Frnes ORESER ses 1 LOUE At) na LH SE Res RES e RSS Æ FÉLRRTTS ve 22 SE . jbl Qui Ur cuis . ie HER b ss ji te | ( SR un 4} AN EE el ae ne | fa RAA NE AT ES qui UNE d nn CSN AN LEE fa ais Ag ù (! a . Li RCE X tn AIO à il me ii LR SENTE + O URN AL DE PHYSI OU 5 DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE EURE SUR TS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE ; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. NIVOSE AN XIII. TOME Lx. A PARIS, Chez COURCIER , Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 71. PET TE. RETUE LES art SPAS TIM Ce AE TAN UE, KO PR APT RE Les TE TPE 4 ‘ D UE I NUE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. NIVOSE ax xx. DISCOURS PRELIMINAIRE; PAr J.-C. DELAMÉTHERIE. Cerre année nous offre de nouveaux faits d'un grand in- térét, et qui prouvent que l'ardeur avec laquelle on cultive depuis un certain temps les différentes branches de la phi: losophie naturelle , ne se ralentit point, quoi qu'en aient dit certains détracteurs des sciences. Depuis vingt années que je suis chargé (1) de la rédaction de ce Journal ( qu'on doit (x) Ce Journal fut commencé en 1771, par l'abbé Rozicr; il en parut, en 1771 ct 1772, deux premiers volumes in-4° , qui formoient l'Intro- duction, En 1773, le Journal prit la forme qu'il a aujourd’hui, c’est-h-dire que chaque mois il en parut un cahier in-4° de 80 pages, avec des planches. Il a été continué sur le mème pied jusqu’en 1794, qu'il y eut une suspen- sion de trois ans, ensorte qu'il forme aujourd'hui 59 volumes in-4° , en comptant deux volumes par an. En 1780 , l'abbé Rozier se retira à Beziers, puis vint à Lyon pour tra- vailler à son Dictionnaire d'Agriculture, qui a eu un si grand succès. Ik confia la rédaction du Jourpal à son neveu Fabbé Mongés le jeune. (4 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE regarder comme le recueil le plus complet des découÿèrtes dans toutes les sciences ), je n’en ai vu aucune qui n'ait été marquée par quelque travail important. Celle-ci nous pré- sente la découverte d’une planète et d'une nouvelle comète, celle de plusieurs substances métalliques... J'ai eu constam- ment en vue dans les résumés généraux qui forment le premier cahier de chaque année , de présenter aux lecteurs un exposé succinct de ces faits principaux. Les opinions et les théories diverses ont été discutées avec impartialité. Je puis m'être trompé ; et qu'est-ce qui ne se trompe pas ? et moi plus que personne. Mais on ne me re- Rte jamais d'avoir manqué aux égards que se doivent es gens de lettres. Ils forment une république indépendante, dont /es droits les plus précieux de chaque membre est la faculté d’avoir sa facon de penser ,et j'ai voulu en jouir comme un autre. Une expérience journalière fait voir que telle opinion qui domine aujourd’hui, sera bientôt remplacée par celle que l'on combat avec le plus de chaleur... Mais les faits, les _ faits demeurent; et ce sont les faits que je m'efforce de consigner dans ce recueil. Cette année nous offre les relations de plusieurs voyageurs qui ont beaucoup étendu nos connoissances sur la physique et sur l'histoire naturelle. Les savans qui ont accompagné le capitaine Baudin , nous ont rapporté la plus riche collection dans toutes les parties de l'Histoire naturelle, surtout dans le règne animal. Sui- vant le rapport fait parles professeurs du Muséum. Les col- lections qu'ont rapporté Péron et Lesueur, contiennent : POS Celui-ci, par une noble ardeur pour le progrès des sciences, parlit avec Lapeyrouse pour le voyage autour du globe, et me remit la rédaction du Journal, en mai 1765. Il m'écrivit en 1788 de Botani-Bay, et depuis ce temps on n'en v’a plus eu denouvelles. L'abbé Rozicr fut écrasé par une. bombe au siége de Lyon. Je suis donc demeuré seul chargé de ce Journal , sans savoir le sort qui m'est réservé par la destinée....... Je ne négligerai rien pour continuer à faire de ce Journal, un dépôt de toutes les découvertes qui intéressent les sciences et les arts. £T D'HISTOIRE NATURELLF, 7 Espèces nouvelles. NMammuleres tem CRUE 70 OISEAU Male lee en. ee TA Quadrupèdes etbipèdesovipares. 41 Reptiles. 5% :,. à : Poissons Me MMS ER PTE T0 Crustacés et arachnides.. . . . . 134 Echinodermes. . . Le ee he T2 AIT HDesracés EUR CPE UE ect. 1040 ERP PE ES OU ASE 28 Insectes NME NICE MNE LT: Lie 000 ZOO DH De eee lens hee tee IOL do We: 0% e 2 Total des espèces nouvelles d'animaux. . 2542 Ils ont d'ailleurs rapporté un grand nombre d'espèces con- nues qui, suivant le même rapport, se montent à 5822. Et le nombre total des individus qu'ils ont rapportés se monte à 18414. Ils ont aussi rapporté environ 2600 espèces de plantes, dont il y a près de la moitié qui n’est pas connue. Ils travaillent à la publication de leur Voyage, qui sera orné de planches. Voici une notice de leurs travaux et des ouvrages qu'ils se proposent de publier. 1°. Une relation historique de leurs voyages faits aux terres australes, sur les vaisseaux /e Naturaliste et le Géographe , durant les années 9, 10,11 et12. 2 vol. in-4f avec un bel atlas de figures , de costumes des différens peuples, des vues, de quelques beaux objets d'histoire naturelle, etc. MM. Péron et Lesueur espèrent pouvoir en commencer la publication à la fin du printemps prochain. 2°. Zoographie générale de l'Australasie et des mers qui la baignent- Cet ouvrage qui doit contenir plus de 2000 esp. d'animaux entièrement inconnus, et à-peu-près autant d'objets très- rares, commencera à paroître par livraison à la même époque que le précédent. Ce ne sera point une nomenclature stérile et fastidieuse ; MM. Péron et Lesueur ayanteu pendant quatre ans le loisir d'observer les mœurs, les habitudes des animaux qu'ils feront connoître , leur ouvrage offrira sous 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ce rapport un avantage d'autant plus précieux qu'il est plus rare. l'outes les descriptions , tous les dessins en ontété faits par les auteurs sur les objets vivans. 3°. Histoire comparée des sauvages de la terre de Diémen, de ceux de la Nouvelle-Hollande, et des habitans de la grande île de Timor. 1 vol. in-4° enrichi de belles figures. Dans cet ouvrage, M. Péron est autorisé à faire usage des manuscrits précieux qui lui ont été remis sur les sauvages à la Nouvelle-Hollande, par madame Patterson, digne épouse du célèbre voyageur de ce nom; et par M. Basse, médecin d'un très-srand mérite, et celui-là même qui découvrit le dé- troit qui sépare la Nouvelle - Hollande de la terre de Diémen. Dr NET re : 4°. Observations météorologiques recueillies pendant l'ex- pédition des découvertes aux terres Australes , par M. Péron. Les expériences de l'auteur répétées sur un théâtre immense soit en latitude, soit en longitude dans l'un et l'autre hé- misphère , présentent à tous égards la série la plus complète qui ait été faite jusqu'à ce jour. Elles ont été constamment répétées quatre fois par jour, à 6 heures du matin, à midi, à 5 heures du soir, à minuit. Le baromètre , le thermomètre et l'hygromètre ont été les instrumens employés par l'au- teur. Ces expériences sur l'atmosphère ont marché de pair avec celles sur la température de L mer à sa surface , répé- iées constamment aux mêmes heures. Le rapport des varia- tions du baromètre avec celles de l’hygromètre paroissent devoir être un des résultats les plus précieux de cette belle série d'observations. À son propre travail , M. Péron réunira celui dé M. Lislet-Geoffroy, capitaine du génie à l'ile de France , ancien correspondant de l’Académie des sciences. C'est une suite de 20 années d'observations météorologiques faites au fort N. O. de l'ile de France , et celui de M. Mon- neron , négociant de cette même colonie, qui répéta les mêmes observations pendant sept ans, dans l'intérieur de l'ile. Le tout pourra former # vol. in-8°, Bailly qui dans le même voyage s’occupoit de la minéra- logie avec son ami Depuch, qui y est péri, a rapporté de ces contrées quelques minéraux. Bory de St-Vincent qui étoit de la même expédition, re- lächa aux iles de France et Bourbon, d’où il a rapporté beau- coup ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 9 coup de plantes et de minéraux. Il a publié une relation intéressante de son voyage. Humboldt, accompagné de Bonpland, partis d'Europe en juillet 1799, a fait à ses frais le plus grand voyage qu'ait en- trepris un particulier. Ils ont parcouru une partie de l'Amé-. rique espagnole , au Pérou et au Mexique. Ils sont montés sur le Chimborozo , à 3030 toises, le lieu le plus élevé où on füt parvenu sur le globe. Leurs collections nombreuses renferment des productions des trois règnes. a Une grande quantité de minéraux, particulièrement des substances volcaniques , et de beaux morceaux des riches mines d'argent de ces contrées. b 6000 plantes environ, dont il y en a à-peu-près quinze à dix-huit cents qui n'étoierit pas connues. c Un grand nombre d'insectes, de coquilles; plusieurs oiseaux et plusieurs mammifères. Un naufrage sur les côtes d'Afrique leur a fait perdre un de leurs compagnons de voyage , avec la riche collection d'in- sectes de l'Orenoque et de Rio-Negro, ainsi que le tiers des lantes qu'ils avoient ramassées sur les bords du Rio- egro. d Ils ont aussi rapporté des antiquités du Mexique, qui sont d'un grand intérêt pour l’histoire de ces contrées. Ils travaillent à la rédaction de leurs Mémoires, avec la même ardeur qu'ils ont mise dans leur voyage. Voici la no- tice des ouvrages qu'ils se proposent de donner. Une partie: est déjà achevée. 1°. Observations astronomiques faites pendant tout leur voyage tropique, contenant L position astronomique de 300 endroits fixés par des distances lunaires, des observa- tions des satellites de Jupiter et des éclipses, et les chrono- mètres. Le bureau des longitudes de Paris a fait vérifier tous ces calculs. Mesures géodésiques : on a employé pour les calculer la nouvelle formule que Laplace a donnée pour les réfractions. 500 hauteurs mesurées par les baromètres. Prony a fait cal- culer les hauteurs d'après la formule de Laplace, en y em- ployant les coefficiens donnés par Ramond, Observations des variations horaires du baromètre. 2%. Un volume surle magnétisme , rédigé par Humboldt et Biot. Tome LX. NIVOSE an 13. B _ 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Observation sur l'intensité des forces magnétiques, ow l'inclinaison et ses lois, les variations de la déclinaison. 5°. Relation abrégée du voyage de Humboldt et de Bon- land. Un seul volume contenant l'exposé de tous les voyages, et divers Mémoires lus à l’Institut national de France depuis leur retour. 4°. Essai sur la géographie des plantes, ou Tableau phy- sique des régions équatoriales. Il contient : a Les hauteurs auxquelles croissent les divers végétaux ; à Celles où vivent les divers animaux; c Les phénomènes de la température; d.Ceux des limites où la, neise ne fond pas; e Les pressions barométriques,; JS Les degrés auxquels l'eau entre en ébullition; Les réfractions horizontales ; h Les phénomènes de l'électricité;, 2 La culture du sol... Cet ouvrage, dont l'impression est commencée, formera un. volume in-folio. 5°, Atlas géologique et physique contenant les profils des- montagnes de la Cordelière des Andes et du Mexique. 21 vol. in-folio. 6°. Carte géographique fondée sur les observations astro- nomiques de Humboldt. Cette carte renferme le cours des rivières de. la Madeleine ; de l'Orénoque ; de Ca$siquiara , et le royaume du Mexique. 4 n°. Essai sur la pasigraphie géologique, ou Dessin qui indique par des lignes très-simples la nature et la stratifica- tion des couches. 8°, Statistique du royaume de la Nouvelle-Espagne, son étendue, sa population, ses finances. 9°. Voyage au tropique, ou Observations faites dans l'O- céan Atlantique , dans l’intérieur du nouveau Continent, et dans la mer du Sud, en 1709. — 1804. Sur l'aspect physique du pays , sa géologie, les mœurs des habitans, les antiquités, leurs connoissances , leur morale. 10. Décade des plantes équinoxiales in-fol. Le premier fascicule paroïtra incessamment. Elles sont dessinées par Turpin, et gravées par Sellier. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 12 - 11°. Nova generæ et species plantarum., sans gravures. C'est un ouvrage dans lequel Humboldt et Bonpland don- neront une notice diaguose des 6000 espèces de plantes qu'ils ont rapportées. 12. Fragmens zoologiques et anatomiques sur la langue des singes et des oiseaux, sur l'anatomie du crocodile, sur des nouveaux genres de poissons et de singes. Les manuscrits 3,4,5,6, 7 et 8sont déjà en partie ache- vés , et n’exigent plus que de légères corrections. Les manus- crits des autres Mémoires sont assez avancés pour que le pu- blic en eût toujours pu jouir, quand même Humboldt eut péri dans le cours de son voyage. Humboldt a lu à l’Institut de France différens Mémoires sur la force magnétique avec Biot, sur l'analyse chimique de l’air avec Gay-Lussac , sur le larinx des singes , des oiseaux, des crocodiles; sur le gymnote électrique, sur les limites de la neige dans les différens climats. Bonpland y a lu un Mémoire sur le palmier à cire. Vau- quelin a analysé cette cire. - Aubert du Petit-Thouars a vu les iles de France , de Bour- bon, de Madagascar, de Tristan d'Acunha; il publie par fascicules la description de quatre à cinq cents espèces nou- velles de plantes qu'il en a rapportées. Labillardière qui a fait le voyage du tour du globe avec d'Entrecasteaux , en a rapporté une collection très-nom- breuse de plantes, dont il commence à publier la descrip- tion. Olivier a visité une partie de la Grèce et Constantinople; il a passé en Egypte , en Arabie; est allé à Bagdad, et a pé- nétré jusqu'à Ispaham. Il en a rapporté une collection pré- cieuse d'insectes , plusieurs plantes et plusieurs minéraux. Il en donne la description dans ses Voyages , dont il a déjà publié plusieurs volumes. ; Sonini nous a donné ses Voyages en Grèce , en Egypte, à Cayenne. Il y exposé un grand nombre de faits précieux pour lhistoire naturelle , pour les arts, pour la physique... :: Patrin qui a séjourné plusieurs années dans le nord de l'Asie , et a été jusque sur les confins de la Chine, en a ap- porté: des collections nombreuses de minéraux et de plantes, dont il donne la description partiellement dans son Histoire des Minéraux , dans le Dictionnaire d'Histoire naturelle. .…; B 2 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Michaux a parcouru les parties occidentales des Etats-Unis, les bords de FOhto , le Kuntecké , le Ténessé. Il a traversé les monts Alheghanys pour revenir dans la Caroline septen- trionale. Volney qui a vu une partie de l'Amérique septentrionale, nous en à Et connoiître la température, les vents, et une partie de la minéralogie. Bose a également visité une partie de l'Amérique septen- triouale. Il donne dans ses divers ouvrages la description des objets qu'il a rapportés. Cordier a parcouru l'Espagne, et a été jusqu'aux Canaries. Il a monté sur le pic de ‘leyde , d où il en a rapporté plu- sieurs laves. Il en doit donner la description. Les savans François qui ont été en Egypte, y ont fait les observations les plus intéressantes, soit sur l'histoire natu- relle , soit sur les arts. Denon a déjà publié un grand ou- vrage sur les monumens de ce pays jadis si intéressant. On rédige un recueil complet de tous leurs travaux. Les savans étrangers ne mettent pas moins de zèle dans les voyages qu'ils entréprennent pour le progrès des sciences. Le capitaine anglais Finders a fait le tour de la Nouvelle- Hollande , ensorte qu'on connoit toutes les côtes de ce vaste pays. Patterson a visité plusieurs parties de cette contrée. - Quelley, botaniste anglais, y a recueilli beaucoup de plantes. Horneman a pénétré dans l'intérieur de l'Afrique, et a donné quelques détails sur ce vaste Continent qui nousétoit si peu connu, avant Bruce, qui avoit visité | Abyssinie, et Mongo-packe qui avoit parcouru les contrées situées sur le Niger et le Sénégal. Lichenstein est parti du cap de Bonne-Espérance ; et a voyagé le long des frontières des possessions hollindaises. Il en a rapporté des collections en quadrupèdes ovipares, et insectes , et surtout des plantes Il a aussi fait plusieurs observations géologiques intéressantes. IL se préparoit à faire un second voyage avec Popemann, jeune suédois, pour se porter droit au nord du Grand Karro , et du pays de Cam- debo, où aucun naturaliste n'a encore pénétré. Daniels, peintre anglais, a voyagé dans les mêmes contrtes ‘en dessinant tout ce quil y avoit d'intéressant, hommes, animaux, sites... Son travail, disent les habitans du C , ET D'HISTOIRE NATURELLEÆF, 13 est d’une grande beauté. IL est si considérable qu'il a des- siné 36 antuilopes , a-t-on dit à Péron. Barrow, dans son beau voyage au pays des Caffres et des Boschismans, a fait des observations précieuses sur les mœurs des habitans , et sur les divers objets d'histoire naturelle qu'il a vus. Il prétend même avoir trouvé des traces de la licorne, cet animal qu'on a toujours regardé comme fabuleux. Spar- mann avoit aussi dit avoir eu quelques indices de son exis- tence. Grandpré , dans son voyage du Congo , a donné des détaiis intéressans sur ces contrées. Damberger, voyageur saxon , prétend avoir traversé toute l'Afrique, depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu'au royaume de Maroc. Le président des Etats-Unis a envoyé le capitaine Lewis reconnoitre les sources du Missouri; il doit ensuite chercher à pénétrer jusqu à Nutca-Sunde. Il est parti le 4 mai 1504. L'empereur de Russie a fait partir deux vaisseaux avec des savans pour faire le tour du monde. Ils nous rappor- teront sans doute des choses intéressantes. Enfin toutes les nations et un grand nombre d'individus redoublent. d'eflorts pour parvenir à connoitre la surface de notre globe, et les divers objets qui s’y trouvent, soit dans le règne minéral ou inorganique, soit dans le règne orga- nique, les végétaux et les animaux. De la géographie. Ce grand nombre de voyageurs nous donnera une connois- sance plus approfondie de la surface de notre globe, qui doit être un des principaux points de l'étude du philosophe, puisqu elle lui fait connoitre le globe lui-même et .les diffé- rens objets qui se trouvent dans les diverses contrées. . On connoît à-peu-près l'Europe. Je dis à-peu- près, parce- que le géographe a encore beaucoup de recherches à faire sur cette partie, principalement au nord. StMauris à ubli: sous le nom d Acerbi, la relation d'un voyage quil a IN jusqu'au cap Nord. LAsie, ce vaste Continent qui a été le berceau des peuples les pius anciennement civilisès , les Japonois, les Chinois, 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les Ilindoux, les Persans, les Assyriens, les Sabéens ow Arabes, les Phéniciens, je dirois presque les Egyptiens, parcequ'ils tiennent en quelque sorte plus aux peuples asia- tiques qu'aux peuples africains ; l'Asie, dis-je, est encore très-peu connue géographiquement. On a quelques cartes des côtes del Océan, depuis la mer Rouge jusqu'au Kams- chatcka. On connoit aussi un peu la Sibérie ; mais tout l'intérieur de l'Asie est peu connu. Les régions du Cau- case, de l'Immaus, du Thibet, des monts Altaiques ; en un mot tout ce qui compose la Tartarie indépendante, le nord de la Chine, et toutes les contrées qu'arrose le fleuve Amour. Les côtes de l'Afrique sont un peu plus connues que celles de l'Asie; néanmoins il en est quelques-unes telles que celles de l'Orient, qu'il faudroit encore visiter; mais nous venons de voir que l'intérieur est peu connu. On a parcouru les côtes de la Nouvelle-Hollande ; mais l’in- térieur est absolument inconnu. ; On en peut dire autant des grandes îles de l'Archipel indien , Bornéo , Timor , Java, Sumatra, et de la plupart des iles de la mer Pacifique , ainsi que de Madagascar. Quant à l'Amérique, toute la partie du nord jusqu'au Canada est à-peu-près inconnue. On a côtoyé la Californie, mais on n’a point pénétré dans l'intérieur. Le Mexique, le Pérou ont été bien vus par Humboldt, qui en a déterminé la position exacte par des observations astronomiques ; mais toutes les contrées au sud de la rivière des Amazones sont peu connues. Cet exposé abrégé devl'état actuel de la géographie fait voir combien 1l lui reste à acquérir. DE L'ASTRONOMIE. L'astronomie a vu le nombre des planètes connues aug- menté par la découverte de M. Harding. Cet observateur cherchoit à Lilianthal à examiner le catalogue des étoiles publié par MM, Delalande. Il en suivit pendant plusieurs jours une de huitième grandeur qu'il vit changer de place, ce qui lui indiqua que c'étoit une planète ou une comète. Enfin il constata que c'étoit une Hide : à laquelle il a, donné le nom de /unon. | ET D'HISTOIRE NATURELLE, 1 Voici ses élémens : Sa révolution est de 5 : ans. Son inclinaison est de 21°. Son excentricité est du quart du rayon. Sa distance au soleil est d'environ 100 millions de lieues, parconséquent un peu plus grande que celle de Cérès et de Pallas. Son diamètre n'a pu être mesuré ; mais elle paroit comme une étoile de huitième grandeur. Cette planète est la douzième découverte depuis un petit nombre d’années. Herschel découvrit Uranus, le 18 mars 1787. Il découvrit ensuite deux satellites à sa planète, en jan- vier 1787. Quelque temps après il découvrit quatre autres satellites à sa planète. Et deux nouveaux à Saturne, aux mois de septembre et d'octobre 1789. Piazzi découvrit en nivose 1801 , sa planète ou Cérès. Olbers découvrit la planète de son nom, ou Pallas, en 1802. Harding vient de découvrir en 1804, la planète de sonnom, ou Junon. Notre système planétaire est donc composé aujourd'hui de 10 planètes principales connues, savoir : Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Cérès, Pallas, Junon , Jupiter, Saturne et Uranus. Et de 18 Me secondaires connues, savoir : la Lune, quatre satellites de Jupiter, sept de Saturne et son anneau, qui est double, et de six d'Uranus. En tout 28 planètes. Et notre système cométaire est composé de 94 comètes connues. Quatre-vingt-quatorzième comète. Louis Pons, employé à l'Observatoire de Marseille, l'apperçut le 8 mars de cette année. Bouvard la vit le 11 mars, à l'Observatoire de Paris, et Olbers, le 12, à Bremen. Messier la suivit avec son zèle ordinaire, Elle ne paroit que comme une nébulosité, 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Qu'on juge des travaux des astronomes, puisqu'en 1794 ; lorsque Lalande publia son Astronomie, on ne connoissoit que 83 comètes. Schroeter a fait un nouveau travail sur le globe de la lune. | IL a constaté par de nouvelles observations l'existence d'une atmosphère autour de la Lune. Il y a autour de cette planète un véritable crépuscule, qui peut s'étendre depuis 2° 38° jusqu'à 30 6. L'atmosphère de la lune est 29 fois, ou plus exactement 28,94 fois moins dense que l’atmosphère terrestre. Ce qui s'accorde avec la force de gravitation qui existe à la surface de ces deux planètes ;, comme le remarque le docteur Mélanderhielm. Schroeter observe que de grands changemens s'opèrent à la surface de la lune en très-peu de temps, ce qui lui fait supposer qu'il y a beaucoup de volcans en activité , et leurs A sont plus considérables qu'à la surface de la terre, arceque la force de gravitation est cinq fois moins forte à LÉ surface de la lune. Ces changemens sont plus fréquens à l'hémisphère austral de la lune , ensorte qu'on peut dire, d'après des observations certaines, que dans la lune comme sur la terre , et dans les planètes Vénus et Mercure, l'hémisphère méridional est en général plus travaillé. On voit quels progrès l'astronomie a faits depuis que Herschel est parvenu à faire ses excellens télescopes. Il les a appliqués à la recherche desfétoiles : il en fait différentes classes. 1°. Etorles isolées. Il donne ce nom à des étoiles qui sont aussi éloignées les unes des autres, que l'est notre soleil de Sirius ou d'Arcturus. On peut les regarder comme assez indé- pendantes les unes des autres ; pour mériter le nom d'étoiles isolées. Chacune d'elles peut être le centre d'un sytsème planétaire et cométaire comme notre soleil. 2°. Etoiles doubles. Ce qui constitue un système d'étoiles doubles est la double condition que deux étoiles soient réelle- ment assez voisines L'une de l’autre , et d'ailleurs assez sépa- rées des autres étoiles pour n'être pas sensiblement influen- cées ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 cées par leur attraction, et pour demeurer unies par leur gravitation mutuelle. 3°. Etoiles triples, quadruples , quintuples et multiples. Il faut dire des étoiles triples , quadruples, quintuples et multiples , la même chose que nous avons dit des étoiles doubles. Peut-être, dit l’auteur, bien des personnes pourroient regarder ces spéculations comme oiseuses : mais ces éombinai- sons d'étoiles existent réellement, et je pourrois en indiquer par milliers, Il ne se passe pas une seule nuit dans laquelle, en balayant le ciel avec mes grands télescopes , je ne ren- contre des collections nombreuses d'étoiles doubles, triples, quadruples, quintuples et multiples, isolées en apparence, et formant probablement autant de systèmes sydéraux. 4. Des amas d'étoiles, ou de la vore lactée. Des étoiles quadruples, quintuples et multiples, on est naturellement conduit à considérer les vastes rassemblemens d'étoiles disséminées avec profusion dans la voie lactée. Cette immense agrégation nest point uniforme. Il ÿ a çà et là des amas plus serrés; ailleurs des espaces vacans. Par un calcul fondé sur des observations qui établissent le nombre d'étoiles qu'on peut compter dans le champ du télescope, il paroît que l'espace compris entre les étoiles £ et y du cygne, comprend deux amas distincts d'étoiles montant à 331000. La blancheur de la voie lactée dépend d’un amas d'étoiles. Toutes les autres régions blanches du ciel sont de pareils amas d'étoiles. 5°. Groupes d'étoiles. Le groupe d'étoiles est une collection d'étoiles, dans la- quelle elles sont entassées presque uniformément ; sans que leur ensemble affecte aucune figure. 6°. Pelotons d'étoiles. Leur forme est ordinairement arrondie, et la compression des étoiles qui les composent, indique une accumulation graduée. DR 7°. Nébulosités. Ces objets curieux, qui à raison de leur prodigieuse distance Tome LÆ. NIVOSE an 13. peiqu Mécigl © 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne peuvent être apperçus qu'avec des instrumens de la plus grande force, peuvent être ou des amas, ou des pelotons, ou des groupes d étoiles placés à une distance prodigieuse. 8°. Des étoiles à auréoles, ou des nébuleuses étoilées. Peut-être ne sont-elles que des pelotons d'étoiles dont la lumière est tellement rassemblée vers le centre, qu'il en reste seulement autour une portion qui forme l'auréole. L'auteur distingue encore des nébulosités lactées, des étoiles nébuleuses et des nébuleuses planétaires ; et des nébuleuses planétaires ayant un centre distinct : mais il n'a que des conjectures à proposer sur la cause de toutes ces nébulosités. L'auteur calculant ensuite la vitesse de la lumière , pénètre par ce moyen dans le passé. Les rayons qui arrivent de Sirius , une des étoiles les plus proches du soleil, demeurent six ans quatre mois et demi en route; d’où il s'ensuit que les rayons qui viennent d'une nébuleuse, qu'on doit regarder comme une étoile de la 1342° grandeur, doivent avoir été près de deux millions d'années en chemin. Ainsi les nébu- leuses existent aw moins depuis deux millions d'années. Qu'est le globe de la terre au milieu de cette immensité de . globes, dont quelques-uns sont si éloignés de nous que la lumière qui nous vient du soleil en moins de 8 minutes, demeure deux millions d'années à parcourir cet espace? Qu'est l’homme au milieu de cette immensité d'êtres exis- tans , lui qui a eu un instant la folle présomption de croire que tous existoient pour lui? Qu'est la durée de son existence relativement à celle de ces globes ? | DU FLUIDE LUMINEUX. Des miroirs brilans et des lentilles. Archimède, dit Rochon, paroit les avoir inventés pour la défense desa patrie contre les Romains. Plusieurs auteurs anciens parlent de ces miroirs avec lesquels il mit le feu aux vaisseaux romains, quoiqu'ils fussent hors la portée du trait. 11 fit faire plusieurs petits miroirsenchässés lesunsavecles autres, de manière à former un foyer commun, dont la chaleur füt assez grande ET D'HISTOIRE NATURELLE, 19 pour mettre le feu aux vaisseaux. Buffon a fait construire de pareils miroirs avec de petites glaces étamées. Rochon pense que de petits miroirs composés de ‘deux tiers cuivre rosette etun tiers d’étain sont préférables. Le miroir de Buffon fut d’abord composé de 168 petites glaces de six pouces de hauteur sur huit d'étendue, et montées sur des chässis de manière à pouvoir former un foyer commun : avec 98 de ces glaces il mit le feu à une planche goudronnée et soufrée à la distance de 126 pieds. Le 10 avril, avec 128 glaces il mit le feu à une planche de sapin goudronnée à la distance de 150 pieds. En été il en- flamma dn bois à la distance de 210 pieds. Ces grands miroirs peuvent servir encore à voir de loin. Albufedar rapporte quil y avoit au port d'Alexandrie, un de ces miroirs avec lequel on voyait de trés-loin arriver les vaisseaux. Il paroit que ces miroirs étoieut d'acier poli, Jferro sinico. Buffon fit aussi construire des /entilles à eau Ce sont des glaces conrbées et travaillées régulièrement sur leur con- cavité et leur convexité , et qu’on remplit d'eau. Cette lentille est composée de deux glaces de 37 pouces chacune, de deux pieds et demi de foyer, et brûle à cinq pieds du foyer. Sa chaleur est deux fois plus considérable que celle de la ‘lentille appelée du Palais Royal, laquelle étoit de verre solide. | Buffon proposa ensuite une lentille qu’il appeloit 4 éche- lon, et Rochon la fit exécuter, elle eut beaucoup de succès. Des forces réfractives et dispersées des rayons lumineux. Wollaston a fait des expériences curieuses sur les forces réfractives et dispersives des rayons lumineux par différentes substances. Le diamant, par exemple, est la substance qui a la force réfringente la plus forte. Elle est 2,440, tandis que celle de l'air n'est qu'une, Son travail est terminé par la note suivante. 6 « Quoique l'étendue que j'ai observée dans le spectre soit la seule visible, il y a au-delà, de part et d’autre, des rayons que l'œil ne peut appercevoir. D'après les expériences du docteur Herschel, nous apprenons, d’un côté, qu'il y a des rayons invisibles qui occasionnent la chaleur, et sont moins C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE réfrangibles que les rayons rouges; et de l'autre, j'ai observé, et les mêmes remarques ont été faites par M. Ritter, quil y a des rayons invisibles d'une autre espèce qui sont plus réfractés que le violet. On ne découvre ceux-ci que par leurs effets chimiques. Le réactif le plus sensible à leur pré- sence est le muriate blanc d'argent ». « On doit à Scheele d’avoir :e premier séparé la chaleur rayonnanie de la lumière. Il a le premier observé que le muriate d'argent noircit plus dans le rayon violet que dans tout autre. En répétant cette expérience, j'ai observé que la noirceur produite s'étendoit non-seulement à l’espace occupé par le rayon violet, mais au mème degré et à-peu-près à une Jarseur égale au-delà de la bande violette. » Il sembleroit donc que cet effet ou d’autres qu’on attribue ordinairement à la lumière, ne sont pas réellement düs à des rayons que notre organe de la vue peut appercevoir , mais a d'autres qui sont invisibles. ; » Si nous reconnoissons deux espèces de ceux-ci, il y en aura six en tout dans le faisceau de lumière solaire que le pre peut décomposer, savoir , quatre visibles et deux invi- sibles ». Du porte-vorx. Hassenfratz a fait des recherches sur les sons que commu- nique le porte-voix. Tout ce que les physiciens ont dit sur les propriétés de cet instrument, consiste à les attribuer soit aux vibrations de la matière même de l'instrument , soit à la réflexion des rayons sonores par les parois, soit enfin à ces deux causes réunies. L'auteur à fait différentes expé- riences ‘qui l’ont conduit à la conclusion suivante : « La cause principale des propriétés du porte-voix consiste en ce que l'air compris dans la capacité intérieure étant arrêté par des parois résistantes, il est comprimé par le corps sonore d'une manière plus forte qu'il ne le seroit si les parois n’existoient pas. Chacune des molécules individuelles de cet air contracte des vibrations d'une amplitude plus grande et capable de se transmettre à une plus grande distance. DU FEU ET DE LA CHALEUR. Cet objet inépuisable et sur lequel nos connoissances font si peu de progrès malgré tant d'efforts, a été enrichi cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. St année de plusieurs faits précieux; et cependant la grande question de la cause de la chaleur est encore loin de'sa solu- tion. La plus grande partie des anciens philosophes et des modernes admettent une matière du feu, qui produit la chaleur. Plusieurs autres sayans du plus grand mérite, tels que Bacon , Descartes , Euler... n admettent point de mitière particulière du feu , et expliquent assez bien tous les phéno- mènes en supposant des vbrations particulières dans les corps qui Rs ou se refroidissent : mais rapportons les nouveaux faits. Mollet, professeur de physique à Lyon, a fait connoître une très-belle expérience sur la chaleur. Un ouvrier de St- Etienne , qui travailloit à la manufacture d'armes, observa que de l'air comprimé et dégagé avec vitesse d'un canon de fusil, laissoit appercevoir au bout du fusil une trace de lumière. Le physicien chercha à découvrir ce qui se passoit dans cette expérience. Il mit un morceau de corps très- combustible , tel que du chiffon , dans la culasse d'un fusil à vent, et il vit qu en comprimant l'air le chiffon s'enflam- moit. Une expérience semblable avoit déjà été faite en An- gleterre par Fletcher , suivant Nicholson. La cause de ce phénomène est assez difficile à expliquer. Peut-on dire que comme l'eau est exprimée par la compres- sion d'une éponge mouillée ; de mème la compression ex- prime de cet air comprimé la matière du feu qui y est contenue ? Rumford a publié un grand nombre de belles expériences sur le mème sujet. Je vais en extraire quelques unes des prin- cipales : elles tendent à prouver qu'il n'existe point de ma- tière de la chaleur ou calorique , et que la chaleur n'est que l'effet d’un mouvement vibratoire excité dans les particules des corps chauds, et des fluides qui les environnent. Première expérience. — Il prit deux petits ballons de verre égaux ; 1l plaça au centre de chacun un thermomètre de mercure , dont il souda le tube au bal'on. L'un de ‘ces bailons étoit vide d’air, et l'autre ne L'étoit pas. Il les plon- gea dans de l'eau à différentes températures : lé résultat de plusieurs expériences fut : 1°. Que la chaleur se communiquoit à travers le vide, mais lentement ; 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2°, Qu'elle se communiquoit deux fois plus vite dans le ballon rempli d'air. Deuxième expérience. — L'auteur prit un ballon de verre, dont l'ouverture étoit assez large pour y faire entrer la boule du thermomètre enveloppée de différentes substances, telles ue la laine, la soie , le coton et le lin. Il plongea le ballon dns l'eau à différentes températures, et il observa que la chaleur se communiquoit au thermomètre en différentes pro- portions , suivant la nature de son enveloppe. Troisième expérience. — L'auteur prend une sphère mé- tallique de douze pouces de diamètre. Elle est traversée par une barre métallique fixée vers le bas à de forts ma- driers : soudée de ce côté au globe métallique qui a un large goulot par en haut. La barre métallique porte à son centre une double sphère qui, lorsqu'on tourne la barre, se frottent mutuellement. Si on fait tourner avec une certaine vitesse la barre métallique , la chaleur qui est produite est si considérable qu'elle fait bouillir de l'eau, dont on remplit la grande sphère. Cette chaleur se perpétue pendant un temps indéfini, c’est-à-dire aussi long-temps qu'on tourne la barre de fer. D'où vient cette chaleur? qu'est-ce que c'est que cette chaleur ? demande l’auteur. « Il m'a toujours paru , répond-il, impossible d'expliquer » les résultats de cette expérience, sans adopter la théorie » très-ancienne qui est fondée sur la supposition que /& » chaleur n'est autre chose qu'un mouvement vibratoire, » parmi les particules dont les corps sont composés ». Quatrième expérience. — Deux miroirs concaves métal- liques de quinze pouces de diamètre, et quinze pouces de foyer, étant posés vis-à-vis l'un de l’autre, à la distance de 10. pieds ( comme l’avoit fait Pictet), quand on plaçoit au foyer de l’un un corps froid , uneboule de verre remplie d'eau mélée de glace pilée, un thermomètre à air très-sensible, mis au foyer de l'autre, descendoit. Quand le thermomètre, au lieu d'être placé précisément au foyer du miroir, se trouvoit un peu éloigné du foyer (de côté), l'effet frigorifique du corps froid sur lui devenoit absolument imperceptible ; l'auteur en conclut que : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 « Le calorique ne peut pas avoir d'existence réelle : la » communication de la chaleur me paroïit analogue à celle » du son. Le corps froid dans l'un des foyers oblige le corps » chaud ( le thermomètre ) qui se trouve dans l'autre, de » changer de note ». L'auteur fit ensuite construire des vases cylindriques de laiton creux, au milieu desquels se trouvoit un second vase cylindrique, dans lequel il plaçoit un thermomètre gradué à la manière de Fahrenheit. Ces vases étoient supportés sur un pied : on les plaçoit sur une table, au milieu d'une salle d'environ vingt pieds en quarré sur treize de hauüteur ; les fenêtres en étoient fermées, et il n'y avoitque celui qui faisoit les expériences, On remplissoit deux de ces vases d'eau bouillante. On les plaçoit sur la table , et on observoit le‘temps qu'elle mettoit à revenir à la température de l'appartement, laquelle étoit Era io par un troisième thermomètre également placé sur a table. Cinquième expérience. — L'auteur, toutes choses étant comme ci-dessus, laissa un des vases cylindriques 4 , et enveloppa l'autre B, de différentes choses. Il observa pour lors que le refroidissement de ce dernier varioit suivant la nature de l'enveloppe. Le vase Z employa 55 minutes à descendre de 94 à 84. Le vase B revêtu de toile, perdit la même quantité de chaleur en 56 = minutes. Sixième expérience. — Il voulut ensuite éprouver si la même enveloppe faciliteroit ou non l'arrivée de la chaleur extérieure, tendante à pénétrer dans l’appareil. Ainsi après avoir laissé refroidir les deux instrumens jusqu'à 42°, il les transporta dans une chambte échauffée à 62°, et il trouva que l'appareil revêtu de toile, acquit la chaleur beaucoup plus promptement que l’autre. Septième expérience. — Le vase À étant toujours nu, le vase Æ fut revêtu d’une couche mince de colle-forte. Les deux vases mis en expérience comme ci-dessus, leur refroi- dissement de 10 degrés se fit dans les proportions suivantes : Le vase À demeura 55 minutes, Le vase B ne demeura que 43. 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Huitième expérience. — Il couvrit alors le vase B de différentes couches de vernis , et mit les deux vases en ex- périence, et il observa combien de temps ils emploiroient pour descendre de dix degrés. Le vase / demeura 55 minutes. Le vase Z couvert d’une seule couche de vernis pour arriver à la même température, demeura 42 min. Le vase C couvert de deux couches, 35 min. £. Le vase D couvert de trois couches , 30 min. Le vase Æ couvert de huit couches , 54 min. Neuvième expérience. — Le vase B fut ensuite enduit d'un vernis coloré en noir. Le vase À se refroidissant à 55 min. Levase 2 se refroidit à 34 min. Dixième expérience. — Le thermoscope. L'auteur , pour mieux apprécier les degrés de chaleur ou de refroidissement , construisit cet instrument qui est com- poséd'un tube de verre horizontal, terminé à chaque extré- mité par une branche verticale , qui finit par une petite boule creuse. Ces boules sont He d'air , et où introduit une bulle d’esprit-de-vin. Cet instrument est très-sensible. Si on approche d'une des boules un corps froid ou un corps chaud, l'air sedilate ou se condense , et la bulle d’es- prit-de-vin qui se trouve au milieu du tube horizontal, est chassée d'un côté ou d'autre. ‘ On remplit les deux vases précédens 4 et B d'eau à diffé- rentes températures; on en laisse un nu, et on couvre l’autre B dé différens corps ; on les rapproche ensuite des boules du thermoscope , et on voit d'une manière très-exacte leur différente température. Le vase 2 fut noirci à la flamme d'une bougie, et il fut rempli ainsi que le vase 4 d'eau chaude, à 18°. ‘Les deux vases furent approchés des deux boules du thermoscope. L’'index fut chassé par la chaleur supérieure du vase B, ce qui indique, que la chaleur en sortoit en beaucoup plus grande, quantité que du vase À. Onzième expérience. — Il remplit le vase B de glace, et l'ayant approché de la boule du thermoscope, l'index mit hors de doute Le rayonnement des corps froids. Douzième ET D'HISPORE NATURELLES 1 25 Douzième expérience. — On polit deux plaques métalliques AP : celle B Fut noircie. Les deux plaques échauflées et appro- chées des boules duthermoscope , on voit que Z communiquait beaucoup plus de chaleur que 4. Treizième expérience. — L'auteur revétit le vase 2 des pros expériences avec un morceau de peau qu'emploient es batieurs d’or. Le vase 4 demeurant nu , les deux vases approchés du thermoscope, plusieurs expériences firent voir à l’auteur que Une substance animale lance vingt-cinq fois plus de rayons calorifiques qu'une surface métallique polie de méme dimen- sion et de même température. Quatorzième expérience. — Les deux vases de l'expérience précédente remplis de glace pilée et d’eau, et présentés aux boules du thermoscope, firent voir que Les rayons qui provenaient de cette substance animale étaient beaucoup plus efficaces pour produire du froid, que ceux qui venaient de la surface nue du métal. AT ces expériences , dit l’auteur , nous pouvons nous hasarder à conclure qu'à diflérences égales de température, les rayons qui produisent le froid sont aussi réels , et préct- sément ausst actifs que ceux qui produïsent la chaleur. Ces rayonnemens frigorifiques avoient déjà été apperçus par Bacon. - Quinzième expérience. — Le vase B des premières expé- riences , revètu d'une peau qu'emploient les baiteurs d’or, et le vase 1 étant nu , les deux vases furent remplis d'eau bouil- lante. Le temps qu'ils mirent à se refroidir de dix degrés , fut, Pour le vase 4. , . . . 45 minutes. Pour le vase B° 1.107 0 Seizième expérience. — La peau du vase 2 de l'expérience précédente fut noircie ; les instrumens mis en expérience, le refroidissement de Z fut plus prompt. Cette expérience fait voir que le corps des nègres, toutes choses d’ailleurs égales , doit se refroidir plus promptement que celui des blancs. C’est ER LE ils craignent moins d'être exposés aux rayons du soleil, parceque la chaleur de ces Tome LX. NIVOSE an 153. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE rayons ne peut pas s’accumuler chez eux comme chez les blancs , leur peau noire laissant échapper facilement la matière de la chaleur. Dix-septième expérience. — L'auteur prend un petit mor- ceau de bois , tel qu’une allumette ; il le trempe dans l'ean pour former une grosse goutte d’eau au bout de cette allu- mette , et il la place au milieu de la flamme d’une bougie ; elle y demeure long-temps sans s’évaporer , et sans acquérir une chaleur sensible. « Je ne puis m'empêcher d'observer , conclut l’auteur , qu'il » est très diflicile, ce me semble , d'accorder aucun des ré- » sultats dont nous venons de parler , avec l’hypothèse des » chimistes modernes , sur la 7atérialité de la chaleur ». Il regarde en conséquence le chaud et le froid comme les effets des mouvemens de vibration produits dans les corps. Et les rayonnemens des corps chauds et des corps froids feront ces mêmes vibrations de ces corps communiqués au fluide éthéré ambiant. « Les ondulations rapides , dit-il , occasionnées dans le fluide » éthéré ambiant par les rapides vibrations du corps chauds » agissent comme rayons calorifiques sur les corps solide, » environnans , plus froids. ..» Et les ondulations plus lentes occasionnées par les vibra- » tions de ces corps plus froids , agissent comme rayons fri- » gorifiques sur le corps chaud ». | ‘» Cesactions réciproques continueront , mais avec une inten- » sité décroissante , jusqu’à ce que le corps chaud et le corps » plus froid qui l’environnent , aient acquis, en conséquence » de ces actions réciproques , une même température ; ou » jusqu'à ce que leurs vibrations soient devenues isochrones. » Selon cette hypothèse, le froid ne peut pas avec plus de » raison , étre considéré comme étant l'absence de la chaleur , » qu'un son grave ou bas ne peut étre considéré comme l'absence » d’un ton plus aigu ». Ce beau travail mérite bien d'être médité ; il prouve combien peu est avancée la théorie sur cette matière diffcile. Davy , chimiste anglais, a ajouté quelques expériences à celles de Rumford, et en a tiré les mêmes conséquences, \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27 ! Maïs Henry de Manchester soutient l'opinion contraire , et tâche de répondre aux expériences des deux physiciens dont nous venons de parler. Il s'efforce de faire voir qu'on peut les expliquer également dans le système opposé. i Enfin, conclut-il, le mouvement est un attribut de la ma- tière ; point de mouvement sans matière. Si donc l'on peut dé- montrer que les phénomènes de la chaleur ont lieu là où il ny a point de matière , nous déduirons de ce fait un argument concluant contre cette théorie de la chaleur , qui considère le mouvement comme sa cause unique. Or dans les expé- riences de Rumford , la chaleur se’ transmet en travers du tube de Toricelli, ‘où rien ne pouvoit recevoir ni prolonger le mouvement. Cette expérience prouve que la chaleur est indé- pendante du mouvement, et qu'elle est une substance particu- lière et distincte de toute autre. Mais il est facile de répondre à cette objection. Dans le vide de Toricelli , il y a toujours des fluides , tels qu'un air dilaté , le fluide lumineux, l’éther d’Euler...………. Berthollet , ainsi que tous les chimistes français , pense égale- ment que la.chaleur est une substance particulière. Il a cherché à faire voir que les expériences de Rumford n’établissent pas son opiuion. P. Prevost est du méme avis. Le feu ou le calorique est, suiva"t lui, un fluide particulier. « Daniël Bernouilli , dit-il , a déduit les propriétés mécaniques de l'air, et en particulier son élasticité de la loi de Mariotte. II suppose que ce fluide est discret, et que chacune de ses par- ticules est mue très rapidement, l'une en un sens et l'autre dans un autre (1). Il étend cette théorie à tous les fluides élastiques ». Prevost regarde également le feu comme un fluide discret. Chacun de ses élémens est très petit, par rapport à la distance qui les sépare. Chacun est mu d'une vitesse très-rapide et sensiblementinfinie. Leurs directions sont diverses : chacun suit constamment la première ligne droite sans qu'aucun obstacle l’arrête ; mais l'une va d'un côté , l’autre de l’autre. Il en résulte que si dans un lieu chaud on considère un point quelconque, on QG) Corpuscula minima motw rapidissimo hinc mole agitata. Mydrodina- mique, sect. 10, parag. 21: 11) 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pourra dire que ce point est un centre auquel tendent et duquel partent en tous sens des filets d'élémens caloriques. Première conséquence. — Le feu libre est un fluide rayon- nant. De chaque point du corps partent et tendent des filets caloriques. Seconde conséquence. — L'équilibre de chaleur entre deux espaces voisins libres , consiste dans l'égalité des échanges. Troisième conséquence. — Lorsque l'équilibre est rompu, il se rétablit par des échanges inégaux. Quatrième conséquence. — Dans un lieu de température uniforme , si l’on introduit une surface réfléchissante ou ré- fringente , elle n'a aucune influence pour changer la tempéra- ture d'aucun point de ce lieu. Cinquième conséquence. — Dans un lieu de température uniforme , si l’on place un corps ou plus chaud ou plus froid, et qu'ensuite on y introduise une surface ou réfléchissante ou réfringente , le point sur lequel ces surfaces dirigeront des rayons émanés de ce corps , en seront affectés , surtout en s'échauffant si le corps est plus chaud , et en se refroidissant s’il est plus froid. Toutes ces conséquences ont été vérifiées par l'expérience , excepté ce qui concerne la réfractiou du froid. C'est une expérience à faire, et j'en annonce, dit-il, avec confiance le résultat. Vassali regarde le calorique comme une substance particu- lière ; mais il la croit composée ainsi que nous allons bientôt l’exposer. S'il m'est permis de joindre mon opinion à celle d’un si grand nombre de célèbres physiciens , je dirai que je pense également que toutes les molécules d’un fluide élastique sont agitées d’un mouvement très-rapide. « IL serait difficile de se refusemà croire, ai-je dit (Théorie de la Terre, tome III, page 109), que chaque molécule d'un fluide quelconque n'ait pas un mouvement propre qui la tient dans une agitation continuelle. Ce mouvement est le produit de la force des élémens qui les composent. Ces forces ne sont point toutes dans un équilibre parfait parconséquent le com- posé qui constitue les molécules primitives des fluides , est tou- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 jours en mouvement. Ce n’est point un mouvement en ligne droite , parcequ’il faudroit que la direction de l'excédant des forces se trouvât dans celle du centre de la masse : c’est ce qui ne pourroit avoir lieu que rarement ». Le mouvement de ces molécules s'exécute donc plutôt dans une direction en ligne courbe. C'est un mouvement giratoire et de rotation sur leurs axes , qui leur fait décrire différentes courbes. On appercçoit ce mouyement dans les métaux en fusion. Leurs molécules roulent avec rapidité les unes sur les autres. « Ce mouvement des molécules des métaux en fusion, leur est fourni par le feu ou le calorique ». « Ce dernier fluide lui-méme est animé sans cesse d'un mou- vement violent qui est également giratoire. Il est le principe de la fluidité de la plupart des autres corps ». Il communique le même mouvement à toutes les molécules des fluides. . Telles sont les principales opinions des physiciens sur la cause de la chaleur. On voit que dans les deux systèmes on peut expliquer à-peu-près les faits. Comment peut-on donc étre intolérant dans des questions de cette nature? Mais ces discussions nous apprennent une grande vérité ; c'est que nous ne sommes sûrs que des fatts : Et dès que nous voulons nous élever au-dessus des faits, nous tombons dans le vague des hypothèses et des conjectures , parceque nous r'avons plus que des analogies POuT rmOuS CcOor- duire ; et l’anologie se tient toujours dans les probabilités. De la chute des corps graves. Benzenberg a fait tomber des corps d’une hauteur de 260 pieds, etila trouvé qu'ils s'écartoient de cinq à six lignes de la perpendiculaire. Guglielmini avoit eu les mêmes résultats. Cette déviation de la perpendiculaire est une suite du mouvement de la terre , comme le démontre la théorie. DU MAGNÉTISME. La déclinaison de l'aiguille aimantée a éprouvé depuis quel- ques années des variations dignes de fixer l'attention des phy- siCIens. 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, On se rappelle qu'en 1580 elle déclinoit à Paris, de 11° 30” à l’est. En 1666 , elle étoit directement au nord ou Depuis ce temps elle a toujours marché année, d’une manière plus ou moins rapide. à zéro. à l’ouest, chaque De 15792 à 1794, elle a paru stationnée à 21° 54°. En 1798, elle étoit à 22° 15’. En 17g9, à 22° 0°. En 1800, à 22° 12’. En 1801 , à 220 1°. En 180», à 21° 45°. En 1805, à 21° 5g/. En i804 , à 22° 15. Ainsi on voit que depuis 1792 jusqu’en 1804, elle a été à Paris quelquefois rétrograde , mais en général presque stationnaire. Sa marche a été à-peu-près la même à Genève. En 1800, la déclinaison étoit , 21° 29°. En 1804, 21° 15’. Coulomb a déterminé à l’inclinaison de l'aiguille aimantée à Paris, pour cette année, En fructidor , elle était de 70° 5. Humboldt a fait dans son long voyage un grand nombre d’ob- servations sur les mouvemens de l'aiguille aimantée. Biot et lui ont donné conjointement un très-beau Mémoire sur les variations du magnétisme terrestre à différentes latitudes. Les observations de Humboldt ont fait voir que l'intensité des forces magnétiques vartoit à différentes latitudes ; que son minimum étort à l'équateur, et qu'elle augmentoït en allant aux pôles. Cette intensité se mesure par le nombre des oscillations que fait l’aiguille en un certain temps. Une excellente boussole faisoit en 10 minutes, AUPariS Us. MR EE te /hroscillations: Au Pérou , de 7 à 5°, latitude australe. . . 211 Au Pérou, 2° 13°, lat. aust. à 3° 15’ lat. bor. 217 Depuis 4° 36 à 8° 56 latitude boréale.. . . 224 Depuis 9° 15’ à 25° latitude boréale.. . . . 237 Ces oscillations de l'aiguille sont ensuite modifiées par l’ac- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31 tion des montagnes. Ainsi Humboldt ohserva qu’au volcan d'Antisana a 2467 toises d’élévatiou , la boussole faisoiten 10 mi- nutes 230 oscillations , tandis qu’à Quito le nombre d'oscillations n'étoit que 218. Dans d’autres occasions le nombre d’oscilla- tions étoit moindre sur les montagnes que dans la plaine. Biot a eu les mêmes résultats à Paris et dans les Alpes. Lieux Nombre des oscillations des observations. en 10. Pan Vebe tale le me of nL:1810030 ITR le ARE RE PAR R EEE PI TEE SurMe/montGenevre: eue UNI Le AUS art ess Grenoble; TPE RS RAR TOR EST a A LE Me ob de RASE RS TES EE RE EL GE VER RO AR RTE in RE SD s DMONN ONE ASE er 8 Anis Taadretonr te Nr TUE CURE 11985, Il falloit ensuite déterminer les lois que suit l'inclinaison de l'aiguille. On sait qu’une aiguille aimantée suspendue librement ar un axe qui passe par son centre , s'incline de 70° 15’, à la Fée de Paris Mais aux environs de l'équateur, elle demeure parallèle à l'horizon, tandis que vers les pôles, elle prendroit une direction verticale. On appelle équateur magnétique le grand cercle autour de la terre, où l'aiguille seroit toujours horizontale. Cet équateur coupe l'équatenr terrestre d'un côté dans la mer du Sud , proche l'Amérique , et de l’eutre dans la mer des Indes, à une certaine distance des côtes d'Afrique ; mais les points d’intersection ou nœuds n'étoient pas encore déterminés avec rigueur. Biot et Humboldt fixent ces nœuds d’intersection , l’un à 120° 2’ 5" ,à l'occident de Paris, près des îles pallipagos, dans la mer du Sud. Etl'autre nœud à 59° 37° 55°, à l'orient de Paris, ce qui le place dans la mer des Indes. Le pôle magnétique boréal est situé à 79° 1’ 4” de latitude boréal ; et à 50° 2’ 5" de longitude, à l'occident de Paris. Le pôle magnétique australestsitué à la mème latitude australe; et à 149° 57 56” de longitude , à l'occident de Paris. Ils ont ensuite recherché où ou peut supposer les foyers magnétiques pour opérer ces phénomènes de l'accroissement : 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des forces magnétiques , à mesure qu'on approche dés pôles. Le calcul leur a fait voir que les us centres d'action des forces magnétiques sont très-près du centre de la terre. Ainsi on peut supposer un aimant infiniment petit, placé tout près du centre de la terre, et perpendiculaire à l'équateur magné- tique : « Mais, NA nous ne pourrions pas donner » cette hypothèse comme une chose réelle, mais seulement » comme une abstraction mathématique, utile pour enchaîner » les résultats. » Quant à la déclinaison et à son intensité, nous avouons » franchement que nous ne savons absolument rien sur ses » lois », DE L'ÉLECTRICITE,; Les expériences se multiplient sur l'électricité, et néanmoins la théorie n'est guère plus avancée sur les causes de ces phéno- mèênes, qu'elle ne l’est sur les causes de la chaleur. Libes vire au bouton de l'électromètre de Bennet, un disque de cuivre ; il le recouvre d’un taffetas résineux , et applique la main sur ce taffetas , en favorisant le contact par la pression. Du moment qu'il retire sa main du contact, les feuilles d’or de l’électromètre s’écartent , et la présence d'un bâton de cire d’Espagne électrisé par frottement , annonce l'existence de l'électricité positive. Les feuilles d’or ayant repris leur pre- mière position, on enlève le disque de taffetas de dessus le disque de cuivre. A l'instant de la séparation des deux disques , les feuilles de l’électromètre éprouvent une divergence consi- dérable ; mais alors l'électricité est résineuse ou négative. L'auteur a beaucoup multiplié ces expériences , et il en tire la conclusion générale suivante : « Les substances résineuses exercent au contact favorisé par la pression, une action électromotrice puissante sur tous les corps de la nature, et l'électricité que le contact développe, est toujours l'inverse de celle que fait naître le frottement. » Electricité de l'atmosphère. Ermann a publié des recherches sur la manière de mesurer l'électricité de l'atmosphère. Il emploie l'électromètie de Weiss, qui est à-peu-près semblable à celui de Bonnet. Cet électro- mètre pT D'HII SMOIRE NATURELLE. 13 mètre est surmonté d’une tige métallique composée de plusieurs pièces. Se promenant à la campagne, Ermann tient à la main son électromètre surmonté d'une tige de trois pieds de longueur. Lorsqu'il l'élève promptement de terre, il observe une forte divergence des feuilles d’or, laquelle indique une électricité assez considérable : elle est positive. Lorsqu'il abaisse l’électro- mètre avec la même célérité, il a une aussi forte électricité, mais qui est négative. | Lorsqu'on élève lentement l’électromètré, il n'y a point d'électricité. Plus l’air est isolant, moins on a besoin d'élever ou de baisser l’électromètre. Le mouvement circulaire à une égale distance dé la terre, ne fait point observer d'électricité. Le mouvement progressif dans un terrein horizontal , ne produit pas plus d'effet; mais dés que le terrein monte, même insensiblement , on observe le phénomène, et il est assez extraordinaire qu'on puisse niveler le sol de cette manière. Les vapeurs qui s'élèvent de la terre donnent toujours une électricité positive. Elles ne donnent une électricité négative que lorsque les corps dont elles proviennent sont isolés. La pluie au contraire et la neige en tombant, donnent une électricité négative. Il croit en conséquence qu'un corps isolé qu'on éleveroit avec rapidité dans la nacelle d’un ballon, acquerroit une grande électricité positive, | Et que l'électricité deviendroit négative en descendant. Si on place l’électromètre proche la terre, les effets sont moins sensibles. Deux électromètres placés dans la même couche d'air, et à une certaine distance , ne donnant aucun: signe d'électricité, en manifestent dès qu'on les approche l’un de l’autre. L'auteur s’approcha à vingt pas d'un arbre isolé au milieu d’un champ. L’électromètre ne donnoit aucun signe. Il s’appro- cha ensuite de l’arbre en tenant son électromètre horizontale- ment, il eut une électricité négative. De tous ces faits l’auteur conclut que tous les corps , méme ceux qui sont en équilibre avec la terre, ont des atmosphères électriques en air libre, d’où résulte une modification dans leur état électrique. Tome LX. NIVOSE an 13. E 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si l'influence du sol ; ajoute-t-il, suffit seule pour ‘empécher la divergence , le même effet devra avoir liéu dans chaque chambre fermée : car on peut regarder chaque toit comme un prolongement du sol. Voilà pourquoi cette polarité ne se mani- feste pas dans une chambre : c'est donc une erreur de préten- dre que ce soit l'atmosphère qui produise Pelectricité, Le tube métallique élevé au-dessus de l’électromètre n'a pas la mème charge d'électricité dans toute sa longueur; c’est ce qu'on appelle sa polarité , et ce tube a six pieds de longueur ; la partie supérieure a beaucoup moins d'électricité que l'in- férieure. Le barreau aimanté a égalément un magnétisme beaucoup plus fort à ses extrémités que dans ses autres parties ; cestce qui constitue sa po/arité." | DU GALVANISME. Vassali-Eandi a présenté au public de nouveaux faits et des nouvelles vues sur le galyanisme. Il croit que le fluide gal- vanique est différent du. fluide électrique, mais que souvent ils agissent ensemble. Voici quelques-uns des faits sur lesquels il fonde son opinion. « Je prends, dit-il, une petite bouteille de Leyde, grosse comme le doigt, dont l'armure interne est faite de deux onces de mercure liquide. En secouant cette bouteille on y a par le frottement du mercure contre le cristal , une petite charge qui produit une divergence de trois ou quatre millimètres dans mon électromètre, mais qui ne donne aucune sensation , pas même à la langue. Je forme une pile de 25 couples de disques de zinc et de cuivre, entremèêlés de rondelles de drap mouil- lées dans une solution du muriate de soude, «et j'ai des se- cousses qui passent la troisième articulation du doigt , et. qui sont insupportables à la langue. » Je pointe sur l’électromètre le conducteur, tantôt le po- sitif, tantôt le négatif, tantôt l'un dessus et l’autre dessous, et je n'ai pas la moindre divergence. » Il n’y a donc point de doute que le fluide de la pile, qui s'émeut si fortement , n’est pas de la même nature que le fluide électrique de la béuteille; car s'il en étoit, il produiroit une divergence plus dé dix mille fois plus grande, au lieu qu'il n’en produit aucune. | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 » Mais par le condensateur, ou par des piles plus fortes, on obtient la divergence dans l’électromètre en raison du nombre des attouchemens du condensateur, ou du nombre des couples de disques dont la pile est composée. Cela prouve qu'avec le torrent galvanique 1l se développe aussi de l'élec- cricité qui l'accompagne. Le différent état électrique sus-indi- ué, et les autres circonstances dela pile, donnent la raison de cette foible électricité... Ainsi je suis bien loin de re- fuser l'existence de l'électricité dans la pile quand elle s'y pré- sente ; mais je ne veux pas attribuer au fluide électrique les phénomènes que je vois produits par une autre cause ». L'auteur, aprés avoir dit que le fluide galvanique est diflé- rent du fluide électrique , recherche la nature de ces diflé- rens fluides, qu'il croit composés. Mais nous allons rapporter ses propres expressions. « Depuis mes premières expériences , dit-il, sur le fluide de l’électromoteur, j'ai soupçonné qu'il existe dans la na- ture un fluide qui, présente l'électricité ordinaire et ani- male, le fluide de l'électromoteur , .le calorique, le fluide de l’aimant, selon Les différens corps qui le mettent en mouvement, et la variété .de leur action. Je crois que les fluides galvanique, électrique et calorique composent le fluide naturel répandu dans tous les corps de la nature en raison de leur capacité à les contenir ; que ce fluide est décomposé et mis en mouvement par l’action chimique des différens corps les uns sur les autres, et par l'action d'un des fluides com- posans quand il passe par un corps; que les divers fluides non-seulement ont une diverse affinité avec le fluide com- posé, mais aussi avec ses divers composans. De la la diverse nature des corps qui réagissent les uns sur les autres, et celle des fluides composans détermine le développement d’un fluide à préférence d'un autre. Le fluidé naturel'est composé .de dif- #érentes doses de fluides calorique ;:électrique et galyanique., et peut-étre de l'aimant et de la lumière, qui sont doués de différens degrés d'affinité par lesquels ils tendent toujours à se réunir à saturation , et à recomposér le fluide naturel. De là l’action de chaque fluide particulier sur le fluide naturel des corps où il passe, et ses eflets sur les différens corps... Aujourd’hui que le célébre chimiste Berthollet vient d'avancer que le calorique est un ceNrE auquel appartiennent plusieurs espèces, iline paroît que mes principes sont plus dignes d'exa- E 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE men, et que S'il est bien fait il ne manquerà pas de recu- ler les bornes de la science, quel'qu'en soit le résultat ». On voit combien la théorie du calorique se complique. Izarn a publié un Manuel du Galvanisme, dans lequel on trouve la description des principaux instrumens, nécessaires pour faire les diverses expériences galvaniques , et les résul- tats de ces expériences! D'E LAÉROSTATION. Les voyages aérostatiques se multiplient dans toutes les parties de: l’Europe. Néanmoins cette belle découverte de Montgolfer a encore donné peu de PRE pour l'avancement la physique. Robertson a tenté tentes ah etes dans ses voyages ; mais ses instrumens n’avoient peut-être pas assez d’exactitude. Au reste , il faut attendre quil en publie les résultats. Quetaèss uns de ces voyageurs ont cherché des moyens pour diriger les ballons; mais jusqu'ici leurs tentatives : n'ont pas été heureuses. ? Biot et Gay-Lussac ont cherché à rendre utiles aux sciences ces ascensions aérostatiques. Munis de très-bons instrumens , ils sont partis dans un ballon, le 9 fructidor, du Conserya- toire des arts, à Paris. Notre but principal , disent-ils dans leur rapport, étoit d'examiner si la propriété magnétique éprouve quelque diminution appréciable quand, on s'éloigne de la terre, comme Saussure avoit cru l'appercevoir sur le col du Géant. Le résultat de leurs observations à été que La propriété magnétique n'éprouve aucune diminution ap- précrable depuis la’ surface de:la terre jusqu'à 4ooo mètres de hauteur (2100 toises), Son'action dans ces limites se ma- nifeste constamment PRE Les PyÉrrEs! effets, et suivant des mêmes lois. pu ; ' ÊTRE Ils ont aussi fait quelques observations à ces hauteurs, sur l’hygromètre; mais ils ont renvoyé à un second: voyage leur rapport sur la plupart de ces expériences. .; Ils-ont observé que l'électricité de l'atmosphère étoit rés. neuse et \croissänte à.ces hauteurs. :,, ::4: Ce second voyage a été fait par Gaÿ-Lussac le 29 fruétie ET D'HISTOIRE NATURELLE. M 57 dor ; il s’est élevé jusqu'à la plus grande hauteur où aucun homme soit parvenu ; à 3% 11° le baromètre étoit à 52 centi- mètres 88 (ou 12 pouces), ce qui donne 5579 toises 9 au- dessus du sol de Paris, et 5600 toises au-dessus du niveau de la mer. Son pouls et sa respiration étoient altérés; le ther- momètre marquoit — 64°.6', et vers la ‘surface de la terre il étoit à 30° 75; le voyageur descendit de cette grande hauteur en 54. Voici un précis de ses observations. 1°. Il a obtenu à-peu-près les mêmes résultats, relativement à l'aiguille aimantée, que dans le premier voyage. 2°, Il a cherché. à déterminerles: lois que {suit la tempéra- ture à différentes hauteurs. À la surface de la terre, le 1her- momètre centigrade marquoit. 37° 75, et à .la hauteur .de 3691 mêtres il marquoit 8° 5. Ainsi, en divisant cette hauteur par le nombre qui exprime la différence des degrés de cha- leur , on a 191 mètres 7, ou 98 toises 3 d'élévation pour chaque degré d’abaissement de tempéräture. : À la hauteur de 3580 toises le thermomètre marquoit—g—5, ce qui indiqueroit 72 toises 9, pour un degré d'abaissement, comparativement aux autres ob$ervations. Mais les observations faites à différentes hauteurs lui ont fait voir que vers la surface de la terre la chaleur suit une loi moins décroissante que dans Je haut de l'atmosphère , et qu’ensuite , à de plus grandes hauteurs, elle suit une progres- sion arithmétique décroissante. 3 3°. L’hygromètre a eùu une marche assez singulière. A la surface. de la terre il marquoit 57° .5. FRE À la hauteur de 3032 mètres il marquoit 62°. À la hauteur de 5267 mètres il marquoit 27° 5. . À la hauteur de 6884 mètres il est remonté à 34° 5, ce qui indique une progression extrèmement décroissante: 4°, Notre voyageur avoit porté des ballons vides d'air, pour les remplir dans les régions supérieures; il en a rempli un à la hauteur de 2353 toises, et l’autre à la hauteur de 5405 toises, et les flacons furent bien fermés. ,; Cet air, essayé avec les plus grandes précautions , ne diflé- roit point de celui pris à la surface de É terre. Il contient Dnivénes in nie Limienr SUR M 0,2149 AN ZOICse ren S Re desert Teen miy elle +. 0,780. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'autéur s’est assuré qu'il ne contenoit point de gaz hy- drogène. 5°. A cette grande hauteur le voyageur appercut quelques nuages épars au-dessus de lui; la couleur du ciel étoit terne. Il en vit d’autres au-dessous de lui, qui étoient à-peu-près à 1500 toises d'élévation. Dans le premier voyage, les nuages ne parurent pas éle- vés au-dessus de 600 toises, et au-dessus de ces nuages la couleur du ciel étoit d'un bleu foncé comme celle du bleu de Prusse. DE LA MÉTÉOROLOGIE. Les observations météorologiques se multiplient dans tout le monde savant, et finiront sans doute par nous donner quelques résultats heureux. Bouvard nous communique chaque mois celles qu'il fait à l'Observatoire de Paris. Lamarck essaie toujours de rapporter toutes les observations météorologiques à sa méthode. Nous avons vu que Biot et Gay-Lussac ont fait des obser- vations très-intéressantes sur la météorologie, dans leurs voyages aérostatiques. Des Météorolites ou Masses minérales tombées de l'atmosphère (x). La chute de différentes masses minérales, du haut de l’at- mosphère , se constate par de nouveaux faits. Le 13 décembre 1805, il en tomba une au village de Saint-Nicolas, près Moe- sing, à 15 lieues de Munich. Sa chute fut accompagnée de bruits qui ressembloient à différens coups de canon. Un paysan vit tomber quelque chose sur sa grange, il trouva une (1) Je donne le nom de météorolites à ces substances, parceque ,quelle que soit leur nature, on ne peutsempècher de les regarder comme des phénomènes météoriques. r Le nom d'aérolites, que quelques savans leur ont donné, me paroît moins convenable, parcequil paroîtroit dire -que -ce sont des pierres d'air, LION SUB ARE ER EEE ,93 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 masse de trois livres un quart, sentant le soufre et ayant une chaleur plus que tempérée. L'analyse chimique de 1000 grains pesant de celle-ci a produit, Fer à l’état métallique. . . . . . 1800 Oxide brun de fer. . . . . . . . 2540 Régule de métal.. . . . . . . . 13560 NARRESES Fe ere mieile ed ete à 2200 SEE ee eee) lets ele: à 1000 DOUTE Male jertatie lee + 0e le 60 Laugier a fait l'analyse d’un autre météorolite tombé le 15 vendémiaire an 12, sur les dix heures du matin, dans la com- mune de Saurette près d’'Apt, département de Vaucluse. Elle pesoit sept livres six onces; elle étoit composée de Bilicel.2 2 alone) 2184 Réviio She hs 17 17 08 Magnésie ...-.. «30116, 90 SOMÉTE 5e ass Dit ere 9 Manpanése, : . ., .2uL o . 83 Dee tetteie Ta ENT EE 0 105 Eau et perte. . . . . SEE On n'a aucune nouvelle vue sur la cause de ces météo- rolites. DE LA CONNOISSANCE DES ÉTRES ORGANISÉS PAR LEURS CARACTEÈRES EXTÉRIEURS. Les êtres organisés peuvent être considérés sous trois rapports, 1°. Ou sous celui des caractères extérieurs ; 2°. Ou sous celui de leurs organes intérieurs; 3°, Ou sous celui de leurs fonctions. La connoissance des êtres organisés par leurs caractères extérieurs, est la première étude qu’on en doit faire; c'est l'objet du travail d’un zoologue et d’un botaniste; ils sont obligés d'employer des méthodes pour reconnaître un si grand nombre d'objets; et pour établir ces méthodes, on a toujours pris les caractères les plus constans, L . 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE De la zoologie. La zoologie ou connoissance des animaux, a fait de bril- lantes acquisitions cette année. Les différens voyageurs , tels que Humboïldt, Bonpland , Peron... nous ont apporté un grand nombre d'animaux que nous ne connaissions pas, ou que nous connoissions peu. Mais ce qui augmente surtout les connaissances zoologiques, c'est d'avoir les animaux vivans , parcequ'on en peut étudier les mœurs. Du jaguar. Cet animal, dit Geoffroy , qui est vivant au Muséum de Paris, nous vient de l'Amérique méridionale. On l’avoit con- fondu avec la panthère ; mais il est beaucoup plus gros. Sa taille est égale à celle du tigre , et la vraie panthère est beau- coup plus petite. Le cri de celle-ci se rapproche de celui du tigre; au lieu que le cri du jagnar en est différent. Leur voix Loua:, houa.tient plus de l’aboiement du chien que du miaulement du chat. Les taches en rose de la pean de la panthère, sont plus petites et plus nombreuses. Quoiqu'elles ne soient pas distri- buées régulièrement en ligne , on peut estimer qu'il s'en trouve de chaque côté huit à dix rangées , tandis qu'on en compte qe cinq ou six seulement sur le jaguar. L’arête dorsale e celui-ci est formée par une ou deux séries de taches noires. Le dos et la croupe de la panthère sont tachetés comme les flancs. La peau du jaguar est appelée peau de panthère par les four- reurs dé Paris, qui donnent le nom de peau de tigre à celle de la panthère d'Afrique. | De la panthère noire, ou jaguar noir. J'ai décrit dans ce Journal (tone 38, page 45), cet animal que j'ai vu à la tour de Londres. Il ressemble au jagnar, excepté que son pelage est noirâtre, et les taches d'un noir plus foncé. :D'Azzara qui nous a donné une histoire intéressante des animaux du Chili et du Paraguail, dit que cet animal vit au! Paraguai. On m'ayoit dit à Londres qu'il :venoit des Indes orientales. in L à Comme $ ET D'HISTOLRE- NATURE I LI: 4x Comme la.couleur du pelage. des. animaux: dans, l'état de nature est constante , on peut supposer que. ce jaguar: noir est une variété , ou peut-être même une espèce nouvelle. 11 faut dire la même chose de l'espèce suivante. Du mélas , ou félix mélas. Péron a apporté de l'ile de Java cet animal ; qui‘est noir comme le jaguar précédent ; mais le, mélas est beaucoup plus pétit , puisqu'il n’est pas même: si. gros que la panthère. Il a quelques taches plus noires que le fond de son pelage. Le gnou. C'est, un animal fort singulier qu'on connoissoit. mal; il avoit été placé à tort parmi.les antilopes ; ila plus d’affinité avec le genre des bœufs. Kanguro géant. Sa taille est d’un mêtre et demi , ou quatre pieds et demi. Il a péri dans le voyage. Kanguro de King, au détroit de Bass.” 1: Il y a encore plusieurs autres animaux qui étoient déja en partie connus ; telsoque le peramel, le vombat ow phas- colome. Dasyure. Geoffroy a donné la description de six dasyures qui ont tous été apportés de la Nouvelle-Hollande. sa Leur caractère est d’avoir , comme les didelphes , les os marsupiaux- La femelle a une bourse sous le ventre. Ils ont 8 dents incisives supérieures ,.6 inférieures , 2 canines , 14 mo- laires , 5 doigts à chaque pied. Première espèce. — Dasyure à longue queue. Pelage marron, moucheté de blanc , queue tachetée. Deuxième espèce. — Dasyure de Mangé. Pelage olivâtre , moucheté de blanc , la queue sans tache. Troisièmeespèce. — Dasyure viverin. Pelage noir, moucheté de blanc , queue sans tache. Quatrième espèce. — Dasyure tafra. Pelage brun, non mou- cheté. Cinquième espèce. — Dasyure à pinceau. Pelage cendré, non moucheté , queue noire. Tome LÆX. NIVOSE an 13. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Sixième espèce. — Dasyure nain. Pelage roux , noñ mou- cheté, la queue noire. {sl | 2 110 , Ï ! 129 Jbis des anciens. Cuvier a recherché quel étoit l’oiseau que les anciens Egyp- tiens appeloient rbrs. Il pense que’c'’étoit une espèce de courlis ou zwmenius, -lé nomme; -h [5h Shot . Numenius ibis albus, capibé er: collo nudis remisum api éibus., rostro et pédibus nigris , remigibus secundarirs. elli- gatis , nigro violacers. 1 | | Des tubulaïres. Vaucher a examiné Îles tubulaires , que Linnæus a placés parmi les vers , et Ellis parmi les 'corallines: 1] en ‘a découvert une espèce dans les eaux du Rhône.-1l'a'vu que leur corps est logé dans une espèce de gaine, et qu’il approche de celui des polypes. Il a ensuite examiné leur reproduction , qui paroit s’opérer par de petits corps gros comme des grains. Mais ces grains sont-ils des œufs , sont-ils des bourgeons ou gemmes ? L'auteur n'ose le-décider!; il:se propose de faire de nouyelles observations à cet égard. AL -:Lès grands ouvrages .de'zoologié qui ont été commencés , se continuent avec un zèle infatigable. L'édition de Buffon, par Sonini, qui formera. un cours complet d’histoire naturelle , est presqu'achevée ; elle sera terminée dans l’année. L'histoire des animaux à sang rouge est terminée ; celle des insectes est avancée. Il ne reste plus que ééllé des mollusques ;, des vers:, des polypes et des dernières classes. * Lacépède a terminé l'Histoire des Poissons et des Cétacés. Le Dictionnaire d'Histoire naturelle publiée par Déterville, par une société de naturalistes distingués , est également achevé. Les professeurs du Musée d'Histoire naturelle de Paris en ont commencé un nouveau , dont ils ont déja publié deux volumes. Vaillant continue son Histoire des Oiseaux. Olivier va continuer son Histoire des Insectes. Les savans étrangers ont également publié différens ouvrages de zoologie, mais qui sont encore peu connus à Paris. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43 DE LA BOTANIQUE. La botanique n’a pas moins gagné cette année que la zoologie. Le nombre des plantes que nous ne connaïssions point, qui a été apporté par les voyageurs , est si considérable qué nous ne pouvons päs espérer qu'elles soient bientôt toutes publiées. Le bel ouvrage des plantes des jardins de Malmaison est continué par Ventenat , qui vient d’en faire paroître la treizième livraison. Redouté a publié la dix-septième livraison de ses liliciacées, ouvrage qui est de la même beauté et du même format que le précédent. La botanique n’a rien de plus beau que ces deux ouvrages. La Peyrouse va aussi faire paroître quelques livraisons de son bel ouvrage sur la Flore des Pyrénées. Decandolle continue la publication de son ouvrage des plantes grasses : la vingt-cinquième livraison a paru. Il travaille toujours à une nouvelle édition de La Flore française de Lamarck. Mirbel a fait paroitre quelques nouvelles livraisons des arbres et arbustes, par Duhamel. Il continue de faire l'Histoire des Végétaux , pour faire suite à l'Histoire naturelle de Buffon , édition de Sonini. Il a donné un Mémoire sur la formation des organes dans la graine , et sur leur'développement à différentes époques de la germination. À Tristan a donné un Mémoire sur les Bulbes. Aubert-du-Petit-Thomas a publié une première livraison de l'Histoire des Végétaux qu'il a recueillis dans lesîles de France, de Bourbon et de Madagascar. Il a choisi le format in-4°., et les figures sont gravées au simple trait. Labillardière qui a dans sa belle collection ramassée en Syrie, aux Etats-Unis, et dans son voyage avec d’Entrecas-. teaux , plus de mille plantes inédites, dojfjaussi bientôt en faire paroître une première livraison. Broussonet a aussi apporté beaucoup de plantes des Canaries et des côtes d'Afrique. Humboldt et Bonpland ont rapporté de leur voyage au Pérou et au Mexique , plus de six mille plantes , dont il y a peut- F 2 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE étre quinze à dix-huit cents qui n'étoient pas connues. Ils vont en faire paroître incessamment un premier fascicule. Cette collection présente une multitude d’espèces nouvelles de quelques genres connus , tels que des Zobelia , mélastoma , psycliotria, quercus,passiflora . mimosa , etc. Parmi les genres publiés par les auteurs de la Flore du Pérou, il en est peu qui aient np à ces voyageurs , et sans doute éclairciront - ils quelques-uns des, doutes nés parmi plusieurs botanistes, sur l'existence ou non existence de quelques-uns de ses genres. Parmi ces genres on remarque particulièrement le co/u- mellia, citrosnea , polylepis , desfontainia , feveolaria, ca- lyplectus, godoya, escobedia , cavanillezia, molina, pour- retia, etc. On y voit encore un très-grand nombre de genres nouveaux: ils comptent les publier dans un ouvrage qui va paroîitre in- cessamment, sous le titre de Plantes équinoxiales ; ils s'oc- cupent en mème temps de quelques monographies et d'un eu- HS particulier destiné aux plantes cryptogames, et qu'ils publieront sous le nom de Cryptogamie des Tropiques. Palisot-Beauvoir, qui a apporté beaucoup de plantes d'Oware et de Benin, avoit publie la première livraison de sa Flore de ces contrées : il prépare une édition plus soignée de cet ouvrage, Le même auteur vient de publier un prodrome sur les mousses et les lycopodes. Balbis, professeur de botanique à l'Athénée de Turin, pu- blie chaque année, dans les Mémoires de l'Académie de cette ville, les plantes qui avoient échappé aux recherches des Al- lioni, Bellardi , etc. Ge naturaliste plein de zèle, se propose de donner une Flore complète des plantes de la Savoie. Villars , auteur de la Flore du Dauphiné, a publié plusieurs Mémoires sur la topographie et l’histoire naturelle du départe- ment de l'Isère , et il y a joint des observations intéressantes sur les plantes microscopiques. Cavanilles alloit terminer le premier volume de l'Aortus Matritensis , lorsquige mort enleva ce savant à l’histoire na- turelle , qu'il cultivôit avec autant de zèle que de succès. Zéa qui a été nommé pour le remplacer , se propose non-seule- ment de publier le volume, mais encore de suivre pour ses travaux et dans ses leçons , le plan que s’étoit formé son illustré prédécesseur. x S RE D'HISTOIRE NATURELLE. 42 Ruiz et Payon sont sur le point de faire paroître le quatrième volume du Species de la Flore du Pérou et du Chili. Nocca, professeur de botanique à Pavie , continue toujours de publier son ouvrage intéressant des plantes rares cultivées dans le jardin dont il est le directeur. Hippolyte Durazzo a publié le catalogue des plantes de son jardin à Gènes. Vincent , Griolet et Bertolini , aprés avoir parcouru toute la Ligurie , ont fait paroitre le catalogue des plantes de cette contrée. Bertolini se propose de décrire les plantes les plus rares de cette Flore, et il a déjà mis au jour la première décade qui contient quelques plantes nouvelles. Vahl , directeur du jardin botanique de Copenhague, se propose d'élever un monument à la gloire de Linnæus, dont ila été nn des disciples les plus distingués , en donnant une nouvelle édition du Species plantarum. I a déjà envoyé à quelques botanistes de Paris le commencement du premier volume. Andréws a publié à Londres le cinquième volume du Botanists repository ; les livraisons de l'Enolish Botany , par M. So- werby , se succèdent sans interruption ; M. Martyn a pres- qu’achevé la nouvelle édition qu'il donne du Dictionnaire des Jardiniers , de Miller ; M. Sims continue le Magasin bo- tanique de M. Curtis , et M. Lambert a fait paroitre l'inté- ressante Monographie du genre Pinus. Smith a terminé sa Flore d'Angleterre. Waïdstein et Kitaibel ont publié la seizième livraison de la Flora Hungarica , dans laquelle se trouve un nouveau genre dédié à Sternberg ; qui a de profondes connoissances dans toutes les parties de l'histoire naturelle , et surtout en botanique. Willdenow a publié la troisième partie du tome 3 du Species plantarum. Ce volume comprend la classe nombreuse et difiicile , connue sous le nom de syngénésie. Ceux qui s'inté- ressent aux progrès de la botanique , doivent desirer que le sayant professeur de Berlin termine promptement une entie- prise devenue aussi honorable pour lui, qu’utile à la science. Hope, savant médecin et habile botaniste, est auteur d'une Gazette littéraire et botanique qui paroit depuis trois ans. Il a aussi publié un autre ouvrage périodique fort estimé, qui a pour titre, Botaniches taschenbuch.On trouve dans les derniers numéros de cet ouvrage, deux Mémoires de Sternberg , l'un sur les plantes qu'il a découvertes dans les Alpes Rhétiques , et dans les environs de Bassano , et l’autre sur des plantes envoyées 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI de Tranquebar , par MM. Rotiler et Klein, tous deux membres de la société botanique de Ratisbonne. Sturm a publié à Nuremberg quatre cahiers, format 72-12, de la Flore d'Allemagne , avec figures coloriées. Korner a donné une nouvelle édition #7-4°, des Chènes de l'Amérique , par Michaux. Hayne a publié le huitième fascicule de ses Termini Bota- nict,in-4°, fig. enlum. Hast a terminé le troisième volume de la Graminolagia Austriaca. Cet ouvrage in-folio est parfaitement exécuté. Hoffman a donné la seconde partie de la seconde édition, revue et corrigée de sa Flore germanique. Il a aussi publié le second cahier de la Cryptogamie souterraine. Rosig continue la Monographie des Roses, avec fig. enlum. Le format de cet ouvrage est #7-4°. L'auteur paroit s'être plus occupé dans son texte de la culture que des descriptions et des discussions botaniques, devenues néanmoins nécessaires dans l'exposition d'un genre qui contient un si grand nombre d'espèces et de variétés. On a exposé à la dernière foire de Leipsic , le premier cahier des plantes nouvellement déterminées par Pallas. Cet ouvrage qui doit contenir un grand nombre de plantes, est z2-fol., et les figures sont coloriées. Du thé. Hill et Linnæus, dit Desfontaines, ont cru qu'il y avoit deux espèces de thé, savoir, le thé bou ( ea bohea ), et le thé verd (£hea viridis ). Koœmpfer, Thunberg , Lettson pensent au contraire qu'il n’en existe qu'une espèce , mais qui donne plusieurs variétés comme toutes les plantes cultivées: On compte trois espèces de thé verd, et cinq de thé bou. Deux pieds de thé ont fleuri l’année dernière dans les serres du jardin des plantes de Paris, ce qur a fourni à Desfontaines l’occasion de s'assurer qu'ils ne formoient qu'une espèce. Les feuilles de thé sont desséchées sur des plaques de tôle, et non de cuivre. Elles n’ont pas de parfum; mais on les par- fume en les fesant dessécher avec différentes fleurs , telles que celles d’une espèce d’armoise, celles de l’olivier odorant, celles du comelina sesaaqua, celles du jasmin d'Arabie, celles du curcuma ou safran des Indes. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 Les trois espèces de thé verd sont, 1°. Le thé srpértial , dont les feuilles d’un verd clair ne sont pas roulées. On les ramasse en février. 2°. Le thé Æursven, ou Ayssore, nom du marchand indien qui l'apporta en Europe. Ses feuilles sont petites et roulées for- tement. Leur couleur est d’un verd tirant sur le bleu. 3°. Le thé singlo , ou souglo , qui tire son nom du lieu où on le cultive. Les cinq sortes de thé bou sont, 1°. Le souchong, feuilles larges , non roulées , d’une couleur tirant sur le jaune. Il est apporté par les caravanes de Russie, en paquets de demi-livre. 2°. Le sumio a le parfum de violette. 3°. Le congou, feuilles larges , infusion colorée. 4°. Le péko se reconnoit à de petites feuilles blanches qui y sont mélées. 5°. T'hë bou. Feuilles d'un verd terne , couleur uniforme. Il y a encore une autre variété du thé, qui est apporté en boule de diverses grosseurs, dont les feuilles sont réunies par une substance glutineuse. Le thé frais a une propriété enivrante qu'il ne prend qu’au bout de 8 à 10 mois. Lorsqu'on le fait dessécher sur le poële, on le comprime avec les mains, et il en sort un suc d'un jaune verdâtre, qui occa- sionne une ardeur presqu’insupportable. De l'anatomie des êtres oroanisés. La connoissance des parties internes des étres organisés est le second objet de l'étude qu’on en doit faire. C'est le but du travail de l’anatomie des diverses classes d'animaux, ainsi que de l’anatomie végétale. L’anatomie du corps humain est assez avancée ; mais celle des autres classes des étres organisés l’est peu. Néanmoins cette partie a été enrichie cette année de plu- sieurs faits intéressans. Lobstein a fait voir que l'os intermaxillaïre peut se trouver chez l’homme comme chez les animaux. Il l’a rencontré dans le cadavre d’une jeune fille de douze ans qu'il a disséqué dans l'amphithéâtre de Strasbourg. 45 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIr Onclidium Peronti. Péron a trouve sur les rochers de l'ile de France un animal qui rampoit dans l'eau et non sur le sec. Cuvier en a donné la descripuon anatomique ; il le rapporte au genre onchidium , établi par Buchannen. Cet animal a les organes ane comme ceux de la limace et du colimaçon; c’est-à-dire qu'ils ressemblent plutôt aux poumons des mammifères qu'aux branchies des poissons. Ils ne sont point composés de feuillets comme les branchies ; mais ils consistent en une cavité creusée dans l'épaisseur char- nue du manteau, et sur les parois de laquelle rampent les vais- seaux (1) ; mais l’onchidie de Péron présente une exception. Le sang est apporté dans cet organe par deux grands vais- seaux situés sur les côtés du corps. Cet animal a une bouche, un estomac divisé en trois parties, dont la première ressemble au gésier des oiseaux et des in- SECLES.. Mais ce que SR de cet animal offre de plus singu- lier, c’est que son foie est divisé en trois glandes qui ont leurs vaisseaux excréteurs distincts, et s’enfoncent en des endroits différens. Le plus considérable de ces trois foies embrasse la plus grande partie de l'intestin. Son canal s'ouvre dans l’æsophage prés le cardin. Le second s'ouvre à-peu-près au méme endroit, Et le troisième placé derrière le gesier s’ouvre dans celui-ci. C'est le premier exemple d'un animal ayant trois foies, dit Cuvier. Les cétacés ont plusieurs rates. Les oiseaux ont plusieurs pancréas. Mais l'auteur ne connoît encore que cet onchidie qui ait plu- sieurs foies. TT TT Pc ET PL TTC Te CU LTÉE TT Te TTC» (x) C'est cette différence de l'organe respiratoire des mollusques terrestres avec celui des mollusques aquatiques, qui m'a fait (dans mes Considérations sur les Etres organisés ; tome I, pag. 235 ) diviser cet organe ou les bran- chies, en deux espèces. Les branchies géodiques , ou des animaux terrestres. 1.es branchies hydrines , ou des animaux qui vivent dans l'eau. Cet ET D'HISTOIRE NATURELLE, 49 Cet animal réunit les deux sexes comme les autres mol- lusques. Sp USE Cuvier a encore donné des détails anatomiques sur plusieurs autres mollusques. Pyrosoma atlanticum. Péron a observé cet animal dans les hautes mers, par les trois à quatre degrés de latitude boréale, et le 19° à 20 degré de longitude à l'ouest du méridien de Paris. La température des eaux de la mer à sa surface étoit de 22° de Réaumur. L? phosphorescence très-brillante dé cet animal le fitapperc£ si à tout l'equipage dans une belle nuit. Sa forme est alongée, presque cylindrique ; sa lonr teur est de trois à sept pouces. La portion antérieure est Plus grosse etperpendiculairement tronquée. Une large Onyerture circulaire laisse voir tout 1 intérieur de l animäi Qui est vide et tubuleux, sans offrir aucune trace d organes qu un ezeau vasculaire très- délicat , qui tapisse tout l'intérieur d£ cette cavité. Un anneau de gros tubercules occupoit tout fe rebord intérieur de QU verture antérieure. ) 2 ? , . PR ARERE r en L. L'extrémité postérieure ne présentoit aucune trace d’ouvet- ture. t Dans l'intérier.- du corps demi-transparent de l’animal, on distinguoit ve multitude de petits corps semblables à des glandes. É auteur n'apperçut aucun organe par où l'animal puisse pren- dre sa nourriture; il suppose qu’? se nourrit par absorption. Ne seroit-il pas possible, dit-il, que de petits mollusques intro- duits dans le tube intérieur du pyrosoma s’y décomposassent , et fussent absorbés ? Cet animal seroit donc une de ces espèces qui ne se nourrit dans les eaux de la mer que par absorption, comme des fücus, des varecs.…... Il n’est pas douteux qu’à mesure qu'on observera avec plus de soin les dernières classes du règne animal, telles que celles des mollusques , des vermicules, des rotifères,.… on ne découvre un grakd nombre d’espèces d'animaux, dont l’organisation est presqu'aussi simple que celle -des végétaux } et qui ne se nour- rissent Comme eux que par absorption. | Tome LX, NIVOSE an 13. G 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De l'anatomie des végétaux. J'ai fait un travail fort étendu sur l’anatomie des végétaux, que j'ai comparée entièrement à celle des animaux. J'ai fait voir que les premiers ayoient les mêmes systèmes que les seconds , et qu'il n'y a parmi les êtres organisés qu'un seul et même plan diversement modifié. 1°. Système du tissu cellulatre. T'out le corps des végétaux, comme celui des animaux, est composé d’un tissu cellulaire plus ou moins délié. Ce tissu est très-sensible dans plusieurs organes , tels que les membranes séreuses , les muqueuses... On y observe-des lames régulières comme, dans les miné- raux ; les lames rhomboïdales dans les siliques des légumi- neuses, la réctangulaire dans les prolongemens médul- laires.….…. 2°, Système des memëranes séreuses. Les végétaux ont des membranes séreuses comme les ani- maux ; telles sont celles qui séparent Îles différentes zônes de l'orange, du: citron... celles qui revétissent les cavités inté- rieures des tiges creuses... Leurs fonctions sont les mêmes , celles de sécréter diverses liqueurs séreuses. 3°. Système des membranes muqueuses. Les végétaux contiennent tous une quantité plus ou moins considérable de vrais corps muqueux, capables de subir la fer- mentation spiritueuse ; tel est le corps sucré du raisin, des cerises , de la canne à sucre... Les sucs muqueux sont sécrétés par membranes particu- lières , auxquelles j'ai donné le nom de membranes muqueuses, à cause de leurs fonctions. 4°. Système des membranes fibreuses. J'appel'e membranes fibreuses des végétaux, les membranes composées de fibres comme les membranes fibreuses des ani- maux; telles sont les couches corticales , celles par exemple du tilleul dont on fait des cordes ; celles du chanvre , du lin, du lagetes, i ET D'HISTOIRE NATURELLE. 52 5°. Système des membranes fibro-séreuses. Ces membranes tiennent de la nature des membranes fibreuses et des membranes séreuses; telles :sont les mem- branes qui occnpent le milieu des siliques des crucifères. 6°. Système des membranes fibro-muqueuses. Ces meinbranes tiennent de la nature des fibreuses et des muqueuses ; telles sont celles qui forment les écailles des bou- tons du peuplier , celles de l'utérus... 7°. Système des membranes séro-muqueuses. Elles tiennent de la nature des séreuses et des muqueuses ; telles sont les membranes de l’amnios..…. 8°. Système des membranes des cicatrices. Lorsqu'on blesse une plante, il s’y forme un bourrelet ou cicatrice , dont le tissu est semblable à celui des cicatrices des animaux. 9°. Du système des membranes des gales, ou kistes. Il se forme sur les végétaux des gales composées d’une mem- brane plus ou moins déliée , daquelle contient un suc épanché , comme les membranes des kistes chez les animaux. 10°. Du système épidermoïde. Les végétaux ont un épiderme composé de membranes plus ou moins fines , comme dans le bouleau , le cerisier, le noi- setier...….…. Sous cet épiderme se trouvent des glandes que j'appelle cpidermoïdales. 11°. Du système pileux. Les végétaux sont la plupart couverts de poils comme les animaux, ce qui forme leur système pileux. Ces poils ont à leur origine des glandes ou bulbes, commeles poils des animaux. 12°. Du système épineux. Les épines forment aussi un système particulier chez plusieurs végétaux. 13°. Du système dermoïde. Les végétaux ont comme les animaux une peau ou derme qui Forme un système particulier. G 2 5a JOURNAL DE RHYSIQUE, DE CHIMIE 14°. Du système colorant. Les diverses parties des plantes ont différentes couleurs ; elles sont surtout sensibles dans les pétales, ce qui forme leur système colorant. 150. Du système des vaisseaux spiraux ou trachées. Ontrouve dansles feuilles , dans les corolles, dans les jeunes tiges des vaisseaux spiraux, ou trachées formées comme un ressort à boudin... ce qui forme un système particulier. Les trachées ont une grande irritabilité. 16°. Du système médullaïre. La moëlle se trouve dans tous les végétaux en une quantité plus ou moins considérable. Elle forme ordinairement dans le centre de la planteune masse continue qui, chez les dicotyle- dons, s’étend ensuite en rayons divergens, jusqu’à la circon- férence , sous forme de prolongemens médullaires. - age. Du système fibreux. La partie fibreuse forme chez les végétaux le système des vaisseaux , où circulent les diverses liqueurs. Ces vaisseaux sont très-visibles dans les grands arbres#tels que le chène, le chä- taignier…. 11s sont formés de petites lames souples, élastiques , irrmables, et remplies des valvules comme les vaisseaux lym- phatiques des animaux. Ils forment plusieurs ordres de vaisseaux, a les artériels , bles veineux, e les lymphatiques, 4 ceux du suc propre, e ceux des glandes... 18°. Du système glanduleuæ. Les végétaux ont des glandes semblables à celles des ani- maux... ; telles sont celles de l’épiderme, les antheres. 