ZE Drre F PS RES ROSE TON = = G 5 ire DCR Rs "re 79 % JOURNAL DE PHYSIQUE. TO URNAL DE PÉYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE FE PeD'ES ARTS; AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE,; Par J.-C. DELAMÉTHERIE, Docteur en Médecine , Professeur-adjoint au Collése de France ; des Académies de Dijon, de Mayence; de la Société des Scrutateurs de la nature de Berlin ; de celle des Sciences physiques de Lausanne; de l’Académie des Curieux de la nature dE lame de la Société royale de Médecine d’Edimbourg; de celle de Bruxelles ; des Sociétés des Sciences de Nancy, Vaucluse, Albi, Mâcon; de l’Académie de Munich. JUILLET 1808. TOME LXVII. À PARIS, Chez COURCIER, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JUILLET ax 1808. RECHERCHES Sur les moyens de connoître les proportions d'acide et de potasse qui entrent dans la composition du sulfate d’alumine et dans celle du sulfate , du nitrate et du muriate de potasse ; Luss à l’Institut impérial de Franc>, le lundi 4 avril 1808; Par M. CURAUDAU, Professeur de Chimie applicable aux Arts, et membre de plusieurs Sociétés savantes. Ex me livrant aux æecherches qui font l’objet de ce Mémoire, je n'ai point prétendu vérifier les expériences des chimistes justement célèbres qui se sont occupés de fixer les quantités d'acide et de base qui entrent dans la composition du sulfate de potasse : seulement j'ai voulu connoître pourquoi les résultats annuels de la fabrique d'alun que j'ai établie à Vaugirard, ne cadroient pas, à beaucoup près, ni avec la quantité d'acide, ni avec celle de potasse que différentes analyses ont indiqué être contenue soit dans le sulfate de potasse, soit dans l'alun. Par exemple, lorsqu’au lieu de 31 parties d'acide, qui est la quantité Tome LXV II, JUILLET an 1808. A 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE désignée comme devant entrer dans la composition de 100 parties d’alun , il en faut au contraire de 43 à 44, et qu’au lieu de 10 parties : de potasse, 100 d’alun en exigeoient 15+, certainement une telle augmentation dans l'emploi des matières premières dut fixer toute mon attention et m'engager à connoître la cause qui pouvoit établir une aussi grande différence entre l'analyse et les résultats d'une forte fabrication. Je soupçonnai d'abord, que le surplus de l’acide et de la potasse que j'em- loyois, entroit dans la composition du sulfate d’alumine inso= ab e qui, suivant la remarque que j'en avois faite, se formoit quelquefois. J'inclinai même assez long-temps vers cette opinion, plutôt que de croire que la quantité d'acide et de potasse qui entre dans la composition de l'alun dût être plus considérable qu'elle n’avoit été fixée par différentes analyses et sur l’exac- titude desquelles j'avois toujours compté. Cependant, en admettant l'hypothèse’ de la formation cons- tante du sulfate d’alumine insoluble, je ne dus pas rester indifférent sur la perte de cette substance; je dus au contraire m'assurer des moyens qui pourroient empécher l’alun de passer à cet état d'insolubilité. Aussi dès que j'eus acquis la certitude que toute la quantité d’acide et de potasse employée entroit dans la composition de l'alun que je fabriquois, me fut-il dé- montré que mes premières observations avoient été bien faites. Mais comme il ne me suflisoit pas d'être seul convaincu de ce qui pouvoit être favorable à mes observations , il me restoit encore à constater , par des expériences directes et surtout faciles à répéter, combien il entre d'acide et de potasse dans la composition de l’alun. Il falloit aussi que je m'assurasse si les quantités d'acide et de base contenues dans le sulfate de potasse s’y trouvoient dans les proportions reconnues. Enfin, pour que mes expériences ne pussent être soupçonnées de la moindre inexactitude , il devint encore nécessaire que je pré- parasse du sulfate d’alumine très-pur, circonstance qui m’a mis à même d'obtenir ce sulfate très-régulièrement cristallisé, état dans lequel on n’a point encore connu cette substance saline , puisqu'au contraire sa dissolution concentrée ne donne que des cristaux lamelleux, micacés et toujours d’une forme irrégulière. J'ai eu l'honneur de faire voir des cristaux de ce sulfate d’alumine à plusieurs membres de la Classe, et parti- culièrement à M. Haüy, qui a bien voulu me témoigner l’in- térèt qu'il mettroit à répnir à ses précieuses collections un échantillon de ce sulfate. BT D'HISTOIRE NATURELLE, 7 Dans une Notice que j'aurai l’honneur de communiquer à la Classe, je ferai connoître les propriétés physiques de cette substance saline , ainsi que les moyens et les conditions qui peuvent en favoriser la cristallisation. Lorsque j’eus à ma disposition une certaine quantité de ce sulfate, il me fut facile de connoître d’une manière rigoureuse les proportions de potasse et d'acide qui entrent dans tous les sels à base de potasse. Je me suis assuré aussi que ce sul- fate d’alumine est un réactif très-puissant et très-sûr pour déterminer la quantité de potasse contenue dans les végétaux soit avant, soit après leur incinération. J'ai déjà entrepris sur cet objet plusieurs expériences qui compléteront un autre travail que je me propose d’avoir l'honneur de soumettre à l'examen de la Classe. Pour revenir à l'analyse, ou plutôt à la synthèse qui fait le sujet de ce Mémoire, voici quelles ont été les expériences que j'ai faites pour déterminer les quantités respectives d’acide et de base qui entrent dans la composition de l’alun et dans celle du sulfate , du nitrate et du muriate de potasse, Ir EXxPÉRIENCS. Dans 850 grammes de dissolution de sulfate d'alumine à 34°, la température étant à 10 degrés centigrades, je fis dissoudre à chaud 100 grammes de sulfate de potasse. Après le refroi- dissement de la liqueur, j'en obtins 502 grammes d’alun très- pur. Ayant ensuite soumis à l’évaporation l’eau mère restante, j'en retirai 18 grammes d’alun; enfin une troisième évapo- ration et cristallisation m’en fournit encore 4 grammes. Le reste de la liqueur ne donnant plus de cristaux, je le mélai avec 25 grarames de la dissolution de sulfate d’alumine ci-dessus, afin de juger si j'avois obtenu tout l’alun que pouvoient pro- duire 100 grammes de sulfate de potasse. Le mélange n’ayant occasionné qu'un léger précipité d’alun, j'en conclus que la totalité de ce dernier sulfate étoit entré dans la composition des 524 grammes d’alun que j'avois obtenus. Il: ExPÉRIENCE. Dans l'hypothèse où le sulfate de potasse contenoit 62 pour 100 de potasse, je saturai 62 grammes de potasse purifiée à l’alcohol avec 48 grammes d’acide sulfurique à 66°; je mélai ensuite ce sulfate avec 850 grammes de dissolution de sulfate d'alumine 15 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à 54°, et pour le reste de l'opération je me conduisis de la méme manière que dans l'expérience précédente. Mais quelle fut ma surprise, lorsque réumissant tous les pro- duits d’alun obtenus , il ne s’en trouva que 408 grammes au lieu de 524 que m’avoit fournis la première expérience! Les résultats comparatifs de ces deux expériences , et que je variai d'après des quantités alternativement plus ou moins grandes de sulfate de potasse et de sulfate d’alumine , me démontrèrent donc que les proportions de potasse et d'acide contenues dans le sulfate de potasse, étoient bien différentes de celles qu'on avoit fixées jusqu'alors. En eftet connoïssant ce que 100 grammes de sulfate de potasse donnent d’alun, et combien on en peut obtenir avec une quantité donnée de potasse saturée ensuite d'acide, il me fut facile, en comparant les résultats de ces deux expé- riences , d'établir par le calcul les proportions respectives d’acide et de base qui entrent dans la composition soit du sulfate de potasse, soit de l’alun. Par exemple, puisque j'avois obtenu avec 100 grammes de sulfate de potasse 524 grammes d’alun , et qu’au contraire 62 grammes de potasse ne m'en avoient donné que 408, je dus en conclure que la potasse contenue dans 100 partiés de sulfate de potasse devoit en faire les + du poids; mais réfléchissant, d'une part, que cette quantité de potasse étoit beaucoup plus considérable que celle qu’on admettoit dans le sulfate de potasse, et de l'autre, que l’acide ne pouvoit perdre que les ? de son poids dans cette combinaison, je dus dès-lors soupçonner que la potasse contribuoit à cette perte dans une proportion quel conque , et chercher, d'après cela, les moyens de déterminer la quantité d’eau qu’elle pouvoit contenir. Aussi fis-je sur cet objet un très-grand nombre d’expériences, et du résultat des- quelles j'ai d’autant plus lieu de me féliciter, que la question qu'il s’agissoit de résoudre est des plus importantes, puisqu’au- jourd'hui même, tout en convenant que la potasse puriñée à l’alcohol contient de l’eau, on n’est pas encore d'accord sur la quantité; car M. Bertholet, d’après Jes expériences qu'il a faites tout récemment, y en admet 15 pour 100, tandis que M. Darcet, d'après les siennes, y en a trouvé le double. J'ai donc cru qu'en faisant connoître le travail que j’avois entrepris sur cetobjet, dans d’autres vues il est vrai, le résultat de mes expériences pourroit être, dans la circonstänce actuelle, de quelque utilité pour la science. En eflet connoissant par la synthèse les quantités de potasse et ET D'HISTOIRE NATUMELLES | 9 et d'acide quijentrent dans la composition du sulfate de potasse! et ayant ensuite constaté combien dans cette combinaison la potasse et l'acide perdent respectivement d’eau, il me semble que la question se trouvoit résolue à priori. Cependant je dois convenir que quelques diflicultés se présentèrent d'abord pour déterminer la. quantité d’eau contenue dans la potasse, difli- cultés qui m'ont mis à méme:de juger , tout intéressante qu'est l'expérience dé M. Bertholet, que de la potasse traitée avec de la limaille de fer n’est‘pas:un moyen assez rigoureux pour être concluant. Mon opinion au contraire étoit comme elle est encore , que les substances propres à déceler l'eau con- tenue dans la potasse ne doivent pas être oxidables, et que leur action doit seulement se borner à séparer l'eau: que la potasse peut contenir. Parmi les expériences que j'ai faites, voici celle qui me paroît avoir le mieux rempli les conditions que je m'étois imposées, IIIe Exrérrence. 0 grammes de potasse préparée dans le laboratoire de M. Vauquelin, ont été exactement mélés avec 160 grammes de silice très-pure et qui devoit étre sèche, puisqu’avant de l'employer on la chaufla pendant deux heures au feu dune forge. Ce mélange fut introduit avec beaucoup de précaution dans un tube de verre ayant environ 2 centimètres de diamètre. Ce tube, qui avoit une de ses extrémités fermée, pesoit 72 grammes , et ayec le mélange il en pesoit 252 ; un peu fort il est vrai; mais j'atimibuai cet excès à l'humidité que la potasse avoit attirée pendant sa porphyrisation. J’introduisis ce tube dans un petit cylindre de tôle, afin d'en prévenir la fusion qu'auroit pu lui faire subir l'action immédiate du feu. Cet appareil fut soumis pendant une heure à l'action d’un feu très-modéré. Le mélange ne sentit pas. plutôt l'impression de la chaleur, que tont-ä-coup il se dégagea par l'ouverture du tube une très-grande quantité d'eau réduite en vapeur , déga- gement qui dura environ 6 à 6 minutes; ensuite il ne se dégagea plus rien. ( . Lorsque le iube fut refroidi, je le pesai très-exactement, il se trouva avoir perdu 5 grammes : de son poids. Gette expé- rience que j'ai répétée plusieurs fois, même en recueillant l'eau, m’a constamment donné les mêmes résultats, soit avec la potasse que j'avois préparée, soit avec celle provenant du Tome LXV' II. JUILLET an 1808. B 16 JOURNAL IDE PHYSIQUE, DE CHIMIE laboratoire Te M. Vauquelin; d'où j'ai Iconclu: qe dans too: parties de potasse purifiée à l'alcohol ; il yen 4:27,50 d'eau; et qu'en partant de ce terme, la potasse contenue dans le sulfate de potasse s'y trouve dans la proportion de 57,71 pour 100 de sulfate au lieu de 52 suivant Bergmann, < Le Mais ce que je ne passerai point sous silence ;: et ce que je: me phis au contraire à faire remarquer la Classe, c'est que, l'analyse des aluns faite par M: Vauquelin ;; démontre que le, sulfate’ de potasse s’y trouve à péu près dans Ja même pro- portion! qu'il y entre par la synthèse : résultat qui prouve combien doivent inspirer de confiance les analyses qu'a faites ce savant chimiste. Aussi doit-on regretter que M. Vauquelin s'en soit rapporté à Bergmann pourles proportions d'acide et de base que ce chimiste admettoit dans le sulfate de potasses IVe ExPÉRIENCE Desirant connoître les proportions d’acide et de potasse contenues dans le nitrate de potasse, je fis dissoudre à chaud 100 grammes de nitrate de potasse très-sec dans 800 grammes de dissolütion de sulfate d'alumine à 54° de densité. Après le refroidissement de la liqueur, j'en obtins 376 grammes d’alum, L'eau mère fut de nouveau mise à évaporer ; mais les cristaux qu’elle me fournit ayant cristallisé confusément, j'ajoutai à la liqueur 10 grammes d'acide sulfurique à 66°, parce que l'expé- rience m’avoit appris que toutes les fois qu’une semblable disso- Jution contenoit un acide étranger à la composition de-l'alun, il étoit nécessaire qu’elle fût avec excès d’acide sulfurique pour favoriser la cristallisation de l’alun. En effet, à l'instant du mélange il s’eh précipita beaucoup qui, après avoir été égoutté et séché, pesoit 84 grammes. Enfin, pour m'’assurer si l’eau mère Contenoit encore de l’alun, j'y ajoutai de nouveau 100 grammes de la dissolution de sulfate d'alumine. Cette addi- tion en augmentant la densité du liquide ; favorisa la précipi- tation du peu d’alun que la liqueur tenoit encore en dissolution. Lorsque ce dernier produit fut égoutté et séché, il s’en trouva 3 grammes qui, réunis avec ce qui avoit été obtenu précé- demmert, donnèrent au total 462 grammes d’alun. Mais comme il avoit cristailisé dans un liquide qui contenoit des principes étrangers à la composition de l'alun, il devint nécessaire de le puriliér, À cet effet je le fis dissoudre et ensuite cristalliser. Je ne retirai dé cette opération que 452: grammes d’alun , à la vérité très=pur, >. D'HI3TOIRE NATURELLE. LL - Cette expérience que j'ai répétée plusieurs fois et à des doses différentes, m’a toujours donné des résultats qui confirment le premier; d’où j'ai conclu que si 100 grammes de nitrate de potasse avoient produit 452 grammes d’alun , c'est qu'il entroit dans la composition de 100 parties de nitrate 49,76 de potasse et 50,24 d'acide, 1,1. Ve ExPÉRIENCE. L'objet de cette expérience à été, comme celui de la précé- dente , de vérifier si la porasse et l'acide qui entrent daus la composition du muriate de potasse, y étoient daus les pro- portions indiquées. J'employai à cet effet les ménies moyens que ceux que je viens de décrire, et comme il seroit superflu d'en donner de nouveau les détails, je me borneraï à en faire connoître les résultats. » 100 grammes de muriate de potasse sec, traités comme dans l’expérience précédente, ont produit 607 grammes d'älun brut, mais qui, après avoir été raflinés, n'ont plus pesé que 592 grammes, résultat quiprouvé d'une manière incontestable que 100 grammes de muriate de potasse contiennent 65,17 de potasse et 54,83 d'acide. Cette expérience qui, comme les précédentes , a été répétée. plusieurs fois, m'a toujours donné des résultats semblables à celui-ci. «CONCLUSION. Il résulte des expériences qui viennent d'être décrites, .. 1° Que 100 parties de sulfate de potasse contiennent 57,71c. de potasse et 42,290. d’acide qui, jan l'état de concentra- ton où il se trouve dans le sulfate, en représente 60 parties à 66°; | 2° Que pour la fabrication de 100 parties d’alun il faut 42,77c- d'acide sulfurique à 66° au lieu de 50 4 31 qù'ou admet; du'il faut 11,01c. de potasse, et enfin 10,5oc. d'alun ne, quantité égale à celle qu'a trouvée M. Vauquelin; : 3° Que 100 parties d'alun très- pur. contiennent 19,08 de sulfate, de potasse, 50,92 de sulfate d'alumine, et 50,00 d’eau de cristallisation ; à a 4° Que dans la composition de 100 parties de nitrate de potasse il entre 40,76 de potasse et 50,24 d'acide; .. 5° Que 100 parties de, muriate de potasse sont composées de 65,17 de potasse, et 34,83 d'acide. muriatique; B 2 1% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI1E 6° Qu'il est constant que la potasse purifiée à l’alcohol contient plus que le quart de son poids d'eau, puisque , d'après les expt- riences qui viennent d'être rapportées , on ,en retire 27,50 pour 100; À . 7° Eùfin, qu’à la faveur du sulfate d'alumine à base simple, et cristallisé, on pourra désormais ,; par l'analyse des substances qui appartiennent aux. trois règnes, reconnoître la plus petite quantité de potasse contenue dans chacune d'elles ,; moyen d'autant plus figoureux que le produit d'après lequel on en determine la proportion, pèse 9,08 pour un de potasse sèche. EXPÉRIENCES! SUR LE SOUFRE ET SA DÉCOMPOSITION. ! Par le mème: : x 3 7 ; 3 n C 15 Lonsque les corps, dont on a tenté la décomposition , n'ont éprouvé aucune altération de la part des agens chimiques à Faction desquels on les a soumis, on est réduit à les classer parmi les corps simples. Cépendant ; comme cette idée de la simplicité des corps , bien qu'il doit y en avoir, de ,simples , se concilie peu avec les difiérens phénomènes de décomposi- tionet de recomposition que la nature opère sans cesse sous nos yeux, je n'ai jamais considéré comme simples tous ceux qu'on regarde comme tels: j'aitoujours pensé au contraire, que les corps qui font partie du règne minéral, quels qu'ils soient , sont des corps composés, et que les principes qu les constituent sont les mêmes que ceux qui entrent dans la composition des substances qui appartiennent aux règnes végétal et animal; mais ilne faut pas s’y méprendré. 11 ÿ à loin de l’état où nous con- noissons certains principes , à celui de La grande condensation qu'ils doivent éprouver avant d'entrer dans la composifion du règne minéral. Aussi les composés de ceux qui résultent de la réunion des principes, doivént-ils différer'entre eux à mesure w’ils s'éloignent davantäge du premier état, ou qu’ils sont plus près du dernier. C'est en éflet ce que nous remarquons-dans le règne végétal, Les Hailes essentielles, par exemple, doivent + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 être regardées comme des composés où les principes touchent de très-près à l'état gazéiforme, tandis que les élémens qui constituent les résines et les huiles fixes, sont dans le plus grand état de condensation par rapport au règne auquel appartiennent ces substances. Mais cette grande condensation des principes ui forment les divers composés du règne végétal , est encore bien éloignée du premier degré de condensation où se trouvent les élémens qui constituent les corps du règne minéral. Aussi l’indestructibilité de ces derniers semble-t-elle tenir à la diffi- culté de faire rétrograder vers un état moindre de condensation des principes qui ont une tendance tout opposée. Ce que je viens de dire des différens degrés de condensation où se trouvent les principes qui constituent tous les corps de la nature, je l'ai dit il y a dix ans dans le premier Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Institut sur la décomposition des alkalis. Aussi ai-je vu avec plaisir que M. Bertholet , en adoptant cette opinion dans sa Statique chimique, l'ait sortie du rang des hypothèses, Quant à l’indestructibilité des substances minérales, à la- quelle j'attribue la dificulté de faire retrograder vers un état moindre de condensation les principes qui les constituent ; C'est encore là une opinion qui me paroït devoir mériter toute l’at tention des chimistes. En effet, quelle force autre que celle de l'attraction muiuelle des principes qui composent tous les corps du règne minéral peut les faire résister à l’action éminemment dilatable du calorique ? Aussile feu , pour opérer la décompo= sition des substances minérales , ne doit-il être employé que comme intermède ét non comme agent immédiat, La décomposition du soufre, qui fait l’objet de ce mémoire F va nous fournir une application du principe que je viens d'éta- blir. Cependant, avant de tenter la décomposition des corps , il est nécessaire d’avoir sur leur composition des notions qui puis sent indiquer la naturé des expériences à faire: Par exemple, relativement au soufre j’avois remarqué que l'acide sulfurique , fortement saturé de gaz nitreux , coloroit en bleu l'eau qui en était acidulée. De l'apparition de cette couleur je conclus que le carbone devoit être une des parties constituantes du soufre : et considerant ensuite la propriété qu'a cette substance de se: dissoudre dans les huiles, je soupçonnai dés-lors que le soufre pouvoit bien étre une combinaison de carbone et d'hydrogène ; mais il yavoit loin de cette conjecture à une preuve acquise. Cependant je dus me servir de ces données, soit pour attaquer 14 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les principes du soufre, soit pour les combinér avec un troi- sième principe , qui par son usion püt former un composé déjà connu. L’azote, par exemple, me parut très-propre à donner nais- sance au composé que je desirois obtenir, s’il étoit vrai que l'hydrogène et le carbone fussent les parties constituantes du soufre. En effet, ne devoit-il pas résulter de la combinaison de ces deux principes avec l’azote, un composé analogue au radical prussique, et ce produit , dont on connoit les élémens , ne de- voit-il pas indiquer ceux du soufre ?. Pour vérifier jusqu'à quel point mes conjectures étoiert fon- dées, voici l'expérience que je fis : Je soumis à la calcination dans un tuyau de fer quatre parties de charbon animal avec deux parties de sulfate de potasse ; le tout fut très-exactement mélé. Je fis chauffer ce mélange jus- qu'au rouge cerise, et l'ayant laissé refroidir aux trois quarts, je le jetai ensuite dans une grande quantité d’eau. Lorsque j'eus filtré la liqueur, elle se trouva d’une couleur verte tirant au bleu suivant la manière dont elle étoit vue à la lumière. Cette dissolution n'avait qu'une légère odeur d’hydro- sulfure ; sa saveur , quoiqu’éloignée de celle du radical prussi- que, produisoit cependant sur l’orgäne du goût une impression analogue à celle qui caractérise ce radical. J'essayai ensuite siles acides en précipiteroient du soufre ; maisaucun , pas même l'acide muriatique oxigéné ne troubla qu'à peine la liqueur ; seulement ils en dégagèrent une odeur parti- culière et d’une fétidité insupportable. Cependant comme la na- ture de la dissolution indiquoit la présence du soufre, je voulus m'assurer s'il y en avoit ; j'y versai à cet effet quelques gouttes de dissolution de sulfate de fer au maximum d’oxigénation , ce qui occasionna aussitôt un abondant précipité noir , mais qui au moyen d'une nouvelle quantité de dissolution de sulfate de fer , passa promptement au bleu, : Je ne doutai donc plus , d'après ces diverses expériences, et surtout d'aprèsla propriété de la dissolution, que le soufre étoit entré en combinaison avec l'azote pour former un composé ana- logue au radital prussique, : jé Ayant ensuite cherché à connoltre quelle action auroit sur cetté dissolution, de l'acide, sulfurique saturé de gaz nitreux, je remarquai que cet acide occasionna dans la dissolution un abondant précipité jaune, qui avoit à l’&iltoute l'apparence du ET D'HISTOIRE NATURELLE, 15 soufre, et qui en exhaloit l'odeur , étant brûlé sur les char- bons. Cette dissolution, de même que celles précédemment: examinées avec les acides, contenoient du radical prussique , et le précipité , dont il vient d’être ici question , n’étoit lui même que ce radical qui à l'instant de sa formation pouvoit être changé en bleu de Prusse en le combinant avec quelques gouttes de dissolution de sulfate de fer, 1 Ce composé indique donc clairement une substance analo- gue au radical prussique, mais quien diffère par une plus grande fixité, puisque les acides les plus forts ne le dégagent pas de sa dissolution , tandis que tous décomposent promptement le prus- siate de potasse: n'y eüt-il que cette propriété qui caractérisât ce radical , elle sufhrait pour le faire distinguer de celui prus- sique. À l'égard de la grande fixité de ce nouveau radical, on peut l'attribuer à l'hydrogène dont la condensation paroit être aussi forte dans ce composé qu’elle l'est dans le soufre, condensa- tion cependant que l'azote peut faire rétrograder en formant de l'ammoniaque ayec l'hydrogène par la décomposition du prus- siate de fer. Quant à la question de savoir lequel du carbone ou de l’hy- drogène est le principe dominant dans le soufre , on conçoit que l'opération d’après laquelle je suis parvenu à décomposer cette substance , fournit peu de moyens pour connoître la pro- portion de ces deux principes. Cependant une observation qui pouvoit jeter quelque jour sur cette question, c'est que j'ai remarqué que les dissolutions d'azote sulfuré de potasse , contiennent toutes un excès de car- bone qu'elles laissent précipiter si la liqueur reste exposée au contact de l'air; d’où j'ai conclu que l’azote n’a pas trouvé dans le soufre la proportion de carbone nécessaire à la forma- tion du radical prussique. Dans le prochain Mémoire que j'aurai l’honneur de commu- niquer à l'Institut, je ferai connoître les élémens du phosphore et du fer. Il y sera aussi question des métaux alkalins, dans lesquels on, prétend qu'il ne doit pas entrer de carbone. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHtmrre ComPTtTE vERBAL rendu à la Classe des Sciences physi- queset mathématiques de l’Institut, le 6 juin 1898, sur l'Ouvrage de M. DE BRIDEL, intitulé: Muscoloviæ recentiorum supplem:rturr, seu Species nt: COrum F Par M. PALISSOT DE BEAUVOIS, La Classe m'a chargé de lui rendre un compte verbal de l'ouvrage de M. De Brinez, intitulé : Muscologiæ recentiorum supplementum, seu species muscorum, et ayant pour épigraphe, Nihil est quod non mortalibus afferat usum. Je vais essayer de lui faire connoitre cette nouvelle production d'un bota- niste qui a été l'ami, et qui se montre le digne élève du célèbre Heowic. L'auteur avoit publié en 1797 une Muscologie complète, dans laquelle, après avoir donné une histoire des mousses, il rappelle l'opinion des différens bolanistes qui ont précédé Hepwic, et qui n'ont pas dédaigné de diriger leurs recherches et leurs ob- servations sur ceite intéressante partie de la science. Toutes les parties des mousses qui avoient échappé aux anciens bota- pistes, y sont décrites avec autant de clarté que de précision et d'élégance. Mais les découvertes d'un grand nombre de voyageurs ayant considérablement augmenté les connoissances acquises sur ces plantes, ainsi que le nombre des genres et des espèces, M. pe Bripez a cru devoir publier non-seulement un supplément, mais même un nouvel ouvrage, que l'on peut regarder comme ce qu'il y a de plus complet en ce genre. Les mousses connues depuis Linxé, pour faire partie des plantes qu'il nomme cryptogames , constituent un ordre im portant dans l'aëthéogamie, Les productions végétales qui les précèdent dans l'ordre et la méthode naturels, sont les plus simples de toutes les plantes. L'organisation des mousses est plus compliquée ; elles ont, s'il est permis de s'exprimer ainsi, un degré d'organisation de plus queles a/oues, dont les unes se présentent sous une forme glaireuse et mucilagineuse, les autres comme de simples filamens qui flottent dans les eaux, et d’autres en expansions foliacées, tantôt membraneuses , tanit coriaces, et n’offrant le plus souvent aucun des carac- tères LA ETID HISTOIRE NATUREL LF, 17 tères extérieurs qui constituent la majeuré partie des végétaux, L'organisation des mousses est encore moins simple que celle des champienons , des lichers et'mémé des Lépatiques dans lesquelles on commence à trouver lesindices d'une fractification mieux prononcée, et plus analogre à celle des autres végétaux que nous nommons plus parfaits, En effet on reconnoit dans les mousses , de vraies racines, une tige , des fe&illes, des organes particuliers et distincts qui paroissent être ceux à l’aide desquels elles se régénèrent. Mais les lieux sombres où d'ordinaire croissent ces sortes de plantes , la petitesse de leurs prganes, la difliculté de les bien observer , et le temps de leur floraison peu favorable aux re- cherches et aux observations, sont cause que long-temps elles sont restées dans l’oubli, et dans un oubli d'autant plus profond qu'elles n’offrent à l’œil avide de l’homme, toujours ernpressé de jouir, ni utilité directe, puisqu'on ne s’étoit pas occupé d’en faire la recherche ; ni aucun de ces agrémens propres à flatter ses goûts ou à satisfaire ses besoins, Ce n'est que depuis un demi-siècle que quelques savans, plus instruits par la réunion de leurs propres lumières à celles que leur ont transmises leurs prédécesseurs, et convaincus que toutes les productions sont égales aux yeux du scrutateur de la nature, et dignes de ses méditations et de ses recherches; que toutes enfin ont un but d'utilité réelle , ont entrepris de consacrer leurs veilles et leurs soins à l'étude de ces plantes. Micnezt et Drcienivs avoient les premiers indiqué la route qu’il y avoit à suivre; Lin avoit commencé à y pénétrer ; HepwiG l'a presque entièrement frayée; enfin , depuis plusieurs années , beaucoup d'autres bo- tanistes , en suivant Îles traces d'Hrpwic, cherchent à aplanir cette route et à la rendre plus facile, même en lui donnant une plus grande étendue. Tourxeronr est le premier botaniste qui ait séparé les mousses des lichens avec lesquels ont les avoit confondues, et avec lesquels le vulgaire les confond encore aujourd'hui, en appe- lant mousses les différentes lichenacés qui couvrent le tronc des arbres. Ce botaniste français désigne les mousses comme des plantes privées de fleurs, mais portant un fruit caché sous une coiffe (ca/yptra). ait: D'après l'opinion de Mremerr, cet organe n'est plus un fruit, mais la partie mâle. Il trouve l'organe femelle dans les rosettes ou étoiles qui terminent quelques rameaux de plusieurs po/y- crichum , mnium, splachnum , etc. Ces rosettes sont ainsi Tome LXVIT, JUILLET an 1308. "GC 19 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE formées par de petites feuilles écailleuses entre lesquelles sons contenus ou disséminés de petits corps glanduleux. Micuert y a observé deux sortes d'organes: il croit que les uns sont encore des mäles et les autres des femelles. Les premiers de ces petits corps diffèrent dans plusieurs espèces de mousses, ce qui a donné lieu au botaniste italien d'avancer que dans les mousses on tuve cinq sortes de ileurs, quil décrit: Ducenius, contemporain de MicneLr, ne paroît pas avoir adopté une opinion fixe sur la fructification {des mousses. IL pense que l'urne est l'organe mâle; et cependant, par une de ces erreurs que l'on ne peut expliquer, il la nomme capsule. Il en est à peu près de même des rameaux étoilés des po/ytri- chum, des mnrum, etc. Tantôt il les désigne comme des fleurs femelles, tantôt les petits corps glanduleux qui y sont contenus lui paroïssent étre des bourgeons pareils à ceux que l’on re- marque sur quelques lys, la dentaire, la bistorte, etc. ayant la faculté de donner naissance à des individus semblables à ceux qui les ont produits. Linxé, en cherchant à concilier ces diverses opinions, à les rapprocher de la nature et surtout de son système sexuel, a voulu écarter toutes ces contrariétés : il a vu dans l’urne la fleur mâle ou l’organe fécondant, et dans les étoiles des polytri- chum , etc., la fleur femelle contenant des graines. Tel étoit l'état de cette partie négligée de la botanique, lorsqu Henwig , après de savantes, de longues et de nom- breuses recherches, a publié son système entièrement opposé à celui adopté par Linné. Une des questions les plus impor- tanles à résoudre étoit de déterminer si dans les autres genres que les politrichum, les mnium, les splachnum , on trouve ou des rameaux étoilés, ou les analogues des petits corps glanduleux qui y sont contenus. En observateur éclairé Hepwie a dirigé ses travaux vers ce point important. Toutes les mousses portent une urne que ses prédécesseurs et lui-même croient être une fleur unisexuelle ; il lui paroissoit présumable que ces plantes fussent encore munies de l’autre organe, sans lequel elles ne pourroient pas se régénérer. A force de soins et d'observations il est parvenu à le reconnoitre dans la majeure parte des mousses; d'où il conclut qu'il existe dans tous. Mais dans le cours de ses recherches il a recueilli des observations précieuses qui lui ont fait penser que l’urne, organe mâle, selon Mac: eu, Divzenius et Linné, est, ainsi que lavoit pensé TounneronT , une fleur femelle, et que les petits corps glan- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 15 duleux contenus sous les écailles des rameaux étoilés des po- lytrichum , etc., sont, les uns, des anthères remplis d’une poussière qu’il dit avoir vu s’en échapper, et non pas des graives, et les autres sont des filets adducteurs : f{/amenta succulenta seu paraphyses ), ou espèces de nectaires. il nous appartient , moins qu à tout autre, de prononcer sur ce système, que le temps seul, des observations ultériepres et des expé- riences confirmeront ou rejetteront ; mais nous devons douner à ce grand observateur les éloges dus à son zèle, à ses im- menses travaux, à la constance de ses recherches, et à un système si ingénieux,et si séduisant, qu'il a éié adopté par plusieurs botanistes allemands et suédois. C'est d'après ce sys- tème que M. pe Brie a classé les mousses. HEnwiG ne s'est pas borné à cette seule recherche; il a observé toutes les parties des mousses avec la plus scrupuleuse attention : il a remarqué que l'orifice de l'urne varie dans un grand nombre. Cet orifice qu'il nomme store est tantôt bouché, tantôt garni de dents ou de cils qu'il appelle peristome. Ces caractères, dont la connoissance paroït être due à Hipwic, forment la base de sa méthode, d'après laquelle il divise les mousses en quatre classes ; enfin la forme des dents et des cils établit les geures portés par lui à 32 au lieu de 9, décrits par Linxé. Nous avons cru devoir entrer dans ces détails pour donner une idée des progrès de cette partie de la botanique , et parce que l'ouvrage de M. ne Brinez est fondé sur le système et la méthode d'HepwiG, à laquelle il a fait quelques change- mens qui lui ont paru indispensables, La première partie, que l’auteur publie en ce moment , contient les trois premières classes. C'est en même temps un supplément à l'ouvrage qu'il a fait paroïtre en 17097, et un nouveau traité plus complet ; il devient indispensable à tous ceux qui voudront étudier avec fruit cette partie de la bo- tanique. La première classe qu'il nomme aperistomati ne conlient qu'un genre facile à reconnoître par son opercule permanent, et tellement adhérent qu'il paroïit n'en être qu’une continuité, Ce genre (phascum) est selon l'auteur monoïque. L’urne, où fleur femelle, est terminale et rarement axillaire. L'autre indi- vidu (organe mâle ) est ou presque discoïde terminal, ou gem- macé axillaire. Ce genre, comme il est aisé de le voir, cesse d'être na- G 2 20 JOURNAL IDE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE turel dans la méthode d’Henwic. En effet, plusieurs genres étant établis sur la forme de l'organe mâle, il semble que celui-ci devroit être soumis aux principes et aux règles adoptés pour tous. Nous aurons occasion de revenir sur cette petite erreur, en examinant les genres qui composent la seconde classe. Les mousses de cette seconde classe, nommées gymnope- ristomati , parce, qué l'orifice de l'urne est nu , c’est-à-dire privé de dents ou de cils, se composent de quatre genres ; savoir : 10le sphagnum déjà établi par Dnenrus et par LINXÉ, et conservé intact par Henwi1G et tous les botanistes modernes. 2°, Le #ymnostomum, genre créé par Hepwic : il se compose de plusieursespèces de bryum de Linné. . Ces deux genres n’ont subi d'autre changement dans le nouvel ouvrage de M. ne Briner qu'une augmentation considérable dans Île nombre des espèces. Le sphagnum est porté aujour- d'hui à 21 espèces au lieu de dix, etle gyr2nostomum à 14 au lieu de 8. 3°, L'anictangium. Ce genre créé originairementpar Earxarr, sous le nom Lediwioia, ne pouvant plussubsister sous cette déno- mination, donnée et adoptée par les botanistes, à une plante phanérogame, M. DE Bripez lui assigne le nom anic/angium, formé dans l'ouvrage posthume d'Henwic. L'hedwigia com- prenoit trois espèces , l'anictangium est composé de six, encore en a-t-il retranché les anictansium cirrhosum et bulbosum , qui, d’après des observations plus récentes, n'appartiennent pas même à cette classe, puisque leur péristome est double, c'est- à-dire garni extérieurement de dents et intérieurement de cils 4. Eofin l'anodontium , genre nouveau de l’auteur dont nous analysons l'ouvrage. Ce genre ne compte qu’une seule espèce , l’enodontium prorepens, plante de l'Amérique septen- trionale, rangée par Henwie parmi les gymnostomum. M. ne Bninez, d'après le principe adopté par lui, d'établir les genres des mousses sur la forme de la fleur mâle, s’est cru sufh- samment autorisé aux changemens qu'il propose. Wiror, dit:il , Hedwigium Loc genus natur& indicatum ; stirpe istäab om: nibus gymnostomis habitu toto cœlo recedente, non condr- disse, cum floris masculi forma in generibus miuscorum ins- tituendis.ei solemnis fuerit. Ayant remarqué quela fleur mâle estdisciforme dans les autres gymnostomes, et gemmiforme dans le gÿmnostomum prorepens, il a formé de cette espèce le nou- veau genre anodontiumn, et. décrit ainsi les deux genres. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 21 Gyunosromum. — Peristoma nudurn. — Flos dioicus, mas« culus disciformis fcmineusque terminales. ANonoNTiuM. — Peristoma nudum.— Flos dioicus, mas- culus gemmiformis fæmineusque terminales. Ces deux genres ne différent entre eux que par la forme de la fleur mâle , disciforme dans le premier et gemmiforme dans le second. | Depuis quelque temps les botanistes , et M. ne Bniner lui- méme , ont reconnu que l'organe, nommé par Hipwic fleur mâle , est trop petit, trop fugace et trop diflicile à saisir pour l'employer avantageusement dans la formation des genres; nous ne craignons pas mème d'avancer que , si on n'adoptoit pas irrévocablement ce principe, l'étude des mousses deviendroit impraticable et impossible. HeowiG et M.pe Brivez ont si bien senti cette vérité , que les genres Phascum , Grimmria, Dicra- num , Trichostomum , Tortula et Barbula , ne sont passoumis à cette règle. Pour rendre cette observation sensible , exami- nons comparativement les caractères de ces différens genres. Puascuw........ Fos masculus subdiscoïdens terminalis , seu gemmaceus axtllaris. GrimmiA....... Flos masculus gemmaceus axillarrs , vel capituliformis terminalis. Dicnanum....... Fos masculus capituliformis gemmi- Jormisve. Tricxosromum..... Flos masculus axtillaris gemmiformis , capituliformisve. Tonrura...... Fos masculus capituliformis terminalis, vel gemmiformis axillaris. Barsuza...... Flos..:.. masculus gemmaceus basilaris, vel capituliformis terminalis. Si le gymnostomum prorepens peut former à lui seul un genre particulier , par la raison que sa fleur est disciforme, au lieu d’être gemmiforme comme dans tous les autres gym nostomurn , ilest évident que les six genres ci-dessus devront également être divisés d’après lé même caractère, c’est-à-dire d'après la différence de cet organe. Mais , comme nous l'avons déjà observé , outre que ce seroit multiplier les genres sans né- cessité , une pareille distribution rendroit l'étude des mousses impraticable. La troisième classé, nommée aploperistomati , beaucoup plus nombreuse , se compose de dix-huit genres divisés en deux sections. 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La première comprend les mousses, dont le péristome , ex- terne seulement , est composé de’ dents, ou simples, ou fen- dues, ou géminées. La secoude renferme celles doit le péris- tome, interne seulement , est composé de cils ordinairement tournés en spirale. Le premier genre de la première section est lÆnrdreæa , établi par EnriraRT , et décrit très en détail dans l'ouvrage posthume d'Henwic. Ce geure, confondu par Dil'enius et par Linné avec les ;un- germannia , Offre une organisation toule particulière, qui nous a paru le rapprocher du T'hetraphis (1). L'urne est surmontée de quatre divisions qu'HrpwiG et M.pE Bxiper prennent pour le péristome , mais que nous croyons étre l'opercule qui se divise en quatre : raison pour laquelle nous avions placé cegenre parmi les Æpogones, c'est-à-dire privées de dents ou de cils. Après l'AÆndreæa vient le polytrichum, que l’auteur paroit avoir étudié et observé avec beaucoup d'attention ; mais il per- siste à croire que ce genre ne doit pas être divisé, ni Consti= tuer une famille distincte parmi les mousses. Ses observations, pour appuyer une telle opinion , sont suivies d’un tableau aussi savant qu'ingénieux ,et qui nous paroit propre à fixer celle des botanistes sur les deux questions à résoudre concernant ce genre. M. 2e Brie établit ainsi son opinion. Calypträ nud& à con- generibus etiam recedunt ; at vi peristomatrs et epiphragmatis utettoto habitu ità cum iis conjunguntur, ut nullatenüs dirimi et in novum genus diduciqueant.Quod natura conjunxit, me- thodus nulla separet ! Polytrichorum igitur, precor , intactum maneat genus pulcherrimum distinctissimum soLuM inter muscos epiphragmate gaudens..... Il est indubitable qu’une méthode, pour être bonne , ne doit pas séparer ce que la nature a uni; de même elle ne doit pas réunir ce que la nature a séparé. Parmi les caractères qui ser- vent à distinguer les corps naturels entre eux, on s'attache d'abord aux caractères primaires qui établissent la classe; puis aux caractères secondaires ou ceux des ordres ; puis aux ca- ractères trinaires ou ceux des familles ; puis aux caractères quartenaires ou ceux des genres; enfin aux caractères qui- naires ou ceux des espèces. Nous avons déjà fait remarquer que les caractères trinaires , ou ceux des familles des #ousses, sont pris de l'absence , de la présence , de la forme et de la ————————_———_—__—_—_—_— (1) Voyez prodrome de l’Aëthéogamie. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25 compôsition du pèristome. C’est aujourd’hui un principe avoué par tous les botanistes, et suivi-dans le système d'Heswic , adopté par M. pe Bripez. La première classea pour caractère d être privée de péristome ; la seconde d’avoir un péristome nu ; la troisième un péristome simple , et la quatrième un péristome double. Cependant le genre polytrichum , outre les dents qui constituent le péristome simple , a de plus une membrane hori- zontale , percée à jour , et qui , quel que soit le nom que l’on donne à l’urne, exerce une fonction importante dans la fé- condation de ces plantes. Le péristome des polytrichum n’est donc pas simple comme celui des autres genres de la classe où ilest placé; il n’est pas non plus double , comme celui des mousses de la quatrième classe ; mais toujours sera-t-il vrai que , semblable au péristome de la troisième classe , celui des polytrichum est garni de dents, PLUS D'UNE MEMBRANE , DONT IL EST SEUL MUNI, genus solum inter muscos epiphragmate gaudens. Il parvit donc évident, sans même nous arrêter à d'autres caractères qui distinguent particulièrement le po/y- trichum , que la composition du péristome n'étant pas la même que dans les mousses des autres classes , les po/ytrichum cons- tituent une famille naturelle et distincte , et que les confon- dre avec les aploperistomati, c'est réunir ce que la nature a évidemment séparé. ' Ce principe peut également s'appliquer à la division des po- Iytrichum , en deux ou plusieurs genres. La force des dents, celle de la coiffe, l'absence ou la présence du périchése, sont autant de caractères quaternaires propres à former les genres. Or siles polytrichum , proprement dits, ont une double coiffe , ils ne peuvent être confondus avec l'atrichum , quin'a qu’une seule espèce de coifle. Les polytrichum ont une coifle interne, membraneuse, glabreet cuculliforme ; cet organe est recouvert d'une autre coïlle campaniforme , composée de fila- mens soyeux croisés et entrelacés. Le genre atrichurm n'a qu'une seule coiffe cuculliforme , et sur laquelle on appercoit quelquefois de petits poils. Ce dernier caractère a induit en erreur un botaniste qui s'en est cru autorisé de changer le nom atrichum en olygotrichum ; mais il ne s'est pas apperçu que le mot atrichum ne porte que sur la privation de coifte ex- térieure composée de filamens , et nullement sur la seule coiffe existante dans ce genre. (1) (:} Flore française, édit. III. 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GWIMIE Il nous paroît donc évident que les atr/chum privés de la dou- ble coiffe ne peuvent être confondus avec le polytrichum. Avant que de passer aux autres genres de cette classe , nous devons encore faire remarquer, que M. »e Brinez , à l'exemple d'Hipwaic , a laissé subsister dans le genre polytrichum, des espèces dont le nombre des dents varie de, 32, 56, 48et 64, ce qui paroît contradictoire avec le genre octoblepharum sé- paré des weissia, parce que cès dernières n'ont que huit dents au lieu de 16, et le genre octodiceras retranché des'/issidens par la même raison, Il en est du genre po/ytrichum à cerégard, comme de l’orthotrichum , dont les espèces ont huit dents et d’autres seize. Il résulte de cette observation , que le nombre des dents étant sujet à varier , un pareil caractère ne devrait pas étre employé dans une bonne méthode , pour la formation des genres, Des seize autres genres, dont se composent les aploperis- tomati , treize sont anciennement établis; ils n’ont subi d'au- tre changement que dans le nombre des espèces, considéra- blement augmentées, Les trois autres ont été formés depuis la publication du premier ouvrage de M pr Bripez. Le premier, conostomum , a été observé par M. Swarrz, botaniste suédois, aussi recommandable par ses ouvrages que par le grandnombre de plantes nouvelles, recueillies dans ses voyages , et dontil a enrichi la botanique. Ce nouveau genre se distingue des au- tres genres, par un caractère particulier qui avait échappé au docteur Smirx , qui en avait fait une espèce de grimmia ; les dents du péristome sont réunies en cône à leur sommet, Le second , cynontodium , est le même quele cynontodium établi dans l'ouvrage posthume d'Hxbvwic. Enfin , letroisième, octodiceras , appartient à M. ne Briver, Nous avons’ déjà parlé de ce genre, qui sémble ne différer des Jissidens, que par le peristome garni de huit dents fendues au lieu de seize. Tous les genres des aploperistomati que nous ayons passés en revue, sont ceux dont le péristome est externeet garni de dents ; il nous reste à entretenir la Classe de®deux autres genres, dont est composée la seconde section. Ils ont pour ca- ractére un seul péristome interne composé de cils ordinairement tournés en spirale. M. ne Brivez ne pense pas que cette diflé- rence , qui semble établir un passage des aploperistomati aux diploperistomati, ne suffit pas pour former une famille distincte que nous ayons désignée sous la dénomination d’entopogone. Les ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 25 Les deux genres cortula et barbula se trouvent dans le premier ouvrage de M. ne Brinez , telsqu’ils avaient été établis ar Hepwic, c’est-à-dire d’après la situation et Ja forme de organe qu’il croit étre la fleur mâle. L'auteur dans sa nouvelle production , a suivi la nouvelle distribution de notre prodrome. Ces deux genres se distinguent par la forme du péristome dont les cils sont entièrement libres dansles éortula, et réunis en une membrane à leur base, libres seulement au sommet dans les barbula. Ce caractère n’avait pas échappé à M. pe Brie, qui avoit formé ce dernier genre sous le nom sintrichia. L'ouvrage de M. px Briner est digne, ainsi que nous l'avons dit, de l'élève et de l’ami du célèbre Hepwic. C'est ce que nous possédons de plus complet en ce genre. L'exactitude des descriptions , l'élégance du style, l'attention que l'auteur a eu de décrire jusqu’aux plus petites parties qui peuvent servir à distinguer des espèces très-voisines, et qu'il seroit aisé de pren- dre pour des variétés , rendent cette nouvelle production pré- cieuse aux botanistes , et indispensable pour ceux qui s'occupent de cette partie. Nous sommes entrés dans plus de détail que n'en comporte un simple compte verbal, mais nous nous y sommes déterminés, 1° pour tracer à la Classe les progrès rapides que cette partie de la science a faits depuis un petit nombre d'années, et surtout depuis qu'un homme aussi célèbre et aussi recommandable qu Heowic , a eule courage d'y consacrer ses recherches et ses veilles ; 2° parce que l'auteur ayant fait hommage à la Classe de son ouvrage , j'ai crn devoir la mettre à portée de prononcer sur l’acceptation de cette dédicace qui lui est offerte. En conséquence j'ai l'honneur de proposer à la Classe d'accepter la dédicace de la première partie de l'ouvrage de M. pe Brinrz,, intitulé Muscologiæ recentiorum supplementum , seu species muscorum , dont le mérite ne peut qu’augmenter l'impatience des botanistes pour posséder la seconde partie ,qu'il est à désirer que l’auteur publie promptement , afin d'avoir le traité le plus complet de Muscolopie, La classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Ins» tilut a agréé la dédicace de l'ouvrage de M. pe Bis, Tome LXVII. JUILLET an 1808. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS Sur le SPINELLE PLEONASTE ,et spéciilement sur : celui des environs de Montpellier. Par M. MARCEL DE SERRES. Lues à la Société des Sciences et Belles-Lettres de Montpellier. EXTRAIT. Lx pléonaste a été ainsi nommé par M. Haüy (1) ; il me pa- roit qu'il a fait dériver le nom de cette substance de ITAsoyvæfæ plus habeo superabundo qui surabonde. Elle avoit été décrite par Romé de Lisle (2), sous lenom de schorl ou grenat brun en dodécaëdre tronqué , et par Delamétherie (3) , dans le Jour- nal de Physique, sous celui de ceylanite, dénomination qui dérive évidemment de l’ile de Ceylan où on l’avoit d'abord trouvé, L'auteur rapporte ensuite les caractères de cette substance, tels qu'ils sont décrits par les auteurs quien ont parlé, et il ajoute : l Le pléonaste a été trouvé d'abord dans l'île de Ceylan parmi, des tourmalines et autres substances cristalhisées avec lesquels il avoit été confondu. C'est M. Delamétherie, qui le premier en a fait uneespèce particulière sous le nom de cey/anite. i} la trouva quelque remps après dans des roches rejetées par le Vésuve ( Journal de Physique, tome 51 , année 1800 , pag. 77). M. Lhermina l'apperçut ensuite dans les mêmes roches du Vésuve , et dernièrement M. Louis Cordier en a ob:enu dans presque loutes les roches volcaniques des environs de Clos- terlach sur les bords du Rhin, Draparnaud avoit indiqué le pléonaste dans les brèches du petit mont basaltique de Mont- ferrier ; en effet on y rencontre cette substance dans un tuffa (1) Minéralogiede M. Haüy , tom. 3, pag. 173 pléonaste , qui surabonde,. (2) Romé de Lisle , tom. 3, pag. 180, not. 21. à (3) Ceylante, Journal de Physique, année 1793, pag. 23. , ÆT D'HISTOIRE NATURELLY, 27 en forme de brèche. Jusqu’à présent je ne l'ai trouvé dans la brèche, que comme ceux qui viennent de Ceÿlan , et qui sont le plus souvent en fragmens informeset arrondis, ayant éprouvé un commencement d'altération. Peut-être le mot d’altération est-il trop fort pour désigner l’état où se trouve cette sub- stance , elle paroît trop dure pour pouvoir s’altérer aisément; cependant sa couleur est si terne, qu'elle y semble altérée. Il paroïît que le pléonaste est mèlé dans la brèche très-acciden- tellement; quelques-uns de nos cristaux ayant été détachés des roches où ils étoient contenus, ont été réunis aux diverses substances environnantes par un gluten quelconque (1). On trouve aussi des spinelles pléonastes cristallisés dans le fond des “ravins qui sont au bas dela petite montagne de Moniferrier, et presque toujours sur la superficie des detritus des substances environnantes. Une localité totalement différente , où cette substancese pré.- sente également, et en assez grande quantité , est celle de Soret (sur la rive gauche du Lez à une demi-lieue de Montpel- lier ); on l'y trouve sur la superficie d’un sable mélé de co- quilles et de quartz roulé. Ce sable repose sur des bancs de grès et des agglomérations très-variées et très-bizarres de la méme nature ; quelquefois ces grès sont couverts par des bancs de cal- caire coquillier, rempli principalement d'ostrea, de balanus et de cardium ; les ostrea qu'on y rencontre en contiennent souvent d'autres qui semblent avoir pris leur développement dans la cavité des premières. Les couches de grès très-irrégulières, le plus souvent horizontales, contiennent en abondance des concrétions de grès en forme de poires, de pommes , de larmes, qui sont presque toujours dans la même position, disposition qui indique que ces grès n’ont pas été formés à la manière des stalactites ordinaires, mais bien comme les rognons de silex ; il paroïît évident que le: pléonastes ne s'y rencontrent que très-accidentellement , et y ont été amenés par les eaux. De- uis ; je l'ai encore trouté à la colline volcanique de Valma- ocitos ; à 6 kilomètres au nord de Montpellier , et enfin dans (1) Gette brèche paroït avoir été formée par les eaux secondaires cal- caires , et rentrer dans la formation de toutes les brèches connues , et dans celle de tous les grès. En effet l’eau chargée de carbonate calcaire, dé- coulant de la base des prismes basaltiques, y a déposé toute la terre dont elle étoit chargée , a agglutiné toutes les parties brisées des roches environnantes , et a formé ainsi uue brèche, D 2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ un banc de tuf basaltique de 3 kilomètres de lougueur , au bas d’une colline nommée lou héout ou lou nüäou , près de Prades, au nord-est de Montlerrier. Une question qui se présente assez naturellement, et qui n'est pas dénuée d'intérêt , c'est de savoir si le spinelle pléo- -paste est un produit volcanique ou non? El semble que d'a- près la dureté de cette substance , on pourroit penser qu'elle est absolument étrangère aux laves, et formée par la voie hu- mide antérieurement à son dépôt dans les couches où elle s'est trouvée placée. On pourroit dire qu'on n’en a pas encore trouvé dans les laves du Vivarais, de l'Auvergne, de l'Etna , des îles Eoliennes , d'Islande et de l’Isle-de-France, mais seulement dans les cavités de quelques roches du Vésuve, de la Somma, de Clotterslach et de la Campanie. Ainsi on pourroit ètre assez porté à croire , qu'il appartient aux roches primitives , et qu'il suffit de l'avoir vu intimement uni aux tourmalines de Ceylan, pour en être convaincu. Cependant Brongniart pense que ce minéral, comme le corindon télésie appartient à la formation des traps secondaires. Son opinion est peut-être fondée sur celle de Werner qui juge d'après la nature des terreins dont les sables où se trouvent les corindons semblent être les débris , que les telésies d'une dureté bien supérieure à celle du pléo- naste, doivent appartenir à la formation des traps secondaires. Ainsi, comme le basalie et le tuf basaltique sont les roches p'opres aux montages de traps secondaires, et qu'elles se reucontrent dans les Deux où se trouvent les pléonastes, cette opinion partit avoir quelque probabilité ; mais comime nous n'avons pas encore de description exacte du gisement des corin- do::s téiésits, et que les corindons adamantins se trouvent dans Tes rochers granitiques , qu'ils entrent même dans la compo- sition de ces roches ,à la manière des feldspaths, on pourroif regarder les corindons télésies et adamantins , ainsi que le spi- nelle p'éonaste , Comme appärtenant exclusivement aux terreins. primitifs. On ne peut cependant regarder cette opinion que comme pr bable, jusqu'a ce que l’on connoisse d’une manière precise le grsémeut de ces substances intéressantes, ÆT D'HISTOIRE NATURELLE. 2ÿ RS SE SE PL RE TA PEN 2er NOTICE SUR quelques applications utiles des observations météorologiqu.s à l’nygiène navale. Par F. PÉRON, Naturaliste de l'Expédition de Découvertes aux Terres Ausi érales , Correspondant de l'Institut impérial , de la Société de l'Ecole de Médecine de Puris, la Société médicale d'Emulation de la même Ville , etc. EXTRAIT DU BULLETIN DES SCIENCES MÉDICALES. a Las instrumens météorologiques sônt , à la vérité, des acqui- sitions modernes de la physique ; mais les observations en ont été poursnivies avec tant de constance , sous tant de climats divers , qu'on ne doit pas moins s'étonner de l’imperfection de leur théorie, que du petit nombre d'applications utiles qu’elles ont pu fournir : peut ètre on pourroit en trouver la raison prine pale dans la nature même du théâtre sur lequel ces expériences ont été faites presqu'exelusivement jusqu’à ce jour. Combien de causes réunies concourent en effet, au milieu des conti= nens, à compliquer des résultats essentiellement si difficiles et si délicats! L'observateur, au contraire, abandonné sur YOcéan à l'influence exclusive de l'atmosphère et des eaux, peut donner plus d’exactitude et plus de développement à ses expériences , il peut en déduire des corollaires plus 1igou- reux et plus généraux dans leurs applications. Mon cbjet n’est point ici d'exposer ce que j'ai pu faire moi-même en ce genre au milieu de tant de mers , en 1épétant mes observations cha= que jour à six heures du matin et du soir, à minuit, à midi, je dois me borner à quelques expériences qui m’ont paru de voir plus immédiatement intéresser la salubrité navale. Dans cette classe, je crois pouvoir ranger une série de ta- bleaux de variations barométriques , hygrométriques et ther+ 3o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE mométriques de l'âätmosphère, et de la température des eaux de la mer à sa surface, calculés de 100 lieues en 100 lieues pour 95 degrés en latitude, genre de travail qui me paroît aussi nouveau que susceptible de devenir un jour précieux à l'hygiène navale. En multipliant les tables de cette nature, enles construisant surtout avec autant de soin que j’y en ai mis moi-même, on auroit bientôt une espèce d’hydrographie mé- séorologique également indispensable à la physique et à la mé- decine. La latitude et la longitude d’une partie des mersétant données , l’on pourroit , à la faveur de ces tables , reconnoitre l’état général de l'atmosphère et des eaux qui lui sont propres, ‘et déterminer par ce moyen, d'une manière exacte , son in- fluence sur les navigateurs qui la parcourent , et sur les ani- maux qui la peuplent. Cependant je me proposois , dans mes travaux météorolo- giques , un but plus essentiel encore, et plus immédiatement utile aux marins. L'expérience et la théorie semblent se réunir, en eflet, pour prouver hu la cause principale ou même exclu- sive du scorbut, est l'humidité, soit qu'elle s'allie avec la chaleur , soit qu'elle se combine avec la froideur de l'atmosphère. Cette opinion , que M. Kéraudren a particulièrement dévelop- pée dans son excellente dissertation sur cette matière, et que nos propres désastres doivent confirmer encore , me faisoit une obligation de diriger mes recherches sur cet objet , et de leur donner d'autant plus de soin, que j'avois l'avantage de tra- verser, le premier, les mers avec un instrument hygrométri- que comparable, celui de Saussure exécuté par Richer ; d'ail- leurs M. Hallé , aux leçons et aux conseils duquel je dois tant, m'avoit recommandé, lors de mon départ, les observations de ce genre; et le désir de lui témoigner ma reconnoissance , au moins par mon zèle, étoit un puissant motif pour moi de m'y livrer. Je m'imposai donc l'obligation, indépendamment de mes au- tres recherches météorologiques, de faire des expériences par- ticulières sur l'état comparé des diverses parties de notre vais- seau. Tous les dix jours, à midiet à minuit, je descendois de la dunette sous les gaillards , des gaillards dans la Sainte- Barbe , et de là jusqu au fond de la cale, où je me faisois ren- fermer pendant une demi-heure, afin d'obtenir des résultats plus rigoureux et plus exactement comparables. Le comman- dant ,qui m'avoit prié de lui communiquer ces résultats, et qui les a transcrits sur son journal, m'a toujours donné, pour ET D'HISTOIRE NATURELLE, 5? ces expériences, je dois l'avouer franchement, toutes les faci- lités possibles ; et à cet égard, du moins , il se plut à se- conder mes efforts. Mes observations des derniers jours d'octobre 1800 , me firent connoitre que la matière des vomissemens d’un grand nombre d'individus attaqués du mal de mer, et trop entassés dans la Sainte-Barbe, en avoit, en se décomposant, altéré l'air d'une manière dangereuse; le gros temps que nous avions éprouvé pendant piusieurs jours n ayant pas permis d'ouvrir les sabords, il en étoit résulté de nouveaux inconvéniens non moins graves que ceux dépendans de la cause que je viens d'indiquer. Le thermomètre, qui dehors se sontenoit à peine à 8°, dansceite Sainte-Barbe étoit à 15, et l'hygromètre de 78 y remonta jus- u’à g6°. Enfin une forte proportion de gaz hydrogène sul- favé manifestoit sa présence , non-seulement par l'odeur qui lui est propre , mais encore par la couleur jaune que la plupart des effets d'argent avoient contractée dans ce lieu. Sur le rap- drt que je fis au commandant, des branle-bas rigoureux , des Éuiaaes soignés, des fumigations répétées , l'ouverture des sabords , l'application de la manche à vent furent ordonnées, et la Sainte-Barbe recouvra sous peu de jours sa première salubrité. Dans mon rapport du 21 novembre, je prévins de nouveau le commandant , que la chaleur excessive que j’avois observée durant la nuit à la Sainte-Barbe , annonçoit qu'il y couchoit un trop grand nombre d'individus , et que cette température humide et chaude ne pouvant qu'étre nuisible à tous , il étoit indispensable d’en extraire plusieurs : le commandant réduisit le nombre de vingt-quatre à quinze ou seize, et les nouveaux résultats que j'obtins dans la nuit suivante confirmèrent la jus tesse de mes observations. Le 11 décembre, je m'apperçus, en descendant à fond de cale , d'une odeur aigre, nauséeuse , extremement désagréa ble ; ma lumière y brûloit difficilement; j'appris bientôt qu'une ièce de vin avoit coulé depuis plusieurs jours : il ne fut pas difficile de déterminer la cause de cette odeur et de cette forte proportion de gaz acide carbonique : je m empressai d'en prés venir notre chef, en lui conseillant de faire pomper de suite tous les fluides qui se trouvoient au fond du navire, et d’y faire passer à diverses reprises de l’eau fraiche; les ordres fu rent donnés aussitot , et le navire fut encore une fois purifié par mes conseils. 52 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIY» Mes expériences de la fin de décembre me procurérent an triomphe d'autant plus flatteur, qu'il servit à prouver , d'une manière évidente, toute l'importance des observations météo- rologiques à bord des vaisseaux. La soute aux provisions du commandant et de l'état-major étoit encombrée de toute sorte de vivres embarqués en Europe, des fruits secs ou confits, des adaubages en grande quantité, des graisses, des huiles , etc. ; en y descendant avec mes instrumens, je ne fus pas moins affligé que surpris des résultats qu’ils mefournirent : j’en rendis compte au commandant en ces termes : « Une odeur infecte , une chaleur et une humidité exces- » sives conspirent à faire de la soute un endroit insalubre; en » voulant y faire mes expériences ordinaires , je m'y suis trouvé » si mal à l'aise et si foible, qu'il ne m'a pas été possible de » les terminer; mais déjà mon thermomètre s’étoit élevé jus- » qu'à 27°, l’hygromètre étoit au-delà de la saturation ; la » flamme de la chandelle y étoit foible et pâle, ce quiannonce » la présence d'une grande quantité de gaz irrespirables : per- sonne , à la vérité, n’habite dans ce lieu; mais n'est-il pas à craindre que ceux des caliers qui sont forcés d'y travailler n’en ressentent bientôt les funestes effets ? Il me paroit donc indispensable d’évacuer cet endroit pour quelques jours, d’en retirer toutes les provisions , et de tâcher , par des fumiga- tions , par des aspersions d’eau fraîche, par des ventilateurs et des balayages souvent répétés , d’en renouveler et d’en dé- truire l'humidité. Cette précaution n’est pas moins essentielle pour la conservation des vivres que pour la santé des hommes: car il est hors de doute que déjà beaucoup de provisions doi- vent être altérées , et que d'autres ne sauroient manquer de l'être incessamment par cette haute température et cette ex- tréme humidité combinées ensemble : dans tous les cas , si les dispositions du service ne permettent l'emploi d'aucun de ces moyens, il seroit à desirer , 1° qu'il fût fait défense aux caliers de descendre un homme seul dans cette soute , non-seulement pour prévenir les suffocations dont malheu- reusement on n’a vu que trop d'exemples dans des cas sem- blables, mais encore pour obvier aux accidens plus funestes qui peuvent résulter dans un événement de cette nature, de l'abandon ou de la chandelle qu’on est obligé d'y descendre; 29 Il seroit également nécessaire d'augmenter d’un quart la ration de vin des caliers, car il est à craindre que, sortant tout en sueur de cette soute, il ne résulte quelque accident » pour VÉVELELVEV LUE ÿ GE VEN Y Y ET D'HISTOIRE NATURELLP. 33 y pour ces-malheureux , de la nécessité dans laquelle ils sont alors de boire une grande quantité d’eau pour étancher la soif qu’on y contracte : c’est un effet auquel je n'ai pu me soustraire moi-même, malgré le peu de temps que j'ai de- meuré, et l'immobilité presqu’absolue que jai gardée dans ce lieu. » | Le commandant , alarmé de cerapport , fait appeler aussitôt l'oflicier chargé du détail, et le lui communique; ce dernier proteste que tout cela n’est point exact; que ces observations ne sigrihent rien ; que les provisions sont en bon état, etc. Les “chosesen restent là : mais quelques jours après , l’un des caliers les plus robustes, le nommé Racine, en travaillant dans cette .mémé soute, s’y trouve mal, et l'on eut beaucoup de peine à le faire revenir. Cet accident, que j'avois si bien prévu , dé- cide le commandant; il ordonne l'évacuation de la soute, et Ja visite des provisions. Plus de la moitié des adaubages étoit pourrie ; tous les fruits secs avoient fermenté ; les huiles , les graisses avoient coulé de tous les vaisseaux, et l’on fut réduit à jeter à la mer une partie de ces objets. On fit, pour né- toyer la soute , tout ce que j'avois proposé d'avance , et més tra- vaux me devinrent plus précieux et plus chers. Le premier janvier 1801, je découvris dans la Sainte-Barbe une grande caisse de pommes de terre appartenant au maître canonnier , et qui, placées sous la barre du gouvernail, s’y étoient pourries , et répandoient une odeur infecte dans ce lieu res- serré ; jen prévins le capitaine de frégate, qui les fit jeter à Ja mer, et donna des ordres pour nétoyer et parfumer la Sainte-Barbe, Le 10 du même mois, pareille découverte d'un tonneau de carottes appartenant à la gamelle des aspirans , et qui, logées aussi dans la Sainte-Barbe , y avoient été oubliées , et s'y étoient également corrompues. v Le 20 , j'oblins aussi le transport dans un lieu plus vaste et plus aéré d’une grosse caisse de vieux fromages qu'on venoit d'ouvrir dans la Sainte-Barbe. Le même jour , la chaleur et l'humidité excessives dela cale, l’odeur suffocante dn gaz hydrogène sulfuré qui s’en dégageoit, me firent un devoir d'en prévenir le commandant, et de le prier de faire pomper l'eau qui se irouvoit dans le fond du na- vire, et d'y en faire passer de la fraiche. Dans le jour même ces mesures furent ordonnées et recurent leur exécution. Nous venons de voir à diverses reprises le gaz hydrogène sul- Tome LAÀAV'II. JUILLET an 1808. E CRC RSS 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE furé se reproduire en grande abondance dans la Sainte-Barbeÿ et surtout dans la cale de notre navire ; peut-être est-il néces- saire d’en indiquer l'origine. Quelque exactement calfatées que puissent être les coutures d'un bâtiment, il est impossible néanmoins que dans plu- sieurs endroits elles ne laissent transsuder une portion d’eau plus ou moins grande, surtout pendant les violentes tempêtes où ces coutures, par le choc des vagues, jouent entre elles, comme disent les marins. Voici donc, indépendamment de tous les petits accidens particuliers , une cause permanente qui tend à réunir dans le fond du navire ou de la cale une quantité d'eau quelconque. Dans ce même lieu sont accumulées de ces masses de fer, connues sous le nom de gueuses , et qui com- posent le /est. Par l'action seule de l’eau sur ce métal, il doit +ensuivre üune combinaison , dont l'effet nécessaire est de pro- duire un rie de gaz hydrogène dans tout l'intérieur de la cale ; ce dégagement y devient d'autant plus rapide et plus considérable, que l’eau dont il s’agit , surchargée de plusieurs sels, exerce une action dissolvante plus énergique , et que dé- veloppe encore la température généralement très-élevée du fond de la cale : en même temps que ce gaz hydrogène se dégage, il reçoit de plusieurs substances végétales ou animales en décom- position dans son propre foyer , les qualités nuisibles , l'odeur sulfureuse dont j'ai parlé plusieurs fois. Il est facile , à la vérité , sur un vaisseau bien tenu , de s'op- poser , sinon à sa formation , du moins à la plupart des acci- dens que ce gaz peut produire ; on ÿ parvient surtout en pom- ant très-souvent les fluides épanchés dans la cale, en y in- troduisant fréquemment de grandes masses d’eau fraiche, soit pour la laver, soit pour entrainer au-dehors toutes les sub- stances en décomposition , soit enfin pour en rafraîchir la tem- pérature ; mais dans les vaisseaux où ces petits soins sont né- gligés , l’oxide de fer noir qui se forme abondamment par la décomposition du lest, venant à se mêler aux débris des sub- stances végétales ou même animales en fermentation , il en ré- sulte une espèce de boue fétide et noire, dont les exhalaisons ont été souvent, à bord des vaisseaux , la source funeste d'épi- démies désastreuses. On peut concevoir dès-lors, combien cette partie du navire doit étre l'objet de la sollicitude des officiers et des médecins de la marine ; c’est de là que s'élèvent la plupart des gaz nui- sibles, des odeurs infectes qui rendent si désagréable l'habia- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 tion dans les vaisseaux. Le thermomètre et l’hygromètre m'ont fourni constamment des données précieuses sur l'état d'insa- lubrité plus ou moins grande de ce lieu , le dégagement des paz, et conséquemment la décomposition de l'eau et celle des sub- stances animales ou végétales, se trouvant assez généralement en raison du degré de la température et de l'humidité combi- nées ensemble ; leur usage ne sauroit donc être t:op soigneuse- ment recommandé. Il en est de méme de l’emploi fréquent des moyens sanitaires dont je viens de parler , et auxquels il faut ajouter spécialement l'appareil pour le g:z muriatique oxigéné ; c'est là surtout qu'il pourroit être mis en usage avec le plus de succès et sans aucun inconvénient. Les dernières observations dont je viens de parler , furent à pe près le terme de mes travaux en ce genre ; malgré les sol- icitations du commandant lui-même , je fus forcé d'en faire le sacrifice à des considérations particulières qu’il seroit inu- tile de rappeler ici. Tant il est vrai que pour bien faire , il ne suflit pas toujours d'en avoir les moyens et le desir ! Je me consolai d'ailleurs de ce contre-temps par la certitude que j’a- vois acquise de l'avantage des observations météorologiques à bord des vaisseaux , et je conserve encore aujourd’hui la con- viction intime que la continuation de pareils soins, et la sur- veillance particulière qu'ils nécessitoient, auroient été d’une grande utilité pour le reste du voyage ; ils n'auroient pas pré- venu, sans doute , mais peut-être ils auroient ralenti la mar-. che du scorbut terrible qui ravagea notre équipage. Quoi qu’il en soit, le peu de bien que j'ai pu faireen ce genre , en prou- vant l'utilité de ces expériences , fera sans doute apprécier les avis et les soins des officiers de santé de la marine, et pourra contribuer dès-lors au perfectionnement de notre médecine navale , trop étrangère encore aux secours qu'elle peut em- prunter de cette physique médicale, dont , avec tant de gloire et de succès, M. Hallé sut utiliser et faire ressortir les nom- breuses applications. Quoi de plus facile , par exemple , et quoi de plus néces-. saire aussi que de mettre à la disposition des officiers de santé en chef de chacun des vaisseaux français, un bon baromètre marin , quelques thermomètres et deux hygromètres ? Quelles suites précieuses d'observations on acheteroit à ce foible prix sur la constitution de tous les climats du globe! que de ma- tériaux importans on acquerroit à la médecine navale , à la phy- sique! De quels avantages ces instrumens ne feroient-ils pas E 2 FF 5 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIx jouir les marins eux-mémes ! Je ne parlerai pas simplement d'uneestime plus exacte, d’une appréciation plus rigoureuse des révolutions atmosphériques que le baromètre et l'hygro- mètre peuvent leur fournir souvent , et qui, parmi les officiers de notre expédition, ont décidé la fortune de ces instrumens ; je veux parler de la santé des équipages et de leur conserva- tion, Indépendamment de tout ce que je viens de dire à cet égard , combien de fois, parexemple, dansun mouillage, ou méme dans un établissement àterre , les variationsatmosphériques ayant été reconnues trop dangereuses par l'action des instrumeus mé- téorologiques , ne seroit-il pas facile d'en préserver leséquipages à peu de frais et sans inconvénient! Ainsi, dans le fond de cette même baie desChiens-Marins , où j observai des variations de 20° de température, et de 33° d'humidité dansles vingt-quatre heures, ceux des matelats de la corvette /e Naturaliste qui couchoient à terre, ayant été presque tous attaqués de fortes diarrhées, pou- voit-on aller en chercher la cause ailleurs que dans ces vicis- situdes effrayantes et journalières de l'atmosphère ? Et lorsque, par les résultats des-observations météorologiques, on étoit ar- rivé à l’étiologie véritable de cette espèce d'épidémie , ces mêmes résultats pouvoient-ils ne pas conduire un esprit observateur à des mesures aussi simples qu'eflicaces , que les naturels de ce rivage, tourmentés, sans doute, par des: changemens aussi funestes , ont su disposer .autour d'eux pour en écarter la dan- gereuse influence, mais qui vraisemblablement ne furent pour ces peuplades grossières , que le fruit d’une trop longue expé- rience et de trop longs malheurs (1) ? Par le secours de ces mêmes instrumens, combien de fois ne se trouveroit-on pas forcé de mieux raisonner l'exposition à l'air libre des matelots , et ces déménagemens routiniers connus sous le nom de branle-bas.? Combien de fois ne pourroit-on pas introduire , avec autant d'avantage que de facilité , quelques modifications, salutaires, soit dans la distribution des vivres, soit dans la succession des diverses espèces d’alimens embarqués? En voyant chaque jour le thermomètre s’abaisser iustantané- ment de plusieurs degrés , et l’hygromètre indiquer S ou même 10° d'humidité de plus, à l'heure précisément où , par l’ordre de notre chef, on venoit inonder d’eau de mer, et le pont (1) Ce paragraphe recevra son explication dans le chapitre XXX dela relation de: notre voyage, où je décris Les’ habitations singulières de la terre d’Endracht.. ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 37 ! du vaisseau , et les gaillards, et la grande chambre pour les nétoyer , quel capitaine moins opiniâtre que le nôtre, ne s’em- presseroit pas de proscrire un usage aussi funeste ! quel oficier ne préféreroit pas le simple grattage à sec , à ces monstrueuses ablutions d'eau salée, qui remplissent chaque jour l'intérieur du navire d’une atmosphère humide et froide , et qui n’ont pas peu contribué, je le pense, à développer cétte terrible épi- démie scorbutique qui détruisit notre équipage sur les côtes de la Trrre IVapoléon et de la Terre de Diémen! Pour des hommes étrangers aux détails des longues naviga- tions, la plupart de ces précautions pourront pent-être pa- roltre minutieuses; mais en réfléchissant sur l'importance que leur donnèrent toujours les navigateurs les plus célèbres et les plus heureux surtout, on demeurera convaincu que l'emploi de cette foule de petits moyens, indifférens en apparence , et surtout isolément , constituent néanmoins la base essentielle de cette hygiène navale, consacrée par des succès si précieux sous les Bougainviile, les Cook, les Vancouver et les Mar- chand : c’est surtout à bord du bâtiment de ce dernier navi- gateur , que la médecine préservative signala , d'une manière éclatante , tout ce qu'on peut attendre de ces petits soins. M. de Fleurieu, dans sa relation du voyage que je viens de citer, a consacré le juste eloge du médecin du Solide ; M. Roblet ; et pendant mon séjour à l'ile de France , ayant eu l’occasion de connoître cet homme respectable, j'ai pu fortifier de son propre suffrage , tout ce que je viens d'exposer ici d’appereus utiles au perfectionnement de la, médecine nautique qui lui doit tant. L'application heureuse qu'il a su faire des bains de sable chaud au traitément Curatif du scorbut en pleine mer, les succès brillans qu'il en a obtenus, et que doivent confirmer ceux du médecin de la, corvette Ze Naturaliste, M. Bellefin, doi- vent rendre son nom cher à tous les amis de l'art et del'hu- manilé. ; En payant donc à ce médecin, aussi savant que. modeste, ma foible part du tribut d’éloges qu'on lüi doït pour les progrès utiles qu'il a fait faire à l’hygiène navalé , qu'il me soit permis de rappeler une phrase bien remarquable de Vancouver , et bien propre elle seule à faire connoître toute l'importance de pareils services trop peu connus et trop tôt oubliés. Après avoir parlé du perfectionnement de cette partie de la méde- cine, perfectionnement qu'il attribue surtout au génie bien- faisant de Cook , Vancouver ajoute : « C'est à cet érestimable 58 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » progres que la Grande-Bretagne doit, en grande partie ; » le haut rang qu’elle tient aujourd'hui parmi les nations. » Si c'est à l'école d'un peuple à quiles hommes sont si pré- cieux, parce que sa population est dans une grande dispro- portion avec ses établissemens , qu'il faut aller puiser les prin- cipes de la conservation des marins, c'est à la Société célèbre devant laquelle j'ai l'honneur de parler (1), qu’il appartient de les proclamer et de les utiliser dans notre partie... + TABLEAU Des Expériences faites pour déterminer les proportions relatives de l'humidité des diverses parties de la cor- vette Ze Geographe. 22 octobre 1800, à midi, par 49° 36" de latitude nord , et 6° 44' de longitude ouest ; à la suite de plusieurs jours de ros temps qui n'avoïent pas permis d'ouvrir les sabords d'aucune partie du vaisseau. : (Sur la dunette....... 8°,5. ; (Sur la dunette.......78°,0. Dans la Sainte-Barbe, Dans la Sainte-Barbe, les sabords fermés. .14°,6. &{ les sabords fermés. . .96°,0. Thermom Ygrom 23 octobre 1800, 4 midi, par 48 de latitude nord, et par 8° 43° de longitude occident. ; la cessation du mauvais temps avoit permis d'ouvrir les sabords et de néloyer les diverses parties du vaisseau. Thermom Sur la dunette,......11°,5. Ë Sur la dunette.,... 859,0. Dans la Sainte-Barbe, .19°,0. ©)Dans la Sainte-Barbe, 89°,0. (1) Ce travail a été soumis à la Société de l’Ecole de Médecine de Paris, qui l’a jugé digne d’être inséré dans le recueil de ses Mémoires. ET D'HISTOIRE NATURELLE, C4 39 Premier novembre 1800 , en vue de l'île de Ténérif , 8 heures du matin. 1 Sur la dunette ,..... 169,5. Jans la Sainte-Barbe, les sabords ouverts. 17°,5. Sous l’entrepont.... 18°,5. Dans le fond dela cale. 18°,9. Thermomètre. 19 zovembre 1800 , à 8 heures .(Surla dunette.,.... Dans la Sainte-Barhe, lessabords ouverts.. 81°. Sous l’entrepont..... 850,0, Dans le fonddela cale 90°,0. 780,0. Hygromètre du matin, par 15° de latitude boréale, et par 22° de longitude occidenale. Sur la dunette...... 219,0. Dans-la Sainte-Barbe, sabords ouverts.... 22°,0. Sous l’entrepont.... 22°,0. Au fond de la cale.. 240,5. Thermomètre, a) s|Sur la dunette..... 93,0. Dans la Sainte-Barbe 94°,0. Sous l’entrepont.... 96°,o. Au fond de la cale.. 98°,0. Hygromètre 22 novembre 1800, à midi, par 8 degrés de latitude boréale, et par 20 degrés de longitude occidentale, Dunette ........... 249,5, Entrepont.......... 24°,4. Sainte-Barbe ....... 249,9. Bale une. -e1220,0, Thermomètre, Dunette .,...,....., 00°,0. Entrepont. ......... 94°,0. Sainte-Barbe ....... 02°,0. Gale”... idee Hygromitre. 30 novembre 1800 , à minuit, par 6° 38’ de latitude nord A7 par 19° longitude occidentale. Dunette'....:...:.. 229,6; Entrepont.......... 23°,0. Sainte-Barbe ....... 24°.0, Cale Pre een e210 7. Thermomètre. Dunette.,.. 2.42 Hygromètre, 10 décembre 1800 , à midi, par 2 degrés de latitude nord , et par 20,degrés de longitude ouest. 2198; 229,5. 229,5. 239,7. Dunette..; : ; « + Hate JEntrepont:......... Sainte-Barbe........ Cale, rv00ereorecte.e Thermomètre, = Dunette..........., 93°,0. Entrepont.......... 989,0. Sainte-Barbe ......, 96,0. Cale..,...,,....,. 101,0, Hygromètre, 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 10 décembre 1800, à minuit, par 2 degrés de latitudé nord, et par 20° de longitude occidentale. EE 19°,8. .5 (Dunetre ....,...., 972,0. #)Entrepont......,... 257.6. % JEntrepont ...,...4 100,0. S O1E © Ë \Sainte Barbe ..,.... 220,0. 5 Sainte- Barhe {im 97° 0. AE ut 24° 50. 4 (Cale. PELLE 1099,0, 21 décembre 1800 , à midi, par 11 degrés de latitude sud, et par 31° de longitude occidentale. ‘érDunette.,,.,,..... 21°,0. 5/Dunette...,.,....: gi, )Entrepont.,........ 219,4 =VEntrepont. tispeli. sf 46020; #Sainte-Barbe .,..... 210,8. 5 \Sainte-Barbe...,... 920,0. É" Cale. A Lo HUCale. rent 100°,0, 21 PT 1800, à rminuil , par 11 degrés de latitude sud, el par 318 de longitude occidentale, # {Dunetteh.ssiane shi200 ans MOMNPBIE.L 0 0 COL: 0 Lo ë JEntrepont. ......... 22°,0. # fEntrepont..... ... g6°,0. Ë Sainte-Barbe, ....:.. 210,0. £9Sainte-Barbe .,,..... gt°,à. atgales, 3 mue MUGale,.. este 103°,0. 39 décembre 1800, à midi, par 25° de latitude sud, et par 26° de longitude occidentale. Dunette Re RER TOUS Hntrepont.. "#7 #:12080 Sainte- Barbe ,..,.., 199,6. Cale. Point d'obser-. VatIOns,., euh. MOOP,0: * Thermomètre. 30 décembre 1800 . à minuit, par 25 Dunette...,..,.,,., 900,0: MIREPON PEER EEE SEXES Sainte-Barbe.,,...., 919 °30 Cale. Point d'obser-., Vatlons.: come 'r 00° 30° ° de latitude sud, et par 26° de longitude occidentale. Dunette,. 4.4: .::-ME000: us na UO Pad Sainte-Barbe . .…. 197: Cale. Point d'observa- ÉODS Rene Aron 000,0. © + Thermomètre. (Dunétte. vesrsiresee 929,0, \Entrepont. .. se uste 95° de Sainte-Barbe......,. >ale. Point d'observa- Dons rer O00: 94° 30e Fa & } E < S El Hyg ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 10 janvier 1801 , à midi, par 50° de latitude sud , et par 21° de longitude occidentale. s(Dunette........: M ENTIS", D, MAT ENUNELtEL.rci ss eetets .. 819,0. À \Entrepont.....:4... 190,8. À Eatrepont à matter 240090. £ Sainte- Barbe/.l sur. 18°,9. ÉSuiote Buberu % 84° o. FT /Cale. Point d'observa- a 10 ile. Point d’ obà erva- ES OÉTIONS creuses ee AU . 00,0. # HIOTIS als, » ess ve MO OPIOs 10 janvier 1801, à minuit, par 30° de latitude sud , et par 21° de longitude occidentale. = RDTELEE: ie ee sel = LOS UDUNEE(E ele PNR RGO0O. 3 JEntrepont.......... 200,2. 8 \Entrepont:....:. CODE Te. È Sainte-Barbe ...... . 179,4 S par tous les moyens possibles. Jamais circonstance n’a donc » été plus impérieuse pour donner une application utile aux vues » que j'ai insérées dans le Moniteur du 8 verdémiaire an 13 » (30 octobre 1804 )., sur les, avantages de certaines prépara- »:tions fâites sans le secouts du: sucre, avec le raisin , connues -» sous le: nom de raisiné, vin cuit et sirops de raisin. » Lisons ce Moniteur si clairement indiqué, Nous y trouvons en efletoles recettes bien anciennement connues du raisiné de -nos campagnes , mais rien du tout , absolument rien , ni sur les -sirops, ni sur une pénurie éventuelle du sucre, ni méme au- ‘cune vue sur les moyens dele remplacer. « Lorsque je: me suis occupé de l’examen chimique et phar- -» maceutique du raisin non fermenté , pour en connoître toutes » les ressources , j'annonçai que de tous les végétaux, les fruits > succulens renfermoient la plus grande quanuté de sucre, et 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » que le raisin devoit, après la canne, figurer en première ligne, » J'étois loin d'imaginer avoir fait une découverte , car dès » 1772, la première fois que je rencontrai le sucre dans la fa- » rine de froment et des autres graminées que j’analysois, je » n'en témoignai aucune surprise , etc. » Il y a ici une analyse, et deux découvertes clairement énon- cées. Attachons-nous d'abord à l'analyse. Si on parcourt attentivement l'article rarsiné inséré dans le tome 53 des Annales de Chimie , 1804 , où sont consignés les travaux que M. Parmentier mentionne, on observe avec une surprise extrême , qu'il a totalement oublié d'y examiner chi- imiquement ou pharmaceutiquement le raisin sousle moindre de ses rapports avec le sucre. Si nous abordons maintenant les découvertes, nous trouvons premièrement, que dans le tome 42 des mêmes Annales, an 10 (an. 1802), où M. Parmentier parle du sucre de bette- raves , et en passant de celui des fruits en général, que ce savant , au lieu de proclamer ses vues comme une découverte ,, en fait au contraire dans les termes suivans, un hommage po- sitif aux chimistes qui l’ont précédé. « Une autre vérité, dit-il, que la chimie nous a dévoilée, » c'est que ce sont les fruits suculens qui renferment une plus » grande quantité de sucre, et dans le nombre, les raisins » occupent le premier rang, etc. » Cet aveu sous la plume de M. Parmentier se trouvoit, il est vrai, sans mérite , puisque la stricte justice l'avoit dicté. Il se rappeloit en eflet, que le principe sucré de nos fruits avoit été remarqué bien long- temps avant lui, par les Boherrave, les Rouelle , les Ma- quer, etc. qu'il correspondoit à l'acido-dulcis du premier, et au corps-muqueux sucré du second. Nous trouvons secondement , que M. Parmentier a encore oublié que c’est Pouletier de la Salle qui rencontra le premier dans les farines , non pas du sucre comme on l’entend ordinai- rement.par ce mot, mais un produit coloré, visqueux et doux, auquel il appliqua la dénomination de matière mucoso-sucrée, ce qui désigne , comme on le sait, une chose bien différente. Voyez surles farines, le Dictionnaire de Maquer , puis la Récapi- tulation des travaux des chimistes sur le méme sujet, donnée en 1774, par M. Parmentier lui-même, qui n’y fait mention d'aucune découverte qui lui fût propre, quoique ce fût pour- tant bien là l'occasion. Cependant il faut, puisque l'occasion s’en présente aussi, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 47 remarquer que tout ce que M. Parmentier nous répète aujour- d'hui avec la même confiance que dans l’année 10 (an 1802), est déjà fort éloigné de cette exactitude de détail, de cette précision instructive qui a toujours si éminemment distingué ses autres écrits. Par exemple, les chimistes antérieurs à notre âge, avertis par l’analogie , conjecturérent , ilest vrai , que si la végéta- tion composoit le sucre dans ce roseau d'oùnotre industrie le re- tire, elle pouvoit égalementen enrichir aussi nos fruits savoureux ; mais gardons-nous pourtant de croire, avec M. Parmentier, qu'ils eussent fait de grands pas au-delà de cette conjecture , ou « que » les organes exercés en avoient déjà , comme il le dit, dé- » couvert la présence dans une foule de végétaux, et par con- » séquent dans les fruits succulens. » De pareilles idées tien- nent bien plus de l’hyperbole que de la vérité, et l’on ne trou- vera surement nulle part que la science ait consacré semblables exagérations dans ses fastes. Les Roüelle , les Pouletier de la Salle , les Beaumé , les Margraf , les Deyeux , les Achard, etc. s’occupèrent , à différentes époques , de rechercher le sucre dans nos plantes , et l’ensemble de leurstravaux , nous devons le dire, avança singulièrement l'époque où l’on alloit enfin découvrir l’espèce de sucre qui assaisonne nos fruits: mais avant Margraf qui, le premier , trouva que eelui des cannes existoit décidé- ment aussi dans la betterave , dans les carottes, les panais , etc., personne n'avoit reconnu , que je sache, ou dit que ce même sucre fût encore celui de nos pommes, de nos cerises , de nos abricots , etc., eten conséquence il me sera permis d’avancer que l’on n’avoit point non plus parlé avant moi de la nature du sucre de ces fruits, et spécifié, comme je l'ai fait, celui du raisin. Et à la vérité, quand on annonce du sucre découvert ailleurs que dans la canne, on ne peut plus négliger aujourd'hui d’ex- pliquer, comme l'ont fait Margraf , Deyeux, Achard, si ce sucre- là est de l'espèce de ceux de l’arundo , du miel , de la manne, du maïs, du raisin , etc. qui, comme on le sait, diffèrent tous si essentiellement entre eux par les caractères de solubilité de savéur et de cristallisation ; et quand M. Parmentier nous propose un s/rop de nos plantes indigènes , on n'est pas d'un autre côté ; médiocrement surpris de voir que , renonçant tout-à-coup aux obligations sévères que la méthode actuelle prescrit impérieuse- ment à quiconque s'adresse au public, ee savant se croye dis- pensé de Jui apprendre si c'ést ie sucre de la casse, de la réglisse , ou du miel qui entre dansla composition de son sirop. 43 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Qu’une ménagère annonce une recette utile , on la reçoit avec reconnoissance, et l’on n’a garde de l'obséder par des questions de théorie ; mais que ce soit M. Parmentier qui nousla propose , on aime à le voir expliquer lui-même sa recette , parce qu’on s’instruit à le suivre dans les routes difliciles de l’expérience où ses méditations l’ont engagé : autrement , négliger de donner ces détails à ceux qui savent, et même à ceux qui ne savent pas, c’est donner contre soi-même un éveil assez fâcheux, car c'est presque donner à penser, que si l’on a fait une dé- couverte aussi importante, ce n'est pas au moins par le che- min de l’analyse qu'on y est parvenu. Et quant à l'instruction, onn'ignore pas non plus, qu'une méthode aussi peu philosophique est bien éloignée de l’avancer. Ne sait-on pas que si les chi- mistes se contentoient d'annoncer qu'en analysant telle ou telle production indisène , ils y ont troùvé du sucre, ou de la gomme, ou du sel, sans rien spécifier sur ces résultats, le public s'éga- reroit au milieu de pareilles découvertes, et n'y verroit ja- mais que le sucre d'Orléans , que la gomme arabique ou le sel de sa cuisine ? : : Viennent ensuite seize paragraphes de considérations prélimi- naires sur le sucre , dont M. Parmentier conviendra avec nous, que l'on auroit fort bien pu se passer , puisqu'elles ne tombent ni sur celui de nos fruits, ni sur les moyens de diminuer la disette du jour , et que c'est, tout juste à ma connoissance, pour la cinquième fois que ce savant les répète sans altération, sans variante, et avec la simple précaution seulement de les émonder en tête et en queue , pour en rajeunir tant soit peu la physionomie surannée. En effet on retrouve dans ses Observa- tions sur le sucre de betteraves , Annales de Chimie, tome 42; sur le raisiné , tome 55 ; dans le Moniteur de l'an 13, et dans le Dictionnaire d'Histoire Naturelle, article betterave , non- seulement la substance, mais la rédaction textuelle et littérale de ces seize paragraphes. Quant aux directions de pratique que M. Parmentier donne sur le choix des raisins , sur la confection des extraits, des sirops , des robs , qui n’ont encore avec le sucre de ce fruit, qu'une parenté purement collatérale , nous dirons de même, que celles qu'il nous prescrit, n’ont pas moins de maturité que les considérations , puisque c'est également pour la quatrième fois qu’on les lit aujourd'hui , ear elles sont déjà dans le Mo- niteur an 15 , dans les Annales de Chimie, même année, dans le Code Pharmaceutique, et peut-être ailleurs. Il détaille ensuite, et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49, et toujours en son nom, une recette pour extraire le sirop du moût du raisin , en le saturant avec dela craie; mais ce qui étonne assurément, c’est de voir que M. Parmentier , touten traçant cette recette, me s'est aucunement rappelé quil en circuloit déjà plusieurs entre les amateurs d'économie domes- tique, et quil'en avoit reconnu lui-même l'antériorité dans l'un de ses ouvrages. « On a, dit-il, proposé dernièrement » d'ajouter un peu de craie au suc de raisin, pour en obtenir » unsirop worms aigrelrt, etc. Annales , tome 53. » Ce passage démontre assez clairement , je pense, que la franchise de M. Par- mMentier dans ces temps-là , est en contradiction avec ses pré- tentions d'aujourd'hui, et même. qu’il ne init pas à bien com- rendre le sens de la recette qui lui tomba sous la main, toute Fee dont il étoit capable. Le sucre de raisin une fois proclamé et reconnu, les premières notions de chimie suflirent bientôt en effet pour faire trouver la méthode que je devois employer. M. Pully de Milan en publia une recette qui me parvint en 1805 à Madrid , et qui doit se trouver dans quelque feuille française. Ce chimiste recommandoit, comme dé raison, une saturation complète des acides du moût, afin d'en obtenir un sirop parfaitement doux, et non pas simplement r20ins ai- grelet , ce qui, comme on le conçoit bien, r’auroit été autre chose que nous proposer un espèce de sirop de verjus , quand cest celui de sucre que l’on desire trouver dans Je raisin, M. Parmentier a depuis{effacé cette inadvertance dans son Code Pharmaceutique ,, à la bonne heure ; mais toujours est il démontré, qu'iln’a pas eu la plus foible part à la découverte des diverses. espèces du sucre que l’on a trouvé dans les gra- minées , dans les racines, dans les fruits, ou dans le raisin, Voilà au moins ce que confirment, d’une part , les écrits que nous devons à sa longue carrière de travaux, ensuite le silence des contemporains, qui n’auroient surement point manqué de lui rendre sur ce point la justice qu'ils se sont empressés de rendre à ses autres découvertes , et enfin le silence de la So- ciété d'Agriculture elle-même, qui dans l’'énumération qu’lle a consignée dernièrement dans son programme, des chimistes qui ont recherché le sucre dans les végétaux, n'a point jugé à propos de désigner M. Parmentier. Nous ne passerons point sous sileñce l’étrange hors-d'œuvre, disons plutôt, ka confusion étonnante que des détails fort étrangers viennent répandre sur tout le paragraphe des sirops que M. Parmentier nous propose. Il nous entretient d’abord Tome LXVII JUILLET , an 1808. G 5o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de ceux que les Egyptiens et les Grecs faisoient entrer dans Ϋ confection de leurs sorbets, sans nous prévenir que ces sirops- là n'étaient bien réellement que notre raisiné un peu moins cuit. Er comme immédiatement après il donne la recette des sirops doux ou saturés , il résulte de ce rapprochement inat- tendu , que les uns et les autres se confondent dans l'esprit du lecteur, lentraînent mème, sans qu'il y prenne garde, à croire que le produit sucré dont il est question aujourd’hui pour sup- pléer le sucre du commerce , était aussi connu des anciens : excellent moyen, comme on voit, de mettre ceux qui vou- droient en réclamer la découverte , aux prises avec Hérodote et tous les champions de l'antiquité. M. Parmentier n’a pu lui-méme se sauver de pareille con- fusion : malheureusement peu familier avec sa matière , ainsi qu'il arrive toujours quand on n’a pas vu la chose par soi méme, au!toptim comme disent les sages , il nous adresse de la meil- leure foi du monde l'invitation suivante : & Pourquoi se le dissimuler, on pourroit à la rigueur se. > passer de sucre, si chaque ordre de la société consentoit à » employer les raisins sous forme sirupeuse , ou dans l’état de > r b: n'étoit-ce pas là le sucre de nos bons aïeux! » Examinons donc ce sucre-là. Si par sirop du raisin, M. Par- mentier entend celui des Egyptiens, véritablement fort aigre de sa nature , ou bien eelur des modernes , qui doit au con- traire être fort doux, voilà ce qu'il laisse à deviner. Mais ce qu’on conçoit beaucoup mieux, c'est que le rob dont il vient de nous donner des recettes pour le nord et pour le midi, ce: sucre de nos bons aïeux, avec lequel il n’a vraisemblablement jamais essayé de sucrer du café au lait, ce qui pourtant était indispensable s’il voulait inspirer de la confiance , n’est en- core que l’âpre raisiné de nes ancêtres , c'est-à-dire un extrait de raisin bien tartarisé , bien acide , et bien agaçant. Voilà, s'il faut parler vrai , ce qui s'appelle confondre le minérai avec l’or qu'on en peut tirer. Voilà l'abyme d'inadvertances , dans lequel on tombe infailliblement, quand , au lieu de travailler soi- méme , on se contente de lectures précipitées , ou tout au plus d'informations fugitives ; alors on oflre lestement au public des instructions pratiques, qu'il faudroit d’abord rechercher pour soi-même , et si enfin l’on écrit, c’est à coup sûr sans pouvoir se flatter d’instruire. ‘ M. Parmentier nous conseille ensuite d’en revenir aux bette- raves , et aux jaunes surtout. Si, comme on peut y compter ET D'HISTOIRE NATURELLE. 51 d'après le rapport qui en fut fait au nom de l’Institut, le sucre de cette racine , ou la cassonnade de betterave , ne revint qu à 18 sous la livre environ, ce conseil viendrait à propos, sans doute : mais d'un autre côté , peut-on l'admettre avee be ucoup de confiance , quand on voit ce savant retrancher ici la peinture qu'il nous fit autrefois des manipulations décourageantes qui accompagneront l'extraction de ce sucre? Et puisque, pour former tout cet, article, il n'a encore eu qu'à se copier lui- méme , ne pourroit-on pas lui demander encore, pourquoi il retranche de même ce jugement plein de sagesse, qu'il crut devoir mettre sous les yeux de ces hommes à projets, qui, comme il le disoit si justement au sujet du maïs, la téte échauffée de ce que certains écrivains ont avancé concer- nant les avantages exagérés , etc. sont toujours si prêts de se jeter dans les spéculations les plus hasardeuses ? Nous croyons donc devoir restituer ici ce jugement, non pour préoc- Cuper qui que ce soit contre la ressource que les betteraves Pourroient offrir en ce moment, mais parce qu'il est toujours à propos de placer , comme M. Parmentier le fit alors, le ta- bleau des dangers à côté de ces tentations irréfléchies qui sé- duisent la crédulité de tant de personnes. « On ne saurait donc assez le dire , nous ne présumons pas » que nos plantes d'Europe, particulitrement les potagères, » puissent jamais valoir la peine et les frais de l'extraction » en grand du sucre, en supposant même que la betterave » soit cellequi en donne le plus , etc. , et rendront toujours les » tentatives de ce genre un travail infructueux. Conservons » aux bestiaux un des alimens dont ils sont si friands: voilà » l'emploi le plus utile et le plus raisonnable , nous osons le » dire, qu’il soit possible de faire de la betterave et de ses » produits. Annales de Chimie, tome 42. » Si M. Parmentier n'ose aujourd'hui ni effacer cet arrét, ni le reproduire , quel parti prendront dans cette affaire les pro- priétaires auxquels ses conseils s'adressent ? Doivent-ils cultiver la betterave pour le sucre ou pour les animaux? « Et pourquoi notre espoir seroit-il déçu , dit M. Parmen- lier, avant de terminer sa lettre ? Le travail se prépare sous les meilleurs auspices. M. Proust s'en occupe d'une manière spéciale , et la Société d'Agriculture pour donner à l’auteur » un témoignage de son estime , et de l’intérét qu’elle prend » à son expérience , lui a décernée une médaille d'encou- >» ragement, » CRC G 2 5a JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIïr Entretenir le public d'une expérience , dont cette Société n’a jamais été entretenue, négliger également d’en rapporter les motifs, et enfin le mérite qui put la déterminer à lui accorder une de ses médailles, c’est bien là écrire à dessein de n'être pas entendu: mais copions les termes du programme de la Société d'Agriculture , et peut-être que parce moyen, toute obs- curité disparoîtra, « La Société en donnant aujourd hui une mé- » daille a M. Proust pour l’utile travail qu'il a si bien com- » mencé , croit devoir appeler sur cet objet particulier l’atten- » tion des agriculteurs, et les engager non-seulement à imiter » son exemple, mais encore à donner une nouvelle extension » à l'art dont il a publié les premiers élémens, page 110,» Et cet art, c’est celui d'extraire le sirop et le sucre du raisin, que M. Parmentier, membre de la Société d'Agriculture juge à propos de couvrir du voile d’une expérience imaginaire, pour fourvoyer ses lecteurs, et les tenir à l'écart de tout ce qui pourroit leur faire appercevoir que d’autres avant lui « sétoient occupés de cet article important de nos ressources » indigènes ; de le proposer dans les pharmacies civiles et mi- » litaires, comme une grande économie sur la consommation » du sucre, et de diminuer les dépenses , sans cependant en- » lever à la. médecine:aucun de ses moyens curatifs, » Et ce- pendant ce mémoire détaillé sur l’art que M. Parmentier évite de nommer en aucun endroit de sa lettre, c'est celui-là méme qui a été lu à l'Institut en sa présence, qui existe dans trois. ouvrages de sa bibliothèque , que le programme de la Société , l'extrait donné tout récemment dans le Mercure , dans le Mo- niteur,etc. ,etc., les recherches sur le même objetde MM. Fou- ques, Bourriat Henry, et enfin la médaille honorable, puis- .qu'il faut tout dire , qu'il a valueà sonauteur , ne cessoient de Jui rappeler à chacun des instans où il écrivoit. C’est enfin ce même sucre, qu'ilaffecte de dédaigner en ne le nommant jamais , pas même dans les vœux qu'il forme pour que les opérations du sucrier lui soient appliquées avec succès , mais qu'il regarderoit pourtant un jour, comme une aliénation bonne à faire rentrer dans le domaine de ses robs et de ses sirops, si jamais l’opi- mion publique venoit à lui allouer cestitres, qui font en ce mo- ment tout l'objet de ses souhaits. hs M. Parmentier mieux informé de la valeur de ses propres droits, me pardonnera sans doute une réclamation que lui seul a rendu nécessaire. Il sait trop bien , que l'ouvrage dans le- quel je me suis attaché à faire connaître, sans exagération ETD'HISTOIRE NATURÉLI 53 comme sans forfanterie la nature du sucre de raisin et de ses sirops , a eu essentiellement pour objet de révéler à l'économie, et long-temps avant qu'il y pensât , les services qu’elle pourroit s'en promettre un jour, si le sucre des cannes venoit à man- quer en Europe. El y a vu, que jy traite, et avec tous les détails que comporte une instruction populaire ; « de Ce nou » veau moyen de venir au secours des ménages peu fortunés, > des asiles de la bienfaisance : etc. » moyen que la chimie jugeoit depuis long-temps se trouver tout près de nous, parce que ses investigations en avoient tellement avancé la décou- verte, qu’elle ne pouvoit. manquer de tomber en partage au premiér qui s’en occuperoit. Il a également lu dans ce traité, que, bien éloigné de pro- mettre du sucre blanc , concret, analogue au sucre du come amerce ; je me suis au contraire montré fort réservé sur ce per- -fectionnement , parce que j'ai reconnu et annoncé qu’un sucre aussi différent du sucre des cannes, que l'est celui du raisin, ‘exigerait avant tout un raffinage Calculé sur cette différence ; et en second , qu'il sseroit infiniment plus avantageux pour la classe mal-aisée , à qui je m’adressois spécialement , de le con- sommer en sucre moscouade , et non en sucreraffiné , attendu que ce dernier est bien éloigné d’être aussi saveureux et aussi sucrant que l’autre; et par des raisons que je ne répéterai point ici, parce quelles sont suflisamment détaillées dans mon ,ouvrage.. Enfin, me servant à mon tour des expressions mêmes de M. Parmentier, parce qu’elles ne sont absolument qu'une ver- sion de mon traité, ce savant a pu se convaincre par sa lecture ; que c’est moi qui, le premier , ai eu l'avantage de « mettre à la .» portée du commun des hommes les moyens les plus écono- » miques et les plus faciles de faire servir nos productions indi- » gênes à remplacer le sucré : » que c’est dans l'une des années de disette où l'Espagne avoit besoin d'en appeler à toutes les res- sources alimentaires que son heureux climat pouvoit lui offrir, que mes recherches sur le raisin m'ont conduit au résultat ‘bien consolant de pouvoir lui indiquer cette moscouade ex- traite d’un fruit dont l'abondance n'est jamais suspendue chez elle, et par la même occasion d’avertir ses cultivateurs, de ne _plus abandonner, comme-par le passé, ce produit tout-à-la- fois nourrissant et alimentaire , dont les nations du nord vien- .droient bientôt lui demancer le superflu , et enfin de laisser là ses antiques raisinés , pour s'occuper plus utilement de ce nou- 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE» veau sucre européen , dont celui de l'Amérique avoit détourné notre attention jusqu’à ce jour, de. cette manne de promission que l’Israélite besoigneux de ses villes et de ses campagnes pou- voit se procurer à un prix infiniment moins élevé que ceux de la mélasse, du miel, et même d'aucun aliment connu jusqn'a- lors en Espagne: Cibum manna, quod non cognocebas tu, nec patres tui. ( Demtéronome ) Qu'il me soit permis aujourd’hui de dire à M. Parmentier, dont j'ai toujours vénéré la personne et les écrits, que si le Traité du sucre de raisin a été jugé digne d'occuper l'attention de l’Institut et de la Société d'Agriculture , de fixer même quel- ques-uns des suffrages de ces compagnies dont il est membre, il a a pu , certes, avoir des droits à une mention spéciale et obligeante de sa part. Feindre d’en ignorer l'existence , affecter de le con- damner à l'oubli par réticence, et au mépris par réflexion , c’est jeter un doute injuste sur sa valeur; c’est en outre plusque man- quer aux égards que se doivent des hommes faits pour s honorer mutuellement ; c'est enfin s’exposer à ce que dans la carrière des sciences, comme dans le monde, on ait droit de dire à qui- conque en agit ainsi: cela n’est pas bien, NOTE SUR des noyaux de lave trouvés dans le Kkleingstein ( phonolithe ) de la roche Sanadotre, La roche Sanadoire ayant été décrite par plusieurs natura- listes (1), nous nous contenterons d'indiquer un fait qui avoit échappé long temps à ceux qui visitèrent cette roche singu- lière; celui de noyaux de layes boursouflée empâtés dans le kleingstein. Ce fait observé pour la première fois, par M. Lacoste en 1904 , (2) l'a été de nouveau par MM. Menard et Alluau dans () Mémoires de l’Académie , années 1771 ,1773 ; Desmarets , Mémoire sur le Basalte. Journal de Physique , tome 59 , année 1804. Daubuisson , Mémoire sur la phonolithe. 1 (2) Lacoste; Lettres géologiques , ouvrage dans lequel. ceux qui vont yisiter l Auvergne, peuvent puiser des faits, décrits nulle part ailleurs. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 55 l'été de 1807. Ayantaccompagné ces Messieurs dans leurs courses au Mont-d’Or, nous indiquons aux voyageurs , qui chaque année vont étudier l'Auvergne , la route que nous avons suivie, et les localités précises du fait énoncé ci-dessus. 1°. En se rendant du lac de Guéri aux roches Sanadoire et Thuilière , parle chemin du Mont-d'Or à Rochefort, et com- mençant à descendre vers la vallée où sont situées ces deux roches, de façon à voir leur sommet ; à gauche du chemin à la distance de 30 mètres au plus, est une petite éminence, ou inégalité de terrein formée de masses et de débris de Dee nolithe , dans lesquels on trouve empâtés des noyaux de lave. 2. En montant le grand éboulement de Sanadoire qui est en pente à l'ouest , et absolument en face de la Thuilière, on retrouve encore ces mêmes noyaux dans les déblais qui sont tous de phonolithe. Les uns tiennent à peine à la masse qui les renferme , et s’en détachent par la simple percussion du marteau; d’autres y tiennent plus justement, mais ne font cependant pas corps avec elle ; la surface de ceux que le marteau a détachés est ar- rondie, mais irrégulière, elle est lisse , et recouverte d'un léger enduit lustré, qui paroïit une pellicule très-mince de kleingstein. Les noyaux sont de différentes espèces de lave. 1. Laye noire, compacte, présentant dans la cassure une multitude de petites aiguilles d’amphibole ; ou de pyroxëne ; on pourroit les prendre pour des fragmens de roche amphibo- lique , si quelques-uns ne présentoient des indices non équivo- ques de l'action du feu. B. Lave poreuse , boursouflée, fond gris, et gris noirâtre ; avec des aiguilles de pyroxène , et lames de feldspath. — C'est la variété la plus commune. 5°. Ce fait n’est pas particulier à la roche Sanadoire et à celles des environs : un gros bloc roulé dans le torrent de Prent-Garde, et provenant du lac Guéri, nous a présenté le même accident. Le kleingstein est une variété de la Sanadoire, il est gris bleuâtre , ila une cassure moins polyédrique. C. La lave qu'il contient est grise , et à très-petits cristaux entremèlés. 4°. La védrine. ( Autre montagne phonolithique à l’est des Monts-d'Or. ) Nous ne pûmes la visiter , mais M. Menard nous a écrit y avoir reconnu les mêmes particularités qu'à la sana- 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE doire , et qui lui avoit entièrement échappé dans une première course à cette montagne. k Ce n’est pas dans le kleinsgtein simple que nous avons trouvé ces noyaux de lave, peut-être le rencontrera:t-on également dans le porphyre à base de phonolithe des environs du lac Guéri , du Puy Gros, du roc Dardanche, etc., etc. CEE En faisant attentivement les recherches, et consacrant le temps nécessaire à voir cetle intéressante partie de Monts-d'Or, nous ne doutons pas qu’on n’en trouve en beaucoup plus grand nombre : un seul échantillon nous a présenté deux et trois noyaux; la grosseur varie depuis quelques millimètres cubes , jusqu'à quinze centimètres cubes, h $ En France on avoit toujours regardé cette pierre comme une lave , ou sous le nom de lave pétrosiliceuse (1) verdäire’, ou de basalte verdâtre (2)en prisme eten table: mais sou gi- sement au milieu des substances toutes volcaniques , étoit le seul motif sur lequel étoit (3) basée cette opinion, nulle part encore on n'y avoit trouvé l'empreinte du feu. - La volcauicité de la roche Sanadoïre , long-temps contestée, se trouve donc évidemment prouvée par la présence des noyaux de lave qu'elle contient ; présence qui suppose que la roche a été à l’état de fluidité. oo (1) Dolomieu, Cours de Géologie à l’Ecole des Mines, 1796. | (2) Faujas , Volcans du Vivarais. € Minéralogie des volcans. (3) Daubuissou , Journal de Physique, tome 59, pag. 382. ET D'HISTOIRE NATURELLE 57 NOTE SUR LES MINES DE SARDAIGNE; Par M. le Comte de VARGAS, président de l’Académie italienne, etc. EXTRAIT. Le district de la Barbagia et la province d'Ogliastro sont composés de montagnes granitiques qui s'étendent en amphi- théâtres depuis les bords de la mer jusqu'au sommet de Cor- ruboi. Ces cantons offrent au minéralogiste un cabinet vaste et instructif des montagnes primitives. D'autres chaînes sont de seconde formation , et donnent des rameaux qui ftraversent toute l’ile en différens sens. Elles pré- sentent à chaque pas des phénomènes qui ne peuvent que jeter beaucoup de jour sur la géologie. Enfin on trouve beaucoup de produits volcaniques dans le voisinage de Guisos , de Surnte-Catherine-de-Pitturni, ( au territoire de Cuglieri et de Saënt-Lussurpiu. Mais ce qui doit surtout fixer l'attention , est la grande quan- tité de filons métalliques , que l’on voit partout avec une grande “profusion. Tous les historiens de la Sardaigne ont parlé de cette abon- dance de mines métalliques. Elles étoient connues dès la plus haute antiquité : car on voit encore les restes des travaux qu'avoient faits les Carthaginoiset les Romains pourles exploiter. Mines d'or. On ne peut douter qu'il y ait eu autrefois des mines d'or exploitées, puisqu'une des provinces intérieures s'appelle encore Contrée de l’Or. Néanmoins on n'en connoit plus de mines aujourd’hui. Mines d'argent. Les mines d'argent se trouvent en plus ou moins grande abondance dans presque toutes les provinces. La montagne d'Ærsentière de Nurra, en montre un filon très- distinct qui a presque un mille de longueur. Le filon est com- posé d'argent gris ; sa gangue est de baryte. Le voisinage de la mer et la quantité de bois qui se trouve dans ces cantons, Tome LXVII. JUILLET an 1806, H 58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE doivent fixer l'attention. On y trouve de l'argent corné ( mu- riaté ) en plusieurs endroits comme à Sarabus. L'argent natif se trouve ailleurs, comme proche le pont Saint-Nicolas, mé- langé avec l'argent vitreux ou sulfuré. D'ailleurs toutes les mines de plomb contiennent une quan- tité plus ou moins considérable d'argent. Il y en a quelques- unes auprès du fleuve Majeur à Sarabus, qui en donnent jus- qu’à huit à neuf onces par cent. D'autres ne donnent qu’une once , deux onces, trois onces. Mais la plus fameuse de toutes est celle qui est dans le territoire Tulana. Elle donne, dit-on, un produit d'argent pur de soixante-dix pour cent. Elle ap- partient à divers particuliers qui l'exploitent secrètement. Mines de cuivre. Les mines de cuivre sont assez abondantes en Sardaigne ; elles s’y trouvent le plus souvent sous forme de pyrite cuivreuse. Il y a dans le territoire de Sinia des malachites de la plus grande beauté. Mines de fer. La Sardaigne contient une grande quantité de mines d'excellent fer ; mais la plus considérable est celle d’ÆArsana , qui contient un fer magnétique d'une qualité su- périeure. Il y aencore à Trulada, une autre mine de fer magnétique dans une montagne de porphyre. ; Mines de plomb. Les mines de plomb sont très-abondantes en Sardaigne , et toutes contiennent quelques portions d'argent. Il seroit trop long de citer tous les lieux où en trouve. La plus considérable est celle de Monteponi proche Iglesias. Elle donne de métal pur de soixante à soixante-quatre par cent. On la traite à la fonderie de Villacidro. Les mines de plomb de Sarabus ne sont pas moins intéres- santes que la précédente. Mines de zinc. On trouve de la blende ou zinc sulfuré, mélangé avec la galène. t Mines de mercure. En réparant les bâtimens d’un couvent à Oristono , on a trouvé du mercure natif dans un lit d'argile. Quelques personnes rapportent qu’on en a également tronvé en réparant Îles prisons publiques. Chaptal ( tome Il) rapporte qu'on ena trouvéà Montpellier, dans un lit d'argile, en creusant les fondemens de quelques édifices. Mines d'antimorine. On en trouve en très-grande quantité à Balland , et à Escala-Pjana. