RE : EE FE RS RE ee RATE RS ÉRARRENERRENE A RATE, ns RE ne De nets dl PAPA ME é + ou M 1 DA Me \ eh MES 1 24 tt In i ÿ 1 i PH p 1% | d Ua oi NDS DE La \ Le sou N = à TE y ri 4 CPC f : Ji L an ‘ \ à ÿ ; À Le 4 32N l Le ù 04 LE L (4 # UPS 1" 4 l A l 4 / } ; CT Le À { { U q "E Le k DA EL IN 4 1 a Li f L FAR | D GE b at, UNI Lee ‘ où : 2: tai HTUr PL 27 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE ET DES'ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. M'ETS)S I/DLOLR MAN EXT. TOME LVII AMP NANR" IS Chez J.-J. FU CHS, Libraire, rue des Mathurins, n°. 334. E=—— AN XI DE LA RÉPUBLIQUE ( 1803 v. 54.) AL: Le 10 Feu ) er NE Cu RECETTE | RE EN LU 7 OURS SET AU 7 RC À PATES ME2 L SORT ET UN 1 2! : Lu \ + , U + L \ ai ge L HR l F T ' î h + En i Dr CRETE à: à + ‘ 1," "Aide \ 4! ” : ‘ ii … 2 ' ! À . & 9 À 1! Fer 0 RE U T IA VE s { Lo, À 1 L ms 1” LU TRES L Cr AIT el ! F Le 51 LIGNE 800 9x {,} h 1 / 3 4 : CRETE ; 3 « $ Fe + h Da ; 5 Î i + JA: NES 14 d < C \ Se JOURNAL DE PHYSIQUE, DAÉVONE DM TE ET D'HISTOIRE NATURELLE. APE NS OLA D NO TRCZANT AL. RÉ CH EÆROCEES SUR L'ABSORPTION ET L'ALTÉRATION DE L'AIR ET DE DIFFÉRENS GAZ PAR L'EAU; Par F. Bercer , membre de la société de physique et d'histoire naturelle de Genève. L’absorption et l’altération de l’air et de différens gaz mis em contact avec l’eau, n’est point une connoïissance nouvelle. Priestley, dont les travaux immortels ont créé la chimie pneu- matique, s’est beaucoup occupé de ce sujet, qui a ensuite fixe l'attention de plusieurs savans respectables , au nombre desquels il faut sur-tout mettre Delamétherie et Senebier, Je ne connois- sois pas d’une manière très-particulièreles ouvrages de ces hommes célèbres, lorsque je commençai les expériences dont je vais rendre compte, ainsi je n'ai pu être influencé par leurs opinions. Je m'en suis uniquement tenu à l’expérience , et c'est elle qui m’a rappro- ché des résultats qu’ils avoient obtenus. J’ai cru que les faits qui composent ce mémoire méritoient d’être constatés de nouveau dans l’état actuel de nos connois- sances chimiques, quelle que soit la manière dont on veuille les expliquer. Cest la raison qui m'engage à publier les expériences qui en établissent la vérité. J'ai employé deux moyens pour déterminer l’absorption de l'air par l’eau. Le premier consistoit à exposer sur l’eau , pendant un Tome LF 11, MESSIDOR an 11. 6 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE certain temps, un volume donné d'air ; mais j’ai cru qu’il falloit attacher quelqu’importance à l'étendue de la surface de contact de l’air avec l’eau , et les résultats intéressans anxquels je suis parvenu en suivant cette idée, m'ont montré qu’elle étoit bien fondée. Le second moyen devoit être en quelque sorte la contre- épreuve du premier ; il falloit faire absorber l'air par l’eau promp- tement. Pour cet effet , je pouvois employer, ou l'agitation , où le iransvasagc; je me suis arrêté à ce dernier expédient, qui n’a paru susceptible d’être gradué plus exactement, quoiqu'il de- mande à la vérité un peu plus d'attention. Sans doute que ce moyen rnème est jusqu'à un certain point vicieux, à cause de adhérence qui se contracte entre le gaz et l’eau qui le retient, et qui peut ensuite le laisser échapper lorsqu’elle est tranquille; ce- pendant il ne faut point exagérer cet inconvénient, et croire qne l'absorption qu’on a remarquée doive être en grande partie attri- buée à cette cause, car s’il en étoit ainsi, et qu'il n'y eût point dans ce phénomène une décomposition de ces fluides élastiques eux-mêmes , ils devroient , après cette opération, présenter les mêmes propriétés qu'auparavant : or, il est de fait qu'ils sont considérablement altérés dans leur nature intine ; d’ailleurs, le gaz azote , qui est très-difficilement absorbé par le transvasage dans l’eau , prouve évidemment que cette absorption tient prin- cipalement à la nature des gaz. J'ai analysé le résidu des airs ordinairement avec le phosphore, et quelquetois avec le gaz nitreux, lorsque la nature des airs à ana- Iyser permettoit toutefois l'emploi de ces moyens eudiométrique’, autrement je leur ai substitué les réactifs dont on a coutume de se servir en pareille occasion. J'ai fait usage de l’eau du Rliône bouillie et non bouillie. Enfin le volume d’air employé a, dans la plupart des cas, été le même (10,261 pouces cubes), et j'ai toujours en égard, en pro- cédant , au résultat d’une expérience tentée depuis quelque temps, à l’influence de la température et de la hauteur barométrique , en faisant les corrections nécessaires lorsque le cas l’exigeoit. $ I. De l’air commun, ou air atmosphérique. Exp. I. J'ai examiné l’état d’un volume connu d’air( 10,261 pouces cubes) renfermé depuis treize mois et dix sept jours dans un matras de capacité connue ( 14,199 pouces cubes) dont le col plongeoit dans une carafe pleine d’eau. Le diamètre de la boule du matras mesuré exactement avec un compas courbé lors de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 l'introduction de l'air, étoit égal à vingt-huit lignes, délucrion faite de l'épaisseur du verre; ce qui donne pour la surface de contact de l’air avec l’eau 4,275 pouces carrés. — J'ai trouvé que l'air étoit diminué de o,o14 de son volume primitif. L'analyse de cet air résidu , faite par la combustion lente et rapide du phos- phore, a donné 0,15 d'absorption. Une mesure de cet air, laissée pendant cinq minutes en contact avec une mesure semblable de gaz nitreux , a donné 0,48 d’absorption ; ee gaz nitreux , essayé de la même manière avec l’air libre, donnant 0,53. Exp. II. Après un séjour de onze mois et dix jours, j’ai pro- cédé à l’examen d'un même volume d’air que ci-dessus , qui avoit été renfermé dans un vase de verre cylindrique, dont le diamètre étoit égal à quarante-une lignes, ce qui donne, pour l’étendue de la surface de contact, 0,168 pouces carrés; la diminution de l'air fut trouvée — 0,135. L’eau de chaux ne diminua point cet air restant ; l’analyse de cet air résidu, faite avec le phosphore, donna pour absorption 0,02.— Il éteignoit enfin à diverses re- prises la flamme d’une bougie. Exp. III. Le même volume d’air atmosphérique, transvasé 5o fois au travers de l’eau d’un vase cylindrique de 18 lignes de dianiètre dans un autre parfaitement semblable (1), a été diminué de 0,039 : l’air résidu a donné pour absorption avec le phos- phore 0,13. Exp. IV.... transvasé 100 fois, la diminution a été 0,086: l’absorption de l'air résidu par le phosphore — 0,085. Exp. V......transvasé 200 fois , la diminution a été 0,144: l'absorption de l'air résidu par le phosphore — 0,08. Exp. VI.....transvasé 400 fois , la diminution a été —0,156: l’absorption de l’air résidu par le phosphore — 0,00. La flamme d’une bougie s’y éteint instantanément à diverses reprises (2). Voici les résultats généraux que présentent ces expériences : on voit d’abord combien l'absorption a été plus considérable dans la seconde expérience que dans la première ; la différence qu'il ya (1) Je me suis servi de ces deux vases cylindriques pour transvaser les airs dans toutes mes expériences. (2) Jai trouvé qu’une longue agitation dans l’eau la plus pure vicie l’air au point qu'il ne peut plus entretemir la flamme d’une chandelle, ce qui est pré- cisément l’effet de tous les procédés phlogistiques. ({ exp. et obs. sur différentes espèces d’airs par M. J. Pniestley , traduction de M, Gibelin tome 2. pag. 25e. note. ë JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est — 0,121, quoique dans la seconde expérience le contact de l’air avec l’eau ait été de 67 jours moins long ; mais aussi l’éten- due de la surface de contact étoit de 4,893 pouces carrés plus rande. La cause de cette prompte absorption tient à ce que toutes choses égales d’ailleurs, le volume primitifde l’air étant dans l’un et l’autre cas le même, il y en a une beaucoup plus grande quan- tité retenue par adhésion contre les parois d’un vase dont la sur- face a peu d’étendue , comparativement à celle qui est retenue contre les parois d’un autre vase dont la surface est plus considé- rable, parce que les surfaces des cercles croissent comme les carrés des rayons, tandis que leurs circonférences sont entre elles dans le simple rapport des rayons. De plus, toutes ces expériences prouvent de la manière la plus convaincante , que l’eau n’absorbe pas l’air uniformément ,comme l’avoit pensé Priestley (1), mais qu’elle le décompose pour se combiner avec l’oxygène seulement. C’est, entre autres, ce que montrent clairement les expériences où un volume égal d’air a été transvasé différentes fois. On remarque que l'absorption a di- minué dans une progression décroissante , dont les termes sont à- eu-près sous-doubles les uns des autres, tandis que le nombre es transvasages croissoit, au contraire , en raison doublée : or, cette partie de l'air qui est absorbée par l’eau, c’est l'oxygène lui- méme ; c’est ce qu'ont démontré les analyses eudiométriques faites avecle phosphore. Il semble que l’air se vicie davantage par simple contact sur l'eau prolongé pendant longtemps, que par le t'ansvasige, lors même que l'absorption absolue n’est pas aussi considérable; c'est du moins la conclusion qu’on peut tirer du résultat de la preinière expérience, comparé avec celui de la troisième, ainsi que de celui de la seconde, comparé avec le résultat de la cinquième. Enfin, il paroît que, soit que l’air ait été transvasé, soit qu’il ait seulement séjourné sur l’eau sans agitation, sa viciation est complette, c’est-à-dire que le phosphore n’en diminue plus le ré- sidu, avant même qu'il ait perdu un cinquième de son volume prinitif, ce qui devroit, il me semble, avoir lieu, si, comme toutes les expériences exactes tendent à le prouver, il n'y a que cette quantité d'oxygène dans la composition de l’air atmosphé- rique. Cependant nous voyons que l'expérience VI donne pour (1) Ouvrage cité tom. 1. p. 207. absorption | ET DHUS TOIREUNATUREL LE. 9 absorption du volume primitif de l'air 0,156 seulement, lorsque le résidu ne peut plus être diminué par le phosphore ; de même encore , l’expérience II (en ayant égard à 0,02 d'oxygène res- tant ) donneroit 0,150: Supposeroit-on qu’une portion de l’oxygène lui-même peut se vicier complettement par son séjour prolongé sur l’eau, et n’être plas susceptible ensuite d’être absorbé par le liquide? Quoi qu’ilen soit, s’il est vrai que l’absorption de l'air par l’eau se fasse en vertu d’une attraction é/ective, il faut que, soit en exposant des quantités connues de gaz azote et de gaz oxygène séparément sur l’eau, soit aussi en transyasant chacune de ces espèces d’air , le volume du gaz azote ne soit pas sensiblement diminué, tandis que le gaz oxygène, au contraire, sera absorbé en quantité notable. C’est ce que les expériences suivantes vont nous montrer. S II. D gaz oxygéne. Exp. I. J'ai introduit dans un vase rempli d’eau bouillie, dont la surface de contact étoit — 2,520 pouces carrés du gaz oxygène retiré de l’oxide de mercure rouge par l'acide nitrique ( précipité rouge ) ; ce vase reposoit sur une tasse de verre pleine aussi d’eau bouillie : au bout de soixante jours, j'ai trouvé que la diminution de l’air étoit — 0,340 du volume primitif. Une mesure de l’air restant , laissée pendant cinq minutes en contact sans agitation (r) avec le gaz nitreux, donna pour absorption 0,85. — Le gaz oxy- gène , analysé de la même manière au commencement de l’expé- rience, avoit donné pour absorption 1,50. Exp. II. J'introduisis le même volume de gaz oxygène dans un vase dont la surface de contact étoit égale à celle du précédent, mais qui étoit rempli d’eau non bouillie : au bout de 60 jours, la diminution du gaz étoit —0,312. L'air résidu, analysé comme ci-dessus avec le gaz nitreux, donna pour absorption 0,07. Exp. III. Le même volume de gaz oxygène , après avoir été transvasé 30 fois, fut diminué de o,1°2 CAR ED AU DT, 2 66 DO eee Bipareni stetsisle s DNA 120 4eme ME ete le er ee 00N00 (3) Dans toutes les analyses eudioméiriques que j'ai faites avec le gaz nitreux, J'ai pris constamment pour règle de ne jamais secouer le tube, et de laisser seulement les airs en contact pendant cinq minutes. Tome LV 11. MESSIDOR an #1. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L’air restant analysé à cette époque avec le gaz nitreux, donna pour absorption 1,02, au lieu de 1,59 qu’il donnoit avant l’ex- périence. Après avoir été transvasé 10 MOIS ele LC IMO:020 2AOPCEE AE ARTE 0 de ol CUP LL) A2 EC ROULE ER Re F TO) 000 L’air restant analysé alors avec le gaz nitreux donna pour absorp- tion 0,28. ransvasée 6400 TEE PRO 636 HOPOE O0 4 docc don 0 CHU L'air restant analysé avec le gaz nitreux donna pour absorp- tion 0,19. Exp. IV. Je transvasai 100 fois le même volume de gaz oxygène retiré de l’oxide noir de manganèse à une très-haute température ; la diminution du gaz fut — ; du volume primitif. — L'air restant analysé avec le phosphore donna pour absorption 0,42.— Au commencement de l'expérience , le gaz oxygène, analysé de la même manière , ayoit donné 0,75 d'absorption. Le même volume de gaz oxygène transvasé 200 fois fut réduit à 0,306 de son volume primitif. L’air restant analysé avec le phosphore donna 0,28 pour ab- sorption ; transvasé 500 fois , le volume fut réduit à 0,400. Enfin ;, après avoir été transvasé 400 fois, la diminution fut = 0,455. L'air restant analysé comme précédemment avec le phosphore , donna 0,12 pour absorption. Ces expériences prouvent la grande tendance du gaz oxygène à être absorbé par l’eau (1). En effet, si nous comparons les ré- sultats de ces expériences avec ceux que nous avons obtenus en traitant de la même manière l'air atmosphérique, nous verrons d’abord que , quoique l'étendue des surfaces de contact n'ait pas été aussi considérable, ni le séjour de l’air sur l’eau aussi long, néanmoins la diminution a été beaucoup plus grande. — De même encore , les lavages du gaz oxygène dans l’eau l’ont diminué dans une progression beaucoup plus rapide que l’air atmosphérique. — L'eau bouillie a absorbé un peu plus de gaz oxygène que celle EEE mens enend (1) M. Cruickshank a observé qu'il ne falloit pas garder longtemps sur Veau av'nt de s’en servir, le gaz oxygène retiré du muriate oxygéné de potasse, parce qu'l ne tarde pas à subir une décomposition partelle, en perdant une certüne proportion de son oxygène. (Bib. brit, sciences et arts , n°. 140 p. 139 ). ECDRRD ETS MIONMRRNEENCANT UORP EL L\E. 11 qui ne l’avoit pas été ; c’est un résultat auquel on devoit naturel- lement s’aitendre (1). Enfin, à mesure que le gaz oxygène a été diminué davantage par l’eau, il est devenu moins susceptible d’être absorbé par le phosphore et par le gaz nitreux ; c’est ce que démontrént les analyses eudiométriques ; et, à cet égard, mes expériences se rapportent parfaitement avec ce qu’avoient remarqué Priestley, Delamétherie et Sencbier (2). Enfin si l’on considère avec attention le résultat de la quatrième expérience , on trouvera que l’eau paroît avoir réellement la pro- priété de changer la nature intime du gaz oxygène, et de l’ern- pêcher ensuite d’être absorbé par elle; car, lorsque dans l’expé- rience en question le volume primitif du gaz oxygène employé a été diminué, par son contact avec l’eau , de 0,45, l'absorption de lair restant par la combustion du phosphore, conformément à l’analyse faite au commencement de l'expérience, auroit dû être — 0,30 , au lieu de 0,12, c’est-à-dire que dix-huit parties de gaz oxygène ont été réduites par l’eau à l’état d’un gaz qui n'est plus susceptible d’être diminué par la combustion du phosphore; c'est donc avec quelque fondement que Priestley a dit: « ... . Les expériences qui démontrent qu'une longue agitation dans l’eau vicie l’air commun, prouvent évidemment, à mon avis, que l’eau même la plus pure contient du phlogistique (3). » (1) « Pendant six mois l’eau distillée a absorbé cinq mesures d’air déphlogis- tiqué, et l’eau commune trois mesures et un quart; quoique l’eau touchât cet air par des surfaces égales; l’eau distillée qui est privée de son air, devoil se saisir à cause de cela plus avidement de celui-ci.» (Recherches analyt. sur la nat. de l'air infl. par Jean Senebier, p. 26). (2) « Le 6 novembre 1772, j’eus la curiosité d'examiner l’état d’une quantité d’air que j’avois extrait du salpètre depuis plus d’un an, et qui, dans son com- mencement étoit très-salubre; et je trouvai, à ma très-grande surprise, qu’il étoit devenu nuisible au dermier point. Il ne fit point efferveseence avec l’air ni- treux, et une souris mourut à l’instant qu’elle y fut exposée, » (Exp. et obs. tom. 1. p. 205.) « L'air pur renfermé sur l’eau en est absorbé-comme tous les autres airs. Il peut être diminué de moitié et même plus : mais cette absorption présente un singulier phénomène, c’est que, quelque pure que soit l’eau, cet air est tou- jours altéré. L’eau récemment distillée, le gâte même plus que l'autre. » ( Essai analyt. sur l'air pur , et les différentes espèces d’air, par M. Delamétherie, Paris 1785, p. 65). « M. Senebier a aussi ramarqué, que l’air commun et l'air déphlogistiqué sont altérés par leur séjour sur l’eau. » (Ouv. cité p. 378). (3) Exp. et obs. tom. 111, p. 44, By2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE S II. Du gaz azote. Afin de rendre les expériences faites sur le gaz azote compa- rables à celles que j’avois faites sur le gaz oxygène, j'ai employé les mêmes vases et le même espace de temps pour déterminer, par simple contact, l’absorption de ce gaz par l’eau. Ezxps I. Un volume connu de gaz azote, retiré de la combus- tion du phosphore dans l’air atmosphérique en vase clos, ayant donc été introduit dans un vase rempli d’eau bouillie , la dimi- nution a été — 0,067. Exp. IT. Dans un vase rempli d’eau non bouillie, la diminu- tion a été — 0,050. Exp. III. Après avoir transvasé 30 fois un semblable volume de gaz azote au travers de l’eau non bouillie, la diminution SAONE DRE LR LEUR RE 0010 transvasé 60 fois........ —0,o18 go fois .....1 , == 0,023 Exp. IV. Enfin un volume égal de gaz azote ayant été trans- vasé le même nombre de fois au travers de l’eau bouillie, a été diminué : 1°. de 0,519 2°. de 0,040 3°, de 0,062 Les résultats de ces expériences montrent que le gaz azote est très-peu susceptible d’être absorbé par l’eau, comparativement au gaz oxygène(xr) : en effet , l'absorption du gaz azote, en contact avec l’eau bouillie, est à celle du gaz oxygène placé dans les mêmes circonstances : : x : 5,074. En se servant d’eau qui n’a pas été bouillie, cette absorption est dans le rapport de à à 6,240. Mais par les lavages, cetle même absorption du gaz azote (en prenant un terme moyen ) est à celle du gaz oxy- gène : : 1 : 10,304. (1) Ce n’est donc pas sans raison que le cit. Fourcroy a dit: «on ne connoît pas de combinaison entre l’eau et l’azote. Le gaz azote mis en contact avec ce liquide n’est pas sensiblement absorbé, et lui-même ne paroît dissoudre que très-peu d’eau; cette propriété négalive du gaz azote pour l’eau est même un des caractères qui sert souvent en chimie pour reconnoître et distinguer celle espèce de gaz. » ( Syst. des connois, chim., tom. premier , p. 15). ENT CDS MNIOMER CE ON ANT eULR ELLE; 13 D'un autre côté, nous voyons une assez grande différence dans le résultat de l’absorption du gaz azote, suivant qu'on fait usage d’eau bouillie, ou de celle qui ne l'a pas été; ainsi, dans le cas du simple contact, le rapport est :: 1,340 : 1, et dans le cas des Javages , en prenant un terme moyen :: 2,294: 1. Mais comme on auroit pu supposer que le gaz azote, retiré de la combustion du phosphore dans l'air atmosphérique en vase clos , contenoit encore une certaine quantité d'oxygène, et peut- être aussi une petite quantité de gaz acide carbonique, j'ai cru convenable, pour varier en même temps les expériences, de les tenter de nouveau avec du gaz azote obtenu de la décomposition de l’air atmosphérique au moyen des sulfures. J’en ai donc intro- duit un volume connu dans des vases de grandeur différente, et afin de rendre ces expériences plus complettes, j'ai exposé, dans des circonstances semblables, du gaz oxygène dont j’avois aupa- rayant déterminé par des moyens exacts, le degré de pureté. Il y a plusieurs mois que ces expériences sont commencées , et je me propose de les laisser durer encore pendant quelques années (tr). $S IV. Du gaz nitreux. Le gaz nitreux dont je me suis servi a été retiré des rognures de cuivre ; le degré de concentration de l'acide nitrique a été le même dans tous les cas, et je n’ai commencé à recueillir le fluide élastique que lorsque l’intérieur du vase dans lequel j'opérois n’étoit plus rempli de vapeurs rutilantes ; le gaz se dégage alors très-pur , sous la forme de grosses bulles qui se succèdent les unes aux autres un peu lentement, J'ai pris pour le gaz nitreux les mêmes précautions que pour le gaz azote ; c’est-à-dire, qu’afin de rendre comparables entre eux les résultats des expériences tentées sur le gaz oxygène, azote et nitreux, relativement à l'absorption par simple contact, j'ai employé par-tout le même volume de gaz, le même espace de temps, et la même étendue de surfaces. Exp. I. J'ai trouvé que le gaz nitreux en contact avec l’eau bouillie a été diminué de 0,762 de son volume primitif. Le gaz QG) apprends par une lettre du professeur Jurine , chez qui toutes ces ex- périences ont été faites, des détails sur l’état de mes vases, que je n’ai pas vu depuis un an. Ces détails sont conformes à ce que j’ayois lieu d’attendre, et ils appuient les résultats que j'ai donnés ci-dessus. 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE restant n'a point diminué un volume donné d’air atmosphérique. Exp. II. En contact avec l’eau non bouillie, la diminution a été — 0,750 ; le gaz restant ne pouvoit plus servir comme moyen eudiométrique. Exp. III. Mais dans un autre cas où j’avois employé une beaucoup plus g'ande quantité de gaz nitreux, je trouvai qu'a- près huit mois et demi de sejour sur l’eau non bouillie, la dimi- nution m’etoit — qu'à 0,543 du volume prunitif, quoique la sur- face de contact fût égale à huit pouces carrés et un tiers. Une mesure du gez restant diminua une égale quantité d’air armosphé- rique de 0,42 — Au commencement de l’expérience , la diminu- tion étoit = 0,04. Exp. IV, Après avoir transvasé 30 fois au travers de l’eau non bouillie le même volume de gaz nitreux employé expé- riences I et Il, la diminution fut ...,.... —0,247 COMOIS TER ein 10)0) 0 DOHES 0 tee 100 D Pot 0 Cie = 0,493 120,1 ME AE te ne 01004 100 AR ee PIE—IOIOTO ADO 2 RE se Burst 0 2025 Exp. VW. Dans une autre suite d'épreuves, où le volume du gaz nitreux étoit plus considérable, après bo transvasages, la di- minution fut — 0,325. Une mesure du gaz restant combinée avec une égale quantité d’air atmosphérique, donna 0,50 pour absorption ; au commen- cement de l’expérience , l'absorption étoit — 0,5. Après 100 transvasages, la diminution fut — 0,457. L'absorption du gaz restant avec l'air atmosphérique — 0,48. DONNE IEEE CCE 07007 L’absorption du gaz restant avec l’air atmosphérique — 0,23. Un vase rempli de ce gaz, exposé à l’air libre , se chargeoit légèrement de vapeurs rutilantes. DOC rech cee- 000) L’absorption du gaz restant avec l'air atmosphérique fut— 0,00 Ce gaz résidu n’avoit aucune odeur de gaz nitreux , et ne rou- gissoit plus par son exposition à l'air atmosphérique. Exp. VI. Le volume de gaz nitreux employé exp. IV, trans- yasé 60 fois au travers de l’eau bouillie , fut diminué de 0,415 GORE A AE PO DD Teen ea ma et 2 DEN I ANSE SMIT r, FANS ASE RS RES EE DE D DO) LPO NP EE eve shot dE ob Hoe Cole SOS Li} Lo HANPAENMEN EN RARE PR 4 À LA RER IES 2, QE CA NE OS LS CU ET DHISTOIRE NATURELLE. 15 Il résulte de ces expériences, que l'absorption du gaz nitreux en contact sur l’eau bouillie est à celle du gaz azote placé dans les mêmes circonstances :: 11,373 : 1. En se servant d’eau non bouillie, cette absorption est :: 15: 1. Quant au gaz oxyoène , l’absorption du gaz nitreux en contact sur l’eau bouillie est à celle du gaz oxygène placé dans des cir- constances semblables, :: 2,241 : 1. \ Ense servant d’eau non bouillie, cette absorption est::2,405 : 1. Par les lavages au travers de l’eau non bouillie , l'absorption du gaz nitreux est à celle du gaz azote , en prenant un terme moyen ::22, 215 : 1 — de même, par les lavages faits au travers de l’eau non bouillie, l'absorption du gaz nitreux est à celle du gaz oxygène :: 1,432 : 1. En se servant d’eau bouillie, l'absorption du gaz nitreux est à celle du gaz azote par le transvasage , ::13,863 : 1. Enfin l’absorption par simple contact du gaz nitreux sur l’eau bouillie est à celle du gaz nitreux sur l’eau non bouillie, :: 1,016 D Par les lavages, cette absorption est:: 1,014:1. Nous voyons donc d’après ces expériences, que le gaz nitreux est susceptible d’être absorbé par l’eau, soit par le lavage, comme par simple contact (1), mais cette absorption a lieu d’une manière élective , et le gaz nitreux perd peu-à-peu toutes ses propriétés eudiométriques, soit qu’on emploie de l’eau privée d’air par l’ébullition , soit aussi celle gui »’a pas été bouillie. Cette circonstance est importante à remarquer, parce que comme dans les premierstransvasages le gaz nitreux est diminué en quan- tité, sans être altéré dans ses effets, du moins d’une manière sen- sible , on auroit pu croire que dans les suivans où cette altéra- tion est marquée , il se combinoit avec l’air atmosphérique con- tenu dans l’eau pour former de l'acide nitrique. La marche de cette absorption a d’abord lieu dans une progression extrême- ment rapide , mais elle se ralentit bientôt après; c’est en parti- culier ce qu’on peut remarquer en comparant les rapports d’ab- sorption du gaz nitreux avec le gaz oxyoène et le gaz azote, au bout d’un nombre de transva-:ages successivement plus considé- rabl.s. 1l faut sans doute attribuer ce fait à ce que l'oxyeène uni | — (1) Le citoyen Fourcroy dit au contraire que le gaz nitreux ou l’oxide gazeux dazole ne se dissout point dans l’eau pure (Syst. des connoiss, chimiques, tome 2, page 69). 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à l’azote pour constituer le gaz nitreux , n’y est pas dans un état de combinaison bien intime, ensorte qu’il est cédé facilement à l’eau, qui a, coinme nous l’avons vu, une grande tendance à s'en emparer ; cependant les dernières portions d’oxygèney de- meurent opiniâtrement attachées ; aussi yoyons-nous qu'une très- petite quantité d'oxygène restant suffit pour conserver le gaz ni- treux avec toutes ses propriétés eudiométriques; c'est ainsique ce gaz , après avoir été diminué de 0,325 de son volume primitif, n'avoit presque rien perdu de ses propriétés eudiométriques , et qu’il les possédoit même encore d’une manière assez bien mar- quée, lorsqu'il a été réduit à 0,637 de son volume primitif (x). En outre, il paroît que le gaz nitreux , lorsqu'il a perdu la faculté d'absorber l'air atmosphérique , et qu’il est alors réduit à l’état de gaz azote, peut cependant encore être absorbé par l’eau, mais d’une manière très-lente, il est vrai; c’est ainsi que nous voyons dans un cas le gaz nitreux réduit à 0,669 deson volume primiif, n'être déja plus susceptible de diminuer l'air cornmun , tandis que dans un autre cas où il avoit aussi perdu cette même pro- priété » il étoit réduit à 0,762 de son volume primitif. Ce phéno- mène semble cependant s'expliquer assez bien d’après les expé- riences que j'ai rapportées, car nous avons vu que le gaz azote, quoique s’unissant difficilement à l’eau , étoit néanmoins sus- ceptible d'en être absorbé à la longue en petite quantité (2).—Mais il est assez remarquable combien peu est considérable la diffé- rence d'absorption du gaz nitreux, soit par les lavages, soit par simple contact sur l’eau , lorsqu'on se sert d’eau bouillie ou de celle qui ne l’a pas été, comparativementsur-tout au gaz azote. Peut-être cet effet tient-il à ce que l'oxygène de l’air qui est uni physiquement à l’eau non bouillie, se combine avec le gaz ni- (1) C’est vraisemblablement ce qui a pu engager M. Delaméthérie à dire « que « l’eau disillée et privée de tout air par l’ébulition absorboit l'air nitreux, « mais ne le dénaturoit pas». (Essai analyt., page 151); car ailleurs le même savant dit: « L'air nitreux est immiscible à l’eau dans le premier moment, ce- « pendant, si on le garde longtemps sur l’eau commune, il est peu-à-peu ab- « sorbé, et duninue à-peu-près autant que l'air inflammable , et même un peu « plus. Il est réduit à moins d’un liers , souvent au cinquième de son volume. Il « perd, par celte absorption , toutes ses qualités , et la portion restante approche « beaucoup de l’air commun, elc. ». (2) C’est ainsi que je puis concevoir celle grande absorption du gaz nitreux observée par Priesiley, qui Pa vu égale à dix-neuf vingtiémes du volume total, (Tome 1., page 195). treux , ET D'HISTOIRE NATURELLE, 17 treux , diminue son volume, et compense en quelque sorte la propriété qu’a l'eau privée d’air d’en absorber ordinairement une plus grande quantité. ÿ S. V. Du gaz acide carbonique. Exp. I. J'introduisis dans un matras dont la capacité étoit égale à 30,783 pouces cubes un volume connu (10,261 po. cubes) de gaz acide carbonique retiré de la craie par la voie humide ; la surface de contact dans le moment de l’introduction du gaz étoit — 12 pouces carrés. — Quinze heures après l'expérience , tout l’air étoit absorbé, à l'exception d’une bulle qui corres- pondoit exactement à demi-pouce cube; cette bulle diminua in- sensiblement mais très-lentement de volume , ensorte qu'après quatre mois et vingt-quatre jours, elle ne surpassoit pas 06,024 po. cub. : cette petite quantité de gaz qui refusoit si opiniâtrement de se combiner avec l’eau, me détermina à répéter la même ex- périence fort en grand, afin de l’ayoir sous un plus grand vo- lume. Exp. II. Je remplis un ballon de verre de la capacité de 704,750 po. cub. de gaz acide carbonique que je dégageai par la voie humide comme ci-dessus : l'absorption se fit dans les pre- miers momens avec une très-grande rapidité ; au bout de douze jours , le volume primitif du gaz étoit réduit à 0,043 , et dès-lors l'absorption cessa entièrement pendant vingt-un jours que dura encore l'expérience. À cette époque , je lavai à diverses repri- ses le gaz restant dans l’eau de chaux, mais son volume ne fut pas diminué (1). (1) Priestley a observé que le gaz acide carbonique préparé par la voie hu- mide est absorbé par l’eau de manière qu'il n’en reste plus qu’un cinquantième ou nn soixantième. (Tome premier, pege 49). — M. Cavendish a observé qu’une certaine portion de l'air fixe n’est pas plus sujette que l’air commun à être ab- sorbée par Peau. Il évalue cette portion à environ un sixième du volume total. (Ouvr, cit. de Priestley, tome 3, page 41). «L'air fixe, agilé dans l’eau, dit « M. Delamétherie, s’y dissout pour la plus grande partie. Cependant il en reste « une portion qui ne peut s’absorber, et qui est de l’air phlogistiqué. Il paroit, « par l'expérience suivante, .que celle portion vient.de Ja décomposition de l'air « fixe. I rs. » J'ai imprégné d'air fixe une certaine quantité d’eau disillée, dépouillée par « Vébullition de tout l'air qu’elle pouyoit contenir. J'ai ensuite dégagé cet air « en faisant bouillir l’eau avec l’apparéil pneumato-chimique. Pai fait absorber « une seconde fois cet air par de l’eau distillée qui ayoit boulli long temps ; ilen Tome LVII. MESSIDOR an 11, 33 J O U'RIN'AT DE" PH Y S IQ UE; DIE CHIMIE .Je remplis de cetair une petiteéprouvette dans laquelle jeplon- geai une bougie allumée , elle s’y éteignit deux fois de suite : une mesure de cet air lavé donna pour absorption par la combustion du phosphore 0,02 et avec le gaz nitreux 0,15. — Ces expériences répétées jusqu'à trois fois donnèrent toujours les mêmes résul- tats ; je combinai alors 0,98 du gaz restant après la combus- tion du phosphore avec une mesure de gaz nitreux, sans dé- terminer aucune absorption ultérieure dans le volume du gaz. — Il paroîtroit donc que 0,02 d'oxygène suffisent au gaz nitreux pour en indiquer 0,15 ce qui démontre tout à-lafois la grande sensibilité de ce dernier moyen eudiométrique, en même temps que l'impossibilité de se faire par-là ancnne idée juste de la quantité absolue d’oxygène que contient un volune d'air donné. J'ai fait d'autres expériences analogues à celles que je viens de rapporter en faisant usage du gaz acide carbonique retiré par la voie sèche : je me suis servi de celui qu’on prépare chez le cit. Paul pour la fabrication des eaux minérales artificielles ; on le retire en introduisant de la craie dans un canon de fusil qu’on chauffe rouge : mais l’on a remarqué quele dégagement de ce gaz étoit beaucoup moins abondant , et s'arrêtoit inème par moment, si l’on n’avoit pas soin d'introduire de temps en temps dans le canon quelques gouttes d’eau : il doit arriver de là, qu’à cette haute température, l’eau en contact avecle fer se décoim- pose, et que le gaz qu'on obtient est mélangé d’air inflam- mable ; aussi lorsqu'on le sépare du gaz acide carbonique, s’enflamme t-il et brûle-til sans explosion avec une flamme bleuâtre , en même temps qu’il éteint la flamme d’une bou- gie. — Un volume connu de ce gaz acide carbonique ainsi préparé , ayant été bien lavé avec l’alkali caustique , à été dimi- nué de 0,550: (1) — Une mesure de ce gaz résidu donne pour + « est toujours demeuré une portion qui ne l’a pas été. Cette eau, bouillie de « rechef avec les mêmes précautions , l'air s’est dégagé une troisieme fois; et « passé dans l’autre eau avec les mêmes précaulions , il y a encore cu une por- « portion d’air qui n’a pas été absorbée. Il en a été de même une quatrième « fois, et je ne doute pas qu’on ne parvint ainsi à décomposer entièrement une « masse quelconque d’air fixe , et a le faire passer à l’état d'air pAlogistiqué. Cette « expérience a également réussi à M. Priestley. » (Essai analyt., pages 110 et ar). (1) Priestley a observé que le gaz acide carbonique obtenu par la voie sèche dans un canon de fusil, étoit à-peu-près mêlé de moitié d’air inflammable, (lome premier, page 47). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 absorption avec le phosphore 0,07 et avec le gaz nitreux 0,20, ce dernier réactif donnant dans ce cas avec l’air atmosphérique 0,51.— Il brûle avec explosion lorsqu'on le combine en propor- tion convenable avec le gaz oxygène, et qu’on allume le mélange. En effet, ayant introduit dans une fiole de capacité connue 20 parties de ce gaz avec 8 d'oxygène , et ayant enflammé le mé- lange avec l’étincelle électrique sur un bain de mercure, il se fit une explosion effroyable qui brisa non-seulement la fiole qui renfermoit les airs, mais encore le vase où étoit le mer- cure ; les fragmens de verre furent chassés avec une grande force jusques dans le fond du laboratoire, et j’en fus quitte heureusement pour quelques entaillures à la maïn avec laquelle je tenais la phiole. Exp. 111. Ce fut avec le gaz acide carbonique ainsi retiré par la voie sèche que je remplis une cloche de 179 pouces cubes de capacité. Elle étoit en contact avec l’eau par une surface de 20 pouces carrés, Au bout de 20 jours , l'absorption fut —0,229 du volume primitif DDNE ER A te iii 280 SON LR NN Na = 0042 Enfin, après neuf mois et dix-huit jours, le volume primitif étoit réduit à 0,471. — Une mesure du gaz restant lavée à diffé- rentes reprises dans l’eau de chaux , donna 0,015. —Une mesure de ce gaz ainsi lavé donna pour absorption avec le phosphore 0,10 et avec le gaz nitreux 0,32 (1) ce dernier donnant avec l'air atmosphérique 0,bo. Néanmoins la flamme d’une bougie plongée à diverses reprises dans une éprouveite de 10 ; pouces cubes remplie de ce gaz résidu , s’y éteignoit toujours, J'ai fait plusieurs autres expériences semblables à celle-ci ; mais que je ne détaillerai point, parce qu’elles m’ont offert des résultats parfaitement les mêmes. 11 me paroît en résulter que le gaz acide carbonique retiré par la voie sèche, d’après le pro- cédé que j’ai indiqué, est un peu moins pronptement absorbé par l’eau (abstraction faite de la portion d'hydrogène qui se trouve en combinaison avec lui) que celui qu’on retire par la voie humide; mais la différence n’est pas fort considérable. (1)... Dans une occasion où ce résidu de l'air fixe donnoit à peine la moindre blancheur sensible à l’eau de chaux, j’examinai son état, el Je trouvai, par l'épreuve de lair nitreux , qu’il étoit très-peu inférieur en salubrité à Pair commun; car deux parties de ce résidu, et.une d’air nitreux , n’occupoient que l’espace de deux parties ( Priestley, ouv. cit., iome 3, pag. 43—44). C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Quant à la nature du gaz restant , qui dans l’un et l'autre cas, mais particulièrement dans celui du gaz acide carbonique retiré par la voie sèche, est susceptible d’une amélioration sensible , ensorte que l’eudiomètre à phosphore indique une quantité d’oxy- gène sous double de celle qu’on trouve dans l’air atmosphérique, il me paroît bien difficile d’en rendre raison. Supposeroit - on qu’elle est due au passage de l'air qui est contenu dans l’eau ? Il faudroit, pour s'en assurer , répéter cette expérience avec l’eau bouillie ; mais en admettant cette explication, il me semble qu’ellene pourroit guères convenir que dans le cas où le contact du gaz avec l’eau auroit duré pendant quelque temps. T ARS 3 S. VI. Du gaz hydrogène. Je me suis servi du gaz hydrogène qu’on retire par la voie hu- mide en versant de l’acide sulfurique étendu d’eau sur de la li- maille de fer, ainsi que de celui qu’on obtient par la voie sèche, # décomposant l’eau à une haute température dans un canon e fer. (a) Gaz hydrogène produit par la voie humide. Exp. I. J'ai examiné au bout de treize mois et dix-huit jours; l’état d’un volume connu ( 10,261 pouc.cub.) de gaz hydrogè- ne que j’avois introduit dans un matras de 46,239 pouc. cub. : la surface de contact du gaz avec l’eau étoit — 13,029 pouc. car. — J'ai trouvé que le volume du gaz étoit diminué de 0,539. — Le gaz résidu éteignoit à diverses reprises la flamme d’une bougie , ilne fut point diminué par la combustion lente et rapide du phosphore. Exp. IT. Après neuf mois et onze jours, j’examinai l’état du même volume de gaz hydrogène introduit dans un vase cyliadri- que dont la surface de contact étoit — 9,631 pou. car. Le gaz étoit diminué de 0,431 de son volume primitif. — Je remplis avec le gaz restant une petite fiole de la capacité de 3,62 pouc. cub., et je pus y plonger jusqu'à six fois de suite une allumette enflammée en produisant une détonnation très-légère il est vrai, et presque inapperçue dans les derniers essais. Je regrette bien de n'avoir que des mots très-insignifians pour exprimer ce degré de force ; mais je n’ai connoissance d’aucuns moyens pour l’é- valuer d'ane inanière exacte et précise. Une mesure de ce gaz restant , combinée avec une égale quantité de gaz nitreux, fait ET (DM SLE OT RE CN AMD RE LL FE. si tout récemment , donna pour absorption 0,04. — Mais la com- bustion du phosshore ne diminua point son volume. Exp. III. Enfin le même volume de gaz hydrogène fraîche- mentpréparé, après avoir ététransyasé 200 fois, fut dininué deo,277 le gaz restant détonnoit RER le ANNE SPORE UT Ari 45 la détonnation étoit plus sourde FAO DOME AN ERA Mo 26 la détonnation s’entendoit à peine. ÉCOM AMEN 1810; 5938 la flamme d’une bougie s’éteignoit complettement et à diverses reprises dans le gaz restant, Mais ayant fait usage dans un cas d’un gaz hydrogène qui étoit demeuré pendant dix à douze jours en contact sur l’eau par une surface de 16 pouces carrés, je trouvai qu'après avoir été transvasé 1000 fois, la réduction de son volume n’étoit égale qu’à 0,404; néanmoins , le gaz restant éteisnoit plusieurs fois la flamme d’une bougie (1). (b) Gaz hydrogène produit par la voie sèche. Exp. I. Après un séjour de dix mois et quatre jours sur l’eau par une surface de contact , dont l’étendue étoit— 14,625 po. car. Je trouvai que le même volume de gaz employé ci-dessus, avoit été diminué de 0,746.—Le gaz restant éteignoit complettement et plusieurs fois la flamme d’une bougie. Exp. IT. Au bout du même espace de temps, j’examinai quelle avoit été l’absorption dans un ballon de verre de 674,327 pouc. cub. , que j’avois rempli du même gaz hydrogène, et je trouvai qu’elle étoit — 0,192. — La surface de contact du gaz avec l’eau avoit eulieu dans une progression dont les termes extrêmesétoient d’une part cinq pouces carrés, et de l’autre cinquante-six et un quart — Le gaz restant étoit encore très-inflammable , il brloit avec une belle flamme jaunâtre qui se terminoit par une pointe bleue. Son volume ne fut point diminué par le gaz nitreux, non plus que par la combustion du phosphore. (1) Le résultat de cette expérience confirme une observation qu’avoit fait M. Priestley ; savoir: « Que l'air inflammable se décompose bien plus prompte- ment au moment qu'il se dégage que quelque tems après, et qu’il se combine plus facilement dans ce preuner instant, » (Essai analyt., page 75). 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Exp. TIT. Le volume ordinaire du gaz hydrogène, après avoir été transvasé 200 fois, fut diminué de 0,285.-— Le gaz restant détonnoit , mais d’une manière très-foible; urie mesure de ce gaz ne fut point diminuée par la combustion du phosphore, mais avec le gaz nitreux l'absorption fut — 0,02. — Les analyses répétées deux fois offrirent les mêmes résultats. Transyasé 300 fois, le volume fut diminué de 0,376. Ce gaz résidu détonnoit encore, mais d’une manière si foible, qu’à peine peut-on donner ce nom à cet effet. Il ne fut point di- minué par le phosphore; maïs avec le gaz nitreux l’absorption fut = 0,06 ; transvasé 5oo fois, la diminution fut = 0,3:5 — La flamme d’une bougie s’éteignoit dans le gaz restant; mais par la combustion du phosphore, il fut diminué de o,04{, et avec le gaz nitreux de 0,10. — Ces analyses furent répétées deux fois avec les mêmes résultats. Je pris alors une mesure de gaz hydrogène pur, c’est-à-dire qui n’avoit pas été transvasé, et je la soumis à la combustion du phosphore ,mais inutilement ; son volume ne fut pas diminué. J'exposai alors cette mesure de gaz hydrogène qui refusoit d’être absorbée par le phosphore, à l'action d’une als lumette enflammée, et à l'instant du contact il y eut explosion. Enfin ce même volume de gaz hydrogène fut transvasé 1000 fois. La diminution fut — 0,646. Le gaz restant éteignoit la flam- me d'une bougie, et il ne fut plus diminué par la combustion du phosphore que de o,o1. Toutes ces expériences, conjointement avec celles de Priestley et Delamétherie, prouvent suffisamment que le gaz hydrogène est susceptible d'être absorbé par l’eau. (1) — Elles confirment (1) L'air inflammable passe pour n'être pas miscible ayec l’eau. . . . J'ai ecpendant par devers moi une prevue incontestable que l’air inflammable étant resté dans l’eau pendant long temps, a réellement perdu toute son inflammabilité, et est même venu au point d’éteindre la flamme beaucoup mieux que lair dans lequel des chandelles ont brûlé: après cette métamorphose, sa quantité est beau- coup diminué, et 1l continue à tuer les animaux à linstant qu'on les y expose. (Pniestley, ouv. cit. tome premier, pag. 75—76 et suiv.). « L'air inflammable est immiscible avec l’eau , et elle ne s’absorbe point dans le premier moment, cependant avec le temps cet air se dissout dans l’eau, et y st alléré au point de cesser d’être inflammabie. La quantité de l'absorption dépend un peu de la nature de cet air. Celui qui est reliré des malières orga- miques est loujours plus absorbé, parce qu'il contient une portion d’air fixe. L'air inflammable le plus pur peut néanmoins être absorbé des deux tiers. (Ess. analyt. , page 75). « Be citoyen Foureroy , au contraire , dit que l'hydrogène ne paroit pas avoir d’altraction pour l’eau. » (Syst. des conn. chim., tome 2, page 15). EUTEUWDP EHESS MEMOIRE ENTLAE TEUNRMENL: TE: 23 en outre ce que nous avons déja eu occasion de développer tou- chant l'étendue des surfaces sur l’absorption des airs en général. — Enfin elles démontrent encore clairement que le gaz hydrogè pe est absorbé par l’eau d'une manière é/ecrive ; qu'après avoir perdu sa qualité inflammable, il est amené jusqu’à un certain point et pour ainsi-dire momentanément, à l’état d’air commun ; mais qu’il prend bientôt après tous les caractères du gaz azote, et qu’il Honor alors constamment sous cet état. ( r) N’en seroit- il pas de même du gaz acide carbonique? Les expériences que j'ai rapportées , et les observations de MM. Priestiey et Delamé- therie, me portent fortement à le croire. — De là, n'est-on pas en droit de conclure que le gaz hydrogène n’est point une subs- tance simple, élémentaire et indécomposable ; mais qu’ainsi que toutes les espèces d’airs que j'ai examinées , le gaz pourroit bien reconnoître l’azote pour base ou pour radical, (2) Or, si l’on se rappelle les expériences ingénieuses du docteur Priestley, ainsi que celles de M. de Luc, qe prouvent que l’on peut retirer de Peau ; pour ainsi-dire indéfiniment, de lair, et que la nature de cet air est absolument la même que celle de l’air phlogistiqué ou du gaz azote, on se convaincra que cela donne quelque poids à la théorie de Priestley , « qui fait considérer l’eau comme étant la base de toutes les espèces d'air; lesquels fluides aériformes ne diffèrent entre eux que par l'addition de certains principes qu'on ne peut peser à la balance. Ainsi donc, si une certaine espèce d’air mérite l’épithète d’Aydrogéne , ce n’est pas l'air inflam- mable, mais l’air phlogistiqué ( l'azote ) (3). » —————————————_.—_—_—_—_—_ _—_—— (1) J'ai reconnu, par des épreuves réitérées , qu’il est dificile de saisir le temps dans lequel l'air inflammable tiré des métaux se trouve dans l’état d’air commun, lorsqu'on l’amène au point d’éteindre la flamme ; ensorte que le passage de l’un à l’autre doit être très-court. Je crois même que dans bien des cas, et peut-être dans presque tous, il ne peut y avoir, d état moyen; le phlo- gistique passant tout d’un coup du mode d’union avec sa base qui conslitue Pair inflammable, à celui qui constitue un sir qui éteint la flamme, et qui est tellement surchargé de phlogistique, qu’il n’en sauroit admettre davantage. ( Priestley, ouvr. cit., lome premier, page 88). (2) Voyez sur-tout, pour preuves mulupliées de la présence du phlogistique dans l’air inflammable, l’ouvrage de M. Senebier, cité plus haut. — Il faudroit peser le gaz restant après que l’air inflammable a perdu son inflammabilité et ses caractères d’air commun, comparativement au gaz azote, il est probable qu’on observeroit quelque différence, maïs cela même ne pourroit pas être considéré comme une forte objection, puisque la pesanteur du gaz hydrogène et du gaz azote varie, suivant qu’on les oblient par tel ou tel procédé. (3) Bib. Brit., Sciences et Arts, n°. 118. 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À l'appui de ces idees que l’on peut considérer aujourd’hui comme un peu kérétigues, on pourroit faire un rapprochement assez intéressant , et qui tendroit, il me semble, à.les confirmer en considérant la nature de l'air renfermé dans les vessies nata- toires des poissons , que l’on sait être du gaz azote très-pur, ainsi que je m'en suis assuré moi-1inmême, en l’examinant chez le brochet, la truite, la tanche et le vangeron. ESSAI DE STATIQUE CHIMIQUE, PAR C. L. BERTHOLLET, Membre du Sénat conservateur , de l’Institut , etc., 2 vol, in-8., de l’imprimerie de Demonville et Sœurs, à Paris, rue de Thionville , n°. 116 ; chez Firmin Didot, libraire pour les mathématiques, l’architecture, la marine et les éditions sté- réotypes. Extrait par RSS Cet ouvrage étoit attendu depuis long temps par les chimistes, qui savent tout ce que la science doit à son célèbre auteur. Nous allons tâcher d’en donner une idée à nos lecteurs ; mais ils doivent sentir qu’on ne peut connoître un pareil ouvrage qu’en le lisant et le méditant. « Les puissances, dit l’auteur, qui produisent les phénomènes chimiques sont toutes dérivées de l'attraction mutuelle des mo- lécules des corps, à laquelle on a donné le nom d’a/finité, pour la distinguer de l’attraction astronomique, « Il est probable que l’une et l’autre ne sont qu’une même pro- priété, mais l'attraction astronomique ne s’exercant qu'entre des masses placées à une distance où la figure des molécules, leurs imtervalles et leurs affections particulières n'ont aucune influence; ses effets, toujours proportionels à la masse et à la raison inverse du carré des distances, peuvent être rigoureusement soumis au calcul, Les effets de l’attraction chimique on de l’affinité sont au contraire tellement altérés par les conditions particulières et Ç souyen £ E TOD'HHU SAT OI R'EMN AXTUIR/EL'L'E, 25 souvent indéterminées:; qu’on ne peut les déduire d’un principe général, mais qu'il faut les constater successivement. Il n’y a que quelques-uns de ses effets qui puissent être assez dégagés de tous les autres phénomènes pour se prêter à la précision du calcul. « L'effet immédiat de l’affinité qu’une substance exerce est toujours une combinaison , ensorte que tous les effets qui sont produits par l’action chimique sont une conséquence de la forma- tion de quelques combinaisons. « Toute substance qui tend à entrer en combinaison agit en raison de son affinité et de s1 quantité. Ces vérités sont le dernier terme de toutes les observations chimiques. « Mais, 1°. les différentes tendances à la combinaison doivent être considérées comme autant de forces qui concourent à un résultat, ou qui se détruisent en partie par leur opposition , de sorte qe faut distinguer ces forces pour parvenir à l'explication des phénomènes qu’elles produisent , ou pour les comparer entre eux. « 2°, L'action chimique d’une substance ne dépend pas seu- lement de l’affinité qui est propre aux parties qui la composent, et de la quantité: elle dépend encore de l’état dans lequel ces parties se trouvent, soit par une combinaison actuelle qui fait disparoître une partie plus ou moins grande de leur affinité, soit par leur dilatation ou leur condensation, qui fait varier leurs distances réciproques. » Le but de cet essai, ajoute l’auteur, est d’étendre mes pre- miéres réflexions sur Les loix des affinités à toutes les causes qui peuvent faire varier les résultats de l’action chimique ou du produit de l’affinité et de la quantité. L’essai est divisé en deux parties: dans la première l’auteur considère tous les élémens de l’action chimique , et dans la se- conde les substances qui l’exercent et qui contribuent le plus aux phénomènes chimiques, en les classant par leurs dispositions ou par les rapports qui existent entre leurs affinités. La force de cohésion est un des élémens de l’action chimique ; car cette action produit des effets différens, selon qu’une subs- tence est gazeuse, liquide ou dans l’état de so/ide ; de sorte que toute action chimique n’est pas un effet simple de l’affinité, mais qu’elle est modifiée par la constitution des corps qui l'exercent, suivant qu’ils se trouvent dans un de ces trois états, Ces états varient suivant l'énergie de la force de cohésion qui Tome LVII. MESSIDOR an 11, 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tend à rapprocher les parties, et celui de la /orce expansive du calorique qui tend à les écarter. Si un solide perd sa solidité, et acquiert la liquidité par l’ac- tion d’un liquide , cet état constitue la dissolution ; alors l’union devient telle, que tout le solide, qui s’est liquéfié , se trouve distribué dans le liquide, et uniformément confondu avec lui; de sorte que l’un et l’autre ne présentent plus qu’une substance homogène; mais la force de cohésion doit toujours être une résistance qui continue d’agir. Lorsque , soit par la diminution de la quantité du liquide , soit par l’affoiblissement de la température , la force de cohésion cause la séparation d’une partie de la substance dissoute , presque toutes les parties qui se séparent prennent un arrangement ré- gulier, qui est dû à un certain rapport entre leur figure et leur affinité réciproque; delà les cristaux que la nature présente avec tant de variétés , et qui sont produits daus un si grand nombre de combinaisons chimiques. Les lames (1) qui continuent de s’appliquer, soit parce que le cristal agit sur la substance dissoute , soit parce que la cause de la séparation continue d’exister dans les liquides, sont com- posées elles-mêmes de molécules semblables aux premiers, et continuent d'accroître le cristal en conservant sa première forme. Cependant cet accroissement peut être déterminé à se faire sur une face plutôt que sur une autre, selon la position du cristal et les circonstances où se trouve la dissolution. Le cristal qui résulte de cet arrangement symétrique des mo- lécules intégrantes se trouve tellement constitué , qu’en saisissant successivement les joints par lesquels les lames se trouvent réunies, on parvient à un noyau qui est le même dans les cris- taux d’une mème substance, de sorte que toutes les formes se- (1) «Plusieurs naturalistes ( dit Hauy, Traité de minéralogie , tom. 1 , p.31) ont pensé que les molécules des cristaux étoient de simples lames... et non de petits solides. J’ai exposé ailleurs les preuves qui établissent cette dernière opi- nion. Je ne m’arrêterai point à détruire les difficultés qui m'ont été opposées , soit parce que J'ai eu la satisfaction de voir que les réponses se présentorent d’elles mêmes, soit parce qu'il me paroît quelle (ma théorie) n’a pas été bien saisie par le seul auteur (Théorie de la terre, par Delamétheric) qui l’ait atta- quée sous le point de vue dont je viens de parler. » On voit que Berthollet n’a pas, également bien saisi l’idée de Haüy , puisqu'il regarde également les molécules de cristaux comme des lames. Bergmann les avoit aussi appelés lames ou plans , cinsi que les plus savans naturalistes, tels que Saussure..,.. ET D'HISTOIRE NATURE L LE: 27 condaires de ces cristaux dépendent des lames superposées au noyau. Cette loi est une des belles découvertes de Bergmann. Un de ses disciples , Gahn , ayant brisé un spath calcaire de la forme appelée dent de cochon, vit que toutes les molécules en étoient semblables aux rhombes de celui appelé spath d'Islande où pri- mitif. Bergmann, partant de cette observation, en fit l'appli- cation à tous les cristaux; et il démontra, dans un mémoire qu’il publia en 1773 (1), que leur différentes formes étoient pro- duites par des MOLÉCULES SEMBLABLES APPLIQUÉES SUR LES NOYAUX, SUIVANT CERTAINES LOIX DE DÉCROISSEMENT. Le Blanc a fait voir , par des expériences fort ingé- nieuses, que plusieurs circonstances particulières peuvent in- fluer sur les formes des cristaux. L’auteur examine ensuite les combinaisons des divers corps. Il commence par celles des acides et des alkalis, qui ont une si grande influence dans Les phénomènes naturels, et dans les opé- rations des arts; il rapporte les expériences qu’il a déja données dans son mémoire sur les loix des affinités, qui prouvent que ces corps agissent non-seulement en raison de leur affinité, ais en raison de LEUR QUANTITÉ. Il est même encore d’autres circonstances à observer. L’acide n’agit pas seulement en raison de sa quantité totale, mais en raison de la quantité qui peut se trouver dans la sphère d’activité , où son énergie doit lutter contre la résistance de la cohésion de la substance soumise à son action. Ainsi lorsqu'un corps est dilaté par la chaleur, ses parties se trouvent plus éloignées qu'auparavant, ce qui change leur attraction ou affinité. C’est la raison qui fait varier les affinités des corps suivant leur température. Les résultats des combinaisons des acides et des alkalis donnent des précipités dont l’auteur développe plusieurs phénomènes. Il passe ensuite à l'examen des qualités du calorique ou ma- tière du feu. Ce qui le conduit à la recherche des propriétés caractéristiques des fluides élastiques. Enfin il considère les limites de la combinaison, et quelles sont les proportions des élémens dans les combinaisons, J'ai examiné, dit-il, les causes qui produisent la séparation (1) Et qui se trouve Journal de physique, avril 1792, avec des figures qui démontrent tout ce mécanisme, D 2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et l'isolement des combinaisons , et je les ai trouvées dans les effets de la solidité et de l’élasticité. Il reste un problème inté- ressant à résoudre , c’est de déterminer quelles sont les dispo- sitions et les circonstances qui décident des proportions fixes dans certaines combinaisons, pendant que d’autres se font ex toutes proportions. Nous regrettons de ne pouvoir suivre l’auteur dans les détails où il entre sur les combinaisons que forment les différens corps de la nature; mais nous allans nous arrêter un moment sur ce qu'il dit au sujet de la formation des minéraux. « Si les observations, dit-il, que j'ai présentées ne me font pas illusion , lorsque l’affinité produit une combinaison , les propriétés particulières des élémens éprouvent une saturation plus ou moins grande, et ainsi modifiées elles donnent naïssance à celles de ia combinaison. 11 s'établit sur-tout dans les subs- tances qui n’étoient pas dans l’état élastique , des proportions très-variables, selon les quantités de celles qui exercent une action mutuelle, et selon les causes qui la favorisent ou qui lui sont opposées. La figure des élémens ne paroît avoir qu’une foible influence sur la formation de la combinaison , sur ses proportions et sur ses propriétés chimiques. La forme des molé- cules intégrantes de la combinaison étant un résultat de l’action réciproque de ses élémens et de celles du calorique, elle doit être la même ou à-peu-près la même dans les combinaïsons de même espèce ; mais elle peut encore se trouver la même dans des combinaisons très-éloignées, « Haüy, qui regarde la forme de la molécule intégrante des minéraux comme le type de l’espèce , est souvent obligé de restreindre son opinion , parce qu'il y a des formes qui sont cominunes à des substances de différente nature. Il défiuit l'espèce en minéralogie, une col/-ction d- corps dont les molé- cules intéorantes sont semblables , et composées des mêmes élémens unis en même proportion ; mais il s’est fréquemment soustrait à ce principe. Et en effet comment auroit-il pu s’y res- treindre , puisque l’analyse chimique et la forme des molécules intégrantes donnent si souvent des indications opposées ? il fal- loit donc choisir entre l'analyse chimique et la forme des molécules intégrantes. « L'analyse est le scul moyen propre à faire reconnoître la composition des minéraux ; € ‘pendant elle laisse encore souvent à desirer, mais l'incertitude que laisse l'analyse est beaucoup ET D'HISTOIRE NATURELLE, 24 plus restreinte que celle qu’entraîne avec elle la forme de mo- lécules intégrantes, « D’où vient donc cette incertitude qui paroît attachée aux méthodes minéralogiques ? tient-elle à l’imperfection de la science ou à la nature des objets dont elle s'occupe ? Il me paroît que l'espèce minéralogique, telle qu’elle a été conçue par Hauüy et par Dolomieu , ne peut se réaliser que dans un si petit nombre-de substances , qu’il est impossible d'établir sur un pareil fondement la distinction des minéraux ; et que c’est parce qu’on s’en est fait une définition imaginaire qu’on est conduit à des principes exagérés , et que l’observation dément. Delamé- therie me paroît avoir fait des réflexions très-justes sur l’insuffi- sance de la forme pour reconnoître les espèces, sur les propriétés qui doivent servir à les distinguer , et sur les gradations qui conduisent des unes aux'autres. s «, Ainsi la minéralogie (en ne prenant que la forme de la mo- lécule pour type des espèces), au contraire des autres sciences, qui, dans leurs progrès, perfectionnent en sinplifiant leurs méthodes, se hérisseroit de difficultés qui n’eclairent point sur les propriétés des mivéraux. » * Aussi tous les vrais minéralogistes qui ont avancé la science se sont bien gardés de prendre la forme de la molécule pour type dés minéraux. Le célèbre Romé Delisle, qu’on doit re- garder comme le père de la cristallographie , quoiqu’également persécuté par un parti puissant , parce qu’il vouloit avoir ses opinions, et à qui on a rendu, seulement après sa mort, toute la justice qui lui est due, comme à un des sayvans français les plus distingués , et qui a le plus honoré son pays, a intitulé son ou- vrage Cristallographie, et non point Minéralogie. La connois- sance des cristaux n’est qu’une très-petite branche de la miné- ralogie. Les Valérius, les Cronstedt, les Bergmann , les Delamétherie, les Werner et.tous les grands minéralcgistes ont décrit les miné- Taux par tous leurs caractères, et souvent même n’ont pas parlé de leurs formes. Cependant cette forire ne doit pas être négligée, lorsqu'elle se trouve réunie aux autres Caractères. Les progrès rapides que fait la wrinéralouie dans ce moment, sont dus à cette marche sage:, L'étude des’ cristaux, comime la fort bien vu le célèbre Romé Hefsle 4 2ddit Faré une science Ja’ tioulièré ; qui a‘deson-côtévan 1rès-grand' intérêt. 1 Mais ce sont pringipalément les analyses chimiques des miné- 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE raux qui en ont donné des connoïssances précises: Que ne doit pas cette science aux travaux des Cronstedt, des Bergmann, des Scheele , des Klaproth , des Vauquelin. .:...? L’anteur examine, dans une section séparée, la constitution de l’air atmosphérique, et pense qu'il est composé de Gazfoxysène, 2.1 eh 0/22; Gaz' azote. 1, OI Mai7: Gaz acide carbonique , une petite portion moindre que o,o1: | Outre ces parties constantes, l’air atmosphérique peut tenir en dissolution différentes substances qui y prennent la forme, élastique, et dont quelques-unes sont les principes des odeurs. Le second volume de l’ouvrage traite presque uniquement de lPoxyoène , et de ses combinaisons avec les diverses substances qui forment les acides et les oxides. « Les deux propriétés, dit-il, qui caractérisent particulière-| l'oxygène sont : « 1°. De se combiner avec les substances qui sont inflam- mables, et qui cessent de l’être par sa combinaison ; « 2°, De communiquer l'acidité aux combinaisons qu'il forme, lorsqu'il n’éprouve pas un degré de saturation trop considérable. Sous ce dernier rapport on a eu raison de l’appeler principe acidifiant. « J'ai, dans d’autres occasions, résisté à cette dernière idée, qui est due à Lavoisier; mais il me paroît aujourd’hui que l’on donnoit trop d'extension au principe qu'on vouloit établir, et que de mon côté jy apportois trop de restriction. « En effet, vouloir conclure de ce que l’oxigène donne l'acidité à un grand nombre de substances , que Tours AcrDITÉ EN PROVIENT , A16me celle des acides muriatique, fluorique et boracique, c’est reculer trop loin les limites de l’analogie. « l'hydrogène sulfuré , qui possède réellement les propriétés d’un acide, PROUVE DIRECTEMENT QUES L'ACIDITÉ N'EST PAS TOU- JOURS DUE À L'OXYGÈNE. « On ne seroit pas plus fondé à conclure de ce que l’ammo- niaque paroît devoir l’alkalinité à l'hydrogène , que l’4ydrogène est le principe de l’alkalinité, non-seulement dans les alkalis proprement dits, mais dans la magnésie, la chaux ,, la stron- tiane et la baryte. » Pages 7 et 8. Puisque L’acxprTÉ x’est pas toujours due à l'oxygène, donc le mot oxycinr ( générateur des acides) est ne convient UT D'HISTOIRE NATURELLE. 31 point à ce gaz; il fant lui rendre le mot d’air vital ou d'air pur. Puisque L’ACIDITÉ n’esé pas toujours due à l’oxygène, ily a donc un autre principe de l’acidité, qui est vraisemblablement la matière du feu, le principe le plus actif de la nature. Encore du temps, et ces vérités seront écoutées avec le calme qui caractérise le philosopheïami de la vérité. Le célèbre auteur de cetraité n'aura pas peu contribué à faire voir que si la chimie avoit négligé jusqu’à ces derniers temps d'accorder à l’air pur toute l’action qu'il a dans les combinaisons chimiques et dans la formation des corps , la chimie du moment a trop donné à ce même air pur, qu’elle appelle gaz oxygène, et n’a pas assez accordé au /éz. Au reste, c’est le sort général de toutes les nouvelles opinions. La CHIMIE MODERNE N’A PAS MOINS RENDU LES PLUS GRANDS SERVICES A LA SCIENCE, en développant l’action de cet air pur, et la prouvant par les plus belles expériences faites avec une précision qui étoit inconnue auparavant. On doit donc continuer d'examiner ces combinaisens de l’air pur, mais sans exclure l’action du feu: Ainsi l’auteur convient avec le célebre Lavoisier, que l’acide nitrique contient une immense quantité de calorique, et que ce calorique contribue à l’activité de cet acide, L’analogie ( ainsi qu’un grand nombre de faits ) , dit également : 1°. Que les autres acides doivent contenir une quantité de ca- lorique plus ou moins considérable ; 2%, Que ce calorique, qui a une si grande activité, contribue à celle de ces acides. L'auteur est aussi convenu ailleurs (1) que dans la combus- tion le calorique qui se dégage vient et de l’air pur et du corps dit combustible, et non point uniquement de l’oxygène. Sans doute dans ses travaux ultérieurs ce célèbre chimiste cher- chera à assigner la portion d'action qu’exercent ces deux grands agens, le feu et l’air pur, dans les phénomènes chimiques et dans la formation des corps. Personne n’est plus à même que lui de fixer enfin les incertitudes qui règnent à cet égard. (1) Traité de la teinture. 32 JOURNAL! DE PHWNISIQUE, IDE (CHIMIE Nous ne donnerons pas plus d’étendue à cet extrait, il faut lire l’ouvrage même pour sentir toute la profondeur des vues de l’auteur. Sur la structure de l’articulation du genou dans la macreuse, et sur la progression de cet oiseau; par le cit. LORDAT aîné , médecin à Montpellier. Lu à la Société médicale de Montpellier, séante à l Ecole de médecine, le 30 nivôse an x1. Les oiseaux échassiers (zra/læ) donnent à leurs extrémités abdominales , soit dans la station, soit dans le vol, soit dans l’incubation , une position qui a été remarquée par les natura- ralistes , et dont ils ont cherché à rendre raison par des explica- tions plus ou moins conjecturales. Cette position est une extension complette de la jambe sur la cuisse, et du tarse sur la jambe. Il résulte de la prédilection pour cette attitude, que dans la station, les extrémités , dont toutes les parties sont fort longues , sont par- faitement droites , et que le tronc se trouve très-éloigné de la terre; que dans le vol, les pieds se portent en arrière aux côtés de la queue, au lieu de se ployer sous le ventre comme chez les autres oiseaux; et que dans l’incubation, certains d’entre eux, le flammant (phaenicopterus), par exemple, se mettent à cheval sur leur nid pour r’être pas obligés de fléchir les jambes (x). Le citoyen Cuvier a trouvé chez la cigogne ( ardea ciconia ) la raison de cette singularité dans la structure de l'articulation du genou et dans le mécanisme de ses mouvemens. Voici comme il s'exprime là-dessus : « Le fémur de la cicogne s’articule sur son tibia par une facette, dans le milieu de laquelle est un creux où entre une saillie du tibia. Pour fléchir la jambe, il faut que cette QG) Catesby, hist. nat. de la Caroline. Dampierre, t. 1. p. 93. saillie ET D'HISTOIRE NATURELLE. 33 saïllie sorte du creux, et passe sur son bord postérieur ; alors elle tiraille nécessairement les ligamens plus que dans l'extension, lorsqu'elle est logée dans sa fossette. Ces ligamens doivent donc maintenir la jambe étendue comme des espèces de ressorts, et sans que les muscles aient besoin d’y contribuer (1). » Le citoyen Duméril, dans un mémoire sur ce sujet, inséré dans le Magasin encyclopédique, mois de..... an 9, a confirmé la découverte de son maître et ami; et par de nouvelles ob- servations sur la structure de l’articulation du genou chez l’oi- seau dont je viens de parler, il a trouvé d’autres causes qui vien- nent augmenter la force des ressorts reconnus par Cuvier. Il a vu que les ligamens latéraux de la même artieulation s’implantoient aux côtés des condyles du fémur, dans un lieu qui n’est point à égale distance de tous Les points de la courbe qui termine en bas ces condyles, mais qui se trouve près de son extrémité antérieure. Les ligamens latéraux ont, dans leur état naturel, justement la longueur qu’il faut pour occuper sans effort la distance qui se trouve entre leurs attaches , quand le membre est dans l'extension. Mais lorsque la jambe se Aéchit, et que les condyles du tibia se portent vers la partie postérieure des condyles du fémur, les dis- tances entre les points d’attache venant à augmenter , les ligamens se distendent d’une manière forcée : comme leur élasticité tend à leur faire reprendre leurs premières dimensions , ils agissent à la manière d’un ressort, et tendent à leur tour à ramener la jambe dans l’extension. Des causes semblables produisent le même effet dans l’articulation du tarse avec le tibia. Les naturalistes ont observé dans la progression de la macreuse (anas niger) une singularité frappante, dont j'ai découvert la cause que j'avois déja soupçonnée d’après les observations des deux auteurs cités plus haut. Je vais transcrire ici les remarques que M. Baillon a communiquées à Buffon sur la marche de cet oiseau, « J’avois cru que les macreuses ne pouvoient pas marcher, que leur conformation les privoit de cette faculté ; j’en étois d’autant ne persuadé , que j'avois ramassé plusieurs fois sur le bord de a mer , pendant la tempête, des macreuses, des pingouins et des macareux tout vivans, qui ne pouvoient se traîner qu’à l’aide de leurs ailes; mais ces oiseaux avoient sans doute été beaucoup battus par les vagues. Cette circonstance, à laquelle je n’avois (1) Leçons d’anatomie comparée ; lecon VIL. art. r, Tome LVII., MESSIDOR an 11. E 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pas fait attention, m’avoit confirmé dans mon erreur. Je l’ai re- connue en remarquant que la macreuse marche bien, et même moins lentement que le millouin; elle se balance de même à chaque pas, en tenant le corps presque droit, et frappant la terre de chaque pied alternativement et avec force : sa marche est lente; si on la pousse , elle tombe, parce que les efforts qu’elle se donne lui font perdre l'équilibre. Elleest ir/atigable dans l’eau; elle court sur les vagues comme le pitrel, et aussi légèrement; mais elle ne peut proliter à terre de la célérité de ses mouvemens: la mienne m’a paru y être hors de la place que la nature a assignée à chaque être. En effet , elle y avoit l'air fort gauche ; chaque mou- vement /ui donnoit dans tout le corps des secousses fatigantes ; elle ne marchoit que par nécessité; elle se tenoit couchée ou de- bout droite comme un pieu, le bec posé sur l’estomac. » Cette percussion forte et brusque du sol , ces secousses violentes de tout le corps, cette tendance à rester couchée, ou à se tenir dans une station analogue à celle des échassiers , tout cela me fai- soit soupçonner l’action de quelque ressort. Pour confirmer ou détruire mes conjectures, j'ai disséqué l'extrémité abdominale de la macreuse. Voici ce que m’a présenté l'articulation du genou. 19. Le pérone n’est ici qu’une épiphyse du tibia, comme cela se voit chez tous les oiseaux (r); il est adhérent à ce dernier os au bas des deux tiers supérieurs et un peu au-dessous de ses con- dyles : dans le reste de leur étendue, ils sont séparés. La tête, au lieu de s'unir au tibia, s'articule avec le condyle externe du fémur. Cette tête est applatie sur les côtés, et son bord supérieur est convexe, de devant en arrière, La cavité qui la reçoit, et qui cst pratiquée à la partie externe du condyle du fémur, est sem- blable à la gorge dé la moitié d’une poulie; seulement à sa partie postérieure se trouve une fossette plus grande que la gorge. Quand la jambe se meut sur la cuisse, il arrive donc que les deux courbes circulaires convexes du péroné et du fémur ont succes- sivement en contact tous leurs points correspondans. Mais voici l'effet que cela produit sur le ligament latéral externe. Comme il est attaché à la partie antérieure des condyles externes, et qu’il a seulement la longueur nécessaire pour rester étendu sans effort entre ses points d’attache, quand les extrémités antérieures des deux courbes se touchent, et que le membre est dans l'extension; EEE (1) Cuvier, Lec. d’anat. comp. V. D. art, 6. c. ETUDES AMOR UE N ANMUNRIENCEILIE: 35 lorsque la jambe commence la flexion , le ligament se distend considérablement , et la distention augmente jusqu’à ce que les courbes se touchent par leur milieu. Si la flexion continue, le péroné entre dans la fossette postérieure de la poulie et le liga- ment, reprend presque ses dimensions naturelles. Il s'ensuit que lorsque le ligament est parvenu à son plus grand allongement , il sollicite, par son ressort, le retour de l'extension ou la flexion complette, et s'oppose aux situations intermédiaires, 2°, J'ai vu encore d’une manière bien évidente que le ligament latéral interne agissoit aussi par son élasticité ; mais le mécanisme qui la met en jeu est différent. Les bords des condyles internes du fémur et du tibia sont très-arrondis vers le côté interne de la jambe; de sorte que, abstraction faite des intervalles qui séparent les faces articulaires, les deux os, à l'endroit de la jointure, pré- sentent un bombement très-considérable entre les points d’attache du ligament latéral. Ce dernier est au-devant de cette convexité ; il est presque droit, et sa longueur est en rapport avec la situa- tion des os dans l'extension. Lorsque la flexion se fait, le liga- ment estentraîné vers la partie postérieure , et obligé de se dis- tendre pour s’accommoder au bombement interne des condyles. Sa distension va en augmentant jusqu'au milieu de la flexion. Mais lorsque le ligament a passé la convexité, il reprend en arrière la longueur qu’il avoit dans sa première situation, de manière qu’il appelle Rien par son ressort, l’extension ou la flexion entière, comme celui du côté opposé. L’angle que la cuisse et la jambe forment dans l’extension est d'environ 115°, et celui de la flexion d’environ 350. Il m’a paru que la quantité de force nécessaire pour fléchir et pour étendre le membre étoit à peu près la même, et que conséquemment il étoit indifférent à la flexion ou à l'extension. Maïs tant que les parties n’ont pas été desséchées , il m’a été impossible de faire tenir la me sous un angle compris entre ceux que j’ai nommés tout-à- eure. Il ne me sera pas difficile maintenant de rendre raison des par- ticularités observées dans la progression et dans la station de la macreuse. 1°, Elle frappe fortement le sol en marchant, parce que la jambe s'étendant, non par l’action douce et graduée des muscles, mais par la détente d’un ressort , et par conséquent fort brusque- ment , le pied doit être appliqué sur le sol avec une force qui ne peut pas ressembler à celle que produit l'acte de la volonté. E 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2°, Ces percussions brusques du sol doivent réagir sur le tronc de l'animal , et il n’est pas surprenant qu'il soit agité par des se- cousses violentes. 3°. Son attitude la plas ordinaire est de se tenir couché sur son ventre. C’est ce que doit produire la flexion des extrémités; l'angle que la jambe et la cuisse forment alors étant très-petit, et seulement sufhisant pour comprendre dans son ouverture les par- ties molles de ces membres : si elle se lève, elle se tient droite comme un pieu. Cette rectitude du tronc a deux causes. La pre- mière se trouve dans la situation des cavités cotyloïdes placées très-en arrière du centre de gravité ; la seconde, c’est l’impossi- bilité de tenir la jambe dans une flexion modérée, qui, en donnant de l’obliquité au tarse, si le tronc s’approchoit de la direction horizontale, porteroit la base de sustentation sous;la ligne de gra- vité, comme cela se fait chez la plupart des autres oiseaux. Quant à la position du bec, on voit facilement son utilité mécanique par rapport à la station , puisque une trop grande longueur du corps rendroit très-difficile le maintien du centre de gravité sur la base de sustentation. | 4°. Si la nage est plus facile à la macreuse que la progression sur la terre , c'est que la promptitude du mouvement de ressort doit rendre plus considérable la résistance que le poids trouve dans l’eau ; qu’en second lieu , les ligamens distendus, lorsqu'ils tendent à se rétablir, deviennent des coadjuteurs des muscles, et les soulagent d'autant. ET D'HISTOIRE NATUREELE. 37 HISTOIRE D'UN INSECTE (OU D'UN CRUSTACÉE ) Que l’auteur a cru devoir appeler Chirocéphale diaphane, et de la suite remarquable des métamorphoses qu’il subit; Par le cit. Benenrcr Prsvosr , l’un des fondatears de la Société départementale du Lot, méèmbre de celle de physique et d'histoire uaturelle de Genève, associé correspondant des sociétés médicale et de médecine-pratique de Montpellier. Extrait de divers mémoires lus à la Société départementale du Lot, séant à Montpellier (1). INTRODUCTION. Il y a vingt ans environ, qu’en nous promenant, un de mes amis et moi, aux environs de Montauban , nous remarquâmes daus des ornières remplies d’eau vaseuses, des insectes qui nous parurent fort singuliers. Nous en primes quelques-uns et nous les examinâmes assez pour remarquer qu’ils étoient transparens, que l’on voyoit leurs intestins et même les alimens dont ils étoient remplis au travers dé leur corps, ainsi que leurs œufs dans l’ovaire. Je ne m’étois guère occupé alors d’entomologie et j’attribuois à mon ignorance l’étonnement où me jetoit la vue de cet insecte. Néanmoins, il avoit un certain port qui me fit soupçonner que, quoiqu'il fut fort commun dans ce pays, il pouvoit bien n’être pas fort connu. Je voyois, en gros , qu’on pouvoit le ranger = on : YEOI LI (1) Ce mémoire devoit êtrelaccompagné d’un: grand/nombre.de figures, mais on n’en;a pu.graver que quatre dans ce Journal, On en trouvera l'explication à. la fin, avec des renvois aux articles en rapport. Je publierai les autres quelque jour, ou des notes par lesquelles je tâcherai d’y suppléer. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE parmi les monocles ou les binocles ; mais je trouvai dans la suite bien des raisons de le rapporter à quelqu’autre espèce, ou plutôt d’en faire un genre à part. Je desirois de connoître son histoire ; mais à la ville, il n’étoit pas aisé de me satisfaire. Devenu dans Ja suite habitant de la cainpagne , j'eus plusieurs occasions de l’observer, cependant, je ne pouvois parvenir à trouver des petits d’une grandeur proportionnée aux œufs, J’essayai d’en élever, il s’écoula plusieurs années ayant que j’eusse la satis- faction de les voir multiplier sous mes yeux. Je ne laissai pas d'observer l’insecte adulte ; je n’y étois d’abord incité que par une curiosité assez vague , mais petit à petit ,-il devint pour moi si intéressant que je n’eus de repos quelorsque par des recherches suivies , je me suis procuré son histoire détaillée. C’est elle qui fait l’objet de ce mémoire. , Je décrirai dans six articles, 1°. Les parties extérieures de l’insecte ; (pl. 1.) 2°. Ses mœurs ; 3°. La manière dont ïl se reproduit et les métamorphoses qu’il subit ; ! | 4. Son intérieur ou ce que l’on en peut appercevoir à la faveur de sa transparence; , 5°. Les maladies et les monstruosités que j'ai eu occasion d'observer ; 6°. Quelques expériences dont il a été le sujet. ARTICLE PREMIER. Description des parties extérieures. On distingue Za tête, le corselet ou Le corps proprement dit, le ventre ou l’abdomen et la queue. 1. La tête est composée de,deux anneaux ou pièces dont linférieure pourroit être en quelque ;sorte regardée comme /e col. La pattie supérieure porte des antennes, des mains, des yeux. La bouche appartient aux deux parties. (a Les antennes sont filiformes, droites , flexibles, com- posées.d’une multitude d’articles presqu’imperceptibles, même au microscope. Elles sont de la longueur de la tête, non-compris ‘les mains , telles: vont en diminuant derla' base à l'extrémité , Où ellés S'arrondissént en grossissant un peu ét se terminent par quelques poils courts , roides , inégaux et légèrement recourbés, (8 Les mains qui sont très-grandes et ajoutent à la tête une ET D'HISTOIRE NATURELLE, 39 partie énorme, sont au nombre de deux. Le mâle seul en est pourvu ; elles lui servent à saisir et à retenir sa femelle dans l’accouplement. Elles sont très-appropriées à cet usage. C’est à cause de cette partie, très-apparente dans le mâle que j'aicru devoir donner à cet animal un nom composé de deux mots grecs dont le premier signifie main et le second 1é1e. Chacune de ces mains est composée de deux parties princi- pales ou doigts. Le premier de ces doists ressemble jusqu’à un certain point à l’une des deux serres ou pinces de l’araignée. 11 est formé de deux parties ; la première , ou la plus proche de la tête est grosse charnue, ou musculeuse. Elle reçoit à son extrémité la seconde partie qui s’y articule comme le crochet de l’araignée , sur la partie analogue à la première; elle est cornée comme ce crochet; mais n'étant faite ni pour percer ni pour couper, «lle n’est ni pointue ni tranchante , elle embrasse ou serre sans blesser. Le second doigt est composé d’une multitude d’articles, et s’il étoit concave , il ressembleroit assez à la trompe de l'éléphant : il est comprimé, dentelé ou langueté ; l’insecte le porte ordi- nairement roulé sur sa tête, et ne le déroule guère que dans l’accouplement. Le premier doigt porte à sa base un petit appendice. Le second en porte quatre, à l'extérieur ou du côté du premier doist. Ces appendices ressemblent à autant de petits doïgts. il y a de plus , une membrane triangulaire languetée qui se déploie aussi dans l’accouplement. Tout ce second doigt et ses accessoires, sont armés de petits appendices en forme de dents ou de pointes d’autant plus appa- rentes ; que le mâle est plus âgé, comme sil lui étoit alors plus difficile de retenir la femelle. Celle-ci, à la place de tout l'appareil qui constitue ce que j'appelle /es mains, n’a que deux gros appendices en guise de cornes où d'oreilles. (c Les yeux dont l’origine est voisine de celle des an- tennes et des mains sont situés aux deux côtés de la tête, et les parties que je viens de décrire sont entre deux. Ils sont fort grands, comme pédiculés ou placés chacun sur; la base d’une espèce de cône oblique ; par conséquent, fort extérieurs ou proéminens. Ces cônes sont mobiles sur leur sommet, les yeux sont à réseaux , ‘ordinairemenñt noirs , quelquefois bruns ou iarbrés de blanc. Entre ces deux grands yeux, sur le devant de la tête et sur 4o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une petite éminence peu sensible dans l'adulte, on voit une petite tache noire qui a souvent la forme d’un accent circonflexe, qu'on regardera peut-être comme analogue aux petits yeux lisses de certains insectes. Je dirai ce que c’est dans la suite. ( d. La bouche est composée de deux mandibules, de deux organes particuliers que je décrirai , et d’une lèvre. a!.) Les deux mandibules placées latéralement sur le second anneau de la tête, embrassent environ les quatre cinquièmes de sa circonférence , deux cinquièmes chacune. L’extrémité qui aboutit vers le dessus de cet anneau ou de la partie inférieure de la tête, y est attachée et se confond avec elle ; l’autre ou l’intérieure qui est en dessous est large et obtuse. Elle est garnie d’un grand nombre de petites dents, comme les dents d’une lime, qui ne se voient bien que lorsque le microscope est armé de fortes lentilles, mais qui n’en sont pas moins distinctes. La bouche proprement dite, ou si l’on veut l’entrée ou l’ori- gine de l’œsophage, est située entre les extrémités intérieures des mandibules. Celles-ci (les mandibules ) jouent en oscillant sur un axe qui passeroit par leurs deux extrémités , dont les intérieures qui se touchent ou sont fort proches, broïent ainsi les alimens en frottant ou roulant l’une contre l’autre. &'.) Au dessous des mandibules ( c’est-à-dire plus près de la queue ou plus loin de la tête) sont deux organes particuliers dont l'usage paroît être de tamiser les alimens, et de ne laisser arriver entre les extrémités dentelées des mandibules, que ce qui est assez ténu ou assez divisé pour passer sans danger dans l’æsophage. Chacun de ces organes est composé de deux parties : la première grosse et charnue ; la seconde plus mince, articulée sur la première , est terminée par environ vingt filets qui vont aboutir, et, à ce que je crois, s'attacher vers les extrémités dentelées des mandibules. C’est entre ces filets qu’il faut que passent les alimens avant que d’être broyés par les mandibules , et par conséquent , avant que de pénétrer dans l’æsophage : je crois que les filets s’entrelacent de manière que ceux de l’un des organes passent entre ceux de l’autre ; je n’en suis pas sûr quoique je l’aie examiné plusieurs fois avec beaucoup d’attention; car, la transparence du chirocéphale qui rend faciles à faire, certaines observations nuit beaucoup à d’autres, et peut bien occasionner quelques méprises. Toujours est-il certain que ces filets paroissent parallèles entr'eux et dans un même plan pour chaque EU IDAHMISTN OM RCE N À TU RE L'LE; 4i chaque organe , et qu’ils jouent par lé mouvement de celui-ci qui les fait aller et venir selon leur longueur. cl.) Outre cela, il y a de chaque côté de la bouche, deux petites papilles destinées sans doute à pousser les alimens entre les filets; mais elles n’appartiennent pas proprement à la tête. Elles sont situées sur le corselet. d.) La lèvre a son origine entre celle des yeux ou entre celle des deux mains, un peu au - dessous de la petite tache noire ; qui joue les yeux lisses. Elle passe par-dessus les man- dibules et les organes particuliers et s’avance jusqu’auprès de l'intervalle qui sépare les deux papilles. Elle est articulée et se relève de temps en temps. On voit alors en dessous vers la base une partie qui se renfle ou s'élève et exprime les parties gros- sières des alimens qui n’ont pas pu passer par les éamines ou tamis. 1| y a en outre aussi en dessous une espèce de langue mobile qui dépasse un peu la lèvre et qui aide encore à rejeter les parties grossières. Pour bien observer tout l'appareil de la bouche , il faut consi- dérer un de ces insectes encore fort jeune ; autrement, on ne voit distinctement que les deux mandidules, la lèvre et la langue. Le reste ne paroît que comme deux ou quatre masses charnues, arrondies , recouvertes de deux pièces triangulaires en forme d’écailles. 2. Le corselet ou corps, proprement dit, est composé de onze anneaux , à chacun desquels tient une nageoïre de chaque côté, ce qui fait en tout vingt deux ou onze paires. Il est faiten bateau ou canot alongé qui se trouve toujours sur sa quille, parce que l’insecte nage sur le dos, et dont les bords sont festonnés ou découpés en languettes, | Les nageoires sont comme les rames de ce bateau. Chacune d’elles est composée de quatre parties principales ; mais qui ne sont pas toujours fort aisées à distinguer ; savoir : 19, D'une espèce de oignon qui l’attache immédiatement au Corps ; ; 20, Du bras ou humerus ( car ces nageoires sont plutôt des bras ou des ailes que des pattes ou des jambes ; ) 3°. De Z’avant bras ou cubitus ; 4°. Du carpe ( c’est proprement la pelle de la rame.) Toutes ces parties sont accompagnées d’appendices en lames ou feuillets très-minces, très-larges ; de même forme et placés à-peu-près de même dans chaque nagcoire ; dont l’ensemble, pour chacune représente assez bien une fleur de lis. Ces lames Tome LF1I. MESSIDOR an 11. EF 42 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sont bordées de poils ou cils longs, roides, barbus, semblables à des plumes; mais dont les barbes ne se voient distinctement que dans un jour favorable, et avec de fortes lentilles. On re- marque au microscope l'insertion de chaque plume dans la palette ; elle ressemble à celle des plumes das oiseaux dans leurs ailes. Nous verrons dans la suite que le chirocéphale nouveau né, a de véritables diles très-semblables à celles des oiseaux dont les plumes ou pennes toujours en même nombre, jouent entr'elles commeles côtes d’un éventail, en sorte que lon peut dire que dans cet état, le chirocéphale vole plutôt qu’il ne nage dans l’eau ; mais reprenons la description de l'adulte. 