feuille , car e//es n’ont aucun orifice extérieur ; c'est ce qui distingue les ulves des fucus. Il faut exclure de ce genre les ulves globuleuses, comme je l’ai dit plus haut ; il est probable qu'on en excluera aussi l’z/va intestinalis qui habite les eaux douces , et qui est en forme de tube ; maïs la structure de cette plante est si mal connue , que je n’ai osé en former un genre distinct. Roth a bien senti qu’elle ne pouvoit être associée avec les véritables ulves, et l’a placée parmi les conferves dont elle me semble encore plus éloignée. Au moyen des corrections que. je viens d'indiquer , les ulves formeront un genre très-naturel composé d’espèces toutes habitantes de la mer , toutes membra- neuses diaphanes et papyracées, dont les unes sont vertes , et les autres violettes , mais qui toutes , comme je m’en suis assuré par l'expérience , exhalent à la lumière du gaz oxygène en grande quantité. Des ulves nous passons aux Fcus ; ici au lien de feuilles mem- braneuses nous trouvons des feuilles coriaces , souvent resserrées (1) Catal. botan. , p. 212. Bemerk. Crypt. Wassergew., p. 55. 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ét arrondies à leur base en forme de rameaux, de tige et de ra- cines : l'extrémité de ces feuilles est gonflée et remplie de vési- cules qui, à ce qu'on présume ; renferment les graines; ces vésicules émettent une liqueur visqueuse par des pores qui abou- rissent à l'extérieur. Tous les fucus habitent la mer ; tous sont coriaces, bruns ou rougeûtres ; ils n'exhalent qu'une très-petite quantité d'air. 1l faut exclure de ce genre toute la section des fucus à globules de Gmelin qui ont les graines placées à l’exté- rieur des feuilles. Le cinquième genre de la famille des algues est le genre Coz- J'erva ; voici le caractère que je lui assigne d’après les observa- tions de Vaucher. /amens cartilagineux ou herhacés, cloi- sonnés ; graines renfermées entre Les cloisons , et n’en sortant que par la destruction du tube même. Roth a le premier an- noncé d’une manière précise , et Vaucher a prouvé par expé- rience que les grains qui se trouvent dans l’intérieur des tiges des conferves, sont des semences. Les espèces cartilagineuses habitent la mer, et les espèces herbacées se trouvent dans les eaux douces ; ces dernières exhalent une quantité de gaz oxy- gène beaucoup plus considérable que les premières. Parmi les conferves d’eau douce ,, il faut remarquer la conferva jugalis découverte par Muller, et depuis lors observée avec soin par les citoyens Coquebert. Les filamens de cette espèce singulière pa- roissent s’accoller ou s’accoupler ensemble, et les grains sem- blent passer d’un filet dans l’autre : cette espèce d’accouplement est un fait qui paroît favorable à l’opinion de l’animalité des conferves. Je n’en ai point parlé dans la discussion relative à cette question, parce que n'ayant été observé que sur une seule espèce, je ne pouvois rien en conclure de général , et parce que le cit. Vaucher annonce de nouvelles observations à ce sujet. Cette espèce seroit-elle un véritable animal qui auroit l’appa- rence d’une conferve ? cet accouplement seroit-il une espèce de greffe par approche ? l’observation seule peut éclaircir ces doutes. Nous venons de parcourir les divers genres des algues dont les graines sont placées à l’extérieur des tubes ou des feuilles. Exa- minons de même celles dont les graines sont placées à l'extérieur. Ici nous trouvons d’abord la section des fucus à globules que nous ayons exclue de notre genre fucus; cette section forme le genre Ceramium de Roth. Son caractère est: Z'/amens membra- neux,cartilagineux, non cloisonnés ; capsules monospermes ad- hérentes à La surface extérieure des filamens. Ce genre comprend les fucus à globules , c’est-à-dire ceux dont les capsules sont E T'UD'MHUIS TOUR /E UNUACTUU REY LTE. 435 extérieures et non intérieures ; Roth y rapporte encore les con- J'erva littoralis et dichotoma. La nature de ces plantes est ten- dineuse , mais bien plus tendre et délicate que celle des fucus ; les ceramiums sont simples ou rameux, d'un brun verdâtre ou rougeâtre ; leurs capsules sont sessiles ou pédonculées , placées le long de la tige ou des rameaux. Dans quelques espèces et notaminent dans le €. dichotomum ( Roth}, elles s'ouvrent à leur maturité ; dans d'autres elles tombent avant de s'ouvrir. La première des cinq famälles de conferves décrites par Vaucher, a les plus grands rapports avec les ceramiums ; et comme la fructihication aussi bien que le port des plantes qui la composent , diffère beaucoup soit des ceramiums , soit des con- ferves, je les classe dans un genre nouveau auquel je donne le nom de Waucheria, parce que c’est sur une espèce de ce nou- veau genre que le cit. Vaucher a pour la preinière fois observé la fructification des conferves. Le caractère de ce genre est: Jilamens herbacés, simples ou rameux , ron cloisonnés ; graines attachées aux parois extérieures des filets et ordinairement pédoriculées. Les vauch-ries diffèrent des ceramiums par leur nature herbacée, parce qu'elles habitent dans les eaux douces, et sur-tout parce que leurs graines sont nues et non enfermées dans des capsules ; elles étoient jusqu'ici confondues avec les conferves , mais elles en diffèrent parce qu’elles ne sont point cloisonnées , et que leurs graines sont placées à l’extérieur des filets et non dans l’intérieur des loges. Le cit. Vaucher a remar- qué au sommet de ces petites plantes un corps en forme de massue allongée, d’une couleur plus foncée que le reste du fi- let, qui disparoît après avoir répandu une poussière fine et ver- dâtre. 11 pense que c’est là l'organe mâle , et cette hypothèse n’est pas dénuée de vraisemblance ; l’une des espèces dé ce genre paroît dioïque (1). Les vaucheries touchent de si près aux Bssus, qu'on a peine à les distinguer autrement que par leur manière de vivre ; les vaucheries habitent sous l’eau et les bissus à l’air. Les premières sont toujours vertes, herbacées, et exhalent beaucoup de gaz oxygène ; les seconds sont souvent colorés, d’une nature un peu fongeuse, et n’exhalent pas ordinairement de gaz oxygène. Les filamens des bissus sont le plus souvent dénués d’articularions et couverts de petits grains qu’on regarde comme lenrs semen- L (:) Vaucher ;, Bull. des Sciences, n°. 