S > SEE ESS ERP ETRLIS PIS ETES = ES PSE LES LT £ RER RE es RSR Te ES £ = = £ na ce > SR SERRES ET ST Er RSS ESRES TT Er à À 1 | Re 7 en . Le) | Q tn A (y CRE | : y ‘ Es a : L 1 ») 1. LI ? { O0 Û j D'ilt 4 + EM | > Cd > . ANS = Ft LA! | ûl 1 #4 1 A ot L y L « } Li RO (r . on é N J | 4 Lu ) le Wa L'ANTS V À . TNT D 'UER " { | . : TRS. ! à) 7 DR LL À } .., L il oh pin Nr hu A. Lu LE Lu k 4 Ha | D. sa JOURNAL DÉ PHYSIQUE. ps \ mn ; sos LATE: SRATPIOTE MAPS IE À ii: Et ‘FALt 4 MERE { HN. FC PET 9 0] ji À uor Ï 3 sl X J O URNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE MT IDE STATE TS, _ AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE: Par J.-C. DELAMÉTHERIE. JANVIER 1807. TOME LXI V. A PARIS, Chez COURCIER,, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. DUOG-ANIEAT MT eHHOMAIT à ; 12 AM E (A U gite vI 4 HIMIHO HE à ANTIUTER AMD (Le sh ï ke T0 #7 : 1) | AUIAHTIMAIAS :9-1 nos à À: » ‘4 ; , 1: . L [| à À " À ee 2 2 0 2 - 4 G À L ; “À Eté EE 4 SEE NE ART ù REVUE *. . \ NU 1081 ATIVAAL Yi AR 295 sam Me sie nel 4 mé si na b NC 5 Qui eng A enb 564 p; 10 JOURNAL “D'EPHY SL O UE: anus DE: CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JANVIER ax 1807 DISCOURS PRÉLIMINAIRE: | Pin J.-C. DÉLAMETHERIE. » Cuaque jour confirme que /es connoissances -humaines reposent entièrement sur les faits. Aussi s’attache-t-on prin- cipalement aujourd’hui à recueillir des -faits nouveaux ,, et À constater ceux qui sont connus. C’est cette méthode sage qui fait faire des progrès si rapides aux sciences naturelles. On réunit ensuite les faits analogues, et on en-tire des conséquences générales, qui portent le nom de systèmes. On dit ;par: exemple , ‘un système de:corps qui agissent les uns sur-les autres. «. FOI j97 #4 Newrox réunit un grand nombre de faits quiluixprouvèrent que tous les corps, à de certaines distances, agissoient les uns sur les autres en raison de leurs masses et de l'inverse des quarrés des distances. Aucun fait n'a démenti cette loi : d’où on a conclu que tous les corps que nous connoïissons for- ment un système de substances qui s'attirent réciproquement. Tome LXIV. JANVIER 1807 ‘ A CA 6 CIOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE: © Plusieurs physiciens recommandables, voyant les erreurs mulipliées, où tombent ceux qui vont au-delà des faits, pen- sent qu'il ue sg\ber er à constater les faits, et qu'on doit abandonéeritoutés recherches sur les causes.de ces faits. Ils se contentent de désigner vaguement par le mot de Force la cause quelconque des divers faits qu'ils observent; mais cette réthode est-elle telle qu'on doit Suivre dans|l'étude de la philosophie naturellé? 7 PT ML ENT Newrow, après avoir constaté, comme GÉOmÈTRE, les lois de l'attraction , a-;penséy, contTme, PHILOSOPHE THÉORICIEN ; qu'il falloit en rechercher la cause dans l’âction d'un fluide quelconque ( Optique, question XXI). Suivons l'exemple de ce” premierides physiciens. 71 {4127 TT ° C’ést la réchérche dés causes dés faits qui constitue ce qu'on appelle ruéomie. Les philosophes de la Grèce ne connoissant pas par exemple la cause qui fait monter l’eau dans les pompes aspirantes , exprimorïerit :cette câusé par une horreur pour le \ vide, qu’ils supposoient dans la nature. Le vuéoncren Toricelli prouva que l’eau ne montoit dans cette pompe que. par,la préssion-de l'atmosphère. =: + Le.chmirite praeier savoirs que le$ corps’ ne’brüloient_pas dans les vaisseaux fermés. Le chimiste THÉORIGIEN a,prouyé que c'étoit par, défaut d'air vital. Il a fait brûler du soufre dans les vaisseaux fermés, en mélangeant ce soufre avec du nitre, parce que le nitre fournit de l'air vital. Le mnédecin seulement praticien borne sa pratique à l'obser- vationidés fañtsn2onon 29 * (09, 7u0( 4594 -1be médecirmaéoricrex tâche de connoître les causes de ces faits, etréclaire sapratique par la théorie : car autrement la médecine-n’est plus ‘qu'un empyrisme: : Ugo 1975120109 UNE ‘THÉORIE DANS LA PHILOSOPHIE NATURELLE EST DONC LA CONNOISSANCE DES C£USESI DES DIVERS FAITS QU'ON OBSERVE. {IL faut sans doute étrebrés-circonspeot sur toutes les raéoRIES; mais vouloir. n'accumuler que des faits sans. en rechercher les causes , c’est retarder certainement la marche des progrès de l'esprit humains: ie} ab s1d 10 2) GTV AA DE avt où 10 Eu AS TR ONOMIE. RU 39 i1 Saturne. À ki 7 ’ 0 = 2 LL O LUS « y { " Herschel.a fait de nouvelles. observations sur Saturne. De tous les bjèts, dit-il, que nous présente la voûte céleste, ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 Sarurne est celui qui nous offre le plus de variétés. Un globe magnifique ceint d’un double anneau, accompagné de sept satellites , orné de bandes ‘équatoriales , comprimé vers :ses pôles, tournant sur, son axe, éclipsant :tour-à-tour son anneau et ses satellites, et éclipsé par eux, l’anneau extérieur tour- nant sur son axe, ainsi que le plus éloigné dés satellites. Tels sont les phénomènes que présente cette planète. Ce célèbre astronome avoit annoncé en 1776, qué Saturne n'étoit pas parfaitement rond. Il a repris ce travail et il à déterminé ‘une partie de l'irrégularité de la figure de cette planète. ? Diamètre de’ l'équateur... 4,44. 4440440055 Diamétre polaire tnf. LIU, Lo UE. el soi Ba Diämètre aux points de la plus grande courbure. 86 . Le point de la plus grande courbure paroît être Ja la latitude de.......:91% DT. tu/beN 48020! Cette irrégularité de la courbure de Saturne paroît venir de l'action de l'anneau sur le corps de la planète. De da Lune: L'astronome espagnol de Ferrer a observé l’éclipse centrale du Soleil du 16 juin , à Albany, latitude de 420 25’; d’où Lalande a conclu de cette observation qu'il falloit augmenter de 2" le demi-diamètre de la Lune qu'il a employé dans ses Tables. Ménne EE Re “ Le disque de la Lune parut éclairé 7’ avant la fin de l'obscurité, ce qui semble prouver ‘que là Luné 4 une petite atmosphère. QE ca Devitt a écrit à Lalande qu'on avoit observé surle disque noir de la Lune un point lumineux. Ce point lumineux qui a été déjà observé dans d'autres circonstances, confirme l'éxis- teñce d'un volcan däns cette planète. DA ENE Pr , 97°" Comète. … Pons.a observé à Marseille cette comète qui est, la gène con- nue. Elle a été vue de près à Paris, par Bouvard. De la distance des Étoiles. Piazzi à Palerme, et Calendrini à Rome , ont fait de nou- velles observations sur Fi prrleRs des étoiles, principalement celle de la Lyre. Il en résulteroit, dit Lalande, que sa dis- 8 JOURNAL DE PHYSIQUE; :DE CHIMIE tance ne seroit que de quatorzecent millions de lieues; 6ù cinq fois moins considérable qu'on ne croyoit; mais ces; obser= vations; ajoute-t-il, ont besoin d'être répétées. Du Zodiaque de Dendra. ol, l Dupuis a fait de nouvelles recherches sur le Zodiaque qu'on trouve gravé, dans un temple de Dendra en Égypte. Il conclut que la date de ce Zodiaque doit rémonter à 1468 ans ayant l'ère vulgaire, eur SSI Des Zodiaques chronologiques et mythologiques des différens peuples. Lé' même auteur a. comparé les différens.'Zodiaques qui existent chez les peuples les plus anciens, Les Égyptiens, les Hindoux,; les Chinois, les Persans , les ,Chaldéens. :, L'hypo- thèse qui-lui paroit la plus probable feroit remonter l'origine de ces Zodiaques à 15174. ans... . Platon rapporte dans le T?mée le discours des prêtres de Saïs à Solon. « T'out ce qui s’est passé dans la AR égyptienne, » lui dirent-ils, depuis huit mille ans, est écrit dans nos livres » sacrés. » Or Solon existoit il y a environ 2300 ans. Il y avoit donc une grande monarchie égyptienne , des colléges de prêtres. il y a dix mille trois cents ans. DE L'HISTOIRE NATURELLE. ” Cette science est si étendue, que dans plusieurs siècles nous ne pourrons pas parvenir à la connoître, quand même l'esprit humain continueroit. à faire les mêmes progrès qu’on admire depuis un certain nombre d'années. Que d'animaux, que de végétaux, que de minéraux nous sont encore inconnus! et il ne suflit pas d’avoir de simples nomenclatures de ces objets : il faut en connoiître les qualités et les propriétés. Cette année a enrichi l’histoire naturelle de plusieurs faits nouveaux dans les trois règnes. DE LA ZOOLOGIE. Dans les deux premiers volumes de mes Considerations sur les Étres organisés, j'en ai examiné la structure et les di- verses fonctions. .Dans le troisième que je viens de publier, je les considère sous les rapports de /eur perfectibilité et de leur dégénérescence , c'est-à-dire sous le rapport du perfec- tionnement et de la dégradation dont ils sont susceptibles. Les végétaux cultivés par la main de l’homme, tels que le froment, ET D'HISTOIRE NATURELLF, 9 froment , le riz, le seigle ,-le maïs... ont tellement changé qu'on ne connoît plus leur type primitif. La même chose s’observe relativement à nos animaux do- mestiques , le chien, le cheval, le chameau... ‘ Les singes et l'homme sont susceptibles encore de plus hauts dégrés de perfectionnement. Ces. végétaux et ces animaux dégénèérent également à un point inconcevable. Quelle différence du pommier nain appelé pommier de paradis, au bel arbre de nature, qui est le pommier sauvage. Nos petits bichons... sont également éloignés des grandes et belles races de cet animal, le grand danois, le bouldo le chien turc... =! La même observation a lieu par rapport à l'homme. Quelle distance d'un Hottentot à un Newton, à un Leibnitz! Une des sociétés humaines les moins civilisées est celle des habi- tans de la Nouvelle-Hollande, qui comprend ceux de la terre de Diemen. Ces dernières n’ont aucune espèce d'habitation. Mais ces perfectionnemens et ces dégradations ont des li- mites assez fixes. Le plus haut degré de la dégradation de l'homme est peut-être le crénicisme... J'ai prouvé par un grand nombre de faits, gétal et chaque animal habitoient, dans son état primitif, une contrée peu étendue. Le cèdre ne se trouve qu'au TETE le thé à la Chine, la vanille au Mexique... d Le tigre rayé vit aux grandes Indes, la panthère en Afrique le couguar en Amérique, le kanguros à la Nouvelle-Hollande x Une des variétés de l’ourang, /e symia troglodytes se trouve en Afrique , et l’autre variété, le simia satyrus, dans les Moluques , à Borneo , Sumatra... ; J'en ai conclu que primitivement l’homme ne dev lement se trouver que dans des contrées étendues. Je distin humaine. La RACE AFRICAINE; OU NÈGRE, qui habitoit primitivement une contrée particulière de l'Afrique. LA RACE ASIATIQUE, OU BLANCHE, qui habitoit primitivement une contrée particulière des Moluques, ou de l'Inde. Cette race blanche forme deux grandes sous-divisions, ‘ La race minpouse, ou belle race à visage ovale, la souche des Hindoux, Persans , Arabes, Caucäsiens, et de toutes Tome LXIV. JANVIER an 1807. B D que chaque vé- : oit éga- particulières peu gue deux races ou variétés Principales de l’espèce 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les races européennes. La race malaise en est également une variété. LA RACE TARTARE à Disage arrondi , et quelquefois quarré par le haut, qui est la souche de toutes les races tartares, des Chinois, des Japonois, des peuples boréaux , et des races américaines. Il y a, en Amérique quelques races particulières qui. paroissent venir d'Europe, et y auront relâché comme Colomb. 1 y a donc trois races principales d'hommes, ainsi que le le disoient les Egypüens. 1°. La race tartare dont Sem , suivant eux, étoit la souche: 2°. La race hindouse dont /aphet étoit la souche. 5°, La race nègre dont Cham étoit la souche. Des Singes atèles. Geoffroy St.-Hilaire décrit sous le nom de singes atèles les singes qui n’ont que quatre doigts aux mains, et point de pouce. Il y en a deux au Musée de Paris. Buflon avoit parlé d'un singe de cette famille , auquel il avoit donné le nom de coaita. Linné l'appelle s/mia paniscus. Geoffroy, d'après ses recherches, distingue cinq espèces de ces singes. 1°. Le cnAuEkx, atèles pentadacty lus. 2°. Le coaiTA, atèles paniscus-niger. 5°. L'aracunoïne, atèles arachnoïdes fuscus. 4°. Le BELZÉBUTH. Ces quatre espèces sont de l'Amérique méridionale. 5. Le camarz, parcequ'il a de longs poils autour de Ia tête et du cou. Atèles policomos. Il se trouve a Sierra Léona, et en Guinée. Toutes ces espèces de singes atèles ont de très-longues queues. Des Chauve-souris ou Vespertilio. Le méme auteur a fait des recherches intéressantes sur les différentes espèces de vespertilio connues. Il donne la des- cription de dix-huit. Recueil de zoologie et d'anatomie comparée, par Humboldt et Bonpland, Deuxième cahier, contenant l'histoire du Condor, vultur gryphus , avec trois dessins faits par Humbolt. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1t : Troisième cahier, ou Mémoire sur les gyrnnobus et sur l’yolote des Mexicains. Ces deux nouveaux cahiers ne sont pas moins soignés que le premier dont nous avons parlé. Il a paru chez l'étranger plusieurs autres ouvrages intéres- sans sur la zoologie. DE LA PHYSIOLOGIE ANIMALE. Transformation des organes du corps humain. Le professeur Dumas, de Montpellier, a prouvé, par un grand nombre de faits, que différens organes du corps humain pouvoient se transformer les uns dans les autres. Il distingue quatre espèces de transformations, a Les transformations des organes relatives à leur consti- tution physique. b Les transformations relatives à leur composition chimique. c Les transformations relatives à leur structure organique, d Les transformations relatives à leurs propriétés et à leurs fonctions vitales. 1°. Des organes sont susceptibles de prendre les qualités hysiques d’autres organes. La rate prend quelquefois la cou- de et le volume du foie, le duodenum prend le volume de l'estomac... 2°. Les principes chimiques constituans d’un organe peuvent étre changés de quatre manières principales : a Par la déviation des matières albumineuses. b Par la déviation des matières fibreuses. € Par la déviation de la gélatine. d Par la déviation des sels terreux calcaires. On a un grand nombre d'exemples de ces transformations. On sait qu'après la mort les parties musculeuses Peuvent se changer en une espèce de matière graisseuse qu'on appelle adipo-cire. L'auteur a vu la même chose arriver méme pen- dant la vie. En disséquant le cadavre d'un homme mort à la suite d'une fièvre catharrale, quiavoit été suivie d'infiltrations, il trouva les muscles antérieurs de la poitrine, ceux de la face postérieure de l’épaule et du bras, réduits en une masse graisseuse. Dans quelques autres muscles, comme ceux du ‘bas-ventre et le triceps crural , la substance graisseuse n'étoit pas encore totalement formée, Dans le grand fessier une partie étoit changée en matière graisseuse , et l’autre ne létoit pas. B 2 {2 JSOURKAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans les inflammations les organes éprouvent de fréqgtentes transformations qui ont l'air d'être fibreuses. Le poumon se change en une matière analogue à la substance du foie. Les os se transforment quelquefois en une espèce de cartilage. Les artères deviennent souvent osseuses. 5°. Plusieurs parties se transforment relativement à leur siructure organique. L’auteur en rapporte un grand nombre d'exemples. s l 4°. Plusieurs parties éprouvent des transformations relatives à leurs propriétés et à leurs fonctions vitales. e Häller cite l'exemple d'un homme qui, après une maladie nerveuse, reçut un accroissement de sensibilité tel, que tous les organes de son corps devenus auditifs, distinguoient comme l'oreille même, la force et le rapport des sons. pen L'auteur a vu à Montpellier une jeune demoiselle qui avoit une afection histérique accompagnée de catalepsie. Elle éprouvoit pendant toute la durée de son attaque une telle Concentration de sensibilité vers la région précordiale , que les organes des sens y étoient éntiérement fixés. Æ//e rapportoët à l'estomac toutes les sensations de la vue et de l'ouïe qui ne se produisorent plus alors dans les organes propres. La nature a souvent choisi des organes bien éloignés de l'utérus pour l'écoulement périodique. Les vaisseaux du nez, des yeux, des seins, de l'ombilic, de l'anus, de l'estomac, des poumons, de la gorge, ont été tour à tour le siége de cet écoulement. Les propriétés et les fonctions des organes peuvent donc être converties , changées, transformées comme la structure organique , la composition chimique et les qualités physiques de ces parties. Les physiologistes avoient déjà beaucoup d'observations analogues. De l'Hymen. Duvernoy a fait voir que l’hymen, qu'on regardoit comme particulier à la femelle de l'homme, se retrouve chez toutes les autres femelles des mammaux. Cränologie. On sait que le docteur Gall prétend étre parvenu, par de nombreuses observations, à connoitre les facultés principales de l’homme , ses inclinations et ses passions, par la seule $T D'HISTOIRE NATURELLE, 13 inspection de son crâne. Il y a distingué différentes éminences, et chaque éminence indique, suivant lui, une faculté ou une inclination principale. Le docteur |Friedlander nous a donné un précis de cette doctrine. Il assigne 27 éminences principales, qui indiquent autant de facultés ou passions principales. -Il donne le nom d'organes à ces éminences. La première annonce les facultés pour la propagation, ou les plaisirs de l'amour. 2€ organe de l’amour des enfans. 3 ...... de la docilité. 41...... de la mémoire locale. 5 ...... de la mémoire personnelle. 6 ...... des couleurs. 7 +... des sons. 8 ...... des nombres, 9 --.-.. des mots. 10 -..... des langues. 11... de l'art du dessin. 12 ...... (de l'amitié. 135 ...... du desir du combat. 14 ...... du meurtre. TON. He tlAITUse: TÉLÉ -dUHivOol: 17 ...... de la hauteur. di 16/2. tde laivanite. 19 ...... de la circonspection. 20 ...... de ia comparaison. 21 ...... de la pénétration. 220... (de deSsprit. 23 ...... de l'esprit d'induction. 24 ...... de la bonté. 25 ...... de la théosophie. + 26 ...... de la constance. 27° organe qui indique la faculté d'ex- poser clairement ses idées. Les adversaires de Gall ont rapporté un grand nombre d'observations qui ont démenti les siennes. Ilme paroît qu'ez supposant que les observations de Gall soient en général conformes à la vérité , il peut donner des réponses satisfaisantes à cette objection. 14 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE a Dans toutes ces lois de la nature il n'y a point de règle sans exception. b Il faut distinguer les facultés naturelles, ou fondées sur l'organisation ossEUSE indiquées par la cränologie , de celles qui sont contractées par les habitudes sociales. Un homme a, par exemple, naturellement l'organe osseux de la bonté ; mais il se trouve dans de mauvaises sociétés, il devient un voleur, un meurtrier... Ici l'habitude devient plus forte que l'inclination naturelle. Lavater au contraire a fondé son système physionomique principalement sur les parties molles; savoir, sur l'expression des parties du visage. Or ces parties changent par l'habitude. Celui qui a la physionomie la plus dure, la modifie en con- tractant des habitudes douces. Le système de Lavater devroit donc présenter moins d'anomalies que celui de Gall, ex Les supposant tous deux fondés sur l'observation , parce que les parties osseuses ne peuvent changer comme les parties molles. D'un Hermaphrodite. Laumonier a présenté à l'Institut de France un modèle en cire d'une monstruosité qui approchoit d'un vrai hermaphro- dite. C’étoient les parties sexuelles bien conformées d’une femme. Mais dans l'épaisseur des grandes lèvres on trouvoit deux testicules bien organisés dont les vaisseaux déférens aboutis- soient dans le fond de l'utérus. Elle auroit donc pu se féconder elle-même, comme l'huître... en supposant dans tous ces organes une organisation parfaite. D'un Poulain monstrueux. Pictet a donné le dessin d’un poulain monstrueux, né au Locle dans le duché de Neuchâtel. Ses sabots sont fendus et représentent des espèces d’ongles. Sa tête est plus grosse et plus velue qu'à l'ordinaire... Onattribuoit ces vices de conformation à la frayeur qu’avoient causé à sa mère deux ours qui se trouyoient dans la même écurie qu’elle. Des Dents. La structure des dents n'étoit point encore suffisamment connue. ‘Tenon avoit fait sur cet objet un travail considé- rable, lequel il n'avoit point publié. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 15 John Hunter, Blake, Everor, Home, Corse et Cuvier, se sont aussi beaucoup occupés de cet objet, Le résultat de leurs recherches constate que La dent n’a point de vaisseaux, et n’est point formée par intus-susception comme les véritables os, mais par une érans- sudation successive des couches produites par son noyau pulpeux, et qui se collent les unes sous les autres. L'émail est déposé dessus par la membrane qui enveloppe la jeune dent, et s'y fixe par une espéce de cristallisation ( 1). Enfin, une troisième substance propre à certains herbivorés est deposée après l'émail , mais par la méme membrane qui change de nature à une certaine époque. Cette troisième substance est nommée par Tenon, cortical osseux. Il la regarde comme formée par l’ossification de la membrane capsulaire. Les dents du chacalot n'ont point d’émail suivant Tenon ; mais seulement un cortical osseux, ainsi que les défenses ‘éléphant, les mâchelières du norse et du dugong. L'émail est plus dur que le cortical osseux ; il se dissout dans les acides sans laisser de parenchyme gélatineux. Des organes de la respiration des Limaces, des Limacons. Parmi les êtres existans on trouve partout des étres inter- médiaires, qui font le passage entre les grandes familles. Les oiseaux respirent par de vastes poumons, et ont d’ailleurs des sacs supplémentaires au poumon (si on peut se servir de cette expression). L'air pénètre méme jusques dans leurs os. Les mammaux respirent seulement par les poumons. ‘ Les quadrupèdes ovipares respirent également par un pou- mon; mais cette fonction peut étre suspendue chez eux pen- pant un temps plus ou moins long, comme chez les salamandres , les grenouilles... Ces dernières demeurent au fond des eaux une partie de l’hiver, sans pouvoir respirer... et cependant la circulation n'est pas suspendue ; elle n'est que ralentie. Les poissons respirent par des branchies, c’est-à-dire qu'ils extraient une portion dair vital contenu dans l’eau. Cette portion n'est pas considérable. Plusieurs animaux z7osseux (invertébrés de Lamarck), res- pirent également par des branchies. ——————————————_—" (1) Ceci confirme que la reproduction des animaux s'opère par cristalli- sation. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIM12 Les autres animaux 7z0sseux respirent par des trachées ; qui portent l'air vital dans toutes les parties de leur corps. Cuvier a fait voir que parmi ces animaux inosseux il en est qui ont de vrais poumons ; tels sont: 1°. Les limaces (/imax). 2°. Le colimaçon ( Lelix). Ces animaux sont terrestres; d’autres sont aquatiques. 30. Le limnée (Lelix stagnalis de Linné). 4°. Le planorbe (kelix cornea de Linné). Du degré de chaleur que peuvent supporter les animaux. Les animaux peuvent supporter diflérens degrés de chaleur lus ou moins considérables. Laroche et Berger ont cherché à déterminer ces limites par un grand nombre d'expériences faites sur les animaux et sur l'homme. Le résultat de leur travail est, 19, La plupart des animaux, tels que lapin, cochon d'Inde, grenouilles... succombent après un espace de temps souvent assez court à l’action d'une température de 50° et même de 45°. 20, L'homme peut supporter une chaleur beaucoup plus considérable. Berger a demeuré quelques minutes dans une étuve à 87°. 32, L'impression d'un air chargé de vapeurs est, à degré égal de température , beaucoup plus pénible que celle d’un air sec. 4. La transpiration a toujours été d'autant plus considé- rable que la chaleur étoit plus grande. D’'Animaux hybrides. On a observé en Angleterre qu’une femelle zébre a été fécondée par un âne : mais, ajoute-t-on, il avoit fallu peindre cet âne des couleurs du zébre. Le petit animal hybride avoit la forme du pére et ressembloit à la mère par le pelage. A Turin, le même phénomène a été observé. Mais le petit animal a péri peu de temps après sa naissance. Il y a une femelle zébre à la Ménagerie du Musée de Paris; ui à été également fécondée par un äne. Elle n’a fait aucune difficulté d'accorder ses faveurs à cet animal, quoiqu'il ne fût pas de son espèce, et il n'a pas été nécessaire de les peindre. D'un Canard hybride. Un canard mâle morillon (anas glaucion), a fécondé une femelle ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 femelle sarcelle de la Caroline anas querquedula , dans les jardins de Launai, bibliothécaire au Musée de Paris. Il en est né un petit canard hybride qui tient du père et de la mère. On tâchera de s'assurer l'année prochaine s'il peut multiplier son espèce. Ce fait a été publié par le professeur Geoffroy de St.-Hilaire. On connoissoit déjà les animaux hybrides suivans : 1°. Celui qui provient du serin et du chardonneret. 2°. Celui qui provient du serin et du tarin. 3°. Ceux qui proviennent du chien, du loup, du renard et du chacal, ou isatis. Chacun de ces animaux hybrides peut se reproduire avec son semblable. C'est pourquoi je leur ai donné le nom d'zy- brides, nom que Linné avoit donné aux plantes provenues de deux espèces différentes. Hunter avoit conclu de ces faits que le chien, le loup, le renard et l'isatis ne faisoient qu’une seule espèce; mais sa con- clusion ne paroit pas fondée, puisqu'on convient que le serin et le chardonneret sont deux espèces distinctes, quoique de leur union il en provient un animal hybride. L'animal qui provient de l'union de l’âne et de la jument nest pas hybride, puisqu'il ne se reproduit pas. DE LA VACCINE. Malgré tous les avantages de la vaccine, qui sont bien dé- montrés, plusieurs personnes se refusent encore à cette prtique salutaire , et la petite vérole a fait cette année de grands ravages dans plusieurs endroits, comme à Päris, à Londres... l'ino- culâtion éprouva les mêmes obstacles : on étoit persuadé généralement de son utilité; mais l'habitude, je dirois presque l'indifférence , la faisoient négliger ; on exagéroit quelques accidens vrais ou supposés, et on disoit froidement : 1 faut S'abandonner à la nature. Mais avec le méme raisonnement on ne prendroit point de Précautions dans aucune maladie ; car quel est le traitement de quelque maladie que ce soit qui n'ait offert des accidens, méme entre les mains du médecin le plus habile? Il faut dans cette circonstance, comme dans toutes les autres, suivre les plus grandes probabilités. La vie humaine n’est qu'un calcul continuel, bien ou mal fait des probabilités. Or elles sont toutes en faveur de la vaccine. On a rapporté qu’à Londres quelques personnes vaccinées Tome LXIV. JANVIER an 1807. C ‘18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avoient eu la petite vérole. Ces faits n'ont point été constatés ; mais l’eussent-ils été, ils ne prouveroient rien contre la vaccine, et pas plus que ne prouveroit un accident occasionné par le kina, par exemple, donné à un malade qui auroit la fièvre, puisqu'ordinairement le kina est le meilleur remède connu contre cette maladie. DE LA BOTANIQUE. Les grands ouvrages de botanique se continuent toujours avec la méme ardeur. Plantes des jardins de Malmaison. Vautenat a publié la vingtième livraison de ce superbe ouvrage. Les liliacées par Redouté. Redouté a publié les 25, 26 et 29° livraisons de ce magnifique ouvrage On sait que ces deux ouvrages sont des plus beaux que la botanique possède. Plantes équinoxiales recueillies au Mexique, dans l'ile de Cuba, dans les provinces de Caracas, de Cumana, de Barce- lone, aux andes de la Nouvelle-Grenade, de Quito et du Pérou , et aux bords de Rio-Negro, de l'Orenoque et de l'Amazone; par Alexandre Humboldt et Aimé Bonpland, ré- digées par ce dernier. Deuxième , troisième et quatrième livrai- sons. Cet ouvrage est fait avec le même soin que les précédens, exactitude dans les descriptions, beauté de dessin, élégance de la gravure... Mais les auteurs voulant que son prix fût plus à la portée des botanistes peu favorisés de la fortune, ont été obligés de faire des sacrifices du côté du luxe de l'exécution. ame fasc. des pl. équin. renferme Le matisia. g. nov. Jussiæa sedioïdes. — natans. Myrtus mycrophylla. Freziera reticulata. ———— çanescens. ——— chrysophylla. ——— séricea, ——Lnervosa. Cinchona condaminea. 3e fascicule « + + « « + . .« Marathrum faniculaceum.£. n. Gassupa verrucosa. g. nov. Saecellium lanceolatum. g. nov. ET D'ARISTOIRE NATURELLE, 19 Loasa ranunculifolia, —— argemonoiïdes, Mimosa lacustris. Jacaranda acutifolia. —— obtusifolia. Cinchona ovalifolia, Bambusa guadua. 49 CIE ee VO latifolia. Passiflora glauca. Ces espèces sont emarginata.( arborescentes. Cheiroltemon platanoïdes. g. n. Retiniphyllum secundiflorum. g. nov. Claytonia cubensis. Epidendrum graniflorum. — antharniferum. Machaonia acuminata. g. nov. Theobroma bicolor. Monographies des mélastomes et autres genres de cet ordre, avec des planches coloriées. Chacune de ces monographies paroîtra séparément par cahier de cinq planches, quoiqu'elles ne forment toutes qu'un seul ouvrage. —- letinodis. —————- capitellata, ————- octona. —- Jacera. Monographie des mélastomes. 1° cahier/Melastoma aplostachia Ges espèces sont nouvelles. .… Monographie des rhexia. 1 cahier., (Rhexia muricata. ——-— myrtoïdea. Toutes nouvelles...{—— speciosa. je piloselloïdes. — microphylla. 2 cahier.../Rhexia canescens. ——— $stricta, reticulata. ——— sarmentosa. tortuosa. Toutes nouvelles. Botanique , faisant partie de la nouvelle édition de l'En- cyclopédie. C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE Poiret vient de donner une nouvelle livraison de ce grand ouvrage. Novæ - Hollandiæ plantarum specimen autore Jacobo- Juliano Labillardiere , 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22 Jfasciculi. L'auteur ne néglige rien pour que son ouvrage ait toute la perfection qu’on a lieu d’attendre d’un botaniste aussi instruit que lui; mais la partie typographique et les gravures sont sans luxe. Flore du Benin ; par Beauvoir. Cet ouvrage ne le cède point aux précédens. Plantes de la France, décrites nar Jaumes de St.-Hilaire. L'auteur a déjà donné quinze livraisons de cet ouvrage intéressant. Les Annales du Musée d'histoire naturelle de Paris con- tiennent un grand nombre de Mémoires particuliers de bota- nique, par Jussieu , Desfontaines, Thouin, Corea... Histoire des plantes d'Europe et étrangères, etc.; par Gilibert, médecin à Lyon. Cet ouvrage intéressant donne l’histoire des plantes dont l'usage est le plus journalier. D. Caroli-Ludovici Wildenow, etc. hortus Berolinensis , 1v, v et vr fascicules, c'est-à-dire jardin de Berlin, ou figures et description des plantes rares et peu connues qui se culti- vent dans le jardin royal-botanique de Berlin. Ces six fascicules complettent le tome premier de cette belle collection. Cet ouvrage est digne de la réputation de leur célèbre auteur. Species plantarum L.; c’est-à-dire espèces des plantes; par Wildenow. Quatrième volume. L'auteur dans cet ouvrage donne la description de toutes les plantes qui ont été découvertes depuis Linnœus. Flora Badensts, etc., Flore de Bade; par Charles-Christian Gmelin, tom. 1, vol. in 8&. A Carlsruhe. Le savant auteur de cette Flore donne la description des plantes du pays de Bade et des environs, et ne néglige point de parler du lieu où elles se trouvent, de leurs propriétés. Flora Indiæ occidentalis, etc. Swartz a publié en 1806 le Ré volume de sou intéressante Flore des Indes occiden- tales. ET D'HISTOIRE NÂATURELLPE. o1 DE LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Irricabilité des Végétaux. Le docteur Carradori a prouvé, par plusieurs expériences, que la laitue jouissoit d'une irritabilité considérable. « Si on touche légérement, dit-il, avec le doigt une plante de laitue lorsqu'elle est montée en graines, et principalement quand elle est en fleurs , on la verra aussitôt à l’endroit où elle a été touchée, suer du suc laiteux (qui est son suc propre), en forme de gouttes très-menues; mais le phénomène n'a lieu que dans les petites feuilles amplexicaules qui son ré- pandues sur les branches de la plante, et dans les ca/ices des fleurs, et non pas sur le fuste, ou caule , ou tige, ni dans ses diramations. Le contact du corps le plus doux produit le méme effet. Souvent l’attouchement des corps stimulans les plus menus comme un brin d'herbe, appliqué le plus légérement, produit une telle irritation qu’elle fait sortir de la partie irritée l’hu- meur laiteuse en forme de jets vaporeux. ' L'irritabilité des. plantes est un fait qu'on ne sauroit plus révoquer en doute. Du Micropyle. Turpin a observé dans les graines près la cicatrice du hile, une petite ouverture par laquelle la liqueur fécondante pé- nètre jusqu'à l'ovule. Il lui a donné le nom de micropyle. L’auteur a la bonne foi de reconnoître que Geoffroy avoit déjà parlé de cet organe dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris, en 1711. Mais cette observation étoit en- tièrement oubliée. . Des trachées des végétaux et de la gaîne médullaire. Les trachées des végétaux sont des filets très-fins, contournés comme des ressorts à boudin, et qu’on apperçoit distinctement dans la fracture des feuilles et des jeunes branches. Le lieu où elles sont situées n'étoit pas déterminé. Je l'ai recherché dans le sureau , l’yèble , l’hortensia..… où les trachées sont très-visibles, et j'ai fait voir qu’elles ne sont point dans le bois, comme on l'avoit cru, ni dans la substance médullaire, mais qu'elles sont entre les deux. Les trachées, ai-je dit, forment entre Le bois et La ’ * v3 JOURNAL DE PHYSIQUR, DE CHIMIE, substance médullaire, une couche intermédiaire composée d’un grand nombre de faisceaux cylindriques. Ces faisceaux servent de Gaine, ou d’enveloppe à la substance médullaire. Ces trachées accompagnent les prolongemens médullaires, ét pénètrent dans toutes les parties du végétal, où elles por- tent l’air qui lui est nécessaire pour sa respiration. De l'organisation des Plantes. Aubert du Petit-Thouars a donné des essais sur l'organi- sation des plantes considérée comme résultat du cours annuel de la végétation. Il a observé que le dracæna, qui est de la classe des monocotyledones, augmentoit néanmoins annuelle- ent en grosseur (ce, que ne font pas ordinairement les mo- nocotyledones), au point qu'il en a vu des troncs que deux hommes auroient pu à peine embrasser. Il a cherché la cause de cette angmentation du tronc du racœna qui a néanmoins l’organisation ordinaire des mono- cotyledones. Il pense que les bourgeons de ces plantes en sont l'origine, « Chacune de ces protubérances ou bourgeons, dit:l, » donne naissance à un faisceau de fibres absolument sem- » blables à celles de l’ancien bois. Les plus extérieures des- » cendent en ligne droite vers la terre; les autres, après avoir » monté, se recourbent pour prendre la méme direction qu’elles » ne quittent plus. Les fibres des faisceaux développées dans # la terre ont la même propension à monter que les premières » à descendre. » Ces fibres réunies augmentent la grosseur de l'arbre. Il croit que toutes les plantes monocotyledonés ônt une organisation analogue, quoiqu'elles n'augmentent pas égale- ment en grosseur. + . Je dirai donc, ajoute-t-il, que l'accroissement en diamètre est un phénomène très-rare dans les monocotyÿledones ; mais il paroït qu’ils en ont tous en eux le principe, auquel il ne manque que des circonstances favorables pour faire son effet, Il n’en est pas ainsi des dicotyledonés dont toutes les espèces ligneuses présentent cet accroissement. Il pense que cet accrois- sement chez ces plantes s'opère par des moyens analogues à ceux qui s’opérent chez les monocotyledones. Le bourgeon est suivant lui, un embryon complet, qui en se développant propage également ses fibres vers la terre, L ET D'HISTOIRE NATURELLE, 23 DE LA MINÉRALOGIE. La minéralogie a fait de brillantes acquisitions cette année. On a découvert plusieurs minéraux intéressans qui étendent de plus en plus cette belle science. Du Platine, et des, substances qui lui sont alliées. Le platine en grains, tel qu’on le ramasse au Pérou (il n’est - connu en Europe que depuis 1741, qu’il fut apporté par Wood, médecin anglais), a été l’objet continuel des Lacherl ES des chimistes. On a retiré de ce métal en grains, 1° de l'or, 2° de l'argent, 3° du fer, 4° du cuivre, 5° du chrome 4 6° du titane, 7° le platine, métal particulier. 8°. Le palladium. Wollaston, chimiste anglais, a découvert ce métal qui est d’un blanc approchant de celui de l'argent, mais plus pesant que celui-ci. Il est très-ductile , fusible par son union avec le soufre. L’acide nitrique le dissout, et ses dissolutions sont roses. Chenevix avoit cru que le palladium étoit une amalgame de platine et de mercure. 9°. Le rodium. Le même chimiste Wollaston a découvert dans le platine un autre métal d'un gris cendré, auquel il a donné le nom de rhodium. Ce métal se réduit facilement. Il est dissout par les acides, et ses dissolutions sont roses. 10°. L'éridium. Tenant, savant chimiste anglais, a décou- vert ce troisième métal] dans le platine. Sa couleur est blanche ; sa dureté est considérable; il fond difficilement ; il n’est dissout que par l'acide nitro-muriatique ; mais les alkalis le dissolvent, et une fois oxidé il est solublé dans les acides. Les sels qu’il forme sont d’un beau rouge, ét donnent à ceux de platine diflérentes couleurs vives. C’est’ pourquoi le chimiste anglais lui a donné le nom d’iridium. Il paroït que c’est ce métal qui avoit été apperçu par Descotils, Fourcroy et Vauquelin, et auquel ces deux derniers avoient donné le nom de prène. . de 11°. L’osmium, quatrième -métal trouvé dans le platine, Cette découverte.est également due à Fennant. On n’a encore pu le réduire. Son oxide forme une poudre noire apperçcue par Proust, et qu'il n’examina pas suffisamment, Car il la prit pour de la plombagine. Cette {poudre est très-volatile ; elle a une odeur forte qu'elle communique à l’eau, car elle sy dissout. à | 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La dissolution de noix de galle la précipite en brun bleu. La minéralogie possède maintenant vingt-neuf métaux, si on y comprend la niccolane, annoncée par Richter. Du platine trouvé dans une mine de Quadal-Canal. Vauquelin en faisant l'analyse d'une mine d'argent de Quadal- Canal en Espagne , en a retiré le platine qui en fait quelquefois jusqu'au dixième. Des Falherz. Proust a fait voir que les falherz , ou cuivres gris, sont des mélanges de diflérens sulfures, celui de cuivre, celui d'ar- gent, celui d'antimoine, celui de plomb, celui de fer, celui d’arsenic, La cristallisation de ces différens falherz est la même : d'où je tire une nouvelle preuve que des principes chimiques diffé- rens peuvent donner la même molécule et les mêmes formes. Tandis que les mêmes principes peuvent former des molé- cules différentes, et composer des minéraux différens. Du Cinabre. Mercure sulfuré au maximum. ARE a fait l'analyse d’une espèce de cinabre qu’il avoit reçu du Japon. Il en a retiré, : Mercure: tentes ut 84.50 Soufre san shtt 42e à à PIRE 14.70 Le cinabre de Neumoerkel en Carinthie lui a donné, MERCUTE et sine ÉRrlètere LL OS DHOUIrE: RL AE 20 Le cinabre d’Idria qui se trouve dans'un schiste bruntre , lui a donné, Mercure........ (asie RAS 818 : SOUL EE MeRIr Ne SET $ 157.50 Gharbons te TN EREMESE 1825 Silces tte ske 4 MG 00 Alumine. ee NUE ai M5. 50 Eeroxidé ei 2 LU NENT a Cuivre oxidé......... A LLENLO!20 Eau qui a servi à la formation d'un gaz hydrogéné sulfuré, et autres pertes....,....... 7.30 Ethiops ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25 Ethiops minéral. Mercure sulfuré au minimum. Schreiber parle (Journal de Physique, tom. 28, pag. 147) du mercure combiné avec le soufre sous forme d’éthiops miné- ral , lequel il a trouvé dans les mines d’Allemont. Il contient sans doute une moindre portion de soufre que le cinabre. Du Réalgar. Arsenic sulfuré au minimum. Thenard en a retiré, Arsenic....... A AE ST SOUÉTE: ; à + one NE CPE MOSS De l’Orpiment. : ZArsenic sulfuré au maximum, Thenard en a retiré, ERESÉRNG ie tre de en ete cle de l1O Soutre li. RAEL A6 NI 43 La minéralogie est arrivée au point qu’elle doit classer les minéraux d’après toutes ces nouvelles analyses : et c'est ce que je fais dans mes leçons au Collége de France. Nous avons, Arsenic sulfuré au #2inimum. Réalgar. Arsenic sulfuré au maximum. Orpiment. Fer sulfuré au 77inimum. (Pyrite magnétique qui contient fer, 0.65; soufre, 0.37; est attirable à l'aimant...) Fer sulfuré au r17aximum. (Pyrite ordinaire qui contient fer, 0.53; soufre, 0.47; n'est pas attirable à l’aimant.) Mercure sulfuré au 72ènimum et au maximum. Les substances métalliques sont également oxidées au mini- mum , au Maximum , et à d’autres degrés intermédiaires. Proust lui-même reconnoit trois degrés d’oxidation dans le plomb , dans l’étain... Métaux combinés avec les acides au 7#nimum, au maxr- mum, et peut-être à des degrés intermédiaires, tels que les cuivres arseniatés. Cuivre arseniaté au minimum, celui qui cristallise en o0= taèdre obtus. Il contient, . Coivre MERE: sect AE .. 58 Acide arsenique......... AE OP LUE TO CRE PET SERRE Tome LXIF. JANVIER an 1807. D 26 JOUANAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cuivre arseniaté au maximum À qui cristallise en octaëdres aigus. Il forme une espèce particulière qui contient , CNET E MER ENT. NEA AN Acide arsenique......... AIRES au 0e. PART NION. AAA ES PARLE de Il en faut peut-être dire autant des métaux hydratés, ou combinés avec l'eau. Je crois être le premier qui, en 1702, dans la Sciagraphie, tom. 2, pag. 384, aë mis l’eau au nombre des m'néralisateurs, d'après la quantité considérable d’eau qu’on retiroit des calamines. Proust a beauçoup étendu cette classe. des hydrates. Il admet, Hydrate de cuivre (cuivre bleu). Hydrate de fer. Hydrate de cobalt. Des mines de fer contenant l'acide phosphorique et le chrome. Vauquelin a prouvé que les mines de fer limoneuses et plusieurs autres, contiennent l'acide phosphorique et le chrome. Du Spinthère. Je possède de beaux cristaux de spinthère qui sont sur le spath calcaire de Marone en Dauphiné. Ils ont la forme du sphène et se comportent comme lui au chalumeau, Je range en conséquence le spinthère au rang des mines de titane, et je le regarde comme une variété du sphène. De la Datholithe. Esmark a trouvé cette substance à Arandal en Norvége. Couleur, blanc plus ou moins mélé de vert. Pesanteur, 2.98. è Dureté, moindre que celle du feldspath. Forme: Prisme rectangulaire aplati. Klaproth qui l’a analysée , en a retiré, SIC RER lame ee ete YA RRSRAESATES SLT Chaux... .... dise ANT ASE Acide boracique............ “24 IEEE Hotte : PÉRATERICE € 4 On trouve dans l'intérieur du bambou, proche les nœuds de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 27 la tige, une petite pierre quartzeuse que les Hindoux appellent tabaesher. Macie avoit analysé cette substance , et avoit prouvé qu'elle étoit en partie composée de silice (Journal dé Physique, tom. 40, pag. 122). Fourcroy et Vauquelin l'ont analysée de nouveau. Ils en ont retiré, Site MR etre see 0 cc Potasse,:chaux et eau........,,. 3o Une petite portion de matière végétale. Dans nos roseaux ordinaires (arundo sativa), on trouve dans l'intérieur près du nœud, une substance blanchâtre qui se présente comme une toile. J'ai prouvé qu’elle étoit analogue au tabaesher. De la Zoysite. Werner a donné le nom de zoysite (du baron de Zoys, célèbre minéralogiste) à une substance qui se trouve du côté de Salzbourg. Le docteur Schneider nous en a apporté à Paris. Couleur, gris cendré. Dureté, 3000. Pesantear, 3400. Elle se présente sous forme de prismes longitudinaux striés, noyés dans une pâte blanchätre, qui paroît quarizeuse. Tous les caractères de cette substance la rapprochent .de celle que nous connoïssons sous le nom de £hallite gris du Valais. De la Mussite. Le docteur Bonvoisin a trouvé plusieurs minéraux inconnus, dans la partie des Alpes, qui est dans la vallée de Lans. La mussite qu'il a trouvée dans la vallée de la Mussa , une des sous-divisions de celle de Lans, se présente en petits pris- mes assez alongés et posés irrégulièrement les uns à côté des autres. La forme de ces cristaux paroit être un prisme rhomboïdal oblique. Leur couleur est d'un blanc grisâtre passant souvent au vert. De l'Alalite. L’alalite trouvée par Bonvoisin, dans la vallée d'Ala, autre sous- division de celle de Lans, se présente sous forme de cristaux rectangulaires , terminés par une pyramide à quatre faces rhomboïdales , qui naissent sur les arétes du prisme. D 2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces faces sont quelquefois tronquées au sommet par une facette perpendiculaire à l'axe du prisme. Il y a plusieurs autres variétés de forme. La couleur de l’alalite est d’un blanc grisâtre , souvent verdûtre. De La Succinite. La succinite est une autre substance minérale trouvée par Bonvoisin dans les mêmes cantons. Sa couleur est celle du succin; c’est pourquoi il lui a donné le nom de succinite. | Elle se présente toujours sous forme de petites masses arron- dies et globuleuses. S Elle paroît avoir beaucoup de rapports avec l’hyacinthine. Du Thallite. Il a aussi trouvé une très-jolie variété de thallite qui se pré- sente sous forme de gros prismes striés, droits, c'est-à-dire sans pyramides. On en trouve cependant quelques petits cristaux avec pyra- mides. ; ‘: De l'Hyacinthine. Une espèce d'hyacinthine (vésuvienne ), qu'il a nommée perr- dot-idocrase, se trouve dansles mêmes cantons en grandes masses d’un vert tendre. Elle y forme aussi de très-beaux cristaux, qui offrent quelques variétés nouvelles ; savoir, la suivante qu'on peut regarder comme la primitive. Prisme rectangulaire strié. Pyramide à quatre faces triangulaires qui naissent sur les faces du prisme. Une autre variété de cristallisation de l'hyacinthine, a été trouvée près du glacier du Montrose au village Zarmat, par Maclaune. Prisme droit sans pyramide. De la Topazolite. Bonvoisin appelle topazolite une substance cristallisée en dodécaèdre comme le grenat. : Sa couleur est celle de la topaze, d'où il lui a donné son nom de ,/opazolite. ET D'HISTOIRE NATURBLLE,.,., 29 Il en a retiré par l'analyse; 2 RE RENTREE 7 Chaux 2 Mhoioianiretéanr do ET) Alumine. :.... SRE ET AR TE te PL Glucine….......….. RETRO She te te rs tons Pie Fer PAIE RIT il :5/26.,4 PRET 25 Manganèse . ....... tint Di Perte... ss v assé es SDK TE Gréhats de la. vallée de Lans. Enfin la dernière substance qu'a décrit Bonvoisin, est un grenat d’une belle couleur incarnat , ressemblant à ceux trou- vés à Dissentiz, par Saussure. De la Tourmaline rose. Le beau cristal rose que je possède, et que j'ai décrit, Journal de Physique, tome 52, page 322, comme un beril, est une tourmaline rose de la variété que. j'ai appelée Zaourite. Elle est pyro-électrique, .a .la pesanteur ,.la dureté... de la daourite. pe Pet 1 ) De l'actinote de Zillerthal. - Laugier a fait l'analyse de l'actinote de Zillerthal (stralstein des Allemands, zillerthite de Delamétherie ). Il en a retiré (40€ cahier des Annales du Musée de Paris, ) Silice......... Hotrilesà “50 Magnésie...... AS OO EE ++ 19 Chaux. ....... CAT EC PAETA TRE 9:75 AlnniInes es ee EMMA EE 0.79 Fer oxidé, "nt Lee Chrome oxidé......,.,, 220015 1e CSA ATEN EE ER OCNE IOPNL AENSCE Porasse ln Liane AN 4 Ed | 0.50 Pertes. AT do 5 L'auteur a obtenu cette potasse en versant sur cette sub- stance de 1 acide sulfurique concentré. Il observa au bout de quelques jours des cristaux d’alun. Go SOUKNAS DE FNYSIQUE, DECHIMIE Du Jade oriental vert. Théodore de Saussure en à retiré, Silice «8 « commence, 0345 Chaux : ...sommemmiapanmmese 12e 0m Alumme. SNS ae Il. 1 Fer) ide Re ER RE Manganèse. oxidé. uses. 2 | Matrons. 7 CES Neo: Potassehinsk .sù. sua ni st MAL RAT ee das ie Nes ele 01220 PÉTÉSe ss cu 2 LL COMM TEE EEE Du Lhémanite. J'ai donné le nom de /hémanite à la substance que Saussure (père) appeloit jade des environs de Genève. Théodore de Saussure , qui lui a donné le nom de son père, saussurile , en a retiré, Siheerstu ii Spider ce sh 4e Alumine:! ..subicutg al... .56200 Chaux 2 MMS RUATER Sal À Fér: oxidé ti shot 2h Manganèse oxidé............. Oo. & Natrom ur mn Porn LR CAEN © Potasse.. Lieu Han dmlosas Perte !..Lerlmn PURE AREA TE Du Calcaire pur. . Berthollet a analysé ün calcaire très-pur. Il en a retiré, comme l'avoit fait Kirwan, °° Chaux. RSA FA ES Acide carbonique........... . 44 FaucHLH EST Re LR NU a ete 2! De l'Arragonite. Proust avoit dit (Journal de Physique, tome 62, page 226), dans l'arragonite je trouve le carbonate de chaux pur. Mais dans les spaths calcaires rhomboïdaux transparens ou opaques, je trouve deux carbonates métalliques dont les bases sont au zr7imum, celui de fer et celui de manganèse. Un chimiste de Paris a analysé un spath calcaire très-pur , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3x dans lequel il n’a trouvé aucun de ces métaux; d’où il con- clut, r° que ceux sur lesquels a opéré le professeur de Madrid, . . . ,. . . étoient impurs; 2° qu'aucun fait n'indique encore de différence entre les principes de l’arragonite et ceux du calcaire. De la Leucolite. La leucolite (beril schorlatiger de Werner), a été analysée par Bulcholz, qui en a retiré, Silice. . Alumine, Acide fluorique............... 0.18 D'après cette anlayse j'ai classé la leucolite parmi les alumines fluatées. Du Pyrophysalite. Cette substance à été trouvée par J.-G. Gahn, à Finbo, près de Falhun en Suéde. Sa couleur est d’un blanc verditre. Il fait feu au briquet, mais il est rayé parle quartz: Sa pesanteur est 3452. Hisinger et Berzelius en ont retiré, Atarmiines et" 540 OAI QUE 55,25 Sci LC ALAN, ARS NDS 32:85 Chaux ...... TANT ANRT MU ANTIOORSE Fer*oxidé.....:.1.11, HAE UEOURS Perte par la calcination....... 6.75 Perte dans l’analyse........., 11.36 Ils ont depuis reconnu qu'une partie de cette perte est due à de l'acide fluorique contenu dans cetté substance, 11 faut donc ranger cette substance dans le genre des alumines fluatées. : ( : “De l'Outremer. : : Désormes et Clément ont analysé l'outremer. Pour extraire l’outremer de sa mine, on mélange le lazuli porphyrisé avec un mastic fondu et composé de poix résine, de cire.etd'huile de lin; on laisse refroidir ce mélange , et on le broie ensuite fortement sous un pilon ou sous un rouleau dans l’eau tiède, Cette eau se salit, on la jette. On en met une nouvelle à 3a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE laquelle .on voit bientôt prendre une belle couleur bleue ; on la laisse reposer; on en passe une seconde, une troisième... Toutes ces eaux laissent déposer une belle poudre, qui est l’outremer. On n'en retire que deux à trois pour cent d'un beau lazuli. L'analyse de cet outremer leur a donné, Silices in Er MAL PONT ES 2e Nr:0955,8 AMIE A Ne 2 ne lele lets de) e 34.8 INAËTON EP cou e + Se . 23.2 SOUIMER Per Led. e see le MST Chaux carbonatée.. ..... 17.02% 3.r Ils n'y ont trouvé aucun principe colorant. De la Ménilite. Klaproth vient de donner une nouvelle analyse de la mé- nilite qu'il appelle k/ebschieffer. Bayen, un de nos chimistes les plus exacts, et à qui la science doit l'expérience, fondamentale de la nouvelle théorie chimique ; savoir, la revivification du précipité rouge | ouoxide de mercure seul (c’est-à-dire sans addition de charbon, ou autre corps combustible), avec dégagement d’une grande quantité de gaz; d’où il conclut que ce précipité se revivifioit sans addition de phlogistique (Journal de Physique , 1774, tom. 3, pag. 286). Bayen m'avoit dit avoir retiré de la mé- nilite une portion de magnésie, comme je l'ai rapporté. Klaproth n’en avoit point cependant obtenu dans la première analyse qu'il avoit faite de cette substance; mais il a trouvé dans cette seconde analyse la magnésie qu’avoit annoncée Bayeu. Voici l’analyse de Klaproth, Silce 2... tua RARE AA Ee Magnésie. ............ HHERE 8 Fer oxidé........ ARE SARA 4 Charbon...... DA Le ENS LPT SMOS7S Alamine 44... Ur eUN 0075 Ghaux a 20 M EN RON O Faux or éiiuct oi ire Eau contenant un tiers d’ammoniaque , accompagné d'odeur bitumineuse. Gaz composé d'acide carbonique et de gaz hydrogène car- boné, pouces cubiques , huit, De C CT ET D'HISTOIRE NATURELLE. \ De la Turquoise. Bouillon-la-Grange a fait l'analyse de cette substance minérale. On en connoît dans le commerce deux espèces : L'orientale , qui, selon Chardin, se trouve au Mont-Caucase, à quatre journées de la mer Caspienne. On la trouye aussi en Perse, en Egypte, en Arabie, dans la province de Samarkande. L’occidentale se trouve à Simore dans le Languedoc et auprès de Trévoux. J'ai une dent qui est en partie convertie en turquoise. Bouillon-la-Grange a analysé la turquoise et en a retiré, Chaux phosphatée............. 80 Chaux carbonatée..... HN 0e Magnésie SL à SNS OR PAARE 2 Eeriphosphaté "70." dre 2 Alumine. ............ ARS At 1.5 Eauet perte. ..:...... dB: Où Cette analyse ne permet pas de douter que la turquoise ne soit.une partie osseuse pénétrée par des oxides de fer, et non des oxides de cuivre comme on l’avoit cru. De L’Alun. L’alun de Rome passe pour le plus pur ; c’est pourquoi ilest préféré dans le commerce à tous les autres. Roard et Thenard ont recherché la cause de sa supériorité. Ils ont reconnu que tous les autres aluns contenoient une quantité quelconque de sulfate de fer qui en altéroit la pureté. L’alun pur est com- posé de AMInE se demie ous del Le 12.53 Acide sulfurique...,........... 26.04 Hotasse NTM ere RUE 10.02 Hausse" AT 88 AùSS dom OT MA ENS d 472 L'alun de Liége contient sulfate de fer 000.1. L’alun de Javelle en contient un peu moins. : Ceux de la manufacture Bouvier et Curaudau:en contiennent un seize centième ou. dix-sept centième. : L'alun de Rome n'en contient pas un-deux millième. Le plus mauvais alun du commerce peut égaler dans ses effets le meilleur alun de Rome. Il suflit. de le purifier en en précipitant le sulfate de fer par le moyen de l'eau, C'est ainsi Tome LXIV. JANVIER an 1807. E 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que l’art est parvenu à faire de l’alun aussi pur que celui de Rome. Du Cyanite rouge. J'ai un beau cyanite rouge que Maclaure m’a apporté du Tyrol, Du Trapp. Ce trapp est une espèce de schiste siliceux, ktesel schiffer de Werner, que j'ai trouvé dans la montagne d’Ajou proche la Claitre. Sa couleur est noire; il fait diflicilement feu avec le briquet. Cabal et Chevreuil en ont retiré, Silice. 2 PAR EE D L a sit 100 Alumine.. ::... PA SR 2 are RES D 15 Chaux. Les NSP ER TON Her oxide. ANNE reel MO, Manganèse, un atome. POTASSE PT TE PER RS FRS 8 Eau et matière volatile...::.::.. ° 5 Charbon ‘eti perter:. 41. JU. 8 ‘ Ils ont obténu la potasse en versant de l'acide sulfurique sur ce trapp pulvérisé. Ce procédé ne laisse aucun doute sur la présence de la potasse. De la Cornéenne. J'ai donné avec Wallerius , et la plupart des minéralogistes français, le nom de cornéenne, /apis corneus, à une espèce de schiste, primitif (thon-schieffer de Werner), qui ne fait point feu au briquet, ‘En la rayant elle donné une poussière d'un gris blanchätre. En soufflant dessus elle exhale une odeur terreuse. Quelques iminéralogistes ont ‘donné:lé nom de cornéenne à une espèce de porphyre ‘ou de granit. LT TR TOR Sihegi-pahasinete touruot 444008 Alunnne nt -te-reltc019 Chanxtiesh. sien ancre dre aie st CE Fer oxidé.s ec. putsmensron. ni arr 24 Potassel .5h Hillus EL. ao ah nur is 12° Perte; | eau et matière volatile... 2.5 na De: , )E ET D'HISTOIRE NATURELLE, 55 Cette analyse fait voir que ces pétrosilex se rapprochent beaucoup des feldspaths. Cependant leur cassure et leurs autres caractères extérieurs sont assez différens pour que je persiste à croire qu'il faut continuer à en faire deux espèces. Du Keratite, Le keratite, ou hornstein des Allemands est au quartz ce qu'est le pétrosilex au feldspath. De la Leucostine. J'ai donné ce nom à la base du porphyre rouge, Zeucosticos de Pline. De lOphitine. J'ai donné ce nom à la base du porphyre verd ou ophite. Saussure l’a appelée ophibase. De la V’arioline. J'ai appelé vartoline la pâte de la variolite de la Durance. Peut-être est-elle de la même nature que l’ophitine. De la Téphrine. J'ai appelé £éphrine la base des porphyres gris, tephrias de Pline. La base des amygdaloïdes me paroît également une variété de téphrine. Les wackes de Werner me paroissent également des variétés de téphrine. Ces six dernières substances, les pétrosilex , les keratites , les leucostines, les ophitines, les variolines, les téphrines, ainsi que les trapps et les cornéennes , peuvent servir de bases aux divers porphyres. Voici la manière dont j'ai considéré ces objets (Théorie de la Terre, tom. 2, pag. 424). « Je regarde cette pâte des porphyres comme un mélange des différens élémens du granit, moins le feldspath qui y est cristallisé distinctement. » Supposons les élémens du granit , savoir, le quartz, le Feldspath , le mica, l'hornblende.… réunis ensemble, ou seule- ment quelques-uns, pour cristalliser. » S'ils cristallisent tous distinctement ; ils forment du granit. » Cristallisent-ils tous confusément, excepté le feldspath qui cristallise en parties distinctes ? ce sera un porphyre dont la E 2 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE base variera suivant la nature et la quantité des substances dont elle sera composée. » Enfin cristallisent-ils confusément, même le feldspath ? on aura, Ou un pétrosilex , ; Ou un kératite, Ou un trapp, Ou une cornéenne. (J'ai des phorphyres à base de la cornéenne dont je viens de parler. ) Ou une wake, c’est-a-dire une téphrine. Il faut ajouter, Ou une ophitine, Ou une leucostine. Toutes ces diverses substances varieront suivant la nature et la quantité des quartz, feldspath, mica, hornblende... dont elles seront composées. Il peut même n'y en avoir que deux, comme quartz et feldspath, ou trois, par exemple l'hornblende ajoutée aux deux premiers, ou enfin ils peuvent y être réunis tous quatre, et même quelques autres substances, telles que la stéatite..... Dans le pétrosilex il ya beaucoup de quartz et de feldspath. Dans les kératites le quartz domine. Les ophitines, les leucostines , contiennent beaucoup de hornblende et peut-être du mica , mélangés avec les quartz et feldspaths. Dans les téphrines ce sont les mêmes substances mélangées au quartz et au feldspath , mais en différentes proportions. Du Charbon de terre. Proust a fait l'analyse de différens charbons de terre qui lui ont donné les produits suivans : Cent livres de charbon de Villanueva en Espagne, ont donné, (ER AR ARE 68 livres 8 onces 4 gros. MES Ho Dada ac 7 9 4 GATE SERRE SANTO) 5 6 Produits condensés... 4 8 6 Charbon de Belmez en Espagne, CoAR ET RENNES 70 o 2 Hesse er : 10 4 o Gazi ele Latehese se dore 12 7 4 5 0 AE 4 Produits condensés... 7 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3m Charbon de Langreo en Espagne, Coak................ 75 livres onces gros. Huile: Cr AMN AC RERTS AORE 11 4. Gaz: AU EMAR EAU S 5 2 - Produits condensés... 5 Charbon d’Angleterre, Coke here ; +. 64 Huile. ...... DE À cas) (ÉCLATER ARS MS) Produits condensés... 13 Dans ces produits condensés il se trouve une partie d’eau qui esb quelquefois plus abondante que l'huile. Cette eau contient de l’'ammoniaque carbonaté, mais point de vinaigre. Les gaz obtenus sont de l'hydrogène huileux ; car le gaz acide carbonique se combine ordinairement avec l'ammoniaque. Ces analyses font voir que dans les charbons de terre la partie charbonneuse en fait presque les trois quarts. Dans nos bois ordinaires , Proust a prouvé (Journal de Physique, tome 48, page 469) que la partie charbonneuse n'en est que le cinquième ou le sixième. Il n'y a que l’indigo qui fournit à-peu-près autant de parties charbonneuses que le charbon de terre. D'ailleurs le charbon de terre brüle beaucoup plus difici- lement que le charbon de bois. Tous les charbons de terre exhalent plus ou moins d’acide sulfureux sur la fin de leur combustion. Les charbons de terre en brülant se ramollissent et deviennent spongieux comme le charbon des corps muqueux, des résines, de l'indigo, de la glutine et des matières animales, et ils se comportent d'une manière totalement différente que les char- bons de bois. Le coak passé par la potasse, donne de J’acide prussique, ce que ne font point en général nos charbons de bois: Les cendres du charbon de terre ne contiennent point de phosphates ni de muriates. L'auteur en rapprochant tous ces faits croit appercevoir que les charbons de terre ont plus de rapports avec les substances animales qu'avec les végétales : néanmoins il n'ose rien pro noncer à cet égard. 35 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il me paroit qu'une de ses belles expériences démontre que les charbons de terre ne sauroient provenir des débris des grands animaux; car On sait que le charbon des substances animales n'est si diflicile à brûler que parce qu'il contient une assez grande quantité d'acide phosphorique. Or le:charbon de terre, dit Proust, ne laisse dans ses cendres aucune trace de phosphate. Ge fait démontre que ce charbon ne peut provenir des dépouilles des grands animaux. . On ne sauroit conclure que les mines de charbon de terre n’ont point été formées dans les eäux dés mers, de ce que l'auteur n’y a point trouvé de muriate : Car j'ai fait voir (Théorie de la Terre, tome 4, pag. 175) qu'à cette époque les eaux des mers ne contenoient pas de parties sensibles de sels marins. Mais d'où viennent, demande-t-on, ces propriétés des char- bons de terre, si différentes de celles des charbons de bois? Je réponds que C'est de sa minéralisation, c'est-à-dire de sa combinaison avec un principe étranger, qui me paroit être l'acide sulfurique ; car le charbon de terre est minéralisé comme je l’ai démontré (Théorie de la Terre, tom. 4, p. 145), et combiné avec l'acide sulfurique. Or Proust a prouvé que les acides font éprouver les plus grands changemens aux char- bons. L’acide nitrique y forme du tannin comme l'a fait voir Hatchett. L'acide nitrique versé sur les charbons de terre en détruit une portion de l'huile et de l'hydrogène. Proust a fait chauffer, dans un acide nitrique de 18 à 20 degrés, du charbon de terre de Villanueva, réduit en poussière. Ce charbon a perdu la propriété qu’il avoit auparavant de former de l'huile, du gaz hydrogène huileux et de l'ammoniaque. Il n'y est plus resté que le carbone ou le coak. Les mêmes phénomènes ont lieu dans la minéralisation des substances végétales pour former les charbons de terre. L’acide sulfurique, qui en est le rminéralisateur , a détruit une partie de leur huile, de leur hydrogène, ensorte que la partie char- bonneuse, ou le coak, y est devenue plus abondante. Voici la manière dont j'ai expliqué (zbidem) la formation de ces charbons de terre. Des masses immenses d'arbres fossiles et autres végétaux, tels que des tourbes, ont été recouvertes par des couches de terre plus ou moins épaisses, comme on en trouve encore en plusieurs contrées. Des pyrites se forment au milieu de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 39 ces végétaux. Elles se décomposent et forment de l'acide sul- furique. La chaleur qui en résulte volatilise les huiles, comme on l'observe dans tous les lieux où on trouye du pisaphalte ou bitume de Judée. Prenons pour exemple la Mer-Morte, ou lac de Genezareth; l'asphalte y est très-abondant : il se dépose alternativement avec les couches terreuses et pierreuses qui se forment dans son sein. Il doit donc s’y former des couches alternatives de bitume ou charbon de terre et des couches terreuses , pierreuses.. Ces couches de charbon auront l'étendue de ce lac, c'est-à-dire plusieurs lieues en longueur et en largeur, Il doit par conséquent se trouver au-dessous du fond de ce lac des amas immenses de bois fossiles, tels que ceux qu’on trouve dans la Prusse ducale, ... ou de tourbe... La manière dont brülent les charbons de terre confirme mon opinion. Ils donnent toujours de l’acide sulfureux , dit Proust. Cette combustion est analogue à celle du charbon des huiles traitées par les acides. Lorsqu'on enflamme de l'huile par le moyen des acides, il se forme un charbon très- spongieux, qui sort du vase... Ce charbon brüle très-diflici- lement. Le noir de fumée , et tous les charbons des huiles brûlent également avec difficulté , et ils sont très-volumineux. Mais les végétaux, dont ont été formés nos charbons de terre , étoient vraisemblablement des contrées équinoxiales , comme tous les autres fossiles de nos contrées. Les restes des végétaux qu'on trouve dans les mines de houille , paroïissent avoir appartenu à des végétaux exotiques. Bernard de Jussieu a trouvé dans les houillières de St.-Chaumont , proche Lyon, le nyctante. Bosc a trouvé dans des houillières du côté d’Autun un morceau de la tige d’un bambou. Faujas a trouvé des restes de palmier dans des tourbières d'Andermach... Les nombreuses plantes de la famille des fougères qu'on trouve si fréquemment dans les houillières et les schistes qui les recouvrent, sont reconnues pour être exotiques... Je ne nie cependant pas que quelques charbons de terre puissent avoir été formés par des substances animales. Cepen- dant aucun de ceux examinés par Proust n'a donné de pAos- phate; et l'acide phosphorique, si abondant dans les substances animales, ne paroît pas pouvoir avoir été ainsi détruit. Il fau- droit donc que ces substances animales eussent appartenu à des animaux, tels que les insectes, qui ne continssent point d'acide phosphorique , ce qui ne paroït pas vraisemblable, 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DR CHIMIE De l’oxide du Charbon. Le charbon et l’oxigène peuvent, suivant Proust, contracter une union qu'il a observée le premier. Dans l'acide carbonique et dans l'oxide gazeux le charbon et l’oxigène sont purs. Mais dans l'oxide de charbon, l’oxigène peut s’unir avec le charbon azoté ou hydrogéné. Voici le procédé qu’il emploie pour obtenir cet oxide de charbon : 100 parties de charbon de terre de Villanueva ( qui donnent 68 de coak) ont été traitées par l'acide nitrique. Il a obtenu un résidu — 120. L'acide a cependant dû détruire presque en entier les 32 parties qui ne sont pas du coak. Cet acide a donc produit dans ce charbon une augmentation de 52. Elle ne peut étre due qu'à l'oxigène de l’acide nitrique qui s’y est combiné. Du Charbon déshydrogéné. Puisque le charbon de terre contient jusqu’à 0,77 de coak, il faut que ce charbon, provenu primitivement des végétaux, ait perdu une grande quantité de son hydrogène. Il est même des charbons de terre qui paroissent ne contenir que du car- bone ou coak. Du Jayet. Du jayet distillé, dit Proust , donne de l'huile, de l'ammoniaque, du gaz carbonique, de l’oxide gazeux à flamme bleue , et 0,40 d'un charbon trois fois plus volumineux que le jayet employé. Ce charbon si volumineux me paroit également provenir d’une substance huileuse minéralisée par unñ acide. Le jayet chauffé avec l'acide nitrique , laisse dégager beau- coup du gaz. Il se forme ensuite une concrétion jaune, qui, desséchée et mise sur les charbons ardens , fuse comme le charbon oxidé. De la Tourbe. 100 parties de tourbe de Dax, distillées par Proust, lais- sèrent 0,40 de charbon. Ses produits sont, 1° de l’eau ; 2° Du vinaigre mêlé d’ammoniaque qui ne difléroit pas de celui qu’on obtient du bois. 3° Une vapeur jaune huileuse, qui se figea comme du suif; elle étoit 00,6 à 6,5. e La ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 41 La potasse qui n'a point d’action sur le charbon de terre, dissout la tourbe. L'acide nitrique de 40° appliqué à la tourbe ayec ébulli- tion, la dissout. On obtient, 1° De l'acide oxalique; 2° Du jaune amer. Sa cendre contient beaucoup de silice, un peu de magnésie et du sulfate de chaux. On voit que la différence de la tourbe au charbon de terre est que celle-ci n’est quelégérement minéralisée. Elle fournit du vinaigre, et une huile blanche concrète, produits que ne fournit point le charbon, parce que l'acide sulfurique qui l'a minéralisé a détruit ces principes. DE LA CLASSIFICATION DES SUBSTANCES MINÉRALES. Il est avoué aujourd'hui de tous les naturalistes, qu'on ne peut classer les minéraux que d'après leurs principes chimiques. Ainsi l'argent rouge , le réalgar, l'orpiment, le plomb rouge ou chromaté, l’argent muriaté, le plomb carbonaté,... quoique n'ayant aucuns caractères extérieurs des substances métalliques, sont placés par tous les minéralogistes parmi les mines mé- talliques. Les mêmes principes doivent être appliqués à la classifica- tion des substances pierreuses. On ne pourra donc avoir une classification exacte des miné- raux que lorsque la chimie sera parvenue à les tous analyser par des procédés qui donnent des résultats constans. En atten- dant que la science soit arrivée à ce point, le minéralogiste est obligé de faire des classifications qu'on pourroit dire pro- visoires. Cependant l'analyse chimique seule est insufisante pour avoir une bonne classification des minéraux, puisque des sub- stances minérales différentes, telles que le calcaire et l’arra- gonite, le ruthil et l’oisanite... donnent à l'analyse les mêmes principes. Il faut donc joindre à l’analyse les autres caractères que présentent les minéraux. Les mêmes principes s'appliquent à la classification des huiles, des résines , des extraits... et autres produits des êtres organisés. C'est d’après ces principes que j'ai proposé une nouvelle Tome LXIV. JANVIER an 1807. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE classification des minéraux, fondée sur les analyses les plus exactes que nous avons dans ce moment, et sur leurs autres caractères. Mais cette classification éprouvera des modifications par les nouvelles analyses. J'ai divisé, comme l'on sait, toutes les substances du règne minéral ou inorganique, en dix classes. 1ùe casse. Les gaz. ae. Les eaux. mc. Les corps combustibles simples. Soufre;, phosphore , diamant , antracite, plombagine. ave. Les substances métalliques. ve. Les acides. vire. Les alkalis. var. Les terres. vire. Les sels neutres. Cette classe forme trois familles ou sous-divisions. Jere SOUS-DIVISION DE LA Ville CLASSE, Sels neutres alkalins. Ile SOUS-DIVISION DE LA VIII: CLASSE. Sels neutres métalliques. Ille SOUS-DIVISION DE LA VIII CLASSE. Les pierres, ou sels neutres terreux. Les pierres sont sous-divisées en pierres homogènes et en pierres agrégées. Chacune de ces sous- divisions forme neuf ordres à raison des neuf terres principales que la chimie re- connoît dans ce moment; car j'ai divisé les substances pierreuses comme les substances métalliques, à raison de la substance qui y domine. Les falherz, par exemple, contiennent cuivre, argent, antimoine, arsenic, soufre ;... mais comme le cuivre domine, on les place dans les mines de cuivre. J'ai donc également divisé les pierres à raison de la terre principale qui y domine. Ainsi on a pierres quartzeuses ; pierres magnésiennes, pierres calcaïres... Chacun de ces ordres se sous-divise à raison des autres terres qui y sont jointes, et à raison de leurs caractères exté- rieurs. L'ordre quartzeux, par exemple, forme seize genres J'en ET D'HISTOIRE NATURELLE 43 ai fait un dix-septième où sont placées les pierres de cet ordre qui ne sont pas encore analysées. à J'ai placé dans cet ordre quartzeux les smectites, tels que les talcs, stéatites, ... car quoique la magnésie y soit en certaine quantité, la silice y domine. Les schistes ordinaires , tels que les ardoises... sont égale- ment dans l’ordre quartzeux, parce que la silice est dans ces schistes plus abondante que l'alumine. DIXIÈME ORDRE. Les pierres agrégées forment le dixième ordre. Je continue à en faire trois grandes sous-divisions. Pierres agrégées cristallisées. Pierres agrégées empâtées. Pierres agrégées agglutinées. Chacune de ces trois grandes divisions forme neuf sous- divisions à raison des neuf terres qui y dominent. Ainsion a, par exemple, Pierres agrégées cristallisées , composées de pierres siliceuses. Pierres agrégées cristallisées , composées de pierres argi- leuses, telles que le sopas-fels de Werner, roche de topaze... Les pierres empâtées ou porphyres diffèrent également, et à raison de la pâte dont elles sont formées, et à raison des cristaux contenus dans cette pâte. La pâte des vrais porphyres qui contiennent des cristaux de feldspath , peut être feldspathique, hornblendique, pétrosiliceuse , téphrinique, Leucostique (la pâte du porphyre rouge). Ophitine. (la pâte du ARE LAS Ge ce qui donne autant de variétés de porphyre. x cLAsse. Pierres volcaniques. Les pierres volcaniques ont été dissoutes par la voie ignée, etont cristallisé par le refroidissement. Je les ai divisées en cinq ordres, à raison de la différente nature des pierres dont elles sont formées. 1 oRDRE. Laves fontiformes, composées de schistes pyri< teux ferrugineux. J'en ai formé douze genres. a 2 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1er genre. Verre de laves fontiformes, qui au chalumeau donne un verre noir. 2e genre. Ponce. 3° genre. Scories. 4° genre. Laves poreuses. 5° genre. Lapillos et cendres. 6° genre. Laves compactes, basalte prismatique ou non prismatique. 7e genre. Porphyroïde volcanique. 8e genre. Laves fontiformes décomposées. 9° genre. Pouzzolane. 10° genre. Amygdaloïde. rie genre. Variolite. 12e genre. Brèches, pouddings. Toutes ces laves fontiformes donnent en général à l'analyse ; SIlICR, mises ne stiatisidelsisn 46 Alumine: : clac co eraecise MIO Ghaux. . 5.0 .hessleeseeltg Péri See bronieruristobis ati 100420 NATCON: LA sous meRaGR Lie R NA Acide muriatique......... 1 Fa PQ Ter SEE ue oRDRE. Laves composées de porphyres à base de pétre- silex. J'en ai formé quatorze genres. 1er genre. Obsidienne qui au chalumeau donne un verre incolore. 2° genre. Perlstein. 3° genre. Laves vitreuses pétrosiliceuses. 4° genre. Lave résiniforme, ou retinite. 5° genre. Obsidienne porphyrique contenant des cristaux de feldspath. , 6° genre. Ponce pétrosiliceuse. 7° genre. Ponce pulvérulente, farine fossile pétrosiliceuse, volcanique. 8: genre. Lave pétrosiliceuse compacte, klingstein de Werner, phonolite de D'Aubuisson. g° genre. Lave pétrosiliceuse, compacte, porphyrique, conte= nant beaucoup de cristaux de feldspath. 10° genre. Lave pétrosiliceuse, compacte, porphyroïde, con- tenant des cristaux d’augite, de hornblende. 11e genre. Laves pétrosiliceuses décomposées. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 x2e genre. Amygdaloïde volcanique pétrosiliceuse, 13° genre. Variolite volcanique pétrosiliceuse. 14e genre. Brèches, pouddings, volcaniques pétrosiliceux, Toutes ces laves pétrosiliceuses à l’analyse donnent en gé- néral, Giice RE D E dhbe a ages | 0D ADAM EAST cree came se Sn isie cie 20 Chaux. -::.... -epiibntoned 1e Per'oxidéLR our elléaset.st m1 à Natront. cote. JE et 35 » 011 Hans ten ST SON OP HE: ui ORDRE. Layes téphriniques composées de porphyres à base de céphrine. | Pline appelle tephrias un porphyre d'un gris cendré (de &ephra, cendre). Ces porphyres doivent former des laves comme les porphyres à base de pétrosilex. On connoissoit une grande quantité de ces laves, qu’on confondoit avec les autres espèces. J'ai donc cru qu'il en falloit faire un ordre particulier. Cordier en a observé un grand nombre de cette nature au Pic de T'énérife. Je les ai sous-divisés en dix genres. 1 genre. Verre téphrinique qui chauffé au chalumeau donne un verre verdâtre. 2° genre. Verre téphrinique porphyrique , avec des cristaux de Eten 5° genre. Ponce téphrinique. 4° genre. Laves poreuses téphriniques. 5° genre. Laves scoriformes téphriniques. 6° genre. Laves compactes téphriniques, en prismes ou en masse informe. 7° genre. Laves téphriniques compactes ou non compactes, porphyriques, contenant des cristaux de feldspath. 8e genre. Laves téphriniques compactes ou non compactes, porphyroïdes , contenant de l’olivine, de l'augite.., 9° genre. Laves téphriniques décomposées. 10° genre. Amygdaloïdes volcaniques téphriniques. Il peut y avoir des variolites, des brèches, des pouddings téphriniques volcaniques. 45 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La lave téphrinique donne à l'analyse, Siliceser etre “becs nes AE ER AMIE eus c ects MER Chaux. 4 ARR AE EE ea ns : Fer aoxidé::. 10 T0 RSS: 'OANO Natron 3812481228 Eau PRE PERTE DER ANRT ve onpRe. Laves hornblendiques. Des roches à base de hornblende peuvent éprouver l’action des feux souterrains. et forment des laves que j'ai nommées Aornblendiques. 1“ genre. Laves hornblendiques poreuses. 2e genre. Laves hornblendiques compactes. ren erevre pese. eesserseesesercsobe ve ORDRE, Laves leucitiques. Des laves du Vésuve et de quelques autres volcans d’Italie contiennent une grande quañtité de leucite. Il peut y avoir des laves qui soient formées de toutes les autres pierres Connues, par exemple, de serpentines, de talcs…. Cordier a observé des laves qui contiennent une grande re d'augite (que j'avois appelée volcanite, ou pyroxène e Haüy). On sera donc peut-être fondé à en faire une espèce particulière qu'on appellera augitique. DES PIERRES PSEUDO-VOLCANIQUES. On trouve dans les mines de houille enflammées des pierres; et particulièrement des schistes , qui ont éprouvé une action du feu plus ou moins considérable : c'est ce qu'on appelle pierres pseudo-volcaniques. J'en ai formé plusieurs genres. 1® genre. Schistes chauftés, : 2° genre. Tripoli. 3° genre. Jaspe porcelaine de Werner. 4° genre. Schiste pseudo-volcanique scoriforme. 5° genre. Verre noir pseudo-volcanique. 6 genre. Schiste pseudo-volcanique cristallisé en rayons di- vergens , ou verre pseudo-volcanique dévitrifié. Toutes les variétés de ces pierres pseudo-volcaniques se trouvent dans des schistes chauffés des houillières de la Bouiche en Auvergne. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 DES MÉTÉOROLITES. Je range ici les météorolites comme substances minérales qui ont été chauffées , quelle que soit d'ailleurs leur origine. x° cLasse. Les fossiles forment une dixième et dernière classe. Je les divise en deux grandes sections : Fossiles animaux , Fossiles végétaux. Je sous-divise chacune de ces deux sections en six ordres. 1ère section. Des fossiles animaux. 1% ordre. Animaux fossiles parfaitement conservés : tels sont les insectes qui se trouvent dans le succin , les rhino- céros trouvés sur les bords du Vilhoui. u* ordre. Animaux fossiles terriñiés, c'est-à dire presque réduits en terre: tels sont les poissons du Mont-Bolca, de Montmartre... t tu° ordre. Animaux fossiles bituminisés, ou convertis en bitumes : tels sont les poissons qu’on trouve danses houillières, 1ve, ordre. Animaux fossiles métallisés ou pénétrés par des substances métalliques : tels sont des poissons pénétrés par du cinabre dans les mines de mercure du ci-devant Palatinat, ve ordre, Animaux fossiles pétrifiés. Plusieurs animaux fossiles sont convertis en pierres. vie ordre. Animaux fossiles empreints. : Quelques animaux fossiles, tels que les crabes, les insectes ; n'ont laissé que leurs empreintes. 1e SECTION. Des végétaux fossiles. 1% ordre. Végétaux fossiles entiers. On trouve plusieurs arbres fossiles entiers: ue ordre. Végétaux terrifés. La plupart des tourbes sont le produit des végétaux terrifiés, tue ordre. Végétaux bituminisés. Plusieurs végétaux ont été convertis en bitume et sont l’ori- gine de toutes les houilles. Des animaux bituminisés ont pu se joindre à ces végétaux. On distingue : 1% genre. Tourbe bituminisée. 2° genre. Geantrax , ou terre bituminisée. 3° genre. Jayet, ou bois fossile passant à l'état bitumineux. 4° genre. Xilantrax, bois fossile plus bitumineux que le jayet, et pénétré de bitume, 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5e genre. Lithantraæ, charbon minéral, ou vraie houille. 6° genre. Asphalte, suc bitumineux qui a une certaine solidité. n° genre. Malta, poix minérale. & genre. Naphte, huile minérale plus où moins colorée. ° venre. Succin, substance végétale fossile, combustible, qui à la distillation donne un acide particulier. 10° genre. Cahoutchou, fossile du Derbyshire. Le mellite, honigstein , est composé d’un acide végétal combiné avec l’alumine. C’est pourquoi je l'ai placé avec les pierres alumineuses. xv<- ordre. Végétaux métallisés. Plusieurs végétaux fossiles sont réduits à l'état pyriteux. | v< ordre. Végétaux pétrifiés, Plusieurs végétaux fossiles sont totalement convertis en pierres siliceuses. vie ordre. Végétaux empreints. Plusieurs végétaux fossiles, et principalement les feuilles n’ont laissé que leurs empreintes. Tel est le précis de la nouvelle classification des minéraux que j'ai proposée; elle est fondée et sur l'analyse chimique et sur les caractères extérieurs. DE LA CRISTALLOGRAPHIE. Nous avons déjà vu en parlant de la mussite, de l'alalite, de l’hyacinthine.... que la cristallographie a été enrichie de la description des cristaux de ces substances. Des molécules des cristaux. J'ai examiné de nouveau la molécule des cristaux. On sait que j'ai rapporté ces molécules à trois formes principales (Sciagraphie, tome 2, page 564). La lame triangulaire. La lame rectangulaire. La lame rhomboïdale. Mais les lames rectangulaires et rhomboïdales peuvent être composées de deux. ou quatre lames triangulaires, ai-je ajouté ibid., pag. 365. Bergmann cite un prisme hexaëdre de mica, composé de six lames triangulaires (Journal Phys., Avril 1792, pag. 264). Or le mica est ordinairement composé de molécules rhom- boïdales. Il faut donc que dans cette circonstance cette mo- lécule rhomboïdale soit divisée en molécules triangulaires. Le ET D'HISTOIRE NATURELLE, 49 Les membres de l'Ecole pratique des mines de France ont trouvé proche Moutiers, un spath calcaire dont la molécule rhomboïdale se divise suivant la grande diagonale, en deux parties triangulaires. Le ruthil (titané oxidé rouge, schorl rouge) cristallise en pie rectangulaire, ce qui pourroit faire supposer sa mo- écule rectangulaire; mais ce prisme se divise, suivant les deux diagonales, en quatre parties rectangulaires isocèles. (Haüy, Minéralogie, tome 4, page 368.) Ces faits prouvent que les molécules de plusieurs cristaux en dernière analyse peuyent être rapportées à la forme trian- gulaire. Il faut donc, dans l'examen des molécules des cristaux , voir celles qui peuvent se rapporter à la molécule triangulaire. On y est d'autant plus autorisé qu'on observe journellement dans la division des cristaux de nouvelles coupes qui donnent de nouveaux résultats. Des molécules différentes de minéraux peuvent être composées des mêmes principes chimiques. Une grande difficulté embarrassoit les cristallographes et les chimistes. Quelques espèces minérales présentent entre elles des caractères différens. Leur pesanteur , leur dureté , leur cassure... ne sont point les mêmes ; les formes de leurs cris- taux ne peuvent se rapprocher ; en les brisant on n’y trouve point la même molécule; ... et cependant le chimiste en les analysant en retire à peu près les mêmes principes. Le cristallographe disoit au chimiste! : os analyses ne sont pas exactes; vos réactifs sont insuflisans et vous induisent en erreur... Le chimiste répondoit au cristallographe : Je suis sr de mes procédés ; c'est votre méthode qui est incomplète. Le spath calcaire et l'arragonite ont été principalement la sujet de cette grande controverse. Les plus célèbres chimistes et les plus exercés à ces sortes de travaux, les Klaproth, les Vauquelin, les Fourcroy , les Thenard... ont répété plu- sieurs fois l'analyse de ces substances, et en ont retiré à peu près les mêmes principes; savoir : Chaux, Acide carbonique, Eau, Tome LXIV. JANVIER an 1807. G OR JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Et cependant les caractères de ces deux substances sont entièrement diflérens. La pesanteur du calcaire cristallisé est 27. La pesanteur de l’arragonite est 20. La dureté de l'arragonite est supérieure à celle du calcaire qu'elle raye. La cassure du calcaire est lamelleuse, spathique, ordinaire- ment rhomboïdale. La cassure de l’arragonite est vitreuse, et on ne peut y distinguer de forme régulière. La Érno primitive du calcaire est un rhombe dont les angles sont, suivant Newton (Optique, tome 2,) 1010 52’ et 78° et 8°. La forme primitive de l’arragonite est le dodécaëdre à faces triangulaires très-alongées ( Théorie de la Terre, tom.2, p. 46) L'oisanite a été un second sujet de discussion. Le chimiste (Vauquelin) en a retiré les mêmes principes que du ruthil, ou titane oxidé rouge, et cependant le minéralogiste et le cristallographe y trouvent de grandes différences. Le ruthil cristallise en prismes rectangulaires. Sa molécule est une lame triangulaire isocèle. Sa pesanteur est 4100. L'oisanite cristallise en octaëdres rectangulaires alongés. Sa molécule est une lame triangulaire scalène. Sa pesanteur est 3800. J'ai cherché à concilier les méthodes du cristallographe et les analyses du chimiste, et j'ai fait cesser les contradictions apparentes que présentoient leurs travaux, en prouvant que les mémes principes chimiques pouvoient donner des miné- raux , dont les molécules , les duretés , Les pesanteurs fussent différentes. La molécule rhomboïdale 4 du calcaire, par exemple, est composée de chaux z , d'acide carbonique "2, d'eau p. Ces. trois principes sont arrangés entre eux d’une manière constante dans le calcaire, pour donner constamment la mème molécule. Supposons qu'ils se touchent par leurs faces, comme le fait cette molécule , pour former le calcaire primitif. La molécule x de l’arragonite, qui n'est pas encore connue, est composée des mêmes principes, chaux 7, acide carbo- nique "2, eau p: supposons qu'ils se touchent par leurs angles, comme le fait la molécule rhomboïdale calcaire, pour former le cristal dit znyerse ou muriatique. On sent que dans cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. Bi hypothèse on aura une molécule x différente de la molécule rhomboïdale 9 du calcaire. Cette molécule formera des cris- taux dont les formes seront différentes de celles du calcaire. Leur dureté, leur pesanteur, leur cassure... varieront éga- lement. La méme chose doit se dire de la molécule du ruthil ou schorl rouge, ou titane oxidé rouge, et de celle de l’oisanite. Ces deux substances donnent à l'analyse les mêmes principes, et cependant leurs qualités, telles que la pesanteur, dureté, figure, ... sont entièrement différentes. La molécule de l'oisanite est, suivant Haüy , un tétraèdre irrégulier. La molécule du ruthil est, suivant le même savant, un prisme triangulaire rectangle isocèle. Nous pourrions faire la même application à plusieurs autres substances dont l’analyse retire à peu près les mêmes principes chimiques, quoique leurs propriétés, telles que la molécule , Ja figure, la pesanteur, la dureté... soient différentes : tels sont le grenat et l’yanolite... D'un autre côté, nous avons vu en parlant des falherz... que des principes chimiques différens peuvent donner la même molécule et les mêmes figures... Il me paroïit que la théorie de la cristallographie renferme aujourd’hui tous les élémens qui lui sont nécessaires. 1°. Romé-de-Lisle a prouvé que les angles étoient constans dans chaque espèce de eristaux. 2°, Il a prouvé que dans chaque substance cristallisée il y avoit une forme primitive de laquelle dérivoient toutes les formes secondaires. 5°. Bergmann et Gahn ont fait voir que chaque substance cristallisée avoit une molécule particulière composée de cer- tains principes chimiques, et dont les positions différentes don- noient toutes les formes de cette substance, suivant certaines positions et certaines lois de décroissement. (Journal de Physique, Avril 1792, tom. 40, pag 258.) 4°. J'ai prouvé (Journal de Physique, tome 63, page 70), que les mêmes principes chimiques peuvent donner des mo- lécules différentes, et par conséquent des minéraux dont les qualités soient différentes. Avec ces quatre données fondamentales, le minéralogiste- géomètre déterminera les variétés des formes cristallines des diverses substances cristallisées. G a dE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais ces molécules et ces formes seules ne peuvent déter- miner les espèces minérales. La molécule et la forme cubique, pâr exemple, appartiennent peut-être à soixante substances minérales, qui forment des espèces distinctes. 77 faut donc avoir recours à tous les caractères extérieurs ainsi qu'à l'analyse chimique. DE LA GEÉOLOIG IE: Cette science difficile fait chaque jour de nouveaux progrès, et, quoi qu’on en dise, elle est aussi avancée que les autres parties de l’histoire naturelle. DE LA FORMATION DES VALLÉES. Bertrand, pour expliquer la formation des vallées, suppose qu'il y a eu un changement subit de l’axe du globe. L'équa- teur, dit-il, fut transporté jusqu’à 4o ou 5o degrés de distance obliquement à la sphère actuelle. Peut-être le mouvement diurne ou de rotation fut-il ralenti. Dès-lors il s'établit de grands courans dans la masse des eaux pour se mettre en équilibre avec cette nouvelle position de l'axe et de l'équateur. Ces courans sillonnérent la surface du globe et formérent les vallées. La cause de ce changement de l’axe est, suivant lui, exté- rieure au globe. Peut-être ce changement a-t-il été produit par le choc d'une comète. Chambrier a prouvé qu'il faut distinguer plusieurs espèces de vallées , dont quelques-unes seulement peuvent devoir leur origine à l’action des eaux. 1°. Les Vallées des terrains primitifs. Ces vallées, ditil, ont été formées , comme l’a fait voir Delamétherie , par la cristallisation des montagnes qui, en s’élevant au milieu du dissolvant, ont laissé entre elles des interstices , lesquels forment ces vallées primitives. 2°. Les Vallées des terrains de transition. « Ces vallées ne doivent pas non plus leur origine à l'érosion des eaux. Comment les barres calcaires ou schisteuses qui traversent fréquemment le milieu des grandes vallées , dont un des côtés aboutit à de hautes montagnes primitives, auroient- elles pu résister à l’impulsion des eaux, dont la chute est suppo- ETDHISPOIRE NATURELLE. |. 53 sée assez violente pour avoir creusé des deux côtés de plusieurs mille pieds de profondeur ? » ‘ 5°. Les V’allées des terrains calcaires, etc. « Les eaux n’ont donc pu creuser que les vallées qui sont dans les grès, les argiles et les dépôts calcaires. Le ci-devant père Chrysologue a cherché l’explication de tous ces phénomènes dans le déluge rapporté par Moïse. Mais cette hypothèse a été victorieusement réfutée par tous les géologues qui ont fait voir que la plupart des couches secon- daires ont été faites par des dépôts lents et successifs, et ne peuvent avoir été produites en un espace de temps aussi court, et par des eaux aussi violemment agitées, qui auroient brisé les coquilles fossiles, les es, les animaux, les plantes... De la mesure de la hauteur des montagnes. Héricard de Thury a déterminé la hauteur de plusieurs montagnes du ci-devant Dauphiné. Sur l'Étude du sol des environs de Paris. ] Coupé continue ses recherches sur le sol des environs’ de Paris. Les eaux, dit-il, ont couvert ce sol; la mer se reti- rant, il est demeuré à découvert. Mais les aspersions plu- viales vinrent creuser sa surface et descendre dans son inté- rieur; tandis que l’eau tombant de l'atmosphère et l'air réunis opéroient au jour ét au soleil les merveilles de la végétation et de la vie, les mèmes agens opéroiïent dans l'intérieur de la terre, dans les ténèbres, dans le silence et la lenteur des siècles , les diverses mutations minérales. Une île , un conti- nent qui se découvrent à l'air, se trouvent sous la double puissance de l'atmosphère supérieure et de l’aitmosphére sou terraine. De la chute d'une partie de la montagne du Ruffibers, dans le canton de Schwytz. ») ot Cette montagne est élevée de 806 toises au dessus du niveau de la mer, et 586 toises au dessus du lac de Zug. Elle est composée de pouddings et de couches de grès in- clinées d'environ 25 degrés. L'écroulement est arrivé à 5 heures du soir , le 2 septembre. 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. Il a été précédé par les pluies qui ont eu lieu en été, et en particulier par une pluie abondante quia eu lieu le 1° septembre. L'éboulement, dit Théodore de Saussure , n’a pas été pro- duit par la chute du sommet de la montagne sur les parties inférieures ; il a été formé par un lit entier de couches, qui, depuis la base jusqu'au sommet du Rufiberg, dans une pro- fondeur quelquefois de cent pieds, et une longueur de près d'une lieue, s'est séparé des couches inférieures et a glissé parallèlement à leurs plans dans le fond de la vallée, avec une rapidité inconcevable pour une aussi foible inclinaison de 25 degrés. . Des fers de chevaux trouvés en terre. On creusoit à Roued, dans le canton d’Argovie en Suisse, un fossé dans un, terrain situé sur une éminence qui n'est dominé par aucune hauteur attenante. Le sol est un marais léger. A deux pieds et demi au dessous on rencontre un banc de gravier grossier, composé de cailloux roulés. Trois pieds plus bas on trouve au milieu d’une glaise des troncs d’arbres debout sur leurs racinés et dans un état de pourriture. On reconnut que c'étoit des sapins. Mais à [4 profondeur de ‘huit pieds, on trouva neuf fers de cheval parfaitement conservés, mais un peu plus petits et de forme différente de celle des fers de nos chevaux. On voyoit encore des clous dans quelques-uns. La chute du Rufiberg explique l'origine de ces fers de che- vaux. Ils sont également dus à l'éboulement ancien de quelques terrains. De la température de l’intérieur du globe terrestre. Il est reconnu aujourd'hui de la plus grande partie des physiciens , que le globe terrestre a dans son intérieur une température qui est fort au dessus de zéro, quelle qu'en soit la cause, j'ai mis cette vérité hors de -tout doute dans ma Théorie de la Terre, tome 3°, et fait voir que cette tempé- rature varioit à différentes latitudes. D'Aubuisson a cherché à déterminer ces degrés de tempé- rature d’une manière plus rigoureuse. Il rapporte des observa- tions faites à différentes latitudes , et il en conclut que l’ac- croissement de température, en allant du pôle à l'équateur, est proportionnel au cosinus de la latitude élevé à la puissance 2;, ET D'HISTOINE NATURELLE. 55 et qu'ainsi l'expression de la température en un lieu quelconque dont la latitude est æ, est P étant la température du pôle, a celle d’un lieu connu, b la latitude de ce lieu, æ la latitude du lieu dont on cherche la température. Il rapporte ensuite des observations faites en différens lieux, et il fait voir qu’elles sont conformes à celles données par la formule. 3 Lieu de l'observation. Latitude. Température Température observée. calculée. Le Caire........... HOON 2. esse 18.0 17.8 PANSAEE rte LEO DOMUR NE: » 0-0 9.6 Londres 2 rare MTo20 parte 00 8.8 Cotke casernes D ed Attelé le ae VO SO 8.3 \Tullamore........... 53.12........, 7.1 7.8 ED nblin ee chi etéhs DOaBOuerassous ef 7.7 HU ArMaghe pu eu de: OMRAONA Te 2E : 2. | 6,0 7.5 a NE EE RO TAPER 4: NES HR ENT L 7-1 A Londonderry: 5. :.1:100 da ske. 1216.06 7.0 Ballycastle .......... RL DE ie REA AR 1 7.0 Stockolm. :..... ADO DOTE IG O 5.4 ROBES res eee OM OR MeM Le ES 3.3 Nan LEE V0 a0, 2. 29 2.1 Q Il a trouvé que la température étoit à 16° dans les mines de Freyberg, à la profondeur de 300 mètres. Il a ensuite cherché à déterminer la loi suivant laquelle la température diminuoit à mesure qu'on s’élevoit au dessus de la surface de la terre. Cette diminution suit une progression arithmétique; elle est environ d’un degré du thermomètre centigrade pour 174 mètres de hauteur. Mais on sent que cette température doit varier suivant celle de la surface, dans le moment où on fait l'observation, en hiver ou en été. 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De la retraite de la mer Caspienne. La mer Caspienne a eu dans des temps antérieurs une étendue considérable. Ptolomée , dans son Almageste , lui donnoit vingt-trois degrés et demi d'orient en occident, c’est-à- dire plus de quatre fois plus qu'elle n'a aujourd'hui. Il avoit déterminé l'embouchure du Volga dans cette mer, à 49 degrés de latitude, et Delile ne la trouvoit qu'à 46 degrés. Pomponius Mela dit que la mer Caspienne est formée par un détroit qui a beaucoup d'étendue. Albufeda détermina au dixième siècle les dimensions de cette mer. Il lui donna moins d’étendue d'orient en occident que les anciens, mais plus du nord au sud. Beauchamp qui l’a observée il y a peu d'années, lui donne plus d'étendue du nord au sud, et moins de l’orient à l’occi- dent, qu'aucune des mesures anciennes. Olivier pense égalément que l'étendue de la mer Caspienne a considérablement diminué. Elle communiquoit autrefois avec le Pont-Euxin ou Mer-Noire, par le nord du Caucase. Les alluvions du Couban , du Volga et du Don, ont d'un côté interrompu cette Communication ; mais d’un autre côté le niveau de la Caspienne se trouve aujourd’hui de soixante pieds plus bas que celui de la Mer-Noire, dit Olivier. La même cause a interrompu la communication de la Cas- pienne avec la mer ou lac Aral. Elles sont séparées par d'im- menées plaines de sable salé. Voici les preuves de la grande diminution de la Caspienne. Les Russes ont pris le niveau des eaux moyennes du Don et du Volga, dans un endroit où leur distance n’est environ que de sept lieues. Le Volga est plus bas que le Don, d'environ soixante et quelques pieds. Or, ajoute Olivier, le Don pour se rendre. à la mer d'Azof, et le Volga à la Caspienne, ont à peu près le méme trajet à traverser et la même pente : d'où il conclut que la Caspienne doit étre plus basse environ de soixante pieds que la mer d'Azof, et la Mer-Noire. La diminution des eaux de cette mer s'est faite, comme l'on voit annuellement, et peu à peu. Ce phénomène nous montre la manière dont la diminution du niveau des eaux de toutes les mers s'opère également chaque année et peu à peu. J'en ai trouvé les preuves dans les attérissemens qu’elles laissent sur leurs bords, comme le fait la mer Caspienne (Théorie de la Terre , tome 5). Cela est ET L'HISTOIRE NATURELLE, 57 est surtout sensible dans le bassin des grands fleuves. Prenons pour exemple notre petite rivière, la Seine. Son embouchure dans la mer a trois lieues de largeur. Le lit de cette embou- chure est rempli des galets que charient ses eaux. Des galets semblables se trouvent dans tout le bassin de cette rivière. Ainsi, auprès de Paris, depuis les coteaux de Vaugirard, d’Issi, de Meudon, ... les plaines de Vaugirard, de EE , du bois de Boulogne , des Sablons..... sont remplies de galets jusqu'au bas de Montmartre, de Ménil-Montant, Pantin, et la chaîne des carrières de plâtre qui s'étendent au nord. (On trouve une assez grande quantité de galets au bas de Ménil-Montant, du côté du faubourg St.-Antoine. ) Ces galets qui occupent environ une lieue, plus ou moins de largeur dans le bassin de la rivière , ne peuvent avoir été déposés par une aussi petite masse d’eau que celle que con- tient aujourd'hui la Seine à Paris. J'en ai conclu qu’à une époque plus ou moins éloignée le bassin de Paris se trouvoit proche la mer, comme l’est au- jourd’hüi le Häâvyre. Les eaux de l'Océan en occupoient donc toutes les parties basses, comme elles le font entre le Hävre et Honfleur. Dès-lors on conçoit que les galets charriés par la rivière, ont couvert toute cette étendue de terrain occupée par les eaux. Cette vérité me paroît bien établie. Les mêmes phénomènes s’observent dans les bassins de toutes les grandes rivières. Ils sont extrémement sensibles dans les bassins de la Loire, de la Garonne, du Rhône, du Rhin... Ces faits prouvent que le niveau de l'Océan s’abaisse annuel- lement et peu à peu. De la cause de la diminution des eaux des mers. Mais quelle est la cause de la diminution des eaux des mers? On suppose que l’évaporation est la cause de l’abaissement des eaux de la Caspienne , ainsi que de celles du lac Aral. Les fleuves qui s'y versent n’apportent point, dit-on, à ces mers autant d'eau que l’évaporation en enlève. Je ne crois pas cette cause suflisante. À cette latitude l'évaporation ne me paroît point assez considérable pour avoir pu produire en un petit nombre de siècles un abaissement aussi prodigieux des eaux de cette mer. - La Mer-Noire, qui est à peu près à la même latitude que Ja Caspienne , a un écoulement continuel dans la mer Egée, Tome LXIV. JANVIER an 1807. H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par le détroit du Bosphore. Son étendue est plus considérable que celle de la Caspienne; et cependant elle ne reçoit guère plus d'eau que celle-ci. Il est donc plus vraisemblable qu’une partie des eaux de la Caspienne se rend dans des cavités souterraines de l’inté- rieur du globe. On avoit dit avoir observé deux goufres auprès du. Kilan, dans lesquels les eaux se perdoient. Struys assuroit même les avoir vus. Blumestorf, il est vrai, dit ne les avoir pas appercus. Ce sont de nouvelles observations à faire sur cette mer. Mais l’évaporation ne peut avoir aucune influence sur l’a- baissement général des eaux des mers, puisque le poids de l'atmosphère n’équivaut qu'à 28 pouces de mercure, ou 32 pieds d’eau, aujourd'hui comme autrefois. Il faut donc re- connoitre d'autres causes de cet abaissément général du ni- veau des-eaux des mers, comme je l'ai prouvé dans ma Théorie de la Ferre. Sur des substances soumises à un grand degré de chaleur avec compression. Hall a donné de nouveaux détails sur des produits minéraux u’il a obtenus en soumettant différentes substances à l’action d'une chaleur plus ou moins considérable, et exerçant sur elles une forte compression. J’avois prouvé que cette com- pression devoit produire de grands effets. Il a pulvérisé de la craie, l'a renfermée dans des cylindres de porcelaine, et l’a exposée à différens degrés de chaleur mesurés au pyromètre de Weedgwood, et à différens degrés de pression. L'ensemble de ses expériences lui a fourni les résultats suivans : 1°, Une pression de 52 atmosphères, qui équivaut à une profondeur en mer de 1700 pieds , peut réduire cette craie pulvérisée à l’état de vraie pierre à chaux, en donnant une chaleur convenable, qui varieroit entre 21 et 51 degrés du pyromètre. 2°. Une pression de 86 atmosphères, qui équivaut à. celle de 3000 pieds d’eau de hauteur, réduit cette craie en vrai marbre. 3°, Sous une pression de 173 atmosphères, qui équivaut à celle de 5700 pieds d'eau de hauteur, cette craie est mise en fusion parfaite, et agit très-énergiquement sur les autres terres avec lesquelles elle se trouve en, contact. ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 59 L'auteur soumit ensuite à des expériences semblables des matières animales et végétales, telles que la corne et la sciure de bois. Il obtint des matières très-analogues aux différentes espèces de houille ou charbon de terre. L'auteur tire de ces expériences des conséquences en faveur de la Théorie de Hutton. « L'agent le plus puissant et le plus ‘essentiel dans la Théorie de Hutton, dit-il, est le feu, que j'ai toujours regardé comme identique à celui des volcans. » Or on voit qu’avec le feu et une pression quelconque on peut former de la pierre calcaire, des houilles... La profondeur ordinaire des mers est, ajoute-t-il, au-delà de trois mille pieds, qui suflit pour produire du marbre avec de la craie... D'autres substances exposées à la même chaleur et dans les mêmes circonstances, formeroient des porphyres, des gra- mits... Ces belles expériences de Hall ont fait un grand nombre de partisans à la Théorie huttonienne. Cependant il me semble qu’elles ne répondent pas aux diflicultés qu'on peut lui opposer; car on demandera toujours, 19. Qu'est-ee qui a formé cette craie et les autres substances qu'on suppose avoir été chauffées par les feux souterrains ? 2%. Qu'est ce qui a formé les substances qui entretiennent ces feux souterrains, végétaux ou animäux?... Il a donc fallu qu'il existât un ordre de choses antérieur , dans lequel ces animaux et végétaux ont pu vivre. Dès-lors des continens , des plaines, des montagnes , des fontaines, des rivières , des mers, des lacs... Ces montagnes ; ces plaines, ces bassins des mers , n’étoient pas formés uniquement de terre, elles contenolent des pierres, des substances métalliques. qui n'avoient pas été formées par le feu, d’après l'hypothèse même de Hutton. Si ces pierres avoient été formées par une autre cause que le feu, pourquoi ne pas convenir que nos montagnes , nos pierres actuelles ont été formées ;par cette même cause? 