3. Les parties extérieures de la génération du mâle et l'or- gane de la ponte de la femelle, placés immédiatement au-dessous du corseket, sont soutenus par le premier et le second anneaux de l'abdomen. Elles sont très-apparentes, et plusencore chez la femelle que chez le mâle. C’est dans les deux sexes un corps conoïle qui s’avance au-dehors. Celui du mâle est obtus, il paroît composé de deux scrota , quelquefois réunis et de deux penes (1):Celui de la femelle est un ovaire ou oviductus qui s’ouvre par la pointe à-peu-près comme le bec d’un oiseau pour laisser passer les œufs. Mais il faut remarquer que le vagin , ou plutôt les vagins de la femelle ou les organes qui reçoivent les verges du mâle , sont situés tout-à-fait à l'extrémité du ventre ou abdomen, de part et d’autre de l’anus , et immédiatement avant la queue, Ainsi, dans cet insecte, l'ouverture par où sortent les œuls est distincte, détachée et très-éloignée de la partie (2) par laquelle se fait l’accouplement.: En effet , les œufs (1) Ces penes paroissènt et disparaissent alternativement. L'apparition est sans doute une espèce d’érection : ni les penes , ni le mouvement dont ils sont suscepübles ne se voient chez les vieux mâles; leurs parties paroissent oblitérées, et cela n’arrive pas seulement à ceux qui ont pris tout leur, accroissement , mais à ceux mêmes qui sont encore fort loin de ce terme, qui est en même temps celui de leur vie. En effet, ils grandissent à-peu-près jusqu’à leur «mort, ce qui me paroît une suite naturelle de (la grande souplesse de toutes leurs parties. (2) I est bon d’avertin que Je! n’ai, jamais pu voir d’une manière distincte cette partie (ou ces parties) de la femelle. Mais mon assertion est appuyée , 1°. sur ce que (comme je Je dirai bientôt plus en détail) j’ai vu dans l’accou- plement la femelle porter lextrémilé de son abdomen vers les penes da mâle ; 2°. sur ce que l’ouverlure de Poviductus ou ovaire extérieur est conformée pour se décharger des œnfs et nullement pour recevoir un penis, encore moins pour en recevoir deux; 3°, enfin ;, sur, çe que les œufs les moins:avancés sont inès- proches de l'extrémité de l'abdomen, et qu'il est beaucoup plus naturel d’ima- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 sortent par la pointe de l'ovaire, et la femelle reçoit les penes du mâle à l’extrémité du ventre ; arrangement qui me paroît remarquable , quoiqu'il ait quelque rapport à celui des parties analogues des crabes. Dans les libellules , les parties sexuelles du mâle sont situées ä-peu-près comme dans le chirocéphale , maïs la femelle pond et conçoit par le même organe ou par des organes très-voisins. Dans l’araignée femelle, les parties dela génération sont distinctes et éloignées de l’arus ; maïs elle pond par le même organe, ou par un organe dont l’orifice se confond au-dehors avec celui qui reçoit les parties du mâle. 4. Le ventre n’a à l'extérieur rien de bien remarquable ; il est composé de neuf anneaux , en comptant les deux qui sou- tiennent Les parties de la génération. On le prend ordinairement pour la queue , mais la vraie queue n’est composée que de deux palettes en forme d’aviron, garnies sur leur tranchant de poils barbelés ( ou plutôt barbus ou barbés ) ou plumes sem- blables à celles des nageoires. 5. Maintenant on jugera d’après cette description exacte qu’on ne peut rapporter cet aptère à aucun des genres désignés par Olivier dans l'Encyclopédie méthodique. On ne le trouve point dans l’ouvrage de Géo/ffroy ( Hist. des insectes des environs de Paris 1762 ). On a feuilleté inutilement plusieurs ouvrages de Fabricius ou de Linneus. Un illustre naturaliste de l’Institut national, m’écrit en date du 26 germinal an 10; je peux vous certifier que je n'ai pas encore vu ni trouvé un Insecte qui ressemble à celui que vous avezisi bien décrit, et que sa dé- couverte est votre ouvrage. J'ai donc cru être autorisé à lui donner un nom et à lui assigner une place dans quelqu'un des nouveaux systèmes. Il est clair que c’est un invertébré de Czvier. On peut le ranger «parmi les crustacées d'Olivier, quoiqu'il paroïsse abso- lument nud et que ses dépouilles soient molles et légères, parce qu'il a d’ailleurs quelques affinités avec cette famille; mais comme il est très-peu crzstacé et peut-être point du tout; je crois qu’il doit être placé au commencement de la troisième section des aptères dont il formera ainsi le premier genre. } giner qu’ils sont fécondés là que dans l’oviduclus extérieur évidemment destiné à un tout autre usage, comme on l’a vu, et comme, on le verra mieux encore. F a 44 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE Caractères génériques. Antennes simples , filiformes, articles très-nombreux, pres- qu'imperceptibles. Organé très-apparent, faisant l'office de rain , couronnant la tête du mâle. Deux yeux à réseaux, pétiolés ou portés sur la base d’un cône oblique mobile. Bouche munie d’une lèvre, de mandibules denticulées et d'un organe particulier, qu’on regardera si l’on veut, comme deux antenules, mais qu’il est plus convenable selon moi, de nommer /es tamis. Corselet ou clypée en forme de bateau langueté sur les bords. Nageoires au nombre de vingt-deux ; garnies de lames, bordees de longs cils penniformes. Abdomen alongé, terminé par deux palettes , bordées de pennes. Il est ovipare et subit une suite remarquable de méta- morphoses. Caractères spécifiques. Chirocéphale diaphane ; transparent comme du verre ( dans Padolescence ); yeux noirs ou bruns marbrés de blanc, queue rouge. Méle, d’ailleurs tout blanc. Femelle , abdomen rouge aurore , corps bleu ouvert. Plus grande longueur , quarante-deux millimètres. Il se plaît dans les eaux vaseuses ( mais non croupies ) deg ornières, des chemins peu fréquentés. Au reste, si dans la suite, le genre est enrichi de quelques autres espèces , il est probable que plusieurs des caractères que je regarde comme génériques , deviendront spécifiques, et que ceux que je regarde actuellement comme spécifiques , ne ser- viront qu’à distinguer des variétés. ARTIGLE SECON D. Mœurs ou habitudes naturelles du chirocéphale diaphane. 1. Le chirocéphale se plaît dans les eaux troubles, stagnantes, mais non croupies. On le trouve sur-tout dans les petites mares vaseuses, dans les ornières des chemins vicinaux. Il prospère ÉVT2 DH SM O! MRCEZ N A'T'UR'E'L LD E. 45 aussi dans des masses d’eau plus considérables, comme des fossés , etc. Cependant, en général, il multiplie moins dans ces dernières à cause du grand nombre d’ennemis qu'il y ren- contre , et parce qu’elles sont plus sujettes à une grande agitation qui Int est contraire. Je n’en ai encore trouvé qu'aux environs de Montauban. 2. 11 nage sur le dos à la manière des monocles on binocles et de quelques autres insectes aquatiques. Le mâle porte presque toujours son long abdomen horisontalement où mêine un pen relevé ; la femelle le laisse pendre presque vert'calement. Pour s’en saisir , il faut le surprendre lors qu’il nage à la sur- face de l’eau en passant par dessous une cuiller à long manche, criblée de petits trous, autrement il s'enfonce brusquement à l'approche de la maïn et disparoît à la faveur de l’opacité du liquide. Il ne se montre ni lorsqu'il fait beaucoup de vent, ni lorsque le soleil est très-vif. Néanmoins , lorsqu'on les tient dans de l’eau claire , on ne s’apperçoit pas qu'il recherche l'ombre plutôt que la lumière. Seulement ils semblent souvent préférer les paroïs du vase; mais lorsqu'ils viennent à se toucher en se rencontrant, ils s’écartent brusquement. 3. Le mouvement des nageoires du chirocéphale ne lui sert pas seulement à se mouvoir ou à se soutenir dans l'eau, mais encore à amener vers sa bouche les alimens dont il se nourrit. Ces alimens ne sont autre chose que de la vase argileuse , mêlée de détrimens de végétaux et d'animaux assez divisée pour demeurer longtemps suspendue dans l’eau et la troubler. Quel- quefois il la pousse de la tête et la fait élever du fond. 4 Il en sépare les parties les plus grossières au moyen de l’appareil que nous avons décrit dans le premier article, Ce sont des fibres végétales ou des détrimens d’insectes ou autres animaux aquatiques. Îl les repousse ou les exprime , ea soulevant sa lèvre , par le renflement de l'espèce de langne qui y est at- tachée. Alors le même mouvement qui les a fait arriver vers la bouche par le canal formé entre les deux rangs de nageoires , les repousse au-dehors ou les écarte ; non cependant sans qu’il en revienne bientôt quelques parcelles : car le mouvement des nageoires occasionne de chaque côté du corps de l’insecte , une espèce de tourbillon , qui fait en quelque sorte , circuler tout ce qui s’y rencontre. Îl avale presque continuellement, digère et excrète de même. Ges excrémens sont de petits cylindres, formés de grains de sables très-déliés, d'argile très-fine et de quelques débris de corps organisés. Le tout enveloppé dans une 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pellicule où membrane extrêmement fine, blanche et transpa- rente que l’on ne distingue bien que lorsque l’animal a jeûné et qui paroît être une dépouille ou une espèce de mue des tuni- ques de l'intestin. 5. Le mouvement des nageoires est très curieux à observer. On croit voir de petites ondes engendrées par le vent sur un canal. 11 est occasionné par l’abaissement oblique , successif, régulier , mesuré ou cadencé de chaque paire de nageoires dont la révolution particulière s'achève dans un temps ( un cinquième de seconde dans une femelle de dix millimètres de longueur ) moindre que celui qui s'écoule depuis l’abaissement ou le relé- vement de la première paire, jusqu’à celui de la dernière. Le grand binocle de Géoffroy, présente un pareil spectacle. (1) 6. Tant que cet insecte demeure dans la fange, il n’a rien d’agréable , sur-tout à d’autres yeux qu’à ceux des amateurs d'histoire naturelle ; mais dans un vase de cristal avec de l’eau claire, l'élégance de sa forme , l’aisance et le moëlleux de ses mouvemens , son transparent argenté ou ses couleurs brillantes, ses) grands yeux noirs , la petite tache qu'il porte sur la tête; la couronne du mâle sont un très-joli spectacle que les plus in- différens contemplent ayec un certain plaisir. D'ailleurs, comme il avale absolument tout ce qui est assez divisé pour pouvoir énétrer dans sa bouche, on peut le teindre à volonté des cou- er les plus brillantes, à la faveur de sa transparence, et même le dorer , l’argenter, etc. 7. Cet animal vraiment omnivore , paroît être absolument privé de l’organe du goût, et comme plusieurs des substances qu’on peut lui faire avaler sont des poisons pour lui, l'instinct paroît ici en défaut; mais l’eau dans laquelle il est destiné à vivre, ne contient rien qui lui puisse nuire, et il avale tout ce qui s’y trouve delayé ou dissous, comme nous respirons tout ce qui se trouve délayé ou dissous dans l’air. 8. Le mouvement des nageoires est continu et nécessaire. Le chirocéphale ne peut qu’en modifier les effets au moyen de sa queue, de son long abdomen ou de ses antennes. Il peut bien se suspendre ou se balancer quelque temps dans l’eau sans changer de place , mais il ne peut jamais se reposer absolument. (1) Je soupçonne que les nageoires servent aussi de bronches, et que lorsque l'insecte nage à fleur-d’eau , elles entraînent avec le liquide une certaine quantité de l’air qui repose à sa surface. ET D'HISTOIRE NATUREL LE.  i Au contraire, s’il cesse d’agir par un acte de sa volonté; se meut nécessairement en avant. 9. Cette permanence dans le mouvement des organes de la translation de certains insectes, de plusieurs vers et peut-être de quelques poissons est très-remarquable. On n’en trouve, je crois, aucun exemple chez les animaux d’un ordre supérieur. Le martinet se repose quelquefois, ne fut-ce que pour faire son nid , s’'accoupler, pondre , couver , soigner ses petits. Aussi le vol est-il chez lui un acte de sa volonté et quoiqu'il vole presque toujours, il s'arrête pourtant lorsque cela lui convient. Le chirocéphale, au contraire , ne peut pas plus suspendre le mouvement de ses nageoires que le martinet le battement de son pouls; et ce mouvement se manifeste encore quelque temps après que l’animal a été coupé par morceaux. 10. Il est rare que le chirocéphale meure de mort naturelle, et quand cela arrive, je ne crois pas que sa vie se prolonge fort au-delà d’un an. Outre la sécheresse, les grenouilles, les salamandres , les hydrophyles, les ditiques et plusicurs habitans des eaux les détruisent par milliers , mais nous verrons comment la nature a pourvu à la conservation de l'espèce. 11. Outre ses ennemis, il a d'ailleurs pour co-habitans un grand nombre d’autres insectes , de vers et d’animalcules de toute espèce , parmi lesquels les vorticelles , les volvox et le microcosme se font sur-tout remarquer. 12. Maïs le plus singulier de tous, et qui doit être considéré comme un ennemi, est un très-petit vorticelle qui se juche sur son-corps, et dout nous parlerons ailleurs plus'en détail. J’ajou- terai seulement que pour préserver de cette espèce de vermine ceux que l’on conserve pour les observer, il faut les tenir dans de grands vases avec de l’eau, que l’on renouvelle souvent, 13. Le chirocéphale est si vif et si disposé à se mouvoir, que ses amours doivent s’en ressentir. La femelle fuit longtemps le mâle qui, quelquefois se lassant de la poursuivre, semble re- noncer à l’atieindre. Elle devient ensuite l’agresseur, puis se met à fuir de nouveau. Cependant le mâle passant par-dessous , la saisit avec ses mains, et l’embrasse dans l'espèce d’anneau que forment les crochets on cornes qui terminent deux de ses doigts ; elle se débat alors, et parvient souvent àse débarrasser Le mâle re vient à la charge, et, par la vivacité de ses étreintes, la force à replier son ventre, dont elle porte le bout vers les penes du mäle. L’accouplement ( si toute fois ce que je viens de décrire L 45 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en est un réel) ne dure qu’un instant; à cela près, on voit qu'il ressemble assez à celui des libellules. À RADAR ONE SE MMMIUTET Reproduction. J'ai décrit les amours du chirocéphale, je vais le suivre dans sa reproduction, ses progrès et ses métamorphoses : 1. La femelle fait plusieurs pontes distinctes, chacune en plu- sieurs reprises, qui durent ensemble quelques heures, et jusqu’à un jour entier, et donnent, pour chaque ponte, de cent à quatre cents œufs. Cependant il arrive quelquefois que la ponte n’est que d’un très-petit nombre d'œufs. Elle fait la première bien longtemps avant d’avoir acquis toute sa grandeur ; car elle parvient, comme je l’aidit, à quarante-deux millimètres, et j'en ai vu pondre qui n’en avoient que seize on dix-huit. 1l en est à-peu-près de même du mâle quant à l’ac- couplement. 2. L’ovaire s'ouvre vers la pointe, une espèce de bec se sou- lève, les œufs sont lancés au-dehors dans le même instant, au nombre de dix à douze, plus ou moins, selon les circonstances, et si vite, qu'il est presque impossible de les voir sortir, si l’on n’assujettitla femelle. À chaque jet son corselet se recourbe brus- quement vers le ventre, et celui-ci vers le dos en $. Le bec est ouvert, les œufs dehors; maïs on ne les a pas vu passer, cepen- dant ils ne vont pas fort loin. Il leur convient apparemment, dans l’état de nature, de s’enfoncer un peu dans la vase, et c’est sans doute pour cela qu'ils sont lancés avec une certaine force. Chaque ponte est composée de plusieurs de ces jets. 3. L'œuf est jaunâtre, sphérique, d’un peu plus d’un dix- millimètre de diamètre; son enveloppe extérieure , vue au microscope, paroît armée de tubérosités obtuses, courtes , iné- gales, jaunâtres, semi-transparentes , serrées et confuses. 4. Cette enveloppe est épaisse et dure ; elle éclate avec un petit bruit lorsqu’on la presse, et l’on trouve l’intérieur rempli d’une substance albumineuse ;'dans laquelle nagent de petits globules inégaux, variables , qu’on reconnoît bientôt pour des gouttes d’une substance huileuse , provenant sans doute d’une espèce de jaune ou vitellus. Outre ces globules on en distingue d’autres plus petits, plus pesans, réguliers, ét qui sont, comme nous e verrons, analogues à ceux du sang des autres animaux. 8. C’est EU NDS NONDRNER N'AVEIULR) EE; 49 5. C’est à la faveur de la première enveloppe ou de la coque que nous venons de décrire, que les œufs se conservent au sec pendant l'été, dans la poussière, foulés ou piétinés par les voi- tures ou le bétail. J'en ai gardé pendant six mois dans de la terre sèche, qui sont ensuite éclos sous mes yeux, et j'en ai envoyé à Genève à M. Jurine , qui les a vu éclore , et qui a rendu compte de ce petit événement à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. 6. Sous la première enveloppe que nous venons de décrire, il y en a une autre, membrareuse, extensible, dans laquelle le fœtus se trouve encore enfermé lorsque la première a éclaté. C’est dans cette seconde enveloppe qu’il commence à se développer; et elle est assez transparente pour que l'on puisse y suivre ses progrès jusqu’à un certain point. Quelquefois ne pouvant la déchirer, il y grandit et s’y développe plus qu’il ne devroit le faire , et meurt pour ainsi dire sans naître, n'ayant vu la lumière du jour qu’au travers d’un voile. 7. Le petit nouvellement éclos ressemble si peu à l’adulte, que s’il a été remarqué par quelque nomenclateur qui n’en ait pas suivi l’histoire, il aura certainement été pris pour une espèce particulière. C’est cette différence qui m’a empêché de Le recon- noître jusqu’au moment où les œufséclos sous mes yeux ne m'ont plus permis de douter. 8. Cela seul suffiroit, ce semble , pour distinguer le chirocé- phale de tous les autres genres voisins, entre autres des monocles ou binocles de Géoffroy, de Linneus et de Fabricius, que tous ces auteurs rangent parmi les insectes qui ne subissent aucune métamorphose. Larva et pupa, dit le dernier , imagini simil- limae , pedatæ cunentes agiles exuvias tantum deponunt. . Le chirocéphale nouvellement éclos , observé avec une loupe foible, ressemble en gros à un petit oiseau blanc, et en effet il paroît plutôt voler que nâger. 10. On a quelque peine à concevoir, lorsqu'il vient d’éclore, qu'il ait pu tenir dans l’œuf dont il sort; parce que, comme cfa arrive d'ordinaire à plusieurs animaux, il se développe un péu®lans ce moment, et se trouve alors plus gros que l'œuf. 11. Si l’on se rappelle que l’œufentier du chirocéphale n’a guère qu'un dix-millimètre de diamètre, que sa coque est très-épaisse, et que l’adulte parvient à une longueur de 42 millimètres, on jugera de l’cxtrême petitesse relative du fœtus au moment où la coque extérieure est prête à crever; petitesse qui surpasse, je crois, celle du fœtus des autres ovipares , les poissons exceptés. Tome LV II. MESSIDOR an 11. 5o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 12. Description du chirocéphale nouvellement éclos. Il est composé , 1e. de Za réte, À laquelle sont attachées deux antennes, quatre nageoires (que j'appellerai précoces, pour les distinguer des vingt-deux de l'adulte, avec lesquelles elles n’ont rien de commnn}), et une lèvre énorme; 2°. du ventre ou de l'abdomen , qui est arrondi et légèrement ovoïde. a. Les antennes ressemblent assez à celles de l'adulte; mais elles sont proportionnellement plus grosses , et terminées chacune par trois barbes d’une longueur à-peu-près égale à celle des an- tennes mêmes, a!. Entre les deux antennes, un peu au-dessous, est un œil noir qui paroit unique ; ensorte que le chirocéphale est monocle dans son enfance, Il devient ensuite triocle, et finit par n’avoir plus que les deux grands yeux à réseaux dont nous avons parlé dans le premier article. L'œil unique ou le troisième œil se divise un peu après quel- que temps, et n’est plus dans l'adulte qu’une tache triangulaire qui a la forme d’un fer de flèche ou d’un accent circonflexe, Cette remarque peut servir à résoudre au moins, avec une probabilité fondée sur un fait bien constaté ; les problèmes qu'on a proposés sur les yeux lisses. On a demandé s'ils étoient bien réellement des yeux, et à quoi ils servoient ? a/!. Ceux du chirocéphale en font très-certainement l'office pendant les premiers temps de sa vie, et très-probablement ils ne lui servent plus à rien dans son état de perfection. &#, La première proposition est fondée sur ce que le petit n’a pas d’autres yeux au sortir de l'œuf, et que dès cette époque il se meut très-vÎite et d’une manière déterminée. c!!. La seconde , qui n’est à la rigueur qu’une conjecture , tire sa probabilité de ce que, comme je l’ai déja observé, Fin- secte adulte a deux autres yeux très-grands, mobiles et à ré- seaux; et que dans les chirocéphales adultes , mais assez jeunes pour être encore bien transparens, chwkz lesquels on voit; à l’aide du microscope, l’intérieur de la tête, on n'apperçoit dans les veux lisses, ou plutôt sous la tache qui en tient lieu, rien qui annonce une organisation suffisante pour qu'ils soient ac- tuellement en action ; tandis que les autres yeux présentent alors un appareil très- compliqué de vaisseaux , de nerfs et de muscles. di. 1] paroîtroit donc que les petits yeux lisses sont destinés ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5a à éclairer les premiers momens de la vie des insecles, Soit sous l'état de larve ou de nymphe, soit même dans les commence- mens de l’état de perfection , et que les yeux à réseaux ne sont pas alors encore propres à cela, et ont besoin de quelqne dé- veloppement ou élaboration ultérieure, Ce qui n'empêche pas que les petits yeux lisses ne puissent servir à quelques insectes pendant toute leur vie, comme cela paroît prouvé pour FR * b. A peu dedistance au-dessous de l’œil unique (ou ax dessus, si l’on considère que l’insecte nage sur le dos), on apperçoit l’origine de la lèvre ; elle s’avance jusqu’au ventre, et meme le ) recouvre en partie. Elle a la forme du bec de l'oiseau, appelé spatule ; mais elle est à proportion beaucoup plus large. La bouche qu’elle recouvre paroît conformée à-peu-près comme celle de l’adulte (article I, 1, d); mais les détails n’en sont pas aussi distincts. 2 c. Des quatre nageoires précoces, les antérieures sont tres- grandes, les postérieures le sont beaucoup moins. Les premieres ressemblent assez à l’aile d’un poulet dont on auroit enlevé toutes les plumes, excepté les grandes, en supposant néanmoins que les barbes de celles-ci fassent rares , un peu écartées les unes des autres, et ne portassent pas elles-mêmes de barbes du second ordre. a. Ces nageoires (antérieures précoces), sont composées cha- cune de trois parties principales très-distinctes. La première ou la plus proche du corps est armée en-dessous d’une espèce d’arête ou poil roïde et fourchu. La seconde (qui est articulée sur la première, ainsi que la dernière sur la seconde ) en porte un plus long, mais simple, et est pourvue d’une espèce d’appendice ou de pouce terminé par quatre barbes ou poils semblables aux pré- cédens, maïs moins forts. La dernière, qui est proprement la palette ou l’aviron de la nageoïre , et qui seroït encore mieux comparée à un aileron , est composée de quinze articles. Elle finit en pointe, elle est mince , très-flexible, et porte sur le tranchant, en-dessous quinze poils roides, longs, rameux ou faits à-peu-près comme les plumes, et qui jouent entre eux comme les côtes d’un éventail ou comme les pénnes de l'aile d’un oïseau. Toutes ces parties sont parfaitement régulières, et je les ai trou- vés égales et semblables dans tous les individus de même âge que j'ai examinés , et j'en ai examiné un très-grand nombre. ‘ b!. Les nageoires postérieures précoces sont composées à-peu- près comme les premières, maïs elles sont très-courtes, tout y est peu distinct , et elles ne portent chacune que quatre pennes, + 5a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui sont situées à leurs extrémités. Elles sont attachées sur les imandibules, ou tout proche. Néanmoins ces deux parties se meuvent indépendamment l’une de l’autre. La tête, les quatre nageoires, les antennes et l’énorme lèvre qui y sont attachées constituent près des trois quarts du volume de l’insecte naissant ; le corps ou le ventre fait le reste. 13. Après un temps plus ou moins long, selon la température de l’air ou de l’eau, le nouveau-né se défait de sa première peau. Cette dépouille est parfaitement transparente , souvent d’une seule pièce. Elle retient jusque dans les moindres détails et jusqu’aux barbes des plumes ou poils rameux des nageoires, toute la forme extérieure du petit animal; et quoiqu’elle paroiïsse d’une exiguité et d’une légèreté extrême, elle occupe toujours le fond de l’eau. 14. Le chirocéphale subit autant de métamorphoses que de mues, au moins jusqu’à ce qu'il soit parvenu à l’état d’adulte, et le nombre de ces mues est très-considérable. Les progrès qu’il fait ne sont point insensibles, mais tranchés, et ne deviennent apparens qu’au moment où l’acte du dépouillement vient d'avoir lieu. Par exemple, lorsqu'il éclot, son ventre est rond, ou tout au plus un peu ovale, mais uni; l’on n’y distingue aucune trace de la queue ni des vingt-deux nageoires de l’adulte, et il con- serve cette forme jusqu’au moment de la première mue, après laquelle on commence à voir de petites languettes sur les côtés du corps, et deux petits filets très-courts, ou plutôt une petite échancrure à l'extrémité postérieure. Il ne change point ou presque point jusqu’au moment de la seconde mue; iminédia- tament après laquelle on voit distinctement les boutons ou bour- geons, si l’on peut dire ainsi, d'où doivent sortir les trois pre- mières paires de nageoires. Ces boutons sont encore immobiles, et terminés chacun par un petit bout de filet; outre ces six bou- tons on remarque encore quatre paires de languettes plus appa- rentes ou plus distinctes qu'avant la seconde mue. Après la troisième mue, l’insecte, qui n’avoit subi aucun changement apparent depuis la seconde , a les deux premières paires de nageoires mobiles, et armées de membranes, avec les boutons de sept autres paires, mais immobiles, etc., etc. À chaque mué les vingt-deux nageoires font ainsi des progrès, soit en se développant, soit en devenant plus mobiles. 15. Il en est à-peu-près de même du développement des mains que le mâle adulte porte à la tête, et qui prennent la place de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 18 grandes nageoires antérieures précoces qui en contiennent le germe, ou celui des corres ou oreilles de la femelle. 16. On peut encore en dire autant de la substitution des grands yeux à celui du milieu, de l’oblitération ou disparition des na- geoires postérieures précoces (1), du changement de proportion de la lèvre qui, de ronde et très-large, devient longue etétroite, de la formation de la queue , et de la naissance des parties ex- térieures de la génération ; en un mot, de tous les changemens extérieurs qui ne deviennent apparens que d’une manière brusque et tranchée, et après chaque dépouille ou mue. 17. Dans le fond, l’acquisition des ailes chez les sauterelles, les criquets, les grillons et plusieurs autres insectes doit aussi se faire à plusieurs reprises; mais ces insectes n'acquérant et ne perdant pas un aussi grand nombre de parties, ni des parties d’une organisation aussi compliquée, cela ne frappe pas éga- lement. 19. Sans doute dans tout le règne organique tous les change- mens extérieurs apparens se font par des mues, et d’une manière analogue à ce qui arrive au chirocéphale et à plusieurs autres animaux. Les formes extérieures actuelles contiennent les sub- séquentes. Que la dépouille tombe d’une seule pièce ou par parties , par écailles ou parcelles, c’est toujours une mue, après laquelle le changement de forme est plus ou moins sensible. Lorsqu'il l’est très-peu on ne le remarque pas, lorsqu'il est con- sidérable on lui donne le nom de métamorphose , parce qu'il rappelle celles de la fable. Ces métamorphoses sont plus fré- quentes qu'on ne pense. Je montrerai dans un autre mémoire que les araignées (plusieurs espèces au moins) en subissent de très-marquées. Un monocle très-commun , et qui se rencontre dans les mêmes eaux que le chirocéphale, subit aussi une méta- morphose , dont je ne crois pas qu'aucun auteur ait encore parlé, et dont j'ai déja fait mention dans celui de mes mémoires sur le chirocéphale, qui a été lu à la Société de physique et d'histoire naturelle le 15 pluviôse an 10; l’adulte a quatre paires de nageoires, et pour queue deux longs filets garnis chacun de ©" —————————————_—_——— ms (1) Il est à remarquer que le chirocéphale n’a jamais moins de quatre, ni jamais plus de 22 nageoires en activité. Nous ayons vu qu'il en a quatre en naissan!; or celles-ci s’oblitèrent, s’émacient où se ralentissent à chaque {mue à mesure que les autres se développent ét acquièrent de la mobilité , de manière que lorsque les onze paires sont en mouvement, les auttes ont totalement dis= paru ou ont passé à un autre élat. 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cinq à six poils penniformes. Le mâle à à la tête deux espèces de bras triarticulés , terminés par des pinces de crabe effilées , avec lesquelles il saisit, dans l’accouplement, la dernière paire de nageoires de sa femelle, à laquellé il reste très-longtemps atta- ché. J’en donnerai une histoire plus détaillée ; il me suffit de dire à présent que rien de tout cela n'existe dans le petit nouvelle- ment éclos, qui n’a que deux paires de nageoires indépendantes de celles de l'adulte, et dont une paire cède la place aux bras dans le mâle, et à des espèces de cornes muültiarticulées et dif- férentes des antennes dans la femelle. C'est, autant que j'en puis juger par les descriptions de Geoff. et de Fabr., le monoculus guadricornis, L. , 19. On a dit que parmi les insectes aptères il n’y avoit que la puce qui subit une métamorphose; mais voilà des aptères qui en subissent de bien remarquables ; et l’on n’obserye pas de plus grandes différences entre les diverses manières d’être d’un même animal (1). La suite au numéro prochain. (1) Le célèbre Cuvier, dans ses Lecons d'anatomie comparée, dit qu’on n’à observé encore de métamorphose qué parmi les insectes et parmi des reptiles sans écailles ; or, cet auteur ne compte parmi les insecles aptères que le genre du pou, celui de la puce et celui de la mite, Il range les animaux qui ont le plus de rapport au chirocéphale avec les crustacées monocles, et comme son ouvrage contient une lettre datée du 23 ventôse au 8, il paroît qu’au moins avant cette époque il n’avoit aucune idée des métamorphoses que j’annonce. Je pro- duisis des chirocéphales à Ja société de Montauban, dans la séance du 15/ven- t05é an 5, qui se trouva très-nombreuse, Dans un voyage que je fis à Genève dans le! courant de lan 7 , j’èn parlai à mon parent M. Jurine, de l’Institut nat. Le 22 ventôse de l’an 7, j’écrivis sur mon Journal : je soupçonne que le dra- phane.(c’étoit ainsi que Je le nommois alors ) subit une métamorphose à-peu-près semblable à celle des grenouilles. Le 24 vendémiaire de l’an 9 je trouvai de jeunes chirocéphales qui n’ayoient pas encore perdu leurs nageoires précoces , mais chez lesquels les autres étoient très-ayancées, et Je les pris d’abord pour une autre espèce; mais le même jour après en avoir trouvé et examiné, plusieurs autres de différentes grandeurs , et après avoir remarqué que les nageoires pré- coces étoient d’autant plus grandes et les autres d'autant plus petites ou moins développées que les individus étoient plus jeunes, je ne, doutai presque plus dé la vraie raison de ces différences. Cependant tous ceux que j’avois vus étoient encore si grands, par rapport à l’œuf, quoique je fusse sûr qu'ils ne pouvoient être éclos que depuis peu de Jours, que Je m’étois pas entièrement convaincu. Enfin, le 29 frimaire en 9 tous mes doutes furent levés; je vis des pets sortant de l’œuf, et d’autres qui y étoient encore, retenus par la seconde enveloppe dont j'ai parlé. Je lus, le 26 fructidor de la même année ; une his- toire suivie et détaillée du chirocéphale à la Société, de Montauban. DEC TUT RCE De L. Corprer, ingénieur des mines de France , au cit. Dsyrziiers fils, Eh ST RNA CPU, Aux îles Canaries de Santa-Cruz de Ténérife , le 1 mai 1805. Je viens, mon cher ami, de terminer ma septième campagne géologique par un des voyages les plus intéressans. J’avois exa- miné , avec Neergaard , les volcans éteints du centre de la France: Dans les Pyrénées et la Catalogne nous avions reconnu les mons- trueux débris des anciennes couches du globe, et la manière dont elles sont recouvertes ou épaulées par des couches plus modernes, qui contiennent les vestiges d'une antique organisa- tion, qui ne ressemble point à celle de notre âge. J’avois suivi ces observations dans l’intérieur de l'Espagne , dans la Sierra- Morena, jusqu’au fameux détroit de Gibraltar, où mes conjec- tures sur les forces qui ont dessiné les dernières formes des con- tinens, avoient reçu un nouyeau degré de probabilité. J’avois rencontré presque toutes les espèces de couches qui entrent dans Ja composition du globe, y compris le sel gemme, les bitumes et le souffre. Enfin je venois d’entrevoir quelques-unes de ces époques mémorables où la nature a exercé l’énergique pouvoir qu’elle a eu autrefois de créer et de détruire , d'élever et d’abattre pour amener notre planète à l'état où elle est maintenant. Il me restoit d’aller dans un de ces sanctuaires où elle s’est en quelque sorte reléguée après avoir achevé son ouvrage, où son activité se réveille de temps en temps, et donne des preuves d’existence qui suffisent pour causer l’épouyante et la désolation parmi nous. Ne croyez-vous pas avec moi que c’est-là seulement qu'on peut arriver à concevoir, par analogie, l’espèce et l'énergie des moyens qu’elle a dû déployer dans les premiers temps ? L’espoir d’ac- quérir quelques idées sur l’Atlantide m’a déterminé.Auroïs-je osé faire quelques conjectures sur l'existence de cette terre si célèbre et si problématique ailleurs que sur le pic de Ténérife. C’est le 4 avril que nous partimes de Gadix. La traversée fut heureuse ; un requin, deux tortues et une espèce de cachalot furent les seuls voyageurs que nous rencontrâmes, Je fis,. sans: 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: CHIMIE succès, quelques recherches sur les balles phosphorescentes des eaux de la mer pendant l'obscurité, Le 11 je parcouroiïis avec empressement un sol presque vierge pour l’histoire naturelle. Je revoyois avec plaisir le palmier, le cotonier , le cactus , le cafrier et le bananier au milieu d’une végétation forte et touffue, qui m’étoit presque inconnue. L’olivier de Madère (o/ez madei- rensis), l'arbre qui produit le sang dragon (dracena draco), le lisnum rhodium et Fe convolvulus floridus, qui donnent un bois de rose si précieux , une immense quantité de grandes euphorbes , parmi lesquelles s’élevoient l’ezphorbia canariensis etV'euphorbia mauritaniea, attüiroient mon attention autant que la face large et triangulaire et le teint jaune des colons habitans des cam- pagnes. Il n’est pas difficile de reconnoître que leur sang est mêlé de celui des anciens insulaires. C’est une punition de la nature, ai-je pensé depuis ; elle a profité de l’incontinence des conquérans pour éterniser le souvenir de leur férocité en impri- mant sur la figure de leurs descendans les traits des Guanches, qu’ils ont si cruellement et si inutilement détruit. Le 15 j'étois sur la côte septentrionale de l’île , mes instru- mens étoient réparés à neuf, et j’avois levé les entraves qu’une opinion mal fondée de l'impossibilité d'aborder le pic d’aussi bonne heure avoit mises à mon entreprise. On se rappeloit que deux compagnons du lord Makartney n’avoient pas réussi à cause du lol et des neiges , au mois d’octobre 1792 ; et que plus récemment encore le capitaine Baudin avoit pensé y périr au mois de décembre. Aussi personne ne fut tenté de m’accom- pagner. Le 16, à six heures du matin, je partis du port de l’Orotava, comptant sur le beau temps, et plus encore sur l’habitude que j'ai des neiges et des glaces dans les hautes montagnes. J’avois avec moi un guide , un mulet portant de l’eau et des provisions, et son conducteur. Le pic est placé vers la partie méridionale de lPile, sur un plateau montueux qui s’élève à plus de 1,100 toises du-dessus du niveau de la mer. La journée fut employée à monter jusqu'au pied même de ce mammelon colossal. On ne pouvoit pas mettre moins de temps à passer du tropique aux glaces du pôle. Nous marchâmes pendant cinq heures sur des pentes faciles, couvertes de la plus riche et de la plus active végétation : toutes les plantes en fleurs exhaloiïent des par- fums délicieux ; la douceur de la température égaloit la suavité de l'air, Il n’en falloit pas tant pour me rappeler le Tasse, Armide, et les antiques délices des //es /ortunées. Nous fûmes | longtemps ET D'HISTOIRE NATURELLE. 57 longtemps au milieu d’un immense bois de lauriers et d'une grande espèce de bruyères, dont les tiges élégantes étoient blan- chies de fleurs. Des pins nous annoncèrent ensuite un sol plus ingrat, parce qu’il étoit plus élevé. Les laves des courans, jus- qu’alors cachés par la végétation , commencèrent à paroître dans toute leur aridité et leur confusion. Aux pins succédèrent bientôt des genêts d’une grande espèce (spartium supranubium); ils s'étendent jusque sur le plateau, où leurs tristes buissons épars sur des monceaux de scories ou des plaines de sables volcaniques, partagent seulement, avec quelques lichens, la propriété du désert le plus sec et le plus pre qu'on puisse imaginer: Nous nous établimes sur un petit plateau sablé de pierres porces, et bordé par deux énormes courans de laves vitreuses ; quelques blocs de ces laves rangés en demi-cercle y forment ce qu’on appelle la stanza de los inglese ; on y dort à Ja belle étoile. Le baromètre s’y tenoit à 19 pouces 9 lignes +, et le ther- mounèt-e à 4 degrés - D'après l'observation correspondante faite au port , nous étions à 1529 toises au-dessus du niveau de la mer. Je m’étonnai beaucoup de voir des genêts, rabougris à la vérité, vivre à cette élévation, Un bon feu que nous fimes avec nous défendit contre la vivacité du froid. La nuit fut superbe, l’air sans nuage, et presque sans agita- tion. La couleur du ciel paroissoit d’un noir très-fonté ; les étoiles scintilloient d’nne lumière extrêmement vive , à l’aide de laquelle on percevoit vaguement l'obscurité vaporense qui voiloit tout ce qui étoit au-dessous de nous. Chaque fois que je me levai pour observer le thermomètre , je m'arrêtai longtesups à jouir des charmes d’une position si belle et si rare. Eleve à cette hauteur dans l'atmosphère, assis paisiblement sur cet énurme monceau de ruines fumantes , isolé dans l'Océan, veillant seul au milieu du silence de la nature, j’admirois religieusement la majesté de son sommeil , je rappelois des souvenirs, et j’atten- dois sans impatience l'heure où j'allois satisfaire la curiosité qui m’amenoit de si loin sur un des plus anciens volcans de ia terre. À cinq heures moins un quart le thermomètre descendit à 3 degrés aufdessus de o ; il étoit jour , je partis avec mon guide. Les pentes sont rapides, et formées de monceaux de débris qui recouvrent les courans. Nous eûmes continuellement à gravir sur de grandes pièces de scories et de laves vitreuses extrême- ment rudes et tranchantes. La neige retenue dans les sillons formés par les courans étoit heureusement solide : j'en profitai Tome LF'II. MESSIDOR an 11. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour m’élever de temps en temps d'une manière moins pénible, Vers la cime nous ne trouvâmes plus que des pierres ponces très-fatigantes par leur inclinaison et leur mobilité. Sans aller très-vite, nous arrivèmes, au bout de trois heures , au sommet du Pic. Regarder au fond du cratère, ensuite derrière moi, et parcourir des yeux l’immensité de l’horison , ce fut P’aftaire d’un moment: jouir de l’accomplissement d’un projet forme depuis longtemps , ce fut l’affaire du second. Celui-là , mon cher Devilliers, valut bien l’autre. Le premier enpressement satisfait, j’assurai ma position sur les rebords les plus élevés. Il est impossible de faire le tour du cratère; il faut rester sur la partie septentrionaie par laquelle on arrive. Il me parut convenable de placer mes instrumens un peu plus bas, pour les mettre à l’abri des vapeurs sulfureuses que le vent agitoit au-dessus du cratère avant de les emporter. Revenu à mon poste, je dressai un pavillon , pour n'annoncer à mes bons amis du port de l’'Orotava, et je commençai tranquille- ment les observations que j'avois à faire. Une trace vaporeuse marquoit à l’horison la séparation de l’air d'avec la mer, et formoit un cercle intense et parfait. sur la surface unie de cette plaine vraiment sans bornes se détachoient les îles de Fer, de Canarie, de Gomère et de Palma, qui sem- bloient se presser autour de la masse imposante qui les domine, Chacune d’elies étoit parée d’une bande de nuages légers qui s’étendoient à plusieurs lieues dans le nord-est, contre la direc- tion du vent alisé : le soleil, déja voisin du tropique, versoit paisiblement la plus vive lumière-sur les eaux de l'Océan; l’at- mosphère étoit aussi pur, aussi transparent qu’il étoit calme. Cependant ma vue n’étoit plus assez forte pour distinguer les îles de Fuerte-Ventura et de Lanzarote, dont le profil se dessinoit à l’horison au moment du lever du soleil ; mais en revanche je voyois distinctement tout, ce qui étoit autour de moi, et le fameux passage de Platon à la main, je pouvyois enfin examiner si j’étois sur les débris de l’Atlantide. Cette recherche se lioit naturellement avec les observations les plus générales ; maïs je reconnus bientôt qu’elle n’en devoit être qu’une conséquence. J’acquis successivement toutes les preuves que je pouvois desirer de la distinction que j'avois déja faite de deux ordres de matières volcaniques. Les laves modernes ont jailli au milieu des ruines d’un ancien système de déjections beaucoup plus anciennes , dont les immenses lambeaux lorment la charpente de l’île, et soutiennent le plateau sur lequel le Pic ET,D'HISTOIRE NATURELLF. 59 s’est élevé. Leurs plus grands escarpemens tournés vers sa cime, s’élancent à plus de 320 toises au-dessus de tous les nouveaux produits. Leurs flancs déchirés présentent une série de couches épaisses , plongeantes presque toutes vers la mer, et compostes alternativement de cendres, de sables volcaniques, de pierres ponces , de laves compactes souvent prismatiques, de laves po- reuses et de scories ; une quantité vraiment innombrable de nou- veaux courans descendus du Pic où sortis de ses flancs, des- sinent une infinité de sillons irréguliers qui contourrent ou côtoyent de loin ces masses antiques, et se perdent à la mer du côté de l’ouest et du nord. Plus de quatre-vingt cratères sont épars sur ces courans, et augmentent de leurs débris la confusion qui semble réoner partout: enfin les agens souterrains n’ont pas même respecté les témoins et les restes de leur antique énergie ; ils ont percé en beaucoup d’endroits les lambeaux des couches anciennes, et de nouvelles déjections se sont librement étendues sur leurs pentes. Cet ancien système volcanique s’étendoit beaucoup plus loin avant sa destruction; plusieurs de ses énormes fragmens isolés dans la mer en sont la preuve : il a été mis en pièces par des forces semblables à celles qui ont ouvert les dernières vallées sur les continens; c’est ce que prouvent les formes et la position res- pective de ses débris. Mais sa ruine date-t-elle du même temps? J'ai été conduit à penser que oui; mais d’après les probabilités tirées de tous les faits qui ont rapport à cette grande époque. _ Je ne vous parlerai pas en détail de toutes les observations qui ne peuvent point paroître isolées, comme l'existence de l’obsi- dienne et du pitrosilex en courans, du passage incontestable de l'obsidienne à la pierre ponce, etc., ma position étoit trop belle pour ne pas en profiter de toutes manières. Je recufiai à la bous- sole la grande carte publiée par Lopés, je répétai plusieurs fois la seule expérience que je pouvois faire sur l'aiguille aimantée, celle de l’inclinaison ; je l’ai constamment trouvée de plus de cinq degrés vers le pôle austral. A la hauteur où j'étois, les rayons solaires n’avoient pas encore traversé les deux tiers de l’atmos- phère (en poids). J’ajouterai quelques remarques à celles que j'ai déja faites sur l’origine.et la distribution de la chaleur libre dans l'air eù égard à l'intensité des rayons , à la densité des couches et à la hauteur au-dessus des terres. Les boufiées de vapeurs qui venoient me réchauffer de temps en temps m’attirèrent enfin dans le cratère. On ne peut y descendre que par trois échancrures ; ses bords sont absolument escarpés à H 2 C4 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIB l’intérieur , et plus élevés vers le nord ; sa capacité est elliptique ; elle peut avoir 1,200 pieds de tour , et 110 pieds de profondeur. À partir des escarpemens, les pentes sont formées par une terre d’un blanc de neige qui contraste avec la belle teinte citrine, et le vif éclat des cristaux de soufre qui tapissent toutes les masses encore solides. Cette térre résulte de la décomposition des laves vitreuses porphiritiques les plus noires et les plus dures ; elle est continuellement abreuyée d’une humidité trés chaude. Aussi on glisse plutôt qu’on ne descend au fond du cratère. Tout est so- lide au reste, et la partie la plns basse est occupée par les blocs qui s’écroulent des escarpemens à mesure que toutes ces matières se décomposent et s’enfoncent dans l’intérieur du goatfre. Les vapeurs qui sortoient abondamment du milieu de ces blocs et d’une infinité de crevasses , arrivoient sûrement de plu- sieurs lieues de profondeur , et conservoient une grande intensité de chaleur Le thermomètre, exposé dans une crevasse, passa rapidement 80 degrés, et auroit sané doute monté plus haut si le tube eut été plus long. A mon grand étonnement je reconnus que cette vapeur brûlante n’étoit composée que de soufre et d'eau parfaitement insipide. J'y cherchai en vain les traces de Vacide sulfureux , de la soude et du gaz ‘hydrogène; mais ce qui me surprit davantage, ce fut de trouver à côté des incrus- tations de soufre, qu’elle forme en peu de temps, de véritable opale en plaques minces mammelonnées. Après avoir constaté la découverte d’une formation aussi singu- lière , je remontai pour terminer les observations barométriques. Voici seulement la première, parce les autres m'ont donné les mêmes résultats dans le calcul , à quelques différences près, en- dessus ou en dessous : à huit heures, à une toise et demie du sommet, le baromètre étoit à 18 pouces 4 lignes, et le 1hrmo- mètre (div. de Réaumur) à 6 degrés #3 à la même heure un An- glais, M. Litle, qui observoit au port avec d’excellens instromens dont j'avois vérifié la précision , trouva le baromètre à :8 p.51. #, et le thermomètre 4 19 degrés “ ; la station étoit à sept toises au- dessus du niveau de la mer. Le résultat de ces données, corrigé d’après la méthode de M. Delnc, et augmenté ensuite de huit toises et demie, porte la hauteur du Pic à 1,501 toises ? au- dessus du moyen niveau dé la mer. Il y a loin de cette hauteur à celle de dix milles d'Italie que Ricciolo et Kircher ont attribuée au Pic; ce qui n’est rien anreste en comparaison de 15 lieues marines que lui donne Thomas Nicols. Pourquoi donc veut-on toujours faire de fabuleux pro- EUTOD MEAMESNEMONINR EN" AMTEUIRPETENL*E, 61 diges de tout ce que la nature à produit de grand et de curieux, Croit-on , par hasard, augmenter le foible mérite de les avoir vus ; de tout ce qu’on leur ajoute dans les récits les plus men- songers ? Ce qu’on a dit de la vivacité du froid, de la foiblesse des li- queurs spiritueuses, et de la difficulté de respirer sur le Pic, n'est pas plus exact. Au reste, j'ai déja éprouvé plusieurs fois que l'opinion généralement -reçue à cet égard est plus qu'exa- gérée ; je vous assure que le froid étoit très-supportable , que les liqueursn’avoient rien perdu de leur force , que les vapeurs hydro- sulfureuses(r)n’étoient point mauvaises à respirer, etque larareté de l’air ne nous incommodoit nullement, quoiqu’elle nous eût forcé à faire des pauses assez fréquentes en approchant du som- mct. Enfin, ce que l’on a débité et répété dans des ouvrages très-modernes sur l’apparence du disque du soleil vu de dessus le Picest absolument faux. : Trois heures et demie furent bientôt écoulées ; c’étoit bien peu sans doute en comparaison de huit cents liêues que j’avois faites pour me les procurer ; mais ces heures-là, telles que je les aï passées, étoient et seront toujours pour moi d’un prix infini. Il restoit à peine le temps d'arriver de jour au port de l’'Orotava, et j’avois encore à faire des échantillons de toutes les laves. Il fallut me décider à quitter pour toujours une des plus belles scènes de la nature ; je la parcourus des yeux pour la dernière fois, et j’abandonnaï cette cîne fameuse en lui disant à regret un éternel adieu. . Nous descendîmes très-vîte ; les ponces qui avoient rendu nos efforts assez pénibles, s’ébouloient sous nos pieds; aussi nous eûùmes bientôt dépassé las norices del pico , deux petits soupi- raux au pied du mammelon , qui lancent continuellement de l'eau en vapeur. La neïge, ramollie par le soleil, étoit moins dangereuse ; mais je m’y enfonçois souvent jusqu'aux genoux , ce qui ne tentoit pas du tout le guide , qui n’avoit pas osé S'y hasarder en montant, et qui craignoit de s’y enfoncer tout-à-fait. Nous nous arrétâmes un moment auprès de la czeva del gelo; (1) L'auteur veut dire aquoso-sulfureuses ; puisqu'il dit que les vapeurs ne sont composées que d’eau pure et de soufre. Ceci prouve, comme je l’ai observé ailleurs (Discours préliminaire de l’an 9 de ce Journal) que lorsqu'on veut exprimer les combinaisons du gaz inflammable avec le soufre ou d’autres substances , il ne faut pas dire Lydro-sulfureux , mais Lydrogeno-sulfureux,,, dans Les principés de la nouvelle nomenclature, 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE c’est une de ces merveilles pour le vulgaire, dont les voyageurs ont également débité des fables. Vous en aurez l’idée si vous imaginez une de ces voûtes que les laves liquides forment an- dessus d’elles-mêmes, crevée précisément au-dessus d’une grande cavité, dont le fond est rempli de neige abondamment imbibée d’eau ; elle est quelquefois à sec pendant l'été. A une heure moins un quart nous arrivâmes à la Stauze, un peu fatigués de porter mes pré'ieuses et pesantes récoltes. Notre petite caravane se mit bientôt en route, maÿs d’un pas plus mesuré Jusqu'à ce moment la rapidité de la marche, l« foule des observations m'avoient à peine permis de respirer. J’eus le temps de reparsèr, en descendant, tout ce qui m'avoit si vivement intéressé, et c’est alors seulement que je commencai à jouir de ce que j'avois vu. Dans ce compte satisfaisant que je me rendois à moi-même, je ne fus pas long temps à trouver un2 faute , c’étoit de n’avoir pas sacrifié quelques instans de plus pour tenter de m’assurer qu’il n’existoit rien de remarquable à la base du pic vers le $ud ouest: cette faute étoit sans remède ; vous verrez bientôt si elle étoit grave, et si elle fut bien réparée huit jours après. La scène de l'atmosphère avoit changé depuis le matin. Les nuages réunis ne formoient plus qu’une couche mobile qui ni- veloit les hauteurs, et que le vent alisé poussoit devant lui sans la déchirer; nous n’eûmes pas le temps de la traverser avant le coucher du soleil. La pente du sol et l’obscurité rendirent notre marche vraiment pénible jusqu'aux premières habitations, où le guide eût bientôt allumé un faisceau d’éclats de pin; c’est à la lueur de ce flambeau que nous continuâmes notre route, et que nous fîmes notre entrée au port de l’Orotava à neuf heures du soir. Je trouvai mes amis inquiets de ce retard : ils avoieat dis- tinctement apperçu le pavillon le matin. Je me dérobai aux témoignages de l'intérêt que tout le monde porte ici aux voya- geurs du Pic, pour recevoir les soins de l’hospitalité la plus eim- pressée dans la maison Casalon. Je n’ai pas le temps, mon cher Devilliers, d’allonger beau- coup l’esquisse d’un des plus intéressans voyages que puisse faire un homme qui s'occupe de la structure du globe. Depuis je n’ai pas négligé un seul instant pour multiplier ou vérifier mes ob- servations : jai recueilli les plus singulières notions sur la com- position intérieure de plus de 600 courans de laves modernes. Que deviendroient tant de systèmes sur les volcans, s’il étoit vrai qu’on n’a connu que la partie superficielle de leurs produits, ET D’'HISTMOLRE "NATURELLE. 63 les scories et les laves poreuses ? C'est à-peu-près comme si on avoit jugé de différentes liqueurs dont on n’auroit vu que l’écume. L'éruption qui a comblé le port de Guarachico, en 1706 , à cela de particulier , que le courant a fait cinq lieues en seize heures ; la mer en a emporté l'extrémité. On reconnoît qu'il est composé de lave prismatique (basalte\ noire un peu poreuse, avec de grands cristaux d'augite et d’olivine. La dernière éruption a eu lieu en 1768. Les nouvelles bouches, au nombre de trois, se sont ouvertes à 1,270 toises au-dessus de la mer, sur la pente d’un énorme prolongement de la base du Pic, vers le sud-ouest. La forme des montagnes de ce côté jus- tifioit mes regrets; aussi je fis tous mes efforts pour réparer ma faute, et je puis dire maintenant celle de tous les voyageurs qui m'out précédé. Je gravis paisiblement, pendant trois heures, sur les pentes du prolongement; parvenu à 1,600 toises, je me trouvai sur les bords d’un vaste cratère , auquel on ne peut comparer aucun de ceux que nous connoïssons ; il a près d’une lieue et demie-de circonférence : quoiqu'il soit très-ancien, il est très-escarpé à l'intérieur ,, et présente encore l’image la plus effrayante de la violence des faux souterrains. Le Pic s’est élevé sur les bords de cette bouche monstrueuse. L’impossibilité de faire le tour du sommet du Pic, ou plutôt lhabitude que les voyageurs ont de mettre exactement le pied dans les traces de leurs prédécessenrs, sont sans doute cause que ce fait curieux a été ignoré jusqu’à présent. . Ma seconde ascension sur le Pic n’a pas été seulement une leçon : elle m'a fourni, ainsi que mes recherches sur une érup- tion qui a eu lieu en Fr705 à Guimar, une infinité de faits dont je voudrois également pouvoir vous rendre compte. Contentez- vous de savoir, mon cher Devilliers, que jai fait peu de voyages dont j’aye été aussi satisfait que de celui-ci. J’ai eu au reste tous les secours et les facilités que je pouvois desirer pour l’exé- cuter, de la part des particuliers et du gouvernement espagnol. Je n'oublirai pas l’accueil de M. le marquis de Perlasca, gouver- neur général des îles, et celui de M. lé marquis de Casa-Cajigal, qui commande avec lui, 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ER PRE SOLDE LES CESR LEEDS TE MCE L'ESSENCE LETTRE De L. Corpter , ingénieur des mines , à J.-C. DrLAMÉTHERIS. » InS , Ile de Madère, le 12 prainial an 11. AE REA TETE Mon cher et bon ami, lorsque je vous ai mandé de Cadix que j'allois chercher à acquérir quelques renseignemens sur les débris de l’Atlantide, j'espère que vous n’avez pas cru que je subor- donnerai une semblable recherche aux observations générales que j'avois à faire aux îles Canaries : j'en reviens maintenant , après avoir heureusement terminé ma septième campagne géolo- Josique sur le Pic de Ténériffe. Je vous assure , qu’à l'exception du regret que j'ai eu de n’être pas arrivé à temps pour observer un tremblement de terre assez fort, j'ai fait le plus utile et le plus intéressant voyage que puisse entreprendre un homme qui s'occupe de la structure de la terre. Vous en jugerez, puisque j'ai employé plus d’un mois aux plus actives recherches. L'auteur répète ici une partie des choses qu’on a lues dans la lettre précédente, et il ajoute : ï Je passe sur beaucoup d'observations de détail, comme l’exis- tence des porphires à base de pétrosilex (honstein porphire, fu- sible en verre blanc,) porphir-schiefer et de l’obsidienne verte et noire eu immenses courans , l’analyse naturelle de ces ma- tières dont les rebords du cratère sont entièrement formés, la silice pure et blanche qui en est le résidu , le passage de l’obsi- dienne à la pierre ponce, qui lui sert par-tout de scorie, celui du pétrosilex à l'obsidienne, etc. , pour vous dire de suite que j'ai trouvé le Pic élevé de 1,901 toises - au-dessus du moyen ni- veau de la mer. J’ai pris des précautions si minutieuses, que je crois pouvoir compter sur ma mesure , au moins autant que sur celle de Humboldt, qui n’a point eu d'observation correspon- dante, ou que celle de Borda prise trigonométriquement sur une base trop petite peut être pour tout autre obervateur que lui, Au reste, nos résultats se servent réciproquement de preuves; et le mien est le moindre de tous ceux qu’on a publiés, Je EVTDA DHDS NOM R EL N'A TU RE DE E. 65 Je restai trois heures et demi sur le sommet : vous connoiïssez le prix de ces heures-Jà. J’abandonnai à regret une des plus belles scènes du spectacle de la nature, et je ne fus de retour au port de l’Orotava que deux heures après la nuit. A Je n’ai pas négligé un seul instant pour aller par-tout vérifier ou multiplier mes observations. Je suis allé reconnoître les bouches et les produits des éruptions nouvelles , sur-tout de celle de 1706, qui a brûlé et comblé le port de Guarachico, ainsi que de celle de 1798, qui a épouvanté les îles par sa vio- lence. Le courant de lave de la première, ruiné à son extrémité par la mer, est composé de lave noire, compacte, prismatique (basalte}), avec beaucoup de cristaux d'augite et d’olivine, J'ai recueilli les plus importantes et les plus singulières notions sur la composition intérieure de plus de six cents courans de laves modernes. En vérité on ne connoît presque que les produits super- ficiels des volcans , les scories et les laves poreuses. Ne croyez pas, au reste, que je pense à tirer des conséquences directes de ce que j'ai observé ici, pour décider de ce que je n’ai pas vu. Je sais trop bien que l’on commence enfin à convenir qu’il est im- possible de régler lastructure du globe d’après l'ordonnance d’une vallée ou d'une montagne , ou de trouver les causes des plus grandes opérations de la nature d’après l'inspection de 100 lieues carrées, qui n’en présentent souvent que les traces les plus con- fuses ou les plus incomplettes. Je sais aussi que la zature peut produire les mêmes effets par des moyens divers, et que l’au- torité des gens qui savent bien voir doit passer avant des conjec- tures ou même des probabilités. De quel droit d’ailleurs auroit- on des opinions exclusives ? dans quelle science physique nos connoissances sont-elles absolues ? C’est ce que j'ai appris dans vos leçons, celles de Dolomieu et de Saussure. Tome LV II. MESSIDOR an 11: £ 66 JOUR NIALI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE S U'R UN ESPAGNOL QUI SUPPORTE DE GRANDS DEGRES DE CHALEUR. Par J.-C. DELAMETHERIE. Un homme de Tolède, en Espagne , âgé d’environ 23 ans, arrivé à Paris depuis peu, a fait différentes expériences pour faire voir qu'il pouvoit supporter de grands degrés de chaleur sans en être incommolé. Nous allons donner un extrait de celles qui ont été faites à l’École de médecine, devant plusieurs pro- fesseurs de l'Ecole, environ trois cents élèves et plusieurs autres pérsonnes. On eut soin de le visiter auparavant, et on ne vit en lui rien de différent de l’état ordinaire d'un homme en santé. Son pouls battoit environ de 55 à 78 fois par minute. Exp. I, On a apporté un vase où étoit de l’huile échauffée à 85 ° Réaumur; il ouvrit bien la main, et appliqua, à plusieurs reprises, la paume de la maïn sur l'huile ; enfin il se lava les mains dans l'huile, s'en lava le visage, et y appliqua la plante des pie‘s. A la fin de l’expérience la chaleur de l'huile étoit encore de 76 à 780. Exp. 11. Une barre de fer de 18 à 20 pouces de longueur, de 2 pouces et demi de largeur, d’une épaisseur de 6 lignes, fut chauffée au rouge cerise à une de ses extrémités , et posée sur des briques. L’Espagnol appuya la plante d’un de ses pieds sur la partie rouge; la portion d'huile qui y étoit encore adhérente s’enflamma aussitôt. Il appuya de même la plante de l’autre pied , ce qu’il répéta plusieurs fois. Fzxp. 111, On prit une grande spatule de fer de 18 pouces; on fit chauffer au rouge cerise la partie plate. L’espagnol tira sa lanoue, et l’appliqua sur la partie rouge de la spatule; ce qu’il répéta plusieurs fois. On apporta ensuite trois verres d’eau claire; dans l’un on ET D'HISTOIRE NATURE L LE. 67 avoit mis quelques gouttes d'acide sulfurique , dans l’antre une assez grande quantité de sel marin, et le troisième ne contenoit que de l’eau pure: On fit boire à l’Espagnol des trois verres , dont il distingua parfaitement la saveur. Exp. IV. 1] prit une chandelle allumée, il la promena plu- sieurs fois sur la partie postérieures de sa jambe, depuis le talon jusqu’au jarrêt, On le visita après tontes ces épreuves. Sa peau ne parut nullement altérée. A La plante des pieds parut fuligineuse, ce qui paroît devoir être attribué au carbone de l'huile ; mais son pouls battoit de 130 à 140 fois par minute: Il paroît que depuis ce temps-là il s'est mis dans un four échauffé à 70 degrés , et ya demeuré quelques minutes. Le célèbre Blagden , de la Société royale de Londres, a su- porté, à Londres, un depré de chaleur encore plus considé- rable (1). | On fit chauffer une chambre au point qu’un thermomètre y monta à 260° Fahrenh. (101 Réaum.); il y entra habillé, et y demeura 8 minutes; sur la fin il étoit oppressé. Plusieurs autres personnes y entrèrent également, Son pouls, au sortir de la chambre ; batioit 144 coups par minute. Dans une autre expérience il-entra tout nud dans la chambre échauffée à 220 c'Fahrenh. (83 Réaum.), et y deméura 12 mi- nutes sans être incommodé., 1 ps Dans une:troisième expérience, la chambre étant échauffée à 2500 Fahrenh., lui et plusieurs autres personnes y entrèrent, et y demeurèrent plusieurs minutes sans être incommodés. On mit dans les mêmes appartemens quelques œufs et une tranche de bœuf sur un plat d’étain ; en vingt minutes on retira les œufs entièrement durcis ,; et dans quarante-sept minutes la tranche de bœuf fut non-seulement cuite, mais presque séchée, {1) Journal de physique, supplément, tome treizième, année 1778. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. | THERMOMETRE. BAROMÈTRE. SZ CR Maximum. Minimum. Min: Maximum. MINIMUM. A Mipt | | | 1321s —H16,2à4"}m. + 59—i6n la 5bm. : 28. 0,82 |àg95s. . 28. 0,05/28. 0,49 pans. —Lgoà 4m. ++ 5,54 6,7 À à midi. . 271h,5729 8. . 27.11,56|27.11,57 Bàmidi —Hi0,g + + + + « + .Hio,4 | à 22m. .27.1,57 à midi. ., 27.11,90|27.11,50 &a midi. —i3,0 à 4 m. + 6,0 13,0 | à midi. . 28. 0,40 [4 5 1s.. . 28. 0,10|28. 0,40 £a s. 13,5 à NE EE ON EE EE MO EMETES + 28. 0,10/28. 0,40 Gämidi. —Hapjalà #23 1m. + 6,2/Hio,i à 5 s. . . 28. 0,28 /à45m 27.11,77|28. 0,15 7àa3s.. Hi5,7à 45m + 6,5 15,7 à midi... 28. 1,69 |à 4+m.. 28. 1,25|28. 1,69 \| Sas. —Ha8o à 4m. + 9,2/+a6,6 à midi. . . 28. 1,68| + +, . + + + + |28. 1,63 ll oà21s. “21,3 à 83 m. + 5,0+21,0 Fa 35m.. 29. 1,00 à2Às.. ..27.11,44128. 0,00 flioäuis. —16,9à2%m. + 9,8+16,3 jà35s... 28. 1,50 [à 3 m... . 26. 0,53]28. 1,00 Eli amidi 15,0 à 4 5m. + 7,8/a5,0 | à midi. . . 28. S,ua là 47. . . . 28. 2,90/28, 3,00 lizè is. H6,5à33 m. + 8,0 415,8 À à midi. . ‘. 28. 3,94 là gs, .. 28. 217128. 5,64 N'13à2 25. —a7,olà 10.5. 10,3 +12,6 Paris... . 27.411,86 à 215 27.10,96|27.11,27 | 14à 3s. “Has,4lè os. + 7,6|+a0,4 Dà midi. .. 29ÿ.11,18 là 104 5.. -27.10,75|27.12,18 Aiioa 3268. H18,8|. . « . + «+ «415,3 fâmidi.. 27. 9,75 [à 8 s.. .. 27. 9,57|27. 9,37 16àmidi. <+i3,%à4m. + 6,7|413,3 |ä midi. . 27.10,00 [à 4 m. . . 27. 0,79/|27.10,00 17 à midi. Higolà4 m. “+ 73 114,0 à 11 s... 20. 0,23 |a4 m... 27.10,75|27.10,82 16 midi, —:4,8à4m. “+ 6,0|+14,8 | à 38... .128. 1,25 à 4m... 28. 1,00/28. 1,23 19à 2 5 —igjol- ++ +,» » +|-+18,8 à 8m... « 27.121,80 |à midi. .. 27.11,75|27:11,79 2oà 38. —21,6à 4m. “+10,0418,6 Fa 5m. . . 27.11,90 à 2 S.. + 27.10,27|27.11,28 Alone ls. ‘H:16,8à 4m. “+ 7,3|H15,1 Paris. . 28. 2,35 à& m. . . 28. 1,50|28. 2,0 20 à 15 16,2): + + + + + «425,6 À à midi. . . 26. 8,08 | . . . . .: . : . 28. 3,03 logazs. “+2,3à 4m + 9,3/420,5 à 4 m... 28. 2,95 jà 6 s. ... 28. 1,90|28, 2,20 Blojas s “isga4gm., + 9,064 là los. .. 28. 1,90 |à midi. « . 28. 1,18|28. 1,18 25ämidi. +igül «se +: + 17.6 là 2 is. . 28. 2,70 à 6 m... 28. 1,82128. 2,27 26à22s +180! . + « + . + + |+17,6 [à 4m... 28. 2,97 à22s. .. 28. 2,50|28. 2,79 S 2783! s. —i8,6à4m. “+ 8,3—+17,4 Da 3ls... 28. 4,07 à 7 5m... 20. 3,88/28. 4,33 8là 25. Æ19,6!à 1 Lim. it,2 109,2 a rim.. 28. 4,50 à 6 s. . . 28. 4,00|28. 4,20 à3 8 Hig,al. + « . « « « Hi9,1 Fà7 m... 28. 2,48 (à3 s.. . .128. 1,60|268, 1,70 à2s. “Hig,2l. + + + + + |-#17:7 nas RA . 28. 0,55/28. 1,00 R,Ë C API/TULATION, Plus grande élévation du meroure. . . 28. 4,67 le 27. Aoindre élévation du mercure. . .,., 27. 9,37 le 15; Élévation moyenne. . . . . 28. 1,04. Plus grand degré de chaleur. . . .. —+ 21,6 le 20. Moindre degré de chaleur. . . . . + (95: le 2. Chaleur moyenne. . . . . “+ 13,5. Nombre de jours beaux . 8 A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Prairial, an xr. s |ute. POINTS Vitae To he Pr LOTS Sn VENTs. » A Mir. LUNAIRES. DE L’'ATMOSPHÈRE. 2 -50,0 | E fort. NouriEnne: Couvert par intervalles. 270 Ne Pluie continuelie. 3| 72,0 | N. Ciel couvert. H1B59,0 IN Ciel en grande parlie couvert et trouble. 5| 62,0 0. Beau cielle matin , couvert l’après-midi. 6| 73,0 | S-O. Couvert; temps pluvieux. 7| 72,0 | S-O. De même. 8| 65,0 | S-O. Prem. Quart. Couvertune grande partie du jour. “9| 59,0 |S. Equin.descend.} Nuageux le mal.; couv., pluie, tonn. vers 5 h. du soir. | 10 56,5 | S-O. Apogée. Nébuleux et couv. Le soir; pluie, grêle et tonn. à 8 h. |ÿ 11 59,0 | S-O. Couv. par interv.; plusieurs averses dans la journée. 12 | 7 54,0), l'O. Ciel nuageux et trouble. 13 | 68,0 | Variable. Couvert; pluie et tonnerre avant midi. 14| 60,5 | S-O. Couv. par interv., averses, grêle et tonn. à2h. dus. 15 | 56,0 |S. ! Couvert; pluie , tonn. très-fort et souvent. 16! 66,0 |S. Pleine Lune. Couvert et pluie fine. : 17 | 64,0 | O. Couv. et nébul. le matin; pluie, grêle, tonn. à 2h, s. |} 182250: Couvert par intervalles ; pluie Le soir. 19 | 59,5 | S-O. Couvert; pluie fine le soir. 0 | 64,0 | S-E. Ciel nuageux. 21! 52,0 | S.O. Couvert; pluie abondante le soir. 22| 58,0 | S-0. Couvert. 23 | 49,5 | O. Dern. Quart. Ctel trouble et légèrement couvert. 24 | 63,0, | O. ENREe Couvert et pluie abondante le soir. 25 | 64,0 | N-O. Equin. ascend. À Ciel très-nuageux. 26| 57,0 | O. Couvert par intervalles; pluie le soir. 27] 57,5 | O: Beau temps par intervalles. 28 | 59,0 | ©. De même, 29 | 59,7 | O. Couvert une grande partie du jour. ss [e] ex Ée en fa) © Nouv. Lunel Couvert par intervalles, RELC; A PAIE TL A TT ON: de éouverts ... . . . 22 de pluies......... 216 de vent. . . .. ANT de’gelée mure de ionnerre.....,. o 6 de brouillard. . . 4,2 0 de neige... 10 desgréles pen. np NES Jours dont le vent a souffié du ON... a td Riu - ÆJOUNIALE ce L E. à EE ASC 1 S-E. db FREE She PO ENST QE DOMTAICIT ENMOT ER ET 10 OM ME ULO NOMME : he I das à mener CLP “ere 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE BGoE TT 'TRSE Sur le palladium de $S. Tennanr, à J.-C. DeraMéruenre. EUX LRU AL TIC. M. Chenevix, que vous connoissez ; croit que le palladium, dont je vous envoie un morceau, est un amalgame de platine et de mercure. J’ai essayé de répéter son expérience en employant le précipité rouge de platine, retiré par le sel ammoniac, mais je n'ai pu réussir; le mercure s’est tout évaporé. Il me paroît bien difficile de pouvoir fixer le mercure avéc le platine. Aussi M: Chenevix convyient-il lui-même que son procédé ne réussit pas toujours. .., CRERPRREREE DRE 2400 ORNE ME UNE EST EST TE ET ER A EC EN AT ECTS PE SEEN ENT ENS) —— EXAMEN COMPARÉ DE LA PIERRE METEORIQUE D'AIGLE ET DE CELLE DE VILLEFRANCHE; , Par B. G. SAGE, À yant reçu de la pierre météorique tombée à Aigle le 6 floréal, de celle dont notre collègue Foureroy a lu la relation à l’Institut, j'ai fait des expériences comparées , qui constatent son identité avec celle de Villefranche; la gouleur grise cendrée , la cassure et le grain sont semblables dans l’une et dans l’autre; toutes ces pierres, coifine le dit Vauquelin, ont le même aspect, on les croiroit presque détachées de la même masse, 1 Si l’on use sur un grès, avec del'émeril, ces pierres météo- riques, les parties de fer natif reçoivent le poli, et offrent des points d’un gris brillant, de formes irrégulières ; si on les use PEUT D'HOTISMENONTIR E EN1 ASTIURILILILIE: mt sans émeril, le fer re reçoit pas le poli, il présente des aspérités irrégulières et saillantes, parce que le grès en sépare un partie de la gangue. Aus ; La cassure de la pierre météorique dAigle m’a offert quel- ques globules de la grosseur d’un petit grain de coriandre, d’une couleur grise plus foncée que la pierre; ils ne sont pas attirables par l’aimant. En pulvérisant de la pierre météorique j’ai rencontré des pcr- tions de fer qui s’étendoient sous le pilon , il s’écrouit sous le marteau, tandis qu’il s'étend entre les cylindres du laminoir comme Je fer le plus ductible, parce que leur pression graduée ne produit pas assez de chaleur pour écrou'r ce métal, Si l’on expose au feu la picrre météorique, il s’en dégage de l’acide sulfureux , sa surface devient d’un brun noirâtre. J'ai distillé de la pierre météorique pulvérisée avec parties égales d'acide sulfurique concentré , le col de la cornue s’est ta- pissé de soufre citrin; l’ayant détaché , lavé et desséché, ai reconnu qu’il se trouvoit dans cette pierre dans la proportion de trois livres par quintal. Le résidu de la distillation de la pierre météorique avec l'acide sulfurique est blanc; je l'ai mis en digestion avec l’eau dis- tillée ; cette lessive filtrée avoit une belle couleur verte émeraude; l'ayant fait évaporer, elle a produit du vitriol martial, ou sulfate de fer d’un vert pâle, qui cristallise en octaèdre aluminiforme; ce sel mixte, exposé au feu, se boursoufle comme l’alun , y rend une couleur d’un rouge brun, qu’il doit au fer ; le second produit de la dissolution est du vitriol de magnésie, J’ai soumis aux mêmes expériences les pierres météoriques de Villefranche et d’Aigle, l’une et l’autre m'ont produit la même quantité de soufre; et par la vitriolisation , du sulfate de fer, mêlé d’alun , et du vitriol de magnésie. Examen de la pierre météorique tombée le 7 novembre 1492, près d’Ensisheim, village de la Basse-Alsace. Notre collègue Fourcroy m’ayant procuré de la pierre météo- rique tombée, il y 850 ans, à Ensisheim, cette pierre qu’on fit suspendre dans le chœur de la paroisse de ce lieu, pour l’exposer aux regards du public, pesoit 260 livres; elle tomba dans un champ ensemence de frowent, elle entra en terre dela profon- deur de 3 pieds. La couleur de cette pierre météorique est nn peu plus grise que 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE celles de Villefranche et d’Aiïgle ; ses caractères extérieurs sont les mêmes. Parmi les fragmens que m'a remis notre collègue Fourcroy, il y en a un dans lequel se trouve une veine de nickel remarquable par sa couleur d’un gris-rougeñtre. La pierre météorique d’Ensisheim, ainsi que celles de Ville- franche et d'Aigle, étant pulvérisée, offre du fer attirable par l’aimant; cette pierre étant distillée avec de l'acide sulfurique concentré, produit du soufre dans la même proportion ; le ré- sidu lessivé, filtré, évaporé, produit en premier de l’alun mar- tial nickelé , ensuite du sulfate de magnésie en petits prismes tétraèdres d’un vert tendre. L'alumine me paroît être, dans ces pierres météoriques , en proportion égale avec la terre magnésienne ; maïs c’est le quartz ou silice qui y domine, comme le fait connoître Vauquelin. D'après les expériences que j'ai faites sur les pierres météo- riques, je les considère comme étant composées de fer natif, de nickel sulfaté, de quarz (1) ou silice, d’alumine et de magnésie. Si je n’indique pas précisément les proportions de chacune de ces substances, c’est que celles du fer et du nickel varient. La pro- portion du quartz paroît former constamment au moins la moitié des pierres météoriques , l’alumine et la magnésie le sixième, et le soufre le trentième. Il est reconnu aujourd'hui que la chute des pierres météoriques sur la terre a eu lieu dans tous les temps; elles étoient contenues dans ces globes lumineux qui cessent de l’être après la détonation. L'analyse nous a fait connoître la nature de ces pierres, mais il reste à donner une explication plausible de leur formation. M. Izarn, dans l’ouvrage intéressant qu'il a publié sur les pierres dites tombées du ciel, les considère comme des produits de la réunion des principes gazeux ; théorie que M. Patrin avoit donné des productions volcaniques ; mais les vides que la terre offre étant proportionnés aux matières rejettées par les volcans, cela contrarie son assertion ; peut-être a-t-il été conduit à cette théorie parce qu’effectivement les matières qui composent le sel ammonïiac et le réalgar des volcans étoient à l’état gazeux. Ce qui se passe dans l'atmosphère est bien différent , il s’y trouve les agens les plus actifs ; l’électricité , la lumière, tous les US (1) Jai obtenu le quartz ou silice pure, en vilriolisant à trois reprises la pierre méléorique , en la distillant chaque fois avec parties égales d’acide sul- furique concentré, et en lessivant à chaque fois le résidu, 2az ET D'HISTOIRE NATURELLE. 73 gaz et le calorique. La nature forme, rassemble et combine les € emens des corps , d’où naissent des mixtes de différentes es- pèces ; c’est ainsi que se sont formés le fer, l'or, la manganèse et les terres, principes essentiels des végétaux. La combinaison d’un acide concentré avec un alkali produit aussitô* une masse concrète ; c’est ainsi que s’est formé le quartz de la pierre metéorique; l'acide, principe du quartz , est de la même nature que celui du gaz inflammable ; la base alkaline pent être fournie par le gaz putride; quant au fer sous forme métallique qu’on trouve dans les pierres météoriques, il peut avoir éte attiré de l’atmosphère par Pélectricité , et s'être réduit à la faveur du gaz inflammable , ainsi que le nickel. Les terres magnésiènes et alumineuses sont en combinaison saline dans les pierres météoriques, et unies au même acide qui constitue le quartz. Ces deux terres et la base alkaline du quartz ont été saturées dans le même temps, et se sont réunies confusément. Nota. La date exacte de la chute de la pierre météorique de Villefranche est celle indiquée par M. Drée, le 12 mars 1796, vers les six heures du soir. Tome LV II, MESSIDOR an 11, K 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES ET DES ARTS. Extrait des registres de la classe : séance du 8 messidor , l'an 11 de la république française. Un membre , au nom d’une commission, lit le rappart suivant : On a fait plusieurs tentatives pour monter la pile électrique par un appareil dont l'effet fût durable , et l’entretien exempt des embarras d’un nettoyage désagréable, et de la perte de temps que ces soins entrainent inévitablement. En remplissant ce but, on fourniroit évidemment aux physiciens un instrument très-com- mode dans tous les cas où l’on peut desirer employer l’appareil de Volta. En effet on auroit de cette manière, un appareil com- parable , puisqu'on le supposeroit exempt des altérations qui en embarrassent et en suspendent ordinairement le jeu ; que son effet constant, soutenu et d’une intensité toujours égale , se prêteroit à des calculs suivant l’état des objets auxquels on en feroit l’appli- cation. Ainsi, soit qu'on s’en servit seulement comme d’un moteur éléctrique, soit qu'on desirât déterminer par son moyen diverses combinaisons chiuiques, soit enfin qu'on voulût l'appliquer à l’économie animale , il répondroit, autant qu’il est possible aux vœux du physicien qui s’en serviroit. On conçoit aisément qu'il est difficile de se flatter d'atteindre à une semblable perfection et qu’on doit se contenter d'approcher le plus possible de ce but. Une semblable recherche ne peut pas être regardée comme une chimère, depuis qu’on s’est convaincu que la superposition des métaux est l'élément essentiellement électrique de la pile, telle qu'on la construit ordinairement, et que l’électricité qu’on pour- EAU) HAT SUNOIT REIN: ANTQURRCE! LT E: 75 roit attribuer aux combinaisons qui s'opèrent dans les intermc- diaires, ainsi que l’oxidation des surfaces métalliques sur lesquel- les elies agissent ne font point une partie appréciable de l’effet total. Pour éviter les obstacles que l’oxidation des pièces métalliques finit par mettre au développement des phénomènes électriques , on à imaginé de construire des piles dont les intermédiaires fussent des substances sèches. Les CC. Hachette et Desormes en ont donné un exemple, et notre collègue le cit. Biot, a déja ob- tenu à cet égard quelques snccès dont il fera part à la classe ; mais les effets de ces appareils, quelques soins qu’on ait pris pour completter les contacts autant qu’il est possible, ont été si foibles jusqu’à présent qu'ils ne sont point susceptibles d’être employés dans des opérations qui exigent des actions électriques d’une cer- taine énergie , et ne peuvent être employés que dans certaines expériences de recherches. Le docteur Hauff en a construit une avec des barrils de verre à fonds métalliques remplis d’une dissolution de muriate d’am- moniaque. On en a rendu compte à la classe et on a fait connoitre les avantages et apprécié les inconvéniens résultans d’une assez prompte oxidation des pièces métalliques et d’une structure qui en rend le nettoyage fort embarrassant. Cette pile est construite dans des intentions semblables à celles que doit remplir celle du cit. Allizeau , dont nous entretenons aujourd’hui l’Institut. Mais le cit. Allizeau a évidemment l’antériorité puisqu'il a présenté son appareil le 30 ventôseavant que nous eussions connoissance de celui du docteur Hauff. Ce nouvel appareil consiste dans des disques de cuivre et de zinc soudés ensemble et sertis dans leur pourtour avec un anneau plat de métal couvert d’un vernis. A la partie supérieure de cha- que couple, du côté du zinc, est mastiqué un anneau de fayence ou de porcelaine dont la cavité recoit du sel commun, ou muriate de soude , qu’on n’a pas réduit en poudre fine, Ce sel est humecté de manière que l'eau remplit immédiatement les intervalles de ses cristaux. La cavité de Panneau est tellement rewplie que la surface inférieure de l'étage qui repose sur l’anneau, qui par conséquent est le côté du cuivre, est dans tous ses points en con- tact avec le sel solide et l’eau interposée , et que l'air n’interrompt point ce contact autant qu’il est possible. Le muriate de soude et l’eau ayant peu d’action sur le cuivre, sans le concours de l’air, et l'anneau de porcelaine bien dressé fermant assez exactement l’accès à l’air environnant , son action sur la surface des disques Ka 76 JOURNAI, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et l’oxidation qui en est l’effet sont réduits à très-peu de chose. IL n’en est pas de même lorsque l'intermédiaire est formé d'eau pure ou d’une dissolution liquide , ou de muriate d'ammoniaque ainsi que le cit. Allizeau s’en est convaincu dans des tentatives antéri- eures, Il a également observé que le muriate de soude en poudre très-fine ne réussissoit pas à cet égard autant que le sel qui est en cristaux ; c’est dans cet étatqu'est ordinairement le sel de cuisine. Le reste de l’appareil ne diffère point des appareils ordinaires. Nous ayons soumis à l'épreuve cet appareil composé de qua- rante couples ou étages, disposés comme nous venons de le dire. Nous avons mis en comparaison une auire pile composée de quarante couples semblables et à-peu-près de même diamètre, montés à la manière ordinaire avec des rondelles de drap, im- bibées d’une dissolution saturée de muriate de soude. L'effet comparé de l’une et de l’autre pile étoit sensiblement égal au premier moment. Nous n’avons fait cette comparaison qu'au moyen du tact et par l’observation des sensations comparées répétées par plusieurs personnes. Des mesures plus exactes pour- ront être prises par. la suite au moyen d’instrumens plus proba- toires; mais les eflets que démontrent les sensations sont ici assez forts pour donner au moins des indications très-évidentes. L’é- preuve a été commencée le 19 germinal ; le lendemain 20, l'effet de la pile ordinaire étoit déja très-foible et celui de la pile nou- velle avoit conservé toute son intensité. Le 22 la pile ordinaire ne produisoit plus d’effet sensible ; et celle du cit. Allizeau n’avoit pas foibli sensiblement. Le 26 l’effet paroissoit , à la vérité, maïs plus foible qu’au commencement; mais quand, au moyen d’un syphon, on eut, sans démonter la pile, réparé l'humidité évaporé:, l'effet reprit sensiblement sa première intensité; enfin l’attention de réintroduire à divers intervalles l’eau qui s'évaporoit plus ou moins promptement selon l’état de la température , à suffi pour entretenir la pile sans une diminution sensible dans ses effets, jusqu’au 4 prairial ; alors c’est-à dire au bout de cinquante trois jours, elle produisoit encore des effets peu cifférens par l'intensité de ceux qu’elle avoit produits les premiers jours, nous avons dé- monté la pile pour examiner l’état des pièces qui la composoient. Nous avons vu alors que les couples du côté du zinc étoient seulement un peu noircis à leur surface; que du côté du cuivre la circonférence près de l'anneau étoit couverte d’un cercle noir qui ressembloit à un oxide de zinc revivifié et que le milieu por- toit quelques points d’oxide vert en petite quantité ; la surface du sel portoit une teinte verdâtre très-foible et quelques portions qui ET D'HUSTOIRENN A TU RE LL'E, 77 ressembloient À un oxide blanc. Le sel ayant été dissous dans l’eau, le mélange d’ammoniaque n’y a développé aucune apparen- ce de couleur bleue. Il existoit donc ici très peu d’oxide ; peut-on croire qu’il y en auroit eu moins encore, si on eût eu l’attention de remplacer plus assiduement l’eau évaporée ? Dans cette première épreuve nous avions laissé la pile libre et sans établir de la base à son sommet d’autre communication que celle que nous formions momentanément nous mêmes, en faisant l'épreuve de l’état électrique; nous l’avons remonté le 6 prairial en établissant la communication du sommet à la base au moyer d’un fil métallique. Le 8 la communication enlevée , l'effet avoit foibli sensiblement , mais reprenoit de l’intensité au bout de quel- ques instans. La communication fut rétablie. Le 17 prairial elle fut de nouveau interrompue , il n’y avoit encore aucune trace d'oxide, mais comme la température avoit été très chaude et l’é- vaporation considérable , on réintroduisit de l’eau dans les inter- valles de tous les étages, et l’intensité électrique , très-foible d’a- bord, s’est bientôt élevée sensiblement à un très-haut degré. En gé- néral on a constamment observé qu’au moment où l’on rompoit la communication l’état électrique étoient insensible ou se mani- festoit tiès-foiblement ; iwaïs il est constant ançsi qu'au bout d’un temps plus ou moins considérable la pile reprend à-peu-près son intensité primitive, telle qu'on l’a observé dans la pile libre. Enfin la pile a été démontée le 22 prairial, seize jours aprèsavoir été établie avec une communication soutenue de son sommet à la base et simplement interrompue pour le temps des épreuves. Alors le sel étant dans un très-grand état de sécheresse, on a vu en général très-peu d'oxide. La face inférieure {ou le côté du cuivre) dans les 29 premiers étages, portoit une couche noire très-légère d’oxide de zinc revivifié; et dans les 17 étages inféri- eurs les mêmes surfaces portoient quelques points d’oxide vert ; et point ou peu d'oxide noir. Le cuivre étoit rouge et brillant dans tous les points où il ne s’étoit poit formé d’oxide, le sel ne résentoit aucune coloration bien sensible. Le cit. Allizeau a imaginé encore de fournir une pile dont les couples zinc et cuivre sont fondus ensembles en formes de ca- lottes, concaves du côté supérieur et convexes du côté inférieur. On les remplit de sel solide humecté d’eau; et ainsi disposée, l’on conçoit que le contact doit être aussi complet qu’on Île peut dé- sirer ; et que l’air extérieur n’a d’accès que sur les bords dans les points seusiblement élévés au dessus du niveau de l'impression 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE formée dans le sel par la partie convexe de la calotte supérieure à chaque étage. Cette pile comparée à l'autre a sensiblement les mêmes avantages : on en répare l'humidité avec encore plus de facilité, et sa construction est beaucoup moins coûteuse. Quoique les expériences que nous venons de citer et que nous avons faites avec les appareils présentés par le cit. Allizeau ne présentent pas tous les genres d'épreuves , auxquels on auroit pu les soumettre ; néanmoins elles suffisent pour démontrer que dans cette construction on obtient plusieurs effets remarquables; r°. peu d’oxidation et par conséquent l’avantage d’exiger moins de pei- ne pour l’entretien , le nettoyement et le rétablissement des pièces métalliques qui le composent ; 2°, une intensité électrique très-remarquable puisque les quarante couples donnoient descom- motions très-fortes et sensiblement égales à celles des piles montées à la manière ordinaire dans les mêmes proportions ; 3°. une per- manence d’effets à-peu-près constante, puisque l’effet étoit sensi- blement le même, à peu de chose près , au bout de cinquante- trois jours, tandis que dans la pile ordinaire qui lui a été com- parée , l'effet étoit sensiblement nul au bout du troisième jour ; 4°. une disposition aussi commode qu'aucune de celles qui ont été adoptées jusqu’à présent. ous croyons donc que cet appareil peut être utile, qu'il est, sous les rapports que nous venons d’énoncer, le plus avantageux de ceux dont nous avons eu connoissance jusqu’à cette heure ; qu’il mérite l'approbation de la classe, et que l’auteur , peu for- tuné , qui a consacré beaucoup de temps et de dépenses aux essais par les quels il est arrivé à ce point, mérite des encouragemens ei des indemnités proportionnés aux sacrifices qu’il à faits et à Pu- tilité de son invention. ET DENIS TO RE IN ANT RS E L'L'E. 79 SE EP TE PE EEE VAE RENTE LIRE EEE EE EEE SENTE EE CL DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE Appliquée aux arts, principalement à l'agriculture et à l’éco- nomie rurale et domestique ; par une Société de naturalistes et d’agriculteurs ; avec des figures tirées des trois règnes. Tom. 10, 11 et 123 depuis les lettres GOR jusqu'aux lettres LAT. De l'imprimerie de Crapelet. A Paris, chez Déterville, lib. rue du Battoir, n°, 16. NN RACA ET. Ce Dictionnaire se continue avec le même succès. Les diffé- rentes parties y sont traitées par les mêmes sayans dont nous ayons déja parlé. Nous allons donner un extrait des opinions géologiques que Patrin a développées dans les différens articles de ce Dictionnaire. Dans l’article Géologie, Patrin donne une esquisse de son système sur la théorie de la terre. Il regarde comme la plus probable de toutes les hypothèses sur la formation de notre globe, celle du célèbre géomètre Laplace, qui suppose qu’il émana du soleil une grande abondance de fluides aériformes qui remplirent l’espace qu'occupe notre système planétaire. Ces fluides se condensèrent, et leurs molécules, obéissant à leurs attractions réciproques, se réunirent en grandes masses d'une forme sphéroïdale. On ignore quelle est la nature et la structure de l’intérieur de notre globe ; nous savons seulement que san écorce est composée de granit, revêtu de différentes couches de schistes primitifs. Dans les preiniers instans de son existence , toute sa surface étoit unie et sans aspérités ; elle étoit couverte d’un immense yolume d’eau surmonté par l'atmosphère. Bientôt, dit Patrin, ce principe de vie, qui est inhérent à la matière, et la fait tendre sans cesse à l’organisation, agita la masse entière du globe; et le granit , animé de ce mouvement intérieur, forma de toutes parts des excroissances qui soule- vèrent ces enveloppes schisteuses , et souvent même se firent jour au travers. 