48, pag. 187 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE-CHIMIE ees : la structure de ces plantes est mal connue, et mérite d’at- tirer l'attention des observateurs. Je ne doute pas que lorsqu'on les aura suffisamment étudiées , plusieurs des espèces de ce genre et presque toutes passeront parmi les vaucheries , soit parmi les conferves , soit parmi les divers genres de champignons filamenteux. La végétabilité du béssus flos aqguae ne me paroît pas démontrée ; est-il autre chose, ainsi que Weiss l’a pensé, qu’un amas de molécules verdâtres produites par la décomposi- tion des plantes aquatiques et æntremêlées d’animalcules qui y sont attirés parce qu'ils y trouvent leur pâture ? Je soumets ce doute aux observateurs. Le dernier genre des algues à graines extérieures ou, si l'on veut , le premier de celles qui se multiplient par division, est le genre Batrachospermum de Roth; il est composé des conferves à rœuds, c’est-à-dire de la seconde famille de Vaucher. Les plantes de ce genre sont composéés de filamens genouillés, car- tilagineux , gélatineux. Les nœ'nds sont formés par des touffes de filamens courts , menus et ordinairement ramifiés ; Ces nœuds dennent à la plante l'aspect d'un chapelet; sa consistance gé- latineuse la fait ressembler au frai des grenouilles. Dans ces touffes de filamens se trouvent des graînes ou plutôt des cayeux qui s’en détachent , et dès leur naissance sont formés de filets déja articulés : cette graine ou ce cayeu paroît se développer de tous côtés à-la-fois, et offrir l’idée d’un véritable emboitement. Weiss et Roth lui-même avoient classé ces plantes parmi les chara , mais leur structure est réellement différente, comme Roth l’a ensuite observé. Ge naturaliste croit que les globules qui se détachent de la plante contiennent plusieurs graines. - Après le genre batrachospermuum , il faut placer un genre nou- veau composé des conferves solides et noirâtres , c'est-à-dire de la quatrième famille de Vaucher. Je propose de donner à ce genre le nom de Chantrania , afin d’attacher à l’un des genres de cette famille le nom d’un des naturalistes qui a observé ces plantes avec le plus de zèle, et dont j’admire le:travail quoique je ne partage pas ses opinions. La reproduction des chantrania s'opère par bouture ; chaque nœad se sépare et devient une véritable plante ; ces plantes habitent les eaux douces ; elles sont remar- quables par leur couleur noirâtre et leur tige sblide. Enfin le dernier genre de la famille des algues est 7’ Hydro- diction de Roth ; ce genre comprend les conferves à réseau dont Vaucher forme sa troisième famille. La seule espèce connue jus- qu'ici dans ce genre, est ja con/ferva reticulata Li. ; c’est un sac cylindrique . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 cylindrique fermé aux deux extrémités, et formé de mailles pentagones ; chacun des cinq filets qui composent le pe tagne, se renfle à ses extrémités, se sépare et devient lui-même un vé= ritable tube cylindrique et fermé, composé pareïllement de mailles pentagones. AUS Tels sont les genres connus actuellement dans la famille des algues ; on a pu voir dans le tableau que je viens de tracer , les rapports nombreux qui se trouvent entre les observations de Roth et celles de Vaucher. Ces rapports ne sontils pas autant de preuves en faveur de l’exactitude de l’un et de l'autre ? Je vais maintenant présenter le tableau des éspèces d'algues inédites décrites dans les mémoires que j'ai entre les mains. Je suivrai dans cette dernière partie l'ordre des genres que je viens d’établir. IV. Es 2m ces TNéD TES 1. Tremella. Girod-Chantran décrit cinq espèces de tremelles. 1°, 7remella verrucosa L. , n°, 10. 2°, Tremella nostoch L., n°. 12. La troi- sième décrite au n°. 38, comme étant la #remella palustris etc.; Dill. gen. 3, n. 2, me paroît différente des espèces connues, mais n’est pas encore suffisamment caractérisée pour qu'il soit possible de la classer. La quatrième décrite au n°. 57 , me paroît. une espèce inédite ; Chantran la nomme T,.couchée ÿ Trémellæ prostrata. On peut la ‘caractériser par la phrase suivante": 77 wi- ridis, gelatinoso-subcafnosa, rotundato-lobata , prostratw, sub- zuberculosa , pellucidæiS.; Au n°. 58 Chantran décrit'uné dütre espèce de tremelle qu'il nomme tremelle redressée 41 zemella erecta ; elle est très-voisine de la précédente , et häbite comme elle les caves. Elle peut être caractérisée ainsi : T. wviridis, gela- 2inoso-subcarnosa , rotunda , trilobata , erecta , punctulata. On trouve encore au n°. 16 des mémoires de Chantran la des- cription d’une plante qu'il nomme #remella juniperina ; mais cette plante n’est pas la tremelle des genévriers : je croirois plu tôt , d’après la figure, qu’on doit la rapporter à l’une des variétés de la peziza nigra. Bull. 2. Rivularia. Je ne trouve aucune espèce de ce genre ni dans Chantran, ni dans Vaucher. Tome LIF. PRAIRIAL an 10. Kkk 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF 3: Ulya. La plante décrite par Chantran sous le nom d’z/va intestina= lis au n°. 2, difière totalement de celle qui porte ce nom ;. c’est une espèce d’éponge d’eau douce. 4. Fucus: Aucune espèce: - 5. Conferva. 1°, Chantran (nt. 4 ) décrit une plante qu’il nomme conferve rouillée ; elle doit certainement être rapportée à ce genre, mais, il me semble que sa couleur est due à un commencement de décomposition , et je ne crois point qu’on puisse encore la re- garder comme une espèce distincte. 2°. Le n°. 18 de Chantran me paroît différent de la figure 2 ,, t. 2 de Dillen., et de la conferua rivalaris L. Mais elle n'est pas- décrite assez complettement pour la reconnoître. 3°. Au n°. 