RRSSS ee SES NET RD, LS a Les EUR. UMA ni ai | Pe QULETTA 1e , QUE ” ti JOURNAL DE PHYSIQUE. J O UN A L DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE EL PMDMES LA URL TS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-C. DELAMÉTUHERIE. JUILLET 1809. TOME LXIX. À PARIS, Chez COURCIER, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. ox SLT PME MAIRES fs ; , . + 1 : . PR 051! i OT TA ONE Le ete STE EN AIT TT DO EPA Te ré CE | : F : 1 A pa 4 2 7 s tv: ! : . # ji ‘ , L À , F OR * ” FA BOAT 1 AE à are FA FE LH ra 2 \ ju 4 LE) à) s + | . : e he [TER J \ 4 L d \ {' 2 : ' + 4 F Er E d TA : ‘ { . " ù . ke S à .. # L. + * Lx E 0 en é \ 6 s , " JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JUILLET an 1800. SUITE DU MÉMOIRE SUR LA PHOSPHORESCENCE; Par M. J. P. DESSAIGNES. rm CHAPITRE II. De la Phosphorescence par insolation. I seroit naturel de penser qu'après les trayaux de Dufay et de Beccaria sur ce mode de phosphorescence, il n'est plus possible d'offrir ; het chose d’intéressant ; mais l’on verra, par les détails dans lesquels je vais entrer, qu'ils ont à peine effleuré la question. Je divise ce chapitre en cinq sections : j examine d'abord quelle est l’action propre de la 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIN lumière sur les corps, sous le rapport de ia phosphorescence, quelles sont les relations de ce mode lumineux avec celui qui se manifeste dans l'élévation de température : pour mieux mettre en évidence la’ propriété lumineuse du phosphore de Bologne, je l'étudie dans une substance analogue, le phos- phore de Canton, et je la soumets à toutes les épreuves : enfin je détermine la cause de cette espèce de phospho- rescence. L'on sait que Beccaria écrivit à Canton en 1771, que son phosphore fait avec des écailles d’huitres calcinées et com- binées avec un peu de soufre, avoit la propriété de réfléchir les rayons coiorés dont on le frappoit. Cette expérience paroit avoir fait une telle impression sur les esprits, que, malgré le témoignage opposé de Wilson et de Dufay, l'on s'est obstiné à la regarder comme constante, parce qu'elle tendoit à con- firmer le préjugé naturel qui nous porte à croire que cette espèce de phosphorescence est l'effet d'une imbibition de lumière. Mais cette expérience a été mal faite, et a dù être mal faite. En effet, j'ai répété l'expérience de Beccaria, en plaçant ma loge portative dans une chambre parfaitement obscure, dans laquelle un seul faisceau de lumière, filtré à travers un verre épais d'un rouge vif, étoit dirigé sur la trappe de ma loge; le sulfure de Canton, le nitrate de chaux desséché, la glucine et le phosphore de Bologne ont été successivement frappés de ces rayons colorés. Malgré cette irradiation, le phosphore de Canton a cons- tamment exhalé sa lumière jaune, celui de Baudouin, sa lumière blanche, la glucine, une verte, et le phosphore de Bologne, une rougeatre. J'ai varié cette expérience en employant tantôt les rayons séparés du prisme, tantôt les flammes colorées de la combustion, et toujours chaque substance m'a offert la teinte primitive de sa lueur phos- phorique. Le phosphore de Canton, fait dans un gros tube de verre scellé par un bout, et revêtu d’une chemise épaisse de lut, mis ensuite à refroidir dans un lieu obscur, après l'avoir rempli de sablon et de mercure pour le mettre com-= plètement à l’abri de toute imbibition lumineuse, ce phos- phore, dis-je, s'illumine à la chaleur seule de la main, sans le secours d'aucune irradiation lumineuse ; sur la pelle chaude et obscure, il exhale une vive lueur jaunûâtre. La lumière de La phosphorescence préexiste donc dans les corps, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 avant toute irradiation. Il y a plus, le même phosphore mis dans un tube de verre, et exposé pendant quelques instans à la lumière lucernale, brille ensuite pendant un quart- d'heure dans l'obscurité: si l'on cherche, par la calcination ouverte, le fluide lumineux de ce corps, et qu'après s'être assuré sur un support chaud , qu’il est ténébreux , on l’expose de nouveau dans un tube à la lumière lucernale, il ne luit plus dans l'obscurité. La phosphorescence n'est donc pasle résultat d'une portion de la lumière du corps éclairant foi- blement, retenue par le corps irradié, mais bien celui d’un fluide préexistant dans le mixte, et mis en mouvement par l'impression radieuse. Le spath fluor vert, cristallisé confu- sément, en masse ou en poudre, est très-lumineux au soleil; si on le calcine éans un creuset, à une chaleur rouge de 550°* à peu près, de manière à lui enlever seulement la plus forte partie de son fluide lumineux , et qu'on l'expose de nouveau au soleil lorsqu'il est froid, il y reste éternellement téné- breux. Tous les diamans réduits en petits fragmens , jouis- sent, même après une foible irradiation solaire, de la phos- phorescence la plus durable : toutefois cette même poudre, après avoir été dépouillée de son fluide naturel par la cal- cination, ne se laisse plus illuminer, comme auparavant, par les rayons du soleil. Comme il seroit trop long de tout détailler, je peux dire qu'en général tous les corps qui bril- lent naturellement au soleil, et que l’on peut suffisamment priver de toute eau combinée ou intérposée, sans crainte de sec , manifestent après leur calcination cette même pro- priété. Je ne pense pas qu'après de pareils faits l'on ose encore invoquer l'hypothèse de l'imbibition. ri La lumière seule a le pouvoir de mettre en mouvement le fluide de la phosphorescence; car le sulfure de Canton brille à la clarté du jour et aux rayons concentrés de la lune. Le même corps s’éclaire parfaitement à la première impres- sion de lumière, lorsqu'il est plongé dans un mélange de neige et de glace. J'ai fait varier la durée et l'intensité de l'irradiation, pour voir si ce mode lumineux étoit l'effet d'une véritable émission et de la déperdition du fluide de la phosphorescence, ou s’il n'étoit que le résultat de l'os- cillation de ce fluide. Le choc instantané de la clarté du jour fait luire le sulfure de Canton pendant 8 à 10‘, le phos- 8 SOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE hore de Bologne, pendant 40", la glucine, 3°, et lesucre, 6”: ii mêmes substances ; frappées pendant 10° par la même clarté, luisent, la première, 2 heures , la deuxième, 80”, la troisième, 5”, et la quatrième, 8". Une pluslongueexposition ne produit plus d’accroissement, ni dans l'intensité ; ni dans la durée de la phosphorescence. La lumière solaire directe augmente sensiblement la vivacité et la durée de l'éclat ; mais quelque fréquentes que soient les irradiations, ni l’une ni l'autre n'en éprouvent de l'affoiblissement. Cepen- dant si l’on soumet du spath fluor vert en masse , à des cal- cinations graduées , et qu’on l’expose après chaque calci- nation, et lorsqu'il est froid , aux rayons du soleil, avec un fragment de la même matière non calciné, l’on s'ap- perçoit manifestement qu'il perd graduellement sa propriété phosphorique. Donc ce mode lumineux ne s'opère point par une émanation radieuse, mais bien par une simple oscillation. Tous les corps susceptibles de luire de cette maniére, ne brillent point au même degré du choc rayonnant. Le sul- fure de Canton est le seul qui s'illumine aux rayons de la lune: l'on cite pourtant quelques diamans qui ont mani- Festé la même propriété. Le phosphore de Bologne, le pa- pier, ete., s’illuminent à la lumière d’une lampe à courant; le sulfate de potasse et une foule d'autres y restent ténébreux. Ces mêmes substances, telles que ie sulfate de potasse, le muriate de soude, deviennent phosphorescentes à la lumière solaire réfléchie : le quartz hyalin, l'œil de chat, le phos- phate de l’Estramadure et beaucoup d'autres corps, sont insensibles à ce degré de lumière; mais ils donnent une lueur initiale à la lumière solaire directe. Le zircon, le rubis, la cymophane, et en général un grand nombre des pierres vi- treuses résistent également à la lumière solaire directe ou concentrée. L'on voit déjà que le fluide de la phosphores- cence est retenu plus ou moins fortement dans les divers corps de la nature, suivant leur degré d'attraction pour lui, et que si l'on pouvoit employer un agent d'impulsion plus énergique que celui-ci, l’on pourroit réveiller , même dans les plus rebelles, cette propriété phosphorique. Avant de recourir à une nouvelle puissance d'excitation, j'ai été curieux d’éprouver à la lumière solaire directe tous les corps de la nature, pour voir si l'inphosphorescence ne dépendroit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9 dépendroit pas de quelqu'une des propriétés connues de la matière. J'ai trouvé, après un long travail dont je ne puis donner ici que le résultat, que tous les corps liquides en général sont ténébreux : il faut les éprouver dans un vase de métal, si l’on veut écarter toute cause d'illusion. Le char- bon, le carbure de fer et tous les métaux le sont également. Tous les sulfures métalliques aussi, à l'exception de l'orpi- ment. Si l’on en excepte l’oxide arsenieux vitreux , la potée d’étain et quelques parcelles lumineuses dans les fleurs de zinc et d’antimoine, tous les oxides métalliques, faits par la voie sèche, manifestentlamémeinphosphorescence. Touslesoxides des métaux précipités de leurs dissolutions, et séchés, sont dans le mème cas, à l’exception de l'oxide de plomb ou de zinc; tous les sels métalliques, hormis le sulfate de plomb, le muriate d'étain et le phosphate de plomb, sont égale- ment ténébreux: c’est-à-dire que tous les corps, plus ou moins bons conducteurs de l'électricité, ne sont point phos- phorescens. L’on en sent assez la raison, pour que je sois dispensé de l'énoncer. Si quelques oxides ou sels métalli- ques paroissent s'écarter de la.loi, cela vient de ce que les oxides marchent vers l’indéférence à proportion qu'ils s’oxi- dent davantage. Parmi les corps isolans, les uns brillent foiblement, tels que les résines, la soie; les autres s'illu- minent difficilement , tels que le verre, le soufre: quel- ques-uns même ne luisent que lorsqu'ils sont broyés, et dans un temps sec, comme l’adulaire, le quartz; et quel- ques autres ne brillent point du tout, comme le rubis, la topaze, etc. Mais l'on verra par suite, que leur inphospho- rescence ne vient que du défaut d'énergie du choc de la lumière. Toutes les substances qui sont demi-isolantes et semi-déférentes , jouissent au contraire de la plénitude de la phosphorescence. Je viens de dire que l’inphosphorescence de certains corps vitreux dépend de la foiblesse du choc lumineux, je vais er ‘fournir la preuve. Je savois que le sucre établi dans le cir- cuitd’une déchargeélectrique, devient lumineux après l'explo- sion. M.Lannesavoitfaitlamémeremarquepour les spaths cal- caires et pour le gypse; mais n'ayant pas donné de suite à cette idée, M. Canton se hâta de fermer cette nouvelle carrière ou- verteaux recherches des physiciens, en affirmant que ces subs- tances ne retiennent seulement que la lumière du fluide électrique, mais rien de particulier à l'électricité. Convaincu Tome LXIX. JUILLET an 180g. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par les faits antérieurs, que cette nouvelle phosphorescence est due à l'ébranlement du fluide propre aux corps, opéré par le choc électrique, j'ai conçu l'idée de les soumettre tous à l'action impulsive de ce nouvel agent, pour voir si je n'y appercevrois pas quelques corrélations avec la phos- horescence par insolation. Dans cette vue, j'ai soumis dans Fébéeutire tous les corps de la nature au choc électrique , et j'ai trouvé que tous les métaux, le charbon, le plombagine, la brique rouge et surchargée d'oxide, la pierre cornéenne, l'ar- doise, le jaspe vert, le mica noirettous les oxides métalliques faits par la voie sèche, si l'on en excepte ceux qui ont reçu un commencement de vitrification, toutes ces substances, dis-je, ont été ténébreuses après le choc. L'on cessera de s'étonner de la phosphorescence de certains oxides vitreux, lorsqu'on fera réflexion, que dans cet état ils participent de la nature des corps isolans, et que leur fluide , plus ré- belle à la répulsion électrique, doit être aussi moins prompt à se rétablir. Tous les oxides métalliques , faits par la voie humide, hormis ceux de cobalt, de plomb et de zinc, ont été dans le même cas. Parmi les sels métalliques, je n'ai trouvé que le muriate d’étain cristallisé, qui fut bien lu- mineux après le choc: tous les autres m'ont paru ténébreux, méme le phosphate de mercure, qui est une des substances les plus FRo DRorS ses par élévation de température. Tous les liquides, de quelque nature qu'ils soient, résis- tent pareillement à ce choc. Parmi les corps isolans, les uns ne luisent que difficilement et foiblement, tels que la colophone, la soie, etc.; les autres ne brillent point du tout, tels que le verre, le soufre, le saphir, le rubis, etc. 11 faut pourtant en excepter quelques diamans, qui sous le choc, ainsi que dans l’insolation, deviennent resplendissans de lumière. Cela tient à une propriété particulière que je ferai connoître dans un Mémoire séparé. Frappé de cette inphosphorescence de la plupart des corps indéférens, tant sous l’insolation, que sous le choc électrique, et soupçon- nant que cette résistance à laisser refouler leur propre fluide, pourroit bien tenir à leur trop grande indéference, j'ai es- sayé d'augmenter la force répulsive , en faisant passer sur chacun d eux l'explosion électrique de deux jarres. Tous, sans en excepter aucun, ont été très-lumineux après le choc. J'ai fait subir la même épreuve à tous les corps conducteurs : ci-dessus désignés, pour voir si leur permanence dans l'état ET D'HISTOIRE NATURELLE. ti obscur, auroit eu pour cause la foiblesse de la première charge électrique: aucun n'a donné la plus foible lueur, quoique j'aye fait passer sur chacun d'eux plusieurs dé- charges successives. Il est donc évident que les corps isolans ui ne luisent point au soleil, ne doivent leur insensibilité u’à la foiblesse de l’impulsion radieuse. Tous les corps cbhibans et semi-conducteurs y jouissent de la pléni- tude de la phosphorescence : certaines substances salines y prennent même un tel éclat, que je puis assurer que, parmi les expériences qui font spectacle dans les cabinets des ama- teurs, il en est peu qui puissent rivaliser avec celles ci. L'on peut m’objecter , avec quelque fondement , ‘que l'in? phosphorescence des corps conducteurs sous le choc élec- trique, prouve que la lueur dont brillent tous îes corps plus ou moins indéférens, est due à une portion du fluide élec- trique retenue à son passage par la substance foudroyée. Mais d’abord celle-ci ne conserve, après le choc, aucune trace d'électricité, comme je m'en suis assuré plusieurs fois. D'ailleurs j'ai fait choquer par l'électricité l’adulaire et le spath-fluor en masse, serrés entre les deux boules de l'exci- tateur, et plongés dans une capsule pleine d'eau; malgré cette enveloppe conductrice, les deux petites masses ont brillé dans le liquide, d’une manière aussi vive et aussi du- rable que dans l'air. Si l'on veut s'assurer que tous les corps soumis au choc électrique, brillent de leur propre fluide mis en mouvement par la répulsion du courant qui le heurte, il me suffira de dire, que lorsqu'on dépouille les corps du fluide de la phosphorescence , en les réduisant en poudre, et en les calcinant sur la cuiller jusqu’à parfaite obscurité, ils restent ténébreux sous le choc électrique. Cette expé- rience ne réussit bien qu'avec le sablon, le verre pilé, le diamant, le spath-fluor, etc., et non avec les sels terreux ou alkalins, qui ne se dépouillent pas complètement de leur propriété phosphorique, à cause de leur énergie attractive pour l'eau. Les premières substances persévèrent, ai-je dit, dans l'obscurité à la première explosion; ma's à la deuxième, elles commencent à luire foiblement, et à la troisième ou quatrième, elles se trouvent réintégrées dans toute leur phos- phorescence: dès ce moment elles brillent à chaque explo- sion, comme dans leur état naturel. Cette renaissance phos- phorique provient évidemment d’une portion du fluide élec- trique de la décharge, retenue dans son passage par la poudre, B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE car si l'on a eu soin de mettre à part une partie de la poudre calcinée jusqu’à inphosphorescence, et qu'on la compare, sur un support chaud, avec la même poudre redevenue lu- mineuse sous le choc électrique par l'interception d'une partie du courant électrique, la première se trouve encore ténéhreuse sur la cuiller, tandis que la deuxième y exhale une vive et abondante lueur, D'après les tableaux que j'ai faits des phosphorescences par insolation et par le choc électrique, il est impossible de nétre pas frappé de la parfaite correspondance de leurs effets, sous l'une et l’autre action, dans les mêmes subs- #tances semi-indéférentes. Je n’en ferai connoître que deux ou trois. Le sulfate desoude, pris dans trois ou quatre états diffé- rens, c'est-à-dire, cristallisé, privé de la moitié de son eau de cristallisation, dépouillé aux trois quarts de cette même eau, enfincomplètementcaleiné,aétésuccessivementexposéauchoc électrique et à l'insolation dans ces quatre états. Le premier a donné, sous l’un et l’autre mode de provocation, une lueur , bleue assez forte, qui n'a duré que 6”. Le deuxième a exhalé une lumière plus vive pendant 8". Le troisième a été, pour ainsi dire , éblouissant, et son éclat, en diminuant d inten- sité, a persévéré pendant 200". Le quatrième n'a répandu qu'une lueur expirante, encore s'est-il éteint à la 4°. Dans cette curieuse expérience, que l’on peut répéter avec toutes les matières qui contiennent de l’eau, non-seulement on voit dans les corps un même fluide répondant de la même manière à ces deux espèces de stimulus, mais encore on y remarque le pouvoir de l’eau interposée, puisqu' à propor- tion qu'on la soustrait, la propriété lumineuse augmente d'intensité et de durée. Il y a plus: lorsque cette eau est entièrement chassée, si l’on pousse plus loin la calcination, et que l'on prive le sel de son eau combinée, c'est-à-dire de cette eau fortement solidifiée qui devient une source d'éma- nation phosphoriques ce sel perd alors sa propriété lumi- neuse. Le nitrate et le muriate de chaux cristallisés donnent au soleil et au choc électrique une lueur assez prononcée, mais fugitive: fondus de leur fusion aqueuse, et desséchés convenablement, ils brillent avec plus d'éclat et d'une ma- nière plus durable; fondus de leur fusion ignée , et à l’état vitreux, ils sont ténébreux : ces mêmes sels, ramollis à leur surface par l'humidité qu'ils attirent, persévèrent dans leur inphosphorescence, parce que, dans cet état de déliquescence, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 13 le sel, loin de solidifier l'eau, se laisse liquéfier par elle, et l'on sait qu'aucun corps liquide n'est lumineux. Je ne fini. rois pas, si je voulois faire connoitre tous les faits intéressans que ce genre de recherches m'a offerts. Il me reste à dire: un mot des rapports Hi existent entre la phosphorescence par insolation, et celle qui a lieu par élévation de tempé- rature. Tous les mixtes purs et non souillés d’oxide métallique, fournissent une lumière bleue. Les diverses teintes dont elle se revêt dans quelques substances, tiennent à un peu de fer. Je n’en citerai qu'une preuve. La lueur du phosphore de Baudouin, ou nitrate de chaux, est blanche; si l'on fait fondre ce sel de sa fusion saline, dans un creuset d'argile rouge et poreuse, que l'on ait soin d'en pénétrer les bords, et de présenter le tout, lorsqu'il est froid, à la lumière du soleil, la masse saline et vitreuse reste obscure, mais les bords du vase brillent d'une lueur pudperines Les corps les plus lumineux par insolation, n'y brillent point lorsqu'ils sont chauds, reprennent cette propriété lorsqu'ils sont froids. Pareille chose a lieu dans l'élévation de température, et j'en ai fait connoître la raison. J'ai fait perdre la propriété de luire sous l'insolation , à toutes les terres caustiques, en les calcinant fortement, à l'exception de la magnésie. Tous les sels susceptibles de se fondre d'une fusion ignée, et de prendre l'état vitreux, toutes les pierres formées de la réunion de plusieurs terres entre elles, les siliceuses et même quelques sels pierreux, comme le fluate de chaux, sont dans le même cas. J’ai remarqué que le carbonate de chaux, le sulfate de baryte, le phosphate calcaire artificiel et quelques autres substances de nature analogue, luisent encore parfaitement à l'insolation, surtout le premier et le troisième , lors même qu'ils ne luisent plus par élévation de température. Cette singulière exception a piqué ma curiosité; et, après quelques recherches, j'ai constaté que ces sels pierreux conservoient opiniatrément une certaine quantité d'eau qui, sous l'éléva- tion de température, sans cesser d'adhérer à chaque molé= cule, formoit autour d’elle une atmosphère électrique qui absorboit le fluide de la phosphorescence, et l'empéchoit de se manifester sur un support chaud : c’est à la formation de ces petits ballons aériformes, que les sels doivent leur dé- crépitation ; car je me suis assuré que le muriate de soude ne perd dans sa décrépitation, qu’un centième de son poids, 14 JOURNAL DR PHYSIQUE, DE CHIMIE et un auteur anglais, dans son analyse des eaux de la Mer morte, n'a trouvé qu'un demi-grain pour cent de perte. Cette eau gazéfiée, pour ainsi dire, par la chaleur, se soli- difie denouveau dans le refroidissement , et laisse en liberté le fluide de la phosphorescence ; l'impression lumineuse peut alors le mettre en mouvement, parce que son action n’opère aucun changement dans l'état du mixte, tandis que le con- traire a lieu sous l'influence du calorique. Je pense qu'il ne peut plus rester aucun doute sur l'identité substantielle du Huide excité dans les corps, et mis en feu par le calorique ou par la lumière. Au reste, pour me dispenser d accumuler ici de nouvelles preuves , il me suffira de faire observer que lorsque le calorique a dissipé la propriété phosphorique dans tous les corps, elle ne reparoit plus dans aucun sous l'in- solation, si l’on en excepte un très-petit nombre, que je viens d'indiquer, et dont la cause n’est plus inconnue. Je passe à l'examen des phosphores de Bologne et de Canton: comme ils sont deux produits de l'art, et qu’ils jouissent de la phosphorescence au plus haut degré, ils me paroissent mériter une étude d'autant plus approfondie, que, vü la nature de leur composition, ils ont donné lieu aux savans les plus distingués d'y soupçonner une combustion cachée, et de croire, par extension, qu'il se passoit quelque chose de pareil dans les autres corps. Tous les sulfates de baryte brillent sous la collision sur un support chaud, au choc élec. trique et à l'insolation: sous ce point de vue, la pierre de Bologne ne jouit d'aucune prérogative naturelle, et l'on peut dire que ce sel pierreux ne doit point à l'art sa propriété lu- mineuse, puisqu'elle y existe avant toute préparation. Le sulfate de baryte en poudre perd assez promptement sa phos- phorescence sur la cuiller, et, dans cet état, il en conserve encore quelques traces à l’insolation; j'en ai donné la raison plus haut. $i on le calcine fortement dans un creuset, avec un peu de farine, il éprouve une décomposition partielle, et il se forme du sulfure de baryte. Ce sulfure, mêlé avec le sulfate barytique non décomposé, exerce sur l'eau com- binée de celui-ci un nouveau pouvoir solidifiant quiaugmente la propriété phosphorique de toute la masse. Pareille chose arrive au carbonate de chaux imparfaitement calciné: la portion qui passe à l'état de chaux caustique, attire à elle et solidifie si puissamment l'eau saline du carbonate, que celui-ci en devient plus lumineux qu'auparavant. Tous les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 sulfures de baryte sont aussi 2 pal fat que la pierre de Bologne préparée, et les uns et les antres perdent de leur éclat à mesure qu'ils repassent à l'état de sulfate de baryte complet. Toutefois ils ne deviennent jamais ténébreux, comme semblent l’insinuer les auteurs qui en ont traité ; mais ils s'arrêtent au degré de phosphorescence qui convient naturellement au sulfate de baryte. Le phosphore de Bologne est long-temps à perdre sa propriété dans un air sec: elle se dissipe plus rapidement dans un temps humide, et il suffit, pour l'anéantir, d'immerger la substance pendant quelques minutes dans le gaz muriatique oxigéné ; c’est-à- dire pour ne lui laisser que la dose de lueur naturelle au sulfate barytique. J'ai poussé plus loin l'analyse du phosphore de Canton, parce que, pouvant le faire plus commodément de toutes pièces, il pourroit mieux se prêter à toutes les préparations que je voudrois lui faire subir, et que d'ailleurs ce que l'on découvre dans l’un, s'applique directement à l'autre, puis- qu'ils sont tous les deux des sulfures terreux. Le sulfate de chaux cristallisé est assez lumineux au soleil : sa lueur de- vient plus vive lorsqu'il est calciné; elle augmente encore d'intensité, lorsqu'on le chauffe dans un creuset avec un peu de farine, et qu'on le constitue, comme le phosphore de Bologne, en un sulfure terreux mélé avec du sulfate de méme base. Tous les sulfures calcaires ordinaires sont très-lumi- mineux; mais aucun nest comparable à celui de Canton. Il est composé, comme l’on sait , de trois parties de chaux, d'écailles d'huitre, contre une de soufre sublimé, que l’on mêle ensemble et que l'on tasse dans un creuset, pour les tenir à une chaleur rouge ou.blanche pendant trois quarts d'heure au moins. La chaux caustique ordinaire seroit éga- lement bonne, si l'on pouvoit la réduire au méme degré de ténuité. La poudre d écailles mal calcinée ne réussit pas: une plus grande quantité de soufre diminue l'énergie de la hosphorescence du mixte, une plus petite quantité l'affoi- Pie tellement, qu'il ne peut plus s’illuminer à la flamme d’une lampe à courant. Le phosphore de Canton ne devient donc une matière lumineuse par excellence , que lorsque la calcination l’a constitué un sulfure de chaux avec excés de base. L'on remarque enoutre que, lorsqu'il est investi de son pouvoir phosphorique,ilcontientdel’hydrogènesulfuré. Cette 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE substance est donc un mélange de sulfure calcaire et d'hydro- sulfure de chaux. Le sulfure de Canton n'est point sensible à l'impression de la lumière, lorsqu'il est chaud, mais il le devient à me- sure qu'il refroidit. Mis à l’abri de l’air et de l'humidité, immédiatement après sa calcination, il brille, lorsqu'il est froid, à la flamme d’une chandelle ; mais son exposition à l'air lui procure une plus grande phosphorescence. Enfermé dans le vide barométrique , il donne du gaz hydrogène sul- furé, et perd sensiblement de sa propriété Moephortètes, car il ne luit plus qu’au soleil; lorsqu'il est au contraire enfermé dans un tube scellé hermétiquement, cette propriété n'y soufre aucune diminution. Il la conserve dans tous les gaz irrespirables ; mais à la longue elle s’affoiblit beaucoup dans les gaz acides. Plongé dans le gaz muriatique oxigéné, il s’'illumine au goulot de la bouteille, et s’éteint lorsqu'on l'enfonce dans le vase : lorsque l'air atmosphérique est bien sec, ainsi que le gaz acide muriatique oxigéné, il ne prend aucune lueur à l'orifice du vase, mais il y devient lumineux, si on l'humecte avec l'air des poumons. L'on reproduit les mêmes phénomènes avec un flacon de gaz nitreux débouché. La petite masse de sulfure’, qui a été ainsi exposée à l'action de ces deux gaz, n'a plus la propriété de luire à la flamme d'une chandelle. Je préviens, une fois pour toutes , que ces expériences doivent se faire dans l’obscurité. Le sulfure ré- cemment fait s'illumine à chaque expiration d’air que l'on dirige sur lui; plongé dans l’eau , il y prend une lueur