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De là l’origine des montagnes primitives, dont les couches sont ordinairement dans une situation presque verticale. Patrin considérant que ce n’est pas seulement sur le globe terrestre qu'on voit des montagnes, mais que les corps célestes en sont également pourvus (1), il pense que ces excroïissances sont des parties essentielles à leurs fonctions; ce sont des espèces d’organes qui servent à ces grands êtres au même usage que les trachées dans les animaux et les végétaux. On feroit, dit-il , injure à la sagesse éternelle , si l’on suppo- soit que tandis qu’elle organise avec tant d’appareil le plus vil insecte, elle permit que ces vastes corps qui peuplent l’espace , ne fussent qu’un amas de matière brute et inerte. Il pense qu'on ne sauroit avoir une idée juste des phénomènes que présente notre globe , à moins de le considérer sous un point de vue physiologique, et de lui attribuer des fonctions analogues à celles des êtres organisés proprement dits. Maïs cette organi- sation n’est ni celle d’un animal ni celle d’un végétal, c’est celle d'un monde ; et les mondes méritent sans doute de former un ordre à part dans la série des œuvres de la création. L'auteur admet sur-tout qu’il existe une circulation continuelle des fluides de l'atmosphère mêlés avec quelques portions des eaux de l'Océan , dans l’intérieur des couches primitives de la terre : là, ces fluides se décomposent et s’assimilent aux substances mi- nérales, de même qu’ils se décomposent dans les corps organisés, et s’assimilent aux substances animales et végétales. La plupart des phénomènes géologiques sont le résultat de cette circulation de fluides, et les premiers produits de leurs nou- velles combinaisons furent d’abondantes matières calcaires, qui s’échappant des interstices des couches primitives, formèrent ces bancs épais de carbonate de chaux qui ne contiennent que rare- ment des vestiges de corps marins , et qui forment la base des montagnes Secondaires. La circulation des fluides atmosphériques et la décomposition des eaux de la mer commencèrent en même temps, et n'ont pas discontinué depuis la formation des montagnes primitives. A mesure que la surface de l'Océan s’abaissoit par l'effet de (1) Le célèbre astronome Baron Schroetter a trouvé, d’après la projection de Y’ombre des montagnes de Vénus et de la Lune sur la surface de ces astres, que celles de la Lune ont été jusqu'a 6000 toises, et celles de Vénus 22009 Loises d’élévation. cette END D HAT STIONIUR EN A DURE LL LE, 81 cette décomposition journalière , les fluides éprouvoient de nouvelles modifications, et donnoient de nouveaux produits, qui formèrent tantôt des dépôts purement argileux, tantôt des couches marneuses , tantôt ces bancs immenses de grès homo- gènes formés d’an mélange à-peu-près égal de molecules quart- zeuses et de carbonate de chaux, et qu’on avoit regardés comme de simples accumulations de débris, mais que Patrin considère comme l’ouvrage immédiat de la nature. Lorsque les montagnes primitives d’où partoient les émana- tions, se trouvèrent encore plus voisines de la surface de l'Océan, et qu’elles eurent une communication plus directe avec l’atmos- phère, la circulation qui se faisoit dans leur intérieur acquit un nouveau degré W’activité ; les combinaisons des fluides y prirent un caractère gré, et leurs produits s’échappant avec violence, formèrent enfin des éruptions volcaniques (1). Tous les volcans furent d’abord sousmarins , et leurs éjections n’eurent pas toujours les caractères ignés ; delà vient qu’on voit des couches alternatives de laves, et d’autres matières qui n’ont point l’apparence volcanique. ‘ Filons métalliques. C’est par l’effet de cette même circulation de fluides , et d'après les modifications qu’ils éprouvent dans certaines couches primi- tives, et qu’ils leur font éprouver à leur tour, que Patrin ex- plique la formation des rirons métalliques dans le sein des montagnes. Houille ou Charbon de terre. Dans l’article xourzze , l’auteur explique la formation de cette substance bitumineuse d’une manière aussi neuve que celle dont il conçoit la formation des volcans. On avoit jusqu’ici considéré les couches de houille comme des amas de débris de végétaux, (1) L'auteur a développé cette opinion dans sa théorie des volcans qu’il soumit à l’Institut le 1°°. ventôse an VIII ( 20 février 1800 ), et qu’il publia dans le cahier de ce Journal du mois de germinal suivant.Cette théorie fut alors trouvée fort ex- traordinaire, mais dernièrement un savant physicien le professeur Izarn, à cru pouvoir expliquer la formation des masses terreuses et mélalliques qui tombent de atmosphère, d’une manière analogue à celle dont Patrin avoit expliqué la formation des matières volcaniques. Tome LV1I., MESSIDOR an 11. L SL 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ct l’on pensoit en même temps qu’elles étoient le principal ali- ment des feux volcaniques. Patrin pense au contraire qu'elles sont elles-mêmes formées par des éjections de volcans sousmarins. Comment pourroit-on, dit-il, supposer que le charbon de terre füt formé de végétaux, lorsqu'on en voit de puissantes couches à douze mille pieds d’élévation dans les cordilières du Pérou, et à plus de six mille pieds dans les Alpes dauphinoises , où ces couches ont été déposées dans un temps où les végétaux n’existoient point encore, et où l'Océan couvroit la surface en- tière du globe ? Comment pourroit-on expliquer par des dépôts de végétaux ces alternances régulières de couches de matières pierreuses et de couches de l'ouille qui sont si nombreuses dans quelques en- droits, qu'il est évident qu’elles sont le produit d’une cause pu- rement locale, et qui agissoit par intervalles périotiques ? Telle est, par exemple, la houillère voisine de la ville de Liége, qui présente, dans une épaisseur de terrein de 3 à 4 mille pieds, le retour alternatif de 6: couches de charbon de terre et d’un noinbre égal de bancs pierreux d’une épaisseur énorme composés de couches également nombreuses et régulières. Mais ces alternances régulières dans un local borné, qui sont inexplicables dans toute autre hypothèse, sont faciles à conce- voir dès qu’on vient à reconnoître que c’est un volcan qui en est la cause formatrice. On sait que les volcans agissent par inter- valies périodiques, et l'on sait également, dit Patrin, que les volcans vaseux, qui existent encore aujourd'hui en Scile, en Crimée , dans le Modénois et ailleurs, vomissent. d’abondantes éjections de matières argileuses et bitumineuses ; et c’est un mélange semblable vomi par les volcaus sousmarins qui a formé les couches de houille et de matières terreuses qui leur sont in- terposées. L'auteur observe que les couches de houille se trouvent toujours dans le voisinage de quelques volcans éteints : circons- tance qui prouve encore que ce n’est pas la houille qui sert d’ali- ment aux feux volcaniques, car le volcan ne se seroït pas éteint ayant que les couches de houille n’eussent été consumées,. Fleuves, montagnes, fossiles, etc. Dans l’article rossires, Patrin soutient que les restes d’éléphans et de rhinocéros qu'on trouve en Sibérie y ont été transportés par les rivières qui prenoient leur source dans les montagnes du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 83 centre de l’Asie. Ces montagnes, de même que toutes celles du globe, furent jadis deux ou trois fois plus élevées qu’aujour- d’hui, et les rivières qu’elles fournissoient avoient un volume proportionné à leur élévation ; ainsiles mêmes rivières qu’on voit aujourd’huise perdre dans qnelques bas-fonds du vaste continent de l'Asie , avoient anciennement assez de force pour venir se réunir aux fleuves de S'bérie, qu'elles ne peuvent plus atteindre aujourd’hui, etelles leur apportoient les débris d’animaux des contrées méridionales qu’elles entrainoient dans leurs cours, Patrin prouve la grande élévation primordiale des montagnes par l’immensité de leurs débris qui couvrent nos plaines jusqu’à une profondeur considérable , qui forment de longues chaînes de collines, et quelquefois même des montagnes énormes, telles que le Rigiberr , sur le bord du lac de Lucerne; cette montagne, ” de huit lieues de circonférence , et dont l'élévation au-dessus du lacest de cinq mille pieds perpendiculaires, est en entier formée , depuis la base jusqu’au sommet , de couches horison- tales , toutes composées de débris de montagnes. Diminution de la mer. L'auteur prouve la diminution graduelle de l'Océan par un grand nombre de faits, etnotamment par les bancs de coquillages littoraux qu’on trouve à tous les degrés d’élévation imaginables, ce qui démontre que la surface des eaux ne s’est abaissée que peu-à-peu, et non par des catastrophes subites. La diminution graduelle des eaux de la mer, la diminution journalière des montagnes , la diminution des rivières qui en est la suite, et enfin les érosions produites dans les continens par les eaux courantes, fournissent à l’auteur les moyens d’expli- quer les faits géologiques qu’on attribuoit à des catastrophes et à des révolutions du globe.Patrin n’admet aucune de ces operations violentes , qu’il regarde comme absolument contraires à la marche constante et uniforme de la nature. Il développe ses opinions dans les articles relatifs à la géo- logie, tels que les articles BASALTE, BRÊCHE, CRAIE, FILONS, FLEUVES, FOSSILES, GÉOLOGIE, GRANITE, GRÈS, HOUILLE, LACS, LAVES, MER et MONTAGNES. Ces deux articles n’ont pas encore été publiés, mais ils sont imprimés, et m’ont été communiqués par l’auteur, Doc 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLE SN IE ÉIR ALLIER BLS Histoire naturelle des poissons |, dédié à Anne-Caroline Lacépède, par le citoyen Lacépède , membre du Sénat et de institut national de France, l'un des professeurs du Musée d'histoire naturelle, membre de l’Institut de la république Ita- lienne , de la société d'Aragon, de celle des curienx de la nature de Berlin, de la société royale des sciences de Gottingue, des sociétés d’histoire naturelle, des pharmaciens, philotecnique, philowatique ; des observateurs de l'homme et galvanique de Paris, de celle d’agriculture d'Agen, de Besançon et de Bourg, des sociétés des sciences et des arts de Montauban, de Nismes, des Deux-Sèvres, de Nancy, de Dijon ; du lycée d'Alençon, de l’athénce de Lyon, etc., etc., etc ; tome cinquième , £z 4°. À Paris, chez Plussan , inprimeur-libraire , rue de Vaugirard, n°. 119b. Nous rendrons compte de cet ouvrage intéressant qui termine l'Aistoire des poissons. Essai de Géologie, ou Mémoires pour servir à l’Histoire naturelle du globe, par B. Faujas de Saint-Fond , professeur de géologie au Mnséuin d'histoire naturelle, de la société royale des sciences de Gottingue, de celle des curieux de la nature de Berlin, de Harlem, de Jena ; de l'académie des sciences, belles-lettres et antiquités de Dablin, de Perth, etc., etc. Tome 1r., 2n-8°.3 à Paris, chez C.-F. Patris, imprimeur des Tribunaux et de lacadéinie de législation, rue de la Colombe, n°. 4 Nous rendrons compte de cet ouvrage intéressant, Rapport fait au nom d’une commission nommée par La classe des suiences mathematiques et physiques de l’Institut, pour l'examen de la methode de préserver de la petite vérole par l'ino- culation de la vaccine. Hallé, rapportenr, a fait voir tous les avantages de cette méthode salutaire ; il a décrit les symptômes de la vraïe vaccine, et a développé les accidens qui peuvent survenir par la compli- cation de quelques maladies étrangères, ENT L'DMEAMEIS TE OMER: EFNMANTOUNR ENT L E. 85 Journal de Galvanisme , de Vaccine, etc , par une société de physiciens , de chimistes et de médecins, rédigé par J. Nauche, président de la société galvanique, membre des sociétés acadé- mique des sciences, médicales de Paris, de plusicurs comités de vaccine, etc. Ile, et Ille. cahiers, de 96 pages 1-80. Ils contiennent entre autres articles un résumé succinct sur le galvanisme , par Cés. le Gallois , médecin : — De l'application du galvanisme à la rétention par paralysie de la vessie ; — Origine du galvanisme ; — Contrépreuve variolique sur des vaccinés, à Milan ; — Réflexions sur une expérience galvanique, par le cit. Graperon , médecin, membre de la société galvanique, etc. ; — Observations de M. Schaub, professeur a Cassel, sur l’efficacite du Galyanisme employé dans les surdités compleites , dans les affections des organes de l'ouie , pour guérir les sourds-muets, etc., etc. Le prix de la souscription est de 12 francs, pour recevoir, francs de port, 12 cahiers de 48 pages chacun, dont un chaque mois. La lettre et l'argent doivent être aftranchis. On peut en- voyer le prix de la souscription en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris chez F. Buisson , libraire , rue Haute- feuille, n°. 20. VITIe. JXe. cahiers de la Bibliothèque physico-économique , instructive et amusante, à l’usage des villes et des campagnes; publiée par cahiers avec des planches, le premier de chaqne mois , à commencer du premier brumaire an F1, par une société de savans, d'artistes et d’agronomes, et rédigée par C.S. Sonnini, de la société d'agriculture de Paris , et de plusieurs socictés savantes et littéraires. Ces deux cahiers contiennent, entre autres articles intéres- sans et utiles, le moyen d’extirper la teigne dans les prairies na- turelles et artificielles, par Mme, G, Dufour; — Moyen de mettre promptement à fruit les arbres gourmands, par M. De la Rue ; — De préserver les arbres de la gelée; — Description d’un lit économique, à l’usage des personnes peu fortunées ; — Nouvelle somme qui peut remplacer celle du Sénégal ; — Nou- veaux vernis pour la poterie ; — Composition d’une eau pour détruire les chenilles, fourmis, etc. ; — Remède contre la piqûre des abeilles et guêpes ; — Moyen de remplacer le thé; = Art de mouler des sculptures en bois, par M. Lenormand ; — L’art d'élever les arbres pour le charonnage , la charpente, la Inenuiserie , etc. 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le prix de l’abonnement est de 10 francs pour les 12 cahiers de 72 pages chacun, avec des planches, que l’on recevra mois par mois, francs de port par la poste. La lettre d'avis et l’ar- gentdoivent être affranchis et adressés à 7. Buisson , imprimeur- libraire, rue Hautefeuille, n°. 20, à Paris. On peut aussi, pour éviter les frais, envoyer l'argent par un mandat sur Paris. Mélanges de physiologie, de physique et de chimie, con- tenant entr'autres choses un traité sur les sympathies et sur les rapports organiques ; un traité sur l'électricité, un traité sur le galvanisme, et un traité sur le magnétisme ou aimant, le tout considéré sous de nouvelles vues. Ouvrage en deux volumes in-8°., destiné à concourir à deux prix proposés, l’un depuis longtemps par l’Institut national , sur les sympathies , et l’autre proposé par le gouvernement, sur des découvertes relatives à l’électricité. Par Claude Roucher de Ratte, officier de santé, professeur de physique et de chimie à l’école centrale du département de l'Hérault, à Montpellier, membre de plusieurs sociétés savantes, auteur de la découverte de la faculté de pouvoir connoître ce qu'une personne pense sous des conditions requises sans qu’elle parle , laquelle fait partie de cet ouvrage. Ezxegi monumentum ære perennius Regalique situ pyramidum allius. À Paris, de l’imprimerie d’Allut, rue Saint-Jacques, n°. 611, vis-à-vis le Prytanée; et se trouve chez Allut et Fuchs, à Paris; et à Montpellier, chez Vidal, libraire, rue de la Barillerie, et Renaud, libraire , grande Rue. Il faut voir dans l’ouvrage même les idées de l’auteur. UIe., IVe., Ve., VIe. et VIle. cahiers de la Bibliothèque Commerciale , seconde souscription ; ouvrage destiné à répandre les connoissances relatives au commerce , à la navigation, etc. ; ar J. Peuchet, membre du conseil du commerce au ministère de l’intérieur, etc. Les trois premiers cahiers de 96 pages in-80., contiennent , entr’autres articles : Mémoire de la régie, contre la franchise de Baïonne ; — Réponse du conseil de commerce de Bordeaux , sur les compagnies d'Afrique et du Sénégal ; — Objet du commerce d'Afrique ; — Du commerce des draps de Carcassonne et au- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 tres , etc.; — Pêche de la morue; — Quantité à laquelle elle s'élève année moyenne ; — Côte de Terre Neuve, bulletin de mise en possession ; — Evénemens qui intéressent le commerce ; — Nouvelles observations sur la franchise des ports; — Mémoire sur cette matière ; — Du traité de commerce de 1786, entre la France et l'Angleterre ; — Mémoire de M. Alexandre Fontenai, sur ce traite , etc. etc. Les deux derniers cahiers de 96 pages in-8°., contiennent , entr'autres articles : Industrie du département de l'Aveyron, par M. Monteil, professeur à Rodès ; — Des stipulations commer- ciales entre la France et la Russie; — Des matières premières et marchandises qui entrent dans la consommation et le commerce de la Russie ; — Mémoire de M. Lancel , sur la situation du coin- merce dans les ci-devant provinces de Normandie et Bretagne , en 1784 ; — Dreit sur le fret des navires en Daneinarck ; — Tableau pour l’évaluation du droit par last de commerce , etc. etc. Le prix de la souscription est de 21 fr., pourrecevoir , franches de port, 24 livraisons ; et 12 fr. pour 12 livraisons. La lettre et l'argent doivent être affranchis. On peut envoyer le prix de la sonscription en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris, chez Æ. Buisson, libraire, rue Haute- feuille , no. 20. Errata pour les nouvelles observations sur les lenticulaires. Cahier de floréal dernier , tome LVI. Page 330. lig. 36. différens /isez fins. 331. lig. 37. conservés longtemps lisez conservés assez long- temps, 332. lig. 5.siliceuses /isez siliceuses du Jura. 332. lis. 36. centres, Lisez cercles. 333. lig. 1. ses deux tubercules, lisez ses deux surfaces ont de petits tubercules. 342. lig. 5.tracés moins, lisez tracés plus ou moins. 342. lig. 39. je vois, Lisez je crois. Cahier de Prairial. Page 442. lig. 1. pierres tombées du ciel, Zisez lithologie atmos- pherique. 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D AB LEUR DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Recherches sur l'absorption et l’altération de l’air et de dif- Jérens gaz par l’eau ; par F. Berger. Page Essai de statique chimique ; par C. I. Berthollet. Mémoire sur la structure de l'articulation du genou dans la macreuse, et sur la progression de cet oiseau , par Lordat aîné. Histoire d'un insecte (ou d’un crustacée ) ; par Bénédict Prevost. Lettre de L. Cordier au cit. Devilliers fils. Leïtre de L. Cordier à J.-C. Delamétherie. Note sur un Espagnol qui supporte de grands desrés de cha- leur ; par J.-C. Delamétherie. Observations météorologiques. Lettre sur le palladium de S. Tennant à J.-C. Delamétherie. Examen comparé de la pierre météorique d’ Aigle et de celle de Villefranche ; par B. G. Sage. Institut national des sciences et des arts. Sur une nouvelle pile galvanique ; par Alizeau. Rapport. Dictionnaire d'histoire naturelle, Nouvelles Littéraires. 79 Journal de Physique. nf VIDE Messidor an 1: D Lx EE £ p: Cr Re JOURNAL DE PHYSIQUE, DE Ca, M LE ET D'HISTOIRE NATURELLE, THERMYTIDOR br 1. SUITÉ DE L'HISTOIRE D'UN INSECTE OU CRUSTACÉE ; Par le cit. Benepicr Preyosr. ANRT RICEIA Er LT Ne Des parties intérieures du chirocéphale. Histoire et description de ce que j'en ai pu observer à la faveur de sa transpa- rence, De Geer et sur-tut le cit. Jurine de Genève, ont habilement profité de la transparence de quelques monocles. S'ils avoient connu le chirocéphale, ils en auroïent certainement tiré plus de parti, parce qu’il devient beaucoup plus grand sans cesser d’être transparent, et que, même lorsqu'il a acquis tout son accroisse- ment qui, comme nous l’avons dit, va jusqu’à 42 millimètres, quelques parties ne laissent pas d’être encore diaphanes. Il reste certainement encore beaucoup à faire après le peu que j'ai fait, et cet animal promet aux physiologistes les découvertes les plus intéressantes. Néanmoins ce que j'ai vu est déja assez remarquable, et je vais essayer d’en décrire la principale partie. On découvre principalement dans l’intérieur du chirocéphale: 1°. Des muscles. 20. Le cœur ou une suite de viscères musculeux qui en font les fonctions. 8°. Des globules circulans analogues à ceux du sang de plu- sieurs autres animaux, 4°. Les intestins et les alimens ou les liqueurs qu’ils contiennent: bo. Les vaisseaux spermatiques. Tome LV II. THERMIDOR an 15, M 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 6°. Les oviductus intérieurs de la femelle, et l’on peut suivre le passage des œufs de ces oviductus dans l’ovaire ou sac extérieur. Toutes ces parties ont des mouyemens qui leur sont propres; et le jeu de la plupart se démêle très-bien. SEcTron Ie. Des muscles et de leur jeu. Les muscles de presque toutes les parties du chirocéphale (adulte , mais encore très-jeune , ou sur le point de parvenir à cet état), ceux des autennes et des yeux ; ceux de la main du mâle , de la lèvre, des mandibules, des nageoires, des anneaux, quelques-uns de ceux qui font mouvoir les intestins, ceux des parties de la génération du mâle, et sur-tout ceux de l’ovaire ou’oviductus externe de la femelle ; tous ces muscles, dis-je , et leur jeu peuvent être observés comme s'ils étoient à découvert. Les seules difficultés qu’on éprouve proviennent 1°. de cette même transparence qui, en permettant de les voir, occasionne un peu de confusion , et peut bien donner lieu à quelques mé- prises. 2°. Du mouvement très-vif de quelques parties, telles que les nageoires. Pour obvier à la première difficulté, il n’y a d’autres moyens que de multiplier les observations sur des individus de différens âges, et par conséquent de différens degrés de transparence , et de les faire dans des circonstances variées en éclairant les objets de diverses manières, et en mettant l’insecte dans divers états selon ce qu'on lui fait avaler, comme nous le verrons. Quant à la seconde difficulté, nous verrons aussi que l’on peut faire mourir l’insecte sans le déformer beaucoup, ou bien l’engourdir de manière que ses mouvemens soient plus ou moins ralentis. Toutefois la myologie de cet insecte est un travail long et pé- nible, que d’autres amèneront sans doute, avant moi, à un degré suffisant de perfection. Je me bornerai à quelques remarques. 10, Sur les muscles du doigt armé de la main du mâle. Les deux do'gts armés servent, comme on l’a dit, au mâle, conjointement avec le reste de la main, à saisir ou embrasser sa femelle; mais le crochet ou le second article de ce doigt paroïs- sant fistuleux, et même un peu fendu vers le bout, et les muscles ET, D? HIS TOLR E ,/N;,A TU;R E L.L,E, gx de la première partie de ce doigt étant extrêmement nombreux, et constituant un appareil compliqué et superflu (:ce semble) pour faire simplement ouvrir ou fermer le crochet, il m'étoit venu dans l’idée que ce doigt, on la main dont il fait partie, pouvoit bien jouer dans l’accouplement un rôle plus intéres- sant que celui que je lui attribue, d’après ce que j'ai pu ob- server. Mais quelle apparence, lorsque les autres parties de la génération paroissent si bien appropriées à l’usage auquel je les . crois destinées ? 20. Sur les muscles des nageoires. Voici une de mes observations transcrite presque mot à mot de mon journal, 17 frimaire an 9: J'observe un mâle à la lumière d’une lampe au transparent , l’insecte étant sur le côté. Première apophyse (x), commencant par le côté de la queue; trois faisceaux de muscles y sont attachés. Le plus proche de la queue est de beaucoup plus gros ; le second est moins gros ; le troisième n'est pas perceptible dans toutes les positions. Le second n’est pas attaché aussi près du dos que le premier ; le troisième en est encore moins près que le second. Ces faisceaux ne sont pas éache par un seul point physique, mais dans une partie considérable de leur longueur , où l’on ap- perçoit vers le haut (j'appelle Lez le plus proche du dos) plu- sieurs autres muscles obliques beaucoup plus petits, qui paroiïssent leur servir de ligament. Cependant ces petits muscles ont aussi leurs mouvemens de dilatation et de contraction. Dans certaines positions ces petits muscles paroissent parallèles en faisceau. Le premier faisceau est composé de deux fascicules paral'èles, dont une des extrémités va s'attacher à la première partie (ou humerus) de la première nageoire. Le deuxième faisceau est aussi composé de deux fascicules pa- (1) Vappelle ainsi une petite éminence à laquelle les muscles sont attachés. M 2 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rallèles , qui paroïssent aussi s'attacher sur la mêine partie, hais un peu plus hañt. Le troisième fäisceau ne paroît pas bien distinct. Dars certaines positions lé premier faisceau me paroît composé de trois fascicules à-peu-près parallèles, On voit un muscle délié partir du bas de la jonction des deux premiers anneaux du corselet ({ comptant pour le premier le plus proche dé l’abdomen }, et s'élever obliquement pour aller joindre la seconde partie ou le czbitus de la nageoire, qu’il porte du côté de la tête en se contractant. Le second faisceau se contracte beaucoup plus et beaucoup plus vivement que le premier. Il forme dans sa contraction deux ou trois sinuosités ÿ, tandis que le premier faisceau forme tout au plus ure espèce de 8 très-peu courbé. Ce second faisceau va joindre la nageoire nn peu au-dessous de la première partie où de l’humerus, en passant par-dessus ; de sorte que lorsqu'il se contracte, il fait relever la nageoire et la ramène du côté de la tête , tandis qu’au contraire , le premier faisceau en se contractant porte la nageoire du côté de la queue. De la seconde apophyse part un faisceau de muscles dont l’ori- gine est à côté de celle du premier faisceau de la seconde na- geoire. fl paroît passer sous une espèce d’anse, ou demi-anneau, où il est appliqué tout près du corps, presque comme collé, tandis que le reste ou la partie de ce faisceau qui dépasse l’an- neau, s'élève et va s'attacher à la seconde partie, ou au cubitus de la première nageoire de manière à la ramener vers la queue, tandis que le petit muscle délié dont nous avons parlé ci-dessus, fait l'effet contraire. Il semble que ce dernier faisceau est ainsi retenu par la petite anse ou le demi anneau (c'est ainsi qu’on peut l'appeler tant qu'il ne sera pas démontré que c’est une illusion optique ), parce que sans cela il auroit gêné les mouvemens d’un petit muscle situé tout auprès. Ce faisceau très-remarquable semble établir une dépendance entre la première et la seconde nageoire (du même côté ). Un appareil tout semblable à celui dont nous venons de donner une idée est ctabli pour faire agir la seconde nageoire ; et un second faisceau, partant de la troisième apophyse et passant sous une anse ou demi-anneau, -paroît évalement établir une dépen- dance entre les deuxiène et trois‘ème nageoires. Il en est de même des troisièmé et quatrième, des quatrième et cinquième, etc., etc. Mais on voit bien que lappareil de la ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 93 onzième ou de la plus proche de la tête ne doit pas être tont-à- fait semblable aux autres, aussi n’y distingne-t-on point de faisceau qui passe sous une anse ou un demi-anneau. Ainsi, quoi- qu’il y ait onze nageoires de chaque côté, il n’y a cependant que dix de ces faisceaux. Ces muscles remarquables qu’on pourroit appeler les commu- nicateurs , se retrouveront sans doute (ou quelqu’analogue) chez tous les animaux pourvus de plusieurs membres dont les mouve- mens nécessaires dépendent les uns des autres, et sont en quelque sorte mesurés ou cadencés. Nous aurons occasion de parler ailleurs des muscles, des intestins et des parties de la génération. SURCNTITIOUN OIL Du cœur. x. Le cœur a son origine vers la tête, où cependant elle n’est pas toujours distincte. 1] aboutit à-peu-près vers la fin de l’avant- dernier anneau , où on le voit très-bien lorsque l’animal a jeûné. Il est brillant, parfaitement diaphane. C’est proprement une suite d'autant de cœurs (1) mis bout-à-bout, qu'il y a d’anneaux cor- respondans. Ils sont au nombre de 18 ou 19, échancrés (en appa- rence) dans l’extrémité qui est tournée du côté de la queue, et ils sont d’autant plus larges qu’ils sont plus loin. Ils battent ensemble en se rétrécissant et s’élargissant environ deux fois par seconde. Ils semblent à chaque mouvement de systole et de dias- tole se fermer et s'onvrir.à leurs extrémités postérieures. Ce qui n’est sans doute qu’une illusion occasionnée par une espèce d’épanouissement ou de gonflement qui dans le diastole fait ins- tantanément disparoître l’échancrure (ou l’apparence d’échan- crure), qui reparoît aussitôt dans le systole, etc. Il a outre cela un autre mouvement qui paroît dépendre du premier, et qui le fait un peu osciller de droite à gauche et de gauche à droite dans toute son étendue. 2. Lorsque l’insecte est couché sur le côté ,on croit voir de petits muscles transversaux très-déliés , qui par leur nombre correspon- dant à celui des cœurs eux-mêmes , et par leur situation pa- EE (:) De célèbres naturalistes ont appelé ainsi un vyiscère analogue chez les chenilles et plusieurs autres insçciesa 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE roissent destinés à les faire monvoir ; maïs lorsque l’insecte est couché sur le ventre, l'illusion disparoît, et l’on voit que ces prétendus muscles ne sont qu’une perspective des cœurs eux: mêmes. SE CUT TO RNETEIET. Des globules analogues à ceux du sang de plusieurs. autres animaux. 1. J'ai dit que l'œuf contient deux espèces de globules; les uns inégaux et variables, qui ne sont vraisemblablement que les gouttes d’une matière huileuse ; les autres égaux, un peu ovales, de forme et de grandeur constantes. Ces globules existent non- seulement dans tous les œufs prêts à éclore, mais dans ceux qui ne sont destinés qu’à des pontes encore éloignées. 2: Lorsque le chirocéphale vient d'éclore, ou lorsqu'il est en core très jeune, il paroît rempli de pareils globules qui y sont absolument immobiles. Mais dès que les onze paires de nageoires sont toutes développées, quoique les dernières soient encore très- courtes, ce qui arrive d'ordinaire lorsqu'il est parvenu à 6 ou 7 millimètres de longneur ; enfin, lorsque les grandes nageoires antérieures précoces commencent à faire place aux mains du mâle ou aux cornes de la femelle , ces globules commencent à se mettre en mouvement; ils circulent. Ët quelqu’avancé que soit le chirocéphale, certaines parties de son corps demeurent tou- jours assez transparentes pour qu’on puisse les y appercevoir et en suivre la marche jusqu’à un certain point. Cette marche est moins régulière, et les globules moins distincts dans les plus jeunes que dans ceux qui sont un peu plus avancés sans doute, parce qu'ils sont alors trop transparens. 3. Ils paroissent entrer dans l'ovaire ou oviductus externe par le premier anneau de l’abdomen, se porter vers la pointe en dé- crivant une courbe au oyen de laquelle ils viennent ressortir par le second anneau , après quoi ils descendent le long de l’ab- domen , tandis qu’un autre courant se meut en sens contraire dans la même partie, continuant sa route le long du corps, en- trant dans la tête dont ils font le tour, et formant un autre cou- rant opposé au premier jusqu’à ce qu’ils arrivent de nouveau au premier anneau de l’abdomen , etc. 4. Telle est leur marche générale ; mais on les voit d’ailleurs circuler dans toutes les parties, dans les nageoires , dans les E TDUD'HES TO TR'EUN À TUIRE LEE. g5 mandibules, dans les lèvres, dans les mains'et les crochets du doigt armé, les cornes, les yeux, etc. Je ne les ai cependant jamais vus distinctement dans les antennes. Outre les deux cou- rans opposés bien distincts qui parcourent l’abdomen dans sa longueur, il y a aussi des courans transversaux. 5. Le mouvement de ces globules n’est pas continu. Ilss’avancent dans leur route de quelques dix millimètres à chaque pulsation, et il y a un instant de repos avant lequel ils rétrogradent un peu; puis ils se remettent à avancer, etc. 6. La vitesse de ce couraut, ou plutôt la durée de chaque pul- sation varie considérablement d’un individu à l’autre , ainsi que celle de tous les mouvemens vitaux de cet insecte. J’ai compté dans des jeunes plusieurs pulsations par seconde , dans d’autres plus âgés , elles coïncidoient avec celles de mon pouls, 7. Le courant se ralentit, et les globules semblent se déposer petit à petit dans certaines parties du corps de l’animal mourant, Ils s’écoulent par les blessures qu'on lui fait dans quelque période de sa vie qu'il se trouve. SecTron I V. Des intestins et des alimens ou des liqueurs qui y sont conteries. 1. Lorsque l’insecte est couché sur le ventre, on voit au travers de son corps immédiatement au-dessous du cœur, ou des cœurs, un corps long d’un diamètre inégal, maïs occupant une partie considérable de la largeur du corselet ou de l’abdomen , et qui paroît former vers ses bords des espèces de festons dont la gran- deur et la figure changent à chaque instant, en formant comme une espèce d’ondulation. L'extrémité de ce corps, qui aboutit à l’anus , est conoïde , terminée en pointe obtuse et changeant de figure comme nous le dirons ailleurs. L'autre extrémité se subdi- vise en deux branches au-dessus de la bouche, chacune des- quelles va former dans la tête un peloton arrondi dont on est d’abord tenté de prendre la réunion un peu confuse pour les deux lobes d’un cerveau. Je l’ai regardée ensuite comme un double cæcum ; mais On verra que ce n’est ni l’un ni l’autre. Je donne à ce’viscère considéré dans sa totalité , c’est-à dire , depuis la tête jusqu’à l’anus, le nom de corps mésentérique on de mésentère (en attendant qu’on lui en donne un plus convenable), parce que la nature lui a attribué plusieurs des fonctions de la partie 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE. CHIMIE intérieure des mammifères, à laquelle on donne une pareille déno- mination. Entre autres, celle de contenir ou de soutenir l’irtestin. 2.Celmi-ci, qui en effet y.est attaché dans toute sa longueur, part de la bouche, d’où il remonte un peu et se.recourbe ensuite pour régner le long du corselet et de l’abdomen jusqu’à l’anus, proche lequel il est difficile de le distinguer du zésentère. Dans l’état naturel, et lorsque l'animal est en santé, il paroît opaque, parce qu'il est toujours rempli de la vase dont l'insecte tire sa nourriture. 3. Le mésentère est, au contraire , toujours tranparent, du moins dans les jeunes individus. 11 ne contient jamais que des liqueurs. Mais chez les vieux , il est par lui-même plus ou moins opaque et coloré , sur-tout chez les femelles. Dans l’état naturel, il est presque toujours rempli d’une liqueur jaunâtre et limpide, dont la couleur varie néanmoins selon la nature des alimens dont l’insecte se nourrit, 4. Lorsqu'il a jeüné, on distingue parfaitement tout le long du corps l'intestin du mésentère. Si le jeûne n’a été que de courte durée, l'intestin y paroît presque droit. Mais s’il a été long, il y forme un grand nombre de sinuosités , et il y reste alors presque toujours quelques par- celles éparses d’alimens solides qui aident à le distinguer ; il est alors très-étroit. Au contraire , lorsque l’animal est repu, l'intestin se confond avec le mésentère au point qu’on a de la peine à les distinguer le long du corps depuis la bouche à l'anus. Mais la partie qui est située au-dessus, qui se divise en deux branches, et va former des espèces de pelotons dans la tête, se distingue toujours par- faitement de l'intestin, parce que ce dernier ne s’étend pas jusques-là. 5. Lorsque l’insecte est sur le dus ou sur le ventre, le mésen- tère paroît plat; mais comme il paroît à-peu-près de la même largeur lorsque l’insecte est sur le côté , excepté vers la bouche, où il semble plus étroit, on peut en conclure qu'il est, en gros, cylindrique dans toute sa longueur , à l’exception des deux extré- mités. 6. De même, comme le mouvement d’ondulation dont il est doué et qui ne paroît se manifester que sur les côtés, a cependant lieu quel que soit le point de vue sous lequel on le regarde; on peut en conclure encore que cette ondulation affecte tout le con- tour du viscère. Et comme lorsque ce viscère est retiré du corps, il paroît entouré d’anneaux musculeux très-minces et très-pressés ; il ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 il y a apparence que c'est à la contraction successive de chacun de ces muscles circulaires qu’est dû le mouvement d’ondulation. 7. Ce mouvement est un peu confus vers la fourche ou la divi- sion en deux branches, et les deux pelotons en ont un différent , qui consiste dans une contraction à la suite de laquelle ils pa- roissent un instant décolorés par l'évacuation d’une partie de la liqueur qu’ils contenoient. Ils reprennent leur premier état et leur couleur lentement, après quoi ils recommencent brusque- ment à se contracter , etc. L’intervalle du temps qui s’écoule d’une de ces contractions à la subséquente équivaut à quatre ou cinq fois celui que dure une oscillation entière des globules circulans. 8. L’intestin a aussi un mouvement très-marqué, très-distinct de celui du mésentère. Par ce mouvement qui paroît propre à l'intestin, les alimens sont ballotés le long de ce viscère ; ils s’avancent d’abord brusquement du côté de l’anus, et sont en- suite reportés vers la tête par une espèce de réaction , de sorte néanmoins que dans cette lutte, le premier mouvement l’em- portant toujours un peu sur l’autre (de la même manière, mais beaucoup plus grand que cela arrive aux globules circulans), le marc est enfin expulse par l’anus. 9. Il paroît donc que , tandis que par ce dernier mouvement les alimens sont, en dernier résultat, poussés vers l'extrémité postérieure, le mouvement d’ondulation du corps mésentérique fait entrer dans les glandes ou plutôt dans les vaisseaux dont il est yraisemblablement composé, les sucs exprimés des alimens à mesure qu'ils se digèrent, sucs que l’on pourroit comparer au chyle. C’est ce chyle qui entre dans les pelotons ou lobes mésen- tériques de la tête (comme il est aisé de le prouver ou de le rendre très-probable en nourrissant quelque temps le chirocéphale avec des alimens colorés), et qui en remplit les sinuosités Là il s’éla- bore sans doute en y entrant et en ressortant. Ces lobes mésenté- riques ne contenant jamais d’alimens solides, encore moins le marc de ces mêmes alimens, ne sont donc point un double cæcum, comme je l’avois cru d’abord. Au reste, je conviens que plus d’une analogie autorise à leur conserver ce nom. SUEUCETLE ON pv Des vaisseaux spermatiques. C'est ainsi que je crois qu’il convient de nommer deux grands sacs ou tubes recourbés, irréguliers, intestiniformes, dont les Tome LY 11. THERMIDOR an #1. 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE parties antérieures qui sont les plus amples occupent , repliées sur elles-mêmes, le milieu de l’intérieur du scrotum, et qui, régnant le long de l'abdomen , vont se terminer à l’avant-dernier anneau. Leur forme est à-peu-près celle d’une larme batavique très-alongée. On y remarque un grand appareil de muscles. Leur extrémité antérieure est opaque, obtuse, grenelée; elle a un mouvement qui ressemble un peu à celui du corps et des lobes mésentériques, mais irrégulier, et qui est la source de celni des penes (Art. 1,3). Ces vaisseaux sont remplis de globules réunis en grappes ramifiees et plus petits que ceux qui circulent. On ne peut pas toujours voir en même-temps dans le même individu les vaisseaux spermatiques dans toute leur longueur et le mouve- ment des penes, parce que lorsque ceux-ci ne sont pas oblitérés , les vaisseaux spermatiques sont trop transparens. SgcrTionx VI. Des parties intérieures sexuelles de la femelle , et du passage des œufs dans le sac conique ou ovaire extérieur. 1. Les parties sexuelles intérieures de la femelle, perceptibles à la faveur de sa transparence, sont (indépendamment de ce que contient le sac extérieur, et dont il sera question ci-après) deux sacs intestiniformes, longs, étroits, sinueux, et qui s’etendent de chaque côté du corps mésentérique , le long de l’abdomen depuis la jonction du premier anneau au corselet, jusqu’au hui- tième ou avant dernier anneau inclusivement. 2. Ils sont remplis d'œufs blancs, sphériques, d’un diamètre égal au leur, et qui forment dans chacun une espèce de chaîne ou de chapelet. Ces œufs sont destinés à remplacer ceux que contient le sac conique extérieur , lorsqu'ils sont pondus. 3. Quelquefois , outre ces deux sacs, on en apperçoit deux autres, moins sinueux, moins distincts, contenant des œufs plus petits, moins formés, moins opaques, rangés de la même ma- nière que les premiers, et qui doivent les remplacer lorsqu'ils auront passé dans le sac extérieur. 4. Je nomme ces sacs oviductus intérieurs, onu simplement oviductus, et je réserve le nom d'ovaire au sac conique extérieur. Je les compareroïs volontiers aux trompes de fallope. 5. Ce dernier sac dans les jeunes femelles est parfaitement transparent. Il paroît au premier coup-d’œil contenir un grand ET, D’: HIS TOIRE NATURELLE. 99 nombre d'œufs, lors même qu’il n’y en a encore eu aucun ou lorsqu'il n’y en a plus. 6. Cette illusion est occasionnée par la présence de deux petites chaînes glanduleuses qui sont comme une production du corps mésentérique auquel elles paroïissent attachées ou suspendues vers le haut du premier anneau de l'abdomen, et où, après s’être repliées chacune sur elles-mêines en formant une espèce de boule fermée et quelques sinuosités, elles viennent se rejoindre par leurs extrémités, dans un petit nœud ou bourrelet. 7. Cette chaîne semi transparente est interrompue de distance endistance et régulièrement, par de petits corps opaques, jaunâtres ou rougeâtres (blancs dans les individus très jaunes), oblongs, ovoïdes, transversaux , ce qui donne à la boucle quelquefois l'apparence d’un frai de grenouille ou de crapaud , d’autres fois celle d’une grappe de globules ou d’œufs dont on est tenté de prendre les petits corps jaunes pour le vitellus ou pour le fœtus. 8. A chacun de ces petits corps, ou, pour ainsi dire, à chaque point physique de la petite chaîne, est attachée une extrémité d’un petit muscle ou faisceau de filets musculeux dont l’autre extrémité tient, ou immédiatement à l'ovaire , ou médiatement par quelques vaisseaux de muscles plus robustes qui eux-mêmes y sont attachés. 9: La contraction et le relâchement alternatif de tous ces muscles produit dans chaque point et dans la grappe en général un mouvement continuel et régulier par lequel, lorsque les véri- tables œufs sont arrivés dans l’ovaire , ils y sont frottés et balottés jusqu’à ce que d’autres muscles plus grands, et situés le long de la partie inférieure de l'ovaire, venant à se contracter ( soit mécaniquement , soit par un effet de la volonté de l’animal), en font ouvrir le bec et leur donne issue. 10. Quelques jours après qu’ils ont été pondus, ce qui (comme nous l’avons déja observé Art. TI, 1) ne se fait qu’à plusieurs reprises, lorsqu'il y a dans les oviductus intérieurs de quoi fournir à une autre ponte, la femelle se débat violemment et se dépouille ou mue, les oviductus commencent dès-lors à se contracter, à se rassembler ou se pelotonner, vers la jonction des deuxième et premier anneaux de l’abdomen , par où ils entrent petit à petit dans l'ovaire , où ils forment pendant quelque temps deux grappes distinctes. Là, 1ls sont frottés et balottés comme ceux qui les ont précédés, par le mouvement des grappes glanduleuses qui ne cesse jamais d’avoir lieu qu’il y ait ou non des œufs dans l'ovaire. N 2 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 11. Zncident relatif à la ponte. Je dois placer ici un incident remarquable relatif à la mue qui précède toujours le retour des œufs dans l’ovaire après la ponte. Il y a apparence que ce que je vais raconter arrive aussi lorsque le mâle adulte se dépouille; mais je ne lai observé que sur les femelles. a. On trouve souvent le chirocéphale chargé d’une multitude d’aigrettes dont chaque brin paroît terminé par une perle. 1l ÿ en a quelquefois un si grand nombre que l’insecte paroît , à la loupe affublé d’ane fourrure ou d’une perruque. Cette prétendue perle est un animalcule de la famille des vorticelles, qui se trouve ordinairement juché sur un long filet partant du corps de l'insecte à-peu-près comme les œufs de l'hémérobe sur certains fruits. Il prend alternativement la forme d’un globe et celle d’une cloche. Cela se fait lentement sur le filet ; mais lorsqu'il le quitte , il nage très-vÎte au moyen de ce même mouvement qu'il accélère. La forme de la cloche nest qu’une apparence occasionnée par le tourbillon qu'excite le mouvement des tentacules dont le vorti- celle est muni, et que l’on ne distingue bien qu’avec de fortes lentilles et lorsqu'ils sont en repos. Ils sont longs et il n’y en a que cinq ou six à la partie antérieure, et autant à la postérieure. On distingue aussi dans ces petites boules des espèces d’intestins. b. Au moment où la femelle vient de quitter sa dépouille , et lors-même qu’elle ne portoit auparayant qu’un petit nombre de ces parasites juchés sur leurs filets, l’eau dans laquelle on la tient pour l’observer en fourmille, Ils se rassemblent sur son corps dès qu’ils viennent à le rencontrer, et semblent s’y promener quelque temps avec vivacité ; enfin, ils s’y fixent, mais ils n’ont point en- core de filets; celui-ci ne commence à paroître qu’au bout de quelques jours, et il s’alonge petit à petit. Je soupçonne que ces filets sont des tumeurs fistuleuses que l’animalcule fait élever du corps de l’insecte , et qui servent à celui-ci à faire glisser ses œufs ou germes entre les deux peaux où ils doivent éclore ou se déve- lopper pour en sortir lorsque l’insecte se dépouille, etc, Les expé- riences dont nous donnerons un précis rendent probable cette conjecture, quoique j'aie vu quelquefois autour de la base des filets ou tout proche des grouppes nombreux d’animalcules beau- coup plus petits que les premiers, et quoique je sois certain que ceux-ci ont au moins une autre manière de se reproduire. Ces expériences prouveront que le filet est fistuleux et communique ” ET D'HISTOIRE NATURELLE. 101 avec l’un ou l’autre animal. Ces vorticelles attaquent toutes les parties du chirocéphale, jusques aux antennes, aux penis et aux plumes ou poils penniformes des nageoires et de la queue. J'en ai vu aussi sur l’animalcule nommé »icrocosme par Bonnet ct Spallanzani. MAT NGE EE" TV: Maladies et monstruosités auxquelles le chirocéphale est sujet. 1. La principale affecte chez les femelles les parties de la gé- nération. L’ovaire se déforme et se gonfle , les deux anneaux qui le soutiennent s'étendent proportionnellement plus que les autres et deviennent rougeûtres : tout le corps prend aussi une teinte de jaune. Les œufs sont bleus ou verts, plus gros que les autres, mous et comme pourris. Ils passent des oviductus dans l’ovaire ; mais s’ils sorient jamais de celui-ci (s'ils sont pondus), ce que je ne crois pas, cela n'arrive du moins que très-rarement, Les corps oblongs dés grappes glanduleuses sont plus gros, plus co- lorés , plus opaques que ceux des femelles saines du même âge. Celles qui sont atteintes de cette maladie ne laissent pas de vivre longtemps; mais elles n’arrivent guère qu’au tiers de la taille des autres. Elles sont cependant quelquefois en si grand nombre, que je fus d’abord tenté de croire que cette incommodité n’étoit qu’une crise par laquelle elles étoient obligées de passer pour être en état d’engendrer ; mais je fus bientôt désabusé. Lorsque le mal est à son dernier période, l'ovaire brille des plus belles couleurs, changeant selon le jour du jaune doré au vert et au bleu le plus vif. Ce qui provient, à ce que je crois, du dédoublement des épidermes accumulés et dont la femelle n’a pas pu se dépouiller. 2. Les mâles perdent sans doute en vieillissant la faculté d’en- gendrer , car les parties exterieures de la génération s’oblitèrent comme je l’ai déja dit, et l’on n’apperçoit plus chez eux de penis en érection. Maïs ceci est moins une maladie que les effets de la décrépitude , qui ne sont certainement pas particuliers à cette espèce d'animal. Ce qu'il y a de remarquable, c’est que dans cet état de dégradation le chirocéphale ne laisse pas de grandir pro digieuse: ent, et que la femelle pond presque jusqu’à ses derniers momens des œufs féconds. 3. Quelquefois les chirocéphales font dans l’eau de continuelles piroucttes en plongeant de la tête et se retournant de bas en haut: cela n'arrive pas dans l’état de nature, mais seulement lorsqu'on 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nourrit l’insecte avec certains alimens qui ne lui conviennent pas, comme lorsqu'on les gorge de farine. 4. Les autres maladies moins graves consistent, 1°. dans un desséchement de l’épiderme qui se manifeste par une couleur noire; mais qui disparoît après la première dépouille. 20. Dans un gonflement des barbes des plumes ou poils penniformes qui prennent la figure de la silique de l’orrithopus perpusillus, L. 3 Dans un déchiquettement des grappes glanduleuses dont il se sépare quelques lambeaux. Cette maladie est assez commune, mais l’animal n’en paroît pas sensiblement incommodé. 5. Les monstruosités sont fort rares chez ces insectes. J’ai seulement trouvé une femelle qui avoit l’ovaire biscornu ou à deux becs, et une autre dont les œufs paroïissoient doubles ou alongés et étranglés dans leur milieu. Ces œufs paroïssant sains d’ailleurs , ainsi que la femelle qui les pondoit, j'attendois avec impatience de voir ce qui en sortiroit; mais lorsqu'ils furent pondus, je n’y apperçus plus rien de remarquable, et je ne les vis pas éclore. ANR NTANCALRE MAVET Précis de quelques expériences faites sur Le chirocéphale. La transparence du chirocéphale et l'indifférence avec laquelle il avale tout ce qu'on mêle en poudre fine dans l’eau qu’il habite, pourront devenir la source d’une multitude de recherches inté- ressantes. Jai fait dans ce genre quelques tentatives dont je vais donner le précis. 1. Lorsqu’après avoir délayé dans de l’eau de puits des ma- tières colorantes, par exemple, du carmin, on y jette des chi- rocéphales bien portant, mais que l’on a fait un peu jeûner, l’œsophage , ou les parties de l’intestin les plus proches de la bouche se remplissent sur-le-champ de marc rouge opaque qui gagne ensuite les parties inférieures , et qui est encore d’une très- belle couleur après avoir été expulsé par l’anus. Il seroit curieux d'apprécier la différence chimique qui existe entre le carmin di- géré et celui qui ne l’est pas. 2. On n’apperçoit aucune parcelle de ce marc ni dans les lobes ni dans le corps mésentérique ; mais ils se remplissent bientôt d’une couleur rouge limpide dont l'intensité diminue dans les lobes, lorsque ceux-ci se compriment. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 108 3. Après un long séjour, toutes les autres parties de l’insecte prennent une légère teinte de rouge. 4. Les rebords supérieurs du clypée ou corselet, que je nomme les épaulettes, dénomination qui seule peut les faire reconnot- tre, se teignent très-fortement. 5. Lorsque l’on place ensuite l’insecte dans de l’eau pure, ou dans celle qu’il habite ordinairement, les lobes et le corps mé- sentériques se décolorent les premiers. Mais la légère teinte de tout le corps, celle des nageoires, et sur-tout la forte teinte des épaulettes , résistent à un séjour de plus d’une semaine, et con- servent leur intensité lors-même que l’insecte se dépouille de son épiderme. 6. Les intestins des vorticelles parasites du chirocéphale se remplissent aussi de couleur, et les filets se teignent en transpa- rent dans la liqueur rouge. 7. L'indigo substitué au carmin, présente des phénomènes analogues. 8. Le chirocéphale nourri avec l’une ou l’autre de ces subs- tances, peut vivre très-longtemps sans en paroître sensiblement inzommodé,. 9. Les grappes glanduleuses de l’ovaire ne se teignent point. J'ai cependant remarqué qu’elles étoient devenues bleues dans un individu à qui j'avois fait avaler du verre de cobalt (dit azur); mais quoique j'aie souvent tenté de reproduire le même phéno- mène , je n'y ai jamais réussi. 10. Le chirocéphale plongé dans l’encre s’y teint fortement À l'extérieur et y périt bientôt. On peut voir alors, à la loupe, ou avec de foibles lentilles, les barbes de ses poils penniformes , que l'on ne distingue autrement qu'avec les verres les plus forts lorsque le jour n’est pas très-favorable. 11. Lorsqu'on le plonge dans de l’huile d’olive fine, où il peut vivre plusieurs heures, on apperçoit plus facilement la circula- tion des globules. 12. 1] peut vivre plusieurs heures après avoir été desséché sur du papier gris, et si l'épreuve ne se prolonge que pendant un très petit nombre de minutes, et qu’on le replorige ensuite dans son élément, il n’en paroît pas bien sensiblement incommodé, ou du moins il ne tarde pas à se remettre. 13. L'eau camphrée l’asphyxie, mais il revient dans l’eau pure pourvu qu’on ne tarde pas à l’y laver. 14. Ayant laissé par hasard quelques-uns de ces insectes encore jeunes dans une cuiller d'argent avec de l’eau de puits, je les 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trouvai morts peu d'heures après. J’en avois cependant dans des verres de montre, et d’ailleurs dans les mêines circonstances qui vécurent beaucoup plus longtempt. 15. Je crus que la cuiller étoit mal-propre ; je la nettoyai scru- puleusement ; j'y mis de l’eau de puits, et dans une autre de l’eau vaseuse ; j’obtins les mêmes résultats. 16. Je répétai et variai l'épreuve, et je trouvai que les chiro- céphales qui étoient très jeunes n'y résistoient que peu de temps; mais beaucoup plus lorsqu'ils étoient vieux. 17. Je mis sur des louis d’or, sur des lames d'argent fin polies, sur du cuivre , du zinc, de l’étain, du plomb, du mercure et du verre ; le tout bien nettoyé, placé dans des verres de montre, sous des gobelets, des gouttes d’eau à-peu-près égales , et dans chacune de ces gouttes un chirocéphale nouveau-né ; et après avoir répété l’expérience à plusieurs reprises, je trouvai que le chirocéphale mouroit toujours en très-peu de temps, sur le mercure , l’argent et le zinc, c'est-à-dire, en une demi-heure ou trois quarts d'heure; et qu'ils vivoient, au contraire, plusieurs jours sur l'or, l’étain , le plomb et le verre. 18. Mais craignant que l'argent que l’on m’avoit vendu pour fin ne contint du cuivre ou du mercure, ou quelqu’autre substance délétère, j'en préparai moi-même une petite quantité avec le plus grand soin , je fis avec cet argent les mêmes expériences que ci- dessus, et j'obtins les mêmes résultats. 19. L'eau qui séjourne sur l'argent, même sur l’argent pur, est donc décidément un poison pour le chirocéphale, et il en est de même de celle qui y a séjourné quelque temps, quoiqu’elle ne le touche plus. Je trouvai ensuite que lorsque l'argent est en artie couvert d’eau et en partie découvert, il est beaucoup plus délétère que lorsqu'il en est entièremeut couvert. 20. Le monocle pullex meurt aussi sur l'argent à-pen-près comme le chirocéphale, et j'ai trouvé des monocles que le mer cure même n’incommode pas. 21, Tandis que l'argent est si terrible pour le chirocéphale , le plomb ne lui fait rien ou presque rien éprouver. Il peut même se gorger de céruse et d’acide arsénieux sans en paroître plus in- commodé que de toute antre substance non nutiitive. Il avale aussi sans inconvénient de l’oxide noir de manganèse, de la rouille de fer, et plusieurs autres substances qui ne se rencon- trent jamais dans les eaux où il habite ordinairement. 22. S'il se trouve dans cette eau un trois-centième de son poids de sel commun , le chirocéphale en est sensiblement incommodé. Un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 Un douze-millième de dissolution nitro-muriatique d’or le fait périr. Il ne peut supporter sans souffrir, sur-tout lorsqu'il est jeune , une température de 26 ou 27° du thermomètre dit de Réaumur, et il meurt sur-le-champ à 28 ou 29°, lorsqu'il n’a que quelques jours, et à 31 ou 32° lorsqu'il est vieux. Remarque. Je dis (Art. II, 10), nous verrons comment la nature «æ pourvu à lu reproduction de cet insecte, et l’on a vu ( Art. II, 1,2) qu'en effet chaque femelle peut pondre, dans le cours de sa vie, jusqu’à plusieurs milliers d'œufs qui se conservent par- faitement au sec, etc. Cependant plusieurs causes concourent à me faire croire que cet insecte doit être assez rare; Car indé- pendamment du sitence des naturalistes sur un genre qui pré- sente des faits très-curieux, et je:dirai même très-importants , plusieurs circonstances peuvent nuire d’une n'anière notable à sa conservation et à sa reproduction. 1°. Il ne peut vivre que sous les zônes les plus tempérées (Art. VI, 22); 20. il ne peut ha- biter dans les eaux qui contiennent du cuivre, de l'argent, du zinc, du sel, et sans doute qu’il redoute un grand nombre d’au- tres substances minérales ; 30, si, pendant la sécheresse , il sur- vient quelques pluies de peu de durée, les œufs éclosent aussitôt et le petit périt dès que l'humidité vient à manquer, C’est ce qui est arrivé cette année; car j'en ai cherché en vain dans un grand nombre de petites mares ou d’ornières où il y en a ordinairement beaucoup ; je n’y en ai encore trouvé aucun (15 frimaire an 11) que depuis le retour des pluies les œufs eussent eu le temps ’éclore et les petits de grandir. C’est sans doute qu’il ne s’en est conservé que très-peu; 4°. comme une chaleur de 8 ou 9° Réaumur suflit pour faire éclore les œufs, la gelée peut sou- vent surprendre ensuite les petits et ils périssent ; 5°. ils ont un grand nombre d'ennemis , ei n’ont d’autre moyen de défense que la fuite. Qu'on me permette encore une réflexion que cette dernière remarque me suggère : Le polype et plusieurs autres animaux qui n’ont que l'instinct nécessaire pour saisir leur nourriture et seulement lorsqu'elle se trouve à portée, n’ont qu’une organisation apparente très-simple: Le chirocéphale n’a de plus que le polype que l'instinct de fuir un danger imminent et actuel, et celui de poursuivre et de saisir sa femelle sans aucune prévoyance quelconque de l'avenir. Or, Tome LV II THERMIDOR an 11, 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quel immense appareil d'organisation apparente ne présente-t-il pas de plus que le polype, exigée, ce semble, par une différence d’instinct qui y est peu proportionnée. ÉxPLICATION DES FIGURES. ( Voyez la planche du cahier précédent). Fig. I, Mâle grossi ; on voit ses doiots armés, ou les serres avec lesquelles il saisit sa femelle ; a 4 première pièce ou article de ces serres; à c seconde pièce ou corne qui les termine ( 4re.T , 1,6). On voit en de f 3 ce que j’ai appelé les vaisseaux spermatiques , et leurs prolongemens tortueux le long de l’abdomen ( 47. IV, sect. V). Fig. IT. Femelle chargée de vorticelles chacun sur leur filet, et en si grand nombre qu’elle semble être revêtue d’une four- rure ; elle est représentée grossre et nageant (#72. IV, sect. vtr, 2%, 11). On voit les œufs dans l'ovaire (Art. 1, n°. 3; Art. IV, sect. vtr, 4, b, 9, 10, 11). Les cornes ou appendices'en guise d'oreilles se voient obliquement (4r# 1, 1, 6). Fig. II. Le petit nouvellement éclos; a b cd son énorme lèvre. Le reste, savoir : son œil unique , ses antennes, ses quatre nageoires et son ventre, n’ont pas besoin d’être indiqués. Il faut se représenter les quinze barbes qui garnissent le bout de chaque grande nageoire comme des plumes avec des barbes très-courtes ÇA4rt. II, 12). ÊT D'HISTOIRE NATURELLE 105 CB SE RE VIA ET LUOLNES SUR LA CRISTALLISATION DU VERRE; Par F. G. Sacz, directeur et fondateur de la première école des mines. Les creusets qu’on emploie dans les verreries sont composés d’argile grise et de tessons d’anciens creusets pulvérisés. Ils ré- sistent à l’action du feu, qui les vitrifie à la longue; leur cas- sure offre alors un émail d'un rose tendre, ayant de la ressem- blance par le tissu, avec du spath pesant. 1l se forme dans épaisseur de ces creusets des cellules plns ou moins grandes; dans lesquelles le verre se trouve cristallisé (1), en prismes hexaè- dres courts, tronqués et striés longitudinalement; ces cristaux ont une cavité sphéroïdale à leur extrémité. La couleur rose tendre de l’intérieur de ces fragmens est due au fer que l'argile contient ; cette couleur contraste agréable- ment avec le verre d’un bleu tendre demi-transparent qui les pénètre et les recouvre, et que réfracte la lumière comme la gyrasole. Un autre fragment de creuset , dont le tissu intérieur est sem- blable au précédent par la couleur ét la cassure , offre sur une de ses surfaces des segmens de prismes hexagones, opposés la- téralement, comme les carreaux des appartemens. Les interstices qui sontentre chaque hexagone, sont produits par le retrait qu’a éprouvé le verre en cristallisant par le refroidissement. Ces segmens de prismes hexagones sont striés du centre à la circonférence , leur teinte est d’un gris jaunâtre. Du verre blanc transparent en prismes striés , longs de cinq à six lignes, et croisés en différens sens, recouvre en partie ces lames hexagones, qui n'ont pas plus d’une ligne d'épaisseur. Lors de la confection du verre en grand , il s’en dégage une (1) M. Pajot, employé à la verrerie de St.-Gobin , a le premier parlé du verre cristallisé qu’on trouve quelquefois dans les tessons des creusets. O 2 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE matière plus légère qu’on nomme fel de verre ou suin; si le feu n’a pasété assez fort pour établir une fonte parfaite du verre, une portion du suin reste incarcérée dans la partie supérieure de la masse vitreuse; elle s'y trouve sous forme de cristaux blancs prismatiques hexaèdres, striés, demi-transparens, groupés et croi- sés de manière à offrir des globes rayonnés. Qeulle est la nature du szin ou du fiel de verre ? On vend sous ce nom dans le commerce du tartre vitriolé ou sulfate de potasse fondu. Je mets sous les yeux de l’Institut un émail bleu , renfermant des cristaux semblables par leur forme à ceux que je viens de décrire. M. Amoreti les a obtenus en fondant une espèce de schorl en roche, ou trapp d’un brun noirâtre, qu'il a reconnu contenir par quintal : SUCER IS NAS A AR TR ee der ETS Alu esse ele mreels elle cie LE Oxidelde fers ARE UE ANNEE Ë Terre maguesénes is ei EN de ACTE TTIONQUE 1e 2 AE MERE A AEANIG Acide spathique.....:11.114 4804200 À DEA CAPES MSA PAR Us LITE Sa R EU PRIE Æ 92 Le laitier, ou la scorie vitreuse noïre, martiale, attirable par l’aimant, qui se trouve à la surface des fontes des mines de cui- vre, offre des masses cristallisées dont la cassure présente des prismes rayonnés ; leur cavité est tapissée de cristaux prisma- tiques striés en gouttière. La scorie vitreuse, brunâtre, irrisée, compacte, qu’on nomme laitier tranchant, olfre dans sa cassure des lames irrégulières; cette scorie retient sur une de ses surfaces des portions du sable sur lequel on l’a coulée ; on trouve de ce laitier tranchant en plusieurs endroits de la France, à Saint-Hubert , à Rambouillet, à Provins, etc. Il produit 40 livres de fer par quintal; les mines de fer ochreuses, arenacées, telles que le Rouffer de Pontoise, contiennent de l'or ; les Romains en ont extrait des mines de fer des Gaules. Ce laitier ne seroit il pas un produit des travaux et de scorification du fer, qu'ils ont opéré par la vitrification , qui est si complette, que ce laitier ne dévie pas sensiblement l'aiguille aimantée ? ET D'HISTOIRE NATURELLE. 108 IDÉES GÉOLOGIQUES Fondées sur six voyages faits dans les Alpes, le Jura, les Vosges, le Morvan et les plaines qui séparent ces chaînes de montagnes ; par le cit. André ne Gyx, connu ci-devant , sous le nom de P. Chrysologue de Gy, capucin. Les naturalistes et les géologues conviennent tous que la surface de la terre a éprouvé une très-grande révolution , et que les eaux ont recouvert et dégradé même les sommités des plus hautes mon- tagnes ; ensorte qu'il n’y a peut être pas un grain de cette surface qui n’ait-été déplacé. Ces premières idées fixèrent mon attention dans tous mes voya- ges , non pas par un esprit de système et dans le desir d'y rap- porter toutes mes observations, maïs plutôt par un esprit de critique absolument impartiale , et pour savoir si vraiment les choses étaient telles qu’on les avoit annoncées. Je fus trompé dans mon attente, en faveur de la grandeur de la révolution. Je vis qu’au lieu d’exagérer, on n’avoit pas encore assez fait sentir l’é- norme changement de la surface de la terre. Je vis que des mon- tagnes bien plus élevées qu’elles ne sont à présent avoient été abattues, déchirées , sillonnées; que de longues et larges vallées avoient été creusées à de très grandes profondeurs; qu’une im- mensité de matières avoit été détachée, transportée, deposée plus ou moins loin, suivant le plus ou le moins d’agitation et de: force des eanx et suivant le volume et la pesanteur des corps ; que des matières étrangères , même en très grands volumes rou- lés et arrondis , se trouvoient 7so/ées sur des sols de différente nature ; que des matières différentes et de ditf-rens continens , marines et terrestres se trouvoient réunies et mélangées dans des mêmes endroits. Ces idées de devastation générale de la surface de notre globe et du transport prompt et violent des matières en pays éloignés me persuadèrent aussi que les bords de la mer fu- rent alors beaucoup reculés antour des continens par les altéris- semens prodisieux de cette étonnante révolution. C’est à l’époque de cette singulière catastrophe que je me suis fixé dans ce travail ; parce qu’on n’a guère que des conjectures fort incertaines sur la configuration antérieure de la surface de 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE notre globe. Pour développer plus au long ce que mes recherches et mes réflexions m'ont apprit sur ce sujet; voici les articles que je tâcherai d'établir par les faits. 19. La surface de la terre n’a pas toujours été arrangée comme nous la voyons. 20, Il n’y a pas longtemps que la surface de la terre a été arran- gée comme nous la voyons. 3°. 1] a fallu un agent violent, prompt, universel, uniforme et régulier, pour arranger la surface , comme elle est à présent. 4. Les courans de la mer, les volcans, les tremblemens de terre, des explosions, mêmes les plus violentes, des crevasses énormes avec des réservoirs immenses, en un mot, aucun agent naturel, dans l’ordre ordinaire, n’a pu arranger la surface entière de la terre comme elle est à présent. 5. Il n'y a que des eaux élevées au dessus des plus hautes mon- tagnes , agitées violemment, et retirées ensuite par degré, qui aient pu opérer le révolution de la surface de la terre et l’arranger com- me elle est. 6°. D'où étoient venues ces eaux ? et que devinrent-elles en- suite ? 11 s’en faut beaucoup que j'aie la présomption de croire que j'aie mieux vu que tant d’habiles et exacts observateurs qui se sont occupés de ces matières ou qui s’en occupent encore : si on trouve que je me sois trompé dans ma façon de voir et dans les consé- quences que j'ai tirées des faits et qu’on me le prouve clairement, je n'aurai pas de peine à reconnoîre mon erreur ; mais en atten- dant je déclare que je ne prendrai pas pour preuve d’erreur , des systèmes d'imagination où l’on dénature les faits, pour les ac- commoder à ses idées, ni des analogies toujours défectueuses et en contraste avec les faits, ni des hypothèses et des suppositions arbitraires et forcées pour expliquer les faits , ni des faits parti- culiers, en petit, qui sont des exceptions locales à l’arrangement fait par le grand agent universel ; mais il faudra pour me con- vaincre d'erreur, de grands faits bien prononcés et parlant clai- rement, comme ceux d’où j'ai tiré mes conséquence. Après avoir rempli mon but principal, je discuterai quelqu’au- tres points de physique, de minéralogie et de géologie, qui ne dépendent pas si strictement de la cause générale de la révolution universelle opérée sur la surface de la terre ; maïs avant tout , il s’agit d'établir les faits qui doivent servir de preuves aux propo- sitions énoncées ci-dessus. Je consignai déja, en 1786 , quelques-unes de mes remarques, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 131 dans un mémoire lu à la séance publique de l'académie des scien- €es de Besançon et inséré dans les Journaux physiques, au mois de mars 1787. Je me proposois de donner de suite , dans d’autres mémoires, mes remarques des années suivantes ; mais les circons- tances facheuses des temps m’en empêchèrententièrement. Tran- quille à présent et encouragé par les bienfaits paternels d’un gouvernement aussi éclairé et zélé pour le progrès des sciences que fort et puissant contre ses ennesnis, je travaille a réunir, en un seul corps tous les matériaux dispersés daus mes Journaux iti- néraires. En suivant l’ordre des voyages, je m’exposerois à beaucoup de répétitions, parce que j'ai passe plusieurs fois en bien des endroits, c'est pourquoi j'ai divisé par canton , tout le terrein que j'ai par- couru ; et je réunirai dans la description de chaque canton , tout ce que j’yai vu en différens voyages; ensorte que les six n’en feront que comirne nn. Division par cantons de tout le terrein parcouru dans les six voyages. 19. Dans les Alpes, depuis le St. Gothard jusqu’à la perte du Rhône, en passant par la vallé de Chamouni, sur la largeur de Lucerne, B:rne, Fribourg, Balle, Vevaiet St, Maurice en Vallais, 2°, Les plaines des lacs de Genève, de Neufchatel et de Bienne avec le cours de |’Aar jusqu’au Rhin, et le revers oriental de la haute chaîne du Jura qui domine sur la Suisse. 3°. Entre les sommités de la haute chaîne du Jura etla Bienne, le Doubs , la vallée de Délémont et la Birce. 4°. Entre les dernières rivières et la chaîne la plus basse du Jura, à prendre depuis Céysériat près de Bourg-en Bresse jusqu’à Bâle. 50. Les plaines de la Saône et du Rhin , depuis Mâcon jusqu’à Strasbourg : 6°, Les Vosges, depuis les environs d’Epinal et de Darney jus- qu’à Girowmagni, et depuis Giroiwagni jusqu’au grand Donnon, dans toute leur largeur. 7°. La ligne de la séparation des eaux des deux mers, depuis un point dit le Aaut de salins, prè, de la Marche, sur la route de Bourbonne à Nancy , jusqu'à la montagne dite la Lazte jour , trois lieues sud de Ciuny. On publiera chaque canton successivement. Et à la fin, il y aura une carte de tous les cantons, sur la:juelle seront marquées les hauteurs, au moins de 500 des principaux points. £12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LE FPOTEIRIE DÉ BENEDICT PREVOST A J.-C. DELAMÈTHERIE, Sur des mouvemens des trachées, des fibres corticales et des poils des plantes. Dans la séance du 25 thermidor an 10, de la section des sciences (Société des Sciences et des Arts du département du Lot, séante à Montauban), je lus des observations qui ont des rapports avec celles que vous venez de publier dans votre savant Journal, cahier de floréal, pag. 355 et suiv. Je vous adresse copie du procès-verbal de cette séance. Vous vous convaincrez , je l’espère que le mouvement des trachées et plusieurs autres que j'ai découverts, reconnoissent pour cause, au moins pour cause occasionnelle, un changement, même très-léger, dans la température ou dans le degré de sécheresse ou d'humidité, dans quelque sens que ce changement se fasse, Les expériences qui le prouvent sont extrêmement simples et réussissent parfaite- ment moyennant les petites précautions d’usage que les circons- tances sugoèrent. J'ai aussi trouvé anciennement que les étamines de l’echinops spherocephalus, Linn., ont un mouvement très marqué lors- qu’on touche leur base avec la pointe d’une épingle, etc. Séance du 25 thermidor de l'an 10. Le citoyen B. Prevost lit un mémoire sur certains mouvemens qu'il a découverts dans les trachées, les fibres corticales et les poils des plantes. Voici les principaux faits qui y sont contenus, et dont la plu- part ont été soumis à l'inspection de l’assemblée : 1°. Si l’on découvre les trachées d’une plante fraîche, ct qu’on les rompe ensuite avec précaution, afin de les conserver longues, on y observe un mouvement vermiculaire quelquefois très-vif qui dure depuis quelques minutes jusqu’à deux ou trois heures, et qui se renouvelle lorsqu'on soufile dessus de l’haleine humide et ÊT D'HISTOIRE NATURELLE, 113 et chaude. L'observation a été faite sur près de deux cents es- pèces de plantes, et sur plusieurs parties de chaque individu. 20, Les poils de plusieurs plantes, en général ceux qui sont souples ou fort longs se meuvent souvent de la même manière, et si le mouvement n’a pas lieu, on le provoque en soufflant dessus, comme pour les trachées-; il se manifeste alors très- vivement dans les poils qui en sont susceptibles, et il dure plus ou moins. 3°. Les fibres de l’épiderme présentent sensiblement les mêmes phénomènes lorsqu'elles sont assez longues. 4°. Les trachées des plantes sèches ou conservées dans les herbiers depuis plusieurs années, les fils du coton, du linge fin et usé, du papier fin à filtrer déchiré, sont susceptibles d’un mouvement très-vif lorsqu'on les humecte et qu’on les réchauffe en même temps. 5%. À l'exception du coton, les poils des aigrettes des graines examinées jusqu'ici n’en ont pas paru susceptibles, non plus que les subtances animales, telles que le duvet, la soie, la laine, etc. 6°. Les trachées, les fibres de l’épiderme et les poils des plantes s’agitent aussi lorsqu'on les expose à la vapeur de l’eau chaude et à une chaleur sèche modérée ; mais si cette dernière est portée à un certain point , elle ne produit plus le même effet. 7°. Si l’on souffle chaud trop brusquement sur les trachées, elles se pelotonnent et se retirent sur la section dont elles nais- sent, ainsi que si on les touche avec un peu d’eau ; maïs elles s'étendent lorsqu'on les plonge entièrement dans l’eau : cepen- dant elles ne s’y meuvent point, et il en faut dire autant des poils de la vigne, de ceux du panicum, etc. Si l’on jette de l’eau chaude dans cette eau, les poils ne se meuvent point pour cela non plus que lorsque l’on y plonge un corps très chaud. 80. Les poils d’un fragment de panicum renfermés entre deux verres de montre lutés avec de la cire, manifestèrent du mou- vement par une température de 18° R, Ce mouvement cessa après quelques minutes; il se renouvyella lorsque l'appareil fut placé sur la main. 11 cessa de nouveau, ‘et se renouvella encore lorsqu'on replaça l’appareil dans la même situation, après quoi 1l cessa, et se renouvella sur la main etc. Les trachées et les poils de la vigne soumis aux mêmes épreuves se comportèrent de même. 9°. Les poils et les trachées isolées ou détachées de la plante s’agitent également dans les mêmes circonstances. Tome LV 11, THERMIDOR an 11, B 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 10. Le citoyen B. Prévost conclut de ces expériences que les mouvemens des trachées, des poils et des fibres des plantes sont, ou thermoscopiques ou hygroscopiques ; il les croit purement hygroscopiques , et il pense que les changemens de température n'opèrent qu’en desséchant ou en humectant, quoique plusieurs expériences dont il rend compte semblent prouver que l’humidité sans chaleur ne produit aucun effet sensible. 110. Le fragment de panicum s'étant desséché entre les deux verres, le mouvement se manifestoit encore quoique foiblement après plusieurs jours. Les deux verres furent délutés, et le mouvement parut très-vif au premier contact de l’air. Il en étoit de même lorsqu'on retiroit de l’eau des poils de panicum ou de vigne qui y avoit séjourné quelque temps. Malpighi croyoit que les trachées avoient pendant l'hiver un mouvement vermiculaire. Senebier, dans sa physiologie végé- tale , ne pense pas qu'aucun autre physicien eût fait la même observation. Maintenant il est prouvé par les observations du citoyen Prévost, non-seulement que les trachées se meuvent; mais que les poils et les fibres corticales en font autant ; que si cela arrive en hiver comme le dit Malpighi, cela arrive aussi en été, et que la cause de ce mouvement est un changement dans la tempéra- ture ou dans le degré d'humidité, L’auteur présume de plus que les substances animales n’en sont pas susceptibles, au moins à un haut degré. On a observé un grand nombre de mouvemens dans les plantes, mais ils sont tous particuliers à quelques-unes ou à quelqu’une de leurs parties. Ceux que le citoyen Prévost a observés appar- tiennent à toutes les plantes, puisqu'ils appartiennent aux tra- chées et aux fibres corticales qui leurs sont communes. Il espère que ces données pourront servir à rendre raison d'un grand nombre de phénomènes qui jusqu'ici sont de:neurés sans solu- tion catisfaisante. ET D? HIS TO LR EN A TU R EL LE. 115 RARE TA TERRE PEL PET SRE STEP ETAT EN ET ET EEE FEVER AE PEN NES CIE TUT ENT ENTER SERIE TER T FO 2 OBSERVATIONS SUR DU BLEU MARTIAL FOS$ILE CRISTALLISÉ ; Par B. G. Sace, directeur ct fondateur de la première école des mines. Wallérius, et la plupart des minéralogistes , ont désigné sous le nom de bleu de Prusse natif, le bleu martial fossile, quoiqu'il diffère essentiellement de celui de l’art, puisqu'il se dissout dans les acides. Le bleu martial cristallisé , qui est l’objet de cette observation, a été trouvé à Luxeüil (1), dans un ancien canal, qui paroît avoir été construit par les Romains; il y avoit dans le mêine endroit une espèce de tourbe ligneuse, entremêlée de bleu martial, et des ossemens altérés, presque friables et pénétrés d’ochre martiale brune; leur surface, ainsi que les lames osseuses, sont couvertes de cristaux de bleu martial, demi-transparens, dont la forme varie. Il y a de ce bleu martial cristallisé en rhombe applati, à bords en biseau, et en prismes tétraëdres rhomboïdaux. Ayant comparé et soumis aux mêmes expériences le bleu mar- tial cristallisé de Luxeüil avec celni que Pallas n’a envoyé de Sibérie , il y a vingt-ciuq ans, je les ai trouvés semblables. Ce dernier offre une particularité remarquable; il se trouve renfermé dans des coquilles fossiles de différens genres, dans des moules d’un pouce de longueur, remplies de bleu martial, parsemé de petits cristaux prismatiques d’un bleu foncé de la mêrne nature, quelques-uns sont disposés en étoile. La coquille est restée d’un blanc mat, son extérieur est encrouté de mine de fer brune. Il y avoit dans le même envoi une buccardite fossile, dont l’inté- rieur est enduit d’une couche de bleu martial foncé, et d’un faisceau de ce même bleu cristallisé en prismes rhomboïdaux. Pallas m'envoya aussi du bleu martial en :1asse entremêlée de cristaux de bleu prismatiques , longs d’un pouce, et en partie recouverts de mine de fer argileuse brune. FR Le. Le ART PEUR R OR PRO EU OL EA FE PA (1) En Franche-Comté ; département de La Haute-Saône P 2 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le bleu martial de Luxeüil, ainsi que celui de Sibérie , celui d'Écosse, de même que celui de Beuthnitz, sont dus aux végé- taux, dont la fécule colorée a été séparée et altérée par macé- ration ; aussi trouve-t-on de ce bleu dans les tourbières , et dans les bois qui se décomposent et qui prennent une teinte verte qui provient du bleu et du jaune. Le bleu martial, cristallisé ou pulvérulent, ne fait pas effer- yescence avec l'acide nitrique , qui le dissout , et dont on sépare ensuite le fer par la lessive prussique. Le bleu martial fossile est mêlé d’un peu de terre calcaire, à laquelle il paroît devoir la propriété de cristalliser en rhom- boïde ; ayant mis de ce bleu en digestion dans de l'acide sulfu- rique concentré, le bleu martial s’y est dissous; il restoit au fond du vase de la sélénité blanche. Henckel et Brands ont analysé le bleu martial fossile ; ce dernier a lu, en 1757, à l'Académie de Berlin, un mémoire sur cette substance ; il a pour titre : Recherches sur la terre bleue de Bruthnitz; il en a retiré, ainsi qu'Henckel, de l’aikali volatil et de l'huile empyreumatique. Le bleu martial cristallisé de Luxeüil, de même que celui de Sibérie, étant exposés sur un charbon à l’action du feu d'un chalumeau , se boursoufile, fond, et produit un globule VItreUX » noir, brillant, lequel, après avoir été cassé, est attirable en entier par le barreau aimanté. DESCRIPTION DU GRAND APPAREIL GALVANIQUE DE M: PEPYS, Traduit du Philosophical Magazine de M. Tirrocx, n. 57, Février 1805. M. Pepys le jeune vient de construire le plus puissant appareil galvanique connu, je crois, jusqu'à présent. Nous tâcherons d’en donner une idée à nos lecteurs. Deux cuves faites sur le plan de M. Cruikshank, mais accompagnées de dispositions par- ticulières, fort commodes et utiles, contiennent 6o paires de disques, zinc et cuivre. Pour que notre description soit plus intelligible, nous renvoyons aux figures , (p.1.). ET D'HISTOIRE NATURELLE: 117 À À , sont deux cuves de bois d’acajou , proprement vernies, pour qu’elles résistent à l’action des fluides que l’on introduit dans les cellules entre les disques. Trente paires de disques sont cimentés dans un nombre égal de cellules. Chaque disque a 6 pouces, et contient par conséquent 36 pouces carrés de surface de chaque côté; et, pour qu’ils servent longtemps , même lors- qu’on les plonge dans des liqueurs fortement acides , ils ontune épaisseur telle que chaque couple pèse 4 livres. À chaque bout des cuves est un tourillon, jouant sur les traverses B de la table, dans laquelle tout l'appareil est monté. Imaginez nn axe prolongé et passant par les tourillons : le centre de gravité étant immé- diatement un peu au-dessous , les cuves sont équilibrées et tour- nent aisément lorsqu'on veut les vuider. C, bassin ou tiroir plat, de tôle vernie , passé sous les cuves pour recevoir les fluides qu’elles contiennent. D, assemblage de six entonnoiïrs, espacés de manière qu'ils entrent dans autant de cellules. E , vase d’étain avec six compartimens à bec; chacun des- quels contient exactement autant de liqueur qu’une cellule. Par le moyen de l’entonnoir composé D , et du vase E à six parties, on remplit fort promptement et très-facilement les cuves: il n’y à qu’à remplir le vase Ë, en le plongeant dans le fluide ou l’acide ; chaque bec verse dans un entonnoir, et celui-ci dans une cellule. FF, les deux principaux conducteurs sont des tiges de cuivre, ayant chacune un bourrelet : ils passent dans les trous du dessus ou couvercle de la table ( représenté levé pour laisser voir lin- térieur de l’appareil), et communiquent avec les cellules des bouts des cuves. GG, deux conducteurs métalliques, composés de deux pièces unies par des douilles ; celles d’ent bas s’unissant de même aux principaux conducteurs. Par cet arrangement les conducteurs sont mobiles, et prennent les directions qui conviennent le mieux aux diverses expériences. TI, un arc de métal unissant les cuves par leurs extrémités. Les cellules remplies, les cuves conjointes par l’arc métallique, le couvercle ferme, et les principaux conducteurs placés, l'ap- pareil forme une table galvanique, dégagée de tout embarras, et parfaitement bien adaptée à toutes les expériences que l’on juge à propos de faire. Le 21 février dernier , plusieurs savans s'étant réunis , nous fûmes témoins d’un essai de cet appareil. Les expériences faites * 118 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE alors par M. Pepys, sur la combustion des métaux furent plus brillantes et merveilleuses que toutes celles que nous avions vues auparavant. Les cuves furent remplies avec 32 liv d’eau, activée par deux li d’acide nitreux concentré : avec cette charge, 1°. des fils de fer, depuis -:- jusqu’à - de pouce de diamètre brûlèrent en répan- dant une vive lumière. Plusieurs petits fils cordés donnèrent un spectacle très-agréable, tel que seroit à-peu-près celui de petites vergettes ardentes. 20, Du charbon de buis ne brûla pas seulement aux points de contact, mais fut toujours enflammé près de deux pouces au-delà. 80. Le plomb en feuille rougit, brüla vivement, et lança un petit volcan , avec des gerbes d’étincelles et de la fumée. 4°. L’'étain en feuille se consuma en répandant une lumière très-vive , des étincelles, de la fumée. 5°. Des feuilles de cuivre de Hollande brülèrent vigoureuse- ment avec une grande abondance d’étincelles et de la fumée. 6°. Des feuilles d'argent émirent une lumière verte, intense et fort vive : point d’étincelles, mais beaucoup de fumée. o, L'or en feuille fut consumé avec une lumière blanche, éclatante, brillante et de la fumée. 8°. Du fil d’étain d’un + de pouce de diamètre fut mis en fu- sion, brûlé et oxidé, en jetant beaucoup d'éclat, 9 Du fil de platine d’un - Ce pouce de diamètre rougit, rougit à blanc , etse fondit en globules aux endroits en contact. 10°. La poudre à canon, le phosphore, et les substances in- flammables furent instantanément mises en feu en leur faisant toucher les conducteurs armés de charbon. 11°. Après avoir parcouru une chaîne composée de seize per- sonnes qui se tenoient avec les mains mouillées, le fluide gal- vanique fut encore capable d’enflammer du charbon. La meilleure manière de faire ces expériences, est d'introduire dans une terrine remplie de mercure pur, un des principaux conducteurs, et de fixer sur l’autre les substances sur lesquelles on opère : les feuilles et les lames de métal y adhèrent en les mouillant ; les autres corps peuvent être attachés avec du fil d'archal. La puissance de ces grandes cuves est si considérable , que toutes ces conflagrations continuent sans aucune intermission. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 EE î ADDITION AUX OBSERVATIONS SUR LES TREMBLEMENS DÉ TERRE ET LA POSITION DES VOLANS. Réplique à la critique de M. Dervc ; par M. Courrerozres père: Quelle que puisse être la manière dont les naturalistes auront accueilli mes observations sur les tremblemens de terre et la situation des volcans, publiées dans le Journal de Physique du mois de pluviôse an 10, pag. 103, je ne prétends pas les croire exemptes de défauts; mais je crois qu’on n’y trouvera pas de ces idées vagues, jetées au hasard ou appuyées sur de vaines hypo- thèses ; je crois qu’on y reconnoîtra, au contraire, que je cherche par-tout la vérité de bonne foi, en rejetant de ma pensée ce desir immodéré d'éblouir les crédules par des systèmes qui ne servent le plus souvent qu’à faire découvrir l’impuissance d’éclai- rer par des faits. Je n'ai pas oublié de faire remarquer à la fin de cet écrit que je n'y présentois que l’extrait succinct d’un ouvrage fort étendu , perdu dans le premier incendie du Cap, en citant seulement ce que la réminiscence m'offroit de plus remarquable sur tout ce que j’avois réuni d'observations sur cette matière, tant par mes voyages que par mes recherches. Les derniers tremblemens de terre survenus dans beaucoup de contrées de l’Europe, à la suite des fortes pluies de l’année der- nière, m'ont rappelé d’autres événemens analogues , et entre autres celui qui occasionna des ravages beaucoup plus considé- rables vers le milieu du huitième siècle ; j’en avois fait un long récit dans l’ouvrage perdu dont je viens de parler; mais comme je n’en ai pas fait mention dans l’extrait que j’ai publié, j'ai cru qu'il falloit y ajouter l’observation suivante : Observation supplémentaire. Lorsque de fortes pluies se manifestent sur l’étendue d'un grand continent, les tremblemens de terre s'y font ressentir 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans beaucoup d’endroits différens , et assez ordinairement avant l’expiration entière de l’année pluvieuse qui les a précé- dés, mais ils n°*y font jamais autant de ravages que vers les bords de la mer , et particulièrement vers les côtes qui regardent l’ouest et le sud; ce fut ainsi qu’à la suite d’une année très- pluvieuse , Les fameux tremblemens de terre du huitième siècle se frent ressentir dans presque touté l’Asie et dans toutes les parties méridionales de L'Europe. Cet événement renversa cinq ou six cents villes en totalité ou en partie ; mais il est à remar- guer que toutes celles de lx Natolie et de la Syrie, qui bordoient La Méditerranée , furent entièrement détruites. Trois ou quatre cent mille personnes furent écrasées sous les ruines de la seule ville d’Antioche , située près de la mer, sur la côte de la Syrie gui regarde l’ouest. La huitième de mes observations exige aussi un ampliatif, quoiqu’elle soit conforme à l’effet qu'a produit le dernier trem- blement de terre d'Alger; mais comme il semble qu’elle ne soit applicable qu'à Oran, placé à 50 lieues sud-ouest de cette pre- mière ville; voici comment il faut la tranformer, Huitième observation. Lorsque dans une grande étendue de côte qui regarde le nord, il se trouve des changemens de direction qui font face à l’ouest, comme celle du golfe de Marecaïbo, où comme celle du nord de l'Afrique qui regarde le nord-ouest et le nord-nord-ouest , où se trouvent les villes d'Oran et d’ Alger, les tremblemens de zerre s’y font ressentir avec des effets analogues à ceux des côtes qui font face à l’ouest. Si M. Deluc, dans sa critique, eut corrigé mes observations par des faits semblables, je l'en aurois remercié ; mais lorsqu'il veut nier celles qui sont incontestables, je croïs devoir y répon- dre catégoriquement, afin d'empêcher que ses objections hasar- dées mal à propos, ne retiennent l’opinion incertaine des phy- siciens. J'espère néanmoins qu’après l’examen de ma réplique, ils pourront admettre mes observations, comme autant de données propres à conduire à d’autres découvertes. Il est bon d’observer, avant tout, que M. Deluc a formé depuis longtemps son système sur les volcans, et l’on sait qu’en général les faiseurs de systèmes abondent si fortement dans le sens de ce qu'ils croïent, qu’il leur est presque impossible de se renfermer (ans le cercle étroit que les Et leur cirçconsçrivent. M. Deluc, ETOTD AISNE TERVEM TANT DUR EL LE. 121 M. Deluc, dont la prédilection pour ses idées , est bien mani- festée dans sa critique, a imaginé qu’en les étayant du déluge, ‘ il parviendroit mieux à détruire les vérités de mes observations qui contrarient son systême. Je crois, au contraire, que quand l'impuissance d'éclairer par des faits arrête un physicien, il fait mal de compromettre les miracles de la Genèse pour y parvenir; car si l’on vouloit allier la foi à la science, il faudroit, ou que toutes nos connoissances ne fussent que des mystères, ou que la foi, confondue parmi les sciences humaines, ne parut plus aux yeux des hommes qu’une chimère ; on voit donc que le véritable moyen de répandre du doute sur les révélations, ou de l'obscurité dans les scienees, seroit d’allier, comine le fait M. Deluc, deux choses aussi incompatibles. C'est en n’employant que les facultés de notre entendewent, et en raisonnant sur des faits qui sont à sa portée, que je vais citer mes quarante-une , quarante-deux et quarante-sixièmes observations, afin de faire voir, sans le secours d’aucun miracle, combien ses moyens tendent à les défigurer, Quarante-unième observation. Les côtes de la mer qui font face à l’ouest, sont celles où les volcans se déclarent de préférence à toutes les autres. Quarante-deuxième observation. Après les côtes qui font face à l’ouest, celles qui regardent le sud sont celles où es feux souterrains ouvrent aussi le plus de volcans. Ces deux observations sont incontestables. Ce ne sont point de ces idées vagues jetées an hasard, n’y de vains systèmes que l'imagination établit aux dépens de la vérité, mais des faits que chacun peut vérifier. "+ ù . Quarante-sixième observation. On ne connoft pas, dans aucune partie du globe connu , un seul volcan sur une côte qui regarde le nord. - M. Delnc ne pourra pas m'en citer un seul ; comment peut-il imaginer qu’en niant des faits aussi simples et aussi vrais, il puisse empêcher ecux qui peuvent les vérifier de s’en convaïn- cre? A-til pour cela le pouvoir de déplacer cent dix ou cent Tome LV1I. THERMIDOR an 11. Q 122 JOURNAL DE /PHYSHIQUE, DE, CHIMIE quinze volcans brûlans , et les quatre cents et quelqnes cratères de volcans éteints connus, qui, avant la retraite des mers, étoient situés conformément à la position de ceux qui sont enflammés aujourd’hui? Voici cependant comment il réfute ces trois ob-servations. « L’extension des côtes et « leurs positions ( dit M. Deluc) ne paroissent pas influer sur « la manifestation des volcans; / en est de très-étendues qui < n’en ont aucun brulant, quoique ce soit l'exposition requise « par M. Courrejolles. » Pour critiquer loyalement il ne faut point changer le sens des idées que l’on refute ; les quarante-une et quarante-deuxièmes observations que je viens de rapporter ne veulent pas dire que toutes les côtes qui regardent l’ouest et le sud doivent avoir des volcans ; elles disent seulement que quand il s’en déclare, c’est de préférence sur les côtes de cette exposiicn. Pourquoi donc employer ce sophisme : 7/ y en a de très-“tendues qui n’en ont point ? Je crois que c’est ici le cas d'invoquer, comme lui, l'Ecriture-Sainte par les paroles que David appliquoit aux aveugles et aux muets volontaires ou igno- ras : oculos habent et non videbunt, aures habent et non audient. Voici ce que M. Deluc ajoute : « Aïnsi, à l’exemple de la « péninsule de l’Italie, toutes les côtes occidentales et méri- « dionales de l’Europe n’en ont aucun, et il en est de même « des côtes occidentales et méridionales de l'Afrique. » Ge que soutient mal-à-propos M. Deluc À la fin de ce para- graphe prouve évidemment qu’il n’a pas fait les recherches néces- saires ; car , s’il eût été mieux informé , il sauroit qu’il y a dans la partie de l’ouest de l’Afrique un volcan sur les montagnes du royaume de Fez, et qu’an en soupçonne d’autres , d’après le récit de quelques voyageurs : et en Europe, le mont Hécla, n'est-il pas au sud de l’islande, à 15 lieues du bord de la mer? D’après ces faits, appuyés de cent autres semblables, il n’est pas concevable qu’un homme aussi éclairé puisse contrarier mes ob- servations , en n’employant que des sophismes ou des réticences. Pourquoi n’a-t-il pas cité dans sa critique les quarante-sept et quarante - huitièmes observations, où l’on voit que sur les deux côtes de l'Amérique, d'environ 5,000 lieues, qui regardent l’ouest ou le sud-oues de la mer du Sud, le long des Curdilières et des montagnes de la Nouvelle-E;pagne, on y compte près de 80 volcans, tandis qu’on n’en trouve pas un seul ni à l’est, ni au nord d'aucune des côtes du même continent, haiguées par l'Océan depuis le cap Horn , jusqu’au nord du Canada ? £ET D'HISTOIRE NATURELLE. 