19 Chantran décrit une conferve qu’il regarde comme la conferva fontinalis L. ; mais elle en diffère sensible- ment puisqu’ellé est cloisonnée , tandis que la conferve des fon- taines ne l’est point, Cette conferve me ‘paroît être la même que celle figurée par Dillen , t. 2, pag 34, sous le nom de conferva Jluviatilis sericea tenuis. Je ne trouve aucun synonime de cette plante dans les auteurs systématiques ; mais je n’ose la caracté- riser, parce que les, détails représentés par Chantran me parois- sent appartenir à deux espèces diverses. ] 4°. Le no, 8x de Chantran me paroît bien appartenir à la con- ferve 2111 d'Haller ; cette espèce n'étant point classée dans les auteurs systéinatiques, je propose de la nommer conferve des. salines, conferva. salinarum, €. crustacea, gelatinosa, viri- dis , tennis, filimentis simplicibus intertextis constans. 50. Les, quatre conferves que je trouve encore me paroïssent:- avoir été jusqu'ici confondues sous le nom de conferva bullosa , parce que toutes ont la propriété de se détacher du fond de l’eau ;.et de venir former à la: surface un plexus qui retient les bulles d'air ; mais il me semble avec Chantran qu’on peut y die- tingner deux espèces. L'une décrite par Chantran an n°27, figurée par Vaucher (Jôurn. de phys, pl. IV. fig. 12, b.), rapportée par Chantran à la fe. 15,1. 4 de Dilleñn, pourroit prendre le nom de conferva bulligera , C. filamentis simplicibus seu. ramosis, plexum: - 4 ETDHLS TOIRE NATURELLE. 459 bullas aëreas includentem efficientibus ; fructificationis granulis in quoque loculo plurimis fasciatis seu lineatis. L'autre décrite par Chantran , n°. 26, pourroit conserver le nom de conferva bullosa ; C. filamentis ramosis, plexum bul- las aereas includentem effcientibus, fructificationis granulis in quoque loculo subbinis: | 6. Ceramium. Je ne connoiïs aucune espèce de ceramium dans les mémoires ‘que j’extrais. 7. Vaucherie. 1°.Je ne sais si je dois placer parmi les vaucheries la con- ferve 2123 de Haller, n°.3 de Chantran ; cette conferve ne me paroît être ni la figure 31, t. 5 de Diilen, ni la figure 17, t. 19 du même auteur, quoique Haller les cite l’une et Pautre dans son'n°. 2123: au reste ces deux figures de Dillen représentent. . deux plantes différentes. 2°, Je pense qu’il faut rapponter à ce genre le n°. 4 de Chan- tran, Dill. fig. 18 ,t. 4. pos 3°. La belle espèce décrite par Chantran sous le nom de conferve mammiforme , n°, 7, me paroît être la mème que celle qu’il a décrite au n°. 29. Cette plante appartient au genre des vaucheries. Je la nomme vaucheria mammiformis ; V. jila- mentis simplicibus radiantibus crustam orbiculatant mammi- Jormem constituentibus. 4°. La figure 6, t. 3 de Vaucher , représente une espèce iné- dite que je propose de nommer vaucherie à deux graines: vaw- O ” . . cheria disperma ; V. filamentis ramosis, seminibus binis oppost- zis sessilibus subterminalibus. 5e. La conferve rase de Vaucher (Bull. des Sciences , n°. 48, pag 18) appartient à ce genre; V. rasa ; vaucheria pulvillo denso , filamentis brevibus simplicibus, seminibus geminatis zerminalibus. 6°. N'est-ce pas à ce genre qu'il faut rapporter la matière verte décrite par Priestley, Ingenhousz et Senebier ; elle a été nommée par Shranck /epra infusionum. On peut la nommer en conséquence vaucheria infusionum ; V. minima, viridis, gelati- zosa , filamentis vix manifestis. ” 8. Bissus. Ca 10. Lene, 15 de Chantran donne la description et la figure K 2 9, 2 kdo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’un bisse qui n'est pas encore classé systématiquement ; c’est le no. 2103 d’Haller et la fig. 4, t. 90 de Micheli : je le nomme bissus spadicea; B. filamentis simplicibus Spadiceis crispis. Je ne vois pas comment il diffère de la conferve des tufs décrite par Chantran , n°. 6. 29. Les numéros 23, 30 et 45 de Chantran appartiennent peut-être tous trois au bissus velutina 1. , et le n°. 46 au bissus botrioides Li 9. Batrachospermum. Les espèces de ce genre confondues jusqu'ici sous la dénomi- nation de conferva gelatinosa , sont distinguées dans les mé- moires que j'extrais : je les distingue aïnsi. r 1°. B. pelatinosum — Chara batrachosperma Weiss. — Cor- ferva gelatinosa L. — B. canle articulato , moniliformi ; no- dorum filamentis ramosissimis laetè viridibus. 29, B, nigricans. Vauch. Journ. de physiq: , flor.an o,, fig. 8, pl. 4. B. caule articulato , undique filamentis ramosissimis obs- curè purpureis 1eCL0. 30. B. simplex — Conferva gelatinosa Chantran , n°. 9, fig. 9. — Vaucher pl.3, fig. 7. B. caule articulato moniliformi , nodo- rum filamentis simplicibus acutis. Le n°. 21 de Chantran appartient à ce genre, et ne diffère peut-être pas du B. simplex. 10. Chantranias Dans le genre chantrania je place deux espèces décrites par Vaucher. 10, C. nodosa.— Conferva nodosaL. — Vauch. pl.4, fig. xx. C. viridis , nodosa , subsimplex. x 20, C. nigricans. — Vauch. Journal de phys. pl, 4, fig. 10. — Conferva , n°, 17, Dill. C. nigrescens , nodosa , subramosa. Telles sont les espèces d'algues ‘inédites dont j’ai reconnu l'existence dans les mémoires de Vaucher et de Chantran ; j'ai évité , en faisant l’extrait des mémoires de Chantran, de parler des observations qu'il a faites sur les sphæria , les æcidiums, les nielles , etc. ; il pense que ce sont des animaux. Cette opinion mérite une discussion spéciale , et je n’ai point voulu la mêler dans celle que j'ai établie sur les algues , afin d’éviter toute confusion , et pour ne pas allonger outre mesure un rapport qui, contre mon gré ,est déja devenu uu volume, ET D'HISTOIRE NATURELLE: Es Quoique dans ce rapport j'aie cherché à établir la végétabilité des conferves, je ne serois pas étonné qu’il n’y eùt quelques véritables polypes confondus avec les végétaux dans les ouvrages des nomenclateurs, Quoique j’aie présenté les caractères géné- riques de la famille des algues , je suis loin de penser que leur reproduction soit suffisamment éclaircie : en conséquence je crois que la Société doit inviter les citoyens Chantran et Vau- cher à continuer leurs belles observations sur ce sujet, et à lui en communiquer les résultats. Re NOT CE SUR UN SQUELETTE D'UN GROS ANIMAË TROUVÉ AUX ENVIRONS DE ROME; Par le comte Morozzo. Dans les derniers jours du mois d’avril, hors de la porte de} Popolo , dans une vigne qui appartient à l’avocat Petrini , les travailleurs en faisant un fossé pour y planter de la vigne , rencontrèrent un squelette auquel ils ne firent attention ; que lorsque continuant leur fouille ils virent paroître des'os d’une grosseur surprenante. Ils les rassemblèrent