11 me paroît donc qu’il faut restreindre, comme je l’ai dit, la Théorie huttonienne à la fagmation des substances volcaniques. D'ailleurs les porphyres volcaniques et autres substances de ‘ce genre, ont un facies entièrement différent de celui des pierres formées par une dissolution et une cristallisation aqueuses ; comme tous les minéralogistes en conviennent. H° 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DES VOLCA NS Le Vésuve a encore fait cette année des éruptions considé- rables. Différens tremblemens de terre se sont fait sentir en Italie. Il y en a eu un assez considérable aux environs de Rome. En Allemagne , on a éprouvé aussi des secousses plus. ou moins fortes de tremblemens de terre. Effets des tremblemens de terre. Les désastres que le Vésuve a causés ces dernières années, ont engagé Fleuriau de Bellevue à publier de nouveaux détails sur ceux qu'éprouva la Calabre en°1785. Il les a accompagnés de planches dans lesquelles on sent pour ainsi dire les boule- versemens qui eurent lieu. On y voit des terrains considéra- bles transportés, culbutés.. Les conclusions qu'il tire de tous ces faits intéressent par- ticulièrement le géologue. « On retrouve donc, dit-il, quoique dans de moindres proportions , l'image d'une grande partie des formes bizarres de nos continens, qu'on peut attribuer aux divers boulever- semens qu'éprouva la surface de la terre avant et après sa consolidation , savoir : a La disposition verticale des flancs de plusieurs montagnes, leurs déchiremens et la coupe nette et vive de leurs flancs aux points: où l’on peut présumer que leur rupture s’est faite. b L’inclinaison en toutes sortes de sens de leurs couches et de leurs flancs. c Les angles qui tantôt se correspondent et tantôt n’ont aucun rapport entre eux. d De grands affaissemens et la confusion qui en est la suite. e La formation des vallées et des lacs par le tassement du terrain au milieu même des plaines. f Les escarpemens des côtes de la mer, au pied desquelles on ne trouve point de fond. Des pics isolés et des masses considérables tellement affaissés au dessous des montagnes dont ils faisoient partie, et si éloignés d’elles, qu’ils paroissent comme sortir du sol mème, plutôt que d’appartenir au même système. h Des fentes très-profondes remplies de matières étrangères, ou vides encore, et dont quelques-unes donnent passage aux éruptions volcaniques. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. Gx ë Des apparences de couches verticales, Fa souvent ne sont que des tranches solides des montagnes el es-mêmes. k Enfin, on reconnoit la possibilité que des couches solides horizontales aient pris quelquefois la disposition verticale. On ne peut donc attribuer ces formes de montagnes à des causes très-différentes de celles qui ont donné naissance aux nouvelles collines de la Calabre. La plus forte analogie nous oblige à les rapporter à la même origine, et aux simples affaissemens dans les cavités de l’écorce du globe. DES FOSSILESe L'étude des fossiles, cette partie diflicile de l’histoire na- turelle, se suit avec une persévérance qui certainement nous procurera de grandes lumières. Elle nous offre encore cette année des faits d’un grand intérêt. Os fossiles de crocodile. On a trouvé dans le Glocestershire en Angleterre, plusieurs os d’un grand animal fossile ressemblant à un crocodile. Ce squelette étoit enseveli dans une couche solide de pierre cal- caire, épaisse de vingt pieds. Il étoit à quinze pieds au-dessous de la surface supérieure de la couche. Os fossiles d’éléphant. Les os fossiles qu’on trouve le plus abondamment sont ceux d'éléphant. Cuvier s’est assuré qu'on en a trouvé dans plus de six cents endroits, dans la partie septentrionale de notre hémisphère, en Asie, en Europe et en Amérique. On vient d'en trouver proche Paris , en creusant le canal de l’Ourcq. Plus on avance au nord , mieux ils sont conservés. Une île de la mer glaciale, au nord de l'Asie, en est presque entière- ment formée. L'éléphant auquel ont appartenu ces os, a d'assez grands rapports avec l'éléphant d'Asie. Cependant Cuvier croit qu'il n'existe plus aujourd'hui. Il avoit les dents mâchelières, la téte et surtout les alvéoles des défenses ; d'une structure différente des éléphans vivans ; sa trompe avoit des proportions différentes. D'autres sayans , tels qu'Adrien Camper , Faujas, ... ne pensent pas que les différences qu’on observe entre les os , 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fossiles de l'éléphant, et ceux de l'éléphant d'Asie, soient assez grandes pour ne pas regarder ces animaux comme de la même espèce. Os fossiles trouvés sur les bords de l'Ohio. Péal avoit cru que les os fossiles qu'on trouve sur les bords de l'Ohio avoient appartenu à un carnivore. Cuvier, qui a reçu plusieurs de ces os bien conservés, pense qu'ils ont appartenu à un animal qu'on doit regarder comme une espèce particulière d'éléphant, et qu’on a confondu mal-à-propos avec le mammouth, nom .qui appartient exclu- sivement à l'éléphant fossile de Sibérie. On connoit, dit-il, quatre autres animaux qui sont du même genre, mais que l'on n’avoit point reconnus jusqu'ici. Deux se déterrent en Europe, et deux dans l'Amérique méridionale. Les caractères communs à ces cinq animaux, sont d’avoir porté des défenses et une trompe , comme l'éléphant, et d'avoir eu leurs mâchelières hérissées de pointes coniques dis- posées par paires. C'est cette dernière circonstance qu'exprime le nom générique de mastodontes, ou animaux à dents mammelonées, qu'il leur a donné. Des Journaux américains parlent d'os fossiles énormes de l'animal de l'Ohio, ou d'un analogue, trouvés dans une ile du Missouri, par des voyageurs. Suivant leur rapport cet animal devoit avoir environ trente pieds de hauteur et plus de qua- rante de longueur. Ils ont déposé au Musée de New-Yorck, une dent énorme de cet animal. Du Rhinocéros fossile. Cuvier a examiné les os fossiles qui ont appartenu au rhi- nocéros, et qu'on trouve dans diverses contrées du nord de l'Europe et de l’Asie. Il pense que cet animal n'existe plus. On connoît, dit-il, deux espèces principales vivantes de rhinocéros : Le rhinocéros unicorne qu’on trouve en Asie, Le rhinocéros bicorne qui vit en Afrique, du côté du cap de Bonne-Espérance. William-Bell en a trouvé une troisième espèce à Sumatra, qui a deux cornes; mais la peau peu plissée, comme celui d'Afrique , et des dents incisives comme celui des Indes. L’auteur s'attache à faire voir que les os fossiles des rhi- 1 nocéros n'ont appartenu à aucune de ces espèces vivantes. ET D'HISTOIRE NATURELLE 63 & Ces rhinocéros, dit-il, étoient plus bas sur jambes, avoient la téte plus grosse, plus longue, et le museau tout autrement fait que celui des rhinocéros vivans. » Une grande espèce de quadrupède inconnue aujourd’hui ; se trouve donc, ajoute-t-il, ensevelie dans une infinité d’'en- droits de l'Eurépe-et de l'Asie : et ce qui est bien remarquable, elle n'y a pas été apportée de loin, et ce n'est pas par des changemens lents. et insensibles , mais par une révolution subite qu'elle a cessé d'exister. Le 7/inocéros entier trouvé en 1770, avec ses chairs et sa peau, enseveli dans la glace aux bords du Wilhoni, démontre évidemment ces deux propo- sitions. » J'ai fait voir (Théorie de la Terre , tome 5, page 300) qu'il n’auroit pu être apporté de l'Inde et des pays chauds, comme le prétend Pallas, sans être entièrement mutilé. D'un animal fossile entier trouvé à Montmartre, Cuvier possède le squelette entier d’un des animaux fossiles qu'on trouve à Montmartre, et qui. vient d’être découvert, Ce squelette nous donnera une connoissance encore plus com- plète de ces anirfraux. Des os fossiles d'ours trouves dans différentes cavernes d'Allemagne et de Hongrie. L'Allemagne, dit Cuvier , présente un grand nombre de cavernes situées dans des montagnes calcaires. Les plus con- sidérables sont : 1°. Celle de Baurmnan dans le pays de Blakenbourg: 2°. Celle de la Zicorne, au pied du château de Scharzfels en Hanovre. 3°. Celle de Æartzbourg auprès de Goslar. 4°. Celle de Gaylenreuth dans le pays de Bareuth. Il y en a plusieurs autres aux environs. 5°. On trouve aussi un grand nombre de pareilles cavernes dans les montagnes de Hongrie. Toutes ces cavernes. sont remplies d'os fossiles. Ces os y sont détachés, épars, en partie brisés, mais jamais roulés , et par conséquent non amenés de loin par les eaux, un peu plus légers et moins solides que des os récens , cependant encore dans leur vraie nature animale ; sont peu décomposés ; contenant beaucoup de gélatine et nullement pétrifiés. 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Une terre durcie, mais encore facile à briser ou à pulvériser, contenant aussi des parties animales, y forme leur enveloppe naturelle... Laugier qui l’a analysée en a retiré, Chaux mélée de manganèse...... 32 Acide carbonique............... 24 Phosphate de chaux............. 21 Matière animale eteau........... 10 Aduminen sets au" ARRET EE Sie Rene si RC EEE LA Fer Ride sels 0 UOTE Ed 0 Les trois quarts et davantage de ces os appartiennent à deux espèces d’ours qu’on ne trouve plus vivans. L'un de ces ours paroît avoir eu le front bombé. Blumenbach et Rosenmuller l’ont nommé wrsus spelæus. L'autre ours a été nommé par Blumenbach , ursus actoïdeus. La moitié ou le tiers du quart restant vient d’une espèce d'hyène. Ün plus petit nombre appartient à une espèce du genre du tigre ou du lion. Une autre partie appartient à une espèce du loup ou du chien. Enfin, les plus petits appartiennent à des espèces de petits carnassiers , comme le renard, le putois, ou du moins des espèces très-voisines. Il n’y a point d'os d'animaux marins. Les espèces si communes dans les terrains d’alluyion, les éléphans, les rhinocéros , les chevaux, les bufles, les tapirs, ne s'y trouvent jamais, ni les palotherium, les ruminans, les rongeurs des fentes des rochers de Gibraltar, de Dal- matie, de Cette... Réciproquement les tigres , les ours... des cavernes ne se trouvent point dans les terrains d’alluvion. L'auteur croit que ces os trouvés dans les cavernes, sont les débris d'animaux qui habitoiert ces cavernes et y mou- roient paisiblement. Ces os sont les mêmes dans toutes ces cavernes, sur une étendue de plus de deux cents lieues. Des Oiseaux fossiles. On n'a que quelques os des oiseaux fossiles qu'on trouve à Montmartre. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 Montmartre. ‘Ainsi on ne peut s'assurer si leurs analogues existent ou n'existent pas. Des Reptiles fossiles. On trouve fossiles les débris de plusieurs reptiles, tels que des tortues , des crabes, des crocodiles; ... mais il n’est pas encore décidé si quelques-uns de ces animaux fossiles son analogues à ceux qui existent. Des Poissons fossiles. Les poissons fossiles se trouvent en grande quantité au mont Bolca dans le Vicentin. Broussonet a fait voir qu’on retrouve dans les mers du Sud, proche Otahiti, plusieurs poissons analogues aux poissons fos- siles du mont Bolca. Coguilles fossiles de Grignon et des environs de Paris. Lamarck continue le beau travail qu'il a commencé sur les coquilles fossiles des environs de Paris. Il les décrit avec son exactitude ordinaire, et en fait graver quelques-unes dans le beau recueil des Annales du Muséum du Jardin des Plantes de Paris. Il les compare ensuite avec les coquilles des animaux vivans. Sur cinq à six cents espèces fossiles de Grignon auprès de Paris, il en a trouvé quarante à cinquante d’analogues aux coquillages existans. De la petite Crassatelle fossile des environs de Beauvais. Lamarck a prouvé que cette ‘crassatelle fossile est absolu- ment analogue à une coquille de crassatelle vivant aujourd'hui à la Nouvelle-Hollande , et rapportée par Peron. Des Végétaux fossiles. Les végétaux fossiles sont extrémement abondans, et on en trouve partout. La plupart de ceux qu'on a pu reconnoïître appartiennent à des espèces qui vivent aujourd’hui dans des contrées équi- noxiales. Cependant il en est quelques-uns dont les analogues sont de nos contrées. { Tome LXIF. JANVIER 1807: E 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les tres organisés existans analogues aux fossiles qu'on trouve dans toute la partie boréale de notre hémisphère, vivent aujourd'hui pour la plupart dans les contrées équi- noxiales. Tous les faits connus prouvent unanimement cette vérité. Bernard de Jussieu a trouvé le #yctantes dans les houillières de St.-Chaumont, proche Lyon. Bosc a trouvé le bambou dans les houillières de St.-Berin , proche Autun. Il est déposé au Cabinet des Mines de Paris. Toutes les plantes qu'on a trouvées dans les schistes au-dessus des couches de charbon, sont exotiques, et des contrées équi- noxiales. Faujas a trouvé des débris de palmiers dans les tourbières d'Andernach. J'ai trouvé un palmier à Montmartre. ( Journal de Physique, tome 60.) On trouve dans tout le nord de l’Europe, de l'Asie, de l'Amérique , des os fossiles d’éléphans, de rhinocéros, d'hippo- potames, de crocodiles. .… On a trouvé au mont Bolca, des poissons d’Otahiti et des iles de la mer du Sud, comme l’a reconnu Broussonet. La crassatelle de la Nouvelle-Hollande se trouve fossile auprès de Beauvais, comme l'a reconnu Lamark. Nous venons de prouver que tous ces fossiles n’ont pu être transportés de lieux éloignés : d'où il s'ensuit que ces animaux et ces végétaux ont vécu dans les contrées où se trouvent ces fossiles, ou au moins dans des contrées peu éloignées. Il faut en conclure que toutes ces contrées boréales, de notre hémisphère , depuis la latitude de 40 degrés jusques près du pôle, jouissoient dans ces temps d'une température analogue à celle de nos contrées équinoxiales actuelles. Mais comment la température de ces contrées si froides aujourd'hui, pouvoit-elle être si élevée à cette époque ? C'est un des problèmes les plus difliciles que la géologie ait à ré- soudre. Les animaux et végétaux à qui ont appartenu ces fossiles, ont existé dans les contrées où se trouvent ces fossiles. J'ai fait voir (Théorie de la Terre , tome 5), que la par- ET D'HISTOIRE NATURELLE, G7 faite conservation des divers fossiles qu'on rencontre, tels que des coquilles très-minces, des portions délicates de crabe, et surtout des os énormes d’éléphans , tels que leurs défenses, leurs dents, leurs fémurs, et ainsi que les os fossiles de rhi- nocéros , d'hippopotame , de crocodile, ... ne permettoit pas d'admettre l’opinion de Pallas et de quelques autres natura- listes, qui pensent que ces fossiles ont été transportés des contrées équinoxiales jusque vers les pôles, par exemple, de l'Inde jusque dans les contrées les plus septentrionales de la Sibérie. Car les pierres les plus dures, charriées par les rivières ; s’atténuent , s’arrondissent... au bout de quelques lieues. Comment ces gros fémurs , ces dents énormes, ces squelettes presque entiers du crocodile n'auroient-ils pas été également ar- rondis?...etcependantilssontparfaitement conservés. Comment ces coquilles si fréles n'auroient-elles pas été brisées ?... Cette vérité qui m'a été long-temps contestée, est reconnue aujourd’hui. Des Fossiles analogues aux êtres vivans. La grande question des analogues est décidée aujourd'hui; c'est-à-dire qu'il est reconnu (ainsi que je l’ai constamment soutenu , Théorie de la Terre , tome 5,) que parmi les débris fossiles des êtres organisés, on en trouve d'analogues aux êtres organisés qui existent dans ce moment. Lamark convient que parmi les cinq à six cents coquilles fossiles de Grignon , il y en a quarante à cinquante analogues aux vivantes. Faujas a rapporté de Plaisance plusieurs coquilles fossiles qui paroissent analogues à des vivantes. Nous avons vu dans le Discours de l’année dernière, pag. G6, que Cuvier reconnoît que les os fossiles de l'hippopotame sont analogues à ceux de l'hippopotame vivant. Peron a apporté de la Nouvelle-Hollande la coquille d’une crassatelle vivante. Lamark a reconnu qu’elle étoit analogue à la petite crassatelle fossile qui se trouve aux environs de Beauvais. Les botanistes reconnoissent également des analogues parmi les végétaux fossiles. (7’oy. le Discours préliminaire de l’année dernière , page 70.) Les faits que nous venons de rapporter prouvent que la géologie ne fait pas des progrès moins rapides que les autres parties de la philosophie naturelle; mais elle a, comme celles-ci, I 2 “ 68 JOURNAL DE PHŸSIQUE, DE CHIMIE ses difficultés. Deux des problèmes les plus difficiles qui lui restent à résoudre, sont (ainsi que je l’ai dit dans la Théorie de la Terre), 1°, Connoiître les causes qui ont fait jouir autrefois notre hémisphère boréal d'une température assez douce, pour que les animaux et les végétaux, ou leurs analogues, qui ne peu- vent vivre aujourd'hui que dans les contrées équinoxiales , aient pu y subsister. 2°, Connoître les causes qui ont pu abaisser le niveau des mers au point où il se trouve aujourd’hui. DE LA GÉOGRAPHIE. La connoïissance de la surface de notre petit globe suit la même marche que les autres sciences. Elle ne se perfectionne que peu à peu. Peron et le Sueur impriment leur intéressant Voyage à la Nouvelle - Hollande. Le public en jouira bientôt et y trou- vera une des plus riches collections de faits, et beaucoup de détails intéressans sur la géographie. Le capitaine Lisjanski est de retour de son voyage autour du globe, qu'il avoit entrepris par ordre de l'empereur de Russie, Krusenstern, qui l’avoit accompagné, va publier la relation de ce voyage curieux , qui nous donnera de nouvelles connois- sances sur la géographie. On s’est servi dans ce voyage de tonneaux charbonnés à l’intérieur, suivant le procédé de Berthollet, pour conserver l'eau. Elle s’y est maintenue parfaitement pure. Manko-Pack continue ses recherches géographiques dans l'intérieur de l'Afrique, contrée si intéressante et si, peu connue. Lacépède, dans des vues générales sur la topographie de l'Afrique , pense qu’il doit se trouver un grand plateau sur ses hautes sommités. On a publié différentes relations de voyageurs, qui donnent des notions géographiques sur les pays qu'ils ont parcourus. Nous regrettons de ne pouvoir les rapporter. Le colonel Lewis, que Jefferson avoit envoyé pour re- connoître les sources du Missouri, est de retour de ce long et pénible voyage. Il a remonté le fleuve environ douze cents lieues, et il est arrivé à des montagnes couvertes toute l’année de neige. C’est de ces glaciers que sort ce fleuve, qui est plus considérable que le Mississipi. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 6g DE LA PHYSIQUE. La physique a été enrichie cette année de plusieurs ouvrages intéressans. Le Dictionnaire de Physique, publié par le professeur Libes , et dont on a rendu compte dans ce Journal, cahier de Juillet. Le Traité élémentaire de Physique, publié par le pro- Fesseur Haüy , et dont on a rendu compte dans ce Journal, cahier de Septembre. La Physique Mécanique du professeur Fischer, traduite de l'Allemand , avec des notes du professeur Biot, et dont on a rendu compte dans ce Journal, cahier de Novembre. De la chute des Corps. Le professeur Benzenberg a fait tomber des boules bien polies, d’une hauteur de 262 pieds de France, dans les mines de charbon de Schesbuch. La déviation moyenne, relativement à la verticale, a été de cinq lignes. La théorie donne quatre lignes six dixièmes. Gugliemini, à Boulogne, a eu des résultats analogues. Ces expériences confirment de plus en plus la théorie, si elle ayoit besoin de l'être. De la théorie des Tubes capillaires. Laplace a cherché les causes des phénomènes que présentent les tubes capillaires. Il a fait voir que l'action capillaire , comme la force réfractive, et toutes les affinités chimiques, n'est sensible qu'à des distances imperceptibles. | Newton avoit démontré que les lois de la réfraction de la lumière sont un eflet des lois générales de l'attraction. Laplace fait voir également que l'action capillaire est un eflet des mêmes lois de l'attraction générale. C’est ce qu’il démontre par des calculs qu’on trouvera dans ses Mémoires imprimés dans ce Journal, cahiers de Janvier et de Novembre. L'analyse a également fourni à Laplace l'explication non moins ‘heureuse des phénomènes tous aussi singuliers. Nous allons copier l'extrait que Delambre a fait de ce beau travail. 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « On avoit remarqué depuis long-temps, dit-il, que deux corps nageant sur-un fluide qui s'élève ou s’abaisse autour de tous deux, s'approchent l’un de l'autre et se réunissent par un mouvement accéléré; mais ils se repoussent le plus souvent si le fluide qui s'élève autour de l’un s’abaisse autour de l'autre, et, dans ce cas , si l’on diminue convenablement la distance on voit l'attraction succéder à la répulsion : ces phénomènes surprenans avoient fort exercé les physiciens. « Amontons, il y a cent ans, avoit tenté de les expliquer ; M. Monge, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1787, avoit démontré l'insuflisance et méme l’inexac- titude des principes d'Amontons. On trouve dans son Mémoire des apperçus heureux, des vues fines et des expériences cu- rieuses. Enfin M. Laplace vient de soumettre tous ces effets à la même analyse , de laquelle il avoit déja déduit tous les phénomènes capillaires. Il prouve que si deux plans parallèles ont leurs parties inférieures plongées dans un fluide, leurs surfaces intérieures et extérieures soutiennent une pression dont il donne l'expression analytique. On conçoit que si la pression extérieure l'emporte sur la pression intérieure , les deux plans devront s'approcher, et qu’ils se fuiront dans le cas contraire. M. Laplace expose ici en détail les circonstances qui donnent naissance à tous ces phénomènes, les limites qui les séparent, et le point où la répulsion doit se changer en une attraction apparente, et réunit le tout en deux théorèmes généraux ou formules algébriques, où l'on apperçoit d’un coup-d’æil tout l'ensemble de sa doctrine, dont tout ce qui précède n’est que la traduction en langage ordinaire. Le Mémoire est terminé par une expérience faite avec beaucoup de soin par M. Haüy. Une feuille carrée de talc laminaire étoit suspendue à un fil très-délié, de manière que sa partie inférieure plon- geoit dans l'eau. Dans cet état si l’on plongeoïit dans le même fluide et à peu de distance, la partie inférieure d'un parallé- lépipède d'ivoire dans une situation verticale et parallèle au carré de talc, on voyoit aussitôt une répulsion sensible ; mais si l’on diminuoit cette distance , la répulsion cessoit par degrés et faisoit place à une attraction qui, par un mouvement accéléré , portoit le talc vers le parallélépipède et le mettoit promptement en contact. Cette expérience, plusieurs fois ré- pétée avec diverses modifications, a constamment donné les ré- sultats indiqués par la théorie. ET D'HISTOIRE NATURELLE, mi De l' Adhésion des Corps à la surface des fluides. » Dans un autre Mémoire, Laplace s’est proposé de ra- mener à la méme analyse capillaire les phénomènes de l’adhé- sion des corps à La surface des fluides. Nous allons également copier l'extrait que Delambre a donné de ce Mémoire. » Lorsqu'on applique un disque de verre sur la surface de l'en dastante dde ui vase d’une grande étendue, on éprouve, pour l'en détacher, une résistance d'autant plus considérable que la surface du disque est plus grande. En élevant le disque on soulève en même temps, au-dessus du fluide contenu dans le vase, une colonne de ce fluide. Si l’on continue d'élever le disque la colonne s’alonge, mais il vient un moment où son poids l'emportant sur l'adhésion, elle se détache et re- tombe. » Le poids de cette colonne à l'instant où elle est prête à retomber, est la mesure de la résistance à vaincre pour dé- tacher le disque ; M. Laplace en donne l'expression analytique. », Lorsque le fluide est de nature à s’abaisser au lieu de s’éle- ver dans le tube capillaire, la colonne soulevée n’a plus la forme d’une gorge de poulie, mais celle d’une espèce de cône tronqué ; l'expression analytique change et renferme un élément de plus, c’est à-dire l'angle que la surface du cône forme avec le disque de verre. 3 » La première formule comparée aux expériences de M. Haüy et de M. Achard, donne à ;; près le poids de la colonne observée. » La seconde n’a pu encore être comparée parce qu’elle ren- ferme un angle que les observateurs ont jusqu'ici négligé de considérer , et dont il éloit également difficile de deviner l'importance et d'effectuer la mesure. » Si l’on place horizontalement l’un sur l’autre, deux disques de verre , en laissant entre eux une couche d’eau très-mince, les deux disques adhèrent avec une force considérable. M. Laplace donne pour ce cas une formule par laquelle il trouve pour la force d'adhérence un peu moins que les deux tiers de ce que M. Guyton a trouvé par l'expérience. Cette différence tient sans doute à l'évaluation très-délicate de l'intervalle qui sépa- roit les disques, ou peut-être aux inégalités de leurs surfaces, qu'il est difhcile de rendre exactement planes. La même théorie indique une correction au principe si connu d'hydrostatique, trouvé par Archimède, sur la diminution du m3. JOURNAL DE PILYSIQUE, DE CHIMIE poids qu'éprouve un corps plongeant dans un liquide. Cette diminution né se mesure pas seulement par lé poids d'un volume de fluide égal à la partie du corps située au-dessus du niveau. Il faut y ajouter le. poids du fluide écarté par l’ac- tion capillaire, si le corps n’est pas de nature à se mouiller; mais s’il se mouille , il faut, au contraire, en retrancher le poids du volume soulevé par la capillarité. M. Monge, dans le Mémoire cité , ayoit donné comme une chose évidente la première partie de ce théorème. M. Laplace en donne ici la : démonstration rigoureuse, en y ajoutant cette réflexion, que ce qui est relauf à l’action capillaire disparoît totalement , lorsque le corps est entièrement plongé dans le fluide au dessous du niveau. Pour achever l'explication des effets capillaires, M. Laplace considère enfin les phénomènes curieux que présentent les cylindres d'acier égaux et très-déliés, lorsqu'ils flottent à la surface d’un fluide. De quelque manière qu’on les amène à se toucher, ils ne tardent pas, après plusieurs oscillations , à se réunir dans toute leur longueur , comme s'ils formoient une lame unique. Ces oscillations pouvant se déterminer par l'analyse, il seroit à desirer qu’on les observät avec une grande précision pour les comparer à leur expression analytique. « Ces comparaisons, dit l’auteur, sont la pierre de touche des théories ; mais pour que l'épreuve soit censée complète, ils ne suffit pas que les formules indiquent vaguement les effets qui naîtront des circonstances données , il faut encore qu’elles en détermi- nent exactement les quantités. » ; De L Adhésion des Molécules d’eau entre elles. tumford a fait différentes expériences pour constater la grande adhérence que les molécules d’eau ont entre elles. Sur un vase à moitié rempli d’eau, il verse un peu d’éther ou d'alcool ; il laisse ensuite tomber sur cet éther des corps pesans , tels qu'une aiguille, des globules de mercure, d’étain…. Ces corps traversent l’éther ou l'alcool et demeurent suspendus à la surface de l’eau. C’est donc , dit-il, la viscosité de cette eau, ou l'adhésion de ses molécules les unes aux autres, qui les empèche de gagner le fond de l’eau. Il a ensuite pris un soufflet, et a soufflé sur la couche d'éther de quatre lignes d'épaisseur , qui a été dissipée en moins d’une minute. Cet eflet est la suite du peu d’adhérence que LE ET D'HISTOIRE NATURELLE, 73 que les molécules d'éther ont entre elles; si les molécules de l'eau n'avoient pas entre elles une grande adhérence, le vent les dissiperoit-également. C'est donc, ajoute-t-il, cette adhérence qu'ont entre elles les molécules d'eau, qui empêche que nos mers, nos lacs, nos rivières... ne se dissipent. _ Les liquides sont de mauvais conducteurs du Calorique. Rumford a fait de nouvelles,expériences pour prouver que les liquides sont de mauvais conducteurs de la chaleur, Il pense que la chaleur est propagée, ou plutôt transportée et disséminée dans les masses liquides , principalement , si ce n'est exclusivement, par le moyen des courans qui naissent dans le liquide, en conséquence des changemens partiels dans la pesanteur spécifique des couches qui éprouvent un chan- gement de température. C’est ce qu'il a prouvé par l'expé- rience suivante : Il a un tube vertical d'environ treize lignes de diamètre, qu'il tient rempli d'eau bouillante; le fond de ce tube plonge de six dixièmes de pouce dans une cuve }leine d'eau, de manière que son extrémité inférieure est à demi- pouce de distance au-dessus de la boule d’un thermomètre placé dans l'eau de la grande cuve. Le thermomètre à n‘an- moins demeuré stationnaire. L'expérience répétée plusieurs fois, a toujours donné le même résultat. L'auteur en conclut qu'il n'y a pas de communication directe de chaleur entre des mo- lécules d’eau voisines, et à différentes températures, qui vien- nent à se toucher. La température moyenne apparente, ajoute- t-il, qui s'établit si promptement dans une masse d'eau chaude, dans laquelle on verse de l’eau froide, doit être produite par les courans que fait naître la différence des pesanteurs spé- cifiques des masses diversement réchauflées. J'ai soupçonné, depuis long-temps, que la suspension des solides dissous dans les liquides, n’est due qu’à l'imperfection de la fluidité des dissolvans, Puisque donc que les corps spécifiquement plus pesans que l'eau peuvent néanmoins demeurer suspendus dans ce liquide, on peut admettre que des molécules isolées d'eau froide peuvent également rester immobiles dans l'eau chaude, dans laquelle elles se trouvent mélées accidentellement. » Des rayons solaires. La théorie de Newton sur le spectre solaire, paroissoit conforme à toutes les expériences. Prieur vient néanmoins Tome LXIF. JANVIER an 1807. K 74 JOURNAL BE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’en publier de nouvelles dont il tire des conséquences diffé- rentes de celles du géomètre anglais. Il n'admet que trois sortes de rayons lumineux d’une nature particulière et inconnue. Les rayons rouges, Les verts, Les violets. Ces rayons combinés deux à deux donnent les autres rayons colorés. Les rayons jaunes sont produits par la combinaison des rayons rouges et des verts. Les bleus sont produits par la combinaison des verts et des violets. Les pourpres sont produits par la combinaison des violets et des rouges. La couleur blanche est produite par la combinaison des trois rayons primitifs , les rouges, les verts et les violets. Les couleurs de nuances intermédiaires sont produites par des combinaisons des rayons primitifs , dont les quantités varient dans des proportions différentes. L'auteur a beaucoup varié ces expériences. Des forces réfractives de différens gaz et de différens corps. Le docteur Blair avoit fait des expériences intéressantes sur l'inégale réfrangibilité de la lumière, principalement au travers les milieux liquides et transparens. Biot et Arrago ont examiné cette même réfrangibilité à travers différens gaz. Ils ont, par des appareils très-ingénieux, construit des prismes avec des lames de verre très-transparent, dans lesquels ils introduisoient le gaz qu'ils vouloient mettre en expérience. Ils ont trouvé que à Le gaz oxigène est de tous les corps de la nature, jusqu'à présent observés, celui qui réfracte le moins la lumière. L'air atmosphérique réfracte plus que le gaz oxigène. Supposons la réfraction de cet air commun . . . — É Le gaz hydrogène est celui de tous les corps éprouvés jusqu'ici qui réfracte le plus la lumière. Sa réfraction sera relativement à celle de l'air éomrouni. ca 14 RNA AIRNESS GO SE L'azote a une puissance réfractive . . . .:. .… —1,0297 Le gaz ammoniacal a une puissance réfractive — 2,074. ET D'HISTOIRE NATURELL F4 L'eau a une force réfringente . . : . . . . . Le gaz acide muriatique a une force réfringente un peu plus considérable que celle de l'azote : d’où les auteurs concluent que ce gaz n'est point un oxide d'hydrogène comme le pense Pacchiani. Le gaz acide carbonique a une puissance réfractive un peu moindre que celle de l'air at- mosphérique, et un peu plus grande que celle de l'oxigène. Les auteurs en ont conclu par le calcul, d’après les principes de ce gaz acide carbonique, que le pouvoir réfringent de carbone est . . . . . . . L'huile d'olive, d’après les mêmes calculs, auroit une force réfringente . . ., . , 4... . .: Newton l’a trouvé par l'expérience , . . . . . L'alkool a, d'après le calcul , une force réfringente Newton l'a trouvé par l'expérience . . . . . La gomme, d’après le calcul, auroit une force féEnbebntent an eue, Ml ES 0 Newton l’a trouvé . RANCE AL Le diamant , suivant Newton, a une force ré- Étapentenne TAN TER Re ME x 240 ERR Cette valeur est plus que le double de celle qu’on vient d’assigner pour le carbone : d'où les auteurs concluent que le diamant n’est pas du carbone pur, mais qu’il doit contenir une grande portion d'hy- drogène, savoir , plus du tiers de son poids d'après les expériences de Newton. La puissance réfringente du gaz ammoniaque est HUE Il 1 — 1,5000 1,4400 2,500 2,7500 1,9400 2,2300 HO 1,89 3,2119 2,0874 Le soufre a également une force réfractive. assez intense. Les auteurs en ont conclu que le soufre contient une quantité considérable d'hydrogène. DE L'ÉLECTRICITÉ. De la manière dont se propage l'Electricité. Le docteur Orsted à fait des recherches sur le mécanisme interne de la propagation de l'électricité. Il pense que c’est par une espèce d'ondulation. Soit un corps À électrisé posi- tivement ou vitreusement : qu'on l'approche d’un cylindre B, C 76 JOURNAL DS PHYSIQUE, DE CHIMIE conducteur, la partie 2 la plus voisine de Æ s’électrise négati- vement comme l'on sait, et la portion © s’électrise positivement. Ce mouvement du fluide électrique se fait successivement. On ne l'appercoit pas dans les corps bons conducteurs, tels que les substances métalliques; mais il se distingue facilement dans les corps mauvais mu tels que la résine, le verre: +. en en approchant un électromètre, on y observe les zones alter- natives de l'électricité contraire. Nous avons donc droit de considérer comme ondulation la propagation de l'électricité. Il est donc des points plus fortement électrisés que d’autres. L'expérience suivante le prouve d’une manière incontestable. Si l'on essaye de fondre un long fil de fer avec une foible charge de la batterie électrique, on s'appercevra bientôt qu’une partie du fil a été fondue, que l'autre est intacte, et que ces arties se succèdent alternativement : ce qui annonce que l’action du fluide électrique n’a pas été la même sur tout le fil, mais s'est propagée par ondulation, et a eu plus d'énergie dans les nœuds de l’ondulation que dans les autres endroits. L'auteur prouve que la communication du mouvement se fait de la méme manière par ondulation dans plusieurs autres circonstances, par exemple, dans les expériences de Chaldni, sur le frémissement des corps sonores. « Ce mécanisme de l’action de la propagation ondulatoire, dit-il, est sans doute général dans toute la nature; mais 1l est trés-difficile de le démontrer. » : Il est reconnu des physiciens que ce mouvement ondulatoire a lieu dans les corps sonores. ; Des causes des Phénomènes électriques. Les expériences électriques se multiplient ; mais la cause: de ces divers phénomènes est encore inconnue ; dit Biot. (Physique mécanique de Fischer, pag. 261.) Quelques physiciens tâchent d'expliquer tous les phénomènes électriques par l’action d'un seul fluide électrique. Les autres, tels que Symmer (Traasactions philosophiques. } Coulomb (Mém. de l'Académie royale des Sciences de Paris), ont recours à deux fluides, l’un vitré et l’autre résireux. Ces. deux fluides qui se trouvent dans tous les corps, y sont ordi- nairement dans un état d'équilibre; mais ils sortent de cet équilibre dès qu’on électrise ces corps. Soient deux corps. Æ.B électrisés. Les fluides vitrés des deux corps se repoussent ; Les fluides résineux des deux corps se repoussente e ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 5ÿ Mais le fluide vitré'de l’un attire le fluide résineux de l'autre, et réciproquement. Coulomb a cru par cette hypothèse pouvoir expliquer tous les phénomènes électriques. Je n'examinérai pas jusqu’à quel point il y a réussi; mais je dirai que L'hypothèse de deux fluides homogènes se repoussant , Et celle de deux fluides hétérogènes s'actirant , Est contraire à tous les principes admis en physique, dont l'axiome général est Les corps homogènes, tels que deux gouttes d'eau, s'attirent. Les corps hétérogènes, tels qu'une goutte d'eau et une goutte d'huile, se repoussent. Simile simili gaudet, est le principe des affinités. Ainsi l'hypothèse des deux fluides électriques , telle qu'on Vadmet communément, doit être absolument rejetée comme contraire à ce principe, et n'étant d’ailleurs appuyée sur aucun Fait. î M. *** a proposé de nouvelles vues pour l'explication des phénomènes électriques par l’action d'un seul fluide. 7/ à eu recours aux divers degrés d'affinité que le fluide électrique a pour telles substances, par exemple, pour les substances métalliques plutôt que pour telles autres, par exemple, pour ê air. Les vues Imgénieuses de l’auteur méritent toute l'attention des physiciens. DU GALVANISME, Pile galvanique composée de substances végétales. Le docteur Baronio, et quelques autres amateurs de gal vanisme à Milan . ont composé une pile galvanique formée de disques de raifort (raphonus sativus,) et de bette-rave (beta vulgaris varietas rubra.) Les disques avoient deux pouces de diamètre et on les entassoit en les alternant jusqu’à composer une pile de plus de soixante couples, entre lesquels on interposoit des disques de bois de noyer , bouillis préala blement , puis plongés dans un mélange de vinaigre et de crêéme de tartre. La pile étoit contenue par des montans de verre, On soumit à cette pile une grenouille préparée à la manière ordinaire : une feuille de cochlearia pliée, fut employée pour support. La pointe de la feuille étoit sous la pile, et som 7 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pétiole touchoit le dos de la grenouille. Une longue bande de papier brouillard imbibé du vinaigre , touchoit le disque supérieur de la pile (composé de bette-rave.) L'autre extré- mité du papier conduite avec un support isolant, toucha les muscles de la grenouille ; elle entra aussitôt en contraction. Brugnarelli, en rapportant cette expérience, dit que son fils a eu le même succès par le procédé suivant : il introduit l'épine du dos d'une grenouille préparée dans le pli d’une tranche de bette-rave cuite , récemment coupée et bien humide; les muscles correspondans sont aussi introduits dans une tranche de raifort également repliée. La communication éta- blie tantôt avec un charbon, tantôt avec uné bande de carton imbibé de vinaigre, la grenouille a toujours été vivement secouée. Cette expérience a été répétée sans succès par la Société galvanique de Paris. Riffaut, qui en rend compte, dit qu'on a construit avec beaucoup de soin une pile galvanique avec des substances végétales , comme l'ont indiqué les physiciens italiens, et ni la grenouille préparée, ni l'électro-mètre encore plus sensible, n’ont indiqué aucun signe de galvanisme. Ce non-succès de physiciens aussi éclairés que les membres de la Société galvanique, doit inspirer des doutes sur l'expé- rience des physiciens italiens. Néanmoins il faut encore la répéter. De la production de l'Acide muratique par le moyen de la pile galvanique. Simon de Berlin, a le premier dit qu’on pouvoit produire cet acide par l'action galvanique. Il prit deux tubes fermés par une de leurs extrémités, remplis d'eau distillée, commu- niquant par des fibres musculaires et recevant un fil d’or qui passe à travers le bouchon, un des fils métalliques mis en communication avec le pôle positif, et l’autre avec le pôle : négatif. Vingt-quatre heures après, l’eau du côté du pôle zinc étoit d’une teinte jaunâtre, elle avoit l'odeur d'acide muria- tique oxigéné, rougissoit la teinture de tournesol , faisoit effer- vescence avec le carbonate de potasse... Il y avoit donc eu production d'acide muriatique qui avoit dissout une portion d'or... L'auteur crut que cet acide venoit des substances ani- males. Kruickshank remplit un tube de verre d'une dissolution de muriate de chaux. Il y plongea un fil d’or qu'il miten commu- ÈT D'HISTOIRE NATURELLE, à nication avec le pôle positif de la pile. L’eau ainsi que le sel furent décomposés ; la liqueur prit une couleur d’or ; le fil fut attaqué; on avoit l'odeur d’acide muriatique ou d'eau ré- gale: , Ne | Pacchiani est le premier, en Italie, qui ait dit avoir obtenu ‘ de l'acide muriatique en galvanisant par des fils d’or l’eau distillée. Brugnatelli a répétè& l'expérience avec le méme succès. El prend un tube de cristal fermé par le fond, et qu’il remplit d’eau distillée ; il y introduit un fil d’or très-pur, et établit la communication avec les deux pôles de la pile composée de 50 couples métalliques. 11 obtint une eau qui rougissoit les sucs bleus, mais qui n’avoit point ‘attaqué l'or. Il substitua alors une pile de 100 couples métalliques, l’or fut dissout. La liqueur avoit l'odeur d’acide muriatique oxigéné, Il n’avoit employé aucune matière animale. Le manganèse oxidé peut étre employé comme électro- moteur, et on a également de l'acide muriatique. L'auteur , laissant subsister le même appareil, mit de l'acide nitrique à la place d’eau: il ÿ eut dégagement du gaz oxigéne, mais point d'acide muriatique produit. D'où il conclut qu'il est des circonstances où l'acide muriatique n'est pas toujours produit par l’action galvanique. Hydrure d'or obtenu par le galvanisme. Dans ces expé- riences, l’auteur a observé que l'or se couvre d’une croûte noire du côté du pôle négatif. Il regarde cette croûte comme un hydrure d'or, ou l'or combiné avec de l’eau et de l'hydro- gène. Hydrate d'argent. En substituant un fil d'argent au fil d'or, le fil d'argent se brunit, mais il s'éclaircit par le simple frottement : doù il conclut que l’argent est seulement con- verti en hydrate. Il a également obtenu par le même procédé des hydrates de fer. Carbone hydrogéné. Du charbon mis en expérience avec la pile , il y eut un grand dégagement de gaz au pôle positif, et peu du côté du pèle négatif. L'eau de ce pôle négatif contenoit du carbonate de soude, et celle du pôle positif très-peu. Le charbon du côté du pôle positif ne paroissoit pas altéré. Celui du pôle négatif avoit sensiblement blanchi en se combinant à l'hydrogène dégagé. $0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De la nature de l'Alkali qui se ‘développe dans l'ean galvanisée, T'ous les chimistes, dit Brugnatelli, qui ont galvanisé avec attention, se sont accordés sur la formation d'un alkali dans l'eau galvanisée négativement. Ils ont supposé qu'il étoit ammo- niacal, et qu'il se formoit par une combinaison de l'hydrogène dégagé avec quelque portion d'azote qui pourroit se trouver dans l'eau distillée. Mais j'ai fait évaporer la liqueur, et y ayant ajouté de l’acide muriatique, j'ai obtenu dés cubes de muriate de soude : ce qui prouve que c'est du natron qui a été formé, et non de l’ammoniaque, Bellami de Monza s'est aussi occupé de la formation de l'acide muriatique par l’action de la pile galvanique. Il y a trois opinions, ditil, sur les causes de la formation de cet acide. La première, qui est celle de Pachiani, considère l’eau comme un oxide d'hydrogène , et l’eau se convertit en acide simple ou suroxigéné par la soustraction d'une partie de son oxigène. La seconde, qui est celle de Mascagni , considère l’acide muriatique formé dans l'expérience comme de l’eau surchargée d'oxigène, lequel oxigène est fourni par le pôle positif de la pile. Dans la troisième opinion on suppose que, 1° l’eau est com- posée d'oxigène et d'hydrogène; 2° qu'elle contient un troisième principe particulier. L'action de la pile décompose l'ean et unit à son oxigène ou à son hydrogène ce troisième principe parti- culier. Mais l’existence de ce troisième principe est une pure hypothèse qui n’est nullement prouvée. Lorsque l’action galvanique agit par le pôle zinc ou positif, il en résulte de l'acide muriatique oxigéné. Si cette action se fait par le pôle négatif, il en résulte un alcali. Bellami monta une pile de 91 paires de disques du diamètre de trois pouces ; il mouilla les draps d'eau distillée, et mit deux fils aux deux extrémités de la pile. Après 30 heures d'action de la pile il reconnut que l'eau du pôle cuivre ou négatif coloroit en verd la teinture de violettes, et l'eau du dle zinc, ou positif rougissoit la teinture du tournesol. Ces expériences ont été répétées par plusieurs physiciens d'Italie, et ont donné constamment les mêmes résultats ; ensorte ET D'HISTOIRE NATURELLE. 81 ensorte qu'on y regarde comme constatée la production de l'acide muriatique par l’action galvanique au pôle positif, et la production d’un alkali au pôle négatif. Il paroit qu'on a eu les mêmes résultats en Angleterre. « J'ai le plaisir de vous informer, écrit A.-B. Hortentz à Tilloch , que j'ai répété les expériences de Peel, sur la for- mation du muriate de soude et du muriate de potasse par l’action galvanique , et j'ai obtenu des résultats parfaitement conformes aux siens.» Tilloch ajoute : la production de la soude par la décom- position galvanique de l’eau , a été annoncée dans mon Philoso- phical Magazin , au mois d'avril 1805, c'est-à-dire avant qu’on l’eût rendue publique en Italie. 11 est donc clair que la dé- couverte de ce fait appartient à M. Peel. Berzelius et Hisinger avoient déjà obtenu les mêmes résultats en 1802, par conséquent antérieurement à tous les autres. La Société galvanique de Paris a répété ces expériences chez plusieurs de ses membres, Riffaut administrateur des poudres et salpêtres, Veau-de-Launay, ... et on a toujours obtenu de l'acide muriatique. On'a employé les matériaux les plus purs, et on a même couvert l’apparéil avec des cloches. Cependant d’autres physiciens et chimistes, tels que Berthollet, Biot, Thenard, ... n'ont point eules mêmes résultats. Ils as- signent pour cause de l'erreur des autres physiciens, un défaut de précautions. On emploie , disentls, + ma dont les car- tons sont imprégnés de muriate de soude ou de muriate ammo- niacal. Or la plus légère portion de ces muriates, où vaporisée, ou tombée dans l’eau du tube, suflit pour faire croire à la production de l'acide muriatique. . T'el est l'état où se irouve-aujourd'hui cette question in= téressante. DU MAGNÉTISME. Le docteur Oersted a étendu au fluide magnétique ce qu'il a dit sur le fluide électrique. Le premier se communique, comme le second, par ondulation. L'action de l’aimant com- mence par une polarisation. Une zoneïde polarité doit par- venir à son 2aximum d'expansion, et alors elle donne l’ori- gine à une autre. Quand on magnétise un fil d’acier très-mince, 1l acquiert dans toute sa longueur des pôles sud et nord alter- nauvement, Qu'est-ce qu’il arrive quand on promène un aimant Tome LXIV. JANVIER an 1807. L * S2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sur une barre d’acier ? On pousse en avant les deux pôles, de sorte que la partie qui avoit Hm devient —"7, comime une vague de la mer qui comble un vallon devant elle pendant qu'elle en découvre un autre derrière elle, Ce sont les mêmes causes et les mêmes effets que pour l'électricité. Des causes des Phénomènes magnétiques. Les causes des phénomènes magnétiques sont aussi inconnues que celles des phénomènes électriques. - Quelques physiciens ont cherché à les expliquer par l’action d'un seul fluide magnétique. D'autres, tels que Wilcke et Brugmann ont eu recours à deux fluides , l’un boréal et l’autre awstral. Soient deux aiguilles 4.8 magnétisées : on sait qu'elles se repoussent par les pôles de même nom, c’est-à-dire que si onapproche le pôle boréal, par exemple de Æ du pôle boréal de Z, les deux aiguilles s’éloignent. La même chose a lieu si on approche les pôles austraux. Mais si on approche le pôle boréal de l’une du pôle austral de l'autre , les aiguilles s’attirent': d’où ces physiciens ont conclu, que Les deux fluides boréaux se repoussent. Les denx fluides austraux se repoussent. Le fluide boréal attire le fluide austral, et réciproquement. Coulomb a cru par cette hypothèse pouvoir expliquer tous les phénomènes magnétiques. Mais je répéterai ici ce que je viens de dire sur l’hypothèse des deux fluides électriques. L'axiome général de la physique et de la, chimie, et sur lequel sont fondées toutes les lois des aflinités , est que Les corps semblables, comme deux gouttes d’eau, s'attirent ; Les corps hétérogènes, tels qu'une goutte d'eau et une goutte d'hurle, se repoussent. Aucun fait d’ailleurs ne prouve l’existence de ces deux fluides magnétiques. Elle ne sauroit donc être admise. DE LA MÉTÉOROLOGIE. Malgré les travaux soutenus de ceux qui s’occupent de cette branche de nos connoissances, ils auront de la peine à l’élever au rang des autres parties de la philosophie naturelle. Néanmoins ET D'HISTOIRE NATURELLE. 83 on continue de recueillir les faits. Les observations météorolopi- ques se font avec beaucoup de soin dans différentes parties de l'Europe. nb Bouvard consigne dans ce Journal celles qu'il fait à l'Obser- vatoire de Paris. DES MÉTÉOROLITES. Aujourd'hui que l'existence des météorolites est bien cons- tatée, chaque année nous en offre de nouvelles preuves. Il en est tombé deux cette année dans les provinces méridionales de France. Pagès et d'Hombres-Firmas rapportent que le 5 mars 1806, à 5 : heures du soir, on entendit à Alaïis et dans les environs, deux violentes détonations. On apprit qu'il étoit tombé dans le même moment deux météorolites, l’un à St. Etienne de Lolm, et l’autre à Valence. , Celui qui tomba à St.-Etienne de Lolm, pesoit environ 4oo grammes ; maïs il se brisa en tombant. Il étoit encore chaud lorsqu'on en ramassa les débris... Celui qui tomba à Valence avoit la grosseur de la tête d'un enfant. 11 étoit chaud en tombant, et s'étoit fendu en trois morceaux. DE LA CHIMIE. La chimie qui , depuis un certain nombre d’années, à enrichi la philosophie naturelle des plus belles découvertes, continue ses brillans succès. Cette année elle nous offre encore des travaux d'un grand intérêt. DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX. Nous avons déjà vu les analyses que la chimie a faites cette année de différentes substances minérales Nous allons égale- ment faire connoître ses découvertes dans les autres parties. De la Yenite. Le Lievre a donné ce nom à une substance noirâtre qu'il ayapportée de l'ile d’Elbe. a pesanteur est 382 à 406. Elle cristallise en prismes rhomboïdaux à, sommets dièdres. L a 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Vauquelin en a retiré, , Siices sieste 0 Chatte cs AR NS Fer et manganèse oxidés....... 07.5 Descotils en a retiré, SiliCe 4 ARRETE TER RTS Ghauxh MARTIN PPS ER ET Fer Lodel dur :755 Manganèse ,Oxié us ss see + 3 AUTRE AE RE ES 0 De l’Hydrargilite. Le docteur Wavel a trouvé, dans des schistes près Barnsta- pale, une substance formant de petits groupes hémisphériques, formés d’un grand nombre de petits Hlamens rayonnans d’un centre commun. Humphry Davi,en a retiré alumine et eau : d’où ila tiré le nom de Lydrargilite. Voici son analyse : Alumine:. #0 Le ERE 170 Chaux n:20te 81.105. at Liquide! :"."2. 19 enr, nee 26 POrle Le ReeEr SR LINE SANS OP RTE Il regarde cette perte comme de l'eau. De l'Hydrogène dans plusieurs corps combustibles. + L'hydrogène où gaz inflammable päroît ; d’après les nouvelles expériences hexister! dans plusieurs corps combustiblés où on ne vouloit point l’admèttre. 1: ? AU + Le charbon. Bertholiet dit que tous les charbons contiennent de l'hydrogène. Le diamant. Nous avons vu que Biot, d'après ses expériences sur la réfraction , admet un tiers d'hydrogène dans le diamant, ‘ Le soufre. Biot , d'aprés les mêmes expériences sur la ré- fraction , admet que le soufre’‘contient de l'hydrogène. -L'amimoniäque contient /beaueoup d'hydrogène. Toutes les marières vésétales et animales , les huiles , les résines , les corps muqueux... contiennent une quantité con= sidérable: d'hydrogère. DL: ) Les bitumes, les tourbes en contiennent également une grande quantité. 4 129 4 Mr Pa. + Les subitancés méralliques.- é! ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 I] n'y a jusqu'ici que les substances métalliques dans lesquelles on persiste à ne pas admettre le gaz hydrogène, On suppose que celui qu'on en retire dans certaines circons- tances, par exemple de la limaille de fer ou de fonte, mise dans une cornue et exposée à une grande chaleur, ou de cette limaille dissoute dans les acides, provient de la décomposition d'une portion d'eau. Cependant ce gaz a des qualités diffé- rentes de celles du gaz inflammable ordinaire. Quelquefois il est huileux. Or jai prouvé que dans la combustion du gaz inflammable ou. hydrogène avec l’air vital ou oxigène, il se degage de ce gaz inflammable au moins autant des principes de la chaleur et de la lumière que de l'air vital. Bertholiet est à cet égard de mon avis. On conyient également aujourd’hui que l'air vital, qu'on a appelé gaz oxigène , n'est point le principe de l'acidité, puisqu'il y a des acides, tels que le fluorique, le boracique, … qui n'en contiennent point. On convient que parmi les débris fossiles des animaux et végétaux, il y en a d'analogues aux êtres existans, On convient aujourd'hui que l'espèce en minéralogie, ne peut être déterminée par la molécule, et que l'espèce miné- rale n'est pas une collection des corps dont les molécules intégrantes sont semblables , et composés des mémes élémens urLiS er IméNLe proportion ; CAT T'outes les substances métalliques paroïssent avoir la méme molécule, et cristallisent de la même manière. Un grand nombre de substances minérales, telles que le falherz , les graugiltigerz, par exemple , sont composées de divers principes unis en différentes proportions, comme J’a fait voir Klaproth, et cependant ils cristailisent de même en tétraèdres, et ont vraisemblablemert la même molécule. Le spath calcaire et le fer spathique cristallisent de la même manière, ont la même moiecule... J'ai prouvé , d’un autre côté, que, les mêmes principes peuvent former des minéraux qui ont des caractères absolu- ment diflérens, comme on le voit dans le calcaire et l'arra- gonite, le ruthil | titane oxidé rouge) et l’oisanite... Toutes ces questions, et plusieurs autres qu'il seroit trop long de rapporter , sur lesquelles jai souteiu constamment la cause de la vérité, sont donc résolues comme je l’avois avancé. 4 85 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Principes de l'Acide sulfurique. Klaproth dit qu’un acide sulfurique, dont la pesanteur est 1850 , est composé de SOUITE Eesti sie e acer 51.5 Oxigène. 1... 4 RATE cr 42.9 Eau LUS RTS MERE AIN tt AE De l'Or. Proust a réuni plusieurs faits pour servir à l’histoire de l'or. (Journ. de Physique, Février 1806.) [l a cherché à déterminer la quantité d’oxigène que ce métal prend pour se dissoudre dans les acides ; mais il n’a pu obtenir des résultats dont il ait été satisfait, En laissant tomber de la dissolution d'or dans une dissolution de nitrate de mercure, et distillant le tout, ila cru reconnoître que l’or contenoit 0,08 d’oxigène. Mais dans une autre expérience il a eu environ 0,22 d’oxigène. Ces expériences ne sont pas satisfaisantes. Il en tentera de nouvelles. Il à tenté d’autres expériences sur la couleur pourpre que donne l'or dans certaines circonstances , ce qu’on appelle pourpre de Cassius ; mais il n’a pu obtenir des résultats satisfaisans. Il ne paroit pas éloigné d'admettre l’opinion de Macquer, qui a dit : Tous les faits prouvent que la couleur pourpre est naturelle à l'or, toutes les fois qu'il est extrémement divisé. De l’ Argent. Le même chimiste a aussi fait des recherches curieuses sur l'argent. (Journal de Physique, Mars 1806.) Il a prouvé que dans le nitrate d'argent, le quintal d'argent prend neuf et demi, ou neuf trois quarts d’oxigène. Mais il seroit bon, ajoute-t-il, de vérifier encore cette expérience. Mais il est parvenu à obtenir deux nitrates d'argent, un au maximum , autre au minimum. Il n’en a point déterminé . les quantités d'oxigène. Du Cobalt, Proust a réuni plusieurs faits intéressans pour servir à l'histoire du cobalt, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 Cobalt sulfaté. Ce métal dissout dans l'acide sulfurique , donne un sel qui cristallise en octaëdres. Il contient 0.42 d’eau. Ce sel distillé perd son eau de cristallisation : c’est le sulfate de cobalt enhydre qui est opaque, et dont la couleur est rose. Cobalt carbonaté. Le sulfate de cobalt précipité par le carbonate de potasse, donne un cobalt carbonaté dont la cou- leur est rose. Cobalt oxidé au minimum. 100 parties de cobalt carbonaté, séparées de l’eau et de l'acide carbonique, donnent 60 à 62 de cobalt oxidé, Sa couleur est d'un gris clair légérement verdâtre. Ses principes sont, Gobalt en 5.601100 ou 64 Oxigène. «......esesose 19420 Ou 16 Cobalt oxidé bleu. Si on verse du nitrate de potasse goutte à goutte dans de l'eau bouillante aiguisée de potasse, on a un précipité bleu. À Thenard regarde ce précipité comme J'oxide de cobalt au minimum. Proust est de la même opinion; mais on ignore pourquoi cet oxide est bleu, tandis que le précédent est gris. Cobalt oxidé au minimum. Du carbonate de cobalt mis dans un creuset, et chauffé sufhisamment, s’embrase et donne un oxide noir. Cet oxide contient, suivant Proust, COR RARE ou 80 Oxigéne.., .sssmussssesse 29 À 36 OU 20 Cobalt oxidé vert. De l’oxide de cobalt noir et du bleu mélangés , donnent un oxide vert. Cobalt hydraté. Du nitrate de cobalt versé goutte à goutte dans de l'eau en ébullition et aiguisée de potasse , devient d’abord bleu, et passe promptemert au rose. Ce précipité est, suivant Proust, du cobalt hydraté. Un mélange de cobalt hydraté et d'oxide noir de cobalt, donne une substance d’un gris rougeâtre. Ærsenite et arseniate de potasse. Ces deux combinaisons se trouvent dans la nature, dit Proust; elles ont une espèce de transparence cornée; leur couleur est rose. L'on obtient ces combinaisons en versant des dissolutions de nitrate de cobalt, dans des arsenites et des arseniates de potasse, 88 JOURNAL :DESPHYSIQUE, DE CHIMIE Du Nickel. Le même chimiste a fait des expériences également inté- ressantes sur le nickel. Nickel oxidé au minimum. 100 parties de nickel dissoutes dans l'acide nitrique, et distillées jusqu’à parfaite décompo- sition, laissent 125 à 126 de nickel oxidé au 77inimum : sa couleur est d’un gris verdâtre. | Le nickel oxidé au minimum contient donc, INICKE Te CRUE LAND UT 51 86 Oxigène. .......:.........#k 0.20 Nickel oxidé au maximum. Cet oxide est d'un puce foncé tirant au violet. L'auteur n'a point déterminé la quantité d'oxigène qu'il contient. Nickel hydraté. Tous les sels de nickel, le carbonate méme, jetés dans une dissolution bouillante de potasse, s’y changent en un hydrate verd plus foncé, plus vif que le carbonate. C'est du nickel hydraté. L'hydrate chauflé perd de l’eau et se réduit à l’état d’oxide gris. L’oxide de nickel n'existe dans les combinaisons qu’à l’état d'hydrate. Sur les mines de Cobalt , Nickel et autres. Proust examine ensuite les mines de cobalt et des autres métaux ; il pense que Les mines arsenicales blanches, grises, spéculaires, celles, en un mot, dont les métaux sont à l’état métallique, ne sont pour la plupart que la dissolution de quelques sulfures dans des masses d’arsenic plus ou moins considérables. Ce métal est un excipient dans lequel la nature a dissout, enveloppé, parfondu des sulfures d'argent, de cuivre, de fer, de cobalt, de nickel , etc. dans des proportions extrémement variées ,; et enfin l’arsenic est pour eux un dissolvant qui les a reçus à toutes doses, mais un dissolvant qui ne partage point pour cela leur état de sulfuration. L’arsenic est ici ce qu’est l'eau, par exemple, relativement à un sel qu’elle tient en dissolution. : Cette union de l'eau avec ce sel est entièrement différente de la combinaison des principes qui forment ce sel. L'acide nitrique, par exemple, est le résultat de la combinaison chi- mique ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 mique de l'azote et de l’oxigène; au lieu que cet oxide versé dans l’eau y est seulement tenu en dissolution, ou plutôt en solution. . Car on doit distinguer ces deux états, si on veut mettre de la précision dans le langage. L'acide nitrique , par exemple, dissout l’étain. Le nitre conserve toutes ses qualités. L'étain ne conserve plus les siennes. La plus grande partie des mines sont composées de pareilles unions ou combinaisons de substances métalliques. C’est ce qu'il fait voir plus en détail en parlant des sulfures. Des Sulfures combinés. Ce chimiste fait ensuite l'application de ces principes aux différens sulfures. Les sulfures du fer et du cuivre sont souvent réunis. L'argent rouge est une dissolution du sulfure d'argent dans le sulfure d'’antimoine. Le sulfure antimonial sert quelquefois d’excipient au sulfure d'argent, au sulfure de cuivre et au sulfure de fer. Ainsi ces mines qu'on appelle argentiféres, sont la réunion de quatre sulfures. Chacun de ces sulfures peut être plus ou moins abondant, ce qui fait varier prodigieusement ces mines. Les négrillo, ou mines d'argent noires, sont une de ces combinaisons. Il s’y trouve souvent encore du sulfure de plomb. On trouve dans les mines de la Creu (la Croix) proche Valence, une mine composée de quatre sulfures, ceux de fer, d'antimoine, de cuivre et de mercure. Plusieurs mines d'argent sont des réunions de sulfures d’ar- gent et de plomb. Les cristaux de cobalt de Tunaberg en Suède, contiennent arsenic et réalgar, fer sulfuré en abondance, cobalt sulfuré, cuivre sulfuré pur, point de nickel... Toutes ces réunions de substances métalliques peuvent sa faire en des proportions très-variables : c’est pourquoi toutes ces mines donnent des produits si diflérens. Les véritables combinaisons chimiques, au contraire, telles que les sels, les oxides, les sulfures... se font dans des proportions invariables. Le cinabre du Japon est le même que celui d’Idria ou d'Almenden; le nitre de l'Inde ne difiére Tome LXIV. JANVIER an 1807. M 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fpas de celui d'Europe; ... tandis qu'on ne trouve pas deux alherz semblables. Dans l'analyse des mines il ne suflit donc pas, si on veut. en avoir une connoissance exacte, de dire qu’on en a retiré telles et telles substances; il faut spécifier l’état où se trou- voient ces substances, si elles étoient combinées avec le soufre, l'arsenic, l’oxigène..…. Les mêmes observations doivent avoir lieu pour la lithologie. Toutes les combinaisons des terres avec les sels, telles que les carbonates , les fluates, les phosphates, les sulfates, les mu- riates,... sont fixes. Mais il y a des pierres qui ne sont que des mélanges de différentes terres, lesquels varient sans cesse. Ainsi, dans le grenat, suivant Vauquelin, la silice peut varier de 36 à 52, l'alumine de 16 à 22, la chaux de 3 à 52, le fer de 6 à 47, Il en faut dire autant des feldspaths, des zéolites... Des Prussiates. Proust a soumis à un nouvel examen Îles prussiates. Ses nombreuses expériences ont jeté un grand jour sur cette question difficile. Nous allons seulement rapporter les conclu- sions générales qu'il en tire. ? « L’acide prussique, dit-il, est composé de charbon, d'azote et d'hydrogène, dans des proportions que nous ne connois- sons point encore. Seulement à voir la grande quantité de charbon qu'il laisse après sa destruction dans plusieurs cas , on peut conjecturer que ce radical y concourt dans une pro- portion très-forte relativement aux deux autres. Aucun fait n'indique non plus si l’oxigène en fait partie. » L’acide prussique, malgré son peu d'énergie saline , n'en attaque pas moins l’oxide majeur de mercure avec beaucoup d'avantage. Il fournit avec cet oxide une combinaison saline si bien caractérisée dans ses attributs, qu’on est forcé de re- connoitre qu'il agit dans certaiues circonstances comme l'acide le plus puissant. Rien en effet ne manque au prussiate de mer- cure pour se placer sur la ligne des sels métalliques parfaits. » L'acide prüssique attaque l'oxide noir du ler, et produit avec lui du prussiate blanc. » Le bleu de Prusse n’est donc pas une combinaison simple, mais une combinaison triple d'acide prussique, d'oxide noir et d’oxide rouge de fer. E » L'acide prussique uni à une portion d’oxide noir de fer, qui ET D'HISTOIRE NATURPLLE. ot le met dans le cas de former des prussiates triples alcalins ou métalliques , est une combinaison particulière dont l’exis- tence n'est pas douteuse, mais que nous ne connoissons point encore hors de ces mêmes prussiates. » De l'Acide fluorique dans les os fossiles. Proust a aussi reconnu dans les os fossiles la présence de l'acide fluorique , comme l'avoit déjà vue Morichini; mais dans toutes ses expériences il a toujours obtenu un mélange de fluate calcaire et de phosphate calcaire. « Pourquoi, ajoute-t-il, la terre de Marmora en Hongrie, » le phosphate calcaire d'Estramadure, les chrysolites de Mur- » cie et du Mexique, contiennent-ils l'acide fluorique avec le » phosphorique ? est-il bien certain que les appatits n'en con- » tiennent pas? Pourquoi trouve-t-on aussi du phosphate calcaire dans plusieurs fluates d'Angleterre? Pelletier s’en » étoit apperçu. Je l'ai reconnu depuis. » Plusieurs fluors d'Angleterre des plus transparens con- » tiennent du plomb. » Ces faits ont engagé Klaproth à soupçonner que l'acide phosphorique , qui est si abondant dans les os des animaux vivans , pouvoit se convertir en acide fluorique; car les os des animaux vivans ne contiennent point d'acide fluorique. Il n’y en a également point dans les terrains secondaires. D'où vien- droit Aout cet acide flucrique dans les os fossiles ? Ces faits méritent sans doute toute l'attention des chimistes. De la Fonte de fer. Les fontes grises et noires, dit Proust, donnent un Aydro- gène aromatique, qui me paroît tenir en dissolution une por- tion de cette huile qui se forme durant leur dissolution dans les acides. Cet hydrogène brûle pesamment ; sa flamme est teinte de nuances jaunes et vertes. Le résidu ne trouble pas l'eau de chaux. Ce gaz contient en outre du phosphore. Plombagine des fontes. Scheelle a dit que la plombagine étoit une union de charbon et de fer. Proust révoque cette opinion en doute. Ù Fonte surcharbonnée. Proust a eu occasion d'observer des fontes surchargées de charbon. De la nature des fontes. Les travaux de Bergmann, de M 2 vu Ÿ 02 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE Berthollet... ne permettent guères de douter,.dit Proust , que es fontes soient autre chose que du fer qui sert d'exci- pient à une partie de son oxide. La chimie nous présente une multitude de pareiïlles combi- naisons. De l’hydrate de fer. 100 partiés d’une ocre rouge de Valence ; ramassée par Guillaume T'alaker, distillées , ont donné 27 parties d'eau. C’est donc un hydrate de fer à base d'oxide rouge. ë On doit supposer , ajoute Proust, qu’on trouvera également un hydrate de fer à base d’oxide noir. De l'utilité du Nitrate de soude. Proust a fait voir qu’on pourroit employer le nitrate de soude dans plusieurs circonstances, \ DE LA CHIMIE DES VÉGÉTAUX. Plus la science fait de progrès, plus les difficultés paroïissent s'y multiplier. L'analyse des substances végétales en est un exemple frappant. C'est ce que nous prouvent les travaux qui ont été publiés cette année. Du Sucre. Proust a entrepris un grand travail sur le sucre, et en par- ticulier sur celui qu'il a retiré du raisin. Il en avoit envoyé des morceaux à Vauquelin et à moi, et j'en publiai la notice dans ce Journal. (Février 1802.) Ce sucre est jaunätre ordinairement, mais on peut le rendre parfaitement blanc. Sa cristallisation est grenue, poreuse, ensorte qu'il ne peut prendre la consistance du sucre en pain de la canne. + Sa douceur est inférieure à celle du sucre de la canne; elle ressemble davantage à celle du sucre solide retiré du miel ; sa saveur est très-agréable. ET Ïl est moins soluble dans l’eau que celui de la canne. 1l est soluble dans l'alcool. | La nature, dit l’auteur, en déposant dans les diverses parties de l'édifice végétal ces composés auxquels nous donnons le nom de produits immédiats , les modifie souvent par des nuances légères, et fait varier chacun d’eux en autant d'espèces différentes : c’est ainsi que l’agidon , la gomme, la résine , £T D'HISTOIRE NATURELLE. > l'huile, le tannin, l’extractif... en conservant les caractères principaux de leur genre, s’en éloignent néanmoins par des différences assez sensibles. Le sucre a aussi ses espèces. a Le sucre de la canne est un produit sec, cassant et faci- lement cristallisable. & La manne la plus sèche s’amollit par une chaleur légère, et s'attache aux doigts. c Le mucoso-sucré est une troisième espèce qui réunit à la viscosité des mucilages, la propriété de demeurertoujours mou. Le miel montre le premier exemple de deux espèces de sucre réunies. Le plus beau miel se divise avec letemps en deux parties : a Une grenue, cristalline, opaque, qui se dépose au fond des vaisseaux. LATE b L'autre, transparente et fluide qui se tient au-dessus. Ce sucre a solide du miel ne ressemble point à celui de Ia canne ; mais il se rapproche tellement de celui du raisin, que l’auteur croit qu’il y a peu de différence entre eux. La manne a été regardée comme une espèce de sucre contenant une matière extractive qui la rend purgative. Elle se dissout dans l'alcool quoique Lemeri ait dit le contraire. Cette dissolution abandonnée à l’air, laisse déposer une matière poreuse qui ressemble à l’agaric blanc. Cette matière n’appro- che en rien du sucre de canne. La manne traitée avec l'acide nitrique donne les deux acides que donnent les gommes; . .. tandis que le miel ne les donne pas. Le sucre est aujourd'hui reconnu exister dans un grand nombre de végétaux. Celui que l’on retire de l’érable ressemble beaucoup à celui de la canne , ainsi que celui des bettes... Les cerises, les groseilles , les abricots,.. contiennent un sucre cristallisable , mais différent de. celui de la canne. Le candi qui se forme dans les confitures de groseilles , .ést dû à ce sucre, et non à celui de canne qu'on 4 employé. Le sucre dans tous ces fruits est toujours embarrassé de gomme , d’extractif, d'acides malique et citrique, de tartre, de sulfate de chaux. 4 ! * Le mucoso-sucré, ou sucre liquide, est un produit, végétal immédiat , différent Mu sucre cristallisable. Deyeux , .qui l’a bien connu, à fait voir que lui seul pouvoit fermenter, par lui-même; tandis qu'il faut ajouter au sucre cristallisable un ferment pour le faire fermenter. 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. Duthrone a fait voir que tout le travail du raffinage du sucre consiste à séparer le sucre cristallisable du sucre liquide. Proust a analysé du suc frais des cannes à sucre de Malaga. Il en a extrait, 1° Une fécule verte. 2° De la gomme. 3° De l'extrait. 4 De l'acide malique. 5o Du sulfate de chaux. 6° Du sucre cristallisable. 7° Dusucre liquide. La préportion du sucre cristallisable au sucre liquide n'est as fixée ; elle varie suivant la vigueur des plantes , et, je crois, suivant la chaleur du climat. Il a aussi analysé du verjus de raisin, ou suc de raisin non mür. Il en a retiré, 1° Du tartre. 2° Du sulfate de potasse. 5e Du sulfate de chaux. 4 De l'acide citrique en abondance. $° De l'acide malique, fort peu. 6° Du principe extractif. 7° De l'eau. Le verjus ne contient donc ni gomme, ni principe sucré. Le suc de raisin mûr contient, 19 Une pulpe fibreuse et calcaire qui compose l’organisation du grain. > Une fécule glutineuse , analogue à la glutine du fro- ment. . Ces parties séparées, si on clarifie la liqueur en la faisant chauffer , et la passant par la flanelle, on en retire , 3° Une partie de fécule. 4° Du sucre cristallisable. So Du sucre non cristallisable. 6 De la gomme. > Du principe extractif blanc ou rouge, suivant l'espèce de raisin. C'est dans ce principe éxtractif que se trouve le tartre. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 95 La moscouade de raisin, ou le sucre cristallisable, évaporée ‘avec certaines conditions, et mise à cristalliser, donne, Sucre cristallisable......,.... ”5liv. onc. SUCrE HAUIUG sem po e : » » » (AD FCOMMEN TUE + sols TO 5 Malate de chaux............ 0 4 Mais l'auteur suppose que le sucre cristallisable est même en plus grande quantité. Cette moscouade de raisin est extraite de la manière sui- vante : on fait bouillir le sucre de raisin, on l'écume et on y jette de la cendre lessivée qui précipite tous les acides et les sels terreux ; on le bat ensuite avec du blanc d'œufs ou du sang de bœuf pour le clarifier, et on achève de le cuire à consistance d’un sirop plus ou moins épais. L'auteur examine ensuite quel est celui de ces produits qui fait fermenter le suc de raisin. 11 pense que le sucre liquide est fermentescible per se, Des melasses de muscat, séparées de leur sucre cristallisable, n’ont point perdu la propriété de fermenter. Je n’ai point essayé, ajoute-t-il, la fermentation sur le sucre cristallisable du raisin, pour reconnoître s’il est fermentescible per se; mais je présume qu'il ne doit pas plus fermenter que le sucre de canne. Fabroni et Thenard ont considéré la fécule glutineuse, ou glutine , comme un ferment indispensable au changement de la matière sucrée. Mais quand le suc de raisin en a été soigneusement débarrassé, la fermentation s'y établit pourtant avec autant de vigueur que dans un mout nor clarifié, et on la voit parcourir dans le même temps toutes ses périodes, sans déposer autre chose que du tartrite de chaux. La véritable cause de la fermentation dans les sucs clarifiés et non clarifiés, ne réside donc point dans cette fécule, mais bien dans le sucre liquide , l’unique principe des fruits qui soit véritablement fermentescible per se, et qui puisse faire partager son mouvement au sucre solide. Deyeux paroît avoir remarqué le premier cette différence. Proust a aussi examiné l'orge dont on fait la bière. 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cent parties de farine d'orge ordinaire donnent, Anidonit:a sen PONT A MOPRe 32 à 133 Substance grenue insoluble à l’eau. 57.. 58 Gomme et mucoso-sucré soluble àl’eau 10 1x La farine d'orge germé donne, AIO EE ete periees see 07) Substance grenue....4:...........: 12 13 Gomme et mucoso-sucré........... 30 La seule partie mucoso-sucrée est fermentescible; la gomme n'y prend aucune part. L'auteur suppose que cette partie sucrée n'est qu’un quinzième de la masse. Elle est sept fois plus abondante dans la moscouade de raisin. Il y auroit donc un grand avantage à mêler cette moscouade à la bière. __ Proust entre ensuite dans des détails économiques, et prouve que l'Espagne seule pourroit fournir à toute l'Europe, de la moscouade et du sucre. Ce sucre, quoique pas aussi bon que le sucre de canne, le remplaceroit parfaitement. Ce travail précieux de Proust, prouve que la matière sucrée, qu'on confondoit autrefois avec le corps muqueux ou mucilage, est un produit de la végétation, qui présente des différences assez considérables dans les divers végétaux, comme le font les huiles, les résines... s Le suc verd de raisin contient beaucoup d'acide citrique, et point de matière sucrée. Ce suc de raisin, paryenu à sa maturité, ne contient plus d'acide citrique, mais du sucre. j Du Lichen d'Islande. Proust a prouvé que le lichen d'Islande est un bon aliment, qui peut être d'une grande utilité dans les années de disette. Les Lapons en font un grand usage. Ils le font cuire dans une ou deux eaux dont ils jettent le bouillon, le lavent ensuite dans de l'eau froide et le font cuire dans du lait ; mais ils perdent beaucoup de la substance nourrissante, en jetant l’eau des premières cuites. Proust a fait un examen chimique de cette plante. Cent parties ET D'HISTOIRE NATURELLE, 97 parties grossièrement pilées , infusées dans l'eau froide , don- nent, Principe extractif amer analogue à celui de la chicoréestanesn hist. dosiinats 2h nn 5 2 Principe gommeux nourrissant.,.,,.,.,.,4 33% Partie charnue........... 45 0). aausmrear@é Ce principe gommeux se rapproche beaucoup de la gomme arabique. âl La partie charnue est également nourrissante. Lé lichen cuit peut se manger comme de la salade, ou de toute autre manière. On peut aussi pulvériser ce lichen et le réduire en farine. Enfin, c'est un des végétaux qui contient une plus grande quantité de principe nutritif. Ce Jichen n’est pas particulier au pays du nord ; on l’a trouvé en Espagne. Du Mais. Proust a distillé oo parties de maïs; ilen a retiré 24 parties de charbon. Ce charbon se réduit très difficilement en cendres. Il a retiré de ces cendres du phosphate de potasse. De la Manne. Thenard et Dupuytren ont examiné la manne pour apprécier ses rapports avec le sucre. Ils ont faît fermenter la manne en la tenant à une tempé= rature de :8° et y ajoutant du ferment. La fermentation fut rompte et vive; mais elle s’arréta au bout de deux jours. La cbr avoit une odeur vineuse; mais loin d’être alcoolique elle étoit sucrée, et évaporée elle déposa sous forme de cris- taux presque toure la matière qu’on avoit employée, mais privée de la faculté de fermenter. De l’alcool à la température de 60°, versé sur de la manne, en dissolvit une si grande quantité que la liqueur refroidie se prit en une masse composée d'une multitude de cristaux. L’acide nitrique bouilli sur la manne, y produisit un si grand dépôt d'acide muqueux, que le poids en étoit presque égal ä la moitié de celui de la manne employée. Ces diverses expériences font voir que la manne difère beaucoup du sucre. Tome LXIV. JANVIER an 1807. N 98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Analyse des diverses espèces de Quinquina. Vauquelin a fait un grand travail sur les diverses espèces de quinquina. Ces analyses lui ont présenté plusieurs faits intéressans, et particulièrement un acide nouveau auquel il a donné provisoirement le nom de nique. Il a comparé, par les propriétés physiques et chimiques, les infusions de toutes les espèces de quinquina qui se trou- vent dans le commerce, auxquelles il a joint l'examen de quelques autres substances végétales qui ont passé pour guérir la fièvre. Séguinavoit donné comme un caractère sur des bons quin- quinas, la propriété que leur infusion aqueuse possède exclu- sivement de précipiter l'infusion du tan, tandis qu’au contraire les mauvaises espèces précipitent la dissolution de gélatine animale. Mais Vauquelin a reconnu que plusieurs espèces de bon quinquina, qui guérissent la fièvre , ne précipitent pas la solution du tan. Ne pouvant donner un extrait du long travail de l’auteur, nous allons rapporter les principales propriétés qu'il a reconnues aux infusions des diverses espèces de quin- quina. Les uns précipitent le tannin et ne précipitent point la colle forte ou gélatine animale. Les seconds précipitent la colle animale et ne précipitent point le tannin. ” Les troisièmes précipitent le tannin, la colle animale et l'émétique. à . On peut conjecturer. avec assez de vraisemblance que toute substance végétale qui ne possèdera pas au moins l'une de ces trois propriétés, n’est pas fébrifuge. Il est des quinquinas fébrifuges qui ne précipitent pas l’infu- sion du tan, ni celle de noix de galle. © D'un autre côté, il paroït que le principe qui précipite le tan et la noix de ‘galle est fébrifuge. L'auteur en conclut que le principe dans le quinquina, qui précipite le tan et la noix de Pie n'est pas le seul qui guérisse la fièvre. . Ce principe, qui précipite le tanet la noix de galle, a une couleur brune, une saveur amère , se dissout dans l’eau et dans l’alcool, mais plus dans l'alcool; précipite l'émétique , mais non la colle forte. Il a quelques rapports avec les corps résineux ; mais il fournit de l'ammoniaque, ce que ne font pas les résines. ET DHISTOIRE NATURELLE, 99 Les infusions aqueuses de différentes espèces de quinquina, sont d’une couleur rouge, rouge jaunâtre, rouge brun. Quelques-unes rougissent très-sensiblement la teinture de tournesol , ce qui annonce la présence d’un acide libre, l'acide kinique. L'alcool mêlé à ces infusions de quinquina, dans la propor- tion de deux parties sur une, en précipite une matière grisâtre, qui devient noire par la dessication. Ce phenomène annonce la présence d’une matière muqueuse. L'infusion évaporée dépose une matière brune, très amère ; qui, se dissout facilement dans l'alcool, et que. l’eau en pré- cipite , si la dissolution est suflisamment concentrée; ce qui annonce une matière analogue aux résines. . Ces expériences apprennent qu'il y a dans le quinquina au moins deux substances très distinctes, l’une amèêre, astringente, soluble dans l'alcool, et peu soluble dans l’eau ; l'autre au contraire insoluble dans l’alcohol, très-soluble dans l’eau, ayant une saveur douce et mucilagineuse. En évaporant l’infusion qui contient cette dernière substance, elle s’épaissit comme un sirop; elle cristallise sous la forme de lames tantôt hexaëdres , tantôt rhomboïdales , et quelquefois carrées : c'est le se/ de quinquina. Les quinquinas épuisés par l'eau et mème par l'alcool ; fournissent encore aux acides une substance qui , suivant toutes les apparences , est de la. même nature que celle qui est dissoute par l'alcool. É La matière résiniforme des quinquinas est, soluble dans l'alcool et dans l’eau, les acides , les alkalis ; elle précipite les sels métalliques , et s'attache aux étofles comme principe colorant : d’où l’auteur conclut que c’est un principe végétal particulier dont les chimistes n’ont pas encore bien connu les propriétés. Il n'est pas identique dans toutes les espèces de quinquina. Il est probable, ajoute l'auteur, que c’est un principe analogue qui donne le plus ordinairement la saveur, amère aux végétaux. 2 Il ya donc dans le quinquina trois substances principales : 1° Une résine particulière. 2° Une partie mucilagineuse. 3°. Un sel particulier. L'auteur passe ensuite à l'examen du sel de quinquina, Deschamps jeune, pharmacien de Lyon, est le premier qui a annoncé la présence de ce sel, qu'il ne faut pas confondre N 2 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, LF CHIMIE avec le sel essentiel de la garaye , qui contient en même temps la résine et le mucilage. Les propriétés principales de ce sel sont les suivantes : 19. Il cristallise en lames carrées, quelquefois rhomboïdales : »°, Il n’a presque point de saveur. ° Ilse boursoufle sur les charbons. 4°. Sa dissolution n’altère point la teinture de tournesol. 5°, L'acide sulfurique et l’acide oxalique en précipitent de la chaux, ce qui prouve que le sel de quinquina contient de la chaux. 6e. Le sulfate de chaux et l’oxalate de chaux, enlevés ,-et la liqueur évaporée, il reste une masse brune extrémement acide et un peu amère, qui cristallise en lames divergentes, c’est l'acide kinique , différent de tous ceux qui sont connus. Mis sur les charbons ardéns, il fond , bouillonne , noircit, exhale des vapeurs blanches piquantes , et ne laisse qu'un léger résidu charbonneux. Ce sel n’est pas le principe fébrifuge , puisque des teintures alcooliques de quinquina , dans lesquelles il n'existe pas, ce sel étant insoluble dans l'alcool , guérissent cependant les fièyres intermittentes. Nouveau Principe végétal dans les asperges. Robiquet avoit déjà publié une analyse des asperges. Le résultat de son travail prouvoit que les asperges contenoient 1° Une fécule verte composée de trois autres. ! a Une première insoluble dans Palcool, et qui se rapproche lus des matières animales. & Une seconde soluble dans l’alcool, mais qui se dépose ar refroidissement. Il l’appelle cire végétale. c Une troisième également soluble dans l’alcohol, s'obtient ar évaporation, et tient le milieu entre les huiles volatiles et les résines. 22 De l’albumine. : 40 Un phosphate de potasse. 4° Un phosphate de chaux tenu en dissolution par une portion d'acide acéteux libre. 5 De la terre foliée, ou acétate de potasse et du phosphate de potasse. 6° Une substance végéto-animale. ‘7° Une matière extractive: ET D'HISTOIRE NATURELLE, 10% $ Un sel triple de chaux et d'ammoniaque, dont l'acide n’est pas connu, cristallisant en rhombes. d 9° Un principe colorant, susceptible de devenir rose par les acides , et jaune par les alkalis. Ce méme chimiste et Vauquelin, ont repris ce travail. Ils ont examiné le sel n° 8, et ils ont reconnu qu'il cristallisoit effectivement en rhombes ; mais il n’est pas acide, puisqu'il ne rougit pas la teinture de tournesol ; il ne contient point non plus d’alkalis. , Nous sommes donc obligés, concluent-ils, à regarder cette substance comme un principe immédiat des asperges, qui n’est point encore connu. Nous nous proposons de suivre notre travail pour en connoître la nature. Nous rechercherons aussi si cette matière singulière n'existe pas dans d'autres végétaux. Nous avons aussi trouvé dans le suc d’asperges une matière sucrée, qui paroit avoir de l’analogie avec la manne, Du Café. L'histoire de cette plante, qui est devenue si intéressante dans ces derniers temps, a été donnée, ainsi que son ana- ‘lyse, par Cadet-de-Vaux, et Charles-Louis Cadet. Elle paroît originaire de l'Arabie. Elle est aussi cultivée de temps immé- morial dans la haute Ethiopie. Le bourguemestre d'Amsterdam en envoya un pied à Louis XIV en 1714, et l’oflicier de marine, Declieux, en 1720, en transporta à la Martinique un pied, pris dans les serres du jardin du roi à Paris. C’est ce pied de ca- féyer qui est la souche, de tous les caféyers qui ont si fort multiplié aux Antilles. On sait que le café germe dans dé l’eau bouillante. Ce fait rapporté par Bomare, a été vérifié par Cadet; mais le café traité par l'alcool bouillant ne germe point. | Charles-Louis Cadet a fait l'analyse du café. Voici les propor- tions approximatives que huit onces de café , traitées par l'eau, lui ont données : onces. gros. grains. Mucilageighe.: . 2,0 ASS I RÉSINE AE Lars te vers Me o Matière colorante extractive..... o Acide gallique................. o FR à me eee 5 o 10 103 JOURNAL DE PFHYSIQUE, DE CHIMIE La torréfaction du café développe en lui des qualités nou velles. 1°. Une odeur aromatique très-agréable. 2°, Le café torréfié transpire, et devient huileux à sa surface: 3°. il s'y développe du ‘annin, comme Chenevix l’avoit observé. Si la torréfaction est trop considérable , le café se charbonne Les infusions du café torréfié contiennent, 1° du mucilage ; 2€ de l'acide gallique, 3° du tannin; mais les proportions de gomme et d'acide ont augmenté avec les degrés de torréfac- tion , tandis que le tannin a diminué. ‘ c Proust, Seguin, Davy, ont déjà observé que la chaleur développoit le principe tannin dans plusieurs végétaux. Bouillon-la-Grange considère l'acide gallique comme une modification du tannin. Les cendres du café contiennent, 1° du charbon, 2° du Fer, 3° de la chaux, 4° du muriate de potasse. Payssé, qui a aussi analysé le café, croit que l'acide qu'il contient n’est point de l'acide gallique, mais un acide parti- culier qu'il appelle acide cafique. Mais Cadet persiste à croire que cet acide est le gallique, qui peut avoir quelques propriétés particulières. Proust , dit-il, a prouvé que le tannin obtenu de plusieurs végétaux, offre des différences. Il est donc possible que l'acide gallique retiré du café, ne soit pas absolument le même que celui de la galle; mais ce n'est pas un acide particulier. é Il résulte, ajoute-t-il, de ces analyses, que la graine du café. contient, 1° Un mucilage abondant. 2° Beaucoup d'acide gallique. 3° Une résine. 4° Une huile essentielle concrète. 5° De l’albumine. G° Un principe aromatique yolatil. 7° De la chaux. g° De la potasse. ° Du fer. 10° Du charbon. La torréfaction y.ajoute un principe, nouveau qui est le tannin. Le café Moka est plus aromatique, plus résineux et moins gommeux que ceux de Bourhon.et de la Martinique: ET D'HISTOIRE NATURELXLE, 103 Acide cafique de Payfé. Chenevix avoit retiré du café un nouveau principe dont il n’avoit pas déterminé la nature. Payfé a repris ce travail, et de ses expériences il croit ouvoir conclure que ce principe est un acide particulier, Il diffère de l’acide gallique par les propriétés suivanees : 1°. L’acide gallique précipite en noir le sulfate de fer. L'acide cafique précipite le même sulfate de fer en verd. 2°, Cet acide est incristallisable dans l’état où il l’a obtenu. Il est soluble en totalité dans l'eau et l’alkool. 3°. Cet acide est décomposé par l'acide sulfurique à chaud, par les acides nitrique, muriatique, et muriatique oxigéné , et réduit par ce dernier, ainsi que par le nitrique, en acide malique. 750 parties de café, traitées par l'eau, ont donné à l'auteur, ‘100 parties d'extrait, dont il a retiré, Acide cafique.............:.,. 55 MÉRÉPAIE SE le co een e ste nine anne TO) Albumine végétale............, 85 Matière résineuse...........,.., 9 PeTIG- ne ae ue meta lois out ce nent ET O Du Tannin. Le tannin est un deslbrincipes immédiats que la chimie moderne a reconnu dans les végétaux. La découverte de ce principe peut être attribuée en partie à Deyeux , suivant Hatchett. Il retira de la noix de gallece principe, qu'il re- garda comme une espèce de résine. Seguin reconnut ensuite que c’étoit ce principe qui servoit au tannage, et il lui donna le nom de tannin. Davy fit voir que le cachou consistoit principalement en tannin. : Les travaux des chimistes qui se sont occupés du tannin, ont prouvé qu'il existoit tout formé dans un grand nombre de végétaux , tels que l'écorce de chéne , la noix de galle, le sumac, le cachou :...ily est accompagné d’extractif, d'acide gallique et de mucilage. Mais il paroït que dans d’autres circonstances il peut ètre formé par l'art. Le grain du café dans son état ordinaire ne gontient point de canin ; mais la torréfaction y en développe. 04 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Du Tannin artificiel. Hatchett a donné le nom de tannin artificiel, ou factice, au produit qu'il avoit obtenu du charbon végétal, animal ou minéral, traité par l'acide nitrique, parce qu'il avoit reconnu qu'il produisoit les mêmes effets sur les dissolutions de glutine, sur certaines dissolutions métalliques et sur la peau. Mais il a reconnu que si l'acide nitrique produisoit ces effets sur le charbon , il détruisoit néanmoins le vrai tannin dans d’autres circonstances : c'est ce qu’il a constaté par un grand nombre d'expériences. 1°, Le tannin ou substance tannante de la noix de galle, du sumac, des copeaux de bois de chêne, mêlé à la quan- tité dune demi-once (mesure) avec une: drachme (mesure) d'acide nitrique fort , perd la propriété de précipiter la colle de poisson ou gélatine. 2°. Le tannin de l'écorce de chêne, et le tannin artificiel, ne perdent cette propriété qu’en ajoutant quatre fois autant d'acide nitrique. 3, Les substances végétales , telles que le cachou du Pégu, qui contient beaucoup de mucilage avec la substance tannante, traitées avec l'acide nitrique, donnent une grande quantité d'acide oxalique. Mais en continuant ses expériences , il obtint de nouveaux résultats qui confirmèrent ses premiers apperçus. 4. Cent grains d'indigo fin fureñt mis dans un matras à long col, et il y versa jusqu’à deux onces d'acide nitrique à différentes fois. On fit évaporer à siccité. Le résidu fut dissout dans trois onces d’eau distillée; sa couleur étoit jaune; sa saveur éxtrémement amère. De la colle de poisson versée dans cette dissolution, fut précipitée, ce qui annonçoit la production du principe tannant. Plusieurs autres substances, telles que la lacque, le baume du Pérou, le benzoin, le sang-de-dragon, ... traitées de l& même manière, produisent les mêmes effets. Le sang-de-dragon présente un phénomène particulier : c'est qu'on obtient de l'acide benzoïque , tndis que ce même sang- de-dragon, exposé-simplement à la chaleur dansile même matras, ne donne point d'acide benzoïque. « Je suis donc porté àcroire ,. ajoute l'auteur, que dans la première expérience l'acide ben- zoique étoit un produit de l'opération : fait qui n'avoit pas: encore été soupçonné. L D’autres ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10: D'autres substances, telles que les gommes arabique , adra- gant , la manne , traitées par l'acide nitrique, ne donnent point de tannin. La torréfaction d'autres végétaux , tels que le café, y dé- veloppe aussi le tannin. Ces faits prouvent que le tannin peut étre développé chez les végétaux, 1° Par la torréfaction. 2°. Par l’action de l'acide nitrique. Analyse de la racine d'Ellébore d'hiver (EMeborus hiemalis. ) Vauquelin en a retiré, 1° Une huile extrémement âcre et caustique. 2° De l’amidon très-pur et très-doux. 3° Une substance végéto-animale. 4 Une matière ligneuse en petite quantité. 5° Quelques atômes de sucre. 6° Un peu de matière extractive colorée. Ne sont pas comptés des sels terreux et ferrugineux qui ÿ sont contenus. Ils appartiennent au sol dans lequel la plante a crü, et non à la végétation. Analyse de la racine de Brione. Vauquelin en a retiré, 1° Une matière amère, soluble dans l'alcool et dans l'eau. 2° Une matière amylacée. 3° Du malate de chaux avec excès d'acide. 4° Du phosphate de chaux. 5° Une substance gommeuse en grande quantité. 6° Une matière ligneuse. ° Une petite quantité de sucre. 8° Une matière végéto-animale. De la Glutine et de l’Albumine végétale. Beccari avoit retiré de la farine de froment, et de plusieurs autres végetaux, une substance particulière, qu’il appella g/u- cine , ou gluten. Hilaire Rouelle fit voir que cette substance avoit beaucoup de rapports avec la substance caseuse du lait. Des savans chimistés ont postérieurement donné à cette sub- stance le nom d'a/bumine végétale, à cause des rapports qu’elle a avec l'albumine animale. Proust pense qu'on doit lui conserver le nom de glutine. Tome LXIV. JANVIER an 1807. O 106 JOUANAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE LA CHIMIE DES ANIMAUX. L'analyse des substances animales se poursuit avec la même ardeur qué celle des substances végétales, et ne présente pas moins de difficultés. Des nids d'Oiseaux d'Orient. Proust a fait l'analyse de ce qu'on appelle en Orient 7ids d'oiseaux, et qui y est fort estimé surtout à la Chine. Ils se sont présentés comme un cartilage uniforme dans son tissu, et d’une seule pièce. Du Bouillon de viande. Le même chimiste a prouvé que le bouillon de viande contient la moitié de son poids d'un produit savoureux , analogue au produit qu'il a retiré de la fermentation du fro- ment et de la glutine. Cet extrait est le condiment , le parfum, la quintessence du bouillon. De la Bile. Thenard a constaté que la bile contient une matière sucrée. De la Sueur. Thenard a fait beaucoup d'expériences sur la sueur de l'homme. Les conclusions qu’il en tire sont qu’elle est com- posée, 1° De beaucoup d'eau. 2° D'acide acéteux libre. 5° De muriate de soude. 4° D'un atôme de phosphate de chaux. 5° D'un atôme d'oxide de fer. 6° D'une quantité inappréoiable de matière animale qui se rapproche beaucoup plus de, la gélatine que de toute ‘autre substance. De l'Urine. Le mème chimiste a examiné de nouveau l'urine, et il étoit y avoir reconnu également l'acide acéteux. L'urine contient d’ailleurs, 1° L'acide urique. ET D'HISTOIRE NATURBLLE. 107 2° L’acide benzoïque qui se trouve souvent dans l'urine des enfans. 3° L'acide phosphorique qui se trouve combiné avec quatre substances, et forme quatre phosphates, & phosphate de chaux, b phosphate de niagnésie, c phosphate de soude, 4 phosphate d'ammoniaque. 4° L’acide muriatique qui est combiné avec la soude et l'ammoniaque , et forme du muriate de soude et du muriate d'’ammoniaque. 5° L'acide sulfurique qui est combiné avec la potasse et la soude, et qui forme des sulfates de potasse et de soude. Du Lait. Thenard a encore retrouvé l'acide acéteux dans le lait. Le lait, dit-il, sortant des mamelles , rougit le papier teint par le tournesol. Il contient donc un acide libre. Cet acide est l'acéteux. « Il est probable, ajoute-t-il, que l’acide acéteux existe dans beaucoup d'autres substances animales. Plusieurs observations me portent à croire qu'on le trouveroit dans les cantharides. On a déjà soupçonné de l’analogie entre cet acide et les acides bombique et formique. J'oserois presque dire qu'il existe dans presque tous les animaux, comme dans la sève de presque tous les végétaux. Dans les mauvaises digestions les alimens deviennent aïgres, et c’est encore à l'acide acéteux qu'ils doivent cette saveur. De l'Acide caséique. Proust a trouvé dans le fromage fermenté un acide parti- culier qu'il appelle caséique , ce qui forme un caséate ammo- niaçal, qui est le principe de la saveur vive qu'ont ces fro- mages. Du Diabètes sucré. L’urine humaine est quelquefois dénaturée au point de contenir une matière sucrée trés-abondante. C'est ce qui s’ob- serve particulièrement dans lé diabètes. Caulcy constata en 1775: l'existence ‘du sucre dans l'urine. Franck [a confirma en 1791. On soupçonne que Willis l'y avoit déjà apperçu , ainsi que Pool et d'Obson, en 1775. O 2 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MM. Nicolas et Quendeville de Caen, firent, en 1803, l'analyse d’une espèce de ces urines. Ils en retirèrent , Sucre en grande quantité, Sel marin une certaine quantité, : Urée et acide urique , une quantité à peine sensible , Phosphate, Sulfate, Dupuytren et Thenard ont eu lieu d'examiner une urine de la méme nature. Ils ont constaté qu’elle contenoit une. rande quantité de matière sucrée. Cette urine évaporée donnoit un sirop qui, mis à cristalliser, déposa une multitude de petits grains sans consistance, Leur saveur étoit à peine douce. 100-parties de ce sirop distillées, donnèrent, Eau une grande quantité, Huile, peu, Ammoniaque point, Gaz peu fétide, une grande quantité, Charbon volumineux facile à incinérer. Des cendres de ce charbon on retira, } une quantité à peine sensible. Sel Imarini it MSN. 20, 0Vo0aTE Chaux phosphatée............ 000.5 Cette substance ne contenoit donc point de principe animal, puisqu'elle ne donna point d'ammoniaque. Ils la firent fermenter : elle donna une liqueur spiritueuse, comme l’auroit fait le sucre ; ainsi elle étoit une matière sucrée, Cependant sa saveur est à peine douce ,cet bien différente de celle du sucre. D'où les auteurs concluent que c'est une matière sucrée particulière. Le remède contre le diabètes sucré est l'usage d’alimens de substances animales. De la Graisse. Vogel a fait diverses experiences sur la graisse, dont les résultats sont que, 1°. La graisse exposée à la lumière sans le contact de l'air, jaunit, acquiert une odeur et une saveur rances ; âÂcres ;:sans s'acidifier. 2°. La graisse ne donne pas d'ammoniaque à la distillation, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 109 et elle ne contient point d'azote. On. peut donc la: regarder comme une: substance purement végétale, 3°; La graisse mélée avec le soufre, il y'a une partie de soufre en dissolution, mais qui ne passe pas à l’acide. Distillé dans des vaisseaux clos il ne donne méme .pas d'acide sul- fureux. 4°. Lé phosphore mélé avec la graisse, s'y dissout et il passe promptement à l'état d'acide phosphoreux. Cette acidification augmente. par le contact de l'air. : 5°. La graisse oxigénée , par un long contact de l’air, devient constamment acide. Son lavage précipite quelques dissolutions métalliques: A la fin de la distillation de ce lavage, il passe de l'acide acétique dans le récipient. »6° L’'acide nitrique forme avec la graisse, 4 une matière jaune amère; b de l'acide acétique , c un acide susceptible de «cristalliser , quiest l'acide muqueux ou sacho-lactique. + 7° L'acide muriatique oxigéné se décompose avec la graisse, Celle-ci reste blanche, et devient molle. Il ne forme pas de matière jaune amère. “El _6°. Le mercure mélé avec la graisse dans les onguens mer- curiels,; y est.à l'état métallique. ILES F 249%. Dans bonguentcitrin le mercure estien nitrate oxidé au mininum. Le, nitrate de mercure au #2aximum se décompose . dans Ja! graisse. ) r Des Cheveux. . Vauquelin a fait un grand travail sur les cheveux. Il résulte «de ses nombreuses expériences ,, que les cheveux noirs sont composés , lé en non 1° D’une matière animale qui en fait la plus grande partie. 2° D'une huile blanche concrète en petite quantité. ; 3° D'une autre huile grise-verdâtre plus abondante. 4° De fer dont l'état est incertain. : 15° De iquelques atomes d'oxide de manganèse. 6° De phosphate de chaux. 7° De silice en quantité notable. , 8° De carbonate de chaux en très-petite! quantité. 9° Enfin, d'une quantité considérable de soufre... 10° Une substance colorante. Les cheveux rouges ne diffèrent des cheveux noirs qu'en _ce qu'ils contiennent une huile rouge au lieu d’une huile _grise-verdâtre. L COR Le NU QET #10 ë L L “ut { \r10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: CHIMIE Les cheveux blancs diflèrent des uns et des autres, l'en ce que l'huile qu'ils contiennent n'est presque pas colorée; Ils contiennent d'ailleurs de la magnésie phosphatée; qu'on ne re- trouve pas dans les autres. L'auteur conclut de ces faits, que La couleur noire des cheveux est produite par une huile noire et comme bitumineuse, et peut-être aussi par la combi- naison du soufre avec le fer. ! Les couleurs rouges et blondes sont dues à la présence d’une huile rouge ou jaune’, dont l'intensité, diminuée par une petite quantité d’hüile brunë , donne le roux. La couleur blanche 'est due à l'absence de l'huile noire e du fer sulfuré. Il croit que ‘dans les cheveux rouges et blonds, ainsi. que dans les bläncs, il ÿ a toujours un excès de soufre (1). La blancheur des cheveux, causée subitement par quelque passion vive, paroîit, à l'auteur, pouvoir être attribuée à un acide qui se développe alors spontanément. Il recherche ensuite la nature de la substance animale qui fôrme le corps du chéveu. Elle n'est point de la gélatine, elle ne forme jamais gelée. Elle n'est pas de l’albumine, car elle ne se dissoudroit pas “dans l’eau bouillante : et cette matière des cheveux s'y dissout. L'humeur dont cette substance se rapproche leplus, est, suivant l’auteur, celle que les physiologistes appellent mucus, mucilage animal, qui n’est ni glutine, ni albumine. Elle est séparée dans les narines, la bouche, l'estomac, la trachée-artère, Ma vessie. Dans certains coriza ou rhumes, elle ‘file éommé la soie. Si elle contenoit un peu d'huile, elle ressemibléroit à là substance des cheveux. si € L’épiderme , les ongles, la corne, la lainé, les poils ; sont composés du même muous animal. Ils recèlent une certaine quantité d'huile qui leur donne la souplesse. L’humeur de la plique polonoise est de la même nature que la substance des cheveux. DE L'AGRICULTURE. Cette partie de première nécessité! languit néanmoins chez un grand nombre de nations civilisées. 11 paroît que c'est en (1) L'odeur ‘infecte des. personnes qui ont les cheveux ronges , ne ourroit-elle pas être attribuée, d’après ces faits, à un hydre-sulfure qui se dégageroit par la transpiration, et surtout lorsqu’elles suent. ÉTID'IHISTOURE NATURELLE, TT Angleterre, où sa pratique est soumise à des principes plus sûrs et mieux raisonnés. On fait également des efforts en France pour perfectionner l’agriculture; mais ne pouyant entrer dans tous ces détails, nous jetterons un coup-d'œil rapide sur les établissemens d'ins- truction qui ont été formés pour favoriser ses progrès, et sur les ouvrages dont elle a été l'objet dans le cours de l’année. Thouin l’ainé continue son cours de jardinage au Muséum de Paris. Il applique à la culture les principes de la plus saine physique. Îl a établi dans un local voisin du jardin du Muséum, une école régulière des variétés d'arbres fruitiers. On doit seulement regretter que cet espacé soit trop resserré.| Oû prépare, pour le même usage un autre emplacement qui sera plus étendu : c'est la partie de la pépinière du Luxem- bourg , située à gauche de l'avenue du jardin. Cette pépinière du Luxembourg commence à donner des roduits d'un grand intérêt. On y admire surtout ‘une nom- Hbsé collection des diverses variétés de vigne qui se trou: vent en France. Elle y a été réunie par Chaptal ,, pour ten faciliter l’étude et en fixer la nomenclature. Bosc, inspecteur actuel de cet établissement, a déjà constaté 224 variétés bien distinctes de raisins. Il en fait faire des dessins exacts, qui seront gravés avec le plus grand soin. On sait que la vigne est une des principales richesses territoriales dela France, On ne sauroit donc prendre trop de précautions pour faire con- noïtre aux Cultivateurs les meilleures espèces de raisin, et en perfectionner la culture. : Bosc dirige également la pépinière établie à Versailles, pour y élever des arbustes étrangers, qui peuvent s’acclimater en France. On en distribue chaque année dans les divers départe- mens. | | Il se forme des pépinières dans les départemens pour! les mêmes Objets. Celle établie à Avignon, sera une des plus utiles, à cause de la température du climat. L'agriculture française a été enrichie cette année par la pu- blication d'une nouvelle édition des ouvrages d'Olivier de Verres , avec des notes rédigées par plusieurs membres de la Société d'agriculture de Paris. On continue de propager en France les races de moutons d’Espagne. 