sem- blable à celle du bois-luisant, sans y éprouver aucun rehaus- sement de température. Lorsqu'il a été exposé pendant quel- que temps à l'air atmosphérique, il n’est plus susceptible de s’illuminer dans l’eau. Si on le jette dans l'acide sulfurique, dans les acides nitreux et nitrique, il y répand une vive lu- mière qui sort, pour ainsi dire, en jets divergens : il reste ténébreux dans ces mêmes acides, lorsqu'ils sont un peu étendus d’eau, lorsmême queleur température seroit à 100°,0. Du sulfure frais et rendu obscur sur la cuiller par l'effet de deux ou trois projections sur ce support chaud, ne brille plus dans ces mêmes acides; il y reprend sa première pro- priété en l’humectant avec l'haleine. Le sulfure en poudre, étalé sur une cuiller foiblement rouge, donne une vive lueur qui se dissipe entièrement à la deuxième projection. Dans cet état il ne peut plus s’illuminer à la flamme d'une lampe à NET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 à courant. Si on lecalcine jusqu'à incandescence, il acquiert, en se refroidissant, la propriété qu'il avoit perdue : néan- moins les calcinations subséquentes ne possèdent pas la même vertu ; car le sulfure le plus énergique, à la cinquième ou sixième calcination, ne peut plus se reconstituer corps lumineux. Le sulfure rendu ténébreux par la projection sur un corps chaud , ne s'illumine plus, ai-je dit, à la flamme d'une lampe à courant; cependant s'il est fraîchement fait, et qu'on le laisse quelque temps en plein air dans l’obscu- rité, il reprend naturellement la propriété qu'il avoit perdue. Lorsqu'il est un peu vieux, ou qu'il a été fatigué par de fré- uentes projections sur un support chaud , il ne revient plus e lui-même à la phosphorescence. L'on peut dans ce cas l'y rappeler, en l’humectant pendant quelque temps avec l’air des poumons. À proportion que cette substance marche vers sa sulfatisation, elle devient incapable de solidifier par elle- même l’eau de l'air expiré; mais elle augmente d'énergie en la présentant à la lumière nue d'une chandelle, car à sa première exposition, elle y reprend sa phosphorescence. Pour m'assurer que cette réintégration étoit due à la vapeur qui se produit dans la combustion , et qui rayonne tout-au- tour de la flamme, j'ai mis du sulfure rendu inphospho- rescent sur la cuiller, dans un petit tube de verre, que j'ai approché le plus près possible de la flamme lucernale ; il ne s'y est point illuminé. Je l'ai présenté ensuite à nu à cette méme flamme ; il ÿ a repris une belle lueur. Une pe- tite masse de sulfure inphosphorescent devienttrès-lumineuse au bas de la flamme, et ne le devient pas au sommet. J'ai voulu voir si la lumière solaire jouiroit de la même préro- ‘ gative que celle de la combustion, de favoriser la fixation et méme la décomposition de l'eau dans le sulfure. J'ai pris en conséquence cinq petites masses de sulfure rendues in- phosphorescentes à la [lumière d'une lampe, par la méthode déjà indiquée. L'une d'elles a été laissée en plein airet dans l'obscurité ; la deuxième, en plein airet à la clarté du jour; la troisième, également libre, aux rayons du soleil ; la qua- trième, au soleil, et enfermée dans de l'air desséché avec la pierre à cautère ; la cinquième enfin, au soleil, et dans un tube plein de mercure. Sur le soir je les ai toutes pré- sentées à la flamme d'une lampe à courant d'air. Celle qui étoit restée dans l'obscurité, ainsi que celles qui étoient dans le mercure ou dans l’air desséché, n'y ont pris aucune lueur; Tome LÂIX, JUILLET an 1809. G = 108 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ mais les deux masses qui avoient été exposées en plein air, à la clarté du jour ou au soleil, ont échalé une vive phos- phorescence que j'ai dissipée sur la cuiller, tandis que les autres sont restées ténébreuses sur le même support ehaud. Le sulfure de chaux, une fois transformé en sulfite, soit par des calcinations réitérées en plein air, soit par une longue exposition à l'air libre, n'est plus susceptible d’ac- quérir de la phosphorescence dans l'insolation. Comme je suis obligé de marcher rapidement, je ne me ermettrai aucune réflexion. Les faits que je viens d'exposer sont trop frappans, pour que l’on ne voie pas du premier coup-d'œil toutes les conséquences qui en découlent. Je me hâte de faire connoître de nouveaux faits qui concourent, avec les précédens, à prouver que cette espèce de phospho- rescence est due aux mêmes causes occasionnelle ou pro- ductive, que celles que j'ai reconnues dans la phosphores- cence par élévation de température. M. Dufayÿ avoit assuré que la chaux calcinée est très-lumineuse au soleil, il en paroit même si persuadé dans ses écrits, qu il recommande de la calciner une deuxième et même une troisième fois, si par hasard elle ne le devient pas à la première calcina- tion. La vérité est que la chaux parfaitement calcinée, et mise de suite en vaisseaux clos, pour qu'elle ne puisse pas attirer de l'humidité, est complètement ténébreuse au soleil : c'est un fait que j'ai constaté plusieurs fois, et d’ailleurs pour rendre plus manifeste l'erreur de Dufay, il suffit d'an- noncer , que si l’on trempe dans l'eau cette même chaux téné- breuse , et qu'on la laisse ensuite se gonfler et se déliter sur une carte, elle manifeste à l'insolation, lorsqu'elle est re- froidie, la plus vive phosphorescence. La baryte et la stron- tiane calcinées sont également ténébreuses, et reprennent dans leur extinction imparfaite, la même propriété phos- phorique : leur lueur néanmoins n'est pas aussi vive. Le sul- fate de potasse, bien calciné sur la cuiller jusqu’à inphos- phorescence sur un support chaud., et mis dans un flacon bien sec et parfaitement bouché, ne donne aucune lueur à l'insolation : laissé quelque temps à l'air, ou humecté avec l'air de la respiration , il reprend à l'instant de la phospho- rescence. Tous les sels qui , réduits à l'état vitreux pagleur fusion saline , sont obscurs à l'insolation, devienne lement lumineux , à mesure qu'ils absorbent de l'humidité. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 II faut en excepter pourtant les sels déliquescens qui, comme je l'ai observé, au lieu de solidifier l'eau, se laissent flui- difier par elle; mais on peut leur faire réacquérir la pro- priété phosphorique en les faisant cristalliser de nouveau. Il ne me restoit plus, pour terminer ce chapitre, que de redonner la propriété de luire par insolation, en électrisant à ma manière les corps rendus ténébreux par la calcination. C'est ce que j'ai fait. J'ai eu soin de choisir pour cela les substances les moins solubles et en même temps les plus sensibles à la lumière solaire; car je savois par expé- rience, que le fluide de la phosphorescence est d’autant plus difficile à être mis en mouvement, que le corps qui le recèle est plus dépouillé de principe aqueux. Le sulfate de potasse bien calciné, et enfermé de suite dans un tube de verre armé intérieurement de deux tiges métalliques, a été électrisé en faisant passer dans letube, et à travers la poudre, cinq à six décharges de bouteille : après cette opération, il a brillé au soleil comme le même sulfate cristallisé. Le dia- mant, réduit en poudre et rendu ténébreux par la calcina- tion, reprend, par Je même procédé, sa propriété phospho- . rique. Telle est donc la nature du fluide de la phosphorescence, u'il obéit également à la puissance excitatrice du calorique, de la lumière et du choc électrique, à la différence que le premier non-seulement le refoule et tend son ressort, mais encore le chasse entièrement de la substance qui le recèle, lorsque la température est un peu forte; tandis que la lu- mière et.le choc électrique, en le refoulant moins vigou- reusement, ne font que le tirer pour quelques instans de son point de repos. Tous les corps ne brillent pas au mênte degré de ces pouvoirs excitateurs: les isolans résistent long-temps à la répulsion; mais aussi, une fois qu'ils ÿ ont cédé, l’os-: cillation lumineuse est très-durable , parce qu'ils offrent au retour vers l'équilibre, les mêmes obstacles qu'ils avoient opposés à, sa rupture. Dans les bons conducteurs au con- traire le fluide se, laisse refouler sans peine; mais ils ne brillent point après le choc dans l'obscurité, parce que l'é- quilibre de tension du fluide est aussitôt rétabli que troublé. Enfin lorsque ce fluide est dissipé , les corps qui en sont privés restent sourds à toute excitation, et alors l'incandescence la plus prolongée, l'insolation la plus opiniätre, ne peuvent C 2 20 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE point leur restituer la propriété qu'ils ont perdue, tandis que le fluide électrique les réintègre parfaitement dans leur premier état. Il n'est donc pas possible de se refuser à penser que ce fluide est de nature électrique, CHAPITRE IV. De la Phosphorescence par Collision. Je dois prévenir les Savans que je n'ai fait qu'ébaucher cette partie dans mon Mémoire, parce que mon temps étoit limité, et que la destinée humaine est de ne pouvoir rien faire comme il faut qu'avec du temps. Je prends toutefois l'engagement d’y revenir, et d’en faire un objet de recherches particulier, parce que, lorsque j'ai entrepris de traiter la grande question des phosphorescences, je m'y suis livré, moins dans l'espoir d’obtenir la récompense honorable que l'Institut vient d'accorder à mes premiers travaux, que par intérêt pour la science elle-même. Je me suis borné dans ce chapitre, à établir provisoirement quelques relations entre la phosphorescence par collision et les précédentes ; je vais les faire connoître. Il est utile, avant tout, d'observer que ce mode lumineux dépend moins dans son excitation, de la ferme cohésion des parties intégrantes, que de la texture intime des élémens de ces mêmes parties. Aucun métal ne donne une lueur phosphorique sous le choc, ou par frottement; car l'on ne confondra pas la scintillation de l'alliage du fer avec l’antimoine sous la friction d'une lime , avec cette phosphorescence dont nous parlons, qui n'a rien de commun avec la combustion, puisqu'elle s’opère également dans les liquides, dans les gaz irrespirables et même dans le vide barométrique, comme je men suis as- suré. Quelques sels métalliques cependant luisent sous le choc mécanique, tels que le muriate de mercure, le su- blimé corrosif et le phosphate de mercure. Il seroit possible que les métaux ne se dérobassent aux effets de la collision, que par leur ductilité: c'est ce que j examinerai par suite. Tout ce qui s’illumine par percussion est également suscep- tible 5 balles sur un corps chaud, à l'insolation et par choc électrique, si l'on en excepte pourtant quelques subs- tances qui changent d'état sous l'influence du calorique, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21 celles qui retiennent avec trop de ténacité leur propre fluide, pour céder à l'impression lumineuse » et les AA métalliques trop bons conducteurs pour fournir à l'insolation ou au choc électrique une phosphorescence capable de subsister au-delà du temps nécessaire au passage de la lumière à l'obscurité. Les pierres surchargées d'oxides métalliques, quoique jouis- sant d’une ferme texture, sont insensibles à la percussion, telles que les cornéennesetles jaspes ferrugineux. Les pierres vitreuses, lachaux caustique, frappées à coup de pilon, lors- qu'elles sont encore obscurément rouges, ne laissent échapper de leur sein aucune lueur, tandis qu'elles lancent des éclairs lorsqu'elles sont froides. Les mixtes phosphorescens par colli- sion perdent de cette propriété, à mesure que l'on dissipe leur fluidelumineux en les chauffant sur un corpschaud: le phos- phate del'Estramadure, lesulfure de Canton agglutiné, le mu- riate de chaux en fusion vitreuse, en fournissent des exemples. Si l’on met sur un support chaud une lame de verre très- mince, toute sa masse se pénètre de lumière au bout de uelques instans ; si l’on soutient le support au même degré Fe température pendant quelque temps, pour favoriser le dégagement du fluide phosphorescent, et que lorsque la lame est refroidie, on la mette de nouveau sur un corps chaud, elle y reste ténébreuse. Cependant, dans cet. état, elle donne long-temps une vive lumière sous le frottement d’une lime. Il existeroit donc dans les corps deux sortes de phosphorescence par collision ; l’une passagère et destruc- tible, telle que celle que l’on remarque dans le muriate de chaux en fritte, avec excès dé base, ou dans le sucre; l'autre permanente et impérissable, telle que celle que je viens d'observer dans le verre, après l'avoir dépouillée de la pre- mière. Celle-là n'a besoin, pour être mise en feu, que d'une légère percussion, ou de la seule friction d'un cure-dent; celle-ci exige, pour se manifester, un ébranlement plus pro- fond et des vibrations plus amples. La première est l'effet d'un fluide surabondant à l'état solide des parties, et qui a été déposé par elles dans les interstices du corps; c’est pour cela qu'on peut l'en chasser pour toujours sans altérer en rien l'intégrité du mixte; la deuxième au contraire paroît dépendre du fluide éminemment électrique, quel qu’il soit, qui est entièrement combiné avec les parties, et qui est essentiel à leur constitution. Les atmosphères qu'il forme autour de chaque molécule, étant d’autant plus denses que 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les élémens constitutifs des molécules se sont plus rappro- chés entre eux, ct ont pris un plus grand degré de solidité, elles doivent être plus voisines de la limite de leur conden- sation dans les corps vitreux que dans les corps terreux, et euvent par là même opposer à un choc violent capable de es resserrer, une réaction électrique qui les établit dans une oscillation lumineuse. L'on voit que je n'ai fait qu'effleurer la question des phos- phorescences par collision, et qu'elle promet des découvertes intéressantes à ceux qui auront le courage de l’approfondir. Il résulte néanmoins de mes premières ébauches, que le fluide, qui est la cause de la première espèce de phospho- rescence par collision, est le même que celui qui se mani- feste dans la plupart des corps soumis à l'influence d’un AU BPORE chaud , ou qui oscille sous l'impression des rayons solaires. Résumé des trois premières espèces de Phosphorescence. Si l'on considère sous le rapport de leur nature, toutes les phosphorescences que l’on produit par les quatre moyens d'éduction que je viens d'indiquer, on peut les diviser em trois espèces bien distinctes. La première est le résultat d’une combustion lente qui ne s’opère que par le secours d'une température de 256° centigrades , et suppose dans le sujet qui l'éprouve, la présence de l'hydrogène solidifié et le con- tact de l'air atmosphérique. Tous les produits des deux règnes organiques , si l’on en excepte les huiles fixes, ne brillent sur un support chaud, que de cette espèce de phosphores- cence ; et lorsque te phénomène ne peut plus se reproduire, les corps que l'on a chauffés se trouvent dépouillés de leur : hydrogène, et réduits à l'état de charbon. Le terme de cette combustion est donc une formation d’eau opérée par la réu- nion de l'hydrogène des substances organiques, avec une portion de l'oxigène atmosphérique, et c'est à la condensa+ tion lente ét successive dé cet oxigène, que celles-ci sont redevables de l'éclat qu'elles répandent sur un corps chaud. Si les corps inaltérables à la température de 256° peuvent ? seuls luire sur un support chaud de la deuxième espèce de phosphorescence, en revanche, toutes les substances des trois ll règnes , sauf les exceptions dont j'ai déjà fait connoître la ? ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3 23 cause, jouissent de ce mode lumineux, lorsqu'elles sont iso- lées, foudroyées ou percutées. Il n'est point l'effet d’une combustion, et paroît dépendre, d'après mes propres expé- riences, d'un fluide lumineux par lui-même, surabondant à la constitution du mixte, et déposé autour des parties in- tégrantes auxquelles il adhère plus ou moins fortement, soit ar l'eau dans les corps terreux ou saliris, au moment de sa solidification, soit par les parties intégrantes elles-mêmes, lorsqu'elles repassent de la liquidité à l’état solide. Ce fluide reste ténébreux tant qu'il est en repos; parce que son res- sort est en équilibre avec l’attraction moléculaire ; mais sitôt qu’il est refoulé.par l'effet répulsif du calorique , ou par un choc mécanique lumineux ou électrique, son ressort aug- mentant d'intensité, il se détend brusquement, oscille jus- qu'à ce qu'il soit parvenu à son point de repos, et c'est cette oscillation qui est la cause productive de l'irradiation lumineuse qui impressionne nos sens. Je sais que cette opi- nion est contraire au système de l’'émanation admis par le grand Newton, et suivi par le plus grand nombre des savans; mais enfin je ne vois pas comment, suivant cette hypothèse, le diamant, qui ne contient pas une grande quantité de ce fluide, puisqu'une calcination de quelques secondes peut le lui ravir entièrement, pourroit être éternellement lumineux sous l’insolation ; car un écoulement, quelque petit qu’il soit, suppose une perte. et si cette perte n'est pas réparée par une source de reproduction, elle doit conduire à un épuisement. Cependant l'expérience nous prouve que le diamant en poudre eut briller très-long-temps au soleil sans éprouver fe plus éger affoiblissement dans sa phosphorescence, ce qui n'au- roit pas lieu, s’il y avoit émanation , et que lorsqu'il a été dépouillé de son Huide par la calcination , il ne se réin- tègre plus de lui-même dans sa propriété phosphorique. Supposera-t-on que le calorique se transforme en lumière ? J'avoue que dans ce cas la phosphorescence seroit inépui- sable; mais elle seroit également impérissable , puisque la cause reproductive subsiste toujours dans les corps, et cela est contraire à l'expérience. ILne reste donc, pour expliquer les phénomènes de l'insolation, qu'à reconnoître pour cause de l'impression lumineuse, les vibrations d'un fluide très- vompressible et élastique. Les faits nombreux que j'ai accu- mulés dans mon Mémoire, me portentà croire d’une manière irrésistible , qu'il est de nature électrique, puisqu’indépen- 2.4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE damment des propriétés analogues à celles de l'électricité qui le caractérisent, l'électrisation est le seul moyen ca- pable de faire reparoitre sa propriété phosphorique. L'on jugera peut-être qu'il y a de la témérité à élever des doutes ‘sur le système de l'émanation; mais je pense que des réflexions de cette nature deviennent aujourd hui d'autant moins déplacées, que bien des phénomènes d’un autre genre nous avertissent depuis quelque temps de l'identité substan- tielle des trois fluides éminemment élastiques. D'ailleurs je ne puis m'empécher de tirer toutes les conséquences qui dé- coulent naturellement de mon sujet, en les soumettant toute- fois au jugement des savans. “ La troisième espèce de phosphorescence a lieu dans tous les corps liquides ou solides qui éprouvent un resserrement subit dans leurs parties, soit par un choc mécanique, ou ar une combinaison chimique. Je l'ai observée dans l'union u soufre fondu avec les métaux, dans la combinaison de l’eau avec les terres caustiques, le sulfure et le muriate de chaux avec excès de base, dans le verre, les pierres salines ou vitreuses et la pierre à chaux caustique privés de leur phosphorescence passagère par la calcination. Si elle nese manifeste pas communément dans tous les corps, c'est qu'ils ne jouissent pas tous du même degré de dureté dans leur agrégation ou dans la texture intime de leurs parties, et qu'on ne leur fait pas subir une assez forte excitation. Non- seulement cette phosphorescence est inépuisable, elle est encore impérissable; car aucun moyen connu ne peut en dé- ouiller les corps. Elle paroïît dépendre d’un fluide éminem- ment élastique étroitement uni à tous les élémens de la ma- tière gravitante. Ce fluide, source première de toute force expansive, se refoule d'autant plus dans les molécules , que leurs élémens constitutifs s'approchent de plus près, de sorte qu'il est plus éloigné de sa limite de compression dans les gaz que dans les corps vitreux ; aussi faut-il un moindre effort dans ceux-ci pour le faire osciller. C’est lui qui devient incandescent dans les corps échauffés, lorsqu'une haute tem- pérature le force à se dilater, et que la forte cohésion des parties solides s'y oppose: c'est peut-être encore Jui qui reçoit sur la surface des corps opaques les irradiations s0- laires, et, par ses vibrations continues, devient la cause de cette clarté dont les surfaces des corps opaques semblent se pénétrer ET D'HISTOIRE NATURELLE, ob pénétrer sous l'influence de l’astre du jour. Mais il ne faut pas aller au-delà des faits par une théorie anticipée : il me suffit, pour le moment, d'avoir démontré que toutes les phos- phorescences énoncées jusqu'ici, dépendent des trois causes que je viens d'indiquer. Je passe à l'examen des phospho- rescences spontanées. r CHAPITRE V. Des Phosphorescences spontanées. J'ai distingué deux sortes de phosphorescences spontanées, les unes passagères et fugitives, telles que celle qui a lieu dans l'union d’une petite portion d’eau avec la chaux caus- tique , les autres durables et permanentes, telles que celle du bois-luisant. J'ai parlé des premières dans les chapitres précédens; je me borne donc ici à la recherche des se- condes. Je dois à la vérité de dire que j'ai été prévenu dans cetta partie par N. Hulm, qui en 1800 a présenté à la Société royale de Londres un Mémoire très-curieux sur les corps spontanément lumineux ; mais il ne s’est NA D Ets lement que des poissons, et encore, malgré les faits inté- ressans qu'il nous a fait connoître , a-t-il laissé cette question irrésolue. L'on verra par ce qui suit, que dans ce qui nous est commun, j'ai été beaucoup plus loin que lui, et que, par-dessus fout, j'ai trouvé, pour l'explication du phéno- mène, l'expérience cruciale de Bacon. Tous les bois , de quelque nature qu'ils soient, sont sus- ceptibles de s'illuminer, soit qu'ils aient été coupés vifs sur pied, ou qu'ils soient morts sur souche, pourvu qu'ils soient pénétrés d'eau, dans une température de 8 à 12°, eten con- tact avec l'air atmosphérique. Les bois de chêne brunissent et se décolorent avant de parvenir à la phosphorescence. Quand le bois est compacte, ses surfaces seules sont lumi- neuses; l'intérieur est ténébreux. Le bois sain et see m'a donné, à la balance hydrostatique, 0,737; le bois luisant compacte et pourvu de son humeur, 0,655; le bois qui a cessé de luire et séché à l'air, 0,349. Il perd donc, par l'acte de la phosphorescence , plus de la moitié de son poids Tome LXIZX, JUILLET an 1809. D 26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE primitif. La succion pneumatique m'a fait voir que le bois en pleine phosphorescence contient dans son tissu un peu plus du quart de son volume d'air atmosphérique. Les viandes de bœuf, de veau, etles poissons d’eau douce brillent plus difficilement que ceux de mer. Il faut à toutes ces substances une température modérée de 8 4 12°,0, une humidité soutenue et le contact de l'air atmosphérique. L'eau de mer, ou une solution saline au même degré aérométri- que, favorise le développement de la phosphorescence. La lumière dont brillent les poissons n'a lieu qu’à la surface : les surfaces véritablement internes ne prennent de l'éclat qu'après avoir été exposées quelque temps à l’air. Les parties muqueuses, comme les aponevroses, les ligamens, les cap- sules et les laites sont les plus lumineuses. J'ai éprouvé à l'eudiomètre l'air engagé dans les bois-lui- sans: une mesure de celui-ci, avecune pareille degaz nitreux, ont produit une absorption de 0,53. L'expérience compara- tive faite avec l'air atmosphérique, m'a donné 0,67. L'air at- mosphérique que recèlent dans leurs substances les bois-lui- sans, est donc un air vicié. J'ai soumis au vide pneumatique une masse de bois-luisant enfermée dans un vase plein de mercure, et renversé dans un réservoir du même liquide. J'ai fait passer dans l'air qui en a été extrait, de l'eau de chaux qui s'est troublée à l'instant. Il se produit donc de l'acide carbonique. Deux morceaux de bois pris sur la même souche, l’un non encore lumineux, et l'autre en pleine phos- phorescence, ontété plongésséparémentdans deux vases pleins d'eau : le premier n'a fourni, au bout de 20 jours demacération, que quelques parties colorantes et de la matière extractive. L'eau du second, presqu'incolore, étoit un peu trouble, et l'on voyoit-autour du bois, une matière floconeuse et gri- sâtre qui tomboit au fond du vase, sous forme gélatineuse, pour faire place à un nouvel enduit. Cette matière exhaloit une odeur fétide et animale; elle m'a paru déceler les propriétés de l’albumine végétale. J'ai fait macérer une égale quantité de sciure de bois de chêne bien sain, et du bois qui “à cessé de luire, dans deux portions d’eau distillée : la pre- mière eau étoit fortement colorée, et a précipité avec la colle, le sulfate de fer et la potasse caustique. La deuxième a été insensible à ces réactifs, seulement elle s'estun peu troublée avec la potasse. L'eau de macération du bois luisant se trouble ET D'HISTOIRE NATURELLS. 