de même que de grosses dents. Je fus très-empressé, dès que j’en eu connoïssance ,; de me transporter tout{ de suite sur le lieu ; maïs on avoit déja comblé la plus grande partie du creusement dans lequel on avoit trouvé ecs ossemens. L'espace occupé par ceux-ci pouvoit avoir 25 à 30 pieds de longueur , et dans la direction du nord au sud. J'ai mesuré un os du fémur dans sa circonférence, ïl avoit deux pieds quatre pouces. Les dents ont six pouces huit lignes de longueur ; elles sont sillonnées, et fort ressemblantes à celles que l’on à trouvées en Sibérie et près des rives de l’'Ocio: en Amérique , que MM. Pallas et Collinson ont décrites , et dont on trouve les dessins dans les ouvrages de M. de Buffon. Les nôtres ressemblent à celles-ci quant à la partie extérieure, mais dans la dent que j’ai prise, il y a beaucoup de diversité , sois 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à l’égard des racines que lon voit enclavées dans la mandi- bule , soit par le creux de la dent qui n’avoit pas été usée ; ce qui supposeroit qu’elle appartenoiït à un animal jeune. Si je pouvois me procurer les autres dents, je ne manqueroïs pas de les faire, dessiner avec soin, et je tâcherois d’en donner une. description exacte. C’est un grand dommage qu’une pièce si intéressante pour l'histoire naturelle ait été presqu’entièrement détruite par la mal- adresse des laboureurs. Joignons à cela que dès que ces pièces furent exposées à l'air, elles se sont décomposées, réduites en farine , n'étant que légèrement calcinées. sue On n’est pas à même de décider si ces fragmens appartiennent à quelque animal quadrupède , ou bien à un cétacé , quoique les dents que j'ai examinées me fissent plutôt pencher pour le premier , et le croire probablement un éléphant ; car quoique Von m’ait point trouvé les défenses entières , qui probablement auront été détruites par la pioche, j'ai cependant reconnu quan- tité d'ivoire parsemé dans les terres qui ayoient été remuées. Cet ivoire est léger, très-friable , se cassant aisément avec les doigts. Il happe la langue comme les argiles , propriété que j'ai reconnue dans plusieurs autres ivoires fossiles. Peut-être que continuant la fouille où j'ai reconnu qu’il y a encore de gros ossemens, on pourroit découvrir quelque pièce qui nous ÔtÂât tous les doutes sur l’espèce d'animal. Mes soup- cons que ces os appartiennent à quelque éléphant, parois- sent prendre beaucoup de probabilité, si l'on jette un coup- d'œil sur un des plus beaux et des plus gros morceaux de dé- fenses d’éléphant , qui est dans le cabinet de Paris, et dont on évalue la longueur, si elle étoit entière, à dix pieds, C’est le duc de la Rochefoucault qui en fit présent. Il l’avoit trouvé, en compagnie de M. Demarest de l'académie des sciences, dans une petite colline près de Rome, et précisément à côté de celle-ci. Quoi qu’il en soit, cependant il est sûr que ces os trouvés sont d’une grosseur si démesurée , qu’ils ne paroïssent point apparte- jnir à aucun des animaux vivans connus. ET D'HISTOÏTRE NATURELLE. 443 NET EHÉORTE DE L'ATTRACTION MOLECULAIRE OU DE L'AFFINITÉ CHIMIQUE; RAMENÉE A LA LOI DE LA GRAVITATION. SECOND MÉMOIRE Par À. Lisses, Professeur de physique aux écoles centrales de Paris. Ce mémoire est une espèce de supplément à celui que nous avons publié dans le précédent numéro de ce Journal. Il a pour but de donner aux principes qui fondent notre théorie de l’at- traction moléculaire, toute la solidité qui leur convient ; de con- firmer l'exactitude des résultats analytiques qui en découlent , et de justifier la légitimité des conséquences que nous en avons déduites. Une théorie naissante trouve autour de son berceau assez d’ennemis intéressés à la combattre, sans en augmenter le nombre par un défaut d’explication. Tous les corps de la nature s'attirent ; c'est-à-dire qu’il exifte dans tous les corps de ia nature une force en vertu de laquelle ils s’approchent où tendent à s'approcher les uns des autres , quelle qne soit la cause qui lui donne naissance. Quant aux lois qui la maîtrisent, il est démontré qu’à distance finie cette force croît en raison directe des masses, et en raison in- verse du carré de la distance. Voyez notre Traité de physique, tome premier , pag. 346. Si l’attraction est en raison directe des masses, elle appartient nécessairement à chacune des molecules qui les composent. Ainsi: le second principe de notre premier mémoire nous paroît à l’abr# de toute atteinte. 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lé troisième principe consiste en ce qu’on peut regarder une masse finie quelconque , comme composée d’un nombre infini de parties infiniment petites, dont chacune égale la masse en- tière, divisée par l'infini. De ce principe sur lequel est fondée la méthode de différentier du célèbre Leibnitz , et dont l'exactitude des résultats a toujours justifié la bonté ; il suit que si nous désignons par 1 une masse . ï LM finie quelconque , nous aurons —- pour expression d’une de ses se] parties infiniment petites , que nous appellons molécule élémen- taire. Pareillement si nous exprimons par # une distance finie quelconque , une partie infiniment petite ou l’élément de cette : JEU JR : distance aura pour expression ——. Ces deux infiniment petits (so) sont du même ordre ;j mais il importe d'observer et de ne pas perdre de vue que le premier représente l'élément d’une masse finie , et le second l’élément d’une distance finie. Ces principes réunis nous ont conduit à cette équation M+ 72 À = dans laquelle À exprime la somme des attractions is deux masses finies quelconques M , 1, séparées par une distance finie quelconque D , exercent l’une sur l’autre. Supposant ensuite , à la place de ces deux masses finies , deux de leurs molécules élémentaires , il a fallu nécessairement substi- : À M mr tuer dans la dernière équation —— à la place de M, Nes ol à la Le) place de »1; et nous ayons eu cette nouvelle équation. ..... A — a = _ en faisant M + » — 1. Mais cette dernière équation représente-t-elle exactement la somme des actions qu'exercent l’une sur l’autre deux molécules élémentaires ? Dans l’hypothèse où ces molécules seroient sphéri- ques, les masses ne seroient-elles pas comme les cubes des rayons; et le rayon de chacune de ces petites sphères étant supposé in- finiment petit du premier ordre , la masse seroït un infiniment petit du troisième ordre. Alors au lieu de À — ; NOUS au- D? >= * 1 : Le ions À = Dr +} ce qui nous conduiroit dans l'hypothèse du rapprochement EF PHUS T OUIR! E 2N° AT! U RUE LINE! 445 rapprochement des molécules jusqu’au contact à un résultat contraïe à celui que nous avons obtenn. Nous allons examiner cette objection avec tout le soin que son importance commande. 