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DES ARTS. Ceux qui se livrent aujourd’hui ‘aux arts, et principalement les chefs des grandes manufactures, ont tous des connois- sances plus ou moins étendues en physique, en mécanique, et en chimie. Ils éclairent leurs procédés par ces sciences. C'est la cause principale des progrès considérables que font les arts. Ces progrès sont surtout remarquables en Angleterre. Ce grand peuple s'occupe depuis long-temps de ces objets de nécessité première. Il a porté les arts utiles à un point de perfection que n'ont encore pu atteindre les autres nations. Il a inventé des machines admirables qui diminuent singulière- ment la main-d'œuvre : telles sont les pompes à feu, les machines à filer: ... aussi s’efforce-t-on partout d'imiter ces machines. Leurs poteries, leurs ouvrages d'acier, leurs cuirs préparés... ont la même supériorité. - Enfin, ils ont la même prééminence dans l’agriculture, dans l'art d'élever les animaux domestiques. La France fait depuis quelques années des efforts généreux pour perfectionner les arts utiles. Les connoïissances de phy- sique , de mécanique , de chimie, se répandent dans ses ateliers. Ses manufactures de porcelaine, celles de bronzes dorés, ont fait des progrès sensibles. Elle a aujourd'hui des machines à filer, des pompes à feu... L'agriculture s'y est perfectionnée; on soigne davantage ‘éducation des animaux domestiques ; les races de moutons espagnols se multiplient; on cherche à améliorer les races de chevaux... Des citoyens instruits élévent des manufactures d'objets utiles , telles que des manufactures d’alun , de divers sulfates , de bleu de Prusse, de sel ammoniac, de soude... Enfin, il y a une tendance générale de tous les esprits vers ces objets intéressans. C’est le moyen le plus sûr de réussir. La même émulation subsiste chez tous les autres peuples de l’Europe. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Voyage à la Cochinchine , par les îles de Madère, de Ténériffe et du Cap Vert, le Brésil et l'ile de Java; contenant des E TD HS TOURENNATURELLE. 115 des renseignemens nouveaux et authentiques sur l’état naturel et civil de ces divers pays ; accompagné dela Relation officielle d'un Voyage au pays des Boushouanas, dans l'intérieur de l'Afrique Australe; par John Barrow, Membre de la Société royale de Londres ; traduit de l'Anglais, avec des notes et additions, par Malce- Brun. 2 vol. in-8° de près de 800 pages, avec un Atlas 7n7-4° de 18 planches, gravées en taille-douce par Tardieu V'aîné. Prix : 18 fr. brochés, et 21 fr. 5o cent. francs de port par la Poste ; en papier vélin, 36 fr. sans le port. À Paris, chez F. Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10. Barrow déjà connu si ävantageusement par plusieurs voyages, ne mérite pas moins du monde savant par celui-ci. Il y fait connoître plusieurs pays intéressans , et particulièrement la Cochinchine, sur laquelle nous n'avons que des relations assez incomplètes. Cet ouvrage ne peut donc manquer d’étre accueilli favorablement du public. Histoire naturelle, générale .et particulière des Plantes, Ouvrage faisant suite aux Oluvres de Leclerc de Buffon, et partie du Cours complet d'histoire naturelle; rédigé par C.-S. Somini, membre. de plusieurs Sociétés savantes, Description des végétaux rangés par familles, avec des dé- tails sur leur culture, leurs ‘usages dans la médécine , les arts, le jardinage, et sur les phénomènes physiologiques qu'ils présentent ; par C.-F. Brisseau-Mirbel, Aïde-Naturaliste au Muséum d'histoire naturelle , Professeur de botanique à l'Athénée de Paris, et Membre de la Société des Sciences ; Lettres et Arts ; f Et continuée par. N. Joly-Clerc, ancien Professeur et Membre de plusieurs Sociétés sayantes. "E Bb ;1 ; Tomes 16 et 17. A Paris, de l'imprimerie de P. Dufart. On souscrit à Paris, chez Dufart, rue des Mathurins. Et Bertrand, quai des Augustins. A Rouen , chez Vallée. À Strasbourg, chez Levrault. A Limoges, chez Bargeas. A Montpellier, chez Vidal. A Mons, chez Hoyois. dite FE ee Le tome, seizième commence par la famille cinquante- quatrième , celle des personnées, personnateæ. Et finit par la famille 71°, celle des ficoïdes. Le tome dix-septième commence par la famille #2, celle des cactes. A Et finit par la famille 8>, celles des vinettes berberides. Tome LXIV; JANVIER 1807. P 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le lecteur verra par le tableau ci-joint que ce grand ouvrage sera bientôt terminé. Etat des différentes parties dont se compose le Cours complet d'Histoire naturelle, et l'ordre d'après lequel elles doivens suivre. Théorie de la Terre..........,. enaisiels HOÏVOLS Epoques de la Nature............... 1 Introduction aux Minéraux........... I Partie expérimentale De Se ent at LT Partie hypothétique......... ARE NET EN! Histoire des Minéraux................ 9 64 Histoire des Animaux.......... PASLIANTTTE 6 Histoire de l’'Homme................. 4 Histoire des Quadrupèdes........... ETS Histoire desMSinpes Lecce 2 Histoire des Oiseaux........ RON, DE 28 Histoire des Mollusques, par Denis Mont- fort’ et.de Roissy: 2 ane a ht es el 6 Histoire des Plantes, par Mirbel , etc... 18 Histoire des Insectes, par Latreiïlle..... 14 Histoire des Poissons, par Lacépède et 62 Sonini, en y comprenant le volume de l'Histoire des Cétacées........... 14 Histoire des Reptiles, par Daudin..... 8 Dictionnaire des Tables, par Jolyclerc. 2 ——— AFotal eme 126 Le Tome III de l'Histoire des Plantes et le XVIIIe, qui terminent cette Collection, paroîtront sur la fin du mois de novembre prochain 1807. L'Histoire naturelle du Genre Humain, 3 volumes, par Virey, est un ouyrage qui se vend séparément et n’est point compris dans la Collection. Prix, ro fr. Théorie de la surface actuelle de la terre, ou plutôt Recherches impartiales sur le temps et l'agent de l'arran- gement actuel de la surface de la terre, fondées uniquement sur les faits, sans Système et sans hypothèse; par M. André, connu ci-devant sous le nom du père Chrysologue,.de Gy, Capucin, Membre de la Société libre d'Agriculture, Com- merce et Arts du département du Doubs, de l’Académie ET D'HISTOIRE NATURELLE, 115 de Cassel, et de la ci-devant Académie de Besançon. Prix, 4 francs. A Paris, à la Société typographique, rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, n° 14. L'auteur a divisé son ouvrage en trois parties. Dans la première il rend compte des observations qu'il a faites dans une partie des Alpes , dans le Jura, dans les plaines de la Saône et du Rhin, depuis Mäcon jusqu'à Strasbourg, dans les Vosges , etc... Dans la seconde il donne un extrait des observations faites par divers voyageurs géologues. Dans la troisième partie il recherche la cause et l’expli- cation des phénomènes que lui et les autres géologues ont observés. Il a annoncé dans son titre que ses recherches seroient fondées uniquement sur les /Zrts, sans système et sans hypothèse. « Voilà donc , conclut-il, les principaux phénomènes » expliqués sans aucune hypothèse, mais par une suite » d'opérations d'un seul et unique agent (des grandes eaux » violemment agitées) reconnu de tous les naturalistes... » L'origine et la retraite des grandes eaux qui ont opéré » ce changement si étonnant dans la surface de la terre- » demeurent toujours inconnues. Sur cela M. de Dolomiex observe que quand le naturaliste sera persuadé que le » cause de tout ce qu’il voit n'est point dans l'ordre actuel » des événemens , ul sera autorisé à la rechercher dans ur » ordre différent. C'est pourquoi il eut recours à des ma- » rées extraordinaires M. Delamétherie, pour expliquer » l'existence des os d'éléphans près de la Mer Glaciale , » s appuie sur une tradition d'un printemps perpétuel pour » tout le globe. Seroit-ce done pour moi un grand crime » géologique de chercher l'origine et la retraite des eaux » en question dans un événement qui a laissé chez diffé- » rens peuples un souvenir transmis par une tradition plus » sùre qu’un printemps perpétuel, avec l'idée d'un châti- » ment infligé par un dieu irrité? Je ne crois pas. Je pense » au contraire que cette opinion seule peut expliquer ce qui » nous manque en géologie. » OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES JE THERMOMETR E. BAROMETRE. s PR Em — 7 ® À Maximum. | Mirsruum. |A Mur. Maximum. Minruun. A Mir. 1Mn4s. “-Hirsglagm. + 5,4] 411,0] à 9 m...... 27. 10,30| A 11 5e ele 27 #1 of midi ri3ôlairs. + 7,9) 13,6 à 5 m......27. 8,104 115. 97 vimidi ÆHir,5fà5#m. 6,5] “11,9h15 5 m....27. 4,33/à 25... DRE aa midi <+ro,2là 1os. + 8,3] +ro,ifà 10 s......27. 3,76[à:6 + m..,.27. à midi bioëlàgis. + 4,0! +ro,(fi6+5s..... 27076147 ee 27 à midi + 8,61à 95 + 4,2] + 8,6h125s........ 28. 0,16 7 m......27 à3is, L76f7m + 0,2] + 7:98 220. 4,94f 07.2. 28 a3s. bag 7m. — 1,1] + 6,0kà midr.....… 28. 5,96[à 9 3 28 à 4 + 34[à7m. + 0,2! + 3x fa 7m 284 14,60[2:104S. :..:28 10Ïù 25. + 3,5jà7m. — 1,2] + 3,3h 10 s...... 28. 2,oolà 7.m1...... 26 ali midi + 8,1[à 7 m. + 2,68] + 6,r1fà 6: m..... 28. 2,182 0 $ 28 à midi + 6,0ol17m. “+ o,0| + 6,018 + s...... 200104 REC TE 26 13Ïà midi + 8,8|à7 m. “+ 5,2] + 6,1 10s .28. 3,26|à 7 m...:..26 14fa midi hbro;,olà 7m. “+ 7,8| H10,)18 +1m....28. 3,52/ù 10 + 5.,...28 194 325 J7lagës. + 6,6! + 81h17 m:....… 284 1,20[à 9 55....:.27:11$80 16fà 155 10,4[à 1055. + 7,3] +10,1]110 55... 27.11,95[à 8 M. . ..:. 27-1550 1155 10,2[à8m. “+ 6,5] + 9,2%17s........28, 2,02|à 8 m.......286. È à 7+m. + 3,6] + 0,618 m..... 28. 1,90|à6+5s.:....28 48s. 15,7] H1r,(f 1 g9m.......27.1r,42là 6 s... 27 à1oïs. + 3,7] + 8,604 107 5.....27. 8,96[à 7 m....... 27 À 74m. 2,6]. +466 74 m.:...o7 7;44là 9254.22, 27.10 à23s 7,3[à 7 À mx + 3,0) + 6,91 2%5s.....-.27.10,60|à7 +m.....27. 8,9[à 7m. + 0,2] + 5,6 midi... PATES DO |A 7 Moses e 27 24h13s. +Hirélt8m. 4 0,5] Hri,2là midi... 28. 1,5o[à 6 m.......28 25fao1s. +11,6[à 8m. + 0,1] +1,48 8 m...... 28. O,30! 107% S..... 27.10,90 264 à 2 8 +ix,olà 105. + 7,4] +10,7h17:; m. 27. 9,80|à midi:. ... 27 27à midi + 0,6[à1m. + 7,6). 9,0 92+5s:..... 26. 9,92/à 1 m 274: 10,00 28fà midi +10,0|1 82m. + 8,7] +io,çfà 6: m....28, 3,53la 1035s..... 28. 29) midi “<+ri,7làios. + 9,2] Hr1,7 AIO UNE ete Eee 26 1,92|à TO S...... 27.11,30 3ofà midi + 8,4là7m. + 5,4] + 6,417 m ROC 12110 riSrelat 20 REC APITULATION. Plus grande élévation dumercure. ..28.5,96 , le 8 à midi. Moïndre élévation du mercure..... 27.1,80, le 3 à 8 h. jm, Élévation moyenne... 27 .9,08 Plus grand degré de chaleur..... —+13°,6 le 2 à midi. Aloindre degré de chaleur....... — 1,2lexoà7h.m. Chäleur DIOVENNE SE Er + 6,2 | Nombre de jours beaux....... 6 | Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"03705—1 pouce 6 Lignes dixièmes. RE CARRIERE) EEE ne Aou ED - MNAUEL ENEUN ; £ CRETE ER £ HYERES Domw,0.0!c our A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE ?ARIS, NOFEMBRE 1806. D -U PRET VARIATIONS DE LATMOSPHERE, He. POINTS VENTS. LUNAIRES. LE MATIN. LE. SOIR. Giel couvert. Ciel couv. et pl. fine.|h I S. Ciel très-nuag. 2 )1S. fort. Ciel couvert. Beaucoup d’éclairc. | Ass:z beau cic!. 2 Idem. D.0.à3h.37"s.| Assez heau ciel. Ciel couvert. Couv.; pl. depris 8h.|£ 4 | Br.; ciel couv. Pluie fine. Piuie. 5 L. Périgée. Ciel couvert. Giel très-nrageux. Assez heau ciel, 6 Equin. dese, | Léger br.; ciel couv. Gel nuageux, Assez beau ciel. 7 \ Lég. br.; forte gel. bl, [Ciel nuag. Beau ciel ; temps cime, | 8 Brouillard épais. Beau ciel. Temps! calme; ass. beauciel. À 9 … | Brouill. épais. Giel couv. Ciel couv. x.L.à11451/m: Brouill. très-épais. TIdem. Id ; 'eIups hum. Ciel couv. ;lég. br. |Gicl'auag. et voilé à l'hor. Brouill, ; nuageux: Gel voilé. Gel couv, Fr.-couv.; pl. fine. Couv. et humide. Bouill.; ciel couv. Brouill.; ciel couv. [Gael très-couv. T.tr.-bum.; br. ; ciel couv.| Cie très-couy. L. Apogée. | Ciel couvert. Ciel couv. r.Q. à 7229 m.| Ciel très-nuag. Très-nuageux. Ciel couvert. TFrès-couvert. Equin. asc. | Ciel ass. cl. en dif, parties.| Nuages clairs et éley. Ciel vap. et trouble. |Cielconv.; pl. fine. Ciel à demi-couv. Beau ciel. Assez beau ciel, Cielcouvy. ; quelq. g. d’ean. Ciel couv. ; pluie fine. Rs prAues éclaircis. Br. à l’hor. ; temps humide.|(hiel couv. r.L.à1%10m.| Nuag. àl'horison. |Très-nuageux. Très-nuageux. Couv.; temps pluv. Tr.-couv. et brum. |Cieltr.couv.; pl.fine. Tr.-couv.; pl. fine. |Très-nuag. Ciel nuageux. Ciel trouble et nuag. Ciel trouble et nuag. Ciel très-nuag: Temps brum. ; ciel couv. Ciel très-couv. Couv.;quelq-g. d’eau. Quelques éclaircis. Couv.; temps calme. |! Ciel à demi-couv, Pluie très-fine. Brouill. par interv: Pluie jusqu’à 8 h, Ciel nuag. Ciel couv. ; pluie. Ciel lég. couv. et nébuleux.| à [Ciel couv. Cour. ; quelq. g. par int. Tr:-couv.; pl. fine. Pl. parint.; ciel couv {à Ciel tr-c.; pl. par int.|| Couv. ; pl. par int. 98,0[S-0. fort. 80,0[S-O. tr.-f. 95,0 |0.S:0.tr.f. 100,0|S.S-0.tr.-f. 95,0[S.-0O. fort. 80,0[S.-0. tr.-f. RÉCAPITULATION,. de couverts...... depluie 2e 14 HAINE es 30 denslée:t.-.-.0 2 de tonnerre. .... 40 de brouillard. .... 13 HÉILEZ- che Jours dont le vent a soufflé du 2 er 3 MI LE RE: Æ de CEZEX q . Nota. Pour indiquer-plus exactement les variations de atmosphère, on a divisé le jour en trois parties : la première contient les variations depuis minuit jusqu à 9 heures du matin ; la seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivants l OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES \ THERMOMEÈTRE. BAROMÈTRE. Le L-] & | Maximum. | Minimum. |A Min. Maximum. Minimum. A Mir. LE ER ilazs. +7,24 68m. + 5,6] + 6,81 midi.....27. 7,20|à 8 s........ 27. 3,40|2 a7+s. + 90/1978. + 43] + 6181 92Ss......27. Fe ee Er 2e 045 sé Le \ midi + 68/à1oïs. + 4,7| + 6,6] 10 :s.....27.10,35|à 8 m...... 27. 5,00|27. 8,52 jus. + 6,6[18%m. + 5,2] + 6,44 midi .…...27.10,35/à 10 s......27. 0,68|27.10,35 hmadi æ+io,5fàg£s. + 8,1] +ro,fà midi...... 27. 9,60[à 3s......: 27. 9,r0|27. db à24s. + 9,2/à10%s. + 6,1] + 8,5 9m 27. 8,27 245 -.27. 7190|27. 7,80 ss midi + 78/1 6£m. + 4,9| + 7414 £ m....27. 7,27la 9 s........ 27. 4,63| 27. 6.85, àmidi + 7,3 0$s. + 56] + 7, 9 S'RASE 27. 4,28|a60+m..... 27. 3,55}27 3,58 à midi + 6,3 Num. + 2,8] + 6.10 5..:...27. 7,25]à GMm...... 27. 6,01|27 6,50 vimidi + 5ofhtgm. + 26] + 5, h17 m...... 27. 7,50là 3+5s...... 27. 5,57|27. 6,55 à g£m.b+ 80/19. + 5,5] + 7, os... 27-08 AO|AIO See ce 27. 6,55|27. 7,28 à midi + 8ofi8£m. + 50! + 8,ch1 3 25...... 27.10,09|à 8 + m 27. 7.52]27. 8,25 os. Hiroli 8m. + 96| +10, Rigm....... 27.18 32là 925. .2... 27. 7,93|27. 7,75 à mudi 11.4 à 1oÏs. + ü, ira 10:5S..... 270242 IS-E ee. 27. 9,25]27. 0,28 h midi + 7,69s + 4] + 7 i9s.. 28. 1,72|à 65 m 27.10,50|27.11,70 àgës. + Bgli51m. + 48] + 6,1 OM et 28. I,30|4 9 3 s...... 26. 0,45/28. 0,87 kouidi + 7.4fà 6£m. + 49! + 7,4/145s....:.. 27-11,59[26%S...... 27.11,02|27.11,20 bomidi + 7,2fà 7 Lan, + 0, |] + 7241 9s........ 27 .10,60|à 7 4 m.....27 99627. 10,10 Reset A lin. . El Ro AO ne ete ee ANS 27.09 33[42% S.4.... 27- 793127. 8,50 où 5s +65 8m. + 3c| + 6:10 s.....27.r0, 85la midi...... 27. 6,50|27. 6,50 àros. +Hio,)là 8m. + 5,2] + 8, fi ros...... 27.11,77|à midi...... 27.10,25| 27.10,25 à uudi ++125à 10s. + 96| +125 LOT Eee. 28. 4,01[1 6 m.......20. 1,65|28. 2,54 àtos. —+Hro,olà 8 im. Bel + 8:14 s...... 27.11,55|à6+s...... 27.11,00|27.11,20 Aro + o)là32s: —r0.6| +10,5l1108...... 28. 6,25|a 8 m...... 26. 4,40|28. 4,75 jamdi + 03là9s + 7.0] + 9% NOR EUTe 28. 6,201 10 # 5....260. 4,20|28. 5,30 atmidi + 84l1os. + 6,2] + 82 9 m...... 28: 4,760[à 8 me:.i. 28. 4,55|28. 4,72 midi + Bolhg£s. + 2,2] + 6,cfà ü m.…..... 28. 400f925....:. 28. 2,92|28. 3,82]. àmidi + 7olà 8m + 4,9| + 7of144m....28. 1,561 9%s...... 27.11,66|20. 1'‘50 ïros. + 6,3/à8m. + 39| + 4i OM Ee---27PM0,00 |A MONS-- ve eh 8,70|27: 902 dE Se 1 48; la 4 Em. 2 4 4) 4 7 IP 9 Se. 27.10,70|à 4% m..... 9:44127.10,00 hmidi. + 76là1os. + 4,7| + 7,01 10 s....... 28.3,4017 51 ARR à 0,10|20. 1,45}: RECAPITULATION. Plus grande élévation du mercure...28.6,95, le 24à 10 s Moindre élévation du mercure..... 27.0,25 , le 2 à 7h. m. Élévation moycnne...... 27.9.25 Plus grand degré de chaleur..... +5 2°.5 le 22 à midi. Moindre degré de chaleur....... + 2,2,le 27. Chaleur moyenne........ + 73 Nombre de jours beaux..... TO: Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"03019 — 1 pouce 5 lignes, 4 dixièmes. H, Le 21 Décembre Thermomètre des caves....9°,640, division de Réaumur. { A I’'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS; DÉCEMBRE 1806. VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. S|Hrc. POINTS - , L d VENTS. | À 5 LUNAIRES. # à midi. LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. k r| 92,0|S-O. Ciel couvert. Pluie par instant. |Pluie très-forte. H 2] 94,0[S-O.N-O. {p.çà10b.5#s.| Violente Tempête. Pluie ‘abondante. Ton. et éclairs. 3| 83:°[0-N-0. Fa Tempête. Ciel, couv. par inst. Pluie par inst, 4] 92,0[0-SO. Ciel couvert. Pluie fine parinst. |Ciel très-couv. 5[100,0|S-0: Couv. etbrum. | Ciel couvert. di Beaucoup d’éclairs, 6l Idem |S.S20, Quelques éclaircis. |Baucoup d’éclaircis.|Ciel couv. $ 7| 80,0[S.:S-0. Idem. = Ciel nuageux. Ciel à demi-couv. 8| 93,o|S. S-E. Pluie fine ; Ciel très-c. Ciel couvert. Ciel très-couvert. gl 92,0/S-0. Ciel nuageux. Ciel assez beau. Idem. ro] 95,olS. S-0. x.1.à2434/m.| Ciel très-nuag. Pluie fine. Pluie continuelle. r1/100,0[0. S-O Pluie dans la n.; ciel couv.| Temps humide. ; ciel couv, Beau par inst. 12] 91,0[O. S-O. Pluie abondante. [Ciel assez beau. Ciel trouble et nuag. |h 13] 90,0/S. S-O. Temp. toute la nuit. [Ciel couv. Pl:par inst. ; t, voilé.|h 14] 73,018. fort. Idem. Cieltrouble; nuage tr.-éleve. | Beau ciel. Î 15] 90,0|S.-0. fort. |, Apogée. | Beau ciel. Pluie. s Beau ciel par interv.\l 16| 93,0[S.S-0. fort Ciel couvert. Ciel très-couv. Temps pluy. etcouv. Ë 17| 92,0|S. fort. Equin. asc. | Quelques éclaircis. Assez beau ciel. Beau ciel. 18| 93,0|S. ».Q. à 4% 40’ m.| Beau ciel. Ciel couvert: Ciel couvert. 19] 73,0|S. Quelques nuages. Ciel nuageux. Ciel très-couv. 20] 97,0[S. S-O. f. Nuages clairs et élev.| Pluie tonte la mat.; temp.| Assez beau ciel ce s, 21|101,0 S.S-O. tr.f. €. couv. ; pluie. Pluie abond. Cie] couy. 22]100,0|0. S-0. C. c.; pl. dans la n: Giel couvert. Ciel très-nuag. b3| 92,0|S. fort. Ciel beau par inst. Ciel voilé, assez b. par inst. Ciel b. mais un peu v.|Ë 41100,0|S-0. Ciel couvert. Ciel couvert. uelques éclaircis. |Ë 25| 97,o[S. S-O. ».1.à 349 m. | Ciel c.; tems bum.etbrum.| Ciel très-couvert. … |Ciel couv. 6| 80,0[0.N-O-N. | Ciel couvert. Ciel nuageux et voilé.| Idem. 7| 79,0 |0. fort. L. Périgé. | Ciel à demi-couv. |Ciel nuageux. Ciel nuageux. 28| 93,0{S. foible. Ciel couvert, Couvert. Couv. ct brumeux. 29| 91,0|S. fort. Ciel c. ; tems hum, etbrum, | Ciel couvert, üelques éclaircis. 3o| 98,0[S.S-0, Ciel couvert. Covert. Couv. par inst. 1/100,0[S.-0. Ciel nuageux. = [Brouill. ; ciel couv. ;\per. pL|Couy. et brum. RÉCAPITULATION. de couverts...... 13 de pluie........., 13 de?Vent:.2.1:t EST de gelée... D ©) de tonnerre....., ? de brouillard. .... 3 5 de neige.....--1-Woln|l I o o NEA De si À IN EH SR EE SEE R DRE RENE F1 « : Jours dont le vent a soufflé du SR CE : : out FPE PT OS ASE . 20 (CO) STE ARTREE] 7 NEO RES ses 3 . ota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’atmosphère , on a divisé le jour en trois parties : la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin ; la wsconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au miauit suivant, 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. T-A.B+E + DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. … Discours préliminaire ,; par J.-C. Delamétherie. Pag. 5 De l'Histoire naturelle. 8 De la Physiologie animale. 11 De la Botanique. 18 De la Minéralogie. 23 De la Classification des substances minérales. 43 Des Pierres pseudo-volcaniques. . 46 Des Météorolites. 47 De la Cristallographie. 48 . De la Geologie. 52 De la formation des Vallées. ib, Des Volcans. 60 Des Fossiles. ‘6x De la Geographie. $ 68 De la Physique. 69 De l’Electricité.' 75 Du Galvanisme. | 077 Du Magnetisme. . 8x De la’ Météorologie. 82 Des Méréorolites. a 11 83 De la Chimie. jrs De la chimie des Minéraux. | .o4b: De la: chimie des Mégétauæ: | 1092 De la chimie des Animaux. ._. 106 : De l'Agriculture. l xro Des. Arts. . 112 1b. : Nouvelles Littéraires. : -.- “'ableaux météorologiques de Novembre et Décembre. 116 :TOURNAL D Ex PE V SE OU LE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. FÉVRIER.AN 1807 D Èr MEM OIRE SUR DEUX NOUVELLES CLASSES DE CONDUCTEURS GALVANIQUES; Pair M. ERMAN. (Ce Mémoire a été couronné à l’Institut national de France.) Re —— : * LA faculté de propager ou d'isoler les effets électriqués, . présentée dans des degrés si différens et même si va par les diverses substances; mérite éminemment notre. tion , parce que le moment est venu de fapprocher € + faculté de la constitution chimique des corps , pour es de statuer enfin quelque chosé sur la nature intime du.flt - électrique. Les anomalies de la’ faculté conductrice’ së noncent si fortèment dans l'électricité galvanique, qui ” ont fourni des argumens à céux qui ont prétend rapporter u Tome LXIV. FÉVRIER an 1807 Q ..* 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les phénomènes de cette classe à un principe essentiellemen® différent de l'électricité. L'examen auquel j'ai soumis un grand nombre de sub- stances , relativement aux phénomènes, qu'elles présentent lorsqu'on les emploie à fermer le cerele galvanique d'un pôle à l'autre de la pile, m’a fourni des réponses à quelques- uns de ces argumens ;, mais j'en ai obtenu un résultat beau- coûp plus précieux, puisque, par des faits authentiques, je: me suis convaincu que dans ce genre d'effets toutes les com- binaisons possibles se trouvent réalisées ; car une substance- quelconque étant appliquée aux deux pôles de la pile, il arrive effectivement de cinq choses l’une : 1°. Ou bien cette substance n’agissant séparément sur aucun: des deux pôles, les laisse aussi dans l'isolement parfait lors- qu’on tente de les mettre en conflit par son intermède. Il résulte de cette isolation parfaite, que le cercle galvanique n'est point fermé, .et qu'à chaque pèle la tension électrique: demeure à son maximum naturel, sans qu’on puisse la mo- difier par l'intervention de la substance employée. Zsolateurs: parfaits : (le verre froid, les huiles et les résines dans tout mode d’agrégation; l’eau solide et l’eau en vapeurs, etc., etc. ): 2°, Ou bien les deux pôles exercent, par l'intermède de la substance appliquée, une réaction réciproque si intime que , se neutralisant parfaitement , tout phénomène particulier à. chacun cesse, chemént qu'il est impossible d'agir d'une ma- nière appréciable et distincte sur aucun d'eux. Conducteurs: parfaits. (Les métaux sans exception el tous au méme degré, autant du moins que nous le savons) ; car il est bon d’observer que ce n’est encore que par induction que nous attribuons. cette propriété à tous ceux d'éntre eux dont les régules n’ont pas été soumis à l'expérience directe : il demeure possible en soi que tel métal ait, relativement à l'électricité galvanique, certaines propriétés exclusives, analogues peut-être aux rapports- du fer avec le magnétisme. Cette seule possibilité et l’extrême importance de la découverte qui la réaliseroit, exige une suite ewecherches dont le peu de probabilité du succès ne sauroit nous, dispenser. a” 05° Ou.bien la substance appliquée aux deux pêles permet eur réaction réciproque et ferme le cercle galvanique , mais. une-manière si imparfaite, que l’eflet distinct de chaque pôle oflinuera de se manifester et qu'il sera possible, par l'in- = ïermède de la substance appliquée , d’influer séparèment: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 123 ‘sur chaque pôle, selon que l’on agit sur l’une ou l’autre des extrémités du conducteur imparfait. Cette propriété, que j'ai démontrée dans les conducteurs humides et dans l’eau liquide elle-même, est d'autant plus importante à étudier, qu'elle se rattache aux phénomènes chimiques et physiologiques. En effet (le seul cas des étincelles excepté), il ct a de décomposi- tion que dans le sein des conducteurs de cette classe, et toutes Îles parties des corps organisés , que l'électricité gal- vanique peut modifier , y appartiennent également. 4°. Ou bien Île corps donné agissant comme un conducteur parfait, lorsqu'on lapplique séparément à chacun des deux pôles, se trouve néanmoins appartenir exclusivement au pôle ositif, aussitôt qu’on l’applique à tous les deux à la fois dans a vue de fermer le cercle galvanique. Les conducteurs de cette classe n’opèrent point la clôture, vu l'isolement où ils laissent l'effet négatif, et par leur intermède on ne peut, dans le conflit des deux pôles, ni charger le positif, ni décharger le négatif. 5°. Ou bien, enfin, l'effet indiqué précédemment (n° 4) se reproduit le même, maïs en sens inverse, c’est-à-dire que la substance qui séparément agit sur chaque pôle comme pourroït faire un conducteur parfait, appartient en entier au pôle négatif dès qu’on l’applique simultanément aux deux extrémités de la pile : de la résulte le maximum de tension électrique pour le pôle positif, et l'impossibilité de produire aucune divergence au côté négatif par l’intermède des sub- stances de cette cinquième classe. | Les phénomènes qui appartiennent aux deux premières classes sont trop anciennement connus pour réveiller l'in térêt, quoiqu’ils offrent néanmoins un grand nombre de dé- tails précieux. Je supposerai ceux de la troisième classe éga- lement connus, parce qu'ils ont été reçus avec quelqueintéré: lors de leur publication , et je me bornerai par conséquent à Vexposé des faits qui démontrent l'existence des conducteurs de la quatrième et einquième classe. Ces faits joignent à l'avantage de là nouveauté, celui d'offrir des problèmes inté- ressans à résoudre , et des vues nouvelles à suivre dans les recherches galvaniques. | . Avant de passer à l'énumération des faits nouveaux que j'ai a présenter, j’observerai que les phénomènes dont il s'agit ne se prononcent avec netteté et dans tout leur enchaînement, qu’autant qu’on les étudie avec le seul secours de l’électromètre Q 2 p2# JOURNALESDETPHYSIQUE,)DE CHIMIE appliqué immédiatement: aux déux-pêles, et. sans être réduit à recourir au condensateur, dont le servicetoujours interrompu, et le langage souvent équivoque, quelquefois méme trompeur, entravent la marche de l'observation, etine permettent jamais d'embrasser d'un coup d'œil tout l’ensemble des changemens qui caractérisent chaque état de la pile. On sentira que dans les expériences délicates que je viens, de rapporter, le nombre des observations simultanées qu il s’agit de faire ,rendroit l'usage du condensateur infiniment incommode ; et si l’on songe aux modificationstque produit nécessairement à, chaque pôle l’aug- mentation de capacité électrique qui résulte de lapplication même du condensateur, on concevra pourquoi je lui donne ici l'exclusion. Des électromètres à feuilles d’or, immédiate- ment appliqués aux pôles, et. aux corps mis en expérience, sont.exempts dé tous.ces inconvéniens,, et pour peu qu'ils soient sensibles, ils indiquent avec une fidélité et une prompti- tude extrèmes la marche et le degré des modifications les plus compliquées que la pile éprouve. Une autre condition essen- tielle du succès dans ces recherches, c’est l'isolementile plus parfait de la pile et de toutes les parties des appareils. Je, nai rien trouvé de mieux pour isoler la pile, que de létabbr au centre d'un grand disque de résine que l’on a soin de ne rendre électrophorique par aucun frottement accidentel: quant aux autres parbiés des appareils, on ne doit jamais se fier à l'iso- lation du verre seul; et pour appliquer aux surfaces les enduits résineux ; la voie sèche est infinument prélérable ‘à la: voie humide. Enfin il convient avant de commencer les expériences, et-durant leur'cours., d'éprouver, par des moyens qu'il est Fa- cilé d’imaginer.et de varier, 151. toutes les parties des appareils isoleit complètement les effets électriques , et il est surtout important d'étendre cette surveillance aux électromètres, pour s'assurer si, le corps yitreux de ces instrumens, qu'on ne sauroit munir d'une. surface résineuse, se maintient avec. constance dans un, état parfaitement isolant. Je sais, par expérience qüe souyent. la marche des observations se confond, parce que. la surface de: l'électromètre est imperceptiblement, devenue con- ‘ductrice.. On remédie à cet inconyénient en séchant l'instru- ment et non point en l’épuisant, de peur de tomber dans un ‘inconvénient, pire encore ;. en communiquant au verre une: «charge. électrique. , F 15 ' . ? LI ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 TL Des Conducteurs qui, dans le conflit des deux pôles, ISOLENT. L'EFFET NÉGATIF, landis qu'ils continuent DE rro- PAGER L'ÉLECTRICITÉ POSITIVE. Lorsqu'on applique séparément à chacun des pôles de la pile la flamme d’une lampe d'esprit de vin, elle agit comme un conducteur parfait; mais appliquée simultanément à tous les deux poles, elle. isole totalement l'effet négatif, tandis qu'elle continue de conduire avec la même énergie l’électri- cité positive, et'conséquemment à cette isolation partielle la clôture du. cercle électrique n'a point lieu. La faculté de conduire le fluide de la pile, tant contestée à la flamme, est mise hors de doute par les faits suivans : A l'un quelconque des pôles d'une pile bien isolée de cent couples plus ou moins, l’on applique un électromètre à feuilles d’or très-sensible, qui bientôt aura pris le degré de divergence qui correspond à l'énergie de la pile, et à l'isolation plus ou moins. parfaite du pôle opposé par l'air ambiant. Dès que l'instrument sera stationnaire dans sa divergence, on présente au, fil métallique du pôle opposé , la flamme d’une lampe à esprit de vin parfaitement isolé : l’électromètre n’augmentera point sa divergence; mais au moment où l’on mettra la flamme de l'esprit de vin en communication avec le sol, en y intro- duisant un fil métallique non isolé, l'électromètre prendra une «divergence aussi forte que si l’on eùt mis le pôle opposé:en communication avec le sol, à l'aide d’un conducteur imetallique non interrompu. Cet eflet est le même au pôle négauf et au pôle positif, circonstance que la suite rendra importante. On peut donc par lintermède de la flimme de l'esprit de vin communiquer de l'électricité à chacun des deux pôles de la pile. On peut de Ja même manière l'enlever radicalement à chacun d'eux. Que chaque ple communique avec: un élec- tromètre à l'aide d’un fil métallique. Si une flamme isolée touche l'un que conque de ces fils, l’électromètre auquel il correspond. ne perd rien de sa divergence, mais elle lui est . entièrement enlev e à l'instant mème où on met cette flamme en communication directe avec le sol. On ,apperçoit d’un coup-d œil ces deux effets réunis, en préparant deux flammes parfaitement isolées, et en conduisant dans chacune un des fils métalliques partant des extrémités 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la pile. Si l’isolation est parfaite dans tous les points, les électromètres appliqués aux deux pôles indiqneront, après quelques instans, le même état de divergence que si les pôles n'étoient point en contact avec la flamme. Si maintenant l’on met l’une des flammes en communication avec le sol, l'élec- tromètre de ce pôle perd aussitôt toute sa divergence , et elle passe au maximum dans l’électromètre du pôle opposé. Le contact alternatif des deux flammes produit donc le même effet que si l’on eùt touché immédiatement les extrémités de la pile elle-même. Enfin, pour s'assurer pleinement que la flamme est un conducteur excellent pour tous les eflets de la pile qui ne se rapportent us à la clôture du cercle, il convient d’ob- server encore les faits suivans : On courbe la tige métallique qui surmonte un électromètre, de façon que la pointe en vienne aboutir dans une flamme isolée. On conduit dans cette même flamme un fil métallique venant de l'un des pôles. Si maintenant on touche le pôle opposé, l’électromètre recevra à travers la flamme le maximum de la divergence relative à ce cas. Si l’on touche ensuite l'élec- tromètre lui-même , le pôle auquel il communique par l'inter- mède de la flamme, est déchargé par là. Enfin, en touchant la flamme, on décharge d’un coup et l’électromètre de ce pôle et l’électromètre qui plonge dans la flamme. Ces faits prouvent avec la dernière évidence , que la flamme st bien éloignée d'isoler les effets électriques de la pile dans les cas indiqués; ils démontrent que, relativement à ces cas, il n'y a certainement pas lieu d’admettre un fluide galvanique que la flamme isoleroit, par opposition au fluide électrique auquel elle sert de conducteur. Il se présente néanmoins dans le fait suivant une première anomalie qui nous montre que la puissance conductrice de la flamme, quelque parfaite qu'elle nous ait paru dans les expériences précédentes , est néanmoins bien inférieure à celle des métaux, lorsque ces deux genres de conducteurs agissent en sens opposé. Soit l’un quelconque des pôles lié avec un électromètre par un fil métallique : une flamme non isolée mise en contact avec ce fil enlèvera, ainsi que nous l'avons vu, toute divergence communiquée antérieurement à l’élec- tromètre par le contact passager du pôle opposé. Mais si l’on a mis ce pôle opposé en communication métallique perma- “rente avec le sol, l'électromètre arrivera au maximum de sa ET D'HISTOIRE NATURELLE 127 divergence , et y demeurera invariable sans aucun déchet quoique la flamme non isolée continue de toucher le fil mé- tallique par lequel l'électromètre communique à la pile. Il est à remarquer que cet eflet est précisément le même aux deux pôles. Or, combien seroit différente l’action d'un conducteur métallique, si dans cette expérience on le substituoit à la flamme. On sait que l’application du métal non isolé empècheroit toute tension électrique produisant la divergence ; on sait aussi que l'application d’un conducteur humide la diminueroit du moins extrêmement , si même il ne la réduisoit pas abso- lument à zéro. La flamme qui jusqu’à présent s’étoit annoncée comme un excellent conducteur, ne produit donc point ici l'effet que l’on auroit eu droit d'en attendre. Mais cette première anomalie n’est rien au prix de celle que la flamme nous présente quand on l’applique simultané- ment aux deux pôles , dans l’intention de fermer par son inter- mède le cercle galvanique. Voici les faits qui prouvent que dans ce cas elle appartient en entier au pôle positif et isole absolument tous les elets négatifs, ce qui m'a déterminé à la placer dans une classe séparée, Chaque pôle de la pile bien isolée , et forte environ de gent cinquante couples Se et zinc , est lié à un élec- tromètre sensible : outre cela, il part de chaque pôle un fil métallique supporté par une tige parfaitement isolante ; les extrémités des deux fils se rapprochent tellement l’une de l'autre, qu'une mème flamme puisse les embrasser. Sur un support isolant on place une lampe à esprit de vin; enfin Yexpérience commence au moment où l’on met les deux fils métalliques en communication avec la flamme, T'ant que celle- ci demeure isolée, les électromètres des deux pôles divergeront à peu près comme si les deux fils polaires étoient parfaitement isolés; et ce ne sera qu'au bout d'un certain temps que l’élec- tromètre du négatif offrira une divergence un peu plus forte que le positif, mais du reste tout semblera annoncer une iso- lation absolue ; car en mettant l'un quelconque des pôles en communication avec le sol, son électromètre perdra toute sa divergence, et celui du pôle opposé arrivera au maximum ; et en touchant simultanément les deux pôles, on recevra une commotion aussi forte que siles deux pôles étoient isolés par une couche d'air. Il paroït que jusqu'à présent on s’en étoit tenu à cette seule expérience, pour aflirmer que la flamme isole tous les effets galvaniques ;. mais les faits suivans prou- 125$ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vent que cette isolation n'est que partielle, et que par le pôle ‘ po:ilif la flamme continue d’être un condueteur excellent. Tout demeurant comme dans l'expérience précédente, on met le support de la flamme en communication avec la Hamme, ou, ce qui est plus simple, on touche la flamme elle-même avec une baguette de métal non isolé. Aussitôt toute la di- vérgence passe au pôle népatif, et le positif est absolument déchargé. Si l'on a donné précédemment à l'électromètrernégatif la plus forte’ divergence possible , en touchant le pûle opposé, jamais Papphcation d'un bon conducteur à la flamme, n’enlë- vera la moindre partie de cette divergence négative ; tandis que cette même applivation détruit en un instant tout vestige de divergence donnée anlérieurement au pile positif, et la trans=" orte au Côté négafif dans le plus fort degré possible. Quelqu'étendue que l’on donne à la flimme et à quelque proximilé du fil négatif qu’on la touche, 1l demeure constam- ment impossible d'agir pair son intermède sur le côte négatif, pour lui enlever sa divergence. La flamme apparuent doic en totalité au pôle positif, puisqu’en la touchant on décharge celui-ci immédiatement , ét lon amène méciatement le pôle négaUË au maximum: de sa divergence. On trouvé la confirmation de cette propriété paradoxale dans les expériences suivantes : Les deux fils polaires étant réunis dans la méime flamme isolée, on plonge dins cette flamme le crochet d'un électromètre sensible , il y prendra une foible. divergence positive, si les deux p les ne sont pas arrivés .préa- lablement à leur équilibre de tension. Mais cette divergence positive atteint son 7zaximum au moment où l’on met le pôle négatif en communication avec le sol. &8i l’on touche ensuite le pôle positif, l'électromètre plongé dans la flamme perd à l'instant toute sa divergence. Enfin si l'ôn met le flamme elle-mème en communication avec le sol, on décharge en même temps et l'électromètre qui y est plongé, et celui qui est appliqué au pôle positif, tandis que celui du côté né- atif atteint son plus haut degré de divergence, Ces effets s'expliquent parfaitement dès que l'on sait que le pôle né- gauf est isolé dans la flamme, tandis que le posiuf est en état de conduction continue avec elle; car dans cet état de choses si l’on décharge le pôle négatif par un attouchement, la flamme et l'électromètre qui y est plongé, participent à l'excédant de tension électrique qui en résulte par le pôle posiliË. Si au contraire on met le côté positif on bien la flamme elle- x ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 elle-même en communication avec le sol, leffet qui en résulte au négatif ne peut point se propager à travers la flamme, et il doit s'établir une divergence négative que le contact de la flamme ne peut ni détruire, ni diminuer. Ce qui rend cet isolement absolu du négatif au sein d'une substance conductrice encore bien plus paradoxal, c’est l’éton- nante intimité des rapports que la flamme soutiént avec l'élec- tricité positive. En eflet, pour enlever à ce pôle la divergence qu'on lui a donnée précédemment, il n'est pas nécessaire de toucher immédiatement la flamme, il suflit de présenter au- dessus d’elle à la distance d’un pied et demi, et méme de deux pieds, un conducteur métallique en communication avec - le sol , l’électromètre positif arrive aussilôt à zéro , et celui du négatif passe au #2aximum de tension électrique. Pareille- ment aussi un électromètre, dont on tient le crochet à une égale distance au-dessus de la flamme où se trouvent réunis les deux fils polaires d'une pile énergique , se charge très- promptement d'électricité positive, lorsqu'on met le cûté né- gatif en communication avec le sol, et se décharge aussitôt qu'on touche ou la flamme ou le pôle positif dont elle pro- page si éminemment l'effet. Au reste, cette action de la flamme ne s'étend pas à beaucoup près avec autant d'énergie dans une direction latérale : dans ce sens l'effet est borné à quelques pouces de distance. Toutes les indications électrométriques que nous venons de rapporter, annoncent que le cercle galvanique n’est point ‘fermé par l'intermède de la flamme, et l'expérience apprit de bonne heure que la décomposition de l'eau n'avoit point lieu, et que les effets physiologiques de la pile ne se manifestoient point lorsque l'arc excitateur étoit interrompu par l'interposi- tion de la flamme. En réfléchissant néanmoins sur la faculté qu'a la flamme de conduire l'électricité de chaque pôle sé- parément, et de n'isoler dans le conflit que l'effet négatif, il me parut possible, à toute rigueur, d'obtenir momentanément quelques effets physiologiques, en déchargeant à la fois dans le sol les deux pôles unis par la flamme, et en plaçant sur la route de cette décharge des organes très-irritables. Après plusieurs tentatives infructueuses, j'arrivai à la combinaison suivante, dont le succès ne m'a jamais manqué depuis , et qui est peut-être une donnée intéressante pour la théorie générale de la charge électrique. E Soit une pile énergique parfaitement isolée , et ses deux Tome LXIV, FÉVRIER 1807. R A 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE flammes réunies dans une flamme également bien isolée. On prépare avec le plus de prompiitude possible les extrémités inférieures d’une grenouille, tellement que les nerfs ischiati- ques soient dégagés des chairs et de la colonne vertebrale dont on supprime la portion lombaire ; on place les muscles sur le pôle négatif de la pile, les nerfs pendent librement ; puis saisissant par son manche parfaitement isolant un arc excita- teur métallique, on en applique une extrémité à la flamme et l’autre aux nerfs. On n'obtiendra point de contractions; ou si par hasard il s'en produit quelques vestiges, comme cela m'est effectivement arrivé , mais très-rarement , ce cas doit être regardé comme une exception produite ou par le défaut d'isolation du manche, ou par une irritation purement mé- canique des nerfs excessivement susceptibles, ou enfin par l’action des atmosphères des pôles ; car j'ai trouvé, dans une autre suite d'expériences, que tout pôle chargé par le, contact du pôle opposé, devient le centre d'une sphère d'activité, dans laquelle sans contact, et uniquement par le mécanisme des influences électriques, la capacité des corps est puissam- ment modifiée. Je suis tenté d'expliquer, par cette dernière propriété, les étincelles que des observateurs dignes de foi rétendent avoir obtenues par le contact d’un seul pôle, lorsque fa pile forte d'un millier de couples avoit une énergie extrême, “et je conçois que les contractions qui se produisent quelquefois dans le cas dont il s'agit ici,, résultent de la foible électrisa- tion positive que le pôle négatif produit par son influence sur l’arc excitateur, tellement que l'équilibre se rétablit alors non entre le pèle positif et le négatif (la flamme y oppose une ‘barrière insurmontable), mais entre le pôle négatif et la partie ‘antérieure de l’arc isolé devenue positive par influence. On conçoit que l'effet de cette restitution d'équilibre doit avoir une intensité infiniment foible, et que pour produire les plus foibles contractions, elle suppose un rare degré d'incitabilité. Quoi quil en soit, et pour éviter ici tout vice de subreption, s'il arrivoit que le contact du conducteur isolé, qui aboutit d’une part à la flamme et de l’autre aux nerfs, produisit une contraction dans la période de l'irritabilité la plus exaltée, il faut laisser passer quelques instans, répéter de temps en temps l'application de l’excitateur isolé, et infailliblement le moment arrivera bientôt où cette application ne produira plus aucun effet, et c'est proprement alors que l'expérience est censée commençer. En .ellet,, lorsque l'excitateur .éso/é ne produit ï ET D'HISTOIRE NATURELLE, 131 aucun effet physiologique, il suflit de le mettre en communi- cation avec le sol, en le touchant du doigt, ou en le saisissant à pleine main sans le manche isolant, pour obtenir les con- tractions les plus énergiques chaque fois que l’on ferme ainsi le cercle depuis la flamme jusqu'aux nerfs. On s'assure de l'influence qu’exerce ici lé sol, en fermant altérnativement le cercle par l'arc isolé et par l'arc non isolé. Si l’on met entre chaque application comparative un certain intervalle, celles avec isolation ne donneront jamais d'effet, et celles non isolées produiront constamment des contractions. J’observe néanmoins que ce genre d’excitation galvanique, par l'intervention de la flamme et du sol, exige de la part du sujet un degré d'inci- tabilité beaucoup plus grand que la méthode ordinaire de fermer le cercle immédiatement de pôleà pôle, car les muscles de l'animal obéissent encore à cette dernière long-temps après qu'ils ont cessé de se contracter par l’application du conduc- teur non isolé à la flamme. Au reste, il va sans dire que si la préparation anatomique est placée sur le pôle posiuif, et qu'on ferme alors le cercle depuis la flamme jusqu'aux nerfs, on n’obtiendra absolument aucun effet, soit qu'on isole l’are, soit qu’on ne l'isole poire car la flamme appartenant en entier au positif, il est palpable qu’elle ne peut donner des contrac- tions avec le pôle du même nom. L'explication de ce fait me paroît résulter assez naturelle ment de ce qui a été dit jusqu'ici. La flamme isole tout effet négatif et par conséquent elle ne sauroit fermer le cercle gal- vanique. Mais dans l'application de l'arc 72607 isolé entre la flamme et les nerfs, c'est proprement le sol qui sert de chaînon intermédiaire, et la raison peut distinguer trois effets distincts dans un seul instant indivisible. Le premier est de charger au maximum le pôle négatif aux dépens du sol; le second est de reverser tout l'excédant dans le sol; par-là le positif arri- veroit au #axæimum de tension, n'étoit le défaut d'isolation : de ce défaut résulte comme troisième effet la décharge momen- tanée des deux pôles dans le sol. On conçoit que des organes très-irritables servant de véhicule à ce procédé de diflérentiation et d'intégration instantanée, éprouveront l'espèce de secousse qui accompagne les promptes restitutions de l'équilibre élec- trique. Si mon objet étoit dans ce moment de développer une théorie de la charge électrique, je ne me contenterois pas sans doute des germes d'idées que je jette ici, et que je crois féconds. Mais on conçoit aussi que ce genre d'excitation à R 2 F 132 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE laquelle tout le sol concourt , exige un degré d'irritabilité beaucoup plus grand que ceux où l'équilibre se rétablit immédia- tement d’un pôle à l’autre. J'ignore au reste si l'impossibilité d'obtenir des décompositions chimiques, par l'intervention de la flamme, tient à cette dernière circonstance : j'ignore même encore si cette impossibilité est absolue; tout ce que je sais, c'est que je n'ai produit aucun eflet pareil, malgré les nom- breuses combinaisons que j'ai mises en œuvre pour y parvenir. Quand on songe au pouvoir isolant que l’on avoit si catégo- riquement attribué à la flamme, l'observation suivante acquiert de l'intérêt Pour produire les contractions dont nous venons de parler, il n’est pas besoin que l'arc excitateur non isolé touche immédiatement la flamme , on peut le tenir à plu sieurs pouces au-dessusgd'elle. J'ai quelquefois réussi à produire les excirations dont il s’agit, en tenant le bout de l'arc exci- tateur non lisolé, à un pied et demi au-dessus de la flamme, surtout lorsque je prenois la précaution d'armer cette extré- mité de l’arc d'un disque métallique de quelques pouces de diamètre , afin de le mettre par-là dans un contact plus intime avec l'air chaud émanant de la flamme et servant de conducteur, à l'électricité positive. Je ne ferai qu'indiquer ici une autre observation que j'ai: répétée plusieurs fois, mais dont je n'ai pas encore à beaucoup prés assez étudié les détails. Lorsque l’arc excitateur mis en contact avec le sol, vient de produire une contraction par le contact simultanée de la flamme et des nerfs , il conserve cette propriété durant vingt secondes environ, sans qu'il soit besoin de le tenir isolé pendant ce temps. Dans cet état il produit une nouvelle contraction en touchant les nerfs seuls, et sans qu'il soit nécessaire que l’autre extrémité touche à la flamme. Cette observation n’a rien de neuf, on connoit beaucoup de faits analogues. Ce qui lui donne quelque intérét, c'est la Faci- lité de varier les combinaisons de recherche dans le cas pré- sent; mais ce qui ma décidé à en faire mention , c’est que le succès des expériences où l’on emploie tantôt l'arc isolé, tantôt l'arc non isolé, dépend de cette circonstance , et c'est par cetieraison qu’en décrivant ces expériences, J'ai dû insister surla nécessité de laisser écouler un certain temps entre chacune de ces applications comparatives. Les faits dont je viens d’articuler les détails, prouvent dé- monstrativement que la flamme de l'esprit de vin est un con- ducteur excellent pour chaque pôle de la pile, mais que dans ET D HILSUT O\LR-CS NAANTAULR Ê E L,Ee 153 le conflit des deux pôles elle isole complètement le côté négatif, tandis qu’elle continue d'être éminemment conductrice pour l'effet positif. Mais le problème ramené à cette expression est bien loin encore de sa solution : il s’agit maintenant de savoir à quel mécanisme d'action tient cette singulière propriété. Ce seroit sans doute une témérité que de statuer quelque chose sur des faits si nouveaux et qui sortent si fort de toutes les analogies connues. Je ne ferai donc mention de l'hypothèse suivante qu'à cause des faits intéressans dont j'ai obtenu la connoissance, en la prenant pour texte de mes recherches ultérieures, J'ai cru long-temps que la tension électrique qui se mani. feste exclusivement au pôle négatif par l'intervention de la flamme, pourroit tenir aux deux propriétés opposées qu'on lui assigne , et qu'on y distingue en eflet dans certains phé= nomènes de l’électrisation vulgaire. On se croit également fondé à dire que la flamme dissipe et détruit toute électri- sation (comme, par exemple, lorsqu'on lui présente des carreaux de verre ou de résine que l’on veut désélectriser), et que dans d’autres cas elle collige et rassemble l'électricité (comme lorsqu'on l’applique au sommet des pointes électro- métriques destinées à des observations de météorologie). Je pensai donc qu'il se passoit ici quelque chose d'analogue , mais que l'effet dispersif l'emportant de beaucoup sur l’autre, le pôle positif se trouvoit constamment déchargé par la dissi= pation du fluide en excès , tandis que par-là même le côté négatif se trouvyoit toujours au #74ximum de tension, ou que sa charge paroït résulter d’un défaut de fluide ; mais une analyse plus exacte des phénomènes, et le détail ultérieur des faits qui se présentèrent, me convainquirent de la fausseté de cette hypothèse; car si c'étoit par une simple dissipation du fluide électrique que la flamme détruit la tension au pôle positif, et la porte à son maximum au côté opposé, il seroit parfaitement indifférent que la flamme fût isolée où non. Or nous avons vu quappliquée au pôle positif elle ne modifie en rien son état électrique ni celui du pôle opposé, à moins qu'on ne la mette en communication avec le sol. Ce n’est donc pas par une dissipation pure et simple que sont produits les effets qui caractérisent l'application de la flamme aux deux pôles. D'ailleurs, nous allons voir que des substances solides produisent des phénomènes absolument analogues quoiqu'in- verses; or dans ce cas il n’y a point de fluide expansible en 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE jeu pour opérer ni dissipation, ni accumulation du fluide élec- trique. Enfin, ce qui prouve démonstrativement la fausseté de l'hypothèse, c’est la différence absolue qui existe entre le mode d'action des diférentes flammes, selon la constitution chimique des corps dont elles émanent. C’est un singulier abus des signes abstraïits du langage, que de parler de la flamme comme d'une substance constante et homogène. quelle que soit la matière des substances en igni- tion. Avant les découvertes de la chimie pneumatique, il pouvoit être pardonnable de tomber dans cette erreur, SUrtOuE lorsqu'il s’agissoit de l'électricité vulgaire dont les actions chi- miques étoient ou nulles ou difficiles à saisir. Dans le galva- nisme, au contraire, les effets chimiques sont en première ligne : chaque effet physique est précédé ou accompagné d’une action chimique, et c'est sous ce rapport précisément, que la découverte de Volta constituera une époque à jamais mé- morable dans les fastes de la science. Sa colonne est un cippe de Janus, érigé sur la commune frontière de la chimie et de la physique. La comparaison du mode d'action de la flamme des divers combustibles devoit donc décider du sort de mon hypothèse, et je ne tardai pas à la voir s'anéantir. Toutes les flammes provenues de l’incandescence des corps qui contiennent de l'hydrogène et du carbone, produisent au méme degré les phénomènes de l'isolement du pêle négatif et de la continuité de conduction pour le pôle positif : les substances, au contraire, qui ne contiennent ni hydrogène ni carbone, ou bien ne produisent point cet eflet (comme, par exemple, le soufre dont la flamme isole également les deux pôles), ou bien produisent l’eflet diamétralement opposé comme le phosphore qui, en igniuion , isole le positif, tandis qu'il conduit le négatif). Je vais entrer dans quelques détails sur ces faits. En réunissant les deux fils métalliques des pôles dans la flamme d’une chandelle de suif ou de cire, dans celle d'une lampe à huile grasse, dans celle de l'ambre jaune, du camphre, des huiles éthérées et de plusieurs autres substances hydro- carbonées, on observe en plein les eflets que j'ai décrits, en prenant pour exemple la flamme de l'esprit de vin. J'ai eu cependant une raison très-forte de proposer cette dernière pour la préparation des expériences ; car à peine la combustion des corps que j'ai nommés ci-dessus, est-elle commencée sous l'influence des pôles galvaniques , que l’on voit un dépôr ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 fuligineux se former sur chacun des deux fils, mais principa- lement sur celui du pôle négatif. Ce dépôt se distingue par une espèce de végétation arborisée, extrèmement prononcée sur le fil négatif, beaucoup moins caractérisée et quelquefois nulle sur le côté positif. Ces houppes ou ramifications arbo- risées , croissent et s'épanouissent avec une très-grande rapidité, surtout au pôle négatif : elles tendent l'une vers l'autre du négalif au positif, et au moment où ces filamens fuligmeux se trouvent interposés d'un pôle à l’autre , tout effet électros= copique cesse, le cercle se trouvant fermé par suite du pouvoir conducteur du charbon. On est donc réduit à enlever à chaque, instant ces végétations toujours renaissantes ; et ces constantes interruptions entravant Ja marche de mes observations, j'avois souvent été dépité par ce phénomène, avant que d’autres obser- .Yateurs eussent songé à le décrire. Or la flamme de l'esprit de vin est exempte de cet inconvéuient et n'en présente pas moins les memes caractères électroscopiques que les autres substances hvdro-carbonnées dont je viens de parler; elle partage ce double avantage avec la naphte. Si l'on se propose, au reste, d'observer les vegétations fuligineuses dans leur plus grande énergie, il faut brüler, dans une petite capsule, de l'huile de térébenthine rectifiée par la distillation. En réunissant dans cette flamme les deux fils d'une pile galvanique un peu éner- gique, les végttations fuligineuses se produisent avec tant d'abondance, que très-souvent on les voit s'élever des bords mèmes de la capsule, et former par leurs ramifications un cou- ronnement d'autant plus agréable à la vue, que les pointes des houppes incandescentes ont un mouvement de tension très rapide sur le pédicule fuligineux qui les soutient. Il n'est pas nécessaire pour obtenir l'isolement partiel de l'effet négatif, que les corps dont la flamme émane contien- nent du carbone. Je remplis mon gazomètre de gaz hydrogène très-pur et très-soigneusement lavé ; je recus eutre les deux fils d'une pile la flamme bien isolée d'un courant de ce gaz, et j'observai que durant tout le cours de l'expérience, les phé- nomènes furent parfaitement identiques à ceux que j'ai décrits plus haut, en prenant l'esprit de vin pour exemple. Il va sans dire quil ne se produisit ici aucune végétation fuligineuse, Quant aux flammes émanée$ des corps qui ne contiennent ni carbone ni hydrogène, il est très-probable qu’aucunes d'elles ne produisent les phénomènes de l'isolation partielle de l’eflet négatif, Je m'en suis assuré par l'expérience directe relative- 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ment au soufre et au phosphore, et suis disposé à étendre cette analogie à toutes les substances du même genre. La flamme non isolée du soufre pur, appliquée à chaque pôle individuel de la pile, agit comme un isolateur parfait : il est impossible de décharger l’un des pôles par l'application de cette flamme, et le pôle opposé ne manifeste aussi par ce contact aucun accroissement de tension électrique. Il résulte de là que les deux fils polaires réunis dans la meme flamme du soufre en ignition, demeureront dans un isolement égal : et en effet, en mettant cette flamme en communication avec le sol, on ne modifie en rien leur équilibre électrique. La flamme du soufre isole donc l'électricité galvanique aussi par- faitement que le fait la substance mème dont elle émane, et par conséquent ce n'est point à la propriété dispersive de la flamme, en tant que flamme, que tiennent les effets de la uatrième classe. On démontre au contraire les rapports intimes de ces phénomènes avec les aflinités chimiques, en mélant au soufre quelque substance hydro-carbonnée : la flamme qui ré- sulte de leur déflagration commune, affecte aussitôt les pôles de la pile, de la même manière et presqu’au même degré que les substances dont nous avons parlé plus haut. Ainsi, en réunissant les fils polaires dans la flamme non isolée d’une allumette , ou d'un fil soufré, les divergences sont nulles au positif et extrêmes au côté négatif. Quant à la Hamme du phosphore, elle présente une propriété infiniment remarquable, en ce qu'elle appartient décidément à la cinquième classe, c'est-à-dire qu'appliquée individuelle ment à chaque pôle, elle agit comme conducteur parfait; mais du moment où l'on réunit dans son sein les deux fils polaires de la pile, le côté positif se trouve parfaitement isolé, tandis que la continuité de conduction la plus intime existe relative- ment au pôle négatif. Je me dispenserai d'entrer dans le détail des expériences qui prouyent cette étonnante propriété du phosphore , les préparations et les manipulations étant les mêmes que pour les recherches précédentes. J’ajouterai seule- ment que pour m'assurer si l'humidité toujours adhérente aux bâtons de phosphore que l’on retire de dessous l'eau, influoit eniquelque manière sur ce phénomène, je pris plusieurs fois la précaution d’essuyer parfaitement les fragmens que je des- tinois à la déflagration ; puis je les tenois un jour entier ren- fermés dans un flacon rempli de muriate de chaux calcinée. Mais cette parfaite dessication n'apporte aucun changement dans ET D'HISTOIRE NATURELLE, 137 dans les phénomènes. Je ne trouvai pas non plus que du phosphore brun et opaque, tel que je l'avois obtenu immé- diatement de la distillation de l'acide traité par le charbon, différât dans ses effets, ni même par le degré de ses effets, de celui que j'avois amené par des dépurations ultérieures à la couleur, la demi-transparence et la cassure propre à cette substance dans sa plus grande pureté. Peut-être est-il permis d'en conclure que ce n’est pas (ainsi que quelques-uns l'ont cru) à une portion de carbone enlevée par les vapeurs phos- phoriques , que tient l'impureté du phosphore brun. En effet, si la plus petite portion de charbon, brülée avec le soufre, communique aussitôt à la flamme des propriétés absolument différentes de celles de la flamme du soufre pur , l’analogie nous conduit à attendre les mêmes effets dans les cas où ce charbon se trouveroit incorporé au phosphore. Or je n'ai rien démélé de pareil dans la combustion du phosphore brun. Au reste, je suis le premier à convenir de la foiblesse de cet argument , d'autant plus que le point de comparaison le plus essentiel me manque encore, n'ayant pu réussir à faire brûler ensemble du phosphore et du charbon mélés en diverses proportions. . I. Des conducteurs qui, dans le conflit des deux pôles, ISOLENT L'EFFET POSITIF, 4a724dis qu'ils continuent DE PRO- PAGER L ÉLECTRICITÉ NEGATIVE. 6 J'ai placé dans une cinquième classe les substances qui; appliquées à chaque pôle individuel, agissent comme des con- ductéurs excellens, mais qui, interposées d'un pôle à l’autré, isolent l'effet positif, sans cesser de conduire parfaitement l'électricité négative. Le desir de trouver réalisées toutes'les combinaisons possibles pour la clôture du cercle galvanique ; m'anima à passer en revue un grand nombre de. corps, pour en trouver quelqu'un qui vint se placer dans cette clässe. Long-temps mes tentatives furent infructueuses ; parce que les analogies d’après lesquelles je me dirigeois dans cette recherche, étoient très-imparfailes : et jene découvris dans la flamme du phosphore la propriété en question, qu'après lavoir déjà ren: contrée avec la dernière évidence dans une’ autre substance d’agrégation solide. Cette substance est le savon alkalin-de tout genre, pourvu qu'il ait été amené au plus haut degré de dessication possible : du‘moins n'ai-je pas apperçu de difté- rences appréciables dans les effeus électriques, en employañt Tome LXIV. FÉVRIER an 1807. 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comparativément des savons de graisse végétale ou animale, saponifiées soit par la soude pure , soit par la soude mélée de potasse , pour les usages de la pharmacie, ou pour ceux des arts et de la vie commune. Tous ces savons ont présenté les effets que je vais décrire, lorsque la condition essentielle de la plus grande dessication possible se trouvoit remplie. Un prisme de savon solide complètement desséché et appli- qué à l’un quelconque des pôles d’une pile galvanique, propage. dans le sol toute l'électricité de ce pôle, et produit au côté opposé le maximum de la tension électrique : il n'y a relati- vement à cet effet, aucune différence entre les deux pôles, et le sayon agit comme pourroit faire le conducteur le plus parfait. Je m'en suis convaincu , en mesurant à l’electromètre de Volta, la divergence produite à l’un quelconque des pôles par le contact du métal, du doigt humide, du savon mouilié au point de contact, et du savon parfaitement sec : j'ai trouvé ces degrés égaux entre eux. On verra dans un instant pourquoi nonobstant cela, on n'obtient la commotion, en employant un barreau de savon ; qu’en l'humectant au point de contact. Si maintenant deux fils métalliques partant des pôles de la pile , sont fixés par leurs extrémités libres dans un méme prisme de savon parfaitement isolé, dans lequel il convient de les enfoncer à une profondeur de quelques lignes, on n’apperçoit aucnn effet remarquable, c’est-à dire, qu'après avoir amené au méme niveau de tension les deux pôles , en y appliquant une baguetie métallique isolée, les électromètres des deux pôles agiront comme ils faisoient avant l'intervention du; savon, ét lorsqu'une couche d’är les isoloit parfaitement l'un de l’autre. Mais à l'instant méme où on met le savon en communication libre avec le sol, l’électromètre positit présente le maximum de la divergence, et celui du côté négatif en perd tout vestige, précisément comme si l’on eût mis le pôle né- ue lui-même en communication avec le sol. Par conséquent e savon, quiisole l’eflet positif, est un conducteurpar faitement continu pour l'effet négatif auquel il apparueñt dans toute son étendue; car on a beau le toucher avec une pointe déliée tout près du lieu où s'enfonce le fil du pôle positif, il est entière- ment impossible d'enlever par-là aucune portion d'électricité positive, tant l'isolation de ce pôle est absolue. La preuve la plus frappante de cette propriété paradoxale est celle-ci : Si l’on applique un doigt sur ie fil du pôle positif, et un autre doigt mouillé sur le savon, on n'éprouve aucune ET D'HISTOIRE NATURELLE, 139 commotion , et les électromètres n’annoncent pas le moindre changement dans leurs divergences respectives. Mais si l'on répète la même épreuve en établissant , à l'aide des doigts mouillés, la communication entre le fil positif et le savon, on éprouve une commotion très-sensible, et les deux électro mètres arrivent à un état de tension égal et infiniment foible. Ces faits sont suflisans pour établir l'existence de la cinquième classe de substances; mais en poussant un peu plus loin ces recherches, l'on rencontre des phénomènes de détail qui sont- d'un grand intérêt. Il faut pour mieux les discerner, interrompre la continuité de l'un des deux fils, qui partant de la pile vont aboutir dans le savon, et interposer entre ses deux extrémités moyennes un appareil à développer les gaz. On n’y appercevra aucun effet chimique, l'isolement du fil positif y opposant une barrière insurmontable. Si maintenant on humecte d'eau une petite éponge, ou une rondelle de drap, et qu'on appuie l'un de ces corps contre le fil négatif, tellement que la surface du savon en soit en même temps touchée, tout demeurera comme auparavant, et il n’y aura aucune trace de décomposition chimique. Mais au moment où l’on place ce même conduc- teur humide de manière qu'il touche à la fois le fil positif et Je savon, le gaz part en torrens, et les électromètres indiquent la clôture du cercle galvanique. La plus petite quantité d’eau suflit pour détruire ainsi tout-à-coup l’anomalie d'isolation qui caractérise cette substance, et couvertir sa totalité en un conducteur excellent. Souvent j'ai vu.cet effet résulter de la simple application d'une pièce de monnoie que j’avois humectée sur une de ses faces par la vapeur d'une seule exhalation pul- monaire , et que je plaçois ensuite sur la surface du savon et au contact du fil positif ; tandis que dans la mème position le même morceau de métal ne produisoit aucun effet dans son état de siccité habituel. Je ne connois aucun fait où l'indispensable nécessité de l'eau dans une action galvanique se prononce d’une manière plus étonnante ; car la propriété de convertir au contact précis du fil positif la masse entière du savon en un conducteur parfait , pour les deux pôles en conflit, appartient exclusivement à l'eau, et n'est pas, comme on pourroit le penser, peut-être un apanage de la liquidité en général. Du mercure , de la naphie , des huiles de tout genre, et d’autres liquides non aqueux, versés dans uue fossette que l'on ménage dans le savon S 2 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au point d'insertion du fil positif, ne produisent absolument aucun effet. Il est très-remarquable aussi que l'eau appliquée ainsi entre le fil positif et le savon, y souffre la même dé- composition chimique que dans l’appareil à gaz. En effet, selon la nature du fil métallique contre lequel on appuie le conducteur humide ou l’eau en substance, il se produit aux Points de contact respectifs, ou bien de l'oxide en abondance, Ou bien un gaz qu'il est facile de discerner par l'écume qui en résulte. De là vient que le temps durant lequel l’eau inter- posée produit son effet, est toujours limité en raison directe de l'abondance plus ou moins grande du liquide, et en raison inverse de l'énergie de la pile : mais dans tous les cas les effets électrométriques et chimiques qui tiennent à la présence de l’eau, vonttoujours en diminuant, et cessent bientôt entière ment lorsque; par décomposition, toute l’eau est consumée aux Points de contact. De ce moment le savon reprend sa pro- priété caractéristique et isole tous les effets positifs. C'est'ici qu'il convient de placër une -observation importante pour le succès de ce genre d'expériences. Ceux qui voudroient les répéter sans pouvoir $e procurer des prismes de savon aérés pendant quelques années, ou desséchés complètement par l'action ménagée d’un four ou d’un poële, pourront étre tentés de m'accu- ser au premier instant d’avoir mal vu, parce que les fils polaires se trouvant mis en conflit par l'intermède du savon encore humide, l'appareil à gaz, et les électromètres commenceront par indiquér une clôturé plus ou moins parfaite du cercle galvanique. Mais le rôle: que l’eau joue dans ces phénomènes, explique parfaitement ce défaut de succès; c’est la portion d’eau libre de dans le savon humide se trouve interposée entre lui et le al positif qui masque ici la propriété caractéristique par laquelle ce Corps appartient à la cinquième classe. Pour s’en assurer il Ryÿaiqu'à laisser écouler quelques imomens : l’eau étrangère aux conditions de l'expérience sera/consumée plus où moins rapidement, selon son abondance et selon l'énergie de la pile, €t dès-lors la totalité du savon isolera l'effet positif, tañdis qu'il servira de: conducteur à l’effet négatif. En retirant le SL positif qui aura été ainsi plongé dans le savon humide, 9n;en trouvera la pointe oxidée si la nature du métal le GOMperte ; ce qui-n'a jamais dieu dans le sayon parfaitement desséché. ;lhvai sans dire que si l’on décape ce fil, et qu'on le pique. dans quelqu'autre point du savon humide; la même :8xgeption à la règle générale se repruduira, puisque. dans ce: 2) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 nouveau point de contact le conducteur rencontrera une nou- velle portion d’eau libre. Au reste, l’oxidation du fil positif dans le savon humide, pourroit induire à croire que c’est à la production de cet enduit non-conducteur que tient l’isola- tion du pôle positif. Mais on s’assure du contraire en em- ployant des fils de platine, qui, sans offrir la plus légère trace d’oxidation, présentent néanmoins le phénonrène en question, dès que l’eau interposée, ou fortuitement ou à dessein, se trouve consumée au côté positif par l’action chimique de la pile. D'ailleurs les fils métalliques les plus oxidables ne présentent point de trace d’oxidation, lorsqu'ils ont servi à établir la communication entre le pôle positif et un prisme de savon amené à l’état de parfaite dessication. On prouve par une expérience importante à d’autres égards, gne c'est au point précis où le fil positif touche le savon, qu'il aut appliquer l'eau pour que l'effet positif soit propagé aussi parfaitement que le négatif. Soient deux prismes de savon bien sec A et B, pl. 1: dans chacun d'eux on introduit l’un des fils polaires de la pile ; puis on réunit ces deux prismes par un fil métallique € formant l'arc conducteur d’un prisme à l’autre. Les électromètres de la pile indiqueront l'isolation complète du pôle positif; le contact de l’eau quelconque des deux pris- mes, ou de l'arc intermédiaire ©, déchargera constamment le négatif et amènera l’électromètre positif au maximum de sa divergence. Si maintenant on applique un conducteur humide entre le fil du pôle positif et le prisme dans lequel il est fixé, l'électromètre indiquera que le prisme 2 où plonge le fil positif, et en sus tout l’arc intermédiaire €, appartiennent au pôle positif, puisqu’en touchant ces parties de l'appareil, on fait diverger l'électromètre du pôle négatif, et l'on décharge le côté positif. Mais le prisme 2 appartient en totalité au pôle négatif, et en le touchant on produit des divergences opposées à celles que produit 4. I n'y a donc point encore de clôture du cercle : un appareil à gaz interposé ne donne effectivement point d'effet chimique, et en touchant le prisme 4 et le pe B en méme temps, on éprouve une commotion si a pile a un certain degré d'énergie, et que les doigts aient été mouillés. Dans tous les cas le contact simultanée des deux pue imprime à la préparation anatomique de la gremvuille, es plus fortés contractions. Mais tous ces effets ‘qui tiennent à l'isolement du pôle positif cessent, et sont remplacés par la production des gaz dans l'appareil interposé ; du moment où 1 2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'on applique un second conducteur humide au point où l'arc intermédiaire © touche le prisme B, parce que c’est à ce point que l'arc C représente l’effet positif. Il est donc bien décidé par cette expérience, que l'humidité de la masse totale du savon n’entre pour rien dans ces effets, et le point précis où l’eau doit ètre interposée se trouve indiqué avec la plus grande évidence. Au reste j'invite ceux qui dérivent en rigueur tous les phénomènes de la pile d'une circulation matérielle et effective du fluide électrique , à peser mürement cette expé- rience dans le silence des préjugés; &r d'après ce mode d'expli- cation, les phénomènes de la cinquième classe ne peuvent tenir qu'à une difficulté plus grande que ce fluide éprouve lorsqu'il doit entrer dans la masse du savon, tandis que la sortie lui en seroit infiniment plus facile. Mais d’où vient donc que (avant l'intervention des conducteurs humides) en tou- chant le prisme 4, on charge si complètement le pôle positif? Ici bien certainement l'électricité du sol est ENTRÉE par l'arc intermédiaire dans le prisme B avec la plus grande facilité. Pourquoi dans le prisme 4 n’entre-t-elle donc pas de méme par le fil polaire positif ? Quant à moi, je n'ai pas encore renoncé entièrement à l'hypothèse que la coopération si efficace de l’eau dans les eftets physiques et chimiques de la clôture du cercle galva- nique, est intimement liée à la propriété qu'elle a de se par- tager alors dans toute la masse en deux zônes, dont l’une offre les propriétés électriques opposées à celles de l'autre. Ce mé canisme de répartition électrique , cette polarité de l'eau, et de tous les conducteurs humides , se prononce d'une manière si frappante lorsqu'on les applique au savon, que j'ai peine à croire que ce ne soit pas à ce mécanisme même que tiennent les effets physiques et chimiques de la clôture du cercle pro- duite par l'intervention des conducteurs humides. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, dont les développemens m'écar- teroient trop de mon sujet, voici des faits qui me paroissent mériter toute notre attention. La pile et le prisme de savon étant parfaitement isolés, on fixe dans ce dernier le fil métallique du pôle négatif; puis on met l’autre extrémité du prisme en communication avec le pôle positif, par l’intermède d'un cordon de chanvre bien humecté et long de six à sept pouces. On sent qu'il doit résulter de ceue interposition d’un conducteur humide entre Je savon et le pôle positif, une clôture du cercle, que e ET D'HISTOIRE NATURELLE. 14% les électromètres et l'appareil à gaz, indiquent effectivement. Si maintenant on met deux électromètres à feuilles d'er en contact avec les deux portions extrêmes du conducteur humide , on observera que tant que le cercle demeurera effectivement fermé, ces deux électromètres donneront des divergences opposées ; car celui qui se trouve placé le plus près du savon, diverge négativement , et celui qui est plus voisin de la pile est chargé positivement. La preuve en est qu’en touchant la partie du cordon la plus voisine du savon, on décharge l’électromètre contigu à cette partie, mais on augmente très-considérablement celle de l'électromètre dont le crochet touche l'extrémité opposée du cordon; et l'inverse a lieu si l’on touche le cordon humide dans sa partie la plus voisine de ia pile. La répartition de l'électricité en deux zônes opposées, est donc hors de doute. Maintenant, que ce soit le côté positif qui communique au savon par un fil métallique, et que le conducteur humide soit EL Past entre le pôle né- gatif, il n’y aura point de clôture ni d'effet chimique, ainsi que nous l’avons dit plus haut; mais aussi le cordon n'offre aucune trace de répartition en zônes électriques : car si l'on applique deux électromètres à deux points opposés de ce cordon dans le sens de sa longueur , ils divergeront tous deux dans le même sens et de la même manière, et en touchant le cordon dans quelque point que ce soit, on enlève à tous deux toute leur divergence. Pour détruire maintenant en un clin-d'œil cette homogénéité d'électrisation , et pour communiquer au cordon Ja polarité la plus décidée , il suflit d’appliquer entre le fil polaire positif et le savon un conducteur humide; car au moment même où son intervention aura amené la clôture du cercle , les deux électromètres disposés aux extrémités du cordon, diverçeront en sens contraire ; en déchargeant l'un, on chargera l'autre, et cette répartition d'électricité opposée, se maintient tant que l'appareil à gaz continue d'indiquer la clôture du cercle. On fait cesser du méme coup et cette clôture et cette répartition des zônes à l'instant même où l'on enlève le conducteur humide appliqué au fil polaire positif. Je desire vivement que d'autres physiciens demeurent frappés, ainsi que moi, de la singularité de ce parallélisme d’eflets, dont je crois entrevoir toute l'importance si l’on s’applique à le suivre ultérieurement. Dans les nombreuses combinaisons que j'ai tentées pour déterminer ayec quelque précision le détail des phénomènes 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « que présente le savon appliqué à la pile galyanique, je n'ai rien apperçu qui ne s’expliquât complètement par la définition. même des conducteurs de la cinquième classe. Ainsi un prisme de savon appliqué aux extrémités positive et négative de deux colonnes égales, mais construites en sens inverse, unit parfaite- ment ces colonnes, tant qu’il ne s’agit pas de fermer le cercle galvanique; elles donnent à leurs pôles les mêmes divergences que si elles étoient unies par un conducteur parfait. Mais pour obtenir les effets physiologiques ou chimiques qui appar- üennent à la clôture du cercle galvanique, il faut placer un conducteur humide entre le prisme de savon et le pôle positif. Si cette interposition se faisoit au pôle négatif, l'effet en seroit nul. Si je fais mention de cette expérience, qui n’est qu'un corollaire de ce qui a été dit plus haut, c’est pour indiquer une solution très-directe qu'on en peut tirer relati- vement à un point de théorie qui a été contesté parmi les physiciens. On a demandé quel genre d'électricité appartenoit exclusivement à chacun des deux métaux hétérogènes de la pile, et les avis ont été partagés. Ceux qui prétendent que l'élé- ment de la colonne galvanique est argent, conducteur humide, zink , attribuent l'électricité positive à l'argent ; ceux au con- traire qui soutiennent que le véritable groupe est argent, zink;, conducteur humide, envisagent le zinc comme étant le métal alfecté d'électricité positive. J'ai flotté quelque temps entre ces deux partis, faute d'une preuve directe exempte de toute équivoque, et répugnant à sacrifier les scrupules qui me res- toient à l'autorité de Volta même. On sent que les propriétés des conducteurs de la quatrième et cinquième classe, four- nissent le moyen le plus direct et le plus palpable de terminer le différent. Voici, entre plusieurs autres preuves analogues , une des plus évidentes et des plus faciles à administrer. On place entre le couple extrême d'argent et de zink de l'un quelconque de la pile, une tranche de savon parfaite- ment sec, puis on établit la communication d'un pôle à l’autre, par l'intermède d’un appareil à gaz , on n’obtient point la décomposition de l’eau; ensuite on humecte légére- ment avec un pinceau, la surface du sayon qui est en contact avec l'argent, et l'on essaye de nouveau l’etiet de la clôture du cercle d'un pôle à l'autre, il setrouve également nul. Mais du moment où l’on aura humecté le savon sur la face qui touche au zink, les effets chimiques et physiologiques se pré- s$enteront en plein. Or comme on a pu s'assurer antérieurement que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 que c'est exclusivement entre le cûté positif et le savon qe le conducteur humide est eflicace, il est démontré j'ar-là, avec la dernière évidence , que c'est le zinc et non pas l'argent qui, dans la pile, est l'agent positif. J'ignore encore pour le moment quelles sont les autres sub- stances qui appartiennent à notre cinquième classe L'on a vu -plus haut, que la flamme du phosphore doit décidément y étre rapportée, puisqu'elle conduit l'effet de chaque pûle isolé, mais que dans le conflit des deux effets elle appartient exclu- sivement au pôle négatif. J'ai souvent entrevu la même propriété dans la gélatine animale ramenée à un certain degré de dessi- cation, ainsi que dans l'ivoire; mais d'autres masses de ces mêmes substances n'offrant ces phénomènes que d'une manière très-équivoque, je m'abstiens de prononcer , et je me borne à indiquer le savon et la flamme du phosphore comme com- posans seuls dans le moment de la cinquième classe. Il sera intéressant d'examiner dans le point de vue de cette classification, un grand nombre de substances que l'on s'est cru fondé à placer dans la classe des isolans , parce que la clôture du cercle galvanique n’avoit point lieu par leur inter- “vention ; mais il est bien décidé aujourd'hui que cette épreuve est très-insufhisante , et l'argument en faveur de Se du galvanisme et de l'électricité, emprunté du mode d'action de la flamme, montre que les erreurs de ce genre peuvent devenir dangereuses pour la théorie. Le champ d'observations qui s'ouvre ici pourra devenir fécond en résultats généraux pour la chimie de l'électricité. Par quel mécanisme d'action se fait-il que l'eau dépouillée de calorique jusqu’à sa solidification parfaite , isole absolument les effets galvaniques, ainsi que je l’ai prouvé ailleurs; qu'imprégnée ensuite d'une certaine quantité de calorique dans son état de liquidité , elle transmette ces effets avec Frs modifications jus- ques à la troisième classe; et qu'enfin cette même eau, en passant à l'agrégation expansible, par un excédant de calo- rique , revienne se placer dans la classe des isolans parfaits, ainsi qu'on s'en assure aisément en recevant entre les deux Gls polaires d’une pile , munie de ses électromètres , le courant des vapeurs d’un éolipyle; là, où voisines du bec, elles ont encore toute leur transparence et sont exemptes de tout mé- lange de vapeurs vésiculaires et d’eau précipitée. Lorsque» par une chaleur bien ménagée, on amène le savon le mieux Tome LXIV, FÉVRIER an 1807. T 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE desséché à un grand degré de ramollissement , il subit également un changement gradnel dans sa faculté de conduire l'électricité de la pile, et plus il approche de la liquéfaction , plus il perd la propriété d'isoler l'effet négatif au conflit des deux pôles, et finalement on observe des traces manifestes de décomposition dans un appareil à gaz interposé. D'autres substances con- duisent à des recherches chimico-physiques également inté- ressantes, Le soufre isolé ,‘et sa flamme isole ; le phosphore et l’ambre isolent, mais leurs flammes conduisent. Première anomalie. Comment.ensuite rendre raison de l'action si diverse de ces deux flammes conductrices ? Pourquoi dans le conflit des deux pôles, celle du phosphore isole-t-elle le négatif, tandis que c'est l’eflet positif qui est isolé par Ja flamme de l'ambre? IL est très- vraisemblable.que toutes ces variétés d'actions sont profondément liées aux aflinités. chimiques des deux élémens du fluide électrique, et l'on «peutese flatter qu’en s'appliquant à diversifier et à analyser ces faits , on parviendra un jour à des résultats précieux. Mais de peur qu'on ne m'’accuse d'exagérer l'importance, de ces. phénomènes , en en reculant Î explication » Je vais indiquer, en finissant, quelques hypothèses qui m'ont autrefois dirigé dans mes recherches, mais qui au- jourd hui n'ont plus rien de plausible pour moi, depuis que les faits se sont multipliés et. diversifiés sous mes yeux. Je n'en fais mention que, pour témoigner que j'ai: tendu de bonne foi à aplanir toute cette matière au point de la réduire à un simple : 7'est-ce que: cela ? Les flammes conductrices qui dans le conflit isolent l'effet négatif, doivent-elles peut-être ,cette propriété à une couche dhuile gui, produite de toutes, pièces dans l'acte de la com- bustion, et se déposant sur le Hl négatif, le rendroit imper= méable au fluide électrique? Le carbone, l'hydrogène et l’oxi- gène, existent en effet dans la plupart des substances qui, par leur combustion, donnent le hhénoméne:.et l'isolation négative. IL est de plus, dans les analogies, que cette combinaison oleigène se produise au pô e.h1drogénant.et point sur le positif, ou, à raison des oxidations dont il: est le:theâtre, ail doit plutôt se former, de l’eau et de l'acide carbonique, Les ramifications fuliginenses qui s'épanonissent,en beaucoup piusigrande abon- dance sur le pôle négatif, ne doivent-elles pas peut-êire leur existence à cette oléification, qui les retient, les rend plus compactes et les alimeute par,une comfbuétion toujours re- } d A SNE TON ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 naissante , tandis que sur le côté positf l'oxidation plus radical les fait disparoître en gaz et en vapeurs, avant d'avoir pu se ramifier ? Cette hypothèse spécieuse a contre elle les difficultés sui- vantes : la flamme du gaz hydrogène le plus pur isole éga- lement l’effet négatif. Or, où trouver ici le carbone nécessaire à la formation de l’huile? L'inspection , même microscopique et mille fois répétée des fils métalliques parfaitement décapés et tenus long-temps dans la flamme de l'esprit de vin, ne n’a laissé appercevoir aucune différence entre l'extrémité du fil positif et celle du négatif. De plus, en approchant avec la plus grande dextérité possible le fil positif du négatif dans la flimme même ; on voit constamment partir l'étincelle. D'ailleurs, les électromètres , ainsi que l'appareil à gaz, annoncent qu'au moment mème où quelques filets des dendrites fuligineux s'étendent d’un pôle à l'autre, le cercle galvanique est fermé, ce qui seroit impossible si le fil négatif étoit rendu actuelle- ment imperméable au fluide électrique par quelque enduit iso- lant. Comment imaginer enfin que dans un instant indivisible il puisse se former un pareil enduit isolant sur toute la surface d'un disque de plusieurs pouces présenté au-dessus de la flamme à une distance de deux pieds. La cause du phénomène qui nous à présenté tous ces détails, n’est donc pas aussi superfi- cielle que l'hypothèse le suppose. Voici une hypothèse analogue que j'avois également conçue autrefois, touchant le mode d'action du savon qui, dans le conflit, isole les effets: positifs. Le fl positif de la pile est le théâtre des oxigénations, comme le négatif est celui des hydrogénations. Si donc au contact du fil acidifiant, l'alkali du savon est neutralisé, l'huile ou la graisse, dégagée de sa combinaison saponifiante, se trouvera libre et isolera par ce moyen le pôle positif dont elle entoure le conducteur. J'ai trouvé effectivement qu’en exposant durant plusieurs heures une solution alcoolique de savon étendue d'eau, il s'opéroit au côté positif une séparation bien manifeste de la base oléa= gineuse du savon, déposée à l'entour du fil polaire positif. Ce fait est absolument sûr: il est facile néanmoins: de montrer que l'hypothèse à laquelle il sert de base n'en est pas moins en contradiction manifeste avec plusieurs détails des phéno- mèênes qu’elle doit expliquer. En elfet, quand, plusieurs prismes de savon réunis entre eux par des arcs intermédiaires ; sont exposés à l’action de la pile, il y a sans doute isolation partielle Ta 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE relative à chaque point d'insertion qui correspond à l'effet positif : mais on ne peut pas en conclure que cette isolation soit absolue, puisqu'à travers tous ces prismes et tous les points d'insertion de leurs arcs conducteurs, on agit sur le pôle négatif pour lui enlever sa charge Il n'existe donc aux points de contact des fils positifs aucun obstacle absolu au passage du fluide élec- trique , et l'hypothèse d'un enduit isolant oléagineux tombe par-là même. D'ailleurs, dans le savon parfaitement sec, l'effet isolant positif se prononce dès le premier instant indivisible de l'application : il n’y a donc eu lieu à aucune décomposition chimique antérieure. Cette circonstance est frappante, surtout : dans l'expérience où l’on applique aux pôles un disque de savon bien sec. A l'instant même de cette application l'isolation par telle se manifeste. Or, d’où viendroit dans ce cas une bibé- ration du corps graisseux assez abondante pour former en un clin-d'œil un enduit à toute la face du disque qui touche le savon, tandis qu'il n’y a aucune trace d'action chimique dans l'appareil interposé ? Enfin, comment expliquer dans cette hypo- thèse l'effet identique produit par la flamme du phosphore ? Faudra-t-il recourir ici à une hypothèse toute nouvelle, pour expliquer ce seul fait, et dire, par exemple , qu'ici l’action oxidante de l’acide en vapeurs se produisant avec plus d'énergie sur le fil positif , le rend imperméable au fluide électrique ? Mais cette hypothèse seroit également insoutenable, puisque les fils de platine présentent le phénomène de Fisolation posi- tive tout comme les autres métaux, et que cet effet se mani- feste dès le premier instant du contact, ni plus ni moins qu'après une action long-temps prolongée du phosphore en ignition. II seroit dificile, outre cela, d'expliquer pourquoi le soufre ne produit pas le même effet. Je crois donc, quant à moi, que toutes ces hypothèses sont absolument fausses ; que la cause profonde des phénomènes dont nous venons de nous occuper est purement chimique, et qu'on ne pourra l’assisner que lorsque ces faits auront été beaucoup mieux étudiés que je n'ai pu le faire jusqu'à ce. moment. Ar Pour me récapituler en finissant, et pour énoncer commo: dément tout l’ensemble de ces phénomènes par des expressions abrégées qui les gravent dans la mémoire, je propose la nomen- clature suivante, comme propre à épargner les circulations et à bannir les équivoques, 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 Les corps que l’on applique aux pôles de la pile sont, 0 Conducteurs. Ils chargent et déchargent chaque pôle individuel, Isolans: Par leur contactils ne chargent aucun des deux pôles séparé- ment, et n’enlevent la charge à aucun d’eux. Dans le conflit des deux pôles, ils iso- lent par conséquent tout effet aux deux pôles également. Le verre , les résines, l’éau solide, l’eau en vapeurs ; le soufre et sa flamme , l’ambre, mais non point sa flamme, etc. etc. " aère CLASSE. et sont EEE © Parfaits. Dans le conflit des deux pôles ,; tout vestige de po- Tmparfaits. Les effets caractéristiques des deux pôles positifs peu- larité disparoît au positif | vent encore être discernés comme au négatif : le cer- cle est parfaitement forme ; les métaux tous au même degré. 2ème CLASSE. durant l'application de ces substances aux deux pôles simultanément. Trois cas possibles. Ë PR PP RE NE NI RER, Bipolaires. Le cercle galvani- que est fermé , mais le conducteur impar- fait bipolaire présente dans le sens de sa lon- gueur deux zônes op- posées pär leurs effets électriques , l’eau li- quiderét les corps qui en sont imprégnés. 3ème CLASSE. | Unipolaires positifs. Le cercle galvanique n’est point fermé ; la substance appliquée aux deux pôles ne conduit que l’effet positif et isole le négatif: de là, charge du négatif exclusivement , et impossibilité de charger le positif. La flamme du gaz hydrogène et celle des corps hydro-carbonés. 4ème CLASSE. Unipolaires négatifs. Le cercle galvanique n’est point fermé; la substance appliquée aux deux pôles isole l’effet positif et con— duitles effets négatifs: delà, charge du positif exclusive ment, et impossibilité de charger le négatif par le contact de cette substance. La flamme du phosphore, les savons alcalins. 5ème cLAS5E. 150! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE | W 4 n SUR LA BLENDE; Par le Dole ) ” 1): ; NE 4 £ } {{f 9 ! } 21h) L tel 1335)2, 66) } 16.12 NOUVELLES LITTÉRAIRES. Traité élémentaire de Minéralogie, avec des applications aux arts, ouvrage destiné à l'enseignement dans les Lycées nationaux; par Alexandre, Brogniarti, Ingénieur ‘des mines , Directeur de la manufacture impériale de porcelaine de Sèvres. 2 vol. 47-8°., De l'imprimerie de: Crapelet. À Paris , chez Déterville ; rue Hautefeuille , n° 8, au coin de celle des Poitevins. Nous rendrons compte incessamment de cet intéressant ouvVragei! !i; À L l . Nouveau Dictionnaire général des drogues simples et com- posées de Lémery , revu, corrigé et considérablement avgmenté; par Simon Morelot,' ancien Professeur dei pharmacie chimique au Collége de: pharmacie de’ Paris, et Pharmacien-major de l’armée, etc., £ s Contenant les noms francais , latins , officinaux, vulgaires et systématiques des plantes , leur classification d'après le système de Linnæus; les méthodes de Tournefort et de Jussieu, avec l'indication .de leurs parties :utiles à la médecine, à la phar- macie ; le choix des préparations pharmaceutiques et chimiques, où elles sont employées; leurs diflérens usagés ; les doses aux- quelles on peut a demie tout ce qui compose les drogues ou médicamens ; l’histoire des animaux et des minéraux ; d’après. les caractères sous lesquels MM. Cuvier, Lamarck, Brogniart et Haüy les font connoitre. \ ; Ouvrage utile à toutes les classes de la société , aux médecins, chirurgiens ; pharmaciens, et à ceux qui sont attachés au service des hospices civils et militaires, obligés de suivre le formulaire des médicamens simples et composés, publié par ordre ‘du Ministre, t Orné de six planches gravées en taille-douce. 2 vol. 2n-8°. À Paris, chez Rémont, Libraire, rue Pavée-St.-André, n° 114 -Il; se trouve aussi chez Méquignon l'aîné, , | : Cannes es rue de l’Ecole-de-Médecine, -Vanackere, à Lille. Maire, rue Mercière à Lyon. Prix: 15 fr, 50 centimes. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 189 Figures coloriées, 19 fr. 50 centimes. Papier fin, figures noires et coloriées, 25 fr. Pour les recevoir franc de port par la poste, il faut ajouter 4 fr. 75 centimes. LeiDictionnaire des drogues de Lémery a joui d'une grande réputation; mais le progrès des connoissances en faisoit de- sirer une nouvelle édition, c’est ce qu'a exécuté l’auteur, déjà connu par d’autres travaux. Mémoires de chimie, contenant des analyses de minéraux; par Martin-Henri Klaproth, Professeur de chimie a l'Académie d'Artillerie de Prusse , Membre de l'Académie royale des Sciences et Arts de Berlin, et de l’Académie des Arts et Métiers de la même ville, Associé de l’Institut national de France, ete, etc ; traduit de l’allemand par B.-M. Tassaert, chimiste, l’un des collaborateurs des Annales de Chimie. 2 vol. in-8° dé 1000 pages, imprimés sur cicéro et carré fin d'Auvergne. Prix, 10 fr. brochés, et 13 francs par la Poste, francs de port. À Paris, chez F. Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur , n° 10, ci-devant rue Hautefeuille, n° 20 et 23. & En donnant au public, dit Fassaert, la traduction des analyses chimiques d’un des plus illustres auteurs de nos jours, j'ai cru rendre un service important à tous ceux qui s’occu- pent non-seulement d'analyses des minéraux, mais aussi aux minéralogistes ; car les découvertes et les résultats des analyses de ce grand homme doivent influér considérablement sur les différentes opinions et les systèmes qu’on pourroit élever. » Tous ceux qui s’occupent de ces sciences, partageront sans doute cette opinion du traducteur. Nous devons à Klaproth la connoissance de la zircone, dü titane, du tellure ; nous lui devons les belles analyses du saphir, du çorindon, de la topaze, de la pierre à pagode de la Chine... Klaproth en parlant dé l'analyse de cette dernière pierre, dans laquelle il n'a point trouvé de magnésie, ajoute : « Quoique plusieurs autres exemples aient déjà prouvé qu'i/ éloit d'une nécessité absolue d'étre éclairé par le flambeau de la chimie dans la classification des minéraux, il me semble que le cas présent en est une preuve très-évidente... Cette pierre doit donc être retirée du genre magnésien , pour être mise dans les pierres argileuses. » Le traducteur, trés-bon chimiste lui-méme, nous a rendu un grand service en faisant passer dans notre langue ces mé- moires du célèbre Klaproth. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FU | THERMOMETRE. BAROMEÈTRE. Le © H RS. CE OR) ÉC. ) * | Maximum. | Mirnemum. |a Mir. Maximum. | Minimum. A Mini. IP midi + 42là8s. + 0,9] + 4.201 10 s......28. 7,50l1 53 m.....28 | 2h midi + 1,3/à 8m. — 1,2) + 1 Sfà midi... 28. 7,58|a 9 4 5......98. AR 43s —o4là8m. — 1,9] — 1: - 5.00fà 4 45 HAL .28 4lè3is. + 43/18m. + 20| + 3,6 . 4,35[à 8 £ m.....28. Sfà midi + 4,laros. + 0,7| + 7,2 5,88 [448 im" 28. 6h 8m. — ogylaigis. — 26| + 06 45371193 S...... 28 7 midi — o4l19£m. — 2,2] — 0]; 5,0o|à 1018.....2 245. — o,7[à 8 Lin, — 2,0] — 1,5 2,00[à 9 + s.. ....28 fa 3 s. + 24h BEs. — 0,5] + 2: ST EN Ode 27.10,05 10M2:5. + 3,4là 75m. — 2,2] +, 1,48là 7 : m..... 27.11,2 à midi 1,5[27=m. — 2,1] + 1,5 2,859 ES. 28 1ofa los. Æ 1,9fà8m. — 2,2] + o,J 1,90|à 10 5...... 28 1 345. + 5,6[ 95m. + 3,7] + 5, 1o,26[1 345...... 27 1fà midi + r,2làr1ts — oé + 1,2 1,00|à 1148..... 28. 19fà midi — o,2là8m. — — 0,2 2,50|à 10 s...... 28. 16fà midi. + 8,6[à minait + 3 18 + 8, 0,52|à 7 à m 27. 17à midi + yo ots. + 6,4 + 7,0/: . 0,75|à 935. :27.10,92 16fà 8 m. + 6,2à 95 + 16] + 5,0 . 9,00!à midi...... 27. 6,85 19fà midi + 4,5[à1oëm.+ 3,5] Æ 4,51 102s . 0, 48là 105 .27. 5,00 20]à midi + + à10+S. + 1,6] + 4,5 380 AMG M 27. 3,27|27 21)à midi + 3,9là 8 m. + 0,6| + 3,9 . 2,631à 85,...... 26.11,27 22hà 1056. + 3,98 71m. + o,2| + 3,5 5,75]à 15m.....27. 5,56|27 23]à midi + 5,ofà 1145. + 2,1] + 5,1 27.11,25]à 7 m........ 27.8,10|2 24 midi + 4,9{à 7 :m. + 1,8] + 4,5 3,75{à 7: m.....28 25) 235. + 1,8[à 7 1 m. — 0,3] + 1,3 5,85/à 3 m 28 26fà midi + 1,0[18m. — 1,6 + 1,0 . 6,11|à midi..... 28. 27 33s. + 2,8là8m. + o,5| + 1,5 . 5,35[à midi.....928. 26)à midi “+ 2,9|à 7 £m. + 1,6] + 2,0] . 6,60ù 7+m..... 28 29 2:s/ + 5,7à8m. + 1,4] + 5,5 . 4,20[à 11 + 5....28. Soja midi. + 5,4là1os. + 2,2] 5,4 2,19|à 10 Ses... 28. SIN midi + 3,5làom. + 1,5] + 3,5agm.......27.11,50là 10 £s.....27. 8,40 RECAPITULATION. | Plus grande élévation du mercure...28.7, 58, le 2 à midi. 4 |! Moindre élévation du mercure..... 26.11,27, le 21 à 8h.s. | Élévation moyenne...... 27.0,4 | Plus grand degré de chaleur..... + F6, le 16 à midi. 4 Moindre degré de chaleur....... — 2, 6! le 6 et le 15 à 8 m. J Chaleur moyenne....... : + 3o Nombre de jours beaux....... 14. Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"02853 — 1 pouce 2 lignes, 6 dixièmes. | Le 21 Décembre Thermomètre des caves....9°,640, division de Réaumur. nu SA Dm EE Re sr _ A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, s VARIATIONS DE LATMOSPHERE. {: c|Hve POINTS a VENTS. À 5 2 LUNAIRES. 1 [à midi LE MATIN. A MIDI. LE SOTR. É , | 1] 76,0[N. N-E. Beau ciel. Quelq. légers nuages.|C.très-néb; brouill |ÿ 2] 85,0] Calme. [n.çà5h.7m. | Brouill. à l'horis, b. c. Brouill. Uès-Épars. |Br. à peine apperc. les ct. & 3| 8,0 N. Brouil. T. c. de givre.|Brouiilards consid. Br. com. à se dissip.|À al 95,0 O. Ciel couv. Pluie fine.| Brouillard, Ciel couv. ; brouill. | : 5| 86,0| N. Eclaircit par inst. Br.|Ciel assez b. ; br. à l'hor. |Ctel trouble et br. ñ 6] 91,o| N. Ciel couvert. Brouill.|Browull. considér. Brouill. très-épais. 7| 91,0|T. calme. Tems couv. de giv. parle br.|Givre psr le brenill. |Brouill. considér.. 8| 92,o| N. x.L.à7/47's. | Brouill. très-épais; givre: idem. Idem. 9! 97,01S-E. Brouill. à l'hor.b.ciel. Ni ages çà et là. ST CS nuages. 10] 89,0[S-E. . Légères vap.; b. ciel.| Léger brouill. eau cicl; léger br. 11| 95,0|T. calme. Beau ciel. leger br. gelée bl- Brouill. épais. Beau ciel; brouil]. 12] 96,0! N. EL. Apopée Brouillard. Brouillard. é Br. hum. et puant. 13| 98,0[0. S-O. Equin. as. Ciel couv.; tems pluv.| Pluie fine par inst. [Ciel couvert. JANVIER 1807. 14] 75,010.N-0O. Nuages épais çà et là.| Ciel couvert. Ciel très-couv. 15| 90,0[ O. Ciel couvert. idem. Ciel couv. 16| 91,0[0-N-0O. Idem: Ciel c. 3; qe ge d'eau. |Giel assez b. et léger br. |È r7|100,0| ©. r.Q. à 0# 36’ m.| Îdem. QUE g- d'eau. [Ciel c.; veut & tr.{r |} 18 90,0 S.-O. fort. Idem. intièrem, C:5 pluie. Beau Ciel ; quel. légers n. |È 19] 89.0[0-S-0. fort. Gresil av. lej.; nuag. àl’ho.| Ciel nuag.; pl. fine. [Ciel c.; Piuie assez f.|È 2o| 90,0[$. fort. Piuie abondante. Ciel très-nuageux. |Ciel couvert. 21] 93,0|S. fort. Ciel couvert. Pluie fine et abond. [Pluie fine; ciel couv. 2| 98,0[S-0. Gros nuag. bord. l’h.|Ciel couvert. Pluie fineet abond. :3| 91,0|0. fort. F Ciel couvert. Ciel très-nuageux; pluie f.|Ciel nuageux. 24| 90,0[N-0. r.1.à2* 40m] Nuages épais çà et là.| Baucoup d’ectaircis.|Ciel très-couv. b5| 72,0[N-N-E,. f. nr Ciel assez b. par inst.|Légers br. ; beau ciel.[Ciel vaporeux. 26| 80,o|N-0. L. Périgée. | Ciel aux tr. qu. couv.|Ciel très-nuageux. |Br. et assez b. ciel. 7 95,0|[N. N-F,. Equin. desc. Floc. de neige p. inst.| Brouill. ; pluie fines | Assez b. ciel p- inst. ” 128] 66,0|N-E. "Ciel couvert par inst.|Ciel très-nuageux. [Beau ciel dans la s. 29! 96,0! O. Ciel couvert. Ciel nuageux. Pluie fine. 0] 92,0N. N-E. \».0.à5h27/m.| idem. Ciel très-couvert. Ciel couv. 1] 90,0[S-0O. | Ciel couv. par inst.|Couvert. Couvert. R'ÉIC ATP IUT LL AUTIT ON: de couverts...... 17 de pluie-:2t.".." 12 devenir it 28 de gelée......... 13 de tonnerre....,. Oo de brouillard. .... 15 deneige.=-."-.. 2 INA SRE SR ANE. 9 NEB acte see ets ee acte 5 ER EME HO Jours dont le vent a soufflé du Rae LE : SAONE Rrosee ee Re 5 OF Mr 6 NOTES Doncoce 4 k Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’ätmosphère , on a divisé le jour en rois parties : la première contient les variations depuis minuit jnsqu à 9 heures du matin ; la ssconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivant, 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. L''ANBUTME DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Mémoire sur deux nouvelles classes de conducteurs galvaniques ; par M. Erman. Pag. 121 Sur la Blende ; par le Professeur Proust. 150 Observations faites le 127 octobre 1806, sur l'ébou- lement du Ruffiberg, dans le canton de Schwytz ; par Théodore de Saussure. 154 Troisième suite des recherches sur Les lois de l'Afjfinité; par M. Berthollet. 168 Nouvelles Littéraires. 188 Tableaux météorologiques ; par Bouvard. 190 PAT. T qi TT | yourna e 1VSI ue. (Zevrier 1807. Journal de Physique. (Ævrir 1407) Le LwSesse en fs E : é = * 4 Lres à à J 4 nr ‘ qu e J r a Cle + St, Le : ° 2 et de pr En me 0 » : Le J:4 "2 + lee Es ge L , 3 3 à) x > + ke 2 7% Ti k F; St à Le by irmeA à spé sh li nisol, 3 Pt, 1 y . RTE, {tt n ; br : ï 3 6I , L s , | k y on ) # (7 HEURE re F * CRT L ; ! on LR Pom v- d- À De mn UE et Ÿ mu: \ 5 mu © : i t k ai.: u À } * | - j hrs Me es ds . Res - . FAe se = à Le paie bd lire niet à RENE SPL TITI ER ; PRET TT NÉS IE SYPST-TILTE PEER | HE ri EPS TUNER Ho ten sHde oi 1e 3 Rene e nt ptheenth eye Et nn 8 PAS en OM RE OT M DAS TARA ITR ES RENTE LE UT PI ruse up Li 0e EL: me + CRE EU ES SNS NCOTR SES a. Grippe DRE LIL CT - Fan Rite on re Chemin “ur le Pigé JOURNAL DE PHYSIQU ENT Erce Homo Lee; = &œ lite Mythe \ nr, $ N, CA ù L —@ - S Aer “2 L be Su chrmytx P” . ds cdi Ur. niber "4 À ps # Jderven ait H ue"... af Appehe J'ervern KT È Jtren LE "4 de ® : Len Jd'ehrvanau nue PRES Lac de Lanverx Potheflue À 722 M: (prier 180 7) / JOURNAL DE PHYSIQUE, | DE CHIMIE MARS an 1807. TROISIÈME SUITE \ DES RECHERCHES SUR LES LOIS DE L'AFFINITÉ: Pan M. BERTHOLLET. Extrait des Mémoires de l’Institut de France, classe de Physique et de Mathématiques, année 1806. SUITE. S X. | De la détermination des Affinités des différentes substances. Comme les acides et les alkalis forment deux classes nom- breuses de substances dont l’action chimique est très: puissante, et comme les effets y sont plus faciles à déterminer et à com- parer que dans les autres substances, ce sont principalement Tome LXIF. MARS an 1807. Bb 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les acides et les alkalis que les chimistes ont choisis pour reconnaître les lois de l’action chimique, ou les caractères et les effets de l'alfinité, Si j'ai prouvé que les précipités que d’autres substances pu produire dans une combinaison sont principalement eflet d'une différence de solubilité, et que ceux qui se for- ment dans le mélange de deux combinaisons neutres sont uniquement l'effet de cette cause (et je crois en avoir donné des preuves qu’il ne sera pas facile de réfuter), il est mani- feste que toutes les graduations d’affinité, et que toutes les tables d’affinités par lesquelles on les a représentées, d’après les précipitations, sont destituées de fondement, et qu'il faut avoir recours à pne autre méthode. Il m'a paru naturel de comparer des forces par les effets qu'elles peuvent produire dans les mêmes circonstances , et de mesurer l'énergie d'un acide par la saturation qu'il peut produire lorsqu'on le combine avec un alkali, en prenant pour tous les acides le même terme de saturation : or, le seul que l'on puisse choisir, parce qu'il est le seul que l’on puisse comparer ‘exactement, est celui ‘où les propriétés qui carac- térisent les acides et les alkalis ont également disparu par l'effet de leur action réciproque ; cé qui constitue l'état neutre. J'ai donc regardé l’acidité comparative des-différens acides, comme proportionnelle à la quantité pondérale d’un alkali qu’il pou- voit amener à l’état neutre; et en appliquant les mêmes con- sidératiohs aux différens ‘alkalis, j'ai comparé leurs forces respectives aux quantités d’acide qu'ils pouvoient saturer. M. Richter avoit employé cette méthode avant moi, mais iln'en avoit appliqué la conséquence qu'aux acides, et il avoit regardé, au contraire , les bases comme d'autant plus ipuis- santes qu'elles entroient en plus grande quantité dans les com- binaisons. Cette différence entre les acides et les alkalis dont il s’agit de déterminer l’énergie, ne me paroit avoir aucun fondement; car l'attraction chimique est réciproque, et l’acide n'agit pas plus ni d’une autre manière sur l’alkali, que celui-ci sur l'acide. Au reste, M. Richter a fait entrer dans ces Considérations des ôpinions hypothétiques sur les propriétés des nombres, eb beaucoup d’autres qui, au jugement méme des savans de l'Allemagne (1), jettent beaucoup d'obscurité sur des recher- AR SO ANS DEV RL PT BE Ne M De: EL mer Diva à: PE (x) Voyez ürie mote de M. Fischer, Æssaë ide: stat. chim. 1. 