27 facilement au troisième jour ; l’extractif incolore qu'elle t'eut en solution, est plus abondant que dans le bois sain, et paroit beaucoup a concressible. Ce même bois, décomposé par l'acide sulfurique, donne pour résidu un charbon d'un noir puret velouté, semblable à celui de la gomme brülée : le même bois sain, traité de la même manière, en fournit un d'un grain plus grossier et moins noir. La phosphores- cence s'arrête bien avant la destruction du bois: lorsqu'il n'a plus la propriété de luire, celui-ci se trouve avoir perdu toutes ses propriétés physiques, sa flexibilité, sa force de tissu et une grande partie de son poids ; mais le corps ligneux est intact dans son parenchyme, quoique sans force de cohé- sion, et il conserve encore toutes ses propriétés chimiques ; car il est insoluble à l'eau, à l’alkool, et attaquable, comme auparavant , par les acides. Il brûle presque sans flamme, en répandant une fumée très-âcre , etse consume comme de l'amadou. Il est bien constant, pour les poissons, que pendant tout le temps de leur phosphorescence il ne se manifeste aucun mouvement de putréfaction , et il ne se produit aucun chan- gement dans la fibre musculaire. Seulement j'ai constaté que les sucs muqueux, qui suintent des surfaces nouvellement coupées, sont d'abord transparens et fluides ; mais lorsqu'ils sont phosphorescens, ils deviennent sensiblement visqueux, luans, et finissent par se troubler, en laissant séparer de eur substance une poudre grisätre qui leur donne un aspect sanieux: toutefois cette altération même est antérieure à leur décomposition spontanée. La fibre musculaire n'est donc pas le véritable sujet de la phosphorescence, et celle-ci n'a rien de commun avec la putréfaction. Du poisson et du bois-luisant, suspendus dans l'air d’un vase qui contient de la pierre à cautère ou de la chaux caus- tique, et que l'on a soin de bien boucher, s'y éteignent 4 mesure qu'ils se dessèchent; ces mêmes substances repren- nent leur propriété Panthers: lorsqu'elles sont humec- tées. Plongées dans l’eau bouillante, elles perdent promp- tement et irrévocablement leur lueur: à 50°,0 La phospho- rescence n'est que suspendue, et se ranime hors de cette température : à 37°,o non-seulement elle ne s'y éteint plus, mais elle paroît encore y prendre plus d'éclat. J'ai constaté que l'eau bouillante et l'huile fine chauffée À 1000, D 2e 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SR du bois que l’on y plonge, une grande quantité de bulles d'air , et que la phosphorescence cesse avec ce déga- gement. Elle se détruit promptement dans un mélange fri- gorifique d'eau et de glace, à o, et se soutient à une tempé- rature de + 6°,25. Le bois et le poisson, rendus ténébreux dans un milieu froid, se raniment à l'instant par le seul contact des mains. Il n’est pas inutile d’observer que le poisson résiste plus long-temps à l'impression du froid. Le bois luit autant de temps dans l’eau distillée que dans l’eau de rivière, il ne cesse de luire, dans l’une et dans l'autre, qu'au bout de six heures. Le poisson ne s’y con- serve lumineux que deux heures. Il n'est donc pas vrai, comme l’affirme Hulm, que l'eau pure en éteigne prompte- ment la phosphorescence. Du bois-luisant mis dans de l'eau distillée, introduite dans un tube à crosse, et soumise à la pression de 28 pouces de mercure, augmente sensible- ment d'éclat sous cette pression: mais son émanation lumi- neuse ne dure pas plus d’une heure. Le poisson et le bois subsistent lumineux pendant 24 heures dans l'huile fixe : j'ai vu cependant un morceau de bois très-spongieux n'y briller que deux heures, mais pendant tout ce temps-là il se dégagea beaucoup de bulles. La même huile chauffée un peu fortement et refroidie, est mortelle pour la phospho- rescence. L’alkool, l'éther, l’eau de chaux, les solutions de sulfure, les acides étendus, les alkalis et les sels neutres affoiblis exercent la même puissance sur les bois et sur les poissons : il faut en excepter, pour ces derniers, les solu- tions salines très-étendues qui favorisent et conservent leur propriété phosphorique. J'ai rempli un carafon d'eau de mer factice, de manière à y laisser une bonne bulle d'air, j'y ai introduit du poisson bien luisant, et après l'avoir bouché avec un bouchon de liége revêtu de papier, je l'ai renversé en le fixant dansle gouleau d’un grand flacon : au bout de deux heures le poisson n'étoit plus lumineux, mais l'on voyoit un cercle de lumière à la surface de l'eau qui tou- choit le segment d'air, et un anneau phosphorique en bas, entre le bouchon et la paroi intérieure de l'orifice. Cette curieuse expérience me disoit trop de choses pour ne pas m'en assurer à l'instant. J'ai fait bouillir de l’eau factice de mer, dont j'ai rempli parfaitement une fiole à médecine, j'y ai introduit un morceau de poisson-luisant, et j'ai ren- versé la fiole dans un gobelet plein de cette méme eau, en 2T D'HISTOIRE NATURELLE, 29 ayant soin de ne laisser entrer aucune bulle d'air, Au bout de deux heures tout étoit ténébreux, et le poisson et l'eau: l'agitation du liquide n’y suscitoit aucune lueur. J'ai soulevé alors la bouteille de manière à n'y laisser entrer qu’une bulle d'air ; aussitôt toute la solution, ainsi que le poisson, sont devenus lumineux , mais cette lueur n'a duré que 4 à 5 minutes. Je l'ai fait reparoiître à volonté par l'introduction d'une nouvelle bulle; mais à la fin la substance phospho- rescente disséminée dans le liquide, ou contenue dans je poisson, a continué de luire d’une manière permanente, comme dans l'air atmosphérique. Le bois et le poisson-luisant continuent à répandre de la lueur pendant quelque temps dans les gaz azote, hydro- gène et acide carbonique; mais, à la longue, ils s’affoiblissent et s’éteignent tout-à-fait. On ne peut se dissimuler , lors- qu'on est témoin de ce genre d'expériences, que la matière phosphorescente, lorsqu'elle brille, est déjà saturée de l'oxi- gène qui doit servir d'aliment à sa combustion ; aussi, lors- qu'on les plonge dans l'eau, et qu’on les soumet au vide pneumatique, yoit-on se dégager une bonne quantité d'air de l’une et l’autre substance. Deux morceaux de bois mis dans deux vases, dont l’un est plein de gaz oxigène, et l’autre d’air atmosphérique, y luisent aussi long-temps, et d'une manière presque égale. Cette même substance, enfermée dans de l'air atmosphérique comprimé dans le tube à crosse ar une colonne de mercure de 48 pouces , y prend un éclat Sue plus vif, et s'y éteint bien plus promptement que dans l’air ordinaire. J'ai laissé du bois-luisant pendant trois jours consécutifs dans de l'air atmosphérique fermé par l'eau distillée : il y a eu, au bout de 12 heures, une absorption manifeste de + de ligne, laquelle n'a fait que s’accroitre avec le temps. Lorsqu'on enferme de l'air dans un récipient par le mercure, et qu'on y laisse séjourner du bois-luisant, le niveau descend au-dessous du fil indicateur, et annonce un dégagement plutôt qu'une absorption; mais en y faisant passer de l'eau de chaux, celle-ci se trouble, et le volume d’eau diminue. On observe les mêmes phénomènes avec le oisson-luisant, et l’on obtient les mêmes résultats ; mais ‘absorption est plus considérable. Si l’on fait monter à travers le mercure, dans le vide de Toricelli, un fragment de bois-luisant, sa lumière y lan- 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIM'E guit et s'éteint dans 7 ANS ; un pareil fragment, plus com- pact que le premier, s'y maintient lumineux, quoique d'une manière languissante, pendant 8 minutes au moins : l’air soli- difié dans le bois se dégage dans ce cas, avec plus de difficulté. La rentrée de l'air dans le vide ranime la phosphorescence. J'ai rempli de mercure un gros tube barométrique de 4 pieds de long, à 3 pouces près qui ont été occupés par es distillée; j'ai mis dans cette eau un morceau de bois lesté de façon qu'il restât immergé dans ce liquide. La colonne une fois renversée dans l'obscurité, et plongée dans un ré- servoir , j'ai vu le bois luire dans l'eau pendant 7 à 8 mi- nutes, comme précédemment ; mais en approchantune chan- delle de l'appareil, j'aiapperçu un grand dégagement de bulles. Lorsque ce dégagement n’a plus eu lieu, la phosphorescence s'estarrétée. J'ai répété la même expérience dans le vide pneu- matique, en plongeantle bois dansl huiled'olives, après l'avoir lesté comme ci-dessus : la propriété phosphorique a disparu avant que le bois ne se füt dépouillé de tout son air solidifié, et alors la rentrée de l’air dans le vide l’a rappelée. J'ai fait une nouvelle succion, et après avoir attendu qu'il ne se dé- gageât plus d'air, j'ai fait rentrer l'air: le bois immergé dans l'huile, n’a plus repris sa phosphorescence. J'ai soumis le poisson aux mêmes épreuves, et j'en ai obtenu les mêmes résultats, à l'exception que je n'ai jamais pu enlever com- plètement l'air solidifié, et qu'il est redevenu lumineux, quoique dans l'eau ou dans l'huile, aussitôt que, par la rentrée de l'air dans le vide, il a éprouvé la pression atmos- phérique: ce qui prouve que l'oxigène qui entretient cette combustion , n’est pas interposé simplement dans les inters- tices du tissu végétal ou animal, mais bien solidifié et retenu par la substance phosphorescente. Résumé de la quatrième espèce de Phosphorescence. Il est hors de doute, je pense, d'après tous les faits que je viens d'exposer, que la phosphorescence spontanée est une espèce de combustion, dans laquelle il se produit de l'eau et de l'acide carbonique. La substance qui l’'éprouve dans le bois ou dans le poisson, doit donc subir un chan- gement notable, puisqu'elle perd quelques-uns de ses prin- cipes, et que, suivant les apparences, elle marche elle- ET D'HISTOIRE NATUMELLE, 52 mème vers un plus grand degré d'oxidation. Or le principe ligneux dans le bois, et la fibre musculaire dans les poissons, restent inaltérables dans la phosphorescence. En effet, le bois, après cet acte, se trouve bien avoir perdu ses pro- priétés 4e tissu et son principe le plus inflammable; mais les molécules ligneuses subsistent encore dans le parenchyme, et paroissent avoir conservé toutes leurs propriétés physiques et chimiques. Leur défant de cohésion annonce seulement l’absence d'un principe glutineux qui leur servoit à toutes de lien. Ce principe est au ligneux, ce que la gélatine est au phosphate de chaux dans les os. La phosphorescence des bois seroit donc, dans ce cas, un phénomène analogue au rouissage du chanvre, et à la préparation que l'on fait subir aux chiffons dans le pourrissoir des papeteries. Les limites que je me suis prescrites me forçant à ne donner que les resultats de mes observations, je me bornerai à dire que le sujet de la phosphorescence dans les bois est un suc glu- tino-extractif, qui sert d'intermède d’union à toutes les mo- lécules. Ce suc, en raison de son union avec la fécule ligneuse, ne se laisse pas attaquer par l'eau, quoiqu'il s'en pénètre aisément; mais sitôt que l'oxigène atmosphérique s'est combiné avec lui, en éliminant quelques-uns de ses principes combustibles, sa force attractive pour la fécule cesse, et il devient soluble à l'eau. Voilà pourquoi les bois pourris donnent beaucoup plus d'eche cet incolore que le même bois sain, et cet extractif est aussi plus concressible et plus disposé à former des pellicules ou des flocons géla- tineux. La matière susceptible de briller dans les bois, absorbe l’oxigène , est attaquable par tous les réactifs , même les plus foibles, et l’extractif est la seule substance végétale qui jouisse au plus haut degré de ces propriétés. La phos- phorescence des bois n'est donc point le premier mouve- ment de la décomposition spontanée, comme on paroit le penser, mais bien le résultat de la transformation d'un mixte, et de son progrès vers l'oxidation; car je me suis assuré que le glutino-extractif oxigéné et en solution dans l’eau, passe ensuite successivement aux fermentations vi- neuse, acéteuse et putride. Voici quelle est la marche progressive de la décomposi- tion spontanée des bois. D'abord les principes, tannin, astringent et colorant , brunissent, deviennent fauves et se détruisent de la manière qui a été si bien exposée par le 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE célèbre Berthollet. L'eau pénétrant dans le tissu ligneux, elle le gonfle et le ramollit; l'oxigène est absorbé, et il s'établit une combustion lumineuse qui ne cesse que lors- que le bois a perdu tout son suc glutineux. Cet extractif oxigéné, si le bois est toujours abreuvé d’eau, passe le pre- mier à la fermentation, et sert par suite de levain à la fé- eule ligneuse : mais on remarque dans celle-ci deux sortes de destruction. Lorsque le bois pourri est posé sur sa souche, de manière que les eaux pluviales ne séjournent point, et qu'il reçoive alternativement l'influence d'une lumière vive et d'un air humide, il brunit à la longue, se désoxide, se charbonne et finit par se réduire en terreau : lorsqu’au con- traire il est continuellement imbibé d’eau, il s’amollit, devient comme gélatineux, et difflue en laissant ses gaines celluleuses à nu. L'on diroit que ce genre d'altération est semblable à celui que l’acide nitrique lui fait subir, et qu'il s'y forme différens acides; car il s'exhale alors une odeur aigre et de chanci. Lorsque cette dissolution humide est plus avancée, on ne trouve plus de parenchyme mis à dé- couvert comme auparavant, mais, par-ci par-là, des plaques d'une matière jaune, onctueuse et grasse, pareille à celle que le liége laisse sur l'acide nitrique après sa dissolution. Cette substance répand une odeur de fromage pourri, qu’elle communique à la pulpe du végétal en putréfaction. Tout me porte à croire Pelle est le résultat de la décomposition du parenchyme ; car l'odeur animale dont elle est la source, ne se développe qu'au moment où ce réseau vasculaire se détruit. Tel est donc l’ordre de destruction des matériaux organiques du bois : d'abord les principes colorans outanans, puis le suc glutino-extractif, ensuite la fécule ligneuse , et enfin le parenchyme : mais la phosphorescence ne peut être considérée, sous le rapport de la décomposition, que comme un acte préparatoire par lequel le pote glutino-extractif s'approprie les matériaux qui doivent favoriser ou même opérer la disjonction de ses principes constituans. La fibre musculaire, dans les animaux, ne peut pas être non plus considérée corame le sujei de la phosphorescence; car elle n'en éprouve aucune altération, et il'est constant que eette espèce de combustion est antérieure à la putré- faction. D'ailleurs toutes les parties blanches et qui abon- dent en sucs muqueux, comme la peau, les ligamens et les Jaites, sont précisément les plus lumineuses. La matière, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE, 53 qui a la propriété de luire dans les organes animaux, est le sue albumino-muqueux, car seule elle a la faculté d'ab- sorber spontanément l'oxigène de l'atmosphère, et l'on re- marque qu'elle est la seule qui, dans l'acte de la phospho- rescence, éprouve quelques changemens, puisqu'elle de- vient sensiblement plus visqueuse et plastique, et qu'elle finit par se troubler. Dans une température au-dessous de o, le mixte se conserve intact, et marche enfin vers la putré- faction sans avoir lui: à un degré de chaleur trop élevé, les principes constituans, libérés tout-à-coup des liens qui s'opposoient à de nouveaux arrangemens, s'écroulent tu- multuairement les uns sur les autres , et se recherchent sui- vant l'ordre de leurs affinités électives pour former des com- binaisons binaires, qui ne produisent aucune émanation lumineuse. Sous une température modérée, les élémens peu écartés par la chaleur, se maintiennent dans leur union: l'équilibre des affinités, quoiqu'ébranlé, n'est point rompu. Dans cet état d'efforts et de résistance, l'oxigène absorbé arrache au mixte une portion de son hydrogène et de son carbone, pour s'unir isolément avec eux, et c'est à cette élimination partielle, que l'on est redevable du phénomène de la phosphorescence. Ainsi, au lieu de regarder la cha- leur comme une cause favorable au développement de cette propriété, il seroit plus juste de dire que celle-ci ne doit sa naissance qu’à un froid modéré, qui, en vertu de son pouvoir antiseptique, retarde le mouvement de la be faction. Les solutions salines saturées opèrent, sur le suc albumino-muqueux, le même effet que le froid : l'eau douce est comparable, sous ce rapport, à la chaleur, et les solu- tions salines très-étendues, au froid modéré. Ce suc, après avoir fourni de l’eau et de l'acide carbo- nique, et s'être pourvu lui-même d'une plus grande quan- tité d'oxigëne (car il faut observer, qu'avant la phospho- rescence, l'oxigène absorbé n'est que solidifié dans le mixte, et non encore combiné), devient insoluble et concret. La phosphorescence seroit donc un phénomène analogue à celui qui a lieu dans la respiration et dans tout le système vas- culaire, par lequel la lymphe, en éprouvant diverses éli- minations, et en recevant de nouvelles proportions d'oxi- gène, passe successivement à l'état d’albumine concressible de gélatine et de fibrine. C'est à ce grand travail de la na- ture vivante, que l'on est redevable des émanations calori- Tome LXIX. JUILLET an 1809. E 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIM1E fiques qui maintiennent nos corps dans une température constante, et il faut croire que cette transformation géné- rale est accompagnée d'un dégagement de lumière , qui n’est insensible à nos yeux, que parce que l’opacité des parois vasculaires s’y oppose. L'acte de la phosphorescence n’est donc pas un commencement de putréfaction, mais bien le progrès continu d'un mixte imparfait vers un état perma- nent, état néanmoins dans lequel il ne persévère pas long- temps dans les organes privés de la vie, parce que les influences de l'eau, de l'air et de la température rompent bientôt cet équilibre, qui ne peut subsister que sous la pro- tection des forces vitales. D'après cet appercu, il est aisé de rendre compte du phé- nomène des eaux de mer lumineuses, et de la phosphores- cence des animaux vivans. L'on remarque dans les eaux de la mer deux sortes de phosphorescence, l’une discrète et l’autre continue. La première appartient à des animalcules vivans du corps desquels il transsude un mucus phospho- rescent: l'autre dépend de ce même mucus en dissolution dans l'eau, et fourni par ces animalcules, et par tous les mollusques , ou les poissons qui vivent dans cet élément. Quant aux animaux yivans phosphoriques, cette propriété 1lans tous est inhérente à un suc qui suinte aux surfaces extérieures du corps des mollusques, ou qui se trouve en- fermé dans des vaisseaux transparens, comme dans les sca- rabées. Ce suc, pourvu d’oxigène solidifié et non combiné, qui lui a été fourni par les branchies ou conduits aériens de l'animal, a besoin pour luire, surtout dans les scara- bées , que le mouvement organiquè passe de la contracta- bilité, qui est l'état le plus ordinaire à l'être vivant, à celui d'expansion. L'action organique étant susceptible de resserrer ou de dilater toutes les humeurs animales, sui- vant les besoins de la vie, peut donc suspendre sou activer la phosphorescence de ce mucus; c’est aussi ce que l'on remarque dans les animaux terrestres, lorsqu'ils sont ma- lades ou souffrans. Non-seulement la phosphorescence est dépendante des mouvemens organiques, elle est encore sou- mise aux influences de la volonté, ou plutôt aux diverses affections instinctives qui la déterminent. Mais il faut se TABPBÈE que les impulsions instinctives modifient la sen- sibilité organique, que celle-ci, à son tour, agit sur la tonicité des parties : or les passions animales ont divers ET D'HISTOIRE NATURELLE. 35 modes d'action. Les unes, comme la crainte, le besoin ou la tristesse, resserrent les organes et condensent les humeurs ; les autres, telles que la sécurité, les desirs ou la colère, les dilatentet les épanouissent. Le premier mouvement sus- pend l'acte de la phosphorescence. et agit comme le froid et les solutions salines : le deuxième, au contraire, en tem- pérant la rigidité vitale, favorise la propriété phosphori- que. C'est à cet effet expansif des passions vives sur nos humeurs, que les yeux de certains animaux sont redevables de la faculté de s’enflammer et de paroître comme en feu dans les ténébres. Voilà donc les phénomènes des phosphorescences spon- tanées, soit dans les substances mortes, soit dans les ani- maux vivans, ramenés à un seul et même principe, et re- connus dépendans des mêmes circonstances déterminantes, c'est-à-dire ne devant la propriété de luire qu’au pouvoir antiseptique du froid, des sels ou de la vie. L'on trouvera peut-être cet Extrait un peu long ; mais il étoit impossible, avec jus de concision, de donner une juste idée d'un travail aussi étendu et qui contient plus de 400 expériences. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES RER ETREOPARNEEN PARE LERENTS EE AR ATECRE TERRE EP SENS RES ? CENTIGRADE. k Fe A A | | Maximum. | Minimum. |A Mrpx. Maximum. Minimum. A |” z MiIpi.| RP heures. © heures. cu 0 Hevrés. mill. heures. mill. mill. © Ilamidi 25,1 55m. Æ 6,5! 6,53 £ m......: 72/40) St; Rise er. 747,82|749.30| 20,0 ads. +ië7laios. ÆHioo| 16,1 10 s........ 760,00! 4 m..,...... 759,50|756,60| 18,0 ads. H2o,ifà 4m. +197] Æ18,28ù 04 m....... 761,70|à 104 s....... 756,74|76c,84| 18 0 afà midi #22,6/à 35m. Æir,5| 22,8 3 £ m.......755,00 5[amidi +#18,7l49$ +r27| A187hos.......... 752,00|1 midi ....... 747,00|747,08| 17,0 6famidi H19:2/à 35m. + 8,7) Hr9Mhors........ 757,50{à midi... ..... 750,00|750,00| 17,8 7là3s +1i96[àoim. + 9,0! 419,5 1045s.......760,7o|à 0 mt. ...... 757,40|759,82| 17,0 6[à midi —+Æ20,5à3+m. + 9,4] H2o à 31 m......… 761,381à 105..... :..-751,58|758,28| 17,5 gfàmidi® +145 925. ‘ÆHro,o| H1468 9 Les. ....... PL 50| 13 Em... 750,00|752,32| 16,9 1035. +15;|à8£m. + 7,6! Hr5,ohù roLs..,.... 754,724 3 Em... 752,28|752,28| 16,3 trlà midi H17,olà 32m. 8,5]; 417,010 £s....... mOL,TEÏÀ 3 Emi + J. 755,32|756,60| 16,5 1a3s. +H20,7à 35m: Hro,2| 17,9 925. ......765,64|à 3 £m....... 763,12/765,20| 16,7 t3|a 3 s. +Æ19,2|à SE m. 11,5] Æx7,7à 3 £ m....... 764,00fù 94 s........ 763,40|764,00| 16,5 144335. +#24,4|à3 ni. 13,2] H22,99à 3€ m....... 762,001 95s........ 757,90/760,00| 18,0 15là midi H16:5|à 3 1 m. ÆT2,7| +20,5fà 5 #'m....... 757,88[à 3 5......... 757,00|757,28| 16,8 16|à midi +-20,7là 32 m. +10,6| H20;7à 10 1... .... 760,44|x 33 m........ 757,561759,28| 18,6 17 8 s. 42r,7/à 8 £m Æ 8,5! Æ19,6à 3 2m... ... 760,22lù 105.:1..2.:.757,50|750,62| 18,5 18,235. 20,5 35m, Æ13,9] LrooMoËis...., 2 757joo0là18 $ . 1 à. :.2:708,28|755,85, 18,6 19jà24s. +10,6[à3Èm. + 9,5] 18,7 32 m....... 758,301 34 m....... 757.08|757,40 10,0 201à midt +22,6|à 3 & m. +ro,5| -L22,68à 10 s........ 762,50[k34m........ 759,50|761,00| 19,0 21|à33:s. —23,09|à 32 m. Lro,8 23,81 10 Ls....... 765,4o[à 3+1m...... .-764,00|764,62| 19,7 22|à33s. “H2oolà 3m. 13,0] 10,584 midi ....... 766,76[À 35 m....... 766,00|766,76| 19,6 23/à 345. “+Hor,elà 3+m. +r2,5| Ho2o,7hi midi. ...... 766,08 ANA LS ae chuis 765,40|766,08 19,6 24là35s +20,1|à 3 m."+13,2| 419,78à 9 + Se ge - - » : 707300 à 2m........765,98|707,01| 19,6| M 25/à 2245. #18,0/à 3 Em. Æri,o| H17,2à midi........768,76[1 32 m........707,50|768,76| 19,1 | 261à35s +19,1/à 3 À m. Æ 9,| 17,2 33m........ 767,20là 10 s........76444|766,42| 17,8 27|à3s “+Hi9,oà4m. + 9,2] +10,1fà 4 m......... 764,0Blà 103 5....... 761,70|762,02| 18,3 28[à midi “2r1là 4m. + Gps 21,1hà0+m....... 761,56[à 103 5....... 759,08|760,00| 18,5 29{à midi <2r,olà 4m. de grain d'eau , quantité à peine ap- préciable, et qu’on produiroit seulement en soufflant dessus, pour repasser à l'état d’alkaii. Ainsi, dans le naphte, cet amalgame trouvoit assez d'oxi- gène pour se décomposer presqu'aussi vite que dans l'air, en pa de l'ammoniaque et de l'hydrogène. Dans les uiles il dégageoit de l hydrogène, et produisoit un savon ammoniacal. Les amalgames obtenus de l'ammoniaque par l'intermède des bases métalliques des alkalis fixes, ou des terres alkalines, PORE contenir une plus grande proportion de la base de ’ammoniaque, que ceux qu'on produit sans intermède, par l'action électrique; et lorsqu'on les combine en quantité un peu considérable avec les bases des alkalis ou des terres, ils sont beaucoup plus permanens. Ainsi, des composés triples, de cette espèce, bien essuyés, produisent à peine de l’ammo- niaque dans l'huile ou le naphte, et on peut les conserver long-temps dans des tubes fermés. Dans une expérience fort délicate de distillation de l'a- malgame triple dans un tube de verre, l'auteur obtient un résultat qui l'embarrasse en lui montrant une production L 2 84 JOURNAL DPF PHYSIQUE ,:DE CHIMIE d'ammoniaque! indépendante de toute présence d'oxigène. Mais en y regardant de plus près, il reconnott que la solution d’ammoniaque , et peut-être même celle de potasse , présente dans le procédé, a pu fournir l’eau, qui, portée à l’état de vapeur, s'est décomposée et a fourni l'oxigène, lequel a re- composé l'ammoniaque et l'hydrogène qui s’est montré en nature dans l’expérience. L'auteur a cherché à se procurer un amalgame d'ammo- . niaque exempt d'humidité, en chauffant l’amalgame de potassium dans le gaz ammoniacal. Il s'y est couvert d'une couche de potasse; mais il n’a point augmenté dans ses di- mensions , et il s'est dégagé une quantité considérable de gaz non absorbable, composé de cinq parties d'hydrogène sur une de nitrogène. L'’amalgame, après cette opération, ne pro- duisoit point d’'ammoniäque à l'air; d'où il paroit probable que pour que da désoxigénation de l'ammoniaque puisse s’opérer, et pour que sa base se combine avec le mercure, il faut que l'alkali soit, non point à l'état élastique, mais con- densé comme il se trouve dans les sels ou dans les solutions qui le contiennent ; ou que soit saisi par l’affinité à l'instant où il quitte la forme solide pour devenir élastique; passage que les chimistes sont convenus de désigner par l’épithète d'état naïrssant; s’il est tout-à-fait é/astifié, ou à l’état de gaz, ilest alors à l'abri de l'action chimique qui tendroit à lui en- lever sa base. Dans le sixième et dernier chapitre de son Mémoire, M. Davy s'élève à des considérations générales liées avec la mé- tallisation des alkalis'et des terres. « Plus l’on considère, dit:l, les propriétés de l'amalgame obtenu de l’ammoniaque, et plus elles paroissent extraor- dinaires » Le mercure, par sa combinaison avec: de son poids d'une matière nouvelle, passe à l’état solide. En même temps sa pesanteur spécifique diminue depuis 15,5 jusques à moins de 3; et il conserve cependant tous ses caractères métal- —liques; sa couleur, son lustre, son opacité, sa faculté con- ductrice. » « On peut à peine concevoir qu’une substance qui forme avec le mercure un amalgame aussi parfait, ne soit pas mé- tallique de sa nature; car le soufre et le phosphore, suscep- tibles aussi de se combiner avec ce métal, masquent tout-à- fait son caractère métallique dans la combinaison. Cepen- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 dant il faut avouer que certains métaux imparfaits con- servent ce caractère à l'état de sulfures et de phosphures. Mais cette exception ne prouve rien contre des faits positifs; et pour faciliter la discussion , nous supposerons que la base de l’ammonuiaque est une substance particulière que nous nommerons &@7/27/10/11UIIL. D « Mais, sur quoi reposent les propriétés métalliques de l'animonium ? » L'hydrogène et le nitrogène sont-ils des métaux suscep- tibles de demeurer aériformes à la température atmosphé- rique ordinaire , comme le zinc et le mercure le sont à la tem- pérature de l’ignition? » Ou bien ces gaz, sous leur forme ordinaire, sont-ils des oxides qui se métallisent lorsqu'on parvient à les dé- soxider ? » Ou enfin, sont-ce des corps simples, non-métalliques de leur nature, mais capables de composer un métal dans leur état de désoxigénation, et un alkali lorsqu'ils sont oxigénés ? » Ces problèmes, dont le second, m'a été suggéré par M. Cavendish, et dont le troisième a été mis en avant par M. Berzelius, présentent les objets de recherche les plus im- portans. » L'auteur avoue que jusqu’à présent il n'a pu les ré- soudre par expérience. Il a essayé de chauffer l'amalgame de potassium en contact avec l'hydrogène et le nitrogène, mais sans réussir à les métalliser. Ce fait ne prouve rien pour ou contre l'un des trois systèmes qu'on vient d’énoncer. « J'avois dit (ajoute-t-il), dans ma Lecon bakérienne pour 1807, qu'on pourroit soutenir une théorie phlogistique mo- difiée, en admettant que les métaux et les solides inflam- mables, qu’on nomme s/mples, sont des composés de la même matière qui existe dans l'hydrogène, unie à des bases par- ticulières inconnues; et que les oxides, les alkalis et les acides sont des composés des mêmes bases unies à l'eau. Cette hypothèse expliqueroit les phénomènes que présentent les métaux qu’on obtient des alkalis fixes. » On pourroit considérer de la même manière les faite qui se rapportent à la métallisation des terres et de l’ammo- niaque , et peut-être cette classe de résultats est-elle encore mieux expliquée par ce système. Cependant il me paroit 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE moins simple que ne l'est la théorie reçue de l'oxigénation que je leur ai appliquée ; c'est-à-dire, la théorie de Lavoisier. Les seuls bons argumens en faveur d'un principe commun d’inflammabilité se puisent dans quelques-unes des analogies nouvelles que présente la science électrochimique. »..... L'oxigène est parmi les corps qu'on peut supposer élémen- taires, le seul qui soit attiré par la surface positive dans le circuit électrique ; l'hydrogène est la seule matière attirée par la surface négative, et qu on peut considérer comme jouant le rôle opposé à celui de l'oxigène. Ne se pourrait-il pas que les divers corps inflammables que l’on suppose simples, eussent l'hydrogène pour élément commun? » Mais si cette supposition venait à être appuyée par l'ex- périence, les alkalis, les terres, et les oxides métalliques n'en appartiendroient pas moins à la même classe de corps. À partir du platine Ne potassium il y a une gradation suivie et régulière dans les propriétés physiques et chimiques, et cette gradation s'étendroit probablement jusqu'à l’'ammo- nium, si on pouvoit obtenir celui-ci sous forme solide. Le platine et l'or diffèrent plus de l’arsenic, du fer et de l'étain, que ces derniers ne diffèrent du barium et du strontium. Les phénomènes de la combustion de tous les métaux oxidables par cette voie, sont précisément analogues. L'arsenic, brülant dans l'air, forme un acide; le potassium, un alkali, le cal- cium , une terre. Et, de même que l'osmium forme une subs- tance volatile et âcre en absorbant l’oxigène, ainsi l'amal- game d'ammonium produit l’alkali volatil ; et si nous suppo- sons que l’ammoniaque est métallisé lorsqu'on le prive d'eau, et qu on le combine avec l” dordesqee on peut en dire autant des autres métaux; à la différence que dans ceux-ci l'adhé- rence de leur phlogistique ou hydrogène seroitexactement en raison inverse de leur attraction pour l’oxigène. Dans le pla- tine ce principe seroit combiné avec la plus grande énergie; dans l’ammonium, avec la plus foible. Et s'il est séparable d'un métal quelconque, sans l’aide d'une combinaison nou- velle, on peut surtout attendre ce résultat dans les métaux. les plus volatils et les plus oxidables, tels que l'arsenic, ou les métaux des alkalis fixes, lorsqu'on les soumet à une cha- leur intense sous les polarités électriques, et soustraits à la pression de l'atmosphère. » Ici l’auteur discute, dans une note étendue, l'opinion émise par deux célèbres chimistes français, MM. Gay-Lussac et ET D'HISTOIRE NATURELLE, 87 Thenard (Moniteur, n° 148, pour 1808), savoir, que le po- tassium pourroit être un composé d'hydrogène et de potasse. Il croit que les phénomènes qu'ils ont observés en chauffant le potassium dans l'ammoniaque, peuventaussi naturellement s'expliquer en supposant le potassium un corps simple, qu'en en faisant un hydrure de potasse; et il soutient au contraire que les faits qu'il a annoncés, et ceux qu'il va indiquer, ne permettent pas d'admettre cette dernière hypothèse. La belle expérience de la décomposition de la potasse par l’intermède du fer, à une haute température ( procédé que la science doit à ces habiles chimistes), répétée avec succès par M. Davy, lui donne lieu de conclure que la potasse pure, combinée avec l'hydrogène, ne peut pas former le potassium. Voici le Fait, et la conséquence qu'il en tire. » On maintint, dit-il, en état d'ignition, pendant quelque temps, une once de potasse dans un tube de fer adapté, à frottement conique, à un canon de fusil dans la courbure duquel on avoit fait rougir à blanc une once et demie de tour- nures de fer (1). On ouvrit la communication entre la potasse liquide et le fer, en retirant une broche qui fermoit Î'orifice par lequel l’alkali pouvoit couler sur le métal. » Au moment du contact il se dégagea un gaz, qu'on reçut dans un appareil approprié; et quoiqu'il s’en perdit une partie, qui s'échappa du côté par lequel couloit de la po- tasse, on put cependant en recueillir environ un demi-pied cube, et on reconnut que C'étoit de l'hydrogène. On trouva (x) « Depuis que ceci est écrit (ajoute l’auteur dans une note manuscrite), j'ai examiné, dans une grande variété de circonstances , l’action réciproque du potassium et de lammoniaque. Lorsqu'on fait l’expérience en contact avec le platine, et qu’on exclut entierement l’humidité, il ne se reproduit presque point d’ammoniaque ; et en distillant jusqu’au rouge blanc, on n’ob- tient guère plus de la moitié du nitrogene et de l’hydroyene qui devroient le composer. Il y a donc dans cette expérience perte de nitrogene; et pour cé nitrogene, on ne peut trouver que l’oxigene qui s’est uni au potassium, et un peu d'hydrogène. Un nombre d’expériences ; qui m'ont occupé pendant en- viron quatre’mois, et dans lesquelles j'ai exclusivement employé des cornues de verre blanc, et des tubes de fer poli, ou des tubes de platine, m'ont con- duit à cette conclusion formidable, et à laquelle j'ai résisté aussi long-temps que je lai pu; savoir: que l’ammoniaque et Veau sont composés d’une même matière, ou base pondérable ; et que leurs formes particulières et celles des gaz qu’on en retire, savoir , l’oxigene, l'hydrogène, le nitrogéne et les composés nitreux, dépendent des forces électriques ; c’est-à-dire d’agens impendérables. » . 