19°. Du système exhalant. Les végétaux ont une transpiration très-abondante, soit à leur surface , soit dans l’intérieur des grandes cavités , comme dans le melon... \ 20°. Du système absorbant ou inhalant. Les végétaux unt des vaisseaux absorbans, soit à leur surface, soit à l’intérieur des grandes cavités, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 53 21°. Du système moteur. La plupart des végétaux ont des mouvemens ; ils n’ont cepen- dant point de muscles. Je suppose que les trachées qui sont si irritables en remplissent les fonctions. Il y a encore plusieurs autres systèmes chez les végétaux. DE LA PHYSIOLOGIE. Les recherches sur le mécanisme des fonctions des êtres organisés , est le troisième objet qu’on doit se proposer pour acquérir une connoissance complète de ces étres. On met dans cétte étude une telle ardeur, qu’on doit espérer que cette partie de nos connoissances qui avoit fait moins de progrès que les autres , sera bientôt aussi avancée que celle-ci. L’anatomie , la physique et la chimie se sont réunies pour y porter la lumière, et elles y en ont beaucoup répandu. Je crois avoir contribué aux progrès de cette science , en réunissant, pour ainsi dire , la physiologie animale et la physio- logie végétale. Elles s’éclairent mutuellement , parceque les fonctions des végétaux ont les plus grands rapports avec celles des animaux. + Du système des forces vitales. Le système des forces vitales chez les animaux et les végétaux est encore peu connu. Les différentes opinions qu’on a proposées à cet égard , ne m'ont point paru donner une explication satis- faisante des phénomènes ; j'ai cru qu'il falloit plutôt recourir à l'action galvanique qu'exercent les unes sur les autres les diverses parties dont sont composés ces êtres. Les poissons dits électriques , tels que la torpille , le gymnote, le silure donnent des commotions plus ou moins vives lorsqu'on les touche , et éux-mêmes ils sont fortement agités. Leur organe électrique est composé de deux substances , l’une idio-élec- trique , et l’autre anélectrique , ensorte qu'elles forment une espèce de bouteille de Leyde naturelle. Lorsqu'on touche ces. deux surfaces au même moment , on a donc la commotion comme lorsqu'on touche le carreau magique. Le corps de tous les animaux est composé également de deux substances , l’une anélectrique, et l’autre idio-électrique ; savoir, 54 JOURNAL PE PHYSIQUE, DE CHIMIE les nerfs et les muscles. Le fluide nerveux apporte aux nerfs un fluide qui en entretient l'électricité. Toutes les parties sont donc dans un état habituel semblable à celui du carreau ma- gique. Lorsqu'on touche la surface du corps d’un animal , il arrive la méme chose que lorsqu'on touche la torpille; il y a décharge des parties positives aux parties négatives , et l'animal est mu. Chaque sensation, celles des saveurs, celles des couleurs, celles des sons produisent les mêmes effets et sont ainsi la cause de tous les mouvemens des animaux. Je crois que ce sont les mêmes causes qui constituent les forces vitales des végétaux. Leurs parties fibreuses et leurs parties médullaires se galvanisent mutuellement comme les parties ner- veuses et musculaires des animaux. Toutes les membranes déliées qui constituent les diaphragmes des vaisseaux , ainsi que les trachées, sont très-irritables. Le galvanisme les fait con- tracter, comme il fait contracter les parties musculaires des animaux. Les diverses liqueurs servent de stimulans , et excitent tous ces solides qui sont très-irritables. De la nutrition. Les êtres organisés font des pertes continuelles; il faut que ces pertes soient réparées : c'est ce que produit la nutrition. Cette opération suppose trois choses. 1°. Le changement de la matière znorganique en matière organique. C'est ce qu'opèrent principalement les végétaux. Il est cependant quelques animaux, tels que les vers de terre qui ne paroissent vivre que de terre. ÎlLest aussi des hommes ui en vivent quelquefois. Humboldt et Bonpland ont vu sur les bords de l'Amérique, de ces géo/fages qui pendant trois mois de l’année ne vivent que d’une espèce d'argile. Il paroit également certain que les loups et autres animaux carnivores mangent de la terre, lorsqu'ils ne peuvent attraper de proies. La matière organique formée par les végétaux , subit de nouvelles modifications en passant chez les frugivores , et de nouvelles encore en passant des frugivores aux carnivores, 29, La seconde opération dans la nutrition consiste en ce que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 Les parties similaires vont se déposer vers les parties simi- laires. Chez les végétaux le corps muqueux va se déposer dans les membranes muqueuses. Chez les animaux la lymphe va se déposer dans les muscles , la graisse dans le tissu cellulaire , le phosphate calcaire dans les os chez les animaux osseux, la fibrine dans toutes les parties des animaux et des vé- gétaux. ? 3°. La troisième opération delanutrition est dans l’adhérence que ces parties similaires contractent avec les solides où elles se déposent. Ainsi la fibrine contracte une forte adhé- rence avec les membranes et les muscles. Le phosphate cal- mine adhère aux os..., tandis que la graisse, par exemple, ne contracte point d'adhérence. Une maladie, une longue absti- rence , la font rentrer dans la circulation , et elle sert de nour- riture. De la respiration. Les organes de la respiration sont très-différens chez les diverses espèces d'êtres organisés , et peut-être ne les connois- sons-nous pas encore tous. On peut rapporter ceux qui sont connus à quatre principaux. 1°. Les vaisseaux absorbans ; 2°. Les trachées ; 3°. Les branchies ; 4°. Les poumons. Les grandes espèces , telles que celles ‘des mammaux : des ovipares , des oiseaux, respirent par des poumons. Il se trouve chez les oiseaux des grands sacs, dans lesquels l'air pe des poumons. Ce même air pénètre même jusque dans eurs os. L Les poissons et une partie des mollusques respirent par des branchies. Nous ayons vu que j'ai distingué les branchies en hydrines , ou celles qui appartiennent aux animaux qui vivent dans l'eau , et en géodiques , ou celles qui appartiennent à ceux de ces animaux qui vivent dans l'air atmosphérique, tels que les limaces , les hélices. Les trachées sont l'organe respiratoire des insectes et de quel- ques autres animaux. Swammerdam a fait voir qu’elles portent V’air dans toutes les parties de l'animal, 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai également distingué les trachées en Aydrines ou celles qui appartiennent aux animaux qui vivent dans l'eau, et em géodiques ou celles qui appartiennent aux animaux qui vivent dans l'atmosphère. Enfin il est plusieurs animaux , tels que les hydres ou po- lypes, .... chez qui on ne voit ni poumons, ni branchies , ni trachées. Il faut donc supposer qu'ils respirent seulement par les pores dé la surface de leur peau. Spallanzani a fait voir que tous les animaux inspirent et ex- pirent une grande quantité d’eau par les pores de toute la surface de leur corps. Les végétaux respirent comme les animaux. C'est un fait que j'avois constaté dans mon Traité sur 'air pur. « Les plantes » inspirent et expirent continuellement, disois-je ( page 355, » tome Î,en 1788), et si cette fonction est interrompue , elles » périssent plus ou moins promptement ». Théodore de Saussure qui ignoroit sans doute mes expé- riences , puisqu'il n’en a pas parlé , les a confirmées cette année par un grand nombre d’autres qu'il a faites avec beaucoup d'exactitude , et il a obtenu les mêmes résultats. Il paroît que l'inspiration de l'air chez les végétaux s'opère par les pores qui sont à leur surface, cumme chez les der- nières classes d’animaux , et qu'il est expiré de la même manière. Mais cet air introduit dans les plantes , se rend-il dans les trachées ou dans d'autres organes ? L'observation ni l'expérience ne nous ont encore rien appris à cet égard. L’analogie de ces trachées avec celle des insectes , qui sont certainement l'organe respiratoire de ces animaux , a fait supposer qué les trachées des végétaux sont également leur organe respiratoire, De læchaleur chez les étres organrsés. Tous les êtres organisés ont une chaleur plus ou moins consi- dérable ; elle est plus sensible chez les animaux que chez les végétaux. Cependant il est quelques circonstances où elle est très-prande chez ceux-ci. Lamarck avoit observé que le spa- dice de l’arum acquéroit, lorsqu'il est en fleur , une telle cha- leur , que la main avoit peine à la supporter. Hubert a observé à l'ile Bourbon , que cette ‘chaleur dans le spadice de l'arum caulescens ou gouet, étoitsiYive, qu’êlle pouvoi ET D'HISTOIRE NATURELLE! 57- pouvoit faire monter le thermomètre à 49 :. Le moment de la plus grande intensité de cette chaleur est environ une heure aprés le lever du soleil. Cette chaleur des êtres organisés doit ètre attribuée à plusieurs causes ; 1°. Aux combinaisons) de l'oxygène dans l’acte de la respi- ration" soit dans l'organe respiratoire , soit dans toute l'habi- tude du corps ; 2°. Aux diverses combinaisons qui ont lieu dans toute l'habitude du corps de l'animal ou du végétal pour former les nouveaux produits, tels que les corps muqueux, les huiles, les acides, lesalkalis... .. 3°. A la formation de toutes ces liqueurs diverses. . .. De la circulation. Toutes les liqueurs qui se trouvent chez l'animal et chez le végétal sont dans un mouvement continuel. Leur vie con- siste dans ce mouvement non interrompu ; mais cette circulation s'opère de diverses manières. Chez les animaux à sang rouge, la circulation s'opère par le , système artériel. et. le système veineux. La première im- post est donnée par le cœur ; mais la circulation de la ymphe et celle des autres liqueurs sont indépendantes de ces forces : elles s'opèrent seulement par l’excitabilité des vaisseaux qui les contiennent. - Chez un grand nombre d'animaux à sang blanc , tels que les polypes, les méduses, les rhizostomes, les rotifères:!., il n'y a ni cœur ni aucun organe qui en remplisse les fonctions. La circulation du sang et celle des autres liqueurs s’y opère donc par les mèmes forces que.celle de la lympheet autres liqueurs chez les animaux à sang rouge. Les mêmes forces opérent la circulation de diverses }iq ueurs des végétaux. Leurs vaisseaux sont formés comme les vaissezux lymphatiques des mammaux, de: membranes élastiques , irri- tables ; ils sont remplis de nombreuses valvules. Les diverses liqueurs qui sont contenues: dans ces vaisseaux les: stimulent ét les font contracter comme les vaisseaux lymphatiques des animaux 21 0 CERRTUURE i 2 : Les vaisseaux artériels vont porter le sang rouge ou‘Hlanc Tome LA. NIVOSE an 15. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DB CHIMIE chez les animaux, et la séve chez les végétaux dans les or< ganes’ sécrétoires, où s'opère la sécrétion des diverses liqueurs. Les résidus de ce sang et de cette séve sont repris parles systèmes veineux , tandis que la liqueur sécrétoire passe dans les vaisseaux particuliers. L Tous les vaisseaux , et chez les animaux et chez les végétaux , ont de nombreuses communications ; {ensorte que lorsque l’un est obstrué , la circulation peut s'opérer par les colla- téraux. Circaud a coupé les deux artères carotides à des chiens , qui n'en ont point paru incommodés. Il découvre ces artères ét leur fait à chacune deux ligatures à peu de distance l’une de l’autre. Il coupe ces artères dans l’espace qui se trouve entre les deux ligatures ; ce qui en, prévient, l'hémorragie. L'animal est d'abord un peu étonné , sa démarche est vacil- lante ; mais bientôt la circulation s'établit par les artères vertébrales , et l'animal reprend son assiette ordinaire. Dans d’autres expériences il a ouvert une des carotides à des chiens, et y a injecté de l'eau tiède près d'une once , sans que l'animal ait paru en souffrir. S Il a injecté une autre fois une dissolution d'opium, et l'ani- mal a péri dans l'instant. me De l'air injecté dans-les vaisseaux fait également périr les animaux, instantanément. La méme chose a lieu chez les végétaux. Le tronc d’un arbre peut être presqu’entièrement coupé ou pourri. Le petit nombre, des vaisseaux qui subsistent entretient la circulation dans toute la plante. ; | De la reproduction. Tous les êtres organisés se détruisent ; les espèces ne peuvent donc se multiplier que par la reproduction des individus. Cette reproduction s'opère de plusieurs manières: 10. Par l'union de deux individus de sexe différent. Aussi dans le plus grand nombre d'espèces d'animaux et de végé- taux , il y à un individu mäle et un individu femelle , dont l’union reproduit un ou plusieurs autres individus , par le pie de liqueurs prolifiques qui se combinent et cristal sent. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5q Chez les animaux , le plus souvent chaque individu n’a qu'un sexe. Il en est cependant quelques-uns , tels que les colimaçons, dont chaque individu a les deux sexes ; mais il ne peut se féconder , il faut une double union... D’autres individus qui ont les deux sexes se fécondent comme les huîtres. La même chose a lieu chez les végétaux. Le concours des deux sexes est nécessaire pour la reproduction. Les liqueurs reproductives du mâle et de la femelle , et chez l'animal et chez le végétal, se mélangent , se combinent et cristallisent. Le produit de cette cristallisation est le petit embryon. La cristallisation de l’amianthe , celle de la‘byssolite. ...... rapprochent jusqu’à un certain point de certains lichens.... On avoit parlé de vers dans la liqueur reproductive du mâle des animaux, et ce ver, ajoutoit-on, formoit le petit embryon ; mais il n'existe point de pareils vers dans celle des végétaux. 2°. La reproduction chez d'autres animaux et végétaux se fait par gemmes ou bourgeons. On divise une conferve, un polype..... en plusieurs parties. Chaque partie fait bientôt un individu parfait. On reproduit la plupart des végétaux par boutures, pat provins. De la vie et de la mort. Lorsque l’organisation d’un animal ou d’un végétal est assez dérangée pour que le système des forces vitales ne puisse plus exercer ses fonctions ; la mort arrive. La vie d'un être organisé consiste donc dans le libre exer- cice, des fonctions du système des forces vitales. Or nous avons vu que le principe des forces vitales réside dans l’ex- citabilité. C’est donc cette excitabilité qui constitue la vie. Quelquefois l'excitabilité est suspendue, comme lorsqu'on expose un animal ou un végétal à un degré de froid qui fait congeler ses liqueurs; mais il ne sera point mort, si en l’ex- posant à une température qui rende la liquidité à sesliqueurs, l'excitabilité n'est point détruite. 6o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si l'excitabilité est détruite au point qu'on ne puisse plus la faire renaître par aucun moyen, la vie a cessé. 5h Quelques animaux, tels que le rotifère, le tardigrade..... quelques végétaux tels que les conferves , les byssus.…. peu- vent être desséchés des années entières , sans donner aucun signe de vie : mais la vie renait chez eux aussitôt qu'on les humecte. Nous allons rapporter quelques faits observés cette année, et qui méritent toute l'attention des physiologistes. Combustion spontanée du corps d'une femme. Le magasin philosophique, n° 53, rapporte un nouveau fait sur la combustion spontanée du corps d’une personne vivante. Le 16 mars 1802, à Massachuset, en Amérique, le corps d'une femme âgée fut consumé dans une heure et demie, et ses habits furent brülés. Desmarets fils rapporte un fait analogue qui est arrivé à Paris. Une femme âgée de 68 ans, extrémement grosse ( elle pese près de deux cents livres ), buvoit avec excès des iqueurs spiritueuses. Elle se retira le soir dans son appar- tement. Les voisins sentirententre minuit et une heure après minuit une odeur forte d’une matière animale en combus- tion. Ils entrèrent dans la chambre de cetté femme; ils la trouvèrent presqu'entièrement consumée : il ne restoit qu’une petite portion des hanches, de la cuisse et de la jambe droite. Tout ce qui avoit appartenu à la tête, au tronc, aux extré- mités supérieures , et à l'extrémité inférieure gauche, avoit disparu en moins de trois heures. On trouve dans les Observateurs un grand nombrede faits semblables. Lair en a fait un recueil dont jai donné un extrait dans ce Journal, tome 50, page 115. Quelqu'extraor- dinaire qu'ils nous paroissent, l'expérience nous a appris qu’il faut suspendre notre jugement sur les phénomènes bien constatés, Du pollen. Howard a examiné la nature du pollen de plusieurs plan- tes : il a observé que ce pollen exposé dans l'eau l'absorboit, et acquéroit un volume presque double. L'alcool le goufle également, et lui donné souvent nn mouyement rotatoire ET D'HISTOIRE NATURELLE. 61 rapide. De ses expériences et de ses observations microsco- piques , il conclut, 1°. Que chaque grain de pollen considéré dans l'anthère est un corps organisé, diversement construit dans les diverses espèces, et contenant, -& Des vaisseaux ou pores capables d'absorber l’eau , de sè dilater par cette absorption , et de se contracter quand elle s’évapore. à Ce pollen contient un parenchyme, c Et une huile essentielle, ou une résiné à laquelle ils doivent leur couleur et leursodeur. 2°. Ce pollen jouit de la méme irritabilité que quelques autres parties des végétaux. 3°. L'alcool est le stimulant le plus propré à faire exercer cette irritabilité. Enfin l'auteur a vu que la fécule ou l’amidon jouit en partie des mêmes propriétés que le pollen. e La cire. Huber à fait de nouvelles recherches sur l’origine de là cire. En voici les conclusions. : 1°. La cire vient du miel. 2°. Le miel est encore pour les abeilles un aliment de pre- mière nécessité. 3°. Les fleurs n’ont pas toujours du miel comme on l'avait imaginé. Cette sécrétion est soumise aux variations de l’atmos- phère, et les jours où elle est abondante sont très-rares dans nos climats. #. C'est la partie sucrée du miel qui met les abeilles en état de produire de la cire. 5°. La cassonade produit plus de cire que le miel et que le sucre raffiné. 6°. La poussière des étamines ne contient pas les prin- cipes de la cire. 7°. Ces poussières ne sont pas la nourriture des abeilles adultes , et ce n’est pas pour elles qu’elles font cette récolte. 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 8. Le pollen leur fournit le seul aliment qui convienne à leurs petits ; mais il faut que cette matière subisse une élabo- ration particulière dans l'estomac des abeilles, pour être convertie en un aliment toujours approprié à leur sexe, à leur âge et à leurs besoins, puisque les meilleurs micros- copes ne font point voir les grains du pollen ou leurs enve- loppes dans la bouillie que les ouvriers leur préparent. 9°. La cire sort de toutes les parties du corps des abeilles un instant après qu’elles ont mangé le miel. 10°. Les femelles et les ouvrières seulement savent em- ployer la cire à différens usages. L Du bétel. Péron a donné des vues très-intéressantes sur l'usage du bétel dans les pays chauds. La chaleur excessive de ces con- trées , la transpiration abondante qui en est la suite, produi- sent un affoiblissement général. Les Européens qui y arri- vent veulent tempérer leur soif par les liqueurs acidules, comme en Europe, et bientôt ils succombent, parceque ces acides augmentent la prostration deggforces. Les naturels du pays ont recours stimulans les plus actifs : celui dont ils se servent habituellement est la compo- sition appelée bétel. Elle est faite ordinairement des quatre substances suivantes : 4 1°. La feuille d’une espèce de poivrier brülant, piper bétel, Lin. 2°, Une assez forte proportion de feuilles de tabac. 3°. Un quart environ d'une chaux vive très-active , faite avec des madrépores calcaires. 4. Environ moitié de la noix d'arreckier. Areca eatschu, Lin. Cette composition est comme l'on voit extrêmement stimu lante. L'usage du bétel détruit les dents. On emploie dans toutes les Indes orientales les aromates les plus actifs , comme le bétel. Labillardière rapporte , dit Péron , que les sauvages des îles de l'Amirauté dans l'Océan équinoxial, font également un ET D'HISTOIRE NATURELLE, 65 usage habituel des plus forts sitmulans. Ils mâchent la chaux- vive, ainsi que le piper striboa, Lin. “Humboldt et Bonpland ont retrouvé le même usage de la chaux-vive chez les habitans de Quito et du'Popayan. Ils mâchent la chaux-vive avec les feuilles de l'eritchroæi- lum peruvianum: DE LA VACCINE. La pratique de la vaccine, cette découverte heureuse du docteur Jenner, laquelle préserve le genre humain d'une des maladies les plus destructives, savoir, de la petite-vérole, s'étend de plus en plus. Les Anglais l'ont portée aux Indes ; mais il paroit qu'elle y étoit connue et pratiquée par des Bramines, depuis un temps très-reculé. Ces peuples ont eu des connoissances extrémement étendues, dont il ne leur reste plus aujourd'hui que des traditions. Le docteur Valli a fait sur lui-même une nouvelle expé- rience qui annonce tout son zèle. Il a été à Constantinople, et s'est fait inoculer la peste; il n'en a point été atteint, ce qui lui fait conjecturer que la vaccine est également un pré- servatif de la peste. De la fièvre jaune. Mais tandis qu'un heureux hasard saisi par un homme instruit , nous a fourni un préservatif contre deux terribles maladies, il nous en est survenu une nouvelle qui a été apportée d'Amérique en Europe, et qui n'est pas moins dangereuse : c’est la fièvre jaune. On la regarde comme une fiévre adinamique ataxique. DE LA MINÉRALOGIE. La minéralogie ayant beaucoup moins d'espèces que les deux autres règnes, ne peut parconséquent être enrichie comme ceux-ci : cependant elle a fait quelques acquisitions précieuses. Des nouveaux métaux alliés au platine. La mine de platine en sable, telle qu’on nous l'apporte, sur laquelle on avoit fait un si grand nombre d’expériences 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n'est point connue. Proust avoit donné dans le tome 52 de ce Journal , un grand travail sur cette substance, dans laquelle ilavoittrouvé, ; 1°. Du sable, 2°, De l'or, 3°. Une matière noire qu'il prit pour de la plombagine ; 4°. Du soufre, 5°. Du phosphore, 6°. Du fer, 7°. Du cuivre. Mais cette matière noire n'étoit point de la plombagine. Trois chimistes français, Collet Descotils, Fourcroy et Vauquelin ont travaillé de nouveau sur cette mine de pla- tine. Ils ont fait voir que cette matière noire contenoit un nouveau métal qui est blanc; ils ont retiré du platine en grains, | 1°. Du sable quartzeux, 2°, Du sable ferrugineux, 3°. Du platine, 4°. De l'or, 5°. Du titane, 6°. Du chroms, 7°. Du cuivre, 8°. Dufer, : °. Enfin ce nouveau métal blanc qui paroïf avoir beaucoup de rapports avec le palladium de chenevix. Ce métal est fourni par cette matière noirätre que Proust avoit pris pour de la plombagine. Enfin Tennant, un des meilleurs chimistes de l'Angleterre, dit avoir obtenu de la même mine deux nouveaux métaux : 1°. L'un qu'il appelle zridium à cause des couleurs vives qu’il affecte ; Et l’autre qu'il appelle osmium , et qui est volatil.' Wollaston dit-y avoir trouvé un autre métal qu'il appelle rohodium, l Le lecteur sent qu'il faut.attendre de nouvelles expériences des habiles chimistes qui s'occupent de cet objet ,et qui enfin arviendront à distinguér toutes ces diverses substarices mé- AA RSR RON BRRTSTRPES SECTION AC. RESRERNER Le ET D'HISTOIRE NATURELLE. G5 Le célèbre Klaproth a fait voir qu'on pent employer le latine sous forme métallique sur la porcelaine. Il dissout te platine dans l’eau régale, le précipite par l'ammoniaque. Le précipité rouge et cristallin est broyé dans un mortier de verre , et chauffé jusqu'au rouge dans une cornue. Le sel se volatilise , et le platine demeure sous forme de poudre qu'on mêle avec un flux semblable à celui qu'on emploie pour dorer. On ajoute de l'huile d'aspic, et on l’applique avec un pinceau sur la porcelaine. On fait chauffer la pièce sous la moufle , et on brunit. Milly avoit tiré de différens oxides et sels de platine des couleurs assez variées pour fournir à la peinture les couleurs principales. Du cérite , ou mire de cérium oxidé. Ce minéral , lorsqu'il est pur , est transparent, d’une cou- leur de chair tantôt foncée , tantôt clair , rarement jaunätre. Sa cassure est indéterminée, compacte , un peu brillante. Sa consistance est tenace et forte. Il fait difficilement feu au briquet , et ne traie pas le verre. _ Ilest souvent mélangé avec de l’asbêste, de l'horneblande, du stralstein d'une couleur verte, du mica, du cuivre sul- Ffuré, du bismuth, et du molybdem sulfuré. Le cérite pur a donné par l'analyse, Cériuimioid él de rs eu LL ER O Ferioxidée tenir enter ipa uns bo EN ml be Let. PEU Ve ARC) Charccarbonatée. AMEN TEMSENUE Un peu de manganèse. Ce cérite se dissout dans l'acide nitrique, et fornre un nitrate de cérite; on le décompose par de la potasse, et on obtient un oxide de cérite, qui a une couleur de brique. Du cérium. Cet oxide réduit en pâte avec de l'huile de lin, et chauffé dans un creuset, donne une poudre fine qui présente des parties brillantes , et tache le papier en noir. Cétte poudre a toutes les qualités métalliques, et forme un nouvéau métal qu'on appelle cérium. Tome LA. NIVOSE an 13, I 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce métal se dissout dans tous les acides , et forme diffé- rens sels. Il forme le 26° métal connu. Nous avons, 1°. le platine; 2°. l'or; 30. l'argent; 4°. le mercure; 5°. le cuivre; 6°. le fer; 7°. le plomb; 8°. l'étain; 9°. le zinc ; 10%. le bismuth ; 11°. le cobalt; 12°. l’antimoine; 13°. l’arsenic ; 14°. le nickel; 15°. le manganèse ; 16°. le mo- lybdène; 17°. le tunstène ; 18°. l’arane ; 19°. le titane; 20°. le chrome ; 21°. le tellure ; 22°. le columbium ; 23°. le tantale;” 24°. le cérium ; 25°. et 26°. les deux nouveaux métaux qui paroissent se trouver avec le platine. Du cuivre chromaté. Thomson a examiné une mine de cuivre de Sibérie , qu'il croit être du cuivre chromaté.'Ce minéral est d’un noir mat, d'un grain serré, et se trouve avec le plomb chromaté ; mais essayée au chalumeau, elle donne des indices de cuivre. Haüy a examiné l'électricité qu'acquièrent les substances métalliques. Voici le résultat de ses expériences. Métaux qui acquièrent l'électricité vitrée. Zinc, forte, Argent, Bismuth , forte, Cuivre, Plomb, Fer, oligiste. Métaux qui acquièrent l'électricité résineuse. Platine, Or, Etain, Antimoine, Cuivre gris, forte, Cuivre pyriteux, forte, Plomb sulfuré, Tellure de nagyac, forte, Argent antimonial , Argent sulfuré, forte, ET D'HISTOIRE NATURELLE. C7 Nikel, Cobalt gris, Cobalt arsenical , Antimoine sulfuré, Fer sulfuré, Fer oxidulé. De l'ocre de St-Pourrarz. On trouve à St-Pourrain , à troislieues d'Auxerre , une mine abondante d'ocre, qui y est sous forme jaune, et sous forme brune. Elle se trouve dans des couches calcaires mêlées d’am- inonite et de nautilite. On pulvérise cette mine, et on la passe au tamis pour le commerce. 7 Une autre portion se calcine à un feu de réverbère pour la changer en ocre rouge. M. Guillot a fait l'analyse de cette mine calcaire. Il en a retiré, 1 } SCC MMA. CEE rie 6 nor Amine Cesar lee 2 108 GhatEe PANNE UNS MUTUEL NEED) CO ÉFenoxude NM RAF R20 08 Ocre de St-Amand. On trouve à St-Amand, proche St-Fargeau , dans le dépar- tement de la Nièvre , une autre mine d'ocre d'un jaune plus päle que celle de StPourrain. L'analyse de cette mine cal- caire a donné au même naturaliste, Sie Net ei lin ci RO2 20 AlunITe MEET PEACE PIE MIRE Chan gens CN er 1 NS 1193 Penondé mia NN ER es MO Du titane oxide de la vallée du Doron. Ce métal nouveau se présente à l’état d'oxide sous un grand nombre de formes. Sous forme rougeitre, c’est le ruthile de Werner. On l’ap- peloit autrefois schorl rouge. Il se trouve; 1°. En cristaux fins et déliés ; (RS JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 0, En cristaux assez gros d’un rouge sale. C’est ainsi que se présente celui de Saint-Yriez en Limousin ; on le trouve encore sous cette forme en Hongrie, dans les monts Krapacks. L’oisanite doit rentrer dans une de ces variétés. 5°, A l'état silicéo-calcaire, nrgrine de Werner, comme aux Chalamches en Dauphiné, à Arendal en Norwège. Cordier croit que la substance décrite sous les noms de semeline par Fleuriau Bellecour dans ce journal ( tome 651, page 441 ) est un titane silicéo-calcaire. Hericart de Thury vient de découvrir le titane oxidé dans la vallée du Doron au- dessus de la saline de Moutiers. :1Le filon est dans des schistes argilo-magnésiens. .. .l’oxide du titane s’y trouve sous différentes formes ; a La petits prismes très-déliés, qui à la loupe paroissent des prismes droits à base rectangulaire assez éclatans ; à, Titane oxidé d’un jaune doré mat ; c Quelquefois d’un rouge de cuivre ; d Quelquefois il est sous la forme d’une poudre noirâtre, d’autres fois elle est rouge. DETE Ces oxides se trouvent souvent dans des cavités que pré- sentent des mines de fér spathique , avec du fer oxidé attirable à l’aimant, à grandes lames brillantes. 6o grains de ces oxides analysés par Thénard, lui ont donné, Titane loxidé re PEN QT Herroxidél le alle ue Ste Chaux Carbonatée 40e 20921020 Du sable ferrugineux de Saint-Quay sur le rivage de la mer, près Chätel-Æudron. Collet - Descotils a analysé’ ce sable qui a été ramassé par Gillet-Laumont ; une-partie est attirable à Vaimant , et l’autre ne l’est pas. La partie attirable a donné ; Oxndedeifer NES one. 086 Oxide de manganèse. .:. . . . 1.120002 Onde de hante cn te Aline EE rene din etes UNE ÂAcide chronique. Perte. 4:40: AMIS UE ANS : ET D'HISTOIRE NATURELLE: “69 La partie non attirable lui a donné Oride defefls.. .ce Tree soocere 44 Oxide de titane . . ... #48 L'ANPE Oxide de manganèse. ......... 1 5 Urane oxidé de Saint-Friex. Alluau et Cressac ont trouvé à Saint-Yriex, proche le filon d’émeraude , de l’urane oxidé jaune , à-peu-près sémblable à celui que Champeaux a trouvé auprès d’Autun. Fer phosphate de l'Ile-de-France. Ce minéral est composé de petites lames qui exposées au jour , paroissenit translucides. Elles semblent étre des prismes quadrangulaires très-comprimés ; mais quelques-unes de ces lames! sont opaques. Léur couleur est verdâtre. Il a été analysé par Fourcroy et Laugier, qui en ont retiré, SC Pi RE LOS UE À 7 ŒE Acide phosphoriqué. . 19 25 “he I Faute NAN ro Altmarméeger 22401 .609F Silice ferruginée, . . : 1 25 Pértél22.291011 £ 24 2 Cädet a retiré de la même substance ; BETORIAÉ L eis/cis c 0 TL UD Alamine tee AT 26 Acide phosphorique. . 21 bo Ghaux EEE se ARS IT MANAGEMENT EAU. Pertes el RO MO De l'Ocroïte. Klaproth a donné ce nom à une substance terreuse , à cause de sa couleur ocreuse. Nous ne la connoissons pas encore à Paris, 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a Lai Là "ti 0 Snsob'stiul els Émert. Vauquelin a. fait l'analyse. de l’émeri de Gersey et il ena retiré ; AA At Cuermnt 2h Fernoxide 111215312180 Amine, 2. bite HO Cette analyse est conforme à celle de T'ennart qui dit que l'émeri de l’île de Naxos n’est que du fer oxidé et du corindon. Or on regarde, aujourd’hui le corindon de la même nature que le saphir qui paroît ne contenir que de l’alumine. Prehnite de Reichenbach près d'Oberstein dans le Palatinat. Les minéralogistes donnoient le nom de zéolite à une subs- tance qui se trouve dans ces cantons avec du cuivre natif. Deborn avoit soupçonné qu'elle étoit analogue à la prehnite: Haüy a confirmé ces apperçus , ensorte que cette substance doit étre regardée comme une prehnite. Faujas l’a trouvée à Reichenbach. De l'hornblende ; du stralstein, ou asbestoïde , et de la .tremolite. Cordier a trouvé des formes régulières dans du stralstein venu d’Arandal, Il les a comparées avec celles de la tremolite et de l'hornblende , et il les a trouvé semblables. D'où il a tiré la conséquence suivante : Ces trois substances, l’hornblende , la tremolite et le strals- tein ou asbestoïde ne sont qu’une seule et même espèce diver sement modifiée. PT 11 présume que l’asbeste pourroit bien encore étre une qua- trième variété de la même espèce. De l’idocrase, où vésuienne ,'ou kyacinthine. Cordier a trouvé cette substance en grande quantité aux Pyrénées dans les roches calcaires primitives du Montarec. Champeaux l’avoit aussi trouvé au Simplon. Rubellite de Kerwan. Daourite de Lamétherie. Sibérite de l’Hermina. Tourmaline apyre de Haüy. Cette substance dont je n’ai eu que des échantillons informes EToD'HAISTOIRE NATURELLE. ,. 71 qui venoient, m'assura-t-on, de la daourite, me parut avoir des caractères assez prononcés pour la regarder comme une substance particulière. Depuis ce temps-là il nous en est venu de plus beaux échantillons, et Hauüy a reconnu que c'étoit une tourmaline. Mais elle fond avec une si grande difficulté qu'il l’a appelée apyre. . Cette substance fut analysée par deux élèves de l'école poly- technique qui en retirèrent, Alurmine :.-..... 0: 1481646 Silice : . 0...) 361115 Chaux: ie UMTS Manganèse oxidé .. 9 o PERS LUN Lens 1 0 rte LD Vauquelin qui répéta l'analyse eut à-peu près les mêmes résultats. Mais depuis ce temps il a répété deux fois l'analyse de cette substance sur des cristaux bien cristallisés, et il a obtenu , SIACENEN ME 0e Hotel ee 42 Alumime:1. 40 nn 441.40 Manganèse oxidé mélé d’une. - - pareille quantité de fer. 7 e SOUS fe ee TO Perte MEME RICE Cette quantité de soude est considérable. La tourmaline verte du Brésil lui a donné ; SILCE EM le Te RE, Alkumine|:.1,4-16 72 .1.2730 CRAURE Reese etre HT 9 02 Ferondes tre Te ToN-bo Manganèse oxidé. . ... 2 Perte CNE eme eianr tee Du cyanite.' Laugier a fait une nouvelle analyse du cyanite, ou sappare, ou disthene de Haüy, il en a retiré, Sihice titre Et. 240 PURE RES ERESL RESs APT Her, oxide e ee. NN ONE 73 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CSG NRA QUE o 5o Eau L SAT ON 60 . © 75 PETÉRL APPRENTI ce Cher Théodore de Saussure en avoit retiré, Sites POIARNNES 9 2 à 5o 62 Alurireutr1191 AOL: À 55 54 5o BRENT ES NE ARR : 2 25 2 oa Magnési@ lt, à, es. 2 2.3 Ferloxidé ni . LU .- 5 6b 6 Eauet perte, : .4 se. énsgu:t 4166 Du tale. Vauquelin a fait l'analyse de différentes espèces de tale. Le talc d’un blanc verdâtre en lames minces, lui a donné, Le tale donné, Un tale Silice ro At Has 0 «. 62 Masnésiestti-idienst, 27 LS Mo el NOMME RE ES Alumine: puis ar tee 1,2 Eau, 4e star D Sfr , 6 compacte couleur de rose, lui a donné, Silice. el ei ne Der rive 64 Magnésie 157... + 22 AlumimentiV NAT EN VEINE 3 Fer mélé de manganèse, . 5 ADS RUE aa Ge 16 connu sous le nom de craie de Briançon, lui a SE ans POS EME MEMEUTR 61 25 Magnésie. . .., . 41. 26 25 Éaar PME IEUENONS LH DER Ta C1 AMMITE NAN ST Fertoxidéni met ele MT compacte jaunâtre, po de lard bidstein des Allemands, lui a donné, Chaux ‘ » ]BT-D'HISTOIRE NATURELLE. É 73: Chine. 6 EN EAU Le METIER CR 261 DNqAi VISE HE ELEM LOTS RENE © Potassa la cha ter-quiisl fa Klaprotb avoiteu leshmèmes produits äpet'pres" ue les chimistes français dans l'analyse du bidlsteim,/#.la potasse près qu'il n’avoit pas obtenue, Mais il avoitune perte. De la topare. Klaproth a retirétde la topaze uné portion d'acide fluo- rique. Vauquelin' qui a répété l'expérience, à eu les mêmes résultats. Il en a retiré 0,20. distri t: 0 De la: dolomre. Klaproth a retiré de la dolomie, Magnésie carbonatée: : : : 46°30 Eer.oxidéà , + : 44 444, 6:2@ CG È BL clreT ie, .. 120; 4 : Toutes les pierres calcaires primitives des-‘Alpes de Juliers et Rhoétique, donnent les mêmes produits, 6% chaux car- bonatée, et 48 magnésie carbonatée. Ainsi-ce sont les mêmes produits que le bitter spath etlemiémit. , :Tennant’ avoit déjà ‘obtenu les mêmes produits de la dolomie.'' > .J1D 412 ,12%0%fH9 EM 32 39 El ji 09 s De la pinite.® ; Lrpé ti 6 r H “ Fn çe VF rai ; 1) » ensb ascoozonr 23h ic | ) it 2921 à ‘La pinite vient d'être trouvée par Lecoq dans les granites d'Auvergne. Elle est çristallisée comme celle de Saxe, en prisme hexagone droit. Sa couleur est d'un rouge obscur, errisier 90 2h Di pechstèin ‘d'Auvergne. -lov co0iplecne: ec91:e93L9 (9 905 ” s Bergman , héritier d’un beau nom dont il soutient la gloire, vient de faire l'analyse de plusieurs minéraux intéressans. a Pechstein d’un vert d'olive, éclatant, à cassure inégale, d'une pesanteur de 2 40, contenant des cristaux de feld- spath : se trouve au Cantal. L'analyse en a retiré, - < } | ( sd " 31 POSTE CE to. mipdtobl:c ré trAluminesos - sinloons sr07 3 MACHAUX: Mol deete mere cadet AUOT Tome LX. NIVOSE an 15. K ‘ \ 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Éeromdé:sl a RMMNUtEeTtS DOUTE LITE NEA EN Ar LRO EPA CAES MA PAS 4 7 Le te NPA RER EMNMENTEN Re Klaproth avoit retiré du pechstein:de Gersebach , | sISéliceneih4 ul etui 48 Alumiüne, RE’ I GG ONE 14 5! Chanel 1 SMS Er foncier. | ABSENCE ER à Manganèse oxidé. 4.» «il 10141 ils A dk At d +) Je CET Le D: HI! à "Eau. ... M. ee, 8: $a ) Pertes): tar ont MO 12 Les pechstein de Planitz, en Saxe , a donné par l'analyse, Silice.. 43... 2. 20551000 Aline: à Line ES AS Chaux, …,, ARTS ER NUET EE Le L 73 Hentoxdéeshi{i en PPS qeE : ut 4h Soude.sh 2arisisrio en is0laS 0 = 3 Eat tiuh d'hid ee :-. 118 Perte. eiGlleite °J9)be 111510 4 En parlant du catalogue des pierres que MM. de Freyberg ont eu la complaisance de m'envoyer , j'ai dit, Journal de, Physique , tome 56, page GI Li x. QG « Ces pechsteins de Werner dont j'ai, des morceaux dans ma collection de Freÿberg, et que j'ai fait voir à plusieurs minéralogistes italiens et français , sont regardés comme des, laves vitreuses. x der I'M L'analyse confirme ces apperçus,:puisque ces pechsteins contiennent de là soude comme toutes les substances vol- caniques. rs : "Bb raifitè, | i d Du Klingstein , ou pierre sonante. — Porphyr schiefter de Werner. Le klingstein , ai-je dit en rendant compte des minéraux qui m'ont été envoyés du-Freyberg ; est:une espèce de pétro- silex que j'ai fondu en verre incolore. Journal de Physique, tome 94, page 239. CENCNCRE MR ET D'HISTOIRE NATURELLE. 75 Et j'ai ajouté, iLidem, tome 56, page 60 : Dolomieu regarde la porphyt schiefter du Puy en Velai, comme vol- canique. Ce klingstein a de commun avec le pétrosilex qu'il se décompose facilement à l'air, etse couvre d’une croûte blan- châtre. Le même Bergmann dont nous venons de parler , a analysé ce klingstein , et il en a retiré, Silive. 119, 4 HER +: 58 Alumitie 453 srimnien 0 2478 Chatetibint 15" die ko) 434 9 Fet'oxidéi.:..1 “rniiioltit « 4 5 Soudesirsisne blios 465.15 6 aus HE PU 2H CURE Pertertets alto mate he $ ; PAL STAGE Te tallets le > he ve O7 Alnmine: se 15101:letelct 125 "H0 Ghaux:® 51.0 GAL Rien ES Perloxite: diem PIR CIN LS Manganèse oxidé. . ... o 25 SANTE NES PERTE Il 28 Oxo Pau) ir #4 ZHICHEID Si ef SHON 12 ‘ARE ON Daubuisson a examiné de nouveau ce klingstein , auquel il a donné le nom de phonolithe. Il regarde également cette substance de la nature du pétrosilex , mais qui à subi l’action du feu. La phonolithe, dit-il, compose des montagnes entières; et accompagne toujours les basaltes ; et comme je ne saurois douter de l'origine volcanique des basaltes du mont d'Or et du Cantal, je pense également que la phonolithe de ces contrées est volcanique. 116 Les minéralogistes allemands qui pensent que les basaltes sont un produit de l'eau et non de l’action du feu, disent également que Île klingstein est:le produit de l'eau ; etnon des feux volcaniques. b K = 76 JOURNAL DE PHYSIQUE,,DE CHIMIE Du natrou et de l'acide muriatique contenus , dans les MINTavES: Cette quantité de soude ou natrou qui se trouve dans toutes les matières volcaniques est assez remarquable. On trouve aussi dans quelques volcans d'Auvergne, à Sarcovi particulièrement, des laves blanchâtres décomposées, qui ont une vive odeur d’acide marin ou muriatique. Spallanzani a aussi retiré le même acide de la plupart des laves d'Italie. Je pense donc que ce natrou et cet acide viennent de la même cause. Les eaux des mers ont pénétré dans ces volcans, et y ont apporté du sel. marin, qui-par sa décomposition a fourni et ce natrou , et.cet acide muriatique: Del'arragonite: Fourcroy et Vauquelin ont fait une nouvelle analyse com= parée de l'arragonite-et du spath calcaire le plus pur, celui dit spath d'Islande. Voici le précis -de leurs travaux. Première expérience. — 100 parties d’arragonite dans l'acide nitrique, ont perdu pendant leur dissolution 0,43. Il est donc resté dans la dissolution 0,57. Deuxième expérience: — 100 parties du spath d'Islande dans l'acide nitrique, ont perdu 0,43,5. Il est donc resté dans la dissolution 0,56,5. Différence entre les deux résultats, 000,5. Troisième expérience. — 100 parties d'arragonite ont fourni par la calcination , chaux 0,55. Donc 0,45 ont été volatilisés. Quatrième expérience. — 100 parties de spath d'Islande ont donné par la calcination, chaux 0,56. Donc 0,44 vola- tilisés. Différence entre les deux résultats , 1. Ils ont ensuite essayéles gaz obtenus de ces deux substances, etils ont reconnu qu'ils étoient de la même nature, et en même quantité. ET D'HISTOIRE NATURELLP®. #7 D'après les expériences que nous avons rapportées dans cette notice, concluent-ils , il n'est plus permis de douter, ou toutes les règles de la chimie sont fausses , que l'arrago- nite ne soit composé des mêmes élémens que le carbonate calcaire , et que ces mêmes élémens ne soient dans l'une ét l'autre substance combinés dans des proportions égales. Quant à l’eau de cristallisation qui peut entrer dans ces substances, elle est toute contenue dans l'acide carbonique. Bergmann croyoit que le spath calcaire en contient o,t1. Mais comment expliquer les différences physiques qui existent entre ces deux substances, telles que La forme (l'arragonite cristallise en prismes hexaëdres , et le spath calcaire en rhomboïde ), La pesanteur spécifique ( celle de l'arragonite est 29,5; celle du spath calcaire est 28 ), La dureté ( l'arragonite raie le spath calcaire), La cassure ( celle du spath calcaire donne un rhombe sem- blable à celui du cristal primitif, celle de l’arragonite ne donne aucune forme régulière ). La molécule ‘ne peut donc être un caractère pour les reconnoitre,. Ces anomalies entre deux substances composées des mêmes principes chimiques, sont assez difficiles à expliquer. Cordier a trouvé l'arragonite dans des filons des terreins primitifs. Du flos ferri. Cordier croit que c'est une variété de l’arragonite. Du corindon. Pini a trouvé cette substance dans les Alpes d'Italie. Les divers voyageurs nous rapportent des différentes con- trées qu’ils parcourent , des échantillons des substances miné- rales qu'ils y rencontrent. Quoique le temps ne leur per- mette pas toujours de les choisir avec assez de soin , ils nous donnent néanmoins des connoissances précieuses. Tous ces minéraux ressemblent à ceux de notre Europe; au lieu que les êtres organisés , les animaux et les végétaux diffèrent dans chaque continent. Buffon avoit fait observer 78 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que dans toute l'Amérique, excepté au nord, on ne {rouvoit ni animaux, ni Végétaux de l’ancien continent ; et les ana- logues à ceux de l’ancien continent qui sont dans les parties septentrionales de l'Amérique, sont passés vraisemblable- ment par le nord de l'Asie. La même chose s'observe à la Nouvelle-Hollande. DE LA GÉOLOGIE. Alexandre Sapiéha a donné des vues générales relatives à l'explication de quelques faits concernant la géologie de Pologne. Les faits lui ont prouvé que la mer a autrefois cou- vert toutes ces contrées ; voici ses conclusions : 1°. Le Palatinat de Cracovie, celui de Lublin , et le pla- teau renfermant l'Ukraine, la Podolie, sont les endroits les plus élevés de la ci-devant Pologne. 2°, Les granits roulés qui couvrent la surface de plusieurs contrées de Pologne , ne pouvant être détachés que du kra- pak, supposent qu'ils ont été apportés par des courans du midi vers le nord. 3°, La tourbe fossile si commune dans ces contrées, surtout dans la Polésie, prouve qu’elles ont été couvertés par la mer Baltique. 4°. Les lits des rivières qui coulent dans la mer Noire, étant creusés très-profondément dans des granits, n'ont pu l'être par les eaux de ces rivières, ce qui suppose qu'ils l'ont été par de grands courans des mers qui jadis couvroient ces contrées. Un grand nombre d'autres faits prouve également que les eaux de la Baltique et des mers du nord ont couvert tout ce pays. De la formation des tourbes. Poiret a fait de belles observations sur la formation des courbes. Il en distingue de deux espèces : la fibreuse et la compacte. La tourbe fibreuse qui est produite dans Îles marais par les plantes marécagenses , telles que les arundo , les poa , les scirpus, les carex, les joncs , les mousses , des iris... Ces plantes se déposent au fond des eaux, ne s'y décomposent qu’en partie, et forment la tourbe fibreuse. ET DHISTOIRE NATURELLE. 79 La tourbe compacte est formée dans les grandes eaux par des plantes aquatiques , telles que les myriophillon, chéra- tophillon , emma... De la formation des pierres meulières. . Coupée a examiné la formation de ces pierres , qui sont très-communes dans les environs de Paris. Un vaste banc de sable, dit-il, est resté stratifié par la mer depuis Fontaine- bleau jusqu'aux bords de l'Oise et du Laonais. Ce sable a été altéré par les influences atmosphériques. IL a ensuite été dissout par les eaux , et mélangé avee les pierres argileuses pour former les pierres meulières. Quélques-unes contiennent une assez grande quantité de terre calcaire. On trouve dans ces couches un grand nombre de coquil- lages fluviatiles , telles qué des planorbes..…. ce qui indique que les eaux fluviales ont couvert ces contrées après la retraite des eaux des mers. De la formation des montagnes. Péron a observé que dans les mers situées sous la zône tor- ride , les polypes construisent avec une si grande activité des coraux et des madrépores, qu'ils en forment des masses énormes. Toutes les iles des côtes de la Nouvelle-Hollande, de l'Archipel indien, sont environnées de rescifs formés de cette manière. On retrouve ces mêmes concrétions polypiennes à de grandes hauteurs dans les continens , ce qui confirme, dit-il, l'opinion que les eaux ont couvert autrefois nos continens. Mais que sont devenues ces eaux ? C'est une question, ajou- te-t-il, dont la solution est très-difficile. Humboldt, qui dans ses voyages s’est occupé particulière- ment de géologie, a dessiné un af/as géologique et physique, qui content les profils de la cordelière des Andes , dite du Mexique. Il représente par des caractères particuliers les diffé- rentes substances minérales qui s’y rencontrent. L'examen approfondi qu'il a fait de ces différentes mon- tagnes qui sont les plus hautes du globe, lui a fait reconnoître So JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE impossibilité qu’elles aient été formées par soulèvement ou par affaissement, commele supposent de savans géologues. Car si on supposoit avec eux que la surface de la terre ait été primitive- ment d’une courbure à-peu-près uniforme, sans élévation ni enfon- cement, etque les montagnes'et vallées existantes fussent l'effet des soulèvemens ou affassemens , il faudroit que ces mon- tagnes fussent élevées à plusieurs lieues, puisqu'on trouve dans ces régions des couches de plusieurs lieues, contiguës, inclinées depuis les plaines jusqu'au sommet des hautes montagnes. On est donc obligé de reconnoitre que ces montagnes et ces vallées sont les effets de la cristallisation générale des; subs- tances qui ont formé le globe. Elles se sont réunies par les forces. d’affinités, et ont formé çà et là différens groupes, comme nous le voyons dans les substances salines que nous fesons cristalliser en grandes masses. Aussi m'écrivoit-il : « Tout ce que j'ai vu dans ces régions où sont situées les » plus hautes élévations du globe, m'a confirmé de plus en » plus dans la grande idée que vous avez présentée ( dans » votre belle Théorie de la Terre, l'ouvrage le plus complet » que nous ayons sur cette matière ) sur la formation des » montagnes. l'outes les masses qui les ont formées se sont » réunies suivant les affinités, par les lois de l'attraction, » et ont formé ces élévations plus ou moins considérables, » sur les divers endroits dé la surface de la terre, par les » lors de la cristallisation générale. Il ne peut rester aucun » doute à cet égard au voyageur qui observe ces, grandes » masses sans prévention. Vous verrez dans nos relations » qu'il n’y a pas un seul des objets que vous avez traités, » que nous n’ayons cherché à avancer par nos travaux». En vain m'a-t-on objecté la difficulté ou l'impossibilité,’ dit-on , de concevoir la dissolution de: toutés ces. substances qui forment les montagnes... Je réponds que cette dissolu-: tion est un fait avoué aujourd'hui généralement. Certaine- ment les granits, les porphyres, les grès , les schistes quart- zeux..... les tales, les stralsteins , les asbestes, les trémo- lites, les serpentines , les marbres.et les gypses primitifs... ont été toutes en dissolution. Voilà le fait. : Comment s'est opéré cette dissolution? La cause, en ‘est peu connue : mais voici un fait sur lequel j'insiste tous les ans ET D'HISTOIRE NATURELLE, 81 ans dans mes lecons au Collége de France , qui pourra don- ner quélqués éclaircissemens. “Les calcédoines enhydres qu’on trouve à Vicence dans des matières volcaniques, sont de petits globules depuis un quart de pouce jusqu'a un pouce de diamètre. Il ÿ a une cavité intérieure de quelques lignes de diamètre remplie ordinairement d'eau. Si on brise ce globule, on trouve les parois de cette cävité formées de quartz parfaitement cris- tallisé. Ce quartz ou la silice dont il est formé, avoit donc été dissout par une très-petite quantité d'eau. " Au milieu des blocs de marbre de Carare , on trouve éga- lement de petites cavités ou géodes remplies de gros cristaux de quartz, Une très-petite quantité d'eau peut donc dissoudre ‘une quantité de quartz égale à son, volume, ou peut-être supé rieure. Je suppose que cette eau est chargée d'acide car- bonique. Si le quartz peut être ainsi dissout , les autres substances minérales, le Éd , le mica, l'hornblende..... le seront également , puisqu'ils sont composés de silice, d’alumine, de magnésie, de chaux, d'oxide de fer. Or l’alumine , la chaux, la magnésie sont dissoutes par l'eau, l'acide carbonique, et tous les acides. De La chaleur tntérieure du globe terrestre. Nous avons de nouveaux faits sur cette chaleur du globe: Péron dans son long yoyage a observé la chaleur des mers à différentes profondeurs et à diverses latitudes. Il à trouvé que la chaleur des eaux de la mer diminuoit toujours à mesure qu'on s'enfoncoit. Irving et Forster , ajoute-t-il , ont eu les mêmes résultats, d'où il conclut que dans le fond des hautes mers , les eaux sont congelées. Elles se détachent ensuite de ces bas-fonds, et viennent nager à la surface des mers , où elles produisent ces montagnes de glaces qui ont quelquefois plusieurs cen- taines de pieds au-dessus des eaux, et encore plus au-des- sous... La chaleur de la surface de notre globe vient donc, dit-il , uniquement du soleil, et il n'y a point de chaleur centrale. Tome LX, NIVOSE an 13. L 82 JOURNAL DE PHYSIQUE ; DE CHIMIE Humboldt a observé que sous la zône torride, dans les continens, à d'assez grandes profondeurs , la chaleur inté- rieure étoit de 15 à 16 degrés. Les savans français ont trouvé qu’en Egypte la chaleur à d'assez grandes profondeurs étoit également de 15 à 16 degrés. STE D'après ces faits nouveaux et ceux que nous connoissions,, quelle est donc la chaleur intérieure du globe ? Cette question a été envisagée de diverses manières par les savans. Descartes , Leibnitz croient que la terre est un soleil dont la croûte extérieure est tellement obstruée par des masses semblables aux taches du soleil, qu'elles ont inter- cepté tout passage à l'air, la combustion ne peut plus avoir lieu... mais le centre a toujours la même Fur Buffon a soutenu que la terre étoit une portion détachée du soleil, et en avoit eu parconséquent la chaleur dans les commencemens ; mais cette chaleur diminue journelle- ment... Bécher, Gensane..., sans remonter à la cause, croient que le centre de la terre est composé de soufre ; de substances métalliques en état d'ignition.... , ce qui communique de la chaleur à toute la masse... Les observateurs ont cherché à constater par des faits quelle est la chaleur intérieure du globe. Des faits multipliés paroissent indiquer qu à notre lati- tude , la chaleur. du globe est environ 10 degrés aux pro- fondeurs où nous avons pénétré. Dans les zônes glaciales , la chaleur centrale est beaucoup moins considérable. On sait qu'en Sibérie, par la latitude de 60 à 70°, on trouve en certains endroits la terre constamment gelée à la profondeur de vingt à trente pieds. Le rhino- céros fossile dont parle Pallas , qui avoit encore des chairs, fut trouvé sur les bords du Voulhi, à 66° latitude, dans des terreins glacés, à quelques pieds seulement de profondeur : c'est pourquoi il s'étoit conservé. Sous la zône torride et dans les pays chauds, la chaleur intérieure du globe est au-dessus de 10 degrés. Dans les grandes masses d’eau à une certaine profondeur, comme au fond des mers et des lacs, la chaleur est moins ETD'HISTOIRE NATURELLE. 83° considérable que dans les mêmes profondeurs sur les con- tinens. Ces faits prouvent que la chaleur du globe dans les con- tinens est plus grande sous l'équateur , et qu'elle va en dimi- nuant à mesure qu'on s'approche des pôles. Elle est aussi moindre dans les eaux parcequ’elles s'échauffent plus dif- ficilement. Mon opinion sur la chaleur du globe diffère de toutes celles que je viens de rapporter. Nous n'avons aucune preuve que la terre ait été un so/eil encroûté, ni qu'elle aït été détachée de notre soleil, ni qu'il y, ait dans son centre des matières en état d'ignition……. Or le philosophe ne sau- roit admettre ce qui ne lui est pas prouvé. Mais z/ est certain que le globe terrestre ( ainsi que les autres planètes ) ont été liquides, comme le prouve leur figure conforme à la théorie des forces centrales. Nous en avons encore une autre preuve relativement à notre globe, Tout y est cristallisé... . ce qui suppose une dissolution aqueuse des substances qui le composent. Pour que l'eau ait pu les dissoudre; elle devoit étre liquide et avoir une - température assez élevée. Cette température élevée de cette eau et autres substances qui forment le globe, lui ont donné une chaleur première , laquelle diminue chaque jour, comme nous le voyons par lés glaces qui couvrent les ré- gions polaires et les hautes montagnes... On voit qu’on n'est pas Fondé à dire que la chaleur du globe vient du soleil, que le fond, des mers est gelé: Le soleil échauffe la surface du globe à une petite profondeur , puisqu'à notre latitude , à 84 pieds dans les caves de l'Obser- vatoire de Paris , elle n'est pas sensible. La chaleur de 10° qu'on y éprouve vient donc, de la chaleur primitive du globe : mais dans les hautes montagnes et dans les régions polaires , le soleil échauffe à une moindre profondeur, et le sol est gelé à quelques pieds ; mais à une plus grande pro- fondeur la chaleur du mers se fait sentir, et trés-certaine- ment le sol n'y est plus gelé. La même cause doit empêcher le fond des mers d'être gelé : mais quelle est la cause première de la chaleur de l'eau qui a tenu en dissolution les matières dont sont formés le lobeterrestre et les autres globes ? Nous l’ignotüns; mais il aut que les principés qui ont formé l'univers fussent liquides L 2 S4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour pouvoir agir,se combiner et former des corps com- bustibles...…… De l'analyse des eaux d'Aix en Savotïe. Socquet a analysé les eaux minérales d'Aix en Savoie. IL en a retiré de 112 livres. Sulfate de soude.. . ...... 37 grains. Sulfate de magnésie. . . . . . 36 Sulfate de chaux. . , . 2: 754 Muriate de soude . : . : . . . 18 Muriate de magnésie: . . .. 23 Carbonate de chaux, + +: . . . 103 Carbonate de magnésie.. .. . 69 Extractif animalisé. . ..... 2 De l'analyse des eaux de Jarville. . Jeanmaire a fait l'analyse de ces eaux qui sont des eaux minérales hydrosulfurées. Un kilogramme de ces eaux lui à donné, Sulfate de:sOUdé. 4. 24e Auae se 4 Le «1 4804000 Muriate de soude. . . . . . . . . . . . . . 2.546000 Muriate de chaux et de magnésie.. . . . 0.030300 Hydrosulfure de fer et de magnésie.. . 0.020000 Silice:s a um. 4h 5. 2p#ib 2 : 2: : * 02016700 Carbonate de magnésie. . . . . . . . . . 0.225000 dBrailes, 201 DONS MOIS NN 25 MR 0. 006700 Gaz oxigémé, 4 2129 0 D OUR 0.026778 Du sulfate de magnésie du mont Guardia. Mojon a donné une analyse de ce sel qu'on retire des pyrites du mont Guardia près de Gènes. Il contient, Magnésie. . +... ..".: "19 Acide dei ue 9. LOS à Eau de cristallisation. ; . 49 On voit que ce sel est très-pur , au lieu que ceux qu’on fabrique en France contiennent ordinairement , ET D'HISTOIRE NATURELLE, 985 4 Sulfate de magnésie. . . . 35 Sulfate de soude. . ... 19 Muriate de magnésie. . . 12 Muriate de soude. . . .. 6 Sels calcaires. . . : ... . 2h De L'alun. Vauquelin a fait un travail sur les différentes espèces d’alun du commerce. Voici les conséquences qu'il en tire. D'après les produits obtenus, ditil, dans les différentes opérations ci-dessus , nous pouvons conclure avec assez de certitude que les aluns contiennent sur 100 parties, Atumineisel era: 110:60 Acide sulfurique. . . : . 3o.652 Botasse mi Sn moto Pan. Brut bee. 0 29:43 9-60 parties de l'acide sulfurique sont combinées avec la potasse, Et 20.97 avec l’alumine, Les aluns de Liége, d'Avignon, d'Angleterre et de Ribau- cour contiennent de petites portions de sulfate d'ammo- niaque et de fer, ce qui en diminue la bonté pour les arts, au point qu'ils ne valent dans le commerce qu'environ la moitié de celui de Rome. DES FOSSILES. Cuvier continue ses recherches savantes sur les fossiles. II a donné: de nouveaux détails sur l'ostéologie des rhinocé- ros unicorne; il pense que les débris fossiles des rhino- céros qu'on trouve en Allemagne ne viennent point de cette espèce, ni du bicorne , mais d'une troisième espèce qui dif- fère des premières autrement que par les dents, et qui n'existe plus, dit-il. Il a également donné la description ostéologique du tapir. Il pense que les mächoires fossiles inférieure et supérieure qu'on voit dans le beau cabinet de Drée, n'appartiennent point au yrai tapir , mais à une espèce voisine. Dodun dit que c'est lui qui trouva cette mâchoire en 1784, 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et la donna en 1758 au trésorier des Etats de Languedoc, Joubert. Elle a été trouvée dans les pentes de la montagne Noire aux environs de Castelnaudari , avec des dents d'élé- phans et de plusieurs autres animaux inconnus. Il y a dans le cabinet de Drée deux autres dents très- grosses qui avoient été décrites par Lapeyrouse, tome 3 des Mémoires de l’Académie de Toulouse. Elles ont été trouvées près d'Alan en Comminge ; elles paroïissent ainsi que les premières , analogues à celles du tapir. Cuvier continue ses recherches sur les animaux fossiles qu'on trouve dans les gypses des environs de Paris. Il avoit pensé dans ses premiers travaux (1), que quelques-uns de ces animaux pouvoient être carnivores ; mais de nouvelles recher- ches lui ont fait voir que ces animaux étoient de la classe des frugivores. Il en a distingué plusieurs espèces soit par les dents, soit par les os des pieds. 1°, Palæotherium medium, dont les ossemens sont ense- velis dans le gypse de nos carrières. Cette espèce, dit-il, avoit 28 dents molaires, Ta CN NCISIVESE 4 . . . canines, Les molaires inférieures étoient formées de deux ou de trois croissans simples, Et les supérieures carrées et à plusieurs linéamens sur leur couronne. Enfin les canines ne sortoient pas de la bouche, Or un tel animal est un herbivore qui paroît être de l’ordre des pachydermes, et former un genre très-voisin du tapir, par le nombre de ses dents et une espèce de trompé, mais se rapprochant du rhinocéros par la forme de ses molaires. Le savant auteur l'appelle pal/æotherium medium. 1] étoit de la grandeur d'un cochon ordinaire. On ne le connoit point vivant. qe, (x) Bulletin dela Société Philomatique, in-18, fructidor an 6, Et Journal de Physique , tome 47, page 315. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 2°, Palæotherium magnum. Des recherches ultérieures lui ont fait découvrir dans les mêmes carrières les débris d'une autre espèce qui ne diffère de celle-ci que par la grandeur. C’est pourquoi il l’appelle Arr magnum. Il est de la grandeur d'un petit cheval. 3°, Palæotherium minus. D'autres morceaux lui ont indiqué l'existence d'une troi- sième espèce plus petite que le medium. Elle devoit avoir eu à-peu-près le volume d’un mouton médiocre. 4°. Animal très-voisin du palæotherium. Defay , professeur à Orléans , a trouvé plusieurs os fossiles à Montabuzard , à une lieue ouest d'Orléans, à 15 ou 18 pieds de profondeur dans un banc continu de pierre calcaire de 5 à 6 pieds d'épaisseur sans aucune couche apparente. Il cite une dent qu'il croit avoir appartenu à l'hippopotame, une autre analogue à celle de l'animal de l'Ohio, quelques-unes du cerf, et plusieurs animaux inconnus. Cuvier à qui Defay les a envoyés pour les examiner , en a trouvé quelques-unes qui paroissent se rapprocher beaucoup de celles du palæotherium medium , mais un peu plus petites. 5°. Anoplotherium. Le nom d’aroplotherium que nous choisissons, dit l’au- teur , pour désigner ce genre, par rapport à cette absence d'armes offensives, ou de dents canines plus longues que les autres par laquelle il se caractérise , a neuf dents soit mo- laires, soit incisives , et point de canines. Cet animal devoit être plus grand que le pa/æotherium medium. Il est de la grandeur d'un gros sanglier. 6°. Petites espèces qui paroïssent voisines de l'anoplo- cherium. Plusieurs dents de la même nature que celles de l'animal précédent , mais plus petites, font présumer au savant auteur, qu'elles ont appartenu à des espèces voisines de /'anoplo- therium , mais plus petites. Un second est de la grandeur d’un mouton; 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Un troisième de celle d'un lièvre , Un quatrième de celle d’un cochon d'inde. 7°. Mächoïre inférieure du carnassier.. : Enfin on a apporté à l'auteur une mâchoire qu'il croit reconnoître pour celle d'un chien ou d'un renard, aux carac- tères des dents et de sa configuration ; mais elle diffère assez de celle de ces animaux, pour qu'il soit très-probable, dit- il , que ce carnassier étoit comme les herbivores d'une espèce inconnue aujourd’hui. ; 8°. Animal à bourse. L'auteur vient de recevoir un morceau de gypse des car- rières des environs de Paris , dans lequel il a trouvé les débris d'un petit animal à bourse, qui a quelque rapport avec la sarigue. 9°. Portions de téte de tortue et d'autres reptiles. Faujas a déjà indiqué, dit l’auteur , quelques ossemens de tortue dans les Annales du Muséum d'Histoire Naturelle. J'en ai moi-même plusieurs. J'ai encore une portion de tête qui ne peut provenir que d’une espèce de lézard voisine du crocodile. 10°. Orseaux. L'auteur a aussi trouvé des oiseaux fossiles dansles mêmes carrières. ' J'en ai décrit de beaux morceaux, trouvés à Montmartre, Journal de Physique, tome 55, page 59. 119. Chauve-souris. J'ai donné la description de la mâchoire fossile d'un ani- mal analogue à la chauve-souris, trouvée dans les carrières de Montmartre , cette description se trouve dans ce Journal, tome 55, page 404. C'est une espèce carnassière. 12°, Poissons fossiles de Montmartre. J'ai également donné la description d'un poisson fossile trouvé dans les mêmes gypses. Lacépède croit qu'il est du genre des ésoces. 19°. ET D'HISTOIRE NATUREFLLE. Sg 12°, Coquilles fossiles. Lamarck continue ses travaux inté- ressans sur les coquilles fossiles des environs de Paris. Il donne la description de toutes celles qu'il a dans sa belle collection, et de celles qu'il trouve dans les autres collections, surtout dans celle de Defrance. Il a reconnu que plusieurs de ces coquilles fossiles sont analogues à des vivantes. . On voit avec quelle ardeur on s'attache aujourd’hui à la con- noissance des êtres organisés qui existent enfermés au milieu des substances minérales. Et c'est assurément une des questions les plus intéressantes de la géologie. IL est certain que la plus grande partie de ces animaux fos- siles, ainsi que les plantes fossiles n’ont plus leurs analogues vivans. Mais d’un autre côté il me paroît plus douteux que quelques coquilles fossiles ont leurs analogues vivans. Rétablissons les faits. Des haches fossiles. C'est un phénomène géologique et bien digne de la médi- tation des philosophes que ces haches fossiles qu'on trouve en différens endroits du globe. J’en aï reçu une qui vient de Doué. Elle est verdâtre, composée de la substance qu’on appelle communément jade, qui paroït être cette espèce de jade que j'ai appelée /zemanite, bien différent du jade oriental. Il est coloré par de la smaragdite. Gette hache est absolument sem- blable à celle dont se servent les sauvages de l’Amérique. Celles qu'on trouve à Doué sont dans des couches coquillières à la profondeur de quelques pieds. Burtin dans son Oryctographie de Bruxelles, page 66, parle d'une pareille hache qu'il a fait graver. « Elle a été trouvée, » dit-il, dans la carrière du moulin au Loo. Gette-carrière » est formée de trois couches de pierre calcaire , dont la plus » profonde est à 19 pieds. On trouve entre ces couches des » pétrifications d’une conservation parfaite, dont plusieurs des » plus intéressantes , telles sont une tortue, des huitres, des » tarets, des cocos, desnautilites... Notre hache de pierre y a n'été trouvée encastrée dans la partie inférieure d'un » moellon de la troisième couche »- Voilà les haches trouvées encastrées dans des couches cal- Tome LX, NIVOSE an 13. M 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE caires contenant des tortues , des huitres, des tarets, des cocos, des nautilites.... Celles de Doué se trouvent également avec un grand nombre de coquilles fossiles. ... Ces haches ont été faites par des hommes. Donc ces hommes existoient antérieu- rement à la formation de ces couches coquilliéres, de ces dépôts d'huîtres , de cocos... . On n’est donc pas fondé à dire que les hommes n’ont commencé d'exister que long-temps après les autres espèces: Si on ne trouve point d’ossemens des hommes parmi les fossiles, on trouve de leurs ouvrages. Seroit-on fondé à dire que tous les animaux existäns aujourd'hui, dont on ne trouve point de débris fossiles, n’existoient pas lors de la for-- mation des couches de la surface de la terre? Non. Les os fossiles ne sont conservés que lorsqu'ils se trouvent subitement, par quelques circonstances favorables, enveloppés dans des couches de terre. Tous les ossemens des animaux sauvages qui périssent dans les forêts, ne sont-ils pas promptement décom- posés par les intempéries des saisons, à un tel point qu'on n'en trouve aucun. DES VOLCANS.: L'Espagne a éprouvé différentes secousses de tremblement de terre assez fortes, surtout à Almeira. Le Vésuve a eu cette année une éruption qui a été assez violente. Îl y a eu des courans de lave. J'en attends.les détails que je communiquerai à nos lecteurs. Humboldt et Bonpland ont rapporté un fait singulier sur une éruption volcanique qui est arrivée , en 1759, dans les pläines de Jorullo au royaume de Michoacam au Mexique. La contrée avoit éprouvé des commotions considérables. Dans une nuit où l'agitation fut très-violente, il s’éleya un volcan de 1494 pieds entouré de plus de 2000, petites bouches encore fumantes. Ils descendirent dans le cratère embrasé du grand volcan à 258 pieds de profondeur perpendicul:ire sautant par des creyasses qui exhaloient de l'hydrogène sulfuré enflammé. Ils ont trouvé dans ces mêmes contrées des sources d’eaux chaudes dont la température montoit à 78 et 79 degrés. Cordier a observé auprès du Cantal des eaux chaudes sor- tant d'une roche gramitique. Elles étoient à la température de l’eau bouillante et faisoient monter le thermomètre à 80°. ET D'HISTOIRE NATURELLE. où G. A. Deluc a publié de nouvelles observations sur les volcans et leurs laves (1). Il examine la nature des montagnes où ils se trouvent. J'avois dit d’après les rapports de plusieurs savans dans mon Discours préliminaire de l'année dernière, que ces montagnes étotent principalement porphyriques. C'est cette assertion que l’auteur attaque particulièrement sans vouloir me nommer. Mais il ne doit pas ignorer que les critiques de savans tels que lui me sont toujours précieuses puisqu'elles m’ins-: truisent, « On lit, dit-il, page 77 du Journal de Physique, cahier de nivose an 12, sous le titre de la Cause des Volcans, V'asser- tion suivante : Quelle est la nature des matières qui entretiennent ces feux souterrains? Nous verrons ( d’après les relations d'Humboldt } que le Chimborazo et tous ces énormes volcans du Pérou, et le pic du Ténérife ( d’après les relations dé Cordier }) sont com- posés de porphyres ». « Le Puy-de-Dôme est égalément composé de porphyre, ainsi que le Mont-d'or et le Cantal. » « L’Etna, le Solfatare, le Vésuve, sont égaloment dans des espèces de porphyre ». . « Ces faits prouvent que les volcans les plus considérables que nous connoissions sont dans le porphyre. » Il faut voir dans ce discours cité tous les faits sur lesquels j'avois foridé cette assertion. Mais , dit G. Deluc, cette opinion que les feux dés volcans ont leurs foyers dans telle ou telle roche désignée, et que leurs laves proviennent de ces roches, m’a toujours paru n’être fondée sur aucune donnée certaine , et il cite plusieurs volcans qui vomissent des laves différentes du porphyre; tels que le Vésuve qui vomit des laves: leucitiqués , l’Etna dont la lave contient beaucoup d’augites, d’autres contiennent dés olivines. Or ces leucites, ces aug'tes, ces olivines ne se trouvent: dans aucun porphyre. Ces réflexions de l’auteur sont justes. Aussi n’ai-je point dit, ou au moins je n’ai point voulu dire que les foyers de tous ‘ 3 ; d D Ÿ19 É (1) Laye ou laya est un mot napolitain, qui signifie forrent, dit l'auteur. M 2 92- JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les volcans se trouvent dans les porphyres : je ne l'ai dit que de ceux que j'ai cités, et c’est d’après des relations de voyageurs très-instruits. Aussi Humboldt a-t-il répondu à Deluc que les faits qu’il avoit rapportés étoient exacts. On ne peut donc douter que les montagnes où se trouvent la plupart des volcans connus sont composés de porphyres. Mais on sait qu'une montagne, dont la plus grande partie est peprtiqes contient néanmoins plusieurs autres substances. C’est un fait confirmé par toutes les observations. Ainsi, quoi- que le Puy-de-Dôme, par exemple, soit pour la plus grande partie composé de porphyre, il. a pu s’y trouver d’autres roches qui continssent de l’olivine, de l'augite. .... D'autres montagnes composées de porphyres peuvent con- tenir des couches où se trouve le leucite..... Nous avons vu que la vésuvienne ou hyacinthine se trouve au Simplon avec des grès, des granits, des porphyres, aux Pyrénées... .. Puisque la plupart des foyers volcaniques est située dans des roches porphyriques, il faut en conclure que les houilles ne peuvent point être regardées comme le combustible qui entre- tient le plus grand nombre de ces feux souterrains. Ce sont donc les pyrites qui sont le principal aliment de ces feux. Ceci est confirmé par le soufre et l’acide sulfureu% qui se dégagent de tous les volcans. Les pyrites se trouvent assez abondamment dans les trapps et les kiesel-schiffers, ou schistes siliceux. Ils sont réduits en fusion par la force de la chaleur : le fer de la pyrite se mélange avec eux; c'est ce qui forme le plus grand nombre des laves compactes , ou basaltes compactes qui sont silico-ferrugineux. Ces basaltes sont plus pesans que les schistes, les granits, les porphyres. .... Car la pesanteur de ceux-ci n'est que 0,27, tandis que celle des basaltes est 30... . Ces basaltes analysés donnent depuis 0,15 jusqu’à 0,25 d’oxide de fer, tandis que les porphyres , les granits, les schistes en contiennent beaucoup moins.... . Toutes ces qualités des basaltes prouvent qu'ils sont mélangés avec le fer, or ce fer ne peut provenir que des pyrites. Ses autres qualités le rapprochent également des trapps ou kielschieffer qui ont éprouvé un grand coup de feu. Or on sait que ces trapps se trouvent en assez grande quantité dans les montagnes porphyriques, granitiques, .. « T ET D'HISTOIRE NATURELLE. 03 Il s’est élevé une grande discussion entre les naturalistes sur l'origine des cristaux qui se trouvent dans les substances volca- niques , tels que les feldspath , les différentes espèces de zéo- lites, les leucites, les olivines , les augites. . .. On peut rapporter toutes leurs opinions sur cette matière à quatre principales. 19. La première suppose que ces cristaux étoient préexistans dans les substances qui ont fourni la matière des laves. 2°. La seconde suppose que ces cristaux se sont formés dans la lave même incandescente et y ont cristallisé. 3°. La troisième suppose que quelques-uns de ces cristaux ont été formés par infiltration. Ces laves étant plus ou moins poreuses, sont pénétrées lors de leur refroidissement par des eaux, qui tenant en dissolution différentes substances , les lais- sent déposer et cristalliser. 4°. La quatrième suppose que quelques-uns de ces cristaux sont formés par sublimation. Il paroit qu’il y a des cristaux formés de ces quatre manières dans les substances volcaniques. On ne sauroïit douter que les feldspaths par exemple ne préexistent dans les laves porphyriques. Il paroïit également certain que quelques-uns de ces cristaux sont formés parinfiliration; tels sont des prismes extrèmement déliés de zéolite des cristaux des spaths calcaires. . .. - D'autres cristaux sont formés par sublimation, tels que des cristaux de fer spéculaire, des cristaux de soufre... , Mais y a-t-il des cristaux formés dans les layes incandes- centes et quels sont ces cristaux ? Je ne pense pas qu’on puisse douter qu’il se forme des cristaux dans des matières en fusion. Nous voyons les métaux fondus cristalliser dans l'intérieur des masses en se refroidissant, On a trouvé des cristaux cristallisés au milieu des masses de verre fondues. On trouve des cristaux dans des masses de pierres calcaires fondues. On en trouve au milieu des mässes de verre dans le fond des pots où on fond le verre. Ces cristaux sont des prismes hexaedres comme l’ont fait voir Keir et Pajot-des-Charmes dans ce Journal. Mais quels sont les cristaux formés de cette manière dans les substances volcaniques fondues ? Le leucite, l’augite, l’oli- vine, quelques feldspaths sont-ils de ce nombre ? C’est l'opi- 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nion de plusieurs naturalistes : c’est aussi celle de Daubuisson. La forme des cristaux de feldspath, dit-il, qu'on trouve dans la phonolithe , leur transparence : ... portent à croire qu’ils se sont formés pendant la fluidité ignée par un rapprochement des parties intégrantes qui ont pu obéir aux lois de leurs affinités. Ce que je dis des cristaux de feldspath qui sont dans la phono- lithe, s'applique également à tous ceux qui sont dans les autres masses du Mont-d'or, du Puy-de-D'me, du Cantal et pent- être à la plupart des cristaux qu'on trouve en grande quantité et uniformément disséminés dans les laves. De la dévitrification. Hall a donné ce nom à du verre qui perd sa transparence et toutes ses autres propriétés : c'est ce qu'on appelle porce- laines de Réaumur. Dans ses expériences sur la fusion du whinstone , il avoit reconnu qu'un verre revenoit à l’état pierreux dans certaines circonstances. Dartigues a suivi les états du verre qui se dévitrifie ; il a vu que dans les fonds des creusets il se forme des petités cavités , dans lesquelles on observe des cristallisations à travers le verre. Le verre, dit-il, se dévitrifie d'autant plus facilementqu'ilen- tre plus de composans dans sa nature. Le verre ordinaire des bouteilles exposé à un féu long-temps continué, et capablé de le ramollir, sé dévitrifie promptement , et les éristallisa- tions s'y opèrent facilement. } Les vérres blancs au contraire se dévitrifient difficilement et ne cristallisent qu'avec peine. Dans les verres blancs qui contiennent un excès de chaux , celle:ci cristallise très-bien en forme d'étoiles forméés de pétits prismés qui partent d'un céntre en raÿons divérgens: | De l'obsidienne. . Humboldt et Bonpland ont apporté du Pérou des obsi- diennes ou verres lan k Le lesquels on observe de ces pareilles masses de verre dévitrifié et cristallisé de même én petits prismés étoilés, composés de rayons qui divérguent du centre à la circonférence. ET D'HISTOIRE NATURELLE.. 05 Ces cristallisations de l'obsidienne en se dévitrifiant , font voir que les feux volcaniques opèrent comme nos feux or- dinaires, et sont une nouvelle preuve que ces obsidiennes sont des verres volcaniques. DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX. Nous avons déjà vu en parlant des minéraux, les décou- vertes qu'a faites cette année la chimie , cette brillante partie de la philosophie naturelle : mais il en est encore plusieurs autres que nous allons faire connoître. Du cuivre phosphoré, Sage a combiné le cuivre avec le phosphore. Ce métal acquiert par cette combinaison la couleur, la dureté et le grain de l'acier. Des combinaisons chimiques. La chimie a un grand problème à résoudre, et qui est discuté aujourd hui avec beaucoup de.chaleur par de célèbres chimistes. Les combinaisons ON A que présentent les divers corps, ont-elles des limites-fixes ? Ou admettent-elles une certaine latitude ? Proust croit que ces combinaisons ont des limites fixes , et il a publié dans ce Journal plusieurs beaux Mémoires à cet égard. j Le fer par exemple ne peut être oxidé que de deux ma- nières : | LL Au minimum .l'oxide noir contient oxigène, . . . . . 4,28 Au maximum, l'oxide rouge en contient. . . . . . . 0,48 Le cuivre oxidé contient oxigène. . ......,... 0,25 L'arsenic oxidé contient oxigène. .......... . 0,33 Le plomb'oxidé contient oxigène. . .......... 0,09 L'antimoine oxidé au maximum, contient oxigène. . 0,30’ L’antimoine oxidé au min7{mum, contient oxigène. . 0,00 L'étain oxidé au minimum, contient oxigène. . .. . 0,15 L'étain oxidé au r12aximum , contient oxigène. . , . . 0,28 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais les différens oxides métalliques. présentent un grand nombre de nuances ; ainsi les oxides de fer par exemple offrent un grand nombre de variétés. Toutes ces nuances , répond Proust, sont des mélanges de deux oxides noir et rouge , avec une portion du métal non-oxidé, ou d’autres substances. Des combinaisons du soufre. Proust pense également que les combinaisons de soufre ont des limites fixes. Voici celles qu'il assigne : Le soufre peut se combiner avec le fer en deux propor- tions. Au minimum, il n'est qu'un dixième du composé, telle que la pyrite ferrugineuse qui contient, Fer Mon PRES Soufre titi 2e AUTO Au maximum, telles sont nos combinaisons artificielles. Il ya, | Ferdets. 4 SFReUir 60 Soufte are on 40 Le sulfure de cuivre contient, Cuivre. Le SAT 42 Soufreh. ..l-r Dé l'amélioration des races d'animaux domestiques. On s'adonne de plus en plus à l'éducation et au perfec+ tionnement des races des, animaux domestiques dans toute l'Europe. E | On élève des mérinos, ou beaux moutons d'Espagne dans toutes les parties de la France... Des mäles de ces belles races fécondent les femelles des races communes , ensorte que nos lainessont partout améliorées: | Les autres peuples de‘l’Europe ont les mémes soins. Cesisoins s'étendent auxautres animaux domestiques. De: l'amélioration des ‘espèces de plantes potagèresr Les végétaux sont susceptibles d'amélioration et.de perfec-- tiônnement comme les animaux: c'est ce que.sayent très-bien: ŒÆT D'HISTOIRE NATURELLE. 109 les agriculteurs. Aussi s'efforcent ils d'améliorer et de per- fectionner ceux qu'ils cultivent. De l'art d'acclimater les animaux et les végétaux dans des pays différens de ceux où ils se trouvent ordinai- rement. C'est encore un des soins de l’agriculture de chercher à acclimater dans nos contrées des animaux et des végétaux des contrées éloignées , et on y travaille aujourd'hui avec un grand succès. Les Anglais particulièrement s'occupent beau- coup de cet objet; mais le-sol de la France présente beau- coup plus de ressources à cet égard que celui de la Grande- Bretagne. : Des canaux, Les canaux sont un objet d'une grande utilité pour l'agri- culture , soit pour transporter les denrées, soit pour l'irriga-- tion des terres. Aussi s'occupe-t-on dans toute l'Europe d'imi- ter l’Angleterre, dont les canaux nombreux ne sont pas une des moindres sources de la prospérité. Andréossi a donc rendu un service à l'agriculture en expo- sant l’art de construire les canaux, dans son Ouvrage sur le beau canal du Languedoc. P. S. D'une topaze du. Brésil. J'ai reçu de M. Napionne une substance minérale entière ment limpide, transparente, en masses roulées de la grosseur de grosses noisettes (du poids de 180 grains). Cette substance étant très-nettement lamelleuse dans un sens seulement, à cassure, concoide dans les autres, étant un peu plus dure que le cristal de roche, et pesant 3,556 fois née que l’eau, me paroit être une topaze. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES FRIMAIRE an XIII, Par BOUVARD, s. THERMOMETR_E. BAROMETR_E. a OS Pme. RS NS CS CÉÉNR À Maximum. | Minrumm. la Mur. Maximum, Minimum. AMipr. l fa midi + Boligs. ++ 38] + 8,9 9s....... 20-01.76|à7um,.. 28. 0,24|26. 0,38 ofà midi + 7,4à7m. + 1,2) + 7,4là 7 m...... 20-02, 10) OISE SE 28. 1,08|26. 1,33 3la midi + 9,4|à 7 :m. + 6,8] + 9,4 47; mMm...-27.11,41|à O +5.....27. 0,43/27.11,30 4fà midi + 964à49s + 4,6| + 9,6là 55s.....27.10,40[à 75 m:...27. 0,57|27. 10,00 5amidi + 38à8s +o6| + 38h8s....... 27.11,68| à 8 m...... 27.10,77|27.11,10 6Ùà midi + o8là7m. — 1,3| + 0o,8]à 8 : m...,27.11,10|à7 m...... 27.10,45]27.11,02 7h midi +u,2lh7 Em. 1,1) + 1,2à9s....... 27.11,64|à 7£m..... 27.10,60|27.11,02 Bla midi — 0,5là9s. — 2,1] — 0,5jà 8 m...... 28. 0,19|à95....... 27.1,089|27.11,90 ofà midi — 0,495. — 0,8| — PA AJ Sete 27.10,76|à 7 = m....27.10,40|27.10,67 1ol12s —o,2là8 m. — 3,3| — r,4là 8s....... 28. 175 Cheese 27.11,10|27.11,85 1rfa midi — 0,6là6m. — 3,3| — o,6|à 9s....... 28. 3,80[à 6 m.....…. 28. 3,12/28. 3,73 rofà ue — 0,0 815. — 2,8| — o,oïà 9 m...... 20 AO IEC SRE 28. 3,40/28. 4,25 13là 2 — o8là7£m. — 5,4| — o,9!à7+m.....28. 1,05|a8Es......27.10,34|28. 7,67 r4là 35 s. + 5,8là8m. + 3,4| + 4,7, Ü m...... 27. 6,8o[à 9 + s.....27. 3,35127. 5,46 15fà midi + 5,6[à9s + 3,8| + 5,6hà9s....... 07. 3,57|à 215.....,.27. 1,52127. 2,02 16là1 35 + 37là8m. <+ 2,5] Æ 2,9f4 8 s...... 27. 8,86|à 8 m...... 27. 6,33|27. 7,12 17|à midi L 5,5l28m. + 3,4 5,5 8 s....:. 27.11,80|à 8 m...... 27.10,54127.11,24 18|à midi + 4,918 Es. Æ 9,4] + 49 9%m.....20. o,36|à 8 m...... 27.11,51|28. 0,08 rolà midi + 4,31à95S. “+ 24) + 4,3jà 6 m...... 28. 0,89|à 95...:... 28.11,40[28. 0,66 sofa 81s. + 2,8|à 65m. 1,2] + r1,6jà midi..... 27-.11,44]à037S.-.... 27.10,09|27.11,44 21fa2s. + 7olà9 m. “+ 5,1] + 6,61à 9 m...... 27e 9;29| 28 S-.-..ee 27. 8,24|27. 9,20 22là midi + 8,4là9s. + 40] + 8,4ià 3s.:.....27. 5,8o]à midi... 27. 5,16|27. 5,16 23la3s. H6,5lhros. + 3,8] Æ 6,4fà 10 s.....27. 09,76|à 8 m...... 27. 6,89|27. 8,08 24lh2s + 6,8là10s. + 33| + 6,4 à 1 CHONES 28..0,75|à 2: m...,. 27.10,44|27.11,32 254à midi + 5,21à 95. + 1,6] + 5,1f473m..... 28, 00,37IENOIS-et-riee 28. 0,08|28. 1,08 26[19m. + 1,5/à045. — 1,4) + o,2}à 9+S. ....97.11,20|à 9 m......27. 9,96[27.10,16 27|à midi. — 0,485. — 0,9! — °4à AO 200,90 |A ONM-e 1 28. 0,48]28. 1,02 INSEE ro laure 53) 2 2Hmidis.."Ee 20.00) 41nS,-.--e 28. 1,55|28. 2,66 29fh2s. —3,5jà8m. — 6,6| — 38 à d m...... 20-100] ITS Lee 27-10,70|27.11,82 3ol135 — Pal 8 m. == 5,2] — QU BOSS 00 0 27.10,02|à g s...... 27. 7:96/23. 9,90 RECAPITULATIO N. Plus grande élévation du mercure. ..28. 4,35le 12à9 h.m. Moindre élévation du mercure..... 27.1,52 le 15 à 2soir, Élévation moyenne....... 27. 8,93. Plus grand degré de chaleur...... +-9,6 le 4 à midi Moindre degré de chaleur........ — 6,6le 29 à 6 m. Chaleur moyenne......... + 1,9 Nombre de jours beaux... 14 Eau de pluie tombée dans le cours du moïs 0®,04989 = 1 pouces 10 lignes 1 dixième. ERREUR REP NE ER RER PNR ENT ERTRENENES PAE PR CREER PIE APP PE — STE SE RQ IE SR VE I RCE IE LE SRE AT PR EEE RES A L'OBSERVATOIRE IMPERIAL DE PARIS, ‘Astronome. POINTS Hyc.l VENTS. LUNAIRES. m © a C7 Su a PS RS 1| 79,0 | SO O.f 2] 71,5 | S-O. 3| 77,0 Si Dernier Quart, 4| 69,0 S-O. Equin, desces. 5| 61,0 | N.N-E.f. 6| 58,5 RE: (F4 6 0 IN. ë a NE. 9| 76,0 | N.. 10| 69,0 |N.S-E N-E|L. Apogées 11| 690 | N-E 12|: 68,0.| O.: 13| 65,0 | E. 14| 99,0 |S. 15| 95,0 | S. 16] 94,0 | Calme 17] 89,0 | Calme. 18| 85,0 | S.E-E 19| 90,5 | S-E. Prem. Quart. 20| 88,5 | N-O-O.: |Equin. acstend. 21| 93, | S-O. 22| 84,0 | S.1S-Of. 23| 860 | O.S-O. 24| 82,0 | O.N-O.f À 25\ 840 | N-O. Pleine Lune, 26| 77,0 | O.N-O.f.|LPérigée. 27| 79,0 | N-E. 28| 61,0 | N-E.f. 29] 53,0 | N-E.f. 30] 40,0 | N-E. fort. NHAARATEA" T'IMOPNSS DE L'ATMOSPHÈRE. Ciel nuageux ; quelques gouttes d'eau dans la journée. Ciel nuageux tout le jour. Ciel couvert ; pluie abondante le soir. Ciel à demi-couvert , pluie dans la journée. Ciel légérement couvert ; assez beau le soir. Forte gelée blanches ciel couvert tout le jour. Neige dansla nuit; ciel couv., quelq.flocons de neige par int.| 8 Brouillard ; ciel couvert. i Ciel couvert; verglas, pluie ou neige fondue. Brouillard ; ciel très-couvert. Ciel nuageux à lhorison; et vaporeux. : Beau ciel le matin; couvert depuis midi et le reste du jour.| Ë Ciel légérement couvert; nuages clairs et élevés. Temps humide; pluie forte et abond. tout le jour. Mème temps ,. mêmes circonstances; brouillard épais. Brouillard épais ; temps calme, ciel couvert, Brouillard ; ciel couvert. Ciel couvert et brumeux ; pluie fine. Brouillard ; ciel couvert. Brouillard; ciel couvert. Ciel couvert ;. beaucoup d’éclaircis tout le jour. Ciel couvert ; vent très-fort , pluie par interv. Ciel couv.; pluie’fiñe par int. , fortes aver. dans l'après-midi. | £ Pluie par interv. très-fort. Ciel nuageux ; petite pluie par interv. Giel à demi-couv.; quelques flocons de neige. Ciel couvert tout le jour. Ciel tiès-nuagenx, couvert par inerv. Nuages clairs et élevés >; ciel assez beau depuis midi. Fort beau ciel tout le jour. RECAPITULATION. de couverts...... 16 deNpluic: Free 11 dehvents.:22 0 28 deiselée. 252222 13 de tonnerre. ..... o de brouillard... 9 deMeITE ere rt 2 Jours dont le vent a soufflé du IN................. 2 DAS RENTE 1e ARENA LE 8 HP ARE. 3 He SARA DH ns 3 SOS ASIMIRS:. 6 ORSAAIIIERANS INSOSatiseise 4 0 TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Discotwrsipreléminætres à: 4 ML SEE nste de DERDASLCTONLDTL1E: 21e nee NET © Lebe e C fie one DID IrIdE mirent EM MESSE ARE de are Dufeu:eridelaichaleut: 103 EE 0e UN Dulmasnétisme "NOTE Ale) lee fe ete aie DEP ÉleCtrie Le se 0e 0 MB NT Se LS D DA PHIPARAISNE 0 ul à nue dueueeli hs ee e1 elfe Une fa Deïl'aérostation. ::1: 9. «1604 DU 8 fe en DE VL MTEtEOTOLOP Te die sioltaseld ete Me a slt: De la connoissance des étres organisés par leurs carac- DOTE CRCLETICUTS EN ee Ne Patte Ne NC OR IE let tone De la botaniques à ms ses so eee Deila physiologie. ui", le edaie) à Ut NEA Della vacciner MEL LME Delz minéralogie. , 1 4 ; ee la) 4 Della’ géologie 4 EMA CREER EEE Pa DES RSS ESS die a 0ls EN Ha NAME APE Me ae 2 ae Des'volcansi ils EN MER PRE 2 0 UE, LE nent re DEVaichimielesinineraut NN NN NERO Dela chimie devenétauri RSR ETC Delachimie desanimant MOMIE NME DES GTS NES. RP ER TENUE ONE RARES De l'agriculluren :. See. EN CIE CMECU.. Observations météorologiques. ... . . . . . . .. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. PLU VIOSE ax xrir. De la Manière dont s’opèrent les Secrétions chez les Animaux ; Par J.C. DELAMÉTHERIE. Extrait des Considérations sur les Etres organisés. 2 vol. :n-8°, chez Courcier. Tous les faits que nous avons rapportés paroissent prouver que les liqueurs secrétoïres se trouvent ébauchées dans la masse du sang, et qu'elles acquièrent leur dernier degré de erfection dans l'organe secrétoire lui-même. Effectivement Le sang qu'on vient de tirer à un animal fournit, 1°. une sérosité qui contient de l’albumine; 2°. de la gélatine ; 3°. de Ja fibrine , lesquelles n'ont pas encore toutes leurs qualités. Si les autres liqueurs secrétoires n’y sont pas aussi apparen- tes, c'est qu'elles y sont moins abondantes, et qu'on ne peut les distinguer qu’assez difficilement des diverses liqueurs avec lesquelles elles sont mélangées. La salive et toutes les liqueurs analogues , telles que le suc gastrique, le suc intestinal, le suc pancréatique , ont une grande analogie avec les parties séreuses du sang. Fourcroy a reconnu de la bile dans le sang, Tome LX. PLUVIOSE an 13. P 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE né AA et dans plusieurs circonstances elle y reste presque toute. IE en est de méme de l'urine. On a un grand besoin d'uriner : on ne le: fait pas: ce besoin se passe, Il faut donc que l'urine soit réabsorbée dans la masse générale du sang. La liqueur prolifique est réabsorbée chez la plupart des animaux qui ne l’évacuent pas; et chez Les autres, la plus grande partie l'est . également. L'ÉLURUURR OU Mais ces diverses liqueurs secrétoires nesont dans l'état ordi- naire qu'éhauchées dans la masse du sang. L’urine en fournit un exemple bien convaincant. Lorsqu'on urine immédiatement après qu on a bu et mangé, l'urine est claire , et ne contient qu'une très-petite quantité des principes qui lui sont propres. Mais si on n'urine que plusieurs heures après le repas, l'urine est d'autant plus chargée de ces principes qu'on a différé plus long-temps d'uriner. C'est pourquoi l'urine qu'on rend le matin, après avoir dormi toute la nuit, est toujours la plus chargée. Dans le premier cas, l'urine n’avoitdoncété pour ainsi dite qu'ébauchée ; mais elle est rentrée dans la masse du sang, etelle n'a acquis ses qualités propres que par des circulations réitérées. La salive du matin a aussi beaucoup plus d'activité que celle qui suit l'instant où on vient de manger. Les autres liqueurs secrétées présentent les mêmes phénomènes. Toutes ces liqueurs secrétoires, ainsi ébauchées dans la masse du sang , vont ensuite se secréter dans les divers organes vers leurs parties analogues. La gélatine dans les muscles. La graisse dans les cellules du tissu cellulaire. La fibrine dans les muscles et les autres parties. L'albumine dans le corps vitré ,. le cristallin... La liqueur salivaire dans les glandes salivaires. Le sue pancréatique dans le pancréas. . La bile dans le foie. F : Le fluide reproductif dans les testicules et les ovaires. L'urine dans les reins. Le phosphate calcaire dans les os. La liqueur muqueuse dans toutes les membranes muqueuses : du nez, de l'estomac, des intestins, de l'utérus. Les liqueurs séreuses dans le péritoine, la plèvre, la pié= mère. À | | ET D'HISTOIRE KATURELLE. t15 Car ces sécrétions s’opérent non-seulement dans le système glanduleux, et ‘dans les viscêres analogües aux glandés ; mais elles ont lieu dans tout le système muqueux, dans le système séreux, et dans le système capillaire. Les oroanes où s'opèrent les secrétions ont une force d'affi- nité gui ne leur) permet d'admettre que les liqucirs qui leur sont analogues, n'étant méme qu'ébauchées. Ainsi les pores biliairès n'admettent que la liquéur où la bile se trouve déjà ébauchée ; la substance corticale du rein n'admet que la liqueur où l'urine est déjà ébauchée ; les testicules, les ovaires n'admettent que la liqueur où le fluide reproductif est déjà ébauché.::2. 11, . < TT serott facile de faire voir que c'est la même force d'affinité qui fixe les différens virus sur telles où telles parties : le virus artritique, par exemple , aux articulations ; Le virus psorique à la peau, le virus syphillitique dans le sys- tème lymphatique, le virus variolique à la peau, le virus cancéreux aux glandes. …. . La méme fôrce d'affinité détermine l'action des différens spécifiques sur ces différens virus : cellé du soufre sur le virus psorique, celle du vaccin sur le: virus variolique, celle du mereure sur le virus syphillitique.. .. C'est encore par la méme force d’affinité que lés remèdes divers exercent leur action sur tels ou tels organes. Le tartre stibié et les préparations antimoniales sont sté- niques. nu - La gomme gutte, le diagrède sont sténiques. Les cantharides sont sténiques. L'opium est sténique. L'alcool est sténique.…. Et ‘cependant chacun de ces sténiques produit des efleta différens. Les préparations antimoniales font vomir. La gomme gutte purge. Les cantharides portent leur action sur les voies urinairés, L'opiam fait dormir. L'alcool empéche de dormir. . DA ROMPC SN COOTEUPS UT" »'hetet lattes deu. ? CC AE ceseffets me paraissent une sure dés affinités. Tous L ILE 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les cantharides ont de l'affinité avec les voies urinaires. Les préparations antimoniales avec l'estomac. Ces affinités ont des lois constantes , dont les causes ne sont encore qu entrevues. Il nous faut maintenant rechercher les procédés qui font passer ces liqueurs secrétoires ainsi ébauchées à l’état de vraies secrétions. Ceci nous ramène au modé dont la cireu- lation s'opère dans les dernières divisions des vaisseaux. Nous avons vu qu'on ignore comment le sang artériel communique des dernières artérioles aux premières veinules dans le système capillaire. On ne sait pas davantage comment une petite artère. arrivant dans une glande, s'y distribue ; comment se fait la communication des artérioles avec les pre- miers rameaux des vaisseaux secrétoires de cette glande, et avec les veinules qui reprennent le résidu de ce sang artériel. Nous ignorons également comment s'opère cette circulation dans le système séreux. Mais avant d'exposer monopinion , il est nécessaire de rapporter celles des savans qui se sont occupés des mêmes objets. Ruisch qui, par son grand art d'injecter, faisoit pénétrer ses injections des artères dans les veines, croyoit que le sys- ième artériel communiquoit directement avec le système vei- neux. Il soutenoit en conséquence que les liqueurs secré- toires se séparoient par des vaisseaux qui naissoient des artères. Mascagni a adopté à-peu-près la même opinion. Voici ses paroles : « Il est évident que toutes les artères se terminent » dans les veines ; que non-seulement les secrétions s'opèrent » par les pores des artérioles, mais encore et en plus grande » quantité par ceux des veinules , dont les tuniques sont plus » minces, plus poreuses , plus dilatées , et qu'enfin l'absorp- » tion doit être attribuée à un autre ordre de vaisseaux. » Mais d’où naît cet autre ordre de vaisseaux ? comment se comporte-t-il avec les artérioles et les veinules ? Malpighi avoit, comme l'on sait, une autre opinion. Il ad- mettoit dans toutes les pod une espèce de folécule ou vésicule ; mais écoutons-le lui-même : * « Sion vient, dit-il, à faire une incision en long sur le » corps d'une glande, et qu'on la laisse tremper long-temps tte _'S ET D'HISTOIRE NATURELLE. 117 » dansde l’eau commune , on observe premièrement des fibres » charnues quipartent d'un côté de la membrane extérieure » traversant le corps de la glande , et vont aboutir au côté » opposé de la même membrane. Ces fibres s’entrelacent les » unes dans les autres, et laïssent entre elles des espaces » comme les mailles des filets, tantôt d'une figure ronde, » tantôt rhomboïde , et d’une grandeur inégale. » Dans chacun de ces espaces il y a une vésicule glandu- » leuse , ronde ou ovale, plus ou moins grosse selon le plus » ou moins de volume qu'a le corps qu'elle contient dans sa » cavité. La membrane qui forme cette vésicule est fort tendre » et fort mince : elle s'affaise dès que le suc qu'elle contient » en est exprimé. On voit sensiblement cette vésicule si on » la coupe en travers. ( Des glandes conglobées , page 6. ) » Ces vésicules adhèrent à des vaisseaux sanguins qui ram- » pent sur les différentes couches des fibres charnues dont » l'entrelacement forme les espaces où sont logées les vési- » cules ; de sorte que le corps de la glande n'est qu’un amas » de différentes couches de ces fibres , de vaisseaux sanguins » et des espaces que contiennent les vésicules. Les vaisseaux » sanguins, c’est-à-dire les artères et les veines pénètrent » par plusieurs rameaux l'intérieur de ces glandes , dont les » plus considérables y forment une espèce de rets, et les » autres semblent se perdre dans les vésicules, ou sur les » couches des fibres charnues. » Il s’y distribue encore plusieurs rameaux de nerfs, quel- » quefois un seul ». ( Zbidem. ) L'auteur a reconnu ensuite dans chaque glande des vais- seaux excrétoires. Dans cet exposé de son opinion, on voit des vésicules sur P À : + E lesquelles rampent les artères et les veines : mais il ne dit point comment ces vaisseaux se communiquent. Cette structure des glandes paroît rapprocher la circulation qui s'y opère, de celle qui a lieu dans les lobules du pou- mon ; mais il ne dit également pas comment les dernières divisions de l'artère et de la veine pulmonaires se commu- niquent. On voit que toutes ces diverses opinions ne nous expli- quent point la manière dont s’opèrent les secrétions : car en 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE supposant que le sang artériel passe directement dans Îles veines, on ne voit aucune raison qui puisse le faire changer de nature , puisque la veine est un vaisseau comme l'artère. Si les liqueurs secrétoires s'échappoient seulement par les pores des artères , ou par des artérioles plus petites, on ne voit pas non plus pourquoi des liqueurs de la même ténuité * ne passeroient pas par des vaisseaux du même calibre. Ainsi pourquoi la salive nercouleroit-elle pas par les reins ? pour- quoi l'urine ne couleroit-elle pas par la glande lacrimale ?.… On concevroit encore bien moins pourquoi des fluides plus subtils ne s'échapperoient pas par des vaisseaux où passent des fluides plus grossiers ; par exemple pourquoi la liqueur reproductive ne passeroit pas par les reins avec l'urine ?.... Je pense que pour arriver à la solution de cette question difficile , il faut rappeler différens phénomènes qui ont lieu dans les derniers vaisseaux sanguins , et auxquels on n’a pas fait assez d'attention. Réunissons tous les faits qui y sont relatifs. Le sang artériel est floride, jusque dans les, artérioles les plus petites : parvenu dans le système capillaire , plusieurs liqueurs s'en, séparent telles que da lymphe, la graisse ;..….. le sang perd sa couleur floride , et devient noirâtre ou plutôt brunâtre. IL entre alors dans les veines. Examinons les changemens que le sang subit : - 19%. Le sang artériel perd le principe qui le rendoïit floride, c’est-à-dire l’oxigène. 2°. La lymphe s’en sépare pour enfiler Les vaisseaux lym- phatiques. 3°. La graisse est également secrétée...… à Le sang floride artériel a done perdu # de loxigéne , ‘une partie lymphatique, e une partie huileuse ou graïsseuse. L'oxigène.quiluia été enlevé étoitoombiné en partie avec l'oxide. du fer auquellil donnoit la couleur rouge. Une portion d'oxigène s'est combinée avec la portion hui- leuse à laquelle il & donné la-consistance de la graïsse. Une autre portion d'oxigène s'est combinée avec la Iymphe à laquelle il à donné de nouvelles qualités, et en a converti une partie.en fébrine. ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 119 ‘Une portion d'hydrogène s'est combinée avec l'éxidé de fer du sang , et lui a donné une couleur brunâtre. Le carbone qui surabonde par la perte de l’oxigène con- tribue à cette couleur. d Le sang artériel a perdu une partie de sa chaleur. Ces faits prouvent que dans /es secrétions il y a une!opé- ration inverse de celle qui accompagne la resptration. Dans cette dernière le sang veineux, #. recoit de l'oxigène qui lui donne la couleur floride ; 2°. il se débarrasse d'une partie de carbone ; 5°. peut-être d'hydrogène ; 4°. il acquiert de la chaleur. Dans les secrétions , le sang artériel perd , 1°. une portion d'oxigène, ce qui rend le carbone surabondant; 2°. peut-être perd-il une portion d'hydrogène ; 3°. et de carbone; 4°. sa chaleur est diminuée ; 5°. une portion de lymphe et une por- tion d'huile en sont séparées dans le système capillaire : l'oxigène se combine avec eette huile à laquelle il donne la consistance de graisse: IL se combine également avec la lymphe à laquelle il donne de nouvelles qualités. C'est cette addition d'oxigène qui la fait passer à l’état de fibrine. Cette décomposition du sang artériel d'un côté, et d'un autre les nouvelles qualités du sañg veineux, de la lymphe et de la graisse , ne peuvent étre que les effets d’une action prompte, d’une fermentation rapide. Les mêmes phénomènes se passent dans tout le système glanduleux, dans tous les viscères , dans le système muqueux et dans le système séreux, Le sang artériel arrive par exemple aux glandes salivaires ; il y perd de son oxigène qui se combine avec la salive et lui donne de nouvelles qualités Le sang qui étoit floride devient noirâtre par la surabondance de carbone et d'hydrogène. 11 enfile les veines, tandis que la salive enfile ses vaisseaux propres. i Le sang artériel arrive aux reins , y perd de son oxigène. 11 devient noir par la surabondance de carbone et d'hydro- gène. L'urine acquiert de nouvelles qualités : l’oxigène y concoûrt à la formation de cette grande quantité de substan- ces salines que nous y ayons vue, et particulièrement de l'ürée et de l'acide urique. Le sang artériel arrive aux testicules, aux ovaires, y 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE produit les mêmes effets; son oxigène qui se dégage, s'unit aux diverses liqueurs secrétées, et leur donne de nouvelles qualités, son carbone devient surabondant ainsi que l'hy- drogène. Les mêmes phénomènes se passent dans les membranes muqueuses de Fitotuae , des intestins, de l'utérus, des na- rines.…. Le sang artériel y perd sa couleur floride, il s'en sépare différentes liqueurs muqueuses qui se versent au- dehors, et le reste du sang ainsi appauvri par la perte d'une partie de son oxigène, et une surabondance de carbone et d'hydrogène , devient noiratre et enfile les veines. Les mêmes effets ont lieu dans le système des membranes séreuses ; des artères apportent le sang à la membrane yaloïde, à celle du cristallin ;.... il s'en sépare des liqueurs de la plus grande transparence. Le sang qui reste est appauvri par les mêmes causes que nous avons vues. Les nerfs qui sont très-abondans dans le système glandu- leux , dans les viscères, dans les systèmes muqueux, séreux, dans les systèmes capillaires ,...… augmentent l’excitabilité de tous ces organes, et les rendent plus propres à ces diverses secrétions. : Car tout ce qui augmente l'excitabilité d'un organe, donne plus d'activité à sa force secrétotre. La vue des ali- mens augmente la secrétion de la salive, celle d'un individu d'un autre sexe augmente la secrétion du fluide repro- ductif Cette décomposition du sang artériel qui a lieu dans les secrétions , et la composition du sang veineux, ainsi que celle des liqueurs secrétoïres , ne pourroient s’opérer en sup- posant que le sang artériel passe directement dans les veines, et que les liqueurs secrétoires se séparent des artères seule- ment par des vaisseaux plus petits où par des pores; car il n'y auroit pas plus de différence dans cette hypothèse que lorsqu'il passe d'une grosse artère dans une petite. Je suppose donc que le sang artériel arrivé dans l’organe secrétoire, par exemple dans une glande telle que le pan= créas , se répand sur la tunique des vésicules dont parle Malpighi, comme il le fait sur la tunique des lobules du poumon, Il s'épanche dans une espèce de parenchime, et sy ET D'HISTOIRE NATURELLE, 124 »'y décompose en, perdant une partie de son oxigène et.de sa chaleur. Cette décomposition est peut-être opérée ou au moins aidée ar l'action de la liqueur analogue qui s'ÿ trouve déjà et qui ui sert comme de ferment. Les expériences de Fabbroni et de Thenard ont prouvé que le corps sucré ne peut passer à la fermentation spiritueuse que par l'action d'un ferment analogue à la levure. Ainsi le sang arrivant à une glande, par exemple aux glandes salivaires, y trouve de la salive; cette salive agissant comme ferment, opère ou au moins accélère la décomposition du sang; son oxigène s’unit avec cette salive et la nouvelle qui se secrète, il lui donne la qualité qu'elle n’avoit pas encore lorsqu'elle étoit mélangée avec le sang artériel. Le sang appauvri par cette perte d'oxi- gène, acquiert les qualités du sang veineux et passe dans les veines. Les mêmes effets ont lieu dans toutes les glandes. On ne peut nier qu'il n'y ait une espèce de fermentation, puisqu'il y a des produits nouveaux. Ainsi dans la secrétion de l'urine, il y a une production abondante. de l'urée et de l'acide urique. Les élémens en étoient dans le sang; mais ce n'est que dans l'organe de la secrétion qu'ils achèvent de se combiner. Dans l'échimose, le sang artériel épanché se décompose êgalement : il perd de son oxigèneet il devient noir; l'action des vaisseaux le réabsorbe ensuite ,.…. il faut que cet oxigène contracte de nouvelles combinaisons. Des effets analogues à ceux des échimoses ont lieu dans l'opération des secrétions; mais ils sont plus prompts. Sans doute le léger ferment produit par la liqueur déjà formée, hâte ces phénomènes par un léger mouvement semblable à celui de fermentation. Je n'ignore pas qu'on s'est éleyé avec raison contre ces fermens qu'on avoit supposés autrefois dans toute l’économie animale. Sans doute on avoit abusé de ces fermens ; mais res- treints à leurs justes limites, ils doivent être admis. Nous voyons dans toute l’économie animale et végétale que ces secrétions sont accompagnées de produits nouveaux. Ces pro- duits sont les effets de nouvelles combinaisons , et peuvent parconséquent être regardés comme deseffets de fermentation particulière. Torme LA. PLUVIOSE an 13. Q — 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ” Ces combinaisons nouvelles s'opèrent très-promptement, Un enfant éprouve un petit chagrin , il verse subitement des torrens de larmes. Lorsqu'on mangé , les glandes salivaires et surtout les parotides secrètent une quantité étonnante de salive, comme le prouve l'observation d'Helvétins sur un soldat qui avoit le canal excréteur de cette glande coupé... Nous voyons la même chose avoir lieu dans l'acte de la respi- ration. Le sang veineux devient floride presque instantané- ns L’urine est aussi secrétée très-promptement après la 01SsOn..... nid Toutes ces liqueurs ainsi secrétées de la masse du sang, se rendent dans leurs organes particuliers, sice sont des liqueurs réerémentitielles ; ou sont expulsées an-dehors par les vais- seaux secrétoires , si elles sont excrémentitielles. Mais si par des circonstances particulières il se trouve des obstacles ou à leur secrétion, ou à leur libre circulation, elles se suppléent souvent les unes et les autres jusqu'à un certain point. Si la transpiration insensible par exemple est très abon- dante , comme dans les grandes chaleurs de l'été, ou lors- EMA fait un violent exercice, ..... les urines’, les crachats, iminuent dans la même proportion. 7 _ Cette transpiration au contraire est-elle diminuée par le Froid ou par toute autre cause? les urines deviennent plus Copieusés ; on crache davantage; lés évacuations alvines sont plus abondantes. FESPHUNEE ART AE SE 250 3 Chez les femmes qui nourrissent, les écoulemens-périodi- ques sont supprimés, et ils reparoissent aussitôt qu'elles cessent de nourrir. Il arrive encore souvent que des humeurs secrétoires qui doivent être évacuées , et qui ne le sont pas, par des ciréons- tances particulières, rentrent dans la masse du sang, ou en- tièrement ou partiellement. On a par exemple un besoin d'uriner; et si on étoit libre, on urineroit abondamment. Des circonstances particulières empéchent de satisfaire ce besoïn : l'urine est réabsorbée, et on demeure plusieurs heures sans nriner. La quantité d'urine qu'on rendra énsuite sera beaucoup moindre que vellé qu'on éñt rendue dans le même intervalle , si on avoit satisfait au premier besoin. ÆT D'HISTOIRE NATUINE LILIE, 155 OT énest de méme des déjections alvines, des crachats..i. si on ne satisfait pas au premier besoin. La bile coule ordinairement par ses vaisseaux excrétoires; s'il se rencontre quelqu'obstacle à cet écoulement , une partie rentre également dans la masse du sang. La liqueur reproductive rentre toute entière dans la masse chez quelques personnes qui ne l'évacuent point; chez d'au- tres il y en a une très-légère évacuation, tandis que chez quelques-unes cette évacuation est très-abondante. Ces derniers faits ne laissent point de doute que dans la masse du sang, il n'existe une partie plus ou moins, consi- dérable des diverses liqueurs secrétoires qui a été réabsorbée, et qui s y trouve comme noyéé. Mais je pense que ces liqueurs commencent .à s'ébaucher dans le sang lui-même : car ce sang artériel en sortant du poumon est entièrement floride. Il contient une grande uantité d'oxigène,.….. mais il continue à fermenter dans tout Le système artériel, et arrivé aux dernières artérioles, il n'est déjà plus aussi floride qu'il l'étoit dans les vaisseaux de la veine pulmonaire. Il a donc déjà éprouyé un commencement de décomposition, une partie d'oxigène s'est déjà combinée; le chile.se change peu-à-peu en sang, ce qui suppose qu'une par d'oxigène s’est unie avec le fér phosphaté du chile, et ‘a coloré en rouge... C'est dans ce moment de décomposition du. sang artériel ulmonaire que s'ébauchent les diverses liqueurs secrétoires : fautres causes y concourent, ; J LD } £ il )95 ‘ ET a Celles qui y sont réabsorbées et qui servent de fermens. -B L'organe qui fait la secrétion n'a pu opérer une conyer- sion totale de ce sang dans cette liqueur secrétoire. Une partie ébauchée seulement rentre dans le système veineux, asse dans le système artériel , et ne sort convertie 'en vraie Fat secrétoire qu'aux troisième, quatrième , cinquième... assages par cet organe, comme nous l'avons vu à l'égard de urine. Ces diverses liqueurs secrétées étant déposées dans leurs vaisseaux particuliers continuent à fermenter. Elles acquiè- rent de nouvelles qualités dans les organes où elles séjour- nent. Onen a un exemple bien frappant dans la bile cis- tique de la vésicule qui est beaucoup plus active que l'hépa- Q 2 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tique ou celle du foie. Elle doit cette activité au séjour qu’'eHé fait dans la vésicule. L'urine en séjournant dans la vessie, prend une äcreté qu’elle n’avoit pas auparavant ; la salive du matin a plus d’âcreté que celle du moment qui suit le repas... Enfin si on n'évacuoit pas ces liqueurs, leur activité devien- droit assez considérable pour léser les organes. Tous les produits nouveaux qui ont lieu dans les secré- tions, sont accompagnés d’un dégagement de calorique , ce qui est une des causes de la chaleur animale, ainsi que nous l'avons dit. De la manière dont s'opérent les secrétions chez les Végétaut. Les secrétions doivent s’'opérer chez les végétaux de la même manière que chez les animaux. La sève fournit égale- ment à toutes leurs liqueurs secrétoires qui y sont ébauchées, et elles s'en séparent dans les divers systèmes. Les liqueurs muqueuses sont secrétées par les membranes muqueuses ; les liqueurs séreuses par les membranes séreuses ; la lymphe, le suc propre... sont secrétés par le système capillaire ; le sys- tème glanduleux secrète divers sucs particuliers, tels que les sucs des glandes pileuses , le nectaire , le pollen... Enfin après que la sève a fourni toutes ces liqueurs secrétoires , son ré- sidu est repris par le système veineux , et porté dans le tor- rent de la circulation. ‘ Toutes les secrétions végétales sont ainsi que les secrétions. animales, accompagnées d’uné décomposition partielle de La liqueur artérielle: “ 1°. Cette sève artérielle doit fournir quelquefois de l’oxi- gène, de l'hydrogène et du carbone, principes des acides vé- gétaux , pour former celles de ces secrétions qui sont acides, telles que l'acide malique, l'acide oxalique, l’acide acéteux , l'acide tartareux , l'acide citrique et les autres acides. 2°. La sève artérielle fournit dans d’autres organes les prin- cipes qui forment la fécule , la glutine, la fibrine. 3°. Dans d’autres organes, la même sève artérielle fournit les principes des huiles soit fixes, soit volatiles; ceux des résines , des baumes.…. 4. Dans tous les tissus muqueux, la même sève artérielle YT D'HISTOIRE NATURELLE. 125 fournit les lens pour former les mucilages , les sommes, les gelées, le corps sucré... | 5°. Dans d’autres tissus elle fournit les principes des ex- traits , ceux de la partie colorante..…. 6°. Dans le tissu glanduleux, cette même sève fournit les principes propres à former le pollen des mâles, la liqueur reproductive des femelles... les sucs des glandes pileuses, épidermoiïdales. tele) ain Me el pli VOST Dire: et On ne peut concevoir la formation de ces nouveaux pro- duits, sans admettre des décompositions partielles de la sève artérielle et de nouvelles combinaisons. Ces décompositions de la sève et les nouvelles combinaisons qui ont lieu , s’opèrent dans les divers systèmes dont nous venons de parler, le capillaire, le séreux , le muqueux, et le glanduleux. La greffe présente un exemple bien frappant de la manière dont la sève change de nature en passant par divers systèmes capillaires et muqueux. On greffe une branche sur un sauva- geon, par exemple un beuré sur un poirier sauvageon : la sève qui étoit acerbe dans le sauvageon n’est pas entrée dans la partie greffée , qu’elle change de nature et produit un bois et des feuilles différentes. Le fruit qui en naît est doux et sucré , au lieu du fruit acerbe que donnent les autres branches. du sauvageon. : ; Si on a coupé le tronc du sauvageon, et qu’on l'ait greffé ensuite , toutes les branches sont de bons fruits. Néanmoins les branches qui pourroient. repousser au-des-- sous de la greffe seront du sauvageon. La sève qui monte dans- le tronc du sauvageon continue donc d'être acerbe. Mais elle n'est pas entrée dans la partie greffée qu’elle change de nature. Cette sève, en redescendant de la partie greffée dans le sauvagéon , change de nature une seconde fois ,;et prend la qualité de celle du sauvageon. On pourroit greffer une seconde, une troisième espèce- de poire sur la partie greffée, que la sève changeroit égale- ment, et donneroit des feuilles ,. du bois et des fruits dif- Férens. 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHÈMIR Tous ces changemens doivent donc s'opérer Idans lés sys= tèmes capillaire et muqueux du végétal, aux lieux où sont faites ces greffes. Ce sont les mêmes causes qui opèrent les sécrétions dans les glandes végétales, dans le système séreux, dans Le sys- tème capillaire. Ces secrétions supposent donc nécessairement des décom- positions de la sève et de nouvelles combinaisons. Or ces décompositions et ces combinaisons ne peuvent s’opérer que dans les divers systèmes du végétal. C'est une conséquence nécessaire de son organisation. Mais comment s’opèrent ces secrétions ? comment se font ces décompositionset ces nouvelles combinaisons ? Je réponds que c'est de la même manière qu'elles se font chez les animaux. DESCRIPTION DE QUELQUES TÉRÉEBRATULES, Nommées vulgairement poulettes ; Par B.-G. SAGE. Crrre coquille est composée de deux valves, dont la plus grande a un bec recourbé ; lorsque les poulettes sont lisses, on les nomme térébratules, où anomies; lorsqu'elles sont striées, ostréopectinites , ou pectunculites (1). Il y a beaucoup de variétés de poulettes pétrifiées , mais on n’en connoit que très-peu de vivantes ; les poulettes pétri- fiées forment dans la terre des lits, des bancs, des montagnes (1) Ces dénominations sont conformes à celles employées anciennement. Je ne suis pas au courant de la nouvelle nomenclature conchiologique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 entières. Ce seroit en vain qu'on rechercheroit leurs analogues parmi les productions de nos mers, puisque tout atteste que le continent que nous habitons a été formé par les productions propres aux mers et aux continens d À mérique. Rien n’est aussi bizarre que les formes que présentent les va: riétés des poulettes, comme on peut s'en assurer par les éxem: plaires que je mets sous les yeux de l’Institut. S'il y a des poulettes striées dont la valve supérieure et le bec sont disposés de manière à leur donner la forme d’un oiseau dont les aîles sont étendues, c’est cet ostréopectinite qu'on nomme trivialement cog et poule: autant la forme de cette va- riété est agréable à l'œil, autant celle de la poulette lisse ou térébratule à bec très-recourbé , est hideuse ; en effet elle a quel- que ressemblance avec la tête d’un hibou, sa couleur sombre prête encore à l'illusion , tandis que la blancheur et l'élégance de la première arrête agréablement le regars. Il y a des térébratules et des ostréopectinites , dont les formes représentent les parties sexuelles de la femme, pudendum cuns Nimphis hysteropetre, Fenus stein des AMemands: elles sont connues parmi nous sous le nom d'histérolite, il y en a d'’aîlées et d’autres sans ailes. Les histérolites ne se sont trouvées jusqu'à présent que dans les mines de fer des environs de Coblentz. Leur forme a d’abord fixé l'attention des amateurs; mais M. Besson, minéralogiste éclairé, s’occupa sur les lieux mêmes à en rechercher et à en étudier la variété dont il nous a fait part. Knorr a fait graver plusieurs hystérolites. Melchior Verdries a donné dans les Actes des Curieux de la Nature, ceuturie 3 et 4, p. 221, un Mémoire sur les hystérolites, accompagné d'une planche ; on l’a méme représentée sous divers aspects, mais elle n’eu est pas plus exacte. Il en est de méme de celle que Langius a fait graver dans son Histoire des Pierres Bigurées de la Suisse; d’ailleurs ces auteurs ne paroissent avoir eu connoissance que de l'histérolite lisse. Les poulettes histérolites se réduisent jusqu'à présent aux trois variétés suivantes : Histérolite lisse. ———— striée à alles arrondies. . ———— striée à ailes triangulaires très-alongées. 1 2 3 125 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La térébratule, ou poulette lisse qui représente les parties sexuelles, est arrondie d’un côté , et offre de l'autre un angle rentrant évasé , dont les deux plans sont bombés : c'est au milieu de cet angle que s’offre l'ouverture ovoide à deux rebords aigus, referens pudendum cum Nimphis. Cette térébratule vue trans- versalement, représente à-peu-près la figure d'un épagneul à lon: gues oreilles. Le pectunculite, ou poulette striée à ailes arrondies , offre une ouverture plus grande et des lèvres plus épaisses que le térébra- tule histérolite. ; La troisième variété d’histérolite aîlée et striée , au lieu d’être arrondie, a une envergure de quatre pouces , sur un demi-pouce de large, la partie conoïdale est plus évasée par le haut que par le bas ; chaque aîle offre un triangle très-aigu. Un autre échan- tillon de la mine de fer argileuse brune des environs de Coblentz , offre le pectunculite , alongé de manière qu’on distingue le bec, et une partie des deux valves de la coquille. Une autre pectun- culite complète, indique d’une manière sensible que l’histérolite est le pectunculite pétrifié dans cette variété. Les deux parties qui forment les grandes lèvres sont plus étendues, etont à- peu-prés la forme d’un cœur, ce qui fait voir sensiblement que ce n’est qu'à la division du bec de la poulette qu’est due la forme de vulve. On remarque dans cette mine de fer brune des environs de Coblentz une portion de coquille striée plate , en forme de cœur, ayant une rigole au milieu. Une poulette entière portant cette espèce d'écusson sur sa valve inférieure , indique que ce corps n’est qu'une portion de l'ostropectinite à écusson, espèce par- ticulière de poulette dont la surface arrondie est rostrée et comme chagrinée, tandis que la partie opposée est plate et écussonnée : cette pétrification s’est trouvée en Saxe. La mine de fer brune argileuse des environs de Coblentz ren- ferme des holiolites solitaires , ovales, et d’autres ronds de la plus belle conservation. EXPERIENCES [ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 EXPÉRIENCES SUR LES MOYENS EUDIOMÉTRIQUES, ET SUR LA PROPORTION DES PRINCIPES CONSTITUANS DE L'ATMOSPHÈRE; Par MM. A. HUMBOLT ET J.-F GAY -LUSSAC; Lues à la première classe de l’Institut National, le 1er pluviose an 13. en. Sr les physiciens et les chimistes sont aujourd’hui d'accord sur la nature des-principes constituans de l’atmosphère, ils nele sont pointencoresur leur quantité absolue. Depuis Sheele et Lavoisier qui avoient trouvé 0,27 d’oxigène dans l'air, des expériences nombreuses que l’on doit à MM. Cavendish , Marti, Berthollet, Fourcroy et Davy, ont beaucoup modifié cette proportion , en la fixant entre 0,20 et.0,23. On ne peut disconvenir néanmoins que ces limites ne soient encore très-éloignées et beaucoup au- delà du degré d'exactitude que comportent nos connoissances actuelles ; ou, si ces limites sont bien établies , ilfaut en con- clure que l'atmosphère éprouve des oscillations considérables dans sa composition. Quoique pour la plupart des phénomènes chimiques il ne soit pas nécessaire de connoître rigoureusement la quantité absolue de ses principes, cette connoissance n’est pas moins intéressante par elle-même qu'importante pour l’histoire de notre globe. Si tous les faits géologiques tendent à prouver que la terre n'est plus ce qu'elle a été autrefois; que les eaux ont couvert des montagnes très-élevées , et que le Nord nourrissoit des animaux qui n'appartiennent plus qu’aux tropiques, ces mêmes changemens prouvent combien il seroit utile pour les siècles futurs de bien constater aujourd'hui l'état physique du globe; et lors même que les grandes catastrophes qu'il a éprou- vées ne se renouvelleroient plus, il est possible qu’il subisse des Tome LX. PLUVIOSE an 13, R 150 JOURNAMIDE PHYSIQUE, DE CHIMIE modifications. lentes-que l'homme ne pourroit-point apprécier par lui même, s’il n'en trouvoit des preuves incontestables dans les annales des sciencés. Il seroit donc de la-plus haute impor- tance de fixer authentiquement les grands phénomènes de la na- ture qu’on peut supposer variables , tels que l'intensité des forces magnétiques , la hauteur du baromètreau niveau de la mer, cebe de la mer même, la température moyenne de chaque climat , et la proportion des principes constituans de l'atmosphère. Nous avons porté notre'atténtion sur la dernière questiôn , et quoique nous ne l’ayons pas encore résolue d'une manière.qui puisse nous satisfaire entièrement nous-mêmes, nous hasardons de fâire con- noître le commencement du travail que nous avons entrepris sur cet objet, et les recherches auxquelles il nous a conduits. Maisles moyens eudiométriques qui doivent servir à, déter mi- ner la proportion des principes constituans de l’air:ne-sont pas tous susceptibles d’une égale précision , et quelques chimistes distingués donnent la préférence à un moyen qui est exclu par d’autres. Il nous étoit parconséquent indispensable de soumettre à l’épreuve les méthodes eudiométriques connues pour bien les apprécier ; car nous Sommes convaincus que l'exactitude danses “éxpériénées provient moins de l’obsérvation fidèle-des divisions d’un instrament que dé l’exactitudé même de la méthode. Quoi- ‘qu'en effet le gaz nitreux paroisse au premier abotd le moyen ‘eudiométrique Île ‘plus incertain que l’on puisse choisir , nous ‘nous sommes assurés qu'en combinant son action avec celle du sulfate de fer ou de Pacide muriatique oxigénéet‘de la potasse, ‘il peut indiquer avec beaucoup de précision la quantité d'oxigène contenue dans l'air. Tous les moyens eudiométriques donne- roient les mêmes résultats si on les connoissoit tous également, et ce n’est que parcequ'il est très-diflicile de faire toutes les cor- rections qu’ils comportent , qu'on donne naturellement la préfé- rence à ceux qui en présentent moins, quoiqu ils ne soient pas ‘toujours les plus simples dans leur emploi. Nous commencerons donc par faire connoître les recherches eudiométriques dont nous nous sommes occupés, et nous les appliquerons ‘ensuite à l'analyse de l'air atmosphérique et à celle de différens gaz retirés de l’eau dans diverses circonstances, ou mis en contact avec elle. Nous croyons devoir rappeler encore que nous ne trai- terons pas la question que nous nous sommes proposée avec l'é- tendue qu'elle mérite. Forcés d'interrompre nos recherches avant d'avoir pu les terminer, nous n'avons pour but que d'en faire connoître les principaux résultats. Depuis près de deux mois tr ET D'HISTOIRE NATURELLER ! ! 187 quenous les avons commencées dans un des laboratoiresde l'Ecole Polytechnique , nous nous y sommes livrés avec d'autant plus d’assiduité , malgré le froid très-désagréable pour ce genre d’ex- ériences , que M. Humboldt y mettoit un intérêt particulier. En ‘an 6 il avoit présenté à l’Institut deux Mémoires sur l'analyse de l'air, qui renferment un grand nombre d'expériences qu’il regarde aujourd’hui ( c'est [ui méme qui le déclare ) non - seulement comme très-inexactes , mais encore comme justement combat- tues par M. Davy et par un chimiste qui nous honore tous deux d'une bonté particulière, par M. Berthollet. Zélé pour le progrès de la science, M, Humboldt a voulu remplacer ce travail de sa remière jeunesse par un autre fondé sur des bases plus solides ; orsqu'il a commencé ses recherches, il a desiré m'y associer, et j'ai dù me sentir d'autant plus honoré de cette proposition, que depuis le retour de son voyage aux tropiques nous sommes liés de l'amitié la plus étroite. Observations sur quelques moyens eudiométriques. Nous ne nous proposons pas d'exposer dans ce Mémoire toutes les recherches que nous avons entreprises sur divers moyens eu- diométriques, la plupart sont encore trop incomplètes ; mais nous étant occupés plus particulièrement des sulfures alkalins et surtout du gaz hydrogène , nous exposerons en ce moment le résultat de nos observations sur ces deuxmoyens eudiométriques. Quoique les sulfures alkalins aient, en général , pour l’analyse de l'air uneaction assez constante , et qui leur avoit fait accorder avec raison la préférence sur les autres moyens eudiométriques, ils présentent cependant quelques causes d'incertitude qu'il est indispensable de bien connoître si l’on veut ajouter une entière confiance à leurs résultats. On a eru pendant long-temps qu'ils n’avoient aucune actionsur l'azote , et quoique M. Marti eüt an- noncé dès 1790 qu'ils absorboient ce gaz , on ,n'avoit plus fait de- puis attention à cette propriété. Ilest vrai que M. Marti avoit en même temps annoncé qu'en les saturant d’azote:, on pouvoit les employer avantageusement à l'analyse de l'air, et obtenir cons- tamment pour l'oxigène une proportion comprise entre 0.21 et 025. D'un autre.côté , ce chimiste n'ayant pas indiqué avec assez de précision les détails de son.expérience, M. Berthollet qui l’a- voit répétée dans des ,circonstances différentes, avoit annoncé dans sa statique chimique qu’il n’avoit point observé que les sul- 132 JOURNAL DE PHY6IQUE, DE CHIMIE fures alkalins eusserit la propriété d'absorber l'azote, etil avoit, ar là rassuré les chimistes sur leur emploi dans l'analyse de Laisi Lorsque nous avons commencé à nous servir de ce moyen; nous lui accordions une grande confiance , et nous n'avions à lui opposer que la longueur du temps qu’il exige, et qui avoit fait de- sirer depüis longtemps , malgré sonexactitude, qu'on püt lui en substituer un autre qui n'eüt.point les mêmes inconvéniens ; mais nous avons bientôt reconnu qu'il n'agissoit pastoujours d'une ma- nière. uniforme , et en cela le hasard nous a favorisés. Ayant mis 100 parties d'air atmosphérique en contact avec une dissolution de sulfure de potasse faite à chaud , dans trois vases d'inégale capacité , nous avons observé au bout de huit jours, que l'air avoit perdu 23 parties de son volume dans un des vases, et 23,6 ; 26,0 dans les deux autres. Cette grande iné- galité nous a d’abord beaucoup surpris; mais ayant remarqué que l'absorption avoit été la plus forte dans le plus grand flacon, nous avons soupçonné qu'il s’étoit absorbé de l'azote, et pour mieux nous confirmer dans notre soupçon , nous avons répété la même exptrience en employant deux vases plus inégaux en ca- pacité, et d'ailleurs, dans le: mémes circonstances : au bout de dix jours, nous avons trouvé que dans le petit flacon l'ab- sorption n'avoit été que de 22,5 parties , tandis que dans le grand elle étoit de 30,6. Mais l'expérience la plus concluante que nous avons faite à cet égard , a été de mettre une dissolution de sul- fure de potasse qui avoit été chauffée jusqu'à l’ébullition, en con- tact avec de l'azote dans des vases inégaux , et de reconnoître que l'absorption étoit propértionnelle à leur capacité. Il seroit donc possible de faire absorber une quantité déterminée d’air atmosphérique par une dissolution de sulfure alkalin, et de le faire regarder comme de l’oxigène pur, si on supposoit que toute la diminution de volume est due au gaz oxigène. Mais si au lieu d'employer une dissolution de sulfure faite à chaud , on en emploie une faité à froid , comme l'a toujours pratiqué M. Berthollet , la dissolution de l'azote n'a plus lieu, au moins d’une manière sensible , ‘et les résultats de l’analÿse de l’air faite par ce moyen, deviennent alors beaucoup plus comparables. Cette action variable des sulfures alkalins dissous à diverses tempéra- tures, a besoin d’être mieux éclaircie , et nous allons le faire en citant des phénomènes analogues , mais plus aisés à concevoir. L'eau contenant toujours en dissolution une certaine quanti- té d’air dont la proportion d'oxigène est plus forte que celle del'air ET D'HISTOIRE NATURELLE. 133 atmosphérique, il arrive qu’en la chauffant on en y dissolvant un sel, elle laisse dégager une partie de son air et en conserve une autre qu on peut lui enlever par une plus forte cl aleur. Si donc on met cette eau qui a perdu son air par ce dernier moyen, en contact avec de l’air atmosphérique , elle en absorbera en reve- nant à sa première température une quantité égale à celle qu'elle a perdue, et si on n’est pas prévenu de cette absorption et qu'on s'en tienne aux apparences, on supposera que l'eau seule ou chargée de sel, a fait l'analyse de l'air. C'est ainsi que M. Heller a annoncé tout récemment qu'une dissolution de muriate de soude absorboit tout l’oxigène de l'air, quoique , en répétant l'expérience avec une dissolution du même sel très-chargée , mais faite à froid, nous n’ayons pas trouvé la plus légère différence entre l'air atmosphérique ordinaire et celui qui avoit été en contact avec la dissolution de muriate de soude pendant un mois et demi. Il arrive précisément la mème chose avec un sulfure qu'avec un sel. Au moment de sa dissolution dans l’eau il y a une partie d'air expulsée et il s'établit un équilibre de saturation entre l’eau, le sulfure et l’air qu’elle tient en dissolution, ensorte que si les circonstances ne changent pas , il n’y a pas de raison pour qu’elle absorbe maintenant. de nouvel air; mais si l’on fait chauffer la dissolution, il s’en dégage une partie du gaz qu’elle contenoit , et il faut bien qu'en revenant à sa première température elle ab- sorbe ce qu'elle avoit perdu, afin que l'équilibre se rétablisse (1). Nous croyons donc pouvoir expliquer la différence des résultats de MM. Marti et Berthollet par la différence même des circons- tances où ils ont opéré ; mais il nous paroît que M. Marti a cru que le sulfure absorboit par sa nature de l'azote, tandis qu’il n'en absorbe pas du tout, et qu'il empéche plutôt l’eau avec la- duepe on l'a fait bouillir d’en absorber autant qu’ellele feroit sans ui. Ainsi avec l'attention de dissoudre à froid les sulfures , et de les QG) L’absorption dont nous entendons parler ici est indépendante de celle de l’oxigène par le sulfure qui se convertit par là en sulfate. Mais comme le sulfure absorbe l’oxigène que l’eau tient en dissolution , il arrivera très- probablement que l’eau pourra absorber une plus RARE quantité d'azote ; ensorte qu'en se servant d'une dissolution faite à froid, mais très-récente, il y auroit encore une plus grande diminution de volume que celle due à l'absorption de l'oxigène. Nous disons très-probablement; car nous n’ayons pas encore fait l'expérience. 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE laisser quelque temps en contact avec de l'azote ou avec de l'air , on peut les employer avec avantage à l'analyse de l'atmosphère. Nous observerons cependant qu'ayant l'inconvénient d’exiger beaucoup de tps pour que leur action soit complète, il en résulte qu'on est obligé d'avoir recours aux corrections du ther- momèêtre, et du baromètre, qui sont souyent trèsincertaines. La, meilleure manière de remédier à cet inconvénient est sans doute de sanivre la méthode de MM, Berthollet et Marti , qui consiste à mettre en comparaison sur l’eau une quantité déterminée d'air, pour en conclure d’après ses variations de volume, celle de Pair qu'on analyse; mais cette méthode ne nous a pas paru avoir dans la pratique tout l'avantage qu'elle semble promettre. Nous ferons remarquer encore à l'égard detous les moyens eu- diométriques où la substance absorbante éstsolide ouliquide , que, si l’on commet une erreur, soit en observant les divisions de l'instrument , soit dans l'appréciation des incertitudes de la mé- thode , cette erreur porte nécessairement en entier sur la quan- tité d’oxigène ; et commie avec toute l'exactitude possible on ne peut pas répondre de beaucoup moins d'un centième , il en résul- teroit qu'on ne pourroit pas déterminer la proportion d'oxigène contenue dans l’air au-delà de cette quantité. On remarque , en effet, que les chimistes en se servant de moyens semblables ont trouvé des väriations assez considérables dans la quantité d'oxigène de l'air; et M. Marti lui-méme , qui paroît avoir fait ün trés-prand nombre d'expériences avec les sulfures alkalins, et après avoir reconnu les précautions qu'ils exigent, la fixe entre 6,21 et 0,25. Nous verrons plus bas que les moyens eudiométris qués dans lesquels la substance qui se combine avec l’oxigène est gazeuse, peuvent donner une plus grande précision, Comme nous nous étions proposé dés le comméncement de notre travail de nous assurer si l'eudiomètre de Volta pouvoit être employé à l'analyse de l'air, nous avons fixé principalement notre attention sur lui. On avoit aecusé cet instrument d'être infidèle , d'indiquer dans l'air de trop petites quantités d'oxigène; mais il nous avoit'paru qu'en supposant qu'il exigeät des cor- rections, on pouvoit en les äppréciant, amsi que la loide leurs variations, le rendre très éxäct'et très-commode ; En conséquence hous nous sommes proposé les quéstions suivantes : . 1°. Lorsqu'on enflamme ün mélänse de gaz ‘hydrogène et dé gaz oxigène dans l'eudiomètre de Volta, l'absorption d'un dés gaz peut-elle étre complète? ÿ i { F _.. «ET D'HISTOIRE NATURELLE. 139 2°. Le produit de leur combinaison est-il de nature cons- tante ? - | 3°. Quelle est la proportion exacte des deux gaz pour former de l’eau ? 4°. Quelles sont les limites d'erreur que comporte l'eudio- mètre de Volta ? (YA Nous devons examiner successivement ces quatre questions : mais ayant nous croyons essentiel de dire comment nous ayons préparé les gaz qui ont servi à nos expériences. .,. Nous ayons retiré le gaz oxigène du, muriate sur-oxigéné.de -potasse. Pour l'obtenir nous nous sommes servis d’une cornue de verre , à laquelle avoit été soudé à, la lampe, le tube recourbé par lequel devoit s'échapper le gaz, et, pour lavoir aussi exempt .d'azote qu'il est possible , nous avons rempli la cornue d’eau environ, jusqu'au quart de sa capacité. Cette eau se réduisant toute en. vapeurs ayant que le sel.se décompose , a bientôt ex- pulsé «tout l'air. de la coruue; mais, pour prévenir. l’absorp- -tion qui auroit lieu. ayant le dégagement du gaz oxigène , nous faisons plouger l'extrémité du tube dans une soucoupe remplie de merçure que nous enlevons aussitôt que le gaz commence à .se dégager. Pour éviter que l’oxigène, en traversant l'eau, en chasse de l'azote , nous. le portons directement au haut du récipient, qui, doit Je recevoir au moyen d’un tube recourhé à angle. droit, qui monte, d'une, part. jusqu’au haut du réci- .pient, et qui de l’autre s'adapte au premier tube au moyen d'un bouchon de liége commun aux deux. Ce procédé très- simple dans son emploi, est surtout très-avantageux pour les .gaz solubles dans l'eau, tels que le gaz acide carbonique , le gaz oxide d'azote , etc. Nous avons obtenu notre gaz hydrogène en décomposant l'eau par le moyen du zinc et de l'acide muriatique ou de l'acide sulfurique étendu d'environ six parties d’eau ; nous avons eu l'attention de remplir exactement d'acide le vase d’où devoit sedégager le gaz, et de ne point lui faire traverser l’eau; mais mal- gré toutes ces précautions , noire oxigène a laissé avec le sulfure quatre millièmes d'azote, et l'hydrogène , analysé par d'autres moyens, en a manifesté six mullièmes. Après ces éclaircisse- .mens nous allons passer aux questions que nous nous sommes proposé de résoudre, en commencant par celle-ci : Lorsqu'on enflamme un mélange de gaz oxigène et de gaz hy- 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE drogène dans l’eudiomètre de Volta, l'absorption d'un des gaz peut-elle étre complète ? Pour nous assurer si tout l'oxigène ou tout l’hydrogène pou- voient être entièrement détruits, nous avons pensé que .si les deux gaz étoient parfaitement purs , ou qu'on connût leur de- gré de pureté, et que leur absorption düt étre complète, on devoit trouver la même proportion pour les principes de l’eau, soit que l'hydrogène dominât, soit que ce fût l’oxigène. Effec- tivement, en faisant détoner des mélanges de 300 d’hydro- gène, 100 d'oxigène ; et de 200 du premier, 200 du second, dans lesquels l'hydrogène et l'oxigène dominent alternativement, et en faisant la correction due à l’impureté des gaz, nous avons obtenu à très-peu près la même proportion. Quoique l'ab- sorption des deux gaz pût étre complète, il seroit cependant possible que les proportions obtenues , en les faisant dominer alternativement, ne fussent pas identiques , et cela auroit lieu si, suivant la prédominence de l’un des gaz, il se formoit une eau oxigénée ou hydrogénée ; mais puisque les proportions sont devenues identiques, il faut nécessairement en conclure que l'hydrogène et l'oxigène ont été entièrement absorbés. Mais quoique l’absorption des deux} gaz puisse être complète dans quelques circonstances, il ne faut pas croire qu'elle le soit avec des quantités quelconques ; non-seulement il est des proportions telles d'hydrogène et d’oxigène, ou de leur mélange “avec l'azote, ou même avec tout autre gaz, qu'il est impossible de les allumer par le moyen de l'étinéelle électrique; mais il en est encore d'autres avec lesquelles l’inflammation ayant été commencée, elle s'arrête avant que la combustion soit ache- vée. Nous allons citer à cet égard des expériences qui nous paroissent très-concluantes. Nous avons mélé 100 parties d'hydrogène avec 200, 300, ..…. 900 d'oxigène , et nous les avons enflammées par l'étincelle élec- trique : avec ces diverses proportions, l’absorption a été cons- tamment de 146 parties; mais avec 1000 d'oxigène, elle a été réduite tout-à-coup à 55 ; avec 1200 et 1400 elle a été réduite à 24 et 14, et ayec 1600 elle a été réduite à zéro ; c'est-à-dire qu'il n’y a pas eu d'inflammation. Voici le tableau de ces divers résultats. Hydrogène. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 137 EYDROGÈNE. OXIGÈNE. ABSORPTION. 100 200 146 100 300 146 100 600 146 100 go0 146 100 950 68 100 1000 55 100 1200 24 100 1400 14 100 1600 o (1) Ce qu'il y a de frappant dans ces diverses expériences , c’est de voir, 1°. une absorption constante avec des proportions très- différentes se changer subitement en une absorption décrois- sante ; 2°, la combustion commencée du gaz hydrogène s’ar- rêter avant d’être achevée ; 3°. qu'il y a des proportions d’oxigène et d'hydrogène, telles qu'il n’est pas possible de les enflammer. Ces divers phénomènes seront un peu éclaircis par la suite; mais en attendant remarquons qu'il est des proportions même assez étendues avec lesquelles la combustion du gaz hydrogène ‘peut être complète. Les phénomènes précédens ne sont pas particuliers aux gaz hydrogène et oxigène mélés, dans les circonstances dont nous venons de parler ; ils ont encore lieu lorsqu'on .enflamme 100 parties d’oxigène avec 200 , 300,..... 1000, etc: d'hydrogène ; il arrive seulement alors que le terme où l'absorption césse d’étre constante est plus éloigné, et , pour en sentir la raison, il suffit d'observer que: dans ce cas il disparoït environ 300 parties «par l'inflammation , tandis qu'il n’en a disparu que la moitié dans les expériences précédentes. Le gaz azote et le gaze acide carbonique présentent aussi des résultats analogues. Si l’on enflamme, par exemple, un mélange de goo parties d'azote, 100 d'hydrogène, et 100 d'oxigène, l'ab sorption qui devroit être de 146 parties si la combustion étoit (1) Les absorptions 68,55 24 t 14, ne sont peut-être pas exactesà 2 ou 3 cen- tièmes, parceque nos instrumens étant trop petits pour les proportions cor- respondantés, nous avons été obligés de mesurer plusieurs fois; maïs cela ne fait © rien pour le phénomène en général. Tome LX. PLUVIOSE an 13. S 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE complète, n’a été dans une expérience, qui est celle que nous prenons pour exemple, que de 50 parties, quoique dans d'autres nous l’Aÿyons vue un peu au-dessus ou au-dessous de cette quan- tité. Ayec des proportions inférieures d'azote nous avons eu constamment la même absorption de 146. Quoique l’azote pa- roisse se comporter ici comme l’oxigène , puisque avec 100 d'hy- drogèné et 1000 d’oxigène nous avons eu à-peu-près le même résultat qu'avec 100 d'hydrogène, 100 d'oxigène et 900 d'azote, nous n’en tirerons aucure Cohséquence, parcéque nous n'a- vons pas encore assez multiplié et varié nos expériences Néan- moiris Celles que nous avons fâites tendent à prouver que lors- que des portions déterminées de gaz oxigène et de gaz hydro- gène sont mêlées avec différens gaz, l'absorption peut étre cons- tante jusqu'à ün certain point, passé lequelélle détroit très-vite. L'absorption de l'oxigène et de l'hydrogène, étant complète dans des proportions déterminées , et ne/l’étant'pas dans d'au- tres , il sera donc toujours possible étant donné un mélange gazeux, qui seul ne pourroit pas s’enflammer , de le ramener à un,autre, avec-lequel l'absorption d'un des gaz seroit totale, .en Jui ajoutant de l'oxigène ou de l'hydrogène, ou même des déux ensemble. Lacombustion des 100 parties d'hydrogène dans l'expérience précédénte n'ayant pas été complète, nous avons analysé le résidu: 100 parties mises avec du phosphore ont diminué de 7 “en quatre heures de temps., preuve manifeste que le résidu con- tenoit de l’oxigène. Pour nons'assurer: s’il avoit retenu de l'hy- drogène ; nous avons-enflammé dans leudiomètre de Volta un mélange de © 3 749 sou eh] 219 200:du résidu-précédent. Le 5 n9 1 li1poo de gaz oxigène. -200 de gaz hydrogène. 600 Après l'inflammation il avoit disparu 312 parties ; et comme d’après des expériences que nous rapporterons plus bas, 100 d'oxigsène pur exigent pour se saturer 200 de gaz hydrogène, l'absorption qui avec le gaz hydrogène que nous avons em- plové ici, n'eût di être que de 292 parties, ayant été de 312, il faut nécessairement que le résidu en ait fourni assez pour porter l'absorption de 292 à 512 ,.c'est-à-dire qu'il faut qu'il en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 139 contint 15.53 parties. Or le calcul indique qu'il devoit en contenir 12; il est donc prouvé clairement que, quoique l’in- flammation ait eu lieu, la combustion n’a pas été complète, et que tout l'hydrogène n'étoit point entré en combinaison, püisque nous avons retrouvé celui qui n'avoit pas été absorbé dans le résidu: Nous observerons que dans tous les cas où l'ab- sorption n’a pas été complète, latins tros a Été peu vive. En comparant dans l'inflammation des gaz hydrogène et oxigène , les effets de l'électricité à ceux d'une haute tempé- rature, nous avons été conduits à penser que l’inflammation par le choc électrique pourroit bien être due à la chaleur produite par la Compression instantanée qu'exerce l'étincelle électrique dans son passage. Nous savions en effet, d'après notre propre expérience, que l'inflammation d'un mélange de gaz hydrogène et de gaz oxigène dépend uniquement de la tempé- râture lorsque cette inflammation est produite par la chaleur. Car si l’on fait passer très-lentement ce mélange par un tube chauffé très-graduellement depuis son extrémité jusqu’à son cen- tre, sans qu'on s'oppose ala dilatation libredes gaz, l'inflammation aura lieu aussitôt que la température sera assez élevée. Cela posé comme un fait, que l'inflammation des gaz oxigène ethydro- gène n'a lieu qu'à une certaine température , voyons ce qui se passe dans leur inflammation par l'étincelle électrique. Lorsque celle-ci traverse un mélange d’oxigène et d'hydrogène, elle le déplace par son passage rapide, qui ne permet pas aux molé- cules gazeuses de se communiquer le mouvement aussi vite qu'elles l’ont reçu ; il en résulte une compression instantanée trés-forte, qui produit une élévation de température supérieure à celle nécessaire à la combinaison des gaz, et dès-lors l'inflam- mation étant commencée, elle doit se propager bien vîte. D'après cette manière de concevoir les effets de l’électricité, nous avions pensé que lorsqu'une foible étincelle ne produit qu'une combustion incomplète dans un mélange de gaz hydro- gène et de gaz oxigène, une étincelle plus forte produiroit une. combustion plus avancée ; mais soit que nous n’ayons pas em- ployé une électricité assez vive, soit que nous n’ayons pas assez multiplié nos expériences, nous n’avons pas obtenu de diffé- rences sensibles en employant l’étinceile d’un électrophore de 3 décimètres de diamètre ou le choc d’une bouteille de Leyde très- chargée ; mais la construction de notre eudiomètre ne nous a pas permis d'y tirer de très-vives étincelles, et nous attendrons, pour prononcer sur l'influence de la force de l'électricité dans $ 2 140. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, l'inflammation de l'hydrogène et de l’oxigène, que nous ayons fait de nouvelles recherches. Dans l'expérience que nous ayons rapportée sur l'inflamma- tion d'un mélange de 900 parties d'azote, 100 d'oxigène et 100 d'hydrogène, l’absorption n'a pas été aussi forte qu’elle auroit dû l'être, et nous avons prouvé que le résidu devoit contenir ce qui avoit échappé à Ja combustion, c'est-à-dire, qu'il devoit être composé , sur 100 parties, de 6 d'hydrogène, de 8 d’oxi- gène et 86 d’azote. Donc , puisque la combustion a été inter- rompue lorsque ces proportions ont eu lieu, on peut conclure qu'une nouvelle étincelle électrique ne pourroit plus enflimmer ce mélange. Donc, dans l’atmosphère , où il y a beaucoup moins de 6 centièmes d'hydrogène, l'étincelle électrique ne pourra pas l'enflammer, ou si elle le fait dans l’endroit de son passage, à cause de sa grande force , l’inflammation ne pourra pas se pro- pager, et elle sera pour ainsi dire particulière aux endroits que traverse l'étincelle. Donc, enfin, on ne peut pas expliquer par l'inflammation du gaz hydrogène, par la foudre , et à plus forte raison par des charges plus foibles d'électricité, les phénomènes météoriques ignés; ou si ces phénomènes sont effectivement le résultat de l'inflammation du gaz hydrogène , il faudroit con- clure qu'il devroit s’en trouver plus de 6 centièmes dans l'air au moment où ils sont produits; ce qui est contre toute vrai- semblante, surtout quand on se rappelle que de l’air pris à une trés-grande hauteur n’a pas présenté d'hydrogène appréciable en le comparant à l'air atmosphérique pris à la surface de la terre. Mais si à chaque fois que l'on tire une étincelle électrique dans un mélange d'hydrogène et d'oxigèné, ou d'azote, d'hy- drogène et d'oxigène, qui ne peut pas s’enflammer, il y a effec- tivement une chaleur locale et instantanée due à la compression exercée par l’étincelle dans son passage, il seroit possible qu’en tirant une suite d'étincelles dans un des mélanges dont nous venons de parler , il y eût à chaque choc une petite inflamma- tion locale sur le passage de l'étincelle, et qu'ainsi il Füt possible de détruire une quantité déterminée d'hydrogène noyée dans beaucoup d’azote et d’oxigène, ou dans de l’oxigène seulement. Ce qui pourroit confirmer ce soupçon , c'est quil est connu que l'éther et l'ammoniaque qui sont décomposés par la chaleur, lorsqu'on les fait passer en vapeurs à travers un tube rouge, le sont également par des chocs électriques réitérés. Il seroit aussi très-intéressant de sayoir si on pourroit enflammer par l'étin- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 141 celle électrique un mélange convenable d’oxigène et d'hydrogène après l'avoir dilaté par le moyen de la machine pneumatique. Si en effet son inflammation par l'étincelle électrique dépend de la chaleur que celle-ci produit par la compression , il seroit natu- rel de penser que lorsque les gaz sont dilatés , la compression par l'étincelle étant moins forte, la chaleur qui lui est due doit être anssi beaucoup plus foible, et qu'il peut y avoir un degré de dila- tion des gaz tel que l'inflammation ne puisse pas avoir lieu. Nous n'avons pas encore eu le temps de tenter ces diverses expé- riences ; mais nous n'abandonnons point le projet de nous y livrer , et nous espérons méme pouvoir le faire bientôt. Pour résumer, il est des proportions telles d'hydrogène et d'oxigène , ou de ces deux gaz avec l'azote, que la combustion peut être complète. Il en est d’autres avec lesquelles elle s’arrète d'elle-même avant d'être achevée ; d'autres enfin avec lesquelles elle ne peut avoir lieu du tout Le gaz hydrogène qui échappe à la combustion , se retrouve en entier dans le résidu. Quand on ne peut produire par l’étincelle électrique une inflammation complète du gaz hydrogène, ou même la commencer, il suffit d'augmenter les proportions d’oxigène ou d'hydrogène. Les phé- nomènes météoriques ignés ne peuvent étre le résultat de l’in- flammation du gaz hydrogène, parceque dans les régions où l’on suppose que se passent les principaux, tels que les averses abondantes et subites qui ont lieu quelquefois après un coup de tonnerre, il faudroit qu'il s'y trouvât alors plus de 6 centièmes d'hydrogène, sans quoi l'inflammation ne pourroit pas avoir lieu , encore n’y auroit-il que l'excédant de cette proportion qui püt s’enflammer. On peut expliquer les cas où la combustion n’a pas été com- plète d’après les lois des affinités, en disant que lorsqu'un des az devient très-prédominant , il peut défendre l’autre par son affinité et le soustraire en partie à la combustion. Quoique cette affinité puisse être très-foible, on conçoit avec M. Ber- ihollet comment la quantité du gaz peut y suppléer , et s’il y a une propriété particulière dans les divers gaz pour arrêter plutôt ou plus tard la combustion, on l’expliqueroit par leur nature dif- férente. Mais en raisonnant dans le cas où l'hydrogène se trouve mélé avec l’oxigène seulement, et en faisant dépendre de l’af- finité les phénomènes de sa combustion avec diverses propor- tions d'oxigène , comment expliquer le passage subit d'une absorption constante à une absorption décroissante, quand on 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE convient que si l'hydrogène peut être soustrait à la combinaison par l’oxigène, l'effet de ce dernier doit suivre une loi régulière ? Comment concevoir que ces deux gaz, après s'être trouvés dans des circonstances favorables à leur combinaison, puissent par leur affinité se maintenir à l’état élastique , quand ils pourroient former une combinaison beaucoup plus dense, l’eau ? Comment concevoir enfin qu'une affinité qui produitunecondensation etune saturation très-grandes, puisse être inférieure à une affinité qui ne produit aucun changement dans les dimensions des deux gaz, aucune saturation ? L'hydrogène et l’oxigène, dans quelque état qu'ils soient, ont le même degré d'affinité, puisque cette :ffi- nité se mesure par leur capacité de saturation ; seulement l'état où ils se trouvent peut être plus ou moins favorable à leur com- binaison. Or dire que l'hydrogène et l’oxigène ont une plus grande aflinité à l'état de gaz qu'à l’état liquide, c’est dire que leurs molécules s’attirent plus lorsqu'elles sont très-éloignées que lorsqu'elles sont très-proches. Ces objections contre une explication fondée uniquement sur les affinités nous ayant paru de quelque poids, nous avons essayé d’en présenter une autre qui , suivant nous, ne füt pas sujette aux mêmes difficultés. Tous les corps combustibles exigent en général une certaine élévation de température pour se combiner avec l’ogixène. Le- charbon par exemple ne se convertit en acide carbonique que lorsqu'il est rouge, etce même corps qui à une haute tempé- rature peut continuer à brüler quand il est frappé par un cou- rant de vapeur aqueuse, s'éteint aussitôt qu’on le plonge dans l'eau. Ce principe, que les corps exigent en général une certaine élévation de température pour brûler, étant une fois admis , sup- posonsque l’on aitun corps qui brüle dansun volume donné d'air atmosphérique, et que la température nécessaire à la combus- tion soit maintenue uniquement par la chaleur due à l’absorp- tion de l'oxigène ; admettons encore qu’au commencement de la combustion la chaleur due à la fixation de l’oxigène contenu dañs un centimètre cube d'air soit égale à 1 , et que la chaleur perdue pendant cette fixation, soit en calorique rayonnant, soil par l'absorption qu'en fait le gaz azote, ou d'autres corps, égale, en négligeant ici la loi suivant laquelle elle décroit, D'après cela on conçoit que dans les premiers momens de la combustion, la température du corps devra s'élever ; mais à mesure que la quantité d’oxigène diminuera, et que celle de l'azote augmentera proportionnellement, la chaleur communi- quée diminuera aussi, Il arrivera donc un point où la chaleur ETDHISTOIRE NATURELLE. 143 perdue sera égale à la chaleur communiquée, et au-dessous duquel la température étant trop basse, la combustion devra cesser : ce qui prouve bien que ce n’est que parceque la tempé- rature est trop basse que la combustion s’arrète, c’est que si . l'on maintient artificiellement la température assez élevée, le corps continuera à brüler. Maintenant cette explication subsistera toujours quand au lieu d'azote, ce sera le gaz sulfureux, le gaz hydrogène, le gaz acide carbonique, ou tout autre gaz qui se trouvera mélé avec l'oxigène ; seulement la combustion pourra cesser plutôt ou plus tard qu'avec le gaz azote. On conçoit en effet que si le gaz sul- fureux ou le gaz acide carbonique avoient une capacité de calo- rique beaucoup plus grande que celle de l'azote, en les sup- posant mélés avec l'oxigène dans les mêmes proportions que lui, la perte de la chaleur seroit béaucoup plus grande, et parcon- séquent là cessation de la combustion devroit avoir lieu plutôt. Mais si les gaz avoient des capacités égales pour le calorique, ils devroient tous arrètér la combustion à la même époque , comme nous avons vu que l’on fait a-peu-près l'oxigène et l'azote avec l'hydrogène, et par là se résoudroit peut-étre la question im- portante siles gaz ont des capacités égales ou différentes, D'après cela nn corps combustible, du soufre par exemple, cesseroit de brüler dans un volume déterminé d’air, non parceque l'affinité pour l'oxigène qu'ont l'azote ou les gaz pro- duits seroit plus forte que celle du corps combustible ; mais parceque la chaleur absorbée par ces gaz qui tendent à se met- tre en équilibre de température avec le corps qui brûle, séroit plus grande que la chaleur due à la fixation de l'oxigène , d’où il résulteroit que la température seroit bientôt ramenée au-dessous de celle nécessaire à la combustion. On sait en effet que le soufre peut continuer à brûler dans un air où il s’étoit éteint, si on élève suffisamment la température. Ce qui a lieu dans la combustion instantanée de Phydro- gène. dans l'eudiomëtre de Volta, est absolument analogue a ce qui passe dans sa combustion successive, dans un volume donné d’air, ou dans celle de tout autre corps. Si l'on place une lampe à gaz hydrogène sous une cloche rémplie de gaz oxigène , la flamme sera petite , vive et légérement colorée. Qu'on remplace l’oxigène par l'air atmosphérique, la flanime sera plus étendue, moins vive et plus colorée. A mesure surtout que la proportion d'oxigène ira en diminuant , la flamme prendra 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE un nouvel accroissement, parceque l'hydrogène sera obligé d'aller chercher plus loin l’oxigène , et la flamme après s'être colorée en verd-bleuâtre très-léger, s'éteindra bientôt quoiqu'il reste dans l’air plusieurs centièmes d’oxigène. Les phénomènes ne sont pas différens dans l’eudiomètre de Volta. Quand les proportions d'oxigène et d'hydrogène ne s’écartent pas beau- coup de celles qui constituent l'eau, la flamme est encore très- vive malgré sa dilatation ; mais sion méle par exemple 1000 d’oxi- gène avec 100 d'hydrogène, alors la flamme est foible, colorée en verd-bleuâtre , et la combustion de l'hydrogène n'est pas à beaucoup près complète , puisqu'on en trouve encore près des deux tiers dans le résidu. Ce qui prouve encore que c’est parceque la température n'étoit pas assez élevée, que la com- bustion n'a pas été complète, c'est que si on fait passer le ré- sidu, comme nous l'avons fait, à travers un tube de porcelaine rouge, l’on verra que tout l'hydrogène sera absorbé. Nous observerons que dans la combinaison des gaz hydro- gène et oxigène , il se présente un phénomène bien singulier qui a fixé depuis long-temps l’attention de M. Monge. Comment se fait-il, dit ce célèbre physicien , ‘qu’en élevant la température des deux gaz, c’est-à-dire qu’en augmentant la dose du dissolvant, on diminue l’adhérence qu'il avoit pour ses bases ? Bien éloignés de croire que dans l’état actuel de nos connoissances on puisse en donner une explication satisfai- sante, nous le rappelons au contraire à l'attention des physi- ciens. En effet, d'après l'idée qu’on peut se formér de la force qui produit les combinaisons et de celles qui lui sont opposées, l'état élastique annonce que la force de cohésion est détruite , et que deux corps dans cet état sont dans la condition la plus favorable à la combinaison; ensorte que maintenant que la force attractive de leurs molécules a été changée en une force répulsive , toute cause qui favorisera la dernière , sera opposée à la première: Il arrive cependant qu'en élevant la température des deux gaz, c'est-à-dire qu'en augmentant leur force répul- sive, on favorise leur force attractive. On ne peut pas croire que la chaleur ne fait qu'écarter leurs molécules: car dans ce cas pourquoi un mélange de gaz hydrogène et de gaz oxigène ne s'enflammeroit-il pas sous le récipient d’une machine pneuma- matique , où on peut le dilater indéfiniment ?:On ne peut pas croire ençore que la chaleur en agissant instantanément ; puisse produire une compression qui favorise la combinaison des deux ga% PT te r ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 gaz en rapprochant leurs molécules ; car il est facile de s’assu- rer qu'un mélange de gaz oxigène et de gaz hydrogène , qu’on chauffera très-graduellement , sans s'opposer à sa dilatation, s'enflammera cependant lorsque la température sera assez élevée. Maintenant que nous avons prouvé que dans des circons- tances déterminées , la combustion de l'hydrogène et de l’oxi- gène peut étre complète , nous allons examiner si les produits en sont constans. D'après toutes les expériences qu'on a faites sur la compo- sition de l’eau, on a regardé généralement le résultat comme uniforme. On a cependant obtenu quelquefois une très-petite quantité d'acide nitrique; mais on a reconnu que cet acide m'étoit point un produit constant de la combustion de l’hy- drogène, et qu’il lui étoit au contraire très-accidentel, Cavendish qui le premier a apperçu cette formation de l'acide nitrique, et MM. Fourcroy, Seguin et Vauquelin, nous ont appris com- ment on pouvoit l’éviter et obtenir une eau qui ne fût pas acide. Il est vrai qu'il n’est point démontré que l’on n'ait formé des eaux oxigénées ou hydrogénées, parceque dans toutes les expériences exactes qu'on a faites, on a toujours opéré la combustion du gaz hydrogène de la même manière, et il seroit tout au plus prouvé que celles qu’on a obtenues sont cons- tantes dans les mêmes circonstances. Si l'on comparoit la combustion du gaz hydrogène à celle du gaz nitreux, dont les produits sont si variables, on seroit encore plus fondé à pencer, que puisque l'oxigène a toujours dominé dans les expériences qu'on a faites , il peut s'être formé une eau oxigénée; tandis que si l'hydrogène eût dominé, il se seroit formé une eau hydrogénée. Admettons donc quil puisse se former une eau oxigénée; par exemple , si on l'obtient dans toutes les circonstances et qu'elle soit constante, cela sera indifférent pour la proportion de ses principes, qui doit servir à l'analyse de l'air ; mais si elle n’est ainsi que parceque l'oxigène a dominé , il est bien mani- feste que l’on n’obtiendra plus les mêmes proportions en faisant dominer alternativement l’un ou l'autre gaz. Or nous avons fait un grand nombre d'expériences qui prouvent qu'en les mettant réciproquement en excès , on obtient constam- mentles mêmes proportions ; le résultat de la combustion du gaz hydrogène est donc de nature uniforme. Les phéno Tome LX. PLUVIOSE an 15. Œ 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mènes galvaniques de la décomposition de l’eau, paroïssent prouver cependant que l’eau est suscepüble de s’oxigéner on de s’hydrogéner ; et c’est d’après cette supposition que MM. La- place et Berthollet ont expliqué l'expérience singulière de Ja décomposition de l’eau par deux fils métalliques, qui plongent d’un côté dans ce liquide ,et qui communiquent de l'autre aux deux pôles d'une pile galvanique. Mais sans vouloir rien oppo- ser à cette explication qui nous paroît la plus satisfaisante qu on ait proposée jusqu'à présent, nous observerons que l'absorp- tion complète de l'hydrogène à un des fils, et de l’oxigène à l'autre, prouve que l'eau ne devient point oxigénée ou hydro- génée, parceque pour le devenir il faudroit qu’elle absorbät l'un des gaz dans une proportion plus grande que celle de la com- position de l'eau. Si done elle absorbe de l'oxigène et de l'hy- drogène dans des proportions exactes pour former de l’eau, on doit concevoir que les propriétés de l’un des gaz seront neu- tralisées par celles de l’autre. Ainsi dans les circonstances dont il s’agit, l'eau pourroit s'oxigéner instantanément à l'un des fils , et s'hydrogéner à l’autre; mais les deux gaz se trouvant privés d’élasticité et dans des proportions exactes, doivent bientôt rentrer en combinaison. S'il est bien prouvé que dans des circonstances données, l'hydrogène ou l’oxigène peuvent être absorbés complètement ; et s’il l’est également , que le produit de leur combinaison est constant, il ne s’agit plus maintenant pour résoudre la troisième question que nous nous sommes proposée , que de déterminer les proportions de l’oxigène et de l'hydrogène qui constituent l'eau. C'est vers cette détermination que sont dirigées les expé- riences suivantes. À 100 parties de gaz oxigène nous avons ajouté 500 parties de gaz hydrogène , et après les avoir enfl:mmées par l'étincelle électrique . nous avons obtenu dans douze ex] ériences les ré- sidus suivans : 1003 101,0 102.0 101.4 1077 102,9 100.5 102,0 10160 101.0 101.9 101.5 dont le terme moyenest de... .... 301.3 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 14: Ainsi 100 d’oxigène supposé très-pur, auroient exigé 09.7 d'hydrogène: mais en mettant notre gaz oxigène avec du sul- fure, nous avons trouvé qu'il avoit été tout absorbé à 0.004 près; il suit donc de là que 99.6 d'oxigène ont absorbé 199.1 d'hydrogène , ou que 100 en ont absorbé 199.89, ou enfin, en nombres ronds, que 100 d'oxigène demandent pour se saturer 200 d'hydrogène. Dans les expériences précédentes c’est l’oxigène qui a dis- paru. Faisons maintenant l'inverse en enflammant un mélange de 200 parties de chaque gaz; les résidus de diverses inflam- mations seront les suivans : 101.5 102.0 101. 101.3 102.0 ; 102.3 102.2 101.0 102.0 102.0 101.0 102.0 T'erme moyen.. . . . 101.7 Absorption moy. . .. 298.3 200 parties d'hydrogène supposé pur en exigeroient donc 08.3 d'oxigène, tandis que d'après la proportion que nous venons d'établir , il leur en faudroit 100. Mais si nous admet- tons que cette même proportion soit exacte, dans les 298.3 d’absorption , il ne se trouveroit que 198.8 d'hydrogène, ce qui indiqueroit 0.006 d'azote dans ce gaz. En supposant même que l'hydrogène fût parfaitement pur, les deux proportions obtenues en faisant dominer l’oxigène ou l'hy- drogène, s'accordent assez entr’elles pour confirmer tout ce que nous avons dit dans le courant de ce Mémoire : pour les rendre identiques il suffit d'admettre 0,006 millièmes d'azote dans l'hydrogène, et en effet nous pouvons y démontrer sa pré- sence. Nous venons de voir par les expériences précédentes que 200 d'hydrogène, sans faire aucune correction , ont absorbé 98.5 d’oxigène. Prenons donc les résidus 101.0 et 101.5 pro- venant de la combustion de 100 d’oxigène et de 300 d’hydro- gène, et faisons-les détoner avec 200 de gaz oxigène. Dans ces deux résidus il doit se trouver 0,008 d'azote dus aux 200 parties le gaz oxigène, et si le reste 201.7 étoit de l’hy- drogène pur, il devroit absorber 99.1 d'oxigène, et parconsé- ie 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quent il auroit dù disparoître par l’inflammation 300.8 parties ; mais il n'en a disparu que 295.0 : il faut donc que le résidu 201.7 ne fût pas de l'hydrogène pur, et que d’après la pro- portion de 100 d’oxigène à 200 d'hydrogène, il centint 5.0 d'azote provenant de Goo d'hydrogène , c'est-à-dire que ce dernier gaz contiendroit 0,008 d'azote. Ainsi il nous paroît prouvé que 100 parties en volume de gaz oxigène , exigent à très-peu-près 200 parties de gaz hydro- gène pour se saturer. D'après l'expérience de MM. Fourcroy, Vauquelin et Séguin, 100 parties du premier en demanderoient 205 du second; mais nous remarquons qu’en adoptant l’une où l’autre proportion , on peut se tromper tout au plus de 0,0035 sur la quantité absolue de l’oxigène de l'air, et que lorsqu'il s'agit de quantités relatives, l'erreur est beaucoup plus petite. Nous nous sommes assurés que la proportion ne varie pas par les changemens de température. Il est évident qu'il devoit en être ainsi, puisque la chaleur dilatant également les deux gaz, et leur faisant dissoudre d'égales quantités d’eau, les poids réels d'oxigène et d'hydrogène contenus dans des volumes égaux, conservent toujours entreux le même rapport. Il seroit donc plus exact de dire , en supposant que notre proportion par les volumes soit bien établie , que 100 parties d’oxigène en ARTE dent 200 d'hydrogène , que d’énoncer les proportions de l’eau par les poids. Si l’oxigène et l'hydrogène qu'on a fait servir à la composition de l'eau eussent été parfaitement secs, ou si on eût fait la correction due à l'humidité qu’ils pouvoient contenir, il seroit indifférent d’énoncer le rapport de ses principes d'après les volumes ou d'après les poids ; mais puisque l’fydrogène se combine avec l’oxigène en volume double de ce dernier, et qu'ils dissolvent l'un et l’autre la méme proportion d’eau; il est évident qu'ils ne portent pas dans la combinaison des quantités d'eau qui soient entr'elles dans le même rapport que les quantités pondérales d’oxigène et d'hydrogène , et que parconséquent la proportion des principes de l’eau doit en être altérée. Ainsi le rapport d'après les volumes, a la propriété de rester constant malgré les changemens de température et d’hu- midité, tandis que celui d’après les poids est variable dans les mêmes circonstances. Et qu'on ne croie pas que cette considé ration soit d'un si foible intérêt : caril est bien facile de faire voir qu’elle influe considérablement sur le rapport des principes de l'eau. D’après l'expérience de MM. Fourcroy, Vauquelin et T ET D'HISTOIRE NATURELLE, 149 Séguin, la plus exacte qu’on ait faite jusqu’à ce jour sur cet objet, l'eau contient en poids 85.662 d'oxigène, et 14.338 d'hydrc- gène. Mais l'expérience ayant été faite à la température de 14° environ ,et la correction due à l’eau tenue en dissolution par les gaz n'ayant pas été faite, il en résulte qu'en adoptant leur pesanteur spécifique du gaz oxigène et du gaz hydrogène, ainsi que le rapport de leurs volumes dans leur combinaison, et en admettant de plus avec Saussure qu’un pied cube d'air à la température de 14° , contient à très-peu-près 10 grains d’eau en dissolution , le rapport pondéral de l’oxigène à l'hydrogène, au lieu d'être de 85,662 à 14,358, seroit de 87,41 à 12,59 ; diffé- rence bien remarquable et qui doit avoir surtout une grande influence dans les analyses où il s’agit de déterminer le poids réel de l'hydrogène. La méme considération s'applique aussi à la pesanteur spécifique des gaz, et principalement à celle de l'hydrogène dont environ la sixième partie est due à l’eau qu'il tient en dissolution , lorsque la température , comme nous le supposons ici, est de 14° du thermomètre de Réaumur. Nous ne doutons donc pas que si on avoit du gaz hydrogène par- faitement sec et privé du gaz azote qui paroït l'accompagner très-souvent , on ne trouvât sa légéreté spécifique 15 foisau moins plus forte que celle de l’air atmosphérique. Il nous reste encore pour répondre à la dernière question que nous nous sommes proposée, à faire voir quelles sont les Jimites d'erreur de l’eudiomètre de Volta, et ensuite quelles sont les plus petites quantités d’oxigène ou d’hydrogène, qu’on peut évaluer par son moyen. Les effets qu'on obtient avec cet instrument étant instan- tanés , sont indépendans du thermomètre et du baromètre. Sous ce rapport il a l’avantage très-marqué sur le phosphore et les sulfures alkalins, de donner des résultats très-comparables ; mais ce n'est pas le seul, il a encore celui des moyens eudio- métriques qui donnent des multiples de la quantité à évaluer. Comme dans cet instrument chaque centième d'oxigène est représenté par une absorption trois fois plus forte, l'erreur qu'on peut commettre ne porte que pour un tiers sur ce gaz, et maintenant surtout que nous avons des instrumens très-exacts qui divisent la mesure en trois cents parties, on voit Es nous trompant même d’une division, l'exactitude 1e a quantité d’oxigène, peut étre portée à près d’un mil- ième de la quantité d'air analysé. i 150 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE, Si donc les résultats de la combustion du gaz hydrogène sont si comparables et compris dans des limites d’erreur si rapprochées, il'est évident que l’on peut non-seulement trouver les légères différences qu'il y a entre deux airs atmosphériques; mais encore déterminer moins de trois millièmes d'oxigèné qui se trouveroient perdus dans de l’azote ou du gaz hydro- gène : mais dans ce cas, pour que l'inflammation püt avoir lieu , il faudroit ajouter une quantité donnée d'oxigène , dont on auroit déterminé l'absorption avec le gaz hydrogène par des expériences préliminaires, et alors l’excédant de la pre- mière absorption sur la deuxième seroit attribué pour un tiers au gaz oxigène contenu dans l'air qu'on analyse. Réciproquement , pour déterminer si un hydrogène est plus pur que tel autre , ou s'il s'en trouve de très-petites quan- tités dans un gaz ou dans l’air atmosphérique, il faudroit pour le premier cas mêler 100 parties de gaz hydrogène avec 100 d’oxi- gène; les quantités d'hydrogène réel seroïent en raison directe des absorptions. Mais si la proportion d'hydrogène étoit très- petite, comme d’un demi-centième, il faudroit pour déterminer sa combustion, ajouter 100 parties de ce gaz à 200 de l'ait qu'on veut analyser, et faire détoner le mélange avec une pro; portion suffisante jd'oxigène. Par ce moyen, et avec l’habitude que nous avons acquise maintenant, nous avons pu retrouver irois millièmes de gaz hydrogène que nous avions mélés avec de l'air atmosphérique. On pourroit objecter contre l'eudiomètre de Volta que le gaz hydrogène n'étant pas toujours identique, on peut être induit dans des erreurs difficiles à évaluer. Nous observerons d’abord qu'il est indifférent qu'il contienne de l’azote; mais s’il conte- noit de l’oxigène , sa quantité se confondant avec celle qu'on veut évaluer altéreroit les résultats. Pour éviter cet inconvé- nient , on peut commencer par faire détoner séparément 5oo parties d'hydrogène avec 100 d'oxigène; par ce moyen son oxigène sera détruit, et on pourra dès-lors l'employer à l'analyse de l'air. Avec cette précaution on pourra se servir d’un gaz fait aussi inexactement qu'il soit possible. Il suffit qu'il soit retiré de l’eau par le moyen du zinc et de l'acide sulfurique, ou, de l'acide muriatique ; car on sait que si on se sert d’un autre métal tel que le . il n’est plus identique. D'après toutes les expériences que nous avons rapportées, ET D'HISTOIRE NATURELLE: 1x nous pouvions bien conclure que l'eudiomètre de Volta devoit accuser tout l'oxigène contenu dans l'air atmosphérique; mais nous avons voulu nous en assurer directement. Nous avons analysé un air composé de 20 d'oxigène très-pur, et de 80 d'azote retiré de la décomposition de l'ammoniaque par l'acide mu- riatique oxigéné , en prenant toutes les précautions possibles pour qu'il ne füt pas mêlé d'air atmosphérique. 200 parties de cet air enflammées avec 200 de gaz hydrogène , ont donné cinq absorptions, ne différant de la plus petite à la plus grande que de 5 millièmes , et dont la moyenne a été de 124,9. Ces 124,9 parties indiquent 41,6 d'oxigène, dont la moitié 20.8 correspond à 100 de notre air factice. Nous trou- vons donc 0,008 d oxigène de plus que nous n'en avions mis; ce qui sembleroit indiquer que le rapport de 100 d'oxigène à 200 d'hydrogène est un peu trop grand ; mais nous obser- verons que notre azote quoique fait avec soin, luisoit encore avec le phosphore, et que pour expliquer notre résultat, il suffit de supposer que l'azote contient un centième d'oxigène, ce qui est assez probable si on fait attention que l'acide mu- riatique oxigéné se décompose très-promptement à la lu- mière. On voit par ce que nous venons de dire que les résultats que donne l'eudiomètre de Volta sont très-comparables, et que la limite de leurs différences peut-être réduite pour l'oxi- gène à près d'un millième de l'air analysé. On voit encore que par son moyen on peut évaluer de très - petites diffé- rences entre deux airs ou de très - petites quantités d'hy- drogène mélées dans l'air atmosphérique. Indépendamment de la propriété qu'a cet instrument d'accuser toute la quantité d'oxigène contenue dans un air, il est le seul avec lequel on puisse évaluer la proportion d'hydrogène d'un mélange ga- zeux, et sous ce rapport, il auroit encore pu fixer l'attention et engager à étudier sa manière d'agir. Ainsi l'illustre physicien Volta qui a enrichi la physique des plus belles découvertes, auroit encore la gloire d'avoir donné à la chimie l’instrument le plus exact et le plus pré- cieux pour ses analyses. 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse de l'air atmosphérique par leudiomètre de Volta. A présent que nous avons prouvé que l'eudiomètre de Volta donne des résultats très-comparables, qu'il peut ac- cuser toute la quantité d'oxigène contenue dans l'air ,et qu'il a sur les autres mo ens eudiométriques où la substance ab- sorbante est solide ou liquide, l'avantage de donner des multiples de la quantité d'oxigène à évaluer , nous allons en faire l'application à l'analyse de l'air. Si la proportion de 100 d'oxigène à 200 d'hydrogène que nous avons éta- blie, est rigoureuse , nous obtiendrons exactement le rap- port de l'oxigène à l'azote ; mais en supposant même que la quantité d'hydrogène füt trop grande ou trop petite de cinq unités, l'erreur n'iroit pas à plus de 3 millièmes de l'air ana- lysé, et nous aurions encore l'avantage d'avoir une plus grande précision qu'avec les autres moyens eudiométriques connus. L'air atmosphérique que nous avons analysé a été pris sur le milieu de la Seine par des temps froids , tempérés et plu- vieux, et par des vents différens. Pour mettreune plus grande parité dans lés circonstances et mieux apprécier des diffé- rences dans la nature de l'air s’il devoit s'en trouver, nous avons analysé le même jour les diverses portions d'air que nous avions recueillies à des temps différens, et que nous avions conservées dans des vases de verre bien fermés et ren- versés sur l’eau. Pour abréger , nous avons rassemblé dans le tableau qui est à la fin de ce Mémoire , les absorptions pro- venant de l'inflammation de 200 d'air et 200 de gaz hydro- gène , et nous avons en même temps indiqué les quantités d'oxigène correspondantes. On y voit que toutes nos expériences prouventd'abord qu'il n'ya pas de variations de plus d’un millième dans la quan- tité d'oxigène de l'air, quoique celui que nous avons analysé ayant été recueilli par des vents différens, provint de pays très-éloignés ; et en second lieu, quele rapport en volume de l'oxigène aux autres gaz qui se trouvent dans l'air, est de >1 à 79. Le premier résultat que l'air ne varie pas dans sa composition, est rigoureusement exact , parcequ il est indé- pendant ! - ET D'HISTOIRE NATURELLE. - T3 pendant de la proportion du gaz hydrogène et du gaz oxi- gène qui constitue | eau ; mais le deuxième résultat que l'air atmosphérique contient 21 centièmes d'oxigène, doit aussi s'écarter très-peu de la réalité, parcequ'en supposant que la quantité d'hydrogène nécessaire pour saturer 100 parties be Füt de 5 parties plus grande ou plus petite que celle que nous avons assignée ( et nous avons lieu de croire qu'elle est exacte à beaucoup moins ), l'erreur sur la propor- tion d'oxigène que nous avons trouvée dans l'air, n’iroitpas, comme nous l'avons déjà observé, à plus de 3 millièmes de l'air analysé. Mais beaucoup de phénomènes météoriques pouvant être rapportés à des inflammations de gaz hydrogène , on a cher- ché à les expliquer en admettant l'existence de ce gaz dans l'atmosphère. Nous avons donc cru très-intéressant de re- chercher si effectivement l'air contenoit du gaz hydrogène ; et pour le découvrir plus aisément , nous avons fait un mé- lange gazeux, dans lequel nous étions sûrs qu'il n'y en avoit point ,et nous avons analysé les deux airs comparativement. Nous avons donc fait un mélange de 20 parties d'oxigène, et de 80 parties d'azote, retiré de l’ammoniaque par le moyen de l'acide muriatique oxigéné , et nous avons fait détoner 300 parties de chacun des deux airs , avec 100 d'hydrogène; mais le résultat de six expériences faites avec l'air atmosphé- rique , a été exactement le méme que celui de six autres faites avec l'air factice. Et comme nous ayons fait voir que nous pouvions apprécier moins de 3 millièmes d'hydrogène, il faut conclure que l'atmosphère ne contient pas de ce gaz, ou que si elle en contient, sa quantité ne peut aller à 3 mil- lièmes. On ne peut cependant douter qu'il n’y ait un peu d'hydrogène dans l'air; il s'en dégage tous les jours des ma- rais : mais la quantité peut en être assez petite, ( comme d'un millième) pour échapper à tous nos moyens. La proportion d'acide carbonique qui s’y trouve, devroit être beaucoup plus forte si l’on considère l'abondance des sources qui le fournis- sent , etcependant s'il ne fermoit des combinaisons insolubles avec la chaux ou la baryte , on seroit peut-être encore à savoir par la détermination de son volume s il s’en trouve dans l'air. L'acide carbonique, il est vrai, ne peut pas s'accumuler dans l'atmosphère, parceque la végétation le décompose : mais estil po qu il n’y ait pas de causes qui rendent l'hydrogène à a terre , et l'empéchent par là de s'accumuler dans l'air. Tome LX, NIVOSE an 13. A4 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pour tirer une conclusion des expériences précédentes, nous dirons, 1°. que l'atmosphère ne varie pas générale- ment dans sa composition; 2°. que la quantité d'oxigène qu'elle contient est de 21 centièmes ; 3°. Enfin qu'elle ne contient pas d'hydrogène que nous puissions apprécier. Cette identité de composition dans laquelle se maintien- nent constamment les principes de l'atmosphère, et cette absence de l'hydrogène qui suit de nos expériences , doivent rassurer le géomètre sur la théorie des réfractions. La force réfractive des différens gaz étant différente , et celle de l'hy- drogène étant plus forte que celle de l'oxigène et de l’azote, la théorie des réfractions qui ne se fonde que sur les varia- tions du baromètre et du thermomètre , seroit très-impar- faite si l'atmosphère changeoit dans ses principes constituans; mais heureusement il est facile de prouver que ces change- mens n'ont pas lieu d’une manière sensible, et que le gaz hydrogène dont la force réfractive est très-puissante, ne s'y trouve pas au-delà de 0,003, du moins jusques aux plus grandes hauteurs auxquelles on soit parvenu. Le géomètre n'aura donc à considérer dans la Théorie des Réfractions , que le baromètre, le thermomètre et l'hygromètre. Un peu de réflexion suffit en effet pour nous convaincre que FO PAÈRE ne doit pas varier sensiblement dans l’es- pace de quelques années, et à plus forte raison de quelques jours, à moins qu’on ne veuille parler de quelques variations locales très-particulières. Car si elle varioit ainsi en si peu de temps, par quel prodige le feroit-elle et reviendroit-elle su- bitement à son premier état ? Comment concevoir une cause assez puissante pour changer d'un jour à l'autre la propor- tion d'oxigène d'un millième seulement, à moins que de sup- poser quil yait un pouvoir électrique ou magnétique, ou tout autre aussi imaginaire, qui puisse changer par des modi- fications inconnues, l’oxigène en azote , et réciproquement ? 11 est possible que l'atmosphère varie très-lentement soit dans la proportion de ses principes, soit dans son poids ; mais ces variations, pour étre si insensibles , ne doivent pas moins en fixer l'attention des physiciens. S'il est bien prouvé maintenant qu'en général l'atmosphère ne varie pas dans sa composition , il faut chercher la raison des différences qu’on a cru y appercevoir dans les circonstances lo- ET D'HISTOIRE NATURELLE 155 cales où on l’a analysée. Des volcans sur les hautes montagnes , des fermentations particulières , les eaux croupissantes d'un ma- rais ou d’un lac, pourroient peut-être altérer un peu la pureté de l'atmosphère qui les touche, soit en lui enlevant de l’oxi- gène, soit en laissant dégager dans son sein des fluides élasti- ques non-respirables ; mais combien cette diminution de la pro- portion d’oxigène ne doit-elle pas étre petite dans une si grande masse d'air continuellement agité, quand on considère que dans des lieux où est rassemblé un grand nombre d'individus, ou dans ceux où il semble qu'il y ait un foyer d'infection, l’air n'éprouve encore que de très-petites variations. Nous avons analysé deux portions d’air, dont l’une avoit été prise au milieu du parterre du Théâtre francais , un instant avant qu’on levât la toile pour jouer la deuxième pièce , trois heures et demie après la réunion d’un grand nombre de spectateurs, et dont l’autre avoit été prise trois minutes après la fin du spectacle, dans la partie la plus élevée de la salle. Ces deux portions ont à peine troublé l’eau de chaux ; l'air atmosphérique indiquant 0,210 d’oxigène, l'air du parterre en a indiqué seulement 0,202, et celui du haut de la salle 0,204. ANALYSE ANALYSE ANALYSE de l'air atmosphérique. | de l'air du parterre. | de l'air du haut de la salle. 200 air atmosphér. | 200 air. 200 air. 200 — hyd. 200 — hyd. 200 hyd. 126 — absorbé. 121,5 abs. 122,5 abs. 21 — oxigène. 20,2 OXIg. 20,4 Oxig. M. Séguin a aussi analysé l'air des salles d’hôpitaux, qu’il avoit fait tenir exactement fermées pendant 12 heures, et il l'a trouvé à-peu-près aussi pur que l'air atmosphérique, quoiqu'il eût une odeur infecte insupportable. Si donc, même dans les circonstances les plus favorables pour l'absorption de l’oxigène, l'air n'en perd pas un centième , on ne peut expliquer par là les anxiétés qu’on éprouve dans des lieux fermés et remplis d'individus, ou les maladies qui sont particulières aux lacs et aux marais , ou à certains pays. Dans quelques circonstances elles seront produites par des émanations qui échappent à tous nos moyens RÉPARER APR qui agis- 2 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sent d’une manière particulière sur notre corps. C'est ainsi qu'une bulle de gaz hydrogène sulfuré , de gaz muriatique oxi- géné , une émanation putride, une fleur même, peuvent par leur odeur remplir un espace immense , et étonner notre ima- gination par leur extrême subtilité, alors même.que nous som- mes prêts à succomber à leur action. Les miasmes pestilentiels peuvent étre aussi subtils sans en être moins mortels , et échap- per également à tous nos moyens d'analyse. Heureusement si nous ne pouvons pas saisir Ces êtres atomiques et en détermi- ner la nature, nous pouvons au moins, d'après les travaux de M. Guyton, qui ont été si bienfaisans pour l’humanité , détruire leur action. Mais dans d’autres circonstances , les maladies peu- vent être dues à l’humidité de l'air, à sa température, à son état électrique , ou en général à l'état de l'atmosphère relative- ment aux dispositions où on se trouve; et dans ces cas qui peuvent être très-fréquens, la maladie peut faire de grands rava- ges, sans qu'on puisse en arrèter les progrès ; il seroit donc illusoire d'attribuer tout à une cause , quand l’état de santé de l'homme dépend du concours de toutes les circonstances dans lesquelles il se trouve. Mais résumons maintenant les principaux faits contenus dans cette première partie de notre Mémoire, et rappelons quelques- unes des explications que nous avons présentées , si toutefois il nous est permis de les regarder comme l'expression de la vérité. La dissolution d’un sulfure alkalin , lorsqu'elle est faite à froid, n’absorbe point l'azote , et elle peut être employée avantageuse- ment à l'analyse de l’air : lorsqu'elle est faite à chaud elle l’ab- sorbe et indique dans l’air une plus grande diminution de.vo- lume que celle qui est due à l’absorption de l'oxigène. C’est à l'eau seule et non au sulfure qu'il faut attribuer cette pro- ‘priété. Il y a des proportions d’oxigène et d'hydrogène telles que la combustion produite par l'éuincelle électrique peut être com- plète ; il en est d’autres avec lesquelles la combustion s’arréte avant d'être achevée ; d’autres enfin avec lesquelles elle ne peut pas avoir lieu du tout. Ces derniers phénomènes paroïssent tenir à ce que la température nécessaire à la combustion n’est pas assez élevée , et non à l’affinité mutuelle des gaz ; car dans tous les cas où la combustion n’est pas complète, il suffit d'élever artificiellement la température pour qu’elle le devienne. Lorsque +30 ET D'HISTOIRE NATURELLE: 157 l'hydrogène et l’oxigène ne sont pas entièrement absorbés, on les retrouve dans les résidus , et on prouve qu'ils n’ont pas formé de nouvelles combinaisons. Quand on ne peut enflammer un mélange gazeux où se trouvent l’oxigène et l'hydrogène, il suffit d'augmenter la pro- portion de ces deux gaz. Les phénomènes météoriques ne peu- vent être le résultat de l'inflammation du gaz hydrogène, puisque mème dans un air qui ne seroit que d’oxigène pur, ilen faudroit plus de 6 centièmes pour que la combustiôn eùt lieu, et encore ne seroit elle que partielle. L’électricité paroît agir dans l'inflam- mation du gaz oxigèneet du gaz hydrogène par la chaleur due à la compression qu’elle exerce en traversant leur mélange. Ces deux gaz en se combinant forment de l’eau qui est de nature constante. Si les phénomènes galvaniques paroïssent prouver que Veau est susceptible de s'oxigéner et de s’hydrogéner, ils peu- vent s'expliquer également sans cette hypothèse. 100 parties en volume d’oxigène demandent pour se saturer, 200 parties d'hydrogène. Cette proportion est indépendante des changemens de température et d'humidité, tandis que celle conclue par les poids varie dans les mêmes circonstances ; parce- que les deux gaz ne portent pas dans la combinaison des quan- tités d’eau qui soient dans le même rapport que Îeurs quantités pondérales ; d’où il résulte que les proportions de l'eau qu'on a établies, doivent être modifiées. L’eudiomètre de Volta peut accuser toute la quantité d’oxigène contenue dans un volume déterminé d'air à un millième près de ce volume;et ses résul- tats! sont très-comparables. Dans l’état actuel de nos connois- sances, ilest le moyen eudiométrique le plus exact : non-seu- dement il peut accuser de très-petites quantités d’oxigène ou d'hydrogène , et faire connoître la pureté de ce dernier gaz; mais il a encore l’avantage de donner des multiples de la quan- tité à évaluer. Il a donc sous tous ces rapports, un avantage très-marqué sur les autres moyens eudiométriques. L’atmos- phère ne contient que 0,21 en volume d'oxigène, et elle ne varie pas dans sa composition. Elle ne contient pas d'hydro- gène, ou si elle en contient ,sa quantité ne peut aller à 0,003: 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De la nature de l'air retiré de l’eau, et de l'action de Peau sur les gaz purs et mélangés. Nous avons examiné jusqu'ici les moyens eudiométriques qui conduisent à l'analyse exacte de l’air atmosphérique. Nous nous bornerions sans doute à avoir énoncé les faits principaux auxquels le commencement de notre travail nous a conduits , si nous ne nous étions pas apperçus dans le cou- rant de ces expériences, et surtout dans celles sur les sul- fures, que l'eau et d'autres liquides exercent une action sur l'air, qui souvent peut devenir une cause d'erreur d'autant plus importante qu’elle a été peu appréciée jusqu’à ce jour. Nous devrions donc craindre de laisser notre travail plus im- parfait encore qu'il ne l’est déjà , si nous n'eussions dirigé nos recherches vers cette action de l'eau sur les gaz purs et mélangés qu’on lui présente. C’est par les expériences faites sous ce point de vue, que nous allons terminer ce Mé- moire. Il est généralement connu que l’eau peut tenir de l’air en dissolution. Boyle, Huygens et Mairan ont discuté ce fait; mais ils n'avoient pas de moyens de reconnoître que cet air dissout, diffère chimiquement de l'air atmosphérique. C'est le célèbre Priestley qui, le premier, a observé que l'air retiré des eaux, contient plus d’oxigène que l'air commun. M. Has- senfratz a annoncé depuis que l’eau de pluie dégageoit un air dans lequel il se trouvoit près de 40 centièmes d'oxigène, et MM. Ingenhouss et Breda dans leurs expériences sur le gaz nitreux, avoient été conduits à des résultats analogues. - Mais s'il est connu déjà que l'air contenu dans l’eau est plus pur que l'air atmosphérique , on a annoncé aussi que l'eau absorbe plus abondamment et plus facilement le gaz oxigène que l'azote. M. Foureroy cite même le fait curieux, mais qu'il croit lui-même ne pas être suffisamment vérifié, que l'eau chargée de gaz oxigène absorbe le gaz hydrogène, sur lequel l'eau ordinairen'a Re aucune action. Nous verrons plus bas que celle qu'elle exerce sur tel ou tel gaz, est modi- fiée par la nature de l'air qu'elle tient déjà en dissolution. M. Henry, dans un Mémoire récemment publié en Angle- ET D'HISTOIRE NATURELLE. PRET: terre , a examiné l'absorption de différens gaz par l’eau privée d'air. Il a opéré ces absorptions sous la pression de deux ou trois atmosphères ; mais il n’a pas traité du mélange de dif- férens gaz et de l'affinité qu’a l'eau pour ce mélange ; il se borne à examiner la quantité absorbée selon la différence de température et de pression barométrique, sans avoir dirigé ses recherches sur l'action de l'eau déjà saturée d'autres gaz. Nous avons cru ne pas devoir négliger un objet aussi in- timement lié aux travaux eudiométriques , et dont les chi- mistes paroissent s'être peu occupés, jusqu'à ce jour. Nous avons examiné le degré d'affinité par lequel l'oxigène dissout dans l'eau, y estretenu en raison dela température etdes sels pere peut contenir. Nous avons mis en contact avec l’eau ‘égales quantités de gaz seuls et mélangés , et nous avons observé les changemens qu'éprouvent ces mélanges dans leur composition chimique. Enfin nous avons com- mencé à examiner un problème très-important pour la météorologie , savoir , si les eaux de pluie tiennent de l'hy- drogène en dissolution. Toutes ces recherches auxquelles nous continuerons de nous livrer pendant le cours de cette année, et surtout sur les montagnes que nous allons parcourir , ne sont point encore très-avancées , et nous nous bornerons à présenter quelques faits prineipaux qui,nousnous flattons, nesont pas dépourvus de tout intérêt pour les physiciens. En mélant toute la masse d’air que donne l'eau par l’ébullition , sans séparer les portions qui se dégagent les pre- mières de celles qu'elle abandonne à la fin de Topération, nous avons trouvé par l’eudiomètre de Volta , que l'eau dis- tillée qui a repris de l'air atmosphérique , donne un air qui contient. . « : - . . . . 41+ .. 32,8 d oxigène sur r00 part. L'eau de la Seine. . .. ... 31,9 L'eau de pluie. ....... 31,0 Il résulte de ces expériences que de ces trois eaux on peut retirer un air à-peu-près également riche en oxigène, et de 10 centièmes plus pur que l'air À SA QE Cette quan- tité d'oxigène est plus variable dans les eaux de puits , qui dans l'intérieur de la terre se trouvent en contact avec des substances qui exercent de l'affinité sur l’oxigène. L'eau de \ : dd te s 160 JOURNAL Dr PHYSIQUE, DM CHIMIE. la Seine recueillie à une autre époque, ne nous a fourni, u’un air à 29,1 d’oxigène , air un peu moins pur que celui de l’eau de pluie. Si l’eau distillée qui a repris de l'air, l'eau de pluie et celle des rivières dégagent un air dont (la totalité est de beaucoup plus pure que l'air atmosphérique, ilest plus intéressant en- core d'examiner la nature des mélanges gazeux que donne l'eau en l’échauffant graduellement. Ce sont là des expé- riences dans lesquelles la grande affinité de l'oxigène pour ce liquide se montre dans tout son jour. Nous avons échauffé graduellement l'eau de la Seine jusqu'au terme de l’ébulli- tion, et nous avons recueilli l'air qui se dégage par por- tions succéssives, mais inégales. Nous avons pris 200 parties de chacune de ces portions, et les ayant fait détoner avec 200 parties de gaz hydrogène, elles nous ont donné les ré- sultats suivans : PORTIONS D'AIR GAZ OXIGENE selon L'ordre de leur déga-| :ABSORPTION. [contenu dans 100 part. gement. de l'air dégagé. Che gel 2 > EP io Première... « . . » 142,0 23,7 Deuxième. NOTE Es 164,5 27,4 Troisième. . + . : 185,0 30,2 Quatrième. . ... ..195,0 32,5 Ces expériences répétées plusieurs fois prouvent que l'eau n'abandonne d’abord qu'un air, dont la pureté est un peu au-dessus de celle de l’air atmosphérique ; puis la pureté de cet air, ou le dégagement de l'oxigène va en croissant, et les dernières portions gazeuses que, sépare la chaleur, sont les plus riches en oxigène. En répétant cette expérience sur de l’eau de neige, les premières portions d'air ont été à 2,,0;les dernières à 34,8 d’oxigène. Peut-être qu'en chauffant la masse d'eau plus lentement encore, et qu'en séparant bien soigneusement la petite portion d'air qui passe la première, on auroit au commencement de l’opération un air moins pur encore que celui que nous avons obtenu. L'eau n'exerce donc pas uneaction uniforme sur l'oxigène et sur l'azote , et l'élévation de la température affoiblit moins la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 161 Ja première de ces actions que la dernière. Il est même pro- bable que la portion d'air qui se dégage vers la fin de l'o- pération seroit plus pure qu à 32 ou 34 pour cent d'oxigène, - si l'eau contenue dans le vase qui reçoit le mélange gazeux ne commençoit pas à s’échauffer, et à dégager son air qui dès-lors n'est qu’à 23 pour cent d'oxigène. Ce dégagement a surtout lieu lorsque la vapeur aqueuse commence à passer, et c'est cette diminution de la pureté de l'air expulsé le der- nier, et l'inégalité de volume des quatre portions séparées , qui expliquent comment toute la masse d'air retiré à-la-fois contient jusqu'à 31 centièmes d'oxigène. Cette action inégale de l'eau sur l'oxigène et sur l'azote se manifeste encore dans la dissolution des sels. Nous avions observé que l'eau de la Seine puredonnoit par l'ébullition près de la moitié de l'air de plus que cette même eau chargée de muriate de soude. La cause de cette diminution consiste dans la quantité d'air très-considérable qui se dégage déjà à froid pendant que s'opère la dissolution du sel. Cet air exactementanalysé ne manifestoit que 0,225 d'oxigène, tandis que l'air retiré par l'ébullition de l'eau chargée de muriate de soude , en contenoit 0,305. IL en résulte que l’eau en dissol- vant le sel abandonne une partie de l'air qu'elle tient en dissolution, mais que cette partie contient de l'oxigène dans une moindre proportion que celle qu'elle retient. La condensation qu'éprouve l'eau en passant de l'état li- quide à l'état solide , nous présente une troisième classe de phénomènes analogues à ceux que nous venons d'énoncer, La glace fondue ne donne qu'environ la moitié de l’air que l'on retire de l'eau ordinaire, et il est à remarquer qu'elle ne commence à laisser dégager son air que quand sa tem- pérature est déja montée au-delà du soixantième degré du thermomètre centigrade. L'air obtenu, divisé en deux por- tions inégales , a manifesté dans l’eudiomètre de Volta 27,5 et 33,5 d'oxigène. L'air le plus pur a donc encore été dégagé le dernier. La petite quantité et la grande pureté de l’air dégagé de la glace fondue, prouvent que l'eau en passant à l'état solide, abandonne une grande partie de son air, et que cette partie dégagée pendant la congélation , est un air beaucoup moins pur que celui qu'elle retient. C'est ainsi que trois phéno- mènes qui paroissent différens au premier coup-d œil, l'eau Tome LX. PLUVIOSE an 13. X 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE élevée à une température de 35 à 40° centigrades, l'eau dis= solvant des sels à froid , et l’eau pure se condensant en glace, présentent des résultats entièrement semblables dans leur action sur l'oxigène et sur l'azote. Une température médiocre agit comme la dissolution d'un sel, et celle-ci comme le passage de l'état liquide à l'état solide. L'eau en ces trois états dégage un air plus impur que celui qu'elle tient en dissolution. C'est un phénomène bien frappant que la condensation de l’eau à l'état de neige , en chasse moins d’air que la formation de la glace. Nous avons fait fondre de la neige fraichement tombée , et l’échauffant graduellement, nous avons obtenu un volume d'air presque double de celui que fournit la glace fondue. L'air retiré de l’eau de neige a été même presque aussi abondant que celui dégagé de l’eau de Seine. Car cette dernière eau a donné par l'ébullition 1940 mesures d’air, quand le même volume d’eau de neige en a fourni 1892. Ces 1892 parties recueillies en 5 portions , selon l'époque à laquelle la chaleur les a expulsées, ont manifesté successive- ment dans l'eudiomètre de Volia, Première portion. . . .