1,1p: 134. mt ap" mg = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 ches souvent très-utiles , et suivies avec beaucoup de cons- tance. ‘ Un fait important qu'on doit à M. Richter, c'est que, lorsqu'on fait un mélange de différens sels qui sont susceptibles de faire un échange de base , et qui sont dans l'état neutre, cet état subsiste après l’échange; ce qui prouve que tous les acides suivent les mêmes rapports de quantité avec les diflé- rentes bases alkalines avec lesquelles ils parviennent à l’état neutre, et que la même condition a lieu pour les alkalis rela- tivement aux acides. Ce n’est donc pas par celte hypothèse que l'on doit considérer l'acidité et l’alkalinité comme une propriété commune à tous les acides et à tous les alkalis, et dont l’énergie comparative peut être évaluée par les quantités respectives qui sont nécessaires pour produire l’état neutre. M. Guyton, qui ne connoissoit pas les recherches de M. Richter, avoit également fait l'observation intéressante du maintien de l’état neutre malgré l'échange des bases , et il avoit proposé cette propriété comme un moyen de reconnoître si les proportions attribuées aux différentes combinaisons par les chi- mistes , étoient réelles; car ces proportions doivent donner pe le calcul des quantités propres à conserver l’état neutre, orsqu'il se fait un échange de base:(1). J'ai aussi fait beaucoup d'expériences pour constater cette propriété , et j'ai toujours observé l'effet qui a été découvert par les deux chimistes précédens : je n’ai trouvé un petit changement d'état que dans le mélange du phosphate neutre à base de potasse ou de soude, avec un sel neutre à base de chaux ou de baryte, et dans le mélange du fluate d'ammo- niaque avec les mêmes sels à base terreuse. Le liquide devenoit légérement acide, mais il est manifeste que cet eflet n’est dû qu’à la propriété que possèdent les phosphates et les fluates de prendre un excès de base; car, si l'on abandonne pendant. deux ou trois jours le liquide sans en séparer le précipité, l'excès d’acidité qu'il avoit d’abord, disparoit presque entière- ment. J'ai de plus observé que celles des dissolutions métalliques qui peuvent parvenir à l’état neutre, ou qui ne conservent qu'un très-foible excès d'acide, sont soumises à la méme loi; il me paroît donc qu'il est permis de conclure que c'est un -caractère général de l'affinité chimique. (1) Mémoires de l'Institut, t. II. Bb 2 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C'est une conséquence des observations précédentes, qu'il est important, pour comparer les forces par lesquelles les différentes substances exercent une action réciproque , de re- connoitre quelles sont les quantités pondérales de chacune qui sont nécessaires pour produire l’état neutre , et cette connois- sance est encore très-avantageuse pour déterminer, par le moyen des combinaisons que l'on forme, les proportions des substances que l'on sépare dans les analyses. Aussi les chimistes se sont-ils beauceup occupés de ce tra- vail important, mais on est encore loin d'avoir rempli cet objet. Les réflexions que je viens de présenter ne sont qu’un extrait de ce que j'ai exposé dans mes Recherches sur l'affinité, et dans mon Essai de statique chimique; mais jai dû les rappeler à cause de leur liaison avec les considé- rations qui vont suivre. SE à De la détermination des quantités d'acide réel dans l'acide: muriatique selon Sa pesanteur. - Pour déterminer les proportions des parties constituantes des sels, et pour estimer la force comparative des différens acides et des différens alkalis, et les quantités que l’on met en action lorsqu'on les emploie dans l’état liquide , il est toujours avantageux, el il est souvent indispensable de connoître quelle: est la quantité d’acide ou d’alkali réel qui se trouve dans l’eau en formant une liqueur d’une pesanteur spécifique connue ; mais cette détermination offre des difficultés qu'il est souvent difficile de surmonter, et même, dans tous les cas, on ne peut parvenir qu'à une approximation plus ou moins grande. M. Kirwan s'est occupé avec beauceup de constance de cet objet, sur lequel je vais présenter mes observations. Il a publié à différentes époques des tables sur les proportions: d'acide sulfurique, nitrique et muriatique qui se trouvent dans les liquides ainsi nommés, selon leur pesanteur spécifique , en comparant d’abord la quantité d’acide qu’ils contiennent à celle d'un acide d’une certaine concentration, qu'il appeloit acide de comparaison, standard acid; et dans son dernier ouvrage il a substitué à l'acide de comparaison la quantité d'acide réel, qu'il a déterminée en cherchant quelle quantité: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 de son acide de comparaison se trouvoit dans une certaine combinaison saline dans laquelle il connoissoit la quantité pondérale de la base (1). Ainsi pour l'acide muriatique il a d’abord formé une table qui présente les quantités d'acide de comparaison qui se trou- vent dans l'acide muriatique , selon sa pesanteur spécifique. Pour avoir cet acide de comparaison, il a combiné 10 grains de gaz muriatique , dont il avoit déterminé la pesanteur spécifique , avec poids égal d’eau, et il dit que le volume de cette eau, qui étoit 10 , est devenu 15.3 : 1l en a conclu qu'alors sa gravité spécifique étoit à peu près 1.5; mais je ne conçois pas comment il a pu combiner ces proportions de gaz murialique, et former un acide muriatique qui eût une telle pesanteur spécifique, lui qui reconnoit que l'acide mu- riatique le plus concentré que l’on puisse obtenir et conserver facilement, est d’une pesanteur spécifique de 1.196; en ellet, je n’ai pu surpasser cette pesanteur spécifique que de quelques millièmes : d'ailleurs, est-il facile de déterminer les change- mens de volume dans une si petite quantité ? Il est donc per- mis d'avoir des doutes sur la rigoureuse exactitude de cette expérience fondamentale. Selon M. Kirwan, le gaz muriatique se combine avec l’eau sans produire de chaleur sensible, et l’on verra par l'expérience que je décrirai, qu'il s’en dégage beaucoup sans que l’on puisse distinguer la partie qui dépend de la conden- sation du gaz, de celle qui peut étre due à la condensation que l'eau doit éprouver elle-même ; et comme M. Kirwan attribue à l'acide muriatique tout ce qui est ajouté à la pesan- teur spécifique de l’eau , ce qui l’élève à une pesanteur spé- cifique de 3.03, son calcul ne se trouve fondé que sur une base chancelante, ainsi que l’a déjà fait voir M. Keir. Pour convertir en acide réel son acide de comparaison qu’il suppose avoir 1.6 de pesanteur spécifique , M. Kirwan s'est servi de sa combinaison avec la potasse ; mais cette. évalua- tion est sujette à une égale incertitude. (1) Voyez les Mémoires de l'Académie de Dublin, t: IV, et Additional observations, etc. Je dois prévenir que je n’ai pu me procurer ce dernier ouvrage, et que je ne le connoïis que par l'excellent extrait qui s’en trouve dans. la Biblie= fhèque britannique, t. XIV et XV. 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1l emploie une dissolution de carbonate ordinaire de potasse, mild vegetable alkali; il la sature avec son acide muriatique : il prend la pesanteur spécifique de la combinaison, et il fait une disolution d'un poids connu de muriate de potasse , en- sorte qu'elle ait la même pesanteur spécifique : ayant déter- miné par là combien il a formé de muriate de potasse , il déduit du poids de l'alkali employé, celui de l'acide qui est entré en combinaison avec lui et qu’il regarde comme acide réel : il conclut delà combien son acide de comparaison con- tient d’acide réel, et il substitue celui-ci au premier dans sa table; mais il ne dit point comment il a déterminé la quantité de potasse que contenoit son carbonate de potasse, et il faut encore qu'il reconnoisse par une expérience la quantité d’eau que l’on doit admettre dans le muriate de potasse. Il est facile de voir qu'un si grand nombre d'évaluations nécessaires pour établir les proportions d’une combinaison, ne permet pas de leur assurer un grand degré de précision; car les erreurs inévitables dans chacune peuvent s’accumuler dans le résultat définitif. Il y a même une erreur nécessaire : lorsque M. Kirwan décompose le carbonate de potasse par l'acide muriatique qu'il verse par petites portions pour parvenir à l’état neutre, la liqueur doit retenir beaucoup d’acide carbonique , et sa pesanteur spécifique, diminuée par cette circonstance , ne peut plus indiquer un rapport exact avec la dissolution de muriate de potasse qu'il lui compare. J'ai employé un moyen plus direct : j'ai mis en distillation du muriate de soude avec poids égal d’acide sulfurique affoibli : la cornue placée sur un bain de sable communiquoit avec un tube de verre d’un mêtre de longueur; celui-ci étoit logé dans une caisse remplie d’un mélange de glace pilée et de muriate de soude, et communiquoit à un petit ballon également en- touré du mélange réfrigérant : un tube qui partoït de ce ballon plongeoït dans un flacon qui contenoit 400 grammes d’eau. Après l'évacuation de l'air, le gaz étoit entièrement absorbé par l'eau, qui s’est peu à peu échauflée assez fortement pour que la main en supportät difficilement la chaleur, quoique la quantité, de l'acide condensé n'ait pas été grande et que l'opération ait duré près de deux heures ; il me paroît donc quil.a dû..se développer, beauçoup plus de chaleur dans cette opération, que si l’on eût mélé un poids égal d'acide sulfu- rique concentré avec la même quantité d’eau: M. Biot a aussi ET D'HISTOIRE NATURELLE. TC9 observé que le gaz muriatique produisoit beaucoup de chaleur en s'unissant à l’eau. Je voulois avoir un acide qui füt peu concentré , pour lemployer sans crainte d'exhalaison dans les expériences que je dois décrire; les 400 grammes d’eau avoient absorbé 56.975 grammes d'acide muriatique ; la liqueur avoit une pesanteur spécifique de 106.14, et par constquent 100 parties conte- noient 12.467 d'acide , tel qu’il est dans le gaz muriatique dépouillé d'eau par un grand refroidissement. Le mélange réfrigérant avoit fait baisser, pendant la durée de l'opération, le thermomètre centigrade entre 12 et 13 degrés au-dessous de la congélation; ensorte que le gaz réduit à ce degré de température a uù non-seulement abandonner l'eau qui produit les effets hygrométriques, mais peut-être une par- tie de celle qui ne peut pas contribuer à ces effets, parce qu'elle est trop fortement combinée, d'autant plus que la partie d'acide qui s’est fixée en liquide dans les vases qu’elle a parcourus , tendoient à la retenir. On verra dans la suite de ce Mémoire que le gaz muriatique dont je me suis servi, est loin de pou- voir-être regardé comme l'acide reel; mais il peut être con- sidéré comme une quantité constante, au moyen de laquelle l'on peut déterminer exactement les proportions des muriates et les comparer ayec les combinaisons des autres acides. S XII. De l'Ammoniaque réelle dans l'mmoniaque en liqueur. Je me suis servi pour cette détermination, du procédé que j'ai décrit pour l'acide muriatique; 200 grammes d'eau ont absorbé 19.206 grammes d’ammoniaque, et après cela la liqueur avoit une pesanteur spécifique de 9,656, d’où il résulte que 100 parties en contenoient 8.761 d'ammoniaque. Il s’est dégagé dans cette opération beaucoup moins de chaleur que dans la condensation du gaz muriatique, quoique les pesanteurs spécifiques de ces deux gaz fassent voir qu'il s’est condensé un volume plus grand de gaz ammoniaque que de gaz muriatique, et quoiqu'il se soit condensé dans moitié moins d’eau : cet eflet peut indiquer que le gaz ammoniaque contient moins de calorique que le gaz muriatique; mais il est probable qu'il dépend principalement de ce qu'il exerce une action moins forte sur l’eau , d’où vient que l'ammo- niaque en liqueur a beaucoup de tension, pendant que l’acide 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . muriatique, même fumant, surpasse peu l'eau à cet égard, ainsi qu'on l’a observé dans des expériences faites avec M. Biot, Je crois, d’après cette considération , que l'ammoniaque devoit avoir retenu bien peu d'eau, après avoir été soumise à un « froid de 12 à 13 degrés, et que dans cet état elle peut être prise pour une quantité réelle; ce que d'autres considérations confirmeront. M. Davy a aussi cherché à déterminer la quantité d'ammo- niaque réelle , en recevant dans l’eau le gaz ammoniacal ; la seule différence qu’il y ait, c'est qu'il n'a pas employé le froid pour séparer l’eau du gaz, et cette différence en produit une petite dans les quantités qu'il a indiquées dans une table qu'il a donnée pour différentes pesanteurs spécifiques; une liqueur d’une pesanteur spécifique de 9639 indique dans sa table pour 100 parties 9.50 d'ammoniaque réelle, et la mienne ramenée à cette pesanteur spécifique, en contiendroit 8.93. M. Kirwan a employé une méthode plus compliquée pour déterminer les quantités d’'ammoniaque dans les différentes combinaisons. Il a décomposé, par le moyen de la chaux, le carbonate d'ammoniaque en le supposant constant, et il a évalué l'acide carbonique qui a été retenu par la chaux, et l'ammoniaque qui s'est dégagée; il a ensuite employé ce car- bonate d’ammoniaque , dont il avoit ainsi déterminé la quan- tité réelle d'ammoniaque : il est facile de voir que ce moyen ne pouvoit le conduire qu’à des déterminations incertaines, et, en eflet, on en trouve de très-discordantes ; ainsi, 100 parties d'ammoniaque exigeroient , selon lui, 152.68 d'acide muriatique et 353.80 d'acide sulfurique, c’est-à-dire plus du double du dernier, pendant que 100 parties de potasse neu- tralisent 56.50 d'acide muriatique, et seulement 82.48 d'acide sulfurique. S XIII. De l'Affinité comparative de différentes bases alkalines avec l'acide muriatique. IL suit des principes que j'ai rappelés dans ce Mémoire, que pour comparer la Eue des différens alkalis relativement aux acides, il suflit d'établir les proportions des bases alkalines qui sont nécessaires pour saturer une quantité donnée d'un acide, et que les mêmes rapports existent entre ces bases et les autres acides ; j'ai choisi pour faire cette comparaison l'acide muriatique dont j'ai déterminé la quantité d'acide, S XI. La ET D'HISTOIRE NATURELLE, 201 La potasse a été préparée avec l'alcool, et amenée à l'état sec : elle a été tenue en fusion pendant un quart d'heure dans un creuset de platine. 100 parties de cette potasse dissoutes dans l’eau, exigent , pour parvenir à l’état neutre, d'acide muriatique, 61.5. 100 parties de soude qui a été préparée comme dans l'expé- rience précédente, 88. Ÿ Pour la chaux on s'est servi de marbre blanc : son analyse avoit fait voir qu’il contenoit 53.67 de chaux. 100 parties de chaux ont exigé 134.28. Mais , comme dans cette évaluation on suppose que le marbre ne contient point d’eau, je crois devoir porter ce nombre à 156, mais ayec quelque incertitude. É Comme la magnésie préparée par la calcination se seroit dissoute avec difliculté, on s’est servi d’un sous-carbonate de magnésie , dans lequel on avoit trouvé 40.12 de magnésie : 100 parties de magnésie ont neutralisé 173.69. | On a pris une eau de baryte qui en contenoit, par kilo- gramme , 15.588 grammes : 100 parties de baryte ont neu- tralisé 43.68. 100 parties d’ammoniaque, déterminées comme on l'a vu $ XIT, ont exigé 213. L'expérience faite avec l’'ammoniaque , dans cette circons- tance et dans les autres semblables, a donné beaucoup plus d’inégalité dans différentes épreuves que les autres alkalis , qui n’ont, au contraire, présenté que de très-petites diflé- rences : tous les nombres indiqués sont le terme moyen de deux épreuves très-rapprochées par leur résultat. Ê Les nombres qui expriment les quantités d'acide muriatique qui ont été nécessaires pour neutraliser 100 parties pondérales de chaque alkali, représentent les puissances comparatives de ces alkalis dans le même ordre que je les avois représentées dans l'Essai de statique chimique , tomeT, section 2, d’après les expériences de’M, Kirwan; mais les distances intermé- diaires diffèrent de celles qui seroient conclues de ces expé- riences et de ses tables des quantités d'acide réel. ; Je n'ai pas compris la strontiane dans mes expériences ; mais il paroït par celles de M. Kirwan et d’autres chimistes, qu'elle doit ètre placée entre la potasse et la baryte; cependant les résultats de M. Richter assigneroient sa place entre la soude et la potasse : il résulteroit encore de ses expériences que la magnésie exigeroit une plus grande quantité d'acide que l’'ammo- Tome LXIVP, MARS an 1807. Cc 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE niaque ; mais, malgré quelques doutes qui peuvent rester sur les quantités d’acide qui neutralisent l'ammoniaque, la magnésie lui est certainement fort inférieure, et mes expériences sont d'accord en cela avec celles de M. Kirwan. SPXTV Application des expériences précédentes aux Carbonates. Les quantités d'acide carbonique qui sont nécessaires pour saturer les différentes bases, doivent se trouver en rapport avec celles d’acide muriatique qui produisent le même eflet : comparons ces quantités. Pour faire cette comparaison, il est à propos de faire une petite addition aux poids d’acide carbonique que j'ai donnés SSI, IT, II, parce que le liquide retenoit une certaine quan- tité d'acide carbonique , quoiqu’on y ajoutât un excès d'acide sulfurique pour le chasser, et la partie vide de l'appareil, quoiqu'il eût de petites dimensions , devoit aussi en retenir un peu : cette quantité doit être la même pour chaque base; je l'évalue à 0.04 que j'ajoute aux quantités que j'ai indiquées. Après cette correction les quantités d’acide carbonique néces- saires pour saturer 100 parties de potasse, de soude et d’ammo- niaque , sont à-peu-près comme les nombres suivans : Pour lapatasse. satretitiecsentes 9 La soudées sosie Hottes fé L'ammoniaique:.. ins. 44 41270) On voit d'abord que ces trois bases alkalines suivent pour l’acide carbonique la même progression que pour l'acide mu- riatique , et si l’on compare aux nombres précédens ceux: qui représentent les quantités d’acide muriatique, que ces mêmes bases exigent pour le même degré de saturation, c’est- à-dire pour Exypotassets. 740. a MAR 1). 467.5 Tassoude:n#3 et RAR TOrE. Et: 1198 L'ammoniaque. . LNAIPTE NACRE MOTS on trouvera que les proportions de l’un et de l’autre acide: avec la potasse et la soude, sont autant d'accord qu'on peut: l'attendre d'expériences qui exigent chacune deux évaluations différentes : la proportion de l’acide carbonique avec l’ammo- niaque, s'éloigne beaucoup plus de celle qui est indiquée par: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 le muriate d'ammoniaque; mais il faut observer que pour la déterminer , il m'a fallu d’abord établir la proportion d'acide muriatique qui neutralise l’ammoniaque, et ensuite reconnoïtre, au moyen de cette première évaluation, la quantité d'ammo- niaque qui existe dans le carbonate d'ammoniaque , et enfin la quantité d'acide carbonique qui est combinée avec elle. On doit, par une suite de cette marche, attribuer plus d’exacti- tude aux proportions déterminées pour le muriate d’ammo- niaque qu’à celle du carbonate d'ammoniaque , et il me paroit indubitable que la quantité d'acide carbonique nécessaire pour saturer 100 parties d'ammoniaque excède 300 parties. Si l'on établit sur les proportions d’acide muriatique qui sont nécessaires pour neutraliser les différentes bases, celles qui doivent produire le mème effet avec l'acide carbonique , on trouve qu’il faudroit 217 parties d’acide carbonique pour en neutraliser 100 de chaux, 268 pour 100 de magnésie, 67 pour 100 de baryte. Je me sers pour cette évaluation, du rapport de l’acide muriatique et de l'acide carbonique pour la potasse; si je fais usage de leur rapport avec la soude, j'ai les nombres suivans: 219 pour la chaux, 284 pour la magnésie, et 71 pour la baryte. 1 Je me rapproche beaucoup plus des premiers nombres, si je porte la proportion d'acide muriatique qui est nécessaire pour saturer 100 de soude à go, au lieu de 88, et je crois ce nombre plus voisin de la réalité, parce que ma soude, quoique préparée avec beaucoup de soir, donnoit des indices d'acide muriatique : je ferai cette substitution dans les éva- luations suivantes. j On a vu que les sous-carbonates différoient beaucoup entre eux par la quantité d’acide carbonique qui s'y trouvoit com-— binée, quoiqu'ils montrent plus de disposition à avoir certaines proportions : il m'a paru intéressant de comparer sous ce rapport avec les sous-carbonates naturels les sous-carbonates de baryte et de chaux que l'on obtient, en exposant à l'acide carbonique les eaux qui tiennent ces substances en dissolution. Pour ceux que l’on obtient en précipitant les dissolutions par les sous- carbonates alkalins , ils prennent des proportions qui dépen- dent de celles des sous-carbonates qui servent à la précipitation. J'ai donc fait passer un courant d’acide carbonique dans une eau chargée de barytè jusqu'à ce qu'il ne se soit plus fait de Pere mais l'opération a été discontinuée aussitôt que le iquide a cessé d’être troublé par l’acide carbonique : j'ai exa- Cc 2 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE miné ce liquide qui s’étoit éclairci au moyen du dépôt; j'ai trouvé qu'il contenoit encore une portion considérable de basyte tenue en dissolution par l’acide carbonique , mais dans l'état neutre, ensorte qu'il ne donnoit aucun indice d'acidité ni d’alkalinité avec les papiers d’épreuve : le précipité a ensuite été soumis à la dessication par le moyen de l'ébullition de l'eau ; après cela on en a dégagé l'acide carbonique, et il s’est trouvé qu'il contenoit 21 parties d'acide carbonique sur 100, et le carbonate naturel de barÿte donne , selon l’analyse de Pelletier et de M. Kirwan, o 22 : le dernier a déjà remarqué que le carbonate artificiel contenoit les mêmes proportions. On a fait la même opération sur l’eau de chaux; il est resté de méme en dissolution une certaine quantité d'eau de chaux qui étoit mise dans l’état neutre par l'acide carbonique, mais en moindre proportion que la baryte. Le dépôt séché comme celui de baryte, a donné la même quantité d’acide carbonique que le marbre blanc : on a retiré du carbonate desséché 46.36 d’acide carbonique sur 100, et 46.33 du marbre blanc. On voit par ces deux expériences que l’acide carbonique se partage en deux portions , l’une qui s’unit à la baryie et à la chaux pour former des sous-carbonates qui ont des pro- portions constantes , et l’autre qui forme une combinaison soluble qui est dans l’état neutre ou qui en approche. C'est ainsi que l’on voit dans plusieurs circonstances un acide former une combinaison soluble et une combinaison in- soluble; mais l’une et l’autre varient selon les quantités, au lieu que l'acide carbonique ne se dissolvant qu’en certaine proportion dans l'eau, son action doit être uniforme , ainsi que la séparation qui en est l'effet. La conformité des carbonates que l’on obtient en préci;i- tant la chaux et la baryte par l'acide carbonique avec les car- bonates naturels , me paroît remarquable : on obtient les mêmes produits que si la chaux et la baryte avoient été tenues en dissolution dans les temps primitifs, et précipitées par l'acide carbonique qui auroit été superposé. ET D'HISTOIRE NATURELLE 205 SV: Des proportions de l'Acide dans l’Acide sulfurique et dans les Sulfates. M. Klaproth vient de donner (1) une nouvelle détermination des quantités d’acide et de baryte qui composent le sulfate de baryte, dont la plupart des chimistes se sont servi pour reconnoître les quantités d’acide qui se trouvent dans les diflé- rens sulfates : il compare les résultats assez différens des chimistes qui l’ont précédé dans cette recherche, et il s'arrête aux proportions de 76 de baryte et de 33 d'acide sulfurique. J'ai tâché d'atteindre le plus près qu'il m'a été possible à la véritable proportion : pour cela j'ai dissous de la baryte dans de l'eau; on a distillé un poids donné de cette eau, coupé la cornue où s’étoit faite la distillation , placé dans un creuset de plitineia baryte séchée, et ensuiteonatenu rouge pendant quelque temps le creuset placé dans un autre creuset rempli de sable : on a pris le-terme moyen de deux expériences qui différoient très-peu. L’eau de baryte dont je viens de parler, et dans laquelle la quantité de baryte étoit bien déterminée, a servi à plusieurs opérations; pour le sulfate de baryte, on a saturé 5 hectogrammes d'eau de baryte avec l’acide muriatique , et on a produit la précipitation par le sulfate de soude : ce pré- cipité convenablement lavé , et tenu également rouge pen- dant quelque temps dans un creuset de platine, a donné, résultat moyen de trois expériences, 73.12 de baryte, ce qui est fort rapproché du résultat de M. Thenard,; qui est de 74.82 de baryte. J’ai dû faire quelques pertes ; car on ne peut cal- ciner le précipité dans le papier qui a servi à le recueillir, parce qu'alors on en convertit une partie en sulfure , ainsi que me l'a fait remarquer M. OEizel, qui m'a secondé avec beaucoup de soin dans mes expériences : je crois: donc devoir prendre un terme moyen entre le résultat de M. Thenard et “le mien , et devoir fixer à 74 de baryte et à 26 d'acide sul- furique, les proportions du sulfate de baryte qui a été tenu à un grand jeu ; ensorte que 100 parties de baryte sont neutralisées par 35.10 d'acide sulfurique. (x) Neues allæemeines Journ. der chem. 5 band. 5 heft. 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Klaproth a précipité 100 parties d'acide sulfurique dont la pesanteur spécifique étoit de 1.850, ce qui est la plus grande concentration à laquelle il ait pu l'obtenir, et mes expériences s'accordent en cela avec les siennes : il a obtenu un précipité qui, après une forte dessication , pesoit 225 ; il conclut que cet acide étoit composé de 74.4 d'acide et de 25.6 d'eau, et d'après mes résultats il seroit composé de 58. 50 d'acide et de 41.50 d’eau. Cette grande quantité d’eau que l'acide sulfurique retient en prenant l'état de vapeur, à une température beaucoup plus élevée que celle de l’'ébullition de l'eau, et les effets hygro- métriques qu'il produit malgré cette quantité, font voir avec quelle force l’eau est retenue dans les substances qui ont de l'action sur elle. J'ai saturé et précipité par la baryte neutralisée un acide sul- furique dont la pesanteur spécifique étoit de 141.70 , et ilest résulté de mon expérience qu'il contenoit 51.06 d’acide réel. Je néglige dans ces évaluations les effets de la température, parce que toutes mes expériences ont été faites entre 9 et 12 degrés du thermomètre centigrade, et que les différences qui Pourroient résulter, en les comparant avec celles de M. Kirwan, sont très-petites. M. Kirwan a cherché à déterminer les quantités d’acide réel qui se trouvent dans l'acide sulfurique de différentes pe- santeurs spécifiques, et il en a donné une table; mais il s’est servi de moyens indirects auxquels j'oppose les mêmes obser- vations que j'ai faites pour ses déterminations de l'acide mu- riatique. L’acide dont je viens de parler, contiendroit, selon la table de M. Kirwan, sur 100 parties, 42.67 d'acide réel , et selon mon évaluation, il n’en contient que 31.15. J'ai cherché autrefois à déterminer (1) la quantité d’oxigène que le soufre prend en passant à l'état d'acide sulfurique, en ‘le traitant avec l'acide nitrique, et en précipitant l’acide qui s'est formé par le muriate de baryte; mais mon évaluation étoit très défectueuse : depuis lors plusieurs chimistes ont em- ‘ployé le même moyen, et M. Klaproth conclut de ses expé- riences que l'acide sulfurique, indépendamment de l’eau, est composé de 42.5 de soufre et de 57.7 d'oxigène. . Dans une expérience que je choisis parce qu'elle a été suivie (4) Mémoires de l'Académie pour 1782. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 avec plus de soin et sur de plus grandes quantités, 17.846 grammes desoufre changé en acide sulfurique par l’acidenitrique, ont donné 127.515 grammes de sulfate de baryte poussé au feu, qui contenoit 53.193 d'acide , ensorte que 53.83 parties de soufre se combinent avec 46.17 d’oxigène, et que 100 parties de soufre prennent 85.7 d'oxigène pour se changer en acide sulfurique. J'ai encore la satisfaction de me rencontrer ici avec M. The- nard, dont les proportions sont, d'après son évaluation du sulfate de barÿte, 65.56 de soufre et 44.44 d'oxigène : mais ik faut remarquer que dans ce caleul, l’on suppose que l'acide sulfurique qui est dans le sulfate de baryte fortement poussé au feu, ne contient point d'eau; ce qui est invraisemblable. Pour parvenir à une plus grande précision ,: il faudra avoir recours à d'autres méthodes ;: telles que la combustion ; mais! Lavoisier , qui a déterminé rigoureusement la proportion d’oxi- gène qui se combine avec le phosphore dans-sa combustion , n'a pu réussir avec le soufre. Mon résultat ne s’éloigne presque de celui du célébre Klaproth que par la différence que nous mettons dans les parties constituantes du sulfate de baryte ; 151.5 parties de soufre changées en acide sulfurique lui ont donné 1802 de sulfate de baryte , et en admettant 0.26 d'acide sulfurique, 100 parties de soufre se seroient combinées avec 86. 14 d’oxigène, 100 parties de potasse, préparée comme je l'ai dit, S XIIT, ont été neutralisées par 158.815 d'acide sulfurique à 141.70 de pesanteur spécifique, d'où il résulte que 100 parties de potasse se combinent avec 49:33 d'acide réel pour parvenir à l'état neutre. Si l’on fait une proportion dont le premier terme soit la quantité d'acide muriatique qui neutralise 100 parties de baryte, le second la quantité d'acide sulfurique qui produit le même eflet, le troisième celle d'acide muriatique qui neutralise 100 parties de potasse, le quatrième terme donne 49.41 pour la quantité de potasse, au lieu de 49.33 qu'indique la combi- naison directe. Eu comparant la quantité d’acide sulfurique qui neutralise la baryte et la potasse, soit d'après le calcul , soit d'après l'expérience, avec la quantité d'acide muriatique qui sature la baryte, pour connoître celle qui est nécessaire pour la po- tasse , on trouve la quantité d'acide muriatique qui a été déterminé par l'expérience à quelques millièmes prés. 9 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces épreuves faites avec des acides aussi différens que l'acidé carbonique , l'acide muriatique et l'acide sulfurique, vérifient la constänce des rapports de puissance entre les différens acides et les différens alkalis : elles prouvent que l’on peut avec sureté déterminer les proportions d'acides différens qui peuvent se combiner avec les bases alkalines, dès que l'on a établi les rapports qui existent entre un acide ét les différens alkalis, et pourvu que l’on connoisse les proportions d’une seule combinaison neutre de l'acide que l’on examine, avec une.des bases alkalines, elles font voir enfin que les expé- riences que j'ai rapportées ont assez de précision pour qu'on puisse les employer avec confiance, à part les exceptions que J'ai indiquées. En appliquant, donc ma méthode aux combinaisons ‘de l'acide sulfurique, on trouve qu’il faut d'acide sulfurique pour 100 parties DETTE. ee A TRS Detchagx "0 PSN otre De magnéiie "ANR SERRE 15728 La détermination que je donne pour le sulfate de chaux paroil un peu contraire à celle que M. Bucholz vient de faire avec beaucoup de soin (1), et de laquelle il résulte que 100 parties de sulfate de chaux en contiennent 53 de chaux, 43 d'acide sulfurique , et 24 d'eau de cristallisation, de sorte que 100 parties de chaux en exigeroient 130 d'acide sulfurique ; mais cette différence dépend des proportions qu’il admet dans le sulfate de baryte, qu'il regarde comme composé de 67.5 de baryte, et de 32.5 d'acide sulfurique. IL faudroit seulement supposer qu’au lieu de 3 parties d’eau que, selon M. Bucholz, 100 parties de sulfate de chaux re- tiennent, lorsqu'on le calcine dans un vase d’argent, elles en retiennent 5 à 9 : ce qui n'est pas contraire à la vraisem- blance. D'ailleurs j'ai averti qu'il y avoit quelques incertitudes dans mes déterminations qui sont relatives à la chaux. SRE AE Des quantités d’Acide réel contenu dans l' Acide nitrique et dans les Nitrates. La détermination des quantités d'acide nitrique réel présente (1) Neues allgemeines Journ. der. chem, 5 band. 2 heft. beaucoup = ge —— #. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 beaucoup de difficultés par la facile décomposition des nitrates que l'on emploie, et dont on ne peut, à cause de cela, dis- tinguer l'eau étrangère à l'acide. Je me suis servi de la potasse dont j'ai saturé 100 parties avec un acide nitrique d’une pesanteur spécifique de 129.78 : et comme le nitrate de potasse s’évapore en partie avec l’eau, ainsi que M. Lavoisier l'a constaté, j'ai distillé la liqueur, et j'ai éprouvé le liquide qui a passé, avec le nitro-muriate de platine; car l'on sait que les sels à base de potasse y pro- duisent un précipité; or je n'ai point eu de précipité : le sel séparé de la cornue, et parfaitement neutre, a été séché au degré de l’ébullition de l’eau ; mais, après cela, il avoit subi un commencement de décomposition , et il donnoit des in- dices d’alkalinité : il pesoit 168.50; mais je porte le nombre à 170, pour compenser la décomposition qui avoit commencé (CE D'après cette évaluation qui a, comme l’on voit quelqu'in- certitude, mon acide contenoit sur 100 parties 32.41 d'acide réel. M. Davy qui a fait des expériences très-ingénieuses et très- intéressantes sur la composition de l'acide nitrique, des gaz auxquels il donne naissance et des nitrates, a employé une méthode indirecte et trop compliquée pour déterminer les quantités d’acide réel dans les nitrates et dans l'acide nitrique, pour lequel il a formé une table selon les pesanteurs spé- cifiques (2), et ses évaluations se trouvent très éloignées de celles que je présente. Mon acide ramené à la pesanteur spécifique la plus voisine de sa table, c’est-à-dire 129.78 , contiendroit, d'après mes données, 33 d'acide réel sur 100 , et selon sa table il en contiendroit 53.97. Selon cette table, l'acide nitrique qui a une pesanteur spé- cifique de 150.40, ne contiendroit que 8.45 d’eau sur 100 : ce qui est hors de toute probabilité. Mes résultats se rapprochent beaucoup plus de ceux de M. Kirwan : mon acide ramené à la pesanteur spécifique la plus voisine de sa table, contiendroit 32.62 d'acide réel sur 100 , et selon sa table il en contiendroit 36.77. 7 (x) Une expérience” dans Jaquelle j'ai évité la décomposition du nitrate, : ; É ga à : L m'a donné 170.31, différence trop petite pour m’engager à changer mes résultats. (2) Researches chemical, etc. Tome LXIF. MARS an 1807. D d 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mes résultats appliqués aux autres nitrates donnent pour 100 parties De souder ete te TA ES OR De chage nie el HUIT ETES De magnésie. Din. bon: 05 Debarmien ss min hiain. UM eu 297 S XVII. De l'action réciproque des parties intésrantes des combinaisons. J'ai cherché à déterminer les effets qui dépendent de la combinaison ou de l’aflinité de composition , de ceux qui proviennent de l’action réciproque des molécules intégrantes d'une combinaison , et de l’action du dissolyant qui tend à les tenir dans l'état liquide, et j'ai fait voir que l'on avoit confondu ces effets. Les capacités de saturation, déterminées par les quantités qui produisent l’état neutre, assignent aux acides et aux alkalis un ordre de puissance très-différent de celui qui leur a été attribué par une suite de cette confusion, et en prenant pour base les phénomènes de la précipitation ; mais quelques pro- priétés penvent paroître difficiles à concilier avec mon opinion. On pourroit m’objecter , par exemple , que si l'aflinité de la magnésie est beaucoup plus grande pour l'acide carbonique que celle de la baryte, comme il résulte de mes principes, la magnésie devroit retenir l'acide carbonique avec plus de force que la baryte contre l’action expansive de la chaleur, et cependant c’est le contraire que l'on observe : on parvient assez facilement à chasser tout l'acide carbonique du carbo- nate de magnésie, mais, au plus grand degré de chaleur, on ne peut décomposer le carbonate naturel de baryte ou la vithérite. Si ces effets dépendoient de la puissance de la combinaison, on devroit trouver beaucoup de ressemblance, à cet égard, entre le carbonate de chaux et le carbonate de magnésie; car ces deux substances diffèrent très-peu par la capacité de sa- turation, et cependant il est beaucoup plus facile de chasser l’acide carbonique de la magnésie que de la chaux : on devroit également trouver une ressemblance entre la potasse et la baryte qui différent peu par leur capacité de saturation, mais la potasse poussée au feu abandonne facilement son acide carbonique , pendant que la baryte le retient avec opiniâtreté. ET D'HISTOIRE NATURELLE. o7t 11 faut donc chercher quelqu'autre propriété de laquelle celle-ci puisse dépendre, et il est facile de la trouver dans l’action réciproque des parties intégrantes des combinaisons , et dans l’action que l'eau exerce, soit sur ces parties, soit ‘sur l'acide carbonique. En effet, Black, M. Kirwan, M. Pictet, ont éprouvé qu'en poussant le marbre au plus grand feu, on ne venoit pas à bout de le réduire entièrement en chaux. J'ai fait l'expérience au feu le plus vif d'une forge puissante, et il est resté une proportion considérable d'acide carbonique : jai humecté cette chaux imparfaite et je l'ai remise au feu ; la calcination ou le dégagement de l'acide carbonique a fait beaucoup plus de progrès, quoiqu'au méme degré de feu qui auparavant ne produisoit plus aucun effet : j'ai humecté une seconde fois, et la calcination a été presque complète. J'ai pensé, d'après cela, que la partie d’acide carbonique qui se volatilisoit du marbre, né le faisoit qu'au moyén de l'eau qui se dégage dans le commencement. J'ai donc soumis à l’action du feu 100 grammes de marbre blanc dans une cornue de verre qui, au moyen d'un bon lut, pouvoit soutenir un grand feu, et j'ai fait passer le gaz acide carbonique par un long tube de verre terminé par un petit ballon, l'un et l’autre plongés dans un mélange réfrigérant : lorsque le gaz a cessé de se dégager, quoiqu'on augmentät la chaleur, on a enlevé la cornue et on a trouvé le tube et la petite boule non- seulement enduits d'humidité, mais il y avoit dans la dernière un peu d’eau liquide; on ne pouvoit estimer à moins d'un gramme la quantité d’eau retenue par ce moyen. M. Kirwan n'en a point obtenu; M. Cavendish n’en avoit retiré qu’un grain de 511 grains de marbre; pour Bergmann, il en admettoit 0.11, mais seulement par induction. J'ai imaginé en conséquence que la calcination du marbre devoit faire plus de progrès , si je le tenois exposé long-temps à une chaleur médiocre, que si je lui faisois subir dès le commencement un feu très-vif qui en chassät promptement l'eau , et l'expérience a confirmé ma conjecture. Enfin, on sait que le marbre, ainsi que la vithérite, donnent facilement leur acide carbonique lorsqu'on les place dans un tube à travers lequel on fait passer de la vapeur d’eau. Le carbonate de magnésie retient par son aflinité, comme le fait voir son analyse, beaucoup de cet intermédiaire, dont le marbre n'a qu'une petite quantité et qui manque à la vi- thérite, et le carbonate de potasse est dans le même cas. D d 2 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il paroïit donc que la différence que les carbonates présentent lorsqu'on les soumet au feu, dépend de cette circonstance, et les expériences que je viens de présenter, ne font que confirmer l'opinion que M. Pictet a déjà établie sur la for- mation de la chaux (1). J'ai présenté sur l'état des substances salines qui sont tenues en dissolution par un liquide, une opinion qui doit être mo- difiée : j'ai. prétendu que pendant que l'état liquide existoit, il falloit considérer les élémens des sels comme s'ils étoient isolés, et comme s'ils exerçoient tous également une action réciproque , et j'ai pensé qu'il ne se formoit des combinaisons séparées qu'au moment de la cristallisation ou de la précipita- tion. Cette opinion sort de mesure : il est certain que la potasse qui forme un sel neutre, agit encore sur l’acide d’une autre combinaison , dont la base exerce à son tour une action sur l’autre acide ; mais plusieurs exemples font voir que l'état liquide ne détruit pas entiérement les combinaisons qui pré- existoient ; ainsi une dissolution métallique peut contenir l’oxide du méme métal dans différens degrés d'oxidation, ce qui ne seroit pas selon l'opinion que je dois modifier. Je vais citer un exemple qui m'a été fourni par M. Prieur. Si l’on’ fait à froid une dissolution de muriate d’ammo- niaque et de sulfate de cuivre, la liqueur a une couleur bleue pit est la couleur propre au sulfate de cuivre; mais si l'on ait la dissolution à chaud, ou si l’on échauffe la précédente, on à une couleur verte qui est la couleur propre au muriate de cuivre, et par les changemens de température l'on fait passer alternativement la liqueur du bleu au verd ou du verd au bleu. Ce que les faits indiquent, c'est que dans une dissolution de différentes combinaisons, il y a un tel équilibre entre les forces qui sont opposées, que c’est le degré de solubilité, ou l’action du dissolvant qui détermine les séparations qui se font, et les combinaisons qui cristallisent ou qui se précipi- tent : je crois en avoir donné des preuves convaincantes ; mais c'est à ce résultat de l'expérience qu’il faut borner mon opinion sur l'état des combinaisons qui sont tenues en dissolution. (1) Bibliothèque britannique, t. XIV , p. 235. ET D'HISTOIRE NATURELLE. oi OUI S XVIIL. Suite des observations sur l Acide muriatique réel, Je me suis servi, pour les déterminations précédentes, du gaz muriatique qui avcit élé exposé à une température de 12 degrés du thermomètre centigrade au-dessous de la con- gélation, et je le croyois assez dépouillé d'eau pour qu’on pt négliger, dans l'évaluation de l'acide réel, celle qu'il pouvoit contenir encore. Cependant j'ai cherché à reconnoître la quantité d’eau qui pouvoit étre contenue dans ce gaz : je mettois de l'intérêt à cet objet, moins pour déterminer la quantité d’acide mu- riatique réel dans ses combinaisons, que pour jeter du jour sur l'action mutuelle des substances gazeuses. Pour parvenir à ce but, j'ai neutralisé avec l'acide mu- riatique 100 parties de potasse préparée par la dissolution de l'alcool, et tenue quelque temps en fusion dans un creuset de platine avant qu'on la dissolvit dans l'eau. J'ai pris beaucoup de soin pour m'assurer que je ne perdois rien de sensible dans l’évaporation et la dessication : on a distillé jusqu'a la dessication; le liquide qui a passé ne trou- bloit point la dissolution d'argent; après avoir coupé la cornue, on a recueilli le sel avec soin; on l'a placé dans un creuset de platine sur un bain de sable; on a pesé le creuset après cette dessication, ensuite on l’a poussé à une forte chaleur après l’avoir placé dans un creuset rempli de sable , et on l'a pesé une seconde fois. Ainsi, pendant la distillation, l’eau seule a passé dans le récipient : la première et la seconde pesée n’ont donné qu’une très-petite différence, ce qui indique qu'en poussant le sel à un très-grand feu, il n’y a eu que la perte qu'on doit attri- buer à l'eau : en effet, l’intérieur du creuset et son couvercle n'annonçoient aucune sublimation ; le sel formoit un verre composé de molécules cristallines ; dissous, il a donné les indices d'un état parfaitement neutre. , Le sel, dans cet état, ne pesoit que 126.60, d’où je dois conclure que le gaz, que j'avois cru ne contenir qu'une quan- tité d'eau qui pouvoit être négligée, en contenoit 34.90 sur 61.5, que l’on a vu (S XIII) se combiner avec 100 de potasse. Ce résultat m'ayant étonné, j'ai répété deux fois l'expérience 214 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avec les mémes soins, et les poids que j'ai obienus n'on différé entre eux que de quelques millièmes, J'ai craint que la potasse, quoique poussée à un grand feu, ne retint une quantité d’eau qui pouvoit m'en imposer; pour éclaircir ce soupçon, j'ai fait l'épreuve avec l’eau de baryte dont j'ai parlé : si la perte devoit être attribuée à la potasse, je devois trouver dans le muriate de baryte une proportion d'acide qui me l’indiqueroit ; mais j'ai eu une proportion même un peu inférieure à celle que désignoit le muriate de potasse, car 100 parties de baryte m'ont donné 117.47 de muriate de baryÿte fortement poussé au feu, et la proportion établie par le muriate de potasse auroit exigé 118.89. Je ne puis appercevoir aucune cause d'erreur, et je suis forcé de conclure que le gaz muriatique, après avoir abandonné toute eau bygrométrique, contient plus de la moitié de son poids d'eau qui ne contribue point aux effets hygrométriques, en supposant que la portion qui doit se trouver dans le sel malgré la forte dessication à laquelle il a été soumis, com- pense celle que l'alkali retenoit encore, après avoir été poussé au feu, supposition qui laisse une incertitude inévitable. Cette eau qui se trouve en si grande proportion dans le gaz muriatique, que l'on doit supposer dans le plus grand degré de dessication hygrométrique , est diflicile à concilier avec quelques opinions d'un célèbre physicien, M. Dalton, qui n’a pas distingué les effets hygrométriques auxquels l’aflinité mulvelle des gaz ne concourt pas sensiblement, de ceux qui dépendent d’une combinaison réelle ou de l’aflimité chimique : il a appliqué les observations qu'il avoit faites sur l’état res- pectif des gaz à leur dissolution par les liquides, qu'il ne re- garde que comme un effet mécanique (1); cependant l'eau dissout un volume de gaz muriatique qui est un grand nombre de fois plus grand que le sien propre, et cet effet ne peut ètre dû à une cause mécanique : les gaz qui se dissolvent en moindre quantité diffèrent beaucoup entre eux par la propor- tion qui s’unit au liquide, sans qu'on puisse y appercevoir aucune propriété mécanique qui rende raison de cette diffé- rence : maïs cet objet demanderoit une discussion particulière. M. Henry avoit déjà remarqué que l’étincelle électrique pouvyoit dégager une certaine quantité de gaz hydrogène du a ——— ——_———_—_—_—— (1) Mém. of Munchester, 2 ser. vol, I. i ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 gaz muriatique fortement desséché (1), ce qu'il avoit très- bien ‘attribué à l'eau qu'il tient en combinaison; mais l'effet de l'électricité doit s'arrêter, lorsque l’action du gaz est de- venue assez forte par la diminution d’eau qu'elle occasionne. Il ne faudroit pas conclure de là que tous les gaz doivent contenir une grande proportion d'eau latente; cet effet doit dépendre de l'énergie de l’aflinité qu’ils exercent sur elle : par exemple, le gaz ammoniac n'en doit pas contenir sensible- ment une plus grande proportion que le gaz hydrogène et le gaz azote n'en contenoient séparément , puisque son poids correspond à celui de ces deux gaz, et puisqu'on n’observe point d'eau lorsqu'on le décompose par l'électricité. Ce résuitat est encore confirmé par les belles expériences de M. Biot, qui a trouvé dans ce gaz la réfraction qui doit résulter de celles des proportions d'hydrogène et d'azote, dont il est com- posé. Pareillement, il ne suit pas des observations précédentes que la pesanteur spécifique du gaz muriatique devroit s’accroitre à mesure qu’on le priveroit de son eau de combinaison : il est très-probable que l’action mutuelle produit une condensation considérable dans le gaz muriatique et dans la vapeur d’eau, et si l'on trouvoit le moyen de séparer la dernière, le gaz Muriatique pourroit avoir une pesanteur spécifique beaucoup plus petite que celle que nous lui connoissons dans son état ordinaire. 6 On doit être frappé de la différence que mes expériences apportent dans les proportions que des chimistes très-recom- mandables ont attribuées à la combinaison neutre de l'acide muriatique avec la potasse : selon M. Kirwan, 100 parties de potasse se combinent avec 566.3 d’acide muriatique réel; et M. Richter admet une proportion encore beaucoup plus grande d'acide; je dis avec quelque confiance que l’on ne pourra trouver que des quantités peu dilférentes des miennes, parce qu'elles sont chacune le résultat de plusieurs épreuves, pourvu que l'on combine directement l'acide avec. la base alkaline préalable- ment privée d’eau autant qu'il est possible, pour en reconnoître le poids , ét que l’on chasse par un haut degré de chaleur l’eau de la combinaison. à Cette réduction de la quantité d’acide réel n'’altère point les résultats que j'ai établis sur les proportions correspondantes (1) Transactions philosophiques , 1800. 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'acide et d'’alkali dans les différentes combinaisons, et je n'ai rien à changer à cet égard : il suflit de substituer une quantité d'acide réel qui soit à celle du gaz murialique dans le rapport de 26.60 à 61.5. Un acide muriatique d’une pesanteur spécifique de 1063, contient, selon la table de M. Kirwan, 8.25 d’acide réel sur 100 parties en poids, et en le ramenant à la pesanteur spécifique de celui que j'ai employé, il en contiendroit 8.03; mais il n’en contiendroit que .5g en prenant pour base mes expériences sur le muriate de potasse, et il faut remarquer que c’est aussi par la quantité d'acide muriatique qui se com- bine à la potasse avec le moins d'eau, que M. Kirwan a cher- ché à déterminer les quantités d’acide réel qui accompagnent les différentes pesanteurs spécifiques. $ XIX. De l'Acide phosphorique réel. Les combinaisons de l'acide phosphorique m'ont présenté des difficultés qui ne n’ont pas permis de déterminer leurs proportions avec beaucoup d'exactitude ; en attendant des expériences plus précises, je choisis, parmi celles que j'ai faites, celles qui me paroissent mériter le plus de confiance. Pour connoître le rapport qui existe entre l'acide phospho- rique, réduit dans l’état vitreux, et ce mème acide, dans une combinaison alkaline que l’on a poussée à grand feu, on a dissous dans une quantité d’eau, de l'acide phosphorique qui avoit été réduit à l'état de verre très-transparent dans un creuset de platine, et on a saturé avec cette liqueur acide 100 parties de potasse mise en dissolution : il a fallu une quantité correspondante à 85.51 de verre phosphorique, et la combinaison poussée à un grand feu avec les précautions requises , a donné 150.19 de phosphate de potasse. Il résulte de là que le verre phosphorique retient plus des trois huitièmes de son poids d’eau , outre celle qui est encore retenue indubitablement dans le phosphate de potasse poussé à un grand feu, phénomène analogue à celui qu'a présenté le gaz mu- latique. Cependant on pourroit, en répétant l'expérience , ne pas trouver un résultat parfaitement conforme; car je me suis assuré que le verre phosphorique, poussé long-temps au feu, finissoit par s'évaporer entièrement, en augmentant la chaleur, et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 et il est vraisemblable que la proportion de l’eau qu'il retient va en diminuant jusqu’à son entière évaporalion. J'ai aussi remarqué que sur la fin de l'évaporation de l’acide liquide, l’eau entraînoit une portion de l'acide; car le couvercle du creuset de platine dans lequel on achevoit cette évapora- tion, retenoit une liqueur qui donnoït des indices d'acidité. Il résulte de la détermination précédente, que la puissance de l'acide phosphorique seroit un peu inférieure à celle de l'acide sulfurique, ce qui est contraire à ce que j'avois pré- sumé, (Essar de Stat. chim., tome I, page 123.) Le phosphate de baryte ne m’a pas donné une proportion d’acide qui répondit à celle qui étoit indiquée par le phosphate de potasse ; il n’a pris pour la neutralisation de 100 parties que 27.35, tandis qu'il auroit dû en prendre, selon la loi des proportions , au-delà de 35. Cette différence dépend de ce que le phosphate de baryte se précipite avec un excès de base, comme nous avons vu qu’il faisoit même dans le mé- lange de deux combinaisons neutres ($S X), et comme le font la chaux et la baryte avec l'acide carbonique ($ XIV.) J'ai aussi cherché à déterminer la puissance comparativé de l'acide fluorique qui paroit fort supérieure à celle des autres acides , d’après les proportions données par M. Richter; mais J'ai éprouvé des difficultés que je n'ai pas surmontées jusqu à présent; par exemple, je n'ai pu dessécher, même au degré de l’ébullition de l’eau , le fluate de baryte, sans qu'il s’exhalât une portion de l'acide fluorique qui entrainoit avec lui de la baryte. Au reste, il est probable que le fluate de baryte n’in- diqueroit pas les proportions d'acide fluorique qui neutralisent les différentes bases alkalines, parce qu'il se précipite égale- ment avec un excès de base dans le mélange de deux com- binaisons neutres. È S XX. Résultats. L'acide carbonique peut, au moyen d’une compression , neutraliser toutes les bases alkalines, ainsi que les autres acides ; j'en ai déterminé les quantités nécessaires pour pro- duire cet effet avec les différens alkalis. Il forme avec les bases aikalines des combinaisons qui cris- tallisent avec des proportions très-diflérentes , et l'on ne peut dire que cette espèce de combinaison n’a qu’un terme fixe dans ses proportions. Tome LXIF. MARS 1807. Ee 218 JOURNAL DE PHYSIQUEÿ; DE CHIMIE La même variété dansiles proportions s’observe dans’ les sels acidules et alkalinules (+) ,:qui ont également tous les caractères des combindisons chimiques. : La puissance relative des alkalis est représentée par la quan- tité d'un méme acide que chavun des alkalis exige pour sa neutralisation : de même;la puissance relative des acides. est représentée par la quantité d'un méme alkali qui est nécessaire à chaque acide pour parvenir à l'état neutre. -Ees rapports de puissance sont les mêmes entre tous les alkalis et tous les acides ; ainsi, dés que l'on connoît les pro- portions des différentes bases alkalines qui réduisent un acide à l'état nentre ; et celles de la combinaison de l’une de ces bases avec tout autre acide, on peut conclure quelles doi- vent être les proportions: des autres. alkalis qui sont néces- saires pour neutraliser ce dernier acide. | ny J'ai tâché: de, réaliser, par mes propres expériences , ce principe: que j'avois établi (Essai de Stat. chim.), et dont je w'avois fait des, applications que sur des expériences qui n'avoient pas été, dirigées vers ce but. IL ‘résulte de mes observations , que la puissance alkaline de l’ammoniaque, ‘de la magnésie, de la chaux, de la soude, de la potasse et de la baryte, sont à-peu-près comme les nombres suivans, 213, 174, 136, 90, 62, 44. Cependant le nombre qui représente la force de l'ammoniaque est sujet à une imcertitude que l’on peut évaluer à un dixième , ce qui m'en a fait négliger les applications ; celui qui représente la force alkaline de la chaux a aussi une incertitude, mais qui est beaucoup plus petite : je regarde les autres comme des approximations qu'il ‘est diflicile de rendre plus rigoureuses , puisque le calcul fondé sur ces nombres et l’expérience di- recte, conduisent presque exactement aux mêmes résultats. L'acide muriatique , le. sulfurique, le nitrique, le carbo- nique, ont une puissance qui est à-peu-près en ordre inverse des nombres suivans, 35, 44, bo, 99. L’acide phosphorique paroit différer peu à cet égard de l'acide sulfurique. Mais tous ces acides sont supposés privés d’eau et tels que se trouvent, l'acide sulfurique dans le sulfate de baryte forte- ment poussé au feu , l'acide muriatique dans le muriate de potasse également poussé au feu, l'acide nitrique tel qu’il est … (r) 1l:me paroît à propos d'adopter, avec M. Chevrevin et M. Thomson , QE d HER ; la désignation de ces sels par les prépositions sur et sous, comme l’a pro-- gosé M. Péarson , dans sa traduction de la Nomenclature chimique. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 219 dans un nitrate qui commence à se décomposer, l'acide car- bonique tel qu'il est dégagé d'une combinaison par l'acide sulfurique. J'ai comparé mes expériences avec les tables d'acide réel données par M. Kirwan et par M. Davy , et j'ai indiqué les différences qui en résultent pour la détermination de l'acide réel contenu dans lacide [sulfurique , l’acide muriatique et l'acide nitrique. - J'ai fait voir que le gaz muriatique , qui doit étre privé de l’eau qui produit les:effets hygrométriques , par un refroidis- sement de 12 degrés du thermomètre centigrade, contient encore plus de la moitié de son poids d’eau ; mais cet effet dépend de l'énergie de l’affinité qu'il exerce sur l’eau, et il doit varier dans les différens gaz en raison de cette force. L’acide sulfu rique contient aussi une grande proportion d'eau, que le passage à l'état gazeux ne peut en séparer malgré la diffé- rence de volatilité; et quoique cet acide très-concentré ait une grande proportion d’eau, il exerce une grande force hygromé- trique sur l'atmosphère : ce n’est que lorsque l’eau devient très- surabondante que la chaleur peut en volatiliser sans qu'elle entraîne de l'acide. Re L’acide phosphorique’ réduit dans l’état vitreux, contient plus des trois cinquièmes de son poids d'eau : une forte chaleur ne peut dégager une partie de cette eau, sans que l'action qu'elle exerce sur l'acide n’en produise un partage et n’en fasse exhaler avec elle : lorsque ce partage est parvenu à un certain point, l’eau détermine l'acide phosphorique à se volatiliser entièrement avec elle. x L'eau qui est manifestement retenue, dans les circonstances précédentes, par la force qui produit les combinaisons chimi- ques , l’aflinité, ne peut être séparée qu’au moyen d'une autre aflinité telle. que celle d’un alkali pour l'acide ; mais, sans doute, une partie est encore retenue par la combinaison saline, en laissant une incertitude sur les derniers résultats chimiques; et elle ne doit pas être oubliée dans les circonstances où elle peut subir des décompositions , et donner naissance à dés phé- nomènes qui peuvent s'expliquer naturellement par cette dé- composition. Ainsi, les effets de Vaffinité et ceux qui dépendent des pro- pere physiques, doivent étre distingués et balancés dans explication des phénomènes qui sont produits par l'action ré- ciproque des différentes substances. Le 2 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE HAUTEURS DE PLUSIEURS LIEUX DérTermiNéEs par de baromètre, dans le cours de différens voyages faits en France , en: Suisse, en Italie ; Pan F.. BE RGER, Docteur-Médecin, de Genève. PREMIER;:MÉMOIRE. Ux des moyens les plus propres pour contribuer à l'avance- ment de la géographie physique dans l'état actuel de nos connoissances , c'est de déterminer l'élévation d'un grand nombre de points de la surface terrestre. Le savant auteur de la Mécanique céleste a proposé, dans ce but, d'employer les observations du baromètre, conjointement avec la longitude et la latitude, afin d'obtenir un nivellement plus complet et plus étendn que ne le comportent les mesures trigonométri- ques, et qui nous fasse en même temps sentir la direction des chaines de montagnes, la pente des fleuves et la forme exacte des terreins (1). C’est pour remplir ces vues d'utilité que je joins aux re- cherchés des savans qui se sont occupés de cette branche de la physique , les observations que j'ai recueillies dans différens voyages. Elles feront le sujet de quelques Mémoires que je publiérai successivement, et dans lesquels j'indiquerai d’une manière générale la nature des terreins des lieux dont je ferai mention, afin de rendre ce travail plus immédiatement utile à la géologie. -ÊTHOLSE 1: TND OT TN (1) Astr. phys. de M. Biot, tom. I, p: 143. 8 LA ET D'HISTOIRE NATURELLE. 221 Toutes les hauteurs ont été calculées d’après les formules de MM, de Luc et Trembley, non que je veuille prétendre par-là que ce sont les seules bonnes à suivre, je sais qu'il existe depuis quelques années une méthode fondée sur des principes différens , et qui, proposée par un savant illustre, a droit de mériter toute notre attention ; mais mon travail étoit achevé en, grande partie avant que j'en eusse connois- sance, ou du moins avant que je me ia fusse rendue propre. Il eût été trop pénible de le recommencer tout de nouveau, d’ailleurs je n’en avois pas le temps, et d’un autre côté, j'ai jugé-que ce n'étoit pas une raison suflisante pour renoncer à le publier tel qu'il étoit. On ne sauroit trop engager ceux qui s'intéressent au perfectionnement de la mesure des hau- teurs par le baromètre, à calculer leurs observations d'après plusieurs formules, car en pareille matière, c'est surtout le résultat de l’expérience qu'il faut considérer ; or nous n’avons point encore un assez grand nombre de faits constatés pour employer une formule ou méthode exclusivement à toute autre. Il faudroit qu’un physicien, qui demeureroit dans le voisinage de quelque montagne isolée, s’occupât de la mesurer trigonomé- triquement d’une manière fort exacte, et qu'il fit ensuite un très-grand nombre de fois la même opération au moyen du baromètre , en calculant ses observations d'après plusieurs for- mules, pour en comparer les résultats avec celui de la mesure géométrique. Il seroit surtout important que les observations fussent faites dans toutes les saisons de l’année et à différentes heures de la journée, par conséquent à toutes sortes de tem- pératures. En effet, à l’époque où l'on va sur les montagnes médiocrement élevées, on y rencontre à-peu-près toujours le même degré de température, et le plus souvent celui où les diverses formules donnent des résultats très-peu divergens. Il ne faut donc pas croire que la science soit déja parvenue à un degré de perfection tel que l'on puisse se dispenser de faire encore des tâtonnemens. La seule marche à suivre me paroïît être celle de l'expérience. Mais une considération importante à laquelle il faut avoir égard si l'on ne veut pas que la science fasse des pas rétro- grades, c'est de n'employer pour les observations que des ins: trumens bien faits, autrement on courroit le risque d’imputer à la théorie des erreurs dues seulement à quelque défaut de construction dans les instrumens dont on se sert. Lorsqu'il n'entre pâs dans les yues d’un, voyageur de déterminer les 2352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE hauteurs des lieux qu’il parcourt avec toute la rigueur possible , comme cela peut arriver quelquefois, par exemple au géologue, il faut avoir la bonne foi d’en avertir. Enfin, quand on publie une série-de hauteurs barométriques exactes , il y auroit des avantäges, 1° à indiquer les époques où elles ont été faites, particulièrement l'heure de la journée ; 2° à rapporter les résultats obtenus par nos devanciers, quelque différens qu'ils fussent des nôtres, en même temps que les formules dont ils ont fait usage , lorsque cela est possible, -On fourniroit ainsi des matériaux utiles pour les progrès de la science, à quelqu'un qui voudroit par la suite tirer des conséquences générales de tous ces travaux partiels. 5 Je tâcherai de me conformer le plus aux règles que je viens de poser. Je classeraimes observations barométriques suivant les voyages où elles ont été faites ; elles seront précédées, comme je l’ai déjà dit, des différentes remarques que j'aurai eu occasion de faire tant sur la nature du sol que sur d'autres objets. $ Ier. Hauteurs déterminées pendant un voyage fait dans les ci- devant provinces de Picardie et de Normandie. Je fis ce voyage sur la fin de l'an 11, accompagné de MM. Jurine et de la Roche: mes amis et mes collègues. Je partis de Paris, me proposant de suivre autant que possible les bords de la mer, pour examiner la structure des falaises et leurs différentes élé- vations. Je me servois pour cela d’un baromètre à siphon fait par l'artiste Dumotiez, dont je n’ai pas jugé la construction assez parfaite pour devoir considérer les résultats que j’en ai obtenus, autrement que comme des résultats géologiques. On sait qu’une partie du sol de la France en allant du sud- est au nord-ouest, depuis la Champagne jusque sur les bords de la mer, est composée d’un terrein crayeux qui se prolonge jusqu'en Angleterre, dans lequel sont renfermés des silex ou pierres à fusil, isolés, de forme irrégulière, rangés par lits parallèles plus ou moins distans les uns des autres au milieu des couches de craie avec lesquelles ils alternent. On sait aussi que la surface de ces silex est revètue d’une croûte blanche que quelques minéralogistes regardent comme un commence- ment de décomposition. Les uns pensent que la formation de ces silex est due à la conversion de la terre calcaire en terre ÉT D'HISTOIRE NATURELLE: 223 siliceuse; d’autres, qu’elle dépend d'infiltrations siliceuses au milieu de la craie elle-méme. — Beauvais, Amiens..... se trouvent sur la ligne de cette formation. En descendant la Sdmme depuis Amiens, on voit sur la rive gauche de cette . rivière , des monticules ainsi formés qui ont peu d'’élévation, On calcine la craie pour en faire de la chaux. Je nai ren- contré ici dans la craie aucune trace de pétrifications , mais en cassant des silex , j'ai trouvé dans l'intérieur de l'un d'eux, une jolie cristallisation quartzeuse. . A Picquigny, on voit des tourbières qui fournissent une tourbe de bonne qualité, qu'on consomme dans le pays. A St.-Valery-sur-Somme, la falaise n’a pas plus de 60 à 80 pieds d’élévation ; Ja craie y est déposée par couches horizon- tales d’un pied et demi d'épaisseur, entre lesquelles se trouve un banc très-mince de silex. Ces mêmes silex désagrégés et arrondis par les flots de la mer, paroissent composer essen- tiellement les galets que l’on trouve à l'embouchure de la rivière. Au Crotoy , bourg autrefois fortifié et situé sur la rive droite de la Somme à son embouchure , il n’y a plus de falaises, on ne voit qu'un sable blanc, quartzeux, qui forme du côté de St.-Quentin en Tourmont des dunes peu élevées qui suivent la direction de la côte..... Les mêmes sables s'observent tout le long de la côte, depuis St.-Valery à Cayeux, et jusque dans les environs du bourg d’Ault ; ainsi cet attéris- sement, s’il a été produit par la Somme, occupe au moins a 8 lieues. Ne seroit-il pas plutôt dû à une retraite des eaux de la mer? Près du bourg d'Ault , les galets sont tellement accumulés sur le bord de la mer, qu'ils s'étendent au moins jusqu'à une demi-lieue dans l'intérieur des terres. J’y ai trouvé un silex passant à l’état calcédonieux. Les falaises reparoissent au bourg d’Ault, en présentant toujours la même structure, c'est-à-dire des couches de craie dans lesquelles sont distribués par lits des rognons de silex, qu’on ne cesse de rencontrer en suivant le plateau qui couronne ces falaises lorsqu'on va à la ville d’Eu. Il y a ici interruption des falaises pour quelque temps, elles reparoissent ensuite au Tréport avec le méme caractère que ci-devant. De Criel à Dieppe, le terrein est essentiellement sablonneux. Cette ville est située, comme on sait, dans un fond où coule la rivière d’Arques; c’est l'existence de toutes ces petites vallées 224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE arrosées par autant de rivières différentes, et dont la direction générale est plus ou moins celle de l'est-sud-est à l’ouest-nord- ouest, qui rompt la continuité des falaises; c'est ce qu'on voit tout le long de la côte jusqu’au Hâvre, ... etc. Ainsi on remarque ce fait à l'embouchure de la Somme, ‘de la Bresle, de l'Arques, de la Saaune, de la Durdan..... De Fécamp au Hävre, le pays étant moins coupé, les falaises y ont par cela méme plus de continuité. Etretat est le dernier lieu sur ma ‘route jusqu’au Hâvre, où j'aye observé cela. Dans le banc de sable qui est à l'embouchure de la Somme, j'y ai cueilli entr'autres plantes, les suivantes, qui me parois- sent surtout propres à ce genre de terrein , Salsola kali, Arundo arenaria, Bunias cachyle, Carex arenaria, Phleum maritimum , Artémisia maritima qu’on récolte dans les en- virons de Dieppe en grande abondance , pour la préparation de bains aromatiques, qu’on vante beaucoup dans les cas d’hydropisie et de douleurs rhumatismales. Au cap de la Hève, situé à une demi-lieue nord-nord-ouestde la ville du Hâvre, la falaise n’est pas coupée aussi abruptement qu’aù bourg d'Ault et à Tréport : d’ailleurs sa structure est à-peu-près la même. On y trouve dans le bas, du côté du village de St.-Adresse, un banc de marne dont on fait des briques ; la roche crayeuse renferme différentes espèces de pétrifications; elle contient encore, ainsi que les rognons de silex, des nodules pyriteux qui se décomposent à l'air par l’oxidation. La falaise se prolonge en remontant la Seine. Ainsi à Orcher, joli village situé à 3 lieues est du Hävre, elle peut avoir 200 pieds environ de hauteur ; elle est coupée plus abruptement qu'au cap de la Hève, et dans le bas elle est composée d'un grès à petits galets siliceux qui peut en faire environ la quinzième partie. J'ai trouvé abondamment ici, le Crithmum maritimum, et dans les environs, l’Æmmtr majus. À Honfleur , la falaise ne renferme plus de couches de silex, elle s'abaisse à mesure qu’on approche de l'embouchure de la Toucques, distante de 4 lieues; elle disparoît en quelque sorte entièrement depuis Trouville-sur-mer jusqu’à une lieue et demié de l'embouchure de la Dives. J'ai trouvé très-abondamment sur la plage, un calcaire co- quillier rougeâtre. La falaise reparoit insensiblement , et vis- ä-vis les rochers qu’on nomme les /’aches noires, il y en a une d'environ 150 pieds de haut , formée dans les deux tiers inférieurs ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 inférieurs par une marne bleuâtre, qui renferme une grande ‘espèce d’huitre fossile, celle dite huitre en crête, d’autres pé- trifications, et des indices de bois bituminisé; la craie forme la partie supérieure de la falaise. De Dives à Savenelles, ou Sallenelles, à l'embouchure de l'Orne, on ne voit que des sables qui forment dans quelques endroits des dunes. En remontant l'Orne, on observe sur la rive gauche , à une demi-lieue au-dessus de Savenelles, des carrières d’un calcaire grenu, souillé d'une terre jaune, disposé ar couches horizontales, et qu’on exporte pour l'usage de a bâtisse dans tout le pays environnant : cette roche est connue sous le nom de pierre de construction de la rivière de Caen. Je trouvai à Savenelles, dans les sables, le Carduus erto- phorus, plante que j'ai souvent rencontrée dans les Alpes et le Jura, à 4 ou 5oo-toises au-dessus de la mer. Depuis le villäge de Gray, à l'embouchure de la Seule, on ne voit reparoitre la falaise qu’à Tracy, village qui en ect distant de 3 ou 4 lieuesouest-sud-ouest; elle peut avoir là environ 200 pieds d'élévation ; elle est formée par un grès bleuätre à grains très-fins, passablement dur , renfermant des paillettes de amica ; disposé par couches horizontales, et qui renferme ure quantité prodigieuse de cornes d’Ammon, dont quelques-unes sont très-grandes, Toute cette côte est riche en Fucus et autres plantes marines, Ce mème grès calcaire forme le fond du sol de Bayeux à Littry, village situé à 2 lieues sud-ouest de cette ville. Littry offre une houillère qui mérite bien de fixer l'attention d'un voyageur-naturaliste. On commença à l'exploiter en 1741. On y voit deux puits, dont le plus profond, dit /a Fosse 51.- Georges, a 545 pieds de profondeur. Plusieurs galeries assez étendues y aboutissent, puisqu'elles communiquent avec un second puits distant de 20 à 25 minutes du premier. La puis- sance de la couche de houille varie de quatre pieds et demi d'épaisseur à neuf pieds ; elle repose sur un grès calcaire brunâtre peu effervescent, et celui-ci sur une argile très-douce au toucher, non attaquable par les acides. En creusant le puits $%.-George, on trouva à 250 pieds du sol, une couche d'un conglomérat primitif, dont j'ai vu des échantillons chez M. Noel, directeur de la houillère. Il est composé de galets siliceux d’un à deux pouces en général de diamètre, de rognons de stéatite , avec des’ lames minces de charbon; le tout est Tome LXIV. MARS an 1807. FE 226 JOURNAL DE PHYSIQUM, DE CHEMIE cimenté par un grès plus fin qui ne fait pas effervescence avec les acides. En fait de pétnifications , on n'a encore trouvé dans la houillère de Litiry qu’une branche d’arbre où l'on voit la trace des fibres ligneuses. Le charbon de terre de Littry est en général chargé de soufre, ce qui nuit à son emploi pour bien des sortes de travaux. Celui de qualité supérieure , dit charbon-maréchal, coûte jusqu'à 26 sous le boisseau pris sur les lieux, cette mesure pesant 130 livres environ ; le charbon de qualité infé- rieure, dit charbon de chaux , se vend de 17 à 15 sous le boisseau. L'eau d'un puisard de 18 pieds de profondeur, situé au | bas de la fosse $z-. Georges, gèle à sa surface pendant l'hiver. Je trouvai la température de ce lieu, le 5 vendémiaire an 12, à + 12,8 du thermomètre de Deluc, tandis qu’au dehors de la houillère, il marquoit + 17,6. — L'eau de ce puisard est fortement acide. La Vire, rivière qui se jette dans la mer non loin d’Isigny, forme à son embouchure un attérissement de sable considé- rable. Les voyageurs traversent ce banc, dit le passage du Grand- V'ay, à basse mer, à cheval, pour le prix modique de 20 sous par personne. Ici, nulle apparence de falaises, mais à Vierville, ourg situé sur la rive gauche de la rivière, et non loin de son embouchure, on en aperçoit quelques vestiges, qui disparois- sent bientôt et font place aux sables et aux dunes qui s'étendent jusqu’à Ravenoville, à 3 lieues nord-nord-ouest plus loin. On trouve pendant tout ce trajet une quantité immense de co- quillages qu’on ramasse en tas sur la côte, pour les vendre aux cultivateurs qui les emploient à chauler les prés. On ramasse encore dans le même but, la Zostera marina qui couvre le rivage. 4 Quant à la nature des rudimens de la falaise qu'on aperçoit à Vierville, on y voit du grès disposé par couches horizontales alternant avec des couches d'argile; les unes et les autres renfer- mant beaucoup de pétrifications, particulièrement des gryphites et des ammites. On ne voit guère d'arbres dans cette partie de Ja côte, qu'à plus d’une demi-lieue dans l’intérieur des terres. A Ravenoville, bourg situé à la hauteur des îles de St.- Marcouf , on entre tout-à-coup dans le terrein primitif. C'est une belle espèce de pétrosilex écailleux rougeâtre, qui forme ET D'HISTOIRE NATURELLE, 227 ici le passage du terrein primitif de la presqu'ile de Cherbourg avec le! terrein calcaire coquillier du pays environnant. Le pé- trosilex est mat, sa cassure écailleuse , à petites écailles, Les fragmens à bords aigus; il est aigre et. cassant. On le trouve en masse ou morceaux arrondis qui sortent de la surface du sol. On le voit bien à découvert sur le penchant des collines qui se rendent à la mer en s’abaissant par une pente insensible, particulièrement dans l'endroit dit les landes de Quineville, où l’on a ouvert des carrières. C’est avec cette roche que sont construits différens forts du côté de la Hougue, et toutes les : inaisons des villages voisins. Il est probable que les iles de St.-Marcouf, qui se trouvent .sur cette ligne, offrent une constitution semblable, puisque les côtes correspondantes d'Angleterre, dans la principauté de Galles, sont également de même nature, ensorte qu'on ne peut guère douter, comme le remarque M. Delamétherie (1), que le granit ne s’étende très-loin dans le sein de la mér, des deux côtés de la Manche : et si cette mer venoit un jour à se dessécher, on retrouveroit peut-étre le prolongement de la chaîne granilique d’une de ces contrées à l’autre : au moins ne seroient-elles séparées que par quelques plaines de terreins secondaires, comme le sont, par exemple, les granits de la Bretagne et du ci-devant Limousin. Ravenoville est peut-être l'endroit le plus au nord de la France , où l'on fasse le sel marin en imitant jusqu'à un certain point le procédé des marais salins. Voici comment on s'y prend : On a de petits bâtimens situés à quelque distance du bord de la mer, et non loin desquels on a creusé dans le sable des fosses circulaires qui se remplissent d’eau salée lors de la marée haute. Après que cette eau a séjourné quelque 1emps dans ces fosses, et qu'elle y a acquis un certain degré de saturation par le fait de l’évaporation, on la fait passer par des canaux dans un grand réservoir situé dans le bâtiment. On prend alors cette eau pour la faire évaporer à un feu très- doux dans des chaudières en plomb qui ont deux pieds et demi carrés de surface, sur 2 à 3 pouces de profondeur. On retire par ce procédé jusqu'à 360 livres de beau sel blanc dans l’es- pace de 24 heures : un boisseau pesant 52 livres, se vend de cinquante à soixante sous. (x) Théorie de la Terre, tom. IV, $ 1158. E Fa 228 TOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les falaises ne reparoiïssent point jusqu'au fort de la Hougue., où je fus obligé de renoncer au projet que j'avois formé de doubler le cap de Barfleur, pour y voir le véritable granit en place. Un événement fort désagréable , mais qu’il est inutile de raconter, me força de me rendre directement à Valogne. Pendant cette route je ne cessai de rencontrer le schiste ar- gileux , qui forme en avançant dans les terres, une suite de monticules boisés qui s’abaissent les uns sur les autres en s’approchant de la mer. À St.-Vaast, j'y trouvai la Sa/sola fruticosa, et du côté de Valogne, très-abondamment, /Ulex europæus qu'on ensemence pour le brüler ensuite sur place afin d'engraisser le terrein; /’Ileæ aquifolium , le Cralcægus oxy acantha sous forme d'arbres en plu- sieurs endroits , le Blechnum spicant..... On mange dans toute la presqu'ile, de grosses figues rouges très-bonnes, ce qui me paroit prouver qu'on ÿ jouit d'une température douce en hiver. De Valogne à Cherbourg, le pays est tout boisé, le sol, de couleur rougeâtre. Cette dernière ville est bâtie sur un fond de stéatite lamelleuse d’un verd-clair, très-onctueuse au toucher, à lames plus ou moins courbes, composées dans quelques en- droits de pièces séparées, qui sont grenues à gros grains; la raclure est d’un gris verdâtre ; elle est peu diflicile à casser. C'est dans cette roche que l’on creuse pour la construction des nouveaux bassins du port. La stéatite lamelleuse grenue, se rencontre particulièrement du côté de Bretteville , à une lieue nord-nord-est de Cherbourg. Cette même roche stéatiteuse renferme de gros rognons de véritable granit, ainsi que des filons de quartz. La montagne dx Roule, située à cinq minutes sud-sud-est de Cherbourg, doit être plutôt considérée comme constituant la falaise. Elle est coupée abruptement du côté de la ville où elle peut avoir environ 40 toises de hauteur. Elle est formée par une espèce de pétrosilex mat, à cassure écailleuse, de couleur tantôt rougeâtre et tantôt blanchâtre, assez semblable: à celui de Ravenoville, mais disposé évidemment en couches de plusieurs pieds d'épaisseur chacune , qui courent toutes dans la direction du sud-sud-est au nord-nord-ouest. On trouve de temps en temps, erichâssés dans ce pétrosilex, des cristaux de quartz. On exploite cette roche pour les travaux du port; on la fait sauter par gros quartiers avec la poudre. | On rencontre très-peu de plantes maritimes dans les environs: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 220 de Cherbourg, mais en revanche, les bords de la mer sont extrémement riches en plantes marines de toutes espèces. J'ai trouvé assez communément du côté de Tourrelaville le cozy- ledon umbilicus. Le sol du pays compris entre Cherbourg et St.-Lô , commu: nément appelé la Normandie pouilleuse , est d’une nature variable , tantôt presque uniquement propre à la culture du blé noir, tantôt comme du côté de Carentan, consistant essen- tiellement en pâturages. En se dirigeant de St.-Lo à Aulnay, et delà sur Falaise, on traverse cette autre partie de la Normandie, à laquelle on donne le nom de Bocage. En eflet, ce pays offre plusieurs sites fort agréables. Il est montueux et boisé, mais ce ne sont pas en général des bois de futaie. La direction la plus ordinaire de ces petites montagnes est du sud au nord où elles s’abaissent par degrés insensibles jusqu'à la mer : elles sont rangées parallèlement les unes aux autres, et le fond des vallées qu’elles forment, est arrosé par différentes rivières , telles que la Drôme, la Seule, l'Odon, l'Orne, la Dive....…. qui viennent toutes se jeter dans la mer. Leur élévation n'est pas très considérable. La roche qui les compose est un schiste argileux micacé qu’on obsérye très-bien en place à St.-Jean- des-Baïsants, à Caumont, Aulnay, dans le val d'Harcourt..... Il ne fait point effervescence avec les acides, et ne renferme pas de corps organiques; dans quelques endroits il passe à la véritable ardoise, et l’on s'en sert pour couvrir les toits des maisons. On trouve cependant ‘en place, du côté de Villers, dans le district de Caen, un calcaire grenu qui contient une quantité prodigieuse de bélemnites. On sème sur le penchant de ces monticules, du froment et du blé noir. Le terrein cultivé est entrecoupé par des lan- des, dont la plante qui les forme (Ulex europœus) est em- ployée pour la nourriture des bestiaux. La Drgitalis purpu- rea , l'Ilex aquifolium..... sont des plantes fort communes dans ces contrées. Le pays qui se trouve sur la rive droite de l'Orne commence à différer sensiblement de celui qui est sur la rive gauche. Ce ne sont plus de petites montagnes peu distantes les unes des autres, et séparées par des vallons étroits, les plateaux qui cou- ronnent ces derniers sont beaucoup plus étendus, et bientôt 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'on se trouve entièrement dans la plaine. La culture change aussi avec l'aspect du pays, et le froment mélangé avec l'avoine et le seigle, remplace Île sarrazin. On n'observe plus /'U/ecc europæus que de loin en loin ; il n'est pas employé pour la nourriture des bestiaux, on se contente de le brûler. Il est connu sous le nom de Fionon. À Ussy, bourg à 3 lieues nord-nord-ouest de Falaise, on voit en place le calcaire stratiforme; on l’exploite méme eu plusieurs endroits pour en faire de la chaux. — Le cours de l'Orne paroît donc limiter deux genres de terrein différens : sur la rive gauche on y trouve le schiste argileux micacé, et sur la rive droite, le calcaire. En poussant ces considérations plus Join, on pourroit dire que le schiste argileux de la partie de la Normandie dite le Bocage, forme le terrein de transition poùr artiver au primitif, qui constitue au nord-nord-ouest la Partie {a plus avancée de la presqu'ile de Cherbourg. À Verneuil, on retrouve les rognons de silex dans la craie, On commerce aussi à apercevoir quelques yignobles. Sur ce point, la ligne tracée, par Arthur-Young me paroit très-exacte, On voit donc , 1° que le pays où l’on trouve en France le sol crayeux ‘avec les rognons de silex, s'étend dans la direction du sud-est au nord-ouest, qu'il est assez exactement renfermé dans l'espace compris entre la Seine etla Lys, à leur embouchure, c’est-à-dire qu'il occupe environ 6o lieues en largeur sur 70 lieues en longueur; 2° que c’est dans ce genre de terrein que se rencontrent les plus hautes falaises, parmi celles au moins qu’on voit depuis St.-Valery-sur-Somme jusqu'à Cherbourg. C'est ce que nous allons montrer d'une manière plus exacte, "IN8 MpMiSPoOtRE NATURELLE. né mn 2e = Braumonr-sur-Oise. AXNIIENS. FrixrcourT. de la Falaise.) Tr£éPorT, (Hauteur de la Falaise.) ETRETAT. (Hauteur de la Falaise.) Car DE LA Hive.(Hauteur de la Falaise.) HoxrLeur. (Hauteur de la Falaise. > Caumoxr. CAHAGNESs. AULNAY. HarcoURT. DÉNOMINATIONS. | sxruarion TOPOGRAPHIQUE. Département de l'Oise. Ville. — Arrondissemeut di Pontoise, canton, de J’Ile- Adam. F Départem!de la Somme. | —Chef-lieu de département et de canton. Village: — Arrondissement .[d’Amiens, canton de Picqui- ’ guy- Bourg n'AuLrT. (Hauteur| Bourg. — Arrondissement DE da mb mt ad millièmes de Saivant Deluc. Suivant Frembley. ‘Abbeville, chef-lieu de can ton, entre l'embouchure du Halbe et celle: dela Bresle. Département de la Seine- Inférieure. Village. — Arrondissement de Dieppe, canton d'Eu, près l'embouchure de la Bresle. A une demi-lieue N. N.-0. du Hâvre. Départem!t du Calvados. Ville et port de mer. — Ar rondissement de Pont-l'Evêq- chef-lieu de canton. Village. = Arrondissement de Falaise, canton de Thury- Harcourt. Village. — Arrondissement de Vire, canton d'Aulnay. Bourg. — Arrondissement de Vire, chef-lieu de canton près l’Odon. Bourg. — Arrondissement de Falaise, chef-lieu de canton. toïse | au-dessüs de la mer | 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE $S IL Hauteurs déterminées pendant un voyage fait dans la cr-desant province d'Auvergne. Les observations suivantes furent recueillies dans le cours d'un voyage que je fis au printemps de l’année 1082, avec M. Léopold de Buch , célèbre minéralogiste prussien, et M. À. Jurine mon ami. Nous partimes de Genève dans l'in- tention de visiter la chaîne des monts Dôme et des monts d'Or; nous traversämes, pour nous y rendre, les ci-devant provinces du Bugey, de la Bresse, du Lyonnois et du Forez, et nous revinmes à notre point de départ par le Dauphiné. Comme toutes ces contrées, particulièrement celle qui est la plus intéressante de toutes, et qui est renfermée presqu’en entier dans le cercle qui forme aujourd’hui le département du Puy-de-Dôme, ont été parcourues avec soin par un grand nombre d'habiles minéralogistes, j'aurai très-peu de chose à dire sur ce qui concerne la constitution physique de ces pays. Je me bornerai donc en quelque sorte à donner les hauteurs des différens points que nous déterminâmes. Nous nous ser- vimes d’un baromètre trempé , passablement exact, qui appar- tenoit à M. de Buch. C’est lui-même qui a calculé la plupart de ces observations, et seulement d’après la formule simple (1), c’est-à-dire la seule différence des logarithmes des nombres qui expriment les hauteurs du baromètre. dans les deux sta- tions; mais comme je n'ai plus entre les mains les élémens de ces observations , il m'eût été impossible, quand j'en aurois eu le temps, de les calculer d'après quelque autre formule. Nous ne‘mimes pas d’ailleurs à les faire toute la rigueur qu’il est possible d'y apporter ; c'est pourquoi je crois ne devoir les donner encore que comme des résulrats géologiques , ainsi que je l'ai fait dans le paragraphe précédent. Il seroït diflicile d'ajouter quelque chose à ce que dit M. de ”, sur la route de Genève à Lyon, dans les voyages FF (1) Quoique la correction de température, relative à la dilatation de l'air, soit indispensable pour mesurer des différences de niveau, dans le même pays et dans le même temps, il n’est cependant pas sûr qu’on doiye l’em- ployer lorsqu'on compare des pays tres-éloignés les uns des autres, et que lon prend la moyenne entre un grand nombre d'observations. (Astron, phys , par J.-B. Biot, tom. I, pag. 145.) aux ET D'HISTOIRE NATURELLE, 233: aux Alpes. (Voyez tome IT, chapitre XVII, et tom. VI, chap. XL, édit. in-8°). — J'insisterai seulement un peu plus qu’il ne l’a fait sur quelques lieux de la route où l'on rencontre des cailloux ou des blocs de roches primitives. En suivant de plus ou moins près le cours du Rhône depuis Genève , on en voit aux villages de Confignon , de la petite Grave..... où ils reposent sur un fond de grès tendre dit mo/lasse; à Chancy, où nous trouvämes sur les bords du Rhône nn granit à feldspath rougeätre; dans le lit même de /a Zoxdon, petite rivière qui went du Jura, et se jette dans le Rhône, on y voit plusieurs cailloux de serpentine renfermant des grenats d'un assez gros volume. Mais c'est surtout dans un fond marécageux situé au- dessous du village de Povgry, quon rencontre en grande quantité des roches composées primitives, les unes à base de diailage et de jade , d'autres de jade presque pur , de pétrosilex compacte..... Non loin de la perte du Rhône , près du village de Vanchy, les cailloux primitifs s’aper- çoivent encore, ils deviennent beaucoup plus rares ensuite du côté de Chatillon dans le Bugey ; cependant j'ai vu des blocs SUR sur cette route, à une demi-lieue du petit lac de Syañt ou Sylant, qui sans doute n'en formoit qu’un autrefois avec celui de Nantua, situé à Go toises environ au-dessous de lui. Tout nous porte méme à croire, comme le remarque M. de Saussure (1), que ce dernier lac s'étendoit beaucoup plus loin au sud-ouest, qu'il occupoit ces grandes prairies horizon- tales qu'on y remarque, dont le terrein est composé de cailloux arrondis, la plupart calcaires. Depuis ici, on ne rencontre plus guère de cailloux primitifs avant la fin du Jura, entre Ponçin et Pont-d’Ain ; dès-lors paroïissent les cailloux de quartz en quantité considérable , quelques blocs de gneiss dans les environs du village de Priay; ensuite, suivant l'observation de M. de Saussure (2), on arrive à Lyon au travers des villages de St.-Jean-le-Vieux, Ambronay, St.-Denis, Meximieux, Mont-Luel, Mirebel, dans des plaines couvertes de cailloux, et souvent en si grande quaniié qu'ils empéchent la culture des terres. Les quartz, ou les grès durs (x) Voyages aux Alpes, 6 1650. (2) ibid. 6 1645. Tome LXIV. MARS an 1807. G£g 25% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quartzeux , sont l'espèce dominante. On y voit cependant, et jajoute fréquemment , des cailloux des Alpes, comme des schistes micacés, des schistes de hornblende, des serpentines. Cependant lorsqu'on traverse le lit de quelque torrent ou de quelque rivière qui vient des montagnes voisines, les pierres calcaires y dominent toujours. L’accumulation de ces galets ici n’a rien d’extraordinaire; c’est un fait qu'on rencontre presque toujours dans les plaines près de l'embouchure des grands fleuves, et s'ils prennent leur origine dans des montagnes primitives, il n'est pas étonnant qu'ils y transportent des pierres du mênre genre. Quant aux gros blocs de roches primitives, il faut croire qu'ils sont contemporains avec ceux du Jura, du Mont- Salève, ..... etqu'ils ont été transportés dans les lieux où on les trouve , à l'époque de la grande débâcle. Entre le lac de Sylant et Châtillon , à une lieue environ de ce bourg, on voit sur la rive gauche de la Sémine, petite rivière qui va se jeter dans celle de Fa/serine, un peu plus bas que Châtillon , une assez belle source d'eau, connue sous le nom d’Entrebilliet. Le 1 avril, je trouvai la température de cette source à + 7°,5 du thermomètre de Deluc, et celle de l'air libre à +-6°,5. La hauteur du lieu, d'après une observa- tion barométrique , s’est trouvée étre de 241 toises au dessus de la mer. 7 A Varambon, village situé sur le bord de l'Ain, près du Pont-d'Ain, je vis sourdre l’eau de terre, j'en estimai la tem- pérature, qui se trouva être à +9° du thermomètre de Deluc, et celle de l’air libre, à + 12°. La hauteur de ce lieu peut étre d'environ 140 toises au-dessus de la mer. Ces deux observations sont assez bien d'accord avec la loi établie empiriquement par M. de Saussure, sur la diminution de la chaleur de l'air, à raison d’un degré environ (thermomètre de Deluc) par cent toises d’élévation. De Châtillon à Nantua, on trouve une quantité prodigieuse de buis (Buœus sempervirens). Tout le pays, à l'exception de la sommité des montagnes, qui est couronnée de pins, est couvert de cet arbrisseau, qui y a pris par son exposition locale qui est fort chaude, un accroissement considérable comme. dans la Campanie et l'Orient. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 535: C'est à Cerdon que l'on retrouve pour la première fois la vigne sur la route, depuis les environs de la perte du Rhône (1). On en voit une plantation qui s'étend depuis le haut de la montagne, qui a 378 pieds d'élévation au-dessus du lac de Genève, jusqu'au bas de la descente sur le grand chemin, dont l’abaissement est de 180 pieds au-dessous du même lac. Entre Meximieux et Mont-Luel, je trouvai en grande abon- dance le Plantago psyllium , plante qui ne croît dans les environs de Genève que dans des lieux secs et arides, comme à la colline de la Bâtie, sur les rochers du Petit-Salève au- dessus de l'hermitage, c'est-à-dire dans un site qui a 208a pieds d’élévation au dessus de Meximieux. ; * Quant à l'intérét que peut offrir pour un'minéralogiste- géologue la situation de la ville de Lyon, on peut voir ce qu’en dit M. de Saussure dans ses Voyages aux Alpes, $$ 6or et 1644. Si lorsqu'on va en Auvergne depuis Lyon, .on. tire directe- ment à l’ouest, en traversant, ainsi, le Lyonnais et le. Forez, on se trouve toujours dans. le terrein primitif, soit que l'on arrive dans la Limagne par Feurs, Boen, 1 Hopital, "Thiers, soit qu'on s'y rende depuis Feurs, par St.-Germain-le-\'al, Si.- Polgue, Roanne, Si.-Just ea Chevalet, Thiers. On sait que la Linagne, cette belle partie du sol de la France, a essen- tiellement pour base un plateau granitique : on sait aussi que c'est le meme genre de terrein que: l'on rencontre.en descen- dant le Rhône depuis Lyon, du côté de Vienne et de Tournon: le mème ecore se présente lorsqu'on va dans le: Beaujolois par T'arare, Thizi, la Clate; ..... d'où l'on voit, par l'éteudue considérab'e qu'occupe ce genre de terrein dans ces contrées, que le centre detoutes ces différentes chaînes ne doit pas être fort éloigné d'ici, et que ce n’est pas sans fondement que M. Delamétherie le place dans les Cévennes, qu'il regarde » (1) On sait tout le parti qu’Arthur-Young a su tirer d'observations très- exactes sur la localité de certaines plantes cultivées , au nombre desquelles se trouve la vigne. C’est pour suivre ces vues de physique végétale, que je ne craindrai pas d’insister sur le même sujet lorsque l’occasion s’en présentera. | Gge 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme l'un des centres principaux des montagnes primitives de la France (1). Entrons dans quelques détails sur la route de Lyon à Thiers. Après le village du Petit-St.- Jean , situé à une lieue ouest de Lyon , on traverse l’Izeron, rivière qui se forme de la réunion d'une foulé de ruisseaux qui découlent du revers oriental de la chaîé des montagnes du Lyonnois, et qui va se jeter dans le Rhône, à deux lièues énviron au-dessous de Lyon. On arrive ensuite après trois bonnes heures de marche, à Grézieux-la-Varenné , bourg situé au pied de la montagne dé St.-Bonnet-le-Froid. On rencontre sur cette route du schiste micacé brunâtré, plusieurs gros blocs de gneiss; mais à Grézieux , on voit cette dernière roche en place. Le gneiss est ondulé, de couleur trougeâtre , évidemment stratifié, les couches courant sensiblement de l'est à l'ouest où elles se relèvent. En se décomposant il forme un sable grossier de méme couleur que lui, qu’on emploie à la réparation de la route. Telle est la roche qui compose la montagne de St.- Bônnet ; elle est entrecoupée par des couches ou filons d'autres *oches, surtout de quartz blanc , de hornblende schisteuse, qui prend üne apparence ‘porphyrique sur le revers ocoidental de la montagne, particulièrement entreles villages de Coursieux et de Ste.-Foy-l’Argentière. Ce dernier village, qui renferme de la houille dans l’étendue de son district, est situé dans un fond où coule la Bréverrne, petite rivière qui se jette dans l’Azergue, et ensuite avec ‘cètte dernière dans la Saône, près de Trévoux. Entre Ste.-Foyl'Argentière et Fenouil, village placé sur la hauteur, à ‘une demi-lieue plus loin à l'est, on rencontre à la surface du $ol plusieurs morceaux de calcédoine roulés, de petites géodes quartzeuses; ..... mais à Fenouil, on entre dans une roche porphyrique, tour-à-tour à base de feldspath, de siénite ét d'argile endurcie ( felpspath-porphyr) |(siénit- Porphyr) (thon-porphyr}), dont les couches en retraite les unes sur les autres dans plusieurs endroits, affectent le mode de division des roches £rapéennes. Cette roche porphyrique renferme, à la sortie du village de Fenouil, un filon de baryte sulfatée. Telle est la constitution du pays jusqu’à St. - Martin- l'Estra , village situé à 2 petites lieues est de Feurs , et qu’on peut considérer comme le lieu où vient se perdre le rameau primitif qui forme la chaine des montagnes du Lyonnois. (1) Théorie de la Terre, tom. IV, & 1156. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 237 Néanmoins il se prolonge un peu au-delà jusqu’au château de Sailendouzy , qui en est distant de trois quarts de lieue à l’ouest, et où j'ai trouvé une roche qui se rapproche beaucoup du vé- ritable granit. On jouit depuis St.-Martin-l'Estra, d'une superbe vue, La chaîne des puys ou monts Dôme, se déploie toute entière à vos regards, tandis qu'au-dessous de vos pieds, vous voyez couler lentement la Loire dans une vaste plaine, dont je dirai un mot plus bas. Il est très-probable que la formation de toutes ces roches primitives qui constituent cette chaîne du Lyonnois, se rattache à celle du granit qu’on trouve dans les murs de la ville de Lyon, lequel est sans doute la continuation de celui qu'on trouve sur la rive gauche du Rhône, du côté de Vienne , Tain , Tournon; ..... dès-lors, son gisemnent considéré, sous le point de vue de la succession des roches, n'offre rien de particulier , puisqu'on lui voit superposés le gneiss, et les autres roches primitives dont j'ai fait mention. L'aspect de tout ce pays est infiniment agréable; partout il y a abondance d’eau, ce qui ne contribue pas peu à la ferti- lité. Les montagues qui le forment sont par fois cultivées jus- qu’au sommet ; dans le cas contraire, leur cime est couronnée par une forêt de pins (Prnus sylrestris), dont la noirceur du feuillage contraste agréablement avec la verdure des prairies qui sont au-dessous. Parmi la petite quantité de plantes que je remarquai à l’époque où je visitois ces lieux, je ne dois pas oublier de faire men- tion du Spartium scoparium que je vis pour la première fois sur ma route, en grande abondance, sur la montagne de St.- Bonnet. ; - Dans le nombre des arbres fruitiers qui entouroient les ha- bitations , j’y distinguai quelques pieds de châtaigniers, mais tous chétifs et peu élevés, ce qui tient, je crois, à ce que cet arbre a besoin d’être abrité pour prospérer. Sur le revers de la montagne de St.-Bonnet, du côté de Coursieux , on aperçoit de belles plantations de vignes par- faitement bien entretenues, et dans le fond de la vallée, de fort beaux noyers. Ce n'est pas le seul endroit où j'aje vu réussir la vigne là où croissoit le noyer, et réciproquement. 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je crois qu'en général le degré moyen de chaleur dont ils ont besoin l'un et l’autre pour réussir, est à-peu-près le même, ce qui fait qu'on doit les voir souvent liés l'un à l'autre. Ce rapport mérite d'être suivi. Le Houx (//ex aquifolium) se trouve communément dans ces montagnes du Lyonnois, au milieu des pins : je l'ai vu à l'état d’un arbre qui avoit jusqu’à dix pieds de hauteur ; dans ces cas-là , les feuilles du haut étoient absolument privées d'épines , tandis que celles du bas en étoient garnies comme à la coutume. La plaine du Forez où l'on arrive en quittant St. - Martin- l'Estra pour aller à Feurs, a quatre lieues carrées au moins détendue; elle est couverte d'une multitude d’étangs, et on ne peut douter qu'elle n’ait formé autrefois un grand lac auquel, d’après l'état actuel des lieux, on pourroit assigner à-peu-près pour limites, au nord-est Feurs, au sud-est $t.- Galmier , Mont-Verdun au nord-ouest, et Mont-Brison au sud-ouest. Cette plaine se trouve barrée au nord-ouest, par la chaine des montagnes de Thiers où le Lignon prend sa source. Cette rivière, après 7 lieues de cours, vient se jeter dans la Loire près de Feurs. C'est dans cette plaine que se trouve le Mont-Uzore, montagne basaltique au sujet de laquelle j'ai publié une notice dans Le Journal de Physique, pour le mois de Thermidor an XI. La hauteur d: la plaine du Forez est de 175 piedsau-dessous de celle de la Zimagne, plaine bien autrement fertile, et dont elle est séparée à l’ouest nord ouest par la chaîne des montagnes de Thiers. Le sol est manifestement formé par la décomposi- tion de roches primitives. Au reste, ce genre de terrein paroît parfaitement bien convenir au froment. Une seule espèce de mauvaise herbe infeste tous les champs, mais elle y est répan- due en très-grande abondance, particulièrement sur les terreins en jachère, c'est le Rumex acetosella. Au surplus, les moutons qu'on y met parquer en profitent; c'est peut-être parce qu'ils préférent cette plante à d’autres, que Zabernæmontanus lui avoit donné le nom d’Oxalis ovina. Une autre plante que je rencontrai pour la première fois sur ma route, dans les terreins incultes des environs de Feurs, fut le landier d'Europe ( Ulex Europæus), qu’on ne voit pornt dans toute la Suisse, quoiqu'il habite néanmoins des pays bien ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 plus au nord ; comme le Danemarck , l'Angleterre...... Peut-être pour certaines plantes , l'élément de la nature du sol a-t-il sur la détermination de la localité, une influence encore plus grande que celui de la chaleur. Les étangs qu'on voit répandus en si grand nombre sur cette plaine, sont très-poissonneux. Les espèces de poissons qu'on y trouve, sont la carpe (Cyprinus carpio ), la tanche (Cyprinus tinca), et le brochet (Esox lucius ). Si de Feurs nous nous rendons à Thiers par Roannes, en faisant ainsi un détour pour mieux étudier le pays, nous sui- vrons , après avoir traversé la Loire, le cours du Lignon pen- dant quelque temps, nous le traverserons bientôt pour arriver à Ste.-Foi-en-Bufly, parmi des landes garnies d’arbres résineux (Pinus sylvestris) ; de là jusqu'à St. -Germain-le- Val il y a deux lieues : avant d'être à ce bourg, on passe sur un pont, la rivière d'Aix, dont la source et la direction sont les mêmes que celles du Lignon, et qui, grossie des eaux de l’Ysable, vient se jeter dans la Loire. St.-Germain-le-Val se trouve sur la hauteur, et c'est ici que commence la montée de cette partie de la chaine qui sépare Roanne de Feurs. Aussitôt après avoir passé l’Aix, on trouve sur la route qui conduit à St.-Germain, un superbe porphyre à feldspath rougeätre, qu'on exploite ; il présente du côté de St.-Julien, des escarpemens où les couches ont bien le caractère d’être en retraite les unes sur les autres. La route descend ensuite proche le village de Souternon , où l’on passe un ruisseau appelé la Palouse, qui se jette dans l’Ysable, que nous remontons en suivant de plus ou moins près le cours jusqu'au sommet du passage où se trouve le bourg de St.-Pologue. Après Souternon, le porphyre change d'apparence et de nature ; c’est une pâte argileuse noi- râtre, où se trouvént noyés de petits cristaux de feldspath blanc et de mica. Cette roche s'étend jusqu’à St.-Polgue, où nous rentrons dans le porphyre qui ne nous quitte plus jus- qu'à Roanne. Peut-être la dénomination de grauwachke con- viendroit-elle mieux à la roche de St.-Polgue que celle de porphyre. Nous vimes sur la grande route, à trois lieues de Roanne, qu'on construisoit les maisons avec une superbe cal- cédoine. Les maisons et les murs qui entourent cette ville, sont bâtis avec des porphyres de toutes espèces, dont quelques- unes offrent de très-beaux cristaux de feldspath. 240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sur le revers de la montagne, à un quart de lieue au- dessous de St.-Polgue, on voit une plantation de vignes. De Roanne à Villemontois, l'on se trouve toujours en plaine; mais ici l'on commence à monter une côte sur les penchans de laquelle on cultive la vigne. Le porphyre se voit toujours sur la route. La pente de la côte devenant plus roide à mesure qu'on s'élève, la vigne disparoït , elle est remplacée par les pins qui alternent ensuite avec les bouleaux blancs. A une lieue environ au-dessus de St.