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 Mines de manganèse. On a découvert à Saint Pierre une mine de manganëse. Mines de charbon fossile. On a découvert à Tanara dans le voisinage de Forni, et à Corruboi des mines de charbon fossile. Ces détails, auxquels on pourroit donner beaucoup d'étendue, font voir que la Sardaigne est très-riche en mines, et qu'une administration vigilante en pourroit tirer de grands avantages. a RAPPORT FAI DAS B'EN:S TE T UT Sur les Mémoires de M. HASSENFRATZ, sur le Coloration des corps. LA Classe nous a chargés, M. Monge et moi, de lui rendre compte de trois Mémoires de M. Hassenfratz sur la coloration des corps , et c'est ce que nous allons faire. e Avant Newton, quelques physiciens avoient tenté vainement d'expliquer la coloration des corps ; il ne paroît pas qu'aucun d'eux en. eût seulement soupçonné le véritable principe. Cepen- dant le prisme étoit depuis long-temps entre leurs mains. Un passage de Sénèque nous apprend que cet instrument n'étoit pas inconnu de son temps. Peut-être date-t-il d’un temps bien antérieur , car il en parlecomme d’un instrument assez vulgaire. « On travaille Lx sm à , dit-il, des baguettes de verre » en les resserrant pour augmenter leur épaisseur , en forme de » barre à plusieurs angles, et si on les expose au soleil par » leurs côtés , elles offrent des couleurs semblables à celles de » l’arc-en-ciel. » Mais Sénèque ne tire de là d'autre conséquence , sinon qu'il n’y a point « là de vraie couleur , mais une apparence de fausse » couleur telle que celle qui paroit et disparoit sur le col des » pigeons suivant leur position diverse. » Ainsi, la beauté singulière des phénomènes du prisme n’avoit produit jusqu'à nous qu’une admiration stérile. La correlation physique ou plutôt son identité avec l’arc-en-ciel étoit évidente ; mais il falloit arriver à la démonstration, les données man- H 2 6o JOURNAL DE PNYSIQUE, DE CHIMIE quaient pour établir l'équation, et le problème sembloit inso- luble. On connoit les tentatives d'Antonio de Dominis pour l'explication de l’arc-en-ciel : il étoit bien dans la route , mais elle étoit impraticable pour lui. La vraie loi de réfraction appercue par Xépler fut seulement déterminée avec exactitude , par Snellius vers l'an 1620. À son expression, Descartes, 17 ans après, substitua la sienne restée depuis dans l'Ecole , et préférable sans doute par une plus grande simplicité, les rapports constans des sinus d'incidence et de réfraction. Muni de cette loi , il rectifa les erreurs d’Antonio sur l'arc- en-ciel , il détermina la position des deux ares intérieur et ex- térieur , relativement à l'œil de l'observateur. Il démontra 1° que l'arc interne étoit le résultat de deux réfractions inter- calées d'une réflexion sous l'angle , d'environ 42 degrés ; 2° que l'arc externe étoit formé par deux réfractions séparées l'une de l’autre par deux réflexions subséquentes dans l’intérieur des glo- bules d’eau sous l’angle d'environ 52 degrés. D'où résulte l'écart de ces deux ares externes d'environ 8 à 9 degrés. - Cette détermination est digne du génie de Descartes. Mais il ne put aller plus loin. La plus belle partie du phénomène res- toit à expliquer ; cette coloration brillante inversement étalée sur les deux arcs , et tellement disposée , que le rouge au bord inférieur, de l'arc interne esten regard avec le rouge du bord supérieur de l'arc externe, etc. Descartes se tiroit de là en homme habile, et comparant les gouttes d’eau à de petits prismes de verre d’où la Jumière émergeroit obliquement , il en tiroit les inductions corrationnelles à ces substances , le verre et l’eau ; mais c'étoit comparer deux inconnues, et le problème ne pouvoit marchér vers satselution: Grimaldi avoit beau retourner le prisme par tous les sens , ik n'y voyoit que des rayons fendillés et éparpillés fortuitement, d'où naissoient des couleursaccidentelles , et il se füt bien gardé de les confondre avec les couleurs des corps. Enfin Newton-arriva; et ses recherches sublimes nous ‘ont dévolié ces étonnans phénomènes dont la cause, avant lui, sembloit inaceessible aux hommes. C’est dans son Traité d'Opti- que qu'il a consigné les résultats de ses expériences et de ses: méditations sur; la lamière ; ouvrage immortel sans doute , dans lequel on ne:sait ce qu'on doit adinirer davantage , ou de cette curieuse investigation de faits inconnus jusqu'alors , ou de cette sagaoué profonde qui pénétrantpartout , et coordonnant sans. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Gx cesse les calculs et les expériences, parvient toujours à desdéter- minations positives et souvent inattendues. | Lorsqu'on observe avec attention les diverses époques où Newton a repris et délaissé successivement ses recherches , on voit qu'elles ont été l'objet de longues et constantes médita- tions , et probablement si on lui eût fait sur la lumière la méme question que sur le système du monde, comment il étoit par- venu à de si sublimes découvertes , il eût répondu en y pen- sant toujours. Nous ne doutons point que ses expériences et ses calculs sur la lumière , n'aient exigé un aussi haut degré d'intelligence que ses principes de philosophie. C’est aussi le sentiment de l'élégant historien de Mathématiques. « Le génie de cet homme » immortel, dit M. Demontucla, n'éclate pas moins dans cette » découverte que dans celles dont il a enrichi le système phy- » sique de l'Univers. Il semble même, à le prendre d’un certain » côté, que Newton décomposant la lumière et établissant des » conjectures très-probables sur les causes des couleurs du corps, » est encore plus merveilleux , que calculant les forces qui gou- 2 vernent les mouvemens célestes, » Ces réflexions , ainsi que les nôtres, peuvent sembler d’abord paradoxales, mais elles n’en sont pas moins probables. Le sys- tème du monde est plus imposant sans doute par la grandeur de son plan et l'importance de son objet, c'est un édifice admi- rable dans son ensemble et ses rapports. Mais à l’arrivée de l'architecte , tout étoit déjà prêt pour la construction. Doué d'une force de tête inconcevable , Newton réfugié dans la pro- fordeur de sa pensée , n’eut plus qu’à coordonner entreelles les richesses accumulées par ses prédécesseurs, sur un plan qui lui appartient tout entier. Contemplant depuis son ouvrage, il ne dut éprouver que la satisfaction pure que donne toujours la conscience de la raison. * Il n'en fut pas tout-à-fait ainsi de ses recherches sur la lu- mière. On ne doit pas juger de la peine qu'elles lui ont donnée par le temps qu'il y a employé à diverses reprises : mais on peut remarquer en passant , que si les expériences exactes sont difli- ciles à faire en général , aucunes ne présentent plus d'obstacles que celles sur la lumière; la délicatesse et la précision des instrumens , l'art et l'habitude d'en faire usage, la coincidente ‘si rare du temps propre aux expériences avec celui qu'on y eut consacrer , la constance plus rare encore d'un temps éga- ement pur pendant quelques heures , etc. Que d’entraves! ei 62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE si l’on songe encore aux difficultés particulières que Newton dut éprouver sous le ciel souvent brumeux de l'Angleterre , créant à chaque expérience l'instrument nouveau destiné à la faire, on ne sera plus étonné qu'abandonnant souvent la partie pour la reprendre à de longs intervalles , il ait passé une aussi grande partie de sa vie à ce grand ouvrage, sans avoir pu le terminer à sa propre satisfaction. Les premières expériences de Newton sur la lumière, datent de 1666. Il avoit alors 24 ans. Trois ans après, nommé professeur à Cambridge , à la place de Barrow qui venoit de seretirer, il s’en occupa plus spécialement et écrivit alors ses Leçons d'Optique, qui ne furent publiées qu'après sa mort ; il donna connois- sance de ses premiers résultats à la Société Royale de Londres en 1671, qui les fit insérer dans les Transactions de février 1672. Ces expériences , ainsi divulguées en Europe, lui atti- rèrent une foule de contradictions et de contestations. Il nous apprend lui-même, qu'intimidé par toutes ces clameurs, et n'osant entrer en lice sur ces objets, ce ne fut qu'à la solli- citation réitérée de ses amis qu'il put se résoudre à publier , en 1704, son Traité d'Optique composé 29 ans auparavant, et dont il avoit lu successivement quelques parties à la Société Royale. Quand on a médité profondément cet ouvrage, et que l'habitude a enfin épuisé une partie de l'admiration qu'inspire la sagacité singulière de ce grand homme , on ne peut s’em- pe de remarquer que Newton, dans ces expériences, à ui-même éprouvé ces difficultés que rencontrent les hommes les plus élevés, quand ils descendent des spéculations intel- lectuelles, et que voulant explorer les propriétés de la matière, ils viennent se mesurer avec elle. Son premier livre renferme une variété d'expériences, qui toutes concourent simultanément à prouver l’inégale réfran- gibilité des rayons colorés et à en établir les rapports ; ici, c’est une foule de témoins divers, qui tous déposant uniformément pour le même fait, ce fait devient irrécusable. Il est aussi dé- montré que la gravitation. Dansle second livre au contraire , on ne trouve qu’une seule expérience, d'où Newton cherche à tirer des conclusions éga- lement juridiques sur la coloration de tous les corps. Mais en même temps ici l'on voit une foule de personnages à juger , et un seul témoin pour un contre tous, il est diflicile d'échapper à l'inquiétude et au doute. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 67 Voici du resteune esquisse rapide de cette expérience de Newton et des conclusions qu'il en tire. à Si l'on place horizontalement un verre plan assez épais pour étreinflexible;si sur ce verre plan on déposeun verrebien convexe de 50 à 60 pieds de foyer ; ce verre ainsi contenu horizonta- lement ne touchera l’autre que par un point, le contact de son axe avec le plan inférieur ; de ce point jusqu'au bord de ce verre, chaque cercle concentrique extérieur à l’autre laisse entre lui et le plan inférieur un anneau circulaire, dont l’épais- seur va croissant du centre à la circonférence. Cet espace se trouve rempli par l'air interposé qui prend la figure concave du bassin dans lequel il se moule. Connoissant le rayon de courbure du verre convexe , on connoît inversement l'épaisseur croissante de la lame d'air intercalée. Voici maintenant le phénomène, Dans cette superposition il paroit une série de couleurs annulaires autour d’un point central noir. Cette série reste en permanence tant que la dépression d'un verre sur l'autre reste constante. Newton détermine les largeurs des bandes. colorées concentriques , l'épaisseur de lames d'air infiniment petites , sur lesquelles ces couleurs sem- blent assises, et trouve dans ces phénomènes une loi, d'après laquelle il établit , et les couleurs fugitives des bulles de savon, et les couleurs permanentes de tous les corps solides. Pour- suivant avec Newton ses observations et ses calculs, si l’on n’est pas complètement persuadé, on reste du moins interdit en contemplant les vastes ressources de ce génie étonnant, dont la puissance a sondé à-la-fois, et les abimes de l’immen- sité et les replis microscopiques des corps les plus délicats. Newton a trouvé des contradicteurs opiniâtres dans ses an- tagonistes , et des dissidens même parmi ses disciples. Euler a rejeté , avec une sorte d'autorité , toute cette théorie des accès de facile réflexion et de faciletransmission. La théorie même de l'émanation lui a paru tellement inadmissible , que dans ses lettres à une princesse d'Allemagne, la combattant avec un peu d'amertume, il la qualifie de ridicule et d'absurde. Il fait tous ses efforts pour y substituer son système chéri des vibrations du fluide éthéré , et ne s’appercoit pas que toutes ses imputations contre le système Newtonien peuvent étre retor- quées contre le sien. Mais de ses imputations , la plus injuste est celle dans laquelle il reproche sans cesse à Newton de confondre la réflexion de la lumière dansles miroirs avec celle qui émane des corps simplement colorés, G4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si c'étoit ici le moment convenable, il seroit très-facile de disculper Newton, et de faire voir comment la théorie des corps colorés suit immédiatement de celle des miroirs ou con- caves ou convexes. Mais cette dissertation méneroit trop loin, et nous la supprimons pour arriver au but. Parmi les simples dissidens , quoique disciples admirateurs de Newton , on peut ranger ceux qui en admettant la théorie netWonienne pour l’explication des couleurs fugitives, la trou- vent néanmoins insuflisante dans son application aux corps opaques. Plusieurs physiciens , et les chimistes surtout , sont portés à croire, que dans la coloration ordinaire des corps, ceux-ci exercent sur la lumière d'autres fonctions que celles résultantes de l'épaisseur de leurs particules. Ces fonctions sont les aflinités réciproques des particules hétérogènes des corps. Il est fort probable qu'elles ont aussi leurs actions particulières, mais trop souvent associées aux autres pour qu'on puisse les évaluer solitairement. Ces deux fonctions diverses offrent aux physiciens de nou- velles sources de recherches, et ce sont elles que M. Hassen- fratz a cherché à soumettre aux expériences qui font le sujet des trois Mémoires dont nous allons offrir l'analyse à la Classe. Dans le premier Mémoire, l’auteur discute les deux princi- pales hypothèses à l’aide desquelles on a cherché à expliquer la coloration des corps, ainsi que les objections qui leur ont été faites, et après avoir adopté le principe de NeWton sur l'émis- sion de la lumière et la variété des couleurs différemment ré- frangibles , il balance entre elle ces deux opinions ; la couleur des corps dépend-elle uniquement des accès de facile transmis- sion et de facile réflexion des molécules colorées résultant de la grandeur et de l'épaisseur des particules des corps, est-il nécessaire de faire intervenir l'affinité particulière des corps pour les molécules colorées , afin d'expliquer la permanence des couleurs qui souvent a lieu malgré les changemens d'épaisseur et de densité des molécules des corps ? Après avoir fait sentir la difficulté de choisir entre ces deux opinions, qui semblent avoir les mêmes degrés de probabilité , l’auteur a pris le parti de cher- cher à les concilier, et a entrepris en conséquence une suite d'expériences qui font le sujet des deux Mémoires subséquens. Lesecond Mémoirede M.Hassenfratz est divisé en deux parties. Dans la première il expose ses expériences entreprises pour déter- miner si la composition de la couleur des corps soumise à l’ana- lyse du prismg peut se déduire de la seule théorie neWtonienne , des r ÊÉT D'HISTOIRE NATURELLF 65 des anneaux colorés. Dans la seconde partie il rapporte ses expériences:sur des couleurs végétales et minérales pour vé- rifier cette assertion de Newton, que les acides diminuent les particules des corps , et que les alcalis les grossissent. Dans la première partie l’auteur observe que les corps cpa- ques, colorés par réflexion, réfléchissent deux sortes de lu- mières , l'une de la surface extérieure , et qui sert à faire dis- tinguer leur forme; l’autre de leur intérieure , c'est celle qui fait apparo’tre leur couleur. Il croit devoir exclure ces corps de l’analyse , à cause de la difficulté de séparer ces deux sortes de lumières dont la réunion empêche de distinguer la nature des molécules lumineuses qui colorent ces corps. Il a choisi 26 substances diaphanes tant solides que liquides, toutes de teintes différentes. Il a soumis à l'analyse du prisme les couleurs obtenues par la transmission de la lumière à tra- vers ces milieux , et a déterminé ainsi la nature et les propor- tions des molécules lumineuses et colorées qui les traversent. L'auteur a observé dans chacune de ces expériences, 19. La couleur des corps par réflexion et par réfraction. 2°, La longueur du spectre lorsque les rayons n'ont traversé qu’une mince épaisseur du corps transparent, 3°. La nature des couleurs , l’espace qu'elles occupent dans le spectre , et la forme des lignes qui les séparent. 4°. Les couleurs que ces milieux colorés laissent passer lors- que leur épaisseur est plus grande. 5°, La forme et les dimensions des spectres formés par ces couleurs, leur espace mutuel et la forme des lignes qui les séparent. 6°. L'ordre de l'absorption des couleurs correlative à l'épais- seur successive des milieux. ; 7°. Lequel des spectres s’évanouit le premier lorsque la lu- mière transmise par un milieu très-épais produit deux spectres différens et séparés. 8°. Et enfin la comparaison de la composition de ces cou- leurs avec celles produites par les anneaux colorés, et la déter- mination de l'épaisseur de la lame d'air propre à reproduire une couleur semblable. ÿ Sur ces 26 substances diaphanes analysées à l’aide du prisme, savoir , 5 solideset 21 liquides, l’auteur en trouve 20 dont les couleurs peuvent bien s'expliquer par la théorie seule des an- neaux colorés. 1°. Les 5 verres de couleur, rouge , jaune, vert , bleu et violet. Tome LXV'II. JUILLET an 1808. I 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2°. Les couleurs liquides rouges et orangées des infusions de rocou , de scabieuses , cochenilles acidées et de : rmin délayé. 3°, De la couleur orange des infusions de safran et des pen- sées acidées. 4°. De la couleur jaune de curcuma et de gaude. 5°. De la couleur verte du nitro-muriate de cuivre et des infusions des pensées et des pelures de raves alcalisées. 6°. De la couleur bleue de prussiate de fer et de cuivrate d'ammoniaque. 7°. De la couleur violette des infusions de scabieuses et de violettes. ; 8°. De la couleur pourpre , des infusions de tournesol acidé et de cochenille. Quatre couleurs ont laissé des doutes sur leur explication , les infusions d’orseille et de bois de fernambouc, celles de tour- nesol et de fernambouc acidées ; deux enfin n’ont pu être ex- pliquées par la théorie seule des anneanx colorés ; savoir, l’in- fusion de scabieusesalcalisées et le sulfate d'indigo. Davs la deuxième partie de ce second Mémoire , l'auteur a analysé à l'aide du prisme, les couleurs des infusions de sca- bieuses , de violettes , de pelures de raves et de tournesol. 3° Après les avoir rougies avec un acide ; 2° Après avoir fait passer au violet la couleur rouge avec un peu d’alcali; 3° Après les avoir amenées à la couleur verte avec une dose suflisante d’alcali. D'après ces analyses, ce physicien a déterminé l'épaisseur des tranches, qui eussent produit les mêmes eouleurs dans l’hy- pothèse des anneaux colorés , et comparant ces épaisseurs , il lui a semblé que les couleurs rouges étoient produites par la tranche la moins épaisse, et que les couleurs vertes et violettes correspondoient à des tranches d'air plus épaisses, ce quipa- roissoit confirmer l’assertion de Newton, que les acides atté- nuoient les particules des corps, et que les alcalis les grossis- soient ; mais ayant dissous de l’oxide de cuivre dans l'ammo- niaque et dans l'acide muriatique , il obtint un résultat con- traire à cette méme théorie des anneaux colorés. Ces expériences sont intéressantes par les connoiïssances nouvelles qu’elles donnent sur la composition de plusieurs cou- leurs obtenues par réflexion. Mais voyant qu'elles ne présen- toient pas des résultats pour prononcer entre les deux hypo- thèses sur la coloration des corps, M. Hassenfratz dans son ET D'HISTOIRE NATURELLE. 67 troisième Mémoire examine cette coloration sous un autre rapport. Il considère les corps relativement à leur action sur les mo- lécules lumineuses et les divise en quatre classes: 1°, Les corps blancs et incolorés par réflexion et par ré- fraction. 2°, Les corps colorés par réflexion et par réfraction. 3°. Les corps colorés par réflexion seule. 4°. Les corps colorés pat réfraction seule. Examinant d’abord la première classe, celle des corps blancs, il les subdivise , d’après NeWton , en corps blancs du premier et deuxième ordre : il fait observer que la blancheur de ces deux sortes de corps s’explique très-bien d’après la théorie des anneaux colorés, et il trouve ensuite qu'il en est à peu près de même de la blancheur des corps transparens. L'auteur parcourt la seconde classe , celle des corps co- lorés à-la-fois par réflexion et réfraction presque simultanées, telles que les lames minces des solides et des liquides , et les infusions de plusieurs substances dont les couleurs, ou réfléchies, ou réfractées, sont! différentes , mais complémentaires l’une de l'autre , et l’on sent que celles-ci ne doivent présenter aucune difiiculté à rentrer dans le système neWtonien, puisque c’est en grande partie sur les phénomènes de cette espèce que NeWton a appliqué sa théorie. 1l croit cependant en excepter les feuilles minces de cuivre et d’or , les verres colorés par les oxides d'or précipités par l'étain , ainsi que l'indigo en nature et dissous dans l'acide sulfurique. La troisième classe , celle des corps opaques colorés ren- ferme les corps dont les couleurs sont variables suivant leurs positions. Ces dernières rentrent très-bien dans la théorie des an- neaux colorés. Mais pour expliquer la permanence des couleurs, Newton a été obligé de supposer une sorte d'absorption par les particules intérieures des corps , absorption telle, que la mo- lécule colorée qui est dans un accès actuel de facile réfraction, est combinée avec le corps sans pouvoir avancer ultérieure- ment ou rétrograder. M. Hassenfratz examine enfin la quatrième classe, les corps colorés par réfraction seule , et ici il fait une subdivision d’a- rès M. de Laval. Les uns sont homogènes et laissent passer es molécules lumineuses auxquelles ils doivent leur coloration, ce sont les substances transparentes. Les seconds sont hétéro- gènes et réfléchissent les molécules lumineuses refractées , ils I a 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE deviennent opaques. Tels sont les liquides surchargés de ma- tière colorante, les teintures , les lacques , les encres de diverses couleurs , etc. L'auteur fait voir que la coloration de ces substances hété- rogènes ne peut s'expliquer par la théorie des accès de facile transmission et facile réfraction. Cherchant ensuite à appliquer à la coloration générale des corps la seule théorie des aflinités, il trouve qu'elle peut expliquer en effet la réfraction de la Iu- mière et de la coloration des corps transparens , mais que cette théorie est insuflisänte pour l'explication de la coloration des corps opaques, ainsi que pour la lumière blanche réfléchie par la surface de tous les corps, soit opaques , soit transpa- rens ; mais ici nous observerons en passant, que la cause de ce dernier phénomène est totalement inconnue. © Dans l’impossibilité d'expliquer la coloration de tous les corps par l’une des deux théories isolées , M. Hassenfratz fait voir qu'en les réunissant , tout s’explique sans contrainte et avec assez de clarté. Cette réunion d'ailleurs n’a rien qui ne soit conforme aux principes généraux de Newton sur la nature. Partout il indi- que ou sous-entend les actions réciproques des corps et de la Jumière. 11 reconnoît que ces actions ne suivent pas seulement les raisons des densités, mais encore celles de la nature in- connue de leurs particules, et c’est bien là sans doute l'affi- nité chimique. La majeure partie des Mémoires de M. Hassenfratz contient une suite nombreuse d'expériences ; dont la plupart ont exigé beaucoup. de temps, de recherches et de sagacité , et nous croyons qu’elles méritent d’étre consignées dans les Mémoires des Savans étrangers. Mais l’auteur ayant lu ces trois Mémoires à la Classe à de longs intervalles, et voulant en. rallier les di- verses parties, a multiplié les répétitions. Nous pensons qu’enles élagant et refondant ces trois Mémoires en un seul, ille rendra plus intéressant par sa concision, et en même temps plus propre à étre inséré dans les recueils de l’Institut. sd à Signé Moxcr, Cuanzes, rapporteur. n ÊT D'HISTOIRE NATURELLE, Gg nn LETTRE DE Honoré FLAUGERGUES, A J.-C. DELAMÉTHERIE, Sur /’APPULSsE de toutes les planètes arrivée le 15 septembre 1196. MonwsrEeur, Le Journal de Physique , depuis que vous le rédigez, est devenu le plus beau monument qu'on ait jamais élevé à la science réelle. C'est pourquoi je vous prie d'y insérer le calcul d'un phénomène oublié dans la barbarie du douzième siècle , et que des millions d'années pourront à peine reproduire. MÉMOIRE SUR l’appulse de toutes les planètes, le 15 septembre 1186; Par Honoré FLAUGERGUES. En 1179, tous les astrologues de l'Europe annoncérent une conjonction de toutes les planètes , qui devoit avoir lieu sept ans après au mois de septembre 1186. Ils joignirent à cette annonce des prédictions sur les grands malheurs dont elle seroit suivie: cela fit dans le temps la plus grande sensation (1). J'ai été cu- rieux de vérifier cette conjonction , et jai trouvé qu'effective- ment le 15 septembre 1186, toutesles planètes alors connues, étoient réunies dans un espace d'environ onze degrés dix mi- (x) Sigeberti gemblacensis monachi , Chronographia in parte à Roberto de Monte, post obitum Sigeberti scripta unno 1179 , folio 159 verso. Biblio- thèque orientale de Herbelot. - 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nutes en lonigtude, ce qui n’est pas à la vérité une conjonc- tion , mais du moins une appulse très-remarquable. La table suivante renferme les longitudes et les latitudes géocentriques apparentes des planètes calculées d’après les tables de la troi- s'ème édition de l'Astronomie de M. Delalande , pour l'instant où elles auront été réunies dans le plus petit espace en lon- gitude , instant qui est déterminé par la conjonction de la Lune et de Mercure qui étoit alors rétrograde (1). TrAMBUI CE Des longitudes et des latitudes géocentriques apparentes des planètes le 15 septembre 1186 à 5: 31° 28”, temps moyen au méridien de Paris. LONGITUDES. | LATITUDES. ER ES TE LE ET EE EE CC RE SEE ET ON MERE Le Soleil... Vs APE OO EN RME see à RAS I La Lune. VI 10 20 22 ON 21 0 20 0B Mercure. VI 1o 20 2 GHETON A0 NA Vénus. VI 3 44 17 FAX SNA TRI Mars. VI OLA DS CRM PMU Mio Jupiter. MThECOoNLEZNEE I 8 32 B Saturne. VI BAT sg us El rS 4 Arr VB SEUL F7 AT Le CL De EEE 1 DE ER NE PR EEE CO EE RE SE (x) Cette appulse est la seule complète dont nous ayons connoissance. Dans la fameuse conjonction observée à la Chine par l’empereur Chüéni, ue les astronomes rapportent au 28 février de l’an 2449. Avant notreère, 1 n'y avoit que Saturne, Jupiter ; Mars et Mercure réunis dans un espace de cinq degrés en longitude , et le jour suivant fa lune fut en conjonc- tion avec ces planètes. Le 8 mai 1774, Jupiter, Mars, Vénus, Mer- eure et la lune, furent aussi réunis , mais dans un espace de plus de vingt degrés; les autres conjonctions rapportées dans les Ephémérides , et dans les Recueils d'observations astronomiques , sont encore moins remarqua- bles, puisqu'il n’y avoit de proximité qu'entre trois ou quatre planètes, AT D'HISTOIRE NATURELLES. 71 écliptique Figure de l’Appulse de toutes les planètes, le 15 septembre 1186, à 5h 3’ 28/ , temps moyen au méridien de Paris. NOTE SUR le vestium, nouveau métal découvert dans la platine. On écrit d'Allemagne, qu'un chimiste a découvert un métal dans la platine en grains. On l’a nommé Y’estium du nom de Vesta, donné à la dernière planète découverte par Olbers. La platine en grains contient par conséquent , 1°. Le platine. ” 2°. Le pailadium, 30, Le rhodium. 4°. L'osmium. 5°. L'iridium. 6°. Le vestium. On en retire d’ailleurs, de l'or, du fer, du cuivre, du titane.… OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES = THERMOMEÈTRE. BAROMEÈTRE. 1 AA 2 | Maximum. | Minzmum. |A Mint. Maxrmum. | Minimum. A Mip1. I à Th +76 5m. +13,6| Æ17,6f1 5 s....... 27.11,40|à 7 Messe e « +.-27.10,80|27.10,93 2{à mudi volumes i1-12. Parisiis lutetiarum , apud Carol. Frid. Crammerum et Tubingæ , apud J.-G. Cottam. L'auteur a réuni dans ces deux volumes la description de toutes les plantes connues jusqu'à ce moment. Il a suivi la méthode systématique de Linnée , ainsi que sa manière de dé- crire les plantes. Ses descriptions sont exactes ; et il a apporté ungrand soin à ne pas faire un double emploi de la même plante. On doit donc regarder cet ouvrage comme un des plus pré- cieux que la Botanique possède. Car le progrès des sciences naturelles est si rapide , que les ouvragesles plus modernes et les plus complets deviennent insuflisans au bout de peu d'années , parce qu’on publieun grand nombre de monographies particulières. Il est donc nécessaire, pour faciliter l'étude et l'avancement de la science , qu’on réu- nisse de temps à autre toutes les monographies particulières à la description générale des plantes. C'est pourquoi j'aï proposé depuis long-temps qu'on publiât une description Linnéenne , de tous les objets d'Histoire naturelle connus, soit dans le règne animal, soit dans le règne végétal , soit dans le règne minéral; on en tireroit un assez petit nombre d'exemplaires, pour qu'on fût dans la nécessité d'en faire tous les deux ans une nouvelle édition, dans laquelle on feroit entrer les objets nouvellement découverts. Essai sur l'art de la Verrerie. Par M. Loysel, correspon- dent de l’Institut national des Sciences et des Arts; 22-9° de 552 pages , une planche. MS. A Paris, chez madame Huzard , Imprimeur-Libraire, rue de l'Eperon , n° 7. Prix, 5. broché ,et6 F. franc de port pour les départemens. Cet ouvrage parut en l'an 8 , et fut accueilli très-favorable- ment du public; mais la vente en fut suspendue par l'absence de l'auteur qui avoit gardé entre ses mains une partie de ses exemplaires , dont il vient de faire la remise dans la librairie de madame Huzard. ET HISTOIRE NATURELLE. 79 L’empressement avec lequel cet ouvrage a êté recherché des artistes , dispense d'en faire l’éloge. On sait que l’auteur n’avoit point trouvé de modèle dans cette partie ; qu'il a été le pre- mier à former un corps de doctrine des principes sur lesquels repose la partie de l’art dela Verrerie, et que les expériences sur lesquelles cette théorie est appuyée, lui appartiennent pres- que toutes exclusivement. En lisant ce Traité, on sentira facilement que son utilité ne se borne pas à l'art de la Verrerie , mais qu’elle s'étend à ceux de la poterie , de la faïence, de la porcelaine, à la fabrication des émaux, à celle du fer, et en général à tous les arts py- rotechniques. Manuel des Propriétaires Ruraux et de tous les Habitans de la Campagne , ou Recueil , par ordre alphabétique , de Lout ce que la Loi permet , défend ou ordonne dans toutes les circonstances de la Vie et des Opérations Rurales; on y a jointtout ce quia rapport à /a Chasse, à la Péche , aux Etangs et aux Constructions Rurales, avec des Modèles et Formules de Baux, Loyers, Procès-Verbaux et autres Actes utiles à la Campagne dans ces différens cas. Par ©. $. Sonnint, ancien Collaborateur de l’Æistoire Na- turelle de Buffon etds Cours Complet d'Agriculture, Mem- bre de plusieurs Sociétés Savantes et Littéraires , Rédacteur de la Bibliothèque Physico- Economique. Un volume #n-12. Prix , 2 fr. 5o cent., broché , pris à Paris, et 5 fr. 10 cent. pour le recevoir franc de port par la Poste, dans tout l’Empire Français. À Paris, chez F. Buisson , Libraire , rue Gilles-Cœur , n° 10. On voit l'utilité de cet ouvrage pour les Propriétaires Ruraux.' Pyrotologia medica , seu discursio methodica in febrium conlinuarum remittentium ; Cum intermiltentium, sisiens earum accuratas descriptiones , solutiones , causus , pro- gnosis complexiones , extispicia , et curationes , Cut opi- tulantibus priscis et neotricis ad studiosæ juventutis usum novavit Ph. Petit-Radel, Facultatis medicæ parisiensis, pridem Doctor Regens , et Professor Chiruroiæ , nunc in Schola me- dica urbis Professor clinicus , etc. ÿ 1 vol. #n-8°. Parisiis, apud Allut , Typographo-Bibliopolam, vi& dictà de l'£cole-de- Médecine. La théorie des fièvres et leur traitement, sont une des parties les plus difliciles de l’art de guérir. On ne sauroit donc y trop répandre de lumières. 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Recherches sur les moyens de connoitre les proportions d’a- cide er de potasse qui entrent dans la composition du sul- fate, du nitrate et du muriate de potasse ; par M. Curaudau, Professeur de Chimie applicable aux Arts , et membre de plusieurs Sociétés savantes. Pag. 5 Expér. sur le soufre et sa décomposition ; par le méme. 12 Compte verbal rendu à la Classe des Sciences phy- siques et mathématiques , le 6 juin 1808, sur l'Ou- vrage de M. de Bridel, intitulé : Muscologiæ re- centiorum supplementum , seu species muscorum ; par Palissot de Beauvois. 16 Observations sur le Spinelle Pleonaste , et spéciale- ment sur celui des environs de Montpellier ; par I. Marcel de Serres. 26 Notice sur quelques applications utiles des observa- Lions météorologiques à l'hygiène navale ; par F. Péron, Naturaliste de l’'Expédition des Décou- vertes aux Terres Australes, etc. 29 Observations sur l’écrit de M. Parmentier , inséré a Moniteur du 7 juin dernier, relatif aux moyens de remplacer le sucre dans la médecine et l'écono- mie domestique ; par M. Proust. 43 Note sur des noyaux de lasetrouvés dans le klingstein ( phonolithe ) de la roche Sanadoire. 54 Note sur les Mines de Sardaigne ; par M. le comte de l’argas , président de l'Académre italienne , etc. 57 Rapport fait à l'Institut sur les Mémoires de M. Hassenfratz, sur la coloration des corps. 59 Mémotre sur l’appulse de toutes les Planètes le 15 septembre 1186 ; par Honoré Flaugergues. 29 Note sur le Vestium , métal découvert dans la platine. 71 Tableau météorologique. 72 Lettre de M. *** , sur l’oxidation des métaux dans le vide par le fluide électrique. 74 Notice sur la Dapéche. 76 Nouvelles littéraires. 77 4 JOURNAL DE PH S LOUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AOÛT an 1808. DE L'ACTION DES COURANS A LA SURFACHDU GLOBE TERRESTRE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. Pour mieux saisir la nature et les effets des courans géné- raux des eaux à la surface de la terre , il faut les considérer à des époques différentes. Premièrement , avant que les continens fussent découverts. J'ai prouvé que les eaux étoient alors à une grande hauteur au-dessus des montagnes les plus élevées, Secondement , après que les continens ont été découverts : et cette époque doit se sous-diviser en plusieurs périodes. & Si la terre étoit entièrement inondée par les eaux de » l'Océau, dit D’Alembert, les eaux pourroient, aussibien que » l'air, former sous l'équateur un courant perpétuel: etcecourant » seroit vers l’est, ou vers l'ouest , selon que la profondeur de » la mer seroit plus ou moins grande. » Réflexions sur La cause des vents, Mémoire couronné par l'Académie de Berlin en 1746 , introduction , page æxri. Tome LXVII AOÛT an 1808. L 82 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Îl a prouvé également (ibid. , art. 45), que la vitesse du vent parcourant la surface de la terre supposée couverte d’eau, étoit bien différente de celle du même vent parcourant cette même surface non-couverte d’eau. Enfin, dit-il (ibid , pag. viij) , cette question présente un si grand nombre de difhcultés, «qu’une théorie complète sur » la matière que nous traitons (c’est-à-dire sur les vents et les » courans des mers ),est peut-être l'ouvrage de plusieurs siècles. » Je suis donc bien éloigné de croire donner ici une théorie entièrement satisfaisante sur les couraus. Mais je vais exposer des faits. DE LA NATURE DES COURANS DES EAUX DES MERS AVANT L'APPA- RITION DES CONTINENS ET DE LEURS EFFETS. Le globe terrestre dans les premiers momens de sa forma- tion n'avoit point encore une consistance solide. Les eaux, qui tenoient en dissolution toutes les parties dont il est com- posè, en faisoient un espéce de masse liquide. Cette masse étoit assujétie à deux forces principales. a L'attraction mutuelle de toutes ses parties. & Et la force centrifuge qui résultoit de son mouvement sur son axe. Ces deux forces lui firent prendre la figure sphéroïdale. Le soleil et la lune agirent sur cette masse d’une manière ana- logue à celle dont ils y agissent aujourd’hui. Les eaux de l’Océan éprouvèrent donc dans ces premiers momens des mouvemens analogues à ceux qu’elles éprouvent ac- tuellement. La seule différence qu'il y avoit dépendoit 1° de la profondeur des mers, qui étoit beaucoup plus considérable , parce que les eaux étoient de plusieurs milliers de toises au- dessus des plus hautes montagnes; 2° de la non-apparition des continens : car nous venons de voir que D’Alembert a prouvé que ces deux circonstances devoient faire varier la nature de ces courans. La chaleur de la masse solide du globe, celle des eaux, et celle de l’air atmosphérique, étoient plus considérables qu'elles ne sont actuellement , ainsi que je l’ai prouvé dans ma Théorie de la Terre. Cette chaleur étoit augmentée par l’action des rayons lumi- neux solaires. Mais cette augmentation varioit sur les divers ET D'HISTOIRE NATURELLE. 8 points de la surface de la terre, à raison des latitudes, et sui” vant les saisons. Ainsi quand’ le soleil étoit à un des tro- piques , l'hémisphère correspondant étoit très-échauflé , et l’au- tre l’étoit beaucoup moins. Et réciproquement , lorsque cet astre passoit à l’autre tropique , l'hémisphère échauffé se refroi- dissoit , et l'autre s’échauftoit. Les! régions équinoxiales étoient , comme aujourd'hui , celles qui étoient le plus échaufées. Cette alternative d'augmentation et de diminution de cha- leur produisoit des dilatations et des condensations dans l’air atmosphérique ; d'où naissoient des courans et des vents qui devoient étre à peu près réglés, puisqu'il n'y avoit point encore de continens découverts. Ces vents avoient deux directions principales. a L'une, de l'orient à l'occident. C'est Le vent alizé d'est. b L'autre , des pôles à l'équateur. Ce sont les vents du nord et du sud. Ces vents parcouroient sans obstacle la surface des mers , dont tout le globe étoit couvert. Ils agissoient sur la masse des eaux , etlui communiquoient la méme direction qu'ils avoient eux-mêmes. L'action de la lune et du soleil agitoit encore par leurs forces attractives, ces deux grands fluides, l'air atmosphé- rique, et la masse des eaux. Elle y produisoit des marées, qui imprimoient également à ces deux fluides un mouvement d'orient en occident. Les physiciens ne sont point encore d'accord sur les causes du mouvement de la masse de l'atmosphère , et des divers courans des eaux des mers. | Mariotte attribuoit ces mouvemens à trois causes princi- pales ; « Les vents, dit-il, sont les eflets de trois causes prin- » cipales et générales (1); » 1° Le mouvement de la terre d’occident en orient ; » 2° Les vicissitudes des raréfactions de l'air par la chaleur » du soleil, et de ses condensations lorsque le soleil cesse de » l’échauffer; » 3°. Les vicissitudes des élévations de la lune vers son » apogée, et de ses descentes vers son périgée. » La surface de la terre entraine avec soi l'air, qui en est eee e CN (1) Traité du mouvement des Eaux. Imprimé en 1690, collection des œuvres in=4 , pag. 345. L2 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » proche, mais avec un peu moins de vitesse ; ce qui doit faire » paroître un mouvement d'air d’oriçnt en occident, à ceux qui » sont sous l'équateur, jusqu'à une latitude de près de vingt » degrés de part et d'autre... C'est de là que peuvent procéder » les vents alizés entre les tropiques. » Le mouvement de la queue des comètes, qui est toujours plus lent que celui du corps de la comète, paroïit favorable à cette opinion. Le corps de la comète, comme ayant plus de masse que la queue ; laquelle paroït composée de substances à l'état de vapeurs, se meut plus promptement. La première partie de cette opinion a été combattue par divers physiciens, et particulièrement par D'Alembert dans ses Réflexions générales sur les causes des vents, 2ntroduction, pag. iv : leur sentiment est admisaujourd'hui par la plus grande grande partie des savans :ils supposent que , a Le globe terrestre a imprimé aux eaux des mers, el à l'atmosphère , une vîtesse égale à la sienne propre : par consé- quent l'air atmosphérique et les eaux de l'Océan doivent se mouvoir aussi vite que lui. b Ces mouvemens de l'air et des eaux ne peuvent être re- tardés sensiblement par la résistance de l’éther qui est pres- ue nulle. D'Alembert dans le méme ouvrage attribue la cause des vents principalement à l'attraction du soleil et de la lune, qui agissent sur l'atmosphère, comme sur les mers, pour produire les marées. Cette opinion a été également abandonnée par la plus grande partie des physiciens. On s’est donc borné à n'admettre pour cause principale du mouvement de l'air et des eaux d'orient en occident , que la seconde partie de l'opinion de Mariotte, c'est-à-dire les /crs- situdes des raréfactions de l'air par la chaleur du soleil , e£ de ses condensations ; lorsque le soleil cesse de l'échauffer. « Le soleil, dit Laplace, que nous supposons pour plus de » simplicité dans le plan de l'équateur , y raréfie par sa chaleur » les colonnes d'air, et les élève au-dessus de leur véritable » niveau. Elles doivent donc retomber par leur poids ; et.se » porter vers les pôles dans la partie supérieure de l'atmos- » phère. Mais en mème temps il doit survenir dans, la, partie » inférieure un nouvel air frais quiarrivant des climats situés vers » les pôles , remplace celuiquiaété raréfiéà l'équateur. Il s'établit »-ainsi deux courans opposés , l’un dans la, partie inférieure, ET D'HISTOIRE NATURELLP,. 35 » et l’autre dans la partie supérieure de l'atmosphère, Or la » vitesse réelle de l’air, due à la rotation de la terre, est d’au- » tant moindre qu'il est plus près du pôle. Il doit donc en » s’avancant vers l'équateur, tourner plus lentement que les » parties correspondantes de la terre. Ainsi l’air paroit souf- » fler dans un sens opposé à celui de la rotation de Ja terre, » c’est-à-dire d’orient en occident, C'est en eflet la direction » des vents alizés.» Exposition du Système du Monde, édit. in-4°, page 277. Mais le soleil n'est point exactement dans le plan de l'équateur : ses mouvemens vers les tropiques, donnent encore plus de force au courant alizé, qui se change en vent de nord-est et de sud-est. Car supposons le soleil au tropique du Cancer, tout l'hémisphère boréal éprouveune plus grande chaleur qu'au- aravant. L'air y est dilaté plus qu'à l'ordinaire; tandis que lhémonphère austral se refroidissant , l'air qui y correspond se condense, Les vents de sud-est deviendront plus violens. La même chose a lieu quand le soleil passe au 1ropique du Capricorne. L'air qui correspond à l'hémisphère austral est dilaté, et celui de l'hémisphère boréal est condense. Les vents de nord-est deviendront plus violens (1). Quelque opinion qu’on embrasse sur ces différentes théo- ries, tenons nous en aux faits ; il est certain que les mouve- mens de l’atmosphère peuvent se rapporter à trois courans principaux. a L'un qui sous les régions équinoxiales porte l'air d'o- rient en occident , et l'élève à, une assez grande hauteur. à Des second courans supérieurs dans le haut del'atmopshère, qui des régions équinoxiales portent vers chaque pôle l’air qui a été dilaté et élevé. Ceux-ci ne s'appercoivent par conséquent pas à la surface de la terre. c De troisièmes courans inférieurs qui viennent de chaque pèle, ét apportent un air froid , lequel remplace celui que la chaleur a dilaté , et fait élever vers les régions supérieures. Ce courant change le vent alizé en nord-est et en sud-est. Car il faut observer que le grand vent alizé d'est, n’est pas rigou- reusement à l’est. Il est nord-est dans l'hémisplière boréal, et sud-est dans l'hémisphère austral. Mais ce sud-est s'étend sou- —————— ————_——_———— (1) Dampierre avoit déjà observé ces conrans des vents dès 1666 ,. et en a donné des cartes dans son Voyage autour du Monde, imprimé en 1696, 2 vol. in-12. 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » vent jusqu’à onze degrés au-delà de l'équateur dans l’hémis- phère boréal. Ce nord-est et ce sud-est se modifient quelquefois dans la mer du Sud, de manière à ce que proche l'équateurils sont presque nuls, et on y éprouve des espèces de calme. Ges courans de l'atmosphère, ou ces vents, imprimérent à la masse des eaux des mouvemens analogues ( Planche I. La di- rection des flèches marque celle des courans ) : on doit donc supposer que les eaux acquirent a Un mouvement d'orient en occident, ou d'est, quiest plutôt nord-est et sud-est, de manière que comme dans le vent alizé , le courant du sud-est s'étend souvent au-delà del’équa- teur dans l'hémisphère boréal. b De seconds mouvemens qui les portoient de chaque pôle vers les contrées équinoxiales. c Detroisièmes mouvemens qui les rapportoient des contrées équinoxiales vers chaque pôle. On a un exemple de ces divers mouvemens dans les anses des grands fleuves. Supposons que le fleuve coule de l'orient à l'occi- dent: les portions d'eau qui s'enfoncent dans l’anse ne peuvent ètre emportées avec la mème vitesse que celles du milieu du cou- rant. Elles sont repoussées vers le fond de l’anse, dans une direc- tion à peu près perpendiculaire à celle du courant. À uneplusgrande distance elles acquièrent un mouvement opposé à celui du cou- rant principal, c’est-à-dire qu'elles se meuvent de l’occident à l'orient. Enfin elles se rapprochent du courant principal, et s’y confondent en en prenant la direction. Tous ces divers mou- vemens s'éxecutent par un espèce de mouvement circulaire , ou de tournoiement. Une autre cause concourut avec celles dont nous venons de parler : c’est la différence de chaleur. Les eaux des régions équinoxiales ont une température plus élevée que les eaux des régions polaires. Dès-lors ces derniers ont une pésanteur spécifique supérieure à celle des premières. Or si on met dans un syphon des eaux froides et des eaux chaudes , les eaux froides gagnent le fond du vase, et repous- sent à la surface les eaux chaudes. Les eaux des régions polaires , arrivées à unelatitude où elles rencontrent des eaux moins froi- des , gagneront donc le fond des mers, et se rendront vers les canne équinoxiales par des courans qui ont lieu dans les parties inférieures des mers. Elles repousseront vers les pôles par des courans supérieurs les eaux des régions équatoriales. ’ 2T D'HISTOIRE NATURELLE 87 L'action de ces courans, avant l'apparition des continens, dans des masses d’eau aussi considérables , devoit être immense. Rien ne génoit leurs mouvemens à la surface des eaux , puis- qu'aucun continent n'étoit découvert. Ils étoient donc em- portés d'un cours rapide et uniforme dans leurs différentes directions. Mais ces courans dans leurs parties inférieures éprouvoient différens obstacles à raison des terrains qu'ils rencontroient à une plus ou moins grande profondeur , et suivant que ces ter- rains formoient des plaines, des montagnes, ou des vallées plus ou moins éloignées de la surfacedes eaux. a Ils sillonnoient les plaines, et y creusoient des vallées. b Leur action se faisoit sentir avec plus de force dans les vallées, parce que leur cours y étoit resserré. Ces vallées étoient élargies. Lorsque la direction de la vallée se contournoit , elle pou- voit changer celle du courant, comme il arrive dans plusieurs détroits. c Mais l'action des courans étoit bien plus puissante en- core contre les montagnes, dont les sommets étoient plus près de la surface des eaux. Elles en furent plus ou moins degradées. Les courans, qui avoient une grande impétuosité , divisérent les terreins, et les couches qui les formoient. Ainsi des plaines, des coteaux, par exemple, composés de gneis, de schistes micacés , de hornblende , de calcaires primitifs. . . furent sillon- nés plus ou moins profondément. Il se forma des vallées; on retrouva sur les deux parois de cette vallée, et à peu près à la méme hauteur , les mêmes couches. C'est de cette manière qu'on peut concevoir que plusieurs vallées de terrains primitifs ont été creusées. A Nantes, par exemple , on voit des couches de hornblende d’un côté de la rivière aux Basses-Indres, et de l'autre côté de la rivière au-delà des ponts. On peut donc supposer que le lit de la Loire a été creusé antérieurement par le courant des eaux.... Une grande partie de ces substances détachées par l'ac- tion des courans , fut transportée à des distances plus ou moins considérables , sous forme a galets , de cailloux roulés , de sa- bles, de matières terreuses.... Ce qui forma des terrains d'al- luvion dans les terrains primitifs. Quelquefois ces detritus furent agglutinés postérieurement $8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par différens cimens. Ils formèrent des brèches , des pouddings, qui varièrent et à raison des’pierres agglutinées, et à raison des cimens : tels sont ceux dela Valorsine... La cristallisation des terrains primitifs n’étoit pas achevée, les eaux contenoient encore en dissolution quelques-uns des principes dont étoient composés ces terrains primitifs. Il se formoit donc quelques nouvelles couches. L'action des cou- rans influa sur la manière dont elles se déposoient. Ils purent y mélanger des galets, des sables.... Quelques-unes des cou- ches formées par des courans aussi rapides , furent donc plus ou moins inclinées, et approchèrent presque de la verticale. Ce fut l'effet de la force du courant. C'est ainsi qu'on peut ex- pliquer l'origine de plusieurs couches inclinées qu'on observe dans les terrains primitifs , telles sont quelques couches de gneis, de schiste micacé, de schistes primitifs , de hornblende... Saussure a observé au Buet des parerlles couches de galets, de sable... alternant avec des couches d'une roche composée d'un mica rougeätre et de graïns de quartz transparens. Ces couches sont très-inclinées.... $. 585 à 587. Les courans ont certainement concourru à leur formation. DE LA NATURE DESCOURANS DES EAUX DESMERS APRÈS L'APPARITION DES CONTINENS ET DE LEURS EFFETS. L'apparition des continens modifia singulièrement ces mou- vemens de l’atmosphère et ceux del'Océan , sans néanmoins les changer. Les phénomènes qui en furent la suite varièrent dans les différentes époques de cet abaissement du niveau des eaux, Les premiers pics qui sortirent du sein des eaux , tels que les sommités des Andes, celles de l’Altaï , de l'Immaüs, du Taurus, des Gates , des Ourals, des Alpes, des Pyrénées , de l'Atlas , des Leupata.... formèrent desobstacles aux divers cou- rans , principalement à ceux des eaux. Quelqueloisils purent les arrêter : d'autres fois ils ne firent que les dévier. Ces pics furent alors exposés à toutesles fureurs des vents, et à toute l’impétuosité des courans des eaux. Il furent donc plus ou moins dégradés. Ceux situés dans le grand courant alizé - d'est ET D'HISTOIRE NATURELLE, 89 d'est furent attaqués particulièrement de ce côté. Ceux qui étoient situés dans les autres courans à raison de leurs diverses latitudes , le furent également chacun des côtés de ces cou- rans; tandis que les parties , qui n'étoient pas exposées aux courans, souffrirent moins, Les courans , soit ceux de l'atmosphère , soit ceux des eaux, qui frappèrent contre ces pics, en furent ralentis : quelquefois leur direction en fut déviée pendant quelques instans, par les sinuosités des vallées. Le grand vent alizé d'est, par exemple , qui vient de dessus l'Atlantique, est arrêté par la chaîne des Cordilières , et il ne reparoit sur la mer du Sud qu’à plus de deux cents lieues des côtes du Pérou. Toutes les grandes chaînes de montagnes produisent des effets analogues. Les eaux dans ces grands mouvemens déplacèrent des por- tions plus ou moins considérables des terrains qu'elles atta- quoient: elles lesréduisirent engalets , en sables ,... et furent les déposer dans les plaines, dans les vallées, et jusque sur le flanc des montagnes. Lorsqu'un ciment quelconque agglutina ces galets , il se forma des pouddings. Ces courans purent également charier des portions de dif- férens terrains tenus en dissolution par les eaux. Ils les dépo- sèrent pareillement , soit dans les plaines , soit dans les vallées, soit sur les flancs des montagnes , et y formèrent de nou- velles couches cristallisées, ou non cristallisées , qui varièrent suivant la nature des matières dissoutes , granits , porphyres, gneis, hornblendes , schistes , calcaires primitifs... Mais les continens se découvrant de plus en plus par l'a- baissement des eaux, formèrent enfin de grandes chaines, qui arrétèrent les courans sur une étendue plus ou moins longue. Ces courans frappèrent alors avec toutes leurs forces contre ces continents, qui en furent plus ou moins dégradés. Au milieu de ces chaînes des continens il se trouva des par- ties moins élevées : les courans des eaux s’y précipitèrent comme par un pertuis. Elles en rongèrent les parois , et agrandirent les échancrures plus ou moins suivant les circons- tances locales. L'échancrure, parexemple, que présentent à Panamales chaines de l'Amérique septentrionale, et celles de l'Amérique méridio- nale , fournit un passage aux courans de l'Atlantique, qui en Tome LXVII AOÛT, an 1808. M 90 JOURNAX DE VYHY5IQUE, DE CHIMIE se précipitant à cette époque dans la mer du Sud , creusèrent de plus en plus cette gorge, et ÿy formèrent des pics isolés. La même observation peut se faire tout le long de la chaîne des Andes, qui présente plusieurs pertuis semblables. Les autres grandes chaînes des montagnes du globe offrent les mèmes phénomènes. La grandechaine des Gates , qui de- puis Ceylan traverse l'Inde et se propage jusqu'aux montagnes du "Fhibet, présente un grand nombre de ces pertuis. L'Inde aroit avoir formé une île..... Les îles Mariannes , les Philippines , les Moluques , celles de la Sonde..... sont séparées par des détroits assez ré- trécis, et qui ont été certainement élargis par des courans. « Aux Philippines un courant vient de la mer Pacifique et de » la partie du N.-E, , il traverse comme nn torrent les canaux » qui séparent ces îles nombreuses. Il s’'avance vers la Chine, » et on l’a trouvé près de ces îles portant au nord avec une » vitesse.de 20 milles par jour (1).» Puisque le courant d’est traverse comme un torrent les dé- troits qui séparent les Philippines , il n’est pas douteux qu'il ne creuse beaucoup ces détroits , et ces vallées : et si les mers venoient à s’abaisser dans ces parages , on verroit tous les bords de ces vallées coupés, creusés... comme le sont les sommités des bautes chaines de montagnes, par exemple les chaines du Mont-Blanc , appelées Aiguilles... & Dans le golfe de Tonkin, des courans font de 30 à Go milles » au Sud en 24 heures. » Romme, tome [, page 250. « Le courant du golfe du Mexique, dit Volney, s’est creusé » au fond de l'Océan un lit très-profond. Gar les sondes y per- » dent terre, ou deviennent tout-à-coup très longues.» 7a- bleau du climat et du sol des Etats-Unis , tome I , page 232. De pareils courans ont donc pu creuser le canal qui sépare les côtes de France de celles d'Angleterre, celui de Gibraltar, celui de Messine... C'est encore à cette cause que sont dues en partie ces hautes falaises , qui bordent les côtes des mers du côté où sont leurs principaux courans , comme je l'ai prouvé ailleurs. (Théorie de la Terre.) - Tous ces pics isolés , décharnés , qui furent formés par ces nn (1) Romme , Tableau des Vents, des Marées et des Courans , tome I, page 250, C’est un recueil précieux de faits extraits des voyageurs. y ET D'HISTOIRE NATURELLE. op: courans, ont ensuite été dégradés par les frimats, les eaux cou- rantes,... et ont perdu beaucoup de leur élévation. Les terrains qui formoient les parois de ces pertuis et de ces vallées furent donc divisés, et on en apperçoit encore les débris des deux côtés des nouvelles vallées, qui furent creusées à cette époque. è Les êtres organisés commencèrent à paroître sur la portion des continens, quiétoit découverte. Leurs dépouilles chariées dans le sein des mers, furent déposées au milieu des couches secondaires qui se formoient. Les courans produisirent sur ces nouvelles couches les mêmes effets quesur les terrains primitifs. Ils en ravinèrent les plaines, y creusèrent des vallées , élargirent les vallées existantes, et dégradèrent les montagnes. Enfin les eaux continuant de s’abaisser, des continens for- mèrent des chaînes , qui se trouvèrent entièrement au-dessns du niveau des mers. Les grands courans se trouvèrent dons arrêtés par ces espèces de chaussées, ou levées ; et ils furent obligés de prendre de nouvelles directions. Les courans alizés de l'Atlantique, par exemple, furent arrêtés par les chaînes des Andes. Îls ne purent plus arriver à la mer du Sud: ils furent donc obligés de refluer latéralement vers les pôles, ( Voyez la planche.) La portion de ce courant , qui étoit dansl’hémisphère austral, alla frapper contre les côtes du Brésil, et se réfléchit vers le pôle austral ; ce quiétablit un nouveau courant dans cette di- rection , lequel se prolongea jusqu’au détroit de Magellan. Anson a observé ce courant depuis l'île Sainte-Catherine jus- qu à la terre des Etats. Il pense que ce courant se prolonge le long de la côte du Brésil avec une vitesse de 30 milles par jour. Par le travers de Rio de la Plata , sa vitesse étoit encore de 14 milles par jour. Le courant après avoir doublé le cap Horn s'avance vers la terre des Etats dans le nord-est : il élonge sa côte australe , et sa vitesse devient sirapide , qu'il a l'apparence d'un torrent. Vankehlen dit aussi que sur ce mème espace le torrent se dirige au S.-S.-O. en suivant la côte , et que dans le sud du détroit de Magellan, sa direction devient sud-est et sud-sud-est (1). G) Rome, Tableau des Vents , des Marées et des Courans , tome I, page 205. M 2 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÈ L'autre portion du courant alizé de la mer Atlantique , celui de l'hémisphère boréal , étant arrêté par les côtes de la Guyane et celles de la Terre-Ferme, coule au nord dans le golfe du Mexique ; il y fait une espèce de mouvement demi-circulaire, et se porte vers les côtes la Floride, Alors il entre dans le canal de Bahama , et cotoyant au nord les rivages des Etats-Unis , il se porte vers le banc de Terre-Neuve, dont il paroît avoir formé , ou au moins augmenté les attérages , par la quantité de sables et autres substances qu’il charie. : Ce courant parcourt depuis deux jusqu'à cinq milles par heure. Sa largeur sur les côtes des Etats-Unis est en général de quinze heues. 11 laisse entre lui et la côte des Etats-Unis un eddy, ou contre- courant, qui a vingt lieues de largeur. Arrivé à la hauteur de Terre-Neuve , le courant change sa direction, et se porte d’occident en orient vers les Açores et les côtes d'Europe. Il est souvent couvert des diverses plantes qu'il apporte jus- que sur les côtes d'Europe. Le courant arrivé sur les côtes d'Europe, rencontrele cou- rant qui vient du nord, il se confond avec lui, et se porte vers les contrées équinoxiales. Il y remplace le vide qu'y fait le cou- rant alizé d'est, et se confond avec lui. Tous les navigateurs , qui partent d'Europe pour aller vers les contrées équinoxiales , rencontrent un courant venant du nord , il les porte aux Canaries , et de là vers l'équateur. Une petite portion du courant qui vient de ‘Terre-Neuve en Europe, se porte au nord, parce qu'il se confond avec le courant des côtes. Car c’est une observation générale, que les grands courans , soit ceux de l'atmosphère, soit ceux des eaux des mers , chan- gent de direction proche des côtes. Ce qui produit des eddys, ou contre-courans. C'est ce qu'on appelle vents de cûtes , et courans de côtes ( Voyez la planche ). Sur toutes les côtes en général on rencontre des eddys contraires au courant prin- cipal. Les exceptions, qui ont lieu quelquefois à cette loi gé- nérale, tiennent à des causes locales. Une observation intéressante qu’on a faite dans le courant du golfe du Mexique, c’est que ses eaux ont une chaleur assez considérable. Elles la perdent peu à peu en se portant au nord. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 95 Ce fait prouve que ce sont les eaux elles-mêmes des tropiques, dont la chaleur est — 21°, qui sont transportées au nord. Les courans du golfe du Mexique sont si intéressans pour l’objet que je traite, que je vais rapporter ce qu’en ont dit des voyageurs instruits. ‘ « La surabondance des eaux de ce courant , dit Volney (1), » après avoir tournoyé sur les rivages du Mexique , de la Loui- » siane , et de la Floride , s'échappent à la pointe de la pres- » qu'ile , sous la protection , et à l'abri de la terre de Cuba et » de nombreux écueils et îles Lucayes, qui de ce côté rompent » les efforts de l'Océan , et le cours du vent alizé. La rapidité » du courant de ces eaux dans le canal de Bahama , en méme » temps qu'elle est un fait trop connu pour y insister , devient » une preuve de l'élévation de leur source dans le golfe. Au » sortir du canal elles conservent dans l'Océan un caractère » très-distinct, non-seulement par la vitesse de leur courant, » quiest de quatre à cinq milles à l'heure, c’est-à-dire plus vif » que la Seine , mais encore par leur couleur et par leur tem- » pérature plus chaude de 5 à 10 degrés (R.) que celle de l'Océan » qu'elles traversent. Cette espèce singulière de fleuve prolonge » ainsi toute la côte des Etats-Unis avec une largeur variable, » que l'on estime, terme moyen, à quinze ou seize lieues , et il » ne perd sa force et ses caractères que vers le grand banc de » Terre-Neuve, où il se dilate comme dans son embouchure » alors dirigée vers le nord-est. » » Il paroît que l'habile navigateur François Drake , est le pre » mier, qui dès la fin du seizième siècle , remarqua ses effets, » et devina sa cause. Mais l’une des plus curieuses circonstan- » ces, celle de la température , lui échappa. Ce ne fut que vers » 1776 quele docteur Blagden faisant des expériences sur la tem- » pérature del Océan à diverses profondeurs , trouva que vers le » 31° de latitude nord , à la hauteur du cap Fear, le thermomé- » tre plongé dans l’eau , après avoir marqué 72° F.( 17 2R. ) vint » tout-ä-coup à marquer 78 F.( 20 = R.), continua tel pendant » plusieurs milles , et ensuite baissa graduellement à 16 +» puis » à145R, en s’approchant de la côte quand la sonde prit » fond, et que l'eau devint olivâtre. Ce phénomène alors nou- » veau, fit sensation en Angleterre : et Franklin qui la méme » année venoit en Europe ,et faisoit les mêmes observations, € a ————————— —_—__—_— (x) Tableau du climat et du sol des Etats-Unis , tome I, pages 230 et suivantes, 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » > » > » 2 y 2 » » » lui donna encore plus de célébrité. Son neveu et compagnon de voyage, M. Jonatham Williams, a continué et multiplié les recherches sur ce sujet, et maintenant l’on peut établir comme théorie complète les faits suivans. » 1. Le courant du golfe ( ou Go//-Strime ), marque sa route depuis le canal de Bahama , jusqu'au banc de T'erre- Neuve. » 2. Il cotoie les rivages des Etats-Unis à une distance que les vents rendent variable , maïs qui, à terme moyen, s’estime 1 à un degré ou vingt lieues. » 3. À mesure qu'ils’éloigne de son origine , il dilate son vo- lume et diminue sa vitesse. » 4. 1] paroît qu'au fond de l'Océan il s’est creusé un lit parüculier très-profond ; car les sondes y perdent terre, ou deviennent tout-à-coup très-longues. » 5. Il ronge la côte des Etats-Unis , malgré la résistance des écueils Æaiteras, qui le détournent vers l’est d'une pointe et demie de compas (1), et il menace de les détruire eux- mêmes tôt ou tard. Les îles sableuses de Bahama , les atté- rissemens de même uature sur la côte du continent, les bas- fonds de Nantuket, paroissent n'être que des dépôts formés par lui ; et je suis tenté de dire que les bancs de Terre-Neuve ne sont que la barre de l'embouchure de cet énorme fleuve marin. » 6. Sur chacun de ses côtés il forme un eddy, ou contre- courant , qui aidé du côté de terre parles fleuves du continent, arrête les dépôts vaseux qu’on nomme les sondes. » 7. De longs vents du sud-ouest le rendent moins sensible, parce qu'ils poussent les flots dans son sens : mais les vents de nord-est , en le heurtant de front, le rendent plus sail- lant , et, comme disent les marins , creusent tellement sa va- gue , que les navires à un seul pont et à haut bordage , cou- rent risque de sornbrer sous les fortes lames qu'ils em- barquent. » 8. On entre sur son domaine, quand on voit la couleur (1) Les marins disent : « Quand on est hors des écueils en mer, fond de » quinze brasses , et que du haut du mât du sloop l’on voit juste le cap » Hatteras, l’on va entrer dans le Golf-Strime , et de suite lon perd » les sondes, x ? s 2 D] » 2 » » 2 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 de l'eau devenir bleu-indigo, au lieu de bleu-ciel qu'elle est en plein Océan, et de verdâtre ou olivätre qu'elle est du côté de terre sous les sondes de la côte, Cette eau vue dans un verre est sans couleur comme sous les tropiques, et ,d'une salure plus forte que l’eau de l'Atlantique qu'elle traverse. » 9. Beaucoup d'herbes sur l’eau n'assurent pas la présence du courant : elles en sont seulement l’indice. » 10. L’onsent son atmosphère plus tiède que celle de l’Océan, En hiver , la gelée fond sur le pont du vaisseau qui y entre. L'on se trouve assoupi, et l'on étoufle de chaleur dans les entreponts. » Quelques expériences donneront des idées fixes de cette température, » Au mois de décembre 1789, M. Jonatham WVilliams parti de la baie de Chesapeck, observa que le mercure marquoit dans l’eau de l'Océan, Farenh. Réaum. » 1. Surles sondes , ou bas-fonds de la côte, 47° 6 » 2. Un peu avant que d'entrer dans le CORPS MRE LE MON NSRPU ME r60 120E DA Danstieicourant cure. reere07o 17 à » 4. Avant Terre-Neuve dans le courant.. 66 15 = » 5. Sur Terre-Neuve hors du courant... 54 10 » 6. Au-delà du banc en pleine mer....... 60 12 & » 7. En approchant des côtes d'Angleterre il baissa graduellement à................ 48 7 à » En juin 1791, le capitaine Billing allant en Portugal , observa à son départ, sur la côte d'Amérique, et dans les eauxdessondes, 61 15 » Puis dans le courant.................. 177 20 Différence, 7 R. » En hiver, M. William avoit trouvé 47 et 70 : difiérence, 23 Far. ou 10 R. » Ce que je viens d'exposer de la marche du courant du golfe Mexicain , devient un moyen satisfaisant d'expliquer deux incidens d'Histoire naturelle dignes de remarque, sur la côte des Etats-Unis. » 1°. Admettant, comme je l'ai avancé , que le courant est la cause des attérissemens qui bordent son lit, par l'abandon 06 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ÿ » que son remous y fait des matières chariées , l’on trouve une raison naturelle et simple de la présence des produits fossiles du tropique à des latitudes très-avancées vers le nord, Il est très-probable que les bancs de coquilles pétrifiées, décou- vertes en fouillant et sondant les rivages de l'Irlande (1) , et qui n'ont leurs analogues que versles Antilles, doivent leur origine à celte cause, ou toute autre semblable. » 2°. En considérant la dilatation du courant sur ce méme banc de Terre-Neuve, comme l'embouchure de cette espèce de fleuve marin , l’on obtient une raison plausible de l’af- fluence des morues à cetendroit, parce qu’elles y trouvent plusieurs substances végétales et animales chariées par les fleuves nombreux des États-Unis, et qui y sont apportées par le courant. » Au moment où cette feuille s’imprime, ajoute Volney dans une note page 239, je reçois des Etats-Unis le cinquième volume des Transactions de la Société de Philadelphie, et j'y trouve, page 90, un Mémoire de M. Strickland qui , par une série d'observations faites en 1794, allant et revenant d'Eu- rope, confirme tout ce que j'ai exposé sur les indications du thermomètre. L'auteur ajoute qu'il a reconnu une branche du Golf-Strime, dans la direction de l'ile Jaquet, et il insiste sur la probabilité du transport des fossiles tropicaux de la côte d'Irlande par les eaux de ce même courant. » Romme donne une histoire assez détaillée du courant du golfe du Mexique. » » « Le long de la côte du large de l'ile de Cuba, dit-il(tomel, p- 223 ), les courans portent à l’ouest près du capSaint-Antonio et de Colorados , ils forment des tourbillons, incertains dans ces parages, et au large , ils se portent à l’est dans le voisi- nage de la côte, avec une vitesse qui est quelquefois de deux Le milles * à l'heure : mais près de l'extrémité S.-0. de Colo- rados , il y a un eddy qui dans l’est de cette partie porte dans l’ouest..,.. » Courant de la Floride dans le canal de Bahama et au nord de ce canal. Les sources de ce courant sont les eaux que le vent alizé chasse devant lui jusqu’au golfe du Mexique. Plusieurs courans partiels forment celui de la Floride. L'un, avec une vitesseassez considérable , élongela côte d'Amé- (1) Transactions Philosophiques, tomes X et XIX, rique ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 rique , depuis le cap Saint-Augustin du Brésil , jusqu'au cap Catoche, et suit une direction qui varie au N.-0.: O. et à l’'O.-N.-O., pour se jeter dans le golfe du Mexique. Un autre courant, produit par la même cause , s'avance directc- ment vers ce golfe, en parcourant les canaux qui sépa- rent les Antilles, et en passant aussi entre l'ile de Cuba et Yucatan. Enfin il y a celui qui suit le vieux canai de Bahama, Ces courans arrétés successivement , et par l'île de Cuba, et par le grand banc de Bahama , se portent d'a- bord dans l’est pour se détourner bientôt vers le nord... Le mouvement circulaire des eaux arrivées de l'est sur le contour du golfe du Mexique , est démontré par l’obser- vation.,.. » Le courant principal change de direction de l’est-nord- est au nord, suivant les lieux qu'il parcourt entre l'ile de Cuba et la Floride, et dans le canal de Bahama. D'abord il s’avance à l'est auprès des Tortugas : détourné par les îles et les bancs de. Bahama , il se dirige vers le nord. Au-delà du cap de la Floride , sa direction est au nord+est, et il tourne de plus en plus à l’est à mesure que le courant se porte ‘au- delà des, bancs de Nantucket : et près de l'ile A/arthas- V'ineyard il y a des tourbillons d’eau dans les lieux où des bancs croisent des canaux. Là , le courant porte dans le sud de l’est, et par degrésil vient se perdre dans l'Océan Atlan- tique près desiles Açores... ( c’est-a-dire par les 40 degrés de latitude. ) » Ce courant , en se jetant dans l'Océan ; et dans sa courseau milieu de cette mer, se fait remarquer , soit par un grand clapotis sur ses bords , soit parsatempérature plus élevée en général de 5 à 6 degrés Farenh, , 2 à 2 : Réaumur, que celle des eaux de l'Atlantique. » Dans le canal de Bahama, ce courant ‘est rapide de ma- nière. à entrainer hors du canal les vaisseaux qui auroient vent debout. Sa plus grande vitesse est remarquable au miliet de sonlit,etelle varie de 4 milles à 2! milles par heure. Les vents contraires augmentent cette vitesse , et poussent la mer de telle sorte que les vaisseaux ne peuvent y résister. À Ù É » Le courant, en s’avançant dans l'Atlantique , perd progres- sivement desa vitesse et de sa chaleur. : » Sur les sondes de la côte d'Amérique ; comme äu-dédans du canal de Bahama , il y a entré le courant principal et la Tome LX VII. AOÛT an 1808. N 93 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE terre un eddy , ou contre-courant, su porte généralement au sud à raison d’un mille ou demi-mille à l'heure , et celui-ci à un lit plus large que le courant principal dirigé au » nord-est. » Les courans alizés des eaux des mers du Sud produisirent les mêmes effets que ceux des eaux de Atlantique. Ils furent arrètés en partie par les fles Mariannes, les Philippines , celles de l'Ar- chipel indien, et par une portion du continent de l'Asie ; savoir, les côtes méridionales de la Chine , la presqu'ile de Malacca ,. l'ile de Sumatra, celle de Borneo ,... la nouvelle Guinée, la nouvelle Hollande... La partie de ce grand courant alizé dans l’hémisphére boréal reflua vers les régions polaires , sur les côtesdu Japon... de là elle changea de direction et fut poussée d’occident en orient par les latitudes de 40 à 50 degrés, où elle arriva sur les côtes de la Californie. Elle rencontra le courant du nord , qui la porta vers les régions équinoxiales à Acapulco. Les navigateurs qui partent d’Acapulco pour aller aux Phi- lippines, suivent les contrées équinoxiales : mais pour revenir à Acapulco, ils sont obligés de remonter vers les 40 à 50 degrés de latitude, où ils trouvent le courant d’orient en occident, qui les ramène sur les côtes de la Californie : le quatrième courant, celui du nord, les porte ensuite à Acapulco. L'autre partie du grand courant alizé de la mer du Sud, celui de l'hémisphère austral , est dévié par les côtes de la nouvelle Guinée, de la nouvelle Hollande , et se porte versle pôle austral. Arrivé à la latitude de 40 à 50 degrés , il prend une nouvelle direction d’orient en occident , qui le porte surlescôtes du Chili , il rencontre alors le courant qui vient du pôle sud, et le ramène vers les régions équinoxiales. Mais il paroi qu’une petite partie de ce courant continue à se porter au pôle sud, comme nous avons. vu qu'une partie du courant de l’Atlan- tique qui vient de Terre-Neuve, continue à se porter au nord sur les côtes septentrionales de l'Europe. Les navigateurs pour revenir de Botany-Bay, font voile vers le pôle sud pendant quelques instans, jusqu'au-delà de 4o degrés.de latitude. Ils rencontrent le courant qui les porte sur les côtes du Chili: ils doublent le cap Horn pour entrer dans l'Atlantique ; mais en se rapprochant des côtes du Chili, on trouve un courant de côte très-large qui porte vers les ré- gions équinoxiales , jusqu'aux parages de Lima... Les courans, que nous venons de décrire dans l'Atlantique , ÿ ve ET D'HISTOIRE NATURELLE. 09 et dans la mer du Sud, s’observent également dans l'Océan indien , mais avec des modifications particulières qui dépen- dent des circonstances locales. Les côtes, qui arrétent et dévientle grand courantalizé des eaux de la mer du Sud , ne forment pas une chiine continue comme le continent de l'Amérique. Ce courant pénètre à travers les détroits de ces îles, et peut donc se faire sentir dans | Océan indien ; il se porte sur les eûtes orientales d'Afrique, celles d’Ajan, du Zanguebar, du Monomotapa. Les vents alizés d'est de ce même Océan indien influent, comme dans les autres mers, sur ce courant des eaux. Maison sait que ce vent alizé de ces mers, est singulièrement modifié par les vents particuliers appelészzoussons , qui varient suivant les saisons; ils soufflentsix mois, depuis avriljusqu’en septembre, au S.-S.-0. ,et six autres mois au N.-N-.E. Les courans des eaux y éprouvent donc les mêmes modifications. Tous ces faits, qui ont été bien constatés par les naviga- teurs, prouvent qu’'actuellement les eaux des grandes mers éprouvent en général quatre courans principaux. ( Voyez la Planche. ) a. Le premier est le courant alizé d'est, qui porteles eaux d’orient en occident , avec une vitesse assez considérable. « Les » courans de Madère aux Isles-du-Vent, sont estimés porter » au nord-nord-ést et nord-nord-ouest, et faire entre les tropi- » ques environ quinze milles par jour. » Aomme , tome I, page 214. b. Le second est un courant qui déviant le premier à une certaine distance des côtes , porte les eaux équinoxiales vers les régions polaires , soit au nord, soit au sud. Celui du golfe du Mexique parcourt depuis deux jusqu'à cinq milles par heure. c. Le troisième qui a lieu par 3o à 5o° de latitude, a une direction contraire à celle du premier, c'est-à dire qu'il porte les eaux d'occident en orient, jusque par les 4o à 5o degrés de latitude. d. Le quatrième venant des pôles , a une direction contraire à celle du second, et porte les eaux des régions polaires aux régions équinoxiales , jusque par les 60 à 50 degrés de latitude. Il charie les glaces jusqu’au banc de Terre-Neuve dans l'hémisphère boréal , et on le retrouve à la méme latitude dans l'hémisphère austral. N 2 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La masse des eaux des mers avant l'apparition des continens étoit donc assujétie à un mouvement semblable à celui de l’at- mosphère. Un courant général les transportoit d’orient en occi- dent sous les régions équinoxiales. Des courans latéraux de nord et de sud venoient se confondre avec ce courant vers l'occident, Ceci en suppose un troisième pour remplacer les eaux qui venojent des pôles. C’étoit un courant qui à une certaine lati- tude avoit lieu au fond des mers. Car les eauxdes régions polaires étant plus froides que celles des régions équinoxiales , sont plus pesantes. Lorsque ces eaux polaires étoient arrivées à une certaine latitude, celle de 50 degrés environ , elles rencontroient des eaux moins froides ; alors elles se précipitoient au fond des mers pour gagner les régions équinoxiales. Ce courant correspond à celui de l’atmosphère, qui rasant la surface de la terre, apporte des régions polaires un air froid qui remplace l'air chaud qui s’est élevé sous les régions équi- noxiales. Mais après l'apparition des continens , et dans l’état actuel, les courans des mers changèrent , parce qu'ils furent arrêtés par divers continens. a. Les eaux de l’Atlantique sont arrêtées par le conti- nent de l'Amérique. Celles du côté boréal , après s’être portées sur les côtes des Etats-Unis, reviennent sur elles-mêmes à la hauteur des Açores , pour remplacer le vide que le cou- rant avoit fait. Les eaux qui viennent du pôle boréal, contribuent à remplacer ce vide. Elles sont fournies par des courans qui arrivent de la mer du nord. b. Le courant austral de l'Atlantique se porte du côté du pôle austral , il revient ensuite de pos en orient ; et remplace le vide qu’il avoit fait sur les côtes d'Afrique. Les eaux, qui arrivent du pôle austral, y contribuent éga- lement. c. Le grand courant alizé de la mer du Sud , arrété par les Philippines, la nouvelle Hollande... revient vers la Californie, et le Chili. De nouveaux courans des côtes remplacent le vide qu'il avait fait. Les eaux de ces courans des côtes sont fournies soit par ces courans secondaires, dont nous venons de parler, si par les eaux apportées par les courans qui arrivent des pôles. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10t d. Le vide que fait le courant de la mer des Indes, qui se porte sur les côtes d'Afrique, est remplacé soit par les eaux qui se font un passage au travers des îles de l’Archipel indien, soit par les eaux qui viennent du pôle austral. C'est par ces moyens que l’équilibre des eaux des mers est maintenu. Les courans des eaux qui viennent des pôles se font d'abord à la surface des mers jusqu'à une certaine latitude de 60 à 50 degrés , comme le prouvent les masses immenses de glaces qu’ils charient à ces hauteurs ; mais rencontrant alors des eaux plus tempérées , ces eaux polaires gagnent les fonds des mers, et se rendent par des courans inférieurs vers les régions équi- noxiales (1). Mais indépendamment de ces courans généraux , les eaux des mers éprouvent un grand nombre de courans particuliers, dont l’existence a été constatée par les navigateurs ; et modi- fient tellement les courans généraux , qu'on les reconnoit difli- cilement. Ils sont produits par des causes locales dont les prin- cipales sont : a Des vents particuliers produits par la chaleur du soleil, qui varient suivant que cetastre passe d’un tropique à l’autre: ceci est particulièrement remarquable dans les #2oussons de l'Inde. & Les brises de mer et de terre. c Les pluies de longue durée, qui ont lieu dans les régions équinoxiales particulièrement. d Des tempêtes, des tornados. ... e Des trombes de mer. f Les grands fleuves , tels que l'Amazone , l'Orenoque , la- Plata , le Saint-Laurent ,... en arrivant dans les mers, y pro- duisent des courans plus ou moins considérables. « Le courant qui sort du lit de la rivière des Amazones, se » fait sentir au loin en mer, et il se dirige ordinairement au » N.-E. » dit Romme , tome I, page 214. g Des fleuves sous-marins, en arrivant dans les mers , y pro- duiroient les mêmes effets. A On avoit supposé l'existence de certains gouffres, tels (1) La température des eaux de la mer proche Péquateur à Cumana , est de 21 degrés, m’écrivoit Humboldt ( Journal de Physique , tome 53, p.61). La température de ces mêmes eaux, à leur surlace , proche les zones glaciales, est presque à zéro. 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que le fameux Maëstrom sur les côtes de Norwège ;... mais leur existence ne paroït pas suflisamment prouvée. ë L'éruption des volcans sous-marins, et de ceux qui sont proche de mers , cause dans leurs eaux des mouvemens plus ou moins considérables. k Les courans des côtes. Î La direction des courans est souvent changée par des causes locales. & À la surface des mers, dit Romme (1), beancoup de cou- » rans accidentels résultent , soit du choc des courans primitifs » sur les côtes qu'ils rencontrent, soit de l'élévation qu'ils font » prendre aux eaux qu'ils apportent sur le rivage au-dessus de » leur niveau général. C'est ainsi que dans certains parages , des » courans paroissent opposés aux vents régnans : d'autres sont » des retours de courans ; d’autres inférieurs ont des directions » contraires à celle qu'on remarque à la surface. » m Il ya des courans particuliers dont les causes ne sont pas bien connues , tels sont les courans du lac de Genève qu'on appelle seiches ( Saussure, $ 20), qui en élèvent subitement les eaux de quatre à cinq pieds , et Les abaissent aussi prompte- ment: ces alternatives se succèdent pendant quelques heures. Les ras de marée... n Les grands courans sont toujours accompagnés de contre- courans ou eddys, c’est-à-dire d'un courant dont la direction est opposée à celle du courant principal. Nous avons vu qu'on observe constamment Le long des côtes des courans opposés au courant principal. Différens navigateurs parlent de courans opposés dans les mèmes parages ; c'est que les uns étoient dans le courant prin- cipal, et les autres dans l’eddy. Le courant principal d’un détroit se trouve ordinairement au milieu du détroit : mais très-souvent il y a deux eddysaux parties latérales. 1 __ o Dans quelques courans, comme dans des détroits, il ya presque toujours un courant inférieur opposé au supérieur. À Gibraltar, par exemple , il y a un courant supérieur , qui porte les eaux de l'Océan dans la Méditerranée , et un courant in- lérieur qui porte de la Méditerranée dans l'Océan. (1) Tome I, page 194. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 105 Dans la planche, qui est jointe ici , je n'ai eu égard qu'aux courans généraux , sans pouvoir entrer dans ces détails par- ticuliers. Les effets des courans sur les terrains primitifs, dont nous avons parlé , continuèrent d'avoir lieu après que les continens furent découverts, et peut-être plusieurs de ces terrains ra- vinés , divisés ,... ne l’ont-ils été qu'à ces dernières époques. Il est peut-être impossible d'assigner si ces eflets ont été pro- duits antérieurement ou postérieurement à l'apparition des continens. Ces mêmes courans agirent également sur les terrains secon- daires, qui contiennent des débris des êtres organisés. Ils y produisirent des effets analogues à ceux qu'ils avoient produits sur les terrains primitifs. a Ils en sillonnérent les plaines, et y creusèrent des vallées ; ils élargirent les vallées formées antérieurement : enfin ils dégradèrent plus ou moins les montagnes. b Des terrains secondaires ainsi creusés par les courans, présentent aux deux côtés correspondans de la nouvelle vallée, et à la mème hauteur , des couches analogues de substances semblables , soit calcaires , soit gypseuses , soit schisteuses , soit bitumineuses... Ces phénomènes s'offrent à chaque instant au géologue qui voyage. Ils sont très-sensibles dans les environs de Paris, sur- tout dans les couches de plâtre.... Le peu de duretédes substances, qui forment les terrainssecon- daires , est cause que la plus grande partie dece quiavoit été dé- taché par les courans fut réduite en partie terreuse ; elle se dé- posa sous forme d'argile, de marne.... On trouve dans tous les terrains de Paris, une quantité immense de ces dépôts marneux , argileux... Quelques portions néanmoins , comme les silex, si abondans dans les terrains secondaires, résistèérent à l’action des cou- rans. Ils formèrent des galets , tels sont ceux des plaines des Sablons, de Montrouge, ... dont j'ai parlé précédemment. Il arriva quelquefois que ces galets furent agglutinés par un ciment quelconque. Ils formérent des pouddings , souvent très- volumineux, tels que ceux que l’on voit du côté de Nemours, de Montargis....., : Des pierres calcaires dures , comme les marbres, purent éga- lement faire des brèches , ou des pouddings.... IL continuoit à se former de nouvelles couches secondaires 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans le sein des mers, particulièrement dans celles qui sont irès-profondes : et vraisemblablement il s'en forme encore journellement. Les diverses substances, qui formoient ces nouvelles cou- ches secondaires , soit celles qui sont cristallisées , comme les calcaires , les gypses,... soit celles qui ne le sont pas, comme les marnes , les argiles,... furent quelquefois transportées çà et là par les courans. Ces nouvelles couches furent souvent déposées horizontalement ; mais d’autres fois elles le furent d’une manière plus ou moinsinclinée , parce que la force des courans les porta sur le flanc des montagnes. Les courans charièrent en même temps les sables, les co- quilles et les autres débris des êtres organisés qui reposoient au fond des mers. Ils les déposèrent au milieu des nouvelles cou- ches cristallisées , ou non cristallisées qui se formoient. Quand on considère les grandes couches de pierres calcaires qui sont autour de Paris , on ne sauroit douter que les sables et les co- quilles fossiles nombreuses dont elles sont remplies , n’y aient été déposées par des courans ; puisqu'elles y forment diffé- rens lits, Les portions qui avoient une certaine consistance, telles que les ossemens des mammaux, n’ont presque pas été altérées; ce qui indique qu'ils ne furent transportés qu'à de très-petites dis- tances. Mais il est certain qu'ils ont été transportés, puisqu'on ne trouve ordinairement que quelques os séparés , et que très- rarement les os du mème animal sont réunis. Mais les coquilles plus fragiles furent le plus souvent brisées, comme on le voit dans les falhunières de la Touraine, à Grignon , à Courtagnon:.., il y en eut cependant quelques- unes assez bien conservées ; celles qui sont au milieu des pierres calcaires sont rarement entières. - Les grands amas de coquilles fossiles, comme ceux des falhunières, de Grignon ,... offrent un nombre considérable de diverses espèces, et dont on ne trouve aujourd'hui les ana- logues que dans des mers très-éloignées. Ainsi on trouve cinq à six cents espèces fossiles à Grignon , dont quarante à cin- quante analogues, qui vivent dans des mers différentes : telles que Le trochus agolutinans, la fripière, fossile à Grignon, L'analogue vit dans les mers de l'Amérique méridionale, Le pyrula ficus, fossile à Grignon, L'analogue vit dans les mers des Indes, Le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 Le murex tripterus , fossile à Grignon. L'analogue vit dans l'Atlantique. sons ss... ons ...... ss... CEE On pourroit donc supposer que les coquilles de ces dépôts ÿ ont été apportées par les grands courans ; car on ne trouve pas aujourd'hui dans les mêmes mers ces diverses coquilles réunies. Les courans généraux parcourent des espaces considérables. Celui du golfe du Mexique , par exemple , part des côtes d’A- frique , et se porte sur celles d'Amérique entreles tropiques. Il remonte ensuite au nord jusqu'à Terre-Neuve, d’où il revient sur les côtes d'Europe. Il a donc pu dans ce long trajet charier quelques-unes des coquilles déposées sur ces terrains qu'il a parcourus. Supposons qu'il vienne les déposer dans quelques endroits , comme à Grignon... on pourra donc dans ces amas trouver des coquilles, dont les animaux ont vécu dans diflé- rentes contrées éloignées les unes des autres. On pourroit objecter que si les coquilles avoient été appor- tées de distances aussi éloignées , elles seroient toutes brisées! . Je réponds qu’effectivement le très-grand nombre de ces co- quilles est brisé. Celles qui ne le sont pas n'ont pu se con- server que parce qu'elles étoient comme enveloppées par la masse. : Ces mêmes courans ont pu apporter à différentes époques, dans les diverses couches d'une même montagne , des coquilles différentes. | Dicquemare a fait voir (1), que le fond de la mer de la Manche change quelquefois. Daprés a étendu la même observation dans toutes les mers (2). Supposons donc qu'il se soit formé à une époque quelcon- quea, des couches A. au fond de la Manche, et qu’il y ait été déposé telles espèces de coquilles. Supposons qu'à une époque postérieure b , il s'y soit formé d'autres couches B, et qu'il y ait été déposé d’autres espèces d: coquilles. ÿ Supposons la même opération à une troisième époque c, ss... CPP ntm On voit qu'il se seroit formé de cette manière dans un méme (1) Journal de Physique , tome VI, p. 438, et tome XVIII, p. 395. (2) Neptune oriental. Journal de Physique , tome VI, page 332. Tome LXVII. AOÛT an 180$, O 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE terrain diverses couches qui contiendront chacune des coquilles différentes. Les courans à leur surface charient pareillement des plantes; il est reconnu que celui du golfe du Mexique en charie quel- uefois des quantités très-considérables , qu’on voit à la sur- face dela mer, et qu'il les apporte jusque sur les côtes de l’Europe. Ces plantes peuvent donc également se déposer au milieu des nouvelles couches qui se forment : et on peut faire à l'égard de ces plantes les mêmes observations que nous ve- nons de faire à l'égard des coquilles. On vient de trouver , par exemple, dans des couches cal- caires à Châtillon proche Paris, des plantes exotiques parfai- tement bien conservées : les feuilles sont étendues de manière à faire voir qu'elles ont été dépostes sans être froissées. On peut supposer qu'elles y ont été apportées par les courans dont nous parlons. D'autres causes sans doute ont pu concourir également à ces effets : la température , par exemple , de divers climats a beau- coup changé ; par conséquent tel animal , telle plante quine pour- roient plus subsister aujourd’hui à la température actuelle detelle contrée , y ont pu vivre autrefois... Ces grandes coquilles de cornes d'ammon, par exemple, qu'on trouve si abondamment dans certaines couches... n’auroient pu que diflicilement être transportées à de certaines distances par les courans... On peut donc supposer que les animaux qui les habitoient , vivoient à peu près dans les contrées où on Îles trouve, ainsi que les mam- maux dont nous venons de parler... Cette supposition acquiert encore plus de poids , lorsqu'on considère que parmi les fossiles il yen a.un très-grand nombre dont on ne connoît pas les ana- logues ; ... mais ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans tous ces détails. On observe aussi quelquefois au milieu de certaines couches des coquilles fluviatiles. Elles auront pw y étre apportées par les courans des fleuves. Nous avons vu que tous les fleuves charient dans les bassins des mers une quantité considérable de diverses substances , qu'ils ont détachées dans leurs cours : la plus grande partie de ces substances est arrétée par les eaux de la mer à une certaine distance de l'embouchure du fleuve, et s’amoncèle pour former ce qu’on appelle la barre. Mais une autre partie est emportée sur lé fond de ces mers. Au milieu de ces substances entrainées par les eaux du fleuve, il doit se trouver des coquilles fluviatiles , dont la plupart seront ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 brisées ; mais quelques-unes pourront étre conservées , et être déposées au milieu des couches , comme nous avons vu que cela a lieu pour les coquilles marines. Cette action des courans a été reconnue par tous ceux qui se sont occupés des phénomènes géologiques ; mais 1l semble qu’on ne l’avoit envisagée jusques ici que d'une manière particulière. Je pense qu'il faut au contraire remonter à l’action générale des grands courans dont nous venons de parler , et qui ont produit des effets si considérables. Saussure a eu recours à l’action des courans pour expliquer plusieurs faits géologiques. « Leseaux de l'Océan , dit-il (1), dans » lequel nos montagnes ont été formées, couvroient encore une partie de ces montagnes , lorsqu'une violente secousse du globe ouvrit tout-à-coup de grandes cavités , qui étoient vides auparavant, et causa la rupture d’un grand nombre de rochers. » Les eaux se portèrent vers ces abymes avec une violence » extrême , creusèrent de profondes vallées, et entrainèrent » des quantités immenses , de terres, de sables , et de fragmens » de toutes sortes de rochers. Ces amas à demi liquides, chassés par le poids des eaux , s'accumulèrent jusques à la hau- » teur où nous voyons encore plusieurs de ces fragmens » épars...» Il explique par ces courans l’origine de ces cailloux roulés qui se trouvent si abondamment dans toute la chaîne des Alpes , et principalement à l'entrée des grandes vallées; ..... mais il n’a égard qu'au courant qu'il suppose avoir été produit par l'affais- sement de quelque grande caverne... Je pense au contraire que, sans exclure l'action de la cause dont il parle, les courans des mers, dont nous venons de faire l'histoire, ont eu la plus grande part à ces effets. Dolomieu a eu recours à l'action des courans pour expli- quer divers phénomènes géologiques qu'il avoit observés dans les Alpes (2). Il pense que les hautes chaînes granitiques de ces montagnes ont été recouvertes par un calcaire secondaire , jusqu'à la hauteur de deux mille toises, comme par un man- teau : et que ce manteau a ensuite été déchiré en plusieurs endroits, es (1) Voyage dans les Alpes , & 210. (2) Journal de Physique , tome 46, page 424. 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « Maisily a ceci de particulièrement remarquable, dit-il p. 426, » c’est que l'invasion du calcairesecondaire sur le primitif, paroît » être venue ici de l’est, du nord-est, et du nord : que dans son » mouvement progressif il a rencontré la chaine primitive des » Alpes, qui pourtant ne l’a pas entièrement arrêté, car il semble » s'être élevé contre cet obstacle par l’effet d’une grande force » impulsive , sans parvenir à la franchir , de sortequ'il n'a puse » déverser de l’autre côté pour recouvrir la face opposée qui » regarde le sud. Aussi du côté de l'italie , le calcaire secondaire » n’est point adossé contre les roches primordiales, et ne les » recouvre point. » Dolomieu suppose que ces dépôts (qui ne sont pas aussi considérables qu'il l’a cru ) , ont été faits postérieurement à la retraite des eaux des mers. Il a recours à des marées de huit cents toises pour produire ces effets. Nous ne connoissons aucune cause qui ait pu produire de pareilles marées. Mais il vaudroit mieux supposer que ces dépôts ont été faits avant que les eaux des merseussent abandonné ces contrées. Les courans généraux à cette latitude viennent du nordet del'est. Ils auront pu apporter sur les flancs des montagnes primitives des matières calcaires tenues en dissolution , et les y déposer , ainsi que nous l’avons dit. Ramond a cherché également à expliquer par l'action des courans l’origine des couches inciinées qu'il a observées dans les Pyrénées , ainsi que celles des sables qui s'y rencontrent dans toutes les couches secondaires (3). « Les eaux , dit-il, déposoient les couches secondaires, quand d'impétueux courans partis du sud , sont venus trou- » bler l’ouvrage,en poussant dans le dissolvant des jets du limon, » du sable et des débris dont ils étoient chargés. La lutte des » deux masses qui se heurtoient, les, efforts répétés de l’une » et la résistance de l’autre, voilà ce qui se retrace dans le » désordre des montagnes intermédiaires que je décris. Le choc » des eaux , le tournoiement de leurs flots, voilà ce que me » représentent les veines contournées de ces roches. C’est une » mer quise fige au moment de la tourmente, et dont l'agi- » tation , se peint encore dans ses ondes pétrifiées. » Il dit encore, page 115: « Ces sables qui se mélent à toutes les (4 Ÿ — "GT (:) Voyage au Mont-Perdu, page 109, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 » matières dont la chaîne secondaire se compose , ne les voit- » on pas arriver du midi pour envahir le nord ?» Et page 317: « Si l’on combineles dispositions des couches » avec la direction générale de la chaine (des Pyrénées ), on » regardera comme très-probable que l'invasion s’est effectuée » dans le sens du sud-ouest au nord-est... » Il n’assigne point la cause de ces courans. En supposant toutes ses observations exactes, il faut dire que ces effets ont été produits par l’action des courans dont nous venons de faire l'histoire , avant que ces eaux des mers eussent abandonné ces montagnes. Chambrier a cherché à expliquer par les mêmes courans, l'o- rigine des pouddings qu'il a observés dans une partie de la Suisse (1). « Les plus anciens pouddings, dit-il, Sont ceux qui se trou- » vent entre autres lieux près d’Engi dans le canton de Giaris, » à Mels, et sur les bords dû lac Vallenstadt , au-dessous des » montagnes calcaires qui l'environnent. La pâte en est schis- » teuse;... elle renferine desquariz, des stéatites... Ils ontdes » rapports de composition et de gisement avec ceux de la » Valorsine...» j Le Rigi et une partie du Niesen sont formés de pouddings bien differens des premiers:.. ils renferment dés schistes micacés, du quartz , du mica, des jaspes rouges ou verts, des porphyres , des pierres calcaires noires ayec des veines de silex... Ces mêmes pouddings se trouvent au nord-est du lac de T'houn... On les rencontre encore dans la direction des lacs de Neu- châtel , de Bienne , du cours de l’Aar. La plupart de ces pouddings ont paru à l’auteur étrangers aux montagnes de la Suisse ; il croit qu'ils ont été apportés des Vosges, où il a trouvé des pierres analogues. Il suppose que des courans violens sont venus du côté des Vosges. « Les eaux ; », dit-il, portées tout-à-coup au midi, auront entrainé dans » leur cours tout ce qui se sera trouvé sur leur passage : les » granits, les porphyres détachés des Vosges n’aurent pu résister » à leur violence: ils auront franchi le Jura, et des montagnes » plus élevées ( les Hautes-Alpes) auront pu seules les arrêter. » Amoncelés avec les débris de ces dernières, ils auront a. (1) Journal de Physiqué , tome LXI 5 page 25r. 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF » donné naissance au Rigi et autres montagnes du méme, » genre.» Toutes ces masses se sont agglutinées avec les grès, et for- mérent des couches à peu près continués ,'qui sont restées assez long-temps dans cet état... Il est facile d'expliquer tous ces effets par des courans gé- néraux qui venoient du nord pour se porter à l'équateur, Les observateurs, sont remplis de faits analogues à ceux rap- portés par Saussure, Dolomieu , Ramond,. Chambrier... On doit également en rechercher le plus souvent les causes dans l'action des courans généraux , avant que les eaux se fussent retirées de dessus ces continens. Nous avons vu que les courans acquièrent souvent un mou- vement de tournoiement, ou de tourbillon, tels que ceux du golfe du Mexique proche Cuba ;... ils ont jour lors creusé des espèces de vallées circulaires, telles qu'on en trouve dans quelques endroits. Les tours de Marboré, par exemple dans les Pyrénées, sont des montagnes élevées de 1764 toises, qui offrent dans leur inilieu une espèce de cirque. On peut supposer que ce cirque, qui paroît avoir formé un lac, a été creusé en partie par un mouvement de tourbillon des grands courans... On demandera peut-être pourquoi ces grands phénomènes , dont parlent Saussure, Dolomieu , Ramond, Chambrier,.., n'ont été produits que dans certaines circonstances. Il faut supposer qu'ils ont été les effets de courans particu- liers. Des violentessecousses de volcans sous-marins , parexem- ple , auront pu donner aux courans une nouvelle activité , et leur faire produire ces effets surprenans. Quelque grande éruption des volcans sous-marins de la Méditerranée aurà pu donner à des courans une impulsion assez forie pour les porter sur les flancs des Pyrénées, et y produire les effets dont parle Ramond. Les volcans sous-marins des rives du Rhin auront pu donner aux courans une impulsion suflisante pour produire les effets dont parlent Chambrier , Dolomieu , Saussure... D'autrés causes, telles que des tempêtes, des tornados,.. auront pu concourir aux mêmes effets. Je ne nierai même pas qu'il y ait.eu peut-être des irruptions de l'Océan , qui auroient produit des effets considérables ; mais je pense qu'il faut être réservé sur ces suppositions. La physi- que ne connoilt dans les lois ordinaires de la nature aucune ET D'HISTOIRE NATURELLE, 111 cause quiait pu élever à une certaine hauteur la masse générale des'eaux de l'Océan. - Etil est toujours fâcheux d’étre obligé en physique de recourir à des causes extraordinaires. On pourroit objecter que ces dépôts, et ces nouvelles cou- ches supposées étre les effets des courans , ne se trouvent pas toujours dans la direction qu'ont eue les courans primitifs. Mais nousavons vu quela direction primitive des grands cou- rans est souvent changée par des causes locales, telles que l'ac- tion des volcans sous-marins , celle des tempêtes, des ouragans, - des tremblemens de terre, La direction des grandes vallées, qui forment actuellement les bassins des grands fleuves, a souvent fait changer de di- rection aux courans. ; La direction des détroits qui séparent les grandes îles, a pro- duit les mêmes effets. Ainsi le courant qui est à l'est dans le détroit situé entre Borneo et Celèbes, a été obligé de se dé- tourner au sud. Le courant, qui est entré à l’est entre Sumatra et la pres- qu'ile de Malaca , a été obligé de se détourner au nord... Quoique cette action des courans soit bien prouvée par tous les faits que nous venons de rapporter , dn ne peut disconvenir que des savans distingués ne lui aient attribué de trop grands effets. C’est ce qui arrive assez souvent. Hall , à qui la science doit de si belles expériences, suppose que tous les terrains primitifs ont été autrefois recouverts par des terrains secondaires , et que ces derniers ont été emportés par des courans. « Une série importante de faits, dit-il (1), prouve que les » couches actuelles de la surface de la terre, qui ontété sous- » marines, ont aussi été souterraines. Tout indique qu'une » grande quantité de matière a abandonné la surface actuelle » de notre globe , et des dépôts énormes de fragmens détachés » évidemment de masses semblables à nos roches ordinaires, » attestent l’action de quelque cause puissante de destruction. y L'analogie nous conduit aussi à croire que toutes les » roches primitives ont une fois été recouvertes pur des se- » condaïres. Cependant des régions très-vastes n’offrent aucune » roche de cette nature.» (1) Expériences sur les effets de la chaleur , etc. page 226. 112 JOURNAL DPF PHYSIQUE, DE CHIMIE « Le docteur Hutton attribuoit ces changemens à l'action » long-témps continuée de ces causes , qui ne cessent point au- » jourd’hui d'attaquer la surface de la terre, telles que les » gelées, les pluies, les inondations ordinaires des rivières » gt qu'il considère comme ayant toujours agi avec la même » force dans le temps. Mais je nai jamais pu admettre cette » opinion , ayant adopté de bonne heure celle de Saussure ,.…. » j'étois alors convaincu, et je n'en suis pas moins persuadé » actuellement que : » Des courans immenses , assez profonds pour dépasser nos » montagnes, ont balayé la surface du globe, creusant des » vallées, rongeant latéralement des montagnes , et emportant »” avec eux tout ce qui pouvoit résister à cette puissante » érosion. » Si de pareils agens ont travaillé dans les Alpes , il est difli- » cile de concevoir que nos régions en aient été à l'abri. J'ai » donc cherché à trouver dans notre pays des traces d’opéra- » tions analogues , je n'ai pas été long-temps sans en découvrir x en quantité.» £ d On voit que Hall suppose des courans qui, après la produc- tion des êtres organisés, ont surpassé les montagnes les plus élevées, ont balayé la surface actuelle du globe, et emporté les terrains secondaires , qu'il suppose avoir couvert tous les terrains primitifs , tandis qu'une grande partie de ces terrains primitifs est aujourd’hui à découvert. Enfin tout indique, dit-il, qu'une grande quantité de matière a abandonné la sur- face actuelle de notre globe. Je crois que la plupart de ces suppositions ne sont pas fondées, çar on pourroit lui demander, 1° Ce qu'est devenue cette grande quantité de matière, qu’il suppose avoir abandonné la surface du globe ? 2° Quelle est la cause qui a produit les courans , qu'il sup- pose avoir surpassé les plus hautes montagnes après la produc- tion des êtres organisés, c'est-à-dire après la retraite des mers? de opel e je plan ejpoiplo ie broere 010 9 cue)e one e ns 6,e,o,e » sfr ep) eo nine jee pe se o © Il ne sauroit répondre à aucune de ces deux questions. Il ne faut donc pas donner à l’action des courans des effets plus étendus que ceux que leur assignent des faits bien constatés, DE L'ACTION ET D'HISTOIRE NATURELLE, 113 DE L'ACTION DE COURANS PRODUITS PAR LES DÉBACLES DES LACS. Sulzer a fait voir que la débacle simultanée de plusieurs lacs placés les uns au-dessus des autres, produiroit de grandes vallées (1) ; leurs eaux dans leurs courses rapides sillonneroïent les terrains qu’elles traverseroient , en entraineroient les terres, et formeroient ainsi d'immenses vallées : la profondeur de ces vallées paroîtroit augmenter la hauteur des montagnes dont elles seroient entourées. Il est assez vraisemblable , par exemple, qu'à une époque plus ou moins éloignée, le lac de Genève s’élevoit à une assez grande hauteur sur le Jura , et que la vallée , par laquelle il s'écoule au fort l’Ecluse , n'existoit pas. I] s’est frayé subitement un pas- sage par cette vallée. On sent quels effets une aussi grande masse, qui s'écouloit avec une vitesse prodigieuse, a dù pro- duire. Elle a excavé cette vallée profonde et étroite, et dans son cours impétueux elle a entrainé tout ce qui s’opposoit à son passage. Le courant a pu se diriger vers un côté plutôt que vers un autre. Il a pu gagner, par exemple, du côté du mont Salève qu'il aura rongé, Hide, et coupé à la hauteur de plusieurs centaines de toises. Quelques collines , quelques montagnes auront pu méme être entièrement renversées. Tous ces débris , sous forme degalets, de pierres roulées , auront été chariés au loin, et peut-être jusqu'aux limites dela Méditer- ranée dans ces temps-là , c’est-à-dire aux environs de Lyon : ils auroient pu y former des collines : car les galets nombreux dont sont composées les collines des environs de Lyon, et les plaines du Dauphiné adjacentes , y ont sans doute été apportés par les débacles du lac de Genève , que nous venons de supposer ; ou par celes d’autres lacs de ces cantons, par exemple de celui de la Maurienne : car on ne sauroit dire qu’ils ont été apportés par la débacle de quelques lacs du Jura, puisque ces monta- gnes du Jura sont toutes calcaires, et que ces galets des en- virons de Lyon et cette partie du Dauphiné, sont presque tous composés de pierres des terrains primitifs , quartz, ser- pentines , talcs, granits... On a des preuves convaincantes que plusieurs des nombreux (1) Mémoires de l’Académie de Berlin , 1762. Tome LXVII, AOÛT au 1808. P 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIr lacs de l'Amérique septentrionale ont éprouvé de pareilles dé- bac'es, Ils ont donc dù élargir les vallées par où ces débacles se sont faites , et mème en creuser de nouvelles. J'ai rapporté ailleurs (Théorie de la Terre } des preuves de pareilles irruptions qu'ont faites des lacs, et même des mers Méditerranées. On doit donc regarder comme certain que toutes ces déba- cles de lacs ont singulièrement altéré les terrains par où elles se sont écoulées. Elles ont creusé de grandes échancrures dans les lieux où étoient leurs chaussées. Elles ont sillonné les lieux situés au-dessous, et ont entrainé tous ces débris jusque dans le sein des mers les moins éloignées à ces époques. DEL’ACTION DES COURANS PRODUITSPAR LE COURS DESYLEUVES,€tC. Les eaux courantes à la surface des continens, creusent sans cesse leurs lits dans les hautes montagnes, en suivantles pentes des grandes vallées. La profondeur de ces vallées en est augmentce d'un Côté, tandis que la hauteur des montagnes qui les bordent doit paroïtre plus considérable. Les eaux des pluies dans ces mêmes montagnes élevées, la fonte des neisés... produisent souvent des cascades plus ou moins profondes : quelques-unes ont plus de cent pieds de chute. Des torrens passagers, qui les sillonnent profondément, y creusent des ravins, et en alièrent assez sensiblemert la forme primitive. Il faut voyager dans les hautes montagnes, dont les pics sont élevés, pour reconnoitre toute l'énergie de cette cause, dont les effets ne sont jamais interrompus. Les eaux des fleuves n’agissent que dans la direction des grandes vallées ; les eaux pluviales , et la fonté des neiges agissent dans tous les sens , en retombant sur les flancs des montagnes de tous les côtés. Rencontrent-elles des bancs d’une pierre dure ? elles y exercent peu d'action; mais si elles tombent sur des pierres tendres, dans des couches argileuses , schisteuses, mar- neuses ,... elles les détériorent singulièrement et en charient les débris dans les vallées les plus prochaines où elles forment des atttrissemens.... * Ces débris entrainés par les eaux des pluies, des neiges , des fleuves ,... sont ensuite remaniés par celles des lacs et des mers. Ils forment quelquefois de nouvelles couches pierreuses, . parce que ces eaux tiennent en solution des terres quartzeuses, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 11 magnésiennes , argileuses , calcaires,... lesquelles servent de ciment ou de gluten. Ces eaux venant à couler à travers ces atié- rissemens , y déposent ces cinens; elles en forment ou des pouddings, ou des brèches ,... qui varient suivant la nature de ces cimens , et celle des pierres qui en sont agglutinées... Nous en avons vu plusieurs exemples dans les grandes montagnes, les Alpes, les Pyrénées... Mais le plus souvent les débris des montagi.és chariés par les fleuves, forment de simples attérissemens terrexx , tels que le Delta en Egypte, et tous les dépôts que font les prands fleuves à leur embouchure dans la mer ; tels sont les immenses amas de sable que le Rhin, la Moselle... forment sur les côtes de Hollande , ceux que le Rhône forme à son embouchure, ainsi que le PÔ, le Danube ,... Les fleuves des Amazones , de 1 Orenoque, de la Plata... Les faits que nous venons d'exposer ne laissent aucun doute sur l'action que les courans ont exercée à Ja surface de la terre. Les cours des fleuves, les débacles des lacs ont raviné plus ou moins profondément les terrains qu'ils ont parcourus, Ils ont creusé des valiées plus ou moins profondes , ont élargi celles qui existoient, les ont encombrées de cailloux roulés, de sables et d’attérissemens , et quelquefois en ont formé des montagnes assez élevées... Mais les grands courans des eaux des mers ont produit des phénomènés d’un ordre bien supérieur. Ceux qui existoient avant l'apparition des continens ont élargi les vallées des ter- rains primitifs , en ont sillonné les plaines et degradé les mon- tagnes. e Ils ont produit les mêmes phénomènes après l'apparition des continens, et sur les terrains primitifs, et sur les terrains secondaires. Néanmoins on auroit tort de vouloir attribuer à cette action des courans , l’excavation de toutes les vallées, et la formation de toutes les montagnes. Certainement ceux qui ont visité les grandes chaînes, reconnoîtront bientôt l'impossibilité que des inasses de montagnes comme Je Mont-Cenis , le Mont-Blanc, le Saint-Bernard , le Saint-Gothard ,... et les vallées qui en sortent , aient été formées par l'action des courans. Les vallées dexSion, des Chamouni d'A ost.. au ER MR ont pu être élargies par les courans, mais n’en ont pas été formées, | Il faut donc econnoître avec moi, que dans la formation P 2 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE primitive les grandes chaînes des montagnes et des vallées ont été faites par cristallisation ; que les montagnes et vallées se- condaires , faites également par cristallisation , se sont le plus souvent modelées sur les terrains primitifs ; mais d’autres fois leur forme est également le produit de la cristallisation. ... Tous ces terrains ont ensuite été exposés à l’action des courans... En présentant ces réflexions sur l'action des courans , je répéterai ce qu'a dit D’Alembert : « Une Théorie complète sur » cette matière est peut-être l'ouvrage de plusieurs siècles. » Mais j'ajouterai avec la Place: ( Exposition du Système du Monde , page 47.) « Si l'homme s'étoit borné à recueillir des faits , les sciences » ne seroient qu'une nomenclature stérile, et jamais il n'eût » connu les grandes lois de la nature. C’est en comparant les » faits entre eux , en saisissant leurs rapports, en remontant » ainsi à des phénomènes de plus en plus étendus , -qu'il est » enfin parvenu à découvrir ces lois toujours empreintes dans » leurs eflets les plus variés. Alors la natureen se dévoilant » lui a montré un petit nombre de causes don nant naissance à » la foule de phénomènes qu'il avoit observés. Il a pu déter- » miner ceux qu’elles doivent faire éclore, et lorsqu'il s’est » assuré que rien ne trouble l’enchainement de ces causes à » leurs effets, il a porté ses regards dans l'avenir , et la série » des événemens que le temps doit développer s'est offerte » à sa vue. C’est uniquement encore dans la Théorie du Sys- » tème du Monde , que l'esprit humain , par une longue suite » d'efforts heureux, s'est élevé à cette hauteur. La première hy= » pothèse qu'il a imaginée pour expliquer les. apparences » des mouvemens planétaires, n'a dû étre qu'une ébauche » imparfaite de cette Théorie. Mais en représentant d’une » manière ingénieuse ces apparences, elle a donné le moyen » de les soumettre au calcul , et l’on verra qu’en lui faisant » subir les modifications que l'observation a successivement in- » diquées , elle se transforme danse vrai Système de l'Univers. » On doit faire au sujet dela Théorie de la Terre , les mêmes réflexions que l’auteur fait au sujet du Système de l'Univers. Je dis également : « L'homme a porté ses regards dans le passé, » et la série des événemens que le temps a développés, s’est » offerte à sa vue, » au sujet de la Théorie de la Terre ; maiselle n'est pas encore arrivée au point de développement où est le Système du Monde. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 117 EXPÉRIENCES Pour faire suite à celles sur la décomposition du soufre ; Par M. F. R. CURAUDAU, Professeur de Chimie applicable aux Arts; et membre de plusieurs Sociétés savantes. AvanT appris que les expériences qui sont rapportées dans mon Mémoire sur la décomposition du soufre , n'ont pas paru assez concluantes pour qu’on en tire les conséquences que j'en ai déduites, je m'empresse de faire connoître les nouveaux faits qui peuvent confirmer les résultats que j'ai obtenus. Ie ExPÉRIENCE. Au lieu de lessiver le résidu de la calcidation de charbon animal et de sulfate de potasse dont il a été question dans mon Mémoire surle soufre , on le mélera exactement avec ? de soufre bien sec et bien porphyrisé ; on fera chauffer ce mélange , soit dans un canon de fusil ou dansune cornue de grès. Sion recueille les gaz produits pendant l'opération , on remarquera que dès le commencement de l’expérience il se dégagera beaucoup de gaz ammoniac auquel succède du gaz hydrogène et du gaz hy- drogène carboné. Lorsqu'il ne se dégage plus rien, on cesse le feu, et aussitôt que le vase est refroidi , on lessive la ma- tière qu'il contient, dans environ dix fois son poids d'eau, puis on filtre la liqueur. Cette lessive diffère de la première par une couleur plus intense, ce qui annonce que le carbone y est dissous dans une plus grande proportion ; elle en diffère aussi, parce qu'elle contient peu de radical prussique. Cepen- dant en restant exposée quelques mois au contact de l'air , elle acquiert de plus en plus la propriété de précipiter en bleu la dissolution de sulfate de fer, ce qui prouve que les principes du.soufre combinés avec l'azote, peuvent former du radical prussique. 