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE É L dans le tube deux produits ; l'un, pesant quelques grains, contenoit le potassium combiné avec une petite proportion de fer, et qui s'étoit sublimé dans l'opération; l'autre étoit une substance fixe , métallique, blanche, formant un alliage de fer et de potassium. » La première de ces deux substances brüloit jetée dans l'eau ,et elle ressembloit, par ses autres caractères , au potas- sium pur, excepté que sa pesanteur spécifique étoit plus rande, son lustre métallique, moins brillant; et que par as de l'air, elle prenoit une couleur beaucoup plus fon- cée que ne le fait le potassium pur dans la même circonstance. » Or la potasse à l’état d'ignition , est la forme la plus pure connue de cet alkali. Cependant, d'après la théorie de MM. Gay-Lussac et Thenard , cette potasse doit contenir assez d'eau, non-seulement pour fournir l'hydrogène qui doit mé- talliser l'alkali, ou le transformer en hydrure, mais aussi la quantité qu'on a recueillie en nature. Ainsi la potasse in- candescente devroit, dans la même théorie, contenir une quantité considérable d'une matière capable de fournir l'hydrogène; or quelle seroit la forme , quelles seroient les propriétés de cette même potasse , si elle étoit privée de cette matière, c'est ce que nous ne pouvons décider, et ce qui ra- mène la question aux termes où on l’a prise. » Comparant ensuite les propriétés connues du potassium, avec celle qu'on pourroit attendre à priort d'un composé de potasse et d'hydrogène, les dissemblances que l'auteur fait ressortir, forment pour lui un argument contre l'hypothèsede l'hydrure; c'est sans doute le plus indirect et le plus foible. « Mais, ajoute-t-il, sil’on ne pouvoit expliquer l’expérience des chimistes français, autrement qu'en supposant que l'hydrogène provient du potassium, ce seroit là un fait précis et marquant en faveur de l'ancienne théorie du phlogistique. D'ailleurs il ne prouveroit pas que le potassium est un com- posé d'hydrogène et de potasse, mais d'hydrogène et d'une base inconnue; et que la potasse est cette même base unie à l'eau. » Nous revenons au texte. « Quel que soit le jour, dit l’au- teur, que de nouvelles découvertes pourront jeter sur ce sujet, les faits avancés prouverontau moins qu'on a fait un pas vers la connoissance de la véritable nature des alkalis et des terres. » On N ET D'MISTOIRE NATURELLE. 89 » On en a séparé quelque chose qui fait partie de’ leur poids ; que ce soit de l'oxigène, ou bien de l'eau, le corps inflim- mable estmoins composéquene l'est la substance non-inflam- mable qui résulte de sa combustion. » On pourroit former, d'après les nouveaux faits électro- chimiques. d'autres hypothèses, dans lesquelles il seroit pos- sible d'admettre encore moins d’élémens que n'en supposént les théories antiphlogistique, ou phlogistique. On peut re- marquer que certains états électriques coincident toujours avee certains états chimiques des corps. Aïnsi les acides sont constamment négatifs; les alkalis, toujours ‘positifs; et les substances inflammables, éminemment positives ; et j'ai de même remarqué que les matières acides électrisées positive- ment, et les alkalines électrisées négativement, semblent os toutes les propriétés qui: les caractérisent, et leurs orces de combinaison. On voit que dans ces cas les qualités chimiques dépendent des forces électriques; et il n'est pas -impossible qu'une matière identique , mise sous des in- fluences électriques différentes, ne se montre sous des formes chimiques très-variées. » L'auteur développe cette idée neuve dans une note. « Si l’on établissoit, dit-il , unethéorie neuvelle, qui fit dépendre les formes chimiques de la matière des influences électriques auxquelles'elle seroit soumise , alors les faits qui concernent l'ammonium seroient bien plus facilement expliqués. On pourroit le supposer un corps simple qui, en se combinant avec des quantités, d'eau différentes, et dans. divers. états -d’électricité, formeroit le nitrogène, l'ammoniaque, l'air commun, l’oxide nitreux, le gaz nitreux et l'acide ni- trique. UT » D'après cette idée, V’eau devroit entrer comme principe “constituant dans tous les gaz. Electrisée positivement , elle seroit l’hydrogène; négativement, l'oxigène. Et, de même que dans les expériences physiques de température, la glace “ajoutée à l'eau en vapeur produit par un équilibre de chaleur “l'eau liquide’; ainsi, dans l'expérience chimique de la dé composition de l'eau, les électricités positives et négatives de l'oxigène et de l'hydrogène dans certaines proportions, se détruiroient réciproquement; et l’eau seroit Le résultat de cet équilibre. Dans tous les cas l’ammonium, substance simple, ou substance composée , doit être considéré comme Tome LXIX, JUILLET an 1809. M 1 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE devant son attraction pour l'oxigène, à son état électrique éminemment positif, lequel est indiqué par sa détermina- tion énergique vers la surface négative dans le circuit vol- taïque. RM EL » Si je hasarde ces idées (ajoute-t-il en terminant son Mé- moire),cenest pas que j'y ajoute beaucoup d'importance : le temps n'est pas encore venu en chimie où l'on pourra s'occuper utilement de ces discussions. On commence seu- lement à présent à considérer les facultés les plus subtiles de la matière; vouloir les comprendre dans les vues géné- rales, ce seroit construire un édifice sur des bases foibles et imparfaites, | » Mais, quelle que soit la destinée de la partie spécula- tive! de la recherche, les faits restent; ils recevront plu- sieurs applications ; ils-expliqueront, je l'espère, quelques phénomènes de la nature. _ » Les métaux, bases des terrés, ne peuvent exister purs “à la surface du globe; mais ik est très-possible qu'ils For- ment partie de son intérieur. Cette supposition expliqueroit les phénomènes des volcans, la formation des laves, les dégagemens de chaleur souterraine, en admettant que l'eau ou! l'air, pénètrent quelquefois jusqu'aux! couches qui ren- ferment ces matières. On devine le dégagement de chaleur qui doit s'ensuivre, et l'on voit maître.en même temps les matières terreuses et pierreuses par l’oxidation de ces bases métalliques. » L'apparence lumineuse de ces météores qui accompa- gnent les pierres tombant de l’atmosphère, est une des cir- constances singulières de ces phénomènes d'ailleurs si re- marquables. On pourroit l'expliquer en supposant que ces substances qui tombent, arrivent à notre atmosphère dans leur état métallique; et que les terres, dont elles sont prin- cipalement formées , sont le résultat d’une combustion qu'elles éprouvent dans l'oxigène de l’air. Mais en rendant raison du phénomène particulier de la lumière et de la cha- leur de ces météores, on n'a pas fait un pas vers la décou- verte de leur origine. ) PE Re Pr ET D'HISTOIRE NATURELEE, (SL NOUVELLES LITTERAIRES. Tome IVe in-8°, de 660 pages, du COURS COMPLET D'AGRICULTURE PRATIQUE, d Economie rurale et do- mestique, et de Médecine vétérinaire; par l'abbé Rozier ; rédigé par ordre alphabétique : Ouvrage dont on a écarté toute Théorie superflue, et dans lequel on a conservé les procédés confirmés par l'expérience, et recommandés par Rozrer, par M. Parmentier et les autres Collaborateurs. que Rozier s'étoit choisis. On y a ajouté les Connoissances pratiques acquises depuis la publication de son Ouvrage, sur toutes les branches de l'Agriculture, de la Médecine des animaux ét de l'Economie rurale et domestique, par MM. Sonnini, Tollard ainé, Lamarck, Chabert, Lafosse, Fromage de Feugré, Cadet de Vaux, Heurtault-Lamerville, Curaudau, Charpentier- Cossigny, Lombard, Chevalier, Cadét-Gassicourt, Pofret, de Chaumontel, Louis Dubois, V. Demusset, Demusset de Cogners et V’erllard. Six volumes in-8°, de 600 pages chacun, avec le portrait de Rozter , celui de M. Parmentier , et 30 planches gravées en taille-douce. Ce Tome IVE de 660 pages, et qui comprend les lettres GO à M inclusivement, avec 5 planches ( dont 4 doubles, gravées en taille douce), est du prix de 7 fr. broché, pris à Paris, et 9 fr. par la poste, franc dé port. Les TomesI, II et III sont chacun du même prix. Le Tome V® paroitra incessamment. b À Paris chez Fr. Buisson, libraire éditeur, rue Gilles- Cœur , n° ro; Léop. Collin, libraire, même rue, n° 4. Ce volume n'est pas moins intéressant que les premiers. Parmi le grand nombre de bons articles qu'il contient, nous y avonsidistingué particulièrement les mots, Laïes, haricots, houblon, jardin, labour, moutons, muürier...….. M 2 ° 92 JOURNAL DE PFHYSIQUE, DE CHIMIE Ænnales des Voyages, de la Géographie et de l'Histoire, où Collection des Voyages nouveaux les plus estimés, tra- duits de toutes les langues européennes, des relations ori- ginales inédites, communiquées par des voyageurs français et étrangers, et des Mémoires historiques sur l'origine, la langue , les mœurs et les arts des peuples, ainsi que sur le climat, les productions et le commerce des pays jusqu'ici peu connus; accompagnées d'un bulletin où l’on annonce toutes les découvertes, recherches et entreprises qui tendent à accélérer les progrès des sciences historiques, spécialement de la Gébérhphier et où l'on donne des nouvelles des voya- geurs et des extraits de leurs correspondances, avec des cartes etplanchesgravéesentaille-douce; publiées par M. Malte-Brun. Cahier troisième du tome vrr, et cahier premier du tome vu, Le 1er cahier du tome vit contient un Apperçu de la Mo- narchie autrichienne et de ses différentes parties, et une | Lettre sur Avignon. | Le 1 cahier du tome vit contient, 1° un Tableau de Vienne en Autriche; 2° un Mémoire sur les tours de force et d'adresse usités parmi les Hindoux , par le colonel Irouside ; 5° un Tableau physique des Asturies, d'après un Ouvrage espagnol du docteur Casal; 4° la Description de l'ile Bor- nholm et des ilots d'Erthalm situés dans la mer Baltique, par lés Rédacteurs. va Ces deux nouveaux cahiers n'intéressent pas moins le lecteur que les précédens. XI° Cahier de la seconde Souscription, ou XXII de la Collection des ANNALES DES VOYAGES, DE LA GEO- GRAPBIE ET DE L'HISTOIRE, publiées par M. Marrs- Brun. Ce Cahier contient le Portrait du Prince de Ligne, avec les articles suivans: | Réflexions sur les anciennes Observations astronomiques. des Chinois, et sur l'état de leur Empire dans les temps les plus reculés, lues à l’Institut de France ; par M. de Guicwe fils; — Correspondance de MM. WazkenaAEr et GRABERG, sur les manuscrits d'UsonrmAre, conservés à Gênes; — Notice sur le Tyrol'et le Voralberg, par le Rédacteur; —Sur les tra- vaux de M. Gosserin, relatifs à la Géographie ancienne de l'Inde ; — England Wales, Irrland und Schottland, etc. Souvenirs d’un Voyage fait en Angleterre ; dans les pays. de Galles, l'Irlande, l'Ecosse, pendant les années 1802 et 1808; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 93 a M. Gozpr; — Sur le Danube; par le Maréchal Prince e Licne. Chaque mois, depuis le 1e septembre 1807, il paroît un Cahier de cet Ouvrage , accompagné d'une Estampe ou d’une Carte géographique, souvent coloriée. La première Souscription est complète, et coûte 27 fr. pour Paris, et 33 fr. par la poste franc de port. Les Per- sonnes qui souscrivent en même temps pour les 1° et 2° Sous- criptions, payent la 1re3 fr. de moins. Le prix de l'Abonnement pour la seconde Souscription est de 2% fr. pour Paris, pour 12 Cahiers, et de 14 fr. pour 6 Cahiers. Pour les Départemens, le prix est de 30 fr. pour 12 Cahiers, rendus francs de port par la poste, et de 17 fr. pour 6 Cahiers. En papier vélin le prix est double. L'Argent et la Lettre d'avis doivent être a/ffranchis et adressés à Fr. Buisson, Libraire , rue Gilles-Cœur, n° 10, à Paris. M. de Guigne ne partage pas, comme l'on sait, les idées de ceux qui croient le peuple chinois très-ancien et très- instruit. Après avoir exposé tous les faits qui peuvent éclaircir cette question, il en tire les conclusions suivantes, qui ne sont pas adoptées par tous les savans. 1°. On voit, dit-il, que les anciennes observations astro- nomiques des Chinois durant l’espace de plus de dix-sept ans, c'est à-dire depuis 2514 jusqu'en l'an 776 avant notre ère, sont incertaines , et que ce n'est que depuis cette der- nière époque et celle du tchom-tsiêon de Confucius, l'an 722 avant J.-C., que les éclipses sont marquées avec plus de précision. 2°. Les Chinois, loin de former un empire florissant sous Hoang-Ty, 2698 ans avant J.-C., n'étoient qu'un peuple foible à cette époque, et méme long-temps après. Cet em- pire n’a pris de la consistance qu'environ Puit à neuf cents ans avant J.-C. Nouveau Dictionnaire de Chimie, par M. H. Kzarrora, Docteur en Philosophie, Conseiller au Collége suprême de Santé de S. M. Prussienne, Professeur de Chimie, Membre de l’Académie des Sciences de Berlin , et de plusieurs autres Académies et Sociétés sayantes , 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Et F5. Wovrr, Docteur en Philosophie, Professeur au Gymnase de Joachimsthal; Traduit de l'Allemand et accompagné de Notes, par E. J. B. Bouirzon LaGranGe, Docteur en Médecine, Pro- fesseur à l'Ecole de Pharmacieet au Lycée Napoléon, Membre de plusieurs Sociétés savantes, françaises et étrangères, Et A. Vocez, Pharmacien de l'Ecole de Paris, Prépara- teur des Cours de la même Ecole, et Membre de la Société de Pharmacie de Paris. Cinq ou Six Volumes in-8°, sur caractère de philosophie interligné, grande justifieation; avec le Portrait de M. FH. Kla- proth , et des planches gravées en taille-douce. A Paris, chez Buisson, libraire, rue Gilles-Cœur, n° 10. Cet Ouvrage, quoique publié sous le titre de Diction- naïre, présente la même instruction que les Livres Elémen- taires sur la Chimie: l’on y trouve la Description des Pro- cédés, et la Théorie adoptée par les Chimistes modernes. Les Auteurs allemands ont su donner à leur travail un autre but d'utilité, en présentant aux Minéralogistes les Descriptions les plus exactes et les Analyses des Minéraux, faites tant en France que chez l'Etranger. La haute répu- tation de Klaproth ne laisse aucun doute sur la manière dont cette partie a été traitée. M. Klaproth, à qui l'on communique la version française, veut bien donner aux Traducteurs des Notes supplémentaires à ses premiers Volumes. Les Traducteurs accompagnent de Notes cet Ouvrage, de manière qu'il renferme toutes les Découvertes faites jusqu'à ce jour. On ya joint aussi quelques Gravures, représentant les principaux Appareils employés dans les Opérations chi- miques. Mémoires de Physique et de Chimie de la Socrété d'Ar- cueïl. — Tome Il. | À Paris chez M" veuve Bernard, libraire, quai des Au- gustins, n° 25. La Société d'Arcueil est composée de: MM. Laplace, Thenard, C. L. Berthollet, Decandolle , Biot, Collet-Descostils , Gay-Lussac, . A. B. Berthollet, Humboldt, Malus. u ET D'HISTOIRE NATURELLE. Q? La meilleure manière de faireconnoitre cet Ouvrage, est d’in- diquer le sujet des Mémoires qui y sont renfermés. — "Tome II. Table des Matières. De l’action des acides végétaux sur l'alcool, sans l'inter- mèdeetavecl'intermèdedes acides minéraux ; par M. Thenard. Essai sur la combinaison des acides, avec les substances végétales et animales; par M. Thenard. Observations sur les proportions des élémens de quelques combinaisons; par M, C. L. Berthollet. Nouvelles observations sur les gaz inflammables, dési- gnés par les noms d'hydrogène carburé et d'hydrogène oxt- carburé; par M. C. L. Berthollet. Expériences sur la production du son dans les vapeurs; par M. Biot. j Note sur la direction des tiges des plantes vers la lumière ; par M. Decandolle. Sur le mouvement de la lumière dans les milieux dia- phanes ; par M. Laplace. Sur une propriété de la lumière réfléchie ; par M. Malus. Mémoire sur le rapport qui existe entre l'oxidation des mé- taux et leur capacité de saturation par les acides ; par M. Gay- Lussac. j + Mémoiresur l'analyse comparée de l'arragonite et du carbo- nate de chaux rhomboïdal, avec des expériences sur l’action que ces substances exercent sur la lumière; par MM. The- nard et Biot. Mémoire sur la combinaison des substances gazeuses, les unes avec les autres; par M. Gay-Lussac. Sur la vapeur nitreuse, et sur le gaz nitreux considéré comme moyen eudiométrique; par M. Gay-Lussac Sur une propriété des forces répulsives qui agissent sur la lumière; par M. Malus. Mémoire sur l'analyse del’ammoniac; par M. A.B. Berthollet. Extrait des Mémoires lus à l'Institutdepuisle7 mars18o8jus- qu’au 27 février 1809; par MM. Gay-Lussac et Thenard. Recherches sur la respiration des poissons ; par MM. Pro- yençal et Humboldt. Expériences sur la propagation du son à travers des corps sans et à travers.l'air dans des tuyaux très-éloignés; par . Diot,. Sur le sulfure de plomb; par M. Descotils. 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Notes sur divers objets ; par M. C. L. Berthollet. Sur la chaleur produite par le choc et la compression. Sur les bézoards orientaux. Sur les changemens que la respiration produit dans l'air. Sur le mélange réciproque des gaz. Sur les rapports des quantités dans les élémens des combi- naisons. Sur l'azote retiré du charbon par l'action de la chaleur. Addition auMémoire inséré dansle premier volume, sur l'air contenu dans la vessie natatoire des poissons ; par M. Biot. Note sur la combinaison des matières végétales et animales avec les acides. Le premier volume, qui a paru en 1808, se trouve à la même adresse. ACL Er DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Suire du Mémoire sur [La Phosphorescence ; par M. J. P. Dessaignes, Pag. 5 Tableau météorologique ; par M. Bouvard, 36 Rapport sur le cristal pesant destiné à la formation des lunettes achromatiques, présenté à l'Institut par M. Dufougerais, manufacturier de $. M. l'Empereur et Ror, fart à la Classe des Sciences mathémathiques et physiques, par M. le Secrétaire perpétuel, dans la séance du lundi 10 avril 1800. Voyage d'Alex. de Humboldt et Aimé Bompland. Trot- sième Partie. Essai politique sur le Royaume de la Nouvelle Espagne. Troisième Livraison. (Extrait.) 45 Tableau comparatif des Résultats de la Cristallogra- phie et de l'Analyse chimique relativement à la Classification des Minéraux; par M. l'Abbé Haüy. (Extrait par J. C. Delamétherie. ) 56 Recherches électro-chimiques sur la Décomposition des Terres ; avec des Observations sur les métaux qu'on obtient des terres alkalines , et sur l'amalgame pro- . * duit avec l'ammoniaque; par H. Davy. (Suite.) 78 Nouvelles Litiéraires, gr 38 JOURNAL DE PRE PYES LOUE: DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AOÛT ax 1800. TRAITÉ DE MÉCANIQUE CÉLESTE; Par M. LAPLACE, Chancelier du Sénat-Consérvateur, Grand-Officier de la Légion d'Honneur, Membre de l'Institut et du Bureau des Longitudes de France, ‘des Sociétés royales de Londres , de Gottingue, etc., etc. EXTRAIT de l'Edimbours Review. Daxs le volume de janvier de 1808 du Journal anglais qui a pour titre ÆEdimbours Review, on a rendu un compte très-détaillé et fort bien fait du Traité de Mécanique cé- este. Comme on a rendu un compte semblable dans plu- sieurs n% du Journal de Physique, on se bornera ici à rapporter les réflexions curieuses et intéressantes par les- quelles l'auteur anglais termine son analyse. « L'Ouvrage de Laplace offre, dit cet auteur, l'exemple, jusqu'à présent unique dans l’histoire des sciences, d’une Tome LXIX, AOÛT an 1800. N 99 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIX théorie absolument complète ; d’une théorie qui, non-seu= lement explique tous les phénomènes connus, mais qui en a signalé d'autres ignorés jusqu'à elle, et que l’observation a reconnus depuis. Dans cette théorie, le mouvement ellip- tique des planètes rapporté au soleil, les irrégularités qui proviennent de leur action mutuelle, tant des planètes prin- cipales entre elles, que des satéllites entre eux, et des pla- nètes principales-sur les satellites; tous ces phénomènes, disons-nous, sont déduits du principe unique de la gravi- tation; de cette force mystérieuse, qui unit à la fois et les régions les plus éloignées de l’espace, et les périodes les plus distantes de la durée. Ajoutons à cet ensemble déjà si beau, les grandes vérités découvertes, et rigoureusement démontrées par l'analyse, de cette influence gravifique dans toutes ses combinaisons; savoir, que toutes les inégalités de notre système sont périodiques ; que, par une loi im- muable de la nature, chacune reparoit dans le même ordre et dans les mêmes limites; que les distances moyennes des planètes au soleil, et les temps de leurs révolutions autour de cet astre, ne sont susceptibles d'aucun changement; que notre système est ainsi à l’abri des causes naturelles de des- truction; que l'ordre et la régularité se perpétuent au milieu de tant de causes perturbatrices ; — enfin, que dans le gou- vernement de l'Univers l'anarchie est exclue à toujours. » Non-seulementl'Ouvrage dañs lequel ce tableau sublime est tracé honore son auteur, mais la race humaine peut s'en faire un titre de gloire. Il marque certainement le terme le plus élevé‘que l’homme ait atteint dans l'échelle du per- fectionnement intellectuel. On peut dire dans ce sens, que le mérite de cette production n'appartient pas tout entier à l'auteur, et que des physiciens et des mathématiciens de tous les siècles pourroient y réclamer quelque part; leurs efforts, depuis Euclide et Archimède jusqu'à Newton et Laplace, ont tous concouru à élever ce monument, tous ont été nécessaires pour former l'auteur capable de produire ce grand Ouvrage et le petit nombre d'hommes qui peuvent l'entendre. Tout mathématicien qui a contribué à reculer les bornes de la science, tout astronome qui, par des obser- vations exactes, a grôssi le nombre des faits, tout artiste qui a perfectionné Îles instrumens d'astronomie, peut être considéré comme ayant coopéré à conduire la science jus- qu'au terme où un pareil Ouvrage a pu naitre, et où ila ET DHISTOIRE NATURELLE: 09 paru des hommes en état d'apprécier son mérite. Les pre- miers collaborateurs ont rassemble les matériaux, aiguisé les outils, ou construit les machines pour le grand édifice fondé par Newton et terminé par Laplace. » Par ces réflexions, nous sommes loin de prétendre at- ténuer le mérite de l’auteur. Son originalité, sa fertilité d'invention, sa faculté, de généraliser, sont au-dessus de tout éloge; il ne peut avoir de rival en renommée, que le génie de la race humaine; et certes, cette place est encore honorable dans l'échelle des réputations. » L’exposé que nous venons de faire de son Ouvrage peut donner lieu à beaucoup de réflexions. Nous n'exprimerons que celles qui se présentent le plus naturellement. » En considérant les dispositions prises par la nature pour la stabilité et la permanence du système planétaire, une question se présente, et nous en avons déjà dit nn mot. On se demande si cette stabilité est nécessaire ou contingente; si elle est l'effet d'un arrangement inévitable, ou si cet ar- rangement a été arbitraire? S'il est la conséquence néces- saire de conditions qui soient elles-mêmes nécessaires, nous ne pouvons conclure, de ces dispositions, à l'existence d'un dessein dans l'Univers ; et nous devons nous contenter de les admirer, comme des vérités simples et belles , mais néces- saires et indépendantes. Si, au contraire, les conditions, qui procurent nécessairement cette stabilité, ne sont pas elles-mêmes nécessaires, mais qu'elles soient la conséquence d'un arrangement qui auroit pu être différent, nous sommes autorisés à conclure qu’elles doivent être attribuées à une haute sagesse, qui s'est déployée dans la construction de l'Univers. ‘ » Or.les recherches de Laplace nous mettent en état de répondre d'une manière très-satisfaisante à ces questions. On peut dire que les conditions essentielles à Ja stabilité d'un système de corps, qui gravitent réciproquement les uns sur les autres, ne sont point nécessaires; ensorte quon peut aisément supposer dés systèmes dans lesquels cette sta- bilité n'existeroit pas. Ses conditions essentielles sont le mouvement de tous les, corps dans.une direction commune ; des orbites peu excentriques, , c'est-à-dire peu différens du cercle; et des périodes de révolution non-commensurables entre elles. Or ces conditions ne sont nullement nécessaires; N 2 106 JOURNAL LE PHYSIQUE, DE CHIMIE on peut facilement en supposer qui seroient différentes; cha: cune d'elles pourroit être changée, les autres demeurant les mêmes. Ainsil’ensemble des conditions qui doivent donner né- cessairement au système un caractère de stabilité et de per- manence, n'est pas l'ouvrage de la nécessité; et certes, per- sonne ne sera assez absurde que de prétendre que cet ensemble est l'effet du hasard. C’est donc le résultat d’un dessein, ou d’une intention conduite par une sagesse et une prévoyance les plus parfaites qu'on puisse imaginer. Ainsi les découvertes de Lagrange et de Laplace conduisent à un très-beau développement de la doctrine des causes finales; développement d'autant plus intéressant, que les phéno- mènes qui en sont l’objet, sont d’une nature plus sublime. Laplace garde le silence sur ces considérations; cette omis- sion est la seule tache que nous puissions remarquer dans son admirable Ouvrage. Peut-être a-t-il pensé que cette classe de spéculations étoit étrangère aux recherches du géomètre ou du mécanicien. On peut en convenir à la rigueur; mais on doit avouer que cette digression seroit bien naturelle; et lorsque nous trouvons dans un système existant, cer- taines conditions qui ne sont pas nécessaires en elles-mêmes, on doit nous permettre de rechercher s'il est possible d'en donner une explication; et si, à défaut d'une cause mé- 3 canique, on ne peut pas les attribuer à une intelligence toute-puissante. » Lorsque nous disons que l’excentricité peu considérable des orbites planétaires, et le mouvement de ces corps dans une direction commune ; sont des conditions essentielles à la stabilité du système, on peut ‘nous opposer l’existence des comèêtes, qui n'obéissent ni à l'une, ni à l’autre de ces deux lois, et sembleroient ainsi devoir nuire à la stabilité de l’ensemble, et occasionner des irrégularités qui ne seroient pas compensées entre elles. Il n’est pas douteux que les comètes qui traversent notre système, pourroient produire cet effet, si ces corps avoient une masse considérable ; mais on a beaucoup de raisons de croire que ces corps ont très- peu de densité, ensorte que la perturbation qu'ils pourroient produire est tout-à-fait insensible. » On peut faire une remarque à peu près de même genre sur les planètes récemment découvertes. Elles sont très- petites; et en conséquence leur force perturbatrice est si peu considérable, que si leur existence eût été connue de Laplace (Cérès seule l’étoit à l’époque de son travail), elles ET D'HISTOIRE NATURELLE. 