« . . . . . . . 24,0 d’oxigène.. Deuxiement.t. lib. ele Mt 208 TROENEMAIONME MMA RENE ons Onatniene MA ENNEMIS NO 0 Cinquième. . ARENA DNA É SEEN) Cette dernière portion est l'air le plus pur que nous ayons jamais retiré d'aucune eau. Les volumes de chaque portion étant connus, le calcul donne pour la pureté de fair considéré en sa totalité, 28,7 d'oxigène. L'eau de la Seine fournissait le même jour un air qui était de -#, plus impur. D'ailleurs les deux eaux, celle de la neige fondue et celle de la rivière , donnent un volume d'air qui est égal à-peu-près à Æ du leur. Ces expériences sur l’eau de neige et sur la glace fondue que nous comptons varier beaucoup dans la suite, offrent des considérations assez frappantes pour l’étude de la mé- téorologie. La neige n'est qu'un agrégat de petits cristaux de glace quise forment dans les hautes régions de l'atmosphère, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1C3 et cependant ces petits cristaux fondus donnent un volume d'air presque double de celui que donne la glace qui s’est formée sur nos rivières. Il faudroit en conclure que lorsque l'eau dissoute dans l’air se condense en neige, elle n’expulse le cette grande portion d'air qu'elle dégage en se congelant à a surface de la terre, s’il n'étoit permis de soupçonner que la neige retiententre ses petits cristaux une certaine quantité d'air qu'elle absorbe en se fondant ; car il paroit que c'est principalement au moment de sa congélation que l'eau abandonne la plus grande partie de son air. La belle végétation qui entoure les glaciers , le développe- ment rapide des plantes lorsque la neige se fond au printemps, et plusieurs phénomènes que l’on a cru observer dans l’agri- culture et le blanchiment, ont fait soupçonner que les eaux de glace, de neige et de pluie , produisoient des effets parti- culiers par une grande quantité d’oxigène dissout qu'elles dé- gageoient. Les expériences que nous avons faites jusqu iei ne paroissent pas favorables à ces conjectures. Il existe sans doute des puits dont l'eau contient un air inférieur en pu- reté à celle de l’air atmosphérique , et nous ne doutons pas que ces eaux de puits, chargées en outre de sels et d'acide carbonique, doivent influer sur la végétation et le blanchi- ment d'une manière très-différente de celle de l’eau de neige. Mais les différences que produit l’eau distillée exposée à l'air, l’eau de pluie , l'eau de neige et l’eau de la Seine, s’expli- quent difficilement par l'oxigène dissout , quand on se rappelle que toutes ces eaux contiennent un air à-peu-près également pur, et qu'elles le contiennent presque en égale abondance. Les phénomènes de la végétation, comme ceux de -la météorologie, sont si compliqués ; ils dépendent de la réu- nion d'un si grand nombre de eauses à-la-fois qu'il faut bien se garder d'attribuer à une seule ce qui est l’effet de plusieurs. Les expériences que nous avons rapportées sur la forceavec laquelle les dernières parties d’oxigène dissout , sont retenues dans l'eau , mettent dans un plus grand jour l'état dans lequel se trouve l’air dans les liquides. La pesanteur spécifique de l'eau distillée et de celle qui est chargée d’air étant sensible- ment la même, Mairan en avoit conclu avec raison que cet air ne pouvoit pas être logé dans les fluides en état élas- tique. Les phénomènes chimiques viennent à l'appui de cette conclusion. Si l'eau dépourvue de son air par la distil- >) 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lation ou la pompe pneumatique pouvoit être considérée! comme une éponge dont les pores sont vides, comment ces pores ne se rempliroient-ils pas au premier contact avec l'air ? Mais cette dissolution de l'air dans l’eau ne peut être envisagée que comme l’effet d'une affinité chimique. Pour- quoi en effet sans cette affinité l'absorption des gaz par l’eau dépourvue d'air seroit-elle si lente , et pourquoi suriout l’eau dissoudroit-elle plutôt un gaz qu'un autre? Pourquoi, comme nous le verrons plus bas , une eau chargée d'un air en aban- donneroit-elle une partie pour en recevoir une autre d’une nature différente ? Après avoir examiné Pair qu'on peut retirer de l'eau, dans diverses circonstances, nous finirons notre Mémoire en énonçant les expériences que nous avons faites en mettant des gaz seuls ou mélangés, en contact avec l’eau. IL est connu depuis long-temps que le gaz oxigène laissé sur l’eau de- vient impur; mais il s'agissoit d'examiner l'ensemble des phénomènes que présentent les différens gaz dans leur action sur l'eau. Les gaz que nous avons employés étoient exactement du même volume, et la quantite d'eau de Seine filtrée étoit à-peu-près égale. Après un espace de 6 à 8 jours, nous n'avons pas seulement mesuré la quantité des volumes absorbés , mais aussi nous avons analysé les résidus. Cette analyse étoit d'autant plus nécessaire que souvent on pour- roit être tenté de conclure d'un très-petit changement dans le volume du gaz mis en contactavec l'eau, que celle-ci n’a pas eu d'action sensible sur lui, quand la nature du résidu annonce que cetteaction a été très-forte, mais masquée par la quantité d'air sortie de l'eau en échange de celui qui a été absorbé. De tous les gaz l'oxigène est celui dont l'absorption par l'eau de la Seine est la plus considérable. En mettant en contact avec cette eau déjà chargée d'air, 100 parties de gaz oxisène , 100 d'azote et 100 d'hydrogène, le gaz oxigène à diminué de 40 parties quand les deux autres n’ont perdu que 5 et 3 parties. Mais l’absorption réelle du gaz oxigène est bien plus considérable encore que ne l’indique sa dimi- nution apparente. Les 60 parties de résidu au lieu d'ètre de l'oxigène pur contenoient 37 parties d'azote , et seulement 24 d'oxigène ; desorte que les 100 parties de gaz oxigène em- ployé, avoient perdu sur l’eau de la Seine 77 parties qui avoient expulsé 37 parties d'azote. C'est ainsi qu'une eau de ET D'HISTOIRE NATURELLE 165 rivière exposée long-temps à l'atmosphère, et que l'on devroit pouvoir regarder comme saturée d'air, absorbe une grande quantité d'oxigène pur lorsqu'on la lui présente. Elle le prend sans abandonner une portion d'azote égale en volume à l'oxigène absorbé. L'action de l'eau sur le volume du gaz hydrogène paroit presque nulle. L'inégalité des résultats que nous avons ob- tenus, nous empéche de prononcer sur les petits change- mens qu'il peut subir pendant ce contact. Le volume du gaz azote pur diminue sur l’eau de 2 à 3 cen- tièmes ; mais le résidu n'est plus de l'azote pur : nous y avons découvert 11 parties d’oxigène qui ont été déplacées de l'eau par 14 parties d'azote. Donc l'azote déloge l’oxigène de l’eau, comme l'oxisène déloge l'azote. L'action est analogue, mais les quantités absorbées et délogées sont différentes. Le contact de l’eau de la rivière avec un mélange de gaz hydrogène et oxigène , a été examiné sous diverses circons- tances. Tantôt nous avons mêlé les deux gaz à parties égales, tantôt nous avons fait prédominer l'un des deux. La dimi- nution du volume des gaz est plus grande quand l’oxigène domine , c’est-à-dire en exposant à l'eau un mélange de 200 parties d'oxigène et de 100 parties d'hydrogène. Dans toutes ces expériences, l'azote est encore délogé de l'eau. En analysant le résidu d’un mélange de parties égales d’oxigène et d'hydrogène , nous y avons reconnu sur 100 parties, 20 parties d'azote, 50 d hydrogène , et 30 d'oxigène. Plus l'absorption de l’oxigène a été grande, et plus nous avons trouvé d'azote délogé. En mélant 400 parties d'oxigène à 200 p. d'hydrogène, ce volume a été réduit sur l'eau de Seine, en 10 jours de temps, de 600 parties à 562. Si ce résidu n’a- voit éprouvé aucun changement chimique dans ses propor- tions; si aucun autre gaz n ayoitété délogé, il devroit contenir 375 parties d’oxigène , et 187 d'hydrogène : mais l'analyse nous y a fait reconnoïitre 246 parties d'azote, 142 d'hydro- gène , et 174 part. d'oxigène. Ces expériences prouvent que l'hydrogène qui, seul en contact avec l'eau, n'en est pas sensiblement absorbé, y est dissout, et même dans une proportion assez considérable, lorsqu'on le mêle avec de l'oxigène. Il se présente à ce sujet une question très-importante pour la physique , savoir, si cet hydrogène absorbé par l’eau y existe comme hydrogène, ou 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s'il s’y combine avec l’oxigène dissout pour former de l'eau. Nous avons tenté de résoudre cette question, en laissant un mélange d'hydrogène et d'oxigène en contact avec de l'eau, que l'ébullition avoit récemment dépourvu de tout air. Après 12 jours de temps, nous avons distillé cette eau , et analysant l'air qu'elle dégageoit, nous y avons reconnu l'hydrogène en telle abondance, que nous avons été en état de l'enflam- mer dans l'eudiomètre de Volta , sans y ajouter aucun autre gaz. Cette expérience prouve sans doute que l'hydrogène absorbé se retrouve dans l'eau; mais cette eau en rendroit- elle la méme quantité qu'elle a absorbée? Cet hydrogène dis- sout dans l'eau ne sy uniroit-il point à l'oxigène , si on l'y laissoit logé pendant plusieurs mois? Nous nous som- mes proposés de faire une longue suite d'expériences sur cet objet. Si l'hydrogène et l'oxigène contenus dans l'eau pou- voient s y combiner , on concevroit plus aisément comment le gaz hydrogène qui s'élève de la surface de la terre ne se découvre ni dans l'air qui nous entoure , ni dans les hautes régions de l'atmosphère auxquelles nous nous sommes élevés. Nous devons rappeler à ce sujet qu'ayant exa- miné soigneusement l’eau de pluie pour y découvrir de l'hy- drogène, nous nous sommes assurés que l'air dégagé de cette eau, n'en contenoit pas, du moins une quantité qui püt aller à 3 Nous répéterons ces expériences sur les pluies de différentes saisons , surtout sur celle des orages. L'eau de la rivière en contact avec des mélangesde gaz, a gé- néralement moins agi sur les mélanges de Toxigène et de l'azote, que sur ceux de l'oxigène et de l'hydrogène. Ce résul- tat est moins surprenant si l'on jette un coup-d'œilsur l'en- semble de ces phénomènes. On y découvre que l'eau a une tendance continuelle à se mettre en état d'équilibre avec les gaz qu'on lui présente. Si on lui offre de l'oxigène , elle abandonne de l'azote. La met- on en contact avec de l'azote , elle dégage de l'oxigène. Lui présente-t-on un mélange d’oxigène et d'hydrogène , elle ab- sorbe une partie de ces deux gaz, et les remplace par de l'azote. Partout elle tend à modifier les proportions de l'air qu'elle tient en dissolution d'après la nature du gaz qu'on: lui présente. Or l'eau de la Seine étant déjà chargée d'un mé- lange d'azote et d'oxigène, il paroït naturel qu'elle ait plus d'action sur un mélange d'hydrogène et d'oxigène que sur ET D'HISTOIRE NATURELLF. 167 celui de l'azote et de l'oxigène , qui est analogue à l'air qu'elle tient en dissolution. Pour bien juger de ces phéno- mènes, nous ferons des expériences avec de l’eau récemment privée d'air, en la chargeant de différens gaz seuls et mélan- gés, et en examinant | action de cette eau après un long espace de temps : car souvent ce n'est que dans un long repos que la nature peut vaincre les obstacles qui s'opposent au jeu des affinités. C'estici que nots nousarrétons dans l'exposé des recherches dont nous nous sommes occupés dans ces derniers mois. Plus étendu est le champ que nous nous proposons de par- courir ,et plus nous sentons combien est imparfait le travail que nous présentons aujourd hui : mais ce sentiment, loin de nous décourager, ne fera que redoubler notre zèle pour in- terroger la nature, et perfectionner les recherches que nous venons de présenter. T AB LE A U présentant les résultats de l'Analyse de l’ Air. JOURS |Températu- Absorption [Quantité CRE É )rOvenant d'oxi- SOU de l’inflam- auxquels Pair . ‘, 1 “ne ne en degrés du ETAT DE L'ATMOSPHERE. mation de p°ne ae Ù 200 d’air et |COntenue thermomèt. 200 d’hy- dans recueilli. |cenugrade. : drogène. [100 d’air. Ciel couvert ; vent d'est. . . . : . . . à Ciel couvert; vent est-sud-est Pluie fine ; vent sud-ouest très-fort. . . “2IPTUN IG Pluie fine ; vent sud Ciel couvert ; vent sud-ouest Ciel nuageux, petite pluie; ventsud-onest. Ciel nuageux; vent ouest Pluie ; vent sud Ciel couvert ; vent sud-ouest Ciel nuageux ; vent est 0 O0--0-000000b=-0000000 à 200) pl o SE en UN 91010 0-5 MO 06 ES Gelée blanche ; vent nord Neige; vent nord 21e LUI 4 Brouillard ; vent nord-nord-est Ciel nuageux , vapeurs ; vent est. . . . Pluie ; vent sud Brouillard épais Pluie ; vent sud-sud-ouest Ciel couvert ; vent nord-est Verglas, brouillard épais ; vent sud-est. YXT D'HISTOIRE NATURELLP, r6g NOTE SUR LA FORME DU MELLITE (HONIGSTEIN ); Par M. D'AUBUISSON. < J'Ar eu occasion de voir , dans le beau cabinet de Minéra- logie de M. Lelièvre , quelques beaux cristaux de mellite, par- mi lesquels il y avoit un octaèdre d’un demi-pouce de grosseur remarquable par la netteté de ses faces. Je mesurai l'angle formé par les faces d’une pyramide ( l'octaèdre considéré comme une double pyramide quadrilatère ), et le trouvai de 120° ; parcon- séquent l'angle formé par la face d’une des deux pyramides sur la face correspondante de l’autre , devoit être de 90°, ce de je vérifiai par Ro adtion: et trouvai assezexact. M. Hauy indique, dans son savant T'raité de Minéralogie , le premier de ces angles à 118°%%. Frappé de cette différence, je remesurai l'angle; je le fis mesurer à plusieurs reprises et avec divers goniomètres, et l’on trouva continuellement 120°, ou près de 120°. D'un autre côté, on connoit l’exactitude de l'illustre professeur du Muséum , j'ai eu occasion de m'en convaincre par moi-méme un grand nombre de fois ; ainsi je ne doutai pas que le cristal ou les cristaux sur lesquels ñ avoit pris ses mesures n’eussent réellement un angle de 118° (1). Voulant voir si une anomalie si extraordinaire étoit particu- lière au cristal que j'avois eu entre les mains, je m'en procurai un grand nombre d’autres, et trouvai l’angle variant de 118° à 119, 119 + , 120, 121°, et mème un peu plus. Le plus grand nombre donnoit 119%, et à mesure que les faces étoient plus nettes , l'angle me paroissoit approcher dayantage de 120°. Je (x) M. Haüy avoit, il y a quelques années, admis l'angle de 120° ; mais ce n'éloit qu'une supposition , et d'après des mesures peu précises. Tome lil, page 340. Tome LX, PLUVIOSE an 13. F2 170 JOURNAL DE PHYSIQUE ;. DE CHIMIE crois donc que c'est à ce dernier nombre de degrés qu'il con vient de fixer l'angle du mellite, moins parceque c’est à-peu- près le terme moyen de mes observations, que parceque l'angle de 120° ( celui de l'hexagone) est un de ceux qui se présente le plus souvent dans les minéraux, Lorsqu'on trouve quelques petites oscillations autour d'un de ces angles, on est dans l’u- sage de le prendre comme rigoureusement exact. Le dodé- caèdre que présente quelquefois le mellite, seroit ainsi le même que celui du grenat, du zinc sulfuré, ete. La forme ordinaire, l'octaèdre , du mellite, possède quelques propriétés géométriques qui ne sont pas sans intérêt. 1°. Les deux angles qu'elle présente , 120 et 90°, sont les angles les plus ordinaires , et en quelque sorte les angles fondamentaux de la Minéralogie : elle tient de bien: ‘près au dodécaèdre rhomboïdal ; qui est une des formes les plus communeset les plus régulières qu'affectent les minéraux. 2°, Elle a une ana- logie remarquable avec la forme primitive de la chaux car- bonatte( spath calcaire ) : celle-ci est déterminée par srois plans de clivage inclinés de 45° ( demi-angle droit }, à l'axe du cristal ( et se coupant sous des angles égaux) :‘la forme du mellite l'est par quatre plans également inclinés de 42° à l'axe de leur cristal (1). LA (1) En d'autres termes, la forme prünitive de la chaux carbonatée est la doube es trièdre , à faces inclinces de 45° à l’axe et parallèles (les si) deux deux : celle du mellite est la double pyramide quadrilatère, dontles faces sont dans le même cas. Nousisaisirons cette occasion pour faire remarquer combien certaines formes, qui paroissent singulières et extraordinaires au premier coup-d’œil, deviennent simples et régulières lorsqu'on les considère sous un autre aspect : ainsi la forme primitive de la chaux carbonatée paroît n'être qu'un vrai caprice de la nature lorsque nous la définissons un rhomboïde de 101° 32! 13/, et elle reprend la simplicité qui caractérise les produits de la nature , lorsque l'on dit que c’est le solide le plus simple qui puisse être compris entre des plans inclinés d'un demi-angle droit par rap=- port à un axe; et le demi-angle droit est, silon peut sexprimer ainsi, un: des angles favoris de la nature. MT D'HISTOIRE NATURELLE. T1: (EP EE D IE ANT SE EE OI EP PETER TABLE AU DE LA CLASSIFICATION DES MINÉRAUX: Par M. WERNER, Conseiller des Mines de la Saxe, etc. : lAccompagné de quelques observations sur les travaux de ce Minéralogiste ; PAR M. D'AUBUISSON. J'ar donné, dans le cahier de frimaire an 16 , un tableau de la classification des minéraux, fait par M. Werner : c'étoit la liste des minéraux ra ét disposés dans l’ordre , suivant lequel ce savant les träfta dans son Cours de Minéralo- gie, en 1800. Je rapportai, en finissant mon Mémoire , la phrase par laquelle ce professeur termine l’exposé de sa classi- fication : Je suis bien loin, dit-il, de regarder l'ordre que j'ai suivi comme parfait; jy fais des changemens toutes Les années. Ge sont les changemens faits depuis trois ans par M. Werner, dans le système de classification que je vais faire connoitre. Le nouveau système m'a élé remis par une personne ÿenant directement de Freyberg; il est écrit de la main du secrétaire de M. Werner; mais ce n'est pas un systè- me que ce $avant donne lui-même au public ; quelques méprises méme du copiste; teles-que-e-même nom-empioyé de-suite en allemand et en français comme désignant des substances différentes, me prouvent que ce travail n'a pas été revu par M. Werner : ce m'est que l'ordre qu'il a suivi dans son dernier cours; ce n’est éncore qu'une classification provisoire. Je donne en entier le genre siliceux,-et me contenterai d'in- diquer le petit nombre de changemens faits dans les autres. Y :2 CEE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHPMIE 3 GENRE SILICEU X+ Chrisoberil. Chrisolithe.. FAMILLE Olivine. Coccolithe. Augite. Pistacite ( Épidote ). DE LA CHRISOLITHE. Vésuvienne. Leucite. Mélanite. FAMILLE MEL SC DEN AT a Grenat gemme. b Grenat commun. e Pyrope. Staurolith. Saphir. Corindon, FAMILLE Spath adamantin (1). DU RUBIS. Spinelle. Ceilänite. Topaze. Euclase. Emeraude. Béril. RAD EN a Béril gemme: DU SCHOOL. 2 Béril schorlacé. Schorl (tourmaline ). a Schorl commun. à Schorl D A PA SOUDE ou (2): (1) Le corindon ct le FR A adamantin ne paroissent être qu’une même: substance : M. Werner n'ayant qu'un seul échantillon de corindon, n'a vraisemblablement pas été à même de s'en convaincre. M. de Bournon a réuni ces deux substances avec le saphir en. une seule. espèce , qui se trouve ainsi sousdivisée èn deux sous espèces, C) M. Werner place les pierres dites gemmes ; et quelques-autres qui on avec.elles les plus grands rapports, à la tête des pierres ; voilà pourquoi on les trouve ici dans le genre siliceux, quoique réellement de la silice ne soit: pas en général leur principe dominant, &T D'HISTOIRE NATURELLE, 173 FAMILLE DU QUARTZ; Quartz. a Améthiste. a! commune, b' fibreuse. 2 Cristal de roche, € Quartz rosacé. d Quartz commun. e Prasen. Eisen kiesel. Hornstein. a — écailleux. b — concoïde. c — xyloïde ( ligniforme }, Kiesel schiefer. @ — commun. b — lydienne. Pierre à fusil (silex ). Calcédoine. -& — commune, b Cornaline. c Hialithe ( stalactites silic. ). Opale. a — gemme. b — commune, c Écpiopie, ue d — xyloide (lisniforme ):- Ménilite.” (is ? Jaspe. a Caillou d'Egypte. ‘ b Jaspe rubanné. c — porcelaine (termantide):- d — commun, e — agathe, f —Mopale. | Héliotrope. Krisoprase. Plasma. OEiül de chat. Axinite, s74 TOURNAL BE PHYSIQUE, BE CHIMIR Andalousite. Feldspath. a Adulaire. b Pierre de Labrador. c Feldspath commun. a! non décomposé. LUVirLE __ b" décomposé. d — compacte. DU FELDSPATH. Scapolithe. Arktizit (Wernerite). Diaspore ? Spodumen ? Meionite. Sommite. Ichtiophtalme. Obsidienne. FAMILLE Pechstein. DU PECHSTÉIN. Perlstein. Pierre Ponce, Prehnite. a — fibreuse. b — lamelleuse. Zéolithe. a — farineuse mésotype. FAMILLE b — fibreuse { YP c — rayonnée re DE LA ZÉOLITHE. d — Le spIÈRe; Cubicite(chrabasie ouanalcime?) Dipyre. Kreutzstein ( andréolithe ). : Laumonite (1). +- Lazulite. G) Cette substance, la zéolithe efflorescente de M. Haüy, a été ainsi nommée'en l'honneié le M. Gülét de Laumont, qui, l'ayant trouvée aux mines de Huelgoat, en Bretagne; l'a fait connoître le premier. ( Journal de Physique 1786.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 La rerre alumineuse a été portée dans J’espèce bois bitu- mineux, classe des combustibles; la Dolomie à été mise à côté du spath magnésien, le gypse anhydre ( anhydrite), et le muriacite dans la famille des sulfates de chaux. Dans la classe des métaux il n'y a d’autres changemens que l'addition des minéraux métalliques nouvellement découverts. L'émeril n'est plus regardé, depuis trois ans, par Werner que comme une variété ( ou sous-espèce ) de saphir. 41m M. Wernertâche de mettre à côté les uns des autres, les miné- raux qui ont lle plus de rapports dans l’ensemble de leurs pro- priétés , ou dans les propriétés les plus saillantes, de manière à ce que le passage de l’un à l’autre soit le mieux nuancé pos- sible (1). C'est en 1780, dans sa Traduction de Cronstedt , qu'il publia son premier système de Minéralogie d’après ce principe : ses élèves ont successivement donné ceux quil a faits ensuite, Le premier qui ait paru en France, a été publié par M. Berthout, en l'an 5; mais il étoit rédigé depuis quelques années. Ce travail est antérieur aux découvertes dort Klaproth et Vauquelin ont enrichi la Minéralogie : leurs intéressans travaux n’ont pu y étre mis à profit. À quelques petits changemens de place, à l'admis- sion près d’un petit nombre de nouvelles substances, c’est le même système que l’on voit dans l’Ouvrage de M. Brochaut, et dans le Journal de Physique de frimaire an 10 : c’est encore le: même quant au fond, dans celui que nous venons de donner. Si M. Werner avoit le temps de revoir en détail son système, et de le publier avec tous les changemens qui lui seroient sug- gérés par ses propres observations et par les découvertes moder- nes , certainement il rendroit un service signalé à la Minéralogie, Que ne pourroit-on pas se promettre de la personne la plus con- sommée ns l'observation et la connoïissance des minéraux, d’une des têtes les plus méthodiques de notre siècle, d’un homme de génie qui a donné tant de preuves qu’il savoit embrasser un objet dans tout son ensemble, et saisir les rapports de ses di- verses parties ! Au reste, je crois que le système actuel de (1) Il est impossible que la série qu'on peut faire des minéraux ne pré- sente pas dés passages brusques qui semblent interrompre la progression, Nous reviendrons plus bas sur cet objet, 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Werner, à quelques petits changemens près (1) , est encoré celui qui fait le mieux ressortir les groupes dans lesquels la nature elle-méme a divisé les minéraux ; ces groupes y sont pré- sentés dans un ordre naturel , et on a täché d’indiquer les prin- Cipaux rapports qui les lient les uns aux autres : il me paroit que c'est là le but d’une classification minéralogique. Ce sys- tème présente absolument, toutes les substances minérales ex- ceptées, les simples variétés. 14% Quoi qu'il en soit de ce mode de classification, ce travail n'est peut-être que le moindre des titres de M. Werner à la recon- noissance des minéragolistes. Je ne puis m'empêcher de faire une observation à ce sujet : je crois que quelques personnes attachent en Minéralogie, un peu trop d'importance à la clas- sification. Certainement il faut mettre tout l'ordre et toute la précision possible dans un objet scientifique quelconque, et parconséquent aussi dans une classification minéralogique ; mais il ne faut pas attacher à un objet plus d'intérêt qu'il n'en mérite, négliger l'essentiel pour s'occuper principa- lement d’un accessoire. Que M. Werner, dans son Cours, (1) S'il m'étoit permis d'indiquer quelques légers changemens à l'Ouvrage d'un grand maître, je dirois , 1°. que dans la classe des substances terreuses on pourroit faire deux sections, l’une pour les non-acidifères , et l'autre pour ‘les acidifères ; 2°. que les dénominations, genres Siliceux , argileux magné- siens, ne cadrant plus avec ce que la chimie vient de nous indiquer sur les parties constituantes des minéraux qui sont compris sous ces genres, de- vroient être changées : les lrois genres, ou plutôt ordres, pourroiïent subsister à quelques petites modifications près; 3°. la division en famille seroit per- “#ectionnée et étendue : elle diviseroit la classe des pierres en véritables genres ; 4°. la stilbite seroit séparée de la zéolithe ; 5°. on rapprocheroit sous une même espèce le zircon et l'hyacinthe, lémeraude et le héril, le spargel- stein et l'apathite , les plombs bleus, bruns et verds, lantimoine blanc et Voxidé, changemens indiqués par la chimie, et déjà effectuéspar M. Haüy; -6°. on feroit disparoître de la liste des espèces, quelques substances peu imté- ressantes et peu caractérisées, et qui peuvent être rapportées à d’autres espèces, telles que l'agarie-minéral, l'œil de chat, la terre verte, la schau= merde , le tuf calcaire, le cobalt terreux brun, jaune , et peut-être encore un {rès-pelit nombre d'autres créées par les anciens, et que Werner n'a pas encore sacrifiées ; 72. on feroit trois ou quatre transpositions indiquées par de nouvelles analyses: ainsi la cyanite que M. Werner a placée dans le genre magnésien , d'après une analyse qui indiquoit 33 pour cent de ma- _gnésie , passeroitdans l’ordre des pierres alumineuses ; elle iroitse placer à- peu- près à côté du diaspore. C’est certainement par erreur de rédaction qe la Zave est restée parmi les espèces minéralogiques , etla sé/énite séparée du gypse lamelleux. le \ St D'HISTOIRE NATURELLE. 177 fraite du feldspath avant le quartz, ou du quartz avant le feid- spath; qu’il porte le silex comme une espèce de la famille quartz, ou comme une sous-espèce dans l'espèce quartz , du moment que le silex doit étretraité d’une manière particulière; c'est bien l’objet le moinsimportant :ilest possible que dans d’autres partiesdel'His- toire naturelle, dans la Botanique par exemple, où l'on a plus de 20 milleespèces, qu'ilest impossible de connoître toutes, et où ex même temps les différences de conformation qui tombent im- médiatement sous les yeux, indiquent les différences spécifiques et servent à faire reconnoitre ces êtres , il est, dis-je, possible que dans ces sciences une classification soit faite de manière à conduire à la connoissance du nom d’une plante, et que par cela même elle soit d’un intérêt majeur. Mais en Minéralogie, où il n'y a environ que deux cents espèces, où, sans le secours de la classification , on arrive directement à la connois- sance de chacune d'elles, et où la classification est nécessairement basée sur la composition des minéraux; cette classification est d'un bien moindre intérêt; elle n’a guère d’autre avantage que celui de présenter un tableau, sur lequel on voit d’un coup- d'œil toutes les diverses substances minérales, avec l’expres- sion des principaux rapports qui les lient les unes aux autres. Faire de la classification la partie principale de la Miné- ralogie, y rapporter le reste de la science , c’est perdre de vue l'objet essentiel de la Minéralogie, c’est sacrifier le principal à l'accessoire : faire connoître les minéraux, leurs propriétés, leur nature, leur disposition réciproque dans la partie du globe qui peut être l'objet de nos observations, etc., voilà le grand et vrai but de la Minéralogie (1). Une personne qui auroit une () L'observation des minéraux peut en outre donner lieu à une étude toute particulière. Les minéraux présentent quelquefois des formes régu- lières, des polièdres susceptibles de diverses considérations géométriques. La science des formes cristallines a été surtout cultivée avec un grand succès en France. Elle y a produit deux ouvrages les plus savans de ceux qui existent dans une langue quelconque sur des objets minéralogiques. Romé de l'Isle, dans son traité de Cristallographie, prouva la constance des formes cristallines dans les mêmes variétés de minéraux ; il débrouilla le chaos que presentent au premier coup-d'œil les diverses formes d’unemême espèce; 1l montra pas un certain point les rapports qu'il y à entre ces formes , et nous lui devons à-peu-près tout ce que nous savons sur les Tome LX. PLUVIOSE an 13. Z 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE connoissance raisonnée de toutes les variétés de minéraux , qui sauroit quels sont les rapports des unes aux autres, c'est à- dire les propriétés qui leur sont communes , et celles qui les différencient ; qui sauroit le rôle que chacune d’elles joue dans la partie du globe qui nous est connue , etc. ; cette personne, par cela seul, seroit un parfait Minéraogiste, et cependant il n'existeroit encore pour lui ni classification , ni espèce. (La suite &un numéro prochain. ) formes d'un grand nombre d'espèces (a). M. Haüy a ensuite non-seulement perfectionné le travail de l'Isle ; il y a mis plus de précision et d’uniformité; il a établi les rapports d'une manière plus naturelle et bien plus savante ; mais encore franchissant les bornes de la simple cristallographie, 1l 4 pénétré dans les détails de la structure des cristaux, et a donné à ce sujet des lois théoriques, auxquelles il a ramené les formes cristallines de chaque minéral avec une facilité et une simplicité vraiment admirables. (a) M. Werner qui a rendu à Romé de l'Isle tonte lajustice qu'on lui doit ( Journ. de Physique, tome XII), travailloit dans le même temps sa Méthode de décrire les Cristaux, méthode très- représentative, qui lui assure un rang distingué parmi les cristallographes , tant par elle-même que par les applications que ce savanc enia faites. Si Romé de Lisle en eût fait usage, il eûe rendu ses descriptions plus méthodiques:, plus concises ec plus claires, ŒT D'HISTOIRE NATURELLE. ; 179 ExTRAIT d'une lettre de M. JAMES SMITHSON (1) 4 J.-C. DELAMÉTHERIE, sur l'analyse des Calamines, et sur un nouveau Verre volcanique. Hanau , près Francfort, 25 novembre 1804. QuEerque temps avant de quitter l'Angleterre, je vous ai ‘envoyé une copie de mon Mémoire sur les Calamines, im- primé dans les Transactions philosophiques (2); celles que J'ai analysées se sont trouvées de trois espèces, savoir, 72 carbonate de zinc, un composé de carbonate et d'hydrate de zinc, et un composé de quartz et de zinc, unis chimique- ment, ce qui diffère beaucoup des idées de M. l'abbé Haüy sur ces mines, qui les croit toutes d'une seule espèce, et n'être qu’une chaux de zine simple. Je trouve que la pierre à fusil se substitue avec avantage au sappare pour les expériences du chalumeau, On se la procure partout; on en obtient des éclats aussi minces et aussi déliés qu'on veut ; elle est parfaitement blanche et opaque, après avoir été rougie ; elle est parfaitement réfractaire , et comme substance simple, agit moins sur les corps traités dessus, etc. On m'a apporté de Wilhelmstade , près d'ici, un verre vol- canique qui diffère considérablement de celui d'Islande ; il est noir , parfaitement opaque , se fond facilement au chalu- meau sans perdre sa couleur , et acquiert de la transparence. Sa gravité spécifique est de 2,905, et méme peut-être plus, parce qu il avoit de petites cavités sphériques répandues dans sa substance. Le verre d'Islande perd presque toute sa couleur au feu , est d'une fusion plus difécilé, eta une gravité spéci- fique de 2,391 seulement. (1): M. Smithson, de la Société royale de Londres, est particulièrement connu des Savans sous le nom de Maci qu'il portoit il y a quelques années. (2) Ce Mémoire ne m'est point parvenu. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES NIVOSE an XIII, ; Par BOUVARD, j AU. PR à THERMOMETR E. BAROMETR_E. = a CCC NS RS) ÉÉÉ E ) 2 À Maximum. | Minimum. | a Mini. Maximum. Minimum. [evo LT ÉD CL SE EEE ESS LEE EN EE TS Doi SEC SÉNN SNEESEE i ‘ ilàgs. —o8là8m. — 34| — sal OM SLEE 27 V7 ODAIZIS RCE 27. 6,25|27. 6,52 ol midi + 2,9/à 85 — 0,1] + 2,9) à DS Se 27. 9,32|à2:m..... 27. 7,95 |27. 0,99 3fà midi + 47118. + 0,8| + 47jà 7 m...... 27 8,56[à 115......27 7.44127. 6,36 ala midi + 34)à 62m. — 23| + 3,1 à 6?m....27. 7,20 à93 ose 27. 6,52|27. 7,00 Sr midi + 3,528 m. + 1,3] + 3563 s..... 27. 6,20ofà midi... 2e 27. 5,70|27. 5,70 él midi + 2,3/8à8s. + 1,0! + 2,3 à CRSUPESSE 27. 7,07|à 8m...... 27. 5,96127- 6,15 7la midi —+ o,;4là Fe + o.4fà 8 m...... 27. 7,1B|à 3s....... 27. 6,40[23. 6,62 Hum, —,7R6s — 2,4] — 16fù 8s.......97.11,34]à 8 m...... 27. 8,94|27- 9,35 9Ù13s. —o,7 . — 4,9] — 0,5fà midi... 28. 0,65|à 10 4 s....28. o,23[28. 0,65 rOln 825. 01,5 [4164 m. — 5,1 — 25/3 8 m......27.1076 à 83s......27.10,29|27.10,70 infris. + 4ola8 int 00! + 36h emidii2. 27.10,59|à 8 m...... 27.10,22|27-10,59 Lol midi + 4,9/à 8 ; m. + 3,0| + 4,9ka9s.......9 97,11,01 à 8Em.....27.10,40 27.10,45 :3}1 midi: + 3,6|à 9 fn + 22) + 351 s......28. 22729 m...... 28. 1,45|20. 1,52 ralà 3 s. Séhome + ea + PR Rm 2,34|à 95 ane se 28. 1,60[26. 2,28 15% midi + 2,6[à7 3m. — 0.4 + 2,6çà midi... 28. 1,35|à 945...... 28. 0.52{28. 1,35 i6fazs +53laiois. + 16 + 4,01 7 5.......26. 2,12 à 87 m....28. 0,84|28. 1,09 ira midi + 4,3 9 m. + 3,0 + 49h 9 5....... 28. 2,15|[à midi.....28. 1,00|26. 1,00 18linili + 3,9là 105. + 2,8 + 3,918 10 s.....28. 4,64 à 8m de Sc 28. 4,50|25. 4,80 rgf23s. + 1,5à10s — 1,0) + 1,081 8 m...... 28. 3,80] à 10 5...... 28. 2,55|20. 3,32 oolà midi — 0,315 + m. — 9,6 10 3j 73m …... 28. 1,40|à 9 + s....28. o0,13|28. 1,00), 21là midi — 2,0 18m. — 3,9] — 2,04à 6 m...... 27.11,34|à 8 s....... 27. 9,70|27-10,87 221 midi + 2147? —o,6, + 21là 7: m....27. 6,99|à9s....... 27. 5,64/27- 6,56 23135. + Soà7im.+ 12 + 41h 6% m....27. 4,91|à 11s......27. 0,60|27. 4,27 24lx midi + 6,olà 10 31 + 2,9| + Golaro;s..... 27. 4,42/à 73 mM:...-.27. 1,08|27- 2,64 25a5%s. + 3,572 Îm. + 0,5) + 2,5 À 9s.......27. 9,31|à 7m. re 27. 6,05|27. 6,70 26135 +42 SO mi cire 30 à 7midi....28. o,go|à DA DAT 27.11,48|28. 0,40 27 \4 s. + 6,3là 9m. + 4,2] + 5,8 à IUT tte 27-10 070 Se eee 27- 9:17|27. 9,97 >ôfà midi. + 37là8s + 1,4] + 37h15:s...... 27.11,80|à 7 +5..... 27.10,40|27.10,88 2ofà midi + 0,8[à 74m. — 1,6] + o,3fà7 : m..... 27:11,82|à 9S.......27. 7,18[27.11,15 30! à midi + + ut 8m. — 2,4| + 5,51à 6 m...... SA TO |A ANSE eue 27. 1,80]27. 2,05 RECAPITULATIO N. Plus grande élévation du mercure...28. 4,84le r8à10oh.s. - Moindre élévation du mercure..... 27.0.60 le 23 à 115. Élévation MOYENNE. ...... 27. 8,72. Plus grand degré de chaleur...... 45,3 le 16 à 25. Moindre degréj de chaleur........ — 5,1le 10 à 6: m. Chaleur moyenne......... + 0,1 Nombre de jours beaux... 4 Eau de pluie tombée 0®,04055 = 1 pouce 6 lignes. A L'OBSERVATOIRE IMPERIAL DE PARIS, Astronome. 520 2]- 940 J 12,0 4 0,0 > 2 6| 93,0 7| 68,0 8] 78,0 9] 66,0 Io| 60,5 11 97 o 12 94 5 13 do 14] 03,5 19] 87,5 16] 950 17l 95,0 18| 95,0 19| 76,0 20| "oo 21| 76,0 22! 9I,0 23] 83,0 24] 91,o 25] 67,0 26] 92,0 27| 95,0 28| 87,0 29} 87,0 do] 94,5 POINTS VENTS. LUNAIRES. Equin. ascend, } Dernier Quart. Apogées Nouvelle Lune, Equin. descen. Prem, Quart, -|Périgée: f. [Pleine Lune. Equin, ascend, VA ART AN, TONNES DE LATMOSPHÈRE. À Ciel couvert; neige. Temps brumeux et humide; brouillard. Brouillard très-épais; ciel de Ge Brouillard ; forte gelée blanche, ciel nuageux. Brouillard ; petite pluie, ciel très-couvert. Brouillard très-épais ; petite pluie, ciel couvert. Brouillard ; ciel très-couvert, givre. Léger brouillard ; entièrement couvert. Nuages clairs et très-élevés. Ciel très-nuageux; pluie et verglas le soir. Ciel très-nuageux; à demi-couvert le soir, Brouillard; pluie temps très-humide. Ciel couvert ; brouitlard. Ciel en très-grande partie couvert tout le jour. Ciel nuageux et vaporeux. Brouillard; ciel couvert, pluie très-fine le matin. Brouillard ; temps très-humide , pluie abondante. Ciel couvert tout le jour. Ciel à demi-couvert ; beau ciel le soir. Ciel nuageux et vapeurs à l’horison. Forte gelée blanche; ciel couvert tout le jour. Neige abond. depuis 7? m. jusqu’à 11h. ; assez beau cielles. Ciel très-couvert; pluie et neige fondue, vent très-fort. Ciel très-couvert; beaucoup d'’éclaircis. Pluie par interv.; ciel très-couvert, Ciel très-couvert; vent violent. Pluie , neige fondue. Ciel très-nuageux. Forte gelée blanche; brouillard, ciel couvert. Vent trés-viol. toute lan. ; pluie par interv. t. brum.ethum RECAPITULATION. de couverts...... 26 defplnie 20 10 defvent 5:07. 23 de gelée. .:. .…..., 15 de tonnerre...... e de brouillard... 11 OM EOP EE or 2 Jours dont le vent a soufHédu IN................. 3 182 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RD DRE PE EEE ET NE CIE SENTE NUE RON NOUVELLES LITTÉRAIRES. Prodrome des cinquième et sixième Familles de l'OErhéc- ‘amie, Les Mousses et les Lycopodes ; par À -M.-F.-J. Palissot de Beauvois, associé-correspondant de l’Institut national , etc. — 1 vol. ën-8°, broché, sur papier vélin. — Prix, 3 fr.—Chez l’Auteur , rue du Parc ,n°5r1, au Marais; et Fournier fils, imprimeur, rue des Rats, n° 3. Micheli et Linnæus reconnoissent dans les mousses deux espèces de fleurs: l'une qui contient les organes mäles, et l'autre les organes femelles ; mais ce que celui ci et ses parti- sans ont envisagé pour être lanthère ou l'organe mäle , est regardé par Hedwig comme une capsule, et vice versd. Li L'auteur qui étudie les mousses et toutes les plantes, dites cryptogames , depuis plus de 26 ans, émet aujourd'hui une troisième opinion quil avoit présentée à l’Académie des Sciences , dès l'annéé 1782. L'organe que Zirnæus nomme anthère, et Hedwig capsule, est, selon l’auteur, une fleur hermaphrodite, uniformémentorganisée dans toutes les es- pèces, quant aux parties essentielles que l'on‘rencontre dans toutes. Il supprime le mot Cryptogamie que Linnæus a appliqué aux plantes de sa vingt-quatrième et dernière classe , parce- que leurs organes sexuels étoient cachés ou inconnus. Au- jourd hui que cette découverte est faite et constatée par plu- sieurs botanistes , cette dénomination ne peut plus convenir. L'auteur la remplace par Le mot OEthéogamie (nuptiæ inso- litæ), qui signifie que ces plantes ne se régénèrent pas comme les autres végétaux connus. Mémoires de Physiologie et de Chiruroie-Pratique ; par A. Scarpa , professeur d'Anatomie et de Chirurgie clinique à l'Université de Pavie ; et par J -B.-F. Léveillé, docteur-méde- cin de l'Ecole de Paris. — I. De penitiori ossium Structur& Commentarius. HN. Des pieds-bots. et de la manière de cor- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 riger cette difformité congénitale. III. Des luxations du Fé- mur en-devant. IV. Considérations générales sur les Nécroses. — 1 vol. /n-8° de 550 pages, avec 8 planches, format in-4°, gravées en taille-douce. — Prix, 5 fr. 5o cent , et 6 fr. 25 c. franc de port. — A Paris, chez Fr. Buisson, imprimeur- libraire , rue Haute-Feuille , n° 20. Les Ouvrages de Scarpa sont trop connus pour qu'il soit nécessaire d'en faire l'éloge. C’est donc un vrai service qu'a rendu à la science le docteur Léveillé, déjà connu par plu- sieurs bons' Ouvrages, en traduisant celui-ci dans notre langue. Xc<, XIc et XII° cahiers du Journal du Galvanisme, de Vaccine , ete. , avec une planche ; par une Société de Physi- ciens , de Chimistes et de Médecins ; rédigé par M. Nauche, médecin de bienfaisance de la Municipalité du 4e arrondis- sement, vice-président de la Société te Série des Sciences, des Sociétés galvanique , médicales de Paris, de Gènes , ete. —La collection des douze numéros, formantz vol. 77-8°, avec des figures, se vend chez K. Buisson, libraire, rue Haute- Feuille, n° 20.— Prix, 10 fr.; et 12 fr. franc de port. - Ces numéros contiennent entr'autres.articles intéressans : Aperçu des travaux de la Société galvanique pendant l’an 12; expériences sur un appareil à charger d'électricité par la co- Ionne électrique de Volta, par M. Rütter ; lettre de Van-Marum, sur la décomposition de l'eau par la machine électrique; ex- périences sur, des ,Sourds et Mmets, par M. Pfngstem ; quél- ques faits d'application du galvanisme au traitement de la goutte sereine et dela surdité ;-observations sur l'application du galvanisme à la surdité et à la rétention des menstrues, par M. De Molle; précis d'expériences nouvelles sur la vac- eine dans l'espèce humaine et dans les bêtes à laine, par M. Godine jeune; observations sur la vaccine dans les bêtes à laine, par M. Moutonnet, artiste vétérinaire, ete., etc. On ne sauroit répandre trop de lumières sur cette nouvelle branche de la Physique. À TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. De la manière dont s'opèrent les secrétions chez les animaux ; par J.-C. Delamétherie. . . . . . . . . .. 114 Description de quelques térébratules; par B.-G. Sage. 126 Expériences sur les moyens eudiométriques ; par MM. A. Humboldt et J.-L. Gay-Lussac. . . . . . . . 129 Note sur la forme du mellite ; par M. D’Aubuisson. . 169 Tableau de la classification des minéraux; par M. Werner : accompagné de quelques Observations sur les travaux de ce Minéralogiste ; par M. D'Au- buisson. . . . .. PE DT I Lo EL MATE SPC T7 Extrait d'une lettre de M. James Smithson & M. Dela- métherie, sur l'analyse des calamines. . . . , . . . 199 Observations météorologiques... + + « «+ + + + + « 180 Nouvelles littéraires. . 2... 04e eu 282 DELrE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. VENTOSE 4x xxx. #1 Sur une pierre météprique tombée aux environs de Sigéna, en Aragon, dans l'année 1773; Par le Professeur PEROUST. PEnsoNxE ne révoque en doute aujourd'hui qu'il est tombé &e l’atmosphère des pierres sur divers points de la terre. L’an- tiquité nous cite ce fait, comme s’étant renouvelé plusieurs fois ,et les siècles qui viennent de s’écouler ont également dé- posé dans leurs annales, l’époque et les circonstances avérées de plusieurs chutes de ce genre, De nos jours méme, on a ra- massé dans les Indes Orientales , en Amérique, en Ecosse , en Angleterre , en France, -en Italie ,en Hongrie, et enfin en Es- pagne, de ces pierres ou minéraux qué l’on a nommés météo= riques ; et pour qu’il ne manqüât rien désormais à la convic- tion de ceux qui refusoient leur assentiment aux témoignages réunis de tous les siècles et de tous les pays , la nature semble avoir voulu ordonner exprès le renouvellement de cet étonnant phénomène. Tout récemment, aux environs de l’Aigle , en Nor- mandie , le 6 flor.an 17 ; ou mai 1803 ( Jour. de Phys.) , une gréle de ces pierres a couvert une étendue de trois quarts de iieue Tome LX. VENTOSE an 13. A a Nu 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sur une demie de largeur. L'Institut a aussitôt nommé un com- missaire pour aller reconnaître le fait sur les lieux mêmes , et pour en Constater l'authenticité, en confrontant les circons- tances avec la déposition des témoins, et rapporter à Paris une provision de ces mèmes pierres. Comme immédiatement après la découverte d’une production nouvelle en Minéralogie , l'analyse chimique est le premier tra- vail qu'on entreprend sur elle ; le président de la Société royale de Londres ,etles particuliers qui consérvoient quelques-unes de ces pierres dans leurs cabinets, s’empressèrent d'en remettre une partie à M. Houward , membre de la Socicté, pour qu'illes analysät et les elassât ensuite selon les principes constituans qu'il leur découvriroit. Mais quel ne fut pas l'étonnement de ce chimiste, quand il eut reconnu que ces pierres tombées sur des points de la terre aussi séparés que le sont Bénarès dans l'Inde, et l'Ecosse, le Portugal, l'Italie, etc., étoient néanmoins composées d’élémens parfaitement semblables, à quelques différences près dans leurs proportions, et qu'à une singularité aussi inattendue, elles joignoient encore celle de contenir , les unes comme les autres, une portion de fer allié au niquel : espèce de combinaison ou d'alliage que la constitution habituelle de toutes les parties de la terre que nous connoissons, exclut de pouvoir se rencontrer parmi les minéraux qu'elle renferme ! L'identité de ces pierres s’est confirmée depuis les travaux d'Houward ; par ceux de Vauquelin, qui en ont multiplié les preuves, en retrouvant dans toutes les mèmes élémens, le même mode de combinaison, et les mêmes caractères. Un accord aussi extraordinaire entre ces pierres et les phéno- mènes météoriques qui accompagnent leur chute, a donc con- duit tous les savans à conclure que des corps formés des mêmes facteurs, doués de propriétés semblables, ne pouvoient man- quer d’avoir une origine commune. Mais quelle est cette origine? appartiennent-elles à la terre sur laquelle elles se précipitent ? ponte à l'atmosphère d’où elles tombent? auroient- elles été lancées des volcans de la lune jusque sur notre globe ? Voilà les questions qui s'agitent aujourd'hui parmi tous les phy- siciens de l'Europe , et que le docteur Izarn a recueillies dans un Ouvrageintitulé , Lithologie atmosphérique.—Paris, 1803. Le cabinet de Madrid possède aussi une de ces pierres depuis l’année 1773. Son excellence le Ministre d'Etat persuadé quelle ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 devoit concourir comme toutes les autres à jeter sa part de lumière sur un fait d'histoire naturelle aussi surprenant, a bien voulu laccorder à ma demande pour étre analysée. C’est le résultat de ce travail que je présente aujourd'hui. Il va nous montrer dans la pierre de Sigena , qu'un individu de cette mer- veilleuse famille n’est venu tomber en Espagne, que pour mul- tiplier par l'identité de ses élémens les preuves d'un phéno- mène dont les lumières de notre raison ont disputé si long-temps la possibilité. Comme le poids de cette pierre s’est trouvé encore assez considérable, malgré les dégradations qu'elle éprouya ayant d'être remise au Ministère, pour que l'on püt encore en détacher des morceaux sans la détruire; le Ministre a ordonné qu'elle seroit replacée dans un endroit du cabinet assez apparent, pour que ce monument unique en minéralogie, pût être examiné de toutes les personnes en qui la lecture des Ouvrages étrangers et du nôtre, pourroit exciter le desir de la voir, et pareillement pour servir de pièce de comparaison avec celles que le temps pourroit nous amener des Amériques, ou d'Espagne même. Nous copions ici la lettre du capitaine général de Sarragosse, qui adressa cette pierre à Don Manuel de Roda, ministre d'état. LETTRE. « En novembre dernier, l’on parla dans cette ville d'un évé- » nement extraordinaire, arrivé le 17 du même mois dans une » terre labourée de Séna, village dépendant du district de Sigena. » Le ciel étant parfaitement calme, on entendit sur le midi » comme un bruit d'artillerie, qui se répéta jusqu’à trois fois » de suite, et qui fut suivi de la chute d’une pierre de 9 livres » 1 once , à peu de distance de deux laboureurs. L'un d’eux s'en » approcha ; mais l'odeur forte qu’elle répandoit, l'arrêta un moment. » Remis de sa surprise , il revint auprès, la souleva avec sa » bèche, et attendit qu’elle fût assez refroidie pour pouvoir » l'emporter au village, où il la remit à son curé. » Les informations qui furent faites immédiatement aprés ‘» sur leslieux, et parmi les habitans des environs, s'accordent sur ce que le bruit et la chuté de la pierre ne furent accom- pagnés ni d'orage, ni d’éclairs ». L = = = 2 © A a 6] 2 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pour réunir dans un même cadre tout ce qu'on sait ar jour- d'hui sur les pierres tombées en Espagne, nous copierons ici la lettre du bachelier Cibdadréal , sur celles qui tombérent près le village de Roa , dans les environs de Burgos , en l’année 1458, « Le roi Don Juan et sa cour étant à chasser au bas de ja » côte du village de Roa, le soleil se cacha sous des nuages » blancs, et l'on vit descendre de l'air des corps qui res‘em- » bloient à des pierres grises et noirâtres, d'un volume si con- » sidérable , qu’elles causèrent la plus grande surprise. » Après une heure que dura ce phénomène, le soleil reparut, » et les fauconuiers montés sur leurs chevaux, se transpor- » tèrent immédiatement sur le canton qui n'étoit pas éloigné » d’une demi lieue. Ils rapportèrent au roi, que le champ où » elles se trouvoient étoit tellement couvert de pierres de toutes » grandeurs, qu’on ne distinguoit pas le terrein. » Le roi voulut s’y transporter ; mais sa cour l’arrêta , en lui » faisant remarquer qu’un lieu que le ciel choisissoit pour » théâtre de ses opérations, pourroit n'être pas sûr, et qu'il » valoit mieux y détacher quelqu'un de sa suite. Gomèés Bravo, » le capitaine de ses gardes, sen chargea. Il rapporta quatre » de ces pierres à Roa, où le roi s'étoit déjà retiré. Elles » étoient d'une grandeur considérable ; les unes étoient rondes » et du volume d’un mortier ; d’autres comme des oreillers de » lit,et comme des mesures de demi fanègue (-environ 45 liv. » de blé en poids); mais ce qui causoit le plus d’étonnement, » c’étoit leur excessive légéreté, puisque les plus grandes ne » pesoient pas demi-livre. Elles étoient si tendres, qu'elles res- » sembloient plus à de l'écume de mer condensée qu’à toute » autre chose. On pouvoit s’en frapper la main sans crainte d'y » causer ni contusion , ni douleur, ni la moindre apparence. » Le roi a ordonné de vous en porter, etc ». On voit par cette description que ces pierres devoient être d'une nature bien différente de celles que l'on connoît aujour- d’hui, puisqu’aucune d'elles ne s’est montrée avec ur'e légéreté aussi surprenante; et malgré leur excessive fragilité, qui ne laisse guère d'espoir d'en retrouver des restes , il seroit pour- tant ben intéressant que des personnes qui réunirojent à la cu= riosité pour ces sortes d'objets, l'avantage d'être peu éloignées de Roa, voulussent bien prendre la peine de faire queiques re- ET D'HISTOIRE NATURELLE, | 189 cherches sur les lieux mêmes : peut-étre en rencontreroit-on encore des vestiges. Pierre de Sigena. Cette pierre pesoit six livres dix onces quand elle sortit da cabinet. Un fragment de trois à quatre onces, reste de ceux que les curieux en avoient détachés, l'accompagnoit. Il étoit par- semé au-dedans et au-dehors de point rouillés , qui firent juger qu on l'avait tenu dans l’eau , pour voir sans doute s'il en rece- vroit quelque changement. Cette rouille , le seul qu'il éprouva , tout dénué d'intérêt qu'il paroit d'abord, pourra cependant nous laisser entrevoir ji: is conséquences instructives sur le gite por de ces pierres : mais d'ailleurs elle appartient si bien à a famille de celles qui fixent aujourd'hui l'attention des natura- listes, qu’on ne remarquera pas de différence entre sa descrip- tion, et celles que Bournon, Bacheley, Houward, etc., nous ont données de toutes les pierres qui sont tombées dans les Indes orientales , dans le Portugal, l'Angleterre , la France, l'Italie, etc. La pierre de Sigena rétablie dans son entier, présente un corps ovoïde irrégulier , de 7 à 8 pouces de longueur, sur 4.à 5 de large, et de 4 dans sa plus grande épaisseur. Elle n’a, si l'on peut le dire, que deux côtés : l'un applati, très-arrondi sur les bords , et un peu déprimé dans son milieu ; l’autre est une pyra- mide trièdre, obtuse, à faces inégales, dont le sommet et les arètes sont aussi fortement arrondis. Elle portoit , comme toutes celles de son espèce, la croûte noire et vitreuse qui dut lui donner au premier aspect l'air d’avoir été vernie de poix; mais la fragiité de cette croûte, les chocs, et les mains par où elle a passé, en ont fait tomber la plus grande partie au point qu’elle n'en con erve aujourd’hui que dans l’enfoncement de la base, et un peu aussi sur les faces de la pyramide. En examinant cet enduit, il n'est pas difficile de juger qu'il est l'eftet d'un feu étranger à l’origine de la pierre ; et à son peu d'épaisseur on reconnoit aussi que ce même leu, très-énergique sans doute quandil en a pu vitrifier la surface , n'a été cepen- dant que fort momentané, puisque les parties métalliques: et sulfurées , qui reposent immédiatement sous la croûte, n'ont pas eu le temps de changer de couleur, ni même de rien perdre de leur éclat. Celle que l’abbé Bacheley remit à l’Académie, ne fut pas jugée 590 SOURNAÏL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE, différemment par les savans qui se réanirent pour l’examiner. « La chaleur, disoient-ils , aura été assez grande pour en fondre » la superficie ; mais elle n'a pas été assez long temps continuée » pour pénétrer dans l'intérieur ». Il paroït en effet que celles qu'on a découvertes jusqu'ici , offrent toutes en général la même singularité. Quelques phy- siciens ont annoncé qu'elles tomboient à terre en pleine incan- descence. Cependant si par ce mot on doit entendre une cha- leur élevée jusqu’au rouge, on ne sauroit guère concevoir com- ment un feu de cette force auroit pu imprimer à la superficie de ces pierres une altération aussi considérable que celle de la fusion, sans causer d’ailleurs le moindre changement dans la physionomie des élémens qui se trouvent sur la croûte. Il est certain pourtant qu'elles arrivent à terre, ce qu’on appelle &r- lantes, c'est-à-dire, échauffées au point de brüler les mains ; mais si l'on peut juger des autres par celle que j'ai sous les ‘yeux , je ne croirai jamais que cette chaleur-là soit celle qui a assez d'intensité pour être lumineuse, et pour mériter de s ap- peler incandescente. La nôtre a toute la porosité qu'on doit trouver dans un agrégé sableux, et dénué de toute espèce de ciment ; aussi le souffle la traverse-t-il avec la plus grande facilité, quand on en tient un morceau entre les dents. Le briquet n’en tire aucune étincelle , et même je pense que les pyrites qu'elle contient n'en sont pas susceptibles, pour les raisons qu’on verra plus loin. Le fond de sa couleur est celui de toutes les autres; un gris bleuâtre uniforme ; c'est celle d'un corps noir éclairci par un corps blanc ; c'est la nuance d'un composé terreux, teint par le fer oxidé au mrnimum. Cette pierre au surplus est une masse arénacée , formée de grains ovoïdes et arrondis , dont les plus gros ne passent guère ceux du chenevix , et entre lesquels sont parsemées les particules métalliques et sulfurées avec tout leur éclat primitif, et surtout avec ce ton léger de kupfer-niquel que Boumon a fait remarquer dans d'autres. En examinant les grains terreux au microscope , on découvre aussi que loin d’avoir été faconnés par le mouvement des eaux, comme on pourroit d’a- bord le penser , ce sont au contraire autant de globules hérissés de points réfléchissans ou cristallins , quine permettent pas du tout de les confondre avec le sable. Ceux qui sont globulaires ont en général une dépression sur un côté, ce qui leur donne quelque ressemblance avec la graine ET D'HISTOIRE NATURELLE 197 du ruscus Æypophillin, et parconséquent l’air d'un sphéroïde composé d’élémens cristallins, ou de molécules disposées dans un certain ordre , bien que dans leur cassure on n’appercoive rien qui autorise cette idée. Parmiles diverses opinions que l’on a hasardées sur l’origine de ces minéraux, que l’on s’est pressé d'intituler atmosphéri- ques, les plus remarquables sont, l’une qu'ils pourroient bien être l’ouvrage du météore même , lequel se trouvant surchargé des gaz, de la silice, de la magnésie , du fer, du niquel, etc. auroit pu les engendrer comme d’autres engendrent la pluie, en combinant leurs élémens à l’aide de sa propre chaleur, et des attractions que celle-ci peut exalter ; et l’autre qu'ils pour. roient avoir été lancés jusques dans notre atmosphère, par l'ex plosion de quelque volcan de la lune : mais sans vouloir rap peler ici les argumens que l’on a donnés depuis pour démontrer l'invraisemblance de ces origines, il ne faut que comparer le tissu intérieur de ces pierres avec leur écorce, pour abandonner toute idée que le feu ait jamais pu étre l'agent de leur forma- tion. Si l’on s'arrête en effet aux inductions que l'on peut tirer de la cristallisation du fer et iu sulfure , de celle des globules terreux qui leur servent de gangue; du brillant , de l'intégrité, de l'air de fraicheur, en un mot, que conservent ces diverses parties; si l’on considère en outre que les élémens terreux et métalliques qui constituent cette classe de minéraux, n'ont ni dans leur nature, ni dans le mode des combinaisons que l’ana- lyse y découvre , rien qui les distingue essentiellement de tous les autres composés du globe , on se persuadera que loin d’être le résultat d'une opération violente, ignée , qui égalise et con- fond tout , ils n’ont pu naître au contraire que dans des milieux tranquilles , etavec des circonstances aussi calmes et aussilentes sans doute, que tous les autres minéraux qui composent ce globe. BE 2e en effet cette écorce vitreuse , cet accident qui les défigure et qui les prive de leur véritable aspect ; présentez- les aux litologistes les plus exercés , et vous vous convaincrez bientôt que parmi toutes les Mere qu’ils pourraient ha- sarder sur son origine, celle du feu où des volcans n’auroit pas méme l'avantage de se trouver la dernière. Salverte dit avec raison , que si ces pierres eussent été lancées par des volcans, les métaux qu'elles contiennent n’auroient point échappé à leur oxidation ; il a pareillement bien vu quand il a jugé qu'il n’y avoit qu'une décharge électrique qui füt ca= 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE able de les vitrifier de la manière dontlles le sont. On con- viendra en effet que le feu qui a pu dénaturer leur superficie, loin d'agir progressivement et à la manière de celui de nos fourneaux, a dû déployer au contraire une activité immense dans le plus courtespace de temps possible : or ce feu qui a dû joindre l'énergie de la foudre à la rapidité de l'éclair, ne peut étre que celui qui fond, qui oxide l'or et le platine, sans laisser sur les vaisseaux la moindre trace de son passage, celui-là méme enfin qui peut fondre une lame d'épée sans endommager le fourreau ; en un mot on ne sauroit mieux comparer la pierre de Sigena qu'à un morceau de cire qu'on auroit aussitôt retiré que plongé dans un four ardent, sa superficie coule, tandis qu’une ligne au-delà son intérieur n'éprouve pas le plus léger changement de température. Mais Salverte va bien au-delà du vraisemblable, quand il ajoute qu'un coup d'électricité violent, une chaleur extréme ont pu déterminer la formation de celles qui sont les plus vitrifiées. Je dirai sur cela que sile météore qui transporte une de ces pierres, est igné dès son origine , cette pierre dont l'intérieur n'est aucunement fondu , quoique d’une nature très- fusible , ne peut être son ouvrage. Si au contraire il est froid , ue moment où il vient à s'embraser et à faire entendre explosion qui paroît déterminer le moment de sa chute, on ne peut pas présumer avec la plus légère apparence de raison, qu’il ait pu davantage la former à cette seconde époque ; qu'il ait été eapable d’engendrer un agrégé terreux, métallique et sulfureux, qui tout bien considéré n'offre dans sa composition aucun élément nouveau pour nous, aucune substance que nous ne trouvions dans les autres minéraux de notre globe. Non ! il n'est pas plus exact de decider qu’un de ces minéraux soit étranger à notre globe, parceque nos minéralogistes ne l'ont point encore rencontré sur la surface de la terre qui a été par- courue, qu'il le seroit de croire que ces millions de lupins (1) qu'un ouragan a semés dernièrement dans les environs de Léon, ont pris naissance dans les régions de l'atmosphère, parcequ'on n'a pas trouvé dans la province l'espèce qui produit ces graines, mais nous reviendrons à d'autres conjectures après avoir analysé la pierre de Sigena. TE (1) Gest selon Cavanilles, leZupinus pilosus. Ian. M. Née, botaniste fançais ,résidant à Madrid, l'a trouvé dans le parc de la maison de cam- pygne du Roi, aux portes de Madrid. ANALYSE, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 193 ANALYSE. … Un fragment de pierre d'environ deux pouces fut exposé dans un creuset fermé à une chaleur rouge d’un demi-quart d'heure ; il en sortit extrémement changé ; les globules sableux étoient devenus d’un gris plus foncé, et les grains métalliques dépouillés de tout brillant, s’étoient visiblement oxidés à la cou- leur et au degré du fer qui a sérvi à la décomposition de l’eau : ceci nous conduit déjà à reconnaitre, que si la pierre eùt éprouvé de la part du météore, une incandescence de la méme durée, les parties métalliques placées au centre , auroient incontestable ment perdu la fraîcheur et l'éclat qui les caractérise, parceque l'air qui l'imbibe, ou qui la pénètre si facilement , n’auroit pu manquer d’y occasionner les mêmes changemens ; mais la pierre de Sigena, bien au contraire : elle porte un enduit vitreux qui ne diffère point de celui que nos fourneaux auroient pu lui donner, et néanmoins ses élémens intérieurs conservent toute l'intégrité , tout l’isolement qui est propre à des agrégés qui n’ont jamais éprouvé la chaleur. Ce résultat confirme donc le juge- ment que nous avons déjà porté sur la nature du feu qu'ont éprouvé ces pierres ; il nous en donne en quelque sorte la me- sure, après nous en avoir indiqué l'espèce. Desirant connoître les effets d’un feu plus actif, on en fit chauffer à la forge environ deux onces pendant demi-heure, l’espace de temps à-peu-près qu'on aurojt mis à fondre un essai de cuivre. Le creuset hors du feu, les fragmens étoient parfai- tement fondus : ce n'étoit plus qu’une masse demi-vitreuse , noirâtre, légérement poreuse, et qui n’annonçoit pas, dans Vétat des bords du creuset, ayoir éprouvé beaucoup d’efferves- cence avant d'entrer en fonte. Elle étoit parsemée de globules de fer qui n’avoient pas eu le temps de descendre, quoiqu'un régule de plus de cent grains se füt déjà rassemblé au fond. Ce régule n'étoit pas très-fragile ; ils’émriettoitsous le marteau, et ses parcelles diffciles à séparer, offroient des faisceaux que je jugeai cristallisés à l'inégalité de leurs filamens. L’acide sul- furique dissolvoit facilement ce fer, et l'hydrogène qui s’en éleva frappoit l'odorat de l’odeur bitumineuse qui caractérise si bien les fontes charbonneuses, mais il n’avoit rien de sulfu- reux. Le soufre des pirites s'étant employé sans doute à désoxi- der une partie du fer qui teint la pierre , a dù se dissiper en Tome LX, VENTOSE an 13, Bb 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE acide sulfureux. C'est le phénomène du minium ramené à l’état métallique par le soufre dont Morveau nous a donné la théorie. La masse vitreuse enfin bien nivelée dans Le creuset, ne l'avoit pas attaqué sensiblement, ce qui annonce que la silice, la magnésie et l’oxide se trouvoient dans un rapport suffisant à. leur saturation respective. Du fer contenu dans la pierre. Les parcelles que l’aiman en sépare ont trop peu de volume pour qu’on en puisse reconnoitre la figure à la loupe. Cepen- dant elles paroissent octaëdriques ; elles n’y sontpas réparties bien également; car j'en ai retiré tant t 17, tantÔt 19, tantôt 22 pour cent. Pour les obtenir bien pures, et les sauver de la rouille, je les ai séparées des parties sableuses , en employant l’alkool au lieu d’eau, malgré cela elles en retiennent toujours, parceque les coups de pilon replient les grains sur eux-mêmes. Cent grains de ce fer traités par l'acide muriatique , laissérent 5 de sable, ce qui en suppose environ 7 de pierre, parceque l'acide en avoit dissout l'oxide et la magnésie. Ce même fer chauffé au chalumeaun'exhale aucune odeur; il se dissout à la manière du fer ordinaire , l'hydrogène ne lui enlève rien de sulfureux , puisque ce gaz ne fait pas la moindre impression sur le papier écrit avec la dissolution d’argent , enfin sa dissolution dans l'acide nitrique ne troublé pas la barite. Tout ceci démontre que le fer que l’aiman sépare de la pierre de Sigena, n’a rien de sulfuré. P Du niquel. Je n'ai trouvé ce métal qu'allié à la grenaille dont nous venons de parler, et auçunement dans la partie pierreuse, ow dans le sulfure. La dissolution muriatique de cent grains de grenaille, fut traitée avec un peu d'acide nitrique, ce qui releva le fer au mavimum , mais non pas le niquel. Ce dernier, quoique suscep- tible aussi d'un maximum d'oxidation, a comme le manga- naise et le cobalt trop d’aflinité avec les acides pour que le nitrique puisse l'élever au-delà de son minimum , tant qu'il'est attaché à un atide. La dissolution fut précipitée avec l’ammo- ET D'HISTOINE NATURELLF. 195 niaque, pour en avoir séparément l’oxide du fer. Mélée en- suite à un peu de potasse , puis évaporée , elle donna des sections de prisme rhomboïdal d'un beau verd, du poids de 24 grains, et comme cent parties de sulfate de niquel potassé contien- nent 12 parties de métal, il est évident que les 24 grains en contiennent près de trois. Je ferai, puisque l’occasion s'en présente ici, une courte digression de quelques faits sur le niquel , qui méritent d'être connus. Cent parties de ce métal parfaitement purifié par des moyens dont je parlerai ailleurs, dissoutes dans l'acide nitrique et distil- lées jusqu'a décomposition complète , ont laissé par deux expé- riences ; de 133 à 134 d'un oxide gris qui ressemble à la sca- monée en poudre, | Cent parties du mème, dissoutes dans l'acide nitrique, et précipitées avec du carbonate de potasse, ont donné par deux expériences de 232 à 233 de carbonate de niquel d’un verd päle. Ce carbonate distillé se réduit à 135 d’oxide gris. On voit donc que la potasse, et les lavages le surchargent d'un peu de terre. L'acide muriatique dissout ce métal comme il dissoudroit le fer ; l'hydrogène qui s’en élève a le caractère bitumineux, ce qui me fait soupconner que le niquel peut dissoudre du charbon. Cette dissolution donne aussi de 252 à 234 de carbonate pour cent , ce qui démontre que l’acide muriatique n’oxide pas le niquel autrement que le nitrique: La potasse pure précipite l'oxide du niquel en un hydrate verd plus foncé que le carbonate. Cet hydrate ne se décompose point par ébullition, ni dans l'eau, ni dans la potasse. Les afli- nités de cet oxide sont beaucoup plus fortes que celles de l’oxide de cuivre. Elles répondent à ses autres affinités pour les acides, L'hydrate de niquel se dissout avec chaleur et sans efferves- cence dans les acides. Ses dissolutions ne troublent ni celles d'argent, ni celles du barite. Distillé, il laisse 78 d’oxide gris, et 22 pour cent d'eau sans aucun gaz; et il a aussi ce carac- tère , qu'il faut le chauffer plus long-temps et plus fortement que celui de cuivre pour le priver complètement d’eau. L'hydrate distillé enfin ne cède rien à l'eau bouillante, quelquefois des atômes de sulfate de potasse qui ne font aucune impression sur le bleu du tournesol , mais deviennent sensibles à la barite. Bb 2 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'oxide de niquel a, comme celui du cuivre et comme beau- coup d'autres vraisemblablement , la propriété de donner avec l'acide sulfurique des combinaisons qui peuvent être avec ou sans eau. Cent parties de sulfate de niqueldistillées , perdent 24 d’eau, et se réduisent à une poudre d’un jaune serin , qui peut entrer en fusion rouge sans changer d’état ni de couleur. Cette poudre jaune étendue sur du papier, attire l’humi- dité et revient à la belle couleur verte du sulfate. Le sulfate de cuivre distillé donne une poudre d'un blanc mat; si on Jui présente l'humidité de l'atmosphère, celle de lhaleine, elle revient au bleu ; elle redevient comme celle du niquel, sul- fate cristallisable et coloré. Ces sulfates peuvent donc être avec ou sans eau, et l'expression de Chenevix qui a dit que le sulfate de cuivre étoit la dissolution de l'hydrate dans un acide, est parfaitement juste. L'’oxide gris du niquel, son carbonate, son hydrate décom- posent l’acide marin oxigéné, et se changent en une poudre d’un violet foncé , qui paroît noir quand il est sec. Cet oxide qui peut-être se trouvera dans la nature, se comporte de la manière suivante avec les trois acides; avec le muriatique simple, il donne abondamment le gaz muriatique oxigéné. Dans le sulfurique et le nitrique il se dissout avec efferves- cence, et donne du gaz oxigène pur. Les dissolutions qui en proviennent sont vertes, et contiennent l’oxide au m2nimum, £e qui est l'état ordinaire des dissolutions de ce métal; je ne connois pas numériquement le degré de sur-oxidation du niquel, Ce métal qui est en effet très-attirable à l’aiman , a encore avec le fer une ressemblance dont je ferai mention , parcequ’elle peut avoir de l'utilité dans l’analyse de ses mines. Son oxide chauffé au rouge avec un peu d’huile, dans un creuset fermé , se réduit fort aisément, devient attirable et prend Ja couleur métallique. Sa fonte exige un feu qui ne me paroît pas supérieur à celui qui fait couler le fer de fonte. Le cobalt suit en tous points la marcke du niquel. Les acides l'oxident uniformément ; il donne de l’hydrate, un oxide gris, quand il est au minimum, et noir quand il a été sur-oxigéné par l’acide muriatique oxigéné. Ce nouvel oxide se dissout avec les mêmes circonstances que celui du niquel. Je pense que les oxides natifs du cobalt qui sont très-noirs, pourroient bien nous offrir le sur-oxigéné ; le cobalt enfin est très-attirable, et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 d’une fusion extrêmement dificile. Je dirai ailleurs comment je suis parvenu à le purifier. Revenons à la pierre de Sigena. Quoique l’ammoniac mérite la préférence sur la potasse pour séparer le fer du niquel, celle-ci peut y servir néanmoins avec autant de succès , parceque la force avec laquelle les acides atti- rent l’oxide rouge de fer est très-inférieure à celle avec laquelle ils attirent l’oxide du niquel, du cobalt et de la manganaise. Il -y a donc toujours entre le point où le fer achève de se préci- piter, et celui où ces derniers vont commencer à le faire, un in- tervalle assez marqué pour qu'on ait tout le temps de les sépa- rer, sans risquer de les Écafbailte. C'est surtout dans la purifi- cation du niquel et du cobalt en grand, que cette manière d'appliquer la potasse est extrêmement utile. Tout ceci nous apprend donc que le fer que l’aiman sépare de la pierre de Sigena, est comme celui des autres RÉdE de ce genre, un alliage dont le niquel fait partie ; alliage bien propre à confirmer l’analogie que Houward a fait remarquer entre le fer des pierres météoriques , et ces étonnantes masses de fer que l’on a trouvées en Sibérie , dans le Fucuman, etc., et dans les- quelles ce chimiste a rencontré, comme moi, le niquel. En considérant en effet leurs compositions et leurs gissemens sur la terre, on ne peut guère douter aujourd'hui que les météores qui viennent de faire pleuvoir de ces pierres par milliers, comme on l’a vu tout récemment en Normandie , et qui dans une infi- nité de lieux en ont laissé tomber du poids de cent, de deux cent soixante, de trois cents livres; que ces météores, dis-je, aient pu y jeter tout aussi facilement des masses de 14 quintaux de cet alliage. Action de l’eau sur la pierre. On en tint dans l’eau distillée un fragment d'environ deux pouces, pendant l’espace de 12 heures ; le lendemain on l'en retira couvert de taches rouillées : ces taches indiquoient la place des grains de l’alliage, qu'on ne pouvoit auparavant dis- tinguer de ceux qui sont sulfurés; ceux-ci avoient conservé leur brillant. L'eau vers le fond du vase étoit teinte d’une légére couleur de café, ce qui me surprit d'abord : ce n'étoit point une disso- lution de fer ; car le prussiate de potasse ne changea rien à sa: 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nuance; mais aussitôt que j'y eus ajouté quelques gouttes d'acide marin , la couleur disparut. L’oxide qui n’étoit là que délayé dans l'eau, prit aussitôt l’état salin, et se convertit en bleu de Prusse par l'addition du prussiate de potasse ; mais ce n'étoit pas tout : l’oxalat de potasse et le muriate de baryte découvrirent dans cette eau des traces bien marquées d’acide sulfurique et de chaux. Vauquelin et Klaprot ont également appercu l'existence de cette terre ; mais pour l’acide sulfuriqüe , sans exister dans la pierre, on juge bien que Jlacombustion des grains sulfurés qui étoient à sa surface, dut l'envelopper d’une atmosphère qui eut le temps de pénétrer dans ses pores. Quant à la facilité avec laquelle elle se rouille, nous verrons plus loin les conséquences auxquelles cette altération peut nous conduire. Action des acides. .…. Les acides sulfurique et nitrique les plus foibles divisent et analysent aussi facilement la partie terreuse de notre pierre , que :ceux qui sont concentrés comme les précédens ; l'acide x muriatique la dissout , et en sépare de £%- à £7- de silice. Avec de secours de cet acide on dégage aussi un hydrogène sulfuré qui est sans mélange d’acide carbonique, et qui contient à peine une quantité sensible d'hydrogène pur. Je parle icide la Pierre qu'on a séparée par l’aiman des parties attirables. Cette dissolution fait souvent la gelée à cause de la silice. Du sulfure de fer contenu dans la pierre. Cent parties de notre pierre purgées de fer, traitées dans une retorte avec l'eau régale, et réunies au produit de sa dis- tillation , ont donné avec le muriate de baryte 16 grains de sulfate, qui, selon l'estimation de Chenevix , appartiennent à 4,6 dessoufre. La combinaison que ce soufre produit ici avec une sartie du fer de la pierre, n’est pas, comme plusieurs chimistes Pont pensé , de la pyrite ordinaire. Ce sulfure naturel ne cède point à l’action des acides sulfurique et muriatique, au point de former de l'hydrogène sulfuré. C'est une différence qui n’a: point échappé à Houward, et les chimistes qui analysèrent la pierre de l’abbé Bacheley, observèrent aussi que l’odeur hépa- tique accompagnoit sa dissolution. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 Il existe pour le fer deux proportions de soufre, qui me parois- sent constantes dans l’art comme dans la nature. Elles sont, l'une de 60, et l’autre de 9o sur cent. La première s'obtient en combinant directement le fer au soufre, selon la méthode que nous suivons pour préparer le sulfure propre à donner l'hydro- gène sulfuré. On l’obtient pareillement en distillant des pyrites, ce qui ramène le soufre qu’elles contiennent de 90 à 6o sur cent, comme je le ferai connoître dans une autre occasion. La seconde proportion, celle de go, est toujours l'ouvrage de la nature. Je suis parvenu à limiter depuis le Mémoire que j'ai donné sur la pyrite. Mais la première, si elle existe dans nos mines, ne s'est point encore offerte à nous jusqu'ici : et si nous la rencontrons aujourd'hui dans les pierres météoriques , on peut, je crois, dire que c’est pour la première fois que la nature met sous nos yeux le sulfure de fer au 2/nrmum. Revenant donc au soufre de notre pierre, on en peut conclure que les 4,6 que nous en avons découverts, établissent en elle une qüan- uté de sulfure au »2/nimum , d'environ 12 pour cent. Car les combinaisons de l’art suivent en général de si près celles de la nature dans leurs proportions, que l'on peut, je pense, ad- mettre ce rapport, en attendant une vérification plus exacte. L’ammoniac appliqué à la dissolution nitrique de notre pierre, en a précipité :, d'oxide rouge : mais si nous en mettons 12 à part pour les 8 parties de fer qui servoient de base au sul- fure , il en reste G pour celui qui teignoit la pierre, et comme sa teinte est celle que donne l'oxide au minimum , et non l’oxide rouge , on peut supposer aussi que l'oxide noir en elle ne passe pas :55. Dans toute analyse, il me paroït préférable de calculer le fer sur la quantité de son oxide rouge , parceque ce dernier est invariable : il peut supporter une chaleur vive, sans perdre d'oxigène. Manganaise. La, liqueur séparée de fer, et sans excès d'ammoniac, ce: qu'il est essentiel d'observer pour atteindre avec sûreté l’oxide suivant , cette liqueur fut traitée avec l’hydro-sulfure d’ammo- niac, Le précipité qui en vint , brülé dans une cuiller de platine et fondu ensuite avec nn peu de borax, le teignit à mon grand étonnement, d’une couleur décidée de manganaise. Pour m'assurer davantage d’un métal qui devoit ; selon mon attente , être du niquel, je traitai de nouveau huit cents grains 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de pierre purgée de fer par l’aiman, et séparai ensuite l’oxide rouge par la potasse. J'achevai la précipitation par du prussiate ; mais le précipité au lieu d’être verd comme celui du niquel, se montra sous la nuance de fleur de pécher, qui est effectivement celle du manganaise. Ce prussiate brûlé teignit abondamment le borax de la couleur violacée que je devois en attendre. Comme l’oxide du manganaise est en fort petite quantité dans nos pierres , je n'ai point essayé de la déduire de celle de son prussiate, parceque cela eût exigé des vérifications auxquelles je n'avais point le temps de me livrer. Je sais seulement par une suite d'expériences que j'ai commencées, que le prussiate de potasse cristallisé porte dans tous les prussiates métalliques, et parconséquent dans le bleu de Prusse, de 30 à 31 pour cent de prussiate blanc, et qu'il est même dans le bleu de Prusse un élément aussi essentiel à son existence, qu'il l'est à celle du prus- siate de potasse cristallisable. Quant au prussiate de fer composé d'oxide rouge et d'acide prussique exclusivement, c'est une combinaison nouvelle, infi- niment différente du bleu de Prusse. Ceci portera, comme on en peut déjà juger, une grande modification dans le Mémoire que j'ai donné sur les prussiates ; mais en attendant que je puisse reprendre ce travail, Je dirai pour ceux qui desireroient entrer dans la route nouvelle que doivent ouvrir les prussiates métalli- ques purs: Que celui du fer est verd ; qu'il s'obtient avec le sulfate rouge et le prussiate de potasse pur décrit par Schéele, qui par une grande multitude de faits essentiels à sa connoissance, nous a mis depuis long-temps sur la voie de le bien connoître ; mais dont la trace sest déjà trop effacée parmi nous ; que ce prus- siate dissoluble dans l’acide sulfurique, ou dans un excès de sulfate rouge, qui, comme on sait, est toujours acide, lui com- munique cette couleur de sang que nous appercevons cons- tamment dans les lessives qui restent après la formation du bleu de Prusse ; que l’on obtient une bonne partie de prussiate de potasse pur, en appliquant l'esprit-de-vin aux lessives concen- trées du charbon animal fondu avec la potasse , ce qui le sépare du carbonate , du phosfate, et du prussiate de potasse cristalli- sable; que ces lessives doivent leur couleur au fer du sang qu'elles ne contiennent jamais qu'en fort petite quantité ; et enfin que tout au contraire de ce que j'ai établi dans mon Mémoire, si l'on n'usait pas , comme on le fait, du sulfate du commerce qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 ‘Gui est toujours un mélange des sulfates rouge et verd, et qui a parconséquent l'avantage de céder au prussiate de potasse pur la portion d’oxide verd, dont il a besoin pour passer à l’état de prussiate cristallisable, on n’obtiendroit pas sensiblement de bleu de Prusse, parceque ce dernier ne se forme qu'autant que le prussiate cristallisable peut lui transmettre de l’oxide verd, qui est pour lui un élément indispensable , élément qu’on retrouve parconséquent tont entier dans le bleu de Prusse, élément que l'oxigène nitrique ou atmosphérique ne sauroit même sur-oxider en lui; élément, en un mot, que le prussiate de potasse pur est incapable de lui transmettre, puisqu'il ne le possède pas lui-même. Chaux. La chaux se trouve aussi dans nos pierres , comme nous l’avons dit au commencement, maïs en si petite quantité qu'il est difä- cile de l’atteindre, à moins qu'on n’opère sur sept à huit cents grains de matière. La dissolution sulfurique, par exemple, privée d'excès d’acide, et concentrée , donne alors des filamens de sulfate de chaux avant celui de magnésie. Pour l'argile , il ne paroît pas qu’elle y soit ; au moins n'en ai-je appercu aucune trace, même en la cherchant directement. Si nous résumons ces résultats, nous découvrons d’abord que le niquel n’est ni sulfuré ni oxidé dans la pierre de Sigena. 11 est allié seulement au fer ,et c'est cet alliage que l’aiman sépare de la pierre réduite en poudre. Quant à l'oxide noir du fer auquel elle doit sa teinte grise, celui du manganaise l'accom- pagne , comme il le fait dans tant d’autres composés pierreux. Je présume même que ceux qui dans la suite analyseront des piérres météoriques, l'y trouveront aussi, surtout s'ils ne les traitent pas collectivement, ce qui nuit à la simplicité du travail. ‘ : n,1 19 à 20 5 ER La magnésie a toujours été de 327, Nous pouvons d'après 100 cela former le tableau suivant qui ne sera qu’aproximatif, at- tendu la difliculté des évaluations rigoureuses dans la pratique de l'analyse : Tome LX. VENTOSE an 13. Ce 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Sulfure de fer au minimum. . . . . ‘12 Oxide detfer noir. #4 MN 5 Sie NO ARE NE RUN ENTER EG Mabnésie De N 4. 20 Chaux et manganaiïse des atômes. . . —— — —— 103 Je n'ai pas cru devoir placer dans ce tableau le fer que l'ai- man peut en séparer , puisqu'il n'est qu'interposé dans la pierre, à la manièredes métaux vierges dans leurs gangues. Celles-ci, nous les analysons toujours à part, quand la séparation méca- nique en facilite les moyens. D'ailleurs cette manière de voir offre des rapprochemens qui peuvent avoir leur utilité. Ils ré- tablissent entre les minéraux météoriques et ceux du globe qui nous sont connus , une analogie de structure et de composition qui n’eût peut-être pas échappé aux naturalistes qui les ont étudiées, si trop d’empressement à leur chercher une origine dans les régions du merveilleux, plutôt que dans celles du vraisemblable, ne les eût écartés de la route qui pouvoit les conduire à ces rapprochemens. CONSÉQUENCES. On à pu voir dans le cours de cette analyse , qu'en comparant les pierres météoriques avec les minéraux du globe, j'ai täché d'appeler l'attention sur des analogies qui rapprochent les pre- mières des secondes. Qu'y auroit-l en effet d’impossible ou d'invraisemblable , que ces pierres qui ne se présentent point dans les régions connues , qui méme ne pourroient s’y trouver par les raisons que nous en verrons tout-à-l'heure , appartins- sent néanmoins à celles que l’homme ne connoît point encore, et dont il n’approchera probablement jamais ? ne semble-t-il pas, par exemple, qu'avant d’aller chercher dans l'atmosphère, ou dans les volcans de la lune , une origine à des composés qui n'ont pas un seul élément qui ne les mette en filiation avec ceux du globe, on auroit dû s’arrèêter d'abord à la possibilité d’appar- tenir à cette immense portion de la terre qui environne les pôles ? et pourquoi des météores dont nous ne connoissons ni l'origine, ni les combustibles qui les alimentent, ni l'impulsion qui les meut, ni la nature des lignes qu’ils parcourent, seroient- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 äs moins propres à les arracher de quelque point du globe, qu'à ls former, contre toute vraisemblance physique , d'élémens que l'atmosphère ne peut ni créer, ni conserver en dissolution ? Essayons de rassembler ici quelques-unes des lueurs que l'analyse vient de nous offrir. L'écorce que portent ces pierres est un accident : cela est hors de doute. Une cause étrangère en a visiblement défiguré la superficie, comme l’auroit pu faire la chaleur d’un four à chaux, vis-à-vis d’un morceau de grès, de granit, qu’elle auroit enveloppé d'un enduit vitreux ; et cette cause, il faut également reconnoitre qu'elle n'a pu déployer sur les pierres qu'une acti- vité momentanée, parceque si elle eüt eu le temps de propager ses effets au-delà de l'écorce , elle ne pouvoit manquer de viri- fier un agr\'gé d’une nature aussi fusible que ces pierres. Cette causa ne peut être en outre que le feu même du mé- téore qui les transporte. T'antôt il s'annonce tout embrasé dés les bords de l'horizon où l'on commence à l'appercevoir ; tantôt aussi il re paroit s’enflammer qu'après avoir sillonné une portion de l'atmosphère , sous les apparences d'un nuage obscur, dont la course se termine avec l'explosion qui précède la chute des pierres ; mais à quelqu'époque que l'on considère ces globes , qu'une accumulation de fluide électrique précipite en éclats, on concoit avec la méme évidence, qu'ils n’ont pu engendrer de pareils minéraux par la seule force de l'igoition, parceque la nature et la combinaïsonade leurs élémens, l'arran- gement de ces mêmes combinaisons, l’organisation intérieure de ces pierres , n'ont rien qui ne répugne sous tous les aspects aux idées que nous avons de cette même ignition, rien qui puisse en un mot autoriser à les assimiler a des productions de volcans. Il faut donc d’après cela leur accorder deux époques bien marquées. La première sera celle où ces minéraux gissoient pai- siblement, je ne dis ni dans quel lieu , ni dans quel espace, mais tout au moins dans un système de corps fort éloignés d’avoir pour température habituelle, une chaleur capable d'en dégrader la structure. La seconde époque sera celle où après avoir été arrachés par une cause violente à leur inertie primitive , ils parcourent les plaines de l'atmosphère , enveloppés dans le tourbillon d'un météore inconnu , qui partage avec eux son mouvement, qui Jes soutient contre leur propre poids, et qui ne les abandonne Ce 2 204: TOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIEÆ- jamais sans leur avoir imprimé cette dégradation qui porte l’em- preinte marquée d’une explosion électrique. Si nous nous rappelons actuellement l’altération rapide que ces pierres éprou- vent dans l'humidité ,nous ne pouvons refuser notre assentiment à la verité suivante, savoir; que le sysième dont elles faisoient partie doit jouir habituellement d’une sécheresse parfaite, puis- que lalliage brillant du fer et du niquel ne pourroit, sans s’oxider, soutenir le stjour Le plus limité dans tout autre système qui, comme ce ui du gl:be que nous habitons, abreuve d'une humidité permanente tous les minéraux qui sont au-dessous de sa surface. On conçoit en. effet qu'une pierre météorique abandoniée dans nos chimats, aux variations qu'éprouve la sur- face de la terre, ne sauroit manquer de se dégrader dans ses: parties métalliques, aussi rapidement qu'un morceau de fer poli, et cette dégradation là mème, doit rendre aujourd’hui méconnoissables un grand nombre de ces pierres qui seront restées sur la terre depuis leur chute; parcequ'il n’est plus pos- sible maintenant de les distinguer entre les pierres ferrugineuses qui abondent sur toute la surface du globe. Or s'il est permis de conjecturer, sans. perdre de vue les principes, il ne répu- gneroit donc point à la raison de présumer que loin d'avoir pris naissance dans des milieux ardens ou aqueux, puisque la na- ture de ces pierres en exclut jusqu'à la vraisemblance, elles pourroient avoir été enlevées de quelques-uns des points du globe, qui n'ayant pour eux ni l'humidité qui rafraichit con- tinuellement la surface etŸfitérieur du sol que nous parcou- rons, ni cette chaleur qui vivifie les corps organisés, en en-- tretenant la fluidité liquide et gazeuse des eaux, pourroieut parconséquent les maintenir dans cet état habituel de séche- resse absolue que leur organisation intérieure exige invincible- ment. Or un système propre à conserver éteruellément ces pierres, ainsi que le fer dans cette intégrité qui peut seule en assurer le magnétisme , et le défendre de l’oxidation qui est aujourd'hui l’état général de ce métal pour tous les climats de Ja terre où l’eau jouit de la fluidité , ne peut se concilier qu'avec les idées que nous devons prendre des terres polaires, de ces régions où un froid éternel ne permet jamais à l'eau d’aban- donner le caractère de roche primitive qu'elle doit y avoir, ni au fer celui de corps combustible. Mais entin, conjecture pour conjecture, concluons des lu- mières que l'analyse nous fournit sur la nature des minéraux mé- téoriques , que le lieu, ou le système dont ils ont. été détachés, Le ET D'HISTOIRE NATURELLE, 20% ne peut ayoir pouritempérature habituelle ni cette chaleur quien a fondu la surface, ni les alternatives de sécheresse et d'humi- dité qui règnent sur les régions tempérées du globe, et que bien loin d’avoir pu se produire peu d’instans avant leur chute, il est infiniment plus conforme aux principes de la philosophie naturelle de penser que ces minéraux préexistoient à la cause violente qui les a enlevés à leur inertie , et qu'ils sont vraisem- blablement aussi anciens dans leur espèce , que tous ceux qui composent le reste du globe. DE L'ACTION DES DIFFÉRENTES PRÉPARATIONS D'OPIUME SUR DES ANIMAUX VIVANS (:); Par J.-M. ROMERO pe TERREROS, Docteur en Médecine. L’acrion de l’opium sur l'économie animale a été le sujet de: plusieurs discussions erronées , et tous les médecins, par défaut d'expériences positives en ont donné d:s explications différentes. Je crois que la plus sure manière d'expliquer l’action de ce médicamert, eùt été de faire des expériences sur les animaux vivans , et c'est ce qui n'avoit pas été fait jusqu’à présent. Pour décider , ou pour essayer de décider cette question, j'ai fait une série d'expériences dont je donne ici l’ext'ait (2). Comme il existe plusieurs préparations d'opinm que j'ai em- ployées , il est bon de les indiquer. — 1°. L'extrait résineux ; 2°, l'extrait aqueux ; et 3°. la résine d’opium. () Extra t d’une dissertation qui se trouve chez Gabon , libraire, place de YEcole de Médeuine. (2) On verra dans ma Dissertation des détails sur lesquels un extrait ns permet pas de s'étendre. LA T * 200 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CIIMIE L'extracto-résineux d'opium a été préparé de la nianière suivante : on a coupé de l'optum du commerce par tranches , on l'a mis dans une bassine d'argent avec un peu d'eau ,et après l'avoir fait bouillir en remuant de temps en temps , on l'a passé ensuite travers un blanchet, et faitévaporer jusqu’à consistance pilulaire. L’extrait aqueux, par une longue digestion , a été pré- paré ainsi qu'il suit : on a pris de l’opium du commerce qu'on a coupé par tranches, et on a dissout à froid la partie soluble dans une suflisante quantité d'eau distillée; on a filtré et évaporé jusqu’à consistance de sirop: alors on a ajouté une nouvelle quantité d’eau froide. On a filtré et évaporé pendant trois mois, en mettant de temps en temps une certaine quantité d'eau, et ayant soin de décanter tous les jours, à l'effet d'ôter la résine qui se précipite. Pour obtenir la résine on a pris de l'opium brut, qu'on a coupé par tranches, et on a mis dessus de l'alcool à 38 degrés. La macé- ration a duré douze heures, après quoiona filtré à travers Îe papier Joseph, et ce qui a passé a été évaporé dans une bassine d'argent, jusqu'a consistance pilulaire. On a aussi employé l'extrait aqueux et la résine préparés à la méthode de Josse. Ma dissertation est divisée en huit chapitres. à Dans le premier, je traite de l'action de l’opium, extrait aqueux préparé par une longue digestion. Dans le second, de l’action de la résine d’opium obtenue par l'alcool. Dans le troisième, de l'action de l’opium, extrait aqueux réparé par une longue digestion, et de la résine obtenue par e moyen de l'alcool, sur des animaux qui avoient un nerf preumo-gastrique coupé. Dans le quatrième, de l'opium extracto-résineux. Dans le cinquième, de l’action de l’opium, extrait aqueux préparé à la méthode de Josse. Dans le sixième, de l’action de la résine préparée par l’eau. Dans le septième, de l'action d’une forte dose d'opium, ex- trait aqueux préparé à la méthode de Josse , d'extracto-résineux, et de résine d’opium. Dans le huitième enfin, de l’action de la résine d'opium, de J'extracto-résineux, de l'extrait aqueux par une longue digestion sur l'irritabilité. ET DUHISTOIRE. NATURELLE, 297 CHAPITRE PREMIER. « De l'action de l'extrait aqueux préparé par une longue digestion. Ce chapitre contient cinq expériences : la première sur une chienne âgée de 3 ans, et très-irascible ; la seconde sur un chien roquet âgé de 2 ans ; la troisième sur un chien épagneul âgé de 4 ans; la quatrième sur une chienne épagneule âgée de 10 ans, affectée ‘de la danse de St-Guy (1), et la cinquième sur un jeune chien âgé de 35 minutes. Cette dernière expérience parois- sant la plus curieuse, je vais en faire mention. Le 4 prairial an 12, à 7 heures 15 minutes du soir, j'ai pris un jeune chien âgé de 35 minutes (2); je lui ai fait avaler un demi-grain d'opium dissout dans le colostrum de sa mère. Le petit animal n’a été nullement affecté. A 8 heures 20 minutes, je lui ai donné un autre demi-grain préparé de la mème manière, qui n’a produit aucun effet, Le méconium , contenu danslles intestins des animaux récemment nés , annihileroit-il l'effet de l’opium extrait aqueux..…. ? À 9 heures, j'ai mis l'animal sous sa mère ; il a cherché le mamelon , et a teté. Le 6 prairial , à 9 heures 20 minutes du matin, je lui ai donné un grain , que je lui ai fait avaler avec le doigt. À 9 heures 54 minutes, somnolence. À 9 heures 43 minutes, affection carotique, convulsions légères des membres thoraciques et abdominaux, respiration lente, À 9 heures 46 minutes, eris plaintifs et douloureux ; l’animal tiroit la langue. À 6 heures 56 minutes , convulsions des membres thoraciques et du col ; dix huit respirations dans une minute. (x) Ces quatre chiens en ont pris jusqu'à 84 grains dars un jour, sans mourir. (2) J'aurais pu lui administrer l'opium immédiatement après sa nais- sance ; mais J'ai voulu que la respiration se fit bien, pour ne pas com pliquer mon expérience. 