-Justen-Chevalet, près du ha- meau d’Ærconsat, point le plus élevé de la chaîne, on entre dans une espèce de granit dont la contexture est à la fois grenue et porphyrique, le feldspath se trouvant en cristaux très-gros. On suit cette roche avec peu de modifications, Jus- qu'à Thiers, dont l'abord est très-pittoresque. C’est du baut de ce passage, que l'on jouit de la vue la plus étendue de Ja chaîne des Puys et que l'on peut bien s’en faire une juste idée. L'aspect de la riche ét fertile plaine d'Auvergne qu'on a sous les pieds, vient compléter ce beau tableau. En allant à Thiers depuis Feurs, par Boen, l'Hopital, etc. , on abrége beaucoup. Cette route, qui n’est pas moins intéres- sante que l’autre , est bien plus agréable. On suit les bords du Lignon dont on remonte le cours. Le pays entre Noire- Table et l’Hopital, est tont-à-fait sauvage et pittoresque. La route est taillée dans quelques endroits en corniche à plus de 100 pieds au-dessus du lit de la rivière qui roule avec bruit ses eaux au milieu de gros blocs d'une belle roche por- phyrique qui se rapproche beaucoup du granit. On ne trouve pas de vignobles jusqu’à Thiers au-dessus du village de St. Julien , à 261 toises au-dessus de la mer. De Noire-Table, on vient à Thiers dans 2 heures et demie 3 heures, mais sans s'élever à beaucoup près autant que par l'autre route; on est toujours dans le porphyre à base de feldspath, celui des environs de Noire-T'able mérite surtout de fixer l'attention du minéralogiste par sa beauté. On va facilement de Thiers à Clermont dans une demi- journée. On passe sur un bac /a Dore, presqu’à la sortie de Thiers ; puis, au Pont-du-Château, on traverse /'{lier,, qui limite en quelque sorte de ce côté-là l'étendue du terrein volcanique : aussi le sol prend-il une couleur plus foncée. Il en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 24t en est des roches volcaniques comme des roches calcaires, leur porosité , laissant les .eaux s'infiltrer, permet à celles-ci de se rassembler et de former au bas des montagnes ces belles sources si communes en Auvergne, qui portent partout avec elles l'abondance dans le pays qu’elles arrosent. Le sol aussi, à raison de sa couleur noire , absorbant une plus grande quan- tité de chaleur solaire, contribue sans doute encore à la ferti- lité. Les beaux noyers qui bordent la route jusqu'à Clermont, s'associent évidemment ici avec la culture de la vigne, et prouvent ce que j'ai avancé plus haut à ce sujet. Après tout ce qu'on a écrit sur l'Auvergne, il seroit dé- raisonnable à moi d'entrer dans des détails qui seroient toujours fort au-dessous de ce qui a été dit. Seulement, pour suivre au plan que j'ai annoncé, d'indiquer la route que j'ai tenue, en disant un mot de l'état physique des lieux que j'ai parcou- rus et dont j'ai déterminé les hauteurs, je ne saurois mieux faire que de renvoyer à la lecture d’une lettre qu'écrivit à ce sujet M. de Buch, mon compagnon de voyage, à M. M.-A. Pictet, et qui a été imprimée dans le N° 158 de la Bibl, brit. Elle sera suflisante pour le but que je me suis proposé. Je me transporte alors à mon retour de Lyon à Genève par la route du Dauphiné jusqu’au pont de Beauvoisin. De Lyon à la Verpillière, première poste sur cette route, on ne voit qu'une vaste plaine à froment, complètement nue, à l'exception de quelques müriers qui bordent la route : le fond de cette plaine est couvert de galets disposés par lits, la plupart calcaires et de cailloux de quartz. Il est probable que tout ceci a fait autrefois partie du fond de quelque grand lac..... Entre la f’erpillière et Bourgoin, le pays devient plus boisé , on commence à s’apercevoir aussi que le sol s'élève un peu. En effet, entre /& Tour-du-Pin et Lyon, qui sont distans de 12 lieues, la différence de niveau est de 410 pieds. On voit à une lieue environ en avant de Bourgoin, quelques plantations de vignes “des noyers, des châtaigniers ; on y rencontre aussi les premières roches en place. Elles sont calcaires et coquillères ; on en fait de la chaux ; c'est avec elles que sont bâties les maisons de la ville de Bourgoin. Les couches de cette pierre sont minces et horizontales suivant l'observation de M. de Saussure. Ce savant nousapprend qu'ayant fait une excursion dans les granits à l'est de Vienne, dans le but de rechercher le lieu de jonction du terrain granitique €ë Tome LXIV. MARS an 1807. H h 242 ‘JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du terrein calcaire, il ne put point l’atteindre, parce qu'il est rare, ajoute-t-1l, qu'on puisse voir ces jonctions dans les pays de plaines et de basses montagnes; presque toujours ces rochers sont plus tendres vers leur limites; l’air et l’eau les décompo- sent, les corrodent , et les vides, nés de cette destruction, se comblent de terre, de débris, et cachent ainsi leurs jonc- tions (1). Quant à moi, il me semble que si le rameau gra- nitique qu'on voit sur la rive gauche du Rhôñe, part en effet des Cévennes , et qu'il vienne à se courber tout-à coup à l’ouest du côté de Lyon, pour former en traversant le Rhône, la chaine du Lyonnois, il n’est pas étonnant qu'on ne rencontre point de vestiges de granit fort loin à l’est de Vienne. La route entre la Tour-du-Pin et le Pont de Beauvoisin, n'offre rien de particulier; elle se fait dans un pays parfaite- ment bien boisé avec le chène , le charme, le châtaignier, le hêtre et le noyer. On descend passablement pour arriver au pont de Beauvoisin , bourg autrefois limitrophe de la France et de la Savoie, situé sur /e Guiers , qui se jette tout près de là dans le Rhône. En effet, dans l’espace de quatre lieues, on descend de 239 pieds. La différence de niveau entre le sol de Lyon et celui de Beanvoisin étant de 171 pieds, indique à-peu- près la pente du Rhône depuis le lieu de sa jonction avec le Guiers près St-Genix, jusqu'à Lyon. Pour aller du pont de Beauvoisin à Chambéry, au lieu de suivre la route ordinaire qui passe au sud-sud-est par /es Echelles, nous en tinmes une plus directe, mais plus roide, surtout pour les chevaux, ce fut celle du mont l’Eprn, situé à 3 petites lieues est-nord-est du pont de Beauvoisin. Il fait partie d’une chaine de montagnes calcaires qui a 3 lieues de longueur, qui court du sud au nord, où les couches sont extrêmement inclinées, et qui encaisse à l’ouest la vallée où est Chambéry. Le calcaire du sommet de la chaine est compacte, et ne m'a pas paru ren- fermer beaucoup de corps organiques, mais dans le bas il y en a beaucoup, notamment des cornes d’'ammon. Les couches de cette petite chaîne de montagnes, descendent à l’est, tandis qu'elles sont escarpées à l'ouest. La profondeur du sol de la vallée où est Chambéry, est plus PETER PER RNUR 29 SUV LS SRPAEESNRS CSS ES PTÉTETMRT VIN | rep PS (1) Voyages aux Alpes, Ç 1629. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 243 considérable qu'à l’ouest de la chaîne. En eflet, l'élévation de cette ville, qui est à une distance à-peu-près égale du sommet du passage que le petit Zac l’Epin, situé au pied de la mon- tagne à l’ouest (1), est de 57 toises plus bas que lui. Ce dernier est élevé de 76 toises au-dessus de celui du Bourget, par consé- quent sa hauteur au-dessus de la mer est à-peu-près la méme que celle du lac Léman. La formation du lac du Bourget a bien pu dépendre de sa situation topographique, à peu-près vers l'extrémité nord de cette chaine de montagnes où elle s'enfonce brusquement , et sur le revers oriental de la même chaîne le plus profond, le moins escarpé, par conséquent le plus propre au rassem- blement des eaux. En effet, la différence du niveau entre Chambéry et le lac du Bourget, qui ne sont distans l’un de l’autre que de deux lieues et demie tout au plus, est de 19 toises. Quant à la route de Chambéry à Genève, par Aix, Rumilly, Frangy, on peut voir ce qu’en dit M. de Saussure, dans ses Voyages aux Alpes, $$S 1172— 1180. (x) Le Tüer , ruisseau qui se jette dans le Guiers pres de Belmont, sert de canal de décharge à ce petit lac, qui porte le nom d'Ajguibellette, dans la carte de Borgonio. Hh2 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CN ————— Elévation en toises et millièmes de toises au-dessas de la mer, N DE NOMINATIONS. SITUATION TOPOGRAPHIQUE- Diff, des lasar: sans | Suivant | Suivant +. pour e la ARTE Deluc. |rembley de l’air. Département de l'Ain. Cuarrczon De Mremarzze.(1)| Bourg. — Arrondissement di Nantua, chef-lieu de canton. À. . . . [286,068 287,04f Lac DE SYLANT ou SYANT? Une lieue et demie N.-O. de Nantua. . - - - [802,582 | 304,84: CERDoON. (2) Bourg. — Arrondissement di Belley, canton de Poncin. . . - - [191,820 | 193,87: MExIMIEUx. (3) Bourg. — Arrondissement di Trévoux, chef-lieu de canton. À. . : . |[131,080|132,634 Département du Rhône. Lyon. (4) Chef-lieu de département . d'arrondissement et de canton, au confluent du Rhône et de la Saône. 89,680] - - . - |. -.. Perit-Sr.-JEAN. Village. — Arrondissement el : canton de Lyon. 121,500]. . - - |. .7 Sr.-Bonwer-1e-Frorp, mon-| Arrondissement de Lyon, can- fagne. — Point le plus élevé du|ton de Vaugneray. : . . . . - .390,500| . . . . |. - * . passage. 5 CoursrEeux, Village. — Arrondissement de Lyon, canton de Vaugneray. . -N188,oco|. . - . |. . . . SrE-Foy-L'ARGENTIÈRE. Village. — Arrondissement de Lyon, ‘canton de St.-Laurent-dc Chamousset près la Brévenne.H29,9001 + + + + | + - -: Département de la Loire. Sr.-MARTIN DE L'ESTRA. Village. — Arrondissement de Montbrison , canton de Feurs.f297,000| . . . . 0 Feurs. Ville. — Arrondissement dc Monbrison, chef-l eu de canton.173,000| . . . . | - - - - (1) Suivant M. Deluc CHE Recherches surles mo del TE ; ÿ 754) 264 (a) le même . 158 (3) ——— le même STE ET ED tas 118 (4) ——— le même, par plusieurs observations + - PCM LION QUES) ——— M. de Saussure (Voyages aux SPP 1644 AN à 21 NEO Ne RTS ANES ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. DÉNOMINATIONS. Sr.-G&RMAIN-LE-VAL. ST.-JUST-EN-CHEVALET. Point le plus élevé de la chaîne des montagnes de Thiers, pris sur le passage, près le hameau d'Ærconsas, Borx. Norre-TABLE Tarers, dans le bas de la ville, au niveau du sol. CLERMONT. Côte de PRADELLE (1) : som- mité de l’arête. mince de bol, PS 7 meme | (1) Promontoire de basalte ancien qui repose sur.le granit, dont il.est séparé cependant par une couche Ou terre de Lemnos. — Zett. de M. de Buch, cit. plus haut. | Elévation en toiseset millèmes de toises au-dessus de la mer, ee Diff, des logar. sans corr. pour la tempér. de l’air SITUATION TOPOGRAPHIQUE. Saivant | Suivant | Deluc. KL * Département de la Loire. Bourg. — Arrondissement de Roanne, cheflieu de canton, sur la rivière d'Aix . Bourg. — Arrondissement de Roanne, chef-lieu de canton sur ÿ la côte, près la rivière d'Aix. . .[3: Arrondissement de Roanne. 481,6011488,096 Ville. — Arrondissement de Montbrison et chef-lieu de cant. sur le Lignon, 4 1. O. de Feurs. Bourg. — Arrondissement de Montbrison , cheflieu de canton, AVE de PRhIers Re e Département du Puy- de-Dôme. Ville. — Cheflieu d'arrondis- sement et de canton , sur la pente d’un coteau, près de la Durolle. Ville. — Chef-lieu de départe= ment, d'arrondissement et de can- ton, entre les rivières d'Arrière etide Bedaf shit etil & del. O.-N.-0 de Clermont.f: 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE Elévation en toiseset millièmes! de toises au-dessus de la mer, DÉNOMINATIONS. | siruarion TOPOGRAPHIQUE. | Di. des logar. sans! Suivant | Suivant corr. pour la tempér.| Deluc. |Trembley de Pair. Département du Puy- de-Dôme. ORGINES (1). Village. — Arrondissement et canton N. de Clermont, x1. +de cette ville.....................1303,000|-..... |...... Puy-pr-Dôme (2). Sommet. | Montagne principale de la chaîne des Puys de Clermont, 2 1. O. de cette ville.......... 751,657|...... |...... Puy-ne-Paniou (3), surlebord| 11.+O.-N.-O. de Clermont, s lu cratère. sur la route de Limoges......l610,833|...... |...... Idem, dans le fond du cratère. 2,0 DR Th Or PO UE COCO DOUE 574.166 RER Puy-DEBARME. 3 1. : S.-O. de Clermont.,.....1561,166|...... |...... Oncivar. Bourg. — Arrondissement de Clermont, canton de Rochefort, 5 1. S.-0. de Clermont: ........1448,000!...... |...... Moxr-Jucnar, sur le bord du] 31.3 S.-O. de Clermont... .Î574,166 cratère. Idem, dans le fond du cratère |:-.... bac Etiottidac osebodel PHP boston. Sortie du courant de lave du] 31. £ S.-O. de Clermont. ..… 509,000 Puy-pr-La-VAcnE. ss. lose. Lac D'AIpar. Près le village du même nom, à 4 1. S.-S.-O. de Clermont, sur le courant de lave ( Cherr ) sorti des Puys de la Vache et la Solas.f419,000| ...... |...... RS aol rat ENRAERRAr. PEUR (1) On se trouve ici sur la grande conlée de lave contient que de petits cristaux de feldspath qui ont le (2) Gette montagne est formée d’ du Puy-de-Pariou : cette lave est très-cassante,- et ne ur éclat naturel. — Lettre de M. de Buch. d’une sorte de porphyre dont la pâte peu dure et d’un gris terreux, renferme du mica et beaucoup de gros cristaux de feldspath qui sont fendillés, et dont l'apparence est vitreuse , tandis que ceux qu’on trouve dans le granit, qui fait la base de ces montagnes , tirent sur la nacre de perles. —Lete. de M. de Buck. 1 L’élévation du Puy-de-Dôme, snivant les observ son parent, est de 500 toises Rech. sur les modif. de l (3) Ce cratère ations de M. Perrier, faites d’après linvitation de Pascal, au-dessus de la mer : d’après MM. Cassini et le Monnier, de 757 toises. — Deluc, atm. À\ 227 et 318. » Parfaitement circulaire, a 200 pas de tour ; les parois de l’entonnoir qu'il forme sont herbées, et les bestiaux y paissent aujourd'hui. Lie ET D'HISTOIRE NATURELLE. 24 47 RE em meme mm mr ts Elévation en toises et millièmes de toises au-dessus de la mer, Û an A) DENOMINATIONS. | sITUATION TOPOGRAPHIQUE. | Dif. des logar. sans] Suivant | Suivant corr> pour pe la ARS Deluc. | Trembley de l’air. | Département du Puy- de-Dôme. Croix-Moranp. Montagne que l’on traverse pour arriver dans la vallée du Mont-d'Or, à 11.2 N. des Bains.f693,166|..:... |...... Moxr-n'Or-Les-Baixs. Village. — Arrondissement d'Issoire, canton de Besse, sur la Dordogne, au bas de la mon- tagne de l'angle, à 21. S. du grou- s pe de montagnes du Mont-d’Or.}523,333|...... |...... Cascade de la Dogne, (1), 1]. S.-E.du village des Bains.f654oco!...... |...... Idans le bas. Idem, dans le haut. Se LR SR tee CI004893|e cr lee Rocher des Cousins. }G) 21.S.-S.-Æ. du village des Bains.1885,333|...... |...... CAGADOGKNE, montagne. TA tord e 1 MON CECI Doro RTE Moxr-pOr, sommet. (3) 2]. 5. du village des Bains... ,1958,500|...... |...... CraqQue au pied du Mont-d'Or.| Fond du cratère présumé du avant la jonction des caux de lalgroupe de montagnes du Mont- d'Or et de la Dogne. MOCE CRRMETS EPEr LRE TEMIGTT 000 cc. ue: = ——_—_—_——————ZZ (1) On trouve en faisant cette exeursion, de beaux feldspaths en gros cristaux maclés dans un porphyre qui, suivant M. de Buch, n’a surement pas une origine bien différente du porphyre du Puy-de-Dôme. li ajoute , c’est une prodaction volcanique, mais ce n’est point une lave. — Lett. cit. (2) Si du haut de la cascade de la Dogne, on suit la crête de la montagne, on arrive, dit M. de Bach, au rocher des Consins, où l’on voit des substances qui ont beaucoup plus l’apparence du basalte, et dans lesquelles le feldspath devient plus rare. En poursuivant toujours la crête vers Cacadogne, on tourne autour d’un enfon- HAE effrayant, demi-circulaire, dont les parois sont couvertes de scories : c’est le seul endroit dans les environs u'on Fire qualifier de lépithète de cratère. Depuis Cacadogne, on monte aisément jus u’au sommet du Mont- Or. C’est un immense cirque, vraiment alpin, qui se termine, d’un côté, par les parois de la vallée de la Cour, et de l’autre, par le rocher des Cousins. ls se correspondent et fermoient jadis le cirque du côté de la vallée des Bains. Mais tout ce vaste cirque ne peut pas être un cratère. Je me suis figuré, continue M. de Buch, qu'il y en a deux, la vallée de la Cour, et l’entonnoir entre Cacadogne et le rocher des Cousins. Le reste est un enfoncement, une chute des parties entre ces deux cratères; les arêtes si nues et si saillantes au-dessous de la cime du Mont d'Or et dans la vallée d’Enfer, le prouvent. — Lettre de M. Buch. (3) D’après Cassini, l'élévation de cette montagne est de 1048 toises au-dessus de la mer; il a déterminé ensuite par le baromètre la hauteur du sommet du Mont.d’'Or au-dessus du village des Bains. Il la trouva de 512 toises, tandis que, d’après notre observation, elle ne seroit que de 435. Enfin, en comcluant d’après sa hauteur du sommet da Mont-d’Or, celle da village des Bains au-dessus de la mer, on la trouveroit de 536 toises an lieu de 523, résnltat moyen qui nous a été donné par six observations. ( Ÿoy. Rech. sur les mod. de l'Atm., par Deluc, | 319.) 248 JOURNAÏT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Elévation en toises et millièmes de toises au-dessus de la mer, EE M) DENOMINATIONS. | srTUATION TOPOGRAPHIQUE. Diff. des logar. sans| Suivant | Suivant cor. our r à Rs Deluc. |Trembley de l'air. RER RER NE OO 7 EI ER Département du Puy- de-Dôme.' CaPucix » montagne , som-| Dans la vallée du Mont-lOr, mité (1). e 1 1. S.-S.-O. du village des Bains.|709,500 Es 0e IA-Tour-D'AUVERGNE. (2) Ville. — Arrondissement d’Is- soire, chef-lieu de canton . . . 472,833]. . . ACRAE e ONBrER, au châ- Village dans la vallée du Mont- teau. d'Or, 21. O. du village des Bains, irrondissement de Clermont, can: : ton de Rochefoit . -0..#.#/:1539;000|%, "11". FER nee Dorpocxe, 3 |. au-dessous du village de 1u-dessous de chez Chabozk, {3) Murat-le-Quaye CV à FERRER 417,666 an Département de l'Isère. ' Sr.-LAURENT-DES-MûREs. Village. — Arrondissement de Vienne , canton d'Heyrieux , 41 9; =Etyde lyon IT) 000 | EEE E Bour coin. Ville. — Arrondissement de lal Tour-du-Pin, chef-lieu de canton.f179,200|! ., . . |. . .. La-Tour-pu-Prw: Ville. — Chef-lieu d'arrondisse- ment et de canton sur la Bourbre.f158,200|, , . 1 Jr Départern duMont-Blanc. Ponxtr-nE-BEAUYOISIN: Ville. — Arrondissement de Chambéry , chef-lieu de canton sur leGiérs ouaGuyermi..s; ,12:118,00| 5250 0 LaclEriN;oud’Azeurpezzerre.| Au pied de la montagne du même nom, à louest . . . . : .[r93,334| 1: . . . Mont-pE-L'EpIn. Arrondissement et canton di Chambéry NPC 468666 NE RE (1) D’après nos observations, la sommité du Capucin seroit d'environ 186 toises au-dessus du village des Bains, tandis que Cassini l’estime être de 224 toises. (Recherch. sur les mod. de lAtm., par Deluc. $ 319.) La montagne du Capucin seroit donc élevée, suivant Cassini, de 760 toises au-dessus de la mer. (2) On voit une chaussée de basaltes, en prismes de six pieds de diamètre, avec un caractère decidé de courant — Lett. de M. de Buch. (3) Il y à dans ce lieu une superbe colonnade basaltique en facon de jeu d'orgue. L'élévation de ce même lieu nous fait connoîire la pente de la Dordogne, depuis Je village des Bains, 2 lieues 2? à l’est. Elle se trou être de 105 toisrs et demie : on voit par-là, que le village de Murat-le-Quayre se trouve placé sur üne hauteur, :t surtout le château. * ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249 RECHERCHES Sur les moyens de remplacer économiquement la corde à feu dans le service de l’Artillerie. Extrait des Annales de Chimie, imprimées à Ségovie dans Tannée 1791; Par Le Proresseur PROUST, Dox Valère Francisco Perès Cavallero, Ministre de la Guerre, reçut vers la fin de 1789, la note suivante que lui adressa , de Vienne, l'Ambassadeur d'Espagne. « On tire du tilleul des baguettes minces , qu’on laisse trem- per dans une solution de nitrate de plomb ; on les fait sécher au four, et l’on s’en sert pour mettre le feu au canon, en » place de corde à feu. » Ces baguettes ont les avantages suivans : la pluie ne Îles » éteint pas, je crois méme qu’elles ne donnent ni cendre ni » fumée, et leur durée est beaucoup plus considérable que » celle de la corde à feu. L'expérience fera connoitre quelle » sera l’économie qui peut résulter de leurs usages ; au reste » l'adoption qu'on en a faite depuis quelques mois dans les ar- » mées de l'Empereur, ne peut laisser aucun doute sur leur » utilité , car Votre Excellence n'ignore pas qu’en fait d'écono- » mie, cest certainement ce pays-ci que l'on peut citer. » Je ne me rappelle point si l'Ambassadeur écrivit alors quel étoit l’auteur de cette découverte ; mais je crois , d’après les souvenirs qui m'en sont restés, qu'on l’attribuoit au chevalier de Born, minéralogiste bien connu. Cette note m'ayant été remise dans le courant de 1790, je m'empressai de répéter l'expérience qu’elle annonce, et même de l'étendre à d'autres bois que le tilleul, afin de rendre cette découverte applicable au service de l'Espagne, où ce bois est assez rare; mais ce travail ne fut point présenté au Gouvyerne- Tome LXIV, MARS an 1807. Ji y 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ment , je le publiai seulement dans mes Annales , dont j'envoyai alors quelques exemplaires à Paris. Comme les détails de pratique dans lesquels entre le mémoire original, ne présenteroient pour le moment aucun intérét parti- culier , je les passe sous silence , et ne rassemblerai dans cet ex- trait, que les données principales de mon travail. INTRODUCTION. Chacun sait qu’on peut se servir d’une branche allumée pour mettre le feu au canon, et l’on peut croire qu’on n’en usa pas autrement dans l’origine de l'artillerie : mais comme le bois allumé ne tarde pas à s'éteindre, on dut s'attacher à découvrir quelque chose de mieux, et aprés bien des essais l'on découvrit enfin la corde à feu dont on se sert généralement aujourd'hui. Cependant, si l'on pouvoit aussi, à l’aide de quelque préparation, communiquer à cette même branche la propriété de brüler d’une manière continue, si l’artilleur pouvait s'en promettre une pointe de feu toujours vive , on conçoit que sans vouloir le disputer à la corde à feu, dont les avantages sont certains, notre branche préparée pourvoit encore rendre bien des services. Ainsi, par exemple, lorsqu'il faut servir long-tempsune nombreuseartillerie, comme dans les batailles, dans les siéges, et dans toutes les occasions , où les défauts qu'on ne peut se dissimuler, ne seroient d'aucune conséquence , elle pourroit remplacer ayan- tageusement la corde à feu. Ce que l'on peut justement reprocher aux baguettes préparées est notable : c'est la fragilité de leur pointe , qui n'étant qu'une pyramide de charbon allumé, peut se briser, ou par le fouet de flamme qui s'échappe de la lumière du canon, ou s’épointer contre le canon même , par la main quelquefois vacillante de l’artilleur , et alors quand les plates-formes sont en bois, l'on ourroit craindre quelque accident de la part des fragmens em- Écibas qui s'en échapperioent , ce qui, dans l’intérieur des vais- seaux , surtout, assujétiroit à une surveillance dont on peut se passer avec la corde à feu. Mais, si d’un autre côté l’on fait attention à ce que ce défaut n'est d'aucune considération en pleine campagne , si on a égard aux avantages d'une combustion qui dure trois fois plus que celle de la corde à feu, sous un volume infiniment moindre, et par conséquent à la facilité et à l’économie du transport, on trou- vera bien des compensations de cet inconvénient. Tels furent sans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251 doute les motifs qui déterminèrent Born à proposer sa découverte à l'artillerie de son pays : et si, comme l'assure la note, on en a réellement admis l'usage, on peut croire que les avan- tages et les défauts dont nous venons de parler , n'auront pas laissé que d'être soigneusement reconnus et balancés par les officiers de l’Empire. ë J'ai fait observer il y a un moment, que les baguettes allu- mées couroient les risques de s'épointer dans la précipitation du service. Je dois avant tout prévenir l’objection qu'on pourroit tirer de cet accident , c’est qu'elles ne s'éteignent pas pour avoir perdu leur pointe : il suflit d'agiter un moment les baguettes pour la voir se reproduire ; et comme d’ailleurs elles ne sau- roient servir qu'autant que l’artilleur les fixe par le milieu dans son porte-mêche , il peut toujours compter sur la pointe op- posée à celle qu'il vient de briser. Je passe aux expériences. Sur le Nitrate de plomb. Une livre d'acide à 56 degrés peut donner , avec le plomb, quinze onces cinq à six gros de nitrate sec et pulvérulent. Mais comme en employant ce métal, on ne peut l’oxider sans sacrifier une assez grande quantité d'acide, on pense bien qu'en y sub- stituant le métal déjà tout oxidé , la préparation de ce sel doit en étre plus facile et plus économique : en effet, une livre du même acide saturée de litarge , fournit jusqu'à 22 onces 7 gros, ou 25 onces de nitrate de plomb, c'est-à-dire 7 onces de plus. On le prépare dans des cuvettes de bois, et la lessive se dessèche très-bien dans des bassines de cuivre. Pour juger de l’économie qu’il y a à ne faire dissoudre que des oxides, ou pour juger de la perte qu'on éprouve en acide, quand on se sert de plomb, il suflira de faire attention aux résultats suivans : Quand on sature avec la potasse une livre d'acide nitrique à 25 degrés, on en retire 8 onces de salpêtre ; mais si on sature de la méme manière cette livre d’acide transformée d’abord en nitrate par l'emploi du métal, on n’en retire plus que 3 onces. On perd donc dans cette manière de travailler une quantité d acide qui est égale à celle que contiennent 5 onces de salpètre. Dans l’année 1790, où jé fis ces expériences, la livre de nitrate de plomb auroit coûté 30 sous, à cause du prix de la litarge Qui est un@ denrée étrangère à l'Espagne ; mais en la remplaçant par des oxides natifs, comme ceux que fournis- sent abondamment les mines de Linarès, ce sel seroit revenu Tite 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à beaucoup moins. Ces oxides me réussirent très-bien ; ils sont assez purs pour ne méler au nitrate de plomb aucun autre sel qui puisse l'exposer à s’humecter. Préparation des Baguettes. Le tilleul étant spongieux et léger, se prête très-bien à l’im- bibition : mais comme mon objet étoit de chercher à le rem- placer, je jetai les yeux sur les bois suivans, qui sont : Le chène verd, Le chéne ordinaire, Le noyer, L'orme, Le peuplier blanc, Le saule, Le pin, Le cèdre, Le frère, Le hôtre et le tilleul, comme devant nous donner un terme de comparaison. Mais l’on va voir que pour les pays où il est abondant, il est encore le plus avantageux sous les deux rapports de l'économie et de la durée : et quand Born li donna la préférence, on peut croire qu’il ne s’y arréta qu'après s'en être convaincu par une suite d'expériences analogues à celles que j'ai entreprises. Les baguettes, dont les dimensions m'ont paru concilier mieux la solidité ayec l’économie du nitrate, sont celles de deux à deux lignes et demie d'épaisseur sur quatre et demie à cinq de largeur , et une barre ou environ un mètre de lon- gueur. Avec cette épaisseur elles s'imbibent presqu’au centre, et leur résistance est suflisante pour qu'elles ne soient pas exposées à se rompre durant le service. Si on leur en donne davantage , la liqueur saline ne peut pénétrer le bois sans éprouver une sorte de départ qui accumule le nitrate sur la superficie , et ne laisse arriver au centre que l'eau de disso- lution. Cette particularité détermine en quelque sorte leurs dimensions , et si on veut leur donner plus de force, il ne s'agit que de les augmenter sur la largeur seulement. J'ajouterai néanmoins que si les baguettes quarrées de quatre ou quatre lignes et demie ont l'inconvénient de ne pas s'im- pes à fond, elles n’en sont pas mé@ins propres à rendre es mêmes services; car j'ai remarqué que la combustion accé- lérée de la superficie donne de l’activité au cône charbonneux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 253 qui se forme au centre, et s’il se consume plus lentement, sa pointe plus robuste résiste aussi beaucoup mieux au contact du canon, que celle des baguettes plates. Il faut pourtant en excepter le saule et l'orme, dont la pointe charbonneuse refuse de brüler , si elle n'est pas pénétrée de nitrate. Je pense, après tout, qu’en ayant égard à ces particularités , l’on appropriera indistmctement à cet usage les baguettes quarrées aussi bien que les parallélogrammatiques. Si les baguettes de frêne et de hêtre ont plus d'une ligne d'épaisseur, elles n’absorbent point assez de nitrate pour brüler sans interruption , et comme alors elles sont trop fragiles, on n'en peut tirer parti. Tous les autres bois, le tilleul méme, pouvant absorber beaucoup plus de nitrate qu'il n’en faut pour assurer la con- tinuité de leur combustion , ou point assez pour acquérir cette propriété , il falloit, pour remplir utilement cette tâche, commencer par reconnoître l'espèce de dissolution à laquelle il convenoit de s'arrêter : et comme d’ailleurs j’ai remarqué que les baguettes étoient plus ou moins poreuses selon qu’elles ont été fabriquées avec du bois de tronc ou de branches, ce qui les expose à absorber des quantités de nitrate fort diffé- rentes , il a également fallu soumettre au moins quatre ba- guettes à l'expérience , afin de découvrir quel seroit pour chaque bois, le terme moyen de son absorption. Les dissolutions qui m'ont paru les plus convenables, sont les suivantes : La première , une livre de nitrate fondu dans quatre livres d’eau, ce qui est à-peu-près la proportion qu'elle peut en dissoudre à froid; la seconde , une Livre de nitrate dans cinq d’eau. L'imprégnation des baguettes se fait à chaud ou à froid. On l'exécute dans des chaudières de cuivre proportionnées à leur longueur. A froid, elle est terminée au bout de trois jours ; mais à chaud, c’est assez d’une heure et demie d'ébulli- tion. On ajoute de l’eau chaude à mesure que la liqueur du bain diminue. La première dissolution ou Ja plus forte ; convient aux bois de chène verd , d'orme.et de saule ; et la seconde, à ceux detilleul de chéne, de pin , de noyer, de peuplier et de cèdre. Enfin la corde de sparte de 8 à 9 lignes de grosseur, dont le Prix est si inférieur à celui du chanvre , devient aussi très-propre à remplacer cette dernière, si on lui donne la préparation des baguettes. II lui suflit d’une lessive faite avec une livre de nitrate de plomb dissous dans 15 livres d’eau. Alors sa combustion est 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE continue et sa durée égale à celle de la corde à feu; elle a méme un avantage de plus , celui de s’enflammer,, d'éclairer si on l’a- gite un moment, et de faire l’oflice d’une sorte de lance à feu. Elle n'a pas, ilest vrai, celui de former en brülantle cône embrasé dont les artilleurs font tant de cas dans la corde à feu ; mais en la fabriquant avec une filasse mieux préparée , peut-être méme avec la pitte si commune dans le midi de l'Espagne , elle rem- plirait surement et à bon marché les conditions d’une bonne corde à feu. Ne perdons pas de vue, néanmoins , que, sousle rap- port du volume, elle est, comme la corde de chanvre, bien au- dessous des baguettes, et qu’elle partage même avec elle , l'in- convénient altaché aux marchandises très-combustibles, celui d'exposer les magasins aux incendies. Une livre de corde à feu , de celle dont on fait usage dans l'école d'artillerie de Ségovie, dure de 34 à 35 heures, et un peu plus, si elle est humide. Dans cet état elle estcommunément surchargée de 6 à 7 pour cent d'humidité, Enfin il est à propos de sécher les baguettes au four avant de les soumettre à limbi- bition du nitrate, comme après la leur avoir donnée. Le tableau suivant présente une comparaison de la corde à feu avec les baguettes préparées , sous le rapport de leur durée ; on y a fait entrer les quantités dé nitrate que chaque bois peut ab- sorber par quintal. BOIS. Durée de leur combustion Nritrate qu'ils absorbent par 25 livres. par quintal. Corde à feu. 850 heures. Corde de sparte. préparée: 850 4 livres. illeul. 2400 10 Pin. 2400 42 Cèdre. 2400 42 Orme. 2430 19 Chêne. 2200 18 Chéne verd. 1400 18 Noyer. 1400 7 Peuplier. 1400 37 Saule, 2400 30 On peut voir ici que les bois de peuplier , de pin, de cédre, et de saule s'excluent d'eux-mêmes, si on les compare au tilleul ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 puisqu'ils absorbent trois et quatre fois plus de nitrate que lui, sans offrir une combustion plus longue. Que le tilleul est de tous, celui qui réunit les deux avantages de l'économie et de la plus grande durée, puisqu'il n’absorbe en nitrate que le dixième de son poids, et enfin, que les bois de chêne verd , de chéne ordinaire, d’orme et de noyer n'occupent que le second rang. On pourra remarquer anssi que les boïs les plus durs ne sont pas ceux dont la durée est la plus longue , car une baguette de chène verd, qui est infiiment plus dur que le chéne ordinaire , ne se maintient en combustion que 8 heures, tandis que ce dernier atteint jusqu'à 12. Sur le Nitrate de cuivre. Les bois imbibés de sa dissolution deviennent aussi très-pro- pres à brûler d’une manière continue , et comme pour les dis- poser à cet effet Mils exigent moins de ce nitrate que de celui de plomb , j'ai trouvé que la dépense des baguettes préparées par l’un ou par l’autre de ces sels ; étoit à peu de différence près la méme. Le métal de cuivre a même quelque avantage sur celui de plomb, du côté de la durée , car si deux baguettes au plomb brülent pendant 24 heures , les mêmes, préparées au cuivre, en dureront 25 , comme on le verra dans le tableau qui suit. Le nitrate de cuivre peut mettre les baguettes dans le cas d'attirer l'humidité, mais ce défaut n'influe pas sur leur com- bustibilité ; ear la force comburente de ce selest si supérieure à celle du nitrate de plomb , que les baguettes , su sortir du bain, s'allument aussi facilement que celles qui sont sèches. L’expé- rience suivante est très-propre à donner une idée de leur ditfé- rence à cet égard. On trace avec les deux nitrates des lettres su: un morceau de papier , et on le présente ensuite au feu à la distance d’un pied ou un pied et demi ; peu d’instans après on voit le nitrate de cui- vre s'allumer , et dessiner le papier en lettres de feu, tandis que celui de plomb n’y fait pas d'impression. C’est cette propriété annoncée quelque part dans le Journal de Physique , qui me donna l’idée d'appliquer ce nitrate aux baguettes. L’acide de ces sels ne contribue pas, autant qu'on pourroit le penser, à la combustibilité des baguettes , ear si on les éprouve après les avoir tenues quelque temps sous l’eau, on trouve qu'elles conservent encore beaucoup de leurs qualités. Il m'a semblé que 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces nitrates éprouvoient comme sels métalliques , une décompo- sition qui sépare l’aeide de l’oxide , en attachant ce dernier à la substance du bois , par une de ces aflinités qui sont propres aux tissus végétaux, C’est cet oxide qui fournit au charbon l’oxigène dont il a besoin pour maintenir sa combustion, et pour se passer des secours de l’air environnant ; aussi remarque-t-on à la sur- face des pointes allumées, un mouvement très-sensible de scin- tillation, dont le résultat est, d'une part, la destruction accélérée du charbon, et de l’autre, du plomb réduit qui se sépare en grenailles, et que l'air parvient à oxider une seconde fois. Cette réduction se fait aussi remarquer sur la pointe des ba- guettes cuivrées, et mème elle devient presque un inconvénient ; c'est qu’elle l'enveloppe d'une lame continue de cuivre , d'une espece de fourreau qu'il faut faire tomber en secouant la baguette contre le canon avant de la présenter à l’amorce ; mais il ne suflit pas de proposer le nitrate de cuivre pour remplacer celui de plomb, mon objet seulement a été de faire Voir qu’il pourroit le suppléer au besoin, Une livre d'acide nitrique à 36 degrés , prend jusqu’à 2 onces 4 gros de cuivre pour se saturer. Ce nitrate, à l’époque où je tra- vaillois, et dans Madrid, eût coûté trois francs la livre, mais avec l'oxide ou les battitures des chaudronniers , il n’auroit pas monté à 40 sous. Un quintal de baguettes de tilleul n’absorbant que 6 livres de nitrate, la dépense de sa préparation eût été de 12 à 15 francs, ce qui est aussi à peu près celle du même bois préparé au nitrate de plomb, en supposant qu'il ne passät pas 30 sous la livre. La dissolution dont j'ai fait usage pour tous les bois, marquoit 17 au pèse-liqueur de Beaumé. Celle qui provient du départ des orfévres pourroit y être em- ployée ; et même en la faisant chauffer dans une bassine avec des lames de plomb , on la convertiroit facilement en nitrate de ce métal , pourvu, néanmoins , que l'on s’assujetit à de certaines mesures que la pratique indiqueroit, car, comme je l'ai fait ob- server ailleurs, le nitrate de plomb bouilli long-temps sur du plomb, donne un nitrate jaune feuilleté, dont j'ignore les effets sur le bois. Parmi les bois que j'ai cités, celui de noyer ne m'a pas eus propre à donner des baguettes , parce qu’il refuse d’absorber , assez de nitrate de cuivre. Celui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 Celui de fer ne dispose aucunement le bois à la combustion, sans doute parce qu'il ne cède pas aussi facilement son oxigène que ceux de cuivre et de plomb. Voici le tableau des quantités de nitrate de cuivre qu'absor- bent plusieurs bois, et celui de leur durée par arrobe , ou par 25 livres. BOIS Nitrate qu'ils absorbent | Durée de leur combustion f par quintal. par 25 livres. Corde à feu or- CITAIT EE PAIN NAS ee RS CA Te 85o heures. T'illeul, . G livres. 2500 Pin, 8 2300 Orme. 7 2100 Chéne. 4 2400 Chène verd. 9 2050 Noyer. Peuplier, 6 2010 Saule. 9 2130 Frêne. 2 13509 Tome LXIF. MARS 1807. KK& 1 " OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES | ENST ERNEST POSER TETE TIIRERRE Be ie DUREE ERE “ THERMOMEÈTRE. tBAROMETRE. «a ' -] ® L Maxiuum. | Minimum. |a Mir. Maximum. | Minimum. A Mi à midi + 2,5 10358. + 1,0] + 2,51 ro 25... à midi + 2,51 9m. — 0,3 + 2,51: SR midi + 4,528 m. + 2,0 + 494725.:...:273 4,40[X 8 m...... 4735. + 5,ofà midi + 0,8] + o,8f175s......27. 6.0ofà midi... àa2is. + 6,3làro1s. + 37 + 6,21 102s.....27. 7,52[à1 midi... 2. 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Æ 3,6| Ærr,gfù 1 5... 27.11,56|à 7im.....27.10,00|27.10; 271 8 m. + 2O/à 117486. + z,1| He 2, 11Ès..... 26. 1,30là 8 m...... 28. 0,15|28. oil 26235. + 2,6[1102s. + o,2| + 2,2là 10 À s.. ..28. 4,50[à 63 m. ....28. 2,26|28. 34h RECAPITULATION. Plus grande élévation du mercure. ..28.,4 80, le 14 à 2%. Moindre élévation du mercure..... 27.1, 80,le 3 à 8 h.m. Élévation MOYENNE ...... 27.9,30 de Plus grand degré de chaleur..... +H11°,4, le 26 à midi. Moindre degré de chaleur....... — 1,0. Chaleur moyenne........ + 5,2 Nombre de jours beaux....... (e] Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 1 pouce 7 lignes , 2 dixièmes D'ou o,pouce 0,4343. ; Le 21 Décembre Thermomètre des caves... .9°,640, division de Réaumur. > > EE | L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, FEVRIER 1807. VARIATIONS DE LATMOSPHERE. ‘|Hrc POINTS ( VENTS. D id - | LUNAIRES. pot LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. 90,0 S: Ciel couvert. ._ [Giel couvert. Ciel nuageux. 2} 90,0 S. Gelée bl. Ciel c.p.im:|Ciel nuageux. Assez b. ciel p. int. |Ë 3] 96,0 O.N-O. Neige dansla n. cielc.|1dem. Pluicetneige. + {| 91,0 Se Ciel couv. Pluie p- in.| Beaucoup d’éclaircis.| Pluie, neige fondue. | ÿ) 99,0] S-O. Ciel c.; pluie tr.-forte.| Pluie parint. Couvert par int. 88,0|0. fort. 78,0|N-0O. f. 92,0|S. fort. 99.,0[S-0. x.L.h2194's. L. Apogée. Ciel très-c. et nuag. Br. à l’hor. assez b. c. Quelques gout. d’eau. Couv.; tems brum. Ciel couvert. Ciel très-nuageux. Ciel couv.; pl. fine. Pluie fine par int. Pluie p.in.; ciel tr. c. | Assez b. ciel ; T. cal. | Pluie continuelle. Pluie par int. 78,0|O-N-O. [Equin. ase. [Pluie par int. Ciel à demr-c. etnuag.|Ciel c.; q. g. d'eau. 93,0] O. f. Quelques éclaircis. |Couvert. Giel couvert. : 91,0|S.-0. Brouill. ciel couv. |1dem. Ciel couv? ï 09,0] S-E. f. Ciellégèrementcouv.|Ciel tr. c. Ciel voilé, à 97,0] S- Brouillard épais, Ciel très-c. ; Brouill.|Brouill. très-épais. 91,0|S. S-E. r.Q.à5%44's [Br. à l'hor. assez b. c.|Ciel très-beauËh Beau ciel. © 91,0] S. Ciel très-nébuleux. |Ciel assez beau. Ciel couvert. 4,01 O. Pluie ay. le j. ; ciel c.| Pluie fine par int. |/dem. d 3,0| N-O. Ciel c. ; neige p. int. | Terre couv. de neige.[Neige par int. 86,0[0. N-0. Neige. Ciel trouble ct nuag. Ciel couv. 79,0|0. N-0O. Ciel couvert. Ciel voilé et nuag. Idem. 95,0] 0O. Pluie par intervalle. |Cielc.éclair.p.int. [Ciel chargé de vap. 96,0| 8 2.1. 0455 m.|Ciel très-nuageux. : [Ciel très-couv: Cielc.; Pluie d. la j. |$ 98,0 N. N-O. 95,0[N + N-O. L. Périgée. Equin. desc. Piuie abondante. Temps très-hum. Pluie continuelle. Léger br.; Temps c. Pluie t. le j.; elle con. |Ë Ciel très-couv. 100,0| S-0. Pluie abondante. Ciel tr.-c. ; T. hum. | Pluie par int. 85,0] O. B. d'éclaircis par int.|Ciel très-nuageux. |Ciel très-couvert. 67,0 ©: Quelques éclaircis. |Giel couvert. Idem. 65,o| : N. Ciel très-nuageux. {Ciel assez beau. Très-beau ciel. e'11 R ÉIC.A.P:ELT U L A TÆO.N. de couverts...... 16 de pluie.......,.. 12 devents. 422.008 > 26 de gelée’...:.... 2 de tonnerre. ..... o de brouillard..... 6 de neige......... 5 INT E ciereau a ciee ep 2 NÉ ere rebiesreee I 7. SIA RUES + o Jours dont le vent a soufé du À Si 6 EX Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’atmosphère, on s £ : la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin ; la 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SE + SO au * D'UN MEMOIRE SUR L'ÉTHER MURIATIQUE, Lu à l'Institut Le 17 Féprier 1807, Par M. THENARD, Professeur au Collége de France. Après avoir examiné pourquoi l'éther muriatique est resté jusqu'à présent inconnu aux chimistes, quoiqu'il ait été l'objet d'un assez grand nombre de recherches, l'auteur donne le moyen de l'obtenir : pour cela, comme l'éther est habituelle- ment à l'état de gaz , il faut employer l'appareil suivant : On met dans une cornue capable seulement de contenir le mélange dans sa panse, parties égales en volume d'acide mu- riatique très-concentré et d'alcool à 36°; on les agite bien pour mettre en contact toutes leurs molécules; cela fait, on jette dans la cornue tout au plus 7 à 8 grains'de sable pour éviter les soubresauts qui, sans cette précaution, pourroient avoir lieu dans le cours de l'opération; puis on la place à feu nu sur un fourneau ordinaire , au moyen d’un grillage de fil de fer, et on y adapte un tube de Welter qui va se rendre dans un flacon à trois tubulures, double en capacité de la cornue qu’on emploie, et à moitié rempli d’eau à 20 à 25°, de manière que le tube pénètre dans l’eau à la profondeur de 7 à 8 centimètres; ensuite on introduit dans la seconde tubulure un tube droit de sureté, et dans la troisième on en introduit un recourbé qui va s'engager dans une terrine, sous des flacons pleins d'eau, au même degré que la précédente, et soutenus par un tèt troué dans son milieu. Lorsque l’appareil est ainsi disposé, on chauffe peu à peu la cornue, et vingt à vingt-cinq minutes après que le feu est appliqué, on voit des bulles s'élever de la partie inférieure du liquide.et surtout de la surface des grains de sable. Ces bulles ne tardent pas à se multiplier ; ET D'HISTOIRE NATURELLE, 261 et bientôt alors on obtient abondamment du gaz éthéré ; il passe en même temps de l'acide, de l'alcool et de l’eau, mais quirestent dans le premier flacon. De cinq cents grammes d'acide et d'un volume d'alcool égal à celui des cinq cents grammes d'acide, on peut retirer jusqu'à vingt et quelques litres de gaz éthéré parfaitement pur, et même jusqu’à trente; mais on en retirera bien davantage, si, lorsque le, dégagement du gaz commence à se ralentir, on méle dé nouvel alcool avec le résidu, c'est-à-dire ayec la liqueur très-fortement acide qui reste dans la cornue, et dont le volume alors équivaut à-peu- près aux deux cinquièmes du mélange d'où elle provient. Je crois même que si, par le moyen d'un tube droit plongeant au fond de la cornue et long au moins de 6 à 7 décimètres, on versoit de temps en temps de l'alcool chaud dans celle-ci, la formation du gaz éthéré seroit encore-hien plus abondante ; car on conçoit ail se volatilise à chaque instant plus d’alcoo! que d'acide muriatique, et qu'ainsi on rétabliroit entre ces deux corps les proportions primitives qui conviennent plus que tout autre pour le succès de l'opération. Dans tous les cas, la conduite du feu est de la plus grande importance : s’il est trop foible , il ne se produit pas de gaz éthéré; s’il est trop fort, il ne s'en produit que peu : aussi n’éthérifie-t-on pas sensiblement l'alcool en le chargeant de gaz acide muriatique, et n obtient-on pas non plus sensiblement d’éther en faisant ren- contrer l'alcool et l'acide en vapeurs dans un tube à environ 80° de température. Ce n'est donc qu’en gardant un juste milieu dans l'application du feu, qu’on réussit complétement. Tout cela vient de ce qu'une trop petite ou une trop grande élas- ticité dans l'alcool et l'acide muriatique, nuit à leur réaction l'un sur l’autre. Une précaution qu’on doit encore prendre, c'est de se servir de la même eau pour recueillir le gaz, et d'en employer le moins possible parce qu'elle en dissout en quantité notable. Ce gaz est absolument incolore , l'odeur en est fortement éthérée et. la saveur sensiblement sucrée. 11 n’a aucune espèce d'action ni Se la teinture de tournesol, ni sur le sirop de vio- lettes, ni sur l’eau de chaux. Sa pesanteur spécifique, comparée à celle de l’air, est de 2,219 à 18° du thermomètre centigrade, et à 0,m75 de pression ; à cette même température et à cette même pression, l’eau en dissout son volume et on peut l'en dégager entièrement à une température de 100° thermo- mètre centigrade. À cette même pression encore , mais 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÆ à. 11° de température, le gazéthéré devient liquide. On peut s'en procurer une grandé quantité à cet état, en se servant d'un appareil semblable à celui qui a été précédement décrit : seule- ment, au lieu d'engager le dernier tube sous un flacon plein d'eau, il faut le faire plonger au fond d’une éprouvette longue , étroite, bien sèche et entourée de glacé qu'on renouvelle à mesure qu’elle fond. C'est dans cette éprouvette que le gaz éthéré seul arrive et se liquéfie entièrement; car une fois que les vais- sceaux ne contiennent plus d'air, on peut, sans le moindre danger, en supprimer là communication avec l'atmosphère. Ainsi liquéfié , cet éther est d'une limpidité remarquable ; comme à l'état de ÿaz , il est sans couleur , sans action sur la teinture de tournesol et sur le sirop de violettes ; de même que le gaz éthéré, il est très-soluble dans l'alcool, dont on peut en grande partie le séparer par l’eau. Comme ce gaz, il a aussi une odeur très-prononcée et une saveur très-distincte, qui a quelque chose d’analogue à celle du sucre, et qui est surtout remarquable dans l'eau qui en est saturée, laquelle sera peut- ètre employée avec succès en médecine. Versé sur la main, il entre subitement én ébullition et y produit un froid con- sidérable, en y, laissant un petit dépôt blanchätre: À + 5° de température (thermomètre centigrade) , il pèse 874 , l'eau pe- Sant 1000. Ainsi, quoiqu'il soit bien plus volatil que l'éther sulfurique, et à plus forte raison que l'alcool, non-seulement il est plus lourd que le premier, mais même il est plus lourd que le second de ces deux corps. Enfin, il ne se congèle point à une température de — 29° (thermomètre centigrade ). Jusqu'à présent nous ne voyons dans cet éther rien qui nesoit parfaitement d’accordavec ce quenous présententles autres corps; il n'est encore pour nous qu'un être curieux par sa nouveauté , et surtout par la facilité avec laquelle on le gazéifie et on le li- quéfie. Etudions-le davantage et il va nous apparoître comme l'un des composés les plus singuliers et les plus extraordinaires que l'on puisse créer...... Il ne rougit pas la teinture de tournesol la plus affoiblie; les alkalis les plus forts n'ont point d'action sur lui; la dissolution d’argent ne le grouble nulle- ment, et tout cela, soit qu'on l’emploie à l’état gazeux ou liquide, ou dissous dans l’eau : qu'on l’enflamme , et tout-à- coup il s’y développe une si grande quantité d'acide muria- tique , que cet acide précipite en masse le nitrate d’argent concentré , qu'il suffoque ceux qui le respirent et qu'il paroît même dans Taie environnant sous forme de vapeurs. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 263 L'acide muriatique; se. forme-t-il dans cette inflammation, comme tout nous porte à le. croire ? ou n'est-il qu'en liberté, ce qui peut étre? Voilà la question que l’auteur de ce Mémoire essaye ensuite de résoudre, 1 ME x À EAT Si l'acide muriatique se forme dans la combustion du gaz éthéré , le radical de cet acide doit exister dans ce gaz, et ce radical provient nécessairement de l'alcool ou de l'acide muriatique décomposé par L'alcool, ou ce qui n’est pas pro- bable, mais ce qui n’estipas impossible, de l’un et de l’autre, Dans le premier cas, on doit, en distillant un mélange d'alcool et d'acide muriatique , retrouver après la “distillation , tout l'acide muriatique qu’on a employé, plus celui qui apparoît dans la: combustion du gaz formé. Dans le sécond cas, une grande quantité d'acide doit au contraire disparoître dans cette distillation ; mais en tenant compte de celui qui se développe dans la combustion, du gaz formé, cette quantité d’acide, et seulement cette quantité doit reparoître toute entière. Dans le troisième cas , de cette distillation doïft aussi résulter une perte d'acide ; mais cette perte doit être plus que compensée par la quantité d'acide que la combustion du gaz doit produire. Or; en exécutant cette distillation sur 450,5937 d’acide mu- riatique d’une pesanteur spécifique de 11,549, à 5° de tem- pérature (therm. centig.) et sur un volume d’alcool très- rectifié, égal à celui de ces 450,5937 d'acide, il se forme vingt-trois litres de gaz éthéré à la température de 21° (therm. centig.), et à la pression de o»745, et il disparoïît 122,°°288 d'acide. Par conséquent la première hypothèse est fausse, puisqu'il est démontré que quand bien méme le radical de l'acide muriatique existeroit dans le gaz éthéré, ce radical! proviendroit, non pas uniquement de l'alcool, mais, bien ou de l'acide muriatique seul, ou de l’acide muriatique et de l’alcool. Voyons sil provient de l'acide muriatique seul, ainsi qu’on l'a supposé dans la seconde hypothèse; mais alors. il y a deux manières de concevoir le phénomène : ou l'acide muriatique aura été décomposé par oale de manière que son radical, sans son autre principe, se trouve dans le gaz éthéré, ou cette décomposition aura été telle, que tous les principes de l'acide muriatique se trouveront dans le gaz éthéré, non pas réunis, non pas formant de l'acide muriatique, mais combinés avec les principes de l'alcool , mais dans le même état où se trouvent l'hydrogène , l’oxigène , le carbone et l'azote dans 26f. JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE les matières végétales ét animales. Or si le radical de l'acide muriatique existe seul sans l'autre principe, où sans une por- tion de l’autre principe de l’âcide muriatique , dans le gaz éthéré, on.doit, en décomposant cé g4z dans un tube rouge de feu et privé du côhtact dë l'air, né point obtenir d'acide, ou én fbtenir moins qu'il n’éh 4 disparu dans l'expérience qui l'a produit :.et si ce gaz contiént non-seuléfent le radical de l'acide: muriatique, mais, enCôre tous les principes constituans de cet acide :, comme les principes ‘de’ cét acide, quels qu'ils soient , ont une grande téndance à se combiner, on conçoit qu'en détruisant le gaz éthtré par 1e feu , sans le contact de l'air, oh obtiendra probablément toute la quantité d’acide mu- riatiqüe qui aura disparu dans l’éxpérience d’où on laura retiré, Îl étoit. donc de la ‘plüs grande importance d'opérer cette décomposition en vaisseaux clos. On Fa fait sur neuf cents grammes d'acide muriatique concentré, et sur un volume d'alcool bien rectuhé., égal à ces neuf cénts grammes d'acide. Entre le tube de verre rouge où s’opéroit la décomposition du gaz et la cornue où il se produisoit, étoit un grand flacon tubulé , contenant dé Peau à ‘15 à 16° pour arrétér l'acide, l'alcool: ét l’eau qui 8e volatiliseroient avec ce gaz; le tube de verre comruuiquoit d'ailleurs avéc deux autres flacons, dont l’un contenoit de l’eau , et l'Autre de la pôtasse, pour absorber, tout l'acide qui pourroit réparoitre dans cette opé- fation ; enfin, par le moyen d'un autre tube ôn recueilloit les gaz. Pour que cétte opération réussisse bien, il faut que le tube de verre soit bien luté, ‘et ‘encore bien’ ménager le feu pour l’empècher de fondre. Quoique dans cette :expé- tience il ait dù se produire près de cinquante litres de gaz éthéré , ét disparoîtie d’abord près de deux cent cinquante g'ammes d’acide, néanmoins tout l'acide , sauf quatre gram- nes , a reparu dans le tube rouge, et est venu se dissoudre dans les déux derniers flacons de l'appareil. Ainsi, de toutes les hypothèses faites jusqu'ici, et qui sont les seules qu'où puisse raisonnablement faire en regardant l’acide muriatique comme un être composé, il n’en est qu’une admissible :, c'est celle dans laquelle on concoit que les élémens de l'acide mu- riatique existent dans le gaz éthtré combinés avec ceux de l'alcool, de la même manière que les élémens de l’eau, de l'acide carbonique et de lammoniaque , existent dans les ma- tières végétales et animales. Mais si maintenant on suppose que l'acide muriatique suit un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 un être simple, alors il faut nécessairement regarder le gaz éthéré comme formé d’acide muriatique et d'alcool, ou d'un corps provenant de la décomposition de l'alcool (car l'alcool est peut-être décomposé lorsqu'on le distille avec l'acide mu- riatique ; au reste, c'est ce que nous verrons facilément plus tard). Dans tous les cas, la question est donc ramenée à choisir entre ces deux hypothèses. Discutons-en la valeur autant qu'il sera possible. L'une , savoir celle dont nous venons de parler en dernier lieu, nous présente des phénomènes très-difficiles à expliquer. En effet, il faudroit supposer que l'alcool ou le corps qui le représente , agit sur l'acide muriatique avec: bien plus d'énergie que l'alkali le plus fort, puisque cet alkali ne peut pas le lui enlever, et que, comme je le démontrerai par la suite, le muriate de potasse contient moins d'acide que le gaz éthéré; et comment concevoir, d'une autre part, que le nitrate d'argent qui enlève tout l'acide muriatique au muriate de potasse, ne puisse point en enlever au gaz éthéré qui en contient plus que ce sel. Dans l'autre hypothèse tout se trouve au contraire natu- rellement expliqué : on voit comment le gaz éthéré ne rougit point la teinture de tournesol, comment les alkalis ne l’al- tèrent pas, comment le nitrate d’argent n'y produit aucun précipité , comment en s’enflammant il s'y produit une si grande quantité d'acide muriatique, que cet acide paroit dans l'air environnant sous la forme de vapeurs; tout se concilie en un mot ayec ce que nous présentoient les autres corps. Néanmoins M. Thenard est loin d'admettre absolument l’une et de rejeter l’autre ; toutes deux méritent d'être suivies ; c'est ce dontil s'occupe maintenant avec d’autant plus d’ardeur que, quelque chose qui arrive, les résultats qu’il obtiendra ne peuvent tre que très-importans: Tome LXIF. MARS an 1807. LI 65 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne SUR la découverte de l'Éther muriatique ; Par M. THENARD. Lonsque je lus à l’Institut, le 18 février dernier, mon Mémoire sur l’éther muriatique, tous les membres de l'Ins- tütut, MM. Berthollet , Chaptal, Déyeux, Fourcroy, Guyton, Vauquelin, Gay-Lussac, etc., etc. , regardèrent comme très- nouveaux les résultats qu’il contenoit, et furent frappés des conséquences qu'on en pouvyoit tirer. M. Proust que nous possédons maintenant à Paris, et devant qui je m’empressai de répéter, d’après le desir qu’il en eut, les expériences que j'avois déjà faites à l'Institut, savoir, l'épreuve du gaz éthéré par la teinture de tournesol et le nitrate d'argent avant et après la combustion, etc. partagea entièrement la surprise, et l'opinion des chimistes français. Mais ‘vendredi dernier , 13 mars, c’est-à-dire 25 jours après la lecture dé mon Mémoire, M. Gay-Lussac, en parcourant le Journal allemand de Gehlen, découvrit par hasard, dans une note, que Gehlen lui-même avoit fait des expériences sur l’éther muriatique, et les avoit consignées dans un des volumes de son Journal, publié en 1804. Comme M. Gay-Lussac a pour moi la plus grande amitié , il voulut voir s'il y avoit quelque rapport entre le Mémoire du chimiste allemand et le mien ; et comme il en trouva beau- coup, et que je ne sais pas l'allemand, il me rendit le service de me le traduire. En voici l'extrait : M. Gehlen à fait de l’éther muriatique par le muriate d’étain fumant et l’alcool , en employant partie égale en poids de l’un et de l’autre. Il en a fait aussi à la manière de Basse, chimiste de Hameln, par un mélange de sel marin, d'acide sulfurique concentré et d'alcool, d’où jusqu’à Basse, et même jusqu à lui, on croyoit ne retirer que de l’éther sulfurique : il n’en a point obtenu avec l'acide muriatique seulement. Quoi qu'il en soit, M. Gehlen a reconnu dans l’éther muriatique , la plupart des propriétés que j'y ai reconnues moi-même. Ainsi, il a vu que cet éther est le plus souvent à l’état de gaz; qu'il se liquéfie à environ + 10° du thermomètre de Reaumur ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 26 qu'il est légérement soluble dans l’eau ; qu'il a une saveur sucrée ; qu'il ne rougit point la teinture de tournesol; qu'il ne précipite point le nitrate d'argent, et que quand on le brûle , il s’y développe une grande quantité d’acide De M. Gehlen n’a fait aucune expérience ni pour prouver d’où cet acide muriatique peut provenir , ni pour rechercher la quantité que peut en donner le gaz éthéré, ni pour ‘établir la théorie de cette éthérification. C’est sous ce point de vue surtout que mon ouvrage diffère du sien. Il en diffère encore, mais cette différence est moins remarquable que la précédente, par le procédé que j'ai employé pour faire l'éther muriatique , au moyen duquel jai obtenu, tout-à la-fois, probablement plus d'éther que par aucun autre, et un éiher plus pur que celui de Gehlen; puisque celui-ci ne pèse que 845, et que celui-là pèse 874, et qu'ici une plus grande pesanteur spé- cifique est une preuve d’une plus grande pureté, Ne pouvant plus douter, d'après l'extrait ci-dessus, qu’en Allemagne on eût fait de l'éther muriatique, et qu’on y eût bien vu la propriété qu'il a de développer en biülant, une grande quantité d'acide muriatique, bien convaincu d’une autre part, qu’en France et en Espagne on ignoroit complète- ment un fait aussi important, j'ai cherché à savoir si les chi- mistes anglais étoient à cet égard plus avancés que les chimistes fran. ais et espagnols. Pour cela, je me suis adressé à M. Piffaule, administrateur des poudres, qui traduit maintenant la troisième édition de la Chimie de Thompson, ouvrage plein d'érudition, et commencé long-temps' après que le Mémoire de Gehlen eût paru. M, Rillault m'a lu tout ce qui concerne l'éther “uriatique : il n’y est point question de Geblen, ni de ce qui a rapport aux propriétés singulières que nous présente l'éther muriatique ; il n’y est question que du procédé de Basse, qui consiste à mêler du sel marin fondu, de l’alcoo!l et de l'acide sulfurique, et qui, excepté la fusion du sel, a été indiqué par plusieurs chimistes. Je crois étre autorisé à conclure de là, qu'en Angleterre comme en France et en Espagne, l’éther Muria- tique étoit inconnu, et que, sans avoir aucun indice du travail de Gehlen, j'aurai au moins le mérite de l'y avoir fait con- noitre. Combiea de fois déjà n'est-il point arrivé de faire dans un pays une découverte qui, plusieurs années auparavant , avoit été faite dans un autre, et cela, parce que malheureu- sement tous les savans ne parlent pas la même langue, et que les ouvrages des uns ne sont point toujours, il s’en faut LI 2 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de beaucoup, traduits dans la langue des autres. C’est ce qui ést notamment arrivé pour celuide Gehlen. Autre Note sur l'Éther muriatique. Dix jours après la lecture de mon Mémoire à l'Institut, M. Bouley, l’un des pharmaciens de Paris qui joignent le plus de connoissances positives en chimie à une pratique sûre en pharmacie, m'a fait part qu'il étoit parvenu, comme moi, à faire cet éther par l'acide muriatique et l'alcool; mais que jusqu’à présent il n'avoit point encore donné de publicité à son travail, parce qu’il n'étoit point aussi complet qu'il le desiroit. à Je me plais à rendre à M. Bouley toute la justice qu'il mérite, et à penser que le temps seul lui a manqué pour porter ce travail à sa perfection. PP NOUVELLES LITTÉRAIRES. Histoire naturelle, générale et particulière des plantes , ouvrage faisant suite aux OEuvres de Leclerc de Buffon, et partie du Cours complet d'histoire naturelle, rédigé par C.-S. Sonini, Membre de plusieurs Sociétés savantes. Description des végétaux rangés par familles, avec des dé- tails sur leur culture, leur usage dans la médecine, les arts, le jardinage, etc. , et sur les phénomènes physiologiques qu'ils présentent ; par C.-F. Brisseau-Mirbel, Aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle; Professeur de botanique à l'Athé- née de Paris, et Membre de la Société des Sciences, Lettres et Arts; Et continué par N. Joly-Clerc , ancien Professeur, et Membre de plusieurs Sociétés savantes. Tome troisième et tome dix- huitième. À; Paris, de l’imprimerie de F. Dufart. On souscrit, à Paris, chez Dufart, rue des Mathurins-St.+ Jacques, et Bertrand, quai des Augustins. À Rouen, chez Vallée, Libraire , rue Beflroy, n° 22. A Strasbourg, chez Levrault. À Limoges, chez Bargeas. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 À Montpellier, chez Vidal. À Mons, chez Hoyois. . Le tome XVIII commence par la famille 85e, celle des papa- véracées et finit par la famille cent deuxième , celle desanones. C'est le dernier volume de l'ouvrage. Le volume troisième contient l'histoire des plantes crypto- games, Ces deux volumes terminent l’histoire des plantes de ce grand ouvrage. Les deux premiers volumes ont été composés par Mirbel. Les autres, depuis le quatrième jusqu’au 16°, ont été composés en partie par Leman. Massé l’a aidé jusqu'au onzième. Les derniers sont par Joly-Clerc. À La Table générale en deux volumes paroîtra incessamment. On donnera ensuite un supplément à l’histoire des vers. Nouveau Muséum d'histoire naturelle; ou représentation fidelle des êtres les plus remarquables compris dans les trois règnes de la nature ; en figures coloriées sur planche; dessi- nées par M. Desève, et autres habiles Artistes; comparées aux originaux, et approuvées par MM. Lacépède, Desfontaines, Faujas-Saint-Fond, Geoffroy , Olivier et Bosc. Avec une In- troduction à la tête de chaque règne et de chaque classe, un T'ableau-sommaire à la fin de chaque volume, et un volume de notices à la fin de l'ouvrage; par B.-E. Manuel. Dédié à à S. M. r'Emrereur des Français et Ror d'Italie. Tome pre- mier. Règne animal. — Classe des quadrupèdes vivipares ou mammifères. Chaque volume composé de cent planches au moins , sur papier vélin, est du prix de 60 francs. À Paris, chez Dufart, Libraire et Editeur. — 1806. L’Editeur ayant fait, pour l'utilité de son commerce, un voyage en Espagne, a dû suspendre l’exécution de cet ouvrage. Encouragé par d’honorables souscriptions , et par les circons- tances devenues plus favorables, il se hâte, à son retour, de ublier le premier volume. Il paroîtra successivement un vo- te nouveau tous les deux ou trois mois. On peut s'inscrire ou se faire inscrire, chez MM, Dufart, Libraire et Editeur, à Paris. Maire, Libraire à Lyon. Vallée frères , Libraires, à Rouen. Melon , Libraire à Bordeaux. Armand Kœænig, Libraire à Strasbourg. 27Q JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Don Fernando Ramos de Aguilera, à Madrid, Margaillan, Libraire à Milan. Gravier , Libraire à Gênes. Et chez tous les principaux Libraires en France et dans l'Etranger. Aussitôt que le payement des volumes mis au jour sera effectué par MM. les inscrits, et qu'il sera parvenu à l'Editeur, l'ouvrage leur sera adressé de suite. Les premiers inscrits auront l'avantage, 1° d’être les premiers compris dans la liste qui sera publiée au commencement de chaque volume ; 2° de posséder les premières planches et les plus fraiches; 5° de n'avoir à craindre aucune augmentation de prix. On pourroit aussi commencer et former dès à présent la correspondance dont il est fait mention à la fin de ce Pros- pectus, pour recherches ou acquisitions, avis ou renseigne- mens concernant l'entreprise en elle-même, ou l'Histoire naturelle en général. On voudra bien ne pas oublier d'affranchir tout ce qui sera adressé par la Poste. Le premier volume de cet ouvrage paroît. Il contient les figures d'un grand nombre de mammifères , avec de courtes descriptions. Le lecteur verra qu’on n'a rien négligé pour rendre. cet ouvrage intéressant Nouvelle méthode de classer les hyménoptères et les diptères, avec figures; par L. Jurine, Correspondant de l'Institut national; Professeur en anatomie, en chirurgie et en accouchemess ; Membre du Jury de médecine, de la Société des Arts, de Phy- sique et d'Histoire naturelle de Genève, et de celle d'émula- tion du canton de Vaud, en Suisse; Associé des Sociétés philomatique , d'Histoire naturelle, de Médecine de Paris, et de celle de médecine-pratique de Montpellier. On reconnoîtra partout l’empreinte de cette INTELLIGENGE ADORABLE; qui crayonna de la même main et l’homme et la mouche. OEuvres de Ch. Bonnet, édit. z2-4°, tom. IV, Contempla= tion de la nature, ch. 18, pag. 79. WYMENOPTÈRES. (Tome premier. À Genève, chez Paschoud, Imprimeur-Libraire. — 1807. L'auteur a observé dans les aîles de ces espèces d'insectes, des caractères qu'il croit très-propres à les classer, Nous ferons connoître plus en détail son travail intéressant. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 2721 Application de l'analyse à la géométrie, à l'usage de TEcole Polytechnique; par M. Monge. 1 vol. 72-4°. À Paris, chez Bernard, Libraire de l'Ecole Impériale Polytechnique , et de l'Ecole Impériale des Ponts-et Chaussées, Editeur des Annales de Chimie, quai des Augustins, n° 25. Cet ouvrage comprend deux parties : La première partie, intitulée DES SURFACES DU PREMIER FT Du SECOND DEGRÉ, est de MM. Monge et Hachette. Elle traite du point de la ligne droite et des surfaces du second degré, La seconde partie intitulée , DE L'ANALYSE APPLIQUÉE À LA GÉOMÉTRIE. THÉORIE DES SURFACES COURBES ET LES COURBES A DOUBLE COURBURE, est de M. Monge. La première édition avoit paru en 1795 ; une seconde édition parut en 1801. Cette troisième édition est considérablement augmentée. Les nombreuses éditions de cet ouvrage , et encore mieux les connoissances des Auteurs, sont un sûr garant de l’intérét qu'il mérite. Correspondance sur l'Ecole Polytechnique , rédigée par M. Hachette, Professeur de Mathématiques des Pages de LL. MM. II. RR.; Instituteur à l'Ecole Polytechnique. 1 vol. in 8° avec des planches, 7 fr. Chez Bernard, Libraire de i Ecole Polytechnique , et de celle des Ponts-et-Chaussées , Editeur des Annales de Chimie , quai des Augustins, n° 25. Ce volume renferme des solutions de divers problèmes mathé- matiques; par MM. Monge, Laplace, Hachette, Poisson, etc.,etc., et surtout la description de la nouvelle route du Simplon , accom- agnée d'une planche ; l'admission des élèves aux services pu- Pis ; les Décretsimpériaux et les Actes de M. le Général Lacuée, Gouverneur de l'Ecole Polytechnique , relatifs à cette Ecole. Les noms des auteurs annonce combien cet ouvrage est inté- ressant pour les géomètres. Nouvelle méthode pour la résolution des équations numé- riques d'un degré quelconque, d’après laquelle tout le calcul exigé pour cette résolution se réduit à l'emploi des deux pre- mières règles de l’Arithmétique; par F.-D. Budan , D. M. P. On donnera l'extrait de cet ouvrage dans un des numéros prochains. . 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etCe. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Troisième suite des recherches sur les lois de l'Affinité; par M. Berthollet. Suite. Hauteurs de plusieurs lieux déterminées par le baromètre , dans le cours de “différens voyages faits en France, en Suisse, en Italie ; par F. Berger, Docteur-Médecin de Genève. Recherches sur les moyens de remplacer économi- quement la corde à feu dans le service de l’Ar- tillerie ; par le Professeur Proust. Tableaux météorologiques ; por Bouvard. Extrait d'un Mémorre sur l'Ether muriatique ; par T'henard, Professeur au Collége de France. Note sur la découverte de l'Ether muriatique ; par le méme. ; 4 Nouvelles Littéraires. 193 220 LÉ rs JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AVRIL AN r807. EXPÉRIENCES SUR les combinaisons du Soufre et du Charbon, et sur l'Hydrogène contenu dans ces substances; Par A.-B. BERTHOLLET fils. EXTRAIT. It ExPpÉRIENCE. LampADivs, professeur à Freyberg, méla du charbon avec du fer sulfuré ou de la pyrite : il obtint une liqueur très- volatile, qu'il crut composée du soufre et de l'hydrogène. Cette liqueur avoit une odeur très-vive sulfureuse. Il lui a donné le nom d’ulcoo! de soufre. Il ExrÉRIENCE. Clément et Désormes , en faisant passer du soufre en vapeur sur du charbon très-chaud, ont obtenu un produit semblable à celui du professeur de Freyberg. En brülant ce produit liquide, ils apperçurent des légères Tome LXIV. AVRIL an 1807. M m 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI* - taches noires à la surface du vase où avoit été opérée la com- bastion, ce qui leur fit penser que ce liquide étoit formé par la combinaison du soufre avec le charbon. Ils ont xlonné en\conséquence à cette liqueur le nom de soufre carbonné, Alk-ExrÉRIENCE.,, où à Ag-B. Berthbllet, fils; a cherché à s'assurer par l'expérience, si le soufre étoit dans cette opération combiné avec l’hydro- gène, comme le prétend :Lümypadips, ou ävec le charbon, comme le soutiennent Clément et Désormes. Il a pris un tube de yerre d’un mètre enviran de longueur ; il Ja, placé presque horizontalement dans un fourneau à: ré- verbère , de manière que d'un des eôtés il dépassoit de plus d'un décimètre la paroi du fourneau , et de l'autre côté il sortoit de la moitié de sa longueur en s'inchinant légérement. La partie comprise dans lintérieur du fourneau étoit couverte d’un lut capable de résister à une forte chaleur. À son extré- mité la plus basse étoit ajustée une alonge jointe à un petit récipient tubtilé, duquel partoit un tube plongeant. dans l'eau d’un flacon à deux tubulures. Un autre tube doublement coudé étoit déstinié à conduire le gaz de ce flacon dans un appareil pneumato-chimique. Il à ensuite pris du charbon qu'il avoit fait chauffer aupa- ravant pendant une demi-heure, pour en dépager l’eau et les gaz qui cèdent à la simple chaleur, et l’a placé dans la partie du tube qui étoit lutée : il a placé du soufre dans la partie supérieure du tube, qu'il a fermé hermétiquement : il a pour lors chauflé la partie lutée du tube où étoit le charbon, jusqu'à l'incandescence; une chaleur douce a été ensuite appliquée à Ja partie du tube qui contenoit le soufre, lequel a coulé sur le charbon incandescent. Axa Dès que ces deux substances se sont touchées, il. s’est dégagé des bulles de gaz qui se succédoient rapidement; elles étoient accompagnées de vapeurs blanches qui, en se conden; sant dans l’alonge, venoient se réunir dans le ballon, où elles occupoient le fond de l'eau, sous la forme d’une huile blanche, quelquefois jaunâtre. : : . Lorsqu'on veut produire beaucoup de liquide il est nécessaire d'élever la température du charbon au-dessus du souge eérise; et de ne faire passer qu'un léger excès de soufre. Prop pew de soufre ne produit que: du gaz, let: quelques gouttes d’un liquide plus léger que l'eau, qui. dans. le cours de l'opération reprend l'état gazeux. NSP ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27) Si au contraire le soufre est trop abondant, il ne se forme que dù gaz et du soufre hydrogéné solide, que Clément et Désormes ont regardé comme uu soufre carburé. L'opération étant terminée, on maintenoit la température du tube , pour que la nature du résidu ne fût pas altérée par le soufre qui se seroit trouvé en contact avec lui, et on em- péchoit, pour la méme raison, l'accès de l'air dans l'appareil , en fermant un robinet adapté à la tubulure du flacon. L'examen des produits de l'opération ‘a fait voir à l'auteur que a, l'eau du flacon qui étoit laiteuse avoit l'odeur et toutes les propriétés de l’eau d'hydrogène sulfuré ; b,le gaz lui-méme jouissoit d'une odeur semblable, se dissolvoit dans l’eau par l'agitation ou un long contact, et lui communiquoit tous les caractères de l’hydrogène sulfuré ; c,ce gaz brüloit avec une flamme bleue, et en répandant l'odeur de l'acide sulfureux. . d, mêlé avec du gaz oxigène , il détonoit vivement par l'étincelle électrique, quelquefois sans troubler l'eau de chaux, le plus souvent en produisant un léger précipité et en déposant du soufre. : Tous ces caractères. sont ceux de l'hydrogène sulfuré. L’auteur a ensuite examiné les propriétés du liquide qui s'étoit rassemblé sous l’eau du ballon, ainsi que dans le flacon. 11 les a trouvés parfaitement conformes à ce qu’en avoient dit Lampadius d’abord, etensuite Clément et Désormes, savoir, que a, la transparence de cette liqueur étoit aussi parfaite que celle de l’eau ; b, elle exhaloit une odeur assez analogue à celle de l'hydro- gène sulfuré, mais plus vive et plus piquante; c, agitée dans un flacon avec l’eau, elle s’attachoit au verre, et le graissoit à la manière des huiles ; d , elle brüloit rapidement avec une flamme bleue et l'odeur de l’acide sulfureux. e Mais äil n’a point obtenu, comme Clément ‘et Désormes, de charbon pour résidu de la combustion : phénomène cepen- dant sur lequel ils ont fondé leur opinion et tous leurs rai- sonnemens. \ f L'auteur a vu la combustion durer jusqu'à l'entière des- truction de la ‘substance, et lorsqu'il l'arrétoit avant qu'elle füt complète, il ne trouvoit que du soufre. g Il éroit avoir apperçu de très-légères traces de manganèse et de fer provenant du charbon ou du soufre lui-même, : L Le résidu de cette liqueur n'ayant point présenté de M m 2 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE charbon à l’auteur , il a cherché dans le gaz qu’elle produit, s’il pourroit en démontrer l'existence; mais ni sa combustion au moyen du gaz oxigène , dans des vaisseaux placés dans l'eau, ni l’action de l'acide muriatique lui-même, ni celle des alcools, ne lui ont offert aucune apparence de charbon, ni d'acide carbonique. à Dans le premier cas, le produit de sa combustion ne trouble nullement l’eau de chaux; dans le second, on ne trouve que l'acide sulfurique mêlé à l'acide muriatique; dans le troisième, on a une combinaison qui se comporte en général comme les sulfures hydrogénés, De tous ces faits l’auteur conclut que la liqueur produite par l’action réciproque du soufre et du charbon incandescent , est formée d'hydrogène et de soufre , ainsi que Lampadius l'avoit annoncé, et ne contient point de charbon. Ces faits font encore connoître en méme temps que le soufre et l'hydrogène sont susceptibles de s'unir en différentes pro- portions, a Lorsque le soufre est très-abondant, la combinaison prend la forme solide. L'auteur l'appelle soufre hydrogéné solide. b Si l'hydrogène vient à augmenter, le composé se résout en liquide. © Enfin une nouvelle quantité d'hydrogène fait entrer la matière en expansion, et 1l en résulte un gaz. D'autres faits confirment ces résultats. On peut obtenir de la décomposition de sulfures hydrogénés par les acides, les mêmes produits que de la distillation du soufre sur le charbon; c'est-à-dire, De l'hydrogène sulfaré gazeux ; Du soufre hydrogéné liquide, Du soufre hydrogéné ee Et cependant dans toutes ces substances il n’y a point de charbon. Mais d'où vient l'hydrogène qui dans tous ces différens pro- duits se trouve combiné avec le soufre ? Toutes les expériences de l'auteur lui ont démontré, dans le charbon , la présence de l'hydrogène, que La chaleur seule , élevée au plus haut degré que nous ayons pu produire , ne peut en séparer : si le sou le lui enlève, c’est en joignant son action chimique à celle du calorique. L'auteur a méme remarqué que si, après que tous les phé- nomènes que nous avons rapportés sont passés, on élève forte- ment la température, en faisant passer beaucoup de soufre, le ET D'HISTOIRE NATURELLE, 277 développement des gaz se ranime , et l'on peut ainsi faire disparoître entièrement le charbon. En arrêtant l'opération avant ce terme, on trouve dans le tube des morceaux de charbon qui montrent des signes sensibles d’érosion, Le peu de liquide que l’on obtient dans cette seconde époque de l'expérience, est si volatil qu'il repasse bientôt à l'état gazeux. Le soufre qui coule dans l’alonge ne contient pas plus de charbon que celui qui a passé au commencement, mais 1l contient de l'hydrogène. Le gaz ressemble à l'hydrogène sulfuré , par son odeur , sa manière de brûler, sa solubilité dans l'eau, et les propriétés qu'il lui communique. Cependant l’eau ne l’absorbe pas entièrement. Le produit de sa combustion trouble fortement l’eau de chaux, C'est donc dans ce gaz, probablement analogue à celui que Clément et Désormes ont nommé soufre carburé gazeux , que se trouve le carbone soumis à l'expérience. C’est une combinaison triple de carbone d'hydrogène et de soufre. En réfléchissant sur la destruction complète du charbon par l'action du soufre ; et sur la nature des produits qu'elle fournit, on est tenté de croire que le charbon est inséparable d'une certaine quantité d'hydrogène, et qu'à une haute température le soufre qui se trouve en contact avec lui, détermine en vertu de l’affinité chimique un nouvel ordre de combinaison qui prend l’état élastique. Mais le soufre lui-méme paroîft également contenir une portion d'hydrogène , suivant l’auteur : c’est ce qu’il prouve par plusieurs expériences. a Il a fait pässer du soufre dans ‘un tube de verre luté et chauffé au blanc, auquel étoit adapté un tube propre à re- cueillir le gaz, et il a obtenu de très-légères traces d’hydro- gène sulfuré. 6 Il a formé des sulfures métalliques dans des cornues de grès. Après avoir pris toutes les précautions possibles pour écarter les causes d'incertitude, il a obtenu assez de gaz by- drogène sulfuré pour précipiter la dissolution de plomb, et pour pouvoir étre enflammé. Il a employé dans ces expériences le fer préparé exprès, le cuivre et le mercure. C’est ce dernier métal qui lui en a fourni le plus. c L'auteur a répété une expérience de Priestley , qui dit avoir produit du gaz hydrogène sulfuré en faisant passer de l’eau en vapeur sur du soufre fondu. L'auteur a obtenu les mêmes ré- sultats que Priestiey. Il s’est d'ailleurs assuré que l’eau n'avoit pas été décomposée ; car il n’a pu trouver aucune trace d'acide 235 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GHIMIE sulfurique. L'eau n’a donc servi dans cette circonstance ‘qu'à dégager l'hydrogène du soufre. st 1h Les conclusions que Berthollet tire de toutes ces expériences sont les suivantes : 1°. Le charbon contient de l’hydrogène que la chaleur la plus intense que nous puissions produire n'en peut dégager complètement. | 2°. Le soufre à une température rouge agit sur cet hydro: gène, et forme des combinaisons à proportions très-variées , d’où dépendent leurs propriétés. 5°, Le charbon privé d hydrogène, au moins en grande partie; forme avec lè soufre un composé solide dans lequel celui-ci entre en pttite quantité. 4°: À uüne haute température le soufre , le carbone et l'hy- drogène contractent une union qui prend l'état de gaz. 5°. Enfin le soufre contient de l'hydrogène. Biot dans ses expériences sur la’ réfractron, avoit également conclu que le soufre contenoit de l'hydrogène. Vauquelin, qui avoit de son côté! fait des ‘expériences pour reconnoître la nature du soufre liquide de Lampadius, pense, comme Berthollet , que c’est une combinaison de soufre et d'hydrogène. 9% 101 NO TE SUR LA-YEÉNITEÉ. ” La yénite à été apportée de l'ile d’'Elbe, nommée et carac- térisée par M. Lelievre, Conseiller des Mines, Membre de l'Institut. ” Elle est noire ou d’un noir brunätre; elle se trouve au milieu d'une gangue, tantôt en rayons diyergens, tantôt en masses compactes formées de l'agrégation de ces rayons, tantôt en cristaux, dont les formes principales sont, 1° un prisme rhom- boïdal (98° et 82°), terminé par un sommet dièdre obtus (114°), dont les facettes sont placées sur les arêtes latérales. 2°, Un. prisme d'apparence rectangulaire terminé ‘par un sommet obtus (104), dont les facettes répondent aux faces latérales du prisme. La surface des cristaux de la première variété est terne et brunâtre; celle des cristaux de la seconderst d’un beau noir; les faces latérales de cette variété sont fortement striées en long, et celles du Sommet sont lisses et très-brillantes ; sa cassure est inégale et d’un éclat gras (à-peu-près comme { "12 ET D'HISTOIRE NATURELLE, t_ eg dans celle du manganèse phosphaté). Elle présente trois clivages, deux sont parallèles aux faces d’un prisme rhomboïdal d'environ 1129, et le troisième, qui est plus distinct, est parallèle à la petite diagonale de la base. Elle est opaque semi-dure , raye fortement le verre, mais non le felsdspath, et pèse de 3,82 à 4,06. Au chalumeau, elle se fond facilement en un verre noir attirable ;.elle se dissout dans les acides, notamment dans le muriatique. Analysée par Vauquelin et Descotils, elle a donné sur cent parties, f Descotils. Vauquelin. AGE ee Des eg aie e se 120 29: 30 Care MAL MAO 12 12,5 Oxide de fer....... 55 BG, 5 Oxide de manganèse 3 { eme Alumines tres 0:06 o nn 95,6 93 100 Elle se trouve engagée comme au milieu d’une gangue, dans uné substance verdâtre, disposée en rayons et fibres comme Y'asbestoïde (stralstein), et qui n’est vraisemblablement qu'une sous-espèce de la méme espèce. Elles forment ensemble une masse ou puissante couche super- posée à du calcaire primitif. a ——— : NOUVELLE MÉTHODE Pour la résolution des équations numériques d'un degré quelconque, d'après laquelle tout le calcul exigé pour Celle résolution ,1se réduit\à lemplot d'es deux premuères règles de. Arithmétique ; « » ; , - Par M. Burax , Docteur en Médecine de l'Ecole de Paris : Dédice'à SM. Empereur et Ro (1). 4° Lx problème de la résolution des équations numériques peut être considéré, suivant Île premier de nos géomètres » (1) Un vol. in-4° broché; prix, 5 fr., et 5 fr. 75 c. par la poste. A Paris, chez Courcier, Imprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57. 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme le point le plus important de l'analyse algébrique : aussi a-t-il exercé la plupart des analystes les plus renommés, depuis le premier âge de l'algèbre jusqu’à nos jours. Malgré de nombreux et importans travaux sur celte matière, on desiroit encore une méthode qui fût susceptible d'être réduite en pratique dans les équations d'un degré un peu élevé, et dont les règles pussent être enseignées aux commençans, même dans l’arithmétique : la Nouvelle Méthode remplit ce vœu exprimé par un illustre géomètre. Cette découverte, qu'on auroit plutôt attendue de quelque savant déjà connu par ses succès dans les mathématiques, est due à un médecin qui, ne s'en étant occupé que par circons- tance, et livré habituellement aux études et aux travaux de sa profession , n’avoit point encore pris rang et ne s'étoit point fait un nom parmi les géomètres. Quoiqu'il ne se dissimule pas les avantages de sa méthode, il en regarde la découverte comme une Leureuse rencontre. & Quand on considère, dit- » il, un objet sous toutes ses faces, avec une attention persé- » vérante, ilest difficile qu’ilne seprésente pas à l’esprit quelques » vues nouvelles..... La science elle-même a ses hasards, et » souvent les inventions s'offrent comme fortuitement à l'esprit, » au moment où ses recherches le portoient ailleurs. » Sans examiner ici jusqu'à quel point seroit fondé le préjugé qui tendroit à s'opposer au progrès de la Nouvelle Méthode, parce qu’elle est due à une personne qui n'étoit point encore connue dans la science, nous ne craindrons point d'appeler , sur cette production, l'examen le plus sévère de toutes les personnes qui y sont le plus versées; et, pour justifier l'opinion qe nous en avons conçue, nous allons entrer dans quelques détails. A l'exception du premier chapitre qui retrace l'histoire abrégée des travaux entrepris sur cette matière pendant les deux derniers siècles, et du chapitre IIT, où sont rappelées diverses notions algébriques, et entre autres, cette fameuse règle de Descartes, dont la Nouvelle Méthode offre le plus heureux emploi, l'ouvrage est, en entier, de la création de l’auteur. D'abord, c’est un algorithme ( approuvé en 1803 par la première Classe de l’Institut) qui fait trouver, par de simples additions et soustractions, tous les coefliciens des transformées successives en (æ—1}), (x— 2)(x—53), etc. , d’une équation Proposée en x. Les transformations , devenues si faciles, à l'aide de cet algorithme, ont présenté naturellement à l'auteur le Ÿ ET D'HISTOIRE@NATURELLE, r 281 Je moyén de découvrir, parles transformées en (æ—p) et en (x—p— 1), si l'équation a quelque racine égale à un nombre entier p, où comprise entre p et pr. La recherche des différentes valeurs incommensurables dont æ est susceptible, se réduit donc à celle des racines que l'équation en (æ—p) peut avoir entre zéro ét un. Cette première partie de la Mérhode suflit toute seule, en certains cas, pour faire découvrir les ‘différentes valeurs réelles de l'inconnue, à moins d'une unité prés : elle a reçu , en 1803, l'approbation de la première Classe de l'Institut, qui a reconnu, dans ce nouveau procédé, une Méthode générale , directe et sure , pour résoudre une équation, lorsqu'on sait d'avance qne toutes ses racines sont réelles (1). Mais on obtient rarement cette condition, et souvent l'équa- tion à résoudre a des racines imaginaires. Alors les transfor- mées sucessives sont insuflisantes ; ét M Budan y joint, dans la seconde partie de sa Méthode, des transformées co/laté- rales ; c’est-à-dire, qu’à côté d'une équation en (æ—p), il at Il établit cette règle remarquable , qu'il déduit de: celle de Descartes : une: équation en (x—pne peut avoir plus de racines com- prises entre zéro «et un, qu'il n'y & de variations de signe place une équation en é 1), égalant dans l'équation en Ce —1). Ainsi l'absence de toute variation de signe, dans la seconde de ces équations, est un criteriumr Ou indice assuré qui caractérise, dans la première , l'absence de toute racine positive moindre que l'unité. M. Budan prouve aussi que, réciproquement , l'absence de toute racine entre zéro et un, dans l'équation (æ—p) est constamment mani- festée par l'absence des variations de signe dans l'équation Z : . en ( 1), sauf un seul cas qui peut faire exception. Ce cas est celui où l'équation en (æ—p) a une couple, au moins, de racines imaginaires dont la partie réelle étant une fraction proprement dite, la partie précédée du signe — sous le signe radical, est plus petite que le produit de cette fraction par Son complément à l'unité, et par conséquent moindre que <. Il est aisé de voir que l'adjonction de ces transformées colla- térales aux transformées successives, sera souvent suflisante pour (1) Des circonstances particulières ‘ont empêché l’auteur de présenter à celle même Classe la suite de son:trayail. Tome LXIF. AYRIL an 1807. Nan 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE découvrir, à moins d’une unité près, les différentes valeurs de l'inconnue dans l'équation proposée. Lorsqu'on sait que l’équation à résoudre a des racines imaginaires, ou qu'on ignore si toutes ses racines sont réelles, la présence des variations de signe, dans l'équation en Cond) n'établit, d'après! l'exception possible qui vient d’être men- tionnée, qu'une présomption en faveur de l'existence de quelque racine entre zéro et un, dans l'équation en (æ—p) toutes les fois que le premier et dernier termes de celle en (en) ne sont pas de signes contraires, ou, ce qui revient au méme, lorsque l’opposition des signes n'a pas lieu entre le dernier terme de l'équation en (æ—p}) et celui de l'équation en (æ—p— 1). Il faut alors recourir à la troisième partie de la méthode: Dans cette partie M. Budan, par. des opérations ultérieures ant seroit trop long de rapporter ici, et toujours par le simple emploi de son algorithme, calcule de nouvelles transformées successives et collatérales , dans lesquelles il prouve rigoureusement (ce qui.est le point décisif dans sa méthode) .que le cas d’exception finira nécessairement par s'évanouir. Par ces transformées, qu'on pourroit appeler équa- tions subséquentes de 17e, 2°, 5°, 2 ième ligne, on parvient, soit à déterminer le rejet ou l’admission des racines qui n’étoient que présumées, soit à approcher, jusqu’à la nième décimale, de la valeur exacte d'une racine déjà manifestée entre deux nombres entiers consécutifs! Le même procédé qui sert comme méthode d'approximation pour les racines dont on a une pre- mièré valeur approchée , est ainsi , tout à-la-fois, une méthode de ‘vérification et d'approximation pour les racines douteuses. Sur quoi il faut observer que le nombre des transformées successives qu’on est dans le cas de calculer, pour avoir À chiffres à la racine, s'élève, au plus, à 10 7. Les notes qui terminent l'ouvrage, n’offrent pas moins d'in- térêt. L'auteur y donne divers moyens de constater, dans une équation , l’absence de toute racine positive au-dessous de l'unité : ce sont d’utiles abréviations qui dispenseront souvent de recourir aux transformées collatérales. Nous passons plusieurs détails plus ou moins importans , pour arriver à un nouveau pro- cédé approximatif, proposé par M. Budan. Ce procédé est fondé sur celui par lequel il détermine , dans une équation quelconque, une double limite , en plus et en moins, pour toutes les valeurs TE D'HISTOIRE NATURELLE, °° 283 que l'inconnue péut avoir entre zéro ét un. Il Vapplique à Féquation x°—2@—5—0; que les auteurs emploient commu- nément pour exemple, et il obtient pour quatrième valeur approche de æ, une! valeur qu’il prouve être exacte dans les cuf premières décimales ; tandis que li quatrième v:leur appro= chée; et même la dixième, selon les divers procédés connus, n'offrent point la méme exactitude. hs a LES Notre auteur suppose, comme ün a coutume de faire, que l'équation à résoudre est débarrassée des racmés égales qu'elle pouvoit avoir; mais’ il présente un appercu concernant la pos- sibilité d'y conserver ces radines, en suivant sa méthode. On n'y peut trouver de difficulté que pour les racines égales, réelles , incommensurables , car les racines égales, réelles , commensurables--#’en font aucune. M. Budan observe avec raison , qu'une fois qu'on est parvenu à connoître l'existence d’une racine entre’ :deux limites quitre diffèrent que d’une unité décimale de l’ordre auquel qn veut arrêter l'approxima- tion, il.est indifférent pour la pratique , que la valeur trouvée appartienne à une ou à plusieurs racines, soit absolument égales, soit égales seulement jusqu’à ce degré d'approximation : l'essentiel est qu’on connoisse jusqu'au degré requis d'exacti- tude, toutes les différentes valeurs réelles qui appartiennent à l'inconnue (de la'propésée. 11 -résulte de cette observation qu'on peut toujours ‘laisser subsister les ‘racines égales dans l'équation; lorsqu'on! sait qu'élle n’a point dé’ratines imagi- naires. L'auteur. propose même un moyen de faire disparoilre la difliculté dans tons lescas; mais il ne le proposé qu'en hésitant, parce que les coefficiens de l'équation qu'il enploie à cet eflet, mont qu'une)valéur approchée. Son doute s'étend, parce même molif, aux moyens qu’on 'a cru pouvoir indiquer jusqu'ici, tant pour trouveriles racines imaginaires d'une équation, que pour résoudre des équations à deux inconnues, ét'pour décomposer une équation en facteurs réels du second degré. Il en prend occasion de demandét-qu'on's’occupe de déterminer, par quelque règle certaine, quélles sont les altérätions que peuvent subir des coufficiens , sans -qué la nature des racines de l'équation soit changée ; on pourroïit même ajouter , ‘sans qu'il en résulte une altération sensible dans la valeur de ses racines réelles. Quoique l'on pôt tirer quelque Parti de la Nomyelle Méthode pour la détermination des racines imaginaires, l’auteur ne s’en est pas occupé , parce que ce point appartient plutôt au problème de la décomposition d'un polynome en facteurs réels du second Nuouz + 284, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE, CHIMIE degré ; tandis que le problème de la résolution des équations numériques se réduit, à la recherche des différentes valeurs: réelles de l’inconnue. ,,.:, \ 0 : Telle est, en substance, la production offerte au public par le docteur Budan ; production dans laquelle la plus sévère attention ne peut rien découvrir qui tienne du paralogisme. Nous pensons que cet ouvrage, qu'il a particulièrement destiné aux jeunes élèves, doit devenir un texte d'enseignement, qu'il fera époque dans la science, et méritera à l’auteur la recon- \ noissance de tous, ceux qui s'intéressent à ses progrès. :GARNtER, Jnstituleur, ex-Professeur à l'Ecole Polytechnique. LED E RE DE M. STAZIS À J.-C. DELAMÉTIERIE, Sur des Mélanites trouvées en, Pologne. A uxslieue de Xresovice,, sur un terrein rempli de carrières de charbon de terre , s'élève une colline de 50 à 60 toises de hauteur, composée de grauvach, et de.grauvach-schifer; mais le sommet de cette colline sur lequel est bâti le vieux château de T'enezin,.est de basalte.. On le voit mieux du côté de Za/asie. Ce basalte a les propriétés magnétiques, J'y ai trouvé les deux polarités. Il contient beaucoup de hornblende, communément nommée Aornblende basaltique , , dans laquelle se trouvent aussi des r1élanites notres (vern). Elles sont de différentes grandeurs , souvent très-parfaitement cristallisées en prismes à six faces, terminées aux deux bouts par un pointement obtus à 3 faces, qui correspondent alternativement ,à 5 bords laté- raux d’un côté, et de l’autre aux trois. autres bords :latéraux. Toutes les autres collines dans ces,environs sont calcaires de primitive formation marine, et remplies d’ammonites , de gryphites, de belemnites et de cornes d'ammon de différentes grandeurs, jusqu'à deux pieds de diamètre. Nulle part dans ces contrées, de méme que nulle part.en, Pologne; dans toute la chaîne des Crapañs du côté du nord, on ne trouve aucune. trace volcanique. il LI ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 285 HAUTEURS DE PLUSIEURS LIEUX DÉTERMINÉES par le baromètre, dans le cours de différens royages faits en France , en Suisse en Italie ; Pan F. BERGER , Docteur-Médecin, de Genève. SECOND MÉMOIRE. Les observations barométriques dont les résultats forment le sujet essentiel de ce Mémoire, ont été faites à des époques différentes , mais toutes, avec un baromètre fort exact, sem- blable à celui dont M. M.-A. Pictet a donné la description dans le n° 176 de la Bibliothèque britannique. Cette raison, qui me les fait considérer comme dignes de quelque confiance, m'engage aussi à insister davantage que je ne l’ai fait dans le remier Mémoire, sur diverses circonstances qui tiennent à Hoi de ces observations, comme le degré moyen de température , et les époques auxquelles elles ont été faites (x). En effet, si des observations répétées plusieurs fois dans les mêmes lieux, avec les mêmes instrumens et les mémes soins, offrent des résultats disparates, il est clair alors, que cela tient à des considérations de théorie qu'on n’appréciera bien, je pense, qu’autant que tous les détails des observations seront connus. Ce n'est même qu'en les groupant, qu’on pourra se flatter de rendre certaines remarques plus saillantes, et d’en déduire des résultats utiles pour la partie pratique de la mesure des hauteurs. (1) Pour les observations barométriques et thermométriques sédentaires ,. je me suis servi de celles qui se font depuis plusieurs années à l’Observar toire du jardin botanique de Genëve. 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les montagnes et autres lieux dont il sera fait mention dans ce Mémoire, se trouvent renfermés dans l'étendue acturlle des départemens du Léman et du Mont-Blanc, ce qui m'engage à classer mes observations en deux sections. Comme plusieurs des montagnes dont je ferai mention, ont été décrites par l’auteur illustre des Voyages dans les Alpes, je ne saurai mieux faire que d'en donner d’après lui le précis’ qui sufhira à mon but, en renvoyant pour de plus amples éclaircissemens, à l'ouvrage lui-même. Je serai un peu plus long pour quelques montagnes dont il n'a point du tout parlé, ou seulement d’une manière très-brève. S Ier, Description abrégée de plusieurs montagnes du département | du Léman. (a) Mont Salève. Cette montagne située à une lieue et demie est de Genève, a une forme très-alongée dans la direction du nord-nord-est au sud-sud-ouest. Elle présente à l’ouest-nord-ouest des rochers nus et escarpés, disposés par couches à-peu-près horizontales. A l'est-nord-est, du côté de la vallée des Bornes ou des Alpes, situées au-delà , les couches de cette montagne descendent en pente douce et presque uniforme. On observe de ce côté-là des couches de grès tendre superposées aux couches calcaires et qui sont inclinées sous un angle de 45°. On en trouve de semblables sur le petit Salève; elles descendent, comme lui, du côté du levant, et reposent également sur le calcaire. Les grès s'étendent à quelque distance du pied de Salève , se joignent par dessous terre à ceux du coteau d'Esery, en con- servant toujours la mème direction. Le ruisseau qui porte le nom de Viézou, et qui coule au levant de Salève, s’est creusé un lit très-profond dans ces grès tendres. L'Arve, qui vient se jeter dans le lit du Viézou, et baigner avec lui le pied de la montagne, s'est aussi frayé un chemin au travers de ces mol- lasses. On voit sous celles-ci, au petit Salève, des couches d'une brèche calcaire qui recouvrent les bancs de calcaire compacte dont est composé le corps de la montagne. On rencontre dans la vallée de Monnetier qui sépare le grand Salève du petit, de gros blocs de granit et de roches feuilletées. (a) Voyages dans les Alpes, 66 220 — 254. Ù ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 Ils sont très-fréquens sur le petit Salève, ainsi que sur le grand, jusqu'au hameau de la Croisette ; mais depuis là, jusqu'au piton, point le plus élevé , on n'en voit presque plus. Les flancs du mont Salève sont boisés dans cette partie, et sur le haut, la terre végétale recouvre un fond de sable blanc très-considérable. . Le mont Salève renferme dans l'intérieur de ses couches calcaires une grande variété de corps marins pétrifiés, quelques indices de houille, plusieurs noyaux de silex-ou de pétrosilex d'une forme naturellement arrondie, du fer à l'état d’oxide terreux ,..:... etc. (2) Montagne des VWoirons. Cette montagne, située sur une ligne plus reculée du lac Léman que le mont Salève, lui seroit en quelque sorte pa- rallèle, si elle ne se dirigeoit pas un peu plus au sud. Son pied est distant de deux grandes lieues de Genève. Sa forme est alongée , et son sommet disposé en aréte dans le sens de sa longueur. La pente que présente la montagne des Voirons, du côté de la vallée du lac, est doucement inclinée jusqu'aux deux tiers de sa hauteur; là, il règne une espèce de plate- forme depuis laquelle la pente couverte d'une forét de sapins, devient très-rapide. On y remarque que les couches se relèvent du côté du lac. La pierre qui forme essentiellement les Voirons est un grès calcaire , mais dont la nature varie beaucoup ; car le rocher qui forme la partie la plus méridionale de l'arète du sommet, est une espèce de poudingue ou de conglomérat primitif dans lequel j’y ai trouvé des rognons d’une beile espèce de granit à feldspath rouge et mica noir, qu’on trouve le moins, comme le remarque M. Deluc, dans la partie des Alpes qui avoisine Genève. J'ai aussi trouvé disséminés çà et là, sur la pente des Voirons, du côté de Genève, de gros blocs adventifs de roches feuilletées, micacées , notamment à une lieue au- dessus du village de Lussinge , à la droite du Nant-d’Eau. Les couches du mont Voirons , du côté de la vallée de Boëge , ou des Alpes, ont une pente bien plus rapide que celles du mont Salève. On trouve près de l'extrémité méridionale des Voirons, à-peu-près à la moitié de la hauteur de la montagne, (è) Voyages dans les Aïpes, 66 273—278. Description du mont Voirons pres Genève , et de deux fossiles qu’on y trouve ; par G.-A Deluc. (Journal de Physique, tom. 50, p. 421.) 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une grande carrière de pierre à chaux, dont les bancs, presque perpendiculaires à l'horizon et dirigés de l'est à l’ouest, ren- ferment plusieurs espèces de corps marins pétrifiés. M. Deluc y a trouvé entre autres, deux grandes espèces de bufonites, qu'il croit nouvelles, et qu'il a décrites en détail dans le Mémoire auquel j’ai renvoyé au commencement de cet article. (c) Vallée d' Abondance. La route la plus commode pour aller dans cette vallée depuis Genève, passe sur le coteau de Cologny, dont la base est un grès tendre. On laisse ensuite sur la droite le coteau de Boisy , et plus à l'est les collines des Alinges formées également par des mollasses dont les couches, ainsi que toutes celles de la chaine extérieure des Alpes, se relèvent contre le lac où elles presentent leurs escarpemens, tandis qu’elles descendent en pente assez douce du côté des Alpes. Le coteau de Boisy est parsemé de blocs de granit et de roches feuilletées micacées ; on en rencontre aussi trois quarts de lieue avant d'arriver à Thonon , capitale du ci-devant Chablais. Au-delà de Thonon, on traverse la Dranse, rivière qu’on remonte lorsqu'on va dans la vallée d’ Abondance, dont l’abbaye dite N. D. d’Abondance, est le chef-lieu. Cette vallée riche en beaux pâturages, s'élève par une pente insensible jusqu’à un col où l’on trouve une croix qui sert de limites entre la France et le Valais. On compte deux fortes lieues depuis l'abbaye jusqu'à ce point; de là on descend assez promptement à Mon- teiche village Valaisan situé à peu de distance du Rhône, Toutes les montagnes qu'on voit sur cette route sont de nature calcaire. Elles sont généralement escarpées contre le lac ; en divers endroits, comme entre N. D. d'Abondance et le village de Chatel, elles ont leurs couches rangées à-peu-près dans un sens vertical. Au-dessus des Chalets de Bize, sur la chaîne qui sépare la vallée où sont les pâturages d'avec celle d'Abondance, on a trouvé de la houille de bonne qualité qu’on exploite avan- tageusement. Les montagnes qui encaissent ces vallées, sont plus élevées et plus escarpées que celles qui sont près de Genève, par la raison qu’elles sont plus voisines du centre des Alpes, et qu'il est probable , comme le remarque M. de Saussure, qu'il manque ici quelques-uns des gradins inférieurs du grand amphi- théâtre des Alpes. (d) Montagne du Môle, S—— (d) Voyages dans les Alpes, &S 279— 295. : Je8 PSS OT PS Lorsqu'on ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2°g Lorsqu'on part de Genève pour examiner cette montagne, on se rend le plus souvent à la Bonneville, capitale du ci- devant Faucigny, située dans une plaine près du cours de l'Arve, entre les montagnes du Môle et du Brison. Le Môle est une montagne de forme alongée, dont la direc- tion court de l'ouest-nord-ouest à l’est-sud-est. Il est composé de calcaire compacte, mais dont la pierre commence à prendre dans quelques endroits l'apparence d'un schiste par sa disposi- tion à se feuilleter. Il y a quelque irrégularité dans la situa- tion des roches, elles suivent cependant bien la loi de celles de toutes les montagnes extérieures de la chaîne des A'pes, doat les escarpemens sont opposés à ces dernières, tandis que leurs pentes douces au contraire les regardent. C'est ici que M. de Saussure remarque, pour la première fois, que les montagnes secondaires sont d'autant plus irrégulières et inclinées, qu'elles s’approchent davantage des primitives. C’est depuis le Môle encore, qu’on voit très-distinctement que les Alpes auxquelles toutes les montagnes environnantes se rattachent, sont compo- sées d’un grand nombre de chaînes à-peu-près parallèles entre elles , séparées par des vallées qui suivent les mêmes directions, dont la plus générale, et qui ne souffre que de légères excep- tions, est celle du nord-est au sud-ouest. On rencontre sur le Môle des brèches calcaires grossières, dés vestiges imparfaits de pétrifications, mais fréquemment des nœuds et même des veines de pétrosilex renfermés dans la pierre calcaire. (e) Vallée de Taninge. Cette vallée, qui a son débouché dans la grande vallée de l'Arve du côté de la Bonneville, se dirige très-sensiblement de l’est à l’ouest. Elle est arrosée par le Gifre, rivière ou torrent assez considérable produit par la fonte des glaces du Buet et autres montagnes élevées qui avoisinent ce glacier , telles que le Grenier, le Grenairon..... Près de T'aninge, les eaux du Gifre se grossissent de celles du Foron, qui couleest-nord-est, où il prend sa source sur les monts Morgène, qui limitent le terrtoire de la France et du Valais. De Samoin, lorsqu'on va à l’abbaye de Sixt, qui en est éloignée de deux lieues, on remonte le Gifre, dont le cours se trouve resserré entre des rochers calcaires au travers desquels il s’est creusé un passage. Plusieurs des montagnes calcaires qu’on rencontre sur cette route, renferment des mines de plomb tenant argent. Le fond de la vallée se trouve fermé par des montagnes couvertes Tome LXIV. AVRIL an 1807. Oo 299 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de glaces éternelles. On se rappelle que cette route est celle que tinrent MM. Deluc, lorsqu'ils tentèrent l'ascension du glacier du Buet, où personne n'avoit jamais été avanteux, mon- tagne qu'ils ont rendue à jamais célèbre par les belles expériences qu ils y firent sur le degré de chaleur de l'eau bouillante, On peut voir la relation de cet intéressant voyage dans les Rech. sur les modif. de l'Arm., tom. IV, &S 884. Les couches des montagnes qui encaissent la vallée depuis Samoin, sont, dans plusieurs endroits, singulièrement tourmen- tées. J'ai remarqué entre autres, dans le bas de la montagne dite la Pointe de Sale, des couches fléchies et concentriques les unes aux autres, de manière à former une grande ellipse, et au-dessus de celles-ci, d'autres couches horizontales. C'est un exemple, entre plusieurs autres, qui confirme la remarque de M. de Saussure rapportée plus haut, sur l'irrégularité des couches de montagnes secondaires à mesure qu'elles se rappro- chent des primitives. Je n’ai rencontré dans la vallée de Taninge aucun bloc de roches primitives, .soit en m'y rendant depuis Cluses par la paroisse de Chatillon , soit en suivant la vallée au-dessous de Taninge jusqu'à son débouché dans la vallée de l'Arve. J'ai remarqué quelques crétins à Samoin, dont l'exposition est sans contredit la plus chaude de tous les lieux de la vallée. On trouve sur la route de Taninge à Samoin, à gauche, une heure environ avant d'arriver à cette dernière ville , une source d'eaux minérales ferrugineuses dont on fait usage dans le pays. (f) Mont Prison. Le mont Brison, que les naturalistes et les géographes appellent Brézon, forme avec le Môle l'entrée de la vallée de l'Arve. Elle est de calcaire compacte et située à l'ouest-sud- ouest du Môle. Son sommet, prodigieusement escarpé du côté de cette dernière montagne, est taillé à pic à une très-grande profondeur , tandis que les couches sont inclinées du côté des Alpes, mais très-rapidement dans le haut. Le pied du Brison est couvert de grandes couches presque perpendiculaires à l’horizon, qui sont appuyées contre le corps de la montagne. Ces couches sont coupées à une demi-lieue sud de la Bonneville, par une petite vallée étroite et tortueuse, (f) Voyages dans les Alpes , 6 283 — 442 — 446, æ ET D'HISTOIRE UN ATURELLE, 201 à angles saillans et rentrans, qui conduit au village du Brison, situé derrière la montagne de ce nom. Le calcaire du Mont-Brison renferme encore des quilles ou des nœuds de silex. J’en ai surtout trouvé abondamment vers les granges de Solaison. On trouve aussi de ce côté-là une glacière naturelle qui conserve dans tous les temps de la glace, quoique peu profonde. J’observai le 25 juillet 1800 la tempé- rature de cette grotte, je la trouvai de o° du thermomètre de Deluc, tandis qu'à l'air libre elle étoit de 9,5. (g) Mont Vers. On donne ce nom à une chaîne de montagnes calcaires plus élevées que celles du Môle et du Brison, dont la direction coùrt du nord-est au sud-ouest. Elle est située derrière le Brison, et plus au sud, derrière les montagnes de St-Laurent et d’Aviernoz, connues sous la dénomination générale de Monk des Bornes. Cette chaîne se trouve donc sur une ligne plus rapprochée des Alpes que les montagnes dont nous avons parlé jusqu’à présent; elle sépare ainsi le mort Brison et celui des Bornes de la vallée du Reposoir et de celle du Bornand. La chaine du Vergi s'abaisse au nord-est et s'élève au contraire au sud-ouest. Elle ne présente nulle part de sommité remarquable et isolée, c'est simplement une arète dont les couches sont inclinées vers les Alpes, et escarpées au dehors, c'est-à-dire à l’ouest sud-ouest : c’est aussi sur ce revers de la chaine, au pied des escarpemens , qu’on trouve deux lacs, l'un à l'extrémité nord-est , connu sous le nom de lac Saxonnex ou Bénr; l'autre au sud-ouest, appelé Zac Lessy. Ce dernier est plus étendu, mais moins profond que l’autre ; il n’a aucun écoulement apparent; mais lorsqu'on suit le fond de la vallée du petit Bornand , on voit à droite, entre le bourg d’Entre- mont et celui du petit Bornand , une chute d'eau assez con- sidérable qui sort en jaillissant avec force du milieu d'un rocher percé d'un trou circulaire à 25 ou 50 toises du sommet de la .montagne. Cette cascade n'est autre chose que les eaux du lac Lessy qui sembloient perdues, et qui viennent grossir la rivière la Borne. J’ai traversé la chaîne du Vergi dans trois endroits différens. Au sud-ouest, au-dessus du lac Lessy, on tombe alors dans le voisinage du bourg du grand Bernand, à-peu près dans le {g) Voyages dans les Alpes, $$ 283 et 446. 