101 n'auroient rien changé à ses conclusions. La circonstance de la presque-égalité des temps périodiques de deux de ces planètes, et de leurs distances moyennes au soleil, peut donner lieu à quelques applications curieuses de ses théo- rèmes. Elles peuvent, l'une et l'autre, étre considérablement troublées par Jupiter, et peut-être par Mars. » Lorsque l'on considère l'histoire des progrès de l'Astro- nomie ee , une autre réflexion se présente naturelle- ment. Dans la liste des mathématiciens ou des physiciens, qui ont, depuis près de soixante-dix ans, contribué à faire avancer cette science, on trouve à peine le nom d'un seul anglais. D'où provient cette lacune? Comment se fait-il que dans un si beau champ de recherches, dans une carrière où il y avoit tant de gloire à acquérir, dans la contrée qui produisit Bacon et Newton, on ait gardé le silence, et que personne ne soit entré dans la lice où de si beaux génies ont remporté des palmes dans l'étranger? Nous n'avons guère nommé que cinq de ces hommes éminemment dis- tingués (1); mais nous aurions pu en citer bien d'autres; Fon- taine, Lambert, Frisi, Condorcet, Bailly, qui ont aussi contribué essentiellement au‘grand Ouvrage dont nous avons donné l’esquisse. Même dans ce'second tableau , aucun nom anglais ne trouve place. Il est vrai qu'avant la période dont nous parlons, Maclaurin avoit indiqué un perfectionnement dans la théorie des forces centrales, qui a été d'un grand usage dans cette classe de recherches; c’est la résolution des forces en d'autres, parallèles à deux outrois axes don- nés de position , et réciproquement, à angles droits; Simpson et Walmesly prirent part à la discussion qui fut occasionnée par la différence de moitié, qui paroissoit exister entre l'ob- servation et le résultat de la théorie de Clairaut dans le ‘mouvement des absides , et on convient que leurs essais ont du mérite. Feu le Dr Mathieu Stewart a aussi traité ce sujet avec beaucoup d'habileté et de succès, dans son Essai sur la distance du solerl. Ce même excellent géomètre a établi, dans ses Traités de Physique, diverses propositions qui avoient pour objet la détermination des irrégularités de la lune; mais ses démonstrations sont toutes géométriques ; elles nous donnent lieu de regretter qu'un mathématicien, dont le génie étoit si original, ait préféré les méthodes élé- gantes de l'ancienne Géométrie à l'analyse bien autrement (1) Euler, Clairaut, d’Alambert, Lagrange, Laplace. 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE puissante que lui offroit l'algèbre moderne. A l'exception de ces savans, nous ne nous rappelons aucun de nos com- patriotes qui se soit distingué, dans cette période, par ses recherches d’Astronomie physique, et ceux-là même que nous avons rappelés, ne se sont jamais occupés des grands pro- blèmes qui occupoient alors les physiciens et les mathémati- ciens du Continent. Cette observation est d'autant plus frap- pante, queles grands intérêts de la navigation sont en rapport direct et intime avec les perfectionnemens de la théorie lu- naire ; et que les motifs, ordinairement les plus puissans . sur le cœur humain, concouroient à pousser les mathé- maticiens anglais vers cette classe de Se HAS Rien donc n'a pu les empêcher de s’y livrer, que le sentiment intime de leur infériorité relative dans les hautes mathématiques, Cette conclusion est évidente, et elle n’est que trop bien confirmée par un coup-d'œil jeté sur les particularités que nous avons signalées au commencement de notre Extrait, comme contribuant essentiellement aux progrès de l’Astro- nomie, physique. » Le calcul des sinus n'est connu en Angleterre, que de- puis peu d'années; je ne crois pas qu'il soit fait mention du calcul aux différences partielles dans aucun auteur anglais, bien moins l'y trouve-t-on employé dans aucune recherche particulière ; les méthodes générales d'intégration des équa- tions différentielles , les signes de l'intégrabilité, les pro- priétés des équations homogènes, etc., tout cela étoit in- connu à nos sayans; et on doit convenir que nous avions laissé la doctrine des fluxions à peu près au même point où son inventeur l’avoitamenée. Au moment où nous écrivons , les Traités de Maclaurin et de Simpson sont encore les meilleurs qu’on ait en Angleterre sur le calcul différentiel, quoiqu'on ait fait, depuis la publication de cet Ouvrage, des progres im- . menses sur le Continent, dans cette branche des mathé- matiques. Voilà des faits qu'on chercheroit vainement à déguiser ; et les choses en sont au paint, qu'un homme peut connoître à fond tout ce qu'on a écrit en mathématiques dans notre pays, et se trouver arrêté à la première page d'Euler ou de, d'Alembert. Il ne sera point embarrassé par suite de la différence dans le mode de notation algébrique, difficulté qu'on surmonte aisément; il ne le sera pas,par l'obscurité de ces auteurs qui, l'un et l'autre, et surtout le premier, ont un style trés-clair; mais ce sera faute de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 103 connottre les principes et les méthodes avec lesquels on sup- ose implicitement, en France et en Allemagne, que tout ecteur mathématicien est familiarisé. Si nous remontons à des ouvrages encore plus difficiles, tels, par exemple, ue la Mécanique céleste, nous osons dire que le nombre dés individus qui, en Angleterre, peuvent lire cet Ouvrage avec quelque facilité, est très-peu considérable: Si nous en comptons deux ou trois à Londres et dans les écoles mili- tairés voisines de la ville; le même nombre dans chacune des deux universités anglaises; peut-être quatre dans toute l'Ecosse, à peine passerons-nous une douzaine; et cepen- dant nous sommes persuadés que notre évaluation est trop forte. » S'il falloit mettre en avant une dernière preuve du peu d'attention que nous avons donnée à la culture des mathé- mätiques transcendantes , et de notre indifférence aux dé- couvertes de nos voisins, nous la trouverions dans le Com- mentaire sur Newton, publié en Angleterre il n’y a pas long-temps. Quoique l'auteur soit un homme de talent, et qu'il compte, en Angleterre, parmi les géomètres, on ne trouve rien dans son Ouvrage, sur les découvertes auxquelles le système de Newton a donné lieu de notre temps; pas un mot sur le problème des trois corps, sur les perturbations réciproques des planètes ; rien enfin sur le grand mécanisme qui rend ces perturbations périodiques, et qui conserve la stabilité dans tout le système. Même silence sur tous les - pérfectionnemens du caleul intégral, perfectionnemens qu il étroit du devoir du commentateur de Newton de lier avec les découvertes de son auteur. Si le Dr Horsley n'a pas rempli toutes ces obligations, c'est parce que ces objets ne lui étoient qu'imparfaitement connus, et qu'il n'avoit étudié ni les méthodes nouvelles , ni le langage qui leur est ap- proprié. » En même temps que nous citons des faits, comme preuve sans ‘réplique de l'infériorité des mathématiciens anglais, comparés à ceux du Continent dans les parties sublimes de la science, il est juste de reconnoitre qu'un certain degré, même assez considérable, de connoissances mathématiques, se trouve appartenir, peut-être plus généralement en An- gleterre qu ailleurs, à l'instruction moyenne du pays. Nous citons en preuve de cette assertion le Calendrier des Dames (Ladies Diary) et d’autres Ouvrages périodiques et popu- 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CONIMIE laires du même genre, où l’on trouve souvent des problèmes curieux, qui ne sont peut-être pas de l'ordre le plus re- levé, mais dont quelques-uns sont au-dessus des élémens de la science ; et le grand nombre d'hommes instruits qui s occupent de proposer et de résoudre ces questions, qu'on ne trouve nulle part ailleurs, est véritablement surprenant. Nous croyons qu'on ne voit rien de pareil dans d'autres pays où les mêmes sciences sont cultivées. Ce recueil existe depuis plus d'un siècle; la poésie, les énigmes , etc. qu’on y rencontre, sont du plus mauvais goût; les fragmens de littérature et de philosophie ne sont que de l'enfantillage et des vieilleries, et on ne sait trop à quelle classe de lec- leurs tout cela peut être destiné; mais la partie géométrique a toujours été traitée d'une manière supérieure , les pro- blèmes tendent plus à piquer la curiosité, et les solutions sont plus instructives que ce qu’on rencontre du même genre dans.les ouvrages les plus renommés. S’il existe donc dans notre pays un défaut , ou des signes de décadence dans les connoissances mathématiques, ce n'est pas au génie par- ticulier de la nation anglaise, mais à quelqu'autre cause, quil faut l’attribuer. » On a cherché à expliquer cette infériorité, par la préfé- rence que, depuis le temps de Newton, les mathématiciens anglais ont donnée aux méthodes synthétiques des anciens géomètres, comparativement à l'analyse moderne. Plusieurs écrivains du continent ont indiqué cette cause, et nous sommes persuadés qu’elle a beaucoup contribué à l'effet. L'exemple de Newton lui-même a pu nuire à la science, sous ce rapport. Ce grand homme, imbu des préjugés de son temps, paroit avoir considéré l'algèbre et le calcul des fluxions, comme de simples moyens utiles dans les recher- ches, mais qu’il falloit abandonner dans l'exposition des vérités trouvées, en leur substituant, s’il étoit possible, des démonstrations synthétiques. Cette marche chargeoit la science d'un appareil lourd et embarrassant , et retardoit ses progrès d'une manière incalculable. La dispute qui s'éleva à l'occasion de la découverte du calcul différentiel , tendit à confirmer ses préventions, et à éloigner les géomètres an- glais de ceux du continent, et des méthodes analytiques que ceux-ci suivoient de préférence. On voit que ce sen- ument étendoit son influence plus loin que sur les hommes ordinaires, par la manière dont Robins censure Euler et Bernoulli, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 Bernoulli, surtout à cause de leur attachement pour l'al- gèbre; tandis qu'il auroit dù voir que dans ces ouvrages mêmes, qu'il critiquoit avec tant d’âpreté, on trouve résolus des problèmes que ni lui, ni-aucun de ses compatriotes, au temps où il vivoit, n'auroit osé attaquer. T » Nous croyons que c'est surtout dans les’ écoles publi: ques d'Angleterre , ‘qu'il faut chercher la cause du défaut que nous relevons, et particulièrement dans les deux centres principaux desquels on suppose-que la sciencé rayonne sir toute l'ile. Dans l’un d’eux, où les décisions d'Aristôte sont encore des lois infaillibles, et où l’on confond l’énfance de la science ayec sa prétendue maturité, on n'a jamais cultivé les sciencés mathématiques, et les élèves n'ont au- cun moyen de dépasser les élémens de la Géométrie. L'em- pire des préjugés n’ést pas aussi complet:dans l'autré sémi- naire; on y prend les ouvrages de Locke et de Newton pour texte des lécons. Les mathématiques y sont l'étude princi- pale ; mais neus ne pouvons: aäpprouver la méthode qu'on suit pour les enseigner. On prescrit à l'aspirant aux grades académiques, l’étude d’une certaine portion des ouvrages dé Newton, ou de quelqu'un des autéurs qui ont.traité des mathématiques pures ou mixtes; ils s’en occupent nuit et jour , ils les étudient, non pour y puiser le véritable esprit de la Géométrie, ou pour acquérir la J'uvapuc eu prrixen (puis- sance d'invention }, qui a fait découvrir tant de beaux théo- rèmes, mais pour les apprendre par cœur, comme un ca- téchisme ; et pour pouvoir, répondre avee prestesse à toutes les questions. L'invention n'est pour rien dans cette marche; l'esprit de l'élève est comme emprisonné entre des bornes étroites; sa cufiosité ne s’émeut point, l'esprit de. décou- vertes ne s’éveille pas. Supposons qu'un jeune homme, qui étudie les mécaniques , soit forcé d'apprendre par cœur la tôtalité des pesantes et verbenses démonstrations qu’on trouve dans l'Introduetion de Kiel (étude qui , à ce que nous croyons , ést souvent prescrite), quelle sera la conséquence probable de cette obligation? Sans doute l'exercice que eës démonstrations procurent à l’entendement peut contribuer à le perfectionner; mais dés que l'élève les a comprises, il veut aller en avant ,'il cherche quelque chose de plus re- levé, ou bien il pense aux applications des théorèmes dé- montrés. Sice déploiement naterel de l'intelligence estretenu, si l'étudiant est forcé de reculer et de parcourir jusqu'à Tome LXIX, AOÛT an 1809. . O 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE satiété un champ d'étude rétréci, il se dégoütera probable- ment, et d'autant plus que ‘ses talens naturels seront en plus grande opposition avec cette carrière forcée: le moindre mal qui pourra en résulter, sera la perte de temps, et le refroidissement de cette ardeur qui l'auroit porté aux re- cherches, et qui lui auroit procuré les moyens et fait naître la passion des découvertes. Les lois qui ramènent les mou- vemens périodiques dans des courbes, régulièrement ren- trantes, conviennent fort sans doute au système planétaire, mais elles s'adaptent mal. aux. institutions académiques. Nous voudrions, voir paroïitre dans celles-ci quelques-unes de ces accélérations. séculaires qui renouvellent et perfec- tionnent de temps en temps les institutions ;; mais ces évé- nemens sont rares ; et il.est juste de penser que les préjugés et l'erreur ont pris poste dans.un nombre d’universités en Europe, comme dans autant de forteresses, avec l'intention bien évidente de s'y défendre jusqu'à la dernière extrémité: nous n'entenilons point mettre au nombre celle dont nous venons de parler, où le mérite d'enseigner les doctrines de Locke et de Newton peut faire pardonner beaucoup; mais là même, nous osons le dire, on enseigne Newton.de la ma- nière la moins propre à faire des mathématiciens qui puis- sent marcher sur ses traces. » Peut-être aussi pourrions-nous ajouter qu'une autre ins- titution, particulièrement consacrée au progrès des sciences, la Société royale de Londres, n’a pas donné assez d’encou- ragemens aux mathématiques durant la plus grande, partie du dernier siècle ; mais ceci conduiroit à une longue dis- cussion; nous terminerons celle qui nous occupe, et ce long Extrait, en remarquant que, s'il est vrai que les géomètres nont pris aucune part, en Angleterre, aux recherches pro- fondes qui constituent l'Astronomie physique, les obser- vateurs se, sont mieux acquittés de leur tâche dans cette même contrée. Les observations de Bradley et de Maskeline ont essentiellement contribué au perfectionnement de la théorie; leur exactitude, leur nombre, leur longue suite font de cette collection un véritable trésor de richesses .as- tronomiques. Ces observations, réunies à celles faites à Paris, ont fourni à Laplace les données propres à fixer la valeur numérique des quantités constantes dans ses diffé- rentes séries; et sans ces faits, établis par des observations très-exactes, les belles recherches de ce savant n'auroient - ET. D'HISTOIRE NATURELLE. 107 eu ni base solide, ni applications. Nous pouvons ajouter que personne, dans les annales de la science , n'a aussi di- rectement et aussi essentiellement contribué à mettre à l'usage du navigateur, les formules du géomètre, que ne l’a fait l'astronome royal actuel (le D' Maskeline). Il à su faire descendre sur la terre la haute physique des cieux, et la rendre pratique et populaire; c'est par ses soins que le pro- blème des trois corps est devenu aujourd'hui le guide le plus sûr pour traverser les mers. » NOTE SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES QUI SE PASSENT DANS LA FORMATION DU SALPÈTRE; Par M. L. J. J. LONGCHAMP. Iz existe en Chimie beaucoup de théories qui sont avouées par la raison, mais que l'expérience ne peut pas toujours con- firmer. Celle que je vais donner sur quelques phénomènes qui se passent dans la formation du salpêtre, est appuyée sur des faits connus de tous les chimistes, et confirmés par un grand nombre d'expériences, qui toutes ont été publiées par des savans tellement recommandables ; et qui d'ailleurs s'accordent si bien avec notre doctrine chimique, que nous ne pouvons y apporter aucune objection. Lorsque l'on réfléchit sur la formation du salpétre, et en général sur la formation des nitrates, on doit être bien sur- pris des difficultés que nous éprouvons dans notre climat et dans tous ceux du Nord, pour opérer cette formation; tandis que dans d'autres contrées, et notamment en Espagne O 2 \ 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et dans l'Inde, le nitrate se produit à la surface de la terre, quoique dans ces pays les habitans ne contribuent enrien, par leurs travaux, à la formation de ce sel. Il faut donc chercher la eause de ce grand phénomène dans la nature du climat; et nous appuierons cette assertion 3 Alt ROUS APP par des expériences et des faits bien constatés. Dans l'Inde et en, Espagne, lorsque le temps des pluies est passé, l’atmosphère est sèche , et cela pendant une grande partie de l'année; tandis que dans le Nord elle y est tou- jours humide, excepté cependant lorsque le froid est assez rigoureux pour en précipiter une partie de l’eau qu'elle tient en dissolution. Mais les sécheresses du Midi ayant une autre cause que celles du, Nord, les phénomènes sont aussi bien différens. Kneffet l'atmosphère étant très-chaude, cherche partout de l’eau à dissoudre, et la tire, pour ainsi dire, dusein de la terre; mais cette eau, venant à la sur- face du sol, apporte avec elle le nitre qu'elle tenoit en dis- solution , et le dépose pour se combiner avec l'air. Dans le Nord, au contraire, non-seulement l'air est froid, mais le sol l'est aussi: il n’y a point d'évaporation, et l'eau reste dans son sein ; et lorsque dans l'été la sécheresse occa- sionnée par la chaleur, tend à faire venir l’eau à la surface de la terre, et qu’elle y apporte le nitre qu'elle tenoit en dissolution, de nouvelles pluies arrivent et le rentraînent à une certaine profondeur. Ainsi nous expliquons facilement pourquoi le nitre, qui se trouve dans les terres de l'Inde et de l’Espagne, se pré- sente à la surface du sol, tandis que dans nos climats nous ne pourrions point le recueillir, si toutefois il y existe. Mais le nitre existe-t-il dans notre sol? C'est ce qui ne peut point souffrir de doute; car on en retire de beau- coup de plantes, telles que la laitue, la bourrache, les feuilles d'oignons, le pavot, etc., et surtout du tournesol. Or il a été bien constaté qu'il ne se forme pas par l’acte de la végétation, mais bien qu'il étoit tout formé dans les terres où ces plantes ont été cultivées (.). Il reste donc à expliquer comment le nitre se forme dans (1) Recueil de Mémoires sur le salpêtre, publiés par l Académie des Sciences. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 le sein de la terre. Est-ce à la décomposition des substances végétales et animales qu'est due la forination des nitrates? Sans doute dans cette décomposition il se forme de l'acide nitrique, et par conséquent des nitrates, puisqu'il y a des bases salifiables pour saturer cet acide; mais je ne pense pas que ce soit là la cause principale de la formation du nitre ; car, en effet, nous savons très-bien que l'acide ni- trique , dans les nitrières artificielles, ne se forme que très- lentement, et ne peut se former que dans un air humide et stagnant, à une température toujours uniforme et peu élevée. Or aucune de ces conditions n’est remplie ni en Espagne, ni dans l'Inde. Ce n’est donc point à la décomposition des substances végétales et animales qu'on peut attribuer la formation du nitre dans le sein de la terre; ou, du moins, ce n'est qu'une bien petite cause par rapport aux effets. Le nitre existeroit-il tout formé dans le sein de la terre, comme naus y trouvons le sulfate, le carbonate, le borate, le muriate de soude, etc.? C'est ce qui n’a pas été prouvé jusqu'à présent par aucun fait (1); et quand bien même on en trouveroit des mines, s'ensuivroit-il de là que ce sel doive être répandu sur toute la surface du globe? Le sel marin, dont la nature est si prodigue, ne vient ce- pendant pas s’effleurir sur les grands chemins d'Espagne. Le nitre n'étant point le résultat de la décomposition des substances végétales et animales , n'étant point non plus un DRU naturel, nous devons en chercher l’origine dans ‘atmosphère ; et c’est ce qu'il sera bien facile de trouver. Les pluies qui tombent dans l'Inde et en Espagne sont souvent précédées et accompagnées d'explosions très-fortes occasionnées par le tonnerre, tandis que celles qui tombent dans le Nord, ne présentent pas le même phénomène. Mais nous savons très-bien que le tonnerre est causé par l'ap- (1) Une lettre de M. Dolomieu , insérée dans le Recueil des Mémoires cités , parle d’une mine de salpêtre trouvée à Latéra, dans le royaume de Naples. Cette mine , et au rapport qu’on lui en fit, étoit si considérable, qu’une seule de ses cavités pouvoit contenir plus de cinquante mille quintaux de salpètre pur; comme elle contenoit une grande quantité de ces cavités, elle. pouvoit être regardée comme inépuisable. Ce fait ne se trouvant consigné dans aucun autre ouvrage, et particulièrement dans ceux de MM. Fourcroÿ et Haüy, je dois présumer qu’il n’étoit pas très-exact. 11e JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE proche des nuages, les uns étant affectés d'électricité po-: sitive ou vitrée, les autres, d'électricité négative ou rési-, neuse (1). Or nous savons aussi que , lorsque nous faisons passer un certain nombre d'étincelles électriques à travers un mélange de gaz azote et oxigène, il se forme de l'acide nitrique; donc, lorsque les mêmes phénomènes se passent de Le et dans A PE les mêmes résultats doi- vent avoir lieu; et c'est ce qui arrive en effet: car il a été bien prouvé par Margraf, et depuis par beaucoup d’autres chimistes, que toutes les eaux de pluie contiennent de l'acide nitrique. Plus la détonation est forte, et plus il doit se former de cet acide; par conséquent, en Espagne et dans l'Inde, où le tonnerre est plus fréquent dans le temps des pluies, et où surtout les détonations sont aussi plus fortes que dans le Nord, il doit se former , toutes choses égales d'ailleurs, plus d'acide nitrique dans ces premières contrées que dans les dernières. Par cette formation de l’acide nitrique dans l'air, ne pourroit-on pas cRPquer une partie des phénomènes que nous observons dans les orages? Je vais donc examiner la théorie que quelques physiciens en donnent. M. de Saus- sure (2) pense que le fluide électrique existe dans les régions les plus élevées; qu'il tend toujours à se mettre en équi- libre dans tout l'espace, et que notre globe s'en trouvant souvent privé, par des causes de destruction quelconques, va le repuiser dans les hautes régions où la rareté de l'air lui permet d'exister plus facilement que dans notre atmos- phère. Il conçoit, après cela, une partie de la terre assez échauffée pour réduire en vapeurs une partie de l’eau qui est à sa surface: cette vapeur, communiquant le calorique. à l'air qui l'environne, le rend plus rare et l’oblige à s’éle- ver; il s'établit ainsi un vent vertical qui porte la chaleur dans les couches supérieures de l'air, et les rend susceptibles de dissoudre les vapeurs qu'il entraine avec lui. L'air n'étant nulle part assez frais pour les condenser, elles se répan- (1) Je me sers indifferemment des expressions vitrée. ou positive, parce que l’une et l’autre hypothese explique également bien ces sortes de phe- nomènes. (2) Quatrième Essai sur l’'Hygrométrie. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 11 dent à peu près uniformément dans la masse d'une colonne verticale très-élevée. Mais les petites inégalités qui se trou- vent dans cette masse, et l'agitation qu imprime à l'air le vent vertical qui l'entraine, diminue la transparence de la colonne qui devient, par cela même, susceptible d'être plus fortement échauffée par les rayons du soleil : cette chaleur rendant la masse plus légère, la force à s'élever de plus en plus, et à parvenir aux régions où la rareté de l'air donne au fluide électrique 1a liberté de se mouvoir et de traverser la colonne. Si M. de Saussure parvient, par ce raisonnement, à ex- pliquer les fortes détonations que nous entendons alors, il me semble qu'il n’explique pas de même les causes de la formation de l'eau, ou des autres substances aqueuses qui se A a Ne pourroit-on pas penser que le fluide po- sitif ou vitreux, et le fluide négatif ou résineux, étant mis en contact, au moyen de la colonne de vapeurs, opèrent la formation de l'acide nitrique; que l'eau, tenue en dissolu- tion par le gaz azote et le gaz oxigène, devenue libre par leur combinaison, occasionne les phénomènes que nous ob- servons dans ces circonstances ? Mais si cette formation de l'acide nitrique dans l'air, étoit contestée, je l'appuierai par un phénomène géné- ralement connu, et qui cependant n'a pas encore pu rece- voir d'explication; tandis que dans ma théorie c'est un fait tout naturel, et qui même, je dois le dire, m'a servi de base pour établir tous mes raisonnemens. On ne peut point concevoir comment se forme le nitrate de potasse sous les toitures de tuiles, puisque ce fait est contraire à tout ce que nous savons sur la formation des nitrates ; car, comme je l'ai dit, l'acide nitrique ne se forme, dans nos climats, que dans des endroits où l'air est stag- nant , et où il est toujours à la même température; et quand cette même température ne passe pas habituellement celle de notre globe (1). Or dans un grenier l'air n’est pas stag- nant; il n’est jamais à la même température, puisqu'il varie annuellement depuis — 10° jusqu’à +20° : il falloit donc chercher la cause de ce phénomène dans d’autres principes (x) Recueil de Mémoires sur le salpêtre. 