12 Si je n’ai pas cité tous les autres volcans, dont le manuscrit perdu faisoit mention, c’est que je ne me souviens, comme je l'ai déja dit, que des faits principaux; mais je puis assurer à tous ceux qui en feront les recherches, qu'ils trouveront tous les vol- cans du Japon, des Moluques, des Philippines , et de toutes les terres et mers orientales , dans des situations conformes à mes observations , à l'exception néanmoins de quelques foibles parti- cularités que je cite dans la quarante-cinquième par les termes suivans : Quarante-cinquième observation. Il n’y a que deux ou trois volcans dans toutes les parties du globe connues], qui inclinent vers le sud-est; ce sont ceux de Bourbon et du Kamchatka. Voici comment M. Deluc insiste toujours à mal interpréter mes remarques. « M. Courrejolles croit qu’il n’y a pas de volcans qui & regardent directement le Levant ; cependant l’Etna, l’un des « plus grands qui existent , est sur la côte orientale de la Sicile, « et cette partie de la côte orientale est ouverte à la pleine mer.» Les deux observations que mon critique voudroit trouver en defaut, vont elles-mêmes servir de réponse à la mauvaise inter- prétation qu’il en fait. Qzarante-troisième observation. Les côtes étendues qui regardent directement le Levant, a’ont pas de volcan, à moins qu’un continent, ou une grande le, ne se trouve vers l’est de l’endroit où il s’en déclareroit. La partie méridionale du royaume de Naples, n'est elle pas à l’est de l’Etna et des îles de Lipari? Voici encore comment la quarante- quatrième observation vient à l'appui de la précédente. Quarante-quatrième observation. Les volcans de la Sicile ne semblent être, d'après plusieurs remarques faites sur différentes éruptions, que des ramifications du Vésuve , situé au nord-est de l’Etna, de Lipart et des autres soupiraux qui se trouvent à l’ouest du royaume de Naples. On ne sait pas pourquoi M. Deluc se permet par-tout Oz 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de défigurer toutes mes observations ; car voici encore ce qu’il me fait dire mal-à-propos. « M. Courrejolles considère l’eau des pluies comme l’agenr « principal de la d'composition et de la ftrmentation des ma- « tières inflammables qui produisent les volcans. » M. Deluc veut-il bien me permettre de lui faire observer que je n’ai jamais dit cela nulle part , et que je lui expose encore sous les yeux l’endroit de mon écrit qui contredit formellement ce qu’il avance à ce sujet? Cinguante-septième observation. Que ce soit la décomposition de l’eau et des pyrites, ou d’au- tres causes qui fassent dégager le feu des volcans, ce feu doit nécessairement suivre la route par où le moins de résistance lui laisse un passage libre; cette route paroft ne devoir être que celle où les eaux des pluies n’ont pas bouché les pores de La terre; c’est vraisemblablement par cette raison que les volcans se déclarent au sommet: des montagnes. Les cinquante, cinquante-une, cinquante-deux, cinquante- trois, cinquante-quatre et cinquante-sixièmes observations indi- quent comment les gaz et les feux souterrains du fond d’une mon- tagne , où les eaux des pluies n’auront pas pénétré pour boucher les pores de la terre de son centre, doivent y trouver un passage plus libre pour se porter à son sommet; mais rien de tout cela ne veut dire que /’eau des pluies est l’agent principal de la décom- position des matières qui produisent des volcans, Examinons maintenant comment il fabrique son systême à ce sujet : « Ce n’est pas l’eau des pluies (dit affirmativement M. Deluc) « qui produit l’inflammation des volcans, c’est l’eau de la mer. » Pour trancher la question avec autant d'assurance , il faudroit la prouver ; autrement on n’y reconnoît qu’une assertion hasardée de son auteur ; a-t-il pénétré dans les entrailles de la terre pour décider aussi positivement sur une opération de la nature où tous les autres hommes ne conçoivent encore rien f 1] me semble que M. le Bouvier lui a fait à ce sujet de plus sages remarques, que Jui n’en a fait sur mes observations. Ecoutons encore les décisions de M. Deluc, qui ne cesse ja- mais de s’exprimer d’une manière tranchante. « Tous lés volcans « actuellement brûlans sont au bord de la mer ou environnés de « ses eaux, c’est-à-dire, formant des îles. » Il ajoute ensuite (et ET. D'HISTOIRE NATURELLE. 325 toujours affirmativement }ces mots : « Il n’y a aucun volcan brü- <]lant dans l’intérieur des terre. » On yoit, par exemple, ici d’une manière bien évidente qu’il ignore la véritable position du plus grand nombre de ceux des Cordilières, éloignés de 10, 15, 20 etunême 25 lieues du bord de la mer, ainsi que beaucoup d’autres que,je pourrois lui citer. On en connoît même dans l'intérieur de l'Asie , entre la Sibérie, la Tartarie et le Thibet; et s’il est vrai qu'il se soit ouvert depuis peu un nouveau volcan sur la montagne de Bloksberg, près de Bude , celui-ci seroit encore éloigné de 50 lieues des bords du golfe de Venise. Que M. Deluc me réponde par des faits sembla- bles , nous serons bientôt d'accord; mais s’il n'a que des systèmes à m’opposer, nous discuterions longtemps, moi sans convenir de leur évidence, et lui sans admettre les faits qui les détruisent; c’est aux lecteurs instruits sur cette matière, à décider quel est de M. Deluc ou de moi, celui qui doit prononcer ces deux mots si difficiles à articuler quand on n’a pas raïson : J’ai tort. NAS SUR.LE MONT LEZORE Dans le.département de.la, Loire; par F. Bençcrr. Au milieu dela plaine du Forez, où est la ville de Feurs(1),à 3 lieues à l’ouest. de cette ville , s'élève une montagne isolée, con- nue sous.le nom dermont Lezore ; elle forme une arête qui s’étend du sud au nord, où elle, s'enfonce assez, brusquement ;. sa. plus grande.hauteur. est. du. côté du sud, et, là. elle n'excède pas, 590 pieds au-dessus de.la plaine: où elle se trouve. .Cette,montagne, qui est ençentier basaltique, devient. intéressante pour le'géolo- gue,. qui ne s’attendroit guère à la rencontrer au milieu d’une plaine où elle n’est liée à rien qui lui soit semblable (2). Ce n’est 4 MSRE? ) 519 (1), L’élévation de cette ville au-dessus/de la merséstimée par le baromètre , est de 460 pieds; son abaissement au-dessous du lac,de Genève est donc de 165 pieds. : , gi (2) On dit cependant que Montbrison, chef-lieu du département, qui n’en est pas fort éloigné ; est d0 nature basaltique, LU 1356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu’à la distance d’une ceñtainé de pieds du Lézore qu'on s'ap- perçoit de la nature de la roche qui le forme, on voit alors dis- séminés çà et là, à la surface des champs, des fragmens de basaltes. Le basalte du bas de la montagne n’a pas de forme bien déter- minée, mais plus haut on remarque des prismes hexaë lres très- réguliérs, qui n'ont pas au-delà dé’six à douze pouces de diarnè- tre: Ces basältes sont inclinés de 45 °‘environ ; ils courent comme la montaone dans la direction du nord au midi : du côté du sui, le mont Lézore ëét, comme je l'ai dit, plus élevé ; mais alors les prismes sont moins évidens, ét la montagne,.se termine par une tête arrondie ét herbée , À là surface de lâäquelle on voit paroître de temps en‘temps désitêtes dé prismes bäsaltiques. On trouve sur le' sommet de là montabne deux vieux châteaux, situés en face un de l’autre, et qui sont construits avec le basalte ; d’ailleurs, dans le contour du mont Lezore , on ne distingue aucune trace quelconque de cratère, nide‘scories, ou de Courant de lave. Dans les environs du pied de la montagne il y a plusieurs étangs, dont quelques-uns sont assez étendus. js Mont Lezore présente deux espèces de basalte, lune dite ba- salte grenu , a une surface scabreuse et inégale, l’autre a une surface lisse et compacte; l’une et l’autre renferment des cris- taux de chrysolites et de pyroxènes, dissémnés dans la masse en très-grande abondance. Le basalte à cassure lisse renferme de plus des mammelons ou des petits nœuds de zéolithe rayonnante, qui est accompagnée d’une autre substance blanche demi-transparente, qui ne fait point effervescence avec les acides. Dans quelques cavités du basalte grenu, on rencontre de petits cristaux blancs d’une ligne environ de longueur, d’un aspect vitreux et comme fendillé; leur forme ést un prise quadrilatère rectangulaire terminé par une pyra- mide à quatre faces rhomboïdales qui prénnent naïssance sur cha- cane dés arêtes du prisme; enfin, dans l’un et l’autre de ces basaltes, on trouve la chrysolite sous un état particulier de dé- composition ; savoir, sous la forme d’une poudre ochro-ferrugi- neuse qui entoure elle-même js une substance verdâtre qui a un aspect gras, et dont la raclure est blanchâtre. On trouve sur les bords de la Loire, près de Feurs, plusieurs basaltes roulés dont la cassure est lisse et compacte ; ils renferment ordinairement dans leur intérieur une substance noirâtre qui a un brillant métallique, et qui présente des reflets légèrement LT DHISTOLRE'NATURE LLE. 127 irrisés, Il est difficile de décider si ce sont des cristaux de py- roxènes. On y trouve encore cette espèce de pétrosilex à laquelle on a donné l’épithète de hasa/tique , parce qu’elle accompagne sou- vent le basalte, et qu’elle paroît appartenir à la formation de cette roche ; le fond de la masse est d’un noir verdâtre parsemé d'écailles ou de petits nœuds de feldspath. Les bords ou les falaises de la Loire près de Feurs ; ont très-peu de hauteur ; on y distingue dans le bas des couches de grès qui alternent avec des couches de marne ; le haut de l’escarpement présente une autre espèce de grès beaucoup moins cohérent que l'autre, et qui renferme d’assez gros fragmens de diverses pierres roulées , entre autres de cette espèce de pétrosilex basaltique. Enfin , à trois quarts d’heure à l’est de Feurs, près du château du Saïlendouzy ;, ‘est une chapelle bâtie sur d'énormes blocs de granit qui sortent de la surface du sol sous des formes plus ou moins arrondies. Le granit est composé de feldspath, quartz €t mica ; les cristaux de feldspath sont fort gros et très-saillans. REG 'H'ETR°C HE 'S Sur la nature d’une substance métallique vendue dernièrement q à Londres comme un nouveau métal, sous le titre de pal- ladium ; Par Ricnanp Cnenevix , écuyer , membre de la société royale de Londres, et de l’académie royale d’Irlande, Traduit des Transactions philosophique , par F. N. Vanprer, docteur en médecine. Le 2g avril j’appris par une note inprimée (1) adressée à M. Knozx que M. Forster, marchand de minéraux dans Gérard-Street, avoit en vente une substance que l’on annoncçoit pour un nouveau métal. Le mode adopté pour faire conuoître une découverte aussi \ * PR Cnbiisojuet ji fe Syrananns dce un fo lon Ceci crie (1) C’estla note que nous ayons publiée aun°. de ce Journal, p, 128 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE importante, sans y attacher le nom d'aucune personne respecta- ble, excepté celui du vendeur, me parut inusité dans les annales des sciences : il étoit peu fait pour inspirer de la confiance, aussi fut-ce dans la vue de découvrir ce que je regardois comme une imposture, que j'en achetai un échantillon et que j’entrepris quel- ques expériences pour en connoître la nature et les propriétés. Je ne fus pas longtemps sans m’appercevoir que les effets pro- duits cette substance Sur les differens réactifs , étoient tels qu'on ne pouvoit les rapporter 27 1oto ; à aucune des substances métalliques connues; je retournai donc aussitôt chez M. Forster, et j'achetai tout ce qui avoit été laissé entre ses mains pour être vendu. Je ne pus obtenir aucune information sur son état naturel, et je ne découyris aucune trace qui pût conduire à des conjectures probables, * Cette substance étoit travaillée par l’art, elle avoit passé au la- minoir, et on la vendoit enéchantillons consistant-en lames très- minces ; les plus considérables avoient environ trois pouces de long et un demi pouce de large , ils pesoient l’un dans l’autre envi- ron 25 grains, et on les vendoit une guinée; les autres lames étoient plus petites en proportion de leur prix. ” __ Soumis au même traitement que le platine, pour lui donner du poli, le palladium: avoit une apparence qu’en pénvoit à peine distinguer du premier nel; lames n’étoient pas très-élas- tiques, mais elles étoient très-flexibles et on pouvoit les plier plusieurs fois dans des directions opposfés sans les rompre. Je trouvai que la pesanteur spécifique difiéroit beaucoup de celle qu’annoncçoit la note imprimée et qu’elle varioit beaucoup, selon les différens échantillons. Quelques morceaux ne pesoient que 10,72 gr. tandis que d’autres pesoient 11,482:71n © L TA‘ La pile galvanique produisoit sur le palladium les mêmes effets que sur l'or et l’argent ; il n’y avoit point d’oxidation de la subs- tance, mais dégagement de gaz oxygène.pendant tout,le temps qu’elle formoit partie de la chaîne galyanique en action. J’exposai une lame de cette substance au chalumeau ; le côté éloigné de l’action immédiate de la flamme devint bleu, mais la température à laquelle cette couleur étoit produite surpassoit celle à laquelle l’acier commence à perdre celle qu’il à reçue à une chaleur plus basse. So J’exposaï le palladium , dans un creuset ouvert, à un degré de chaleur supérieur à celui qui est nécessaire à la fusion de l’or. Il n’y eut point d’oxidation et quoique le morceau métallique fut extrêmement mince , il n°’; eutaucune apparence de fusion même sur ET D'HISTOIRE NATURELLE. 12 sur les bords. En augmentant considérablement le feu , j'obtins un bouton , mais il m’est impossible d’estimer le degré de chaleur auquel] la fusion eut lieu. Par ce traitement le bouton avoit perdu un peu de son poids absolu , mais sa pesanteur spécifique s'étoit élevée de 10,972 à 11,872 ; il étoit d’un gris blanc; sa dureté étoit supérieure à celle du fer battu. La lime lui donnoit la couleur et le brillant du pla- tine; il étoit très-malléable; sa fracture étoit fibreuse, en stries divergentes; et qui paroissoïent composées de cristaux ; la surface du bouton paroissoit aussi , à la loupe , être cristallisée. Le palladium se combine très-aisement au soufre; j'en aï ex- posé une certaine quantité à une violente chaleur sans pouvoir le fondre, et à {ce haut degré de température j’y ai projetté du sou- fre. Il entra aussi-tôt en fusion , et resta dans cet état jusqu’à ce que la rougeur du creuset fut à peine visible au jour. Je ne puis juger avec exactitude la proportion du soufre qui s’unit au métal pour former le sulfure ; l'augmentation de poids dans le bouton ne suffisoit pas pour cela, et comme il m’étoit impossible , à quelque prix que ce fut, de me procurer une plus grande quantité de pal- ladium, j'ai cru prudent d’en conserver la plus gruande quantité possible pour rechercher des propriétés plus importantes. Le sul- fure de palladium est plus blanc que la substance même et il est extrêmement cassant. Le palladium, foudu dans un creuset de charbon et tenu en fusion pendant quinze minutes , n’acquit pas de propriétés diffé- rentes de celles que jai déja citées en parlant de l'effet de la cha- leur sur cette substance. De là nous pouvons conclure qu’il w’y a aucune action entre le charbon et le palladium. J'ai mis dans un creuset parties égales d’or et de palladiuu pour former un alliage. Le résultat, à raison d’un accident quisurvint, pesoit moins que la somme des quantités employées, et consé- quemment les proportions de cet alliage étoient incertaines. Sa couleur étoit grise , sa dureté étoit à-peu-près égale à celle du fer battu. Il cédoit au marteau, mais il étoit moins ductile que cha- que métal pris séparément et une percussion répétée le brisoit. Sa fracture étoit en grains grossiers et portoit des marques de cris- tallisation , sa pesanteur spécifique étoit de 11,079. Parties égales de platine et de palladium entre en fusion à une chaleur qui est de peu supérieure au degré nécessaire à la fusion du palladium seul. Cet alliage ressemble à celui dont nous venons de parler pour la couleur et la dureté , mais il étoit un peu moins malléable ; sa pesanteur spécifique est de 15,141. Tome LVII. THERMIDOR an 1x. R 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le palladium allié à un poids égal d’argent a donné un bouton de la même couleur que les alliages précédens. Il étoit plus dur que l'argent , mais moins dur que le fer battu; sa surface, après avoir été polie, ressembloit au platine, mais étoit plus blanche: sa pesanteur spécifique étoit dé 11,290. Unalliage composé de parties égales de palladium et de cuivre, étoit un peu plus jaune qu'aucun des alliages précédens, et se brisoit plus facilement. Il étoit plus dur que le fer battu , et par la lime il acquéroit une couleur plombée. Pesanteur spécifique 10,392. Le plomb augmente la fusibilité du palladium. Un alliage de ces métaux, mais dans des proportions inconnues, étoit gris et sa fracture en grains fins. Il surpassoit tous les précédens en dureté; mais il étoit extrêmement cassant. Sa pesanteur spécifi- que étoit de 12,000. Parties égales de palladium et d'étain ont donné un bouton grisâtre, moins dur que le fer battu , et extrêmement cassant. Sa fracture étoit compacte et en grains fins. Pesanteur spécifique 8,17b. Avec un poids égal de bismuth, le palladium donna un bou- ton encore plus cassant , et presqu’aussi dur que l’acier. Il étoit gris, mais réduit en poudre, il étoit beaucoup plus foncé. Pesan- teur spécifique 12,587. Le fer allié au palladium tend à diminuer de beaucoup sa pe- santeur spécifique, et le rend cassant ; l'arsénic augmente la fu- sibilité du palladium , et le rend extrêmement cassant. D’après les expériences précédentes, nous pouvons former la table suivante pour montrer la différence qui se trouve entre la pesanteur spécifique réelle des alliages de palladium et celle que donne le calcul. ETS DH ES DOUNR EN ATURE L LE, 131 EE Pesanteur | Pesanteur # Métaux. |Proportion. spécique le spÉstique Différence, Da per ar 5 le calcul (1).| l'expérience. e $ a 2 Or......| Incertaine. | Incertaine, | 11,079. Incertaine. A . na Æ A Platine... | Part égales.| 17,24. 15,141. — 2,100. Es Argent. ….| Zdem. 10,966. 11,290. + ,294. e] Cuivre, ..| Zdem. 10,176. 10,302. + ,216. ä Plomb....| /dem. Incertaine. | 12,000. Incertaine. Etain.....| Idem. 9,340. 8,175. — 1,165. Bismuth. . | Zdem. 10,652. 12,987. “+ 1,995. J’ai tenu, pendant une demi-heure, dix grains de palladium exposés à l’action de la potasse en fusion, Le métal a perdu son éclat, le poids a diminué de deux grains et demi qui se sont re- trouvés dans la potasse. L'action de la soude sur le palladium est beaucoup moins forte, Si on laisse pendant quelques jours de l’ammoniaque sur le palladium , elle acquiert une légère teinte bleuâtre, et tient un peu d’oxide de palladium en solution. Dans ces trois cas l’action de l’alcali est favorisée par le contact de l’air atmosphérique dont l'oxygène se combine au métal, en faveur de l’affinité que l’oxide de palladium a pour l’alcali. Les acides agissoient beaucoup plus aisément sur certains mor- ceaux de palladium que sur d’autres. En général, ceux dont la pesanteur spécifique étoit la plus grande étoient les moins atta- qués. On peut pourtant regarder l’état suivant comme le terme moyen de la manière dont le palladium se comporte avec les acides. L'acide sulfurique bouilli sur le palladium acquiert une belle couleur rouge, et dissout une portion de cette substance. Son action n’est pas trop puissante, et, à proprement parler , on ne peut le regarder comme un bon dissolyant du palladium. (1) Pour.les pesanteurs spécifiques des différens métaux, J'ai suivi la table de noire meilleur ouvrage élémentaire , le système de chimie du docteur Thomson, R 2 132 JOURNAL. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L’acide nitrique le dissout avec beaucoup plus de violence. 11 l'oxide un peu plus difficilement qu’il n’oxide l’argent ; mais en dissolyant son oxide, il forme une très-belle solution rouge. Si l’acide nitrique est imprégné de gaz nitreux, son action sur le palladiuim est beaucoup plus rapide. Si l’on fait bouillir pendant un temps considérable de l'acide muriatique sur le palladium , il agit sur cette substance et de- vient d'un beau rouge. Mais le véritable dissolvant du palladium est l'acide nitro-mu- riatiqué, qui l’attaque avec beaucoup de violence et forme une belle solution rouge. Les terres et les alcalis produisent un précipité dans toutes ces solutions acides de palladium. Ces précipites sont, pour la plu- part, d’une belle couleur orangée : ils sont en partie redissous par qulques-uns des alcalis, et la liqueur qui surnage le préci- pité forwue par l’ammoniaque, est quelquefois d’un beau bleu ver lâtre. Les sulfares, nitrates et muriates de potasse et d’am- moniaque donnent un précipité orange dans les sels de palladium comme dans ceux de platine quand la solution n’est pas trop éten- due , et les précipités obtenus du nitrate de palladiuun sont, en géneral, d’une couleur orange plus foncée. Tous les métaux, excepté l'or, le platine et l'argent, donnent un précipité très- abondant dans les solutions de palladium. Le muriate d’étain ré- cent donne un précipité orange foncé ou brun dans les sels neutres de pailadium, et c’est un réactif extrêmement délicat. Le sulfate vert de fer précipite le palladium à l'état métallique, et si l'expérience réussit , Le précipité est à peu-près égal en poids au palladium employé. Le prussiate ae potasse donne un préci- pité olive, et l'eau imprégnée de gaz hydrogène en donne un brun-fonce. Les acides fluorique, arsénique, phosphorique ; oxalique, tartarique, citrique et quelques autres , ainsi que leurs sels, precipitent quelques-unes des solutions de palladium , et forinient avec cette substance différentes combinaisons. Tels sont les principaux caractères que j’ai reconnus au palla- diuim considéré comme un corps simple métallique. Il ne paroît pas que la note imprimée ait été coupable de tromperie dans l'énoncé d'aucune de ses propriétés, si pourtant on en excepte la pesauteur spécifique. 11 seroit difficile de dire, d’après ces expériences, en quoi con- siste le palladium ; si c’est un métal ou une coinbinaison de mé- taux. Je ne pouvois supposer que l'or ou le platine fussent un des ingrédiens puisque les acides sulfurique et muriatique agissent + ME EVIL DIENENS CMONIORVE QNIN RURAL ÉÈE. 133 sur lui jusqu'à un certain point, et qu'il est entièrement soluble dans l’acide nitrique. L'effet de l’acide muriatique sur les solu- tions exclut l’argent; et celui de l’acide sulfurique exclat le plomb, L’étain, l’antimoine, le bismuth ou le tellure auroient laissé un résidu insoluble avec l'acide nitrique. On ne pouvoit trouver les plus légères traces d'aucun des métaux acidifiables. Je cherchaï le fer avec la plus scrupuleuse attention, mais inutilement. En un mot, la précipitation par les métaux sembloit exclure tous ceux qui sont plus aisément oxidables que le mercure, et je ne pou- vois y supposer ce dernier puisque le cuivre employé pour préci- piter le palladium n’étoit nullement blanchi. La ressemblance frappante de plusieurs des précipités de pal- ladium avec ceux de platine me porta à multiplier les expériences comparatives, et j'observai constamment des faits contradictoires, Je ne pouvois faire accorder avec les caractères connus du platine la pesanteur spécifique , la grande fusibilité, la combinaison avec Je soufre, la precipitation par le sulfate vert de fer et par le prus- siate de potasse, ainsi que beaucoup d’autres propriétés de la substance soumise à mon examen, à moins de supposer qu’il existoit une substance capable de changer totalement les pro- priétés physiques et chimiques du platine ou de les déguiser au point de les mettre à l’épreuve des réactifs chimiques. Le plus léger des métaux est le tellure. Cependant pour pro- duire un alliage de la pesanteur spécifique du palladium (en sup- posant pour un moment que la pesanteur réelle est égale à la pesanteur moyenne calculée) , il faudroit deux parties de tellure et une de platine, et il est très-peu probable qu’une aussi grande proportion put exister dans une masse quelconque sans être dé- couverte. M. Berthollet nous a annoncé des anomalies très-surpre- nantes dans les affinités chimiques ; et M. Hatchett nous en a fait connoître quelques-unes dans les propriétés des alliages qui ne sont pas moins extraordinaires. Cependant je crois que nous ces- serons d’être surpris de ce que ces chimistes nous ont rapporté, en apprenant que le palladium n’est point comme on l’a avancé d’une manière infâme un nouveau métal simple, mais un alliage de platine, et que la substance qui masque ainsi les propriétés les plus caractéristiques de ce métal, tout en perdant la plus grande partie des siennes, est le mercure. J'avoue que ce n’est point l'analyse du palladium qui me con- duisit d’abord à ce résultat, car je m’étois convaincu de sa nature par la synthèse, et j’avois formé cette substance avant d’avoir pu 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trouver aucune méthode satisfaisante pour découvrir ses parties constituantes par l'analyse. En réfléchissant sur les différentes modifications que subissent les substances quand elles sont unies l’une à l’autre, et aux va- riations produites dans les loix des affinités par l'intervention de nouveaux corps, je fus conduit à examiner s'il n’arriveroit pas, par l’affinité du platine avec quelque métal facile à réduire, que la réduction de l’un et de l’autre s’opérât par le sulfate vert de fer, quoique cet effet ne fut produit sur aucun des métaux sépa- rément. Celui qui paroissoit devoir réussir le mieux étoit le mer- cure, puisque c’est le plus aisément réductible après l'or, le platine et l'argent, En conséquence, je versai d’une solution de sulfate vert de fer dans un sel de platine et dans un sel de mer- cure, il n'y eut point de précipité; j’unis les deux liqueurs, et j'obtins aussitôt un précipité qui ressembloit exactement à celui que donne le sulfate vert de fer dans le palladium. Je ramassai le précipité et je l’exposai à une forte chaleur , et après plusieurs essais répétés , j'obtins un bouton métallique qu’on ne pouvoit distinguer du palladium. ï C’est certainement un des faits les plus extraordinaires con- cernant les alliages, que deux métaux perdent par leur union les propriétés caractéristiques de chaque individu , et que les mé- thodes ordinaires ne puissent découvrir immédiatement ni l’un ni l’autre, L’affinité la plus puissante peut seule produire de tels effets. Mais placer les métaux dans les circonstances les plus fa- vorables pour que cette affinité exerce son influence et facilite leur union, n’est point le résultat des méthodes communes. J’en ai essayé un très-grand nombre, plusieurs n’ont pas réussi, et aucune n’a été accompagnée d’un succès uniforme. Cependant j'ai formé du palladium par l'union immédiate du platine et du mercure , et comme tout Ce qui peut montrer combien cette com- binaïison est inconstante et capricieuse en apparence, n’est pas dépourvu d'intérêt, je décrirai tous les moyens que j'ai essayés pour la produire, soit qu'ils aient réussi on non. Expériences synthétiques. Exp. Xere. Ce ne fut qu'après avoir essayé à différentes reprises Ja méthode dont je viens de parler, que je réussis à former le palladium. En plusieurs cas j’obtins un bouton complettement fondu , dont la pesanteur spécifique étoit 13 et quelquefois plus: soufre ne le mettoit pas aussi facilement en fusion que le palla- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 dium ; il étoit insoluble dans l’acide nitrique , et.le poids absolu excédoit celui du platine originairement employé. L'expérience qui réussit le mieux par cette méthode fut accompagnée des cir- constances suivantes. Je fis dissoudre 100 grains de platine dans l’acide nitro-muriatique ; jy ajoutai ensuite 200 grains d’oxide rouge de mercure préparé par l’acide nitrique, mais comme cela ne suffisoit pas pour saturer l’excès d’acide, je continuai d’en mettre jusqu’à ce qu’il cessât de s’en dissoudre. D’un autre côté, je préparai du sulfate vert de fer, et je le mis dans un matras à long col. Je versai ensuite la solution de platine et de mercure dans celle de sulfate vert de fer, et je fis chauffer sur un bain de sable ; en moins d’une demi-heure il se forma un précipité abon- dant, et le dedans du matras fut revêtu d’une couche métallique très-mince. La liqueur fut passée sur un filtre que j’avois pesé, et le précipité fut bien lavé et séché après que je l’eus fait digérer avec de l’acide muriatique. J’en ramassai autant qu’il me fut pos- sible. 11 resta sur le filtre 12 grains, qui avec 264 que j'avois ramassés, faisoient en tout 276. La liqueur surrageante contenoit encore une portion de mercure et environ 8 grains de platine. Ainsi les 276 grains étoient composés de platine 92, et mercure 184. D’après cela il paroît que 100 grains de platine peuvent dé- terminer la précipitation d'environ 200 grains de mercure par le sulfate de fer, et que dans cette proportion ils sont réciproque- ment saturés. Les 264 ramassés du filtre furent exposés à une chaleur rouge obscure, et réduits par ce moyen à 144. Les 12 restés sur le filtre auroient donné 7, ce qui eût fait en tout 151. Cette substance étoit sons la forme d’une poudre fine et avoit un brillant métallique. Je la mis alors dans un creuset de charbon, et elle se fondit en un bouton. Ce bouton pesoit 128 grains, et avec ce qui éloit resté sur le filtre eût pesé 135 , dont 92 étoient platine. L’alliage étoit dont composé d’environ deux parties de ce métal et d’une de mercure. Sa pesanteur spécifique étoit de 11,2 ; elle étoit complettement soluble dans l’acide nitri- que, se fondoit aisément avec du soufre, précipitoit par le sulfate vert de fer, en un mot, ne pouyoit en aucune manière se distin- guer du pailadium. Exp. il. Pour essayer une autre méthode de former le palla- dium par la voie humide, j'ai mis du fer métallique dans une solution mêlée de platine et de mercure. Les deux métaux furent précipités, et le précipité fut soumis au même traitement que dans l’expérience précédente, mais le succès fut moins complet. Le feu peut précipiter le platine ou le merçure séparément ; mais 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le sulfate vert de fer ne peut faire cette fonction qu'en vertu de l’affinité du platine et du mercure: Leur union est favorisée par son action; et, selon toutes les probabilités, les effets en sont simultanés. La combinaison des métaux a lieu au moment de leur zaissance métallique , si je puis me servir d’une pareïlle ex- pression, et dans une proportion fixe de saturation mutuelle. l'union des deux métaux dans l'expérience présente est donc moins intime , et le bouton que l’on obtient par la fusion du pré- cipité est d’une densité bien plus grande. Exp. II. J'ai répété la même expérience, maïs en substi- tuant le zinc au fer, le résultat ne fut pas plus satisfaisant. Exp. \V, J'ai mis du mercure dans une solution de platine, et je les ai chauffés ensemble pendant quelque temps. J’ai ob- tenu un précipité que j'ai fondu en un bouton , mais ce n’étoit pas du palladium. Exp. V. J'ai fait dissoudre dans l’acide nitro-muriatique les mêmes quantités de platine et de mercure que dans l’£xp. 1; et j'ai fait évaporer ensemble ces solutions. J'ai ensuite volatilisé, à une chaleur rouge , autant de mercure qu’il m’a été possible ; à Ja fin de l'opération j’ai obtenu la quantité originelle de platine réduite à l'etat métallique , mais il n’étoit pas resté une particule de mercure. Exp. VIet VII. J'ai précipité par le phosphate d’ammoniaque les mêmes quantités de platine et de mercure dissoutes dans l’acide nitro-muriatique, et j'ai fait évaporer la liqueur. J’exposai en- suite le résidu qui étoit à l’état de verre, à un chaleur violente dans un creuset de charbon, et j’obtins un bouton dont le poids étoit supérieur à celui du platine employé. Sa pesanteur spéci- fique étoit 14,5. Comme le phosphure de platine est très-fusible, j'essayai de le combiner directement au mercure, maïs je n’ai pu réussir. Exp. VIII. J'ai précipité une solution de platine et de mercure en y faisant passer un courant de gaz hydrogène sulfuré, ce qui m'a donné une poudre insoluble. Après plusieurs essais dans les- quels j’obtins des boutons dont la pesanteur spécifique étoit 14,3 et 14,5 , je réussis à en former un morceau pesant 11 grains de la pesanteur spécique de 11,5. C’étoit du palladium, mais je ne pus assurer de l’excédant en poids, parce qu’une partie du préci- pité primitif avoit été perdue. Exp. IX. J'ai mêlé une solution de muriate de platine à du prussiate de mercure, et j'ai obtenu un léger précipité. J’ai éva- poré la liqueur et exposé tout le résidu à une violente Es 2ette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 137 Cette expérience ne réussit pas. Je ne l'ai pas répétée aussi sou- vent que les autres, mais j'ai quelque raison de croire qu’elle pourroit réussir; car j'ai obtenu une fois quelques grains très-fins qui étoient solubles dans l’acide nitrique. Exp. X. J'ai fait chauffer du platine purifié, réduit en poudre très-fine , avec dix fois son poids de mercure, et je les ai triturés ensemble pendant longtemps. Le résultat fut un amalgame de platine. Exposé à une chaleur violente, cet amalgame perdit tout le mercure qu'il contenoit, et le poids primitif de platine se re- trouva sans aucune augmentation. Ezxp. XI. La méilleure manière de former un amalgame de platine est celle recommandée par le comte Mussin Pusnxin. J'ai fait dissoudre dans l'acide nitro-muriatique une quantité connue de platine; j'ai précipité par l’'ammoniaque et fait éva- porer la liqueur. Je triturai le résidu pendant longtemps avec une grande quantité de mercure , puis je l’exposai à une violente chaleur. Plusieurs essais manquèrent, mais dans quelques-uns j'obtins un bouton dont la pesanteur spécifique étoit 13,2 : dans un essai je réussis complettement ; sur 30 grains de platine traités comme je viens de le dire, j'’obtins un bouton pesant 45,5 : sa pesanteur spécifique étoit 11,736 , et il avoit toutes les propriétés du palladium. Exp. XTI. J'ai fait fondre daus un creuset de charbon 100 grains de platine, 200 de cinabre, 100 de chaux, et 400 de borax calciné : j'ai obtenu un bouton dont le poids étoit su- périeur à celui du platine et dont la pesanteur spécifique étoit 15,7. Il étoit insoluble dans l’acide nitrique, mais à une chaleur rouge il se combinoit avec le soufre. Exp. XIII. Dans quelques-unes de mes. expériences j’avois remarqué que le fourneau dans lequel je formois ces alliages étoit capable de fondre le platine sans aucun autre flux que le borax. En conséquence j’exposai 100 grains de platine à une très-forte chaleur , et lorsque je jugeai que le feu avoit atteint sa plus grande intensité, je versai, du, mercure sur le platine à l’aide d’un long tube de verre qui aboutissoit au creuset, et je retirai immédiatement l’appareil d’auprès du feu. Il n’y avoit point d’union sensible des deux métaux, et le poids du platine n'étoit pas augmenté. Exp. XIV. J'ai mis 100 grains de platine dans un tube de terre que je plaçai horisontalement dans le fourneau dont j'ai parlé. A l’un des bouts étoit adaptée une çornue contenant deux Tome LV II, THERMIDOR an 31, S 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE livres de mercure. Quand le tube eut acquis son plus haut de- gré de chaleur, je fis bouillir le mercure dont la totalité passa sur de platine à cette haute température. L'expérience dura une heure et demie, mais les métaux ne parurent pas s'être com- binés. CES Exp. XV. M. Psrys eut la bonté d’essayer l'effet que pro- duiroit sa batterie galvanique , et si l’on pourroïit former le pal- ladium à l’aide de ce puissant appareïl. Un morceau de fil de platine fut disposé de manière à plonger dans un bassin de mer- cure et à faire partie d’un cercle galvanique. Le fil fondit, mais il ne parut pas y avoir de combinaison. La nature de cette ex- périence ne permettoit pas de peser bien exactement le résul- tat, mais les globules formés pendant la fusion du platine ne parurent pas avoir acquis les propriétés constitutives du pal- ladium. Telles sont les expériences que j'ai entreprises, dans l’inten- tion de former le palladium. Elles étoient fondées principalement sur deux principes : l'affinité disposante , et l'assimilation. Dans le premier cas, j'ai tâché de présenter aux métaux qui composent cet alliage une substance qui pat les faire réunir sous la forme d’un composé insoluble , en raison de l’affinité de cette substance pour un des menstrues nécessaires à leur solution, et de leur propre tendance à se combiner dans les proportions établies (Exp. 1). Dans le second cas, j'espérois assimiler les propriétés de chacun, et les rendant plus semblables, les placer dans les circonstances les pie favorables pour leur union. L'expérience première étoit fondée sur le premier principe, et la huitième sur le second. Dans plusieurs cas où je ne réussis pas À former du palladium, j'obtins un bouton métallique qui n’étoit pas du platine , et qui pesoit toujours plus que la quantité primitive du platine employé: en répétant les expériences 1,2, 4,6, 8,11et12, j’airarement manqué d'obtenir cette substance, mais jamais un pareil effet n'eut lieu dans aucune expérience, à moins que le mercure ne fût employé en même temps que le platine. Les autres métaux n’étorent simplement qu’accessoires , et servoient seulement à faciliter leur union et leur précipitation. Gette vérité est suffi- samment prouvée par l’uniformité des résultats des différens pro- cédés, soit qu'il s’y fût formé du palladium ou la substance dont je viens de faire mention. La principale propriété qui distingue cette substance du platine est sa densité. Il n’est pas extraordinaire d’en obtenir dont la pesanteur spécifique ne soit que 13, très-fréquem- ET D’'HISTOURE NA TU RE LLE 139 ment elle est de 15 ou 17. Dans les premières expériences je soup- çonnoïs que cette légèreté étoir due à quelques-bulles-d’air, mais la fusion répétée et des expériences comparatives sur le platine me convainquirent bientôt duicontraire; de plus, l'augmentation de poids que le platine ne manque jamais d’acquérir, prouve que ce métal s’est combiné ayec quelgne substance pondérable, et en effet le résultat de ces opérations est un alliage qui tient le milieu entre le platine dans son état de pureté, et ce qu’on a appelé palladium. I est conséquemment soumis À des variations infi- nies. Les premiers effets que produit le. mercure.sur le platine sont de le rendre plus fusible , et de diminuer sa pesanteur spé- cifique. La seconde propriété qu’il lui confère ensuite, est de pouvoir s’unir au soufre; et enfin de devenir soluble dans l’acide nitrique. Ce n’est cependant que quand sa pesanteur spécifique est au-dessous de 12, ou est à 12,5 au plus, qu’il a acquis cette dernière propriété, et tous ces effets suivent l’ordre direct de l'augmentation de poids que l’on observe dans le platine. Il n’est pas très-difficile de combiner au platine une petite quan- tité de mercure, maïs il n’est pas aussi aisé de résoudre complet- tement le problème, et de former un alliage de ces métaux qui n’ait que 11,3 de pesanteur spécifique , et qui soit soluble dans l'acide nitrique. D’après le non-succès que j'ai si souvent éprouvé dans ces opérations, je suis très-porté à croire que l’auteur du palladium a, pour le former, quelque méthode moins sujette à l’erreur qu'aucune de celles dont j'ai fait mention. Il n’y a point de doute que la persévérance ne nous mît en possession de son secret; mais le manque de temps m'empêchant de continuer ces recherches à présent, je me suis borné à établir le fait, et à dé- crire les moyens que j'ai employés. Après avoir acquis la ésritude que le mercure est une partie constituante du palladium , j'ai fait quelques expériences ulté- rieures dans la vue de l’analyser, mais elles n’ont pas été suivies d’autant de succès. En songeant au grand nombre de méthodes qui n’ont point réussi à former le palladium , on peut s'attendre à en trouver beaucoup pour le décomposer quand il est unæ fois Formé. Mais j'ai trouvé que l'opposé des procédés qui ne réussissent pas à former le palladium, ne réussit pas non plus à détruire la combinaison, La fin au n°. prochain. S x 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 8m Dr or 2 PE POLE BE EE SUITE. DES EXPÉRIENCES GALVANIQUES SUR LA COLONNE DE VOLTA PLONGÉE DANS L'EAU (1); Par LAGnAvE, Dans cette suite d'expériences je prouve par le fait que la pile plongée dans l’eau donne des signes de fluide galvanique. Je porte à l'appui de mon opinion les expériences qui m'ont servi à le prouver. Je conclus en disant que je crois qu’on peut, d’après ces faits, faire des applications de la plus grande importance pour l'explication des volcans ; je tâcherai de les expliquer dans un nou- veau travail qui sera l’objet d’un mémoire ,ne pouvant le présenter encore au public par des circonstances particulières. J'ai pour but , en attendant , de démontrer dans celui-ci que la pile plon- gée dans l’eau agit sur elle (eau) pour en développer la dé- composition, comme la pile, plongée dans l'atmosphère pour en développer le fluide électrique ; c’est-à-dire, que l’eau se décom- pose par la force du nombre des couples de disques 1, 2, 3, 4, 5,6,etc.,.etc., interposés les uns sur les autres, comme la pile le fait dans l’atmosphère, pour augmenter l’intensité du fluide galvanique. On me demandera pourquoi la pile plongée dans Veau ne donne de fluide galvanique que comme une couple, et qu'elle décompose l’eau, comme la pile développe le fluide électrique dans l’atmosphère. Je n'ai pour réponse encore que le fait, On a vu que j'avois concln dans mon mémoire que la pile plongée dans l’eau ne donne que comme une couple; j'ai conclu ainsi parce que je n’ai obtenu que des effets de l’intensité d’une couple. On va voir ici que c’est d’après des faits que j'ai dit que la pile plongée dans l’eau la décompose , d’autant plus que le ————————@———————————— —————————————————— —— (:) Voyez le cahier de messidor dernier de ce Journal. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 141 nombre de couples de disques est multiplié. 1°. J'ai mis une couple de disques bien décapés dans une cloche pleine d’eau pure; j'ai obtenu de pouce cube d’air inflammable en 6 heures. J’en ai is douze autres dans la même cloche, il s’est dégagé À pouce dans les mêmes 6 heures; trente n’ont donné que : de pouce ; soixante ont donné 3 pouces + , toujours dans le même temps. 2°. Quatre disques plongés dans de l’oxalate de potasse m’en ont donné en 4 heures = de pouce, seize en ont donné dans le même espace 2 pouces :; quarante ont donné 6 pouces +; soixante, à pouces <. 3°. Deux couples dans du muriate de potasse ont donné en 24 heures r pouce - ; six , 5 pouces; douze, 7 pouces :; vingt, dans 4 heures que le vase est resté au soleil , ont donné 9 pouces, et n'ont donné dans les autres 20 heures que 5 pouces :, ce qui fait dans les 24 heures 14 pouces = ; cinquante ont donné ex- traordinairement, je ne l’ai pas mesuré, mais je l'estime de 17 à 18 pouces. | 4. Deux couples dans du vinaigre , en 6 heures, ont donné 5 pouces ?; huit, dans le même temps, ont donné 11 pouces ; vingt m'ont mis dans l'impossibilité de le mesurer, ne m’atten- dant pas à un dégagement si prompt; j’enai essayé quarante, qui, dans 1 heure, m'ont tant donné de gaz, que le vinaigre étoit épuisé : les disques étoient plongés dans l’air inflammable que j'ai évalué de 30 à 35 pouces cubes. On voit d’après ces expériences que la pile plongée dans l’eau suit la règle établie sur le développement du fluide galvanique ordinaire, et que s’il y a une différence dans les deux fluides obtenus de ces deux différentes manières, cela tient plutôt à leur intensité qu’à la qualité; car tous ces dégagemens obtenus de ces différens liquides étoient de l’air inflammable très-pur: Je ne crois pas que l’on puisse prouver dans l’état de nos connoiïssances que le fluide électrique ne soit pas l’air inflammable; Panalogie porte à croire que cetair et le fluideélectrique sont les mêmes. Je ne trouve dans mes expériences de différence entre eux que dans leur intensité. J'ai remarqué que la décomposition étoit plus ou moins forte , suivant l'heure et le degré de chaleur ; qu’elle étoit beaucoup plus forte de midi à trois heures, qu’à toute autre heure de la journée. La nuit elle se ralentit beaucoup, sur-tout si on laisse la cloche au courant d'air ; ces expériences paroissent arides. J'avoue qu’elles m'ont souvent impatienté , mais comme je trouvé de plus en plus ces phénomènes applicables à la théo- 142 JOURNAL. DE PHYSHEQUE, DIE CHIMIE rie des volcans, et même que toutes ces petites opérations chi- miques me paroiïssent être en leur particulier de petits volcans, je me plais par cette seule raison à les suivre. J'en ai fait part depuis sept à huit mois que je m’en occupe, à plusieurs. personnes très-recommandables qui veulent bien m’honorer de leur amitié ; ils m'ont encouragé à continuer mes expériences et à en faire les applications dont je les crois suscep- tibles. M. Aldini, l’un de mes plus estimables confidens, a porté la complaisance jusqu'à vouloir que je lui en fisse quelques-unes qui ont paru le satisfaire. L’oxidation quoiqu’incomplette a été constante dans toutes mes opérations ; une des particularités remarquables, c’est l'attraction qu’exercent les disques zinc sur ceux de cuivre ; ils attirent les molécules de ces derniers jusqu’à en faire une couche qui donne à ce métal la couleur cuivreuse. Ils attirent aussi de petits cris- taux du sel, s'ils sont plongés dans une dissolution saline. Cette singularité est une preuve incontestable de l’action que le zinc a sur le cuivre, et fait voir la juste dénomination donnée aux disques qui forment une pile, de positifs et de négatifs. Jai pesé mes disques avant et après mes opérations, et j'ai toujours trouvé leur poids augmenté après mes expériences, et sur-tout le zinc; quant au cuivre, il n’y avoit pas grande différence. Ces observations me portent à croire que le fluide galvanique ou électrique que développe la pile n’est pas dù à l’oxidation , corame quelques personnes le croient. Je me fonde sur ce que je trouve constamment après mes opérations un surcroît de poids à mes disques. Je me suis convaincu que les métaux ne faisoient pas une assez grande perte de leurs molécules intégrantes pour dévelop- der la grande quantité de fluide que donne la colonne de Volta. Je suis ces remarques; je vais faire des expériences avec le plus d’exactitude qu’il me sera possible ; je suis persuadé qu’on par- viendra , avant qu'il soit peu, à prouver physiquement que le fluide galvanique développé est dû a un fluide mis en mou- vement par les métaux, et qu’il est lui-même par cette vive action transformé de fluide froid et pesant en fluide brûlant et léger , et que l'air inflammable qui se dégage par la décomposition de l’eau est l’agent incendiaire des foudres souterraines. J'espèce prouver cela de la manière la plus évidente dans le travail que j'ai an- noncé, comme je crois prouver ici que la colonne de Volta plon- ée dans l’eau , la décompose avec la même force qu’elle dévclopes e fluide galyvanique, plongée dans l'atmosphère, ET DHISTOIRE NATURELLE. 143 On se rappelle qu’on faisoit de prétendus volcans avec du sou- fre, de l’eau et de la limaille de fer. J’en ai fait, que je crois réels, avec de l’air inflammable obtenu par l’action des métaux. C’est ainsi que je fais suivre l’expérience pour me servir à déve- lopper une partie qui est en elle-même trop hypothétique pour se laïsser aller au vague de l'imagination. RÉPONSE Aux observations de M. Deluc, insérées dans le Journal de physique du mois de pluviôse dernier , sur cette question: L'eau de la mer est-elle le seul agent qui puisse produire les J'ermentations volcaniques ! Par U. R. T. ze Bouvrer-DrsmMorrTiers, M. de Courrejoles, dans ses observations sur les volcans, con- sidère l’eau des pluies comme agent principal de la décomposi- tion et de la fermentation des matières inflammables qui pro- duisent les volcans. M. Deluc , dans l'examen qu'il a fait de ces observations, sou- tient que l’eau de la mer est l’unique agent qui puisse produire les fermentations volcaniques. Entre ces deux opinions, je suis venu placer un fait qui prouve que l’eau pluviale peut exciter ces sortes de fermentations ; le mot de fermentation étant pris dans son sens naturel et absolu, sans considération des différens degrés qu’elle peut atteindre, en raison de l’abondance des matières et des circonstances plus ou moins favorables à leur excitation. Ce n’est pas sans étonnement que j’ai vu M. Deluc employer l'arme du ridicule.en me prêtant des opinions que je n’ai pas , et des assertions contraires à celles que j’ai avancées. Qu'il veuille bien prendre la peine de relire ma lettre, c’est la seule défense dont j'aie besoin vis-à-vis de lui; mais comme les coups portés par une main savante frappent plus fortement dans l’opinion publique , je dois au sentiment naturel d’amour propre qui nous 14% JOURNAL DE. PHYSIQUE, DE CHIMIE fait rechercher l'estime des autres, de détruire l’idée défavo- rable que ses observations peuvent donner de mon jugement sur les matières dont il s’agit (1). J'ai dit dans ma lettre à M. Delamétherie, que l’eau plu- viale pouvoit exciter les fermentations volcaniques. J'ai prouvé cette assertion par le fait commun du volcan artificiel, et j'en ai ap: pliqué le résultat à deux montagnes volcaniques de l’Auvergne, Nonette et Usson , qui dans certains temps donnent de la fumée et de la chaleur. Si nous n'avons pas communément des données sûres d’après ce qui se passe dans nos laboratoires pour décider ces questions, on ne peut du moins errer sur celle-ci, puisqu'il est incontestable que le principe aqueux est un agent essentiel de la fermentation , à la surface comme dans le sein de la terre. J'ai dit que les matières brûüloient tranquillement dans l’in- térieur de ces montagnes depuis que la mer n’y pénétroit plus, et qu'il ne faudroit que de grandes masses d’eau pour rendre à ces feux souterrains leur ancienne activité, sans spécifier l’eau douce ou l’eau salée. Get article est tiré d’un petit écrit que je publiai il y a quinze ans, et dans lequel la question qui nous divise ne s’étoit pas présentée. Enfin, j'ai dit que l’eau de la mer étoit l'agent le plus éner- gique pour l’inflimmation des volcans, mais qu'il ne falloit pas rejeter entièrement l'opinion de M. de Courrejoles sur l’action des eaux pluviales ; gu’à la vérité ces eaux ne rallumeront pas les anciens volcans de l’ Auveræne', quoiqu’elles puissent par la décomposition des pyrites, entretenir d'anciens feux et en al- lumer de nouveaux qui brûlent en silence, avec ou sans indi- cation extérieure de leur activité. Voilà, ce me semble, un commentaire assez clair sur la qualité des grandes masses d’eau dont il est parlé dans l’article précédent. Telles sont en substance les opérations contenues dans la lettre qui a donné lieu aux observations de M. Deluc; voyons si elles sont fondées. Pour détruire la conséquence que j'ai tirée de la fermentation actuelle des montagnes de Nonette et d’ Usson, il faudroit prou- ver que le fait est faux, ou que ce n’est pas l’eau pluviale qui l’occasionne. M. Deluc admet , au contraire, l’un et l’autre. Il (1) Voyez le Journal de physique, pluviôse et messidor an 10, et pluviôse an 11: convient ET, D'HISTOIRE EN PANTAURR ETAT ES 145 convient que l’eau des pluies peut produire des fermentations, lorsqu'elle trouve des substances qui en sont susceptibles, et que c’est elle qui produit les fumées de Nonette et d’ Usson. « Je « ne doute pas, dit-il, qu’il ne soit resté dans les couches sou- « terraines de l’Auvergne des magasins de matières qui feroient « revivre ses volcans , si la mer venoit à les pénétrer de nouveau. « Les fumées de Nonette et d'Usson annoncent que ces matières « ne sont pas épuisées ; mais l’agent qui donne de l’énergie à ces « fermentation n’y est plus; savoir , l’eau marine comme tenant « en dissolution des sels qui, réunis à l’eau, produisent les fer- « mentations volcaniques. » Dans un autre endroit, en parlant de la fermentation de ces montagnes, il dit : « J'ai déja indiqué « que l’agent dont il s’agit; c’est l’eau des pluies, et c'étoit l’eau æ de la mer quand ils brüloient à l'extérieur. » N'est-ce pas là ce que je disois tout à l’heure en d’autres termes, que les matières volcaniques de l Auvergne briloient en silence depuis la retraite des eaux de la mer, et que l’eau des pluies ne les rallumeroit pas ? Puisque nous sommes si bien d’accord , M. Deluc et moi, sur la puissance inégale de l’eau de mer et de l’eau douce dans les fermentations volcaniques, quel peut être le point contentieux entre nous ? Le voici : « Si l’eau douce, dit M. Deluc, pouvoit produire les fermen- « tations volcaniques , c’est-à-dire, ces fermentations d’où ré- « sultent des éruptions qui donnent naïssance aux laves, aux « explosions de matières ardentes dont l’accumuiation élève des « montagnes accompagnées de détonations, de feu et de fumées « salines sulfureuses, les environs des lacs devroient nous en « montrer, et ils n’en montrent point..... Les côtes septentrio- « nales des lacs Ontario et Supérieur sont de laves basaltiques qui « s’etendent fort loin , et malgré ces anciens monumens de l’exis- «tence des volcans, il n’y a pas une seule source d’eau chaude « dans tout le pays. Voilà certainement d'aussi grandes masses « d’eau que M. Tebouvier peut les desirer pour rendre aux feux « souterrains leur ancienne activité, si l’eau douce pouvoit le « faire; mais tout y est tranquille, aucun feu ne se manifeste. » Je vais répondre en détail à ces observations qui au premier coup- d'œil semblent prepondérantes, et qui dans le fait manquent de solidité. 19, M. Deluc suppose qu’en parlant de grandes masses d’eau, j'ai entendu de l’eau douce, et j'ai dit que l’eau douce ne rallu- meroit pas les volcans. 2°. La distinction entre les fermentations volcaniques d’où ré- Tome LVII, THERMIDOR an 11. ti 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sultent des éruptions et celles qui n’en produisent pas, change entièrement l’état et la question. Dans celle-ci je me serois bien donné de garde de citer les montagnes d'Auvergne, puisqu'il n’y en a point; mais comme l'expression générale de fermentations volcaniques comprend les différens degrés de fermentation qui s’excitent dans les volcans, et que celles qui se manifestent au- jourd’hui par fumée et chaleur dans les montagnes de Nonette et d’Usson , gissent dans l’intérieur d’anciens de , j'ai pu sans erreur les mettre au rang des fermentations volcaniques, et con- clure de l’effet à la cause, que l’eau douce est capable d’en ex- citer de cette sorte. 3°. M. Deluc croit prouver la négative en disant g4’on ne voit aucune explosion de matières Mn aux environs des lacs , et que les côtes volcaniques des lacs Ontario et Supérieur ne Présentent pas même dans une grande étendue une seule source d’eau chaude; mais les lacs sales qui sont en si grand nombre, sur-tout dans la Sibérie, présentent-ils plus qne ceux d’eau douce des volcans en feu? ou s'il y en a quelques-uns, ce que j'ignore, la plupart n’en sont-ils pas dépourvus (1)? L’exemple des lacs Ontario et Supérieur ne prouve donc autre chose que lépuise- ment des matières susceptibles de fermenter ; ou s'il en existe, que le défaut de communication de ces matières avec l’eau des lacs. Si l’une de ces conditions manque, les grandes masses d’eau douce, l'Océan tout entier n’y produiront aucun mouvement. Les eaux pluviales et la rivière d’Allier ne fournissent point d’aussi grandes masses d’eau que les lacs Ontario et Supérieur, qui com- muniquent par des rivières à plusieurs autres lacs, cependant elles font fermenter les montagnes de Nonette et d’ Usson, parce que tous les éléments de la fermentation s’y renconirent; les autres montagnes n’offrent ricn de semblable par la raison contraire. Il faudroit donc prouver avant tout, que les matières propres aux fermentations volcani jues existent aux environs des lacs, et que l’eau pénètre dans leurs réservoirs; jusqu’à ce qu’on ait solide- ment établi ces prémices , il sera permis de nier la conséquence. Si cette con équence étoi: aussi directe que M. Deluc le pense, On pourroit avec le même raisonnement lui prouver que l’eau de la mer ne peut produire de fermentations voleaniques ; on lui di- roit : Cing des iles de Lipari, et beaucoup d’autres iles volca- (1) Celui de Schimjele-kul est si salé que deux seaux de son eau donnent jusqu’à 20 hvres de sel. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 niques ne brélent plus depuis un temps immémorial ; voilà cer- tainement d'aussi grandes masses d’eau que vous pouvez les desirer pour rendre aux feux souterrains leur ancienne activité, si l’eau de la mer pouvoit le faire; mais tout est tranquille, aucun feu ne se manifeste. Que répondroit M. Deluc à cet étrange discours? Ce qu'il a répondu d’avance, que les matières sont épuisées dans ces volcans éteints. Eh bien ! j’en dis autant de ceux qui ont brûlé sur le bord et aux environs des lacs. Peut-être nous trompons-nous tous deux. Si, comme il le pense, rien ne conduit à croire aujourd’hui qu'il se prépare dans les Îles de Lipari de nouveaux incendies qui épouvanteront les races futures (1), est- ce une raison pour que cela ne puisse arriver dans la suite ? Pou- vons-nous assigrer des bornes à la nature dans la production et l'emploi de ses moyens? Avant l’éruption du Vésuve, qui en- gloutit Herculanum , Pompeia et Stabie , rien n’indiquoit la pré- sence des matières que le volcan vomit à cette époque. Pline le naturaliste, qui étoit bon observateur, n’avoit rien vu qui le portât à croire que le nouvel incendie dans lequel il périt, fut près d'éclater ; et Pline le jeune, dans le compte qu’il rend à Tacite de la mort de son oncle et des phénomènes de l’éruption, ne dit point qu’on eût fait précédemment d’observations relatives à ce terrible événement. Il ne s’annonça que plusieurs jours au- paravant par des secousses de tremblement de terre , auxquelles on étoit accoutumé dans la Campanie ; maïs qui redoublèrent pendant la nuit avec tant de violence, que tout parut être non- seulement ébranlé, mais détruit (1). Dans l’intervalle qui précéda l'éruption de 1631, l’intérieur du volcan s’étoit couvert d’arbres et de verdure, et la plaine qui le terminoit abondoïit en excellens pâturages. Il n’y a point d'exemples, dit M. Deluc, de volcans brülans hors des limites de l'influence des eaux de la mer. Soit, de vol- cans anciens brûlans à l'extérieur; mais puisque l’eau douce y produit des fermentations qui se manifestent au dehors avec fu- mée et chaleur, qui nous assurera que les matières fermentantes (:) M. Deluc relève en caractères italiques ces mots : gui épouvanteront les races futures; je n’en devine pas le motif, car 1l me semble tout naturel d’être épouvanté à la vue de ces terribles catastrophes. (2) Præcesserat per mullos dies tremor terræ minus formidolosus ; quam Campaniæ solitus ; ill& vero nocte ita invaluit , ut non moverromnia sed verti crederentur, Plin. Epist., hb. 6, epist, 20. T a 148 - JOURNAÏI DE'PHYSIQUE, DE CHIMIE n’y sont pas à l’état d’ignition, et que leur petite quantité jointe à la profondeur où elles gissent, n’est pas la seule cause qui les empêche de se faire jour à travers le corps des montagnes ? L’apparence n'est-elle pas ici mieux fondée que le doute ? Pline dit, en parlant des montagnes ardentes de la Lycie , qu’elles fai- soient rougir les pierres et le sable du fond des ruisseaux, et que leur feu étoit entretenu par les pluies (1). Suivant l'abbé de Ja Caille, le volcan de l’île de Bourbon, qui brûle lentement et sans bruit, ne paroît un peu ardent que dans la saison des pluies (2). Pour démontrer rigoureusement que l'eau douce ne peut ral- lumer d'anciens volcans, il faudroit démontrer que le principe aqueux, quelque part qu’il se trouve dans l’état de liberté ou de combinaison, ne contient pas toujours les deux principes de la combustion, l’hydrogène et l’oxigène; or, s’il les contient , comme on n’en peut douter , toutes les fois que l'eau, qui est combinée dans tous les corps, vient à se décomposer, soit par le mouvement de la matière électrique qui, selon M. de Buffon, a pour base la chaleur propre du globe, soit d’après la nouvelle découverte du galvanisme , par le contact de différens métaux, soit enfin par toute autre cause que nous pouvons ignorer, cha- ue molécule de matière se trouvant en contact avec les principes de la combustion et de la chaleur, il en résulte un degré ca- pable d'opérer la fusion, qui réduit en vapeurs l'eau surabon- dante, et lui donne une force capable d’ébranler la terre. L’in- tensité des effets répond toujours à celle des causes, si rien d’ail- leurs ne vient troubler leur action. Il ne faut donc que rassem- bler par la pensée des amas de matières et des volumes d’eau assez considérables pour produire des éruptions volcaniques , et si les circonstances favorables à cet effet se rencontrent, les éruptions auront lieu. Au reste, étant convenu, dans ma lettre à M. Delamétherie, que les volcans de l’Auvergne avoient cessé de brûler quand la mer s’étoit retirée, et que les eaux douces ne les rallumeroïent pas, on ne doit regarder ce que je viens de dire que comme. une probabilité fondée sur des principes générale- QG) Eadem in Lycia, ephestii montes ; (ædû flammante tacti, flagrant adeo, ut lapides quoque riperum el arenæ, un 1psis aquis ardeant, alitur que ignis ille pluviis : Plhn. Hist. nat. , lib. 2, cap. 106 , de semper ardentibus locis. &2) Mémoires de VP'Académie des sciences ; année 1754, p, 121. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 148 ment reconnus en physique, et qui, si elle ne se réalise pas, entre néanmoins dans l’ordre des possibles. « Les opérations de ces vastes souterrains, dit M. Deluc, res- « teront toujours un mystère; l'imagination et la science s’exer- « cent à les expliquer ; mais ces explications ne sont au fond que « des conjectures qui peuvent approcher de la vérité, comme « elles peuvent s’en écarter.» En ce cas, je pense prendre ma part de cette tolérance accordée à tous, et me plaindre non- seulement de la sévérité des observations, mais encore de leur peu d’exactitude dans les citations de ma lettre. J'avois dit, en parlant des montagnes de Nonette et d’Usson: « Si l’eau des pluies ne sauroit produire les fermentations volca- « niques, quel est dont l’agent qui entretient le feu au-dedans « de ces montagnes ? Dira-t-on que la mer, en se retirant, a «formé dans leurs cavités de grands lacs qui ne sont pas en- « core à sec? cette opinion trouveroit , Je crois, peu de parti- « sans.» Voici maintenant la citation : «Je ne dirai pas comme « il le suppose, que la mer, en se retirant, a formé dans les « cavités de ces montagnes de grands lacs (d’eau marine ap- « paremment) qui ne sont pas encore à sec, et entretiennent « ces fermentations ; mais je dirai que l’eau des pluies y trouve « des matières propres aux fermentations, excite celles qui pro- < duisent uniquement de la chaleur. » J'aime à croire qu’en écrivant ceci, M. Deluc n’avoit pas ma kettre sous les yeux , et que l’infidélité de sa mémoire a seule oc- casionné celle de sa plume. En convenant de l’action des eaux pluviales sur les matières propres à fermenter, il n’auroit pas mêlé l'ironie à une supposition gratuite qui contredit formelle- ment ce que j'ai avancé. Il n’auroit pas dit à la fin de ses ob- servations, que /’appelle des volcans quelques fumées qui sortent au pied d’une rontagne : ce sarcasme qu'aucun article de ma lettre rie justifie, suppose de ma part une ignorance pro- fonde de ces matières, et si M. Deluc m'a cru capable de con- fondre deux choses si différentes, je suis étonné qu’il ait pris la peine de me répondre. Quand il convient ge Les magasins de matières qui sont restés dans les couches souterraines de l'Auvergne feroient revivre ses volcans, si l’eau de la mer venoit à les pénétrer de nouveau ; que la dénomination de volcans an- ciens désigne mieux ce qu’ils sont réellement, que celle de volcans éteints, et qu’il est très-vraisemblable que plusieurs bréleroient enccre si La mer ne s’étoit pas retirée; ai-je eu tort d'appeler +o/cans ce que M. Deluc appelle ainsi? et lorsque les 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE matières qu'ils renferment donnent des signes extérieurs de fer- mentation, ai-je encore eu tort d'appeler /ermentations volca- niques, celles que l’eau douce excite dans les volcans anciens sur des matières capables de les faire revivre ? En résumant ainsi les différens chefs de la contestation , il en résulteroit qu’elle n’auroit pas dù naître , puisque nous disons précisément les mêmes choses. Il me reste à répondre à deux'autres observations de M. Deluc, la première sur ce que j'ai dit que le Vésuve avoit cessé de brûler pendant 500 ans, lorsqu'il se ralluma en 1631. Je conviens que ne connoissant pas la liste du P. della Torre, je me suis trompé sur l’autorité d’un savant qui étoit lui-même dans l'erreur (1), mais cela ne touche point à la question principale , n'ayant eu en vue que de citer un exemple des volcans qui cessent pendant longtemps de brûler, quoique la mer ne s’en soit pas retirée ; ce qui est justifié par l'interruption plus que centénaire du Vé- suve avant l’époque de 1631. La dernière observation concerne les mots de milliers de siècles dont je me suis servi en parlant des volcans de l’Auvergne. « Il est étrange, dit M. Deluc, qu'on assigne si fréquemment aux continens actuels une quantité de plusieurs milliers de siè- cles depuis leur sortie de la mer, tandis qu’ils montrent un si grand nombre de faits qui attestent qu'ils n’ont pas une anti- quité plus reculée que celle que leur donne la chronologie de Moïse depuis la grande époque du déluge. , Je réponds que par ces mots des milliers de siècles, je n’aï voulu exprimer qu’une longue suite de siècles, sans chercher à déterminer des points de chronologie sur lesquels les savans ne s'accordent pas. Je connois toutes les preuves que M. Deluc a rassemblées sur cette grande question dans ses Lettres physiques et morales sur l’histoire de la terre et de l’homme; dans ses Let- tres physiques et génlogiques (1), et dans celle sur l’antiquité des zodiaques trouvés dans la Haute-Egypte, qu’il a bien voulu m'indiquer. Malgré l’art savant avec lequel l’auteur a formé ce (1) Depuis 76, qui est pour nous l’époque de la première éruption du Vé- suve, il fut en activité jusqu’en 1139, temps où il s’éteignit jusqu’en 1631, Analyse chimique et concordance des trois règnes , par M.Sage, second vol., pag. 270. (1) J'ai cité ees dernières dans un ouvrage sur les sourds-muets, imprimé en Van 8, à Paris, chez Buisson , rue Hautefeuille, ET D'HISTOIRE NATURE:LLE: +51 corps de preuves d’une masse imposante , il y a des géologues célèbres qui ne conviennent pas de leur évidence. Suivant le récit de Moïse, la création du monde ne remonte pas à 6000 ans; le déluge est arrivé 1656 ans après la création, ce qui ne l’éloigne de nous que de 4000 ans. Or, les géologues trouvent dans les débris de l’ancien monde des médailles em- preintes par la nature à des époques différentes qui supposent une antiquité bien plus reculée. Comme on ne doit pas jnger sur les mêmes règles les historiens sacrés et ceux de la nature, et que ce n’est pas chose aisée de les mettre d’accord, il faut laisser aux uns et aux autres la liberté d'opinion sur ces sujets de con- troverse. PT Ga ee ve es ne) ER te net ne nt (7e QU + 5e An in ep ne 0 | J. IZARN A J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR L'EFFET GALVANIQUE DES DISQUES METALLIQUES OXIDÉS. J'avois un appareil électromoteur composé de disques cuivre et zinc de 2 pouces et < de diamètre, et qui avoit été constam- ment en expérience pendant plus d’un mois pour servir de contre épreuve à la pile de M. Aliseau. Son action étoit absolument épuisée ; on le mouilloit en vain, il ne donnoit plus le moindre signe d'électricité, même en employant un bon condensateur. L'occasion me parut favorable pour vérifier les assertions de M. Lagrave ( cahier de germinal ). Je démontai cet appareil dont Vaction avoit été si forte que les couples se trouvoient soudées les unes aux autres. Les rondelles de drap blanc étoient chan- gées, sur-tont vers le centre, en une espèce de pâte sayonneuse et cristalline d’un beau violet brillant. Comme elles avoient été trempées dans une solution de muriate de soude, je reconnus là le savon indiqué depuis 7 à 8 ans par Chaptal (soude et rognures de drap. ) Chaque disque étant séparé et dépouillé de cette pâte qui y adhéroit , je remontai la pile après avoir bien pris de M. Lagrave lui-inême tous les documens nécessaires. L'ayant observée pen- dant plus de 8 jours sans en recevoir non-seulement des sensa- 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tions galvaniques , mais le moindre vestige d'électricité par le moyen du condensateur, j'en témoignai ma surprise à M. Lagrave, qui me promit de rendre ses effets sensibles , ce qu’il fit en pla- çant sur le disque supérieur une grenouille qu'il venoit de pré- parer. Elle se contracta comme avec une pile récemment montée. Je m'étois trop bien assuré de l’inefficacité de l’appareil pour lui attribuer cet effet, qui ne laissa pas de me surprendre, et pour en chercher la cause, j'enlevai le premier disque, et le tenant sur mes doigts réunis, j'y replaçai la grenouille en tenant de l’autre main les eux vertèbres auxquelles on laisse tenir les nerfs. Les mêmes contractions reparurent aussitôt que ces nerfs touchèrent le côté du disque, et ces contractions étoient si fortes que les nerfs étoient chassés du point de contact, et qu’elles étoient reproduites quand ils retomboient sur le même point, ce qui fit durer cette contraction pendant plusieurs minutes. J’isolai ce disque de zinc, l’effet fut absolument le même ; je pris alors un disque de cuivre de la même pile, et par consé- quent très-oxidé , l'effet fut presque nul ; il n’y eut de contrac- tion sensible qu’au premier contact. Je répétai le même essai successivement sur deux disques zinc et cuivre de mêmes dimensions, mais qui n’avoient jamais servi; j'apperçus au premier contact une foible contraction qui ne se renouvella point. Il me paroïssoit évident d’après cela que les effets obtenus par le premier disque zinc n’étoient dûs qu’à son oxidation. J’en oxi- daï un semblable, mais qui n’avoit jamais servi; je l'oxidai, dis-je, par l'acide sulfurique ; et quand il fut sec, je répétai l’ex- périence : je n’eus pas même les contractions du premier contact. De tous ces faits, je crois que nous pouvons conclure, 1°. que M. Lagrave avoit été trop loin dans ses conséquences, et qu'il avoit attribué à l’action de la pile ce qui n'’étoit dû qu’à un seul disque; 2°. que c’est à son état particulier d’oxidation cuivrée que nous devons attribuer l’effet de ce même disque, ce qui me paroît donner matière à réflexion et à uæe nouvelle suite de recherches, HISTOIRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 EN SE ES EEE TIRE PET CN HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS, DÉDIÉE A ANNE-CAROLINE LACEPÉDE, Par le cit. Lacérène, membre du Sénat et de l'Institut national de France , etc, ; tome cinquième PANDA EARE TS UT, Ce volume termine l’histoire des poissons. Son célèbre auteur V’a dédié à une épouse chérie qu’il vient de perdre : si quelque chose peut adoucir de pareils chagrins , c'est sans doute l’étude de la nature. Frédéric écrivoit à un de ses amis qui venoit d’éprouver une perte également sensible : Occupez vous forte- ment : je souhaiterois que vous eussiez quelques beaux pro- blémes de géométrie à résoudre, Je dis également à mon ami : Je souhaïte que vous entrepre- niez quelque nouvel ouvrage : nous y gagnerions tous , le pubic, et vous-même. L'auteur commence ce volume par le vingtième ordre des pois- sons , ou le quatrième ordre de la première division des osseux. Il comprend depuis le cent quarante-neuvième genre , celui des cyrrhites, jusqu’au deux cent douzième genre inclusivement, celui des cyprins. Le vingt unième ordre de la classe entière des poissons , ou premier ordre de la seconde division des osseux. Il ne comprend qu’un genre, le deux cent treizième, celui des sternoptix. Le vingt-cinquième ordre de la classe entière des poissons, ou premier ordre de la troisième division des osseux. 1l comprend le deux cent quatorzième genre, celui des sty- Jéphores. Le vingt-huitième ordre de la classe entière des poissons, ou quatrième ordre de la troisième division des osseux. Il comprend le genre deux cent quinzième, celui des mormyres. Tome LV II1- THERMIDOR an 11. 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le vingt-neuvième ordre de la classe entière des poissons, ou premier ordre de la quatrième division des osseux. Il comprend les genres deux cent seizième, celui des muréno- phis ; le deux cent dix-septième, celui des gymnomurères ; le deux cent dix-huitième , celui des murénoblennes ; le deux cent dix-neuvième, celui des sphagebronches ; le deux cent ving- tième, celui des unibronchapertures. (Le lecteur aura sans doute remarqué combien la nomencla- ture des poissons en général présente de difficultés à la pronon- ciation ; c’est qu’on a voulu faire des noms qui sont des pArases ; ainsi, znibronchaperture sisnifie une seule ouverture branchialez Un nom ne doit pas être une description. Ce n’est pas ainsi que Linné a fait les noms des genres des plantes : les noms doi- vent être simples). Enfin, ce volume est terminé par quelques supplémens à dif- férens genres. Mais présentons au lecteur l’ensemble de ce bel ouvrage. | Les caractères pénéraux des poissons sont les suivans : Animaux à sang rouge, ayant des vertèbres et des branchies au lieu de poumons. Ils sont divisés en deux sous-classes. Lzs POISSONS CARTILAGINEUX. Epine dorsale composée de vertèbres cartilagineuses. Les rorssons osseux. Epine dorsale composée de vertèbres osseuses. . Chacune de ces sous-classes forme quatre divisions, À raison de la structure des branchies ; etchaque division quatre ordres, à raison de la position des nageoires. = ET D'HISTOIRE NATURELLE. PorssonNS CARBTIELEAGIN EU X. Drvrsrons. &. Point d’opercule ni de membrane bran- CHIENS TMS NE EN SENS, 4. 5. 8. Point d’opercule , une membrane Ki 6. Cale lee lee ee toc tels ietars\ 7: 8. ‘ 9; 3. Un opercule, point de membrane bran-},o. . 12. 13. &. Un opercule, uns membrane branchiale. Fe 16. 17 & Un opercule , une membrane ail xd 21 2. Un opercule, une membrane branchiale. ê 2 24 CHAlDR Me ee ere A de" © S + 4. Point d’opercule ni de menbrane bran-(29: J SAERUE, AE DA AIERERr Et 3. Point d’opercule , une membrane pre 2 ORDRES, Apodes. Jugulrires. Thoracins. Abdominaux. Apodes. Jugulaires. Thoracins. Abdominaux Apodes. Jugulaires. Thoracins. Abdominauxe Apodes. Jugulaires. Thoracins. Abdominaux. Apodes. Jugulaires. Thoracins. Abdominaux. Apodes. Jugulaires. Thoracins. Abdominaux, Apodes. Jugulaires. Thoracins. Abdominaux, Apodes. Jugulaires. Thoracins. Abdominaux. Cette méthode renferme huit grandes divisions et trente-denx ordres ; maïs il y a encore plusieurs ordres qui ne peuvent être remplis par les poissons connus. Ce volume contient quatre-vingt-un genres, dont quarante- quatre sont nouveaux ; et trois cent quarante-neuf espèces , dont quatre-vingt- quinze sont nouvelles. Cet ouvrage est le plus complet que nous ayons sur les pois- sons. Il donne la description de mille quatre cent soixante-trois espèces, dont trois cent trente-neuf n’avoient pas été décrites: V 2 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces espèces sont distribuées dans deux cent vingt genres, dont il yen a cent vingt-sept nouveaux. Le lecteur connoît le mode de faire de l'auteur : c’est lui dire que ce volume ne l’intéressera pas moins que les précédens. RE Man Mb OL SRUMNIE SUR LES BASALTES DE LA SAXE, Accompagné d’observations sur l'origine des basaltes en gé- néral ; par J. F. DaurBursson. aie BA D A EN NE Nous avons déja dit que les minéralogistes sont partagés d’opi- nions sur l’origine des basalies, que les uns (les volcanistes } regardent comimne un produit du feu ; les autres (les neptuniens }. les regardent comme le produit d’une dissolution aqueuse. , « Bergman , dit l’auteur, le premier des chimistes qui se soit occupé avec autant de soins que de succès, des substances mi- nérales, et qui à de profondes connoiïssances sur les effets du feu , joignoit un grand savoir en minéralogie, Bergman, dis je, ne put reconnoître les basaltes comme un produit des éruptions vol-. caniques. Les Suedois partagent ses idées. * 11 n’y a pas trente ans que tout le monde, en Allemagne, re- gardoit les montagnes basaltiques comme d’anciens volcans. Ce fut Werner qui leva l’étendart; et aujourd’hui, parmi tous les minéralogistes allemands de quelque réputation, je n’en con- nois qu’un seul ( Voigt) qui soutiennent encore les mêmes opi- nions de l’origine volcanique des basaltes. Klaproth s’est pro- noncé d’une manière très décidée pour lopinion de Berginan et de Werner. 1l est le chimiste allemand qui a le plus observé les effets du feu sur les substances minérales , et en outre il a étudié les montagnes basaltiques avec cette exactitude qu’on lui connoît. En Angleterre, Kirwan partageoit d’abord l'opinion générale ; mais ses nombreuses expériences chimiques sur les minéraux, et d’autres considérations, le forcèrent à s’en départir. Le docteur Mittchell, un des premiers minéralogistes d'Angleterre , le doc- EXT ODAH/IS-T'OFI'R EUN'ATTAU RE TL L'E, 157 teur Jameson, auteur d’un voyage minéralogique en Ecosse, et la majeure partie des minéralogistes anglais ne voient plus dans les basaltes qu’un produit de la voie humide. Le gévlogue qui a le plus et peut-être lemieux observé, l’illustre minéralogiste des Alp# , avoit bien restreint , dans les derniers temps de sa vie, ses idées sur la volcanicité des basaltes. En par- lant des volcans éteints du Brisgaw, il dit (Journal de physique, an 2, pag. 326 ): « J'avoue qu'avant d’avoir étudié les ouvrages de Werner, je n’avois aucun doute ; mais ce savant m’a appris à douter. » Dolomieu qui étoit à la tête du parti volcaniste, mais chez qui l'amour de la vérité l’emportoit sur l'esprit de parti, Do- lomieu, dis-je , reconnoissoit qu’il y avoit des basaltes produits par la voie humide. 11 dit (Journal de physique, tom. 37 ): « Plus qu'aucun minéralogiste français , anglais etitalien, j’ai circonscrit l’empire du, feu , et j'ai retiré de son domaine plu- sieurs substances minérales qu’on y avoit placées... Les basaltes de la Saxe, de l’Ecosse , de la Suèle, peuvent être d’origine neptunienne, .. En parlant de ceux d’Ethiopie , il ajoute « Je puis affirmer ayec certitude que ces basaltes ne sont pas d’origine volcanique . .. » Tel est le sort des opinions humaines. Ce qui paroît vrai aux uns, paroît faux aux autres : ce qui a été regardé comme yrai dans un temps est regardé comme faux dans un autre. ... Le philosophe qui cherche sincèrement la vérité, sauroit il être trop tolérant pour les opinions des autres ? sauroit-il trop douter ? trop examiner? ... Les volcanistes trouvant des basaltes dans les laves qu’on a vu couler des volcans en activité, en ont conclu , par analogie, que zous les basaltes étoient d’origine volcanique. Bergman ayant analysé des tcapps (qui lui paroïssoient bien être d’origine neptunienne } et des basaltes, en retira à-peu-près les mêmes principes. Leurs caractères exterieurs lui parurent aussi à-peu-près sem- blables. D’où il conclut que es basaltes étoient également d’origine neptunienne. Werner a examiné la position géographique des basaltes de la Saxe , de la Bohème... , il lui a paru que cette position indiquoit que ces basaltes ne pouvoient être le produit d’une fusion in- candescente. Daubuisson a parcouru les mêmes lieux avec son exactitude 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ordinaire. ]1 a décrit quinze montagnes, au sommet desquelles il a trouvé des basaltes ; et voici les conséquences qu’il en tire. « Ce qui frappe d’abord au premier aspect des montagnes de la Saxe, c’est que le basalte ne s’y trouve que sur la sommité. Il recouvre toutes les autres substances minérales , et il n’en n’est jamais recouvert. C’est donc la partie de la montagne qui a été formée la dernière. » æ Sur quinze monts à sommet basaltique, que je viens de décrire , je trouve trois sommets immédiatement placés sur le granit, une sur le gneis, une sur le schiste micacé , trois sur le porphyre, quatre sur le grès, trois sur des couches de gravier, sable et argile : d’où je conclus, Qze les basaltes sont d’une formation moins ancienne que les granites, oneis et autres couches qui constituent la masse des montagnes de ce pays : il faut même que cette formation soit peu ancienne, puisqu'elle est postérieure à celle de quel- ques monts de transport. Ces basaltes ont presque toujours une position horisontale. On ne les voit pas inclinés. Tous les naturalistes regardent les granits, les porphyres, les schistes , etc. , comme des précipités provenant d’une dissolution ui recouvroit la contrée où on les trouve. Je regarderai donc 2e basaltes de la Saxe comme un précipité ou un sédiment d’une dissolution qui recouvroit ce pays. Toutes ces différentes sommités sur lesquelles reposent les ba- saltes sont presque à la même hauteur, Ces basaltes ont une position presque horisontale. Il se trouve aujourd’hui de grandes vallées entre ces divers sommités ; elles ont dû être creusées postérieurement par les eaux. L'auteur en conclut : : Que les cimes et les plateaux basaltiques que l’on voit sur les montagnes de la Saxe, sont les restes et comme les lam- beaux d’une grande assise de basalte qui a recouvert autrefois toute cette contrée. L'auteur croit avec Werner que le basalte est de la nature du grunstein, on vhinstone des Anglais ; c’est-à-dire , que : Le basalte est un mélange de hornblende et de feldspath, mais en parties si petites que l’œil ne peut les discerner; elles sont J'ondues les unes dans les autres. L’anteurayant prouvé que le basalte est un produit d’une dissolu- tion aqueuse, examine ensuite les raisons de ceux qui leregardent comme produit par l'action dy feu. Il pense que les preuves qu’ap- £T D'HISTOIRE NATURELLE, 159 portent les volcanistes ne sont nullement conclnantes; car uné montagne volcanique est nn tas confus de fragmens de pierres brèlces, de scories, de ponces..... Or, on ne trouve rien de semblable dans les montagnes de la Saxe. ... Mais une des plus grandes preuves qu’apportent les neptnniens contre les volcanistes , est tirée du gissement des basaltes sur les couches de houille. « En plusieurs endroits, dit l’auteur, le ba- « salte est immédiatement superposé à des couches de houille, «et à la surface du contact on ne voit absolument aucuns des «effets du feu, quoique ces matières bitumineuses soient si sen- «sibles à l’action de cet élément. Le mont Meiïsner, dans la « Hesse , présente un exemple remarquable de cette position stn- «.gulière. Si le basalte qui forme le toit de cette couche de houille, «et qui a plus de cent mètres d’épaissenr , eût été une coulée « de pierres fondues, seroit-il possible qu'en se répandant sur «un lit de matières bitumineuses, il n’eût atteint en aucune « manière ces substances. » L'auteur cite plusieurs autres exemples semblables. « Telles sont, conclut-ii, les principales raisons qui m’ont «convaincu que les basaltes que j'ai eu occasion de voir ne sont « pas l'ouvrage des feux souterrains, » à r Ce que nous venons de dire fait voir que le savant auteur de cette dissertation a examiné sous tous les points la question qu’il discute. C’est un point de géologie qui mérite toute l’attention des savans. 7 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. THERMOMETRE. BAROMÈTRE. Maximum. | Minrmum. | Muni. Maximum. | MINIMUM. A Mar. | 1à 2s.. —-20,7 à 4b m. -10,2 © 00,6 là 1oks. . 27.121,80 à midi... 27.11,76 271,76 2925. 12,0 à108 + 68,5/+11,8 | à 105. . . 26. ne à Dm... 27.11,00,28. 1,75 Bà2s. 162 2m + 6,6 H15,2 | à 2 m. .. 28. 4,52 22/5. . . 28. 3,50|28. 5,60 Hàa2s. 13,7. «+ « . + + .| 12,6 | à 3 s. . . 26. 4,25, ‘a 8m... 28. 3,50/28! 4,00: Sä2s.. H18,7à4 m. + 7,0lt12,7 | à 4 m... 28. 400 à2 5... 8. 3,28/26. 3,50 Ga 3". 15,5 à na + 6,5|415,1 Aaios..,., 28. 4,50 ja 4m. . , 28. 3,97/28, 4,25 7èà2s. “0| 19,2 ce midi... 28. 0,40 |à 6 lm.. . 28. 0,35|28. 0,401 2à22s. 17,5 à53 m. + 9,5 710,5, à 2 ï sh. JaB 30,6 mars 28. 0,55 |28. 0,974 3à2$s. Mask o à 5m. + 555" 8255... 25. 1,79 [a midi. . . 28. 1,76,28. 1,75 kà2s. : 62 à 5 Sante + 7,5| aa midi: + (28.12,55 [à 5 m.. ::. 28. 2,20|28, 2,558 Sà3s. Ha7,58 9m, + 8,35L:16,8; lä midi. .,::28. 3,60 [à 5 m. ..!. 28. 3,50l23. 3,60 Ga midi, zo;o| + - + + , . + [20,0 là 2 %m.. 28. 2,02 |à midi. . . 28, 2,60|28. 2,60! 7là33. 20,4] + . . . . . . 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Hag,7l . . - , . .|H16,8 1à 255. . 428. 3,95 |à midi. . (28. 2,97|28. 2 25\à 6 s +13,0à 6m. + 8,0 “13,6 À à midi. + . 28. 3,95 à 9 s.... 28. 3,5;|28. 3 A] 26/à 3 5 s. -H12,8là 6m. + 5,4|-k11,5 à 6m... 28. 429 àgs + 28. 3,95|28. RS | Hi27äz2 s. 114,0 à6 ?m. + 5,2-+19,6 À à midi. . . 28. 6,50 là 9 s. 25. 2,40/28. 3,50 É28à3%s. Ta à7m..e+ 5,6 178 | à midi. . 28. 1,75 la 51m... 28. 1,20|28. 1,75 Ploglà 25 s. +-17,8là 61m. 11,0-+17,4 Pa 6m +4 28. 1,25 |à 2 2m .‘. 28: 0,97|28. o,97m É'Soà25s +15,2 226 me id, 12,0 E à midi: 41. 27.410,67 |à 2 m. :4 27.10,00|27.10,678\ “| Î à 1fà23s. 4 43,0fà 6 Lin. += 4,2{11,8: Da 8 m. . . 27.10,90 [à midi. . « 27. 9,70|27.10,oû|k 2là midi. —-15,2là 6 m.. -E.4,0|19;2 Fa midi. . . 28. 0,69 [ag s. . .. 27.11,7t|20. 0,6 3läimidi. +-13,8)à 6 m.. + 8,6+13,5 a 8 m. .. 27. 0,30 |à midi. . 27. 8,20|27. 6,29 4jà midi. +142 095s.. + 9,7] 413,8 Fa 955... 27.10,53 (à midi. . 27.9,45|27. 9,438 5Slà5s.. +135 8m. . + 5,7|+12,2 Hà 6 8... . . 25, 1,90 [à midi. . . 28. 1,79|28. 1,7ôl 2 6435. + +-14,olà 5 m. «+ 6,5]-413,6 HE 26.210114 + + olle + le + + [28.127148 RÉCAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. . . 28. 5,65 le 19 midi. Moindre élévation du mercure. . . . 27. 8,20 le 3 complém, Élévation moyenne. . . . . 25. 1,92. Plus grand dégré de chaleur. : . . . + 20, 6ler1. Moinûre degré de chaleur. . . : .. —+ 4,ole 2 complém. Chalcur moyenne. . . .. + 12,3. Nombre, de > JQUES rie Qc Del — by | A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Fructidor et jours complémentaires, an x7. POINTS! VA RIATIONS LUNAIRES. DIE L'AT MO SPHÈRHX. Ciel trouble et très-couvert; quelques éclaircis. & Très-nuageux; couvert; quelques éclaircis eur le soir. Pleine Lune, Nuageux ; quelques éclaircis. : Trouble à l’horison; pet. nuag. très-élevés ; nuageux. Equin. ascend. À Beau ciel; quelq.nuag.; beau temps toute la nuit. Petites vapeurs , ou nuages très-clairs; solcil foible. Beau ciel sans nuages ; calme. Périgée. Trés-nuageux. Ciel sans nuages; vapeurs à l’horison. Dern. Quart. Superbe; quelques petits nuages. À Vapeurs et pelits nuages ; temps calme. Ciel sans nuages; temps calme per. nuag. à l’horison. |À Conv.; petite pl. à 4 h. du mat.; ciel couv.; nuegeux.