205 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À 10 heures 8 minutes, convulsions, respiration moins lente. À 10 heures 38 minutes, les convulsions ont cessé. A 11 heure$, l'animal se portoit fort bien; je l'ai porté sous sa mére, et il a teté. Le 9 prairial , à o heures 43 minutes du matin , administration de 3 grains d'opium. À 10 heures, somnolence, léger tremblement. À 10 heures 3 minutes, contraction spasmodique du col et des oreilles. À 10 heures 10 minutes, je lui ai présenté le mamelon de sa mère, et il auroit teté sijavois voulu. : À ro heures 18 minutes, convulsions du tronc et des membres. À 10 heures 24 minutes, petits grognemens. À 10 heures 55 minutes, contraction spasmodique de tout le tronc ; j'ai soulevé la tête du petit animal ,et il l’a laissé tomber comme s'il eùt été privé de vie. À 10 heures 40 minutes , contraction spasmodique des oreilles seulement. À 10 heures 45 minutes, évacuation alvine. À 10 heures 54 minutes, les extrémités des membres et du nez froides ; l'animal crioit quand on le pinçoit ; douze respira- tions dans une minute. Méme état jusqu'à 11 heures et demie, époque où j'ai pré- senté le mamelon à l'animal , et il l’a refusé. A 1 heure ro minutes après midi, la chaleur est revenue au nez et aux pieds. , À 4 heures 43 minutes, grognemens; je lui ai présenté de nouveau le mamelon de sa mère , et il n'en a point voulu. À 10 heures du soir , l'animal a teté et se portoit bien. Le 10 prairial, six grains; le 12, neuf grains; le 13, douze gr. J'ai toujours obtenu le mème résultat que ci-dessus , et l'animal nest point mort. Le 14, le 15, le 16, le petit animal a teté sa mère , et s'est toujours bien porté. Je conclus de ces cinq expériences que l'opium extrait aqueux , préparé par une longue digestion , peut être administré sl a ÆT D'HISTOIRE NATURELLE, 209 “à des doses excessives, sans produire la mort , puisque j'en ai ‘donné 84 grains dans un.jour, aux chiens qui font le sujet des quatre premières expériences , et 12 à un très-jeune animal (1). CHAPITRE IT. De l'action de la résine d'opium obtenue par le moyen de l'alcool. , Ce chapitre contient cinq observations. Quatre chiens sont morts à des doses plus ou moins fortes de résine, un seul a ‘survécu. Je donne ici l’histoire d’un animal mort. Un chien épagneul très-bien portant, et d'une constitution délicate , âgé de 4 ans à-peu-près, ayant 15 pouces 10 lignes de longueur , 9 pouces 8 lignes de hauteur, «et 10 pouces de circonférence. Le 12 prairial, l'animal n'ayant rien mangé depuis 7 heures, je lui ai donné à 1 heure 56 minutes du soir, un grain de résine dissout dans un jaune d'œuf. À 2 heures 3 minutes, efforts pour vomir, légère salivation. À 3 heures, l'animal se portoit bien, et ne paroissoit pas affecté. A 5 heures b7 minutes, 2 grains de résine. À 6 heures 7 minutes , efforts violens pour vomir. Le vomis- sement se seroit effectué, si je n’avois lié les mächoires de l'animal. A 7 heures, engourdissement, démarche lente. À 9 heures, gaité. A 10 heures, il a bu et mangé. Le 13 prairial au matin, très-bien portant. À 10 heures bo minutes , 4 grains de résine. À 11 heures 13 minutes, somnolence; l'animal chanceloit quand il marchoit. À 1 heure du soir, l'animal ne chanceloit pas, mais marchoit lentement. A 3 heures, agilité. OR LS (1) L'opium n'a produit aucun effet sur la da; se-de S-Guy dont étoif affecté le chien de la quatrième expérience. Tome LA. VENTSE an 13, D d 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À 5 heures 8 minutes, $ grains de résine. À 5 heures 16 minutes, efforts pour vomir , légère salivation. A 6 heures 4o minutes, somnolence ; l'animal faisoit deux ow trois pas , et tomboit; apparence d'ivresse, respiration lente ; em le pinçant fortement , il ne poussoit aueun cri. À 9 heures du soir , l'animal crioit quand on le pincoït. A 10 heures , il a un peu bu et un peu mangé. Le 14 prairial , engourdissement, démarche difficile ; il falloit le pousser vivement avec le pied, pour lui faire faire deux ow trois pas. À midi 48 minutes, 6 grains de résine. À 1 heure, léthargie; quand on pinçoit fortement l'animal, il ne crioit pas. À 3 heures, urines involontaires, respiration lente ; l'animal ne pouvoit faire un pas. À 4 heures, les symptômes étoient moindres ; l'animal mar- choit un peu, mais diflicilement. A 5 heures, 7 grains de résine. À 8 heures, mêmes symptômes jusqu'a une heure après minuit. Le 15 prairial au matin, impossibilité de marcher; l'animal ne pouvoit se remuer : état apparent de mort. À 1 heure du soir, l'animal crioit quand on le pincoit. A 2 heures, mort (1). Æutopsie cadavérique. — Les membranes de l'organe encé- phalique très-injectées , sérosité dans les ventricules, n'ayant aucune saveur. Le thorax sain. L'orifice cardiaque enflammé , ainsi que la membrane mu- queuse de l'estomac, qui se détachoit facilement avec le manche: d’un scalpel. Elle étoit épaissie , ainsi que celle du canal intes- tinal; mésentère très-injecté, la partie inférieure du rectum présentant trois surfaces de la largeur d’une grosse lentille, noirâtres à la circonférence , blanches au milieu avec une petite ulcération, petits points blancs sur les reins , n'affectant que la superficie de la substance corticale; inflammation de la vessie. et gangrène. de son bas-fond. (1) Le sccond chienest mort à la dose de 36 grains ;.le troisième , à 22, et le quatrième , à 50. EP D'HISTOIRE NATURELLE. 211 D’après ce que je viens d'exposer, je conclus, 1°. que la D’après ce q sa ; résine d'opium, donnée à des doses un peu fortes, est mortelle. 2°. Qu'elle excite beaucoup, puisqu'elle produit une saliva- tion très-abondante, et des eflorts violens pour vomir. 3°. Que l’autopsie cadavérique démontre dans les animaux qui sont morts , une inflammation de l’estomac et desintestins, et quelquefois des altérations dans l'appareil des voies urinaires, et de la sérosité dans les ventricules de l'organe encéphalique. 4°. Qu'aprésavoir beaucoup excité , elle produit un collapsus, dont le résultat est une affection carotique très-marquée. CHAPITRE III. Ce chapitre traite, 1°. del'action de l’opium extrait aqueux, préparé par une longue digestion, sur un chien qui avoit un nerf pneumo-gastrique coupé; 2°. de l’action de la résine sur un autre chien qui avoit aussi un nerf pneumo-gastrique coupé. Les animaux qui font le sujet de ces deux ebservations sont morts (1). L'autopsie cadavérique m'a démoniré ce que j'ai décrit déjà dans le second chapitre. CHAPITRE IV. De l'action de l’opium extracto-résineux. J'ai administré cet extracto-résineux à trois chiens qui sont morts (2) ; et d'après ce que j'ai observé, j'infère : 1°. Que l'opium extracto-résineux est mortel à des doses plus ou moins fortes ; 2°, Qu'il excite beaucoup, puisqu'il fait saliver les chiens , et donne lieu à des efforts violens pour vomir ; 3°. Qu’après avoir stimulé, il produit un collapsus. On voit ici que l’extracto-résineux produit les mêmes effets que la résine. (1) Le premier , à la dose de 84 grains ; et le second, à celle de x4,. (2) Le premier, à 84 grains; le second, à 10; et le troisième, à 84 grains, Da 2 a12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CHAPITRE V. Il traite de l'action de l’opium extrait aqueux , préparé à la méthode de Josse. Trois chiens ont pris cette préparation d’opium, et ils sont morts (1). J'ai obtenu les mêmes effets. que par l'extracto+- résineux. CHAPITRE VI: De l'action de la résine obtenue par l'eau. J'ai employé deux chiens pour connoître l’action de cette: #ésine, etils sont morts (2). CHAPITRE VIE. De l'action d'une forte dose d'opium extrait aqueux ;. préparé à la méthode de Josse.. Ce chapitre qui est un des plus intéressans, a besoin de: quelques détails. Aussi vais-je donner l’histoire complète de ma. ‘première expérience. Un chién barbet, âgé d’un an, très-biem portant, gras, d’un caractère doux , ayant de longueur deux pieds 11 lignes , de hauteur 14 pouces 6 lignes, et de circonférence 15 pouces. Le 6 messidor, l'animal n’ayant rien mangé depuis 24 heur:, je lui ai donné 2 gros d'extrait aqueux, préparé à la méthode de Josse. Ces deux gros ont été dissous dans l’eau tiède, et admi- nistrés par lé moyen d'une sonde ,œsophagienne.- A 3 heures 3 minutes, salivation., efforts extraordinaires pour vomir ; l'animal ayant les mächoires liées, et le secouant lors- que je m'apperecevois qu'il faisoit des efforts ;. il n’a rien rendu: du tout. (1) Le premier ; à da dose de:18 grains; le second , à x4, et le troisième; à 34 grains. (2) Lepremier; à la dose de 40 grains; et le second , à 50 grains. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 913% À 5 heures 10 minutes, ivresse; l'animal tournoit, chance- Joit, se couchoit et se levoit brusquement pour ne faire qu’un pas ou deux, et se coucher de nouveau. A 5 heures 20 minutes ,,convulsion du tronc ; le chien met- toit le nez contre terre ,et se soulevoit ptomptement en tour- nant. À 35 heures 28 minutes , l’animal se tenoit droit sur ses mem- bres abdominaux, et s’élançoit en faisant un bond ou deux ; respiration fréquente; le pouls d’une petitesse et d’une vitesse telle qu'on ne pouvoit compter les pulsations. A 3 heures 24 minutes , convulsion des deux membres tho- raciques. À 3 heures /o minutes, convulsions des membres abdomi- naux et du col. - A 3 heures 50 minutes, l'animal crispoit ses membres contre terre. À 4 heures 4 minutes, érection. A 5‘heures, tremblement de la tète comparable à celui des: vieillards. | # À 5 heures 15 minutes, les membres écartés comme les grenouilles. A 5 heures 30 minutes, j'ai présenté un flacon d’ammoniac à l'animal ; il ne lui a procuré aucune sensation. À 5 heures 45 minutes , le chien s’est couché comme à son ordinaire ; même état jusqu'à g heures, où il étoit dans une- affection carotique très-marquée.. À 11 heures, je lui ai offert à manger et à boire; il n’a rien voulu. À 11 heures 30 minutes, cris plaintifs. Le ro messidor au matin, démarche chancelante; le’ chien: ne voulut niboire, nimenger. Le 11 messidor, tremblement, difficulté de contracter les : membre; abdominaux en marchant, pupille très-dilatée, somno- leuce ; l'animal a bu beaucoup , mais n’a pas mangé. Le 12 messidor, l'animal marche droit, en écartant un peu: les menibres-abdominaux. À heures du matin, il a bu considérablement ; le soir , à: 8 heures, il a mangé comme à son ordinaire. Le 13 messidor, gaité , agité; le chien marche fort droit; saute et court comme avant l'administration de l’opium.… À 8 heures, il a bu et mangé. 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À 4 heures 48 minutes du soir, 5 gros d'extrait aqueux. À 5 heures 55 minutes du soir, salivation , efforts violens pour vomir, évacuation alvine très-copieuse. À 7 heures, mêmes symptômes que le 6 messidor; l'animal est mort dans une affection comateuse, à 9 heures. Le 14 messidor, autopsie cadavérique, la dure-mère injectée, un peu de sérosité dans les ventricules de l'organe encé- phalique. Les poumons etle cœur sains. La membrane muqueuse de l'œsophage, ainsi que celle de l'estomac et du canal intestinal enflammée ; celle de l'estomac étoit d’un rouge brunâtre , mais nullement ulcérée, s'enlevant facilement avec le manche d'un scalpel. La membrane périto- néale de cet organe très-injectée. La membrane muqueuse de la partie moyenne du duodénum, offroit une surfacelarge comme un noyau de prune, ulcérée. L'ulcération affectoit les trois membranes. Epiploon gastro-colique très-injecté. La vessie avoit toutes ses membranes enflammées. Trois gros d’opium extracto-résineux, et de résine obtenue par le moyen de l'alcool , administrés de la même manière, ont produit les mêmes effets que l'extrait aqueux préparé à la mé- thode de Josse. Je conclus que ces trois préparations d’opium administrées à& la dose de trois gros, tuent les chiens. CHAPITRE VIIL Ce dernier article traite de l’action de l’opium sur l'irritabilité. J'avoue que les expériences que j'ai faites ne sont pas assez con. cluantes , aussi me proposé-je de donner là-dessus des expérien- ces plus positives, et dont je tirerai des conséquences plus justes. £T D'HISTOIRE NATURELLE. ; 215 À mm MEMOIRE SUR L'EXISTENCE DES TRACHÉES DES VÉGETAUX DANS LA SUBSTANCE MÉDULLAIRE ; Par J.-C. DELAMETHERIE. Les trachées sont de toutes les parties des végétaux, celles qu’on counoît le moins , malgré les recherches de tous les anato- mistes. On ne les a jamais apperçues dansle bois ni dans l’aubier, Je ne les ai vues que dans les jeunes branches, les feuilles, les pétales, les filets des étamines, les styles... Mais dans quel système du végétal se trouvent-elles? On a cru en général qu'elles sont situées dans la partie fibreuse. C’est l'opinion de Duhamel en particulier. « Puisqu'on » apperçoit les trachées dans la portion herbacée des jeunes » branches, qui doit devenir ligneuse , on ne peut pas douter » qu'elles n'existent dans les bois formés. Lewenhoek assure » les yavoir observées ; mais j'avoue que je neles ai jamais vues » que dans les jeunes branches herbacées. » Physique des Ar- bres, tome I, page 42. J'avois adopté la méme opinion dans mes Considérations sur les Etres organisés, et j'avois dit que les trachées ne se trouvoient jamais dans la partie médullaire, tome I, page 174; mais de nouvelles observations m'ont fait voir que j’avois été induit en erreur. Lorsqu'on casse une jeune branche, on en appercoit facile- ment les trachées , mais on a de la peine à déterminer le lieu où elles sont situées. J'avois répété mes observations sur des branches de sureau,quej'avois choisies de préférence pareequ'elles contiennent un grand nombre de trachées , et que la substance médullaire ÿ est très-abondante ; les trachées y sont très-visibles ; elles paroissent se trouver près de la jonction de la partie ligneuse avec la partie médullaire : mais dans laquelle des deux: ‘8 16 JOURNAL HE PHYSIQUE, DE CHÉÊMIX substances sont-elles situées? De nouvelles observations m'ont -prouvé.que c’est dans la partie médullaire. Première -expérience. — J'ai coupé avec précantion toutes . les parties fibreuses d'une branche de sureau, sans entamer la substance médullaire, La partie coupée demeure suspendue par les trachées , qui s’alongent comme des ressorts à boudins , ce qui ne permet pas de douter que ces trachées ne sont pas dans ë partie fibreuse ; mais d’autres observations établissent le même ait. € Deuxième expérience. — J'ai coupé à moitié, et même lus , une branche de sureau, et je lai cassée de manière que Fe deux portions n'étoient pas détachées. On Sidi dans 1 ette portion non séparée , une multitude de trachées qui tien- nent à la partie médullaire des deux portions. Pour lors, avec la pointe du couteau , j'enlève une portion de cette substance médullaire, toutes les trachées y demeurent adhérentes. J'ar fait cette expérience dans mes lecons au Collége de France. . Troisième expérience. — En excminant la portion brisée .de la partie fibreuse , on n’y apperçoit aucune trachée. Mais ces trachées sont-elles les mémes que des vaisseaux que T j'ai découverts dans la méme substance médullaire du sureau ? Je vais rapporter ce que J'ai dit de ces vaisseaux , Considérations sur les Etres orsanisés , tome IT, page 332. « Il y a une véritable circulation de différens sucs dans la » substance médullaire des végétaux annuels, tels que la laitue, » la chicorée:: la substance médullaire des jeunes tiges du su- reau est également abreuvée d’un suc verdâtre. Mais dans les >» tiges de deux à trois ans, la substance médullaire paroît sèche. » Néanmoins il y a une circulation véritable : car en cassant » des branches de sureau coupées depuis quelque temps, et » dont le diamètre est de huit à dix lignes, j'ai apperçu dans la substance médullaire, à une demi-ligne de la partie fibreuse, une zône de petits vaisseaux longitudinaux au nombre » de quarante à cinquante. » Leur diamètre est environ d’un cinquième de ligne ; ils pa- » roissent creux ; leur couleur est rougeâtre ; il me paroît que » ce sont les vaisseaux qui portent les sucs dans la substance » médullaire ; peut-étre sont-ce des trachées ? » Quatrième expérience. — J'ai enlevé avec précaution la portion -_. ET D'HISTOIRE NATURELLE. at7 portion centrale de la substance médullaire , et j'ai mis à dé- couvert ces vaisséaux dans toute leur longueur, pour voir s’ils se confondoïent en tout ou en partie avec les trachées ; mais il m'a toujours paru que les trachées sont distinctes des vais- seaux rouges. Elles font une zône intermédiaire entre celle des vaisseaux rouges et la partie fibreuse, et sont réunies par faisceaux. Cinquième expérience. — J'ai fait dessécher une de ces jeunes branches de sureau , qui, lorsqu'elle étoit fraiche, étoit inondée d’un suc verdâtre. La substance médullaire subit par le desséchement une retraite assez considérable , et se détacha entièrement de la partie fibreuse. J'ai enlevé d’un côté une portion de la partie fibreuse : j’ai vu que la substance médullaire étoit divisée en zûnes de dèux à trois lignes d'épaisseur, Chacune de ces zûnes tenoit à la partie fibreuse par une portion ressem- blant à une membrane ; l’interstice d'une membrane à l'autre étoit rempli de trachées très-visibles. Un peu plus près du centre de la substance médullaire , on distinguoit les grands vaisseaux rouges qui traversoient les mem- branes. Ils sont demi-transparens, et on y apperçoit des nœuds assez rapprochés , qui sont sans doute les diaphragmes que j'ai découverts dans les vaisseaux fibreux. Sixième expérience. — Dans une autre branche de sureau de six lignes de diamètre également desséchée, j'ai enlevé avec beaucoup de précaution la partie centrale de la substance médul- laire , de manière à laisser intacte la portion qui touchoit la partie fibreuse. J'y ai appercu les trachées réunies en faisceaux longitudinaux distincts, au nombre de trente à quarante. Chaque faisceau peut avoir un quart de ligne de diamètre, et contient un très-grand nombre de trachées. De ces observations que j'ai répétées un grand nombre de fois , et dont j'ai rendu témoins, plusieurs savans , il me paroit qu’on peut conclure que ;,' ët By gré ae? 19. Dans le sureau, les trachées sont situées dans la portion de la substance médullaire qui adhère à la partie fibreuse ; elles y forment trente à quarante petits faisceaux, et chaque faisceau contient un très-grand nombre de trachées. 2°. Les vaisseaux rouges sont distincts des trachées. L'analogie me fait conclure que la même organisation subsiste chez les autres végétaux. Tome LX. VENTOSE an 153, Ee #18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais quels sont les usages de ces vaisseaux rouges et de ces : 3 ru : ; trachées ? C'est ce que je n’ai encore pu déterminer d'une ma- nière précise. Je suppose que les vaisseaux rouges remplissent ici les mêmes fonctions que les vaisseaux que j'ai fait observer dans les autres systèmes médullaires, ou membranes muqueuses, tels que les fruits , la peau ou derme..…. Ils servent à la circulation de la sève et des sucs que secrètent ces membranes. Quant aux trachées, leur analogie avec celles des insectes me fait soupçonner qu’elles remplissent chez le végétal les mêmes fonctions, et qu’elles servent également à sa respiration. Je suppose donc que, 1°. L'air atmosphérique est absorbé ou rnsprré par les feuilles et par la surface entière du végétal : c’est ce que prouve l'expé- rience. Des végétaux mis sous des cloches fermées par le mer- cure , absorbent l'air : c'est leur zrspiration. 29, Cet air est expiré, ou expulsé par les mêmes organes. Ceci est encore prouvé par l'expérience : on voit sortir cet air des feuilles mises dans l’eau ,et exposées au soleil. 3°. Cette expiration autorise à dire que l'air znspiré par la surface des feuilles et de l’écorce, pénètre dans les trachées. £elles-ci le portent dans la substance médullaire. Il s’y mélange avec les liqueurs qui y sont contentées , et üi en sont vivifices, comme il vivifie le sang des animaux. 4°. Cet air passe de la substance mmédullaïre centrale dans les prolongemens médullaires , qui s'étendent de ce centre à la circonférence , en rayons divergens. Il communique par ces prolongemens médullaïres , avec les grands vaisseaux séveux , particulièrement avec les veineux , et vivifie toutes ces liqueurs, come je l'ai exposé ailleurs. Mais ces conjectures, quelque vraisemblables qu'elles me paroissent,, ne sont pas encore appuyées sur des expériences assez concluantes. Je me propose d’en faire de nouvelles. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 219 PROJET D'Observations à faire sur les époques de la Foliation, de la Floraison, et de la Maturité du Fruit ou de la Graine des Arbres, Arbustes et Plantes que lon cultive dans les Jardins Botaniques et dans les Serres Chaudes, et sur la Température moyenne, correspon- dantes à ces différentes époques; Par L. COTTE, Correspondant de l'Institut national , Membre de læ Société impériale d'Agriculture, Associé de la Société d'Agriculture du Département de Seine et Oise, des Sociétés d'Histoire naturelle , de Médecine, et de l'École de Médecine de Paris, de la Société libre d’ému- lation d’Abbeville, de la Société météorologique de Manheim : Lu à la Socicté d'Histoire naturelle de Paris, le 28 ventose an 7 ( 18 mars 1799 ). > La Météorologie est essentiellement liée à l'Agriculture en général , et à toutes les branches de cette science en par- ticulier. Il est intéressant pour les amateurs qui cultivent les plantes étrangères , soit en pleine terre, soit dans des serres, de connoître la température qui convient aux différentes époques de la végétation de ces plantes , afin de leur procurer le degré de chaleur dont elles ont besoin pour prospérer dans le climat où on les cultive, ou de les mettre à l'abri des degrés de froid qui pourroient les faire périr. J'ai souvent entendu des cultivateurs de plantes exotiques témoigner le desir de posséder une suite d'observations en ce genre, qui puissent les guider pour régler le degré de Ee 2 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DFE CHIMIE chaleur qu'ils doivent procurer aux plantes qu'ils élèvent dans les serres , et même en pleine terre , afin de s'assurer sans tâtonnement, si telle plante peut supporter en pleine terre tel degré de froid ; si telle autre a besoin de tel ou tel degré de chaleur relativement à celui du climat d'où elle a été tirée. j Déjà les observations météorologiques appliquées aux dif- férentes époques de la végétation des plantes indigènes les plus intéressantes, telles que les céréales , et à celles des arbres fruitiers de notre climat , nous ont fait connoiître les extrêmes de froid et de chaleur qu'ils peuvent supporter, ainsi que la température moyenne qui convient au dévelop- ement de leurs feuilles, de leurs fleurs , et à la maturité de LA fruit. M. Adanson, dans son ouvrageintitulé Familles des Plantes, a donné des résultats intéressans d'observations météorologiques faites dans cet esprit. J'en ai publié aussi de semblables dans mon Traité de Météorologte , et dans mon Manuel d'Histoire naturelle, qui fait suite aux ZLecons d'Histoire naturelle que j'ai destinées à l'instruction de l'en- fance et de la jeunesse. .. M. Duhamel qui, pendant plus de quarante ans , a tenu un journal exact d'observations météorologiques appliquées à l'agriculture, reconnoit qu'elles lui ont été fort utiles pour la rédaction des Ouvrages intéressans qu'il nous à donnés sur les arbres et arbustes, et sur les arbres fruitiers, M. de Buffon dans son Histoire des Oiseaux , avoue qu'il à profité d'une suite d'observations qui avoient été faites sur les époques du départ et du retour des oiseaux de passage. Ceux .qui élèvent des animaux étrangers , verroient avec plaisir un tableau qui leur indiqueroit le degré de tempéra- ture qui convient dans chaque saison de nos climats à cha- cun de ces animaux : c'est le seul moyen de pouvoir en- tretenir l'état de santé dont ils jouissent dans leur climat natal. . Il seroit donc bien intéressant que les personnes chargées de la conduite des jardins botaniques et des serres chaudes , ainsi que celles qui ont la direction des ménageries et des _ volières , se chargeassent de suivre ou de fairé suivre la mar- . che des instrumens de’ météorologie ; propres à déterminer après un certain nombre! d'années Id'observations ; lès tem- pératures extrêmes qui peuvent nuire aux objets confiés à ET D'HISTOIRE NATURELLE, 221 leurs soins, et la température moyenne qui leur est favo- rable. De pareilles observations faites dans les différens départemens de l’Empire où se trouvent les établissemens que nous avons en vue, nous éclaireroient sur la température des différens climats de la France; elles nous indiqueroient les pays qui conviennent le mieux à la végétation de telles ow telles plantes ou arbres, à la conservation de telles ou telles espèces d'animaux utiles. Nous saurions que certains arbres étrangers peuvent être naturalisés dans tels climats, et qu'ils ne réussiroient pas dans d'autres; que certains ani- maux se propageroient utilement dans tel pays, tandis qu'ail- leurs ils dégénéreroient. D'après ces connoissances , dont on seroit redevable à une suite d'observations météorologiques faites avec soin et avec assiduité, on seroit assuré de réussir dans les entreprises ow de plantations d'arbres exotiques, ou d'élève d'animaux étrangers, dans des climats où ils trouveroient à-peu-près la même température qui les fait prospérer dans celui qui leur est propre. On s'assureroit de plus en plus de ce qu'en a déjà appris par l'expérience , que certains arbres, certains ani- maux étrangers réussissent très-bien dans des climats qui paroissent avoir une température différente de celle qui est propre à leur pays natal. Le genre d'observations que je Houe peut seul donner là-dessus des bases certaines, et aire éviter des tentatives dispendieuses et inutiles. Il seroit donc à souhaiter que dans chaque établissement public ou particulier relatif à la culture des plantes exoti- ques, et à | éducation des animaux étrangers, on suivit exac- tement tous les jours la marche du thermomètre et de l'hy- _gromètre observés en plein air, dans les différentes serres et dans les loges , ou les étables qui réunissent des animaux étrangers dont il seroit utile de propager l'espèce. On join- droit à ces observations des notes sur les différentes époques de la v'gétation des plantes et arbres, sur l'état de santé et de maladie des animaux qui paroîtroient dépendre de la température. On réuniroit chaque année les résultats de toutes ces observations; on en tireroit des conséquences re- latives à chaque département où elles auroient été faites, et on-indiquéroit ceux qui conviennent ainsi que:ceux qua ne paroissent pas favorables à la:culture de’telles où telles plantes, ou arbres, à la multiplication de telles ou telles 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE espèces d'animaux utiles à l'économie rurale : c'est le moyen de donner à l’agriculture unie à la météorologie, un degré d'intérêt qui tourneroit au profit de l'Empire , et qui répan- droit des lumières sur plusieurs points de physique et d his- toire naturelle. Je fais des vœux pour que le Gouvernement renne ce projet en considération , et qu'il fasse faire dans 4 différens établissemens qui dépendent de lui une suite d'expériences et d'observations conformes aux vues que je présente dans ce Mémoire, Paris, 12 pluviose an 13 ( 1er février 1805). a OBSERVATION Propre à faire connoïtre dans quelle classe an doit ranger les Numismales ; Par F.-G. SAGE. J LA pétrification orbiculaire applatie, un per bombée ; nommée à cause de sa forme , Numismale, liard de St- Pierre, nummus lapideus , varie par la grandeur; ilyena qui ont plus d'un pouce de diamètre, tandis que d’autres n'ont pas plus d'une ligne et demie. Ces dernières sont con- nues sous le nom de phacolites, qui signifie lentilles pétri- fiées. Les pierres qui présentent la cassure transversale des numismales lenticulaires, sont connues sous le nom de p'erres frumentatres, parcequ'elles offrent à-peu-près la forme du froment. Les pierres qui présentent la cassure transversale des gran- des numismales, ont été nommées salicites, parceque leur. ovale alongé a quelque rapport avec la feuille de saule, Les numismales les plus fortes n'ont pas plus de 2 lignes d'épaisseur vers leur centre ; elles s'amincissent jusqu'à l'ex trémité du cercle comme les lentilles, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 523 Les numismales se trouvent en profusion en France, en Allemagne, en Italie, en Egypte , en Laponie, etc. En Picardie, les numismales forment des bancs et des car- rières ; celles de Salency , à deux lieues de Noyon, sont les plus remarquables. J'y ai trouvé les numismales dans diffé rens états, laissant quelquefois des interstices entre elles ; mais lorsqu'ils ont été remplis par la matière calcaire, il en résulte des pierres compactes. Si cette matière calcaire a pénétré l’intérieur de la numismale, sa cassure ne présente gun corps lenticulaire à grain homogène , tandis que dans d'autres, l'organisation s'est parfaitement conservée , parce- que la matière calcaire n'a pas rempli les cellules des nu- mismales. L'examen de leur organisation fait connoître que la plupart des lithographes n'ont pas classé ce fossile d’une manière convenable. Quelques-uns ont estimé que sa classification étoit un probléme à résoudre : ce qu'il y a de certain c’est que les auteurs les plus célèbres ne sont pas d'accord sur son origine. Bourguet et Gualtieri ont regardé les numismales comme des opercules. Spada, Gesner , et quelques auteurs modernes les ont con- sidérées comme des coquilles bivalves. M. de Luc regarde la numismale comme un corps congé nère de celui qu’on nomme os de séche. Albert Fortis veut que les numismales soient des portions de vertèbres , d'une espèce de polype approchant du palmier marin , il les a nommées discolrtes. M. Faujas estle premier qui ait abordé la vérité, comme on peut le reconnoître en lisant ce qu'il écrit sur les numis- inales , dans le bel ouvrage qu'il a publié sur les fossiles de la montagne de Maëstricht. Lorsque je lui fis part de l'ob- servation dont je vais entretenir l'Institut, il me dit: vous me faites grand plaisir, et vous confirmez ce que jai Avancé. En effet, si l'on supposoit que la numismale füt une co- quille, le mollusque qui l'auroit formée seroit donc d’un genre extraordinaire, puisque tout mollusque coquiller croit progressivement : aussi étend il son habitacle, et augmente- t-il la capacité des chambres qui sont destinées à ke contenir. 224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans la numismale toutes les cellules ou cases sontide. la même grandeur , et offrent de petits carrés rongs bien distincts qu'on observe dans les numismales , qui ont été divisées sui vant leur largeur, elles présentent dix à douze cercles con- centriques , cloisonnés, ou des spirales également cloisonnées très-sensibles, quoique les numismales où je les ai observés n'avoient pas six lignes de diamètre. Si la numismale a été cassée transversalement , et si la ma- tiére calcaire n'a pas rempli ses cellules lors de la lapidi- fication, on remarque au centre de ce fossile un creux ordi: nairement ovoide , entouré de douze lames cloisonnées, qui laissent des interstices entre elles, interstices qui sont plus considérables aux extrémiiés des ellipses qu'elles forment, Il est donc évident que les numismales sont des polypiers, ou madrépores d’une espèce particulière qui paroissent avoir eu de la souplesse; car la plupart des numismales sont plus ou moins contournées, Il ne faut pas les confondre avec une espèce de méduse orbiculaire à cercles concentriques , qu’on trouve dans les charbons de terre de Nassau. Le diamètre de ces espèces de mollusque est de six à sept lignes; ils sont rangés sur le même plan à environ un pouce de distance. On remarque au pourtour extérieur un cercle brillant d'environ une ligne de diamètre; il est suivi de quelques cercles concentriques extrémement déliés avec une auréole , qui paroît s'épanouir du centre à la circonférence. M. Cuvier a dit que les numismales provenoient d’une es- pèce de méduse , dont l'analogue a été apportée par M. Pé- ron : vraisemblablement que notre collègue y a observé les spirales et les cellules cloisonnées qui caractérisent les numismales. En parcourant ce que Guettard a écrit sur cette pétrifica- tion , on voit quil est de l'opinion de ceux qui la considè- rent comme une espèce de madrépore : le temps et l'obser- vation constateront la vérité. En parlant des numismales, j'ai oublié de citer les noms qui leur ont été donnés par différens auteurs. B. Bruguière les a nommées camerines , Lamarck r7um- mnulites, Albert Fortis a employé le mot d/scolite, pour dé- signer les numismales, Gesner celui d'Aélicites, du mot grec EXT D'HISTOIRE NATURELLE 205 grec eilix , en latin girus , en françois tour, pareequ'elles sont contournées en spirale. Pline désigne la numismale par le mot daphnias. Que la numismale soit coquille, os, vertèbre , portion de méduse ou polypier, il n’en sera pas moins vrai que c’est un des corps organisés sous marins, qui se trouvent en plus grande quantité dans le sein de la terre. Les numismales de Laponie sont semblables à celles d'Egypte et de France. Celles de Bologne et de Vérone sont des plus grandes; il y en a qui ont près de deux pouces de diamètre. Albert For- tis les a fait graver dans les Mémoires qu'il a publiés pour servir à l'orictographie de l'Italie. Les numismales fossiles qu'on trouve à Grignon, diffèrent de celles dont j'ai parlé, en ce qu'elles sont plates, papira- cées, blanches, friables et composées de cercles concentri- ques qui se séparent facilement. Les plus grandes n'ont pas plus de six lignes de diamètre ; Lamarck les a nommées orbi culites, et regarde cette espèce comme un polypier. Tome LX, VENTOSE an 13, F£ Free 13 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CONJECTURES SUR LES CAUSES: DE LA DIMINUMION DES EAUX DE LA MER ; Par J.-L.-M. POIRET, professeur d'Histoire naturelle : LUES À L'INSTITUT NAÂATIONAL. Dé£yA loin de l’époque des grandes révolutions qui ont changé la surface de notre globe, il nous a fallu, pour y croire, des monumens aussi authentiques, aussi nombreux que ceux qui s'offrent à nos recherches, soit dans les diffé- rentes couches de la terre , soit dans le vaste sein et sur le sommet des montagnes. Quel n'a pas-été l’étonnement, la stupéfaction de l'observateur , lorsque pour la première fois il a reconnu à une élévation de plus de trois mille mètres, tel qu'au Mont-Perdu dans les Pyrénées, et dans presque toutes les autres parties du globe, une immense quantité de corps marins pétrifiés et réunis en grandes familles? Cette importante découverte , dont plusieurs ont osé douter, a été pour d'autres. la preuve incontestable de l'immense élévation de l'Océan au-dessus de son lit actuel , et du long séjour qu’il a di faire sur ces hauteurs. Cette grande vérité a obtenu aujourd'hui la certitude de la plus rigoureuse démonstration : mais l'esprit humain n’a pu en rester là. Il s'est demandé avec une inquiète curiosité, quelle a dé être la cause d’une si grande diminution des eaux de l'Océan ? Alors s’est ouvert le vaste champ des con- jectures, et chacun a embrassé l'opinion qu'il a cru la plus probable, ou la plus conforme à ses propres systèmes. Les uns ont pensé que la masse des eaux a peu varié, parceque les montagnes ont été formées par affaissement, ET D'HISTOIRE NATURELLE 22% - ou par soulèvement ; d'autres ont cru que les eaux pouvoient se changer en terre et en airs; quelques autres ont prétendu qu'eiles demeuroient suspendues dans l'atmosphère; ceux- là qu'elles étoient enfouies dans le sein du globe : il en est enfin qui ont soutenu que ces eaux étoient passées dans d’autres globes. Cette grande question m'a toujours paru une des bases les plus essentielles de tout système géologique ; j'ai osé l’abor- der à mon tour, et sans prétendre rejeter entièrement quel- ques-unes des opinions que je viens de rapporter, j'ai cru que le résultat de mes observations ne seroit peut-être pas sans intérêt. Pour ne point me perdre dans des hypothèses, souvent gratuites , j'ai tâché de suivre avec attention ce qui se passe journellement à la surface de notre globe , afin d'es- sayer s'il seroit possible d'y découvrir les causes du grand phénomène qui nous occupe en ce moment. Il m'a paru que déjà ce seroit un grand pas de fait pour la solutiof de cette question, si nous pouvions nous assurer que /a mer doit en partie son orand abaïssement à la di- minution, à la perte réelle et habituelle de ses eaux. Plu- sieurs l’ont ssupconné avant moi, etje crois en trouver au- jourd'hui la preuve dans les belles découvertes de la chimie moderne. Tant que l'eau a été regardée comme un élément simple, elle étoit indestructible , indécomposable, et quoiqu elle entrât comme principe élémentaire dans la composition de tous les corps, surtout dans les substances animales et vé- gétales, dès que celles-ci venoient à se décomposer, l'eau reprenoit en totalité son premier état; elle devoit donc -dès-lors exister à-peu-près en même quantité à la surface de notre globe. De là la difficulté d'expliquer la cause de la diminution de l'Océan, ou plutôt de son abaissement. 1L falloit alors lui offrir d'immenses réservoirs dans le sein de la terre, la fondre dans l'atmosphère , ou la faire passer dans d'autres globes. L’imagination se perdoit dans ces hy- pothèses , la plupart opposées aux lois de la physique. Mais depuis que l'eau, d'après les belles expériences de Cavendish et Laxoisier, a cessé d'être un élément simple, depuis qu'il a été reconnu qu'elle étoit composée au moins de deux principes, l'hydrogène et l'oxigène, la solution de sa diminution se présente presque d'elle-même, depuis qu'en ‘perdant sa simplicité, elle à perdu le droit d'être indestruc- FF 2 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIZ tible : elle rentre donc nécessairement dans la classe de tous les êtres composés , qui n'existent que momentanément, et qui sont soumis à une destruction plus ou moins prompte, selon leur nature et les agens qui les attaquent. L'eau entre comme prineipe élémentaire dans presque tous les corps de la nature, particulièrement dans ceux des animaux et des végétaux; mais si elle s’unit à certaines substances sans perdre sa nature, elle ne peut s'unir à un grand nombue d'autresqu'en se décomposant, en cessant d’être eau : c'est ainsi quelle abandonne au fer son oxigène , aux plantes son hydrogène. Ces deux principes une fois séparés , ils ne reformeront de l'eau que par une réunion de circons- tances qui ne se rencontrent pas toujours. Ce principe de la décomposition , de fa perte habituelle de l'eau une fois établi, il ne s’agit plus maintenant que de chercher quelles sont les substances qui en absorbent le plus, et qui peuvent occasionner à la longue, par lewrgrande- multiplication ,une diminution sensible de l'élément aqueux. Nous n’en connoissons pas de plus propres à cette grande opération que les animaux et les végétaux. Je m'arréterai de préférence à ces derniers, me proposant de revenir ensuite aux animaux , aux minéraux, et à d’autres phénomènes non. moins propres à accélérer l'abaissement des eaux. La nécessité de l’eau pour l'accroissement et l'entretien des plantes est si généralement reconnue, qu’il seroit inutile de vouloir en donner des preuves. Il n'est pas moins évident qu'une partre de l'eau absorbée par les plantes y reste dans son état naturel, qu'une autre partie plus considérable s'y; décompose. ” Cette proportion exige quelques développemens. L'eau ab- sorbée par les plantes devient un des principes de leur nu- trition, et parconséquent de leur accroissement. Sous ce rapport, une fois reçue dans leurs organes, elle ne peut y rester dans son état naturel, elle y éprouve le même sort. que les alimens dans l'estomac des animaux ; elle s y disère,,. s'il est permis de meservir de cette expression. Quoiqu il soit: difficile de dire comment etpar quels moyens, nous n'en avons pas moins la preuve par leseffeis qui en résultent, et même: nouvelles découvertes chimiques peuvent aider beaucoup à nous laisser entrevoir quelques-unes de ces opérations secrètes et mystérieuses de la nature "4 ET D'HISTOIRE NATURAÆLLE. 229 Il est vrai qu'une certaine portion de l’eau absorbée par les plantes sy retrouve en nature, tantôt sans mélange comme dans la sève qui n'est souvent qu'une eau pure et limpide, tantôt tenant en dissolution quelques autres sub- stances comme le suc propre qui varie selon la nature de cha- que végétal: enfin nous retrouvons de l’eau dans toutes les parties des plantes en plus ou moins grande quantité. Mais si une portion d'eau reste pur ou sert de dissol- yant , une autre portion beaucoup plus abondante se décom- pose réellement, devient partie constituante des plantes, se convertit, à l'aide des forces vitales, en substance végétale, comme les racines et les fruits se convertissent en chair, après avoir passé dans l'estomac des animaux. L'hydrogène est un des principes de l’eau ; nous le retrouvons dans les huiles combiné avec le carbone ; nous le retrouvons en état de gaz dans la décomposition des plantes. L'expérience nous a encore démontré que les feuilles, frappées par le soleil, avoient une force toute-puissante pour s emparer de l'hydro- gène de l'eau ; et qu’elles en versoient l’oxigène dans l’atmos- phère. Enfin quelque doute que l'on élève sur ces opérations, ik restera toujours constant, de telle manière qu'elles s’opè- rent , que l’eau entre réellement dans les plantes comme ali- ment, et qu’elle ne peut remplir cette fonction qu’en cessant d'être de l'eau. La quantité que les plantes en absorbent est même si considérable que Hales a trouvé qu’une plante qui ne pesoit que quinze hectogrammes (environ 3 liv.), avoit ac- quis une augmentation de 10 hectogrammes, après être restée quelque temps plongée dans l'eau. Que devient donc dans les plantes certe grande quantité d'eau ? La solution de cette question est décisive. D'abord il est bien certain que ces dix hectogrammes d'eau ne restent point en totalité dans la plante, puisque peu d'heures, ou si l'on veut peu de jours après, si elle ne recoit point de nouvelle eau , elle se fane, se dessèche et périt. Dira-t-on que cette eau s'est échappée en état de vapeurs par les secrétions ? aucune des nombreuses expériences faites sur la transpira-- &ion des plantes ne peut le faire soupçonner. On sait qu'elles ne rendent de leurs différentes parties que 230 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des fluides élastiques , tels que de l’oxigène, de l'acide carboz nique , de l'azote , et méme un peu d hydrogène, selon Îles circonstances. Voilà donc bien évidemmentdix hectogrammes d'eau décomposés , et ce qui a lieu ici pour une simple expé- rience, se passe continuellement dans l'acte merveilleux de la végétation. Je me crois donc, d'après cette observation, très- fondé à conclure que l'eau absorbée par les plantes, est au- tant de perdu pour le grand réservoir ; que cette eau ne doit pas être assimilée à cellequi se vaporise continuellement dans l'atmosphère, d'où elle se précipite ensuite en forme de brouillards et de pluies pour se réunir de nouveau à la masse commune; qu'enfin l’eau absorbée par les plantes , n'y entre en très-grande partie , que pour y former par un de ses principes de nouvelles combinaisons , et se convertir en la substance même des végétaux. La solution de cette question en amène une autre. L'eau qui entre dans la composition des végétaux y est= elle en assez grande quantité pour que l’on pursse au moins en partie attribuertà cette cause l'énorme diminution des eaux de la mer ? L'expérience de Hales que j'ai citée, celle que nous four- nit la rapide diminution de l'eau dans les vases où nous avons placé des plantes, peuvent nous donner une idée de la grande quantité d'eau que les plantes absorbent tous les jours pour leur nourriture. Nous n'en serons pas moins surpris si d'un autre côté nous considérons que les plantes, dans cette opération, ne conservent guère que l'hydrogène de l'eau , qui n'en forme qu'environ la septième partie Si donc une plante a besoin pour sa nourriture journalière, de cent mesures quelconques de gaz hydrogène , il en faudra nécessairement sept cents d'eau pour les fournir. Ajoutons qu'il se fait en outre une déperdition continuelle dans tous les êtres vivans, et quoiqu’arrivés à leur dernier degré d’ac- croissement, il ne leur est pas moins nécessaire de réparer ious les jours par de nouveaux alimens, ce qu'ils perdent par la transpiration Cette réparation est très-considérable : quoiqu'elle ait été suivie avec plus de détails dans les animaux que dans les plantes, elle n'est pas moins nécessaire dans ces derniers que dans les autres. Pour avoir une idée de l’étonnante consommation de l'eau = rie) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23% absorbée par les plantes, je suppose qu'il faille seulement pendant le temps de la plus forte végétation, ou pendant cent jours, chaque année, un litre (environ une pinte d'eau) par jour pour l'entretien d'un arbre, si cet arbre vit cin- quante ans ,il aura consommé ou détruit , pendant sa vie, cinq mille litresou cinq kilolitres d’eau, environ l'équivalant d'un tonneau de mer. Cette évaluation, déjà très-considérable, est sans doute fort inférieure à celle qui a lieu réellement. Si maintenant nous appliquons le même calcul à toutes les plantes qui existent sur la surface du globe, si nous ajoutons à cette idée celle d’une végétation existante depuis des milliers de siècles, ainsi que ces forêts immenses , éternelles qui re- couvrent encore les contrées inhabitées, et qui, dans le prin- cipe, ont également recouvert les régions cultivées aujour- d'hui; si enfin nous considérons que toute la masse de terre végétale, que ces tourbes profondes, ces couches épaisses de charbon de terre ou de houille, sont autant de débris de l'ancienne végétation , quelle idée n'aurons-nous pas de l'é-- norme quantité d'eau qu'il a fallu pour la formation de toutes ces substances, et pour l'entretien d'une végétation aussi abondante et d'une aussi longue durée (1) ! Mais il ne suffit pas d’avoir reconnu que l'eau, dans l'acte de la végétation, se décomposoit et devenoit un des princi- pes constituans des plantes ; nous ne pourrions encore en rien conclure en faveur de la diminution des eaux, si d'ail- leurs nous ne prouvions que, - Les plantes, soit par leur transpiration habituelle, sois au moment de leur décomposition , ne restituent point , ou ne restituent qu'en petite quantité celui des principes de l'eau, l'hydrogène, qu'elles ont absorbé. J'ai déjà remarqué que d'après les expériences nombreu- ses faites sur la transpiration des plantes , il en étoit résulté: —————————_—__————— — —— —————— —— —————— ——— —————————_—— ————— (x) Cette explication est même indépendante de l'opinion que l'on se Forme sur la nature de l’eau : qu'elle soit un élément simple , comme le pensent encore quelques physiciens , qu'elle soit composée, elle n’est pas moins absorbée en très-grande quantité par les plantes; elle n’en devient pas moins un de leurs principes constitutifs, et-comme telle, elle reste - encore au moins en partie dans la terre végétale. - 232 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que les principaux fluides exhalés des végétaux par les secrétions , étoient assez généralement du gaz oxigène, de l'azote ou de l'acide carbonique ; à peine y est-il question du gaz hydrogène, quoiqu'il doive y être le plus abondant. Ce gaz ne reparoit principalement que dans la décomposition des plantes ; ilse manifeste dans les marais où on le re- cueille en assez grande abondance; mais quelle que soit sa quantité , elle ne peut être que très-inférieure à celle qui a été absorbée par les plantes pendant leur vie, puisque ce gaz est reconnu pour principe actif de la végétation : lorsque celle-ci se détruit, la terre végétale qui en est le produit ne doit son existence qu’à ces mêmes élémens qui ont créé les plantes, et qui doivent s’y retrouver en partie, mais sous d'autres modifications : car si l’on vouloit supposer que ces élémens, au moment de la destruction des plantes, retour- nent en totalité à leur premier état, de quoi done seroit SE ie la terre végétale , qui ne peut exister sans végé- tation ? Nous sommes déjà loin de ce temps où lon croyoit que la terre fournie par ies végétaux, n'étoit qu’une restitution faite au sol, dans lequel et aux dépens duquel ils avoient vécu. Il faudroit cependant ou revenir à cette opinion, ou admettre que le gaz hydrogène fourni par l'eau , passant par différens états de combinaison, a contribué à la For- mation de la terre végétale ; il existe en effet dans ces amas nombreux de tourbe , de bitume, de charbon de terre. L'analyse de ces différentes substances le fournit en na= ture. Il circule aussi dans les mines de houille , et il ne de- vient que trop souvent la cause de ces aecidens funestes qui portent la mort aux ouvriers employés à l'extraction de ce minéral. La plus grande restitution de l'hydrogène ne pourroit donc avoir lieu qu'au moment de la destruction totale de la terre végétale, c'est-à-dire à mesure que celle-ci, se dé- pouillant peu à peu de ses élémens, parvient à un état plus simplifié, à l'état siliceux; et cette restitution est nécessaire sans doute pour maintenir entre les élémens de notre globe cet équilibre sans lequel il avanceroïit plus rapi- dement vers sa ruine. Ainsi l'hydrogène rendu en partie à l'atmosphère, s'enflamme quand les circonstances le permet- tent : cette combustion l'unit à l'oxigène, Il en résulte de nouvelle L ET D'HISTOIRE NATURELLE, 233 nouvelle eau , et il est à croire , comme l'ont pensé trés-ingé- nieusement plusieurs chimistes , que les pluies d'orage n'ont pas d’autre origine. J'ai tâché de saisir dans le cours de cette dissertation les rapports qui existoient entre deux grands phénomènes de la nature, celui de la végétation, et la diminution des eaux de la mer. J'ai essayé de prouver que l’un étoit la conséquence de l’autre ; j'ai employé, pour y | parvenir, une suite de pro- positions appuyées sur les nouvelles découvertes de la chi- mie , et sur des expériences trop souvent répétées pour que les résultats puissent en être douteux. Mais il se présente ici une difficulté d'une si grande im- portance , qu’elle paroit rappeler à son premier état la ques- tion sur /es causes de la diminution des eaux de la mer. Je dois la présenter dans toute sa force. « À l'époque où Les eaux de la mer étoient en plus grande » abondance, au moment où elles couvroient le globe soit » en totalité , soit en partie, il n'y avoit point de végéta- » tion, ou bien elle n'existoit que sur le sommet des mon- » tagnes les plus élevées ; les plantes étoient donc alors en » trop petite quantité pour opérer une diminution qui de- » voit être d'autant plus considérable que les eaux étoient » alors plus abondantes. » Avant de répondre à cette objection, j observerai d'abord que l'opinion qui suppose le globe recouvert en totalité par les eaux de la mer n'est qu’une hypothèse, revêtue à la vérité de tant de probabilités que je ne connois aucune raison plau- sible qui puisse la faire rejeter ; mais pour saisir toutes les causes qui ont commencé à produire la diminution des eaux, il faudroit tonnoitre quel étoit alors l'état du globe , sa tem- pérature, les phénomènes de l'atmosphère, et beaucoup d'autres circonstances difficiles à deviner , et sans lesquelles néanmoins on ne peut présenter que des conjectures. Voici celles qui me paroissent les plus probables. Quand j'ai dit que la végétation étoit une des causes puis- santes de la diminution des eaux, je n'ai pas prétendu qu'elle füt la seule. Celles dont il me reste à parler, me paroissent suffisantes pour avoir commencé cette diminution. Si l'eau est nécessaire pour l'entretien des plantes, elle ne l’est pas moins pour la vie des animaux, et sa décomposition y est aussi certaine. Son hydrogène fait dans ceux-ci la base de Tome LA. VENTOSE an 13. G£g 234. SÔOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toutes les substances grasses, comme il est celle des huiles végétales : mais cette graisse huileuse n’est nulle part plus abondante que dans les poissons et les cétacées, dont elle forme une grande partie de la substance, et l’eau est pour eux le seul fluide dans lequel ils peuvent vivre. Ils la dé- composent continuellement par leurs branchies, et c’est sans doute de cette opération que résulte l'abondance du principe buileux qui les constitue. On connoit l'énorme multiplication des poissons, qui devoient être d'autant plus nombreux que la masse des eaux étoit plus considérable, et qui, à l'époque dont nous par- lons , ne comptoient pas encore parmi eux leurs destructeurs. Outre les poissons, une immense quantité de coquillages, de vers à tuyaux, de mollusques , de polypes, logés dans les Iythophites , les coraux, les madrépores , étoient occupés de leur côté à construire ces roches calcaires, uniquement com- posées ou de leurs débris pulvérulens, ou de leur tube, de leurs ramifications rapprochées, réunies, lesquels s'élevant insensiblement des profondeurs de la mer, ont gagné la surface des eaux. Au moment de leur retraite, il s’y est formé des îles, d'abord stériles, mais qu'une végétation abondante n’a point tardé de recouvrir. Ce grand travail s'est donc fait en partie aux dépens de l’eau , dont la diminution devoit être d'autant plus prompte que les substances orga- niques se multiplioient davantage. Mais la nature n’emploie pas toujours pour ses opéra= tions des moyens aussi progressifs, aussi réguliers. Elle en- gendre souvent de ces grands phénomènes qui exécutent en un instant ce qui n’auroit pu être que le résultat d'un grand nombre de siècles. C’est ainsi qu’elle a fait sortir fréquem- ment du sein des eaux ces feux volcaniques qui ont soulevé le terrein , ouvert d'immenses abimes, et dont la combustion, qui peut avoir duré des siècles incalculables , a détruit une masse d’eau égale à leur activité : car c'estmaintenant un fait -bien reconnu, que l'eau jetée en petite quantité dans un in- cendie, en augmente l'intensité; le forgeron n’emploie pas d’autres moyens pour donner à ses forges une chaleur plus active. Il est donc hors de doute que les volcans éteints qui sont répandus très au loin dans toutes les parties du ste: ont été sous-marins; sortis du sein des eaux ils se sont, “pendant une longue suite de siècles , alimentés à leurs dé- ET D'HISTOIRE NATURELLE. < 235 pens, et cette époque est si reculée, que sans les monumens antiques que la nature nous a conservés, nous ne pourrions pas même soupçonner leur existence. L'on conçoit qu'avec des moyens aussi violens , des bouches de feu aussi multi- pliées, la masse des eaux doit avoir éprouvé en peu de siècles une diminution très-considérable. D'un autre côté, son écoulement dans ces immenses cavernes, formées par les volcans dans Le sein de la terre, aura procuré à son niveau un abaissement très-sensible ; ces moyens plus multipliés alors qu'ils ne le sont aujourd'hui, doivent donc ètre re- gardés comme les premiers agens employés par la nature pour mettre à découvert la terre habitable. Je n'ai encore rien dit des minéraux. Nous devons égale- ment les regarder comme des substances produites par l'eau et aux dépens de l'eau. Elle y entre comme principe consti- tuant; ses proportions dépendent de la nature de chaque substance ; les schisteuses, les calcaires, les argileuses sont celles qui en fournissent le plus à l’analyse (1). Ce sont en effet des substances secondaires qui ne se sont formées, qui ne se sont montrées qu'à mesure que la masse des eaux dimi- nuoit. Cétoit aussi l'opinion de Buffon, qui regardoit la formation de ces minéraux , comme la seconde cause de la diminution des eaux ; il attribuoit la première, d'après son hypothèse, aux boursoufflures caverneuses formées par le feu primitif, qui n'étoit point pour lui celui des volcans. Puis il ajoute : « Mais une seconde cause, peut-être plus efficace quoique » moins apparente, et que je dois rappeler ici comme dé- » pendante de la formation des corps marins, c'est la con- » sommation réelle de l'immense quantité d’eau qui est en- » trée, et qui chaque jour entre encore dans la composition » de ces corps pierreux. On peut démontrer cette présence » de l’eau dans toutes les matières calcaires; elle y réside (1) Les minéraux, quelle que soit la quantité d'eau qui entre dans leur composition , en détruisent bien moins que les végétaux et les animaux. Dans ceux-ci 1l se fait une déperdition continuelle , qui nécessite une répa- ration proportionnée. Cette déperdition , comme je l'ai prouvé; n’est point de l'eau , et cependant c'est aux dépens de ce fluide qu'elle se répare, Les minéraux ne reçoivent que la portion d'eau nécessaire pour leur com- pesiion ; sans perte n1 réparation, G£2 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » en si grande quantité qu’elle en constitue souvent plus » d’un quart de la masse, et cette eau incessamment absor- » bée par les générations successives des coquillages et au- » tres animaux du même genre, s’est conservée dans leurs » dépouilles ; ensorte que toutes nos montagnes et collines » Éalétires sont réellement composées de plus d'un quart » d'eau..…...; et plus les coquillages et autres corps marins » de même genre se multiplieront , plus la quantité d'eau » diminuera, et plus les mers s’abaisseront. » — Buffon, Minéralogie , édit. de Sonnini, tome XIIT, pag. 335. Des Pé- trifications et des Fossiles. Au reste, quels que soient les corps qui absorbent, qui décomposent l’eau, il me suffit d'avoir prouvé qu’il se fait tous les jours, par l’intermède des minéraux, des animaux, et des plantes , une déperdition d’eau considérable, et que si ces substances en rendent une partie au moment de leur décomposition , la restitution est bien au-dessous de la perte. Je ne prétends point, par cette explication, exclure les. autres causes dont il a déjà été parlé, telles que l'abaisse- ment , ou le soulèvement des montagnes, l’écoulement des eaux dans des cavernes souterraines, etc. ; en supposant que ces événemens aient réellement existé, ce ne sont là que des causes accidentelles , momentanées, très-inférieures à celle que je viens de développer , qui est constante, habituelle, et qui mérite d'autant plus de fixer l'attention , qu’elle me paroîit être appuyée sur une de ces lois générales que la na- ture emploie dans toutes ses opérations, loi admirable, su- blime dans sa simplicité , étonnante dans ses résultats , etqui bien méditée, pourroit servir d'explication à plusieurs autres phénomènes naturels. C'est pour l'avoir méconnue ou négli- gée que plusieurs physiciens ne voyoient dans la diminution réelle des eaux de la mer, qu'un abaissement considérable au-dessous de son ancien niveau, en un mot un simple dé- placement, Cette idée erronée devenant la base de leurs bypothèses , il leur étoit impossible d'arriver à la vérité : en ouvrant les entrailles de la terre pour y précipiter les eaux, en les faisant disparaître tout-à-coup dans ces profondes ca- vités, la marche de la nature leur échappoit, Ils attribuoient donc à des accidens particuliers, vrais sous quelques rap- ports , un effet qui est évidemment la suite des lois organi- ET D'HISTOIRE NATURELLÆ, 23% satrices de l’univers , et auxquelles j'ai tâché de ramener les grandes opérations de la nature dans la diminution des eaux. Maïs , dira-t-on , si nous rapprochons l’ancien abaïssement des eaux de la mer de celui qui a eu lieu depuis que les eaux ont laissé d'immenses Lerreins à découvert, nous ver- rons que cet effet attribué aux végétaux et aux animaux, est bien peu étendu, puisque depuis un grand nombre de siècles , la diminution des eaux est peu sensible, et que le bassin de la mer est toujours à peu près le même, gagnant d'un côté ce qu’il paroît perdre de l’autre. J'avoue que depuis que les hommes nous ont transmis leur histoire, et avec elle l'époque des grands événemens du globe, dont ils ont été les témoins, rien ne nous annonce que les eaux de la mer aient beaucoup baissé leur surface, ni que la terre habitable connue, se soit considérablement étendue ; mais l'histoire des hommes ne date que de deux jours en comparaison du vieil âge de la nature ; et d’ailleurs si la diminution des eaux ne nous est point sensible par leur abaissement, elle peut l'être par l’exhaussement de leur fond. En effet, si nous faisons attention aux sables, aux raviers , aux terres, aux cailloux, aux pierres queles fleuves, es torrens , les rivières roulent continuellement des terreins où elles coulent dans le vaste bassin des mers, si nous y ajoutons les débris immenses de tous les corps marins, des plantes, des coquilles, des poissons, des madrépores qui s'amassent depuis des siècles dans le fond de ses abimes, nous ne pourrons disconvenir que son lit, tel vaste qu'il soit, ne doive s'exhausser journellement, et que si la masse des eaux ne continuoit pas à diminuer, bien loin de rester où elle est , elle s'éleveroit de plus en plus, et finiroit par oc- cuper de nouveau les terres qui en ont été primitivement abandonnées. Au reste, si les idées que je viens de présenter sur la dimi- nution des eaux de la mer, méritent quelqu'attention, je les dois aux savans estimables dont je n'ai fait qu’appliquer les: intéressantes découvertes à une question qui se trouvoit déjà résolue par leur théorie, | 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE N'OTIO'E Sur un Fortus trouvé dans le ventre d'un jeune homme de quatorze ans. Extrait d'un rapport fait à la Société de Médecine; Par DUPUYTREN. C*£ jeune homme , nommé Amédée Bissieu, de Verneuil, département de l'Eure, s'étoit plaint, dès sa plus tendre jeu- nesse , d'une douleur au côté gauche. Ce côté s'étoit élevé , et avoit présenté une tumeur. Cependant ces symptômes avoient persisté sans empécher le développement des facultés physiques et morales de cet enfant , et ce n'est qu’à l'âge de treize ans que la fièvre le saisit tout à coup. Dès-lors sa tumeur devint volu- mineuse et très-douloureuse; quelques jours après il rendit par les selles des matières puriformes et fétides. Au bout de trois mois seulement de l'invasion de cette première maladie, une sorte de phthisie pulmonaire se manifesta. Peu de temps après, le malade rendit par les selles un peloton de poils ; et au bout de six semaines il mourut dans un état de consomption des plus avancés. A l'ouverture de son corps faite par MM. Guérin et Bertin des Mardelles, on trouva dans une poche adossée au colon transverse , et communiquant alors avec lui, quelques pelotons de poils, et une masse organisée, ayant plusieurs traits de ressemblance avec un fœtus humain. Il seroit difficile de ne pas appercevoir de liaison entre l'indisposition habituelle du jeune Bissieu et sa maladie, entre celle-ci et les faits observés à l'ouverture de son corps. Ce premier point fondé sur des procès-verbaux authentiques, étant solidement établi, il étoit de la plus haute importance de déterminer la position de la masse organisée , et le lieu où elle s'étoit développée, Or l'exa+ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 239 men des pièces remises à la Société par M Blanche, chirurgien à Rouen, ne laisse aucun douie qu'elle ne fût renfermée dans un kyste situé dans le mésocolon transverse , au voisinage de l'intestin colon, et hors des voies de la digestion. A la vérité ce kyste communiquoit avec l'intestin ; mais cette communi- cation étoit récente , accidentelle en quelque sorte, et on voyoit manifestement les restes de la cloison qui séparoit ces deux cavités. La vraie position de cette masse organisée ayant été déter- minée , il falloit en reconnoitre la nature. On trouvoit dans ses formes un grand nombre de traits de ressemblance avec un fœtus humain, mais on y voyoit en méme temps une foule de disposi- tions particulières ; dont les unes paroissoient tenir à des vices de conformation , et les autres à des déformations successive- ment produites par le temps, et par le séjour qu’elle avoit fait dans le mésocolon. Il étoit un moyen plus sùr de déterminer le véritable caractère de cette production; il est évident que si elle renfermoit des appareils d'organes indépendans de ceux du corps auquel elle étoit attachée , elle devoit constituer un indi- vidu ; tandis que si elle n’offroit que des prolongemens organi- ques , elle rentroit, quelles que fussent ses formes extérieures , dans la classe des végétations qui s'élèvent de toutes les parties des corps organisés , et dès-lors elle cessoit d'être un phénomè- ne. La dissection de cette masse , faite avec un soin extraordi- naire, y a fait découvrir la trace de quelques organes des sens ; ‘un cerveau, une moëlle de l’épine , des nerfs très-volumineux ; des muscles dégénérés en une sorte de matière fibreuse ; un ‘squelette composé d’une colonne vertébrale, d'une tête, d'un bassin et de l’ébauche de presque tous les membres; enfin dans un cordon ombilical, fort court et inséré au mésocolon trans- verse, hors de la cavité de l'intestin, une artère et une veine ramifiées par chacune de leurs extr'mités, du côté du fœtus et du côté de l'individu auquel il tenoit. L'existence des organes précédens suflit certainement pour établir l'imdividualité de cette masse organisée , quoique d'ailleurs elle füt dépourvue des organes de la digéstion , de la respiration , de la secrétion des arines , et de la génération; seulement l'absence d'un grand ‘nombre d'organes nécessaires à l'entretien de la vie, doit la faire regarder comme un de ces fœtus monstrueux destinés à périr au moment de leur naissance. | Le développement d'une masse organisée dans le mésocolon, 240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, étant bien constatée , son analogie avec un fœtus humain étant bien démontrée, il restoit à rechercher depuis quand elle y étoit, pourquoi elle se trouvoit dans le corps d’un autre individu , et comment elle avoit pu y vivre? Ce fœtus étant Lors du canal alimentaïre , on ne pouvoit as admettre qu’il eût été introduit dans le corps du jeune Bisseu après la naissance , ce qui détruit le plus grand nombre des hypothèses inconsidérées qu’on a proposées pour expliquer ce phénomène. Le sexe du jeune Bissieu, bien constaté par MM. Delzeuse et Brouard , sur l'invitation de M. le préfet de l'Eure , ne permettoit d’ailleurs ni de penser qu'il eüt été Fé- condé, ni qu'il eût pu se féconder lui-même, puisqu'il étoit pourvu d'organes mâles, et qu'il n'offroit pas la plus légère trace de ceux du sexe féminin, Les faits qui servent de base au rapport, conduisoient naturel lement à des idées différentes de celles-là ; l'indisposition à la- quelle le jeune Bissieu étoit sujet depuis son enfance, la nature des symptômes qui la caractérisoient, ceux de la maladie qui lui a succédé immédiatement, et les faits découverts à l’ouver- ture de son corps, sont tellement liés qu'il est impossible de ne pas voir entre eux une dépendance nécessaire , et de ne pas ad- mettre que ce jeune infortuné a porté en naissant la cause de la maladie à laquelle il a succombé au bout de quatorze ans seu- lement. Beaucoup d’autres faits se réunissent encore pour prou- wer l'ancienneté de l'existence de ce fœtus dans le eorps du jeune Bissieu. T'els sont le volume de ses dents, la dégénération fi- breuse de ses muscles, le racornissement du cerveau, l'usure de la peau dans un grand nombre de points, la carie de plusieurs os , la soudure de la plupart d'entre éux, la dégéné- ration osseuse du kyste lui-même, etc. , etc. : dispositions qui pour se développer exigent presque toutes un temps fort long. Mais en admettant que ce fœtus soit contemporain de l'indi- vidu auquel il étoit attaché, il restoit toujours pour ceux qui veulent tout expliquer , une grande difliculté à lever, celle de sa situation dans lé mésocolon transverse. Les faits curieux exposés dans cette Notice, en sont certainement l1 partie la plus importante, ét ils sont jusqu'à un certain point indépendans des explications qu'on en peut donner ; cependant il entroit néces- sairement dans le plan d'un semblable travail de faire servir les faits à l'explication du phénomène. Il n’est pas rare de voir des jumeaux $ &T D'HISTOIRE NATURELLE, 24x jumeaux naître accolés soit par le dos, soit par le ventre ,. soit par la tête, soit par plusieurs parties en mème temps; une compression plus ou moins forte, exercée par les organes de la mére sur des embrions extrèmement mous, pendant la con- Ception ou peu de temps après, peut produire ces monstruosi- tés ; dans d’autres cas qui ne sont pas non plus très-rares, les jumeaux sont tellement identifiés, que plusieurs organes man- quent à chacun d'eux , et sont remplacés par des organes com- runs qui servent à-la-fois à la vie des deux. Dans le premier cas, la monstruosité est due à une cause ioute mécanique; et dans le second elle tient à un vice primitif dans l’organisa- tion des germes. Il faut nécessairement remonter à l'une où à l'autre de ces causes pour expliquer le phénomène qui fait le sujet de la Notice; ainsi dans le cas du jeune Bissieu, ou bien de deux germes d’abord isolés, l’un a pénétré l’autre par l'effet de quelqu'action mécanique, ou bien par une disposition primitive dont il seroit aussi diflicile de rendre raison que de tout ce qui a trait à la génération, ils se sont trouvés entre eux dans les rapports où on les a vus par la suite. L'une de ces explications étant admise , l'existence d’un fœtus dans l'abdomen d’un autre individu , n’a plus rien qui doive surprendre beaucoup, et le sexe de celui qui lui a si long-temps servi de mère, devient à-peu-près indifférent. Ce fœtus peut étre comparé au produit des conceptions extra-utérines ; en el- fet, a quelques parties de l'abdomen que s'attachent des germes fécondés , leur mode de nutrition est le même; ils puisent dans toutes, à l'aide des vaisseaux qui leur sont propres, des liquides nourriciers ; ils se développent et s'accroissent jusqu'au terme marqué par la nature pour leur expulsion, et s'ils ne peuvent être expulsés lorsque ce terme est arrivé, ils se putréfient, se convertissent en gras, se dessèchent , s’ossifient , ou bien ils vé- gètent jusqu'à ce que leur présence , en irritant les parties voi- sines, détermine la formation d’abcès, et provoque ainsi leur sortie. C’est ce qui est arrivé dans ce cas : les parois du kyste où étoit renfermé le fœtus qui nous occupe, eomme tous les fœtus placés hors des voies ordinaires de la génération , se sont enflammées, et l’inflammation s'est communiquée à l'intestin; la cloison qui séparoit ces deux cavités a été détruite; le kyste a communiqué dans le colon ; du pus et des poils ont été rendus par les selles , et une véritable phthisie abdominale, compliquée dans son cours avec une phthisie pulmonaire, a fait périr le malade. Placé plus près de la surface du corps, le kyste ne se Tome LX, VENTOSE an 13, Hh 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE füt point ouvert dans l'intestin , et ce phénomène, sans changer de nature , eût cependant paru moins extraordinaire. Ce fœtus a été nourri aussi long-temps qu’a duré la vie de celui qu'on doit regarder comme son frère ; l'absence de toute espèce d'altération putride dans son corps, et la perméabilité de ses organes de la circulation ne laissent aucun doute à cet égard: le défaut des organes de la digestion, de la respiration, de la secrétion de l'urine et de la génération , ne fournit point une ob- jection contre la vie de ce fœtus, puisque ces organes simple ment nourris dans les fœtus ordinaires , n’exercent leurs fonc- tions qu'après la naissance. Mais cette vie a dû se composer d'un très-petit nombre de fonctions, à cause de la structure particulière de ce fœtus ; les seuls organes de la circulation exercoient chez lui. une action nécessaire à la vie de tous les autres. Ils prenoient et donnoient successivement le sang du mésocolon au fœtus, et du fœtus au mésocolon.. Ps ÆT D'HISTOIRE NATURELLE, 243 ER NOTE SUR DES POISSONS REJETÉS PAR UN VOLCAN AU PEROU; Par HU MBOLDT. Para le grand nombre des faits que Humboldt a recueillis dans son voyage, en voici un des plus curieux, qu'il vient de communiquer à l'Institut national. Plusieurs volcans de la Cor- dillière des Andeslancent parintervalles des éruptions boueuses, “mêlées de grandes masses d'eau douce, et ce qui est extrême- ment remarquable ,une multitude infinie de poissons. Le volcan d’Imbaburu entre-autres , en jeta une fois un si grand nombre prés de la ville d'Ibarra, que leur putréfaction occasionna des maladies. Ce phénomène, tout étonnant qu'il est, n’est pas mème extraordinaire; 1l est au contraire assez fréquent , et l'autorité publique-en a -conservé les époques d'une manière authentique, avec-celles des tremblemens de terre. Ce qui est surtout singulier, c'est de voir que ces poissons ne sont nulle- ment endommagés , quoique leur corps soit extrémement mou, ‘ils ne paroïssent pas même avoir été exposés à une forte caleur. Les Indiens assurent qu'ils arrivent quelquefois encore vivans au -pied de la montagne. Tantôt ces animaux sont lancés par les bouches du cratère, tantôt ils sont vomis par des fentes latérales. Mais toujours à 12 ‘ou 1300 toises au-dessus des plaines environnantes. Humboldt ense qu'ils vivent dans les lacs situés à cette hauteur dans étais du cratère; et ce qui confirme cette opinion, c'est qu'on trouve la même espèce dans les ruisseaux qui coulent au pied de ces montagnes. Elle est la seule qui subsiste à 1400 toises de hauteur dans le royaume de Quitto. Cette espèce:est nouvelle pour les naturalistes. Humboldt l’a dessinée sur les lieux, et lui a donné le nom de Prmelodrus Cy- -clopum, c’est-à-dire lancé par les Cyclopes , dénomination analogue à son origine. On la trouvera figurée dans le premier cahier de ses Observations de Zoologie, qui paroîtra incessam= ment. Hh 2 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES TLUVIOSE ar XIIT, Par BOUVARD, THERMOMÈTRE. BAROMÈTRE. PR. “| Maximum. | Minimum. |A Mini. Maximum. Minimum. [aMor à midi -k 1,6à925.. +io,2|) + 1,61à 72 m..:.27.12,40là92s....,.27. o62|27. où 35. + o08là6 mi — 0,9] + o,5hà 8%s 27.011,07 |atmudi..:..27411,57| 27. a 315. + 4ofûa11s. = o4| + 3g9la1is 27-1409 410Me-rc ee 27. 2,56|27. 3 M g!m. H:o,8là9s. ! — 0} +Hir,2là 95s....:..27. 4,92/à x m...... 27. 4,51|27. BAS. — 1,5/à8s — 40| — 2,5|à 8 5....... 2770 eme 27. 6,07| 27. 9 Sue 1,5[à,7m.; — 9,9] — 2,6,29s....... 27.16,60|à,2.25....2707,18|27. midi — 1,211925 — 2,4| — 1,21a439...... 27. 8,16|à8 m......27. 7,60] 27. Bla midi + o,8l46 m. — 1,0] + 0,6là 6 m...... 27. 8,12|à8 :5......27. 6,68|27. à 5s-tæ 5olà7m. — 2,7| + 1/98à 7 m...... 27. 3,404 62s... 12. 27. 0,10] 27. \ midi + 8,9là72m. + 0,6| +13,9jà midi... 27-N0;09|à 72m... 27. Oj31| 27. 115. + 32/9 m. #*#1,7| + 2,5)à 9s....... 27. 4,92|à7 tm 27. 1,37] 2 7 im. + 02/92.) — 1,5| — o,5hà9: s.....27. 8,19|à 7 £u1.....27. 6,26|27 104$: — 0,2|à 7 m.. — 4,0] — 1,314 98...-2:. 27 0T,00 | A7. 27. 9,50] 27 25 + 26|à om. — 1,6| + 1, 5fà Didi 2e » .'e 28. 2,70 {4 7 Me... 28. 1,42] 28 108. 6,0 à 8 mu Hi2,1| H13,6/à 8m... 28: 0,66 10 5......27. 6,67|27 midi + 8,6là 1145. +4,6|: + 8,61à 8 ?m..... 27: 4,00] à 415....! 27. 3,77|27 midi +2,24 9%s. —"2,5|;:+#+ 2,9)à 11 2s 20H20 A7 eee 27. 7,03|27 os. —+Æ24à7m. — 26| + 24)à midi... 28. 1,28[à. 10 + s....27.11,42| 20 B4s. + 6,81à71:m. + 1,9] + 4,5/40:5s...... 27.1r,90|à 7 £ m....27. 9,45|27 35: 0,gfà 7m. + 7,3| + 9,581 nndi.....28. o,62fà 8 s....... 26. o,20| 28 24s. + 8,6[à 10 55: + 3,6| + 7,81à 7 5 m....27.10,64|à 105 .27. 8,90| 27 midi + 7;oà 6m. + 3,4} + 7ofà midi... 27. 8,29|à 22m..... 27. 702|27 835. H,12à7%m.,#+ 04| + 1na8 45... 28:10,06| à 7 + 1m ....27.19,16|27. 6s H24à7m —o;7| + 24 midi .....28. 2,64|à 7m...... 28. 1,78|28. 32%: 93,07 m. Æ r1,2| + 3olà midi..... 28- 1,52|à 92s.....,28. 0,60| 26. midi — 3,3/à 6m. “+ 1,6 + 3,31à 8s....... 28. 1,16[x6/m.....1.28. 0,40] 28. 25. Mb 2,989 mi) 11,5} Hi2nlämmi....28.11,32|à midi: ..t28. 1,25] 26. 21s, # 4,1/à 6.2 m.— 3,6|.H:2,7fà 4,m......97.11,80|à 102 5S...:27.10,15| 27. 1Es. + 5,53 £m. — 1,7| + 46la8:s...... 27.10,01|à 3+5S...,.:27..0,40|27. 2s. +6,67m + 1,4! + 48à 925.....20. o,4o]ù 7 m......27.10,48|97. RECAPITULATION. Plus grande élévation du mercure...28. 2,75le 14 à midi. Moindre élévation du mercure..... 27.0,15 leg à 8: s. Élévation moyenne.......27. 7.45. Plus grand degré de chaleur:..... +-9°,9 le 20,à 3h... Moindre degré de chaleur........ — 49le 184,7 m Chaleur moyenne......... + 2,5 Nombre de jours beaux... 14 Eay de pluie tombée dans le cours de ce mois 0%,03622— 16 lignes, =." Astronome. A L'OBSERVATOIRE IMPERIAL DE PARIS, 5 | Hyc. a F [à midi. 1] 94,0 2| go,o 3] 92,0 4 65,0 71,9 6| 71,0 7 3,a Q] Fe 9. 79.0 10! 40 11 95,0 12] 76,0 13| 7o,o T4 66,5 19 90,0 16 93,5 17 68,0 16 77,0 19! 94,0 20[ 94,0 21 g2 0 2 94,0 29] 63,0 24] 71,0 25 6,0 20! 73,5 27| 58,9 28 TS 291 79,0 Fe 04,0 Jours dont le vent a soufflé du N...... VENTS. [el Éb EH = ES Hits ag mt CROZ2P0 22 u Calme. POINTS LUNAIRES- Dernier Quart, L. Apogée, N, L.Eqascen, | Equin, descen, Prem. Quart. L .Pcrigée. Pleine Lune, N. foible. RECAP “ NRTAUR MATE ITOPNES DE L'ATMOSPHÈRE: Gelée blanche; pluie, neige fondue. Gelée blanche; ciel légérement couvert. Pluie fine; ciel couvert. Ciel très-nuageux ; pluie et grésil par inter: Ciel couvert Ciel couvert. Ciel couvert. Ciel couvert;-quelques flocons de neige par interv. Ciel légérement couvert le m.; neige, verglas et grésil le s.| Petite pluie; ciel légérement couvert le soir. Brouillard ; ciel couvert, petite pluie. Le Ciel couvert; quelques flocons de neige. Couvert par interv. Ciel nuageux et trouble. Pluie fine le matin, et assez forte le soir. Ciel couvert; pluie et vent très-fort toute la nuit. Ciel nuageux. Forte gelée blanche; ciel couv. , temps brumeux et humide.| À Pluie, neige fondue ; temps brumeux et humide. Giel couvert, temps brumeux et humide. Ciel couvert par interv. Brouillard ; temps brumeux et humide. Neige, ciel extrêmement nuageux; pluie une part.-de la n.| À Ciel couvert. Couvért par interv. Couvert tout le jour: Ciel vaporeux , nnages clairs et élevés, forte gelée blanche.| E Brouillard ; forte gelée blanche, ciel nuageux. Gelée blanche , brouillard ; ciel légérement couvert. Temps brumeux et humide; le ciel s’est éclairci sur les. ETEUMPAMTETIONNE de couverts...... 16 delplue ser BE II de -Yent......... 27 de‘selée#- 22 .-22t 15 de tonnerre...... © de brouillard... 7 dmpire tire: 5 héceilre de RO) 8 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Histoïre natnrelle , générale et particulière des Crustacés ect des Insectes , Ouvrage faisant suite aux OEuvres de Leclere de Buffon, et partie du Cours complet d'Histoire naturelle, rédigé par C.-S. Sonnini, membre de plusieurs Sociétés savantes; pe P.-A. Latreille, membre associé de l'Institut national de rance , de la Société linnéene de Londres, Philomatique , d'His- toire naturelle de Paris, et de celle des Sciences, Beltes-Lettres et Arts de Bordeaux.—T'omes XIII et XIV. — À Paris, de l'im- primerie de Dufart. On souscrit, à Paris, chez Dufart, imprimeur .et éditeur, rue et maison des Mathurins St.-Jacques ; Bertrand, libraire, quai des Augustins. A Rouen, chez Vallée frères, hbraires, rue Beffroi, n° 22. A Strasbourg , chez Levrault frères. A Limoges, chez Borgeas. À Montpellier, chez Vidal. À Mons, chez Hoyois. Et chez les principaux libraires de l'Europe. Le volume treizième commence par donner la suite de’la cin= ante-unième famille , celle des libellulines; on passe ensuite à celle des libellules, à celle des fourmilières, des hémérobes, des termes , des fryganes, des éphémères... et finit par celle des apiaires , ou abeilles. Le tome quatorzième continue l’histoire des abeilles ; om passe à la famille des papillionides , et finit par la famille des coriacées , qui est la quatre-vingt-dix-huitième de l'Ouvrage. Elle comprend les genres des hippobosques, des ornithomylys,.… et celui des puces, qui fait le cinq cent cinquante-septième genre. Ce volume est le dernier de l'Histoire des insectes. On voit avec quelle étendue et avec quelle exactitude l'auteur a traité cette belle partie du règne animal. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 247 Ie, IIe et III° cahiers de la troisième année de /4 Biblio- #hèque Physico-Economique, fnstructive et amusante, à l'usage des Villes et des Campagnes, publiée par cahiers, avec des planches, le premier de chaque mois, à commencer du premier brumaire an 11 ; par une Société de Savans , d’Ar- tistes et d'Agronomes, et rédigée par C.-S. Sonnini, de la Société d'Agriculture de Paris, ete. ; Ces trois cahiers, de 2r6 pages avec des planches, contien- nent entr'autres articles intéressans et utiles : Des effets per- aicieux du voisinage des marais sur les grains et les vignes;. moyen d'obtenir sav récoltes successives de pommes de terre sur le même terrain ; moyen d'augmenter l'étendue des terrains eultivés; moyen de faire pousser promptement la vigne; du riz, de sa culture dans l’Indoustan , de ses diverses: propriétés; éducation des volailles à St-Domingue ; observa- tion sur le duvet et les plumes des oiseaux de basse-cour, par M. Parmentier; moyen de donner de la force aux vinai-- gres trop foibles; procédés pour conserver les haricots verds ; moyens très- simples de conserver les grains , de les préserver des calandres, des charançons et autres insectes ; fumigations pu purifier l’air des ateliers des versäsoie; sirop contre ‘asthme, par M. Rouch , pharmacien ; succès du bélier hi- draulique de M. Mongolfer ; procédés pour dorer le fer ow acier ; nouveau thermomètre par M. Delalande , etc. etc. Le prix de l'abonnement de cette troisième année est, comme pour chacune des deux premières , de 10 fr. pour les 12 cah. , que l'on reçoit mois par mois., francs de port. — La lettre d'avis et l'argent doivent être affranchis et adressés à F. Buisson , imprimeur-libraire , rue Haute-Feuille, n° 20, à Paris. L’utilité de cet Ouvrage est généralement reconnue. L'au -- teur le rend de plus en plus intéressant par les morceaux qu il y insère. EE TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, Pag: Sur une pierre météorique tombée aux environs de Sigena, en Aragon; par le professeur Proust. . . .. 185 De l'action des différentes préparations d'opium sur des animaux vivans ; par J.-M. Roméro de Terreros. . 205 Mémoire sur l'existence des trachées des végétaux dans la substance médullaire; par J.-C. Delamétherie, . , 218 Projet d'observations à fatre sur les époques de la folia- tion , de la floraison, et de la maturité du fruit ou de la graine des arbres, etc. ; par L. Cotte. . , . . .. 219 ‘Observation propre à faire connoîttre dans quelle classe on doit ranger les numismales ; par F.-G. Sage. . . 222 Conjectures sur les causes de la diminution des eaux delaÿner;1paril-le M-SPOILET NE ET 2e 0 Notice sur un fœtus trouvé dans le ventre d'un jeune homme de quatorze ans. — Extrait d'un rapport fait per Dapaytren ss REASON Re AUS Note sur des poissons rejetés par un volcan au Pérou ; Par ELU POIALE LE RTE TT ET Ne EE NI 2AS Observations météorologiques. . ..., . . .. . . . . . + 244 Nouvelles libtéréires "NE ONE 0246 ER JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. GERMINAL an xr1r ANALYSE DE LA MAGNÉSIE DE BAUDISSERO, EN CANAVAIS ( DÉPART. DE LA DOIRE }); Par GIOBERT. LA terre de Baudissero, connue sous le nom de terre à porcelaine (terra da porcellana), a été regardée jusqu'à ce jour comme une terre argileuse des plus pures que l'on con- noisse dans l’histoire des fossiles. On la placoit dans nos cabi- nets de minéralogie, comme de l’alumine native. Dans une manufacture de poterie de grès que l’on avoit établie à Vineuf, on a long-temps fait usage de cette terre, en n'y voyant qu'une argile d’une pureté peu ordinaire. Le célèbre Maquer, et avec lui Baumé, auxquels, lors de l'établissement de cette manufacture , on envoya des échantillons de cette terre, prononcèrent positivement que c'étoit une argile meilleure que celle dont on fait usage dans la manufacture nationale de por- celaine à Sèvre. Le docteur Gioanetti continua à l'employer ayec succès dans Tome LX. GERMINAL an 13. li 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la manufacture de sa belle porcelaine dans le même local de Vineuf, et il entreprit sur cette terre, sinon une analyse, au moins quelques expériences pour mieux connoître les propor- tions entre la silice et la terre qu'il croyoit être de l’alumine pure. Ces expériences ont persuadé au docteur Gioaneiti, que si l’on excepte un peu d'acide carbonique qu'il avoit trouve , la terre de Baudissero n’étoit que de l’alumine presque pure, ou du moins aussi pure qu'iln’en connoissoit pas d'exemple ailleurs. Ce chimiste auquel j'ai demandé des renseignemens sur cette terre, m'assura plusieurs fois que les morceaux choïsis lui don- nèrent quelquefois jusqu'à 0,90 d’alumine, y compris un peu d'acide carbonique, et qu'en masse elle en donnoit constamment au-delà de 80. En lisant la description minéralogique des montagnes du Canavais, par le chevalier Napion, on trouve que ce minéra- logiste estimable n'hésite pas d'assurer que la terre de Baudis- sero est l'argile la plus pure que l'on ait trouvée jusqu'ici en Piémont. Le même Napion a dans'la suite, et dansses Elémens de Mi- néralogie, regardé la terre de Baudissero comme de l’alumine nalive. Des faits si positivement assurés par des savans aussi estima- bles que Maquer , Baumé , et nos collègues Gioaneiti et Napion, ne permettoient guère de douter de la nature de cette terre ; on peut ajouter encore à ces autorités le succès avec lequel Gioanetti l’'employa constamment dans la fabrication de sa por- celaine. à Dans une suite de recherches que j'avais entreprises sur la fabrication arufcielle de l’alun, j'ai dû m'occuper de cette terre, et à mon grand étonnement j'ai trouvé que non-seulement la terre de Baudissero n’est pas de l’alumine presque pure, mais qu'elle n’en contient pas même un atome. La ville de Baudissero est placée à moins de trois lieues d'Ivrée et de Brozo. Ce dernier village, célèbre autant par ses mines de fer que par la manière dont on les travaille, renferme entre autres mines daus une montagne, une mine en amas et iné- puisable de fer sulfuré d’une pureté très-remarquable, où l'on a établi depuis plusieurs années la fabrication du sulfate de fer par la combustion du sulfure. En inspectant l’année passée cette manufacture, j'ai été frappé de l’action singulièrement énergique que l'acide sulfureux, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251 se forme par la combustion du sulfure, et dont une partie se répand dans les environs, exerce sur de gros blocs de pierres. Ces pierres sont une sorte de schiste graniteux ; l’acide sulfu- reux les attaque si fortement qu'il les fait effeuilleter , et les réduit en dernier résultat en une espèce d'efflorescence [ou poussière blanche évidemment saline , dont la saveur astringente y annonce du sulfate d'alumine. Cette circonstance me fit croire que si l’on eût exposé à l’ac- tion de cet acide une bonne argile , on auroit pu l'aluniser; et celle de l'existence de la terre de Baudissero , que je croyois de l’alumine presque pure, à une distance assez peu considérable, me fit concevoir l'espérance de pouvoir établir avec économie en Piémont, la fabrication artificielle de l’alun. L'idée de cet établissement me paroissoit d'autant plus heu- reuse qu'aux pieds mêmes de la montagne où est la pyrite, je venais de découvrir une grande tourbière qui se prolonge jusque près de la Chiusella , c’est-à-dire jusque près de Baudissero, et qui presque sans frais auroit pu fournir le combustible. Et il me paroissoit que la nature, en placant d'un cité une mine iné- puisable de soufre qui fourniroit l'acide sulfurique, de l’autre, des carrières inépuisables d'une terre destinée à en fournir la base, dans un état de pureté très-rare, et au milieu de l’une et de l’autre un combustible abondant, et le meilleur pour ce gone de travaux, s’étoit pour ainsi dire épuisée en faveur pour ‘établissement que je projetois , et je m'étonnois que personne n'y eüt songé avant moi. Il ne s’agissoit que d'entreprendre des essais, dans le but d'éta- blir les procédés les plus économiques que l’on suivroit ensuite ; et d'examiner avant tout si le fer qui est uni au soufre dans le fer sulfuré , n’exerceroit pas sur l'alun qu’on obtiendroit une in- fluence dangereuse. Dans ce but j'ai commencé par chercher l’action de la terre de Baudissero sur le sulfate de fer, et la quantité de terre né- cessaire à la décomposition d'un poids donné de sulfate. Dans ces différens essais, le sulfate de fer dissous dans l’eau, et bouilli avec cette terre en différentes proportions, se décom- posa évidemment dans moins d'un quart-d’heure d'ébullition. Le fer se précipitoit en gris noir ; lorsque la dissolution étoit bien sans couleur , lorsque l’ammoniac instillée dans la dissolution, n’y formoit qu'un précipité bien blanc, qui n’annonça plus de fer , je filtrai la liqueur, dont une partie fut mélée avec un peu In, 2 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de potasse. Je l’abandonnai ensuite à la cristallisation. Pour m'assurer s’il y auroit de la potasse dans la terre de Baudissero, j'en fis cristalliser une partie sans addition d'alkali. D'abord après le refroidissement, j’observai que les liqueurs avoient cristallisé ; mais au lieu d’octaèdres, j'ai trouvé les plus beaux, les plus élégans et les plus purs cristaux de sulfate de magnésie. La liqueur qui resta, donna par une nouvelle évaporation les mêmes cristaux de sulfate de magnésie très-purs ; et il en fut de même par les évaporations et cristallisations successives jus- qu'aux dernières gouttes de liqneur. C’est ainsi que Palumyne native se transforma toute entière en magnésie, et que la magnésie devint tout-à-coup une excellente terre à porce- laine. Si des exemples de ce genre viennent à se multiplier, on se convaincra de plus en plus de la nécessité de l'analyse chini- que pour la connoissance des fossiles, et on apprendra, je pense, à ne pas trop se fier aux caractères extérieurs et physiques , dont il me paroit qu'on abuse trop. Quoi qu’il en soit, ces résultats inattendus m’engagèrent à faire de la terre de Baudissero un examen plus soigné; c'est ce qui fait l’objet de ce \'émoire. Lorsque j'ai trouvé que la prétendue alumine de Baudissero, en Canavais, n'étoit qu'une terre magnésienne, je ne conneis- sois d’autre exemple d’une terre vraiment magnésienne, que celui que présente la terre de Salinelle , ou de Sommières , que Bérard a fait connoiître ( Ænnal. de Chimie, tome 39 , p. 65 ). Dans cette terre la magnésie, quoique en proportion médiocre, n'est associée à aucune autre terre que la silice, ce dontona bien peu d'exemples. Mais en recevant le deuxième volume de la Minéralogie de Brochant, j'ai trouvé que l'on y annonce la découverte de la magnésie native. C’est du carbonate natif de magnésie que le docteur Mitchel a trouvé à Roubschitz en Moravie. D'après l'analyse qu'il en a faite, et qui est indiquée par Brochant, on assure que le carbonate de magnésie, natif de Moravie, est composé uniquement de magnésie et d’acide carbonique , à- peu-près en parties égales ; mais la couleur grise jaunätre ta- chetée de noir, que le docteur Mitchel donne à cette terre, paroît indiquer assez l’existence de quelques autres parties cons- tituantes. En comparant les caractères et la nature de la magnésie ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 255 de Baudissero , il sera aisé d'établir les différences qui la distin- guent des terres magnésiennes précédentes. La magnésie de Baudissero se trouve disposée en filon dans une pierre stéatiteuse dont est formée la montagne qui la ren- ferme. Elle est accompagnée de pierre cornée; tantôt couleur de paille transparente , tantdt commençant à se décomposer , blanche, presqu'opaque Dans cet état, cette pierre cornée me parait la pierre dont le docteur Bonvoisin a donné la descrip- tion et l'analyse sous le nom d’hydrophane du Piéinont. Notre magnésie se présente en masses, souvent mamelonnées et souvent en fragmens, plus ou moins gros; les mamelons ou fragmens sont quelquefois, mais rarement tuberculeux. Cette terre est du plus beau blanc; en quoi elle diffère de celle de Moravie , dont la couleur est grise , jaunâtre , tachetée de noir ; elle diffère de celle de Salinelle, ou de Sommières dont la couleur est celle du chocolat. La dureté de cette terre est variable, quelquefois elle est tendre ; dans cet état je la nommerai dans la suite cerreuse ; quelques morceaux ont une dureté considérable; comme dans toutes les expériences je les ai essayés comparativement , je nom- merai cette dernière variété perreuse, pour distinguer l’état de celle ci de celui de la précédente. Les morceaux ou la variété pierreuse est rayée par l'acier; mais elle raye l'acier. On peut assez aisément la réduire en poudre ; mais avec beau- coup de diflicultés en poudre très-fine , et on n'y parvient que par une trituration long-ten.ps continuée dans un mortier de porphyre. Sa dureté ni s’augmente, ni se diminue par l'action de l'air. En cela elle diffère de la magnésie de Moravie, qui est tendre et très-tendre , et de celle de Salinelle qui est molle dans son lit, et ne durcit que par son exsiccation à l'air. Sa cassure est dans cette variété conchoïde , inégale. Sa surface est matte ; on y voit cependant quelquefois, mais très-rarement, des taches luisantes. Elle est constamment et parfaitement opaque , et médiocrement pesante; sa pesanteur spécifique est variable. Elle est onctueuse au tact, mais très-peu dans les morceaux pierreux ; un peu plus dans les morceaux plus tendres ou terreux. 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L La , Elle happe sensiblement à la langue, mais très-peu ; elle ac- quiert cette propriété dans un degré considérable, lorsqu'elle est médiocrement chauffée au feu. Plongés dans l’eau, les morceaux pierreux n'en absorbent pas; les morceaux tendres l'absorbent avidement, et avec sifflement; le mélange ne s’échauffe point. Les morceaux tendres se délayent considérablement comme les argiles; les molécules de cette terre, comme celles des ar- giles, se tiennent long-temps suspendues dans l'eau, à la diffé- rence de celles des argiles , elles ne se lient pas. Au chalumeau sur un cristal de cianite, elle est infusible. Traitée en masse , au feu dans un creuset, lors surtout qu'on l'y expose dans un creuset rougi, auparavant elle décrépite et se divise en pièces écailleuses grosses, qui s’élancent hors du creuset ; ceci n'arrive pas si on la chauffe doucement et len- tement. Si on la réduit finement en poudre ,et on la traite ensuite au feu, dès que le fond du creuset commence à rougir , cette terre bouillonne un instant , ses molécules paroissent se lier, comme si elles étoisnt légérement humectées. Cent parties de cette terre traitées de cette manière, jusqu’à ce que tout bouillonnement cessa, et après une heure d’incan- descence, se réduisirent à 85 et 40,0. Cette terre ainsi calcinée, jette cette lamière bleuâtre qu'on remarque dans la magnésie ordinaire. La calcination étant faite dans une cornue de grès , à laquelle on adapta un siphon , plongeant dans un flacon rempli d'eau de chaux, il passa du gaz dès la première impression d'une forte chaleur, et il se forma dans le flacon du carbonate de chaux : ainsi la diminution dans le poids est due en partie au dégagement de l'acide carbonique. | Mille grains de cette terre en poudre très-fine ont été bouillis dans six livres d’eau distillée. La liqueur filtrée, essayée par différens réactifs, a présenté les résultats suivans : Avec la solution de l’acétate , nitrate et muriate barytiques, le mélange se troubla sensiblement presque de l'instant , et il se forma un sédiment de sulphate de baryte , mais en très-petite uantité. L'oxalate d'ammoniaque y forma de l'oxalate de chaux, mais aussi très-peu, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 Ces expériences répétées différentes fois sur de la terre prove- nant soit de morceaux pierreux, soit de morceaux terreux, ont constamment donné le méme résultat. La chaux et l'acide sulfurique , ou le sulfate de chaux est donc , quoiqu'en petite quantité, au nombre des parties cons- tituantes de la terre de Baudissero, soit qu’elle se trouve à l’état pierreux , soit lorsqu'elle se trouve à l'état plus tendre de terre. Dans les deux cas, le nitrate d'argent a formé également un précipité. Mais on a remarqué avec cette solution, des différen- ces remarquables sur la lessive des morceaux pierreux. Sur celle des morceaux terreux, le nitrate d'argent ne forme qu'un pré- cipité qui se ramasse en poudre dans le verre; au lieu que dans la lessive des morceaux pierreux , indépendamment de ce préci- pité, on observa constamment des filamens qui indiquoient-la présence de l’acide muriatique. Plusieurs fois on commenca par enlever l'acide sulfurique par l’acétite de baryte, on filtra la liqueur , et on la traita par le nitrate d’argent qui y forme encore un précipité de muriate d’argent. La lessive des morceaux pierreux présenta encore des diffé- rences avec l'ammoniaque. Ce réactif ne trouble jamais la lessive de la terre provenante des morceaux terreux. Il troubloit cepen- dant, quoique très-légèrement, la lessive des morceaux pier- reux. Il résulte de ces observations , qu'indépendamment du sulfate de chaux que les deux variétés pierreuse et terreuse de la terre magnésienne de Baudissero contiennent, la dernière , c'est-à-dire la variété pierreuse , contient de plus de l'acide muriatique, peut- être combiné en partie à de la chaux, à laquelle l'acide sulfu- rique ne peut suflire; et très-sürement en partie à une terre qui n'est pas de la chaux, puisque sa dissolution se laisse décom- poser par l’ammoniaque. On verra dans la suite que cette terre n'est que de là magnésie. Les acides sulfurique, nitrique et muriatique attaquent cette terre, lorsqu'elle est bien divisée ou en poudre très- fine. Leur action cependant est peu sensible ; mais à la moindre impression de la chaleur, elle devient très-marquée. Des bulles très-petites de gaz, qui s'élèvent du fond de la liqueur, une petite écume blanche qui se forme à sa surface, et un léger 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE sifllement annoncent assez qu'il y a dégagement d’un fluide aériforme ou de l'effervescence. Lorsque la terre a été auparavant calcinée au feu, leur action est bien différente. Il n'y a , eomme il est naturel de le prévoir, aucune effervescence. Mais ce mélange s’échauffe très-considé- rablement , et au point qu'il s’ensuit une vraie ébullition ; dans quelques minutes le mélange se trouve changé en corps solide, formé par une espèce de gelée qui en résulte. Celui des acides qui exerce une action plas marquée, est l'acide muriatique, ensuite le nitrique, et après ceux-ci le sul- furique. Ce dernier cependant ne dissout que trop diflicile- ment en entier la partie soluble, méme après une ébullition long-temps continuée. La dissolution faite dans des vaisseaux fermés et disposés de manière à en pouvoir recevoir le gaz, forme avec l’eau de chaux du carbonate calcaire , ce qui confirme le dégagement d’un peu d’acide carbonique déjà indiqué par la calcination de cette terre au feu. Les dissolutions de cette terre dans les acides sont parfaite- ment sans couleur. Le prussiate de chaux, l’oxalate d'ammoniac ne les troublent pas du tout. L’ammoniac y forme un précipité très-abondant. Le carbonate de potasse ordinaire non-saturé y forme encore un précipité. Dès que ce carbonate ne trouble plus la liqueur, on la laisse en repos , et ensuite on la filtre, cette liqueur claire étant soumise à l’ébullition, se trouble de nouveau et donne un deuxiè- me précipité terreux. Enfin si au lieu de carbonate de potasse non-saturé d'acide carbonique , on fait usage du carbonate de potasse bien saturé, il ne se forme pas le moindre précipité. Les expériences dont je viens de rendre compte, annoncent donc non-seulement que c’est de la magnésie la portion de terre dissoute par les acides, mais qu'il n'existe avec elle aucune trace de chaux que l'oxalate d'ammoniac auroit indiquée ; qu'il n'existe avec elle pas méme un atome d’alumine , que le carbonate de potasse saturé d'acide carbonique précipite et ne peut redissoudre ; qu’elle ne contient pas du tout d'oxide de fer , que le prussiate de chaux auroit fait connoître ; enfin que c'est de la magnésie toute pure. Ce résultat est confirmé encore ET DHISTOIRE NATURELLE£S. 257 encore par le sulfate de magnésie que donne exclusivement la cristallisation de la dissolution de cette terre dans l'acide sulfu- rique. Les acides en dissolvant cette terre, laissent un résidu. La quantité de ce résidu ne nous,a pas paru bien constante. Celui que laisse l'acide sulfurique, est constamment plus fort que celui que laissent les acides muriatique et nitrique. Cent vingt grains de cette terre auparavant bien lessivée par de l’eau pure, ont laissé un résidu dont le poids, dans les diffé- rentes expériences qu'on en a faites, n’excéda jamais 17 grains, et jamais ne fut moindre de 14. L'espèce pierreuse est celle qui en général donne le plus de ce résidu insoluble. Plusieurs ex- périences qu'on a faites , et qu'ilest inutile ici de rapporter , nous ont convaincu que ce résidu n’est que de la terre siliceuse très- pure. : La terre de Baudissero , d’après les expériences précédentes , n’est donc que de la magnésie avec un peu d’acide carbonique, un peu de silice et très-peu de sulfate de chaux , avec des traces de muriate de magnésie dans la variété pierreuse. Pour en évaluer les rapports, nous en avons lessivé un poids donné , et on précipita l’acide sulfurique d'une part par l'acétite de baryte , et de l’autre la chaux par l’oxalate d’ammoniac. Le poids de l’oxalate de chaux et celui du sulfate de baryte qu'on en a obtenus , nous ont fait voir que cent parties en contiennent 1,60 de sulphate.de chaux. Les expériences rapportées indiquent la proportion de la silice. Pour établir celle de l'acide carbonique, nous avons tantôt calciné des poids donnés dans des cornues, dont un siphon adapté à leur bec plongeoit dans les flacons renfermant de l’eau de chaux au-delà de ce que le gaz acide carbonique , fourni par la quantité de terre employée, auroit pu précipiter ; tantôt en en dissolvant des quantités considérables dans des acides, aidés de l’action de la chaleur , on en recnt le gaz développé dans des flacons remplis de même d’eau de chaux. Le premier pro- cédé est celui qui nous en fournit constamment le plus. Le carbonate de chaux formé dans ces différentes expériences, nous apprit que cent parties en contiennent de 8 à 12 d'acide carbonique, et un peu moins quelquefois dans l'espèce pier- reuse. Maintenant si l'on déduit ce poids de l’aeide carbonique de la perte en poids que cette terre souffre par la calcination au feu , que nous avons ci-dessus énoncé, nous ayons encore la Tome LX, GERMINAL an 15, Kk 258 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIE quantité d’eau que cette terre contient, et il résulte, en rappro- chant nos diflérentes expériences , que la terre de Baudissero est composée de Le EG RP SAR rte 5157 Acide carbonique... . . . . ‘12. SGEN NEENE et. eme beat Ne dE oo StulFaté de Chäux. : - . . . : 1,60. EAU: ER NRUTES QUOT SHR 0 TE C'est d'après ce résultat que je lui ài donné le nom de magné- sie native. Elle sé trouve à la vérité mélée d’un peu de silice; mais si l’on a pu donner le titre d’alumine native à l'alumine de Hall en Saxe, dont cent parties en contiennent 24 de sulfate de chaux ; si l’on a pu donner le nom de magnésie native à celle de Moravie, annoncée par Mitchel , dont cent parties en contien- nent 50 d'acide carbonique, il me paroît que celle que je viens de faire connoître, y a de plus grands titres. La terre de Baudissero présente un sujet d'observations inté- ressantes dans la recherche de son origine. Plusieurs faits me portent à croire que cette terre n'est que la pierre cornéenne ou cacholong , décrite et analysée par mon collègue Bonvoisin. I! me paroît que le cacholong à un point donné de sa décomposi- tion, forme ce que Bonvoisin a désigné sous le nom d’hydro- phane du Piémont, et que par sa décomposition complète il forme la terre magaésienne dont je viens de donner l’analvse. Bonvoisin a énoncé une opinion précisément opposée ; car il a supposé. que cette terre, loin d’être le produit de la décompo- sition du cacholong, c'est l’élément de sa formation. Notre collègue Gioanetti porte la même opinion. Dans ces deux hypo- thèses on auroit toujours le changement d’une terre dans une autre, c’est-à-dire le changement de la silice et de l’älumine en magnésie dans ma manière de voir; car c'est principalement de ces deux terres que, d'après l'analyse de Bonvoisin, est composé le cacholong et l’hydrophane ; et le changement de la magnésie en alumine et silice dans l'hypothèse de Bonvoisin et Gioanetti. Ce sujet me paroissant assez piquant, je me propose d’ana- lyser comparativement ces pierres à différens degrés de décom- position où d'agatisation, ce qui fera le sujet d'un nouveau Mémoire. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 Il me reste maintenant à examiner les usages économiques auxquels cette terre pourroit être employée. L'expérience dont j'ai rendu compte au commencement de ce Mémoire, de la décomposition du sulfate de fer par cette terre, décomposition dont un excellent sulfate de magnésie est le résultat , indique déjà un des moyens par lesquels on en peut faire une application utile. Les 25 livres de sulfate de fer ne coûtant chez nous que 3 fr., tandis que le prix du même poids en sulfate de magnésie est de 8 fr. , on pourroit déja suivre ce procédé avec avantage. On peut y ajouter encore que le sulfate de magnésie du commerce, gras , mêlé de beaucoup de sulfate de soude , ne sauroit être comparé à celui que l'on obtient par le procédé indiqué, qui égale au, moins lé meilleur sel de Canal ; ainsi dans cette com- paraïison on pourroit évaluer à 10 fr. au moins le sulfate de magnésie plus pur qu’on en obtient, etle bénéfice en est réelle- ment plus grand. Ce n’est cependant pas le meilleur procédé à suivre là où l'on est dans le cas d'en pratiquer d’autres, dont je vais rendre compte. Les expériences suivantes font connoitre deux procédés infi- niment plus économiques. Dans un premier essai j'ai pris deux livrés de terre de Baudis- sero réduite en poudre grossière , avec autant de fer sulfuré de Brozo, également réduit en poudré. On les méla exactement, et on'en traita la moitié dañis un creuset; l'autre moitié on la traita dans une*capsule au feu. Dans l’une et l'autre, le mélange échauffé au rouge, jetoit des étincelles surtout en le remuant. Il parut se réduire en poudre plus fine; une espèce de bouillonnement eut lieu, produit sans doute par le QE de l'acide carbonique ; et on observait çà et la de la flamme de soufre quiise brüloit sans donner aucun indice de formation de sulfure. L'odeur sulfureuse n’étoit cependant pas bien incommode, d'où l’on concluoit que la magnésie absorboit assez bien les acides sulfu- rique et sulfureux à proportion qu'ils se formoient par la com- bustion. Le mélange devenoit d’un gris-noir, ou à mieux dire, noir; mais qui paroissoit gris par des molécules blanches qui le divisoient encore. Après 3 heures. on le laissa refroidir, on l’humecta avec de Kk 2 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’eau , et on l'abandonna jusqu'au lendemain. On en lessiva alors une partie, la dissolution étoit claire, et traitée par l’ammoniac donnoit un précipité très-blanc et abondant. Cette circonstance indiquant que beaucoup de magnésie s'étoit sulfatée dans l’opé- ration , on lessiva toute la matière. La lessive très-claire, éva- porée convenablement , donna dès la première cristallisation une livre de sulfate de magnésie en cristaux élégans. La liqueur qui resta , donna encore par des évaporations successives, une livre et demie du même sel en beaux cristaux très-secs et très- blancs. Jusqu'à la dernière goutte la liqueur fournissoit des cristaux, et l'eau mère ne devint jamais grasse. Le mélange qui resta après la lixiviation fut grillé une deuxième fois, et il nous donna encore du sulfate de magnésie. On le rejeta alors, quoique très-apparemment il püt donner, par une nouvelle torréfaction , du nouveau sulfate de magnésie. Dans une deuxième expérience, on a essayé le soufre pur au lieu de la pyrite; il étoit facile de prévoir que le résultat en seroit le même ; on a cependant voulu s’en assurer, et le ré- sultat en fut parfaitement satisfaisant. Le parti que l’on peut tirer de cette terre consiste donc à la sulfater et à la réduire en sel d'Epsom ou sulfate de ma- gnésie. Le procédé par lequel on y parviendra ne sauroit étre plus simple. Il suffit de réduire en poudre la terre et le soufre, ou le sulfure de fer là où l’on peut s'en procurer , comme on pourroit le faire à Baudissero. On méleroit ces substances à peu près à parties égales ; car il est utile de procéder avec excès de terre, d'autant plus qu’elle ne coûte presque rien. On torréfie le mélange dans un four chauffé au point que le soufre puisse se brüler. Dès que l’on ne voit plus de jets de lumière sulfureuse, on laisse refroidir le four. La matière extraite est mouillée avec de l’eau dans des cuves , et abandonnée pen- dant quelques jours en la remuant. La partie de soufre qui en se brülant n’étoit passée qu'à l'état d'acide sulfureux, ou le sel qui n'étoit qu’à l’état de sulfite, s'oxigène lentement, et se change en sulfate. On lessive alors la matière de la même manière qu'on le pratique avec les terres nitreuses, on évapore suflisamment la liqueur , et on fait cristalliser par refroidissement. On peut encore pratiquer une autre méthode là où l’on pro- céderoit avec des sulfures, ou là, où , comme à Brozzo , on a Pr - ET D'HISTOIRE NATURELLE®. 26: une manufacture de sulfate de fer. Le four où l’on brüle la pyrite peut étre couvert par des tas de magnésie ; l'acide sulfu- reux qui.se dégage seroit absorbé par la magnésie , et à l’avan- tage de mettre un terme aux réclamations des propriétaires des biens près de la manufacture, on auroit celui de sulfater de la magnésie, dont on tireroit ensuite le sel par la lessive. Ce der- nier procédé, s'il étoit introduit dans la manufacture de Brozzo, pourroit verser du sulfate de magnésie dans le commerce à un prix extrêmement modique. La magnésie de Baudissero , formant une très-bonne porce- laine avec le silice, présenta encore un sujet de recherches in- téressantes dans l’art de la poterie. J'ai formé avec cette terre et une quantité de terre argileuse de Castellamonte suflisante pour la lier en pâte, quelques creusets et capsules. Ces creusets ont été exposés au four de la verrerie de P6 pendant 48 heur. Les terres ne paroissoient pas avoir contracté suflisamment d'union ; cependant la dureté de ces creusets est telle qu’ils ne sont pas attaqués par la lime. Le docteur Gioanetti, qui s’oc- cupe dans ce moment d'une manufacture de poterie en grès, répandra des lumières sur ce sujet. Je terminerai en observant que les essais qu'on a faits de cette terre dans la médecine vétérinaire , employée comme absorbant, ont réussi complètement. ADDITIONS AU MÉMOIRE PRÉCÉDENT, PAR LE MÊME. Des recherches ultérieures que je viens de faire sur les argiles m'ont appris que ce n'est pas seulement à Baudissero qu'on trouve la magnésie que nous venons de faire connoitre; on en trouve encore à Castellamonte, gros village prés celui de Baudissero. Bertolini, docteur en médecine , un de mes élèves des plus distingués , ayant suivi le détail des expériences que nous'avons faites dans notre laboratoire à l'Ecole de Chimie générale, nous invita à essayer une terre particulière de Castel- lamonte, sa patrie, qu'il croyoit pouvoir nous fournir l’alumine qu'on avoit cherchée inutilement dans la terre de Baudissero. Bientôt par les soins de Onorato , chirurgien de Castellamonte, qui est le propriétaire du bien-fonds où se trouve cette terre, \ 263 JOURNAL DEPHYSIQUE, DE CHIMIE j'en recus une! très-grande quantité, et nous l'avons examinée comparativement avec celle de Baudissero. La terre de Castellamonte qu’on nous apporta, paroïssoit assez la même que celle de Baudissero ; mais telle qu’on la re- tire de la terre, elle a d’autre part des caractères extérieurs différens qui paroissent tenir aux différens degrés de décom- position de la pierre cornéenne ou cacholong , qui la fournit à Castellamonte tout aussi bien qu’à Baudissero. La couleur de cette terre est le blanc tirant au bleuâtre. En masse cette térre est opaque ; mais dès qu'on l'examine en petits fragmens d’une moyenne épaisseur, elle a une demi-transpa- rence. On ne peut mieux la comparer à ces deux égards qu’à la ma- tière de la corne. Elle est très-tendre, et se laisse couper par le couteau comme du fromage dur. Son tact est plus onctueux; elle happe un peu plus fortement à la langue que la terre de Bau- dissero. Traitée par les acides comme celle de Baudissero terreuse, cette terre commence à s'y délayer , ensuite s'y dissout ; il y a ce- pendant une différence bien remarquable : c’est qu'elle se dissout dans:tous les acides sans la moindre effervescence. Elle ne donne non plus le moindre indice d’acide carbonique , en la traitant au feu dans des vaisseaux fermés et garnis d’un siphon qui se met dans de l’eau de chaux. Cette terre ne contient, comme celle de Baudissero , aucune trace ni d'alumine, ni d'oxide de fer. Comme celle de Baudissero, la magnésie de Castellamonte contient un peu de sulfate de-chaux et du muriate de magnésie qu'on y sépare par sa lixiviation dans l’eau. Le reste n’est que de la magnésie et de la silice ; mais la pro- portion de cette dernière y est plus grande, que dans celle de Baudissero. On peut la fixer de 10 à 20 centièmes parties. Lorsqu'on conserve cette terre au contact de l'air, ses Carac- tères extérieurs changent. Sa éouleur devient peu-à-peu Île blanc mat, la mémeque l’on a remarquée dans la terre de Baudissero: Sa demi-transparence se détruit: ses molécules se délient, et dans deux ou trois semaines elle se trouve avoir absorbé de l'acide carbonique au point de faire une effervescence avec les acides aussi marquée que celle que produit la terre de Bau- dissero. Elle s'identifie en un mot complètément avec cette ë ET D'HISTOIRE NATURELEY. 263 dernière ; avec cette seule différence que, physiquement con- sidérée , sa compacité est beaucoup moindre , elle devient méme friable, et que considérée chimiquement elle contient un peu plus de terre siliceuse. Il paroït donc bien démontré que les terres de Baudissero et de Castellamonte sont une vraie magnésie native, mélée d’un peu de silice (1). Dans la terre de Castellamonte il est bien dé- montré que l'acide carbonique est tout-à-fait étranger à son existence dans le sein de la terre; et qu’elle n’en contient que lorsque par une longue exposition au contact de l'air, elle a pu en NT ru de l'atmosphère. Celle de Baudissero contient à la vé- rité de l’acide carbonique ; mais la quantité qu'elle en contient est assez éloignée de celle qui seroit nécessaire pour la regar- der comme un carbonate de magnésie ; au surplus la terre de Baudissero depuis long-temps exploitée se trouvant au contact de l'air, c’est de l'atmosphère qu'elle doit l'avoir attiré, et en proportion du temps plus ou moins long qu'elle y a été ex- posée : au moins je ne doute pas que si l’on prenoit la terre de Baudissero à, une certaine profondeur , on n'y trouveroit pas de l’acide carbonique. Je terminerai ces additions en observant que la terre du Mu- sinet à Caselette, provenant de la décomposition de la mème pierre cornéenne ou cacholong, doit être probablement aussi de la magnésie ; maisje n'ai fait encore sur cette terre aucune recherche, le docteur Bonvoisin, qui en a donné l'analyse dans son état de cacholong, et de pierre hydrophane , et moi nous nous proposons de répéter l'analyse de cette pierre dans les deux états énoncés et dans celui terreux : ce sera le sujet d'un Mémoire particulier. (x) Le village de Castellamonte est très-célèbre par ses argiles et par la bonne:poterie qu'il fournit à toute la 27° division militaire. Il: faut bien se garder de confondre les argiics dont celte poterie est formée, et,la terre quiest dans le commerce ; sous le nom de #erra di Caestellamonte , avec la terre dont il est ici question. Celle-ci est une-térre, magnésienne, la méme que celle qui dans, notre commerce est connue: sous le nom de terre de Baudissero , tandis que la terre commune de Castellamonte n’esf qu'unc vraie argile ferrugineuse, assez riche en! alumine. C'est de la terrç à porcelaine de Baudissero que doivent demander ééux°qui wou- droient placer de cette magnésie dans leurs cabinets. Si l'on souhaitoit celle qu'on. trouve à. Castellamonte, il faudra, s'adresser au chirurgien.Ono- rato. On évitera par ce moyen toute méprise, a04 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE : + MÉMOIRE SUR LA MESURE DES HAUTEURS A L'AIDE DU BAROMETRE, CoNTENANT une détermination plus précise du coëfficient constant à employer dans la formule de M. DE LAPLACE: Lu à, la première Classe de l'Institut, en la séance du lundi, 17 nivose an 13; Par L. RAMOND, membre de cette Classe. Deruis D CE déja assez ancienne où Deluc a introduit la correction de la température dans la mesure des hauteurs par le baromètre, toutes les améliorations du système se sont bornées , soit au déplacement du terme fixe où la différence des logarithmes doit donner directement la hauteur cherchée , en mesures connues , soit à la modification du coëflicient destiné à ramener indirectement les diverses températures à ce terme fixe. M. De Laplace est le premier qui ait abandonné cette marche en proposant au XIVe chapitre de son Exposition du Système du Monde, un ordre d'opérations qui procèdent comme la théorie , et se développent comme le raisonnement. Sa formule cependant n'avoit encore été essayée que sur une observation faite au pic de Ténériffe, par feu M. De Borda, observation unique et où il doit s’être glissé quelqu’er- réur, car ses conséquences mettroient en question le mérite de toutes les formules et l'exactitude des plus habiles physi- ciens. Appliquée ensuite à l’observation du Mont-Blanc, elle avoit donn € ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 dénné une hauteur beaucoup trop petite, tandis que la formule de Trembley en avoit donnée une beaucoup trop forte; mais rien encore ne pouvoit étre conclu de cette nouvelle applica- tion. L’observation de Saussure, comme celle de Borda, ne pee point avoir été faite dans une circonstance favorable à ‘usage du baromètre. Saussure l’avoit soupçonné lui-même , et il essaye d'expliquer pourquoi dans ce cas-ci la formule de Trembley ne diminue pas assez la hauteur donnée par la différence des logarithmes , et il en trouve une raison qui lui paroit évidente, savoir, que la partie supérieure de la colonne d'air, comprise entre la plaine et la montagne, est beau- coup plus froide autour du Mont-Blanc qu'à pareille hau- Leur dans l'aïr libre, ou sur d'autres montagnes , à cause de la ceinture de neiges et de glaces qui l'entourent, pres- que dès sa base, et qui donnent à cette partie de l'atmos- phère une densité plus grande (1). Je ne sais si j'entends bien cette explication, mais il me semble que la condensation accidentelle des couches d'air comprises entre la cime et la base de la montagne , n’a pu affecter le baromètre inférieur qui, étant observé à Genève, se trouvoit tout-à-fait en-dehors de cette influence locale , ét quant aux instrumens placés au som- met, si cette même influence avoit pu agir sur eux, il semble encore que les causes alléguées auroient produit un effet dia- métralement opposé à celui que cet illustre physicien leur at- tribue ; car dans le cas où la condensation locale de l'air auroit pu se rendre sensible au baromètre , elle auroit élevé quelque peu le mercure, tandis que le froid également local, occasionné -par la présence des neiges, auroit fait descendre le thermo- mètre au-dessous du terme où il se seroit soutenu dans les parties correspoudantes de la même couche d'air. Or l'effet commun de ces deux actions auroit été de diminuer la hauteur au lieu de l’augmenter. J'ai cherché à mon tour une explication qui me satisfit davantage, et j'ai cru la trouver dans la direction du vent qui souffloit alors : c'étoit un vent du nord assez vif. Les vents de cette région sont toujours bas, et poussent devant eux les couches inférieures de l’atmosphère. En heurtant le Mont- Blanc, dont la face la plus escarpée est précisément de ce côté, il formoit un courant ascendant qui soulevoit la colonne d'air, correspondante au baromètre de la cime, et diminuoïit propor- (1) Voyages dans les Alpes, & 2003. Tome LX. GERMINAL an 13. Al 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tionnellement à sa vitesse , le poids de cette colonne et la hauteur du mercure. Il convenoit de soumettre à la décision de l’expé- rience une conjecture qui pouvoit diriger plus d’une fois dans le choix des circonstances favorables aux observations. J'ai choisi à cet effet le pic du midi de Bigorre, qui est escarpé au nord comme le Mont-Blanc, mais dont la cime est totalement dépourvue de neige, quoique son élévation soit considérable. J'y suis monté par un vent fort N. E., etle courant ascendant s'est rendu sensible par le résultat du calcul. Toutes les for- mules m'ont donné un excès de 20 à 25 mètres sur la hauteur bien connue de Cette montagne. Au contraire étant monté à la cime du Mont-Perdu, qui est couverte de neige et environ- née de glaces, mais y ayant trouvé un vent impétueux de S.O., vent haut , et qui entraine les couches supérieures de l'atmos- phère, toutes les formules m'ont donné une hauteur trop pe- tite, et il m'a été impossible de douter que le froid de cette cime n'ait été pour beaucoup dans l’insuflisance du résultat. Le Col du Géant a précisément la même élévation que le Mont-Perdu , et 85 observations barométriques faites à cette hauteur par Saussure, devoient répandre beaucoup de lumières sur le mérite de nos formules ; mais nous n'avons point le dé- tail de ses observations. Saussure s'est contenté de nous en donner la moyenne, qu'ila employée selon la méthode de Trem- bley, et dont le résultat a été de 16 toises au-dessous de la mesure géométrique (1) : cela devoit être. Tous ceux qui ont ns le baromètre à la mesure des hauteurs, savent que chaque heure du jour influe d’une manière qui lui est parti- culière, sur la marche des instrumens. Depuis le coucher jus- qu’au lever du soleil , règnent des vents descendans, occasionnés par le refroidissement des cimes, et auxquels succèdent vers le milieu du jour, des vents ascendans, occasionnés par l’échauf- fement des plaines. L'effet de ces vents inclinés, et qui devien- nent presque verticaux dans certaines positions, est non-seule- ment sensible sur le baromètre, qu’ils tiennent tantôt au-dessus et tantôt au-dessous de la hauteur où il devroitse soutenir ; mais encore sur le thermomètre qui se trouve alors dans un courant d’air dont la température est fort différente, ainsi que Pictet l'a observé, de celle qu'il auroit dans son état d'équilibre. C’est (:) Voyages dans les Alpes, 6 2049. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 267 à ces causes que l'on doit les vents de jour et de nuit, de matin et de soir, qui soufflent régulièrement durant le beau temps dans les vallées et sur les plaines limitrophes, ainsi que les vents alternatifs de terre et de mer, que l’on éprouve à la proximité des côtes , et il n’est pas douteux que les variations horaires du baromètre , ne tiennent beaucoup au mouvement d'oscillation de l'atmosphère particulière où ces variations ont été observées. Or comme l'expérience prouve que les formules donnent des hauteurs trop petites pendant tout l’espace de temps où règnent les vents descendans, et que cet espace de temps occupe dans les 24 heures , beaucoup plus de place que celui où règnent les vents ascendans , qui donnent les hauteurs trop fortes , il s’en- suit que la moyenne d’une série d’observations faites d'heure en heure, comme celle de Saussure au Col du Géant, donnera nécessairement un résultat beaucoup trop foible, si d’autres causes perturbatrices n’ont pas accidentellement affecté les ob- seryations dans un sens opposé. Je ne connais pas d'autres montagnes d'une grande élévation où l'on ait rempli‘les deux conditions d'une mesure exacte, et d'observations barométriques assez sûres pour servir à la vérifi- cation de nos règles. L’Etna qui est si heureusement situé pour de pareilles expériences , n’a pas été géométriquement mesuré ; et une seconde observation faite au pic de Ténériffe, par Cordier, n'a point répondu à notre attente, parceque le baromètre infé- rieur est resté entre les mains d’une personne qui n’a pas su em- ployer le vernier de son instrument. Mais quel que füt le mérite des observations, il étoit aisé de comparer les résultats obtenus par la formule de M. de Laplace, à ceux que donnoient les formules établies jusqu’à présent sur les meilleurs fondemens, et il étoit constant qu'elle marchoit à- peu-près avec celle de M. Deluc, qui est regardée depuis long- temps comme donnant les hauteurs trop petites d'environ un quarante-deuxième , ensorte que le coëflicient de M. de Laplace paroiïssoit un peu trop foible pour représenter à-la fois le rap- port de la densité du mercure à celle de l'air, et la moyenne des actions inappréciées , dont l'influence concourt habituelle- ment à augmenter ce rapport. M. de Laplace a eu assez de confiance en mes propres obser- vations pour m'autoriser à fixer l'augmentation dont son coëfli- cient étoit susceptible. Aucune montagne qui se trouvât à ma portée, n'étoit plus L12 t 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE propre à ce genre d’expériences que le pic du midi de Bigorre. Sa hauteur est assez considérable : il a 2935 mèt. ( 1506t. ) au- dessus de l'Océan et cependant, comme je l'ai déjà dit, on ne rencontre point à sa cime ce revêtement de neiges, qui sur les montagnes élevées trouble souvent l'observation de la tem- pérature de lair. Il est trop isolé pour que les montagnes plus élevées, qui sont au midi, exercent quelque action sur son atmosphère ; trop élancé dans les airs, trop exposé à tous les vents pour que la présence de la terre puisse affecter sensible- ment un thermomètre qui y estconvenablement placé. Il domine immédiatement l'immense plaine adjacente; rien ne s'élève entre lui et Tarbes, où les observations correspondantes devoient être faites , et sa hauteur au-dessus de cette ville a été déterminée par un nivellement éxécuté avec un soin extrême. En défalquant de cette hauteur celle du cabinet de mon correspondant, j'avois à mesurer une colonne d’air de 2613 mèt. ( 1341 t. ); et certai- nement on n'aura pas souvent l’occasion de porter le baromètre aux deux extrémités d’une échelle aussi haute et aussi exacte- ment mesurée. C’est donc là que je suis allé plusieurs fois faire l'essai des formules à diverses températures, avec des vents différens, et aux heures de la journée dont il m’importoit le plus de re- connoitre l'influence. De toutes les causes qui modifient les ré- sultats , cette dernière m'a constamment paru la plus puissante. Au pic du Midi,les heures voisines du lever du soleil m'ont occasionné jusqu’à 60 mètres d'erreur au moins, et je me suis convaincu par près de 800 observations faites en divers lieux, que l’heure de midi étoit , comme Saussure l’avoit soupçonné, celle qui convient le mieux à la mesure des hauteurs. La cin- quième partie du jour , recommandée par Deluc, n’a pas aussi bien répondu à mes espérances; l’équilibre n'est pas encore bien rétabli dans l'atmosphère, et les instrumens éprouvent des variations trop promptes. C'est vers le milieu du jour que le calme paroît le plus complet. On le reconnoit au baromètre et au thermomètre qui demeurent long-temps immobiles, et cette dernière circonstance a encore cet ayantage particulier qu'elle sauve les conséquences des petites erreurs qui pour- roient être commises sur la simultanéité des observations cor- respondantes. Je n'ai pas besoin de dire que dans des opérations qu'affec- tent déjà tant de causes inappréciables d'erreur, j'ai mis tous ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 mes soins à éviter celles qui peuvent étre appréciées et prévues. J'ai choisi les terres les plus favorables ; j'ai employé d’excellens iustrumens. Ils ont été scrupuleusement comparés avec ceux de M. Dangos, qui s'est dévoué pendant deux ans à faire à Tarbes les observations correspondantes. Enfin nous avons toujours corrigé la température du mercure, à l'aide de thermomètres affectés à cet usage, le mien étant plongé dans la monture méme de mon baromètre, précaution trop souvent népligée, et dont l'omission occasionne des erreurs assez graves , puisque je me suis assuré par des expériences directes, que plusieurs heures de séjour dans une station ne suffisent pas pour amener le baromètre à la température de l’atmosphère. Je puis donc avoi®qélque confiance dans les résultats que je vais exposer , résultats qui m'ont déterminé à augmenter le coëf- ficient de M. de Laplace , d’un peu moins d’un quarante-deuxiè- me, et à le porter à 18393, ce qui donne 56.786 pour le fac- teur de la somme des thermomitres. 1 MPTGIDU ENT Hauteur À mesurer... . . eee « 2613m,.137 OBSERVATIONS. Du 7 thermidor an 10. oh — Somme du therm, centigr, 39°.06, — 2605.778 diff. — 9.559 Du 25 fructidor an 11. oh — Somme du therm. centigr. 35°.79 — 2615.664 diff. + o.597 Du 6 complément. an 11. oh — Somme du therm. centigr. 26°.875 — 2613.970 diff. + o.833 Du 4 vendemiaire an 12. oh — Somme du therm. centigr. 25°.195 — 2612.916 diff. — 0.291 D'où l’on voit que les trois dernières observations ont été justes à quelques décimètres près, en plus ou en moins, et que la première , qui est celle en qui j'ai le moins de confiance , à cause de quelques défauts du baromètre que j'y ai employé, ne s’est pourtant écartée de la hauteur véritable que d’,'-: Il est à observer que la formule de Trembley à été plus diver- gente; que toutes ses erreurs ont été dans le méme sens : savoir en excès, et que le seul résultat qui ait été presque juste, correspond précisément à l'observation douteuse, où la formule 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de M. de Laplace paroit s'être un peu démentie ; ensorte qu'il y a déjà quelques vraisemblances de plus en faveur de la marche de cette dernière formule. 2°, PIC D'EYRÉ. Un autre pic a été mesuré avec une exactitude suffisante, savoir le pic d'Eyré, dont MM. Monge et Darcet ont fait le ni- vellement jusqu’à Luz. En ajoutant à la hauteur que ce nivel- lement a déterminée, celle de Luz au-dessus de Tarbes, con- nue par le nivellement de MM. Vidalket, Reboul, ce pic est élevé au-dessus du niveau de la me 2469 mèt. (1267 t.), et au-dessus du cabinet de M. Dango$, de 2147".316. Il est donc beaucoup moins haut que le pie du Midi; il est aussi dans une situation moins favorable aux observations baromé- triques , étant environné de hauteurs plus considérables, et masqué du côté de la plaine, où se faisoient les observations correspondantes, par de longues crêtes qui interrompent la continuité de la couche d’air. Malgré ces inconvéniens , une observation unique que j'ai faite avec beaucoup de soin, au sommet de ce pic, a eu un résultat presqu'aussi satisfaisant que les précédentes. Hauteur à mesurer. : ::. . .-. . . .:.. .. 21472.316 OBSERVATION du 12 vendémiaire an 12. oh — Somme du therm. eentr. 32°.25 — 2157.45 diff. — 9.866 La différence est donc de -*, en moins. La formule de Trem- bley a approché un peu davantage ; mais est restée de méme en-dessous de la hauteur donnée par le nivellement. Or comme il y a aussi une différence entre MM. Monge et Vidal, sur la partie de ce nivellement qui leur est commune, l'erreur doit étre partagée entre le baromètre et le niveau, et ètre réduite ae 3. PIC DE BERGONS. Une troisième montagne, le pic de Bergons, ayant été me- surée par une série d'opérations trigonométriques, qui font partie du travail de MM. Vidal et Reboul , et paroissent se confirmer mutuellement, j'y ai porté également le baromètre. Ce pic est ET D'HISTOIRE NATURELLE, 271 élevé de 2112m.75 (1084 t.) au-dessus de l'Océan , et de 1790*-64 au-dessus du Cabinet de M. Dangos. La position de cette mon- tagne n'est pas plus favorable que celle du pic d'Eyré, pour les observations barométriques : cependant le résultat a été juste. Hauteur 4! mesurer MW 0 NM ar 0e. 64 OBSERVATION du 2 vendémiaire an 12. oh — Somme du therm. centigr. 32°.5 — 1790.9 L'erreur de la formule de Trembley a été en plus, mais fort petite, puisqu'elle n’a été qu'à 5 mètres. 4°. PIC DE MONTAIGU. J'ai fait avec toute l'exactitude que comporte l'emploi de petits instrumens , une suite d'opérations trigonométriques, pour mesurer deux triangles de 10 à 15000 mètres de côtés. Ils étoient destinés à déterminer la position précise d’une couple de montagnes, et à vérifier la distance du pic de Montaigu au pic du Midi. Dans le cours de ces opéra- tions , que j'ai exécutées à l’aide d'un petit cercle répétiteur ; je me suis procuré plusieurs bases verticales, en prenant les angles au zénith de quelques sommets, dont je mesu- rois la hauteur relative à l’aide du baromètre. Ce procédé est très - expéditif et très-sûr, parceque d’une part les observa- tions barométriques n’ont jamais plus d’exactitude que quand elles sont faites de sommets à sommets, méme à de très- grandes distances horizontales ; et que de l’autre , les angles au zénith pris à-la-fois des divers sommets où Pon porte le baromètre , se corrigent respectivement de l'effet de la réfrac- tion, et de l'abaissement du niveau. Je recommande cette mé- thode à ceux qui ont intérét à tracer, dans le moindre espace de temps possible, la topographie d'un pays de montagnes. L'idée m'en a été suggérée par M Allent, chef de bataillon du Génie , et l'essai que j'en ai fait a complètement répondu à notre attente. Au reste, sans insister en ce moment sur un travail dont je ne fais ici mention que pour indiquer une nouvelle utilité du baromètre , je me contenterai d'en extraire la hauteur du pic du Midi au-dessus du pic de Montaigu, prise trigonométri- 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quement de la cime de ce dernier. La moyenne entre deux résultats fort peu différens, est. . . . . . . . . 560.425 Hauteur absolue du pic du Midi.. . . . 29355 .25 Hauteur absolue du pic de Montaigu. . . 2374 .929 Une observation barométrique que j'ai faite à ce même sommet, avec un soin tout-à-fait scru- puleux , a été calculée de deux manières : l’une avec la température du vent, comme je suis dans l'habitude de le faire, l’autre avec la température du calme que je soupçonne toujours d’être affectée par les causes locales : Temp. du vent. Somme du therm. centr. 182. 195.—2054.27 Temp. du calme. Somme du therm. cenir. 16°.750.—°2050.80 » Moyÿenne.—2052.535 _ Elévat. du cabin. de M. Dangos au-dessus de la mer.— 322.111 } 2374:646. La différence entre les deux moyennes est donc nulle. La formule de Trémbley a été également juste, et le pic de Montaigu peut être regardé comme ayant 2375 mèt. (1219t.) au-déssus de la mer. h En dernier résultat, sur huit observations faites avec un soin particulier, la formule de M. de Laplace avec le nouveau coëf- ficient 18393 , a été juste cinq fois, et celle de Trembley ne l'a été que deux. Or, dans ces huit observations, les températures ont élé fort différentes, puisque la moyenne des thermomètres a varié de 8°.37 à 19° de l'échelle centigrade , et nous sommes, _en conséquence , autorisés à conclure que la formule de M. de Laplace a une marche plus égaleet moins dépendante de la di- versité des températures. On a cru reconnoitre en effet que la formule de Trembley donne les hauteurs trop fortes aux tem- pératures élevées , et trop foibles dans le cas contraire; et c’est précisément ce défaut que la formule de M. de Laplace cor- rige par une appréciation plus modérée du rapport existant entre les degrés de l'échelle thermométrique et les dilatations ‘de l’air qui leur correspondent. Les deux formules se rencon- trent lorsque la formule des thermomètres égale 18°.334 de l'échelle centigrade. A partir de ce point, la formule de M. de Laplace se tient au-dessous de celle de Trembley, à proportion ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 proportion que la température s'élève ; et au-dessus, à propor- tion qu'elle s'abaisse. La divergence aux températures extrêmes peutaller jusqu'à — 130° La formule de Shuckborough a une marche totalement oppo- sée à celle de la formule de Trembley, et plus analogue à la marche de la formule de M. de Laplace; mais peut-être avec excès en faveur des basses températures. Je parle de la formule où Shuckborough plaçant le terme fixe à 11°.75 de l'échelle de Réaumur, conserve d’ailleurs le coëflicient 215 de M. Deluc. Les deux formules, celles de Shuckbhorough et de Laplace, se ren- contrent aux températures les plus élevées. Elles sont au #7axi= mum de divergence , dans les plus basses températures où la formule de Shuckborough donne les hauteurs un peu plus fortes que ne fait celle de M. de Laplace, et parconséquent considérablement plus fortes que celle de Trembley. La formule de Kirwan est une espèce de traduction de la formule de Trembley , qu'elle suit toujours de près, par la com- binaison d’un point fixe plus élevé , et d'un coëflicient plus fort. Mais elle en exagère le défaut en donnant les hauteurs encore plus foibles dans les basses températures. La différence n’est, il est vrai, que d'un ou deux millièmes ; mais elle seroit plus sensible, par la nature de la formule, si une partie n’en étoit com- pensée par la petitesse de la correction que l'auteur admet pour la température du mercure : celle-ci n'équivaut qu'à environ = par degré de l'échelle centigrade. La marche de cette formule est donc inverse de la marche de celle de Shuckborough; elle se rencontre exactement avec celle de Trembley dans les hautes températures, et avec celle de M. de Laplace dans les températures moyennes. La formule du colonel Roy , qui a pour terme fixe 110.25 de la division de Réaumur , nous est connue avec trois coëliciens différens. Suivant feu Lemonnier, qui a été suivi par le père Chrysologue, le coëllicient est 0.00241 pour le thermomètre de Fahrenheit, ou = pour le thermomètre de Réaumur. Selon Pictet, le coëllicient seroit o.00251 pour l'échelle de Fahrenheit, ou ;; à-peu-près pour celle de Réaumur. Enfin, Saussure lui attribue un coëflicient bien différent puisqu'il le porte à :45 pour le thermomètre de Réaumur. Ces trois coëfli- ciens sont tels qu'on doit s'attendre à beaucoup de désordre dans le résultat des observations faites à des températures un peu éloignées de la moyenne. En effet, il n’y a que le plus Tome LX, GERMINAL an 13, M m 274 (JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, modéré des trois que j'aie pu employer avec quelque succès, et encore favorise-t-il plus que celui de Kirwan même, les hautes températures aux dépens des basses, ce qui résulte de la position du terme fixe , à compter duquel le coëflicient in- tervient dans le calcul. On voit ainsi deux marches opposées dans les formules que je viens d'examiner, l’une en faveur des basses températures, l’autre en faveur des températures élevées, et l’on en pourra conclure que le choix entre elles n'est rien moins qu'indifférent, quand il s'agit de calculer des observations où la chaleur moyenne de la colonne d’air est un peu en-delà ou en-deçà des limites ordinaires : car les deux systèmes vont en divergeant si rapidement , que l'écart entre les formules peut aller jusqu'à - de la hauteur mesurée. Heureusement ces cas ne se présentent pas souvent, et comme ce sont les températures moyennes qui ont fourni le plus grand nombre d’'observa- tions, c’est dans ces températures que toutes les formules se rapprochent et s'accordent. Je donnerai pour exemple de cette concordance la détermination de la prodigieuse hauteur que M. Gay-Lussac a atteinte dans son ascension aérostatique. ÆAérostat de M. Gay-Lussac. Somme des thermomètres 21°.25 d'échelle centigrade. Formule de M. de Laplace. . . . . . . . . . . 6977m.63 de Ricwan: NOM MEN net Henri des Prembley./iRe rl SRI MEME RE MERE SE du colonel Roy, selon Saussure. . . . . 6976 .73 idem , selon Pictet. . . . . . Gg81 .98 idem , selon Lemonnier. . , . 6986 .57 de Deluc, avec l’addit. de Shuckborough... de Shuckborough lui-méme. . . . . . . 6984 .82 Moyenne: .;. 1. 3, . .141. 1106982162 Différence entre les extrèmes. .. . . 9 .64 Voilà huit calculs différens , dont les extrêmes sont renfermés dans l'espace de 9 à 10 mètres, qui ne constituent que la 724e partie de la hauteur mesurée, et si nos formules mar- choient toujours avec cet accord, il y auroit bien peu de raisons de préférence pour l’une ou pour l’autre, puisque dans le petit ET D'HISTOIRE NATURELLE, 275 espace qu'elles laissent entre elles, il est impossible de distin- guer ce qui appartiendroit à l'erreur de la formule, de ce qui appartiendroit à l'erreur de l'observation : mais un autre tableau ya présenter un spectacle tout différent. On y verra la manière dont ces mêmes formules s’écartent et se rapprochent aux di- verses températures. Je n'ai besoin pour cela que de parcourir une assez petite portion de l'échelle du thermomètre, et il me suflit d'appliquer les diverses formules aux observations que j ai rapportées ci-dessus. Col. ROY selon TREM- | KIR- |SCHUK- BLEY. | WAN. |BURGH.| TEMON- NIER. moyen.} PLACE. PIC DU MIDI. Hautr. 2613m.137 2614.12/2614.0 |2605.30|2619.85l16.07 2629 .47|2621.84/2615.4112627.53h13.87 2618.26|2616.52/2616.50|2621 .40) 7.43 2615.35/2613.72/2615.60|2617.781 4.79 PIC D'EYRÉ. Hauteur 2147.32 2145.20/2142.30|2158.98|2146.7) 9.25 PIC DE BERGONS. Hauteur 1790.6 16.25:1790.90 7.91 1795.82,1795.15/1792.26|1798.81 MONTAIGU. Hauteur 2052.72 Eu 2054.27|2053 ,91|2052.9b|2056.70|2054.80] 3.75 Pen 2050.10|2049 06/2055 .26 2050.77] 4.20 Des trois coëfliciens attribués à la formule du colonel Roy, je n’ai employé ici que le plus modéré, celui qui occasionne le moins d’écarts aux températures extrêmes, et cependant cette formule ainsi traitée , joue déjà un grand rôle dans la divergence des résultats. C'est vers le 10: degré de température moyenne que les diverses formules se rapprochent le plus, et de là vient l’accord remarquable qu’elles ont montré dans le calcul de la hauteur où Gay-Lussac s’est élevé. Autour de ce point, elles se croisent , les unes un peu plus haut, les autres un peu plus Mm 2 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bas, de manière à se placer tour à-tour aux extrémités et au milieu du petit intervalle qui les sépare ; mais bientôt elles se démé'ent et divergent rapidement, puisqu'à 16°.53 de tempé- rature moyenne , il y a déjà un cent-soixantième de distance entre les résultats que donne la formule de M. de Laplace, et ceux que l’on obtient de la formule du colonel Roy. L’écarte- ment est encore plus prompt et plus considérable dans les températures inférieures, et si ce tableau étoit prolongé dans ce sens, on y verroit le colonel Roy et Shuckburgh aux extrè- mes, et la formule de M. de Laplace faire entre eux les fonc- tions de moyenne : mais ce que ce tableau met dans tout son jour , c’est l'égalité de marche de cette dernière formule, qui, à toutes les températures, se tient toujours au plus près de la hauteur mesurée , hormis dans deux cas où elle est suflisam- ment disculpée, soit par l'incertitude de la mesure géométrique, soit par l'incertitude de l'observation. Il étoit curieux d'essayer les formules dans d’autres climats, et à des latitudes fort différentes des nôtres. M. de Humboldt nous en a procuré le moyen. Ce savant et infatigable voyageur à qui toutes les sciences physiques doivent déjà un si vaste accroissement de domaines, a apporté à la météorologie le tri- but d’une multitude d'observations barométriques, faites sous l'équateur et aux latitudes voisines, et à diverses hauteurs sur les montagnes les plus élevées du monde. Un grand nom- bre de ces observations n'a pu étre appuyé de mesures géomé- triques. Il a eu la bonté de nous en communiquer quelques- unes qui remplissent cette condition. Ici, pour procéder avec toute l'exactitude possible, il falloit avoir égard à la diminution de la pesanteur, indiquée par le raccourcissement du pendule, et iniroduire dans la formule une correction proportionnelle à l'effet de cette cause. Mes observations ont été faites vers le 45e degré de latitude; mais nous pouvons sans erreur supposer la formule établie pour le 45e degré , 1°. parceque la correction est si petite que, pour de si médiocres distances, on peut la considérer comme nulle; 2°. parceque le coëflicient que j'ai adopté, ne paroissant pas disposé à pécher par excès, son emploi au 45e degré est par- faitement compatible avec la très-légère augmentation qui ré- sulteroit de l'usage de la correction. En effet , dans la supposi- tion que la formule est juste au 45e degré, tout se réduit à UT ñ 3 352.4 , multiplier la hauteur déduite par 351.4 + 2 sin latitude’ C’est ET D'HISTOIRE NATURELLE, 977 environ un demi-mèêtre à ajouter aux hauteurs les plus grandes que j'aie calculées dans les Pyrénées, et sept à huit pour les mêmes hauteurs mesurées à l'équateur. On ne tient compte de pareilles quantités que parcequil ne faut rien négliger quand on interroge la nature. PREMIERE OBSERVATION. Profondeur de la mine de la Valenciana, près de Goanazxoata au Mexique. Latitude, 21.°1/.— Heure de l'observation , 1" ! 5, — Somme das therm. cent. 55°. (er Mesure barométrique.. . . : 530m38 pour la latitude... . 1 .12 531 .50 Mesure géométrique. . . . Db24 .og Différ. en plus. .: “+7 .41 et in DEUXIEME OBSERVATION. Profondeur de la mine de Rajas, près de Goanaxoata. Latitude 21°,1’.— Heure de l'observation, 10! 2m. — Somme des therm. cent. 56.375. Mesure barométrique.. . . 271 .11 pour la latitude. . o .58 271 .69 Mesure géométrique, . . . 275 .92 | Ë 2446 |! Erreur en moins, . 4 23 ——,=—0.01505: a7% JOURNAL'DE PILY SIQUE,;-DE CHIMIE TROISIÈME OBSERVATION. Profondeir de la mine de Villalpando, au Mexique. Latitude , 21°.3’. — Heure de l'observation, 9° m.— Somme des therm. cent. 52°.125. Mesure barométrique.. …. 166". 88. , pour la latitude... 0 156 167 .24 Mesure géométrique. . . . 173 .85 Erreur en moins, . G .Gr —:}—0. 038020 QUATRIEME OBSERVATION. Profondeur de la mine de Animas, près Goanaxoaëba , Me: wique. Latitude, 210. — Heure ‘de l'observation, o! —— Somme des therm. cent. 5o°. Mesure barométrique. .. 131 .88 pour la latitude. . . o .28 ‘152 .16 Mesure géométrique... , . 137 .40 Erreur en moins. .. 5 24 ———0. 058155 CINQUIEME OBSERVATION. Profondeur de la mine de Moran, au Mexique. Latitude , 20°,10/. — Heure de l'observation, 4" s. — Somme des therm. cent. 37.875. Mesure barométrique. : . 114 .04 pour la latitude. . 01325 114 .29 Mesure géométrique. . . . 111 .10 Erreur en plus. . . #3 .19 -+==;=0.02874r o ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 SIXIEME OBSERVATION,. Elévation du rocher du Moine, au volcan de Popocatyec } au-dessus de la ville de Mexico. Latitude, 19°.0.38" bor. — Somme des therm. cent. 21°.25. IVota. Observation de M. de Sonnenschmid, sans indication d'heure, ni mention du thermomètre de correction pour la température du mercure. Mesure barométrique.. . 2725m.07 pour la latitude. . 10 2752 .07 ” Mesure géométrique. . : . 2759 .83 Erreur en moins. . 27 +76 —55-;—=0.010058 SEPTIEME OBSERVATION. ÆElévation de la cime de Rucupinchincha au-dessus de Quito. Latitude, o°.14" austr. — Heure de l'observation, o : s. — Somme des therm. cent. 25°.75. Mesure barométrique. . . 1958.95 pour la latitude. . . 5.57 1964.52 Mesure géométrique. . , . 2016.23 Erreur en moins. . 51,71 —:559==0. 025646 HUITIEME OBSERVATION. Elévation de la ville de Quito, au-dessus de la mer du Sud. Latitude, o. — Somme des therm. 33.75. — Observation des moyennes du therm. et du barom. Mesure barométrique. . . 2877.3 pour la latitude. . . 8.2 2885.5 Mesure géométr. de M. de . Lacondamine Erreur en plus. . .. 39.9 +;-;—0.01402a. 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces résultats paroissent fort différens des nôtres par leur di- vergence , et il y à lieu de s'étonner qu'ils aient moins d’uni- forinité dans des climats où le baromètre varie à peine , qu'ils n’en ont dans nos contrées où il oscille sans cesse, au gré des vicissitudes du temps.Quelques considérations cependant peuvent diminuer à nos yeux la valeur de ces différences. Et d'abord j'observe que M. Humboldt n'ayant pas comme nous le projet de vérifier les formules , n’a pas cru devoir pous- ser la précision aussi loin, en mesurant la colonne de mercure. Il ne la donne jamais qu’en dixièmes de lignes. Or un dixième de ligne correspond à une couche d’air d'environ trois mètres d'épaisseur, ce qui est une quantité notable dans la mesure des petites hauteurs. Je ne me suis jamais contenté à moins des dixièmes de millimètres, ét nous avons presque toujours em- ployé, M. Dangos et moi, des divisions qui donnoient directe- ment ou indirectement les centièmes de lignes. Je n'ai pas be- soin d’ajouler que nos instrumens étoient construits de façon à nous fournir ea le niveau du bain de mercure, un point de départ exempt detoute ambiguité, et que nous ne risquions pas , comme il arrive trop souvent avec les baromètres portatifs ordinaires , de perdre à une extrémité, par l’inexactitude de l'estime , plus que nous ne pouvions gagner à l’autre par l'exactitude de la notation. Si les observations de M. Humboldt ont été affectées de quel- ques-unes de ces causes d'erreur, c'est surtout dans les cinq premières qu'elles ont dû se rendre sensibles, parceque ces observations ont été faites sur de très-petites colonnes d'air, et que l'influence des erreurs s'agrandit à proportion que la hauteur mesurée diminue. D'ailleurs elles ont été faites à la surface de la terre, et c’est là que les actions perturbatrices déploient particulièrement leur énergie. Enfin elles ont été fai- tes dans des mines où le baromètre et le thermomètre ont pu être troublés dans leur marche, l’un par des courans d’air ver- ticaux, l’autre par des causes accidentelles et locales de froid et de chaud. Ce n’est point dans de pareils lieux et dans de pareilles circonstances que les formules peuvent être essayées, Toutes celles que j'ai appliquées à ces cinq observations, m'ont montré chacune à leur manière les mêmes anomalies. La sixième observation n'appartient point à M. de Humboldt. M. de Sonnenschmidt qui l'a faite,rapporte les hauteurs du baro- mètre, sans faire mention du thermomètre de correction pour la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 281 la température du mercure , attention à laquelle M. Humboldt ne manque jamais dans les siennes. Au reste, l’erreur n’est guère que d'un centième, et il est de la justice de la partager entre la mesure barométrique et la mesure géométrique. La huitième observation paroït atteinte d’une erreur plus grave, mais il y a apparence qu’elie doit être imputée presqu’entière- ment à la mesure géométrique, s’il est vrai, comme le présume M. Humboldt, que M. de la Condamine s’est trompé de 25 mètr. au moins sur l'élévation de l'ile de l’Inca , à quoi il faut ajouter une seconde source d'erreur, savoir, la petitesse de l'angle, sous lequel cet illustre académicien a vu Ilinissa. M Humboldt estime à 20 ou 50 toises, la quantité dont la mesure de M. de Lacondamine est en défaut. Ici donc le baromètre nous auroit donné la hauteur juste. 11 ne reste que la septième observation où nous ne saurions soupçonner de quel côté est l'erreur, faute de connaitre suffisam- ment les circonstances qui ont pu la troubler. Mais en considé- rant dans leur ensemble tous ces résultats que nous venons d'examiner séparément, nous y voyons les erreurs tantôt en plus, tantôt en moins , ensorte que la formule de M. de Laplace ÿ a suflisamment rempli les conditions d'une bonne règle. Et si l’on prend séparément la moyenne des erreurs en excès, et la moyenne des erreurs en défaut, elles se compenseront à six millièmes près , lesquels partagés entre l'observation baro- métrique , la mesure géométrique et la formule , se réduiront à un cinq centième pour la part imputable à chacune. On ne gagneroit rien à employer ici la formule de Trembley. Pour les observations 6 et 7, elle donne les mêmes hau- teurs à-peu-prés, parceque ces obseryations sont faites à une température peu élevée. La tempéraiure est plus haute pour la huitième observation : la différence en plus est augmentée par la formule de Trembley. Les cinq premières oBservations ont été faites de même à de hautes températures ; la formule de Trembley exagère les erreurs en excès, et atténue les erreurs en défaut. Enfin, ces erreurs ayant été compensées les unes par les autres, comme nous l'avons fait par la formule de M. de Laplace, le dernier résultat de celle-ci est une petite erreur en plus, comme le dernier résultat de celle-là a été une petite erreur en moins. Je crois done que les expériences d'Amérique tendent jusqu’à présent à confirmer la bonté du coëflicient que mes observa- tions d'Europe m'ont donné. S'il doit subir ultérieurement Tome LX. GERMINAL an 13. Nn 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, quelque modification , soit dans son intégrité , soit dans la partie qui correspond à la dilatation thermométrique de l'air, cette modification sera probablement légère , et ne pourra étre déter- miuée que par des observations très-nombreuses , et beaucoup plus exactes que celles que l’on fait communément. Il est à de- sirer qu'elles se multiplient beaucoup , non-seulement en divers lieux , mais encore dans le même lieu, sur une seule colonne d'air de hauteur bien connue, J'ai mesuré jusqu'à deux cents fois la même élévation, et j'ai calculé séparément chaque ob- seryation, en notant exactement toutes les circonstances qui me sembloient de nature à affecter le résultat. C'est le seul moyen de déméler les causes perturbatrices et de reconnaitre Ja valeur de chacune ; et rien nest plus propre, soit à répandre du jour sur les variations de l'atmosphère, soit à éclairer le physicien sur les conditions qui constituent une bonne obser- vation. ‘ J'ai dit que j'ai calculé un grand nombre d'observations : il faut dire encore ce qui peut engager d’autres à en faire au- tant, savoir, que ces calculs si longs peuvent être aisément abrégés. La formule de M. de Laplace est de moitié plus courte que celle de Trembley, dans la première partie du calcul , puis- qu'elle ne corrige la température du mercure qu’à une station, tandis que Trembley ,comme Deluc, la corrige pour les deux. Quant à la seconde partie de l'opération, on la simplifiera ex- trême ment si l’on considère que le facteur de la température étant le cinq centième du coëflicient constant, ces deux quan- tités peuvent être représentées par 6oo et 1, ensorte que tout $e réduit à ajouter la somme des thermomètres, au nombre 500, prendre le logarithme de cette somme, et lui ajouter le loga- rithme constant 1.5656826, qui exprime le rapport du coëfli- cient véritable au coëflicient supposé. Enfin on réduira encore la première opération à bien peu de chose, si l’on se coritente d'ajouter au logarithme de la hauteur du baromètre de la siation la plus froide, la différence des thermomètres de correction, multipliée par 0.8, avec l’attention de placer cette quantité sous le logarithme , comme si les trois derniers chiffres de celui-ci étoie:t séparés par un point. Entre ce procédé très-expéditif et l’opéra!ion rigoureuse, il n'y aura jamais que la difference de quelques unités sur les derniers chiffres du logarithme corrigé, difftrence qu! ne mérite aucune attention, parcequ’elle de- meurera toujours fort en-deçà des limites où flottent l’incerti- tude de la règle elle-même, et les erreurs inévitables qui se ET D'HISTOIRE NATURELLE 283 ! font dans son application. Avec ces diverses réductions, le calcul de la formule n’exige plus que l'emploi d'un logarithme constant, quatre logarithmes à chercher, et un seul à tra- duire, tandis que celle de Trembley en donne huit à chercher et trois à traduire, outre deux logarithmes constans qu’il faut avoir toujours sous les yeux, de peur de les confondre dans la pratique et de les mettre l'un pour l’autre, comme il arrive souvent quand on les confie à la mémoire. TYPE DU CALCUL ABRÉGÉ. Pic du Midi. — , vendémiaire an 12, &04. Baromètre. Thermom. attaché. Thermom. détae mm SOMMET DU PIC. 537.203 #h 9°.75centig. “+ 4.centig: mm TARBES. Cabin. de M. Dangos, 735.581 “18.625 +19°.125 a —— ————— | Différence. 8.875 Somme. 23°.125 mm 70) 18 UNION TE A Me ie 1422 000D9QD 537.203 NOR 0277401884 8 .875 X 0.8 —7.10.. 7100 2.7308484. . 2 7308484 Différence des logarithmes. . 01357821 Log. 0.1357821 . DUREE 01: 09. 18284258 Boo + 23°.125—523.125log. - . : - 2.7186055 Log. constant. JU, Penn .5656826 m Hauteur déduite, ; . 3.4171306.. 2612.947 Par le calcul rigoureux, nous ayions trouvé. 2612 .916 Il n'y a que 3 centimètres de différence. + = o 051 L » 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De pareilles différences échappent à-la-fois et à la théorie et à la pratique de la mesure des hauteurs. Pour les rendre sen- sibles, il a fallu outrer la précision, en poussant la réduction des mesures jusqu’à la troisième de et en prenänt une hauteur de 2613» à un millimètre près. L'emploi des meilleurs instrumens comporte à peine la mention des décimètres, puis- que pour en représenter plusieurs , il suffit d’un 5oe de milli- mètre ou d'un 20e de degré, qui sont assurément les plus pe- tites subdivisions de l’échelle barométrique et thermométrique, dont on puisse obtenir la perception directe, et l’on sent aisé- ment que l'exactitude des calculs ne peut réellement outre- passer les limites où s'arrête l'exactitude de l'observation. | OBSERVATIONS Relatives à différens Mémoires de Proust insérés dans le LIX® vol. du Journal de Physique ; Par C.-L. BERTHOLLET. Ex présentant aux chimistes les considérations générales sur les causes des phénomènes chimiques, que j'ai réunies dans mon Æssai de Statique Chimique , j ai dù m'attendre, et j'ai exprimé plus d'une fois cette pensée, que plusieurs de ces considérations seroient modifiées et par les observations des chimistes, et par les miennes propres. Je ne devois dans cette disposition rien plus desirer que de voir mon Essai soumis à la critique d’un chimiste dont la grande sagacité et les vastes travaux étoient si propres à m’é- clairer ; siles observations qu'il m’oppose ne m'engagent pas ju-qu'à présent à changer mes opinions, je n’en regarde pas moins ue grande partié comme une acquisition faite à la science, dont je profiterai moi-même. On peut diviser les observations de Proust en cinq parties; qui ont pour objet, 1°. les sulfures alkalins ; 2°. les sulfures ET D'HISTOIRE NATURELLE. 285 métalliques ; 3°. les oxidations ; 4°. les dissolutions métalliques ; 5°, les hydrates. Je ne considérerai dans cette première réponse que les sul- fures alcalins ; je ne suivrai pas le détail des objections , mais je me bornerai aux faits principaux : mon but n’est pas de prouver que j'ai raison, mais de rendre utile à la science la discussion qui s’est établie entre Proust et moi; je supposerai que le lecteur a ses Mémoires sons les yeux; je supposerai encore que l’on connoît l'Essai de Statique chimique. Le passage cité par Proust, « Une dissolution alcaline wattaque pas le soufre à froid , mais l'alcali préalablement combiné avec l'hydrogène sulfuré, etc., ne se trouve pas daus ce dernier Ouvrage , mais dans le Mémoire sur 1Hydro- gène sulfuré que j'ai publié dans les Annales de Chimie, tome XXV , pag. 242. Proust fait voir que la potasse concentrée à un certain point peut dissoudre le soufre à froid : ainsi ma proposition doit étre restreinte ; mais 1°. il me paroît certain que l’hydro-sulfure dalkali dissout le soufre à froid ,et qu’il s’en sature dans des circonstances où l’alkali pur ne l’attaqueroit pas ; 2°. que lors- que l’alkali étendu d’eau dissout le soufre, il se forme de l'hy- drogène sulfuré : je crois donc que le passage suivant tiré de l'Essai de Statique Chimique, le soufre ne peut rester seul, peut être maintenu dans son intégrité, si J'éclaircis les doutes que peuvent faire naître les observations de Proust qui suivent, Il rapporte plusieurs expériences dans lesquelles la décomposi- tion d’un sulfure par un acide n’a laissé exhaler que très-peu ou méme point d'odeur d'hydrogène sulfuré, de sorte que non-seulement il regarde la proportion d'hydrogène sulfuré comme très-variable , mais qu'il conjecture que le soufre peut rester uni avec l’eau, sans le concours de l'hydrogène sulfuré qui paraît manquer entièrement dans quelques circonstances. La solution de cette difficulté me paroît se trouver claire- ment dans l’action de l'acide sulfureux , que Proust lui- même a appercu dans quelques-unes de ses expériences, et je lequel j'ai expliqué cet effet, soit dans mon Mémoire sur ’Hyd:ogène sulfuré, soit dans l'Essai de Statique chimique. Lorsqu'on laisse exposé à l'air un sulfure hydrogéné, ou un hydro-sulfure, il se fait une absorption de gaz oxigène, dont une partie change le soufre en acide sulfureux ; lorsqu'ensuite 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE on décompose l’hydro-sulfure ou le sulfure hydrogéné par un acide qui ne cède pas de l’oxigène , l'acide sulfureux qui s’étoit formé, mais qui étoit soumis à la combinaison, en-est dégagé par l'action de l'acide ajouté ; alors il agit sur l'hydrogène sul- furé, et ils se décomposent mutuellement , ainsi que je l'ai fait voir dans le Mémoire cité: Pendant que cette décomposition a lieu , on ne sent aucune odeur d'acide sulfureux , et une partie de g2z hydrogène sulfuré s'échappe ordinairement , et laisse seule appercevoir l’odeur qui lui appartient; mais lorsque le gaz hydrogène sulfuré cesse de se dégager, et qu’il approche d'être épuisé par la décomposition qu'il subit, l'odeur change ; il s’en exhale pendant quelques momens une qui est mixte , ou qui est diflicile à définir; mais bientôt après se développe l'odeur bien caractérisée et quelquefois très-vive de l'acide sulfureux, laquelle ne laisse aucun doute sur l'explication que j'ai donnée. Les apparences sont différentes selon l'état du sulfure hydro géné, ou de l'hydro-sulfure : j'avois un hydro-sulfure de potasse, conservé depuis long temps avec négligence, et dans un flacon dont une grande partie étoit vide ; cependant il avoit une odeur d'hydrogène sulfuré, plus vive même qu’elle n'eût été sans l'ac= tion de l'acide qui s’y étoit formé; j y ai versé de l'acide sulfu- rique étendu d’eau ; l’odeur d'ammoniac a disparu aussitôt , au lieu d'être exaltée , il s’est précipité beaucoup de soufre sans au- cune effervescence, et quelques momens après, il s’est dé- veloppé une odeur vive d'acide sulfureux, J'ai versé sur une partie de cet hydro-sulfure un peu d'eau d'acétate de plomb ; le mélange s'est troublé, et a pris une couleur noirâtre, mais avec une plus grande quantité , il s est produit un précipité qui étoit abondant et blanc : j'ai versé de l'acide sulfurique étendu sur ce précipité, et il s'en est exhalé une odeur vive d’acide sulfureux. On voit donc que lorsque l'acide sulfureux s'est formé en grande proportion, il peut, lorsqu'on décompose un sulfure hydrogéné , ou un hydro-sulfure par un autre acide , faire dispa- roitre si complétement l'hydrogène sulfuré qui existoit, que l'on ne peut plus l'appercevoir par les exhalaisons qui n’at- testent plus que l'existence de l'acide sulfureux; à son tour, l'acide sulfureux peut être entièrement détruit s’il n’existe qu'en petite proportion. Cette circonstance rend très-diflicile, peut-être impossible ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 d'évaluer les quantités d'hydrogène sulfuré qui peuvent se trouver en combinaison , dès qu'il s’est formé de f'acide sul- fureux. * Elle me paroit donner une explication satisfaisante des doutes qu'à élevés Proust sur cet objet; mais je n’en crois pas moins comme lui, qu'il peut se trouver une grande variété dans les proportions de l’hydrogène sulfuré et du soufre qui sont en combinaison dans les sulfures hydrogénés et dans les hydro- sulfures, selon les conditions de leur formation. J'en ai donné une preuve incontestable en saturant d'hydrogène sulfuré un sulfure hydrogéné : j'ai fait voir que l'hydrogène sulfuré préci- pitoit une partie du soufre , et formoit ainsi une combinaison qui avoit des proportions très-différentes. Dans cette combi- naison peut ensuite se former une proportion également. variable d’acide sulfureux. Enfin l'hydrogène sulfuré et l’acide sulfureux peuvent se trouver ensemble avec une base alkaline, en telle proportion qu'ils produisent cette espèce de sel que j'ai appelé su/fite Ly dro sulfuré. Dans toutes ces variations de composition, je ne vois qu'un des exemples nombreux de ces proportions différentes d’élé- mens, qui peuvent former ensemble une combinaison , surtout lorsqu'une forte aflinité et une condensation considérable des élémens ne procure pas une stabilité plus ou moins grande à un état de combinaison, Nous aurons occasion de voir que ce n’est pas le seul exemple qui ait obtenu l'aveu de Proust sur la théorie que nous discutons. Je passe à un autre objet. Ce savant chimiste dit que le mercure coulant n’a aucune sorte d’action sur les hydro-sulfures alkalins récens : j'ai eu constamment un effet contraire , et j'ai vu le mercure se chan- ger en une poudre noire, en l’agitant dans un hydro-sulfure incolore et récent , même lorsque j'ajoutois à celui-ci un excès d'alkaï. à Je ne me trouve pas non plus d'accord en tout ce qu'il dit de l’action de l’oxide de mercure sur les hydro-sulfures et les sulfures hydrogénés ; mais je préviens que les résultats peuvent facilement varier, lorsque l'action chimique s’exerce entre un si grand nombre d'élémens qui passent facilement d'un état de combinaison à un autre. L'oxide de mercure s'empare de l'hydrogène, sulfurè des hydro sulfures , et il forme par-là une combinaison dont une 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . . . “ . > , partie se dissout dans l’alkali, ainsi que Proust l’a observé ; en méme temps l'alkali retient une portion d’hyrogène sulfuré. Si on verse dans cet état un acide sur la dissolution ; il se dégage de l'hydrogène sulfuré, et il se forme un précipité de la combinaison noire dont je viens de parler, Une plus grande quantité d'oxide enlève tout l'hydrogène sulfuré à l’alkali ; cependant il reste en dissolution un sulfure de mercure, et le précipité qu'on obtient par un acide n’est pas du soufre , mais un sulfure de mercure qui devient promptément d’un jaune très-foncé. Je soupçonne qu'il s’y trouve aussi du sulfate de mercure: je n'ai pas examiné avec assez de soin ce précipité ; une petite effervescence qui a eu lieu étoit due à un peu d'acide carbonique, qu'avoit retenu l’alkali , et non à l’oxigène qui se trouve avec des substances qui ne lui permettroient pas d'échapper à la combinaison. Avec un sulfure hydrogéné , l’oxide de mercure prend égale- ment à l’alkali le soufre et l'hydrogène sulfuré, et présente quelques apparences différentes selon les proportions. Je n'ai point vu qu'il se formât dans ces circonstances de l'acide et comme le dit Proust; et j'ai répété l’expé- rience de plusieurs manières, en laissant près d’un mois exposé à l’air de l'hydrogène sulfuré de potasse, à moitié décomposé par l’oxide de mercure ; la liqueur qui surnageoiïit ne m'a pré- senté aucun indice d'acide sulfureux : je crois donc que l’a- cide sulfureux que Proust a observé, étoit contenu dans ses hydro-sulfures et ses sulfures hydrogénés, avant qu'il y mit Voxide de mercure. Si l’on expose à l’action de la chaleur la combinaison noire qui s’est formée , elle passe bientôt à l'état de sulfure de mercure ou de cinnabre; les expériences de Baumé font voir que le même changement se fait naturellement par un long espace de temps, et il est probable que l’action de la lumière l’accéléreroit. Il paroit donc que l’oxigène de l’oxide de mercure ne détruit que lentement l'hydrogène sulfuré qui s'est combiné avec lui, sans le secours de la chaleur. Il ne faut pas confondre la combinaison noire de mercure, dont je viens de parler, avec l'éthiops ou sulfure noir que l’on obtient du soufre et du mercure. La première tient en combinaison Rhydrogène sulfuré , et la seconde ne paroït dif- férer du sulfure rouge que par la proportion du soufre. L'oxide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 L'oxide de mercure n'est pas propre à former de l'acide sul- Fureux, parceque son oxigène paroît déjà trop condensé, ou trop dépourvu de calorique. Ces rapports de la condensation et de la quantité de calorique, qui n’est pas toujours pro- portionnelle à la condensation , avec les combinaisons qui se forment , ont été considérés long-temps avant l'époque fixée par Thomson, dans l'excellent Traité qu'il a donné, et qui est surtout remarquable par l'exactitude de l'érudition : Syse. of Chemist, vol. I, p. 356. Il est diflicile de donner une explication précise et générale de ce qui se passe dans l'action réciproque de l’oxide de mer- cure, et des hydrosulfures ou sulfures hydrogénés; mais je ré- sume ce que les observations précédentes me semblent indi- quer. L'effet varie selon les proportions des substances mises en ac- tion ; lorsque l'oxide de mercure est en petite quantité, il se combine d'abord soit avec l'hydrogène sulfuré, soit avec le soufre : ce n’est que par une action lente que l’oxigène s'unit intimement avec l'hydrogène de l'hydro-sulfure ; mais cette décomposition de l'hydrogène sulfuré se fait promptement par l’action de la chaleur ; cependant l'alkali retient une cer- taine quantité d'hydrogène sulfuré et d'hydro-sulfure métalli- que : l’oxigène de l’oxide de mercure ne se combine point avec le soufre pour former de l'acide sulfureux. Si la proportion de l’oxide est grande , la décomposition de l'hydrogène sulfuré se fait pour la plus grande partie dès le premier instant , même à froid ; l'oxigène de l’oxide se combine avec l'hydrogène ; une partie peut être employée à former de l'acide sulfurique ; mais il ne peut s'en dégager dans l’état de gaz oxigène. Des conditions intermédiaires donnent aussi des résultats moyens. L’oxigène de l’acide muriatique oxigéné qui se trouve même avec un excès de potasse, et qu'on verse dans un sulfure hy- drogéné, en précipite le soufre, parcequ'il se combine avec l'hydrogène qui , dans l'état d'hydrogène sulfuré, servoit d’in- termède à la dissolution. Proust observe que le muriate sur- oxigéné de potasse ne produit point cet effet, et il ajoute : Pourquoi le muriate sur-oxigéné de potasse ne produit-il pas la méme destruction ? quelle différence y a-t-il entre ce Tome LX. GERMINAL an 15. Oo 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE muriate et l'acide qu'on vient de saturer? Voilà ce que je ne puis expliquer. Il me semble que l'explication que j'ai donnée depuis long-temps, de cette différence, ne reçoit qu'une nouvelle confirmation par le fait que Proust a observé. Dans l'acide muriatique oxigéné , l’oxigène ne tient que très-foiblement à sa base; il la quitte facilement pour entrer dans d’autres combinaisons. Un alkali ne contribue que très- peu à accroître la force de cette combinaison ; mais lorsque le muriate sur-oxigéné de potasse se forme, l'oxigène qui s’accu- mule sur une partie de l'acide muriatique, contracte une union beaucoup plus intime et avec lui, et*avec la base alka- line. L'acide muriatique sur-oxigéné agit dans cette combinai- son comme un acide nouveau, dont l'oxigène se sépare beau- coup plus dificilement , ensorte que la lumière ne peut plus l'en dégager, qu'il n’oxide pas les métaux , et qu'il ne dégrade plus les parties colorantes que l’on méle avec la dissolution de muriate sur-oxigéné. C’est encore ainsi qu'il ne détruit plus l'hydrogène sulfuré, pendant que l'acide muriatique oxigéné opère cette destruction par le moyen de l'oxigène qui l’aban- donne facilement. : En ET D'HISTOIRE NATURELLE, 291 SE NE OI DR TAN DEN TEEN RECHERCHES SUR LA DÉLIQUESCENCE, ou L'EFFLORESCENCE DES SELS; Par C.-L. CADET, PHARMACIEN. Tous les chimistes sont d’accord sur la cause qui déter- mine l’efflorescence , ou la déliquescence d'un sel. L'attraction élective de l'air atmosphérique pour l’eau de cristallisation du sel , produit le premier phénomène. L’attraction du sel pour l’eau tenue en dissolution dans l’atmosphère , produit le second. On a remarqué que cette attraction varioit pour les différens sels soit efflorescens, soit déliquescens ; qu'elle étoit plus forte dans les uns, plus rapide dans les autres; mais on n’a point observé si elle étoit en rapport avec la constitution atmosphé- rique, avec l’état électrique de l'air , et la quantité de calorique qu'elle contient, si elle étoit constante dans les mêmes sels, si elle s’afloiblissoit régulièrement à mesure que la saturation approchoit; on n’a point encore dressé de tables qui indi- re le degré de déliquescence, ou d’efflorescence des sels. De toutes les hypothèses qu'il étoit possible de faire sur ces phénomènes, la suivante me paroïssoit la plus admissible. Les sels qui dépouillent l’atmosphère de son humidité, doi- vent, me disois je , agir en raison de la quantité d'eau que l'air tient en dissolution ou en suspension. Plus l'atmosphère est humide, plusles sels déliquescens doivent augmenter de poids ; ainsi la progression de leur pesanteur doit suivre la marche de Vhygromètre. D'un autre côté, la pression atmosphérique qui s’oppose plus ou moins à l’évaporation doit influer sur la satu- ration des sels, puisqu'elle fait varier la densité de l'air. Par- conséquent il doit exister un rapport entre la déliquescence Oo 2 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI1r des sels, et la marche du baromètre ; enfin les variations de température , en dilatant ou en condensant la masse atmosphé- rique, doivent encore apporter des changemens dans les pro- portions d’eau absorbée par les sels. Le thermomètre, sous ce rapport , me paroissoit utile à observer ; je pensois encore que tel sel a non-seulement plus ou moins d'attraction pour l’eau contenue dans l'air que tel autre ; mais encore que cette attrac- tion varioit pour le même sel , à mesure qu'il perdoit ou absor- boit de l’eau. J'espérois donc en comparant ainsi les sels déli- quescens ou efflorescens avec les instrumens météorologiques, obtenir des résultats assez constans pour établir la théorie de la déliquescence et de l'efflorescence; j'esperois aussi pouvoir faire considérer les sels eux-mêmes comme des instrumens d'observations météorologiques; mais l'expérience m'a prouvé que les raisonnemens qui paroissent basés sur la plus saine théorie , trompent souvent notre espoir. Il est cependant nécessaire de tenir compte des faits négatifs qui servent quelquefois la science aussi bien que les faits positifs. Je n'ai pas remarqué un seul sel dont la marche présen- tât une apparence de conformité avec celle du baromètre, de l'hygromètre et du thermomètre. Le méme jour plusieurs sels ont augmenté considérablement de poids, tandis que d’autres indiquoient une foible progression. Les uns avoient une attrac- tion peu énergique, pendant que l'hygromètre marquoit une grande humidité , et étoient plus déliquescens quand le temps sembloit plus sec. La pression atmosphérique n’a jamais été en concordance avec la progression du poids des sels, et le ther- momètre n'ayant varié que d’un demi-degré pendant le cours des expériences , n'a fourni aucune observation sur l'influence de la température. 11 m'est donc impossible d'expliquer par les changemens météorologiques aucune des variations que j'ai observées dans la déliquescence ou l’efflorescence des sels. Sels efflorescens. J'ai pesé exactement 288 grains (4 gros ) de sulfate de soude, de phosphate de soude et de carbonate de soude. Ces trois sels sont regardés comme les plus efflorescens. Je les ai mis dans un endroit sec et aéré, après avoir soigneusement taré les cap- sules qui les contenoient. J’ai placé dans la mème pièce un hy- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 2093 gromètre , un baromètre et un thermomètre, ces trois sels m'ont oflert les résultats suivans : | A MIS A SE FLEURIR, A PERDU, Le sulfate de soude. . . 61 jours. . ... . 203 grains d’eau. Le phosphate de soude. . 59 ED tt SO Le carbonate de soude. . 61 D PRE EEE 5) IL paroit d’après ce tableau que ces trois sels doivent étre classés dans l'ordre précédent ; mais il faut observer que les sels contiennent plus ou moins d’eau, suivant qu'ils se sont cris- tallisés lentement ou rapidement , suivant que leurs cristaux sont gros et isolés, ou petits et confus. Ainsi le nombre des jours qu'ils ont employés pour s'effleurir, doit varier en pro- portion de l’eau qu'ils contiennent, et de la surface qu'ils of- frent à l'air ambiant. Le temps de leur efflorescence ne peut donc faire apprécier la force de leur attraction pour l'eau. Cette réflexion m'a fait borner mes expériences sur les sels efflorescens , aux trois précédens. Sels déliguescens. J'ai pris 288 grains des sels suivans , savoir : Le sulfate acide d’alumine. De soude. De chaux. De magnésie, LES NITRATES D'alumine. De manganèse. De zinc. De cuivre, ‘De chaux. De magnésie. D'alumine. De bismuth, D'antimoine. De manganèse. De zinc. De cuivre. LES MURIAÂTES 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le phosphate acide de chaux. | LES PHOSPHATES { _ Fu Atre D'alumine. Ces dix-neuf sels sont très-sensiblement déliquescens, puis- qu'ils absorbent tous plus de la moitié de leur poids d'eau. J'ai mis chacun d'eux dans une eapsule £arée , et les ai pla- cés dans une pièce humide avec les instrumens météorologi- ques cités ci-dessus. Après cent cinquante jours d'observa- tions , j'ai été en état de dresser la table suivante. Table des sels déliquescens , dans l'ordre de leur attraction par la quantité d'eau absorbée. Tous les sels pesoient 288 grains. Jours qu’ils ont employés à leur EAU. saturation. ABSORBÉE. Acétite de potasse. . ....:. . . - .146 700 grains. Muriate dechaux. 1100 DENESONIET 27e 684 Muriate de manganèse. . . . . . . . . 105 29 Nitrate de manganèse. . . . . . . . . 89 527 INftrate deze eee tele ei Met 2 495 Nitrate de chaux. . 0" SENS 7 448 Muriate de magnésie. . . . « . . . . . 139 44x Nitrate de cuivre. . . . . . . . . . . . 128 397 Muriate d’antimoine. . . . . . . . . . 124 388 Muriate d’alumine. .. . . . . . . « . . 149 342 INitrateldalumine 2:00 EE 300 Muriate de zinc... . .. : . ..., . . 76 294 Nitrateldetsouden Me NN ME INT 257 Nitrate de magnésie.. .". . . . . . . . 73 207 Acétite d'alumine.. » . . . +. . . . . 104 202 Sulfate acide d’alumine. .. . . . . : . 121 202 Muriate de bismuth.'. . . . . . . . . 114 174 Phosphate acide de chaux. ...... . 95 150 Muriate de cuivre. ... .. .. . . « : : 119 148 En examinant cette table , on doit remarquer que la durée de l'absorption de l’eau par chaque sel, n’est pas en rapport M ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 avec sa quantité. Le muriate d’alumine, par exemple, a mis cent quarante-neuf jours à absorber 342 grains d'eau, tandis que le nitrate de manganèse n'a mis que quatre-vingt-neuf jours à en absorber 527. On ne peut en conclure qu'il faille juger de la force d'attraction par la rapidité avec laquelle les corps s'unissent ; car la même table nous offre le nitrate de magnésie, qui n’a été que 75 jours à se saturer, et qui n'a absorbé que 207 grains d’eau , quantité beaucoup plus foible que celle acquise par le nitrate de manganèse, Quoiqu'on ne puisse rendre raison de la facilité plus ou moins grande avec laquelle les sels déliquescens se saturent d’eau, puisqu'un sel semi-saturé ou semi-privé d’eau, n’est plus le même corps, et parconséquent exerce d’autres attractions que ce sel dans l'état ordinaire, ou dans un différent état de saturation, la ra- pidité de leur saturation n’est cependant pas un phénomène indifférent. Dans les expériences que l'on a faites sur le refroi- dissement artificiel, par le moyen du muriate de chaux , ona remarqué que le froid étoit d'autant plus grand que la glace étoit plutôt fondue. Or il est probable que le muriate, et sur- tout le nitrate de manganèse, qui se liquéfient beaucoup plus vite, produiroient avec la glace un froid plus vif, et que cer- taines liqueurs qui ont résisté à la congélation, seroient soli- difiées par ces deux sels ; cette expérience vaut la peine d’être tentée. La déliquescence dépend elle de la proportion de la base, ou de l'acide qui constitue les sels? Cette question méritoit d'être examinée ; j'ai comparé entre elles les différentes ana- lyses des sels; publiées par MM. Bergman , Klaproth , Fourcroy et Vauquelin, et j'ai vu qu’on ne pouvoit tirer aucune induc- tion de leur composition ; car il en est dont la base est très- considérable , et qui sont moins déliquescens que d’autres à base moins forte , et plusieurs dont l’acide est en petite pro- portion , sont plus deliquescens que ceux où ce principe est prédominant. La nature des acides et des bases n'éclaire pas plus sur les phénomènes de la déliquescence que leur pro- portion ; car il est des sels déliquesceus, dont les composans pris isolément , n'ont point une attraction très-marquée pour l'eau. Tel est le nitrate d’alumine, tandis que le sulfate de soude est efflorescent, quoique l’acide sullurique concentré et la soude caustique attirent séparément l'humidité. Rien ne prouve mieux cet axiome de chimie. Les composés ont des 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIWIMIE propriétés particulières et différentes de celles de leurs com- posans. En général les sels déliquescens augmentent de poids en quantité décroissante , à mesure qu’ils approchent de leur sa- turation. Ainsi l’acétite de potasse qui, dans les vingt premiers jours a donné cette progression, 21.34.44.54.60.70.85.100.110.120.128,138.142.148.160.169. 177.186.192.198. N'a donné, les vingt derniers, que celle ci, 647.650.655 660.663.666.6609.671.676.682.684.686.688.690. 692.694.696.698.699.700. Mais les sels peu déliquescens m'ont présenté un phénomène fort singulier que personne, je crois, n’avoit encore observé. Le sulfate acide d’alumine et le phosphate acide de chaux, tantôt augmentoient , tant0t diminuoient de poids. Le muriate de cuivre a diminué pendant 46 jours, avant d'augmenter. Ces oscillations, ces pas rétrogrades n’Gnt lieu u'un temps, et lorsque le sel a absorbé une certaine quantité ‘eau , il suit une marche progressive, quoique lente jusqu’à parfaite saturation , ce qui peut tenir à l'attraction de l’eau pour l’eau, attraction qui n'est sensible qu'a certaines pro- portions. Ces anomalies méritent d'être observées de nouveau, et comparativement avec les expériences faites sur d’autres sels, qui ne les offrent point. Elles sont propres à faire connaitre l'ensemble des causes qui produisent l'efflorescence et la déli- quescence , puisqu'elles présentent successivement l’un et l’au- tre phénomènes. Les sels qui nous les offrent ont sans doute une attraction pour l'eau très-peu différente de celle de l'air, dans un état moyen de chaleur et d'humidité. Le point d’équi- libre seroit décidé par l’état de l'atmosphère où les sels reste- roient stationnaires. Il existe donc un rapport entre la marche des sels et les va- riations météorologiques ; je le crois encore, et si je n'ai pu les saisir, c'est sans doute parceque j'ai opposé à l'étendue de l'atmosphère un trop petit volume de sels. Un chimiste plus heureux que moi les trouvera , en agissant sur de grandes mas- ses , ET DHISTOIRE. NATURELLE. 207 ses, en comparant les expériences faites dans plusieurs saisons , en tenant compte de l’état électrique de l'atmosphère, de l’eau de cristallisation que contiennent les sels, de leur division, et de la surface qu'ils présentent à l'air. Dans ce travail qui a exigé plus de 3000 expériences, les faits nouveaux que j'ai remarqués, sont trop peu nombreux, trop peu importans peut-être pour engager à entreprendre des expériences aussi longues et aussi minutieuses ; mais j'ai donné du moins une table des sels déliquescens , rangés par ordre de leur attraction pour l’eau, et j'ose espérer que le résultat ne sera pas tout-à-fait inutile. MÉMOIRE Sur un procédé pour teindre en bleu solide, dit bon teint, la Laine en suint; Découvert par BARTHELEMI FAVIER, chimiste, membre de plusieurs Sociétés sayantes ; Lu à l'Académie des Sciences de Paris, Factum ipsum probat. Ox a regardé jusqu'ici, et on regarde encore dans l'art de la teinture, comme une opération indispensable , le dé- graissage ou désuintement des laines, pour les disposer à s'unir avec les matières colorantes, et ayec les bases que peu- vent leur fournir les mordans. Il n'est cependant point de chimiste ni de teinturier qui ne conyienne que cette opération particulière n'appauvrisse singulièrement la laine, en la privant des parties onc- tueuses qui lui donnoient la souplesse, et la préservoient contre l'attaque des corps étrangers; qu'elle lui ôte son as- pect brillant, la dispose à la sécheresse , et lui fait perdre Tome LX, GERMINAL an 135. Pp 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIr une grande partie .de sa force, sans parler ici de la dimi- nution très considérable qu'elle éprouve dans son poids. Ces effets ne viennent-ils pas de la corrosion qu'éprouvent les filamens de la laine; d'abord par l'effet de l'alkali volatil de l’urine putréfiée, qu'on y emploie pour dissoudre le suint , en le transformant en savon animal, d'après l'il- lustre Berthollet ; ensuite par un commencement d’oxidation ou de combustion qu'éprouvent ces mêmes filamens de la part de l’oxigène qui s’y introduit sans résistance , et reprend la place de l'azote, qui fournit la base du suint, ce qui ne manque pas d'arriver surtout lorsqu'on n’a pas eu soin de soumettre la laine à la teinture, immédiatement après qu'elle a été dégraissée; mais cette attention même, qui d'ailleurs n’est pratiquée que pour les étoffes fines , ne l'en garantiroit pas encore rigoureusement , attendu qu'après le épart de l'azote , et de tous les autres composans du suint, les pores des filamens de la laine étant ouverts, aucune des substances employées pour la teindre , ne sauroit en fermer l'enceinte à l'oxigène, puisque les matières coloran- tes en général, ainsi que la plupart des mordans, sont plus ou moins saturés de ce puissant agent de la nature. À la vérité, d’après la savante analyse du célèbre Vau- quelin , on pourroit peut-être se passer d'employer l'urine au dégraissage de la laine, puisqu'il a prouvé que le suint n'étoit autre chose qu'un véritable savon à base de potasse, soluble dans l'eau et dans l’alco'ol, et qu'ainsi il suffroit de tremper la laine pendant quelques heures dans de l'eau chaude , la fouler, et puis la bien laver à l'eau courante, pour la dégraisser parfaitement. Mais cette opération même, telle innocente qu'elle est dans ses principes, ne remédie pas encore à tous les incon- véniens du dégraissage, et d'après les observations du même auteur, on fut perdre à la laine de 55 à 45 pour cent de son poids, souvent plus de la moitié. Ne seroit-il donc pas possible de trouver des combinaisons au moyen desquelles on puisse fixer une couleur sur la laiñe, sans lui fure perdre ceite corporéité, ce velouté, cet éclat satiné qui la rendent si favorable à la santé , s1 douce au toucher, si agréable à l'œil, et qui parconsequeni don- nent un si haut prix aux é'offes qui réunissent toutes ces qualités ; telles sont celles des vigognes de couleur natu- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 relle, et ce qui est non moins important, sans porter at- teinte aux principes qui constituent sa force, et qui sont essentielles à sa conservation , et sans en diminuer la masse au détriment de l’économie du commerce. Cette question a singulièrement occupé mon esprit pendant très-long-temps , et c’est à force d'essais, de constance et de sacrifices que je suis enfin parvenu à résoudre un problème aussi intéressant pour l'art, qu'il l’est pour l'économie pra- tique, du moins quant à la couleur bleue, et toutes celles qui en dérivent; mes recherches ont également eu pour objet la simplicité et la facilité de la manipulation, afin de la rendre plus particulièrement utile aux habitans de la campagne et aux petites fabriques. Je suis en effet parvenu à la répandre dans le département des Basses-Pyrénées , pays que j habitois alors, où ma méthode depuis est devenue stationnaire. Pressé de jouir en même temps des avantages moraux attachés à toute découverte utile, je l'avais envoyée à Paris pour la faire connoître par des écrits périodiques ; mais des rédacteurs infidèles ou ignorans , en avoient tellement al- téré le sens , qu'elle n’a pu être mise assez généralement en pratique , et que son utilité ainsi que son usage ont été restreints au profit des journalistes. Ces motifs m'engagent à la rétablir aujourd'hui dans ses véritables principes, et j'ai cru ne pouvoir en faire un plus digne usage qu’en en faisant hommage à une Académie, dont les lumières secondent si bien les vues bienfaisantes d'un Souverain qui compose son bonheur du bonheur des peuples qu'il gouverne. Comme savans, vous verrez, Messieurs, que la méthode que j emploie , se borne à opérer des combinaisons successi- ves et simultanées , dans lesquelles une grande partie du suint est conservée , au profit de la laine et de la couleur; qu'il suffit de sursaturer de potasse le suint qui lui-même en contient déjà beaucoup; d'identifier celui-ci avec l'indigo, sans détruire ni modifier aucun des principes consti- tuans de sa couleur , et dont la dose ainsi que la qualité dé- terminent toutes les nuances de cette dernière ; et quant à la fixité de celle-ci, elle peut être attribuée à la surabon- dance du carbone contenu dans l'indigo, où il est intime- ment uni ayec les autres composans de cette substance Pp'2 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE colorante , et qui par’ cette raison se combinant moins faci- ment avec l'oxigène , donne à la couleur la propriété de ré- sister à l'action de l'air. Comme philantropes , vous saurez apprécier les bénéfices réels qui résultent de la grande simplicité de l'opération, ainsi que de l’économie des matières, des ustensiles et du temps, qui la rendent, par cette raison , à la portée de la classe d'hommes la plus nombreuse, la plus nécessiteuse , et cependant la plus utile pour la prospérité d'un état. Puissiez-vous aussi y trouver l'homme qui n'aime, qui ne cherche , et qui ne répand que la vérité ! Des amis des arts tels que vous, Messieurs, accorderont aussi, je me flatte , quelque mérite aux avantages que présente encore une méthode dans son application aux fabriques des étofles de laine, et aux teintureries en grand , dont les ateliers pourroient être disposés d’une manière plus simple et plus économique, en vertu de la simplicité qui résulte de l’opération proprement dite. Il leur seroit peut-être facile d'étendre ce procédé à d’autres couleurs , on du moins à toutes celles qui proviennent du mélange de jaune ou de rouge avec le bleu : telles sont toutes les variétés du vert et du pourpre ou violet; en graduant les proportions de chacune selon les principes de l’art , pour les teintes qu’on voudra obtenir , attendu que le pied de bleu une fois fixé sur la laine , à la nuance convenable et de la manière qui sera décrite, est susceptible d’absorber les autres couleurs qu'on peut lui présenter, sans rien perdre de son adhérence à l’étofle , et offrir encore de très-belles variétés, pourvu-toutefois qu'on ait employé les mordans nécessaires et propres à chacune des couleurs qu'on voudra y ajouter. La gaude, par exemple, qui donne le plus beau jaune , ainsi que les plus belles nuances de vert, lorsqu'elle est mêlée avec le bleu , n'auroit, sans cette précaution, aucune solidité. Mais l’article sur lequel je crois pouvoir espérer de fixer plus particulièrement votre attention, est son importance pour l’é- conomie politique, non-seulement sous le rapport de la supé- _riorité que peuvent acquérir les draps fabriqués avec de la laine teinte en suint, comparativement à la même qualité de laine , travaillée par les procédés ordinaires ; mais encore quant à l'épargne considérable de cette précieuse denrée, dent ilse perd environ une moitié par les manipulations ordinaires, tan- dis que le plus grand déchet que j'eusse encore éprouvé par | ET D'HISTONRE NATURELLE. 5br ma manière d'opérer , ne monte pas au-delà de 15 à 20 pour cent. Voilà un bénéfice réel de 25 à 50 pour cent au moinsde matière première oflert au commerce. Vous saurez, Messieurs , en évaluer les conséquences pour un grand état, ou plutôt pour les grands états qui composent l'Empire des Russies ; et il seroit sans doute aussi flatteur qu'honorable pour moi, si, par votre organe , elles pouvoient mériter la considération du Souverain qui, par son règne glorieux, honore aujourd'hui l'humanité. DESCRIPTION DU PROCÉDÉ. Matières et ustensiles. Pour 100 liv. de laine en suint qu’on veut teindre en gros bleu , il faut préparer, 1°. une lessive qui marque 5 degrés au pèse-sel des savonniers; cette lessive peut étre faite, soit avec des cendres de la manière qu’on la prépare pour le lavage du linge, soit avec 3 liv. de salin qu'on fait dissoudre dans de l’eau bouillante, soit enfin avec de la potasse de commerce ; mais dans ce dernier cas, comme c’est du carbonate de po- tasse qu’on emploie, il faut le préparer de manière à faire dis- paroître l'acide carbonique, et mettre la potasse à nu.. Pour cet eflet, on fait dissoudre 3 liv. de potasse de commerce dans une suflisante quantité d'eau chaude, On prend environ 4 liv. de chaux nouvellement cuite, qu'on éteint d'abord par une légère aspersion avec de l’eau , et qu'on achève d’étein- dre tout-à-fait avec la dissolution de potasse ; la chaux s'empare dès-lors de l'acide carbonique contenu dans la potasse, et celle- ci, soutirée au clair, est propre à l'usage qu'on va décrire. 2°, On réduit en poudre très-fine qu'on passe au tamis de soie, 2 liv. d’indigo de la plus belle qualité, tel que célni qu'on nomme indigo flore, qui vient de Guatimala, où .de celui qu'on nomme #ndiso cuivré, que fournissoit assez abon- damment Saint-Domingue. 3°. On place sur un bain de cen- dres ou de sable, soit une chaudière , soit une bassine, soit même une cuve de capacité suflisante pour contenir toute la laine destinée à la teinture, et én état de pouvoir entre- tenir une température égale et constante. Nota. Il est à observer que la laine doit avoir été parfaite- ment dépelottée, afin qu'il n'y reste ni nœuds ni ordures, 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Manipulation et main-d'œuvre. 1°. On étend dans la bassine , couche par couche , la laine bien divisée ; à l’épaisseur d’un doigt, et le plus également que faire se peut. Chacune de ces conches doit être alterna- tivement saupoudrée de la poudre d'indigo, au moyen du tamis de soie, dans une proportion telle que la dose ci-des- sus désignée suflise pour toutes les couches, et en observant qu'il y en ait une au-dessus de la dernière couche de laine, et une au fond de la bassine. 2°, Cette premiére opération étant finie, on verse la li- queur alkaline au travers d’un panier , pour la répandre com+ me une pluie, d’une manière bien uniforme sur toute la sur- face de la laine ; elle ne doit être chaude qu’au point de pou- voir y tenir la main, et on n’en verse que ce qu'il faut pour en recouvrir la dernière couche de laine. 3°. Dés-lors on presse la laine bien également partout, on l’empoigne, on la serre bien dans les mains, puis on la ra- bat, on la retourne, toujours en la pressurant, pour la faire pénétrer d’une manière bien uniforme, Cette manipulation finie, on couvre la bassine avec un drap et des planches , et on a soin d'entretenir une température aussi égale que faire se peut, de manière du moins à ce que la liqueur ne puisse jamais entrer en ébullition , ni devenir tout-à-fait froide. On répète la même opération tous les jours pendant l’espace d’une semaine, en Feu à chaque fois les mêmes pré- cautions; car c'est des soins qu’on met à cette manipulation, que dépend l’uniformité et l'intensité de la couleur. 4°. Dès qu'on a obtenu la nuance convenable, on termine l’opération en lavant la laine avec de l’eau fraîche , et en la faisant sécher à l’air en été, et dans une chambre chaude em hiver. Elle est alors propre à être cardée, filée et tissée, sans qu'elle perde aucunement de son intensité , et sans presque éprouver de déchet: celui qu’elle a éprouvé par la perte de son suint , pendant la manipulation, n'est ordinairement que de 15 à 20 pour cent, tout au plus, ce qui en général dépend autant de sa qualité que de sa pureté. 5°. Deux hommes sont plus que suflisans pour bien faire cette opération, en travaillant deux heures par jour pendant ET D'HISTOIRE NATURELLE, 303 l'espace de neuf jours , ce qui fait dix-huit heures de travail en totalité, qu'on peut évaluer à trois journées d'un seul homme. OBSERVATIONS. On observera, en premier lieu, qu'il n’est guère possible d'assigner ici une Ba numéraire au prix résultant de ce procédé, attendu que les marchandises du même genre et de méme qualité, ne sont pas au mème taux dans tous les pays et dans tous les temps. Toutefois une première expérience peut démontrer que la couleur de gros bleu obtenue de cette manière, n'emporte pas les deux tiers des frais de celle qu’on obtient dans les cuves au pastel, en ne considérant ici que le nombre et la quantité des substances qui y entrent , toutes choses d’ailleurs étant supposées égales ; mais dans celle-ci on na pas comme dans la cuve au pastel , le risque à courir de voir quelquefois son bain tomber en putréfaction, ou d’être sujet à un autre accident bien plus fréquent et non moins grave, qui est celui de devenir roïde ou rebuté : ici on obtient au contraire dans tous les temps, une couleur d’une fixité et d'une nuance constante et uniforme. Quant aux frais de manipulation , ils sont sans aucune com- paraison bien au-dessous de ceux d’une cuve au pastel, sans y Comprendre même ceux des accessoires , et ceux des travaux prélinunaires qui sont en entier au profit de la méthode pré- sentée. On observe, en deuxième lieu, que le bénéfice qu’on fait entrer ici comme un objet de première considération , est celui qu'on obtient de la fixité de la majeure partie du suint dans la laine où on la fait entrer en combinaison avec l'in= digo, et que le dégraissage eût fait disparoitre. Ce bénéfice peut êire évalué de 20 à 25 pour cent environ, sans compter celui d- l'épargne d'huile dont on se sert ordinairement pour carder la laine dégraissée , et dont celle-ci n’a nul besoin; on fera en outre entrer ea considération les avantages qui résul- tent de la supériorité des étolfles fabriquées avec cette laine, sur celles travaillées à la manière ordinaire et à qualité égale. 