212 JOURNAL D= PHYSIQUE, DE CHIMIE que ceux que les chimistes ont adoptés pour la formation du salpétre. , Ayant réfléchi au long séjour que font les neiges sur les toits, et sachant d'ailleurs que cette substance contient une quantité assez notable d'acide nitrique, je ne pus me refuser à penser que c'étoit là la seule cause de ce phénomène. En effet les tuiles font, dans cette circonstance, le même of- fice que font les terres de l'Inde et de l'Espagne : la partie qui est intérieure au grenier, étant toujours sèche, absorbe l’eau nitratée qui se trouve dans son intérieur; et cette eau venant à être dissoute par l'air ambiant, dépose le nitre sur la surface de cette tuile, comme elle le dépose sur la sur- face du sol des pays chauds. Aïnsi, en hiver c'est l’acide nitrique de la neige qui se combine avec les bases salifiables de la tuile; en été, c’est celui qui est apporté par les eaux d'orages. » S'il est facile, par la théorie que j'ai exposée, d'expliquer comment l'acide nitrique se trouve dans les terres du sol de l Inde et de l'Espagne , et aussi dans les tuiles des toits, elle n'offre aucun secours pour expliquer pourquoi il s’y trouve du nitrate de pptasse, et pourquoi ce n'est pas des nitrates de chaux et d’alumine, puisque ce sont ces bases salifiables qui forment la tuile, et sans doute, en partie, le sol des contrées de l'Inde et de l'Espagne, tandis qu'il n'entre pas de potasse dans leur composition. Mon but a été d'indiquer l'origine de l'acide nitrique dans la plupart des matériaux salpêtrés, et non point celle de la potasse : j'ajouterai seulement, pour les personnes qui veulent avoir raison de tout, parce qu'elles veulent tout expliquer, qu'il est un fait d'observation; c'est que les mêmes matériaux que l’on destine à la formation des nitrates, lorsqu'ils sont ex- posés à un air humide et stagnant, ne donnent , en grande partie, que du nitrate de chaux; tandis que lorsqu ils sont exposés à un air sec et agité, ils ne donnent presque que du nitrate de potasse (1). Ce n'est point le tout d'établir une théorie, il faut la rendre aussi utile que possible, et c’est pour cette raison que je publie cette Note. (1) Recueil de Mémoires sur le salpètre. L'application ET D'HISTOIRE NATURELLE. 113 L'application la plus directe qu'on en puisse faire, c’est, sans contredit, à l'extraction du salpêtre. En eflet l'on forme en France, au moins 3,000,000 de salpêtre par an (1); pour retirer cette quantité, il faut au moins 798,000,000 de matériaux salpêtrés , puisque je porte à plus de six onces le produit du quintal de matériaux, tandis que les bonnes terres ne donnent que 4onees 1er 24sains (2). On emploie au moins poids égal d’eau pour lessiver ces matériaux (3), et en n'admettant dans cette eau, que 0,0001 d'acide nitrique, il s'ensuit qu’elle donneroit pour résultat 79,800 livres d'acide qui, en adoptant les proportions données par M. Ber- thollet pour les composans du nitrate de potasse, donne- roient 164,130 livres de ce sel. Cette eau de pluie et la neige, l'une en hiver, l'autre en été, pourront non-seulement être employées pour les- siver les matériaux salpétrés; mais on pourra encore s'en servir utilement pour arroser les nitrières artificielles; et l’on ne peut point douter que par ce moyen les produits en seront de beaucoup augmentés. gt nn let et Gt Mer Ps esse ET ohne PES ne Are (1) Mémoires cités. En l’année 1785 on a retiré 3,500,000 livres, et depuis ce temps les produits sont sans doute augmentés. (2) Mémoires cités. (3) Idem. Tome LXIX. AOÛT an 1809. 5 ‘114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DU SUCRE DE RAISIN: Par M. FOUQUES. © C’esr lorsqu'un artest encore au berceau, que les hommes qui s'en occupent spécialement , doivent s’empresser de sou- mettre leurs observations aux écrivains qui veulent bien prendre la peine de propager ses procédés. On lit, paragraphe 30 et suivant du 2€ Extrait d’une ins- truction sur le sirop de raisin, insérée dans la feuille du Moniteur du 9 juin dernier, « que tous les essais tendant » à présenter ce liquide sous une forme cristallisante, n'ont » offert qu'une espèce de cassonnade roussâtre, qu'on peut » blanchir par le moyen de l’alcohol, et qui ressemble à du » blanc d'Espagne bien sucré; mais que cette poussière peu » sucrante, qui attire puissamment l'humidité, se résouten » sirop par la simple action de la chaleur, tandis que le » sucre de canne, soumis à pareille épreuve, augmente de » consistance; qu'elle sucre infiniment moins que le sirop » dont elle est le résidu; qu'aussi a-t-on renoncé au ridi- » cule espoir de mettre dans le commerce des pains de sucre » de raisin.» On convient généralement aujourd'hui que le thé et le café ne peuvent étre sucrés d'une manière satisfaisante avec le sirop de raisin le mieux préparé. Ce liquide, ainsi que le vesou de la canne, contient un sucre concret d'une es- pèce particulière, confondu avec de la mélasse, dans la- quelle réside toute la saveur désagréable qu'on lui reproche avec raison. Il n'en est pas ainsi du sucre concret que l'on qualifie de résidu, quoiqu'il existe dans le rapport de 75 pour cent dans le sirop. Cette substance , que l’on voudroit déprécier, en disant qu'elle est roussâtre, déliquescente et peu su- crante, a paru d’un goût franc et agréable au très-grand nombre de personnes qui l'emploient journellement dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. x15 leur café à l'eau. Il en existe de trois nuances: l'une rous- sâtre en effet, parce qu’elle contient encore des portions de sirop, attire nécessairement l'humidité; elle a cela de commun avec la moscouade de cannes. Celle qui n’a que la teinte citrine de la cassonnade blonde u commerce, n'attire aucunement l'humidité; son poids n’a pas augmenté d'un grain depuis trois mois. Lorsqu'elle est blanche, bien loin d’être déliquescente, elle se durcit de plus en plus à l'air, à toutes les températures. Pour donner un apperçu de la facilité avec laquelle on peut blanchir le sutre de raisin, nous engageons les pro- priétaires qui ont fait du sirop, à en laisser tomber quel- ques gouttes sur un vase de terre non-vernissé, ou sur un des carreaux non-cirés de leur appartement: ils ob- serveront, au bout de quelques jours, que la terre cuite aura absorbé la partie liquide et que le sucre concret sera resté à la surface, comme une tache très-blanche qui se détachera facilement, Les historiens de cette nouvelle branche d'économie n'ayant pas encore dit aux consommateurs dans quelle proportion ces produits sucrent par comparaison avec ceux de la canne, nous allons réparer cet oubli. Plusieurs expériences exactes répétées par des liquoristes exercés , nous ont donné la conviction que le meilleur sirop de raisin ne sucre, à poids égal, que comme moitié de la cassonnade de cannes. Pour éviter toute objection à cet égard, on s'est servi, pour ce travail, du sirop confectionné par M. Laroche. D'autres expériences nous ont encore démontré que le sucre concret de raisin ne sucre qu'un cinquième de plus que le sirop. L'eau, principe de celui-ci, n'étant pas sup- posée sucrante, nous avons dù conclure que la saveur la plus sucrée du sirop réside éminemment dans le sucre li- quide, ou mélasse; mais comme cette substance contient en même temps une saveur et un arome désagréables, qui déplaisent souverainement lorsqu'on l’emploie dans les bois- sons dont on aime à flairer le bouquet, telles que le thé et le café , nous pouvons affirmer, sans craindre d'être con- tredits par les personnes impartiales , que le sirop de raisin ne pourra jamais être employé à sucrer le déjeüner du plus grand nombre des habitans des villes capitales. Pia 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il n'en est pas ainsi du sucre concret, qui, comme nous l'avons déjà dit, existe dans la proportion de #5 pour cent dans lesirop de raisin : doué d'une saveur agréable , d'un goût franc, nous avons cru devoir fixer l'attention générale sur cette substance précieuse dans la circonstance actuelle, et nous occuper de son extraction, sans le secours de l'alcohol, moyen impraticable indiqué par M. Calvet, auteur de l'ar- ticle cité. Et quoiqu'il qualifie de ridicule l'espoir de mettre dans le commerce des pains de sucre de raisin, nous pre- nons l'engagement d'employer à cette fabrication quelques tonnes de sirop qui nous restent. Cependant cette matière sucrée étant moins soluble dans les liquides que celle de la canne, nous pensons qu'on ne l'y emploiera pas aussi avantageusement en fragmens cubi- que et que le consommateur donnera un jour la pré- érence à la cassonnade la plus fine, qui d'ailleurs est dans les habitudes populaires. M. Calvet ajoute ensuite: « La désacidification du moût, » autant qu'elle est possible, et dont personne n'’osera dis- » puter sans doute à M. Parmentier le mérite de l'avoir » indiquée le premier, offre à ce savant, etc. » Jusqu'ici les hommes qui s'occupent des arts et des sciences, ont donné äu célèbre professeur de Madrid la priorité de la découverte de la désacidification complète du moût de raisin et de l’existence, dans ce fluide rapproché, de deux matières sucrées, l'une liquide et l'autre concrète. Le travail de M. Proust a été inséré dans les Annales de Chimie et dans le Journal de Physique du mois de jan- vier 1906. Nous ayons ensuite répété ses expériences avec les raisins de France, au moment de la vendange de 1807, et nous en avons publié les résultats dans la feuille du Publiciste du 22 décembre de la même année. Si les mêmes travaux ont été décrits dans quelqu'ou- vrage de M. Parmentier, imprimé avant le premier jan- vier 1806, il me semble que M. Calvet auroit dü indiquer le titre et la page de l’ouvrage. Il ne se trouveroit alors sans doute personne qui ne s empressât d'accorder la prio- rité de cette heureuse découverte à M. Parmentier. Mais si au contraire, on ne connoîit de lui, sur cette matière, que ses deux Instructions imprimées en 1808 et 1809, la ET D'HISTOIRE NATURELLE, 117 ‘ priorité restera bien acquise à M. Proust (1). La France n'en sera pas moins reconnoissante des efforts et; du zèle qu'a mis M. Parmentier à propager le procédé du'sirop de raisin saturé. (1) Voyez la réclamation de M. Proust dans le Journal de Physique du mois de juillet dernier. RAPPORT SUR UNE SONDE DE MER, Fait à la Classe des Sciences mathématiques et physiques de l'Institut, par M. L'Evéque, membre de l'Institut, exa- minateur de la Marine. La Classe m'a chargé de lui rendre un compte verbal d'un ouvrage intitulé, Description d'une Sonde de Mer, ou Bathomètre, qui pourra sonder toutes les profondeurs de la Mer; Par A. Van Stipriaan Luiscrus, médecin et lecteur en Chimie à Delft. Cette Description est précédée d'un coup-d'œil géologi- que sur la terre, et est dédiée à toutes les Puissances du monde policé, qui pe leur proximité des différentes mers, par le nombre de Îeurs vaisseaux et par le desir de faire de nouvelles découvertes, réunissent le pouvoir à la volonté, pour seconder efficacement les entreprises destinées à étendre diverses branches de l’histoire naturelle, ou d'autres sciences, 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF et avancer le règne et les progrès des arts: tels sont les termes de la dédicace. En effet, il n'y a que les Souverains qui puissent sub- venir aux frais d’une suite d'expériences du genre de celles que propose l'auteur, et encore faudroit-il le concours de différentes nations, afin de hâter l'époque où l’on pourroit jouir des résultats , et les mettre en œuvre pour l'avance- ment de la Géographie et de la Géologie. Il n'est point de connoissance plus intéressante pour l'homme, que celle du globe qui lui a été assigné pour de- meure. Jamais, dit judicieusement l'auteur, il n’y eut d’épo- que où l'étude des propriétés physiques des corps fut plus cultivée, et où les recherches sur l’état extérieur de la terre en particulier, furent poussées plus loin que dans le dernier siècle : Cependant toutes les propriétés des êtres existans ne sont pas encore connues, et quoique chaque siècle, chaque époque, soit caractérisé par ses propres dé- couvertes, il reste encore un champ immense aux recherches de tout genre. Parmi les choses qui manquent encore à la connoissance du globe, on peut compter la nature de cette partie consi- dérable qui forme le bassin des principales mers, et surtout celui du grand Océan, ainsi que la profondeur de l'élément qui le remplit. Il est vrai qu'on a visité la plupart des côtes, qu'on y a marqué la profondeur de la mer, et quon a désigné les meilleurs endroits de mouillage pour la su- reté des vaisseaux: on a même déjà sondé des mers, des détroits et des golfes; mais nous n'avons encore aucune connoissance précise sur la profondeur du vaste Océan, ni sur la nature et la configuration de son fond, quia, sans contredit, comme la partie visible du globe, ses montagnes, ses plaines et ses vallées. Plusieurs relations de voyages et autres écrits font mention des tentatives inutiles qu'on a faites, en différens temps, pour sonder à la mer, lorsque la profondeur excède cer- taines limites. Il est vrai qu'on rapporte que quelques na- vigateurs hollandais n’ont pas cessé de trouver fond , depuis les côtes d'Europe jusqu’au banc de Terre-Neuve; mais nous manquons, sur ce point, des renseignemens néces- saires. Feu M. Buache avoit aussi sondé quelques-unes des principales profondeurs, et d’après ses propres observations,, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 et celles qu’il put recueillir, il dressa une carte d’une es- pèce toute nouvelle, et établit son système sur cette partie importante de la Géographie. La manière dont ce savant géographe considéroit le globe, sembloit devoir ouvrir une nouvelle carrière ; et l’on doit regretter que, depuis cette époque, un travail aussi intéressant n’ait pas été continué. La difficulté de sonder les grandes profondeurs a fait ad- mettre assez généralement, que l'Océan n'avoit point de fond ; et l'on trouve même souvent cette expression sur cer- taines cartes: mais on ne peut entendre par là, sinon que ces endroits ne peuvent être sondés, du moins parles moyens en usage parmi les navigateurs. : Notre ignorance dans une matière aussi importante vient uniquement de ce que jusqu'ici personne n'a voulu se donner la peine, et faire les frais nécessaires pour l’exécution de tout ce qui,est requis pour de pareilles expériences : ce qui, comme le dit Marsigli, n’arrivera probablement jamais, à moins que quelque Prince ne fasse faire lui-même des ins- trumens ,.et construire des bâtimens uniquement destinés à ces recherches. | M. Luiscius, pénétré de l'importance de la chose , et du desir de connoître la vérité, s’est occupé d'une manière par- ticulière, de la construction d'une sonde propre à mesurer toutes les profondeurs. des mers: il nomme cet instrument un Bathomètre; et en présentant son travail au public, il le met, comme nous l'avons dit, sous la protection des Souverains. Pour en rehausser encore l’intérét, l'auteur, dans une introduction, jette un coup-d'œil rapide sur l’ori- gine, la nature et la profondeur des mers, et expose, avec beaucoup d’ordre et de clarté , ce qui est généralement connu ou reçu touchant la formation de notre globe, sur l’en- semble de ses parties, et sur les changemens qu'il offre à différentes époques. Cette partie de l'ouvrage est intéres- sante , mais ne présentant rien d'absolument nouveau, et étant, comme on doit bien le penser, toute systématique, nous ne nous y arrêterons pas. Nous passons donc à l'objet principal de ce livre, c'est-à-dire à la description du ba- thomètre de l’auteur, et à l'examen de ses propriétés. La plus grande profondeur qu'on ait mesurée sans pou- voir trouver le fond, est celle de 1200 brasses, dont parle Borda. — Dans le Voyage du capitaine Phipps , au pôle bo- 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE réal, on trouve des coups de sonde de 673 et de 780 brasses. — On trouve ailleurs beaucoup d'exemples de la même na- ture. Quelques auteurs ont attribué le défaut de succès, non à la grande profondeur de la mer, mais à la manière de sonder. Buffon, entr'autres , s'exprime ainsi: « Pour sonder » les profondeurs de la mer, on se sert ordinairement d'un » morceau de plomb de 30 à 40 livres, qu’on attache à une » petite corde. Cette manièré est fort bonne pour les pro- » fondeurs ordinaires ; mais lorsque l'on veut sonder de » grandes profondeurs, on peut tomber dans l'erreur , et ne » pas trouver de fond où cependant il y en a, parce que » la corde étant spécifiquement plus légère que l'eau, il » arrive, après quon en a beaucoup dévidé , que le volume » de la sonde et celui de la corde ne pèsent plus qu’autant, » où moins, qu'un pareil volume d’eau : dès-lors la sonde » ne descend plus, et elle s'éloigne en ligne oblique en » se tenant toujours à la même hauteur : ainsi, pour sonder » à de grandes profondeurs, il faudroit une chaine de fer » ou d'autre matière plus pesante que l'eau :- il est très- » probable que c'est faute d’avoir fait cette attention, que » les navigateurs nous disent que la mer n’a pas de fond » dans une si grande quantité d'endroits. » L'opinion de cet homme célèbre ne lui est pas particu- lière, elle a été; avant et depuis lui, assez généralement admise. Bouguer avoit lui-même partagé ce sentiment, mais ilen reconnutensuite la fausseté. Eneffet, la ligne de sonde, une fois imbibée, est toujours plus pesante que l’eau dé la mer; et cette différence devient considérable lorsqu'on ÿ joint le poids du plomb. Ce n’est point la légéreté spéci- fique de la ligne de sonde qui cause l’embarras : au contraire, une partie des inconvéniens qu'on rencontre provient de son excès de pesanteur spécifique. Bouguer a 1irès-bien exposé les difficultés du sondage, et a proposé quelques amélio- rations; mais la chose lui paroît toujours extrêmement dif- ficile ; d'ailleurs il n'a fait , à ce sujet, aucune expérience satisfaisante. M. de Fleurieu a eu une idée plus simple, en proposant de fabriquer la ligne de sonde avec du fil de pite, afin qu'elle fùt de la même pesanteur spécifique que l’eau de mer, et que le poids du: plomb agit, seul dans l'opération du sondage. Li eulq ci La raison principale qui fait qu'on ne trouve point de fond par le moyen de la sonde ordinaire, est que les lignes sont ET D'HISTOIRE NATURELLE. Y27 sont trop courtes; l’on est d'ailleurs exposé très-souvent à les rompre , lorsque la profondeur est considérable et que la mer est agitée. M. Luiscius ayant imaginé un mode de sonde, et l'ayant successivement perfectionné, dit qu'il voulut s'assurer si cet objet n'avoit pas été traité, et connoître ce qu'on pouvoit en avoir dit. Il ne tarda pas à reconnoître qu'on avoit beau- coup plus écrit sur ce sujet qu'il ne l'avoit d’abord pensé. Il est digne de remarque que tous les instrumens inventés ou exécutés à ce dessein, se ressemblent en ce point, que tous sont composés de deux parties, l'une pesante, et l’autre spécifiquement plus légère que l’eau de mer; la première ayant. la faculté d'entrainer l’autre au fond de la mer, et de s'en détacher aussitôt qu'elle a touché Le fond , en la laissant échapper pour remonter à sa surface, comme un ballon qui s'élève dans l'atmosphère. Cet accord dans les idées porte naturellement à penser que tous les instrumens de ce genre doivent reposer sur le même principe, et qu'ils ne doivent différer entre eux que par la manière plus ou moins heu- reuse d'en faire usage, et dans quelques accessoires. Le savant et ingénieux D' Robert Hooke paroit être le plus ancien auteur qui ait proposé une sonde de cette es- pèce: elle consistoit dans un globe de bois bien vernissé, avec un ressort dont le bout est recourbé, et auquel, par le moyen d'un crochet, on suspend un poids de plomb, de fer ou de pierre, pour entrainer l'appareil et le laisser échapper ensuite après le choc contre le fond: enfin au moyen d'une montre à secondes on calcule l'espace parcouru pendant que le globe est resté dans l'eau. ’arenius, dans sa Géographie, donne un abrégé de cette description, avec le détail des expériences faites à Sheerness. Le D' Æooke a ensuite fait des corrections à son instrument: on en trouve le détail danssa Philosophie expérimentale publiée à Londres, en 1726, par Derham, où il est annoncé sous la dénomi- nation d'explorator profunditatis, parce qu'au moyen d'un rouage on y déterminoit l'espace parcouru. M.'Rochon, dans son voyage aux Indes orientales, a fait usage d'une sonde semblable à la première du Dr Æooke, avec cette seule différence, qu au lieu d’un globe vernissé, sa bouée avoit Ja forme d'un fuseau : il rend raïson de son défaut de succès dans cette expérience. Martinelli décrit aussi un pareil instrument dans les Actes de l'Institut de Bologne, Tome LXIX. AOÛT an 1800. Q 1223 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et M. Saverien, dans son Dictionnaire de Marine, parle aussi du même instrument. Le D' Desaguliers, dans son Cours de Physique, expose les défauts qu'il trouve dans cette espèce d'instrument , et ‘en décrit un autre de son invention et de celle du Dr Æales, au moyen duquel il mesure la profondeur par la compres- sion de l'air: il entre, à ce sujet, dans des détails très- précis, et expose divers appareils fondés sur le même prin- cipe. Mais tout se borne à la théorie, sans qu'aucune expé- rience comparative de quelqu’importance garantisse le succès. On trouve dans le volume 11 du Repertory of Arts and Manufactures, la description d’un autre instrument pour sonder en mer, del’invention d'un artistenommé Grunsfreet. Ce dernier a quelque rapport avec le second du D' Æooke ; il consiste dans une longue pièce de bois surmontée d’une bouée pour la faire flotter, et qui recoit par le bas un poids capable de la faire enfoncer, lequel s’en détache après le choc contre le fond. Au milieu de la pièce de bois est une espèce de cuisse renfermant une sorte d'odomètre composé d'une spirale de bois qui est mise ensmouvement par la colonne d’eau qui passe par la cuisse et par un tuyau la- téral, lorsque la machine descend dans l'eau. L’axe de la spirale se termine par une vis sans fin qui engrène dans une roue dentée, dont l'axe porte une aile ou cheville qui en- grène dans une seconde roue à chaque tour de la première. Pareillement cette deuxième roue communique le mouve- ment à une troisième, et aux côtés de ces deux dernières sont deux cadrans qui indiquent le nombre de leurs tours, et par conséquent la profondeur. Enfin , par l’action du choc contre le fond, une cheville est poussée contre la première roue, et arrête subitement tout le mouvement du rouage. Tout ceci suppose nécessairement que, d'après un grand nombre d'expériences, on ait disposé le rouage dans une exacte proportion avec la longueur de l’axe de la spirale, qui est ici l'unité de mesure: choc extrêmement difficile: M. Luiscius examine en détail ce dernier instrument, et en discute les avantages et les défauts: il pense que le ba- thomètre qu'il propose, quoique fondé sur les mêmes prin- cipes, en est exempt, et est supérieur à tous les autres. Nous allons donner une idée de cet instrument, avec autant de clarté qu'il nous sera possible de le faire sans le secours des fgures. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 123 Cet instrument est composé d’une pièce flottante que l'au- teur nomme /a bouée, laquelle porte une //amme de recon- noïssance ; d'un odomètre et d'un poids: ce dernier est simple et indéterminé, ou bien est composé et déterminé. L'avant-sonde destinée à rechercher la nature du fond de la mer, pour savoir quélle espèce de poids il faut au batho- mètre, et pour faire connoitre la profondeur apparente, n’est composée que d’une bouée avec sa flamme de recon- noissance, et d'un poids-simple. , : La bouée de l’ayant-sonde est une forte bolte de cuivre dont le milieu est cylindrique, et dont les extrémités se ter- minent en cône. La pointe du cône inférieur est traversée per un tube cylindrique que l’auteur nomme /e canon, et e cône supérieur est terminé par une pointe taraudée, à laquelle on adapte la boîte d2 digon, lequel est partagé par une plaque ronde dont le plan est vertical, et porte une flamme ou girouette à son extrémité supérieure. Le poids est composé d'un cylindre terminé en bas par un bouton, et se termine par un montant plat qui s'élève du milieu de sa base supérieure. De chaque côté du cylindre est une coulisse qui se prolonge jusqu'au bouton, et toute la pièce est percée dans sa longueur, pour donner passage à unetige de fer nommée le repoussoir. À la partie inlé- rieure de ce repoussoir est vissée une boule de cuivre, et sa partie supérieure est terminée en forme de pique. On ne peut donner ici les détails mécaniques de la partie su- Le. du repoussoir, mais ils sont fort bien décrits dans ‘ouvrage même, où les figures ne laissent rien à desirer. 11 nous suffit de dire que c'est au moyen de cette pièce que la bouée se sépare du poids, et remonte à la surface de la mer, comme étant spécifiquement plus légère que l'eau, et qu'elle se fait reconnoitre par son digon et sa flamme. C'est aussi au moyen du repoussoir que le mouvement de l'odo- mètre s'arrête lorsque le poids rencontre le fond de la mer, et c'est principalement par ce mécanisme que le bathomètre de M. Luiscius diffère des autres instrumens dont nous avons parlé, et qu'il paroit leur être supérieur, comme étant d’un effet plus sùr. La grande avant-sonde de l’auteur ne diffère pas sensi- blement de celle qu'on vient de décrire. Mais il n’y a rien encore ici qui détermine la profondeur; il faudroit toujours, Q 2 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à l’aide d'une montre à secondes, déterminer le temps que l'appareil demeure sous l’eau : car' la profondeur devroit être calculée sur le temps que l’appareil entier mettroit à des- cendre dela surface de la mer jusqu’au fond, etsurcelui quela bouée mettroit à remonter du fond à la surface ; et l'on sent qu'il seroit impossible de tirer des conclusions tant soit peu certaines d’une expérience dépendant de tant de cir- constances. C'est pour remédier à ces inconvéniens que l’auteur, à l’imitation du Dr Hooke et de M. Greenstreet , a joint à sa sonde un odomètre, et c'est en conséquence de cette addi- tion que son instrument prend le nom de bathomètre. On ne décrira pas.ioi cet odomètre, à cause des détails qu'il exige, et de la difficulté d’être intelligible sans le secours des figures. On dira seulement que sa construction ne dif- fère pas sensiblement de celle de-tous les instrumens de ce genre, qui sont bien connus. Au lieu de la spirale motrice de M. Greenstreet, M. Luïscius emploie un moulinet à quatre ailes, dont l'axe porte un pignon qui engrène dans la première roùe de l’odomètre. Enfin, une aiguille par- court la circonférence d’un cadran qui indique le nombre des tours du moulinet, d’où l'auteur conclut la profondeur, qui, comme il le dit, est en proportion connue avec ce nombre de tours, dont l'échelle, une fois faite, rend le calcul fort simple. Nous ne pousserons pas plus loin cette description, parce que ce qu'on vient de dire suffit pour faire connoître en quoi consiste l'invention de M. Luiscrus, et ce qui lui est propre. Il nous suffit eh les perfectionnemens que l'auteur y a ajoutés, et qui lui ont paru essentiels. Entre autres il y a ajouté une pièce qu'il nomme le modérateur, qui lui sert à régler chaque odomètre dans des endroits dont la profondeur est connue, ou préalablement mesurée à cet effet. 