1°. Personne ne dispute au géomètre le privilège d'établir ses calculs sur des bases hypothétiques , et d’en tirer des résultats qui, quoique rigoureux, n’ont pas plus de réalité que les prin- cipes qui leur ont donné naissance. 1l peut donc, s’il considère les corps, leur donner ainsi qu’à leurs molécules élémentaires la sphéricité et l’homogénéité que leur refuse la nature. Mais ce qui est permis au géomètre ne l’est point tovjours au physi- cien. S'agit-il d’estimer là masse d’une des molécules étémen- taires d’une masse finie ? il puise dans la science qu'il cultive des moyens infaillibles et parfaitement indépendans d’une figure dont la nature lui commande de faire abstraction , puisqu’elle s’obstine à lui en dérober la connoïssance. | 2°. Mais supposons, contre toute vraisemblance , que les mo- lécules élémentaires des corps soient douées d’une forme sphé- rique ; et examinons , dans cette hypothèse , la difficulté qui nous occupe. PREMIER: P'R:IN CLP ‘ La molécule élémentaire d’une masse finie ne peut être sup= posée plus petite, qu'une masse infiniment petite du prentiér ordre. Car nous avons vu qu’on peut regarder une masse finie comme composée d'un nombre infini de parties infiniment pe- tites que nous appellons molécules élémentaires, et dont cha cune égale la masse entière divisée par l’infini ; c’est-à-dire que chacune de ces parties d’une masse finie a et ne peut avoir qu’une masse infiniment petite du premier ordre. SEE GONN D PIRUT NÂC T PIE. Les masses s’estiment par les poids , et ceux-ci se composent des volumes multipliés par les densitæ. Voyez notre Traité de physique , toin. Ier. , pag. 214. Cela posé, d'après le premier principe la molécule élémen- taire d’une masse finie est une masse infiniment petite du pre- mier ordre : donct, suivant le second principe , le produit de È , é i à son volume par sa densité doit toujours égaler —— : donc, si le Le) Tome -LIV. PRAIRIAL an 10. LIL 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ARE 1 or, d 3 1 volume :=— , la densité = 1. Si le volume devient — , la co co . La e. . L . . densité — + :“enfin si le volume devient —; la densitédevient co nécessairement c° *, sans quoi la masse de la molécule ne res- teroit point infiniment petite du premier ordre, et ne pourroit conséquemment plus être regardée comme une partie infiniment petite d’une masse finie. Or dans l'hypothèse où la molécule de- vient une sphère homogène d’un rayon infiniment petit, le vo- donc . » I lume étant comme le cube du rayon devient égal à —; 2 alors la densité devient nécessairement « ?, afin que la masse de , e 2 NEVER E 1 : la molécule reste toujours égale à ——. En un mot —— exprime SAME 25e le volume d’une sphère homogène d’un rayon infiniment petit; mais ce volame ne pent représenter la molécule élémentaire d’une masse finie, c’est-à dire une masse infiniment petite du premier . . LA x 1 ordre qui est toujours égale à ——. co On me dira peut-être: lorsqu'il s’agit d’une sphère supposée ho- mogène , telle par exemple que le globe que nous habitons , on substitué sans erreur les cubes des rayons à la place des masses. Oui sans doute; mais ici la densité est finie, elle est exprimée par l’unité : les masses sont donc directement comme les volu- mes. Mais si à une masse infiniment petite du premier ordre on donne une forme telle que le volume devienne infiniment petit du second ou du troisième ordre, il n’est plus permis, sans al- térer la masse, de lui substituer le volume. Il faut alors tenir compte de la densité qui, pour que la masse reste la même, doit PE nEd augmenter dans le même rapport que le volume diminue. Mais ne peut on pas supposer que , la densité de la molécule : à 1 2 restant finie , son volume devienne ——,. Non sans doute ; car il Le) s’agit ici de l’élément ou d’une partie infiniment petite d’une masse finie , qui est nécessairement un infiniment petit du pre- : . : 1 7 mier ordre : donc, si son volume devient —, sa densité ne peut c© rester finie. S'il en étoit autrement, sa masse deviendroit un in- fiuiment petit du troisièine ordre, Dès-lors elle seroit l’éléinent ET DHISTOIRE NATURELLE. 447 d'une masse infiniment petite du second ordre ,et cesseroïit d’être la molécule élémentaire d’une masse finie. Pour mieux apprécier la difficulté dont il s’agit; supposons que la masse d’une partie infiniment petite d’une masse finie étant sphérique , homogène, d’un rayon infiniment petit, puisse être fidèlement représentée par le cube de son rayon, c’est-à-dire par 3 . - . —, et que l’attraction soit en raison inverse du cube de la dis- (se) tance. Dans cette hypothèse l’action de la molécule sur un point ge 1 - è , matériel qu'elle touche = — = 1 : donc l'attraction seroit finie 30 1 . es au contact lors même qu’elle seroit en raison inverse du cube de la distance ; ce qui est contraire à des vérités démontrées. Voyez Newton. Principes mathématiques , édition de le Seur et Jac- Fois 1 uier, tom. 1®%., pas. 491. Il est donc évident que —— ne peut g , » PAS 49 q PA P exprimer la masse d’une partie infiniment petite ou d’une molé- cule élémentaire d’une masse finje, même dans l’hypothèse de sa sphéricité et de son homogénéité , et conséquemment que je n’ai pu représenter exactement une partie infiniment petite d’une M masse finie quelconque M que par ai Nous avons vu précédemment qu’une sphère homogène d’une masse et d’un rayon infiniment petit du premier ordre doit avoir nécessairement une densité —x*, Cette extrême densité qu'il eût fallu donner aux molécules élémentaires de figure sphérique, jointe au peu d’aptitude que cette forme présente pour l’étendue du