115 J OURNALUDT PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais ce qu'il y a surtout de remarquable dans cette expé- rience, c’est l'hydrogène produit pendant l’opéralion ; c’est aussi le carbone qui est dissous en grande quantité dans la lessive, enfin c'est la destruction presque totale du radical prussique. D'abord l'hydrogène dégagé d'un mélange qui n'en dounoit pas avant l'addition du soufre , doit nécessairement étre un pro- duit de cette dernière substance; en second lieu, le carbone qui est dissous dans la lessive doit aussi appartenir au soufre , puisque c'est la seule substance qu’on ait ajoutée au mélange ; enfin la destruction presque totale du radical prussique , s’ex- plique encore par la présence de l'hydrogène dans le soufre , et quien se combinant aveel'azote , produit de l’'ammoniaque dont la volatilité l’a bientôt soustraite au mélange. " Ile ExPÉRIENCE. La dissolution de sulfure azoté de potasse acidulée avec l'acide sulfurique , mélée avec une suflisante quantité de disso- lution de sulfate de fer au maximum d’oxigénation, donne du quart au tiers plus de bleu de Prusse que la même dissolution n'en donneroit étant acidulée avec l’acide sulfurique saturé de gaz nitreux. ; Une telle différence dans les résultats dut d'autant plus fixer mon attention , que d’après l'hypothèse de la désoxigénation du gaz nitreux, celui-ci, au lieu de diminuer la proportion de bleu de Prusse , auroit dû au contraire l’augmenter. Je jugeai donc dès-lors que l'explication qu’on avoit donnée du phéno- mène dont il s'agit n'étoit pas exacte , et qu'il devoit résulter d’une toute autre cause que celle dont on le faisoit dépendre. Pour vérifier jusqu'à quel point cette conjecture pouvoit être fondée , je fis plusieurs expériences, parmi lesquelles la sui- vante me parut la plus concluante, IIIe ExpPpÉRIENCE, La dissolution du sulfure azoté de potasse fortement acidulée avec l'acide sulfurique saturé de gaz nitreux , donne un abon- dant précipité de soufre , tandis que tous les autres acides, en précipitent à peine.” . Plusieurs chimistes , pour expliquer cette propriété vraiment ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 remarquable du gaz nitreux , ont supposé que ce gaz étoit dé- composé, que son oxigène en se combinant avec l'hydrogène qui tient le soufre en dissolution, fayorisoit la précipitation du soufre. Cependant s'il étoit vrai que l’oxigène eût la propriété de pré- cipiter le soufre de sa dissolution, pourquoi l’acide muriatique oxigéné n'agiroit-il pas de la mème manière que le gaz nitreux ? Est-ce que l’oxigène peut avoir deux propriétes aussi opposées, surtout lorsqu'il agit dans des circonstances analogues ? Cette explication présente donc une anomalie bien peu favorable aux différentes hypothèses qu'on oppose aux conséquences que j'ai tirées de mes expériences, Aussi convient-il d'examiner la ques- tion sous un autre point de vue. | D'abord le gaz nitreux n'agit point dans la dissolution de sulfure azoté de potasse en oxigénant l'hydrogène de sulfure ; car cette dissolution, loin de contenir l'hydrogène surabondant à la composition du soufre , est au contraire privée d’une partie de celui qui constitue le soufre C’est donc en hydrogénant le carbone déshydrogéné du soufre , qu’on précipite ce dernier de sa dissolution, ce qui est bien différent de l'explication qu'on a donnée de ce phénomène. Aussi le gaz nitreux n’agit-il sur la dissolution de sulfure azoté de potasse qu'à la faveur de l'attraction que ce gaz a pour l’oxigène , et de celle que le carbone déshydrogéné du soufre a pour l'hydrogène, action qui concourt en même temps à décomposer l'eau, et à laquelle vient se réunir celle qu’exerce le soufre sur l’oxigène. E | | Maximum. 1|à2s. +36 21à 45. +21,8 gjà midi “17,0 ai à4S H-15,68/à à midi 14,8 6la3s. +16,0 7|à midi +20.0| 8là midi <+20,5 +22,1 22,5 +24,2 +-29,9/à +27, +-26,0 +20,0 +25,4 +-22,0 27,5 20,2 + 21,2 +19,6 2 +-21,2 23 20,5 2qlà midi 19,7 25[à midi <+17,5 26|à 45. +19,2 27là midi +2r,2 28là midi 14,7 z9|à midi +-20,0 3o[à35s. +21,0 31[a2s. H429,4 THERMOMETRE. CR. ER) BAROMEÈT RAT Minimum. |A Mio. Maximum. Minimun. A Mint. à4m. 12,0 22,3[à 4 m....... 23. 1,80|255........28. 1,00|28. 1,75 à 45m. +#14,2| +20,5fà midi 28. 1,00[à 4s.. ..... 26. 0,15]28. 1,00 àI1S. +13,2] H17,0ofà 4 m. ..... 28. o,o|à midi...... 28. 0,75[23. 0,75 à 4m +Hio,1| +14, 1 à midi......28. 1,70[4105.. .....28. 0,20|28. 1,00 à 108. + 9,8 à 105 ..88. 2,00[25 m.......27.11,65|28. 0,50 àäzm. +65 AUVTIT:S : a eiee 20.13,7b|At2m....... 28. 2,00|26. 3,10 | 15 m 28. 3,6olà minuit....28. 26028. 3,25 àrzm. 10,5 5] ENT TES PR 28. 2,5o[à11is...... 28. 1,60|28. 2,00 à 4+u. +113] +209|\8+s....,.28. 2,40|à I + m..... 28. 1,70|28. 2,20 à4gm, +125 22,914 10/5. .....268. 3,97|415 M...... 28.1,55]20. 2,75 A 4m. +1,2 à midi......28. 3,4ofà 105 28. 3,10|28. 3,40 à4m. +15,0 Anidi 1er 20/3 25 AmOS ee 28. 2,41|28. 3,25 à 33m. +12, à midi. .:... 28. 2,20[à 105. ..... 26. 1,60|28. 2,20 à4+m. +#15,6 NIUE. - 1 20, 1370 |d TD. 286. 0,60|28. 1,75 à 15m. +169 1\15m......28. 1,45[à 4+5......28. o,08|26. 0,75 à 4m, 16,3 à munuit.,..20. 1,50[à 4 m,.....28. 0,16[28. 0,75 àqzm +13,7 à minuit. ...28, 2,6ofà 4 4m. ..-.28. 1,90/28. 2,50 à 35m. +16,7 132 m. .26. 2,25|à 11ES RARE 28. 1,30|28. 2,00 àgm. +15,3 14m, SANTÉ 28. 1,oo[à 425 SAR 27.11,77)26. 0,25 à4m. +r4,4 à midi.,.,..28. 0,15[à355S....:.27.11,75|28. 0,15 à1rEs. +13,2 h4m.,.....27.11,10/à midi. .,..,27.10,75|27.10,75 à43m. +13,0 AMI = ee 27.11,79[à 43 M.,...27.11,90|27.11,75 àgs. Hr3,2 1 1 midi HAE 28. o,20|à 4 S..,... 27.11,75|28. 0,20 à 4Em. 11,2 14% Mo.» --27.11,90[à 45. ......20. 0,78|27.11,85 à 42m. +10,5 à midi... .27.11,70à4Em..... 27.11,20|27.11,70 à4im. +10,6 l midi pence 28. 0,50[à4;m..... 27.11,70|28. 0,50 a 4im. +136 à 4+me.. 2. 27.11,79|à 9% S...... 27. 9,25|27.10,25 à minuit H10,7 à minuit. ...27.10,00|à 4 S....2..27. O,48[27. 9,60 à5m. raz ATOS 27.10,52|à 83 m......27.10,28[27.10,50 à5m. +140 19Ès ..27.11,95|4 5 Me... 27,10,80|27.11,32 à 45m. +14,2 BÏÀA 44 m..... 27.11,391à 635s....,,27, 8,20[27.10,5c Plus grande élévation du mercure. Moindre élévation du mercure RECAPITULATIO N. Élévation moyenne. Plus grand degré de chaleur... Moindre degré de chaleur......, Chaleur moyenne ..28.3,75, le 6, à7 — 28.0,00 IS, 27.8,20 le 31 h6£5. 5 —-29°,0, le 15 à midi, +6,51le6à2 + 1797) Nombre de jours beaux...,... 1 m, Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0m,06306 — 2 pouces 4 lig |A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, JUILLET 1808. VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. POINTS LUNAIRES. LE MATIN. A MIDI. | Quelques nuages. |En partie couvert. 65,0|N-E. Pro Beau ciel, vapeurs. Ï 91,0/N-E. et O. Couv., pl., fonnerre.l'Frès-nuageux. Pluie, tonn., consid.|f 89,0|Calme, L. périgée. Couv., pl., tonnerre|Ciel couvert. Quelques éclaircis. “7»,0[N. Ciel couvert. Ciel couvert. 71,0[N-0, Nuageux, Pluie par interv. 70,0|N. Ciel couvert. A demi-couvert. 72,c|S. Nuages clairs. Chargé de vapeurs. 89,0[0. P. L. Nuageux et trouble. | Petits nuages. Nuageux. 75:0|S. et N-O. Quelques éclaircis. |Nuageux. Très-nuageux. 76:0|N.0- Nuageux et voilé. [Quelques p. nuages.|Ciel nuageux, 72:0|E. Très-beau ciel. Vapeurs. Superbe. 61,0|S-E. Vapeurs. Beau temps. Légers nuages. 63,0|S-E, Equin.asc. |Beau temps. Superbe. Superbe. 64,01S. Superbe Vapeurs. Très-beau. 59,0[S-E. D. Q- Idem. Idem. Idem, F 69:0|N-0. Apogée. Vapeurs épaisses, [Gros nuages. Nuageux, et vapor. 68,0|0. Idem. °: [Petits nuages. Idem. 66,0 variable, Très-nuageux. Petits nuages élevés. En partie couvert. 68,o|N-E.etS-O. Petits nuages. Nuageux. ; Couvert et pluie le s.|k 69,0|0. Couvert, pluie. Ciel couvert. Couvert, Paie fine. |$ 88,0|S. Ciel couvert. Couvert et pluvieux. Nuageux ét trouble. |k 7c,0[S-0. et S-E. Ciel couvert. Nuageux. Beau par intervalles.|h 79,0|S. IN. L. A demi-couvert. Ciel couvert. Couvert, pluie les. 82,0|S. Très-nuageux. Couv., pl, onnerre.|Pluie, /onn., vers4h. 83,o|S-0. Gros nuages. Ciel couvert. . Pluie par inter. 81,0|0. : Beaucoup d’éclaircis.| Très-nuageux. Très-nuageux. 79,0|S-O, Equin. dese. | A derni-couvert. Très-couvert, pluie.|Pluie. 88,0/0. et S-O.f. SENS) éclaircis. [Ciel couvert, pluie. |Très-nuageux. 89,0[S-0. L. périgée. [Ciel couv., pluie: |Très-nuageux. Couvert par intery. 88,0|0. D. Q. ae éclaircis. |Ciel couvert. Beau par intervalles. 80,o|variable. eau temps. Très-nuageux. Couv. , pluie et tonn. RÉCAPITULATION. de couverts...... 14 déplier". 12 le 1°° 9,646 RE] de vent:..::..... 31 Therm. des caves Réaumur. : :.. de gelée......... o le 16 9,647 a % ..… de tonnerre...... 3 A TPE de brouillard..... o de neige......... ) dESréle= o Nis lite feet ce 2 SHARE RREREREr- ee 3 1Décostaca0te0ebbe : è Jours dont le vent a soufflé du 4 SÉ"""""""""""" à STORE LOT ERA E M ER CC 7 Diosorocaceccoartes 7 NÉOPPEETSEEE ECC 4 RE DT D ELEC PHE LE TEEN AT 1 "52 D 22711 AOUT anus, VU RC “122 - JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIX ANALYSE DELA DATHOLITE, Par VAUQUELIN. EXTRAIT (1). Nous avions déjà une analyse de cette substance par Klaproth, quien a retiré , DUICE tete elles 36 5 Chaux -MPNPPNErIEse 35 5 Acide boracique...... 24 Eau EE Fer et manganèse oxidés un léger indice. Mais on voit toujours avec intérêt l'analyse des minéraux nouveaux répétée par un chimistetel que Vauquelin. L'échantillon qui lui a servi à cette analyse, lui a été donné par M. Neergaard. Il avoit une couleur blanche, une trans- parence légérement laiteuse, une dureté assez grande pour rayer le verre ordinaire , une cassure vitreuse et lisse à peu prés comme celle du quartz. Cette substance est facilement attaquée par les acides , et se convertit en une masse gélatineuse transparente. AL Il a ensuite procédé à l'analyse de ce minéral , ill'a fait dis- soudre dans l’acide muriatique,... etles produits de cette opé- ration lui ontdonné, SHIGES E-rea eee 10700 Acide boracique....... 21 67 Chaux: ::..12::0480u ..:134 Eau: HARAS TEE SP ES Perte eectree-cee 1 17 (1) Annales du Musée, Cahier 62. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 123 EXTRAIT D’uNE Lettre de Honoré FLAUGERGUES, A J.-C. DELAMETHERIE. Comment M. J. W.a-t-il osé donner pour une nouvelle planète ou comète , la nébuleuse d’Andromède , découverte ; ou plutôt remarquée par Simon Marius , en 1612, et qui depuis reste toujours vue à la même place proche des étoiles w et » de cette constellation ? Un astronome des iles Orcades, avoit pris aussi cette nébuleuse pour une comète dans le mois de janvier dernier ; cette prétendue découverte fut publiée dans quelques journaux, et je fus obligé de détromper le public par une note que je fis insérer dans le journal de l'Ardèche. Avant que de prétendre découvrir de nouveaux astres,, ilfaudroit au moins connoître ceux qui sont, toujours visibles , et qu'on peut reconnoître avec un peu d'attention. ADDITION Aux observations sur la diminution de dilatabilité de l'esprit de vin dans les Thermomètres. ( Journal de Physique, avril 1808 , pag. 295.) Par Honoré FLAU GERGUES. MM. Réaumur et Nollet avoient choisi pour le terme de la congélation dans les premiers thermomètres qu'ils construisi- rent , le degré de froid où l'eau commence à geler (1), et ce ne (1) Mémoires de l’Acad. des Sciences, an. 1730 , pag. 452 et suiv. Q 2 124 JOURNAL DE FHYSIQUE, DE CHIMIE fut que quelque temps après qu'ils reconnurent qu'il étoit plus commode et plus sûr de prendre pour ce terme celui de la glace fondante (1). Il est évident que la température de l’eau qui gèle est plus froide que celle de la glace qui fond, et M. Deluc a trouvé par des expériences nombreuses , que ces deux points diffèrent de + de degré dont la liqueur se tient plus bas dans l'eau qui gèle que dans /a glace fondante (2). Or, comme mon thermomètre date de l'époque des premiers tra- vauxence genre de MM. Réaumur et Nollet, ilest très-proba- ble qu'il fut réglé par eux en prenant le terme de la congéla- tion dans l’eau qui gèle , et par conséquent il est fort à pré- sumer que le point de la glace fondante répondoit originaire- ment sur ce thermomètre à Ho°, 8, et comme ce point ré- pond actuellement à — 1° 25, ils'ensuit que la liqueur de ce thermomètre a très-probabléement perdu 2°, 05 de dilatabilité, aulieu'dée 1° + que nous avions trouvé. Moyennant cette correction qui me paroît fondée, la dimi- nution de dilatabilité de la liqueur de ce thermomètre diffère peu de celle qu'a éprouvé la dilabilité de la liqueur du second thermomètre construit par M. Romieu : et la différence qui existe encore entre lés diminutions de dilatabilité des liqueurs de ces deux thermomètres , soit par le fait , soit par la raison que le thermomètre de Romieu ayant été construit postérieurement à celui de Nollet, la perte de dilatabilité devroit être moindre, peut bien venir d’une différence réelle dans les liqueurs de ces deux thermomètres : car il est difficile d'imaginer que deux liqueurs composées en différens temps, dans des lieux fort éloignés l’un de l’autre, avec de l'esprit de vin du com- merce , affoibli avec environ un quart d'eau commune, et im- prégné ( sans dose fixe ) d’orseille ou d'orcanette , puissent être parfaitement semblables. a —————"———————" "SP (x) Art des Expériences|, tome III , pag. 147. , (2) Recherches sur les modifications de l’atmosphère , tome I , p. 378. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 12 1 EXTRAIT D’ux Mémoire sur la construction et leseffets du Briquet pneumatique. Par LE BOUVIER-DESMORTIERS. L'iNrLammaTIoN de l’amadou dans le briquet pneumatique par la seule compression de l'air , est un phénomène dont le hasard , père des découvertes, a nouyellement enrichi la physique. On a cherché par le raisonnement quelle en pouvoit être la cause. Les uns l'ont vue dans le calorique, les autres dans l'é- lectricité ; mais personne , que je sache, n’a cherché à main- tenir son opinion par la voie de l'expérience. Sans détermina- tion pour aucune, j'ai fait quelques recherches sur la cons- truction et les effets du briquet pneumatique, dont les résultats font le sujet de ce Mémoire. Je traiterai dans la première partie , de ce qui a rapport à la construction du briquet. Dans la seconde, je rendrai compte des expériences tendantes à découvrir la cause de ses effets. PREMIÈRE PARTIE. La première construction de ces briquets étoit un peu vi- cieuse, en ce que le piston avoit ordinairement dix-huit à vingt lignes de long. Cela , disoit-on , est nécessaire , afin que l'air ne s’échappe pas quand on fait agir le piston. S'il y a quel- que point qui ne s'applique pas exactement à la capacité du tube , l’air s'échappe et l’amadou ne s'allume pas. Ce n’est point de la longueur du piston, mais de la justesse avec laquelle il remplit la capacité du tube que dépend la bonté du briquet : avec un tube bien calibré , et uni8piston de six lignes bien juste, l'air ne passera pas davantage qu’avec un piston de vingt lignes. Pour un tube de six pouces, j'ai donc fait réduire 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le piston à six lignes , ce qui a augmenté la colonne d’air d’un pouce et diminué le frottement des deux tiers, ensorte que l'effet du briquet est plus sûr et son usage beaucoup plus facile. Avec un peu d’adresse on allume l’amadou en tenant le tube d'une main et poussant le pision de l’autre, sans étre obligé de l’appuyer sur une table ou sur quelque autre corps solide. M. Dumotiez , habile constructeur en instrumens de physique, a tellement reconnu l'avantage des pistons courts, qu'il les fait tous aujourd’hui dans cette proportion. On doit les employer également dans les pompes de fusil à vent (1), dans celles des fontaines de compression , dans celles pour les eaux gazeuses artificielles , dans les pompes à incendies dont le travail est si pénible , et même dans les machines pneumatiques. Comme le raccourcissement du piston est au profit de la pompe, on obtient davantage avec moins de tra- vail, et plus vite qu'avec les longs pistons. Il est encore essentiel que le briquet ne perde pas à l'extré- mité où est placé l’amadou , parce que c'est là que s'exerce l’action fusitive de l’inflammation , et qu’une légère issue en empêche l'effet; mais cet effet a lieu quoique le piston laisse passer de l’air contenu dans le tube. Voici l'expérience que j'ai faite pour m'en assurer , et qui a beaucoup surpris ceux qui en ontété témoins. J'ai fait faire dans la longueur du piston une cannelure large d’un quart de ligne ; l'amadou a pris feu comme aupara- vant. Trois autres cannelures ont été ajoutées successivement les unes en face des autres, de manière que le piston s’est trouvé divisé en quatre parties égales, et l'amadou a toujours pris feu. Lorsqu'on fait aller et venir le piston cannelé dans le tube, on entend l'air entrer et sortir avec sifflement , et le frottement est si doux, que l'effet du briquet s'obtient sans peine en le poussant avec la main. Cette espèce de piston se- roit préférable aux pistons justes, si on y employoit une ma- tière solide, assez dure pour résister, si je peux m'exprimer ainsi, au frottement continuel de l'air qui passe dans les can- nelures. Celles des ‘pistons en cuir se déforment bientôt et s'élargissent au point de laisser passer l'air en trop grande quantité. silos he node 10 , utile pie fie mue von + surrmiaet je) (x) Dans les carabines à vent de l’Allemagne , les meilleüres que l'on connoisse , le piston des pompes est extrêmement court. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 Le piston à quatre cannelures agissant bien , j'en ai fait faire un à uneseule cannelure , qui réunissoit les proportions des quatre, et ce que j'avois prévu est arrivé , il n’y a point eu d'inflam- mation : voici les raisons de cette différence. L’extrémité supérieure du piston cannelé présente l'aire d’un cercle dont la circonférence touche le bord intérieur des can- nelures. La colonne d'air contenue dans le tube repose presque en entier sur cette base. Il n’y a que les parties correspon- dantes aux cannelures qui se prolongent dans la longueur du piston , et communiquent aussi avec l'air extérieur. Lorsqu'on pousse le piston avec la vitesse convenable pour allumer l'a- madou , les parties de la colonne correspondante aux canne- lures, s’y précipitent avec un égal degré de vitesse ; mais le frottement qu’elles éprouvent en traversant des conduits étroits, produit une résistance à leur passage , une sorte d’engorge- ment qui n'en laisse échapper qu’une partie , tandis que la co- lonne qui repose sur l'aire du piston, est poussée en entier vers l'extrémité du tube où se trouve l’amadou qu’elle allume. Dans le piston à une seule et large cannelure, l’aire du cercle sur laquelle repose la colonne d’air est beaucoup plus petite, et par conséquent la colonne elle-même. La résistance que l’air éprouve en passant dans cette cannelure est presque nulle, car on n'entend aucun bruit lorsqu'on fait alleret venir le piston, et comme l’air pèse dans tous les sens , lorsqu'on fait mouvoir le piston, la colonne qui repose sur l'aire du cercle se trouvant appuyée latéralement sur celle qui correspond à la cannelure, elle fléchit dans tous les points du contact, et s'écoule en entier dans le canal qu’elle rencontre. Il est si vrai qu’elle s'é- coule en entier , que le piston qui vient toucher l'extrémité du tube y demeure, tandis qu’avec les autres pistons il reste une quantité d’air suflisante pour faire ressort et les repousser. Je crois devoir dire un mot sur la qualité de l’amadou. Il faut choisir le plus sec, le plus mollet et le moins salpétré. Dans celui de la meilleure qualité , le même morceau n'est pas toujours également bon partout. Il y en a qui contient beau- coup de salpétre , et qui s'allume plus difficilement (1). On le () L’amadou se prépare avec l’agaric , en le faisant bouillir dans l’eau commune. Quand il est sec , on le bat fortement ; ensuite on lui donne une forte lessive de salpêtre , eton le fait sécher au four. Si la lessive est trop concentrée, l’amadou se charge de ce sel qui en retarde l’inflam- mation. 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE reconnoît à la saveur fraîche qu’il laisse sur la langue , ou en l’'allumant. Lorsqu'il a pris feu , le salpétre fuse et jaillit quel- quefois en étincelles qui peuvent être dangereuses quand elles sortent du briquet, surtout de ceux à robinet. Comme il est d'usage de souffler l’'amadou pour reconnoitre s’il est allumé, l'étincelle qui part en ce moment, peut jaillir dans l’œil. J'ai éprouvé une fois cet accident avec douleur. | Ceux qui pensent que c’est l'électricité qui allume l’amadou, regardent ces étincelles comme une preuve sans réplique de leur opinion. Ils se trompent , selon moi, dans le cas don il s'agit; cependant je ne dois pas dissimuler un fait que m'a communiqué M. Veau-Delaunay , qui semble confirmer cette opinion dont il est partisan. Sur douze fois qu'il a fait agirle briquet sans amadou, il a vu trois fois jaillir des étincelles. Néanmoins il y a de fortes raisons de douter que l'électricité soit ici l'agent de l'inflammation. Je les exposerai dans la se- conde partie de ce Mémoire, et je terminerai celle-ci par une observation importante sur la construction des pistons. Si on pouvoit trouver une matière élastique assez compacte pour se laisser travailler sur le tour , nous aurions des pistons par- faits qui feroient ressort et se préteroïent aux inégalités du tube, sans laisser échapper une bulle d’air. J'en ai fait faire un avec du caoutchoux qu'on avoit ramolli au feu dans l'intention de lui donner une élasticité, pour ainsi dire plus docile aux inégalités du tube. Mais enle tournant /e caoutchoux plioit sous le ciseau, et le tranchant même d'un rasoir ne pouvoit y mordre , ensorte que le piston est resté très-inégal, presque déchiré en lambeaux , et qu'il cède comme de la cire molle sous les doigts. Dans cet état d’imperfection , il empêche tellement l'air de s'échapper, qu'une colonne de trois pouces suflit pour allumer l'amadou. Mais après quelques coups de piston, la chaleur le dilate au point qu'on ne peut plus le faire mouvoir sans une force con- sidérable. Si on y met une goutte d'huile , il coule avec aisance, mais ce moyen tourne bientôt au préjudice de l’instrument, parce que l'huile dissout le caoutchoux , et forme un vernis, qui, à mesure quele piston s'échauffe, l’attache encore plus fortement aux parois du tube. Nepourroit-on paséviter cesinconvéniens, en garnissant la tige du piston avec du caoutchoux qu’on recouvriroit en cuir ? Si ce rocédé réussissoit , on l'appliqueroit avec avantage à toutes E espèces de pompes. SECONDE : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 SECONDE PARTIE. Pour parvenir , s’il est possible, à connoître le principe d'in- flammation dans le briquet pneumatique , il y a quatre choses à considérer : la matière du tube , la matière contenue. dans le tube , la matièreet le frottement du piston.Je comprends dans la matière du piston la couche grasse dont on l’enduit pour le rendre plus coulant , et plus propre à intercepter le passage de l'air. Examinant la question de savoir si c'est l'électricité qui en- flamme l’amadou, je considère, Premièrement , qu'aucune des parties du briquet n’est isolée, et que l'isolement est une condition nécessaire pour produire une électricité sensible avec les machines que nous connoissons : je dis avec les machines que nous connoissons , parce que l'électricité animale qui se manifeste sans isolement, fait ex- ception à nos moyens mécaniques, et ne peut être prise ici en considération. Secondement , le frottement du piston qui est un corps gras, contre un corps métallique, n’est pas propre à produire de l'éleciricité. Troisièmement , l'expérience démontre , qu'excepté dans les temps d’orages , l'atmosphère donne rarement des signes sen- sibles d'électricité à la hauteur où nous respirons , et qu'il faut les aller chercher avec des instrumens, dans une région plus élevée, ou quand des nuages électrisés passent sur nos têtes. Or comment évaluer la quantité infiniment petite de matière électrique dans un pouce cube d'air, et même moins , que le briquet contient. Quatrièmement, on ne parvient qu'avec beaucoup de peine à allumer l’amadou ayec de fortes étincelles électriques. J'ai porté la décharge d’une grande bouteille de Leyde sur de l'a- madou saupoudré de résine, il est resté intact , quoique la résine ait pris feu et brûlé en entier. On dira peut-être, que si l'é- tincelle qui jaillit dans le briquet n'allume pas l'amadou, elle décompose Fair et enflamme l’oxigène par qui l'amadou est allumé ; mais cette supposition dénuée de preuves, peut d’au- tant moins être admise , que la décomposition de l'air par l'électricité exige une puissance électrique bien supérieure a celle qu'il peut y avoir dans l'air du briquet, et qu’en outre il faudroitadmettre deux inflammations avant d'arriver à l’amadou. Tant qu'on n'a fait des briquets qu'avec des matières métal- Tome LXVII. AOÛT an 1808. FR 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE liques , il a fallu s’en tenir à des conjectures sur les signes ex- térieurs de l'inflammation, sans pouvoir en assigner la véri- table cause, ou du moins en donner des preuves. Car ce n'est pas de deviner en physique , il faut encore prouver pour donner aux faits le degré de certitude qui convient à la science ,et on ne pouvoit y parvenir qu’en voyant ce qui se passe au foyer même de linflammation. Le moyen est très-simple; il ne s'agit que de substituer des tubes de verre aux tubes de métal. Ceux qu’on trouve chez les faïenciers étant trop fragiles, je me suis adressé à M. Laurent, inventeur-des flûtes en cristal , pour le prier de me procurer des tubes de la même qualité. Cet artiste, aussi recommandable par son honnéteté que par ses talens, a bien voulu m'en donner trois qui ont été mis en œuvre. Le premier, de huit pouces de long sur huit lignes de diamètre, n’allume point l’amadou; le second , de neuf pouces de long sur six lignes trois quarts de diamètre , l’a parfaitement allumé. Un accident imprévu m'en a privé ; le troisième, de huit pouces sur sept lignes, réussit éga- lement bien. Lorsqu'on fait agir le briquet, et que l’amadou s'allume , on voit un éclair brillant qui remplit la capacité du tube , et la lumière est d'autant plus vive que la compression a été plus rapide. Si la compression est moins forte, l'amadou ne s'allume pas , mais on voit à la partie supérieure du tube une vapeur légère qui retombe en ondulations sur le piston. Quand elle a disparu , si on retire le piston, la vapeur reparoît tant qu'il y a de l'air dans le tube. On obtient ces effets plusieurs fois de. suite, en poussant le piston seulement avec la main. Cette vapeur est si ténue, si diaphane, qu'on ne l'apperçoit pas à une [lumière un peu vive. 11 faut une espèce de demi-jour pour la bien voir. Mais d’où vient cette vapeur ? de quelle nature est-elle? Ce n’est surement pas la matière de l'instrument qui la fournit ; elle ne peut donc venir que de celle qu'il contient, de l'air atmosphérique. Or dans Pétat actuel de nos connaissances , l'air né contient que de l’azote, de l'oxigène et un minimum d'acide carbonique , toutes substances gazeuses qui ne sont à cet état quepar la grande quantité decalorique qui les pénètre, et par conséquent plus pesantes que lui (1). Or par la compression (1) Iwair contient encore ,'dans l’état ordinaire | 12 grains d’eau par pied cube : cette petile quantité’ d’eau ;! réduite à la proportion de la quantité d’air contenue dans le briquet ,ne contribue en rien à,ses effets; car la chaleur produite par le frottement , ne pourroit tout au plus que la ré= ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15%. de l'air contenu dans le tube, quelle est la substance qui doit céder la première ? N'est-ce pas celle qui pèse le moins , le ca- lorique, ce dissolvant général , ce principe de la fluidité , de la volatilisation, qui donne des ailes aux substances métalliques pour s’élever dans les airs? La vapeur dont il s'agit seroit-elle donc le calorique rendu visible par le rapprochement de ses molécules que l'air environnant comprime, comme l'air de- vient visible en passant à travers les liquides ? Cetapperçu, que je suis loin de présenter comme une chose démontrée, ac- quiert plus de vraisemblance par les expériences suivantes. J'ai substitué de l'hydrogène à l'air commun , l’amadou n’a point pris feu , mais la vapeur s'est montrée comme dans l'air. Mémes eflets avec le gaz carbonique et l'azote. Ce dernier qui contenoit un peu de gaz nitrique, a donné une vapeur plus épaisse. L'oxigène légérement comprimé donne une vapeur plus rare et plus fugitive que l'air commun. A peine est-elle tombée sur le piston , qu’elle rebondit et disparoit. Lorsque j'ai comprimé l'oxigène avec la force convenable pour l’inflam- mation , l'amadou, qui pour l'ordinaire ne prend feu qu'à sa partie antérieure , a été presqu'entièrement brûlé. Cependant je me suis servi pour cette expérience, d'un briquet en cuivre dont le piston perdoit au point de ne plus allumer l’amadou. La vapeur, dira-t-on peut-être, vient de la matière grasse du piston qui s'attache aux parois du tube , et que la chaleur pro- duite par le frottement met en expansion. Je réponds , 1° que la vapeur ne devroit pas se montrer avant que la matière grasse soit déposée sur les parois du tube, et que cependant elle paroit au premier coup de piston avant que le tube devienne gras; 2° qu'elle devroit se montrer au-dessous du piston dans les endroits qu'il abandonne , au lieu qu'elle se montre toujours au-dessus ; 3° qu'il n’y a point de vapeur lorsque le piston perd beaucoup , quoique le frottement soit très-rapide ; 4° que la vapeur devroit être plus apparente lorsque le piston frotte dans toute la longueur du tube , que lorsqu'il ne frotte qu’une petite partie à son extrémité supérieure , et qu'il arrive souvent tout le contraire; 5° enfin, que quand l’air est totalement décomposé, duire en vapeur , et dans cet état, elle n’allumeroit pas l’amadou. Si la vapeur qn’on voit dans le tube étoit l’eau en expansion, lorsqu’elle re= tombe sur l’äire du piston, elle ‘s’y condenseroit et paroitroït à J’état liquide. Mais la surface du piston reste toujours sèche , quoiqu’en le fai sant mouvoir celte väpeur se montre et disparoisse à plusieurs reprises, BR 2 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il n'y a plus de vapeur ; mais qu’elle se montre pour peu qu'on nd E de Dane air. è NH ALES IL étoit essentiel de s’assurer si la vapeur ne contenoit pas un principe acide. J'ai fixé sur l'aire du piston ; avec un peu de cire verte , un morceau de mousseline trempé dans la teinture de tournesol et séché ensuite, Après vingt coups de piston la couleur n'a point changé. J'ai mis un second morceau de mous- seline plus grand que le premier, et dont les bords étoient flottans, tout le pourtour a été brulé sans que dans le reste la couleur ait été altérée. Enfin un troisième morceau mouillé n'a éprouvé aucun changement. Il résulte de ces expériences qu'aucun principe acide ne s'y développe ; que toutes les substances gazeuses produisent, comme l'air commun, une vapeur légère ; qu'excepté l'oxigène pur et l’aircommun , les autres gaz n'allument point l'amadou , et que l'oxigène pur produit une inflammation beaucoup plus énergique que l'air commun ; que l'oxigène joue par conséquent un graud rôle dans inflammation. Mais comme il ne peut exercer son action qu'en devenant libre par la décomposition de l'air dans lequel il entre pour un quart, il s'ensuit que l’air contenu dans le tube , s'y décompose par la seule force de compression ; que la vapeur produite n’est point due à l’oxigène , puisqu'elle se montre également dans les gaz qui n'en contiennent point, que cette vapeur est l’eflet d'un agent commun à toutes les substances gazeuses , et qu'on peut être porté à croire qu’elle est le calori- que même rendu visible parle rapprochement subit de ses parties dans un petit espace , où il s’élève à un degré de température qui s'avive dans l'oxigène au point d’allumer l’amadou (1). Je suis également porté à croire que puisque l'air (et il en est ainsi de tous les gaz ) se décompose par une compression rapide, les météores lumineux qu'on apperçoit souvent dans les ouragans, ne sont pas toujours des effets de l'électricité. J'ai observé plusieurs fois dans ces circonstances, que l’électro- mètre atmosphérique dé M. de Saussure n’en donnoïit aucun signe. J'en citerai une observation particulière , parce qu’elle me causa autant de surprise que de dommage. () Il arrive quelquefois que l’amadou noircit et ne s’allume pas. Dans ce cas, commelorsqu’il Sillons , sion repousse lé piston dans le tube , il en sortune vapeur épaisse, odorante, qui west point de même nature que la première. Celle-ci se montre avant l’inflimmation, celle-là re vient jamais qu’à sa suite ; l’une en est le principe, l’autre un produit que fournit la combustion de Famadou dont elle a l’odeur, LE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 Au commencement de l’année 1803, étant à ma campagne, il s’éleva vers le soir un vent furieux , qui augmenta pendant deux heures , au point de renverser dans un bois de décoration une soixantaine d'arbres d’une hauteur et d’une grosseur pro- digieuses. Il les jeta les uns sur les autres à la file, en brisa une partie. Ceux qui tombèrent jusqu’à terre en. enlevèrent des masses avec leurs racines , à quinze pieds de distance. Les nuages couroient avec une rapidité extrème , et jen vis deux fois sortir destraits de lumière. J'élevai l’électromètre armé de son conducteur long de deux pieds, les boules restèrent tou- jours en contact. Si ces recherches n'offrent encore que des conjectures , elles ônt du moins l'avantage de mettre sur la voie des observateurs plus éclairés, dont les travaux puissent étendre] nos connois- sauces dans des matières fort obscures et difliciles à saisir. LETTRE DE M. LE PROFESSEUR PICOT, SUR les nouvelles Planètes et les vingt-une dernières Comèt:s, à MM. les Rédacteurs de la Bibliothèque Britannique. , Genève, 20 mai 1808. L’accurir que vous avez fait à la lettre en date du 16 jan- vier dernier que je vous ai adressée , concernant M. le Dr Guillaume Olbers et les travaux de cet astronome justement célèbre , ainsi que sur son hypothèse relative aux quatre nou- velles planètes Cérès, Junon, Pallas, et Vesta , dont les orbites placées entre celles de Mars et de Jupiter ont entre elles une proximité remarquable , m’encourage à vous faire parvenir de nouveaux détails que ce savant a eu la complai- sance de me fournir , et que vos lecteurs verront , je l'espère , avec quelque intérêt. Je vous parlerai d’abord de cette belle comète qui excita l'année dernière-une curiosité si vive et si générale. Découverte en À avira immédiatement après son passage au périhélie, dans la constellation du Serpent, elle chemina dans les mois LA 154 JOURNAL DE PILYSIQUE, DE CHIMIE suivans , en parcourant à peu près un degré par jour , dans celles d'Hercule et de la Lyre. Perdant insensiblement son éclat à mesure qu'elle s’éloignoit, et cessant méme d’être visible à l'œil nu , elle n’a été suivie dans les intervalles que les brumes de l’hiver permettoient aux obsenvations, que par quelques astronomes! NM, Olbets a profité de:.0e moment favorable et l'a observée jusqu'au’ 19 février , époque à laquelle une ma- ladie , dont il n'étoit pas encore parfaitement rétabli le 28 avril, date desà lettre, a interrompu ses travaux. M. Bessel , collaborateur de M. Schroëter, dans son bel observatoire de Lilienthal , à une petite distance de Bremen , a pu suivre la comète jusqu'au 24 février , et c’est lui qui en a calculé les élémens que l'on verra ci-après, sur les observations faites à Bremen et à Lilienthal. Il a cru pouvoir terminer la période de retour de cet astre à son prochain périhélie. Sa révolution dans son orbite est, selon lui de 1900 ans : mais M. Olbers dit que l’on ne peut pas compter sur l'exactitude de cette détermination. Il seroit à souhaiter que lui-même ou d’autres astronomes , rassemblant à loisir toutes les observations exactes faites en divers lieux sur cette belle comète , revissent ces calculs et essayassént d’arriver à un résultat probable. Les réapparitions annoncées de deux comètes, celle de 1456 qu'on a revue quatre fois, et celle de 1552 qu'on a revue deux fois, démontrenten général que ces retours peuvent être prédits. Cependant si M. Bessel ne s'éloi- gne que peu de la vérité quant à la longue durée de la révo- lution périodique dé cette comète, les rencontres qu’elle peut faire durant tant de siècles, de grands corps gravitans appar- tenant à notre système , causeroient des perturbations dans sa route, dont aucun calcul ne peut tenir compte. Pour finir cet article des comètes, voici de la main de M. Olbers les élémens des vingt-une dernières. Ils sont pré- cieux , tant parce qüe lüi-même les a observées et a calculé plusieurs de ces'élémens (ceux qui sont marqués d’un astéris- que), que parce qu'ils déterminent avec encore plus de pré- cision que la Connoissance des temps une des circonstances les plus essentielles pour le calcul des révolutions périodiques , savoir l'instant précis du passage au périhélie de ces comètes . Je pars de la numération de Pingré dans sa Cométographie, pour désigner le nombre auquel répond chacune de ces der- nières comètes dans le catalogue complet de celles dont les orbites ont été calculées, HISTOIRE NATURELIE 0 ET D 219911( 'OSTOU 9+9r9‘o g6100fr £616p‘o z9gLç‘o LrrLo"r 11H60°r G+z‘o -88997"0 -g10po‘o 6LtLLo 6ctat‘o 199xç‘0 , 91glc'r tes choc‘r Fçot‘o £8996'o zoçOz:r 96L6L'6 Gze9o"1 o1ecL'o * * Adaaga mA * . ae XX 4 y HÉSeACEE : juout |‘o10S ne onun û -aAnouwu Joli 7 e[2p *Aow‘Js1p ef np sus |‘ 994 np œuEjs ‘0 op “b ++ ‘ep Touré O1 p gcc “Le 1G_"pb “O7: À 626. 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Que durant ces dix-huit années , les observations sur les comètes ont été plus actives que jamais , et que la vigilance des astronomes pour en découvrir de nouvelles, a égalé celle qu'ils ont employée à découvrir aussi de nouvelles planètes. 2°, Que celles des comètes observées , qui dans leur péri- hélie se sont approchées du soleil plus près que la distance moyenne de la terre au soleil, sont en nombre double de celles dont le périhélie a dépassé cette dernière distance. Quatre d'entre elles se sont approchées du soleil à une distance moindre que la - de celle de la terre , et quatre autres à une distance à peu près égale au + de celle de la terre. 3°. Que relativement au sens de leur mouvement , douze ont été rétrogrades , et neuf directes. 4°. Queat à la longitude de leur nœud ascendant et du lieu de leur périhélie, qu'elle répond indifféremment aussi aux 560 degrés du cercle sur lequel on compte cette longitude. Rien, dans le système solaire n'est plus remarquable que cette indétermination des places des orbites des comètes , de leurs inclinaisons sous tout angle, sur le plan de l’écliptique, de leurs excentricités, du lieu de leur périhélie et du sens de leur mouvement , si on la compare avec les déterminations précises auxquelles les planètes ont été soumises. Leurs orbites sont à peu prés circulaires, très-peu inclinées au plan de l’é- cliptique; toutes ces planètes, premières et secondaires , se meuvent dans le même sens , d’occident en orient , et celles dont on a pu observer les rotations tournent aussi sur leur axe dans ce sens-là. Le système planétaire nous offre donc , dit M. Laplace ( Système du Monde), quarante-deux mouve- mens dirigés dans ce sens, et il y a quatre mille milliards à pis contre l'unité , que cette disposition n’est pas l'effet du asard. Des causes finales différentes ont donc présidé à la formation et à la destination diverses des planètes et des comètes. Voici maintenant ce que M. Olbers mande sur les quatre planètes, Cérès, Junon, Pallas et Vesta. C’est dans les mois de leur opposition qu'on peut le mieux les vcir. Ceux des observateurs qui voudront les chercher dans leur opposition prochaine, à onze heures et demie du soir, temps moyen de Paris, pourront le faire à l'aide des annonces suivantes. Pazras, ET DHISTOIRE NATURELLE. 157 Parzas. Juxon. Ascension Déclinaison Ascension Déclin 1808. droite. boréale. 1808. droite. australe. Juillet 9. 3o1°. 4'..18°. 53’. Août 2. 308°. 45’...4°. 19° 19,03005 17.124. 18 04. 6. 307. 54: ..4. * 47 17: 299. 29. ..18. 25. RS oi AE Se D 1200 N 41 TNT 14. 306. 14. ..5. 49 26.297: 53: #17 "40. 10. 906, "27, 6: 23 20207 110 7e 22-1001 0 44 0e Can Août 2. 206. 20...16. 4o. 26. 304. 6. ..7. 29 6205007. 6MNE;, 30. 303. 33. ..8. 4 10. 294. 56...15. 26. 14. 294. 18...14. 46. VESTA: CÉRÉSs. Ascension Déclinaison Passage au Déclin. 1808 droite. australe. méridien. australe. TS ) he LS TS Août 14. 356°. r’...12°. 20 MD :62500027--- 192-058-7809! 22. 554. 47...13. Sr.Juillet 25. 18. 15/ du m. 270.55 26. 354. 2...14. 4. Août TMC: MAO 28. 37 303680; 14 Gr. 9. 11. 58. dus.29. 20 Sept: 5. 352. 22...15, 0. WP RENOM Lise 29. 57 7.351.128. .45. 39. D ADN AD sise 30. 24 111540092416 07: 15. 349. 38...16. 33. 19. 548. 44.10. 65. Pallas et Junon seront difficiles à voir, la première Etant très-proche de son aphélie ; et la seconde, à cause de sa grande petitesse. C'est pour cela que M. Olbers marque exacte- ment leurs positions , ainsi que celle de Vesta. Pour Cérés, il lui paroîit suflisant d'indiquer les heures du passage par le méridien et les déclinaisons. Selon lui, la meilleure maniére de voir ces petites planètes est de dresser d'avance une petite carte pour le lieu du ciel indiqué par les annonces ci-dessus. On y placera les étoiles dont les positions sont marquées dans Tome LXVII AOUT an 1808. S 138 3OURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, les catalogues pour ce lieu-là. En se servant de celui des cin- quante mille étoiles, publié par MM. Lalande , on rendroit cette carte plus complète, et l'on parviendroit plus aisément à reconnoître et à suivre dans leur routeles petites planètes qui chemineront au milieu des étoiles télescopiques dont on auroit marqué la position sur cette carte locale. Quant à l'hypothèse de M. Olbers sur l'origine des quatre petites planètes , j'avois observé dans la lettre a laquelle celle que j'extrais a servi de réponse, que les orbites de ces planètes, quoique rapprochéesentre elles , n'étoient cependant pas si voi- sines, que l’on pût concevoir facilement comment elles n'é- toient que des éclats d'une autre planète brisée tout-à coup par une cause quelconque , intérieure ou extérieure , à nous in- connue. Pour appuyer cette observation, la Table suivante des distances moyennes absolues au soleil des quatre planètes , y avoit été jointe. Distances moyennes absolues au Soleil de Pallas 95,891,726 lieues. Cérès 91:990,432 Junon 91,277,824 Vesta 81,530,500 D'où il suit que l'orbite de Z’esta, la plusintérieure des quatre, est éloig: ée, dans sa moyenne distance , de celle de Pa/las de 14,361.426 lieues. M. Olbers m'a répondu que cet éloigne- ment étoit en effet considérable, mais que telle est l’excentri- cité de l'orbite de f’esta , que sa distance aphéiie est plus grande que la distance périhélie des trois autres planètes , d'où il suit que le point de départ a pu être le même. Il ne s'étend pas davantage sur les argumens qui appuient son hypothèse, parce qu'il publiera un écrit là-dessus, dont il veut bien me promettre un exemplaire. Dés que je l’aurai reçu, je m'em- presserai de vous en rendre compile. Du reste, la modestie charmante de M. Olbers l'empéche de souscrire aux éloges qui lui ont été donnés dans la lettre insérée dans votre numéro de février. La partialité pour lui de madame de Kulemcamp, a, dit il, embelli ce tableau. Il re- counoît d’ailleurs sa véracité sur tous les autres détails qui le concernent dans cette lettre, Il ‘s'étonne cependant, qu'on les, ait jugés dignes de quelque intérét pour les lecteurs de votre ET D'HISTOIRE NATURELLE, 13 Journal, dont il fait le plus grand cas , et au principal Rédacteur duquel il me demande de faire parvenir les témoignages de sa considération pour lui. Sa santé ayant été dérangée , vous vous joignez sans doute , Messieurs, d'autant plus à moi pour les vœux que tous les amis des sciences et de leurs respectables soutiens doivent former , pour qu’elle se rétablisse parfaitement. J'ai l'honneur d’être, etc. P. Prcor , Prof. INSTRUCTION PRATIQUE Pour faire le sirop, la cassonnade et le sucre de raisin; Pir M. FOUCQUE. M. Parmentier , dans le Mémoire (1) qu’il a publié sur l'em- ploi de nos fruits indigènes pour remplacer le sucre des Co- lonies , nous enseigne la manière de fabriquer les sirops et les raisinés acides ; il est possible que la médecine, en plusieurs cas, les emploie avec succès; mais je doute qu'ils puissent servir dans l’économie domestique pour suppléer le sucre de canre. J'en appelle au témoignage des mères de famille accou- tumées à faire leurs ratafiats, leurs confitures , etc. : je leur demande si jamais elles ont pu sucrer leur café , un fruit cuit ou cru avec du sirop acide ou du raisiné. Ces sucs, même dans le Midi, exigent encore l'addition de beaucoup de sucre de canne pour masquer leurs acides. J’ai goûté de ce sirop chez des personnes de la connoïssance de M. Parmentier ; elles n'ont pu le conserver qu'en y ajoutant de l’alkool (esprit- de-vin. ) Il n’en est pas ainsi du sirop de raisin dont les acides ont été saturés suivant le procédé de M. Proust : il ne diffère de celui de la canne que parce qu'il sucre peut-être un peu moins, Je lis, paragraphe 4 du Mémoire de M. Parmentier : {r) Dans la feuille du Moniteur du 7 juin deruier. S 2 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « Mais ce n'est pas du sucre concret et blanc, analogue à celui » du commerce , que je propose d'extraire des raisins, quels » que soient sa rareté et son prix. » Comment donc se peut-il que M. Parmentier , qui s'est oc- cupé du sirop de raisin, puisqu'il nous promet une instruction dans le mois qui précédera la vendange , n’y ait pas reconnu la présence du sucre cristallisé ?... Je dois à la vérité de répéter ici ce que j'ai publié dès le mois de décembre dernier, que le sirop de raisin saturé et rapproché à 30 degrés de l’aréomètre de Beaumé, se conserve parfaitement et aussi long-temps qu'on le desire ; qu'au bout de deux mois et beaucoup plus tôt, si on l'a moins rapproché, le quart de ce sirop reste liquide et incristallisable , et que les trois autres quarts se convertissent en cristaux sphériques de la grosseur des grains de millet, si toutefois on n’a pas touché le vase pendant cet intervalle , car ils sont fort petits si on l’a agité souvent avant le moment de la cristallisation. Depuis cette époque j'ai fait un grand nombre d’expé- riences , dont il est résulté que le moût du raisin saturé et évaporé à feu nu, est très-bon, mais affecte la couleur rouge- brun qui lui interdit l’entrée du laboratoire du limonadier, du liquoriste et du confiseur. Evaporé au bain de vapeur et rapproché au même degré, il est de couleur jaune-serin, et donne 75 p. ? de cristaux de la méme couleur que j'ai convertis en belle cassonnade , et de suite en sucre blanc. Traité de cette manière, le sirop de raisin pourra servir à composer le punch, les bavaroïises , la limo- nade, les liqueurs, les confitures de toute espèce , sucrer le café , les crêmes , etc. Je dois dire encore que je crains beaucoup que l'art du raf- fineur ne soit invoqué en vain pour obtenir le grain du sucre de raisin avant l'époque déterminée par sa nature ; l'addition de l'alkool , du sucre en poudre n’a point accéléré sensiblement la naissance des cristaux. J'ai aussi observé que mon sucre de raisin blanchi n’a pas la dureté sableuse du sucre de canne ; il est pulvérulent et doux au toucher. Sa saveur est aussi moins sucrée que celle du sirop et des cristaux réunis. On m'objectera. peut-être la difficulté d'évaporer en grand au bain de vapeur? Cet obstacle n'effrayera pas les artistes fa- miliarisés avec les grands appareils ; ils formeront sur le terrain qu'ils destineront à cette opération, un carré long avec des ET D'HISTOIRE NATURELLE, 141 claies contenues extérieurement avec des pieux. Ils le rem- pliront de terre , à trois pieds au-dessus du sol , et couvriront la superficie avec du poussier de charbon. Sur ce plancher peu perméable à la chaleur , ils dérouleront une feuille de cuivre étamé ou d’étain laminé , d’une demi-ligne: d'épaisseur , longue de huit à dix pieds et de trois pieds huit pouces de large; ils releveront les bords de six pouces de hauteur, et ceux-ci seront étendus et contenus par quatre planches posées de champ. A l'une des extrémités de cette chaudière , ils pratiqueront un trou , dans lequel ils feront entrer et souderont le col d’un cha- piteau d'alambic aplati et d'un pied et demi de large , auquel sera adapté un tuyau de fer blanc ou de cuivre étamé de mème dimension , lequel parcourra les contours intérieurs de la chau- dière , et reviendra sortir auprès de son entrée, où il sera éga- lement soudé à la chaudière. En lui donnant une inclinaison ‘ suflisante, la vapeur de l’eau condensée sortira par l’ouverture de ce tuyau , lequel excédera de quelques pouces le côté ex- térieur de la chaudière ; le chapiteau coiffera une marmite de fer blanc ou de cuivre de forme conique et d’une capacité suffisante pour contenir trois cents pintes d'eau. Ce vase posé sur un fourneau sera plein jusqu'aux trois quarts, et on entretiendra l’eau toujours bouillante. On remplacera de temps en temps l'eau vaporisée au moyen d’un tube de trois pouces d'élévation , et qui sera soudé à la partie supérieure de cet alambic. Les personnes qui voudront s'épargner l’embarras de monter cet appareil, poseront une chaudière évasée de trois pieds de diamètre sur un chaudron ordinaire rempli d’eau aux trois quarts. La vapeur de cette eau entretenue bouillante échauffera assez vivement le moût saturé que l’on aura mis dans la Chaue dière pour le rapprocher au degré que doit avoir le sirop. 3 En multipliant ces appareils, on pourra fäire évaporér en peu de temps de grandes masses d’eau sucrée; car, je le répète, le moût saturé n’est plus ‘que de l'eâù sucrée, Les mères de famille qui n'auront d'autre but que de faire leur approvisionnement en sucre de raisin, pourront se passer de ces grands appareils. Celle qui n'aura besoin pour sa con- sommation que de cent à cent, vingt-cinq livres de sirop, se: procurera:4oo liv. desmoût deraisin blanc en plusieurs, fois, Elle'aura l'attention'de'faire fouler de raisin dans des: cuviers qui n'auront pas’ servi dux vendanges précédentes; car Les cuviers , les hottes des Yéndanges coloreroïent le moût. 149! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette quantité étant déposée dans un euvier , elle en préle- vera deux fois plein un chaudron de 15 à 20 pintes, qu’elle fera chauffer jusqu’au point de ne pouvoir y tenir la main. Cette portion ainsi chauflée sera remise dans.le cuvier. Alors elle y jeitera, à différentes reprises, à raison de 10 pintes par cent livres de moût, de la craie pulvérisée, où des cendres de son cu (1), qu’elle aura tamisées huit jours d'avance, et lavées trois fois successivement avec de l’eau bouillante. Elle agitera ce mélange plusieurs fois avec un bâton. Après deux heures de repos , elle mettra une cuillerée de ce moût dénaturé dans une tasse de lait qu'elle fera bouillir. S'il tourne , elle ajoutera encore deux ou trois pintes de craie , et elle agitera de nouveau. Deux heures après elle fera encore un essai. Lorsqu’enfin le lait aura bouilli sans tourner, le moût sera encore converti en l'eau sucrée , qu'elle n’aura qu’à faire évaporer pour avoir du sirop. Je ne peux lui indiquer positivement la dose de craie ou de Cuarrée qu'elle doit employer, vu que les quantités d’acides qui se trouvent dans le jus des raisins varient à l'infini, Je conseille l'usage du lait, pour l'essai du moût , de préfé- rence au papier teint avec le tournesol , parce que la plupart des maîtresses de maison ignorent ce petit tour de main, et parce que l'expérience m'a prouvé que la couleur de ce papier n'é- toit pas changée sensiblement , lorsqu'il restoit encore un peu d'acide dans le moût, Celui-ci étant donc complètement saturé, on laissera reposer le mélange jusqu'au lendemain, qu'on le soutirera au moyen d'une canelle ajustée à la partie inférieure du cuvier , lequel , pour la commodité de ce souti- rage , devra être posé sur un chantier, Pour retirer l'eau sucrée qui reste dans le sédiment, on le transportera sur une toile d’un grain serré, et fixée avec quel- ques clous sur un cuvier posé sur une table ou un tréteau, l'eau filitrera à travers la toile , et sortira par un trou pratiqué au fond de ce cuvier. Si les premières gouttes qui s'écouleront ne sont pas limpides , on les reversera sur le filtre, on terini- (n) Je préfère les cendres lessivées : 1° elles ne communiquent point de mauvais goût au sirop, lorsqu'elles ont été reéueillies avec soin; 2° parce que la plupart des craies contiennent desmolécules d’argile très fines , qui ne se précipitent que lentement ; et qui.par.cette raison, mettent dans la nécessité de filtrer l’eau sucrée à trayersla chausse de drap ou de feutre , lorsqu'on est pressé de Ja faire évaporer. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 14 3 nera cette opération par mettre, en trois fois, un seau d’eau chaude sur le sédiment. S'il importe peu à la maîtresse de la maison que son sirop soit coloré , elle versera son eau sucrée dans un grand chaudron ; elle le mettra sur un feu doux, et elle enlevera , avec l'écumoire, dans le cours de la cuisson , la matière extractive qui s’élevera à la surface du liquide. À fur et mesure de l’évaporation , elle re- mettra dans le chaudron de l'eau sucrée qui aura étéécumée, jus- qu'à ce qu’enfin la quantité qu'il en pourra contenir soit réduite en sirop. Elle l'essayera de temps en temps à l'aréomètre, si elle en a un; si elle n’en a pas, elle en fera toinber une goutte surune assiette, Si cette goutte , après le refroidissement , coule en l'inclinant , le sirop ne sera pas assez cuit. Dès que la goutte figée s'inclinera sans couler, il sera fait. Alors on retirera les chaudières du feu , et on déposera le sirop dans les vases des- tinés à le conserver. Lorsqu'il sera refroidi, on le couvrira avec du papier que lon ficellera comme les pots de confitures. Si ce sont des tonneaux, on les posera sur leur fond , et on les couvrira avec des toiles tendues et contenues avec des clous. Je dois encore prévenir les mères de famille qui s'occu- peront de ce travail, qu'il est indispensable que toute l'opéra- tion soit cominentée. et finie en trois jours , afin de prévenir la fermentation. Celles qui desireront avoir un sirop de la couleur de celui de capillaire ordinaire , se procureront deux chaudrons ou deux bassines , dont l’une n’entrera qu'à moitié dans l'autre. Elles mettront de l'eau dans la plus grande, à une hauteur telle qu’elle ne puisse toucher le fond de la plus petite. L'eau de ce petit appareil étant entretenue bouillante , sa vapeur sera suffisante pour faire évaporer l’eau sucrée aussi rapidement que le feu nu. M. Parmentier nous dit , vers la fin de son Mémoire : « Les particuliers à portée de préparer, au-delà de leurs besoins, les supplémens du sucre que nous proposons , pourraient en faire le con merce , soit en sirop, ou en rob ou extrait : ils » mettroient les premiers dans des bouteilles de grès , et les » seconds dans des barriques ou tonneaux. : » Dans ce moment où l’on exagère les produits du raisin, » comme ou diminue les frais pour les obtenir , il est naturel » qu'on desire savoir quelle quantité de raisin fournit com- munément de sirop ou de rob, à quels signes on reconnoit 4 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » que l'un et l’autre ‘ont atteint le degré de perfection néces- » saire ; enfin le prix auquel ces objets bien conditionnés re- » viennent soit au Midi, soit au Nord,, etc. » Cet exposé pourra surprendre les personnes qui se sont oc- cupées du sirop .de raisin : des expériences répétées m'ont appris que pour le conserver , il n’est pas nécessaire de le ré- duiïre en rob, extrait ou raisiné. Tous mes sirops à 5o et 32 degrés se sont épaissis rapidement aussitôt que les cristaux ont commencé à s'y former, et ils ont acquis, au bout de deux mois , une consistance telle qu’en renversant le vase sens dessus dessous, il n'en tomboit pas une goutte. Ceux de M. Proust moins concentrés , ont présenté ce résultat dans 15 à 20 jours. Ainsi les personnes qui desireront obtenir des cristaux prompte- ment, n'évaporeront point leurs sirops à plus de 30 degrés. Quant à la quantité comparative obtenue , j'ai annoncé , et je répêteici, que le moût du raisin blanc, appelé mélier dans les environs de Paris, a donné à M. Proust 22 p. ? de matière sucrée sèche , le rouge 18 et le chasselas seulement 16. Ces expériences, qui ont été faites sous mes yeux, ont dissipé ma prévention sur les raisins de Surène, Je les ai répétées et j'ai obtenu cons- tamment les mêmes produits. Si ces raisins, les plus pauvres en qualité peut-être de la France, offrent ce résultat , que ne doit on pasattendre de ceux du Midi ; des raisins d'Espagne ont donné jusqu'à 35 p 5 à M. Proust, Quant aux frais de fabrication , ils seront relatifs à la capacité des vaisseaux dont on se servira pour faire évaporer l’eau sucrées Tel qui n’emploiera que pour un petit écu de bois pour rap- procher une pièce de moût saturé, dans une chaudière de dix pieds de long sur quatre de largeur et de deux à trois pouces de bord , en dépensera pour 6etoliv. , s'il évapore dans deux ou trois chaudrons de 30 pintes. Ce calcul est basé d'après des expériences réitérées , le prix du boïs étant évalué à raison de 6 deniers la livre. Au reste nous conseillons aux personnes qui ne récoltent point de raisin, d'acheter le moût en pièce, demi-pièce, enfin des quantités proportionnées aux dimensions des .chaudières u’ils auront pour .le faire évaporer, et d'avoir attention de fire fouler le raisin en leur présence, dans des cuviers qui n'aient pas servi à la vendange. Le vigneron enlevera les coques et les rafles, et les portera dans la cuve pour être comprises dans ses marcs. D'aprés ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 D'après tous les faits résultant de mes expériences, je peux annoncer , 1° que quatre cents livres de mout saturé extrait du raisin de vigne des environs de Paris, donnent de 100 à 125 liv. de sirop à 3o degrés, dans lequel se forment d'eux-mêmes et sans art des cristaux sphériques, lesquels, après avoir été égouttés sur un filtre de toile, pèsent 75 tb. 2°, Que ces cristaux, après avoir été exprimés fortement , ne pèsent plus que 60 b. 30. Que si on soumet ceux-ci aux opérations du raffinage, on obtient 40 ib de belle cassonnade. 4°. Qu’ensuite si on la raffine jusqu'a ce qu'elle soit blanche comme le sucre d'Orléans, on peut la mettre en pains dans des formes ; elle ne pèse plus alors que 16 #6. 5°. Que parvenue à ce point elle est assez dure et assez concrète pour supporter le trausport et tous les mouvemens du commerce. J'ai eu l'honneur de remettre un petit pain de ce sucre à Son Excellence Mgr le Ministre de l'Intérieur, le ,3 juillet dernier. En cet état, cesucre est beaucoup moins sucré que la cassonnade, et celle-ci moins que le sirop etles cristaux réunis, J'ai décrit la série de mes travaux sur cette matière, je fais des vœux pour que des hommes plus éclairés nous tracent des routes plus courtes et plus faciles pour arriver au point où je suis parvenu. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Nouveau Cours complet d'Agriculture Théorique et Pra- tique, contenant la grande et la petite Culture | l'Economie rurale et domestique, la Médecine vétérinaire | etc., où Dictionnaire raisonné et universel d’ Agriculture. Ouvrage rédigé sur le plan de celui de feu l’Abbé Rozier, duquel on a conservé tous les articles dont la bonté a été prouvée par l’expérience ; + ps hr 0 en Par les Membres de la Section d'Agriculture de l’Institut de France , etc. MessirEURSs: Thouin, Professeur d'Agric. au Muséum d'Histoire naturelle Parmentier , Inspecteur général du Service de Santé. - Tessier ; Inspecteur des Etablissemens ruraux appartenant ‘au Gouvernement. Tome LXVII. AOÛT an 1808. . T 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Huzard , Inspecteur des Ecoles vétérinaires de France. Silvestre ; Chef du Bureau d’Agric. au Ministère de l'Intérieur, Bosc, Inspecteur des Pépinières Impériales et de celles du Gou- vernement- Chassiron , Vice-Président de la Société Impériale d’Agricul- ture de Paris. Chaptal , Membre de la Section de Chimie de l'Institut. | Lacroix, Membre de la Section de Géométrie de l'Iustitut. Perthuis ,\ Membres de la Société d'Agriculture de Paris, et Yvart , } de plusieurs autres Sociétés savantes. Décandolle , Professeur de Botanique , et Membre dela Société d’Agriculture. Dutour , Propriétaire-Cultivateur à Saint-Domingue , et l’ua des auteurs du Nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle. T'oûs Membres de la Société d'Agriculture de Paris. Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la publication des pre- miers volumes du Cours de Rozier. Dans cet intervalle mémora- ble, l'Agriculture, etles Sciences dontelleemprunte leslumières, ont fait de grands progrès. Cependant cette branche essentielle dela prospérité publique et particulière n’offre aucun ouvrage gé- néral quiretrace dignementl'état actuel de nos connoiïssances. Le choix des hommes qui concourent à l’entreprise que nous annon- çons, en présage le mérite , et doit en garantir le succès. Leurs noms, connus dans l'Europe par de nombreux travaux , la con- fiance qu'ils obtiennent du Gouvernement, lerang qu'ils occupent dans les Sciences , confirment cette espérance. ils rempliront la tâche qu'ils s'imposent ; d'une manière digne de leur réputa- tion ; ‘et parmi leurs titres les plus honorables on pourra compter un Livre important pour les premiers besoins de la Société. Les Auteurs ont toujours eu pour principe d'être utiles à leurs concitoyens; et depuis trois ans qu’ils travaillent à cet ouvrage, ils se sont convaincus, par leur propre expérience, qu'ils ne peuvent donner un bon Livre sur VA griculture , au niveau des connoissances actuelles, digne de leur siècle, du Public et d'eux , à moins de 12 volumes. LEO spl Cet ouvrage ,. orné de planches ‘en taille-douce , formera donc environ 12 vol. in-8 , de 5 à 600 pages chacun , semblable à ceux du VNouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle , dont le même Libraire est Editeur. Il paroitra par Livraisons de trois vo- lumes, de trois mois en trois mois. Chaque volume broché , pris à Paris, coûtera fr. aux Souscripteurs, et 8 fr. à ceux qui n'au- ront point souscriti CALE | Pre. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 147 L'on souscrit en envoyant son Nom à Déterville , Libraire, rue Hautefeuille, n° 8. L'on ne paye point d'avance. La souscription sera fermée le 1er octobre 1808. L’on ne recevra point de lettres non affranchies. Cours Complet d'Agriculture Pratique , d'Economie Rurale et Domestique, et de Médecine Vétérinaire ;, rédigé par l'Abbé Rozier, et présenté par ordre alphabétique : Ouvrage dont on a écarté toute Théorie superfiue , et dans lequel on a scrupuleusement conservé la Pratique de l'Agri- culture adoptée par Rozrer et par MM. Parmentier et de la Lauze , Collaborateurs qu'il s’étoit choisis. On y a ajouté les Connoissances Pratiques acquises depuis la publication de son Ouvrage, sur toutes les branches de l’A- griculture et de l’'Econonue Rurale et Domestique, Par MM. Sonnini, Tollard, de Lasteyrie, Lamarck ; Cotte, Chabert , Cadet de Vaux,Fromage, Lombard, Curaudau, Charpentier-Cossigny. Cinq volumes in-8°, de 500 pages au moins chacun , et au plus six volumes, ayec le Portrait de Rozier, celui de M. Par- mentier,et30 planchesgravéesen taille-douce par T'ardreuV'ainé. A Paris, chez F. Buisson , Libraire-Editeur , rue Git-le- Cœur , n° 10. Léopold Collin, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 4. D. Colas, Editeur du Journal des Propriétaires Ruraux , rue du Vieux-Colombier, n° 26. Cet ouvrage formera 5 volumes /7-8° , de 5oo pages au moins chacun, imprimés sur caractères neufs de Philosophie , et sur beau papier carré fin d'Auvergne , et au plus 6 volumes. Le 7. volume seroit délivré aux Souscripteurs, sans aucun dé- boursé de leur part, si les matières entrainoient les Auteurs au-delà de 6.Il contiendra aussi les Portraits de feu l'Abbé Rozier et de M. Parmentier , et environ 30 Planches gravées en taille-douce, par Tardieu l'ainé. On ne demande point d'argent d'avance. 11 sufira d'envoyer, d'ici au 1®* SéDtombre 1808 , son nom et son adresse , francs de port, à F. Buisson , Libraire , rue Git-le-Cœur ,n° 10 , à Paris ,ouà Léopold Collin, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 4; ouà D. Colas, Libraire. Toute Lettre 207 affranchie ne serapasrecue. Le prix de chaque volume broché sera de 6 fr. , pris à Paris, ilsera de 7 fr. pour les Personnes qui ne se seront pas fait inscrire avant le 1e" Septembre , et en outre elles ne jouiront pas des premières Epreuves des Planches. T 2 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CH1MI1r Cet Ouvrage sera publié par Livraisons de deux volumes, dont la première sera livrée aux Souscripteurs le 1e Octobre 1808 ; la deuxième , le re Janvier 1809, et en Mars suivant la dernière L’Agriculture , disent les Auteurs , a fait de très grands pas vers son amélioration. Les Sciences , d’où elle tire des règles et des principes , se sont également perfectionnées. Quelques-unes même sont entièrement changées de face, ensorte que plu- sieurs articles du Cours d'Agriculture de Y Abbé Rozier, ne sont plus en accord avec les connoissances acquises depuis sa pu- blication... Nous avons donc pensé que les amis de l'Agricul- ture et de l'Economie Rurale et Domestique, accueilleroient favorablement une nouvelle Edition du Cours Complet d'A- griculture de l'Abbé Rozxer , renfermée dans 5 ou 6 volumes format 22-8°, et dans laquelle nous conservons tout ce que cet Auteur célèbre a écrit d’exact sur l'Agriculture , que nous augmentons d’un grand nombre d'articles, qui ont échappé à Rozier, ou dont les sujets ont été connus après qu'il a cessé d'écrire. Nous réduisons le tout à la seule pratique. Instruction sur les moyens de suppléer le sucre dans les principaux usages qu’on en fait pour la Médecine et l'Economie domestiques , par M: Parmentier, Membre de la Légion d'Honneur et de l'Institut de France. Un vol. :7-8° de 06 pages. A Paris, chez Méquignon aîné, Libraire , rue de l’École-de- Médecine. Dans un instant où le sucre ordinaire, celui que fournit la canne , est élevé à un haut prix, on a cherché à y suppléer par tous les moyens possibles. Un a eu d’abord recours au miel, comme le faisoient les Anciens qui ne connoissoient pas le sucre de l'arundo saccharifera ; mais son goût ne nous est point aussi agréable ; et d'ailleurs où prendre la quantité de miel nécessaire pour suppléer au sucre ? On a ensuite eu recours aux végétaux dont la saveur est, sucrée ; on en a fait différentes préparations connues sous le nom de raisiné , parce que le raisin en fait le plus souvent la base ; mais on fait entrer dans ces raisinés d’autres fruits, tels ue. les poires, les coings, les pommes, les prunes... Le célèbre Auteur de l'écrit que nous annonçons, décrit très en détail les procédés pour faire ces raisinés, et les autres pré- parations analogues qui peuvent suppléer le sucre. C’est une nouvelle obligation qu'on lui a. , On connoît les travaux utiles qu’il a faits sur l'art de perfec- tionner la culture de la pomme de terre, du maïs,... et tout ce qui a rapport à cetle partie de l'Economie domestique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 Annales des Voyages, de la Géographie et de l Histoire, publiées par M. Malte-Brun. VIT et IX°e Cahiers, qui complè- tent le IIIe, contenant: Essai sur l’Origine , les Mœurs et l’état actuel de la Nation Albanaise , par M. Ange Masci , communiqué par M. Sonnini ; — Géographie Virgilienne , ou Commentaire sur quelques Pas- sages MR ce de Virgile , par le Rédacteur ; — Notice sur la Plaine de la Crau , par M. de Lamanon , extraite de ses papiers inédits; — Histoire Littéraire des anciens Voyages, par M. Beckman, Professeur à l'Université de Gottingue ; — Sur la Population de la Suède ; — Pinkerton , jugé par les An- glais, ou Remarques critiques sur la Seconde Edition anglaise de sa Géographie, traduites de l'anglais ; — Réclamation de M. de Vesvrotte contre le Voyage de M. Acerbi ; — Notice des Cartes de la Suède; — La Confrairie de la Corne, par M. 4. de Kotzebue ; — Jardins flottans du Mexico ; — Revue des Ouvrages nouveaux sur l’Indostan. Ces deux Cahiers sont accompagnés d’une Carte de la Fin- lande , dressée par M. Lapié , Capitaine-Ingénieur-Géographe, Chaque mois , depuis le 1* Septembre 1807, il paroit un Cahier de cet Ouvrage , accompagné d'une Estampe ou d’une Carte Géographique. Le prix de la Souscription est de 24 fr. pour Paris , pour 1> Cahiers , que l'on reçoit francs de port, et de 14 F. pour 6 Cahiers. L'argent et la Lettre d'avis doivent être adressés, francs de port , à F. Buisson , Libraire , rue Git-le-Cœur, n° 10, à Paris. Nous ayons déjà fait connoitre différens Cahiers de ces An- nales. Ceux-ci ne sont pas moins intéressans que les premiers. Mes. Conjectures sur le Feu , considéré dans l'Univers, et dans l'Homme physique et moral ; suivies de l’application de cette Théorie aux travaux des Forges. Par J. B. P. Baudreville, Officier supérieur du Corps Im- + de l'Artillerie. Avec trois Planches en taille-douce. 2 vo- umes én-8°. Prix, 10 fr. 5o cent. , et 12 fr. 5o cent. franc de port par la Poste. Paris , chez Lenormant, rue des Prètres - Saint- Germain- l'Auxerrois ; Magimel, rue de Thionville , et Fr. Schoell , rue des Fossés-Saint-Germain-l Auxerrois. Strasbourg , chez Levrault , Imprimeur-Libraire. Des Considérations sur le feu, et leur application aux tra- vaux des Forges, sont des sujets très-intéressans. Description Topographique et Statistique de la France , contenant , avec la carte de chaque Département , la Notice 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE historique de son ancien état; ses divisions territoris’;, civile et politique; ses Montagnes , Rivières, Canaux, navigation intérieure, agriculture, productions , industrie, commerce , étendue ; population, contributions , instruction publique, mœurs , antiquités , etc. Dédiée ec présentée à $S. Exc. M. le Comte Regnaud de Saint-Jean-d'Angely , Ministre d'Etat, Président de la Sec- tion de l'Intérieur du Conseil d'Etat, etc., etc. Par J. Peuchet, Membre de l'Académie Celtique, de celle de Caën , de la Société d'Agriculture et du Collége Electoral du 2° Arrondissement de Seine et Oise, etc.; É Et par P.-G. Chanlaire , Membre de l’Académie Celtique, de la Société d'Agriculture du Département de la Haute-Marne, de l'Athénéé des Arts, Directeur du Bureau Topographique . du Cadastre de la France, et de l'Atlas national. Dix-septième Livraison. PLAN DE L'OUVRAGE. . Depuis qu'on s'occupe plus particulièrement de l'étude de la Géographieet de la Statistique , et qu'on en apprécie l'impor- tance, le Gouvernement a ordonné , pour. perfectionner ces deux Sciences , de grands travaux , parmi lesquels le Cadastre et la Statistique de la France tiennent le premier rang. Les Auteurs de celle qu'on annonce ont considéré .que ce grand travail, commencé , comme on vient de le dire , par ordre du Gouvernement, et dont l'Editeur a publié le premier vo- lume, ne pouvoit être terminé que dans bien des années; que même le supposant achevé , il ne pourroit servir aux études classiques, ni être à la portée de tout le monde ( Il aura près de cent vingt volumes 2-4°. ) Ils ont donc pensé que ce seroit une chose utile aux Lettres, au public , et à ceux quise destinent à l'enseignement ou aux professions qui exigent des connoissances géographiques , de profiter de tous les renseigne- mens et de tous les moyens qui sont à leur disposition, pour donner , dans ce moment, une description topographique et statistique de la France, en publiant deux ou trois Départemens par mois. (Il y en a déjà dix-sept de livrés depuis que la première annonce de l'Ouvrage a été rendue publique , savoir : Roër, Vienne, Bouches-du-Rhône, Var , Eure-et-Loir, Jura, Céte-d'Or, Seine-Inférieure , Bas-Rhin , Aisne, Hautes- Pyrénées, Sambre-et-Meuse , Rhin-et-Moselle , Sarre , Mo- selle, Ainet Lys.) ET D'HISTOIRE NATURELLMÆ, ab On s'inscrit à Paris, chez P.-G. Chanlaire, rue Geofroy-Langevin, n° 7, près la rue Sainte-Avoye; Cabany frères, négocians, rue de l'Aiguillerie-Sainte-Op- portune , n°2 ,et Saint-Denis , n° 79; u Courcier, Imprimeur-Libraire , quai des Augustins, n° 57, chargé de l'exécution typographique. Le méme Libraire vient de réunir à son fonds les Œuvres de Jeu M. Ferdinand Berthoud , dont les titres suivent : Œuvres sur l’Horlogerie , par Ferdinand Berthoud , Mécanicien de la Marine, Membre de l’Institut national de France , et de la Société royale de Londres , Membre de la Légion d'Honneur. , 1°. L’art de conduire et de régler les Pendules et les Montres. Paris , 1805, vol. in-12 , avec quatre planches. Prix, 2 fr. 75 c. par la Poste. 2. Essai sur Horlogerie , dans lequel on traite de cet art relativement à l’usage civil, à astronomie et à la navigation , suivi des éclaircis— semens sur l'invention, la théorie, la construction et les épreuves des nouvelles machines proposées en France pour la détermination des lon- gitudes en mer, par la mesure du temps , avec 38 planches , 2 vol. in-4e Prix , 96 fr. 39. Histoire de la mesure du temps par les Horloges. Paris, 1802; 2 vol. in-4° , avec 23 planches gravées. Prix, 36 fr. 4°. Traité des Horloges marines , contenant la théorie , la construction ; la main-d'œuvre de ces machines , et la manière de les éprouver , suivi des éclaircissemeus sur l'invention, la théorie, la construction et les épreuves des nouvelles machines proposées en France pour la détermi-— nation des longitudes en mer par la mesure du temps, avec vingt-sept planches. Prix ,27 fr. 5°. Eclaircissemens sur l’invention, la théorie, la construction et les épreuves des nouvelles machines proposées en France pour la détermina—= tion des longitudes en mer par la mesure du temps , servant de suite À l’Essai sur { Horlogerie et au L'raité des Horloges marines , etc. vol. in-49, PIX ONE. À 6°. Les longitudes par la mesure du temps ; ou méthode pour déterminer les longitudes en mer , avec les secours des horloges marines , suivie du recueil des tables nécessaires au pilote , pour réduire les observations rela- tives à la longitude et à la latitude , vol. ir-4. Prix , 9 fr. 7°. De la mesure du temps , ou supplément au Traité des Horloges ma- rines et à l’Essai sur l’Horlogerie, contenant les principes de construc— tion , d’exécution et d’épreuves des petites horloges à longitude portatives , et application des mêmes principes de construction , etc, aux montres de poche; ainsi que plusieurs .constructions d’horloges astronomiques , etc. onze planches en taille-douce. Prix, 18 fr. . 8. Traité des Montres à longitude ; contenant la description et tous les détails de maiu-d’œuvre de ces machines, leurs dimensions , la manière de les éprouver , etc..suivi 1° du Mémoire instructif sur le travail des hor- loges et des montres à longitude; 2° de la description des horloges astro- nomiques ; 3° de l’Essai sur une méthode simple de conserver le rapport des poids et des mesures, et d’établir une mesure universelle el perpe- tuelle , avec sept planches en taille-douce , vol. in-4°, 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. 9. Suite de ce Traité , contenant , 1° la construction des montres verti— cales portatives , et celle des horloges horizontales, pour servir dans les ongues traversées ; 2° la description et les épreuves des petites horloges horizontales plus simples et plus portatives , avec deux planches en taille- douce. Prix de ces deux derniers volumes , réunis en un seul , 26 fr. 100. Supp'ément au Traité des Montres à longitude , suivi dela notice des recherches de l’Auteur, depuis 1752 jusques en 1807. Prix 7ifn Total de cette collection 167 fr. 75 cent. . 6 Tous les Ouvrages qui composent cette colleciotn, se vendent ( séparement ) à Paris, chez Courëter, Imprimeur-Libraire , quai des Augustins ,n° 57 On peut se procurer un Catalogue plus détaillé et plus explicatif. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. De l'Action des Courans à la surface du Globe Terrestre ; par J.-C. Delamétherie. 81 Expériences pour faire suite à celles sur la décompo- sition du soufre. Par M. F. R. Curaudau, Profes- seur de Chimie applicable aux ÆAris, et Membre de plusieurs Sociétés sasantes. Tableau Météorologique. Analyse de la Datholite, par Vauquelin. ( Extrait.) 122 Extrait d'une Lettre d'Honoré Flaugergues, à J.-C. Delaméthertie. "Addition aux observations sur la diminution de dila- ‘tabilité de l'esprit de vin dans les Thermomètres (Journal de Physique , avril 1808 , page 295. ) Par ibid. Honoré Flaugergues. Extrait d'un Mémoire sur la construction et Les effets du Briquet pneumatique ; par le Bouvier-Desmortiers. 123 Lettre de M. le Professeur Picot, sur les nouvelles’ Planètes et les vingt-une dernières Comètes, à MM. les Rédacteurs de la Bibliothèque Britannique. 133 Ænstruction pratique pour faire le sirop , la cassonnade ë 139 et le sucre de raisin ; par M. Foucque, Nouvelles Litiéraires. 148 mb + din, + 2 g jué 1 core et 2 "prose + nn ee ben mme ma 4 à AC ASS Fr) CASE) W! er NN 4 Dre s & ras" SRE L: Ÿ N | x NN Ce : Ÿ ù N ) FRITES | Fr Le EE 1 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. SEPTEMBRE An 1808: RÉSULTATS D'OBSERVATIONS ET CONSTRUCTION DES TABLES, Pour servir à déterminer le degré de probabilité de la guérison des aliénés ; Par M. PINEL. Is est difficile de s'entendre en médecine, si on n’attache un sens précis au mot expérience, puisque chacun vante les résultats de la sienne propre , et qu'il cite plus ou moins de faits en sa faveur. Une expérience, pour être authentique et concluante, et servir de fondement solide à une méthode quelconque de traitement, doit être faite sur un grand nombre de malades , asservis à des règles générales et dirigés suivant un ordre déterminé. Elle doit être aussi établie sur une succes- sion régulière d'observations constatées ayec un soin extrême, et répétées pendant un certain nombre d'années ayec une Tome LXVII, SEPTEMBRE an 1808, LÀ 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMr= sorte de conformité. Enfin elle doit rapporter également les événemens (x) favorables comme ceux qui sont contraires, assigner leurs nombres respectifs , et instruire autant par les uns que parles autres. C'est assez dire qu’elle doit étre fondée sur la théorie des probabilités déjà si heureusement appliquée à plusieurs objets de la vie civile, et $ur laquelle doivent dé- sormais potter les méthodes de traiternent des maladies, si on veut les établir sur un fondement solide. Ce fut là le but que je me proposai en l’an X relativement à l'aliénation mentale, lorsque le traitement des aliénées fut confié à mes soins et transféré à la Salpétrière. L'hi-toire exacte de l'aliénation et la détermination de ses caractères distinctifs, avoient été l’objet fondamental du traité que je publiai en l'an IX sur cette maladie ; mais quelques observations isolées sur une manicre efficace de diriger le trai- tement , ne me paroissoient donner encore qu'un résultat dou- teux , et il restoit à faire une expérience authentique de plu- sieurs années pour servir à la solution de la question suivante : Quels doivent: être dans un hospice d'aliéné-s, les moyens in- térieurs à prendre, l’ordre constant à y maintenir et les prin- cipes du traitement médical à adopter, pour obtenir le rap- port le plus favorable entre le nombre des guérisons et la to- talité des admissions ? Je crus pouvoir commencer une expé- rience ce cette sorte au mois de gérminal de l'en X à l’hos- pice de la Salpétrière. Le local étoit vaste et susceptible de toutes les distributions nécessaires. J'étois vivément secondé par le conseil d'administration des hospices , et il ne manquoit rien au zèle et à l'habileté de l'homme chargé de me seconder pour le maintien de l'ordré et la surveillance du service. L’é- tablissement prit donc une marche régulière dès les premiers 1 (1) La médecine renférme deux parties très-distinctes ; une purement descriptive , a pour objet l’histoire exacte des phénomènes des maladies ; elle est déjà très-avancée , et san enseignement fait chaque jour de nou- veaux progrès en prenant pour guide la marche suivie dans. toutes les au tres branches de l'histoire naturelle : l’autre partie de la médecine en= core chancelante sur ses bases sous le nom de thérapeutique , ne contient que ides préceptes ‘vagues dont l’application est peut-être plus difficile et plus incertaine qu’un défaut total. de pareilles connoissances. Dans les Traités, particuliérs des, maladies on ne, parle que de quelques succès obtenus , et on jette un voile sur les cas où on a échoné Dès-lors un aveugle empyrisme se trouve au niveau du vrai savoir, et la médecine sous ce rapport ne peut prendre le caractère d’une: vraie science! que pas lapplication du calcul desprobabilités, ET D'HISTOIRE NATURELLE., 155 temps, et toujours en garde contre uné prévention exclusive et l'erreur , j'eus soin de faire de &ix en six. mois des relevés des registres pour connoître le nombre respectif des guérisons par comparaison à celui qu’on obtient ailleurs , et pour sou- nettre à un examen également attentif les cas où le traitement avoit été heureux, et celui où il avoit été sans succès; c’est après un travail semblable continué de suite pendant quatre années moins trois mois, c'est-à-dire, depuis le mois de ger- minal an X jusqu'au 1* janvier 1806, qu'a été construite la tuble générale que je soumets zu jugement de la Classe. Les préjugés et la négligence ont fait comme ériger en prin- cipe, dans le plus grand nombre d’hospices, l'incurabilité absolue de tous les aliénés, et pour la produire on y prend des moyens infaillibles, une réclusion étroite, des actes de dureté et de violence et l’usäge des chaines. On convient dans un très- petit nombre d'hospices tenus avec régularité, qu'on peut guérir cette maladie , et ce qu’il y a de mieux, on le prouve par une expérience répétée. Mais les relevés des registres, faits tant en France qu'ailleurs, apprennent qu'on ne parvient par toutes les méthodes connues qu’à en guérir un plus ou,moins grand nombré, et que tout ce qu'on peut se proposer désor- mais se réduit seulement à obtenir un rapport plus ou moins avantageux entre le nombre des guérisons opérées et la totalité des admissions. Or cette totalité équivaut à la somme des guérisons et des non-guérisons ; il s'ensuit qu'on tombe alors dans le calcul des probabilités et dans l’usage d’un de ces prin- cipes élémentaires , savoir , que la probabilité d'un événement se mesure par une fraction dont le numérateur est le nombre des cas favorables, et le dénominateur , le nombre de tous les cas possibles , favorables ou contraires. Il a fallu donc tenir des registres exacts des diverses espèces d’aliénées et de leur nom- bre respectif, déterminer avec soin le vrai caractère des faits observés , pour les rapporter à leur place dans les tables, et ne point dissimuler même ceux qui peuvent laisser encore du doute et de l'incertitude. On a dû surtout éviter d’enfler gra- tuitement le nombre des événemens favorables, en déguisant ceux qui sont incertains ou contraires , car, comme leremarque Fontenelle au sujet de l’ouvrage de Daniel Bernoulli (De arte conjectandi), la difficulté est qu’il nous échappe des cas où l'événement peut arriver ou ne pas arriver, et plus il y a de ces cas inconnus , plus la connoissance du parti à prendre est incertaine. e 2h! V 2 156 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE Deux méthodes sont en usage dans le traitement de l’alié- nation ; l’une très-ancienne, consiste à brusquer la maladie dans son cours par dessaignées répétées , des douches fortes , des bains froids , ou même des bains de surprise , une réclusion étroite. L'autre, qui est adoptée à la Salpètrière et sera développée dans la seconde édition demon Traité de la manie, fait regarder l’aliénation comme une maladie aiguë qui a ses périodes suc- cessives d'intensité, de déclin et de convalescence, dont l'ordre ne doit point étre interverti, mais dont il faut calmer les symptômes par des moyens doux, des bains tièdes, des boissons relâchantes, quelquefois des calmans ou des douches très légères , dans certains cas une répression énergique , mais courte , et toujours des manières bienveillantes ou l'art heu- reux de gagner la confiance de l'aliénée , à moins que sa raison ne soit entièrement bouleversée. Quelle esi celle des deux mé- thodes qu’on doit préférer ? Un simple relevé des registres, des tables construites avec soin mois par mois, année par année, dans Uivers hospices , et la théorie des probabilités suffisantes pour résoudre cette question , et on pourra recon- noitre par une simple comparaison , de quel côté est constam- ment l'avantage ? Je commence par publier les résultats de la méthode de traitement que j'ai suivie. Rien n’est plus obscur que la nature des fonctions cérébreles ou intellectuelles , et comment apprendre à remédier à leurs dérangemens divers, que par des résultats comparatifs de l'observation , ou en d’autres termes, le succès du traitement ne doit-il point ètre assimilé à un événement composé suivant une loi donnée d'événemens simples , et pour chercher sa probabilité, ne faut-il point ré- péter un grand nombre «le fois l'expérience qui peut amener l'événement etexamiuer combien de fois il'est.arrivé ? 1, Règles suivies à l'hospice des aliénées de la Salpétrière pour la tenue des registres et la construction des tables. Les aliënées sont eñivoyées à la Salpêtriére soit de l’intérieur de Paris, soit des autres départemens voisins, d'après un simple billet du bureau général d'admission, et après que l'aliénation à été constatée. À leur entrée dans l'hospice on inscrit dans un registre déposé au bureau leurs noms, leur âge , le lieu de leur naissance et la date de leur réception. On y ajoute des notes märginales sur leur état antérieur et la cause de la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 maladie , lorsque les parens peuvent fournir des informations exactes, car le procès-verbal de l’invasion de la maladie reste déposé ailleurs et ne nous est point communiqué. 176 aliénées furent admises au traitement depuis le mois de germinal an X jusqu'à la fin de fructidor de la méme année ; 208 en l’an XI; 262 en l'an XIL; 104 en l'an XIII, et 252 pour les neuf der- niers mois de l’année 1805. Ces sommes réunies donnent une totalité de 1002 aliénées reçues dans l’espace de quatre années moins trois mois que comprennent mes tables. £ L'aliénation n’est qu'une dénomination générale propre à exprimer une lésion dés fonctions cérébrales ou intellectuelles , mais il importe d’indiquer les nombres respectifs des quatre diverses espèces d’aliénées que l'observation la plus constante a fait distinguer. On peut voir dans la table générale celui des aliénées affectées de la manie , reçues dans l’hospice année par année. Leur totalité pour quatre années moins trois mois, a été de 604. On observe, quoiqu’avec moins de fréquence que la précédente , une autre espèce d'aliénation marquée par un état de stupeur, une morosité sombre avec un délire exclusif sur certains objets, et le libre usage de la raison sur tous les autres ; c'est ce qu'on appelle r2é/ancolie. Le nombre des per- sonnes qui ont été reçues dans cet état, a varié d’année en année, comme l'indique la simple inspection de la table générale. Leur totalité pendant quatre années moins trois mois , a été de 250, parmi lesquelles 38 étoient dominées par un penchant violent au suicide. Le genre de mort que les femmes ont cherché sur- tout à se douner , a été de s'étrangler avec un mouchoir ou un lacet , surtout la nuit en se cachant dans leur lit. Aussi, pour les surveiller avec plus de soin, a-t-on coutume de faire des rondes pendant'la nuit, ou de placer les plus suspectes dans un dortoir en face d'un réverbère. La démence marquée par l'incohérence des idées et la débi- lité des fonctions cérébrales sans agitation et sans fureur , est souvent l'effet d'un âge avancé et peut être aussi produite par d'autres causes accidentelles. J'en aï compté 152 dans l'espace de temps indiqué , et 64 sur ce nombre avoient été réduites à cet état par un âge avancé. Enfin la dernière espèce d’aliéna- tion dont j'ai à parler , et qu’on nomme idiotisme , consiste dans une abolition plus ou moins complète des affections du cœur et une absence d'idées. Cet état est presque toujours originaire et vient de naissance, et leur totalité a été de 56 pendant quatre années moins trois mois. C'est la distinction de 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces différentes espèces d'aliénations qui a servi de fondement à la construction de diverses tables dont je publie le résumé dans la table générale, Elle m’a été aussi très-utile pour recueillir: mes notes journalières et pour leur donner plus de précision et d'exactitude. Elle a enfin beaucoup servi à simplifier le trai- tement et à éviter des erreurs qui,auroient pu être, commises dans un rassemblement nombreux d’aliénées. L'avantage de pouvoir suivre et observer les aliénées de toutes les espèces, dans leurs périodes successives d'état aigu, de déclin et de convalescence, lessinconvéniens attachés à une communication libre et réciproque des aliénées qui sont dans ces divers degrés , enfin l’ordre et la facilité du service, ont rendu nécessaire une sorte de distribution des aliénées en trois grandes divisions, de quelque espèce qu’elles soient , sans compter les incurables confinées dans un local particulier , ét celles qui ont des maladies incidentes et qui ont aussi leur in- firmerie. Mais comme on les fait passer d’une division dans une autre suivant les changemens qu'elles éprouvent, ou qu'on les ramène dans le cas d’une rechute à leur ancienne division , il est nécessaire pour retrouver chacune de ces aliénées lorsqu'on la demande, ou au moment de la visite, d'indiquer ces, dé- placemens successifs ou alternatifs dans un registre particulier , avec des cartes mobiles qui peuvent étre transportées d'une feuille dans une autre , et qui contiennent également les dési- gnations des aliénées avec des notes sur leur état antérieur, et un chiffre de renvoi à la page du registre premier déposé dans le bureau. Le nombre respectif des aliénées contenues dans ces divisions est sans doute variable , mais ces. variations sont ren- fermées dans certaines limites ; c'est ainsi que dans un recen- sement fait le 28 frimaire an XIII, je reconnus que dans la première division , celle des aliénées agitées ou plus ou moins furieuses , soumises au traitement , on en comptoit 24; dans la deuxième division , celle des aliénées au déclin de leur ma- ladie, ou qui n’éprouvoient que quelques retours périodiques d’effervescence, on en comptoit 196. Le dortoir enfin destiné à l'entière convalescence renfermoit 59 personnes dont la raison n'ayoit besoin que d'être pleinement raffermie pour pouvoir être rendues à la société ; c'est ce qu’on obtient surtout par le moyen d’un travail manuel , car un atelier de couture est adja- cent à cette division. On doit peu s'étonner de trouver si petit le nombre des aliénées de la première division : souvent en effet on amène à l'hospice des personnes très-délirantes ou ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 furieuses qui par des voies de douceur sont promptement ra- menées, eten état de passer à la deuxième ou troisième divi- vision. Le secret d’un hospice bien ordonné est de réduire au minimum le nombre des aliénées qui ont besoin d’une étroite réclusion dans un local déterminé. Sur les vingt-quatre loges destinées aux aliénées les plus agitées , on n’en trouve souvent que six ou huit qui soient occupées, quelquefois trois ou quatre, et les autres aliénées de cette division conservent une sorte de liberté dans leur local particulier , c’est-à-dire que celles qui sont étroitement recluses forment à peine les 0,02 du nombre total des aliénées au traitement, par le système général de douceur et de liberté adopté dans Fhospice. Il. Aliénées admises uu traitement, sans aucun renseigne- ment sur leur état antérieur, ou bien aliénées traitées ailleurs avant leur admission dans l'hospice. Les aliénées sont souvent admises par une mesure de sureté générale ou de toute autre manière , et les procès-verbaux qui constatent la cause de la maladie ou d'autres événemens arrivés depuis cette époque nous restent inconnus ; ce qui prive de plusieurs connoiïssances utiles pour diriger le traitement. La quatrième colonne verticale de la table générale a été consa- crée à cette sorte de recensement ; ainsi par exemple, sur 117 personnes attaquées de manie, 42 out été admises au traite- ment en l'an X , sans qu’on eût été informé de l’état antérieur ; 58 sur 124 en l’an XI; 8o sur 155 enl'an XIE, etc. On peut faire des remarques analogues sur les autres espèces d’aliéna- tion, ensorte que pendant l’espace de temps que comprennent mes tables , 381 aliénées sont dans ce cas , c’est-à-dire, 0.38 de la totalité, Or ce défaut d'informations exactes rend souvent incertaines les mesures à prendre pour diriger le traitement. Il nuit encore à l'application qu'on pourra faire dans la suite du calcul des probabilités, car pour remplir ce but il faut pouvoir comparer le nombre des cas où on peut espérer la gué- rison avec celui des cas contraires ; et cominent y parvenit sans des renseignemens précis sur l'état antérieur des aliénés orsqu'ils arrivent dans les hospices? L'expérience la plus constante a appris que la facilité de la guérison des aliénés et le degré de probabilité de l'obteuir sont toujours relatifs à l’état récent de la maladie et aux avantages 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'un premier traitement. Aussi dans certains hôpitaux étran- gers on n'admet point les aliénés déjà traités ailleurs et retombés eusuite. L'admission des aliénées à la Salpétrière sans aucune restriction , me donne un désavantage marqué, car c’est encore beaucoup que de n'avoir à répondre que de ses fautes. J’ai noté toujours cette circonstance lorsqu'elle m'a été connue, et j'ai eu soin d'inscrire dans la cinquième colonne verticale de la table générale le nombre des aliénées reçues après un ou plu- sisurs traitemens subis ailleurs. C'est ainsi que dans le dernier semestre de l'an X, sur 117 maniaques reçues, 58 avoient été traitées ailleurs par d’autres méthodes , 55 sur 124 enl'an XI, 37 sur 157 en l'an XII, etc. Je me dispense de rapporter les résultats analogues que donnent la mélancolie, la démence et l'idiotisme , puisqu'on peut s’en assurer par la simple inspec- tion de la table. En général sur 1002 aliénées 398 avoient été traitées ailleurs ou renvoyées d’un autre hospice , ce qui donne. 0.39 de la totalité. IT. Dispositions à l'aliénation prises de l'âge et de l'état de mariage ou de célibat. Une table particulière insérée dans mon Traité de la manie, publié en l’an IX , atteste que cette maladie se déclare surtout depuis l'époque de la puberté jusqu’à la 45° ou 60° année de Fâge, et qu’en recueillant ce qui arrive dans un grand rassem- blement d’aliénés , elle se trouve plus fréquente parmi les hommes entre la 20° et la 4o° année. Le simple relevé des re- gistres a donné des résultats analogues pour les femmes, et c'est ainsi qu’en l'an IX il est arrivé 16 maniaques entre la 18°et la 20e année, 39 entre la 25° et la 30° , 25 entre la 35-et 40e, et 21 entre la 45e et la 5oc. Cette loi d’aceroissement a eu lieu de même pour les années XI et XII. L'an XIII a offert sous ce rapport une exception qui a pu dépendre de quel- que cause accidentelle. Mais je ne dois point omettre une re- marque qui naît de la simple comparaison des notes que j'ai tenues à Bicètre et à la Salpêtrière : c’est que la manie parmi les hommes n'avoit point paru se déclarer à une époque anté- rieure à la puberté, et qu’au contraire dans l'hospice des alié- nées de la Salpétrière , cette maladie en l'an XI a été observée neuf fois avant l'époque de la puberté , et onze fois en l'an XII. Seroit-il donc vrai que le développement de la raison , comme ses ET D'HISTOIRE NATURELLE. 161 ses égaremens, sont plus précoces pour la femme que pour l’homme. La mélancolie a été aussi plus fréquente dans l’âge adulte, c’est-à-dire entre la 20° et la 4oc année de l’âge ; mais elle ne s’est point déclarée, comme la manie , avant l'époque de la pu- berté. Il en a été de méme de la démence accidentelle. Mais la démence sénile, comme l'indique le terme lui-même , a lieu à des époques de la vie très-différentes ; ainsi en l'an X cette aliénation a eu lieu deux fois à la 6o° année , six fois entre la 6oe et la 7o°, et une fois à la got. En l'an XI trois cas de dé- mence ont eu également lieu vers la Got année, dix entre la 6oe et la 70°, et cinq entre la 7o* et la 80, résultats analogues pour les années suivantes. En général les personnes en démence sénile, qui ont été conduites à l’hospice durant quatre années moins trois mois, ont formé une totalité de 64 personnes qui ont été amenées à cet état, les unes par caducité , d’autres par des chagrins profonds ; certaines, par l'abus des liqueurs alkoolisées. ‘état du mariage dispose-t-il autant que celui du célibat ou du veuvage, à l’aliénation mentale ? C’est pour répandre quel- ques lumières sur cette question , que j'ai fait des relevés exacts des registres , et que j'ai consacré trois colonnes ver- ticales de la table générale à des recensemens de cette sorte; ce qui a été d'autant plus facile, qu’on noteavec soin dans les hospices ces divers états des aliénées , et qu’il y a sur ce point trèës-peu d'exceptions. Mais comme d'un autre côté certaines tables de mortalité , celles, par exemple , de M. Deparcieux en France, et M. Vargentin en Suède, ont appris que les femmes mariées vivent en général plus que les célibataires, et que le nombre des premières s’est trouvé quelquefois double des au- tres, on ne peuttirer dans les hospices aucune induction du rapport numérique observé entre ces deux états, en faveur d’une disposition plus ou moins grande à contracter la manie ou la mélancolie. Je ne puis non plus proposer que comme douteuses les conclusions qu'on peut tirer du nombre prépon- dérant des femmes non mariées tombées dans la démence, quoique ce nombre , suivant le relevé des registres, soit tou- jours plus que double et quelquefois quadruple, comparé à celui des femmes mariées. J'exposerai enfin comme un fait constaté , sans en rien conclure , que le nombre des filles tom- bées dans l’idiotisme fut en l'an XI et en l'an XIII sept fois plus grand que celui des femmes mariées dans le méme état , Tome LXV/II. SEPTEMBRE an 1808. X / 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE onze fois plus grand en l’an XII. Peut-on donc présumer seu- lement que le mariage pour les femmes est une sorte de pré- servatif contre les deux espèces d’aliénationsles plus invétérées et les plus souvent incurables. IV. Origine la plus ordinaire de l’aliénation parmi les femmes. Un pareil titre indique des objets qui ne pourront être bien développés que dans la deuxième édition de mon Traité sur la manie, puisqu'ils tiennent à des recherches anatomiques ct à d’autres détails sur les causes déterminantes de l'aliénation. En me renfermant done ici dans les bornes que je me suis prescrites , je ferai remarquer que le défaut de renseignemens précis sur l’état antérieur de plusieurs aliénées , peut nuire à certains égards aux progrès de la science, mais qu'il ne peut nullement rendre douteuse l’origine la plus ordinaire de l'alié- nation mentale ; puisque, d’aprèsles informations les plus exactes et les plus répétées prises dans d’autres cas, on apprend qu’elle se produit chaque année où même chaque mois, avec peu de variété et une sorte d’uniformité constante, En général même, lors de l’arrivée d’une aliénée dans l'hospice , on peut annoncer d'avance et avec une très-grande probabilité , que son état a été déterminé par telle cause physique où morale. La simple inspection de la table générale ( o° et 10e col. vert. ), a lieu d’abord de convaincre que les mêmes causes qui déter- minent la mélancolie et la manie peuvent aussi, suivant leur intensité ou la sensibilité individuelle, produire la démence , et peut-être même l’idiotisme, car ce dernier objet est douteux. Les causes physiques les plus ordinaires ont été une disposi- tion originaire , la suppression ou la cessation de l'écoulement périodique, un accident pendant les couches , l'abus des li- queurs alkooliques , des coups sur la tête. Les causes qu’on peut appeler morales ont été une frayeur vive, un amour con- trarié, des revers de fortune , des chagrins domestiques, ou une dévotion trop exaltée (1). nn (x) Dans quelques cas j’ai fait deux fois mention de la même aliénée lorsqu'une cause morale a concouru avec une cause physique : c’est ainsi qu’un emportement violent ou un chagrin profond ont été réunis souvent avec la circonstance des couches ou d’une suppression de l’écoulement \ r ÉT.D'HISTOIRE NATURELLE. 163 Ilest curieux de voir, d’après le simple relevé des registres, une sorte de rapport constant ou-très-peu variable entre le nombre des causes morales de la manie des femmes et la somme totale des causes soit morales, soit physiques , les pre- mières Conservant toujours leur prépondérance. Ce rap- port a été de o.6r en l'an X ; de 0.63 en l'an XI, 0.58 en l'an XII, 0.57 en l'an XIII, et 0.54 les neuf derniers mois de l'année 1805. On a eu lien de distinguer parmi les causes phy- siques les plus fréquentes de la manie , l'abus du vin, la sup- pression de l’écoulement périodique , ou des accidens survenus pendant les couches , et parmi les causes morales, un amour contrarié, des revers de fortune ou des chagrins domestiques. Une simple comparaison suflit pour convaincre que le nombre des causes morales est encore plus prépondérant dans la mélan- colie que dans la manie. Il a formé 0.80 du nombre total de l'an XI, et 0.83 en l’an XII. Les années suivantes ont donné des résultats analogues. I} semble aussi qu’il y ait une diffé- rence marquée relativement à la répétition plus ou moins fré- quenté de certaines causes suivant les diverses espèces d'alié- nation , et que si les chagrins domestiques produisent le plus souvent la manie, une dévotion très-exaltée détermine plus souvent la mélancolie; un amour contrarié et malheureux semble être d'ailleurs une source également féconde de ces deux espèces d’aliénation. Il semble enfin que des causes ac- cidentelles font varier les résultats de diverses années. C'est ainsi que , le dernier semestre de l’an X , le nombre des mé- lancoliques par des scrupules ou des terreurs religieuses, égala les 0,50 du nombre total des causes déterminantes , qu’il fut réduit à 0.33en l’an Xi, et à o.18 en l'an XII. Le défaut fréquent de renseignemens précis sur les personnes en démence, empéche de tirer aucune induction sur la fré- quence respective de certaines causes ; mais pour l'idiotisme, la simple inspection de la table générale n'indique que des causes physiques , c’est-à-dire un vice.originaire pour tous les cas sur lesquels on a pu recueillir des informations exactes. ————_—_—______ — périodique. C’est ce qui sert à résoudre une sorte de contradiction qu’on pourroit trouver entre le défaut dont je me plains de renseignemens acquis sur lPélat antérieur d’un grand nombre d’aliénées , et la somme totale des nombres indiqués dans les neuvième et dixième colonnes de la table générale. X 2 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE V. Méthode du traitement des aliénées suggérée par la nature des causes déterminantes , et confirmée par le calcul des probabilités. Rien n'est plus obscur que la nature des fonctions céré- brales ou intellectuelles, et le mécanisme de leurs. dérange- mens divers ne doit-il pas être également impénétrable. La méthode à suivre dans le traitement ne peut donc être connue à priori, et ne peut se déduire que d'une expérience répétée et dirigée avec la plus sage réserve. Il est permis sans doute de se défier du traitement consacré par nn usage immémorial et qui fait consister l'aliénation dans une impulsion trop forte du sang vers la tête, lorsqu'on voit dans les hospices plusieurs centaines d'aliénés traités suivant ces principes et devenus in- curables, la maladie n'ayant été souvent suspendue que pour un certain temps, puis s'étant rendue habituelle et devenue sujette à des retours périodiques qu'il n’a plus été possible de prévenir. J'ai donc pensé qu'il étoit plus sage de laisser en gé- néral la maladie parcourir ses diverses périodes d'état aigu , de déclin et de convalescence , sans trop troubler ni intervertir la marche de la nature , varier les moyens curatifs secondaires sui- vant les diverses espèces d'aliénations ou le caractère particu- lier des causes déterminantes, mais compter surtout sur les ressources puissantes de l’hygiène , en établissant dans l’hos- ice un ordre invariable et dont toutes les parties soient com- Fe de la manière la plus favorable (1) au rétablissement lent et gradué de la raison. Ceite méthode sera developpée et rendue sensible par des exemples , dans la seconde édition du Traité de la mante, et je me borne ici à la soumettre à.l'é- preuve des principes du calcul des probabilités ,en recueillant — mé dm (1) Ta police intérieure d’un hospice d’aliénés doit êtreloin de se borner à une simple surveillance comme dans les autres établissemens publics consacrés aux infirmes; elle exige une étude particulière du caractère de chacun des aliénés, pour réprimer avec sagesse leurs écarts , éviter tout ce qui peut les exaspérer , ne jamais perdre leur confiance , ou savoir tou jours la regaguer et contenir avec sévérité les gens de service. Cette tâche si difiicile est remplie, à la Salpétrière , avéc autant de zèle que d’habi- leté, par M. Pussin , quicontribue si puissamment à la guérison des aliénés, par cette sorte de traitement moral. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 les résultats d’une expérience authentique de près de quatre années. Une méthode de traitement asservie d'abord à des règles fondamentales dans l’intérieur de l’hospice , et variée suivant les différentes espèces d’aliénations ou même leurs diverses périodes , ne peut résulter que d’un grand ensemble de moyens heureusement combinés, et propres à concourir. au même but , le rétablissement de la raison. Elle forme un objet com- pliqué et dont les divers élémens n'ont pu être déduits que de l'examen attentif des sympiômes , et des résultats plus ou moins favorables d’une expérience éclairée ; mais ses avantages ne peuvent être bien constatés que par de simples relevés des registres faits avec régularité de six en, six, mois, et dong- temps ainsi continués, en rectifiant successivement:,° où en améliorant tout ce qui peut en paroître susceptible. Une, con- firmation ultérieure résulte de la construction des tables.dres- sées après un nombre d’années, pour reconnoître avec exacti- tude le nombre respectif des aliénés guéris. Oa avance ainsi d’une manière lente, mais sûre, vers un certain terme, peut- être encore éloigné , mais qu'on ne doit jamais perdre de vue, et on se dirige par une comparaison continuelle de rapports obtenus entre le nombre des guérisons et celui des admissions, soit avec les rapports obtenus antérieurement dans le mème lieu, soit avec ceux des autres hospices tenus avec régularité (a), Mais cette comparaison, pour être concluante , suppose une surveillance extrême dans la tenue des registres divers (1) , une grande exactitude dans la construction des tables , des notes régulières sur l’origine la plus ordinaire de l’aliénation,, un exa- men très-attentif de l’état des personnes sorties comme guéries de l’hospice , une détermination précise du nombre respectif (1) On a rendu publics des résultats obtenus dans quelques hôpitaux soit nationaux , soit étrangers, tenus avec régularité ; et @estiainsi que dans un compte public qu’on a rendu de l’hôpital de Bethléem en Angleterre (Observations on insanity , by Hastlam ) : le rapport a été 0,54: On a publié en dernier lieu que dans l’hôpital des aliénés de Berlin le rap- port en l’année 1803 a été 117: 413, 0,28. Dans l'hôpital de Saint-Luc où on n’admet que les cas les plus favorables , ceux d’une date récente , le rapport dans l’espace de 50 ans a été 2811: 6458, c'est-à-dire 0,43. Mais pour contribuer aux progrès de: la science , il faut prendre un temps beaucoup plus limité , supposer un ordre fixe dans l’hbospice et une mé- thode de traitement dont les parties élémentaires puissent étre bien dé- terminées ;1ebalors on peub voir üne correspondanée marqñée entre Petfit et,la cause, | ; “join af ; 91 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des guérisons et des rechutes ; enfin’ l'indication des cas qu’on doit regarder comme douteux et équivoques , et du nombre des cas contraires où le traitement a échoué, c’est-à-dire qu'il est nécessaire d'y appliquer les notions élémentaires du calcul des probabilités ; ce qui n'a été fait éncore que pour l’hospice de la Salpêtriëre. Le défaut des rénseignemetis sur plusieurs aliénées ( qua- trième colonne ‘werticale de la table), qui entrent chaque année dans l’hospice, ne m'a point émpéché dé déterminer le nombre précis des diverses espèces d'aliénations , puisque cha- cune d'elles s'est ensuite manifestée par des symptôntes qui leur sont propres. J'ai donc tenu dès le commencement des notes exactes sur la manie comme sur les autres espèces d'a- diénations , pour connoître le nombre effectif des guérisons , et c'est ainsi que je me reñdois , de six en six mois, un compte sévère des résultats obtenus. 117 personnes attaquées de manie avoient été recues dans l’hospice durant le dernier sémestre de l’an X, et sur ce nombre 64 avoient été guéries ; ce qui, réduit en décimales, donne 0.54. Le rapport fut encore plus avantageux en l'an XIL, puisqu'il fut de o 58. Il sé soutint en- suite avec des légères variétés les années suivantes , et en pre- nant Île résultat de quatre années moins trois mois , j'ai compté 310 terminaisons favorables sur 604 exemples de manie, rap- port qui revient à celui de 6,51, en y comprenant indistincte- ment les cas de manie invétérée ou d’une date récente. La simple inspection de la table générale indique que les ré- sultats furent encore plus encourageans dans les cas de mé- lancolie , puisque pendant le dernier semestre de l'an X, sur 24 mélancoliques , 14 avoient été guéries, 36 sur 42 en l'an XI, eten prenant le résultat général de quatre années moins trois mois, le rapport a été de 114; 182, c'est-à-dire 0,62. Mais ici, comme dans un grand nombre de cas de manie , le succès dé- pend souvent non-seulement du traité médical, mais encore du zèle du diréeteur de l'hospice qui vit sans cesse au milieu dés aliénés , combat avec habileté leurs illusionsen cherchant toujours à gagner leur confiance, et les ramène par la loi d’un travail manuel, à une nouvelle chaine de sentimens et d'idées. J'ai cru devoir aussi considérer séparément une autre variété de la mélancolie, caractérisée par un penchant violent au suicide , sans aucune cause connue : elle paroît plus fréquente certaines années que d’autres, puisque je notai 6 mélancoli- ques de cette sorte durant Je dernier semestre de l'an X, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 2 seulement dans tout le cours de l'an XI, 9 durant l’an XIII, et 16 pendant les neuf derniers mois de 1805. Outre les tenta- tives que font certaines mélancoliques de s’étrangler avec un mouchoir on un lacet , d’autres refusent toute nourriture pour “mourir de faim. On ne peut imaginer les soins assidus et les moyens divers dont il faut user alors pour les soustraire à une mort inévitable (1). Cette variété de la mélancolie paroît plus rebelle au traitement que l'autre, 3 sur 6 furent guéries durant le dernier semestre de l'an X, 4 sur à en l'an XII, et g sur 16 pendant les neuf derniers mois de 1805. En prenant le ré- sultat général de quatre années moins trois mois , on trouve le rapport de 20 à 38 , c'est-à-dire 0,52 ; c’est aussi lorsqu'elle est récente qu'elle est d’une guérison plus facile. La démence est un titre d'exclusion pour certains hôpitaux d'Angleterre au traitement des aliénés, et, en eflet, elle est souvent en partie le produit d'un âge avancé. On ne doit donc point s'étonner du rapport peu favorable que donne , à cet égard , le relevé des registres de la Salpétrière , puisqu'en pre- nant le résultat obtenu pendant quatre années moins trois mois, sur 152 aliénées en démence , il n'eu est sorti que 29 dans un état de guérison , c'est-à-dire 0,19. L'idiotisme a donné encore un rapport bien plus décourageant , puisque sur 56 aliénées dans cet état, aucune n’a pu étre ramenée à la raison ; et quel changement favorable peut-on espérer dans un pareil état sou- vent originaire, puisque sur la totalité des idiotes , 19 sur l'état antérieur desquelles on a pu prendre des informations exactes, l’étoient d’origine ; ce qui entraine toujours l’incurabilité. Ge n’est donc en général que sur quelques cas rares de dé- mence accidentelle et d'idiotisme non originaire, que le traite- ment de l’aliénation peut être appliqué avec succés, et c’est (:) Rien n’est plus fréquent aussi dans l’hospice, que la mélancolie avec un dessein prémédité de mourir de faim en refusant toute nourri ture. Une femme dans cet état avoit déjà passé trois jours dans sa cham- bre saus sortir et sans manger ; elle est conduite à la Salpétrière où elle prend d’abord des alimens, mais le refus absolu de toute nourriture se renouvelle et fait tout craindre pour l'avenir. Prières , menaces , efforts , tout devient inutile pour vaincre cette répugnance ; on la fait transporter dans une |baignoire et on lui donne une forte douche : elle demande grace et prend aussitôt un bouillon. Le lendemain plus de refus de nourriture ; et son projet funeste a été entiérement dissipé en la traitant avec douceer et une extrême bienveillance. 168 JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE surtout la manie et la mélancolie qui en doivent former dans les hospices le principal objet, et son résultat devient d'autant plus douteux , que ces dernières ont été traitées ailleurs et sont invétérées, Si on comprend dans le même calcul les quatre es- pèces d’aliénations dont je viens de parler , sans y mettre aucune restriction , il est manifeste que le rapport que j'ai obtenu entre le nombre des guérisons et la totalité des admissions, est celui de 475 : 1002, c'est-à-dire de 0,47. Si on veut au contraire exclure des termes de ce rapport les cas de démence et d'idio- tisme peu susceptibles de traitement , et qui ne sont point admis dans certains hôpitaux , le rapport sera celui de 444: 814, c'est- à-dire de 0,54, en y comprenant sans distinction la manie et la mélancolie considérées dans leur état récentet invétéré , ou après un ou plusieurs traitemens antérieurs. VI. Durée du traitement propre à faire prévenir les rechutes. Une opinion généralement reçue fait regarder la manie et la mélancolie comme peu susceptibles d’une guérison solide, et comme sujettes sans cesse à des retours; cette opinion même ne paroît que trop confirmée par l'exemple de presque tous les hospices de la France , dirigés sans méthode, et où les aliénés sont détenus en général toute leur vie; d'ailleurs le traitement ordinaire par des saignées répétées, suivi si souvent d’une intermission passagère des symptômes, et si propre à rendre l'aliénation périodique , autorise aussi à la regarder comme incurable. Un des objets fondamentaux qu'on s’est pro- osés à la Salpêtrière, a été de faire éviter cet inconvénient, et de produire une guérison solide et durable; c'est dans cette vue que les moyens curatifs et la police intérieure sont dirigés à la Salpètrière, et qu’on y distribue les aliénés en trois grandes divisions suivant l'état aigu, le déclin des symptômes, et la convalescence entière ; ce qui donne la facilité de considérer séparément chacune de ces périodes, d’adapter à chacune la vraie méthode de traitement , et de transférer alternativement les aliénées d'une division dans une autre, s’il se manifeste une rechute, ou sur le simple signe de son approche ; on parvient par là à déterminer avec beaucoup plus de précision l’époque du rétablissement entier de la raison , et du retour de l’aliénée au sein de sa famille : c’est ce qui m'a conduit à faire des recherches ET D'HISTOIRE NATURELLE. 