202: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE milieu de la longueur de la chaine ; et à son extrémité nord est, par une échancrure dite l'Encrenaz, on arrive par l’un et l’autre de ces passages dans la vallée du Reposoir. Le calcaire qui forme la chaîne du Vergi est d’un gris sale, disposé par feuillets à la manière des schistes; il renferme très-peu de corps organiques; je n'y ai point observé ces quilles ou noyaux de silex si fréquens dans toute la chaîne extérieure. Les couches sont loin d’avoir partout la même régularité. Au nord est au-dessus de la paroisse de Scionzier, elles sont arquées. ou pliées sur elles-mémes dans le sens de leur longueur, et le calcaire est ici compacte, tandis qu’au centre il est, comme nous l'avons dit, schisteux, et que les couches semblent s'y relever contre les Alpes, sous un angle de 31° à 35°. . Toute cette chaine du Vergi, que quelques géographes indiquent encore sous le nom de montagnes maudites, est extrémement riche en plantes, dont quelques-unes sont in- téressantes par leur rareté; je citerai entre plusieurs les suivantes : Centaurea phrygia , Hedysarum alpinum, Orobus luteus , Ærbutus alpina, Pedicularis tuberosa, foliosa..... Parmi les éboulemens de l'Encrenaz, au-dessus du lac Saxonnex, le Papaver alpinum , remarquable par le beau blanc de lait de ses pétales, et l’odeur agréable de vanille que répand la fleur au moment surtout où elle se développe. (2) Vallée du Reposoir et montagnes qui la bordent au nord-est. La direction de la vallée du Reposoir est sensiblement celle du nord au sud. Elle débouche au sud dans la vallée du grand Bornand, qui n’en est que la continuation et où elle s’élargit beaucoup; et au nord, sur la paroisse de Scionzier, dans les environs de Cluses, par une gorge assez resserrée; au bas de laquelle on trouve des blocs considérables de granit et de roches feuilletées primitives. Les montagnes qui bordent cette belle et riche vallée, longue de plusieurs lieues, sur une largeur assez considérable, sont à l’ouest ; la chaine du Vergi, et à l'est, une autre chaîne également calcaire de montagnes fort élevées qui dominent Sallenches. Ces dernières montagnes. ont toutes leurs escarpemens tournés vers la chaîne des Alpes; le calcaire en est schisteux, c'est-à-dire disposé par couches qui se relèvent sous un angle d'environ 35°. La Chartreuse n’est pas dans le fond de la vallée, mais un peu: sur la hauteur du côté de l'est, au pied des montagnes qui en for- ment l'un des encaissemens , et dont la direction générale est ET D'HISTOIRE NATURELLF, 29% àä-peu-près comme celle dela chaine du Vergi du nord-nord-est au sud-sud-ouest. La Chartreuse seroit une station commode pour un naturaliste qui voudroit parcourir les montagnes des environs, intéressantes à plusieurs égards. C’est de ce lieu-là aussi d'où je partis pour atteindre la sommité d'une des plus élevées d’entre elles, et qu'on nomme Point-de-Chäteau , à cause de la vue étendue dont on y jouit. J'eus pour guide, dans l’une des deux excursions que j'y ai faites , le nommé P.-F. de Poisier , qui n'est pas tout-à-fait étranger à la con- noissance des plantes. En allant à Point-de-Château , on trouve, à une demi-lieue environ au-dessus de la Chartreuse, dans le lieu dit /es Egralets, un banc d'une pierre calcaire noirâtre, qui renferme de jolies térébratules , des cornes d'ammon, des turbinites, etc., etc; on arrive ensuite au travers de boïs de hêtres très-fourrés,, dans de riches pâturages fort étendus , dépendans du bourg de Nancy-sur Cluses, où l’on trouve des chalets appelés Meirr, du nom de la montagne, et dans lesquels on peut passer la nuit. En tirant depuis ces chalets à l’ouest sud-ouest , on arrive après quatre heures de marche, sur le sommet de Point de Château , d'où l’on jouit en effet de la plus belle vue, L’œil embrasse dans son ensemble la chaine entière des Alpes, tandis que sous ses pieds il plonge dans la vallée de l’Arve, sur la route entre Cluses et Sallenches. On voit depuis ce poste, que la sommilé la plus haute de cette chaîne est située à l’ouest de Point-de-Château, et à peu de distance; elle porte le nom de montagne du Four ou de p'erre percée , parce qu'en eflet la crète qui en forme le sommet est percée à jour près de son bord occidental. On appercoit cette montagne de partout dans les Alpes; on la croit de loin inaccessible, mais on se trompe. Quelques gens de la vallée du Reposoir parvinrent , il y a quelques années, jusqu’au sommet ; ils y avoient même élevé une croix que les vents ont renversée. Le guide qui m’accompagnoit à Point-de Château, avoit été de cette expédi- tion, et j'aurois fait la tentative d'y aller avec lui, si je me fusse trouvé sur les lieux à une époque de l’année plus avancée; ear les pentes rapides de neiges glacées qu'il auroit fallu tenir, y mettoient alors un obstacle insurmontable. Û Le pied de ces montagnes est baigné des eaux de /a Sallenche, qui coule à-peu-prés de l'ouest à l’est, et se jette dans l’Arve, dans les environs de Sallenche. J'ai trouvé près du sommet de Point-de-Château, des ves- 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tiges bien caractérisés de corps marins pétrifiés, mais ils ne sont point disposés par couches ; on les trouve-épars à la surface du sol. Au reste, le calcaire du sommet est tout dé- lité, et s’en va par feuillets très-minces. Au premier coup- d'œil, quand on examine tant la direction des couches des montagnes de.cette chaîne, que la nature de la pierre qui les forme, on n'y voit que désordre et dégradation ; cela n'empêche cependant pas qu'il ne demeure comme un fait bien constaté , que les couches se relèvent contre les Alpes, sous un angle d'environ 35° (1). En descendant de Point-de-Chäteau à Cluses, on ne cesse de rencontrer jusqu’au bourg de Nancy, des grès incohérens tachetés de noir; ils sont très-fréquens surtout du côté du villige de Romaz. On trouve dans le bas de la montagne, peu de temps avant d'arriver à Cluses, d'énormes blocs de granit où sont empätés des rognons de pierre de corne. Je n’entreprendrai pas d’énumérer toutes les belles plantes que fournissent ces montagnes, ce seroit une tâche beaucoup irop longue. Je dirai seulement que j'y ai découvert une plante jusqu'alors nouvelle en Suisse , la F’aleriana saliunca d'Allioni. Parmi les espèces intéressantes, il faut compter /'Eryngium alpinum , Va Phaca frigida, V'Hieracium taraxacifolium , l’Ærnica scorpioides , et plusieurs anémones , renoncules et astragales, () Chaine de montagnes entre Sk.-Martin et Servoz, sur la rive droite de l'Arve. Lorsqu'on va de Sallenches ou de St.-Martin à Servoz, par la route ordinaire, on passe au pied d'une chaine de mon- (x) Une disposition pareille dans les escarpemens de cette chaîne de mon- tagnes, a fait penser à M. André (de Gy) qu'il a existé entre le Mont- Blanc et cette chaîne, un ancien et très-grand courant qui venoit du côté des Hautes-Alpes : ce qui pourroit confirmer cette conjecture, c’est que la inontagne qui borde l’Arve entre Sallenches et St.-Gervais, éloignés d’une dieue et demie, est tes-abaissée ; ce n’est qu'une colline dont le fond est d’ardoises, mais parsemée de gros blocs de granit étrangers au sol : on voit aussi de ces blocs de granit très-grands et de différentes espèces dans la Sallanche et autour de la ville. Je croirois volontiers, continue M. André, que ce seroit ce grand courant qui auroit forcé à se recourber sur la droite, en cet endroit, pour prendre la direction du sud au nord, comme un autre grand courant, qui descendoit de la vallée d’Entremont , auroit forcé le Rhône à se recourber dans le même sens, près de Martigny. ( Théorie de la surface actuelle de la Terre, px M. André, $ 14.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 tagries composées à leur base d’ardoises, ou de pierre calcaire brune, à feuillets minces, coupés par des veines de spath cal- caire ou de quartz. On laisse à sa gauche le grand village de Passy, situé sur le penchant de ces montagnes ; on arrive au petit hameau de Chède, au-delà duquel on est obligé de monter pendant une demi-heure, après quoi on peut se reposer très-agréablement sur les bords du joli lac de ce nom. On atteint bientôt les éboulis d’une montagne dont le sommet s’écroula en 1751; on traverse après le Nant-Noir, puis une forêt dont le sol est un tuf jaunâtre ; enfin, l'on se trouve à Servoz , où l'on y voit quelques goitres, ce qui paroît tenir à l'exposition méridionale de ce village situé à l'abri des vents du noid. Voila en raccourci ce que cette route présente de remarquable, Voyons maintenant ce qu’elle offre de plus parti- culier lorsqu'on suit la crête de toutes ces montagnes, comme je le fis err 1802. Il faut deux jours pour faire commodément cette excursion; la première journée on va coucher dans les granges du mont Plattet, et la seconde à Servoz ou à St.- Martin , suivant qu'on est parti de l’un ou l’autre de ces endroits. Je fis cette route depuis Seryoz, et j'en parlerai dans ce sens-là, On tire d'abord en sortant de Servoz au nord-est; on change ensuite de direction pour se porter au nord-ouest vers la mon- tagne écroulée, Le bas de la montée présente des ardoises d'un gris sale, disposées par feuillets très-minces. Au bout de deux heures, on arrive sur une plate-forme couverte de riches pâturages , et où se trouvent les granges d’Aire, dé- pendantes de la vaste commune de Passy. C’est là qu’on com- mence à rencontrer de gros quartiers de roches de la mon- tagne qui forma, en s’écroulant, un col par où l'on arrive aujourd hui dans les montagnes de Sale, de Plattet..... On trouve encore ici d'énormes blocs de ces mêmes grès tachetés si communs dans la haute chaîne calcaire qui domine Sallenches. Depuis les chalets d'Aire, on monte droit au col au travers de l'éboulement. C’est uneroute très-fatigante par l’incohérence des rochers sur lesquels on est obligé de sauter des uns aux autres, Le calcaire noir de transition est fréquemment recouvert d’une couche mince de spath calcaire sur laquelle il n’est pas rare d'y voir des cristaux dodécaèdres de spath calcaire. Le désordre et l’entassement des roches augmentent à mesure qu’on approche du col. On se trouve perdu au milieu de pilastres hauts de plu- sieurs centaines de pieds , mais qui seront tôt au tard renversés, 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce spectacle sauvage a quelque chose de grand et qui en impose. Les grès deviennent toujours plus abondans; on les voit enfin disposés par bancs de plusieurs pieds d'épaisseur entre le calcaire de transition ; ils s'annoncent de loin par une cou- leur moins foncée; ils sont quelquefois mélés à une brèche cal- caire, Le plus haut point du passage offre de belles ardoises. J'y arrivai après trois heures de marche depuis les chalets d'Aire. On a depuis ce col à droite, les montagnes d'Anterne; à gauche, le col du mont Plattet; au-dessous de soi, un vaste plateau calcaire tout sillonné de crevasses et dépourvu de vé- gétation, qui se prolonge pendant plus d’une lieue sous une inclinaison d’environ 55°, et dont les tranches des couches ou les escarpemens regardent les Alpes. Ce plateau calcaire va mourir dans des pâturages où sont les chalets de Sale, et d'où on peut aller dans la vallée de Sixt par un chemin praticable à mulet. En se dirigeant depuis le col vers le pied des escarpemens des montagnes d’Anterne, on entre dans des décombres d’ar- doises, genre de roche qui en fait la sommité, tandis que le calcaire en fait la base, Le col du mont Plattet, situé au nord- ouest , est resserré entre deux pilastres élevés de calcaire de transition; on descend de là par une pente rapide au milieu de débris de roches calcaires et d’ardoises, dans un fond de pâturages où sont les chalets de Plattet. Si depuis cette station on se porte droit à l’ouest du côté de l'aiguille de Varens, on trouvera après une montée d'environ deux heures, des pétrifications dans le calcaire de transition : on n’y rencontre point d'empreintes de végétaux , mais seulement une grandé espèce de vis, et un coquillage bivalve dont il ne reste souvent plus que Les bords. La hauteur du lieu où se trouvent ces fossiles est d'environ 1200 toises au-dessus de la mer. On apperçoit ici quelques fragmens de brèche calcaire et des nœuds de silex, qui disparoissent à mesure qu’on approche des montagnes primitives, et sont remplacés par des grès. M. de Saussure a dit un mot sur la situation de l'aiguille de Varens, dont il paroît croire la sommité inaccessible ; il n’est cependant ni dangereux ni bien diflicile d'y parvenir, lorsqu'on choisit surtout la saison de l’année où la fonte des neiges est la plus avancée. Cette montagne haute de 1400 toises au moins au dessus de la mer, n’est accessible jusqu’au sommet que du côté nord-ouest, où les couches descendent en pente très- rapide. Au sud, ét à l'est-nord-est, elle présente des escar- pemens ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 pemens effrayans par leur profondeur. Ce n'est point la cime de cette montagne qu’on appercoit depuis le pont de Sallenches; elle est située plus en arrière, elle est plus arrondie, et on ne la juge bien qu'entre Passy et Servoz; mais cette aiguille élancée, qui est en face de Sallenches, se rattache, ainsi que plusieurs autres, au corps de la montagne, dont elles sont séparées par des espèces de cirques creusés en entonnoirs d'une profendeur considerable, et qui sont tout remplis de pierres éboulées, ce qui prouve que ces aiguilles ou pics aujourd'hui isolés, se confondoient autrefois avec le corps méme de la mon- tagne. Quoi qu'il en soit, les couches de Varens , comme celles de toutes les montagnes de cette chaine , tournent leurs escar- pen contre les Alpes, On trouve sur la cime même de arens, un banc considérable de pierres numismales, et à quelques. centaines de toises au-dessous , parmi les éboulis, beaucoup de cornes d’ammon d’une grandeur remarquable. La pierre calcaire de cette montagne s'éloigne déjà un peu de celle de transition. Elle est moins feuilletée, sa couleur est plutôt grise que brune, elle renferme beaucoup de nodules de fer oxidé. En descendant depuis l'aiguille de Varens au village de St.- Martin, on laisse sur la droite les montagnes de Maglans, qui s’étendent jusqu’à Cluses, et qui paroissent être de la même formation. M. de Saussure a trouvé en effet sur l’une d'elles, dite le haut de J’éron, ou la Croix de Fer, des fragmens d'huitres pétrifiées à 1172 toises au-dessus de la mer, (4) Montagne du Buet. . Diverses routes conduisent à cette montagne. MM. Deluc y parvinrent les premiers par la vallée de Sixt; M. Bourrit, ensuite, par la vallée de Bérard, du côté de Valorcine. C'est la route dont M. de Saussure a donné la description. On peut y arriver aussi depuis le Prieuré de Chamouni, en traversant le mont Bréven, ou bien depuis Servoz, en remontant la vallée de Villy (1), dont le fond est arrosé par un ruisseau qui se jette dans l'Arve à Servoz. Cette dernière route offre ceci de remarquable, que le ruisseau dont je viens de parler, limite nettement le terrein primitif d'avec le secondaire. En effet, sur la rive droite ou au nord-ouest, $e trouvent les (%) Voyages dans les Alpes, $$ 551 —596. (1) Ainsi appelée du nom des chalets qui s’y trouvent, au pied du Buet, Tome LXIV. AVRIL an 1807. Pp 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE montagnes d’Anterne, le Grenier ; le Grenairon, ..... qu appartennent à la formätion de transition , tandis que sur la rive gauche ou au sud-est, se déploie la chaîne des Aiguilles rouges , qui rentre dans le terrein de première formation. La vallée de Villy court donc du nord-est au sud-ouest: elle est en quelque sorte barrée au nord-est par le Buet qui limite lui- mème les deux sortes de terreins. Une autre remarque à faire, en suivant la vallée de Villy, c’est que la montagne au-dessus de Servoz, qui termine la chaîne des Aiguilles rouges au sud-ouest, est en grande partie formée d'un grès micacé primitif; il n’y a que le‘sommet nommé l'4rourllette, qui soit composé d’une roche feuilletée semblable à celle du mont Bréven. Tout de même au nord-est de la chaîne, le col de Charlenton (que je crois être le même que celui de Bérard, par où l'on passe de Sixt à Valoréine.), est également formé d'un grès primitif, remarquable par de pétits cristaux de quartz bien prononcés qui en font partie : or c'est ici le! point intermédiaire entre le primitif de la chaîne des Aiguilles rouges, et le calcaire de’transition du sommet du Buet. Voilà done un exemple de plus à l'appui de l'observation faite par M. de Saussure, que presque toujours entre les dernières couches secondaires et les premières primitives , on trouve des bancs de grès ou de poudingues. Les couches du Buet descendent vers le dehors des Alpes. et sont escarpéés contre le Mont-Blanc, c'est-à-dire du côté du sud, où elles se relèvent sous un angle qui diminue à mesure qu’on approche du sommet. Les rochers les plus élevés. du Buet sont d'une pierre calcaire, feuilletée d’un gris noirâtre, renfermant quelques grains de quartz anguleux ; au-dessous on rericontre une véritable ardoise, traversée par des filons. ferrugineux , puis des grès, les uns eflervescens, d'autres non effervescens. Enfin, si l’on descend par la vallée de Bérard , du côté-de Valorsine , on entre dans les roches feuilletées , puis dans un granit veiné qui forme toute la base de la mon- tagne sur ce revers, depuis Valorcine jusqu'aux deux tiers de la hauteur. Il faut voir dans l'ouvrage de M. de Saussure , les détails exacts et intéressans qu'il a donnés là-dessus. (1) Vallée de Chamouni. La direction de la vallée de Chamouni courant du sud- ouest au nord-est, se trouve ainsi parallèle à la chaine des (7) Voyages dans les Alpes, $$S Dir — 517. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 Alpes; elle appartient donc aux vallées longitudinales (1). Elle $e recourbe à ses extrémités , savoir , à l'ouest-sud-ouest, et au nord-nord-est. Le fond en forme de berceau est couverk de prairies. Le Prieuré , chef-lieu de la vallée, se trouve à peu- près au milieu de sa longüeur. Les montagnes qui bordent cette vallée sont dans la classe des primitives; mais celles qui la barrent ou la terminent, le col de Balme au nord-est, ét le mont de Lacha au sud- ouest , sont composées d'ardoises ou de pierres calcaires. Elle renferme encore d’autres roches secondaires, comme du beau gypse blanc, à unelieue sud-ouest du Prieuré, au bord du nant ou du torrent de Taconay; de la pierre à chaux vis-à-vis du Prieuré, dans un endroit nommé Biolay. La côte du Piget en est entière- ment formée. C’est une colline isolée dans le bas de la vallée, alon- ée dans le même sens qu'elle. A cela près tout est primitif dans Ê vallée de Chamouni. Je m’en vais dire un mot de plus sur quelques-unes des montagnes qui l’encaissent, et dont jai dé- ierminé la hauteur. ( Le mont Préven. Cette montagneest située précisément au-dessus du Prieuré, au nord-ouest de la vallée. Elle est liée par sa base avec les Aiguilles rouges, sur la structure desquelles j ai donné ailleurs (2) des dé- tails plus circonstanciés que ceux qu’on avoit publiés jusqu alors, Sa cime est isolée, les couches en sont coupées à pic du côté de Îa vallée de Chamouni, et disposées en pente assez douce du côté de celle de Villy, parallèle à la première. La montée du Bréven, depuis le Prieuré, est extrémement rapide. On la fait jusqu’au Chalet de Plianpra , situé aux deux tiers de sa - Hauteur totale, au milieu de débris de roches feuilletées, mé- langées de quartz, de feldspath et de mica, dans toutes les proportions possibles, et qui ont différens degrés de dureté, depuis le granit feuilleté le plus dur, jusqu’à la roche micacée la plus tendre. Ces débris proviennent soit de la sommité ; soit des flancs de la montagne. La cime du Bréven est spécialement formée d'une roche qui paroît rentrer dans la classe des vrais granits, malgré le parallélisme qu'afleetent les lames du mica (1) Les vallées, au contraire, qui coupent la diréction de quelque chaîne de montagnes, sont appelées par opposition, vallées transversales. ; (*) Voyages dans les Alpes , 6$ 639—650. (2) Journal de Physique, t. Pp 2 500 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui eñ fait partie. Quant au revers de cette montagne, du côté de la vallée de Villy, il est composé en grande partie d’un granit veiné, à nœuds de quartz, de forme lenticulaire, situés dans la direction des feuillets. Ces nœuds varient de grandeur. En allant depuis les chalets d'Arelevé, situés à mi- côte sur ce revers du Bréven , à ceux de Villy, on passe au pied des Aiguilles rouges, au.travers d'énormes blocs de ce même granit entassés les uns sur les autres , et qui viennent de ces hautes sommités. ** Aiguilles situées au sud-est de la vallée de Chamouni. Ces aiguilles au nombre de cinq, sont disposées dans l'ordre Suivant, en allant du sud-ouest au nord-est : l'aiguille du midi, du Plan, de Blaitiore , et celles du Crépon et des Charmoz, qui tournent ün peu plus à l’est. Leur élévation, qui ne pourroit être déterminée quetrigonométriquement, décroit dans le même ordre où elles ont été nommées. Lorsqu'on veut examiner la composition de ces hautes pyra- mides , il faut, comme l'a recommandé M. de Saussure, aller s'établir dans un chalet nommé Plaitière dessus, qui est situé vis-à-vis du Prieuré, au milieu de ja base de ces aiguilles. Quant à leur structure, laissons parler ce savant et exact obser- vateur (1). « Il faut, dit-il, considérer que les montagnes qui bordent au sud-est la vallée de Chamouni, sont composées de deux parties distinctes. L'une de ces parties est le massif non interrompu et uniforme qui s'élève jusqu'à 7 ou 800 Loises au-dessus de la vallée ; l’autre, les pyramides ou aiguilles dé- tachées qui dominent ce massif. » ; La masse uniforme inférieure est composée de roches feuille- tées de différens genres, mais le plus souvent quarizeuses æt micacées. Ces roches sont disposées par couches très-régulières, qui courent comme la vallée du nord-est au sud-ouest ; elles sont peu inclinées vers le bas de la montagne, mais elles se relèvent par gradation contre la vallée jusqu’au haut où elles Sont exactement verticales. Ces mêmes couches s’approchent de la nature du granit à mesure qu’elles s'approchent du haut de la montagne , et là elles deviennent des granits veinés, ou méme des granits en masse, encaissés dans des couches , ou de granit veiné, ou de roche feuilietée. , Les pyramides .qui dominent ce massif sont de granit en TERRES COLE PORN PEN OPEN PR à'HATRRREA SERRE ARTE ** Voyages dans les Alpes, 66-655 — 677. (1) Idem , $ 677. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3or masse. Elles sont flanquées, et même composées extérieure- ment de feuillets pyramidaux, qui sont subdivisés en couches parallèles aux plans mèmes des feuillets. Ces feuillets sont presque verticaux, et s'appuient non pas contre la vallée comme es couches inférieures du massif, mais contre le corps même des pyramides. D'ailleurs , leur direction est à très-peu-près la méme que celle des couches du massif. Quant au cœur, ou à la partie intérieure de ces pyramides, elle paroït en quelques endroits n’avoir point une structure régulière, et n'être divisée que par des fentes accidentelles. » Au reste, il ne faut point s’imaginer que ces pyramides soient assises sur le massif qu’elles dominent, comme une co- Jonne sur sa base : la situation des couches démontre que le massif est appliqué contre les pyramides qui ont leur base à elles, et que ce seroit plutôt le massif qui seroit assis en partie sur les fondemens intérieurs des pyramides, puisque les feuillets de celles-ci descendent du côté de ce massif, et semblent plonger au-dessous de lui. » Les détails qu’on vient delire ,s’appliquent plus spécialement aux aiguilles de Blaitière, du Plan et du Midi, car celles du Crépon et du Charmoz sont essentiellement formées d’une roche feuilletée très dure, composée de petits grains de quartz, de feldspath et de mica, qui se divisent en grandes tables ou couches, sur le penchant desquelles on passe lorsqu'on des- cend du Montanvert au Prieuré. Ces couches font un angle de 70° avec l'horizon , et s'appuient contre le corps de la montagne. C’est au pied de l'aiguille des Charmoz , immédiatement au-dessus de la vallée de glace, dont la partie inférieure porte le nom de glacier des Bois, qu'est situe le pâturage du Mon- tanvert , où l'on trouve un petit bâtiment de forme octogone, et assez élégant, que M. Desportes y a fait élever il y a quel- ques années, pour la commodité des voyageurs. *** Aiguille du Dru. On voit cette aiguille en face depuis le Montanvert, dont elle est séparée par la vallée de glace qu’elle domine, tout comme l'aiguille des Charmoz. On peut atteindre son pied, et méme s'élever assez haut sur ses bases, en traversant depuis le Montanvert la mer de glace, ou bien depuis le Prieuré, *#* Voyages dans les Alpes, $ 612 et 617: 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en suivant le fond dé la vallée jusqu'au hameau des Bois; on tire alors sur la droite du côté de l'est , on vient passer au hameau de Lavanchet, puis au Chapeau , endroit ainsi nommé, parce que l'on se trouve dans un enfoncement que surplombent des rochers, et où l’on est très-bien placé pour juger de tout l’eflet du glacier des bois : aussi est-ce une station où les gens du pays conduisent souvent les étrangers. De là, par le passage du Moret, on arrive bientôt dans les pâturages du plan de l'aiguille du Dru. On voit qu'elle est semblable pour la structure à la plupart des autres, c'est-à-dire qu'elle est composée de granit en masse. On trouve de plus, parmi les débris qui couvrent ses flancs, des blocs de palaio- pètre ou pétrosilex primitif, avec beaucoup de feldspath et quelque peu de mica. è (m) Reculet de Thoiry. On sait que le Jura est une chaîne de montagnes calcaires de 60 à 8o lieues de longueur, sur 15 ou 16 de largeur, qui court du sud-sud-ouest au nord-nord-est. Elle commence aux environs de Poncin, dans la Bresse, et va finir à Bâle, en passant par Lons-le-Saulnier, Salins et Vesoul. On voit par là, que le Jura marche à-peu-près parallèlement aux Alpes, et qu'il faut le considérer comme une dépendance de leurs chaînes extérieures. Il n’est pas très-facile de saisir la situation et la forme des couches du Jura. M. de Saussure pense que les couches de la chaîne orientale (1) la plus élevée et la plus voisine des Alpes, s'élèvent en s'appuyant contre le corps même de la chaine, en redescendant du côté opposé, tandis que les couches des chaines suivantes, du côté de l’ouest, ont la forme de voûtes entières ou de moitié de voûtes, et qu'elles se terminent dans des plaines qui ont pour base des bancs calcaires tout-à fait horizontaux. La sommité qui passe pour être la plus élevée du Jura, se nomme /a Dôéle, elle est située à 5 lieues nord de Genève. M. de Saussure a consacré un chapitre entier à sa descrip- tion. Elle a, suivant M. Deluc, 658 toises au-dessus (2) du (m) Voyages dans les Alpes, 66 527 — 565. (1) Le Jura est en effet composé de plusieurs chaînes paralleles entre elles, qui perdent successivement de leur hauteur et de leur continuité à mesure qu’elles s’éloignent davantage de la lisière , jusqu'à ce qu’elles viennent PRÉ les plaines de la Bourgogne, de la Franche-Comté et de l’Evéché e Basle. (2) Voyages dans les Alpes, 6S 354 — 565. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 303 lac, par conséquent 847 au-dessus de la mer. Ze Reculet , situé à 4 lieues nord-ouest de Genève, au-dessus du village de Thoiry, est, suivant moi, un peu plus élevé que la Déle. Il est du nombre des montagnes du Jura, qui semblent contrarier Ja forme générale des couches que nous avons as- signée à cette chaîne. En effet , les couches du Reculet, loin de s'appuyer contre le corps de la chaine, s’élèvent au contraire contre l'orient, en présentant leurs escarpemens aux Alpes : il en est de même de la sommité dite le Cré du Miroir, au- dessus de Colonge , du rocher de la Dôle, etc., etc.; mais ces escarpemens, suivant M. de Saussure, doivent être con- sidérés comme les sommités des couches de la face occiden- tale de la montagne qui, descendant du côté du couchant, s'élèvent par conséquent du côté du levant, Dans une excursion que je fis sur le Reculet, le 7 août 1802, je déterminai la température de deux sources en même temps que leur élévation au-dessus de la mer. La température de l'une , située au-dessus du chalet d'Arderan , commune de Fenière, se trouva être + 4°,8 (thermom. de Deluc), hauteur du lieu 730 toises sur mer, température de l'air libre+21°,5. «7 La température de l’autre fontaine , appelée la Converse, fût de + 4°, bautenr du lieu ,815 toises sur mer, température de l'air libre + 20°,5. — Voilà deux observations bien d'accord entre elles, en faveur de la loi établie par M. de Saussure, sur le décroissement de la chaleur. En voici une autre qui s’y rapporte moins bien. Le 29 août 1802, j'estimai la tempéra- ture d’une belle source située hors du village de Veiri, au pied du mont Salève. Je la trouvai=+5°,5, hauteur du lieu ; 200 toises sur mer, température de l'air libre 15°,7. Sol v5 0 Description abrégée de quelques montagnes du département du Mont-Blanc. (nr) Vallée des Bornes. Cette vallée, dont le fond n'est guères plus élevé que la plaine du lac de Genève, et qui n’en est séparée que par le mont Salère et:ceux de Sion et du F’ouache, a pour limites au sud , une chaine de montagnes situées sur la même ligne que le mont Brison ; et dont la direction , ainsi que celle du mont Salève et de toutes nos montagnes en général, est parallèle à celle de la chaine centrale, c'est-à-dire qui court 304 JOURNAXZ DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sensiblement du nord-est au sud-ouest. Le cours de l'Arve, et les basses montagnes qui avoisinent la rive occidentale du lac d'Annecy, sont ses limites au nord-est et au sud-ouest. M. de Saussure n’a fait connoître que les montagnes de la lisière nord de cette vallée. Il a laissé à d’autres le soin d'en faire autant pour la bande sud. L’esquisse légère que je vais en donner ne remplira pas cette lacune, mais elle mettra sur la voie ceux qui voudront faire mieux par la suite. Considérée dans son ensemble , cette chaîne a au moins 6 lieues de longueur; elle se termine à l'extrémité sud du lac d'Annecy, mais en se rattachant aux montagnes de Mé- géve, qui avoisinent les Alpes de plus près. La plus grande hauteur de la chaîne est au sud-ouest, comme le Jura, On y voit une montagne (la Tournette) qui a 940 toises d’élévation au-dessus de sa base. Les e.carpemens de la chaîne regardent le dehors des Alpes; c'est-à-dire que les couches sont inclinées de leur côté. Le calcaire est compacte, renfermant en abon- dance des quilles ou noyaux de silex, il n’est pas rare même d'y rencontrer des chapeaux siliceux qui recouvrent en entier des roches calcaires. Quoique les montagnes qui forment cette chaîne soient toutes liées ensemble , sauf l'interruption causée par l'occurrence de quelque vallée transversale, telle que celle de Thorens, elles portent néanmoins presque autant de noms différens qu'il y a de paroisses à leurs pieds, Ainsi, en allant du nord-est au sud-est, on distingue les montagnes de Sr-Laurent, d'Avier- noz , de Villaz, de Dingy, de la Vairière, les rocs sur Menthon, sur Talloires, ceux de la Tournette, etc., etc. Les couches sont bien plus régulières dans la partie nord-est que sud-ouest de la chaîne. En effet, les montagnes de St- Laurent offrent des assises horizontales assez semblables à celles du mont Salève , tandis qu'à Villaz, Dingy, paroïsses où la principale branche de la chaine souffre une inflexion sensible vers le sud, du côté de Thônes, les couches perdent leur horizontalité uniforme, et toujours davantage à mesure qu’on approche de la Tournette, où on en voit qui sont tout-a-fait froissées , d’autres arquées ou relevées sur elles-mêmes, carac- tère qui, comme nous l'avons déjà remarqué, annonce qu’on se rapproche d’une chaine de montagnes de sransition. Le revers de cette chaîne du côté des Alpes, tombe dans la vallée lu petit Bornand, au fond de laquelle coule la rivière la ä?0 Le , dans la direction du sud-ouest au nord-est, jusqu'à c& ET D'HISTOIRE NATÜRELEE - 305 cé qu'arrivée à la base du mont Brison, elle se porte à l'ouest en passant dans une coupure qui sépare cette montagne de celles de St.-Laurenñt. On traverse cette rivière-sur un pont jeté à plus de 60 pieds au-dessus de son lit, proche le village de Rumilly, qui a donné son nom au pont. . Donnons quelques détails sur les deux sommités principales. de cette chaîne, savoir , la montagne de Pormonaz, et surtout celle de /4 Tournette. (o) Mont Pormonaz. Le village de 7/illaz est situé ‘au pied de cette montagne qui se trouve ainsi placée à-peu-près au milieu de la longueur de la chaine. Elle à 540 toises d'élévation au-dessus de sa base. La prémière partie de la montée se fait au ‘travers d’un bois très-fourré, après quoi l’on arrive, au bout de deux heures et demie de marche, dans de riches pâturages, dominés de toute part, hormis du côté du nord-ést, par des escarpemens de plus de 180 toises de hauteur. On trouve dans ces prairies, disposées naturellement en amphithéâtre, des chalets où l’on peut au besoin passer la nuit, ét d’où l'on jouit d’une vue fort agréable, sur une grande partie du lac d'Annecy et du pays environnant. On arrive depuis cette station au sommet de la montagne dans l’espace d'une heure et trois quarts. Rien n’est plus triste que l’aspect de la cime du mont Por- monaz. Qu'on se figure un vaste plateau calcaire absolument nu et sans végétation, coupé par des crevasses dirigées en tout sens, semblable au plateau du mont P/attet, et l'on aura une juste idée de cette position. On voit gissans çà et là, sans vie, au fond de ces crevasses, quelques troncs de sapins des- séchés, et dont la couleur rembrunie contraste avec la blan- cheur des roches au milieu desquelles ils se trouvent. Nulle part dans toute la chaine je n’ai trouvé les noyaux ou chapeaux:de silex aussi abondans qu'ici. L'analyse d'un de ces rognons nva fourni 0,87 de terre siliceuse, cela n'em- pèche cependant pas, lorsqu’on les réduit en poudre et qu’on vérse dessus quelque acide , qu'il ne se fasse une effervescence , légère à la vérité, due à une-petite quantité de terre calcaire qui en fait partie constituante , ou dont on n’a pu débarrasser complètement la surface de ces rognons. La Tournette paroit depuis la cime de Pormonaz ; d'une manière avantageuse : on la voit précisément au sud, surpassant autant en hauteur la plupart des montagnes qui sont à l'entour Tome LXIY. AVRIL an 1807. Qq 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’elle, que le Mont-Blanc surpasse les sommités qui lui sont adjacentes. | On trouve sur cette montagne quelques plantes intéressantes , telles quela Betonica hirsuta | V'Hypochærispontana , V Arnica scorploides , \ Hedysarum:alpinum , la Vicia sylvatia , la Biscutella didyma, la Statice armerica, etc., etc., etc. (p) Montagne de la Tournette. Veut-on , depuis le village de 7/i/laz , aborder le pied de cette haute montagne ? deux routes pour cela se présentent : ou l’on se rend à Annecy, et, suivant la rive orientale du lac, on vient gagner Talloires, bourg situé à son pied; ou bien, sans s'écarter de celui des montagnes de la chaine, on vient passer par les villiges de St-Clair, de Dingy, de la Baime de Thuy ; enfin Von arrive à Thônes, petite ville très-ancienne, aujourd’hui chef-lieu de canton, située au pied oriental de la Tournette, dont le corps se projette à l’ouest d’une manière très- sensible. L'une et l’autre deces routes sont agréables à tenir , les ayant faitestoutes deux, je m'en vaisdiresuccinctementce qu’elles présentent de remarquable, Elles suivent la direction générale de la vallée, et ne sont séparées l’une de l’autre que par une arête de basses montagnes dirigées comme elles, et dépen- dantes de la Tournette au corps, de laquelle elles se rattachent en prenant toujours plus d'élévation à mesure qu'elles s'en rapprochent : aussi existe-t-il des cols peu élevés par où l'on passe des villages situés sur la rive orientale du lac d'Annecy, dans la vallée de Thônes , et réciproquement. Cette petite vallée de Thônes a, comme l'on voit, pour lisière à l’est, les hautes montagnes de la chaine, et pour lisière à l’ouest, cette suite de basses montagnes qui sont des dépendances de celle de la Tournette. Elle est par conséquent très-resserrée, et doit jouir par cela même, d'une température moyenne plus élevée que celle de notre grande vallée. J'en juge par la présence d’une plante (_Artfmisia absinthium ) que J y trouvai abondamment, et qui ne croit pas dans notre bassin proprement dit. D’autres plantes, propres seulement aux expo- sitions les plus chaudes des environs de Genève (Teucrium montanum et chamæpitys), sont très-communes dans cette petite vallée, dont le fond est arrosé par le Fier ou Sïer , rivière qui, aprés s'être grossie des eaux de plusieurs ruisseaux; vient se jeter dans le Rhône, à Seissel. L'Eau de Sier ; ET D'HISTOIRE NATURELLE 307 comme on l'appelle dans le pays, prend sa source de la Tour- nette, et d'une autre montagne située plus à l’est qu'elle. Si on se rappelle bien ce’ que nous avons dit sur la dis- position des couches des montagnes de cette chaîne, on doit voir tout de suite que l'accès de la Tournette est plus facile du côté de Thônes que de Tallorres. La route qui va d'Annecy a Talloires, suit le- bord du lac, dont les eaux sont tout de suite profondes et courantes, tandis que sur la rive opposée elles sont au contraire basses et stagnantes , circonstance qui annonce la différence de hauteur qui règne entre les montagnes qui bordent les deux rives, et surtout la situation réciproque de leurs escarpemens On laisse successivement à sa gauche la montagne de Z4 Vairière , au pied de laquelle sont des vignobles bien exposés , les rocs sur Menthon ; on voit ici, depuis la paroisse de ce nom, sur la hauteur, un vieux château qui défendoit autrefois le passage d'un col par où l’on passe dans la vallée de Thônes. Depuis Menthon jusque dans les environs de ‘Talloires, la route est ombragée de châtaigniers et de noyers : on retrouve près de ce bourg, où il y avoit autrefois un couvent de Bénédictins , un béau vignoble qui leur apparténoit. Il est situé en face du château de Duing , bâti sur une presqu'ile, qui s’'avance fort avant dans le lac. "1: Lorsqu'on part de Thônes pour atteindre le sommet de la : Tournette, on suit pendant une demi-heure le fond de la vallée ; on traverse sur un pont de bois une branche de la Sière, et l'on arrive au hameau des Clefs. La route continue ‘ensuite au travers d’un bois peu fourré de hétres et de sapins, ‘ jusqu’au tiers environ de la ‘hauteur de la montagne: L'on en sort alors pour entrer par une gorge resserrée et flanquée de chaque côté de couches relevées , fléchies, et souvent con- tournées, dans des pâturages qui s'élèvent en pente‘ rapide au nord-est, vers le sommet de la montagne. On 'y trouve quelques chalets ou habitations d'été. C'est’ici qu'on peut poser la limite des arbres, ‘du moins n'en ‘ai-je pas apperçu plus haut. La première fois que j'allaisur la Teurnette, en 1799, je tronvai, le 12 août, à quelque ‘distance. au-dessus des:chalets sur Thônes , un plateau de neige glacée de plusieurs -piéds d'épaisseur dans le bas, seul endroit où on püt en juger, étendu sur le penchant de la montagne et qui remontoit jus- qu'au sommet, L'hiver précédent ayant été froid, il étoit tombé tellement de neiges, que les chaleurs de l'été n’avoient Qgq 2 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pu, à beaucoup près , les fondre , chose jusqu'alors sains exemple; car les habitans les plusâgésne se rappeloient pas d’avoir jamais vu les neiges durer plus tard que la fin de juin. Je jugeai que cet amas de neige glacée pourroit bien devenir le noyau de formation d'un glacier du second genre (1) : en eflet ; l'année suivante, lorsque jy retournai dans le courant de juillet, je trouvai que les neiges Join d’avoir diminué avoient, plutôt augmenté , ensorte que l'existence nouvelle d'un glacier sur cette montagne me paroît très-probable. ‘ DD € En approchant du sommet, la pierre prend un caractère Gssile qu'elle n’avoit pas dans le bas, on rencontre du spath calcaire dodécaèdre bien cristallisé, plusieurs fragmens de grès dont il existe au reste un banc à la hauteur de, 1166 toises au-dessus dela mer: Je-n'ai point su y voir les rognons de silex. si communs surle mont Pormonaz. Ce qui constitue le point le plus élevé de la Tournette ; est. un rocher bien remarquable. Il est à-peu-près circulaire, haut.de 94 pieds, et de 145 de diamètre. Il est tout-à-fait isolé sur un point de l’arête qui forme: la sommité de la montagne; il est coupé à pic à-peu-près également de tous les côtés. On ne parvient sur le sommet qué: par des escaillers taillés dans le roc du côté de l'est-nord-est., C'est sans. doute la position en vedette de ce rocher qu’on apperçoit de toute part dans.le pays, qui a valu à la :montagnele nom qu’elle porte. On jouit depuis ce - poste d'une vue fort étendue et des plus intéressantes. A l’est, le centre de la grande chaîne et toutes les secondaires qui lui sont. suceessivement accollées ; au sud-est,.les montagnes de la Tarentaise et de la Maurienne ; au sud-ouest , celles du département de l'Isère, la chaîne du Jura au nord:nord-ouest , et le lac de Genève au nord. L'on voit sous ses pieds et à vue d'oiseau, tout le lac d'Annecy et les belles campagnes qui le bordent. La vue du côté de l'ouest, vers le Lyonnois se porte très-loin, car aucune montagne située au-devant de la Tournette n'y vient porter ombrage., :: Depuis Talloires, la montée de la Tournette est extrémement (1)/M. de Saussure a distingué le premier, les glaciers en deux genres. Ceux du premier genre sont renfermés dus le fond de hautes vallées presque toutes transversales, qui se versent dans les basses vallées longitudinales , tandis qu’ils se terminent vers le haut par de grands culs-de-sac entourés de rochers inaccessibles : tels sont ceux qui aboutissent dans la vallée de €Chamouni. Les glaciers du second genre, ne sont point renfermés dans des vallées ; mais étendus sur les pentes des haules sommités ET D'HISTOIRE NATURELLE, 309 roide, mème dans le bas. On est obligé de tenir des pentes gazonnées fort rapides. On traverse ensuite des bois au-dessus desquels on entre dans de belles prairies riches en plantes alpines. On s'élève ainsi jusqu'à plus des deux tiers de la hauteur de la montagne , où l'on trouve un plateau de roches calcaires nues et crevassées, qui est dominé à l'est par des escarpemens dont les couches fort en désordre, sont fracturées dans plusieurs endroits. C’est cependant par là qu'il faut grimper pour atteindre le sommet, entreprise pénible et qui n’est même pas exempte de tout danger. Je mis six heures pour arriver jusqu’au plateau, où l’on trouve un chalet appelé Cassay , et trois ensuite jusqu'au sommet. Je conseillerai toujours aux per- sonnes qui voudront aller sur la Tournette, de prendre le chemin de T'hônes préférablement à celui de Tailoires. La Tournette est une montagne très-riche en plantes. Dans! les pâturages où sont les granges sur Thônes , j'y ai trouvé les suivantes: Polysala chamæbuxus , Alchemilla alpina , Orchis odoratissima Satyrium viride; de là en montant au sommet, Wilene acaulis, Pinguicula alpina , Ranunculus nivalis , ÆAnemone baldensis, Saxifraga androsacea , oppositifolie , Salix herbacea, reticulata, Statice armoria, Ornithogalum Jistulosum, plante découverte par M. Ramond, dans les Pyré- nées , et qui étoit alors nouvelle pour moi. Dans les prairies au-dessus de Talloires, Pediculartrs foliosa, Aconitum anthora, Veratrum album, Thesium alpinum var; plus haut, Dianthus alpinus, Arnica scorpioides, etc., etc. Depuis Thônes au grand Bornand il n’y a pas plus de 3 lieues; on en compte cinq jusqu’au bourg du petit Bornand, où l'on arrive aussi par la vallée de Thorens. En traversant une mon- tagne qui domine le bourg du petit Bornand;, on peut se rendre dans un jour de Thorens aux granges de Solaison, sur le mont - Brison, et descendre même jusqu'à la Bonneville. C’est en traversant les chaines de montagnes dans toutes les directions qu’on apprend à les bien connoître. 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ss 7 A Pa! ET: Elévation en toises et millièmes d de toises au-dessus du niveau s de la mer, À PER nt —, | D Suivant Suivant k Dezruc. TREMBLEY. SITUATION | ÉPOQUES DÉNOMINAT. des TOPOGRAPHIQUE. OBSERVATIONS. aimexduo y, Département du Léman. (a) SALÈVE. Montagne à nne £ I. S-E. de Genève. Coin (le). Village au pied da PROD 1809, 5h.|+-160,75| 328,333 331,833 mont Salève, arrond. os. : de Genève, canton de Collonge. Petit-Salève (1).! Montagne, sommet. {2x juin 18or, xb.|+15e,91 | :450,833 466,500 Grange des 13 21 juin 18or, |+120,13] 591,833 601,500 Arbres (2). 10h. m. Le Grand-Pi-] Sommité du mont|25 juint8o2,2bs.|+190,17| Go7,166 710,666 ton (3). Salève. &)Vorrons(les)| Montagne, à à 1. E. de Genève. Lussinge. Village au pied des|30 ‘sept. 18ot ,|+ 90,25 FVoïrons, arrond. de| ‘7h.m. Genèvé, canton de Chéne. Sommité mé- 30 sept. 18or ,|+130,92 M # } 727,900 rid. des Voirons. 1h. 50 des Voirons, dite le Calvaire (4). (c) VALLÉE D'ABONDANCE. Axrônd. de Thonon, |16 sept. 1799, 443,833 449,333 canton d’Evian, entre] 8 h.m. déux ruisseaux de la Dranée, à 2 LE. de le Biot. 709,333 723,166 Q tes entre la Fran- ce et le Valais. a æ— ( (CP LE PROCESS TITRE ET ET ESA Croixdeslimi- 16 sepe 1709 , 159,06 2h. s. Sommité nord 30 sept. 1801 ,|119,00 752,166 i 4h. 15/5. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 31x Elcvation en toises et millièmes SITUAÏION EPOQUES Ê S a touts au-dessus du niveau £ CRE de Ja mer É|DÉNOMINAT. e FRE: ? 4 TOPOGRAPHIQUE. 3 2 Suivant Suivant DEPERMAMIONSS É Drezuc. TREMBLEY. (d) Môze. Montagne, à 5 1. S-E. de Genève. Hi) Chalets de la FIChiarre (1). [ H} Chalets dela P|Tour (2). 614,166 G25,333 28 juin 18or, 2b.|+17°,33 15’ s. 28 juin 1801, |+120,68| 530,363 743,666 8 b. m. Chalets d’Aïsle 9 août 1799, |+14°,27| 760,333 784009 3). 5 b. m. Sommité de la 9 août 1709, |+159,63| 937,833 957,666 17 h. m. © Er] De LA 28 juin 1801, |+130,15} 943,666» © =| 962,666 5e 10 h. 30’ m. . HE EX Loi = 28 juin 1801, |+13°,20| 941,833 = 961,833 12 h. Bonneville (5).| Ville; chef-lieu d’ar-|8 août 1709, 1ah.|+21°,80| 225,166 225,833 rond. et de canton, sur l’Arve, à 3 I. : N-0. de Cluses. N| (e) VALLÉE De QITANINGE. 24 juillet 1807 ,|+15°,40| 352,333 356,166 12h. Samoin. Bourg ; arrond. de Bonneville, chef-lieu de canton, entre les ri- vières de Valentine et de Cläirieu, près de la Gifre. Sixt (6). Village ; arrond. de|24 juillet 18o1,|+190,35| 385,166) . 386,333) Bonneville, canton de| 7 h. 30's. ë a Oo Samoin, à 1 1. +E. de ES ÊZ| la source de la Gifre. 52 SH ss E = Ibidem. pol 380,500) & 25 juillet 1801,|+149,82| 383,833 12 h. 15”. (4) D’après M. Deluc, ouv. cité, PSE CR don een rome 947,666 D'après M. Pictet. Joy. carte des environs de Genève... 040,333 (5) D’après M. de Sanssure, Voyages aux Alpes, À 441..... 226,666 M1. (6) D’après M. Deluc, ouvrage cité, ASS 645 et 757. 25 août 1765, 110,66 374,666 Le même .2:...-2 0006 2200 24, 25, 26 août 374,833 1770. 312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Elcvation en toises et millièmes | # de toises au-dessus du niveau de la mer, ni Suivant Suivant : Dezuc. TREMBLEY. SITUATION | EPOQUES |DÉNOMINAT. de TOPOGRAPHIQUE. OBSERVATIONS. auuaÂOuUt oame1oduo j, | (f) Brisow(r).| Montagne ; à 5 I. Lé juillet 1800 Lisa de Genève, située à| 7h. s l'O. S-0. du Môle. 940,833 972,833 A|(g)Venci(mont)| Chaîne dé monta- gnes dirigée du N-E. au S-0O., derrière le Brison. Col de VEn-| Vers l'extrémité N-| 16 août 1799, |+140,22/1019,000 100,500 \|crenaz. E. de la chaîne. 11 b. m. 2| Lac Bénioude| Au pied des escar-| 17 août 1799, |+180,48| 729,333 743,000 | Saxonnex. pemens du col del’En- 1h. crenaz , sur le revers occidental. Autre col du | A-peu-près au mi-[25 juillet 1800, +180,50|1180,833 1208,333. mont Vergi. lieu Fa la AA de} 2h:5s. la chaine, Lac Lessy. Extrémité S-O. de! 15 août 1799, |+129,95| 865,500 884,166 la chaîne, revers occi- 6 b. m. dental. (h) VazzéE pu RErosoir, et montagnes au- dessus de Sar- LANCHES, Chartreuse du 15 août 1709, |+160,62| 530,833 539,833 5h.s. 2 a D 535,444 26 juillet 1800,!+140,67| 526,500P © ®| 535,166 9 h. m. 29 juillet 180o71,|+ 92,61| 523,500 531,333 5 h. m. Haut: mo Point-de-Chä-| Montagne au-dessus! 26 pee 1800, +14990 158,833 ) . _ |1296,833 teau : sommité.|de Sallenches. 4h. < 23 jui 1807 ,|+-120,45 1259,666 » ; .S |1282,500 oh 23 juillet 1807 ,|+139,90|1262,000 1287,500 11h. m. Chalets de 22 juillet 1801 ,|+120,83| 880,183 896,833 eiri, 7 b.s | (x) D’après M. M.-A..Pictet, carte des environs de Genève. 943,000 OBSERVATIONS. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 BrEte Es RER TER ETATS; ER PEER ER DRRPRE PEE PMTS EE T S À a —_— Gr _— ne | 4 3 [Elévation en toises et milliemes l r EPOQUES 5 © de toises au-dessus du niveau £ SITUATION Q SE DÉNOMINAT. des RUES ER DONS EE EE + TOPOGRAPHIQUE. E 5 8 Village ; arrond. &el onneville, canton dé Naney-sur-Clo- i ses. ut «0 UNS Eu 7 tn (1) D’après M. Deluc, Rech. sur les modific. de latm., (938, 1559,166 D'après M. Pictet, Voyage dans les de la mer, 3 Suivant Suivant à | c DEzuc. TREMBLEY. 27 juillet 1800, F1 el 461,166 467833 B 8 h. m. Cluses, à £ LL .S.-de Cluses. (à) Lac px RoutedeSt.-Martin| 27 août 1801, |+200,50! 402,333 498,000 HÉDE. à Servoz. 2 b.15"s. (X) Buer. Montagne avec un glacier. Chalets deVilly. nt 1801, |+ 90,50) 947,266 961,666 . S. ; Col de co & pre d 1801, |+- 90,65 1270,500 1206,166 enton ou de Be- « 0, rard ? Buet : som- 19 août 18or, |+100,51 M | 5 |1596,000) .: © mité (1). 9 h. 45 m. 22 A 2 «© ÉN-regs ‘. 19 août 1801, |+-100,30 ares 1619,000} = © 11h. 20’ m. Valorcine, Village ; arrond. de| 13 août 1801, |+1920,16| 622,333 632,833 Bonneville, canton de 9h. 15’ m. Chamouni. (2) Varréene Caamouxi. Prieuré (2). Bourg ; arrond. de| 90 août 180, 199,40! 543,000 552,500 nneville , chef-lieu] 1h. 20/5. de canton. + CNE 18 ut ES ; Fe *40) 1283,166 1309,333 sommiteé . 12 N. 50. CNE AE it ARBRES OT ANR Juillet 1558. +150,50 1580,000 1616,833 (2) D’après M.de Saussure, Voyages dansles Alpes, (517 524,666 D'après le résultat moyen de 85 observ. barométriques faites par le même auteur. (Voyages aux Alpes, | 2049) 180,61 525,000 534,665 D’après M. de Saussure fils... 2 août 1787, | +200,50: 527,666 537,166 12 h. 2 août 1787, +nosl 534,666 544,500 2 h. <. G) Diapres une estimation consignée dans une carte des envi- rons euève, attachée au premier volume des Voyages aux Alpes, édit. in-4, 1281,000 ’après'une aut jdn MOD IARC See cer LE Ra nan ces ce 2e 1306,000 Tome LXIY. AVRIL an 1807. arr Elévation en toises et millièmes È SITUATION EPOQUES E 8 ds nr 10 da niveau É|DÉNOMINAT. cts PRES HOPOSRSERIQNES 5 à Suivant Suivant OBSERVATIONS. © 5 Dre TRE PS \| ChaletdePlian- 18 août 1801, 120,00! 1052,000 1073,333 Nipra (1). 10 h. m ‘ ses d’Ar- FAC 1801, |+130,25} 956,000 975,333 1'clevé. 4 h.s. Chalets de 19 août 1801, |+17°,30|1019,000 1041,333 R Balme (2). 3h.s. K| **Aiguilles au EIS-E. de la vallée ide Chamouni. 2 Chalet de Blai- 15 août 1807, |+130,50| 985,000 1006,166 Ll\tière dessus (3). ENTQUE Pied de l’Ai- 15 août 1801, |+110,25| 128,666 1314,666 flgnille de Blé- 4 h. 5o's. % tière (4). ë Pied de laig. 16 RE + 90,50 11330,333 1366,666 Edu midi, 11 h. 50’. Hospice du 17 août 1801, |+100,50| 975,166 994,000 | Montantvert (5), 7h. a0's. Le Chapeau. | 17 SH +120,56, 810,833 826,333 Î 10 h. 30m. Pied de laig.|! 17, août 1801, |+180,90 1197,000 1222,000 du Dru (6). | 3h. 30°s. | ] Î 2 < Dépaterment du Mont-Blanc. Villaz. Village; arrond. et| 11 août 1799, |+130,20, 381,166 385,833 canton, nord d'An-| 7h:m. necy, à 1 1. de cette ville, 1) D’après M. de Saussure, Voyages aux Alpes, À 644..... 1060,666 À a Ces chalets, situés à 162 toises au-dessous du point le plus élevé de la montagne qui limite le territoire de la France et du Valais, sont gîtés dans des ardoises grises et brillantes, dont les couches sont vertiéales et dirigées à 10° du nord par l’est. Au-dessus des mêmes chalets, on voit les sommités des couches d’un roc calcaire très-incliné. (3) D'après l'estimation de M. de Saussure, Voyages dans les Alpes, À 655 977,666 ©: (4) Je dois observer que la hauteur du pied de ces aiguilles ne peut point être déterminée d’une manière absolue, parce qu'il, n’y a pas, de point fixe, et que l’on peut s’élever plus jou moins vers le corps de ces aiguilles, sur les débris qui sont accumulés à leurs pieds. (5) D'après une estimation consignée dans la carte des envi- rons du Mont-Blanc (Foy. le 2e v. in-4. des Voyages aux Alpes). 954,000 ? (6) La hauteur de ce pic, au-dessus de la vallée de Chamouni, a été mesurée trigono- É|metriquement par M. Pictet; il a trouvée de 1422 toises, ce qui donne, pour la hauteur absolue au-dessus de la mer , 1956 toises. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 Elévation € en toises et millième de toises au-dessus du niveau de la mer, j SITUATION | ÉPOQUES LI DÉNOMINAT. Frs TOPOGRAPHIQUE. Suivant OBSERVATIONS. DE TREMBLEY. oimiezoduue 7, [| (o)Poruowaz.| Montagne. |Sommité. 11 Te 1799, |+150,22| 919,500 à 3h.s. 23 jui 1800 ,|+120,35| 922,833 ! 041,166 12 b. 11 Le 1799, |+140,90| 728,333) 742,500) 10 b. m. 22 juillet 1800,|+120,15| 741,333 » : 754,000 7h.s. 4 23 juillet 1800,|+11°,62| 741,833 759,333 8 h. 30° m. Annecy; niveau 20 juillet 1800 ,|+12°,30| 229,000 229,666 du lac (1 1). 6h. m. ‘ Talloïres (2). | Bourg; arrond. et|16 sept. 1790 ,|+14°,50| 238,500 239,333 cant. nord d’Annecy,| 8h. 155. au bord du lac. y: Haut. mo dl(p) Tournerre] Montagne. El (la) Sommité, r7sept.1790,) |+130,27|1182,000 1207,333 6h. 52° m. (3) 17sept.1700, +150,30 1190, 166) 10 h. 40m. 13 août 1709, |+120,75 183,332?! 10 h. m. 1212,666 1208,500 Haut. moy. 11g0,211 LEE A 1800 ,|+14°,45 1199,666 1226,000 h. 10’ m.(4) 21 juillet 1800 ,|+126,72 11 h. m. 12 août 1799, |+120,45, 809,6 7b.s 21 juillet 1800,|-110,60, 813,533 } 7 h. 45's. prie 1800 ,|[+ 79,50 835,333, h say. H. moy. er moy. 1213,624 910,64 903,333 921,183 825,166 2! 829,000 829,833 | Chalet de Cas- 12 sept, 1799, ro si 882, = Fe Hall | ES UE |" Haut. moy. Chalets de 17 sept. 1790 ,[+199 | 712,833 727333 l'Eau (5). tx ue. 25° ne ; , (1) D’après une moyenne entre les observ. de MM. de Saus- sure et Pictet, Voyages dans les Alpes, 1162. .. 222,666 D’après M. ’Deluc ; ouvrage cité, Tor. (2) D’après une observation commun: (3) Observations communiquées pue Ne te communiquée par M. M.-A. Pictet. 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur la composition de PAlcohol et de l'Éther sulfurique; Par Tnéopore pe SAUSSURE. | Lu à la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques de l’Institut, le 6 avril 1807. S Ier, Les moyens propres à faire connoître les proportions des derniers élémens des végétaux sont encore si incertains ou si mal déterminés, que toute recherche sur ce sujet, doit offrir des observations utiles, quel que soit le corps auquel elle s’applique. La théorie de la fermentation ne sera connue que par l’analyse de ses produits , et l’alcohol tiendra toujours dans ces derniers, une place importante. Le changement qu'éprouve cette liqueur, pour se trans- former en éther, a occupé les plus habiles chimistes. Les uns ont attribué à l’éther plus d'oxigène et moins de earbone, qu'à l’alcohol (1); d’autres ont adopté une opinion contraire. (2). Ces déterminations opposées sont fondées sur des considéra- tions indirectes, et la question qui nous occupe resteroit indé- cise , si elle n'étoit soumise à un examen plus approfondi. L'on peut y parvenir par deux procédés différens : l’un consiste à analyser le résidu que laissent l’alcohol et l’acide sulfurique après la séparation de l’éther; mais ce résidu, qui est formé de plusieurs substances différentes et très-composées, nous offre dans son examen un travail immense et plein de difficultés. L'autre procédé se borne à analyser l’alcohol et l’éther, et à déduire de Jeur différence les changemens qu'ils ont subi pour (1) Annales de Chimie, & XXIII, p. 45. (2) Statique chimique, par Berthollet, vol. Il, p.532. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 317 leur transformation. J'ai choisi cette dernière route; elle a l'avantage d’être plus facile et de nous donner des connois- sances plus absolues sur la composition de ces deux substances. L'opération par laquelle je les ai analysées consiste princi- palement à les changer par une addition d’oxigène , en eau et en gaz acide carbonique, et à estimer, d'après la consti- tution connue de ces deux derniers composés, les quantités de carbone, d'oxigène et d'hydrogène , contenues dans l’alcohol et dans l’éther. . Les proportions des élémens de l’eau et du gaz acide carbo- nique n'ont pas été fixées avec une précision telle qu’elles ne puissent laisser aucune inceritude, et je n'aflirmerai pas que celles que j'ai adoptées, et que je vais exposer, soient préfé- rables à telle autre évaluation. Il sera facile de changer sur ce point, les derniers termes de mes analyses , en considérant, 1° le volume de gaz oxigène que j'ai fait disparoître par la combustion d’un poids déterminé d’alcohol ou d’éther; 2° le volume de gaz acide carbonique qui s’est produit en même temps. Ces deux déterminations seules sont l'expression fon- damentale et importante de mes résultats. J’ai admis dans toutes les expériences qui suivront, 1° Que 100 parties d’eau contiennent en poids 88 parties d'oxigène, et 1# parties d'hydrogène, en négligeant les frac- tions; 2° Que deux parties, volume de gaz hydrogène , en saturent une de gaz oxigène pour former de l’eau; ] 3° Que 1000 pouces cubes de gaz hydrogène pèsent à 28 ouces du baromètre , et à 10 degrés du thermomètre de éaumur, et au terme de la sécheresse extrême, 34, 305 grains; 4° Que 1000 pouces cubes de gaz oxigène pèsent, dans les mêmes circonstances, mais au terme de l’humidité extrème, 512,37 grains; 5° Que 1000 pouces cubes de gaz acide carbonique, pèsent, dans les mêmes circonstances que le gaz précédent, 693,71 grains ; 6° Que le gaz acide carbonique contient un volume égal au sien, de gaz oxigène; 7° Que 100 parties en poids de gaz acide carbonique , an terme de l’humidité extrême, contiennent 26 parties de car- bone , en négligeant les fractions (1). a (1) Puisque le gaz oxigene ne change pas notablement de volume en se 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L’alcohol dont j'ai fait usage pour l'analyse, est celui que MM. Lowitz et Richter ont désigné sous le nom d’a/cehol absolu, et qu'ils nous ont appris à préparer. Il a une pesanteur spécifique égale à 0,792, sous une température de 16 degrés u thermomètre de Réaumur. J’ai obtenu cette liqueur en distillant de l'esprit de vin commun sur la moitié de son poids de muriate de Lee desséché à une chaleur presque rouge, et en ne retirant que la moitié du liquide employé pour cette opération. Le produit étoit encore un peu aqueux. On l'a rectifié de nouveau en le distillant avec son poids de muriate de chaux, et en ne recueillant que la moitié du liquide soumis à cette seconde distillation. Comme dans un travail aussi difhicile que celui que j'ai entre- pris, on ne peut espérer d'atteindre la vérité, qu’en parvenant aux mémes résultats par des routes différentes, j'ai cherché à décomposer d'A GEUL par trois procédés : Dans le premier, j'ai brülé l’alcohol , à l’aide d’une lampe, sous un récipient rempli d’un mélange d'air commun et de gaz oxigène, ainsi que l’avoit fait Lavoisier (1), et j'ai examiné les produits de cette combustion. Cette analyse est celle qui m'a donné les résultats les moins précis. Dans le second procédé, j'ai opéré la décomposition de V’alcohol, par la détonation instantanée de la vapeur élastique ou gazeuse de cette liqueur avec du gaz oxigène, dans un eudiomètre de Volta. La troisième analyse a été faite par la décomposition de l'alcohol , dans un tube de porcelaine incandescent. convertissant en gaz acide carbonique, la différence de poids , qu’on trouve entre ces deux gaz à volume égal, doit donner la quantité de carbone que contient l’acide carbonique. D'après mes expériences , 100 pouces cubes de gaz acide carbonique, PES EEE RC I 00 7er 100 pouces cubes de gaz oxigene . . . . . . 51,257 Différence. . . . 18,134 Donc 69,371 grains de gaz acide carbonique contiennent 18,134 grains de carbone, et en faisant la proportion 69,371 : 18,154— 100 : x, on trouve que 100 parties en poids de gaz acide carbonique contiennent 26, 14 parties de carbone. J'ai employé dans ce Mémoire les anciennes mesures de Paris, pour rendre mes résultats plus facilement comparables à ceux qui ont été obtenus par d’autres physiciens. (1) Journal de Physique, vol. XXXI, p. 55. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 319 « S IL. Analyse de l'Alcoho! par sa combustion lente en vase clos. La lampe que j'ai employée pour brüler l’alcohol , est un tube de verre gradué et fermé à son extrémité inférieure : il a 6 pouces de haut, et 3 lignes de diamètre intérieur. La mèche est un faisceau mince et cylindrique d'amianthe; elle traverse une plaque de métal placée sur l’orifice du tube, et se trouve ainsi maintenue dans l'axe de ce dernier. J'ai dé- terminé , par des observations préliminaires, les poids d'alcohol qui correspondoient à toutes les divisions du tube, et j'ai pu dès-lors connoître, par la seule inspection de la colonne liquide dans la lampe, sans la sortir du récipient et sans la peser , le poids d'alcohol qui y avoit été consumé au moment de son extinclion. J'ai préféré ce procédé à celui qu'a employé Lavoisier, et qui consistoit à peser la lampe avant et après l'expérience. En opérant ainsi, on ne pouvoit sortir la lampe du récipient pour la peser et pour analyser l’air qu'il contenoit, qu'après le re- froidissement de ce dernier ; car l'observation de la diminution du volume de l'air, par la combustion, est une détermination essentielle. Ce refroidissement exige environ une heure, et pendant cet intervalle, la température très-élevée , qui règne sous la cloche, volatilise une quantité considérable d’alcohol qui, par lé procédé de Lavoisier, restoit confondue avec le * liquide qui avoit disparu par l'effet de la combustion. Ma lampe qui portoit sur sa mèche un atome de phosphore, a été placée avec un thermomètre sous un récipient fermé par de l’eau (1), et rempli à moitié d’air commun : j'y ai ajouté du gaz oxigène ; le mélange occupoit 651 pouces cubes, à 27 pouces du baromètre, et à 17 degrés du thermomètre de Réaumur. Il contenoit avant la combustion, d’après l’analyse par l'eudiomètre de Volta, 228, 25 pouces cubes de gaz oxigène. 422,75 de gaz azote. — 651 a ————— — ———————————————"— "—————————— —— 2 (x) Dans l'expérience de Lavoisier, le récipient étoit fermé par du mercure. 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La lampe allumée au soleil à l’aide d’une lentille, a con- sumé 55 ! grains d'alcohol. Une heure après son extinction, le thermomètre placé sous la cloche, étant reÿenu à 17 degrés, l'air qu'elle contenoit s’est trouvé réduit à 599 pouces cubes, qui, ayant été analysés par l’eau de chaux et par l’eudiomètre de Volta, se sont trouvés composés de 77; $7 pouces cubes de gaz acide carbonique. 98, 42 de gaz oxigène. 422, 71 de gaz azote. 599 Je remarquerai que la quantité de gaz acide, qui ne formoit que la : partie du volume de l’air résidu, étoit trop petite pour pouvoir être absorbée sensiblement par l'eau qui fermoit le récipient , à la température élevée où cette expérience a été faite, et dans le court espace de temps compris entre la com- bustion et l'examen eudiométrique. Je me suis assuré de la vérité de cette assertion par une expérience directe. D'ailleurs jai trouvé de l'avantage à subsistuer l’eau au mercure, pour fermer le récipient, parce qu'il y a toujours une petite quan- üté d'alcohol qui se vaporise sans se brûler pendant la com- bustion elle-même. Lorsqu'on soulève le récipient, immédia- tement après la combustion, et pendant qu'il est plein de fumée, on trouve que cette dernière répand une odeur alcoho- lique. Ces vapeurs, qui ne s’enflamment point, parce qu’elles sont en grande partie aqueuses , se condensent bientôt dans l'eau de la cuve; mais elles dilateroient , en raison de l’al- cohol qu’elles contiennent, l'air du récipient, méme après son refroidissement , s’il étoit fermé par du mercure. ra Lorsqu’on applique le raisonnement ingénieux de Lavoisier , aux résultats de cette expérience , on voit que 35 : grains d'alcohol emploient pour leur combustion, 129,83 pouces cubes de gaz oxigène , en formant 77,87 pouces cubes de gaz acide carbonique. Le résidu liquide de la combustion de l’al- cohol, est de l'eau à-peu-près pure. Ainsi le gaz oxigène que jai consommé, déduction faite des 77,87 pouces cubes de ce 8aZ, qui sont entrés dans la composition de 77,87 pouces cubes de gaz acide carbonique, a été condensé par l'hydro- gène de l'alcohol, dans la proportion qui forme l'eau; donc 129,83 — 77,87—51, 096 pouces cubes de gaz oxigène, ont condensé un volume double de gaz hydrogène, soit 105,92 pouces cubes de ce dernier. si i ET D'HISTOIRE NATURELLE. Bar Si l’on réunit le poids du cärbone contenu dans le gaz acide carbonique produit par la combustion, au poids du volume de gaz hydrogène que nous venons de désigner, on trouve que la somme de ces deux élémens ne représente environ que la moitié de l’alcohol consumé. Le déficit ou les autres produits de l'analyse, ne peuvent exister dans le résidu aériforme , dont les élémens et le poids nous sont exactement connus; ils doivent donc se retrouver dans le ré- sidu liquide que nous avons dit n'être autre chose que de l'eau presque pure, mais que nous n'avons pu peser à cause de Sa dispersion dans l'appareil. La partie de l'hydrogène de l’alcohol, qui ne s’est pas combinée à l'oxigène que j'ai ajouté, s'est donc réunie à l’oxigène contenu dans cette liqueur, pour former une quantité d’eau que nous évaluons par le poids du déficit dont je viens de parler. En faisant exactement ce calcul, et en réduisant par des règles de proportion l’analyse à 100 parties d'alcohol, on trouve qu'elles contiennent, 36,89 parties de carbone. 9, 365 d'hydrogène. pes d'oxigène et d'hydrogène, dans la 7 proportion qui forme l'eau. —— 100 : En substituant à l’eau ses élémens , 100 parties d’alcohol contiennent , 36,89 parties de carbone. 15,814 d'hydrogène. 47,296 d’oxigène, 100 Nous verrons qu'il faut comprendre dans les produits de cette analyse, une petite quantité d'azote, car j'ai trouvé de l'ammoniaque dans l’eau formée par la combustion de l’alcohol. (l’oyez le $ IV.) J'ai répété trois fois cette opération, avec des résultats à très-peu-près semblables ; ainsi je ne crois pas avoir commis d’autres erreurs que celles qui dépendent du procédé lui- même, et qui est moins exact que ceux que je décrirai dans la suite. Je dois toutefois comparer cette analyse avec celle que Lavoisier a faite par le mème procédé, à quelques nuances près dans le détail. Tome LXIV. AVRIL 1807. ss 522 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pour réduire nos résultats à des expressions comparables , et dégagées des évaluations diflérentes que nous avons suivies pour la composition de l’eau et du gaz acide carbonique, je dirai que d’après l'expérience de Lavoisier, le baromètre étant à 28 pouces, et le thermomèétre de Réaumur à 10 degrés , 10 grains d’alcohol consomment 23,56 pouces cubes de gaz oxigène , en formant 10,194 pouces cubes de gaz acide car- bonique , tandis que d’après mon expérience, 10 grains d'al- cohol consomment 34,111 pouces cubes de gaz oxigène, en formant 20,455 pouces cubes de gaz acide carbonique, sous une pression et une température semblable aux précédentes. Lavoisier n’a point donné la pesanteur spécifique de l'alcohol qu'il a employé. L'on a supposé qu'il avoit dû prendre l'alcohol reconnu de son temps pour être le plus pur, et tel que Brisson l’a indiqué dans ses T'ables, c’est-à-dire avec une pesanteur spé- cifique de 0,829. Elle indique un mélange de 85.63 parties d'alcohol absolu , et de 14,37 parties d'eau, suivant les expé- riences de Richter, dont j’ai constaté l'exactitude. Mais je trouve qu'en retranchant cette proportion d’eau de l'esprit de vin de Lavoisier , et qu’en adoptant d’ailleurs les résultats de son expérience, 10 grains d’alcohol absolu consommeroient 27,518 pouces cubes de gaz oxigène, en formant 11,904 pouces cubes de gaz acide carbonique. Cette correction laisse donc toujours une grande différence entre nos observations. Je dois prévenir une objection que l’on fera sans doute contre l'espèce d'alcohol que j'ai analysée , et qui avoit été rectifiée deux fois sur du muriate de chaux. Quelques chi- mistes ont avancé que l'esprit de vin rectifié sur ce sel, acquiert des propriétés qui le rapprochent d’un éther. J'ai donc cherché si l'esprit de vin rectifié par la simple distillation, et sans addition, fournit par sa combustion des résultats semblables à ceux de ma premiére analyse, à l'exception d’une quantité d'eau correspondante à celle que la différence des pesanteurs ‘indique dans ce dernier. J'ai rectifié de l'esprit de vin commun par trois distillations successives, sans addition de muriate de chaux, et'en ne retueillant que les premiérs produits de chaque opération. J'ai réduit ainsi cette liqueur à une pesanteur spécifique de 0,8248, à 15 deprés du thermomètre de Réaumur. L'expérience de la combustion de cet esprit de vin a été disposée comme la pré- cédente. L’atmosphère dans laquelle la lampe a été placée, °Ccupoit à 27 pouces du baromètre, et à 15 : degrés du ther- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 momètre de Réaumur , 638 pouces cubes qui étoient composés de 204 pouces cubes de gaz oxigène et de 434 pouces cubes de gaz azote. Cette atmosphère a été réduite par la combustion de 53 grains d'esprit de vin, à 598 pouces cubes, qui con- tenoient , s 62,79 pouces cubes de gas acide carbonique. 99, 12 de gaz oxigène. 436,09 de gaz azote, On trouve d’après ces résultats, que 100 parties d’esprit de P q P vin, doué d’une pesanteur spécifique égale à 0, 8248, can- tiennent, 52,24 parties de carbone. 8,23 d'hydrogène. 59, 53 or ci d’hydrogëne , dans la proportion qui forme l'eau. —— 100 La Table de Richter indique que 100 parties d'esprit de vin d’une densité égale à 0,825, contiennent 12,8 parties d'eau. Si l’on veut déduire de ces résultats la composition de l’alcohol absolu , il faut subsistuer 59, 55— 12,8 — 46,75 au nombre 59,53 dans l’analyse précédente. La somme de ses élémens est alors réduite à 87,2 parties qui représentent l'alcohol pur, et qui contiennent, en faisant le calcul pour 100 parties, 36,97 parties de carbone. 15,87 d'hydrogène. 47,16 d'oxigène. 100 La conformité de ces résultats, avec ceux de ma premiére analyse, prouve évidemment que l'esprit de vin rectifié sans addition , est identique dans ses principes essentiels, avec l’alcohol, qui n'a été rectifié que deux fois sur du muriate de chaux. D'ailleurs cette dernière liqueur n’a aucun des carac- tères de l'éther; elle conserve les propriétés de l’alcohol, telles que celle d’avoir une odeur foible, propre à l'esprit de vin et nullement éthérée. L’alcohol absolu se combine à l'eau dans toutes les proportions; il subit dans ses combinaisons avec ce liquide des changemens de densité, à très-peu-près correspon- Ss 2 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans à ceux qu'éprouve l'esprit de vin ordinaire (1); il a un degré d’expansibilité très-petit, et qui n’approche point de celui qu'a l’éther le moins rectifié. L'alcohol absolu forme dans sa combustion un peu de suie, mais seulement lorsqu'on le fait brûler avec une flamme épaisse et étouflée. L'esprit de vin obtenu par la simple distillation, en fournit aussi dans la même circonstance , mais moins abondamment , parce qu'il est moins concentré. L’éther forme ou ne forme point de suie, suivant le plus ou le moins d’accès donné à l'air atmos- phérique pendant la combustion. Ainsi le caractère que l’on voudroit tirer de la présence de la suie, pour distinguer ces liqueurs, n’est point essentiel. fie à Je n’aflirmerai pas cependant que l’alcohol qu'on distilleroit un beaucoup plus grand nombre de fois, sur du muriate de chaux, ne contint une quantité sensible d’éther; car j'ai vu, après avoir distillé deux fois, une livre d'esprit de vin sur son poids de muriate de chaux, que ce sel redissous dans l’eau, déposoit sur le filtre une substance noire qui indiquoit la décomposition d'une petite quantité d'alcohol; mais cette teinte noire étoit impondérable, et l'on doit conclure de ce résultat et des précédens, que la quantité de l’alcohol dé- composé peut être négligée. $ III. Analyse de l'Alcohol par la détonation de sa vapeur élastique , avec du gaz oxigène. J'ai remarqué dans l’analyse précédente, que l’alcohol répand en brülant dans une lampe , sous un récipient fermé, une fumée qui a l'odeur alcoholique ; ainsi il est bien probable que tout le combustible qui disparoît dans la lampe ne se brûle pas. J'ai cherché un procédé qui produisit une com- bustion complète de l’alcohol, et j'y suis parvenu en faisant détoner sur du mercure, et par l'étincelle électrique, un (1) Je suppose, toutefois, qu’on ajoute à l’alcohol absolu , la quantité d’eau qu lui manque pour avoir la densité de l’esprit de vin rectifié par la simple istillation. Comparez les changemens de pesanteur spécifique de l’alcohol absolu , dans son mélange avec l’eau (Richter die neueren gegenstande der chemie) et les Tables de Blagden et de Gilpin. (Zrensactions philosoph. an 1700 et 1794.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 325 mélange de la vapeur élastique ou gazeuse de cette liqueur , avec du gaz oxigène , dans un eudiomètre de Volta. Cette opération appliquée à l’analyse de l’alcohol présente un procédé assez compliqué. Il requiert la connoïissance du poids de la vapeur alcoholique , sous une température et une pression donnée; il exige qu'on détermine l’augmentation de volume qu'acquiert le gaz oxigène par la présence de la vapeur. Il faut que l’opération se fasse à une température qui excède le 15° degré du thermomètre de Réaumur, pour obtenir des résultats suflisamment prononcés ; et que cet instrument ne varie point , non plus que le baromètre , dans tout le cours de l'expérience, qui exige de l'habitude et de la célérité dans plusieurs de ses manipulations. J'ai lavé à différentes reprises avec de l'alcohol, l'intérieur d'une grande vessie, en y laissant long-temps séjourner ce liquide , afin qu'il la dépouillât de toutes les parties solubles qu’elle pouvoit contenir, car elles auroient diminué l’expan- sibilité de l'alcohol. Lorsqu'il en est sorti parfaitement pur, elle a été remplie aux trois quarts d'air atmosphérique : j'y ai ajouté deux onces d’alcohol ; elle a été fermée par un ro- binet.. L'air qu’elle contenoit s’est dilaté par la formation de la vapeur alcoholique. J'ai adapté , au bout de dix-huit heures, à ce robinet, un ballon vide d’air , et destiné à peser les gaz. Les communications ont été établies, et l'air dilaté a passé seul, et sans alcohol liquide , dans le ballon de verre qui a été pesé avant et après cette introduction, le thermomètre étant àiy degrés, et le baromètre à 26 pouces 9 lignes pendant ces opé- rations et celles qui suivirent. J'ai trouvé, par ce procédé répété deux fois dans ces cir- constances, que 1000 pouces cubes d'air atmosphérique, dilaté par la vapeur alcoholique, pèsent 435,78 grains; 1000 pouces cubes de l'air atmosphérique, employé pour cette expérience, pesoient avant l'introduction de l’alcohol, 424,5 grains.: Pour mesurer la dilatation que l'air avoit subie par la vapeur alcoholique, j'ai employé la formule de M. Dalton (1), et j'ai fait passer dans un baromètre une goutte d’alcohol , elle a fait baisser le mercure de 20 : lignes qui expriment la force élastique de la vapeur dans le vide. En appliquant ce résultat à la formule re dans laquelle »p— 26 pouces 9 lignes, et QG) Biblioth. Brilanniq., Sciences et Arts, vol: XX, p. 547. 326 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE f=20! lignes, on trouve que le volume de l'air non dilaté étant égal à 1, il devient égal à 1,0682 par la vaporisation de l’alcohol, et en faisant la proportion 1, 0682 : 1 = 1000 : æ, on conclut que 1000 pouces cubes d’air atmosphérique alcoholisé, contiennent 956, 14 pouces cubes d'air atmosphérique pur. Ces derniers pèsent 397,4 grains, et comme la vapeur alcoholique occupe le même espace que l'air dilaté par elle, il suit que 1000 pouces cubes de vapeur alcoholique pure pèsent 433, 78—397,4 grains — 36, 38 grains. Je n’ai pas besoin de rappeler que, d’après les expériences de Dalton, les vapeurs se répandent en méme quantité dans tous les gaz qui n’ont pas d’action chimique sur elles (1). J'ai choisi l'air atmosphérique pour trouver le poids de cette dernière, parce que je n’aurois pu employer le gaz oxigène pur en grande quantité qu’au terme de l'humidité extrême, et que s'il étoit venu à se dessécher , ou si l'air extérieur avoit pu pénétrer dans l’intérieur de la vessie, il en seroïit résulté des erreurs dans l’estimation des poids : d’ailleurs j'ai fait cette expérience avec du gaz oxigène, et le résultat ne m'a offert qu'une légère différence qui tenoit aux causes que je viens d'indiquer. : Pour opérer la combustion de la vapeur alcoholique, j'ai préparé du gaz oxigène alcoholisé, en faisant passer quelques gouttes d’alcohol dans un récipient plein de gaz oxigène qui reposoit sur du mercure; j'ai soutiré ensuite hors de ce vase l’alcohol superflu qui n’avoit pu se vaporiser, en y introduisant du papier sans colle desséché, en le ressortant imbibé d'al- cohol au travers du mercure , en répétant cette opération jusqu’à ce que le papier ressortit parfaitement sec, et enfin en transvasant le gaz dilaté dans un nouveau récipient. Je me suis assuré que le papier sans colle ne condensoit point la vapeur alcoholique. Ce gaz oxigène alcoholisé a été introduit dans un eudio- mètre de Volta plein de mercure; mais je n’ai point pu y pro- duite d’inflammation par l’étineelle électrique , je nai pas eu plus de succès en y ajoutant du gaz oxigène pur dans toutes les proportions. La vapeur alcoholique étoit trop rare dans (1) J'ai tenu pendant long-temps de l’air atmosphérique en contact avec de l’alcohol , dans un récipient fermé par du mercure. Au bout de cinq mois Vair n’avoit subi aucune modification sensible; mais au bout d’un an il avoit perdu 535 de gaz oxigene. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 le gaz oxigène alcoholisé pur, pour pouvoir s’enflammer , et à plus forte raison quand on y ajoutoit du gaz page. Lorsque j'ai mélé au gaz oxigène alcoholisé, du gaz hydrogène en très-petite proportion , l’étincelle électrique a produit une combustion complète de la vapeur alcoholique. Le même effet avoit lieu si je substituois au gaz hydrogène, une quantité impondérable d’alcohol liquide. Les vapeurs vésiculaires, pro- duites sans doute par ce dernier, remplissoient les fonctions du gaz hydrogène ; mais dans une expérience exacte, cette addition d’alcohol liquide ne pouvoit être admise par l’impos- sibilité d’en fixer la quantité. J'ai donc ajouté à 500 parties volume de gaz oxigène alcoho- lisé, 99,2 parties, ou à très-peu-près, un cinquième de gaz hydrogène , et j'ai fait détoner le mélange. La combustion, en prenant un terme moyen entre trois expériences , a donné un résidu qui, étant analysé par l’eau de chaux, et par l’eudio- mètre de Volta, a montré qu'il contenoit 342,59 parties de gaz oxigéne , et 46,69 parties de gaz acide carbonique. Je fais abstraction de l'azote qui se trouvoit mélé en petite quantité avant et après la combustion, au gaz oxigène, et qui ne joue aucun rôle que l’on puisse apprécier. Je dois observer que lorsque j’ai ouvert l’eudiomètre , immédiatement après la dé- tonation , et pendant qu'il étoit plein de fumée, celle-ci s’est trouvée absolument inodore. Les 5oo parties de gaz oxigène alcoholisé ne contenoient avant l’inflammation , et en raison de l'expansion de la vapeur alcoholique, que 468,07 parties de gaz oxigène. La vapeur alcoholique et le gaz hydrogène ajouté, ont donc fait dispa- roître 468, 07 — 342, 59 — 125,48 parties de gaz oxigène. Le gaz hydrogène ajouté, a condensé la moitié de son volume, soit %%°— 49,6 parties de gaz oxigène. Les 5oo parties de vapeur alcoholique seule , ont donc employé pour leur com- bustion , 126,48 — 49,6 — 75,88 parties de gaz oxigène, en formant 46,69 parties de gaz acide carbonique, et une cer- taine quantité d'eau. Lorsqu'on rend les parties désignées ci-dessus égales à des pouces cubes, et qu'on substitue aux 5oo pouces cubes de vapeur alcoholique, le poids de 18, 19 grains qui leur corres- pre » on trouve que 18,19 grains d’alcohol consomment pour eur Combustion 75,88 pouces cubes de gaz oxigène, en for- mant de l’eau et 46, 69 pouces cubes de gaz acide carbonique. Ces e;| 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE résultats montrent, à l’aide d’un calcul semblable à celui qui a été fait pour la combustion lente de l'alcohol, $ II, que 100 parties de cette liqueur contiennent, 42,82 parties de carbone. 10,18 d'hydrogène. 4 j#exaene et d'hydrogène, dans la Titttttet"Ù proportion qui forme l'eau. 100 En substituant à l’eau ses élémens, 100 parties d’alcohol , contiennent, 42,82 parties de carbone. 15,82 d'hydrogène. 41,36 d'oxigène. 100 Ces élémens peuvent se déduire de l'expression suivante : 10 grains d'alcohol consomment pour leur combustion 38,54 pouces cubes de gaz oxigène , à 28 pouces du baromètre, et à 10 degrés du thermomètre de Réaumur , en formant de l'eau et 25,67 pouces cubes de gaz acide carbonique. Cette analyse , dans laquelle tout l'alcohol a été consumé, doit étre plus exacte que celle qui a été faite par la com- bustion lente, S II. Nous allons montrer qu'il faut comprendré dans l’une et dans l’autre une petite quantité d’azote. S IV. Examen de l'eau produite par la combustion de l'Alcohol. Boerrhave et Geoflroy ont reconnu que les vapeurs formées parla combustion de l’alcohol , étoient de l’eau. Lavoisier a observé, à l’aide de l'appareil imaginé par Meusnier (r), que le poids de cette eau étoit supérieur à celui de l’alcohol con- sumé. On ne recueille pas par ce procédé toute celle qui se produit, parce que cette opération se fait dans des vases ouverts où l’air est continuellement renouvelé par un courant rapide @) Joyez, pour la description de cet appareil, Lavoisier , Elémens de Chimie, t, Il, p. 189; 1° édition. qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 529 ‘qui entraine hors de l'appareil une certaine quantité de vapeur aqueuse, avant qu'elle ait eu le temps de se condenser. Lavoisier a recueilli en brûlant 100 parties d'esprit de vin, environ 116 ‘parties d’eau (1). Mon analyse, $ III, montre que ce produit aqueux doit monter à 132 parties pour 100 parties d’alcohol absolu; mais ce chimiste n'a pas employé cette dernière li- ‘Queur qui auroit fourni un résultat plus rapproché de mon analyse. Comme il est impossible de faire cette comparaison avec exactitude , je me suis contenté d'examiner si l’eau pro- duite par ce procédé est pure. L'eau qu’on retire de l'alcohol, par l'appareil de Meusnier, ou plus simplement en faisant brûler ce liquide à l'air libre, sous l'orifice d'un récipient de verre qui condense sur ses parois les vapeurs aqueuses et les laisse distiller par cet orifice, n'a pas l'odeur alcoholique qu'on cbserve dans le produit de la combustion, sous un récipient fermé, $ II, parce que les vapeurs alcoholiques y sont retenues, tandis que, à l'air libre, elles se perdent dans l'atmosphère en ne laissant pour résidu que le liquide moins évaporable auquel elles étoient mêlées. _ Ce liquide est insipide ; il a la même pesanteur que l'eau distillée ; il ne change pas le sirop de violettes, ni l'infusion de tournesol ; il n’est précipité ni par l’acétate de baryte, ni par le nitrate d'argent, ni par l'eau de chaux. Deux onces d’eau obtenue de la combustion de l’alcohol à l'air libre, sous l’orifice d’un récipient de verre, ont été évaporées à siccité, et elles ont laissé pour résidu un vernis mince , transparent, qui pesoit 4ème de grain et qui attiroit l'hu- midité de l'air. La dissolution de ce vernis, dans une petite quantité d'eau, étoit légérement troublée par l’oxalate de po- tasse. La combustion de l'esprit de vin rectifié sans addition, fournissoit les mêmes résultats. Ils me paroissent dus en partie à la chaux et à la potasse que j'ai trouvées par d’autres ex- périences , dans les cendres de l'alcohol. Elles sont tenues en dissolution dans de l'acide acétique formé par la combustion. Cette eau conservée dans un flacon qui en étoit à moitié plein, a laissé déposer , au bout de quelques mois, de légères moisis- sures. Ce liquide répand à l'approche de l’acide muriatique, des vapeurs ammoniacales abondantes. Ce résultat est plus pro- (1) Lavoisier, Mémoires (posthumes) de Chimie, tt. II, p. 281. Tome LXIV. AVRIL an 1807. p 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE noncé lorsque l’eau a été recueillie par l'appareil de Meusnier; parce que dans ce procédé, l’ammoniaque, ou plutôt l'acétate d'ammoniaque, a moins le temps de s'évaporer. Pour n’étre point trompé sur la nature des. vapeurs dont je viens de parler, et pour recueillir une partie de l'ammoniaque qui se volatilise et se perd dans l'atmosphère à mesure que l’eau se produit, j'ai versé quelques gouttes d'acide muriatique dans le flacon qui, dans l'appareil de Meusnier, est destiné à recevoir le liquide formé par la combustion. Après avoir obtenu 4 + onces de cette éau qui s’est trouvée ainsi unie à l’acide muriatique , je l'ai soumise à l'évaporation, à la température atmosphé- rique, dans un lieu où je ne pouvois point soupçonner de Yapeurs ammoniacales, et j'ai obtenu ‘un résidu qui contenoit 3; grains de muriate d'ammoniaque parfaitement caractérisé par sa cristallisation et ses autres propriétés. Il étoit d’abord mêlé à une petite quantité de muriate de chaux et de muriate de plomb (1); le sel déliquescent a été séparé par le lavage; le sel métallique insoluble a été extrait par la dissolution du résidu , dans l’eau distillée. Je n'ai point pu juger par ce résultat, de la quantité d'azote que contient l’alcohol, parce que les vapeurs de l'acide mu- riatique formoient une fumée de muriate d’ammoniaque qui ressortoit pour la plus grande partie hors du vase destiné à la recevoir. Il n'est pas probable que cet ammoniaque soit dû à la com- binaison de l'hydrogène de l’alcohol avec le gaz azote atmos- phérique, car nous avons vu, SIL, que ce dernier gaz n'étoit pas condensé dans la combustion de cette liqueur. D'ailleurs nous montrerons qu’elle contient cet élément, par d’autres obser- vations plus directes, et qui ne pourront être soumises à cette objection. Ce résultat est important pour la théorie de la fermentation. M. Thenard avoit remarqué (2) que l’azote qui fait une nee EEE ee ee re (x) Le serpentin de mon appareil est de plomb. Dans ce cas l’eau produite par la combustion de l’alcohol tient ce métal en dissolution, probablement à l’aide de l’acide acétique. L’eau obtenue ainsi précipite en noir l’hydre- sulfure de potasse, lors même qu'il n'y a point d’acide murlatique dans le récipient; mais.elle ne produit pas cet eflet lorsqu'on la recueille en faisant brûler l’alcohol sous une cloche de verre. (2) Mémoire sur la fermentation vineuse, par Thenard. (Ænnales de Chimie, t. XLVI, ;p. 294. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331 partie essentielle du ferment, disparoissoit dans la fermentation vineuse. Cet élément ne se retrouvoit pas alors dans les pro- duits de cette opération, mais nous voyons qu'il passe dans l'alcohol. L’ammoniaque contenu dans le liquide formé par la com- bustion de l’alcohol, me paroît neutralisé par l'acide acétique. J'ai versé quelques gouttes de potasse dans deux onces de cette eau, l’alkali qui y étoit surabondant, a été saturé par de l’acide carbonique et soumis à une légère dessication, à la température atmosphérique. J'ai lavé le tout avec de l’alcohol; la liqueur décantée a fourni, par l'évaporation , un sel très- déliquescent qui avoit les autres propriétés de l’acétate de po- tasse, et qui pesoit I + grain. Toutes les épreuves que je viens de rapporter *sur l’eau obtenue de l’alcohol absolu, ont présenté les mêmes résultats, lorsqu'elle a été extraite de l'esprit de vin, rectifié sans muriate de chaux : ils ont montré qu’elle contient de l’ammoniaque , de l’acide acétique, de la chaux, et probablement un peu de potasse; mais toutes ces substances y sont en quantité si petite, qu'elles ne doivent pas influer beaucoup sur les proportions d'oxigène, d'hydrogène et de carbone, que j'ai assignées par ma dernière analyse, $ III, à l'alcohol, en considérant le liquide qu'il forme en brülant comme de l'eau pure. S V. Analyse de l’Alcohol par un tube de porcelaine incandescent. Plusieurs chimistes ont reconnu, avec plus ou moins d'exac- titude , la nature des principaux produits que donne l’alcohol en traversant un tube de porcelaine chauffé au rouge. Ils y ont vu de l'eau, du gaz hydrogène oxicarburé, du charbon, et enfin une huile volatile cristallisée , observée par M. Vau- quelin (1); mais ils n’ont pas obtenu de ces produits un résultat utile pour déterminer le nombre et la proportion des élémens de- l’alcohol. J'ai cherché toutefois à parvenir à ces détermi- nations par ce procédé, J'ai fait distiller dans un tube de porcelaine incandescent, et enduit intérieurement d’une couche vitreuse, 2183 grains (1) Système des Connoissances chimiques, par Fourcroy ,t. VIT, p. 155. T't 2 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’alcoholabsolu. Les produits de cette distillation passoient de ce tube dans un serpentin de verre (1), entouré d'eau froide, et delà dans un petit ballon qui retenoit les produits liquides, en trans- mettant les gaz à la cuve pneumatique. La cornue qui introduisoit les vapeurs alcoholiques dans le tube de porcelaine, n’a été exposée qu'à une température comprise entre le 40° et le 5o° degré du thermomètre de Réaumur, La distillation a duré vingt heures; je l'ai conduite avec lenteur, afin qu'il n’y eût presque point d’alcohol qui échappäât à sa décomposition, en traversant un foyer incandes- cent de huit pouces de long. J'ai obtenu de cette opération, 1° Dans le tube de porcelaine 4 + grains de charbon qui s'en est détaché sous la forme d'une lame mince, roulée sur elle-mémeyet longue de plusieurs pouces. Ce charhon ayant été incinéré dans un creuset de platine , a laissé {pour résidu environ un grain de cendres, dans lesquelles j’ai reconnu , à l’aide de leur lessive par l’eau et de leur dissolution dans l'acide muriatique , la présence de la potasse, de la chaux et d'un résidu insoluble qui pouvoit être de la silice. M. Proust avoit déjà trouvé la silice et la chaux dans l’alcohol. 2°. Le serpentin de verre étoit tapissé de l'huile essentielle, cristalisée, découverte dans cette opération par M. Vauquelin. Ces cristaux se présentent à l'œil nu, sous la forme de lames minces, transparentes, blanches et jaunâtres ; mais au micros- cope, quelques-uns d’entre eux m'ont offert des prismes à quatre faces, terminés par des sommets dièdres. Ils sont très- solubles dans lalcohol : cette solution devient laiteuse par l'addition de l’eau , si l’alcohol n’est pas trop surabondant. Ces cristaux , ainsi qu’une huile brune très-épaisse, à laquelle ils sont mélés, et qui n’est presque point volatile à la tempé- Tature atmosphérique, ont une forte odeur de benjoin. Le poids de ces deux huiles réunies et recueillies, soit dans le serpentin , soit dans le ballon, montoit à quatre grains ; le ballon n’en contenoit que demi-grain. - 3°. J'ai trouvé dans le ballon, outre cette petite quantité d'huile, 196 grains d’eau sans couleur, dont la pesanteur spé- cifique étoit 0,998 , ce qui indique un liquide composé de 1934 grains d'eau et de 22 grains d’alcohol. Nous retrancherons donc ces derniers des 2183 grains d’alcohol soumis à l'analyse. () Lorsque j'ai employé un serpentin de plomb , le liquide qui l’avoit Wraversé tenoit du plomb en dissolution. EIT D'HISTOIRE NATURELLE, 333 L'eau dont je viens de parler avoit à la fois l'odeur du benjoin et du vinaigre; elle rougissoit le sirop de violettes et l'infusion de, tournesol ; elle répandoit des vapeurs ammoniacales à l'ap- proche de l'acide muriatique; elle n’étoit précipitée n1 par l’eau de chaux, ni par le nitrate de mercure, mais elle étoit légé- rement troublée par le nitrate d’argent. Cette circonstance, jointe à l'odeur de benjoin, s'y a fit soupconnér l'éxistence de l'acide benzoïque. ; 3 movi Pour évaluer les quantités des principes étrangers que con tenoit cette eau, je l'ai réunie à un liquide semblable ; obtenu dans une autre opération par le méme procédé, et J'ai divisé la liqueur ‘en trois parties qui pesoient chacune 100 grains. La première partie, évaporée. à siccité à la température at- mosphérique, a laissé au fond de la capsule un vernis trans- parent impondérable, ] La seconde partie de l’eau a été mélée avec du carbonate de potasse cristallisé ; il s’y est dissous avec effervescence. La dissolution évaporée à siccité, a fourni un résidu sur lequel j’ai versé de l’alcohol. La liqueur décantée à laissé, par son éva- poration, un sel blanc qui, exposé à air, s'est réduit prompte: ment en liqueur, à la résenve d’une infiniment petite quan- tité de sel cristallisé en! étoile , et qui résultoit probablement de l'union de la potasse avec l’acide, qui précipitoit le nitrate d'argent. La substance saline tombée en déliquescence, étoit de l’acétate de potasse. Sa quantité dans l'état, sec auroit été égale pour les 196 grains du liquide que j'examine à 0,9 grains, ce qui indique 0,55 grains d'acide acétique glacial dans tout le produit agueux de cette analyse. Enfin la troisième partie de la liqueur a été mélée avec de l’acide muriatique, pour saturer lammoniaque. Cette combi- naison a fourni, par l'évaporation, des cristaux de muriate d'ammoniaque , mais la quantité en étoit impondérable. Il résulte de cet examen que les 193 + grains d’eau obtenue de la décomposition de l'alcohol, par un tube incandescent, contenoient de l'acide acétique en excès, de l'ammoniaque, et probablement de l’acide benzoïque ; mais comme le poids réuni de ces trois substances, n’équivaut environ qu'à > partie du liquide aqueux qui les tient en dissolution, on peut, sans risque d'erreur, pour une analyse telle que celle-ci, considérer ce liquide comme de l’eau pure. 4°. Le gaz hydrogène oxicarburé occupoit, à 27 pouces du baromètre, et à 17 degrés du thermomètre de FRéaumur, 7:99 pouces cubes qui pesoient, le lendemain du jour où ils ) 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ont été recueillis , et en prenant un terme moyen entre le poids du gaz pris au commencement, au milieu, et sur la fin de l'opération, 1786,61 grains (1). Quoique la chaleur du tube incandescent ne variât pas sensiblement, le gaz obtenu au commencement de l'expérience étoit plus léger, et contenoit moins de carbone que sur la fin. Ces différences venoient de ce que le charbon déposé par l'alcohol, s’est accumulé suc- cessivement dans le tube , et a réagi en raison de cette accumulation sur le liquide qui se décomposoit. Quelque len- teur que j'aye mise dans la distillation , je n'ai pu empécher que le gaz n’entrainät avec lui une fumée blanche assez abon- dante, dont je n’ai pu estimer directement le poids, et dont la perte a causé un déficit dans les résultats de l'analyse. Cette fumée sentoit le benjoin; elle m'a paru donner en se conden- sant, un produit analogue à celui qui s’étoit rassemblé dans le ballon; c’est-à-dire beaucoup d'eau et une très-petite quan- tité d'huile. Cette dernière substance n’y pouvoit être que dans une trés-petite proportion; car en. faisant détoner le gaz immé- diatement après son développement; et pendant que la fumée y étoit suspendue, je n'ai pas obtenu plus de gaz acide car- bonique par cette combustion ,: que lorsque je l'ai faite après la disparition et la condensation de la fumée dans l’eau qui fermoit les récipiens. L'incertitude que peut laisser toutefois la composition de cette vapeur, ne porte que sur la onzième partie de l’alcohol que j'ai soumis à l'analyse. En additionnant les poids des produits immédiats de toute (G) Donc 1000. pouces cubes de ce gaz à 28 pouces du baromètre et à 10 degrés du thermomètre de Réaumur., pèsent 266 grains. Ce résultat s’écarte un peu de celui de M. Cruiksanks , qui attribue un poids de 237 grains à 1000 pouces cubes de ce gaz, dans les mêmes circonstances. (Bibliothègq. brit., Sciences et Arts , vol. XVIL, p. 148.) J'ai fait trois fois cette opération, en changeantun peu le diamètre du tube et son inclinaison dans le fourneau, et.trois fois j'ai, trouvé des différences notables soit dans le poids du gaz, Soit dans sa composition. Mais la somme de tous les produits, dans chacune de ces opérations , a donné des résultats semblables pour la composition de Palcohol. On voit par là qu’on commettroit d’assez grandes erreurs, si l’on ne comparoit pas eutre eux tous les produits d’une seule et même analyse, ET D'HISTOIRE NATURELLE 335 celte opération, on voit que 2180,5 grains d’alcohol ont fourni, 1796, 61 grains de gaz. ose d'eau. 4 d'huile. de) 3825 de charbon. de cendres. ÉTer es in Somme... 1988,56 [aqueuse, 192, 14 Déficit dû à une fumée en grande partie — 2180,5, Analyse du gaz hydrogène oxicarburé. Les 7199 pouces cubes de ce gaz ne contenoient point de gaz acide carbonique. Ils avoient été recueillis dans dix-huit récipiens qui ont tous été examinés eudiométriquement. Je donne ici le terme moyen de ces dix-huit analyses, abstraction faite de l'air atmosphérique que les vaisseaux contenoient avant la distillation. 100 parties de gaz hydrogène oxicarburé ont été mèlées avec 200 parties volume de gaz oxigène impur, et qui contenoient exactement 190 parties de gaz oxigène pur, et 10 parties de gaz azote. Le mélange enflammé par l'étincelle électrique, a laissé pour résidu de l’eau et un mélange de gaz acide carbonique , de gaz oxigène et de gaz azote, qui occupoient réunis 156 : parties. Elles ont été lavées avec de l'eau de chaux, et analysées de nouveau par l’eudiomètre de Volta, en y ajoutant du gaz hydrogène. J'ai vu ainsi qu'elles contenoient, 78 parties de gaz acide carbonique, 65,93 de gaz oxigène. 12,67 : de gaz-azote. 156, 5o Ces résultats montrent que les 124, 07 parties de gaz oxigène, qui ont disparu pour opérer la combustion de 100 parties de gaz hydrogène oxicarburé, ont été employées à former 78 par- ties de gaz acide carbonique , et à brüler (124,07—78) 2 soit 92, 14 parties de gaz hydrogène appartenant au gaz hydro- gène oxicarburé. On voit aussi que 100 parties de ce dernier contiennent 2,57 parties de gaz azote. En rapportant par des règles de proportion, ces résultats à 7199 parties ou pouces 536 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cubes de #az'hydrogène oxicarburé , qui pèsent 1786, 61 grains, on trouve qu'ils auroient produit par leur combustion 5616,2 pouces cubes de gaz acide carbonique, qui contiennent 945, 59 grains de carbone, et que le gaz oxigène auroit brûlé 6633, 2 pouces cubes de gaz hydrogène ,'qui pèsent 212,44 grains; on trouve enfin que tout le gaz hydrogène@xicarburé contient 185 pouces cubes de gaz azote, qui pèsent 76, 77 grains. Si nous réunissons les poids des élémens que nous venons d'évaluer, nous avons, dans 1786, 61 grains ‘de gaz hydrogène oxicarburé , 945,59 grains de carbone. 212,44 d'hydrogène. :7677. 0x d'azote. : Somme... 1234; 80° Déficit... 557,81 1199 1786, 6 APE Lé résidu de la combustion du gaz hydrogène oxicarburé m'a pâru n'être que de l’eau, en exceptant le gaz acide car- bonique et l'azote dont nous avons tenu compte. Ainsi le déficit ue l’on trouve dans la réunion des élémens de cette analyse, du étre attribué aux élémens de l'eau qui existent dans le gaz hydrogène oxicarburé, non dans l’état d’eau ou de vapeur aqueuse, mais dans un état sous lequel ils se trouvent com- binés et pour ainsi dire confondus avec les autres principes de ce gaz. En substituant à ce déficit, ou à ces 551,81 grains d’eau, les élémens de ce liquide, nous trouvons que les 1786,6x grains de gaz hydrogène oxicarburé sont composés de 945,59 grains de carbone. 