1°. d'etre plus forte et plus usuelle ; 2°. d’avoir plus de corpcréité ; 5°. d'avoir us toucher plus veiu et plus moëélleux ; 4°. de se conserver beaucoup plus loug-temps, étant moins 504 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE attaquable par lés téignes/, et résistant mieux à l’action de l'air, toutes circonstances étant d'ailleurs pareilles. On observera, en dernier lieu, que le résidu du bain peut encore servir pour faire des bleus plus clairs. A cet effet on doit préparer la laine comme pour la première opération ; on Ja met couche par couche dans la bassine , toujours. mainte- hue’ au mème degré de chaleur, pour la faire aussitôt péné- trer par la liqueur, ét onn'en met qu’autant que celle-ci ait baigné la dérnière couche de laine, avant que d’être pres- surée ; les manipulations subséquentes sont absolument les mémes que dans le premier cas. INSTRUCTION PARTICULIÈRE Pour les habitans des campagnes. On suppose ici un pauvre habitant de campagne, dont la récolte annuelle en toison ne se monte pas à plus de 9 à 101. de laine; dans ce cas, il pourra en teindre 6 I. en gros bleu, et le reste en bleu clair. Il préparera d'abord une forte lessive avec les cendres de son {foyer , comme il a coutume de le faire pour laver son linge, avec cette différence qu'elle doit étre du double au moins aussi forte que celle qu’il emploie ordinairement. Il achètera deux onces d’indigo de Guatimala , qu'il réduira en poudre très-fine, et qu'il mettra dans un morceau de linge bien fin. Le chaudron où il cuit ses herbes, ou ‘tout autre ustensile de son ménage, lui servira de bassine, pourvu qu'il l'ait bien lavé auparavant avec des cendres chaudes ; il commencera par répandre sur le fond de son vase une légère couche, mais bien égale , de la poudre d’indigo nouée dans son petit linge , en ta- pant sur une main avec celle dans laquelle il tient le paquet, Il étendra ensuite une première couche de laine par-dessus, d'un doigt d'épaisseur , bien dépelottée, afin qu'il ne s’y ren- contre ni nœuds , ni ordures d'aucune espèce; il saupoudrera cette couche de laine avec la même poudre d’indigo, de la mème manière qu'il l'a fait pour en recouvrir le fonds, et il continuera d'étendre ainsi des couches de laine, alternative- ment avec des couches d'indigo, jusqu’à ce qu'il ait employé les 6 liv. de laine ainsi que tout son indigo , mais en observant qu'il Re D'HISTOIRE NATURELLE. 305 qu'il lui reste encore de ce dernier dans le linge, pour en répandre par-dessus la dernière couche de laine. Cela fait, il versera par-dessus la laine en forme de pluie, à travers un petit panier de paille ou d'osier, sa lessive qui ne devra être chaude qu'au point de pouvoir y tenir la main, et il n’en mettra qu'autant que la dernière couche en soit recou- verte; avec ses deux mains il pressera la laine contre le fond, pour la laisser s'imbiber de lessive bien également partout; il la retournera sur elle-même , la pressera encore, la pincera sur tous les points avec ses doigts , et la serrera fortement en l’em- poignant dans ses mains. Quand il aura manipulé ainsi pendant une heure, il pourra suspendre son opération pour le moment, il couvrira alors son chaudron avec une pièce de drap quelconque , ou avec une planche de bois; il le posera sur des cendres chaudes, où il tachera de maintenir un peu de braise, afin d’avoir sa lessive toujours chaude, mais en évitant de la faire bouillir , ou de la laisser tout-à-fait refroidir. Il répétera la même opération une, deux ou même trois fois par jour, selon le temps qu'il pourra y mettre, pendant l’espace d’une semaine ; après quoi il n’aura qu'à retirer sa laine has de la lessive, la laver dans l’eau fraiche , et la mettre en dehors sur une claie d'osier, si le temps est beau, ou la suspendre de la méme manière au-dessous de son plancher, si le temps est mauvais et qu'il opère pendant l'hiver. Lorsqu'elle est sèche, il peut la mettre de suite en œuvre, la carder, la filer et la lisser à son gré. Quant au restant de sa laine, il pourra la teindre en bleu clair dans le résidu de la première lessive , sans rien y ajouter de plus , en observant seulement de réduire la laine en couches minces comme les premières , et de les tremper successive- ment pour les laisser bien imbiber de lessive : il continuera de manipuler ensuite, comme dans l’opération précédente. Tome LX, GERMINAL an 13. Qq 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE REMARQUES SUR LA DIMINUTION DE LA MER, ET SUR LES ILES DE LA MER DU SUD ; Par EucÈne-MELCHIOR-LOuIs PATRIN, correspondant de la première Classe de l’Institut. Ox a vu dans ce Journal ( cahier de ventose dernier ) un Mémoire ayant pour titre : Conjectures sur les causes de la Diminution des Eaux de la Mer. L'auteur attribue cette di- minution à la décomposition de l’eau par trois agens : 1°. par les végétaux ; 2°. par les animaux ; 3°. par les volcans. J'avois moi-même traité cette matière dans divers écrits, et, notamment dans l’article mer du Nouveau Dictionnaire d'His- toire naturelle. On y verra que je parle de ces trois mêmes agens ; mais je ne donne à la décomposition de l’eau opérée par les animaux et les végétaux, qu'une importance infiniment petite, attendu que j'avois très-bien reconnu que ses eflets sont nuls relativement à la diminution des eaux de la mer. On trouvera dans ce même article toutes les preuves que l'auteur des Conjectures rapporte pour établir , 1°. que l'Océan couvroit jadis les plus hautes montagnes du globe; 2°. que ses eaux se sont abaissées graduellement ; 3°. que leur masse dimi- nue encore chaque jour. Sur ces trois questions j’observerai que l'ancienne élévation de l'Océan au dessus des montagnes étoit assez généralement reconnue ; mais les naturalistes étoient fort divisés sur le point de savoir si son abaissement s'étoit fait tout d’un coup, ou bien à différentes époques, ou s'il s'étoit opéré d'une manière lente et uniforme. Les plus célèbres géologues admettoïent, les uns , une seule retraite subite ; les autres en vouloient plusieurs; quelques- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 uns méme soutenoient que l'Océan étoit remonté à plusieurs reprises sur les terrains qu’il avoit abandonnés. J'ai démontré que la diminution n'avait point été subite, mais graduelle et non interrompue; et j'ai appuyé les preuves tirées de l'observation, d’une preuve de raisonnement, qui établit sans réplique, qu'aujourd'hui mémêples eaux de l'océan éprou- vent une diminution continuelle. En effet si l'on considère que dans les quatre parties du monde, il y a desmilliers de fleuves et de rivières qui ne cessent de rouler dans son sein des amas de galets et de sables qui forment ces vastes attérissemens qu'on voit à toutes leursembouchures, indépendamment du limon qui va former au loin les bancs de vase qui tapissent le fond des mers , on reconnoitra que puisque ces masses étrangères qui ne cessent de combler le bassin d l'Océan, ne font pas refluer ses eaux sur les continens, il faut de toute nécessité qu’une partie de ces mêmes eaux soit disparue et leur ait cédé la place qu'elle occupait. ( J'avois déjà présenté cette considération dans mon Âfst. nat. des Minéraux publiée en 1801 et réimprimée en 1803 ). Cette preuve qui paroît si frappante, avoit tellement échappé aux regards des géologues, qu'ils pensoient unanimement que les eaux de la mer n'éprouvoient plus aucune espèce de dimi- nution. L'auteur des Conjectures a trouvé ma conséquence bonne et l’a adoptée, de même que la diminution graduelle des eaux depuis l'époque où l'Océan couvroit les plus hautes montagnes; et pour donner l'explication de ce phénomène, il a rappelé dans une savante dissertation tout ce qu’on a dit sur la décomposition de l'eau par les végétaux. Mais comme il a judicieusement observé que lorsque toute la surface de la terre étoit couverte d’une couche d’eau de plusieurs milliers de toises de hauteur , il ne pouvoit y avoir ni forêts, ni prairies, ni plantes d'aucune es- pèce pour décomposer cet immense Océan, il a renvoyé l'appli- cation de sa théorie à des temps postérieurs. En attendant, il a recours à l’action vitale des animaux , et il prétend que ce sont les baleines , les cachalots et les autres cétacées qui ont puissamment concouru à la décomposition des eaux de l'Océan, en s'emparant de son hydrogène qui est un des principaux ingrédiens de la graisse huileuse dont ils sont abondaminent pourvus. Cette théorie est très-ingénieuse sans doute, mais ce me Qq2 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE semble , peu solide, car dans ces premiers temps du monde il n'existoit pas plus de cétacées que de forêts; c'est du moins ce que nous attestent les annales de la nature, car l’auteur des Conjectures n'ignore pas que les plus anciennes et en même temps les plus puissantes couches de dépôts marins, que j'ai désignées sous le nom délêz/caire ancien, sont à-peu-près complétement dépourvues de corps organisés; à peine y voit- on de loin en loin deux ou trois petites coquilles. Ce n’est que dans quelques couches très-récentes qu'on trouve des restes de poissons. Mais quand on admettroit pour un moment leur existence dans les temps les plus anciens, il seroit je crois diflicile de prouver qu'ils eussent décomposé l’eau de l’Océan pour s’em- parer de son hydrogène. Quand nous voyons que les baleines engloutissent des milliers de harengs, et que les requins avalent des hommes, il est difficile de se persuader que ces animaux s’engraissent avec l’hydrogène de l’eau décomposée. Au surplus, quand on admettroit cette décomposition de l'eau et de sa conversion en huile de poisson, le système de l’auteur n'en seroit pas plus solide, car pour opérer la diminution de la mer, il faudroit que cette décomposition fût permanente et que les élémens de l’eau fussent convertis en matière non su- jette à se décomposer ; or il est évident qu'il n’en seroit rien, puisqu’à la mort des poissons leur corps se décompose lui-même: une partie de ses élémens demeure dans l’eau , et conséquem- ment n’en diminuetpas le volume : l'hydrogène passe dans l’at- mosphère, où la première commotion électrique le combine avec l’oxigène et reproduit de l’eau; de sorte que ce ne seroit qu'une alternative de modifications et non une perte réelle que l'eau de la mer éprouveroit. L'auteur appelle au secours de sa thèse les coquillages, les litophytes, etc. et il suppose que leur habitation pierreuse est formée des élémens de Veau mais cette supposition paroit gratuite, car le muriate calcaire se trouve abondamment, dit M. Fourcroy , dans tous les lieux où se trouve le muriate de soude et spécialement dans l'eau de la mer ; ainsi pourquoi voudroit-on chercher dans la décomposition de l’eau, une sub- stance qui s’y trouve toute formée. La nature prend toujours la voie la plus courte, ainsi l'on doit bien plutôt admettre que ces animaux marins ne font que s'approprier les molécules calcaires dont ils sont environnés de toutes parts, que de supposer qu'ils doivent très-inutilement en former de nouvelles. Cette terre ’ ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 309 calcaire ne feroit donc que changer de place, et la formation des coquilles et des litophytes ne contribueroit en rien à la di- minution des eaux. Mais au reste n'est-il pas bien plus naturel de penser qu’en dernière analyse, tous les animaux marins, depuis les plus petits jusques aux plus grands, vivent et croissent aux dépens des pro- ductions animales et végétales qui leur viennent des continens, soit par le moyen des rivières , soit de toute autre façon; car da mer est le grand réceptacle où vont aboutir toutes les dé- pouilles de la terre. Parmi les animaux marins, les uns vivent immédiatement de ces débris, et servent eux-mêmes de pâture à d'autres; ainsi, je le répète, tout leur vient des continens; et c'est sans doute la raison pour laquelle la mer n’avoit pas de poissons lorsque les terres n'étoient pas encore sorties de dessous les eaux. N'est- on pas enfin en droit de dire que si les poissons, par leur action vitale, décomposent l'eau, elle ne sert pas plus à les nourrir que l’air que notre respiration décompose ne sert à nous en- graisser. Siles poissons de mer se nourrissoient d’eau décomposée , ils vivroient tout aussi bien dans l'eau douce que dans l’eau de mer; et cependant on sait bien le contraire. Après avoir reconnu que les animaux marins ne contribuent en rien à la diminution de la mer, voyons si les végétaux qui maintenant couvrent la terre produisent eux-mêmes cet eflet. Pour le prouver , l'auteur suppose que le terreau qui résulte de leur décomposition finit par se convertir en terre silicée. Si cela étoit, ce seroit en eflet une métamorphose permanente qui diminueroit la quantité d'eau qui se trouve sur notre globe; mais j observerai d’abord que cette conversion de l’eau en terre pourroit avoir lieu sans que la mer en füt diminuée , puisqu'elle pourroit se faire aux dépens de la seule eau douce qui circule sur les continens ; mais ce quiest plus décisif, c’est que le fait que suppose l'auteur des Conjectures , n'existe pas; c’est une vieille erreur que l'observation a détruite. Sans parler de celles que jai faites moi-même dans mes longs voyages où j'ai eu mille fois occasion de remarquer que le sol végétal des plus antiques forêts et des campagnes couvertes tous les ans de la plus riche végétation, avoit rarement plus d’un pied d'épaisseur, et le plus souvent beaucoup moins ; et que les galets ou la roche qui lui servoient immédiatement de base, ne pouvyoient pas 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE laisser soupconner ce prétendu changement en sable quartzeux : il me suflira, pour faire évanouir cette supposition, de rappeler ce que dit l'illustre Saussure à ce sujet : il nous apprend qu'il a observé une infinité d’endroits , soit dans les montagnes, soit dans les plaines, où la terre végétale repose immédiatement sur le roc, sans que la plus petite couche de sable se trouve inter- posée entre le roc et la terre ; et en parlant des terrains cultivés d'une contrée extrêmement fertile aux environs de Turin , dans une plaine de dix lieues, où la terre végétale repose sur des cailloux roulés, il ajoute: « Le peu d'épaisseur de la couche » de terre végétale que l'on voit dans ces plaines me semble » prouver, qué l’on ne peut pas regarder la quantité de cette » terre comme une mesure du temps qui s'est écoulé depuis » que le pays a commencé À produire des végétaux; car dans » cet espace de dix lieues entre Turin et San-Germano, je ne » lui vis nulle part une épaisseur qui allât à un pied. Or la » petitesse de cette quantité prouve que cette terre est sujette » à une décomposition qui met une limite à son accroisse- » ment; sans cela, comment un pays plat, fertile, cultivé de- » puis plus de trois mille ans, n’en posséderoit-il pas une » couche plus épaisse ( $$ 1318 et 1319 ) ». L'auteur a recours à la £ourbe et au charbon de terre pour prouver que les végétaux forment des matières solides qui pro- viennent de la décomposition de l’eau. Mais d'abord il n’est rien moins que prouvé que les végétaux soient composés des élemens de l’eau; les autres fluides de l'atmosphère peuvent avoir la même destination. A l'égard de la tourbe, comme elle n’est elle-mème qu'un terreau plus ou moins décomposé , elle finira, comme la terre végétale, par se décomposer tout- à-fait. Quant à la houille ou charbon de terre, j'ai suflisam- ment démontré, soit dans mon Hist. nat. des Minéraux, tom. 5, pag. 545, soit dans le nouveau Dictionnaire d Hist. nat, article HouiLzze, que cette substance n'est nullement formée de végétaux , puisqu'on en trouve de puissantes couches au sommet des Alpes et des Cordilières; et comme l’on sup- pose que c’est l'Océan qui a accumulé les végétaux dont on prétend composer le charbon de terre, il auroit fallu que l’O- céan fût au moins à la hauteur des plus hautes montagnes, lors- qu'il y auroit formé ce dépôt , mais alors où est-ce qu'auroient pu croître les végétaux? Je rapporte dans les endroits cités beaucoup d’autres motifs de rejeter cette origine de la houille. Ilest donc bien évident, à tous égards, que ce ne sont ni ET D'HISTOIRE NATURELLE. 512 les animaux, ni les végétaux qui ont pu produire l’abaissement de l'Océan , ni la décomposition de ses eaux ; aussi l'auteur des Conjectures qui n'a pas pu s'empêcher de sentir l’insuflisance complète de ces premiers moyens, a-t-il fini comme j'ai com- mencé, par avoir recours aux V oLcANs qui sont en eflet les vé- ritables agens de la nature dans cette grande opération. Mais par malheur, la manière dont l’auteur les fait agir, rend leur intervention encore plus nulle, s’ilest possible, que celle des corps organisés; ceux-ci du moins sembloient fournir quelque matière solide , au lieu que dans ses volcans il n’y a qu'une sim- ple décomposition de l’eau ; et j'ai déjà observé qu'aussitôt que ses élémens seroient rendus à l'atmosphère, ils ne tarderoient pas à se combiner de nouveau pour former une nouvelle quan- tité d’eau pareille à la première. L'auteur ajoute , ilest vrai, p. 234 que « les feux volcani- » ques ont soulevé le terrein, ouvert d'immenses abfmes , et » qu'une partie des eaux de l'Océan s'y est écoulée, ce qui » aura procuré à son niveau un abaïissement très-sensible ». J'observerai d’abord, que l’auteur fait prodigieusement ré- trograder nos connoïssances , relativement à la formation des montagnes volcaniques, en supposant que les feux souterrains aient soulevé le fond de l'Océan. Tous les géologues savent depuis long-temps que ces montagnes ne se forment point par ce prétendu soulèvement du sol, mais uniquement par l’accu- mulation successive de leurs éjections (1). Le Monte-Nuovo qui s'éleva en 1538 au bord du lac Lucrin, près de Naples, par le seul entassement des matières vomies du sein de la terre pendant l'espace de cinq jours ; le WMonte- Rosso formé de la même manière en 1669 sur la base de l’Etna, dans l’espace de trois mois, ne laissent aucun doute sur la manière dont s'élèvent les montagnes volcaniques; et tous les observateurs ont reconnu que l’Etna lui-méme , ainsi que le Vésuve ne sont formés que de matières accumulées successi- vement, sans aucun déplacement du sol qui leur sert de base. Quant aux cavernes dont parle l'auteur, quoiqu'elles aient été souvent creusées par tous ceux qui ne sayoient que faire (1) Quelques auteurs disent déjection ; mais comme cette expression dé- signe spécialement les selles d'un. malade, elle paroît ici fort déplacée, à moins qu'on ne dise avec l'anglais Blackmore, que les paroxismes de l'Etna sont des accès de colique, suivis d'abondantes déections. 512 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de leur Océan, elles ont été parfaitement comblées par les belles observations de Maskeline et de Cavendish, qui ont dé- montré que la masse totale du globe terrestre avoit une gravité spécifique deux fois pour le moins aussi grande que celle du marbre ; il est donc évident que le globe terrestre, au lieu d'étre caverneux comme. un potiron, doit augmenter de den- sité de la superficie au centre. J'ai d’ailleurs suflisamment prouvé dans ma Théorie des Volcans ( Aist. nat. des Minéraux, tom. F.), que l'existence de ces prétendues cavernes est, de toutes manières invraisemblable, et physiquement impossible. Enfin, comment concilier l’ouverture subite de ces vastes cavernes avec la supposition que fait l'auteur, que la mer en s’yintroduisant aaugmenté l'intensité du feu des volcans, comme l’eau que le forgeron jette sur la houille augmente le feu de sa Forge: N'est-il pas bien évident au contraire, qu’à l'instant où s’ouvriroient les prétendues cavernes volcaniques , les flots de l'Océan s’y engouffreroient avec une telle abondance, une telle impétuosité, qu’elles auroient éteint pour jamais , je ne dis pas le feu d’un volcan, mais tous les feux du ‘Tl'artare. Quant à la décomposition de l’eau par les volcans, de la ma- nière dont l’auteur des Conjecéures la suppose, j'ai déjà fait voir qu'elle seroit encore plus passagère que celle qui peut être opérée par les corps organisés. D'ailleurs la complication du système de l’auteur; cette réu- nion de la décomposition lente des eaux, avec leur chute su- bite dans le sein de la terre, tout cela n’est point selon les voies de la nature : toujours aussi simple dans sa marche que féconde dans ses moyens d’exécution , elle n’a point recours à plusieurs causes pour produire un seul effet; presque toujours au contraire , il résulte d’une cause unique plusieurs effets sa- gement combinés. C’est une considération qui doit invariable- ment servir de règle à quiconque entreprend d'écrire sur la Géologie, j'ai tâché, dans tout ce que j'ai publié sur cette ma- tière, de ne jamais m’écarter de ce guide fidèle. Je crois avoir suflisamment prouvé ci-dessus que les moyens employés par l’auteur des Conjectures , pour expliquer la dimi- nution des eaux de la mer, sont totalement nuls, puisqu'ils ne roulent que sur leur décomposition passagère ; il faut donc de toute nécessité chercher des agens qui, non-seulement décom- posent l’eau, mais encore qui modifient ses élémens de ma- nière à les convertir en substances solides et non sujettes à- une m7 ET DHISTOIRE NATURELLE. 313 une nouvelle décomposition ; c'est ce que j'ai tenté de faire en osant recourir aux Foncrrons onGaxiques du globe terres- ire ; en le considérant, non comme un vil amas de matière inerte ( idée injurieuse à la SAGESSE ÉTERNELLE ), mais comme un corps régulièrement organisé, qui forme un des anneaux de la grande chaîne des êtres. J'ai dit, il y a long-temps, notamment dans ma Théorie des Volcans , publiée au commencement de l’année 1800, et que les étrangers n'ont pas dédaigné de faire passer dans leurs langues , j'ai dit, qu'il existe dans l'écorce du globe terrestre, une pe pres continuelle de divers fluides : que les eaux de la mer sont pompées sans cesse par les schistes primitifs qui composent cette écorce, et dont les couches feuilletées rem- plissent des fonctions analogues à celles des trachées et des vaisseaux dans les corps organisés proprement dits : que ces eaux sont décomposées dans lé sein de ces schistes, par des moyens que j'ai essayé d'exposer dans l'écrit dont je parle : que les élémens de ces eaux diversement modifiés et combinés avec les autres fluides, ont été convertis par l'effet de l'AssimiLaTion MINÉRALE, en substances du règne minéral, de même que par l'action organique des animaux et des végétaux, ils peuvent être convertis en substances animales ou végétales. Ces ma- tières minérales venant à être poussées au dehors par l’action organique du globe, ont formé d’abord ces immenses couches de calcaire ancien, dont le dépôta couvert une grande étendue de la terre , et dont la formation a consommé une bonne partie de l’ancien Océan. C’est par une suite de la même circulation et de la mème action organique , que les émanations rnirerales ont insensiblement changé de caractère , et devenant moins abondantes, mais plus actives par l'influence de l'atmosphère qui chaque jour se trouvoit plus voisine de la partie solide du globe, elles ont pris le caractère de matières volcaniques, mais encore incohérentes; et enfin, lorsque les parties de l'écorce du globe terrestre ( remplissant les fonctions d'organes excré- Loires ) qui les vomissoient, se sont trouvées immédiatement en contact avec l'air, elles ont éprouvé l’incandescence et, la fusion : alors seulement ont paru les /aves. À l'égard. des La- saltes, j'ai fait voir que, quoique sortis des bouches volcani- ques, ils n'ont été formés que d’une matière incohérente dé- posée par les eaux. Toutes les autres couches secondaires ont une origine semblable, et elles doivent leurs divers caractères à la diversité des circonstances de leur formation. Quant aux Tome LX. GERMINAL an 13. Rr 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. corps marins qu'on y trouve disséminés , j'ai fait voir ci-dessus ue la matière calcaire qu'ils contiennent étoit déja toute for- mée dans les eaux de l'Océan; ainsi elle n’a fait que prendre une forme organique, son origine est la même que celle des couches calcaires dépourvues de corps organisés. Ce seroit bien vainement qu’on objecteroit contre ma Théorie, qu'on ne peut pas admettre la conversion des élémens de l’eau en matières terreuses, attendu que la chimie n'est point encore parvenue à opérer ce changement : personne ne conteste à la nature la faculté de former dans les corps organisés des mo- difications qui sont impossibles à tout l’art humain , et qui sont l'effet de l'assimilation ; il ne reste donc autre chose à exami- ner, que cette question: le g/obe terrestre est-il un corps or- ganisé ? Tout me porte à regarder l’aflirmative comme incon- testable ; et cette nouvelle manière de considérer la gtologie ne peut, ce me semble, que répandre un grand jour sur ce qu’elle a de plus obscur, et simplifier les faits qui paroissent les plus embarrassans. Un homme d’un fort bon esprit, qui a très-bien senti la né- cessité d'admettre mon principe, vient de publier un livre in- titulé Clef des Phénomènes de la nature, dans lequel, je l'avoue, cet estimable auteur est allé beaucoup trop loin, en considérant le globe terrestre comme un animal proprement dit. Je me suis bien gardé dénoncer une semblable opinion ; j'ai dit au contraire d’une manière très-expresse, que la terre sans doute étoit un corps organisé, mais que son organisation n’est ni celle d’un animal, nt celle d'un végétal : c’est celle d'un monde. Et comme il n'y a pas de ressemblance entre l'organisation d'un arbre et celle d’un quadrupède ; ( quoique l'une et l’autre soient liées parle fil de l’analogie, dont la na- ture rattache ensemble tous les êtres qui forment son domaine ), de méme les mondes ont une organisation qui les distingue es- sentiellement des animaux et des végétaux ; quoique leurs fonc- tions organiques conservent de TO le avec les fonctions vi= tales de ces derniers. L'une des principales est l’assimilation minérale que j'ai osé professer le premier , et qui explique avec la plus heureuse fa- cilité les principaux phénomènes géologiques, et notamment la formation des mines et des filons, qui jusqu'à présent avoit été couverte d'un voile épais. L'auteur de la C/ef des Phénomènes n'a dit lui-même qu’il ET D'ITSTOIRE NATURELLE.) à 315 avoit été comme frappé d’un trait de lumière en voyant dans mes articles géologiques du Nouveau Dict. d'Hist. nat. avec quelle intime connexité, quelle filiation naturelle, tous les phénomènes que présente le globe terrestre, étoient liés en- semble, au moyen des fonctions organiques que la longue con- templation de ces phénomènes m'a forcé de lui attribuer. Mais, je le répète, l'enthousiasme pour cette doctrine me semble l'a- voir emporté trop loin : restreignons-nous dans de justes bor- nes, et j'ose penser que nous aurons en effet trouvé la véritable clef des phénomènes, et l'unique et solide base d'un système géo- logique raisonnable. ; Iles basses de la Mer du Suds L'auteur des Conjectures, en parlant des coraux et autres z00- phytes auxquels il attribue la décomposition des eaux de la mer, dit, pag. 234, que ce sont eux qui ont construit ces roches cal- caires uniquement composées de leurs débris, de leurs tu- bes , de leurs ramifications , qui, s’élevant des profondeurs de la mer, ont gagné la surface des eaux, et ont formé des îles ( dans la mer du sud ). J'ai fait voir ci-dessus combien étoit gratuite la supposition des effets de cette prétendue décomposition de l'eau par les coquillages et les zoophytes; mais la formation de ces iles qu’on leur attribue, me fournit l'occasion d'éclaircir un fait géolo- gique intéressant, et sur lequel on a bâti divers systèmes qui ne me paroissent point faire connoître leur véritable origine. Ces îles, ilest vrai, n’offrent à l'œil de l'observateur qu'un entassement de productions marines de nature pierreuse, et le naturaliste peut se croire fondé à conclure quelles en sont en- tièrement composées. Cependant, à trayers tous ces coraux, tous ces madrépores , je crois appercevoir un noyau formé d'un cône volcanique , dont il n'y a mème que le sommet qui soit revétu de ces corps marins. J'ose croire que les raisons dont je vais appuyer cette opinion, la rendront pour le moins vraisemblable: on verra que, dans cette hypothèse, tous les faits que présentent ces Îles, toutes les circonstances qui les accompagnent, s'expliquent facile= ment, ce qui ne peut se faire dans tout autre système. Je vais d'abord donner une idée générale de cesiles , en rap- portant littéralement la description qu'en fait le célèbre natu- Br2 316 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE, raliste Forster, compagnon de Cook dans son second voyage. Voici ce que dit ce savant observateur : « Ces //es basses dont » la mer du sud est remplie entre les tropiques, sont de ni- » veau avec les flots dans les parties inférieures, et élevées à » peine d'une verge ou deux ( de trois pieds à une toise } dans » les autres. Leur forme est souvent circulaire : elles renfer- » ment à leur centre un bassin d'eau de mer, et la profon- » deur de l'eau, tout autour des côtes, est incommensura- » ble: les rochers s'élèvent perpendiculairement du fond ». ( Cook, 2e voyag. tom. 1er, page 372. in-8°. ) » Les vastes lagunes qui sont en dedans de ces fles cireu- » laires sont des réservoirs abondans en poissons.....Ætles » sont toutes envrronnées de masses ou rochers de corail ». ( Tom. 5, pag. 185. ) Cook lui-méme , après avoir parlé de quelques-unes de ces îles, dit« qu’il en découvrit une autre qui étoit formée d'une » Ceinture de petites {les jointes ensemble par un récif de ro- ». cher de corail. En général, ajoute-t-il, l'Océan est partout » incommensurable en dehors de la bordure. Tout l’intérieur » est rempli d'eau, et ces golfes serorent d'excellens hävres » si les bätimens pouvoient y aborder...... J'en ai vu un » grand nombre, mais je n'ai pas appercu une seule passe ». ( Tom. 5, pag. 189. ) Ce navigateur, en parlant de l'{/e d’ Amsterdam qui est éle- vée de 60 à 80 pieds au dessus du niveau de la mer, « dit que » cette ile, de méme que toutes les autres fles de cette mer, » est environnée à quelque distance, d'un cordon de rochers » de corail qui les met à l'abri des coups de mer, mais qui en “rend l'approche dangereuse et diflicile ». ( Tom. 2, p. 591.) La même circonstance a lieu dans toutes les autres iles de cette mer, quelle que soit leur élévation au dessus de la surface de l'Océan ; depuis celles qui ne s'élèvent que d’un petit nombre de toises, jusqu à celles dont le sommet se perd dans les nues. Or toutes ces iles hautessontreconnues pour étre totalement formées de matières volcaniques, à l'exception de leur enveloppe de corail. Les plus célèbres, celles de la Société, dont l'ile d'O- tahiti fait partie, sont toutes volcanisées; ainsi que l’atteste M. Banks: « Il nous parut évident, ditil, que ces rochers ainsi que ceux de Madère, avoient été brülés; et de toutes les pierres » qui ont été recueillies à O-tahiti , tln'y en aïpas une seule » qui nevorte des marques incontestables du feu ». Il porte Ë 2T D'HISTOIRE NATURELLE. 317 Je mème jugement sur les autres îles de cet archipel. ( Cook, ler Voyag. tom. 4, pag. 199.) Forster a confirmé cette opinion; en parlant de la /ave de l'ile d’O-taha, il ajoute: « cette lave indique qu'il y a eu » jadis des volcans, je l'avois pensé auparavant, parceque » toutes les fles adjacentes que j avoirs vues offroient des » traces évidentes de l'action d'un feu souterrain ». ( Cook, 2e Voyag. tom. 2, pag. 277. ) Avant ces observations M. de Bougainville avoit déjà prouvé le même fait, par la description aussi élégante que fidelle qu'il donne des montagnes de cette ile : « Quoique les montagnes » d'O-tahiti soient, ditil, d'une grande hauteur, le rocher » n'y montre nulle part son ancienne nudité: tout y est couvert » de bois. A peine en crûmes-nous nos yeux, lorsque nous » découvrimes un pic éhargé d’arbres jusqu'à sa cime isolée » qui s'élevoit au milieu des montagnes. Il ne paroissoit pas » avoir plus de 3o toises de diamètre , et il diminuoit de gros- » seur en montant : on l’eût pris de loin, pour une pyramide » d'une hauteur immense que la main d'un décorateur ha- » bile auroit parée de guirlandes de feuillages ». ( T'om. », pag- 25. ) D'après cette description il étoit impossible de méconnoitre un pic volcanique : tous les naturalistes savent bien qu'il n’y a que cette espèce de montagnes qui puisse offrir et cette figure cônique, et cette fertilité, qui dans tout autre terrain se- roit incompatible avec cette forme escarpée de toutes parts. Tous les antres archipels de l'Océan équatorial présentent des faits semblables ; tous sont composés d'iles entièrement vol- canisées , telles que les Marquises, les Îles Sandwich, les £les des Amis, les grandes Cyclades où nouvelles Hébrides , les Mariannes ; sans parler d'un nombre infini d'autres îles dissé- minées sur tous les points de cette mer, dans l’espace compris entre les tropiques: aussi disois-je dans ma Théorie des Vol- cans : On connoît ces Îles nombreuses de la vaste mer du Sud qui forment une zône volcanique qui accompagne l'équateur dans une étendue de plus de 150 degrés de longitude. Je n’hésitois pas de comprendre dans le nombre de ces iles vol- caniques celles qui n’offrent qu'une enceinte circulaire dont le centre est occupé par un lac: je ne doutois pas que ce ne fus- sent d'anciens volcans. J'observerai que toutes les iles qui ont été reconnues pour 315 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE être incontestablement volcanisées , sont entourées de ces mé- mes récifs de corail que les f/es basses ; j’observerai de plus, que quelques-unes même de ces {/es basses offrent des indices volcaniques non douteux: En parlant de l'ile d'Orakootaïa, Cook dit qu'elle n'a pas plus d'une lieue de tour, et il ajoute : « La rive entre la terre et le récif est d’un sable de corail » blanc; Ja terre s'élève derrière de six à sept pieds seule- » ment, et son sol est une terre rouge et très-légère. Elle est » couverte de cocotiers et d'un grand nombre d'autres végé- » taux », ( Cook, 3e Voyag. tom. 1, pag. 245. ) L'ile d'Anamouka qui fait partie de l'archipel des Amis, en présente un autre exemple : « Cette île, dit Cook, est » un peu plus élevée que les petites qui l'entourent : le rivage » du cûté où ancroient les vaisseaux, est garni de rochers de » corail escarpés et raboteux, de 9 à 10 pieds de haut; ex- » cepté deux petites ances sablonneuses...., Le lac salé qui » est au centre de l'ile a un mille et demi de large, et la » terre s'élève par gradation tout autour ; mais on n’apper- » Çoit pas sa communication avec la mer. Le sol sur les en- » droits élevés est une sorte d'argile rougedtre ou un ter- » reau noir et mal digéré ». ( Cook, 5e Voyag. tom. 1er, page 277: ) Il est aisé de reconnoître à ces caractères la pouzzolane et les sables volcaniques qui composent toujours le bord des cratères, « Au Nordet au N. E. d’'AÆnamouka, dit Cook, la mer » est parsemée de petites îles : celles de Xao et de Toufoa » étoient les plus remarquables par leur grande élévation. » Les îles de cet archipel sont en général de la hauteur » d’Ænamouka : leur diamètre est depuis un demi mille jus- » qu'à 35 ou 4 milles : les rivages sont, ou des rochers es- » carpés, ou des collines rougeätres ». ( Ibid. pag. 280. ) Je ne crois pas qu'on puisse douter que ces co//ines rou- geätres ne soient des produits volcaniques, surtout quand on lit ce que le célèbre navigateur ajoute, que l'ile de Xao n'est qu'un vaste roc d'une figure conique; et que pendant la nuit on vit clairement les flammes du vo/can de Toufoa. N'est-il pas évident que toutes ces îles ont la méme origine, et qu’elles la doivent toutes également aux matières vomies par les feux souterrains. A ces diverses considérations on peut en ajouter une autre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3.9 qui n’est pas la moins importante ; c'est que loutes ces iles sont couvertes des plus beaux arbres, de toutes sortes de vé- gétaux, et qu’elles présentent, dit Cook, l'aspect d’un magni- Jique jardin au milieu de la mer. Toutes ces {les basses sans exception jouissent du même avantage. Or si d'une part le sol volcanique est, de l’aveu de tous les naturalistes, ï plus propre à la végétation, il ne sauroit au contraire y avoir rien de plus stérile qu’un sol uniquement formé de débris de lito- phytes; ainsi que l'a très-bien observé Van-Couver, sur la rive méridionale de la Nouvelle Hollande dans la zerre de Nuyts, par 30 degrés environ de lat. sud, où toutes les circonstances rares à la végétation sont les mêmes que dans les iles; et cependant on n’y voit que la stérilité la plus complète, 77 n'y croit pas même un brin d'herbe. ( Van- Couver, tom. 1er, pag 76.) Ainsi quand nous voyons que toutes ces {les basses, sans exception , sont couvertes de cocotiers et de toutes sortes de végétaux, qui y prospèrent avec la plus grande vigueur, nous sommes bien assurés qu'en creusant à un pied de profondeur on trouveroit un sol volcanique. On voit que le seul archipel des {es des Amis présente la preuve de l'origine volcanique des {les basses, de même que des îles plus élevées, puisqu'on en trouve là de tous les degrés d’élévation au dessus de la mer; depuis celles qui of- frent encore à leur centre le lac formé par la mer qui rem- plit leur cratère, jusqu'à celles qui sont sorties du sein des flots depuis un prodigieux nombre de siècles; et qu’elles ne diffèrent les unes des autres que par l'ancienneté de leur formation. Ce que je dis de cet archipel peut s’appliquer aux autres; et pour s’en former une idée juste, il sufht de jeter les yeux sur la carte de l'ile de Bourbon, où M. Bory-de-Saint-Vincent a figuré les nombreux cratères des volcans de cette île: si l’on se la représente dans les temps où l'Océan, plus élevé qu'aujourd'hui de quelques centaines de toises, la couvroit resqu’en entier et ne laissoit voir au dessus de sa surface que es divers cônes volcaniques plus ou moins élevés dont cette ile est couronnée, chaque cône formera une ile à part, et l’on aura l’un de ces petits archipels d’iles circulaires avec un lac dans leur cratère. Nos neveux au contraire verront dans la suite des siècles, 320 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les iles qui forment aujourd’hui ces petits archipels, se réu- nir par leurs bases, à mesure que l'Océan baissera, et enfin elles n'en feront plus qu'une seule, qui pour lors présentera le même aspect que nous offre nn l'ile de Bourbon. Si l'on demande pourquoi les sommets des îles fort élevées ne sont pas revétus de litophytes comme les fles basses , je répondrai qu'il y a d’abord deux choses à considérer : ou les montagnes de ces îles se sont élevées par l'accumulation des matières rejetées par les volcans, depuis que le cône avoit déjà dépassé la surface de l'Océan, et en ce cas il est évi- dent que ces montagnes formées en plein air, n'ont pas pu être couvertes d'animaux marins : ou bien elles avoient déjà atteint toute l'élévation qu’elles ont aujourd’hui, dans les temps où la mer couvroit encore leur sommet; et dans ce cas il n’a pas pu s’y établir des litophytes, par la raison que cette fa- mille d'animaux n’existoit point encore : on ne trouve leurs dépouilles que dans les couches marines les plus récentes. J'ajouterai à l'égard de ces litophytes ; que leur multiplica- tion n'est pas , il s'en faut bien, aussi rapide que le suppo- sent quelques écrivains ; elle est au contraire excessivement lente, ainsi que l’a si judicieusement observé M. de Fleurieu, l’un des hommes les plus éclairés sur tous les objets qui inté- ressent la navigation; cet illustre savant dit, en parlant de ces amas de coraux et de madrépores, qu'il doit s'y faire un accroissement graduel, mais qu'une longue succession de remps est nécessaire pour que cel accroissement soit rendu serrstble. On ne sauroit en effet douter de l’extrême lenteur de l'ac- croissement de ces litophytes, quand on voit que depuis tant de siècles ils n'aient pas encore pu combler les cratères de ces Îles basses, quoique plusieurs ne soient que d’une étendue fort médiocre. Il se présente, au surplus, une considération bien puissante our écarter la supposilion de l'auteur des Conjectures, qui prétend que ce sont les zoophvies qui ont élevé ces îles, des profondeurs de la mer jusqu'à la surface des eaux. Le sa- vant observateur Péron a reconnu, 1°. que ces zoophytes ne vivent que dans les climats les plus chauds, et que parconsé- quent leur organisation exige une température élevée; 2°., il a reconnu par des expériences aussi ingénieuses que multi- pliées, que la température de Ja mer baisse de plus en plus à mesure d ET D'HISTOIRE NATURELLE. 391 mesure qu'on y fait descendre le thermomètre, et que dans les grandes profondeurs, elle se trouve au dessous du terme de la congélation, même sous la zône torride. ( Mém. sur la Température de la Mer, Résultats, n° 15 ). Il est donc impos- sible que ce soient ces zoophytes qui aient posé les bases de ces îles dans le fond des mers, et qui en aient élevé l'e- difice jusqu'à leur surface : je le répète, ils n'ont fait qu’en revêtir le sommet. J'ajouterai que dans les couches de zoophytes fossiles qu'on trouve dans les continens, rien n’annonce qu'ils eussent l'ins- tinct miraculeux d'élever des espèces de tours d'un ou deux milliers de toises de hauteur, terminées par un sommet con- cave. L'on conviendra sans doute qu’un volcan est plus prepre à cette opération, qu'une société de zoophytes. La forme singulière de ces îles, ainsi que leur multitude, et leur peu d'étendue avoient été remarquées depuis long- temps. Le Président de Brosses, dans son Æistoire des Navi- prRtel aux Terres australes qui parut en 1756, dit, d’après es anciennes relations des navigateurs dans la mer du sud : « Ilest surprenant qu'au centre même d’une si vaste plage d’eau, » il se trouve un si grand nombre d'îles, presque toutes pe- » Lites..... De plus, on en voit quantité qui sont noyées » dans le milieu, et qui ne sortent de la mer que par leurs » bords élevés en circuit comme autant de chaussées ». J'ai dit ci-dessus, qu'en admettant l’origine vo/canique de ces îles, on trouvera facilement l’explication de tous les faits qu'elles présentent : l’un des plus remarquables est ce vide qu'on observe constamment entre l'enceinte de corail et le corps de l'ile auquel cette enceinte sert comme de rempart, et qui se rencontre même quelquefois autour des îles dont le cratère forme un lac, comme on le voit dans l'ile d'Æramouka, qui présente deux enceintes concentriques : celle du récif de corail à l'extérieur , et en dedans, celle qui environne le cratère. L'espace qui est entre l'enceinte de corail et le corps des Îles, est aujourd'hui rempli par l’eau de la mer et forme des hävres fort étroits mais très sûrs, quand on peut trouver quel- “5 ouverture dans le récif pour y entrer. Queile est la cause e cet espace vide ? Je crois que la voici. J'ai fait voir dans ma Théorie des Volcans et ailleurs, que les volcans, lorsqu'ils étoient encore soumarins, n’avoient ja- mais pu vomir nilaves ni autres matières solides, mais seu- Tome LA. GERMINAL an 13, 53 .322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lement des matières incohérentes telles que les pouzzolanes, les cendres, etc: Or, pendant tout le temps où les cônes vol- caniques qui forment nos îles, se sont trouvés recouverts d'une masse d'eau assez élevée pour les mettre à l'abri de l'agitation violente des flots qui ne s'étend jamais au-delà de 15 à 20 brasses au dessous de la surface, les zoophytes qui peuvent vivre à une profondeur à-peu-près double, mais guère au- delà, se sont établis sur le sommet de ces cônes et en ont tapissé le pourtour d'une enveloppe plus ou moins épaisse. Lorsqu’ensuite la mer, par sa diminution graduelle, n'a plus surpassé que de quelques toises ces mêmes sommets, l'agita- tion des flots s’est fait sentir jusque sur les flancs du cône où reposoit l'enceinte des coraux. Alors les matières incohérentes: du-cône , ébranlées par ce choc, se sont détachées et ont roulé vers sa base. À mesure que l'Océan s’abaissoit de plus en plus, la dégradation du cône volcanique alloit en augmentant; de sorte que les matières qui formoient la partie extérieure du cratère étant descendues au fond de la mer, l'enveloppe de coraux qui les avoit couvertes, se trouvant sans appui, et dans le cas d'une voûte trop surbaissée, s’est écroulée par son pro- pre poids, et ses débris sont tombés au fond du vide qui s’étoit formé entre l’enceinte de coraux et le corps de la montagne. C’est ce vide qui forme aujourd'hui les lagunes et les hävres, d’où la sonde ne rapporte en effet que des débris de coraux plus ou moins réduits en sable. Quant à l’enceinte verticale, elle s’est mieux soutenue, parce-: qu'elle avoit toujours un point d'appui à sa base; et lorsqu'elle est venue à s’affaisser, comme elle n’a pu le faire sans éprouver l’écartement que nécessite la forme du cône qui lui sert de noyau, il s’est fait dans toute sa hauteur des ruptures nettes et verticales qui ont fait détacher des portions plus ou moins étendues de cette enceinte, et, ont fourni, par ce moyen, une entrée dans les lagunes. Cette rupture verticale des récifs est. un fait qu'on observe constamment, suivant le témoignage de Cook, qui s'exprime ainsi: « La coupure des récifs qui forme » le canal qui conduit dans les häâvres d'O-taha ( île voisine » d'O-tahiti ) est escarpée des deux côtés, ainsi que toutes » les autres ouvertures qu'on rencontre dans les rochers qui » bordent ces tles ». ( Cook, 1er Voyag. tom. V, pag. 56. ) Il me semble que l'explication simple et naturelle de ces faits; remarquables, ajoute une nouvelle force aux autres preuves, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 Les diverses considérations que j'ai présentées en faveur de l'origine volcanique des petites iles de la mer du sud, me sem- blent porter les caractères de l'évidence ; maïs je sais qu'il est si facile de se prévenir, malgré qu'on en ait, en faveur de ses idées, que je m'estimerai fort heureux qu'on leur trouve les caractères de la probabilité. Pour suppléer à ce que je n’ai pu développer dans ce Mé- moire, on pourra consulter, soit mon Âist. Nat. des Miné- raux, soit mes divers Articles géologiques dans le Nouveau Dict. d’Hist. nat. notamment les articles Æ/ssimilation miné- rale, Géologie, Montagnes, Mer, Filons, Volcans, Houille, Basalte , etc. ‘etc. EE ERRAT U M. Dans le Cahier de pluviose, pag. 169, j'ai cité parmi les angles du Mellite un angle de 121 ef plus : je n’avois pas moi- même pris la mesure de cet angle; la personne qui avoit eu la complaisance de le mesurer pour moi, na observé que ce n’étoit pas l'angle d'incidence de deux faces adjacentes d’une des deux pyramides de l'octaèdre, mais celui formé par une face de pyramide et une facette de troncature sur un des angles de la base. Je m'empresse de relever l'erreur. J. P. Dausursson. Ss 2 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES VENTOSE an XIIT, Par BOUVARD, THERMOMÈTRE. à BAROMETRE. Ps. “D NS = | | Maximum. | Mirnsmwm. |4a Mit. Maximum. Miniuvu. AaMro1r. [M 0 | f, rfamidi + 22àa7m. — 0,9 — 224à49s....... 28. 0,52|28. 1,65] 2fhois. + 75à8m +2! + 6,9 à Gimete: 25. 11,40|25. 0,60! 37m. + 85àaots. +45] +75à9%s. :20: 0,27| 27 - 11,05] 4h 3is + 78a0ts. + ol + 77,93 s.....28. 3,7 1,65|2B. 2,32 Slazts. + 88à9:s + 6,2| + 6,747: m..... 5. 11,20|28. 2,32] éla 2s. + 8.6 61m. + 45| + 7,9, 9 35.....2 11,96| 28. o.41f 4 7h81s. + 8,6à7m + 5,3| + 8,4,à PÉCELSS 0,31[20. 1,0ô] Bfazis. + 93à7im. + 5,5] + 9,2/à93s...... 9,40|27- 9,58] gù3s + 82h81. + 4,4] + 7,48 d m...... 8,00/27. 0,16p1 rofà midi ++ 5,3là 95. + 2,2] + 530 PA RE 788127. 8,16] nlazs. + 5,7là 61 m. + 2,3| + 5,0 9 3 s..... 10,92|26. o,47/) polaos. + 7,11 64m. + 16| + 6,2à mudi....… 2,31128. 3,151! 13/1 midi æiolà7m. + 5,5| + 9,419 s....... 2,26|28. 2,77 14fà midi + 94 a8m. + 7,6| + 9,4%063:m..... 1,02|28. 1,054 15lh midi + 7,011624 m. + 2,3| + 7,6jà 10 s...... o,t0|28. 1,35] 16|à 45. + 8,9 à10s. —- 2,0] + 6,1 à Gi m 1,68|26. 2,36 vrlanidi + 3,4là 6 £m. — 1,9] + 2,644 2 m......28. 11,37|26. o,88l 18lù 325. + 1,8[à6 1 m. — 26 Lu 1,85à 9 +5... 6,80|27. 8,00 1gf1 midi 1,6|à 7 £ m,. + 1,2 3oià 10 s...... 6,19|27. 7,02 se à midi ne 10,1 se m. + 3o| —ro,rfà midi...., ie 26. 74 21/à 25. Jr 5 à Gim. + 3o| +12,5, à midi..... 2,61|28. 3,15 20125 bi30là 6m. “+ 1,9] +12;,1 à 6m......28. 2,10|/28. 3,50 23lh2s. “+142 6m. + 2,6 +13,55à 10 à s 10,43|27.11,85 241135. + 9,ofù10%s. + 5,4| +7 6kà 42s..... 10,89 27.113 sl 25 25 +ro,olà 6m. + 2,2| + 8 Boire se: SOS T 0,45] 28. 0,35], L 26fhas. “+128 43m. + 1,0) + 9,2 à 95s. - 9:95 97 11,51 À; a7fa2s. +i4,2à6m. + 6,7, +11,6jà midi .... .10,08|27.11,44| 28[à midi + go)à cé m. + 6,3| + 9.ëjà - nr... 1,40] 28. 1,75] 29]à 2s. 10,8 m. + 6,8| -H10,6fà 7 + 5..... 0,56|28. 0,921 30! midi + 6, si ee ‘m. + 1, + 8,2 FRA sjeiafoials .11,75|28. 0,06] RECAPITULATION. rande élévation du mercure. Plus ..28. 3,75le 4à9hs. Moindre élévation du mercure..... Élévation moyenne 27.6,19 le 19 à 7 + m. : 1800 27.10,97. Plus grand degré de chaleur...... +14,2le23 à 2h.s. Moindre degré de chaleur........ — 2,6le 18 à 62m. Chaleur moyenne...... .… + 5,8 Nombre de jours beaux... 11 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois 0",03066 = de grêle 1 pouce 1 Ligne, #4 A L'OBSERVATOIRE IMPERIAL DE PARIS, … Astronome. | ES EE à 7 d Hire. POINTS VARIATIONS FE = VENTS. ! à 19 7 [à midi. LUNAIRES. DE LATMOSPHÈRE. | # 1| 65,0 | S-E. | Gelée blanche; ciel nuageux , trouble et couvert. Ë 2| 95,0 | S.S-E. |Dernier Quart! Brouillard ; temps pluvieux et humide. 3| 93,0 | S.S-O. |Apogée: Même temps, même circonstances. 41 78,0 | O.fort. Ciel nuageux tout le jour. 5| 86,0 | O,S-0. Ciel couvert; pluie abondante vers le soir. 6| 78,0 | O.fort Beaucoup d’éclaircis tout le jour. 7| 86,5 | O. Ciel couvert; petite pluie par interv. &| 95,0 | S.tr.-fort. Neige fondue; pluie une partie du jour, 9| 92,5 | O. fort. Pluie; ciel couvert. ro] 73,5.| O:id. Nouvelle Lune.! Pluie par interv.; averse grêle et grésil. z1| 70,5 | O.ia. Equin,ascen, | Même temps, même circonst. P12] 75,5 | O. NO. Ciel très-nuageux. 113] 90,5 | O.S-O Temps brumeux et humide; pluie abondante, 14| 82,0 | O.:S-O.f. Averses par interv. ; beaucoup d'éclaircis. 12, 78,0 | O. foible. Léger brouillard; ciel vaporeux et trouble, 16) 54,5 | N.N-E. |Périgée. Temps brumeux et humide; pluie fine le matin, 17). 74,0 | E. Prem, Quart | Ciel vaporeux et trouble; forte gelée blanche, 18| 580 | E. Ciel nuagenx tout le jour. 19| £o:0 | IN-E. foib. Leger brouillard; ciel couvert par interv. 20| 88,0 | S-O. Temps brumeux et humide; petite pluie par interv. | 21| 74,5 | S.S-E.f. Ciel très-nuageux tout le jour. 22| "76,0 | S.S-E. Ciel vaporeux et trouble. 23| 67,0 | S.SE. Ciel couvert par interv. 24] 78,0 | S-O. P.L.Eg- desc | Ciel très-couvert; pluie fine une partie du jour. 25] 75,0 | N-O. Brouillard ; ciel nuageux tout le jour. 26| 73,0 | E.S-E. Forte gelée blanche; assez beau ciel par interv. 27| 78,51|S. Brouillard ; quelques gouttes d'eau, ciel légérement couv. 28| 81,0 | N. N-E. Pluie fine par interv.; ciel couvert. 29] 900 | N. fort. Temps brumeux et humide ; pluie fine le soir. A3] 78,5 | N.:N-E. Léger brouillard; quelques gouttes d'eau par interv. RECAPITULATION. de couverts...... 20 de pluie...:..... 16 de ÉVENT ere 36 de gelée. .:..:::. 3 de tonnerre...... de brouillard... 9 depneige.-..":. 2 Geigreleeet che Jours dont le vent a souffté du + deretelle ne etre + 4 4 C1 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ST NOUVELLES LITTÉRAIRES. Traité élémentaire d' Astronomie physique, par M. J. B. Biot, membre de l’Institut, etc. Ouvrage destiné à l’enseigne- ment dans les Lycées et autres écoles nationales. Un Traité d'Astronomie à l’usage des Lycées, c’est-à-dire fait pour l'instruction de la généralité des citoyens , ne pou- voit être destiné à faire des astronomes : il devoit présenter d'une manière simple et facile les résultats des observations des astronomes : il devoit lier ces résultats les uns aux autres de manière que l'élève, en partant des faits les plus à sa portée et les plus frappans , l’élevät graduellement jusqu’à la connois- sance complète des phénomènes du système planétaire, et fina- lement jusqu'au résultat général qu'on en a tiré. C’est ce qui a été exécuté avec beaucoup de succès dans l'ouvrage que nous annonçons. L'auteur a exposé dans cet ouvrage tous les grands résultats que les astronomes et les mathématiciens. ont tirés de leurs observations et de leurs calculs; et il l’a fait de manière à ce que ces résultats pussent être parfaitement compris par les jeunes élèves à l'instruction desquels son traité est destiné. La marche qu’il a suivie est la plus naturelle ; il ne suppose rien: il place sur le globe terrestre un élève dénué de toute connoiïssance préliminaire ; il lui fait observer d'abord ce globe, ensuite les corps célestes qui le frappent le plus, le soleil et la lune, et successivement les autres : en le conduisant graduellement d’ob- servation en observation, et de raisonnement en raisonnement, il le mène à trouver, comme de lui-même, les lois auxquelles le système planétaire est soumis, et enfin le principe de la pe- santeur universelle qui semble tout régir et peut être regardé comme la cause de tout. Peut-être fera-t-on quelques objec- tions contre cette marche de l’auteur; mais il n'en est pas moins vrai que c'est celle qui montre le mieux la marche de l'esprit humain en astronomie ; que c'est celle que l'élève auroit suivie, si, placé sur la terre, il eût lui-même, à force d’obser- vations et de raisonnemens, découvert tous les phénomènes du système du monde; que c'est la plus propre à porter une conviction intime dans lesprit. C'est en se rappelant la filia- tion des observations et des raisonnemens dans l’ordre où M. Bios a: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 les a présentés, que l’on sent de nouveau toute la vérité et toute la solidité de nos connoissances en astronomie. Quant à la manière dont les divers objets sont traités dans l'ouvrage que nous annonçons ; je me contenterai de dire que l’auteur est un savant, un mathématicien distingué, qui, quit- tant pour un instant l'appareil et le formulaire de sa science, pour parler le langage vulgaire et se mettre à la portée des jeunes gens dépourvus de connoïssances: préliminaires, ne perd rien de l'exactitude de: ses raisonnéemens, et de la rigueur de ses preuves. Que l’auteur parle de faits astronomiques, qu'il traite de quelques points de physique qui ont rapport à son objet, tout est mis à sa vraie place. Ce qui est démontré es seul donné comme certain; ce qui n'est fondé que sur quelques analogies, sur des vraisemblances, est seulement donné conime simplement probable, ou comme pouvant étre, et l'on ne voit oint l’auteur attacher une importance déplacée à de simples EE botees , ou manière. de voir certains objets : cette manière franche de procéder dans les sciences physiques, est la seule qui peut en reculer les bornes. C’est une preuve certaine de la solidité du jugement d'un auteur; on devroit la trouver par- tout, mais elle est indispensable dans un livre destiné à étre mis entre les mains des jeunes. gens, et qui doit concourir à former leur jugement. Les raisonnemens sont toujours bien suivis et bien liés les uns aux autres dans l’ouvrage de M. Biot: Je style en est très-clair, et de distance en distance on voit l'élégance percer à travers la simplicité du fond. Les professeurs chargés de l'enseignement de l'astronomie- dans les Lycées, n'étant pas, pour la. plupart, astronomes, manquoient de texte pour leurs leçons: il étoit difficile de leur en procurer un qui leur füt plus convenable que le Traité de M. Biot: d'un autre côté on ne sauroit mettre entre les mains des élèves un meilleur modèle de la manière dont ils doivent raisonner et écrire sur des objets scientifiques. Traité du Blanchissage domestique à la Vapeur, précédé d'une Instruction populaire; Ouvrage dans lequel on. démontre, les avantages du blanchissage à la vapeur , par la comparaison des dépenses qu'il occasionne avec celles qu’exige le blanchis- sage par le couler de [a lessive et du temps que l’un et l’autre emploient; et au moyen duquel on peut facilement appliquer le procédé de la vapeur au blanchissage domestique tant du linge de corps, de table et de cuisine, que du linge fin; et se pro- 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, curer une grande économie de temps, de bois et de tous les autres frais d’une lessive ; conserver plus long-temps son linge, et lui donner une blancheur plus pure et supérieure à celle qu on obtient par le procédé usité. Par Antoine-Alexis Cadet de-Vaux, membre de la Société impériale d’agriculture de la Seine; des Sociétés d'agriculture de Seine et Oise, du Doubs, du Gers, Roanne, etc. Académique des Sciences , Philantropique , Gal- vanique, de Médecine, etc. , etc. Se vend au Bureau du Jour- nal d'Economie rurale et domestique, rue de Grenelle , fau- bourg Saint Germain, n° 321, en face de la rue des Saints-Pères. Un volume in-12, avec une planche gravée , représentant l’'Ap- pareil du blanchissage à la vapeur, Prix, 1 franc 50 centimes; 2 francs franc de port par la poste. Chaptal a fait connoître en France le blanchiment à la vapeur, qui est pratiqué depuis long-temps dans l'Orient. L'auteur de cet Ouvrage qui cherche à propager les découvertes utiles, y donne les moyens d'employer ce blanchiment de la manière la plus sûre et la plus économique, 2 TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Analyse de la Magnésie de Baudissero; par Giobert. pag. 249 Mémoire sur la mesure des hauteurs à l’aide du Baro- mètre; par Ramond. 264 ‘Observations relatives à différens mémoires de Proust in- sérés dans le LIXe vol. du Journal de Physique; par C. Z. Berthollet. 284 Recherches sur la déliquescence, ou l'efflorescence des sels; par C.-L. Cadet. 294! Mémoire sur un procédé pour teindre en bleu solide, dit bon teint, la laïne en suin; par Barthélemi Favier. 297 Rernarques sur la diminution de la mer, et sur les iles du sud; par Eugène-Melchior-Louis Patrin, à Scé Observations météorologiques. 324 Nouvelles littéraires. 326 mm JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. FLORÉAL an XIII. SUITE DES OBSERVATIONS SUR LE TABLEAU DE LA CLASSIFICATION DES MINÉRAUX, D'APRÈS WERNER; Pa M D'AUBUISSON. — Le point le plus délicat de la classification minéralopique est la détermination des espèces. Cet objet a occupé et occupe ‘ encore des savans trop distingués pour que je hazarde, devant le public, aucune réflexion à ce sujet. Je me contenterai, pour donner une idée de la manière dont Werner procède à cet égard, d'extraire des Mémoires de cet auteur , "tous les passages relatifs à la formation des espèces : ils montreront jusqu’à quel point il est allé prendre ses données pour cette détermination, - dans la nature intime du minéral, et combien sont peu fondés Les reproches qu'on lui a souvent faits, de ne tirer ses caractères Tome LX, FLORÉAL an 15. LE 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE spécifiques que des simples apparences de l'aspect extérieur (Gi). Malheureusement ses écrits sont en très-petit nombre : ce savant a une répugnance à écrire que des considérations ma- jeures ne peuvent souvent l’engager à vaincre. Je ne connois de lui, sur les minéraux, que quatre ou cinq Mémoires insérés dans les premiers numéros du Journal des Mines allemand (Berg- mænnisches Journal ), ouvrage entrepris en partie à son ins- tigation. Ces Mémoires, dans lesquels l'auteur montre la pro- fondeur de ses connoissances sur les minéraux, et où l’on sent la main du maître, pour me servir de l'expression d'un de ses antagonistes ( Estner ), sont bien faits pour nous faire re- gretter qu'il ne nous en ait pas laissé de pareils sur tous les minéraux dont on lui doit, en tout ou en partie, la détermi- nation. C’est sur .de pareils ouvrages qu'on peut le juger, et non d'après des cahiers publiés contreson gré et écrits à la hâte dans un cours qu'il fait sans prétention, sans apprêt, et dont l'unique but est d'apprendre à connoître les minéraux à des jeunes gens qui doivent étre occupés toute leur vie de l'ex- ploitation et du traitement de ces substances (2). (Je vais traduire le plus exactement possible, sans me per- mettre le moindre changement et la moindre modification Je n’écrirai en caraclères italiques que ce qui l'est dans les Mé- moires originaux ). Journal des Mines ( Bergmænnisches Journal ), premier Cahier, avril 1788. Histoire, Caractéristique, et courte re- cherche chimique sur l'apatite. « Lorsquen 1775, je fus » nommé Inspecteur du Cabinet de Minéralogie de l’Acadé- » mie des Mines, j'y trouvai parmi les spaths fluors deux _ em (:) Werner avertit expressément , dans son Mémoire même sur les Ca- racteres extérieurs, qu'on ne doit pas se servir de ces caractères pour éta- blir une division systématique des minéraux, mais seulement pour en faire le signalement (Brochant, tom 1, pag. 5) : et dans ce même Mé- moire ( fait en 1773 et à l’âge de 22 ans) 6 10, il établit de la ma- nière la plus positive que les espèces doivent être basées sur la compo- sition des minéraux. Si dans l'application , d° a eu très-souvent recours à d'autres données qu'à celles de la composition , il le devoit faire; car il y a ne multitude de substances minérales dont on ne counoît pas encore la £omposition d’une manière positive, elc. elc. (2) Voyez la note 4 la fin du Mémoire, 1 - Ÿ Ÿ ET D'HISTOINE NATURELLE, 33% échantillons avec de petits cristaux, qui étoient des prismes Leæaëdres courts, etc. ; ils avoient été nommés par mon pré- décesseur, le Pergmeister Lommer, l’un fluor aigue-marine, et l’autre fluor chrisolithe; is étoient marqués comme ve- nant d'Ehrenfriedersdorf. Leur cristallisation qui n'avoit rien de commun avec les formes connues du spath fluor , et n’avoi pas le moindre rapport avec elles, me fit douter qu’ils appar- tinssent à cette substance. ... Je pensai qu'ils pourroient bien être le même minéral que celui dont M de Pabst-Obaim mon- troit un bel échantillon, commeune véritable aigue-marine.. . J'aurois bien desiré soumettre ce minéral à quelques essais chimiques, pour mieux connoître sa nature, mais les deux cristaux de l’Académie étoient regardés comme des rare- tés..... En 1780, je fis un voyage à Ehrenfriedersdorff, j'en rapportai quelques cristaux et fis les essais suivans. » L'apatite ne fond pas au chalumeau, elle y perd un peu de sa couleur et de sa transparence. Répandue sur les char- bons ardens, elle donne une forte phosphorescence de lueur verdâtre, qui disparoit lorsqu'on continue d'augmenter la chaleur. » Elle se dissout entièrement et peu à peu dans l'acide ni- trique (1): mais sans la moindre effervescence et sans le co- lorer. En versant, dans la dissolution, de l'acide sulfurique goutte à goutte, on précipite bientit et entièrement la partie terreuse : elle se dépose en petits cristaux blancs aciculaires, qui ont entiérement l'apparence des cristaux de gypse. Si on conduit la précipitation avec quelque soin, de manière à ce que les cristaux soient plus gros, on peut distinguer le prisme hexaèdre particulier au gypse. Ainsi la chaux est bien décidément la partie constituante principale de cette espèce de pierre. Mais comme de la chaux pure ne cristallise pas, et même en général ne se trouve et ne peut se trouver nulle part dans le règne minéral, il faut nécessairement que, dans les cristaux d'apatite, elle soit combinée avec un acide. Ce ne peut être l’acide carbonique, vu le défaut absolu d’effer- vescence pendant la dissolution. L'’acide sulfurique auroit donné un véritable gypse, et n’auroit pas cédé à l'acide ni- (1) Je réclame ici l'indulgence des chimistes : ces essais ont été faits il y a vingt-cinq ans, et par une personne qui n’avoit pas fait de la chimie son étude particulière. Tta 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » trique. L'acide muriatique forme avec la chaux un sel s0: » luble ; et l'acide fluorique forme du spath fluor : l’apatite dif » fère très-considérablement de ces deux substances. Ce ne » peut étre aucun des acides métalliques connus ; car ces » acides , le tungstique par exemple, font avec la chaux » des corps fort pesans. Il ne reste donc que l'acide phos- » phorijue, qu’on peut souçonner dans ces cristaux, et qu'on » peut y soupçonner, à ce qu'il me paroïit, avec une grande » vraisemblance : car, ainsi qu’on le sait, cet acide existe réel- » lement dans le règne minéral, par exemple dans la mine de » plomb verte; de plus il semble se déceler ici par la forte phos- » phorescence de l'apatite sur les charbons : un éclat plus dense, » une plus grande dureté , et une plus grande pesanteur que dans » le carbonate de chaux me confirment dans ce soupçon; enfin » l'acide phosphorique est un de ceux qni, dans les combinai- » sons lerreuses, cèdent à l'acide nitrique. J’ai encore une rai- » son qui me porte à ce soupçon. et que je ne puis passer sous » silence, c’est que /a mine de plomb verte cristallise aussé » en prismes hexaëdres , et en partie tron ués sur toutes les » arétes (1). Peut-être découvrirons-nous, avec le temps, » quelques rapports entre certaines formes cristal'ines et cer- » taines compositions ou parties constituantes, notamment les » acides? .... J'admets comme presque certaine la présence » de l'acide phosphorique dans l’apatite. » D'après cela, je fis une espèce particulière de ce minéral, » auquel j'assignai de suite une place dans le genre calcaire, » et je lui donnai le nom d’apatite ; parceque jusqu'ici 1l avoit » trompé tous les minéralogistes dans sa détermination..... ». Voilà un minéral qui avoit été jusqu'alors méconnu, fausse ment nommé et classé. C’est Werner qui en a déterminé la nature , qui l’a érigé en espèce , et qui lui a assigrié sa vraie place. J'en appèle aux chimistes méme, ne s'est-il servi dans cette détermination que des caractères vagues de l'aspect ? N'a-t-it vu dans lapatite quesce qu'on vent appeler d'une manière dé- risoire les caracères extérieurs (2), de simples zuances de cou- PE TS (3) Les formes secondaires du plomb phosphaté ont une bien grande ressemblance avec celles de la chaux phosphatée. Je n'ose rien dire reläti= yement à leurs formes primitives. {2) Parmi ses caractères extérieurs, Werner compte la dureté, la pe- sarieur , \es formes cristallines, et mème jusqu'à un certain point le frme des mo'écules ; en un mot tout ce qu'on désigne en France sous le nom de caractères physiques (électricité et le magnétisme exceptés ). « ET D'HISTOIRE NATURELLE. 333 Zeur ? N’a-t-il pas fait, pour déterminer sa nature, tout ce qu’on pouvoit espérer de celui dont la chimie n’est pas l'occupation principale ? Le raisonnement par lequel il l’a conclue n'est-il pas des plus exacts? Et le célèbre Klaproth, en retirant ensuite la chaux et l'acide phosphorique de ce minéral, n’a-til pas montré combien le soupcon de Werner étoit fondé (1) ? Desc iption de la Préhnite, Cahier de Janvier 1790...... « En 1783, on porta à Freyberg un minéral sous la dénomi- > nation de cL:isoprase du Cap : comme l'échantillon étoit d'un » prix exorbitant, je n’en pus faire l'acquisition. En l'exami- » naüt, je lui trouvai, dans sa cristallisalion ( autant que je la » pus distinguer ), et particulièrement dans une sorte d'éclat qui » luiétoit propre, ainsi que dans son #ssu, quelque ressemblance » avec la zéolithe : mais d'un autre côté, il en différoit consi- » dérablement par sa couleur, sa dureté et sa pesanteur. Le » propriétaire de l'échantillon me permit en outre de faire » quelques petits essais, et induit par sa ressemblance avec » la zéolithe , je le soumis aux deux essais chimiques qui » sont si caractéristiques pour ce dernier minéral: je trouvai » bientôt qu'#/ se boursou/flloit très-fortement au chalumeau , > et même encore plus que la zéolithe, maïs il ne donxoit pas » de gelée dans l'acide sulfurique. Le premier de ces essais me » montra encore plus son rapport avec la zéolithe: et le se- » cond, conjointement avec les trois caractères cités plus haut, » me fit reconnoître sa d/ffé ence spécifique. Je [us dès-lors » porté à le considérer comme une espèce particulière : je » le plaçai dans le genre siliceux zmmédiatement à côté, mais » avant la zéolthe, et je lui donnaiï un nom suffisamment » distinct ».... Werner dit, dans la suite de ce Memoire, que ce ne fut que l’année suivante ( 1784 ) qu'il reçnt la cristallo- graphie de Romé-de-l'Isle, dans laquelle il vit que ce minéra- (1) Ce fut deux mois après, dans le cahier de juin du même Journal, ue Klaproth publia son travail. Après avoir dit combien le Mémoire de Verner sur l’apatite avoit été agréablement reçu par le pubhe , ce chimiste ajoute: « D'après les essais fait. par Werner, on a vu que Ja chaux étoit » la partie constituante principale des cristaux d'apatite, et ce minéralo- » giste soupçonna, d'après quelques molits vraisemblables, que cette base » étoit combinée avec l'acide phosphorique. J'ai maintenant constaté, par l’analyse chimique, que läcide phosphorique soupçonné par Werner À dans l’apatite, est réellement une des parties constituantes de ce minéral ». f 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE logiste avoit connu cette substance , tant celle du Cap que celle du Dauphiné, long-temps avant lui, mais Romé l'avoit placée parmi les schorls où gemmes du second ordre, C’est encore Werner qui a déterminé cette espèce, et il l'a fait, comme on vient de le voir par le concours des caractères chimiques et physiques. Description de l& Chrisolithe, Cahier de Juillet 1790. Wer- ner répondant à une inculpation de M. de Born, qui lui repro- choit d’avoir séparé la chrisoberil d’avec le chrisolithe dit : « J'ai » séparé le chrisoberil d'avec la chrisolithe et j'en ai fait une » espèce particulière : j'ai été décidé à ce changement non- » Seulement par une différence sensible dans la couleur, mais » encore! par la différence de la eristallisation , par un aspect » de surface qui lui est propre (1), par un éclat particulier , » par sa moindre translucidité, et principalement par sa » grande dureté et sa pesanteur spécifique considérablement plus grande (2). » Je prie le lecteur de remarquer le mot Principalement dans la phrase précédente, il le mettra à même de voir quels sont les caractères physiques auxquels Werner a eu le plus d'égard dans la détermination de cette espèce. Dans ce même Mémoire, l’auteur, faisant l’énumération des substances avec lesquelles on a confondu la chrisolithe, dit: « Et même ce minéralogiste français plein de sagacité à qui » nous devons l’excellente cristallographie, M. Romé-de-l'Isle, » n’a pas connu la vraie chrisolithe ; sous son nom il a décrit » des cristaux venant d'Espagne, d'un verd d’asperge, et qui » appartiennent à une espèce particulière encore indéterminée »* CS A DD EE DE IL QG) C'est ce même aspect qui a porté M. Haüy à changer le nom de chrisoberil en celui de cyr1ophane qui veut dire lumière flottante. y CA (2) Werner dit, dans une note de ce Mémoire, qu'il a pris la pesanteur spé- cifique de dix échantillons de chrisolithe tant polis que bruts, et que cette pe- Santeur va de 3,340 à 3,410 : il porte celle du chrisoberil, à 3,698 — 3,719. Je saisirai cette occasion de faire remarquer que si Werner dans ses cours, emploie les termes de {g2r, pesant, médiocrement pesant, etc., c'est qu'il le trouve plus commode pour une description faite verbalement ; et qu'il a précédemment précisé le sens qu'il attachoit à ces expressions; mais iln'en agit plus de même dans les déterminations d'espèce. Îl a fait un travail par- üculier et suivi sur la pesanteur spécifique des minéraux: il en annonce la publication dans le Mémoire dont nous venons d'extraire la pesanteur de la chrisolithe. Pie ET DHISTOIRE NATURELLE, 999 En note il ajoute: « J'ai recu quelques cristaux (du minéral que » Romé-de-l'Isle décrit comme Ja vraie chrisolithe) du même » marchand de minéraux ( M. Launoy }), qui les avoit portés » à Romé, et il m'a assuré que ce minéralogiste les reconnois- » soit pour de la chrisolithe. Ils sont parfaitement semblables » à ceux dont ce savant a donné une description juste et » très-exacte dans le second volume de sa Cristallographie » (p. 272—275 ). Ces cristaux ne sont que semi-durs, ils se dis- » solvent entièrement dans l’acide nitrique avec une petite » effervescence; ainsi ce ne peuvent être des gemmes et des » chrisolithes...... En mettant de l'acide sulfurique dans Ja » dissolution, on en précipite de la chaux sous forme de sélé- » nite. Cette substance mise sur les charbons ardens n’ÿ donne » pas de phosphorescence ; elle n'y décrépite pas comme les » Spaths, et perd peu de sa couleur, Sa pesanteur et son » éclat, ainsi que sa cristallisation, sa cassure et sa dureté, » tous caractères par D ne elle approche de l'apatite, me » font présumer qu'outre l'acide carbonique , il y a dans ces » cristaux un acide fixe et dense, peut-être le phosphori- » que »....... Encore ici, je puis dire que la sagacité de Werner et sa profonde connoissance des minéraux l’a fait pé- nétrer dans les secrets de la composition chimique : ce n’est que sept ans après que M. Vauquelin, à qui d’ailleurs tout tra- yail de Werner étoit absolument inconnu, a constaté que cette substance étoit un phosphate de chaux. Le savant cristallo- graphe qui s’en étoit le premier occupé lui avoit déjà assigné un nom et une place dans la minéralogie: Werner, qui parois- soit devoir être retenu par l'opinion d’un homme pour lequel il témoignoit la plus haute estime, reconnoît bientôt l'erreur, et après avoir examiné cette substance avec soin, et saisi ses rapports avec toutes les autres, il va la porter à sa vraie place, dans un point de la minéralogie en quelque sorte diamétrale- ment opposé à celui où elle avoit été d’abord placée ;-il la met, à côté de l’apatite, dans le genre calcaire et dans la section des chaux phosphatées (1). Je le demande, n'est-ce pas dans la nature même de ce minéral et non dans de simples (x) Voyezle Tableau minéralogique publié dans l'ouvrage de M. Brochant, Tableau recu de Freyberg, en 1797, par M. Reuss, ainsi que le dit posit- ement ce dernier auteur dans son Dictionngire. 336 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE caractères extérieurs que Werner a pris les données d'aprés lesquelles il l’a classé (1)? 1 ; a ——————— — Note. Werner a, comme l'on sait, divisé la minéralogie en plusieurs branches, dont les principales sont l’orictognosie , la minéralogtechimique, et la géognoste : c'est lui qui fait, à l’école des mines de Freyberg, les cours d'orictognosie et de géognosie ; les détails de la partie chimique sont exposés , à la même école, dans un cours spécial sur l'analyse chimique des minéraux. C'est à des rédactions de son cours d'orictognosie, qu'on a donné quelquefois les noms de Traités de Minéralogie d'après Werner. Examinons ce que peuvent être de pareils traités. La tâche que Werner doit remplir, dans son cours d’orictogno- sie , est d'apprendre à connoître les minéraux , à les distinguer Jes uns des autres, à l'aide des différences qu'ils présentent dans leurs caractères ou propriétés. Ce célèbre professeur croit ne pou- voir mieux atteindre son but, qu’en faisant étudier à ses élèves chaque minéral sous tous les divers aspects qu’on lui connoit, 11 a rassemblé à cet effet une collection très-nombreuse, dans laquelle il y a pour chaque espèce, ou sous-espèce, plusieurs suites de variétés aussi HibnIe qu'il a pu se les procurer : il y a une suite d'échantillons présentant toutes les variétés de forme, une suite de toutes les couleurs, une autre montrant toutes les particularités et circonstances de la cassure , de l'éclat, etc. À mesure qu'il traite d’une espèce ou d’une sous- espèce, il fait passer ces suites sous les yeux des élèves rangés autour d'une table au bout de laquelle il se trouve: il leur in- dique quel est l’objet particulier à chaque échantillon sur lequel ils doivent fixer leur attention. Après avoir ainsi examiné les diverses propriétés et habitudes d'un minéral ; il parle de sa nature, de son gissement, des substances qui l'accompagnent eq (x) Simalgré l'identité de forme, de cassure et de dureté , etc. Werner ne réunit pas entièrement sous un même nom l'apatite et son spargelslein , c'est très-vraisemblablement parcequ’il craignoit qu'il n’y eût entreux une dif- férence de composition : l'eflervescence qu'il avoit remarquée en dissolvant des cristaux dans l'acide nilrique , lui indiquoit la présence de l'acide car- bonique , et il ne sayoit pas si cet acide n’ÿ étoit GHRenclenen : la non phosphorescence pouvoit encore lui donner lieu de soupconner la différence de composition : mais le travail de M. Vauquelin a levé touf doute à cet égard, et a fixé nos idées sur la nature de cette substance. ordinaires ET D'HISTOIRR NATURELLE, 337 ordinairement, des pays où on le trouve et de son usage; mais il n'entre pas dans des détails sur ces objets; ces détails appar- tiennent plus spécialement aux autres branches de la miné- ralogie. Quant à ce qui est de l'histoire de nos connoissances sur chaque minéral, des raisons qui l'ont porté à le séparer d'un autre avec lequel on l’avoit confondu, etc. , il n’en dit rien, ou presque rien :il parle devant de jeunes élèves des mines auxquels il doit apprendre à connoître les minéraux, et non devant un public savant auquel il doit raison de ses travaux, et qui le jugera..Il s’est expressément imposé la loi, dans ses cours, de dire tout ce qu'il lui falloit pour arriver à son but, mais rien de plus. Pendant la lecon, un grand nombre d'élèves prennent note de ce que dit le professeur, qui n’a d’ailleurs devant lui au- cun texte manuscrit ou imprimé , et qui parle toujours d'a- bondance: ce sont surtout les suites de variétés qu'on leur a montrées dont les élèves dressent des catalogues, ce qui leur est facile ; toutes les fois que Werner fait une énumération de propriétés, ils écrivent ; mais du moment qu'il entre dans quelques détails, ou qu'il suit quelque raisonnement, alors ils se contentent d'écouter, ou ne mettent par écrit que quelques mots épars (1). C'est sur de pareilles notes que sont ré- (1) Qu'il s'agisse du clivage ( direction des lames), le plus essentiel sans contredit des caractères physiques, de celui de la cyanite, par exemple, Werner dira (alors même qu'il ne connoissoit cette substance qu'en masses amorphes, et qu'il n'en avoit pas encore vu des cristaux) : « La cassure prin= » cipale est rayonnée à rayons très-larges, un peu courbes , s’entrecroisant » mutuellement, elle passe même quelquefois à la cassure lamelleuse. Elle » présente en outre deux autres directions de lames peu distinctes , lesquelles » coupent un peu obliquement la cassure principale , et sont 2ant6t plus, » tantôt moins [faciles à observer ». { Bergmicænnisches Journal, février 2790. ) Dans la plupart des cahiers des élèves ee passage se trouvera plus ou moins défiguré : cependant que Werner eût ajouté, après l'expression un peu obliquement, la parenthèse ( 103° ), ainsi qu'il conseille lui-même de le faire en pareil cas, et on ne pouvoit rien dire de plus clair et de plus exact sur le clivage de la cyanite , et parconséquent sur la forme de la mo- Técule qui en résulte. Il eût été superflu d'ajouter que les deux clivages peu distincts sont parallèles, l'un à la longueur et l'autre à la largeur des rayons, cela s'entend de soi-même dès qu'on ne dit pas le contraire. . .La Description de la cyanite par Werner, se trouve imprimée dans les Principes de Mi- néralogie publiés Yan III par M. Berthout; j'ai traduit encore plus litté- xalement le passage cité ci-dessus. Tome LÆ. FLOREAL an 13. V y 333 JOURNAL DE PHYSIQUE,DE CHIMIE, digés les sraïtés de minéralogie (ou plutôt d'orictognosie } d'aprés Werner : ce ne sont en grande partie que les catalogues des variétés montrées pendant les lecous (1). Ne seroit il pas de la plus grande injustice de vouloir juger, d’après ces cahiers d’écolier, et d’après des squelettes aussi décharnés, le mérite d’un homme de génie qui a reformé la minéralogie, qui l'a embrassée dans son ensemble, et en a suivi quelques parties jusque dans les derniers détails ? D'après ce que j'ai dit sur le cours d’Oritognosie de Wer- ner, sur la quantité de minéraux qu'où ÿ montre, on dira peut- être : Werner ne fait donc de son cours qu'une école d’empi- risme ? Je demanderai d'abord à tous ceux qui sont un peu versés dans la minéralogie, si l’on peut apprendre cette partie de l’histoire naturelle sans voir beaucoup de minéraux, et sans les voir dans leurs différentes manières d’être? Si par ce mot em- pirisme, on entend une connoissance des minéraux unique- ment acquise à force d’en voir , et sans qu'aucurie opération de l’esprit vienne éclairer ce travail; jamais terme ne fut ici plu simpropre. Mais si on entend une conuoissance acquise en considérant les minéraux absolument sous tous les aspects ; en se rendant raison de tous les caractères qu'ils nous présen- tent, et en tachant de faire servir les différences de caractères à les distinguer les uns des autres; alors je suis bien loin de re- jeter l’inculpation, et l’empirisme enseigné par WVerner est une chose très-utile et en même temps fort ingénieuse. Cer- tainement personne ne niera que la connoissance des minéraux ne soit très-utile à des personnes qui, comme les élèves de Werner, doivent étre uniquement occupés, par la suite, de la recherche et du travail des substances minérales : c’est cette connoissance que Werner étoit chargé de leur donner : etila fait preuve de talent en allant directement à son but. Je dirai même plus, si ce savant, dans son cours d'’oritognosie, au lieu d’ap- prendre en quelque sorte à connoître les minéraux, à tirer (1) Le Traité élémentaire de Minéralogie publié par M. Brochant, ne peut être dans le cas des productions dont nous parlons: son auteur a mis beaucoup de discernement et de critique dans sa rédaction : il y a ajouté un grand nombre de remarques particulières qui ont oblenu le suf- frage de Werner. Mais aucun de ces ouvrages ne sauroit même entrer en comparaison avec ce traité plein de vues nouvelles, d'observations fines, d'expériences délicates, etc. que nous devons à un sayant d'un mérite dis- tingué ( M. Haïüy ). ET D'HISTOIRE NATURELLE 359 parti de tous leurs caractères pour les faire distinguer les uns des autres , se fût jeté dans la métaphysique de la science, et en quelque sorte dans les discussions oiseuses de la minéralogie, je doute qu'il eùt attiré à Freyberg cette affluence d'étrangers qui sont venus, de toutes les parties de l'Europe, assister à ses lecons. Au reste , on se rappellera que l'orictognosie n’est qu'une partie de la minéralogie, qu’elle a principalement pour objet de faire connoitre les minéraux , et que dans les autres parties on s occupe des détails de la composition , du gissement , etc. Quant à ce qui regarde d'ailleurs le mérite personnel de Wer- ner; je dirai à ceux qui, ne connoissant pas ce célèbre miné- ralogiste, pourroient croire, d’après ce que je viens de rap- porter, que son seul mérite n'est que d’avoir en quelque sorte analysé toutes les propriétés des minéraux, et facilité par là le moyen de les distinguer les uns des autres, je leur dirai que Werner est un savant aussi distingué par le nombre que par la diversité de ses connoissances (1); que bien loin de n'être qu'un homme instruit à force de pratique dans la minéralogie, c'est un esprit naturellement très-enclin à la spéculation et aux abstractions scientifiques; qu'il est très-systématique ( métho- dique); et que l'étendue de ses vues lui assure une place parmiles hommes d’un vrai génie. Puisque je suis sur cet objet, je le dirai comme je le pense, le grand mérite de Werner vient de ce que ce savant réunit deux qualités qui semblent presque incompa- tibles : si d'une part, il sait voir en grand et saisir les rapports, entre des objets très-éloignés : il peut d’un autre côté descendre jusque dans les plus minutieux détails et y donner encore des preuves de la sagacité de son esprit. J'ai eu l'avantage de voir de près cet homme illustre, j'en ai recu pendant quelques années des leçons et des bienfaits; et je me fais un devoir de lui donner ici un nouveau témoignage de mon respect et de ma reconnoissance. ——_—_—_——————————— .—"————————_—_— (1) Werner cst Conseiller des mines en Saxe , professeur d'orictognosie, de géognosie, de l'art de l'exploitation des mines, de l'art des forges: il fait habituellement trois, quatre, cinq leçons par jour : je lui en ai vu faire eque huit ct sur des objets diflérens. Outre ces travaux, et les affaires de l'administration des mines, il a trouvé encore moyen d'ac- quérir des connoissances souvent profondes dans d’autres sciences, notam- ment dans histoire et l'étude des langues tant anciénnes qu’orientales, Vv2 740 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE GRR ARE 2 CINE CL 2 9 EEE I CE MP OPAC AE PEN EE STEP { ANALYSE Du Fer natif à l’état d'acier trouvé en Auvergne: Par GO ON-SAINT-MEMIN. L'existence du fer natif paroît aujourd'hui un fait incontes- table ; et lors mème qu'on éleveroit des doutes sur celui qu'on assure avoir été trouvé en filon à Kamsdorf en Saxe; les no- tions précises que nous avons maintenant sur la masse observée par Pallas en Sibérie, laquelle est évidemment accompagnée du Peridot ( Olivin Wern. }, et sur celui trouvé dans une con- itrée où l'usage du fer étoit inconnu avant J'arrivée des Euro- péens (1), et que PAvalyse de M. Proust nous a fait connoitre comme un alliage de nickel et de fer, suflisent pour constater que ce métal répandu avec tant de profusion sur la terre à l’état minéralisé, peut aussi s’y rencontrer à l’état métallique, sans que l'industrie des hommes ait pris part à sa production. Les volcans mieux observés auroient pu fournir aussi plu- sieurs exemples de cette nature, et je puis citer à cette occa- sion un noyau de fer malléable trouvé parmi les d“jections du volcan éteint de Graveneire dont je possède un fragment que j'ai rapporté d'Auvergne. Puisqu'il est reconnu que toute substance minérale qui n’est pas le produit de l'art, doit être placée dansla méthode minéra- logique , quelle que soit d’ailleurs l’origine qu’on lui suppose, il est évident que l'espèce fer natif, si long -temps contestée, doit enfin y trouver irrévocablement sa place. Mais dans le cours des savantes discussions qui se sont élevées sur ce point d'his= toire naturelle, on ne remarque point qu'il ait jamais été fait mention du fer à l’état d'acier trouvé directement dans la na- ture. G}) Mém. de Don. ML Rubin de Celis, communiqué à la Société roy: de Londres, en 1788, sur une masse de fer trouv. dans l'Amér. méridi, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 541 Histoire du Minéral. C’est à M. Mossier, dont l'esprit communicatif et plein d'amé- nité ne sauroit être trop apprécié des naturalistes qui se pro- posent d'étudier sur les lieux le sol de l'Auvergne, observé avec tant de sagacité et de zèle par ce digne ami du célèbre Saus- sure , que nous sommes redevables de la découverte qui fait le sujet de ce Mémoire. Il y a quelques années passant près de Néri, dans un lieu nommé Labouiche, département de l'Allier, cet observateur remarqua avec surprise que Les habitans du pays faisoient l'extraction de la houille, au dessous d’une surface couverte de substances qüi lui paroissoient volcaniques. Il di- rigea son attention sur les déblais des puits pratiqués pour ex- traire le charbon, et le choix des objets qu'il recueillit présente aujourd’hui une des suites les plus intéressantes de sa collec- tion. Ses conclusions furent qu'un incendie spontané de la houille, arrivé sans doute à une époque qui se perd dans la nuit des temps, a donné naissance à ces substances, dont quel- ques-unes présentent une analogie frappante avec celles pro- duites par le feu des volcans. Comme M. Mossier se propose de publier ses observations sur ce fait géologique , je dois m'abstenir d'entrer dans de plus rands détails à ce sujet, et je me contenterai d'ajouter à la ên de ce Mémoire la note des principaux objets qui accom- pagnoient le minéral que je vais soumettre à l’analyse, Ses Propriétés physiques. Sa pesanteur spécifique est de 7.4417 (1). Il acquiert la pola- nté magnétique, et paroît conserver long-temps cette vertu. M. Hauy a bien voulu diriger lui-méme les expériences qui constatent ces deux propriétés. Sa dureté est supérieure à celle de l'acier trempé, puisque les meilleures limes peuvent à peine l’entamer. Sa cassure est celle de l’acier fabriqué, mais elle paroit moins oxidable par l’action de l'air et de l'eau ; car un fragment conservé pendant plus de deux mois dans un papier: humide, n’a rien perdu de son éclat. Il prend à la roue du la- () Celle de l’Acier suiv. Brisson, est de 7.8404. 542 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pidaire un poli très-vif, et montre une extrême compacité, Une goutte d'acide nitrique produit à sa surface une tâche noire. 11 est susceptible, malgré sa grande dureté, de s'étendre à froid sous le marteau. | Traitement par les Réactifs. Pour constater l'existence du charbon dans ce minéral, je m’apperçus avec regret qu'il falloit renoncer au moyen ima- giné par M. Vauquelin pour l’analyse des aciers. L’extrême du- reté de cette matière ne permettoit point de la réduire en li- maille assez ténue pour qu’elle deviat susceptible d’être atta- quée par l'acide sulfureux. Je crus donc devoir procéder par tout autre moyen. Expér. Ire. On introduisit dans un matras 5oo parties de la substance en plusieurs fragmens avec de l'acide sulfurique étendu de 5 à 6 parties d'eau distil. La dissolution se mani- festa bientôt quoiqu’à froid, mais d'une manière si lente, qu'a- prés 40 jours les fragmens retirés de la liqueur pesoient en- core 550 parties, et n’avoient parconséquent perdu que 170 parties de leur poids. Leur aspect étoit celui de la plombagine, passés sur le papier, ils y laissoient, ainsi qu'elle, une trace d'un gris métallique. J’avois remarqué de plus, que le gaz hy- drogène qui se dégageoit, avoit une odeur oléacée très-sen- sible , qui dénotoit évidemment qu’une partie du combustible combiné au fer, passoit en dissolution dans le gaz, sans l'in- tervention même de la chaleur. Je fus donc obligé d'adopter un autre procédé. Ezxpér. Ile. 240 part. de la même subst. ont été traitées par 500 part. d'acide nitrique étendu de 4 part. d’eau distil. La dissolution s’est opérée rapidement , quoiqu'à froid: après 24 heures on ne remarquoit plus dans le yase qu’une matière noire qui, par l'agitation, restoit en grande partie suspendue dans la liqueur. Cette matière séparée par le filtre pesoit 24 parties, elle paroissoit avoir quelque chose de bitumineux. Comme il étoit à craindre qu'elle ne retint encore quelques portions de métal échappées à l'action de l'acide, elle a été divisée à l'aide du mortier d’agathe, et traitée par une nou- velle quantité d'acide nitrique. Après quelques heures d’ébul- lition, la matière charbonneuse bien lavée et desséchée, ne a ET D'HISTOIRE NATURELLE. 343 pesoit plus que 10 parties. Elle brüloit sans laisser de ré- sidu sensible, et sans odeur qui indiquât la présence du soufre. Cette expérience répétée Sür d’autres quantités avec les mêmes précautions, a donné les mêmes résultats , et l’on peut en con- clure que l'acide nitrique peut s'employer avec succès pour séparer le carbone uni au fer, quoiqu'il soit possible d’opposer peut-être que le carbone dans son état de combinaison avec le métal, n’est pas tel qu’il se présente à nos yeux dans l'état char- bonneux, qu'il a pu recevoir quelque modification, peut-être même une augmentation de poids, en se combinant à l’un des principes de l'eau décomposée dans cette expérience. Pour s'assurer de la quantité d’oxide de fer tenu en dissolu- tion, les deux parties d'acide nitrique ont été réunies : l’am- moniaque en excès y a produit un précipité abondant, lequel lavé et séché convenablement, puis calciné, pesoit 330 parties, en raison de l’oxigène absorbé par le métal durant ces divers traitemens. Pour connoitre si le minéral ne contenoit pas quelques parties de phosphore passées à l’état d'acide dans le cours de cette opération, on a versé dans la liqueur séparée de l'oxide, dé l'eau de chaux, qui a donné naissance à un précipité léger et floconneux. La présence de l'acide phosphorique démontrée par cette épreuve, il restoit à déterminer avec quelque certitude la proportion du phosphate de fer formé pendant la dissolution du minéral. Je pensai qu’en traitant par l'acide nitrique i'oxide de fer déja séparé de son dissolvant, j'obtiendrois aisément la séparation du phosphate de fer, qui partage avec les autres phos- phates la propriété d’être très-soluble dans les acides. Expér. IIIe. On a fait dissoudre dans l'acide nitrique, à l'aide de la chaleur, 250 parties du minéral. La liqueur filtrée, puis évaporée à siccité, a laissé un résidu, lequel fortement cal- ciné, pesoit 341 parties. Ce résidu a été introduit dans un matras avec partie égale d’acide nitrique étendu de 3 fois son poids d'eau distil. Après quelques heures de digestion à une chaleur modérée, on a décanté l'acide; ce dernier étoit sans couleur et le fer oxidé au rouge ne paroïssoit pas avoir été sensible- ment attaqué. Séché et calciné de nouveau, cet oxide ne pesoit plus que 25 parties, et avoit parconséquent perdu 18 parties. L’acide évaporé presqu’à siccité étoit très-peu coloré, et ne laissa précipiter qu’une très-petite portion de fer. Enfin l'évaporation totale a donné un résidu blanchäâtre qui a passé 54% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au rouge de brique par la calcination. Son poids égaloit ledé- ficit trouvé plus haut. Ce résidu se dissolvoit dans l'acide nitrique , moins une pe- tite quantité d'oxide de fer. Expér. IF. Pour avoir d'une manière précise la quantité d'a- cide phosphorique, le résidu a été chauffé dans un creuset avec 4 fois son poids de soude caustique. Lavé et séché d’une manière convenable, il s’est trouvé réduit à 12 parties, qu'il faut réunir aux 323 parties d'oxide mentionnées ci-dessus. La dissolut. alcaline évaporée a laissé paroître des cristaux de phosphate de soude. On peut donc regarder le nombre 8 comme l'expression ap- proximative de la quantité d'acide phosphorique formé lors du traitement de 250 part. du minéral. Ce qui donne pour le phos- phore contenu dans cette substance, environ 3 parties sur la quantité soumise à cette dernière expérience. D'après les données ci-dessus, on peut carbone... 0043. donc établir les proportions suivantes pour 4 phosphore. oo12. 200 (pañt: ENVITON. » : ce mena novepessmec L ÉÉLe-c-sees ODA On voit par ce qui précède, que la nature des principes de la substance que je viens d'examiner , établit un rapport incontes- table entr'elle et les aciers fabriqués qui contiennent , d’après les résultats des belles expériences de M. Vauquelin, depuis 0,00631 , jusqu’à 0,00789 de carbone. Ainsi donc l'analyse chi- mique concourt ici à faire considérer comme véritable acier, une matière qui se rapproche déjà beaucoup par ses propriétés physiques, de cet utile produit de l’industrie des hommes. Quel que soit pourtant le rapprochement qu'on puisse établir entre la production de la nature et celle de l’art, il convient néan- moins d'observer que l'acier de nos fabriques, susceptible de recevoir différentes modifications suivant les divers procédés au moyen desquels on le prépare, qui doit sa plus précieuse qualité à l'opération mécanique quon fait subir au fer des- tiné à la cémentation, ne sauroit trouver son analogue parfait dans une substance formée par le simple contact de la houille en combustion, Mais en reconnoissant l'existence du fer métal- lique dans la nature, ainsi que celle de cette intéressante com- binaison du métal avec le carbone, nous sommes conduits à supposer que les premiers instrumens de fer et même d'acier dont les hommes ont fait usage , ont été fabriqués avec le métal préparé R'T D'HISTOIRE NATURELLE. 