contact, nous porte à croire, de concert avec plusieurs puis- sans-motifs dont nous parlerons dans un autre mémoire, que la figure sphérique n’est point celle que les molécules élémentaires des corps ont reçue de la nature. Quoique les molécules des liquides affectent constamment la figure sphéri- que , il faut se garder de penser que cette forme soit celle de leurs molécules élémentaires. La figure sphérique est aussi ac- cidentelle aux molécules des liquides que la liquidité qui lui donne naissance. Nous en avons dit assez pour donner aux principes qui fon- dent notre théorie de l’attragtion moléculaire toute la solidité Lllz 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dont ils sont susceptibles, et pour justifier l’exactitude des cal- culs analytiques auxquels ces principes nous ont conduit ; il en résulte en dernière analyse que, quel que soit le rapport qui existe entre les volumes et les densités dont se composent les masses in- finiment petites des molécules élémentaires, leur attraction réci- proque est nulle à une distance sensible ; très-grande ou même É . ; ‘ : I infinie lorsque la distance qui sépare leurs centres d'action = —, par là mêine qu’elle croît en raison directe des masses et en raison inverse du quarré de la distance. Après avoir envisagé , dans notre premier mémoire , des mo- lécules élémentaires isolées , nous les ayons considérées réunies en masse sensible : nous avons pris pour exemple un cône tou- chant par son sommet une molécule élémentaire qu’il attire, et après avoir déduit des résultats déja obtenus, que l'action de la molécule du sommet est infiniment grande par rapport à celle d’une partie finie du cône, nous avons calculé directement l’action du cône sur la molécule élémentaire qui touche le som- met ; et le résultat a été parfaitement conforme au précédent. Voyez notre premier mémoire, n°, 15. J'ai ajouté n°. 16 que quelques physiciens avoient obtenu un résultat contraire, parce qu’au lieu de considérer le sommet du cône comme un point, ils l’avoient considéré comme une sur- face. Il importe de justifier cette assertion. Sigorgne a recueilli avec soin dans ses institutions newto- niennes tout ce que les physiciens qui l’avoient précédé avoient écrit sur l'attraction moléculaire. 11 prétend prouver, page 257 de $a seconde édition, que l’attraction moléculaire ne suit point la raïson inverse du qnarré de la distance ; et il appuie d’abord son opinion sur ce que la masse de la terre absorberoit tontes ces petites attractions , si cette force n’augmentoit pas dans une plus grande raison que l’inverse du quarré de la distance ; ob- jection illusoire que nous avons complettement résolue dans le n°. 21 de notre preiuier mémoire. Pour confirmer son opinion Sigorgne suppose ensuite un cône touchant par son sommet une molécule élémentaire qu’il attire ; et après avoir conçu ce cône partagé en tranches infiniment minces parallèles à sa base , il fait le raisonnement suiyant. L’attraction de chaque tranche est comine sa base divisée’ par le quarré de sa distance au sommet du cône ; or la masse est aussi proportionnelle à ce quaré : donc son attraction est ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 449 2 a = —— —1;et parce qu’ilen est de même de chaque tranche, Fe Le l'attraction d’un cône sur une molécule élémentaire qui touche le sominet est comme la somme de ses tranches , c’est-à dire comme la longueur du cône. 11 est visible que Sigorgne prend le sommet du cône pour une tranche. S’il en étoit autrement , a* n’exprimeroiït pas sa masse , et conséquemment ce physicien n’auroit pas eu pour expression de l’attraction exercée par le sommet sur la molécule élémentaire 2 qu'il touche HaUré Si nous sommes parvenus à un résultat contraire, c’est que nous avons envisagé le sommet du cône comme n’embrassant-qu’une molécule élémentaire. Nous concevons ce solide engendré par la révolution d’un des côtés d’un triangle; et dans l'hypothèse de cette formation, le sommet du cône n’est qu’un point , et ne peut conséquemment embrasser qu’une molécule élémentaire. Sigorgne conçoit sans doute le cône engendré par le mouvement d’une surface, et alors il considère le sommet du cône comme la tranche élémentaire. Nous laissons aux physiciens le soin de juger laquelle de ces deux manières de concevoir la formation du cône est pius conforme aux principes sévères de la géométrie d'Euclide. Cette question , qui présentera peut-être peu d’intérêt aux géomètres, devient d'autant plus importante pour le physicien , que ces dif- férentes manières de considérer la formation du cône conduisent à des résultats opposés , dont l'influence sur l’explication des phénomènes ne sauroit paroître équivoque. : e Il nous suffit, pour le présent , d’avoir justifié la bonté des principes et la légitimité des calculs sur lesquels repose notre théorie de l'attraction moléculaire. Nous nons proposons de re- venir , dans la suite, sur les applications que nous en avons faites aux phénomènes de la nature , et de leur donner tout le développement qu’elles méritent. En attendant nous ne pouvons nous empêcher de conclure que, si les preuves qui nous ont servi à établir, en faveur de l’attraction moléculaire , la loi in- verse du quarré de la distance ne sont pas démonstratives, du moins les objections discutées dans ce mémoire ne peuvent leur porter aucune attelmte. 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE O°B°S-E RV'AUT T'O'N'S SUR LE CHANGEMENT QU'EPROUVE LE GAZ : CAR BONAIQUE PAR LETINCELLE ELECTRIQUE, . Lues à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève , le 7 prairial an 10 ; Par le cit. Théodore de Saussurr. IE M. Priestleys avoit observé que le gaz acide carbonique se di- latoit par l’étincelle électrique, et éprouvoit une modification A LUS OR ru P qui l’empêchoit d’être absorbé en entier par l’eau de chaux ou par les alkalis. Le cit. Monge examina avec plus de soin ce qui se passoit dans cette expérience. (Mémoires de l’Acad. des Sciences 1786 ). Il vit que le gaz produit pendant l’électrisation étoit du % gaz inflammable. » Je rapporterai en peu de mots ses principaux résultats. Une colonne de 34 pouces de gaz acide carbonique contenu par du mercure, s’éleva à 35 pouces et demi, après avoir été traversée pendant longtemps par des étincelles électriques qui circuloient entre des excitateurs de fer; elle ne put plus se dilater par une électrisation ultérieure. Les excitateurs ainsi que le mercure fu- rent oxidés. La potasse ne put alors absorber dans cette colonne ue 21 pouces et demi de gaz acide. Les 14 pouces restans étoient de gaz inflammable. Le cit. Monge rend raison de ces phéno- mènes, en supposant que le gaz acide carbonique n’éprouve pas la moindre altération dans ses principes , et il raisonne à-peu- près en ces termes : Les excitateurs et le mercure en décompo- sant l’eau tenué en dissolution dans le gaz acide carbonique, produisent deux effets opposés dont on n’apperçoit que la diffé- rence. 