485,59 d’oxigène. 278,66 d'hydrogène, . 76,77 d'azote. 1786,61 (1). PT EE SOLE AIN 2 TE ANS LR (1) Donc 100 parties en poids de ce gaz contiennent, 52,9 parties de,carbone. 27, 2 d’oxigene. 19,6 d'hydrogène, 4,5 d'azote. man uma mn) 10Q Pour ET D'HISTOIRE NATURELLE. 337 Pour avoir tout le carbone contenu dans les 2180,5 grains d'alcohol que j'ai décomposés, il faut ajouter aux 945,59 grains de carbone, du gaz inflammable, 3 1 grains de charbon trouvés dans le tube de porcelaine, et enfin le carbone de 4 grains d'huile , lequel peut monter environ à 3 grains. Ces nombres réunis font 951,84. On trouve par une règle de proportion que 100 parties d'alcohol contiennent 45,65 parmes de carbone. Pour avoir tout l’oxigène de l’alcohol, ül faut ajouter aux 485, 69 grains d’oxigène appartenant au gaz inflammable, l’oxi- gène de 1932 grains d’eau obtenue dans le ballon adapté au serpentin. La somme d'oxigène est donc égale à 485,694 170,28 — 655,87 grains. Donc 100 parties d’alcohol auroient fourni 30, 12 parties d'oxigène. Pour avoir tout l'hydrogène des 2180, 5 grains d’alcohol, il faut ajouter aux 278,66 grains d'hydrogène trouvés dans le gaz hydrogène oxicarburé , l’hydrogène des 1952 grains d'eau recucillie dans le ballon , et l'hydrogène de 4 grains d'huile, lequel peut monter environ à un grain (1). Cette somme est égale à 302,88 grains. Donc 100 parties d’alcohol auroient fourni 13,89 grains d'hydrogène. En ajoutant à ces élémens la proportion d’azote que j'ai trouvée dans le gaz inflammable, et enfin celle des cendres obtenues de l'incinération du charbon, l’on voit que 100 parties d’alcohol ont produit, 43,65 parties de carbone. 50, 12 d’oxigène. 13,89 d'hydrogène. V 3, 52 d'azote. e -0, 04 de cendres. ; 91,22 Perte... 8,78 100 J'ai reconnu dès le commencement de l'analyse que cette EE om me (), Cette huile ne fait pas la cinq centieme partie du poids de l’alcohol que j'ai décomposé. Ainsi dans cette analyse qui n’est qu'approximatve, 3 aurois pu négliger ce produit, et il n'importe point que la composition que je lui suppose soit juste, Tome LXIV. AVRIL an 1807. Vy 338 HOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE perte étoit due à une fumée qui contenoit beaucoup d'eau: et une infiniment petite quantité d'huile, entrainées dans la cuve pneumatique par le gaz hydrogène oxicarburé. En sub-- stituant à cette perte, ou à ces 8,78 parties d'eau, ses élémens, . on trouve. que 100, parties d’alcohol contiennent ,. 7 43,65 parties de carbone. Ares dd d’oxigène. ui | 24,04 d'hydrogène. : | te d'azote. 0,04 de cendres. 100 \ Les résultats de célte analyse sont à trés-peu-près sem-- blables à ceux que ‘jai obtenus, & LIL, par la détonation de la vapeur élastique de Palcohol , dans un eudiomètre de Volta, en faisant abstraction de l'azote que je n’ai pu évaluer par ce procédé, et qui estresté confondu dans l'état d'ammoniaque avec l’eau, ou presque en totalité, avec les 41,36 pariies d'oxigène que cette analvse attribuoit à l'alcohol, Si l'on soustrait de ces 41,36 parties d'oxigène , les 3,52 parties d’azote que nous venons de trouver, on voit que les deux analyses s'accordent mieux qu'on ne pouvoit l’attendre d’un travail aussi compliqué, J'ai fait, à l'aide du tube incandescent , l'analyse de l’esprit de vin rectifié par la simple distillation ,:et je n'ai trouvé entre les deux résultats que des différences insignifiantes, lorsque j'ai retranché, par le calcul, la quañtité d’eau assignée à l'esprit de vin par sa pesanteur spécifique. DÉCOMPOSITION DE L'ETHER SULFURIQUE. SAN Préparation de l'Ether sulfurique employé dans mès expé- riences. Considérations sur l'analyse de cette liqueur. Cent parties en poids d'acide sulfurique, mèlées à 100 par- ties d'esprit de vin du commerce, dont la pesanteur spécifique étoit 0,842 à 16 degrés du thermomètre de Réaumur, m'ont fourni, par la distillation opérée , à l'aide du serpentin, 53 parties d’éther non rectifié, dont la pesanteur spécifique étoit AU ŒÆT D'HISTOIRE NATURELLE, 339 Cette liqueur éthérée , après avoir été mêlée avec une so- lution alcoholique de potasse, aéré distillée à-peu près jusqu'à moitié, sous une température de 55 degrés de Réaumur. L'éther débarrassé de l'acide sulfureux, de l'huile et d’une partie de l'alcohol, qui lui étoient unis, avoit une pesanteur spécifi jue de 0,740, à 16 degrés du thermomètre. C’est l’éther rectifié des pharmacies. L'éther obtenu par cette opération, a été mêlé avec deux fois son poids d'eau (1), pour lui enlever encore de l'alcohol. La liqueur séparée par décantation, a acquis, à laide de ce lavage ,; une pesanteur spécifique égale à 0,726. Ce dernier produit soumis aida distillation a donné, en ne recueillant que le tiers du liquide contenu dans la cornue , un éther dont la pesanteur'étoit 0,717, à 16 degrés de Réaümur. C’est de cetiéther dont j'ai fait usage dans mes expériences. Il est superflu d'observer qu’en rectifiant plusieurs fois par la distillation et par le lavage, lesrésidus des précédentes rec- tfications, on obtient quatre ou einq fois plus d'éther doué d’une densité égale à 0,717, que sid'on's’en tenoit aux premiers: résultats que j'ai indiqués. UE | On a vu que la combustion lente de l’alcohol dans tune lampe , en vase clos , m'a donné des résultats peu précis. Ceux que’ j'ai obtenus dela combustion lente de l’éther, l'ont été encore moins, et je ne les détaillerai point. " - L'analyse de l'éther ; faite par la détonation de sa vapeur élastique, m'a paru suflisamment exacte pour déterminer les’ proportions du carbone; de l’oxigène et de l’hydrogène; elle peut donner des résultats plus précis que ceux qu'on obtient de l’alcohol par ce procédé. La vapeur alcoholique est si légère, Que sa pesanteur spécifique est difficile à apprécier. Une très- petite erreur dans cette détermination, introduit de grands chan- gemens dans-les résultats de l'analyse. La vapeur gazeuse de l'éther est beauconp plus pesanté > tous les résultats sont ‘beau- coup plus saillans, et les petites erreurs sont ici moins impor- tantes. . 4 1e re La décomposition de‘l'éther ; par ‘un ttube de porcelaine in- candescent, m'a fourni des résultats moins précis que l'opé- ration précédente ; et beaucoup moins exaéts que ceux que l'on obtient de l’alcohol , à laide du tubs chauflé au rouge, parce que l’éther donne par ce procédé trente fois plus d'huile, et (x) L’eflicacité de ce procédé a été démontrée par les expériences de Gay Vv 2 340- JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que ,je n'ai pu former que des conjectures sur la composition de cette dernière. Je férai connoître cependant les détails de cette opération : ils serviront d'appui à l'analyse de l'éther, par la combustion rapide de sa vapeur. $ VIL Décomposition de l'Ether par un tube dé porcelaine incandescent. J'ai fait passer au travers d’un tube de porcelaine chauffé au rouge, et, enduit intérieurement d'une couche vitreuse , 1103 grains, d'éthér.: Je n'ai: point! appliqué de feu sous la Cornue qui faisoit distiller ce liquide dans le foyer incaudes- : cent; elle étoit exposée à une chaleur de 27 degrés du ther- momètre de Réaumur , par le voisinage du fourneau dans lequel passoit le tube de porcelaine, et ceite température a été suflisante pour opérer la distillation de tout l’éther, dans l'espace de quatorze heures. L'appareil de cette expérience étoit semblable en tout à celui que j'ai employé et décrit pour l'analyse de l'alcohol, $ V.'Le tube de porcelaine étoit égal au précédent Il a été exposé an même degré de feu et dans le même fourneau. | L'éther à été entièrement décomposé , du moins aucune odeur ‘éthérée n'a pu se faire appercevoir dans les vases qui recevoient les produits de cette opération. Elle m'a fourni, 1° Dans le milieu du tube de porcelaine, 57} grains de charbon qui, s’en est détaché sous la forme d'une feuille ou d'une lame mince et longue, roulée sur elle-même, Ce charbon ayant été incinéré dans un creuset. de platine, n'a pas laissé une quantité pondérable de cendres. À 2°. Dans le serpentin de verre et dans l'hémisphère supérieur. - du ballon, environ 5, grains d'huile essentielle arès-inflammuable, cristallisée en lames brillantes;, transparentes et sentant le ben- join. Elle étoit soluble en alcohol, et précipitable par l'eau, et probablement semblable à l'huile, essentielle que produit l'al- Ë cohol. La plupart de ces cristaux étoient salis par une huile brune empyreumatique qu'ils laissoient pour résidu après leur volatilisation à la température atmosphérique. RE RP PE DE LPC RENE T ORDER -ET EN PUMRNNES VB 19 DES ON LS EMMA REP re Lussac, consignées dans la Statique chimique de M. Berthollet, vol. I; , PP: 904 et 5og. Lt ET D'HISTOIRE NATURELLE. 34r 3°. Dans l'extrémité du tube de porcelaine qui ressorto t du fourneau, et dans le serpentin, et enfin en plus grande quantité encore dans le ballon , 43 grains d'huile presque noire, en partie liquide et en partie en consistance de miel; elle avoit une odeur de benjoin, mélée d'empyreume ; elle étoit soluble en alcohol et insoluble dans l’ean; elle étoit âcre; mise en petite quantité sur les lèvres, elle y a excité de la douleur et de la suppuration. Lorsqu'elle étoit étendue sur du papier , elle s'y séchoit et laissoit appercevoir, à l’aide du miscroscope, de petits cristaux jaunes qui n'étoient pas volatils comme les précédens, à la température atmosphérique. 4°. Une goutte d'eau trouvée dans le serpentin, et pesant environ 3 grains; elle étoit sans couleur ; elle sentoit le benjoin; elle répandoit des. vapeurs à l'approche de l'acide muriatique ; elle ne changeoit pas sensiblement livfusion de tournesol, et si elle y produisoit quelque effet, c’étoit en la rougissant. Il n'y avoit point d’eau dans le ballon. 5. Enfin j'ai obtenu, à 27 pouces 3 lignes du baromètre, et à 16 degrés du thermomètre de Réaumur, 5541 pouces cubes de gaz hydrogène oxicarburé , sans mélange de gaz acide carbonique; mais ce gaz avoit entrainé avec lui, dans les ré- cipiens, une fumée jaune , épaisse, douée d’une forte odeur de benjoin et d'empyreume. Cette vapeur s'est perdue en partie dans l’eau de la cuve qui, par l'effet de ce mélange, a laissé surnager, après quelques jours de repos, une pellicule insoluble. Lorsque j'ai fait détoner le gaz inflammable , immédiatement après sa formation , et pendant que la vapeur y étoit suspendue, il a produit plus de gaz acide carbonique, que lorsqu'elle a été condensée : ainsi tout indique que cette fumée étoit de l’huile yaporisée. Le gaz n'a été pesé et analysé que vingt-quatre heures après son extraction et l’entière disparition de la Yapeur. Celui qui s’est formé dans les premiers périodes de la distillation , étoit plus léger et contenoit moins de carbone que celui qui s’est produit sur la fin, quoique la chaleur du tube de porcelaine ne variät point, En prenant un terme moyen entre trois pesées de ce gaz formé au commencement, au milieu, et sur la fin de l'opération, j'ai trouvé que les 5541 pouces cubes pesoient 948 grains (1). - RE de LE PT REED 4 |": SERPENT OUTRE 24 (M7 . (1) Donc à 28 pouces du baromètre, et à 10 degrés du thermomètre de Réaumur, 1000 pouces cubes de gaz hydrogène oxicarburé pèsent 285 grains. Celui que les chimistes hollandois ont obtenu d’unéfdistillation semblable ; 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les produits immédiats de la décomposition de 1103 grains d’éther sont donc, 948 grains de gaz hydrogène oxicarburé. ,2 de charbon. î 46 . d'huile en partie volatile. CE d’eau. Somme 1002,25 gaz. 100, 75 Perte due à la fumée huileuse entraînée par le 1103 En analysañt avec l’eudiomètre de Volta, le gaz de tous les récipiens, et en prenant un terme moyen enire ces analyses, j'ai trouvé que 100 parties, volume, de ce gaz hydrogène oxi- carburé, consommoient, pour leur combustion , 145 parties de gaz oxigène , en formant de l’eau, et 88 parties de gaz acide carbonique. Quant au gaz azote, je n’en ai pas plus retrouvé après la combustion , que je n’en avois ajouté avec le gaz oxigène qui l'a produite. La plupart de mes analyses eudiométriques ontmèême indiqué que ce gaz azole introduit avant la combustion, avoit subi une petite diminution par l'effet de la détonation (1). La goutte d’eau trouvée dans le serpeniin adapté au tube incan- pesoit, dans les mêmes circonstances , 526 grains (Journ. de Phys.,t. XLV, p. 187.) Celui que M. Cruiksanks a prodit, pesoit 297 grains. Suivant cet auteur, 100 pouces cubes de ce gaz consomment 176 pouces cubes de gaz oxigène , en formant 108 pouces cubes de gaz acide carbonique (Biblioth. brit., Sc. et Arts, vol. XVII.) Rien n’est plus variable que le poids et la composition de ce gaz suivant le degre de feu, le diameterdu tube incan- descent, son inclinaison dans le fourneau , et enfin l’époque de l’expérience où le gaz a été recueilli. Je crois que si ce chimiste l’eût pesé et analysé dans tous les périodes de son développement, il y auroit trouvé moins de carbone. Je ne parle ici que de la quantité de gaz acide carbonique , produite par la combustion du gaz inflanimable , et non pas de la quantité absolue de carbone que cet auteur lui attribue : celle-ci paroit moindre que la mienne, parce qu'il a admis beaucoup moins de carbone dans le gaz acide carbonique. (1) Cette condensation de gaz azote , suivant les expériences de Humboldt et de Gay-Lussac (Journal de Physique, vol. LX, p. 151), n’a pas lieu par la détonation du gaz hydrogène pur dans l'air atmosphérique. Les cir- constances ne sont point les mêmes dans nos opérations , parce que l'hydro- gène est plus condengé dans le gaz hydrogène oxicarburé: de l’éther, que (e) | ET D'HISTOIRE NATURELLE. déscent, m'a donné, à l'approche de l'acide muriatique, des indices de vapeur ammoniacale ; mais ce genre d'épreuve est souvent illusoire , et comme d'ailleurs il m'est impossible d’afir- mer que mon éther ne contienne point d’alcohol, l'existence de l'azote dans l'éther peut rester indécise. Lorsqu'on applique le calcul que nous avons fait, S V, pour l'analyse du gaz hydrogène oxicarburé de l’alcoho! , aux ré- sultats que nous venons d'obtenir de la détonation du gaz hy- drogène oxicarburé de l'éther, on trouve que 100 parlies en poids de ce dernier gaz contiennent, 56, 12; parties de carbone, 45 17, 45 d'hydrogène. 26,45 d'oxigène. 100 L'analyse de ce gaz comparée à celle de l'alcohol, doit déjà nous donner un appercu sur la composition de l'éiher, et nous montrer que cette liqueur contient à poids égal, plus de carbone et d'hydrogène, mais moins d’oxigène, que l'alcohol; car ce gaz hydrogène oxicarburé forme à lui seul plus des trois quarts du poids de l'éther que j'ai décomposé. Le quart que je néglige n'est presque que de l'huile, en partie fixe, en parue volatile, et qui doit avoir des rapports de composition avec l’éther. Mais comme l'huile ne contient guère que du: carbone et de l’hydrogène, d’après l'analyse de Lavoisier, il suit qu'en s’en rapportant, pour la composition de l'éther, aux proportions des élémens du gaz que'je viens d'analyser , on a des résultats encore trop foibles en hydrogène et en carbone, et trop forts en oxigène. C'est ce que nous confirmerons par l'opération suivante, qui donne des résukats plus précis. SIL Analyse de l'Ether par la détonation de sa vapeur élastique. J'ai suivi pour la préparation du gaz oxigène dilaté par la vapeur de l'éther, et pour l'estimation du poids de ceite vapeur, dans le gaz hydrogène pur. Cette diminution de gaz azote n’a pas paru dans la combustion du gaz inflammable de l’alcohol , soit parce que ce dernier contenoit déjà de l'azote, soit parce que l’hydrogène est mois condensé dans le gaz hydrogène oxicarburé de l’alcohol, que dans le gaz hydrogène oxicarburé de l’éther, et même que dans le gaz hydrogène pur. 2, , 944 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les mêmes procédés que ceux que j'ai appliqués à la vapeur de l’alcoho!, $ IT. Je crois inutile de revenir sur ces mani- pulations. Je donnerai seulement un exemple de leurs résultats, le baromètre étant à 27 pouces, et le thermomètre à + 18 degrés. Cette opération est celle qui m’a paru la plus exacte, entre cinq expériences faites par le méme procédé, et qui n’ont toutefois offert que de légères diférences. La force élastique de mon éther, ou la dépression qu’une goutte de cette liqueur, introduite dans le vide du baromètre, faisoit subir à la colonne de mercure, étoit de 16 pouces +- 9 lignes. On trouve en appliquant ce résultat à la formule de Dalton E= qu'un volume d'air égal à 1, dans lequel on doit ", introduire de l’éther, occupera par l'expansion de la vapeur éthérée, un volume égal à 2,654r. J'ai obtenu le méme résultat en faisant passer une goutte d'éther dans un récipient plein d'air sur du mercure, et en mesurant cet air avant et après sa dilatation. : Donc 1000 pouces d'air atmosphérique éthéré ou dilaté par la vapeur de l'éther, contiennent 379,65 pouces cubes d’air atmosphérique pur, qui pesoient alors 161,9 grains. J'ai trouvé par une expérience directe , que 1000 pouces cubes d'air atmosphérique éthéré, pèsent 816,37 grains. Donc 1000 pouces cubes de vapeur éthérée pure pèsent, dans l’air atmosphérique , 816,37 — 161,9 — 654, 47 grains , d’après le principe que la vapeur élastique a le même poids dans le vide et dans l'air. ( Foyez la note à la fin de ce Mémoire.) Le gaz oxigsène éthéré, ou dilaté autant qu'il peut l'être, à la température atmosphérique, par la vapeur de l'éther, ne senflamme point par l'étincelle électrique. Ce résultat vient de ceque la vapeur éthérée est trop abondante, ou, en d’autres termes, de ce que le gaz oxigène est trop rare. Le gaz oxigène alcoholisé ne s'enflamme pas non plus, mais c’est par une cause opposée et qui tient à ce que la vapeur alcoholique est trop rare ; car lorsqu'on ajoute au gaz oxigène alcoholisé du gaz oxigène pur, la vapeur ne s'enflamme point, parce qu'elle est encoie plus raréfiée, tandis que si l’on ajoute au gaz oxi- gène éthéré du gaz oxigène pur, la vapeur éthérée s’enflamme. J'ai mélé sur du mercure 100 parties, volume, de gaz oxigène éthéré, avec 504 parties de gaz oxigène, et je les ai fait détoner par l'étincelle électrique. L'explosion a brisé les eu- diomètres qui n’étoient pas très-épais, Les 604 parties de fluide PONT STe ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 345 aériforme qui, avant la détonation contenoient, en raison de la vapeur éthérée, 541,96 parties de gaz oxigène, ont été réduites par leur combustion , à 344,31 parties , dans lesquelles une seconde analyse eudiométrique a démontré 230,51 parties de gaz acide carbonique, et 113,80 parties de gaz oxigène. Le résidu de la première opération contenoit une rosée qui a paru aqueuse et sans odeur. Donc 100 parties, volume, de vapeur éthérée, consomment 428,15 parties de gaz oxigène (1), en laissant pour résidu de l'eau, et 230, 51 parties de gaz acide carbonique. On doit en conclure que le gaz oxigène a. brûlé 395,28 parties de gaz hy- drogène contenu dans l’éther. En admettant que les nombres que je viens. d'indiquer représentent des pouces cubes, et en leur substituant les poids qui leur correspondent, le baromètre étant, à 27-pouces ; et thermomètre à + 18 degrés, on trouve que 100 pouces cubes de vapeur éthérée pèsent 65,447 grains, et qu'ils contiennent, 1° Le carbone de 250,51 pouces cubes de gaz acide car- bonique, soit 38,64 grains de carbone ; 2° 595,28 pouces de gaz hydrogène, qui pésent 12,62 grains ; 3° Une quantité d’oxigène et d'hydrogène représentée par 14,187 grains d’eau. En substituant à l’eau ses élémens, et en rapportant tous les résultats de l'analyse à 100 parties en poids d'éther, on voit qu'elles contiennent, 59,04 parties de carbone. 21,86 d'hydrogène. 19,1 d’oxigène. 100 Ces résultats reviennent à l'expression suivante : 10 grains d'éther consomment pour leur combustion, 61 pouces cubes de gaz oxigène, à 28 pouces du baromètre et à 10 degrés (1) Si l’on mêle au gaz oxigene éthéré une quantité de gaz oxigène infé— rieure, ou précisément égale à celle qui est nécessaire pour consumer toute la vapeur éthérée; il se dépose de la suie ou une poussière noire contre les parois de l’eudiometre, et 1l reste du gaz oxigéné libre dans le résidu aéri- forme de la détonation. Cette suie ne paroît point lorsqu'on fait détoner le gaz oxigène éthéré, avec une quantité de gaz oxigène tres-supérieure à celle qui est requise pour brüler toute la vapeur éthérée, Tome LXIV. AVRIL an 1807. Xx 346 JOURNAB DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du thermomètre de Réaumur , en formant de l'eau et 32,85 pouces cubes de gaz acide carbonique. L'analyse dont je viens de donner le détail, a été répétée quatre fois. Le terme moyen de ces quatre opérations indique dans 100 parties d’éther , 58,2 parties de carbone. 22, 14 - d'hydrogène. 19,66 d'oxigène. +100 SET Examen de l'eau produite par la combustion de l'Ether. J'ai admis jusqu'à présent que le résidu liquide de la com- bustion de l’éther étoit de l'eau , mais sans en avoir d’autre preuve que celle qu'a pu me donner l'examen très-superficiel dé la légère rosée qui se forme dansl’eudiomètre , par l'inflam- mation de la vapeur éthérée. Il me reste à examiner jusqu'à quel point ‘cette supposition étoit fondée. J'ai fait brûler plusieurs oncés d'éther dans l’appareil imaginé par Meusnier, pour obtenir l’eau qui se produit dans la com- bustion de l’alcohol. Cette eau ainsi obtenue de l’éther, est sans couleur, sans odeur et sans saveur , à la réserve de quelques traces d'empyreume qu'elle perd par son exposition à l'air. Elle a la méme pesanteur que l'eau distillée à lagnelle elle se méle sans se troubler; elle n'est précipitée ni par le nitrate d'argent , ni par l’eau de chaux, ni même par l’acétate de baryte. Lorsque j'ai réduit par l'évaporation une once du liquide que j'examine, à £ème de son volume primitif, l'acétate de baryte y a produit un nuage impondérable. Pour évaluer par un autre procédé la quantité de soufre contenue dans l'éther sulfurique;, j'ai fait dissoudre une once de cette liqueur dans 14 onces d'eau. La dissolution a été traversée pendant dix heures par un courant de gaz acide muriatique oxigéné. L’éther a été en partie décomposé, mais la solution qui contenoit les produits de cette décomposition n’a été légérement troublée par lacétate de barÿte, que lorsqu'elle a été réduite à un quart d'once par l'évaporation. Il' est im- possible de. croire, d’après la foiblesse de ces résultats, que l'éther- sulfurique puisse tirer quelques-unes de ses propriétés essentielles de la présence du soufre. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347 L'eau obtenue de l'éther par l'appareil de Meusnier , étoit troublée en brun-foncé par l’hydro-sulfure de potasse. Ce pré- cipité venoit du plomb qu'elle avoit enlevé au serpentin de cet appareil. Elle répandoit des vapeurs ammoniacales très-abondantes, à l'approche de l’acide muriatique, et il m'a paru qu'elle verdis- soit foiblement le sirop de violettes; mais ce changement de couleur n’avoit certainement point lieu avec l'eau obtenue de la combustion de l'éther , sous l'orifice d'un récipient de verre. Dans ce dernier procédé la distillation est plus lente, parce que l’on perd une plus grande quantité d'eau vaporisée; celle qu’on recneille ayant été plus long-temps exposée à l'air, à laissé volatiliser plus d’ammoniaque. Une once d'eau obtenue de l’éther par l'appareil de Meusnier, et reçue dans une bouteille où j'avois versé quelqués gouttes d'acide muriatique, afin de saturer les vapeurs ammoniacales pendant la distillation, a été évaporée à siccité, à la termpé- rature atmosphérique ; elle a laissé pour résidu du muüriate d’ammoniaque sec et bien cristallisé ; mais mélé à un peu de muriate de plomb. Le muriate d'ammoniaque séparé du sel métallique par une nouvelle dissolution et cristallisation, à pesé un grain et trois dixièmes, Il étoit donc icien plus grande proportion que dans l’eau obtenue de la combustion de l’al- cohol, $S IV. Quoiqu'il soit possible que l’éther contienne un peu d'azote, j° doute que l’'ammoniaque trouvé dans le produit aqueux de a combustion, provienne en entier de l’éther. Quelque soin que jaye mis à mes épreuves eudiométriques , je n'ai pas pu m'assurer que le gaz azote ne se condense pas en ammoniaque dans la combustion de la vapeur éthérée, mes résultats sur ce point n’ont pas été uniformes. Le plus grand nombre d’entre éux ont montré cette condensation , et je suis porté à l'ad- mettre, parce que les manipulations et les petites erreurs qui gont attachées d’ailleurs au procédé eudiométrique de Volta, tendent à produire un effet contraire, c’est-à-dire à introduire du gaz azote dans Je résidu de la détonation (1). (x) Si l’on opère sur du mercure , il y a toujours dans ce métal; et dans quelques interstices de l’eudiomètre , un peu d’air commun qui vient 5e mêler au résidu de la détonation, pour remplir le vide qu'elle produit. Lorsque l'opération peut être faite sur de l’eau, l’air que ce liquide contient s’en sépare par la même raison, mais en moins grande quantité que du mercure. Xx 2 348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai fait évaporer à siccité, à une très-douce chaleur, 288 grains d’eau obtenue de l’éther brûlé, sous l'orifice d'un ré- cipient de verre, elle a laissé pour résidu un vernis transpa- rent qui pesoit au plus 5% de grain. Il attiroit l'humidité de l'air. Pour reconnoître si le liquide que j’examine contenoit de l'acide acétique . j'ai versé quelques gouttes de potasse dans 288 grains d’eau obtenue par le même procédé que la pré- cédente. La dissolution a été saturée de gaz acide carbonique, puis évaporée à siccité, et enfin lavée avec de l'alcohol: il ya dissous un sel blanc qui pesoit 0,7 grain et qui se resolyoit très- promptement en liqueur par son exposition à l'air. Il avoit tous les caractères de l’acétate de potasse. Les expériences que je viens de rapporter m'ont donc indiqué, daus l’eau produite par la combustion de l'éther, la présence de l’acétate d'ammoniaque, d’une quantité impondérable d'acide sulfurique, et d’un léger vernis déliquescent dont je n’ai pas pu déterminer la nature. Mais le poids reuni de toutes ces sub- stances paroît si petit, relativement à l'eau qui les tient en dissolution, qu’il ne peut pas introduire de grands changemens dans les proportions de carbone, d'hydrogène et d’oxigène, que ma dernière analyse a assignées à l'éther. SN Application des Analyses précédentes à la recherche des changemens que l'Alcohol subit pour se transformer er éther. En m’occupant ici, des changemens qui s'opèrent dans la trans- formation de l’alcohol en éther, je considérerai seulement les proportions d’oxigène, d'hydrogène et de carbone, etjenégligerai l'azote dont l'existence est certaine dans l’alcohol, mais encore douteuse dans l’éther, quoiqu'il soit démontré que l’eau produite par la combustion de f'éther, à l'aide de l'air atmosphérique, contient une quantité notable d’ammoniaque. Gent parties d'alcohol sont Cent parties d’éther sont com- composées, $ V, de posées, $ VIII, de 43 + parties de carbone, 59 parties de carbone. 38 d'oxigène. 19 d’oxigène. 25 d'hydrogène. : GYX d'hydrogène. 3E d'azote. azote. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 549 Ces résultats montrent qu'à poids égal, l'éther contient beaucoup plus de carbone et d’hydrogène , mais beaucoup moins d'oxigène que l’alcohol. M. Berthollet avoit déjà con- sidéré (1) l’éther comme un produit qui devoit ètre plus by- drogéné et moins oxigéné que l'alcohol. Le résidu du mélange de l’acide sulfurique avec l’alcohol, tient en suspension , après la séparation de la liqueur éthérée, une matière bitumineuse ou résineuse (2) très-chargée de car- bone. L'on demandera, sans doute, comment il est possible que l’éther contienne plus de carbone que l’alcohol, puisque cette dernière liqueur a laissé précipiter une partie de cet élément, pour se transformer en éther; maïs il faut observer que ce résidu contient aussi de l'oxigène et de l'hydrogène , qui se trouvent soit dans la substance bitumineuse, soit dans l'état d'eau, et que , si cet oxigène et cet hydrogène sont enlevés à l’alcohol en plus grande proportion que le carbone, ce dernier doit rester prédominant dans l’éther. Pour juger si mes analyses conduisoient à cette explication, j'ai recherché la quantité d’éther qu’un poids déterminé d’al- ‘cohol peut produire, et j'ai trouvé, par approximation, que deux parties d'alcohol fournissoient, dans leur décomposition totale, une partie d'éther rectifié. J'ai obtenu ce résultat par les opérations suivantes : 100 parties d'esprit de vin commun, dont la pesanteur spé- cifique étoit 0,845, et qui contenoient So parties d'alcohol absolu et 20 parties d'eau, ont produit, par leur mélange avec un poids égal d'acide sulfurique, 60 parties de liqueur éthérée non rectifiée , en arrêtant la distillation, au moment où l'odeur sulfureuse devenoit prononcée , et où l'huile commençoit à paroître. Je n'ai recueilli directement que 53 parties de liqueur éthérée, mais j'ai trouvé, qu'il s’en étoit produit 60 parties par la différence qui s’est trouvée avant et après la distillation, dans le poids de la cornue qui contenoit le mélange de l'esprit de vin et de l'acide sulfurique. On n’ignore point qu'il se perd dans cette opération une certaine quantité d’éther en vapeur, dont il seroit impossible d'évaluer autrement le poids. J'ai con- tinué à estimer, dans les opérations suivantes, le produit de la distillation par le poids de son résidu. ; Les 53 parties de liqueur éthérée, que je suppose égales (1) Statique chimique, vol. Il, p. 531 et suiv. (2) Jbid, et Proust, Mémoires des Sayans étrangers, Institutnat., T. I. 550 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à 60 parties, ont été mélées à de la potasse en liqueur ; elles m'ont fourni, par les procédés connus de rectification, 25,25 parties d'éther. Le résidu de cette rectification, qui devoit être égal à 34,75 parties, a été séparé de la potasse par la distillation; elles étoient miscibles à l’eau en toute a rt etavoient à très- possprée la pesanteur spécifique de l'esprit de vin commun. e les ai mélées avec leur poids d'acide sulfurique , et elles ont produit 25,25 parties de liqueur éthérée qui, ayant été mélées avec de la potasse, ont produit, par leur rectification, 10,5 parties d'éther. Le résidu alcoholique de cette rectification , a été séparé de la potasse, et mélé pour la troisième fois avec de l'acide sulfurique , j'en ai obtenu 3,2 parties d’éther rectiñié. Les 80 parties d'alcohol absolu ont donc produit dans toutes ces opé- rations , 25,254 10,5 + 3,2—538,75 parties d'éther, ou à très-peu-près la moitié du poids de l’alcohol absolu employé pour cette expérience. Dix parties d’eau ne dissolvoient pas entièrement une partie de cet éther. Sa pesanteur spécilique étoit égale à 0, 736, à 16 degrés du therm. Je ne l'ai paslavé avec de l’eau, mais il auroit été plus léger si j'eusse pu prendre la pesanteur de celui qui sest volatilisé. Je n'ai pas tenu compte d'une petite quantité d'esprit de vin qui, suivant l'observation de Proust, reste toujours mélé avec l'acide sul- furique, après Ja première séparation de l’éther. Je crois donc ne m'éloigner que très-peu de la vérité, en disant que 200 parties d'alcohol absolu produisent , dans leur décomposition totale, 100 parties d'éther d’une densité égale à 0,717 à 16 flagrée du thermomètre de Réaumur. i l'on prend la différence qui se trouve entre 200 parties d’alcohol et les 100 parties d’éther qui en sont provenues, en réduisant ces deux liqueurs à leurs derniers élémens, on aun reste égal à 100 parties qui expriment, abstraction faite de l'acide sulfurique , les élémens que laisse l’alcohol après la sé- paration, de l'éther et qui contiennent, 28 parties de carbone. 57 d’oxigène, 8 d'hydrogène. d'azote. Ce résidu doit donc contenir une quantité considérable de carbone, quoique l’éther en soit plus chargé que l’alcohol. On ET D'HISTOIRE NATURELLE, . 351 remarquera en outre dans ce résidu, des quantités d'oxigène et d'hydrogène qui se trouvent entre elles, environ dans le rapport qui constitue l’eau, ou dans celui de 7: 1. On doit donc admettre que 100 parties d'éther sont à-peu-près égales à 200 parties d’alcohol moins 28 parties de carbone et moins 65 parties d’eau dont l'acide sulfurique a déterminé la for- mation. La substance noire précipitée de l'alcohol, n’est cependant pas, comme nous l'avons dit, du carbone pur : il ne paroit pas non plus que le liquide que l'acide sulfurique forme avec les élémens de l’alcohol, soit de l’eau pure. Il se fait ici, comme dans toutes les décompositions (1) opérées entre des substances qui ont une constitution très-mobile et peu de disposition à la solidité, une séparation imparfaite des produits. Je n’ai pu parvenir dans ce Mémoire qu à des approximations; mais dans un genre de recherches aussi difficiles, ces résultats sont les seuls que l’on puisse obtenir. Ils ne pourront acquérir une grande précision que par des analyses répétées et succes- sivement perfectionnées. Note sur la vapeur de l'Ether, $ VIT. J'ai donné dans un Mémoire lu à la Société de Physique et d'Hist. nat. de Genève (Décembre 1804), les détails d’une expé- rience destinée à prendre directement la pesanteur spécifique de la vapeur élastique de l'éther dans le vide. Les conclusions que M. de Laplace a tirées des observations de Watt, de mon père et de Gay-Lussac, montrent d'une manière décisive, que la vapeur élas- tique de l'eau se trouve en même quantité dans le vide et dans l’air sous une même température (Traité élémentaire de Physique, par Haüy, vol. [, p. 182); mais on ne pouvoit appli- quer la même loi à l’éther, que par analogie, ou que sur des expérienees très-indirectes. ( Ÿ’oyez celles que M. Dalton «a faites sur l'évaporation de cette liqueur. (Bibliothèque Brit., Sciences et Arts, vol. XXI, p. 14.) Je me suis procuré un matras dont la boule avoit une ca- pacité de 30 pouces cubes et un col cylindrique long de 32 pouces , mais large d’environ 3 lignes; j'ai mesuré sur ce col une longueur d'environ 2 pouces, et j’ai pesé la quantité d’éther qui étoit requise pour remplir cette petite partie du col. Le 1) Statique chimique de Berthollet. 552 JOURNALDE PHYSIQUE, DE CHIMIE matras a été rempli de mercure à la réserve d’un espace égal à celui de la petite colonne qui avoit été mesurée, et qui a été rempli d'éther. J'ai fermé ensuite pour un instant l’onifice du matras , et je l’ai renversé dans un bain de mercure où cet orifice a été ouvert. Le matras est devenu une espèce de ba- romètre imparfait, terminé dans sa partie supérieure par une boule creuse, vide d'air, mais qui s’est remplie de vapeur éthérée. La longueur de la colonne d'éther, précédemment mesurée , a été diminuée de plus d’un tiers par la formation de la vapeur dont je viens de parler. Cette diminution réduite en poids et comparée à la capacité de la boule du matras, m'a donné le volume et le poids de la vapeur éthérée dans le vide, et m'a montré qu'ils étoient égaux (autant du moins qu'on pouvoit l’attendre d’une expérience faite sur 30 pouces cubes) au volume et au poids que j'ai trouvés à cette vapeur dans l'air atmosphérique , dans le gaz azote et dans le gaz hydrogène. La vapeur alcoholique est trop légère pour offrir par ce procédé des résultats suflisamment prononcés. Il y a dans cette expérience des précautions à prendre et faciles à trouver, 1° pour expulser à la surface du mercure contenue dans le baromètre, une petite quantité d'éther liquide qui se loge dans l'acte du renversement, entre le mercure et les parois intérieures du col. On y parvient en l'entourant avec un linge assez chaud pour réduire cet éther en vapeur élas- tique. 2°. Il faut estimer par une expérience comparative et faite en même temps et dans le même lieu, avec un matras égal au précédent, le poids de l’éther liquide qui adhère en petite quantité contre les parois intérieures de la sphère rem- plie de vapeur éthérée. 3°. Il faut en bouchant le matras pour le renverser, que l’obturateur ne touche point l'éther. J'ai évité cette source d'erreur en fixant dans le col du matras près de son orifice, un tube fermé à son extrémité inférieure et rempli de l’éther destiné à cette expérience. J'ai trouvé, ainsi qu'un pied cube vide d’air ou plein d'air, peut contenir, sous une température de 18 degrés de Réaumur, environ deux onces d’éther invisible et dans l’état de gaz. Le poids extraordinaire de cette vapeur nous indique combien l’on perd d’éther en employant de grands vases ou des ballons enfilés les uns dans les autres, pour servir de condensateurs et de récipiens à la distillation de cette liqueur. La connoissance de la pesanteur spécifique des vapeurs, peut fournir de grandes ressources pour l'analyse chimique. A ET D'HISTOIRE NATURELLE. ] 853 A l'aide de cette donnée et er faisant détoner quelques pouces cubes de vapeur éthérée avec du gaz oxigène, j'ai pu déter- miuer avec plus de précision les proportions d'oxigène, d'hy- drogèr.e et de carbone dans l'éther, qu'en décomposant deux: onces de cette liqueur, par un tube incandescent, J'ai obtenu des résultats presque aussi exacts avec la vapeur alcoholique. On peut employer avec aussi Le de frais les vapeurs de’ V'éther, pour trouver les degrés d’aflinité de ce liquide avec différentes substances. J’ai introduit sur du mercure 12 grains de poix-résine concassée dans 20 mesures d'air atmosphérique dilaté par la vapeur de l'éther, et qui contenoient 10 mesures d'air atmosphérique pur avant lasdilatation. Les 20 mesures ©:cupoient une colonne de 6 pouces de hant, et de 6 lignes de diamètre; elles ont été réduites à 11 mesures, par la pré- sence de la poix sèche qui est devenue à demi-liquide en con- densant presque en totalité la vapeur éthérée. J'ai obtenu une condensation un peu moindre en employant 12 grains de suif. Les so mesures de vapeur éthérée n'ont été réduites qu'à 13 mesures. Le suif s'est ramolli. Douze grains de caoutchouk très-divisé ont réduit les 20 mesures à 15 mesures. Douze grains de camphre ont réduit les 20 mesures d'air éthéré, à 16 mesures. Le camphre s’est hutmnecté. Douze grains de cire jaune ont réduit les 20 mesures à 16: mesures, : La vapeur n'a eu que très-peu d'action sur la résine lacque. Les 20 mesures n'ont pu être réduites par 12 grains de ceite substance, qu'à 19 mesures. La gomme adragant en même dose, a fait subir à la vapeur Graïsse d'animaux. Je fis cette expérience sur la graisse d’un rognon de veau; mais je n'ose point assurer que les résultats eussent été les mêmes avec toute espèce de graisse. 100 grains de cette sub- stance avec une once d'acide sulfurique concentré, formèrent, au bout de quelque temps, une masse molle et noire; j’ajoutai ensuite une seconde once d'acide sulfurique et laissai digérer et chauffer le tout occasionnellement pendant environ trois mois. Six onces d’eau distillée, versées sur cette masse noire, donnèrent une masse noire d’une épaisseur uniforme que je filtrai à froid, après six ou sept jours de digestion. La liqueur qui passa étoit d'une couleur brune, qui devint noire pendant l'évaporation , laissant une portion considérable d’une sub- stance noirâtre sur le filtre, que j'ajoutai à celle ramassée par la première filtration ; j'arrosai le tout d’eau froide qui assa sans prendre de couleur; je versai alors de l'eau bouil- Due sur le filtre : une portion considérable de cette substance fut promptement dissoute, et il se forma une solution d'un brun noir qui précipita une grande quantité de gélatine. : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 393 … Lorsque ce qui restoit sur le filtre fut séché, je le ramassai, le fis digérer dans l'alcohol qui parvint à en dissoudre la plus grande partie. | La solution dans l’alcohol fut filtrée; mais, apparemment par l'effet de l'air, il se forma sur le filtre un dépôt considérab'e que l'alcohol parvint à dissoudre de nouveau, L'eau rendit la solution trouble, et il resta sur le filtre une substance noire un, peu brillante qui pesoit 41 grains. La liqueur filtrée et évaporée, laissa une substance d'un gris nôir qui pesoit 56 grains. Ceite dernière substance étoit très-inflatnmablé ‘ét donnoit en brûlant une odeur, particulière approchant de celle de la graisse et de l’asphalte; elle se refroidissoit aisément et se dissolvoit.. à l'instant dans,, l'alcohol froid ; d’où: l’eau la précipitoit comme :les substances résineuses. | Le résidu noir, légérement. brillant, qui pesoit 41 grains, étoit composé en partie de la substance ci-dessus mentionnée, et en partie de charbon; mais je me puis pas assurer la pro- portion de.ce, dernier. ; . J'exposaï aussi séparément, à l’action de l'acide sulfurique ci-dessus décrite, de l'a/humen .coagulé,et desrfbres muscu- daires préparées; il n'en résulta aucune substance capable de précipiter la gélatine ; je n’obtins que du charbon. Chacune des, substances employées dans ces expériences ; paroïît être différente, eu égard aux ellets progressifs que l'acide sulfurique produit sur elle ; mais toutes les autres circonstances étant semblables, il existe dans le procédé un certain période ,-où la production de la substance du tanest arrivée à son maximum , auquel succède une diminution graduelle, terminée par,une destruction totale. Ces effets sont produits à différens périodes suivant la substance qui peut être le sujet de l'expérience. Aussiest-il impossible, quant à présent, de préciser la quantité de substance de tan que l’on peut, dans des circonstances égales, obtenir de chacune des résines, des baumes, elc. : .. La substance du tan paroît étre tonjonrs la même, soit qu'on l'obtiennede la térébenthine ou de la résine commune , des baumes ou de l'assa-fætida, du camphre, ou enfin de quelqu'un des corps que j'ai indiqués plus haut. Ses effets sur les diflé- rens réactifs sont les mêmes. Par l'addition d’une petite por- tion d'acide nitrique, et l'évaporation subséquente, elle se change dans ce que j'ai appelé la première variété ; digérée avec l'acide sulfurique, elle est promptement détruite et devient du charbon Tome LXIV. MAI an 1807. Ddd L4 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pur. C'est pourquoi, dans le dernier cas, le méme agent qui l’a d'abord produite, devient à la fin la cause de sa destruction. Aussi voyons-nous que la substance du tan, quoique pouvant être obtenue dés résines et d'autres corps par l'acide sulfu- rique, et l'acide nitrique , varie dans le premier cas et se forme vers le milieu ou environ de l'opération , tandis que dans le dernier cas, c'est un effet invariable au-delà duquel aucun changement apparent ne peut avoir lieu, quand bien même on continueroit le procédé (1). IIIe SECTION. J'ai déjà dit que le caoutchouc et la gomme élastique n'éprouvoient d’altération qu’à leur superficie, lorsqu'ils avoient été digérés long-temps dans l'acide sulfurique. En effet, dilfé- rant des résines et de la plupart des autres corps qui furent soumis aux expériences précédentes , et qui tomboient en dissolution du moment où l'on versoit cet acide sur eux, ces substances au contraire restoient insolubles et se carbonnisoient seulement à leur surface. J’ajoute que l'acide nitrique ne pro- duit pas un changement aussi subit sur la gomme élastique que sur les autres substances bitumineuses. 100 grains de gomme élastique molle, digérés pendant trois semaines dans une once d'acide nitrique délayé dans une quantité égale d'eau , donnèrent une masse dure, un peu élastique ; de couleur orange; je versai une autre once du même acide non délayé sur cette masse , et laissai la diges- tion se continuer jusqu'à ce que le tout se fût évaporé. Le résidu en étoit visqueux et de la couleur ci-dessus. L'eau parvint à le dissoudre en partie et forma une liqueur d'un jaune foncé qui précipitoit la gélatine en abondance. Cette liqueur avoit les autres propriétés de la substance du tan, que donnent les résines, etc. , au moyen de l'acide nitrique. Une masse de couleur orange resta encore ; elle fut prompte- ment dissoute par l’alcohol, d'où une copieuse addition d'eau la précipita. Cette substance, dans plusieurs de ses propriétés, ressemble aux résines ; mais dans d’autres elle paroit approcher de celles qui caractérise la matière extractive des végétaux. On la crei- rss, (1) Dans mes premiers Mémoires sur ce sujet, j’ai observé que la sub- stance du tan , produite par l’acide sulfurique, avoit beaucoup moins de force que celle obtenue au moyen de l’acide nitrique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 roit la même que celle dont j'ai dit un mot dans mon pre- mier Mémoire, ét que j'avois obtenue de plusieurs charbons de terre et bitumes traités avec l'acide nitrique. J'y ai depuis fait plus d'attention pendant le cours des expériences suivantes : Je Jaissai digérer avec, de l'acide nitrique du charbon de Kilkenny, qui progtessivement , quoique avec peine, se changea dans cette variété de substance de tan dont j'ai parlé si souvent. Les mêmes expériences furent répétées sur la méme espèce de charbon du pays de Galles, que m'avoit donné mon ami, M. Tennant, ainsi que sur du charbon de Pensilvanie , dont l'envoi m'avoit été fait par le professeur Woodhouse. Tous ces charbons furent convertis en substance de tan, maïs ne donnèrert aucun produit semblable à celui obtenu de la gomme élastique. Le contraire cependant arriva lorsque j’employai le charbon commun ou le charbon Cannel, où l’asphalte. En effet, après avoir traité ces substances suivant le procédé ci-dessus, et à une époque où la digestion n'avoit pas été trop long-temps prolongée , j'obtins de 100 grains de chacune d'elles, sépara- üon faite du lan, le résidu suivant : De 100 grains de charbon commun de Neucastle, 0 grains: De 100 grains de charbon cannel............... 56 De 100 grains d'asphalte pur.................. 8 Les substances ainsi obtenues se ressembloient pour leur caractère extérieur, qui étoit un brun pâle approchant de la couleur du tabac d'Espagne. Leur fracture interne offroit un brun foncé, avec le lustre de la résine, dans un degré con- sidérable. Exposées à la chaleur, elles ne fondoient pas aisé- ment; mais à peine enflammées, elles donnoient une odeur de résine et d'huile grasse tout ensemble, et produisoient un charbon extrémement brillaut, beaucoup plus volumineux que la substance primitive. L'alcohol la dissolvoit complétement, et en ajoutant à une solution saturée de l’eau en abondance, on obtenoit un pré- cipité; mais après chaque précipitation il restoit toujours une portion que l'eau avoit di-soute, qui agissoit sur les diflérens réactifs d'une manière semblable aux solutions de la matière extractive des végétaux. L’odeuren étoit piquante et jusqu'à un certain point aromatique; ensorte que les résidus obtenus soit du charbon de terre, soit.du charbon cannel eu de l'asphalte, sembloient posséder les propriétés intermédiaires entre celles de la résine et celles de la substance extractive végétale. Ils sembloient néanmoins s'éloigner un peu de la substance du oO 398 TOURN EAU ME PUVMSIQUE; DÉICHIMIE tan : en effet ,digérés danslune petité quantité d'acide nilrique, el évaporés,. ils.sé changeoient aussitôt en tÂn.; mais digérés avec [l'acide sulfurique , ils se réduisoient promptément en charbon; RIRE bye SEC PONS 172510 2e 201601 > ITU Ù 2 2H s Dans Ja Ve Section de mon second Mémoire , j'ai fait quel- ques ‘remarques sur les décoctions obtenues des substances végétales qu'on avoit fait griller aupardvant ; et quoique cés décoctions ; une seule: fois rexceptée ; n'aient donné aûcun précipité permanent avec la:gélatiie, cependant je dis alors que. Je ne neroyois) pas! qu'ont dût en conclure que de sem- blables décüctions , faites avec dércértains procédés, ne pus- sent pas posséder occasionnellement les propriétés qui caric- térisoient les substancesitannantes. J'ai observé en outre, dans le même Mémoire , que toutes ces décoctions, en y ajoutant une petite portion d’acidé nitrique, et au moyen de lPévapo- ration subsquente ; se convertissoient dans cétté variété de substance: dé tamique produit l'action: de l’atide nitrique sur les substances carbonneuses. Je: vais exposer iéi quelques-unes de,cas éxpéniences qu& j'ai étendues depuis °°° Le Exp. Je fis digérer . pendant environ‘ 1% heurés , dans trois oncès d'eau distillée 200 grains d’écorce fraîche de chä- taighier sauvage.! La liqueur étroit d’un brun pâlef, et donna, lorsque j'y eus ajouté une solution de collé de poisson, un précipité d’un brun: un peu 1pâle. 21 c HF. ' 200, grains: de ‘Ja même écorce lépérémént grillée ,'et que, je laissar digérer ensuite dams trois énces d'eau, donnèrent une décoction d’un: brun foncé que là gélatine ne rendoit pas trouble. ip) À À IIIe. L'expérience ci-dessus achevéé , j'ajoütai les mêmes écorces au reste de la liqueur filtrée ; je véréaiian quart d'once d'acide: nitrique:sur les tout, qui fut lors digéré ét évaporé à siceité. Geite masse ,. quetj'infusai ensuîte ‘dans l'eau ; donna une liqueur épaisse d'um:brag rougeätre, que la sélution dé colle de poisson précipitéitiemlabondarnceés © 7 MD TN IVe. Je pilai 200 grains de chätaigier sauvage dont j'avois employé l'écorce pour tes premières expériences, et les fs digérer dans trois oncas d'eau. Baliqueur étit trouble ét d'un rouge) pâles ja; la passai: ad: filter peaçoutat un peu de so lution de. coile dé’poisson kmsaïs1o4ns2Aué@ineffet. 11° | V£:200 grains des: ménrés lthäthigmiérs Régéremetit. grillés f Nr V7 ol) ecemiontéèm 119101069192 N,Hocne { ET D'HISTOIRE NATURELLE. 897 et traifcs avec l'eau e-déssus décrite, donnèrent une décoc-= tion d'un brun foncé que la colle de poisson ne troubla pas, VIe. Les chätaigniers employés dans l'expérience précédente, ainsi que le restant de la liqueur, furent digérés ayec un quart d'once d'acide nitrique , jusqu’à ce que le tout fût devenu sec; je versai ensnite de l’eau dessus, la digestion se fit et la liqueur d'un brun foncé qui se forma, donna , en y lajontant une solution de colle de poisson, un précipité considérable, Il paroit, d'après ces expériences, que la petite portion de tan que les écorces de châtaigniers renfermoient originaire: ment, fut détruite en les faisant griller ; que la décoction brune subséquente, obtenue d'écorces grillées et de chä- taigniers sauvages, ne put point agir sur la gélatine , Iiais que ces substances se changèrent promptementen tan artificiel, au moyen de l'addition d’une petite portion d'acide nitrique et de l'évaporation subséquente. Les premières préparations de.substance artificielle de tan dont j'ai parlé dans mon premier Mémoire, furent faites avec les charbons différens ci-dessus décrits, : digérés avec de l'acide nitrique; et comme j'ai obtenu par le méme acidedes pro- duitssemblables de diverses décoctions de substances végétales grillées , il n'y a point de doute que ces substances, lorsqu'elles ont été grillées, ne présentent parla digestion dans l'eau, des solutions essentiellement composées de matière carbonnense approchant de l’état de charbon, quoiqu’elles ne soient point absolument changées dans cette dernière substance; car autre ment la solubilité: dans l'eau cesseroit d'avoir lieu: Mais ce charbon n'est, selon toutes les apparences, autre chose que le charbon oxidé jusqu’à un certain degré, et qui peut être formé par un procédé humide, comme par un pro- cédé sec. la, J'ai déjà donné des exemples d’opérations dans lesquelles l'acide sulfarique a produit cet'efet , qui paroît étre le même à quelque modification près, lorsque la matière végétale tombe dans un état de. pattéfacüon. : En effet, lorsque cela arrive, comme dans le fumier, etc, , une grande quantité de la ma- tière charbonneuse-des substances: végétales primitives qui Paroïit alors ètre combinée avec l’oxigène , lui communique plusieurs des proprités du: charbon ; tandis que le composé pêut étré aisément dissous par l’eau. | Il ne faut pas cependant er conclure que parce procédé tous les autres principes élémentaires soient séparés de manière \ 398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'il ne reste que le charbon combiné avec l'oxigène. Il s’en- suit seulement que les autres principes sont tellement diminués que ces substances , c’est-à-dire la matière carbonneuse et l'oxigène prédominent dans un état approchant du charbon, quoique susceptible d’être dissous dans l'eau. J'ai tout lieu de croire que ces solutions sont à-peu-près semblables à celles données par les substances végétales qu’on a préalablement fait passer au feu; et quoique je n’en aie ob- servé qu'un petit nombre , je vais néanmoins rapporter ici quelques expériences tentées sur des écorces de noyer. Il est reconnu que ces écorces mises en petits tas pendant quelques jours, s'amollissent, deviennent une masse noire qui donne une liqueur d'un brun noir. Voici les expériences que j'ai faites sur elles. Ie Exp. Je mis digérer dans l’eau une once environ d'écor- ces de noyer devenues molles et noires. Ces écorces donnèrent une liqueur d'un brun foncé, que j examinai par une solution de colle de poisson , après qu'elle eut passé au filtre; mais il n'en résulta ancun effet apparent, IF. Je versai sur une égale quantité d'écorces de noyer noires et molles, une petite portion d'acide nitrique, et après qu'elle eut été digérée pendant environ cinq heures, je laissai le tout s’évaporer à sec. Le résidu étoit d'un brun orange, et laissoit voir une solution de la couleur de l'eau dans laquelle il avoit été digéré ; je fis passer au filtre cette solution qui devint trouble quand j'y eus ajouté une solution de colle de poisson, et qui déposa un précipité dur que l'eau bouillante ne pouvoit pas dissoudre. Jile. Je fis légérement griller une autre portion d'écorces de noyer que je laissai digérer dans l’eau. La solution brune fut filirée et donna un précipité clair avec la gélatine. IVe. Je versai sur le résidu de la dernière expérience , une petite quantité d'acide nitrique, à laquelle j'ajoutai un peu d’eau, et laissai digérer le tout pendant environ cinq heures, jusqu'à ce qu'il fût devenu parfaitement sec. L'eau donna avec cet acide une liqueur brune qui, au moyen d’une addition de solution de colle de poissen , offroit un précipité abondant. Une remarque que nous pouvons faire sur ces expériences, c'est que dans la première, la solution contenoit une ma- tière carbonneuse dans un état approchant du charbon. Eu etfet cette solution, traitée dans la seconde expérience avec l'acide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 599 nitrique , donna une portion de la même substance de tan, que produisent les différentes espèces de charbon avec cet acide, La troisième expérience paroit démontrer qu'une petite quantité d’une substance approchant de celle du tan, fut produite par le simple procédé de la grillade. A l'appui des trois premières vient la quatrième qui donna en abondance la matière de tan artificiel lorsque les substances végétales grillées eurent été traitées avec l'acide nitrique. Relativement aux substances végétales, a celles surtout qui renferment le tan, je vais rapporter ici quelques autres expé- riences. d J'ai observé dans mon second Mémoire (p. 288), que le tan des noix de galle étoit immédiatement détruit par l’acide nilrique. J'ai fait depuis cette époque les expériences suivantes. Le Exp. 100 grains de noix de galle réduits en poudre et infusés dans quatre onces d'eau, infusion à laquelle j'ajoutai de la solution de colle de poisson, donnèrent , comme de coutume, un abondant précipité d’un brun blanc. Sur une once de l'infusion ci-dessus, je versai un quart d’once d’acide nitrique, mais la solution de colle de poisson ne l’affecta en aucune manière. Il:. 100 grains des mêmes noix de galle, légérement grillés: et digérés dans quatre onces d’eau, donnèrent une liqueur brune que je passai au filtre. J'ajoutai à une partie de la liqueur ci-dessus, une solution de coile de poisson qui donna un précipité semblable au pre- mer, mais en beaucoup moindre quantité. J'ajuutai ensuite un quart d’once d’acide nitrique à une once de la même liqueur , après quoi je versai dessus un peu de dissolution de colle de poisson. Gette infusion devint alors trouble et donna une petite portion de précipité d’un noir foncé, semblable à celui que donne communément la substance artificielle du tan. lle. Le reste de la liqueur ci-dessus avec le résidu des noix de galle grillées, fut digéré dans un quart d’once d'acide nitiique jusqu’à ce que le tout fut devenu sec; je versai ensuite de l’eau dessus, il en résulta une solution d’un brun foncé qui, au moyen d'une addition de colle de poisson dissoute, oilroit un abondant précipité brun D'après ces expériences sur les noix de galle, il paroit que le tan naturel qu’elles renferment, est détruit par l'acide nitrique, que ce tan est aussi diminué, je pourrois méme dire détruit à la ‘400 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fu, par le procédé de la grillade; que lorsque les noix de galle n'ont pas été assez grillées pour perdre entièrement leur tan, ce qui en reste semble être détruit au moyen d'une addition, d'acide nitrique, tandis que dans le même temps une petite portion de substance artificielle de tan est produite, et que cette dernière est toujours donnée en abondance par les noix de galle grillées, lorsqu'elles ont été digérées avec l'acide nitrique, semblables en cela aux autres végétaux traités de cette manière. . Ges observations sont aussi confirmées en partie par les expé- riences suivantes sur l'écorce de chêne. I Æxp. 200 grains d'écorce de chéne réduite en petits morceaux, furent infusés dans environ quatre onces d'eau. Examinés ensuite par une solution de colle de poisson , ils me donnèrent un précipité considérable, Il: 200 grains de la même espèce d'écorce , légérement grillée et que je fis ensuite digérer dans l’eau, me donnérent une liqueur d’une couleur beaucoup plus foncée que dans le premier cas; mais quoique par l'addition de muriate d’étain, d'acétate de plomb et de sulfate de fer, jen obtinsse des pré cipités, cependant la solution de colle de poisson ne me présenta pas le moindre résultat. III. Je fis digérer ensuite le résidu , ainsi que le restant de la liqueur ci-dessus , avec une petite portion d’acide nitrique : le tout complétement évaporé, je donna une solution brune qui précipitoit abondamment la colle de poisson. IV°, Une once d’écorce de chéne réduite en petits morceaux, fut digérée à plusieurs reprises dans diflérentes portions d’eau, jusqu'à ce que son tan fût entièrement extrait ; je laissai ensuite sécher le résidu, ou l'écorce épuisée, comme l'appel- lent les tanneurs, après quoi je le fis légérement griller. Je le trempai alors dans de l'acide nitrique délayé, que je laissai s’évaporer à une chaleur d’un peu plus de 500°, jusqu'à ce que l'écorce fût entièrement desséchée. Ce résidu digéré dans l’eau, donna bientôt une liqueur d’un brun jaune qui préci- pitoit abondamment la colle de poisson. V:. Cette écorce après avoir perdu son tan naturel, donna ainsi du tan artificiel que je traitai à plusieurs reprises avec de l’eau, jusqu'à ce que ce dernier eût été totalement extrait : je fis de nouveau lécérement griller l'écorce ; je la fis une seconde fois tremper dans l’acide nitrique; je la laissti chauffer à uue chaleur douce et sécher comme auparavant; l’eau que je ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 je versai dessus et dans laquelle elle fut digérée, donna une solution brune qui précipitoit la colle de poisson en «bondance. VIe. La totalité de la substance artificielle de tan fut extrcite par différentes portions d’eau, et le restant de l'écorce ainsi épuisée, traité de nouveau de la manière ci-dessus décrite, donna de nouveau une quantité considérable de substance de lan, ensorte que j'aurois pu évidemment continuer ces pro- cédés jusqu'à ce que l'écorce toute entière eùt été convertie en tan. Ce qui auroit eu lieu, si dans la première expérience l'écorce épuisée avoit été convertie en charbon de bois, et digérée dans l'acide nitrique , ainsi que je lai dit dans mon premier Mémoire;, mais alors les effets en eussent été beaucoup plus lents, etil auroit fallu employer beaucoup plus d'acide ni- trique. Je suis donc aujourd'hui intimement convaincu, non- seulement d’après les résultats des expériences rapportées dans ce Mémoire , mais encore d’après plusieurs autres, que j'ai regardé comme inutile de déduire , que de tous les procédés que j'ai décrits, le plus économique et le plus prompt, c'êst celui de traiter les substances végétales grillées de fa manière ci-dessus indiquée, et considérant que tous les rebuts des matières vé- gétales peuvent être convertis en tan par les moyens les plus simples et sans beaucoup de frais, j'ai tout lieu d'espérer que cette découverte sera de quelque utilité pour le public. Ve SECTION. J'ai dit dans mon premier Mémoire, que je soupçonnois que le tan dela tourbe de marais avoit été produit pendant la car bounnisation imparfaite des substances végétales premières Que cela soit, ou bien que le tan ait été formé par la chaleur , et par d'autres végétaux crus dessus ou auprès de la tourbe, c’est ce qui est encore un problème pour moi. Au reste, quelle qu’en puisse être l’origine, je ne suis jamais parvenu à découvrir la moindre substance de tan dans la tourbe, quoique j'en aie observé un nombre considérable de variétés, dont quelques- unes venoient du Berksire, et plusieurs de Lancashire , que m'avoit obligeamment envoyées à cet effet mon ami M. John Walker. M. Jamson a fair les mêmes observations , ensorte qu'il n’y a point de doute que quelle qu'’ait été l'origine de la matière du tan , elle a été promptement extraite des substances qui la renfermoient primitivement. Tome LXIV. MAI an 1807. Eee 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cet effet est une conséquence naturelle de la grande facilité avec laquelle l'eau dissout le tan et s'applique méme aux substances végétales les plus solides. J'en citerai ici un exemple : Dans les Transactions Philosophiques de 1799 , le docteur Correa de Serra, a rendu compte d’une forêt qui se trouve dans la mer à Sulton, sur la côte du Lincolushire. On y rencontre une quantité prodigieuse de végétaux submergés, parmi lesquels sont entre autres le bouleau, le chéne et le sapin. À cette époque, lorsque j’étois engagé dans des expé- riences sur le charbon de Bovey, et sur d’antres substances pareilles, M. Joseph Banks eut la bonté de m'envoyer un morceau de chéne qui avoit tous les caractères desvégétaux, excepté qu'il étoit plus dur et d’une couleur plus foncé que le chène nouveau. Quelques expériences que je fis alors, me démontrèrent que ce morceau de chène , après avoir été ré- duit en cendres, donnoit de la potasse semblable à celle du bois nouveau, au contraire des substances , telles que le charbon de Boÿty, qui conserve les caractères extérieurs des végétaux quoiqu'imparfaitement converti en charbon. Dans le cours de mes expériences sur le tan, j'ai réduit en copeaux une once environ de ce chêne submergé, que j'ai fait digérer dans l’eau. Il se forma une décoction brune qui, avec du muriate d’étain , donna un précipité d'un brun pâle, avec de l’acétite de plomb un précipité d’un brun plus foncé, avec le sulfate de fer un abondant précipité d'un brun noirâtre; mais la solution de colle de poisson ne produisit aucun effet. Le tan de ce morceau de chéne a donc été ou séparé par la solution, ou décomposé , ensorte que la substance qui restoit seule capable d’être dissoute par l'eau, étoit la matière extractive. Cette dernière, dans le cas dont il s’agit étoit, selon toutes les apparences, la matière extractive première du charbon; mais dans quelques autres substances , telles, par exemple, que dans les feuilles d’aulne renfermées dans le schiste d’/eeland, je suis très-porté à croire qu’une substance extrac- tive de seconde formation, s’il m'est permis de parler ainsi, est produite pendant le procédé de la carbonnisation. Si donc une substance aussi compacte et aussi dure que le chéne, Peut, par une longue submersion , étre privée de son tan, il s'ensuit naturellement que l’action de l'eau doit produire un effet beaucoup plus prompt snr des végétaux beaucoup ET D'HISTOIRE NATURELLE, 403 plus petits, qui ont une certaine surface et qui, comme la tourbe, sont des substances poreuses et bibuleuses. Mais quoique la tourbe, ainsi que je l’ai déjà observé, ne contienne point de tan, cependant la carbonni-ation imparfaite qu'elle a éprouvée, la rend , comme les substances ligneuses grillées , susceptible d'être convertie en substance de tan arti- ficiel, lorsqu'elle est exposée à l'action de l'acide nitrique. Je crois inutile d’entrer dans le détail des différentes expériences que j'ai faites à cet égard, puisqu'elles sont les mêmes que celles ci-dessus ; je me contenterai donc de dire que sept onces de tourbe sèche, trempées deux fois et digérées dans de l'acide nitrique délayé à la quantité de plus de deux onces, et ensuite séchées , m'ont donné par l’eau une solution de substance artificielle de tan qui, évaporée à sec, pesoit deux onces. Je suis convaincu que j'en aurois obtenu beaucoup plus du résidu de cette substance, si j'avois jugé à propos de recommencer l'opération. Je suis également assuré qu'une moindre quantité d’acide auroit été suflisante, si le procédé avoit eu lieu dans des vaisseaux fermés , et si j'avois employé d'autres précautions économiques que j'omis alors pour accélérer l'opération. VI SECTION. Il est généralement reconnu, même par les chimistes mo- dernes , que les acides agissent bien peu, pour ne rien dire de plus, sur les substances résineuses, Le contraire se trouve cependant prouvé non-seulement dans les trois Mémoires que j'ai publiés sur ce sujet, mais encore dans quelques autres que j'ai eu l'honneur en dernier lieu de présenter à la Société royale. Dans mes Expériences sur la laque , imprimées dans les Transactions Philosophiques de 1804, je me suis efforcé en particulier de faire voir comment l'acide de vinaigre agissoit puissamment sur la résine, la glu et quelques autres substances; ensorte qu'on peut le regarder avec raison comme un agent précieux dans l'analyse chimique des végétaux. Sous ce point e vue, c’est un dissolvant dont on ne sauroit faire trop de cas, puisqu'il paroîit dissoudre les résines sans affecter leurs qualités respectives , et qu'ainsi ces snbstances , par leurs propres précipitans, penvent en être séparées pures el inal- térées. Aussi suis-je porté à regarder l'acide de vinaigre comme le Eee 2 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE véritable dissolvant des substances résineuses , puisqu'il les dissout promptement et sans produire, du moins en appa- rence, aucun changement subséquent dans leurs propriétés naturelles. L'acide sulfurique dissout aussi presque aussitôt les résines, les baumes,, etc., et donne des solutions d’un brun transpa- rent et quelquefois cramoisi. Cette dernière couleur est ceile qui plus communément caractérise les baumes. Ces solutions cependant sont différentes de celles opérées par l'acide du vinaigre. En effet elles ne sont pas permanentes, car du moment où la solution est complète, on voit se ma- nifester dans la substance dissoute des altérations progressives. Ainsi la térébenthine qui se change d'abord en résine, devient ensuite la troisième variété de la substance du tan, et finit par se convertir en charbon. Sans citer d’autres exemples, nous pourrons donc poser en fait que l’acide sulfurique est un dissolvant des substances résineuses, mais qui continue ensuite à agir sur leurs prin- cipes, de manière à les décomposer , le charbon en étant le dernier produit. L'acide nitrique, comme je l'ai démontré dans le cours de ces Mémoires, et aussi dans quelques autres circonstances , dissout les résines ; mais le progrès de ses effets paroit être en sens inverse de celui de l'acide sulfurique. Dans le dernier cas, la solution précède la décomposition. Emploie-t-on au contraire l'acide nitrique? la décomposition précède, jusqu’à un certain degré, la dissolution. En effet celui-ci convertit d'abord les résines en une substance poreuse, fragile, couleur d'orange pâle, ensuite en un produit qui paroït posséder les caractères intermédiaires de la matière extractive végétale et des résines. Celui-ci devient enfin la première variété de la sub- stance du tan, après quoi il m'a été impossible d’effectuer aucun changement, Ainsi, comme le charbon paroit être le dernier effet pro- duit par l'acide sulfurique sur les substances résineuses, la première variété de la substance du tan semble être leur dernier résultat lorsqu'on emploie l'acide nitrique. Nous avons déjà amplement discuté l’éffet de l'acide nitrique, c'est pourquoi nous regardons comiuc inutile de répéter ici les observations que nous avons faites sur quelques-uns de ses produits simul- tanés, ainsi que-sur les acides végétaux; mais parmi les effets £T D'HISTOIRE NATURELLE, 405 résultans de l'acide sulfurique , le charbon qu’il donne me paroit mériter une certaine attention. VII SECTION. Après la substance du tan et les autres produits obtenus des résines , des baumes, etc., et dont j'ai parlé au commien- cement de ce Mémoire , le charbon qui resta étoit dans les proportions suivantes (1) : Charbon. 100 grains de résine blanche des Indes ont donné 67 grains Dermastichasts 20. m0. 0408.66 De baume du Pérou.................. 64 D'elemiss 2e RMS able enseteaiets etes - 000 Déttacamahacs. lo. .--trs.+102 Deranaiet. nee sels mrioe der que 008 HDÉAMDTE NE NRA ET GG Dhalerd'oliye At A UM er dis: 300 Decbaumendeslolus- ner NE OZ Das totidaste ALORS Mt UE be Detcire rt EME L ER EdEdmUE 6o: De sang de dragon................…. 48 De benzoin....... ARMOR REP RENE RENE rer Diohbin rer ch eeLenelpeee rec De’ myrrhe.. tnt the ARE RS RTE DOTE LA! Ve, D'aSphaltes HR ann Roue Dé sambose.- Lee. 2i. este 20: De gomme élastique.................. 3x De gomme arabique.................. 29 Dé réslssen ar NN MS T2 0e Defmannelt us iii Abies Llrnno Deftrasacanthel.5e finies. 2220228 . De caoutchouc (2),:...4.. 4 es22 Le charbon obtenu des substances résineuses, par l'acide sulfurique, est en beaucoup plus grande proportion que lorsque (x) Le: poids du charbon obténu dè chacune des substances ci-dessus , a été estimé apres la séparation complète de tout autre produit, et en avoir enleve l’humidité par une chaleur ardente, dans des vaisseaux fermés. (2) Le caoutchouc et le bitume élastique ne furent que seperficiellement carbonnisés par l’acide sulfurique ; ensorte que la proportion du charbon, telle- qu’elle se trouve ici, est beaacoup moindre‘que celle qu’on en auroit* pu: réellement obtenir. 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des quantités égales de ces substances sont soumises à une simple distillation. En eflet, ainsi que je l'ai établi dans mon premier Mémoire, 100 grains de résine donnèrent, par le procédé humide, 43 grains de charbon qui, après une chaleur rouge , en pesoient encore 30, La même quantité de résine n'offrit par la distillation que + de grain de charbon. 100 grains de mastic , par la première méthode, donnèrent 66 grains de charbon. 100 grains du même, distillés, ne donnèrent que 4 grains + de charbon. Enfin 100 grains d'ambre traités avec l'acide sulfurique , donnèrent 56 grains de charbon. Mais je ne pus obtenir de 100 grains du même, distillés, que 3 grains £ de charbon. Je pourrois citer plusieurs autres exemples, mais ceux-ci me paroissent suflire. Je dois observer ici que, relativement aux gommes, le cas est absolument différent ; car la diffé- rence entre les proportions du charbon obtenu de ces sub- stances , par le procédé humide et le procédé On a divisé le jour en puis miauit jusqu'à 9 heures du matim; la: seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivant. 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE , etc. FA B LE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Observations chimiques sur les procédés à suivre dans l'art de faire le vin rouge, surtout lorsque le raisin 1e parvient pas à parfaite maturité; par M. de Sampayo.. Pag. 361 Expériences électriques sur le verre considéré comme bouteille de Leyde, et sur le carreau garni; par ME" d Traité élémentaire de minéralogie, avec des appli- cations aux arts ; ouvrage destiné à l'enseignement dans les Lycées nationaux ; par Alexandre Brogniard , Ingénieur des mines, Directeur de la Monufacture impériale de porcelaine de Sèvres. Extrait par J. C. Delamétherie.. 380 Troisième suite d'Expériences sur une substance artificielle renfermant les principales propriétés caractéristiques du Tan, avec quelques remarques sur le charbon; par Charles Hatchett, Ecuyer. 390 Art de la teinture du coton en rouge; par M. J.- 4. Chaptal, Membre et Trésorier du Sézat, Grand Officier de la Légion d'Honneur, Membre de l'Ins- citut de France ; Professeur honoraire de l'Ecole de Montpellier, etc., etc., etc. Extrait par M. Thenard. 416 Tableaux Météorologiques ; par Bouvard. 418 371 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JUIN an 1807. MEMOIRE SUR quelques effets chimiques d’Electricité ; Par HUMPHRY DAVY, Ecuyer. Lu à La Société royale le 20 novembre 1806. IL INTRODUCTION. Les effets chimiques produits par l'électricité, ont été depuis quelque temps l’objet de l'attention des philosophes; mais la nouveauté de ces phénomènes , leur defaut d'analogie avec les faits connus , la discordance apparente de quelques-uns des résultats, ont enveloppé cette recherche dés plus épaisses ténèbres. J'ose me flatter que la Société ne croira pas que je sorte des bornes de cette leçon, en essayant de jeter quelque jour sur cette matière. J’entrerai dans les détails de plusieurs éxpé- riences minutieuses qui pourront peut-être ennuyer , mais elles sont absolument essentielles à l’objet que je me propose. Tome LXIV. JUIN an 1807. Hhh 422 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE J'éclaircirai en même temps quelques apparences qui n'ont point encore été assez approfondies ; enfin je mettrai sous les yeux quelques propriétés nouvelles de l’un des agens matériels le plus puissant et le plus général. II, Suriles changemens produits dans l’eau par l'électricité. Dans les premières expériences chimiques faites avec la colonne de Volta, on observa, sur les surfaces des métaux électrisés, l'apparence d’acide et de matière alkaline dans l’eau sur laquelle agissoit un courant d'électricité. M. Cruickshank supposa que cet acide étoit l’acide nitrique et l’alkali l’ammoniac, M. Desormes, bientôt après, prétendit démontrer par des expériences , que ces produits étoient l'acide muriatique et lammoniac ; et M. Brugnatelli soutint que c'étoit une substance nouvelle et particulière qu'il crut devoir nommer acide électrique. Les expériences faites, tant en An- gleterre qu'en Italie, sur le murïate de soude, sont récentes, et les discussions à cet égard subsistent encore. Au commen- cement de 1800 , j'ai trouvé que des portions séparées d’eau distilléée dans deux tubes de verre joints ensemble par des vessies mouillées ou toute‘autre substance animale ou végétale aussi mouillée ;. soumises à l’action électrique de la pile de Volta, au moyen de fils d’or, donnoient une solution nitro- muriatique d’or, dans le tube renfermant le fil positif, ou le fil transmettant l'électricité, et une solution de soude dans le tube opposé; mais bientôt après je fus assuré que l'acide muriatique devoit son. apparence aux substances animales ou végétales que j'avois employées. En effet m'étant servi, dans des expériences suivantes , des mêmes fils de coton. trempés, après chaque procédé, dans une légère solution d’acide nitrique, l’eau dans l'appareil qui les renfermoii, quoique agissant dessus pendant long-temps avec beaucoup de force, ne produisit aucun effet sur une solution de nitre d'argent. Dans les cas où j'obtins une grande quantité de soude, le verre à son point de contact avec le fil, paroissoit considé- rablement corrodé ; et ce qui me confirma dans l’idée de rapporter la, production de l’alkali principalement à cette cause, ce fut de voir que je ne pouvois obtenir aucune ma- tière saline fixe, par l'eau électrisante distillée dans une coupe d'agathe , jointe par deux points de platine à la batterie de + “ ET D'HISTOIRE NATURELLE, #23 Volta. La Société Galvanique de Paris, relativement à l’appa- rence de l'acide muriatique, avoit tiré de semblables conclu- sions, ainsi que le docteur Woïlaston, qui imagina dejoindre les tubes ensemble avec de l’asbeste mouillée; enfin par MM. Biot et Thenard, M. Silvestre cependant, dans un Mémoire inséré dans le Journal de M. Nicholson, du mois d’août dernier, prétend que quoiqu'il ne paroisse ni alkali fixe, ni acide muriatigque, lorsqu'on emploie un seul vaisseau, on obtient néanmoins l'un et l’autre , si l'on fait usage de deux; et sans s’embarrasser des objections en faveur des substances végétales ou du verre, il continue d'opérer dans un vase fait de terre de pipe à fumer, inséré dans un creuset de platine. Je ne doute point de la vérité de ses résultats; mais la conséquence qu’il en tire me paroît susceptible d’objectibns. Selon lui l'alkaïi fixe qu'il a obtenu, provient de ce que le fluide, après avoir chauffé et s'être évaporé, a laissé une matière d’un jaune brun qui se trouva étre de la chaux, substance qui existe en grande quan- tité dans la terre de pipe. Mais, mème en admettant la pré- sence de l’alkali fixe, les matières employées dans la fabrica- tion des pipes à fumer, n'excluent pas les combinaisons de cette substance. Je répétai l'expérience. Je me procurai de petites coupes d'agathe faites en forme de cylindre, de la capacité de 1 de pouce cube chacune. Après les avoir fait bouillir pendant quelques heures dans de l'eau distillée, je les liai ensemble avec un morceau d'amianthe blanc et transparent , traité de la mème manière; je les remplis d’eau distillée etles exposai, au moyen de deux fils de platine, à un courant d'électricité de 150 paires de lames de cuivre et de zinc de 4 pouces carrés , mouillés avec une solution d’alun. Au bout de 43 heures j'examinai le procédé. Du papier peint avec du litmus , plongé dans le tube. contenant le fil transmetteur ou positif, devint à l'instant d’un rouge foncé, Du papier peint avec du turmeric, introduit dans l’autre tube, étoit d’une cou- leur beaucoup plus foncée. La matière acide troubla légére- ment la solution de nitre d'argent. Le fluide affecté du tur- meric, conserva sa propriété après avoir bouilli, et il parut plus vif à mesure que sa quantité diminuoit par l’évaporation. J'y mélai du carbonnate dammoniac et laissai le tont sécher à une forte chaleur. Il resta une petite quantité d’une matiére blanche qui, autant que j'ai pu m'en convaincre en l’exami- Hhh 2 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nant avec soin, m'a paru avoir les propriétés du carbonnate de soude. Je la comparai avec des portions aussi petites de carbonnate pur de potasse et de soude. Elle n'étoit pas aussi liquide que la première de ces deux substances, formoit avec l'acide nitrique un sel qui,comme le nitre desoude, prenoit bien- tôt l'humidité de l'atmosphère où il se trouvoit, et devenoit fluide. Ce résultat auquel je ne m'attendois pas, me convainquit que les substances que j'avois obtenues étoient procréées. Un procédé semblable avec des tubes de verre, accompagné des mêmes circonstances , et conduit pendant le même espace de temps, me donna l’alkali dansune proportion vingt fois plus forte, mais sans la moindre trace d'acide muriatique. Il esttrès-probable que dans ce premier cas l’agathe renfermoit quelques particules de matière salée, combinée avec elle , ou adhérente à ses pores, que l'analyse chimique ne put pas découvrir. Pour m’en convaincre, je répétai celte expérience une seconde, une troi- sième et une quatrième fois. À la seconde, la solution de nitre d'argent produisit encore du trouble dans le tube qui renfermoit l'acide, mais beaucoup moins distinct. A la troi- sième , à peine pouvoit-on l’appercevoir ; mais à la quatrième, les deux fluides restèrent parfaitement clairs après le mélange. La quantité de la matière alkaline diminua à chaque opéra- tion ; et au dernier procédé, quoique la batterie füt restée dans une grande activité pendant trois jours, le fluide ne put agir que bien foiblement sur le papier coloré avec le turmeric; mais sa propriété alkaline agissoit sensiblement sur le papier litmus \égérement coloré de rouge, qui est de toutes les épreuves Ja plus délicate. Après l'évaporation et le procédé par le car- bonnate d'ammoniac, il restoit encore quelques particules d’alkali qu'on ne pouvoit qu’appercevoir. La matière acide dans l’autre tube étoit abondante, d'un goût aigre. Elle avoit l'odeur de l’eau sur laquelle on a gardé long-temps une grande quantité de gaz nitrique; elle n'affectoit point la solution de muriate de baryte, et une goutte de cette matière, mise sur une lame d'argent polie, laissa après l’'évaporation une trace noire absolu- ment semblable à celle que donne l'acide nitrique très-délayé.” D'après ces résultats, je ne pouvois plus douter que quelque matière salante , existant dans les tubes d’agathe; n'eût donné un acide capable de précipiter le nitre d'argent et l'alkali en bien plus grande quantité. Cependant le méme procédé, répété quatre fois, me démontroit qu'il existoit aussi quelque autre cause de la présence de cette dernière substance. En effet, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425 elle continua jusqu'à la fin à se montrer dans des quantités qu'on pouvoit distinguer , et toujours égales en apparence. J'avois pris toutes les précautions possibles pour les mettre à l’abri de l’air circulant; j'avois renfermé les tubes dans des vases de verre. Les ustensiles dont je me servois avoient été lavés à plusieurs reprises dans de l'eau distillée, et les doigts n'avoient point touché la partie de ces ustensiles en contact avec le fluide, La substance que je regarde aujourd’hui comme pouvant seule donner l’alkali fixe , étoit l’eau elle-méme. Eprouvée par le nitre d'argent et le muriate de baryte, celte eau parois- soit pure; mais il est reconnu que les disüllations rapides donnent en petite quantité la potasse et la soude, et l’eau de New-Rivière, dont je fis usage, renferme des substances impures, soit animales, soit végétales, qui peuvent donner des sels neutres en état de se montrer pendant l’ébullition. .. Pour faire cette expérience le plus exactement possible , Je pris deux.cûnes creux d'or pur, contenant chacun environ 25 grains d'eau; je les remplis d’eau distillée, et après les avoir joints ensemble au moyen d’un morceau d'amianthe mouillé dont je m'’étois servi dans les premières expériences, je les exposai à l’action d'une batterie de Volta, de 100 paires de lames de cuivre et de zinc, de 6 pouces carrés. Dans ce fluide, étoit une solution d’alun et d'acide sulfurique délayés. En dix minutes, l’eau renfermée dans le tube négatif put donner une légère couleur bleue au papier litmus, tandis que l’eau du tube positif la rendit rouge. Ce procédé fut con- ünué pendant 14 heures; l'acide augmenta en quantité pen- dant tout ce temps-là, et l'eau devint à la fin aigre au goût. Les propriétés aikalines du fluide de l'autre tube restèrent au contraire slationnaires et ne produisirent pas d’autre effet qu’à la première expérience sur le papier /itmus ou le turmeric. Cet effet fut moindre après que le fluide eût été fortement échauffé pendant une mirute; mais l'évaporation et le procédé usité attestérent la présence de quelque alkali fixe. J’exa- minai cet alkali 4insi que ses propriétés avec de l’acide nitrique pur, combiné avec du gaz nitreux à grande dose. Je répétai cette expérience et conduisis le procédé pendant trois jours. Au bout de ce temps, l’eau qui étoit dans le tube se décomposa et s'évapora de manière à perdre plus de la moitié de sa quantité primitive. L'acide étoit fort, et 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'alkali en petite quantité, comme dans la dernière expérience, I] agit cependant avec plus de force sur les épreuves en raison de la plus grande diminution du fluide, mais présenta les mémes résultats après avoir été chauffé. Je ne pus plus douter alors que l'eau ne contint quelque substance en petite quantité capable d’occasionner la présence d'alkali fixe , mais qui bientôt se dissipoit. Cette question s'offroit d'elle-même. Gette substance est-elle la matière salée qui s'élève à la superficie dans la distillation? ou bien est-ce le gaz nitrogène exislant en pettes quantités dans toute eau qui a été exposée à l'air, lequel gaz, si c'est un élément de l'alkali fixe, peut, dans la circonstance de l'expérience, avoir été bientôt épuisé, tandis que son absorption de l'atmosphère, aura été empéchée par la saturation de l'eau avec l'hydrogène? Je penchais beaucoup plus pour la première que pour la dernière de ces deux suppositions. Je fis évaporer un quart de l'eau distillée dont je m'étois servi, dans un alambic d'ar- gent exposé à une chaleur lente au dessous de 140° de Farenheit. Il resta une matière solide égale à 7; d'un grain. Cette matière avoit un goût de sel, mais métallique, qui se liquéfioit exposée À l'air. Je n'ai pas pu en obtenir de cristaux réguliers; elle n'affecta ni le turmeric ni le /tmus ; mais une partie, après avoir été rougie au feu dans un creuset d'argent, donna de fortes propriétés alkalines. Il me fut impossible de faire l'ana- lyse d'une aussi petite quantité; mais il me sembla qu’elle étoit principalement composée d’un mélange de nitre de soude et de nitre de plomb, et que la substance métallique , ce qui est beaucoup plus probable, étoit fournie par le tube conden- sant de l’alambic commun. , L'existence de la matière salée dans l’eau distillée étant ainsi prouvée, il fut aisé de déterminer son opération dans l'expérience. Je remplis d’eau les deux cônes d'or, de la manière accoutumée; celle négativement électrisée atteignit bientôt le maximum de son effet sur du papier de turmeric; j'y intro- duisis alors une petite portion de la substance obtenue par le procédé de l’évaporation que je viens de décrire ; en moins de deux minutes ses effets furent évidens , et au bout de cinq, la couleur du papier devint d’un brun clair. Je compris alors qu’en ramassant l'eau obtenue dans Île second procédé de la distillation lente, j'avois pu conduire l'expérience jusqu'au bout, sans aucune apparence d’alkali fxe, et cette épreuve démontroit que je ne m'étois pas trompé. ET D'HISTOIRE NATURELLE. LT J'introduisis dans les tubes d’or quelques gouttes de cette eau dont j’humectai l’amianthe. L'eau du tube négatif, au bout de deux heures , ne produisit aucun effet sur le papier turmeric. Celui produit sur le Zëmus fut tel, qu'avec la plus scrupuleuse attention à peine pouvoit-on l’appercevoir; mais le tout fortement échauflé pendant deux ou trois minutes, perdit son pouvoir ; ensorte que j'ai tout lieu de supposer -qu'il le devoit à une petite quantité d’am- moniaque. 1 Je fis la même expérience avec une portion de la même eau, dans les tubes d'agathe que j'avois si souvent employés, et j'eus le plaisir de voir que iles résultats étoient absolument les mémes. Je crois inutile d’entrer dans le détail des opérations de celte espèce. Tous les faits prouvent que l’alkali fixe n’est point procréé, mais qu’il sort soit des ustensiles que l’on em- ploie, soit de la matière saline existante dans l’eau. J'ai fait plusieurs expériences dans des vaisseaux composés de différentes substances, avec de l’eau lentement distillée , et dans presque toutes j'ai trouvé quelques parcelles d’alkali fixe. Dans les tubes de cire, la matière alkaline étoit un mélange de soude et de potasse, et la matière acide un mélange d'acides: sulfurique , muriatique et nitrique. Dans un tube de résine la matière alkaline paroissoit être: principalement la potasse. Je mis dans un creuset de platine un cube de marbre de Carrare, d'environ un pouce , ayant une ouverture au centre : je remplis le creuset d’eau épurée jusqu’à la hauteur de la surface supérieure du cube, dont l'ouverture étoit pleine de la même eau ; le creuset fut positivement électrisé par une forte batterie de Volta, et un fil négativement électrisé, introduit dans l'ouverture. L'eau acquit bientôt la propriété d'affecter la couleur du turmeric ; j'en obtins de l'alkali fixe et de la chaux. Des expé- nences multipliées me donnèrent le même elfet; l’alkali fixe néanmoins diminuoit de quantité chaque fois, et après le: onzième procédé , tous conduits l'espace de deux ou trois heures , l'alkali et la chaux disparurent à la fois. La produc- tion d'eau de chaux étoit uniforme. .Je fis une solution de 500 grains de ce marbre dans de l’acide aitrique ; je décomposai ce mélange avec du carbonate d'am- 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moniac; je ramassai et laissai évaporer la partie fluide , et décomposai, au moyen de la chaleur, le nitre d'ammoniac ; il resta environ les + d'un grain de matière saline fixe, dont la soude étoit la base. Il étoit possible que ce marbre de Garrare eût été récem- ment exposé à l’eau de mer : c’est pourquoi je répétai la même expérience sur un morceau de marbre grénu que j'avois moi-mème détaché d'un rocher situé sur uue des plus hautes montagnes primitives de Donegal. Au moyen de l'électricité négative, il me donna de l’alkali. Ün morceau de schiste argileux de Cornouailles, traité de la même manière, offrit les mêmes résultats. De la serpentine de Lizard et du Grauwacke de North-Galles , donnèrent de la soude. Il est probable qu'il existe peu de pierres qui ne contiennent quelque légère parcelle de matière saline qui, dans plusieurs circonstances, filtre à travers de leur substance, ce qu'il n’est pas dificile de concevoir lorsque l’on considère que tous nos rochers communs offrent des marques évidentes de l’eau de la mer dont ils ont été anciennement couverts. Je pus alors déterminer d'une manière précise, que la soude obtenue dans des tubes de verre, provenoit principalement du verre même, ainsi que je l'ai toujours supposé. Je me servis de deux cônes d’or avec de l'eau épurée et de l'amianthe. Le procédé fut conduit comme de coutume. Au bout d’un quart-d'heure le tube, négativement électrisé , n’apporta aucun changement à la couleur du turmeric. J’in- troduisis à son sommet un morceau de verre; peu de minutes après le fluide, à la surface, rendit la couleur de ce papier d'un brun foncé luisant. Je n'ai jamais fait d'expériences, sans avoir obtenu de la matière acide douée des propriétés de l'acide nitrique; et plus l'opération étoit prolongée, plus étoit grande la quantité de cette matière. L'alkali volatil paroissoit également toujours se former en petites portions durant les premières minutes dans l’eau épurée des cônes d’or; mais bientôt il atteignoit les bornes de sa antité. Il étoit naturel d'attribuer ces deux apparences à la combi- naison respective de l’oxigène et de D démene naissans , avec le nitrogène de l'air commun dissous dans l’eau, et dans cette supposition , les expériences du docteur Priestley, sur l'absorption des gaz par l’eau, donneront une explication facile ET D'HISTOIRE NATURELLE, 429 facile des causes de la production constante de l'acide et de la production limitée de l'alkali. En eflet l'hydrogène pendant sa-dissolution dans l’eau, semble expulser le nitrogène, tandis ue le nitrogène et l’oxigène peuvent exister ensemble dissous dd ce fluide. Pour rendre cette expérience plus complète, je plaçai les deux cônes d’or avec l'eau épurée sous le récipient d'une pompe d'air. Le récipient fut épuisé au point de ne plus contenir que = de la quantité primitive d'air ; alors, au moyen d'un appareil convenable, je joignis les tubes à une colonne active de Volta de 50 paires de plaques de 4 pouces carrés ; je con- tinuai le procédé pendant 18 heures, et j’examinai durant tout ce temps-la le résultat. L'eau existante dans le tube né- gatif ne produisit aucun effet sur le Zithmus (teinture de tourne- sol) préparé; mais dans le tube positif, elle l’affecta d'une couleur rouge qu'on pouvoit à peine appercevoir. Il se forma pendant le même espace de temps, dans l'at- mosphère, une quantité d'acide incomparablement plus grande; et la petite portion de gaz nitrogène (azote) qui restoit en con- tact avec l'eau, parut égale à cet effet. Je répétai la même expérience avec toutes les précautions possibles ; je disposai l'appareil ainsi que je l'ai dit ; j’épuisai le récipient, et le remplis de gaz hydrogène. Le récipientune seconde fois épuisé, j'y introduisis de nouveau de l’hydrogène préparé avec soin. Le procédé fut continué pendant 24 heures, et au bout de ce temps, aucune des portions de cette eau n'altéra le plus légérement la couleur du litmus. Il résulte évidemment de là, que l'eau chimiquement pure se décompose seule au moyen de l'électricité, en gaz oxigène et en hydrogène. Je discuterai plus bas la cause de sa décomposition et des autres décompositions dont j'ai déjà parlé. TI. Des actions de l’Electricité dans la décomposition de différens composés. Les expériences dont j'ai donné le détail sur la production de l’alkali de la soude, et sur la décomposition des différens composés salins renfermés dans les substances animales et vé- gétales , offrent quelques objets dignes d’exciter la curiosité de l'observateur. Il est évident que dans tous les changemens les matières acide et alkaline se sont trouvées présentes; la matière acide ramassée Tome LXI/. JUIN an 1807. lii 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans l’eau étoit autour de la surface métallique positivement électrisée, et la matière alkaline autour de la surface métal- lique négativement électrisée. Le principe de l'action paroit se rapporter immédiatement à l’un des premiers phénomènes observés dans la colonne de Volta ; je veux dire la décompo- sition du muriate de soude attaché au’ carton et à plusieurs faits observés depuis dans la séparation des parties constituantes des solutions de sels neutres et métalliques, à ceux en parti- culier dont MM. Hisenger et Berzelius ont donné le detail. Les premières expériences que j'ai faites immédiatement à ce sujet, ont été sur la décomposition des corps solides qui se dissolvent difficilement, ou même point du tout, dans l'eau. D'après les effets de l’action électrique sur le verre, je m'atten- dois à voir les ditlérens composé; de terre éprouver un chan- ment dans des circonstances semblables. Les résultats de mes épreuves furent décisifs et salisfaisans. J'attachai ensemble , avec du sulfate de chaux fibreux, trempé dans de l'eau épurée, deux vases de sulfate de chaux compacte, contenant environ 14 grains d'eau chacun; je rem- plis les vases de ce fluide ; j'y introduisis des fils de platine de la batterie de Volta, composée de 100 paires de disques de six pouces, de sorte que l'électricité circuloit à travers les fibres de sulfate de chaux. Au bout de cinq minutes l'eau du vase, tenant au fil positif, devint acide , et celle du vase opposé prit une forte couleur de turmeric. Une heure après j'examinai les fluides avec soin; je trouvai dans le vase qui contenoit le fil négatif, une solution pure et saturée de chaux. Ce vase étoit en partie couvert d’une croûte de chaux, et dans l’autre vase une solution légérement forte d'acide sulfurique. Je me procurai deux morceaux cubiques de sulfate de stron- tiane cristallisée , d’un pouce environ ; je pratiquai sur chacun un trou capable de contenir 8 grains d'eau; je mis ces cubes dans un creuset de platine rempli d’eau épurée, et conservai le niveau du fluide à quelques lignes au dessous de la surface des cubes; j'introduisis deux fils de platine dans les trous qui étoient remplis d’eau épurée. Le gaz en se dégageant, lorsque les fils eurent été unis à la batterie de 100, prouva que le sulfate de strontiane étoit assez poreux pour former un con- ducteur. Je fus plus long-temps à obtenir des résultats dans cette expérience que dans la précédente. Je n’apperçus d'effet sensible qu'au bout de quelque temps, mais l'issue en fut ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 la même. En 30 heures le fluide qui étoit dans la cavité, contenant le fil négatif, avoit acquis les propriétés de préci- pie une solution de sulfate de potasse, et la présence de acide sulfurique étoit évidente par son effet sur la solution de muriate de baryte. Je fis une expérience sur du fluate de chaux, avec les mêmes circonstances ; Inais ce fluate cristallisé, n'étant point égale- ment perméable à l'humidité, les deux cavités furent jointes ensemble par de l’asbeste mouillée. Cette décomposition fut aussi lente; mais au bout de deux jours j'obtins, dans un tube , une solution assez forte de chaux, et dans l’autre tube un acide fluorique qui précipitoit l'acétite de plomb, et laissa une tache sur le verre d’où il s'étoit évaporé. Le sulfate de baryte, comme on peut le supposer, éprouve plus de difficulté dans la décomposition que le sulfate de strontiane , ou le fluate de chaux. J'ai fait quatre ou cinq expériences sur le premier, avec la même espèce d’appareil dont je m’étois servi pour le fluate de chaux, avant de pouvoir obtenir des résultats décisifs. Dans la dernière faite sur cette substance, je creusai deux morceaux d’un large cristal, de manière à ce que chacun d'eux püt contenir environ cin grains d’eau; je les joignis ensemble avec de l'asbette mouillée, et les soumis constamment pendant quatre jours à la forte action d'une batterie de 150 paires de plaques de 4 pouces carrés. À mesure que l'eau diminuoit, j'y suppléois par une nouvelle quantité. A la fin de l'expérience le fluide, du côté positif de l'appareil, rougit dans un instant le Zt/emus ; il avoit un goût aigre et donna, avec une solution de muriate de baryte, un précipité distinct. L'eau de l'autre côté rendit plus foncée la teinture de turmeric (cucurma ), mais ne troubla point la solution de sulfate de potasse. Cependant, sur les côtés et au fond de la cavité, il y avoit une croûte blanche en petite quantité, que j'attribuai au baryte qui pendant la très-lente décomposition avoit pu se combiner avec l'acide carbonique de l'atmosphère. Pour m'en assurer j'introduisis dans la cavité une goutte d'acide muriatique délayé, une légère effervescence parut, et le fluide obtenu produisit une espèce de nuage blanc distinct, dans la solution de sulfate de soude. Dans tous ces cas, les parties constituantes des corps nou vellement préparés par les effets de l'électricité, existent en quantité considérable , et sont exposées sur une grande surface li1 2 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à son action. J'ai tout lieu de croire cependant, d’après des expériences faites avec de l'eau distillée, dans différens vases, que par cette action de petites parties d’acide et de matière alkaline , peuvent se dégager des combinaisons solides , de celles principalement qui consistent en terres pures. C’est ce qu'il m'a été facile d'éclaircir. Relativement à une recherche géologique que j'aurai l'hon- neur par Ja suite de communiquer à la Société, j'ai fait, avec beaucoup de soin, l'analyse d’un échantillon d’un beau basalt grenu , venant de Port-Rush, dans le comté d’Amtrin, au moyen d'une fusion d'acide boracique. Il a donné, dans 100 parties , 3 + de soude , et à-peu-près une demie d'acide muriatique , avec 15 parties de chaux. Cette pierre me parut très-propre pour l'expérience dont il s’agit. Je perçai deux trous qui contenoient chacun 12 grains d’eau environ. Une amianthe mouillée les unit ensemble, etle procédé fut conduit, suivant l’usage, avec une pile de 5o paires de disques. Au bout de dix heures, j'examinai le résultat avec soin. Le fluide positivement électrisé, avoitun goût fort d'acide oxi-muriatique, et précipitoit abondamment le nitre d'argent. L’autre portion de fluide affecta le turmeric, et laissa par l’évaporation une Substance qui paroissoit être un mélange de soude et de chaux. Je pratiquai un petit trou dans un morceau de zéolite com- pers de la Chaussée des Géans, qui avoit donné, par l’ana- yse, 7 parties de soude sur 100; je le mis dans un creuset de platine rempli d’eau épurée, et l’électrisai de la même manière que le cube de marbre de Carrare dont j'ai parlé. En moins de deux minutes, l’eau qui étoit dans la cavité, avoit la pro- priété de changer la couleur du turmeric; et au bout d'une demi-heure, la solution étoit d’un goût désagréable d’alkali. La matière dissoute offrit un mélange de soude et de chaux, La lépidolite traitée de la même manière, donna de la potasse, Un morceau de lave vitrifiée, venant de l’Ethna , donna une matière alkaline qui paroissoit étre un mélange de soude, de potasse et de chaux. Comme dans ces expériences je n’avois d’autre objet que de m'assurer du fait général de la décomposition , le pro= cédé ne fut jamais conduit assez long-temps pour développer une quantité de matière alkaline assez grande pour pouvoir être pesée, et par conséquent pour déterminer la perte que la substance auroit pu éprouver. J'ai cru cependant devoir faire une expérience semblable ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455 pour éloigner toute possibilité de doute sur la source des diffé. rens Pad J'ai choisi le verre à cet effet, comme étant une substance qui, en apparence, ne peut pas se dissoudre dans l'eau, ni par conséquent donner lieu à des résultats erronés. La balance dont je me servis avoit été faite par M. Fidier, pour l'Ecole royale, sur le modèle de celle appartenante à la Société royale. 