|# Légèrem. couv.; quelq: éclaircis ; nuageux par interv.|} Couv. par intervalles ; beaucoup de nuages. Couv, par interv.; quelques nuages depuis 6 heures. Nouv. LureS Beau ciel ; couvert par interv. ; ciel sans nuages. Equin.descend à Ciel sans nuages, quelq. éclaircis. Beau ciel; vap. à l’horison ; brouill, Ciel sans nuages ; léger brouillard. Léger brouillards ; vapeurs à l’horison; beau ciel. Petits nuages très-élevés, Beaucoup. de petits nuages; ciel très-néb. Trouble ; nuages rouges sur. le soir; quelques nuages.|£ Dern, Quart. Très-nuageux; couv. par intery.; ciel sans nuages. Cial sans nuages. Ciel sinsnvages, 5 Légèrem. couv. ; trouble; quelq. éel. ; quelq. g. d’eau. | à Couv. ; pet: plan jour ;beauc. d’éelaircis ; couv. p. int.[R Quelq. écl. ; pl. fine et abond. depuis 11h presq cont. . N. N N. N N N. N N N. N. N N. IN N. N. N Vapeurs; quelq. nuag.; demi.couv. Très-couv. ; temps pl ; pl. ab. parint. ; beau dep. 5 h s.|8 Quelq. nuag.;couv.p int.; pl. ; nuageux dep. 8 h. Couv. ; à demi couv.; couvert; ciel très-nébulenx. Ciel couvert ; quelques éclaircis ; ciel couvert, Equin. ascend Pleine Lune. Prz c20 oo Brouill. épais; pet. nuas.; ciel tr. et nuaz. Périgée. RÉ C'AIPBITULATIO %. de couverts , . .. de pluie. [22] o 9 GG Go D = © © Jours dont le veut + souffié du em d' Œ D D em = Ch , 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D: EC 'R LP. T T'ON. D'UN POISSON FOSSILE Trouvé dans un bloc de gypse de Montmartre. Les poissons fossiles qu’on trouve en si grande abondance en différens endroits, comme au mont Bolca, à OEnii gen. sont ordinairement dans des couches schisteuses ou marrmeuses. Ceux même qu’on trouve dans des carrières de gypse, auprès d’Aiïx en Provence, sont dans des couches schisteuses, comme l’a observé Saussure ( Voyages, $. 1531 ) On voit au Maséum d'histoire naturelle de Paris, un bloc de pierre marneuse portant l’empreinte de plusieurs poissons. Cette pierre a été trouvée à Montmartre, au-dessus des couches de gypse. Le poisson dont il est ici question (p£. x ) est dans le gypse même le plus pur de Montmartre. Il a été trouvé dans ce que les ouvriers appellent la seconde masse. On doit se rappeler la composition de cette colline. Les couches supérieures sont du sable pur, ensuite des marnes, des couches coquillières , des couches argileuses, des secondes couches marneuses. On ren- contre ensuite la grande masse de gypse, qui a environ cin- quante-deux pieds d'épaisseur ; succèdent des couches mar- neuses... On trouve ensuite la seconde masse , qui a environ quatorze pieds. C’est dans cette masse qu’a éte trouvé ce poisson: Lacépède , avec qui je l’aï examiné, croit qu'il est du genre des ésoces ou brochets, d’après les caractères suivans. La position des nageoires inférieures indique que ce poisson osseux est abdominal. La position de la nageoïire dorsale, au-dessous de l’omale, fait croire qu’il appartient au genre des ésoces. La petite vertèbre , qui paroît en # , le confirme. MÉMOIRE ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE 321 MÉMOIRE SUR LA SABELLA PENICILLUS DE LINNÉ, Par le Docteur Virranr, Professeur de Botanique à Gênes. La famille des vers extérieurs a été de nos jours l’objet des re- cherches des plus célèbres naturalistes, et c’est dans les mains de Pallas, de MulleretdeCuvier principalement quelascience, pen- dantqu’elles’est enrichie desconnoissancesles plus précieuses pour la physiologie des corps organisés, a acquis cetteprécisionsystéma- tique, qui nous conduit à coup sûr à la détermination des espèces. Il y a pourtant dans cette famille quelques individus , qui jus- qu’à présent se sont soustraits aux recherches des zoologues. Ce- pendant la singularité de leurs caractères extérieurs est de la plus grande importance dans la classification, et ce n’est qu'après avoir bien connu toutes les espèces qui présentent ces conforma- tions singulières , que l’on pourra solidement établir les ordres et les genres. Quelques-unes de ces espèces, que j'ai eu occasion d’observer dansla méditerranée, formeront l’objet de plusieurs mémoires ue je me propose de publier. Maintenant je présente un essai de mon travail dans la description de la’ Sabella Penicillus de Linné. Le nom est déja vieux , mais la description que j’en donrte est tout-à-fait nouvelle , et c’est certainement d’après des des- criptions exactes , et non d’après le nom , que les naturalistes pourront se former une idée vraie de cette espèce. C'est au golfe de /a Spezia, parmi les algues, qui forment comme des prairies près du bord de la mer, que je rencontrai la singu- lière espèce de ver dont je vais présenter la description. Ce ver loge dans un tube , qui s'élève perpendiculairement du fond sur lequel il est fortement implanté par une base arrondie en-dessus et plate en-dessous, en forme de piédestal. Le tube arrive jusqw’à trois quarts depied en longueur, sur un diamètre de denx fiers de pouce, d’une couleur grisâtre. L’on trouve quelquefois sa surface parsemée de /zcus et de zoophyles ; ceux qui lui sont plus par- ticuliers sont le fzcus plumosus, la spongia pilosa, et l’escara j'ascialis de Linné. Le tube n’a aucune ouverture en bas, et Tome LVII. VENDEMIAIRE an 12. ss 322 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE c’est seulement de l'ouverture supérieure que le ver se montre par son appareil de tentacule qu’il déploie dans l'eau , et qu’il peut étendre jusqu’à 4 on 5 pouces de longueur sur 4 de largeur ( f. 1 k Ce panache est formé d'autant de filamens longs de deux pouces, colorés en anneaux de jaune et rouge. Au pre- mier coup-d'æœil on diroit que ces filamens partent comme d’un centre , et bordent en formé de rayon l'extrémité supérieure du ver, Si l’on portela moindre secousse à quelques-uns de ces fila- mens, Où si l’on agite l’eau autour d’eux , le ver roule tout son parache , et avec nne rapidité incroyable se cache dans le tube. On ne voit plus alors que le tube qui s'élève de l’eau comme la tige d’un arbre auquel on auroit tout d’un coup enlevé ses branches. Si l’on considère plus attentivement l’origine de ces filimens pendant que l'animal les déploie à son aise dans l’eau , on s’ap- perçoit qu’ils bordent la marge extérieure d’une appendice car- neuse ( /oula), que cette appendice prend son origine dans Pintérieur d’on collet (f 3 a b) quicoutourne l’extrémite du ver, et que celui-ci, en développant la spirale qui forme cette appen- dice , peut porter au-delà de quatre pouces son panache (f.1) ou le rainasser au niveau de la troncature de son collet (f. 4). C’est sous cette dernière forme que le ver montre toujours son parnache, quand il est gêné dans l’eau , ou quand on l’examine mort on extrait du tube, et c’est d’après ces circonstances qu'il a été observé par Pallas et Spallanzani , dont le premier l’ob- serva mort ; l’autre s’empressa peut-être trop de l’arracher de son lieu natal. J’ai encore observé que quoique l’origine des filamens soit au même niveau dans la warge extéricure de l’appendice carneuse ; il ÿ a pourtant quelques fentes qui se portent au-delà de ce ni- veau ; ainsi quand dans l’appendice roulée ces fentes viennent à se rencontrer de deux côtés, le panache semble de son ori- gine divisé en double ordre. C’est encore sous cette dernière po- sition qu'il a été figuré et décrit par Ellis dans son ouvrage sur les corallines. Nous verrans plus bas que toutes ces métamorphoses du panache dans le même individu ont donné lieu À l’établisse- ment d’autant d'espèces différentes , et que c’est de ces espèces factices que les systématiques se sont empressés d'enrichir leurs ouvrages. J'ai porté la plus grande attention pour m’assurer si, par le mouvement rotatoire de ces filamens à la manière des polypes, ce ver excitant un vortex dans l'eau, par cet artifice, s’ermparoit . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 des animalcules qui tomboient dans ce tourbillon. Mais rien de pareil ne se présenta à mon observation. Jesuis pourtant d’avis que cet appareil de filamens lui sert aussi pour attraper les petits vers marins qui tombent dans ces sortes de filets. J'ai observé en effet que bien souvent le ver les retiroit sans que j’eusse apporté ni sur eux ni sur l’eau la moindre secousse. Il s’étoit alors emparé de quelques petits insectes qui , dans la décomposition des algues et d’autres corps marins, se multiplient autour de lui. Ainsi la pature , pendant qu’elle a privé cet animal de la faculté loco- motive , a pourvu abondamment à sa subsistance , en fixant au- tour de lui les objets de sa nourriture. C’est d’après toutes ces observations qui ne sont pas moins né- cessaires pour déterminer la forme extérieure de ce ver que pour en connoître lesmæurs , que je l’arrachai du sol ; la base du tube estattachée parlemoyen d’unesubstancecartilagineuseblanchitre, tirant surlebleu; unecroûte calcaire assez mincecouvreextérieure- ment tout le tube , et peut s’en détacher en écailles, si on le presse. Pour reconnoître la structure intérieure du tube , je le coupai dans toute sa longueur ; mais au lieu de découvrir le ver , je trouvai alors le tube vide. En poussant la section même dans la base , je trouvai que la cavité du tube continuoit encore en s’é- largissant dans celle-ci, qui n’étoit mème formée que d’un tour et demi du tube plié, et couché sur le sol. Le ver s’étoit réfugié dans cette espèce de retraite, en grossissant en diamètre aux dé- pens de sa lougueur. Il arrive souvent, quand on n'a pas le soin de déraciner la base du tube de la terre, qu’il reste dans les mains le tube vide , ce qui a fait accroire à quelques naturalistes, que le ver pouvoit sortir à son gré du tube , et qu’en effet bien sou- vent on trouvoitle tube vide. C’est pourquoi je n’aipas cru inutile d'indiquer la source de cette erreur. La cavité interieure du tube est tapissée de deux membranes, dont l’intérieure est luisante , toujours humide et collée sur l’ex- térieure par toute la longueur verticale du tube. Mais dans la base elle s’en détache , et continue à former par elle-même un tube membraneux , qui se trouve au milieu de celui qui conti- nue à former les tours de la base. Cette conformation du tube dans la base étoit nécessaire pour recevoir commodément l’ani- mal quand , en se raccourcissant , il vient se réfugier dans cette retraite. La figure du ver (fig. 4 ) est presque cylindrique de 6 à 8 pou- ces de longueur , d’un tiers de pouce en diamètre; il est un peu é Ss 2 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE applati vers son extrémité inférieure où il finit en pointe ; touté sa surface est divisée en anneaux comme danstoute la famille des vers helmintiques de Muller. Aux deux côtés de-chacune de ces sections, il y a un petit tubercule arrondi, dans lequel , comme dans une gaine, est cachée une épinglé osseuse. C’est en contrac- tant les fibres musculaires du tubercule que la gaine se renverse, et l'épingle ( sezula ) qui est implantée dans son fond vient au- dehors ( fig. 6). Tels sont les organes de mouvement de ce ver, et c’est par ce moyen qu’il peut se prolonger à quelques doigts de l'orifice de son tube, ou s’ensevelir jusques dans sa base. L’extrémité antérieure du ver finit par une appendice en forme de collet de 5 lignes environ de longueur , qui dans son intérieur contient la spirale du panache. Ce collet est formé de trois pièces. disposées de manière que dans son erisemble elles n’en présentent qu’une seule. La pièce de.ce collet qui reste en arrière , porte à sa marge une échancrure (fig. 4 a) qui la divise comme en deux tubes. Les. deux autres pièces forment le reste du collet , et c’est à la partie antérieure seulement, qu’elles sont divisées par une fente (fig. 3)- En examinant l'intérieur du collet d’où l’on passe directement dans l’estomac , je pus m'assurer davantage de l'appendice spi- rale qui prête la base aux tentacules. Pour mieux reconnoître la nature de ces filamens, j’en assujettis une portion au microscope. Le moindre grossissement commença par me faire connoître que ces filamens , au lieu d’être arrondis, comme ils paroïssent à œil nud , étoient aplatis d’un côté , et que les bords de cette apla- tissement étoient garnis d’un rang de poils contigus extrê me- ment mobiles, même quelque tems après avoir coupé de l'animal son tronc principal. La substance dont ce tronc étoit composé, sembloit cartilagineuse , toute sillonnée en anneaux , comme les branchies des poissons. J’ai soumis au plus fort agrandissement un des poils qui garnissent les bords du tronc , et j'ai trouvé qu'il est formé d’un petit tube rempli d’une humeur rougeûtre. l’un des bords de ce tube portoit une appendice formée tout-à- fait de petits vaisseaux très-fins , qui, à l'angle droit, se déta- chent de son tronc, et dans une direction paralelle entr’eux abou- tissent dans un vaisseau qui court aussi dans la direction du premier( fig 8). Le bord extérieur de celui-ci me présenta en- core des touffes de poils, qui étoient de même remplis d’une humeur rougeñtre; mais ici mon microscope , quoique des plus parfaits de Dollond, m’abandonna. J’ouvris alors le ver intérieurement par une section tout Le long ET D’HES D OLR-E; NATURELLE. 325 de son corps, pour mettre à découvert l'origine de ces vaisseau, et avec eux le système de circulation ( fig. 9 ). Aux deux côtés du tube alimentaire qui traverse le ver dans sa longueur, je cominmençai par appercevoir deux vaisseaux san- guins, dont le diamètre, à leur partie supérieure, surpasso un quart de ligne ; ce qui permettoit de pouvoir les examiner à œil nud. Leur direction est droite , et il n’y a pas lieu à con- fondre la tige principale avec ses branches. Les premières de ces ramifications se détachent d’ane manière assez singulière, La tige forme une espèce de gonflement , d’où sortent de chaque côté 5 à 6 petites diramations comme autant de rayons qui vont se perdre dans les parties voisines. C’est précisément de la même manière que dans les insectes les diramations nerveuses se dé- tachent de leur tronc; ainsi sans la couleur rouge foncé de ces vaisseaux ,et sans m'être assuré de la liqueur qu’ils charient, j'aurois pu les confondre avec le système nerveux de ce ver. Une autre circonstance vint aussi me tirer d’embarras ; c’est que les branches inférieures se ramifient de la même manière que dans les animaux à sang rouge, et les ramifications de chaque tronc, qui toutes se jettent sur le tube intestinal , forment sur ses tuniques un réseau rouge aussi fin qu'on ne réussiroit pas à le voir plus beau avec les injections les plus heureuses, ou dans celles que nous présente la nature dans les inflammations du tube intes- tinal. Les branches extérieures se perdent dans les parties voisines, et principalement dans les muscles qui forment les tubercules. Les deux troncs , vers leur partie inférieure , deviennent si fins que, à 4 lignes environ de l’extiémité du ver , ils se perdent tout-à-fait de vue. Je portai alors toute mon attentiou à leur ori- gine , pour voir si je pouvois trouver le centre du système vascu- laire, et déterminer ainsi les rapports que ces vaisseaux ayoient avec ceux des tentacules, Mais je dois avouer que toutes mes ten+ tativesrépétées dansle petitnombred’individusdece ver que jesuis parvenu examiner,nem’ontpointdonnéde résultats assez exacts. Il ya certainement un organe en partie transparent, dans lequel, comme dans uu sae , doit se verser le sang qui vient de différen- tes parties du ver; parce que toutes les fois qu'avec la lancette je tâchois d'en déterminer la forme , il m’arrivoit qu’une liqueur rouge inondoit les parties environnantes. Je puis aussi assurer que, à la base du collet dans une direction verticale, il y a un vaisseau qui contient une liqueur teinte du plus beau rouge ; c'est au moins ce que j’ai eu occasion d'observer , lorsque je pra- } x26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tiquais des incisions perpendiculaires à ce collet. Dans les pa- rois de ces fentes j’observai constamment à la même direction un point d’où suintoit cette liqueur colorée. Il n’y a pas de doute que ce point rouge ne présente la coupure du vaisseau qui transporte le sang des tentacules, que je regarde aussi comme les organes respiratoires de ce ver ; mais la continuation de tous ces vaisseaux jusques dansle centre de leur réunion s’est toujours soustraite à mes recherches. Cependant si ce que j’aï observé sous ce rapport ne suffit pas pour développer dans son intégrité le sys- tême de circulation de ce ver, cela ne doit laisser aucun doute sur l’usage et sur la structure des tentacules. Leur organisation sous tant de rapports analogue à celles des branchies, l'extrême division que présentent les vaisseaux dans ces organes , pour multiplier le contact du fluide environnant, la couleur rouge en- fin qu'a acquise la liqueur après les avoir traversés , çonfirme dans cet individu ce que le professeur Cuvier a si bien démontré dans Je Jlombric de mer. Ce qui est digne d’attention dans mon espèce , c'estla réunion dans le même organe de l’ins- trument de proie et de celui de la respiration , pendant que ce dernier est à part dans le lombric de mer et dans les senres am- phytrites et nereis où il paroît encore sous la forme de branchies. Dans un autre mémoire je ferai connoitre une nouvelle espèce de nereis ayant à la base de ses tentacules un grouppe de vaisseaux qui forment autour du collet comme une espèce de touffe. C'est à travers ces vaisseaux que j'ai vu le sang du ver se colorer du plus beau rouge , comme Sandifort avoit déja observé dans la nereis conchilesa de Pallas. On diroit que ce grouppe de vais- seaux présente comme des poumons extérieurs , dans lesquels l’artère pulmonaireauroit été délivré de son parenchyme. Du milieu du collet on pénètre par une fente dans le tube in- testinal (f. 10). De son origine jusqu’à deux tiers de pouce, la direc- tion estdroite ; son diamètreest de trois lignes environ ; et il sur- passe ainsi en largeur le reste des intestins, en formant ici comme un sac alongé. (f. 10 b) Autour de ce sac , que j'appellerai estomac, ontronve un corps glandulaire qui lui est adhérent dans toute sa longueur , et qui peut-être sépare des sucs qui pénètrent dans l’estomac , et servent à la digestion. Depuis le fond de l'estomac, l'intestin commence à se plier et à s’entortiller de manière qu'il n’est plus possible d’en suivre la direction, que dans une suite de gonflemens , et des saccules jusqu’à l'anus. Fous ces saccules sont remplis d’une matière pul- peuse ; dans la partie plus basse des intestins, cette matière ELTS D' HI T'ON R EN A TU R EL TE: 327 devient de plus en plus mucilagineuse et blanchâtre. Si l’on ouvre le verencore vivant , et que l’on porte tont-de-suite l’œil sur le tube intestinal , on observe , au moyen d’une loupe , un mouve- ment vermiculaire, qui commence à se faire appercevoir à la moitié du tube , et se porte contre son mouvement ordinaire jusqu'au sommet. Je me rappellai alors d’avoir vu sortir de la bouche du ver, pendant qu’il vivoit à sa place , des flocons de matières qui, de l’intérieur de son panache , venoient à surna- ger dans l’eau. Peut-être que ces matières , après avoir subi l’ac- tion de l'estomac, et avoir renvoyé aux plus bas intestins la par- tie nutritive, étoient rendues par la bouche, comme inutiles. Ce vomissement des matières ne doit avoir lieu que pour les substan- ces, qui même après l’action de l'estomac restent encore assez grossières pour traverser les minces saccules des intestins infé- rieurs. En effet les matières mucilagineuses qui les remplissent, sont évacuées par une onverture qui reste à quelques lignes de Fextrémité du ver. Ou doit cependant remarquer dans le mou vement antipéristaltique des parties supérieures des intestins de ce ver l’affinité qui, sous ce rapport, le rapproche des po- Types , dans lesquels les excrémens sont rendus aussi par la bouche. « Ce qui m’étonna davantage dans l'anatomie d’un des plus gros individus de ce ver , que j'ai rencontré dans le port de Gènes, furentcinq vaisseaux remplis d’une humeur lymphatique, visibles même à œil nud, qui sembloient finir le tube intestinal, et se prolonger par l’espace de six lignes jusqu’à l’extrémité du ver, où ils se perdoient dans le tissu cellulaire. (f.11 b)Le docteur Batt, qui de ce temps, étoit président de la société medicale de Gènes, et quelques autres de nos collègues furent témoins de cette ob- seryation. Je ne hazarderai pas ici la moindre conjecture sur l’nsage et la nature de ces vaisseaux, qui indiquent sûrement dass ce ver un degré d'organisation supérieure à ce qu'on a connu jusqu’à présent dans cette famille. Je ne dirai pas non plus ce que disent ordinairementles naturalistes , quand ils rencontrent quelques organes dont ils ignorent l’usage , que ce sont les par- ties de la génération. Des recherches suivies, que je me pro- pose d'entreprendre dans des saisons différentes sur la repro- duction de cette espèce, jetteront peut-être quelque lumière sur une fonctior, qui reste encore à éclaircir dans cette famille. D’après toutes ces observations sur la structure de ce ver , on Pourra avec sûreté déterminer la place qui lui convient dans l’or- dre systématique, Les caractères que Linné assigna au genre /4- 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bularia, et plus encore le cas qu’on faisoit des noms dans un temps où l’étude des testacées se réduisoit à celle de leur domi- cile , farent la cause que plusieurs naturalistes reportèrent mal- à-propos notre espèce à ce genre. Spallanzani qui l’a observé au golfe de la Spezia, l'a pris aussi pour une nouvelle espèce de tubulaire. Il n'avoit pas fait attention que lacorallina tubularia melitensis de Ellis ; qui avoit, selon lui, tant de ressemblance avec son espèce , étoit reportée par Linné en synonime à la ser- pula penicillus. Cependant c’est bien davantage par cette ressem- blance , que par le nom de tubularia, que Gmelin devoit juger de la nature du ver observé par le naturaliste italien. On ne sauroit assez être surpris de voir que, sur un simple apperçu que Spallanzani donne de cet animal à son illustre ami Charles Bou- net, Gmelin en établit dansson Systema naturae une nouvelle espèce de zoophyte sous le nom de 1zbzlaria Spallanzani. Cette tubulaire zoophite est pourtant le même individu que l’auteur même , sur l’autorité de Muller, rapporte entre les vers sous le nom d'amphytrites ventilabrum. Ce genre de critique qui brille dans son édition du systema naturae a cendu la détermination des êtres extrêmement plus difficile qu’elle ne l’auroit été elle- mêine. Les deux savans naturalistes Pallas et Muller ne sont pas non plus d'accord sur le genre de ce ver, dont le premier en fait une zereis, l’autre, comme nous venons de voir, une amphytrites ; ce qui prouve combien tous les deux ont peu connu la vraie conforma- tion de ses parties extérieures. La nature même du tube a été encore mal connue par Pallas, qui le croit formé de boue ou d'arpille tirés du fond de la mer, comne dans plusieurs de ses nereides. J’ai démontré qu'il y avoit une vraie croûte cal- caire, qui tapissoit extérieurement tout le tube ; sous ce rap- port, mon espèce formeroit le passage aux testacées univalves, comme les serpula , les teredo , etc. Cependant on ne doît pas être surpris si, dans la description d’un ver conservé dans l’eau- de-vie, et venu de Curassao , Pallas n’a pu porter cette exac- titude qui le distingue dans ses spicilegia. Le synonime de zer- eis lutaria de Pallas a été justement rapporté à cette espèce par Olivi dans sa zoologie adriatique , mais c’est bien mal-à- propos qu’il applique à cette espèce les caractères génériques que Linné avoit établi pour les Sabelle, qui ne lui convien- nent nullement. Je ne comprends pas non plus comment le même auteur ait pu soupconner que la sabella penicillus de Linné soit l'espèce même que sa nereis seticornis, tandis que celle-ci en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 329 en est tout-à-fait différente, et a été établie par Fabricius en nouveau genre sons le nom de spio seticornis. Si l’on veut à présent déterminer à quel genre de vers appar- tient l'espèce que je viens de décrire , on pourra avoner qu il n’y en a aucun , parmi ceux €tablis par les naturalistes, qui lui conyienne. Son appendice roulée en spirale dans l'intérieur du collet lui appartient exclusivement, et il y auroit là-dessus de quoi établir solidement un genre. Mais en attendant que des observations suivies sur les vers dans leur lieu natal portent dans la description des organes antour de leur bouche cette exacti- tude que Fabricius a mise dans celle des insectes, je tiendrai mon espèce dans le genre amphytrites de Pallas, avec lequel il a quelque rapport. Voici sa phrase spécifique , et les plus in- téressans de ses synonimes. Amphitrite V’entilabrum, À. Ligula spirali, retractili, margine exteriore tentaculata ; tentaculis numerosissimis ciliatis ; proposcide nulla. Penicillum marinun Rondelet lib. de ins. et zooph. Corallina tubularia imelitensis Ellis coral. tab. 34. Sabella penicillus Lin. syst. nat. Olivi zoologia adriat. Amphitrites ventilabrum Gmelin syst. nat. Mz/1. von Wurm. P- ®. n. 4. Tubularia Spallanzani Gmelin. Syst. nat. Specie ditubularia Spallanzani Mém , della Soc. ital. Nereïs lutaria. Pa/. Miscell. zoolog. tab. X. RCE EEE PR PP PCT CES D PE PIRE SPEARS PET PEN TEE SCIE NO PSANUUE SUR LA PIERRE APPELÉE BERIL DE SAXE. On avoit donné le nom béril à de petits cristaux hexaëdres qui se trouvent dans une espèce de porphyre de Saxe. Tromsdorf avoit analysé ce prétendu béril , et avoit dit en avoir retiré une nouvelle terre à laquelle il avoit donné le rom d’apustine, c’est- à-dire, qui n’avoit point de goût. Vauquelin vient de répéter l'analyse de cette substance , et il a reconnu qu’elle étoit une chaux phosphatée , ou espèce d'ap- patit. Tome LPII. VENDEMIAIRE an 12. T 330 JOURNAL DE l'HYSIQUE, DE CHIMIE. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Géographie mathématique , physique et politique: de toutes les parties du monde , rédigée d’après ce qui a été publié d’exact et de nouveau par les géographes , les naturalistes , les voyageurs et les auteurs de statistique des natious les plus éclairées , desti- née principalement aux maisons d'éducation , aux professeurs de la géographie ; aux négocians et aux bibliothèques des hommes d'état, publiée par Enms Mrwrerze, de l’Institut national, et Marre Baux , géographe danois. Les détails sur la France, par Hensin , employé au ministère du Grand-Juge , et membre de la société de statistique de Paris. Dédiée au Consul Cambacérès. Quinze vol, de texte de boo à 5bo pages chacun , format in-8°. N.B. Ces volumes renferment en outre un grand nombre de tableaux de statistique, de géographie physique et de métrologie. Un vol. d’atlas avecun discours préliminaire, format in-fol. , imprimé sur papier grand- raisin vélin, et composé de 43 plan- ches : prix , les quinze vol. broch. , avec l’atlas cartonné, et les. cartes en noir , 122 fr. ; £dem avec les cartes coloriées , 130 fr. Une géographie universelle , telle que nous la congcevons ,. disent les auteurs, doit présenter un tableau complet, précis et raisonné de l’état du globe terrestre et du genre humain, pris à une époque quelconque. Cette définition générale admet des modifications , selon le but particulier qu’un auteur peut se pro- poser. Ainsi la géographie des temps les plus modernes forme l’objet principal de notre ouvrage; cependant nous embrassons. aussi dans notre plan les changemens qui ont le plus influé sur l'état du monde, et nous traitons spécialement de la géographie ancienne classique. La géographie-physique parcourt d’un pas rapide les vastes domaines de la nature, tantôt elle examine les montagnes ; les vallées , les plaines , les divers sols et terreins, d’après Bergmann, Desmarets , Dolomieu et Werner ; tantôt elle contempleen dé- tail tous lestrésors de la minéralogie , rangés dans un si bel ordre par Haïüy ; elle assigne aux végétaux leur zone natale ; elle dis- tribune les quadrupèdes dans les deux continens , d’après Bufion et Zimmermann. Si elle recherche les causes du flux et du reilux, c’est sur les traces de Bernouilli et de Laplace ; si elle contem- ple les brillans météores qui roulent sur nos têtes , c’est avec ET D'HISTOIRE NATURELL-. 331 ÆCotte , Coulomb et Deluc ; par-tout nous avons cherché À mettr e ‘la géographie-physique en rapport immédiat avec la chimie et la physique moderne. Cependant justes admirateurs du génie des ‘anciens, nous ayons profité des observations d’Hippocrate, en traitant de la diversité des climats physiques; pour tracer le ta- bleau des phénomènes volcaniques, nous avons comparé le récit de Pline avec celui des modernes. Dansle livre de l'hydrographie, nous avons ajouté aux bases posées par Wallérius et Haïley, les “observations des navigateurs modernes. L'histoire physique du globe entroit nécessairement dans notre plan ; mais nousavons eu soin‘d’y distinguer les faits prouvés par l'observation, d’avec les hypothèses, qui souvent ne sont que des fruits de l’imagi- nation.Les révolutions physiques du globe etles monumens qui les attestent, les diverses idées géogoniques ou théories de la terre, sut-tout les systèmes de Buffon , de Delamétherie , de Do- lomieu et de Deluc , ont été exposés souvent dans un très-grand détail. L’histoire naturelle de l’espèce humaine termine ce travail sur la géographie générale, travail qui manquoit jusqu'ici dans toutes nos géographies universelles. Dans l'introduction historico-statitique , nous avons embrassé d’un coup-d’œil tout ce qu’il y a de fixe et de général dans les mobiles rapports de la société humaine. L’origine des lois et des -empires , l’étonnante diversité des religions et des formes du gouvernement, les ressources et forces matérielles des états , tous ces objets de la géographie politique ou dela statistique y sontin- diqués , classés , définis d’après Guthrie , Adam-Smith, Bus- ching et autres. On a donné séparément un tableau général des langues, de leur caractère et de leur affiliation. Une table chronologique des événemens et des personnes re- marquables sert encore comme un lien général entre tous les ar- ticles historiques disséminés dans le reste de l’ouvrage. Dans un autre précis chronologique nous avons exposés rapidement les progrès de la géographie, soit par des découvertes , soit par des ouvrages. On joindra au dernier volume une notice bibliogra- phique des livres et cartes géographiques. Ce qui complette les bases générales de la géographie-statisti- que, et qui rend même notre ouvrage indispensable aux négo- cians , aux voyageurs , aux financiers et aux économistes politi- ques, c’est une série de quinze tableaux comparatifs des mon- noies , des poids et des mesures des états de toutes les parties du monde ; on y trouve l'évaluation des monnoïes , tant de compte qu'effectives de tous les pays ; d’après leurs He et poids, de t 2 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE France , d’Allemagne et de Hollande, leur prix au marc et à l’hectogramme, ainsi que leur valeur en argent de France, le cours du change des principales places de commerce de l’Europe et des États Unis, les anciens et nouveaux poids, les grandes pe- sées , les mesures de capacité, anciennes et nouvelles , les me- sures linéaires et itinéraires de tous les pays ; d’aprèsles meilleurs auteurs français et étrangers. Cette métrologie complette occupe environ 225 pages en tabieaux très-serrés. T'els sont dans notre ouvrage , les articles généraux et théori- ques. Les matières qui en font l’objet ne sont guères affectées par ces changemens qu’enfantent journellement la guerre et la politique. Ces articles présentent au lecteur une instruction toujours utile, un intérêt qui ne variera point avec les années à venir. Pour lier la partie descriptive à ces articles généraux, un an- neau intermédiaire devenoit nécessaire. On le trouve dans les introductions générales que nous avons placées à la tête de la des- cription de chaque partie du monde. Dans chacune de ces intro- ductions on trace la géographie-physique de toute une partie du monde divisée d’après ses régions naturelles, avec un choix d’ob- servations thermométriques , pour caractériser chaque climat ; des tables détaiilées réunissent les mesures les plus modernes de la hauteur des montagnes, ensuite des tables également détaillées sur l'hydrographie, tant maritime que terrestre ; enfin un pré- cis de statistique comparée , qui montre l’étendue , la popula- tion , les, forces militaires , les revenus de chaque état, et le caractère moral et politique, qui distingue chaque peuple des. cinq parties , dans lesquelles nous divisons le globe habité. Dans les descriptions particulières nous avons tâché de con- centrer , autant que possible , l’'énumération des divisions , les indications de l’étendue et de la population, et les autres détails de topographie et de statistique, en les renfermant dans des tableaux nombreux, vastes et bien figurés. Par ce moyen, il nous est resté assez d’espace pour décrire d’une manière très- détaillée les productions , phénomènes et curiosités de la nature ; les chefs-d’œuvre des beaux arts, les mœurs et amusemens des diverses nations , lewr industrie , leur commerce, les progrès des sciences ct des lettres, l’état politique et militaire de chaque état, et un apperçu de son histoire. Ces articles forment la ma- ienre partie de notre géographie spéciale, et lui donnent toute a variété et tout l'intérêt d’une relation de voyage. Quant aux sources où nous avons puisé les détails de nos _ MEET D'HTSTOLRE NATURELLE 333 descriptions, nous les avons puisés dans tous les milleurs ou- vrages anciens et modernes, Lestables des matières ajontées À la fin de chaque volume, et l’index alphabétique général qui terminera le dernier vo- lume, rendront l'usage de cet ouvrage anssi facile et aussi commode que celui d’un dictionnaire. L’atlas est un des plus précieux et des plus complets qui aient encore paru dans le commerce de la librairie française, à la suite d’un ouvrage géographique ; il est composé de 435 planches, armi lesquelles il y en a beancoup qui n’ont jamais été pu- liées en France ni en Angleterre. Les parties centrales de l’Asie y sont présentées dans un jour absolwunent nouveau. Dans le nord de l’Amérique , dans l’intérieur de l’Afrique et dans la mer du Sud, il y a également des détaïls jusqu'ici peu connus. Les indemnités de l'Allemagne s’y trouvent indiquées; enfin toutes les découvertes modernes y sont insérées. Outre les meilleures cartes françaises , on a consulté celles d'Arowsmith et de plu- sieurs autres géographes, récemment publiées en russe, en danoïs, en allemand, en anglais, etc. Beaucoup de personnes âyant témoigné le desir qu’elles avoïent de jouir des volumes de cet ouvrage à mesure qu’ils seroïent imprimés , l'éditeur se détermine à le diviser en quatre livraisons ainsi qu'il suit : La première livraison devant paroître le premier vendémiaire an 12. Les vol. un à cinq inclusivement , brochés , 30 francs. La seconde livraison devant paroître le 20 vendémiaire idem. Les vol. six à dix inclusivement , brochés , 30 fr. La troisième livraison devant paroître le 10 brumaire zdem. Un vol. d’atlas, avec le discours préliminaire, cart. 32 fr. N. B. L’atlas avec les cartes coloriées , 8 francs de plus. La quatrième livraison devant paroître à la fin du mois de fri- maire zdem, Les vol. dix à quinze inclusivement, brochés , 50 francs. En prenant la première livraison on sera tenu de payer 19 francs au-dessus de son prix , à titre de souscription à la totalité de l’ouvrage, qui seront déduits sur le paiement du prix de la quatrième et dernière livraison. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle , appliquée aux arts , principalement à l’agriculture et à l’économie rurale et do- mestique , par une société de naturalistes et d’agriculteurs, dont les noms suivent : Sonnini , Virey , Parmentier , Huzard, 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Bosc, Chaptal, Olivier , Latreille, Cels, Thouin, Dutour et Patrin , presque tous membres de l’Institut national, en 24 vol. grand in-8°. , ornés de planches en taille-douce , tirées des trois règnes de la nature, cinquième et sixième livraisons, faisant les tomes 13 à 16, six vol. orné de 65 planches en taille douce : prix, pris à Paris, à 6fr. 5o c. Ce volume , ainsi que les précé- dens, 39 fr. A Paris, chez Déterville, libraire, rue du Battoir, n°. 16, quartier St.-André-des-Arcs. On voit que ce grand ouvrage se continue avec beaucoup de zèle, et il sera bientôt terminé. Les auteurs ne négligent rien pour le rendre intéressant sous tous les rapports, ceux de la science, et ceux de l'utilité. Nous allons en extraire quelques articles. Mélèze. L'auteur ( Dutour ) après avoir décrit ce bel arbre, finit son article par des observations que Malsherbes avoit faites sur sa culture. « Le Mélèze, dit l’illustre et infortuné Malsherbes, est le plus haut, le plus droit, le plusincorruptible de nos bois indigènes. Il est excellent pour tous les usages , et très-recherché. Car en plusieurs cantons de la Suisse, une pièce de bois de me- leze coûte le double d’une pièce de bois de chêne. J’étois dans le Valois en 1778, on meft voir dans la vallée du Rhône une maison de paysan construite en mélè ze. La date de sa construc- tion y est écrite. Elle existoit depuis 240 ans, exposée à toutes les injures de l'air ; et le bois en étoit encore si sain et si en- tier, que je ne pouvois presque y faire entrer la pointe d’un cou- teau. » « Des personnes qui ont cherché dans les montagnes de la Suisse des bois propres à la mâture , ont fait des essais sur le mélèze. Ce bois est beaucoup plus lourd que les pins et les sa- pins, ce qui semble le rendre moins propre à cet usage. Mais comme ilest plus fort, ils imaginèrent qu’on pourroit employer pour la mâture des pièces d’un moindre diamètre que celui de pin et de sapin, et obtenir une égale résistance , malgré la dimi- nution du volume. Je nesais pas si cette spéculation auroïit réussi, On m’a dit qu’on renonca à faire l’expérience, parce que dans un pays où il y a beaucoup de mélèze d’une hauteur prodigieuse , on en trouva très-peu qui sur la hauteur requise pour des mats, eussent même le diamètre auquel on consentoit à se réduire. » Mer, phosphorescence. L'auteur (Patrin ) recherche la cause de la phosphorescence des eaux des mers. {l rapporte l'opinion de Vianelli, de Nollet, qui atrribuoient cette phosphorescence à des animalcules , chose reconnue fausse aujourd'hui. Leroi de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 335 Montpellier pensoit que la mer étoit phosphorescente indépen- daämment des animalcules. « Enfin l’on fit, ajoute l’auteur , différentes expériences qui prouvèrent d’une manière directe que l’eau de la mer devenoit phosphorique sans l'intervention d’aucun être vivant. On mit d’a- bord dans de l’eau de mer, qui n’étoit point lumineuse différens poissons , et notamment des harengs et des merlans. Dès que la substance de ces poissons éprouya un commencement de putré- faction, ce qui arriva dans les vingt-quatre heures , la surface de l’eau devint sensiblement lumineuse; et quand on la voyoit au jour , elle paroissoit couverte d’une matière grasse. Cette phos- phorescence subsistoit pendant six à sept jours. « On a répété l'expérience avec de l’eau douce, dans laquelle on avoit fait dissoudre du sel marin dans la proportion d’une demi- livre par pinte , l’effet fut le même qu’avec l’eau de mer. Ainsi il paroît évident que la seule matière lumineuse rendue par les poissens , et modifiée par le sel marin, suffit pour produire le phénomène dont il s’agit. C’est ce qui avoit déja étéreconnu par Helmont. » Maïs. L'auteur de cetarticle ( Parmentier) entre dans de grands détails sur cette plante si utile. Il fait voir qu’elle est originaire de l'Amérique. « Le maïs, dit-il, qui étoit le froment de ce nouvel hémis- phère , ne servoit pas uniquement de nourriture aux Indiens ; ils en préparoient encore des boissons fermentées et le chica cette boisson vineuse si célèbre parmi eux , étoit préparée avec ce grain. Ils s’en régaloient les jours consacrés à l’allégresse publi- que ; mais elle les disposoit promptement à une ivresse turbulente: Aussi les Incas firent-ils de son abstinence un article de religion. ils lui attribuoient des vertus si extraordinaires que dans les cir- cons'ances des familles , les parens et amis rassemblés au lieu de la sépulture versoient de cette liqueur, qui , au moyen d’un tuyau alloit se rendre dans la bouche du défunt. « Ce respect religieux des Indiens pour le maïs , et l’usage dans lequel ils étoient d’en préparer des liqueurs fermentées , m'ont d’abord engagé à l’examiner sous ce rapport, et j'ai prouvé qu’en lui appliquant le procédé ordinaire de Brasseur, ce grain suppleoit avec avantage l'orge dans la préparation de la bière , et dispen- seroit les cantons où on en recueille d'abondantes moissons , de faire venir à grands frais de l’étranger cette liqueur vineuse. A la vérité on retire des jeunes tiges et du grain de maïs trop peu de sucre et d’amidon, pour pouvoir jamais inscrire de pareilles res- 336 URNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sources au nombre de celles que la plante peut réellement four- nir. » Ces articles que nous avons pris indifféremment , font voir que les savans auteurs de cet ouvrage nenégligent rien pour le rendre utile. Aux recherchesles plus scientifiques ils joignent les détail; économiques. Aussi l'accueil que le public fait à leur entreprise prouve combien on en estsatisfait. Traité élémentaire de physique, par Haüy. À Paris. chez Delance et Lesueur , imprimeurs-libraires, Cour des Fontaines, Palaïs du Tribunat. % On fera connoître , par un extrait détaillé, dans un des pro- chains cahiers, cet ouvrage intéressant. CE SORA METRE, DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Quatrième mémoire sur La tourbe pyriteuse du département de l'Aisne, son emploi dans l’agriculture et les arts; par J. L. M. Poiret. Page 249 Tableau physique et topographique de la Tauride ; par Pallas, communiqué par M. F, Berger. 260 Tableau des expériences galvaniques faites sur des hommes et des animaux ; par Le cit. Rossi. 267 Note sur les aiguilles rouges, dans la vallée de Chamouni ; F. Berser. 297 Sur l’organisation intérieure des alcyonites; par B. G. Sage. 281 Sur l’organisation des végétaux ; par J.-C, Delamétherie, 283 Notice sur un nouveau métal retiré du platine. 317 Observations météorologiques. 316 Description d’un poisson fossile. 320 Mémoire sur la sabella penicillus de Linné; par le citoyen V'iviani. 321 Note sur la pierre appelée béril de Saxe. 333 Nouvelles littéraires. 334 Journal de Lhysi Le’. PTT 1 AAA HAA 4, FMI 1 40 RE HAN et MARATE Rte Fenderiare ar 72. era A oà DCE A Pepe mn Pre Se - or oteRe men 1 RS SG De 2e NOTE Le Te 2 { TER SRE à ro Lu = DR Tee Le Journal de Physique. P1.11. y ? TT eg ASS 2 LS RTS [ ÉATTINSS Fendermiate ar 12. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: GEI MTE ET D'HISTOIRE NATURELLE, BR TIM A ICR EL AN. 12. RECHERCHES SUR L'ACTION QU'EXERCE LE CALORIQUE SUR LA VITALITÉ DES ANIMAUX. PREMIER MEMOIRE, Par Vicror Micuerorrr, docteur en médecine, communiqué à J.-C. D&LAMÉTHERIE. On a reconnu dans tous les temps la nécessité du calorique our l’état de vie ; (1) c’est après les belles expériences d’'Haller sur l’irritabilité, qu’en observant la grande facilité avec laquelle le calorique excite les parties irritables des animaux , on lui a attribué une propriété excitante très-éminente. (1) Ce qu'en dit Cicéron dans son sublime ouvrage De naturâ deorum es£ bien remarquable : « Sic enim res se habet , ut omnia quæ alantur et quæ crescant, contineant in se vim caloris , sine quâ nec ali possunt nec crescere; nam omne quod est calidum et igneum cietur et agitur motu suo; quod autem alitur et cres- cit, motu quodam utitur certo et æquabili qui quandiu remanet iu nobis , tandiu sensus et vita remanet ; refrigerato autem etextincte calore, occidimus ipsi et extinguimur.….. Jam vere venæ et arteriæ micare non desinunt , quasi quodam igneo motu , animadversumque sœpe est cum cor animantis alicujus evulsum ite mobiliter palpitaret ut imitaretur igneam celeritatem. Omne igitur quod vivit siyg animal sive terrà editum, id vivit propter inclusum in €o calorem , etc. 4ome LVII. BRUMAÏRE an 12. Vv mnt Si le mouvement des parties irritables augmente en raïson du degré ou de la dose des irritans qu’on leur applique , toutes les autres circonstances étant égales, il n’est. pas moins certain qu’en échauffaut les parties irritables on accroît leur mouve- ment. On a aussi reconnu que lapplication du calorique pour exciter un animal ou une partie irritable, ne doit se faire que par degrés, sur-tout si l’être vivant est en état d’engourdisse- ment ; ce qui est bien d’accord avec ce qu’on observe à Fégard des excitans connus ; car pour amener par leur moyen un être vivant à un état de moindre excitement , il faut dans la privation des excitans n'’aller que par degrés. Mais le calorique à cet égard présente une difficulté à résoudre. On connoît les intéressantes expériences du célèbre Hunter , par lesquelles (r) il a reconnu que plusieurs êtres vitaux sont plus endommagés par un passage successif et lent au froid que par un changement rapide de température. On sait de même que Hewson a observé que le sang rapide- ment congelé peut encore avoir la propriété de se coaguler, ce qui n'arrive pas s’il l’a été lentement. Il est certain que les argu- mens de Hunter pour une certaine vitalité dans le sang méritent bien l'attention des physiologistes. M. Dufay (2) et le celèbre Blumenbak (3) ont eu l’occasion d'observer que des salamandres et des grenouilles rapidement gelées se conservèrent vitales au milieu de la glace; puisque, en les réchauffant lentement, ïls les ramenèrent à la vie. De plus, c’est un fait assez connu que chez plusieurs peuples du nord les hommes, après s'être bien chauffés, se plongent immédiatement dans l’eau froide , ou même dans la neige , et cela sans aucun inconvénient (4). De quelque façon qu’on sy prenne pour expliquer ce phé- nomène , il me semble qu’on doit toujours accorder qu’un pas- sage subit au froid ne peut être suivi que d’une privation de calorique, d’autant plus rapide et grande , que les deux tem- pératures par lesquelles passe le corps seront plus éloignées, 338 JOURNAL DE PHYSIQUE,DF CHIMIE . (1) Bibliothèque britannique 1796 ; n°. 18 , sciences et arts. (2) Mémoires de l’Académie des sciences de Paris, an 1729, pag. 135. (3) Blumenbachi specimen physiologiæ comparatæ , etc. Gottingæ ; 1787, pe: 20. À Sir ù (4) Voyage en Pologne , Russe, etc, , par William Coxe , traduit par Mallet, tom. 3, pag. 191. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE, 339 c'est-à-dire, que ce sera toujours une privation soudaine d’un excitant. | Puisque l’action du calorique n’est pas ici d'accord avec ce qu’on observe à l’égarddes autres excitans, la privation desquels est d’autant-plus dangereuse aux animaux qu'elle se fait plus -vîte ; il faudra donc en rechercher la cause daus l’action même qu’exerce le calorique sur les êtres vivans. î Mais avant de tirer de ces faits les conséquences qui pourreiïent renverser l'opinion qu’on a communément de l’action du calo- rique , et qui semble aussiappuyée sur quantité d’expériences , je crois indispensable de mieux faire connoître et plus di- rectement ce.qui arrive aux animaux privés lentement ou rapide- ment du calorique nécessaire à l’état de vie. Il ne sera ici question que du calorique nécessaire à l’état de vie, et non de celui qui est nécessaire pour qu’un être orga- nique se conserve je , y pouvant bien être encore dans ce der- nier état , sans être ce qu'on appelle vivant. Pour expérimenter ce qui seroit arrivé aux animaux dans “un passage lent au froid, il m'a d'abord paru que les insectes étoient très-commodes , puisque de semblables expériences de- vant être comparatives, on pouvoit ainsi expérimenter plu- sieurs animaux à-la-fois, et cela dans toute parité de circons- tances, Les premiers donc que j'ai expérimentés ont été les chenilles de laphalænia chrysolea. La température la plus favorable pour ces animaux estentre + 10 et+ 20 , et plus elle s’éloigne du tempéré , moins ils sont vivaces , jusqu’à être vraiment en- gourdis à + 2, à o etc. : D'une prodigieuse quantité de ces chenilles , j'en pris 12 des plus vivaces et de la température de + 5 à laquelleelles étoient ; je les fis passer À + 2,à 0, à —2, en mettant toujours d’une température à l’autre l’espace d’un quart-d’heure. Les ayant ainsi laissées à + 2 pendant quatre heures de suite , je les ramenai en depareils espaces de temps à + 16, afin de les exciter à la vie; mais ce fut inutilement , puisque le feu même ne put plus exci- ter en elles aucun mouvement vital. Mais comme nos phalènes furent tuées par un lent passage du chaud au froid , il étoit nécessaire de voir ce qui seroït arrivé dans un passage rapide. Pour cela je transportai douze autres chenilles aussi vivaces que les- premières d’un endroit dont la température étoit à + 5 à un autre où elle s’élevoit à + 7, et cela pour rendre plus sen- si à 340 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sible le passage rapide à celle à laquelle je voulois les faire des- cendre ; ensuite je pris la petite phiole dans laquelle elles étoïent, et je la plongeai tout d’un coup dans dela glace pilée à — 2 Les 2 Pi laissées ainsi pendant quatre heures ,; j'élevai la ‘petite phiole qui les contenoit complettement engourdies ; de dau en degrés jusqu’à la température de + 16 à laquelle «elles: don- nèrent signe de vie. Je répétai ces expériences sur d’autres chenilles avec des ré- sultats tout-à-fait semblables. Enfin je fis les mêmes expériences sur des araignées; mais comme elles sont beaucoup moins sensibles au froid , je dus les tenir plus longtemps dans une température froide. Du reste les résultats furent tout-à-faitsemblables à ceux que m’avoient donnés les chenilles. Quelquefois j'ai élevé la température des araignées jusques à + 30 (à cedegré elles sontextrêmementwvivaces }ensuite je les ai jettées tout d'un coup dans des phioles trempées jusqu’au cou dans de la glace pilée. J’observai constamment que ces araigñées retournoient plutôt à la vie que celles qui passoïent aussi rapide- ment au froid , mais qui étoient parties d’une température plus basse Il étoit donc assez constaté que nos animauxétoient plus en- dommagés par une lente privation du calorique que par une plus rapide. | Mais il étoit essentiel de voir ce qui se seroit passé dans une privation continuée du calorique nécessaire à l’état de vie. Cela pouvoit nous expliquer si la mort réelle des animaux ‘engour- dis parle froid étoit due à un défaut du calorique nécessäire: à l’état de vie , ou ‘plutôt à la manière dont ils en étoient privés. 1] étoit aussi utile de voir ce qui se seroit passéien faisant engour- dir et réveiller alternativement-es animaux, -oupasser lentement du chaud au froid et du froid au chaud, soit rapidermentdu chaud au froid. Voulant expérimenter sur les mêmes animaux ces trois cir- constances différentes, je me suïs servi des fourmis. On sait que ces insectes passent tout l’hiver engourdis dans d’assez profon- des fourmilières ; celles dont je me suis servi étoient renfer- mées dans un grostronc de chêne, où, malgréle froid rigoureux qu’il faisoit , elles n’étoient néanmoins que très-peutengour- dics. 77 J’exposai donc pendant l’hiver 19 fourmis dans un flacon au nord, de façon qu'elles ne recevoïent jamais le moimdre:rayon JUNE DAHISTORRENATURELLE é: : du soleil. Pendant les heures les plus chaudes le thermomètre marquoit + b.et —2 pour le froid moyen. Ces animaux , à cause .du froid continu, restèrent dans un parfait engourdissement . pendant 7 jours;. je résolus, le huitième jour , de les rappeler -â-la vie.en les’échauffant par degrés; et ce futiavec plaisir que je les vis tous retourner à la vie. Dans le même temps j'exposai 19 autres fourmis au plein midi, où la température la plus élevée étoit au soleil de + 25, tan- dis qu’à l'ombre elle n’étoit qu'à +5 on +6, et le plus grand froid moyen à— 2. De cette façon les fourmis étoient alternative- -ment et lentementengourdies au coucher , et réveillées au lever du soleil. Le huitième jour, je lés réchautfai par degrés , et -en les rappellant ainsi à la vie; j'en trouvai huit de mortes. Par ces faits on voitque dans la première expérience la priva- tion du calorique nécessaire à l’état. de, vie n’a pas été funeste “aux fonrmis, quoique continuée pendant untemp; notable, mais plutôt la privation lente qui s’en faisoit tous les jours. Avant-de passer à d’autres faits, je dois faire remarquer l’état d’affoiblissement dans lequel tombent les êtres vivans après Vétat d’engourdissement ; c’est à uue telle sorte de faits que je réduis les belles expériences: du célèbre Hunter, qui a vu le sang , les œufs de-poule, etc. se coaguler plus aisément après Qu'ils avoient étédéja une fois congelés. 1 . Peu instruit sur la manière de conserver en vie les fourmis, je les avois toutes laissées dans un grand flacon exposé au plein midi , espérant que les rayons.,bienfaisans du soleil les auroient plutôt. conservées en vie qu’une température constamment froide. ( On -peut aisément prévoir que le sort de ces fourmis que j'avois ainsi amassées pour d’autres expériences ne fut pas plus heureux que celui dés fourmis que j’avois exprès; pour terme. de gomparaison; exposées au widi; c'est:à-dire, que,la mortalité s'äccrut dejouren jour , et la vitalité des vivautes fut affoiblie au point. de nc‘pouvoir plus résister avec la même’ force à ua état continué d’engourdissement , et encore moins aux change- mens alternatifs de température. TETE C’est sans doute par la même raison. que furent inutiles les ten- tatives de M. Gleditsh(1)et d'autres auteurs pour conserver en ] î 71 -4(1) Mém.de l'Acadide Berlin, 1769. 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vie les hirondelles , les alouettes , les grenouilles , etc:’après les avoir réveillées de leur état d’engourdissement ; puisque cette espèce de foiblesse qui vient à la suite de l’engourdissement, te aux animaux la force de pouvoir résister À un nôu veau froid, et c'est aussi dans cette foiblesse qu’un bien petit excitant peut même être mortel. ; à Je vais maintenant rapporter les trois dernières expériences que j'ai faites avec ces fourmis. Un premier flacon contenoit dix-sept fourmis ; étant restées pendant sept jours engourdies à l’exposition du nord, je les rappellai à la yie le huitième jour ;’et j'en trouvai seize de vivan- tes. - PLU ! Dans le second flacon qui avoit été exposé aux alternatives du midi , de dix-sept bien vivaces qu’il conténoit , il ne s’en trou- va plus, le huitième jour , que deux de vivantes. Le troisième flacon contenoit aussi dix-sept fourmis. Aussitôt que le soleil étoit sur l'horison , j'y exposois le flacon, et quand les fourmis étoient bien échanffées, le”thermomètre! ÿ étant souvent à + 25 , je plongeoïs immédiatement le flacon jusqu’au cou dans de la glace pilée. Je le teriois ainsi pendant toute la nuit à un froid plusieurs fois de — 2, et cela jusqu’au nouveau lever du soleil. Ce fut par sépt fois .de suite que les fourmis souffrirent ce rapide changement de ‘température. Le huitième jour , je les rappellai à la vie , comme je faisois tous les jours avant de les exposer aux rayons solaires ; et de dix-sept qu’elles étoient , j'en trouyai treize de vivantes. En ne considérant donc que ces dernières expériences dans lesquelles on a expérimenté des troïs manières les mêmes in- sectes, on voit que si de ceux qui ont été conservés engourdis à cause du froid continu pendant ‘huit jours , il en meurt 9,9 Sur 100; dé ceux qui ont été soumis à une privation alter- native et lente du calorique”, il en meurt:88,2 sur 100 ; et dé ceux qui sont privés rapidement et alternativement du calo: rique nécessaire à l’état de vie , il‘en meurt 25,5 sur'100: _Tels sont les résultats que j'ai obtenus en expérimentant l’ac- tion du calorique sur les insectes: j'y ajouteraï ce’que j'ai aussi observé sur des srenouilles', réservant à une autre occasion d’ex- poser ce que j’ai vu sur d’autres animaux. BE On sait que Spallanzani avoit eu plusieurs fois le plaisir d’'en- gourdir des grenouilles auxquelles il avoit même ôté le sang; le cœur, etc., et de les rappeller à la vie. En répétant les belles expériences de ce savant, je jugeai à propos dewvarier la chose di ET. D’'H1S TOIR E 3, À TU RE LL E,. ; 343. de la manière suivante. De deux coups je séparaï les cuisses d’une grenouille , ensuite je les ensevélis toutes deux dans de la glace pilée ; je pris de même le cœur, et tout en mouvement Comibe il éroit , je le plongeai aussi dans dela glace pilée. Au bout d’une heure toutes ces parties me parurent très-engourdics et même roides : le cœur avoit non-seulement perdu tout mou- vement, mais en le touchant avéc une épingle, il sembloït aussi roide que le reste. Je jéttai une de ces cuisses dans de l’eau qui étoit À + 20; elle ne manifesta plus aucun mouvement sensible, ét de plus elle étoit tout-à-fait pâle. J'exposai l’autre cuisse len- tement au calorique, et celle-ci conserva entièrement sa cou- leur, et même quelques signes d’un reste d'irritabilité. Finale- ment le cœur, organe très-irritable , ayant été réchauffé lente- merit, reprit son mouvement qui ne S’affoiblit et ne s’évanouit qu’une heure après qu’il eut recommencé à se mouvoir. Mais il est encore bien plus remarquable que si les êtres vitaux pe retournent à la vie que lorsqu'ils ont été prompterment pri- vés du calorique nécessaire, cette loi soit générale en ce que des animaux échauffés excessivement ne retournent à la vie que Jorsqu’on leur fait chañgér rapidement de température. Cela étant facile à concevoir, je n’en rapporterai qu'un seul exem- | SE j De ‘quatre grenouilles vivaces et qui paroissoient du même âge, échauffées dans de l’eau jusqu’à + 35 ( degré fatal à ces animaux ) il n’en revint à la vie que les deux qui, de cette tem- pératuré, farent plongées tout d’un coup dans de l’eau à + 16: C'est donc toujours uñe, soÿstraction sondaine du calorique qui laisse les corps organiques en éfat de pouvoir vivre encore. Puisque nos connoissances actuelles sur la physiologie nous portent à admettre un principe vita! identique dans toute la na- ture vivante , il sera très-vraisemblable qne les loix générales de la vitalité sont les mêmes dans tous les êtres vivans et sur-tout dans les animaux.!C’est pourquoi des faits qui ne regardent qu’un des agens universels, tel que le calorique, ne peuvent manquer d’être applicables à plusieurs autres êtres vivans. Car si lon fait attention à la différence d'économie qu'ilya, par exemple , entre une araignée et une chenille, on sera bien con- vaincu qu’un agent qui exerce son action d’une manière tout- à-fait semblable sur ces deux espèces d’animaux ne devra pas varier beaucoup dans sa manière d'agir sur les autres. Aïnsienexpérimentant sur des chenilles, des fourmis, des araï- gnées , des srenouilles, etc., nous ayons trouvé 2°. très-appli- ) A1. #4 à (yon + MT! FR 4 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cable à nos animaux ce qu’avoient vules célèbres Hunter et Hewson dans d’autres êtres vitaux, comme les œufs de poule : et le sang même qu’on n’auroit jamais cru avoir des rapports avec les êtres vivans , si ce grand et universel principe qui donne la vie à tous les êtres organiques ne donnoit pas dans le sang, même des signes de son existence. us 2°, En recherchant directement ce qui se, seroit passé dans différentes températures , nous avons assez démontré , à ce qu'il me semble, qu’il ne faut chercher Ja raison de la conservation de la vie dans les passages subits d’une température à une au: tre , que dans la prompte soustraction du calorigne, Pour expliquer les phénomènes que je viens de rapporter, je me vois dans la nécessité de recourir à trois hypothèses, sa- voir de ne considérer 4°. le calorique que comme nn excitant particulier, Il me semble qu’il faut admettre que la privation lente du calorique produit un plus grand affoiblissement qu'une privas tion rapide. Il est fort connu qu’un animal bien réchauffé ,. bien nourri, etc, peut résister davantage aux causes affoiblissantes ; mais il est vrai que dans ce cas l’animal renferme en soi une plus grande quantité d’excitans , et c’est à une semblable raison qu'on doit attribuer la grande irritabilité des animaux oxygé- nés (1). C’est donc la plus ou moins grande perte du calorique excitant qui Ôte aux animaux la vie ou la conserve ? Mais alors on voit que des animaux qui ne furent exposés qu’à des tempé- ratures De égales et pendant, un temps considérable, de- voient n'avoir perdu que la quantité du éalorique indiquée par Ja température même. Cependant il y a une si grande ditfé- rence entre les uns et les autres! 2°. Si l’on ne considère le calorique que comme une modi- fication de la matière, par exemple, une espèce de mouvement, j'en vois d’autant moins que l'animal sera plus froid. Mais com- ment les animaux , en perdant d'une manière plus prompte cette espèce de mouvement , se conservent-ils en vie ? C’est que les parties organiques prennent, à l’aide d’un lent changement, des dispositions auxquelles elles ne peuvent arriver dans une privation subite. 30. On peut finalement donner une explication semblable , (x) Je reviendrai sur ces fails qui ont été savamment traités par les célèbres Bédoës et Socquet. si ET D'HISTOIRE NATURELLE. 345 si on regarde la matière du calorique comme une matière qui dispose les êtres vivans au mouvement et au sentiment. J'espère qu'on ne m’accusera pas d’une grande envie de for- mer des hypothèses, puisque mon but n’est que de rechercher celle qui est conforme à la nature des choses. Je me flatte aussi qu’on voudra bien suivre les faits que j'exposerai dans le mé- moire suivant, par lesqnels je tâcherai de répandre quelque lu- mière sur cette importante question physiologique. RE ER RE CP EXPÉRIENCES SUR UN APPAREIL À CHARGER D'ELECTRICITE PAR LA COLONNE ELECTRIQUE DE VOLTA ; Par M. Rrrrer , à Jena. ’ Présentées à l’Institut national par J. C. Orsted » docteur à l'Université de Copenhague. La découverte de la pile électrique nous offre un appareil qui, ar la quantité d'électricité qu’il dégage , surpasse les machines (A plus fortes qu’on ait imaginées jusqu'ici. Cette découverte invitoit à une autre ; il falloit chercher un appareil capable de recevoir autant d'électricité que celui de Volta peut en pro- duire. C’est ce qui a réussi au célèbre Ritter à qui la physique est redevable de tant de lumières. Il a trouvé un appareil À char- ger, dont la capacité électrique surpasse autant celle de la plus grande batterie électrique , que la productivité de la pile sur- passe celle de la plus grande machine électrique. Avant de donner la description de cette découverte , je rappel- lerai une observation antérieure du même physicien , laquelle a servi de base à celle dont il s’agit ici. L'auteur avoit déja observé qu'un corps animal , qui a été pen- dant quelque temps dans l’are galvanique , passe en le quittant de Tome LVII RRUMAIRE an 12, X x 346 JOURNAL DE PHYSIQUE,:DE: CHIMIE l'état où il étoitquand il faisoit partie de l'arc, à! l’état opposé ; de sorte que le côté qui ; durant la communication, étoit posi- tif, devient après négatif es vice versé. Il trouva, il y a plus de deux ans , que la nature inorganisée est sujette à la même loi. 11 mit un tuyau de verre rempli d’eauet pourvu à chaque bout d’un fl d’or en contact avec la pileélectrique qui en faisoit dégager les gaz oxygène et hydrogène comme àl’ordinaire ; sitôt que la communication avec/la pile fut rompue , le fil, qui avoit dégagé du gaz oxygène , commençoit à dégager de l’hydrogène , et vice vers4. J'ai plusieurs fois été témoin de ce phénomène chez l’auteur. Il restoit à examiner si ces phénomènes d’inver- sion dans des corps hors de l’arc étoient susceptibles d’un ac- croissement ‘de force par la même espèce de réunion qui en ajoute tant aux autres actions galvaniques. Pour cet effet il mit un fil d’or composé de deux'pièces’ en communication avec deux portions d’eau , dont chacune étoit en contact avec un des pô- les de la pile électrique. Après quelques minutes il détacha le fil de la communication , et produisit avec les..deux., parties les mêmes phénomènes sur la langue, que l’on produitd’ailleurs par le moyen de deux métaux différens. La pièce qui avoit donné du gaz oxygène fit naître la saveur d’un alkali, et l’autre celle d’un acide. Ainsi il y avoit eu inversion d’état électrique ; car pendant la communication avec la pile , le fl qui dégage l’oxy- gène produit la saveur acide , et l’autre la saveuralkaline. Les effets de ces deux pièces sur l'œil confirmèrent ce que l’expé- rience précédente avoit fait counoître(:). (Gi) On voit qu'il est facile d'expliquer par ces principes les expériences de Gautherot sur la saveur qui est produite ‘par des fils de plane plongés dans de l'eau, aprés leur communication avec la pile. Ce physicien laborieux a aussi ob- servé que deux fils métalliques qu’on applique d’un côté à la langue , de l’au- tre aux denx pôles de la pile, produisent, après la communication, une saveur même plus forte qu'auparavant. Il croit que la langue fait dans ces cas la fonction du condensateur ; mais un examen plus suivi fait voir que cette idée est erronée; car la partie de la langue qui est affectée d’un des conducteurs ; devient moins sensible , relativement à son action, et plus relativement à celle du conducteur opposé ; or le fil qui étoit positif ; pendant la communication avec la pile, doit en sortir dans l’état négatif, et celui qui étoit négatif doit devenir positif; d’oùil suit que les parles de la langue, dont la sensibilité éloit considérable- ment afloiblie relativement à l’état des conducteurs qui communiquoient avec la pile, doivent avoir la sensibilité augmentée /relaivement aux fils.qui ont pris un état opposé en sorlant de la communitalion. Ritter a prouvé la justesse de cette explication , en changeant l’endroit d'application des fils , au moyen de quoileur action ne sembloit plus augmentée par la séparation de la pile. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 Par une application de principes assez connus , on peut con- clure des expériences précédentes, qu’une série de fils d'or; dont chaéun est séparé des autres par de l’eau , doit se charger d'autant plus , par la communication avec la pile , que le nombre des fils est plus grand, On yoit aussi qu’on pouvoit, sans chan - gér rien d’éssentiel, mettre des plaques au lieu des fils, et des cartons mouillés au lieu de l’eau. On pouvait donc construire une pile inactive par elle-même , capable d'être. rendue active où chargée par la pile électrique. Une pile pareille seroit la même chose, relativement à la pile électrique de Volta , que la bouteille de Leyde, relativement à la machine électrique. L'ex- périence confirme tout-à-fait ce raisonnement. On construit une pile de cinquante plaques de cuivre et d’autant de cartons mouillés d’eau salée. Cette pile n’a aucune action, mais quand on la fait communiquer pendant quelques minutes avec une pile élec- trique de cent étages , elle fait voir tous les effets d’une pile élec- trique ; de sorte qu’on peut en tirer plusieurs ctincelles ; par son moyen, retirer de l’eau des gaz oxyoène et hydrogène, dé- composer l’eau et obténir des commotions électriques. Tous ces effets diminuent peu-à-peu et disparoïissent au bout de quelque temps. Quand on prend les chocs continuellement, sans laisser entre eux plus d’un tiers ou un quart de seconde d'interruption , on peut tirer de cette pile chargée de 8o jusqu’à 100 chocs. L'action que cette pile exerce sur Îes sens est par- faitement semblable à celle d’une pile électrique. La tension suit aussi dans cette pile les mêmes lois que dans la pile pri- mitive. Ainsi Ritter à eu lieu de confirmer par la pile chargée les nombreuses découvertes qu'il avoit déja faites sur la pile de Volta. Dans tous les phénomènes que présente la pile de Ritter , que nous appellerons aussi la pile secondaire , chaque bout produit. les mêmes effets que le pôle de la pile de Volta avec lequel il a été en contact. Cela est une suite nécessaire des faits que nous avons exposés plus haut ; car pendant la communication de la pile secondaire avec la pile primitive, chaque plaque métallique s’oxide au côté tourné vers le pôle hydrogénant et donne de l’hy- drogène au côté tourné vers le pôle oxygénant; il faut donc qu’ils fassent le contraire , en sortant de la communication avec la pile , conformément à ce que les expériénces précédentes nous ont fait voir. Pour charger la pile de Ritter, il est nécessaire de la laisser plusieurs minutes en communication ayec la pile de Volta; le Xx 2 348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seul contact momentané n’y produit presque rien. Ce fait donne une idée de Ja capacité énorme de cette pile ; car la colonne électrique de Volta communiquoit à la batterie électrique, dans les expériences de van Marum, une tension égale à la sienne, par un contact momentané, Mais’la pile secondaire dort nous avons parlé n’étoit que très-petite. Qu’on s’imagine une pile à charger qui ait avec celle de 50 plaques le même rapport que la batterie dont s’est servi van Marum avec une des bouteilles dont elle est composée, et on saura à peine mesurer la quantité immense qu'elle doit produire. Ritter-a fait une expérience comparative ayec sa pile etune batterie électrique de 34 pieds carrés d’armature. Il chargeoïit sa pile par une pile électrique de 100 couples métalliques, et il donnoit à la batterie nne tension 48 fois plus grande que celle de la pile électrique ; la pile chargée dégageoit un courant de gaz dans de l'eau et ne cessoit d'agir qu'après quelques minutes ; la batterie n’y produisoit pas une seule bulle. Dans le premier moment du centact de la pile électrique avec une pile à charger, celle-là perd la plus grande partie de sa ten- sion, et d'autant plus que celle-ci est meilleur conducteur. Peu-à-peu , à mesure que la pile à charger reçoit plus d’élec- tricité , la tension de la pile électrique augmente , jusqu’à ce que la pile à charger ait reçu toute l’électricité dont elle est capable. Ritter s’est convaincu de ce fait par des expériences nombreuses. Les faits, que nous venons d'exposer , prouvent assez que la pile de Ritter est véritablement chargée par celle de Volta, et que celle-ci se décharge en même temps. La piie secondaire n’est pas seulement chargée , pendant sa communication avec la pile primitive , elle agit aussi comme conducteur, et perd ainsi d’autant plus d’lectricité qu’elle est meilleur conducteur. On en voit la preuve dans l'expérience sui- vante. Deux piles secondaires, chacune de 45 plaques, dont l’une avoit ses cartons mouillés d’eau salée , et l’autre d’une dissolution de muriate d’ammoniaque , furent mises en com- munication avec une pile électrique de go étages. La pile à l’eau salée produisit, après la communication , des effets bien pro- noncés ; pendant que celle à la dissolution de muriate d’am- moniaque n’en produisit aucun, excepté une saveur assez foïble qu’elle fit naître sur la langue immédiatement après sa commu- nication avec la pile électrique. La pile chargée perd peu-à-peu son action quand on l’aban- donne à elle-même ; la perte est très-grande au commencement , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 549 mais à mesure que la charge devient plus foible, la perte est aussi moins sensible. C'est dans les premières secondes après le chargement que la pile chargée a toute sa vigueur ; les étin- celles disparoissent bientôt , l’action chimique et la faculté com- motrice ont plus de durée. Une pile de 45 plaques de cuivre et de cartons mouillés d’eau simple, chargée par une pile élec- trique de 90 étages , n’a après 10 minutes qu’un résidu foible , et après 20 ou 30 , elle a perdu toute son activité : une pile chargée semblable , mais à cartons mouillés d’eau salée, donne ar er a après sa communication ayec la pile électrique des étincelles de 1 à 2 lignes de diamètre. Une seconde plus tard, les étincelles qu’elle produit n’ont qu’un demi ou tout au plus trois quarts de diamètre ; et une seconde et demie après, elle ne donne ordinairement rien. On ne sauroit expliquer cette disparu- tion qu’en supposant que la partie d’électricité qui n’est pas dé- chargée vers l'extérieur , se décharge vers l’intérieur. On ne peut guères soupçonner un déchargement dans l'air, car Ritter a trouvé qu’une pile chargée renfermée dans de la poix perd aussi facilement sa charge. On ne peut pas douter qu’une pile ne se décharge d'autant plus facilement que son fluide est meilleur conducteur, et la faculté conductrice d’une pile ne semble être autre chose que la faculté dé se décharger vers l’intérieur. Pour avoir une pile qui ne perde pas trop tôt son électricité, il faut choisir les conducteurs les moins parfaits, parce que la permanence de l'électricité est en raison inverse de la faculté conductrice ; mais pour avoir une grande capacité, on a besoin des meilleurs conducteurs , la capacité étant en raison directe de la faculté conductrice, Ainsi une combinaison de conducteurs, ‘où la résistance opposée au passage de l'électricité est égale à la faculté conductrice, doit être la plus favorable à la constrüction des piles à charger. Ritter a cherché ce rapport ; voici le résultat de son trayail: de toutes les manières de disposer un certain nombre de conducteurs tant solides que fluides, l’arrangement où il y a le moins d’aliernation est le plus favorable à la propagation de l'électricité. Ainsi une pile de 64 plaques de cuivre et 64 cartons mouil- lés , disposés en trois masses , de sorte que tous les cartons fus- sent un continu , terminé à chaque bout de 32 plaques , conduit très-bien l'électricité de la colonne de Volta. Si l’on interrompt les conducteurs fluides au milieu par une masse de cuivre, la (850 J OU RINIAÏLADIET MHY S IQUE ,T DE (CHIMIE faculté conductrice diminue déja un peu: Desinterruptions plus fréquentes augmentent, la résistance encore davaniagé et en- fin'on parvienträidesconstructions:qui peuvént êtrerrégardéts comme lisolateurs. Si l’on divise chaqüe:carton mouiil selon!ses couches horisontales'entquatre-parties ,*et si l’on en.construit unepileavec 256 plaquesde cuivre + dessorte qu'une, plaque) al- terne toujours avecun carton mouillé; la faculté conductrice de cette pile est si petite, qu'on a besoind'une grenouille, ou d’un autre réactif également sensible , pour découvrir le:peu d’élec- tricité qu'elle transmet ;:d'une pile électrique de:99 étages: (1). L'augmentation du nombre: des ‘plaques de: cuivres:me peut avoir contribué qu’infiniment peu :à cet effet, car centplaques conduisent sensiblement aussi bien: qu’une ; maïs c'est l’augmen- tation des alternations qui produit un tel effet, Ainsi on voit comment il est possible de: construire de deux conducteurs un troisième qui présente un degré quelconque de faculté conduc- trice inféricuresàsceluide ses parties constituañtes (2), | Après ce: ques nous vénons d'exposer, ‘il:est facile de cons- truire , d'une masse donnée de métal et de conducteur fluide , unépile kchargeb, qui puisse recevoir la charge la plus grande possible d'une‘piloélectrique donnée. Ainsi nous voilà au point de résoudre le ‘problème, de construireun appareil à charger qui, ayant la plus grande capacité possible, ‘soit le complément de Ja pileiéléctmique: de-Voltasil'excitateur d'électricité le plasceff- :cace que mous-ayons; Recourons maintenant à des expériences faites ! pourb déterminer ce point dela plus grande-charge; du nnoin$ emwapportayecnnepileélectrique données : °:! <1-Dix piles & charger {urent construites. g : LE "GY Il finit que là pile soit chargée avant d’éxäminer combien elle a de fa- culté conductrice ; car, sans cetle précaulion , on pourroit prendre mêmé une batterie électrique pouriconducteur. frotqét-a0 91 19110 (2):Baloiprouvée, par cette -expérience s'accorde parfaitement avec d’autres lois de la naturebien connues. La lumière, par exemple, est beaucoup mieux conduite par un corps (ransparent et continu que par le même corps divisé en lamelles, ou réduit en poudre: Je suis persuadé que la chaleur est sujette à la même loi; je ne tarderai pañs faire sur cét objet les recherches nécessaires. 11 .est.remerquable qu'il y,a encoref une, autre loi de propagalion que l’électri- cité de la pile a commune ayec lalumière , c’est que l’action de la pile se propage ausei en lignes droites; du moins ilest cértain qu’un fil métallique perd de sa faculté conduétrice par une courbure} et qu’on peut fâire d’un fil de fer un des meilleufs conducteurs quenous ayons’) un matüvais conducteur ;'en le pliant en 25-238, Potter wa fait vuircetle expérience , il a un an. - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35% 1°. Une de 32 cartons mouillés d’eausimple',renfermés entre deux plaques de cuivre. ‘2° Une pile semblable à la première , seulement avec la diffé- rence qu’elle étoit interrompue au milieu par-ume ‘plaque: de cuivre. 3°. Une pile semblable interrompüe par deux plaques de éui- vre » depmanière qu’elles divisèrent les cartons renfermés entre les plaques extrêmes » en trois parties égales. Tee, Morts ça “4e. Unespile interrompue.par quatre plaques, à distances égales. À: oki 34 2°, Interrompue par huit. 6°: Parseize. 7°. Par trente-deux. 80. Par soixantequatre (1). , 522 1 1301 .srà eb 9°. Par cent vingt-hüit.#2452 620 moteup 100. Par deux cent cinquante:six. F Chacune de ces piles fut mise en contact avec une colonne éléctrique de 90 *étâges, dont:-les cartons étoient mouillés d'eau salée. 11 y avoit déja un jour qu’elle étoit construite:vbe ‘contact dura de 1 à 5 minutes. alor des rot us 24 Vie Le résultat de ces{expériences est très-remarquable ; car, au lieu de trouver un 1erimum , on ën trouve deux , dont l’unest celui d'action chimique , l’autre celui d'action sur-le corps'ani- mal , laquelle nous appellerons l’action physiologique, : Le maximum d'action chimique est accompagné d’une action. physiologique assez foible 41e. maximum: d’action-physiologique n’est accompagné d'aucune action/-chimique. Lat:pile:me: :VI; qui a seize alternations, donne le maximum d’action chimique ; mais elle ne‘ produit qu’une foible cotifinotion. La pile n°. 1X , qui a cent vingt-huit alternations | cause ‘une commotion vio- Jente, mais, elle ne produit aucun effet chimique: N°.:-X excite des commotions plus” foibles:que n°.1X, ce qui prouve qu'on a déja passé le maximun. Les comimotions qu'on reçoit de ces deux dernières piles réssémblent béducoup à celles ‘qui‘sont produites par là bouteille de Leyde/1On croît! les ‘organes affectés par un “choc extérieur ; sur-tout' l'action de N°. X ne semble nullement - permanente ; mais elle l’est néanmoins; car cette pile se dé- : ol: eogeib stt2s | & on + - [2()r Pour oette-expérience-etycelles qui, suiyent, les cartons. furent divisés selon «leurs couches horizontales, { E : ä An 352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE charge tout-à-fait , quand on resté quelque temps en contact avec elle. Voici un tableau qui représente les effets des dix piles dont nous avons parlé : Action chimique, Examinée par le moyen d’un tuyau rempli d’eau, et muni de deux fils d’or dont les pointes se rap- prochent jusqu’au quart. N°. I point de gaz. N°. IT par fois quelques bulles de gaz. N°. IT dépapément de - gaz bien prononcé, Action physiologique. Commotions reçues avec les mains mouillées d’une disolution de muriate d’ammoniaque et armées de métal. Point de gaz, mais quel- quefois une saveur très- foible. Saveur sensible. Saveur forte, comimotions foibles. : Tension Observée par le moyex d’un électromètre à le Bennet, perfectionnépar Rütter , jusqu’au point d'annoncer l'électricité produite e le contact de deux plaques de zinc et cuivre. Aucune tension sensible. Tension peu sensible. Tension bien tensible. N°. IV plus de gaz qu’au n°. II. 1 h » RSA: ue MA ESE HR Cammotions toujours j L ion ioujours Crois- N°. VI maximum de dé- Tension ioujours crois agement de gaz. vi moins FE gaz. N°. VIII moins encore. N&, IX point de gar. N°.X point de paz. croissantes. sante; Maxim: de commotions. Commotionsmoins fortes. On peut aussi construire plusieurs ‘autres piles, où l’action physiologique ne soit accompagnée d’aucune action chimique. Un de ces procédés est de composer des piles de zincetde cuivre, de manière qu'une des moitiés détruise l’action de l’autre. Une pareille pile , inactive parelle-même., peut..