545 préparé directement par la nature. C'est ainsi qu’à mesure que nos observations se multiplient, des faits nouveaux se présen- tent pour éclaircir les différens points obscurs de l’histoire de l'origine et des progrès des connoissances humaines. Quant à la place que doit occuper dans la méthode ce minéral que l'analyse nous présente comme une combinaison réelle de fer et de carbone, sa composition chimique qui ne diffère de celle du fer earburé (plombagine ) que par une proportion moin- dre de carbone, et la présence d'une petite quantité de phos- phore sans doute accidentelle, semble inviter à ne former de ces deux substances qu’une seule espèce. Mais doit-on, dans cette circonstance, n’avoir égard qu'aux rapports de composition, lors- que les propriétés physiques établissent une si grande différence entre ces deux minéraux? Dans cette incertitude c'est au sa- vant qui a porté tant de lumière et de philosophie dans la classi- fication des êtres du règne minéral, qu'il convient de pro- noncer. NOTE Des objets accompagnant le fer à l’état d’acier qui, suivant l'opinion de M. Mossier, ont été formés dans les mémes circonstances. AnGiLe scmsTeuse ( Schieferthon Wern. ), durcie à l’état de brique. Coul. gris cendré, cassure terreuse, conservant des vestiges d'impressions végé- tales qui décèlent son origine, (a) Passée à l'état de tripoli, d'un rouge de bri- que ou de sang, présentant des feuillets d'un ton plus ou moins sombre, facile à casser et à réduire en poudre. ‘(@) ( Thermantide Haüy ) ( Jaspe porcelaine Broch. }), diversement tachetée et rubanée. Les principales couleurs des bandes, sont le brun noirâtre, le gris brun, le gris bleuätre , le rouge de chair, éclat terne, cassure im- parfaitement conchoïde, faisant feu au bri- quet. Tome LX. FLOREAL an 13. Xx 346 JOURNAL DÈ PHYSIQUE, DE CHIMIE SCORIE TERREUSE, analogue à certaines laves poreuses. Elle em pâte quelquefois des fragmens d’argile schi- teuse non altérée. LAVE PSEUDO-VOLCANIQUE ayant la plus grande analogie avec les scories volcaniques, les lapillis, qu'on trouve si abondamment sur le sommet d'un grand nombre de pics volcaniques de l'Auvergne et du Velay. LAVE VITREUSE PSEUDO VOLCANTQUE ( Obsidiénne Broch. ) noire, (a) (2) légérement translucide sur les bords, éclat du verre, donnant des étincelles par le choc du briquet. D'une vitrification moins parfaite, présen- tant des soufflures à son intérieur , faisant également feu au briquet. Une variété semble se déliter en polièdres. dont la surface paroit comme recouverte d'une pellicule ocracée, tandis que l'intérieur est d’un noir très-éclatant ; cette substance présente à l'œil l'effet d'une mosaïque. Su2sTANCE TRÈS-DENSE, d’une cassure terreuse, d’un gris bleuä- tre , faisant feu au briquet; un petit frag- ment détaché chauffé à la lumière d’une bou- gie, fait mouvoir l'aiguille aimantée. Elle contient dans son intérieur des: glo- bules qui paroiïssent pyriteux , et du fer phos- phaté tantôt lamellaire, tantôt en petits cris- taux très-prononcés tapissant les parois des cavités que renferme cette substance. Malgré la petitesse de ces cristaux M. Haüy a reconnu que leur forme étoit un prisme droit rhomboïdal terminé par un sommet dièdre. Leur extrême délicatesse n’a pas encore per- mis d’en mesurer les angles. L'action de la chaleur qu'a évidemment éprouvé la substance qui renferme ces cris-- taux, paroit démontrer d’une manière incon- testable, que ceux-ci n’ont point été for- més par la voie humide. SUITE DES OBSERVATIONS Par C. 1. BERTHOLLET. Avaxr de poursuivre la discussion dans laquelle je suis entré avec Proust, il convient de déterminer plus clairement l'objet de cette discussion et la différence de nos opinions. J'ai prétendu établir que l'observation des phénomènes chi- miques conduisoit à ce principe général, qu'une substance peut se combiner en toute proportion avec une autre sur la- quelle elle agit par une aflinité réciproque, mais que l'effet de son aflinité, et parconséquent la force avec laquelle elle retient l’autre élément de la combinaison diminue à mesure que la quantité de cet élément devient plus considérable. Je n'ai pas conclu de là qu'il n’y eût point de combinaisons qui se fissent dans des proportions constantes; mais j'ai pré- tendu, 1°. que le nombre de ces combinaisons constantes étoit beaucoup plus petit qu'on ne le croyoit, et je l'ai prouvé par plusieurs exemples; 2°. que lorsque les pro- portions étoient constantes, il falloit en chercher la raison dans la force de cohésion qui appartenoïit aux substances mises en action, ou quiest due à la condensation produite par la combinaison, et dans la résistance de l’élasticité dont se trou- vent doués les élémens de la combinaison, deux forces qui sont opposées à l’aflinité réciproque et qui en limitent les effets, en variant elles-mêmes par les températures. J’ai-examiné sous ce rapport les combinaisons les plus foibles jusqu'aux plus énergiques, celles qui ne sont regardées que comme une simple dissolution, jusqu'à celles auxquelles on a réservé le nom de combinaison, quoiqu’elles soient également le résultat d’une aflinité soumise aux mêmes lois, et qu'on ne puisse tracer aucune ligne de démarcation entre elles, Proust suppose dans les combinaisons, des proportions cons- tantes et qui ne varient que du minimum au maximum ; il n’y a point d'intermédiaire entre ces deux termes; maïs lors- qu'une circonstance opère la décomposition d’une combinaison au maximum, elle la fait passer d'un saut au munimum, et de celui-ci à une séparation entière. Xx Z 348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il faut bien admettre, et je l'ai fait, qu'il y a ordinairement un commencement où l’aflinité est capable de surmonter les obstacles qui lui sont opposés et qu'il y a un terme où elle cesse de pouvoir produire la combinaison, ensorte qu'il y a dans des circonstances données un maximum et un minimum; mais une combinaison intermédiaire est-elle impossible ? Avant que d’en venir à l’examen des faits, je remarquerai qu'il seroit à desirer que Proust eût expliqué la différence qu'il établit entre la dissolution et la combinaison ; car on apperçoit bien qu’en laissant du vague dans cette distinction, ou peut facilement en jeter sur les observations mémes: si, par exemple, je viens à prouver qu'il se trouve des propor- tions d'élémens entre le maximum et le minimum, on répondra en faisant dissoudre. du minimum par le maximum, ou du nr Lou par le minimum, selon qu'on le trouvera plus con- venable,. Cependant Proust se sert souvent d’une autre explication : il ny emploie plus qu'un degré de saturation, et alors il con- sidère la combinaison neutre qui en résulte, comme tenue en dissolution tantôt par un élément autre que les deux qui se sont saturés , tantôt par un élément semblable à l’un de ceux qui sont en combinaison réelle. Proust s'explique ainsi à cette occasion, p. 529 : Ænalysez des potasses qui ont absorbé de l'acide carbonique, eu dans lesquelles on à laissé tomber quelques gouttes d'acide nitr.- que, sulfurique, etc., vous ny trouverez que du carbonate, du sulfate, du nitrate saturé, et tout le reste de la potasse sera & zéro, c'est-à-dire, qu'une molécule de potasse, de terre, d'oxide , qui se trouve en présence d’un acide, n'at- rire ni la moitié n1 le quart de ce qui peut convenir à $a saturation. Dès le contact même elle constitue combinaïson complète, en obéissant aux rapports qui lui assignent ses affinités. D'un côté, parconséquent, Proust prétend qu'il y a deux termes de saturation, un maximum et un minimum, pour expliquer les différentes proportions que l’on observe dans les combinaisons; d’un autre, il veut qu'une combinaison se com- plète immédiatement et qu’elle ne fasse que se dissoudre dans cet état constant: je ne crois pas me tromper, ces deux pro- positions sont contradictoires. De plus, la nature a un troisième mode d’union chimique ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 349 c'est la dissolution dans laquelle la substance dissoute peut suivre la progression +1+2+5, etc., et il n’assigne point, ainsi que je l’ai remarqué, les caractères qui doivent distinguer la dissolution de la combinaison, ou plutôt, il n'indique entre elles, qu'une différence de physionomie ; ainsi le verre d'an- timoine est une dissolution de sulfure d'antimoine dans l’oxide de ce métal, dissolution qui se fait en tonte proportion, pen- dant que le sulfure d’antimione:a des proportions invariables. 11 me semble cependant que le verre d'antimoine a une phy- sionomie aussi prononcée que plusieurs des substances que Proust placeroit parmi les combinaisons. Après ces réflexions générales, passons aux reproches que je reçois de Proust. On a lieu de s'étonner que Berthollet ait négligé de réunir immédiatement sous les yeux du lecteur les faits sur lesquels son opinion lui paroît appuyée. Les métaux ne nous offrent cependant pas un seul exemple de sulfurations variables. Le fer est encore l'unique jusqu'à ce moment, qui se soit montré capable de se sulfurer dans deux proportions, et ces dernières, loin d'avoir rien de variable, sont au contraire constantes et fixes, comme celles de leur oxidation. J'ai lieu de m'’étonner moi-même que Proust ait oublié ici ce que tant d'analyses chimiques paroïissent avoir mis hors de doute : je me bornerai à quelques exemples que je tirerai des chimistes qui ont porté la plus grande exactitude dans cette partie de la science. Quoique les nombres par lesquels ils ex- priment les proportions ne doivent pas être pris à la rigueur, aucun chimiste ne doute cependant que l'incertitude ne soit resserrée entre des limites très-étroites, surtout lorsqu'il est question de substances peu composées. Vauquelin a donné ( Journal des Mines, n° 11. ), l'analyse de plusieurs sulfures de plomb dans lesquels la proportion du soufre varie depuis 0,12, jusqu'à 0,22. On trouve dans les analyses de différens sulfures de cuivre par Klaproth ( Beïtrage zur chemischen Kenntniss, etc. Zeiter Band.) que la proportion du soufre y varie depuis 0,19, jus- qu'a 0,25, si l'on néglige de faire entrer le fer qu'elles con- tiennent dans le partage du soufre; mais si le fer y est saturé de soufre, la différence des proportions du soufre dans ces sulfures est beaucoup plus grande. 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ‘Proust suppose deux parties distinctes de soufre dans le sul- fure de cuivre: l'une non combinée, qu'il a trouvée ordinai- rement de 14 à 15 pour cent, et l’autre qui est en combinai- son, etqui forme 0,14(Journ. de Physique, tom. 55, p.96.). Il faudroit qu'il eût prouvé que le soufre non combiné est un simple mélange qui ne change que les apparences extérieures, et qui se dégage au degré de chaleur qui sufhiroit pour subli- mer le soufre pur, et cet objet est si indéterminé dans son esprit, qu'il doute s'il ne faudroit pas admettre deux degrés de sulfuration dans le sulfure de cuivre. Quoi qu’il en soit, les proportions assignées par Proust s'éloignent beaucoup de celles de Klaproth. * Chenevix donne une analyse de la mine vitreuse de cuivre à laquelle je ne vois pas qu’on puisse faire aucun reproche : il y trouve sur 100 parties, 12 de soufre, 84 de cuivre et 4 de fer, qui sans doute ont leur part de soufre ( Trans. phil. 18o1.). Le comte Bournon rapporte l’analyse faite par le même chimiste d'un sulfure très-pur de cuivre, qui venoit de Cor- nouaille, et qui étoit formé de 0,81 de cuivre et de 0,19 de soufre. Il remarque que ce sulfure étoit en cristaux d'une forme parfaitement déterminée ( Trans. philos. 1804.) ; en- sorte que ce ne seroit que par une décision bien arbitraire qu'on regarderoit une partie de ce soufre comme étrangère à la combinaison de ce sulfure. Je m'en réfère pour les sulfures de fer aux observations mêmes de Proust : il admet dans ces sulfures un maximum et un minimum de soufre; la pyrite naturelle est au maxi- mum. On s'attendroit d'après cela à ne trouver que deux propor- tions de soufre dans les sulfures de fer, et ne seule dans les pyrites, et cependant il convient que les pyrites qui ne doivent avoir que 0,19 à o,20 de soufre au dessus du mi- nimum, varient sans doute beaucoup entre elles par cet excès, puisque, selon Henckel, il y en a qui donnent 25, 28, 32 pour cent (Journ. de Phys., tom. 55, p. go.).Il observe que son objet n'est pas d'assurer que toutes les py- rites se ressemblent: celles, par exemple, qui ont la pro- prièté de se virrioliser sont peut-étre les plus rapprochées du sulfure de fer sans excès. — Le bol distillé nous annonce son origine dans le reste du soufre qu'il contient. ; 11 me semble, d’après ces considérations, que la pyrite nous » ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35r offre une combinaison où l’on trouve une grande variation dans la proportion du soufre qu'on ne sépare en deux parties, que par une distinction idéale. Il faut, selon Proust, renoncer à ces oxides sulfurés que nous nwadmettons que sur parole — et dont l'existence est maintenant ruinée (tom 59; p. 263. ). Cependant Klaproth donne pour résultat de la mine rouge fibreuse d'antimoine : 67,50 d’antimoine, 10,80 d'oxigène , 19,70 de soufre ( Bey- trage: 111 Band. ). Dans une espèce de la mine de cuivre nom- mée Pund Kupfererze, il admet, 0,04 d'oxigène avec du soufre, du cuivre et du fer, et dans une autre, 0,05 d'oxi- gène avec d’autres substances ( Z7 Band.). Thenard ( Journ. de Phys., tom. 51.) confirme l'analyse par laquelle Vauquelin avoit prouvé que la mine d’argent rouge étoit une combinaison d’oxide d’antimoine, d’oxide d’argent et de soufre. - Un voyage m'oblige de suspendre la suite de cette dis- GuSsion. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE (el Uz ie LETTRE A MONSIEUR VENTENATT, Membre de l'Institut national de France, et de plusieurs Sociétés savantes, l'un des Conservateurs de la Bibliothèque du Panthéon, etc. SUR LES BOUT O NS ET RAMIFICATIONS DES PLANTES, [a naissance de ces orvanes, et les rapports organiques existant entre le tronc et Les branches ; Pa GEORGESs-Louis KOELER, Docteur en médecine et en chirurgie, Professeur de botanique et de matière médicale à l'Ecole de Médecine provisoire de Mayence. MonsiEUR ET RESPECTAZLE ÀMI, La nature semble avoir jeté un voile impénétrable sur le développement des parties végétales; en vain les botanistes font- ils des efforts pour la surprendre, en vain épient-ils, pour ainsi dire, tous ses pas, elle se joue de leurs efforts, et se rit de leur patience infatigable. Cependant si les observateurs n'ont pu jusqu'ici parvenir à ce but, qui étoit l’objet de tant de soins et de veilles, leurs recherches ne les ont pas moins conduits à une foule d’autres découvertes précieuses, qui nous ont aidé dans l'étude de la structure et de l’économie interne des plantes, et nous ont démontré les causes de plusieurs phé- nomènes réputés jusqu'alors inexplicables. Les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 353 Les opinions de ceux qui ont cherché à découvrir comment la nature développe un organe végétal de l’autre, peuvent être rangées en deux classes. Les uns ont pensé que c’étoit la moëlle qui perçoit à travers le bois, même le plus dur, pour produire les ramifications des plantes, et qu'elle s'alongeoit encore pour former les par- ties les plus essentielles du corps végétal. D’autres, et ce sont les plus récens, en rejetant cette opi- nion, ont attribué à l'écorce et aux couches corticales ce que leurs prédécesseurs nous donnoiïent comme le produit de la moëlle. Ils ont aussi pensé que l'accroissement en longueur et épaisseur dépendoient de ces mêmes organes. Placé entre ces deux opinions, et quoique chacune d'elles fût soulenue par de grands noms, ne voulant cependant pas jurer #n verba magistri, je m 'étois résolu de les approfondir, sans prévention, l'une et l'autre, et d’en porter un jugement appuyé sur mes propres observations. Je le fis, et je découvris que Linné et Hazes, qui avoient mis en avant [a première opinion, n'étoient pas bien éloignés de la vérité ; que leur er- reur étoit très-excusable, car ils avoient pu facilement prendre pour de la moëlle l'organe reproducteur dont il sera question dans le cours de cette Lettre, et dont la substance herbacte a des ressemblances avec celle de cet organe spongieux. On peut dire de plus à leur avantage, qu'ils n'avoient pas devant eux les expériences de Desronraixes, de Couroms, de Heowre, de Minsez, de Mepicus et de tant d'autres sayans qui ont éclairci un grand nombre de points, jusqu'alors inexplicables, de l'économie interne des végétaux. Les observations que cette étude m'a donné occasion de faire, m'ont conduit à des résultats si inattendus, que je n'ai pas cru devoir m'en rapporter d'abord à mes propres yeux. Con- vaincu sans être persuadé, et me méfiant de mes sens eux- mêmes, surtout dans une expérience dont les résultats étoient en contradiction ouverte avec ce que nous enseignent les plus grands maitres, je résolus, mon cher et respectable Ami, de vous soumettre ces observations, et de leur donner en même temps de la publicité, pour appeler l'attention des botanistes les plus éclairés sur le nouveau phénomène que je crois avoir entrevu. Je dois avant tout répéter ici, que c’est la force de la conviction , le desir de m'éclairer, et non un vain esprit de controverse , si indigne d'un véritable naturaliste, qui me font Tome LÆX. FLOREAL an 13. Yy 3840 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ici penser autrement que plusieurs hommes célébres, inacces- sibles à l'envie, et auxquels je me plais à payer le tribut de ma reconnoissance pour tout ce que je dois à leurs ouvrages lumineux. Je ferai précéder mes observations sur la naissance des bou- tons, de la rectification des idées assez généralement reçues sur ces organes. On donne en botanique le nom de bouton « à des petits. » Corps plus ou moins arrondis ou ovoïdes, et couverts, ou » d’écailles creusées en cuilleron , ou d'un duvet plus ou moins » drapé. Ces organes se forment peu à peu pendant la belle » saison dans les aisselles des feuilles de la plupart des arbres, » des arbrisseaux et des arbustes des dicotyledones, surtout » dans des climats où les hivers sont bien prononcés. Ils con- tiennent et cachent les rudimens destinés à être dévelop- » pés l’année suivante en branches, feuilles et fleurs. Ils ont » recu de la nature la faculté de résister au froid et à l’hu- » midité : plusieurs se conservent, de même qu’un grand » nombre de semences, pendant une et plusieurs années, en » reslant dans un état d'engourdissement, jusqu’à ce que des » influences favorables excitent le développement de leurs » parties ». Ce sont là les principes les plus reçus sur les boutons ex généra!; mais il me semble qu'ils ne conviennent proprement qu'à une espèce, à celle de la plupart des arbres et arbrisseaux des pays où l'hiver est assez rigoureux. Je vais exposer ce que je crois devoir comprendre sous la dénomination de boutons des plantes phanérogame . Je nomme ainsi « ous les organes de ces plantes qui contiennent des » rudimens ou des germes de tiges, branches, feuilles, » fleurs, et même de racines ; chacune de ces parties sépa- » rément, où plusieurs réunies , ou enfin loutes ensemble ». Ce nom leur appartient, quels que soient leur grandeur , leur nombre , celui des différentes parties qui les composent, le temps de leur apparition, leur faculté de se conserver, l’es- pèce qui les a produits, et l’endroit de leur insertion ; modi- cations et particularités qui dépendent de la structure diffé- rente des plantes, ainsi que des circonstances sous lesquelles elles se trouvent placées. La définition que je viens de donner me semble réunir plu- Sieurs avantages: elle embrasse non-seulement la totalité des ET D'HISTOIRE NATURELLE. 355 organes semblables, même par rapport à leur origine, elle dis- pense aussi de l'inconvénient d'admettre un grand nombre d’ex- » constitution primitive , ont éprouvé la fluidité ignée, laves proprement » dites», pourra simplement avoir celui de Zaves pierreuses, compactes et laves lithoïdes. Le titre de la première section de la seconde division, qu'il a ex- primé par ces mots, « Matières volcaniques qui ont éprouvé des chan- » gemens sensibles dans leur constitution par les différens eflets des feux » souterrains >»; pourra se remplacer par ceux de /aves poreuses ou vi= #reuses, Kkk 2 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'Histoire des Volcans, comme beaucoup d'autres parties de la Géologie, présente des phénomènes difliciles à expli- quer: je conviens que dans le nombre il s’en trouve quel- ques-uns qui, au premier abord, indiqueroient la préexis- tence des cristaux si le contraire n'étoit pas déjà démontré, Tous ces cristaux, je le crois, doivent leur origine à l’ac- tion du feu, mais les circonstances de leurs développemens ne sont pas toujours les mêmes; il faut les distinguer soi- gneusement si l’on veut dissiper tous les doutes , et bien con- noître ces phénomènes. C’est un fait que les cratères rejettent, indépendamment de beaucoup de cendres et de fragmens de scories, une mul- La seconde section de cette mème division comprend quatre genres, savoir : les produits de Za frituration, de Pagglutination, de la calcina- tion et les cristaux isolés, elle a pour titre: « Suite des matières vol- » caniques qui ont éprouvé des changemens sensibles dans leur constitu- » tion par les diflérens effets des feux souterrains ». Ce titre pourra éga- lement se remplacer par celui de produits modifiés dans le cratère, ow au contact de Pair. Après ces trois substitutions, dont la suite de ce Mémoire donnera les motifs, et qui n'ont de conséquences que sous le rapport de la théorie, il ne s'agira plus que de placer parmi les espèces de la première classe, celles des substances qu'il a cru produites par l’infiltration aqueuse, telles que les différentes zéolites et lés globules calcaires, ainsi que la mellilite et la pseudo-nepheline, dont il n'a pas fait mention, parcequ'il ne les connoissoit pas suffisamment. F- Les classes, les divisions, les genres et les espèces, tout, à ce peu d'exceptions près, me paroît devoir demeurer tel qu'il est, avec la cor- rection que Dolomieu a indiquée (page 92 du Journal de Physique d'août 1794). On pourra substituer de nouveaux noms à ceux quil a employés ,. remplacer , par exemple, le mot impropre de grenat blanc ou Zeucite par celui d'amphigène qu'a donné M. Haüy; parceque le premier fait naître des équivoques, et que d’un autre côté cette substance n'est pas toujours blanche. Il faudra substituer aussi au mot $chor?, celui d'augite adopté par les Allemands, .et qui doit prévaloir sur celui de pyroxéne , qui donne une fausse idée de l'origine de cette substance. On pourra ajouter à cette classification les nouveaux genres que né- cessiteront les observations postérieures, ainsi que Dolomieu le dit lui- même. Mais rien d’ailleurs, quant à présent, ne nous paroît exiger d'autres changemens dans l'ordre qu'il a établi. Je crois que tout Traité de Minéralogie devroit retracer ce tableau avec ces légères reclifications. ET D'HISTOIRE NATURELLE, : 445 titude de cristaux isolés, dont les arêtes très-vives prouvent que, bien loin de s'être fondus dans ces cratères, ils n’y ont pas même éprouvé d’altération. On en voit abondamment au Vésuve, au Stromboli et surtout à l’entour des bouches de la moyenne région de l'Etna. J'ai vu près de ces bouches d’im- menses stratifications de lames feldspathiques et de cristaux d’augite, à la plupart desquels on trouvoit encore adhérentes des portions de scories provenant de la base des laves. Rien de plus naturel, en appercevant ces cristaux, que de con- clure d'abord qu'ils sont étrangers à leur base, qu'ils ont été formés par la voie humide, et que les feux volcaniques, bien inférieurs à ceux de nos fourneaux, n’ont pu fondre que la pâte qui les réunissoit. C’est là une des objections que M. A. De- luc, l’un des plus anciens et des plus exacts observateurs des volcans, n’a pas manqué de faire à la Théorie de sir James Halles (1). Il cite encore des scories qui ont jailli sous forme de stalactites dans l’atrio-del-cavallo du Vésuve, les- quelles renferment des augites isolées et intactes qui ont con- servé leur forme et leur couleur, quoique ces scories soient rouges et n'aient que de 3 à 6 lignes de diamètre; circon- stances qui prouvent que ces cristaux n'ont pu se former pendant le refroidissement de la stalactite. Ces objections provenoient de ce que sir James Halles, en faisant connoitre ses expériences, n’en a fait que très-peu d’ap- plications à sa Théorie; qu'il n'a point fait mention de divers phénomènes dont on eût desiré l'explication; et qu'il s’est borné en quelque sorte à dire que « la chaleur des volcans ».excède de beaucoup ce qui est nécessaire pour réduire en » fusion les laves et toutes les matières qu'elles contiennent;... » que cette chaleur a pu être souvent d’une intensité exces- » sive;..... que les diverses particularités de la structure » intérieure que ces laves possèdent en commun avec le gra- » nite et le basalte, doivent être attribuées dans toutes à » la cristallisation qui a lieu pendant le refroidissement lent » qui a succédé à leur fusion (2) ». Il laïissoit surtout à ima- (1) Bibliothèq. Britan., t. 15, p. 340. (2) Sir James Halles dit que lord Selkerk et lui s'accordent dans presque fous les points avec le docteur Hutton. Mais nous ne connois- sons encore que pe de courts extraits la Théorie d'Hutton : on »’2 point traduit son Ouvrage en francais, 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE giner comment s'étoient formés et s'étoient conservés ces cristaux isolés qui sortent du milieu des matières en fusion : et comme il n'a point répondu à ces objections ( du moins dans les ouvrages qui nous sont parvenus depuis cinq ans ), elles semblent rester dans toute leur force, si on ne trouye pas moyen de les concilier avec sa Théorie. Or il me paroit que toute diflicuté sera levée, si l’on ad- met, comme je le crois évident, qu'il se forme sans cesse des cristaux dans la partie supérieure des cratères. Il s’agit seulement de faire voir comment la chose est possible et qu’elle est plus que vraisemblable. Examinons d'abord le phénomène tel que nous le présen- tent les volcans qui éprouvent le plus d'agitation. Ecoutons Spallanzani, qui, plus heureux que d’autres, a pu se trouver de jour et de nuit sur les bords mêmes du cratère de Strom- boli. Il nous dit « que la matiere liquéfiée est soulevée dans le cratère, par des vapeurs élastiques, avee plus ou moins de rapidité; que, parvenue à la distance de 25 à 30 pieds de ses bords, on la voit se gonfler et former de grosses bulles de plusieurs pieds de diamètre, et qu'elle éclate alors comme un coup de tonnerre, Une portion de cette matière, déchirée en mille morceaux, est lancée dans les airs avec une vitesse inexprimable et un débordement de fumée, d'étincelles et de sables. Après l'explosion, la lave s’abaisse, demeure quelque temps dans cet état, puis elle remonte comme auparavant ». On voit, d'après ce récit, qu’en général la masse de la lave étoit liquide, puisqu'elle s'élevoit et s’abaissoit successivement, mais qu'assurément sa surface avoit déjà pris une forte con- sistance, puisque le bruit de l'explosion égaloit celui du ton- nerre, et que la grande expansion des fluides devoit être une suite de la grande résistance de la surface; or cette résis- tance ne pouvoit provenir que du refroidissement au contact de l'air. * D'un autre côté, voyons quels sont les divers degrés de fusibilité de la lave, selon l’état où elle se trouve. Sir James Halles nous dit, qu'après avoir obtenu la fusion d’un whin ou basalte à 504 de Wedgewood, il remarqua que le verre qui en provenoit, étant exposé à un nouveau feu, se ramol- lissoit dès le 214. Il ajoute, qu'à cette température, ce verre perdit dans un instant son caractère vitreux et que le nou- veau produit solide qui en résulta ne se trouva plus fusible ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 qu'à 319; qu'il suffit aussi qu'une lave liquide emploie plus d’une minute ou deux à descendre du 23° au 21% pour quelle se consolide en cristallite tout-à-fait semblable aux scories vol- caniques. Remarquons enfin ce qui se passe dans celles des dissolu- tions par la voie sèche qui, comme les laves, renferment beaucoup de substances hétérogènes. | D'abord les substances qui ont la plus grande force de combinaison n'étant plus écartées les unes des autres par une force supérieure, formeront, dans un clin-d’œil, des cristaux d’un seul jet, et, si elles sont les plus abondantes, dans l'ins- tant même que cette séparation a lieu, le reste de la masse n'est plus qu’un mélange de diverses substances qui n'ont que de foibles aflinités les unes pour les autres, qui ne peuvent se rapprocher que par un nouvel abaissement de la tempéra- ture et dont la cristallisation sera génée par l'abondance des élé- mens en excès, comme il arrive dans les eaux mères des dissolutions aqueuses. Ces différentes parties hétérogènes demeureront donc sans adhérence et sans liaison entr'elles; une chaleur médiocre suf- fira pour empêcher leur réunion et pour en former un liquide qui, en se refroidissant, deviendra visqueux et d'autant moins fluide, que déjà la très-grande partie de la masse se trouvera composée de cristaux de toutes grandeurs. Or nous venons de voir aussi, par les expériences de sir James Halles et par l'examen de nos cristallites, qu'à l'instant où les cristaux se sont consolidés, ils ont dù perdre la faculté de se fondre au même degré de feu qui tient le reste de la masse à l’état de liquidité; qu'il faut dès ce moment une chaleur incomparablement plus forte pour obtenir leur fusion. Ils restent done suspendus dans ce liquide, comme certains sels formés dans des dissolutions aqueuses, et comme les . cristaux de nos fourneaux dans le verre au milieu duquel on les trouve : nous avons vu que ces derniers cristaux sont de- venus plus ou moins réfractaires, tandis que ce verre est de- meuré très-fluide. Ainsi, tant que le liquide n’éprouvera pas une augmentation de chaleur d'un très-grand nombre de de- grés, ils y floitteront et y seront baliottés sans éprouver la moindre altération. Ils peuvent méme y demeurer fort long- temps, car il est très-probable que les cratères, qui sont toujours à une distance uamense des véritables foyers, con- 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE servent pendant de longs intervalles une température qui ne varie pas considérablement. Maintenant, si dans cet état de choses, des fluides aéri- formes viennent à traverser brusquement le liquide qui rem- plit le cratère, ils doivent emporter au loin ces cristaux isolés et aveceux les fragmens de la croûte superficielle qui com- mençoit à se durcir, ainsi qu'une partie de la masse liquide ou visqueuse, qui sera déchirée de mille manières et dont les lambeaux prendront, par la rapidité du refroidissement, le caractère de scories. Ces scories enfin et les cristaux eux- mêmes lancés tout-à-coup du milieu de la flamme dans un air froid et humide, se briseront en éclats quand ils en se- ront susceptibles. Telle est l'origine de ces pluies de cendres, de sables, de fragmens de laves vitreuses, de débris de scories, de cristaux entiers ou brisés, dont l’ensemble forme des couches et com- pose une grande partie des montagnes volcaniques, surtout de celles dont la base des laves est argilo-ferrugineuse. Jusqu'ici il n’est encore question que de ces agitations con- vulsives qui sont en quelque sorte indépendantes du débor- dement de la lave. Lorsqu’ensuite celle-ci vient à s’extravaser ou à pénétrer dans quelques fentes du cratère et que l'érup- tion est très-foible, dans ce cas, les cristaux déjà formés se mélent plus ou moins aux matières fluides qui les entrai- nent, et avec eux sont emportés les fragmens solides de la surface, ainsi que les débris plus ou moins décomposés des bords du cratère qui retombèrent sur elle en même temps que les produits des éjections verticales. De là résultent ces mélanges bizarres, si communs dans ces montagnes où l’on voit pêle-méle, enveloppés dans les cou- rans voisins des cratères, des fragmens agglutinés et plus ou moins altérés, des débris de’scories, des brèches et des frag- mens de laves calcinées, des cristaux éclatés, des cendres, des sables et enfin des cristaux qui se sont formés à deux époques différentes, les uns dans le cratère et les autres au dehors. Finalement, si les grandes éruptions se manifestent, s’il ar- rive des torrens de ces laves qui jouent le premier rôle dans l'Histoire des Volcans, soit par l’immensité de leur volume, soit par la vaste étendue des terres qu'elles ravagent, on n’y trouye plus ces divers fragmens, ni ces corps étrangers, ou du XT D'HISTOIRE NATURELLE, 459 du moins ils y sont très-rares; ce sont des roches solides qui, à leur surface près, nous offrent tous les caractères essentiels des roches naturelles. Ces laves s’élancent soit du cratère, soit des flancs de la montagne ou de sa base, Elles arriwent avec rapidité des foyers mêmes du volcan, jouissant d’une chaleur incomparablement plus grande que celle des matières qui reposoient dans le cra- tère. Cette chaleur, cette rapidité /es font jaillir et couler comme de l’eau et ne peuvent permettre aux eristaux de s'y former, T'ous ceux qu’on y trouve ensuite y sont nés pendant le refroidissement et le repos. Concluons donc que les cristaux rejetés isolément, ne sont point des produits de la voie humide; que ce sont de nou- veaux produits qui ont pris naissance dans le cratère même par un premier refroidissement, et que la presque-totalité de. ceux que renferment les laves des grands courans, s'y sont formés en place et pendant qu'elles se refroidissoient, S VI. De la formation des Laves poreuses, des Ponces et des Verres ou Obsidiennes. 4 La plupart des laves poreuses et particuliérement celles à base argilo-ferrugineuse , telles qu'on en voit au Vésuve, 4 l'Etna, et dans la campagne de Rome, doivent leur gon- flement à des fluides élastiques détachés des élémens qui se sont réunis pour former, tant les cristaux réguliers, que les grains cristallins qui composent une partie de la base de ces laves, FE ï Elles ne se trouvent , en général, qu’à la surface des cou- rans, parceque la compression suflit pour arrêter le dévelop- pement de ces fluides, ainsi que l'avoit observé Dolomieu, et que le prouve la fusion que sir James Halles vient d'obtenir de la chaux carbonnatée. Ces laves sont vitreuses ou lithoïdes selon la durée du re- froidissement qu’elles ont éprouvé; et souvent les cristaux qu'on y trouve sont d'autant plus informes que ce refroidissement a été plus rapide. Tome LX. PRAIRIAL an 13. LI] 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Quant aux verres ou obsidiennes (1), aux pierres ponces et aux laves plus ou moins vitreuses qui les accompagnent tou- jours, que j'ai vus aux îles de Lipari, d’Ischia, de Procida et aux Monts Euganiens, je pense qu'on peut attribuer l’état où on les trouve, d’abord à la nature des substances premières sur lesquelles les feux ont êxercé leur action, qui très-pro- bablement ont plus de disposition que d’autres à la fusibilité, et peut-être à perdre le calorique, ensuite à trois circonstances fort distinctes que les feux de nos verreries nous retracent complètement. SAvoIR: À une première action du feu qui occasionne un déborde- ment d'écumes vitreuses que la fraicheur de l'air extérieur fixe dans cet état; débordement qui dure tant que les ma- tières soumises à cette action renferment une certaine quan- tité de sels très-fusibles, ou de principes expansibles qui, par leur surabondance, s'opposent à la condensation de la masse. C'est à quoi j'ai toujours cru devoir attribuer cette immense coulée de ponces, l’une des plus grandes connues, que j'ai vue à Lipari. Ensuite, une plus longue élaboration dans les foyers ou dans le cratère, un refroidissement moins rapide, font paroitre des substances compactes dans l’état de verres, d'émaux et de laves vitreuses ou résiniformes, au milieu desquelles se sont développés des cristaux plus ou moins réguliers, comme dans nos cristallites. . Si enfin, le calorique ne s'échappe que: fort lehtement, ces mêmes substances qui auroient formé des ponces et du verre, constituent de grandes masses de laves complètement pierreu- -(r) Je ne parle point ici de ce verre dont.le Vésüve nous offre quel- ques petits échantillons assez rares, mélangés avec des cristaux plus ow moins, altérés d'amphygène ou de, feldspath; il n'est qu'un effet acciden- tel de J'action de la flamme qui a fondu les augites et la base cornéenne de quelques fragmens de laves; ce n’est poiut là de l'oisidienne. J’ai obtenu le même résultat d'un morceau de porphyre rouge antique que javois soumis à un feu très-vif; l’anrphibole étoit passé à l'état de verre, tandis que le feldspath n'étoit que très-peu aliéré. Je présume que ce- lui du Vésuve difière peu du verre que M. Smithson a troryé à Wi- Ihemstad, qui'se fond plus facilement que l'obsidienne et pèse 2,003; tandis cuelle ne pèse que 2,391. ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 452 seë, dont les unes sont poreuses, quand le dégagement des fluides élastiques n'a pas été retenu par la compression , et les autres sont compactes, quand elles ont été comprimées. : Ainsi les verres compactes ou obsidiennes tiennent le mi- lieu, quant à leur formation, entre les écumes vitreuses et les laves pierreuses et lithoïdes de même nature. Ces écumes n'en sont pas moins un véritable verre; mais au lieu d’être le ré- sultat du gonflement de l'obsidienne, ainsi que le prétendent les neptuniens, qui croient cette substance d'origine aqueuse, elles sont un des premiers effets de la fusion des matières qui la produisent. Oa en trouve, pour ainsi dire, la preuve quand on consi= dère qu'un grand nombre de feldspaths, les déodalites, la prenithe, la tourmaline , et quantité d’autres substances natu- relles se fondent en verres très-bulleux à un degré de feu infi- niment inférieur à celui qui est nécessaire pour obtenir un semblable effet de l’obsidienne : il faut, suivant de Saussure, près de 1151 de Wedgewood pour fondre celle-ci, tandis que 20 à 30 degrés suflisent pour la plupart des autres. Nous obtenons sans doute une apparence de pierre ponce en sou- mettant l'obsidienne au feu de nos fourneaux, mais par là nous lui faisons éprouver ce que de Saussure appeloit une seconde fusion, laquelle exige un degré de feu infiniment plus fort que celui qui a formé cette substance. Il me paroît donc contre toute vraisemblance que les ponces soient dues au gonflement de l’obsidienne, comme on se l’est imaginé. Voilà, je pense, le mode de formation des principales sub- stances qui ont éprouvé directement l’action des feux souter- rains. Je sens qu'il y a encore d’autres phénomènes dont on pourroit desirer l'explication, mais je ne peux m'en rappeler aucun qui ne puisse s’accorder avec ces principes ; d'ailleurs les bornes de ce Mémoire sont déjà dépassées et je me hâte de rappeler des circonstances qui viennent à l'appui des rap- prochemens que j'ai faits. | s VII. De la possibilité d'imiter complètement les Laves. Après avoir donné les motifs qui rendent inadmissible le système de la préexistence des cristaux; après avoir montré LI11 2 490 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que la fusion totale de la matière des laves peut seule donner une explication satisfaisante des divers états où on les trouve; il nous reste à faire voir que, s'il existe des différences entre les produits des feux souterrains et ceux de nos fourneaux, ces différences ne prouvent point qu'il en existe dans le mode d'action de ces feux. Nous montrerons au contraire qu'il est possible d'imiter complètement les laves. On a vu par l'examen que nous avons fait des cristallites de verrerie, qu’un composé de 57 parties de silice, 51 de chaux, 4 d'alumine et À de fer et manganèse, pouvoit, par un refroidissement plus ou moins lent, prendre sous nos yeux des formes, sinon identiques, du moins essentiellement ana- logues à celles que nous présentent les divers produits vol- caniques, et nous offrir dans ce nouvel état, presque toutes les qualités physiques et chimiques qui caractérisent ces der- niers. Savoir, des verres, des émaux, des ponces, des scories, des noyaux lithoïdes et des cristaux plus ou moins réguliers au milieu de ces verres et de ces émaux; des pierres non- vitreuses, plus ou moins boursouflées ; des pierres compartes, grenues, écailleuses, d'apparence homogène; et d'autres qui sont porphyritiques, dont la pâte est semblable au pétrosilex, se fond au feu plus facilement que les cristaux, et donne une gelée dans les acides, comme celle de plusieurs laves et les météorites; enfin au milieu de cette pâte, des cristaux régu- liers qui sont infiniment plus durs qu'elle, et composés de parties tout-à-la-fois réfractaires et indissolubles. Certes, si l’on avoit à décrire tous les différens états où se trouvent les produits volcaniques qui ont éprouvé la fluidité igrée, il y auroit peu de choses à ajouter à cette nomencla- ture; cependant la plupart des élémens qui, par leur compo- sition, ont donné lieu à des formes si variées et si semblables à celles des laves, différent considérablement de ceux que-nous pré-entent ces mêmes laves : on ne trouve daus ces dernières point ou presque point de chaux, elles renferment au contraire beaucoup d'alumine; plusieurs d’entr'elles }usqu'à 10 pour 100: de soude, et quelques-unes jusqu'à 20 de potasse et 15 ou 20 de fer. La silice, en raison de la forte quantité où elle se trouve dans ces deux genres de composés, est, pour ainsi dire, la seule terre qui leur soit commune. D'un autre côté, la compression n'est rien dans nos creusets de verrerie, elle ne s'oppose nullement à l’évaporation des sels et au dégage- ment des fluides élastiques. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 453 N'est:il pas, d'après cela, infiniment probable qu'on obtien- droit des cristallites de formes et de natures identiques à celles de ces laves, si l'on soumettoit au feu de nos fonderies les mémes proportions de principes terreux et salins qui consti= tuent ces dernières; mais avec la précaution de les y exposer en grandes masses, et d'ajouter un excès des sels qui sont nécessaires à leur constitution , pour compenser ce que le feu pourroit en faire évaporer ? Ces deux conditions ont été négligées par sir Halles dans les expériences qu'il a faites; il s'est contenté de fondre des échantillons d'un petit volume et n’y a point ajouté de sels ; peut-être auroit-il fallu y joindre du soufre et du muriate de soude, au lieu de soude, puisque les laves brülantes exhalent souvent j’odeur d'acide muriatique mélé d'acide sulfurique. Bien loin donc d’objecter à sir Halles, comme le fait M. Kir- wan (1), le défaut de succès complet de ses expériences, et de dire qu’il n'a obtenu qu'une demi-cristallisation et non pas une cristallisation véritable et régulière, on doit s'étonner qu'il ait si bien réussi, que dans plusieurs on ait vu des whin- stone reparoître, après une fusion totale, dans le même état de solidité pierreuse et cristalline qu’elles avoient auparavant: Le feu avoit dû nécessairement faire évaporer une partie des sels et des fluides aériformes dont quelques-unes de ces pierres étoient composées, et dans ce cas, il ne pouvoit y avoir un retour complet à leur premier état (2). Eu variant ces expériences quant aux matières composantes, à la durée ou à l'intensité du feu, et à la lenteur du refroidis- sement, ainsi qu'en soumettant les matières à divers degrés de compression, on verroit, je n'en doute pas, se manifester lusieurs des cristaux qui forment les différentes variétés des Ee porphyritiques, et que nos procédés ordinaires et les pro- pértions des élémens qui composent notre verre commun ne sont pas susceptibles de produire. La formation de la singulière pierre de nos fours à chaux dont j'ai parlé, de cette pierre qui ressemble, à s'y mépren- (x) Bibliothèque Britanrique, t, 15. (2) Qu'on se rappelle que la pâte de nos cristallites exposée A du chajumeau se fond en un verre plein de bulles, et quil en est de même de celle de beaucoup de porphyres et de layes porphyritiques. 454. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . dre, aux roches et aux laves cornéennes, doit nous faire pré= sumer que ce seroit plutôt la durée que l'intensité du feu qu'il faudroit employer pour certaines combinaisons: nous voyons ici que la durée a été suflisante, et que ce nouveau produit a joui d'une fluidité aussi complète que les autres, puisque les plus petites parties qui le composent, sont dans un état cristallin. Ce résultat nous indique aussi qu’il conviendroit, pour imi- ter ces laves, de mélanger avec beaucoup de houille, de fer carburé ou d’authracite, les matières de diverses natures qu’on placeroit dans des creusets. De fortes analogies nous portent à croire que l'aliment des feux volcaniques est aussi plus ou moins mélangé aux terres que ces feux parviennent à fondre; et que les combinaisons qui s’opèrent dans nos misérables fours à chaux, ont plus de rapports qu'on ne pense avec celles des grands laboratoires de la nature, $ VIII. De l'aliment des Feux volcaniques et de La profondeur de leurs foyers. Nous n’avons pas de données suflisantes pour connoître l’ali- ment des feux souterrains. La houille, les bitumes quelcon- ues, ainsi que les grandesimines de soufre sont en général de produits de dernière formation, déposés près de la sur- face de la terre, bien au dessus du lieu où l’on peut sup- poser les foyers volcaniques. Jamais les plus grands incendies de leurs mines n'ont ressemblé à ceux des volcans. Quant aux pyrites, je demanderai où il s'en trouve des amas en suflisante quantité pour produire tant d'effet? et, si étant près de la surface de la terre, elles pourroient alimenter ces foyers pendant un grand nombre de siècles ? Si, au contraire, on veut les chercher un peu au dessous, il faut se rappeler que les filons métalliques, bien loin de se rélargir en s’appro- fondissant, deviennent ordinairement plus étroits. Les bitumes, le soufre et les pyrites ne se trouvent pas lus dans le voisinage des volcans que partout ailleurs, la plu- t de ceux ci en sont même fort éloignés. Beaucoup de produits volcaniques cependant renferment du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 soufre, et c’est le seul de tous les combustibles qui paroït avoir contribué à leur fusion, puisqu'il est le seul qui s’y ren- contre, et que tous les volcans en exhalent des vapeurs. On dira peut-être qu'il s’est développé dans l’inflammation géné- rale, et qu'au lieu d'en être la cause, il n'en est que l'effet ; néanmoins sa grande abondance et d'autres considérations doi- vent faire présumer qu'il est le principal aliment de ces feux, mais on voit en même temps qu'il ne peut provenir que des parties de l'intérieur du globe qui sont bien au dessous de celles que nous connoissons. Tout indique dans les volcans que la profondeur de leurs foyers est immense. C’est l'opinion de M. Deluc et de plu- sieurs naturalistes. Dolomieu a démontré que les foyers de ceux de l'Auvergne se trouvoient au dessous méme de la masse de granite qui constitue le sol de ce pays. J'ai également lieu de croire que, comme ces derniers volcans, la plupart de ceux que j'ai vus, se sont fait jour au travers de l'écorce du globe. Ce n'est pas seulement par les violentes secousses de leurs explosions quil faut juger de leur profondeur, mais par la nature et l’immensité de leurs produits, qui sont tou- jours fort étrangers à ce qui les entoure: quelques-uns même de ces produits que l’on croit d’origine aqueuse, montrent par leur dissemblance avec les roches qui avoisinent les volcans, qu'ils n’ont pu être arrachés que bien loin de la surface. La terre éprouve des tremblemens qui se font sentir à des distances immenses ; ils prouvent qu’il existe de grandes ca- vités au dessous de son écorce, dans lesquelles s’opèrent di- verses combinaisons chimiques. De fortes analogies nous disent aussi que notre globe, composé de tant de parties hétérogènes, inégal dans sa surface, renflé à l’équateur et beaucoup plus dense vers le centre, n'a pu se consolider qu’en laissant çà et là de grands espaces vides, et sans renfermer dans son sein des métaux à l'état de sulfure et de régules, ainsi que des sels dissolubles, dont la réaction donne naissance aux phé nomènes volcaniques. | Un habile naturaliste voyant que les volcans en activité se trouvoient tous dans le voisinage de la mer, que plusieurs exhalent des vapeurs d'acide muriatique et sulfurique, et que leurs laves renfermert beaucoup de soude, a cru dernière- ment que des communications donnoient aux eaux de la mer la faculté de s'introduire dans leurs foyers, que celle-ci leur fournissoit le muriate de soude et d’autres sels, et que ces 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE différens sels se mélant au soufre des couches souterraines, déterminoient les fermentations qui produisent le dégagement du feu. Il ajoutoit même que le concours de l’eau marine étoit absolument nécessaire pour exciter ces fermentations, que l'eau douce ne pouvoit pas produire cet effet Ce système étoit séduisant. Mais tout-à-coup, MM. Humboldt et Bonpland nous annoncent qu'une éruption volcanique se manifesta en 1750, dans les plaines de Jorullo du Mexique, à 40 Lieues de la mer, en ligne directe, et qu'il s’y forma dans une nuit un volcan de 1494 pieds de hauteur, entouré de plus de 2c00 bouches, qu'ils ont vues encore fumantes. Or un canal souterrain qui se maintiendroit ouvert dans 40 lieues de longueur, seroit fort extraordinaire. D'un autre côté l'analyse des principales laves du Vésuve (celles qui ont des cristaux d’amphygène ) prouve qu'elles contiennent jus- qu à 0,20 de potasse; le docteur Kennedy en a trouvé aussi dans des pierres ponces, qui provenoient vraisemblablement des îles d’Italie: mais ces analyses n’indiquent point qu'il s'y trouve de la soude, base du sel que la mer auroit pu leur four- nir (1), et les chimistes n’admettront pas que la soude de sel marin puisse se convertir en potasse. Plusieurs sortes de ba- saltes, les whinstone et les laves de l'Etna contiennent de la soude; mais il ne suflit pas qu'il s’en trouve dans certaines laves pour prouver que les eaux de la mer soient les seules qui puissent alimenter leurs foyers. L'absence de cet alkali dans certaines laves qui contiennent cependant de la potasse, sembleroit méme en contradiction avec l’accès de ces eaux dans les cavités volcaniques. T'erminons cet article, attendons de nouveaux faits, car il nous faut des données plus certaines. à () MM. Descotils et Drapier viennent de trouver de 0,04 à o,10 de potasse mêlée d'une petite quantité de soude dans trois variétés d’obsi- dienne, apportées du Mexique par M. Humboldt. Cette petite quantité de soude ne peut détruire l’objection que je fais ici, car il faudroit savoir aussi d’où provient la potasse. 1 S IX; ET D'HISTOIRE NATURELLE, 457 ç IX. Des Layes comparées aux Roches primitives, quant à leur formation. Avant de récapituler les divers effets du feu sur les sub- stances minérales, faisons un dernier rapprochement entre les produits des volcans et les roches primitives, en les consi- dérant sous le rapport de leur formation. Ces roches se distinguent des laves par plusieurs caractères ; on voit surtout qu'elles renferment beaucoup de substances, soit cristallines, soit en masses qu’on ne trouve point dans les laves, et que celles-ci, de leur côté, en contiennent plu- sieurs dont les roches primitives ne nous offrent point d'exemples. Quelques naturalistes ont cru voir une progression exacte depuis la parfaite cristallisation du granite jusqu'aux grès et aux charbons de terre; ils en En noce que la principale cause de leur formation avoit été la même, et qu’elle ne pou- voit étre qu'un fluide aqueux. Mais ces nuances insensibles entre des substances si différentes sont bien loin d’être cons- tatées. L'état plus ou moins vitreux, ainsi que certaines porosités, nous paroissent maintenant appartenir exclusivement aux pro- duits du feu, et il en est à peu près de mème de la faculté de donner une gelée dans les acides. Enfin le gisement des matières volcaniques, l'absence to- tale des filons métalliques dans les laves, et tant d’autres cir- constances géologiques, établissent entre la plupart des laves et des roches primitives des distinctions si frappantes, qu’on doit croire qu'elles se sont formées à des époques et dans des circonstances différentes, et qu’on doit éviter autant qu'il est possible de confondre les unes avec les autres. Mais, de ce qu’il existe beaucoup de différences entre elles, quil est essentiel de ne jamais perdre de vue, doit-on en conclure que les causes de la fluidité dont elles ont joui soient totalement dissemblables ? C'est ce qu'il faudroit examiner. Les géologues conviennent que la formation des porphyres p'est point encore bien distinguée de celle de plusieurs roches Tome LX. PRAIRIAL an 13. Mmm 453 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ui les avoisinent ordinairement (1). Les laves ont si souvent pénétré au milieu des fentes. et des ravins des roches primi- tives et secondaires; les révolutions que la terre a éprouvées ont tellement bouleversé sa surface et masqué, par des dépôts et des filtrations , les produits des volcans, que souvent les circonstances locales sont. insuflisantes pour reconnotre ces derniers ; et, si des caractères particuliers à chaque substance ne les distinguent les unes des autres, il n’y a plus qu'incerti- tude sur leur origine. Or la contexture pierreuse et cristalline appartient aussi exactement à l’un de ces genres de roches qu'à l’autre; plu- sieurs laves d'apparence homogène et beaucoup de laves por- phyritiques, ressemblent tellement à des trapps, à des cor- néennes ou à des porphyres naturels, qu'on ne peut les en distinguer par aucun caractère physique ni chimique. Trois espèces de cristaux sont essentiellement communes aux roches volcaniques et primitives, savoir: le mica, l'am- phibole et le feldspath; ce dernier surtout constitue à lui seul la presque-totalité de quelques courans de laves. L'am- phibole et le feldspath présentent également, dans ces deux genres de roches, des variétés dont les unes sont très-fusibles , ét lés autres presque réfractaires. L'analyse des laves indique en général qu’elles contiennent des alkalis; mais certains feldspaths, la chlorite, la lépido- lithe, des roches primitives en contiennent aussi, quoique en moiridre quantilé; et quant à leurs autres élémens ils sont tous les mêmes. Les roches dés deux genres, quand elles sont de mème es- pèce, se décomposent de la même manière par l’action de l'air ou des acides, et subissent les mêmes changemens par celle du feu. ’ Enfin aucun exemple ne nous prouve que des dissolutions aqueuses forment maintenant sur le globe des roches sem- blables aux roches primitives, ni même qu'on parvienie à les imiter réellement par ce moyen; tandis que le feu nous en offre EEE ent 1) Vovez le Traité de Minéralogie suivant les principes de Werner, Qar Brochant; | 575 à EEE ar Brochant; t. 11, P. 979. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 chaque jour qui leur sont non-seulement analogues ; mais même identiques. Il devient donc bien difficile de supposer que des roches qui ont tant de rapports entre elles aient été formées par l'action de deux agens aussi dissemblables que le sont le feu et l'eau. -.......Mais ici commencent les conjectures; arrétons- nous : il est temps de se résumer. sue CONCLUSIONS. Concluons de tous les faits que nous venons de rapporter ; 1°. Que les feux de nos fourneaux produisent non-seule- ment des pierres simples ou d'apparence homogène, mais en- core des pierres analogues aux roches composées; et qu'il existe entre ces produits, ceux des volcans et ceux qu’on at- tribue à la voie humide une multitude de rapports physiques et chimiques qui peuvent tromper les plus habiles observa- teurs ( pp. 434 et 452 ). 110. Que le mode d’action des feux souterrains ne diffère point de celui de nos fourneaux et de celui qui a donné nais- sance aux météorites. IIIe, Que la fusion de la matière des laves et des météo- rites a été aussi complète que celle de nos cristallites; et ue la diversité des substances qui les composent, le degré it compression qu’elles ont éprouvé et le plus ou moins de lenteur de leur refroidissement ( à des degrés de chaleur dé- ‘terminés par la nature de ces substances }, suflisent pour expli- quer les différens états qu'elles nous présentent ( p. 435 et $ V }. IV°. Que le concours de l’eau ou d’un dissolvant inconnu auquel on attribuoit la fusion et la contexture pierreuse ou lithoïdes de laves, est aussi gratuit qu’imaginaire. * V®. Que la fusion des laves est ordinairement facilitée par l’abondance des alkalis qui se réunissent aux matières premières sur lesquelles les feux exercent leur action, ou qui s'y trouvent déjà contenus, et que sous ce rapport, l’art ne fait, dans la fa- brication du verre, qu'imiter les procédés-de la nature. Mmm 2 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Vlo. Que le feu des volcans, comme celui de nos fourneaux, change tellement l'état des substances qu’on ne sauroit déter- -miner celui où elles se trouvoient avant son action; quil leur fait éprouver de nouvelles combinaisons et peut, dans plusieurs cas, donner les mêmes produits en agissant, soit sur les roches que nous connoïssons, soit sur d’autres très-diflé- rentes qui nous sont inconnues; mais qu'il est présumalle que ces feux agissent plutôt sur des amas de terres et de sables mélangés d’alkalis que sur des roches solides. VII. Que les laves ne paroissent point en général renfer- mer de quartz, et quil est probable que, lorsque ces feux auront attaqué des terres ou des roches qui en contenoient , la silice qui le composoit est restée combinée avec les alkalis et les autres terres qui forment ces laves ( p. 439). VIIlIo, Que l’action des acides nous offre un nouveau ca- ractère pour distinguer facilement beaucoup de produits du feu qui contiennent de Ja silice combinée dans certaines pro- portions; et que ce caractère, qui consiste dans la formation d'une gelée, montre une connexité entre tous les genres de produits de la voie sèche, et forme, pour ainsi dire, une ligne de démarcation entre eux cet les produits de la’ voie hu- mide (p. 435). IX°. Que le caractère de donner une gelée, manifesté par les météorites, ajoute infiniment aux présomptions qu'on avoit sur leur origine ignée; que, d’un autre cûté, le passage de l’état vitreux à l’état lithoïde étant démontré très-rapide, ces: corps ont eu le temps de prendre cette dernière disposition quand ils traversoient l'atmosphère ; que le feu est le seul moyen connu par lequel on puisse expliquer l'état de régule où se présente le fer que ces pierres contiennent ; et qu'enfin leur superficie n’est à l'état vitreux que parcequ'elle s'est trou- vée au contact de l'air comme celle des laves ( p. 435 ). X°. Que les circonstances géologiques qui accompagnent Ia zéolite mésotype, la mellilite et la pseudo-nepheline, et les divers caractères que ces substances possèdent en commun avec les produits de nos fourneaux, doivent les faire consi- dérer comme ayant éprouvé la fluidité ignée , et que l’ana- logie nous conduit à rapporter à la même cause la formation de l’analcyme et de la stilbite (S IV, p. 437 ). XIe, Que l’origine ignée du peridot et de la mésotype, re- connue par les mêmes moyens, doit lever les doutes qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 461 pouvoient rester sur l'origine des anciens basaltes où ces sub- stances se rencontrent le plus souvent ( p. 429 ). XII°. Que les foyers volcaniques ne peuvent exister qu'à d'immenses profondeurs; que le soufre qui s'y trouve en combinaison avec des métaux semble étre leur aliment essentiel, et que l’accès des eaux de.la mer dans ces foyers ne suflit point pour expliquer d’où proviennent les alkalis qui entrent dans la composition des laves ($ VII, p. 454 }. XIII°. Qu'il se. forme des cristaux dans le cratère des vol- cans lorsque la lave y fait quelque séjour; qu'ils peuvent s'y conserver sans altération et en être rejetés isolément; mais que la plupart naissent au dehors quand elle le traverse rapi- dement ( p. 446 et suiv. ). XIV°. Qu'une médiocre compression arréte le dégagement des fluides élastiques qui se développent pendant le refroi- dissement et la cristallisation de la lave; et que le poids de certains courans excède celui qui est nécessaire pour arré- ter le dégagement de l’acide carbonique du spath calcaire qu'ils HS RE (p. 438). XV®. Que le verre dont nous faisons le plus fréquent usage, ne contient qu'un atome d’alkali qui n’est point essentiel à sa constitution et qu'il conviendroit ainsi de changer la défini- tion générale qu'on donne des parties constituantes du verre (p- 431). XVIo. Que la substance du verre, soit naturel, soit arti< ficiel, n’aflecte jamais de formes régulières; et que les plus fortes probabilités nous portent à croire qu'il n'existe point de verre dans la nature qui ne soit le produit de l'action du feu ( p. 432 et suiv. ). XVII, Que les ponces, bien loin d'être le résultat du gon- lement de l’obsidienne, sont le produit de la première fusion des matières terreuses les plus fusibles, tandis que l'obsi< dienne est le résultat d’une plus longue élaboration de ces mêmes matières ( p. 450 ). XVIII. Qu'il importe, dans les arts qui empruntent le secours du feu pour opérer la fusion de diverses substances, de se rappeler que la plupart d’entre elles tendent à former de nouvelles combinaisons, quand le feu ne leur est pas en- levé tout-a-coup; et que ces combinaisons se font dans um 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE clin-d'œil, lorsque la température du liquide s'est abaissée et se maintient pendant quelques instans, à certains degrés qui varient suivant la nature de ces substances ( p. 446 ). XIX°, Que la compression joue un si grand rôle dans les phénomènes géologiques, que les arts pourroient s'en servir pour modifier différentes substances et en obtenir des résultats importans. XX°. Qu'enfin plus on examine les roches primitives et volcaniques, plus on acquiert de preuves qu'elles se sont toutes formées à des époques et dans des circonstances dif- férentes; mais aussi, plus on découvre de rapports essentiels qui paroissent indiquer que la principale cause de la fluidité dont elles ont joui a dù être la méme($ IX, p. 457). CONJECTURES Sur l'état primitif du globe et sur l'aliment des feux volcaniques. L'opinion des anciens et de beaucoup d'hommes célèbres, et plus récemment les observations de Spallanzani, de MM. Sal- mon, de Buch, Breislak et Thompson sur l’origine de cer- tains cristaux des laves ; celles du docteur Hutton; de nou- velles analyses des produits du feu; et surtout les nouveaux faits que les belles expériences de sir James Halles et les cris- tallites de nos fourneaux viennent de nous offrir, semblent nous conduire à rapporter à la seule action du feu l'origine des roches primitives, et Suivant toute apparence, l'origine du globe même (1). Ce CE (x) C'étoit une doctrine assez généralement admise chez les anciens que notre globe avoit éprouvé l'action du feu, comme celle de leau, mais que la terre avoit d’abord été dans un état de conflagration. Descartes, Leibnitz, Morro et Buffon ont partagé celte opimon : elle n'a peut-être élé repoussée que parceque les données leur manquoient pour la rendre plausible. Quant à la théorie d'Hutton, que nous ne connoissons que par de extraits, et que sir J. Halles adopte dans presque tous les points ; nou: voyons qu'il attribuoit la formation de la terre à l'accumulation des sub; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 Ici nous entrons, je l'avoue, dans le vaste champ des con- jectures, mais puisque nous tenons de nouveaux faits d'une grande importance; puisque, sur une multitude de systèmes imaginés pour expliquer la formation du globe, aucun jus- qu'ici n'a paru satisfaisant; puisqu'il importe de lier tous les faits nouveaux, de les rattacher s'il est possible à une cause unique, comme plus digne de la souveraine puissance qui emploie sans doute les moyens les plus simples pour produire les phénomènes les plus compliqués, qu’il nous soit permis de hazarder quelques lignes sur un sujet d’un si grand intérêt. Si l'esquisse que je vais tracer se trouve incomplète et n'est pas plus heureuse que tant d'autres, elle pourra du moins provoquer de nouvelles recherches en présentant les objets sous des points de vue différens. On s’accorde généralement à considérer la forme sphéroï- dale de la terre comme le résultat d'un état de liquidité quel- conque. Nous avons vu qu'aucun exemple ne prouvoit que des dis- solutions aqueuses formâssent maintenant ou püssent former des roches semblables aux roches primitives, et que le feu au contraire nous offroit chaque jour des produits qui non- seulement leur sont analogues, mais même identiques. Enfin l’on n’a jamais pu donner une idée plausible sur la nature et l'immense volume du liquide aqueux nécessaire pour tenir en dissolution les élémens du globe (1). La plus forte stances au fond de la mer, à leur mélange produit par la fusion et à leur élévation opérée par la chaleur. Il pensoit que les substances qui n'offrent pas d'apparence de stratification par dépôt, telles que les filons métalliques, les granites , les winstone, etc., doivent leur origine à une fusion partaite opérée par l’action du feu, dont les effets éloient modi- fiés par une forte compression : tandis que les substances stratifiées ont été en général, seulement amollies par la chaleur ou pénétrées par la matière fondue. Les eflets de la compression n'étoient encore qu'hypo- thétiques; mais sir J. Halles vient de démontrer leur grande impor- tance, par les expériences sur la fusion du spath calcaire qu'il a fait connoître lan dernier à la Société royale d'Edimbourg. (1) Des concrétions -calcédonieuses et autres se forment à-la-vérité, çà ct là, surtout dans les volcans, par le concours de l'eau, des al= kalis et de la chaleur: mais que sont ces produits comparés à lim- mensé volume des laves ? D'un autre côté, quel volume d'alkali ct d’eau 2'auroit-1l pas fallu pour dissoudre non-seulement la silice, mais encore 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE analogie nous conduit donc à attribuer à l'action du feu tant la formation de ces roches, que la disposition générale que la terre prit alors. Une chaleur d’une longue durée a dû suffire pour empêcher qu'il ne se formät des verres et des scories vitreuses, tandis qu’un certain degré de compression a pu retenir les fluides élastiques qui auroïent formé des pierres poreuses et a pu fixer l'acide carbonique du calcaire primitif. La chaleur des substances vaporisées qui, à cette époque, devoient environner le globe plus exactement que ne le font les vapeurs des comètes, devoit s'opposer à toute conden- sation vitreuse. Le centre du globe, sa surface et cette atmos- phère de vapeurs, d'abord dans l’état d’incandescence, ne pürent se refroidir qu'avec beaucoup de lenteur. D'un autre côté, ce n’étoient pas seulement les élémens de l'air et de l'eau qui étoient volatilisés, mais encore des terres, des sels et la plupart des combustibles et des métaux des couches supérieures. Le poids de cette atmosphère, incom- parablement plus étendue que celle qui existe à présent , de- voit certainement excéder celui qui étoit nécessaire pour ar- réter le développement des fluides élastiques combinés dans les matières en fusion. L’extréme lenteur du refroidissement d'un globe tel que le nôtre, a dû laisser le temps nécessaire à toutes les combinai- #sons possibles et favoriser le développement des grands cris- toutes les autres terres des roches primitives? Que seroient devenus cette eau et ces alkalis ? uelques gouttes d'eau renfermées dans les agathes ne forment point une objection contre le système de la fluidité ignée. On sait que dans la plupart cette eau se dissipe à la seule température de l'atmosphère : si elle disparoît si aisément au {ravers de leurs pores, pourquoi ny seroit-elle pas entrée par la même voie? M. Breislak dit même à ce sujet que « l'hydrogène doit exister dans les laves encore brülantes, leurs » vapeurs, si elles sont chargées d'acides, doivent contemur de l'oxigène; » il ne répugne en rien que ces principes, en se combinant dans quel- » ques points, y produisent de leau ». Si l'on prétendoit enfin que l'eau seule a pu contribuer à la forma- tion du quartz, nous répondrions que nos cristallites nous offrent une multitude de cristaux qui s’en rapprochent tellement, qu'on ne sauroit les rapporter à aucune autre substance, taux ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 465 taux de toute nature, surtout de plusieurs centres de cris- tallisation. Ces centres auront formé des groupes et sont devenus les plus grandes hauteurs de la terre, par l’affaissement et la dis- persion des parties latérales, plutôt que par leur propre soulèvement ou par l'effet des secousses qui les auroient élevés. Leurs élémens s'étant réunis par voie d'élection, ont dù repousser à leur surface les derniers produits de la cristalli- sation, qui n'auront acquis que peu de cohérence entre eux et auront formé des roches de transition, que les torrens ont ensuite plus ou moins décomposées et entrainées. La chaleur ayant été violente et surtout très-prolongée, il ne resta dans les roches qui se formoient que peu de traces des sels qui avoient facilité la fusion de leurs élémens. Il en est demeuré cependant : nous avons vu qu'on trouve encore des alkalis dans le feldspath, la chlorite et la lepidolithe, comme on trouve des acides dans les calcaires et les gypses primitifs. Les mêmes causes agissoient donc autrefois comme elles agissent maintenant: la différence du volume des feux, bien plus encore que celle de leur énergie, nous expliquent les différences que nous offrent leurs produits. Cette chaleur a dù conserver ou faire passer à l’état de sul- fures, mais surtout à l’état de régules, les métaux qui se trouvoient dans l’intérieur de la masse, comme il est ar- rivé à ceux que contiennent les météorites ; et ces métaux ont dù , par leur pesanteur, gagner plus ou moins le centre et contribuer, avec les fluides élastiques retenus par une forte compression dans les matières terreuses qui s'y consolidoient, à lui donner cet excès de densité que nous lui connoissons. Dans cet état de choses, le fer et le nikel parvenus à état de régules, ont fait jouir le globe des phénomènes ma- gnétiques. Les substances d'un moindre poids formant une enveloppe hétérogène à ce noyau, ont dû en être séparées çà et là par des cavités immenses, qui auront été d’autant plus grandes que le refroidissement, ayant commencé par la surface, cette enveloppe étoit déjà solide lorsque le noyau vint à éprouver un retrait sur lui-même, en se refroidissant. Les tremblemens de terre qui se propagent à d'énormes distances, prouvent l'existence de ces cavités. Tome LX, PRAIPRIAL an 13. Nnu 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DR CHIMIE La prodigieuse irrégularité de la surface du globe, les fentes plus ou moins profondes et les bouleversemens dont elle annonce des traces de toute part(1}), indiquent qu'elle oo (x) Après avoir examiné une multitude de montagnes dans diverses arties de l’Europe, il m'a paru, comme à plusieurs naturalistes, qu'on pouvoit attribuer à ces gerçures, à ces fentes et aux aflaissemens, lori- gine d'un grand nombre de vallées, même de celles des conirées qui sont peu élevées au dessus de la mer. Ces sortes de vallées ont en- suite été plus ou moins comblées et rélargies par les grands torrens et quelquefois par les fleuves et les rivières; mais ce ne sont point ces agens qui leur ont donné leur première forme. J'observe que ces fentes, se prolongeant suivant les rayons de la sphère, se sont également manifestées au travers des centres de cris- tallisation, qui ont formé les hautes montagnes comme à leur pied, ou dans les espaces qui les séparoient. uelques-unes , dans l'origine, furent remplies par des substances pri- mitives; d'autres, ainsi que les gerçures, ont donné naissance à des filons métalliques et aux failles qui les traversent. Mais la plupart des grandes fentes ont dû servir pendant long-temps de communication entre l'inté- rieur du globe et sa surface, et donnent encore passage aux éruptions volcaniques. Plusieurs couches des montagnes primitives se sont formées dans une direction inclinée à l'horizon; beaucoup se sont inclinées par aflaisse- ment, mais bien peu par un refoulement qui les auroit redressées jus- uw’à la verticale. Si quelque boursouflement avoit pu en élever dans cette irection, elles auroient dû retomber à l'instant même. Ces montagnes m'ont paru en général dans la position où elles se cristallisèrent, ainsi que le pense M. de Lamétherie, et c'est un des points de sa Théorie de la Terre sur lesquels il insiste avec raison. Je crois cependant qu’elles ont éprouvé plus d’accidens qe n'en suppose; ces accidens se sont manifestés non-seulement pendant la cristallisation , mais encore long-temps après; elles ont été bouleversées dans une grande partie de leur circonférence, sillonnées de toutes manières par les eaux, et recouvertes par des dépôts de foules natures. Quant à l'origine des fentes ct des gerçures, je ferai remarquer que etles roches compactes, argileuses, soit granitiques, soit de porphyres, soit de basaltes, ont autant et même plus de disposition à se déliter verticalement que la roche calcaire de dernière formation dont les couches sont horizontales; qu'il est souvent arrivé que les courans, en sapant la base des montagnes, ont occasionné la chute des parties supérieures, et ont ainsi découvert des plans verticaux dans la direction des ger- cures; mais que les plus grands d’entre eux, qu’on voit sur les bords de plusieurs vallées, et surtout ceux a forment les escarpemens de plusieurs lacs et de beaucoup de côtes de la mer, au pied desquels on ne trouve point de fond, ne sont que les parois des anciennes ouver- tures du globe qui ont pu se prolonger à de grandes profondeurs. On voit beaucoup de ces plans qui se dégradent dans leur partie su- ET D'HISTOIRE NATURELLE) 467 a dù se gercer de mille manières, soit aussi par le retrait, soit par l’action inégale de la chaleur interne. Celle-ci se faisant jour de divers côtés, pendant que plu- sieurs parties de la surface se consolidoient, a dù ralentir la cristallisation ça et là, et la modifier en suppléant irrégulié- rement à la chaleur que perdoient les vapeurs extérieures. Déjà les substances vaporisées se condensoient, mais suc— cessivement et suivant les degrés de chaleur nécessaires pour les tenir à l'état de vapeurs: ainsi les terres volatilisées, di- vers métaux, l’anthracite, les soufres et diflérens sels se pré- cipitoient les uns sur les autres; ils couvroient la surface de la terre pendant que les eaux étoient encore suspendues dans l'atmosphère, Ces substances réduites à leurs propres élémens, et sou- vent mélangées dans ces dépôts, passent naturellement de l'état aériforme à l'état de fusion quise maintient par la cha- leur que la terre conserve encore. Les premières cristallisent avec elle, mais la plupart, n'étant précipitées qu'après sa consolidation, la pénètrent seulement dans ses fentes et ses gerçures, ainsi que dans les pores des roches qui étoient alors ien loin, par leur haute température, de pouvoir admettre aucun fluide aqueux et qui s'imprégnoient de ces mélanges liquides comme le font les coupelles de nos fourneaux. Ces liquides soulèvent méme de grandes masses par leur excès de pesanteur spécifique, et forment autour de chacune d'elles une enveloppe qui se trouve nécessairement irrégulière. De- là peut-être l’origine des filons métalliques qui sont quelque- fois des parties intégrantes des roches, mais qui, pour l'or- dinaire, se rétrécissent en s’approfondissant, qui varient de puissance et qui se seront remplis par le haut comme le pen: sent M. Werner et plusieurs autres naturalistes (1). périeure par la décomposition de leurs roches, et qui se changent peu à peu en talus ou en plans inclinés; tous doivent éprouver le même sort: si donc on en trouve un si grand nombre de verticaux , on doit en conclure, comme MM. Deluc et Dolomieu, que la dernière crise qui a laissé nos continens à sec, ne peut pas être très-ancienne. Plu- sieurs autres faits le démontrent également, (1) Ce soulèvement des masses par l'excès de pesanteur spécifique des liquides, ne me semble pas avoir été pris en considération. Cependant Nan 2 468 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Un plus grand refroidissement condense enfin les vapeurs aqueuses et donne naissance à des pluies très-chaudes, qui décomposent d'abord les dépôts salins et métalliques de la surface; viennent ensuite des torrens immenses qui déchirent et sillonnent les inégalités du globe, qui balayent ces sub- stances décomposées, ainsi que les terres et les pierres sans adhérence avec le sol, et qui entraînent ces dissolutions et ces débris, au travers des larges fentes des couches supé- rieures, jusqu'au fond des abîmes. Là les sels, les métaux, les substances combustibles, pré- cipités pêle-mêle, réagissent les uns sur les autres et sur les différentes terres; ils éprouvent un degré de coction par l’ac- tion de la chaleur centrale; la plupart des métaux se fondent et se réunissent à ceux qui s'y trouvoient déjà, tandis que les autres substances sont repoussées à la surface sous forme d’intumescence et d'éjections alternativement boueuses ou ignées, analogues peut-être à celles des volcans souterrains ou sous-marins de la plus haute antiquité. Cette chaleur centrale forme des sublimations et des dépôts terreux de substances acidifères; elle repousse surtout les par- ties aqueuses, elle les force d'abandonner dans les cavités où elles avoient pénétré, une partie des sels qu'elles tenoïent en dissolution et les oblige à se réunir aux nouvelles eaux de l'extérieur qui enveloppent déjà tout le globe, à l'exception de quelques points les plus élevés. L'air s'épure enfin; la plus belle végétation se développe sur des îles éparses, et la nature commence à s’animer. Cependant le calme n'existe pas encore dans toutes les parties: l'intérieur fermente, réagit; les eaux dissolvent les EEE ete) il peut expliquer non-seulement les formes bizarres de beaucoup de filons métalliques, mais encore l'origine soit ignée, soit aqueuse, de beaucoup de veines de même nature que les roches qu'elles traversent. L'existence des brèches et des poudings peut souvent aussi se rapporter à cette cause. De l'eau très-froide soutient et sépare des fragmens de glace dont la pesanteur spécifique diffère quelquetois très-peu de la sienne: si cette eau vient à se congeler, on voit alors une parfaite image des brèches soit calcaires, soit quartzeuses. De grandes îles de glace flottent sans cesse près des pôles, et se réunissent par la congélation du fluide intermédiaire: le même phénomène a dû se manifester pendant la flui- dité ignée; les laves nous en offrent des exemples. ET DHISTOIRE NATURELLE, 469 soutiens des cavernes dans lesquelles elles pénètrent; de vio- lentes commotions ébranlent l'écorce du globe; et de grands affaissemens modifient pendant très-long-temps sa surface. La plupart des îles en s’enfonçant au dessous du niveau de l'Océan, recoivent des dépôts marins qui recouvrent ainsi des débris de végétaux et d'animaux terrestres... .. De plus grands affaissemens se manifestent sur d’autres points ; ils font place aux eaux de la mer, et alors se découvrent de nouveau ces mêmes îles et successivement, mais à diverses époques, tous nos continens. Ces portions de l'enveloppe du globe produisoient, en tom- bant dans les abîmes, deux effets différens ; le premier, de repousser au dehors des vapeurs d'autant plus abondantes qu’elles étoient déja comprimées ; le second, de refouler des matières liquides : les vapeurs, par la chaleur dont elles étoient imprégnées, et la nature des substances qui les composoient, pénétroient et modifioient successivement les dépôts terreux et les débris des corps organisés que la mer avoit abandon- nés ; tandis que les matières liquides refoulées. couvroient plu- sieurs parties de la surface de la terre, ou formoient des couches qui alternoient avec les dépôts de la mer, quand le refoulement les portoit sous ses eaux. Enfin la chaleur centrale diminue successivement, et le globe, après un nombre de siècles qu'on ne peut déterminer, ne paroit plus conserver que celle qui peut recevoir des rayons du soleil et de quelques fermentations intérieures . .. . . . eitoallsitenonentettolge, ee fl TR ETER olile Ee Woilel: sifiel re ont +. + «+ + . + Mais déjà j'aurois dû m’arréter: je n’avois à parler que des éflets de la fusion ignée et de la dissipation de la plus forte chaleur. Il s’agissoit surtout des phénomènes ui ont précédé l'époque où l'action des eaux vint se join- de à celle du feu: la formation des roches secondaires et des dépôts de diverses natures, la retraite des mers et leurs différentes oscillations, les catastrophes de tout genre qui de- puis cette époque, ont bouleversé et modifié les produits im- médiats du feu, méritent sans doute un examen approfondi, mais ils n'appartiennent pas directement 2u sujet que je traite, Heureux encore si jusqu'ici j'ai pu présenter quelques pro- babilités satisfaisantes ! 479 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Franchissant donc ce grand espace, je finis par observer à l'égard des volcans, qu'ils n’ont pas cessé de ravager la surface de la terre depuis qu'elle a commencé à se refroidir, et que les plus anciens ont différé des modernes, plutôt par leur volume et les circonstances où ils se sont trouvés, que par une plus grande intensité de chaleur. Enfin, que les phénomènes volcaniques actuels peuvent avoir leur source dans l’action constante des eaux de la mer ou des eaux douces qui, après avoir dissout les sels que renfer- ment les cavités du globe, décomposent sans cesse le noyau central formé par un mélange de terre renfermant des fluides élastiques comprimés, de sulfures métalliques, et sur- tout de métaux à l'état de régule. La diminution continuelle qu'éprouvent les volcans dans leur force et dans leur nombre, se trouve ainsi proportionnée à la consommation des sels et aux progrès de la décomposition de ce noyau. Telles sont les Conjectures que de nouveaux faits m'ont semblé pouvoir autoriser, mais quon ne doit point con- ondre avec les Conclusions immédiates de ce Mérnoire qui ont fait le sujet du paragraphe précédent (page 459 ) FIN ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47A En NOTICE SUR LE PANEMORE, ou NOUVELLE MACHINE QUI SE MEUT A TOUT VENT; Partie La Mécanique vient d'acquérir une invention très-heureuse, C'est un moteur à tous vents, aussi simple que puissant dans ses eflets. Ce nouveau moteur est une espèce de globe, monté sur un mât, sur lequel il est toujours prêt à tourner, Les points de pression convergeant toujours à la méme di- rection, d’après le calcul habile des courbes que la machine présente dans tous ses points, la rotation se trouve toujours dans le même sens, et les caprices et la fureur des vents, loin de nuire à l'action, ne font qu'ajouter à sa puissance. Ce moteur a aussi l’avantage que, si le vent double de vitesse, ses moyens doivent s’accroître en raison cubique, et qu'en doublant sa surface, sa puissance doit accroître aussi par huit, Le nombre des usages auxquels on pourra l'appliquer est très considérable. L’auteur, pour parler aux yeux et donner au public la preuve décisive de l'expérience, en a fait une premitre ap- plication à l'ascension de l’eau : il élève déjà par ce moyen neuf, l’eau d’un puits de 20 mètres ( 6o pieds ), rue Notre- Dame-des-Champs, faubourg Saint-Germain, dans la cour de la manufacture des toiles imperméables, où il laisse voir cette expérience. 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'auteur l'a appliqué aussi à un concassoire de grains pour Ja nourriture des animaux: il se propose de l'employer à la mouture des grains et à la fabrication des huiles ; il compte ea proposer l’usage pour, les phares, dont l'effet seroit beau- coup accru par la rotation des lumières ; il le regarde comme un secours puissant pour la navigation des fleuves ; en général, ce moteur remplacera très-économiquement les animaux ou les bras de l’homme, dans toutes les machines qui n'ont pas besoin de périodicité. Sa forme très-gracieuse en fera aisément un ornement dans les maisons de plaisance, où il sera un moyen facile de pui- ser l’eau :sans surveillance. La plus belle, sans doute de ses applications, sera d’être l'anémomèétre parfait, cherché vainement jusqu’à nos jours: l’auteur le considère comme la solution complète de ce pro- bléme, sur lequel on n'a eu que des choses ingénieuses, mais non pas parfaites. Par lui, la force des vents sera clairement mesurable, et à la faveur d’un stilet qui trace son passage sur un cadran gradué qui fait sa révolution dans 24 heures, les vents imprimeront eux-mêmes, à tous les instans, leur intensité. Cette Invention est due à M. Desquinemare, déjà connu par l'enduit qui rend les toiles imperméables, Il doit la direction de son travail sur cette heureuse idée et des modifications, à un amateur (1) à qui les sciences devront beaucoup à cet égard. Ce Moteur a été nommé Panemore, des trois termes grecs, pan, anemos oro; omni vento afflari. Nous reviendrons sur cette invention, qui mérite une at- tention toute particulière, et qui honorera l'industrie fran- çaise. 5 (:) M. Thion-la-Chaume, NOTICE ÊT D'HISTOIRE NATURELLF. 473 mmodnonttatode Een Lo amas à EE 2 CAE SRE PRET EEE. 0 NOTICE Sur une mine de rnansanèse très-otigénée , située à Dyo, dépt. de l'Allier. Par J.C. DELAMÉTHERIE. PassanT en germinal dernier à Dyo , proche l'ancienne abbaye de Sept-Fonds, département de l'Allier , je fus visiter une carrière de marbre qu’on. exploite à ciel ouvert, sur les bords mêmes de la Loire. On réduit ce marbre en morceaux propres à en faire du moëllon, parceque la pierre à bâtir est assez rare dans ces cantons. Mais la carrière s'étendant de l'antre côté de la rivière , présente de plus grosses masses, et on y taille des chambranles de cheminées , des tables. J’appercus dans les déblais des portions de manganèse oxidé, je recherchai aussitôt d’où elle pouvait venir , le filon se pré- senta bientôt à moi Il est situé presque sur.le bord même de la rivière du côté de Dyo. Sa profondeur est peu considé- rable; sa largeur me parut être de quatre à cinq pieds ; mais comme il était recouvert en partie par les terres rejetées pour l'exploitation du marbre , je n'ai pu juger de son étendue. Je fis à cet égard différeutes questions aux ouvriers ; mais ils ne purent me donner aucun éclaircissement, Ils mettent cette manganèse au nombre de ces mauvaises pierres étrangères à l'objet de leur travail. Cettemine n'est pas dure, et n'est point en grandes masses : mais elle paraît formée comme demorceaux entassés. Tout m'a paru indiquer qu’elle ne doit pas étre fort riche, peut étre n'est-ce qu'une espèce de rogron, de ces espèces de mines qu'on appelle 7i/ulantes. + J'en apportai quelques morceaux à Paris, que j'ai fait voir a plusieurs muinéralogistes. J’ai prié M. Godon Saint - Memin d’en faire l'analyse. Voici le résultat de son travail. « Les parties métalliques séparées le plus exactement qu'il a >» été possible des matières étrangères, ont fourni sur cent parties», CN US ESSOR 2 CES CRT PARA ARRET RSR TEE 00,5 Aline MENACE T EN ENS EST CAN DR RENE 00,4 Baryte caustique!;)environi 245% SL. à . . . 00,2 Oxide de manganèse au minimum TNT à, ECO 0,30 Ondede Ter MMA EME EN Le 6 SAUT Le 0,12 0,53 « Le déficit qu’on ne peut attribuer qu'a l'acide carbonique » et à l'oxygène, indique une grande proportion de ce dernier : » aussientraitant ce minéral par l’acide muriatique, obtient- » on abondamment du gaz acide muriatique oxigène, ce qui » doit faire considérer ce minéral comme une 7z17e très - riche » en oxTigène ». Tome LX. PRAIRIAL an 13. O00 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES FLORE AT an XIIT, Par BOUVARD, qe TE = THERMOMETR E. BAROMETR_E. c PT —— Ÿ = 2 Maximom. | Mincmwm. |a Mur. Maximum. Minimum. AMint. Re TROP PTE TITRE DEEP MEN MIRE INTER DAT. SIREN SNLER [| LA | " Le 1 - ris Lri28a 5m. + 3,0] 10,4 à 5 m...... 26 52,040 LS. RE 28. 1,56|2 ola5s. + + 9,845 m., + 441 + QHLja5 m..,...20 0,07 AO: corde 28. 0,20 | Slarris. + 8,4 5m. + 3,0| + 6,2,à Mid... 28.:0,91 [à LES......27-10,68 à22s. io7à5m. “+ où 10,612: m.....27.10,19/à 9S.......27. 5,80 Dia midi Hrr,2là 5m. + 4,4 she à midi. .... 27ENONTO| ASE 27. 5.26 Glumidi 2 84115 m. 16,2] Æ 8,4 midi......27. 6,05] 15 m......27. 5,40 Tazis. + 9,5là Bim.. 5,6 + 84jà 7 Lis ,st en 27l: 0.00 À Bla. 4.227. 7,08 8{à midi 10,8 |à 6m. “+ 6,2 +10,bha DES 27-10,09 | 6 m.....27.10,52 of midi. + 99 à5mw,. + 6,4| + 99ià 6 m...... 27. 9,524 midi.,..:27. 9,07 1olx midi + 80410. + 5,6| 6,0f2 10 s..-...27. O,10[à midi: -..* 27. 6,49 11ft midi cro,2là 1025. 4,0] Hio,2fà midi :....27. 8 80|à 10 + s....27. 7.77127. 1fh22is. —12,6|à 24m. + 1,8| +107 A7 ETS... 27. 6,90|à 4 + m 07. 739322 13fh45s. + 7,6 +:5,5kà 4 2 7m.4..27. 7,01|à4+s -27. 7,02 r4lois. dr1,5là 5m, +50 +11,4fà 102,5.-.-20, 0,20 [à 54m. .:... 27. 0,17 10h12 s.,H11,8|à1025, + 5,4| +iroià 10 £s....28..1,30[à 9 m......26. 0,52 16142S. H12,5/1 42m. + 3,9] +i1,già mudi.,...26. 2,36|À 45 m..... 28. 1902 ra nidi 4716,4/à5 m. 4 5,5| +16:45à 5 m..:.. DOPT F5 3151" .20. 0,10 194 midi 16,3. 5m. “+ 09,8] +163 à DS Te 27. 9:92] V9 #s....:/27. 8,02 1pfh2ès. + 8,6 à 47m. + 5,5 + 8,24à CES ELLE 27-1000|à 41% m...:27. 7,30 ofh4s bio;7la 45m. + 47 + 9,1 à 43 M....27.11,49 A 4 S......:27.10,20 21fh1otm.-+ir,7/à 9 5 m. + 6,1| +11 6Éà5Tm.....27. 0,35[à52s......27. 8,03 2: AG 35. + 7,6| Hrrsà 6% s..... 27.10,60|à 6 in...... 27. 8,36 2Hà midi Ær0,6|à 43 me + 5,1| +10,9 à 115. 28. 2,60fù 44 m 28. 0.00 24\à 846) +168 |x4£mothi40| 10,7 AULEM 3.28 20: 260 |A171s. 2NOE 28. 1,50 254à midi +11,7 à 12m. + 4,6| +11,7 à Tizcmeee.20. 10,204 HIS 5274 10,00 268,4 26-05, 1022 m.:, 6 53 1301 10% ,S-+-:27.11431à/2/m°.:#...27:00,00 27{x12s. H15,2à 43 m.+ 5,9 +#146jà10% DBPÉE 26. 0,92|à 4 £ m..,.27.11,32 oBrriim.tiz,2h4m. “+ 6,9 +104 à TENS Pet 260-/1,00| 4 0 fe (4- = 28 0.62 2oV1Ss. Hrsjoà4m. “+ 80] Ærä2fà 113 5..-.28. 0,92[à 4 m .....28. 0,56 364% midi à HAL MS me + 7.6, 70h ITZS..... 28. 1,68)à 4m......28. 1,36 | É 1 RE UC A PIT TU NET ANT ON: Plus grande élévation du mercure. ..28.2,84 le 1er, Moindre élévation du mercure..... 27.5,26 le 5. Élévation moyenne. -.....27.10,05. Plus grand degré de chaleur...... + 17,0 le 30, Moindre degré de chaleur:...….... + 8.9 le 4. | re EE 2 à Chaleur moyenne......... + 8,9 Nombre de,joursbeaux... 86 | Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois 1 pouce 10 lignes, %. ; Thermomètre des Caves + 9°, degrés 617 millièmes de la division de Réaumur: . À L'OBSERVATOIRE IMPERIAL DE PARIS, Asfronome. cf e | Hyç. POINTS VARIATIONS a VENTS. 7 [à midi. LUNAIRES. DE L'ATMOSPHÈR'E. 1] 66,0 | N.0.0. | Temps très-nuageux; pluie. et -gréle. Ë 21950 | IN D. Q. Pluie fine le mat: ; temps nuageux ; assez beau ciel le s. | Ë 3|. 56,0 | N. Couvert toute la journée. : 4| 57,0 | N.S.O.SE Ciel très-nuageux; pluie forte le soir. î 5. 770 | S. ! lEquin- ascend.À ‘Temps pluvieux et humide. ‘ Ë 6| 79,0 | S.S-O. Mème temps, mêmes circonstances. s 7 e | SO.N.O. Ciel couvert; pate pluie toute la journée, l j 8] 70,0 | O. [N° L. Bcaucoup d'éclaircis ; pluie par interw. k 9]. 83,0 | S.S-O EcREes Couvert tout le jour ; pluie abondante Je soir. 10}. ,079;0ù| IN-,.4 Couvert 'tout le jour. : $ 11] 540 | E Ciel très-nuageux. 12] 56,0 |-N-E. Ciel très-nuageux toute la journée. 13| 77,0 | N-E à V2) Ciel couvert; temps pluvieux tout le jour, 14| 73,0 | O. N-O. | Beaucoup d'éclaircis pendant Ja journée. 15| 66,0 | O. PQ. Ciel couvert. " 16} 60,0 | O.N-O. Beau ciel tout le jour. CAS | 17) 07201 S- 06 ç ,.…] Ciel très-nébuleux. tout le jour. ,! ) 16| 76,0 | S.S-O. |Equin. desc. À Petite pluie par interv. : 19] 66,5 | N-O. Pluie abondante le matin; ciel couv. par inter. 20] 78,0 | O.S-0. Ciel couv. ; quelques gouttes d'eau. - 21| 73,0 | S.S-O. Ciel couvert; pluie par interv. 22| 64,5 | O.S-0. À Ciel nuageux et couvert; pluie forte par interv, 23| 64,0 | O.N-O. |p.1, Ciel nuageux; beaucoup d’éclaircis le soir, : 1! 24], 59,0 | O. NO. Ciel nuageux et vaporcux- Nu 25] 57,0 | N-E. N:i! |: Petite gelée blanche; ciel nuageux et’ trouble. 26] 53,0 | N-0O. Apogée Ciel très-nuageux tout le; jour... | 27| 595 | NO. Ciel très-nuageux. 28] 71,0 | NO. Ciel très-nébulcux et trouble. 1 29] 70,0 | N-O. Ciel couvert tout le jour ; quelques éclaircis le soir. 30] 65,0 | Calme Couvert jusqu'à 2 h.; nuageux le soir. RECAPITULATION. : ; de couverts:..:.. 22 de spluie:3224.211 13 1 : deventsrec 29 derrelée: 1-2. o de tonnerre. =... o de brouillard... o de neige... o dérsrele d-Pci20re 2 E Jours dont le vent a soufflédu IN:................ 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTERAIRES. Elémens d'Tléologie, troisième partie , Logique ; par À. L. C. Destutt-Tracy, Sénateur ; ‘1 vol. in-8°. A Paris, chez Courcier, imprimeur-libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n°71, an XIIT-1805. Ce volume, dit ce savant auteur, ne renferme pas toute la Logique, il n’est qu'une suite des deux premiers, l'Idéo- logie et la Grammaire générale, que j'ai publiés, Il ne forme avec eux qu'un seul Traité dont il est le complément. L'accueil que le public à fait aux deux premiers est un sûr garant du succès de celui-ci. Du Rapport des diverses formes du Gouvernement avec les progrès de-la Civilisation. Discours politique et moral; par J. À. F. Massabiau. Dieu a distribué des armes X tont re qui existe. L'oiseau a reçu la vitesse et le lion la force. Le taureau se défend par ses cornes, l'abeille par son aiguillon. La raison est la défense de l’homme. " Sent: de Phocylide. x vol. i1-80. À Paris, chez l'auteur, rue Saint-Hyacinthe, n° 526; Courcier, imprimeur-ibraire, quai des Augustins , n° 71, Gosset, Palais du Tribunat, galeries de bois, n° 234; an XIII. La discussion amène toujours le triomphe de la vérité. Connoïssance des Temps ow des Mouvemens célestes, à l'usage des Astronomes et des Navigateurs, pour l'an XV de l'ère française, publiée par le Bureau des Longitudes; 1 vol. in-8°; à Paris, de l'imprimerie Impériale; frimaire an XIII ( 1804 ). A Paris, chez Courcier, libraire, quai des Augustins, n° 71. La Connoissance des Temps: parut pour la première fois en 1769. Picard, un des plus célèbres astronomes du dix- septième siècle, et Lefebvre firent les premiers volumes. Lieu- taud commença en 1702; Godin .en 1730; Maraldi en 175 ; ET D'HISTOIRE NATURELLE, -- 477 Lalande en 1760; Jeaurat en 1775; Méchain en 1788 jus- qu'en 1794. Depuis 1760 cet ouvrage est devenu le dépôt des progrès de l’Astronomie. On trouve dans ce volume la notice de tout ce qui s’est fait d’intéressant dans tous les pays où elle est cultivée; les observations des nouvelles planètes, des tables de hauteur de M. Chompré, des Mémoires où Observations de MM. Laplace, Delambre, Messier, Vidal, Flaugergues, Lalande, oncle et neveu, Burckardt, Duc la-Chapelle, Olbers, Thulis, Mougin, Schœter, Keiser, Conti, Guérin; des ob- servations sur les marées, des annonces de livres nouveaux et prix académiques, l’histoire de la vie de l’astronome Bernier... Lecons élémentaires de Physique et de Chimie; par Jo- seph [zarn, professeur au lycée Bonaparte, de la Société libre des Sciences, Lettres et Arts de Paris, des Sociétés galvani- que, académique des Sciences; première partie, 4 planches, 45 figures ; à Paris, chez Levrault, Schoel et compagnie, li- braires, rue de Seine, n° 1395; an XIII— 1805 , et à Stras- bourg, chéz Levrault. . Le savant auteur ayant reconnu par lui-même combien il étoit utile d'avoir fréquenté l’école du physicien et celle du chimiste, a cru que dans l’enseignement dont il est chargé dans un des lycées de Paris, il Feroit une chose utile pour ses élèves, que de réunir dans un seul Ouvrage les principes de ces deux sciences, dont il doit leur donner le développe- ment, « Sans prétendre, dit-il, établir ici de parallèle avec » les autres Ouvrages de ce genre, je puis avancer que la » méthode en est absolument différente, et toute de ma créa- » tion ». fr 47$S SOURNAË DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE, Manuel'du Miné'alogiste et du Géologue voyageur; par C. P. Brand; 1 vol #n-r2; de l'imprimerie de Feugeray ; à Paris, chez l'auteur, rue Saint-Denis, n° 35, près celle de Ja Ferronnerie, et Maradan, libraire, rue des Grands-Augus- ins, en face de celle du Pont-de-Lodi. Nous avions déjà un Manuel du Minéralogiste, celui de Bergman, augmenté de notes par Mongès, dont j'avois donné une nouvelle édition en 1789, en 2 vol. ér-8°; elle est épui- sée; celui-ci a l’avantage de réunir les découvertes les plus modernes en Minéralogie. EE —_—_—_—_—_—_—_—_—— Fautes à corriger, cahier de floréal. : Page 586, ligne 8, 12 de mercure; ajoutez, je fs chauffer Ja moitié de la liqueur résidu , ayec 12 grains de mercure, et j obser vai. Page 381, ligne 38, d'oxigène, d’acide; lisez d'oxigène et d'acide. Page 380, ligne 5, que 161 grains; Zsez 16,1 grains. Page 3583, ligne 4, précipitation à 8°; Zisez précipitation à 8o. Page 576, par M. Zaboada; Zsez Taboada. T A B LE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, Mémoire sur l'action du feu dans les volcans ;* par M. Fleuriau-de-Bellevue. page 409 Notice sur le Panemore ; par * * * *, 471 Notice sur une mine de Manganèse trés-origénee, située à Dyo, département de l'Allier; par J. ©. De- lamétherre. RER I 473 Observations météorologiques. 474 Nouvelles littéraires. 476 ET. D'HISTOIRE NATURELLE. ED ESPOIR ET LE TAF LB TGEN ER AL E DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. Discours préliminaire ; par J. ©. Delamétherie. pages. Description de quelques Térébratules ; par Sage. Note sur la forme du Mellilite ; par M. D'Aubuisson. Tableau de la classification des Minéraux, par M. Wer- ner, accompagné de quelques observations sur les tra- vaux des Minéralogistes ; par M. D'Aubuisson. Suïte. Observations propres à faire connoître dans quelle classe on doit ranger les Numismales ; par Sage. Notice sur un fœtus trouvé dans le ventre d'un jeune homme de quatorze ans; extrait d'un Rapport fait par: Bupuytrem. ; Note sur des poissons rejetés par un volcan ax Pérou; par, Humboldt. Mémoire sur la Tourbe charbonnisée, par Alexis Ro- chon. Conjecture sur l'empreinte d'une coquille conique qu'on trouve dans un marbre gris de Suède; par Sage. PHYSIQUE: Observations météorologiques, frimaire. Idem , r24v05e. Idem, pluviose. dem, ventose. Idem, germinal, : Ilem , oréal. De la manière dont s'opèrent les sécrétions ; par J. C. Delaméthertie. Expériences sur les moyens eudiométriques; par MM. * }lumboldt et Gay-Lussac. De l'action des différentes préparations de l'opium sur des ænimaux vivans; par J. M. Romero de Tereros. Mémoire sur l'existence des trachées des végétaux dans la substance médullaire; par J. C. Deélamétherie. 110 24,4 324 404 474 114 129 205 213 44o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE,EtC. Projet d'observations à faire sur les époques de la folia- tion, de la floraison et de la maturité des fruits ou de la graine des arbres; par L. Cotte. pages Conjectures sur les causes de la diminution des eaux de la mer; par J. M. Poiret. Mémoire sur la mesure des hauteurs à l’aide du baro- mètre; par Ramond. Remarques sur la diminution de la mer, et sur les iles du sud; par Eugène-Melchior-Louis Patrin. Lettre à M. Ventenat sur les boutons et ramifications des Plantes ; par Louis Æoeler. Essai sur le climat de Montpellier; par J. Poitevin; extrait par L. Cotte Mémoire sur laction du feu dans les volcans; par M. Fleuriau-de-Bellevue. Notice sur le Panemore; par ****, CHIMIE. Extrait d'une lettre de M. James Smithson à J. C. De- lamétherie, sur l'analyse des calamines: Analyse d'une pierre météorique tombée à Ærragon ; par le professeur Proust. Analyse de la Magnésie de Baudissero ; par. GCiobert. Observations relatives à difjérèns mémoires de Proust in- sérés dans le LIXE vol. du Journal de Physique; par C. L. Bertholler. Surte. Récherches sur la déliquescence , ou l'efflorescence des sels; par C.-L. Cadet. Mémoire sur un procédé pour teindre en bleu solide, dit bon teint, La laine en suin; par Barthélemi Favier. “Analyse du Fer natif à l'état d'Acier trouvé en Au- vergne ; par Godon-Saint-Memin. L Recherches sur quelques combinaisons du Mercure ; par M. Taboada. Notice surune minede Manganèse; parJ. C. Delamétherie. Nouvelles littéraires. MNouselles littéraires. Nouvelles littéraires. . Nouvelles littéraires. Nouvelles littéraires. TEE RES