1l emploie aussi un rouage plus composé pour les grandes profondeurs, et alors l’odomètre a plusieurs cadrans. Enfin il fait usage d’une tige flottante qu’il nomme indicateur du courant; et il empêche que quelque poisson ou autre chose ne retarde ou entrave le mouvement du mou- : linet, au moyen d’un treillis de fil d'archal. L'auteur se fait différentes objections, entr'autres celle où la bouée et l'odomètre seroient emportés par un courant ET DUISTOIRE NATURELLE. 12) violent qui les forceroit à descendre obliquement: et celle, beaucoup plus importante, où le fond de la mer seroit tel- lement mou et vaseux, ou rempli de plantes marines et de coraux, que le repoussoir y entrât bien avant, et que la machine y restât comme suspendue. Pour remédier à ces inconvéniens l'auteur emploie un mécanisme particulier, dont l'effet est de tenir l'instrument éloigné, à volonté, du fond, de sorte, dit-il , que la machine ne puisse manquer son effet. Mais on sent que quelque ingénièuses que soient ces additions, elles ont l'inconvénient de compliquer la machine qui, par sa destination, devroit être très-simple. A l'égard du calcul de la profondeur, M. Luiscrvs se de- mande si les corps, dans leur chute dans l’eau, prennent une vitesse accélérée comme en tombant dans l'air. D’après des expériences faites, dit-il, dans cette vue, il pense qu'on devroit conclure pour l’affirmative ; mais il pense, en même temps, que son bathomètre doit si peu se ressentir de cette accélération, que ce n’est pas la peine d'y avoir égard; parce que, ajoute-t-il, le nombre des tours du moulinet est proportionné à la vitesse de la descente et à la densité du fluide, et qu'on a lieu de supposer que l'accélération ne pourra pas être bien grande dans la chute à travers un milieu aussi dense et aussi résistant que l'eau de mer. L’au- teur rapporte à ce sujet, des expériences quil a faites en se servant d’un tube de bois de 20 pieds de longueur sur 4 pouces de diamètre; qu'il remplissoit d'abord d’eau de puits ordinaire, ensuite d'eau chargée de quatre fois plus de sel marin que l'eau de mer n’en contient ordinairement dans un même volume. Il a fait couler son bathomètre dans ce tuyau , d'abord avec son poids ordinaire, et ensuite avec un plus grand poids, et il n'a pas trouvé une différence d’un vingtième dans la profondeur: d'où il conclut que, dans les circonstances ordinaires, l'erreur qui peut maitre de cette cause est très-peu sensible. L'auteur termine son Ouvrage par des préceptes sur la manière de mettre sa machine en usage, et sur le choix des personnes à qui il convient de confér le soin de pareilles expériences: ce sont, dit-il, les hommes qui se consacrent à l’avancement de l’histoire naturelle, qui possèdent le sa- voir, l'esprit d'observation, la patience et le zèle néces- saires pour remplir un pareil objet, pour se servir avanta- 125 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE geusement de ce qui est bon, et pour réparer ce qu'ils pourroient trouver de défectueux. L'Ouvrage de M. Luiscrus ayant été rendu public par la voie de l'impression, il ne nous appartient pas de porter ici aucun jugement sur le mérite de son bathomètre, et des principes sur lesquels il est établi. Il nous suffira d'observer que cet instrument est un perfectionnement remarquable de tous ceux qu'on a proposés jusqu'ici pour le même objet : d'ailleurs c'est à l'expérience qu'il appartient de prononcer sur l'application de cet ingénieux instrument aux objets im- portans que l’auteur a eu en vue. MÉMOIRE SUR LES TACHES DE MARS; Par Hoxoré FLAUGERGUES. - Ox voit sur le disque de Mars, principalement dans le temps des oppositions de cette planète avec le Soleil, des taches qui couvrent une grande partie de sa surface; elles furent découvertes, en 1656, par Fr, Fontana, observées, en 1640 et en 1644, par les jésuites Nic. Zuchius et Daniel Bartholus (1); et en 1666, par le célèbre Jean-Do- minique Cassini, qui détermina, d'après l’observation de ces taches, la rotation de Mars autour de son axe (2). o (1) Riccioli Astronomia reformata, tom. x, pag. 572, et Alma ;: novum , tomus primus, pag. 486. (2) Martis circa axem proprium revohilis | Observationes Bononiense , Pononiæ, 1666, in-folio, ET D'HISTOIRE NATURELLE 127 Maraldi fit aussi plusieurs observations des taches de Mars(1), ainsi que Bianchini (2). M. Messier en a fait quelques-unes qu'on trouve dans son quatrième Recueil d’Observations (3); enfin M. Herschel s'en est beaucoup occupé (4). Ce célèbre astronome a conclu de ses observations, la rotation de Mars autour de son axe en 24h 39’ 21° 2, l'inclinaison de l'équa- teur de cette planète sur l'écliptique, 30° 18’, et le nœud de cet équateur, avec l'écliptique, a 2e 19° 47° de longi- tude ; ce sont les élémens dont nous ferons usage dans ce Mémoire, en ayant égard seulement au changement produit dans le lieu du nœud par la précession des équinoxes, depuis l'époque des observations de M. Herschel. Les taches de Mars sont confuses et irrégulières; mais ce qu'elles offrent de plus surprenant, sont les grands chan- gemens qu'on y remarque, non-seulement dans l'intervalle d'une opposition à la suivante, mais encore dans des in- tervalles de temps beaucoup plus courts. Ces changemens ont-ils lieu sur le globe même de Mars, ou seulement dans son atmosphère? Cette question m'a paru très-intéressante, et c'est pour tâcher de la résoudre, que j'ai observé Mars avec la plus grande attention pendant plusieurs années. Le détail de ces observations seroït trop long: je me bornerai à rapporter seulement celles que j'ai faites dans les oppo- sitions de cette planète ; ces observations sont d'ailleurs plus exactes qe les autres, à cause que Mars étant alors plus proche de la Terre, ses taches sont plus apparentes: on distingue par conséquent plus facilement leurs figures, et on peut, dans cétte circonstance, déterminer plus exacte- ment leur position. J'ai observé Mars quelques jours avant et après l'opposition, et toujours dans le méridien, ou fort proche, et j ai dessiné, avec le plus grand soin, les taches qui paroissoiént, et dont je vais donner la description et (1) Mémoires de l’Académie des Sciences, an. 1706, 1719 et 1720, page 144. Elémens d’Astronomie de M. Cassini , page 457. (2) Francisci Bianchini, astronomiæ ac geographicæ Observationes selectæ , pagina 181 et sequentes. (3) Connoissance des temps, an xv, page 421. L (4) Philosophical Transactions , 1781, pag. 154, et 1784, pag. 259. 1°û JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la figure réduite à la phase qu'elles présentoient au pas- sage de Mars par le méridien, le jour de l'opposition en- viron à douze heures, temps moyen. Dans toutes ces figures l'axe de Mars est disposé suivant le diamètre vertical, le pole boréal en haut. Première Observation. J'ai observé plusieurs fois Mars dans l'opposition de cette planète du 14 juin 1796, avec une lunette astronomique à deux verres, de dix-huit pieds de longueur, amplifiant environ cent cinq fois le diamètre apparent des objets. J'ai vu constamment, dans Ja partie australe du disque de cette planète, une tache d'un rouge obscur en forme de croissant, ou de fer de cheval, dont les branches étoient tournées vers le nord (fig. 1). Seconde Observation. J'ai observé plusieurs fois Mars dans son opposition du 31 août 1798, avec une lunette achro- matique de quarante-quatre pouces huit lignes de foyer, amplifiant environ quatre-vingt-dix fois le diamètre apparent des objets. J'ai vu constamment dans la partie australe du disque de cette planète, deux bandes parallèles assez larges, d'un rouge obscur, dirigées de l'est à l’ouest et séparées par une bande plus étroite et plus claire. J'ai vu encore dans la même partie australe, une tache blanche, ovale; immobile, placée près du bord, environ seize degrés à droite du vertical dans la lunette qui renversoit les objets (fig. 2). Troisième Observation. J'ai observé plusieurs fois Mars dans son opposition du 8 novembre 1800, avec la même lunette achromatique. J'ai vu constamment une grosse tache ronde, d'un rouge plus foncé que le reste du disque, dont le centre étoit un peu plus boréal que celui de la planète. Cette tache, dans sa partie australe, étoit terminée par un appendice en forme de crochet, dont la courbure étoit sem- blable à celle de la grosse tache (fig. 3), ù Quatrième Observation. J'ai observé de méme plusieurs fois Mars dans son opposition du 24 décembre 1802, avec la même lunette achromatique. J'ai vu constamment surle disque de cette planète une grosse tache ronde, d’un rouge plusobsceur, àpeuprèsconcentrique au disque, et coupéetrans- versalement sous un angle de 45°, avec le vertical de l'ouest à l'est, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 l'est, suivant un de ces diamètres par une bande plus claire : FAT Sel P qui avançoit jusques aux deux tiers de la tache (fig. 4). Cinquième Observation. J'ai observé plusieurs fois Mars dans son opposition du 28 janvier 1805, en me servant tou- jours de la même lunette achromatique. J'ai vu constam- ment sur son disque une grosse tache d'un rouge plus foncé que le reste du disque, d'une figure irrégulière et indécise, plus étendue et d'une teinte plus foncée dans la partie boréale de Mars (fig. 5). Sixième Observation. J'ai observé plusieurs fois Mars dans son opposition du 4 mars 1807, avec la même lunette achromatique. J'ai vu constamment sur le disque de cette planète, et dans la partie australe, une tache en forme de bande, d'une teinte tant soit peu plus foncée que le reste du disque , longue, étroite , mal terminée, et dirigée de l’est à l'ouest ; cette bande étoit très-peu sensible (fig. 6). J'ai remarqué de plus, que toute la partie boréale du dis- a de Mars étoit parfaitement blanche et avoit beaucoup ‘éclat, particulièrement autour du point correspondant au pôle boréal de Mars. Septième et dernière Observation. Enfin j'ai pareillement observé Mars dans sa dernière opposition du 8 avril 1809, avec la même lunette achromatique. Le bord occidental de cette planète paroissoit blanc et brillant, le bord orien- tal, rouge-foncé : on voyoit deux taches, une longue, en forme de bande, dirigée de l’est à l’ouest dans la partie australe du disque , et l'autre, plus petite, irrégulièrement arrondie, placée dans la partie boréale, proche du bord occidental ; ces deux taches étoient d'un rouge plus foncé que le reste du disque (fig. 7). Ces taches m'ont paru en général confuses et mal ter- minées, au point qu'il étoit difficile de distinguer exacte- ment leurs contours et leur juste étendue: on peut remar- quer que c'est principalement dans la partie australe du disque de Mars, que paroïissent ordinairement les taches de cette planète. A l'égard de la tache ovale, très-remarquable par son éclat et par sa blancheur, que j'ai observée en 1798, et qui correspondoit sur le disque au pôle austrai de Mars, elle Tome LXIX, AOÛT an 1809. R 150 JOURNAL DA PHYSIQUE, DE CHIMIE fut aussi observée par M. Messier (1), par M. Duc-la- Chapelle (2) et par M. Vidal (3). Des taches semblables, blanches et situées aux pôles de Mars, ont été observées par M. Herschel en 1781 et 1783 (4); par M. Maraldi en 1719 (5), en 1707 et 1704 (6), et plus anciennement encore par M. Cassini (7). Ces taches blanches, ovales, constam- ment correspondantes aux pôles de Mars, nous offrent exac- tement les mêmes apparences que doivent présenter, vues de Mars, les calottes de glace et de neige qui entourent les pôles du globe terrestre; aussi M. Herschel n'a pas balancé d'attribuer ces taches blanches aux neiges et aux glaces dont les pôles de Mars doivent être entourés, ét on ne peut qu'applaudir à cette explication qui paroit parfaitement bien fondée. Pour ce qui est des taches rouges et obscures de Mars, dont l'apparence a toujours été différente dans les diverses observations que j'ai faites, on pourroit peut-être penser que ces changemens étoient purement optiques, et qu'ils provenoient de ce que, à raison du mouvement de rotation de Mars autour de son axe , l'hémisphère visible de cetté planète n'étant pas le mémeïque dans les observations pré- cédentes, ne pouvoit présenter les mêmes apparences. Pour apprécier cette objection, et évaluer l'effet du changement produit par le mouvement de rotation , j'ai pris, pour terme de comparaison, le méridien de Mars dont le plan passoïit par le centre de la terre au moment de la première obser- vation, ou le 14 juin 1796 à 12 l, temps moyen. Ce méri- dien , que je nommerai Premier Méridien de Mars, doit ètre censé fixé au globe de cette planète, et tourner avec ce globe, tout comme le premier méridien du globe ter- restre est supposé fixé à l'ile de Fer. Pour trouver l’ascension (x) Loco citato, p. 422. M. Messier avoit vu cette tache auparavant, en septembre 17853. : (2) Lettre de M. Duc-la-Chapelle à l’auteur , du 7 fructidor an vi. (5) Connoïssance des Temps, an x1, page 239. (4) Locis citatis. (5) Mém. académiques, an. 1720, page 144. (6) Elémens d’Astronomie de M. Cassini , page 460. (7) Collection académique, partie française, tome mr, P: 17. D ET D'HISTOIRE NATURELLE. 151 droite de ce premier méridien de Mars, c'est à-dire l'arc compris entre le point où le plan de ce méridien coupe l'équateur de Mars, et le nœud ascendant de cet équateur sur l’écliptique ; transportons-nous par la pensée au centre de Mars: il est évident que la Terre, vue de ce point, doit paroître répondre à l'opposite de Mars vu de la Terre, et avoir une latitude égale à la latitude géocentrique de Mars, mais de dénomination contraire; c'est-à-dire que dans le cas présent la Terre, vue de Mars, paroissoit avoir 258 24° 37 de longitude et 3° 38’ de latitude boréale. Cela posé, soit AN (fig. 8) une portion de l'équateur de Mars, et EN une portion de l'écliptique projetées à une distance infinie, N le nœud de l'équateur de Mars, avec l'éclipti- que, T la Terre, vue du centre de Mars, ATM le premier méridien de Mars, dont le plan passe par le centre de la Terre, OTE le cercle de latitude, dont le plan passe éga- lement par le centre de la Terre, et imaginons l'arc de grand cercle TN. Dans le triangle TEN rectangle en E, on connoit le côté ET — 5° 58’, latitude apparente de la Terre, et le côté NE — 6° 4’. Différence entre la longitude de la Terre, vue de Mars, 28 24° 37’, et la longitude du nœud, en 1795, 2e. 17° 57°. Ontrouvera l'hypothénuse NT de 7° 35”, l'angle TNE de 28 41’, et l'angle ETN de 61° 52’. Retranchant l'angle TNE de l'angle ANE, inclinaison de l'équateur de Mars sur l’écliptique — 30° 18/ ; il restera l'angle ANT de 19 37°: dans le triangle TAN rectangle en A, on connoit par conséquent le côté TN et l’angle ANT. On trouvera le côté AN, ou l'ascension droite du premier méridien de Mars, de 7° 55! ; le côté AT', ou la déclinaison australe de la Terre, vue de Mars, o° 13’; l'angle ATN, 88° 24; et la somme des angles ATN et ETN — 149° 56’ étant retranchée de 180°, il restera 30° 4' pour la valeur de l'angle ATO, compris entre le premier méridien de Mars et le cercle de latitude dont le plan passe par le centre de la Terre. Actuellement, pour trouver la projection des pôles de Mars, on remarquera que la projection de l’hémisphère visible de Mars, ou son disque apparent, étant évidemment le grand cercle qui termine la section du globe de ceite planète faite par un plan passant par son centre, et per- pendiculaire au rayon visuel dirigé de la Terre à Mars, la projection du premier méridien de Mars sera un diamètre du disque, la projection du point où ce premier méridien R 3 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est coupé par le rayon visuel, correspondra au centre du disque, et puisque ce point est situé sur la surface de Mars, 13° au sud de l'équateur, l'arc compris entre ce point et le pôle austral de Mars, est de 89 47, et le sinus de cet arc en étant la projection , il s'ensuit que le pôle austral de Mars étoit projeté sur la projection du prémier méri- dien à la distance de 0,099993 du centre (le rayon du disque de Mars étant pris pour l'unité). Enfin, puisque dans notre observation Mars étoit trés-proche de l'opposition, il étoit sensiblement dans le plan du cercle de latitude passant par le centre de la terre; par conséquent la projection de ce plan sur le disque de Mars étoit encore un autre diamètre de ce disque qui faisoit, avec le diamètre, projection du pre- mier méridien , un angle égal à celui compris entre les plans de ces cercles, c'est-à-dire de 30° 4', avec la seule différence que le cercle de latitude vu du centre de Mars, paroissant à gauche du premier méridien de Mars, comme dans la figure 8, la projection de ce cercle doit paroître, vue de la T'erre à droite ou à l'occident de la projection du premier méridien de Mars, et comme le cercle de latitude correspondant à VIIL 24° 57 (longitude géocentrique de Mars), fait un angle de 2° 20’ avec le méridien à l'orient, il s'ensuit que la projec- tion du premier méridien de Mars faisoit, dans la première observation , un angle de 32° 24’ avec le méridien ou le ver- tical à lorient dans la partie supérieure du disque de Mars. Il est donc très-facile, au moyen de cet angle et de la distance de la projection du pôle au centre de Mars, de déterminer le lieu apparent du pôle dans la première observation. C'est d'après cette méthode, et au moyen des longitudes et des latitudes géocentriques de Mars, observées ou cal- culées , que j'ai déterminé l'ascension droite du méridien de Mars, dont le plan passoit par le centre de la Terre. Dans chacune des observations qui ont suivi la première [méridien que je désignerai par. l’épithète de gédiabéni- que (1)], l'angle de ce méridien avec le vertical et la dis- tance du pôle visible de Mars au centre du disque qu'on trouvera dans la table suivante. Pour déterminer l'ascension droite du premier méridien (:) De T1, Terra, et de AaGar/«, Transeo. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 155 » de Mars, à l'instant de chacune de ces observations, j'ai réduit en secondes le temps eompris entre cette observation et la première, et j'ai divisé ce nombre de secondes par 88762" (qui est, à : de seconde près, la rotation de Mars autour de son axe, suivant M. Herschel). Rejetant ensuite du quotient le nombre entier qui n’exprime autre chose que JE nombré des révolutions diurnes complètes de Mars dans cet intervalle de temps, ou le nombre de fois que le premier méridien est revenu au point de 7° 35 auquel il correspondoit lors de la première observation, j'ai réduit en degrés et minutes la fraction restante, laquelle repré- sentoit l'arc décrit par le premier méridien, depuis la der- nière révolution complète; ajoutant à cet are 7° 35', la somme étoit évidemment l'ascension droite actuelle du pre- mier méridien, de laquelle retranchant celle du méridien gédiabénique , le reste exprimoit la distance du premier méridien à ce méridien gédiabénique , au moyen de laquelle distance on pouvoit juger de la ressemblance ou de la dis- semblance des phases. JOURNAL DE PHY3IQUE, DE CHIMIE 154 DIFFÉRENCE ASCENSION| ASCENSION| d’ascension | droite du pre- mier méri- dien, et dn ANGLE DISTANCE du méridien gédia-|de la projection du|. - Mat de M bénique avec le ver-[pôle visible de ÉsGie An e à enINIars € MAS ltical, daus la partie Mars au centre du diab 2 | premier des Observations. à boréale du disque |disque. BEClADENI- | méridien. géocentrique. | géocentrique. |je Mars. Rayon de Mars=1.|1"°: FPT e LONGITUDE | LATITUDE droite du Pôle visible, 14 Juin 1766 8:is. 240.37" 3e.38.A. | 32°.24/. à l’or. 1.00. Austral. LR 1 0° 31 Août 1798 11-26 Mi 6 .21,A.| 16 .44.ù l’oc. | 1.92 . Austral. | 79 108 8 Nov. 1800. o .14.A. | 43 .36.à loc. | 0.97 . Austral. 303 24 Déc. 1802 23, B. 28 .10o. à l’oc. . Boréal. 25 28 Janv. 1805 31.B. 3 .52. à loc. . Boréal. 212 4 Mars 1807 10.B.| 19 .35. à l'or. . Boréal. > e ail Del L] E w B © a e ê e £ 2 £ ÿ ‘8 Avril 1809 38 .37.à l'or. . Boréal. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 On xoit par cette Table, que ce qui peut le plus diffé- rencier l'apparence des taches de Mars, c'est la position du remier méridien à l'égard du méridien -gédiabénique, ou fa variation de l'est à l’ouest; car le plus grand changement dans le sens opposé, ou du nord au sud, n'ayant été que de dix parties pour le pôle boréal, et de huit parties pour le pôle austral (telles que le méridien du disque de Mars en contient 200), l'effet de ces derniers changemens est peu sensible. On voit encore que les positions du premier méridien, relativement au méridien gédiabénique, n'étant pas bien différentes dans la première, la quatrième et la sixième observation; et pareillement, que cette position ne différant pas beaucoup dans la seconde et dans la septième observation, l'apparence des taches de. Mars auroit dû être à peu près la mème dans la première, la quatrième et la sixième observation ; et pareillement, que cette apparence auroit dü être à peu près semblable dans la seconde et dans la septième , en supposant que la figure des taches de Mars est constante, et que leur apparence ne peut varier qu à raison! du mouvement de rotation de cette planète autour de son axe. Donc, puisque la figure, le nombre et ia dispo- sition des taches ont toujours paru très+ différens dans chaque observation , on doit en conclure que les chan- gemens qu'on observe dans, les taches de Mars sont réels, et que ces taches peuvent physiquement changer de figure, augmenter et diminuer, disparoitre et reparoïtre de nou- veau, ainsi,qu on l'observe dans les taches du Soleil. Mais nous remarquerons en même temps, que les variations que nous ayons observées sont si grandes, que pour produire des apparences semblables dans le globe terrestre, vu à la même distance que Mars, il ne faudroit pas moins que la submersion d’un continent, tel que l'Amérique , ou le des- séchement d'une mer, comme l'Océan atlantique. Ces chan- gemens sont trop considérables pour qu on puisse en supposer de pareils dans le globe solide de Mars, et y placer la cause des variations que nous avons observées dans ses taches. Cette supposition ne s’accorderoit pas avec l’état d’équi- libre et de consistance auquel les planètes, à en juger par la Terre, sont parvenues depuis long-temps; et il est beau- coup plus probable que ces taches, et les grands change- mens qu'elles éprouvent, n'ont lieu que dans l'atmosphère de Mars, dont plusieurs observations indiquent l'existence. 1356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En effet M. Cassini a remarqué (1) que, d'après les ob- servations qu'il fit à Briare et à la Charité-sur-Loire, le 30 septembre et le pee octobre 1672 ( jour d’une occul- tation par Mars de la moyenne des trois étoiles dans l'eau du Verseau, nommée 4 par Bayer), ainsi que d'après les observations de MM. Rœmer à Paris, Picard à Briem en Anjou, et Richer à Cayenne, la vitesse apparente de l'é- toile, en se séparant de Mars, fut plus grande qu'elle ne devoit être suivant le calcul fondé sur les observations des jours précédens , que les différences d’ascension droite entre cette étoile et Mars, présentèrent des irrégularités qui ne pouvoient être attribuées au changement de la parallaxe de Mars, puisqu'elles avoient lieu en sens contraire des va- riations de cette parallaxe, et qu'enfin la différence d’as- cension droite entre cette étoile et la précédente des trois, parut augmenter lorsque Mars étoit entre ces deux étoiles et proche de la moyenne, ce qui ne peut étre expliqué que pe une réfraction extraordinaire que les rayons, venus de ‘étoile, éprouvoient en traversant l’atmosphère de Mars. On remarqua encore (2) que l'étoile, quoique déjà éloignée de Mars des deux tiers du diamètre de cette planète, pa- roissoit pâle, foible, et étoit à peine visible avec une lu- nette de trois pieds, à raison sans doute de la perte des rayons réfléchis et absorbés par l'atmosphère de Mars. Ces remarques ont été confirmées par l'observation suivante : le 17 avril1706, à 15158 25", temps apparent au méridien de mon Observatoire à Viviers, ayant dirigé par hasard sur Mars, qui étoit proche du méridien, ma lunette achroma- tique , j apperçus une petite étoile qui sortoit de derrière le isque de cette planète, et he touchoit ce disque, vingt degrés environ à l'occident du vertical. Cette étoile, que j'ai reconnue pour étre à du Are ou la quatrième étoile de cette constellation dans le Catalogue britannique, paroissoit pâle et très-foible; elle s’éloigna, en apparence, (1) Les Elémens de l Astronomie vérifiés, elc., pages 42 et 44, dans le Recueil des Observations de MM. de l’Académie des Sciences, Paris, 1693, in-folio. 2) Regiæ Scientiarum Academiæ Historia( Duhamel), paginæ 107 et 108. Observations astronomiques pour 1673, dans le Recueil cité plus haut, page 8 et suivantes. fort ET D'HISTOIRE NATURELLE. 137 fort vite de Mars, et ‘reprit. son éclat à la distance du tiers environ du diamètre de cette planète (1). Tous ces phéno- mènes ne permettent guère de douter de l'existence de l'at- mosphère de Mars; il paroît même que le fluide dont elle est composée a beaucoup de rapport avec notre air ; il lui mile au moins dans une propriété remarquable, celie d’absorber les rayons bleus et violets, et de ne transmettre sensiblement que les rayons jaunes et rouges. Cette propriété nous est indiquée par la couleur rouge de Mars. Dans cette supposition, qui paroit prouvée, les grandes taches rouges que nous avons observées, pourroient bien être de grands amas de- nuages flottans dans l'atmosphère de Mars, ou plutôt d'immenses brouillards pareils à celui qui couvrit, pendant plusieurs mois, une grande partie de notre globe, en 1783, dont l'étendue, la figure, le nombre et la situa- tion peuvent facilement et considérablement varier par l'effet de la chaleur, par celui des vents , ou par d’autres causes ui nous sont inconnues, et qui peuvent même, par l'effet e ces mêmes causes, se dissiper et renaitre ensuite , comme nous le voyons sur la Terre. | (1) J’ai calculé cette observation rare et curieuse, et j'ai trouvé la con- jonction vraie géocentrique de Mars avec l’étoile , le 17 avril à 15h 48°27", temps moyen à Viviers, en 8° 27° 6’ 42", latitude de Mars 0° 20° 50" aus- trale. J'en ai déduit, en supposant l’inclinaison de 1° 51° 7" le lieu du nœud de Mars, 15i8: 17° 58’ 26" (les longitudes compiées de l’équinoxe moyen). L'étoile a dû être occultée pendant 9° 5". Quel regret de n’avoir pas dirigé ma lunette sur Mars un quart-d’heure plutôt! S Tome LXIX. AOÛT an 1809. S 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SUR LA PROPAGATION DU SÔN._ ‘ cart PAR | : DIFFÉRENTES MATIÈRES AÉRIFORMES; Pin M. CHLADNI. | J'avors publié quelques expériences faites à Vienne, avec M. le Professeur: de Jacquin, sur les sons de différentes espèces de gaz, dont le mime tuyau d'orgue étoit rempli, environné etenflé, dans le 2{asasin de Worigt (Voists Ma- gazin für den nenesten Zustand der Natüurkunde, tom.T7, cah. 111). M. Pérolle, qui a bien mérité de l’Acoustique , par beaucoup d'expériences sur la propagation du son par différentes matières, a disputé contre mes assertions, en croyant qu'elles donnoient des résultats contraires à ses expériences (dans le Journal de Physique, tom. xzviu, p. 455); mais ce n’est qu'un mal-entendu, causé par un extrait très-court qu'on avoit donné de mon Mémoire. Puis- que la propagation du son par une matière aériforme, ne diffère pas essentiellement des vibrations longitudinales de cette matière, quand elle est renfermée dans un tuyau , mes expériences peuvent servir à déterminer la vitesse de la propagation du son par différentes matières aériformes ; vitesse qui, suivant la théorie, doit étre en raison ren- versée des racines carrées des pesanteurs ; et c'est ce que l'expérience consfate, à quelques différences près, causées par des qualités chimiques. Les expériences de M. Pérolle concernent l'intensité du son propagé par les mêmes ma- tières ; intensité qui, suivant la théorie, ji être plus grande dans des fluides plus pesans que dans des fluides plus légers; et c'est ce que ses observations constatent aussi, à quelques exceptions près, causées par des qualités chimiques. Il n’y x a donc aucun objet de dispute; il faut même que, mises à ‘ LAuh Sue ET D'HISTOIRE NATURELLE, 139 gaz qui propageoit le son. Je me souviens assez exactement ue le son du gaz hydrogène, quoique beaucoup plus aigu, _ étoit très-foible et difficile à distinguer, et que celui du gaz oxigène, quoique plus grave, étoit plus fort que celui du gaz atmosphérique, ce qui est d'accord avec la théorie” et avec les expériences de M. Pérolle. Dans celui du gaz. acide carbonique et du gaz azote, je né me souviens pas . d’avoir observé quelque chose de particulièrement remar-. quable, quant à l'intensité. Le gaz nitreux paroit être plus propre à propager le son qu'à sonner lui-même, peut-être parce que, dans ces expériences , il est très-difficile d'éviter qu une portion de ce gaz ne passe pas à l’état d’acide. « OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES ETES NE PENEERENEUPATPENS | THERNOMETRE EXTERIEUR |. BAROMÈTRE M ETRIQUE. > = CENTIGRADE je 7 2 È 2 Te A TT TT A CRE | Maximus | Minimum: [AMiil Maximunr. | Minimum. = à \ El 1 \ [ MIDI] 5 heures” © heures Si d 0 Ë hewres. 