100 grains mis dans chaque plateau, de grain la fait aisément pencher. J'ai pris un tube de verre auquel étoit attaché un fil de platine, le tout pesant 48 grains 6. Je le remplis d'eau épurée et l'électrisai par une pile com- posée de 150 paires de disques ; ensorte que le platine attaché au tube étoit négatif. Le procédé fut continué pendant 4 jours, jusqu’à ce que l'eau fut changée en alkali. Au moyen de l’éva- Poration, et après avoir été exposée à une chaleur d’environ 400° de Fahrenheit, elle donna une soude mélée d’une poudre blanche que les acides ne purent pas dissoudre. Le tout pesoit 2 d'un grain. Il est aisé d'expliquer la différence entre le déchet du poids du tube et le poids des produits dans l’eau, Il se trouva quelques petites parcelles détachées de l’amianthe, et la soude qui étoit contenue dans l'eau a dù probablement se dégager tout-à-fait du verre. Après avoir obtenu des résultats semblables, relativement au dégagement des parties salines des COrps qui ne peuvent pas se dissoudre dans l’eau , j'ai fait une multitude d’expériences sur des composés susceptibles de dissolution. Leur décom- position a toujours été beaucoup plus rapide, et les phéno- mènes parfaitement distincts. J'ai employé dans ces procédés les coupes d’agathe avec les fils de platine réunis au moyen de l’amianthe imbibée d'eau épurée. J'introduisis les solutions dans les coupes, et appliquai, suivant l'usage ordinaire , la puissance électrique d’une batterie de 50 paires de plaques. Une solution délayée de sulfate de potasse, traitée de cette manière, donna au bout de 4 heures, vers le fil négatif, une foible lessive de otasse, et une solution d’acide sulfurique vers le fil LOGE L Les phénomènes furent les mêmes lorsque j'employai le sulfate de soude, le sulfate d'ammoniac, le nitre de potasse, le nitre de baryte, le phosphate de soude, l’oxalate de soude, le benzoate d’ammoniac et l’alun. Les acides, au bout d'un cer- tain temps, s'amassérent dans le tube qui renfermoit le fil 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE positif , et les alkalis, et les terres dans celui qui renfermoit le fil négatif. Les solutions de sels muriatiques décomposés de la mème manière, donnèrent constamment de l'acide oxi-muriatique vers le côté positif. Lorsqu'on fait usage de mélanges compatibles avec les solu- tions de sels neutres, qui renferment les acides minéraux communs, ces différens acides et ces différentes bases semblent se séparer ensemble dans un état mélangé, sans égard pour les rangs de l'aflinité. Si l'on emploieles solutions métalliques, il se forme alors, sur le fil négatif, des cristaux métalliques ou des dépôts, comme dans les expériences galvaniques ordinaires. L’oxide se dépose aussi autour de ce fil, et bientôt on trouve dans la coupe oppo- sée, une quantité considérable d'acide. Cet effet a lieu avec les solutions de fer, de zinc et d’étain, ainsi qu'avec les métaux les plus oxidables. Lorsqu’on fait usage du muriate de fer, la substance noire , déposée sur le fil, est magnétique et se dissout avec effervescence dans l'acide muriatique. Se sert-on de ful- fate de zinc? on voit paroître alors une poudre grise qui a le brillant du métal et qui se dissout avec effervescence ; et dans tous les cas, l'acide se développe en grande quantité sur le côté positif. Les solutions fortes ou saturées de sel, comme je m'y étois attendu, indiquèrent les progrès de la décomposition beaucoup plus promptement que les solutions foibles ; mais le sel neutre dans la plus petite proportion est également décomposé. Une simple expérience suflit pour démontrer ce dernier principe. Si l’on met un morceau de papier teint de turmeric dans de l'eau épurée, étant dans un circuit convenable , en contact avec le point négatif, l’infiniment petite quantité de sel décomposé, renfermée avec ce papier, donne un alkali suffisant pour lui imprimer à l'instant une couleur brune vers son point de contact. L'acide s'échappe de la même manière et aussi promptement du papier teint de lithmus, versla surface positive. J'ai fait plusieurs expériences pour m'assurer si dans les décompositions qui s'opérent par l'électricité, la séparation des parties constituantes d’avec les dernières portions du composé, étoit complète, ou si les résultats étoient distincts. L'évidence de cette dernière assertion m’a été démontrée. Je vais donner la description d’une des expériences les plus ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455 concluantes à cet égard. Une foible solution de sulfate de potasse , renfermant 20 parties d'eau , et une partie de so lution saturée à 60°, furent électrisées dans deux vases d'agathe, par un appareil de 5o paires de plaques, pendant trois jours. L’amianthe servant de point de réunion , qui avoit été humectée d’eau épurée, fut Ôtée, lavée dans la même eau, et appliquée de nouveau deux fois par jour. Cette précaution empèchoit la pré- sence d’un sel neutre quelconque qui auroit pu sy attacher et troubler les résultats. L'alkali obtenu par ce procédé dans la solution, avoit les propriétés de la porasse épurée, et lorsqu'il eut été saturé d'acide nitrique, la solution de muriate de baryte que j'y mélai, ne la troubla point. La matière acide exposée à une forte chaleur, s'évapora sans laisser aucun résidu. IV. Sur la transition de certaines parties constituantes des corps par l'action de l'électricité. M. Gautherot a avancé que dans un simple cerclé galva- nique de zinc, d'argent et d’eau dans un état actif, l’oxide de zinc qui se forme est attiré par l'argent. MM. Hisinger et Berzelius rendent compte d'une expérience dans laquelle on avoit mis du sulfate de chaux dans la partie positive d'un siphon électrisé par des fils partant d’une pile de Volta, et dans la partie négative de l'eau distillée. Cette dernière offrit de la chaux. Ces faits tendroient à prouver que les élémens de sel qui se développent dans les décompositions , par le moyen de l’élec- tricité, peuvent être transférés d’une surface électrisée à une autre, selon l'ordre ordinaire de leur arrangement; mais nous avons besoin de nouvelles recherches pour démontrer ceite as ertion d'une manière bien claire et bien précise. Je joignis ensemble avec de l’asbeste, un des vases de sulfate de chaux, dont j'ai parlé plus haut, et un vase’ d'agathe. Après les avoir remplis d’eau épurée , je mis dans le vase de sulfate de chaux, ün fil de platine qui tranusmettoit l'électricité partant d'une pile de 100 disques; un hl placé dans le vase d'agathe la recevoit. Au bout de quatre heures, une forte soluuio de chaux se trouva dans le vase d'agathe, et de l'acide sulfurique dans le vase de sulfate de chaux. En intervertissait l'ordre, et conduisant le procedé pendant le mém: temps, l'acide sul- furique parut dans le vase d'agathe, et la solution de chaux au cûté opposé. Plusieurs expériences faites avec d'autres substances salines, 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE donnèrent des résultats analogues. Lorsque j’introduisis de forts acides minéraux ayant pour base l’alkali ou de la terre alkaline, dans un tube de verre, et dans un autre vase joint au premier par de l’amianthe, de l’eau distillée, l’un et l’autre communiquant par des fils de platine à la pile de Volta, la base passoit toujours dans l’eau distillée lorsqu'elle étoit néga- üve, et l'acide lorsqu'elle étoit positive. Les métaux et les oxides métalliques, ainsi que les alkalis, passèrent du côté de la surface négative, et s’y ramassèrent. Dans une circonstance où je mis sur le côté positil une solution de nitrate d'argent et de l'eau distillée sur le côté néganif, l'argent parut sur toute l'étendue de l'amianthe transmettante, qui sembloit ainsi couverte d’une feuille d'étan. Le temps nécessaire pour ces transmissions, la quantité , l'intensité de l'électricité et d'autres circonstances restant toujours les mêmes, sembloit étre en proportion de la longueur du volôme intermédiaire d’eau. Ainsi lorsqu'avec une force de 100 disques, le sulfate de potasse est dans le vase négatif, et l’eau distillée dans le vase posinf, la distance entre les fils n'étant que d un pouce, l'acide sulfurique se trouve, en moins de cinq minutes dans l’eau, en quanuté sullisante pour être apperçu. Mais lorsque les tubes sont unis par un vase inter- médiaire d'eau épurée, de manière à former un circuit de 8 pouces, il faut 14 heures pour produire le même eflet. Pour m'assurer si le contact d'une solution de sel avec une surface métallique étoit nécessaire pour sa décomposition et le transfert, j'introduisis de l'eau épurée dans deux tubes de verre. Un vase qui renfermoit une solution de muriate de potasse fut uni à ces tubes par l'amianthe, et l’arrangement fait de manière que le niveau des deux portions d'eau épurée étoit plus élevé que le niveau de la solution de sel. Dans ce cas la matière salée étoit éloignée de chacun des fils au moins de 3 de pouce, Cependant la matière alkaline parut bientôt dans un tube, et la matière acide dans l'autre, et en 16 heures il se forma des solutions assez fortes de potasse et d'acide muriatique. Dans le cas de transfert ou de l'attraction électrique, la matière acide et alkaline paroit étre parfaitement pure; et je suis porté à croire que c’est ce qui arrive toujours dans les expériences faites avec soin. Une expérience qui me confirma la présence de l’alkali, fut celle où la magnésie passa du sul- fate de magnésie, qui étoit dans le tube positif, dans l'eau distillée du ET D'HISTOIRE NATURÆELLE, 437 du tube négatif. J'examinai ce fait, ayant soin que l'eau dis- tillée ne se trouvât jamais au-dessous du niveau de la solution de sel. Après avoir enlevé l'amianthe qui servoit de point de réunion, je versai de l'acide muriatique dans le tube. La solu- tion saturée ne donna aucune solution de muriate de baryte. Je voulus m’assurer des progrès de la transition et du cours de la matière acide et alkaline dans ces décompositions, en employant les solutions de lithmus et de turmeric, et des pa- piers teints de ces substances. Ces essais me firent connoitre quelques circonstances singulières auxquelles je ne m'atten- dois pas. - J'unis ensemble , avec de l'amianthe et une petite mesure pleine d’eau distillée teinte de Zithmus , deux tubes, dont l'un étoit rempli d’eau distillée, et l'autre de solution de sulfate de potasse ; la solution de sel fut négativement électrisée; et, comme il étoit naturel de supposer que l'acide sulfurique, en passant à travers l’eau dans le tube positif, rougiroit le /thmus dans sa course, je plaçai au-dessus et au-dessous des morceaux d'amianthe, directement dans le circuit, quelques morceaux de papier mouillé teint de Zthmus. J'observai avec la plus scrupuleuse attention les progrès de cette expérience. La cou- leur rouge se montra d’abord immédiatement au-dessus de la surface positive, où je l'attendois le moins ; elle se répandit d'elle-même du côté positif, au milieu de ce vase; mais du côté négatif, je ne vis paroître aucun rouge, soit au-dessus ; soit autour de l’amianthe, qui resta jusqu'à la fin sans être affecté, quoiqu'il eût transmis constamment l'acide sulfurique. Je changeai l'ordre de cette expérience, et plaçai la solu- tion de sel sur le côté positif; une solution et des papiers teints de turmeric remplacèrent ceux teints de /ithmus. L'effet fut précisément analogue ; le turmeric devint d’abord brun, et aucun changement n'eut lieu dans le vase intermédiaire auprés du fil positif. “+ Dans un autre procédé, je remplis les deux tubes de verre, de solution de muriate de soude, et le vase intermédiaire de solution de sulfate d’argent; je mis sur le côté positif du papier teint de turmeric , et sur le négatif du papier teint de /ithmus. A peine le circuit électrique eut-il été complet, que la soude commença à paroître dans le tube négatif, et l’acide oxi- muriatique dans le tube positif. Ces produits se montrèrent alternativement, passant dans la solution de sulfate d'argent, où l'acide muriatique occasionnoiït un précipité pésant et épais, Tome LXIV. JUIN an 1807. Kkk 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et la soude un précipité beaucoup plus léger et plus clair; mais ni la couleur du turmeric qui transmettoit l'alkali, ni celle du Zthmus qui transmettoit l'acide, n’éprouvèrent la plus petite altération. V. Sur le passace d'acides, d'alkalis et d’autres substances à travers différens menstrues chimiques attractifs, par le moyen de l'électricité. Comme les substances acides et alkalines , pendant le temps de leur transfert électrique, passent au travers d’une eau ren- fermant des couleurs végétales, sans les affecter, ou, selon toute apparence, se combinent avec elles, il est de notre sujet d'examiner maintenant si, ayant pour les menstrues chimiques une forte attraction , ces substances ne passent pas également au travers ; et il est raisonnable de supposer que le même pou- voir qui détruit l’aflinité élective dans le voisinage des points métalliques , pourra également la détruire ou suspendre son opération à travers toute l'étendue du circuit. Je me servis des vases et de l'appareil précédemment em- ployés dans l'expérience sur la solution de muriate de soude et de sulfate d'argent; je mis en contact , avec le point posi- tivement électrisé, une solution de sulfate de potasse, et de l’eau épurée, en contact avec le point négativement électrisé; je pris pour chaïînon central du conducteur, une foible solu- tion d’ammoniac, ensorte qu'aucun acide sulfurique ne pouvoit passer du point positif à l’eau distillée, sans traverser la so- Jution d’ammoniac. Je fis usage d’une pile de 150; je trouvai en moins de cinq minutes, par le moyen du papier Zthmus, que l'acide s’étoit ramassé autour du point positif. Au bout d'une demi-heure le résultat étoit assez distinct pour qu’on püt l’examiner avec soin. . L'eau étoit d'un goût aigre et précipitoit une solution de nitre de baryte. ù Je fis de semblables expériences avec une solution de chaux, de foibles solutions de potasse et de chaux, les résultats furent analogues. Avec de fortes solutions de soude et de potasse , l’exhibi- tion de l'acide exige beaucoup plus de temps ; mais même avec une lessive saturée d’alkali, l’acide se montre à certaine époque. L’acide muriatique de muriate de soude, et l'acide nitrique ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 de nitre de potasse, furent transmis à travers des mensirues alkalins, concentrés dans des circonstances pareilles. Ayant mis dans la partie négative du circuit de l'eau dis- tillée , au milieu une solution d'acide sulfurique, muriatique ou nitrique, et dans la partie positive , quelque sel neutre avec une base de chaux, de soude, de potasse, d’ammoniac, ou de magnésie , la matière alkaline passa à travers la matière acide à la surface négative, avec des circonstances semblables à celles qui se rencontrent pendant le passage de l'acide, à travers les menstrues alkalins ; et plus la solution concentrée étoit petite, plus sa transmission paroissoit aisée. Je fis la méme expérience sur du muriate de chaux avec l'acide sulfurique, sur le nitrate de potasse avec l'acide mu- riatique, sur le sulfate de soude avec l'acide muriatique, et sur le muriate de magnésie avec l'acide sulfurique : je me servis d'une pile de 150; en moins de 48 heures, j'obtins dans tous ces cas des résultats décisifs ; la magnésie passa comme le reste. Les strontites et les barytes passèrent aisément , comme les autres substances alkalines, à travers les acides muriatiques et nitriques ; et réciproquement les acides passèrent facilement à travers les solutions aqueuses de baryte et de strontite. Mais dans les expériences où j'ai essayé,de faire passer l’acide sul- furique au travers des mêmes menstrues, ou de faire passer les barytes où les strontites à travers cet acide, les résultats furent. absolument différens. à Ayant mis une solution de sulfate de potasse dans la partie négative du circuit, de l’eau distillée dans la partie positive» et au milieu une solution saturée de baryte, au bout de 30 heures il n'existoit pas dans l’eau distillée assez d'acide sulfu- rique pour qu'on püt le distinguer; je m’étois servi d'une pile de 150. Au bout de quatre jours je vis paroître l'acide, mais en très-petite quantité ; il s’étoit formé beaucoup plus de sulfate de baryte dans le vase intermédiaire. La solution de baryte étoit si foible, qu’à peine teignoit-elle le Z72mus ; une couche épaisse de carbonnate de baryte s'étoit formée sur la surface du fluide. Avec une solution de strontite, le résultat fut parfaitement analogue; mais au bout de trois jours l’acide sulfurique étoit sensible. è Lorsque j'eus rendu avec une pile de 150 la solution de muriate de baryte positive, l'acide sulfurique concentré inter- médiaire, et l'eau distillée négative , pendant les quatre jours que dura l'expérience, je n'appercus point de baryte dans l’eau Kkk 2 44o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE distillée, mais il s’étoit formé beaucoup d'acide oxi-muriatique dans le vase positif, et dans l'acide sulfurique, un dépôt assez considérable de sulfate de baryte. Plusieurs oxides métalliques soumis à la mème expérience, passèrent à travers les solutions acides du côté positif ou négatif; mais alors l'effet fut beaucoup plus long que dans la transi- tion de la matière alkaline, Ayant rendu positive une solution de sulfate vert de fer, une solution d’acide muriatique inter- médiaire, et l’eau négative, suivant le procédé acoutumé , au bout de dix heures l’oxide vert de fer commerça à paroître sur l’amianthe négatif qui servoit de lien, et au bout de trois jours il avoit formé un dépôt considérable dans le tube. Le sulfate de cuivre, le nitre de plomb et le nitro-muriale d’étain , me donnèrent des résultats analogues. J'ai fait plusieurs expériences sur la transition de la matière acide et ane à travers les différentes solutions de sels neutres, et les résultats furent les mêmes que ceux que j'ai rapportés ci-dessus. Dans une expérience où le muriate de baryte étoit négatif, la solution de sulfate de potasse intermédiaire, et l'eau épurée positive, la pile de Volta composée de 150, l'acide sulfurique parut au bout de cinq minutes dans l’eau distillée, et au bout de deux heures, l'acide muriatique étoit également évident. Lorsqu'une solution de sulfate de potasse est positive, une so- lution de muriate de baryte intermédiaire , et l’eau distillée néga- tive , le baryte se montre dans l’eau, et au bout de quelques minutes la potasse de la partie la plus éloignée de la chaîne est à-peu-près une heure à s’amasser de manière à être sensible. Lorsque la solution de muriate de baryte étoit positive , la solution de potasse intermédiaire , et l'eau distillée négative, la potasse paroissoil à l'instant dans l'eau distillée; un abon- dant précipité de sulfate de baryte se formoit dans le vase du milieu ; mais au bout de dix heures le baryte n'avoit pas encore passé dans l'eau. Une solution de sulfate d’argent ayant été interposée entre une so ution de muriate de baryie du côté négatif, et de l’eau épurée sur le côte positif, l'acide sullurique passa seul dans l'eau distillée, et il se forma un abondant précipité dans la solution de sulfate d'argent. Ce procédé dura dix heures. J'ai fait plusieurs expériences de transition sur des substances. animales et végétales, et toujours avec le plus grand succès. Le sel mis en contact avec le métal, et ce qui existe dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. AT les substances animales et végétales , l’un et l’autre éprouvèrent la décomposition et le transfert; et le temps nécessaire pour que ces produits se montrent aux extrémités-du circuit, dépend de leur degré de proximité. Ainsi ayant, avec une queue encore fraîche de polyanthe d'environ 2 pouces de long, joint un tube positivement électrisé , qui contenoit une solution de nitrate de strontite, à un tube négativement électrisé rempli d'eau épurée, l’eau devenue verte à l'instant, se montra chargée d’alkali, ei l’acide mitrique qui s’en étoit dégagé, passa rapidement dans le tube positif. Au bout de dix minutes j'examinai la matière alkaline, elle étoit composée de potasse et de chaux, et cependant le strontite n’y avoit pas encore pénétré. En effet un précipité d'acide sulfurique la fit promptement dissoudre ans l'acide muriatique. Au bout d’une demi-heure cependant, le strontite. parut, et au bout de quatre il forma un abondant ingrédient de la solution. 5 Un morceau de muscle de bœuf, d'environ trois pouces de longueur sur un demi-pouce d'épaisseur, fut traité de la même: manière, comme point de communication entre le muriate de bäryte et l'eau distillée. Les premiers produits furent de la suude, de l’ammoniac et de la chaux. Au bout d’une heure le baryte étoit évident. Je trouvai beaucoup d’acide oxi-muria- tique dans le tube positivement électrisé, mais aucune parcelle d'acide muriatique, soit de la solution muriatique, soit de la: Ebre musculaire, n'avoit passé dans le tube négatif. VI. Quelques observations générales sur ces phénomènes. et sur le mode de décomposition et de transition. Pour exprimer en général, dans le langage ordinaire de la: philosophie , les faits dont nous avons donné le détail, rela- tivement aux changemens et aux transitions opérés par l'élec- tricité, nous dirons que l'hydrogène, que les substances alka- nes , les métaux et certains oxides métalliques, sont attirés par les surfaces métalliques négativementélectrisées, et repoussés par les surfaces métalliques positivement électrisées; que les oxigènes. au contraire, ainsi que les substances acides, sont attirés par les surfaces métalliques positivement électrisées , et répoussés par les surfaces métalliques négativement électrisées. Ces forces attractives et répulsiveS sont douées d’une énergie suflisante pour détruire ou suspendre l'opération ordinaire de l’aflinité- élective. & ia JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est naturel de supposer que les forces attractives et re- poussantes sont communiquées d'une parcelle à une autre parcelle de la mème espèce , de manière à établir un con- ducteur dans le fluide ; d'où il résulte un changement de place démontré par une multitude de faits. Aussi dans toutes les expériences dans lesquelles j'ai examiné les solutions alkalines, à travers lesquelles les acides avoient été transmis, j'ai tou- jours trouvé de l'acide, lorsque quelque matière acide restoit à la source primitive. Certainement, avec le temps la puissance attractive de la surface positive rend la décomposition et le transfert complets, mais elle ne la détermine pas. Dans les cas de la séparation des parties constituantes de l’eau et des solutions de sels neutres formant la totalité de la chaine, il est possible qu'il existe une succession de décom- positions et de recompositions à travers le fluide. A l'appui de cette supposition viennent les expériences dans lesquelles on a essayé de faire passer le baryte au travers de l'acide sul- furique, et l’acide muriatique au travers d'une solution de sulfate d'argent, expériences dans lesquelles les composés indissolubles étant chassés hors de la sphère de l’action élec- trique , le pouvoir de transférer est détruit. On peut tirer la mème conclusion de plusieurs autres expériences. La magnésie et les oxides métalliques, comme je l’ai déjà dit, passèrent au moyen de l’amianthe mouillée, de la surface positive à la néga- tive; mais que l’on mette entre les deux un vase d'eau épurée, ces substances alors , loin d'aller chercher le vase négatif , tombent au fond. J'ai répété plusieurs fois ces expériences, et toujours les résultats en ont été parfaitement concluans. Dans une où l'acide sulfurique parut passer en petites quantités à travers de légères solutions de strontite et baryte, je ne doute pas que cette transition n'ait été produite par une légère couche d’eau épurée, dans laquelle la solution avoit été décomposte à la superficie, par l'acide carbonique. En eflet, dans une expérience semblable à celle dans laquelle la pellicule du car- bonnate de baryte avoit été souvent remuée et le fluide agité, aucune parcelle d'acide sulfurique ne parut à la partie positive de la chaîne. Il est aisé d'expliquer, par les phénomènes généraux de la décomposition et du transfert, de quelle manière l’oxigène et l'hydrogène se développent séparément de l’eau. L'oxigène d'une partie d’eau, est attiré par la surface positive dans le même temps qu'elle repousse l’autre partie constituante , je ET D'HISTOIRE NATURELLE. 443 veux dire l'hydrogène. Le procédé opposé a lieu à la surface négative. Au point central du circuit, soit quil exisle une suite de décompositions et de recompositions, ou soitque les parcelles des points extrêmes soient seules en activité, il doit nécessaire- ment y avoir une nouvelle combinaison de la matière repoussée, Ce cas est analogue à celui de deux portions de muriate de soude séparées par l'eau distillée, où l'acide muriatique est repoussé du côté négatif, et la soude du côté positif; tandis que le muriate de soude se forme dans le vase du milieu. Ces faits semblent réfuter pleinement les conjectures de M. Ritter et de quelques autres philosophes, relativement à la nature élémentaire de l’eau, et confirmer la grande décou- verte de M. Cavendish, que l'eau est un composé d'oxigéne ‘et d'hydrogène. M. Ritter crut avoir obtenu de l’eau de l’oxigène sans hy- drogène , en faisant l'acide sulfurique le point de communi- cation à la surface négative; mais dans ce cas le soufre est déposé , et l'oxigène de l’acide , ainsi que l'hydrogène de l'eau, sont également repoussés, et il se forme une nouvelle com- binaison. J'ai tenté quelques expériences de décomposition et de trans- fert par le moyen de l'électricité ordinaire, en faisant usage de là machine electrique de M. Nairne, qui appartient à la Société royale, dont le cylindre est de 15 pouces de diamètre sur 2 pieds de long. Avec le même appareil employé pour les décompositions par la batterie de Volta , un fort courant d'électricité passant dou- cement, pendant quatre heures, à travers une solution de sulfate - de potasse, ne produisit aucun effet qu'on püt appercevoir.. Mais en employant des points de beau platine de ;= de pouce de diamètre, joints ensembie dans des tubes de verre , de la ma- nière inventée par le docteur Wollaston, et en les rapprochant les uns des autres, dans des vases contenant de 3 à 4 grains de solution de sulfate de potasse, et unis par de l'asbeste mouillée , en moins de deux heures la potasse se montroit autour du point négativement électrisé, et l’acide sulfurique- autour du point positif. Dans une expérience semblable, l'acide sulfurique fut trans- féré dans l’eau, au travers de l’asbeste mouillée; ensorte qu’il n’y a point de doute que le principe de l’action ne soit le méme dans l'électricité ordinaire et dans celle de Volta. AA JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIP VIL. Sur les principes généraux des changemens chimiques produits par l'électricité. Les expériences de M. Bennet ont démontré que plusieurs corps d’abord mis en contact, et ensuite séparés, présentoient des états opposés d'électricité; mais c’est à Volta que l'on doit le développement de ce fait. Il l'a fait voir distinctement dans le cas du cuivre et du zinc, et des autres combinaisons mé- talliques , et il a aussi supposé que le même effet avoit lieu à l'égard des métaux et des fluides. Dans une suite d'expériences faites en 1801, sur la cons- truction de combinaisons électriques au moyen de disques, de métaux et de couches de fluide alternant l'un avec l’autre, j'ai observé que lorsqu'on employoit les solutions acides et alkalines comme élémens de ces instrumens , les solutions alkalines recevoient toujours électricité du métal, et que l'acide la transmettoit toujours au métal, Ainsi, lorsque ces élémens se trouvoient composés d’étain, d'eau et de solution de potasse, la circulation de l'électricité étoit de l’eau à l’étain , et de l’étain à la solution de potasse; mais ces élémens étoient-ils com- posés d’un léger acide nitrique, d’eau et d’étain ? l'électricité circuloit alors de l’acide à l’étain et de l’étain à l'eau. Ces principes semblent avoir un rapport immédiat avec les phénomènes généraux de la décomposition et de la transition, qui ont été le sujet des détails précédens. Das le plus simple cas de l’action électrique , l'alkali qui reçoit l’électricité du métal, séparé de ce dernier, doit né- cessairement paroître positif; tandis que dans des circonstances semblables, l'acide sera négatif; et ces corps ayant respecti- vement, à l'égard des métaux, une puissance électrique, néga- tive et positive, s’il m'est permis de parler ainsi, semblent dans leurs fonctions attractives, repoussantes par les lois ordinaires de l'attraction et de la répulsion électriques. En effet le corps doué de la puissance positive est repoussé par les surfaces positivement électrisées , et attiré par les surfaces négativement électrisées ; tandis que le corps qui possède la force négative, suit l'ordre contraire. J'ai fait une multitude d'expériences pour éclaircir cette idée et donner plus d’étendue à son application, toutes m'ont confirmé d’une manière frappante l'analogie. Du charbon de bois bien brûlé, de l’eau et de l'acide ni- rique, la même substance, de l’eau et une solution de soude, devenus ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 deyenusrespectivement élémens de différentes combinaisons élec" triques, Furent distinctement actifs lorsque j'eus mis ensemble 20 alternations. L'alkali donnoit, d'un cûté , la puissance positive, -et d’un autre l'acide la négative. Des disques de zinc, des morceaux de carton mouillé et de chaux vive humectée , le tout au nombre de 40 pièces, formèrent également une foible colonne électrique, l'effet de la chaux étant semblable à celui de l’alkali, mais bientôt elle perdit sa puissance. Au moyen d'instrumens extrêmement délicats, je voulus m'assurer des états électriques de chaque acide en particulier et des solutions alkalines, après leur contact ayec les métaux. J'employai à cet effet, à différentes fois, l'électromètre, con- densant de M. Cutberson, le multipliant de M. Cavallo, et une balance électrique extrémement juste, d’après le principe de Torsion, adopté par M. Coulomb; mais les effets n’en furent pas sati-faisans ; les circonstances de l'évaporation et de l’action chimique , l'adhérence des solutions aux surfaces des métaux employés, empèchèrent aucun résultat distinct, ou rendirent la source de l'électricité douteuse. Je n'entrerai point dans le détail de procédés ou d'expériences tendantes à tirer des conséquences d'apparences capricieuses et incer- taines, conséquences qui, comme nous ne tarderons pas à le voir, peuvent être déduites d'apparences claires et distinctes. Les substances alkalines et acides qui peuvent exister sous une forme sèche et solide, donnent, par leur contact avec les métaux, des électricités extrêmement sensibles qui se ma- nifestent par la feuille d’or de l'électromètre ; avec une petite plaque condensante. Lorsque les acides oxalique , succinique , benzoïque ou bo- racique , parfaitement secs, soit en poudre, soit cristallisés, ont touché une surface étendue d’une plaque de cuivre, isolée par une poignée de verre, le cuivre se trouve positif et l’acide négatif, Lorsque le temps est favorable et l’electromètre en bon état, un seul contact de ce métal suffit pour produire une charge sensible ; maïs rarement il en faut plus de cinq ou six. D'antres métaux, tels que le zinc et l'étain, sur lesquels l'expé- rience a été répétée, donnèrent le même effet. Le métal reçoit la charge positive, selon toute apparence, a la même étendue, soit que l'acide soit isolé sur le verre, ou communique à la; terre. L'acide phosphorique solide produit par inflammation , et, éloigné avec soin du contact de l'air, rendoit la lame isolée Tome LXIV. JUIN an 1807. LI! 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de zinc positive, par quatre contacts ; mais exposé à l'atmos- phère pendant quelques minutes, il perdoit sa puissance. Lorsque les plaques métalliques eurent touché la chaux sèche, la strontite ou la magnésie, le métal devint négatif; l'effet étoit très-distinct, un seul contact sur une grande surface étant suffisant pour communiquer une charge considérable. Les terres ee servirent à ces expériences avoient été préparées avec soin ; elles étoient en poudré et renfermées dans des bouteilles de verre , plusieurs jours avant d’en faire usage. Il est essentiel, pour que le procédé réussisse, de les mettre à l'abri de la tem- pérature de l'atmosphère. Dans quelques expériences que je fis sur ces substances après les avoir d’abord mises au feu et les avoir ensuite laissé refroidir, elles parurent fortement électriques, et rendoient positifs les conducteurs mis en con- tact avec elles. w: J'ai fait plusieurs expériences de la même manière sur les effets du contact de la potasse et de la soude, avec les mé- taux; dans aucune la potasse ne me donna de résultats satis- faisans. Sa puissante attraction jour l’eau a présenté un obstacle insurmontable au succès de quelques expériences faites dans une atmosphère libre. La soude dans un seul cas où lélectri- cité se développa, affecta le métal de la même manière que la chaux , la strontite et la magnésie. La soude dans cette occasion fut préparée avec le plus grand soin, ayant été exposée pendant environ une heure dans un creuset de platine, à une chaleur rouge, et refroidie dans un creuset enveloppé de mer- cure, Cette enveloppe êtée , le contact eut lieu avec une plaque de zinc. L'expérience se fit en plein air. Le temps étoit sin- gulièrement sec, le thermomètre à 28° de Fahrenheit, et le baromètre à 31 pouces. À la première expérience six contacts donnèrent une charge à l'électromètre condensant ; il en a fallu dix à la seconde pour produire le méme effet, après laquelle, au bout de deux minutes seulement, la charge disparut, et il me fut impossible d'obtenir des résultats ultérieurs. Dans la décomposition de l'acide sulfurique par l'électricité de Volta, le soufre se sépare vers le côté négatif. Les expé- riences faites par divers physiciens, prouvent que par le frotte- ment du soufre et des métaux, le soufre devient positif et les métaux négatifs. J'ai obtenu le même résultat du contact d’un pain de soufre quinétoit pas frotté, et d’une plaque m£- tallique isolée. M. Wilke a établi une éxception en faveur du plomb comme rendant le soufre négalif par son frottement. ET D'HISTOIRE NATUkKELLE. 447 Les résultats que j'ai obtenus du plomb, dans des expériences faites avec le plus grand soin, sont les mêmes que ceux produits par les autres métaux. Le soufre frotié ou frappé contre du plomb nouvellement poli, devenoit toujours positif. Peut-être M. Wilke s'est-il trompé ;en employant du plomb terni. En effet, j'ai trouvé que le soufre frotté contre la litharge ou-contre du, plomb resté long-temps à l'air, dévenoit néganf. Ainsi cetteexceplion mise de côté, tous les faits relatifs à ce Sujet, vi nnent à l'appui des pruicipes généraux Ea principe général, l’oxigène et l'hydrogène doivent, à l’égard des métaux respectifs, être douts de Ja puissance négative et positive. Cette.opinion est confirmée par l'action de leurs com- posés. Ainsi. j'a trouvé que la solution aqueuse d’hydrogène sulfuré dans l'appareil électrique , composé de disques mé- talliques et de différentes couches de fluides, agissoit de la même manière que les solutions alkalines ; que la solution d'acide oxi-muriatique est bien plus puissante dans un sem- blabie appareil, que les solutions d'acide muriatique au plus haut degré de concentration ; ce que dans l'un et l’autre cas il est impossible de concevoir sans l'action de l'oxigène et de l'hydrogène combinés. Gette conséquence est pleinement con- firmée par l'action de la solution des soufres alkalins hydro- génés, consistant principalement dans l'union du soufre et de l'alkali, conjointement avec l’eau : elles présentent relative- ment aux métaux la puissance positive à un très-haut degré. Dans la suite d'expériences faites avec l'appareil de Volta, composé des disques , dont j'ai parlé ci-dessus, j'ai trouvé que les solutions de soufre trempé dans l’eau, étoient en général beaucoup plus actives que les solutions alkalines, surtout ayec le cuivre, l’argent et le plomb. Dans une expérience que je fis en 1802, sur une combinaison de cuivre, de fer et de sulfures saturés d'eau, j'ai trouvé que l'énergie positive des sulfures saturés d'eau , relativement au cuivre, suflisoit pour surmonter celle du fer; ensorte que l'électricité circuloit non pas du cuivre au fer, et du fer au fluide, comme dans les cas ordinaires, mais du cuivre au sulfure saturé d’eau, et de ce dernier au fer. Tous ces détails confirment d'une manière irréfragable le principe, On peut les considérer comme un simple arrange- ment de faits qui, au moyen de quelques extensions, paroît susceptible d'une application générale, Si des corps possèdent des forces électriques opposées rela- 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tivement à l'un d'eux, nous pouvons en conclure avec assurance, qu'ils les possèdent relativement les uns aux autres. C'est ce que jai trouvé dans une expérience faite avec de la chaux et de l'acide oxalique. Un morceau de chaux sèche fait de pierre de chaux secondaire , et dont la forme présentoit une large surface unie, devint positivement électrique par des contacts répétés avec des cristaux d'acide oxalique. Ces cristaux placés au haut de l’électromètre condensant et touchés à différentes reprises par la chaux que l’on faisoit décharger après chaque contact , rendirent les feuilles d'or négativement électriques. La tendance des simples contacts de l'acide et de l’alkali avec le métal, doit produire des effets opposés à ceux ci-dessus, si leur action mutuelle avoit beaucoup d'énergie. Ce n’est certainement pas s'éloigner de la question que de considérer les autres acides, et généralement les substances alkalines, ainsi que l'oxigène et l'hydrogène, comme possé- dant les inêmes rapports électriques; et dans les décomposi- tions et les changemens que présentent les effets de l'électricité, les différens corps qui possèdent naturellement des aflinités chimiques, parcissent incapables de se combiner ou rester en combinaison , lorsqu'ils se trouvent placés dans un état d’élee- tricité différent de leur ordre naturel. Ainsi, comme nous lavons vu, les acides, dans la partie positive du circuit, se séparent d'eux mêmes des‘alkalis, Foxigène de l'hydrogène, etc. Du côté négatif, les métaux ne s'unissent point à l'oxigène , et Jes acides ne restent point amalgammés avec leurs oxides. Par ce moyen les agens actifs et‘repoussans paroissent être com muniqués des surfaces métalliques à travers tout le menstrue. VIII, Sur les rapports entre les forces électriques des corps, et leurs affinités chimiques. L'attraction chimique entré deux corps, semble être détruite en donnant à l’un d'eux un état éléctrique différent de celui qu'il avoit naturellement : c'est ce qu'on opère si on fait passer artificiellement l’un dans un état semblable à celui de l'autre, de manière à pouvoir augmentér où exalter son énergie na- turelle. Ainsi, tandis que le zinc, l'un des métaux les plus oxidables, est incapablé de se combiner avec l'oxigéne, lors- -qu'il est négativement électrisé dans le‘citcuit même, par un foible pouvoir, l'argent, l’un des moins oxidables, s'y unit aisé- ment, lorsqu'il est positivement électrisé. On peut dire la même chose des autres métaux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 Parmi les substances qui se combinent chimiquement, toutes celles dont les forces électriques sont bien connues , donnent des états opposés. Ainsi le cuivre et le zinc, l'or et le mercure, le soufre et les métaux, les substances acides et alkalines, sont des preuves de ce que j'avance; et en supposant la liberté entière du mouvement dans leurs parcelles ou matière élé- mentaire, elles doivent, d'après les principes mis en avant, s’atürer l'une l’autre en conséquence de leurs pouvoirs élec- triques. D'après nos connoissances actuelles, il seroit inutile de vouloir approfondir la cause éloignée de la force électrique, où ja raison pour laquelle différens corps, après avoir été mis en contact les uns avec les autres, se trouvent différemment ‘électrisés. Cependant le rapport de l'électricité avec l’aflinité chimique est assez évident. Celle-ci n’est-elle pas identifiée avec l'autre, ou est-elle une propriété essentielle de la matière ? . Les disques de verre de Beccaria, enveloppés d'étoffes, sont fortement atiachés l'un à l’autre, lorsqu'on les charge à l’oppo- site, et conservent leurs charges étant séparés. Ce fait n'a qu’un rcpport éloigné avec le sujet que nous traitons. Différentes parcelles, en se combinant , peuvent encore être supposées conserver leur état particulier d'énergie. Däns une recherche qui n’est pour aïnsi dire encore qu’au berceau, il ne conviendroit pas de mettre une confiance avett- gle dans cette hypothèse; mais cela paroît dériver naturellement des faits et coïncider avec les lois de F'aflinité , si habilement dé- veloppées par les chimistes modernes; et lon peut en faire aisément l'application générale. Ù En supposant deux corps dont les particules sont dans des états d'électricité différens, et ces états assez exaltés pour leur donner une force atiractive supérieure au pouvoir d'agré- gation, il y aura une combinaison qui aura plus au moins d'intensité, selon que les forces seront plus ou moins parfaite- ment balanctes, et le changement des propriétés aura use correspoudaice proportionnelle. C'est là le cas le plus simple de l'union chimique : mais différentes substances ont différens degrés de la même puis- sance électrique , en rapport avec le même corps. Ainsi les différens acides et aikalis ont différentes énergies relativement au même métal. L'’acide sulfurique, par exemple, a plus de force avec le plomb, que l'acide muriatique, et la solution de potasse est plus active avec l'étain, que la solution de soude. Les mèêines corps aussi peuvent étre, dans le mêirie 4Fo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, temps, ou repoussans relativement de l’un à l'autre, ce qui arrive en apparence dans les cas ci-dessus mentionnés, ou ils peuvent étre neutres, ou bien ils peuvent être dans des états opposés ou attractifs. Ces derniers paroissent être dans la catégorie du soufre et des alkalis, qui ont la même espèce d'énergie relativement aux métaux Lorsque deux corps se repoussant l'un l'autre, agissent sur le même corps avec différens degrés de la même force élec- trique attractive, la combinaison sera déterminée par degrés, et la substance douée de l'énergie la plus foible sera repoussée. Ce principe nous donne les causes de l'aflinite élective et des décompositions qui en sont la suite. Or lorsque des corps ayant differens degrés de la même énergie, relativement à un troisième corps , ont aussi des forces différentes relativement à l’un et à l’autre, ii peut exister alors une balance de pouvoirs attractifs et repoussans, cipable de produire un troisième composé. En étendant ce raisonnie- ment, il est aisé d’expliquer l’union chimique compliquée. On pourroit sans difficulté donner plusieurs déveioppemens à ces notions, et les appliquer à tous les cas de l'action chi- mique. Mais dans l’état actuel de la question, une grande extension de cette partie hypothétique du sujet, seroit pré- maturée. L'idée générale cependant donnera une explication facile de l'influence de l’aflinité par les masses des substances agissantes, ainsi que l'ont démontré les expériences de M. Berthollet; car l'effet combiné de plusieurs parcelles, douées d’une foible éner- gie électrique , peut se concevoir égal ou même supérieur à celui de quelques parcelles possédant une forte énergie électrique. Les faits précités confirment cette supposition. En effet la lessive alkaline concentrée s'oppose bien plus facilement à la transmission d’acide par l'électricité, que celles qui sont foibles. En accordant que la combinaison dépend de la balance des forces naturelles électriques des corps, 1l est aisé de concevoir qu’on peut trouyer une esure des forces artificielles, ainsi que l'intensité et la quantité produites par la machine électrique ordinaire, ou par l'appareil de Volta, capables de détruire cet équilibre. Dans le circuit de l'appareil de Volta, complété par les fils de métal et par l'eau, la force des électricités opposées va en diminuant des points de contact des fils vers le point milieu ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 de l’eau, qui est nécessairement neutre. Dans une masse d’eau d'une étendue considérable, il ne sera sans doute pas difficile d’assigner les endroits où les différens composés neutres cèdent à la décomposition, ou lui résistent. Le sulfate de baryte, dans tous les cas où je l'ai essayé, demandoit un contact immédiat avec le fil. La solution de sulfate de potasse ne donnoit aucune - marque de décomposition avec une force de 150, lorsqu'elle se trouvoit dans un circuit d’eau de cinq pouces d'étendue, à quatre pouces du point positif; mais placée à deux pouces, son alkali étoit repoussé lentement, et son acide attiré. Toutes les fois que les corps amenés par des moyens arti- ficiels à un haut degré d'électricité opposée, sont placés de manière à rétablir l'équilibre, la chaleur et la lumière en sont les conséquences ordinaires. Peut-être est-ce une circonstance à ajouter en faveur de la théorie, qui soutient que la chaleur et la lumière sont aussi le résultat de toutes les actions chi- miques intenses. Et comme dans certaines formes de la batterie de Volta, où de grandes quantités d'électricité, d'intensité lente agisseut, la chaleur est produite sans lumière, de même dans les combinaisons lentes il y a une augmentation de tempéra- ture sans apparence de lumière. | D'après ces idées on peut expliquer aisément l'effet de la chaleur en produisant la combinaison. Non-seulement elle donne souvent un mouvement plus libre aux particules, mais dans nombre de cas, elle semble exalter les forces électriques des corps : le verre, la tourmaline, le sonfre, nous donnent communément des preuves de cette dernière espèce d’énergie, Je fis chauffer ensemble un disque isolé de cuivre et un disque de soufre; j’examinai leurs électricités au moment où leur. température étoit élevée; ces électricités rarement sen- sibles à 50° de Fahrenheit, à l'électromètre condensant , devin- rent à 100° de Fahrenheit, capables d’affecter les feuilles d'or sans condensateur. Plus le soufre approchoïit de son point de fusion, plus elles allèrent en augmentant. Un peu au-dessous de ce point, ainsi que l'ont démontré les expériences des chi- mistes hollandais, ces deux substances se combinent rapide- ment, et la chaleur, ainsi que la lumière, sont évidentes. On peut concevoir que de semblables effets se rencontrent dans le cas de l'oxigène et de l’hydrogène, dont l'eau forme un Corps neutre en a; parence dans la force électrique; et pour plusieurs autres substances , nous pouvons conclure avec raison que dans tous les cas de combustion, la mème exaltation de 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pouvoir existe. En général, lorsque différentes énergies sont fortes et dans un équilibre parfait, la combinaison doit étre vive , la chaleur et la lumière intenses, et le composé nouveau dans un état neutre. Tel est le cas dans l'expérience dont il s'agit, et dans les circonstances de l'union des alkalis et des acides puissans. . Cette dernière opinion est confirmée par toutes les expé- riences que jai été à même de faire sur les forces des com- posés de sel relativement aux métaux. Le nitre et le sulfate de potasse, le muriate de chaux, l'oxi muriatique de potasse, quoique touchés à plusieurs reprises différentes, sur une large surface de disque de cuivre et de zirc, ne leur donnèrent aucune charge électrique; le sous-carbonate de soude et le borax , au contraire, donnèrent une légère charge négative; l'alun et le superphosphate de chaux, une foible charge po- sitive. Dans des expériences ultérieures, ce principe pourra géné- ralement s'appliquer au degré des forces électriques des corps, dont on se seroit assuré au moyen d'instrumens sensibles, et donner sur leur composition des éclaircissemens utiles et nou- veaux. IX. Sur le mode d'action de la pile de Volta, avec des éclatrcissemens donnés par les expériences. La grande tendance de l'attraction des différens agens chi- miques, par les surfaces positives et négatives, dans l'appareil. de Volta , semble devoir rétablir l'équilibre électrique. Dans la batterie de Volta, composée de cuivre, de zinc et de solution de muriate de sonde, toute circulation de l'électricité cesse, et l'équilibre est rétabli si le cuivre est mis en contact des deux côtés avec le zinc; et l’oxigène et les acides qui sont attirés par le zinc positivement électrisé , exercent des actions semblables sur le cuivre, mais probablement dans un degré plus foible ; et commeils sont susceptibles de combinaison avec le métal, ils ne produisent qu’un équilibre momentané. Les forcesélectriques des métaux, relativement lun à l'autre, ou les substances dissoutes par l’eau dans l'appareil de Volta, et dans les autres instrumens analogues, semblent être les causes qui troublent l’équilibre , et les changemens chimiques celles qui tendent à le rétablir; et les phénomènes dépendent très-probablement de Îeur action réunie. Dans la pile de Volta, de zinc, de cuivre et de solution de 3 » re ET D HISTOIRE NATURELLE. 493 de muriate de soude , à laquelle on avoit donné sa tension électrique, les disques communicans de cuivre et de zinc, étoient dans -des états opposés d'électricité. Relativement aux électricités d’une intensité lente, l'eau est un corps isolé. Conséquemment chaque disque de cuivre produit, par induc- tion, une augmentation d'électricité positive sur Îles disques de zinc opposés , et chaque disque de zinc, une augmentation d'électricité négative sur le disque de cuivre opposé, et l'in- tensité augmente en raison du nombre;et la quantité, en raison de l'étendue de la série. Lorsque la communication est faite entre les deux points extrêmes, les électricités opposées tendent à se détruire l’une l'autre, et si le fluide existant au milieu est une substance incapable de décomposition, on peut croire alors que l'équi- libre se rétablit, et que le mouvement de lPélectricité cesse. Mais la solution de muriate de soude étant composée de deux séries d'élémens qui possèdent des forces électriques opposées, l'oxisène et l'acide sont attirés par le zinc, et l'hydrogène et l'aikali par le cuivre. La bajance du pouvoir n'est que momentanée. En effet la solution de zinc se forme et l'hydrogène se dégage. La force négative du cuivre et la force positive du zinc, se développent de nouveau, afloiblies seulement par la force opposée de la soude en contact avec le cuivre, et le procédé du mouvement électrique continue aussi long-temps que les changemens chimiques peuvent s'opérer. Cette théorie paroït concilier les principes hypothétiques de l'action de la pile adoptée par son illustre inventeur , avec Îes opinions relatives à l’origine chimique du galvanisme, adoptées par un grand nombre de philosophes anglais; elle est de plus confirmée et fortifiée par une multitude de faits et d’expé- riences. Ainsi la pile de Volta, composée de 20 paires de plaques de cuivre et de zine, n’a point un pouvoir électrique perma- nent, lorsque le fluide unissant est l'eau dégagée d'air. Cette substance en effet ne produit pas promptement un change- ment chimique, et il semble que l'équilibre puisse être cous- tamment rétabli, quoiqu'elle soit intermédiaire. L’acide sulfu- rique concentré, qui est un conducteur bien plus parfait, est également sans effet; car il agit peu sur le zinc, et est lui- mème décomposé par une forte puissance. Les piles contenant, comme leur élément fluide, soit l’eau pure, soit l'acide sul- Tome LXIV. JUIN an 1807. M mm à A4 JOURNAL BE PHYSIQUE, DE CHIMIE furique, donneront sans doute des corps simples, effet qui se lie avec le rétablissement dé l'équilibre rompu par les forces des métaux; mais lorsque leurs plaques, qui se trouvent aux extrémités, sont réunies, alors il n'y a point d’exhibition, comme il arrive toujours dans le cas du mouvement électrique. L'eau qui contient de l’oxigène combiné, a bien plus d'efficacité que celle qui renferme de l'air commun, puisque dans le pre- mier cas l'oxide et le zinc peuvent se former beaucoup plus vite et en bien plus grandes quantités. Les solutions de sel neutre, d’abord très-actives , perdent leur énergie à mesure que leur acide s'arrange de lui-même du côté du zinc, et leur alkali du côté du cuivre. J'ai éprouvé que les forces d'une combinaison , à-peu-près détruites par cette cause, se ravivoient en agitant simplement les fluides dans les cellules, et en mélant leurs parties ensemble. Les acides délayés qui sont eux-mêmes aisément décomposés, ou qui aident à la décomposition de l'eau, sont au-dessus de toutes les autres substances actives. En effet ils dissolvent le zinc et produisent seulement, sur la surface négative, un gaz qui est immédiatement dégagé. Il est d'autres expériences liées à des résultats singulièrement frappans , qui déterminent encore à supposer que la décom- position du menstrue chimique est essentielle au mouvement électrique continuel de la pile. Et lorsqu'une décharge électrique est produite dans la batterie de Volta, au moyen de petites surfaces métalliques, les états opposés étant exaltés, une chaleur sensible en est la consé- quence. Il m'est démontré que si la décomposition des agens chimiques étoit essentielle à la balance des électricités opposées, dans une solution de sel, l'effet de cette décomposition et du passage de l'alkali au côté négatif, et de l’acide au côté positif, doit, dans des circonstances favorables, se lier avec une augmen- tation de température. : Jesmis les cônes d’or, dont j'ai déjà parlé, dans le circuit d'une batterie forte de 100 plaques; après les avoir remplis d'eau distillée, je les joignis ensemble au moyen d’un morceau d'asbeste mouillé, d'environ un pouce de long et : de pouce de diamètre; je me procurai un thermomètre d'air assez petit pour pouvoir entrer dans les cônes, n'attendant qu'un bien léger changement de température , si même il y en avoit aucun. J'introduisis dans le cône positif une goutte de solution de sulfate de potasse, la décomposition commença à l'instant. La potasse n'eut pas plutôt passé dans le cône negatif, que la in iun ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 chaleur fut sensible, et en moins de deux minutes l'eau étoit dans un état d'ébullition. Je fis la même expérience avec une solution de nitre d'am- moniac, la chaleur alors s'éleva à un tel degré d’intensité, qu’en trois ou quatre minutes toute l'eau s'évapora avec une espèce d’explosion, etenfin survint l'inflammation avec la décom- position et l'évaporation de la plus grande partie, de ce sel (1). Il estévident , d'après cette expérience, que Faugmentation du pouvoir conducteur de l’eau , au moyen de la goutte de solution de sel, ne contribue en rien à l'effet dont ils agit. J'introduisis dans les cônes une certaine quantité de lessive de potasse, ainsi que de l'acide sulfurique concentré , mais séparément , l’un et l’autre sont des conducteurs beaucoup meilleurs que les solutions de sels neutres; mais l'effet en fut très-peu sensible. Les mêmes principes peuvent s'appliquer à toutes les variétés de l’appareil électrique, soit que les plaques en soient doubles ou simples ; et si les idées développées dans les précédentes sections, sont exactes, il s'ensuit qu'une propriété agissante sous différentes modifications, est la cause universelle de leur activité. X. Sur quelques éclaircissemens généraux, et applications des faits et des principes précédens. Conclusion. Les idées générales exposées ci-dessus, sont évidemment en contradiction avec l’opinion avancée par Fabbroni, qui, lorsque cette nouvelle découverte parut, fut trouvée extrêmement pro- bable; je veux dire que les changemens chimiques sont les causes prernières des phénomènes du galvanisme. Avant que les expériences de M. Volta sur l'électricité, excitée par le simple contact des métaux, eussent été rendues publiques , j'étois disposé à adopter cette opinion; mais de nouveaux faits me démontrèrent bientôt qu'il falloit nécessaire ment qu’une autre puissance agit. En effet il n’étoit pas possible de rapporter l'éiectricité développée par l’apposition de surfaces métalliques à quelques altérations chimiques, surtout parce que son effet est beaucoup plus sensible dans une atmosphère sèche, (1) Dans ce procédé l’ammoniac fut rapidement enleve de la surface du cône négatif, et l’acide nitrique du cône positif. Leur combinaison produisit dans l’atmosphere , au-dessus de l’appareil, une vapeur blanchätre. Mimm 2 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEICNIMIE où les métaux, même Îles plus oxidables, n'éprouvent aucun changement , que dans une atmosphère humide , où plusieurs métaux éprouvent une altération chimique. D'autres faits n'ont pas tardé à me convaincrè de l’existence de cet autre pouvoir. Par l'appareil de Volta , :l est reconnu que dans une combinaison d'acide nitrique délayé, de zinc et de cuivre, | é du zinc exposé à cet acide est posilif ; mais dans les! binaisons de zinc, d’eau et d’acide nitrique délayé , la surface exposée à cet acide est négative. Cependant, si l’action chimique de cet acide sur le zinc eût été la cause de cet effet, il devroit étre le même dans Jes deux cas. Dans les simples cas de changement chimique, l’électricité ne se développe jamais. Le fer brülé dans le gaz oxigène, parfaitement uni avec un électromètre condensant , ne lui donne aucune charge pendant le procédé. Le nitre et le charbon de bois brûlé, en communication avec le méme instrument, ne peuvent pas affecter par leurs actions, au plus foible degré, les feuilles d'or. La potasse pure, solide et l’acide sulfurique, com- binés dans un creuset de platine isolé, ne produisent aucune apparence d'électricité. Une aralgame solide de bismuth, ainsi qu'une amalgame solide de plomb , mélés ensemble, deviennent fluides. Gette expérience, selon moi, tient à la diminution de la température, mais non pas au développe- ment des effets de l'électricité. Une petite plaque de zinc que j'avois mise sur une surface de mercure, s’est trouvée positive, ei le mercure négatif. Les métaux en s’échauffant exaltent les effets; mais qu’on les laisse assez long-temps en contact pour s'amalgamer , le composé alors ne donne aucun signe d'élec- tricité. Je pourrois citer une multitude d'autres preuves de l'action purement chimique , expériences dans lesquelles j'ai employé tous les moyens qui étoient en mon pouvoir, pour constater le fait , et dont le résultat a été constamment le même. Dans le cas d’effervescence, il est vrai, surtout lors- gu'elle est accompagnée de beaucoup de chaleur, les vases de métal dont on se sert, deviennent négatifs; mais le chan- gement d'état d’un corps indépendant d’un changement chi- mique, est un phénomène qui tient à l'évaporation, et qu’il faut rapporter à différentes lois (x). (1) Le changement de capacité des corps, en conséquence de l’altératioæ dans leurs volumes , ou états d’existence par la chaleur, est une source eon— tinuelle d’effets électriques, et qui, comme je l’ai remarqué plus haut, s’oppose ET D'HISTOIRE NATURELLE, 457 J'ai parlé des plateaux de verre de Becéaria, comme donnant un cas semblable à celui de la combinaison, en conséquence des différens états électriques des corps. Dans les expériences de Guyton de Morveau , sur la cohérence , on dit que les diffé. rens métaux se sont attachés au mercure avec une force pro- portionnée à leurs aflinilés chimiques. Mais les autres métaux ont différentes énergies électriques, ou différens degrés de la méme force électrique relativement au mercure; et dans tous les cas du contact da mercure avec un autre métal sur une grande surface , ceux-ci doivent s'y attacher en conséquence de la diffé- rence de leurs états électriques , c'est-à-dire avec une force pro- portionnée à l’exaltation de ces états. Le fer qui, selon M. Guyton, est légérement adhérent, séparé du mercure sur lequel on lavoit d’abord déposé, m'a paru donner un peu d'électricité positive. L'étain, le zine et le cuivre, qui sont plus fortement adhé- rens, communiquent à l'électromètre condensant des charges beaucoup plus considérables. Je n’ai point en d’instrumens assez exacts pour mesurer ces différences. Il me sembleroit néanmoins que l'adhésion provenant des états électriques, doit avoir eu lieu dans les expériences précitées; et que ces états étant en proportion des forces électriques, sont, d’après l'hy- pothèse ci-dessus, proportionnés aux aflinités chimiques. Com- ment cette adhérence peut-elle être généralement influencée ou occasionnée par l'effet de la différence des forces électri- ques des corps ? C’est une question qu'il seroit intéressant d'approfondir. . Plusieurs applications des faits généraux et des principes aux aux résultats des expériences sur lés forces électriques des corps qui se sent développées par le contact. C’est aussi probablement une des causes des ré- sultats capricieux des expériences du frottement dans lesquelles le même corps , suivant que sa texture est altérée , ou sa température changée, prend différens états relativement à un autre corps. Le frottement peut être consi- déré comme une succession de contacts, et selon toutes les apparences, il doit donner un développement exact aux forces naturelles des corps, si l’exci- tation inégale de la chaleur, ou sa communication inégale aux différentes surfaces , ue s’y oppose pas, en changeant d’une manière inégale leurs capa- cites électriques. Parini les élémens du verre fait avec le sable, le silex est foiblement négatif, relativement aux métaux, et la soudé positive ; et dans les contacts du verre avec les métaux, j'ai trouvé que celui-ci avoit la force de l’alkali, La même chose arrive dans le frottement ; l’amalgame de la machine commune est essentielle pour l’exciter puissamment,. 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE procédés chimiques, soit dans l’art, soit dans la nature, se présenteront aisément d'elles-mêmes à la recherche du philo- sophe. Les uns et les autres offrent des méthodes très-faciles de séparer les matières acide et alkaline, lorsqu'elles existent en- semble ou séparément, combinées dans les minéraux. Les forces électriques de décomposition peuvent aussi être aisément em- ployées dans l’analyse animale et végétale. Un morceau de fibre musculaire de deux pouces de long sur un demi-pouce de diamètre , électrisé pendant cinq jours par une force de 150 , devint absolument sec et dur. Réduit en cendres, il ne déposa aucun sel. La potasse, la soude, l'ammoniac, la chaux et l'oxide de fer qui en sortirent, pas- sérent du côté négatif, tandis que le côté positif recut Les trois acides minéraux communs , et l’acide phosphorique. Une feuille de laurier traitée de la même manière, parut avoir été exposée à une chaleur de 500° ou de 600° de Fahrenheit; elle étoit brune et grillée. Une matière verdâtre se montra dans le vase négatif avec de la résine, de l’alkali® et de la chaux. Le vase positif contenoit un fluide clair qui avoit l’odeur de la fleur de pècher. Ce fluide neutralisé par’ la potasse, donna à la solution de sulfate de fer, un précipité d'un bleu verdâtre, ensorte qu'il renfermoit de l’acide prus- sique végétal. Je pris pour point milieu de connexion, dans la batterie une petite plante de menthe, dans un état de végétation parfaite ; ses extrémités étoient en contact avec-l’eau épurée. Le procédé dura 10 minutes. Je trouvai dans l’eau négativement électrisée, de la potasse et de la chaux, et dans l'eau positivement élec- trisée, une matière acide qui occasionna un précipité dans des: solutions de muriate de baryte, de nitre d'argent et de muriate: de chaux. Cette plante reprit après le procédé ; mais une sem-' blable qui avoit été électrisée pendant quatre heures, se flétrit et mourut (1). M (1) J'ai trouvé que les graines mises dans l’eau épurée, dans la partie positive du circuit, germoïent beaucoup plus promptement que dans les cir- constances ordinaires ; mais dans la partie négative elles ne germotent pas du tout. Sans supposer aucun effet particulier des différentes électricités qui cependant peuvent opérer, ce phénomène peut être occasionné par la satu— ration de l’eau auprès de la surface positive du métal ayec l’oxigène, et aupres de la surface négative avec l’hydrogene, ) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 Ces faits démontrent que les forces électriques de décom- position agissent même sur la matière végétale vivante. Il est aussi quelques phénomènes qui semblent prouver qu'ils opérent également sur les systèmes de l'animal vivant. Lorsque les doigts, après avoir été bien lavés avec de l'eau épurée, sont mis en contact avec ce fluide dans la partie positive du Circuit, la matière acide se développe rapidement, ayant les caractères d'un mélange d'acides muriatique, sulfurique et phosphorique. Cette expérience se fait-elle sur la partie néga- tive? la matière alkaline fixe se développe avec non moins de promptitude. Les goûts acides et alkalins qu'impriment sur la langue les Æexpériénces galvaniques , semblent dépendre de la décompo- sition de la matière salée que contient la substance de l'animal vivant, et peut-ètre la salive. Les substances acides et alkalines pouvant être séparées de leurs combinaisons, dans les systèmes vivans, par les forces électriques, on a tout lieu de croire que la méthode inverse peut les introduire dans l’économie animale, ou les faire passer à travers les organes de l’animal. On peut supposer la même chose des -oxides métalliques, et ces idées doivent indiquer de nouvelles recherches dans la médecine et la physiologie. Il n’est pas improbable que la décomposition électrique des sels neutres, dans différens cas, puisse se faire avec des matières que nous employons à notre usage ordinaire. Le charbon de bois brûlé, et la plombagine, ou le charbon de bois et le fer, peuvent devenir des pouvoirs excitans. Lorsqu'une semblable combinaison se trouve portée à un certain degré, le sel neutre étant alors employé dans chaque série, produira nécessairement des acides et des alkalis en très-grande quantité , sans beaucoup de peine et de dépense. L’ammoniac et les acides capables de décomposition, n'opè- rent de changement chimique , dans le circuit de Volta, que lorsqu'ils sont en solution concentrée ; dans les autres cas ils sont seulement repoussés vers leurs points particuliers du résidu. Ce fait peut nous faire espérer que le nouveau mode d'analyse nous conduira à la découverte des véritables élémens des ‘corps, si les matériaux qui agissent dessus sont employés dans un certain état de concentration, et si l'électricité est sufti- ‘samment exaltée. En eflet, si l'union chimique est d’une nature telle que nous l'avons supposée, quelque puissante que soit l'énergie naturelle électrique des élémens des corps, il est 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE très-probable qu'elle met des bornes à cette force; d’ailleurs le pouvoir des instrumens que.nous devons à l’art, est suscep- tible d'un accroissement qu'on ne sauroit calculer. Les attractions de l'équilibre électrique ont. toujours lieu dans la nature, et il est probable que cette influence dans ses facultés dé décomposition et de transition, s’entrechoque avec les altérations chimiques qui se rencontrent dans différentes parties de notre système. Les apparences électriques qui précèdent les tremblemens de terre, et les éruptions des volcans, dont un grand nombre d'observateurs parlent, s'expliquent aisément d'après les prin- cipes que nous avons établis. Indépendamment du cas d’un changement violent et subit, il est des attractions tranquilles et constantes, produites dans différentes parties de l’intérieur de notre globe, dans lesquelles l'électricité joue un rôle. Dars les endroits où se rencontrent des couches de pyrite et des couches de charbon mélé, où se trouvent des métaux purs ou des sulfures, en contact les uns avec les autres, ou quelques autres substances servant de conducteurs ; enfin lorsque diverses couches renferment différentes menstrues sali- nes, l'électricité doit toujours avoir lieu ; et il est très-probable que plusieurs productions minérales ont été matériellement influencées ou méme occasionnées par elles. Dans une expérience d'électricité que je fis sur une solution mélangée de muriate de fer, de cuivre , d’'étain et de cobalt, dans un vase positif, l'eau étant dans le vase négatif, les quatre oxides passèrent le long de l’asbeste, dans le tube négatif, formèrent une croûte métallique jaune sur le fil, et les oxides s’arrangèrent d'eux-mêmes dans un état mélangé autour de sa base. Dans une autre expérience où le carbonate de cuivre fut répandu dans l'eau en petites portions, et où je mis un fil négatif dans un petit cube perforé de zéolite qui étoit dans l’eau, des cristaux verts se ramassèrent autour du cube, ces parcelles n’étant point capables d'y pénéirer. On conçoit aisément qu'à l'aide de ces expériences multiples , le pouvoir électrique de la transition peut expliquer quelques-uns des faits principaux et les plus mystérieux de la géologie. En créant une échelle de pouvoirs foibles, il sera facile d'expliquer l'association des composés de métaux indissolubles avec des composés de terre renfermant des acides. On ET D'HISTOIRE NATURELLE. 46Y On a peu étudié jusqu'ici l'électricité naturelle, excepté dans le cas de sa concentration sensible et puissante dans l'ut- mosphère. . : Ses opérations lentes et silencieuses dans toutes les parties de la surface du globe, paroîtront sans doute liées d'une ma- nière plus immédiate et plus importante avec l’ordre et l'écono- mie de la nature. Des recherches sur ce sujet ne peuvent que jeter du jour sur nos systèmes philosophiques de la terre, et peut-être nous faire appercevoir de nouvelles forces qui paroissoient au dessus de notre intelligence. DESCRIPTION D'UNE SUITE D'EXPÉRIENCES Qui montrent comment la compression peut modifier ; Paction de la chaleur ; Par sir James HALL, Baronet, Membre de la Société royale d'Edimbourg ; Traduit de langlais par M. A. PiCTET, de la Légion d'Honneur, Correspondant de l'Institut, Membre de la Société royale de Londres et de celle © Edimbourg ; des Sociétés pour Pavancement des Arts, et de Physique et d'Historre naturelle de Genève ; de plusieurs Sociétés nationales et étrangères, et Professeur de Physique théorique et expérimentale dans l Académie de Genève; Avec les figures originales représentant tous les appareils de quelques-uns des principaux résultats. 1 vol. 7#-8°. A Genève, chez Paschoud, Imprimeur-Libraire. — 1807. EXTRAIT PAR J.-C DÉLAMÉUHERIE. « L'eau et le feu, dit le savant traducteur de cet ouvrage, » sont les seuls agens dont la force connue puisse être en » rapport avec les eflets prodigieux (que présente la géologie), » et dont il faut rendre compte. L'action séparée de l’un ou Tome LXIV. JUIN an 1807. Nan 4ta2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CMIMIE » de l'autre, a son caractère particulier applicable à certains » faits du détail. L'eau tranquille produit les dépôts en couches » horizontales : agitée, les stratifications ondoyantes. Le feu » agissant seül liquéfie , il sublime, il vaporise; mais la réunion » de ces deux agens crée une force particulière dont l'énergie > est en quelque sorte illimitée, dont les eflets sont suscepti- » bles d'une variété infinie, et que l’industrie humaine a su » mettre à profit avant que la science imaginât aussi de s’en » prévaloir. » « Mais il ne faut point oublier qu'une troisième force , la pesanteur, est en présence; qu’elle résiste par la pression qu'elle produit dans tous les sens, à l’action de ces forces expansives, et qu'elle amène nécessairement un état d'équilibre dans lequel ces forces réagissent pour ainsi dire sur elles-mêmes. Elles con- tiennent alors , et rapprochent par la compression qu’elles exer- cent, ces mêmes élémens qu'elles lanceroient au loin sans l'obstacle insurmontable que leur oppose la gravitation.» « Rechercher les effets'qui doivent résulter de cette pression, et les modifications qu'elle doit apporter à l’action expansive du feu seul, ou uni à l'eau , c’est s'occuper d'un des plus beaux problèmes que la physique et la haute chimie puissent offrir. Cette recherche a fait pendant plusieurs années l’objet des méditations et du travail assidu de l’auteur de l’ou- vrage dont nous offrons au public la traduction complète et littérale. » « Sir James Hall a prouvé avec évidence que la pression » modifoit essentiellement les effets ordinaires de la chaleur : » que 1 méme pierre, le méme coquillage qui se convertis- » sent en chaux à feu ouvert, conservent leur acide carbo- » nique lorsqu'ils sont comprimés ; que ces matières devien- » nent fusibles et cristallisables sous cette double action. » Sous la mème influence compressive les substances ani- males et végétales se transforment en un combustible ana- logue à la houille. » Il a déterminé l'intensité absolue de la pression qui produi- soit ces eflets, et il la trouvée inférieure à celle qui devoit exister au fond des mers. T'el est le but du beau travail de l’auteur, sir James Hall. Nous allons rapporter quelques-unes de ses expériences prin- cipales : ; Il prend de la craie pulvérisée qu'il introduit dans des tubes de différentes matières, de fer, de porcelaine : ceux de ‘fer L4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 sont ceux qui lui ont le mieux réussi. Il la refoule jusque dans Je fond du tube bouché hermétiquement. Il remplit le reste du tube de silex pulvérisé ou autres substances, et cherche ensuite à fermer le tube, aussi bien qu'il lui est possible, par du borax, du plomb............... La chaleur est d'abord appliquée à la bouche du tube pour vürifier le borax, ou fondre lehplüm br en ER MR ARS En nee afin de fermer toute issue aux gaz qui pourroient se dégager: Alors il chauffe la partie inférieure du tube où est contenue la craie, et il exerce sur l’ouverture supérieure du tube une pression plus ou moins considérable, par le moyen de grosses masses de fer. Le résultat général d'un grand nombre d'expériences qui ont été très-variées, a été que les tubes étant exposés à une cha- leur de 21 à 60 degrés du pyromètre de Weedgwood, et l'ou- verlure supérieure du tube comprimée par des poids considé- rables, /a craie ne perd point son acide carbonique; elle est réduite en une masse compacte, à cassure saline , appro- chant celle du marbre : on y a même remarqué des parcelles qui paroissoient rhomboïdales. Mais rapportons les conclusions de l’auteur. « Ces expériences, dit-il page 178, paroissent atteindre le » but qu’on s’étoit proposé ; savoir, de déterminer la moindre pression et la moindre chaleur, sous lesquelles la pierre cal- » caire peut être formée par ces procédés. Les résultats ob- » tenus avec divers canons de calibres différens, s'accordent » assez bien, et tendent à se confirmer mutuellement. » Le tableau montre par la comparaison des expériences » n° 1,2, 8,10, 11, 12, que S = » à Une pression de 52 atmosphères, équivalente à une » profondeur de 1700 pieds dans la mer, et un degré de cha- # leur de 21 à 25 degrés du pyromètre de Weedgwood, sont » capables de former de la pierre calcaire ordinaire. » b Sous une pression de 86 atmosphères qui répondent à- » peu-près à 3000 pieds de profondeur dans la mer, ou en- » viron + mille de profondeur d’eau, un marbre complet peut » étre formé. » c Enfin, sous une pression de 173 atmosphères, égalant » celle de 5700 pieds de profondeur dans la mer, c'est-à-dire » guères plus d’un mille de profondeur sous la mer, le car- #“ bonate de chaux peut se fondre complètement, et agir très- » 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » énergiquement sur les autres terres ; la chaleur s'étoit élevée » à 37 ou 41 (Eæxpér. n° 5). Dans le cours de ces expériences l'auteur fit une observa- tion qui le conduisit à de nouveaux résultats pas moins in- téressans, Il avoit employé du cuir pour fermer quelques-uns de ces tubes ou canons, dans lesquels des cylindres de plomb étoient enfermés avec les autres substances. Îl observa (pag. 181) que tout le cuir qui s’étoit trouvé en dehors de la bouche circulaire du canon, $s'étoit conservé, et avoit été seulement bruni et ridé par la chaleur. La portion qui répondoit à l’intérieur du canon avoit entièrement disparu , et il vit à la surface du plomb liquide, dont le canon étoit tout-à-fait rempli de grosses gouttes d'un liquide noir brillant , qui, par le re- Jroidissement, se convertirent en une matière noire et solide, à fracture luisante , exactement semblable à de la poix ou de la houille pure. Elle brüloit, mais sans flamme. Encore chaude , elle avoit l'odeur d'alkali volatil. La circonstance im- portante dans ce cas, est la matière différente, dont la chaleur a api sur le cuir en dedans et en dehors du canon. La seule diflérence des deux positions existoit dans la compression , et on ne peut attribuer qu'à cette circonstance la différence des eflets. Par cette force, la matière volatile du cuir, qui au dehors avoit pu s'échapper librement ; avoit été contenue au dedans du canon, et obligée de demeurer unie aux autres principes. Si la pression eût été continuée jusqu’à l’entier refroidissement, ces substances auroient été retenues et auroient produit une véritable houille, à L'auteur profitant de cette observation, a fait un grand nombre d'expériences analogues à celles-ci, pour convertir les matières végétales et animales en houille. Il est parvenu à convertir la sciure de bois (sapin) et la corne, en nue sorte de houille, qui brüloit avec flamme brillante. C'est en enfermant ces sub- stances dans des tubes avec une pression plus ou moins con- sidérable , et les exposant à un assez haut degré de chaleur. L'auteur s'élève ensuite à des vues générales, fait l’applica- tion de ces nouveaux faits à la géologie, et particulièrement au système de Hutton. « L'agent le plus puissant et le plus essentiel, dit-il, dans la Théorie huttonienne, est le feu, que j'ai toujours considéré comme analogue à celui des volcans, modifié par des circonstances qui doivent, dans un certain degré, naître dans toutes les laves ayant leur éruption. Il pense ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 que la chaleur des feux vo'caniques est assez considérable, et que leurs foyers sont ordinairement à une profondeur plus grande que celle que les expériences lui ont fait voir être né- cessaire pour produire, par la chaleur et la compression, les pierres calcaires , les houilles... » ‘ Hutton supposoit que dans quelques époques éloignées la cha- leur a agi sur toutes les substances pierreuses, et que pendant cette action ces substances étoient recouvertes d'une masse qui exerçoit sur elles une pression considérable..... Ces deux causes réunies ont été suflisantes, suivant lui, pour former toutes les substances minérales. L'auteur, dit au contraire, que personne ne doute de l'an- cienne situation sous-marine des couches actuellement ter- restres ; mais il pense que ces couches ont été soumises à une compression considérable , parce qu'une grande quantité de matière a abandonné la surface actuelle de notre globe. Si elles ont été en même temps exposées à un grand degré de chaleur , elles ont pu former toutes les roches que nous connoissons. “ La combinaison de la chaleur (ajoute-t-il, page 250) et » de la compression, qui résultent de ces circonstances, nous » conduit à la théorie huttonienne dans toute son étendue, » et nous permet d'expliquer, d’après ses principes, la /or- » mation rence de toutes les roches, avec des matériaux tirés » des dépôts MARINS incohérens. » Le sable se convertira ainsi en grès. » Les coquillages en pierre calcaire, » Æ# les substances animales et végétales en houille. » D'autres substances composées de diverses substances mé- » langées seroient encore plus fortement aflectées par la même » chaleur. Celles qui contiendroient du fer, du carbonate de » chaux et d’alkali, avec différentes terres, entreroient en fu- » sion très-liquide, et pénétrant au travers de toutes les fis- » sures qu'elles rencontreroient, elles atteindroient dans quelque » Cas ce qui seroit alors la surface de la terre, et formeroient » la lave. Dans d’autres cas, ces matières se coaguleroient dans » des crevasses intérieures, et constitueroient le porphyre, le basalte , le greenstone, ou telles autres pierres de cette classe » nombreuse, qu’on désigne sous le nom de whinstone. En même temps des couches de matière analogue, mais d’une » composition un peu moins fusible , entreroient dans un état » de viscosité, tel que l'éprouvent plusieurs corps ayant d'arriver VU 2 LV © + À . 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » à Ja fusion parfaite. Dans cet état, les particules, quoique » loin de jouir de la liberté qu’elles auroient dans un liquide, » sont susceptibles d'une cristallisation régulière (1), et la sub- » stance qui, dans cet état d'empâtement, seroit peu disposée à 5 se mouvoir, se trouvant coufinée dans sa situation primitive, » par des couches contiguës de matières plus réfractaires, se » cristalliseroit sans changer de place, et constitueroit un de » ces bancs de whinstone, qu’on trouve souvent alternant avec » les grès et les pierres calcaires. » Dans d’autres cas où la chaleur auroit été plus intense, » les lits de sable approchant de plus près vers l'état de fusion, » acquerroient assez de ténacité et de consistance pour se » laisser fléchir et contourner sans déchirement ni fracture, » par l'influence des causes locales de mouvement, et pour- » roient prendre la forme et le caractère de schiste primitif. » La pierre calcaire seroit entièrement cristallisée et devien- » droit du narbre, ou bien, entrant en fusion plus liquide, » elle pénétreroit dans les plus petites fissures, sous la forme x de spath calcaire. » Enfin, dans le cas où la température seroit encore plus » élevée, le sable lui-même se fondroit en entier, et pour- » roit ètre converti par le refroidissement subséquent, plus ou » moins lent en granite, siénite , etc., et en conservant dans » que'ques cas des traces de sa stratification primitive, consti- » tuer le gneiss et le granit stratifié. » D'autres fois, en s’introduisant dans des crevasses, il for- » meroit des veines de granit parfait. 0 (1) Get état de viscosité avec ses modifications innombrables , mérite beaucoup d’attention, car il résout quelques-uns des problèmes géolo= giques les plus importans. La force mécanique que déploient quelques Sibstances dans l’acte de revêtir une forme cristalline est bien connue. J'ai vu une masse de cristaux de glace, larges et grands comme des lames de couteau, se former dans une masse de glaise si dure, qu’on venoit de l’employer à faire des tasses pour des usages Rens ee plusieurs de mes expériences , j’ai trouvé qu'un fragment de whinstone, ou.de lave, mis dans une moufle chauffée au degré où l’argent se fond, prenoit un arrangement cristallin et changeoit absolument de caractère. Pendant cette métamorphose, le fragment s’amollissoit jusqu'à céder à l'impression d’une baguette de fer. Il conservoit cependant assez de con- sistance pour ne point se déformer de lui-même sous la moufle, et conserver tous les angles aussi vifs qu'avant l’expérience. ET D'HISTOIRE FRATURELLE. 46% 5 En conséquence de l’action de la chaleur sur une quan- » tité de matière aussi considérable , ainsi amenée à un état » de liquidité complète ou partielle, et dans laquelle, nonob- » stant l'énorme pression , quelques substances seroient vola- » tilisées, cette élastification devroit produire, dans la masse » comprimante, des soulèvemens répétés qui améneroient enfin » des couches à l’état où nous les voyons actuellement. » La théorie de Hutton embrasse un champ si vaste, et » suppose des agens si puissans, exerçant leur influence dans » des circonstances et des combinaisons tellement insolites, » que plusieurs de ses branches sont encore imparfaites, et » doivent donner lieu, peut-être pour long-temps encore, à » des objections partielles et plausibles , lors même qu’on » auroit adopté la doctrine fondamentale. Cependant j'ose » croire avoir atteint suflisamment le but que je m'étois pro- » posé, puisque je suis parvenu à mettre en fusion de la pierre » calcaire sous une pression donnée. Ce résultat, fût il isolé, » formeroit une forte présomption en faveur de la solution » appliquée par le docteur Hutton , à tous les phénomènes » géologiques; car la vérité du principe le plus diflicile à ad= » IMmetire, parmi ceux qu'il adopte , auroit été ainsi établie » par l'expérience directe. » NOUVELLE MÉTHODE DE CLASSER LES HYMENOPTÈRES ET LES DIPTÈRES, AVEC FIGURES; Pir EL JURINE, etc. À Genève, chez Paschoud. 1 vol. 22-42. —————————————————— EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. « L’immontec Linné,/dit l'auteur, dans son Système de la Na- » ture, a fondé sur les ailes des insectes, l'édifice de leurs classes, » mais il ne l’a fait que d’une manière générale. Aucun auteur, » à ce que je crois, n’a examiné avec assez d'attention ces 453 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » parties pour y trouver les bases d’une méthode qu'on peut » leur appliquer. » » Ayant étudié les ailes des hymenoptères (c’est-à-dire des » insectes à quatre ailes, tels queles abeilles , les papillons, ...) » et des diptères (ou insectes à deux ailes, tels que les mou- » ches.)... Sur l'invitation de mon ami, M. Faurebiguet, j'ai » remarqué que leurs nervures en s’entre-croisant, ou s’anas- » tomosant les unes avec les autres , formoient un réseau » cellulaire plus ou moins varié, dont on pouvoit tirer de » bons caractères génériques , puisqu'il étoit invariablement le » même dans les insectes d’un méme genre. Comme les ner- » vures des ailes ne frappent pas les yeux , d'une manière aussi » sensible que les cellules qu'elles forment , j’ai destiné de » préférence ces dernières à la détermination générique; con- » séquemment je dirai dans la suite les ce//ules de l'aile plutôt » que les zervures, ce qui revient au même dans le fait, » puisque les unes ne sont que le résultat des autres. » L'auteur donne ensuite la description de ces cellules. La grande aile présente dans son bord externe, ou antérieur, si elle est censée étendue, deux grosses nervures parallèles qui sortent du corselet, qui se terminent au point de l'aile, et qui sont fortement unies l’une à l’autre par une expansion de la membrane qui constitue l'aile. J'ai donné le nom de radius à la nervure externe , et celui de cubitus à l’interne (4, b, Jig- 2, pl 1). On voit sortir du point de l'aile une nervure qui, en se dirigeant vers le bout de l'aile, laisse entre elle et le bord externe de l’aile, un intervalle membraneux ou une cellule, dont la figure varie suivant l’inflexion de la nervure, et que je nomme cellule radiale, cellula radialis. Il arrive quelquefois qu’une seconde nervure coupe en deux cette cellule primitive ; alors il y a deux cellules radiales {a, fig. 4 et 5, pl LE). Dans quelques individus la cellule radiale est terminée par une très petite cellule, que je nomme cellule appendicée , cellula appendicea Cas fie: 5}, pli): De l'extrémité du cubitus et près du point, on voit sortir une autre nervure , qui se dirige aussi vers le bont de l'aile. L'intervalle forme une grante cellule que j'appelle cubitale, cellula cubitalis (fig. 4, pl TI). Elle est quelquefois divisée en deux, trois, quatre parties, par des nervures transversales (fig. 2, 3, 5, pl. 1). Il ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4C9 T1 y a des ailes dans lesquelles la nervure qui forme la cellule cubitale n'atteint pas le bout de l'aile, et la cellule n’est pas Re Je l'appelle 22complète, cellula incompleta (b, fig. 4, AE : TH quelques genres les nervures d’intersection, qui des: cendent de la nervure radiale, sont disposées de manière qu'une des cellules cubitales, ordinairement la seconde, paroit être supportée par une tige en forme de pétiole. J'appelle ces cellules pétiolées, cellulæ petiolatæ (b, fig. 3, pl. X). C’est sur la présence ou l’absence, le nombre et la figure de ces cellules cubitales et radiales, qu'est fondé le premier de nos caractères génériques chez les hymenoptères. Les cellules cubitales reçoivent fréquemment du réseau de la partie postérieure de l'aile, que je suppose ouverte, une ou deux nervures ascendantes qui sortent des rervures brachiales (g, g. 2, pl. I), et qui s'insèrent tantôt à la première et à la seconde des cellules cubitales, tantôt à la seconde et à la troi- sième, d’autres fois à une seule cellule. Je les appelle rervures récurrentes, nervr recurrentes (f, fig. 2 et b, fig. 5, pl. 1). L'auteur ne néglige pas les autres caractères tirés des mandi- bules et des antennes. La méthode qu'il propose est donc fondée sur trois carac- tères génériques essentiels : 1° Les cellules d’une partie de l'aile antérieure ; 2° Les mandibules; 3° Les antennes. Il divise la classe des hymenoptères en trois ordres. Le premier renferme les insectes dont le ventre est contigu au corselet. Le second, peu nombreux, comprend ceux dont le ventre est implanté par un pétiole sur la partie postérieure du corselet. Le troisième , qui est le plus considérable, contient ceux dont le ventre est fixé derrière le corselet par un pétiole plus ou moins alongé. Aux objections qu’on a faites à l'auteur , et à celles qu'il a faites lui-même contre les méthodes des autres entomologistes, il répond : _ « Ma devise a toujours été, /ari quæ sentiam. » Ce doit étre celle de tout homme qui coñnoit sa dignité. Tome LXIF. JUIN an 1807. Ooc OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES BAROMÈTRE. RE et at el pe | En A Mint. 135 H2r,rjà 4 km. + 9,5] +-20,41à tofs dUS: ..27.11,00|27.11,08 dois. Hor,3là 4m. “+ 9,1] +20,81à 5 m.....…. ET MOT API 27.10,40|27.11,00 hors. +18,8/à 44m. + C4] 416,611 4H m..:!. AIRIS 00e 427 QE 27:10,12 aa midi +r9,0à8+st Æir,8 “19 ofà 8 m re SRE à 8+s1,...27.16,48|27. 8,50 5fù midi +10,21à 5m. + 8,6| +18,2 à 5 me... EC) EL AR AUE 27 3,75 CREME 263 Er midi -15,2là 105. + 8,9 ATOS crea 27. 3,45|27. 3, 168 7: à midi +136 à 1015. + 6,6 PO Mile Re 27. 5,40|97. 6: ,7D là 44m. - 5,2 LIO S.. .27.10,15|27. 11,30 à 5 m. : Æ 9,9 à 65 -27: 6,55|27. 8,25 I ol10Ès. + 8,3 BA ro 5.2... .27. 6,92|27. 7,77 ja 2 30l6 m. + 7,0 \6m:....:.27.11,70|28. 0,57 ofù 3 5. 3,8|à 6 m. 10,6 AIO RS ele sd 27. 8.00 |\27.10,58 IA OU ZS. Hi14,3là 6m. + 9,5 EU PODEN TE 27: @,31|27. 9.60 128145. +15,6 à53 m. + 0,2 AMIS Me. 27.E1,75]20.00,00 of os. 18,8/à 5m. 11,6 à bm.:.---.27.11,01128. 0,35 1684 midi 416,2 à 10ËS. +r2,2 41458. NU2001,55|28. 2,64)" 178 midi Æro,7|à 8 mi. 11,2 d'OS 28: 1,65/28. 1,66 16fa 235. —Ær9,3|à 11< S, 11,1 à 5+m....26. 2,40]28. 2,65 Icha JS. +18,0/à 113 -s. + 7:6 à 11 $5....28.:3,10/28, 3,79 20 315. +15,2/à 42m. + 4 8 TES cle ee 28. 0,65|28. 2,95 218à 45. 174 à 43m. + 6,9 APAES eee 27.11,75|28. o;15 228a 95. HLr6,3|? à4%m. + 8.6 d43m..... 28.11,50|28. 2,25 26813 s. —Lz2o,3là 45 m. + 95 à 10 às.....28. 1,50[28. 2,25 2481 5 s. —+22,4/ à4m. +1 1,8 AIO + S..L «1e 27-11,77|28. 1,15 2881 2 8 + 29,2 à3 3 Me +11,2 à5 25 APCE 27.10,60 27.121,29 2641 imidi Æ18,5/à 11 45. 11,7 ag S....... 27.11,72|27.11,05 2741 midi +-18,4|là 3£ m. 10,8 à3+m 28. 0,71/28. 1,00 o08a midi Æ17,0ofà gs. + 98 à 9s...... 27-10,66 28. 0,40 20435. + 8,,4/à6m + 6,2 ads er 27+ 7,80|27. 8,25 Soft 4 s. <-13,1|à 6m. : + 8,4 À OM. se se 27. 8,40|27. 9,48 3ià midi <+ir,7là 105, — 7,9 à 7 D......27.11,06|27. 11,72} RECAPITULATIO N. Plus grande élévation du mercure. Moindre élévation du mercure..... Élévation moyenne 108403 Plus grand degré de chaleur. Moindre degré de chaleur....... Chaleur moyenne Nombre de jours beaux... ..28.3, 84, le 19 à 68 Xm: 27.3, 45, le 6 à 8h.s. 27.9,64 ÉtrS dle2qàss. + 46,le 20 à4: ma + 15,6 18 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0",07058 — 2 pouces 7 1... A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, MAI 1807. & POINTS . VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. 4 d En | # LUNAIRES. H a LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. ce DR I Ciel nuageux. Ciel assez beau. Ciel un peu voilé. 2 Apogce. Brouillard; q. nuag. |Ciel nuageux. Ciel voilé. 3 Brouill.; ciel voilé. |C. très-c.; pl. assez f.|Pluie par interv. A 4 Pluie fine. Giel à demi-couv. |Pl., orage, écl. ton.|f 5 Ciel couv. en barres. |Ciel néb. et à demi-c.|Pluie , écl., ton. tr.-f. |£ 6| 74,0/S. Ciel couvert. Ciel nuageux. Pluie forte; tonn. Ë 71 72,0[S-0. très-f. N- L. Idem. Ciel très-nuag. Plus. av.; ciel as. b. 8 S-0 Beau ciel: Ciel couv. Pluie par interv. 9 C. c.; tempêt.t. la n.|Ciel très-couvert. |Fortes av. par int. 10 Ciel couv. ; pluie fi. |Cieltrès-nuageux. [Fortes av. par int. |k II Ciel couvert. Id. Ciel couv. ; petite pl. | 12 C. c.; pluie f. et ab. | Temps pluvieux. |Ciel couv. p. interv. |É 13 Ciel couv. Pluie abondante. |Pl.finect ab. p.int. 14 P. Q. Ciel très-couy. Très-couv. Très-couvert. fl 15| 88,0|S-0. Ciel couvert. Ciel nuag. et voilé. |C. voilé, as. b. p. int. |f 16| 82,0|S-O. très-f. | Eqnin. desc. Idem. Ciel très-nuag. Ciel à demi-couv. 17] 82,0/E-N-E. |péigée, Ciel à demi-couv. [Ciel un peu nébul. [Ciel superbe. 18| 70,0|E-N-E. Ciel superbe. Très-beau ciel. Idem. 19] 68,0[N-N-E. Légers nuages. Id. Id. 20, 65,o|N-E fort. Brouil.; ciel vapor. Id. Id. 21| 56,0|E. P.L Idem. : Id. Id. 22| 56,0|E. fort. Idem. Id. Id. 23| 62,0|Calme. Idem. Id. Id. 24| 62,0|E. Nuages en barres. Id. Idem. 25] 58,0/S-E. Ciel superbe. Ciel voilé. Ciel à demi-couv. 26| 69,0]S. très-f. Ciel très-nuageux. |Cielcouv.; pl. abond.|C'el fort beau le soir. |f 27| 73,0[S-O. tr.-f. Idem. Ciel entièr. c. ; pluie.|Ciel couvert. 26| 70,00. foible. Ciel couv. Légérement couv. uelq. g. d’eau p. int. 29] 78,0,N-N-0. |D.Q Pluie p. la n.;ilpleut.|Pluie continuelle. Ciel couvert. . Apogée. Ciel couv. Ciel très-nuag. Plus. av. dans la soir. 31| 83,0[S-S-0. Equin. asc. |Ciel c.; pl. par inst. [Pluie par interv. [Pluie par interv. RÉCAPITULATION. de couverts...... 17 déplier 12 de vente. see 30 Jeelée rec o de tonnerre...... 3 de brouillard..... 5 de neige......... o NN ee ere ess eot 2 NERF cm enlaeosenle 3 J PATES ME tard a Jours dont le vent a soufflé du { SE" 5 EE ÆE 5 5 " SIENS SONT TT PRIE SSSR ENTER EE Re . Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l'atmosphère , on a divisé le jour en trois parles : la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin; la seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfa la troisième depuis 3 h. du soir au minuitsuivant. 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » ESRI TOP TE CON NT NN QE RS MERE RQ PLV ALP ER MORE ANALYSE DE LA STILBITE ROUGE,DU TYROL; Pan LAUGIER. | EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. Fausas a rapporté de son voyage dans le Tyrol, cette cubstance qui se trouve dans la vallée des Zucanti dans le Vicentin. Laugier en a fait l'analyse qu’il a publiée, Annales du Muséum, cahier 49. Elle ne fait point gelée dans les acides comme les zéolites, Il en a retiré, SUCER HAE ELRER TR ANNE 45 Carbonate de chaux.......... 16 Chaux combinée: .thi 2.10 11 Eau de cristallisation......... 12 Alurmine.. RS RER ET ERIN NET. Wa Here es SR NET LENS EE 4 Manganèse. "4 0.50 Perte: ee ss Ent ARE EE Le D D L'auteur conclut de ces faits, 1° Que cette substance n’est point une zéolite puisqu'elle ne fait pas gelée; 2° Qu'elle n’est point une trémolite (1) puisqu'elle ne contient as de magnésie ; 3° Qu'elle est une vraie stilbite. (1) Je me sers du mot trémolite, adopté par tous les minéralogistes ; et nou de celui de grammatite, qui est impropre. D'ailleurs la ligne qu’on a voulu exprimer ne s’y trouve que très-rarement. On a bien conservé les mots strontiane , pinite, arragonite , ménilite... qui sont des noms des lieux où ces minéraux ont été trouvés : pourquoi baunir celui de trémolite ? ET-D'HISTOLRE NATURELLE, ,,,,, 47% ANALYSE DE LA ZOYSITE; Pan KLAPROTIE ex BUCH,OLZ, CrTre substance, à laquelle Weérnér a donné le nom du célèbre minéralogiste ‘Zoys, paroit être une espèce de thallite de couleur grise. Elle a beaucoup de AE APIARE avec le thallite gris du Valais. Klaproth en a analysé une espèce qui se trouvérà Savalope ën Corinthie, Il en a rétres SIMCA Me MAR ME Eee 45 AluminE , fu etat ep TE 29 Chaueeue secs Die rereciadst 24 Fenoxidessr edition cet: Le. 5 CLIS na: cle -HAND-ES-putint 2, Un autre morceau un peu décomposé lui a donné, LIT - HÉROPENE és COLOR TO! Alumine....:. . der dan ...1 20° 50 Ch PR rene de AE Le, Fer oxidé âveé une tracé der MANPATOSE 5 Se sfut o eole e RAT O0 DE ‘Perte par le grillage. ....:.... 0.79 Bucholz a également fait l'analyse de la zoysite. Il en 4 retiré, REA SR BE HS HR 40.25 Alümine...... PRE 2 dau ot 30.25 Chaux ..,... BE ! LAPS 26.04 Fer oxidé avec träce de man- gamèse- rt. Ter 4.50 Lau de te RS et erte. parle grillage jusqu’ au blanc. 2 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE) ANALYSE DE LA TERRE DE VÉRONE; Par VAUQUELIN. CerTe terre employée dans la peinture, à cause de sa belle couleur verte, se trouve à Monte-Bretonico , dépendance de Monte-Baldo, dans le Véronois. Faujas en a rapporté de son voyage d'Italie de beaux morceaux. Elle est douce au toucher; Fond au chalumeau en verre noir. Chauffée à une chaleur rouge, elle prend une couleur jaune, et perd 4 à 5 centièmes de son poids. Vauquelin, à qui Faujas en avoit remis, en a retiré (1), Si iCe 2, ASE UE. CRETE .… 52 Éer'oxmdes 2 ER LINE ANR 23 Potasses 20 UN IR BRAS ae 7.5 Alumine.:...-:..... Mere: 7 Magnésie..... FN DRE ADEME 16 DE En M RS EE de Acide muriatique, manganèse et chaux, quantités inappréciables. La quantité de fer que contient cette substance , à fait dire au savant chimiste qui en a fait l'analyse, que ce métal y est dans un véritable état de combinaison. « Je pense, dit-il, que » souvent le fer est en vraie combinaison dans les composés » pierreux, et particulièrement ici, dans la terre de Vérone. » (1) Aunales du Muséum d'Histoire naturelle, cahier 51. ET D'HISTOIRE NATURELLE | 475 NOUVELLES LITTÉRAIRES. 12401 re) . Manuel. de la Saignée; utilité de celle du pied ; danger de celle du bras; principes et moyens pour Îa rendre toujours salutaire et pour employer les sangsues : ouvrage d'une utilité domestique, avec des notes et observations sur la vie et sur le système sanguin; par Alphonse Leroy, ancien Docteur- Régent de la Faculté; Professeur de l'Ecole spéciale de Mé- decine de Paris; Membre de la Société de l’Ecole de Médecine, et de plusieurs Sociétés savantes ,'etc., etc. 15 | Un vol. i7-12 de. 300 pages. Prix : 2 fr. 5o c. broché, et 3 fr. par la Poste, franc de port. À Paris, chez, F.-Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10. Le nom du célèbre Professeur, qui est l’auteur de cet ou- vrage , est un sûr garant de son utilité. Tome troisième de la Campagne des Armées françaises , en Prusse , en Saxe et en Pologne, sous le commandement de $. M. l'Empereur et Roi, en 1806 et 1807: Ouvrage destiné à recueillir les grands événemens qui s’y sont passés , et les actions d'éclat des généraux, officiers et soldats, é On y a joint des notices biographiques sur ceux qui ont péri dans cette mémorable campagne, ainsi que des détails his- toriques et militaires sur les siéges et batailles qui ont eu pré- cédemment lieu dans les contrées où les Français viennent de porter leurs armes. Ouvrage orné de vingt-cinq portraits, gravés en taille-douce, : tant des principaux commandans, généraux et ofliciers natio- naux et étrangers, que des personnes qui ont accompagné Sa Masesté. 219 Tome IT, 72-89, avec les portraits du Maréchal Ney, du Général Fénerols, du Duc de Brunswick, mort par suite des blessures qu'il a recues à la bataille d'Jena ; et du Général Kalkréuth.— Le tome IV contiendra; oùtré plusieurs por- traits, une cârte géographique détaillée du théâtre de la guerre. Prix du tome HT, 5 fr. broché, et 6 fr. par la Poste, /rane 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de port, dans téüt l’Eipire francais. Le tome I coûté 5 fr:"ét 6 fr., franc de port; le tome Il, 6 fr. et 7 fr. 5o cent., franc de port «y L À or: TTON" À Paris, chez F' Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur, n° 10. Le lecteur sent assez tout ce que cet ouvrage doit avoir d'intéressant. | SBisoneb hair halo an Sins, nl LE “Rapports de VAE vel lès Êtrés orsbnités jou Traité de l'Action du Pouron ‘et de la Peau des Animaux sur l'air, comme de celle des Plantes sur ce fluide ; tirés' des Journaux d’Obseryations et d’Expériences, de Lazare Spallanzani, avec quélques Mémoires de l'Editeur sur ces. matières : par Jean Senebier,, Bibliothécaire de Genève ; membre de diverses Aca- détnies ‘ét Socictés sayantes , et Correspondant de l'Institut national.',, , è PAAIUT ÉTERNEL ‘3 vol. in-8 de 1350 pages. Prix: 12 fr. pris à Paris, et 15 fr. 20 cent., francs de port, par la Poste. ‘A Paris, chez F. Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur, n° ro. Les travaux de Spallanzani ont tous un caractère particulier de nouveauté et d'utilité. Celui-ci n’est pas moins précieux que les autres, et c'est un nouveau service que le célèbre. Éditeur rend aux sciences. Recherches sur la Nature et les Lois de l'Imagination ; par Ch. Victor Bonstetten, ancien Baillif de Nion; de l'Académie royale des Sciences de Coppenhague, elc. 2 vol. z1-8°. de 600 pages. Prix : 5 fr., et G fr. Bo cent., francs de port, par la Poste. . À Paris, chez F, Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10. Un traité sur l’imagination est sans doute un des plus piquans. Corsa del bacino di Rodoneæ et per la Liguria d'occi- dente, etc.; c'est-à-dire, Course dans le bassin du Rhône, et dans la Ligurie.occidentale, divisée en six sections, dont la principale, celle qui a été le motif de cet ouvrage, contient l'orictographie des Monts-Coirons, situés dans la ci-devant province du Vivarais, aujourd'hui le département de l'Ardèche ; ar J. Marzari-Pencati, de Vicenze, de la Société Olympique; Membre de la Société des Naturalistes de Genève. A Vicenze, de l'imprimerie de Paroni. Un vol. in-8°. | L'auteur partit de Paris le 10 juin, et il se rendit à Saint- Fond, proche Montelimart, chez son ami Faujas; ils firent quelques courses minéralogiques ensemble ; de là il fut Fi es ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 les Coïrons, et des terrains volcaniques les plus intéressans de toutes les contrées méridionales de É France. Il en donne une description intéressante, accompagnée de plusieurs planches qui représentent différentes chaussées basaltiques. Il donne la description du lieu où Faujas a trouvé cette singulière pierre dont il a fait la brique qui nage sur l'eau. « La matinée du 23 août, dit-il, nous fûmes à Rochechauve, en traversant un bois de châtaigniers, qui est un sol volca- nique dont la végétation est surprenante. Avant d'arriver au château , nous trouvâmes un schiste zappant à la langue, disposé en feuillets horizontaux, posés sur du calcaire, et recouverts par des terrains volcaniques. Ce schiste a été nommé par Faujas, terre légère, parce qu'il en a fait des briques qui nagent sur l’eau, semblables à celles que Fabbroni a faites avéc une substance trouvée à Santa-Fiora en T'oscane. Faujas m'a dit que l’analyse de ce schiste a été faite par Vauquelin, qui en a retiré, Sie SEP nee MOSS, 1 55 Chaux ‘carbonatée.......... 22% AltmiIre eee RL, RE) Eau nent Srpere T0 Ces résultats sont à-peu-près semblables à ceux qu'a obtenus Fabbroni du schiste de Toscane, excepté la magnésie, qui est 0,22 dans celui-ci, et qui ne se trouve pas dans celui de Rochechauve. Après avoir visité Lous ces cantons, il descendit le Rhône et se rendit sur les bords de la Méditerranée, et de là dans la Ligurie occidentale. IL a vu tous ces terrains en savant minéralogiste et géologue. Je ne parle pas, dit-il, de la lithologie de la Ligurie, parce que je n'y ai pas fait un assez long séjour. D'ailleurs Saussure en a traité assez au long, et mon illustre collègue de voyage (Faujas) a fait sur ce pays plusieurs observations importantes qu’il doit publier. Gênes possède plusieurs naturalistes distingués, qui ne man- queront pas de faire connoitre les choses les plus intéressantes de leur pays, savoir, Maximilien Spinola pour l'histoire des insectes; Viviani et Bertolloni pour la botanique ; et les frères Mojon pour la minéralogie. » Nous regrettons de ne point suivre l'auteur dans toutes ses £ourses; car on voit quecet ouvrage ne peut qu’intéresser ceux qui s occupent des sciences naturelles. Tome LXIV. JUIN an 1807. Ppp 473 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIK om mem} TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Mémoire sur quelques effets chimiques d’Electricité ; par Humphry Davy , Ecuyer. Pag. 421 Description d'une suite d'Expériences qui montrent comment la compression peut modifier l'action de la chaleur; par sir James Hall, Membre de la Société royale d'Edimboure. Extrait par J.-C. Delamétherte. Tableaux météorologiques ; par Bouvard. Analyse de la Stilbite rouge du Tyrol; par Laugier. Extrait par J.-C. Delamétherie. Analyse dela Zoysite; par Klaproth et Bucholz. Analyse de la terre de Vérone ; par Vauquelin. Nouvelles Littéraires. TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. Discours préliminaire, par J.-C. Delumétherie. Pag. Observations faites le 1% octobre 1806, sur l'ébou- lement du Ruffiberg, dans le canton de Schwytz ; par Théodore de Saussure. Lettre de Stazic, sur les Mélanites de Polognes De l'Antophyllite; par J.-C. Delamétherie. Traité élémentaire de minéralogie, avec des appli- cations aux arts ; ouvrage destiné à l'enseignement dans les Lycées nationaux ; par Alexandre Brogniard. Extrait par J.-C. Delamétherie. Nouvelle méthode de classer les Hymenoptères et les Diptères, avec figures; par L.Jurine, Extrait ET D'HISTOIRE NATURELLE PHYSIQUE. Mémoire sur deux nouvelles classes de conducteurs galvaniques ; par M. Erman. Tableaux Météorologiques ; par Bouvard. = Novembre et Décembre. Janvier. Février. Nouvelle Méthode pour la résolution des équations numériques d'un degré quelconque;, d'après laquelle tout le calcul exigé pour cette solution , Se réduit à l'emploi des deux premières règles de l'Arithmé- tique; par M. Budan, Docteur en Médecine. auteurs de plusieurs lieux déterminés par le ba- romètre , dans le cours de différens voyages faits en France, en J'uisse, en Italie; par F. Berger, Docteur- Médecin de Genève. Suite. Note sur une nouvelle planète , découverte par Olbers, Expériences électriques sur le verre considéré comme bouteille de Leyde, et sur le carreau garni; par I. *#+ CHIMIE. Sur la Blende ; par le Professeur Proust. Troisième suite des recherches sur les lois de L'Affinité ; par Berthollet. Suite. Recherches sur les moyens de remplacer économi- quement la corde à feu dans Le service de l 4r- tillerie ; par le Professeur Proust. Extrait sur l'Ether muriatique ; par Thenard, Professeur du Collége de France. Note sur la découverte de l'Ether mnuriatique ; par le méme. Expériences sur les combinaisons du soufre et du charbon et sur l'h iydrogène contenu dans ces sub- Séances ; par .-B. Berthollet fils. Extrait. 479 121 1:16 190 258 358 418 470 279 220 285 354 372 150 168 193 249 266 266 273 480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. De l'Yénite; par Lelievre. Mémoire sur la composition de l’ Alcohol et de l'Ether sulfurique ; par Théodore de Saussure. Extrait d'une lettre de M. Gehlen, à J.-C. Delamé- cherie , sur l'analyse des os. Observations chimiques sur Les procédés à suivre dans l'art de faire le vin rouge, surtout lorsque le raisin ne parvient pas à parfaile maturité; par Sampayo. Troisième suite d'Expériences sur une substance artificielle renfermant les principales propriétés caractéristiques du Tan, avec quelques remarques sur le charbon; par Charles Hatcheit, Ecuyer. Art de la teinture du coton en rouge; par J.-4. Chaptal. Extrait par Thenard. Mémoire sur quelques effets chimiques d'Electricité; par Humphry Davy , Ecuyer. Description d'une suite d'expériences qui montrent comment la Compression peut modifier l'action de la chaleur ; par sir James Hall ; traduit par Pictet. Extrait. Analyse de la Stilbite rouge; par Laugier. Analyse de la Zoysite; par Klaproth et Bucholz. Analyse de la terre de Vérone; par Vauquelin. Pag. 278 316 390 416 421) 461 472 475 474 Nouvelles Littéraires....112....788....208....557....475 FIN DE LA TABLE GÉNÉRALE, Journal de Physique. (Juin 1607.) 2! > Re Fr Wie’ HE Fa L) LUE | Er eZ Le ee LE RE Le ses LS TS lé Ne AR Hd hé pt