1°. Le volume du gez acide est diminué par la privation EADUD ALES T'OLIR ÆEY NA TU RIF LUENE. 451 de l’eau qu’il tenoit en dissolution. 29. Le volume du fluide élas- tique est augmenté par le développement du gaz hydrogène de l'eau décomposée. Les gaz résidus sont un melange du gaz hy- drogène résultant de la décomposition de l’eau et du gaz acide carbonique privé d’eau. Cette explication (1) très-ingénieuse étoit sans doute la seule qui pût se présenter dans le temps où on l’a donnée. Si elle eût été juste , on auroit dû en rendant au gaz acide condensé par le desséchement l’eau qu’il avoit perdue, le dilater de nouveau , et augmenter d'environ 12 pouces la colonne en question. Comme le cit. Monge n’a point soumis son explication à cette preuve décisive, j'ai cru devoir la tenter. J'ai fait circuler, pendant 18 heures , des étincelles électriques - dans la boule d’un matras quicontenoit 257 centimètres cubes ( 13 pouces cubes ) de gaz acide carbonique pur et sans mélange d’eau surabondante à celle qu’il pouvoit tenir naturellement en dis- solution. Le mercure dans lequel le matras renversé étoit plongé, remontoit jusqu'à la moitié de son col. Après l'électrisation le fluide métallique s’est trouvé oxidé en noir comme Monge et Priestley l’avoient observé ; mais mes excitateurs qui étoient de cuivre n’ont pas été sensiblement altérés. Le fluide élastique avoit subi une dilatation qui ne m'a pas paru excéder le dixième d’un pouce cube. J’ai fait passer alors environ 53 milligrammes ou un grain d’eau (2) au contact avec le fluide aériforme contenu dans le matras. Je l’y ai laissé sé- journer pendant plusieurs jours sans appercevoir aucune dila- tation dans le volume des gaz résidus de l'opération. C’est en vain que j'ai humecté ensuite avec la goutte d’eau introduite tout l’intérieur du matras ; la permanence du mercure à la même hauteur dans ce vase a été constante. Cependant j'ai trouvé en absorbant par la potasse le gaz acide résidu , que 20 (1) Elle suppose que le gaz acide carbonique peut tenir en dissolution une grande quantité d’eau ; mais cette assertion n’est prouvée par aucune expérience directe. Priestley n’avoit pu calciner du carbonate de baryte qu’à l’aide d’un courant de vapeur aqueuse qu'il faisoil circuler sur cette terre à une chaleur rouge. L’affinité seule de Peau pour la baryte pourroit expliquer ce résultat. I4 est possible d’ailleurs que le gaz acide carbonique dissolye une assez grande quan- tité d’eau à une chaleur rouge, et se dilate dans cette dissolution sans quil pro= duise ces effets à la température atmosphérique. (2) Il est inutile de rappeler ici que l’eau ne peut absorber que son propre .voluine de gaz acide avec la pression atmosphérique , et que la goutte d’eau ne pouvoit ainsi produire par cette absorption aucun changement sans elle dans le volume du fluide élastique. 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE centimètres cubes (un pouce cube) de gaz acide carbonique avoient disparu , et avoient été remplacés par une quantité à- peu-près égale ou un peu supérieure de gaz inflammable. Ces 20 centimètres cubes occupoient dans le col du matras une co- lonne longue d’un décimètre où de 4 pouces, et le gaz acide se seroit dilaté dans tout cet espace , si l’explication présumée eût été juste. J'ai pensé dès-lors que ce gaz inflammable ne prove- noit pas de la décomposition de l’eau, maïs de celle du gaz acide carbonique lui-même par le métal. En eflet, j'ai trouvé que ce gaz n’étoit point du gaz hydrogène , mais dû gaz carbo- neux parfaitement pur. J’en ai brûlé 100 parties sur du mer- cure avec un tiers environ de gaz oxygène, je n'di point pu appercevoir d’eau après cette combustion qui a laissé pour résidu 77 parties de gaz acide carbonique: La dilatation qu'éprouve ce dernier dans l’électrisation , s’ex- plique par les différentes densités du gaz carboneux et du gaz acide carbonique. Je n’ai point pu parvenir à vérifier l’observa- tion du cit. Monge sur la dilatation, que subit le gaz acide car- bonique, après l’electrisation, en dissolvant du mercure. Si l'on n’a pas pu parvenir à réduire en entier le gaz acide en gas carboneux par ces procédés ; c’est parce que les premières couches.d’oxidation métallique ont mis obstacle à une oxidation ultérieure en empêchant les points de contact. Le développement du gaz carbonçeux à produit aussi un effet analogue. Il résulte donc de mes observations , que le changement que subit le gaz acide carbonique dans l’électrisation , n’est pas dû à la décomposition de l’éau, mais à la décomposition partielle du gaz acide carbonique , qui devient gaz carboneux en cédant une partie de son oxygène au métal introduit dans ces expériences. FRE: . Décomposition du gaz acide carbonique par le gaz hydrogène. Il y a longtemps qu’on a soupçonné la décomposition du gaz acide carbonique par le gaz hydrogène, maïs on n'étoit point parvenu à la démontrer , quoiqu’on eût fait à ce sujet plusieurs éxpériences, J’avois remarqué qu’un mélange à parties égalesle gaz hydrogène et de gaz acide carbonique contenu par du mer- cure et abandonné à lui-même , avoit diminué de volume dans l'espace d’une année. Lorsque j’eus absorbé ensuite le gaz acide résidu avec de la potasse, et que j’eus brûlé le gaz hydrogène, je ro A ET'DUH IST OH RE NA TU R'E'LAILIE; 453 je trouvai qu'il s’étoit formé du gaz acide carbonique dans cette combustion ; mais ces résultats furent très-peu sensibles ; et ce qui se passoit dans cette opération ne fut pour moi qu’ua simple soupçon. Je suis depuis lors parvenu à confirmer d'une manière décisive ce premier apperçu en faisant circuler des étincelles électriques dans un mélange de gaz carbonique et de gaz hydro- gène. En peu d’instans j'ai vu le volume des gaz diminuer , des gouttes d’eau se former, etle gaz acide passer presqu’entière- ment à l’etat de gaz carboneux. Voici les détails de ces expé- riences. J'ai introduit dans un bocal cylindrique qui avoit deux centimètres ( neuf lignes ) de diamètre , et qui étoit fermé par du mercure , un mélanye de quatre parties volume de gaz carbo- nique et de trois parties de gaz hydrogène, L'espace occupé par les deux fluides aériformes formoit une colonne longue de 1,9 dé- cimètre (sept pouces”): j'ai fait circuler l’étincelle électrique par des excitateurs de fer. La condensation des gaz qui s’est opérée d’abord assez rapidement , a toujours été plus lente ;ses progrès étoient presqu’insensibles après douze heures d’électrisa- tion. Les gouttes d’eau très-fines qui s’étoient formées dans la partie supérieure du tube en troubloient la transparence, La colonne de fluide aériforme étoit réduite à 1,1 décimètre (qua- tre pouces) ; elle avoit donc subi dans sa longueur une dimi- nution égale à 8 centimètres ( 3 pouces ): j’y-ai introduit alors de la potasse qui n’a pu absorber environ que 2,7 centimètre (un pouce) de gaz acide carbonique. Les trois/pouces restans étoient du gaz carboneux presque pur. J'en ai brûlé par l’étincelle élec- trique cent parties avec du gaz oxygène, et elles ont laissé pour résidu 64 parties de gaz acide carbonique. Quoiqu'on ne puisse pas prétendre à une grande précision dans des observations faites sur d'aussi petits volumes d'air, il me paroît probable que le gaz acide carbünique employé dans cette expérience n’étoit pas par- faitement pur, parce que le gaz carboneux devoit occuper sen- siblement plus de volume que le gaz acide dont il provenoit. J'ai répété cette expérience avec plus de soin dans le même bocal. Trois et trois quarts parties volume de gaz acide carbo- nique mêlées avec le même volume de gaz hydrogène ont laissé après une electrisation de 12-heures, quatre et trois quarts parties volume de fluide aériforme, qui contenoit une partie volume de gaz acide et trois et trois quarts partie de gaz carboneux presque pur. Donc deux et trois quarts parties de gaz acile ont été em- ployées à former trois et trois quarts parties de gaz carboneux ui, bilé avec nn tiers de gaz oxygène, a laissé pour residu Tome LI. PRAIRIAL an 10. M mm 45% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE: 0az 7o parties de gaz acide carbonique. Il est probable que ce g carboneux étoit mêlé avec une petite quantité de gaz hydrogène, Il est à remarquer que le mercure et les excitateurs ne sont pas sensiblement altérés dans cette, expérience , si on l’achève dans un seul jour ; car un contact plus longtemps continué de l’eau et du gaz acide carbonique avec le fer des excitateurs rouilleroit très-probablement ce dernier. On voit donc que le gaz acide carbonique cst décomposé par le gaz hydrogène , et passe à l’état de gaz carboneux. En combi- pant une partie de sou oxygène à ce gaz hydrogène , on voit.que celui-ci en perdant état élastique pour faire partie de l’eau ré- sultant de cette combinaison, a produit la condensation observée dans le volume des deux gaz. On a remarqué depuis longtemps que le gaz hydrogène con- finé par de l’eau en contact avec l’air atmosphérique , diminue très-lentement de volume, et brûle avec une flamme moins vive. On:a supposé que ce gaz filtroit au trâvers de l’eau dans l’at- mosphère, mais rien ne vient à l'appui de cette explication. Je crois plus probable {ue le gaz acide carbonique atmosphérique filtre seul au travers de l’eau à mesure qu'il est décomposé par le gaz hydrogène qui diminue en raison de cette décomposition. RPAOVEE ah CHE IS R Par G. A. Deluc. 405 Suite des recherches relatives à l'influence de la lune, sur les variations de l’atmosphère en général, et sur celles du baromètre en pariiculier , par L. Coite. 410 Théorie de l'attraction moléculaire ou de l'affinité chimi- que, ramenée à la loi de la gravitation ; second mémoire, par A. Lives. 443 Observations sur le changement qu'éprouve le gaz carbo- nique par l’étincelie électrique , par T. de Saussure. 420 Recherches relarives à laclion que les barreaux aimantés exercent sur 1ous Les corps, par. Le cit. Coulomb. af Leure de A. Caron Demolliens à J.-C. Delamétherie , sur l'éleciriciie. 468 Mémoire sur la découverte de la nouvelle Planète de Piazzi , par Jérôme Lalande. 469 CSHMENTNE INPOUE Sur les sulfates natifs et artificiels du fer , par Proust. 89 Note sur les procédés pour obtenir le sulfite de fer, par Eslinger. 99 Note pour obtenir facilement lacide phosphorique, par Brugnatelli. 100 De loxide gazeux d'azote découvert par Dary. MYror Rapport fait à l’Institut par B. G. Sagé, pour extraire le cuivre et l’ctain du métal des cloches. 110 489 MANS TUE NC) SENTE RAIDE. Supplément à l'analyse de lolivenerz, par Karsten. 137 Note sur l’analyse de l'oisanite. 105 Extrait d'une lelire de M. Chenevix à M. Pictet, sur le Û Colombium. 168 Extrait d'une lettre du docteur Pfaff sur un nouvel acide. 170 -Objections opposées à une proposition remarquable de La- voisier, par le docteur Joachim Carradori de Prato. 193 Note sur les tanneries de cuir vert, particulières à la ville de Grasse, par Etienne Perrolle. 197 Extrait d’une lettre de Proust sur le su-re du miel. 198 Découverte pour la clarification et purification des eaux. 248 Sur l'analyse du boracite, par Vauquelin. 318 Notice sur Le colombium, par Hatchet. 321 Lettre de Proust sur l’émulsion des amandes. 323 Observations sur le cobalt et le Nickel, par Sage. 355 Réflexions sur l'affinité ow Les degrés de tendance à Ja | combinaison qu'ont eu entr'elles les substances miné- rales , lors de leur formation, par Alluau l'afné. 390 Nouwelles liléraires. 170 , 289, 324, 399 , 476 — H. Perhonxrau, imprimeur de l’École des Ponts et Chaussées , quai des Augustins , n°. 44. Rs