être, chargée par la pile de Volta. On peut, par exemple , combiner deux piles électriques de grandeur égale par leurs pôles équinomes ; ainsi leurs effets se détruiront réciproquement, Nous appellerons cette disposition de piles . On peut aussi composer une pile de par- ties élémentaires , par-tout opposées réciproquement , ensorte qu'un élément de cuivre-zinc soit toujours suivi d’un autre de zinc cuivre. Nous appellerons cette disposition 3. Une pile de la disposition #, contenant 64 couples métal- liques , et une autre de la disposition 3 composée d'autant de plaques, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 353 plaques , furent jointes ensemble, et chargées par la pile de Volta. Elles donnèrent de fortes commotions , mais point d’ac- tion chimique. La pile & donna des secousses moins fortes, mais de même sans action chimique. Des parties de la pile + , prises au milieu de la pile , ensorte qu’elles eussent un nombre égal de couples de chaque côté du point indifférent , firent aussi naître des secousses , quoique moins grandes, sans action chimique. Les parties de la pile 6 possédèrent la même propriété. On mit des parties composées de 32 , de 16, de 8 et même de 4 couples métalliques de l’une ou de l’autre pileen action, et toutes ces expériences confirmèrent ce que nous venons d’avancer sur la séparation de l’action chimique d’ayec l’action physiologique. * Voilà donc une série d’expériences , où l’on éprouve des com- motions plus ou moins fortes , depuis le maximum jusqu’au mi- nimum , sans aucune trace d’action chimique. On a employé les moyens les plus efficaces pour la découvrir; mais ni l’eau dis- tillée, ni la teinture de tournesol , n’ont donné une seule bulle de gaz , quoique ce dérnier réactif soit très-sensible, et que les fils d’or fussent tellement rapprochés que leurs distances étoient presque invisibles. Ainsi on ne peut pas supposer que l’action chimique dépende du degré de l’action physiologique. On ne peut non plus soupçonner une diminution d’activité dans la pile électrique , dont on s’est servi pour charger les autres piles ; car elle n’avoit qu’un jour de construction , et c’est à-peu-près à ce terme qu’une pile électrique produit le maximum de son effet chimique. Ce fait est remarquable , parce que le maximum d'action sur le corps , ainsi que celui de la tension, se mani- feste immédiatement après la construction de la pile. Mais, dira-t-on peut-être, l’action physiologique n’est rien qu’une électricité d’une grande tension, mais d’une vitesse et d’une quantité très-petites. Cette objection mérite d’être examinée. Nous ayons jusqu'ici seulement présenté la force commotrice isolée; il s’agit à pré- sent de prouver que la force chimique peut exister sans être accompagnée d’aucun effet physiologique. Quand on a chargé les piles secondaires qui ont le plus d'action chimique, c’est-à- dire, celles de huit et de seize interruptions , et qu’on les laisse en communication avec la pile électrique ; elles dégagent encore beaucoup de gaz d’une portion d’eau par laquelle on interrompt, d’un côté leur communication avec la pile ; mais si l’on interrompt cette communication avec les mains mouillées et armées , on n’en reçoit aucune commotion. Tome LVII. BRUMAIRE an 12. Y y 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est donc prouvé que l’action commotrice et l’action chimi- que sont séparables, et que l’une peut exister indépendam- ment de l’autre. Sans doute cela fera un jour naître de grandes découvertes ; car jaxais l'empire de la vie ne s’est ainsi séparé de celui de la mort; jamais la nature inorganique n’a présenté, avec tant de pureté, les alimens de l’organisme. Elle nous fait voir un double trésor qu’elle tient caché dans son sein ; lun dont elle ne se sert qu'avec avarice pour ses propres besoins , et l’autre qu’elle porte comme ministre officieux au-devant de la vie. Tout ce que nous avons vu jusqu'ici des piles secondaires se réduit à une vérité très-simple, c’est-à-dire , gze zoute pile’ construite de conducteurs tant solides que fluides et qui ne pro- duit aucun effet par soi-même peut être chargée, par la commu- nication avec la pile électrique primitive, Des piles faites d’un seul métal et d’eau , on de deux métaux différens, comme les piles électriques dont les parties détruisent leurs actions réci- proquement, nous ont servi d'exemples. On pouvoit encore desi+ rer une expérience , la voici : une pile fut composée de zinc et de cuivre, de manière qu'aucune plaque ne touchoit l’autre ; mais qu'après une plaque de zinc venoit par-tout un earton mouillé, puis une plaque de cuivre , puis an carton mouillé , et ainsi de suite, jusqu’à 64{ alternations. Cette pile chargée par une pile électrique produisoit une tension moins grande et des commotions moins fortes que celles de la pile de 64 alterna- tions de cuivre et d’eau , dont nous avons parlé plus haut ; maisla pile de zinc et cuivre dégageoit plus de gaz que celle de cui- vre seul. L'action de cette pile surpasse de beaucoup celle d'une pile aussi grande de zinc et eau. C’est trop peu apprécier sa force que de la supposer au milieu de celle de cuivre et d’eau et de celle de zinc et d’eau ; elle se rapproche beaucoup plus de la force de la première que de la foiblesse de la der- nière. On peut, selon les découvertes antérieures de Ritter, réduire une pile électrique à l’état positif ou négatif , en faisant commu- niquer le pôle opposé avec la terre. On peut même charger par une pile ainsi disposée une bouteille de Leyde avec de l’élec- tricité ou positive ou négative d’un côté, sans la porter au-des- sus de zéro de l’autre. On peut même charger une bouteille des deux côtés avec la même électricité , quand on a une pile bien forte , par exemple, de 160 étages , réduite à un seul état. On applique dans ce cas une des armatures au quatre-vingtième END ETS MIO MREE ONSA TU RUEIL LE; 355 étage et l’autre au cent soixantième, Le premier étage étant à zéro , le quatre. vingtième a déja un degré bien prononcé de + ou de — , et le cent soixantième a encore le double. Ainsi la bouteille se charge de l’un et de l’autre côté de la même élec- tricité , mais seulement à des degrés différens. Les mêmes prin- cipes appliqués à la pile secondaire donnent les mêmes résultats. On peut la charger non-seulement d'électricité positive à un des pôles, et de négative à l’autre , maïs on peut encore la charger d’une seule électricité avec zéro à un des pôles , où même avec une électricité aux deux pôles, de manière qu'il y ait seulement une différence en plus ou en moins. Quand on a chargé également et en même temps deux piles secondaires égales, et qu'on les joint par leurs pôles opposés, elles se réduisent en une pile, dont le zéro est au point de leur com- munication et le maximum de + ou— aux deux autres extrémités. -Cette pile devroit avoir un® force double de celle qu’avoit une des piles dont elle est composée ; mais elle ne l’a pas tout-à-fait. I] y a deux causes qui concourent à ceteffet : les piles qui con- duisent le mieux déchargent, comme nous l’avons vu , un peu de leur électricité vers l’intérieur , durant leur déchargement veré l’extérieur, et sur-tont les parties différentes de la pile n'entrent pas égalèment en action toutes à-la-fois. Le premier point s'entend facilement par ce que nous avons exposé plus haut sur le déchargement des piles secondaires ; le second point a besoin de quelques éclaircissemens. Les pôles opposés d’une pile chargée de 128 alternations furent mis en communication , par le moyen d’un fil de fer, immédiatement après le chargement, Quand on ôtoit la communication , quel- ques momens après , on n’avoit aucun effet, en examinant les pôles, et néanmoins la pile n’avoit pas perdu toute son électri- cité ; car la partie renfermée entre la trente-troisième et la qna- tre-vingt-seiziène plaque donnent encore des effets bien pro- noncés , quand on l’examine durant l1 communication. Siiôt que la communication est levée, cette partie perd de sa force, et les deux pôles recouvrent peu-à-peu leur activité. Pour dechar- ger dans très-peu de temps une pile, il faut donc établir une communication entre la première et la trente-deuxième plaque, entre la trente-deuxième et la soixante-quatrième , entre la soixante-quatrième et la quatre-vingt-seizième , et enfin entre la quatre-vingt-seizième et Ja cent vingt-huitième. ÿe Quand on combine une pile chargée ayec une pile primitive, de manière qu'elles se touchent par deux pôles as: » cette Y 4 e 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE construction fait au commencement le même effet que la combi- paison de deux piles primitives ; mais l’action de la pile secon- daire n’est pas durable ; peu-à peu elle devient plus foible, et enfin les deux piles combinées n’ont pas plus d’action que la seule pile originaire ; dans ce moment la pile secondaire est tout-à-fait déchargée. Si on la laisse encore en communication avec la pile primitive, elle se charge de nouveau, mais dans le sens con- traire de la charge qu’elle avoit auparavant. Ainsi les effets de deux piles combinées deviennent peu-à-peu plus foibles, et en- fin on atteint un point où leur action est la plus foible. Ici la pile secondaire est chargée autant qu’elle peut l’être. Tous ces faits s’entendent facilement , n’étant que des suites nécessaires des expériences qui les ont précédés ; maïs ce qu’on n’attendoit pas, c’est que les modifications de la pile secondaire, qui ne dégagent d’ailleurs aucun gaz de l’eau en se chargeant ou se déchargeant, donnent un courant de gaz pendant qu’elles se décha'sent, dans cette expérience ; mais sitôt qu’elles sont dé- chargées , cette action cesse à l’instant. Ces expériences nous portent à renforcer l’action d’une petite pile, par la communication avec une plus grande. Il ne faut que combiner leurs pôles équinomes , pour retirer ensuite la petite pile beaucoup plus forte qu’elle n’étoit auparavant. On conçoit bien que cet accroissement de force n’a que peu de durée, et que cette pile électrique chargée doit bientôt revenir à son ac- tion comme pile électrique simple. Une pile de 30 étages, à cartons mouillés d’eau simple , est très-propre pour cette expérience , quand la grande pile est com- posée de 90 étages, et qu’elle a ses cartons mouillés d’eau sa- lée. Il faut conclure de ces expériences , que l’action de deux piles combinées en sens inverse n’est pas, comme on l’a cru jus- qu'ici, égale à l’action de la plus grande moins l’action de la plus petite , mais qu’elle est encore moindre , parce que la petite pile chargée et renforcée par la grande peut ôter plus qu’elle ne contient originairement elle-même. Sur-tout la grande pile perd autant qu’elle communique à la petite, ce qui doit encore dimi- nuer le résultat considérablement. La communication d’une pe- tite pile avecune grande peut aussi bien l’affoiblir que la ren- forcer. Quand on combine une pile de 30 étages, à cartons mouillés d’eau salée , avec une pile semblable de 90 étages, de manière que leurs pôles opposés soient en communication, la petite pile perd son action, et demande quelque temps pour se ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 rétablir. Si ses cartons ne sont mouillés que d’eau simple , ce ré- tablissement est encore beaucoup plus lent. Cette expérience s’ac- corde parfaitement avec celles que l’auteur a faites antérieure- ment sur l'effet produit par une communication parfaite établie entre les deux pôles d’une pile. On voit à présent pourquoi une grande pile épuisée par cette opération se rétablit d’autant plus vîte que ses cartons mouillés sont meilleurs conducteurs. On peut aussi facilement déduire de cette expérience, que les actions combinées de deux ou plusieurs piles ne sont pas égales à leurs sommes arithmétiques. La différence doit varier beaucoup selon la nature des matériaux dont les piles sont construites. En tout cas, on peut prévoir que la force d’une pile ne peut pas être augmentée jusqu’à l'infini, mais qu’il y aura un maximum. Il sera très-intéressant d'examiner comment on pourra trouver ce maximum pour chaque cas donné , et comment on pourra s'en approcher ou même l’atteindre, pour le cas où il est le plus éloigné. L'auteur a déja travaillé beaucoup sur ce point, et fi- nira cette recherche sitôt qu'il en aura les moyens nécessaires. Quand on a renforcé la petite pile de 30 étages par la commu- nication avec la grande, de 99 étages, ainsi que nous l’avons décrit plus haut , et qu’on la combine avec une autre pile de 90 étages par deux de leurs pôles opposés, leur action est plus grande qu’elle ne le seroit, si la petite pile étoit dans son état naturel, L'expérience réussit aussi, quoiqu'a un degré moins marqué , avec la même pile qui a servi à renforcer la petite. Sans doute nous n’avons pas besoin de dire que ce renforcement n’est que temporaire , et que l’on peut après quelques minutes re- ürer la petite pile aussi afloiblie que dans l’expérience précé- dente, Nous ayons appris un peu plus haut comment il est possible de renforcer une pile sans lui rien ajouter. L’expérience que nous venons de voir offre maintenant un moyen d'obtenir un grand effet , par le seul secours que l’une peut prêter à autre. Quand on met une petite pile, dont l’activité est détruite par une grande, en communication avec une autre grande pile, mais en joignant leurs pôles équinomes , leurs actions combinées sont à-peu-près égales à celle de la grande pile, de sorte qu’on voit que la petite pile n’a rien pu détruire de l’action de l'autre. Mais peu-à-peu l’action diminue et devient enfin aussi foible qu’elle seroit si la petite pile avoit été active. En la retirant on la trouve aussi rétablie et même renforcée. Cette expérience nous 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE présente un moyen de rétablir le plus promptement possible tonte pile épuisée, UE D nous avons considéré les propriétés principales de la pile Secondaire , et elle nous a présenté des faits très-inté- ressans pour la théorie ,sans nous offrir de grandes espérances pour la pratique. Les avantages importans que la bouteille de Leyde procure aux physiciens, pour le renforcement des effets électriques , semblent être particuliers à cet appareil, du moins nous n'y avons trouvé rien d’analogue dans la pile à charger. Tà- chons de remplir cette lacune. On construit deux piles secondaires , de 60 alternations, dont l’une a les plaques épales à celles de la pile électrique qui sert à charger, c’est-à-dire , de la grandeur d’une pièce de six francs; l’autre les a beaucoup plus larges de 36 pouces carrés, Appelons la pile aux petites plaques no. I et celle aux grandes n°. II. On les charge par une communication de 8 ou 10 minutes avec une pile électrique de 90 étages, dont les cartons sont mouillés d’eau saturée à froid de mnriate d’ammoniaque. Immé- diatement après le chargement , la pile n°. I donne des étincelles qui n’ont que3 lignes de diamètre , pendant que n°. Il en donne de 8 à10, et même de r2 lignes de diamètre. En tirant desétin- celles de la première , parintervalles d’une seconde , on en peut avoir 3 ou 4; par le même procédé la seconde en donne jusqu’à 20. Si l’on a attaché une feuille d’or à la plaque supérieure, et qu’on la touche avec le conducteur inférieur, la pilent, I ne pré- sente le phénomène de la déflagration que pendant 5 à 6 secon- des ; n°. II ne cesse de produire ce spectacle brillant qu'après la 6ome. Le dégagement de gaz assez foible, que produit la première, ne dure que 20 secondes; celui de l’autre est beau- coup plus fort, et ne disparoît qu'après 5 minutes. Quand on touche la première avec les mains mouillées et armées de métal, par intervalles d'un quart À un tiers de seconde, on en peut tirer des commotions, qui deviennent presque insensibles à la cinquantième ; mais si l’on touche la seconde par intervalles de ? à une seconde, on eu reçoit 200 jusqu’à 259 commo- tions. L’accroissement en largeur a donc augmenté non-seulement la capacité, mais , ce qui est plus encore , l’activité de la pile chargée. Cependant ces perfections peuvent encore être aug- mentées. On construit une pile égale à ne, II, mais avec des cartons quatre fois plus épais (1), ou , ce qui revient au.même , a ————— - a ————_———— (:) Les cartons de n°. IL ont à-peu-près deux tiers de ligne de diamètre. ET D'HISTOIRE NATURELLE, -359 avec deux cartons d’une épaisseur double , pour chaque conduc- teur fluide. Cette pile, que noûs appellerons n°. IT, chargée comme les précédentes , a des effets beaucoup plus marqués. Les étincelles en sont plus fortes et ieur durée est plus longue. Au commencement,on tire les étincelles par intervalles d’une se- conde , puis de deux, ensuite de quatre ,etenfin de six se- condes. De cette manière , la pile n°. II donne des étincelles perdant 2 minutes et demie , jusqu’à 3 minutes. La déflagration des feuilles d’or est aussi plus brillante, et dure d’une minute trois quarts jusqu'à deux minutes. Le dégagement de gaz , qui n'a pas duré pour n°. II plus de 5 minutes ; dure ici 8 à 16 minutes, etavec plus de vivacité. Les commotiôns sont au cou- mencement si violentes, que Ritter, pour les compter, ne fai- soit qu'établir par intervalles d’une seconde la communication des pôles, par le moyen d’un tuyau rempli d’eau. Après 300 de ces communications il a encore eu 1200 commotions , sans épuiser tout-à-fait la pile. | Des expériences comparatives ont prouvé que. les communi- cations par le tuyau rempli d’eau épuisent plus la pile que les communications par le corps humain ; aussi on pent compter plus de 1500 commotions , qui n’ont pas suffi pour Ôter toute la force de la pile. Que d’espérances pour le renforcement de l’electricité ! La pile n°. If a du moins 30 fois plus dé force que n°. 1(1). Combiert ñe pourroit-on pas y ajouter par un accroissement de plaques , tant en largeur qu'en nombre! Ritter a trouvé que n°. I 1at- teint son maximum chimique qu'à 120 alternations , et que l’ac- ton sur le corps vivant n’a pas encore atteint son maximum à 240. La grande augmentation de force que nous laisse espérer ut accroïssement de plaques bien calculé doit être très-utile à la science, car plusieurs expériences ont besoin, pour réussir, d’une force très-grande. C’est ainsi que Ritter n’a trouvé l’hy- (1) La pile n°. I donne 50 commotions pendant que n°. III en donne 1500 ; ce qui est en rapport de 1 à 30. L'action chimique de n°. I ne dure que 20 se- condes , celle de n°. III a la durée de 10 minutes ou 660 secondes ,ce qui donne aussi le rapport de 1 à 30. Ilest vrai que cette manière de calculer n’est pas exacte , parce qu’elle néglige la grandeur des commotions et la vivacité de Pac- tion chimique, mais cette remarque prouve. seulement que le résultat est trop petit ; et qu'il pourroit aller jusqu’au double, si l’on pouvoit inesurer les anten- sus, 360. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE drogénation des métaux et ses différens degrés qu’avec une pile de 600 étages. Les expériences que nous avons rapportées plus haut , nousont fait voir que l'efficacité de la pile électrique primitive doit avoir des bornes, quant à son augmentation en hanteur. L Les expériences de MM. Fourcroy , Vauquelin et Thénard ont fait voir que l'efficacité chimique de la pile électrique n’est pas augmentée par une plus grande largeur des plaques. Ainsi la pile à charger est le seul appareil qui fasse espérer une action électrique immense à-la-fois par son intensité etsa quantité ; car une pile électrique de peu de largeur suffira pour charger une pile secondaire très-large , et si l’on étoit obligé d'augmenter un peu la largeur de la pile électrique , en faisant croître celle de la pile à charger, cette augmentation seroit cependant de peu de conséquence, en comparaison avec les effets de la pile chargée. Le cuivre dont nous nous sommes servis pour la construction des piles à charger, n’est pas le conducteur qui donne le plus grand effet, Ritter a trouvé que les conducteurs sont d’autant plus propres à être chargés , qu'ils sont plus capables de devenir négatifs en contact avec les autres. L’étain , le zinc , le-plomb ne donnent rien de sensible; l’action du fer , ainsi que celle du bismuth et de l'acier trempé est très-foible ; celle du laiton et du cuivre est plus grande ; celle de l'argent l’est bien davantage ; Vor et le platine tiennent encore un rang supérieur ; et enfin le carbure de fer et l’oxide de manganèse agissent le plus forte- ment. Quoique ces expériences ne soient faites qu'avec deux pièces de chaque métal, on peut bien en tirer des résultats pour lap- plication des conducteurs en grand, sur-tout après ce que Ritter a déja trouvé, que le zincagit infiniment peu dans des piles secon- daires ; ensorte que la loi, établie par les expériences en petit, a déja trouvé une confirmation dans son application en grand. C'est pourquoi Ritter propose au cit. Conté de fabriquer des plaques pour les piles de la même masse , dont il fait ses crayons connus sous le nom de mine de plomb. Cette masse conduit très- bien l'électricité. Des piles à charger construites avec des pla- ques de cette matière doivent être béaucoup plus efficaces que celles construites avec du cuivre. Après une série si étendue de faits nouveaux, jettons un coup- d'œil rapide sur la carrière que nous avons parcourue. D’abord nous avons trouvé que les conducteurs qui, dans leur commu- nication E TAD'HUSTOILR EN A TU RÆEL LE. 361 nication avec la pile ; étoient mis en un certain état électrique , prennent , en la quittant , l’état opposé. Nous avons vu que la combinaison de plusieurs corps ainsi électrisés augmente leur effet. Guidés par cette découverte, nous avons construit d'un seul conducteur solide et d’un fluide des piles inactives par elles- mêmes , mais capables d’être chargées par la pile électrique pri- mitive. En considérant la capacité énorme de cette pile à charger, eten cherchant le degré de faculté conductrice le plus favorable à sa perfection , il s’est présenté deux faits étroitement liés en- semble : le premier, qu’un conducteur composé de deux ma- tières différentes, est d’autant moins favorable à la propagation de lélectricité que les alternations de ses élémens sont plus nom- breuses : le second que les actions éléctriques différentes ne sont pas également bien conduites par le même conducteur. Ainsi nous avons construit des piles qui conduisoient bien l’action phy- siologique , en isolant l’action chimique , et par une autre cons truction , nous avons réussi à produire une action chimique qui n’étoit pas accompagnée d'action physiologique. ; | Nous avons conclu de ces faits, que les phénomènes différens de l'électricité ne doivent pas être regardés comme dépendans l’un de Pautre, ce qui ouvre des vues nouvelles à la doctrine de l'électricité. Après avoir ainsi examiné les piles composées d’un seul métal et d’un fluide, nous avons étendu nos recherches sur toutes les autres piles inactives par elles-mêmes , et nous y avons aussi trouvé la faculté de recevoir l’électricité de la pile primi- tive. Nous avons vu charger des piles composées dé; partiés ac- tives , dont les actions se détruisoient réciproquement , et nous. nous en sommes servis pour présenter les différens degrés de fa- culté commotrice parfaitement isolée de l’action chimique. Ayant ainsi confirmé les propositions que nous avions avancées aupara-. Vant , nous avons repris les piles d’un seul métal, et avons trouvé qu’elles peuvent être chargées, comme la bouteille de Leyde, des deux électricités opposées ou d’une seule, selon les dispositions des piles qui servent à charger. Nons avons combiné des piles chargées tant avec leurs pareilles qu'avec des piles primitives , et nous ayons vu , que celles-là se comportent, pendant leur acti- vité, comme celles-ci. Ensuite nous avons chargé des piles acti- ves par elles-mêmes, et nous les avons renforcées en les char- geanten un sens, et affoiblies, en les chargeant en, l’autre. Ces expériences nous ont donné lieu de corriger quelques idées inexactes sur l'addition et sur la soustraction des effets de deux ou plusieurs piles, et sur-tout nous sommes parvenus à prouver Tome LF1I. FRIMAIRE an 12. Zs 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que l'efficacité des piles ne croît pas à l'infini par l'augmentation de leurs étages, mais qu’il doit y avoir un maximum. Enfin nous avons terminé nos recherches par des expériences qui pronvent que les pilessecondaires peuvent servir au renforcementde l’élec- tricité , et qu’elles offrent, exécutées en grand, un moyen de produire des effets jusqu’ici inattendus. Tout ce que nous venons de voir prouve assez , j’espère , qu’il s’agit ici d’une chose de la plus haute importance; c’est pour- - quoi je ne crois pas inutile d'ajouter ici quelques réflexions sur l’histoire de l'électricité, et sur la place qu’y doivent occuper les découvertes présentées dans ce mémoire. M. Biot, dans son rapport de 17 inessidor an X, a très-bien divisé l’histoire de l’électricité en deux grandes époques, la pre- mière où l’on ne savoit produire de l'électricité que par frotte- ment, la seconde offrant la découverte de l’excitation d’élec- tricité partle contact de conducteurs différens. C’étoit par le moyen des isolateurs que l’on produisoit l'électricité . dans la première, c'étoit par des conducteurs qu’on la produisoit dans la seconde ; chacune de ces époques se divise naturellement en trois autres , savoir : PREMIÈRE ÉPOQUE. Electricité desisolateurs. a Prôduction de l’électricité par. le seal frottement de deux corps différens ,; sans aucun mécanisme particulier. î b Production de l’électricité par une machine particulière. c Découverte d’un appareil propre à recevoir et renforcer l’é- lectricité , bouteille de Leyde. SECONDE ÉPOQUE- Electricité des conducteurs. æ Production de l'électricité par le seul contact de deux con- ducteurs différens , au galvanique. : b Invention d’une machine électrique composée de conduc- teurs différens qui se touchent , pile électrique de Volta. c Découverte d’un appareil composé des conducteurs , propre à recevoir et renforcer l’électricite de la pile électrique, pile à charger de Ritter. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 363 Ainsi il yavoit, dans la doctrine de l'électricité , une lacune déja remplie, quand elle fut reconnue. Il faut espérer que le nouvel.appareil, dont s’est emparée la physique, lui procurera des succès aussi importans et aussi nombreux qu’en a produit l’appareïl correspondant dans l’époque précédente. Cette espé- rance ne peut qu'augmenter, si l’Institut, qui possède dans son sein- tant de sayans distingués ; veut bien s’en occuper. POST-SCRIP TUM. Je viens de recevoir une lettre de M. Ritter, où ilme commu- nique une notice préliminaire de nouvelles découvertes faites par le moyen de la pile secondaire. Une pile de cette espèce , qui n’a pas'été chargée par la pile de Volta, donne une électricité foible, positive en haut , né- gative en bas. La tension de cette pile n’est pas assez grande pour être rendue sensible par l’électromètre, mais par le moyen d'une grenouille on parvient à y découvrir les pôles électriques. Si l’on tourne la pile, de manière que la partie auparavant supé- rieure devient l’inférieure , les pôles électriques de cette pile se changent aussi. Le maximum de chargement que la pile secon- daire peut acquérir par sa position est produit quand la pile fait un angle de 5o à 70 degrés avec lhorison septentrional. Couchée horizontalement la pile reçoit un peu d'électricité posi- tive vers le nord, et un peu de négative vers le sud ; mais le maximum pour la situation horisontale est dans une direction du nord-nord-est au sud-sud-ouest. Quand la pile horisontale coupe cette ligne perpendiculaifement, on n’y trouve aucune trace d'électricité. Une corde mouillée de huit pieds de longueur ac- quiert aussi de l’électricité par: sa position de même que la pile ; mais ses effets sont plus foibles. x Ainsi on doit penser ge La terre a des pôles électriques ; comme elle a des pôles magnétiques , et il faut ajouter un mé- ridien électrique au méridien magnétique. Aussi M. Ritter a-t-il observé que Îles orages des environs de Jena ont suivi, cette année, la direction du méridien électrique. Les hommes , les animaux , les végétaux, les pierres, tous les objets de notre globe , même l'air atmosphérique , doivent présenter de l’élec- tricité positive en haut , et de l’électricité négative en bas. Ritter a ajouté aux faits déja connus , qui confirment cette conjecture, une expérience faite sur lui-même. Les conséquences qu'on peut déja tirer de cette découverte, La 2 ‘864 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour la théorie de la terre, la physiologie tant animale que vépé- tale, la météorologie et une infinité d'autres objets encore moins examinés, prouvent combien il y avoit de prévoyance à appeller attention des physiciens sur la doctrine: de l'électricité, comme étant /e chemin des srandes découvertes. "1 ADDITION AU MEMOIRE SUR LA PILE A CHARGER DE RITTER. Au moment.où je dévois présenter ce mémoire, à l’Institut na- t’onal , je recevois une lettre. de M. Rütter ; où il: m’annonçoit la découverte des pôles électriques de la:terre. Quoiqu'il ne put alors indiquer tous lesmoyens nécessaires pour vérifier ses expé- riences sur cet objet important, il vouloit néanmoins en: faire connoître les résultats. aux physiciens ; espérant de leur zèle tous les secours possibles, pour examiner plus en-graniû, et d’unema- nière très-variée ; ce qu’un petit nombre d’expériences lui avoit fait voir , pour ainsidire , en iminiature: Depuis ce: temps, M. Ritter a multiplié ces experiences, et les poursuit encore avec cette ardeur qu'inspire toujours la nature à ceux qu’elle veut initier dâns ses mystères. Je vais donner un précis de ce qu’il ma bien voulu communiquer dans quelques lettres. L'expérience décrite dans le post-scriptum a été répétée avec une pile secondaire de 1000 plaques. Gette répétition n'a servi qu’à confirmer.ce qu’il avoit ayancé. Quoique cette pile secon- daire soit la plus grande qui ait été construite, elle n’a pas reçu un très-grand chargement par sa seule situation. Il étoit à-peu près quatre fois plus grand que celui de la pile de 205 pla- ques , dont il s’étoit servi pour la première expérience , mais il mexcédoit pas encore l'efficacité d’un seul arc composé d'argent et d’or. L’expérience a été répétée vingt fois avec le même résul- tat. La pile avoit 13 pieds de longueur , et étoit munie du méca- nisme nécessaire pour soutenir le tout et pour empêcher. les ef- lets de la pression. La grandeur de la pile obligeoit l’auteur de travailler à l’air libre, et sa pesanteur l’empêchoit de procéder avec la vîtesse ordinaire, ensorte que l’incitabilité dela grenouille pouvoit changer pendant les intervalles. L'auteur a su parer à: cet inconvénient, en examiuant quand il étoit nécessaire l’état ET D'HISTOIRE NATURELLE. 365 de l'animal par d’autres réactifs. 1l a aussi plusieurs fois, en pen- chant et redressant la pile , examiné sa forcé , et il y a trouvé des différences pour chaque changement de 10 à 20 degrés. Sans doute il fant avoir la main exercée , et cet œil observateur qu’on connoît à M. Ritter , pour remarquer ces nuances qui échappent à la plupart des physiciens. L'auteur a encore pronvé les pôles électriques de Ia terre par une autre expérience. Il a chargé des fils métalliques par une pile électrique , ce qui leur a donné la propriété de se tourner vers les pôles électriques, qu’il avoit déja indiqués. J'ai répété cette expérience avec un fil de platine, sans en obtenir le succès que j’avois attendu ; mais je n’oserois pour cela révoquer en doute l'expérience de M. Ritter ; je l’ai répétée, sans en con- noître parfaitement les détails. Depuis quelques jours j’en suis informé. Voici la description exacte d’une de ces expériences : un fil d’or ayant 5 pouces de longueur et À ligne d’épaisseur, ârrangé comme l’aiguille de la boussole, fut mis en contact, par ses deux bouts , avec deux conducteurs humides, qui com- muniquèrent avec une pile de deux cents étages , dont les car- tons étoient mouillés de dissolution de muriate d’ammoniaque. Après cinq minutes on Ôta le fil d'or; on le mit surson pivot comme une aiguille aimantéc, et on le mit à l'abri des mouvemens de l'air, en le couvrant d’une cloche de verre. Le fil se tourna constamment vers les pôles électriques, jusqu’à ce qu’il eut perdu son chargement. On pourroit croire qu’une aiguille d'un corps isolateur , ayant un bout chargé de + +, l’autre de — +, par l’action de la ma- chine électrique, devroit aussi indiquer les pôles électriques ; mais on ne peut plus être de cet avis, quand on fait attention à Ja découverte de Ritter, que les différens phénomènes électri- ques peüvent exister isolés, l’un sans l’autre. Ainsi la grandeur de la tension ne peut plus être regardée comme un indice fidèle de la préseuce des autres fonctions, et il n’y a pas de raison de croïre qu’un corps quiareçu, par le moyen de la machine électrique , le même degré detension, qu’un fil métallique par l’action de la pile, doive être parfaitement dans le même état élec- trique, M. Ritter m’a aussi communiqué quelques autres expériences sur la pile secondaire, qui me paroissent assez importantes pour sa théorie, quoiqu’elles ne fassent que confirmer ce qui a été avancé dans le mémoire précédent. Il a trouvé que le fil d’or, dont nous venons de parler , reçoit par son chargement assez 366 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de tension pour être rendue sensible à l’électromètre par le moyen du condensateur. Le bout qui avoit été positif pendant la communication avec la pile donnoit des indices d'électricité négative , et celui qui avoit été négatif agissoit comme un corps positif. Ainsi la même loi qui étoit déja demontrée pour les ac- tions chimiques et physiologiques , a aussi lieu pour la tension des cartons mouillés , d'une épaisseur de 6 lignes , et d’une longueur de 1, 3, 6, ou 12 pouces ne prennent qu’un char- gement infiniment foible en comparaison avec celles des mé- faute On pourroit facilement former des théories différentes sur la pile à charger, selon les principes déja adoptés en physique , mais il faut bien se garder d'interrompre le cours d’une re- cherche nouvelle par une théorie prématurée. La première idée quise présente c’est d’expliquer tout par la circonstance que les plaques de la pile secondaire s’oxident d’un côté par le chargement. Les oxydes métalliques, quand ils sont conduc- teurs, remplacent les métaux les moins oxidables. Ainsi les plaques oxidées d’un côté et non pas de l’autre, devroient agir comme des plaques composées de deux métaux différens. Cette théorie paroît d'abord très-plausible ; mais elle ne s'accorde pas avec le fait reconnu, que les conducteursdles moins oxidables sont les plus propres à recevoir le chargement par la pile. D’au- tres ‘physiciens seroient peut-être plus portés à attribuer l’action dela pile secondaire au conducteur fluide. On avoit déja observé dans un grand nombre d'expériences, que l’eau reçoit une pô- Jarité électrique par le chargement de la pile ; n'est-il donc pas vraisemblable que cette propriété de l’eau est la cause de la pôlarité de la pile chargée? Cette théorie suppose que les métaux n'entrent pour rien dans la pile à charger ; rnais nous avons vu que les conducteurs solides prennent beaucoup plus parfai- tement de la pôlarité électrique que les fluides ; pourquoi donc attribuer à l’action Ja plus foible ce qui s'explique mieux par la plus forte? Où pourroit enfin regarder la pile à charger comme un seul corps , qui étant conducteur médiocre , prend des pôles électriques par le contact avec un conducteur électrique. C'est dire une chose parfaitement vraie que de s'expliquer ainsi; mais ce n’est pas une explication physique , qui doit toujours par tir des élémens de la! chose , quand ils sont connus ; or nous dé- couvrons dans les élémens de la pile secondaire, sur-tout dans le conducteur solide la propriété de se charger , ou de rece- voir une pôlarité électrique , il faut donc partir de là quand on ÉLF AD MA SET OI TE NATURELLE. 367 veut donner une saine explication des phénomènes qu’elle pré- sente. Peut-être les deux expériences suivantes mettront-elles encore mieux au jour la fausseté des deux dernières théories. J'ai pris quatre tuyaux de verre remplis d'eau, et joints ensemüle par des fils de platine. Après avoir charoé cet appareil parune pile électrique , je l'ai tourné , de manière que les bulles d’air con- ténues dans chaque tuyau étoient obligées de passer d’un bout à l’autre. Cette agitation n’empêchoit pas l'appareil d’exciter une saveur bien prononcée sur la langue, comme auparavant. J'ai disposé une autre fois cinquante centimes dans une auge, de la mêne manière que l’a fait Cruikshanck, pour la pile élec- trique, c’est-\ dire, qu’il y avoit une petite cellule remplie d'eau , entre chaque couple de plaques. Jai chargé cette pile par une pile électrique de deux cent cinquante etages, puis j'ai versé l’eau et l’airemplacée par une quantité nouvelle. Après cette opération la pile avoit encore quelque action. J’ai observé que la pile électrique dans cette expérience doit être assez forte pour produire un dégagement de gaz dans toute la pile seconr- daire.' C’est pourquoi l’on pourroit facilement attribuer l’action de la pile secondaire, dans ce cas, à l’oxidation des plaques du cuivre; maïs cette explication seroit trop peu conforme à tous les autres faits que nous venons de rapporter. Cependant il se- roit à souhaiter que l’on répétât cette expérience avec des pla- ques d’or ou de platine. J'ai constamment observé , dans ces expériences, que les piles construites de centimes ne produisent qu'un effet extrêmement foible en comparaison avec celui d’une pile dont les plaques ont deux pouces de diamètre. C’est ainsi que je me suis convaincu de l'influence de la largeur des pla- ques sur l’efficacité des piles secondaires , quoique je n’eusse pas l’occasion de répéter les expériences de Ritter avec des plaques de 36 pouces carrés. Je terminerai ces observations en disant que Ritter a répété ses expériences sur la pile physiologique, avet une pile secondaire de 1000 plaques , les cartons mouillés d’une solution saturée de muriate de soude. Ces expériences ont parfaitement confirmé les antérieures. 840 plaques ont donné le maximum de force commotrice , sans action chimique. La totalité de la pile , on 1000 plaques n’ont pas donné autant. 84 plaques ont donné le maximum d’action chimique. Il a aussi trouve, ce que l’on de-- voit prévoir , que les moindres parties de la pile physiologique ne donnent pas d’actiôn chimique par leur déchargement , mais 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seulement une action physiologique proportionnée à leur gran- deur. Il n’avoit pas encore observé ce fait, que dans la pile phy- siologique composée de parties actives opposées, quand il me communiquoit les expériences contenues dans le mémoire pré- cédent. Ayant, il y a quelques mois, communiqué plusieurs des découvertes de M. Ritter à la société philomatique et à quelques savans distingués , je l’ai informé de l'intérêt qu’on a bien voulu prendre à ses recherches. Je l’ai prié de me communiquer aussi les découvertes qu'il a faites depuis que je n'ai plus l’avantage d'être moi-même témoin journalier de ses expériences. Il a rem- plimes vœux d’une manière qui ne peut que me flatter beau- coup ; il m’a envoyé des papiers contenant un récit très-exact de ses expériences sur un nouvel appareil à charger par la colonne de Volta, et il m’a permis d’en faire part aux phy- sieiens français , et même de les présenter à l’Institut national. Je me suis empressé de remplir une tâche si honorable avec l’ordre, la clarté et la précision que méritent le nom de l’au- œur et l’importance de l’objet. Quant aux expériences, j'en ai répété autant qu'il m'a été possible dans le peu detemps que j'avois à y employer. La plupart m'ont réussi parfaitement, et pour celles qui m'ont présenté quelques difficultés , j'attends des éclaircissemens de l’auteur. DE ET D'HISTOIRE NATURELLE 369 DE LA SARDOINE OU AGATE BRUNE; Par B. G. Sace, directeur et fondateur de la premiére école des mines. Extrait de l’ouvrage qu’il va publier, qui a pour titre : In- troduction à l'étude de la physique expérimentale et des mi- néraux, Pline a désigné la cornaline par lé mot sarda (1) du nom d’une ville de l’Asie mineure d’où on la tiroit de son temps. Les sar- doines ont été trouvées dans le même licu. Il y en a quatre variétés. 1 La sardoine brune. 3 .......... d’un rouge brun. Sri: cr Blonde: À 4 -........»tubanée sardonix. La sardoine à coùches ou zones de différentes couleurs est nommée sardonix ; elle a été employée par les graveurs de l'antiquité ; il y en a qui offrent des zones brunes , noires , bleuâtres et d’un blanc mat; celles-ci sont les plus rares et les lus estimées. I] s’est trouvé des sardoines d’un volume considé- rable; celle sur laquelle on a gravé l’apothéose d'Augustea au moins un pied de diamètre ; elle fait partie du cabinet des mé- dailles de la Bibliothèque nationale. Les anciens ont fait des vases de toutes sortes de formé avec Ja sardoiïne. Pliné rapporte que Pompée après avoir vaineu Mi- thridate, apporta à Rome deux mille vases à boire, dort le plus grand nombre étoit de sardoiïine. Ils ont été connns sous le nom de vases murrhins ; quoiqu’assez nombreux à Rome, ils s'y sont vendus un prix exorbitant,. Pline rapporte que Néron en fit une collection surprenante, A . . . 2 . qu'il augmentoit tousles Jours en contraignant ceux ai enavoient (1) Sarde, ville fort ancienne de l'Asie mineure, fut la capitale de la Lidie où régnoit Crésus. ; Tome LV11, FRIMAIRE an 12. Aaa 870 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE a les lui donner. Titas Petronius étant à l'article de la mort, se fit apporter un vase murrhin qu'il avoitacheté sept cent mille francs , etle brisa, afin d'en priver Méron, dont la folie alla jusqu’à faire entenicr des fragnens de vase urrhin avec autant d'appareil et de pompe que si c’eût été le corps d’un héros qui eût sauvé la patrie. Ces vases murrhins firent commettre plus d’une action d’inhu- manité. Vedius Pollio recevant à dîner Auguste dans sa belle maison de Tusculum, donna ordre qu'on jettât dans son vivier un esclaye qui venoit de casser un vase murrhin. Vedius Pollio avoit dans ce vivier des lamproies qu'il nourrissoit de sang hu- main. L’esclave étant parvenu à s'échapper du vivier , vint se jetter aux pieds d’Auguste, lequel indigné de ce trait de barba- rie fit apporter et briser devant lui tous les vases murrhins de Vedius Pollio , afin qu’ils ne fussent plus cause d'un acte d’inhu- imanite. : ÿ Il y avoiten 1779 dans le garde-meuble de la couronne de France plusieurs vases de sardoïne d’une beauté et d’un volume surprenant , entr’autres une aiguière de sardoine brune de huit pouces de haut dent l’anse de la plus grande élégance étoit prise dans la pierre; l'égalité dans les surfaces de ce vase, qui n’avoient pas plus d’une ligne d'épaisseur , étoit admirable. 1] y avoit dans cette précieuse collection des coupes de sar- donix de dix pouces de long sur cinq pouces de large et quatre de profondeur ; ces vases de sardoines brunes à zones blanches avoient appartenu à Charles le téméraire dernier duc de Bour- gogne. . La sardoine brune et la sardonix sont rares ; celles que nous avons nous viennent des anciens. Je ne sache pas qu’on ait trou- vé jusqu’à présent des sardoines en France ni en Allemagne. Il paroît que certaines variétés d’agate affectent des contrées parti- culières. La Hongrie seule fournit les opales. Quelques mines de plomb de Bretagne produisent la gyraso'e. Les sardoines de Sibérie diffèrent de celles d’Asie par leur couleur qui tire sur le rouge ; elles en diffèrent , parce qu’elles n’offrent point de zones ou bandes de différentes couleurs. J’en ai vu des milliers qui avoient été apportées par l’abbé Chappe; toutes étoient arrondies sans écorce , et n’excédoient pas la gros- seur d’un œuf. Toutes étoient d’un brun mordoré à leur surface ; quelques-unes offroïent des zones de sardoine blonde transpa- rente. Cette variété, dont la couleur a du rapport avec celle de la corne ,'est variée et très-estimée en Russie. ET D'HISTOLRE NATURELLE. 374 On a trouvé en Chine et en Sibérie des agates bleues dont le centre est de sardoine blonde. Ces agates saphirines sont fort rares. La sardoïne que je vais décrire , et dont j'ignore le pays offre unc singularité trop remarquable pour ne pas être citée ; son extérieur est à couches de silex d’un gris noirâtre; cette sar- doine avoit la forme et la grosseur d'un œuf de poule, qu’on auroit divisé en deux dans sa lonsueur ; sa surface plane est d’un blanc jaunâtre lisérée de noir. En ayant fait scier une tranche de deux lignes d'épaisseur et fait polir la surface, elle m'offrit une sardoine d'un brun clair. Le liséré qui paroïssoit noir opaque devint transparent et grisâtre. La sardoine , ainsi que les autres agates , cst de nature quart- zeuse, contient plus'ou moins d'alumine et de fer; elles doivent leur transparence à de l’eau ; ayant fait rougir au feu une sar- doine brune de Sibérie, elle a perdu un trois centième de son poids, elle faisoit entendre une espèce de décrépitation , elle se divisa en plusieurs morceaux, et devint blanche et opaque. La dé- crépitation et l’opacité sont dues à l’eau qui s’est exhalée. Le fer contenu dans cette ‘sardoine et qui lui donnoït une couleur d'un brun rougeêtre, prend par cette raréfaction une teinte rose et marque les couches dont cette sardoine est formée. Aaaz 372 JOURNAL DE PHYSIÔOUE, DE CHIMIE ” : » 1.) ; REMARQUES Sur trois suites d'observations cyanométriques de H. B. de Saus- sure , tendant à établir une comparaisom entre ces observa- tion et un calcul précédent ; par P. Pasvosr, professeur à Genève. Lues à La Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, le 3 floréal an 9 (1. La couleur blene du.ciel et ses diverses nuances fixèrent l'attention de de Saussure ;et la détermination de ces nuances lui parut importante pour la météorolagie, parce qu'elles me- surent la quantité de vapeurs opaques répandues dans l’air (2). En eftet, comme le remarque ce:physicien, plus l’air est pur, plus sa couleur doit être foncée, Les vapeurs qui s’y mêlent sont la seule canse qui trouble. cette apparence. Et ces yapeurs sont en général de nature à pâlir ce bleu , comme si on y mêloit du blanc; car à l’horison le ciel paroît d’un bleu plus pâle qu’au zénith. < Oa peut donc espérer de représenter assez bien toutes les nuan- ces de bleu qu'offre le ciel, en mêlant sous différentes propor- tions de la couleur bleue äâvec de la couleur blanche. Eten com- parant ces mélanges connus avec l'apparence du ciel en un lieu et en un temps donnés, on se fera une idée assez juste du mé- lange des vapeurs blanches avec l’air bleu. Tel est le principe et le bat du cyanomètre. Cet instrument porte rangées sur un cercle les 51 nuances que l’œil peut nettement distinguer à une dis- tance appréciable, depuis la première teinte de bleu mêlé au blanc, jusqu’au b'eu le plus foncé mêlé au noir , et se termi- nantenfin au noir pur. Tont le monde sait l’usage qu’a fait de cet instrument son il- (1) Ces remarques faisoient partie d’un mémoire intitulé : Quelques applica- tions de la théorie de la vision à la météorologie. (2) Voyage aux Alpes , parag. 2085. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 373 lustre inventeur ; car le voyage au Col du géant est trop curieux pour q#on en oublie les détails. J'ai dessein de presser quelques conséquences de ces obser- vations, et de montrer qu'elles se rapportent bien au principe qui les a fait entreprendre. Ayant eu occasion de présenter ce point de vue à l’auteur lui-même , lorsque nous le possédions en- core , je crus remarquer qu'il lui étoit agréable , et c’est ce qui m'encourage à le developper. Il sera bien avant tout de transcrire ici textuellement les ob- servations que je vais discuter : elles sont toutes comprises au- parag. 2086 des Voyages aux Alpes, et se rapportent unique- ment à la couleur bléue du ciel à différentes hauteurs , vue d’un même lien et au même instant. Ce parag. 2086 est conçu en ces termes : « En même temps que je faisois ces observations , je crus de- voir étudier sur le Col du géant les dégradations que suivent les couleurs du ciel en s’élevant de l’horizon au zénith. Le 15 juillet à midi, par un très-beau temps, je trouvai à l’horison la onzième nuance , à 10 degrésla vingtième ; à 20 dégrés la trenté-unième ; à 30 degrés la trente-quatrième ; à 40 degrés la trente-septième ; et depuis 40 degrés jusqu’au zénith la même trente-septième nuance sans aucune vartation sensible. Deux jours après, le 17, je ne pus prendre la couleur à l’horison , il y avoit des nuages mais à 5 degrés , je trouvai la seixième nuance ; à 10 la dix- huitième ; à 20 la vinotième et demi; à 30 la vingt-neuvième; à 40 la trente-deuxième ; à Go la trente-quatrième , et de là æni- forme jusqu’au zénith. Ces deux progressions évidemment irré- gulières prouvent que les vapeurs ne sont pas ou du moins n’étoient pas alors uniformément distribuées dans l'atmosphère. On ne s’etonnera pas de cette irrégularité , si l’on considère qu'un pays aussi varié que Celui qui entoure le Col du géant, où l’on trouve ici de hantes montagnes , là de profondes val- lées, ici.des glaciers, là des forêts où des pâturages, plus loin des rocs arides et décharnés , doit fournir dans ces différens liéux des vapeurs et des exhalaïsons très-différentes par leur quantité et par leur nature; et qu’ainsi la voûte céleste appa- rente, qui résulte de l'assemblage des zéniths de tous ces en- droits, ne sauroit ayoir, dans la dégradation de sesteintes, la régularité qu’on pourroïît espérer sur mer Ou dans une plaine :à- peu-près uniforme. : « Eneffet, de Genève, en regardant du côté du sud-ouest, où le pays est à-peu-près uniforme, j'ai trouvé le 21 avril 1790 374 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à midi, à r degré la quatrième nuance, à ro degrés la neuvième; à 20 degré la treizièmeet À, à 30 degrés la quinzième , à 4oÿla dix- septième et +, à 6o la dix-neuvième , à 60 la vingtième, et de là jusqu'au zénith à-peu-près uniforme ; ce qui donne une progres- sion bsaucoup moins irrégulière que sur le Col du géant. Cette progression est même parfaitement régulière depuis 20 jusqu'à 60 degrés ; car les différences décroissent exactement en pro- gression arithmétique , mais entre l’horison et le vingtième dce- gré, elles suivent une autre loi, leurs différences sont plus grandes. « Il seroit à souhaiter que ces observations fussent répétées en différens pays et sous différens climats ; je ne doute pas que l'on ne püt en tirer des résultats intéressans pour la météoro- logie. » li ne sera pas inutile, avant d'entrer en matière, de rappeller ici que la voûte céleste n’a aucune courbure sensible que celle qui dépend de la nature de la projection des objets visibles. Il ré- sulte de cette projection , que le lieu de toutes les apparences visibles est une surface sphérique concave. C’est cette surface sphérique que nous nommons le ciel; et je répète qu’elle n’est courbe que pour l’œil , et que pour bien raisonner sur ses dimen- sions réelles ou tangibles , nous devons nous la représenter comme plane. En effet, supposons que l'atmosphère ait quinze lieues de hauteur , qui est, je crois, la plus grande qu’on lui attribue. La grande rareté de cette atmosphère dans sa partie supérieure permet à peine de croire qu’elle y puisse réfléchir des rayons efficaces. Cependant n’ayons pas égard à cette considération, et nous verrons que du zénith à l’horizon sensible il n’y aura que 8°. de courbure pour les parties d’air les plus élevées. Mais cette courbure est le maximum de toutes celles que nous repré- sentent les couches de l’atmosphère. Ainsi par une moyenne, vaguement déterminée, on trouvera que l’æil ne distinguant pas ces hagteurs diverses, et n’en faisant qu’une seule de toutes, doit avoir une courbure bien moins sensible encore. Par d’autres considérations on la diminue beaucoup. Et enfin je crois en avoir dit assez pour rappeler un principe connu , mais fonda- ruental en cette matière, savoir : que la voûte céleste que nous observons n’est pas une voûte, mais un plafond , et doit être connu comme plane. Ainsi les verticales élevées de divers points de notre horizon sensible doivent être généralement conçues comme parallèles ET D'HISTOIRE NATURELLE, 375 dans tout ce qui est relatif aux apparences atmosphériques ob- servées d’un même lieu. Cette vérité, quoique généraïe, ne l’est qu'entre certaines limites ; et il convient d’en indiquer une. Si l’on conçoit la hauteur de l'atmosphère comme une verticale de 15 lieues, j’ai déja dit qu’elle détermine un arc visible de 80, dontelle est le sinus verse. Le sinus de ce mème arc sera le rayon de l’horison sensible terminé aux dernières limites-de l’atinosphère. On voit dans les tables que ce sinus est 14 fois aussi grand que le sinus verse du même arc. Retenons donc ce résultat , c’est que la ligne horizontale qui traverse toute l’atmosphère est au moins 14 fois aussi grande que la verticale qui la traverse de même. Celie- ci, par exemple, ayant 15 lieues, l’autre en aura 210. Ce rap- port résulte, comme on voit, de la courbure de l’arc visible du ciel. Car s’il falloit toujours se le représenter comme plane, la ligne horisontale scroit infinieou indéterminée (1). Ces remarques préliminaires simplifieront beaucoup ce que j'ai à dire sur les conséquences des observations cyanométriques. Si de l’œil de l'observateur comme centre on mène des rayons à la circonférence dun quart de cercle vertical, et si l’on con- çoit ces droites prolongées jusqu'aux dernières limites de l’at- mosphère , on remarquera qu’elles sont entr’elles comme les cosécantes des hauteurs. Maintenant si l’on considère l’atmosphère , comprise entre l’horison sensible et le plafond ou plan supérieur , comme étant dans chaque couche à mêine élévation d’une nature parfaitement uniforme , on concevra que la quantité de vapeurs que traver- seront ces droites leur sera exactement proportionnelle. Cela étant, on doit se représenter ( conformément au senti- ment de notre auteur (2) ) un grand fond bleu général d’une in- tensité constante, et une quantité interceptante variable, la- quelle suivra dans sa variation une loi très-régutière. (1) Euler calévlant populairement les mêmes quantités dans ses Lettres à une princesse d’ Allemagne , estimoit la hauteur de l’atmosphère réfléchissante d’un mille seulement dont le riyon terrestre en a 860. D'où il concluoit le rayon de lhorisou sensible 40 fois aussi grand que la hauteur zénithale apparente. Ainsi la courbure visible ne seroit pas de 5°. (2) Il a vérifié son instrument , en mêlant à une liqueur bleue une liqueur blanche. 11 a vu que les degrés du cyanomètre répondoient bien aux doses du mélange. Mém. de Turin , p. 1790. 376 JOURNAL DE PHYSIQUE, DB CHIMIE La couleur bleue du’ciel privé de toute vapeur répond à une nuance quelconque du cyanomètre. Quelle qu’elle soit , je puis là représenter par un nombre, dont le choix sera déterminé par quelque circonstance du phénomène; et 1l sera facile ensuite de réduire cette nuance à l’expression de l'instrument. Je suppo- serai donc que le nombre 1095exprime au Col du géant laïcou- leur bleue du ciel privé de toutes vapeurs. Cela étant, j'expri- therai les cosécantes des hauteurs observées par les tables, en supposant seulement un rayon de 100 parties, pour abréger les opérations numériques; et envisageant chacune de ces cosécantes comme l'expression des vapeurs qui interceptent la couleur bleue du ciel à la bauteur à laquelle elle appartient, je déduirai cette valeur du nombre constant, et j'aurai par calcul une suite de nombres répondant à ceux que doit donner l'observation au cyanomètre. Par conséquent j'aurai un moyen de comparer le calcul à l'observation ; ce qui est l'unique but que je me pro- pose. Dans le tableau suivant on voit les cosécantes de 10 en 10 degrés d’après les tables, en partant du, rayon de 106 par- ties, et les restes obtenus en déduisant chacune de ces cosé- cantes du nombre 1093. Mais pour rendre cette table usuelle,, il fant la réduire à l'échelle du cyanomètre. Or, le 15 juillet, au Co! du géant , lanuance apparente à 10° de hauteur étoit ex- primée sur cet instrument par le nombre 20, tandis que notre table porte à ce même degré le nombre 517.11 faut donc réduire tous les nombres de ma table calculée dans le rapport de b17 à 20. Faisant cette réduction, et y joignant les observations du 15 juillet, on obtient les résultats indiqués dans le tableau. L'accord de ces apparences calculées et observées est assez frap- pant pour confirmer notre méthode. Faïsons-en l’application aux autres observations rapportées dans le même article. Le 17 juillet au Col du géant, la nuance cyanométrique à 10° de hauteur éroit 18. Par un procédé analogue à celui que j'ai employé tout- à-Pheure, je changerai ce premier nombre en celui de 20, pour que toutes nos échelles commencent au même point, et tous Îles nombres successifs de cette suite d’observations étant augmentés dans le rapport de 18 à 2» , il n’en résultera aucune erreur ; et nos tables précédentes pourront être immédiatement comparées à celle-ci. Tableau ET D'HISTOIRE NATURELLE, 5y Tableau comparatif pour les deux suites d'obsérrations faites au Col du géant Nuances r8 197 Degrés Degrés Angles ; calculées Degrés du observés au observés au de . Co- pourlebleu cyanomètre, Col du) Col du géant, hauteur. sécantes. pur calculés. géant, le le 17 juillet, exprimé 15 juillet. réduits par 1093. de 168 à 20. 109 ;=1 576 517 20 20 20 20% ; 292 8ot, 31 81 23 308 200 893 54 + 34 32 40° 156 938 36 £ 37 "352, 50 %£ 130 663 57 à 37 » 609 115 - 978 375 37 36 70° 106 987 38% 37 38 80° 101 992 - 384 37 38 go° 100 993 384 : 37 38 À l'exception du second terme ( qui est trop petit) la suite . des observations faites le 17 juillet est aussi genéralement con- forme au calcul et offre de la régularité. Il ne reste plus à comparer que la suite des observations faites à Genève le 2r avril 17904Dans cette suite à 10° le cyanomètre marquoit la néuvième nuance: La grande difiérence entre ce nombre et celui quiau même-degré de hauteur exprimoitla cou- leur du ciel au Col du géant me permet pas que,nous nous con- _tentions d’employer le mème nombre constant que; nous ayons employé ci dessus pour base de notre calcul, au‘moyen d'une simple réduction au rnême deénominateur. Je substitue donc au nombre 1093 destiné ci-dessus à exprimer la couleur du ciel pur lé nombre 643 ; et retranchant de; ce nombre: les coséçcantes dés hauteurs éxprimées comme ci-dessus, je trouve lés résultats exposés dans le tableau suivant ; qui me: commence qu'au vinptidiné degré de hauteur, parce que c’est à ce, dégré-là que l'obsérvateur'4 remarqné ‘las régularité de la suite des nombres observés , et qu’il me sufft deiaire voir que ; même en ce cas , la résnlarité #’est'pas moindre, lorsqa'on ‘estime rrgoureusée- ment les momibres de’ certe suite: d’après les principes que j'ai exposés: 10 r Tome LV. ERUMAIBE an 12. BED 378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Tableau camparatif des nuances calculées et observées à Genève Le x avril 1790. ; Nuances Degrés Angles calculées pour Degrés observés à de Co- le bleu pur du Genève hauteur: sécantes, exprimé par cyanemètre, le 643 calculés. 21 avril 1790. 20° toz 351 13 13 30° 200: 443 16% 154 40° 155 488 18 175 SORT 130 513 19 19 66° 115 528: 19% 20: 70° 106 537 19% 20 80° 101 542 20 20 90° 100 543 À 20 à 20 Il est difficile -de trouver un accord plus parfait entre l’obser- vation et le calcul dans des objets de cette nature. Cet accord paroîtra bien plus frappant, si l’on considère que les différences fractionnaires doivent être négligées ; car l'instrument ne don- nant pas immédiatement d’autres nuances que celles qui sont” exprimées en nombres entiers , l'observateur n’aemployé la frac- tion demi que pour signifier que la nuance observée étoit pla- cée entre deux nuances contigues du cyanomètre. D’après cette remarque on comprendra que les troïs derniers termes de nos suites calculées et observées sont réellement et rigoureusement égaux, puisqu'ils ne diffèrent que de : , quantité que l’observa- teur n’a pas dû appercevoir ; et qu'il n’avoit d’ailleurs aucun moyen d'apprécier. Cette remarque , qui s'applique également aux autres suites, fait disparoître quelques légères irrégularités ; et celles qui subsistent en petit nombre m'ont rien qui doive sur- prendre , puisque la loi générale que nous avons bien reconnue, doit presque inévitablement être troublée par quelque conden- sation ou raréfaction locale des vapeurs dans une étendue d’at- mosphère aussi longue que celle que parcourt un rayon visuel qui arrive à notre œil sous un angle de hauteur très-petit. Cette raison ma engagé à supprimer comme anomale l’observation faite à Genève au dixième degré de hauteur. Cette observation donne une naCnce beaucoup plus foncée qu’on n’auroit dû l’at- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 379 tendre d’après celles qu’indiquent les suivantes (r) Celle du 17 juillet au Col}: du géant indique au vingtième degré de hauteur une anomalie en sens contraire. Ce sont les deux seules qui méritent d’être remarquées. mm, Wétant prescrit de.n’introduire dans cette discussion aucune vue hypothé- tique , je me suis contenté d’exclure comme irrégulière l'observation faite à Genève au dixième degré de hauteur. Je me permettrai plus de liberté dans cette note. Formons une hypothèse sur la plus grande hauteur de l'atmosphère à laquelle les rayons de lumière puissent être réfléchis. Mais afin de ne rien ac- corder à nos vues parliculieres , arrêtons-nous à celle que Euler a déterminée. Ainsi nous dirons que la hauteur de latmosphère réfléchissante est -4 du rayon terrestre , ou 3805 toises. Au Col du géant, élevé de 1763 toises au- dessus de la mer, elle est de 2040 toises. À Genève, au lieu de lobservation, élevé de quelque petite quantité au-dessus du lac , et par conséquent d'environ 193 toises au-dessus de la mer , on peut estimer la hauteur de l'atmosphère de 3610 toises. Ainsi au Col du géant la hauteur de l’atmophère est :=- par- tie de tout le rayon terrestre augmenté de cette hauteur même. Et à Genève elle en est 553. Les arcs que ces sinus verses déterminent sont au Col du géant 2°2" et à Genève 2°42/. Pour le premicr de ces arcs on trouve le rapport du sinus au sinus verse ( ou de la distance horisontale à la 2énithale } celui de 56à1, et pour le second celui de 42 à 1. Ces deux rapports sont entr’eux comme 4 est à 3. Il paroîtroit donc que la diflérence entre le calcul et l’obser- vation à des angles de hauteur très-petits doit être plus sensible à Genève qu’au Col du géant. À 10° cet accroissement de différence peut avoir quel- que importance. En rapporlant toutes les mesures à la même unité, l'étendue d’atmosphère que parcourt la lumière horisontale , ou presque horisontale , est moindre à Genève d’une quatrième partie que celle qu’elle parcourt au col du géant : la quantité des vapeurs interceptantes y est donc d’autant moindre. IL semble donc qu’on doit la diminuer dans ce même rapport pour en rendre le calcul comparable, Or SA verts interceplante est exprimée par la cosécante de 10°. Cette cosécante 376 réduite aux trois quarts et retranchée de 645 donne pour la nuance calculée à 10° le nombre 211 et pour le degré du cyanomètre un peu moins de 8, nombre très-rapproché de celui qu’a donné l'observation. Mais comme ce calcul repose sur une hypothèse, quant à la détermination de la hauteur de l’atmosphère réfléchissinte , et comme d’ailleurs il peut donner lieu à des objections que nous n’avons pas discutées, je ne le propose ici que comme une indication d’une cause d’anomalie qu’il faut ajouter à celles qui s'offrent d'eHés- inêmes à l'esprit. La même raison qui m’a engagé à écarter de ce mémoire toule vue hypothé- tique et toute détermination arbitraire, m’a fait prendre pour les termes de com- paraison relatifs aux observations faites au Col du géant, les deux premiers de la première suite Il y auroit eu peut-être d'assez bonnes raisons de: réduire cetle suite comme ju réduit celle de Genève, et de ne commencer à tenir les observations pour régulières qu’au vinglième degré de hauteur. En procédant ainsi, on auroit obtenu les résultats suivans, dans lesquels le calcul paroit mieux d’ascord avec l’observation qu'il ne létoit en calculant par les élémens employés dans le mémoire, du moins depuis le 40°. Bbb 2 380 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE On peut donc inférer de ces diverses observations qu’en géné ral les vapeurs sont assez uniformément répandues sur un même horison. Je n’ai point calculé les nuances au-dessous de 10° , parce qu’à cette hauteur la loi dont je pars sort de ses limites et n’est plus applicable; en d’autres termes, à ce point il faut avoir quelque égard à la courbure du ciel qui résulte de la figure sphérique de la terre comme je l'ai dit d’entrée. I ne me reste plas qu’à dire ce qui a déterminé le choix des nombres 1693 et 643 , que j'ai employés pour l'expression du bleu deciel pur ; l’un au Col du géant, et l’autre à Genève. J'ai déduit ces nombres de la comparaison de deux observa= tions. Pour le premier , j'ai employé celles qui ont été faites le 15 juillet à 10 et à 20 degrés de hauteur. Les nuances observées à ces degrés se trouvant être ce jour-là exprimées par lesnombres. 20 et 31, jai cherché un autre nombre qui pour ces deux-là rem- plît les conditions du problême, c’est-à-dire, qui fût tel que la soustraction des cosécantes respectives donnât deux différences Tubleau comparatif des nuances calculées et observées au col du géant, en com- Angles de hauteur. 20° 30° 40° - bo° 60° 70° 80° o go Co- sécantes. mençcant à 20 desré de hauteur. Nuances cal- Degrés du cyanomèlre ;. culées Dégrés du observés pour le bleu cyanomètre Cau ol du géant pur exprimé calculés. a par 12425. le15juillet. le 17 juillet. 950 ? 31 3r 23 1042 ? ” 34 34 32 1087 ? 351 37 352 1112 2 36 37 » 1127 2 363 37 38 1136 ? 37 37 38 1141 à 37 + 37 38: 1142 2 37% 37 38 Dans ce tableau le bleu pur est exprimé par le nombre 1242?, et répond au 4o degré du cyanomètre. Il se trouveroit ainsi d’une nuance un peu moins foncée que ne le donnoit le premier tableau , où le bleu répondait au quaran- üème degré, mais toujours beaucoup plus foncé que dans la plaine. ET:D'HISTOUIRE NATURELLE, ; 381 dans le rapport de 20 à 3r..Ce nombre s’est trouvé être 1093. J'ai donc regardé ce nombre-là comme l'expression du bleu de ciel pur au Col du géant,'et j'en ai conclu les antres termes de Jasuite. Voilà pour ce qui concerne les observations du 15 juillet. Quant à celles du 17, faites au même lieu , il m’a paru que je ne devois point changer ce nombre censtant ; car je ne vois pas de raison pour que d’un jour à l’autre on fasse varier le bleu que présente en vn lieu déterminé le ciel absolument dégagé de toute cause qui l’altère. Il n’en est pas de même en passant d’un lieu à un autre. Il a donc fallu chercher de nouveau ce nombre constant pour la suite des observations faites à Genève le 25 avril. Ayant écarté l’observation du dixième degré , par les raisons que j'ai allé- guées , j'ai pris pour premier terme de comparaison la suivante, c'est-à-dire , celle du vingtiène degré. Mais d’après ce qui a été dit on comprendra que pour le choix de mon second terme de comparaison, j'ai dù écarter les nombres ou degrés fraction naires, puisque , je le répète , l'observateur n'a eu aucun moyen de déterminer cette fraction avec précision (1), ensorte que les conséquences que j'en aurois déduites auroient été ha- sardées en tant qu’elles auroient &@épendu de quelque valeur fractionnaire. Cette considération m'a fait passer à l’observa- tion du cinquantième degré. Les deux nombres 13 et 19 ont donc été ceux qui ont servi à déterminer le nombre 643 que j'ai employé pour exprimer le b'eu de ciel pur à. Genève, En rapportant ces deux nombres à leurs échelles respectives on trouve que le premier répond au quarantième degré du cyano- mètre , et le second au vingt-septième. 11 résultereit de là que le bleu de ciel pur est d’une teinte moins foncée à Genève qu’au Col du géant. Mais cette conséquence ne peut être admise avec confiance que lorsque plusieurs nouvelles observatious cyano- métriques l’auront confirmée- Ce sera donc ici un moyen de vé- rifier , sous une, forme exempte d’illusion , une conjecture de H. B. de Saussure qu’il a fini par rejetter ou du moins par révo- quer en doute d’après des observations postérieures , qu’il n’a pas soumises néanmoins à une discussion approfondie. La con- jecture doutje parle, et qne je ne fais qu’indiquer comme un objet propre à donner de l'intérêt aux observations qui pourront (x) Quoique ; suivant son usage, il appréciät sa sensation en divisantmentale= ment en dixième l'intervalle de deux nuances voisines. 382 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE être entreprises à la suite de celles-ci, c’est que le noir de l’es- pace vide, se mêlant au bleu de l'air, doit rendre plus foncée la teinte du ciel sur les hautes montagnes, Cette conjecture me emble acquérir quelque probabilité par le résultat de la re- cherche précédente. 11 est bien à desirer que les observations cyanométriques se répètent et se multiplient. Elles n’offrent de difficulté que pour la constructiou du cyanomètre même. Mais le principe ingénieux par lequel l’auteur a su le rendre comparable , etqui permet d'augmenter presque au gré de l'ob- servateur , le nombre des teintes ou nuances cyanées doit , il me semble, exciter le zèle des physiciens et des artistes, et placer cet instrument météorologique à côté de ceux qu’on em- ploie habituellement (1). Il suffit au but de ce mémoire d'avoir établi le principe d’après lequel on doit calculer les observations cyanométriques , et d’avoir montré que les seules observations de ce genre qui exis- tent donnent des résultats très-satisfaisans, lorsqu'on emploie cette methode. £ Je finirai cette première partie par une remarque que me suggère une lettre que mon parent et ami Bénédict Prevost m'é- crivoit de Montauban en niyôse dernier. « En allant à Chamouni, ditil, je fis remarquer à mes «< compagnons de voyage que lorsque de Sillenche on jettoit « les yeux sur le Mont-Blanc, pour les porter ensuite sur le bleu du ciel, on voyoit sur ce bleu un dessin de la cime du mont découpée en noir ou en bleu beaucoup plus foncé que le reste. En partant ensuite de Chamouni , pour revenir à Ge- « nève , nous vimes sur le registre des noms, qu'un peintre, nom- « mé M. Kink, avoit remarqué que lorsque des montagnes cou- AR Gi) Il est probable que le principe de graduation du cyanomètre ne sera pas changé; mais qu’on en rendra l’emploi plus commode et plus sûr. 11 me semble qu’un quart de cercle à réflexion, composé de deux simples tubes s’adapteroit bien à ce genre d'observations. Un petit miroir plan renverroit à œil dans une direction horisontale l’image du point du ciel dont on voudroit apprécier la cou- leur; et les diverses cases du cyanomètre, roulant autour d’un axe , viendroient se placer à côté ou dans le tube même; ensorte que l'observateur pourroit igno- rer le numéro de la nuance déterminée , jusqu’à ce que son observation füt fime sans le secours d’une Construction pareille, on peut sans doute faire des observations cyanométriques; mais pour lès rendre exactes , il faut un soin et des attentions dont celte construction dispenseroit, et qui ne sont pas à la por- tée de tout le monde. J'en ai fait l'épreuve avec le éyanomètre même dont H. B. de Saussure fit usage au Col du géant, et que son fils a bien voulu me prêter. ET D'HISTOIRE, NATURELLE, 383 « vertes de neige on portoit les yeux directement sur le ciel , il « paroissoit noir; mais que si, avant de les porter sur le ciel, « on regardoit quelque objet gris ou noirâtre, il ne paroissoit « pas plus foncé que dans la plaine; comme cela se rapportoit « parfaitement à mon observation, j’aurois eu des doutes sur la « réalité de la couleur foncée du ciel vu du haut des montagnes, « si cette observation n’avoit été consignée dans l'ouvrage d’un « physicien aussi exact que M. de Saussure ; mais d’après la des- « cription du cyanomètre, on ne peut plus tirer d’objection de æ mon observation, ni de celle du peintre , puisque la couleur « de l’échantillon étoit exposée à la même prévention que la « couleur du ciel. » Ceci est un exemple , entre tant d’autres, de l'avantage in- fini que la physique retire de l’usage des instrumens pour appré- cier nos sensations. Du reste je ne doute pas que mon parent, dont j'ai cité la remarque, ne se soit apperçu qu’elle rouloit sur un cas particulier d’un phénomène général et bien connu. Ce phénomène , que Buffon a désigné sous le nom de couleurs ac< cidentelles, a été analysé avec beaucoup de soin par le doc- tear Darwin dans un mémoire particulier qu’il a réimprimé en entier dans sa ‘zoonomie. Il est donc inutile de nous y arrêter ; et lors même que , comme le dit Bénédict Prevost , l'exactitude connue de l’auteur des observations cyanométriques citées ne rassureroit pas contre la crainte de toute espèce de déception ; l’époque de ces observations de beaucoup postérieures aux re- cherches de Buffon et d’autres sur les couleurs accidentelles , ne permettroit pas de penser que cette déception particulière fût ignorée de l’observateur , ni par conséquent qu'il eùt négligé les moyens de la prévenir. D'ailleurs la remarque finale de l’ex- trait de lettre que je viens de citer, ne peut laisser aucun doute à ce sujet, 384 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE me ee À NEO LMCUE Sur la cause des couleurs différentes qu’affectent certains sels . de platine. Présentée à la classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut national, dans sa séance du 3 vendémiaire an 12; Par le cit. I. V. Corzer-Dsscorits , ingénieur des mines. | Tous les chimistes qui se sont occupés des propriétés du pla- fine natif, sayent que ce minéral ne se dissout avec facilité que dans l'acide nitro-muriatique , et que sa dissolution fournit avec les sels ammoniacaux, et avec ceux à base de potasse, des préci- pités composés d'acide muriatique , d’oxide de platine , et de l’al- kali employé. La couleur de ces précipités varie du jaune-clair au rouge-brun très-foncé ; quelquefois ils prennentune teinte ver- dâtre. On observe les mêmes nuances dans le sel triple que le mu- riate de platine forme avec la soude. ù Ayant d'entrer dans le détail des expériences que j’ai faites pour connoître la nature du principe qui fait varier ces couleurs , il est nécessaire de rappeler quelques-uns des phénomènes qui se. presentent pendant la dissolution du platine. Le platine en grains cest mélangé avec un assez grand nombre de corps étrangers dont on doit d’abord chercher à le débarrasser, Quelques-uns sont de nature métallique, les autres sont des frag- mens de pierres dures, par conséquent peu ‘attaquables par les acides. Parmi les premiers , on doit distinguer deux espèces de sa- bles ferrugineux , l’un attirable et dissoluble dans les acides , ’au- tre insensible à l’action du barreau aimanté, et non d'ssoluble en entier. Je ne présenterai point ici le résultat de l’examen de ces sables , parce que je n’en ai point encore terminé l’analyse. J'ob- serverai cependant-que le.premier contient du titane , etle second de l'acide chrômique en assez grande proportion. à La meilleure manière de séparer les sables du platine , est celle indiquée par M. Proust, et qui consiste à étendre sur une table ou sur des feuilles de papier, le platine que l’on veut nettoyer , et à chasser, à l’aide d'un soufflet, les corps les plus légers. La grande différence de pesanteur spécifique suffit pour que le platine et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 385 et l'or restent en place, tandis que les autres substances sont chas - sées au loin. Il sembleroit plus exact de séparer grain à grain 1€ platine quel’on voudroit soumettre à des expériences rigoureuses 5 mais outre que ce travail seroit extrêmement long et fastidieux » on ne seroit point encore assuré d’être entièrement débarrassé du sable noir , puisque , suivant l'observation du cit. Guyton, on en trouve souvent des portions enchassées dans l’intérieur même des grains de platine. L’acide uriatique bouillant peut être employé pour séparer les dernières portions dissolubles de ce sable. On peut ensuite enlever presqu’entièrementl’oravec del’eau régale étendue de‘moitié d’eau. J'ai soumis à une forte chaleur, dans une grande cornue de porcelaine, du platine brut nettoyé de cette manière; j'avois adapté , mais sans luter , au bec de la cornue, un ballon rempli d’eau jusqu’au tiers environ de sa capacité. Le feu fut poussé pen- dant deux heures avec la plus grande violence que pût donner le fourneau de réverbère. Il se dégagea pendant ce temps des va- peurs légères qui serpentoient dans le ballon , et qui furent en par- tie dissoutes par l’eau. Une odeur assez sensible d'acide sulfureux se répandoit en même temps à l'extérieur par l'intervalle qui se trouvoit entre le ballon et le bec de la cornue. La liqueur du ballon , qui conserva assez longtemps l'ap- parence de l’eau, prit sur la fin de l’opération une légère teinte verdâtre. Au bont de quelques jours, elle devint d’un bleu sem- blable au plus bel outremer. 11 s’étoit formé à la partie supé- rieure du bec de la cornue un sublimé bleu insoluble dans l’eau. Je ne pus retirer le platine de la cornue sans la briser. Je trou vai les grains de ce métal aglutinés. La partie supérieure avoit un aspect brunâtre. Chaque grain étoit comme rouillé. Cette oxdiation étoit moins apparénte dans là profondeur. Enfin la portion qui touchoit le fond de la cornue avoit conservé son brillant métallique, et les grains se séparoïent beaucoup plus facilement. ; Il me parut résulter de cette expérience, qu’en même temps que le soufre s’étoit converti en acide sulfureux, à l’aide de l'air contenu dans la capacité de la cornue, le fer s’étoir oxidé et une autre substance métallique s’étoit sublimée à l’état d’oxide bleu , peut-être à l’aide de l'acide sulfareux ou de l'acide mu- riatique qui pouvoit être resté adhérent aux grains du platine. Pour connoître la nature de cette mätière, je versai dans la liqueur bleue du ballon, des a'kalis qui y occasionnèrent un dépôt bleu. Les acides sulfarique et muriatique à froid n'y déter- Tome LVII. BRUMAIRE an 12. Ccc 386 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE minèrent aucun changement. Les acides nitrique et muriatique oxygéné lui donnèrent d’abord une teinte lilas, et finirent par le décolorer ; au moins la couleur de la liqueur étoit insensible, ce qui pouvoit provenir de la petite quantité de matière con- tenue dans cette dissolution, l'hydrogène sulfuré n’y occasionna aucun précipité, mais l’hydrosulfure d’ammontaque y forma un dépôt grisâtre que les acides faisoient facilement repasser au bleu , et qui étoit soluble dans un excès d’hydrosulfure. Une petite portion de sublimé bleu, fixé au bec de la cornue, fut chauffée au chalumeau avec du borax. Ce dernier ne fut en aucune manière coloré, et le sublimé parut se réduire avec facilité. Une autre portion chauffée seule avec l’extrémité de la flamme disparut très-promptement. Je procédai ensuite à la dissolution du platine, à l’aide de l’a- cide nitro-muriatique, mais préalablement j’enlevai l’oxide de fer avec l’acide muriatique. Cet acide aitaqua en même-temps une certaine portion trés-foible, à la vérité, de platine qui donna par le sel ammoniac un léger précipité jaune. . Pendant la dissolution on observe une poussière noire, bril- lante et légère, qui paroît se séparer des grains. du platine. Si on a l'attention de recueillir cette poussière à mesure qu’elle se forme , on peut en obtenir environ les -*- du poids du platine employé. Si au lieu de la retirer on la laisse dans la liqueur, elle finit par se dissoudre en grande partie. Pour obtenir le muriate ammoniacal de platine, j'ai laissé déposer la dissolution nitro-muriatique , et je l’ai décantée avec précaution, quand elle a été parfaitement claire, J'y ai versé alors une dissolution concentrée de sel ammoniac qui a produit un précipité jaune, et je me suis ‘arrêté lorsque la liqueur ne s’est plus troublée. Ce sel ayant été séparé par le filtre, et lavé jusqu'à ce que la liqueur qui passoit ne colorât plus en vert le prussiate de potasse , j'ai réuni les eaux mères et les premières eaux de lavage pour les concentrer. Lorsqu’elles ont été réduites au tiers environ, jy ai versé de nouveau de l’eau de muriate d’amoniaque, et j’ai obtenu une nouvelle quantité de sel triple d’un rouge-foncé. Enfin en faisant évaporer les eaux-mères de ce second dépôt, j’ai obtenu par le sel amoniac un nouveau * précipité d’un brun extrêmement foncé, Ces dernières quantités de sel triple ont été lavées jusqu’à ce u’elles ne continssent plus de cuivre ni de fer. Si au lieu de mettre tout à-la-fois dans l’eau régale, le platine ET D'HISTOIRE NATURELLE, 387 à dissoudre, on l’ajoute par portions, et qu’on sépare à chaque addition de platine la dissolution déja faite, on observe, cn précipitant par le sel ammoniac chacune de ces portions de disso- lution, que la couleur du sel est d'autant plus intense que la poussière noire étoit plus abondante dans la liqueur qui l’a produite, Enfin si l’ou traite avec une eau régale très-chargée d’acide nitrique, la poussière noire recueillie pendant la dissolution du platine , elle se dissout en partie, quoïqu’avec difficulté , et l’on obtient une liqueur très-foncée qui donne un précipité d’une couleur d'autant plus sombre, que cette poussière a été plus tourmentée par le dissolvant. On peut déja conclure, ce me semble, de ce que je viens de rapporter, que cette poussière contient la substance qui colore les sels de platine, en plus grande proportion que le platine brut. Pour en faire connoître la nature, je vais exposer les expériences que j'ai faites sur les sels triples. Les seuls que j'aie employés sont le muriate ammoniacal de platine, et celui à base de soude. Le premier, à cause de sa facile décomposition, le second, à raison de sa grande dissolubilité. Expériences sur le sel triple ammoniacal. J'ai dissous dans des quantités égales d’eau pure, une certaine portion de sel jaune obtenu de la première précipitation , et une quantité égale de sel rouge-foncé. La couleur de la première disso- lution étoit d’un jaune d’or, la seconde étoit d’une couleur jaune- rougeâtre, tirant un peu au vert. Une petite quantité de sulfate vert de fer ou d’acide sulfureux, faisoit aussitôt prendre à cette dernière la même nuance que présentoit la dissolution du sel jaune. L’alcohol produisoit à la longue le même effet. Il étoit naturel de penser que l’oxygénation plus grande du pla- tine dans le sel rouge, étoit la seule cause de la couleur de ce sel , etil ne restoit, pour en avoir la conviction parfaite. qu’à fixer une plus grande quantité d'oxygène dans le sel jaune. Ce dernier devoit passer au rouge, si l'oxygène seul étoit la cause de la diffé- rence des nuances, J'ai tenté de produire cet effet avec l'acide nitrique , et avec l’acide muriatique oxygéné. Avec le premier, j'ai effectivement obtenu quelquefois une légère augmentation de teinte, d’autres fois le sel est resté de la plus belle couleur jaune. Dans le premier Fe nuance du sel cc z 388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE arrivoit sur-le-champ à la plus grande intensité qu’il fût possible d'obtenir, et une ébullition très-prolongée ne la rembrunissoit pas. Jamais je n’ai pu obtenir par ce procédé une couleur beaucoup plus intense que le rouge- pâle , lorsque j'ai employé du sel jaune provenant de la première précipitation des dissolutions de platine. L’acide muriatique oxygéné agit bien différemment sur leseltriple armmoniacal, 11 décompose l’ammoniaque, dont une partie des principes se dégage à l’état de gaz. La liqueur ne contient plus que du muriate de platine. Si l’on continue de faire passer du gaz acide muriatique oxygéné dans la dissolution après que l'ammo- niaque est détruite, elle ne se colore pas plus, et le sel ammoniac n’y forme qu’un précipité jaune. L’acide nitro-muriatique produit un effet semblable, en raison de l’acide muriatique oxygéné auquel l’ébullition donne nais- sance ; car ni l'acide nitrique, ni l’acide muriatique ne peuvent séparément décomposer le sel triple. Le sel rouge, traité de la même manière, est pareillement dé- composé. La liqueur est infiniment plus colorée que celle obtenue du sel jaune. Elle donne par le sel ammoniac un précipité d’une couleur semblable au muriate triple qui l’a produite. J’appellerai désormais #uriate jaune celui qui provient du sel jaune, muriate rouge celui qui provient des sels très-colorés. Si l’on décompose par une chaleur douce des quantités égales de sel rouge et de sel jaune, le résidu du premier pèse les 0,44 du poids du sel ; le résidu du sel jaune ne pèse que les 0,425 envi- ron. Au surplus, on juge bien que ces rapports dépendent du degré de dessication des sels , et je ne donne pas ces proportions comme certaines ; j'ai lieu de croire cependant qu’elles ne s’éloi- gnent pas beaucoup de la vérité. Si l’on expose le platine réduit du sel jaune à l’action de l'acide nitro-muriatique, il se dissout en entier et avec une facilité sur- prenante. Il ne faut même qu'une quantité d’eau réfale très-pen considérable pour sa dissolution parfaite. Le sel ammoniac produit dans cette dissolution un précipité jaune. Le platine réduit du sel rouge, se comporte d’une manière bien différente. Quelque quantité d’eau régale que l’on emploie, il en reste toujours une portion qui refuse absolument de se dis- soudre. Cette portion prend l’aspect d’une poussière noire et terne. La dissolution donne avec le sel ammoniac un précipité d’une couleur rouge , un peu moins intense que celle qu’avoit le sel employé pour obtenir le platine métallique. Une autre portion de sel triple rouge ayant été réduite par la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 38q chaleur , j'introduisis le platine qu’elle avoit fourni dans un tube de porcelaine. A l’une des extrémités de ce tube, j'adaptai une petite cornue remplie de muriate oxygéné de potasse, et à l’autre un ballon dans lequel j’avois versé une petite quantité d’eau ; le ballon n’étoit pas luté au tube. Lorsque le tube fut bien rouge, je dégageai, à l’aide de la ch'a- leur, l’oxygène du muriate contenu dans la cornue. Au bout d’un certain temps, je vis là partie supérieure de l'extrémité du tube se colorer en bleu, et cette couleur tapisser ensuite la partie la plus élevée du ballon. Le dégag-ment de l'oxygène ayant bien- tôt cessé , faute de matière, le sublimé n’augmenta plus, mais le platine avoit déja éprouvé quelque change:nent. Il se dissolvoit avec facilite dans l’eau régale, sans laisser de résidu sensible, quoique l'intensité de la couleur de la dissolution, ainsi que celle du sel qu’y forma le muriate d’ammoniaque , fut à-peu-près égale à celle du muriate triple réduit par la chaleur, Dans un vase fermé on n’observe rien de semblable. La petite quantité de sublimé que j'obtins, ne me permit pas de l’examiner avec détail, maïs il me parut avoir quelques rap- ports avec celui du platine brut. Je crois que je serois parvenu, en continuant l’action de l’oxygène , à priver en grande partie le platine de cette substance étrangère , malgré l’agelutination qu’é- prouvent les molécules de platiue qui ne peuvent plus par consé- quent être frappées dans tous leurs points par le courant de gaz oxygène. Des expériences que je viens de décrire, on peut déja conclure que la coloration en rouge des sels de platine, est due à l’oxygé- nation d'une substance qui diffère du platine, et qui présente, lorsqu’elle.est à l’état métallique, une grande résistance à l’action des acides. Cette conséquence est confirmée par les autres faits que je vais rapporter. Expériences sur le sel triple de soude. . * Ce sel est encore peu connu, quoique M. Mussin Puschkin en aitannoncé l’existence dans une dissertation publiée dans le Jozr- nal de Cre!l, et dont j'ai trouvé une annonce extrêmement suc- cincte dans le 34°. volume des Annales de Chimie. Le muriate triple de platine et de soude s'obtient très-facile- ment. Il suffit de mélanger à une dissolution de platine un sel quefconque à base de soude. Par la concentration et le refroidis- sement, il se forme de longs prismes, et quelquefois des tables 390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE triangulaires , dont la couleur est jaune ou rouge , selon la nature de la dissolution de platine dont on a fait usage, ou le degré d’oxygénation auquel est porté le principe colorant. Ce sel est très-soluble dans l’eau , et même dans l’alcohol. Le muriate d'ammoniaque y occasionne un précipité qui n’est que du sel triple ammoniacal. La soude ajoutée en proportion convena- ble le décompose en grande partie, mais il faut être très-attentif à bien saisir le point où la saturation est à-peu. près parfaite, car un excès d’alkali redissout l’oxide de platine, avec autant de facilité au moins que les acides eux-mêmes, soit que cét oxide provieune des sels jaunes, soit qu’il provienne des sels rouges. Le carbonate de soude et tous les autres alkalis fixes caustiques ont la même propriété. Le muriate triple de soude chauffé au chalumeau sur un char- bon, se Loursouffle et finit par se réduire. Ce métal, qui prend un éclat très-vif, reste mélangé avec du muriate de ie ‘ Le sel triple de soude rouge peut passer au jaune par les moyens déja indiqués pour le sel triple ammoniacal. Si après avoir chassé par l’évaporation l’acide excédent à la saturation complette du sel triple rouge, on laisse les cristaux exposés à l’air pendant quelque temps, ils prennent une teinte verdâtre; et si alors on les dissout dans l’eau, et qu’on y verse du muriate oxygéné de chaux , ilse forme un précipité d’un bleu fon- cé, qui, lavé et recueilli, se dissout dans l’acide muriatique , et lui communique une couleur blene magnifique. Avec l’al- cohol cette dissolution perd sa couleur , mais le muriate oxy- géné de chaux la lui rend. Elle prend à la vérité une teinte de vert, Le précipité paroît un peu soluble dans l’eau. Si on le chauffe avec le borax , il se réduit sans colorer le flux ; le métal reduit a l’apparence d’une éponge métallique qui ne m’a paru sensible- ment attaquée par aucun acide, pas même par l’eau-régale. La dissolution de platine donne ensuite un sel presque jaune par le sel ammoniac. Si la dissolution de sel triple , au lieu d’être neutre , se trouve avec excès d'acide , il ne se forme point de précipité avec le muriate oxygéné de chaux , mais en évaporant la liqueur, elle prend une couleur verte magnifique, Si on précipite à froid par le sel ammoniac le platine dissous , il se forme un sel d’une couleur jaune un peu rougeâtre; mais en faisant chauffer le sel se redissout , et se dépose ensuite par le refroidissement avec une couleur rouge foncée, Dans ce cas-ci la liqueur reste co- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 391 lorée en vert; quand la matière colorante n’est pas abondante, la liqueur passe au jaune. Expériences sur les muriates jaune et rouge de platine. Le muriate rouge de platine passe au jaune par les réactifs désoxygénans qui ont déja été indiqués pour les muriates tri- ples. Si on verse ensuite dans ce muriate presque décoloré une dissolution concentrée de muriate d’ammoniaque , le pré- cipité qui se forme est d’un jaune assez pâle ; maïs si on le fait bouillir avec l’acide nitrique, il prend une couleur rouge foncée. Si on verse dans du muriate jaune , et dans une quantité égale de muriate rouge, de la dissolution de carbonate de soude jus- qu’à parfaite dissolution de l’oxide de platine , on observe que le muriate rouge donne une dissolution aikaline moins foncée que celle que fournit le muriate jaune. Si on laisse ces deux dis- solutions exposées à l’air, celle qui provient du sel rouge ne tarde pas à laisser déposer une matière verte assez abondante, La dissolution du muriate jaune , au contraire, ne laisse pas appercevoir sensiblement de précipité, lorsque le sel triple qui l’a donnée nè prenoit pas de couleur rouge avec l'acide ni- trique. 1 On accélère singulièrement la précipitation dans la dissolu- tion formée avec le muriate rouge , en y versant un peu d’acide muriatique oxygéné, Il paroît que c’est à l'oxygène qu’est due cette précipitation , car les autres acides ne la déterminent point , et le seul dépôt que l’on obtienne est un oxyde de pla- tine qui se sépare du carbonate alkalin, à mesure que ce dernier se combine à l’acide. Si, au lieu de verser de l'acide muriatique oxygéné dans la dissolution alkaline, on se contente de la faire chauffer leyère- ment, la matière verte se dépose presqu’à l'instant. Si on fait cette expérience avec du muriate jaune , la petite quantité de matière verte qu’il peut contenir se dépose bientôt, et la liqueur reste d’un beau jaune. Par l’évaporation il se forme un dépôt jaune qui, redissous dans Vacide muriatique, et sur- saturé ensuite par le carbonate de soude , ne fournit plus de ma- tière verte, et donne avec les autresälkalis des sels constamment jaunes. La dissolution formée avec le muriate rouge, au contraire, fournit un dépôt abondant , et la liqueur reste verte. Si après vd eo 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'avoir décantée on la fait évaporer, on obtient un dépôt d’un jaune brun. Ce dépôt dissous dans l'acide muriatique donne en- core des sels assez colorés. J’ai mêlé une partie de la matière verte avec du verre de borax en poudre et un peu d'huile. Ce mélange soumis pendant vingt- cinq minutes à un feu violent, dans un double creuset, m’a donné un petit bouton métallique, très-bien fondu, blanc et cas- sant, qui n’étoit qu'avec peine attaqué par l’eau régale. La dissolution très-foible qu’opéroit cette dernière, étoit d’une couleur violacée; poussée à siccité , le résidu devint d’un vert foncé , et l'acide muriatique, en le dissolvant, se coloroit en vert. Le reste dn bouton ayant été pulvérisé , l’eau régale l’atta- qua plus facilement. La liqueur prit une couleur jaune rougeà- tre. Le sel ammoniac y forma un précipité d’un rouge brun, ce qui prouve que ce bouton contenoit encore du platine. Une autre portion du dépôt vert , provenant du muriate rouge, fut dissoute dans l'acide muriatique ; l'acide sulfureux .et le sulfate vert de fer, faisoient passer la dissolution au jaune, et le muriate oxygéné de chaux lui rendit sa couleur verte. Une troisième portion du même dépôt ayant été soumise à une forte chaleur , dans une petite cornue de porcelaine , il se forma dans le bec un léger sublimé d’un bleu noir, 1l étoit resté dans la corrue une matière métallique très-difficilement attaquable par l’eau’ régale. : Une dernière portion du même dépôt fut projettée dans du nitre fondu au rouge, et qui dégageoit une grande quantité d'oxygène. Après avoir laissé le mélange au feu jusqu’à ce qu'il ne se dégageät plus rien , la matière saline fut dissoute dans l’eau. La potasse étoit parfaitement incolore, et les acides n’y occasionnérent aucun changement. Le dépôt bien lavé n’étoit presque plus attaquable par les acides , pas même par l’eau régale, Cette dernière expérience exclut la présence du chrôme et du molybdène. On peut séparer presque tout le platine contenu dans le mu- riate rouge, en versant dans la dissolution une certaine quan- tité d’alcohol , et en ajoutant à ce mélange de la soude ou de la potasse caustique solide, Il se dégage une chaleur vive, et le platine se réduit presque aussitôt. Le même phénomène se résente avec les carbonates de soude et de potasse , lorsque a liqueur est très-concentrée. Dans ce dernier cas le pee se réduit DOUN ET D'HISTOIRE NATURELLE. 393 réduit même à froid, mais il lui faut plusieurs jours. Le pla- tine ainsi réduit et bien layé, ne donne que des sels triplés jaunes, ou du muins très-peu rouges. La liqueur filtrée expo- sée à la chaleur prend une couleur lilas ; elle devient bleue par une exposition à l'air longtemps continuée , et enfin il se pré- cipite une matière verte qui paroît semblable à celle que l'on obtient par le carbonate de soude. L’acide muriatique oxygêné hâte cette précipitation. On peut encore séparer du muriate rouge le platine assez pur, à l’aide de l'hydrogène sulfuré. Le platine se précipite sous la forme d’un dépôt brun. L'autre matière métallique reste pres- que toute entière dans la dissolution On peut en précipiter une grande partie avec l’ammoniaque. Dans la seule expérience que j'aie faite par ce procédé, la liqueur ammoniacale acquéroit une belle couleur rosée, par l'acide muriatique oxygéné ou le mu- riate oxygéné de chaux. mi * Le précipité formé par l’ammoniaque étoit brun’, il fut traité par la potasse caustique dans un creuset d’argent. L’'alkali prit une teinte verte , et je versai sur le tout de l’acide muriatique, mais saus pouvoir dissoudre un dépôt à-peu-près semblable à ce- Jui qui reste après la dissolution du platine réduit du sel rouge. Je n'obtins pas de dissolution plus sensible par l'addition de l'acide nitrique. Je saturai alors la liqueur avec le carbonate saturé de potasse , qui sépara un peu de fer. Je fis ensuite bouillir la liqueur claire qui ne se troubla pas, mais qui prit une teinte bleuâtre. Cette teinte augmenta beaucoup par la con- centration , et elle colora même le sel réduit à siccité. Alors une petite quantité d'acide nitrique fit passer la couleur au rouge foncé. J’avois commencé à répéter ce procédé, et je vouloisessayer de séparer une plus grande quantité de ce métal en ne précipitant pas par l’ammoniaque , mais un accident m'a empêché de ter- miner cette expérience. Concriusron. Je crois avoir rapporié dans cette Notice assez de faits pour prouver : 1°. Que les sels rouges de platine sont colorés par un métal particulier oxydé à un certain degré. ‘ 20, Que ce métal est presqu’insoluble dans les acides, qu’il se dissout plus facilement lorsqu'il est uni au platine , qu’il prend par l’oxydation une belle couleur bleue qui passe au Tome LV II. BRUMAIRE an 13, Ddd 394. JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE vert, et qu’enfin on l’obtient quelquefois d’une couleur vio- lacée ; que ces oxides sont dissolubles par les aikalis quand ils sont combinés au platine; que dissous par les acides ,ils ne sont pas précipités par l'hydrogène sulfuré ; qu’ils ne colorent pas le borax, qu’ils se réduisent en partie par la simple chaleur, et qu’une portion se volatilise ; qu’un courant de gaz oxygéné favorise cette volatilisation, et qu'il suffit même avec le con- cours de la chaleur pour oxygéner ce métal et le sublimer en bleu. Ces propriétés me paroiïssent n’appartenir à aucun des métaux connus, et me forcent à regarder comme une substance nou- velle le métal qui colore en rouge les sels de platine. Je pense que la grande résistance qu’oppose 4 l’action de l’eau régale la poussière qui se sépare du platine brut pendant sa dis- solution, provient de ce métal étranger qui s’y trouve en quel- que sorte accumulé, comme le charbon PE le carbure de fer qui se sépare de l'acier que l’on dissout dans les acides. Je ne parle point ici des autres substances qui composent cette pous- sière, parce que les expériences que j'ai commencées sur ce sujet ne sont pas encore terminées. Je rappelle en finissant que le sable ferrugineux qui accom- pagne le platine natif, contient du chrôme et du titane. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 395 D re PS On tnt FIGURE DES ORBITES DES NOUVELLES PLANÈTES ñ Par JéroME DE LALANDE. La distance moyenne au soleil pour toutes deux est 2377 » celle du soleil étantun, ce qui revient à 95 millions de lieues. Longitude moyenne le 1 janvier 1804{..... 10 8... 119.59) Mouvement annuel................... 2 4 10 14 ADHÈRE 2-2. ec ebete lets PERS 10....206. 44 ANGES TE te D'APT 4 Den UE RTE 2 21.4 :6 Equation de loëhite: 4.1. 24 42b et up np:e 9:63 Excentricité, ...:....: PRE RARE LUS Rats RS 0,079 3 LVL EME) RAM RE PES SRE NOTE PRES 10 937 Ozsers ou Parzas, découverte le 28 mars 1802. Révolution, 4 ans 7 mois 11 jours. Longitude moyenne le 1 janvier 1804..... 9s..29° 53 Mouvement annuel.............., nn cielaie 22. 010% MX Aphblie HU KT GAL 5.201460) Et: 10 I Nœud. 0. DE RER Dre 0 Co SMS 08 Equation de LArDILE, EL: 2 ee me dec cleins cie 28 25 Pxépatricités Mantes allebe nelle elec 0,2463 IncRaison. 2 ee CU RES SMelht S 34 39. D d d 2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES > FAITES PAR BOUVARD, astronome. — : ps: + ARS etre Æ Ms THERMOMETRE: BAROMÈTRE. Maximum. | Minimum. [a Main. FU SR RAA HR Euro 12,5 à 65m. + 4,0 11,8 Maximum. MINIMUM. À Mot 4 — à 83s. . 28. 4,50 86? à midi. .. 26. 5,50 a 2 pe) [Q L] œ ble, im. 26. 3,50/28. 3,951 5: «29. 8,16/25. 5,50 s mn * 1 2a 5 A pre ps im. -+ 3,9 412,8 à im -1-028 09,00 à 8+ Fe. 20-92; "ko | 28. 4,50 tà3 5. 14, 2 à m, 4 4,5 413,1 à 6 m. .. 28. 3,10 [à 10, 5.4: 428, 1,50/28. 2 Go! Sà25s 14 .. M, -f 6,0 14,0 | àmidi. . 28. 1,38 /a1015. . 28. DURE 25. 2,581 Gü2is. tou 2h 6m. on 5,4/+14,5 là 6 =m... 28. 0,30 à 11 S.. . 27.10,72 27.11,724 7à 3s.. +10,6 Le 18,1 Là midi. + + 27.10,26 |a 3 m. . . 27. g,78|27.10,26 Sas Hart 0: .. 2 O1. +10,5 à midi. . 27.10,68|a 0 m.,. 27,10, 2 à midi. - + 26. 0,62 89% 25. oÿ5o|2 a6im.. 2e UE 28.10,79/29 10,59 + 27.111,55 142 im . + 27.11,20/2.711,304 5 Bree 23. 1,608 D m. ‘28. 1,70|28. 1:73] s. Ja 98. +14, ja Gb ++ 8,5/H10,0 HI1Oi midi, #+-10, 6a6i m. —+- 4,2/+10,6 11à22s. +io,7|à 65m. + 5al+10.4 2 12à 255. <+11,1|à 8m. + 6,8 10,0 a 2 B, 15 a midi. —-10,%|a 6 & m. 7à | + 2,4+410,5 {a .. 28. 2367 à 526201: 128.11,90|28 2,43 14 26. “+isolà7 m. + 7,6,+10,7 fa midi. . 28, 2,20 /à25.. 28 2,00/25. 2,25! 15 à midi. —+-.7,4/a 65m. + 4,7 + 7,4 À à rnidi. « + 27. 8, 93 [& 6%s...0.2718,08 27. 8,041 16 à midi. + 7.8/7 m... + 5,4l+ 7 8 1224 s 27. 9,953 à 7 M. . + 27. 0,0.3|27. 9,25% 17 a midi. + 7,947 mm. + 4,34 73 là io.se 27.11,72 87 m4. . 27.10,10|27.10,504 18 à midi. + 97 26m. + 4,04 9,7 | à midi.…. 96. 1,70 a 65m... 28. 0,62|26. 1,704 19 à 25. Hii,tla 7m + 5,4/-ur,2 Da dus. + 128. 5,50 lama. .. - 28. 2,50|v8. 1,90! 20425. —+: 27/8 70% 5%;6|4r2,0 | à nndi.. . 28, 2,39 27m. ©: 28/216|28. 2,351 21,à3%s. <+13,{|a 7 Zün, de 80/28 | à 7 m.... 27.11,50 à 9 +S01 00 t27110)75|27.11,05) s 4 22 ai 5 S. 132 1 6 Em. + 9:4 ++ 12,0 23à2s. —+:8,;2|à 6 $m. Fe 413,0 24 à midi. + 2,ù à7 RTS + 8,4/+12,8 25 à 1 55. LS 0 PR. 4e yidl tan 4 à à à à92s: …. 25. 0,17 là 7an...)27.1043/27.11,40 à 6m. . 28. 0,75 ja midi. . . 20, 0,45/28. 0,554 à 65m: . 28. 0,75 là midi. : 28. 0,70/28. 0,70, a'inidi: . . 28. 3,00 à 7m... . 28. 2,55|28. 3,00} 26 à midi. —+ ,8 à »$ M.:—+-10,0 413,9 àmidi.. + 28. 4,90 là 8 m .. 28. 3,50|28. 4,50 27 à midi. —i2,7la ; M. + g;2lus,7 À à 6 m.. . 28. 4,00 |à 6 4 54... 28. 3,00|25. 3,93 28d2s. + +4, [17 m.. Haras lasis. . 28. 5,608 azm.. 28: 8,25|28. 3,60} loglà 33s. ii,clagm. “+15, 4l+15,4 À à midi. . . 28. 4,32 là 315. . . 28. 42 £ (803 s. “+H12,0/à 7 ;m. + g,2|+12,7 À à 95 m. . 28. 5,56 jà 7. . 28. 4,50 PT LR RÉCAPITULATION Plus grande élévation du mercure. . . 28. 5,50 le 2. Moindre élévalion du mercure. . .. 27. 8,93 le 15. Élévation moyenne. . . « Plus grand degré de chaleur. . . .. + 18. 6 le 7. Moindre degré de chaleur. . . . .. + 2,41le 33. Chaleur moyenne. . . .. + 16,2. Nombre de jours beaux . . + 12. Déclinaison de l'aiguille aimantée , le 13 au soir, 21° 59/ nord-ouest , temps couvert et calme. A L'OBSERVATOIRE NATIONAL DE PARIS, Vendémiaire , an x11. CE ST RS CS US NN ne TS Ce is dore is EAN sn cyan NS CN sluve POINTS VARIATIONS = | VenTs. a [a Mir. LUNAIRES, DE L'ATMOSPHÈRE. 1| 47,0 | N. N-E. Ciel superbe; quelques nuages et vapeurs à l’horison. 21: 51,7 | N-E. Beau cel; brouillards ; vapeurs à l’horison. J 3| 45,0 | N-Efort. Ciel nuageux. &! 43,5 | N fort É Beau ciel. H\MI23;5P | TN. Ciel sans nuages. 6| 61,0 | Efoible. |Equin, ascend. à Petits nuages très-élevés venant de l’est; demi-couv. 71 65,0 | S foible. Beaucoup d’éclaircis. 8.77% | N. Pleine L. Périg À Temps pluvieux; pluic fine etabondante. 91 °67,5MIrO: Couvert par interval es; quelques éclaircis. 151 62,0 | S-O foible, Couvert en grande partie et parintervalles vip E 65,011118-0 1" Quelq. nuages venant du sud-ouest. 12| 69,0 | O:NO. He Vapeurs à l‘horison ;nuag.; beau ciel dans la soirée. 13| 640 | S-0 foible. Légers brouill. ; temps calme ; ciel nuageux. 14 | 64,5 | N. Dern. Quart. Ciel légèrement couvert ; soleil foible. 251|Ps tete 2 IPN-O PI finela nuit; grêle à 9 + h. ; averses par intervalles. |E 16| 74,0 | N°0. Ciei couvert; pluie abondante par intervalles, 17 | 77,0! | N° N-O. Ciel couvert ei pluvieux; averses ; beau par interv. ; 18 | 75,5 | N. N-O. Nuages et vapeurs autour de Phorison; quelq. éclaircis. | 8 19| 75,0 | O. Ciel couvert toute la journée. 20 | 72,0 |+ . . . . |Equin.descend.\ Couvert; temps calme; beau parintervalles. 21 | 93,0 | S-E.S-O, Couveri et pluvieux ; pluie abondante ; tonn.très-fort.|Ë 22 US SBELN:O: Nouv. L Ap.4 Ciel à demi-couvert ; beau une partie de la soirée. 23:|i7b5o | S-0: ; Demi-couvert; très-nuag.; quelq. éclaircis dans la s.|# 24 | 77,0 |O. Couvert à l’horison et brumeux. 25 | 82,0 | O.S-O. Quelques éclaircis. 26 | 78,0 | O. N-O. Couvert toute la journée. 27 | 77,0 | N-O'fort Mème temps. 28 | 93,0 |.N foible, Ciel couvert; pluie fine; quelques éclaircis. 29 | 91,5 | N-E Ciel couvert ; pluie fire ; légers brodillards, 30! 72,0 | N.N-O. | Dern. Quart. Couvert; nuageux et troublé; lassez beau le soir. KRECAPITULATION. de couverts « . ... 18 de pluie......... de 6 He VENTES ee ee JU deffélée.#2..948 1 o de tonnerre....,... * 1 de brouillard. . . . … 3 de neire: be). alto GOT: Pre. Jours dont le vent a soufié du JORF EL ï o 398 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Tableau du climat et du sol des Etats-Unis d’Amérique , suivi d’éclaircissemens sur la Floride , sur la colonie française en Scioto , sur quelques colonies canadiennes et sur les sauvages, enrichi de quatre planches gravées , dont deux cartes géogra- phiques, et une coupe figurée de la chûte de Niagora, par GC. F, Volney , membre du sénat conservateur, de l'Institut na- tional de France , membre honoraire de la Société philosophique américaine de Philadelphie , de la Société anglaise asiatique de Calcuta , des Athénécs d'Avignon, d’Alençon , etc. 2 vol. in-8. à Paris chez Courcier , imprimeur-libraire , quai des Au- gustins, n°. 74, et Dentu , imprimeur-libraire , palais du Tri- bunat, galerie de bois , n°. 240. « Le nouvel ouyrage que je présente au public, dit l’auteur , « est le fruit de trois ans de voyages ( en 1795, 1796 et 1797) & et de résidence aux Etats-Unis dans des circonstances du & temps et dans une situation d'esprit bien différentes de celles « de mon voyage en Turquie. » Néanmoins le public y re- trouvera toujours l’auteur du voyage en Egypte et en Syrie ; c’est-à-dire le savant qui voit bien les pays qu’il parcourt, le voyageur véridique qui ne raconte que ce qu'il a vu, l'écrivain élégant qui sait plaire par les charmes de son style. Dictionnaire de chimie contenant la théorie et la pratique de cette science , son application à l’histoire naturelle et aux arts , par Charles-Louis Cadet , du collége de pharmacie , et de la société libre des pharmaciens de Paris, professeur de chi- mie , membre du conseil de salubrité près la préfecture de police, de la société médicale d’émulation, de celle d’encou- ragement pour l’industrie nationale , de celle des sciences et des arts de Paris, des artset des étrangers , correspondant de l’athénée de Toulouse , dela société de médecine, chirurgie et pharmacie de Bruxelles et autres sociétés ; 4 vol. in-8. à Paris, de l'imprimerie de Chaigneau aîné , et se trouve à Paris. chez l’auteur , rue Saint-Honoré , n°. 86 , Chaïgneau aîné , rue de la Monnoie, n°. 27, Maradan , rue Pavée-St.-André-des-Arcs, Crapart, Caille-et Ravier , rue Pavée-St.- André-des-Arcs, Fuchs, libraire , rue des Mathurins , Treuttel et Wurtz, quai Vol- ET D'HISTOIRE NATURE.LZLE, 369 taire , Levrault , quai Voltaire. Prix 24fr., et franc de port, 32 fr. Dans les circonstances où se trouve la chimie , dit l’auteur , j'ai pense qu'il seroit utile de composer un dictionnaire assez abrésé pour devenir manuel, assez étendu pour contenir tous les objets qui sont du ressort de la chimie. Le cadre adopté par Macquer m'a semblé le plus convenable ; et quoique la chimie soit beaucoup plus riche en faits qu’elle ne l’étoit à l’époque où parut son dictionnaire, j'ai cru possible de ren- fermer toutes les matières dans les mêmes limites qu’il les avoit posées- Cet ouvrage contribuera à répandre de plus en plus les con- noissances sur cette belle science. On verra que l’auteur n’a rien négligé pour rendre son travail intéressant. Xe-XIe. XIIe. et dernier Cahier de la première année de la Bibliothèque physico-éconorñique , instructive et amusante , à l'usage des villes et des campagnes , publiée par cahiers avec des planches, le premier de chaque mois, à commencer du 1er. brumaire an XI, par une société de savans , d'artistes et d’agro- nomes, et rédigée par C. S. Sonnini, de la société d'agricul- ture de Paris , et de plusieurs sociétés savantes et littéraires. Ces trois cahiers de 2:16 pages , complettent la première ’an- née; ils contiennent , entre autres articles intéressans et utiles, moyen éprouvé pour nettoyer les arbres fruitiers et les préserver dela mousse et des insectes ; — manière de conserver les arti- chauts pour être mangés l’hiver ; moyen de préserver de la rouille les ustensiles de fer et d’acier ; — machine pour facili- ter les opérations de l’arpentage ; — manièrede rendrele lustre aux vitres anciennes et ternies ; — nouvelle méthode pour ré- colter le trèfle ; — moyen de se procurer à très peu de frais un vinaigre très-fort ; —manière utile et expéditive de faner; —ma- chine à hacher les gros légumes pour les bestiaux; — manière d'engraisser les pigeonneaux , et de conserver les pommes de terre pendant plusieurs années ; etc. , etc. Le prix de l'abonnement de la seconde année de cette biblio- - thèque est, comme pour la première, de 10 fr. pour les 12 cahiers , que l’on recevra mois par mois, franc de port par la poste. La lettre d’avis et l'argent doivent être affranchis et adres- sés à F. Buisson , imprimeur-libraire , rue Hautefeuille, n°. 20 à Paris. On peut aussi, pour éviter les frais, envoyer l'argent par un mandat sur Paris, 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cet ouvrage périodique est toujours digne de l'accueil du public. Dictionnaire des termes techniques de botanique , à l'usage des élèves et des amateurs, parle cit. Mouton-Fontenille , mein- bre de l’athénée, de la société d'agriculture , d'histoire natu- relle et arts utiles de Lyon, et de plusieurs sociétés savantes et d’agriculture ; Lyon , Bruyset aîné et compagnie, et à Paris, chez madame Huzard , imprimeur-libraire , rue de l'Éperon- Saint-André-des Arcs, n°.11,an XI(18c3), vol. in-8., de 470 pages , caractère petit romain ; prix bro. 5 fr., et franc de port par la poste , 7 fr. Cet ouvrage est utile à ceux qui veulent s’adonner à l’étude des plantes. DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Recherches sur l’action qu’exerce le calorique sur la vi- talité des animaux. Premier mémoire ; par Victor Miche- lott', Page 337 Expériences sur un appareil à charger d'électricité par la colonne électrique de Volta ; par A. Ritter, 345 Addition au*mémoire sur la pile à charger de Ritter. 364 De la sardoine ou agate brune ; par B. G. Sage. 369 Remarques sur trois suites d'observations cyanométriques de H. B. de Saussurez par P: Prevost. 372 Notice sur la cause des couleurs différentes qu’affectent certains sels de platine ; par H. V. Collet-Descotils. 384 Figure des orbites des nouvelles planétes ; par Jérôme Lalantde. 35 Observations météorologiques. 396 Nouvelles littéraires. 398 F ?, st M0 A ( DORA 2 FRS D TS OT 5 urnal de Physique . RP ALAN ; l'iqure des DES des deux nouvelles Planeles, par werome De la Lande. olbers où Zadar { Olbers où Pallas : cs Pexxsr on Ceres : Brumaire ar 22. “ee TER JOURNAL DE PHYSIQ UE, PDE CH ENMTE | ET D'HISTOIRE NATURELLE, FE RIM A TOR EN AI de: EXPÉRIENCES AVEC LA PILE ÉLECTRIQUE Faites par M. Rirrer, à Jéna ; communiquées par M. Onsrrp. Pendant quele grand inventeur de la pile électrique démontroit l'identité du galvanisme avec l’électricité , plusieurs physiciens allemands s’occupoient aussi de cet objet. Le célèbre Ritter cntreprenoit la-dessus une série d'expériences très-étendue , dont les résultats sont assez remarquables pour mé- riter quelque attention, même après la publication du travail du physicien de Pavie. Pour bien comparer le galvanisme à l'électricité, il faut distin= guer quatre phénomènes dilférens , c'est-à-dire la tension, l’action chimique , l’étincelle et le choc. Quant à la tension , tout le monde sait que la pile a deux pôles électriques, l’un positif, et l’autre négatif. Par un examen plus attentif, on découvre ce qu'il étoit facile de prévoir, que les ten- sions respectives sont plus fortes aux extrémités de la pile ,-et qu’elles vont des deux côtés, en décroissant, jusqu'au milieu , où il y a zéro de tension; mais ce que l'on ne s'étoit pas imaginé jusqu'ici, c’est que toute la pile devient négative, quand on met le pôle positif en communication conductrice avec la terre; et vice versé, toute la pile devient positive quand on Ôte l'électri- cité du pôle négatit. ci, il se présente unphénoméne qui fait assez voir combien la théoriede l'électricité est encore dans son enfance : quand on a ainsi changée la tension de la pile, l'action chimique Tome LVII. FRIMAIRE an 22. Eee io2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne s'en trouve pas détruîte, maïs continue comme auparavant. Ce fait s'accorde d’ailleurs fort bien avec l’augmentation de l’action chimique de la pile, quand on fait entrer des sels , des acides, des alkalis , dans leurs couches humides, où la tension reste cons'am- ment la même qu'elle étoit quand on employoit de l’eau simple. L’assertion de Volta, depuis répétée par Van-Marum et Pfaff, que la pile élecirique. charge momentanément une bouteille de Leyde, ou bien une batterie, demande quelque restriction. Le fait est vrai pour les piles ordinaires; mais si au lieu de cartons bien moui Lis, on en prend d'autres qui n’ont que très-peu d'humidité, par exemple, celle de l’air humide, l’action se fait beaucoup plus lentement, Dans le commencement, l’action est encore assez peompte , mais peu à peu, à mesure que les cartons perdent de leur h :midité, l’action retardede plus en plus, de manière qu’une pile de 600 couples de plaques de zinc et de cuivre , chargeoiït imméiliate- ment après sa construction,en 10 à 15 min., une batterie de|36 pieds carré, jusqu’au même degré qu'elle l’auroit chargée instantané- ment si elle avoit été construite avec des cartons bien humides. On peutaussi composer chaque couche humide d’un morceaude verre, couvert de chaque côté d'un carton mouillé. Une telle pile de 600 couples chargsoit la batterie dans douze heures, jusqu’au même degré qu’une pile ordinaire , À l’eau salée, l’auroit fait dans un temps imperceptible. La loi de ce retard est donc que l’action d’une pile est d'autant plus lente, qu’elle est moins bon conducteur. Ritter a sur-tout fait un très-grand nombre d'expériences, qui prouvent que la tension de la pile suit par-rout les mêmes loix que celle qui est produite par la machine électrique; mais nous ne pourrions pas ici en donner le détail sans passer les bornes d’un extrait. : C’est un fait bien reconnu que l'électricité produit le même changement dans l’eau que le galvanisme. Ritter a fait voir que l’électricité positive en dégage du gaz oxygène, comine le galva- nisme positif ; et que l’électricité négative en dégage du gaz hy- drosène comme le galvanisme négatif. Des recherches de l’action de la pile sur les métaux, lui ont appris que son pôle négatif les dispose à s° combiner avec l’hy- drogène de l’eau, de la même manière que le positif les dispose à s’oxyder. L’hydrogénation a des degrés différens pour le même métal , comme l’oxydation. L'argent p'end, avec beaucoup d’hy- drogène, l’état gazeux; avec une moindre quantité, il reste so= lide. Il a aussi reconnu que ce-n’est pas seulement par la voie Qumide que l'électricité produit les oxydations et les hydrogéna- ET D'HISTODRE NATURELLE. 403 tions ; le même effet a lieu par la voie sèche. L’oxydation que produit le pôle positif est facile à reconnoître. 11 ne faut que l’ar- mer d’une feuille d’or, et le négatif d'un morceau de charbon; en les mettant en contact l’un avec l'autre, la feuille d’or brûle avec une lumière éclatante, et le charbon reste intact. Si on avoit mis le charbon en contact avec le pôle positif, et la feuille d’or avec l'opposé, le premier se seroit brûlé, et la feuille seroit fondue. Quant à l’hydrogénation produite par le pôle négatif, elle est moins distincte, de manière qu’on la découvre rareinent ; mais il y a cependant des faits qui peuvent être cités pour prouver son existence. Quand on met un petit bocal de fer ou de platine, rempli de mercure , en contactavec le pôle négatif, on obtient, chaque fois qu’on touche la surface de ce métal fluide avec le con- ducteur positif, un point ou un cercle d'une poudre bien diffé- rente de l’oxyde noir de mercure , qui est produite quand on met le mercure en contact avec le pôle positif, et qu’on le touche avec le conducteur négatif. L’oxyde qui en résuite s'arrange en forine de petites étoiles égales à celles que produit l'électricité positive avec de la poudre. Les formes cireulaires sur le mercure au pôle négatif, sont aussi égales à celles qui sont produites par de la poudre électrisée avec le conducteur négatif. ; Dans une pile dont les pôles ne sont pas en communication con- dactrice, l’action chimique des couches qui la composent est très- inégale, Les plaques de zinc s’oxydent d'autant moins qu’elles sont plus loin du pôle positif; de mauière que celles qui sont les plus proches du pôle négatif n’ont souvent aucune trace d’oxydation, et semblent plutôt avoir été déféndues contre l’action de l’eau qui les mouilloit, qu’attaquées par l’action de la pile. On peut ren- dre cela encore plus sensible, en mettant chaque cinquième cou- ple en contact avec un fil de fer ; dont l’autre bout ert plongé dans de l’eau, Dans cette expérience , les degrés d'oxydation de ces fils sonten raison inverse de leurs distances du postüif; au milieu, le fil de fer ne se trouve pas plus oxydé qu’un autre; qui avoit aussi longtemps été plongé dans del’eau ; !sañis contact avec la pile, tous les fils qui sont au-delà de ce paintisont encore moins oxydés. De sorte que l’on voit clairement qu'il y a eu une autre action op- posée à l'oxydation: J » :usbà De:tous les effets dela pile; son action sur le corps humain à été le moins examinée; le: choc ou plutôt la palpitation qu'elle excite a été regardée comme trop simple: pour être sujette à des recherches sévères ; et l'éclair, ainsique son action sur la langue, n’a plus aitiré qu’une:légère attention. En sérité cés recherches 0e 2 404 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sont comme toutes celles des êtres organisés, très-difficiles, sur- tout quand il s’agit d’une action souvent nuisible sur le corps hu- main vivant. Ritter a souvent dà payer les découvertes suivantes par des indispositions assez longues, et mêmes dangereuses. Tout le monde sait que la peau étant un mauvais conducteur, doit être mouillée pour en faire un bon ; on observe aussi , dans la pratique, qu’il faut mouiller et armer de métal une surface d’une certaine largeur pouriavoir tout l'effet possible d’une pile. La raison en est facile à trouver, qnoïqu’elle puisse conduire à plusieurs conséquences importantes ; il ne faut qu’avoir recours à ce fait reconnu, que les conducteurs ne peuvent amener qu’une quantité proportionnée à leur largeur ; d’où il suit qu’il faut ren- dre une jartie de la peau assez étendue bon conducteur , pour avoir le plus grand effet. Si une des surfaces mouillées et armées de mttal, qu’on touche avec les conducteurs de la pile, ést plus grande que l’autre , la sensation y est moins prononcée que cellé qui a lieu sur la plus petite, où on a une perception plus are et souvent douloureuse ; de manière qu’on est le maître de la grandeur de l’effct qu'on veut produire sur chaque point du corps; chose très-importante pour l'application du galvanisme dans la inédecine. Voici une application de ce que noûs venons de dire : toute la différenéé qu'il y a entre le choc qu’on obtient de la pile, et celui qu’on reçoit d’une bouteille de Leyde, résulte de l’état différent où ôn est quand on les touche; si l’on touche une très-grande pile avec des mains sèches ; on éprouve la même sensation que si l’on avoit touché une bouteille de Leyde chargés; mais si, au contraire, on touche cette bouteille , déja déchargée par des mains sèches, avec ses mains bien mouillées et armées de métal, on reçoit un choc semblable à celuid’une pile électrique. Ritter a réduit tous les effets de la pile sur le corpsanimal à des expansions et des contractions. Par le conducteur positif, il a fait prendre un plus grand volume à plusieurs parties du corps bu- main; et par le négatif, il'a fait resserrer les mêmes parties. Quand on met la langue en contact avec le conducteur positif, appliquant le négatif à quelque autre partie du corps , et qu’on les laisse tous en cet état pendant quelques minutes, il vient une petite boule sur la langue. Le‘conducteur négatif , mis en contact avec cet or- gâne , de là même manière, y produit un ‘petit enfoncement: Quand on met les mains mouillées pendant quelques minutes en contact avec les pôles de la pile, le pouls de la maïn quiest en contact avec 18 pôle positif devient sensiblément plus fort, et ce- ET D'HISTOURE NATURELLE. 405 lui de la main qui touche le négatif plns foible. L'auteur nous a donné beaucoup de détails sur cet objet’, et il est encore occupé à l’augmenter ; nous nous bornerons ici à remarquer que l’expan- sion est suivie d’ane sensation de chaleur, et la contraction d’une sensation de froid. L'action de la pile sur les organes des sens est modifiée par la pature particulière de chacun d’entre eux ; il est remarquable que les deux pôles de la pile produisent en quelque sorte les deux ex- trémités de chaque espèce de sensation. J'ai déja observé, dans l'extrait que j'ai donne il y a quelque temps, des découvertes de M. Ritter , sur la lumière , que la pile produit, dans les yeux, ces couleurs rouges et bleues qui sont à-peu-près prismatiques ex- trêmes ; et.s’il n’étoit pas si difficile de distinguer dans ces expé- riences le violet du bleu, on nw’auroit sans doute rien à desirer sur ce point, Dans ces expériences, l’œil en état positif voyant tous les objets en couleur rouge, les voit en même tems plus grands et plus distincts ; étant en état négatif, au contraire, il les voit à- la-fois bleus et plus petits, et moins nets qu’ils se présentent d'ordinaire. Ainsi la force expansive du pôle positif, et la con- tractive-du négatif semblent aussi exercer leur action ici. La lan- gne est également affectée par la pile ; le goût acide qu'y produit e conducteur positif, et l’alkalin qu’excite le négatif est assez connu. L'effet du conduct. ur négatif dans le nez, est une oleur ammoniacale ; et celui du positif est une d‘pression de Ja sensi- bilité de cet organe, semblable à celle qu’en eprouve par l'acide muriatique oxygéné. Les oreilles, avec le conducteur positif, en- tendent un bruit d’un ton bas ;.et avec le négatif, un ton plus haut. Ces expériences demandent beaucoup de soins ; il faut, pour les bien répéter , connoître les descriptions complettes que l’au- teur en a données dans plusieurs traités pleins de détails. 406 JOURNAL DE PFHYSIQUE, DE CHIMIE pe EXPÉRIENCES SUR LE MAGNÉTISME; Par M. Rirrer , à Jéna, communiquées par Orsted, docteur à l’université de Copenhague. Les phénomènes du magnétisme ont souvent été comparés avec ceux de l’électricité , et plusieurs faits semblent justifier un tel rapprochement. Cependant ces faits ne sont ni assez nom- breux, ni assez concluans, pour en composer une théorie complette. Une suite d’expériences , qui faisoit voir le fer ai- manté dans toutes ses relations avec l'électricité, à présent mieux connue par la pile, répandroit sans doute beaucoup de lumière sur cet objet auparavant si obscur. Ritter a senti l’im- portance d’une pareille entreprise , et a commencé de nou- velles recherches sur le magnétisme , avec le même zèle et la même sagacité qui distingue toujours ses travaux. Quoique ces expériences n'aient pas encore obtenu toute l'étendue qu’il leur a destinée, elles présentent cependant assez de faits intéressans, pour exciter la curiosité de tous les physiciens. dd Les premières expériences de M. Ritter avec l’aimant étoient sur des grenouilles; il trouvoit qu’un fil de fer aimanté produi- soit avec un autre non aimanté une palpitation galvanique dans ces animaux. Il y remarquoit bientôt que le pôle méridional pro- duisoit de plus fortes palpitations que le fer non aimanté, et que le pôle septentrional en excitoit de plus foibles. Ayant tou- jours remarqué que les métaux les plus oxydables faisoient pa- roître les palpitations Les plus fortes, il en concluoitque le pôle méridional possède une plus gande affinité avec l'oxygène que le fer , et que l’oxydabilité du pôle septentrional est au-dessous de celle du fer. Il parvint à justifier cette supposition par le moyen de plu- sieurs réactifs chimiques. Il plaçoit un fil de fer aimanté sur des pièces de verre, dans un plat de fayence , et y versoit de l'acide nitrique très-foible. Le pôle méridional fut beaucoup plus fortement attaqué par l’acide que le pôle septentrional ; et fut EDP DÉH IS TU OUTIRRE 2 NEA TAUFR ELLE. 407 bientôt entouré d’un dépôt d'oxyde, dont la quantité surpassa beaucoup celle de l’autre pôle. On fait aussi trés-bien voir l’oxydabilité différente des pôles magnétiques , en prenant trois petits flacons, de grandeur égale, remplis d’eau ou pure ou légèrement acidifiée, et mettant dans l’un d’entr’eux le bout méridional d’un fil de fer aimanté, dans l’autre le bout septentrional d’un fil ésal , et dans celui qui reste un fil de fer non aimanté , le pôle méridional commence le pre- mier à déposer de l’oxyde, un peu après lelfernon aimanté s’oxyde également, mais l’oxydation du pôle septentrional arrive le plus tard. Cette expérience demande beaucoup de soins. 1] faut couvrir la surface de l’eau d’huile d'amandes bien fraîche , pour empêcher l’air d'y entrer. On doit aussi prendre garde de ne pas exposer l’un des flacons au soleil plus que les autres , parce que la lumière fait accélérer l'oxydation. Ritter s’en est convaincu par des expériences directes , en exposant deux fils de fer plon- gés dans de l’eau au soleil; mais couvrant de papier noir le flacon qui contenoit l’un , et laissant l’autre à découvert, ce dernier s'oxidoit beauconp plus vîte. Si dans l'expérience précédente on substitue à l’eau, dans les trois flacons , de la teinture de tournesol , les oxydations rela- tives sont les mêmes , maïs elles sont accompagnées d’un chan- gement de couleur, qui fait voir qu’il y a eu dans cette cxpé- rience une production d'acide , proportionnelle à chaque oxy- dation , de manière que le pôle méridional a non seulement subi la plus grande oxydation, maïs qu’il a aussi le plus rougi la teinture de tournesol ; {1} l’action dont il s’agit dans cette ex- périence est très-foible , et dernande souvent huit jours ou da- vantage, pour donner un résultat distinct ,et même pour l’ac- célérer jusqu’à ce point, on est obligé , avant l’expérience, d’a- jeuter à la teinture une petite quantité d’acide acétique , capable de la rapprocher de la couleur rouge, sans opérer un changement complet. La teinture rougie dans cette expérience reprend la couleur bleue à l'air ; mais il ne faut pas en conclure que l'acide, qui est produit par laction de l’aimant , soit très-volatil ; car de Ja teinture de tournesol , rougie par de l’acide phosphorique , ou tout autre acide , présente le même phénomène. (1) Ritter a remarqué que l’oxydation du zinc et de plusieurs autres métaux » dans de l’eau pure, produit un acide. M. Jager, médecin célèbre à Stutigard , a fait la même découverte sans connoitre celle de Ritter: : 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'expérience suivante présente auelques particuliers. C’est pourquoi j’entrerai dans un plus grand détail. Quoiqu’elle n’ait pas été répétée , l'harmonie réciproque de ses résultats pré- yiént en faveur de son exactitude. Seize fils de fer’ aimantés , de grandeur et de force égale, furent distribués dans six bo- caux, tous également remplis d’un mélange de trente-six par- ties d’eau et d’une partie d'acide nitrique, de la manière suivante: Dans le premier verre , on avoit mis deux de ces fils, dont l’un avoit le pôie nféridional et l’autre le pôle septentrional plongé dans le fluide., et ils furent tant approchés , qu'ils n'avoient qu’une demi-ligne de distance. Dans le second, l’arrangement fut le même , excepté qu'on leur donna une distance d’un pouce trois quarts. Dans le troisième et quatrième # il y eut dans chacun trois fils aimantés, les pôles méridionaux étant plongés dans le fluide ; mais leurs distances furent différentes, dans chaque verre, comme dans les deux premiers verres. Dans le cinquième et sixième , le même arrangement eut lieu pour les pôles septentrionaux. Il se déposa peu-à-peu différentes quan- tités d'oxyde ; pour tout exprimer en peu de mots, appelons le pôle du sud, celui du nord N, leur di. .ance la plus grande g, et la plus petitep ; et nons exprimerons l’ordre des oxydations ainsi qu'il suit : SNg > SNp > 3 Sp > 3 Sg> 3 Np> 3 N y Le dix neuvième jour on observa que la perte de fluide par l’évaporation n’avoit pas été égale par-tont, mais elle avoit eu lieu dans l’ordre inverse des oxydations. Tous les fils aiman- tés avoient perdu de leur force; NSg avoitle moins perdu ; NSp avoit fait une perte plus grande ; des trois fils aimantés 3 Sp, les deux avoient perdu moins que le troisième ; et de même 38 ; 3 Np,'3 Ngen avoient deux d’entr'eux plus forts que le troisième ; les plus forts étoient égaux À NSp. Dens une autre expérience , où il y avoit deux petits flacons remplis de teinture de tournesol , qui contenoient l’un deux fils de fer aimantés , dont les pôles méridionaux étoient plongés dans le fluide, l’autre deux fils’ semblables dont les pôles opposés étoient mis dans la teinture, l'oxydation fut la plus grande dans ce.dernier flacon. Enfin M. Ritter tâcha de construire une batterie d’aimans ; mais il n’y réussit pas. 11 employa à cet effet 120 fils de fers ai- mantés placés de manière que chaque pôle avoit son opposé vis- à-vis , et dont chacun fut séparé de l’autre par une goutte d'eau ; maïs cet appareil ne produisit aucun effet. Cependant lingénieux auteur n’a pas perdu toute espérance de parvenir à \ composer EUDUD A HNINS ESOMMR MEN M TD RAT LL €; ävg composer une batterie magnétique ; mais d’autres expériences , non moins jmportantes , l’en ont empêché jusqu'ici. Il regarde cette suite d'expériences seulement comme le commencement d'un travail très-Stendu , dont nous pouvons espérer d’avoir les résultats dans peu de temps. EXPÉRIENCES - S U/R, L' A L'UMIÈRE; Par M. Rrrrer, à Jéna, communiquées par Onsten , docteur à l’université de Copenhague. La découverte importante des rayonssolaires invisibles , dont Herschell: a enrichi la physique , a donné lieu à une autre jusqu'ici peu connne, même:dans le,pays où elle ja été faite. Les connoissances physiques de la lumière n’avoient fait au- cun progrès sensible depuis Newton, quand. Herschell trouva que l’on'n’avoitipas enoore:observé tous les phénomènes qui se présentent pendant la décomposition de la, lumière par le moyen duprisme, On s’étoit aontenté de voir les couleurs diffé- réntes ; sans examiner par d’autres procédés s'il n’y avoit pas de phénomènes imperceptibles aux yeux. Herschell, ayec le thermomètre , découvrit des rayons invisibles hors du spectre ‘solaire ; qui ont Ja’ propriété-de faire monter le, thermomètre. M. Ritter répéta ces expériences avecsuccès., mais, considérant que les rayons divers de la lumière: produisent des changemens chimiques très-différens dans les. corps qui. y.sont sensibles , il s'inagina qu'il yayoit aussi dans la lumière des rayons, invi- sibles, qui ‘agissent chimiquement, Il-exposa du muriate d'argent à Vaétion du spectre solaïré, et, il trouva la réalité de cequ’il avoit conjecturé ; le muriate d’argent devint en très-peu de,tewps noir, hors du spectre du.cûté du violet; il se noircit unpeu moins danse violetimême , ét; cette: action. étoit encore moindre dans le bleu ainsiçelle:diumiaua de plus en-plus jusqu’au zéro, en s’éloignant du violet, Ea exposant un muriate d'argent un peu noirci, c’est-à-dire un pen désoxygéné , à, la même, action dela ‘lumière ,r il lui faisoit en partie recouyrer sa couleur blanche Tome LVTII, FRIMAIRE an 12. Fff ho JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par le rayon roug:, et plus encore par le rayon invisible de son côté. Le spectre solaire est donc suivi de deux rayons invisibles , un du côté du rouge , qui favorise l'oxygénation, l’autre du côté du violet, qui favorise la désoxygénation. Les rayons visibles et colorés participent plus où moins des propriétés de ces prin= cipes invisibles , de sorte qu’on doit en conclure, que tous les rayons colorés contiennent plus ou moius de ces principes. Ces expériences se répètent fort bien avec le phosphore ; en laissant tomber dessus le rayon invisible , du côté du rouge , il pousse à l'instant des vapeurs blanches, mais quand on fait tom- ber sur ce phosphore en oxygénation le rayon invisible du côté du violet , il s'éteint à l'instant avec la même rapidité avec laquelle une grenouille palpite dans les expériences galva- niques. Ces expériences s'appliquent facilement à quelques autres, faites par le même physicien ; il a mis pendant quelques mi- nutes un œil en contact avec le conducteur négatif de la pile électrique de Volta, et après cette opération tous les objets lui paroissoient rouges ; mais après l’avoir mis en contact avec le conducteur positif, il voyoit tout bleu. Il faut remarquer ici que la rétine et le nerf optique, quand on met le dehors de l'œil en état négatif, deviennent ‘positifs, et vice versé ; parce ue l’œil est rempli d’un fluide , dans lequel la même distribution de l'électricité doit avoir lieu que dans l’eau et dans les autres fluides. C’est donc dans l’état positif que le nerf optique ap- perçoit. tous les objets avec une couleur rouge, et dans l’état né- atif, ils lui paroissent de couleur violette. L'action chimique de Pélectricité positive est aussi la même que celle de la lumière rouge ; c’est-à-dire, elles favorisent l’une et l’autre ; l’oxygé- nation , l'électricité négative et le rayon violet conservent la même analogie en favorisant tous les deux la désoxygénation; ce que les expériences avec la pile de Volta ont fait assez con- noître. S'il est permis d’ajouter quelque observation à ces découvertes importantes, je citerai un fait des plus connus, c'est que les élec- tricités opposées produisent de la lumière, quand on les réunit , ce que semble démontrer , par synthèse, ce que les expériences récédentes ont fait voir par l’analyse. Cette notice a été lue à la société philomatique, il y a plusieurs mois. Depuis ce temps M. Ritter 4 publié quelques observations nouvelles qui méritent d’y être rapportées. Il a trouvé, avec PR D ARTS MO RREE NAT IUPROEL IEEE, CIE tous les prismes dont il s’est servi, que les rayons solaires don- nent deux spectres colorés , qui s’élargissent à mesure qu'ils s’é- loignent du prisme, ensorte que dans une certaine distance l’un est presque couvert par l’autre. Ce n’est qu’en faisant l’expé- rience dans une très petite distance du prisme, par exemple, dans celle de quatre pouces, que l’on parvient à distinguer les deux spectres , qui se confondent de plus en plus, à mesure qu'ils s'éloignent du prisme; c’est sans doute la cause pour la- quelle cette observation a si longtemps échappé à l'attention des physiciens. Cette observation a été accompagnée d’une autre plus importante encore, c’est-à-dire, que les rayons Foiniues peuvent être parfaitement séparés des rayons colorés. Quand on fait tomber les rayons invisibles dn côté du violet dans la partie rouge du spectre solaire , on peut parfaitement suspendre l'oxydation , et même y produire une désoxydation, sans dé- truire la couleur rouge ; on peut même , par le moyen de plu- sieurs prismes, parvenir à séparer tous les rayons colorés des rayons chimiques. On parvient ainsi à produire un spectre co- loré sans action chimique , et une série des rayons chimiques, analogue au spectre , sans aucun mélange de rayons colorés. On n’a pas encore d'expériences exactes pour décider la question, si les rayons caloriques sont aussi séparables des autres , sur-tout des rayons chimiques ; mais la comparaison des expériences différentes faites dans l'hiver et dans l’été , où les degrés de cha- leur ont été différens, quoiqu’on n’ait pas observé de différence entre la force des rayons chimiques dans les différentes saisons , nous porte à croire queles rayons caloriques sont séparables des rayons chimiques, On pourroit bien demander, pourquoi les di£f- férens rayons qui se trouvent dans la lumière s’accompagnent- ils fréquemment, quoique l’un puisse subsister sans l’autre. Sans doute on répondra à cette question , quand on sera en état de dire pourquoi les différentes fonctions d'électricité s’accom- pagnent , quoiqu’elles soient séparables aussi l'une de l'autre. Fffa 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rene meme mp TRAITÉ ELEMENTAIRE DE PHYSIQUE ; Par R.-J, Haüyx , membre de l’Institut national des sciences et arts, professeur de minéralogie au Muséum d'histoire natu- relle, de la société des scrutateurs de la nature de Berlin, de la société batave des sciences de Harlem, de la société de minéralogie de Jéna, etc.; ouvrage destiné pour l’enseigne- ment dans les lycées nationaux; deux vol. in-8°. avec 24 pl. A Paris, chez Delance et Lésueur, imprimeurs-libraires , rue de la Harpe, n°. 133, et chez Mongie, libraire, cour des Fontaines, Palais du Tribunaf. Extrait par le cit. TremMErRY, ingénieur des mines. « Les objets qui concernent l’étude de la physique offrent , dit l’auteur, cet avantage, que nous n’avons besoin que de nous rendre attentifs pour les trouver réunis autour de nous, que les phénomènes qu’ils produisent sont d’une observation familière , et que la scène sur laquelle se développent ces phé- nomènes nous est sans cesse présente. Les expériences aux- quelles sont employés les instrumens qui ‘meublent nos cabi- nets de physique, ne sont autre chose que des imitations de ces: phénomènes , destinés à nous en dévoiler les causes. Le jeu de la machine pneumatique nous instruit sur les propriétés du fluide que nous respirons. Les effets si piquans pour la curiosité qu'offre l’appareil électrique , nous aident à déterminer les lois qui régis- sent le fluide accumulé dans un nuage orageux. L’aimant, qui semble commander aux mouyemens d’une aiguille de boussole que l’on présente à son action , ne fait que remplacer , pour un instant , le globe terrestre , qui exerce continuellement sur l'ai- guille une action du même genre. L'image colorée du soleil ofierte par la lumière qui a traversé un prisme, nous donne une idée de la décomposition que subit le même fluide dans le nuage, qui, au moment où il se résout en piuie, déploie le ET (D'HISTOIRE, N AT URELLE, 413 magnifique spectacle de l’arc-en-ciel. Tous ces instrumens si di- versifiés sont autant d'interprètes du langage visible que nous parle sans cesse la nature. » « Ce mot de nature, ajoute l’auteur, que nous employons si souvent, ne pent être regardé que comme une manière abré- gée d’exprimer, tantôt les résultats des loix auxquelles l’être suprême a soumis le mécanisme de l’univers , tantôt la collection des êtres qui sont sortis de ses mains. La nature ainsi envisagée sous son véritable aspect, n’est plus un sujet de spéculations froides et stériles pour la morale. L'étude de ses productions ou de ses phénomènes ne se borne plus à éclairer l'esprit ; elle re- müe le cœur, en y faisant naître des sentimens de respect ct d’admiration à la vue de tant de merveilles qui portent des carac- têres si visibles d’une puissance et d’une sagesse infinies. Telle étoit la disposision où se trouvoit le grand Newton, lorsqu'après avoir considéré les rapports qui lient par-tout les effets à’ leurs causes , et font concourir tous les détails à l'harmonie de l’en- semble, il s’élevoit jusqu’à l’idée d’un créateur et d’un premier moteur de la matière , en se demandant à lui-même , pourquoi Ja nature ne fait rien en vain; d’où vient que le soleil et les corps planétaires gravitent les uns vers les autres sans aucune matière dense intermédiaire ; comment il seroit possible que l’œil eût été construit sans la science de l’optique , et l’organe de l’ouie sans l'intelligence des sons. » Quoique la physique soit depuis longtemps cultivée avec as- siduité et succès, cependant nous ne possédions encore aucur traité où les différentes théories que cette science embrasse se trouvassent développées avec cette méthode , cette clarté et cette précision qui sont si nécessaires , Sur-tout dans un ouvrage qui est destiné à l’enseignement public. Le premier Consul pénétré de cette vérité, et sentant combienil étoit important de mettre entre les mains des élèves admis dans les lycées nationaux des “livres dans lesquels ils pussent puiser une instruction capable de former leur jugement et de meubler leur esprit de connois- sances solides, chargeæl'auteur de composer un traité élémen- taire dé physique. Ce choix qui étoit dicté par tous les hommes qui se livrent à l’étude des sciences, a été pleinement justifié par la manière neuve etsavante dont le cit. Haüy a rempli la tâche difficile qui lui étoit imposée. L'ouvrage que nous annon- cons ne laisse rien à desirer. Ajouter qu’il est digne , à-la fois, et du héros qui la demandé , et de la célébrité de son auteur, c’est en faire l'éloge qu’il mérite sous tous les rapports, &i4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les personnes qui ont déja quelques notions de la physique auront sans doute de la peine à se persuader que le traité dont il s'agit ait été fait dans l'espace de six mois au plus, temps ui auroit à peine suff à sa seule rédaction , si l’auteur jaloux de répondre aux vues du premier Consul , et de concourir de tous ses moyens à procurer aux élèves des lycées le bienfait d’une bonne éducation , n'avoit consacré ses veilles à la compo- sition de l'important ouvrage dont il vient d'enrichir les sciences. : Il suffit de considérer d’une part, combien certaines parties de la physique avoient été jusqu'ici peu étudiées , et d’une autre part , les progrès rapides qu'ont fait dans ces derniers temps plusieurs branches de cette même science , pour sentir toute la difficulté qu'offroit le travail dont lecit. Haüy publie aujourd’hui le résultat, En effet, que d’objections il a fallu le- ver, que de théories qui n'étoient , pour ainsi dire, qu'ébau- chées, il a fallu développer , que de matériaux disséminés ça et là il a fallu rassembler , pour en former un ensemble bien lié, que de vides, que de lacunes se sont trouvés à remplir ! Quoi- que l’auteur ait eu la modestie de ne pas se nommer, il sera facile à tous ceux qui sont au courant des sciences, de s’ap- percevoir que bien souvent il a eu occasion de créer , lors même qu'il ne pensoit avoir , tout au plus , qu’à perfectionner ce qui existoit déja. : Ya Lés sciences qui se rapportent à la nature ne forment dans la réalité , comme l’observe très-bien le cit. Haüy , qu’une seule et même science , que nous avons sousdivisée de manière que les différens esprits pussent partager entre eux l’étude de ses diverses branches , et parcourir chacun toute l’étendue de celle qui a fixé son choix ; mais il ne faut pas croire qu’entre toutes ces sciences il y ait une ligne de démarcation nettement tracée ; elles ont souvent des points de contact plus ou moins nombreux. « Il en est de même, dit l’auteur , de toutes les parties de nos connoissances ; tour-à-tour elles divergent , se rapprochent, et finissent souvent par se confondre , comme pour nous rappeler qu’elles remontent toutes à une même unité, et que la distinction que nous avons mise entre elles provient uni- quernent des bornes de notre esprit et de celles du temps qui nous est accordé pour les cultiver. » Rien n’est peut-être plus propre à faire connoître l’objet spé- cial de chacune des sciences dont se compose l’étude de la na- ture, que le passage suivant que nous avons aussi extrait de ET D2HTIS/TOIRE NATURE LLE. 415 l'introduction au savant traité dont nous donnons ici l'analyse : introduction qui est écrite avec cette élégance de style qu'il est si rare de trouver dans les ouvrages de ce genre. # Si nous considérons, dit l’auteur , dans les corps des pro- priétés générales et permanentes , ou si les changemens que su- bissent ces corps sont passagers, ensorte que la cause qui les a produits n’ait besoin que de disparoître, pour que les corps re- tournent à leur premier état; si, de plus, les lois qui détermi- nent les actions réciproques des mêmes corps, se propagent à des distances plus ou moins considérables , les résultats de no6 observations restent dans le domaine de la physiqne. Mais lors- que les phénomènes dépendent d'une action intime, que les molécules des corps exercent les unes sur les autres , à des dis- tances presqu’infiniment petites , et en vertu de laquelle les mo- lécules se séparent, pour se réunir ensuite dans un ordre dif- férent , et amener de nouvelles combinaisons ou de nouvelles propriété, l’étude des phénomènes appartient à la chimie. Enfin si notre attention se tourne vers les êtres particuliers , dont les uns jouissent de la vieet du mouvement spontané , les autres vi- vent sans se mouvoir par eux-mêmes, et d’autres n’ont qu’une structure sans organisation ; et si notre but est de classer et de décrire ces êtres, le point de vue qui s'offre à nous embrasse toute l’histoire naturelle, qui comprend seule trois sciences dis- tinguées sous les noms de zoologie , botanique et minéralo- 1e.» Avant d'exposer le plan que l’auteur s’est tracé pour circons- crire la physique dans les limites indiquées par le but de son ouvrage , nous avons pensé qu’il ne seroit pas inutile de fixer ici d'une manière nette et précise l’idée que l’on doit se former de ce qu’on appelle une théorie. Personne , jusqu’à présent, n'a mieux fait sentir que le cit. Haüy le but des théories en géné- ral, et les avantages que l’on peut en retirer. « Le but d’une théorie, dit il, est de lier à un fait géné- ral, ou au moindre nombre de faits généranx possible , tous les faits particuliers qui en dépendent. Nos premiers pas dans les sciences ont été dirigés vers la recherche des faits. Un s’est attaché à les décrire exactement , à les bien vérifier , à les multiplier. Les uns étoient donnés par la simple observation , et s’offroient comme d'eux-mêmes à une attention éclairée; d’autres étoient des résultats d'expériences faites avec ces soins , cette adresse et cette sagacité qu’exige ce genre de recherches. Tous ces faits, découverts à différentes époques et par différens D 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE observateurs , restoient d’abord comme isolés ; quelques uns même se présentoient sous l’air du paradoxe, et sembloient être en contradiction avec d’autres faits du même genre. Ainsi l’as- cension de l’eau dans les corps de pompe, bornée à une hauteur de trente-deux pieds, mettoit en défaut la physique obscure et inintelligible du temps , qui attribuoit cette ascension à une prétendue horreur de la nature: pour le vide. Mais enfin parois- soit le génie auquel avoit été réservé l'avantage de rassembler tous ces anneaux épars, et d'en former une chaîne continue qui en montrât la filiation ct la dépendance mutuelle. » « Ainsi la theorie de la gravitation universelle ramène les mouvemens célestes, l'aplatissement de la terré et les plus: grands phénomènes de la nature , à ce seul faitconstaté d'avance par l'observation , que la force de la pesanteur agit en raison inverse du carré de la distance, À l’aide d’une semblable loi, démontrée par l'expérience, relativement aux actions électriques et magnétiques, on voit les différens effets que présentent les corps sollicités par ces actions , naître , pour ainsi dire , les uns des autres , en partant d'une origine commune. » « Les mots d'attraction et de répulsion , dont on se sert pour indiquer le fait fondamental sur lequel repose la théorie, n’ex- priment proprement que Îles vitesses avec lesquelles les corpsten- dent à s’approcher-.ou à s'éloigner les uns dessautres: L’essentiel est que, connoissant la loi à laquelle est soumise cette tendance, et y appliquant le calcul , on puisse déterminer tous les autres faits, qui sont comme des corollaires du premier ; et même la théorie a cet avantage , que l’on peut, par son secours, lire avec certitude dans l’avenir, parce que la filiation des faitsrune fois établie , ce qui a été devient un sûr garant de ce qui sera; ensorte qu'il dépend'du calcul, en faisant un pas de plus, d'appeler un phénomène qui ne se seroit présenté qu'après une suite d'années, et de lui donner une existence anticipée. » « Ainsi, l'observation et la théorie concourent également à la certitude et au développement de nos connoïssances; chacune a son flambeau à la main : l'observation dirige les rayons qui émanent da sien sur chaque fait en particulier, de manière qu’il soit mis dans tout son jour, qu'il soit nettement terminé , et qu’il se présente sous sa véritable forme ; la théorie éclaire l’ensemble des faits; et, à la lumière de son flambeau , tous ces faits , d’a- bord épars, et qui sembloïent n'avoir rien de commun entre eux , se rapprochent ; ils prennent tous un air de famille, et sem- blent n'être plus que les différentes faces d’un fait unique. » Nous ET D'HISTOIRE NATURELLE. 417 Nous allons maintenant donner une idée de l’ordre que l’au- teur a suivi dans la distribution des matières qui sont l’objet de son Traité. Nous énoncerons , autant qu’il nous sera possible, ce qu’elles offrent de plus remarquable. Le cit. Haüy expose d’abord les propriétés Les plus générales des corps , en commençant par celles qui tiennent de plus près à la nature de ces êtres considérés comme de simples assemblages de particules matérielles : telles sont l’écendue, l’impénétrabi- lité ,et la divisibilité. Les autres propriétés générales dépendent de certaines forces qui sollicitent les corps : telles sont en parti- culier la pesanteur et l'affinité. Après avoir développé les lois de la chûte des corps , l’auteur compare l’affinité avec la pesanteur, et fait connoître comment on peut les ramener toutes les deux à un même principe , en adoptant cette idée heureuse du cit. Laplace, qui consiste à supposer que les distances entre les molécules des corps soient incomparablement plus grandes que les diamètres de ces mo- lécules. Plusieurs phénomènes, et entre autres l’extrême faci- lité avec laquelle les rayons de la lumière pénètrent les corps diaphanes dans toutes sortes de directions, viennent à l’appui de cette théorie. Le cit. Haüy, à l’occasion de la pesanteur spécifique, expose la méthode qui a été suivie dans la détermination de l’unité de poids relative au nouveau système métrique. À cet exposé se trouve joint un tableau abrégé du systême pris dans son en- semble, e L'auteur , à l'égard de l’affinité , s’est attaché à donner une idée de la théorie relative à l’un de ses résultats les plus remar- quables, nous voulons parler de l’arrangement symétrique des molécules d’une partie des corps naturels. Cette belle théo- rie , dont le cit. Haüy s’est si heureusement servi pour établir une liaison intime entre la géométrie et la minéralogie , et élever cette dernière science au plus haut degré de perfection, ne pou- voit rester , longtemps encore, étrangère au physicien. L'exposé des différentes connoissances qui appartiennent pro- prement à la physique générale , est terminé par la considéra- tion d’une force particulière , savoir celle du calorique, qui balance plus ou moins l’effet de l’affinité, et souvent finit par le détruire. Le cit. Haüy s’occupe successivement de l'équilibre du calorique, de la manière dont une partie de ce fluide se combine avec les corps , tandis qu’une autre partie s'échappe sous une forme rayonnante, de la chaleur spécifique , des effets Tome LVII, FRIMAIRE an 12. Geg 418 JOURNAL DE PHYSIQUF, DE CHIMIE du caloriqne » pour dilater les corps, les faire passer de l'état de solides à celuide liquides , puis à celui de fluides élastiques. L'auteur reprend ensuite plusieurs détails intéressans , relatifs aux variations de volume dont les corps solides et liquides sont susceptibles ; et la partie de ces détails qui concernent les li- quides, lui donné lien d’exposer les principes sur lesquels est fondée la construction Cu thermomètre. Vient ensuite l'examen des phénomènes qui sont du ressort de la physique particulière, et qui ont rapport à certains liquides ou à certains fluides remarquables par leur manière d'agir. Le premier est l’eau , que l’auteur considère d’abord dans son état le plus ordinaire , l’état de liquidité, ce qni le con- duit à donner les principes de l’hygrométrie , et à expliquer les : phénomènes des tubes capillaires , et les attractions ou répul- sions apparentes des petits corps qui flottent sur l’eau à une pe- tite distance les uns des autres. Il s'occupe ensuite de l’eau à Vétat de glace, et après avoir fait l’histoire de la congélation dæ mercure , il expose les résultats à l’aide desquels on est par- venu à déterminer le véritable degré de froid auquel elie corres- pond. Enfin il considère l'eau à l’état de vapeur, et il fait cone noître le parti avantageux que la mécanique a su tirer de la grande force élastique que l’eau exerce dans cet état, pour l’aprliquer, comme force motrice , aux mouvemens des machines à vapeur. Après l'eau, les propriétés de l’air fixent l'attention de l’au- teur. Il conSdère successivement la pesanteur de ce fluide, son res- sort , les effets de sa pression pour faire monter et descendre le mercure dans le tube du baromètre, pour élever l’eau dans les corps de pompe, et pour déterminer le jeu du syphon. Ib donne ensuite une démonstration, tout-à-la-fois simple et ingé- nieuse de la loi , suivant laquelle décroissent les densités de l’air à mesure que les couches de ce fluide s’éloignent de la surface de la terre ; il applique cette loi à la méthode employée jusqu'ici pour mesurer les hauteurs à l’aide du baromètre ; il fait connoître en même temps les corrections qu’exigent les résultats auxquels conduit l'emploi de cette méthode, et à cette occasion il en ex- pose une nouvelle, qui a été imaginée par le cit. Laplace , pour servir à ce même genre d'observations. La méthode dont il s’agit ici, a l'avantage sur toutes celles dont on fait ordinairement usage , de fournir des moyens plus directs pour parvenir au but de se propose ; elle ne laissera plus rien à desirer , lorsque la étermination des quantités qui lui servent de bases aura été + ET D/HIIS T OXRLE,/ NATURE L' LE. 419 prise de nouveau avec toute la précision dont elle est susceptible. Enfin l’auteur termine l’intéressant article qui nous occupe en ce moment , en faisant connoître cette idée heureuse qui a été conçue par le même savant le cit. Laplace , de faire concourir les observations barométriques avec les mesures géographiques , pour déterminer d’une manière plus fixe la position des différens lieux. : Le cit. Haüy, après avoir considéré la pesanteur et le ressort de Pair, passeaux effets du calorique pour dilater ce fluide ou en augmenter le ressort. Il expose ,en parlant du premier effet, les nouvelles recherches qui ont conduit à déterminer le rapport d’après lequel se dilatent tous les gaz, depuis la température de la glace fondante , jusqu’à celle de l’eau bouillante. L'auteur fait ensuite connoître comment se produit l’évapora- tion par l'union de l’eau avec l'air , et quelle est la loi à laquelle sont soumises, en généräl , les dilatations des gazet des vapeurs, lorsqu'on les mêle ensemble ; puis il ajoute quelques détails sur les vents et les météores aqueux, et après être revenu sur les effets de l’évaporation , pour en déduire l’origine des fontaines , il donne l’histoire de cette découverte , ‘celle des aérostats, qui pourra , par la suite , nous conduire à des connoïssances intéres- santes pour le progrès de la physique. L'air est enfin considéré comme étant le milieu qui transmet le son. Le cit. Haüy expose d’abord les phénomènes généraux des corps sonores ; de 1à il passe à la comparaison des sons ap- préciables, ét ensuite il déduit des observations relatives aux effets des instramens à vents , la théorie de la propagation du son. Il est facile de reconnoître , à la manière dont cet inteéres- sant article est traité , que l’auteur a fait une étude particuhère de l'art qui a pour objet la musique. L’examen des phénomènes electriques fixe ensuite l'attention de l’auteur. L’électricité , qui n’étoit connûe au commencement du siècle dernier que par de simples attractions et répulsions qu’exercoient quelques substances qui avoient été frottées, est une des branches de nos connoissances que nous ayons cultivée avec le plus d’assiduité et de succès. Aussi l’auteur a eu soin de donner à cette partie de la physique uné étendue proportionnée à son importance. Le cit Haüy traite d’abord de l'électricité produite , soit par frôttement, soit par cominunication , et après avoi rétabli la dis- Linction qui existe etre les différens corps, relativement à ces deux modes d’électrisation , il développe , avee cette clarté et ge © 88 2 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette précision, qui ne laissent rien à desirer, la théorie géné- rale des phénomènes électriques. ! La propriété qu'ont certains corps d'acquérir la vertu élec- trique à l’aide de la chaleur, a fourni à l’auteur plusieurs details intéressans sur les actions électriques de ces corps, et sur la cor- rélation qu’il a observée entre leurs formes , et les positions des pôles dans lesquels résident les deux électricités opposées Nous pensons qu'il ne sera pasinutile de rappeler à nos lecteurs , que si nous devons à AEvinus , d’avoir découvert la cause des phé- nomènes que présente une tourmaline qui a été convenablement chauffée, nous devons à l’auteur , de nous avoir donné l’explica- tion de ces mêmes phénomènes, qui méritent d'autant plus de fixer l'attention des physiciens, qu’ils offrent le véritable terme de comparaison entre Pélectricité et le magnétisme. Ici vient l’examen des phénomènes qui sont produits par l’élec- tricité galvanique , c'est-à-dire , par Pélectricité développée à laide du simple contact des corps. L'article que le cit. Haüy a consacré à cette nouvelle branche de la physique, estsayamment écrit : il mérite de fixer toute l'attention des électriciens. C'est principalement aux travaux du célèbre physicien de Pavie, que nous sommes , comme on sait, redevables des belles découvertes dont la théorie de l'électricité vient d’être enrichie. Tandis que parmi les savans les incertitudes se multiplioient avec les discus- sions, « Volta, dit l’auteur, placé au sein de cette même Italie, qui avoit été comme le berceau des nouvelles connoïissances, dé- couvrit le principe de leur véritable théorie, dans un fait égale- ment remarquable par sa simplicité et par sa fécondité , en ce qu’il ramène l'explication de tous les phénomènes au simple con- tact de deux substances de différentes natures. La doctrine de cet homme célèbre se répandit d'abord dans les pays étrangers, et n’a été bien connue en France que depuis l’époque à laquelle il est venului-même la développer en présence de l’Institut natio- nal. On se rappellera toujours cette séance , où il fut accueilli avec tant d'interêt par un héros que les savans ambitionnent de voir au milieu d'eux, comme les guerriers de le voir à leur tête , et où cet accueil fut suivi d’une distinction qui a doublé la gloire attachée à la découverte elle-même. » (1) ————_—_—————————— (1) Dans la séance tenue le 16 brumaire an 9, par la classe des sciences ma- thématiques et physiques de l’Institut national, le premier Consul, après la lecture d’un mémoire où Volta exposoit sa découverte , proposa de décerner une médaille d’or à ce physicien, Le 11 frimaire suivant , la classe adopta una- ÉTT UD? HT ST ON RE INA TU RE LIRE. 421 L'auteur expose d'abord les expériences faites par Galyani , sur les animaux à sang froid , et les conséquences que l’on en avoit tirées ; puis il développe la théorie de Volta, et en fait l’applica- tion à la pile qui porte le nom de ce physicien , et aux différens effets qu'elle produit. De là il passe aux observations faites sur les poissons électriques , tels que la torpille , dont les propriétés semblent dériver d’une structure analogue à la disposition des élémens de la pile. Enfin , après avoir considéré l'électricité gal- vanique sous les rapports qni la lient avec la chimie, par le phénomène de la décomposition de l’eau, il réunit sous un inême point de vue l’ensemble de tous les rapprochemens, qui tendent à ne nous montrer , dans l'électricité développée par le contact des corps, qu'une simple modification de l'électricité ordi- naire. La similitude qui existe entre les lois auxquelles sont sou- mises les actions des corps qui ont reçu la vertu magnétique , et celles des corps idio-électriques , plaçoit naturellement la théorie du magnétisine à côté de celle de l'électricité. . Les premières théories sur le magnétisme se ressentent des idées; systématiques qui dominoient alors. On avoit recours , à cette époque , soit à des tourbillons, soit à des effluves ; pour rendre raison des phénomènes que présentoit l’aimant. AEpinus est le premierqui , pour expliquer ces phénomènes, ait employé de simples forces soumises au calcul:« Ge fut , ditl’anteur , en tenant une tourmaline qu'il conçut l’idée qui a servi de base à sa théorie. 11 venoit de découvrir que les effets de cette pierre étoient dus à l'électricité ,‘et avoit remarqué qu'elle repoussoit par um côté et attiroit par l’autre un petit corps électrisé, Il donna à ces deux côtés le nom de pôles , et ce mot , qui auroit pu ne passer que pour une expression plus commode, devint, dans son esprit, de véritable mot. Il vit dans la tourmaline une espèce de petit aimant électrique ; etcomparant les phénomènes des vrais aimans avecceux des corps idio-électriques , il trouva que les actiens des-deux fluides pouvoient être ramenées aux mêmes lois, et joignit ainsi au mérite d’avoir perfectionné Ja théorie de l’électricité , et créé , pour ainsi dire , la théorie du Lo ninement l’avis de la commission nommée à cet effet, qui étoit d'offrir à Volta la médaille de l’Institut, em or , comme un témoignage de la satisfaction de la classe, pour les belles* découvertes dont il venoit d’enrichir les sciences, et comine une preuye de sa reconnoissance pour les lui ayoir communiquées. 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE magnétisme , celui d'attacher à un même anneau les deux gran- des portions de la chaîne de nos connoiïssances. » La théorie du magnétisme se trouve développée dans l'ouvrage du cit. Haüy d’une manière entièrement neuve, et avec cette fi- nesse d’esprit qui cara@térise tous les écrits de ce savant. L'auteur en faisant connoître les recherches de plusieurs physiciens sur le magnétisme , auroit eu souvent occasion de se nommer lui-même, s’il ne s'étoit fait un devoir de se borner au simple énoncé des ré- sultats auxquels l'ont conduit ses propres travaux. L'auteur conçoit les phénomènes magnétiques, de même que les phénomènes électriques, comme étant produits par les ac- tions simultanées de deux fluides Après avoir exposé les prin- cipes qui servent de bases à la théorie dont il s’agit, il fait con- noître la méthode qui a été suivie pour déterminer suivant quelle loi s’exercent , à distance , les actions magnétiques 3 il passe ensuite à l’explication des effets que produisent les corps auxquels on a communiqué la vertu magnétique , tels que les attractions et répulsions; il s’attache.sur tout à éclaircir les es- pèces de paradoxes que présentent plusieurs deces effets. Enfin, suivent les applications de la théorie , aux différentes méthodes d’aimanter. Les phénomènes produits par le magnétisme de notre globe, occupent ensuite le cit. Hauy. Il expose tout ce que l’observa- tion et la théorie nous ont appris , relativement à la déclinaison et à l’inclinaison de l'aiguille aimantée , aux variations que l’une ét l’autre subissent, à ces perturbations localeset passagères que l’on nomme a/follemens:; enfin , dans un article particulier, il considère l’etat de magnétisme habituel où se trouxent, en vertu de l’action aimantaire du globe , les différentes mines de fer ré- pandues dans Le-sein de la terre. L'auteur termine ce quia rapport à l'aimant parune réflexion qui sort naturellement du sujet qu'il vientdetraiter. «l/aimant, dit-il , n'a été pendant longtemps qu'un sujet d’amusement. Il ne paroissoit plus rien en l'absence du fer, et cependant une dé- ‘couverte imprévue a prouvé qu’il mavoit besoin que de lui- même pour nous rendre des services importans , et que , sous l'apparence d’un simple jeu, il avoit caché jusqu'alors un pré- sent inestimable destiné à la navigation , et depuis cette époque, toutes les ressources d’une physique ingénieuse ont été em- ployées pour donner aux aiouilles de boussole la forme la plus convenable pour augmenter leur énergie , ét leur procurer une mobilité qui les rendit plus dociles à l’action du globe terrestre. ÉT D?HISTOLTRE NATURELLE. 423 Ainsi, parce qu'un objet relatif aux sciences ne semble d’abord conduire qu’à des spéculations oïisives , ce n’est pas un motif pour le condamner à l’oubli : ontre qu'il en résulte des connois- sances propres à exercer la sagacité de l’esprit , et à orner la rai- son, ces connoissances servent souvent eilesmêrmes à éclairer des vérités d’usage qui en sont voisines , et elles. participent des avan- tages de ces dernières, en nous aidant à les approfondir ; mais de plus , elles peuvent recéler à leur tour une utilité cachée, qui enfin se déciarera , et les momens que nous leur. donnons, p'éparent peut-être celui où elles cesseront d’être stériles pour le bien de la société.» L'anteur a réservé pour la fin de l’ouvrage la plus délicate de toutes les théories , savoir celle qui concerne la lumière, « Après avoir développé , dit-il, les diftérens phénomènes produits par les fluides répandus autour de nous, et dans les régions voisines de notre globe . nous nous élèverons maintena:t jusqu'à la con- sidération de la lumière qui a sa source dans les astres, et dont l'action embrasse la sphère entière de l'univers. » La partie du Traite qui est consacrée à la lumière, étoit certai- nement la plus difficile à traiter, et celle qui deimandoit , à- la-fois , le plus de connoissances et de travail. En effet, quelle sagacité n’a t-il pas fallu apporter pour développer , et nous pou- vons même ajouter , souvent pour completter une théorie qui a tant honoré le génie de Newton !ilsuflit, pour se convaincre de cette vérité, de considérer d’une part combien peu ce même Newton avoit été jusqu'ici entendu , et d’une autre part, que le temps et les’'circonstances n’avoient pas mis ce grand homme à portée de perfectionner également toutes les parties de son im- mortel ouvrage. * Le cit. Haüy discute d’abord les deux opinions , dont l'une fait consister la lumière dans une émanation des corps lumineux , et l’autre dans un fluide mis en vibration par l’action des mêmes corps , et il expose ensuite les raisons qui établissent la préférence en faveur de la première de ces opinions. Et après avoir fait connoître la méthode dont on s’est servi ponr mesurer la vitesse de la lumière, il donne la description de l'aurore boréale , consi- dérée comme un simple phénomène de lumière. L’auteumpasse ensuite à l’exposition des lois de la réflexion et de la réfraction de la lumière. Il considère les relations qu'ont entre elles ces deux espèces de déviations, et il fait voir comment on peut ramener l’explication physique de l’une et de l’autre à une action du genre de celles qui s’exercent à des distances pres. 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu’infiniment petites ; action que nous retrouvons être la même dans le phénomène connu sous le noi d’énflexion, ou de dif- fraction de la lumière. Enfin, pour completter la théorie des forces que les corps exercent sur le fluide lumineux, le cit. Haüy developpe : « les résultats à l’aide desquels Newton avoit lu , en quelque sorte , dans les lois de la réfraction , combinées avec la densité des corps, que le diamant étoit un combustible, et que l’eau renfermoit un principe inflammable. » De là l’auteur passe aux découvertes du grand Newton sur la nature de la lumière, considérée comme un mélange d’une infinité de rayons différemment réfrangibles , etoffrant, dans leurs cou- leurs une gradation imperceptible de nuances qui se rapportent à sept espèces principales. Ces résultats d'expériences conduisent naturellement le cit. Haüy, à donner l’explication de la manière dont se forme l’arc-en-ciel , et à faire connoître les conséquences que le géomètre anglais a déduites du phénomène des anneaux colorés, par rapport aux couleurs naturelles des diverses subs- tances , et à la différence entre les corps transparens et ceux qui. sont opaques. V2 Vient ensuite l'examen des phénomènes dela vision. L'auteur, après avoir décrit la structure de l'œil , et considéré cet organe dans les circonstances où , guidé,par le tact , il acquiert un exer- cice qui devient comme le fondement des règles d’après lesquelles nous jugeons de la forme , de la grandeur et de la distance des objets, explique comment le défaut de quelqu’une des conditions que supposent les mêmes règles , entraîne l'œil dans ces erreurs que l’on a nommées i//usions d'optique. : Aux effets de la vision naturelle succèdent ceux de la vision aidée par l’art. Les lois de la réflexion nous feront concevoir , dit. l’auteur , comment se produisent les images des objets , telles que nous les offrent les miroirs en général. « Nous envisageons ensuite , ajoute-t-il , les effets de la lumière refractée par rapport à la vision ; et supposant d’abord un milieu réfringent, à surface plane, et un point radieux placé dans son intérieur , nous traite- rons la question relative à la détermination du point de concours imaginaire des rayons qui , après être partis du point radieux, se dispersent, par l'effet de la réfraction , en passant dans un mi- lieu différent. » ds Le cit. Haüy , après avoir appliqué la théorie qui nous oc-, cupe en ce moment à la vision des objets situés dans l’eau, rap-, porte cettepropriété, très remarquable, qu'ont certaines substan- ces de doubler les images des objets vus à travers deux de leurs faces, 4 BAND’ HIS OL RE N AT U'R E L'L E 425 faces , prises de deux côtés opposés, et il expose ensuite cette belle théorie , à l’aide de laquelle il est parvenu À rendre raison des phénomènes que présente en particulier la double réfraction de la chaux carbonatée. Enfin , l’auteur a terminé cet article en développant les effets des verres simples qui , au moyen de leur courbure, aident notre vue, ou remédient à ses imperfections. La théorie de ces effets l’a conduit à expliquer ceux que produisent différens instrumens, tels que les télescopes , les microscopes, etc. et à cette occasion, il a présenté avec la plus grande clarté le principe sur lequel est fondée la construction des lunettes achromatiques, longtemps retardée, comme on sait, par l'obstacle que lui opposoit l’auto- rité de Newton: Nous regrettons de mavoir pu entrer ici dans de plus grands détails, et d’avoir été forcés de nous borner , en quelqu esorte , au simple énoncé des articles que renferme cette partie impor- tante de la physique, où le cit. Haüy a développé d’une manière si savante et si digne de Newton la plus belle de toutes les théo- ries. Tel est le plan que lé cit. Haïüy a suivi dans la composition. de l'excellent Traité qu'il vient de publier, et qu’il a modestement placé entre l’indulgence et la sagacité des maîtres habiles qui se- ront appelés dans les lycées nationaux. Le cit. Haüy , dans tout ce qu’il a emprunté à la chimie, s’est borné à ce qui étoit nécessaire pour l'intelligence des phénomè- nes qui dépendent en particalier de l’affinité ou de quelqu’autre force analogue. Il étoit d’ailleurs , ainsi qu’il le fait remarquer avec raison , d’autant mieux dispensé de s'étendre sur les con- noissances relatives aux actions de ces forces , que la France est redevable aux travaux de plusieurs chimistes cétèbres de différens ouvrages , Où ces connoissances se trouvent développées d’une manière qui me laisse rien à désirer. En lisant l'ouvrage du cit. Haïüy dont lestyleest aussi précis qu’é- légant,on ne tardepasàreconnoître quele but del’auteur a été d’of- frir un traité de physique raisonnée , et non pas un de ces recueils où toutes les théories se trouvent rapportées sans être discutées. C’est pour cette raison qu’il n’a cité que les expériences les plus: décisives , en ayant soin de donner aux conséquences qui s’en dé- duiïsent tous les développemens convenables. « Une explication , dit-il ; devient vague, lorsqu'elle est réduite à ce qu’elle a de plus général. Les détails sont , pour ainsi dire , la pierre detouche des théories ; ils en garantissent la justesse, ou en décèlent la fausseté. Tome LV II. FRIMAIRE an 12. Hhh 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ils nous mettent à portée de suivre pas à pas la marche de la na- ture ; ils nous font appercevoir tous les rapports qui établissent la dépendance mutuelle des faits, soit entre eux, soit avec le fait qui sert de base à la théorie. Ils amènent ces idées fines qui prfectionnent et liment, pour ainsi dire , la conception dun phénouène. Les développemens ont de plus cet avantage, qu'ils remplissent des vides susceptibles d'être sentis par ceux qui veu- lent approfondir et vont au-devant des questions qui laisseroient des nuages dans l'esprit. » à BOT: A NAT OUTRE LUE OUR E DES. PVR ET N'RURES" Par Purzrprpe Prcor-Larexnouse, de l’Institut national de ” France, de l’Académie des sciences de Stockolm , de la société d'agriculture de Paris, Toulouse, Grenoble, Montpellier, Caen , etc. etc. Grand in-folio, figures coloriées; 1,2,3, 4 livraisons. A Paris, chez A. Benrranp, libraire, quai des Augustins, n°. 35. Lorsque nous publiâmes dans ce journal (1) l'analyse raisonnée de la première décade de la Wore des Pyrénées, nous annonçâmes engagement que son savant auteur avoit contracté de traiter à fonds plusieurs genres , et de donner dans les premières livrai- sons la monographie des saxi/rages. Iltüient aujourd’hui sa pa- role. SO, + 11 publie troislivraisons à-la-fois. Des contre-temps, des contra- dictions, la gravure, la cécité survenue au graveur }; que Zapey- rouse avoit formé, ont retardé cette publication ; le discours est imprimé depuis l’an 9. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons déja dit (2) du plan général de cet ouvrage , de la magnificence de son exccu- tion, de la beauté du texte, de la vérité, de l'élégance, de la per- LT IE EIRE OR 1) Journal de physique , juillet 1794 ; page 74. 2) Loc. cit. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 féction des figures , du faire particulier de l’auteur , nous ren- voyons nos lecteurs à l'extrait que nous en donnâmes dans le temps ; aujourd'hui nous allons tâcher d'analyser son travail, et d’en donner une idée claire et precise. Les saxifrages forment un genre de plantes nombreux, obscur et difficile ; la plupart habitent les cîmes escarpées des grandes chaînes de montagnes; fort peu de botanistes les ont observées vivañites dansleur pays natal. Murray dans son systéme des vé- gétaux a décrit 32 espèces de saxifrages d'Europe. Willdenow, qui écrivoit en même temps que Lapeyrouse , n’en présente que 37 espèces d’indigènes dans son species plant. Lapeyrouse en fait connoître 44 qu'il a observées sur les Pyrénées; dans ce nombre onze espèces sont décrites et figurées pour la première fois. La découverte presque toujours fortuite des espèces , l’art de les bien décrire, sont sans doute d'un grand intérêt pour la science, puisque la connoïssance des espèces en est le dernier terme , mais le savaut qui y est profondément versé, peut lui rendre des services plus importans. Les anciens botanistes avoient vu presque toutes les plantes d'Europe ; les plantes alpines sur-tout avoieut fixé leurs regards d'une manière particulière ; mais comme l’analyse des parties es- sentielles des végétaux, et la science des caractères leur étoit inconnue, ils n'ont signalé les plantes que par des phrases comparatives ou insignifiantes ; ce sont aujourd’hui presque au- tant d’énigmes qu'ils ont laissé à deviner aux botanistes qui les ont suivis. Ceux qui ont recueilli l’histoire générale des plantes, et qui n’ont pas été à portée de consulter les herbiers des anciens, ont nécessairement commis de grandes erreurs dans la description des espèces , et plus encore dans la synonimie ; parce qu'ils n’ont eu le plus souvent pour guides que les phrases vagues et indéter- minées des anciens , qu'ils n’ont point vu leurs plantes, ou qu’ils n’en ont vu que des brins secs et déformés. Les modernes dans leurs flores ont encore accru le mal ; ils ont voulu ramener aux espèces déja signalées par les méthodistes, celles qu’ils ont observées, ou décrire comme nouvelles celles que les anciens avoient déja connues, il en est résulté une confusion d’autant plus dangereuse pour la science , qu’ils appliquoient le plus sou- vent les phrases des anciens à des espèces différentes de celles que ces pères de la botanique avoient réellement décrites. Enfin les modernes eux-mêmes sont peu d'accord dans leurs ouvrages sur plusieurs espèces; les uns regardent comme espèces Hhh 2 \ 428 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE ce que d’autres veulent être à peine une variété. Cette diversité d’opinion ne provient que dun défaut d’observation de la plante vivante et spontanée , et sur-tout de ce qu’on n’a pas saisi les différences que les parties de la fructification offrent dans chaque espèce, c’est-à-dire, ses vrais caractères spécifiques. Tel est le chaos que Lapeyrouse a entrepris de débrouiller pour les saxifrages ; voyons comment il a conçu et exécuté son travail. Il trace d’abori dans son discours préliminaire les bases et les motifs de sa monographie. à Il démontre la nécessité de la refonte de ce genre ; plefn des principes fondamentaux de la science posés avec tant de sagacité par Linnœus, 1l fait voir l'importance de la connoïssance des espèces , dernier terme de la science, les difficultés qui s’opposent à ses progrès , la marche qu’on doit suivre pour les accélérer , et sur-tout pour que cette connoissance acquière une solidité-et une immutabilité qu'on ne peut trop desirer. Il pense qu'il existe un grand nombre d'hybrides dans les genres nombreux , ce qui ap- porte de nouvelles difficultés à la distinction des espèces ; il rap- porte une observation curieuse de Villars , qui a vuune saxi- frage frybride se former, croître et se perpétuer sous ses yeux. Il desire qu’on étudie les mœurs et les habitudes des plantes comme celles des animaux ; idée neuve.et heureuse qu’il à réalisée dans ses descriptions, et qui doit fournir une foule de considérations propres à distinguer les espèces les. plus difficiles. Il est vrai que la culture qui les déforme promptement , la dessication qui em oblitère le portet la disposition de leurs parties , ne peuvent four- nir des observations de cette nature : aussi Lapeyrouse attache: une haute importance , ainsi que Linnaeus, à l'étude des plantes: spontanées et vivantes. On voit qu’il a mis àexécution les pré- ceptes qu'il retrace d’après Linnaeus ; il a reconnu dans le genre: entier une foule de caractères qui lui sont particuliers, et qui prouvent non-seulement une grande habitude et une grande finésse dans l’observation, mais encore un esprit d'analyse , et ce jugement exquis ( acerrimum judicinm) que Linnaeus exige de ceux qui s’attachent à l’étude des espèces. Ce discours préliminaire pensé avec force , disposé avec mé- thode , écrit avec noblesse , suffiroit seul pour assigner un rang distingué à Lapeyrouse parmi nos meïlleurs botanistes. Dans un temps où leurs travaux semblent se diriger vers la perfection des, genres , où on les multiplie peut-être avec une dangereuse faci- lité ,etoù, en leur accordant trop d'importance , on s’écarte ET D'HISTOIRE NATURELLE. 429 du véritable but de la science, il est heureux, il est utile que quelques botanistes nous y rappellent et s'occupent exclusive- ment de la recherche, de l'étude et de la connoissance des es- pèces. A Après avoir assigné les caractères , dont l’ensemble constitue celui du genre , Lapeyrouse divise ses 44 espèces en trois grandes sections. k À Feuilles très-entières....... B Feuilles découpées en scie... Coriaces. 4 C Feuilles petites ; ciliées , dures 6 } 23 D Feuilles lobées .............: 3 | E Feuilles crénelées .....!.... 4 % 4 x À Feuilles indivises:...7. 1. 6 4 Herbacées { © peuilles lobées.. … 22... 10 à 10 Fruticuleuses 20, 20201 0022 RS MID, 50% 44 Nous passerons rapidement ces espèces en revue. | 1. Saxifraga longifolia , une des plus belles plantes qui exis: tent , connue seulement par Tournefort ; il seroit trés facile de la confondre avec la belle variété de S. pyramidalis figurée par Dodart, sans la considération de ses feuilles longues très-étroi- tes, et point découpées en scie. : 2. 8. calyciflora. On n’ayoit point encore observé la fractifi- cation singulière de cette espèce qui se consomme entièrement dans l’intérieur du calice. Vaillant l'avoit vue; Gozan l’avoit signalée ; Lamarck en a donné dans l’Ezcycl. une figure impar- faite. 3. S. aretioïdes. C’est encore une espèce de Tournefort que les modernes n’ont point connue. Très-remarquable par son port et ses pétales crénelés. 4. S. luteo-purpurea , espèce neuve ; Lapeyrouse l’'avoit crue une hybride ; il nous a écrit que depuis l'impression de sontexte, H avoit recueilli et semé ses semences , qui ont levé et lui ônt donné la plante telle qu'il l’a décrite et figurée ; ainsi plus de doute. 5. S. recurvifolia, C’est la caesia de Linnæus ; maïs plusieurs ayant cet aspect glauque, et aucune autre n’ayant ses feuilles recourbées , Lapeyrouse à préféré cette dénomination caracté- ristique, 430 JOURNAI: DE PHYSIQUE, DIE CHIMIE 6.8, planifolia, jolie espèce d’A/Lioni, mais mal. nommée muscoïdes ; ses feuilles sont applaties, et rien ne ressemble moins à une mousse que cette planie. 7. S. mutata , bien connue d’Haller, Jacquin , Alloni. 8. S. pyramilalis. Les modernes.comme les anciens ont con- fondu sous le nom de S. cotyledon plusieurs espèces très - dis- tinctes, mais difficiles à caractériser. ; F 9. S.recta , 10.8. aïzoon, déja séparée par Jacquin , sont des démembremens de la 8. coy/edon de Linnaeus. L'auteur as- signe à chacune des trois ses véritables caractères, qu’il rapproche dans un tableau pour mieux les opposer les uns aux autres. 11. S. burseriana , espècé très-connue sur.,les montagnes d'Italie ; rare chez nous. 12, S.bryoïdes. 13. S. aspera. LL 14. S. oppositifolia. 15. S..bifloræ. 16. S. retusa. Les bota- nistes n’étoient point d’accord sur l'identité ou diversité d’es- pèce pour ces trois plantes. L’analyse pouvoit seule décider cette question. Lapeyrouse a réuni dans un tableau synoptiqne les rap- ports et lés différences de chacune de leurs parties ; leurs ca- ractères spécifiques deviennent très-saillans par ce moyen , et démontrent invinciblement la diversité de ces trois espèces. 17. S. groënlandica. Les anciens et les modernes ont connu cette espèce , la plus alpine de toutes , puisque Lapeyrouse l'a souvent observée À trois kilomètres deux hectomètres ( plus de 1650 toises ) d’élévation ; mais il n’en estaucune sur laquelle les auteurs se soient moins entendus. Lapeyrouse rétablit ses carac- tères , assigne ses yrais synonimes, discute les principales erreurs de ceux sur-tout qui.l’onticonfondue avec la caespitosa. 18. S. xirta, celle-ci n’a été connue que d’A{//ioni et de Villars, qui l'ont prise mal-à-propos pour la caæespitosa, et Le lui ont donné dessynonimes. qui ne sauroient lui convenir. a peyrousea de: plus figuré une de ses variétés très-intéressante. 19. S. adscendens ; autre espèce qui a donné lieu à de grandes méprises , et à une critique très-utile et très-j udicieuse de la part de l’auteur. 20. $. ambrosa. 21. S.cuneifolia. 22. S. hirsuta. 23. S+ geum. Ces quatre espèces quoique communes font hésiter cha- que jour les botanistes les plus exercés. Linnaeus se plaignoit de. ce qu'aucune bonne figure n'exprimoit leurs caractères. Lapéy- rouse a rempli, son vœu.;.il a, rapproché les caractères de ces 4 espèces, afin de les, faire mieux ressortir par leur opposition. 24. . sedoïdes, vue pour la première fois hors de l'Italie, EIT D’HU S TOUR E ?N'A TU RE LL E. ! 431 25.8. autumnadis, 26: S.-androsacea , 274$. stellaris ont fourni matière à des critiques, des réformes , et des observations très-utiles. Isq a5111091 9 9 15q: 2! 28 8. leucanthemifolia. Cette espèce connue (des anciens rest dans leurs herbiers; Gozan estle seul des modernes:qui l’ait vue. Lapeyrouse'a établi sa synonimie , donné sa figureret assigné les nombreux et sirgnliers attributs qui la distinguent.ii , 4000 29. S. rotundolia.! Il mauquoit une, boine fgure de cette espèce. ornyil DIE * ” 3.5, granulata | commune»£apeyrouse signale une de'ses variétés très singulières 211114 pau dE 51. 5.cernua: Aux. Pyrénées elle est privée de ces’ bnlbes axillaires qu'elle a souvent en Laponie: ‘111: 3. S. aqguatica ; ‘confondue ou prise pour la S. petraa de Linnaeus, même pour sa caespitosa, par Gunner. Aucune autre ne présente une aussi rade ‘confusion dans lès synonimes. Lapeyrouse les discute , les rétablit ; assigne ses vrais caraotè- res , les limites de ses belles variétés ,; et en donne de bonnes f- gures. CHE 335. 8. capitatæ. Cette espèce étoit absolument inédite ; quoi- qu’elle se trouve dans les herbiers de Tournefort et de Vaillant. 34. S. ajugæfolia, 35, S. Hypnoïdes , deux espèces toujours conlondues l’une avec l’autre parles modernes. Lapéÿrouse a consulté l’herbief de Linnœus ‘pour la première ÿ la seconde offre dans ses bourgecns un earactère ufiques |? su ; 86. 8. intricata | ‘absolument neuve. 37.08. annua | trè6- connue, : |! : fr 0 > 5h 910. $SI8LT bee 38.8. caespitosa ; et ses deux bélles' variétés. Æaller se plaignoit de ce que cette planteétoit presque inextricable. Ceux ‘qui sont venus après Ini n’ont fait qu’accroître ce désordre. ‘La- péyrouse n’a point été effrayé de ces ‘difficultés. L'observation et l’analyse lui ont servi de guide; il a débrouillé les synonimes,, établi des caractères bien tranchés , distingué les variétés, et donné d’excellentes figures. 