16) recherches sur la durée que doit avoir le traitement pour éviter les rechutes après la sortie de l'hospice. Le simple relevé des registres indique des variétés remar- quables dans cette durée même lorsque la manie est d'une date récente ; 18 guérisons eurent lieu en l’an XI au deuxième mois du traitement, et 9 en l'an XII. Dans quelques cas moins graves d'aliénation survenue par des chagrins domestiques , un amour contrarié ou une suite de couches , le premier mois a sufli quelquefois , mais le plus souvent le traitement a duré trois et même quatre mois; et en effet 8 personnes ont été guéries au troisième mois en l’an X , 5 au même temps dans l'an XIT, et 11 en 1805. Mais lorsque la manie a été d'une ancienne date, qu’elle a été troublée ailleurs dans sa marche par des traitemens mal conceriés ou infructueux, le traite- ment n'a élé suivi du succès qu'après le huitième, dixième, douzième mois, et dans.quelques cas mème, après les deux années, pour bien consolider le rétablissement lorsqu'il a été possible ; car la plupart «de ces aliénées deviennent incurables. La manie produite par une vive frayeur , celle qui a été déjà marquée par des rechutes antérieures , ou qui survient à l’é- poque critique des femmes ,'est aussi d'une guérison plus diffi- cile. C’est ainsi qu’au dernier semestre de l'an X, 8 aliénées n’ont été guéries qu'après une année de traitement, 4 après une année et demie ; en l’an XI, 9 n’ont été guéries qu'après l’année révolue , et 35 après une année et demie d'un traitement tour-à-tour repris et suspendu ; car c'est souvent un grand art que de donner à la nature le temps de développer ses ressources et ses efforts salutaires. Le délire exclusif des mélancoliques sur certains objets et leur caractère ombrageux cèdent dificilement au traitement, et il est rare qu'on obtienne un succès marqué au premier ou au deuxième mois , à moins qu'on ne parvienne à gagner leur confiance , et à rompre par là la chaine vicieuse des idées en dissipant feurs illusions antastiques. En l'an XI, 18 mélancoli- ques ont obtenu leur guérison entre le cinquième et le hui- tième mois , 4 au dixième mois , 5 aprés une année, et 4 après une année et demie. En l'an XII , 18 ont été guéries entre le troisième et le sixième mois, et 12 entre le sixiéme et le neu- vième. La nature de la cause déterminante exerce aussi une grande influence sur la facilité et la lenteur de la guérison : la mélancolie produite par des chagrins domestiques ou un penchant violent qu’on a contrarié , peut céder sans peine dans Tome LXV'II. SCPTEMBRE an 1808. n'a 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CuIMIE l'espace de quelquetemps , par l'isolement et quelques autres moyens simples ; mais elle résiste plus si elle vient d'une frayeur, d’une suite de couches, ou d’une jalousie purement imaginaire et sans motif. L’obstacle est encore plus diflicile à vaincre , si elle tient à une exaltation extrême des principes religieux, ou à des scrupules san cesse renaissans : et com- ment faire entendre la voix de la raison à des personnes qui n'obéissent qu'à des inspirations surnaturelles , qui regardent comme profanes ou persécuteurs ceux qui cherchent à les guérir, et qui, suivant l'expression d'une de ces aliénées, ont fait de leur chambre une sorte de Thébaïde (1). Il est curieux de comparer entre elles la manie et 14 mélan- colie pour la durée la plus ordinaire du traitement , et de voir, à cet égard, la différence de ces deux sortes d'aliénations. En l'an X , sur 64 maniaques guéries , 56 l'ont été dans le cours de la première, ou tout au plus de la seconde année , 72 sur 73 en l'an XI, 82 sur 87 en l'an XII , et ainsi de suite. Les gué- risons plus arriérées ont été très-rares,, et on ne peut guère les attribuer qu’à quelque événement fortuit , ou bien à une sorte de révolution par le progrès de l'âge. Des exemples pareils sem- blent avoir moins lieu dans les cas de mélancolie, puisqu'en l'an X on n'en peut compter que 2 de cette dernière sorte, ainsi qu’en l'an XII, et aucun en l'an X!. Il paro:t que lors- que la mélancolie ne cède point à une certaine époque du traitement , l’aliénée conserve toujours la même suite d'idées, et son caractère ombrageux , sans espoir de rétablissement. J'ai dû être naturellement conduit d'après les recherches précédentes à déterminer , suivant les procédés ordinaires du calcul, la durée moyenne du traitement , et c’est dans cette vue que je l'ai fixé d'abord pour chaque année, et que j'ai obtenu pour la totalité de ces années dans les cas de manie cinq mois 0,05, et pour la mélancolie six mois 0,04, en y comprenant, soit les aliénées de l’une et de l'autre sorte qui (x) Les illusions invétérées des mélancoliques ne peuvent être le plus souvent dissipées qu’en saisissant à propos une circonstance favorable. Une d’entre elles prétendoit avoir eu une vision qui lui annoncoïit sa mort comme inévitable dans le cours de l’année. Tous les moyens qu’on prit successivement pour la dissuader furent vains, etce ne fut qu'après que Vannée entière fut expirée, qu’elle n’osa plus rien répliquer ; bientôt après son illusion s’est entièrement dissipée , et sa sortie de l’hospice a été prompte. ET D'HISTOIRE NATURELLÉ, 17 ont été envoyées à l'hospice dans les premiers temps de l'in- vasion de la maladie, soit celles qui ont subi un ou plusieurs traitemens dans d’autres hospices , toujours très-difficiles à guérir et souvent incurables. La durée du traitement seroit à peu près deux fois moindre , si on n’envoyoit à J'hospice que des personnes qui n'ont point été traitées ailleurs. Il est constaté, en effet, par le simple relevé des registres , que la plupart des guérisons opérées chaque année n’ont eu lieu que dans les cas de la première , seconde , ou tout au plus troisième attaque de la manie ou de la mélancolie : or ce sont précisément ces cas qui sont susceptibles de guérison en grande partie âu premier, deuxième, troisième , ou toût au plus qua- trième mois du traitement. VII. Rechutes survenues après la guérison et la sortie de l'hospice. Un des objets qui fixent le plus l'attention en suivant la mé- thode adoptée à la Salpétrière est , comme je viens dele dire, d'éviter les récidives ; mais a-t-on été assez heureux pour at- teindre ce but ? ou bien ies récidives survenues après la sortie, tiennent-elles à des accidens qui n’ont pu être prévenus , quel- ques mesures de prudence qu'on ait prises ? On n'a ici d'autre autorité à invoquer que les résultats de l’expérience , e'est-à- dire qu'il a fallu noter avec soin le nombre des récidives sur- venues , et les circonstances qui ont pu les précéder ou les dé- terminer, Ce nombre ne peut étre que très-approchant du vrai, dans un hospice où sont surtout reçues les femmes des classes inférieures de la société, qui deviennent entièrement à charge à leur famille si elles retombent , et qui nous sont ramenées ; les cas d'ailleurs que je vais indiquer serviront à éclairer sur l'origine la plus ordinaire des rechutes. Le relevé exact des registres atteste que dans le cours de quatre années moins trois mois que comprend la table g‘nérale, et sur la totalité de 444 aliénées guéries, 71 sont retombées après un intervalle plus ou moins grand : or je dois faire re- marquer que, sur ce dernier nombre, 20 avoient éprouvé déjà une 113 mans attaques traitées ailleurs antérieurement à leur entrée dans l'hospice, et que dans l’attestation donnée pour la sortie, j'avois ajouté une restriction et fait craindre une nou- velle rechute, à moins de grands ménagemens pour l'éviter ; re 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 16 autres personnes éloient retombées parce que leur première sortie, fortement réclamnée par les parens, avoit été préma- turée ; et qu'on les avoit avertis de ce danger ; je dois d'ail- leurs remarquer que sur ee dernier nombre 10 ontétéde nouveau traitées et guéries sans retour ; il y a eu donc sur la totalité, 36rechutes qu’on ne peut attribuer, à proprement parler , au traitement subi à la Salpêtrière ; sur.les autres 35, des rensei- gnemens précis ont appris que 14 d’entre elles avoient été pré- cipitées dans la misère et des chagrins profonds par leur aver- sion pour le travail ou l'inconduite de leurs maris, causes très- ordinaires de l'aliénation ; G autres sont retombées dans leurs excès antérieurs de la boisson et l'ivrognerie , ce qui est en- core une autre cause fséquente de l'égarement de la raison. Enfin le retour. de la mélancolie par des serupules religieux extrêmes, a égaré de nouveau 8 personnes , et les.6 autres ont été entraînées dans un élat d'alénation par les transports aveugles de la jalousie ou d'un amour contrarié, en laissant toutefois douter, comme dans les autres cas , si c’étoit une récidive de l’ancienne maladie ou l'invasion d’une nouvelle. Quelque interprétation qu’on puisse donner aux rechutes qui Sont survenues , elles indiquent dans quelles justes limites est circonscrit leur nombre respectif et les causes les plus ordi- naires qui ont pu les provoquer. il est même difiicile de croire que dans les progrès ultérieurs que peut faire la science , on par- vienne jamais à les prévenir, puisqu'elles dérivent de l'empire puissant que prennent sur le cœur de l’homme les habitudes depuis long-temps contractées. Mais seroit-ce un motif pour “ne point regarder comme autant d’événemens favorables, des guérisons suivies de ces rechutes, dans les applications qui peuvent leur étre faites dwcalcul des probabilités ? VIIT. Du nombre respectif des succès ou des non-succès du traitement des aliénées. Le principe fondamental du calcul des probabilités sera tou- jours d’une application facile et simple, lorsqu'on aura acquis une connoissance distincte du nombre respectif des événemens favorables et contraires, et c’est ainsi que dans tout hospice où on aura déterminé le vrai caractère de ce qui rend l'alié- nation Curable ou incurable, ilne s’agira plus que d’un simple recensement des cas de l’un et l’autre genre pour connoitre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 leur nombre respectif. Mais le défaut de renseignemens précis sur l’état antérieur de plusieurs aliénées (quatrième colonne vert. de la table) a empêché souvent à la Salpétrière de connoitre les circonstances de ces deux états , et de faire des récensemens exacts ; il a fallu donc trouver un supplément à cette manière de procéder. Ce supplément a consisté à faire un dénombrement de toutes les aliénées qui restoient dans l'hospice à l'expiration des quatre années moins trois mois , et qui avoient été traitées sans succès dans cet espace de temps : or ce nombre total qui s'est élevé à 212, cormprenoit 154 personnes affectées de la manie , 10 mélancoliques et 45 alié- nées tombées dans la démence et l'idiotisme, c'est-à-dire 180 pérsonnes sur lesquelles on avoit reçu des informations exactes, et qui avoient subi ailleurs un ou plusieurs trditemens ; pari les autres 32, certaines , au nombre de 17, étoient dans un état douteux; et continuoient d'être traitées avec un'espoir plus ou moins fondé de guérison ; sur 10 autres on n’avoit pu re- cevoñfiucun renseignement , et 5, quoique bien reconnues pour ètre entrées dans l'hospice à une époque très-peu éloignée de l'invasion. de la maladie ; n'avoient pu non plus être gutries ; il s'ensuit donc que les aliénées traitées ailleurs sans succès, formoient la très-grande majorité des incurables restées dans l’hospice, c’est-à-dire que leur rapport étoit de 0,85, tandis que celui des aliénées d'une date récente non guéries, ne for- moient plus que 0,07, en faisant méme entrer dans le calcul 10 aliénées , sur l'état antérieur desquelles on n’avoit pu rece- voir aucune information précise. Il y a donc une sorte de pro: babilité, celle de 0,95, que le traitement adopté à la Salpêtrière sera suivi du succès, si l’aliénation est récente et non traitée ailleurs , et je dois faire remarquer que les rechutes n'ont eu lieu sur celles-là que lorsque leur sortie avoit été prématurée par les réclamations des parens , et qu'on n'avoit point attendu que leur raison füt pleinement rétablie. On pourroit objecter que la mortalité des femmes soumises au traitement ayant été de 56 pour l'espace de temps que com- prend ma table , les aliénées qu'on fait passer pour étre sorties comme guéries, peuvent avoir succombé à d’autres maladies incidentes , et qu'alors il reste du doute sur le nombre respectif des aliénées d'une date récente rendues à la société; mais je puis mettre au rang des faits les plus constatés, que les mala- dies et la mortalité sont presque toujours dans l'hospice le par- tage des personnes épuisées par des traitemens antérieurs, et 1 174 JOURNAL: DE PHYSIQUE, DE CHIMIE si afloiblies à leur arrivée, qu’on est obligé de les faire passer le plus souvent dans une infirmerie particulière, presque tou- jours remplie d’aliénées de cette sorte ou d'incurables. Les recensemens multipliés qui ont été faits des malades de ces infirmeries , attestent d'ailleurs que les maladies qui y sont le plus souvent mortelles sont, ou des fièvres ataxiques ou ady- namiques, soit simples, soit compliquées de catarrhes pulmo- naires , ouune fièvre lente et hectique , quelquefois jointe à une phthisie pulmonaire , ou enfin un dévoiement colliquatif; ce qui fait voir que ces aliénées ont été précédemment soumises aux Causes les plus débilitantes. Il est résullé d'un recense- ment fait dans un des derniers semestres , que sur 72 aliénées mortes aux infirmeries , soit regardées comme incurables , soit soumises au traitement , 62 avoient succombé à diverses ma- ladies de langueur (1), que la méthode suivie à la Salpétrière fait en général éviter pour les personnes qui y sont exclusive- ment traitées. ) IX. Succès douteux du traitement dans certains cas d'alié- nation par le défaut de caractères sensibles. La marche suivie dans toutes les parties de l'Histoire natu- relle , et l'attention constante qu'on a de déterminer les objets par des signes distinctifs , peuvent beaucoup éclairer la méthode à suivre en médecine, et celle-ci peut se rapprocher plus ou moius de ces modèles dans certaines maladies, mais elle est loin sur quelques autres, d'atteindre un certain degré de pré- cision et d'exactitude. J'ai cherché en vain à distinguer tous les cas d’aliénation, et à les comprendre par des signes sensibles en deux grandes classes , les uns susceptibles de guérison , les autres incurables. Des symptômes quelquefois très-violens peu- vent appartenir également à une aliénation qu'on peut guérir ou ne pas guérir (2) ; son état invétéré quoiqu’en général d'un (x) Dix-sept aliénées ont été victimes de fièvres adynamiques ou ataxi- qe ; vingt-cinq ont péri d’une fièvre lente ou hectique , et vingt d’un « flux de ventre colliquatif. (2) Une femme livrée à la plus profonde mélancolie depuis quatre an— nées, éprouvoit un penchant violent pour le suicide, et avait été traitée en vain dans un autre hospice. Son égarement , qui étoit atroce , consistoit à vouloir donner la mort à une autre personne ; pour être livrée aux ri- gueurs de la justice puisqu'on l’:mpéchoit de 56 tuer. Elle avoit un tel ET D'HISTOIRE NATURELERPFE: 175 mauvais augure, donne quelquéfois lieu à des exceptions inat- tendues. Un cas d’aliénation jugé , d’après toutes les analogies , comme susceptible de guérison, peut éprouver, dans le cours du traitement, des obstacles imprévus soit du côté du service ou de la police intérieure dont on entrave la marche, soit par quelque incident que la prudence humaine n’a pu prévoir, soit enfin par quelque faute dans l'application des moyens curatifs peu adaptés au caractère de la maladie, ou à des variétés par- ticulières de l’âge, de la saison ou du tempérament; car, quant on se juge avec sévérité, combien on se trouve souvent éloi- gné d'un certain terme qu'on entrevoit et qu'on ne peut atteindre. . Le recensement fait à la fin de l’espace de temps que com- prend ma table, a donné des exemples de ces cas douteux on équivoques ; 8 personnes étoient dans un état invctéré de manie , mais des changemens lents et progressifs sembloient annoncer pour lavenir le retour entier de la raison; 5 mélan- coliques étoient aussi dans une position équivoque, et leurs illusions étoient en partie dissipées , et de manière à prévoir également pour l’avenir une issue favorable ou contraire, Il ne restoit de l’aliénation dans deux autres exemples, qu'une aver- sioninvincible pour le travail, qui cependant étoit nécessaire pour la subsistance; on ne pouvoit enfin rien prononcer sur une foiblesse d’entendement qu'éprouvoient deux autres per- sonnes , et dont la convalescence paroissoit équivoque. Ces 17 cas d’aliénation pouvoient étre regardés comme également susceptibles d’une issue heureuse ou malheureuse du traitement; ce qui est toujours un obstacle à une juste application des pro- babilités , obstacles que des progrès ultérieurs de la science ap- prendront sans doute à vaincre. Ce sont surtout les cas douteux qui rendent difliciles les attestations de guérison pour que chaque personne , après le dégoût pour la vie , que malgré son horreur pour commettre un crime , elle s’y portoit pour échapper , disoit-elle, au plus cruel des tourmens, celui de vivre. Tous les moyens moraux et physiques pendant près de deux ans à la Salpêtrière avoient été inutiles , et ce n’a été qu'après ce terme que sa raison a paru se rétablir ; dix mois de tranquillité et d’une absence totale de sop délire ont à peine suffi pour me rassurer et pour consentir à sa sortie; mais enfin sa guérison a paru si consolidée , qu’on a accédé à sa demande , et qu’elle est rentrée dans la société. Combien de fois dans les deux premières années , elle avoit été assimHée aux autres incurables ! ) JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE traitement , puisse être rendue à la sociétés car les attorités constituées demandent de la part du médecin cette sorte de garantie. Ces attestations doivent offrir des nuances variées, être exprimées sans restriction lorsque l'aliénation accidentelle est d’une époque récente, et que la convalescence 4. été amenée is degrés. On doit prononcer avec réserve si l'admission dans ‘’hospicé a été précédée d'une ou de deux attaques , quoiqu'il ne paroisse rien manquer au rétablissement ; les craintes d’une rechute pour l'avenir , doivent augmenter si l'aliénée a éprouvé antérieurement des attaques réitérées ,. ou qu’elle ait subi ail- leurs un ou plusieurs traitemens infructueux. Il y a bien plus de motifs de craindre, si la convalescence est imparfaite, et que la sortie fortement sollicitée par les parens soit prématurée ; c'est par une expérience réitérée, et quelquefois mème après avoir Commis des erreurs, qu'on apprend à se rectifier et à ne point compromettre la sureté publique. L'exposition simple des succès et des non-succès du traite- ment des aliénées de la Salpètrière, et la détermination des rapports numériques qui en ont résulté , indiquent assez com- bien la médecine expérimentale est susceptible de prendre une marche ferme et invariable par l’application du calcul des pro- babilités , avantage qu’on lui contestera toujours avec raison, si ellene s'attache dans ses essais qu'aux événemens favora- bles. Quelle que soit la divergence des opinions sur le traite- ment des aliénées , on ne pourra nier un résultat authentique et constaté par le relevé le plus exact des registres , d'après une expérience de près de quatre années, et on ne peut con- tester que pendant que l'hospice sera dirigé suivant les mêmes principes , il y aura le même degré de probabilité en faveur de la guérison d'une aliénée quelconque qui y sera admise, degré de probabilité évalué par le rapport de 0,93, si l'aliéna- tion, soit manie, soit mélancolie , est d’une date récenteetnon traitée ailleurs. La détermination de ce rapport auroit été bien plus simple et plus directe si on avoit toujours pu se procurer dans l'hospice des renseignemens précis sur l’état antérieur des aliénées, qu'on eût pu faire une disposition du nombre des cas favorables et des cas contraires, et qu’il n’eût pas été néces- saire de recourir à d'autres voies détournées ; je n'ai pas moins donné un exemple authentique de la méthode qui doit ètré suivie. Des journaux exacts d’ahiénation ténus désormais dans d’autres hosbices, et des tables générales construites avec soin , pourront former autant de termes de comparaison pour rectifier ET D'HISTOIRE NATURELLE, 177 rectifier ou perfectionner les méthodes de traitement , et ser- viront dans la suite de fondement solide pour des recherches ultérieures du calcul des probabilités, appliqué à un des plus grands objets d'utilité publique. a MÉMOIRE SUR la forme qu’affecte la surface des fluides renfermés dans les tubes capillaires. PAR C.-J. LEHOT. La convexité ou la concavité de la surface d'un fluide ren- Fermé dans un tube capillaire , a été jusqu’à présent attribuée à la différence de l'adhésion des molécules fluides pour la ma- tière du tube , comparée à celle des mêmes molécules fluides entre elles. k On trouve , page 245, édition de 1754, des Expériences Physico-Mécaniques de M. Hauksbée , le passage suivant : « On sait que l'eau affecte dans les verres une surface con- cave, et que le mercure au contraire prend une courbure convexe. Le premier effet a lieu parce que l’eau est plus attirée par les bords du verre que vers le milieu, par ses propres molécules : le second , parce que le mercure est lus attiré vers le milieu par ses propres molécules que par > E parois du verre. » M. Baruel, dit dans le Journal de l'Ecole Polythecnique, quatrième Cahier , page 629: LE vVÈIvEe « Nous avons fait voir que si l'on plonge, par exemple, une » lame de verre dans une masse d’eau , il arrive, en vertu de » ce que l’affinité du verre pour l’eau est plus grande que celle » de l’eau pour elle-même, que ce fluide doit s'élever de cha- » que côté de la lame, et former deux surfaces concaves du » genre de celle qu'on nomme lintéaire. » M. Haüy paroît être du même sentiment lorsqu'il dit (Traité Elémentaire de Physique , tome I, pag. 241 ): « L’élévation du liquide au-dessus du niveau, ou son abais- Tome LXVII SEPTEMBRE an 1808. Z 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE »> sement au-dessous , n’ont lieu qu’en conséquence de ce que » dans le premier cas le rapport qui existe entre l'attraction » du tube sur le liquide , ‘et l'attraction du liquide sur lui- » même, détermine la surface de celui-ci à prendre une figure » concave, tandis que dans le second cas le rapport entre les » deux attractions détermine la même surface à former une » convexité. » Enfin l'illustre auteur de la Mécanique Céleste s'exprime ainsi ( Théorie de l’action capillaire , page 44 ): « 1] nous reste pour compléter cette Théorie des actions » capillaires, à examiner ce qui détermine la convexité ou la » concavité du fluide renfermé dans un tube , ou entre deux » plans. La principale cause est l’attraction réciproque du tube » et du fluide sur lui-même. » Ces différens passages qui sont extraits des ouvrages les plus modernes, prouvent que l'opinion qui attribue la forme con- vexe ou concave que prend la surface d'un fluide renfermé dans un tube capillaire , à la différence d’aflinité du corps solide pour le fluide, comparée à celles des molécules fluides entre elles, est généralement adoptée, et passe aujourd'hui pour un principe incontestable. Cependant quelque fortes que soient les autorités que je viens de citer , et quelque satisfaisantes que soient les conséquences que l’on tire du principe ci-dessus énoncé, je pense que les faits renfermés dans ce Mémoire démontrent que c’est à une autre cause que l'on doit attribuer ce phénomène d'hydrostatique. Ie ExPÉRIENCE, Si après avoir placé horizontalement une lame de verre au fond d’un vase, on place dessus une petite bulle de mercure, elle conservera une forme globuleuse et ne s'étendra point sur le verre. On obtiendra absolument le même résultat, si on met dans le vase , à la place de l'air qui y est naturellement, de l'huile de térébenthine ou d'olives. II ExrÉRIENCE. Si on remplit en partie un vase de mercure , qu'on applique une plaque de verre sur la surface de ce fluide, ensuite qu'on : ol laisse par un moyen quelconque échapper une bulle d'air du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 fond du vase, elle s'arrêtera à la surface inférieure du verre, et elle s’étendra au lieu de conserver sa forme sphérique. IIIe ExPÉRIENCE. Si dans un vase on met indifféremment de l'eau, de l'huile de térébenthine ou d'olives , qu'on applique à la surface de l’un quelconque de ces fluides une plaque de verre, et que l'on laisse échapper du fond du vase une bulle d'air, elle s’arré- tera à la surface, mais elle conservera la forme globuleuse. IVe ExPÉRIENCE, Si on met dans un vase du mercure, qu'on laisse tomber dessus une goutte d'huile d'olives, elle s’étend; mais elle s’é- tend encore davantage lorsqu'on applique à la surface du mer- cure une plaque de verre. Ve ExPÉRIENCE. Si on place une petite quantité d’huile d'olives sur une lame de verre plongée dans l’air , elle se répand sur le verre. VI. ExPÉRIENCE. Si on jette une goutte d’huile d’olives sur la surface d’une eau tranquille, on sait qu’elle se répand promptement et se réduit en une lame très-mince : si on applique à la surface de l'eau une plaque de verre , à l'instant l'huile se rassemble , et forme une masse globuleuse. Vile ExPÉRIENCE. Une goutte d'huile de térébenthine mise sur la surface tran- quille du mercure, se répand dessus , lorsqu'on y applique une lame de verre. VIII, ExPÉRIENCE, Une goutte d'huile de térébenthine placée sur une lame de verre horizontale, et environnée d’air , s'étend sur le verre. + Z 2 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE IXe ExrÉRIENCE. Si on jette une goutte d'huile de térébenthine sur l'eau, elle s'étend avec une rapidité étonuante, et couvre presque toute la surface de ce fluide; si on applique à ladite surface une plaque de verre, à l'instant l'huile se rassemble et forme de nouveau une goutte. Xe EXPÉRIENCE. Si on met sur du mercure une goutte d'eau , elle s'étend, et lorsqu'on applique à la surface de ce métal une plaque de verre ; l'eau s'étend encore davantage. XI ExPÉRTENCE. Si on jette dans l'huile de térébenthine ou d'olives une goutte d’eau , elle est long-temps à tomber au fond, mais elle finit par y tomber , et si le fond est formé d’une lame horizontale de verre , elle perd sa forme globuleuse et s'étend dessus. L XII ExPÉRIENCE. On sait qu’une goutte d’eau environnée d'air , et placée sur une lame de verre horizontale , se répand sur le verre. Il résulte de ces faits, 1° que les fluides suivans , eau, huile de térébenthine, huile d'olives , air, mercure , sont ici telle- ment ordonnés, qu'une petite portion de l'un quelconque , mise sur une plaque de verre horizontale , et environnée d'un de ceux qui précèdent ledit fluide dans cette liste , ne s'étend point sur le verre , mais prend une forme plus ou moins ap- prochante de. la sphérique. On peut encore prouver par l'expérience ce second principe. Si deux des fluides énoncés ci-après, eau, huile de téré- benthine , huile d'olives, air, mercure , sont en Contact par des surfaces horizontales , et si on plonge dedans un tube capillaire de verre , de manière à ce que l'une de ses extré- rnitéS soit entièrement plongée dans l'un'des fluides , et l’autre extrémité dans l'autre fluide, celui qui sera le premier dans l'ordre ci-dessus énoncé, prendra une forme concave et l'autre ET D'AISTOIRE NATURELLE. 18 une forme convexe. Il est facile de répéter les expériences qui confirment cette assertion ; je ne citerai que les trois suivantes, XIII EXPÉRIENCE. Si on plonge un tube capillaire en partie dans l’eau et dans l'huile de térébenthine, l'eau prendra une forme concave et l’huile de térébenthine une forme convexe : l'huile d'olives substituée à l'huile de térébenthine présente les mêmes phé- nomènes. XIVe ExPÉRIENCE. Si on plonge un tube capillaire en partie dans l'huile d’olives ou de térébenthine et en partie dans l’air , les huiles prennent une forme concave et l'air une forme convexe. XV, ExrPÉRIENCE. Si on plonge un tube capillaire de verre en partie dans l'huile d'olives , et en partie dans le mercure , le mercure prend une forme:convexe , et l'huile une forme concave. 4 S'il n’y avoit qu'un fluide animé de la seule pesanteur , sa surface resteroit plane, mais cette forme est troublée par la force qu'exerce le tube perpendiculairement à son axe sur les colonnes fluides , voisines de sa surface intérieure. En effet, par la propriété des fluides de presser également en tous sens , cette force se transforme en une autre parallèle à l’axe, la- quelle éprouvant une résistance de la part des molécules adhé- rentes au cercle inférieur du tube , exerce toute son action de bas en haut , d'où il résulte que les colonnes voisines de la surface du verre doivent être plus longues que les colonnes centrales, c’est-à-dire que la surface du fluide doit être concave, C’est aussi ce que l'expérience confirme , puisque le mercure dans un baromètre parfaitement purgé d'air et d'humidité, est ter- miné par une surface un peu concave. Si on suppose comme dans les expériences précédentes , qu'il y ait deux fluides en contact , qui ne soient animés que . la seule pesanteur, alors ils seront séparés par une surface hori- zontale ; mais si on suppose que le tube exerce sur eux nne force perpendiculaire à sa surface , laquelle se transformera dans chaque fluide par les mêmes raisons qui ont été dévelop- pées ci-dessus en deux forces opposées , alors le fluide le plus 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE attiré en raison de la différence de ces deux forces , aura ses colonnes voisines du verre plus longues, et prendra une forme concave. On peut donc ajouter aux principes que nous avons fait con- noître dans ce Mémoire, le suivant : Les fluides, eau, huile de térébenthine , huile d'olives, air, mercure , sont tellement ordonnés, que l'un quelconque se comporte comme s'il avoit plus d'affinité pour le verre que ceux qui le suivent, et moins que ceux qui le précèdent. On voit aussi que la convexité et la concavité de la surface des fluides au voisinage des corps solides qui y sont en partie plongés , ne peut servir de caractère distinctif, comme le sup- posent.lous les auteurs modernes , des fluides qui mouillent ou ne mouillent point un corps quelconque , distinction au reste qui est inexacte , attendu que tous les corps solides sont sus- ceptibles d'être mouillés par un fluide quelconque. Je terminerai par observer , 1° que l'explication que j'ai don- née des phénomènes singuliers de la forme convexe ou con- cave que prend un fluide dans un tube capillaire , en la rap- portant à la différence d’aflinité du fluide pour la matière du tube , comparée à celle du fluide ambiant pour le même tube, est neuve et me paroit mériter l'attention des physiciens ; 2° que la classification que j'ai établie des diflérens fluides rela- tivement à leur degré d’affinité pour le verre, à peu près comme j'ai classé autrefois les métaux d’après leur plus ou moins grande affinité pour le fluide électrique (1), ouvre un vaste champ d'expériences qui peuvent un jour jouer un rôle impor- tant dans la statique et la dynamique chimiques. (1) Voyez le Journal de Physique du mois de pluviose an 9, tome 52. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 - EX POSITION DU SYSTÈME DU MONDE, Par M. LAPLACE, Chancelier du Sénat-Conservateur, Grand-Officier de la Légion d'Honneur , Membre de linstitut , et du Bureau des Longitudes de France, des Sociétés Royales de Londres et de Gottingue, des Académies des Sciences de Russie, de Danemarck , de Suède , d'Italie , etc. Troisième Edition revue , augmentée par l’Auteur. 1 vol. 1-4, avec le portrait de l’Auteur. Prix , 15 fr. ; 2 vol. ë2-6°, 14 fr. À Paris, chez Courcier ; Imprimeur-lübraire pour des Mathématiques , quai des Augustins , n° 57. SECOND EXTRAIT (1). ——_——————— « De toutes des sciences naturelles, dit l’auteur, l’astronomie > «est celle qui présente le plus long enchainement des décou- » vertes... L'exposition de ces découvertes, et de la manière » la plus simple dont elles ont pu naître et se succéder, aura » le double avantage d'offrir un grand ensemble de vérités im- » portantes , et la vraie méthode qu'il faut suivre dans la la recherche.des lois dela nature. C’est l'objet que je me suis » proposé dans cet ouvrage. Newron fit voir qu'on pouvoitexpliquer tous lesphénomënes que présentent les mouvemens deë astres par lés lois de l’at- traction , c'est-à-dire en supposant que tous LE corpsis’attiroient en raison des masses , et de l'inverse des quarrés des distances. Mais il n'eut principalement égard qu'à l'attraction du Soleil sur les planètes. v (1) Le premier a été inséré tome 66 , page 265. 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les géomètres et les astronomes qui ont succédé à ce grand homme , ont reconnu qu'il ne falloit pas négliger l'attraction que les planètes exercent les unes sur les autres : ce qui produit dans leurs mouvemens des changemens assez considérables, qu’on a appelés perturbations. C'est dans ces derniers temps qu'on s'est plus particulièrement occupé de calculer ces perturbations. Ces calculs ont beaucoup perfectionné la théorie des mouve- mens des corps célestes. Les observateurs ont de leur côté fait les découvertes les plus précieuses. L’astronomie enrichie d'un si grand nombre de travaux , se présente aujourd'hui sous une face toute nouvelle. LApzAce a entrepris de réunir dans sa Mécanique Céleste , et dans son Exposition du Système du Monde, Y'ensemble de tous ces travaux intéressans , et d’en offrir les résultats , tels qu'ils sont admis actuellement par les astronomes. Mon but principal dans la rédaction du Journal de Physi- que, a toujours été d'en tenir Les lecteurs aucourant des progrès des sciences naturelles. Ils verront donc avec plaisir un extrait du savant Ouvrage que nous annonçons. L’auteur adopte la division décimale de l’angle droit (c’est- à-dire en cent degrés ) et du jour, dont il fixe l'origine à mi- nuit. Il rapporte les mesures linéaires à la longueur du mètre, et les températures au thermomètre à mercure divisé en cent degrés , depuis la glace fondante jusques à l'eau bouillante, sous uné pression équivalente à celle d’une colonne de mercure de soixante-seize centimètres de hauteur , à zero de tem- pérature. : DU SOLEIL. Le Soleilest un corps très-considérable , qui régit tout notre système planétaire. Il paroît se mouvoir dans un orbe que l’on nomme éc/iptique. Son volume est environ quatorze cent mille fois (1384472) plus considérable que celui du globe terrestre. Sa masse n’est néanmoins que 337086 fois plus considérable que celui du même globe terrestre. D'où on a conclu que sa densité est environ quatre fois moins considérable que celle du même globe. Bouguer ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 Pouguer , par des observations'très-délicates , à conclu que Îa Inmière du Soleil est plus vive au milieu du disque, que sur ses bords. Ce phénomène paroit dépendre de l'atmosphère so- laire, parce que les rayons solaires du bord du disque traver- sent une plus grande épaisseur de cette atmosphère, et s'y étei- gnent en partie. LapLACE en tire la conséquence , que le Soleil sans son atmos- phère nous paroîtroit douze fois plus radieux. Le Soleil lui paroîit un corps enflammé, Le disque solaire est souvent couvert de taches. On a vu de ces taches dont la largeur égaloit quatre à cinq fois celle de la Terre. L'observation de ces taches a fait voir que le Soleil avoit un mouvement de rotation sur son axe : la durée d’une révolution entière du Soleil est d'environ vingt-cinq jours et demi. On en doit conclure que le Soleil est aplati vers ses pôles. L'équateur solaire est incliné de huit degrés un tiers au plan de l’écliptique. Le Soleil paroît avoir un mouvement particulier qui l'em- porte vers la constellation d’Hercule. Ce mouvement change en épicycloïdes les ellipses des pla- nètes et des comètes quise meuvent autour du Soleil. Tous les autres mouvemens du Soleil ne sont qu'apparens : ils appartiennent à la Terre. DE L'ATMOSPHÈRE DU SOLEIL. Le Soleil a une atmosphère dont on ne connoïit pas l’éten- due. Elle ne peut pas s'étendre jusqu’à l’orbe de Mercure, dit l’auteur, parce qu’elle opposeroit au mouvement de cette pla- nète une résistance qui en changeroit bientôt la nature. La figure de cette atmosphère doit étre un ellipsoïde très- relevé à l'équateur. L’auteur pense que le rapport de l’axe à un diamètre de l'équateur ne peut pas être plus grand que de 2 à 5. Nous ayons déjà vu que l’auteur suppose que l’atmosphère so- laire a pu dans les commencemens s'étendre au-delà des orbites actuelles des planètes les plus éloignées , etensuite se condenser à différentes périodes. « On peut conjecturer , dit-il, que les » planètes ont été formées aux limites successives de cette Tome LXVII SEPTEMBRE an 1808. A a 186 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE » atmosphère, par la condensation des zones qu'elle a dù aban- » donner dans le plan de son équateur, en se refroidissant, et » se condensant à la surface de cet astre... » ( Voyez le pre- mier extrait de cet ouvrage , tome 66 de ce Journal, p. 265.) DES PLANÈTES. Les planètes sont des corps à peu près sphériques, plus ou moins volumineux , et entièrement opaques; elles circulent dans des orbes elliptiques autour du Soleil, qui en occupe un des foyers; mais leurs mouvemens sont troublés par l'action mutuelle qu’elles exercent les unes sur les autres; ce qu'on appelle perturbations. On trouvera tous les élémens des mouvemens de ces planètes dans les tableaux suivans. On connoît actuellement onze planètes, Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Vesta, Pallas, Junon, Cérès, Jupiter, Sa- turne et Uranus. DE MERCURE. Mercure est la planète qui est la plus proche du Soleil. Il ne s'en éloigne jamais au-delà de 32 degrés, Sa distance moyenne au Soleil , celle de la Terre au même Soleil étant supposée 10,000,000 , est 0. 3870981. La masse de Mercure est as celle du Soleil étant sup- 025 posée 1. La grandeur moyenne du diamètre de Mercure est 21", 8. DE VÉNUS. Vénus est la planète la moins éloignée du Soleil après Mercure. Sa distance moyenne au Soleil (celle de la Terre étant supposée 10,000,000 ) est égale o . 7235325. La masse de Vénus ( celle du Soleil étant un) est Ten La grandeur moyenne du diamètre de Vénus est 52” 54. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 Le jour, ou la rotation de Vénus sur son axe ,est, suivant Schroeter , o.j. 973. . l'équateur de Vénus forme un angle considérable avec l'écliptique. Schroeter a observé sur cette planète des montagnes qui ont plus de quarante mille mètres de hauteur ( vingt-trois mille toises }). Véous est environnée d’une atmosphère qui a à peu près la même densité que celle de la Terre , suivant Schrocter. C'est ce qu'il a conclu de sa force réfractive sur les rayons de lum ère. Les passages de Vénus sur le Soleil sont précieux pour les astronomes, parce qu'ils donnent fort exactement la parallaxe de cette planète, et par conséquent sa distance au Soleil. DE LA TERRE. La Terres est une des planètes qui tournent autour du Soleil : elle décrit une ellipse dont le Soleil est un des foyers. Sa masse est la -— de celle du Soleil. 337086 3 Son volume est environ la quatorze cent millième partie de celui du Soleil , d’où on a conclu que sa densité estenviron quatre fois plus considérable que celle du Soleil. Son année tropique est de 565 jours 2422640, c’est-à-dire qu'elle emploie ce temps pour revenir d'un point de son or- bite, par exemple d’un équinoxe au même équinoxe. Son année sydérale, c'est-à-dire le temps qu’elle emploie pour reveuir d'une étoile à la même étoile, est de 365 jours 25638550. L'année de la Terre se partage naturellement en quatre portions inégales, déterminées par les deux équinoxes et les deux solstices. ILs'écoule environ sept jours de plus de l'équinoxe du printemps à celui d'automne, que de ce dernier à celui du printemps. Le jour, ou le temps que la Terre emploie à tourner sur son axe, est toujours le même. Son mouvement de rotation diurne n’a pas varié depuis Hipparque , d'une centième de seconde. ( Mécanique Céleste , tome IIL, page 176 ). La longueur de l'année tropique a un peu diminué. L'auteur Aa 2 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pense que l’année du temps d'Hipparque , ou cent vingt-huit ansavant l’ère chrétienne, étoit plus longue de 12!, 6769 , qu’en 1750. Mais cette variation dans la longueur de l'année a des limites. L'écliptique est l'orbe que le Soleil, ou plutôt la Terre décrit dans son mouvement annuel. Il coupe l'équateur sous un angle qui au commencement de 1801 étoit de 26° 07315. Cet angle ; du temps d'Hipparque , étoit plus considérable, L'obliquité de l’écliptique étoit alors plus grande de 2945" 2. (Mécanique Céleste , tome IT, page 155.) L'obliquité de l'écliprique diminue donc journellement. On évalue sa diminution actuelle pendant un siècle, à 160" 85. Mais cette diminution de l'obliquité de Pécliptique se tient dans des limites hornées; elle ne pent pas varier de trois degrés, La distance de la Terre an Soleil varie suivant qu’elle se trouve dans les diflérens points de son ellipse. On appelle pé- rihélie le point où elle se trouve le plus près du Soleil , et aphélie le point le plus éoigné. La distance moyenne de la Terre au Soleil est de 25578 rayons terresires , et un peu plus. La précession des équinotes est une suite de l’action du Soleil et de la Lune sur le sphéroïlle aplati de la Terre : car on peut supposer la Terre une sphère d’un diamètre égal à son axe , et recouverte d'un ménisque, dont la pus grande épaisseur est à l'équateur. En considérant ce ménisque comme autant de petites Lunes adhérentes entre elles, les nœuds de leurs orbites rétrograderont par l’action du Solil, comme le font les nœuds de l'orbite de la Lune. Mais ce ménisque adhérant à la sphère qu'il recouvre, son mouvement rétrograde sera ralenti. L'intersection de l'équateur avec l'écliptique , c’est-à dire les équinoxes, doivent donc par l'action du Solul'avoir un mou- vement rétrograde. L'action de la Lune fait également rétrograder les nœuds de l'équateur terrestre sur le plan de son orbite : ces causes réunies font que la précession est, suivant Bradley, égale à 154" 4. La nutation de l'axe est uniquement due à l'action de la Lune : Bradley supposoit cette nulation égale à 55* 6. L'aberration de la lumière. La lumière, demeure 571" à venir du Soleil à la Terre ; mais dans cet intervaile la Terre décrit un arc de cet orbe égal à 64/6. Ce mouvement de la à ET D'HISTOIRE NATURELLE: 189 Terre produit une illusion optique de la lumiëre qui vient des étoiles et des astres ; c'est ce que Bradley a appelé aberration de la lumière. De la figure de la Terre. La figure de la Terre est un point si important en Astro- nomie, qu'elle a été le sujet de beaucoup de recherches. IL est certain qu'elle est aplatie aux pôles. Newron determina par la théorie la longueur de l’axe à un diamètre de l'équateur dans le rapport de 229 à 250. On a ensuite cherché à vérifier par l'observation de la lon- gueur du pendule à secondes, et par l'amplitude d'un arc du mé- ridien, si cette estimation étoit exacte. La longueur du pendule à secondes a donné des résultats éga- lement conformes à la théorie. D’après les observations de Borda, la longueur du pendule à secondes en Frince , à la latitude de la moitié de la distance de l'équateur aux pôles, est de o mue 41605. Le mètre est o tise 515074. Où à mesuré avec beaucoup de soin dilférens arcs du méri- dien , eton les a trouvés constamment plus courts à l'équateur, et s'alongeant vers les régions polaires. Les Acaléwniciens français, envoyés au Pérou , trouvèrent ce degré du méridien sous l'équateur — 9952 mètes, 3, Le degré mesuré en France, à 51° degrés de latitude , étoit de 100018 mètres, Le degré mesuré à Torneo en dernier lieu, par les Suédois, est de 100316 mères, Mais des degrés mesurés à différentes latitudes, ont donné des résultats différens, Lacaille a trouvé un degré au cap de Bonne-Espérance de 100050 . 5. Un degré mesuré en Pensylvanie, à 43° 56 de hauteur du pôle boréal, a été trouvé 90789 . 1. Un degré mesuré en lralie, à 47° . 80 de latitude, a été trouvé 9943 nièties De Un degré mesuré entre Dunkerque et Evaux, par Delambre et Méchain, à 54° 008179 , est de 100099 mètres 5, Le desuré moyen entre Evaux et Monijoui, correspondant à 43° 635843 de lautude , n’est que de 99925 mètres 5, 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces différences dans les arcs du méridien , mesurés en dif- férens endroits , ont fait conclure que la Terre est véritablement un sphéroïde, mais qu'elle n’est pas un solide de révolution, qui seroit régulier. Sa surface est donc une courbe à double courbure. D'après toutes ces mesures , Laplace dit que le rapport de l’axe au diamètre de l'équateur , étantsupposé à peu près comme 551 à 5352, satisferoit aux mesures des degrés , dans l'hypothèse d'une figure elliptique; mais tout prouve, ajoute-t-il , que la figure de la Terre est plus composée qu’on ne l'avoit cru d’abord. Le rayon de l'équateur terrestre est 6375793 mètres à fort peu près. . sp L ñ 1 La force centrifuge à l'équateur, est à fort peu près E de la gravité, ou force centripète. Si la rotation de la Terre étoit dix-sept fois plus rapide , la force centrifuge seroit égale à la gravité, etles corps cesseroient de peser sur la Terre à l'équateur. De l'atmosphère de la Terre. Une atmosphère assez dense envelopre le globe terrestre. L'air atmosphérique est assujéti à différens mouvemens plus onu moins réguliers, qu'on appelle vents. Le plus constant est le grand vent alizé d’orient en occident, qu'on observe entre les tropiques. Plusieurs physiciens ont cru que l'attraction du Soleil et de la Lune pouvoit agir sur l'atmosphère , comme elle agit sur les mers, et contribuer ainsi aux vents alizés. L’auteur est d’un avis contraire, Voici, dit-il, la cause la plus vraisemblable de ce vent. « Le Soleil, que nous supposons pour plus de simplicité, dans » le plan de l’équateur , y raréfie par sa chaleur, les colonnes » d'air, et les élève au-dessus de leur véritable niveau. Elles » doivent donc retomber par leur poids , et se porter vers les » pôles dans la partie supérieure de l'atmosphère ; maïs en » même temps il doit survenir dans la partie inférieure un » nouvel airfrais, qui arrivant des climats situés vers les pôles, » remplace celui qui a été raréfié à l'équateur, Il s'établit ainsi ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 19! » deuxcourans opposés, l’un dans la partie inférieure , et l’autre » dans la partie supérieure de l'atmosphère. Or la vitesse réelle » del’air , due à la rotation de la Terre, est d'autant moindre, » qu'il est plus près du pôle. Il doit donc en s'avançant vers l'é- » quateur , tourner plus lentement que les parties correspon- » dantes de la Terre; etles corps placés à la surface terrestre, » doivent le frapper avec l'excès de leur vitesse, et en éprouver » par sa réaction une résistance contraire à leur mouvement de » rolation. Ainsi pour l'observateur qui se croit immobile, l'air » paroit souffler dans un sens opposé à celui de la rotation de » la Terre, c'est-à-dire d’orient en occident. C'est en effet la » direction des vents alizés. » De la mesure des hauteurs par le Baromètre. L'air a un poids qui fait équilibre à celui du mercure dans le baromètre. Sur le parallèle de cinquante degrés, à la tempé- rature de la glace fondante, et à la moyenne hauteur du ni- veau des mers , hauteur qui peut être supposée o , mètre 76, le poids de l’air est à celui d’un pareil volume de mercure, comme 1 à 10477, 9 : d'où il suit qu’en s’élevant de 10 mures 4770, la hauteur du baromètre s'abaisseroit à peu près d’un millimètre, et que si la densité de l’atmosphère étoit partout la même, sa hauteur seroit de 7963 mitres, Mais l'air est compressible ; sa température étant supposée constante , sa densité est proportionnelle au poids qu'il com- prime , par conséquent à la hauteur du baromètre. Ses couches inférieures sont donc plus denses que les supérieures. La hau- teur de ces diverses couches croissant en proportion arithmé- tique , leur densité diminueroit en proportion géométrique , si elles avoient toutes la même température. On aura la différence en hauteur de deux stations, en mul- tipliant par un coefficient constant la différence des logarithmes des hauteurs observées du baromètre à chaque station. Une seule observation suflit pour déterminer ce coeflicient: ainsi à zéro de température , la hauteur du baromètre étant o , “tre 6000 dans la station inférieure, et o, mèue 75999 dans la station su- périeure, cette station étoit élevée de o “%e 104779 au-dessus de la première. Le coefficient constant est donc égal à cetie quantité divisée 192 JOURNAL DE FHYSKQUE, DE CHIMIE par Ja différence des logarithmes tabulaires des nombres o, mère 76000, et o "te 75999, ce qui donne 18336 pour le coefficient. : Mais la température de l’atmosphère diminue à mesure qu’on s'élève : on peut évaluer à seize ou dix-sept degrés la diminu- tion de la température relative à trois mille mètres de hauteur. L'expérience a appris que le volume de l'air étant représenté par l'unité à zéro de température, il varie deo , 00575 pour chaque degré du thermomètre, Il faut donc multiplier le coefficient 18536 par l'unité, plus la fraction 0,00375 , autant de fois qu'il y a de degrés dans la température moyenne. Les vapeurs aqueuses repandues dans l'air, étant moins denses que lui, diminuent la densité de l'atmosphère. On peut donc augmenter le nombre 0, 00575 de o , 004 qui satisfait assez bien aux observations. Nous avons supposé la pesanteur constante; mais elle di- minue un peu lorsqu'on s'élève. Ramond, d’après un grand nombre de mesures de hauteur prises trigonométriquement , avoit trouvé 18395 pour ce facteur ; mais en ayant égard à la di- minution de la pesanteur , les mêmes comparaisons le réduisent à 18336 mèxes, Ce dernier facteur donne 10477,9 pour le rap- port de la pesanteur du mercure à celle d’un pareil volume d'air sur le parallèle de cinquante degrés à zéro de température, et la hauteur du baromètre étant o,mè"e 76000. Le facteur 18595 corrige à très-peu près l’effet de la diminution de pe- santeur dont nous avons parlé. Mais une autre variation de la pesanteur, celle qui dépend de la latitude , doit influer encore sur ce facteur. Il a été déter- miné pour une latitude que l’on peut supposer de 5o degrés savs erreur sensible. Il doit augmenter à l'équateur, où la pe- santeur est moindre qu'à cette latitude : ilest visible en effet qu'il faut s’y élever davantage pour parvenir d’une pression donnée de l'atmosphère, à une pression plus petite d’une quantité dé- terminée, puisque dans l'intervalle la pesanteur de l'air est moindre. Le coefficient 18393 mètres doit donc varier comme la longueur du pendule à secondes , qui se raccourcit ou s’alorge suivant que la pesanteur augmente ou diminue. Il est facile de conclure de ce que l'on a dit précédemment sur les variations de cette longueur , qu’il faut ajouter à ce coefficient le produit de 26 mèues 164, par le cosinus du double de latitude. Enfin on doit appliquer aux hauteurs du baromètre une lé- gère correction dépendante de la différence de température du mercure ETS D'WISTOUME NATUÉEZULLP. TS meïcure du baromètre dans les deux stations. Pour bien con- noïtre cette différence, on enchâsse un petit thermomètre à mercure dans la monture du baromètre , de manière que le mer- cure de ces deux instrumens soit toujours à fort pen près à la même température. Dans la station la plus froide le mercure est plus dense , et par cette cause la colonne du mercure du baromètre est diminuée. Pour la ramener à la longueur qu'elle auroit si la température étoit là même qu'à la station la plus chaude, il faut l'augmenter d’antant de fois sa B4roëme partie qu'il y a de degrés de différence entre les températures du mer- cure dans les deux stations. FES 1 l Voici donc la règle qui me paroît à la fois la plus exacte et la plus simple pour mesurer les hauteurs par le baromètre. On corrigera d’abord , comme on vient de le dire, la hauteur du baromètre dans la station la plus froide ; ensuite on ajoutera au Facteur 18393 mèues le produit de 26 mètres 164 par le cosinus du double de la latitude. On multipliera ce facteur ainsi cor- rigé par le logarithme tabulaire du rapport de la plus grande à la plus petite hauteur corrigée du baromètre. On multipliera enfin ce produit par le double de la somme des degrés du ther- mornètre , qui indique la température de l'air à chaque station, et l'on ajoutera ce produit divisé par mille au pré édent. La somme donnera à très-peu près l'élévation de la station supé- rieure au-dessus de l’inférieure, surtout si l’on a soin de faire les observations du baromètre à l'instant du jour le plus favo- rable , qui paroit être celui du midi. ( Exposition du Système du Monde , page 89 ). / Des Rd/ractions astronomiques. Les rayons lumineux ne se meuvent pas en ligne droite dans l'atmosphère. ils s'infléchissent continuellement vers la Terre, ensorte que les astres paroissent plus élevés sur l'horizon qu'ils ne le sont réellement. Il importe extrémement aux astronomes de connoître les lois et la quantité de cette réfraction pour avoir la vraie position des astres. Des expériences très-précises ont appris que la réfraction que produit l'air, est indépendante de sa température , et propor- tionnelle à sa densité. Mais cette densité de l'air varie suivant sa température. Il faut par conséquent. connoître cette température. Tome LXV'II. SEPTEMBRE an 1808. Bb 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On doit donc avoir égard pour déterminer la quantité de la réfraction, à la hauteur du baromètre et à celle dut hermomètre. L'humidité de l'air produit peu d'effet sur les réfractions , ainsi on peut négliger d'en tenir compte. L'atmosphère étant supposée à zéro de température , et la hauteur du baromètre à o mètre 76, la réfraction est à l'horizon de 7391”. Elle ne seroit que de 6630" si la densité des cou- ches diminuoit en progression arithmétique , et devenoit nulle à la surface. La réfraction horizontale que l’on observe d’en- viron 6600",est moyenne entre ces limites. Lorsque la hauteur apparente des astres sur l'horizon excède onze degrés , leur réfraction ne dépend sensiblement que de l’état du baromètre et du thermomètre dans le lieu de l'obser- vateur, et elle est à fort peu près proportionnelle à la tangente de la distance apparente de l’astre au zénith , diminuée de trois fois et un quart la réfraction correspondante à cette distance , à la température de la glace fondante, et à la hauteur de omètre 76 du baromètre. Il résulte des données précédentes qu'à cette température, et quand la hauteur du baromètre est de soixante-seize centimètres, le coefficient qui multiplié par cette tangente donne la réfraction astronomique , est de 187”, 24 ; et ce qui est fort remarquable , la comparaison d’un grand nombre d'observations astronomiques conduit à la même valeur qu'on doit regarder comme très-exacte : mais elle varie comme la densité de l'air. Chaque degré du thermomètre augmente de o , 00395 le volume de ce fluide, pris pour unité à zéro de tem- pérature. Il faut donc diviser le coefficient 187° 24 par l’unité, plus le produit de o, 00575 , par le nombre des degrés du ther- momètre. De plus, la densité de l’air est , toutes choses égales d’ailleurs, proportionnelle à la hauteur du baromètre : il faut donc multiplier ce coeflicient par le rapport de cette hauteur à omère 76, la colonne du mercure étant réduite à zéro de température. On aura, au moyen de ces données, une table de réfractions très-précise , depuis onze degrés de hauteur apparente jusqu’au zénith , intervalle dans lequel se font presque toutes les obser- vations astronomiques, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 Du flux et reflux de la Mer. . La moitié de la surface du globe terrestre , et un peu plus, est couverte d'une masse d’eau assez considérable. Ces eaux éprouvent, dans l'espace d’un jour, deux mouvemens qui les élèvent à une hauteur plus ou moins considérable : elles re- tombent ensuite par leur propre poids. Newron a prouvé que cette élévation des eaux étoit due à l'attraction du Soleil et de la Lune. Elle varie effectivement sui- vant que ces astres sont plus ou moins proches de la Terre, et que leur action agit dans le même sens: c’est pourquoi la marée est plus grande dans les syzigies , parce que la Lune, se trouvant en opposition, ou en conjonction avec le Soleil, agit dans le même sens que lui. Elle est plus petite dans les qua- dratures par la raison opposée. Le retard des marées d'un jour à l'autre est des o.i°s 0,3505. L'action de la Lune sur les marées est triple de celle du Soleil. La nature des marées est modifiée par celle des bassins des mers , leur profondeur, et par celle des côtes. Ainsi dans la vaste mer du Sud les marées sont très-petites ; tandis qu'elles sont très-grandes sur les côtes de Bretagne en France. À Batsha, port du royaume de T'unquin , il ny a qu'une marée en vingt-quatre heures. Le flux arrive au coucher de la a , et le reflux à son lever. Ceci dépend de circonstances ocales. L'auteur détermine les causes de tous ces phénomènes. DES PLANÈTES TÉLESCOPIQUES , CÉRÈS , PALLAS , JUNON ET VESTA. C£rès fut découverte par Piazzi à Palerme , le premier janvier 1801. Pazcas fut reconnue en 1802, par Olbers, à Bremen. Juxox le fut en 1603, par Harding, à Lilienthal. Et Vesra le fut en 1807, par le même Olbers , à Bremen. La masse de ces planètes n’a pas pu être déterminée , non plus que leur volume. On sait seulement qu'elles sont très-petites. Bb 2 196 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIS DE MARS. Mans se meut autour du Soleil dans une période de 686iours, 97965156. Sa. révolution synodique, ou son retour à la même position relativement au Soleil , est d'environ 780 jours. Il tourne sur son axe dans une période de 1°“, 02733. Son axe est incliné de 660 35 à l'écliptique. Sa masse est très-petite suivant Delambre. Il la suppose , celle . 1 du Soleil étant 1, de TS La grandeur moyenne de son diamètre est de 30”. DE JUPITER. JuriTen se meut autour du Soleil dans une période de 4332 ous 5963076. La durée de sa révolution synodique est d'environ 399 i°urs. On remarque à sa surface plusieurs bandes obscures, sensi- blement parallèles entre elles , et à l’écliptique. Les variations de quelques-unes de ces taches, et les différences sensibles dans la durée de la rotation , donnent lieu de croire qu'elles ne sont point adhérentes à Jupiter. Elles paroissent être des nuages que les vents emportent avec différentes vitesses dans une atmosphère très-agitée. D'autres taches ont fait connoître que Jupiter tourne sur son axe dans une période de o. jour 41377. Son axe est presque perpendiculaire à l’écliptique. Il est au diamètre de l’équateur comme 13 est à 14. La grandeur moyenne de son diamètre apparent est de 110". La durée de la révolution de Jupiter paroît avoir éprouvé une diminution. Nous allons voir que cette inégalité disparoit après un certain nombre d'années. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 DE SATURNE,. SATURNE tourne autour du Soleil dans une période de 10758 jours 96984. JE La durée de sa révolution synodique est de 37Siomrs. Il aun mouvement de rotation sur son axe, qu'il exécute , suivant Herschel, en oi°" 428. Cet astronome a observé à sa surface cinq bandes parallèles à son équateur. Les diamètres de Saturne ne sont pas égaux ; celui qui est per- pendiculaire au plan de l’anneau , paroït plus petit d'un onzième que l’autre: d'où l’on peut conclure, que Saturne tourne rapi- dement autour du plus petit de ses diamètres, La grandeur moyenne de ce diamètre est de 54! 4. Saturne est environné d’un anneau qui fut découvert par Huyghens. Herschel à réconnu que cet anneau étoit double. Halley prouva que le mouvement de Saturne, d’après les observations anciennes comparées aux modernes, paroît retardé ; la durée de sa révolution paroît aujourd'hui plus longue qu'au- trefois , tandis que celle de Jupiter paroît moins longue. Laplace a prouvé que l'inégalité des mouvemens de ces deux planètes étoit périodique , et que cette période est de neuf cent vingt-neuf ans et demi. 11 pense qu’elle est due à l'action mutuelle de ces deux pla- nètes l’une sur l’autre. « En considérant, dit-il, que cinq fois le moyen mouvement » de Saturne , moins deux fois celui de Jupiter, est à très-peu » près égal à zéro, il me parut vraisemblable que le phéno- » mène observé par Halley, avoit pour cause une inégalité » dépendante de cet argument. » Il entreprit grand calcul pour déterminer ces quantités, le résultat fut? 1° Qu'il existe dans la théorie de Saturne une grande iné- galité de g111°, 41 dans son maximum , dont la période est de 929 ans et demi , et qui doit étre appliquée au moyen mouve- ment de cette planète ; 2° Que le mouvement de Jupiter est pareillement soumis à une inégalité correspondante , dont la période est à très-peu près la même , mais qui. affectée d'un signe contraire, ne s'élève qu'à 3720", 36 : la grandeur des coefliciens de ces inégalités, et la 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE durée de leurs périodes ne sont pas toujours les mémes. Elles participent aux variations séculaires des élémens des orbites, dont elles dépendent. C'est à ces deux grandes inégalités auparavant inconnues, que l’on doit attribuer le ' ralentissement apparent de Saturne, et l’accélération apparente de Jupiter. Ces phénomènes ont at- teint leur maximum vers 1560. Depuis cette époque les moyens mouvemens de ces planètes se sont rapprochés des véritables , et ils ont été égaux en 1792. D'URANUS. Cette planète avoit échappé par sa petitesse aux anciens ob- servateurs. Flamsteed à la fin du dernier siècle, Meyer et le Monnier l'avoient vue ; mais ils la regardoient comme une petite étoile. Ce n’est qu’en 1781 que Herschel a reconnu son mouve- ment, et s’est assuré qu'il est une véritable planète. La durée de sa révolution sydérale est de 30688 iours 71260. Son diamètre est très-petit, et s’élève à peine à douze secondes. MASSES DES PLANÈTES , CELLE DU SOLEIL ÉTANT PRISE POUR UNITÉ. Soleil NOEL OEUENEOURT 16 TANT Mercure RE AE A AL ot 2025810 ST OR MA TOME DOT RASRAERRT eS LIE RCE LA TERRES des one no eee noel ea Paiete oi Mars M ST at s tai P PET Jupiter MENT MER RARES — Rx 167,09 Saturnesamiie ris, SGA ER Uranus::.n.slatéeten sun Un le ET D'HISTOIRE NATURELLP, 199 ” TABLEAU DU MOUVEMENT ELLIPTIQUE DES PLAN TES. Durée de leurs révolutions sydérales. Mercures ss. ete {rer &yious , 96925804 Vénus............... 224 » 70082509 LaïTerre. 3... 365 , 25638350 DTArSE e cnpie-cie 3008 ME 686 . , 9796186 Jupiter... Ps à 2 4332 , 5903076 SATUERE eme ssaoe ses 10758 , 9698400! Uranpss senc eue . 30683 , 7126872 Demi-grands axes des orbites, ou distances moyennes. Mercure er en re . 0,3870981 . MÉNHSE Cannes ee Lie emieclelelaie 0,7233523 PnAPeneR ne escecsecet 1,0000000 Mars ce Soon HOT EeeS 1,9256935 TONER RO INT Bat 5,2027912 SALUINES + he ele al ensesesses . -Q:D907708 DTA MR dE ataiete te ati dsisete 1101044000 Rapport de l'excentricité au demi-grand axe , au commen- cement de 1801. IMORCNTO este ns users entente 0,20551494 Ménts. 08h sens sure. 0,00685298 La Terre”. 5:12. esse ‘0,01683518 Marina 3 ssbrdsess OP : -6,09313400 Jupe AS. ... 0,04817840 Saturne..... rares ares s0 6 :10,09616830 Uranus... "0,04667030 Variations séculaires de ce rapport: ( Le signe — indique une diminution. ) Mercure #7 02t Sr dgtouse 0,000003867 Vénus...... sed eta ble Alle etats 0,000062711 La Terre ...............:..., 0,000041632 209 JOURNAL DE,RHYSIQUE,HE CHIMIE Mars RE ee ee IOIO( 0090 176 IFR TRE haies Ma ee ,0001993 0 LED ON ie Pesssc... 0,000912402 Uranus: Mn OCT ARE . 0,000025072 Longitude moyenne pour le minuit qui sépare le 31 décembre 1800 , et le premier janvier 1801, 1ernps moyen. MerEUTE Se en NADAGE doué 182°15647 NIÉNUS Re ee dont Rao 11,93672 DAME M eee cree IT 20170) DA PRE ee St PA OA Dupeet 2. PR Lt Te tIG7T DR ISATUPNE: se a ate so aeh scie cee100,J0010 Lranus RSR 1607, Longitude moyenne du périhélie à la méme époque. Mercure... 21126 9/57401:0036296 MERUE ce. este +555: 1429077 TanTerter. 252495483838 MT 0972 LCR OO I US 369,3407 EPL RE CPAS 12,9512 SD AUERE Eden 99:0549 Uranus ........ee.sesoccs 2800974 Mouvement sydéral et séculaire du pérthélie. Merenre. "se. ssseese, 1200110 VÉNUS se so ee sales ton ce à 02004 Da Tentes. tee ratites «abeteisle e) J0A13 40 MARS se ee ns eee ! 4884, 05 em A HA 2048,95 SALUERE,. . . ee qe ee eee... 097070 UTAUUS ee sus sels vonascoss 101720 00 Inclinaison ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 Jnclinaison de l'orbite à l’écliptique au commencement de 18or. Mercure.......:. elfe ete n°78098 MÉDUS MERE FA ocoeé .. 3,76956 DatiRenrent is Cretet ++. 0,00000 LUER GO SHARE UE ONE CES 2,05663 oO NA ESS hoo vo oo 1,46034 SATULE LS ojeisto le lt ct bat ae 2,77102 Uranus NEPRMAMANSR en 0 0,85990 Variation séculaire de l'inclinaison à l'écliptique vraie. Mercure eee eme ne PV. 56"1a MÉDUS TRE RER RER ERTeNiE — 14,05 Pa Terre. PAR MERAN AR TAPANT EL ES 0,00 MARS RE SN Re croate are 0,47 Jupiter. ..,.. sado des do ondes — 69,78 Saturne. es. OBS DO E DEEE — 47,88 LRO AIR MO OMSSERRERTEE 9:67 Longitude du nœud ascendant au commencement de 1801. % MercuTe AT chien nee . 51,0651 MÉTUS R RRENER R e ae 83,1972 Pa Terre PANNE Le LR: 0,0000 MAS RER RES reine 53.5605 JO PITER ANS ele -cieerecr te 109,3624 D'ALUITE MER Le eee nat 124,3662 Dianuseer Mie I ee 80,9488 Mercure 2h78 DO de MeV Ale VÉNUS S.RREONIER M ATEN — bsno, Da Terres. re Eee PTE (Vars. in: LA ARR — 7186,65 Jupe. Ce CEE Ce — 4869,04 SATHERE eee Elite — 6905,25 DE eu ANA RE En «— 11104,81 Tome LX VII, SEPTEMBRE an 1808. Ce 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On ne peut pas encore déterminer avec précision les élémens des orbites des quatre petites planètes nouvellement découvertes. Le temps depuis lequel ‘on les observe est trop court. D'ailleurs les perturbations considérables qu’elles éprouvent , sont encore inconnues : voici les élémens elliptiques ; qui jusqu’à présent satisfont aux observations , mais que l’on ne doit regarder que comme une première ébauche de la théorie de ces planètes. Durée des révolutions sydérales des planètes télescopiques. GOFRS este eee ui FOOD 90 PalaS EE R NRRe Tn GO 709 Too Eetiee cer mer LE IODOMEUOD Miestanie OR RAT LT 1555200) Demi-grands axes des orbites. Gérés... ssssssesassars sa 2,7074006: Pallasts Ut msn anheeets;767808 Junon.-.tirte.nsnrhe.800,607168 Vesta®t..."....r..L1..1"1:2,373000 Rapport de l’excentricité au demi-grand axe. Gérés M ee Nan ete! 1010704 Palas a EU erreur Le 0240004 Juno des: CV MR 0,20 408E MESA Re ee er ares 0, 00D220: Longitude moyenne à minuit, commencement de 1801. Gérer cece- re l204 1002 Palas CEE retar 29016800 uno etes 02270008 Miestas nee s@re ass saecess 12072200 Longitude du périhélie à la même époque. Gérés MEET. Trier 16210805 PAS PEER Er 7040: Junonsmaieilt. rire ue 600940) Nesta RE rene Le em A SOU ET D'HISTOIRE NATURELLE, 203 Tnclinaison de l'orbite à l'écliptique. CÉTÉRREAL He RMiee un (8 568 Palas ete re GR SR 84604 Danone vous ARR IS 0086 Meet EU Rene. Hs 7 ato Zongitude du nœud ascendant au commencement de 180x. GÉNIE EU F5 89 0085 Ralls SSL S. Ulagr, 7148 JnnOon ER Eee er O0 AS Vesta tee e me er ra414030 DIE SRS ANDRE ITIES Les SarerLires sont de petites planètes qui circulent autour de plusieurs des planètes dont nous venons de parler. On en con- noît actuellement dix-huit : savoir, un autour de la Terre, quatre autour de Jupiter , sept autour de Saturne , six autour d'Uranus. 1 Saturne est encore environné d'un double anneau. DE LA LUNE, La Luxe est le satellite de la Terre , qui tourne dans une ellipse , dont la Terre est un des foyers ; mais l’action du Soleil modifie singulièrement ses mouvemens, La durée de sa révolution sydérale étoit de 27; ,5216610716 au commencement de ce siècle. Cette durée n’est pas toujours la même , et la comparaison des observations modernes avec les anciennes, prouve incontestablement une augmentation dans le moyen mouvement de la Lune. La longitude moyenne de la Lune , ou sa distance moyenne angulaire à l'équinoxe du printemps rapportée à l'échptique, étoit de 124°01299 , à minuit le premier Janvier 18o1. La moyenne distance de la Lune étant prise pour unité, l'excentricité de son ellipse est 0,0548553. Sa plus grande équation au centre est 6°9983. Cc2 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le périgée lunairea un mouvement direct. C'est dans le sens du mouvement propre du Soleil. La durée de sa révolution sydéralé étroit an commencement du siècle, de 323215 5$o75 , et sa longitude ttoit de 295°66824. Son mouvement n’est pas uniforme til se ralentit, pendant que celui de l1 Lune s'accélère. Les lois du mouvement elliptique sont encore loin de repré- senter les observations de la Lune. Elles est assujétie à un grand nouwbre d inégalités , qui ont des rapports évidens avec la position cu Soleil. L'évection est la plus considérable de ces inégalités. Cette inégalité , qui dans son marimum s'élève à 124492, est propor- tionnelle au sinus du doubl: de la distance de la Lune au Soleil, moins la distance de la Lune à son périgée, La variation est une autre inégalité du mouvement lunaire , qui disparoit dans les conjonctious et les oppositions de la Lune au Soleil, ainsi que dans les points où ces deux astres sont éloignés entre eux du quart de la circonférence. Elle est à son maximum , et s'élève à 0°,5877, quand leur distance mutuelle est de cinquante degrés. L'équation annuelle est une inégalité du mouvement lu- naire, dout la loi est exactement la même que celle de l'équa- tion du centre du Soleil, avec un signe contraire. Le mouve- ment de la Lune s'accélère quand celui du Soleil se ralentit. La Lune est encore sujette à des équations séculaires, dont nous parlerons ailleurs. : L'orbe lunaire est incliné de 5°7222 à l’écliptique. Ses points d’intersection avec elle , que l’on nomme zœuds , ne sont pas fix-s dans le ciel. Ils ont un mouvement rétrograde , on con- traire à celui de la Lune Ce mouvement rétrograde est produit par l'action du Soleil, comme nous l'avons vu en parlant de la précession des équinoxes. On appelle 1œud ascendant, celui dans lequel la Lune s'élève au-dessus de l’écliptique vers le pôle boréal ; et 2œud descendant , celui dans lequel elle s’abaisse au-dessous vers le ptle austral. La durée d’une révolution sydérale des nœuds étoit au com- mencement du siècle, de 67.,3)°%42118. La longitude du nœud ascendant étoit de 17°6933. Mais le mouvement des nœuds se ralentit de siècle en siècle. Le diamètre apparent de la Lune est de 5458" dans la plus grande distance de la Lune à la Terre, et de 6207" dans sa plus petite distance. “ET D'HISTOIRE NATURELLE, 205 La parallaxe moyenne de la Lune égale 10661”. Ainsi à la même distance où cet astre nous paroit sous un angle de £825"” la Terre seroit vue sous un angle de 21332”. Le diamètre de la Lune est donc à celui de la Terre à peu près comme 5 est à 11. Le volume du globe lunaire est quarante-neuf fois moindre que celui du globe terrestre. | La masse de la Lune est 68.5 fois moindre que celle de la Terre. La durée de la révolution synodique de la Lune , ou la pé- riode de ses conjonctions moyennes, est maintenant de 2gjurs 535058817896 ; elle est à l'année tropique à très-peu près comme 19 à 235 , c'est-à-dire que dix-neuf années solaires forment envi- ron deux cent trente-cinq mois lunaires. C'est la fameuse p'riode de dix-neuf ans trouvée par Meton , laquelle ramène la Lune à peu près à la même,position..Ses éclipses devroient donc re venir à peu près dans le même ordre. Les sysigies sont les points de l'orbite où la Lune se trouve en conjonction, ou en opposition avec le Soleil. Dansle pre- mier cas la Lune est nouvelle, elle est pleine dans le second. Les quadratures sont les points de l'orbite où la Lune est éloignée de cent outrois cents degrés comptés dans le sens de son mouvement propre. Dans ces points que l’on nomme pre: mier et second quartier , nous voyons la moitié de son hémis- phère éclairé. À la rigueur nous en appercevons un peu plus : car lorsque l'exacte moitié se découvre à nous, la distance angulaire de la Lune au Soleil est un peu moindte que cent degrés. Les éclipses de la Lune sont produites par l'interposition du globe terrestre entre elle et le Soleil. Le cône d’ombre du globe terrestre a une longueur au moins trois fois et demie plus grande que la distance de la Lune à la Terre ; et sa largeur aux points où il est traversé par la Lune , est environ huit tiers du diamètre lunaire. La Lune seroit donc éclipsée toutes les fois qu'elle seroit en opposition au Soleil, si le plan de son orbe coïncidoit avec l’écliptique. Mais en vertu de l'inclinaison mu- tuelle de ces plans, la Lune dans ses oppositions est souvent élevée au-dessus, ou abaiïssée au-dessous du cône de l'ombre terrestre : et elle n’y pénètre que lorsqu'elle est près de ses nœuds. Les éclipses du Soleil sont produites par l'interposition de la Lune entre le Soleil et la Terre, et ce que nous venons 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de dire des éclipses de la Lune a également lieu pour celles-du Soleil. L'atmosphére de la Lune, si elle existe , est d’une rareté ex- trême , et supérieure à celle du vide que nous formons dans nos meilleures machines pneumatiques. C'est ce que nous prouve la petite quantité dont elle réfracte les rayons de lu- mière qui passent proche de la Lune. Car la réfraction ho- rizontale à la surface de la Lune n'excède pas cinq secondes. Cette réfraction sur la Terre est au moins mille fois plus grande. De là nous devons conclure qu'aucun des animaux terres- ires ne pourrôit respirer et vivre sur la Lune ; et que sielle est habitée, ce ne peut être que par des animaux d'une autre espèce. Il y a lieu de penser que tout est solide à la surface de la Lune , car les grands télescopes nous la présentent comme une masse aride sur laquelle on a cru remarquer les eflets, et même l'explosion des volcans. Elle a des montagnes plus élevées que celles de la Terre. La lirmière de la Lune est trois cent mille fois plus foible Que celle du Soleil, suivant Bouguer ; c'est la raison pour la- quelle cette lumière rassemblée au foyer des plus grands mi- roirs , ne produit point d'eflet sensible sur le therm: mètre. Les /aches de la Lune ont été décrites avec soin; elles nous montrent, que cet astre dirige toujours vers la Terre à peu prés le même hémisphère. Cependant celles de ces taches , qui sont très-voisines des bords de la Lune, disparoissent , et reparoissent successive- ment, en faisant des oscillations: périodiques , que l’on a dési- guées sous le nom de librations de la Lune en longitude. Pour se former une juste idée des causes principales de ce phénomène , il faut considérer que le disque de la Lune vu du centre de la Terre, est terminé par la circonférence d’un cercle du globe lunaire perpendiculaire à son rayon vecteur. Mais en mème temps que le rayon vecteur tend à décrire cette circonférence , le globe lunaire en tournant ramène toujours à fort peu près le même-point de sa surface sur ce rayon, et par conséquent le méme hémisphère vers la Terre. Les inégalités du mouvement de la Lune produisent de légères variétés dans ses apparences. La Lune a une autre Lbration en latitude perpendiculaire à la ibration en longitude, et par laquelle les régions situées ET D'HISTOIRE NATURELLE, 207 vers les pôles de rotation de ce globe, disparoissent et repa- roissent alternativement. Elle est produite parce que l’axe de rotation de la Lune n’est pas exactement perpendiculaire à l'écliptique. C'est ce que démontra Dominique Cassini. Toutes ces causes ne produisent qu'une libration apparente dans le globe lunaire. Elles sont purement optiques, et n'af- fectent point son mouvement réel de rotation. Ce mouvement peut cependant être assujéti à de petites inégalités, mais elles sont trop peu sensibles pour avoir été observées. Pour prouver de plus en plus que la Lune n’est retenue dans son orbite que par l'attraction de la Terre, l'auteur a prouvé qu'un projectile lancé horizontalement à une certaine hauteur au-dessus de la surface de la Terre, comme de la cime d’une montagne élevée, ne retomberoit pas sur cette surface, si la vitesse de projection étoit capable de lui faire parcourir sept mille mètres par seconde, et n’était point éteinte par la ré- sistance de l'atmosphère. Ce corps circuleroit comme un sa- tellite. La Lune a été, comme ce projectile lancé primitivement avec une certaine force , à la hauteur de sa distance moyenne. (Exposition , etc., page 188.) L L'auteur a prouvé également qu'un corps projeté de la sur- face de la Lune avec une vitesse qui lui feroit parcourir dans la première seconde deux mille cinq cents mètres; et dont la direction se trouveroit dans la ligne qui dans ce moment pas- seroit par le centre de la Lune et de la Terre , ne retombe- roit plus sur la surface de la Lune, mais deviendroit un sa- tellite de la T'erre. Son impulsion primitive peut être tellement dirigée qu'il aille rencontrer directement l'atmosphère terres- tre, ou qu'il ne l’atteigne qu'après un grand nombre de révolutions. €e corps en la traversant avec une grande vitesse , éprouveroit une très-forte résistance, et finiroit bientôt par se; précipiter sur la Terre. Le frottement de l'air contre la sur- face du corps suffiroit pour l'enflammer et le faire détoner, s'il renfermoit des matières propres à ces eflets , et alors il nous offriroit tous les phénomènes que présentent les météorolites. (bidem , page 232.) 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DES SATELLITES DE JUPITER. Ces satellites sont au nombre de quatre. Leur théorie est assez avancée. Delambre a dressé des tables exactes de leurs princi- paux mouvemens: on connoit même leurs masses. Les éclipses de ces sateilites , et surtout celles du premier, offrent au navigateur un moyen sûr et facile d’avoir sur-le- champ la lonoitude des lieux où it atterre. On sait que ce fut par le moyen des satellites de Jupiter que Roëmer parvint à calculer la vitesse de la lumière. Il en résulte que la lumière emploie 571" à venir du Soleil à la Terre. Les divers élémens connus de ces satellites , sont renfermés dans les tables ci-jointes. DE L'ANNEAU DE SATURNE. SaTunNE est entouré d’un anneau peu éloigné de la surface de cette planète. Il est incliné de 34° 8 au plan de l’écliptique. 11 est double , c’est-à-dire qu'il est composé de deux anneaux concentriques très-minces, suivant l'observation de Herschel. Ces anneaux se maintiennent sans effort dans leur position. 11 faut donc supposer qu'ils ont un mouvement de rotation au- tour d'un axe perpendiculaire à leur plan , et passant par le centre de Saturne, afin que leur pesanteur vers la planète soit balancée par leur force centrifuge due à ce mouvement. La largeur apparente de l'anneau est à peu près égale à sa dis- tance à la surface de Saturne. L’une et l’autre paroissent être le tiers du diamètre de cette planète. Il tourne d'occident en orient dans une période de o.ivuw 37, autour d'un axe perpendiculaire à son plan. DES SATELLITES DE SATURNE. L’extrême difficulté des observations des satellites de Saturne rend leur théorie si imparfaite, que l’on connoïit à peine avec quelque précision leurs révolutions et leurs distances moyennes à cette planète. La position de leurs orbes présente un phénomène digne de l'attention des géomètres et des astronomes. Les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 Les orbes des six premiers satellites paroissent étre dans le plan de l'anneau ; tandis que l’orbe du septième s'en écarte sensiblement. : Les masses de ces satellites n’ont pu être déterminées. . Les mouüvemens connus de ces satellites sont dans les tables CI-Joimtes. DES SATELLITES D'URANUS On a peu de connoïssances sur ces satellites, Herschel pense qu'ils se meuvent tous sur un méme plan perpendiculaire à celui de l'orbite de la planète. Laplace a prouvé que l'aplatissement de la planète combiné avéc l’action des satellites, peut maintenir à très-peu près dans ce plan leurs orbes divers. ‘Les masses de ces satellites n’ont pas été déterminées. Les mouvemens connus de e@es satellites sont dans les tables* ci-jointes. - TABLEAU DU MOUVEMENT DES SATELLITES. Satellites de Jupiter. Durée de leurs révolutions sydérales autour de Jupiter. T Satelliteæ......... .. nou 769157788148 II Satellite............ 3, 851181017849 TI Satellite. ........... 7, . 154552785970 IV Satellite........ .... 16, 688769707084 Distance moyenne des Satellites de leurs planètes. Le demi-diamètre de l'équateur de Jupiter à sa moyenne distance de cette planète au Soleil étant 59”. T. (Satellite. men se beiseiseiee . 5,812964 HeSatellitenr. cer. E.. ..... 9,248679 IiSatellite. 24-200. . 14702407 IV:Satellite.....4,.:....... 29,046860 Tome LXVII, SEPTEMBRE an 188. Dd \ 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Masses des Satellites de Jupiter. Masse de Jupiter étant supposée x. TP SatelRtE AREA CREER 0,0000175281 . IT * Satellites LM PME 0,0000232555 R TITSatéllite FM RER 0,0000884972 TV Satellite Rene rer 0,0000426591 Satellites de Saturne. Durée de leurs révolutions sydérales autour de Saturne. HSatellite rennes 1 loir g407t TEMÉSAteNITE CREME ee 1, 97024 HDmSatelite Re date 1, 88780 TV: Satellite marre 2, 73948 IV UR IS ATENI TES ER NINES ‘4, "61549 VETSATENNES . AR CN PE eee ViriSatelites. er +... 79, 32960 Distance moyenne des Satellites de leur planète: Le diamètre de Saturne vu de sa distanée moyenne au Soleil @tANE TE ele SA chelelie re tele le PS Alone 1. TFWSarellite cine EEE Tee) ons I Satellite MS ere IV Satellite’. . BE HO AMEN ee 6,268 MiaSatelite SU RE NT . 8,704 MISatellite SR neerme hé So 20,295 VII Satellite. 1, ue 250 dre DIT a4 Satellites d’ PE Durée de leurs révolutions FHCTIES autour d'Uranus. EP'Satiite. sHRENS AUERS, biours 8926 IT \\Satellite . .:,.2: ere 45 ! + 18, 1087088 III Satellite... tés : TONONOOLE EVrSatellite. 7. tres: 10704669 MMS." , EAP PE 358, 0750 Ni Satelbte, .:.:....... *. 107, 6944 ETD' HISTOIRE NATURELLE 211 Distance moyenne des Satellites de leur planète. Le demi-diamètre d'Uranus vu de sa distance moÿenne au DUT ET ELLE POMPES MSatelhter 52:70 5123120 APSAtellite. Si. AO ir oo ME Satelhte”s). 2240500 10845 IV'Satellite, 221.0 952 56e V Satellites. 00 2.1.1045,067 VI Satellite M il e1,808 o DES COMÈTES. F Les Comères sont des planètes particulières qui circulent au- tour du Soleil dans des ellipses très-alongées, dont cet astre est un des foyers. Leurs mouvemens propres ont lieu dans tous les sens , et ils n’affectent point, comme ceux des planètes ;’ la direction d'occident en orient, et des plans peu inclinés à l’é- cliptique. Quelques-unes ont un mouvement contraire à celui des planètes. Les masses des Comètes étant très-petites, elles éprouvent de fortes perturbations de la part des planètes, lors- qu'elles passent proche de celles-ci , principalement de Jupiter et de Saturne. Le nombre des Comètes apperçues jusqu’à présent par les observateurs, paroît étre environ de cent. On ne connoît encore avec certitude que le temps de Ja ré- volution d'une seule Comète , celle de 1759 que l’on avoit déjà observée en 1682, 1607 et 1531. Cette Comète emploie environ soixante-seize ans à revenir à son périhéhe, Ainsi en prenant pour unité la moyenne distance.du Soleil à la Terre , le grand axe de son orbite est à peu près 35.9 ( ou environ douze cent millions de lieues , ou le double de celui d'Uranus ) , et comme sa distance périhélie n’est que 0.58 , elle s'éloigne du Soleil au moins trente-cinq fois plus que la Terre, en parcourant une ellipse fort excentrique Son retour au périhélie a été de treize mois plus long de 1531 à 1607, que de 1607 à 1682. Ila été de dix-huit mois plus court de 1607 à 1682, que de 1682 à 1759. D d 2 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il paroit donc que des causes semblables à celles qui altèrent le mouvement des planètes , troublent celui des Comètes d'une manière encore plus sensible. Clairaut annonça le retard du retour de cette Comète en 1759 : il fit voir que ce retard dé- pendoit de l'action de Jupiter et de Saturne sur cette Comète. On a soupçonné le retour de quelques autres Comètes. Le plus probable de ces retours étoit celui de la Comète de 1532, que l'on a cru être la même que celle de 1651, et dont on avoit fixé la révolution à cent vingt-neuf ans; mais cette Co- mète n'ayant point reparu en 1790 , il y a tout lieu de croire que ces deux Comètes ne sont pas la même, La nébulosité dont les Comètes sont presque toujours en- veloppées, paroïît étre formée des vapeurs que la chaleur so- laire à leur périhélie élève à leur surface. Il paroit encore que les queues des Comètes ne sont que ces vapeurs élevées à de très-grandes hauteurs par cette raréfaction, peut-être com- binée avec l'impulsion des rayons solaires. Les masses des Comètes paroissent d'une petitesse extrême. Les diamètres de leurs disques doivent donc être insensibles, et ce que nous appelons leur noyau n'est, selon toute appa- rence, que la partie la plus dense de la nébulosité qui les envi- ronne. Cette partie est encore extrêmement rare , puisque l’on a apperçu quelquefois des étoiles au travers. Elle est ainsi pé- nétrée en entier par des rayons solaires que ses molécules ré- fléchissent dans tous les sens, et nous ne devons point y ap- percevoir de phases. 1 Les observations de la Comète appercue la première en 1770, ont conduit les astronomes à un résultat très-singulier. Après avoir inutilement tenté d’assujétir ces observations aux lois du mouvement parabolique , ils ont enfin reconnu qu’elle a décrit pendant son apparition, une ellipse dans laquelle la durée de sa révolution est de cinq ans deux tiers. Lexe!, qui le premier fit cette curieuse remarque , satisfit de cette manière à l'ensemble des observations de la Comète. Les recherches de Burckhardt Yont conduit à fort peu près au résultat de Lexel, sur lequel il ne doit rester maintenant aucun doute. Une Comète, dont la révolution est aussi prompte, devroit souvent reparoitre. Cependant elle n’avoit point été observée avant 1770 , et depuis on ne l’a point revue. Pour expliquer cedouble phénomène, Lexel a remarqué qu’en 1767 et en 1779 cette Comète a fort approché de Jupiter , dont la forte attrac- tiou a pu diminuer en 1767 la distance périhélie de son orbite, , ET D'HISTOIRE NATURELLE. é 213% de manière à rendre cet astre visible en 1770, d’invisible qu’il étoit auparavant, et ensuite augmenter en 1779 cette mème distance au point de rendre la Comète pour toujours invisible. De toutes les Comètes observées, celle-ci a le plus approché de la Terre, qui par conséquent auroit dû en éprouver une action sensible , si la masse de cet asffe étoit comparable à celle du globe terrestre. Mais tous les calculs de Delambre (pour les Tables du: Soleil ) ont fait voir qu'elle ne peut pas être la cinq-millième partie de celle de la Terre; et comme elle a traversé le système des satellites de Jupiter , sans y causer le plus léger trouble, sa masse doit encore être plus petite, « Non-seulement , ajoute l'auteur ( Mécanique Céleste, » tome IV , page 330 ) ; les Comètes ne troublent point sensi- » blement par leurs attractions les mouvemens des planètes et » des satellites ; mais si dans l’immensité des siècles écoulés » quelques-unes d’elles ont rencontré ces corps, comme cela » est très-vraisemblable , il ne paroît pas que leur choc aiteu » sup ces mouvemens une grande influence.... Nous devons » donc étre rassurés sur l'influence des Comètes, etles astro- » nonfes n'ont aucune raison de craindre qu'elle puisse nuire » à l'exactitude des Tables astronomiques. » . Cependant l’auteur, malgré ces preuves convaincantes de la pare action que’ le choc d'une Comète pourroit produire sur a Terre, rapporte les opinions contraires de quelques phi- losophes. « Aux frayeurs, dit-il (1), qu'inspiroit l'apparition des Co- » mètes, a succédé la crainte que dans le grand nombre de celles » qui traversent dans tous les sens le système planétaire, l’une » d'elles bouleverse la Terre. Elles passent: si rapidement près » de nous, que les effets de leur attraction ne sont point à » redouter. Ce n'est qu'en choquant la Terre qu'elles peu- » vent y produire de funestes ravages ; mais ce choc, quoique » possible , est si peu vraisemblable dans le cours d’un siècle, » 1l faudroit un hasard si extraordinaire pour la rencontre de » deux corps aussi petits relativement à l'immensité de l'espace » dans lequel ils se meuvent , que l’on ne peut concevoir à cet » égard aucune crainte raisonnable, Cependant la petite proba- » bilité d'une pareille rencontre peut, en s’accumulant pendant » une longue suite de siècies , devenir très-grande. Il est facile Ê (1) Exposition du Système du Monde, page 213, 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » de se représenter les effets de ce choc sur 1I# Terre, si la » masse de la Comête est un peu grande. L'axe et le mou- » vement de rotation changés ; les mers abandonnant leur an- » cienne position pour se précipiter vers le nouvel équateur ; » une graride partie dés hommes et des animaux noyée dans ce » déluge universel, dt détruite par la violente secousse impri- » mée au globe terrestre ; des espèces entières anéanties; tous » les monumens de l'industrie humaine renversés : tels sont » les désastres que le choc d’une Comète a dû produire, sé sa » masse a cté comparable à celle de:la Terre. On voit alors » pourquoi l'Océan a recouvert de hautes montagnes sur les- » quelles il a laissé des marques incontestables de son séjour. » On voit comment les animaux etes plantes du Midi ont » pu exister dans les climats du Nord, où l’on retrouve leurs » dépouilies et leurs empreintes: enfin on explique la nou- » veauté du monde moral, dont les monumeéhs certains ne » remontent pas au-delà de quatre mille ans. L'espèce humaine réduite à un petit nombre d'individus, et à l'état Îe plus dé- » plorable, uniquement occupée pendant très-longtemps du » soin de se conserver, a dû perdre entièrement le sôuvenir » des sciences et des arts : et quand les progrès de la civilisation » en ont fait sentir de nouveau les besoins , il a fallu tout re- » commencer, comme si les hommes eussent été placés nou- » vellement sur la terre. Quoi qu'il en soit de cette cause » assignée par quelques philosophes à ces phénomènes , je » le répète, on doit étre pleinement rassuré sur un aussi ter- » rible événement pendant le court intervalle de la vie ; d'au- » tant plus qu’il paroit que les masses des Comètes sont d’une » petitesse extrême, et qu’ainsi leur choc ne produiroit que des » révolutions locales. » y © DES ETOILES. Les Frorres paroissent des astres analogues à notre Soleil. On observe des variations périodiques dans l'intensité de la lumière de plusieurs étoiles, que l’on nomme pour cela chan- geantes. Des taches très-étendues que les étoilés nous présen- tent périodiquement , en tournant sur elles-mêmes , à peu près comme le dernier satellite de Saturne, et l'interposition des grands corps opaques (Planètes, Comètes ) qui circulent autour ET D'HISTOIRE NATURELLE. 219 d'elles , suflisent pour expliquer les variations périodiques des étoiles changrantes. Quelquefois on a yu des étoiles se montrer presque tont-à- coup, et disparoître après avoir brillé du plus vif éclat. Telle fut la fameuse étoile observée en 1572, dans la constellation de Cassiopée. En peu de temps elle surpassä la clarté des plus belles étoiles, et de Jupiter mème. Sa lumière s’afloiblit ensuite, et elle disparut seize mois après sa découverte , sans avoir changé de place dans le ciel. Sa couleur éprouva des variations consi- dérables. Elle fut d’abord d’un blanc éelatant, ensuite d’un jaune rougeätre , etenfin d'un blanc plombé, On peut supposer que de grands incendies, occasionnés par des causes extraor- dinaires, ont eu lieu à leur surface ; et ce soupçon se confirme par le changement de leur couleur analogue à celui que nous offrent sur la terre les corps que nous voyons s'enflammer et s'étendre. d On a divisé par ‘la pensée les étoiles en divers groupes, qu'on appelle constellations. . | L'astronomie n'a pas encore pu déterminer la grosseur ni la distance des étoiles à notre Soleil. On suppose que Sirius, qu'on regarde comme le plus proche , est à ume si grande distance ,, que Herschel pense que sa lumière ne parvient à la Terre qu’en six ans quatre mois et demi. On découvre encore un grand nombre de taches blanchä- tres, qu'on appelle nébuleuses. Herschel a fait des obser- valions très-précieuses sur ces nébuleuses ( J'en ai donné un extrait dans mon Discours préliminaire , tome 60, page 16 de ce Journal ). Il suit de son travail que ces nébuleuses sont des amas immenses d'étoiles. GE La voie lactée n’est qu'une de ces nébuleuses , dont notre Soleil et son système planétaire font partie, ainsi que les plus brillantes étoiles que nous appercevons. Notre rébuleuse a un centre, eù tendent toutes les étoiles qui la composent , ainsi que notre Soleil. Toutes les nébuleuses paroïssent avoir également chacune un centre commun , autour duquel circulent toutes les étoiles qui les composent. On a divisé les étoiles à raison de leur éclat , en diflérentes grandeurs 1.2. 3.4... Les plus éclatantes , telles que Sirius, Régulus... sont de la première grandeur... Herschel avec ses magnifiques télescopes a découvert des étoiles qu’il suppose être de la 1342° grandeur : d'où il a conclu 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, LE CHIMIE que leur lumière ne peut parvenir à la Terre qu’en prés de deux millions d'années. Les distances mutuelles des étoiles qui forment chaque groupe , sont au moins cent mille fois plus grandes que la distance du Soleil à la Terre. Ainsi l'on peut juger de la pro- digieuse étendue de ces groupes, par la multitude innombra- ble d'étoiles que l'on observe dans la voie lactée. IL paroit donc que les étoiles, loin d'être disséminées dans l'espace, à des distancës à peu près égales, sont rassemblées en divers groupes formés chacun de plusieurs MILLIARDS D'ÉTOILES. L’astronomie a déterminé les mouvemens propres à plusieurs étoiles, tels que Sirius , Arcturus,... analogues à celui de notre Soleil, qui se meut vers la constellation d'Hercule. On suppose donc un centre général où toutes les étoiles de chaque nébuleuse tendent, comme nos planètes et Comètes tendent vers notre Soleil. Il s'ensuit que les mouyemens de tous nos corps planétaires sont très-COMPOsés. | La Lune décrit un _orbe presque circulaire autour de la Terre. Mais cette courbe est une suite d'épicycloïdes, dont les centres sont sur la circonférence de l’orbe terrestre. Pareillement la Terre décrit une suite d'épicycloïdes, dont les centres sont sur la courbe que décrit le Soleil autour du centre de gravité de notre nébuleuse. à Enfin le Soleil décrit lui-même une suite d'épicycloïdes , dont les centres sont sur la courbe tracée par le centre de gravité de notre nébuleuse , autour du centre général de l'Univers. Chaque étoile doit avoir, suivant les analogies ,son système de planètes et de Comètes. Cet exposé abrégé du système général des étoiles, des pla- nètes et Comètes, nous prouve l'immensité de l'Univers, sans que nous puissions en concevoir les bornes. DES ET D'HISTOIRE NATURELLE, 217 DES ALTÉRATIONS QUE LE MOUVEMENT DES PLANETES. ET DES COMETES PEUT EPROUVER PAR LA RESISTANCE DES MILIEUX QU'ELLES TRAVERSENT , ET PAR LA TRANSMISSION SUCCESSIVE DE LA PESANTEUR (1). L'auteur prouve qu'en supposant les Planètes et les Comètes se mouvoir dans un fluide élastique , tel que seroit le fluide lumineux , dans l'hypothèse que la lumière seroit l'effet de la vibration d’un pareil fluide , leurs mouvemens seroient retardés; ces corps se rapprocheroient de plus en plus du Soleil, leur orbite deviendroit de plus en plus circulaire, sans que le plan de ces orbites changet. Mais si la lumière est une émanation du Soleil, elle pro- duira également une altération dans les mouvemens des Pla- nètes et des Comètes , et elles les retardera. Ges petites alté- rations constituent ce qu'on appelle les éguations séculaires. L’altération produite dans les mouvemens de la Lune par l'impulsion de la lumière du Soleil , seroit beaucoup plus con- sidérable que dans les mouvemens de la Terre : ainsi l’équa- tion séculaire de la Terre est à celle de la Lune ; comme 1 à 63.169. Mais si cette lumière est une émanation du Soleil, la masse de cet astre doit diminuer sans cesse, et il doiten résulter dans le moyen mouvement de la Terre une équation séculaire d'un signe contraire à celle que produit l'impulsion de la lumière, et qui est incomparablement plus grande. Les deux équations séculaires dues à la diminution de la masse du Soleil , et à l’im- pulsion de sa lumière, sont dans le rapport de—1 à 0,0002129. L'impulsion de la lumière du Soleil sur la Lune n'influe pas d’un quart de seconde sur son équation séculaire. « Il résulte, dit l'auteur ( page 324, tome IV ), de l'analyse » précédente, que depuis deux mille ans ( que datent les » observations sur lesquelles on peut compter ), la masse du » Soleil n’a point éprouvé un deux millionième de diminution, ni » d'accroissement.» Il examine ensuite la supposition que l’attraction soit l'effet de l’action d’un fluide particulier , le gravifique. (1) Mécanique Céleste , tome III, pag. 296 , et tome IV , page ärä. Tome LXVII. SEPTEMBRE an 1808. E e 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « Si la gravitation étoit produite par l'impulsion d’un fluide vers le centre du corps attirant, dit-il, l'analyse précédente relative à l'impulsion de la lumière solaire, donneroit l’équa- tion séculaire due à la transmission successive de la force attractive... . » IL détermine cette équation par le calcul, et ajoute : « Le résultat est que la vitesse du fluide gravifique est en- viron sept millions de fois plus grande que celle de la lu- miére, et comme il est certain que l’équation séculaire de la Lune est due presque en entier à la cause que nous lui avons assignée dans le sixième livre, on doit supposer au fluide gravifique une vitesse au moins cent millions de fois plus grande que celle de la lumière , c'est-à-dire qu'il fau- droit supposer une semblable vitesse au moins à la Lune, pour la soustraire à l'action de sa pesanteur vers la Terre. Les g‘omètres peuvent donc , comme ils l’ont fait jusqu'ici, supposer cette vitesse infinie. : » Îlest aisé de voir que l'équation séculaire de la Terre , due à la transmission successive de la gravité, n’est qu'un sixième environ de l’équation correspondante de la Lune, et par conséquent elle est nulle et insensible. Toutes ces théories diverses , ajoute-t-il, que nous venons de présenter, exigent de nouveaux travaux pour être perfection- nées. C’est ce qu’exécuteront dans la suite des siècles à venir les astronomes et les géomètres qui s’occuperont de ces sa= vantes recherches. ET DMISTOIRE NATURELLE. 219 SUPPLEMENT AU TRAITÉ DE MECANIQUE CELESTE; Présenté au Bureau des Longitudes , le 17 Aout 1808, Par M. LAPLACE,. EXTRAIT. Mox objet, dans ce Supplément, dit l’auteur, est de perfection ner la théorie des perturbations planétaires , que j'ai présentée dans les second et sixième Livres de mon Traité de Mécaniqua Céleste. En cherchant à donner aux expressions des élémens des orbites , la forme la plus simple dont elles sont susceptibles, je suis parvenu à ne les faire dépendre que des différences par- tielles d’une même fonction , prises par rapport à ces élémens ; et, ce qui est remarquable , les coefliciens de ces différences ne sont fonctions que des élémens eux-mémes. Ces élémens sont les six arbitraires des trois équations différentielles du se- cond ordre , qui déterminent le mouvement de chaque planète. En regardant son orbite, comme une ellipse variable à chaque instant ; ils sont représentés , 1° par le demi-grand axe, dont dépend le moyen mouvement de la planète; 2° par l’époque de la longitude moyenne; 3° par l’excentricité de l’orbite ; 4° par la longitude du périhélie ; 5° par l’inclinaison de l'orbite à un plan fixe; 6° enfin par la longitude de ses nœuds. M. La- grange a donné depuis long-temps , à l'expression différentielle du grand axe, la forme dont je viens de parler , et il en a conclu d'une manière très-heureuse, l’invariabilité des moyens mouve- mens", lorsque l'on n'a égard qu'à la première puissance des masses perturbatrices ; invariabilité que j'ai reconnue le pre- mier , en ne rejetant que les quatrièmes puissances des excen- Ee 2 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tricités et des inclinaisons , ce qui suffit aux besoins de l’Astro- nomie. J'ai donné dans le second Livre de la Mécanique Céleste , la même forme aux expressions différentielles de l’excentricité de l'orbite, de son inchinaison et de da longitude de ses nœuds. Il ne restoit donc qu’à donner la même forme aux expressions différentielles des longitudes de l'époque et du périhélie : c'est ce que je fais ici. Le principal avantage de cette forme des expressions différen- tielles des élémens, est de donner leurs variations finies, par le développement seul de la fonction que j'ai nommée R dans le second Livre de la Mécanique Céleste. En réduisant cette fonction , dans une série de cosinus d’angles croissans propor- tionnellement au temps; on obtient par la différenciation de chaque terme , les termes correspondans des variations des élémens. Je m'étois attaché à remplir cette condition, dans le second Livre de la Mécanique Céleste ; mais on y satisfait d'une manière encore plus générale et plus simple , au moyen des nouvelles expressions de ces variations. Elles ont de plus l'a- vantage de mettre en évidence le beau théorème, auquel M. Poisson est parvenu sur l'i variabilité dés moyens mouve- mens , én ayant égard au carré des masses perturbatrices. Dans le' sixième Livre de la Mécanique'Céleste, j’ai prouvé au moyen d'expressions anälogues , que cette uniformité n'est point altérée par les grandes inégalités de Jupiter et de Saturne ; ce qui étoit d'autant plus important , que j'ai fait voir dans le même Livre, que ces grandes inégalités ont uneïnfluence considérable sur les variations séculaires des orbites de ces deux planètes. La substi- tution des nouvelles expressions dont je viens de parlef, montre que l'uniformité des moyens monvemens planétaires n'est trou- blée par aucune autre inégalité périodique où séculaire. Ces expressions me conduisent encore à la solution la plus générale et la plus simple des variations séculaires des élémens des orbes planétaires. Enfin elles donnent avec une extrême facilité, les deux inégalités du mouvement lunaire en longitude et en lati- tude , qui dépendent de l’aplatissement de la terre, et que j’ai déterminées dans le second chapitre du septième Livre. Cette confirmation des résultats auxquels je suis parvenu sur cet objet, me paroit intéressante , en ce que leur comparaison avec les observations donne l’ellipticité de la terre d’une manière au moins aussi précise, que les mesures directes avec lesquelles ils sont aussi bien d’accord qu'il est possible de l’espérer , vu les irrégularités de la surface de la terre. ET D'HISTOIRE NATURELLE. ,:1921 Dans la théorie des deux grandes inégalités de Jupiter et de Saturne, que j'ai donnée dans le Livre VIL.,.j'ai eu égard aux einquièmes puissances des excentricités et des inclinaisons des orbites. M. Burckhardt avoit calculé les termes dépendans de ces puissances. Maïs j'ai reconnu depuis, que l'inégalité résul- tante . de ces termes, avoit été prise avec un signe contraire. Je rectifie donc à Ja fin de ces recherches, les formules des mou- vemens de Jupiter et de Saturne, que j'ai préseritées dans le: chapitre VIII du dixième Livre. 11 en résulte un léger change- ment dans les moyens mouvemens et les époques de ces deux planètes ; et ce changement satisfait à t'obsérrétfon qu'Ebn- Junis fit au Caire en l’an 1007, de leur conjonction mutuelle, observation qui ne s’écarte plus des formules , que d’une quan- tité beaucoup moindre que l'erreur dont elle est susceptible. Les observations anciennes citées par Ptolémée, sont également représentées. par mes formules. Get accord prouve que les moyens mouvemens des deux plus grosses planètes du systèmé solaire, sont maintenant bien confus , et n’ont point éprouvé depuis Hipparque , d’altération sensible : il.garantit pour long- temps, l'exactitude des Tables que M. Bouvard a construites d'après. ma Théorie, et que le Bureau des Longitudes vient de publier: PATES ! u US 1 Dans la méme séance où j'ai présenté ces recherches au. -Bureau des Longitudes, M. Lagrange lui a pareillement com- muniqué de savantes recherches qui ont rapport à leur objet. Il y parvient par une analyse trèsélégante, à exprimer la difié- rence partielle de À, prise par rapport à chaque élément, par une fonction linéaire des différences infiniment petites de ces élémens, et dans laquelle les coefliciens de ces différences ne sont fonctions que des élémens eux-mêmes. En déterminant au moyen de ces expressions, les différences de chaque élément; on doit après les réductions convenables, retrouver les expres- sions très-simples auxquelles je suis parvenu, et qui, tirées de méthodes aussi différentes , seront par là confirmées. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES THERMOMÈTRE.. BAROMETRE. . . A Pas nn. — A : En L Maximum: | Minimum. |4 Mrpt. Maximum. | Minimum. fs mor 1|à midi db: 2m, ...l:Hro,7làir3s.....27.11,7o/à midi. :... 27.10,37|27.10,30 2[à 4s. Hiô4hrns.. 18,1] Hi7;qlà 11 S...,....90. 1,69[à 4 m.:../97:11,20|28. 0,25 Sa midi” 8, 1là 4 Lm. Hr1,6| #18,10à 3 s.....,..28. 2,67|à 4 %m.....28. 2,00|°8. 2,67 alà midi! 4-50,3là 11 8 °#13,9| +20,31à 6 m....... 28. 2,03/À II S...... 28. 0,75|28. 1,85 5[à midi 928,0 à 114 s/1415/6| Æo3,ofà 7 m.'..... 27-11,83|à 113 s.....27.10,80|27. 160 6|à midi 1 240 UE à 11 4214,7| -24,0fà 17 PS.41,:27/11,90[4 1 4 m0. 27.10,40|27. 140 7là 3 s. _. 4229)à 44m, 13,9] 422,0] à 4 + m.....98. o,09fà 3 5. ...... 28. 0,00|28. 0,00 ëfà midi H2r,0là 1025. 13,2] +a2r,olà nudi......28. 0,35|à 103 s..... 27.11,40|20. 0,35 gla4rs. +H16,02m. “r2,7| Hrgrfàiz m.....… 27 10,904 3 5..:...27. 8,27[27. 6,60 rofà nudi 219,314 5 me 12,8) Ær7,3f4 midi... 27.11,03[à 5 M....... 27.10,50|27.10,05 11là 35s.. Hiéolnss: » 413,2] 15,008 m..:..:.27.10,80[à 3 5. ..., 27. 9,00|27.10,10 12|à midi ; H20,2ù4 me H-r2oll=p20;2lù 10 5.242227. Dr}56{ 4 m.. ..2.27. 9,90l27.11,25 13|à 335. {+18,6/à 33 m., hrx,2l 18,614 midi... .26: 10,40 9 + m,.,.. 27.11,65[20. 0,40|. 14là 255. +ÆH20,8|à 5 m.. —Ær4,8| Hro,ofà 5 m....... 28 030l Abe Seçee mers 27.11,30|27.11,75 19455. 17,81 51m. Ærr,5| Hi5,2h94s.....,27.11,65[à midi... ... 27.10,77|27.10,77 16|à midi ? 16/4415 mi Ærr,3] 416,4]à 10 s.. .....28., 0,,5[ 5 m...... 28. 0,50[20. 0,65 17{à 3251 ur, mine fos|: réa er s.......28. 0,58[à 8 m......27.11,85|28. 0,20 18 42 5: +16,0là 115. Hrr4| H15,4lù 175......28 1,57[à4 S.7..,... 26. 1,15|28. 1,20 19/à3%S.,,415,0|à 44m, + 78] Higofà midi... ... 28. 1,80[à 4 m...:.28. 1,60[28. 1,02 20|à midi <+15,9|à 44 +io,1| +15,9]à 105. ..... 28. 1,87|à 5 m...:1: 28. 1,62]28. 1,75 21à5s. +18,9|à 5m. “+io,o| +17,5fà midi...... 28. 2,205 5...,...,28: 2,10|28. 2,20 22/à 3 s.N°P20,0| 45 m. +Hr12,0| Æ10,3à midi...... 28. 2,27|à 1135. ...26. 1,48|28. 2,27 23/à 335. :218,8/à 5m. +120! +r8,6[à 5 m...... 28. T,oofà 105...... 28. 0,32|28. 0,87 24[à 325.1 Æ18,5|à 5 m. Ærr1,8| Hr18,5fà 10Ès...... 28. o,62|à 5 m....., 27.11,93|28. 0,37 29/à 55. :: 10,6 2$m.+i2,ol +r7,7làir m..... 28. 0,65|à9%S...... 28. 0,10[28. 0,55 26à2%s. <+i97là5m. + 0,8] 417,05 m......27.11,4ofà 11 #s..... 27-.9,30|27.10,60 27{à midi “K22,0|à 15m. + 9,7}. Æ+22,0là 1 +m...... 27. 0,37|à/midi:...:: 27. 8,76|27- 8,76 28|à midé Æ418,3/à 5E m. +10,4| +18,3/4 10+5......97.11,49|à 5 + m..... 27..9,40|27.10,10 20/à 57 su: +19,8|à 5 € m Li Æro!3fà midi. :.... 281 o,08|à 9 s. .:.... 27:11,30|28. 2,03 do[à 4 3 Se, ær21,0/à 5 my | 120] ÆHr9;6h 8m... ...27:11,80|4 4 +8....1.27+ 0,88|27: 10,77 31|à 48s. +164 à 5 Em. 11,2] 15,78 9 si. ...... 27.10,30là,8 ni:...…..:27.109,90|27.10,90 RECAPITULATI.O N. Plus grande élévation du mercure. :.28.2,87, LEE Moindre élévation du mercure..... 27 .8,76, le 27 à midi. Élévation moyenne...... 27.11,81 Plus grand degré de chaleur..... —+-24°,0, le 6 à midi. Moindre degré de chaleur....... +78,le1oà4im Chaleur moyenne........ + 159 Nombre de jours beaux..... TD S Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0%,0716 — 2 pouces 7 lig. LA L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, » AOUT 1808. ‘| POINTS VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. LUNAIRES. 73,0|S-O. fort. 66,0!S. et N-O. b2,0|0. 81,0[S-E. faible. 85,0[S. S-E. 75,0|S-0. faible.|P. L: 80,o|S. 85,0|S-0. 87:0|S-0. 88:0[0, goolS. 8030 SÈ 800 S. 90:0|S. 87:0l0. 8c:0|0. 88:0|0. 78;0| Calme. 78,0! N° 780|N. 79,0|N. 80,o|N-E. 80,0|N-E. 80,o|N-E. fort. 80,olN-E. fort. 76,0|N. fort. ” 7| 74,0/S- 84,0|Calmce. 82,o|N. et E. 7,0S-E. 7,01S-0. Equin. ase, Apogée. D. Q. N. L. Périgée. P. Q. Therm. des caves Equin. desc. le 1°° 99,650 le 16 9,651 LE MATIN. Beau ciel. Couv., pluie abond. , Nuageux.- Gros nuages. Superbe. En partie couvert. Superbe Couv., pl. abon., t0n., Très-couvert. Ciel couvert. Très-couvert. uelques éclaircis. Très-nuageux. Ciel couvert, pluie. Couvert. Très-nuageux. Ciel couvert. Quelques nuages. Assez beau. Eu grande p. couvert. Ciel couvert. Beau temps. Beau temps. Ciel couvert. rues nuages. rouble et nuageux. Idem. Ciel couvert. Couvert par interv. Couvert. Couvert et pluvieux. RPC ASP ICO AMC TON: Jours dont le vent a | Réaumur. uelques éclaircis. Nuageux, Ciel couvert. Couv par int., } luie. Ciel nuageux. FE 31 ii Très-nuageuxettrou.|Beau cie uses nuages. Superbe. demi-cou. et voilé.| Beau temps. Nuageux. Ciel couvert. Pluie par interv. Ciel couvert. Pluie. Nuageux. ñ£ Quelques éclaircis. eauc. d'éclaircis. Couv. , ton. et éclaire. À Pluie et tonnerre. } Couvert, tonnerre. |4 Pluie par intervalles.|E Beaucoup d’éclaircis.|h Très-nuageux. Giel couvert. Très-nuageux. Couv: ,et temips pluv.|Couv: par intervalles.|f A. demi-couvert. Pluie par interv., Ciel couvert. Ciel couvert. Très-nuageux. Nuaceux. Très-nuageux. Très-nuageux. Très-nuageux. Très-nuagcux. Très-nuageux. Quelques éclaireis. ! Ciel, couvert. A demi-couvert. Quelques éclaircis. Superbe. Très-nuageux. Superbe. Beau temps. Superbe. Couvert par interv. Beau ciel. A demi-couvert. Beau ciel. Pluictemps couvert.|i Asséz.beau ciel, Nuageux, beau ciel |Piuie, ton. et écl. cons.|Ë Ciel couvert. Couvert, pluie fne. Quelques éclaircis. Nuageux. de couverts.” de pluie deswentsstnis . ... de gelée de tonnerre de brouillard. .... de neige.... de gréle soufflé du 224. SOLRNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE DE M#t.A J-0. DELAMETHERIE, Sur l'oxidation des métaux par le fluide électrique. | | Malines, 9 Septembre 1808. MONSIEUR, Je viens de répéter les expériences qui paroissent de plus en plus me démontrer qu'il n'ya qu'un simple courant élec- trique dans la charge de la bouteille de Leyde. Je vous envoie quatre tuyaux sur lesquels j'ai fait agir le fluide pendant quatre heures de suite, sur les n°% 1 et 2 par le simple courant sans dé- . tonation, et sur les n% 3et 4 par l'interposition d’une petite bouteille qui détonoit au moins à chaque seconde : de sorte qu'elle détona plus de 14,400 fois pendant les quatre heures. Vous serez surpris en voyant les n° 1 ,3 et 4, et tousles trois également enduits du côté du fil d'argent positif, et que le n°2 a d’un côté tout le fil chargé du même produit noir, tandis que l’autre fil se trouve enduit d’une espèce d’oxide gris. La cause est ,qu'ayant trouvé, après quatre heures de courant élec- trique, qu’il se trouvoit exactement dans le méme état quele n° 1, je les ai détachés et ai réuni l’un en traversant le fil négatif, pour voir sije n'obtiendrois pas le transfert de la matièrenoire, comme M. Davy l’obtient des acides, des alkalis, ou des oxides métal- liques par la pile. On n'eut pas tourné une demi-heure , que non-seulement ce transfert étoit visible du côté de la séparation des fils ; mais tout le fil commencoit à se noircir; je fis conti- nuer le courant électrique pendant quatre heures ; et en reve- nant au bout de ce temps, j'eus la satisfaction de trouver, non- seulement toute la matière noire transportée, mais de voir l’en- duit gris, tel que vous le trouverez sur le premier fil positif, devenu ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 devenu négatif dans l'expérience inverse. Il vous souvient, Monsieur , que je vous marquai dans ma lettre insérée dans le Journal de juillet, page 74, à l'égard de l'or dans le vide, qu'il y a deux couleurs , une tache brune indélébilepar le frotte- ment des doigts, et une poussière purpurime que le mème frottement enlève. Voilà par conséquent identité d'effets à l'é- gard de l’argent dans l'eau, soit distillée , soit eau de pompe : car le n° r est dans l’eau distillée, et celui-ci dans l’eau de pompe. M. Stoffels se trouvant ici ( c'est lui qui compara l'oxidation des armures aux veines des marbres), ne concevoit pas qu'une matière tout-à-fait semblable au carbone obtenu par le brülement des huiles que nous vérifiämes être absolument du carbone en le brûlant avec l’oxigène, püût se produire par de l’eau et de l'argent, dût-il être méme allié à un autre métal, .... Il y a moyen d'oxider et de noircir à-la-fois les deux fils : il ne s’agit que de faire passer chaque fois la détonation par le fil supérieur. En arrangeant à la méme distance les fils d'argent dans l’eau du tube, vous laissez un bout ouvert, vous le plongez dans l’eau de la bouteille. Le bout supérieur bien fermé permet qu'après avoir rempli le tuyau on le renverse sans que l'eau en découle. Au lieu de recourber le fil supérieur près du tube, vous l'alongez de huit à dix pouces, et vous soudez une petite boule d'argent au fil, à la hauteur qui cor- respond à celle de l’excitateur. Alors, à chaque départ, il faut que le fluide positif entre par le fil supérieur, tandis qu’à cha- que charge il passe premièrement par le fil inférieur , seul cou- rant qui a lieu dans les expériences précédentes et dans celles du mois de mai; parce que la bouteille détonoit sur un bou- ton à tringle , comme toutes celles que l’on fait détoner sur des excitateurs fixés. Il ne faut pas une demi-heure pour ap- percevoir du noir à l'entour des fils, et quatre heures d'action les rendent aussi chargés, que les trois fils positifs des n°S 1 , 3 et 4 : cette expérience concourt à fixer l'incertitude sur les cou- rans électriques qui s’invertissent pendant la charge et la dé- charge du verre. Si, malgré l'ouverture du tube vous prenez une bouteille trop grande, dès que les étincelles paroissent, en peu de temps le tuyau crève malgré que l'eau supérieure ne soit pas gazifiée comme dans les expériences de MM. Paets et Dieman. C'est pourquoi une plus petite bouteille est la meilleure; elle me donne 10 détonat ions par minute. Tome LXV'IT. SEPTEMBRE an 1808, ARNENE 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE = RE ue. ee MEME TELE | COPIE A Messieurs les Président et Membres de la Classe des Sciences Physiques de l’Institut de France, F. R. CURAUDAU, Professeur de Chimie applicable aux Arts , et Membre de plusieurs Sociétés savantes. MEessiEURS, Sr le rapport qui vous a été fait sur a décomposition du soufre (à), et dont je n'ai eu connoissance que mardi dernier , contenoit des faits qui pussent détruire ceux que j'ai eu l'hon- neur de vous communiquer, je me serois bien gardé de revenir contre une décision émanée de l’Institut. Mais comme dans le rapport dont il est question , on ne fait mention d'aucune expérience qu'on puisse opposer à celles que j'ai fait connoitre, et que c'est plutôt par le raisonnement que par des faits qu’on cherche à prouver que mes expériences ne méritent aucune confiance , je ne puis faire autrement que de réclamer contre ce rapport. Aussi suis-je persuadé, Messieurs, que vous en tendrez avec quelqu'intérêt les observations qu’on m'a mis dans la nécessité de vous faire connoitre. D'abord on se plaint de ce que j'ai donné de la publicité à mon Mémoire sans avoir attendu que les commissaires eus- sent fait leur rapport. Il me semble qu'avant de m'avoir adressé ce reproche, on n’auroit pas dû me mettre dans le cas de dire que plusieurs de mes meilleurs Mémoires seroient encore dans les cartons du secrétariat de l'Institut, si je n’avois pas pris le parti de les faire imprimer faute de rapport (2). C'est donc DOTE NN INR (x) Il a été imprimé dans les Annales de Chimie , Cahier du mois d’août. ( Note du Rédacteur.) e (2) Ceci ne peut être un reproche à l'Institut : on sait que les Mémoires qui lui sont adressés en très-grand nombre exigent pour Ja plupart des ex= périences qui retardent les rapports. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 297 parce que je craignois que ce Mémoire n'eût le mème sort que les précédens , que je me suis décidé à le faire imprimer. A l'égard des expériences qu’on a répétées, et dont on s’ap- puie pour prouver que jesuis dans l'erreur, je vous prie, Messieurs, de vouloir bien remarquer que la première n'a point été faite avec les conditions que j'ai prescrites, puisqu'on a ajouté de la limaille de fer à un mélange où cette substa ice ne doit jouer aucun rôle par rapport aux résultats que j'ai obtenus. Aussi me serois-je opposé à ce que l’on fit cette addition, si, comme je l'avois demandé , j'eusse assisié aux expériences ; mais j'aurois consenti à ce qu’on se servit de vase de grès afin d'é- viter qu’on attribuât à l'influence du fer ce qui ne lui appar- tient point. Alors cette expérience, par sa nature, mettoit les commissaires dans la nécessité d'examiner pourquoi le radical prussique obtenu d'un mélange de charbon animal et de sulfate de po- tasse, a la propriété, vraimentremarquable, d’être indestructible par les acides lorsque les plus faibles dégagent très-facilement celui que contient une lessive prussique ordinaire. Cette expérience auroit aussi fait voir aux commissaires, u’elle ne devoit point étre assimilée à celle que fit ancienne- ment Malherbe, et de laquelle on s'appuie pour dire que mes expériences n'ont pas méme le mérite d'être nouvelles. On passe ensuite à la première expérience rapportée dans mon second Mémoire ; on convient qu'après l'avoir répétée on a obtenu les résultats que j'aiannoncés ; mais on ne déduit au- cune conséquence de la quantité d'hydrogène qui se dégage d’un mélange où il ne peut y avoir que le soufre’ajouté qui ait pu produire ce principe. Si l'on avoit quelques raisons pour garder le silence sur une expérience aussi concluante , on de- voit au moins réfuter les conséquences que j'en ai déduites, s'il étoit vrai que je me fusse fait illusion. , La 2° expérience n'est pas plusdiscutée que la précédente : on ne la répète même pas , attendu , dit-on , qu'elle est étrangère à l'objet qui est en question. Cependant cette expérience devoit d'autant moins être écartée de la discussion , qu’elle conduit à expliquer lés phénomènes qui résultent de la 5° expérience, et à laquelle on passe ensuite. Dans cette 5° expérience toutes les objections que l'on fait aux conséquences que j'en ai déduites , tendent à prouver que si l’acide muriatique oxigéné ne précipite pas de soufre de la dissolution de sulfure azoté de potasse , c’est ,assure-t-on, parce 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'il le convertit immédiatement en acide sulfurique. Ici l’ex- périence met en défaut cette assertion ; car si l’on verse de. l'acide sulfurique saturé de gaz nitreux dans une dissolution où l'on prétend que le soufre a été converti en acide sulfurique, on verra que le soufre s'en précipitera aussi abondamment qu’il l’auroit fait avant l'addition de lacide muriatique oxigéné. Cette expérience en venant à l’appui des conséquences que j'ai tirées des précédentes, fait voir aussi que ce n’est point sur le simple apperçu d'un fait que je fonde mon opinion , que c’est au contraire après l'avoir vérifié de cent manières diflérentes que je conclus. On voit donc que le rapport ne contient aucun-fait qui puisse prouver l'illusion qu'on prétend que je me suis faite, et qu'il ne peut en aucune manière détruire les nouveaux faits que j'ai eu l'honneur de faire connoiître à la Classe: aussi ai-je tout lieu d'espérer que la publicité qu'on se propose de donner à cerap- port, me servira plus qu’elle ne me nuira, comme aussi je me flatte que la démonstration que je me dispose à faire de mes ex- périences , leur donnera tout le degré de confiance que mérite un objet aussi important. | Avantdeterminer ces observations ,permettez-moi, Messieurs, de vous faire encore remarquer que le Mémoire sur la dé- composition des alcalis, où je rappelle ce que j'avois dit pré-« cédemment de la condensation des principes , n’est point celui dont on parle dans le rapport (1). Il n'est mème pas plus question dans celui-là de cette théorie, que de ce que l'on m'y fait dire de la composition des alcalis dans lesquels on prétend que j'avois conclu de mes expériences, que la chaux ét l'azote étoient les parties constituantes de la potasse. Si vous doutiez, Messieurs , de ce que j'avance , vous pourriez vous faire repré- senter ce Mémoire , alors vous y verriez que je n’ai rien dit de tout ce dont on s'appuie pour diminuer la confiance que peu- vent inspirer mes expériences. J'ose espérer, Messieurs, que vous aurez égard aux obser- vations que j'ai l'honneur de vous adresser , et que vous voudrez bien croire à la haute estime et au profond respect avec les- quels j'ai l'honneur d’être , etc. (1) Il y a ici une erreur de date , qu’il étoit bien facile d’éviter , si l’on eût bien voulu consulter ce Mémoire auquel je renvoyois, et qui a été publié plus de six ans avant celui que l’on cite. ‘section ET D'HISTOIRE NATURBLLE. . 224 LETTRE DE M. GASTINEL, AU RÉDACTEUR DU JOURNAL DE PHYSIQUE: : Moxsreur, Le Journal de Physique étant le dépôt de toutes les nou- veantés importantes relatives à cette science, je crois devoir vous rendre compte dune théorie nouvelle qui me semble pouvoir avancer beaucoup la connoissance des causes phy- siques. Le docteur Duran a fait, il y a plusieurs mois, dans quelques Sociétés savantes de la Capitale ( à l'Athénée de Paris), une Mu cours de Physique vitale, dans laquelle il a ex- posé cette théorie. Il a avancé comme proposition principale , que les molécules minérales jouissent d'une activité essentielle , qui est, non pas la vie , mais le prélude et la cause de la vie; que les propriétés actives diverses de ces molécules sont les commencemens et les germes de toutes les fonctions de Ja vitalité végétale et animale, de l’organisation , de la nutrition, de la propagation, et princi- palement de la sensibilité , et qu'en outre certains corps miné- raux sont , au-dessous des végétaux , le premier degré des êtres vivans. Il a annoncé aussi que de ces fonctions communes de la vie animale, végétale et minérale, il déduiroit douze lois vitales universelles qui font le code complet de la nature , et par lesquelles il expliqueroit tous les différens genres de faits. Pour prouver la première assertion relative à l'activité pres- que vitale des molécules minérales , le professeur a réduit les propriétés de la vie au nombre de douze ; et, dans cette section de son cours, il n'a eu le temps de considérer que ces deux premières propriétés , l’organisation et la nutrition. 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1°. L'organisation , première propriété des animaux et des végétaux , existe aussi, selon lui, dans les minéraux, quoi- que sous une autre dénomination : elle existe pour ceux-ci dans la cristallisation. La cristallisation minérale est une organisa- tion très-simple, ef l'organisation animale est une cristallisation très-composée. L'organisation du cristal minéral est plus simple que celle de la plante, comme celle de la plante est plus simple que celle de l'animal; et il y a une gradation parfaitement nuancée depuis la structure du grain de pierre le plus brut jus- qu'à celle de l’animal le mieux organisé. ï L'organisation végétale et animale n’est autre chose que la cristallisation minérale, mais compliquée et modifiée par un se- cond principe, celui de la nutrition (1). Quelle est la cause de cette propriété universelle de l'or- ganisation animale, végétale et minérale ? Le professeur , en cher- chant cette cause immédiate , a établi qu’il y a dans toute la matière, dans chacune de ses molécules et dans son vaste en- semble, une tendance essentielle à se combiner suivant des formes régulières , et plus ou moins élégantes. 2°, La nutrition , deuxième propriété ou fonction des animaux et des végétaux, a lieu aussi dans les minéraux, quoique sous une autre dénomination. Lorsqu'un animal se nourrit de ses alimens , par exemple , un cheval de différentes herbes le cheval a une aflinité chimique pour les parties de ces herbes “il en dis- sout la terre, et la combine ‘avec lui; il se terréifie, vieillit en se terréifiant , arrive enfin an dernier point de satura- tion terreuse, qui est la mort ‘naturelle..La vie physique n'est qu'une tendance du corps à sa terréification. L'aflinité des minéraux les uns pour les autres , est un appétit ; ou faim (s'il est permis de se servir de cette expression ), ex- trémement simple; et l'appétit des animaux et végétaux n'est qu'une aflinité extrémement développée. Il y a une gradation toujours croissante depuis la nutrition simple et brute d'un mi- néral naturel , jusqu’à celle d'un végétal , et jusqu’à la nutrition si compoëée , et la faim si vive et si industrieuse de l'animal le plus parfait. La nutrition végétale et animale n’est autre chose (x) Quoique ce principe de la cristallisation universelle ait été proposé il ya plusieurs années par M. Delamétherie , je crois cependant que cette idée très-grande , mais pour ainsi dire brute , se trouve , dans cette nou— velle théorie, considérablement perfectionnée, et en quelque sorte or ganisée. " ; ET D'HISTOIRE NATUREELLE, … 231 que la combinaison minérale , mais compliquée et modifiée par un autre principe , l’assimilaiion. Le professeur a recherché la cause de cette nutrition univer- selle , animale , végétale et minérale , et il a exposé cette cause immédiate , qu’il seroit trop long de rapporter. Ainsi, de ces deux analogies entreles animaux ,les végétaux, et les minéraux , il a déduit deux lois ou propriétés générales com. munes aux trois règnes ; savoir : 1° la tendance de la matière à se configurer suivant des formes régulières et très-élégantes ; 2° l’appétence ou faim de chaque molécule, ou la tendance des élémens à se composer et à compléter leur substance, c’est-à- dire, à se saturer et se nourrir. La sagesse infinie du créateur a ainsi donné à toute la matière un nombre d’affections géné rales , parfaitement semblables à celles des animaux et des vé- gétaux , quoique très-inférieures en intensité , aflections géné- rales par lesquelles ensuite la matière et chacune de ses molé- cules s'organisent, se meuvent et se régissent d’elles-mèmes,. Ainsi se vérifient en quelque sorte ces maximes antiques , que l'homme est un petiëmonde, et que le monde est un grandètre vivant. Le professeur a prouvé ces assertions par une méthode aussi simple que nouvelle; la classification graduelle des faits dis- posés en espèces , en genres et en classes (1). Ses deux lois n'ont été que deux classes de faits, eË ses douze lois ne seront de méme que douze grandes classes, dans lesquelles il prétend comprendre tous les faits existans. L'auteur a prouvé ces premières propositions, je ne dirai pas d’une manière démonstrative, ce n’est pas à noi à fixer l'opi- nion sur cet objet, mais de manière que soit à force de raison, soit à force d'art, il a réussi à rendre ses opinions ordinaire- ment très piquantes et souvent très-vraisemblables, aux yeux mème des-hommes les plus prévenus par les principes si 6p- posés de la science actuelle. La plupart des auditeurs ont paru, non pas sans doute convaincus, mais aussi satisfaits que sur- pris d’un système méthodique et brillant, qui tend à montrer que les merveilles réelles de la nature surpassent toutes'celles dont l'imagination et le sentiment se plaisent à l’'embellir. Le (1) Plusieurs célèbres naturalistes , tels-:que Bonnet, Spallanzani. ... ‘pensent qu’il y a un lien entre le règne végétal , et le règne minéral :--- dans cette hypothèse plusieurs fonctions du règne végétal pourrefent étre communes au règne minéral. 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. professeur, dans quelques momens d'enthousiasme , s'est élevé à la hauteur de ces idées, de manière à produire de très-grands effets, En attendant que le docteur Duran publie la suite qu'il a annoncée, j'ai cru qu'il étoit utile de donner ici aux physiciens une idée de cet intéressant système. CORRECTIONS Au Mémoire de M. Proust , Juillet 1808. Page 43, ligne 17 ; conservation : lisez conversation. Page 57, ligne 8 ; accompagneront: lisez accompagnèrent. sr ; A RE ; APOR Page 53, ligne 40 ; alimentaire : lisez condimentaire. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Résultats d'observations , et construction des Tables pour servir à déterminer le degré de probabilité de la guérison des aliénés ; par M. Pinel. Pag. 155 Mémoire sur la forme qu'affecte la surface des fluides renfermés dans les tubes capillaires ; par C.-J. Lehot. 177 Exposition du Système du Monde , par M. Laplace, Chancelier du Sénat-Conservateur , Grand-Offi- crer de la Lésion d'Honneur, Membre de l'Institut, et du Bureau des Longitudes de France, etc. Troisième Edit. ; par J.-C. Delamétherie. (Extrait.) 183 Supplément au Traité de Mécanique Céleste, pré- senté au Bureau des Longitudes , le 17 Æoût 1808 ; Par M. Laplace.(Extrait.) 219 Tableau Météorologique. 222 Lettre de M. ***, à J.-C. Delamethérie , sur l'oæi- dation des métaux par le fluide électrique. 224 Copie à Messieurs les Président et Membres de la Classe des Sciences Physiques, de l'Institut de France. F,. P.Curaudau, Professeur , etc. 26 Lettre de M. Gastinel, au Rédacteur du Journal de Physique, F 229 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. OCTOBRE an 1808. RAPPORT SUR un Mémorre de MM. GALL et SPURZHEIM, relalif à l’anatomie du cerveau. La Classe a chargé MM. Texox , PorTAL , SABATIER, PINEL et Cuvier de lui rendre compte d’un Mémoire intitulé: Recherches sur. le système nerveux en général et sur Le cer- veau en particulier , par MM. Gazz et SPurzHEImM, docteurs en médecine. Vos commissaires ne doivent point vous dissimuler qu'ils ont hésité un instant à se charger de cet examen. Dans tous les temps la Classe s'est fait la loi très-sage de ne point émettre d'avis sur les ouvrages déjà soumis au grand tri- bunal du public par la voie de l'impression , et l’on pouvoit croire que la doctrine anatomique de M. Gall a reçu par l'en- seignement oral que ce professeur en a fait dans les principales villes de l'Europe , et par les nombreux extraits que ses disciples Tome LXVII., OCTOBRE an 1808. Gg / 234 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en ont répandus , une publicité à peu près équivalente à celle d’ude impression authentique. Cette exposition anatomique du système nerveux passe d'ail leurs dans, le monde pour être intimement liée , st son auteur la lie en eïet, jusqu à un certain point, à la doctrine physio- logique qu'il enseigne sur les fonctions spéciales des diverses parties de l'organe cérébral, doctrine, qui ne peut être en au- cune façon du ressort de la Classe, puisqu'elle dépend en der- nière analyse d’observations relatives aux dispositions morales et intellectuelles des individus , lesquelles n’entrent assurément dans les attributions d'aucune académie des sciences. Tels sontles motifs qui nous ont d'abord retenus ; mais bientôt il s’en est présenté d'autres qui les ont contrebalancés. De'tout ce que l'on a écrit d’après les cours de M: Gall, ses opinions sur l'añatomie du cerveau sont ce qui à été annoncé avec le plus d'assurance , et cependant exposé avec le moins d’é- tendue et de clarté. El n'avoue d'ailleurs en entier aucuse de ces publications faites par:ses élèves, et par conséquent aucune d'elles ne met le public en état de juger ses idées:et ne dispense de recourir au Mémoire qu'il vous a soumis; enfin il a eu le plus grand soin d'écarter entièrement dece Mémoire les asser- tions qui ont rendu son nom populaire en devenant le sujet des discussions passionnées de gens de tous les ordres , et il s'en est tenu, étroitement à ses. observations anatomiques, Quel que soit donc votre jugement, on n’en pourra rien conclure touchant une doctrine qui n’a qu'un rapport assez éloigné avec l'anatomie. : La considération de l'importance des fonctions du système nerveux, et: de l'ignorance où l’on est encoré sur plusieurs points de sa structure , malgré les travaux nombreux dont elle a- été l’objet, s'est jointe à.cesimotifs et a achevé. de nous dé- terminer. Quiconque: se flatie de, pouvoir jeter quelque lumière sur une matière à la fois si intéressante et si obscure , a.en eflet le droit d’être écouté avec. attention par un corps tel que le nôtre , et nous manquerions à notre premier devoir , si nous ne, mettions dans un pareil examen l’assiduité la plus entière et l'impartialité, la: plus absolue: Oubliant donc entièrement tout ce quia été dit ou écrit pour et contre le docteur Gall ; soit dans le monde,, soit dans les papiers publies , soit dans les’brochures, ne nons en tenant pas même uniquement à son Mémoire qui:ne nous a point paru rédigé ayee tout l'ordre et la clarté desirubles,, nous l'avons ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 invité , ainsi que M. Spurzheim , à nos conférences. Ils ont bien voulu disséquer le cerveau devant nous ; nous l'avons disséqué devant eux ; nous avons ensuite répété seuls les observations qu'ils nous ont communiquées ; nous avons cherché enfin à nous.approprièer momentanément leur manière de voir, età en faire une exposition claire et précise que nous leur avons sou- mise, afin qu'ils reconnussent si nous avions bien saisi leurs idées. ; C'est après avoir pris toutes ces précautions , que nous avons cherché à former notre jugement sur ce que ces idées peuvent avoir de neuf , sur ce qu'elles ont de vrai ct sur la justesse des conséquences que les auteurs du Mémoire en tirent. Nous allons vous présenter successivement dans le cours de ce rapport l'exposition que nous avons faite et le jugement que nous avons porté. | L'expérience a montré de bonne heure que le cerveau est l'instrument matériel de notre esprit et l’organe essentiel de la vie animale ; elle a fait voir promptement aussi que le système nerveux tout entier prend une part fort active aux fonctions de la vie organique : il n’est donc point étontaut que les mé- decins, les anatomistes et les philosophes se soient occupés dans tous. les siècles, avec une ardeur égale, d’un viscére de cette importance ; c'est par son étude que l’histoire de l'a- snatomie commence et finit. Démocrite, Anaxagoras, dissé= quoient déjà le cerveau il y a près de trois mille ans : Haller, Vicq-d'Azyr et vingt anatomistes vivans l’ont disséqué de nos jours; mais, chose admirable, il n’en est aucun qui n'ait laissé encore des découvertes à faire à ses successeurs. Sans doute on ne devoit pas s'attendre à trouver une expli- cation physiologique de l’action du cerveau dans la vie animale, comparable à celle de l’action des autres viscères. Dans ces derniers les causes et les effets sont de même na- ture : quand le cœur fait circuler le sang , c’est un mouvement qui produit un autre mouvement ; quand l'estomac réduit les alimens en chyle, c'est le calorique, c'est l'humidité, c'est le suc gastrique, c’est la compression lente du tissu musculaire de ses parois qui réunissent leur action pour opérer à la fois une dissolution et une trituration plus ou moins fortes , selon l'espèce de l'animal et la nature de ses alimens. Les fonctions du cerveau sont d'un ordre tout différent : elles consistent à recevoir par le moyen des nerfs et à transmettre immédiatement à l'esprit les impressions des sens , à conserver Gg 2 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les traces de ces impressions et à les reproduire avec plus ou moins de promptitude , de nettetéet d’abondance quand l'esprit en a besoin pour ses opérations , ou quand les lois de l'associa- tion des idées les ramènent ; enfin à transmettre aux muscles, toujours par le moyen des nerfs , les ordres de la volonté. Or ces trois fonctions supposent l'influence mutuelle à jamais incompréhensible de la matière divisible et du moi indivisible , hiatus infranchissable dans le système de nos. idées , et pierre éternelle’ d'ächoppement de toutes les philosophies ; elles se trouvent même avoir encore une difliculté qui ne tient pas né- cessairement à la première : non-seulement nous ne compre- nons ni ne comprendrons jamais comment des traces quelcon- ques imprimées dans notre cerveau peuvent étre perçues de notre esprit et y produire des images : mais quelque délicates que soient nos recherches, ces traces ne se montrent en au- cune façon à nos yeux, et nous ignorons entièrement quelle est leur nature , quoique l'effet de l'âge et des maladies sur la mémoire ne nous laissent douter ni de leur existence ni de leur siége. Il sembloit du moins que l’action du système nerveux sur la vie organique seroit plus facile à expliquer , puisqu'elle est pu- rement physique, et l’on devoit espérer , à force de recherches, de découvrir clairement dans ce système quelque tissu , quel- ques entrelassemens ou directions de parties qui le rendissent plus ou moins analogue aux organes vasculaires où sécrétoires: Il n’y avoit surtout aucune raison de douter qu’on ne püt en développer les diverses portions , assigner leurs connexions, leur rapports ; leurs terminaisons respectives, aussi aisément que dans les autres systèmes. C'est ce qui n’est point arrivé. Le tissu du cerveau de la moëlle épinière et des nerfs est si fin , si mou, que tout ce que l’on a pu en dire jusqu'ici est mélé de conjectures et d’hypo- thèses ; et les diverses masses qui composent le cerveau sont si épaisses et si peu consistantes qu'il faut la plus grande dex- térité pour rendre manifestes tous les détails de leur structure. En un mot , aucun de ceux qui ont travaillé sur le cerveau nest parvenu à établir rationnellement une relation positive entre Ja structure de ce viscère et ses fonctions méme les plus évidemment physiques ; les découvertes annoncées jusqu'ici sur son anatomie , se bornent à quelques circonstances dans les formes , les connexions ou le tissu de ses parties qui avoient ET D'HISTOIRE NATURELLE. 237 échappé à des anatomistes plus anciens ; et toutes les fois qu'on a cru aller au-delà , l’on n’a fait autre chose qu'intercaler , entre la structure découverte et les effets connus, quelque hypo- thèse à peine capable de satisfaire un instant les esprits peu difliciles. Méthodes nouvelles de dissection du cerveau , connexions et directions nouvelles apperçues entre ses diverses masses et les élémens organiques qui les composent, particularités nou- velles remarquées dans quelques-unes de ses parties , voila donc à quoi se réduisent jusqu’à présent toutes les découvertes réelles que l'on a pu faire. Nous sommes loin cependant de mépriser ces résultats ; ils nous frayent la route qui puisse un jour nous mener plus loin ; et quoique nous ne connoissions pas encore toute l’étendue de cette route, nous sommes assurés du moins que chaque pas qu'on y fait nous rapproche du terme , d'une fraction quelcon- que de sa longueur. Nous allons donc exposer et examiner, sous ces trois rap- ports de méthode, de connexion et de particularités , les dé- couvertes annoncées par MM. Gall et Spurzheim. Les anatomistes savent qu'il y a trois méthodes principales pour démontrer le cerveau. La plus répandue dans les écoles et dans les ouvrages im- primés, est celle de Vésale, qui consiste à enlever successi- ment des tranches de cet organe, et à faire remarquer ce qui se présente à chaque coupe. C’est la plus facile dans la prati- que pour la démonstration , mais c’est la plus pénible pour l'imagination. Les vrais rapports de ces parties , que l’on voit toujours coupées, échappent, non-seulement à l'élève, mais au maître; c'est à peu près comme si l’on divisoit le tronc en tranches successives, pour faire connoître la position et la figure des poumons, du cœur , de l’estomac, etc. Cependant cette méthode est encore à peu près la ‘seule qui règne dans l'ouvrage le plus magnifique et l’un des plus estimables qui aient paru sur le cerveau, celui de Vicq-d'Azyr. Un seconde méthode qui altère beaucoup moins l’organe qu'elle veut faire connoître , est celle de Willis, laquelle, au- tant qu’on peut en juger par la description obscure de Galien, ressemble à plusieurs égards à celle qu’employoient les anciens. Après avoir enlevé la pie-mère, on soulève les lobes posté- rieurs du cerveau , on pénètre entre les tubercules quadriju- rueaux et la voûte, on coupe le pilier antérieur de celle-ci ; 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE débridant les parties latérales des hémisphères, on rejette leur masse en avant : de cette manière on voit bien le dessous de la voûte et du corps calleux , et l’on conserve dans leur inté- grité les grands et petits tubercules de l’intérieur ; mais l’épais- seur des hémisphères en rend la pratique plus embarrassante dans l'homme que dans les autres animaux. La troisième méthode est celle dont Varole avoit très-an- ciennement donné une ébauche , et que Vieussens a employée avec plus de suite et de détail. On y attaque le cerveau par- dessous , on suit la moëlle alongée au travers du pont de Varole, des couches optiques, des corps cannelés ; on voit ses fibres s'épanouir pour former les hémisphères; on peut même au be- soin étendre les hémisphères en débridant leurs attaches laté- rales aux jambes du cerveau , fendre longitudinalement la moëlle et le cervelet , et alors on voit chaque moitié de la pre- mière former une sorte de pédicule qui s'implante dans l'hé- misphère de son côté, comme la tige d’un champignon dans son chapeau. Cette méthode a le très-grand avantage de donner plus de facilité pour suivre la direction des fibres médullaires , seule cir- constance qui puisse nous fournir quelque idée sur la marche des fonctions cérébrales, et il est probable qu’elle auroit plus de vogue si Varole ne l'avoit exprimée par une figure extré- mement grossière, et si l’ouvrage de Vieussens n'éloit tou- jours resté, on ne sait pourquoi, dans une sorte de discrédit qu'il ne méritoit point du tout. L C'est à peu près cette méthode de Varole que suivent MM. Gall et Spurzheim, et qu'une partie de leur Mémoire est consacrée à défendre : peine assurément très-inutile, car un organe aussi compliqué que le cerveau doit être examiné par toutes ses faces, :l faut y pénétrer dans tous les sens, et cha- que fois que l'on trouve un procédé qui fait reconnoître quel- que nouvelle circonstance, on mérite bien de l'anatomie. C'est donc par leurs résultats que nous jugerons leur mé- thode, et pour cet effet nous allons commencer par les ex= poser et par les comparer avec ceux qu’on avoit obtenus avant eux. \ On sait que l'opinion la plus généralement reçue touchant l'organisation intime du cerveau, c'est que-la substance cor- ticale des hémisphères et du cervelet, de nature presque en- tièrement vasculaire, est une sorte d'organe sécrétoire ; que la substance médullaire, presque partout d'apparence fibreuse , ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 est un amas de vaisseaux excréteurs où au moins de filimens conducteurs ; que tous les nerfs sont des émanations de cette substance des faisceaux de ces vaisseaux , que la moëlle alongée et épinière est elle-mème un faisceau plus grand que les autres, dont les différentes paires de nerfs spinaux se détachent suc- cessivement ; que les nerfs appelés cérébraux enfin sont ceux qui se détachent les premiers de la grande masse médullaire de l’encéphale. En conséquence on fait descendre du cerveau et le long des nerfs toutes les influences du système nerveux sur la vie organique, ainsi que toutes les impulsions de la volonté, et l'on fait remonter par le méme chemin les impressions reçues des sens extérieurs; mais par une contradiction singulière, en même temps qu'on fait tenir originairement la substance mé- dullaire, et par conséquent les nerfs, à toute l’étendue de la substance corticale, plusieurs se croient obligés de chercher quelque endroit circonscrit duquel tous les nerfs partent, ou, ce qui revient au même , auquel tous les nerfs aboutissent, c’est-à-dire ce que l’on appelle en anatomie le siése de l'ame. On ne, peut guère disconvenir que ce n'ait été là , pendant bien long-temps, l'opinion la plus répandue, et qu’elle ne le soit encore beaucoup aujourd’hui, quoique les esprits sages ne l'aient jamais présentée que comme une hypothèse très-légére- ment appuyée sur jes faits. Plusieurs de ses partisans se laissoient cependant aller à des doutes et à des contradictions. Haller, par exemple , dit dans un endroit, qu'il répugne de croire qu'il naisse des fbrilles médullaires ailleurs que dans le cerveau (1) ; dans un autre, que tout nerf vient définitivement de la moëlle du cerveau du cervelet (2) ; tandis que dans un troisième (3) , il suppose que la matière grise de la moëlle de l’épine peut en produire comme celle du cerveau. En effet cette distribution de matière cendrée en différens endroits du système nerveux, étoit un fort argument contre cette importance exclusive accordée à l’encéphale , et il s’yen joignoit encore beaucoup d'autres. On pouvoit remarquer à chaque instant que l'action nerveuse sur la vie organique continue pendant quelque temps, quand QG) Phys. IV , p.385. (2) Zbid., pag. 393. (3) Ibid., pag. 384. 340 JOURNAL DE PHYSIQUE, VE CHIMIE le cerveau n'y contribue plus. Des expériences très-connues sur les reptiles, sur les vers, prouvoient, que si dans l’homme et les autres animaux où le cerveau est très-grand , ce viscère est nécessaire aux fonctions de la vie animale, il ne l’est pas toujours dans les espèces où son volume est moindre , et que dans quelques-unes de celles-ci, l'on peut même produire à l'instant, par la section , deux centres de volonté et de sen- sations. L'on savoit aussi depuis très-longtemps ; que la moëlie de l'épine ne diminue pas en raison des nerfs qui en sortent, comme elle le devroit si elle n’étoit qu’un faisceau de ces nerfs envoyé par le cerveau ; qu'au contraire elle se renfle à certains endroits où il en sort de plus gros nerfs. Tout récemment, M. Sæmmerring a rappelé que la grosseur de la moëlle alon- gée n'est point, dans les animaux , en raison de celle du cer- veau, comme elle devroit l’être , si cette moëlle étoit un fais- ceau des conduits excréteurs de ce viscère , mais qu'au con- traire elle est souvent en raison inverse : les recherches succes- sives de Monro , de Prochaska, de Reil, ont donné enfin de la structure des nerfs, des idées toutes différentes de celles qu'on devroit s'en faire pour les dériver tous de la substance médullaire de l'encéphale, et par elle la substance corticale, Beaucoup de physiologistes en sont donc revenus, dans ces derniers temps, à considérer le système nerveux comme un réseau dont toutes les portions participent , jusqu’à un certain point, et surtout selon leur volume, à l’organisation et aux fonctions de l’ensemble, et non pas comme un arbre, qui n'ayant qu'une souche unique , se distribueroit en branches et en rameaux, à la manière du système artériel par exemple. MM. Gall et Spurzheim, en adoptant cette opinion, n'en donnent point de preuves nouvelles , mais se bornent à rappeler celles que nous venons d'exposer et qui avoient été présentées bien des années avant eux. 11 paroît qu'on leur a fait ,en Allemagne et ailleurs , diverses cbjections auxquelles ils ont pris la peine de répondre, mais que HOus ne leur aurions pas faites. Lorsqu'ils représentoient, par exemple, que dans les fœtus acéphales , le système nerveux remplit ses fonctions de la vie organique sans le concours du cerveau , on leur opposoit l'idée que les acéphales ne sont que des fœtus où le cerveau a été détruit par suite d'une hydropisie, Cette objection , vraie pour certains acéphales, ne porte certainement point sur tous, et il n’est ET D'HISTOIRE NATURÉLL E- 241 n'est pas rare d'en voir qui sont arrivés à tout leur déve- loppement , quoiqu'ils ne donnent pas la moindre marque d'avoir jamais eu ni tête ni aucune des parties supérieures du ironc. Nous serons donc facilement d'accord avec MM. Gall et Spurzheim sur l'idée générale qu'ils se font , avec un grand nom- bre d'anatomistes, du système nerveux. ! Mais tout en le regardant avec tant d'autres comme un réseau, ils ont quelques idées particulières sur L:s mailles et les nœuds dont ce réseau se compose , et c'est ici que commence ce qu'il y a de propre dans leur doctrine. Autant que nous avons pu la saisir , elle nous a paru se réduire aux dix articles ou propositions suivantes : 1°. La matière cendrée est la matrice des filets médullaires ; partout où elle existe il naît de ces filets , elle existe partout où il en nait, Chaque fois qu'un faisceau médullairé traverse de la matière grise , il grossit par les filets qu'elle lui donne, et aucun de ces faisceaux ne grossit sans le concours de cette matière, soit qu’elle forme un renflement sensible , ou qu’elle se borne à suivre et à accompagner le faisceau. 2°. La moëlle de i'épine n'est point un faisceau de nerfs des- cendans du cerveau. Les nerfs spinaux naissent par des filets dont les uns montent et dont les autres descendent ; cela se voit surtout dans les animaux. La matière grise de l’intérieur de la moëlle est la matrice de ces filets; la moëlle se renfle pour chaque paire de nerfs qu’elle produit , et d’autant plus que ces nerfs doivent ètre plus considérables. Ainsi la moëlle épinière des grands animaux , comme celle des insectes el dés vers à sang rouge, n'est qu'une série de ren- flemens qui donnent naissance à des nerfs, mais tous ces ren- flemens communiquent ensemble. 3°. Les nerfs nommés communément cérébraux, et qui sor- tent de dessous l’encéphale et principalement de la moëlle alongée, ne viennent pas plus du cerveau que les autres ; au contraire , lorsque l'on suit séparément les racines de chacun d'eux dans l'épaisseur de la moëlle alongée, on voit qu’ils re- montent de la moëlle vers le point où'ils se montrerit au dthors, et qu'ils ne descendent point du cerveau pour traverser la moëile. 4. Le cerveau et le cervelet ne sont eux-mêmes que des dé- veloppemens de faisceaux, qui sont venus de la moëlle alongée de la méme façon que les nerfs en viennent, Tome LXV1I, OCTOBRE an 1808. Hh 24a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE Le cerveau en particulier vient principalement des faisceaux appelés éminences pyramidales, lesquels s’entrecroisent en sortant de la moëlle alongée , allant chacun vers le côté op- posé à celui d’où il part, se renflent une première fois en tra- versant le pont de Varole , une deuxième en traversant les tu- bercules appelés couches optiques , une troisième dans ceux qu'on nomme corps cannelés, toujours par des filets médul- laires que la matière grise contenue dans ces trois parties ajoute à ceux qu'ils avoient primitivement. Le cervelet vient des faisceaux nommés processus cerebelli ad medullam , ou autrement corps restiformes ; lesquels se renforcent, mais une seule fois, par des filets que leur fournit la matière grise de ce que l’on nommele corps ciliaire. 5°. Ces deux paires de faisceaux, après s'être ainsi renforcées et élargies , après avoir pris par conséquent une direction diver- gente, finissent par s'épanouir chacune en deux grandes ex- pansions recouvertes partout en dehors de matière grise qui mérite seulement ici le nom de corticale , et ces expansions prises de diverses manières forment ce que l’on nomme les 1émisphères du cerveau, les lobes et le processus vermiforme du cervelet, 6°. Il nait.de toute l'étendue de ces expansions d’autres filets médullaires qui des deux côtés du éerveau et du cervelet con- vergent vers la ligne moyenne où les filets d'un côté s’unissent à ceux de l’autre, et forment ce que l’on nonime les com- IMISSULIES. Le corps calleux, la voûte et ses appartenances forment la plus grande des commissures du cerveau ; ce que l’on nomme commissure antérieure est particulièrement celle qui joint les lobes moyens. La commissure du cervelet se cempose des cou- ches transversales du pont de Varole. 7°. Quand on a erilevé ôu déchiré les fibres convergentes, qui se rendent au corps calleux et qui tiennent lieu’ de plafond aux ventricules latéraux , il ne:reste ‘sous la substance grise qu'une partie médullaire qui la double en suivant tous ses replis > et loin qu'elle forme une masse solide, comme on l’a cru jusqu'à présent, il y a toujours au milieu de chaque circonvolution du cerveau et du cervelet une solution de continuité, et avec du soin l'on peut déplisser cette portion de la moëlle , comme on déplisseroit la substance grise si elle étoit seule. En un mot, chaque circonvolution est une espèce de petite bourse ou de canal , fermée en dehors par une double couche de matière ET D'HISTOIRE NATURELI Es 243 cendrée et de matière médullaire, et, du cîté du ventricule, ar les fibres médullaires convergentes. -8°. Comme les paires des faisceaux qui forment le cerveau et le cervelet ont leurs commissures, celles qui forment les nerfs ont souvent les leurs aussi, très-faciles à démontrer p'ur la deuxième, la quatrième , la cinquième et la sepuème paires, et très-probables pour les autres. 9°. Les ganglions répandus dans tout le corps sont de petites masses de matière grise que certains nerfs traversent et où ils se renforcent comme les pédoncules du cerveau se renforcent dans les couches optiques et les corps cannelés. Ces deux paires de tubercules sont donc de vrais ganglions pour ces péloncules. La matière grise de l'écorce du cerveau et du cervelet à son tour peut être regardée comme ganglion des commissures ou fibres convergentes. Celle de l’intérieur de la moëlle épinière forme de la même facon les premiers ganglions des nerfs spi- naux. Les nerfs cérébraux eux-mémes en ont probablement chacun un particulier, et il est facile d'en reconnoître à plu- sieurs. On peut enfin comparer à la matière grise , et par con- séquent aux ganglions, l'expansion muqueuse qui revêt toutes les extrémités des nerfs de la peau , des intestins , et même la pulpe du labyrinthe et l'espèce de vernis muqueux qui couvre Ja rétine. 109. De ces neuf articles, tous purement anatomiques, tous plus ou moins susceptibles d'être vérifiés par l'intuition, en ré- sulte un dixième , qui fait le complément et le caractère essen- tiel de la doctrine anatomique de MM. Gall et Spurzheim; c’est que chaque paire de nerfs forme un sysième particulier ; que tous ces systèmes communiquent ensemble et se réunissent dans le grand cordon de la mcëlle alongée et épinière; et enfin, que le cerveau et Le cervelet, loin d'être l'origine , la source de ce cordon , en sont au contraire un appendice, une espèce de diverticulum réservé pour certaines fonctions , mais qui éprouve une influence de toutes les parties du cordon, et qui en exerce une sur elles par leurs communications. Nous ne pensons pas qu'aucun anatomiste trouve encore de l'obscurité dans cette nouvelle exposition des dix principaux ar- ticles mis en avant par les auteurs du Mémoire que nous exa- minons; ils les ont d’ailleurs reconnus eux-mêmes pour la vé- ritable expression de leur sentiment. Il ne nous reste donc plus qu’à dire jusqu'à quel point ils nous paroissent vrais et nouveaux : c’est ce que nous allons faire H h 2 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE séparément pour chacun d'eux, et avec d’autant plus d’intérèt qu'il résultera de notre examen une espèce de traité où la structure du cerveau se trouvera considérée sous divers as- pects plus ou moins importans et féconds en conséquences étendues. Mais avant d'y procéder, l'équité demande que nous rap- pellions la déclaration faite par MM. Gall et Spurzheim, qu'ils ne prétendent pas avoir découvert beaucoup de faits nouveaux, mais que le principal mérite qu'ils s’attribuent , consiste dans la liaison qu'ils croient avoir établie les premiers entre les faits connus , et dans les propositions générales qu’ils en ont déduites. L Le premier article, qui attribue pour fonction à la substance grise de donner naissance aux filets médullaires, ou, comme disent les auteurs du Mémoire, d'être la m1atrice des nerfs, n'est au fond qu’une autre expression de l'opinion généralement reçue. On a disputé sur le tissu de cette substance ; Malpighi la croyoit formée de petites follicules; Ruisch, peut-être avec plus de raison , n’y admettoit qu’un réseau vasculaire; d’autres veulent qu'il y ait encore, outre les vaisseaux , un parenchÿme particulier ; mais on s’est presque toujours accordé à la regarder comme un organe sécrétoire , et les fibres de la substance mé- dullaire comme des organes excréteurs de la substance qu'elle séparé ; il falloit done bien que ces fibres y naquissent. Les physiologistes qui ne croient pas les nerfs creux, mais leur supposent la faculté de conduire un fluide, à la manière dont les métaux conduisent l'électricité, ne nient pas tous pour cela que les nerfs ne prennent leur fluide dans la substance grise : ils pensent donc aussi qu'ils en sortent. Ceux, enfin, quiéta- blissent dans toutes les portions de matière médullaire , une fa- culté sécrétoire , ne songent pas à nier ce que l’œil démontre : l'adhésion intime de la matière médullaire à la matière grise de l'écorce des hémisphères, et la prodigieuse quantité de filets qui sortent comme autant de radicules , des portions grises des corps cannelés et des couches optiques, etc. Nos auteurs n'ont donc rien de particulier, dans la fonction qu'ils attribuent à la matière cendrée. Méme én généralisant cette fonction à toutes les portions de cette matière, ils ne font qu’énoncer plus positivement ce que nous avons vu plus haut qu'Haller-soupconnoit par rapport à la portion grise de la moëlle épinière. ÉT D'HISTOIRE NÂTURELLE, 245 Puisque cette opinion est admise par tant d'anatomistes , il faut bien qu’elle ait des motifs puissans ; en effet, outre ce que l'œil enseigne sur la liaison intime des deux substances, la quantité d'artères qui se rendent dans la matière grise , et qui semblent la former presque en entier, ne peuvent guères avoir d'objet qu'une sécrétion abondante. Peut-être cette quantité de matière grise dispersée dans toutes les parties du système nerveux, et sur laquelle les auteurs du Mémoire ont le mérite de rappeler l'attention , expliqueroit-elle suffisamment les fonctions que les parties de ce système exer- cent sans le concours du cerveau, et dispenseroit-elle d’avoir recours à une force propre de sécrétion dans la matière mé- dullairé ; ou mème dans l'enveloppe du nerf, comme Reil l'y | suppose. - L'article deuxième établit un parallèle entre la moëlle épi- nière des animaux supérieurs et celle des insectes et des vers articulés ou à sang blanc. On sait que dans ces deux dernières classes le cerveau n'est guère plus considérable que les renflemens ou nœuds de la moëlle, de chacun desquels sortent les paires de nerfs ; que c'est par la grosseur de ces renflemens et par leur séparation, ainsi que par la petitesse du cerveau que l'on cherche à expliquer la divisibilité du moi, qui se marque dans toutes ces espèces, au moins pendant quelques instans, et qui va dans quelques- unes , telles que Îles mers de terre et les naïdes, au point de: faire deux individus durables avec un seul par le moyen de la section. L'on n'avoit rien appercu de semblable dans l'homme , dont la moëlle épinière n’a point'd’étranglement sensible et ne se renfle qu'aux endroits où elle fournit des nerfs aux bras et aux cuisses ; mais MM. Gall et Spurzheim nous ont fait voir une moëllé épinière de veau préparée, ét où l'on remarque une sorte de renflement léger entre chaque paire de nerfs. Il seroit curieux de savoir avec précision dans quels . animaux Cette structure se retrouve, et si elle a quelque rap- port avec la faculté d’exécuter certains actes volontaires sans cerveau ; si les tortues par exemple, qui vivent et marchent plu- sieurs mois de suite sans ce viscère, ont la moëlle plus noueuse que les autres animaux à sang rouge, etc. L'un de nous a commencé des recherches d'aprés cette vue, qui ne lui ont point donné de résultats suflisans pour étre mis 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sous les yeux de la Classe ; mais il s'est déjà assuré qu'il n’y a point de nœuds sensibles dans des quadrupèdes mème assez voisins du veau. L'article troisième se subdivise pour l'examen , en autant de propositions qu'il y a de paires de nerfs. : Le résultat général queles auteurs se proposent de démontrer, c'est que tous les nerfs viennent de la moëlle alongée ou épi- nière , et non pas du cerveau. Il n'y a pas de difficulté pour les nerfs spinaux, qu'on ne fait venir du cerveau que par conjecture , mais dont aucun œil humain ne peut certainement suivre les racines jusques-la , ni méme leur appercevoir une tendance pour s'y rendre. Il n’y en a pas davantage pour les dernières paires de l'en- céphale à compter du nerf vague et au-dessous : car elles nais- sent par des filets transverses ,; comme les nerfs spinaux, quoi- qu'elles n’en aient pas deux faisceaux , et aucun anatomiste n'a vu ces filets se recourber vers le cerveau après qu'ils ont péné- tré dans la moëlle. Encore moins y en a-t-il pour l'accessoire de Willis, qui re- monte évidemment. Nous n'avons done à nous occuper que des huit premières paires en comptant le nerf facial pour une paire séparée. La septième paire de Willisesten effet généralement reconnue aujourd’hui comme en faisant deux, distinctes par leur origine aussi bien que par leur cours. La portion molle ou le nerf acoustique naît transversalement sur le corps restiforme, appelé autrement processus cerebelliad medullam. On a crulong-temps ce nerf formé par les petits filets blancs tracés sur le plancher du quatrième ventricule , et c'est encore l'opinion de Haller (1) , de Vicq-d’Azyr (2) et de Sœm- merring (3). Cependant comme ces filets varient en nombre et même en direction ; comme onen voit quelquefois une partie remonter vers le corps restiforme , ou lé percer pour se rendre au pont de Varole (4) ; comme il n'est pas absolument rare de ne le point trouver du tout,ona commencé à douter de leur À LE PHARE REPARER E RER © JR 24 RUES PRE QG) Phys.t. IV ; p. 225. (2) Explication des planches , p. 95. (3) De fabricat. corp. hum. t. IV , pag. 256. (4) Nous avons eu un exemple très-marqué de cette dernière structure dans le cours des recherches que ce rapport a nécessitées. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 245 continuation dans le nerf acoustique. Prochaska (1) , les frères Wenzel (2), etc., se sont formellement déclarés contre elle. Ces derniers (3)et M. Gall ont de plus remarqué que ces stries manquent généralement dans les animaux. Les frères Wenzel (4) observèrent en 1791 pour la première fois, un petit ruban gris un peu saillant , placé aussi en travers sur le corps restiforme , et qui couvre constamment une partie de la base du nerf acoustique qu'il unit avec le quatrième ven- tricule. Prochaska est jusqu'ici le seul où nous l’ayons trouvé représenté (5). On l'observe également dans les animaux ; et M. Gall qui adopte à son égard l'opinion de MM. Wenzel, fait remarquer qu'il est d'autant plus renflé dans chaque espèce que les oreilles y sont plus grandes et l'ouie plus fine. Dansle ckeval, dansle cerf, dans le 2outon , c'est un tu- bercule presque aussi gros que l'éminence cestis. Nous avons vérifié cette circonstance. Il est d’ailleurs clairque l’origine anciennement admise , füt- elle la vraie , le nerf acoustique n'en naïîtroit pas moins trans- versalement sur la moëlle alongée, et que ses racines visibles viendroient toujours plutôt de bas en baut, que de haut en bas. : " Le nerf facial ou portion dure de la septième paire, et l’abducteur ou nerf de la sixième paite, sont donc les premiers qui puissent laisser en doute s'ils viennent de la moëlle ou du cerveau, d'arrière ou d'avant. Dans l’homme ils sortent tous deux du corps de la moëlle im- médiatement derrière le bord postérieur du pont de Varole , et si près que plusieurs anatomistes leur font tirer du pont une partie de leurs filets. Le fucial en particulier sort à quelques lignes plus en dehors que l’autre, dans l'angle fait par le pont de Varole et le corps restiforme , à une ligne environ du point où l'acoustique se dé- tache de ce dernier qu'il avoit comme embrassé. L'abducteur semble sortir du sillon qui sépare le pont des éminences pyramidales, et il y a des anatomistes qui dérivent toutes ses racines du pont; d’autres des pyramides, d'autres de (1) Oper. min.t. I, p. 388. (2) Prodr. p. 22. (3) Ibid. (4) Ibid. (5) Oper, min. t, I, tab, III, fig. 2. 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'une et de l’autre partie. Il en est enfin qui ne s'expliquent point à cet égard. D'après l'idée généralement recue que les nerfs descendent du cerveau, M.Soœmmerring suppose (1) , que l’abducteur a ses racines dans les pédoncules , et quelles s'en séparent en se recourbant après que ceux-ci ont traversé le pont pour former les pyramides. C’est à peu près ce que dit aussi Vieussens (2) ; mais on voit que c’est un résultat de raisonnemens hypothéti- ques et non pas d'observations effectives: Pour connoître la vraie direction des racines de ces deux nerfs, il faut avoir recours aux animaux herbivores, dans lesquels le pont de Varole ne les recouvre pas , attendu qu'il est beaucoup moins large que dans l'homme. C'est ce que MM. Gall et Spurzheim ont fait , et ils ont trouvé d'abord que l’abducteur y sort à quelque distance en arrière du pont, et paroit la continuation d’un petit faisceau qui remonte entre l’éminence pyramidale et l'olivaire. Les filets qui lui don- nentnaissance sont plus longs en arrière et plus courts en avant, ensorte qu'ils ont en petit la même disposition que ceux de l'accessoire de Willis. Il n'y a donc aucune raison pour croire qu'il descend du cerveau. Cette observation terntine la discussion si le nerf tire ou non quelques filets du pont; puisque c’est seulement à cause de la largeur du pont de l'homme qu'il s'approche de son bord postérieur. Nous n'avons point trouvé de trace positive de cette remar- que dans les auteurs que nous avons consultés, mais nous nous sommes assurés qu'elle est vraie pour les animaux her- bivores ; et l’un de nous l’avoit même faite il y a long-temps dans le cheval. Dans les carnivores et les singes:, le pont et la sixième paire ressemblent davantage à ce qui se voit dans l'homme. Quant au nerf facial, on voit dans les mêmes herbivores, derrière le pont de Varole, une bande médullaire transversale , qui commence précisément au bord externe de l'abducteur , et passe sur la racine du érjumeau , où elle se continue avec le nerf acoustique. Le nerf facial a l'air de percer obliquement (1) De bas. enceph. p. 140. (2) N'errogr, univ. p. 176. cette ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 249 cette bande d’arrière en avant. Ainsi il naïîtroit au-dessous de la moëlle, presque comme l'acoustique naît au-dessus, et ils formeroient deux paires de nerfs dont L'origine est réellement distante de toute l'épaisseur de la moëlle alongée , quoiqu'elles se rapprochent ensuite au point de se toucher. Nous n'avons pas remarqué non plus qu'aucun auteur ait fait connoître ce fait avant M. Gall, mais nous sommes cer- tains de son exactitude, et l'un de nous l’avoit vu et dessiné depuis long -temps dans le cerf, le cheval, le mouton et le lapin. Les animaux présentent de même beaucoup plus clairement que l’homme l'origine des nerfs trijumeaux , où de Ja cinquième paire. On la fait d'ordinaire simplement sortir des parties latérales du pont de Varole, ou de l'extrémité des pédoncules du cer- velet. C'est encore à quoi se bornent Vicq-d'Azyr (1) et Meckel (2). Haller compte cette paire au nombre des nerfs qui peuvent venir à la fois du cerveau et du cervelet (3), Il est cependant certain qu'elle ne vient ni de l’un ni de l’autre, et qu'on peut la suivre profondément dans la moëlle alongée, à près d’un pouce plus en arrière que sa sortie. Santorini annônce déjà (4) en avoir conduit les racines jus- ques au-dessus des éminences olivaires, et dit qu'il n’est pas plus étonnant de voir remonter ce nerf d’en-bas, que l’acces- soire de Willis; mais il fait ensuite la supposition qu'une partie des fibres des pédoncules n’entrant pas dans les éminences pyramidales, qui sont en effet beaucoup trop petites pour les contenirtoutes , se porte plus loin , d’où se recourbent entr’autres celles qui donnent ce nerf ; supposition assurément très-gratuite, et que rien de sensible à l’œil ne peut justifier. M. Sœmmerring semble n'avoir pas bien entendu Santorini ; quand il écrivit son traité : De basi encephali(5) : mais il rap- porte, que (6) le hasard lui a fait suivre ensuite l'origine de ce nerf dans la profondeur de la moë le jusque vers le plancher du quatrième ventricule , et d’après son hypothèse favorite sur (x) Explication des planches , p. 52. (2) N° 46et 47. { (3) Phys. t.1V , p.387. 4 (4) Observat. anatom. pp. 64 et 65. ro) Page 135. he (6) De fabric. corp. hum. p-212, n°7, Tome LXVII OCTOBRE an 1808, Ii 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE le siége de l'ame, il'en fait baigner les premières racines par l’éau de ce ventricnle. M. Gall poursuit d'une manière constante et sûre , cette ori- gine profonde et basse des nerfs trijumeaux jusqu’entre les émi- nences olivaires et les: corps restiformes. 11 montre de plus, que la largeur et la grosseur du pont de Varole dans l'homme ont seules empêché de la reconnoître plus tôt. En effet , dans les animaux herbivores , dont le pont est beaucoup plus étroit; on suit aisément les racines des nerfs trijumeaux sous ane partie du pont , et sous la bande transverse placée derrière , et que nous avons vu être en partie l’origine du nerf facial, jusqu’à un faisceau longitudinal , quimarche le long du côté externe des éminences olivaires. Nous avons vérifié ces: deux observations , et en répétant la seconde surplusieurs espèces, mous nous sommes assurés qu'elle n'a lieu midans les singes, mi-dans plusieurs carnivores où la sortie des nerfsise fait comme dans l'homme, mais toujours parce que le pont de Varole y est aussi large. Quant à lapre- mière, elle nous a paru si certaine, que nous ne pouvons nous empécher de dire que Vicq-d’Azyr s'est trompé , en dé- rivant les racines de la cinquième paire des pédoncules des cervelets (1). Opérant toujours par des coupes $ il les aura tran- chées et perdues trop tôt de vue. 123% Tout le monde sait que le nerf pathétique, ou de la qua- trième paire , naît transversalement sur la valvule de Vieussens, derrière les testes. 1 n'y a rien là qui puisse le faire dériver de la grande masse médullaire des hérmisphères. \ Le nerf oculomoteur , où de la troisième paire , sort du pé- doncule du cerveau, vers son bord interne , où il touche l'es- pace cendré perforé intercepté entre les deux pédoncules «et les deux tubercules mamillaires , et en reçoit quelques filets. Dans l'homme, ses racines sont rangées sur une ligne qui suit presque la direction des pédoncules , et les postérieures sont les plus longues, à juger même à l'extérieur ; elles viennent donciplutôt de l'arrière que de l’avant ; mais si l'on entame un peu la substance du pédoncule, le fait devient bien plus clair encore. On peut suivre la plus grande partie de ces racines jusque sous le pont de Varole. Il s'en perd , ou pluiètil en naît une partie autour de l'endroit noir des pédoncules. Cette ’ (1) Mém. de lAcad. des sciences ; 1782 ; p. 565. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25t disposition est fort bien représentée par Vicq-d'Azyr, planc. XXXI, fig. 2. à Les animaux ont des racines plus transversales ét plus per- pendiculaires : c’est du moins ainsi que nous les ayons observées dans le cheval et dans le mouton. Le nerf optique est assez généralement regardé comme venant des couches du méme nom , parce que sés racines s'épanouis- sent sur elles en une expansion membraneuse mince qui !les recouvre presque entièrement. Il n'a cependant pas manqué d'anatomistes qui ont cru pouvoir conduire au moins une bonne partie de ces racines jusqu'aux tubercules ‘ha!es. Morgagni, Winslow, Zinn, sont de ce nombre. Santorini décrit (1) cette origine avec soin, et en ajoute une autre qu’il fait venir des tesles : son disciple et éditeur Girardi la con-. firme (2). Vicq-d’Azyr, qui a très-bien connu aussi ces con- nexions des nerfs optiques avec les tuberçcules quadrijameaux , prétend ‘cependant qu’ils ont encore d'autres racines dans l’é- paisseur des couches , lesquelles, en forme d'innombrables filets, se joignent au nerf dans une grande partie du trajet qu'il Fait en embrassant la jambe du cerveau, et il s’applaudit de cette découverte (3). Mais il nous paroît, que c’est une illusion où peut l'avoir conduit sa méthode des coupes parallèles. H est très- vrai qu'il naît une infinité de filets blancs dans l'épaisseur de la substance grise des couches ; mais ce n’est pas au nerFoptique qu'ils nous semblent se rendre. Ils vont au contraire renforcer le faisceau qui vient des éminences pyramidales , comme nous le dirons bientôt. MM. Gall et Spurzheim ont imaginé une coupe qui le démontre très bien, et dont nous reparlerons, Ils croient donc qu'on peut, au moins dans plusieurs ani- maux, enlever de dessus les couches, sans les intéresser, l'ex- pansion médullaire des racines des nerfs optiques , et conduire celles-ci jusque dans l'intérieur des nates, où elles se conti- nuent en une lame blanche qui occupe le milicu de ces tu- bercules. : Ce dernier point est certain; quant au premier; comme il ne peut s'exécuter qu'à l'aide du manche du scalpel , il est sujet au même doute que toutes les opérations semblables que l’on peut tenter sur le cerveau. (1) Obseryat. anatom. p. 63. (2) Septemdec tab. pag. 34. (3) cad. de sc. 1783 , p. 520. 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nos anätomistes font de plus remarquer que dans les indi- vidus où le nerf optique d’un côté est affoibli et plus grèle, le tubercule correspondant est aussi plus mince , et que dans les espèces qui ont les nerfs optiques gros , les nates sont plus volumineux , mais que souvent les couches y sont plus petites. Ce tractus médullaire , qui vient des nates , rencontre ‘dans sa route le tubercule appelé corpus geniculatum externum. Celui qui vient des £estes , coupe le premier au corpus gent- culatum internum , et a l'air de se glisser dessous pour le croiser etse porter en avant ; aussi MM. Gall et Spurzheim ne croient- ils pas qu'il appartienne au nerf optique ; ils ont même pensé long-temps qu'il donne naissance à la racine externe de l'o/factif, Jaquelle en effet està peu près dans sa direction ; mais ils n’ont jamais pu en voir la continuité. L'un de nous a fait plusieurs recherches sur cette partie du cerveau , qui ne paroit avoir été bien connue que de Santorini et de Vicq-d’Azyr, mais qui n'a jamais été bien représentée. Il est certain que dans tous les quadrupèdes , le’ faisceau principal du nerf optique vient des rates au corpus geniculatum EXLETN UM : F4 il est certain aussi qu'il vient des £estes un autre faisceau qui fait un angle avec le premier, et qui, après s’étre renflé, pour former le corpus geniculatum internum , a V'air de passer sous le premier faisceau et de se rendre plus loin, mais qui échappe hientôt à l'œil et au scalpel. Fi Il est certain enfin que , tant le testés que Île corpus genicu- latum internum ; sont beaucoup plus gros dans les carnassiers que dans les autres animaux; ce qui seroit assez favorable à l'idée qu'ils concourent à produire le nerf olfactif, si développé dans cette classe. Mais nous avons cru voir dans les singes , que le corpus geniculatum, internum reçoit un faisceau des rates comme des sestes , et donne par leur réunion, une racine du nerf qui ne se joint que fort has à celle qui vient, comme à l'ordinaire, des nates par-dessus la couche optique. MM. Gall et Spurzheim ont d’ailleurs remarqué eux-mêmes ce que l'un de nous a fait connoître depuis long-temps ; que les dauphins et marsouins , qui manquent absolument de nerf olfactif , ont cependant des Lestes considérables. ja Ë Ces mèmes animaux ont aussi des corps cannelés comme les autres, ce qui Ôte à ces corps la fonction qu'on leur attribuoit de produire le nerfolfactif, . ET D'HISTOIRE NATURELLE, 253 La première paire sera donc la seule dont on ne peut point encore conduire les racines vers la moëlle alongée, et qui ne s'accorde pas encore clairement avec la règle établie dans le Mémoire que nous examinons. M. Gall explique , conformément à la loi mentionnée dans son premiet article, le grossissement des nerfs optiques au- dessous de leur conjonction , par des filets nombreux que leur envoie la lame cendrée interposée en avant de cette conjonction; filets qui ont été bien décrits et soigneusement dessinés par Vicq-d’'Azyr (1). On faisoit à l'origine que nôs anatomustes attribuent au nerf optique une forte objection , tirée de la structure des oiseaux, qui manquent , disoit-on , de zates, quoique leur œil et leur nerf optique soient énormes ; mais leur réponseest victorieuse. Ce que Willis, Collins, Haller , et les autres anatomistes après eux, ont nommé couches optiques dans les oiseaux, n'est autre chose que les z2ates eux-mêmes. Les vraies couches optiques sont en avant avec leur troisième ventricule , leurs pédicules de la glande pinéale, les deux commissures à la place ordinaire , en un mot semblables en tout à celles des quadru- pèdes à la grandeur relative près ; les prétendues couches de Haller sont au contraire entre la commissure postérieure et la valvule de Vieussens ; l'aqueduc de Sylvius passe entre elles; c’est avec lui que communiquent les ventricules qui leur sont propres dans cette classe. Nous ayons vérifié cette remarque importante ; elle ne souffre pas de réplique. Il est d'autant plus du devoir du rapporteur de le reconnoître, qu'il avoit adopté l'erreur commune dans ses ouvrages, Or, comme les tubercules en question donnent évidemment naissance aux nerfs optiques dans les oiseaux, ils confirment l'origine qu'on donne à ces nerfs dans les mammifères et dans l'homme , au lieu de l'infirmer. On peut rappeler ici la jolie remarque faite par Vicq-d’Azyr, que ces tubercules ont un ventricule dans les oiseaux où le sens de la vue est le plus exalté, comme les nerfs olfactifs dans les mammifères, où+c’est le sens de l’odorat qui l'emporte sur . les autres. . nt | (1) Mém. de l'Acad. 1783, pag. 548, et pl. XIII, fig. 1 et 2, et dans son grand ouvrage , pl. XXI , à toutes les figures. 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE-CHMIMIE Passons à l'article IV où nos auteurs développent la relation de la moëlle alongée avec le cerveau et le cervelet. La continuité des fibres médullaires des pyramides au travers du pont de Varole avec les jambes du cerveau , et de celles ci au travers des couches optiques et des corps cannelés , jusque dans la masse médullaire des hémisphères , a été bien connne de Vieussens, qui avoit aussi donnéaux couches optiques la dénomination très-juste de corps cannelés postérieurs ; mais les figures (1) où il représente cet objet capital de l'anatomie du cerveau sont fort grossières ; elles ne inontrent que des filamens simples qui iroient en grossissant et en s'écartant, et la chose est loin d'être ainsi. | Ce poiut de vue intéressant fut ensuite presque entièrement négligé , parce qu’on s'en tenoit aux coupes faites à la partie supérieure du cerveau. Monro (2) et Vicq-d’Azyr (3) le repro- duisirent ; ce dernier surtout présenta cette continuité dans deux planches fort belles , quoique peut-être encore un peu moins exactes qu'il ne faudroit , parce que le préparateur n'a- voit pas eu le soin de faire fléchir sa coupe suivant la direction des filamens. A ces coupes horizontales déjà données par les trois auteurs que nous venons de citer, MM. Gall et Spurzheim en ajoutent une verticale qui a le mérite d’expliquer , d’après leur manière de voir , comment ces faisceaux médullaires grossissent , et de faire connoître la vraie terminaison des filets de la couche optique que Vicq-d’Azyr croyoit avoir conduits dans le nerf du méme nom. Cette coupe passe par le milieu de l'éminence pyramidale, de la jambe, de la couche et du corps cannelé d'un côté , en allant obliquement en avant et en dehors: On y voit distinctement les faisceaux des pyramides s’entre- lacer avec ceux du pont de Varole et avec la substance grise qui s’y mêle et qui leur fournit des augmentations; passant de là dans la jambe , ils reçoivent de nouveaux filets du processus cerebelli ad testes. Une fois sous la couche optique ils se rassemblent en une masse blanche à laquelle les filets innom- brables de l’intérieur de la couche viennent se joindre par des angles aigus en avant. Cette dernière circonstance est essentielle (1) Mevrogr. univ. pp. 88 et 80. (2) Nervous Syst. t. VII, fig. 1. ! (3) Grand ouvrage sur le cerveau, pl. XXITet XXIIT. FT D'HISTOIRE NATURELLE. 055 remarquer ; elle prouve que les couches envoient leurs filets en avant , et non en arrière, comme Vieussens l'avoit supposé ; élle fait voir aussi que ce n'est pas dans le nerf optique que ces filets se rendent , comme l'avoit cru Vicq-d’Azyr. La masse blanche devient alors plus forte et se partage en un grand nombre de colonnes divergentes qui constituent le grillage blañc du milieu des corps cannelés ; la matière grise de la face supérieure de ces corps donne encore une infinité de petits filets, comme les couches en avoient donné ; enfin toutes ces fibres se dispersent dans la masse médullaire des hémisphères où nous les retrouverons bientôt. Les deux arcs transversaux blanchâtres que l’on voit dans la coupe horizontale , et dont Vicq-d'Azyr a exprimé une partie dans sa planche , sont les endroits où il arrive le plus de filets des régions supérieures des couches et des corps cannelés,. T'elle est la description fidèle de ce que l’œil apperçoit ; l’un de nous a dessiné tout cet appareil daus l'homme , les quadru- pèdes et les oiseaux , où l'essentiel reste à peu près le même, Nous savons bien qu'il n'y a pas de motif pour dire plutôt que les grands faisceaux fibreux vont des pyramides aux hémis- phères , que des hémisphères aux pyramides ; puisque la marche de l'influence nerveuse se fait dans ces deux sens. Mais on peut et on doit se demander dans quel sens vont les petites fibres des couches et des corps cannelés. Sont-elles four- nies par ces tubercules pour grossir le grand faisceau médul- laire, ou bien se détachent-elles du faisceau médullaire pour se perdre dans ces tubercules ? Cette dernière opinion n’auroit certainement aucune vraisemblangé et personne ne trouvera mauvais que MM. Gall et Spurzheim adoptent l’opinion opposée. ve Ils auroient donc raison dans ce sens, quand ils disent que les faisceaux médullaires vont toujours en grossissant, depuis les pyramides jusqu'aux hémisphères. : Mais d’où viennent, ou bien où se rendent les extrémités inférieures des faisceaux , c'est-à-dire les éminences pyramidales elles-mêmes ? Elles s’entrecroisent à environ deux travers de doigt derrière le pont de Varole , et disparoissent immédiatement derrière ce point, en se perdant de part et d’autre dans les deux cordons qui composent la face inférieure de la moëlle épinière. Ceci est un des faits les plus intéressans pour la physiologie et la pathologie. 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Tout le monde sait combien il est fréquent de voir une para- lysie d'un côté occasionnée par une lésion quelconque du côté opposé du cerveau : les médecins de tous les siècles ont cherché à expliquer ce fait par un entrecroisement qu'ils supposoient vaguement dans les fibres du cerveau, ou dans les profondes racines des nerfs (1). On ne voit cependant presque partout que des fibres trans- verses , des commissures, et non pas des fibres croisées. Il n’y a qu'un seul endroit , à l'extrémité postérieure de la moëlle alongée , qui offre une vraie décussation , et c'est Do- minique Mistichelli qui l’a découvert, et fort bien décrit en 1709 (2); François Pourfour du Petit (3) le décrivit de son côté l’année suivante , et fut le premier qui le fit connoître en France. Comment s'est-il fait qu'une circonstance de structure aussi évidente , adoptée par Winslow (4), par Lieutaud (5), par M. Portal , explicitement décrite (6) et nettement dessinée (7) par Santorini , ait pu étre mise en doute par le grand Haller (8), niée récemment par des hommes très-habiles, et confondue par d’autres, dans lesquels on peut compter Vicq-d'Azyr lui- mème , avec celle des fibres transverses qui réunissent dans toute leur longueur les parties latérales de la moëlle alongée ? C’est probablement faute d’une description encore assez claire; et peut-être aussi parce que l'endroit de la décussation doit sou- vent être coupé quand on détache la tête du tronc. Il sera impossible de s’y tromper d'après les démonstrations de MM. Gall et Spurzheims Quand on écarte l’un de l’autre les deux cordons infécieE la moëlle alongée et épinière , on voit qu'ils sont séparés par un sillon assez profond dont le fond est occupé par des filets médullaires tranverses. Ce sillon n’est interrompu qu’à un seul endroit qui est celui qui nous occupe, . (1) Arétée, De caus. et sig. morb. lib. I. cap. 7, p. 34, B. edit. Lugd. Brit. 1731. Nervi ab initio enati protinus ad opposiios transeunt, se invicem permutantes in figuram litteræ À. (2) Trattato dell apoplessia , Roma , 1709 , in-49, (3) Lettre d’un médecin des hôpitaux du roi, p.12, Namur , 1710 , in-4°4 (4) Zraité de la tête , n° 110. (5) Anatomie historique et pratique , t. I ,p. 591. (6) Santor, Observ. Anatom. p. 61 , $. XII G) Ibid. . XVII, tab. II. (8) PAys.t. IV , p. 000. et TABLE GÉNÉRALE des ‘Aliénées de la Salpétriére , durant quatre annees moins trois MOIs. GENRES | NOMBRE | ENTRÉES , CAUSES MORTES RESTÉES | ; TRAITÉES PÉRIODI- de ANNÉES. de sans FILLES. | NEEMMES, | VEUVES, LT — CUERIES | à OBSERVATIONS. | | : ailleurs. UES. MA L A DIE Us: malades. | renseig. Physiques.| Morales. Ÿ Entraitem |Incurables | l'hospice. | + Ve) ————————————————— | < no 4 SE 7 “ 12 3) 4 ti 64 | 36 . Le traitement des aliénées fut commencé à la Salpètitre | | A, 4 1 L 2 20 3 {| d . | [Mani avec délire...) XII. 155 60 57 57 69 5 50 74 45 à 9 51 sg ||1° 17 perminalien 76e APRES Ale NEEnEES XIII 56 17 42 20 19 de HE 63 7 4 5 7 se temps avoit été regardé comme un dépôt d'aliénées incurables! 1805 152 58 45 48 64 24 4 48 f 6a 8 12 79 après des traitemens infructueux tentés à l'Hôtel - Dieu, «y contenoit 517. De ce nombre il en faut distraire 5a qui don:|| à noient quelque-espoir de guérison, et qui furent réunies ayee L 2 . Z 7 15 5 4 2 21 6 14 2 4 4 celles qu'on envoyoit d'ailleurs pour être traitées. Cell] MÉLANCOLIE avec dé at 4 : Fe 2 7 8 v- os 7 56 2 u : t point portées dans le présent tableau con | lire sur un seul objet. XII. 54 13 27 21 24 9 16 54 12 34 7 À ie ne sont point portées da p me appar] AIT: 14 5 9 9 2 1 4 10 3 10 2 2 » tenant aux années antérieures. | 1805. 38 19 20 11 5 13 29 1 20 »” 3 15 Sur le nombre total de 444 guéries, on ne comprend poil 15 personnes qu'on peut regarder comme telles , mais qui sol X. 6 5 3 3 4 < à 4 s 3 $ : à infirmes ou foibles d'entendement dès l'âge tendre, et qi MÉLANCOLIE avec pen- XI. 2 1 1 1 » » ” 2 1 1 » » 1 ont été amenées par le traitement au point de pouvoir "1 chant au suicide XI. à 4 4 2 3 4 2 7 2 4 » 2 3 ler sous la direction de quelqu'un qui les surveille. | ea XII. 2 2 3 »” 2 » 5 4 3 ” » 2 : | 1805. 16 1 5 6 8 9 4 13 2 9 3 1 3 J | |: Totaux......... | RHODES SLR 814 271 346 316 342 137 | 219 464 166 | 444 54 109 | 207 | oo | SE \ | X. 20 15 5 8 4 7 2 2 2 2 1 11 6 Les personnes attaquées de démence ou d'idiotisme 1] DÉMENCE ..,.. xt 32 2 ; ; Ô = Ô 5 À 6 D 25 3 sont entrées à l'hospice , étoient telles, par une disposition "| doser | EUR 7 de © 5 5 10 9 3 2 4 » 14 14 ginaire , un âge avancé ou un traitement trop actif et] 1805. 6 1 11 } = 4 7 ? Le 2e ailleurs, qu’elles ont été assimilées aux autres aliénées de la 4 5 12 1 (|| 20 13 14 1 11 1 15 1 »{ c démenté (Rs | pice regardées comme incurables. Dans les cas de démt | T'ote Eh g a Tue accidentelle, on a obtenu vingt-neuf guérisons. Totaux terre ee | 15a | 87 32 |P040 | 36 | 64 30 26 | 6 29 2 73 à 5 X. 9 8 1 6 | 2 1 4 ” » » ” 5 | [IDIOTISME..... ..... j XL 8 : Ë 7 | 7 5 3 2 7 7 7. 5 $ | X IT. 12 q 3 11 1 » 6 »” | ” | ” 1 11 XIIT. : 7 5 » 7 | » » 6 » » » | » 1 6 Motaux. ve. ce | fers dlne Mo 36 23 10 31 | 3 | | TABLE, GÉNCRALE ste mo. GENRES | NOMBRE ENTRÉES »| : TRAITÉES, de ANNÉES. de sans ERVATIONS. j ailleurs. | MALADIES. malades. | renseig. ——————_— _—_—___——— — | — | X. 27 42 58 aliénées fut commencé à la Salpêtrière se 194 38 58 FA cette époque, l'hospice , qui de tou XI. 155 60 57 : ÉTAIT Es ds 17 42 dé comme un dépôt d’aliénées incurables ; 1805. 152 58 46 5 infructueux tentés à l'Hôtel - Dieu, en e nombre il en faut distraire 5a qui don: ! de guérison, et qui furent réunies avec! | X 24 5 Tes. »| | [MANIE avec délire, …. 7 + d’ailleurs pour être traitées. Celles-ci >s dans le présent tableau comme appar-|| ntérieures. 19 al de 444 guéries, on ne comprend point eut regarder comme telles , mais qui sont MÉLANCOLIE avec dé- lire sur un seul objet. # re = Lan EN = KR AN OTN «Lo 6 5 3 d'entendement dès l’âge tendre , et qui : a . y le traitement au point de pouvoir trayail| ae PERS CNE 9 7 4 de quelqu'un qui les surveille. .….. 5 a a 6 1 5 , X. 20 15 5 aquées de démence ou d'idiotisme qui J bat 32 19 6 ce, étoienttelles, par une disposition ori| |DÉMENCE ..,........ XIL. 32 22 8 ancé ou un traitement trop actif tentél XUT. 22 | 16 2 Eté assimilées aux autres aliénées de l’hoë DE 45 | 1 a UE incurables. Dans les cas de démence Re NPA name | morale vingt-neuf guérisons. | Totaux ARE A0 UN | 152 | 87 32 mm F Î X. 9 8 1 XI. 8 1 6 | IDIOTDISME 2 UE XII. ja À 3 | XIII. : 7 5 » Fotaux: pi. -°: | ARRETE | 36 23 10 mm À ses = DEEE pe == = PEER RÉ q ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 et qui n’a que deux ou trois lignes de long. Les fibres de l’é- minence pyramidale d’un côté , y forment trois ou quatre filets, qui se croisent par-dessus le sillon avec les filets opposés, comme feroient les brins d’une natte, et qui se confondent ensuite avec le reste du cordon médullaire dans lequelils entrent ainsi obliquement. Cette décussation saute aux yeux quand on écarte doucement les bords du sillon longitudinal de la moëlle, parce que c'est le seul endroit où l'on ne puisse pas appercevoir le fond de ce sillon. Il ÿ a certainement quelque mérite d'avoir rendu à l’ensei- gnement général un point de doctrine important que les doutes ou les dénégations d’habiles gens avoient fait tomber dans l'oubli. M. Gall ayant établi, à ce qu'il paroît, d’après cette pro- gression des faisceaux médullaires du cerveau au travers du pont des couches et des corps cannelés, sa loi de l’accroissement des fibres médullaires par la substance grise, a voulu en faire l'application au cervelet. Il a recoursici à ce corpuscule cendré , d'une figure si bizarre que l’on trouve dans l’épaisseur des jambes du cervelet, et que l'on a nommé corps ciliatre , ou corps frangé ; le faisceau nom- mé processus cerebelli ad medullam, donneroit naissance au cerveletaprès avoir été renforcé par le corps frangé, commeles pédoncules du cerveau le sont par les couches optiques et la partie grise des corps cannelés. Mais peut-être l'analogie n’est- elle pas complète. Le corps frangé est enveloppé, et comme noyé dans la#matière médullaire , au lieu de lui donner passage, et l’on ne voit point qu'il lui fournisse de filets. Quelqu'un ajoutera peut être d’après Vicq-d'Azyr (1), queles animaux n’ont point de corps frangé : mais la vérité est qu'ils l'ont seulement plus petit, et comme leur cervelet l’est aussi beaucoup plus, le fait seroit plutôt pour, que contre l'idée de nos anatorristes, Les articles 5, 6 et 7 veulent être examinés ensemble. Ils forment à eux trois ce que la doctrine de MM. Gall et Spurzheim a de plus particulier ; l'article septième surtout relatif à la pos- sibilité de déplisser le cerveau comme une membrane, est celui qui a fait le plus de bruit dans le monde ; mais comme il est (x) Acad. des sciences , 1783 , p. 471. Tome LXVII. OCTOBRE an 1808, Kk 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trop ordinaire, presque aucun de ceux qui en ont parlé n’a- voient bien compris nos auteurs, et ceux qui ont cru avoir retrouvé le fait dans des anatomistes plusanciens , avoient encore moins compris, et la chose en elle-même, et les passages où ils croyoient en voir l'expression. Les termes dans lesquels nous avons rendu les idées de MM. Gall et Spurzheim , vous feront déj\ sentir qu'il ne s'agit pas de déplisser tout le cerveau ; ils ont reconnu expressément, dans les conférences que nous avons eues avec eux, que les parois des ventricules sont telles qu'elles paroissent ,et ne ca- chent aucuns replis, excepté en arrière vers la bandelette den- telée , où leurs plis étoient depuis long-temps connus et dessinés par Vicq-d'Azyr; seulement , disent nos anatomistes , ces parois épaisses formées par les fibres convergentes , sont les seuls liens qui retiennent les plis de la substance extérieure ; celle-ci y est attachée comme des plis de falbala , par exemple , sont attachés sur l'étoffe d’une robe ; enlevez l’étoffe principale, les plis s'étendront et formeront à leur tour une pièce d'étoffe plane. Vos commissaires ont examiné avec toute l'attention dont ils sont capables, les hémisphères du cerveau , afin de juger ce qu'il y a de vrai dans une doctrine aussi nouvelle. Ils pensent que l’on peut en effet distinguer deux ordres de fibres dans la matière médullaire, mais ils trouvent qu'il faut encore réduire de beaucoup l’idée que l'on pourroit se faire du déplissement d'après les expressions que nous venons de: rapporter. Nous allons développer suecessivement ces deux propo- sitions. Quand on suit avec le scalpel le fibres venues des jambes du cerveau au travers des couches optiques et des corps can- nelés , on voit qu’elles croisent par des angles plus ou moins ouverts , celles qui se rendent vers la ligñe moyenne et qui for- ment le corps calleux et la voûte ; il est même assez facile de démontrer leur décussation dans la corne inférieure des ven- tricules latéraux , et bien réellement les fibres divergentes qui viennent des corps cannelés, semblent faire une couche exté- rieure aux fibres convergentes qui composent le corps calleux. Mais cette couche extérieure suit-elle tous les replis de la couche plus extérieure de matière grise que l'on rappelle cor- ticale , et se déplisse-t-elle comme on déplisseroit cette dernière ET D'HISTOIRE NATURELLE, 259 si elle étoit seule et vidée de toute la matière blanche qui la remplit ? C'est, comme on voit, une question entièrement indépendante de l’autre , et que le témoignage des sens peut seul décider. Prenant d’abord la chose dans l’acception rigoureuse où elle sembloit annoncée : nous avons fait tous nosefforts pour nous mettre en état soit de l’adopter, soit de la rejeter avec quelque certitude, et nous aurions peine à faire entendre à ceux qui ne l'ont pas essayé combien cela nous a été diflicile. La matière médullaire qui remplit les circonvolutions du cerveau est si molle qu'elle s’affaisse par son propre poids ; pour peu qu'on soutienne du doigt la convexité ou le dos d'une de ces circon- volutions , ses deux côtés s'écartent horizontalement et empor- tent chacun une partie de la matière blanche qui occupoit leur intervalle. Les vaisseaux ne se rompent point, parce qu'ils sont pour la plupart placés dans le sens même où se fait la rupture, et que d’ailleurs ils traversent cette matière médullaire à cause de sa mollesse , comme des fils traverseroient de la gelée et de la pommade. Il nous sembloit donc impossible de prouver qu'il y eùt unesolution réelle de continuité ; au contraire, soit à l'œil, soit à la loupe , les deux lames de matière blanche paroissoient hérissées de petits points saillans , de petits filamens quiavoient toute l'apparence d’autant de déchirures. Nous avons méme essayé de faire commencer la déchirure , de manière à laisser une lame plus épaisse de matière blanche d'un côté que de l’autre ; et la séparation nous a paru se faire presque aussi aisé- ment que dans le milieu. . L'argument que les auteurs du Mémoire tirent de l'exemple des Aydrocéphales ne nous paroïssoit pas beaucoup plus con- cluant. Une accumulation de liquide dans les ventricules du ceryeau peut étendre lentement les parois de ces cavités, effacer la saillie des circonvolutions et araincir la matière médullaire qui les enveloppe , sans que celle-ci ait besoin de se déplisser ; l'hydropisie du rein étend, amincit la substance de cet organe au point de la faire ressembler à une membrane, sans que personne ait été tenté de croire qu'elle se déplissoit. Le phénomène d'hy- drocéphales qui ont conservé long-temps leurs facultés intel- lectuelles ne prouve rien de plus , car ne sachant point à quelle partie de l'encéphale , ni à quelle circonstance de son organi- sation ces facultés sont attachées , nous n'en pouvons rien con- clure relativement à la structure essentielle du cerveau, Au surplus nous avons examiné nous-mêmes des hydrocé- Kk2 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE phales ; les parois des ventricules , quoiqu’étendues , avoient la méme apparence qu’à l'ordinaire, et les circonvolutions, quoi- qu'amincies et en partie effacées , n'en conservoient pas moins leur solidité intérieure. Telles étoient les idées qu’avoit fait naître en nous le pre- mier Mémoire de MM. Gall et Spurzheim , comparé avec les objets mêmes ; mais ces anatomistes nous ont remis depuis une note additionnelle où ils exposent de nouveaux moyens de s'assurer des faits, et où ils expriment avec plus de précision leur manière de voir. M. Spurzheim a répété devant nous ces nouvelles expériences; des tranches verticales de circonvolutions, macérées dans de l'acide nitrique étendu d’alcohol rectifié, se sont durcies, et divisées plus aisément dans la ligne médiane ; il en a été de même quand on les a fait bouillir pendant douze ou quinze minutes dans de l'huile; lorsqu'on sonffle sur une pareille tranche, où que l’on y dirige un petit jet d’eau avec une se- ringue , la séparation se fait très-aisément dans Je milieu , et presque point sur les côtés. Dans le dernier cas, surtout, les deux faces qui se séparent restent lisses , et les vaisseaux qui les parcourent intacts, sans laisser voir de traces de fibres qui seroient allées d’un côté à l’autre. Ces faits sont exacts , mais peut-être prouvent-ils seulement qu'il ya moins de cohésion dans le milieu d’une circonvolu- tion que dans le reste de sa capacité, et non pas qu'elle est formée de deux lames simplement adossées, et non adhérentes, En d’autres termes on peut admettre, selon nous, que la por- tion blanche ou intermédiaire de chaque circonvolution est formée de deux parties, qui adhèrent entre elles plus foible- ment que les molécules de chacune en particulier, ou dont l'union peut être comparée , par exemple, à celle des deux lames de la dure-mère ; mais non pas comme on le croyoit , à celle’ des deux côtés d'un intestin affaissé ; excepté toutefois que le moyen d’union n'est pas de la cellulosité comme dans la dure- mère, mais la substance médullaire mére un peu ramollie, Au reste, comme c’est ici un point de fait entièrement du ressort des sens, nous ne prétendons pas donner à notre opinion plus d'autorité qu'elle ne doit en avoir ; cette question ne peut tarder à être examinée par tous les anatomistes, et trouvera autant de juges que d'observateurs ; elle ne peut donc manquer -d'être bientôt définitivement fixée, Il n’est pas si aisé, à beaucoup près, de démontrer deux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 261 ordres de fibres dans le cervelet que dans le cerveau , et c’est par analogie plutôt que par une intuition effective que MM. Gall et Spurzheim les y admettent. Quant à ce qu'ils disent sur les commissures du cerveau et du cervelet, leurs idées n'ont rien de nouveau, ni qui n’ait déjà été avancé par un assez grand nombre d’anatomistes ; nous pouvons même ajouter qu'elles n'ont rien que d'assez probable. Nous trouvons la même probabilité aux commissures que l’article huitième attribue à chaque paire de nerfs. Elles sont presque certaines pour tous les nerfs spinaux qui les trou- vent dans les filets transverses de la moëlle épinière. On peut supposer que la petite bande qui unit les deux faciaux et les deux acoustiques dans les animaux, est cachée dans l'homme parle pont de Varole ; les deux pathétiques se tou- chent sur la valvule de Vieussens ; les deux optiques , comme chacun sait, paroissent presque se confondre au-devant de la tige pituitaire ; d’ailleurs leurs racines doivent s’unir en même temps queles nates ef les testes sur l’aqueduc de Sylvius. Il ne resteroit donc que les abducteurs, les oculo-moteurs et les olfactifs qui n'auroient point de commissures visibles, En« core la commissure antérieure du cerveau s’unit-elle évidem- ment aux olfactifs dans les animaux. Il semble que cette généralité des commissures aide à erpli- quer l'unité d'action des organes doubles. L'article neuvième est un de ceux qui ont été le plus com- battus par les anatomistes d'Allemagne, et qui sont en effet le plus susceptibles de l'être. Iliétablit d’abord la généralité des tubercules de matière grise pour chaque paire de nerfs; en- suite l’analogie de ces tubercules avec ceux qu’on nomme gan- glions ; enfin l’analogie de ces deux sortes d'organes , soit avec la matière corticale du cerveau, soit ayec les expansions muqueuses des organes des sens. Que chaque paire de nerfs tienne originairement à quelque tubercule, ou au moins à quelque portion de matière grise d’une forme quelconque , c’est ce qui peut assez bien se soutenir pour les nerfs spinaux , et en remontant jusqu'au nerf vague , : puisqu'il y a de cette matière dans toute ,la longueur de la. moëlle, quoiqu'il ne soit pas possible de suivre jusques-là les racines des nerfs ; cela est même certain pour le nerf acousti- que, qui sort de la petite bande grise de l'homme, ou du tu- bercule beaucoup plus marqué qui la remplace dans la plupart : 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. L des animaux et pour l'optique qui a au moins deux de ces tubercules ; le matis et le corpus geniculatum externum , et peut-être encore deux autres, le Les/és et le corpus geniculutum internum ; l'olfactif en a au moins un à l'endroit où il repose sur la lame criblée de l'ethmoïde : maïs l’œil n’apperçoit rien de pareil aux autres nerfs cérébraux de l'homme , des mammi- fères et des oiseaux, quoique le trijurmeau ait un tubercule à lui dans les poissons. L'analogie des ganglions spinaux, et de ceux qui sont épars dans le système nerveux de la vie organique , avec les portions de matière grise afledtées aux origines primitives des”diverses païres de nerfs, est tout autrement difiicile à rendre vrai- semblable. : : Sans doute il y a bien long-temps que des anatomistes , entre lesquels il suflit de nommer Winslow , ont regardé les ganglions comme de petits cerveaux , comme des sources d'action ner- veuse, indépendantes du grand encéphale ; d'autres, comme Willis et Vieussens , les ont au moins pris pour des réservoirs des esprits animaux , ou comme Lancisi, pour des organes com- parables à des cœurs et propres à imprimer à ces esprits un mouvement plus rapide. - Scarpa, dans ces derniers temps, n’a voulu y voir , ainsi que Meckel et Zinn avant lui , que des subdivisions, des réunions, et de recompositions de nerfs, enveloppées et affermies par du tissu cellulaire , abreuvé d'un fluide rougeâtre, et quelquefois pénétré de graisse. | : L'existence de cette cellulosité , la graisse qui s'y dépose quel- quefois , ont été reconnues par les plus grands anatomistes de notre temps. Ce sont des caractères très-distinctifs qui ne per- mettent pas de confondre la substance des ganglions avec la matière grise du cerveau. Cependant cette substance a aussi quelque chose de propre qui ne doit pas la laisser confondre avec la cellulosité ordinaire ; mais quelle est l'essence de ses propriétés ? On l’ignore assurément. L'idée que les ganglions épars entre les différentes branches des nerfs sympathiques , ont pour effet de soustraire les filets de nerfs réservés pour la vie organique à l'empire de la vie animale , a dû venir et est venue en effet de bonne heure aux physiologistes ; mais pourquoi les ganglions spinaux, qui res- semblent tant aux autres, n'ont-ils pas cet effet ? C’est encore là ce qu'on ignore ; tout n’est ici que ténèbres ou que nuages. Donner quelque opinion nouvelle , reproduire quelque opinion ET D'HISTOIRE NATURELLE, 265 ancienne, sans avoir plus de preuves pour l'une que pour l'autre , ce n'ést point servir la science. 1l:vaut mieux avouer franche. ment son ignorance:et séparer nettement les choses connues et celles qui ne le sont point. L'esprit humain, dit-on, supporte le doute avec peine, mais c'est précisément pour cela qu’ap- prendre à le supporter doit ètre une des principales études des vrais savans. Les ouvrages de quelques physiologistes modernes nous ont engagés dans cette courte digression. L'’analogie de l’écorce grise du cerveau et. du cervelet avec les tubercules de son intérieur , tels que les corps cannelés , les couches optiques , les nates , etc. est infiniment mieux. établie que celle des ganglions. Tout le monde y reconnoit à peu près identité de substance ; on y admettroit donc aisément identité de fonction. Mais que dire de sa comparaison avec le corps muqueux qui enduit la peau et tous ses prolongemens inté- riéurs ? Il ne peut y avoir ici, quant à la structure , au tissu, en un mot à la nature physique , qu'une ressemblance purement hypothétique. A défaut d'observations intuitives il faudroit donc, pour j#stifier cette comparaison , quelque ressemblance dans les fonctions , dans les usages , dans la manière d’être pen- dant la:vie , et où la trouver ? Nousavouerons aussi que nousne saisissons pas le rapport entre ces amas de matières grises où les faisceaux médullaires se renforcent en les traversant, et les anneaux qui entourent Ha base des nouvelles branches des arbres ; dans un arbre, les branches sortent successivement les unes dés autres, mais dans le système nerveux lout est formé à la fois. Ilest impossible de trouver là autre chose qu'une ressemblance accidentelle. Telle est, Messieurs, le rapport que nous avons cru devoir vous faire: D CN ALLER gta Les observations de MM. Gallet Spurzheim ont toutes été répétées par nous; nous avons même soumis à un nouvel exa- men, une partie de celles qui appartenoiernt à des auteurs plus anciens et qui se lioient aux leurs; enfin noûs avons indi- qué le degré de justesse que nous avons trouvé tant aux an- ciennes: qu'aux nouvelles. Ne Nous croyons doncavoir rempli, autant qu'il étoit en nous, la’ commission dont la: Classe nous'a honôrés! ) : On voit maintenant que nous sommes loin d’adoptet toutes les vues et toutes les observations exposées dans le Mémoire de ces anatomistes , mais que nous sommes loin aussi deles re-' Jeter: toutes. ef à] 3 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il nous paroït en dernier résultat, 1° que MM. Gall et Spurzheim ont le mérite d’avoir non pas découvert, mais rap- pelé à l'attention des physiologistes la‘continuité des fibres qui s'étendent de la moëlle alongée dansles hémisphères et dans le cervelet, que Vieussens a le premier exposée avec détail, et la décussation des filets des pyramides décrite par Mistichelli , par François Petit et par Santorini, mais sur laquelle il étoit resté du doute. 2°. Qu'ils ont les premiers distingué les deux ordres de fibres dont la matière médullaire des hémisphères paroît se composer , et dont les unes divergent en venant des pédon- cules, tandis que les autres convergent en se rendant vers les commissures. 3°. Qu'en réunissant leurs observations avec celles de leurs prédécesseurs , ils ont rendu assez vraisemblable que les nerfs dits cérébraux remontent de la moëlle et ne descendent pas du cerveau ; et qu'en général ils ont fort afloibli, pour ne pas dire renversé, le système qui fait venir originairement tous les nerfs du cerveau. Mais il nous paroit aussi, 1° qu'ils ont généralisé d’une ma- nière un peu hasardée la ressemblance de structure et des fonc- tions des diverses masses grises ou grisâtres qui se rencontrent dans les diflérens endroits du système nerveux. 2°, Que l'idée qu'ils se font d’une solution de continuité dans le milieu de la matière médullaire de chaque circonvolution , laquelle permettroit de déplisser celle-ci comme un tuyau ou comme une bourse, a besoin d'être exprimée dans des termes plus rigoureux qu'ils ne l'ont fait jusqu'ici , et tels qu’on voie bien qu'il n’y a pas de preuve complète d’une solutionabsolue ; mais seulement d'une cohésion plus foible. i 40 . Nous devons remarquer cependant que ces deux articles n'affectent pas leur résultat général , relatif à l'espèce de sépa- ralion et de réserve dans laquelle ils mettent le cerveau , et nous devons en méme temps laisser à juger aux physiologistes et aux pathologistes jusqu’à quel point cette sorte d'écartement ou de mise, à part que l’anatomie semble, indiquer , est justifiée par les faits, et peut favoriser l'explication: des nombreux et étonnans phénomènes de la vie organique et de la vie animale, et surtout de ceux dans lesquels ces deux vies semblent tantôt dépendantes, tantôt isolées l’une de l’autre. Ce seroit nous engager dans des discussions infinies et étrangères ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2695 étrangères à notre commission , que d'entrer dans toules ces questions. Nous ne proposerons pas non plus à la Classe de se pro- noncer sur la conclusion tirée par nos anatomistes, qu'iln'y a point dans l’encéphale d'endroit circonscrit où toutes les sensations se rendent, et d'où partent tous les mouvemens volontaires , mais que l’une et l’autre fonctions peuvent s'exer- cer dans une étendue plus ou moins considérable du système nerveux. Sans doute cette opinion est celle de Haller, de Bonnet, du plus grand nombre des physiologistes : sans doute c’est pour avoir confondu la simplicité métaphysique de l'ame avec la simplicité physique attribuée aux atomes , qu'on a voulu placer le siége de l'ame dans un atome: et la liaison de l'ame et du corps étant , par sa nature, insaisissable pour notre esprit , les bornes plus ou moins étroites que l’on voudroit donner au sensorium, n’aideroient en rien à la concevoir. Mais toutes ces matières sont encore trop étrangères aux at- tributions de la Classe , elles tiennent aux faits sensibles d’une manière trop lâche; elles prêtent à trop de discussions vagues, pour qu’un corps tel que le nôtre doive s'en occuper. Nous nous croyons cependant obligés de terminer notre tra- vail, en faisant observer que , même si l’on adoptoit la plupart des idées de MM. Gall et Spurzheim, l’on seroit loin encore de connoître les rapports, les usages et les connexions de- toutes les parties du cerveau. Tant que l’on n’aura pas mème de soupçon fondé sur les fonctions de la glande pituitaire, de l’infundibulum, des éminences mamillaires , des tractus qui se rendent de ces émi- nences dans l'épaisseur des couches, de la glande pinéale et de ses pédoncules , il faudra craindre qu'un système quelconque sur les fonctions du cerveau ne soit bien incomplet, puisqu'il n’embrassera point ces parties si nombreuses, si considérables et si intimement liées à l'ensemble de ce noble viscère. C'est presque finir avec autant de doute , autant d'incertitude que nous avons commencé ; mais on ne peut exiger sur chaque sujet, que le degré de probabilité qu'il comporte , et le physi- cien remplit toujours assez bien sa tâche quand il n'exagère ni ne diminue cette probabilité, et qu'il en fixe la mesure avec précision. Tome LXVII. OCTOBRE an 1808. LI 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est essentiel de répéter encore, ne fût-ce que pour l'ins- truction du public, que les questions anatomiques dont nous nous sommes occupés dans ce rapport, n'ont point de liaison immédiate et nécessaire avec la doctrine physiologique ensei- gnée par M. Gall, sur les fonctions et sur l'influence du volume relatif des diverses parties du cerveau , et que tout ce que nous avons examiné touchant la structure de l’encéphale , pourroit également être vrai ou faux sans qu'il y eût la moindre chose à en conclure pour ou contre cette doctrine , laquelle ne peat être jugée que par des moyens tout différens. Fait à l’Institut , le 15 avril 1808. RE DELSA TP CEE LM TUATNTUNT EEE en mi SUR L'ANALOGIE DU DIOPSIDE AVEC LE PYROXENE. Par M. HAUY. Parmi les divers minéraux que M. de Bonvoisin a recueillis ‘en parcourant avec un zèle aussi actif qu'éclairé les vallées de Lans , situées dans le département du PÔ, il en est deux sur- tout qu'il considère comme de nouvelles espèces, dans la des- cription intéressante qu’il a publiée de son voyage (1). Il donne à l’une le nom de zussite , et à l’autre, celui d’a/alite. La première offre des groupes de cristaux quadrangulaires, à bases obliques, d’une forme ordinairement peu prononcée. On la trouve aussi en prismes très-comprimés, réunis paral- lèlement à leur axe, et en masses compactes. Les cristaux d'alalite sont remarquables par leur volume, par leur trans- parence et par leur régularité. Ils affectent plusieurs variétés de formes, dont quelques-unes ont jusqu'à quarante faces. L'envoi que M. de Bonvoisin a fait à mon célèbre collègue IE SR (1) Journal de Phys. mai 1806 , pages 409 et suiv. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 267 de Fourcroy, d’une partie de sa collection, m'ayant mis à portée d’observer les deux substances dont il s'agit, je trouvai que l’une et l’autre se divisoient en prismes qui paroissoient rectangulaires , et dont les bases étoient inclinées sur une des arêtes longitudinales, d’une quantité que j'estimois d'environ 107 d: Ces prismes admettoient des soudivisions dans le sens des deux diagonales de leurs bases. La dureté et la pesanteur spécifique étoient aussi à peu près les mêmes de part et d'autre. De plus, en comparant diflérens échantillons de mussite, je voyois ce minéral passer de l'opacité à la demi-transparence , et se rapprocher par degrés de l’alalite , par un aspect qui an- nonçoit une pâte plus homogène, et pour ainsi dire plus fine. Cette conformité de caractères me détermina à réunir les deux substances en une même espèce, à laquelle je donnai le nom de diopside (1). La forme primitive à laquelle j’avois été conduit par les ob- servations dont je viens de parler, étoit très-voisine de celle du pyroxène. La plus grande différence consistoit en ce que dans cette dernière les pans font entre eux un angle de 92 d. d’une part.et de 88 d, de l'autre, au lieu que le prisme du diopside me paroissoit avoir tous ses angles de 90 d. Je re- marquerai à ce sujet que les cristaux de diopside ont commu- nément huit pans, dont quatre , beaucoup plus étroits, sont parallèles à ceux de la forme primitive , et les quatre autres parallèles aux diagonales des bases. Dans l'hypothèse vers la- quelle je penchois , toutes les incidences respectives des pans devoient être de 135 d., au lieu que sur le prisme octogone du pyroxène , elles sont alternativement de 154 et de 136 d., et comme il étoit plus facile de mesurer , sur les cristaux de diosipside, l'angle que faisoit chaque pan avec celui qui lui étoit contigu , que d'opérer sur deux pans étroits , séparés par un intermédiaire , on voit que la différence qu'il s’agissoit d’es- timer se réduisoit à un degré. J’avoue qu’étant préoccupé de l'idée que deux substances qui contrastoient si fortement par leurs caractères extérieurs et par leur manière d'être dans la nature , devoient être distinguées par leur forme, j'adoptai, avec une sorte d'empressement , cette différence que me pa- roissoit indiquer une observation qui auroit eu besoin d’être QG) Voyez la note publiée par le savant M. Tonnellier, Journal des Mines, 1806 , n°115, p. 65 et suiv., et qui renferme le précis des résultats sur lesquels je fondois mon opinion. LI 2 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vérifiée sur des cristaux plus susceptibles de se préter à des mesures précises. J’essayai ensuite d'appliquer les lois de la structure à -un cristal de diopside, qui présentoit plusieurs ordres de facettes différemment inclinées (1); mais ce cristal étant engagé en partie dans sa gangue, on ne pouvoit mesurer les incidences de la plupart de ses faces, que sur une seule des faces adja- centes , et encore cette mesure n'étoit-elle qu'approximative, à cause de la petitesse des faces : ces inconvéniens, joints à d'au- tres dont le détail seroit superflu , dürent nécessairement influer sur la détermination à laquelle je parvins , et dont j'ai reconnu depuis le peu d'exactitude, k Le voyage que M. Jurine fit à Paris, il y a quelques mois, m'offrit l'occasion de revenir sur un travail qui ne pouvoit étre regardé que comme un essai. Ce savant célèbre, qui, au milieu des soins qu'exigentses fonctions et de ses recherches importantes sur la zoologie, trouve encore des momens pour cultiver avec succès l’étude de la minéralogie, me confia des variétés de divèrses substances dont il desiroit avoir la dé- termination, et parmi lesquelles se trouvoient trois cristaux isolés de diopside, dont la plupart des angles pouvoient être mesurés avec toute l'exactitude que comporte ce genre d'opé- ration, Mais avant de parler des nouveaux résultats que m'ont oflerts mes observations sur ces cristaux, il ne sera pas inutile de rappeler ce que j'ai dit ailleurs au sujet des moyens que Jemploie en général pour déterminer les formes des molécules inlégrantes (2). Lorsque les divisions qu'admettent les cristaux d’un minéral sont également nettes dans tous les sens, et que les côtés des divers plans qu’elles mettent à découvert, forment entre eux des angles du même nombre de degrés , comme cela a lieu our la chaux carbonatée , j'en conclus que les faces de mo- écules, dont les positions respectives se trouvent indiquées par ces divisions, sont égales et semblables, c’est-a-dire, que dans le cas présent la molécule est un rhomboïde ; car l'égalité des divisions relativement à leur netteté et à la facilité de les obtenir , prouve que les points de contact sont en nombre égal entre les faces adjacentes des molécules , d’où il suit que (1) Ge cristal est cité sous le nom de diopside didodécaèdre , dans la note publiée par M. Tonnellier , p. 68. (2) Traité de minéralogie, t, IL, p.7 et suiv. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 ces faces elles-mêmes ont des étendues égales, Les dimensions de la molécule sont donc données à priori dans ces sortes de cas. J'ajoute que si l'on supposoit une des dimensions du rhombe plus longue que l’autre, on auroit des lois de décroissement différentes , relativement à des faces placées symétriquement sur les cristaux secondaires , ce qui est contradictoire. Mais il existe des cristaux dans lesquels les conpes données par la division mécanique présentent degfdiversités sensibles , soit par rapport à la figure des plans qu'elles mettent à dé- couvert, soit relativement à leur netteté et à la facilité de les obtenir , ce qui annonce une différence d’étendue entre les faces de la molécule. Or l'observation ne pouvant faire con- noitre , dans ce cas , le rapport entre les dimensions de cette molécule, on parvient à le déterminer, en supposant que les lois de décroissement d'où naissent les cristaux secondaires, soient en général les plus simples possible , et en cherchant la relation qui doit exister entre les côtés du triangle que j'appelle r2ensurateur (1), pour qu'il en résulte des faces in- clinées d'une quantité égale à celle que l'on trouve par l’obser- vation. Si l'on concevoit d’autres lois de décroissement, par exemple , si au lieu d’une rangée soustraite en largeur, on en supposoit deux, on auroit pour la motécule une hauteur qui, à égalité de côté, ne seroit que la moitié de celle qui auroit servi de donnée dans la première hypothèse; mais on par- viendroit toujours à des résultats qui seroient d'accord avec l'observation. Ainsi, tout ce qu'il y a de démontré dans les cas de ce genre, c'est que le rapport entre les dimensions de la molécule , s’il n’est pas celui dont on est parti , est au moins commensurable avec lui, ce qui suflit à la théorie pour at- teindre son but. Je reviens aux cristaux de diopside que m'avoit confiés M. Jurine. Ayant essayé d’en soumettre les formes au calcul, en employant , relativement à la molécule, les mêmes dimen- sions que pour le cristal cité précédemment, je m'apperçus d’abord que j'avois donné beaucoup trop de hauteur à la molécule ; ensorte que pour avoir des lois simples de décrois- sement , il falloit admettre une donnée qui a lieu en général our les formes primitives, qui sont des prismes obliques à ases rhombes. Elle consiste en ce que si de l'extrémité supé- (x) Voyez la notion de ce triangle, Traité de Minéralogie , t. I, p, 289. 270 JOURNAL) DE PHYSIQUE, LE CHIMIE neure O (fig. 1) de l’arête Æ qui aboutit à l'angle inférieur de la base, on mène une ligne droite à l'extrémité inférieure de l'arête opposée, c’est-à-dire de celle qui aboutit en 4, cette ligne est perpendiculaire sur les deux arêtes. En partant de cette donnée, et en conservant tout le reste comme dans ma première détermination, je ramenai les lois de décroissement à leur simplicité ordinaire; mais les valeurs des angles trouvés par le calcul, comparées avec celles que donnoit l'observation , offroient des différences d'un degré , et même quelquefois de deux degrés, et la perfection des cris- taux ne permettoit pas de douter que ces différences ne fussent, réelles. Ayant cherché à les faire disparoître, en modifiant un peu les angles et les dimensions de la molécule, je m'apperçus que je me rapprochois de plus en plus de la forme élémen- taire du pyroxène. Enfin je substituai celle-ci à la première, et je trouvai que les angles calculés s’accordoient parfaitement avec les angles mesurés. Ayant choisi ensuite un des cristaux dont la forme étoit là plus composée, je déterminai son signe représentatif, et je vis que les lois indiquées par ce signe, à l'exception d'une seule, se trouvoient réparties dans différentes variétés de pyroxène. La figure 2 représente le cristal dont il s’agit. Je donne à la variété qui s'y rapporte le nom d'octovigésimale. Son signe est M' H''G'SE E''E P('4'B°G)° 4° A(1). HE 1 o s 12 k LEP > Voici les mesures de ses angles. Incidence de M sur M, 87 d. 42’; de Msurr, 135 d. 51’; de Msur/, 136 d. 9'; de o sur © , 95 d. 28”; de o sur /, 132 d. 16’; de o surr, 118 d. 59’; de o sur M, 145 d. 9’ ; de P surr,106d.6'; dessur P, 160 d. ; des sur /,120 d. ; de # sur w, 131 d. 5"; de wsur/, 114 d. 26’ ; deusurr, 126 d. 36’; de o sur la face z qui lui est adjacente derrière le cristal, 112 d. ; de Æ sur Z, 109 d. 28’ ; de # sur r , 146 d. 19’; de csurr, 106 d. 6’. On voit ( fig. 3 ) une autre variété que j'appelle pyroxène (x) Les faces #, qui sont d’ailleurs les seules que je n’aye point encore observées dans les pyroxènes , étoient un peu bombées sur les cristaux que j’ai eus entre les mains , ensorte que je ne donne ici que par conjec- ture la loi dont elles dépendent. Plusieurs cristaux ont d’autres facettes , dont les unes sont situées entre o et M, et les autres remplacent les angles solides € : mais la petitesse de ces facettes ne m’a pas permis de les déterminer, ET D'HISTOIRE NATURELL£. 2. équivalent , et dont j'ai un cristal dans ma collection. Son signe est A7 *H° 'H'G* P. Les faces f, f, particulières à HN PC M P cette variété , et qui la distinguent du pyroxène périoctaèdre ( fig. 4), sont inclinées sur M de 162 d. 59”, et sur r de 160 d. 52’. Je joins aux figures précédentes celle du pyroxène octo- duodécimal ( fig. 5, et celle d’une nouvelle variété que j'ap- pelle pyroxæène trioctonal ( figure 6), dans laquelle les faces z résultent de la loi Æ*, et les faces 7 de la loi 4. Elle m'a été envoyée par M. Bruce, qui professe avec distinction la minéra- logie à New-Yorck. Le cristal de diopside représenté (fig. 2), comparé avec les cristaux de pyroxène ( fig. 5et6), offre un exemple remar- quable de ces jeux de cristallisation, qui ont lieu à l’égard des différens individus d’une même variété, lorsque certaines faces sont plus ou moins éloignées du centre dans les uns que dans les autres. La diversité qui en résulte dans les étendues de ces faces et dans le nombre de leurs côtés, fait varier l’aspect et pour ainsi dire la physionomie des cristaux, au point que cen'est qu’en y regardant de près qu'on y reconnoit le méme type. Il a fallu que les lois de la structure vinssent ici m'avertir de chercher une analogie de forme, si peu apparente en elle- même , et à laquelle j’étois d’ailleurs si éloigné de m'attendre. La division mécanique du diopside avoit d’abord paru offrir, avec celle du pyroxène , une différence que de nouvelles obser- vations ont fait également disparoiître. Je n’avois indiqué , dans mon Traité de Minéralogie, qu'une seule soudivision du prisme que représente la molécule, savoir celle qui a lieu dans le sens de la grande diagonale de la base ; mais j'ai reconnu récemment, dans des cristaux du Vésuve et d'A rendal, la seconde soudivision parallèle à la petite diagonale, que l’on observe de même dans les cristaux de diopside. Il y a aussi des diversités dans la netteté des coupes parallèles aux bases, et dans la facilité de les obtenir. Les joints qu'elles indiquent sont beaucoup plus sensibles dans la mussite que dans l'alalite, et dans certains py- roxènes d’Arendal, que dans ceux du Vésuve. Mais on ren- contre partout des exemples de ces diversités, qui paroissent être dues à des causes accidentelles , dont l'effet est de rendre le tissu tantôt plus lâche, et tantôt plus serré. Je puis dire que je n’ai rien négligé pour m'assurer de l’iden- tité des formes cristallines relatives aux deux substances. Jai 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fait part de mes résultats à M: Weiss , qui a bien. voulu me permettre de profiter , pour leur vérification, de ses connois- sances très-étendues en cristallographie, et de sa grande habi- leté à mesurer les angles des cristaux. Il s’est procuré (1) des échantillons qui ne le cédoïent pas à ceux de M. Juriñe , pour la perfection des formes. Après avoir pris *n particulier les incidences respectives de leurs faces, il venoit me les commu- niquer, et toujours elles s’accotdoient , de la manière la plus satisfaisante , avec :celles que m'avoit données le: calcul. Les caractères physiques viennent à l'appui du rapproche- ment déjà indiqué par la cristallographie. La dureté est à peu près la même de part et d'autre; seulement le diopside raye ‘un peu plus foiblement le verre que certains pyroxènes. A l’égard de la pesanteur ‘spécifique , j'avois adopté, pour le pyroxène, celle qua trouvée M. Brisson, et qui etoit de 3,2265. Mais ayant pesé récemment un gros cristal de pyroxène du Vésuve, dont le poids absolu est de 22 grammes 44 cen- tigrammes (environ 422 grains), j'ai obtenu pour résultat 3,5578. D'une autre part, j'avois trouvé 3,2374 pour la pesan- teur spécifique de la mussite, et 3,31 pour celle de l’alalite. Outre que la différence n’est pas plus grande que celle qu’on observe communément entre des individus qui appartiennent évidemment à une même espèce, les pesanteurs spécifiques de la mussite et de l’alalite ont cela de remarquable, qu'elles sont comprises entre les limites de celles du pyroxène;et ainsi, le caractère tiré de cette propriété n'offre rien que de favorable à la réunion des deux substances en une seule espèce. Si quelque chose pouvoit paroître balancer des indications d'un aussi grand poids, ce seroit la différence qui existe entre les situations géologiques des deux substances dans la nature ; ce seroit encore la diversité qu'offrent ces substances , relati- vement à leur tissu , à leur transparence et à tout ce qui com- pose le /acies. On sait, à la vérité , que les caractères qui se déduisent de ces qualités sont très-variables dans les miné- raux; mais leur variation est portée ici à un si haut degré, elle fait ressortir, par des traits si fortement prononcés , les corps qu'elle affecte, que l'esprit a besoin d’être aidé par des con- sidérations accessoires , pour se familiariser avec une réunion contre laquelle tout ce qui parle aux yeux semble d’abord (x) De J.-C. Delamétherie. ( Note du Rédacteur. ) réclamer, ET D'HISTOIRE NATURELLI:s 273 réclamer. Or, sans chercher des exemples analogues dans des espèces étrangères , telles que la tourmaline, l’émeraude , l’épi- dote , etc. , nous en trouvons un dans l'espèce même du py- roxène , en la bornant à l'étendue qu’on lui a donnée jusqu'ici. Les premiers cristaux de ce minéral qui aient été connus , sont ceux que l’on trouve dans les basaltes et dans des laves plus ou moins altérées. On en a découvert, depuis quelques années, une grande quantité dans les mines de fer de la Norwège près d'Arendal, où le terrein, loin d'offrir aucun indice de l’action du feu, porte tous les caractères d'un terrein primitif, comme celui qui a donné naissance au diopside. J'ai de ces cristaux qui sont engagés dans le feldspath; ainsi voilà des pyroxènes re- connus par tous les naturalistes, qui ont des manières d'être très-différentes dans la nature. A l'égard des caractères qu'on appelle extérieurs, on trouve au Vésuve de petits pyroxènes transparens, d'une couleur verte , quiest seulement plus intense que dans le diopside. Plusieurs des cristaux que l’on tire du même endroit, ont le tissu très-vitreux et très éclatant; d'au- tres l’ont simplement lamelleux , mais avec une apparence bien différente de celle qu’offrent certains pyroxènes d'Arendal, qui , étant brisés , paroïissent composés de lames de mica brun ; on peut dire que, sous ces rapports, le pyroxène diffère quel- quefois plus sensiblement de lui-même que du diopside. Mais il y a mieux , et les extensions qu'a recues, depuis en- viron deux ans, l'espèce du pyroxène, peuvent servir à mieux motiver celle que je propose de lui donner encore. J'ai réuni à cette espèce , sous le nom de pyroxène granuleux , la cocco- lithe des Danois, que j'avois laissée parmi les substances dont la classification étoit douteuse , à l'époque où mon Traité a paru. Cette réunion a été consignée , par M. Lucas fils, dans l'inté- ressant ouvrage qu'il a publié sous le titre de Tableau métho- dique des espèces minérales , ete. (1), et elle est maintenant adoptée par une grande partie des minéralogistes. J'ai de plus annoncé dans mes derniers cours, comme extrêmement pro- bable , la réunion de la malacolithe ou sahlite avec le pyroxène. Or, à ne considérer que le tissu et les autres caractères qui s'offrent à nos sens, on voit la coccolithe passer d’un côté au pyroxène , et de l'autre , à la sahlite ; et j’ai des échantillons de cette dernière substance , qui se rapprochent beaucoup du (1) Page 272. Tome LXVII. OCTOBRE an 1808, M m 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE diopside, surtout à la variété que M. de Bonvoisin a nommée mussite. Ainsi, les deux minéraux dont je viens de parler ser- vent à lier, par une série de nuances intermédiaires , deux ex- trèmes, savoir , l'ancien pyroxène et le diopside , qui, placés en regard, semblent être étrangers l’un à l’autre. Lorsqu'on les compare immédiatement , on est surpris qu’ils puissent appar- tenir à une même espèce ; et l’on auroit sujet de l'être qu’ilen fût autrement , lorsqu'on a sous les yeux l’ensemble dont ils font partie. Je n’ajouterai plus qu'une réflexion. On sait qu'il y a des substances très-distinguées par leur nature, dont les molécules intégrantes ont la même forme; mais ordinairement cette forme est une de celles qui, ayant un caractère particulier de régu- larité , peuvent étre regardées cômme des Maires : tels sont le cube et le tétraèdre régulier ; et en supposant que la molécule, commune à deux substances , ne soit pas une limite (1), il y anra , dans les caractères physiques, des différences qu'il suffira d'associer à celui qui se tire de la Forme , pour que les espèces auxquelles appartiennent ces substances soient déterminées sans équivoque. Au contraire , dans le diopside et le pyroxène, les propriétés physiques tendent à confirmer le rapprochement indiqué par l'unité de molécule et par la ressemblance des formes secondaires. Si la chimie parvient à démontrer une différence essentielle entre les principes composans de ces deux substances , il en résultera une exception d'autant plus singu- lière , à la méthode de classification que j'ai adoptée , qu'il sera impossible de les distinguer nettement par aucun des caractères qui tiennent de plus près à la nature intime des corps. (x) Rien n’annonce l'impossibilité de ce dernier cas. La seule chose que je croye bien prouvée, c’est qu’une même substance ne peut avoir des mo— lécitles intégrantes de deux formes. La soude boratée paroît offrir, rela- tivement au cas dont je viens de parler , un exemple que je me permettrai d’autant moins de passer ici sous silence , que c’est avec le pyroxène lui même que cette substance saline a de l’analogie par sa cristallisation ; mais sa solubilité et sa saveur suffiroient seules pour empêcher de la con- fondre avec lui. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 RE ANALYSE DU DIOPSIDE, Pan A. LAUGIER. EXTRAIT (1). Le docteur Bonvoisin a donné dans ce Journal ( tome 62 page 409) la description de deux nouvelles substances miné- rales , la mussite et l'alalire qu'il avoit trouvées dans la vallée. Haüy a cru que ces deux substances ne faisoient qu'une seule espèce minérale , à laquelle il a donné le nom du diopside. De nouvelles recherches cristallographiques lui ont fait conclure que la mussite et l'alalite devoient ne faire qu'une seule espèce avec la coccolithe, et le pyroxène ou augite. C'est pour vérifier ce soupçon que Laugier a analysé la mussite. « La variété, dit-il, du diopside , que j'examine , est formée de prismes réunis en faisceaux. Sa couleur est grise , un peu verdâtre; sa dureté est'assez considérable : sa pesanteur est, suivant M. Haïüy, de 3274. La poussière de ses cristaux est blanche : elle est mélée de carbonate de chaux. Il en a séparé cette chaux, et a traité cette substance par la potasse caus- tique. Cent parties de mussite ainsi dépouillées de chaux, ont été dissoutes par trois cents parties de potasse caustique. Cette dis- solution traitée par les procédés ordinaires, a donné: SIC ete SV 7) Ghaux ea renee ee Lo Re) Mapnesié Ji RER 1 EST °20 Oxide deferet de manganèse 6 o Pertes. Tee AIR 70 (1) Annales du Musée, cahier 63. M m 2 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il compare ensuite celte analyse avec celle de la coccolithe, et celle du pyroxène ou augite de l’Ethna , faites par Vauquelin. Vauquelin a retiré de la coccolithe d’Arandal, Silice: mn. LEE L'ART 1060 Cha ANNEES Re EEE 24 Magnésie ........ RER ES GE Le) Fer oxidé et maganèse ..... 10 AlumimerrMAennMERCreE MES Pertes encre de een ie PAU O Le même chimiste Vauquelin a retiré du pyroxène de l'Ethna, Siliceseres 2 RAM HIDE) Chaux NTM ER eee UNI Magnésie er seen | 10 Fer oxidé et manganèse.... 17 Alumine...... RAR CRETE re sd 3 PORTES ARE LM ee Etre 5 En ajoutant, dit Laugier , à cette conformité de composition indiquée par l'analyse chimique , une considération importante, celle de ressemblance parfaite reconnue entre la forme des cristaux du diopside et du pyroxène , il semble qu’il ne peut rester de doutes sur l'identité déjà établie par M. Haüy entre ces deux pierres , et sur la nécessité de les réunir en une seule espèce. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 277 DU DUSODILE, NOUVELLE ESPÈCE MINERALF; Pir M. 1. CORDIER. LA nouvelle substance bitumineuse que je vais faire connoitre, a été trouvée en Sicile par Dolomieu. Les échantillons recueillis par ce célèbre minéralogiste, arrivèrent à Paris il y a environ dix ans ; j'en fis alors la description sous ses yeux , mais dif- férentes circonstances nous empéchèrent de la publier. Je la donne aujourd’hui, en suivant la formule descriptive de M. Haüy. Le dusodile est à l’état compacte , et se présente sous forme des masses irrégulières qui se délitent avec la plus grande facilité en feuillets extrémement minces. Voici ses caractères. Caractère essentiel. Brülant avec une odeur bitumineuse #irèmement forte et fétide; résidu terreux considérable. Caractères physiques. Pesanteur spécifique, 1,146. Dureté : facile à couper et à réduire en feuillets extrèmement minces et très-cassans. Elasticité : les feuillets sont un peu flexibles. Couleur : le gris-verdâtre. Transparence, nulle : les feuillets minces deviennent translu- cides par la macération dans l’eau. Odeur : argileuse par le souffle. Caractères chimiques. Foiblement combustible avec une flamme claire et une odeur bitumineuse insupportable, quires- semble assez à celle que le frottement dégage des pierres cal- caires les plus fétides. Cette odeur est si forte, qu'on n’en est très-sensiblement affecté que quelques instans après la com- bustion , c'est-à-dire, lorsque la fumée est tout-à-fait délayée dans l'air. Il suflit de brûler un très-petit fragment pour em- poisonner un appartement pendant plus d'une heure. 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La combustion laisse un résidu terreux considérable , et qui forme (en poids) plus du tiers de la masse employée. Macéré dans l'eau , ses feuillets se séparent d'eux-mêmes et deviennent non-seulement translucides, mais encore parfaite- ment flexibles. < Caractères distinctifs. Entre le dusodile et la houille, celle- ciest toujours de Couleur noïre ; sa consistance, qui est beau- coup plus considérable que celle du premier , n'éprouve aucun changement par l'action de l'eau. Entre le dusodile et le bitume solide ou glutineux, ce dernier , chauffé légérement ou frotié entre les doigts, contracte une odeur assez semblable à celle de la poix ; 1l brüle d’ailleurs sans presque laisser de résidu terreux , et en donnant une odeur qui n'a aucun rapport avec celle du premier. Entre le dusodile et le bitume élastique or- dinaïre, celui-ci a naturellement une odeur bitumineuse très- sensible et jouit d'une élasticité parfaite. L’autre.est en feuillets très-cassans , et n'offre que l'odeur argileuse par le souffle, Le second, d'ailleurs , brûle presque sans résidu et avec une odeur qui n'est ni forte ni désagréable. Entre le dusodile et le bitume élastique endurci , les caractères tirés de la combustion sont les mêmes que ci-dessus ; les fragmens du second ne présentent aucune apparence de flexibilité, et la macération dans l’eau n’altère en aucune manière leur consistance. VARIÉTÉS. Tissu. Dusodile compacte et feuilleté tout-à-la-fois. Couleurs. Dusodile gris-verdätre. Dusodile gris-jaunâtre. ÆAnnotations. Ge minéral se trouve à Mélilli, près de Syra- cuse en Sicile. Il forme une couche peu épaisse qui s’étend entre des bancs de pierre calcaire secondaire, Il paroït qu'on a essayé d'exploiter cette couche, mais que les tentatives n'ont pas eu de suites. Ce qu'il ya de certain, c'est que le combustible fossile qu'elle renferme est connu ET D'HISTOIRE NATURELLE, 279 depuis long-temps dans le 5ays. Les habitans le désignent in- différemment , soit par le nom de terre foliée bitumineuse de Mélilli, soit par une dénomination qui correspond littéralement à celle de scercus diaboli. Ces dénominations étant aussi impropres l’une que l’autre, il m'a paru nécessaire d'en créer une plus convenable à la no- menclature minéralogique, Le nom de dusodile, qui d’après sa racine grecque signifie fétide, a été naturellement suggéré par une des propriétés les plus remarquables de la nouvelle espèce de bitume, celle de répandre une odeur détestable par la combustion. MÉMOIRE SUR la température extrême et moyenne de la France, résultante des observations faites dans 116 villes : rangées par ordre de latitudes. Par M. COTTE, Correspondant de l'Institut. de ‘France , etc. 1 L'érupe de la Météorologie a deux objets principaux, celui de faire connoître la température des diflérens climats, et celui de parvenir à une théorie qui explique les variations qu’on re- marque dans l’état de l'atmosphère. Chacun de ces objets exige un grand nombre d’observations pour servir de données à la solution de l’un et l'autre problèmes. Ce quirend ces données incertaines , c'est la difficulté d'obtenir de bonnes observations. Elles ne peuvent étre telles qu'autant qu’on emploie de bons instrumens , et qu'on apporte beaucoup d’assiduité et de persé- vérance pour les observer. Je suppose ces deux conditions rem- plies , il faut , pour parvenir à la solution du premier problème, posséder un grand nombre d'observations faites en différens climats et les comparer ensemble : établir pour cela une cor- respondance fort étendue, pareille à celle qu’avoit formée la Société Météorologique de Manheim en 1780, la Société Royale 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de Médecine de Paris, et celle de la Haye en 1775. Toutes ces correspondances sont maintenant interrompues. On parviendra plus aisément à la solution de ce premier pro- blème qu’à celle du second relatif à la théorie ; celle-ci sera bien plus dificile à obtenir. En effet il ne suflit pas de réunir un grand nombre d'observations , il faut savoir les combiner, en considérer les résultats sous différens points de vue : tant de causes concourent à occasionner des variations dans l'at- mosphère ! L'influence générale de la lune est une de celles qui a fixé principalement l'attention des météorologistes : je crois cette influence réelle , mais il y a encore bien des recherches à faire, bien des phénomènes à connoitre , avant qu'on puisse parvenir à déterminer cette influence , au point de prévoir les change- mens de température auxquels on doit s'attendre. Les efforts qu'on a faits jusqu'à présent ont été infructueux : les tempéra- tures probables annoncées sont le plus souvent en contradiction avec les températures réelles, preuve du peu de solidité des principes qu’ona établis et quiont servi de bases aux prédictions. Ne nous pressons donc pas de créer des théories ; multiplions les observations , accumulons les faits, car /a physique est une science de faits ; travaillons plutôt pour les siècles à venir que pour le nôtre. La somme des faits et des observations que nous possédons est encore insuffisante pour fonder une bonne théorie : espérons que nos efforts seront un jour couronnés du succès, mais ne nous flattons pas d’en être les témoins. Je reviens au premier problème bien plus facile à résoudre que le second , je veux parler de la température des différens climats dont la connoissance est fondée sur la comparaison et les résultats des observations qui y ont été faites. Possesseur d’un grand nombre d'observations que m’a procurées depuis plus de quarante ans une correspondance très-étendue , je me suis prin- cipalement occupé de cette comparaison. J'en ai publié les ré- sultats, soit dans mon 7Jraité et mes deux volumes de Mé- moires sur la Météorologie , soit dans la Connoïssance des Temps, soit dans le Journal de Physique! En 1591 (1) j'ai fait con- noître /es vents dominans , les quantités moyennes de pluie, et le nombre moyen des jours de pluie et de neïge sous les (1) Journal de Physique , année 1791, Tom. XXXVI, pag. 263. différentes ET D'HISTOIRE NATURELLS. 281 différentes latitudes où l'on à observé. Cette année (1808) j'ai donné (1) l'élévation moyenne du baromètre qui résulte des observations faites dans 178 villes de France, avec le nombré des années d'observations. Aujourd’hui je publie les résultats moyens des observations faites dans 116 villes de la France sur la température extréme et moyenne de cet Empire. Je pourrois donner de pareils résultats pour un grand nombre de lieuxétrangers à la France ; je me borne actuellement à ceux qui sont relatifs à mon pays. … On remarquera dans la Table suivante, que la position plus ou moins élevée des lieux influe singulièrement sur la tempé- rature , elle ne suit plus alors l’ordre des latitudes. Pour avoir une idée de l'élévation de ces diflérens lieux, on pourra jeter les yeux sur la Table des élévations moyennes du baromètre que j'ai citée plus haut. Dans la colonne du minimum du thermomètre , la barre — avant le chiffre , indique les degrés au-dessous du terme de la glace fondante ; + marque les degrés au-dessus de ce terme. (1) Zbid. ann. 1808 , tom. LXVI , pag. 127. À . Voyez aussi les volumes de la Connoissance des Temps depuis 1772 jusqu’en 1783. - Tome LXT'II. OCTOBRE an 1808. Nn 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOMS THERMOMÈTRE des DEPARTEMENS. |LATIT. | mm 1 VILLES. à max.| min. |med : ° ! “Ideg.| deg. (des. Mont-Louis.......... Pyrénées-Orientales.…. .|42.30.49/20,5| —10,0| 5,2 Perpignan: /:::4J:00N: VOIS AS EE LÉRR ARR EE 42.41.55|26,0|— 1,1/12,3 Tarascon. 2e MAN Arrièse er ANA 42.50.58|26,0|— 3,2/12,4 Tonlonhi sm Nat as Ni an Tan 43. 7.16/26,0|— 0,6113,4 Oléron se) PER LEnnE Basses-Pyrénées. ..... 43.11. 1/24,5|— 5,9l11,5 MIEUX ANR MR RARE Haute-Garonne...... 43.15. 23,26,4 — 4,6/11,1 MBTSEUE ANT AEER Bouches-du-Rhône .. .[43.17.49 24,5|— 1,0l11,8 Arde MINIER EE ÉTAT EE ARR 43.18.45|25,0[— 3,ol11,0 AA ELLE C'EST Bouches-du-Rhône . . .|43.51.48/26,7|— 6,0l11,0 HonlonsER res ASE Haute-Garonne ...... 43.55.46/26,7|— 5,5l11,2 Montpellier: Rene Hérault eee 43.56.29|28 ,1l— 3,712,2 SALON EEE Ne RME Bouches-du-Rhône...|43.38.40|26 ,0|— 0,513, 1 Arles... h;rsnrisss sr MO ES SEM EE 43.40.28|26,5|— 2,0l11,9 INÉGE Sen er nn PAU Alpes-Maritimes . . ... 43.41.47/25,0|[+ 1,0/13,7 Dax: ren re AA Landes Panel 43-42.19|25,7|— 2,0/10,8 Saint-Séver.......... TS ER A ,....[43.45.20/26,0|— 6,0] 9,6 Castel-Sarrasin. ....... Haute-Garonne...... 43.50. ol25,2|— 5,0l11,2 Manosque: :tt Bouches-du-Rhône. ..|45.50.10|27,9|— 2,7|11,5 Cayalon it INR TETE NUS 43.50.16|24,0|— 4,4] 9,4 INIS MES I TANT Gard er ANT ES 45.50.17|27,6|— 4,0/12,6 Nabres ste EM AVEVTON Le MARe 43.56.27|27,0|— 5,0/12,0 Montauban. ......... Lot RSA à 44. 0.50|24,6|— 3,9/10,8 LÉO DEEE APP Garros tn Le ji 44. 7.22/26,7|— 1,2 12,3 Gaussade Lrreraaneses Lot MAIRES 44.10.36|27,2|— 5,1/10,6 RAOAESAE AE RPTENT EN AIT PS AVEYTON et ce 44.20 59|28,6|— 5,2| 8,1 St.-Paultrois-Châteaux.|Drôme ............. 44.01. 8|24,2l— 3,3:10,6 Tôonneins 2132 Lot-et-Garonne. ..... 44.25. 0|27,5|— 5,0 12 Maviersencertsen HAAENE AAC he ANNE TRS REA 44.28.5726, 1|— 6,0l19,5 Mendes tipo Lozère Lt 44.31. 2/20 ,q— 5,2] 8,1 Saint-Jean-de-Breuil. . Aveyron. ..….... .....144.36. 0|25,b|— 2,5/10,0 Mont-Dauphin ....... Hautes-Alpes ..,..... 44.40.80|25,4|— 6,6 EE 1 Mur-de-Barez..,...... AYEYTONE ER SI 44.48. 0ol20,0|[— 7,0| 8,0 Saint-Saturnin ........ Basses-Alpes......... 44.50. 0|25,3|— 7 9,2 Bordeaux tes Gir Onde EEE RTE 44.50.14/26,9— 5,5/r0,9 EVE ON Tee Do Haute-Loire. Len 44.52. ol21,1|[— 8,4 8,2 DURE PR A NE Piémont nat 45. 4.14/28,1|— 7,1/12,0 Grande-Chartreuse....[Isère ............... 45.11. où7,4]— 9,7| 4,5 Grenoble Re TEE PAPA 45.11.42/26,0— 7,0] 9,2 BhamPon een Creuse: 20 ne 5.80. o|26,0[—10,0| 8,0 Nienne set Elie Isère eee TE ER 45.31.55/6,2/— 4,6|/10,8 = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 283 NOMS THERMOMÈTRI | des DÉPARTEMENS. |LATIT. | 12 NÉ LALTELS. max.l min. [med ° * ‘Ideg.| deg. |deg. ERONMLR EI TAN TEE Rhône etes nsTs 45.45.52l25,8|— 5,9l10,0 ÉCRIN TR eee 45.45.54125,5|— 9,2| 8,9 Clermont..........., Puy-de- Abbé 20 45.46.44 25,0 — 8,0 8,7 ATPENTAC a se fn Haute-Vienne........ 45.55. 0|26,0[— 5,0| 9,° Villefranche.,........ Rhône TEE 45.59.44126,5|— 7,2] 9,0 OO ENT. Tee Charente-Inférieure.. .|46. 2.50|26,9|— 2,9/10,7 La Rochelle......... TT NAS rentes 46. 9.40126,0|— 4,7 9,5 Geneve rene Lémans TRE NE 46.12. ol25,4 —10,2| 8,1 Ginthods Maine TARA INAERETE 46.12. 2/24,2|— 6,8l/10,9 Saint-Jean-d'Angely . . .|[Charente-Inférieure.… . 46.12.20/26,9|— 6,3| 9,9 NIORT Deux-Sèvres ........ 46-19-2401 ,0— 5,5! 9,7 Mont-Luçon ......... AMRTELS PS RME 46.25. o 24 ol — 8,0| 7,5 ENGOnCNEL ELEMENT" Mendes MEET 46.27.15 24 4 5,8l10,1 Fontenay-le-Comte.… SÉRIE PE 46.28. 2/24,5|— 6,0| 9,1 Saint-Maurice-le- Ga JR re ia 46.30. © DB 4 — 7,7| 8,7 ourause titine Saône-et-Loire ,..... 46.34.10/24,6|[— 7,1] 9,0 Poitiers si ARTE tSE Vienne: LAS TR 46.34.50/25,5|— 6,0| 9,3 KO LEE TAMIRN ES TRE RS PIAINERI ER Ie ere 46.36.12/25,2|— 8,0| 9,5 Nos ee A al LCR ERA ANEE Es 46.44. c26,8|— 8,7| 7,4 Lons-le-Saulnier...,.. TANT EMTNRITE RES 46.54. 0|23,8|— 8,4| 9,2 Bourbonne-les-Bains . . .| Haute-Marne. ....... 46.57.20 4, o|— 7,4] 9,0 Beaguers scie GôtE LORIE 47. 2.30/26,0|— g,o| 9,0 Pontarlier. . 2.5 110: Doubss-2. 225 tu 47. 5.22 33, 8|—10,2| 6,6 Grand-Courbes-des-Bois.Jura................ 47. 8.36]... 8 7Ie CE GhMOR EEE NIUE Indre-et-Loire....... 47.11.1825,4— 6,0| 9,5 Nantes sich LEE Loire-Inférieure ..... 47.13. 6[25,7l— 2,4| 9,2 [Besançon ............ Doubs EURE 47.14.19/24,0[— 6,6! 8,5 FIQrmE:: SL ET ARR ENS Nievre MES ACERE ie 47.17. ©|24,0|— 8,7| 7,4 DHon Present Côte-d'Or eee 7-19-25 25,4|— 7,4| 8,6 Vies Essarts. 1 20 Vendée. #9. 47.20.50 25,5 — 5,6! 9,0 Nenchatel 22 in Principauté.......... 47.25. 0l23,2|— 7,0| 8,4 OT AOC AO à à Haute-Saône ........ 47:26:57123,3|— 8,2| 8,2 Manettes ee Pare Morbihan Mine 47.39.26122,1|— 6,1| 8,8 PAEXETO RS de die onde tenant 47.47.57125,7|— 8,9| 9,2 Mulhaussen ...,...... Haut-Rhin.......... 47.49-15|27,0|— 9,5| 8,9 SES Eee NE Côte L'OPLEMLN EE 47.50. 0l°6,3|—10,7| 8,9 Lanpressfits ss os... 1 Haute-Marne... ..... 47.51.59l26,5|— 7,6| 8,2 Orléans sine se Loire. 2RNPRNENA LS 47.54.10/25,2|— 6,0| 8,2 Montarpis.: 42.71... LOIRET EEE CIN 48. o. 0l25,2|— 6,6! 8,4 (COTE TEAM ERRONÉE Loire FRERE fés-10. 0|25,7|— 9,0| 9,9 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOMS des DÉPARTEMENS IPLATIT MATÉDRTE Se max. \ PRNEICIEr t|Denoinvillers......... Loiret aie iiire 8.12. 025,0 lBruyères..........4. MOSBES nn eue 48.13. 6|27,5 LIMorlaix nement Finistere te ner 48.14. 021,7 HAroyeste.CAAERENS AMEN ee RU Pelal are 48.18: 5l26,0 HIMrCOUrÉ: ces MORE Re en 48.18.17|22,0 iMayenne ..:......... Mayenne... 48.18.8025 ,7 AAC ASE RM Aer Haute-Marne...... 48.20. 6[23,5 [ISaint-Diez. :..: 1... Moses it ser 48.25.8023, 4 HGharimess MAMIE SUR Eure-et-Loire...... 48.26 .54125",0 Saint-Brieux.......... Côtes-du-Nord ....[48.31.21/20,8 POntarsone chenrsale Manches red: en 48.35.30|25,0 Saint-Malo. :,......... Ille-et-Vilaine..... 48.39.10/25,5 Avranches - 1:20 1. MD CRe re 48.41 .91/99,0 DNA GER EME Meprthes Abe 48.41.55|24,3 Obernheim. .........: Bas-Rhin..........[48.42. 623,0 CPAS RSR ER MOT Ones sent 48.46. 022,2 Versailles... 2,12 2414 Seine-et-Oise, ..... 48.48 .31[24,0 Haguenau......,...... Bas-Rhin ......... 48.48.2826 ,3 PARIS RS ne LEE et SEINE Sa NS later 48.50.14125,5 LÉ P à LT RM ARE ER TRE Galvados 2700 48.50 .96|[23,8 ICHAlONS si RTL IMAGE RS Re 48.57.90l95,6 Montmorenci......... Seme-et-Oise ..... 48.59.12/24,7 Frépillon, près Pontoise} Jd............. 49. o. 0/25,0 GA NE ANNEE Te EE Moselle er re 49. 7.10/26,4 SamO there Manche....... «.../49.10. 2/20, Soissons ...,......... HANSR ES AN eee RUE 49.22.52|25,0 ROUEN NEA PARA TE Seine-Inférieure. .. .|49.26.27|23,8 RÉTREL ANR. 42: -nlATdennes + nie 49.30.40/29,3 Laon dl Rate ATENTE Ta etes LU 4 49.35.54/00,2 Montdidier........... SOMME - 4 à ne ta 49.38. 5124,9 Cambray "1..." NO Rene 5o.10.37|25, ANTÉTDOP ANUS HEC AL Pastde-Calais . ..... 50.17.37|25,8 DAME pee RU ENS Nord net". 0003819 1|291 NRruxelles UE Ur ve Dylé er rertes 5o.5o.59|21,8 S ADÉCS At Se eu ufelc ie ln D Le ARS CPAM EE 5o.51. 623,2 NOR PE 51. 2.10/20,6 Résult. génér. de 42° 80’ 49” à 51° 2° 10" de latitude. 24,48 min, [en ] IN. D Go GAIN. D a 01 06 tb: DIN 0 OÙ UD 09 DIN NI 93 VOS ur D où SO DES UC GG US EU EL US à v v KRroobe 2e GONE GONG b NN b b où Go mob» L FER 6,94 è [med. se Be ter vos a -Cu 0Q D OI SOIR CFO © OO + 1 O Or D OND D O1 © SO NI & O © 7 NV VE D UD 1 ii Vi 1. À 00.00 OC*D : 00 CS 00.) CO0 CO CO © QI.,000 I] Co CO O0 20 m Coy mp. D. n. © à à à à VV SR ue I l ŒET D'HISDOIRE NATURELLES 285 . BP R APBORT SUR LE TREMBLEMENT DE TERRE QUI a commencé le 2 avril 1808 , dans les vallées de Péis, de Clusson, de P6, etc. ; Fait à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l’Académie Impériale de Turin, dans sa Séance du 2 rai 1808 , Par A. M. VASSALLILEANDL 120f 1} , ; 119 54 1 ï CuarGé par M, le Préfet de parcourir , avec MM. Carena et «Borson!, les-communes.de l'arrondissement de Pipnerol , où les secousses) de:tremblement deterre se sont fait.sentir avec plus de violence ; afin de faire des observations physiques sur les causes et les effets de ce phénomène , et de recueillir des ren- seignemens propres à fixer l'opinion du Gouvernement sur l'é- tendue des malheurs que.les habitans ont éprouvyés, j'ai l’hon- neur de vous présenter le résumé des faits principaux que nous avons observés , ainsi que des conséquences que j'ai cru pouvoir en déduire. Pour mettre plus de clarté dans le rapport, et pour éviter les répétitions , je diviserai mon travail en cinq paragraphes. 1. Dela frayeur causée par le tremblement de terre et des méprises auxquelles elle a donné lieu. AL 2. Des'effets constatés par l’ébservation. 5. Des observations physiques et des expériences faites dans notre course. HD 311014 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4. Considérations sur les tremblemens de terre , et surla nature du sol des communes qui en ont le plus souffert. 5. Conjectures sur la cause de ces phénomènes. S I. De la frayeur causée par le tremblement de terre, et des méprises auxquelles elle a donné lieu. La secousse que nous avons ressentie le 2 avril dernier , à cinq heures 43 minutes ( à la pendule de l’Académie), s’est aussi fait sentir dans les vallées de Pélis et de Cluson ; elle y a félé grand nombre de murailles, et fait écrouler quelques maisons et plusieurs voûtes ; ce qui a répandu la plus grande frayeur parmi les habitans. Cette frayeur a été en même temps utile et nuisible : utile, en ce qu’elle a empéché de rentrer dans les maisons déjà ébran- lées par cette première secousse , et que par là personne n’a eu le malheur de périr sous les ruines causées par la secousse qui a eu lieu à 9 heures et un quart du même jour: nuisible, en ce qu'elle a porté beaucoup de monde à bivouaquer sans néces- sité, et qu’elle a Ôté l'espoir de sauver les maisons par l'étaye- ment, quoiqu'un grand nombre eût pu l'être avec le plus grand avantage. De plus : la craintea peint les maux bien plus grands qu'ils wétoient, et la relation qu’on faisoit des désastres , colorée par la frayeur, a augmenté encore les malheurs, et a donné lieu à mille exagérations. D'abord ceux qui avoient quelques idées des volcans et des horribles effets des tremblemens de terre, en ont trouvé partout Jes indications. Les sources troublées parla poussière et la terre qu’elles cha- rioient , leur ont paru sulfureuses ; les sources limpides leur ont paru salées; on a cru voir les terreins élevés, crevassés , et exhalant des vapeurs sulfureuses ; et toutes ces méprises éloient annoncées avec de tels détails qu'il paroissoit impossible de pouvoir en douter. C'est ainsi que nous fûmes trompés dès le premier jour par le témoignage de plusieurs personnes dignes de foi sur tout autre objet, qui nous assuroient que l’eau de la fontaine dite du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 Malanage , qui se trouve sur la route de Fenestrelles , à La dis- tance d’une lieue et demie de Pignerol, étoit devenue salée et sulfureuse ; tandis qu'ayant été y puiser de l’eau , les habitans de ses environs nous témoignèrent le contraire ; ensuite nous avons reconnu par les réactifs chimiques, que l’eau de cette fontaine est de la plus pure qu’on trouve ordinairement en nature. C’est encore d’après ces relations, que plusieurs ont cru qu'à l'ancien fort Saint-Louis, près du Pommaret , le terrein s’étoit crevassé , et qu’un mur s'étoit élevé d'un mètre environ hors du sol, comme beaucoup de personnes instruites nous l’avoient dit de vive-voix ; et j'en avois aussi une relation écrite par un propriétaire , habitant près le fort Saint-Louis. Je crois inutile de rapporter plusieurs autres exemples de mé- prises ; il suflira pour les faire tous connoître , de citer celui d’un homme qui vintnous assurer que des efflorescences sulfureuses - sortoient de plusieurs rochers. Nous allâmes visiter ce prétendu soufre , et nous trouvâmes des lichens de couleur jaune-verdätre, Comme dans les autres cas analogues, tels que ceux d’in- cendie, d’inondations, etc. , la frayeur a fait surmonter quelques maladies ; mais outre l'inquiétude et le malaise dont presque tout le monde se plaignoit , elle a aussi causé plusieurs autres incommodités , indépendamment des secousses, et de l'électri- cité si fortement ressentie par les animaux et par les personnes les plus sensibles. Je dois enfin observer que par les lettres de M# l'Evèque et de M. l'intendant d'Albe, à l’occasion des petites secousses que cette ville éprouva en 1771 , la frayeur paroît un effet cons- tant des tremblemens de terre méme les plus foibles. Par ces lettres que M. de Saluces, directeur de la Classe des Sciences physiques et mathématiques, a eu la bonté de me procurer, on voit que quoique les secoussses n'aient ru été assez fortes pour faire écrouler pas mème une tète de che- minée , ni une maison mal bâtie ; cependant beaucoup de monde s'est éloigné de la ville. 283 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE $. TI. Des effets constatés par l'observation. Dès notre départ de Turin, nous trouvant sur la route de Pignerol , nous avons porté notre attention sur les maisons, pour découvrir s'il y avoit des traces du tremblement de terre. Aucune l{zarde ne s'étant présentée à nos regards , pas même au village de Riva, qui se trouve à une petite lieue de Pi- gnerol, nous descendimes de la voiture pour demander si le treinblément de terre avoit fait des dégâts; et nous entendimes avec plaisir qu'il n’en avoit fait aucun. A l'entrée de Pignerol nous vimes des baraques et des ca- banes sur la place et sous les allées qui la bordent; mais en examinant les dommages des maisons , nous noûs assurâmes aussitôt que la crainte, encore plus que le danger, avoit porté plusieurs personnes à quitter leurs maisons ; aussi couchämes- nous tranquillement dans des chambres lézardées, la nuit du 8 au 9 du mois dernier , jour de notre afrivée. Quoique à Pignerol nous ayons vu de forts bâtimens félés, des murs lézardés , des voûtes crevassées , etc., ce n’est qu'à Briquerasque que nous commençämes à voir des effets horribles des tremblemens de terre, du 2 avril dernier et des secousses successives. La moitié d'une belle maison donnant sur la rue, écroulée de fond en comble; un grand nornbre de murs lézardés, d’autres crevassés en différentes directions , des murailles renversées, des voûtes lézardées, d’autres en grtnde partie séparées des murs, des piliers cassés, plusieurs maisons’ hors de leur ä-plomb nous ont présenté le premier spectacle des désastres, dont nous allions examiner les effets. Nous avons observé que les maisons bâties sur les rochers étoient en général moins endommagées que les autres, et que les lézardes en étoient plus nombreuses dans la direction de l’ouest à l’est, quoiqu'il y en eût aussi dans celle du nord au sud , ainsi que dans les autres directions. De Briquerasque nous passämes à Saint-Jean , où les dom- mages, eu égard au nombre des maisons et à leur bâtisse, sont encore plus grands qu'à Briquerasque ; mais les murs en bri- ques à Saint-Jean , ainsi que dans les villages supérieurs de cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 289 cette vallée, étant bien moins fréquens,, les dommages y sont moins apparens , quoiqu'ils soient encore plus considérables. L'on sait qu'en général les murs dans ces vallées sont en pierre, et que ceux des maisons rustiques ne sont pas même crépis. Les édifices les plus beaux , ainsi que les maisons les plus so- lidement bâties ont souffert les plus grands dommages. En passant de Saint-Jean à Angrogne., à, la Tour , ensuite à Lucerne , nous ayons trouvé les désastres beaucoup plus forts : ce qui doit causer d'autant plus de regret que ces deux derniers pays étoient très-beaux, et qu'il y avoit plusieurs maisons qui siéroient très-bien dans T'urin. Au Villar de Pélis et à Bubbi les tristes effets des secousses diminuent en raison qu'on s'éloigne de Lucerne; de façon que dans ce dernier pays les dommages sont très-peu de chose. A Saint-Second nous n'avons trouvé que deux édifices de considération , qui aient été très-endommagés, plusieurs autres ont des crevasses. A Saint-Germain , les désastres auroient été aussi grands qu'a Lucerne, s’il y avoit eu des maisons également bien bâties. Les plus solides ont été réduites à un état vraiment pitoyable. De Saint-Germain nous sommes passés à la Pérouse, où un grand nombre de maisons a beaucoup souffert ; il y en a encore quelques-unes aussi dégradées que celles de la Tour et de Lucerne. Au Pommaret, les maisons ont peu souffert ; à l’ancien fort Saint-Louis, des murs se sont écroulés ; et le prétendu 77ur élevé, n'est qu'un mur renversé, qui avoit la hauteur d’un mètre environ, appuyé du côté du fort au terrein, et de l’autre côté élevé au bord d’un champ sur lequel il est tombé. Les crevasses qu’on nous avoit tant exagérées , n'étoient que de très-petites félures dans. le terrein, et elles n’avoient;pas cinq millimètres de profondeur. Après notre examen , quelques-unes des personnes qui avoient assuré l'élévation du terrein et.du mur, et l’existence des cre- vasses, se trouvant ayec nous, ont convenu qu'elles avoient été trompées. Dans tous ces pays la direction des secousses indiquée par les lézardes, ainsi que par les habitans, a été en général de l'ouest à l'est , et souvént aussi du nord au sud; mais l’on sait combien ces indications sont équivoques. Tome LXV II, OCTOBRE an 1808. Oo 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je dois aussi observer que, quoiqu’un grand ñombre de murs restent encore sur pied, plusieurs d'entre eux sont dans un état pire que s'ils avoient été renversés ou écroulés ; puisqu'étant Jlézardés , morcelés dans toutes les directions ,il n’y a plus de moyen de les réparer , et qu'il faudra encore faire de fortes dépenses pour les démolir sans danger. Mes compagnons de voyage ont poussé leur course jusqu’à Fenestrelles’ en visitant les pays qui se trouvoient sur la route : savoir , Méan, Château-de-Bois, Villaret et Méntoule. Ils n’ont point dépassé Fenestrelles, parce que dans ces en- droits les secousses avoient été bien ressenties , mais elles n'y avoient causé aucun dommage remarquable. À Fenestrelles , surtout à cette époque ( 12 avril ), on n'avoit rien souflert. Ils ont pour cela rebroussé chemin pour aller dans là vallée de P6 : dans cette course ; outre les pays déja parcourus , ils ont visité Osasco , Cavour, Bibbiana , Barge, Saluces , Pevel, Saint- Front, et Crisolo. Ils n’ont trouvé des démmages considérables qu’à Osasco, Cavour , Barge et Bibbiana; Saint-Front et Paesana ontaussi un peu souffert. j -" Ainsi que Îles tremblemens de terre les plus terribles dont l'histoire fait mention , les secousses répétées depuis le 2 du nois dernier , ont déplacé et ont fait écrouler des rochers avec un bruit épouvantable ; nous avons vu ces débris et ces dépla- cemens sur la montagne en face de céllenommée /e Vandalin, sur la route de la Tour au Villars elles ont fait tarir plusieurs fontaines et la source de divers puits; elles ont augmenté du double l’eau dans quelques puits, et fait naître des sources nouvelles , telles que celle qui jaillit avec abondance sur les limites des territoires de la Pérouse et de Pinache , dont le propriétaire du fonds est très-content, par les avantages que cette source lui procurera. Dès lés premières secousses les éaux de plusieurs fontaines, telles que celle du Manalage , d’autres près de Saint-Germain, du Pommaret, de la Tour , du Villar de Pélis, ont charié du sable et de la terre, ce-qui les a'réndues blanchâtres, noirä- tres, etc. , et les a fait croiré salées et sulfureuses. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 291 S III, Des expériences et observations physiques faites dans notre course. Je dois prévenir que, pour nos observations et pour nos expériences , nous avons fait usage de tous les instrumens ph;- siques et des préparations chimiques qui nous ont paru néces- saires , soit pour constater les phénomènes , soit pour en con- noitre, autant que possible, les causes , conformément à ce que le grand conseil d'administration de l'Université nous avoit pres- crit dans sa séance du 7 avril dernier. Par les réactifs chimiques nous avons examiné toutes les eaux qu’on nous a présentées comme minérales, ainsi que celles de plusieurs puits. Nous n'avons observé qu'une teinte très-légère, en versant des gouttes de nitrate d'argent dans de l'eau de la fontaine du Ma- lanage , et un précipité blanc plus abondant dans l'eau du puits de l'auberge de la Poste de Pignerol. Le muriate de barite et les teintures de tournesol et de galle n'ayant offert aucun changement , ainsi que les autres reactifs, nous en avons déduit qu'aucune des eaux qu'on nous a pré- sentées comme sulfureuses , ne contenoient ni des sulfates, qui auroient été précipités par le muriate de barite , ni d'acides, ni d’alcalis libres , ni mème de fer qui auroient été indiqués par les teintures de tournesol et de galle. Le précipité obtenu par le nitrate d’argent indique la pré- sence des muriates; mais le goût, ainsi que le précipité, nous ont assuré qu'ils sont en très-petite quantité. Soità Pignerol , soit dans les autres endroits, nous ayons exa- miné l'électricité atmosphérique. Quand l'intervalle des secousses dépassoit plusieurs heures, l'électricité se trouvoit de peu de degrés et toujours positive ou vitrée. Dans le moment des secousses , elle devenoit forte au point dé ne pouvoir plus être mesurée par les électromètres. Vingt minutes après une secousse assez forte , les bandelettes de mon électromètre mis en contact de l'appareil électrique permanent que j'ai établi à la Tour, restoient encore à 30? de divergence toujours positive. O02 We, Poe L 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'hygromètre a toujours indiqué de 20 à 28 degrés de sé- cheresse ; le 50 étant l'extrême du sec, L'eudiomètre, en brülant le phosphore moyennant la flamme d’un morceau de papier, au bout de la partie horizontale du tube sans le faire couler , nous a toujours donné de 22 à 24 cen- tièmes parties d’oxigène dans l'air atmosphérique. L’aiguille aimantée ne nous a point présenté de phénomènes qu'on püt attribuer au tremblement de terre: Le thermomètre à l’airlibre, après les secousses, a toujours baissé sensiblement. Le 10 au matin, à 10 heures 35 minutes et 28 secondes , après une secousse assez forte , le thermomètre exposé au soleil ,'le ciel étant trés-clair, a baissé du 26° au 22* degré, quoique par la force du soleil il eût dû continuer de monter. Ayant laissé le thermomètre 45 minutes dans l’eau d’un puits assez profond , ensuite tiré de là , en le tenant plongé dans une grande masse d'eau pour que sa température ne püt changer sensiblement dans l'élévation , il nota 9° 5 de R. qui est la tem- pérature moyenne de la terre dans ces pays. En général nous observâmes que l'air étant frais (au lever du soleil à 3° au-dessus de zéro) peu avant la secousse, sa fraicheur diminuoit ; qu'après la secousse l'air devenoit pour quelques minutes plus frais qu'auparavant , et qu'après quelque temps il reprenoit la première température. Partout nous avons observéle baromètre. Ses différentes élé- vations, l'état du ciel étant le même , peuvent nous servir pour déterminer à peu près les hauteurs au-dessus du niveau de la mer , des endroits que nous avons visités ; mais pour ce quia rapport aux tremblemens de terre, nous nous sommes assurés , que les secousses ne sont pas toujours préindiquées par de grandes dépressions de la colonne barométrique , puisque nous avons eu à La Tour une secousse assez forte , le 11 à 0. h. 10 m. du matin , le baromètre étant à 26 pouces 8 lignes , c’est-à- dire à une élévation au-dessus de la moyenne pour ce pays-làä. M.'le général Menou ayant entendu le 17 le bruit précurseur d’une secousse , alla de suite examiner le baromètre ; il vit le mercure descendre rapidement à l'instant de la secousse, et ensuite remonter. Nous avons mis plusieurs fois, en divers pays et endroits, loréillé à terre, dans l'intérvalle des secousses, pour nous assurer si quelque bruit souterrain $e faisoit entendre , mais ET D'HISTOIRE NATURELLE, 299 toujours inutilement. Un bruit qu’à Lucerne on appeloit Louil- lonniement souterrain, venoit d'une eau qui descendoit de la , hauteur de plusieurs mètres. Les boules d'ivoire ne donnant pas assez la direction de la secousse, par la trace qu'elles parcourent , à cause des inégalités des plans sur lesquels on les pose, nous avons fait usage du pen- dule qui bat les secondes ; ensuite nous avons ajouté au pendule une bandelette de papier qui frottoit légérement le mur , et par le petit repli elle nous indiquoit la direction de son mouvement. Peu contens encore de cette manière de reconnoitre les petites secousses, d'autant plus que le pendule suspendu à côté d’un plan ne pouvoit point osciller librement dans toutes les directions , nous ayons fait usage de l’eau poudrée avec du son le plus fin. L'eau par la secousse s'élève contre les parois du vase, et y laisse une portion du son attaché. De cette manière nous trou- vions le matin le son élevé aux parois du vase dans la direction des secousses du N.-O. au S.-E. Si on répétoit ces expériences en plusieurs endroits, les uns assez proches et différemment placés , les autres assez éloignés autour des pays les plus endommagés et dans les mêmes pays, on pourroit en conclure l'influence qu'exercent les obstacles , tels que les grands édifices , les rochers, les montagnes, les eaux , etc. sur la direction des secousses. Les Journaux des phénomènes des tremblemens de terre, tels que celui du célèbre Beccaria , que notre collègue M. P. Balbe , recteur de l'Université, digne héritier des manuscrits de mon professeur , a bien voulu me préter , indiquent qu'à l’occasion des secousses que la vilie d'Albe souffrit en 1771 , les diverses relations leur assignoient toutes les directions; il en est de même des directions assignées aux secousses dans les vallées de Pélis , Cluson , et de Pû. Par un hasard heureux , l’un , ou deux de nous s’étant tou- jours trouvés reveillés à l’occasion des secousses un peu fortes, nous avons pu multiplier par là les observations , particulière- ment pendant la nuit que les secousses en général sont plus fortes , et qu’on a moins de distraction. Dans une seule nuit j'en ai compté jusqu’à 11 , les unes petites et les autres assez fortes. Par nos observations il me paroit de pouvoir en distinguer neuf variétés , toutes ressenties dans le méme local ( la Tour. ) 1°, Sans bruit sensible, et sans direction marquée. 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2€, Sans bruit sensible , avec direction marquée. 3°. Avec bruit sourd , et sans direction marquée. &. Avec bruit sourd , et avec direction marquée, 5°, Avec bruit , comme d'un coup de canon , etavec-secousse presque dans le même temps d’oscillation ou de balancement dans une direction marquée. 6°. Même bruit et secousse presque dans le méme temps de pulsation ou de soulevèment. 7°. Même bruit et secousse de trémoussement , je dirois de tourbillon dans lequel il y a pulsation et oscillation dans des différentes directions en même temps. $&. Mème bruit avec retentissement et secousse d'’oscillation, de pulsation, ou de trémoussement vers la fin du retentis- sement. 9°. Méme bruit avec retentissement et écho, la secousse d’os- cillation , de pulsation ou de trémoussement au commencement de l'écho. Je dois aussi noter que bien des fois on entendoit le bruit sans qu'il fût accompagné ni suivi de secousse ; et que le bruit avec retentissement se répéloit quelquefois comme le choc des vagues de la mer contre des rochers. Pendant notre séjour dans les vallées , le nombre de secousses que nous avons ressenties excède 6o. Plusieurs météores lu- mineux et ignés qui ont eu lieu , prouvent encore l'abondance des vapeurs et de l'électricité atmosphérique, ainsi que son jaillissement de laterre. L’abondante électricité est aussi confirmée par les altérations qu'on a observées dans plusieurs liqueurs. S IV. Considérations sur les tremblemens de terre, et sur la nature du sol des communes qui en ont le plus souffert. Sans parler du feu central , des fleuves et des vents souter- rains auxquels les anciens ont attribué les tremblemens de terre, d’après l’expérience de Lemery, des modernes ont cru que la fermentation ou dissolution des pyrites sulfureuses pouvoit en présenter tous les phénomènes, ainsi que ceux des volcans; d’autres , d'après les phénomènes électriques , sont d'avis que ET D'HISTOIRE NATURELLE, 299 l'électricité seule peut produire tous les ravages des plus ter- ribles secousses. Plusieurs ont pensé qu'il y a une périodicité tant dans les éruptions volcaniques , que dans les secousses ; ils appuient leur opinion soit sur ce qui est arrivé à la montagne de Coto- paxi au Pérou, qui, deux siècles après qu'elle eut été ravagée par des éruptions volcaniques , étant couverte de fabriques et de manufactures , fut de nouveau bouleversée en 1742, que la Condamine mit des signaux pour servir à l'histoire des révo- tions de cette montagne , soit sur le terrible désastre de Lisbonne en 1755, qui n’a été qu'un renouvellement de ce que le même pays avoit souffert 225 ans auparavant. Quelle que soit la cause des volcans et des tremblemens de terre, qu'on veuille admettre, autant il est facile de concevoir que de temps à autre ils doivent reparoître dans le même pays, autant il est diflicile de reconnoitre une période fixe analogue aux astronomiques. Il n'y a pas de doute qu'en certaines années les circons- tances sont plus ou moins favorables au développement de ces grands ressorts de la nature; et il est certainement très-fâcheux de vivre à des époques si malheureuses, L'année courante paroît en être une; vers la fin de mars der- nier, Strasbourg a souffert des secousses; un semblable phé- nomène s'est fait ensuite sentir à Belgrade ; plusieurs autres pays n'en ont pas été exempts. Un simple coup-d'œil sur la nature des vallées actuellement ravagées par ce fléau, vallées que nous avons parcourues, tou- jours le marteau minéralogique à la main , un simple coup- d'œil, dis-je, suflit pour montrer qu’elles doivent de temps à autre en être le théâtre ; aussi avons-nous entendu de plusieurs personnes, soit dans la vallée de Pélis, soit dans la vallée de Cluson , que les tremblemens de terre dans ces pays sont assez réguliers tous les ans, et que les habitans les prennent pour un indice de la séparation des saisons, comme le font ceux de la plaine à l'égard du tonnerre. Les douze lacs quise trouvent sur la montagne entre la vallée de Pélis et celle de Saint-Martin, ainsi que les autres lacs qu’on voit sur les Alpes, attestent les anciennes catastrophes. La tradition attribue à un tremblement de terre la formation des deux lacs d’Avigliana. Les ruines du Vandalin qu’on voit à son pied , en allant au Villar, en sont encore une nouvelle preuve, 295 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le temps et les vicissitudes politiques ont fait perdre la tra- dition des époques auxquelles ces horribles phénomènes ont eu lieu; mais leur existence n’est pas moins démontrée par les effets. Une montagne calcaire au-dessus de Rorà retient encore le nom de »nontagne de soufre. Quoique la nature schisteuse de toutes ces montagnes com- posées en grande partie de schiste micacé , dont la décomposi- tion fournit la terre qui nourrit les belles plantes qu'on y voit, et vers le sommet , le schiste plus compacte appelé Xneiss ou Sarizzo de Cumiane , prouve assez que ces pays n’ont pas été le siége des volcans. M. de Robilant , dans son Essai de Topographie souterraine, indiqué une source de vitriol martial dans les environs de Bubbi, et une mine de cuivre pyriteuse à Prales, vallée de Saint-Martin. M. le docteur Regis, dans sa Dissertation De aquis medi- calis bibianensibus ( Taurini 1758), annonce dans ces mon- tignes des couches de fer , d'autres métaux et des pyrites dont il dit en avoir ramassé une grande quantité ; et il prouve par des expériences, que les eaux d’une fontaine qui se trouve dans la région dite du Verné , sont gazeuzes et martiales. L'on sait qu'on exploite une mine de carbure de fer sur le Vandalin; on trouve quelques vestiges de houille et quelque sulfure de fer près de Lucerne , ainsi que près de Pommaret; mais ces matériaux des volcans qui se trouvent à la surface de la terre, sont bien loin d’être en quantité suflisante pour pro- duire des effets aussi considérables. La même chaine de montagnes présente dans la vallée de la Sture les eaux martiales,et sulfureuses de Vinay , et dans la vallée de Gez, celles du Vaudier, qui sont sulfureuses et muria- tiques. il ne paroît pas improbable que des matériaux analogues puis- sent se trouver sous les hautes montagnes qui limitent les vallées de Pélis, de Cluson, de Saint-Martin, de PÔ , etc. , on ne pour- roit pas même regarder comme dénué de tout fondement le soupçon que le défaut d'eaux thermales dans ces vallées) savoir, de soupiraux pour les fermentations qui se font dans les en- trailles de leurs hautes montagnes) , estla cause des secousses qu'elles ont souflertes et qu’elles souffrent actuellement. $ V. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 29 S SV Conjectures sur La cause de ce tremblement de terre. Sans entrer dans la discussion des opinions sur la cause des tremblemens de terre, ce qui entraineroit un discours beau- coup trop long, je dirai simplement que, d'après les observa- tions et les expériences , je suis d'avis que la dissolution des pyrites sulfureuses en est la première cause , et que l'électricité qui se développe dans cette fermentation , en augmente et en étend les effets. Que l’eau en pénétrant dans des filons pyriteux puisse en exciter la dissolution, c'est ce qui est assez prouvé par l’expé- rience journalière. Que le calorique qui se manifeste par le changement de ca- pacité , soit capable de dégager de l’oxigène de plusieurs corps, comme dans la décomposition de l’eau par les sulfures de fer , se dégage l'hydrogène , c’est un fait qui me paroîit certain. Les expériences galvaniques prouvent que le dégagement de l'électricité est en raison, non-seulement du contact des métaux hétérogènes, mais encore de leur oxidation. Une veine d’eau n'aura done qu’à pénétrer dans une mine de sulfures , -où se trouvent aussi des oxides capables de fournir par le feu du gaz oxigène, pour qu’on ait des corps en fusion, des vapeurs, du gaz hydrogène , du gaz oxigène, et de l'élec- tricité. Les vapeurs et les gaz poussés par le calorique , acquerront une force immense , et circuleront dans les cavernes dont les entrailles des montagnes abondent ; et l'électricité , toutes les fois qu'elle se trouvera condensée , en allumant le mélange des gaz hydrogène et oxigène , en causera l'explosion , qui peut aussi avoir lieu par l’excessive condensation du mélange des gaz. Si la croûte de la terre qui renferme ce foyer , n’est pas assez forte , elle se crevassera et donnera lieu à un volcan , par lequel sortira la matière enflammée, et l’on verra des colonnes de flammes et de fumée sillonnées par la foudre , comme celles qu'on observe dans les éruptions du Vésuve. Si le foyer se trouve si profond qu'il ne puisse éclater tout près, les gaz , et les vapeurs se condenseront , et toutes les fois qu’ils auront vaincu des obstacles, ils viendront choquer les parois des cavernes , même à de grandes distances ; l'électricité Tome LX VII OCTOBRE an 1808, Pp 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s’échappera en grande partie par les pores de la terre, et allu- mera Île mélange des gaz, où il se trouvera avec l'électricité condensée ; ainsi on aura les secousses par le choc des vapeurs, et par l'explosion des mélanges des gaz. Elles séront souvent accompagnées de météores ignés, et des autres phénomènes électriques qui se présentent dans les pays ravagés parles trem- blemens de terre. Dans cette théorie, on comprend aisément la raison pour laquelle Pline a dit que les puits sont le remède le plus sûr contre ce fléau ; l’on comprend aussi la raison des explosions qui accompagnent les secousses, quand elles se ne. D loin: de nous, et qui les précèdent plus ou moins, d'après les diffé- rentes-distanoes où elles ont lieu. Les changemens que ces explosions apportent dans les en- trailles de la terre peuverit aisément faire tariv des sources, en leur donnant une autre direction , ainsi qu’en produire de nou- velles , ou rouvrir quelques-unes de celles qui avoient été taries par des secousses précédentes. C'est ainsi que le tremblement de terre qui a eu lieu à Turin le 9 juin 1753, a faittanir plusieurs sources en Suisse , qui n’ont reparu qu'ensuite des secousses que ce pays a souflertes en 1755. Par la théorie que je viens de proposer ,:il est aussi évident qu'à la suite des secousses, des communications entre les ca- vernes qui sont dans les entrailles de la terre , se fermant d’un côté, et s'ouvrant d'un autre, les secousses peuvent changer de direction , et sefaire par là sentir plus violentes dans les lieux où auparavant elles étoient plus foibles, et au contraire plus foibles dans les pays déjà ravagés. Les variétés des secousses , savoir d’oscillation ow detbalan- cement, de pulsation ou de soulèvement , d'explosion , de tré- moussement , et les autres nuances que j'ai indiquées dans le second paragraphe, sont aussi des conséquences qui doivent tantôt séparément, tantôt conjointement avoir lieu dans les pays où elles se font sentir. Tous les phénomènes qui accompagnent les secousses dont nous nous occupons , les effets sur les hommes et sur les ani- maux, les météores , etc. prouvent la probabilité de la théorie proposée , et présentent une grande analogie entre ces tremble- mens de terres, et celui qui aeu lieu le 13 mai 1682, à Remi- remont sur,la Moselle, où l’on s’étonnoit de voir sortir de la terre des flammes qui ne laissoïent aucun trou, et ne brüloient point les arbres qu’elles touchoient. i ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 D’après les expériences et les observations que nous avons faites dans les vallées de Pélis et de Cluson; d’après l'examen des phénomènes présentés dans les vallées de Saint-Martin, de Pô, des Charbonniers ,; etc., et d’après la théorie sus-énoncée , il paroît que le foyer doit être placé sous le Col-d'Abries , ou dans ses environs, à une grande profondeur. Les secousses de pulsation ressenties à Turin sont une preuve de la profondeur du foyer. La direction du nord-ouest au sud-est, qu’en général on a observée dans les secousses, s’accorde assez avec cette suppo- sition. Les douze lacs qui se trouvent sur la montagne près de ce col , prouveroient que ces montagnes renferment dans leurs en- trailles les matières propres à présenter ceshorribles phénomènes. La chaîne des montagnes feroit comprendre comment les secousses se sont fait ressentir plus fortes à Genève et à Toulon qu'à Milan. Les masses infiniment plus grandes que ces montagnes pré- sentent à l’ouest, en comparaison de leurs masses à l'est, donnent la raison des plus grands effets de notre côté. Mais pour s'assurer de la position du foyer ; il faudroit un bon nombre d’observateurs placés dans deux circonférences concentriques autour des pays endommagés ; alors chacun en notant soigneusement la direction des secousses , le foyer étant entre eux , les observateurs marqueroient nécessairement les di- rections opposées , et l’intersection de leurs lignes viendroit à désigner à peu près le point du foyer. Alors les puits reconnus par Pline , par les Romains , par les Perses , etc. comme les plus sûrs moyens de se garantir des ravages des tremblemens de terre , pourroiïent être creusés avec avantage. y L'auteur donne un extrait des observations météorologiques faites à l’observatoire de Turin , depuis le premier janvier 1*08. Nous regrettons que le défaut de place ne nous permette pas de le rapporter. ) 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES Faites à l'observatoire de Turin, en avril 1808, pour étre comparées avec les observations correspondantes insérées dans le Journal des secousses. Jours du | Heures | Baromètre | Thermomètre| Anémormiètre. mois. |d’obser.|Pouc. |, dix. deg. dix. | direct. forces. Matin | 26 10 & | — x 0. 32 z Midi 26 17 GIE CIS: a O: Soir 26 10 2 HN ES RO ra Matin | 26 10 2 o ©. 5 2 Midi |26 11 8 HE CR MENU 25 Soir 27) 0.2 5 O. 5o Matin log 48 te = o ON Ne res 9 Midi 27 | 5 te 7 17: Os Et Soir LA, 5 a 5 Es 15 Matin |27 6 6|— o 5} N. E, 15 4 Midi | 27 7 + 8 515. 10 Soir D ei RES) CHASSE OS ES Matin | 27 7 1 S. 2 5 Midi 27 7 5 10 (9 BESPRS RE Ke Soir DT 716: Sa OURS Matin | 27 6 8 3 E. 2 6 Midi VIRE 12000) TO 15 Soir 27 0 77 rot et DNIESTT rO TR Matin | 27 6 8 6 SOS 7 Midi 27 6 5 14 5] S. O. 45 Soir 27 6 17 N. E. 10 Matin | 27 2 5 6 SN O1 To 8 Midi |27 o 2 FH RNB O: 90: | Soir 26 131 1 “RQ à 0 D C 90 4 tré AL E mois. 9 10 11 12 14 15 16 47 18 39 “ŒE T'D'HISTOIRE NATURELLPF. Got Jours du | Heures, Baromètre d'obser.| Pouc. I. dix. Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Ægi Zi y. D QUOI OU mom RER ObD RO EF QI D D = bi Pi bi Ù D D D D » Qt ù DOI an D D © D OI D OO I R at Thermomètre | Ânemomiètre. deg. dix. { direct. forces. S E. 15 ke: 5 [INr.O0.::-90 il 21 ENS} E." 80 atOMOUN LEE 20 2 Sr) OL 45 10°: 6 |L1E: 25 ds OU HLINE 15 11 NS NES 30 ro LS: LS2R0-::20 4 E: 10 1610724) NN 15 ON OUEN PE 40 5 Si IAE port Dali92 OLA ro 10 S. 15 PM D ENS EEE 30 F0 * Né then grSAUNN KE 10 4 S: 5 13 E. 10 Re TONI OSTENS SUMSSEN ON ETUIS AMIE CON D enr 12 SrTOMTo 5 N. 5 15 O. 25 13 SO... 10 6 2 |N. 25 7 N, E, 80 CU ES ANIN Ca NET 4 Ne EH #:5 10 E. - 10 HAUBURS NO, 25 5o2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jours du | Heures mois, 21 22 24 25 26 27 d’obser. Mati Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir Matin Midi Soir n Baromètre ! Thermomètre. Pouc. I. dix. 27 6 27 2 27 2 27 a 27 2 D RE 27 1 27 ANA D I © © © DOI NN GO O OR OF Où OO One © © Où I NI © © © OR Or OI W D bb mn deg. dix. 5 T2 10 7 15 Il # 15 IT GO OO OO © Goo Oo HO x OO © en [al ON 000 Go ab COF 222 HO 2h2 ROO p22 onv pre [es /Anémomiètre. direct. forces. S. O. E: SU E: E: FE: N: E. SAPUEZ NRARGE: E. O. E, E. E. 0. 5 15 15 15 15 15 = L ei GO OO Ga b& ER D'HISTOIRE NATUREL » 303 , : : 311 Nb FOUT RNA T4 10 10 ; | à} 14 [me : Ce Le { J 108 Des secousses depuis le 12 avril jusqu'au 12 mai. 180 )et 1 :9d | ï Ce Journal, offre le résumé des observations que notis avons faites dans notré tournée , et de celles que nous ont. commu- niquées , tant de vive voix qué par écrit , les hbabitans des pays endommagés (1) , et plusieurs autres personnes (2). ; Il faut observer, que les secousses et autres phénomènes relatifs à ce tremblement de‘ terre , qu’on lira dans ce Journal, arrivés à la Tour, doivent s'appliquer aussi à Lucerne, qui n’en est qu à une demi-heure de distance ‘et aux lieux cir- 4 convoisins. à #0 (Gi) MM. Bocchiardi, pharmacien, qui à‘ aussi fourni les observations barométriques faites à Pignerol des huit premiers jours d'avril, insérées dans le journal, le docteur Martin ; avocat Polliotti fils , le professeur Turina , tous de Pignerol ; Garola ,. oflicierdu génie.et Bolla, maire de Briquerasque; Appia, juge de paix , le Maire et Plochiu, vicaire, à la Tour ; le docteur Rosetti, de la Pérouse ; Cimussi ; médecin à Cavour ; Riccati, sous-préfet à Bielle; Dégrégori ; procureur iapérial à !Asti à Defñlippi , professeur à Acquis ‘ isso , pharmacien et naturaliste à Nice; Dacquin , médecin à Chambéry ;, Guidi , profe;seur demathématiques à Lyon ; D. Dominique, religieux au Mout-Cénis’; Dolce et son fils, avocat; Fontanes, Cronier, le docteur Bellardi ; à Türin ; Fabresue et Déandreis ; :cdpitaines :du cénie; Sola , professeur de mathématiques à Carmagnole;; Raseri , médecin, à Savitlan ; .Achard,, secrétaire perpétuel de l’Académie, de Marseille; Gardini , secrétaire généralde la préfecture du département dela Doire ; Negro, associé correspondant dé l’Académie, et médecin à Ivrée; Brignone , médecin à'Briquerasque; de la Doucétte, préfet des td et président de la société d’Emalationt de (Gap, el un grand nombre diautresipersomnes, 1, , 1 , À | C’est probablement à M:, Appia que nous sommes redevables des ob- servations les plus complètes et les plus étendues. Ce magistrat unit à la plus sévère probité! et à une parfaite honnêteté , les notions physiques et le plus grand'sang-froid ; qualités essentielles pour bien observer. (2) M. le général Menou écrivit à M. Vassalli-Fandi, immédiatement après la première Sééousse’ dû2 ;!es Gbéervations qu’elle : ‘lui avoit donné occasion de faire, et il nous a fourni encore d’autres rensei- _gnemens. LR M.-de Saluces , directeur de: l’Académie , nous a aussi communiqué les lettres qu’il avoit reçues de MM. Gensana , médécin: à Säluces ; Brette, ‘receveur à Revello ; Alisio , curé :à Eambasca!; Carutto , notaire à d 2 Lucerne ; et Costo', avocat à Barge ,vet d’autres personnes. 504 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nous nous faisons ici un devoir de rendre publique la re- connoissance dont nous sommes pénétrés envers les autorités, les curés , les ministres , les personnes instruites , et tous ceux qui se sont empressés de nous accompagner , et de nous fournir les renseignemens dont nous avions besoin. Dans les observations barométriques rapportées dans ce Journal , les premiers chiffres sont des pouces , les seconds des lignes et les troisièmes des dixièmes de ligne ; le thermomètre a des degrés et des dixièmes de degrés. LE 2, Première secousse à 5 heures 43 minutes de l'après-midi, et les autres qui la suivirent. Cette secousse fut terrible pour les habitans des vallées de Pélis et de Cluson. Elle fut si violente à Lucerne, situé dans la première, et à Saint-Germain dansla seconde , qu'elle rendit beaucoup de maïsons inhabitables et des églises hors de service, pat les grands dommages qu'elle leurs causa. Depuis ce moment , ces lieux et leurs environs n'ont pas vu s’écouler un jour, sans ressentir des tremblemens et des commotions plus qu moins fortes et Funestes (r). Les pays au bas de Lucerne, comme Bibiane , Campi- glione , etc. , et ceux qui sont à ses environs , comme la Tour, Saint-Jean , Briquerasque , Saint-Second, etc. , et dans la vallée de Cluson, Saint-Germain , la Pérouse et grand nombre d’au- tres lieux situés dans les vallées voisines , en furent fortement endommagés : mais il est à remarquer, que les maux que tous ces lieux ont soufferts, étant en proportion de l'impression qu'y a faite la secousse , sont moindres et même disparoissent entiè- rement , à mesure que de tous les côtés on parcourtun rayon qui s’écarte davantage de Lucerne, de la Tour, de Saint- Germain, et de leurs environs. Cette secousse fut suivie dans ces pays, d’une seconde moins (x) Cette secousse qui a été la plus forte en général, se nomme du premier ordre, en lui comparant le grand nombre de celles qui lont suivie ; celles-ci sont. appelées du deuxième, troisième. ordre , etc. à proportion de Jeur force comparativement à la première. forte | | ÊT D'HISTOIRE NATYRELLE, 305 forte qui se fit sentir à 9 heures : environ du soir, et de plu- sieurs autres pendant la nuit. A Angrogne , elle fut vivement sentie , et y causa du dom- mage , ainsi que dans toute la vallée du Pélis que nous avons visitée jusqu’à Bobbi. La seconde , de 9 heures environ etr, se fit aussi sentir partout, Briquerasque a beaucoup souffert de cette secousse , de même que de celle qui la suivit vers les 9 heures et des suivantes : quantité de maisons en furent fortement endommagées, et le palais Buggino s’est écroulé sur la place. À Saint-Second , le château a considérablement souffert, et les deux pavillons , quoique encore sur pied , sont dans un état pire que s'ils étoient écroulés : M. Maffon , outre les maux que sa maison a soufferts , a encore perdu plus de 130 douzaines de pièces de faïence qui à Ce moment se trouvoient dans les fours de sa fabrique. A Osasque, le château dont les murs de 5 pieds d'épaisseur sont flanqués de quatre tours , a été crevasséen beaucoup d’en- droits du haut en bas ; la crevasse a même fait fendre la brique , et l’intérieur a beaucoup souffert. À Pignerol, cette première secousse fut très-sensible et fu- neste : on y ressentit aussi celle de 9 heures + environ du même soir ; mais de plus, à 10, 11, 12 heures , de même qu'a 2et 3 heures du matin au lendemain , d’autres secousses eurent lieu. Le baromètre ce jour-la étoit à 9 heures du matin , à 26. 8, o, à midi , 26.6. 5 , à 3 heures 26. 4. o , à 5 h.s du soir, 26. 10.0, et après la première secousse , 26. 6. o. Ce tremblement se fit aussi sentir dans toute la vallée de Ciluson, à Fenestrelles , traversa les Alpes, se porta à Briançon, et fut encore sensible à deux lieues au-delà; mais toujours d’une façon moins vive, à mesure qu'on s’éloignoit de la plaine. | A Pommaret, près de la Pérouse , un quart d'heure avant cette secousse , l’eau de la fontaine dite de Pilo, a augmenté du double, et est devenue laiteuse; mais elle n’a donné aucune odeur particulière. À Turin, cette secousse paroît avoir été double , et il semble qu'il y ait eu, entre l’une et l’autre , un intervalle de deux se- condes environ , et que la seconde commotion ait été plus vive que la première. Sa direction a paru à quelques-uns venir de N.-O. au S.-E Il y avoit eu un coup de vent un peu fort auparavant. Tome LXVII. OCTOBRE an 1808, Qq 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On y a aussi ressenti celle de g heures du soir qui a été foible: mais ni l'un ni l’autre n’ont causé de dommage sensible. À Masin et aux environs, elle fut assez sensible, et parut précédée d’un bruit sourd. Ce bruit a été distinctement senti aussi en beaucoup de lieux fortement endommagés , comme à la Tour et aux pays circonvoisins. : A Pielle, elle fut sentie , et encore falloit-il se trouver aux étages supérieurs : mais.elle le fut davantage aux montagnes de l'Oropa. On y avoit ressenti une assez forte commotion , le 19 décembre 1807, à2 heures + du matin, dans la direction du NE. au N.-0. A Ivrée , elle a été à peine sensible à 5 heures : environ du soir , et sa durée: n'a été que d’une seconde ow deux; elle a paru avoir un mouvement d'ondulation , et quoique fort léger , il n'a pas laissé de se faire sentir sur tous les points , méme les plus éloignés du département; il a été sensible à Aoste; au Grand-Saint-Bernard, aux dernières communes du côté de Petit- Saint-Bernard , le long de la vallée de Locana jusqu'a Céré- sole , etc. Le ciel étoit nuageux, et il s’étoit levé, depuis un quart d'heure, un petit ventfrais N.-N.-E. Le baromètre étoit des- cendu à 27 pouces 8 lignes, et le thermomètre étoit à + 7,2 de Réaumur. IL faut noter qu'on y avoit ressenti une secousse la nuit du 18 au 19 décembre 1807, comme à Bielle, ‘ A Casal, personne ne s'en apperçut. A Milan, à peine l'y a-t-on sentie. 2 À Barges , elle fut [AE et causa des dommages assez consi- dérables aux maisons : peu après, une autre commotion moins vive des. deux tiers lui succéda , et ensuite vint celle de 9 h. environ du soir qui fut un peu moindre que la première. L'on y enressentit plus d’une cinquantaine , pendant le courant de la nuit, qui furent plus ou moins fortes , mais toutes inférieures à la première, Pendant la journée, le temps fut variable et frais, et plus serein l'après-midi, La ville de Saluces , les vallées de Bronda , de Pà , de Wraita; de Maira, et les lieux circonvoisins en éprouvèrent une assez forte impression , de même que de celle de 9 heures environ du soir. A Vigon, la demoiselle Adriani fut tuée par la chute d'un plancher. À Carmagnole, outre les deux premières secousses, une troisième se fit sentir à une heure environ après minuit; mais, { | É ET D'HISTOIRE NATURELLE : 307 ni les unes niles autres ne causèrent un mal notable : iln’y eut que quelques cheminées ie s'écroulèrent. A Asti, elle fut assez forte , et les clochettes des apparte- mens sonnèrent : celle de g heures environ du soir fut foible : on avoit dans la matinée remarqué une fumée en l'air. À Nice , elle a duré quatre secondes ; et sa direction a été de lE.-N.-E, au S.-0. , et elle s’est prolongée à l'ouest dans les montagnes de la Provence jusqu’à T'oulon , où elle s'est fait sentir : et à l’est jusqu’à la base des Apennins. A Gènes , elle a été peu sentie; mais elle l’a été davantage dans la rivière du levant que dans celle du couchant. Elle fut ressentie aussi à Gap , à Embrun , à Grenoble, à Lyon, à Monbrison et à Genève. Dans cette dernière ville , la cloche de l'ile sonna , et les ou- vriers descendirent précipitamment des quatre et cinq étages, de crainte de les voir s’écrouler. A Chambéry, elle se fit sentir, mais sans causer aucun dom- mage : on ya estimé sa durée de 10 à 15 secondes ,et sa di- rection du sud au nord. Le vent y étoit nord-ouest, violent et froid. 11 y eut un peu de neïge à 4 et 5 heures du soir. Le ba- romèêtre, à midi marquoit 27. 1.2, et sur les 8 heures du soir, 27. 2.2. Le même tremblement fut sensible en Maurienne et en Tarentaise. Au Mont-Cenis, à l'hospice, cette secousse a été très-sen- sible ; elle y a déplacé les assiettes, renversé un chandelier , et fait craquer les planchers. Celle de 9 heures environ du soir y a été sentie , mais moins fortement. Un bruit semblable à deux carrosses roulans a accompagné ces tremblemens. Il faut observer que divers lieux, situés proche des cimes des Hautes-Alpes, ont également ressenti cette première se- cousse , comme Crissolo , au pied du Pic du Viso , Bobbi et les villages plus élevés qui terminent la vallée de Pélis et autres. A l'époque de cette première secousse , le temps étoit beau, fixe et sec : les nuits froides , et on desiroit fortement la pluie pour la campagne, et pour la plupart des puits qui étoient à sec. À ce moment arrive à M. Vassalli-Eandi une lettre de M. Achard, secrétaire perpétuel de l'Académie de Marseille, du 3 mai, qui donne des détails relatifs à l'impression que cette secousse a faite dans cette partie du midi de la France. Le tremblement des 2 s’est fait sentir à Aix, à 5 heures environ Qq 2 508 JOURNAL DE PIVSIQUE, DE CHIMIE et 20 minutes du soir : on y éprouva deux secousses dans l’es= pace de 5 secondes. À Marseille , il y a eu 5 secousses , et la durée totale des 3 a été de 19 secondes; la première secousse, qui a été la plus légère, n’a duré que quatre secondes : il étoit 5 heures 25 minutes du soir ; le ciel étoit serein ; le thermomètre à 4 degrés en dessous du tempéré ; le baromètre qui étoit à 28 pouces , a baissé tout- à-coup de deux lignes. Entre la première et la seconde secousse on a observé 2 secondes d'intervalle. La seconde secousse qui a été généralement sentie, a été de 8 secondes ; il y a eu un in- tervalle de 2 sécondes de repos, et la troisième , un peu moins forte , s’est fait sentir, qui a duré 3 secondes. Dans la nuit sui- vante , le baromètre s’est élevé à 28 pouces trois lignes. Le vent a baissé sensiblement après le tremblement de terre. Le ciel, pendant la nuit s’est couvert, et il est tombé quelques gouttes de pluie entre une et deux heures après-midi. On dit que le canal de l'arsenal a éprouvé trois flux et reflux qui ont fait subir à cette eau environ 6 pouces d’élevation au-dessus du niveau de la mer. On écrit de Toulon , que la machine à mâter s’est élevée au- dessus de sa position ordinaire , de plus d'un pouce, par l'effet de la secousse du 2, après les à heures du soir. Il y a apparence qu’à Marseille La direction du tremblement a été de l’est à l’ouest. A Gap, elle dura environ 90 secondes et eut divers degrés d'intensité. Sa direction étoit du S.-S.-O. au N.-N.-E. La grande cloche de la ville sonna, de même que beaucoup de clochettes dans les appartemens. Elle fut plus sentie à Champoléon , à Or- cières, à Molines en Valgodemar. Plusieurs maisons furent endommagées à Saint-Jacques et au hameau de Sechier. Les. habitans de ces vallées crurent que les montagnes alloient les éngloutir. À Corps et dans plusieurs autres communes, la se- cousse fut précédée d’un bruit de collision dans l'air, semblable au choc d’une quantité innombrable de pierres. A Briançon, elle a renversé 7 à 8 cheminées et quelques vieilles murailles ; on entendit 3 coups de la cloche de la pa- roisse. La direction parut de l’est à l’ouest; on ressentit aussi celle de 9 heures : du soir. A Abries, on compta 30 secousses ; une portion de clocher . tomba à la première. À Ristolas, quiest à 4 heures de distance de La Tour, dansla ET D'HISTOIRE NATURELLE, 509 vallée de Pélis, le clocher fut en partie abattu et beaucoup de cheminées renversées. A Embrun, elle fut ressentie, de mème que celle de 9 h. + du soir, mais sans y causer un mal notable. “ DER, À 9 heures : du matin, secousse du 3° ordre à la Tour. A Barges , secousse du 32 ordre, à 10 heures du matin, à 5 heures du soir , une du 2e ordre :.et plusieurs autres pendant le jour , de mème qu'un bruit sourd et un frémissement fré- quent sous les pieds. Temps variable , vent N.-O. froid. À Pignerol, le baromètre marquoit à 8 heures du matin 26. 7.0, à 6 heures du soir , 26. 10. o. LE 4, Du 4 au 5, pendant la nuit , quelques secousses du 5° ordre à la Tour. Pendant cette journée , les petites secousses ou trémousse- mens ont été très-fréquens , de mème que les bruits sourds sem- blables à des canonnades souterraines. Ces bruits sourds se sont répétés très-fréquemment les jours suivans. A Barges , à 1 heure mat. , secousse du 3° ordre ; à 10 heures matin, une autre; à2, 6 heures soir, commotion du 5° ordre ; à 9 heures s., secousse du 2° ordre ; et à minuit une autre du Se. Temps comme la veille, et à midi une chaleur étouffante. À Pignerol , le baromètre marquoit à 11 heures du matin, 26. 11. 0; à 3 heures dusoir, 26. 11. 0. &E 5, A 3 heures environ après-midi, secousse à la Tour du 4° ordre. | A Barges , à 1 heure après-minuit, et à 10 heures du matin, secousses du 3e ordre, et à 6 heures du soir, une autre du deuxième. Température, la même que la veille. À Pignerol , le baromètre marquoit à 6 heures matin 27. 0.0, à 6 heures du soir , 27. 1.0. 310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LE 6, À Barges, commotions en quantité, mais légères et dont on ne tint pas note: vent froid. A Pignerol , à g heures du matin, baromètre, 27.2. 0; à6h. du soir, 27. 2. 6. LE 7, Entre 7 à 8 heures du matin, secousses du 3° ordre à la Tour. A Barges , la même chose que le 6. A Pignerol, à 8 heures du matin , baromètre, 27. 2.5; à 11 h. du matin 27. 5.0; à 5 heures du soir ,27. 2. 0. LE 8, À notre arrivée à Pignerol , vers 5 heures du soir, on nous assura que depuis le 2, cette ville avoit souffert plus de 40 secousses ; il y en eut une le même soir à 11 heures } ; le vent du nord souffloit depuis quelques jours , ensuite il tourna au sud. À Barges, temps serein, vent N.-O. Bruits souterrains, comme des coups de canon, mais sans commotion ni oscilla- tion quelconques. Vers le soir vint un orage qui dura 3 heures et déracina beaucoup d’arbresde haute-futaie ; il étoit si violent, que si les arbres avoient été en feuilles, aucun n’auroit été épargné. À Pignerol , baromètre à 6 heures du matin, 26.10, 0; à 1 h. du soir, 26, 9. 0; à 3 heures du soir, 26. 6. o ; àG heures du soir, 26. 6. o. Notre baromètre à Pignerol, à 7 heures ? dusoir, par un vent extrêmement violent, marquoit 26. 7. o, et le thermo- mètre, 13. à. LE 9, À Pignerol, tremblement à 11 heures du soir, précédé d’un bruit sourd. Ce bruit est généralement reconnu par les habitans, comme précédant les secousses. A Barges, plusieurs secousses : les plus sensibles furent à 6 h. ET D'HISTOIRE NATUHELLE. S11 du matin , et à 9 heures du soir elles furent du 5° ordre. Temps froïd et vent. A Pignerol , à 5 heures ? du matin, serein et tranquille; ba- romètre , 26. 8. o ; thermomètre, 10.5; à ro heures du matin, 26. 9. 7 ; thermomètre , 11. 0. À Briquerasque , à o 30 minutes , baromètre, 26. 9. 8 ; ther- momètre , 13.4: vent léger. À Saint-Jean , devant le temple dont le tremblement a fait écrouler la voûte, baromètre , 26. 6. 4 ; thermomètre , 13. 5; went léger. À la Tour , à 6 heures du soir, sur le Fort-Sainte-Marie; ba- romètre, 26. 1. o ; thermomètre, 10. 2; et à 10 © dansla plaine, baroere 26. 6. o ; thermomètre, 9. 5 ; temps serein et tran- quille. LE 10. À la Tour, à 10 heures 58 minutes 15 secondes du matin, secousse assez forte ; l'appareil électrique permanent donnoit une électricité extrémement forte : et 20 minutes après, elle n'é- toit plus que de 30. Le thermomètre , au soleil , avant la secousse, donnoit 26 de Réaumur; il étoit ensuite descendu au 22°. A 9 heures du soir , deux autres secousses assez fortes, et à minuit 10 minutes , une plus violente. Pendant toute cette journée , et encore la nuit, nous avons ressenti des bruits et des frémisse- mens très-fréquens. Depuis le 2 , les secousses ont paru s’affoiblir, mais repren- dre quelque énergie dans la vallée de PÔ, ce quia alarmé les habitans. A Barges, à Get 11heures du matinet à 3 et 9 heures du soir, secousses du 4° ordre. Temps comme la veille. A la Tour, à 6 heures du matin, baromètre , 26. 5. 8 ; ther- momètre , 8. 0 ; à midi, baromètre, 26. 6. 5; thermomètre, 12. Au Villars de Pélis, à 3 heures : du soir ; baromètre , 26. 1. 3; thermomètre, 14. À Bobbi , à 4 heures: du soir; baromètre, 25. 10. 8; thermo- mètre, 12. O. A la Tour , à 8 heures du soir ; baromètre , 26, 8. o ; thermo- mètre 3 lle d, 5rs JOURNAL DE PHYSIQUE, DE eNIMIÉ LE 11, À la Tour, entre 11 heures et minuit, dans la nuit du 10 au 11, petits tremblemens. À 10 minutes après-minuit, commo- tion assez forte et comparable à celle du 2, de 9 heures du soir. À Saint-Germain, plusieurs secousses légères après-minuit. Nous avons quitté la Tour à midi pour passer dans la vallée de Cluson. Avant de partir nous avons reconnu que l'hygro- mètre s'étoit toujours tenu au sec du 20 au 30. y Le thermomètre à l'air libre, à 6 heures marquoit + 3.5; l'eudiomètre £ de gaz oxigène. La boussole n'avoit fait aucune variation notable, l’électri- cité atmosphérique , à 5 heures : du matin étoit positive et mé- diocre. . À Briquerasque, à minuitenviron, secousse plus forte que celle du 2; et 2 heures après autre secousse , mais plus foible. Le reste de la journée fut assez tranquille : elle ne fut troublée que par de légers bruits, comme des coups de canon sou- terrains. : De Gap, à 8 heures du soir, quelques voyageurs revenant de Lamure, virent du côté du sud un météore lumineux ayant la forme d’un globe , et qui descendoit sans détonation. À Barges, à 7 heures du matin, et à : heure du soir, se- cousses du 4° ordre : temps comme la veille. A la Tour, à 5 heures du matin, baromètre, 26. 8. o; ther- momètre , 11. 8 : temps serein et tranquille. A Angrogne, à 7 heures © du matin ; baromètre ,25. 11.5 ; thermomètre, 5 À Saint-Germain , sur la place; baromètre, 26. 9. o ; ther- momètre, 15. 0. LE 12 A la Tour, 42, 4,10 et 11 heures du matin, tremblemens sans fortes secousses. Des commotions du 5° et 4e ordre ont eu lieu toute cette journée, à des intervalles de 3 heures environ de l’une à l’autre. La journée a été fort chaude ; vers le soir des nuages se sont amoncelés sur le Vandalin (montagne à l’ouest dela T'our) et au Col-de-la-Croix ; ensuite un coup de vent les a dissipés vers ET D'HISTOIRE NATURELLE. 313 vers 6 heures du soir; un peu après, Angrogne a été chargé de gros nuages, d'où sont partis de violens coups de tonnerre et de fréquens éclairs auxquels a succédé une pluie abondante qui a duré bien avant dans la nuit. La neige est venue sur les sommités et le froid s’est fait sentir. Nous avons eu un temps à peu près semblable à Fenestrelles, lequel a été précédé d’un vent extrèmement violent qui venoit de l'ouest. Tout ce pays a été couvert pendant la nuit de 6 pouces de neige , et nous n’ÿ avons senti aucune secousse re- marquable. A la Pérouse , secousse assez forte qui fut jugée égale à celle du 2 à 9 heures du soir. Nous l'avons ressentie à 3 heures du matin, À une petite distance de Carmagnole , à 8 heures du soir, au milieu d'un orage qui venoit du côté de Pignerol , la foudre renversa un cheval et mit bas de son sitge un voiturier qui en fut tout froissé, mais sans éprouver aucun autre mal ; ensuite elle se porta à 30 ou 40 pas dans un champ vis-à-vis; avant de s'enfoncer, on vit distinctement sortir de terre une autre foudre qui, s’unissant à la première, ne formérent plus qu’un globe qui répandoit tout autour un torrent de lumière. j A Barges , plusieurs secousses, mais la plus forte qui étoit du troisième ordre, se fit sentir à minuit 35 minutes ; à G h. du soir , pluie de 3 heures, qui fut précédée d'un orage avec éclairs et foudre, qui le plus souvent s'élevoit de terre : eïle brûla du papier mouillé qui étoit sur les volets de la chambre de la gendarmerie. Sous le fort Louis, au bord de la rivière dite Garmagnasca, baromètre , 26. o. 8 ; thermomètre , 12. 0. à 7 heures du matin. Au sommet du fort, à 8 heures du matin, baromètre, 25. 5. 5 ; thermomètre, 9.8. A midi, à Pérouse, baromètre, 26. 1. 0; thermomètre, 13. À Fenesirelles, au bourg d’en-bas, à6 heures ? du soir , baro- mètre , 24.51 ; thermomètre, 9. 1 : tonnerre, éclairs, ensuite 6 pouces de neige pendant la nuit. me 331, A a Tour , pendant la matinée, quatre tremblemens , et deux autres plus forts avec secousses, dont l'un, à 10 heures, et l'autre à 11 heures du soir. Ces deux derniers ont été sentis no- tablement à l'ouest, au Villars et à Bobbi. Tome LXVII, OCTOBRE an 1808. RUn 514 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À Barges, petite secousse à 10 heures 1 matin: temps calme. . F À Fenestrelles, au bourg d'’en-bas, à 6 heures du matin, ba- romètre ,24. 7. 5; thermomètre, o. o : temps qui se met au beau. A Pignerol , à 6 heures : du soir , baromètre, 27. 1. 8; ther- momètre, 10. 3: beau. ÿ À Briquerasque , à une heure après-minuit, légère secousse. LE 14, À la Tour, 12 tremblemens environ, dont deux foibles dans la matinée, 2 à 3 heures après-midi avec une secousse assez forte , un à 4 heures , un à 5 heures = du soir , qui donna une très-forte secousse , laquelle augmenta notablement les désas- ires à Lucerne et ailleurs , et les autres eurent lieu dans le courant de la nuit. , À Revel, à 4 heures : du soir violente secousse qui a duré environ 2 secondes. La secousse de 5 h. : fut effrayante à Lucerne et aux environs. À Barges , secousse à 5 heures 20 minutes du soir du 5° ordre: temps d’abord serein, et ensuite vent N.-O. À Pignerol, à midi, baronjètre, 27. 2.9; thermomètre, 10 : beau. A Briquerasque , à 3 heures ! environ du soir, secousse très- forie qui épouvanta de nouveau les habitans , et accrut les maux précédens. TENTO À la Tour; à 2 heures environ, après-minuit, forte secousse et comparable pour son énergie , à celle du 2 à 9 heures du soir. Quatre hommes , qui à cette heure battoient la patrouille , se Sont vus tout-à-coup éclairés par une vive lumière qui sortoit d'un mamelon du Vandalin ; cette lumière, qui ressembloit à un pieu , s'est un peu élevée, et ensuite s'est rabaissée et a dis- paru. Le rapport de ces quatre individus interrogés à part, a été assez conforme: on y ressentit encore un autre tremble- ment à 4 heures du matin. : À Lucerne, cette secousse de 2 heures après-minuit, y fut très-forte; elle y fut suivie d'une autre à 3 heures , mais æelle qui eul lieu à une heure, fut très-violente, plus longue et causa de nouvelles alarmes. À Saluces, nous y ressentimes cette secousse de 2 heures aprés-minuit ; elle y fut du 3 ordre et parut de trémoussement. LA ET D'HISTOIRE NATURELLE 315 A Barges , nous y éprouvâmes une secousse du 2° ordre, près de 3h. après-midi, qui dura au moins 3,secondes. Un mûrier balança de l'ouest à l’est. II yen eut une autre environ d’une demi heure après : un bruit sourd les avoit précédées : beaucoup d'autres commotions foibles se firent sentir dans le courant de ce jour. Nice, un tremblement se fit sentir à Nice à environ 3 heures + de l'après-midi : sa direction étoit du N. au S.; sa durée, 5 secondes. Cette secousce, de 3 heures environ , se fit sentir assez forte- ment dans les vallées de Bronda , de Wraita , de Maira, dans celle de P6 , et aux environs. A Revel, elle a duré 8 à 9 secondes ; une heure après elle à été suivie par une autre tout aussi forte , mais moins longue. Une troisième se fit sentir à 2 heures après minuit, qui fit déserter les maisons, et obligea les habitans à bivouaquer ; à celle-là ont succédé de continuels frémissemens souterrains. Cette secousse de l'après-midi, et celle de 2 heures après- minuit surtout , furent jugées très-fortes et de seconde classe. Les habitations de Revel, Paesana, Barges , Cavour et des au- tres lieux en ont beaucoup souflert. Elles augmentèrent consi- dérablement les maux déjà causés par les précédentes à Bri- querasque , Pignerol et ailleurs : celle de la nuit fut aussi res- sentie à Turin, mais sans y causer aucun dommage. Tout le monde la compara en général à celle du 2 à 9 heures, et même elle fut plus forte. À Pignerol, on éprouva les tremblemens ci-après. À 2 heures = environ après-minuit, secousse très-forte et sem- blable pour ce pays, à la première du 2, d’une durée plus lon- gue,avec frémissement de laterre, qui a été prolongé long-temps après la secousse: la ville en fut beaucoup endommagée, le quartier militaire et surtout la cathédrale; ce qui porta une partie des habitans à bivouaquer et à passer les nuits suivantes sous des tentes. D'autres tremblemens succédèrent à cette forte secousse jus- que vers 5 héures environ du matin.- À 4 Weures = de l'après-midi , forte commotion, À 5 heures ! , une autre-plus forte. À 7 heures, mème commotion. A 5 heures du soir, à côté de Rora , roche écroulée avec grand fracas , et d’autres qui se sont détachées ensuite. À Turin, à 2 heures 40 minutes de l'après-midi , secousse. Fr 2 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, A Gap et à Briançon, à 2 heures après-midi on éprouva de nouvelles secousses , mais sans aucun effet fâcheux. À Cavour , à 9 heures du matin, baromètre, 27. 4. 4 ; ther- momètre , 12. 0 : beau. A Cavour, sur le roc, à 10 heures du matin , baromètre, 26. 10. 4 ; thermomètre , 15. 5. À Saluces, à 6 heures ? du soir , baromètre, 27. 1. 0 ; ther- momètre, 15: beau. À Saint-Bernardin , à 9 heures du matin , baromètre, 26. 10. 8 ; thermomètre, 10. À Briquerasque, pendant la nuit au matin, plusieurs se- cousses légères, et à à heures : environ du soir , autre secousse plus forte que celle de la veille, et qui fut suivie de plusieurs irémoussemens vers le soir. LE 10, À Cavour , deux secousses pendant Ja nuit au matin. À la Tour, à 1 heure du matinenviron , secousses du 3° ordre: quelques nuages blancs s'élèvent sur le Vandalin. Autre violente secousse à 2 heures environ du matin, qui peut passer pour être de la première classe : depuis ce moment pour venir à 5 heures ? du matin, des roulemens sourds et de petits tremblemens n'ont pas cessé. Le temps étoit très-beau, et le thermomëtre étoit à 7°. Cette forte commotion a de beaucoup augmenté les ruines à la Tour, à Saint-Jean , et plus haut dans la vallée, À Fenestrelles, à 2 heures : du matin, secousse très-forte : elle y a été plus longue et plus forte que celle du 2. À Acqui, à 2 heures 18 minutes du matin, secousse plus fortement sentie que celle du 2; les eaux thermales de cette ville cependant n’ont point été altérées dans leur quantité, leur qualité, ni dans leur température, et les instrumens de météorologie n'y ont fait aucune variation qu'on puisse attri- buer à cette cause. À Briquerasque , à 3 heures après-minuit , forte secousse qui Épouvanta jusqu'aux animaux dans leurs étables ; ce qui déter- mina les habitans à quitter leurs maisons fortement endom- magées, pour se réfugier sous des tentes, comme faisoient ceux de Lucerne, de la Tour et autres. Des bruits sourds accompagnérent cette secousse et se firent éncore sentir les Jours suivans. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 517 À Nice, à 2 heures environ du matin, tremblement assez fort, direction du N. auS., durée, 5 secondes. À Genève et à Grenoble , à 2 heures : environ du matin, on a ressenti une forte secousse qui a fait craindre pour le pays. A Turin, à 2 heures : du matin, secousse assez forte venant de l'O.àlE, À Ivrée , à 2 heures après-minuit, secousse plus sensible que celle du 2, et qui a duré environ 20 secondes ; elle n’a ce- pendant endommagé aucun bâtiment , quoiqu’elle ait été sentie dans tout le département. Le baromètre étoit descendu à 27 pouces 2 lignes; le thermomètre à + 9. 3 : le ciel étoit serein et l'air calme. Le baromètre s'est maintenu à la même hauteur toute la journée. À Barges , à 2 heures 20 minutes du matin, secousse du troi- sième ordre , et ensuite quantité de pulsations et commotions La ont duré plus de 11 secondes, et causé presque autant de ommages que la première secousse du 2, aux édifices privés et publics. On distingua sur le Mont-Brac et en d'autres lieux des feux volans, et on sentit une odeur de phosphore. Plusieurs fontaines devinrent troubles et laiteuses : temps nébuleux. LE 17, À Ivrée, on croit avoir ressenti une légère secousse à 3 heures après-minuit , qui a duré 8 secondes , et qui doit avoir terminé par un mouvement de succession. A Nice, tremblement à 1 heure après-minuit. À Paesana, nous y avons senti une secousse de 5° ordre, à 2 heures environ du matin. À Crissolo, aux pieds du pic du Viso, nous avons éprouvé une autre secousse foible , pendant que nous étions enfoncés dans la grotte appelée de Rio-Martino , à 2 heures environ après-midi. À Cavour, à 6 heures du soir, deux ou trois petites secousses : deux autres encore vers les 10 heures , et une dernière à une heure après-minuit. A Barges , plusieurs oscillations et un plus grand frémissement de la terre se firent sentir pendant le courant de la journée, temps nébuleux. À Gap, à 2 heures du matin; à Embrun et à Briançon, se- cousse dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E. qui dura douze secondes : elle fut moins forte que celle du 2, mais elle le fut 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plus que celle du 15. À Corps, on compta pendant 22 secondes, 15 oscillations dont les dernières terminèrent par des espèces de bondissemens. On observa que les vallées resserrées dans les hautes montagnes ont ressenti des secousses plus violentes , et qu'on n'en a éprouvé aucune dans toute la partie de l'arrondis- sement de Gap, qui formoit l’ancien Serrois. À Paesana , à 6 heures du matin, baromètre, 26, 1. 0; ther- momètre , 10: beau. À Crissolo , baromètre , 23. 9. 4; thermomètre, 14 : beau. Dans l'intérieur de la grotte, dite del Rio-Martino, baro- mètre, 23. 4. 4 ; thermomètre , 7 : beau. LE 18, Ala Tour, à 4 heures du matin, deux espèces de détona- tions bien distinctes se sont succédées en moins de deux se- condes, et un météore lumineux a subitement éclairé la tenté de M. Simondi, greflier de M. Appia, juge de paix à la Tour, et qu'il a pris pour un volcan qui s’ouvroit sous ses pieds. A 5 heures du matin le temps s’est couvert , les montagnes du Vandalin et de Rora ont été voilées par des nuages, et à 10 h. ; est tombée une pluie froide. A 8 heures du soir, secounsse du 4° ordre, avec un redou- blement plus léger après : pendant la nuit, trois petits trem- blemenc. À 4 heures du matin, à Cavour et à Barges, secousse vio- lente : temps nébuleux et pluvieux ; quelques autres petites commolions vers midi. A Fenestrelles, trois secousses se sont faitsentir vers la pointe du jour ; plusieurs votes et portes du fort qui, jusques-là n'a- voient pas marqué, en ont été endommagées : la première de ces trois a été sentie à Pignerol. En passant à Barges, nous avons remarqué avec déplaisir, que la force des dernières secousses avoit beaucoup endommagé les maisons qu'avoient désertées les habitans , pour se réfugier sous des tentes. Ce jour-là le maire maria deux jeunes époux dans la baraque de son jardin. Il plut beaucoup tout ce jour-là, depuis Barges à Pignerol et aux environs. A Briquerasque , le temps qui jusques-là avoit été au beau, commença à changer avec l'abaissement du baromètre, et à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 319 10 heures du matin il tomba de la pluie qui dura tout le jour et la nuit encore, et la température baissa jusqu’au zéro. A Nice, à 3 heures et quelques minutes du matin, secousse dans la direction du N. au S., et durée de % secondes. A Barges , à 4 heures = du soir, secousse du 3° ordre. Temps nébuleux et pluie fine vers le soir. A Barges, à midi, baromètre, 26. 10. 8; thermomètre, 11. 5: pluie. A Pignerol , à 4 heures : du soir , baromètre, 26. 10. 5; ther- momètre ,10. 5: pluie. LE 19, . À la Tour on ne ressentit que de petites secousses et des -bruits souterrains , quoique la montagne de Mirabouc fût cou- verte d’épais brouillards ; ce qui n’est donc pas un présage cer- tain de fortes commotions , comme le croient quelques-uns. Pluie continuelle à grosses gouttes d’abord, et ensuite plus fines. À midi la pluie cesse, et quatre petites secousses se font sentir. A notre retour à Pigneroï, nous trouvons que les dernières secousses du 15 au 16 et les suivantes , avoient répandu une grande alarme par leur énergie et les dommages qu’elles avoient causés aux édifices. La place et les promenades étoient pleines de tentes et de baraques, sous lesquelles les habitans pas- soient la nuit, et où même les autorités avoient transporté leurs bureaux. Cependant depuis la nuit du 18, on n’y avoit pas éprouvé de fortes commotions. A Barges, à minuit ? une secousse , et une autre à 3 heures, toutes deux du 5° ordre ; à 4 heures du matin une du 4° ordre : pluie la matinée. À Pignerol , à 6 heures du matin , baromètre, 26. 10. 5; ther- momètre, 10. Oo : pluie. à LE 20, À la! Tour , à 6 heures du matin le thermomètre à l'air libre marqua + 5° 5; il y a eu quelques petites secousses pendant la nuit, et le temps couvert parut vouloir se remettre au beau. À 10 heures : du matin une secousse du 2° ordre a augmenté le mal aux édifices déjà tant endommagés ; une partie de la 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE voûte de l'église de Lucerne s’est écroulée, et quelques mu- railles de maisons sont tombées. Cette secousse a paru venir du N.-E.... Temps couvert sans pluie; mais elle a recommenté à 8 heures du soir, et a continué une partie de la nuit, pendant laquelle de nombreuses commotions , mais légères , se sont fait sentir. À Pancalieri, à 10 heures © du matin, secousse qui a été sentie aussi à Saluces , et y a duré 5 à 6 secondes. On y a senti aussi un certain bruit sourd qui précède ordinairement les secous$es. À Nice, à 10 heures du soir , petite oscillation. À Barges,à 2,3, 4 heures du matin, secousse du 4° ordre ; à 10 ensuite du matin, autre secousse plus forte qui augmenta ENS qu'avoient déjà souflerts les édifices : temps nébuleux et froid. A Briquerasque , à 10 heures : du matin, forte secousse, qui fit trembler les maisons et épouvanta encore tout le monde ; elle fut suivie de plusieurs autres plus foibles pendant la journée et la nuit. À Pignerol, à 10 heures du matin, forte secousse qui a augmenté les crevasses aux édifices déjà endommagés. DENT À Saluces, secousse assez légère à 5 heures 1 du matin. À. Barges, à 5 heures/environ du matin , secousse du 2° ordre: temps variable. À Briquerasque , à 5 heures du matin, secousse, et à deux heures après midi , légère pluie pendant une heure: le temps se remit au beau , et la nuit suivante fut sereine et tranquille, excepté qu'on entendit vers minuit deux légers bruits , comme de coups de canon qui venoient de loin. LE 922, A la Tour, pendant la nuit du 21 au 22, trois à quatre rou- lemens sourds, dont deux se sont succédés en moins d’une mi- nute. Pluie toute la nuit, qui n’a discontinué que vers 4 heures du maün. À 7 heures ?, secousse de la troisième espèce ; à 9 heures Ÿ, une autre légère : le temps revient à la pluie , et le thermomètre donne 7. À 4 heures ? après-midi, coups de ET D'HISTOIRE NATURELLE. Sax de tonnerre au nord, pluie à grosses gouttes, mêlée de neige congelée. Cette dernière pluie a redonné de l'eau aux puits qui en manquoient, A 5heures ; soir, secousse du 5° ordre; bruit sourd qu’on distingue , lorsqu'on prête l’oreille contre terre. À Pignerol et à Briquerasque, orage et gréle grosse comme de petites noix, et lendemain, 23 au matin, on en voyoit encore dans les sillons, qui étoient comme de gros pois. À Barges, dans la matinée, trois petites secousses. Vers 3 heures après-midi, sur le territoire de Marenne, prés de Savillan, on a appercu une trombe de terre, Le ciel étoit couvert de nuages épais et noirs. Un long mamelon gris qui présentoit sa pointe vers le sud , rencontra en chemin un cône de nuages rougeâtres qui paroissoit du feu en tourbiilon , lequel s'élevoit du côté du sud-est, ayant l'air de lui aller au-devant. Ce météore qui a lancé des éclairs et produit des coups de ton- nerre immédiatement après, n'a duré que quelques minutes pour faire place à un nuage tout uni , couleur de fumée. Petite pluie à Saluces, où le baromètre étoit à 26. 11. o. M. le sous-préfet Capelli qui est aussitôt allé sur les traces de ce phénomène, a rapporté que cette trombe a parcouru du sud-ouest vers le nord-est plus d’un mille et demi, qu’elle a dé- raciné plus de 12 arbres, emporté à une hauteur considérable un tas de paille, enlevé le couvert d'une maison, et mis à sec l'eau d’un pré qu'on venoit d'arroser. 6 À Briquerasque, temps variable, disposition à la pluie et à orage. ‘ LE 23, A Saluces , grêle ; baromètre, 27. 4. B. A Barges , à minuit , secousse légère : tempête et grêle dans l'après-midi. A Briquerasque, vers 6 heures du matin , petite secousse, descente du baromètre, et temps plus froid, qui fait méme desirer le feu. Environ à 3 heures de l'après-midi , orage et tem- pête avec tonnerre et éclairs en quantité, ensuite gréle grosse comme des noisettes, et le thermomètre presque à la glace. Le beau temps revient et deux petites secousses se font sentir. A Pignerol, à 6 heures du matin , secousse avec tremblement, laquelle a éte plus sensible à Revello. Pendant le reste de la journée , on a souvent senti la terre en mouvement. Tome LX VII OCTOBRE an 1808. 55 522 JOURNAL DE LHYSIQUE, D2 CHIMIY LE 24, À Barges, à 9 heures : du soir , secousse du 2° ordre très- forte , et autres secousses plus foibles pendant la journée : temps froid ; gel pendant la nuit , tempête et neige sur les montagnes. À Briquerasque, environ à 9 heures du soir, secousse forte après une journée d’un temps froid variable qui fut suivi de deux autres plus foibles pendant la nuit, et ensuite la pluie. LE 25, À Barges, petites secousses pendant la nuit : temps variable et orage vers le soir. LE 26, À Barges , quelques légères commotions vers les 7 heures ? du Soir : temps serein et calme. À la Tour, légère pluie. À Pignerol , quelques petites secousses pendant la journée. LE 27, À Barges, à 2 heures = après-midi, légère secousse : temps variable. ÿ À Saluces, à 11 heures : du matin, secousse avec oscillation qu'on ne ressentit pas à Barges. LE 28, À Barges , à 2 heures 30 minutes du matin , secousse qui fut accompagnée d’un bruit souterrain qui dura près de 30 minutes 15 secondes , mais oscillations : temps variable, À Briquerasque, à 2 heures après-minuit, secousse légère avec bruit et frémissement. À Pignerol , secousse assez forte à 1 heure après-minuit. LE 29, À. Barges , légère secousse à 4 heures du matin : temps va- table ; après-midi orage ayec tempête, et ensuite pluie toute la nuit. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 A Briquerasque, vers les 4 heures du matin, secousse fort légère, ensuite petite pluie : à midi, tonnerre et éclairs, et: temps plus clair. Vers les 5 + à G heures du soir ; pluie quia a continué toute la nuit. À Pignerol , à 9 heures 12 minutes du matin, deux secousses assez fortes. MEMNTO), A la Tour, vers les 2 heures du matin, 2 secousses assez fortes, et à 7 heures ? du soir, une autre légère. À Barges, à 3 heures du matin , secousse accompagnée d’un rand bruit semblable à des canonnades, sans oscillations ni pulsations ; vinrent ensuite des espèces d’explosions. Le temps au matin étoit nébuleux et pluvieux; il se remit ensuite au calme, et les bruits souterrains se ralentirent aussi. A Briquerasque, vers 1 heureet 4 du matin, légères secousses: temps variable. On crut remarquer, que depuis le 2 avril le soleil n'avoit pas encore été‘vu entièrement dégagé de vapeurs, comme il le fut ce jour-là. A Pignerol, à 11 heures ? du matin , secousse très forte. LE 17mai, Depuis le 24 du mois passé jusqu’au 30, il n’y a pas eu des secousses , proprement dites, à la Tour, mais bien des bruits plus ou moins forts , 4 à 5 environ en 24 heures , venant du N.-E. : on a mêmeété une fois un jour entier sans rien entendre : un immense rocher s'est détaché de la montagne, en face du Villars , et a brisé dans sa chute 53 châtaigniers jusqu'aux racines, sans compter d’autres arbres, et a emporté une maison inha- bitée. Heureusement qu'en s'écroulant cé rochér s’est divisé ; sans cela , il auroit infailliblement ruiné quatre à cinq maisons habitées. À Briquerasque, à 10 heures du matin, légère secousse. À Pignerol, à minuit ?, secousse très-forte, et3 heures : après, une autre plus vive avec bruit et tremblement , et quel- ques autres encore plus foibles dans le courant de la journée. Depuis quelques jours, les villages qui sont plus vers le haut de la vallée de Pélis, comme le Villars, Bobbi, etc. sont plus fortement ébranlés et essuient plus de dommages que les autres lieux situés plus en bas vers la plaine, Ss2 52% JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE À. Saluces, à 20 minutes après- minuit, ondulation venant de l’ouest à l’est, mais plus sensible dans la vallée de PO. A Barges, à 1 heure et à 2 heures du matin, secousses du 5° ordre , et une autre plus foible vers les G heures du soir. LE 2, À Briquerasque , diverses secousses après-minuit ; mais elles étoient si foibles, qu'elles sembloient plutôt des canonnades Jointaines qui produisoient un léger frémissement. Vers 5 h. du soir, autre légère secousse : temps variable. A Barges , à 2, 3,4 heures du matin, diverses foibles se- cousses qui n'étoient pas ; de la force de lapremière. À Pignerol, vers 3 heures : après-midi, légère secousse. È LENS, A Saluces , à 3 heures du matin , secousse d’ondulation venant de l'ouest à l’est, qui a aussi été ressentie à Pagno. A Coni, à 3 heures + du matin, secousse violente qui a alarmé les habitans. À Briquerasque, au point du jour, légères secousses : en- suite pluie et temps nébuleux toute la nuit, avec un grand vent du couchant qui dura peu d'heures. À Barges, vers 4 à 5 heures du matin, diverses légères se- tousses. LE 4; A Briquerasque , temps variable : pluie et vent du couchant. A Barges, à 2 heures 20 minutes et à 3 heures, deux se= cousses semblables à celle de la veille, et fort foibles. LE D, A la Tour, on a été presque 48 heures sans ressentir des secousses qui aient été sensibles pour tout le monde. Ce matin, de 3 heures À à 5 heures, il y en a eu troislégères, dont une a été accompagnée de détonation semblable à celle d’un grand coup de canon, et une assez forte à 11 heures. À Briquerasque , à 2 heures après-minuit diverses secousses, mais si faibles qu’elles étoient à peine sensibles : temps variable Y#T D'HISTOIRE NATURELLE, 325 et pluvieux , plus serein à 9 heures , et légère secousse; ensuite retour de la pluie l'après-midi. k À Barges, à 2 et 4 heures du matin, secousse légère , et à 11 b., une autre un peu plus forte, qui futplussensible à Cavour. À Pignerol , à 11 heures du matin, secousse très-forte , pré- cédée de 3 coups de canon qui sembloient venir de Lucerne ; et à 10 heures : du soir, une autre plus sensible. LE 6, A la Tour , vers le soir , des bruits sourds se sont fait sentir, etils ont duré pendant la nuit, et encore le lendemain. A Ivrée, à 1 heure : environ du matin, secousse qui a duré 10 à 12 secondes; elle épouvanta les malades à l'hôpital. Le ciel étoit nuageux , et le baromètre étoit à 27 pouces 5 lignes; le thermomètre, à H 14.7. A Barges , vers 2 et 5 heures du matin, légère secousse. A Briquerasque , à 2 heures après-minuit , légère secousse, et vers 4 heures une plus forte; temps variable toute la journée: pluie , vent et tonnerre à midi. À Pignerol , à 4 heures du matin, secousse plus forte que celle de la veille. PE 7 À la Tour, à 2 heures 20 minutes environ du matin, secousse du 5° ordre , précédée par une espèce de sifflement , et suivie, demi-heure après, par un bruit sourd: à cette secousse a suc- cédé une pluie des plus fortes, qui a duré presque une heure et a beaucoup incommodé les habitans qui logent dans les bara- ques et sous les tentes. À Briquerasque , à 2 heures? après-minuit , légère secousse : temps variable toute la journée , léger tremblement vers midi, et pluie légère vers la nuit. À Barges, à 2 h. ; après-minuit , diverses légères secousses. LES 3 À Briquerasque, vers la pointe du jour , quelques tremble- mens à peine sensibles : temps variable. À Barges , quelques foibles tremblemens vers les 3 et 4 heures du matin, etau soir, ondulations et frémissemens de la terre, comme s'ils étoient produits par des coups de canon sou- terrains. 5 526 JOURNAL DE PHYSIQUE, D" CHIMIE LE O, A la Tour , d’une heure : à 3 heures : du matin, trois fortes explosions ; à 3 heures :, secousse de 4° ordre, qui a duré 4 à 5 secondes. A Briquerasque , environ à 3 h. du matin, quelques tremble- mens à peine sensibles, qui se répétèrent une demi-heure après: temps variable et pluie. A Barges, vers 2 et 5 h. du matin , quelques légères secousses. A Pignerol, à 3 heures après-minuit, secousse bien forte til y en avoit eu de légères les jours précédens. LE IO, A Briquerasque, après-minuit quelques légères secousses : temps variable et pluie. A Barges, nul tremblement, mais quelques petits bruits sourds. A la Tour, entre 1 et 3 heures du matin, deux petites se- cousses; à 11 heures du soir , plus de cinq petits mouvemens en moins d'une heure. LE EL} À Briquerasque, depuis minuit jusqu’au jour, tremblemens légers , et souvent réitérés , surtout vers les montagnes ; à6 h. du soir, autres tremblemens , mais plus foibles ,. de même qu’à 9 heures. A Pignerol , à 1 heure: , légère secousse. Ces secousses du dernier ordre se sont fait aussi sentir tous les jours piécédens ; mais elles étoient si foibles que beaucoup de personnes ne s'en sont pas apperçues. A la Tour, entre 3 et 4h. du matin, bruits sourds qui sont devenus assez fréquens pendant la journée , maisils étoient légers. A 5h.; de l'après-midi, bruit sourd comme d'une explosion sou- terraine. À 6 h. du soir et quelques minutes, une secousse de la troisième force a jeté une nouvelle alarme dans tout le pays. À 10 h. = une autre explosion: D'EAU DON À la Tour, à6 h. du matin, bruits souterrains ressemblant à uneexplosion , qui ont été fréquens pendant toute la journée. LT D'HISTOIRE NATURELLE, 327 LE 15, À la Tour, entre 2h. : et 35 h.: du matin, deux petites se- cousses, mais assez sensibles , et le reste de la journée a paru assez tranquille; à 10 h. du soir une espèce d'explosion s’est fait sentir. ._ À Pignerol, à 2 h ?-du matin, secousse bien forte; ilyena eu pendant la journée d’autres qui se sont fait sentir beaucoup moins yivement , excepté celle de 11 h. du matin. LE 14, À la Tour, à minuit, plusieurs grands coups de tonnerre avec éclairs et pluie ; à 2h. une explosion souterraine ; à 4h. =: une 3 4° P £ - E secousse de la 4 force, précédée d’un bruit assez fort ; et à 5 h. 40 minutes après-midi , une autre plus légère. A Pignerol , à 2 h, = et à 4 h. : après-minuit , secousses assez oO a 4 P fortes, avec un long brut , et avec tremblement un peu continué. LE 15, A la Tour , pendant la nuit au matin , une seule explosion. À Briquerasque, mouvement d’ondulation pendant plusieurs heures de suite , et même pendant la nuit. LE 16, Le 16,à6 h. du matin, plusieurs ont observé un phénomëne le long du Pélis. Une nuée rouge rasant la terre , recouvroit cette rivière et les lieux circonvoisins; etau moment d’une secousse, elle a donné une odeur de soufre: le tout a disparu quatre minutes aprés, pays À Brisquerasque , à 4 h. du matin, secousse tres-légère; des mouvemens d'ondulation se sont fait aussi remarquer , et les édifices continuent à en souffrir : ceux quiétoient déjà étayés, ont dü l'être encore avec plus de force pour éviter leur ruine, OBSERVATIONS METÉOROLOGIQUES FAITES à THERMOMETRE. BAROMETRE. a AS À EN LI ® | Maximum. | Minimum. |A Mar. Maximum. Minimum. AM. 1fùris. 177 | + 16,oà 10 s....... 28. o,o0|à 8 m....... 27.11,00|27. 11,50fn 2là4s. +15,6[à 5 = m. +r1,| pe AMIE 28. 0,66 AIS en en 28. 0,25|28. 0,661 3h midi +16,3là 10 8. H12,1| =Lxr6,3fà 10 s. .....28. O,5D|à 35 S...... 28. 0,10|20. 0,68 qalà3ts. ha +ro,5| +15 8là 6m... 28. o,18|à 34s......27.11,80|28. o,o0k 5lamidi +18, 6là 5im. + 0,6| +18,6fà 55m..:...27.11,99/à 114 5..... 27.10,50|27.11,25) 6[à3s +16,6 àlo?s. 13,0) 15,61 8 m. ......27.11,40|à midi. .... 27. 11,75 27.11,40} 7là midi <+r6,2 —16,21à midi. .....28. o,40|à9 #5. ..... 27.11,08|20. 0,40) Êfàmidi +Æ18,2là rois. Æ 9,2] 18,2 54 m.....27.10,50]à 10 £ s. Ts 8,55 27. 9,40} 9là32s. <+16,7là52s. —Æ 9,2] +r61la5+m.....27. 7,50fà 10? s.....2 6,78|27. 7,00] iofà25s. rg7lanris. + 0/5] Hr47pa11zs......97. PGA 54 ma: 27. me 21: 6,931 I ass 3 m. . à ; 27 È ! ïdi H15,6là 115. “+Hio,o| 15,6 5+m......2 70027 |RLISe ELEC 13fà midi +H15,2|à à9s. +10,6| 415,2 HOMME. 27.10,00|29 s..-.--2 27. “ 27. 10, cop, 14[à22s. “Hr4,8là 6m. “Hio,1| Hraoliodis .27.10,76|1 6 m......:2 27. 0,53]27- 10,05) 15|à2is +16,7|à 5+ m. SÉrOj6 TD or ENS. 20. Tr 0100 m 27.11,60|20. 0,10} 161425 “Hi4olà 52m. + 8,0| H13,61à 11:35. :...28. 2,252 5 £ m..... DO 285 28. 2,12R 17|à 25. +13,9/à 8 m. + 8,2 —L13,0là 8 M. .....28. 1,80[4 05. ..-.. 28. 062 26-0T;10 18fà midi 16,614 53m. + 9,0) 416,6 152m 27.11,60|À 10 £s......27.11;07|27- 11,5 j 192. +17, à1T Ls. + 9,3| Æ17,olà 11 3 5.....20. 2,38|a 53m... 27.11,12]20° 0,03] o0fà 35. +15,3/à5 2m. + 7,4] H15,ofà midi. .....28. 4,50|à5; m..... 26. 3,45/28 + 4,50) 21/à35. “+15,3)aà52m. + 7,0] +15,ofà 5 m.....28. 4,30là11+5s 28. 3,00 28. 4,10] 22|à 35. DSIEla à à mi ET 6 r4,81à 5 À m.....28. 2,09/À 1145 ASE 27.10,75|28. 1,0 LE 23làmidi Hi4,2là6m. “+ 8,3] +14,2là 8 i m..... 27: 8,60à 25. ......27: 8,10[27. 8, 29} 24là midi +13,8/à8m. + 8,5 Hr3,8)à 8 s........ 27.11,85|à 6 m......27. 975 27-10, ëo|. 20[4355S. Hi2,6[à6m. “+ 4,2] +rr,1firrs 20. 1,27là61m....... 28. 0,75/|20. I, ro} A 26|à4is. Ærä,olà 42m. Æ 6,9! ÆLrr,glà 41m.....28. o,85là 115. .....27.11,27|26. | | 27|à midi +-13,3[à 6m. “+ 5,8| +13,9/à 6 m...... 27.10,55|à midi...:.. 27.10,06|27.10,06fh 28|à midi + 8,21à 61m. —Æ 3,3| + 8,2 6:m.....27. 9,9|à7+s......2 D7E 6,537. 9,048) 2olàmidi + 5,6à6m. <+'5,2| + 5,61192%s......27. 5,89|à 6 m. .....27. 2,00|27- sl} 3ola3s. +o,2à6m. + 3,7| + 87h3s. 2707310) à 6 Me +: «2 27.6,75|27 « "4 RECAPITULATION. Plus grande élévation du mercure...28.4,50, le 20, à midi. Moindre élévation du mercure..... 27 .2,00, le 29 à 6 m. Élévation moycnne...... 27. 0,25 | Plus grand degré de chaleur... —+18°,6, le 5 à midi. Moindre degré de chaleur....... + 3,2,le 26 à midi. Chaleur moyenne........ + 10°, Nombre de jours beaux....... 7 L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, SEPTEMBRE 1808. POINTS VARIATIONS DE LATMOSPHERE. VENTS. Re LUNAIRES. h LE MATIN. F9 COR | Couvert, pluie fine, (Gi couvert. Pluie , par intervalles. Quelques éclaireis. Quelques éclaircis. |Pluie par intervalles |f Pluie par un tervalles.|Très-nuageux. Ciel couvert. Couvert par interv. Couvert par interv. Très-couvert. À demi-couvert. A demi-couvert. Equin. asc. |Ciel couvert. Quelques éclaircis. |A demi-couvert. Ciel couvert. iel couvert. Ciel couvert. Ciel couvert. Ciel couvert. Ciel couvert. Très-nuageux. : Très-nuageux. Quelques éclaircis. |Couv., parint., pzuie.|k Pluie par intervalles.| Horte pluie. Giel voilé etnuageux.|$ Couvert parinterv. |Très-nuageux. Quelques éclaircis. Pluie par intervalles.| Temps pluvieux. | Pluie abondante. D. Q. Couvert. Pluie abon., tonnerre.|Giel couvert. Ciel couvert. Très-nuageux. Ciel couvert. Ciel couvert. Ciel couvert. Nuageux. Superbe. Superbe Nuageux. Ciel voilé. Couv. par intervalles.|Ciel couvert. Beauc. d'éclaircis. Couvert, pluie. Couvert par interv. Equin. desc. N. L. Beau par intervalles.| Sans nuages. Pluie tonn., la nuit. Très-nuageux et trou.| Beau temps. Légérement couvert. N-E. faible. |Périgée. Bsau, brouir. épais. | Très-nuageux. Superbe. Calme. Ciel voilé, A demi-couvert. Très-nuageux. Calme. Couvert. Très-couvert, pluie.| Pluie continuelle. Ciel couvert. Nuageux. A demi-co. , nuag. cl. Beau temps. Très-nuageux. Superbe. P. Q. Superbe. Sans nuages. Superbe. Très-nuageux. Ciel couvert, pluie. |Pluie continuelle. A demi-couvert. Ciel couvert, pluie, |Très-couvert. Pluie abondante. Pluie continuelle. |Ciel couvert Très-couvert. Très-nuag.,ettroubl.|Ciel couvert. RÉCAPITULATION. de couverts...:.. 23 de pluie...:.-... 14 le 1° 9°,650 HOTEL Te mes ee 26 Therin. des caves Réaumur. deElée 0... o le 16 9,650 de tonnerre...... 2 de brouillard..... 1 de ncige......... o de grêle..." "1. o INA ER eee ccire 7 s NS AIMER"... 3 La BE ae smerenee I J - SEM nette se sets te I 4 Jours dont le vent a soufllé du SARA re HEUREUSE 5 SIOEMAIL ANR Re 5 OMS AS 3 NSONNE ER ET are ele I CR OR EE LE EEE Ÿ Tome LXVII. OCTOBRE an 1808, Tt 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DES OS FOSSILES TROUVÉS DANS L’AMÉRIQUE-SEPTENTRIONALE. M. Jerrerson a envoyé à l’Institut de France une collection d'os fossiles de l'Amérique septentrionale. MM. Lacépède et Cuvier avoient été chargés par leur savante Compagnie, de lui faire un rapport sur ces os ; ce rapport a été fait dans la séance de lundi 10 octobre, En voici l’extrait : La plus grande partie des os en question appartient à cet animal extraordinaire dont les dépouilles sont si abondantes dans l'Amérique septentrionale, et auquel l’un de nousa donné le nom de NWastodonte. La Classe peut se souvenir que l'espèce n’en a encore été retrouvée vivante nulle part ; que sa grandeur égaloit celle de Féléphant ; qu’il étoit moins élevé à proportion; qu'il portoit, comme l'éléphant, de longues défenses d'ivoire et une trompe charnue, mais que son caractère distinctif le plus apparent consistoit dans ses mächelières , qui , au lieu d’être composées de lames minces et parallèles comme celles de l'éléphant , of- - froient de grosses pointes coniques disposées par paires trans- versales. Tous ces faits ont té développés récemmentdans un Mémoire lu à la Classe ( Annales du Muséum d'histoire naturelle , tom. VIII, page 270); mais une grande partie en avoit été uisée dans des ouvrages étrangers , et principalement dans celui de M. Peale ( Æistorical disquisition on the Mammouth ), parce que nous n'avions à Paris qu'un petit nombre d'os de cet animal remarquable. L'envoi de M. Jefferson non-seu- lement nous metaujourd’hui en état de vérifier par l’observation immédiate , ce que nous ne connoissions que sur le témoignage d’autrui, mais encore d'ajouter des détails précieux etnouveaux à ceux que nous possédions. Voici nne énumération succincte des os qu'il a adressés à l'Institut : ET D'HISTOIRE NATURELLE 35€ 1°, Une demi-mächoire infériéure adulte avec la symphise complète et portant deux dents, l’une à 6 pointes et l'autre à 10, 2°. Un fraginent de mâchoire supérieure également adulte, portant une dent à huit pointes , dejà fort usée. Ces deux morceaux éclaircissent un point qui étoit resté douteux ; on ne savoit pas si les dents à 10 pointes succédoient à celles à 8, ou si elles leur répondoient d'une mâchoire à l’autrèé. On voit ici que c'est ce dernier cas qui a lieu ; les dents à 10 pointes sont les inférieures ; celles à 8 , les supérieures. 5°. Une demi-mâchoire inférieure d’un jeune individu ; celle- ei est d'un intérêt plus grand encore que la précédente. On y voit 1° en avant les restes d'une petite dent qui a disparu; 2° une dent à 6 pointes , à demi usée; 3° une autre dent à 6 pointes , nouvellement sortie de la gencive et encore intacte; 4° des restes d’un alvéole où étoit, sans doute , le germe de la dent à 10 pointes, ou peut-être d’une troisième à 6. Nous ap- renons par là que le mastodonte avoit au moins 16 mâche- Fe dont les premières tomboient successivement pour faire place aux dernières, peut-être même en avoit-il 20 ; car la se- conde mächelière en place dans cette jeune mâchoire n’égale pas les mâchelières à 6 pointes qu'on voit dans les mâchoires adultes ; et, comme les dents ne croissent pas en grosseur, il est probable qu'il devoit lui en succéder encore une. 4°. Deux dents isolées à 8 pointes et une à 6 encore en partie en germe. 5°. Une défense énorme, longue de 2 mëtres 65 centimètres, ou de près de 8 pieds en suivant sa courbure. Arquée d’abord comme à l'ordinaire dans un plan vertical, sa pointe se recourbe encore en dehors , ce qui passe pour l'un des caractères des dé- fenses du mastodonte ; elle ést d’un ivoire tissu comme celui de l'éléphant, mais sa consistance a été fort altérée par son séjour dans la terre. 6°. La tète inférieure du fémur d’un jeune individu un peu mutilée. 7°. Le tibia gauche d'un adulte long de 22 pouces où 0,60: celui d'un éléphant de 8 pieds de haut à 20 pouces, mais il est moins épais à proportion ; du reste , ses formes sont à peu près les mêmes. Un radius gauche de 2 pieds ou 0,65. 9°. Un calcaneum gauche. 10°. Un astragale du même côté , mais d'un autre individu. 11°, Un scaphoïde du tarse toujours du même côté. Tt > 532 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces trois os sont d'individus plusgrands que celui qui a fourni le tibia. 12°. Un cuboïde du tarse droit. 13°. Deux semi-lunaires du carpe droit. 14°. Un cunéiforme zdem. 15°, Un grand os gauche, | 160, Dix-huit os de métacarpe et de métatarse complétant presque tous les doigts. 17°. Troisiphalanges. Tous ces petits os des pieds nous étoient inconnus , et une comparaison exacte que l’on pourra en faire avec ceux du mammouth et avec ceux de l'éléphant fournira probablement encore quelques caractères utiles pour distinguer le mastodoute. 18°. Six côtes ou portions de côtes. 19°. Une vertèbre dorsale dont l'apophyse épineuse est un peu mutilée. î 20°, Les apophyses épineuses de'deux autres vertèbres dor- sales, la plus grande a 18 pouces et demi , ou 0,50 de longueur. 210, Trois mâchelières du véritable éléphant fossile ou m1amn- mouth des Russes , lesquelles achèvent de prouver queles débris de cet animal, très-différent du r7astodonte, quoiqu’on les ait souvént confondus l’un avec l’autre, se trouvent pèle-méle avec ceux-ci dans les mêmes terreins, et que par conséquent les deux espèces vivoient probablement ensemble dans les mêmes pays. S L'existence simultanée de ces deux espèces , jointe à une grande ressemblance de leurs extrémités, rend mème assez difli- cile de décider si tous les os dont nous avons fait l'énumération appartiennent au 77astodonte, ou s’il n’y en a point qui vien- nent du »#2ammouth. Ce doute porte principalement sur les os peu caractérisés, comme les vertèbres et les os du carpe. Tous ces ossemens envoyés par M. Jefferson, excepté la dé- fense, sont d’une belle conservation ; la plupart sont teints d'un noirâtre plus ou moins foncé. On remarque sur quelques-uns uu reflet doré qui pourroit tenir à des parties pyriteuses. Nos cabinets publics étant jusqu'ici fort loin d'offrir une col- lection aussi complète de ces os, l’envoi de M. Jefferson doit étre considéré comme un présent très-précieux que ce grand magistrat fait à l'Institut et aux amateurs françois de l’histoire naturelle, Nous pensons donc que pour faire de ce don un emploi digne de celui à qui nous le devons, la Classe doit persister + ET D'HISTOIRE NATURELLE, 533 dans son arrêté précédent, et faire remettre ces os à l’adminis- tration du Muséum d'histoire naturelle, en l'invitant à les ex- poser au public avec une inscription qui rappelle le nom da donateur. Nous pensons aussi que le bureau doit étre chargé de remercier solemnellement M. Jefferson de cette nouvelle preuve de son attachement au corps dont il'est membre, de son intérèt pour tout ce qui peut être avantageux aux sciences. NOU VELLES LITTÉRAIRES. Voyage de Découvertes aux Terres Australes , exécuté par ordre de Sa Majesté l'Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe , le Naturaliste et la goëlette le Casuarina, pen- dant les années 1800 , 1801, 1802, 1803 et 1804; publié par décret impérial sous le ministère de M. de Champagny , et rédigé par M. F. Péron, naturaliste de l'expédition, correspon- dant de l’Institut de France, de la Société de l’Ecole de Mé- decine de Paris, des Sociétés Philomatique et Médicale de Paris. Tome Ie, z2-4°. À Paris, de l’Imprimerie Impériale ; Accompagné d’un Ætlas , par MM. le Sueur et Petie, grand 27-49, Se vend à Paris, chez Arthus-Bertrand , Libraire , rue Haute- feuille, n° 23. Nous avons déjà parlé plusieurs fois des travaux intéressans de Péron et de je Sueur, qui étoient du nombre des Savans envoyés avec le capitaine Baudin aux Terres Australes. Ces deux estimables naturalistes ont surmonté avec le plus grand cou- rage toutes les difficultés qui se sont présentées dans ce célèbre et malheureux voyage où a succombéle plus grand nombrede leurs infortunés collègues. « Péron et le Sueur ont rapporté plus de cent » mille échanullons d’animaux d'espèces grandes et petites, » disent les commissaires de l’Institut ; leur coilection a fourni » plusieurs genres importans : il en reste bien encore davan- » tage à faire connoître, et le nombre des espèces nouvelles, » d’après le rapport des professeurs du Muséum ,s’élève à plus » de deux mille cinq cents... Ilen résulte. que MM Péronetle » Sueurauront eux seuls plus fait connoître d'animaux nouveaux, » que tous les voyageurs naturalistes de ces derniérs temps. » L Ouvrage dont nous annoncons le premier volume , estune relation historique du voyagé rédigé par Péron, et l'Atlas a été 5354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rédigé par le Sueur et Petit. Il contient des détails géographiques intéressans, et des descriptions abrégées de plusieurs des objets qu'ils ont rapportés. Le secondet dernier volume paroîtra iu- cessamment. Les Auteurs donneront ensuite dans des Ouvrages particuliers les descriptions détaillées de tous les objets de leur riche col- lection , accompagnées de planches. Ce sera un des plus beaux travaux que possédera l'Histoire naturelle, à en juger par les descriptions et les planches contenues dans ce premier volume. On y admire l'élégance et l'exactitude des descriptions de Péron, et le fini des dessins dé le Sueur. Voyage de Humboldt et Bonpland , trorsième partie. Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne ; ou- vrage qui présente des recherches sur la géographie du Mexique, sur l'éténduede sa surface, et sa division politique en intendances, sur l'aspect physique du sol, sur la population actuelle , l’état de l'agriculture , de l'industrie manufacturière et du commerce, sur les canaux qui pourroient réunir la mer des Antilles au grand Océan, sur les revenus de la Couronne , la quantité de métaux qui a reflué du Mexique en Europe et en Asie, depuis la découverte du nouveau Continent, et sur la dé- fense militaire de la Nouvelle-Espagne, Deuxième livraison. Elle contient les pages 53 à 172. Elleest accompagnée de quatre planches. La fin de l'introduction interrompue dans la première livraison , sera fournie avec la troisième qui paroîtra dans deux mois. EXTRAIT. L'Auteur examine quelle pouvoit étre la population du Mexique lorsque Cortès en fit la conquête. Il fait voir que tout ce quen ont dit les premiers conquérans est très-éloigné de la vérité ; mais il est impossible aujourd'hui dela découvrir. Cette population du Mexique lui paroït être actuellement, en 1808, au-dessus de 6,500,000. Les Indiens ouanciens habitans du pays, paroissent former les deux cinquièmes de cette population. Dans tous les pays où la culture n’est pas ancienne , la popu- lation augmente prodigieusement , etle nombre des naissances surpasse de beaucoup celui des décès. Voici le tableau curieux que l’Auteur en a dressé. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 535 Naissances. Décés. En France.......,.....ssssv.sscssees 1104... .100 En Angleterre...................... 120.....100 Mn Snede Me Mes ee core ece menti MRDOE te L 100 En Finlande: 10.152... NUL INR60. 100 Dans l’Empire russe................. 166.....100 Dans la Prusse occidentale. .......... 180.....100 Dans le gouvernement de Tobolsk..... 210.....100 Dans plusieurs parties du haut plateau du Mesiqne ee PMP RL ET 23oL 7. roù L AuxEtats-Unisdansl'état de New-Jersey. 300.....100 Mais différentes causes arrêtent cette augmentation, les diverses maladies ;... mais principalement la famine. En 1754 it y eut une telle disette de vivres dans toutle Mexique, qu’il y périt plus de trois cent mille personnes. En 1772 la famine fit périr en Saxe 66,000 habitans, tandis que l'excédant des naissances sur les décès n'y a pas été, année commune, depuis 1764, à 1784,au-delà de 17,000 individus. On connoit les ravages que les famines font en Chine. On avoit dit que le travail des mines faisoit périr beaucoup de monde ; mais l’Auteur fait voir qu'il n’y a pas eu deux centièmes de la population employés à ces travaux, c’est-à-dire environ 28,000 personnes , et que la mortalité n’est pas plus grande dans cette classe que dans les autres classes du peuple. La chaleur de la plupart de ces mines est très-considérable, l’Auteur l'a trouvée de 34°, thermomètre centigrade ( ou 27° 3. R. ), au fond de la mine de Valenciana, à 513 mètres depro- fondeur , tandis qu'à l’air libre en hiver, la chaleur n'est que 4 à 5 au-dessus de zéro. Voyage à l'Isle d’Elbe , suivi d'une notice sur les autres îles de la mer Tyrrhénienne, par Arsenne Thiébaut-de-Berneaud , secrétaire émérite de la Classe de Littérature , Histoire et Anti- quités de l’Académie italienne, membre de plusieurs autres Sociétés savantes , etc. — 1 vol. £7-8° , avec une carte de l'ile et deux autres planches. — Prix 4 f. 5o c., et5f. 30 c. franc deport. — Chez Colas, Imprimeur-Libraire , rue du Vieux-Colombier, n° 26,et Lenormant, Imprimeur-Libraire, rue des Prêtres- Saint-Germain-l’Auxerrois, n° 17. L'Auteur a divisé son Ouvrage en deux parties. Dans la pre- mière il considère l’ile d'Elbe du côté des productions qu'elle contient, minéraux , animaux, végétaux. Dans la seconde partie il la considère sous les rapports politiques. Ses observa- tions et ses vues nous paroissent exactes. 336 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. Æcerbis voyage, through Finlande, Lepland e Sweden ; c'est-à-dire, Voyage d’Acerbis en Finlande , en Laponie et en d'uëède. 2 vol. Cet Ouvrage, qui est de M. Acerbis, est entièrement différent du suivant. Voyage pittoresque de Scandinavie , 1°e Livraison. Ce Voyage pittoresque devoit avoir plusieurs livraisons ; mais il n'en a encore paru qu'une, celle-ci fait desirer que les autres paroïssent bientôt. Cet Ouvrage est de M. de Saint-Moris. Recherches Expérimentales sur un nouveau Mode de l'action électrique. Par Ant. CI. Gerboin , professeur à l'Ecole Spéciale de Médecine de Strasbourg, membre de plusieurs Sociétés savantes, avec une planche en taille-douce. 1 vol. 7 8°. A Strasbourg , chez F. G. Levrault, Imprimeur-Libraire ; et se trouve à Paris, chez Gabon, place de l'Ecole-de-Médecine ; Lenormant , rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois , et Nicole , rue des Petits-Augustins. On ne sauroit trop multiplier les recherches sur l’Electricité, mais il faut qu'elles soient appuyées sur des expériences exactes. \ TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Rapport sur un Mémoire de MM. Gall et Spurzheim , relatif à l'anatomie du cerveau. Pag. 235 Sur l’analogie du Diopside avec le Pyroxène ; par M. Hay. 266 Analyse du Diopside ; par A. Laugier. ( Extrait. ) 279 Du Dusodile , nouvelle espèce minérale; par M. L. Cordier. 277 Mémoire sur la température extréme et moyenne de la France; résultante des observations faites dans 116 villes, rangées par ordre de latitudes; par M. Cotte , Correspond. de l'Institut de France , etc, 279 Rapport sur le Tremblement de terre qui a com- mencé le 18 avril 1808, dans les vallées de Pélis, de Clusson, etc. ; par 4. M. Vassalli-Eandi. Tableau Météorologique. Des Os Fossiles trouvés dans l’Amérique-Septen- trionale. 3 Nouvelles Littéraires. 3 D je + E TR ET ÈNE C CARRE À pond hé ip ue Url ‘OCT SAR Li titi ll | s Lt x, REC ETES QUES Trrètlie KL :! DO RNA L EP STOUE, DE SCATIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE, NOVEMBRE an 1808. CHIMIE. Ox SOME NEW PHENOMENA, etc. Sur quelquesnouveaux phénomènes de changemens chimiques produits par Pélectricité ; particulièrement la décomposition des alkalis fixes et la séparation des substances nouvelles qui constituent leurs bases ; et sur la nature des alkalis en général. Par H. Davy ,Esq Secrétaire de la Société royale , Professeur de chimie à l'Iustitution royale de Londres. | Trans. Phil. 1808 (1). | I INTRODUCTION. Daxs la Leçon Bakérienne que j'ai eu l'honneur de présenter l’année dernière à la Société Royale, j'ai décrit un grand nom- (1) La découverte de M. Davy est d’un si grand intérêt pour la science, et la recherche qui Py a conduit est dirigée avec tant de sagacité , que Tome LXV II. NOVEMBRE an 1808. l'a: 338 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bre de décompositions et de changemens chimiques, produits par l'électricité dans des substances dont la composition est connue; et je me suis hasardé à conclure, d’après les principes généraux qui paroissoient pouvoir expliquer les phénomènes, que les méthodes nouvelles de recherche promettoient de con- duire à une connoissance plus intime des vrais élémens des corps. Cette conjecture ne reposoit alors que sur de fortes analo- gies; mais je suis maintenant assez heureux pour pouvoir l’ap- puyer sur des faits très-concluans. Dans le cours d’une appli- cation très-laborieuse des forces de l’analyse électro chimique à des corps qui avoient paru simples tant qu’on ne les avoit exposés qu'aux réactifs ordinaires, c'est-à-dire , qu'on n'avoit encore décomposés , j'ai eu la bonne fortune d'obtenir des ré- sultats nouveaux et singuliers. Je donnerai dans les sections qui suivent, les détails de celles d’entre mes suites d'expériences que j'ai pu amener à un certain degré de maturité et ranger dans un ordre un peu régulier; surtout celles qui ont eu pour objet la décomposition et la com- position des alkaïis fixes , et la séparation des corps nouveaux et extraordinaires qui constituent leurs bases. Lorsque j'aurai à décrire des procédés non usités, je ne crain- drai point d'entrer dans de grands détails ; mais daus les cas où je n'ai employé que les moyens ordinaires , je ne parlerai que des résultats. Je dépasserois de beaucoup les limites assignées à cette leçon, si je prétendois suivre pied à pied les progrès de la recherche, exposer les diflicultés qui se sont présentées , la ma- nière dont je m'y suis pris pour les vaincre , les manipulations que j'ai employées , etc Je me bornerai à dire, que je ne dé- signerai comme faits ou résultats généraux, que ceux que j'aurai déduits d'expériences faites avec soin, et souvent répétées. : nous croyons devoir donner dans son entier la traduction du Mémoire qu'il a lu sur cet objet à la Société Royale, quoiqu’elle occupe à elle seule la presque-totalité de ce Cahier (de la Bibliothèque britannique). (MWote du Rédacteur.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 339 IT. Des procédés employés pour la décomposition des alkalis fixes. Les recherches que j'avois faites sur la décémposition des acides et sur celle des composés neutres alkalins et terreux, m'avoient prouvé que l'énergie de la décomposition électrique étoit proportionnelle à la force des électricités opposées dans le circuit , et à la faculté conductrice , ainsi qu'au degré de con- centration des substances employées. Dans mes premiers essais sur la décomposition des alkalis fixes, j'opérai sur des solutions aqueuses de potasse et de soude saturées ( à la température ordinaire) avec les appareils électriques les plus forts qui fussent à ma disposition ; c'est-à- dire avec une combinaison des batteries voltaïques qui appar- ‘tiennent à l’Institution Royale , qui contiennent 24 plaques car- rées de cuivreet zinc de douze pouces de côté ; 100 plaques de six pouces, et 150 de quatre pouces, chargées avec des solutions d'alunet d'acide nitreux ; mais, dans ce cas, quoiqu’on observât une grande intensité d'action, l'eau seule des solutions étoit affectée , et l'hydrogène et l'oxigène dégagés , avec production de beaucoup de chaleur et d’une effervescence violente. La présence de l’eau paroissant ainsi s'opposer à la décompo- sition de la matière saline, j'employai la potasse à l'état de fusion ignée. Au moyen d’un courant de gaz oxigène soufflé par un gazomètre , appliqué à la flamme d’une lampe à esprit- de-vin, et porté sur une cuiller de platine contenant de la potasse, je maintins cet alkali pendant quelques minutes dans une forte chaleur rouge , et dans un état de fluidité parfaite. On mettoit la cuiller en communication avec le cûté positif de la batterie de 100 plaques de six pouces fortement chargée , et un fil de platine communiquoit au côté négatif. Cette disposition fit paroïtre plusieurs phénomènes brillans. La potasse se montra éminemment conductrice ; et pendant aussi long-temps que la communication fut conservée , on vit paroitre au fil négatif une lumière trés-intense; et au point de contact une colonne de flamme, qui paroissoit due au dévelop- pement d'une matière combustible, Lorsqu'on changea l’ordre, de manière que la cuiller de platine devint négative, on vit à la pointe opposée une lumière =: Ve 340 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vive et constante; on n’apperçut rien autour d'elle qui res- semblât à une inflammation ; mais on vit s'élever au travers de la potasse, des globules aériformes qui s’enflammoient à mesure dans l'atmosphère. Le platine, gomme on pouvoit s'y attendre, étoit fortement attaqué; et il l’étoit au plus haut degré dans les cas où il se trouvoit dans la partie négative du circuit. L’alkali paroissoit être sec dans cette expérience, et on pou- voit présumer que la matière inflammable provenoit de sa dé- composition. Le résidu de la potasse n’étoit point altéré; on y découvroit, à la vérité, un nombre de particules métalliques de couleur gris foncé; mais il fut prouvé ensuite qu’elles prove- noient du platine. J'essayai diverses expériences sur l’électrisation de la potasse rendue fluide par la chaleur , dans l’espérance de pouvoir re- cueillir la matière combustible ; mais ce fut sans succès, je ne pus aiteindre mon but qu'en employant l'électricité comme agent commun pour la fusion et la décomposition. Quoique la potasse parfaitement desséchée par l'ignition soit un non-conducteur, cependant elle devient conductrice d’élec- tricité par une très-légère addition d'humidité, qui ne détruit pas sensiblement son agrégation solide ; et dans cet état elle se fond et se décompose assez promptement par des moyens électriques un peu énergiques. On prit un petit morceau de potasse pure qui avoit été ex- posé pendant quelques secondes à l'atmosphère, de manière à acquérir de la faculté conductrice à sa surface; on le plaça sur un disque isolé de platine, mis en communication avec le côté négatif de la batterie de 250 plaques de six et de quatre pouces , dans un état de grande activité : on amena en contact avec la surface supérieure de l'alkali un fil de platine communiquant avec le côté positif. Tout l'appareil étoit exposé à l'air bbre. On ne tarda pas à voir se manifester unc action très-vive. La potasse commença à se fondre aux deux points d’électrisation. Une effervescence violente se montroit à la surface supé- ‘rieure : à la surface inférieure , ou négalive, on ne voyoi aucun dégagement de fluide élastique, mais on découvroit de petits globules qui avoient un éclat métallique très-brillant, et qui réssembloient tout-à-fait à du mercure ; quelques-uns brü- loient avec explosion et flamme vive à l'instant où ils étoient formés ; d’autres subsistoient, mais ils ne tardoient pas à être ET D'HISTOIRE NATURELLE, 541 ternis, et finalement couverts par un enduit blanc qui se for- moit à leur surface. De nombreux essais me montrèrent bientôt que ces globules n’étoient autre chose que la substance que je cherchois, et un principe inflammable particulier, la base de la potasse. Je trou- vai que la présence du platine étoit une circonstance indiffé- rente au résultat, excepté comme moyen de mettre en évi- dence les forces électriques qui produisent la décomposition ; et on obtenoit toujours la méme substance, soit qu'on employät, pour compléter le circuit, des morceaux de cuivre, d’argent, d’or, de plombagine, ou même de charbon. Le phénomène étoit indépendant de la présence de l'air; je trouvai qu'il se manifestoit également lorsque l’alkali étoit sous un récipient dansle vide. On produisoit aussi cette substance avec la potasse fondue, au moyen d'une lampe dans des tubes de verre, renfermés par le mercure et munis de fils de platine scellés hermétiquement à leur insertion, et qui transmettoient l’action électrique. Mais on ne pouvoit continuer bien long-temps cette opération, le verre ne tardoit pas à être dissous par l’action de l’alkali, et la substance pénétroit bientôt au travers du tube. La soude , soumise au même procédé que la potasse, montra un résultat analogue : mais sa décomposition exigeoit une plus grande intensité d’action dans les-batteries ; ou bien que l'alkali fût en morceaux plus petits et plus minces. Avec la batterie de 100 plaques de six pouces en pleine activité, j’obtins de bons résultats sur des morceaux de potasse, qui pesoient de 40 à 50 grains, et d’une épaisseur qui portoit la distance des surfaces ‘métalliques électrisées, à environ un quart de pouce ; mais avec une batterie semblable , il fut impossible de produire les eflets de décomposition sur des morceaux de soude de plus de 15 à 20 grains, en cela, seulement lorsque la distance entre les fils étoit d’environ : ou ; de pouce. La substance produite par la potasse demeuroit fluide , à la température de l'atmosphère , au moment de sa production ; celle qui provenoit de la soude étoit fluide, à la température acquise par l'alkali pendant sa formation; mais elle devenoit solide en se refroidissant, etprenoîit la couleur et le lustre de l'argent. Lorsqu'on employoitla batterie de 250, avec une charge très- forte, pour la décomposition de la soude, les globules se brü- loient souvent au moment de leur formation, et quelquefois 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ils faisoient une explosion violente et se séparojent en globules plus petits, qui s’enlevoient en l'air avec beaucoup de rapidité, et dans un état de combustion vive ; ce phénomène qui présen- toit des jets de feu continuels , étoit d’une beauté remarquable. Ill. Théorie de la décomposition des alkalis fixes ; leur composition et leur production. Comme dans toutes les décompositions des substances com- posées, que j'avois précédemment examinées, j'avois observé qu’en même temps que les bases combustibles se développoient à la surface négative dans le circuit électrique , l'oxigène étoit produit , et dégagé ou mis en combinaison à la surface positive, il étoit raisonnable de conclure que cette substance étoit pro- duite d’une manière analogue par l'action électrique sur les alkalis ; et un nombre d’expériences faites sur le mercure, avec un appareil propre à exclure l'air extérieur , m'a prouvé que les choses se passoient effectivement de cette manière. Lorsque je renfermois de la potasse solide, ou de la soude, à son état conducteur , dans des tubes de verre garnis de fils de platine mis dans le circuit voltaïque , les substances nouvelles se produisoient aux surfaces négatives : le gaz dégagé à l’autre surface se trouva, après l'examen le plus délicat, être du gaz oxigène pur ; et il n’en paroissoit aucun à la surface négative , à moins qu'il n’y eüt de l’eau en excès dans l'appareil. On trouvera aussi une coïncidence parfaite dans les expé- riences synthétiques. J'ai dit que le lustre métallique de la substance, produite par la potasse , disparoissoit presqu’immédiatement dans l’atmos- hère, et étoit remplacé par une croûte blanche. Je trouvai onrée que cette croûte étoit de la potasse pure, qui tomboit immédiatement en déliquescence ; il s’en formoit de nouvelles quantités, qui attiroient à leur tour l'humidité de l'atmosphère ; enfin le globule entier disparoissoit, et prenoit la forme d'une dissolution saturée de potasse (1). (Gr) L’eau est aussi décomposée dans ce procédé ; nous verrons ci-après, que les bases des alkalis fixes agissent sur elle avec plus d’énergie qu'au- cun autre corps connu. Voici la théorie abrégée de l’oxidation des bases des alkalis à l’air libre : elles attirent d’abord l’oxigène , et l’a!kalise forme; cet alkali absorbe promptement l’eau : cette eau est décomposée. De là , pendant la conversion d’un globule en solution alkaline, ily a un dégagement constant et rapide de peliles quantités de gaz. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 343 Lorsqu'on plaçoit les globules dans des tubes convenables, qui contenoient de l'air commun, ou du gaz oxigène contenus par le mercure, l’oxigène étoit absorbé , et une croûte d’alkali se formoit à l'instant sur le globule ; mais, faute d'humidité pour la résoudre , le procédé s’arrétoit là, et l’intérieur de la sub- stance étoit mis, par cet enduit, à l'abri de l'action du gaz. Avec la base tirée de la soude on obtenoit des efets ana- logues. Lorsque les substances étoient fortement chauflfées , et ren- fermées dans des portions données d’oxigène, il se produisoit une combustion rapide accompagnée d’une flamme blanche brillante, et les globules métalliques se trouvoient convertis en une masse blanche et solide , qui, si l’on avoit employé de la potasse , se retrouvoit de la potasse ; et se montroit de la soude, quand on avoit soumis la soude à l'action électrique. Le gaz oxigène étoit absorbé dans cette opération, et il ne s’en échappoit rien qui diminuât la pureté de l'air résidu. Les alkalis produits étoient secs en apparence, ou du moins ne contenoient pas plus d'humidité qu’on ne pouvoit en pré- sumer dans le gaz oxigène absorbé , et leurs poids surpassoient de beaucoup les poids réunis des combustibles brülés. On décrira avec détail ci-après , lès procédés sur lesquels ces conclusions sont fondées ; et on donnera alors les proportions de l’oxigène et des substances inflammables qui s'unissent pour Former les alkalis fixes. Il paroît donc que dans ces faits il y a autant lieu de conclure à la décomposition de la potasse et de la soude en oxigène et deux bases particulières , qu’il y en a de croire à la décomposi- tion des acides phosphorique et sulfurique , et des oxides mé- talliques , en oxigène et en bases combustibles respectives. Dans les expériences analytiquesil n'y a aucune autre matière en présence, que les alkalis et une légère portion d'humidité, qui ne paroît essentielle au résultat qu'en tant qu’elle rend la matière alkaline conductrice à sa surface ; car les nouvelles substances ne sont produites que lorsque l’intérieur, qui est sec, commence à se fondre : elles font explosion lorsqu’en s’élevant au travers de l’alkali en état de fusion , elles arrivent en contact avec la surface humectée et chaude ; on ne peut les produire avec les alkalis cristallisés, qui contiennent beaucoup d’eau ; et l'effet produit par l'électrisation de la potasse incandescente, qui ne contient pas sensiblement d’eau, confirme la théorie de 544 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leur formation comme indépendante de la présence de cette substance. Les bases combustibles des alkalis paroissent ètre repoussées comme les autres substances combustibles, par les surfaces électrisées positivement, et attirées par les surfaces négatives. L'oxigène suit un ordre inverse , ou bien , étant naturellement doué de l'énergie négative, et les bases possédant la force po- sitive, la combinaison se détruit quand l’un ou l’autre de ces principes est amené à un étatélectrique opposé à son état naturel. Dans la synthèse, au contraire , les forces ou attractions natu- relles arrivent à l’état d'équilibre réciproque ,.et lorsque l’action est foible, dans les températures basses, la combinaison s'opère lentement ; mais lorsqu'elles sont exaltées par la chaleur il s'en- suit une union rapide, et comme dans les autres cas analogues, avec production ou dégagement de feu. Je vais établir immé- diatement un nombre de circonstances relatives au mode d’ac- tion des bases des alkalis, et on trouvera qu’elles tendent à con- firmer ces conclusions générales, IV. Sur les propriétés et la nature de la base de la potasse. Après que j'eus découvert les bases des alkalis fixes, j'é- prouvai beaucoup de difficulté à les conserver et à lesrenfermer de manière à pouvoir examiner leurs propriétés , et les soumettre à des expériences ; car, ainsi que les a/kahests imaginés par les alchimistes, ces substances agissoient plus ou moins sur tous les corps auxquels on les exposait. Entre toutes les substancesliquides que j'ai essayées, le naphte récemment distillé est celle sur laquelle ces bases me paroissent avoir le moins d'effet. Elles s'y conservent pendant plusieurs jours à l'abri de l'influence de l’air , sans y subir de change- mens notables; et on peut même examiner leurs propriétés physiques dans l'atmosphère , lorsqu'elles sont garanties du contact immédiat de l'air par un enduit léger de ce même liquide inflammable. La base de la potasse , à la température de 60°. F.(12:R.) sous laquelle je l'ai premièrement examinée , paroît, comme je déjà dit, en petits globules, qui ont le lustre métallique , et l'opacité , ainsi que les autres propriétés visibles du mercure. On ne pouvoit pas distinguer à l'œil l’une de ces substances de ET D'HISTOIRE NATURELLE 345 de l’autre, lorsqu'on mettoit en comparaison un globule de chacune. Cependant, à cette même température la base de la potasse n'est encore qu'imparfaitement liquide, et elle ne reprend pas promptement sa forme de globule lorsqu'on l'a modifiée par une pression extérieure. À 70°. F.(17 R.) elle devient plus fluide ; et à 100 F. (30 3 R. ) sa fluidité est parfaite , ensorte qu’on peut aisément réunir plusieurs globules en un. A 50°. F. (7°. R.) elle devient un solide mou et malléable, qui a lelustre de l'ar- gent poli. Vers le point de la congélation de l'eau , cette sub- stance devient plus dure et fragile, et ses fragmens offrent une cassure cristalline qui, vue au microscope, présente de belles facettes, d'un blanc parfait, et qui offrent le lustre métallique le plus complet. Cette substance exige, pour être convertie en vapeur, une température qui approche de celle de la chaleur rouge ; et lors- qu'on s'y prend convenablement, on la retrouve après la distil- lation, sans qu'elle ait éprouvé aucun changement. Elle est un conducteur parfait d'électricité. Lorsqu'on tire d’une grande batterie voltaïique de 100 plaques de 6 pouces une étincelle surun gros globule , dans l'atmosphère , la lumière est verte, et la combustion n'a lieu qu'au point de contact seule- ment. Lorsqu'on porte l’étincelle sur un petit globule , il se dissipe avec explosion et flamme très-vive, en une fumée alkaline. Cette matière est un excellent conducteur de chaleur. Quoiqu’elle ressemble aux métaux dans toutes ses propriétés sensibles qu'on vient d'énoncer , elle en diffère cependant d’une manière remarquable par sa pesanteur spécifique. J'ai trouvé que cette matière s’élevoit à la surface du naphte distilé du pétrole , et dont la pesanteur spécifique étoit 0,861 : elle ne s’en- fonçoit pas dans ce même liquide distillé deux fois, et dont la densité étoit à celle de l'eau comme 0,770 à 1. Il étoit très-difi- cile de déterminer cette propriété avec précision , à cause des petites quantités de matière qu'on peut obtenir , même en em- ployant des moyens électriques très-puissans. Je cherchai à me procurer à cet égard des approximations en comparaut les poids de globules parfaitement égaux en apparence, de la base de la potasse et de mercure. J'employai pour cela la balance très- délicate de ’insutution Royale , qui, chargée des quantités que j'employois , et dans lesquelles le mercure ne passa jamais dix grains, est sensible au moins à la deux millième d'un grain. Tome LXVII. NOVEMBRE an 1808. Xx 546 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En prenant une moyenne entre quatre expériences, faites avec beaucoup de soin, je trouvai qu'à la température de 62°. F. (15 ; R.)la pesanteur spécifique de cette substance est à celle du inercure, comme 10 à 223; ce qui donne la proportion rela- tivement à l’eau, comme 6 à 10. Ensorte qu'elle offre le plus léger des liquides connus. Elle est un peu plus dense à l'état solide, mais même dans cet état, et à la température de 40°. F. (3 5 R.) elle surnage au naphte redistillé. Les rapports chimiques de la base dela potasse sont encore plus extraordinaires que ne le sont ses propriétés physiques. J’ai déjà parlé de son alkalisation, et de sa combustion dans le gaz oxigène. — Elle se combine avec l’oxigène lentement et sans flimme, à toutes les températures que j'ai essayées au- dessous de celle à laquelleelle se vaporise , — mais à cette tem- pérature la combustion a lieu ; la lumière est d’un blanc écla- tant, et la chaleur intense. Lorsqu'on la réchauffe lentement dans une quantité de gaz oxigène qui ne suflit pas à sa con- version en potasse, et à une température inférieure à celle de son inflammation (400°. F. par exemple), sa couleur passe au rouge-brun ; et lorsque la matière est refroidie on trouve tout l’oxigène absorbé et un solide grisâtre formé , qui est composé en parue de potasse, et en partie de la base de la potasse oxi- génée à un plus foible degré , on la ramène toute entière à l’état de potasse en l’exposant au contact de l’eau, ou en la faisant chauller de nouveau dans l'air. On peut aussi former une matière composée de la base de la potasse combinée avec une sous-proportion d'oxigène , en fon- dant ensemble , avec les précautions convenables , la base de la potasse et la potasse elle-même. La base perd rapidement son éclat métallique, et les deux substances forment un composé de couleur rouge-brun lorsqu'il est liquide, et gris foncé, s’il est solide ; et ce composé ne tarde pas à absorber sa proportion entière d'oxigène lorsqu'on l'expose à l'air, et à redevenir de la potasse dans sa totalité. Le même composé se forme souvent dans les expériences ana- lytiques , lorsque l’action de l'électricité est intense , et la po- tasse fortement chauflée. : La base de la potasse , lorsqu'on l’introduit dans le gaz acide muriatique oxigéné , y brûle spontanément avec une lumière rouge, brillante , et il se forme un sel blanc, qui n’est quele muriate de potasse. ‘e MS TE \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347 Lorsqu'on fait chauffer dans l'hydrogène un globule à un degré inférieur à celui où il se vaporiseroit, il paroit se dissoudre dans ce gaz , car le globule diminue de volume , et le gaz , lorsqu'on le fait passer dans l’air commun, brüle avec explosion, fumée alkaline, et lumière brillante: maïs si on le laisse refroidir préalablement, cette faculté de détoner spontanément est dé- truite, et la base de la potasse se dépose en grande partie , ou en totalité. L'action de la base de la potasse sur l’eau, à l'air libre, produit quelques beaux phénomènes. Lorsqu'on la jette sur ce liquide, ou lorsqu'on l'amène en contact avec une goutte d’eau, à la température ordinaire , elle la décompose avec grande violence , et il se fait une grande explosion instantanée, avec flamme brillante. On a pour résultat une solution de potasse pure. Dans les expériences de cette espèce on apperçoit souvent un phénomène analogue à celui que produit fréquemment la combustion de l'hydrogène phosphoré ; c'est-à-dire un anneau de fumée qui s'étend à mesure qu'il s'élève dans Pair. Lorsqu'on met en contact la base de la potasse et l’eau sans présence d'air, et sous le naphte, dans un tube de verre, la décomposition est violente, il y a beaucoup de chaleur et de bruit, mais point de lumière ; et le gaz dégagé , examiné à l’ap- pareil pneumatique au mercure ou à l'eau, se trouve être de l'hydrogène pur. à . Lorsqu'on met sur laglace un globule de la base de la potasse, il s'allume à l’instant-avec une Hamme brillante ; et on trouve dans la glace un trou assez profond , rempli en partie d'une solution de potasse. La théorie de l'action de la base de la potasse sur l’eau ex- posée à l'atmosphère , quoique les phénomènes soient assez compliqués, n’est point obscure. Ces phénomènes paroissent dépendre des fortes attractions de la base pour l'oxigène , et de celle de la potasse formée pour l’eau. La chaleur qui provient de deux causes , de la décomposition et de la combinaison , est assez intense pour produire l'inflammation. L'eau est un mau- vais conducteur de chaleur ; le globule est exposé à l'air lors- qu’il surnage : il ya lieu de croire qu'une partie de ce globule est dissoute par l'hydrogène naissant et réchauflé; et cette substance étant susceptible d’inflammation spontanée , Fait ex- plosion , et communique la combustion à la portion dela base qui peutn'étre pas encore combinée. x 2 348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ Lorsqu'un globule, mis à l'abri de l'air, est mis en contact avec l'eau , la théorie de sa décomposition est très-simple. La chaleur produite est promptement enlevée , ensorte qu'il n’y a pas d’ignition ; et comme Ja solution de cette base dans l'hy- drogène exige une température élevée , cette combinaison n'a probablement pas lieu, ou elle n'a qu’une existence mo- mentanée . On peut démontrer d'une manière très-simple et satisfai- sante la production de l’alkali dans la décomposition de l'eau par la base de la potasse , en laissant fomber un globule sur un papier brouillard humecté de teinture de curcuma. A l'instant où le globule se trouve en contact avec l’eau dont le papier est imprégné , il brûle et sé meut rapidement comme s'il alloit chercher l'humidité. Il laisse derrière lui une trace profonde, brun-rougedtre , et qui produit sur le papier précisément le même eflet que la potasse caustique sèche. L'attraction de la base de la potasse pour l'oxigène est telle- ment forte, et son action sur l’eau si puissante , qu’elle décou- vre et décompose les petites quantités d’eau qui existent dans l'éther , lors méme que ces liquides sont soigneusement rectifiés. ‘ Dans l'éther, cette décomposition est liée à un résultat très- instructif. La potasse est insoluble dans ce liquide: et lorsqu'on y jette la base de la potasse , elle y trouve de l’oxigène , il se dégage du gaz hydrogène , et l’alkali , à mesure qu’il se forme, rend l’éther trouble et blanchâtre. Dans ces deux liquides inflammables composés , l'énergie de l'action de la base de la potasse est proportionnelle à la quantité d'eau qu'ils contiennent, et l'hydrogène et la potasse sont les résultats constans de cette action. Lorsqu'on jette la base de la potasse dans des solutions des acides minéraux, elle s’énflamme et brûlé à la surface. Lorsque par un procédé convenable on fait plonger cette substance sous la surface de l'acide, enveloppée de potasse environnée de naphte , elle agit sur l’oxigène avec la plus grande intensité, et tous ses effets sont tels, qu’ils peuvent être expli- qués par sa grande affinité pour cette substance. Dans l'acide sulfurique , il se forme une substance saline blanche, à croûte jaune, qui est probablement de sulfate de potasse environné de soufre , et un gaz qui a l'odeur de l'acide sulfureux , et quiest probablement un mélange de cette substance avec le gaz hydro- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 549 gène. Dans l'acide nitreux on voit se dégager du gaz nitreux, et il se forme du nitrate de potasse. La base de la potasse se combine aisément avec les solides inflammables simples , et avec les métaux ; elle forme avec le phosphore et le soufre des composés analogues aux phosphures et aux sulfures métalliques. Lorsqu'on la met en contact avec un morceau de phosphore sur lequel on la presse , il y a une action considérable ; les deux substances se liquéfient ensemble , elles brülent , et produisent le phosphate de potasse. Lorsqu'on fait l'expérience sous le naphte , la combinaison a lieu sans dégagement de fluide élas- tique , et le composé qui en résulte est beaucoup moins fusible que ne le sont l’un ét l’autre des deux ingrédiens, caril conserve sa solidité dans le naphte bouillant. Il ressemble tout-à-fait à un phosphure métallique, il est de la couleur du plomb, et lorsqu'on l'étend , il prend un lustre semblable à celui du plomb poli. Lorsqu'on l'expose à l'air dans la température ordinaire, ce phosphure se combine lentement avec l’oxigène , et devient du phosphate de potasse. Lorsqu'on le chauffe sur une lame de platine , il s’en exhale de la famée ; maïs il ne brûle que lors- qu'il à atteint la température à laquelle s'opère la combustion rapide de la base de la potasse. Lorsque cette base est mise en contact avec le soufre en fusion dans des tubes remplis de la vapeur du naphte, les deux substances se combinent rapidement; il se dégage de la chaleuret de la lumière ; et une substance grise ressemblant en apparence au sulfure de fer gris, est formée par leur union. Si on la tient en fusion elle dissout rapidement le gaz, et devient de couleur brune brillante. Si l’on fait l’expérience dans un tube de verre scellé bermétiquemerit , il ne se dégage point de gaz lorsque le tube est ouvert sous le mercure ; mais lorsqu'on la fait dans un tube reposant sur l'appareil au mercure , il se dégage une petite quantité d'hydrogène sulfuré : ensorte que les phéno- mènes sont analogues à ceux que produit l’union du soufre avec les métaux, opérations dans lesquelles l'hydrogène sulfuré se dégage aussi , excepté que l’ignition est plus forte (1). Quand (r) L’existence de l'hydrogène dans le soufre est rendue très-probable par les ingénieuses recherches de M. Berthollet fils (nn. de Chimie fév. 1807}, p. 143.) Le fait est presque démontré par une expérience que j’aï vu faire à M. Clayfeld , à Bristol , en 1799. Il fit chauffer ensemble dans une cornue communiquant à l'appareil au mercure, de la limaille 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'union s'opère sous l'influence atmosphérique , il se fait une vive inflammation , et on obtient du sulfure de potasse. La base sulfurée s’oxigène ensuite graduellement par l'explosion à l'air, et elle se convertit finalement en sulfate. La nouvelle substance produit avec le mercure quelques effets extraordinaires et très-beaux. Lorsqu'on en ajoute une partie à huit ou dix ( en volume ) de mercure, à la température de 60 F. (124 R. ) les deux matières s'unissent à l'instant, et forment une substance qui ressemble au mercure par la cou- leur, mais qui paroît avoir moins de cohésion , car les fragmens se présentent sous la forme de sphères aplaties. Lorsqu'on fait toucher un globule de la substance à un globule de mercure de volume double , ils se combinent , avec un dégagement con- sidérable de chaleur : le composé est liquide au moment de sa formation , mais il devient solide par le refroidissement , et res- semble à l'argent. Si l'on augmente la proportion de la base de la potasse , de manière qu’elle égale environ + , du poids du mercure , l'amalgame devient plus dur et cassant. L’amalgame solide, dans lequel la proportion de la base soit la moindre possible, paroit être composé d’une partie, en poids, de la base , sur soixante-dix de mercure. Il est très-tendre, et malléable. Lorsque ces composés sont exposés à l’air, ils absorbent ra- pidement l'oxigène ; il se forme de la potasse, qui tombe en déliquescence ; et, au bout de peu de minutes on retrouve le mercure pur et sans altération. Lorsqu on jette dans l’eau un globule de l’almagame , il la décompose rapidement avec sifflement ; la potasse se forme ; il dégage de l'hydrogène pur, et le mercure demeure libre. L'amalgame Jliqaide de mercure et de cette substance dissout tous les métaux auxquels je l'ai exposé; et dans cet état d'union, le mercure agit surie fer et sur le platine. Lorsqu'on fait chauffer la base de la potasse avec de l'or, ou de cuivre et du soufre pulvérisé dans la proportion de trais à un, en poids, et préalablement très-desséchés. Au moment où la combinaison des deux substances eut lieu, 1l se dégagea une quantité de fluide élastique dont le volume s’élevoit à neuf à dix fois celui des matériaux employés , et qui étoit de l’hydrogène sulfuré mêlé d’acide sulfureux. Il y a tout lieu de croire que le premier de ces produits appartenoit au soufre; et que le dernier doit être attribué au cuivre, qui peut ayoir été oxidé légére- ment à sa surface pendant les procédés de sa réduction en limaille , etde sa dessicalion, ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 351 du fer, où du cuivre, dans un vase fermé , de verre pur, elle agit rapidement sur ces métaux; et lorsqu'on jeite dans l’eau les composés , l'eau est décomposée , la potasse se forme , et les métaux reparoissent sans altération. Lorsque la base de la potasse a été combinée avec un métal fusible, l'alliage qui en résulte est moins fusible que ne l’étoit le métal pur. L'action de la base de la potasse sur les corps composés hui- leux et inflammables confirme les autres faits qui prouvent la forte attraction de cette substance pour l’oxigène. Elle a très-peu d'action ( ainsi que je l'ai dit) sur le naphte récemment distillé ; mais elle s'oxide bientôt dans celui qui a été exposé à l'air, et il se forme de l’alkali, qui, s’unissant au li- quide huileux, forme un savon brun qui se ramasse autour du globule. Elle agit lentement, même à chaud, surles huiles concrètes (le suif, lefblanc de baleine , la cire , par exemple },'il se dépose une matière charbonneuse ; il se dégage un peu de gaz (1), et il se forme un savon. Mais dans ces casil faut employer beau- coup d'huile. Cette substance produit les méme effets sur les huiles fixes liquides, mais plus lentement. Aidée de la chaleur, elle décompose rapidement les huiles volatiles ; il se forme del'alkali; on voit se dégager un peu de gaz , etilse dépose du charbon. Lorsqu'on jette la base de la potasse sur du camphre fondu , le camphre fondu se noircit bientôt ; il ne se dégage point de gaz mn () Lorsqu'on introduit un globule de la base de la potasse dans l’une quel- . conque des huiles fixes réchauffée , le premier produit est de l’hydrogène pur , qui provient de la décomposition de l’eau absorbée par la croûte de potasse, qui s’est formée pendant que le globule a été exposé à l’air. JPai reconnu que lorsque le globule est débarrassé de cette croûte, le gaz dégagé est de l’hydrogène carburé , qui exige plus qu’un volume égal d’oxigène pur sa saturation complète par explosion. J'ai fait un grand nombre d’expériences dont le détail seroit étranger à l’objet de cette lecon , sur le mode d’action dela base de la potasse sur les huiles. J’ai observé quelques anomalies qui m'ont mis sur la voie de la recherche, et le résultat s’est trouvé très-concluant. L’huile d’olives, celle de t‘rében- thine , et lenaphte, décomposées par la chaleur, m’ont donné diverses proportions de carbone , de gaz inflammable lourd, de matière huileuse empyreumalique , et d’eau; ensorte que Pexistence de l’oxigene dans ces huiles m’est pleinement prouvée. On pourroit peut-être déterminer les proportions de ces divers élémens , en prenant la base de la potasse pour agent dans la décomposition. Entre ces diverses substances le naphte à donné le moins d’eau etd’acide carbonique, et l’huile de térébenthine en a fourni la plus grande portion. 352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans le procédé de la décomposition, et on obtient un com- posé savonneux : ce qui sembleroit indiquer que le camphre contient plus d'oxigène que les huiles volatiles. La base de la potasse réduit promptement les oxides métal- liques lorsqu'on la chauffe avec eux. En faisant chauffer avec elle une petite quantité d’oxide de fer, à une température qui approchoit du terme de sa distillation , il y eut action récipro- que vive , et l'on vit paroître des particules d'alkali, et d’au- tres métalliques grises, qui se dissolvoient avec effervescence dans l'acide muriatique. Les oxides de plomb et d’étain se re- vivifioient encore plus promptement; et quand la base de la potasse se trouvoit en excès, le métal revivifié s'unissoit à elle en façon d’alliage. ï Par suite de cette propriété , la base de la potasse décompose facilement le /intglass et le verre vert, à l’aide d'une douce chaleur ; l’alkali se forme immédiatement par l’oxigène pro- venant des oxides; il dissout le verre, et une nouvelle surface se trouve bientôt exposée à l’action. A la température de l’ignition le verre méme le plus pur estatta- qué par la base de la potasse. L'oxigène qui se trouve dans l'alkali du verre paroît se partager entre les deux bases ; la base de la potasse et la base alkaline dans le verre ; et des oxides au premier degré d’oxigénation, sont le résultat. Lorsqu'on chauffe la base de la potasse dans des tubes faits de verre blanc , remplis de naphte en vapeur , elle agit d’abord sur la petite quantité des oxides de cobalt et de manganèse qui se trouve à la surface interne du verre, et ilse forme un peu d’alkaii. À mesure que la température approche du terme de l'ignition, la matière commence à s'élever en vapeur , et elle se condense dans les parties plus froides du tube : mais, au point où la chaleur est ia plus forte, une partie de la vapeur semble pénétrer le verre, et elle colore en rouge foncé tirant sur le brun. Par des distilla- tions répétées dans un tube fermé et par une haute température , la matière perd à la fin son apparence métallique, et on voit paroître en-dedans du tube un enduit brun, épais, qui décom- pose lentement l’eau , et qui forme de l'alkali en se combinant avec l’oxigène de l’air ambiant. Cet enduit paroit , dans plusieurs endroits , pénétrer dans l'épaisseur du verre (1). (1) C’est là l’explication qui se présente dans l’état actuel de nos con noissances; mais 1l est plus que probable que la silice du verre subit aussi quelque changement , et que peut-être elle se décompose. J'espère reprendre ce sujet dans une autre occasion. Dans PET ET D'HISTOIRE NATURELLE, 353 Dans mes premières expériences sur la distillation de la base -de la potasse , j'avois beaucoup de peine à expliquer ces phé- noménes; mais la connoissance de la substance qu'elle forme avec l’oxigène , au premier degré d'oxidation , m'en a donné une explication satisfaisante. V. Sur les propriétés et la nature de la base de la soude. La base de la soude , ainsi que je l'ai dit, est à l'état solide , dans la température ordinaire. Elle est blanche , opaque, et vue sous un enduit mince de naphte , elle a le lustre et la cou- leur de l'argent. Elle est extrémement malléable, et plus tendre qu'aucune des substances métalliques ordinaires. Lorsqu'on la presse, même foiblement, sur une lame de platine, elle s'é- tend en feuilles minces ; et un globule de - ou = de pouce de diamètre s'étend facilement sur une surface d'un quart dé pouce (1), et cette propriété ne paroît pas diminuer , même à la température de la glace. La base de la soude conduit l'électricité et la chaleur , comme la base de la potasse. Ses petits globules s’enflamment par l'é- tincelle voltaïque, et brülent avec des explosions brillantes. Sa pesanteur spécifique est moindre que celle de l’eau. Elle surnage dans l’huile de sassafras , dont la pesanteur spécifique est— 1.096; et elle s'enfonce dans le naphte — 0,861. Cette circonstance rm’a mis en état d'établir avec précision la densité relative de cette substance. J'ai mêlé ensemble ces deux liqui- des, qui se combinent parfaitement , en ‘faisant varier les pro- portions , jusqu'à ce que j'eusse composé un fluide dans lequel le globule demeurât stationnaire à toute profondeur. Ii étoit alors composé d'environ douze parties de naphte, et cinq d'huile de sassafras, ce qui donne, pour le rapport de ‘pesanteur spécifique de ce mélange , et de l’eau, les nombres 0,9348 et 1,0000. La température à laquelle la bâse de’ la soude se liquéfie , est (r) On peut aisément réunir ensemble des globules , et en former; une masse par une forte pression ; ensorte que la propriété de se réunir à elle même, qui n’appartient au fer et au platine, qu’à une température très- élévée , se remarque dans cette substance, à la température ordinaire de Pair. Tome LXV1II, NOVEMBRE an 1808. Yy 554 JOURNAL DE PRYSIQUE,; DE CHIMIE beaucoup plus élevée que celle où la base dé la potasse de- vient aussi liquide. Les molécules commencent à perdre leur cohésion vers le 120°, F. (39 ; R.) et elle est un liquide parfait vers 180°. F. (65% R.) ensorte qu'elle se fond aisément sous le naphte bouillant. Je n’ai pas encore pu déterminer à quelle température cette substance se volatilise ; mais elle est encore fixe au degré d’igni- tion auquel le verre à vitres se liquéfie. Les phénomènes chimiques produits par la base de la soude sont analogues à éeux qu'on obtient de la base dé la potasse, mais avèc quelques différences caractéristiques auxquelles ôn peut aisément s'attendre. Lorsque la base de la soude est exposée au contact de l'air, elle se ternit immédiatement, et se couvre peu à peu d’une croûte blanche, qui tombe plus lentement en déliquescence que celle dont la base de la potasse se couvre dans la même circons- tance. Cette croûte examinée avec soin, n'est autre chose que de la soude pure. La base de la soude se-combine avec l’oxigène lentement et sans dégagement de lumière, à toutes les températures ordis naires. Lorsqu'on lachauffe, la combinaison devient plus rapide, mais On ne voit paroitre de la lumière que lorsqu'on a atteint une température voisine du terme de l’ignition, La flamme qu’elle produit dans le gaz oxigène est blanche, et elle lance des étincelles brillantes, qui font un très-bel effet, Elle brûle dans l’air commun avec une lumière qui a la couleur de celle que donne la combustion du charbon , mais beaucoup plus vive. POIDS fait chauffer la base de la soude dans le gaz hydro: gène, elle paroïît n'avoir aucune action sur lui. Si on l'introduit dans le gaz acide muriatique oxigéné ; elle y brûle vivement en lançant nombre d'étincelles d'un rouge brillant. 11 se forme dans cette combustion une matière saline qui , ainsi qu’on auroit pu s’y attendre, est du muriate de soude. Son action sur l'eau indique sa nature de la manière la plus évidente. Lorsqu'on la jette sur ce liquide, elle produit une effervescence violente accompagnée d’un sifflement fort. Elle se combine avec l'oxigène de l’eau pour former la soude, qui se dissout aussitôt ; et d'autre part l'hydrogène se dégage. On ne voit point paroître de lumière dans ceite opération ; etil paroit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 355 probable que , même dans son état naissant l'hydrogéne ne peut se combiner avee cette substance (1). Lorsqu'on jette la base de la soude dans l'eau chaude , la dé- composition est plus violente; et dans ce cas on observe or- dinairement quelques légères scintillations à la surface du fluide. Ce phénomène est dû, selon toute apparence , à de petites par- ticules de la matière qui sont détachées et lancées dans l'air avec une température suflisante pour y brûler. Cependant , lors- qu'un globule est mis en contact avec une petite particule d'eau, Ou avec du papier humecté , la chaleur produite ( parce qu'il n'y a pas de corps conducteur qui puisse l'enlever rapidement } suflit ordinairement à l'inflammation de la base. La base de la soude agit sur l’alcohol et sur l'éther, précisé- ment comme le fait la base de la potasse. L’eau que ces liquides contiennent est décomposée; la soude se forme rapidement , et il se dégage de l'hydrogène. Lorsqu'on jette la base de la soude sur des acides très-con- centrés , ellé agit sur eux avec beaucoup d'énergie, Si c'est l'acide nitrique, il s'ensuit une vive inflammation. Avec les acides sulfurique et muriatique , il se dégage beaucoup de cha- leur , mais point de lumière. Lorsqu'on fait, au moyen d’un appareil convenable , plonger la base de la soude sous la surface des acides, elle s’oxigène rapidement, il se produit de la soude ; et les autres produits sont semblables à ceux qui résultent de l’action de la base de la potasse. + Dans leurs rapports avec les huiles fixes et volatiles , et avec le naphte , dans leurs différens états , il y a une coïncidence arfaite entre les effets des deux nouvelles substances , excepté dans la différence des apparences des composés savonneux formés. Ceux qui résultent de l’oxidation et de la combinaison de la base de la soude sont d’une couleur plus foncée , et moins solubles en apparence. | La base de la soude a les plus grands rapports avec celle de la potasse, dans les degrés d’oxidation dont ces substances sont susceptibles. HG Lorsqu'on la fait fondre avec la soude sèche en certaine quan- tité, l’oxigène se partage entre lalkali et la base; et on voit (G) Les métaux les plus volatils paroissent jouir exclusivement de la pro pe de se combiner avec l'hydrogène, circonstance qui peut fournir à analogie. Yy2 556 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE paroiître un liquide brun foncé, qui, par le refroidissement, devient un solide gris foncé, et qui attire l’oxigène de l'air, ou qui décompose l'eau, et devient de la soude. La méme substance est souvent formée dans les procédés analytiques de décomposition, et elle se produit, lorsqu'on fait fondre la base de la soude dans des tubes de verre le plus pur. Il y a à peine une différence appréciable dans les phénomènes visibles produits par l’action de la potasse, et par celle de la base de la soude , le phosphore, et les métaux. Elle se combine avec beaucoup de vivacité avec le soufre , en vase clos, rempli de vapeur de naphte : il se dégage de la lu- mière et de la chaleur ; et quelquefois la vaporisation d’une portion du soufre et le dégagement du gaz hydrogène sulfuré produisent une-explosion. Le sulfure formé avec la base de la soude est de couleur gris foncé. Le phosphure , composé de cette même base et du phosphore, offre l'apparence du plomb, et forme le phosphate de soude par simple exposition à l'air , ou par la combustion. * . La base de la soude mélée au mercure, à la proportion de 3, rend ce métal solide , elle lui donne la couleur de l'argent, et l'acte de la combinaison est accompagné, de beaucoup de chaleur. Cette méme base s’allie avec l’étain sans changer de couleur; et avec l’aide de la chaleur elle agit sur le plomb et sur l'or. Je n'ai pas examiné ses habitudes avec les autres métaux; mais: dans son état d’alliage elle est bientôt convertie en,soude par l'exposition à l’air , ou par l’action de l’eau , qu’elle décompose ;! en dégageant l'hydrogène. ; | «| L'amalgame de mercure et de la base de la soude paroît for- mer avec les autres métaux des composés triples. J’ai essayé le Fer et le platine qui , je suis disposé à le croire , restent en com- binaison avec le mercure quand, par l’exposition. à l'air, celui-ci est privé de la substance nouvelle. L'amalgame de la base de la soude et du mercure se combine aussi avec le soufre , et forme un composé triple, de couleur gris foncé. ‘ET D'HISTOIRE NATURELLP. 557 : { n | VI. Sur les proportions des bases particulières , et de Poxigène, . dans la potasse et la soude. La facilité de là combustion des bases des alkalis, et la promptitude avec laquelle elles décomposent l’eau , me fournis- soient des moyens sûrs pour déterminer les proportions de leurs parties constituantes pondérales. J'indiquerai la marche générale de mes expériences , et les résultats obtenus des différentes séries , qui s'accordent entre eux, aussi bien qu’on peut l'espérer dans des opérations dans lesquelles la quantité des matériaux est si peu considérable. Pour le procédé dans le gaz oxigène, j’employois des tubes de verre, qui contenoient de petits glissoirs faits de feuilles minces d’argent ou de l’un des autres métaux non oxidables par la voie sèche ; je mettois sur ces glissoirs la substance à brûter, après l'avoir exactement pesée , ou comparée avec un globule de, mercure , de volume égal (1). Le tube étoit d'un petit dia- mètre vers une extrémité , Courbé, et tiré en pointe qu’on laissoit ouverte, L'autre extrémité étoit jointe à un autre tube qui com- muniquoit à un gazomètre d'où le gaz oxigène étoit, envoyé ; car on ne pouvoit employer ni l’eau ni le mercure pour remplir l'appareil. On faisoit passer du gaz oxigène dans le tube , jusqu’à ce qu'on fût certain que l'air commun en étoit chassé dans sa tota- Bité, On établissoit son degré de puretéen introduisantune petite . partie dans l'appareil au mercure. On fermoit alors hermétique- ment l'orifice inferieur en le soudant à la lampe à esprit-de-vin, et après avoir tiré en pointe l’autre extrémité, on fermoit lors- que l'ouverture étoit si petite, que la température ne pouvoit avoir une influence sensible sur le volume du gaz, Quand tout étoit arrangé , on opéroit la combinaison en appliquant la cha- leur au verre en contact avec le glissoir métallique. . Ces expériences offroient beaucoup de difficultés. Lorsqu'on appliquoit immédiatement au verre la flamme de la lampe, la combustion étoit très-vive, jusqu'au point de rompre quelquefois (x) Quand les globules étoient très-petits, on déterminoït ordinaire ment leur poids par comparaison avec ceux de mercure , comparaison qui se faisoit avec facilité et précision à l’aide d’un micromètre. Dans ce cas , ou introduisoit immédiatement le globule de la substince, nouvelle dans le tube; et on déterminoit ensuite à loisir le poids du mercure. 3558 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GHIMIE le tube ; et l’alkali produit s’élevoit en partie en fumée blanche qui se déposoit sur le verre. | Lorsqu'on élevoit lentement la temoératare, les bases des alkalis agissoient sur le glissoir métallique, et formoient des alliages. Il étoit très-diflicile de les combiner dans cet état , avec leur proportion entière d’oxigène : on ne pouvoit pas employer le verre seul, parce qu'il est susceptible de décomposition par les bases alkalines ; enfin la porcelaine est un si mauvais con- ducteur de chaleur, qu'on ne pouvoit la chauffer au degré né- cessaire , sans ramollir le verre. Dans tous les cas , on débarrassoit avec soin les bases alka- lines de leur enduit de naphte avant de les introduire. On ne pouvoit empêcher qu'il ne se formât une croûte légère d’alkali avant la combustion , mais cela ne pouvoit avoir une influence “sensible sur le résultat. Si, au contraire, l’on ne prenoit pas la précaution d'exclure soigneusement le naphte, ce léger enduit produisoit par sa vaporisation, une explosion qui détruisoit l'appareil. , Après la combustion on déterminoit laquantité dugaz absorbé, en ouvrant sous l'eau , où sous Le mercure, la pointe inférieure du tube. Dans quelques cas on observoit le degré de pureté de l'air résidu ; dans d’autres, on pésoit l'alkali formé dans le glissoir. : ER Entre les diverses expériences faites surla synthèse de la po- tasse par la combustion, je vais en choisir deux, dans les- quelles on a pris toutesles précautions possibles pour opérer avec exactitude , et dans lesquelles les circonstances ont été assez favorables pour qu'on puisse considérer leur résultat comme une moyénne qui doit approcher de la vérité. On employa dans la première expérience 0,12 de grain, de la base de la potasse. On fit la combustiôn sur le platine, elle fut rapide et complète : la base parut être parfaitement saturée, car on n’appérçut aucun dégagement d'hydrogène , lorsqu'on jeta le glissoir dans l'eau. Le volume du gaz oxigène absorbé égaloit celui de 190 grains de mercure; le baromètre étoit à 29,6 pouces, le thermomètre à 62 F. (135R. ). Ce volume à la température de 60 F. (12 % ) et sous une pression de 30 pouces de mercure (1) seroit réduit à celui de 186,67 mesures d’un (1) On a suivi dans les corrections pour la température les estimations de Dalton et Gay-Lussac qui donnent pour l’expansion des gaz environ x de leur volume primitif pour chaque degré de Fahrenheit. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 359 grain qui peseroient environ 0,0184 de grain Troy (1). Mais, 0,0184: 13 84— 1290 : 100; ainsi, d’après cette estimation, 100 parties de potasse seroient composées de 86,7 de base, et de 13,3 d’oxigène , à peu près. Dans la seconde expérience , 0,7 de grain de la base absor- bèrent , à la température de 63 F. (13 7 R. )et sous la pression de 3r,r pouces de mercure, une quantité d'oxigène égale en volume à 121 grains de mercure. Toutes corrections faites , comme dans l'expérience précédente, ce gaz auroit pesé 0,01189 de grain. Mais, comme 0,07 + 0,01189 = 0,08189 , est à 0,07, ainsi 100 est à 85,48 à peu près; et cent parties de potasse seront composées de 85,5 de base, er de 14,5 d'oxigène, à peu près ; et la moyenne des deux expériences donnera 86,1 de base sur 13,9 d'oxigène, sur cent parties de potasse. Dans l'expérience la plus exacte que j'age faite sur la com- büstion de la base de la soude, 0.8 de grain de cette base absor- bèrent une quantité d’oxigène égale au volume de 206 grains de mercure, le thermomètre à 56 F. ( 10 £ R. ) et le baromètre à 29,4 pouces, Cette quantité , toutes corrections faites , répond à environ 6,02 de grains d’oxigène. Et, ‘6,08 + 0,02=0,10:0.0,88 :: r00: 80. Ainsi , d’après cette estimation ; Cent parties de soude seront composées de 80 de base , sur 20 d'oxigène. Dans tous les cas de combustion lente , dans lesquels les alkalis n’étoient pas emportés hors du glissoir, je trouvai une augmentation de poids considérable ; mais comme il étoit im- possible de les peser autrement que dans l'air , l'humidité attirée rendoit les résultats douteux ; et on peut mieux compter sur les proportions déduites du poids de l'oxigène absorbé, Dans les expériences dans lesquelles les pesées étoient faites très-prompte- mént , et où il ne restoit point d’alkali adhérent au tube, la base de la potasse gagnoit environ deux parties sur dix ; et celle de la soude , entre trois et quatre parties. Les résultats de la décomposition de l’eau par les bases des (r) D’après des expériences que j’ai faites en 1799,sur la pesanteur spé- cifique du gaz oxigène ,jul paroîtroit que son HEC à celui de l’eau comme 1 à 748; et à Celui du mercure, comme 1 à :0142 ( Researches Chem. , and. Phil. p. 9 ). Cette estimation s’accorde tout-1-fait avec celle ui résulte des recherches exactes faites sur cet objet par MM Allenet epys à l’occasion de leur travail sur la nature chimique da diamant, \ 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE alkalis, s'obtenoient d’une manière bien plus prompte et plus parfaite que ceux de la combustion de ces mêmes bases. Pour ralentir le procédé, et ; dans le cas de la potasse, pour empècher qu'une portion de la base ne fût dissoute; j'employai les amalgames avec le mercure. Je prenois un poids connu des bases , et je faisois les amalgames sousle napthe , en employant environ deùx parties ( en volume.) de mercure, pour une de la base. Dans mes premiers essais , je mettois les amalgames sous des tubes remplis de naphte et renversés dans des verres pleins du même liquide; .et je faisois arriver lentement l’eau à l'amalgame au fond du verre..Mais je trouvai bientôt que cette précaution -étoit superflue ;.car, action. de l’eau m'’étoit pas assez intense pour empêcher qu'on ne recueillit le gaz - hydrogène dans sa totalité. 5 CRUE Je vais donner le détail des expériences les plus exactes que j'ai faites sur la décomposition de l’eau par les bases de la po- tasse et de la soude. brizo Dh dif Dans une expérience sur la base de la potasse , conduite avec toute l'attention possible aux circonstances les plus-minutieuses des opérations , l’action 0,08 de grain de cette base, amalgamée avec environ 3 grains de mercure , dégagea une quantité de gaz hydrogène égale en volume. à 298 grains de mercure. Le thermomètre , à la fin de l'opération , indiquoit une tempéra- ture de 56°, F.et le baromètre, une pression atmosphérique exprimée par 29,6 pouces. de mercure. : ! Maintenant cette quantité d'hydrogène (r) exigeroit pour sa combustion un volume de gaz oxigène à peu près égal à celui qu'occuperoient 154,9 graius de mercure : ce qui donne pour le _poids de l’oxigène nécessaire à la saturation des 0,08 grains de ‘base de potasse , à la température et à la pression moyennes, environ 0,0151 grains; et, 0,08 + 0,0191 — 0,0901 : 0,08 : : 100 : 84,1, à peu près. | à D'après ces indications , cent parties de potasse seroient com- posées d'environ 84.de base et 16 d’oxigène. = Dans une expérience sur la décomposition de l'eau par la base de la soude, le mercure étant dans le baromètre à 30,4 -pouces, ét le thermomètre à 52 F. (9.R.) le volume du gaz hydrogène dégagé par l'action de 0,054 grains de la base, égala (x) Researches chem, et phil. p. 287. celui ET D'HISTOIRE NATUREZLI PF 361 celui de 526 grains de mercure. Ce volume, à la température et à Ja pression moyennes, exigeroit pour sa conversion en eau 0,0172 d'oxigène. Or, 0,054 + 0,0172— 0,712 : 0,054 :: 100 : 76 à peu près ; et d’après ces indications , 100 parties de soude contiendroient environ 76 de base , et 24 d'oxigène. Dans une autre expérience faite avec très-grand soin , on em- ploya 0,052 de base de la soude ; le mercure dans le baromètre étoit à 29,9 pouces, et le thermomètre à 58. F. (11 5 R.). Le volume de gaz hydrogène dégagé égala celui de 302 grains de mercure, Ce qui exigeroit pol sa saturation par la combustion, à la température et sous la pression moyenne 0,01549 grains d'oxigène: proportion qui donnerait pour 100 parties de soude, a peu près 77 de base, et 23 d'oxigène. « - Les expériences dont je viens de donner le détail sont celles dans lesquelles on a employé les plus grandes quantités de ma- tière à-éprouver. Cependant j'ai comparé leurs résultats avec ceux de plusieurs autres dans lesquelles on avoit décomposé l'eau avec beaucoup de soin, mais dans lesquelles la quantité de chacune des bases employées étoit encore moindre. La plus grande proportion d'oxigène indiquée par ces expériences fut, pour la potasse 17, et pour la soude 26 parties sur 100, et la plus petite 13 et 19. En comparant toutes ces estimations, on serapprochera probablement assez de la vérité, si l'on considère la potasse comme composée d’environ 6 parties de base pour une d’oxigène ; et la soude comme formée de 7 parties de base et 2 d'oxigène. VII. Quelques observations générales sur les rapports qui, existent entre les bases de la potasse et de la soude , et d'autres substances. Les bases de la potasse et de la soude doivent-elles porter le: nom de métaux ? Le plus grand nombre des chimistes auxquels cette question a été adressée .a répondu par l'aflirmative. Ces bases ressemblent aux métaux par l’opacité, l'éclat, la malléa- bilité, la faculté conductrice de la chaleur et de l'électricité ; enfin par leur disposition aux combinaisons chimiques. Leur pesanteur spécifique, inférieure de beaucoup à celle des métaux connus, ne paroit pas être un motif suflisant pour former de ces substances une classe nouvelle ; car il y a à cet égard , des différences bien remarquables parmi les métaux déjà Tome LXV II. NOVEMBRE an 1808. A 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE connus, Le platine est près de quatre fois aussi pesant que le tellure , à volume égal (:); et dans une classification philoso- phique des corps, la base de l’arrangement doit toujours être l’analogie qui existe entre le plus graud nombre des propriétés des substances qu’on place dans une même division. - D'après cette idée, pour donner des noms convenables aux bases de la potasse et de la soude, il faudroit adopter la ter- minaison qui, d’après un consentement général, a été donnée aux noms des autres métaux nouvellement découverts; latine d’origine , elle est maintenant naturalisée dans notre langue. Je me suis donc hasardé de désigner ces deux substances noue velles par les noms de Potasium, et de Sodium; quels que soient les chaggemens que subisse dans l'avenir la théorie &e la composition des Corps , ces termes ne pourront guères induire en erreur. car ils désignent simplement les métaux produits par la potasse et la soude. J'ai consulté plusieurs des savans les plus distingues de ce pays sur la dérivation de ces mots, et celle que j'ai adoptee a été le plus approuvée par le plus grand nom- bre d’entre eux. Elle est peut-être plus signifiante qu’élégante. Mais il étoit impossible d'établir la nomenclature sur des pro- priétés qui n’étoient pas communes. aux deux substances ; et quoiqu’on eût pu emprunter du grec un nom pour la base de la soude, on n'en auroit pas trouvé un analogue applicable à la base de la potasse; car les anciens ne paroissent pas avoir connu les di érences qui existent entre les deux alkalis. Il faut mettre d'autant plus de précaution à éviter la nomen- clature théorique, que les phénomènes électro-chimiques qui se développent journellement, paroissent montrer avec.évidence que l'époque à Édualté on pourra généraliser complètement les faits chimiques , est encore bien éloignée. Et quoique dans les explications des résultats divers des expériences, qui ont été détaillées, l'hypothèse antiphlogistique ait été uniformément adoptée ; le motif pour l'admettre exclusivement a été plutôt le sentiment de sa beauté et de sa précision , que la conviction de sa permanence et de sa vérité. ee (x) Le tellure n’est guère plus de six fois aussi pesant que la base de la soude. Il y a fort lieu de croire qu’on trouvera des corps dont la nature chimique sera analogue à celle des bases de la potasse et de la soude, et dont les pesanteurs spécifiques seront intermédiaires.entre ces bases et les pluslégers des métaux déjà connus ; je reprendrai tout à l’heure ce sujet, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 363 - La découverte du mode d'action des substances gazeuzes a détruit l'hypothèse de Sthal. La connoissance des propriétés des substances éthérées et de leurs effets pourroit peut-être, dans l'avenir , avoir la méme influence sur la théorie ingénieuse et plus raffinée de Lavoisier. Mais , dans l’état actuel de nos con- noissances cette théorie paroit offrir la meilleure des approxi- mations vers une logique chimique parfaite. Mais quels que soient les changemens dont la théorie peut être menacée , il y a , ce semble , tout lieu de croire que les bases métalliques des alkalis, et les métaux ordinaires demeu- reront dans la même classe de substances : et jusqu'à présent nous n’avons aucune bonne raison de considérer les individus de cette classe comme des substances composées (1). Les expériences dans lesquelles on dit que les alkalis , les oxides métalliques et les terres peuvent se former de l'air et de l’eau seulement , par les procédés de la végétation , ont toujours été faites d'une manière peu concluante (2); car l’eau distillée, (r) On pourroit certainement défendre une théorie chimique fondée sur la supposition que les métaux sont aussi composés de certaines bases in- connues , et de la matière qui existe dans l'hydrogène ;et que les oxides métalliques , les alkalis, et les acides, sont des composés des mêmes bases unies à l’eau. Mais il faudroit admettre dans cette théôrie plus de principes inconnus que dans celle qui est généralement reçue. Elle seroit moins claire et moins élégante. En trouvant dans mes premières expé— riences sur la distillation de la base de la potasse , qu’il se dégageoit tou- jours de ’hydrogène , je fus conduit à comparer l’hypothèse phiogistique avec les faits nouveaux , et je trouvai qu’elle s’y appliquoit sans difficulté: Mais , des recherches plus délicates m'ont ensuite prouvé , que dans les cas où l’on voyoit paroïtre des gaz inflammables , l’eau , ou quelque corps dans lequel on admet l’hydrogène , étoit présent. (2) L’explication donnée par Vanhelmont , du fait de la production de la terre dans la végétation de son saule , a élé entièrement renversée par les recherches de Woolward ( 7rans. Phil. XXI, p. 193. ). Les conclusions que M. Braconnot a récemment tirées de ses ingéuieuses expériences ( Annales de Chimie, fév. p. 187.) ne mènent pas bien loin, d'après les circons- tances mentionnées dans le texte. Dans le seul cas de végétation dans lequel l’action libre de l’atmosphère eût été interceptée , les semences croissoient dans le sable blanc, qu’on avoit purifié , dit-on, par le lavage à l’acide muriatique. Mais ce procédé étoitinsufhisant pour le dégager des substances qui auroient pu fournir le carbone ou d’autres matières inflammables ; la Matière inflammable existe dans plusieurs pierres qui donnent à la tritu- ration une poudre blanchitre ou grisätre ; et lorsque dans une pierre la quavtité de carbonate de chaux est très-petite en proportion des autres ingrédiens terreux , les acides ne l’attaquent qu’à peine. 22 2 364 JOURNAL DE: PI MSTQUE ; DÉ CHIMIE ainsi que j'ai tâché de le montrer (1), peut se trouver impré- gnée de matières soit salines, soit métalliques ; et l'air tient presque toujours en état de suspension mécanique des substances solides de tout genre. On peut aisément concevoir que dans les procédés ordinaires de la nature tous les produits des êtres vivans peuvent procéder des combinaisons connues de la matière. Les composés du fer, des alkalis, et des terres avec les acides minéraux , abondent pour l'ordinaire dans la terre végétale. La décomposition des roches basaltiques, porphyroïdes (2) etgranitiques , fournit cons- tamment à la surface du sol, des élémens terreux , alkalins et ferrugineux. On a trouvé dans la sève de toutes les plantes qu'on a examinées , Certains composés neutro-salins, qui contenoient de la potasse ou de la soude , et du fer. Ces principes peuvent passer des plantes aux animaux. Et l'action chimique de l’orga- nisation paroit tendre plutôtà s'unir les substances sous des com- binaisons plus compliquées et plus variées, qu'à les réduire à leurs plus simples élémens. VIII. Sur la nature de l'ammoniaque et des corps alkalins en général , avec des observations sur quelques, appercus de découvertes auxquelles les faits précédens semblent conduire. La composition chimique de l’ammoniaque a été considérée depuis quelque temps comme très-bien établie ; et sa conver- sion apparente en hydrogène et nitrogène dans les expériences de Scheele, Priestley , et dans celles encore plus raffinées et plus exactes de Berthollet, n’ayoit laissé dans l'esprit des (1) Lecon Bakérienne 1806 , p. 8. (2) En 1804 , à l’occasion d’une recherche géologique particulière , je fs une analyse de la terre à porcelaine de Saint-Stevens en Cornouailles , qui résulte de la décomposition de feldspath dans un granit à grains fins. Je ne pus y découvrir la plus petite quantité d’alkali. En faisant quelques expériences sur des échantillons de la roche non décomposée prise au- dessous de la surface, j’obtins des indices évidens de la présence d’un alkali, qui me parut être la potasse. Ensorte qu’il est très-probable que la décomposition dépend de l’opération de l’eau et de l’acide carbonique de l’atmosphère sur l’alkali qui forme un des élémens du feldspath cris- tallisé , lequel perd son agrégation lorsqu’il en est privé. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 365 taux. » C'est pourquoi il lui donne le nom d'apléme , qui veut dire simplicité. L’aplôme perd par la calcination deux centièmes de son poids. J'ai chauffé centparties d'aplôme réduit en poudrefixe , avec quatre cents parties de potasse caustique : une chaleur rouge soutenue pendantune demi-heure, n’a opéré qu’une fusion pà- teuse. La masse refroidie avoit une couleur vert-bouteille. L'’acide muriatique a complètement dissous cette masse. Cette dissolution traitée parles procédés ordinaires, a donné, pour cent parties d’aplôme. (1) Annales du Musée , Cahier 64, 399 JOURNÂL DE PHYSIQUE, DÉ CHPMIE See EL AID ÉOLO.6 A TIbIO DHEA) AMIENS ERIC 0) CREUSE ANUS SE ES AS RAS AS TEE Cul ME Oxideide fers. ele rer US Oxide de manganèse..-.......,...) 2 Mélange de silice et de fer...... 2 Perte pour la calcination..,..... 2 L g () 5 PEER CES En NN Cette analyse fait voir que l'aplôme ne peut être rapporté à aucun des minéraux connus. « Dans cet état de choses, dit Laugier, il me semble que lors- que les résultats de l'analyse ne sont pas assez tranchans pour décider la question , il est indispensable de combiner avec ces résultats les propriétés géométriques et physiques , et en suivant ici cette marche, sans doute admissible, on seroit porté à croire que le minéral dont il s'agit forme une espèce particuliere, » NOUVELLES LITTÉRAIRES. Traité Elémentaire du Calcul des Inéquations. Par N.F. Canard , professeur de mathématiques au Lycée de Moulins ; de l'imprimerie de Crapelet. 1 vol. 22-8°. À Paris , chez Bernard , Libraire de l'Ecole impériale Polytechnique et de celle des Ponts-et-Chaussées , quai des Augustins , n° 25. « Le calcul des inéquations, dit l’Auteur , est le mode gé- néral de la décomposition algébrique. Pour résoudre un pro- blème, ou .une question quelconque , on traduit les conditions qu'il renferme en langage algébrique : si l’inconnue n'est multi- pliée qu'avec des quantités connues, on parvient par les règles de l’Algëbre, à l'en dégager , et on l’obtient seule dans un des membres de l'équation. Le problème est alors résolu : ilse résout encore ayec la même simplicité dans les équations de la forme æ"—A qu'on appelle équation à deux termes. On a immédia- m E tement z — V4. Mais il n’en est pas de même lorsque l'inconnue se trouve élevée à différentes puissances dans les différens termes de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 309 l'équation. On parvient, par les règles de 1 Algèbre, a ramener l'équation composée à la forme générale DM AA Ban... Mr +N—o, C'est la que se termine leur secours , lorsque l'équation n'est que du second degré 2*°+ /x+B—o. On obtient pour ses deux valeurs la formule générale de solution... z—;A2EV+:4—8B. Mais cette solution n’est due qu'à un aruüfice du calcul, qui ne s'étend pas plus loin. Les algébristes ont tourmenté les équations composées de toutes les manières , pour en obtenir des formules de solution comme celle du second degré. Mais tous les artifices du calcul n'ont pu aboutir qu'a donner une solution imparfaite des équa- tions du troisième et du quatrième degré. Les formules qu'ils ont obtenues sont embarrassées de quantités imaginaires dans le cas où les racines de l'équation sont toutes réelles. L’impossibilité d'aller plus Join fait voir que les équations ne peuvent pas se décomposer par la méthode elle-même des équations. C’est parle calcul des z7équations qu'on parvient à démèler les inconnues dans tous les cas, et qu’on obtient des formules algébriques qui conduisent aux valeurs des racines, dans les équations composées d'une seule ou de plusieurs inconnues. ï On peut décomposer l'analyse en deux opérations bien dis- tinctes. Dans la première on traduit en algèbre la question à résoudre: cette première opération peut être considérée comme une composition; c'est ensuite le calcul des inéquations qui dé- compose. De sorte que dans les opérations de l'analyse, ce calcul est à la composition algébrique , ce que dans l'opération arithmétique, la division est à la multiplication, et ce que l'extraction des racines est à l’élévalion aux puissances. Supplément aux Recherches physiques et chimiques sur la fabrication de la poudre à canon. Par J. F. Charpentier- Cossigny , ex-ingénieur, membre honoraire de la Société Asia- tique de Calcutta; membre de la Société Impériale d'Agricul- ture du département de la Seine, de l'Athénée des Arts , et de la Société Académique des Sciences de Paris ; associé de la Société Littéraire des Arts de Batavia , et de celle d'Agriculture du Doubs et de Douai ; correspondant de l’Institut de France. Alias , Alia. Un vol. in-8°, À Paris, de l'imprimerie de Gagnard , rue du Lycée, n° 8. 400 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L’Auteur avoit déjà publié un ouvrage sur la fabrication de la poudre à canon. Celui-ci en est un supplément. Histoire Naturelle appliquée à la Chimie, aux Arts, aux diférens genres de l'industrie, et aux besoins personnels de la vie,par Simon Morelot , pharmacien en chef du corps d'armée du général Gouvion-Saint-Cyr ; précédée d’un Rapport de l'Université de Leipsic, 2 vol. 22-89. Paris, chez F. Schoell, rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois , n° 29 , et H. Nicolle, rue des Petits-Augustins, n°15; 10 f., et franc de port dans les départemens, 12fr. 75 cent. On sent tout l'intérêt dont est susceptible un pareil ouvrage. Conchyologie systématique , et Classification méthodique des Coquilles, oflrant leurs figures, leur arrangement généri- que, leurs descriptions caractéristiques , leurs noms; ainsi que leur synonymie en plusieurs langues : ouvrage destiné à faciliter l'étude des Coquilles, ainsi que leur disposition dans les cabinets d'Histoire naturelle. Par Denis de, Montfort, ancien naturaliste en chef de S. M. le roi de Hollande, pour les Indes orientales, etc. 1 vol. in-8° contenant les Coquilles univalves, cloisonnées. Prix : papier ordinaire , figures noires, 12 fr. , et 13fr.6oc. franc de port. Papier grand-raisin , fig. coloriées, 20 fr., et 1 f. 60 cent. franc de port. Papier grand-raisin vélin , figures colo- riées, 24 fr., et 25 fr. 6o c. franc de port. A Paris, chezF. Schoell, Libraire, rue des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois , n° 20. L'Histoire des coquilles, etleur classification systématique, est une des parties les plus dificiles de l'Histoire naturelle. Chaque jour les observateurs en découvrent qui étoient in- connues ; ce qui oblige d'établir dans les méthodes de nou- veaux ordres... Ilest donc nécessaire de réunir ces nouveaux ordres à ceux qui étoient connus, et de donner une nouvelle Conchyologie systématique. On a d’ailleurs senti que la coquille n’est qu’une partie de l'animal qui l'habite, et qu’on doit dans une classification des coquilles avoir égard aux animaux auxquels elles servent de demeure. Dès-lors il a fallu étudier l’animal lui-mème, en faire l'anatomie ;.., ce qui a rendu ce travail aussi long quediflicile. L'Auteur de l’ouvrage que nous annonçons , n'a donné dans ce premier volume que la classification des coquilles univalves cloisonnées, Il les:a distribuées en cent genres, et chaque genre est ET D'HISTOIRE NATURELLE. 401 est accompagné d’une figure qui représente une espèce de ce genre. C’est le meilleur moyen de les faire connoitre. IT Cahier de la Seconde Souscription des “annales des Voyages, de la Géographie et de l'Histoire, publiées par M. Malte-Brun. Ce Cahier contient : Mémoire sur le Lac Asphaltite ou la Mer Morte, traduit pour la première fois de l'allemand, augmenté et accom- pagné de Notes par le Rédacteur ; — Extrait d'un Ouvrage sur la Moldavie, par M. Depping ; — Suite et fin du Voyage de Pétersbourg à Moscou; — Appercu d’un Ouvrage sur | His- toire Universelle , par M. Jondot; — Souvenirs d'un Voyageur du Nord ; — Sur les Manuscrits laissés par feu M. Adanson ; — Voyage de M. Langsdorf dans la grande Bucharie ; — Sur les Isles de Tristan d'Acugna , par M. Aubert du Petit-Thouars; — Remarque sur un passage des Commentaires de César, par M. Depping ; —Annonce des Voyages dans l'Amérique méridio- nale, par don Félix de Azara. Chaque mois , depuis le 1° Septembre 1807, il paroît un Cahier de cet Ouvrage, accompagné d’une Estampe ou d’une Carte Géographique , souvent coloriée, La Première Souscription est complète, et coûte 27 fr. pour Paris , et 33 fr. par la Poste, franc de port. Les Personnes qui souscrivent en même temps pour la 1'€ et 2° Souscription, payent la 11° 5 fr. de moins, Le prix de l'Abonnement pour la Seconde Souscription est de 24 fr. pour Paris, pour 12 Cahiers francs de port, et de 14 fr. pour 6 Cahiers. Pour les Départemens, le prix est de 30 fr. pour 12 Cahiers, rendus francs de port par la Poste, et 17 fr. pour 6 Cahiers. En papier vélin le prix est double. L’argent et la Lettre d’avis doivent être adressés, francs de port, à Fr. Buisson , Libraire , rue Gilles-Cœur , n° 10 , à Paris. Cet Ouvrage se continue toujours avec le même succès. De la Formation et de la Décomposition des Corps. V.in-8° de près de 600 pages , caractères petit-romain , avec figures. Prix , br. 6 fr. et 8 fr. franc de port par la Poste. A Paris , chez Delance et Compagnie , Imprimeur-Libraire , rue des Mathu- rins-Saint-Jacques , hôtel Cluny. Quelle est la cause de la dilatation , de la liquéfaction, de l'expansion ? quelle est la cause de la combustion qui décom- pose , du feu, de la flamme , de la lumière quien jailhissent ? quelle est la cause des dissolutions qui décomposent pour se former sous des formes nouvelles ? La chimie fait l’analyse des Tome LXV/II. NOVEMBRE an 1808. Eee 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE corps par la différence des affinités , et c’est l'expérience qui lui a fait connoître cette différence , mais elle n’en connoît pas les causes; c'est à ces causes que l’Auteur essaye de remonter. En remontant à ces causes il a cru ÿ reconnoitre celle de la formation du Soleil, de la Terre et des Corps Célestes, de leurs mouvemens respectifs , et de leurs relations entre eux; celle de la formation des substances infiniment variées qui les compo- sent : c'est donc la cause de tous les phénomènes de la Nature que l’Auteur essaye de développer dans cet Ouvrage. Histoire de France abrégée et chronologique depuis la pre- mière expédition des Gaulois jusqu'en septembre 1808, rédigée en forme de mémorial, d'après l'Art de vérifier les Dates , Velly et ses continuateurs , le président Hénault, An- quetil , et tous les autres historiens auxquels elle peut suppléer, faire suite , et servir de concordance, avec une citation histo« rique après chaque fait ; contenant l’époque vérifiée, 1° des principaux événemens politiques, civils et militaires de notre histoire ; 2° des Traités de paix et de commerce ou de toute autre espèce, stipulés avec les autres nations; 3° des Lois, Edits, Ordonnances , Institutions, Monumens, Usages , Dé- couvertes , etc. ; 4° une Notice sur la Confédération germani- que dont Napoléon est le Protecteur ; 5° des Tablettes biogra- phiques des Hommes et des Femmes célèbres de la France dans les Lettres , les Sciences etles Arts , dans la carrière militaire, diplomatique, judiciaire , etc. ; 6° un Plan de Partis, avec ses dix accroissemens successifs. Par Chantreau, professeur d'histoire à l'Ecole militaire de Sai -Cyr. 2 vol. i2n-8° formant 1600 pag., imprimés par Crapelet. Prix, pour Paris , 16 fr. À Paris, chez Bernard , Libraire , quai des Augustins, n° 15. Dans les multitudes d'objets que l’homme instruit doit con- noître , l’histoire tient un des premiers rangs ; mais l'esprit hu- main ne peut sullire à ce grand nombre de connoissances. Il est donc utile , et même nécessaire, de lui présenter des précis, des espèces d’abrégés , où l’on trouve les principaux faits reunis. Cela est surtout nécessaire pour l'Histoire dont le champ est si vaste. Le Newton de la jeunesse, ou Dialogues instructifs et amu- sans , entre un père et sa famille, sur la Physique, l’Astro- nomie et la Chimie ; Ouvrage qui met les lois et les phéno- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 mênes de la Nature à la portée des conceptions les moins Éor- mées et des personnes sans instruction; traduction de l’anglais par P. Bertin ; seconde édition , revue et augmentée d'une troi- sième Partie , qui traite de la Pneumatique. 6 vol. in-18, avec planches , imprimés sur beau papier fin d'Auvergne. Prix, gf. et i1 fr. frane de port. NN. B. La troisième Partie qui forme les tomes VII et VIII de la 11° édition, se vend séparément. Prix, 3 fr. et 3 fr. 5o cent. franc de port. | À Paris, chez Brunot-Labbe , Libraire , quai des Augustins, n° 53, au coin de la rue Pavée. Get Ouvrage est consacré à l'instruction de la jeunesse ; dans l’état actuel de la société , un homme dont l'éducation a été cultivée , ne peut ignorer les principaux faits de la Physique, de, l'Astronomie et de la Chimie. C'est l’objet de l’Auteur qui a présenté tout ce qui est nécessaire , à cet égard ; aux personnes dont la fortune et les occupations ne leur permettent pas une étendue plus approfondie de ces sciences. Manuel de Pharmacopée moderne ; par J.F. Chortet , i7-8°. Paris , chez F.Schoell, rue des Fossés=Saint-Germain-l’Auxer- rois, n° 29. 3 f. et 3 f. 6oc. francs de port dans les Départemens. Ce Manuel contient une histoire abrégée des médicamens simples, plantes ,... et des préparations pharmaceutiques. Mon Journalde l'an 1807, ou Voilà les Gens du 18° Siècle, de la Vaccine , etc. etc. Seconde Edition , revue, corrigée et augmentée , à la fin de laquelle on a joint la réfutation des trois derniers ouvrages an- glais traduits en français en 1807, contre la découverte de Jenner; quelques réflexions sur l'éducation , suivies d’une Lettre de J.J. sur le mème sujet , et d’une Lettre au Gas- tronome, Par M. Parfait , Médecin. Un vol. in-8°. À Paris, chez 4/lut, rue de l’Ecole-de-Médecine. On saura gré à l’Auteur de nous avoir donné une Lettre de J. J. Rousseau. 404 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etC- TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Chimie. On some new phenomena , etc. Surquelques nouveaux phénomènes de changemens chimiques produits par l'élec- tricité ; particulièrement la décomposition des alkalis fixes et la séparation des substances, nouvelles qui constituent leurs bases ; et sur la nature des alkalis en général ; par H. Davy, Esq. Secrétaire de la Société royale, Professeur de chimie à l'Institution, royale de Londres. (Trans. Phil. 1808 ). | Extrait de la Bibliothèque britannique. ] Fragment sur la géologie de la Guadeloupe , lu à Pag. 337 La Classe des: Sciences Physiques et Mathémati- ques del Institut nationalde France ; par M. Les- callier , Correspondant, le 12 frimaire an 13. Tableau Météorologique. De l'Acide Acétique, retiré de l'Acide Pyro-Li- gneux ; par M. Mollerat. Extrait du procès-verbal de L'Institut de France, Classe des Sciences physiques eb mathématiques ; séance du lundi 26 septembre 1808. Notice sur la décomposition et la recomposition de l Acide boracique ; par MM. Gay-Lussac et Thenard. Notice sur une nouvelle Comète. Analyse de l'Aplôme ; par Laugier. (Extrait.) Nouvelles Littéraires. 373 388 Porillente £.- [R FF à À { Ë C FPS — ‘4 la 07/75 les VF Habitañs 4 = Le SE ps Bourg du Pal Ë la Passe Zèrre Ë LC a 55 PE de vieux fort Ke À Zerre d'en Pas STE ser ls Jainées Carte dep, ET L. et 201 darre Cr Le à CByg lis nt ’° ve Ale CMorne Le ave ’ ss Le Dataux : IT} PA , : ! Agen = L > L la Letite Brre (é } X < de Lrt SE Marie x k 4 À; «16 des Parques t D + Plalesterre LA Tire 2 PES Joreverr RTS = VE les 8 Rénires f Pourg du Palif Le ni 2e de la CE Anse ie , CG Lnrage $ la Passe Lirre LE duvieuxr fort 77 4e 0 ralanle | A | » | À IF la Passe Lirre d Lèrre d'en Pas Lrre d'en aut TA : Ye L ’ ‘ Ph tu Hire ls Jdatntes | FH R? a a DR rire Tune) si go 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, - DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE: DÉCEMBRE ax 1808. DE L'IRRITABILITÉ, DU LAITRON ÉPINEUX, ET d’autres plantes, avec des Observations ultérieures sur l'irritabilité des végétaux. MÉMOIRE du D, J. CARRADORI. CE n'est pas la /artue seule (1) qui possède une irrita= bilité marquée pendant la fleuraison, mais le laitron épi- neux (sonchus asper ), a aussi cette faculté à la même époque. ‘Æn effet, il transmet et fait couler une humeur lai- ‘ teuse, comme la laitue , lorsqu'elle est irritée , ou piquetée (x) Esperiense ad operragioni sopra lirritabilità della lattaga inscrite nel tom, XII, della Società Italiana delle Scienze. Tome LV. XII DÉCEMBRE an 1808. FF£ 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à ce temps-là, mais pas aussi promptement que la laitue, ni avec la méme facilité et la même force. Il y faut une irri- tation plus forte, ou un aiguillon, ou stimulus plus puissant et plus combiné, afin qu'on excitela distillation de l'humeur laiteuse dans cette plante , qui n'obéit pas à l’attouchement Ru léger et plus délicat , et au premier appulse , comme la aitue, qui aussitôt qu'elle a été touchée en quelque façon que ce soit, quoique légérement, transmet ou élance une portion du suc laiteux , ou suc propre qu'elle contient. Cettesueur ou distillation nese fait jamais , disois-je , avec la même force que dans la laitue, d'où sort quelquefois l'humeur si énergiquement , qu’elle s’élance bien loin dans l’air en forme de jets, ou d'arrosage de vapeur : ce n'est pas avec cette impétuosité qu'on parvient jamais à faire sortir l'humeur de l'épineux, tout puissant que puisse être le stimulus qui le tourmente: ce n'est pas un jet, c'est une simple distillation qui se fait dans cette plante, quelle que soit l'irritation qu'on y fait. On n'obtient point de distillation dans l'épineux par les feuilles qui embrassent la tige(amplexicaules ) comme dans lalaitue , mais seulement dans les calices, et surtout dans les contours de petites feuilles ou morceaux qui les composent ; tandis que dans la laitue le calice distille partout la même humeur laiteuse. mn i L'épineux, de même que la laitue, ne perd point cette fa- culté , lorsqu'il est plongé dans l'eau ; et la plante même, tout-à-fait arrachée du terrein , ou bien quelque branche de cette plante la conservent quelque temps ; d'où il est clair que l'irritabilité se conserve dans ces-parties ; même dans ces circonstances. On voit donc des faits exposés , que l'épineux a dans quel- que partie un degré d'irritabilité capable de se faire dis- cerner; mais l'on voit aussi de tous ces rapports, qu'il n’est pas si parfait dans l'épineux que dans la Cie” et que par conséquent il est à un degré bien moindre. ‘Je n'ai pas eu le temps de porter mes observations sur les autres espèces de ces deux plantes Zlaitue et épineux, pour voir, si à l'époque de la fleuraison, ou en autre temps, elles montrent par une pareille distillation, de posséder en quelque partie peigne degré sensible d'irritabilité, quoi- qu'il fût probable qu'elles en eussent. J'y en ai trouvé , mais ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 dans la simple écorce des fruits lorsqu'elle est verte, ou dans les péricarpes des mêmes plantes. Je n'ai pu obtenir une distillation accoutumée , ni par les feuilles, ni par les tiges , ni par où posent les organes de la Jructification, ni par aucun autre lieu ou partie de ces plantes, quelque irritation que j'y fisse, excepté par les capsules vertes qui contiennent les semences. C'est dans ce lieu seulement , que ces plantes montrent de posséder quel- que irritabilité , parce que c’est là le seul , qui irrité transmet l'humeur laiteuse accoutumée ; et cette irritation a été tou- jours causée par un aïguillon , ou frottement , et jamais par une opération capable de blesser, ou déchirer , ou offenser dans une façon quelconque la surface desdites capsules, en y produisant une solution ou la marque d’une force innée telle que l'irritabilité (1). Je mis à végéter de petites plantes de laitue fleurie avee ses racines , dans l'eau jointe à des sels ; savoir , au muriate de soude, et au nitrate de potasse en quantité fort discrète, dans des vases divers , et je les y tins à l'air ouvert pour (1) Il y a des mouvemens dans les plantes qui n’appartiennent point à Pirritabilité, mais qui sont de purs elfets de l’élasticité propre de quel- que partie , DEP eat El il en est un curieux propre au bouillon blanc. (verbascum sinuatum ). Je le touchai légérement, croyant qu’il n'ait jamais été décrit. Ges fleurs du bouillon blanc tombent, un choc, ou commo- tion quelconque ayanf été faite à la tige de la plante, elles ne tombent ‘i sur-le-champ, mais quelque moment après que la plante a souffert e choc: elles ne tombent pas non plus toutes à la fois, mais plusieurs l’une après l’autre ; de sorte que si l’on vouloit, on pourroit profiter de cette particularité de la plante pour faire un jeu, et en imposer aux ignorans ; savoir, en ordonnant qu’à un mot, à un signe, la plante se dépouille de ses fleurs , ayant cependant eu auparavant l’adresse de cho- quer ou par un bâton, ou par le pied , la tige de la plante, sans que per- sonne en soit averti. Ce phénomène vient de l’élasticité des calices ou récipiens des fleurs de la plante. Ces fleurs sont monopétales et ne dépendent d’aucune des parties du calice , mais y sont appliquées : aussi les parties du calice, qui sont douées d’élasticité , et qui se trouvent dans un état forcé , lors qu’elles sont élargies pour servir de base, et recevoir la fleur, toutes les fois qu’on choque Îa plante, sont mises par ce choc au point de se réhausser , et de se fermer en vertu de leur élasticité ; c’est par là, que si par ce choc la fleur se détache un peu , elles, pour se resserrer et sortir de cette situation forcée , l’expulsent et la font tomber. En un mot , c’est là un jeu d’élasticité des parties du calice, par laquelle échappe la fleur monopétale , qui y étoit circulairement enchâssée , et qui tenoit par force élargies les parties du calice même. F£F'a 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quelques jours;maïis je ne m'apperçus, que moyennantl'union des sels , si par le véhicule de l’eau quelque petite portion en étoit absorbée, se fit plus grande leur irritabilité ; au contraire elles montrèrent par une distillation plus foible , de diminuer toujours , en restant dans l'eau, cette faculté vitale (x). Au lieu des sels neutres, je mélai dans l’eau des acides ; mais en telle quantité, qu'à peine le goût les manifestoit ; et j y mêlai, surtout en diverses proportions avec l’eau dans des vases différens , de /'&æcide nitrique , de l'acide muria- tique oxigéné où térmoxigené, et puis je mis à végéter dans chacun de ces vases , plusieurs petites plantes de laitue bien fleuries , mais pas avec un succès meilleur , parce que dans aucun temps de leur demeure dans l'eau, elles ne té- moignèrent point une plus grande irritabilité ; mais elles en firent voir plutôt une diminution de jour en jour, puis- qu'en comparaison des plantes, qui végétoient en terre et dans l’eau pure, leur distillation fut toujours en progrès plus foible: mais quand je me servois d'eau mêlée avec une quantité plus grande d'acide , les plantes que j'y tenois à végéter, montroient évidemment qu'elles souffroient dans leur économie universelle , et l’irritabilité répondoit à leur état de souffrance en finissant plus vite. J'appliquai cette espèce de stimulus à la surface des plantes , pour voir s'il agissoit extérieurement. J'intro- -duisis pourtant une branche détachée d'une plante de laitue dans une eloche de verre pleine de gaz acide muriatique oxioéné où termoxigéné; et l’en ayant tirée depuis peu de momens , je l'irritai ; mais il sy fit voir la distillation accou- tumée. Je tins.une plante de laitue plongée plus long-temps dans ce gaz, mais alors elle montra d'avoir souflert, et l'irritabilité étoit diminuée notablement. Les vapeurs ni- treuses , et les vapeurs soufrées produisirent un effet encore 1re. Il semble donc que ces aiguillons ow stimulus, qui ont été si loués pour exalter l’irritabilité des animaux, ne sont pas appropriés à l’irritabilité des végétaux (2). Ce n'est (1) Mémoire sur la vitalité des plantes. Journal de Pise; Journal d'Agriculture de Milan. (2) Pour moi je crois que des faits, qu’on admet comme des épreuves ET D'HISTOIRE NATURELLE. 40% as ce que montrent les observations présentes, l'irrita- bilité végétale susceptible de quelques s£imulus, qui sont les plus excitans pour les animaux , et qui agissenten ravi- vant l'irritabilité ; l'oxigène ou termoxigène qui entre dans la formation de l'acide nitrique , ét surtout du gaz acide muriatique oxigéné , est le premier des stimulus pour l'irrita- bilité des animaux, et il a été, à ce qu'il semble, paresseux quand il étoit convenablement appliqué, et nuisible quand il l'étoit trop pour l'irritabilité végétale, Je fis plonger des plantes de laitue dans une eau dor- mante, et dont il sortoit des exhalations mauvaises pen- dant l'été, etje les y tins pendant 24 heures : les en ayant tirées, et ayant examiné par des stimulus, plusieurs fois l’état de leur irritabilité, je rencontrai qu'elles l’avoient entièrement perdu , et que les vases qui contenoient le suc propre, étoient si privés d'irritabilité qu'ils ne faisoient sortir leur humeur, pas même par les blessures faites tout exprès dans lesdites plantes. 11 semble que les évaporations putrides , ou les substances sourries , jointes à l'eau par une action amortissante , ôtent’ Éivritabitité auxdites plantes, comme elles l’ôtent aux ani- maux, - 2 à = à £ certaines de l’action stimulante de quelques substances , ou principes , dans’ l’économie végétale , ne sont point décisifs. - On croit communément. que l’oxigène ou termoxigène est un puissant: stimulus pour Les végétaux , de ce qu’on a observé que l’oxigène accélère la germination des semences ; d’où on a conclu qu’il Paccélère , parce’ qu’il accélère le développement des fœtus, où embryons des plantes moyénnant l’action de stimulus qu’il exerce sur-leur système vasculaire ,- qui rendiplus: active la circulation. L Mais comme par les observations que M. de Saussure le fils a énon— cées il semble que l’oxigène qui entre dans la germination } n’est absorbé, ni combiné dans ce-procédé , mais qu’il s'emploie tant à former l'acide car- bonique ; qui se développe dans telle opération, et qu’il se consomme de la sorte , je pense qu’on peut douter avec tout le fondement ,: que ce principe r’exerce, ni même alors , aucune fonction de stimulus par rapport à l’économie végétale , comme l’on croit commuüunement , mais qu’il sert seulement à soustraire de la substance de la’ semence germinante, le charbon , élément qui, comme l’on peut voir de quelqu’une de mes observations touchant l’action de la lumière sur les semences qui germi- nent, insérées dans les Opuscules choisies de Milan , semble nuire au dé veloppement de l’embryon, et dént la nature semble tendre alors à se’ débarrasser , comme élément contraire ou superflu ; et il semble enfin que’ c’ést là -la raïson ‘par laquelle l’oxigène accélère la germination, 4x0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ayant pris une plante de laitue, lorsque la saison d'été marquoit le degré 25 du thermomètre de Réaumur à l'ombre, je la plongeai dans l'eau chaude au degré 50 du mémé ther- mètre , chaleur dans laquelle j'avois observé que la tissure , organique des végétaux ne souffroit aucune lésion. La plante distilla volontairement dans cette chaude liqueur , et - à tout appulse, quoique léger, elle distilloit avec plus de fa- cilité , que dans l'air à la même température. Ensuite je la plongeai en un instantdans l’eau froide, à 4 degrés au-dessus de o , et quelques momens écoulés, afin quelle en sentit l'impression ou l'effet, je l’irritai de nouveau; alors elle fut plus rétive à la distillation, et il y falloit une irritation plus forte pour la faire distiller. Il semble que l'irritation végétale est exaltée par la cha- leur et affoiblie par le froid. En effet les végétaux ralen- tissent au froid leurs fonctions, s'ils ne les suspendent entié- rement ; et la saison du printemps, qui ramène la chaleur, rend à l'économie. végétale l'énergie accoutumée, par la- quelle ilsemble que l’irritabilité assoupie est réveillée , leur vie se réanime: c'est par là que l'état où les végétaux poine l'hiver, peut avec plus de raison être comparé. à ‘état d'engourdissement ou léthargie que souffrent en cette saison beaucoup d'animaux. Ce froid engourdit les ani- maux, parce que, comme personne ne l'ignore; il amortit leur irritabilité, et cela arrive par une action directe du même froid sur la fibre musculaire , qui est le siége de l'ir- ritabilité, indépendamment de la sensibilité et de la cir- culation , comme l’a demontré Spallanzani. ‘ Je laissai dans un puits profond , où le thermomètre étoit au 12° degré au-dessus de o , une plante entière et bien fleurie, de laitue, en la transférant du potager , où le thermomètre marquoit 26 degrés à l'ombre , et je l'y tins, pour quelques heures , mais par les racines seulement dans l'eau. L'en ayant tirée, je la mis aux épreuves accoutumées de l'irri- tation , pour reconnoitre de la distillation la force de l'irri- tabilité, et, depuis des tentatives plusieurs fois répétées , la distillation succéda , ce qu'il me sembla , à l'irritation à péu près comme auparavant, savoir, avant qu'elle füt plon- gée dans la profondeur du puits , ou bien avant qu'elle restât dans une fraiche température : aussi je ne pus res une différence sensible dans le degré de l'ixritabilité, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 36: - L'on peut conclure de cette observation , si je ne me trompe, que l'irritabilité des végétaux ne souffre, non du passage momentané d'une température élevée à une mé diocre, et qu'elle ne diminue en raison de la température: mais au contraire, lorsque l'irritabilité, comme on l'a vu par l'expérience précédente , a été exaltée par une atmos- phère fort chaude , et qu'elle passe dans un instant à une autre froide , elle reste sensiblement amortie. On n'ignore pas que la lumière est un stimulus pour les plantes. Je voulus donc voir si à la lumière, c'est-à-dire quand elles sont investies par les rayons du soleil, les plantes de laitue et d'épineux donnent aucun signe de plus grande énergie touchant leur irritabilité; mais je trouvai qu'étant irritées , elles distillent également, et avee la même vitesse , tant à l’ombre qu'au soleil. - Je les ärritai par la lumière réunie et concentrée, en faisant parcourir çà et là sur les parties plus irritables de’ uelques plantes bien vigoureuses de laitue et d’épineux, le Éerdiei colentille. Lorsque la lumière du soleil, réunie dans le foyer de la lentille , étoit trop intense à brüler , elleéchau- doit les plantes où elle se posoit , mais ne produisoit aucune irritation à leur faire distiller l'humeur accoutumée. s : J'arrachai des plantes entières, et même des branches de laitue et d'épineux ; et je les laissai faner sur une table de ma chambre , pendant l'été; depuis environ 10 heures , je les: irritai où l'effet pouvoit étre plus visible , et j'en obtins une légère irritation. Je mis alors une ou deux de ces plantes dans l'eau par la tige, et je vis après quelques temps, qu'elles se rétablissoient de leur flétrissure ou mort appa- rente ; et recommençoient à végéter. Un peu de temps s'étant écoulé , je mis à irriter d'autres plantes qui étoient encore plus fanées ; elles ne me donnèrent point de distil- lation , alors je les mis dans l’eau, pour voir si elles recou- vreroient leurs forces comme les autres, mais elles ne le’ firent jamais; aussi elles montrèrent que tout principe de’ vie étoit éteint en elles. Il semble que l'irritabilité dans les végétaux ne survit point.à la mort, et qu'elle se perd entièrement avec la vie même. L'irritabilité animale se con< serve encore un peu après la mort , dans quelques parties, et surtout dans quelques animaux; d'où il semble que les animaux la retiennent plus long-temps, et que dans les végétaux elle manque plus tôt, A1 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai essayé d'irriter les plantes de laitue et d'épineux qui végétoient sur ce terrein , à diverses heures de la jour- née et de la nuit , et j'ai vu que le matin, lorsque les fleurs sont bien épanouies, et le soleil élevé sur l'horizon , elles manifestent la distillation la plus énergique. C'est 14 ce que l'on voit, toutes les heures, celle où toutes les pue sont dans le meilleur point de leur végétation, ow ien dans leur plus grande vigueur ; et c’est alors qu'elles ont la plus parfaite irritabilité. Cest l'époque de la feuraison et de la fructification ; seulement le temps oùles plantes montrent, parla distillation de l'humeur laiteuse , une irritabilité sensible , et l'âge-où elles sont parvenues à la cime de leur vigueur , ou au maxt- um de leur force et de leur vie végétale. D'ailleurs il est aisé de voir que l'irritabilité est toujours en raison de la vigueur des plantes. Qu'on choisisse des plus frai- ches plantes de laitue et d'épineux en fleur, et qu’on les laisse faner , on trouvera qu'elles perdent la faculté de distil- ler, et par conséquent l’irritabilité en raison de leur flé- trissure ; mais ellesla recouvrent aussitôt qu'on les met dans Leau à végéter, et cette faculté s'augmente en proportion que leur végétation prend vigueur. us $ . Mais laissons toute autre réflexion. La propriété qu'ont la laitue, l’épineux, et le tithymale de distiller l'Awmeur laiteuse, ou le suc propre, moyennant une irritation de quelqu’une de leurs parties plus succulentes, met, ce me semble , hors de doute, et fait presque toucher aux mains l'existence de l’irritabilité dans les plantes. Ilest vrai qu'on ne rencontre pastoujourscette irritabilité, mais seulement à un certain âge, et pas dans toutes les plantes qui contiennent un suc propre. Mais n'est-ce pas pourtant à croire , quesicette propriété nese manifeste pas à tout âge etdans toutes les plantes , mais seulementlorsqu’elle est extrêmement exaltée, et dans les plantes seulement, qui peut-être en sont parmi les autres plus enrichies , celles qui n'en montrent point, em soient privées ? On peut au contraire avec tout fondement , croire que les vaisseaux qui en étalent beaucoup à un.certain temps, et dans certaines plantes, en ont dans d’autres temps et dans d'autres plantes en telle quantité suffisante pour le mouvement circulatoire des humeurs, et à ne pas excéder pour se rendre sensible. Ors’il esttout raisonnable de croire que les vaisseaux du suc propre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 propre sont doués de cette irritabilité , et que c’est par cette propriété que le suc est forcé de circuler en eux : qui osera prétendre que les vases des autres systèmes en sont privés, et que la circulation des humeurs relatives en eux vient d'une autre cause, ou en vertu d'une autre force? | | CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA MINÉRALOGIE DU DÉPARTEMENT DE L'HÉRAULT,; Par M. MARCEL-DE-SERRES , membre de la Société des Sciences et Belles-Lettres de Montpellier et de la Société Médicale de la méme ville. PETER EN DE. CE département qui a pris son nom de la rivière de l'Hé- rault, qui le traverse du nord au sud , est borné à l'est par le département du Gard, au sud par la Méditerranée et le département de l'Aude, à l'ouest par les départemens de l'Aude et du Tarn, et au nord par ceux de l'Aveyron et du Gard. La plus grande partie de ce département est d'un calcaire secondaire. Les plaines sont toutes formées des dépôts d'al- luvion de ces chaines calcaires. Au nord-ouest , le Mont-Carroux et le territoire qui est entre Olargues' et Saint-Gervais, présentent des granits, dont le feldspath n'est pas la substance prédominante. Tome LXV'IT. DÉCEMBRE an 1808, Ggg 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À l'ouest, en descendant vers Saint-Cosme , on rencontre des terreins schisteux. Au nord, les environs de Lodève présentent des schistes dont plusieurs sont impressionnés. Les eaux minérales sont une des principales richesses mi- néralogiques de ce département. On distingue au sud celles de Foncaudy, de la Madeleine et de Balarue, ét les eaux acidules de Pserols ; au nord, celles de Lamason et Davesnes. Les métaux y sont peu abondans: cependant on voit en- core les vestiges des travaux qui avoient été entrepris pour l'exploitation d'une mine de cuivre près le villagede Ceps- Les houillières au contraire s'y trouvent en grande quan- tité. On remarque vers le nord, des indices de charbon de pierre au bas de la montagne volcanique située entre Lunas: et Lodève. Mais une des productions minérales de ce département qui présente le plus d'intérêt, est la source de pétrole, connue vulgairement sous le nom d'Aurle de Gabian, située à 16 hectomètres de Gabian, et à 12 kilomètres de Pézenas. On prétend qu'elle fut découverte en 1618 , qu’elle se perdit en 1740. Mais on réussit à la retrouver en creusant de nou- velles galeries. Ce bitume dont la pesanteur est 0,882, nage sur l’eau. Il paroît que cette source a fourni pendant quatre- vingts ans, jusqu à trente-six quintaux de pétrole chaque: année; mais depuis 1776 elle n'en fournit plus que quatre: quintaux. - Ce département fournit une grande quantité de marbre, du gypse , des argiles. Les étangs salés y sont nombreux: les principaux sont ceux de Manguis, de Perols, de Thau, de Vendres et de: Cebestan.…. Les terreins volcaniques sont assez nombreux dans ce département. On y distingue principalement les volcans: éteints d'Agde, de Saint-Thibery, de Mont-Ferrier.. Des Volcans d'Agde. Cette ville est entièrement bâtie de pierres volcaniques: Les plus anciens historiens ne parlent point du volcan qui a existé dans ce canton ; ce qui doit faire présumer qu il étoit: éteint à cette époque. Lé territoire avance dans la Méditer-- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4:14 ranée en forme de promontoire. Il est lié par un banc de sable de plus de quatre lieues , avec la montagne sur laquelle est bâtie Sète. Ce banc de sable, de très-moderne forma- tion , faisoit autrefois partie de la mer même, et prouve d'une marière indubitable , que ces attérissemens successifs de près de deux mille ans, ont considérablement diminué la partie orientale du golfe de Lyon. Parmi les autres preuves de ces attérissemens , on pourroit citer Aimargues , Armesania, qui en 813 étoit située sur les bords de la Méditerranée, et qui en est maintenant éloignée de trois lieues. Le volcan de Saint-Loup est sitné à une lieue au sud est d'Agde. Son cratère a encore maintenant environ 300 toises de diamètre. On observe encore deux courans principaux de laves, qui sont partis du cratère. Celui du sud se bifurque en deux, et sur l'une de ces branches est bâtie la ville . d'Agde. L'autre, qui a coulé au sud-est, s'est étendu jus- qu'à la mer, où il forme le cap d'Agde, et une petite île basaltique sur laquelle est bâti le fort Brescou. Toutes les laves de ce volcan sont à base argilo-ferrugi- neuse (1) grise, ou noirâtre , mélées d'augite, de peridot , ow olivine ;... on y observe des scories, des tuffa ,... des sables et cendres volcaniques agglutinées. Plusieurs de ces substances ont été altérées par l’action des vapeurs acido-sulfureuses , par celle des eaux... Du Volcan de Saint-Thibery. En partant d’Agde et se dirigeant vers le nord, on trouve à une lieue et demie de cette ville, au midi de Pézenas, trois sommités appelées Saint-T'hibery-lès-Monts , dans la direction du sud au nord, dont la plus élevée et la plus étendue, qui est la plus près de Saint-Thibery, peut avoir au plus 194 mètres, ou cent toises au-dessus du niveau de la mer; la seconde a quelques toises de moins , et la troi- sième au sud est beaucoup plus basse. Ces trois sommités entièrement volcaniques, sont au centre d’uncanton de même nature, formé principalement de deux grands plateaux qui (1) Suivant la nomenclature de Dolomieu, ce sont celles que j’ai ap- pelées fontiformes. Ggg 2 416 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE occupent ensemble un espace d'environ 2000 toises de lon- Sueur, sur 1800 de largeur. Les trois sommités se dirigeant dans le même sens , nous avons cherché , M. Fleuriau-de-Belleyue et moi, quelle pou- voit être la place qu'occupoit le principal cratère. Nous avons reconnu qu'il devoit avoir existé dans l'intervalle qui sépare les deux collines les plus élevées. Ce cratère est moins reconnoissable que celui de Saint-Loup : mais ces deux collines se trouvent composées , surtout à leurs som- mités, d'une si grande quantité de scories rouges, noires ou grises cendrées en larmes, bombées ou roulées sur elles- mêmes, de laves poreuses, boursoufflées, de tuffa , et de cendres agglutinées , qu'on ne peut pas douter qu’elles n'aient formé une partie de l'enceinte de l’ancien foyer. Si on examine les flancs de la colline la plus proche de Saint-Thibery, on trouve de nouvelles preuves de ce fait, en observant que les courans qui se dirigent vers ce lieu, paroissent provenir de ce même cratère. L'un de ces cou- rans s’est prolongé en forme de promontoire, dans le lieu sur lequel on a construit le fort de Saint-Thibery : et la lave s'y étant accumulée, a formé sur un courant plus ancien, une chaussée balsaltique de 55 pieds de hauteur , qui paroit souvent divisée en trois couches, dont les deux inférieures offrent des prismes à 5, 4, 5, 6, pans : la plupart de ces pris- mes sont rexagones, et passablement réguliers. Plusieurs ont de 12 à 14 pieds de hauteur, sur un à deux pieds de diamètre. La lave quiles a formés est compacte, un peu poreuse , contenant de l'augite et peu de peridot. On observe distinctement à cent toises au midi de Saint- Thibery, une coulée qui a recouvert le sable et le gravier quartzeux de la plaine, ce qui prouve, à ce qu'il paroît, ainsi que l’ensemble de ce vallon , qu'il est postérieur à tous. les dépôts marins, et qu'il n'est pas d’une date très-réculée. La nature des laves de ce volcan , est : 1. Laves argilo-ferrugineuses avec augite et peridot ow olivine , de la zéolithe mésotype, , Quelques-unes sont prismatiques. ï 2. Des laves boursoufflées. 3. Des scories. 4. Des sables agglutinés. ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 4i7 5. Des cendres agglutinées. 6. Des pouzzolanes rouges. 7. Des tuffa. Les deux volcans d'Agde et de Saint-Thibery sont au milieu d'un sol entièrement calcaire. Montagne basaltique du Mont-Ferrier. … La petite montagne basaltique du Mont-Ferrier est bai- gnée à l’est par la rivière du Ler , bornée au sud par le ter« ritoire de Montpellier, au nord , par le pic de Saint-Loup. Sa hauteur peut être d'environ 40 toises. Elle semble se con- tinuer vers l’ouest jusqu'à la colline de Valmahargues , faire le pendant de la montagne volcanique de Saint-Loup, ainsi ue de la chaine et chaussée basaltique de Saint-Thibery. da distance de Saint-Loup n'est que de deux mille toises. Elle est isolée au milieu d'un sol entièrement calcaire se- condaire. On en fait facilement le tour en une demi-heure ; on ne peut yappercevoir aucune trace de cratère. Cependant, d'après l'inspection des lieux et les substances qui y sont con- tenues , M. Fleuriau-de-Belleyvue, un des naturalistes qui ait visité le plusles volcans brülans , a été parfaitement convaincu que tous les produits du Mont-Ferrier étoient volcaniques, et qu ils avoient un grand rapport avecles substances qu'on trouve dans les volcans éteints du Vivarais. Les substances qu’on trouve à Mont-Ferrier , sont : 1. Différentes variétés de spinelle pléonaste( ou ceylanite. } 2. Le peridot , ou olivine. 3. L’augite. 4. L'hornblende , ou amphibole. 5. L'obsidienne. 6. Du fer titané. 7. Des laves ou basaltes primastiques. 3. Des broches basaltiques. 9. Des tuffas. 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sommité basaltique du Valmahargues. En partant de Montpellier, et se dirigeant vers le nord, on trouve , àdeux mille toises à l’ouest du Mont Ferrier, une sommité basaltique élevée d'environ vingt toises au-dessus de la plaine, et qui est très-remarquable par sa formation, car elle est presque toute calcaire, et on n'y rencontre des basaltés qu’à l'ouest et au nord. Sa forme est celle d'un cône tronqué , et on en fait le tour en dix minutes. Les substances qu'on y trouve , sont: 1. Des basaltes. 2. Des spinelles pléonastes ( ceylanites ). . 3. Des staurolites ( granatites ). 4. De l’hornblende ( amphibole ). 5. De l’obsidienne: 6. De l'épidote. 7. Du peridot ( olivine ): 8, De l’augite, 9: Du fertitané. 10. Du fer oxidulé. x1. Des brèches basaltiques. Observations. { me paroit difficile de concevoir la formation des subs stances qui couvrent la surface des deux cratères d'Agde et de Saint-Thibery, sans admettre une cause volcanique our l'unique agent des changemens qu'elles ont éprouvés as leur constitution primitive. Ce que j'avance , je le dis sans avoir égard à aucun système, et seulement en me fon- dant sur la nature des lieux, seul genre de preuve auquel on doit recourir. Peut-être que ceux qui ont visité ces lieux avec des yeux observateurs, m'objecteront les dispositions horizontales de quelques couches de laves compactes, dis- position qui au reste est ici très-rare, et qui sembleroit dé- pendre le plus souvent d’autres causes que de celles que j'indique. Je leur ferai observer que Dolomieu ayant vu dans ile de Lipari des couches horizontales opérées par la voie ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4ï9 sèche, celles-ci peuvent avoir eu la même formation. « Dans » certains PAMRPR ER , dit-il, et dans plusieurs coupes de » montagnes, les coupes sont exactement horizontales er parallèles entre elles avee des alternatives dans le grain » et la consistance des banes , ainsi qu'elles le seroient, si » elles étoient des dépôts des eaux. » L-2 Un naturaliste que je respecte infiniment, a cru avoir observé dans quelques endroits d'Agde des couches de chaux carbonatée recouvertes par des couches de basalte. Ce fait observé dans l'ile de Mull par M. Faujas , dans l'Auvergne , le Vicentin, le Tyrol et la Sicile, par Dolomieu, ne s'est pas présenté à moi dans l'examen des lieux dont je parle, ni à mon compagnon, M. Fleuriau-de-Bellevue. Mais en suppo- sant qu’il existât, il ne paroit nullement contradictoire avec le caractère volcanique que présente l'ensemble des lieux. Les expériences de sir J. Hall ont fait voir combien la compression modifie les effets de la chaleur, et que par la seule pression de 386 livres, on pourroit obtenir, après une Fusion complète, un carbonate calcaire solide fuisant effer- vescence avec les acides jusqu'au dernier fragment; ce qui est une preuve qu'il avoit conservé tout son acide carboni- que. M. Fleuriau-de-Bellevue a fait voir par des observa- tions nombreuses , combien ce refroidissement changeoit les: effets de la chaleur. Or en supposant , comme nous l'avons déjà fait, qu'une couche de laves eût coulé sur une couche calcaire , il pourrait très-bien se faire que la chaux carbo- natée éprouvant , même si l'on veut , une chaleur capable de la fondre , n'eùt conservé par la suite aucune trace de fusion. En effet, d'après les expériences déjà citées de Hall, on sait combien la compression apporte de modifications: dans l'action de la chaleur : et ici les denx causes se sont trouvées réunies : ces couches ayant été comprimées par la lave qui couloit sur leur surface , et privées ainsi du contact de l'air extérieur , auront pu conserver leurs caractères pier- reux , leur refroidissement ayant été lent. J'observerai ici, comme un fait digne de remarque, qu'on trouve à Sabstan- tion près de Montpellier , des briques de construction romaine, qui contiennent dans leurs masses, des fragmens: de spath calcaire rhomboïdal, qui n'ont perdu aucun de leurs caractères ; et cependant elles ont au moins éprouvé un feu assez grand pour leur faire perdre leur eau 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de cristallisation. Les fragmens qui sont dans le milieu ce la masse sont les mieux conservés; et il est facile d’en sentir la raison. ï La cause qui a pu opérer la formation des collines basal- tiques du Mont-Ferrier et de Valmahargues , ne me paroit pas facile à préjuger, et elle semble enveloppée d'un voila plus obscur. Quelques Observations sur Balaruc. Plusieurs naturalistes, parmi lesquels je citerai Montet , ayant attribué les eaux thermales de Balaruc à une cause volcanique , et voulant m'assurer dela vérité de cette asser- tion , je fus visiter ces eaux. En partant de Montpellier, quand on a quitté la grande route de Toulouse, à trois lieues et demie de cette première ville , on trouve une suite de collines formées par un marbre grossier , quelquefois en couches qui suivent de plusieurs côtés les inclinaisons de la colline , et qui plongent quelquefois dans un point op- posé. Ces couches n'ont que huit à dix pouces d'épaisseur. A Balaruc, et au sud-est de l'étang de Thau , jai encore trouvé le même marbre , mais çà et là parsemé de pyrites à l'état hépatique, et souvent tellement souillée d'oxide rouge de fer mélé d'argile, empâté de nouveau par cet oxide, et rempli de spath calcaire cristallisé , que tout annonce une grande confusion dans la formation de cette roche. Elle est d'ailleurs mélées d'huitres let autres fossiles pé- trifiés , le plus souvent décomposés. Il semble avoir quel- ques analogies avec le marbre qu'on trouve au sud-est. J'arrivai à Balaruc le r4 décembre 1807; il geloit depuis quatre jours, et mon thermomètre ne s’éleva à midi qu'à 5 degrés au-dessus de zére. Je le plongeai dans l’eau de la source pour en connoître la température : je la trouvai de 37 : ° au-dessus de zéro, d’après l'échelle de Réaumur. Leroy et Pouvair assurent que la chaleur de ces eaux est pendant l'été, de 42 à 43° ;et ce dernier ajoute, que pendant la ca- nicule elle monte jusqu’à 48 à 49° , ce que j'aurais desiré vérifier , puisqu'en général la température des eaux ther- males est à peu près constante. M. Ramond fait observer que les sources de Bagnères connues depuis 2000 ans cou- lent : .,ETID'RISTOIRE: NATUREL LE 427 lent toujours dans le même lieu, et avec la même tempé- rature. La source de Balaruc paroît venir , autant qu’on en peut juger, des montagnes qui sont au nord et à l'est de Balaruc. Ces montagnes sont entièrement calcaires. Ce calcaire est souvent rougeätre , et sa couleur paroït due à des oxides ferrugineux. Il se dégage presque continuellement de la source des bulles de gaz que je crois être de l'acide carbonique, car elles rougissent la teinture de tournesol. Plusieurs savans , et particulièrement Montet, ont dit que les eaux de Balaruc sortoient d'un volcan éteint. On trouve effectivement des laves dans les environs ; maiselles ont été apportées du volcan d'Agde : et elles sont absolument étran- gères au sol d'où sortent les eaux. D'autres ont avancé que le sol des bains de Balaruc conte- noit beaucoup de matières bitumineuses ; mais j avouerai, avec la même franchise , que je n'y ai rien apperçu de semblable. L " M. le professeur Virerque a fait une analyse de ces eaux, qu'il m'a communiquée. Douze livres cinq onces de ces eaux lui ont donné, Chaux muriatée..............,. troisgros. Soude muriatée ............... douze gros. Résidu composé en partie de chaux carbohatée , un gros cinquante-quatre grains, Tome LXVII, DECEMBRE an 1808 Hhh 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE DE, M** À J.-C. DELAMETHERIE, . Sur: 'oxidation des métaux par le fluide électrique. Malines , le 20 novembre:. Monsreur, Je M'étois apperçu , en employant des fils minces dans les: tuyaux qui servirent à mes dernières expériences sur l'oxi- dation des métaux ; que les produits oxidés et fuligineux n'étoient point si abondans, que lorsque je me servois de lames ou de gros fils. Je fis faire en conséquence quatre fils. d'environ. de pouce; deux d'argent le plus fin que je pus trouver, et deux d'alliage à égale quantité d’oret d’ar- gent , pour voir quels en seroient les produits. Je fis agir le disque pendant cinq heures sur ces tuyaux. À la première heure, l’on voyoit déjà que tout étoit différent ; après avoir enlevé celui d’alliage, je fis retourner celui d'argent, pour obtenir letransfert. D'abord , tout le fil négatif qui est le moins enfoncé dans le tuyau , se colore comme celui de ma dernière lettre ; et deux heures d'action l'ont rendu dans- l'état où vous le trouverez. Veuillez examiner les produits de tous les deux. Je n’ai point voulu le fairè ici , parce que je desirois que vous en jugeassiez vous-même. Il est étonnant, que l'argent, ce métal , qui , d'après M. Van-Marum, résiste le plus à l’action d’une forte batterie, s'oxide le plus de tous les métaux par un simple courant. Voilà de nouvelles anomalies qui se présentent. Vous verrez que le fil d'or du troisième tuyau , malgré qu'il fût soumis pendant tout le même temps que les fils d'argent , ne donna aucun préei- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 pité, quoique ce métal produisit au même moment sans eau, à la sortie, du très-beau pourpre de cassius dont il teignit le papier entre lequel un même fil étoit pressé par deux lames de verre serrées avecdes ls de soie ; vous les trouverezici sous le n° IV. J'ose donc croire que l'oxide se trouveroit dans l'eau en l'évaporant. L'argent présente un autre phénomène ; j'en arrangeai quatre fils comme ceux en or: en ouvrant le pa- pier, n° V, je vis avecsurprise, que non-seulement il s'y trouvoit de l'oxide entre la séparation des fils, mais que tout l'espace de papier du premier fil étoit teint en gris, et que le fil d'argent avoit conservé son poli et sa couleur métallique. Je me rappelai que la lumière colore l'oxide d’argent , et attachai avec un peu de pain à cacheter le papier conireun chässis qui recevoit les rayons solaires. À peine y avoit-il été pendant quelques minutes, qu'il prit couleur, et après deux heures je le détachai dans l’état où il est. Le no VI a servi ensuite seul pendant trois heures au courant; Île temps étoit meilleur, aussi trouverez-vous que le papier est plus carbonisé que par les fils précédens. Le principal but qui me fit entreprendre ces expériences longues et fastidieuses , est de prouver que celle des physi- ciens hollandais n'a changé en rien l’état de la question et des objections que vous eûtes le courage de faire dans tous vos discours, contre la réduction de l'eau en ses deux pré- tendus élémens, C'est toujours aux dépens d'un métal qui brüle, que la gazification se fait. Je me suis rappelé à ce sujet un passage si remarquable dela seconde édition des Elémens d'Histoire naturelle et de Chimie de M. Fourcroy, faite en 1786 , trois ans avant que MM. Dienman et Van-Trootswyk publiassent leur belle expérience. Voici ces deux para- graphes , que je trouve dans le If" vol. page 221 et suivantes. « Cette découverte ( celle de M. Lavoisier au moyen d'un » canon de fusil incandescent) , et la théorie que des savans » en ont tirée, constitueront sans doute une des plus » brillantes et des plus heureuses époques des sciences phy- » siques. Mais comme il est de la plus grande importance » d'en examiner avec tout le soin possible les résultats et » les conséquences , nous croyons devoir proposer ici quel- » ques doutes , que nous soumettons d’ailleurs aux lumières » des savans auxquels sont dues ces découvertes. » M. Lavoisier pense, avec beaucoup de physiciens et de Hhh 2 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » chimistes modernes , que tous les fluides aériformes doi- » vent leur état élastique à la matière du feu , ou de la » chaleur qui leur est unie. Il en est donc ainsi du gaz in- » flammable ; or comme la décomposition de l'eau et son » changement en gaz inflammable, n'a jamais lieu que par » le contact des corps combustibles, ces derniers dans les- » quels il paroît aussi naturel d'admettre la présence du » feu fixé ou de la lumière , qu'il l'est de l’attribuer à l'air » pur et à tous les corps gazeux , ne contribuent-ils pas à » la formation du fluide élastique combustible qui se dé- » gage? Au reste, continue l’auteur, cette observation ne » tend en aucune manière à affoiblir les preuves de l'état » composé de l'eau ; peut-être seulement le gaz inflam- » mable n'y est-il pas entièrement contenu ; et n'y a-t-il dane » ce liquide qu’un de ses principes ? Si cette opinion étoit » admise, on ne connoitroit qu'une des matières consti- » tuantes de l'eau, savoir, l'air pur ; on n'y admettroit qu'un » des principes du gaz inflammable. Nous verrons dans » l'Histoire des acides , des métaux, etc. qu'il en est à peu » près de même de ces corps. Il nous semble qu'il y a tou- » jours un de leurs principes inconnu. » Ce que M. Fourcroy pensoit alors, se réalise aujourd’hui, sentiment qu'il abandonna , selon toute apparence , après la découverte des physiciens hollandais , parce qu'il croyoit ue la matière du feu ou de la chaleur seule constituoit le fluide électrique sans faire attention aux substances qu'il enlève aux combustibles à son passage par leurs pores..... Je finis, Monsieur ; que ceux qui veulent se rappeler toutes les réflexions solides qui ontété faites, tant en faveur que contre la théorie , relisent vos beaux Discours qui sont tous les ans à la tête de votre Journal, et l'Introduction à la Physique terrestre par M. de Luc, Cr ET D'HISTOIRE NATURELLE. 42 BELLEVALIA Nouveau genre de plante de la Famille des Liliacées. ! Par M. PICOT-LAPEYROUSE, chevalier de la Légion- d'Honneur, C'est véritablement une bonne fortune , ainsi que l'a re- marquéun écrivain aussi ingénieux qu'élégant , de trouver un nouveau genre de plante , très-remarquable par ses ca- ractères , dans des contrées qui depuis des siècles ont été soigneusement parcourues et étudiées par les Botanistes les plus célèbres et les plus exercés. Il n'existe pas cependant de plante plus commune au prin- temps, que celle que je vais décrire , dans les prairies chaudes des vallées des Pyrénées. Je l'ai trouvée à Barèges , à Méliande , Marignac et Eup près Saint-Béal, même à Toulouse , à Frescati. Je consacre ce nouveau genre à la mémoire de Ricner- ps-BerrevAz , oublié par tous les Botanistes , quoique l'hon- neur d'une dédicace soit devenu presque trivial. Il étoit rofesseur de Botanique à Montpellier en 1598. C’est à lui que fe jardin de cette Université dut son existence et sonprincipal lustre. BeLLevaL rendit des services importans à la Botanique, par son zèle , ses travaux, ses leçons et ses écrits ; il publia et dédia à Hewrx-le-Grand, fondateur du jardin de Montpellier, le premier Catalogue des plantes qui y étoient cultivées , et qu’il avoit rassemblées avec un soin , et une dépense extraor- dinaires. Broussoner a donné une nouvelle édition des opus cules de BErLevaL, celui-ci, toujours occupé de lascience, avoit fait dessiner et graver en cuivre un grand nombre de plantes rares, qu'il laissa à ses héritiers, peu jaloux de la gloire littéraire de ce professeur recommandable. Le genre de la Bezrevazia ( planche IL), appartient à 4:26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'hexandrie monogynie du système sexuel de Linnaus , à la 3° classe des plantes monocotyledones à étamines pérygines , et à l'ordre VI des asphodèles , des familles na- turelles d'A. L. de Jussæu. Il a de l'affinité avec les 2ya- cinthes par le port; le périgone infère , d'une seule pièce et le fruit; avec les ornithogales , par les filamens pétali- formes, dilatés à leur base. Caractère générique. Perisonium (corolla ) monopetalum , inferum, sexfiduns. FizamMEenrA monadelpha. Description de l'espèce. B£LLEVALIA OPERCULATA. B. Segmentis tribus exterioribus perigonit, apice externè appendiculatis. Ponr. Plante obscure, glabré lisse, d’un aspect livide (12 à 16 pouces). 3 décimètres 10 centim. de hauteur. Mozurs. Habite les prairies chaudes , où l'eau a séjourné quelque-temps en hiver. Racine. Bulbe sphérique, alongée, à tuniques , assez grosse ; recouverte d'une membrane brune. Feurzes, radicales , 4 à 5 , pliées en gouttière , glauques au-dedans , rayées en dehors , scarieuses au bout, dépassant une fois la hampe. Hamwre , droite, simple, cylindrique, haute de 21 à 27 centimètres ( 8 à 10 pouces ); souvent tâchée de rouge ; bleue vers son sommet. Fzeurs. Racemeuses , distantes, ascendantes, Pédoncules courts. Bractées, courtes, colorées, laciniées. Corolle. Périgone petit , cylindrique , d’une seule pièce , à six divisions ; reflexe dans son limbe; d’un blanc sale. Les trois divisions extérieures portent à leur sommet un ap- pendice extérieur, saillant, aplati, triangulaire ( ce qui avant l'épanouissement offre assez bien la figure d’une urne Avec son couvercle ). ÆEtamines, six, plus courtes que le périgone. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 427 Filamens , blancs , réunis à leur moitié inférieure , en une seule pièce détachée du périgone , et qui persiste. Anthères, bleu d'azur , d’abord sagittées , puis obtuses des deux bouts, et en deux corps. Pistrl. Ovaire, ovoide , bleu. Szyle , gros un peu tortu, plus court que les étamines. Srromate, simple. Fruir. Capsule trigone , obtuse , grosse , à six sutures , à trois loges. Semences globuleuses, noirâtres. Explication des figures. La plante est dessinée de grandeur naturelle. a. La fleur entière fermée , avec ses appendices en forme de couvercle. b. Le périgone épanoui. c. La fleur ouverte longitudinalement. d. Les étamines séparées du périgone. e. Les étamines grossies au double. Jf. Les filamens ouverts et étalés. g. Les mêmes grossis au double. h. Le germe etle pistil. i. Les mêmes grossis au double. 4. Capsule surmontée de pistil. Z. Sectiôn transversale de ta capsule, mm. Semence. nr. Semence grossie au double. o. Section transversale de la bulbe. 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE SUR une équation nouvelle du troisième Satellite dé Jupiter. Par Honoré FLAUGERGUES.. Depuis la découverte de la loi de la gravitation univer- selle due à l’immortel Newton , la détermination du mou- vement des planètes et des satellites n'est plus qu’un pro- blème de mécanique, pour la solution duquel ta théorie n'a besoin , à la rigueur, de l'observation , que pour déter- miner les constantes arbitraires, ou Ce qu'on nomme les élémens astronomiques d’une planète. Les tables construites d'après les formules données par la solution de ce pro- blème connu depuis long-temps sous le nom de probléme des trois corps, devroient donc être toujours exactes et ne s'écarter jamais de l'observation : cela seroit certainement ainsi , si cette solution étoit rigoureuse; mais dans l'état d'imperfection où se trouve l'analyse , on n'a pu trouver en- core que des solutions approximatives de ce fameux pro- blème : on ne parvient même à ces solutions imparfaites qe par un long tâtonnement en faisant successivement ifférentes hypothèses fort incertaines et très-incomplètes (à raison du grand nombre de termes qu'on est obligé de négliger ), qu'on tâche ensuite de corriger les unes par les autres ; mais dans des opérations si multipliées et si arbi- traires, et parmi cette infinité de termes à examiner, l’art de l'analyste le plus exercé est encore loin de suffire pour s'assurer que l'on n'a négligé que des termes dont l'effet est absolument insensible, qu on n'a oublié aucun de ceux qui paroissant fort négligeables dans l'équation différentielle, acquièrent par l'intégration un très-petit diviseur , et peu- vent par là devenir d'une grandeur sensible, et qu'enfin l'équation ETDHISTOLRE NATURELLE, 429 l'équation différentielle est si bien préparée, que l'intégrale ne puisse avoir aucun terme affecté d'arcs de cercle, dont l'effet , croissant avec le temps, produiroit une erreur qui augmenteroit sans cesse. L'’habitude du calcul , et cette espèce de divination, fruit du génie qu'on admire dans les écrits des grands géomètres qui ont travaillé sur ce sujet im- portant, n'ont pu leur faire éviter entièrement ces écueils ; aussi les tables calculées sur les formules qu'il nous ont données , ne sont exactes que dans leur origine, au bout de quelque temps elles s'écartent sensiblement du ciel, et ver les rectifier on est obligé de recourir de, nouveau à ‘observation : c’est en comparant les positions des astres, observées avec celles qu’on trouve par le calcul des tables, qu'on parvient à reconnoitre les défauts de celles-ci, et à soupçonner, la forme des termes omis mal-à-propos dans les formules qui ont servi à les calculer. Guidés par ces nou- velles connoissances, on revient sur la théorie et on la perfectionne, ce-qui produit des tables plus exactes que les premières , mais qui cependant ont encore besoin d'être rectifiées , sans qu'on sache où s'arrêtera cette espèce de penis Telle a été et telle sera probablement pendant ong-temps l'histoire des Tables astronomiques , et particu- lièrement celle des Tables de la Lune et des Satellites. : - Les Tables dés Satellites de Jupiter, dont on fait actuel- lement le plus d'usagé , sont cellesque M: Delambre à cal- culées sur les formules de M. Laplace ; cetravail, par son immensité et son exactitude , fera honneur dans tous lestemps à son illustre auteur; mais malgré leur supériorité recon- nue, ces Tables , par les raisons quenous venons d'exposer, ont aussi besoin d’être rectifiées au moyende la comparaison avec les observations. Je me suis livré depuis long-temps| à ce travail, et feuM. Delalande , dontla mémoire messera tou- jours si chère , eut la bonté d'en insérer les résultats avee les observations dans les volumes de la Connoissance des Temps de 1795 à 1808. Je compte publier un jour le résultat de cette comparaison ; mais je n'ai encore que quatorze années d'observations suivies, pendant lesquelles je n'ai pu observer que 530 éclipses , et cela n'est pas suffisant. En attendant, je crois pouvoir indiquer aux astronomes une équation nouvelle du troisième Satellite, dont j'ai re- connu l'existence et trouvé la formule qui la représente, Tome LXVII. DÉCEMBRE an 1808. Tii 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au commencement de l'année 1801. Je communiquai dans le temps cette petite découverte à Messieurs de la Société Libre des Sciences de Montpellier , quieurent la complaisance de la publier dans le Recueil de leurs Bulletins ( tome-kr |; Bul- letin >, page 32 et suivantes ). J'ai fait depuis d'autres com- paraisons dés observations des éclipses du troisième Satel- lite avec lecalcul des tables ; elles ont toutes confirmé l’exis- tence de cette équation qui est exprimée par la formule + 2" 15", sin*. (£ Anomalie moyenne. # + 45°); ou par +2". 15".sin° (= A+4500) en employant la notation usitée dans les Tables des Satellites de Jupiter. J'ai calculé d'a- prés cette formule la table qui est à la fin de ce Mémoire, et dans celle qui la précède, j'ai appliqué la correction qui résulte de cette équation, aux erreurs des tables re- connues par.la comparaison des meilleures observations que Tai réussi à faire des éclipses du troisième Satellite. J’aurois bien desiré de n’employer pour eette application de ma formule que des observations complètes ; mais ces observa- tions sont rares, et j'ai été forcé de faire usage des phases opposées des éclipses les plus rapprochées qu'il a été pos- sible , observées dns des circonstances à peu près sembla- bles ; dans ce dernier cas, j'ai pris pour l'argument 4 celui qui convenoit au milieu du temps compris entre les deux observations pour déterminer l'erreur des tables; j'ai addi- tionné les différences du caleul et de l’observation à l’im- mersion et à l'émersion, et pris ensuite la moitié de la somme; cette moitié est évidemment égale à l'erreur des tables pour le milieu du temps compris entre les observa- tions , en supposant toujours que ces observations ont été faites dans des circonstances semblables. On remarquera sans peine , premièrement, qu'au moyen de cette correction la somme des erreurs des tables, qui dans les vingt compa- raisons que j'ai faites , s'élevoit à — 20’ 51” est détruite, et j devient absolument nulle, et en second lieu,queles différences ui subsistent encore malgré cette correction, entre le calcul Le tables et les observations , sontun nombre égal de fois po- sitives et négatives, qu'elles forment dans ces deux cas des sommes égales , et que ces différences n'observent entre elles aucun ordre, ni parlesigne, ni par la valeur , ce qui prouve que ces différences sont dues aux erreurs inévitables dans . des observations de ce genre provenant principalement de ee que la hauteur de l’astre, l’état de l'atmosphère de la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 431 lunette et de l'œil n'étoit pas exactement le même dans les observations des deux phases. On peut donc conclure en toute sureté ‘des résultats de cette table, la réalité de l'€- fasiqu que je propose, et son utilité pour rendre les tables lu. troisième Satellite; beaucoup plus exactes. Il est bon d'observer ; qu’en admettant cette nouvelle équation il ne sera pas nécessaire pour cela d'augmenter le nombre des tables du troisième Satellite; on peut la réunir dans une même table avec la grande équation 4, puisqu'elles dépen- dent du même argument. Les autres Satellites ont probablement une équation sem: blable ; mais je n'ai pu encore la reconnoitre dans-les obser- vations du premier Satellite , & raison sans doute de sa pe- titesse. Il n'est guère possible non plus de pouvoir la dis- tinguer dans les observations du second Satellite, cette équation y étant confondue ayec des inégalités bien plus considérables et très-irrégulières, J'ai remarqué souvent que dans deux éelipses de ce Satellite , observées dans des cin- constances à peu près semblables, et qui se suivoient de très-près , la différence entre l'observation et le calcul des tables , étoit non-seulement très-différente pour la valeur, mais elle étoit encore de différent signe; ces variations brusques, quine paroissentsuivre aucune loi ,ne peuvent, ce me semble, étre attribuées qu'à une cause purementphysique, telle que seroit, par exemple, de grandes taches obscures, dont une partie du Satellite seroit couverte , et qui par son mouvement de rotation se trouveroient,dans certaineséchpses, proches du bord qui entreroit le dernier dans l'ombre , ou du bord qui en sortiroit le premier, et dans d'autres éclipses seroient au contraire fort éloignées de ces bords, ou même placées dans l'hémisphère opposé au Soleil , ensorte que dans le premier cas les immersions seroient avancées et les émer- sions retardées d'une manière très-variable. Si cette hypo- thèse se trouve fondée, ce Satellite feroit exception à la loi qu'on s'est peut-étre trop pressé d'établir; savoir, que le temps de la rotation d'un Satellite autour de son axe , est toujours égal au temps de sa révolution périodique autour de la planète principale: à l'égard enfin du quatrième Sa- tellite, je n'ai pas encore assez rassemblé d'observations pour déterminer avec précision l'équation qui lui convient et qui paroît être plus considérable que celle du troisième. lii a 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Erreurs des||! Date des Observations; | Argu- | Equation! Erreurs Années ment or |. des SRE St FE temps moyen à Viviers. A. a Tables, Guatiété a: L2 / 01 1795 | 10 juin. im. 14. 3. Rae Ca F = ne | Cp | 25 juillet. im. 16.15. 3 21 août. émM. 10.22, 7 o1 août. Em. g.87.15f: Re dm 104 a PAS 3116 | — 0.29 D nu ie guet Jess a 17 octob. éme rt. 88)15115 mibnp LT 04 ane cctob. {im 79544 —1,11 | + 0.96 VAE DEP de an TE Psttes 1:05 | + 0150 1797 | :6 juillet, {im 1410 56) 17644 045 À 0183 28 août. fi a —1.10 aus (oi Le) 15 nov. {on Pré 2 lL8656 —1.8 | — 0.55 08 | pr, fi las os fa. 6 | 01 1799 | 19 janv. tu TETE —0.13 | + 0.10 19 janv Un. 19-88 40 22250 —0.56 | — 0-34 4 Fév. {in 8. db )a2608 po? ire ds 3: fév. ES 8 05° J25586 +0,11 | + 0.14 ue F4 9 Bo de J26775 +7 |+ eo. 9 2 nov. ra 1883 2)27649 +0. 1 | Ho. 2 6 juin. im. 10.34.11 12 Juillet. ém. 88 18)85657 , im. 13.33.33 NÉ OR Dre 18.34 dajoi712 5 juillet: ém. one 17 août. im. 10.45.40 15152 Somme des erreurs des T'ables.. —20" bi” o o corrigées. Q) ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 43 TABLE Ad cotnslle tape bles M tebiséine Catellite de Jupiter. ÉQUATION 2. Equation a | Diffé- CRE L Dar Argument A. Argument A. a . + rences. ra rences. |} | ————— | ————| —— o | 18000! 1° 75 |” sq 18000.|, 36000 | 1° 75 | 5"9 5oo 17500 1.13,4 5,8 18500 | 35500 | 1..1,6 5.8 1000 | 17000 | r.19,2 5,8 19000 :| 35000 |:0.55,8 5,8 1500 16500 | 1.25,0 5,6 19500 | 34500 | 0.50,0 5,6 2000 | 16000:| 1.30,6 A4 KE PC 34000 | 0.44,4 5,4 2500 15500 1.36,0 &hb 20500 | 33500 | 0.39,0 7 3000 15000 | 1.41,2 TARN 33000 | 0.33,8 5,0 3500 14500 | 1.46,2 de 21500 | 32500 | 0,28,8 ke 4000 | 14000 | 1.50,9 FU ES 32000 | 0.24,1 4,3 4500 18500 | 1.55,a PR | 22500 | 31500 | 0.19,8 4,0 5ooo | 13000 | 1.59,2 3,6 23000 31000 ‘0.15,8 3,6 5509 12500. | 9. 2,8 3,a 23500 | 30500 | o.r2,2 ga 6000 12000 | 2. 6,0 512 24000 | 30000 |.0. g,o . 6500 | 11500 | 2. 8,7 Ju 24500 |: 29500 | o. 6,3 | de 7000 11000 | 2,10,g 1,8 25000 | 29000 | o.:4,1 1,8 7500 10500 | 2.12,7 1,3 25500 | 28500 | o. 2,3 1,3 8000 10000 | 2.14,0 on 26000 | 28000 | o. 1,0 Le 8500 2.14,7 0,3 26500 | 27500 | o. 0,3 55 9000 go00 | 2.15,0 ‘27000 | 27000 | o. 0,0 454 JOURNAL DE, PHYSIQUE, DE CHIMIE a SUR L'EXTRACTIF, Par M. FRIEDW-BRANDENBURG , à Riga (1). ÏL y a déjà un nombre d'années que MM. Fourcroy et Vauquelin ont découvert dans les sèves, et le premier sur- tout, dans l'analyse du quinquina , un principe particulier, différent de tous les autres matériaux immédiats des végé- taux, qu'ils ont appelé exéractif ou matière extractive. Ils lui ont attribué la propriété caractéristique d'absorber fa- cilement eten grande quantité, l'oxigène de l'air , de devenir plus: ou moins coloré par cette absorption, d’être alors in- soluble dans l'eau , mais soluble dans l'alcool. Quelque temps après , M. Deschamps, de Lyon, s'est trouvé en opposition à la théorie établie par les illustres auteurs. Il disoit que les extractifs n’avoient pas la faculté d'absorber l'oxigène, et que cet agent ne pourroit pas être la cause de leur coloration. Quoique M. Deschamps n'ait pas poussé assez loin ses expériences, et pour prouver ce qu'il avand oit , il semble cependant que ses idées n'étoient pas tout-à+ fait à rejeter. Considérations générales sur l'Extractif. 1°. L'extractif est contenu dans les sucs de toutes les plantes, quoique les plantes mucilagineuses,commel'a/thæa, l'orchis morio , maculata et bifolia, n'en renferment que très-peu. 2°. Il n'y existe pas dans un état de pureté absolu, mais toujours combinéavec plus oumoins d'oxigène, Le nqximum d'oxigène le rend parfaitement blanc , le minimum, au con contraire, lui communique la couleur noire, il devient charbon. QG) Voyez le Journal de Pharmacie de Trommedo , tome 14 j gahier I®, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 ‘39, Sa combinaison avec l'oxigène paroit avoir une cer- taine limite, qu'elle ne pourroit pas surpasser sans altérer la propriété de la plante. Cela explique la couleur de la sève dans beaucoup de plantes , qui est tantôt jaune et rouge, tantôt bleue et verte. 4°. La lumière unie au calorique désoxide toutes les com- binaisons de l’extractif saturé par l'oxigène , et les produits de cette désoxidation se règlent d’après l'intensité de la lumière. L'extractif décompose l'eau qui est absorbée par les racines et par les feuilles, pour servir de nourriture à la plante, et se combine avee une quantité d'oxigène né- cessaire à sa saturation ; le reste d'oxigène étant dégagé, s’unit alors au carbone et hydrogène, et engendre des racines, des feuilles , etc. 5°. Pendant que Ia lumière désoxide l’extractif, celui-ci cherche à absorber l’oxigène pour retablir son équilibre ; c'est alors qu’il décompose l'eau de végétation au même degré qu'il éprouve la désoxidation de la part de la lumière et du calorique. Quand il n'ya plus une quantité suffisante d'eau, l'extractif se désoxide toujours davantage et se colore, la végétation se termine, le carbone devient libre, et la plante meurt. Delà on peut expliquer pourquoi les plantes se meu- rent après une sécheresse continuelle. 6°. Lorsque l'effet de la lumière et du calorique dans les jours chauds de l’été est très-considérable sur les plantes, il s’en dégage très-peu de gaz oxigène. Le calorique se com- bine alors avec l'eau de végétation etla transpose en vapeurs ; les organes de la plante en sont affoiblis et rétrécis, puis- que l'extractif perd sa propriété d’être soluble dans l'eau. Pendant cette opération , la racine absorbe avidement l’eau, ce qui fait que le terrein s'épuise et se sèche. 7°. Le calorique se comporte identiquement , comme la lumière par rapport à l’extractif. Le suc d’une plante quelconque exposée dans un endroit obscur, à une température de 25°, fait que l'extractif sa désoxide et se colore plus ou moins, et l'albuminese coagule, s'il s'en trouve dans le suc. Les mêmes phénomènes ont lieu au contact de la lumière. ‘ 8°. MM. Fourcroyet Vauquelin expliquent les choses au- tremént, Ils adoptent que le suc non coloré absorbe l’oxi- gène de l'air qui le rend coloré. Quoi qu'il en soit, il est constant que toutes les fois que 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'oxigéne se combine avec une substance végétale jusqu’ saturation , elle devient blanche ou jaune-clair; quand où lui enlève l’oxigène, elle se colore et ressemble au charbon. La couleur brune et noire des végétaux ligneux ne paroit pas être due , comme M. Berthollet le suppose, aux effets de l’oxigène atmosphérique; on pourroit plutôt la consi- dérer comme une suite de désoxidation par la lumière. MM. Berthollet et Humboldt ont remarqué que les bois- blancs exposés au gaz oxigène sous}une cloche, se noir- cissoient. J'ai fait les mêmes expériences avec le gaz muria- tique oxigéné , et je trouvai que le bois et les écorces noircis, eo étoient enfouis long-temps dans le sein de la terre, evenoient parfaitement blancs sous la cloche. Néanmoins je n'ose pas contester les expériences de ces célèbres phy- siciens, quoique d’après l’analogie je serois tenté de croire ue sous une température qui ne surpasse pas celle de l'é- bullition de l'eau , la décomposition des bois blancs et des écorces ne peut pas avoir lieu. Voici les expériences qui ont paru prouver que l'oxigène est-la cause qui décolere les extraits, et non pas celle qui lui communique la couleur brune. | 1°. Quand on fait infuser dans l'eau une racine ou une écorce quelconque contenant de l'extractif, et qu’on expose le liquide à une température de 20 à 30°, à l’abri de la lu- mière et de l'air, on observe que l'infusion est plus ou moins brune. La même chose arrive quand on emploie l'é- corce extérieure d'une plante ligneuse fraiche , avec La diffé- rence que ces infusions sont moins colorées. 2°, Une infusion d’un végétal, traitée à l'abri de la lumière par le gaz muriatique oxigéné , devient plus brune , comme cela a lieu dans l’infusion de quinquina, mais bientôt après toute la couleur disparoit. AT EE (ie 3°. Lorsqu'on fait passer du gaz muriatique oxigéné dans une infusion de gentiana lutea, sa couleur disparoît ;‘et il se précipite une poudre blanche. Cette poudre qui est in- soluble dans l'eau et dans l'alun, se dissout dans les alkalis et forme une liqueur brune. La poudre paroïit être l'extractif très-oxidé. [infusion avoit acquis une couleur blanche, et ne possédoit plus d'amertume. 1. Je fis passer un courant de gaz muriatique oxigéné à tra- vers une infusion peu colorée de quinquina,, elle fut d’a- kord colorée en jaune; alors il se formoit un précipité d'un rouge- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 437 rouge-brunätre. Un excès de gaz le décolore et le redissout en partie. Le précipité blanc insoluble dans le ga7, est com- RE d'une petite quantité de gallate de chaux combiné avec ‘extractif oxigéné. 4°. M. Fourcroy dit que l'extractif, tel qu'il se trouve dans le suc , ne contient pas de l’oxigène ; et dans cet était il se dissout dans l'eau qui donne la propriété d’absorber l'oxi- gène de l’atmosphère. M. Fourcroy a :généralisé cette opi- nion, et M. Vauquelin attribue méme la couleur noire des extraits pharmaceutiques à l’oxidation de l'extractif; il a de plus l'opinion que les sucs blancs se décolorent par l'ab- sorption de l'oxigène. Conséquences. a. L'extractif proprement dit , en état pur, a beaucoup de rapport avec le carbone. ÿ; Les sucs d'une plante vivante éontiennent l'extractif oxigéné au maximum ; c'est pourquoi ils ne peuvent jamais absorber du gaz oxigéné. c. Dans les bois , écorces et racines desséchées, l’extracti£ se trouve dans un état désoxidé : alors , quand on le meten contact avec l’eau, il acquiert la propriété d’absorber de l'oxigène , se colorer et de former avec lui des combinaisons insolubles. d. L'influence de la lumière et du calorique sur l’extractif est très-remarquable ; une température de 25° à 3o° y opère une désoxidation ; et le carbone, auparavant plus saturé par J'oxigène , [paroît à présent comme un oxide de carbone. e. La couleur noire des extraits pharmaceutiques ne pro- vient pas d'une oxidation de l'extractif ; celui-ci s'y trouve plutôt dans un état désoxidé. Tome LXV1II. DECEMBRE an 1808. Kkk 4338 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE R AP PORTE DE LA SECTION DE CHIMIE DELINSTITU®, SUR LE DERNIER MEMOIRE DE M. CURAUDAU, AYANT POUR TITRE : EXPERTENCES Qui confirment la décomposition du soufre, celle de la potasse et de la soude; suivies d'un procédé à la faveur duquel on peut fabriquer du phosphore avec des sub- stances quin en contiennent que les élémens. M. DEYEUX, Rapporteur. EXTRAIT. Après avoir exposé dans: un préambule, combien il est utile aux progrès de la science chimique de se livrer à de nouvelles recherches tendantes à éclaircir beaucoup de diffi- cultés qui se présentent journellement, lorsqu'il s’agit de rendre raison des différens phénomènes chimiques, l’auteur passe à l'exposition des expériences qui font l'objet de son Mémoire , et comme elles diffèrent entre elles par la nature et l'état des substances mises en jeu , il les divise en séries, afin d'établir de l’ordre , et aussi pour confondre les résul- tats de chaque expérience. La première série comprend trois expériences , dont les deux premières, suivant M. Curaudau , prouvent que si on ne décompose pas le soufre immédiatement, on peut au moins opérer sa décomposition , en faisant entrer ses élé- mens dans la composition d’un corps destructible. ET D'HISTOIRE NATURELLE 439 “La troisième expérience a pour objet de prouver que le soufre qui résulte de la décomposition d'un sulfate par le charbon , n'ést pas pourvu, pendant la calcination , de toutes les propriétés qu'il avoit avant sa conversion en acide. Dans la seconde série , l'auteur traite des expériences re- latives à la potasse et à la soude, lesquelles, suivant lui, semblent prouver que ces deux alkalis sont destructibles. Enfin les expériences rapportées dans la quatrième série, tendent à démontrer que É phosphore, le fer et la chaux ne sont pas des corps simples, et qu’on peut les fabriquer avec des substances qui n'en contiennent que les élémens. On voit par le simple exposé qui vient d'être présenté, combien il étoit important de s'assurer de l'exactitude des faits et des expériences annoncées par M. Curaudau ; aussi 1a Section de Chimie arréta-t-elle queles expériences seroient répétées , et que pour plus grande commodité on choisiroit le laboratoire de chimie de l'Ecole de Médecine. Nous croirions abuser des momens de la Classe , si nous lui faisions part des précautions qui ont été prises pour que toutes les expériences de M. Curaudau fussent suivies avec exactitude. Il suffira seulement de dire que quelques- unes d'elles ayant été répétées jusqu'à quatre fois, sans avoir pu obtenir les résultats annoncés par l’auteur, on prit le arti de l’inviter à se transporter dans le laboratoire de l'Ecole de Médecine , afin qu'en sa présence on püt opérer, et savoir si les procédés qu’on se proposoit d'employer étoient bien ceux qu'il falloit suivre. M. Curaudau s'étant rendu à cette invitation, on choisit parmi les expériences qu'il s’agissoit de répéter , celle qui paroissoit la plus capitale. Elle avoit pour objet de fabri- quer du phosphore, de la chaux et du fer avec des sub- stances qui, suivant M. Curaudau, ne contenoient que les élémens de ces trois matières. Ces substances étoient le soufre , la potasse et le charbon de corne. Toutes furent pré- sentées à M. Curaudau , et reconnues par lui pour être de bonne qualité. Le soin de l'opération lui ayant ensuite été confié, il la suivit avec beaucoup de persévérance pendant près de deux heures , au bout duquel temps ; n'ayant pas obtenu les produits qu'il espéroit , äl déclara qu’il présumoit que son défaut de succès dépendoit de ce que le fourneau “dont on se servoit ne donnoit pas autant de chaleur que le Kkk2 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sien, qu'en conséquence il demandoit à répéter encore l’ex- périence dans son laboratoire avec un fourneau , au moyen duquel il avoit toujours réussi à obtenir Les produits indiqués dans son Mémoire. Voulant satisfaire à cette demande, un de nous se rendit le lendemain dans le laboratoire de M. Curaudau, accompa- gné de M. Baruelle, chef des travaux du laboratoire de chimie de l'Ecole de Médecine , à qui les détails des autres expé- riences avoient été précédemment confiés, et qui les avoit suivies et exécutées ayec ce zèle , cette patience , et surtout cette intelligence que lui connoissent tous ceux qui sont à portée de le voir journellement opérer. M. Curaudau ayant disposé ses appareils, nous lui remimes les quantités re- &uises de charbon de corne, de potasse et de soufre que nous avions apportées, et après qu'il eut reconnu que ces matières étoient de même qualité que celles que dans une autre circonstance il avoit jugées bonnes , nous lui aban- donnâmes le reste de l’opération , qui cette fois encore n'eut pas plus de succès que celles faites la veille à l'Ecole de. Médecine. Enfin , pour dernière expérience, nous consentimes qu'en notre présence M. Curaudau se servit de matières qu'il di- soit avoir préparées lui-même et avec lesquelles il assuroit n'avoir jamais manqué de réussir. i En effet nous ne fümes pas peu surpris, une demi-heure tout au plus après que le feu eutété mis sous la cornue, de voir sortir beaucoup de gaz phosphorescent, et surtout du phosphore combiné avec moitié à peu près de soufre, que nous recueillimes , en lui présentant un, vase rempli d'eau ;. l’examen que nous fimes-ensuite du résidu de la distillation nous prouva que ce résidu contenoit de la chaux et du fer, et en général des produits semblables à ceux que M. Cu- raudau avoit annoncés. | Üne différence aussi marquée entre ces produits et ceux -obtenus avec les matières que nous avions préparées, en suivant les précautions indiquées par M. Curaudau, com- mencèrent à nous faire soupçonner quele charbon animal dont M. Curaudau venoit dese servir n’étoit pas semblable au nôtre. Pour nous en assurer , nous procédâmes à l'ana- lyse de ce charbon, et nausne tardämes pas à reconnoître que ce que-nous avions soupçonné existoit réellement. Ll -serar facile: d'en juger lorsqu'on saura que 100 grammes du: ET D'HISTOIRE NATURELLE, hÂt charbon animal employé par M. Curandau , ont donné-40 grammes de phosphate de chaux mêlé avec un peu de phos- phate de fer, un gramme et plus de sablon et soixante- neuf centièmes de gramme de carbonate de chaux, produits qui assurément n'étoient pas ceux obtenus de l'analyse que nous avions faité aussi du charbon de corne exigé par M. Curaudau, eomme étant celui qui devoit être uniquement employé. Restoit à expliquer comment le charbon de M. Curaudau étoit si différent du nôtre ; à cet égard nous ne fümes pas long-temps à trouver la cause que nous cherchions; car en examinant les matières qui avoient servi à faire ce charbon, nous reconnümes qu'elles offroient un mélange de räpure de corne, de morceaux d'ivoire , et de différentes autres substances. Nous apprimes de plus, que M. Curaudau avoit chargé un ouvrier de convertir ces matières en charbon, et que présumant qu'on avoit suivi les précautions qu'il avoit indiquées , il ne s’étoit pas donné la peine de vérifier jus- qu'à quel point ses ordres avoient été suivis. Enfin on ne nous laissa pas non plus ignorer que ce charbon , une fois fait, avoit été porphyrisé sur une table de marbre blanc. D'après tous ces renseignemens, il n’étoit plus difficile de rendre raison de la différence qui existoit entre les pro- duits obtenus avec le charbon de M. Curaudau et celui que nous avions préparé , en nous conformant exactement. au mode qui nous avoit été indiqué. En effet, comme d'après l'analyse il étoit constant que les 100 grammes de charbon que M. Curaudau avoit employés dans son expérience , con- tenoient 4o grammes et plus de phosphate de chaux, mêlé avec un peu de phosphate de fer, on eoncevoit facilement comment en chauffant fortement un mélange d'un sembla- ble charbon de soufre et de potasse, on avoit obtenu une grande quantité de gaz phosphorescent et du phosphoresous forme concrète , tandis que notre charbon, qui ne contenoit et ne devoit réellement contenir qu'une très-petite quantité de phosphate de chaux , n’avoit pas même donné de gaz phosphorescent lorsqu'on l’avoit traité avec le soufre et la potasse. Nous expliquämes pourquoi dans le résidu de la distillation du mélange des matières préparées par M. Cu- raudau , il s’étoit trouvé une beaucoup plus grande quantité de carbonate de chaux que celle du résidu de notre opéra- tion, puisque indépendamment de la chaux séparée lors de 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la décomposition du phosphate de chaux que contenoit en grande quantité le charbon de M. Curaudau , il y avoit en- core celle détachée de la table de marbre sur laquelle ce charbon avoit été porphyrisé: Quant à l'origine du fer con- tenu dans le résidu de l'opération de M. Curaudau , ellene nous offrit rien d’équivoque , lorsque nous nous rappelämes que la corne et les os contiennent une petite quantité de ce métal, que d'ailleurs nous avions aussi trouvé , en analyÿ- sant , notre charbon de corne. Il dut donc pour lors être démontré pour nous que M. Cu- raudau s'étoit trompé ; en avançant que ses expériences prouvoient la possibilité de faire du phosphore , de la chaux et du fer, et que les élémens de ces substances étant con- tenus dans le soufre, dans le charbon animal et dans la potasse, il ne s'agissoit que de les séparer et les réunir. Enfin nous devons dire à la Classe que M. Curaudau n'a pas tardé à reconnoître et à convenir de son erreur, lorsqu'a: près avoir analysé lui-même son charbon animal, il a vu qu'il n'étoit pas du tout semblable à celui qu'il croyoit avoir employé. IL seroit superflu d’insister sur les autres expériences citées ar M. Curaudau , parce que dans presque toutes le char- a animal ayant été le même que celui dont il s’étoit servi dans l'expérience que nous venons de décrire, la même cause d'erreur a dû se présenter dans les autres essais où ce charbon a été employé. ! D'après ce qui s'est passé pendant le cours des expériences faites par la Section de Chimie, nous avonslieu de présumer que M. Curaudau , qui a reconnu son erreur, ne sera plus tenté de revenir sur Îes questions très-difficiles qu'il croyoîit avoir traitées ayec succès ; mais dans tous les cas nous l'in- vitons à mettre plus de sévérité dans les recherches qu'il voudra soumettre au jugement de la Classe. ï ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 419 SUITE des Réflexions sur les Espèces minérales. Par J.-C. DELAMETHERIE. LA chaleur que l'auteur des Réflexions sur quelques mé- thodes minéralogiques (Annales de Chimie française, tom. 65, ag. 1,113 et225 )a mise dans la discussion de déterminer es caractères de l'espèce minérale , a engagé tous les minéra- logistes à s'occuper de cet objet intéressant. Il a cherché à prouver avec l'auteur du Traité de Miné- ralogie , que « L’espèce minéralogique est une collection de minéraux, » dont les molécules intégrantes sont semblables, et com- » posées des mêmes élémens unis en même proportion. » L'espèce minérale ne peut donc être déterminée, d'après ces principes, que par la forme de la molécule qu'on obtient par le clivage.... J'ai constamment combattu cette opinion ; et j'ai fait voir en dernier lieu, dans ma Réponse à Lasteyrie ( Journal de Physique, tom. 66, pag. 298 et 391 ),.que les naturalistes re- connoissent plusieurs espèces , telles fig les gommes , les résines , les gommes-résines ,... dans lesquelles on ne peut point constater la nature de la molécule. J'ai ajouté que l'auteur du Traïté de Minéralogie à mis lui-méme au nombre des espèces minérales un grand nombre de substances minérales, telles que le succin , le pétrole, le: jayet, le bitume, l'anthracide,.. . dans lesquelles on ne peut pas plusassignerla nature de la molécule que dans la gomme arabique, les baumes , les résines;...mais pour donner encore plus de force à ces observations, je vais ici faire un exposé des espèces minérales décrites dans son ouvrage. Celles dont il a déterminé la molécule, sont marquées par un astérisque, et celles qui n’ont point d’astérisque ont leur molécule in-- déterminée. 444 JovanÂL HE PHYSIQUE, PE CHIMIE PREMIERE CLASSE. PREMIER ORDRE. Substances acidiféres terreuses. ‘Tome II. PREMIER GENRE. Chaux. . Espèce. Chaux carbonatée. * . Espèce. Chaux phosphatée. ns . Espèce. Chaux fluatée. x . Espèce. Chaux sulfatée. * Espèce. Chaux nitratée. . Espèce. Chaux arseniatée. OUR OR # SECOND GENRE. Baryte. x. Espèce. Barÿte sulfatée. ® 2. Espèce. Baryte carbonatée. TROISIEME GENRE: Strontiane. td . Espèce. Strontiane sulfatée. * 2. Espèce. Strontiane carbonatée. QUATRIEME GENRE. Magnésie. 1. Espèce. Magnésie sulfatée. * 2. Espèce. Magnésie boratée. * SECOND ORDRE. Substances acidifères alkalines. Tome UI. Premier Genre. 1. Espèce. Potasse nitratée. * Second Genre. ;. Espèce. Soude muriatée. line. 2. Espèce. Soude boratée. * 3. Espèce. Soude carbonatée. Troisième Genre. 1. Espèce. Ammoniaque muriatée. * TROISIÈME ORDRE. Substances acidifères alkalino— terreuses. Premier Genre. 1. Espèce. Alumine sulfatée alka= * 2. Espèce. Alumine fluatée alkaline, SECONDE CLASSE." Substances terreuses, x. Espèce. Quartz. * 2. Espèce. EH 5. Espèce. Télésie. Le 4. Espèce. Cymophane. = 5. Espèce. Spinelle. Fe 6. Espèce. ‘Topaze: 3 7. Espèce. Emeraude. * 8. Espèce. Euclase. "à 9. Espèce. Grenat. * 10. Espèce. Amphigen e. 11. Espèce. Idocrase. K 12. Espèce. Meionite. * 13. Espèce. Feldspath. + 14. Espèce. Corindon. 15. Espèce. Pléonaste. * 16. Espèce. Axinite. * 17. Espèce. Tourmaline. * 18. Espèce. Amphibole. 19. Espèce. Actinote. * 20. Espèce. Pyroxène- ë 21. Espèce. Staurotide. * 22. Espèce. Epidote. * } 3. Espèce. Sphene. 24. Espèce. Wernerite. * 25. Espice. Diallage. 26. Espèce. Anatase. à 27. Espèce. Dioptase. * 98. Espèce. Gadolinite. 29. Espèce. Lazulite. 3o. Espèce. Mésotype. * 31. Espèce. Sülbite, Ë ET D'HISTOIRE NATURELLE, 445 32. Espèce. Préhnite. 3. Espèce. Argent sulfuré. ‘55. Espèce. Chäbassie. * 4. Espèce. Argent sulfuré antimonié 34. Espèce. Analcime.* (rouge). * a 35. Espèce. Nepheline. a 5. Espèce. Argent muriaté. 36. Espèce. Harmotome. * É 37. Espèce. Peridot. * SECOND ORDRE. s DE Fe. Ps UE Oxydables réductibles immédiatement. 40. Espèce. Grammatite. ? . , £ 41. Espèce. Pycnite. 1. Espèce. Mercure natif. 42. Espèce. Dypire. * 2. Espèce. Mercure argental. &. Elnèce PE 3. Æspèce. Mercure sulfuré. * 4. Espèce. Tale. * 4. Espèce. Mercure muriaté. 45. Espèce. Macle. | TROISIÈME ORDRE. TROISIEME CLASSE. | nue non-néducribles immé- Substances combustibles non=métal- diatement. ligues. 7 PREMIER GENRE. 1. Espèce. Soufre. * 2. Espèce. Diamant. ® 1. Espèce. Plomb natif. 3. Espèce. Anthracite. 2. Espèce, Plomb sulfuré. 3. Espèce. Plomb arsenié. À SECOND “ 4. Espèce. Plomb chromaté. CADRE 5. Espèce. Plomb carbonaté. * 1. Espèce. Bitume. | 6. Espèce. Plomb phosphate. * 2. Espèce. Houille. 7. Espèce. Plomb molybdaté. * 3. Espèce. Jayet. 8. Espèce. Plomb sulfaté. * 4. Espèce. Succin. 5. Espèce. Mellite, * SECOND @ENRE:] QUATRIÈME CLASSE. Nickel. Substances métalliques. 1. Espèce. Nickel arsenical. 2. Espèce. Nickel oxide. PREMIER ORDRE. TROISIÈME GENRE. INon-oxidables immédiatement. Ci x. Espèce. Platine. Cuivre. Premier Genre. 1. Espèce. Cuivre natif. 2. Espèce. Cuivre pyritenx. © Second Genre. 3. Espèce. Cuivre gris. * -| 4. Espèce. Cuivre suHure. 1. Espèce. Or natif. 5. Espèce. Cuivre oxidé rouge: * 6. Espéce. Cuivre muriaté. Troisième Genre. 7. Espèce. Cuivre carbonaté bleu. * 8. Espèce. Cuivre carbonaté vert. 1. Espèce. Argent natif. 9. Espèce. Cuivre arséniaté. 2. Espèce. Argent antimonial. 10. Espèce. Cuivre sulfaté.s* Tome LXV' II. DÉCEMBRE an 1808. LI] 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIP QUATRIÈME GENRE. Fer, Tome IF. & NI OUR O1 et &:h = ON = * Espèce. Fer oxidulé. k: Espèce. Fer oligiste. Espèce. Fer arsenical. Espèce. Fer sulfuré. Espèce. Fer carburé. Espèce. Fer oxide. Espèce. Fer azuré. . Espèce. Fer sulfaté. * . Espèce: Fer chromaté. CINQUIÈME GENRE: Etain. . Espèce. Etain oxidé. * . Espèce. Etain sulfuré. SIXIÈME GENRE. Zinc. : Espèce. Zinc oxidé. ? . Espèce. Zinc sulfuré. * . Espèce. Zinc sulfate. SEPTIEME GENRE: Bismuth. . Espèce. Bismuth natif. . Espèce. Bismuth sulfuré. . Espèce. Bismuth oxidé. HUITIÈME GENRE. Cobalt. : Espèce. Cobalt arsenical. . Espèce. Cobalt gris. * . Espèce. Cobalt oxidé-noir, 4. Espèce. Cobalt arseniaté. NEUVIÈME GENRE. Arsénic. 1. Espèce. Arsenie natif. 2. Espèce. ÂArsenic oxide. 3. Espèce. Arsenicsulfuré rouge: DIXIÈNE GENRE. Manganèse. , Espèce. Manganèse oxidé.. Lei ONZIÈME GENRE. Antimoine. Espèce. Antimoine natif. Espèce. Antimoine sulfuré: Espèce. Antimoine oxidé. Espèce: [Antimoinehydro-sulfuré:- Rob DOUZIÈME GENRE. Urane. 1. Espèce. Urane oxidulé. 2. Espèce. Urane oxidé. TREIZIÈME GENRE- Molyrbdène. 1. Espèce. Molybdène sulfuré. * QUATORZIÈME GENRE. Titane. 1. Espèce. Titane oxidé. * 2. Espèce. Titane Siliceo-calcaire. *” QUINZIÈME GENRE. Schéelin. 1: Espèce. Schéelin ferrugineux. * 2. Espèce. Schéelin calcaire. SEIZIÈME GENRE. .Tellure. 1. Espèce. Tellure natif. . MO Le sotfont er | ET D'HISTOIRE NATURELLE, 447 ‘On voit que sur 139 espèces minérales décrites par l'au- teur, il yen a 79 dont il assigne la molécule, et 60 dont il n’assigne pas de molécule. Son premier appendice , tom. 4, pag. 333 contient la des- cription de 24 substances minérales particulières dont il n'assigne pas la molécule , telles sont : &. L’Amianthoïde. 4: Madréporite, 2. L’Aplome. 15. Malacolithe. 3.. L'Arragonite. 16. Micarelle. 4. Chaux sulfatée enhydre. 17. Pétrosilex. 5. Chaux sulfatée quartzifere. 18. Scapolite. 6. Cocolithe. 19. Spath chatoyant (schiller spath). 7. Diapsore. 20. Spath schisteux (schiefer spath). 8. Ecume de terre (schaumerde}). 21. Spinthere. ‘ g- Emeraude de France. 22. T'ourmaline apyre (daourite ). 10. Feldspath apyre ( andalousite ). 25. Triphane ( spodumène). Jade. 24. Zéolithe -efflorescente ( laumo- 12. Koupholite. nite ). 13. Lépidolite. La plupart de ces substances sont des espèces particulières. Le second appendice (tom. 4, pag. 414) contient la des- cription des roches ou des pierres agrégées. Ares Le troisième appendice ( page 470), contient la description des produits des volcans. Il les divise en six classes, qu'il sous-divise en plusieurs ordres. Plusieurs de ces ordres sont sous-divisés en genres. Ces classes, ces ordres, ces genres supposent des espèces. Il y a donc, d’après cet exposé, plus de la moitié des espèces minérales admises par l'auteur , dont il ne déter- mine pas la molécule. Il reconnoit, par conséquent , que le caractère fourni par la molécule, n’est point nécessaire pour déterminer une espèce minérale, Lille OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES : THERMOMEÈTRE. BAROMEÈTRE. 3 EE © | Maximum. | Minimum. |A Mar. Maximum. | Minimum. fs mor 1lù3s Hio,rjàios. + 5,5] + 9,2à 82m......28. 2,55|à 105. .....28. 1,40|28. 2,28 2à3s. + 8,7là7 m. + 3,6] + 7,6 1 £m.....28. 1,15là 105....... 28. 0,28|28. 0,88 Sfà midi + 8,3là1os. + 49] + 8,3 10 5....... 28. o,22]à 7m......27.11,65|27.11,70 4fà3s. H58à7m. + 2,2] Æ 5,2)à 8£m..... 28. 0,55[à85s......., 27.11,17/28. 0,28 5à3s + 5,olà7m. + 1,7| + 47la3s.......27.11,50[ù 1 m.......27.10,50|27.11,3c 6fà15s + 6,1là7m. — 0,2] + 5,olà8 m....... 27.10,92|à 38........27. 9,60|27. 10,62 7là3s. + 8,9à7m. + 1,2] + 8,611 3 m.....… 27. 8,77/à 38). ..:... 27. 6,14|27. 8,45 Ojà14s. <+ioéla7m. + 3,4] + 9,913: m... è + 71027. 8,15 gfà3s. “<+Hrizolà7m. + 6,8] Hr1,7la 10 + 7:29|27. 7,58 10|à midi +11,9/à 7m. “+ 6,4] Hir,olà 5 m......97. 7,364 4 5. . ..... 6,97127. 7,33 11fà midi + 4,4àg9m. + 3,3] + 44 ro s... ) + 9,939[27. 9,75 1olà midi “+ 47ià1irs. + 40| + 4,7lhrr . 0,35l28. 1,20 19]à midi + 4,5là7m. + 3,0] + 4,511 midi . 1,25/28. 1,60 14|à midi + 9,27 m. + 20) + 42l191s...... 26.2 ,25[à 7 m. .....98. 1,53]28. 1,60 19!à midi + 3,8là7m. + 1,8] + 3,811 7 m + 1580/4975. ..... . 0,50/28. 1,75 16|à midi + o,2à75m. + 3,8] + 9,272 . 8,60|27.10,16 17|à midi + 9,4 à7;m. + 5,6] + 0,4là 7 : . 5,00|27. 7,.0 18|à midi + goà85s. + 53] + 90h82 . 8,00[27. 3,25 19]à midi + 5,8/à7:m. + 3,7] + 58lh9:s. . 6,50/27. 6,95 20à3%s. + 7,5/à73m. + 3,6] 6,ofà 9 m. 27.11,00|27.11;00 21|à midi <+ir,2là7im. + 8,6| Ærr,2là 105. ..,..28. 1,78 .......28. 0,32/23. 1,00 22/à midi “+ 8,6là10s. + 4,1] + 8,6la10s Be à 28. 3,20l28. 3,50 23/amidi “+ 9,2 5m. + 5,5] o,2fà ro m dd +.....28. 3,00/28. 3,46 24là3s. + 8,5|à:7 km. + 6,6| + 8,4là midi à . ......20. 2300]20. 3,25 25là midi + 8,2 73m. + o,7| + 82h17: ...28. 0,80|28: 1,70 26fà midi “++ 9,4là 75m. + 8,3] + 9,472 27.:11,92/28. 1,35 27là midi “+ 9,6à 75m. + 7,7| + 96172 27. 7,05]27. 7,92 28[à midi + 4,3là10s. + 1,5] + 4,31 105 +..27. 0,31[27.10,17 2olà3%s. + 96là1m, —0,3| + 3,5]à 1 m....... 2780 77IAO| SI. sera 27. 9,50|27.10,40 dojà midi + 7,6lâu1os. + 4,4] + 7,6f1 105 .....,27. 7,60|à 7 m......27, 4,20[27. 5,40 RECAPITULATION. Plus grande élévation du mercure...28.3,71, le 22, à 105. Moindre élévation du mercure..... 27.3,00, le 18 à 7 m. Plus grand degré de chaleur..... —12°,0, le 9 à 35. Moindre degré de chaleur....... — 0,9, le 29 à r m. Nombre de jours beaux...... Folie Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0®,0417 = 1 pouces 6 lig. 2. À L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, NOVEMBRE 1808. POINTS VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. LUNAIRES. LE MATIN. | A MIDI. ; BE SOIR. Ciel couvert. Nuages clairs. Quelques nuages. à À 2 Petits nuages. … [Couvert. Pluie fine, lég. brouil. | # 3 Pluie fine, lég. brouil.|Nuageux et trouble.|Léger brouiliard- ; 4 Nuag. à l'horizon. us Loe nuages. |Couvert. Couv. , lég. brouill. ouvert par intery. |Très-couvert. Léger brouill., gélée-| A demi-couvert. Dose nuages, Fe nuages. |Légérement couvert, |Ciel couvert, uageux, lég. brouill.| Nuageux. Trouble, Pluie fine, lég. brouil.| Légérement couvert.|Ciel couvert. 94,0/S-E. foible.|4: 95,0|S-E. foible. 9| 98,0/S-E. foible. 10| 79,0/N-E. foible. *|Vapeurs, Idem: dem: 11| 86,0|N. foible. Couvert, lég. brouill.|Couv. , lég. brouill. |7d., lég. brouillard. 12| 83,0[N-E. Idem. Très-couvert. Très-couvert, 13 Lee a foible. Idem. L sr AL 2 Idem: È I o|N-E. Idem. ouv., lég. brouill.. |Couvert, lé. brouill. x Bo Se Idem. DEC ort, TMC He 16| 90,0|S. Lég. couv., lég. bro.| Beau ciel, lég. brouil.| À demi-couvert. 17| 92,0/S. fort. Trouble , lég. brouill.|Giel couvert. Pluie abondante. 18| 87,0o|S-O. fort. Pluie à verse par int.|Très-nuageux. Nuageux. 19| 86,0|S-O. fort. Pluie et gresil. Nuageux. Pluëe par intervalles 20! 97,0|0. fort Pluie fine, lég. brouil.| Pzuie abond. par int. }Couv., lég.brouillard. 21| 94,0|S- Troub., nuag. à l'hor.| Trouble. Couvert. î 22 Ciel couvert. Quelques éclaircis. |Trouble, gros nuages 23 Pluie fine par interv.| Nuageux. Couvert, léger bro, É 24 Couvert, leg. brouill.| Trouble. Quelques éclaircis. 25| 97,o[S-0. Couvert, pluiefine. |Temps brumeux. Pluie fine par intery 26| 96,0|0. foible. Brumeux. Très-couvert, Couvert. : 27| 94,0)0. tr.-fort. Ciel couvert. Couvert. Bean ciel, nu. à l'hor Légérement couvert./Légérement couvert.|Couv., gresil i £ Ivert. Ê di Beau ciel., gél. bl. |Très-couv., gresil. |Pzuie ee Era Pluie, lég. brouill. |PZuie par intervalles. [P/uje par intervalle, RÉCAPITULATION. de couvérts...... 26 de pluie.......... 12 30! 9r,o|O. foible. . le 1°" 00,640 de lvent::...... Therm. des caves } É | Réaumur, de LEE Mere ne js le 16 9,648 J; de tonnerre. ..... o de brouillard..... 18 de neige. ..,,,... au de grêle........ CE NS: 6.04 A Jours dont le vent a soufflé du S 456} JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ESSAI POLITIQUE SUR LE ROYAUME DE LA NOUVELLE ESPAGNE, Composant la troisième partie des Voyages d’A- léxandre de Humboldt et d’Aimé Bonpland. Pre- mière et seconde Livraisons. A Paris, chez SchoelL, EXTRAIT. LE voyage qu'a fait Humboldt avec Bonpland dans l'Amé- rique espagnole, est une des plus belles entreprises que des particuliers aientexécutée pour le progrès dessciences. Ils pu- blient leur ouvrage par différentes parties. Celle que nous annoncçons contient un Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne , c'est-à-dire Le Mexique. Sa population est de 6,000,000 environ. Les habitans du Mexique peuvent sediviser en trois grandes castes. 1. Les Espagnols de race non-mélangée, dont le nombre peut monter à 1,200,000. 2. Des métis , nés d’Espagnols et d’Indiennes , dont le nombre peut être évalué à 2,400,000. 3. Les Indiens , ou descendans des peuples qui habitoient le Mexique lorsque Cortez en fit la conquète : leur nombre peut étre estimé à 2,500,000. L'auteur a fait des recherches sur l’origine de ces Indiens. Îls paroissent composés de différentes castes. L'ancien Mexi- que, dit-il , avoit été ,comme l'ancien Continent , exposé à des invasions de différens peuples émigrans. Les Toultèques y parurent, pour la première fois , en 648. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 45x Les Chichimèques , en 1190. ais Les Nahualtèques, en 1178. Les Acolhues et les Astèques , en 1106. Les Toultèques étoient des peuples très-instruits , car ils introduisirent dans ces contrées la culture du maïs et du éoton. Ils construisirent des chemins , des villes ; et surtout de grandes pyramides , dontlés faces sont parfaitementorien: tées. L'usage de la peinture hiéroglyphique leur étoiteonnu : ils savoient travailler les métaux... Leur année solaire étoit plus parfaite que celle des Grecset des Romains... A Mais quelles étoient.les contrées qu’avoient habitées. anté- rieurement les Toultèques et les Astèques ? L'auteur pense que ces. peuples pouvoient être une portion de ces :Élionz gnoux , qui ,selon.les Historiens chinois , émigrèrent en sui- vant leur chef Punon ,et fuyant des ennemis puissans ; ils se perdirent dans le nord de la Sibérie... Ce sont ces mêmes euples Æiongnoux , qui, sous le nom de Æuns , ont désolé es plus belles contrées de l'Europe et.de l'Asie. : ; Nous ne suivrons pas plus loin l'auteur sur ces, objets , rs Pa AR qu'ils soient. Nous allons considérer ave ui la constitution physique de ces belles contrées... - , ::,:7 L’auteur:entre dans de grands détails sur l'aspect, phy- sique de la Nouvelle-Espagne. En embrassant , dit-il, d'un eoup-d'œil général toute la surface du Mexique , nous voyons qu'une moitié seulementest.située sous le ciel brûlant des tropiques et que l’autre appartient à la zone tempérée. La dernière partie a.60,000 lieues carrées. Elle comprend les provincias-internas , tant celles qui sont: soumises à l’admi-- nistration, immédiate du vice-roi du Mexique ( le'nouveau royaume de Léon ; et la province du nouveau Sontader), que celles gouvernées par-un commandant particulier. Ce commandant {exerce son influence sur les intendances de Durango et de Sonora, et sur les provinces de Cohahuila,. de Texas et du Nouyeau-Mexique. ls D'un côté, de petites portions de proyinces septentrionales de la Sonora et du nouveau Sontader , dépassent le tropi-- dus du: Cancer : de l'autre , les intendances méridionales de uadalaxara , de Zacatecas , et de Saint-Luis de Potosi ( surtout les environs, des mines célèbres de Catorce), s'é- tendent un peu au nord de cette limite, On sait que le climat physique d'un pays ne dépend, pas seulement de sa distance au,pôle, mais en même temps de; son: élévation 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au-dessus du niveau de la mer, de la proximité de l'Océan; de la configuration du terrein , et d'un grand nombre d'au- tres circonstances locales. Par ces mêmes causes, de 50,000 lieues carrées , situées dansla Zone Torride, plus de trois et de Réal= del-Monte, se trouvent à des hauteursmoyennes de 1700 à 2000 mètres. Les mines y sont entourées de villes , de vil- Jlages ; les sommets des montagnes sont couverts de bois. . 1 L'exploitation en est donc très-facile. Ces mines sont, comme l’on sait, d'un produit immense: Celles du marquis de Fagoaga ; dans le district de Sombrette, ont donné en six mois un produit net de2o millions de fr. Le comte de Regla, dont le frère, le marquis de San- Christobal s'est distingué à Paris , par ses connoissances en physique et en physiologie, a également des mines très- riches à Pachuca , dans le filon dela Biscaira. Parmi tant d'avantages dont jouit le Mexique, il a peu de rivières navigables, mais ila plusieurs lacs considérables, dont le niveau s’abaisse continuellement. Blu m 2 456: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'intérieur de la Nouvelle-Espagne , surtout une grande partie du haut plateau d'Anahuai , est dénué de végétation : son élevation en est une des principales causes. La limite des neiges perpétuelles sous l'Equateur , se trouve à une hauteur de 4800 mètres ( 2460 toises ) : sous le 45° de latitude , elle est à 2550 mètres (1300 toises au-dessus de la surface de l'Océan ). Au Mexique, sous les 19° à 20° de latitude , les neiges éternelles commencent, d après mes mesures , à 4660 mètres, (2350 toises) d'élévation. Aussi des six montagnes colossales que la nature a placées sur une même ligne, entre les parallèles de 19° à 19°: , quatre seulement, le picd'Orizaba, le Popocatepett, l'Iztuccihualt, et le Nevado de Toluca , sont perpétuellement eouvertes de neige, tandis que les deux autres, le coffre de Perote, et le volcan de Colima en sont dépourvues pendant la plus grande partie de l'année. ; Le repos des habitans du Mexique est moins troublé par les tremblemens de terre, et par des explosions volcaniques, que celui des habitans du royaume de Quito et des provinces de Guatimala et de Cumana. Dans toute la Nouvelle- Espagne il n'y a que cinq volcans enflammés, l’Orizaba , le sr de , les montagnes de Tusta, de Jorullo, et du. Colima ; les tremblemens de terre qui sont assez fréquens sur les côtes de l'Océan-Pacifique, et dans les environs de la capitale , n'y causent cependant pas des malheurs aussi grands que ceux qui ont affigé les villes de Lima , de Rio- bomba , de Guatimala et de Cumana. Une horrible catas+ trophe a fait ee à terre , le 14 septembre 1759 , le volcan de Jorullo , envir@nné d'une multitude innombrable de “petits cônes: famans. Des bruits souterrains , et presque d'au- tant plus effroyables qu’ils n'étoient suivis d'aucun autre phénomène , se sont fait entendre à Guanaxuato au mois de janvier 1804. Tous. ces phénomènes paroissent prouver que: le pays contenu entre Île 18 et le 22°, recèle un feu aetif qui perce de temps en temps la croûte du globe, même à de grands éloigiemens de la côte de l'Océan... ET D'HISTOIRE NATURELLE, 357 A VOYAGE 4 DES DECOUVERTES AUX TERRES AUSTRALES, Exéouté par ordre de Sa Majesté l'Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe,l e Naturaliste, et la goëlette la Casuarina, pendant les années 1800, 1801 , 1802, 1803et 1804; publié par décret impérial, sous le Ministère de M. Champagny , et rédigé par M. F. Péron, Naturaliste de l'expédition , Corres- pondant de l’Institut de France, de la Société de: Médecine de l'Ecole de Paris, des Sociétés Philo- matique et Médicale de la même ville. Tome [I ; in-A4, avec un Atlas, par MM. le Sueur et Petit. EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. Csr ouvrage contient une multitude de choses neuves, et du plus grand intérêt pour les progrès de la philosophie naturelle. Nous allons en faire connoître quelques-unes à’ nos lecteurs. Nous n'entrerons point dans les détails purement nauti- ques et géographiques , quelque curieux qu'ils puissent être; nous nous attacherons plus particulièrement à ce quicon= eerne l'Histoire naturelle. DE L'HOMME. Deux variétés principales de l'espèce humaine se présentent’ dans ces ie les hommes de la Nouvelle-Hollande ;: et. ceux de la tefre de Diemen, 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE L'HOMME DE LA TERRE DE DIEMEN. Ceux de la terre de Diemen sont plus bruns que ceux de la Nouvelle-Hollande : leurs cheveux sont crépus comme ceux des nègres. Ils sont encore moins ayancés dans la ci- vilisation , car ils n'ont pas même eu l’art de se construire des cabanes, quoique le climat soit assez froid. Ils ont seulement des espèces de nattes d'écorce , qu'ils attachent avec des pieux fixés en terre, et dont ils font une espèce de paravent contre les vents. Ils se couchent le long de ces nattes du côté opposé au vent. Mais ils restent exposés à la pluie et à toutes les intempéries de F'air. Ces individus se rapprochent assez des Européens pour la taille, mais ils en diffèrent, par leur conformation singu- lière : avec une tête volumineuse , remarquable surtout par la longueur de celui de ses diamètres qui du menton, se di- rige vers le sinciput ; avec des épaules larges et bien dé- veloppées , des reins bien dessinés , des fesses généralement volumineuses , presque tous les’ individus présentent en même temps des extrémités foibles , alongées , peu musculeu- ses , avec un ventre gros, saillant et comme ballonné. Du reste, sans chefs , proprement dits , sans lois, sans aucune forme de gouvernement régulière , sans art d'aucune es- pèce, sans aucune idée d’agriculture , de l'usage des mé- taux, de l’asservissement des animaux", sans vêtement (l’au- teur rencontra un jour une société de 26 à 30 femmes en- tiérement nues, quelques-unes avoient seulement un mor- ceau de peau de tel sur les épaules ), sans habita- tion fixe, sans autre retraite qu'un misérable abat-vent d'é- corce pour se défendre de la froideur des vents du sud, sans autres armes que la zagaye et le casse-tête, toujours errant au milieu des forêts, ou sur le rivage des mers, l'habitant de ces régions, réunit sans doute tous les carac- tères de l’homme non-social ; il est par excellence l'enfant de la nature. Combien il diffère cependant, soit au moral, soit au physique, de ces tableaux séduisans que l'imagination et l’enthousiasme créent pour lui , et que l'esprit de système youlut ensuite opposer à notre état social ! + EE — ET D'HISTOIRE NATURELLE, 459 DES PEUPLES SAUVAGES DE A NOUVELLE-NHOLLANDE, Toute la Nouvelle-Hollande depuis le promontoire de Wilson au sud, jusqu'au cap d'Yorck au nord, paroit étre habitée par une seconde race d'hommes essentiellement différente de celles qu'on a connues jusqu'à ce jour. La stature de ces hommes est à peu près la même que celles des habitans de la terre de Diemen : mais indépendamment de plusieurs autres caractères , ils différent surtout de ces derniers par la couleur moins foncée deleur peau, par la nature de leurs cheveux lisses et longs, et par la configura- tion remarquable deleur tête, qui, moins volumineuse, se trouve déprimée en quelque sorte vers son sommet... tandis que celle de Diemenois est au contraire alongée dans le même sens. Le torse des individus de ce nouveau peuple est aussi généralement moins développé. Du reste, même disproportion entre les membres et le tronc, même foiblesse, même gracilité des membres, et souvent aussi même tuméfaction de ventre. Pour ce qui concerne l'état social, les habitans de la Nouvelle Hollande sont à la vérité tout-à-fait étrangers à la culture des terres , à l'usage des métaux. Ils sont, comme les peuples de la terre de Diemen, sans wétemens, sans arts proprement dits , sans lois, sans culte apparent, sans aucun moyen assuré -d'existence. Contraints comme eux, d'aller chercher leur nourriture au sein des’forêts, ou sur les rivages de l'Océan , ilsse nourrissent principalement de différentes espèces de grands coquillages. Ceux de l'in térieur des terres vivent de grenouilles , de lézards, d'in- sectes». . Ils font quelquefois la chasse aux kanguros , aux casoards. Mais ces espèces d'animaux y deviennent très- rares... IN Mais déjà les premiers élémens de l'organisation sociale se manifestent parmi eux. Les hordes particulières sont composées d'un plus grand nombre d'individus : elles ont des chefs. Les habitations , quoique bien grossières encore, sont plus multipliées , mieux construites ; leurs armes sont plus variées et plus redoutables; la navigation est plus. hardie , les canots sont mieux travaillés , les chasses plus régulières, les guerres plus générales, Le droit des gens 460 SOURNAL DE. PHYSIQUE, DE CHIMIE n'y est déjà plus étranger. Enfin ces peuples ont assujéti le chien (il n'y en a point à la terre de Diemen }). Il est le compagnon de leurs chasses, de leurs courses, de leurs guerres. Du reste, aussi farouches que les Diemenois , ilsse montrent encore plus intraitables envers les étrangers. Ces peuples, ainsi que les Diemenois , contractent des espèces de mariages. Chaque homme a sa femme, et très- souvent il la maltraite d'une manière cruelle. Comme les animaux, ils se livrent publiquement aux besoins de l'amour. Le défaut de nourriture les force souvent d’ôter la vie à leurs enfans. ; L'auteur a voulu s'assurer par le moyen du dynamo- mètre ( instrument pour constater la force de l'homme), si ces peuples étoient plus forts que les peuples civilisés. La table suivante , rédigée d'après un grand nombre d'expé- riences , indique la force respective de différens peuples. Force des mains. | Force des reins. Kilogramme. | Myriagramme. Terre de Diemen, .... 5o..6 00..0 Nouvelle-Hollande ,. ... 51..8 14..8 DTIMOTANNENAN CERTES 58..7 16:12 FFARCAIS Se eee DA aicta 69 . 2 22..1 Anglais ,............., 7e 4 £ > NATURE DU TERREIN DE LA NOUVELLE-HOLLANDE. On trouve à la Nouvelle-Hollande des terreins de diffé- rentes natures, comme dans les autres parties du globe. 1°. Sur les bords de la mer, des grès qui contiennent des coquilles. On n'a point trouvé de pierres calcaires. On est obligé de calciner des coquilles pour faire de la chaux. 2°, Des mines de fer, surtout des hématites cloisonnées. 3°. Du sel gemme. 4°. Des schistes, dont quelques-uns sont bitumineux, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 46 :.5°.:On n'y a pas observé de volcans, mais Perof a trouvé prés le canal d'Entrecasteaux, des galets de roches basaltiques. 6°. Enfin, dans le centre du-pays il y a une longue chaine de montagnes, qui, du cap le plus nord dela Nou- velle-Hollande, s’avance le long de la côte orientale de ce continent jusqu'à son extrémité la plus australe, et vient se raccorder par les groupes deKent et lesiles Furneaux, avec les monts sourcilleux de la terre de Diemen, qui paraissent à- la-fois en être le prolongement et le point extrême. Affectant, comme les Cordilières, la dimension générale du nord au sud, ces montagnes de la Nouvelle-Hollande offrent unrapportsingulier dans leur disposition avec celle des Andes de l'Amérique méridionale. Personne n'ignore en effet que cette chaîne puissante se rapproche tellement de la côte oc- eidentale du nouveau Continent, qu'elle ne laisse à ses pieds qu'une plaine trés-étroite, tandis qu’à l'est de cette même chaîne se développent les immenses vallées au milieu des- quelles roule l’effroyable masse des eaux de la Plata, de 1 Orénoque et de l’Amazone. Ce que la nature a faitpour l'Amérique australe, elle le re- produit, pour ainsi dire, à la Nouvelle-Hollande, mais dans un sens Étienne inverse. C'est à la côte orientale de cette dernière terre qu'appartiennent les montagnes dont. nous prrionse Non-seulement on en retrouve à peine quelquestraces e long des rivages occidentaux du Continent, mais encore tout ce qu'on a pu voir de cette dernière partie semble an- noncer quil existe sur ce point des plaines analogues à celles de la Guiane, du Brésil et du Paraguay. Malheu- reusement il existe entre ces plaines de l'Amérique australe et celles de la Nouvelle-Hollande, une différence extrème. Les premières, revêtues partout d'une couche riche et pro- fonde de terre végétale, arrosées dans tous les sens par de grands fleuves et par d'innombrables rivières, reproduisent dans toute leur étendue le tableau séduisant d'une fécon- dité prodigieuse, tandis que les tristes plaines de l'ouest de la Nouvelle-Hollande, couvertes d'un sable aride, pri- vées de toute espèce de rivière, réduites à quelques foibles ruisseaux d'eau douce, paroissent avoir été vouées par la nature à la stérilité la plus hideuse. Ces montagnes ,. quoique officiellement désignées sous Les noms de montagnes de Camarthen et de Landsdown, sont si généralement appelées montagnes bleues (blue montaïns) Tome LXV II, DECEMBRE an 1808. Nnn 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par les colons anglais et par les auteurs qui en ont traité jusqu'à ce jour, qu'il me semble indispensable d’en parler moi-même sous cette dernière dénomination. La hauteur des premiers plans des montagnes bleues est à peine de 4 à 6oo mètres (2 à 300 toises), et la substance de ces premiers plans est exclusivement composée de la même espèce de grès quartzeux, qui forme tous les envi- rons de la ville de Sydney (capitale des colonies anglaises), les collines sur lesquelles elle est assise, ainsi que toute l'étendue du pays, qui, des bords de la mer, se développe jusqu'aux pieds des montagnes. Partout où les Anglais ont pu pénétrer, ils n'ont rencontré que ces grès : et bien qu'ils se soient avancés déjà plus de 40 milles en ligne droite au travers des montagnes, ils n’ont pu franchir encore ces im- menses couches de grès; ils n'ont pu trouver nulle part au- cune espèce de roche primitive. Néanmoins les collections de galets, de granit et de porphyre, faites par MM. Depuch et Bailly, dans le lit DrO OS de la rivière de Hawkesburry et d'autres rivières (qui descendent de, ces montagnes), ne permettent pas de douter que les montagnes bleues ne soient d'origine primitive et granitique; mais on n'a encore pu pénétrer jusqu'à ces plateaux granitiques de l'intérieur; car malgré tous les efforts qu'ont fait différens voyageurs intré- pides , aidés de tous les secours que leur a pu fournir le Gouvernement, on n'a pas pu pénétrer dans ces montagnes au-delà de 40 milles. M. Paterson, un de.ces voyageurs , fit construire deux barques, pour remonter la rivière de Hawkesburry, qui sort de ces montagnes; mais il fut arrêté par des cataractes prodigieuses, dont l’une avait plus de 4oo pieds de hauteur perpendiculaire. D’effroyables pré- cipices se présentoient de toutes parts : une crête de mon- tagne escaladée en laissoit voir d'autres plus arides encore et plus inaccessibles, Il fallut enfin se résoudre à rebrousser chemin. C’est un phénomène unique dans l'histoire des montagnes, car il n'est aucuné chaine qu'on n'ait traversée ; il ne reste que quelques pics qui n’ont pas encore été escaladés. Dans cette excursion, on eut pour la première fois occa- sion de communiquer avec les Be:dia-gul,; peuples singu- liers, qui vivént dans les forêts voisines dela rivière de Hawkesburry, et qui différent des naturels du‘port Jackson » À ETD'HISTOIRE NATURELLE. 463. et de ceux de Botany-Bey, par les mœurs, le langage, Îa manière de vivre, et surtout par un caractère extrêmement remarquable de leur constitution physique. Tous les indi- vidus de cette race ont les bras et les cuisses d'une lon- gueur démesurée par rapport au reste du corps. Ce qu'il y a peut-être de plus singulier dans l'histoire de ces montagnes, c’est que les naturels du pays n'ont pas à cet égard des notions plus précises que les Européens. Tous conviennent de l'impossibilité de franchir cette barrière de l'ouest; et ce qu'ils racontent du pays qu'ils supposent exis- ter au-delà, prouve bien que ces pays leur sont parfaitement inconnus. Là, disent-ils, est un lac immense sur les rives duquel vivent des peuples blancs comme les Anglais, ha- billés comme eux, élevant commé eux des maisons de pierre et de grandes villes, etc. Nous verrons ailleurs que l'existence de ce grand lac, de cette espèce de mer Caspienne, n'est pas moins dénuée de probabilité, que celle des peuples blancs et de leur civilisation. Du reste les sauvages de ces bords ont une espèce de crainte religieuse pour les montagnes bleues. C'est là, selon eux, que réside une espèce d'esprit ou de dieu malfaisant, dont nous offrirons ailleurs plusieurs figures grotesques, tra: cées par les naturels eux-mêmes. Du sommet de ces montagnes inexpugnables, ce dieu terrible leur envoie la foudre, les vents brülans, et les inondations qui dévastent leur pays. Quelque ridicule qu’une telle croyance puisse être en elle- même, elle a cependant sa source dans l'observation des phénomènes de la nature; car c’est en effet du haut des montagnes bleues que partent tous les fléaux dont il s’agit, Considérées sous ce dernier rapport, la plupart des idées religieuses des peuples ne méritent pas moins d’exciter l'in- térêt du physicien que celui du philosophe. DES VENTS BRULANS DE LA NOUVELLE-HOLLANDE, Nous venons de voir que toute la partié de l’ouest et du nord-ouest de cette portion de la Nouvelle-Hollande est oc- cupéé par une chaîne de montagnes très-étendue , et dont l'é- lévation paroît devoir être égale à celle dés hautes chaînes déjà connues. Les grands débordemens des rivières'qui en sortent confirment cette grande élévation de ces montagnes. Nnna 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On en devrait conclure que les vents qui traversent ces mon= tagnes devroient être très-froids; néanmoins c’est tout le contraire. Bien éloignés en effet de la froideur plus ou moins grande qu ils sembleroient emprunter des montagnes immenses qu'ils traversent , les vents du nord et du sud-ouest sont pour le comté de Cumberland des vents enflammés, comparables à tout ce que l'Afrique peut offrir de plus redoutable dans ce genre, leur souffle dévorant détruit tout ce qui est exposé à son action, rien ne résiste à ce campsin austral. En peu d'instans il flétrit la végétation la plus active; devant lui les fontaines et les ruisseaux se dessèchent; les animaux même périssent par milliers sous sa funeste influence. Le 10et le 11 février 17091, la chaleur devint si forte qu'à Sydney-Town le thermomètre, à l'ombre, s'éleva jusqu'à 32°,44 de Réaumur. A PRose-Hill, la chaleur fut tellement excessive, que des milliers de grandes chauve-souris en pé- tirent. Dans quelque partie du port, la terre étoit couverte de différentes espèces d'oiseaux, les uns déjà suffoqués , et les autres déjà réduits aux abois par la chaleur; plusieurs tombèrent morts en volant. Les jardins ne souffrirent pas moins. DES RIVIÈRES DE LA NOUVELLEI=HOLLANDE: Les eaux courantes, ruisseaux, rivières , fleuves , sont ex- trémement peu abondans dans ces contrées. En effet, sur toute l'étendue de ce vaste continent, qui embrasse plus de cent mille lieues carrées de surface solide, on ne connaît pas encore une seule rivière de la grandeur de la Marne ou de l'Allier. , Vainement le navigateur qui prolonge le long de cette terre immense, croit découvrir à chaque instant l'embouchure d'un nouveau fleuve ; vainement il peut remonter au loin dans l'intérieur du continent avec les plus fortes embarcations, ou mème avec de gros navires. La salure de ce prétendu fleuve ne diminue pas. On reconnoît bientôt qu'il n’a d'autres mouvemens que ceux qui lui sont imprimés par le flux etle reflux de la mer. Si on continue à remonter et à s'enfoncer dans les terres, on est étonné de voir que ce qu'on prenoit pour un fleuye majestueux se termine tout-à-coup en un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 misérable ruisseau d'eau douce, incapable de porter les plus foibles embarcations, et où coulent à peine, à diverses époques de l’année, quelques pouces d’eau. Mais dans la saison des pluies, ces foibles ruisseaux de- viennent des torrens impétueux , dont les eaux s'élèvent quelquefois de 30, 4o et même 5o pieds, comme on l’observe dans la rivière de Hawkesburry. Ces déborde- mens prodigieux ne peuvent avoir d'autres causes que les pluies qui ont lieu dans les montagnes bleues, d’où cette rivière tire sa source. DES COQUILLES FOSSILES TROUVÉES À LA NOUVELLE-HOLLANDE ñ À LA TERRE DE DIEMEN. Péron a HN que dans toutes ces contrées on trouve un grand nombre de coquilles fossiles, comme dans les autres parties du globe. Auprès du canal d'Entrecasteaux, par les 45° de latitude sud, il a vu une grande quantité de pétri- fications coquillières du genre des /imes, à 6 ou 700 pieds d’élévation au-dessus du niveau de l'Océan ( page 248). IlLen a observé également dans différens endroits de ces contrées, à Endracht;:.. à Timor.:. La plus grande partie des fossiles qui se trouvent dans notre hémisphère boréal, a ses analogues dans les pays équi- noxiaux, ou au moins les espèces de en approchent vivent dans ces contrées, tels que les rhinocéros, les hippopo- tames , les crocodiles... les palmiers... Cependant quel- ques-uns ont leurs analogues dans nos contrées. Péron a même trouvé à la Nouvelle-Hollande la crassatelle vivante analogue à la crassatelle des environs de Paris, de Beauvais. . .… Il a vu à la terre de Diemen la srigonie vivante, et on sait qu'auprès du Häâvré on trouve beaucoup de trigonies fossiles qui paroissent différer néanmoins de celles obser- vées par Péron. Broussonet pensoit que plusieurs des poissons fossiles du mont Bolca , auprès de Vérone, avoient leurs analogues vivans aux iles d'Otahiti. Il seroit donc très-intéressant pour l’histoire des fossiles, de savoir où vivent les analogues des fossiles qu’on trouve 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans l'hémisphère austral. Péron a commencé ces recherches; mais occupé d'une multitude d'autres travaux, il n'a pu y donner tous ses soins. . Son apperçu général est que le plus grand nombre des fos- siles de ces contrées ont leurs analogues vivans dans ces mêmes contrées. Nous allons en rapporter quelques exemples. 1°. Il a observé à Timor plusieurs zippopes ou tricdanes fos- siles, à 1500 pieds d'élévation au-dessus du. niveau de la mer. La mème coquille vit dans les mêmes contrées. « Ce » qu'il ya de plus important, dit-il, Journal de Physique, » tome LIX , page 469, les individus fossiles ressemblent tel- » lement à ceux du même genre, qu'on retrouve vivans sur » les rivages, au pied des montagnes, que je crus pouvoir » consigner leur identité dans ma T'opographie générale de » la baie de Coupang. » 2°. À la terre d'Endracht, 25° de latitude sud, il a ob- servé des £e/lines fossiles approchant de cellesu'on appelle soleil levant. Les analogues vivent dans les mêmes parages. Des vénus , idem. É Des Dbuccardes, idem. Des scrombes, idem. | 3°. A l'ile Bernier, terre d'Endracht, Des natices fossiles analogues aux vivantes dans les mers de ces cantons. Des nerites, idem. 4°. A l’île Joséphine, latitude 35°, Des pétroneles fossiles analogues aux vivantes dans ces mers. 5°, Terre de Nuyts, latitude sud, 55°, - Des Zucines fossiles analogues aux vivantes dans ces mers. Des £urbots, idem. Des rerites, idem. Des vermiculites, idem. 6°. Ile Decrès, latitude sud 36°. * Des spondyles fossiles analogues à ceux qui vivent dans les mêmes mers. 7°. A la terre de Diemen, latitude sud 43, Des vénus fossiles analogues à celles qui vivent dans les mêmes mers. Mais, ajoute Péron, avec la bonne-foi du savant qui re- cherche sincèrement la vérité, depuis mon retour en Europe, ayant eu l'occasion de reconnoitre, en examinant le beau ca- ET D'HISTOIRE NATURELLE 463 * binetdes fossiles des environs deParis, formé par M. Defrance, combien il est facile de se méprendre sur cet objet, je dois avouer que je n'oserois plus garantir cette identité, quelque vraisemblable qu’elle me paroisse. Si ces faits apperçus par cet infatigable et exact observa- teur se confirment, il paroitroit que la pris grande partie des fossiles de ces contrées ont leurs analogues vivans dans les mêmes mers, ce qui seroit un fait du plus grand intérêt. La même chose a lieu pour les zoophites ou madrépores u'on observe dans ces régions à une grande hauteur au- essus du niveau des mers. Ces madrépores ne commencent à paroitre que par les 34° latitude sud, en s'étendant vers les régions équatoriales. Ils forment des iles considérables, et des rescifs très-dangereux. Le pays, dit Vancouver, est principalement formé de co- rail ,etil semble que son élévation au-dessus du niveau de la mer, soit d'une date moderne: car non-seulement les rivages et le banc qui s'étend le long de la côte, sont en général composés de corail , puisque nos sondes en ont tou- jours rapporté, mais on en trouve sur les hautes collines, où nous sommes montés, et en particulier sur le sommet de Balt-Heat, qui est à une telle hauteur au-dessus du niveau de la mer, qu'on le voit de 12 à 14 lieues de distance. Le corail étoit ici dans son état primitif , spécialement sur un champ uni d’environ 8 acres, qui ne produisoit pas la moindre herbe dans le sable blanc dont il étoit revêtu, mais d'où sortoient des branches de corail, exactement pa- reilles à celles que présentent les lits de même substance au-dessus de la surface de la mer ; avec des ramifications de diverses grossseurs... On rencontre plusieurs de ces champs de corail, si je puis m’exprimer ainsi: on y apperçoit une grande quantité de coquilles de mer... » La conséquence qu'on peut tirer de ces faits, est que le niveau des eaux s'est abaissé peu à peu , et a laissé ces coraux, et ces coquilles a découvert, ......... Colles exire videntur, Surott humus , crescunt loca ; descrescentibus undis. Ovid. Métamorphose, lib.T, vers. 340. Mais les coquilles fossiles de Timor.... et autres lieux 465 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dont nous avons déjà parlé, ont-elles les mémes originés que celles dont parle Vancouver? Il ne le paroït pas. Les productions de la Nouvelle-Hollande de la terre de Diemen ,... leur sont particulières. Tout est nouveäu, di- soit Buffon , dans le Nouveau-Monde (l'Amérique ). T'out est également nouveau dans ces contrées australes. L'auteur rapporte avoir observé dans la baie de Réedlé des fucus gigantesques, dont la longueur étoit de 250 à 300 pieds. C'est le plus grand des végétaux pélagiens. RAA: P.PEOPRT) Fait à la première Classe de l’Institut, dans sa séance du 19 décembre 1808 , Par M. LAPLACE, La Classe nous ayant chargés, M. Haüy et moi, d'exa- miner un Mémoire de M. Malus, sur divers phénomènes de la double réfraction de la lumière, nous allons lui en rendre compte. En passant de l'air dans un milieu transparent non cristallisé, les rayons de lumière se réfractent de manière que les sinus de réfraction et d'incidence sont constamment dans le même rapport; mais lorsqu'ils traversent la plupart des cristaux diaphanes , ils présentent un singulier phénomène qui fut d'abord observé dans le cristal d'Islande, où il est très-sensible. Un rayon tombant perpendiculairement sur une des faces naturelles de ce cristal , est divisé en deux parties : l'une tra- verse le cristal sans changer sa direction ; l’autre s'en écarte dans un plan parallèle au plan perpendiculaire à la face, et assant par l'axe du cristal, c'est-à-dire par la ligne qui joint es sommets de ses deux angles solides obtus. Nous nommerons section principale d'une face naturelle ou artificielle, tout plan mené d’une manière semblable. Cette division du rayon lumineux ET D'HISTOIRE NATURELLE, 469 Jumineux a généralement lieu relativement à une face quel- conque , et quel que soit l'angle d'incidence. Une partie suit la loi de la réfraction ordinaire, l’autre partie suit une loi de réfraction extraordinaire, reconnue par Huyghens, et qui, considérée comme un résultat de l’expérience, peut être mise au rang des plus belles découvertes de ce rare génie. 1ly fut conduit par la manière dont il envisageoit la propagation de la lumière qu’il supposoit formée par les ondulations d'un fluide éthéré. Cette hypothèse, sujette à de grandes difficul- tés , est sans doute la cause pour laquelle Newton et la plu- part des physiciens qui l'ont suivi, ne paroissent pas avoir justement apprécié la loi qu'Huyghens y avoit attachée. Ainsi cette loi a éprouvé le mêmesort que les belles lois de Kepler, qui furent pendant long-temps méconnues, pour avoir été associées à des idées systématiques dont malheureusem ent ce grand homme a rempli tous ses ouvrages. Huyghens avoit représenté par une construction géométrique, la réfraction extraordinaire de la lumière dansle cristal d Islande ; M.Malus a traduit cette construction en analyse. La formule très-simple à laquelle il est parvenu, renferme deux constantes indéter- minées, dont une est le rapport du sinus de réfraction au si- nus d'incidence, dans la réfraction ordinaire du cristal; en- sorte que sa double réfraction ne dépend que de deux constan- tes,comme la réfraction simple ne dépend que d’une seule; et pour rendre l'analogie plus frappante , nous observerons que Si l'on fait passer par l’axe du cristal, une face artificielle, et si l'on conçoit un plan perpendiculaire à cetaxe; tous les rayons incidens sur la face et situés dans ce plan, se divi- seront en deux autres qui seront réfractés suivant la loi or- dinaire; mais le rapport des sinus de réfraction et d'inci- dence sera différent pour chaque espèce de rayons : ces deux rapports sont les constantes dont nous venons de parler. M. Malus les a déterminées plus exactement que ne Pavoit fait Huyghens ; en substituant ensuite leurs valeurs dans la formule, et comparant ses résultats à ceux d'un grand nombre d'expériences très-précises et relatives aux faces naturelles et artificielles du cristal, il a trouvé entre eux un accord par- fait et qui ne laisse aucun doute sur la vérité de la loi dé- couverte par Huyghens. Nous devons à l'excellent physicien, M. Wolaston., la justice d'observer qu'ayant fait, par un moyen fort ingénieux, diverses expériences sur la double réfraction du cristal d'Islande, il les a trouvées conformes à cette loi Tome LXV II. DÉCEMBRE an 1808. Oo0 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMTE remarquable. L'analogie et des expériences directes sur le eristal de roche, ont fait voir à M. Malus, qu’elle s'étend encore à ce eristal; et il est extrêmement vraisemblable qu'elle a lieu pour tous les cristaux qui réfractent doublement la lumière ; seulement , les constantes dont cette loi dépend; varient Suivant la nature du cristal. Voici maintenant un phénomène que présente la lumière, après avoir subi une double réfraction. Si l'on place à une distance quelconque au-dessous d'un cristal d'Islande, un se- cond cristal de la même substance, et disposé de manière que les sections principales des deux cristaux soient parallèles ;. le rayon réfracté, soit ordinairement, soit extraordinaire- ment par le premier, le sera de la même manière par le second; mais si l’on fait tourner l'un des cristaux de manière. que leurs sections principales soient perpendiculaires entre elles, alors le rayon réfracté ordinairement par le premier cristal, le sera extraordinairement par le second , et récipro- quement: dans les positions intermédiaires, chaque rayon émergent du premier cristal, se divise en deux autres, à son entrée dans le second cristal. Lorsqu'on eut fait remar- quer ce phénomène à Huyghens, il convint avec la can- «eur qui caractérise un ami sincère de la vérité, qu'il étoit inexplicable par ses hypothèses; ce qui montre combien il est essentiel de les séparer, comme nous l'avons fait, de la loi de la réfraction extraordinaire, que ce grand géomètre en avoit déduite. Ce phénomène indique avec évidence, que la lumière , en traversant le cristal d’Islande , reçoit deux mo- difications diverses, en vertu desquelles une partie est réfrac- tée ordinairement, et l’autre partie est réfractée extraordi- nairement; mais ces modifications ne sont point absolues, elles sont relatives à la position des rayons par rapport aw eristal ; puisqu'un rayon rompu ordinairement par un cristal, est rompu extraordinairement par un autre, si leurs sections principales sont perpendiculaires entre elles. On peut se for- mer une idée assez juste de ces modifications, en supposant avec Newton, dans chaque rayon de lumière, deux côtés opposés, originairement doués d’une propriété qui le rend extraordinaire, lorsqu'il est tourné de manière que leurs: plans soient perpendiculaires à l'axe du cristal, et qui le rend ordinatre, lorsque ces plans sont parallèles au même axe. À son entrée dans le cristal d'Islande, un trait de lumière est divisé par l'action du cristal, en deux rayons qui prennent: " ET D'HISTOIRE NATURELLE. 474 respectivement les deux positions précédentes; et chaque rayon, àson émergence, prend, sans se diviser , la direction qui convient à la position de ses côtés. Voilà ce que l'on peut imaginer de plus satisfaisant pour se représenter ces phéno- mènes , jusqu'à ce que leur comparaison ait fait découvrir La loi des forces dont ils dépendent. Quoi qu'il en soit de ces modifications singulières , impri- mées aux rayons de lumière par le cristal d'Islande, M. Malus a reconnu qu’elles sont non-seulement analogues dans les eristaux divers, mais encore parfaitement identiques. Ainsi, en substituant à l’un des deux cristaux d'Islande , dont nous avons parlé ci-dessus , un cristal de roche ayant comme lui sa section principale parallèle à celle de l'autre cristal; le rayon réfracté d'une manière par le premier cristal , le sera encore de la même manière par le second; et l'expérience a fait voir à M. Malus que cela est généralement vrai pour deux cristaux quelconques de nature différente, qui réfractent doublement Ja lumière. Le moyen le plus simple de s’en as- surer "est d'observer la lumière d'une bougie à travers deux prismes formés de ces cristaux: si l’on fait tourner les prismes L'un sur l'autre, on voit les quatre images qu'ils formoient d’abord, se réduire à deux, quand les sections principales des deux faces qui se touchent, sont parallèles. À ce fait remarquable, M. Malus ajoute un autre fait plus remarquable encore, et qui consiste en ce que sous un cer tain angle , la lumière réféchie par la surface d'un corps dia- phane, est exactement modifiée, comme si elle étoit rompue ordinairement par un cristal dont l'axe seroit dans le plan d'incidence et de réflexion. Il est facile de s'en convaincre, en regardant à travers un prisme de cristal d'Islande, l'image d'une bougie ou du soleil, réfléchie par l'eau sous un angle d'environ 53 degrés, On apperçoit d'abord deux images qui conservent à peu près la même intensité, lorsqu'on fait tour- ner le prisme ; mais au-delà d’une certaine limite, une des images s'affoiblit très-sensiblement, et finit par s'éteindre, quand par ce mouvement du prisme, le rayon réfléchi se trouve dans la section principale de la face prismatique qui le reçoit. L'angle de réflexion , nécessaire pour la disparition de l'image , varie avec la nature de la substance réfléchis- sante. M. Malus l'a mesuré avec soin, pour diverses substances : il l'a trouvé de 52° 45’ pour l'eau, et de 54° 35’ pour le verre. Mais il est fort singulier que ce phénomène n'ait point lieu, du moins sensiblement, dans la réflexion des images, par Ucoz 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les miroirs métalliques. M. Malus a observé que cette ré- flexion et la réfraction des substances non cristallisées, ne modifient point, d’une manière sensible, la lumière, et n'al- térent point les modifications qu'elle a reçues. Pour analyser plus particulièrement le phénomène que nous venons d'ex- poser, M. Malus a voulu connoître directement ce que de- vient un rayon extraordinatre, lorsqu'il tombe sur la sur- face d'un corps diaphane, sous l'angle qui convient à la production du phénomène. Il étoit naturel de penser qu'au- cune partie de ce rayon n'est alors réfléchie, mais quil est entièrement absorbé par le corps; puisque sous cet angle, la surface ne réfléchit que les rayons ordinarres. L'expérience a confirmé ce résultat. M. Malus a disposé la section prin- cipale d'un cristal d'Islande, dans le plan vertical d'inci- dence d'un rayon de lumière; ensuite, après avoir divisé ce rayon à l'aide de la double réfraction, il a reçu les deux faisceaux partiels, sur la surface de l'eau, et sous l'angle de 52° 45'; une partie du rayon ordinaïre a été réfléchie ; mais aucune partie du rayon extraordinaire ne l'a été ; tout le rayon a pénétré dans le liquide. En disposant ensuite la section principale du cristal, dans un plan perpendiculaire à celui d'incidence , une partie du rayon extraordinaire a été réfléchie , tandis que le rayon ordinatre a été totalement absorbé. (1) Nous avons répété plusieurs des expériences par lesquelles M. Malus établit tout ce qu'il avance, et nous pouvons en garantir l'exactitude. Son Mémoire nous paroît donc mériter l'approbation de la Classe, soit par l'intérêt que présente son objet, l’un des plus délicats et des plus curieux de la physique, soit par la nouveauté des faits, soit par la précision des expériences, soit enfin par l'excellente méthode qui guide son Auteur ; et nous concluons à ce que ce Mémoiresoit imprimé dans le Recueil des Savans étrangers () Depuis lalecture de ce rapport’, M. Malus a reconnu par l’expérience , le fait suivant que l’on peut facilement ramener à la théorie des forces attractives et répulsives à des distances insensibles, et qui montre que les phénomènes , de la double réfraction dépendent de semblables forces. Une partie d’un rayon lumineux qui a pénétré dans un milieu diaphane , est réfléchie à la surface par laquelle 1l sort ; et cette réflexion sous un certain angle , le change en rayon ordinaire, comme la réflexion à lasurface d’entrée sous l’angle con- enable pour cet objet ; le sinus du premier angle est à celui du second , dans le rapport des sinus de réfraction et d'incidence dans ce milieu. Ainsi en sup- posant les surfaces d’entrée et de sortie, parallèles , et l'angle ‘d’incidence à la prennere surface , tel que le rayon réfléchi devienne un rayon orinatre ; lè rayon réfléchi par la seconde surface, sera pareïllement un rayon ordinaire. On doitobserver que les anglesd’incidence, de réfraction et de réflexion , sont ceux que le rayon forme avec la perpendiculaire à la surface (Note de M. Laplace,;. \ ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 4 NOU VELLES LITTÉRAIRES. Manuel d'Electricité , comprenant les principes élémen- taires , l’exposition des systèmes , la description et l’usage des différens appareils électriques , un exposé des méthodes employées dans l'électricité médicale , avec treize planches, suivi d'une table chronologique de tous les ouvrages relatifs à l'électricité ; par Claude Veau-de-Launay, docteur-mé- decin , professeur de Physique et de Chimie , adjoint au Lycée-Bonaparte, membre de l'Académie de Médecine , de la Société médicale , de l'Académie Celtique, de la Société Phylotechnique ; de la Société Galvanique, etc. La Physique est une mine dans laquelle on ne peut des- cendre qu'avec des machines. Un volume 7-8. A Paris, chez l'Auteur , rue de Seine ; n°6; et setrouve chez L. Duprat-du-Verger,rue des Grands- Augustins, n° 21. Livré à l'art des Expériences depuis un grand nombre d'années , dit l'Auteur , j’ai essayé de rassembler toutes celles qui me sont connues en électricité. Mon intention n'a pas été de faire un traité qui püt expliquer par l'exposition d'une nouvelle théorie les phénomènes électriques. Mon but est de faire connoître les différentes expériences connues en électricité , de donner une description succincte des diffé- rens appareils, de donner les moyÿens de s'en servir, de répéter les expériences connues, afin d'en inventer de nouvelles. Les faits bien constatés conduisent aux théories, qui ne sont que les conséquences des expériences et des observations qu'ils réunissent. Système de Chimie, de M. Th. Thomson, professeur à l'Université d'Edimbourg; traduit de l'anglais sur la der- nière édition de 1807, par M. J. Piffault ; précédé d’une introduction de M. C. H. Berthollet, membre de l'Institut. 9 vol. 77-8°, avec planches et tableaux. Prix, 58 fr., brochés, A Paris, chez Madame Ve Bernard , Libraire , quai des Augustins, n° 25, 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nous ferons connoître plus particulièrement cet ouvrage intéressant , et que le public attend avec empressement. Programmes dun Cours de Physique, ou Précis de leçons sur les principaux phénomènes de la nature, et sur quelques applications des Mathématiques à la Physique ; par M. Hachette , instituteur à l'Ecole Impériale Polytechni- que , professeur de Mathématiques et de Physique des Pages de L. L..M.M.LI.I. et R.R. Un vol. in-8°. À Paris , chez madame Ve Bernard , Libraire, quai des Augustins, n° 25. Ce Précis sera In avec intérêt. Il: Cahier de la seconde Souscription des Ænnales des Voyages, de la Géographie et de l'Histoire, publiées par M. Malte-Brun: Ce Cahier contient : Appercu de la Constitution Politique de l'Empire des Marattes, par M. Tone, traduit de l'Anglais. — Lettre à M. Gail, sur un passage de Thucydide relatif à la situation du Cap Malée. — Périple de la Paphlagonie, ou Mémoire sur les lieux indiqués par les Anciens etles Modernes, sur la côte de ‘la mer Noire , etc.,-par le’Rédacteur. — Exposé d'unenouvelle Hyÿpothèsesurle cours da Niger, par M. J.B.E. — Voyage dans l'intérieur de l'Amérique, par MM. Hum- boldt et Bonpland.— Carte réduite de la mer Méditerranée et de la} mer Noire, par M Lapie ; et les articles du Bulletin. : Chaque mois, depuis le 17 septembre 1807 , il paroit un Cahier de cet Ouvrage , accompagné d'une Estampe ou d'une Carte Géographique , souvent coloriée. La première Souscription est complète , et coùte 27 fr. pour Paris, et 35 fr. par la Poste franc de port. Les Per- sonnes qui souscrivent en même temps pour la are et 2 Souscription, payent la 1°5 fr. de moins. Le prix de l’Abonnement pour la seconde Souscription est de 24 fr. pour Paris, pour 12 Cahiers francs de port , et de 14 fr. pour 6 Cahiers. Pour les Départemens, le prix est de 3o f. pour 12 Cahiers, rendus franes de port par la Poste , et de 17 fr. pour 6 Cahiers. En papier vélin le prix est double. L'Argent et la Letire d'avis doivent être adressés, francs de port, à Fr. Buisson , Libraire, rue Gilles-Cœur , n° 10, à Paris. Ces Annales continuent de mériter l'approbation du Public. { Cours complet d'Agriculture pratique, d'Economie Ru- ef BT D'HISTOIRE NATUREL 475 rale et Domestique', et de Médecine Vétérinaire ; par l'Abbé Rozier ; rédigé par ordre alphabétique : Ouvrage dont on a écarté toute théorie superflue , et dans lequel on a conservé les procédés confirmés par l'expérience et recommandés par Rozier , par M. Parmentier et les autres Collaborateurs que Rozier s'étoit choisis. On y a ajouté toutes les Connoissances pratiques acquises depuis la publication de son Ouvrage, sur toutes les bran- ches de l'Agriculture et de l'Economie Rurale et Domesti- que, par MM. Sonnini, Tollard aîné, Lamarck , Chabert, Lafosse, Fromage-de-Feugré, Cadet-de-Vaux, Heurtault- Lamerville, Curaudau , Charpentier-Cossigny, Lombard, Chevalier , Cadet-Gassicourt , Poiret , de Chaumontel , Louis Dubois, V. Demusset , et Demusset de Cogners. Six volumes 72-8° de 5oo pages au moins chacun, avec trente Gravures et deux Portraits grayés en taille-douce. Le tome Ier, de Go4 pages, est en vente; il est imprimé sur beau carré fin d'Auvergne et caractère neuf de Philosophie, très-grande justification ; avec le Portrait de l'Abbé Rozier et quatre Planches gravées en taille-douce. Prix, 7 fn le volume broché , et 8 fr. 5o cent. franc de port par la poste, -Le tome II paroïîtra en janvier 1809, et les autres successi- vement. À Paris, chez Fr. Buisson, Libraire, rue Gilles-Cœur , n° 10; Léop. Collin, Libraire, même rue, n° 4; et Colas, Imprimeur-Libraire, rue du Vieux-Colombier, n° 26. Nous ferons connoitre plus particulièrement cet ouvrage intéressant. Dictionnaire abrésé de Chimie , pour faire suite au Dic- tionnaire de Chimie de Macquer. Par M. Robert, Pharmacien major de l’Armée d’Espagne, et ci-devant Préparateur en chef des travaux chimiques de l'Ecole de Médecine de Paris. Un vol. in-8°, même format que le Dictionnaire de Macquer. À Paris, chez Barrois le jeune, rue Hautefeuille. Cet Ouvrage comprend toutes les découvertes qui ont été faites depuis 1778 jusqu'ici: Nous en donnerons un extrait dansun de nos prochains Cahiers. Analyse de la Lumière | et Explication nouvelle des Phénomènes magnétiques , électriques et galvaniques. Par B. Villain. La nature est soumise à des lois invariables , que l'homme: 476 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE; EtCe doit chercher à approfondir. Sans ce but, à quoi sertla Physique ? Un vol. in 8°. À Paris , chez Firmin Didot, Imprimeur, rue de Thionville, n° 10 ; chez la veuve Bernard, Libraire, quai des Augustins, et chez les Marchands de Nouveautés. Précis d'un Ouvrage qui aura pour titre, Complément de Philosophie de Newton. À Paris, chez Belin, Libraire, quai des Augustins, n° 03. a Le bip à DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. De l'irritabilité du Laïitron épineux, et d’autres plantes , avec des Observations ultérieures sur l'irritabilité des végétaux ; Mémoire de D. J. Carradort. Pag. 405 Considérations géhérales sur la minéralogie du département de l'Hérault; par AT. Marcel-de- Serres. ( Extrait. ) 415 Lettre de M'** à J.-C. Delamétherte , sur l'oxi- : dation des métaux par le fluide électrique. 422 Bellevallia , nouveau genre de plante de la famille des Liliacées; par M. Picot-Lapeyrouse , che- valier de la Légion d'Honneur. 425 Mémorre sur une Equation nouvelle du troisième Satellite de Jupiter ; par Honoré Flaugergues. 428 Sur l'Extractif; par M. Friedw-Brandenburg, à Riga. ' k 454 Rapport de la Section de Chimie de l'Institut sur le dernier Mémoire de M. Curaudau , sur la décomposition du soufre ; par M. Deyeux. (Ext.) 458 Suite des Réflexions sur les Espèces minérales ; par J.-C. Delamétherte. 443 Tableau Météorologique. 448 Essai Politique sur le Royaume de la Nouvelle- Espagne. (Extrait ). 450 Voyage des Découvertes aux Terres Australes ; Extrait par J.-C. Delamétherte. 457 Rapport fait à la première Classe de l'Institut ; par M. Laplace. 465 Nouvelles Littéraires. 473 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 GE TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. - Compte rendu à la Classe des Sciences Physiques et Ma- thématiques , sur l'ouvrage de M. Bridel : intitulé Musco- logiæ recentiorum supplementum , seu species musco- rum : par M. Palissor de Beawoir. Pag. 16 Observations sur le Spinelle pléonaste, et spé- cialement sur celui desenvirons de Montpellier ; par M. Marcel-de-Serres. 26 Note sur des noyaux de Lave trouvés dans le Klingstein ( Phonolite \de la roche Sanadortre. 54 Note sur les Mines de Sardaigne ; par M. le comte de Vargas. 57 Résultats d'observations , et construction des Tables pour servir à déterminer le degré de probabilité de la guérison des aliénées; par M. Pinel. 153 Rapport sur un Memoire de MM. Gallet Spurzheim , relatif à l'anatomie du cerveau. 233 Sur l'analogie du Diopside avec le Pyroxène ; par M. Haüy. 266 Du Dusodile , nouvelle espèce minérale; par M. L. Cordier. 277 Rapport sur le Tremblement de 1erre qui a com- mencé Le 18 avril 1808, dans les vallées de Pélis, de Olusson, etc.; par M. Vassalli-Eandi. 285 Des Os fossiles trouvés dans l’Amérique-Septen- trionale. 330 Bellevallia, nouveau genre de plante de la famille des Liliacées; par M. Picot-la-Peyrouse. 425 Considérations générales surla minéralogie du dé- partement de { Hérault ; par M. Marcel de Serres. 513 Tome LXV'II. DÉCEMBRE an 1808. Ppp 473 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Suite des Réflexions sur les Espèces minérales ; par J.-C. Delamétherte. Essai politique sur le royaume de la Nouvelle- Espagne ; par M. Humboldt. (Extrait. ) Voyage des découvertes aux Terres Australes ; par M, Péron. (Extrait.) PHYSIQUE. INotice sur quelques applications utiles des Obser- vations Météorologiques , etc. ; par M. Péron. Observations sur l'écrit de M. Parmentier , inséré au Moniteur du juin, relatif aux moyens de remplacer le sucre dans la Médecine et l'E- -conomie domestique j par M. Proust. Rapport fait à l'Institut, sur les Mémorres de M. Hassen/frast, sur la coloration des corps. . Mémoire sur l'Appulse de roues Planètes, le 15 septembre x 186 ; par Honoré Flaugergues, Tableaux Météorologiques. Juin. Juillet. Août. S eptembre. Octobre. . Novembre. De l'Action des Courans à la surface du Globe terrestre; par J.-C. Delamétherie. Extrait d’une Lettre d'Honoré Flaugergues , à J.-C. Delamétherie. " Addition aux observations sur la diminution de dila- tabilité de l'esprit devwin, dans les thermomè- tres ; par Honoré Flaugergues- Extrait d'un Mémoire sur la construction el les effets du Briquet pneumatique; par le Bouvier-les- 710rt/Lers. Lettre de M. le Professeur Picot , sur les nouvelles Planètes et les vingt-une dernières Cornètes. Mémoire sur la forme qu'affecte la surface des fluides renfermés dans les tubes capillaires ; par C. -J, Lehot. Pag. 443 2e ET D'HISTOIRE NATURELLE, Exposition du Système du Monde ; par M. Laplace. (Extrait. ) Pag. Supplément au Traité de Mécanique Céleste ; par M. Laplace.(Extrait. } Lettre de M. Gastinel, au Rédacteur du Journal de Physique. Mémoire sur la température moyenne et extréme de la France, etc. ; par M. Cotte. Fragment sur la Géologie de la Guadeloupe ; par M. Lescalrer. Notice sur une nouvelle Comète. De lirritabilité du Laïtron épineux et d’autres plantes , etc. ; par Carradart. Mémotre sur une Equation nouvelle du troisième Satellite de Jupiter ; par Honoré Flaugergues. CHIMIE Recherches sur les moyens de connoître les pro- portions d'acide et de potasse ,qui entrent dans la composition du sulfate, du nitrate, et du muriate de potasse ; par M. Curaudau. Expériences sur le soufre etsa décomposition ; par le méme. Surte. Note sur le Vestium. . Lettre de M." , sur l'oxidation des métaux dans le vide par le fluide électrique. £ Suite. Surte. ] Norice sur\la Dapècke. Analyse de la Datholite , par Vauquelin.( Extrait.) Tnstruction pratique pour faire le sirop , la cassonade et le sucre de raisin ; par M. Foucque. Copie d'une Lettre à MM. les Président et Membres de la Classe des Sciences Physiques de L'Institut : par M. Curaudau. Analyse du Diopside ; par 4. Laugier. ( Extrait. ) Surquelques nouveaux phénomènes de changemens chimiques produits par l'électricité, particulière- ment la décomposition des alkalis , et da séparalion des substances nouvelles qui consti- 226 275 480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE , etc. tuent leurs bases ; et sur la nature des alkalis en général ; par H. Davy, secrétaire de la Société royale. Pag De l’Acide acétique retiré de l'Acide pyro-li. gneuz ; par M. Mollerat. (Extrait. ) Notice sur la décomposition et la recomposition de l'Acide boracique ; par MM. Gay-Lussac et Thenard. | Analyse de l'Aplôme ; par Laugier. (Extrait. si l'Extractif; par M. Friedw-Brandenburg , à 10€. Rapport de la Section de Chimie de l'Institut, sur le dernier Mémoire de M. Curaudau , sur la décomposition du soufre , de la potasse et de la soude , et sur un procédé pour former du phos- plore. : Nouvelles Littéraires. Juin. Juiller. Août. Octobre. Novembre. Décembre. . 337 390 393 597 1 à 1 ni) | BELLEVALIA OPERCULATA. Lapeyr. e - 7 Dr 7 ES L'on s Le D. 0 PERS LRCGERTE RE HET ee.