39. $. moschata. Jacquin a , le premier , distingué cette es- p ce très-connue des anciens. Il restoit encore à faire après lui. 40. S.nervosa_ Cette espèce appartient aux modernes. V'il- Zars l’a bien décrite. 4/lioni Va confondue avec l’Aypnoiïdes. Lapeyrouse la décrit , la figure, et fixe ses caractères d’après de nouvelles observations. 41. S.pertadaciylis. 42.. S. palmata. 45. S. ladanifera. Ces trois espèces sont absolument neuves. Leur figure et leur descrip- 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tion sont une conquête pour la science. La première est remar- quable par les longues lanières linéaires de ses feuilles ; la se- conde par son calice tubulé et ses feuilles palmées , la troisième par-son port, les lobes de ses feuilles, et sur-tout par les paquets de gomme aromatique dout elles sont couvertes | 44. 9. geranioïdes. ‘Il n'y a pas dans ce genre d'espèce plus connue, ni qui ait donné tu à plus de méprises: Lapeyrouse distingue ses variétés , établit ses caractères, réforme sa syno- nimie, et y ajoute unc excellente figure. -0 Ainsi tout se réunit pour recommander cet ouvrage ; finesse dans l’observation , discernement dans lacritique,-érudition ju- divieuse, perfection dans les descriptions ,-vérité.et élégance dans les figures, et magnificence dans la typographie. L’auteur a eu de grands avantages ; il a étudié les herbiers de Tozrnefort .et de Vaillant et des'anciens botanistes et la riche collection des vélins du muséum d'histoire naturelle. Ila entretenu les communica- tions les plus suivies avec Linnœus, Jacquin, Thumberg, Al Lioni, Villars, et les autres botanistes les plus,célèbres ;.dès-lors il a puisé à la source , et nous a transmis dans toute sa pureté la -tradition des'anciens ; il. a pu juger les opinions des modernes sur leurs propres plantes autant que sur leurs ouvrages ; ilin’a donné la.figure que des plantes qui n’en ayoient point; ou qui n'étoient.pas caractéristiques ; il a cité à chaque espèce celles que nous avions déja ;; et il. leur. assigne avec impartialité le degré de mérite dont elles doivent jouir, relativement à leur perfection et -à leur utilité. Nous'aurons donc aussi une flore nationale; qui ira prendre sa place à côté de celles d'Autriche et du Danemarck: Nos lecteursjoindront certainement leurs vœuxaux nôtres, pour hâter la continuation d’un ouvrage qui ne peut qu'ajouter de nou- veaux titres à la réputation, que les travaux dé l’auteur sur.la z00- logie et la minéralogie des Pyrénées lui ont déja si justement ac- quise. MEMOIRE ESTDP HS TI OMRIEN NAT URIE L LE. 473 L NICE "ONF OP PURE SUR LES AREOMÈTRES; Par Barré d'Orléans. Dans l'étude des sciences et la culture des arts, l’économie du temps est une chose trop précieuse pour qu’on ne se soit pas cons- tamment occupé des moyens de simplifier les expériences de re- cherche. En physique, et sur-tout en chimie , il estsiintéressant de connoître les densités ou pesanteurs spécifiques des corps , que de tout temps les savans se sont occupés de la recherche et du perfectionnement des moyens propres à les indiquer. - Quoique de toutes les qualités des corps la densité soit une des plus exactement connues, aucun des instrumens dont on se sert pour l'apprécier ne réunit tous lesavantages que l’on peut desirer. La balance hydrostatique donne des résultats assez exacts , et présente le double avantage d'indiquer la densité des solides et celle des liquides ; mais l’usage de cet instrument entraîne des longueurs inévitables. D'ailleurs , cet appareil dispendieux est susceptible d'être gâté et de perdre sa justesse et sa précision dans un laboratoire de chimie. Les gravimètres de Nicholson et de Farenheït conduisent à des résultats encore plus rigoureux. L'usage du premier s’applique aux solides et aux liquides ; mais ces instrumens , outre qu'ils sont d’un assez haut prix et très fragiles , nécessitent des opéra- tions longues et fastidieuses , et donnent souvent lieu à des er- reurs de calcul qui obligent à les recommencer. Les aréomètres , quoiqne destinés seulement à la recherche des densités des liquides , offrent dee avantages inappréciables par leur simplicité et leur peu de valeur , et sur-tout par la facilité de leur usage et la célérité de l'opération. Mais ces instrumens sont encore loin du desré de perfection qu’il seroit intéressant de leur donner. Plusieurs ouvrages ont paru sur l’aréométrie ; mais cette par- tie de la physiqne , quant à J’exécution , n’en est pas moins à son berceau, si les aréomètres en usage sont le seul fruit de toutes les recherches des savans. Quelques notions sur les principes de Tome LV 1I, FRIMAIRE àn 12 Tiji 434. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’hydrostatique . et l'inspection de ces instramens suffisent pour faire voir qu'ils n’indiquent rien , sinon qu’une liqueur est plus ou moins pesante que telle autre, sans indiquer le rapport de leurs densités ; qu’ils n’ont d’autre ayantagesur le premier qui a paru (celui d’'Hypacie ) que d’être quelquefois comparables entre eux, Je dis quelquefois comparables , parce que peu de ces instrumens le sont. En effet, quelques soient les méthodes d’après lesquelles on construit les aréomètres de Beaumé et ceux de Cartier, qui sont les seuls que je connoisse , ces instrumens ne peuvent être tous comparables. Indépendamment de la négligence des artistes , les données qui servent de base étant presque toutes arbitraires , sont susceptibles de grandes différences d’un artiste à l’autre et de varier ainsi les résultats , même chez chacun d’eux. Car, mal gré toutes les précautions, la densité des hiquides, dont on se sert pour graduer ces instrumens , n’est pas toujours constante. Sans parler du changement de température , à laquelle tous les, artistes ont égard sans donte , l’évaporation , l'immersion réité- rée de ces instrumens d’un liquide dansun autre, sans être bien éssuyés , et une infinité de circonstances et d’accidens, changent insensiblement la densité des liqueurs et conduisent à des résul- tats faux , dont on ne s'apperçoit que rarement , sans pouvoir les rectifier d’une manière exacte. L'étalon que chaque artiste se fait à lui-même, pour vérifier ses opérations , n’est pas invulnérable. Le moindre accident peut l’en priver. S’il croit réparer ce mal= heur en remplaçant cet instrument par un autre dont il a été le modèle, c’est à tort ; les deux n’ont pas une parité rigou- reuse, Cethiver (an 10 ) en suivantle cours de chimie de M. Vauque- lin , je fus plus que jamais convaincu de l'insuffisance de ces instrumens , et mê ne deleurinutilité, dans les opérations où il étoit nécessaire de connoître la pesanteur spécifique de divers: li= quides, soit qu’ils fusseut les produits ou les matériaux de ces opérations. Je sentois de plus en plus combien il seroit intéres- sant pour les personnes qui s'occupent de physique et sur-tout de chimie , d’avoir des instrumens d’un usage prompt et facile, pour déterminer exactement la pesanteur spécifique des liquides. Ces considérations m'ont engagé à corriger les aréomètres ac- tuellement en usage , ou à enimaginer d'aussi simples, plus com- parables et propres à indiquer les dengités des liqueurs Si je ne suis pas parvenu à mon but aussi exactement qu’un observateur scrupuleux pourroit le désirer , mes recherches m'ont au moins ET D'HISTOIRE NATURE LE, 435 conduit à un résultat qui facilitera ses opérations , économisera ses instans et le mettra dans le cas de multiplier ses expériences et ses observations. La tâche que je me suis imposée ne na pas présenté d’abord toutes les difficultés qu’il m'a fallu surmonter. Prendre dans la nature toutes les données qui devoient me servir de base , afin que tous ces instruments , construits sur des principes fixes et in- variables , fussent comparables , et donner à chaque division de l'échelle une expression qui indiquât la densité du liquide dont elle marqueroit le degré d'immersion , ont été les premières cho- ses dont je me suis occupé sans beaucoup d'obstacles et avec assez de succès ; maïs il n’en a pas été de même lorsqu'il m’a fallu ima- giner une méthode aussi prompte que facile pour diviser les échelles des aréomètres, conformément aux lois de l’hydrosta- tique. Dans les aréomètres en usage, les divisions de l'échelle étant égales semblent indiquer des densités qui sont en raison arithmé- tique, c’est-à-dire , qui diffèrent toutes d’une même quantité ; mais, comme on en va juger, les degrés de l'échelle aréomé- trique ne peuvent pas être égaux pour indiquer des différences égales en densité. Le but que je me propose est donc : ui 1°. D'appliquer aux aréomètres une échelle propre à indiquer, à un millième d'unité près, les densités où pesanteurs spécifiques des liquides et, par conséquent, de rendre ces instrumens com- parables. 2°. De donner aux artistes une méthode aussi facile qu’exacte pour les bien construire, Pour remplir le premier objet, je développerai les principes sur lesquels sont fondées , en général , les divisions de l'échelle aréo- métrique. Je rempliraide second , en donnant à l'artiste des moyens faciles pour appliquer ces principes à la graduation des aréomètres. La première partie sera purement théorique et la se- conde pratique. I. D'après ce principe général d’hydrostatique : que Zes den- sités ou pesanteurs Spécihques des corps sonten raison difecte des masses et inverse des volrmes, àl résulte : 19, Que les divisions de l'échelle aréométrique ne doivent pas être égales pour indiquer des différences égales en densité. En effet, les degrés de l’échelle d’un aréomètre sont détermi- nés par les différences des portions de son nt > immergées ii2 #36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans les divers liquides. Pour que ces degrés fussent égaux, il faudroit que les volumes de liquide qu'il déplace par ses immer- sions , fussent en raison arithmétique , comme les densités , ce qui seroit une absurdité. 2°. Que les degrés de l'échelle aréométrique , pour indiquer des différences égales en densité , doivent être cn raison des différences des fractions renversées qui expriment ces densités. ces : a à Lg. Ainsi en exprimant par —— 1; l’unité de densité qui sert de a terme de comparaison , les divers degrés de densité des différens liquides pourront , en général, s'exprimer par la suite : GG NMarEE Tr aES aEn—1: » Nr L'AOCC LE et A a & a a a D'ailleurs les volames de liquides , déplacés parles immersions de l'instrument , étant en raison inverse des densités, ces volu- mes seront comme les fractions renversées qui expriment ces den- sités, et représentés par les termes de la suite : a a de AND En 4 gs ù ati at2 a+3 as +(r—:1) Par conséquent , les intervalles des degrés de l’échelle aréomé- trique doivent être les différences des termes de la même suite, «a 2 (4 a a a < — QUE GENEVE NE TNT c’est-à-dire comme, T— a a a = a a POWC EVE TE CE) Eten ne faisant qu’une seule fraction de chaque terme , les de- grés de l’échelle seront exprimées par = a Le rad a Cr «a Cr a @Ea+o, E3a +2, @ÆESa+6, a Æj7a + 12, ps a : a Æ (an—2) an. n—2 HA LUN Les termes positifs donnent les degrés qui indiquent les densités: supérieures à l’unité , et les négatifs indiquent les densités moin- dres que l'unité, Maintenant, pour déterminer sur un aréomètre les différens points d’immersion qui doivent indiquer les degrés de densité des liquides , on plongera l'instrument dans le liquide dont la den- ÊT DHISFOIRE NATURELLE, #33 sité est exprimée par l'unité = Ÿ, Soit, par exemple , cet aréo- [22 mètre représènté par le cylindre ABC, fig. v'e.,et C le point d'immersion. Ce corps étant cylindrique , les portions immergées de son volume , peuvent être exprimées par des lignes comparées à la longueur AC , et menées toutes de l’extrémité A de F'instru- ment sur sa longueur , pour déterminer par leurs différences les divisions de son échelle. , Ü ’ ; , (72 En conséquence, la première ligne AC étant exprimée par a les autres seront comme cette suite : & a «œ Le PU EEE 2 ati at2 a+ a +(n—3) Le signe+ déterminera les degrés inférieurs , etle signe — les degrés supérieurs , comme il est évident. Si le point d'immersion C étoit pris dans un Hiquide d’une autre densité Ile exprimée par 2 6, ensite que celle exprimee TS comme ; par exemple , a+7 ; toutes les lignes comparées à AC seroient exprimées par GAS Me a a CCE a à CEA ETAT ETAT EST ET a X(n—1) Etpar a a 4. ,; @ a (2 CNE A Le ET À at5” at4° a+3° ab ati a° a+i? a . etc 6323 La première suite déterminera les degrés inférieurs dans le cas dü signe positif, et les supérieurs dans le cas du signe négatif. La seconde suite déterminera les degrés dansle sens-contraire. Maïs j'observe que la figure de l'instrument ne peut pas être cylindrique dans toute son étendue, sans nécessiter une longueur considérable. Ces instrumens, pour flotter sur les liquides dans fne situation verticale, nécessitent que le centre de gravité soit très-près de l’extrémité inférieure. Pour diminuer leur longueur et les rendre d’un usage commode , on leur donne ordinairement la figure d’une boule creuse D , fig. 2 ; cette boule est surmontée d’une tige cylindrique BC , et prolongée inférieurement par une courte tige à l’extrémité de laquelle est une petite boule A, qui 438 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE sert de lest, On proportionne là masse de cette boule en raison des densités des liquides sur lesquels l'instrument doit flotter. Cette figure, d'ailleurs,mé chahgë rien à la théorie; car quelle- que soit la figure de la'portion de l’instrament qui est constamment plongée dans la liqueur, elle n'apporte aucun changement dans les rapports des volumes de liquides déplacés. Mais comme le volume de la partie plongée ABD ne peut pas être apprécié par sa longueur , 1l faut prendre deux points d'immersion sur la tige BC, pour déterminer la valeur de chacun des degrés de cet ins- trument. Soient , par exemple, B et C les deux points d'immersion dans deux liquides dont les densités soient exprimées par & = 4 ét a+ 06 , les espaces, à païtir du point B au point G, seront comme [14 «a a Cette ne NN ne ee SU ga i2 —b5Sat6 Sata æ—a" a [44 a Pa? Bas grés au-dessous de B. à ——"—; eten suivant, pour les de- æ +11 & 4-30 Ceux au-dessus de C seront : a a 3 t —————..., etc &—9 a +20? &—j\1at30 À} Cela posé, si l'on faitæ— 10, 4 —4o0., a = 1005, -on aura des degrés qui indiqueront les densités exprimées en dixièmes, -centièmes ou millièmes- de l'unité principale. Faisant «dans: cet exemple, a — 10; les espaces entre C et Bserontcomme, TOMEOLCIOPATO 10 10 10 10 10 10 Re D'où il résulte : 42° 56? 68° 90° 100° 132? 156° 182” 210” 240 1°. Que-chaque dénominateur indique en combien de parties l'intervalle BC doit être divisé, pour donner dix de ces parties au degré qui lui correspond. 2°. Que pour ne faire qu’une seule opération, il faudroit di- viser BC en autant de parties égales qu’il.seroit exprimé par le produit de tous les dénominateurs de la suite , et réduire tous les termes à la commune dénomination , afin de donner à chaque degré autant. de ces parties qu’il seroit marqué par son numéra- teur correspondant. 30, Que s’ilest facile de déterminer par le calcul la valeur de chacun des degrés de l’échelle d’un aréomètre , il n’en est pas de même pour lui assigncr cette valeur dans l'exécution. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49 - Si en ne considérant les densités qu’exprimées en dixièmes , la division de BC présente déja de grandes difficultés, cette di« visiow sera physiquement impossible. Si les densités sont expri mées en centièmes ou millièmes de l’unité principale; ear j’ob- serve que si 4 100, Qu == 1000 , le nombre des espacés de l’in- tervalle BC se trouve décrplé on centuplé ; et que chaque déno- minateur est cent fois ou dix mille fois plus grand, et en second lieu , que les difficultés, dans la division des lignes, croissent comme la, raison composée de la directe du nombre des parties et de linverse de leurs grandeurs. | Sans une méthode particulière:, la graduation des aréomètres , conformément aux lois de l’hydrostatique , ne pourroitdonc pas être effectuée. par:les moyens donton,se sertordinairement pour diviser les lignes. eyes ; - Après avoir renoncé à plusieurs moyens mécaniques trop. dis- pendieux ou incxacts, je me représentai un triangle arbitraire dont la'base fut divisée en un certain nombre de parties égales, et je menai, par la pensée , une ligne à chaque point de division de la base de ce triangle. J’imaginai alors qu’une ligne menée dans ce triangle et coupée par les,obliques., devoit m’offrir : 1°. Une infinité de positions plus ou moins obliques avec la base. 2°. Dans chaque position , une suite d'espaces dont la raison depuis l'égalité devoit croître selon une loi constante. 30, Que dans l’une de ses positions cette ligne pourroïit peut être in'offrir une série d’espaces proportionnels aux degrés de l'échelle aréométrique générale. Encouragé par ces réflexions , je me suis livré à quelques re- cherches, et sans de grandes difficultés , je suis arrivé à mon but. Voici la méthode que j’ai trouvée pour diviser , par des intersec- tions , une ligne quelconque en parties proportionnelles aux dif- férences des fractions renversées qui expriment les densités en raison ari:hmétique. Sur une ligne imdéfinie AB, fig. 3, je prends à volonté trois parties égales, AD, DE, EB , sur la somme desquelles je forme le triangle arbitraire ACB (1); du sommet C, de ce triangle et (1) Si dans la théorie la figure de ce triangle est arbitraire , 1l est utile de luï en, donner une déterminée dans la pralique. Les intersections des lignes sont d'autant plus exactes qu’elles approchent davantage de l'angle droit. La figure la plus favorable pour l’exacüitude des intersections de DB et HE, qui sout les plus “io JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE par chaque point de division de la base , j'abaisse CD et CE que je prolonge indéfiniment ; par le point E et parallèlement à CB je mène l’indéfinie EF, et par le pointC, parallèlement à AB, je mène CF. Maintenant , si je représente par EB l’unité principale de den- sité , ou la densité du liquide prise pour terme de comparaison ;| DB représentera une densité double , èt AB une densité triple. Cela posé , je dis que FE représente l'unité du volume de l'instrument immergée dans lé liquide dont la densité est expri- [EN ) mée par = 1 ; FH la portion dé ce volume immergée dans un El SI2O1DY 1 : 9i 1x1 j à liquide dont la densité est double, et FG celle immergée dans um liquide d’une densité triple, FE et CB étant parallèles , FE + co représentera le volume infini immergé dans le zéro de den- sité. | Pour que ce principe soit vrai dans sa généralité, les densités étant exprimées par ©, a ,2a , 3a, il faut que FE+! œ,FE,FH, EG, etc., soient exprimées par = = sels etc, Or, c’est ce qui est évident. £ En effet, lestriangles FGC , FHC, FEC , chacun semblables; à leurs cerrespondans AGE , DHE , ECB , donnent 1 GES # FH—;:DB, FC—EB; par conséqnent, EF, qui représente l'unité de volume de l'instrument étant exprimée par a ona FG—-©,FH—T, FE—°,FE + —T. [42 [22 Les parties de FE+ © étant en raison des fractions renversées qui expriment les densités des liquides, les espaces GE, HE, étc., sont donc comme les différences de ces mêmes fractions renversées ; les espaces de FE+ « sont donc proportionnels aux degrés de l’échelle aréométrique générale, nécessaires dans la pratique , est celle dans laquelle les ligne DC et BC $ont per: pendiculaires. Les lignes CD et HE, ainsi que CE et DB, dans ce cas, sont aussi perpendiculaires. Voy. la fig. 4. $ ET D'HISTOIRE/NATURELLE, PO Si l’on fait a— 2 , chaque partie de AB sera divisée en deux parties égales. Menant de l’angle C une oblique à chaque point de division , &æ, d,b; FE prolongée, sera coupéeengz,A,e, et donnera les degrés pour indiquer le rapport des densités en : de l’unité principale. Les densités seront exprimées par 0,j4,a,a,2a,a;3a; les volumes de liquide déplacés seront comme FE+ « , Fe, FE, FA, FH, Fg, FG, etc., ou Si l'on faita — 10 , a = 100,4 — 1000 , etc. , chaque partie de AB sera divisée en 10,100, ou 1000 parties égales ; et les obliques menées du point C à chaque point de division de AB donne- ront par leurs intersections sur FE prolongée, les rapports des degrés d’un aréomètre , pour indiquer par ses immersions les densités des liquides exprimées en dixièmes, centièmes ou mil- lièmes de l'unité principale ; ce qui est évident. D'après cette démonstration , il est facile de voir qu à l’aide de Ge on pourra graduer un aréomèêtre pour indiquer le rap- port , exact à un millième d’unité près, entre les densités des liquides que la tige de cet instrument pourra surnager, pourvu que cette tigesoit cylindrique, quelleque soit d’ailleurs la figure de la partie plongée. Pour cet effet ; 1°. Je prends un aréomèêtre ABC , fig. 2, que je plonge dans un liquide quelconque , dont la densité, par exemple , est ex- primée par <. de l’unité principale, Je marque avec précision sur la tige BC, le degré d'immersion que je suppose être au point B; je plonge ce même instrument dans un second liquide dont la densité est exprimée par *?-, et je marque pareïllement le degré d'immersion, que je suppose être au point C. 2°. Avec une ouverture de compas, je prends l'intervalle BC de la tige de l’instrument , et je porte cet intervalle parallèlement à la ligne GE du trianple , entre les deux obliques menées du point Cet affectées des nombres 30 et 80; menant ensuite une ligne par les deux pointes du compas, cette ligne se trouvera coupée par les obliques , en parties proportionnelles aux espaces correspondans de GE. 2 30. Je porte les divisions de cette ligne BC , prolongée autant que la tige de l'instrument peut le permettre , par une bande de papier, et j'affecte chaque degré du nombre appartenant à l’o- blique qui lui correspond ; enfin , j’introduis cette échelle dans la tige de l'instrument , et je la fixe avec l'attention de faire cor- Tome LVII. KRIMAIRE an 12. Kkk £a JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DE CHIMIE respondre à la marque supérieure C le degré affecté du nombre 22- et au point B le degré qui indique 3; de densité, et l'instru- ment est gradué. Il est inutile d’entrer dans un plus long détail pour démon- trer ; 10. Qu'il en seroit de même pour tout autre instrument , quoi- que les marques d'immersion fussent prises dans deux liquides dont le rapport des densités seroît différent. 20, Que si les espaces AD, DE, EB , sont divisés chacun en 100 > parties , an pourra graduer les échelles des aréomètres, de manière que ces instrumens indiqueront les rapports des den- sités en millièmes de l’unité principale. 3°. Enfin, que chaque degré d’un aréomètre indiquera cons- tamment la même densité, au même degré de température , et que, par conséquent, tous ces instrumens seront comparables. Le triangle ACB présente donc tous les avantages que l’on peut desirer pour diviser les échelles des aréomètres conformé- ment aux lois de l’hydrostatique (1). Mais pour mettre tous les artistes dans le cas de bien construire ces instrumens, je crois devoir entrer dans quelques détails sur la manière de les divi- (1) Indépendamment de cette propriété, ce triangle en a peut-être d’autres qui pourront lui mériter dans les arts quelques apphcations utiles. L’inclinaison de FE sur AB, susceptible de varier à linfini comme la grandeur de l’angle AEF, fournit une infinilé de séries d’espaces dont les rapports, soumis à une loi constante, sont appréciables dans tous les degrés d’inclinaison. Le prolon- gement de EF , au-delà de CF, présente de nouvelles séries par ses intersec- &ions ayec les obliques menées indéfiniment par le point C sur le prolongement de EB. Chaque série d’espaces peut être considérée comme étant les ordonnées d’une courbe particulière, susceptible d’être soumise au calcul, et qui dans quelques cas peut jouir de certaines propriétés , etc. etc. Depuis longtemps j’ai cru entrevoir que les divisions du thermomètre étoient défectueuses comme celles des aréomètres, quoiqu’à un degré moins évident. Les corps en général sont d’autant plus dilatables par une même quantité de calorique, qu'ils sont plus rares; en conséquence, des quantités égales de ca- lorique libre, accumulées successivement sur un corps , ajoutent à son volume des quantités qui doivent croître de plus en plus en suivant une loi particu- lière pour chaque corps. Plusieurs , tel que le mercure, n’offrent peut-être pas des différences assez sensibles dans leurs degrés de dilatation pour être appréciés’; mais l’alcohol, d’autres liquides et sur-tout Îles fluides élastiques , qui ne sOnt pas à rejeter pour mesurer la température, présentent des différences dans leuxs de- grés de dilatation, Si la loi que suivent les degrés de dilatation d’un corps quel- conque éloit bien déterminée, il ne seroit peut-être pas impossible de trouver dans la ligne FE du triangle ACB , un degré d’inclinaison propre à donner les divisions exactes de l'échelle thermométlrique, ELLD ,D'AHAIS TO LR EN TU RE L LE.' 443 er promptement et avec précision, et sur les précautions qu’il est nécessaire de prendre pour rendre ces instrumens compa- rables. . IT. Pour que les aréomètres , construits par différens artistes dans tous les temps et dans tous les lieux, soient comparables, il faut que les données qui doivent servir de bases , soient fixes etinvariables ; en conséquence, il faut les prendre dans la na- ture ; rien d’arbitraire ne doit entrer dans la construction de ces instrumens. L’eau distillée , à un degré déterminé de température , présente une densité. constante que la nature offre à-peu-près uniforme dans tous les pays. La densité de ce liquide peut donc être con- sidérée comme une base fixe et invariable , et servir de terme de comparaison pour la pesanteur spécifique de tous les liquides en général. Comme la sensibilité et l'exactitude sont des qualités essen- ticlles dans un aréomètre , et qu’il suffit que chaque instrument soit plongé dans deux liquides de différentes densités pour être gradué , tout artiste pourra en construire qui seront exacts à moins d’un millième d'unité près, Pour cet effet, il faut être muni d’un certain nombre de lie qu de densités différentes et arbitraires, mais dont le rapport e chacune avec la pesanteur spécifique de l’eau distillée , et à une température déterminée (1) soit exactement connu. Chacun de ces liquides sera une base aussi fixe et invariable que celle de l’eau distillée et se trouve également prise dans la nature, puis- que l’expression de sa densité dépend de celle d’un liquide dont la densité est constante et uniforme, En conséquence , il est essentiel de s'assurer de plusieurs manières, à différentes reprises et avec le plus grand soin , de la pesanteur spécifique de chacun des liquides qui doivent servir de base, Une bonne balance hydrostatique avec des plongeurs en verre, et plusieurs gravimètres très-sensibles, afin de varier et de répéter leurs opérations pour prendre la moyenne des résul- tats , s’ils sont différens , fournissent des moyens sur lesquels ” (1) La température de 15 degrés du thermomètre de Réaumur (18,75 degrés du thermomètre centigrade), comme étant la plus ordinaire dans nos climats; paroît devoir être préférée. D’ulleurs , en rappellant au degré de température indiqué sur l'instrument , un liquide quelconque dont on veut connoître la densité, on aura son rapport exact ayec la pesanteur spécifique de l’eau dis- tillée. ; K&ék 2 444 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE onu peut compter. Les nouveaux poids, divisés en décimales , facilitent encore et abrègent la longueur des opérations par un calcul plus simple et moins sujet à erreur que celui que l’on fe- roit Sur les fractions variées de l’ancien poids. La pesanteur de chaque liquide, une fois bien connue, sera désignée par l’expression qui lui convient en millièmes du poids de l’eau distillée. L'artiste ayantune fois déterminé le rapport de la densité ou pesanteur spécifique de chaque liquide avec celle de l’eau distillée, sera obligé de les vérifier de temps en temps pour éviter les erreurs que pourroit occasionner la moindre variation dans les densités. {l évitera des opérations longues et fastidieuses, en faisant pour chaque liquide un petit aréomètre d’une extrême sensibilité. Le moindre changement dans la densité et même dans la température se fera sentir d’une manière sensible par l'immersion plus ou moins considérable de la tige de cetinstru- ment. Quoiqu'il soit indifférent de prendre des densités arbitraires ou déterminées , cependant, il seroît plus facile pour la gradua- tion des échelles, comme on en jugerapar la suite, de choisir de préférence des liqueurs dont les densités fussent exprimées en nombres ronds tels que,0,500 ; 0,600; 0,700 , etc. , depuis Véther le plus léger jusqu’à l'acide sulfurique le plus concentré. On peut, par divers mélanges se procurer toutes ces densités déterminées et même d’intermédiaires , si l’on veut faire des ins- trumens d’une très-grande sensibilité et d’une grande précision ; car la sensibilité sera en raison de la longueur de la tige et inverse de la différence des densités extrèmes qu'elle indiquera. Chaque instrumeut une fois lesté pour les densités qu’il doit indiquer, exige pour l’exactitude des résultats de grandes pré- cautions dans sés immersions et dans la précision des marques qui doivent servir de points de départ pour sa graduation. 10. L’instrument ne doit pas sortir d’un ligride pour être plon- gé dans un autre , sans être bien lavé ct très-exactement essuyé. Sans cette précaution on apporteroit insensiblement des change- mens dans les densités des liquides et souvent dans leur tempé- rature. L 20: Les marques d'immersion, 4u nombre de trois au moins , pour des raisons qui seront déduites , doivent être faites avec le plus grand soïn à la surface de chaque liquide et se trouver à des distances autant éloignées que la longueur de la tige peut le per- mettre. ET D'HISTOIRE NATURLLLÉ. 445 30. Chaque aréomètre , dans les différentes immersions , doit porter un papier d’un poids égal à celui sur lequel son échelle doit être tracée. Ce papier presente l’avantage de porter l’expres- sion des densités des liquides qui ont donné les marques de ses immersions. Chaque instrument muni de deux points fixes qui indiqueront constamment les mêmes densités, indiquera sur l’espace compris entre ces deux points, toutes les densités intermédiaires. Cet es- pace doit comprendre autant de degrés d'indication que le marque la différence des nombres qui expriment les densités ex- trêmes ; et chaque degré doit être affecté du nombre qui ex- prime la densité du liquide , que ce degré indique par l’immer- sion de l’instrument. - Si les espaces intermédiaires à ces deux points d'immersion, etceux que chaque instrument sera susceptible de porter au- delà , sont proportionnels aux espaces correspondans de l'échelle aréométrique générale ; représentée par Ge, fig. 3, tous ces ins- trumens seront comparables , puisque chacun d'eux indiquera exactement }a densité de chaque liquide comparée à celle de l’eau distillée. Maintenant , pour remplir le but que je me suis proposé , il ne me reste plus qu’à expliquer la manière d'appliquer le triangle ACB, fig. 3 , à la graduation des aréomètres , afin de mettre un artiste intelligent dans le cas de s’en servir avec succès et célé- rité , etde faire les degrés de ses instrumens proportionnels aux degrés correspondans de l'échelle aréométrique générale, Ce que je vais conseiller est susceptible d’être perfectionné , mais suffira à un homme adroit pour faire l’essai de cette méthode et le mettre dans le cas d’imaginer et substituer aux moyens que je vais pro- poser, des procédés plus ingénieux , plus prompts et plus exacts. Sur un plan bien uni, d’une dimension arbitraire et dont la longneur sera au moins double de la largeur, on prendra un point C à peu de distance de l’un des grands côtés, et à quelque distance de l’un des petits ; de ce point C, fig. 4, parallèlement au grand côte et dans toute sa longueur, on inènera une ligne CB et une CD, formant avec la première un angle droit ou à-peu- près, et l’on mènera DB pour former un triangle isocèle BDC. On prendra au milieu de BD un point E , et l’on divisera chaque espace, EB et ED , en 100 ou 1000 parties égales, selon que Von voudra graduer les instrumens pour indiquer les densités seulement en centièmes ou en millièmes de l’unité principale. 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Enfin , du point C, par chaque point de division pris sur BD, on mènera une oblique, et l’un aflectera toutes ces lignes de la suite des nombres naturels, à partir de la ligne BC qui marque le zéro de densité. Tous les espaces de BD, à partir du point B, sont en progression arithmétique, et représentent les densités exprimées sur les obliques menées du point C ; BE représente l'unité principale de densité et BC une densité double. Il résulte de cette construction , que toute ligne, HE , menée dans le plan parallèlement à CB, se trouve divisée par les obli- ques en parties proportionnelles aux espaces de l’échelle aréo- métrique , et que chaque point de division indique le degré de densité exprimé par le nombre qui lui correspond. Je crois devoir avertir ; 1°, que ce plan diviseur doit être tracé avec le plus grand soin et qu’une grande dimension doit être pré- férée ; 2. que la matière dece plan n’est pas indifférente et qu'une planche de cuivre réunit des avantages que ne peut offrir une autre substance ; 3°. qu'au lieu de déterminer BD pour di- viser ensuite cette ligne en 200 ou 2000 parties, il seroit préfé- rable pour la précision , de porter 200 fois ou 2000 fois une ou- verture de compas prise à volonté , sur BD indéfinie; ensuite par le point de la dernière division mener DC, et former le triangle BDC. Ce triangle quoiqu’arbitraire présente des avantages étant rectangulaire en C : les intersections de BD et des parallèles HE, approchent en général davantage de l'angle droit , ce qui n’est pas à négliger. Les obliques au-delà de EH doivent passer exac- tement par les divisions égales du prolongement de BD : la ma- nière de les tracer est facile à saisir. D'ailleurs , je crois ces lignes à-peu-près inutiles , parce que, si l’on en excepte le mercure, il n'existe peut-être pas de liquides dont la densité soit de beau- coup supérieure au double de celle de l’eau distillée. Pour terminer la construction de ce plan diviseur , il faut lui adapter deux règles parallèles, mobiles l’une sur l’autre et exé- cutées en métal avec beaucoup de précision. L'une de ces deux règles sera fixée invariablement sur l'un des grands côtés du plan et parallèlement à CB ; l’autre règle, mobile, doit parcourir toute la largeur du plan , sans que son parallélisme soit suscep- tible de varier ; et un moyen mécanique quelconque doit fixer cette 4e mobile à chacun des points qu’elle parcourt sur la largeur du plan. Ce qui précède et l'inspection de cet appareil pourroient tenir lieu de la description de son usage ; cependant pour écarter toutes difficultés , voici la manière de s’en servir. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447. Ayant pris, avec les précautions nécessaires, deux points d'immersion sur la tige d’un aréomètre, dans deux liquides dont les pesanteurs spécifiques sont, par exemple, exprimées par sc Etpar=:2, 10. MERE ouverture de compas on prendra exactement la distance entre ces deux points d'immersion ; à 2°, On avancera la règle mobile sur le plan jusqu’au point où elle donnera la distance entre les obliques, affectées des nom- bres 860 et 1400, égale à l’ouverture du compas et l’on fixera la règle dans cette position. Ensuite, dans la direction de cette règle, et au-delà des obliques qui doivent déterminer les degrés de l’échelle, on placera la bande de papier sur laquelle cette échelle doit être tracée etsur laquelle on aura tracé d'avance les lignes convenables. 3°. On portera successivement l’une des pointes d’un compasà verge sur les points d’intersection de la règle avec les obliques , et avec l’autre pointe du compas, dont on réglera la distance en raison de la place qu’occupera la bande de papier , on tracera les degrés intermédiaires aux deux points d'immersion et ceux que la bande de papier sera susceptible de porter au-delà. 4 Enfin , on écrira à chaque point de division, de cinq en cinq, ou de dixen dix , le nombre dont est affectée l’oblique qui lui correspond et qui l’a déterminé ; l’on introduira cette échelle dans la tige de l’instrument et l’on aura l'attention de faire cor respondre , exactement et dans l’ordre convenable, les nombres 800 et 1400 avec les deux marques d'immersion dont la tige est affectée. ‘ Opérant de la même manière sur chacun des autres aréomètres, tous ces instrumens seront comparables , quellesque soient d’ailleurs , les densités des liquides qui auront déterminé les points d'immersion. D'après l'exposition de cette méthode et les principes sur les- quels elle est établie ; il est hors de doute que l’on peut cons- truire des aréomètres d’une extrême sensibilité et de la plus grande précision. Il suffit pour cela de faire les tiges longues et grêles comparativement au volume de l'instrument ; maïs alors il faut que le plan diviseur soit fait sur d’assez grandes dimensions; . : . 2 Ë parce que chaque tige ne contiendroit dans ce cas qu’une petite partie de l’échelle totale, Jusqu’ici j'ai supposé que les tiges des aréomètres étoient par- faitement cylindriques ; mais c’est ce qui est assez rare. Pour re- médier jusqu’à un certain point au défaut de cylindricité , il est 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nécessaire d’avoir sur la tige de l’instrument au moins trois mar- ques d'immersion; et de placer sur le plan une règle particulière qui par sa position fasse coïncider ses trois points d’intersection avec les obliques affectées des nombres qui expriment les densités des liqueurs qui ont fourni les marques d'immersion de l’instru- ment. Je n’assure pas que cette correction sera rigoureuse ; mais on ne peut disconvenir qu’elle balancera en quelque sorte la forme conique des tiges , forme qu’il est d’ailleurs essentiel de rejetter autant qu’il est possible. Comme cette figure rend les espaces d'autant plus petits qu’ils approchent de la grosse extrémité de la tige, il convient que la petite extrémité soit en bas , afin de ne pas diminuer les degrés inférieurs , déja plus petits naturelle- went que les supérieurs. Que'sque soient les avantages que présentent ces instrumens ‘sur ceux actuellement en usage, je doute qu’ils y soïent substi- tués dans le commerce et dans les manufactures. Des dénomi- nations nouvelles , des degrés inégaux , ne présenteront aux yeux des personnes qui n’ont d’autres principes que la routine et d’au- tres lois que l'habitude, qu’une chose inutile ou de pure curiosité. Cependant les arts et le commerce trouveroient dans l'usage de ces instrumens des avantages que ne peuvent offrir ceux de caumé et de Cartier qui, indépendamment des défauts qui tien- nent à leur essence , en ont qui dépendent de leur construction et de la népeligence des artistes ; plusieurs sont faits avec des échelles imprimées et à coup sùr ne sont pas comparables, Je sais que des artistes en font qu’ils nomment forts et foibles; c’est- à-dire , que les uns sont avantageüx pour vendre et les autres pour acheter. Il est étonnant que le gouvernement , dont la sur- veillance s'étend généralement sur tout ce qui peut léser les inté- rêts de la société, ait toujours négligé la vérification des aréo- mètres, dont l'exactitude n’est pas moins importante et la faus- seté moins punissable que celles des poids et mesures. Pour introduire ces instrumens dans le commerce et dans les arts , il seroit à propos ; 1°. que l'artiste joïgnît à chacun d’eux une petite note pour avertir que chaque n°, de l'échelle exprime en millièmes du poids de l’eau distillée la densité du liquide dont il marque la pesanteur ; c’est-à-dire, que si un volume donné d’eau distillée pèse , par exemple ; 1000 grammes , un pareil vo- lume d’un liquide quelconque pèse autant de grammes que l’ex- prime le nombre qui indique sa densité ; 2°, qu'il fit un tableau de comparaison de l'échelle aréométrique avec les divisions de Bsaumé , de Cartier et autres. A cet effet , il diviseroit une ligne indéfinic, EDP HR S T'ON IRRE NEA MEUU RE 'L'L'E: 449 indéfinie , AB, fig. 4, en parties proportionnelles aux espaces de l'échelle aréométrique générale , en affectant chaque division du nombre qui lui conviendroit. Il sufliroit que cette échelle de comparaison s’étendit depuis 0,700 jusqu’à 2,000. Menant plu- sieurs parallèles à cette ligne AB, telles que ab, cd, de, il placeroït sur’ chacune la division de l’un des aréomètres qu'il voudroit comparer , en s’y prenant de cette manière. Il plongera dans l’eau distillée , au degré de température qu'il aura adopté pour la construction de ses instrumens, l’un des aréomètres qu’il veut comparer, celui de Cartier, par exemple. Trouvant que le point de son immersion est à 10 degrés, il tracera un point de division sur la ligne ab, vis-à-vis celle marquée 1,000 sur la ligne AB, et afiectera ce point du nombre 10. Il plongera le même instrument dans un esprit-de-vin doit la den- sité est, je suppose , égale à o,85o. et il trouvera, par exemple, qu’il indique 35 degrés de l’aréomètre; vis-à vis de 0,850 , il tracera sur ab un second point de division qu’il affectera du nombre 35, et divisera en 25 parties égales l’espace compris entre ces deux points , en affectant tous les points de division, des nombres intermédiaires à roet 35 , et dans l’ordre naturel qu’ils doivent suivre. Il portera au-dessus de 35 et au-lessous de 19, autant de divisions qu’il jugera à propos , chacune égale à celles comprises entre le 10° et le 35° degré de ab , et il les affectera chacune-du nombre convenable. Opérant de même pour chaque aréomètre , on verra d’un coup-d’œil à quel degré de tel aréo- mètre correspond un liquide d’une densité quelconque , par la correspondance de chacun des degrés de ces aréomètres avec l’échelle aréométrique générale. Si la méthode proposée a des inconvéniens que je n’ai pu pré- voir , des maitres habiles pourront la rectifier. Ge seroit pour moiun succès complet si, en arrachant quelques épines , j'ai fa- cilité à la sagacité d’un botaniste habile la découverte d’une plante salutaire. Tome LVII. FRIMAIRE an 1e. Lil &5o : JOURNAL DE FIHYSIQUE, DE CHIMIE FELPERR SET EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LE PLATINE; Par les cit. Foureroy et VauqueziN. Fréscnté à l’Institut national, le 3 vendémidire an 12. On ne suivra pas les auteurs de ce mémoire dans tous les détails de leurs expériences , parce qu’ils sont trop nombreux , et qu'il seroit impossible de les réndre clairement dans un court extrait, On n’insistera que sur les points les plus intéressans, et sur ceux qui présentent des résultats nouveaux. * Pour connoître l’influence que peuvent avoir les substances étrangères qui accompagnent le platine dans sa mine, sur le tra- vail en grand de ce métal , les auteurs ont conunencé par les sé- parer et les examiner avec soin. Il est résulté de ce premier tra- vail, que les sables du platine contiennent du fer , du cuivre , du titane , du chrome et dela silice , formant ensemble diverses com- binaisons dont les auteurs ont exposé l’état et le mode d’après des analogies connues dans le règne minéral. Is ont ensuite traité par l’acide nitro-muriatique le platime ainsi déponillé de ces corps étrangers , pour l’obtenir en dissolu- tion : maïs ils oft remarqué , ainsi que l’avoit fait M. Proust eë plusieurs autres chimistes, qu'il restoit une petite quantité de poudre noire , forinée de larmes brillantes, douces au toucher, et noircissant le papier comme la plombagine , sur laquelle l'acide mitro-muriatique n’avoit presque nulle action. Cette aätière noire ayant üxé particulièrement leur attention, ils l'ont soumise à un grand nombre d'expériences , après s'en être procuré des quantités suffisantes. Les acides ne pouvant leur être d'aucun secours pour attaquer cette substance , et leur faire connoître sa nature , ils ont em- ployé les alcalis. Quatre parties de potasse caustique ; et une partie de la poudre noire ont été fondues et calcinees ensemble daus un creuset de platine , pendant une heuie ; la masse qui avoit alors une couleur vertetrès-riche , a été délayée dans l’eau à laquelle elle a communiqué la même nuance. EM DLHIIIS TAOCLLREE NA TD HR ELLE, 451 Après avoir séparé la liqueur verte, et lavé le résidu , dont la couleur étoit également verte , ils ont saturé l'excès d’al- cali que la liqueur contenoit, et l'ont fait chauffer. Par ce moyen , la matière verte s'est séparée sous la forme de flocons, et la liqueur n’a conservé qu’une couleur jaune-rougeâtre. Les flocons verds ont été réunis au résidu non dissous par la po‘asse , et la liqueur jaune soumise à différentes épreuves à l'aide desquelles ils ont reconnu qu’elle contenoïit de l'acide chromique. Le résidu, traité par l'acide muriatique concentré s’est, en grande partie, dissous , et a donné une liqueur d’un très-bsan vert ; mais il restoit encore une portion de la poudre noire qui n’avoit point été attaquée par la potasse , et sur laquelle l'acide muriatique n’agissoit pas davantage. En réitérant plusieurs fois cette opération successivement avec la potasse et l'acide muria- tique , ils ont fini par le décomposer entièrement , et avoir tout l’acide chromique dans l’alcali et la matière verte dans l'acide. Il s’agissoit alors d'examiner la matière verte dissonte dans l’acide muriatique : pour cela , les auteurs ont commencé par faire évaporer cette dissolution , dans l'intention d’en séparer l'excès d'acide, mais ils ont été très-surpris de voir qu’au mo- ment où cette liqueur est entrée en ébullition; sa couleur verté s’est changée en un beau rouge. Lorsque la plus grande partie de l'acide surabondant a été volatilisée , ils ont éprouvé le reste par les moyens suivans. 1°. Les alcalis en ont précipité une matière,rouge-brunûtre; 2°, un petit morceau de sulfate de fer lui a fait perdre sur-le- champ sa couleur rouge , et lui en a donné une verte qui a pris plus d'intensité avec le temps ; 30. le prussiate de potasse y a formé un précipité vert qui est devenu bleuâtre à l'air ; 4. l’in- fusion de noix de galles y a occasionné un précipité brun-noi- râtre ; bo, la dissolution de muriate d’'ammoniaque n’y a point formé le précipité comme il le fait dans la dissolution de platine ; 6°. la dissolution d’étain mise avec cette liqueur étendue d’eau , n’a pas été rougie comme la dissolution de platine mêlée avec le même réactif ; 7°.enfin, cette liqueur mêlée avec une dissolu- tion de platine pur qui précipitoit en jaune par le sel ammoniac, lui a donné la propriété de précipiter en rouge très-foncé par le même sel. Cette dernière expérience a fait soupçonner aux cit. Fourcroy et Vauquelin, que ce pourroit bien être la même subs- tance qui est la cause de la diversité de couleurs que prennent les LIllz 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE précipités de platine formés parle sel ammoniac ; et c’est ce qu’ils ont mis hors de doute parles procédés que nous indique- rons plus bas. Jusque-là tout leur annonçoit que la poudré noire qui reste après Ja dissolution du platine, contenoit, conjointe- ment avec le chrome, un métal nouveau ; niais pour s’en con- vaincre, il falloit l’obtenir isolé et à l’état métallique. À ceteffet, comme les essais ci-dessus leur avoient indiqué aussi la présence d’une petite quantité de fer, ils ont fait évapo- rer à siccité la dissolatiou muriatique dont il a été parlé plus haut, et ont ensuite traité le résidu avec de l’alcohol : celui-ci a dissous le muriate de fer, et a laissé une poudre rouge dans la- quelle les recherches les plus scrupuleuses n’ont pu découvrir la moindre trace de ce métal, Ce résidu calciné dans un creuset de platine a d’abord exhalé des vapeurs d’acide muriatique , et ensuite une substance qui co- loroit en beau bleu la flamme des charbons ; enfin ilest resté une poudre noire que les acides n’attaquoient pas. Ils ont ensuite soumis cette poudre noire, recouverte de borax, à l’action d’un grand feu pendantune heure, et ils ont obtenu un métalblanc, en partie fondu , fragile , et dont une partie étoit encore embarras- sée dans le borax. Pour séparer la totalité de ce métal du borax, ils ont réduit le tout en poudre , et ont lavé jusqu’à ce que la séparation ait été complette. À Ce métal, ainsi purifié, ne se dissout dans aucun acide simple; il se combine à l'acide nitro-muriatique , et lui donne une cou- leur rouge très-foncée ; cette dissolution se fait beaucoup plus difficilement que celle du platine pur , etexige plus d'acide. Sa dissolution n’est pas précipitée par le sel ammoniac ; elle perd sa couleur par Je sulfate de fer; elle donne avec le prussiate de po- tasse un precipté brun qui devient vert à l'air; elle commu nique à la dissolution de platine pur la'propriété de précipiter cn rouge très foncé par le sel ammoniac. F ; Felles sont les ‘propriétés que les cit. Fonrcroy et Vauquelin ontreconnues à ce métal , et d’après lesquelles 1ls croient qu’il n'appartient à aucun de ceux connus jusqu'ici. Exposons maintenant, en peu de mots, quelques-nnes des £x- périences qu’ils ont faites sur lesdifiérentes espèces de sels triples {ormés par les dissolutions de platine et de sel ammoniac, pour reconnoître la cause de leurs nuances variées. : Si l’on précipite en deux fois parle sel a imoniac y une disso- lution de platine brut dans l'acide nitro-muriatique AL arrive presque toujours que le second précipité est d’un rouge trés: ESENDP HS TN ONE RPEMIN A TU, REYL LE: 458 foncé, tandis que le premier est d’un jaune-pâle ou oransé, et que les eaux mères évaporées de ces deux précipités en fournis- sent encore de plus rouge. Si, après avoir lavé le précipité jaune, on le réduit à l’état métallique par une chaleur suffisante , il se dissout promptement et en grande quantité dans l’acide nitro-muriatique , sans laisser de résidu sensible. Le précipité rouge, au contraire, traité de la même manière , se dissout plus difficilement , et en moindre quantité dans l’acide nitro-muriatique , et laisse toujours une poudre noire plus ou moins absorbante; laquelle poudre, lavée et chauffée fortement , se rédniten un métal qui ressemble par- faïiem nt à celui qu’ils ont découvert dans le résidu du platine brut dissous par l’eau régale. Cependant la totalité de ce métal m'est pas séparée par l’eau régale du platine provenant du sel rouge , car la dissolution nouvelle qui en résulte , précipite encore en rouge , à la vérité moins intense. Ensorte que si l’on répétoit plusieurs fois ces opérations sur le même platine, on finiroit par le débarrasser entièrement de ce métal étranger. Les auteurs ont encore trouvé un autre moyen de séparer ce métal du platine ; il consiste à faire dissoudre dans de l’eau bouillante du sel rouge , et d’y mêler aussitôt qu’il est fondu autant de po- tasse caustique, alors la liqueur se trouble ; il s’y forme des flocons verds qui, lavés ét chauffés , donnent le métal nouveau. Le précipité jaune-pale de platine, traité de la même manière, ne leur a rien offert de semblable. Is ont donc prouvé ;'par leurs expériences , qu'il existe dans le platine brut un nouveau métal qui communique aux sels tri- ples du platine la conleur rouge qu’ils ont presque toujours. Ce métal étant peu altérable par les agens employés pour puriñer le platine en grand , les auteurs ont soupçonné qu’on devoit encore y en retrouver des traces plus où moïns abondantes, et l’expé- rience a confirmé leur soupçon. , Lis l'ont trouvé dans des platines purifiés par le cit. Jannety et Ncker-Saussure, presque en aussi grande quantité que dans le platine brut , ce qui leur a fait dire que probablement on n’avoit pas encore connu ce métal parfaitement pur. Les cit, Vauquelin et Fourcroy terminent leur mémoire en rap- pelant brièvement les divers résultats auxquels ils ont été con- duits , et en disant qu'ils soupçonnent le nouveau métal existant dans lé platine , d’entrer cenjointement avec ce derüier dans Ja composition du palladiuni annoncé par M. Chenevix. Ils promettent de continuer leur travail ; de se procurer une # 454 JOURNAL DE PHVSIQUE, DE CHIMIE plus grande quantité du nouveau métal, de le soumettre À dé nouvelles expériences, pour en mieux connoître les propriétés ; et surt-tout de chercher des moyens plus propres à purifier le platine, que ceux employés à présent. Extrait des Annales de chimie. NOUVEAU THERMOMÈTRE, Par Jérôme LaranDe , 1003. D:puis 64 ans je fais des observations du thermomètre, je me suis plaint souvent dene point trouver, dans les divisions , les caractères naturels et essentiels qu’elles doivent avoir. Depuis Drebbel , hollandais, qui fit un thermomètre vers 1630,on ena fait de vingt espèces : j'ai cru qu'il me seroit permis d’en ajouter encore une. Il y en a où les degrés n’expriment rien qui soit dans la nature ; le point de départ à l’eau bouillante , est un point que nous n’ob- servons jamais. Fahrenheït s’est servi d’un degré de froid tout-à- fait arbitraire, Réaumur a divisé Pintervalle de la glace à l’eau bouillante , en 80 parties ; Capi, guidé par le raz de Lantenay, en 86 ; Celsius en 100; mais on ne sait plus aujourd’hui ce que c’est que le thermomètre de Réaumur. Tous ces nombres sont également insignifians et destitués de fondement. Le thermo- être ordinaire nous donne des degrés de chaud , lorsque nous avons très-froid ; dans les temps où Horace dit : zatutina parum cautos jam frigora mordent ; il nous donne des degrés de froid très-petits , lorsque nous les tronvons très-aigus. Le moment où les physiciens ne peuvent convenir de rien sur l'échelle de leur thermomètre, m'a paru favorable pour en pro- poser un nouveau, et il me semble qu’on remédie aux inconvé- niens par les deux données du rouveau thermomètre que je pro- ose. \ at Jecommence ma division comme Micheli, à la température qui tient le milieu entre tous les degrés observés pendant plu- sieurs années dont on a calculé les nombres ; c’est 9° : du ther- momètre ordinaire (Journal de Phys. 1792, déc. p. 433), et c’est aussi celle des caves de l'Observatoire ; c’est l’état naturel du globe. Je prends pour degrés les dix millièmes du volume du mercure, à l'exemple de mon ancien et respectable maître Joseph ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455 Delisle. On a reconnu le mercure comme étant la substance la plus propre à mesurer la dilatation par une marche uniforme ; il avoit trouvé, dès1738 , la mesure de cette dilatation. ( Mém. our servir à l’histoire et au progrès de l’astronomie, St.-Péters- Fee 1788.) Je fis avec lui beaucoup de thermomètres en 1750: nous remplissions un tube mis dans la glace ; nous pèsions exac- tement ce qui en sortoit dans l’eau bouillante , et c'étoit toujours une once sur 66 et<, ce qui donne 150 ?, en supposant dix mille pour le total du mercure. (Mém. de l’acad. 1749, Phil. trans. 1776 , p. 377.) Ces 150 font les degrés de mon thermomètre ; par-là , ces degrés sont tirés de la physique , c’est-à-dire , de la nature , et rentreront dans le système décimal le plus simple de tous. J'y trouve encore une simplification remarquable, qui don- nera la facilité de comprendre ce qui ne signifioit rien pour le public. Par exemple, le degré de le dans nosÉtés ordinaires, et le degré de froid dans nos hivers moyens ( Mém. 1765 ) seront également 30 ; le nombre 40 indique un été chaud et un hiver rude ; 59 répond également à la grande chaleur du Sénégal et au grand froid de 17:9, 1776 et 1778. Cela est aisé à retenir, et donne une notion distincte du froid et du chaud d’une saison, ou d’une année extraordinaire ; 26 exprime le plus grand froid et le plus grand chaud en 1737, année la moins inégale et où le thermomètre changea le moins de l'hiver à l’été. Enfin, 20 et 40 sont des nombres dont on ne parle que trop dans la société , et ils y seront annoblis en servant à une notion de physique à la- quelle chacun prend plus ou moins d'intérêt. Ma division a encore l'avantage de donner des degrés moitié plus petits, ce qui dispensera de recourir aux fractions dans la plupart des observations, Je crois donc avoir atteint uné méthode qui réunit tous les avantages , et qui remédie à tous les inconvéniens. Mossy m'a promis d'exécuter ces nouveaux thermomètres aus - sitôt qu’ils seront annoncés ( quai Pelletier, n°. 36) , et je joins ici une table de comparaison avec le thermomètre ordinaire, pour ceux qui auroient besoin de réduire les observations faites jusqu’à présent. Le 14 novembre, on m'a objecté à l’Institut qu’il falloit conser- ver des termes fixes, comme l'eau bouillante et la glace; sans doute , il ne faut point les abandonner pour construire , j'en conviens ; mais on ne sait comunent diviser cet intervalle , et j'y ai remédié, Les uns ont commencé en haut , les autres en bas; 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il est plus naturel et plus commode de prendre le milieu, c’est ce que j'ai fait. Il faut bien les abandonner pour compter, puis: qu’aujourd’hui l’on veut compter 100 au lieu de 80, et que l’un n’a pas plus de fondement que l’autre. On m'a dit qu’en Egypte l'intérieur de la terre étoit a S plus chaud; mais puisque la température que nous éprouvons Paris , tient le milieu entre les plus grands froi ls et les plus grands chauds dans les pays où l’on observe, cela suffit bien pour l’adop- ter comme point de départ de notre numération : ce point est d’ailleurs dans tous les pays celui où l’on n’a ni froid ni chaud , il convient à tout le monde. I me paroît étrange de partir du point de l’eau bouillante que l'on n’éprouve jamais dans aucun pays, ou de la glace qu'on n’a jamais dans la plus grande partie del’univers. On na entore objecté que j’avois négligé la dilatation du verre , et que j’aurois trouvé plus de 150; mais puisque, dans toutes les observations on a un verre dilaté , je devois prendre les degrés que donne l'observation et non pas la dilatation propre au mercure seul que l’on n’ebserve jamais, TABLE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 TABLE DE RÉDUCTION DU THERMOMETRE A MERCURE. DIVISÉ EN 80, ET DU THERMOMETRE NOUVEAU. DEGRÉS DE CHAUD, DEGRÉSDE FROID. ae a, ee , Réaumur. | Lalande, Réaumur. | . Lalande, 80 |+132,8 |Eau bouillante. +9 | 10 36 49,9 |Au Sénégal. 8 2,9 32 i 43,3 TA 4,7 32 42,3 |Étés de1753, 1765, | 6 6, 31 40,4 1793. 5 8,5 30 5 |Chaleur humaine. 4 10,3 = 12,2 . 348 2 14,1 NT 32, 2 A) 1 16,0 26 31,0 |Eté moyen à Paris. o 1739 |Glace fondante., 25 29,1 | Sous Véquateur en | — 1 19,8 24 27,3 mer. 2 21,5 23 25,3 |Été froid à Paris. 3 23,5 22 . 23,5 4 25,4 [Hivér doux à Paris. 21 21,6 5 27,4 20 19,7 à + 6 29,2 19 17,9 | Vers à soie. 7 31,0 | Hiver moyen à Par. 18 16,0 8 32,9 17 14,2 9 94,8 16 12,2 10 36,7 15 10,3 |Serres chaudes. 11 38,6 |1740, à Paris. 14 8,5 12 40,4 13 6,6 13 42.3 12 4,7 14 44:2 |Zéro de Fahrenheit, 10 1,0 : 1 Ë ou | + de Tempér. moyenne. | ,, 49,9 |1709, 1776. 17 50,8 |1788 à Paris. | | 18 744 1Congélat. du mere, Tome LVII, FRIMAIRE an 12. Mmm OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES, FAITES PAR BOUVARD, astronome. a D'HME'R MO METRE: BAROMETRE. D NUE ES TE LU *| Maximum. | Manamum. [a Mur. Maximum. MINIMUM. A Min. 1ämidi, + 9,548 m...+ 6,6+ 9,5 faSm... 28. 5,93 [à midi... . 28. 5,65/28. 5,63: 2à2ks. + 0,674 m.+ 2,5 0,0 |ämidi.. 28. 5,75 |à8 s. 28. 5,50/25. 5,7: 3à midi. -+ 7,8/à 7in. + 2,2|+ 7,8 | à midi. . . 28. 5,78 |27 m. . 28. 5,60/25. 5,7 4à53s. + 8:1lè7 me + 36/1 738 Aà 7m... 28. 4,08 à midi. .. 28. 4,02|28. 4,0 Sè2is. + 9,3là 7m. -+ 2,8|+ 8,6 | à midi. . 28. 3,63là 55.. . 28. 3,78/28. 3» 6à midi. + 5,6, 7m. + 2,2+ 8,6 À à midi. . . 28. 1,80 |à73m. . 28. 1,20/28. 1,8 7à3s.. +io,8à7m.. ++ 1,4|<+ 8,4 À à midi... 28. 0,67 à 35... 28. 0,40/28. 0,67 8àa5%s. + 5,8à 7m. . + 5,o|-+ 58 a 4ss. . 28. 0,25 là7m.. . 27.11,50/25. 0,23 gà 31s. + 5,6à 75 m.,.+ 1,6[+ 4,8 Jlà midi. . 28, o,77 là 6 4s... 28. 0,23/28. 0,77 10à93s. + 1,2là 5 Lm.— 1,4|+ 1,2.1 à 915. . . 28. 1,00 [à 6 Fm . . 28. 1,03/28. 1,40 S'11ämidi. + o8là71m — 36)+ 0,8 fà7im.. 28. 1,96 |à 3 Es. .. 28. 1,60|28. 1,60 f'i2añ2is. + 2,2 à 5m. — 1,4|+- 1,6 Ja midi. . . 28. 1,35 |à 3 5s. 27.11,65/28. 1,35 Hi13à31e. + 5,4là 7m. + 1,0[+ 4,8 là 7 m.. 27.10,85 ja gis.. .27. 5:55|27. 7,8. [14 à midi. et de les voir rapportés dans plusieurs onvrages de physique et de chimie. M. van Noorden répéta mes expériences, et il ytrouva les mêmes résultats. M. Rouppe de Rotierdam les répéta ‘aussi , et a observé que le charbon éteint et froid a aussi la propriété d’absorber le gaz ; j'avois moi-même observé, qu'après le parfait refroidissement du charbon il. y. avoit encore de l'absorption. :M. van Mons fit des additions intéressantes au mémoire de .M. Rouppe ; avec cela , cependant il reste encore beaucoup à faire de l'aveu même des savans qui y ont travaillé, L'intérêt donc que les physiciens ont pris à ces expériences, m'engage à leur présenter celles que j’avois faites depuis l’année 1784, que les vicissitudes des temps m'avoient empêché de les continuer, au point que je les avois tout-à-fait oubliées ; ce n’est qu'en mettant en ordre mes papiers en octobre 1802, que j'ai trouvé un petit cahier , qui portoit l'étiquette suivante : suite des expériences sur l’absorption du charbon , Pour former un troi- sième mémorre sur cette matière , année 1784. Je les rapporte telles qu’elles se trouvent dans mon porte- feuille , et comme elles ont été faites dans le temps que la nou- velle nomenclature n’étoit point en usage , On y trouve encore les termes de l'ancienne chimie » mais qui ne font rien sûrement aux nouveaux faits qu’elles contiennent, Je trouve, en date du 1°, mars 1784 , une expérience que j’avois faite sur le spath pesant dans ces termes. æ Ayant rempli le tube de mercure, ensuite déplacé le mer- cure par le gaz acide spathique retiré du spath pesant de la Mau- Tome LV1II. FRIMAIRE an 12. Nnn 466 JOURNAL DE, PHYSIQUE DE, CHIMIE rienne par l'acide vitriolique concentré , le charbon introduit opéra une absorption de sept pouces et une ligne(r}. » Ayant ensuite soumis à l’expérience le gaz inflammable des eaux croupissantes!que'je n'avois pas‘on plus examiné , voici ce yue je trouve dans mon registre. « Ayant introduit le charbôh däns l'air inflammable, que j'ai retiré de l’eau croupissante d’un égoût dela ville, dans lequel se déchargéntles imiondices desboucheriès et dés fumiers , il opéra une absorption de 6 pouces; si l’absorption opérée par le charbon dans le gaz, inflammable retiré du fer par l'acide vitrio- lique , est au contraire très-petite , nous savons que ces gaz sont d’une nature bien différente, joignons à cela , quelle gaz mis en expérience contenoit de l'air fixe, comme,je m'en suis «conyain- cu. » ET 1 : à tf -Jè trouve ensuité, en date du 26 octobre de la même an- née, quelques expériences faites avec de gaz de la fermentation vineuse, QT nav .M,. ti « J’aipris du gaz de deux cuves en fermentation , l’une étoit plus avancée que l’autre de quatre à cinq jours ; j'ai introduit le charbon dans ces deux gaz ; l’absorption du premier fut de 5 p. et 3 lignes , dans le sécond elle né fut que de 5 poucess c’est au maxinum de la fernentation que le gazdevient plus méphitique ; -ccpendant dans son maximum elle n’a/jamais passé les six pouces, quand l’air fixe dans les menus tubes est absorbé à ‘#1 pouces, ce qui démontre que ce gaz n’est pas aussi meurtrier que l'air fixe, puisqu'il contient de l'air atmosphérique combiné avec lui, D'ailleurs J'avois déja observé que ce gaz est capable de soutenir pour quelque temps la vie des animaux que j'y avois plongés. Voyez mon mémoire sur la respiration animale dansle Journai de Physique. — Août 1784.» Je trouve ensuite un tableau d’expériences faites sur l’absorp- tion de lair atmosphérique opérée par des charbons de différentes qualités de bois comme ci-après. ) (1) Avis pour cetle expérience ét les trois suivantes. Le charbon pesoit un gros et demi comme les autres , il étoit -de‘bois de hêtre ; les tubes étoient d’un pouce de diamètre et de douze de hauteur , le tout comme dans les expériences rappor- tées dans les deux premiers mémoires insérés :dans ce Journal (année 1783 ), que je prierle lecteur de relire. ET D'HISTOIRE N'A TU REILE 467 TABLEAU de l'absorption des charbons de différentes espèces -01 o4 de bois dans l’air atmosphérique. do b.,s b ei - d [ * Les charbons pesoiéntune demie dragme, : | va al Les tubes étoient de x2:pouces de hauteur;'et d’un -pouce de diamètre ; on passoit les charbons à travers le mercure, comme dans les expériences précédentes. Comme j’avois observé que l'ab- sorption continuoit pendant quelque temps après le refraidisse- mentde l'appareil, j'ai placé une seconde colonne dans le tableau pour avoir l'absorption totale. | p, Ho fs It ABSORPTION : ; ABSORPTION CHARBONS : une heure après après l'expérience. 24 heures. | Pouces. Lignes, Pouc. Lig. HNRÉLRES à dau eat ee tea eo NME be Lee le NN D nd Defanke :: 4. soiaairiol al cn SBAgomobouol #éuarat@ 29 : De peaplier. . 40144480 ant 50e SND RIT R E2an 3% Draroniets dt Pos moon onu en ul dretéets IPSAROEE De sarent de vigne... nuteol Jicen-ah sb omanrete Li Ce tableau offre selon moi des résultats fort intéressans, , ;car si dans mes premières expériences j'ai reconnu que le charbon de la même espèce de boisopéroit la moindre absorption dans les gaz qui contiennent le plus de phlogistique, ici par la même raison, les charbons qui contiennent plus de phlogistique opèrent une moindre. absorption , l’on observe une différence bien tran- chante eutre le charbon de hêtre et celui de vigne. » Je ne trouve plus rien dans mon registre. Les résultats des expériences que je viens de rapporter me fi- rent réfléchir sur l'application qu’on en auroit pu faire à l'égard de la fabrication de la poudre à canon ; et la pratique de cetart, vient de me fournir aussi de son côté une démonstration des principes établis par mes expériences , comme nous verrons ci- après. Dans la confection de la poudre à canon l'on a reconnu que la qualité du charbon contribuoïit À sa perfection; l'expé- rience a démontré qu'il est très-essentiel que le charbon soit tel, qu’il s'allume le plutôt possible pour aider avec le soufre à déve- Non 2 468 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lopper la plus grande partie du fluide élastique du salpêtre (r). On a reconnu d’après les propriétés que l’on desiroit dans lechar- bon , que les bois d’un tissu fort et serré n’avoient point la pro- priété qu’on recherchoit, ainsi les bois de chêne, de chataignier, de noyer , de hêtre ,.etc. ont été proscrits de la fabrication des poudres; par contre; ceux d’une texture plus foible, savoir les bois légers qui sont ceux qui contiennent plus de la matière du feu sont préférés (2): ainsi ceux de coudrier , detilleul, de saule , de peuplier, d’aune et de bourdaine sont ordinairement employés (3) : et. lorsqu'on veut faire de la poudre pour le tirage de l’arquebuse, ou quelque poudre de chasse extrêmement ac- tive, l’on emploie aussi du charbon de la partie ligneuse du chanvre , ou de chenevotte; la poudre composée avec cette subs- tance m’a toujours donné à l’éprauvette un plus grand degré de bonté. J'ai vu moi-même un petit essai d’une poudre qui étoit fort active, dans laquelle, au lieu de charbon, on avoit substitué du papier brûlé. La pratique a donc démontré dans la fabrication des poudres les mêmes vérités, que les expériences rapportées m'avoient fait appercevoir ; quoiqu'elles eussent été entreprises sous un autre paint de vue ; elle a fait connoître, que les charbons, qui sont es plus abondans de la matière du feu; sont les meilleurs pour la confection des poudres. Il paroît que pour surcharger autant que l’on peut de la ma- tière du feu le charbon, il faut beaucoup de soin dans la carbo- nisation , comme cela se pratique dans les fabriques anglaises, dont la poudre est supérieure en bonté à toutes celles de l’Eu- rope. On fait carboniser lentement le bois blanc et écorcé dans des cylindres ou des espèces de fours de métal; c’est une dis- tillation que l’on fait , et par laquelle ou débarrasse le charbon de l’acide pyro-ligneux et de la petite quantité d’eau qu’il con- tient ; ilacquiert, moyennant cette préparation , la propriété de s’allumer dans l'instant. EEE (1) Voyez d’Antoni Esame della Polvere et Chaptal. (2) Le charbon qui doit servir pour la poudre à canon doit se faire de jeunes branches écorcées avec soin; l’écorce et le vieux bois contiennent une trop grande quantité de principes terreux. (3) Dans les expériences faites à Essonne, on a trouvé que le charbon de bourdaine (aulne noir, /rangula) étoit le meilleur. ET D'HISTOIRE NATURELLE-F. 469 J'ai cru intéressant de rassembler ci-après le plus grand nombre des propriétés , que l’on a jusqu’à présent reconnues dans le charbon, pour tâcher de reconnoître si l’analogie que l’on observe dans beaucoup de ces propriétés , se peut déduire de la même cause. Propriétés que l’on a reconnues dans le charbon. 10. Le charbon est un des plus foibles conducteurs de la cha- leur. 20. Le charbon est après les métaux un très-bon conducteur de l'électricité. , 30. Le charbon est aussi conducteur du fluide galvanique. 4. Le charbon donne par la distiilation du gaz hydrogène. 50. Le charbon incandescent , que l’on fait passer à travers de l’eau , donne aussi du gaz hydrogène, 6°. Le charbon placé sur un plat de porcelaine ou de glace polie, et exposé à la rosée ne prend pas l'humidité à l'instar des métaux, quand la porcelaine et la glace sont mouillés. La pous- sière de charbon mise dans une boîte ne prend pas non plus d'humidité , comme je viens moi-même de l’éprouver. 7°. La poussière de charbon empêche la neige de s’arrêter sur le terrein, qui en est couvert ; ainsi l’on voit que dans les en- droits où l’on tient le marché du charbon , la neige ne prend as. 8°. La vapeur du charbon décolore beaucoup de substances végétales ; elle gâte l’air atmosphérique etle rend incapable à la respiration , et à maintenir la flamme. 9°. La poudre de charbon convertit le fer en acier. 10°. Des charbons mis dans l’eau l’empêchent de se cor- rompre. = 11. La poudre de charbon sert à rétablir les eaux corrompues, lorsqu'on la fait bouillir ensemble , et lui enlève le goût bour- beux (1). 120. La poudre de charbon sert à clarificr les syrops etles autres extraits végétaux, M. Achard de Berlin s’en est servi avec succès pour raffiner le sucre de la beza-cicla. 18°. La poussière de charbon entassée encore chaude produit (3) M: van Mons croit que c’est en oxygénant et non en désoxygégant , que le charbon chargé d’air atmosphérique rétablit les eaux gâtées, 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quelquefois une inflammation spontané: Ce cas est arrivé à la poudrière d'Essonne. 14°. Le charbon végétal a la propriété de décolorer le tartre (kehls ). 150. On s’est servi avec succès du charbon comme antis:ptique dans les maladies putrides (monch ). La poudre de charbon mise sur les plaies en enlève la mauvaise odeur (idem ). L'explication de toutes ces expériences doit se trouver proba- blement dans la même cause ; il ne manquera sûrernent pas de chimistes et de physiciens très-habiles qui développeront cette matière et la mettront dans le plus grand jour. Quant à moi, je ne ferai que hasarder mon sentiment par lequel tous ces faïts ne seront point difficiles à expliquer ; le voici : | J'ai lieu de croire que le charbon contient plus que tous les autres corps du principe de la lumière et de la matière du feu, qui peut-être fait corps avec lui (r). Les expériences que je m’en vais rapporter ci-après semblent donner un grand poids à mon assertion. 1°. J'ai exposé pendant plusieurs jours à l'air, mais à l'ombre, deux theérmomètres ( échelle de Réaumur } dont la marche étoit parfaitement égale ; sur la boule d’un de ces thermomètres j'ai placé un morceau de charbon de hêtre creusé pour bien saisir la boule; ce thermomètre a constarnment marqué un degré à un degré et demi de plus de chaleur que l’autre , et cela tant dans les jours sereins, que dans ceux de pluie , de brouillard ou de givre, comme dans les journées les plus froides, et dans les plus tempérées. Je dois prévenir ceux qui se donneront la peine de ré- péter ces expériences , que lorsque le charbon est resté longtemps en expérience , il se charge d’humidité , et pour lors il perd sa propriété. $ 2°. On soupçonnoit que le charbon , qui a brûlé plus lente- ment, est plus chargé de la matière du feu. Je l’ai éprouvé sur le thermomètre comme dans l’expérience précédente , et celui- ci a toujours marqué un demi-degré de plus que l’autre thermo- mètre où il y avoit un charbon ordinaire. 30, Un charbon de hêtre qui a resté 4 heures à la vive lumière du soleil , appliqué sur la boule du thermomètre, après avoir pris la température, marqua un plus grand degré de chaleur qu'un autre charbon quiétoit resté dans l'obscurité. (1) 11 paroît que l’opimion de Monge s'approche de la mienne, EN DH I STE OLR)F, NAT, UUR FE LL, &1 Je dois résoudre une objection que l’on pourroit me faire , savoir ; que la plus grande chaleur que le charbon marque, lors- qu'il est placé sur la boule du thermomètre est due à ce que le charbon empêche l’action de l’air externe sur la boule, et que la couleur noire en absorbant-les rayons du soleil produit de la cha- leur , je réponds par l’expérience : si vous placez , au lieu du charbon ,: un morceau de bois ou de pierre ponce , quoique ‘co- lorée en noir, sur la boule du thermomètre , vous n'y obseryez _plus le même effet. D'ailleurs je viens de faire une expérience fort tranchante , qui ne laisse aucun doute et confirme complettement mon hypothèse, -par laquelle je démontre que le charbon a une affinité particu- lière avec la lumière et avec le calorique, et qu’il se charge avec _avidité de ces principes, qui les retient au point de venir à former, pour ainsi dire , corps avec lui. Je me réserve de faire connoître ces expériences dans un mémoire particulier , dans lequel je donnerai la description de l'instrument que j’ai imaginé pour reconnolire l’activité surprenante de ces deux puissans agens de la nature. L' EsToEroh EE DE VAN MARUM A J.C. DELAMÉTHERIE, 1: Sur les expériences galvaniques de Ritter, M. Orsted de Copenhague m’ayant fait voir à son assage par Harlem, par le moyen des appareils du museum de Tyler: quel- ques découvertes de son ami Ritter à Jena (1), j'ai fait en même temps avec lui une expérience nouvelle qui donne une nouvelle reuve de l'identité du fluide mis en mouvement par la colonne de Volta avec celui d'une machine électrique ordinaire , et dont je suppose que la communication vous sera agréable pour être imsérée dans votre Journal. (1) Voyez les expériences de Ritter communiquées par Orsted , dans ce cahier et dans les précédens, Vote du rédacteur. &72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Orsted imn’ayant fait voir que deux fils de platine, après être placés pendant 5 minutes dans la chaîne de communication entre les deux extrémitésd’une colonne électrique de Volta, acquièrent par-là la faculté de mettre les cuisses et les jambes d’une gre- nouille en mouvemens convulsifs $ suivant la decouverte de M. Ritter, je lui proposai alors de faire passer le courant d'une machine électrique vigoureuse par ces mêmes fils de platine , afin d'observer si celui-ci auroit le même effet sur ces fils que le cou- rant d’une colonne de Volta. Nous y employâmes la machine élec- trique d’un plateau de 35 pouces de diamètre et de la nouvelle construction décrite dans le Journal de Physique juin 1797, vol. 38 (1). Ayant fait passer le courant de ce Ile-ci par les fils de platine tenus à la distauce d’un quart de pouce du conducteur pendant 5 minutes , nous touchâmes par ceux-ci les nerfs cru- raux d’une grenouille préparée de la manière ordinaire , et nous observâmes d’abord les mêmes mouvemens convulsifs dans les cuisses et les jambes de la grenouille , quoique pas aussi forts que dans l'expérience précédente. Cet effet moins fort du courant de cette machine répondoit très-bien à ce que j’en avois attendu , puisque mes expériences en novembre 1851, décrites dans ma lettre à M. Volta , ont fait voir que le courant de cette “achine n'a pas plus de À de la vîtesse ou de la force du courant mis en mouvement par une pareille colonne. Nous répétâmes alors l'expérience, en tenant les fils de pla- tine en contact au conducteur de la machine, pendant que nous fimes passer son courant par ceux-ci. Tenant alors les fils de pla- tine par deux mains, comme dans l’expérience précédente , et en contact avec les deux nerfs cruraux sans faire toucher leurs extrémités supérieures l’une à l’autre , leur effet sur la même grenouille, dont la sensibilité étoit très-affoiblie , étoit peu sen- sible ; mais mettant alors les extrémités supérieures de ces fils en contact, pendant que les extrémités inférieures touchoient les nerfs cruraux , nous observâmes à chaque contact des convul- sions bien remarquables dans les jambes de la grenouille. Un peu de cire à cacheter , qui avoit servi pour tenir ces fils de platine isolés au conducteur , et qui se tenoit encore à une des extrémités supérieures , rendit cette expérience encore plus évidente ; car quand nousapprochâmes les extrémités supérieures de ces fils (1) C'est une machine qui donne l'électricité positive et négative comme la pile de Volta. Note du rédacteur. de ET, D'HISTONRE) NATURELLE 473 de manière qu’un peu de cire empêchoit leur contact parfait , les jambes de la grenouille ne firént voir aücun des mouvemens convulsifs qui $e répétoiént cependant d'abord après à chaque contact parfait des fils susdits. Voilà donc encore une nouvelle preuve de l'identité du fluide misen mouvement par la colonne de Volta et de celui mis en mouvement par une machine élec- trique ordinäire. rss : API RAS LC: DEA + Émémiuis À ARC-EN-CIEL LUNAIRE » Observé par Bouyisr DesmonrTrers. Les papiers publics ont annoncé que le lundi 15 messidor an 11 à g heures 30 minutes du soir ; il a été observé à Saint Ger- main-en-Laye un arc-en-ciel lunaire qui du nord-ouest s’élevoit à la hauteur d'un quart de cercle et dont les conléursétoient dis- tinctes par le bas. Ge phénomène céleste, ajoutoit-on!, est extrê- mement raré , et l'Encyclopédie à te mot n’en cite que:troïs. Il y a erreur dans le nombre cité. L'Encyclopédie en compte douze, dont six ont des dates certaines , savoir : en 1599, 167b, i711, 1719, 1°. octobre r729et 17 août 1756, On yrvoit que le plus ancien remonte au temps d’Avistote ; qui le premier en a fait l'observation. Deux conditions suffisent pour produire l’arc-en-ciel solaire ; une hauteur convenable du soleil sur l’horison , et une nuée qui fond en pluie. Pour avoir l’arc-en-ciel lunaire bien prononcé, il en faut une troisième , le plein de la lune ou à-peu-près, et c’est cette dernière condition qui rend le phénomène beaucoup plus rare (1).1l ne l’est cependant pas autant que semble l'indiquer le petit nombre de ceux dont l'Encyclopédie fait mention , et de- puis plus de 2000 ans qu’Aristote vivoit, on doit croire qu’il y a eu beaucoup plus de Ces phénomènes que d'observateurs, par la raison que l’arc-en-ciel lunaire ne paroît que la nuit. J'en ai vu deux : le premier, il y a environ 15 ans, dont ie ne me rappelle pas assez les circonstances pour en rendrecompte. L'autre que j’ai bien observé , et dont j'ai fait note, parut le 4° (1) Celui de 1719 n’avoit que des couleurs peu distinctes , la lune n’étant alore qu’au premier quartier. Tome LIT. FRIMAIRE àn 12. Oco 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE jour complémentaire an 9. Il y avoit eu plusieurs orages dans la journée. Passant à 7 heures du soir sur la place de la Pyramide, je remarquai vers l’ouest-nord-ouest un arc régulier formé des couleursles plus réfrangibles , le verd , le bleu et le violet qui se prononcçoient très-distinctement. Je m’arrêtai à considérer ee beau météore qui ; depuis l'instant que je l’avois apperçu, dura en- viron 4 minutes. l La lune s’étoit levée à 5 heures 57 minutes. Elle fut pleine le lendemain à 7 heures 17 minutes du matin, ERRAT A. Page 144 ; Hg. 81 : les opérations, Zsez les opinions. 146, 4, après ces mots: puisqu'il n’y en a poiné, ajcutez, en activité, Ibidem. lg. 34, prémiaes, lisez prémisses. 147 , Note, seconde lig. : guam , lisez quia. 2148, première , lig. 2 : riverum , lisez rivorum. 149, lig. 7 : je pense , lisez je peux. Cahier de yendémiaire , pag. 317, dernière ligne : supprimer les mots article communiqué. F ET D'HISTOIRE NATURELLE. 475 NOUVELLES LITTÉRAIRES. Traité de l'aménagement et de La restauration des bois et Sforêts de la France, ouvrage rédigé sur les manuscrits de feu M. de Perthuis , membre de la société d’agriculture du dépar= tement de la Seine , par son fils, ancien officier du génie, et membre de la société d'agriculture du département de Seine et Marne , ayec cette épigraphe : Artem experientia fecit. Vol. in-80. caractère cicéro, avec tableaux en petit romain , de 384 pages d'impression ; prix, broché : 4 fr. bo c. et francde port par la poste, 5 fr. 5o c. Paris, an XI( 1803) , de l’imprine- rie et dans la librairie de Mdc. Huzard, rue de l’Eperon St.-An- dré-des-Arcs , n°. zr. Cet ouvrage est divisé en deux parties. à La première comprend la nomenclature des arbres forestiers de ‘a France , leur végétation sur différentes natures de terrein, leurs produits suivant l’âge auquel on les coupe , leur exploita- tien et leurs aménagemens , et le revenu qu’on obtiendroit des bois nationaux, s'ils étoient aménagés comme l’auteur le pro- pose. : La deuxième présente les moyens qu'on peut employer pour la restauration des boïs de la France : comme semis, plantations, repeuplement , plantation d’arbres isolée , travaux d’améliora- tion et une bonne conservation. Le cit, de Perthuis , auteur de cet ouvrage, a exploité pendant 30 ans la forêt de Villers-Coterets, et s’est occupé toute sa vie de plantations. Les forêts, dont tout le monde sent l’utilité, ont tellement été dégradées en France, qu’on ne sauroit donner trop de soin à leurs restaurations. Ainsi l'ouvrage que nous annonçons , a le double mérite d’être d’une utilité générale pour tous les pays, et de l’être encore plus particulièrement pour la France. 000 2 46, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A AE TA LB di Ei ‘ A : DES ARTICLES, CONTENUS.DANS CE CAHIZR. Expériences avec la Pile électrique, : faites par M. Ritter. ‘ ; Page, 401. Expériences sur lemagnrtisme, par M. Ritter. 406 Expériences sur la [nmière, par. M. Ritter. 409 Traité élémentaire de physique., par R. J. Haïy. Extrait per Tremer nuit paie 512 Flore des Pyrénées, par Philippe Picot Lapeyrouse. 426 Mémoire sur les aréomètres , par Barré d'Orléans. 433 Extrait d'un mémoire sur le platine, par les cit. Fourcroy et Vauguelin. 450 Nouveau thermomètre , par Jérôme Lalande. CITE 454 Observations météorologiques. : 455 Sur les effets du fluide galvanique appliqué à différentes plantes, par le cit. Giulio. hr, 4: Suite des expériences sur l’absorption du charbon, par Charles-Louis Morozzo. 465 Eettre de van Marum à J.-C. Delamétherie, sur les expe- riences galvaniques de Ritter. 471 Arc-en-ciel lunaireobservé par Bouvier-Desmortiers. 473 Nouvelles littéraires. 475 TA 8 Ta GIEIN ERA LE 477 D en Ne ee Dé) en, > {<< "NS TABLE GÉNÉRALE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. H16TOrIRE NATURELLE; Mémoire sur la structure de l’articulation du genou dans la macreuse, et sur la progression de cet oiseau , par Lordat afné. 32 Histoire d'un insecte (ou d’un crustacée ); par Bénédict Prevost. 37 Lettre de I, Cordier au cit. Devilliers fils. 55 Lettre de L. Cordier à J.-C. Delamétherie. 64 Examen comparé de la pierre météorique d” Aigle et de celle de Villefranche ; par B. G. Sage. 7o Dictionnaire d'histoire naturelle. 79 Suite de l’histoire d'un insecte ou crustacée; par le ci- F zoyen Bénédict Prevost. Page 89 Observations sur la cristallisation du verre; par B. G. Sage. 107 Observations sur du bleu martial fossile cristallisé ; par B. G. Sage. 115 Note sur le mort Uzore du département de la Loire ; par F. Berger. ; 125 Réponse aux observations de M. Deluc , sur cette ques- tion : l’eau de la mer est-elle le Mens gui puisse produire les fermentations volcaniques? par V.R. T. Lebouvier- Desmortiers. 143 Histoire naturelle des poissons ; par le cit. Lacépède. 153 Mémoire sur les basaltes de la Saxe; par T. F. Dau-: buisson. Essai de géologie, où mémoire pour servir à l’histoire na: turelle du globe ; par Faujas Saint- Fond. 162 Notice minéralogique sur Montferrier ; par J. Draparnaud. 174 Extrait de lettres de M. A. Humboldt, sur ses voyages : 156 minéralogiques. 190 Extrait des observations anatomiques de M. Home, sir l’échidné. -: 232 Note sur le chircc 'phale. * - 245 473 Tasrz GÉNÉRALE Quatrième mémoire sur La tourbe pyriteuse du département de l'Aisne, son emploi dans l’agriculture et les arts; par AT so D M. Poiret. : : Page 249 Tableau physique et topographique de la Tauride ; par Pallas, communiqué par M. F. Berger. 260 Note sur Les aiguilles rouges, dans la vallée de Chamouni ; par F. Berger. 277 Sur l’organisation intérieure des alcyonites; par B. G. Sage. 281 Description d’un poisson fossile . par J.-C. Delamétherie- 320 Mémoire sur La sabella penicillus de Linné; par Le citoyen _Viviant. 321 De la sardoine ou agate brune; par B. G, Sage. 369 Jlore des Pyrénées, par Philippe Picot Lapeyrouse. 425 Sur les effets du fluide galvanique appliqué à différentes plantes, par le cit. Giulio. 455 PHrsirques. Note sur un Espagnol qui supporte de grands degrés de cha- leur ; par J.-C. Delamétherie. 66 Observations météorologiques. 68 Observations météorologiques. 162 Observations météorologiques. 202 Observations météorologiques. 318 Observations météorologiques. 396 Observations météoroldues. è 458 Institut national des sciences et des arts. Sur une nouvelle pile galvanique ; par dlizeau. Rapport. 74 Idées géologiques ; par de cit. André de Gy, connu ci- devant sous le nom de P. Chrisologue de Gy, capucin. 109 £Lertre de Bénédict Prevost à J. C. Delamétherie, sur des mouvemens des trachées des fibres corticales et des poils des plantes. 112 Description du grand appareil galvanique de M. Pepys. 116 Addition aux observations sur Les tremblemens de térre , EL la position des volcans. Réplique à la critique de M. De- luc ; par M. Courrejolles père. ‘ 119 Suite des expériences galvaniques sur la colonne Volta plongée dans l’eau ; par Lagrave. 140 dHASS DEN GLEN ÉVENAUTLxr 479 J. Izarn à J. C. Delamétherie , sur l’effet galvanique des disques métalliques oxidés. Page 151 Nosographie philosophique , ou méthode de l'analyse appli - quée à la médecine ; par Ph. Pinel. Ext. par Duvernoy. 180 Comment se divise dans l’atmosphère la pierre météorique après son émission du globe lumineux , d’où provient la chaleur dont elle est pénétrée ; par B. G. Sage. 200 Lettre de Lagrave à M. Izarn. 229 Tableau des expériences galvaniques faites sur des hommes et des animaux ; par le cit. Rossi. 26 Sur l’organisation des végétaux ; par J.-C. Delamétherie. 285 Recherches sur l’action qu’exerce le calorique sur la vi- talité des animaux. Premier mémoire ; par Victor Miche- lotti. 337 Expériences sur un appareil à charger d'électricité par la colonne électrique de Volta ; par M. Ritter, 345 Addition au mémoire sur la pile à charger de Ritter. 364 Remarques sur trois suites d'observations cyanométriques de H. B. de Saussure; par P. Prevost. 372 Figure des orbites des nouvelles planétes ; par Jérôme Lalande. 395 Expériences avec la pile électrique , par M. Ritter. 407 Expériences sur le magnétisme, par M. Ritter. 406 Expériences sur la lumière , par M. Ritter. 409 Traité élémentaire de physique,par Haüy.Ezxt. par Tremeri. 412 Mémoire sur les aréomètres , par Barré d’Orléans. 433 Nouveau thermomètre , par Jérôme Lalande. 454 Suite des expériences sur l’absorption du charbon, par C. L. Morozzo. 465 Lettre de M. van Marum à J.-C. Delamétherie , sur les expériences galvaniques de Ritter. A7I Arc-en-ciel observé par Bouvier Desmortiers. 473 CHrIMTrE. Recherches sur l’absorption et l’altération de l’air et de dif- Jérens gaz par l’eau ; par F. Berger. Essai de statique chimique ; par C. L. Berthollet. Extrait: 24 Lettre sur le palladium de S. Tennant à J.-C. Delamétherie, 7o Recherches sur la nature d’une substance métallique ; par 480 MA BLE CEÉNER AL EX Richard Chenevix ; traduit des transactions philosophi- ques; par F. N. Vandier. Page 127 Sur le nickel; par le professeur Proust. 169 Lettre de Spallanzani au Cit. Sennebier, relative à la respiration, 204 Suites des recherches sur le palladium; par Richard Che- LEViT. 217 Analyse chimique de l’urine-sucrée, par M, K/aprotA. 230 Recherches sur la vraie cause de l’inflammation du phos- phore dans le vide de la machine pneumatique ; par A. van Bemmelen. 236 Notice sur un nouveau métal retiré du platine. 31 Note sur la pierre appelée béril de Saxe. 333 Notice sur la cause des couleurs différentes qu’affectent certains sels de platine ; par H. V. Collet-Descotils. 384 Extrait d’un mémoire sur le platine ; par les cit. Fourcroy et Vauguelin. 450 Nouvelles Littéraires, 84 Nozvelles Littéraires. 165 Nouvelles littéraires. 346 Nouvelles littéraires. 334 Nouvelles liitéraires, 398 Nouvelles littéraires. 473 De l’Imprimerie de H. L, PernoNNrAU, quai des Augustins, n°. 44. be F { mé z Jellier Se. TUNAIT'E AT Z2 . A £ | . 4 S ‘ + FALL, D. NOTE. J 4 AA WE VON, pi A