4 mill | heures. Ft mill. mill. e 1Jà2%S. +#25,4/à 4 m. “+H12,2| 24 à midi... 756,80fà 33 m:.1:...756,04[756,80| 20,0 2là midi +-23,0[à 3 j m. 10,9) 425,00 3 4 m..…....766,28[à105........ :754580[756,16| 20,0|u JR 3+s H47dg8s Ægpf Bio Se 48 non be FIL TOP JS See. o . « - 750,24|750,78| 16,7 AT midi 17,28 gs 25 4e 62 47 midi 2 2222 958,64 di. : 21: .750.60|751,26| 17,7 rs +18, qn,) ho dr+157 io Les. uit :769:go 4m... .:750/60|751,76| 18,7 Gfànudi +ar,5là 4m. ii} Hoi Sa midi . sers s 7231848 4m. :5...7588,00|753,84| 18,0 7fé midi +24 44m. Hifi) Log imidi. 754,481 945. :... .757520|754,48| 19.4 as. +237 m. +11.6| +20, midi... 756,40à 4 m. .......754,26[756,10| 16,7 9 à midi +22,2/à 9501-12 2) 0, MO ER LS 756,20! à midi ....... 754,50|754,50| 19,3 10[à3S. +H20,/à 4m :Hux7| ao où où 821... 757,204 4 m1... 757,641755,08| 17,7 MS s +18,6/à4m., Ærgo] +679 82 22e 76r300fÀ 4m cie 2. à 757,62|759,88| 17,7 Colä midi +21,5/à 4 m. 12,7) Æ10,38 midi. 62 e702,08 à 41m 4. 4... 761,32|762,08| 17,5 C3[à midi +24,7{à 4 m. ‘13 6| +247 10 5......: .763,50fà 4 m ..... ...761,44|762,20| 10,5 à Ss. +197 4 m. prs,2l 18,2 6 m ....... HO) EOISe re aeeE 764,02|764,82| 19,2/M Bs —23,7/à 4 mi 2,2) Los 5 4m... . .763;181à 9 26. ....... 761,00|762 24| 20,1 Là midi +24, 4 m, 412,3) +24,1fà 4m... 760,53là 10 si. .......758,50|750,88| 20,7 17/à midi +227|à 4 m. 12,5]. 422,7 gr? 757, 50f4 3 522.22. 758,28/785,04| 21,1|N 1813s. +19,4 À1OS. 12,5) 18,5 10.......,. 728,20là 41m... 1::.754,76|756,60, 20,0 19)à 3 S. +10,6[à 4 m. + 041 H18,7ù 11 LS... 763,16|à.4 m. ....:...759,50|761,04, 10,2 20 3s. +244 m. % 85] +224 om... ... 763,67{x 4 m.........762,50|763,26| 19,6 21/4 midi 20,6! 4 m. 4x1] 420,6 4 m ....... 763,54|à 10 s......:..760,27|762,50| 19,6 221448. +22,5/à 44m. 1,5) 29,081 42m... 758,;olà 45.1: 11 ..755,62|756,90| 19,c 23à3%s. 25,514 1m. +#13,0) +-24,08ù 4 i m....... 756,00fù 3 15..4..0: .754,50|704,60| 20, 24/15 +28,5fà 4£im 14.9] +-20,2hù 44 m....... 756,00fà 9? s.. ......752,40|754,24| 21,4 2916 +H25911s +160] 2471 s........ 7H TOM SE eee 752,00|752,32| 21,7 26|à midi +26,1]à 1015. H16,5| +26 1fàù 1025... 754,321à 4: m....... 752,44|754,12| 21,d 27/à midi +25,5|à 44m. Lro,r| Los 6 35... 754,94lk4}m........ 754,00|754,36| 21,7 2fà3s. +Hozihhois 415,5] Lio s.:...... 70:24 Pi 0 8 eue 53,50|753,60| 21,6 29/43 s. —22,7{à 44m. Ærr,5] H19,7ù midi... 758,36[à 9 1 s........ 756,86|758,38| 20,8 3olà midi <+25,0[à 4 m. Lro,o| +25, 3m ........ 755,841 1015.......752,60|754,63| 21,1k J1là 28. “H22,7{[à 4 Em. 16,0! +18, midi. ......75810à 44m... 751,56[753,10l 20,2 RECAPITULATIO N. Millim. Plus grande élévation du mercure... 765,02, le 14, à 6 m. Moindre élévation du mercure... 750,4, le à 9+s. Plus grand degré de chaleur... + 26°,5, le 24à 15. Moindre degré de chaleur....... + 6,2, le 4 à 4 m. Nombre de jours beaux. ...... 14 € Ccouverts........... 17 5 de'pluie-. #5 te 0e 12 d delvent..-- "rm: 31 de gelée........ Lao o de tonnerre........... 4 de brouillard. ......... 7 deneives rte o de gréle PO EMTE Et A LEO o D en ml Da ET RU OS pers soie ml ARS RE 7 PP LE Nora. À partir du commencement de cette année , la température sera toujours exprimée en à-dire en millimètres et centièmes de millimètres, Comme les observations de midi sont mercure dans le baromètre ; on trouvera à côté le-thermomètre de correction. On a aussi supprimés ff à f d ; * 7 À ‘ . a ———— JOURNAL DE PH YSIOVE: DE CHIMIE: ET D'HISTOIRE NATURELLE. SEPTEMBRE ax 1800. MÉMOIRE Sur l'influence conductrice ou indéférente des Corps pour le fluide de la Phosphorescence. Pair J. P. DESSAIGNES. Daxs le cours de mes recherches précédentes, je m'étois convaincu que la propriété phosphorique étoit soumise, dans .son excitation, à la loi des corps conducteurs et indéférens ; j'ai voulu étudier de nouveau Jde phénomène de la phospho- rescence sous ce rapport, pour voir si je ne pourrois pas trouver quelques nouveaux, faits propres à me confirmer dans mon opinion sur l'une des causes générales de la phos- phorescence, ou pour l'abandonner de bonne heure, si l'expérience ne répondoit pas ,à mes, vues. Je dois prévenir que j'ai, employé ; dans les expériences faites sur un support chaud, trois sortes de température. Tome LXIX. SEPTEMBRE an 1809. Y 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE T'ous les corps ont été d'abord éprouvés sur une pelle obseu- rément chaude, puis chauffée jusqu'au rouge, et enfin in- candescente. Je ne saurois trop recommander de n’opérer que pendant la nuit, et dans un réduit obscur, parce que la rétine est trop irritée pendant le jour, pour prendre promptement cette sensibilité exquise propre au discerne- ment-des lueurs phosphoriques. Il faut encore avoir égard dans l'insolation, à l’heure du jour, au vent dominant et à la saison. L'influence solaire, ou celle de la clarté du jour, qui n’est que de bien peu inférieure à celle des rayons directs, n'est pas aussi éner- gique à 8 heures du matin, ou à 5 heures du soir, que de 11 heures à midi: je m'en suis assuré par une foule de substances, telles que le quartz hyalin, le sulfate de soude et quelques spaths calcaires, qui restent ténébreux à la lu- mière naissante ou décroissante, et qui prennent sensible- ment de l'éclat, lorsque le soleil est au milieu de sa course. L'action impulsive des rayons est bien moins forte, lorsque le vent est sud ou sud-ouest, et que l'hygromètre marche vers l'humidité, que lorsque le temps est sec, et le vent est ou nord-est. Le soleil de juin etjuilletestencore plus actif que celui de février: j'ai été plus d’une fois surpris de voir sur mes registres des substances déclarées ténébreuses en hiver, que j ai trouvées dans l'été manifestement phosphorescentes. Ces observations, quelque justes et fondées qu'elles soient, ne peuvent néanmoins être utiles, que lorsque l'on veut dé- terminer l'influence solaire, ou comparer entre elles les in- tensités lumineuses des corps phosphorescens; car la plupart d'entre eux s'illuminent plus ou moins foiblement à la seule clarté du jour, soit le matin ou le soir, et leur lueur est toujours sensible à l'œil, lorsqu'on est bien accoutumé à l'obscurité. De l'influence de l'eau de cristallisation sur la Phospho- rescence par élévation de Lempérature. 1°. La craie de Meudon, de l'épaisseur de deux milli- mètres, se pénètre, sur la pelle obscure, d’une foible lumière blanchäâtre, au bout d'une minute. La chaux carbonatée globuliforme , de 3 à 4 millimètres d’épaisseur, luit faci- lement dans 30”, et d'une lumière vive et jaunâtre , qui dure ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1-1 2 à 3 minutes : il est curieux , lorsqu'on met plusieurs de ces masses arrondies, de voir, sur un fond obscur, une foule de globes enflammés briller comme les étoiles dans le firmament. Les stalactites lamellaires n'y prennent aucun éclat, quel que soit leur peu d'épaisseur: réduites en petits fragmens, elles décrépitent beaucoup sur le support, et ne donnent çà et là que quelques éclairs. Le carbonate de chaux ferrifère, ou mine de fer spathique, le spath perlé, et en général tous les cristaux de seconde formation, eomme les dents de cochon de Montmartre , et quelques chaux car- bonatées en masse aiguillée, se comportent à peu près de la même manière. Au reste, cela n’est pas particulier à ces variétés de carbonate de chaux; car on remarque la même chose dans les sels alkalins : il en est même quelques-uns qui, contenant trop d’eau interposée, ne deviennent sus- ceptibles de luire en poudre, que lorsqu'on a dissipé, par Ja calcination, la plus grande partie de cette eau. Le spath d'Islandelimpide, missur la pelle, de l'épaisseur d’un millimètre, s'illumine assez vivement dans toute sa subs- tance : le méme, réduit en poudre fine, et jeté sur un char- bon ardent, n'y donne aucune phosphorescence. Il luit néanmoins sur la pelle obscure, mais bien plus foiblement qe lorsqu'il est en masse ou en petits fragmens. Un morceau ‘arragonite, de la grosseur de 4 à 5 millimètres , acquiert une vive lueur jaune sur le charbon ou sur la pelle : cette substance devient encore plus lumineuse, lorsqu'elle est réduite en petits fragmens. Sa poussière est toutefois téné- breuse sur le charbon ardent , et ne répand qu'une lueur bleuâtre sur la pelle obscure: la même chose a lieu sur le charbon , lorsque son ignition ‘est languissante. La dolomie granuleuse , de l'épaisseur de 4 à 6 millimètres, donne, sur le charbon ardent ou sur la pelle un peu rouge, une lueur très-intense, et comparable à celle d’an charbon en ignition : aucun carbonate de chaux n'est aussi phospho- rescent qu'elle. Sa poussière, comme celle des précédentes, est ténébreuse sur lé charbon ardent, et foiblement lumi- neuse sur la pelle obscure. L'on peut donc établir en principe que tous les cristaux de carbonate de chaux, /'mpides, et exempts de matière mé- tallique, sont lumineux en masse , et ténébreux,en poudre ; tandis que les variétés de cette même substance, qui dé- à 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE crépitent beaucoup sur le feu, ne sont phosphorescentes d'aucune manière. 2°. La chaux phosphatée prismatique et limpide ne com- mence à luire sur mon support, lorsqu'elle est en masse, qu'au bout de 40 à 50”; mais elle finit par y prendre une belle lueur blanchäâtre.:: La même substance, réduite en poudre fine:et jetée sur un charbon ardent, y reste obs- cure; cependant, lorsqu'on la dissémine sur un charbon dont l'ignition languit, l’on apperçoit, dans quelques en- droits, une lueur bleue expirante. M. Hay, dans sa Miné- is , annonce que la poussière des cinq premières variétés de chaux phosphatée, est phosphorescente. sur le charbon: il y a tout lieu de croire qu'il n’a employé dans ses épreuves que des cristaux colorés ; car, bien certainement, les cris- taux limpides ne le sont pas. La chrysolite des joailliers, ou chaux phosphatée pyramidée du méme auteur, répand, lorsqu'elle est en masse, autant d'éclat que la précédente: réduite en poudre, elle ne brille plus sur le charbon. IL étoit sensible pour moi que cet effet dépend de la tempé- rature trop élevée du charbon qui fluidifie une partie de l’eau dite de cristallisation; mais pour m'en assurer j'ai projeté successivement sur une brique obscurément chaude, puis incandescente, de la poudre de chrysolite et d'apatite lim- pide; elles ont été lumineuses l'une et l'autre dans le premier cas, et inphosphorescentes dans le second. La chaux phos- phatée artificielle se comporte de la mème manière sous ces températures, à quelques différences près dans son degré de phosphorescence. Il n'est donc pas vrai que le phosphate calcaire natif jouisse exclusivement de la propriété phosphorique, et qu'on doive considérer celle-ci comme une propriété accidentelle, étrangère à la constitution du mixte, puisque le même corps, natif ou artificiel, brille plus ou moins sur un support obscur, et se trouve inphosphorescent sur le charbon. Si ce sel ter- reux artificiel n’a pas une aussi vive phosphorescence que le natif, c'est qu'il est dans un grand état de ténuité, et qu'il a plus d’eau de cristallisation que ce dernier. Cela pa- roitra plus évident par la suite. Il est vrai que la poussière des échantillons colorés possède la faculté de luire sur le charbon ; mais cela tient à une nouvelle cause qu'il n'est pas encore temps de faire connoître. 22 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 3°. Le fluate calcaire limpide, éprouvé en masse ou en poudre, offre les mêmes résultats. La chaux fluatée artifi- cielle est également obscure sur le charbon ardent: l'une et l'autre substance brillent sur la brique obscure, et restent ténébreuses sur le même support incandescent. Scheele, dans son beau Mémoire sur le spath-fluor, a trouvé que la chaux fluatée artificielle est plus phosphorescente que la mème substance native: je le sais; mais, malgré l'auto- rité de ce célèbre chimiste, je suis forcé d'avouer qu'elle m'a toujours paru bien moins phosphorescente, à moins qu'il n'ait comparativement éprouvé le spath-fluor limpide en poudre avec le méme fluate artificiel, sur un support rouge; mais alors même il ne l’est pas davantage. 4°. La grammatite fibreuse, qui est si phosphorescente par le frottement ou la percussion, qu'elle reste lumineuse dans le mortier pendant 8 à 10" après avoir été frappée, est également ténébreuse en poudre sur le charbon ardent, et foiblement luisante sur la pelle: M. Haüy l’a trouvée phosphorescente sur le charbon; mais cette différence peut venir de la quantité plus ou moins grande d'eau interposée que peuvent contenir les divers échantillons de cette subs- tance; car la poussière de la grammatite vitreuse l'est effec- tivement un peu sur le charbon ardent. Il résulte, des observations que je viens de détailler, que 1° tous les carbonates de chaux ne contiennent pas la même quantité d'eau de cristallisation , puisque les uns décré- pitent beaucoup sur le feu , et que les autres s'y échauffent paisiblement: il en est de même, suivant les apparences, pour les autres sels terreux; 2° que cette portion d'eau, qui est foiblement retenue par le force de l'attraction, venant à changer d'état lorsqu'on chauffe le corps, absorbe le fuide de la phosphorescence , et le retient captif; 3° que tous les cristaux qui ne tiennent point d'eau interposée, ou dans lesquels elle se trouve plus solidifiée , ont le pouvoir de briller en masse, tandis qu’ils sont ténébreux en poudre. La raison en est, que dans le premier cas l'eau dite de cristallisation, trouve, dans l’agrégation des parties, un nouveau pouvoir solidifiant dont elle est dépourvue dans le second cas, où les molécules sont séparées et réduites à leur propre force attractive pour l'eau. Cette force de cohésion est variable dans les cristaux, puisqu'ils dif- 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fèrent entre eux par leur dureté et par leur pesanteur spé- cifique : or il est sensible que plus les particules solides du cristal sont rapprochées les unes des autres, plus l'eau in- terposée éprouve de resserrement et trouve d'obstacles à son expansion. Il suit de là, que tous les cristaux en masse ne doivent pas jouir du même degré de phosphorescence, ni être également ténébreux en poudre; et c'est effective- ment ce qui a lieu dans l’expérience ; 4° enfin la poussière de ces mêmes substances reste obscure sur le charbon ar- dent , et s'illumine sur un support obscurément chaud, parce que ce dernier degré de température, qui suffit pour exciter la propriété phosphorique, est incapable de pro- curer à l'eau solidifiée aucun changement d'état. Du pouvoir conducteur ou indéférent des Corps lumineux par élévation de température, pour le fluide de la Phos- phorescence. Après avoir déterminé l'influence de l'eau foiblement soli- difiée sur la propriété phosphorique, et m'être assuré que tous les corps ci-dessus désignés, qui n'en contiennent pas, sont susceptibles de luire en masse sur un support chaud, j'ai voulu voir si toutes les substances donneroient, par ce moyen, de la phosphorescence au même degré de tempé- rature, ou si, dans le cas où elles offriroient plus ou moins de résistance à l'émission lumineuse, cette résistance seroit en raison de l'indéférence connue des mixtes. Des expériences, souvent réitérées sur les mêmes corps, m'ont donné les résultats suivans : 1° Tous les cristaux de carbonate de chaux, si l'on en excepte les variétés de seconde formation, qui contiennent trop d'eau de cristallisation, et les spaths d'Islande lim- pides, tous s'illuminent sur la pelle obscure, quelle que soit leur épaisseur. Il en est de même du spath-fluor en masse. L’apatite de Werner, et la chaux phosphatée pyra- midée exigent une température rouge, encore ne commen- cent-elles à briller que lorsque la pelle a cessé de rougir. 2°, Les agathes, les cornalines, la prase, le silex de- viennent PR eu sur la pelle obscure, pourvu qu'ils n'aient pas plus de deux millimètres d'épaisseur : il en est ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 ù de même du verre. Les uns et les autres y sont ténébreux, lorsqu'ils ont 4 à 5 millimètres ÉRA ES Le cristal de Ma- dagascar n'y luit que par les angles aigus de ses bords frac- turés. L'adulaire, en masse ou cristallisée, quel que soit son peu d'épaisseur, a toujours été inphosphorescente, même sur un support incandescent; et cependant cette même substance en poudre est très-lumineuse, et n’a besoin pour cela que de 100°,0 de chaleur, comme le spath-fluor. 30. Le diamant brut, non-taillé ettrès-petit, laisse échapper un trait de lumière par l'un de ses angles, sur le support obscur: la même substance reste ténébreuse sous une tem- pérature plus élevée, lorsque le cristal est un peu plus gros, J'ai éprouvé ce dernier elfet sur six diamans bruts de diverses grosseurs. Ce résultat est d'autant plus étonnant, que le célèbre Boyle atteste avoir vu des diamans devenir phosphorescens en les plongeant seulement dans l'eau bouil- lante; mais cela tient à certaines eirconstances que je ferai connoître par la suite. Il suffit d'observer, pour le moment, qu'il n'y a que les diamans taillés qui brillent ainsi, sur- tout parmi les limpides. Je présume que M. Werner n'avoit éprouvé, comme moi, que des diamans bruts, lorsqu'il a avancé, contre le témoignage de Boze, de Dufay et de Beccaria , « que tout ce qu'on a dit de la propriété de phos- » phorescer dans l'obscurité, est dénué de fondement. » 4. La topaze jaune, prismée, de deux millimètres de côté, n'est point phosphorescente sur la pelle rouge, et l'est beau- coup sur le support incandescent; mais elle ne parvient à son plus haut point de lumière que lorsque celui-ci est obscur. J'ai fait luire, à la même température, une topaze de 8 millimètres d'épaisseur. L'hyacinte du Puy ne brille également que sur un support incandescent. Les télésies, les spinelles, les saphirs, l’opale, l'émeraude et les cymo- phanes roulées résistent au contraire à toute température ; et cependant la poussière de ces gemmes est bien phospho- rescente sur la pelle obscure, surtout celle de la cymophane et de la télésie rouge. Le phosphate acide de chaux, fondu dans un creuset d'argile, s'y convertit, comme l'on sait, en un verre bien transparent, insoluble et insipide: des lames minces de ce verre luisent sur la pelle obscure ; celles de 3 à 4 millimètres d'épaisseur n'y prennent aucune lueur, même lorsque le support est rouge. 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il étoit impossible de ne pas m'appercevoir, d’après tous ces faits, que plus le corps est indéférent, plus le fluide das paospnotescence est difficile à ébranler; mais pour m'en assurer, jai pensé que si lä non-apparition de lu- mière dépendoit véritablement de l'indéférence des corps, je devrois voir renaitre la propriété phosphorique dans les mêmes substances, lorsqu'elles sont associées à quelques élémens métalliques ; car alors ce mélange doit nécessaire- ment affoiblir leur pouvoir cohibent. J'ai donc examiné de nouveau, dans cette vue, toutes les substances minérales dans l'état limpide, ou colorées, et voici ce que j'ai observé. 1°. Le spath d'Islande limpide, de l’épaisseur de 3 milli- mètres , reste ténébreux sur la pelle obscure; celui qui est foiblement coloré en jaune, y devient phosphorescent, lors même qu'il a six millimètres d'épaisseur. La poudre de celui-ci donne une lueur jaune, sensible sur le charbon ardent; celle du premier n’y est point phosphorescente. Les chaux carbonatée, sexduodécimale, métastatique et soustractive de M. Haüuy, lorsqu'elles sont limpides et de première formation, c'est-à-dire qu’elles ne décrépitent pas en petits fragmens, prennent en masse une assez belle lueur sur la pelle; mais elle n'est pas comparable, dans son in- tensité, à celle des mêmes variétés colorées. La poussière des cristaux limpides ne luit point sur le charbon ardent: celle des cristaux colorés y brille presque autant que le phos- phate de chaux de l'Estramadure. J'ai remarqué que l'in- tensité lumineuse étoit proportionnelle à la coloration du cristal; car il en est qui paroissent limpides, et qui, con- tenant néanmoins Locle traces de carbonate de fer, don- nent une foible lueur jaune sur le charbon, tandis que les cristaux, véritablement limpides et exempts de toute matière métallique, n'exhalent qu’une lueur bleuâtre sur la portion noire et non ignescente du charbon. On observe la même différence d’intensité dans la phosphorescence , entre l'arragonite limpide et les fragmens de celle qui est violette. J'avois lieu d'appréhender, d’après les expériences de la première section, que les sels métalliques associés aux car- bonatés dé chaux, ne contribuassent à l'accroissement de la phosphorescence, plutôt en augmentant le pouvoir so- lidifant de la substaucé pour son ‘eau de cristallisation, qu'en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 qu’en lui communiquant un pouvoir conducteur ; mais je me suis assuré du contraire, en éprouvant de la même ma- nière le carbonate de chaux en masse aiguillée. Ces cris- taux, quoique bien colorés, déerépitent sur la pelle, et leur poussière est complètement ténébreuse sur le charbon. L'on ne peut donc pas supposer que le carbonate de fer, qui les colore , contribue à la solidification de leur eau de cristallisation. Il paroit que , lorque les cristaux sont colorés par une substance métallique , le fluide de la phosphorescence , se trouvant plus indépendant, peut être refoulé et mis en ébranlement par la première impression du charbon ardent, avant que l'eau n'ait pu changer d'état, et lui préparer de nouveaux liens : dans les cristaux limpides, au contraire, le fluide se trouvant plus fortement retenu, a besoin, pour paroître , de ce même degré de température qui fluidifie une portion de l’eau solidifiée, lorsqu'ils sont réduits en poudre. La propriété phosphorique ne se manifeste pas alors, parce que Île duide est absorbé par l'eau qui se gazélie, Pour ainsi dire, aulour de chaque molécule. Ce qui prouve FI les cristaux limpides retiennent avec plus de force leur luide lumineux que les cristaux colorés, c'est que ceux-c1l donnent toujours une lueur jaune sur un support chaud, soit qu'ils y soient exposés en masse, ou jetés en poudre, tandis que ceux-là ne donnent une lueur jaune qu'en masse, et en exhalent une bleuâtre, lorsqu'on les jette en poudre : or j'ai remarqué, dans le cours de mes expériences, que la lumière est toujours bleue, lorsque la phosphorescence s'opère péniblement, et d’une teinte jaune plus ou moins vive, lorsqu'elle s'opère avec facilité. Je pourrois encore ajouter que la poussière des cristaux colorés est ténébreuse elle-même, lorsqu'on la jette sur un charbon bien attisé ; ce qui prouve que, dans le cas où le charbon est dans son ignition naturelle, le fluide de la phosphorescence est mis en mouvement dans la poudre des cristaux colorés, avant qu'il ne soit survenu aucun changement d'état à l'eau so- lidifiée. 2°. Les cristaux de l'apatite limpide, comme je l'ai dit, ne s’illuminent sur un support chaud, qu'au bout de 40 à 50": l'apatite verdätre, au contraire, devient phosphores- cente à la première’ impression de la chaleur. La poussière Tome LXIX, SEPTEMBRE an 1808. ZL 178 JOURNAL DE PIMYSIQUE, DE CHIMIE de la première variété reste obscure sur le charbon ardent: celle de la seconde y brille d'une lueur verdätre très-in- tense. Les cristaux, lent teints en violet, luisent en masse, presqu'aussi difficilement que les limpides; cepen- dant leur poussière est lumineuse sur le charbon, quoiqu à un degré bien inférieur à celui des cristaux verdâtres. Je n'ai pu éprouver de la même manière l'influence métalli- que sur le phosphate de chaux pyramidé, parce que je n’avois en ma possession qu'un seul échantillon transparent et foiblement coloré en jaune. Tout le monde connoît la belle et vive phosphorescence du phosphate calcaire de l'Estramadure, en masse ou en pond L'on sait encore, d'après Pelletier, qu'en faisant ouillir long-temps dans l'eau cette pierre réduite en poudre, elle n'y perd pas sa propriété lumineuse. Cependant, sion la dissout dans l'acide nitrique , et qu'on la dépouille de l'oxide de fer qu'elle contient, on la réduit à ne plus briller sur le support que comme la chaux phosphatée artificielle. D'après les derniers travaux de MM. Fourcroy et Vauquelin, le phosphate de chaux des os calcinés contient du carbonate de chaux, de la magnésie, du manganèse et du fer à l'état de phosphates: cette terre répand, sur la pelle obscure, une belle lumière jaune, inférieure néanmoins à celle de la pierre de l'Estramadure. Si on la réduit, par les moyens chimiques, à l'état de phosphate de chaux pur, elle ne conserve plus alors que la phosphorescence de la chaux phosphatée artificielle. 5°, Les fluates de chaux limpides, réduits en poudre, ne brillent point sur le charbon ardent: tous les fluates colorés, au contraire, y manifestent une vive phosphorescence, par- ticulièrement le spath-fluor vert, qui répand d’abord un éclat verdâtre, puis une lueur violette; mais on observe, lorsqu'il est froid, que le cristal s'est coloré en rouge. M. Haüy remarque que la clorophane violette répand, sans décrépiter sur les charbons, une lumière d’un vert d’é- meraude. J’enai un échantillon, fourni par M. Launoy, dont la couleur est d’une teinte légère d'aigue-marine, et qui ne donne, sur les charbons, qu’une lueur bleue. Sa poussière décrépite un peu sur la pelle obscure , et, après avoir exhalé sa lumière , elle se trouve colorée en rouge. Il en est de même du cristal que l'on fait chauffer. Mon échantillon ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 contenoit donc de l'oxide de fer, et il y a apparence que la variété violette contient du manganèse: les diverses alt - rations que l’une et l'autre variété éprouvent sur le feu, me portént à croire que ces métaux y sont à l'état de sels métalliques. Les fluates métalliques qui salissent toutes ces substances, contribuent donc évidemment au développement de leur propriété phosphorique; et l'on ne doit pas supposer, avec quelques savans, que leur D A AE est le résultat de l’oxidation complète de leurs métaux colorans, puisque le fluate de chaux natif, lorsqu'il est pur et exempt de ma- tière métallique , est susceptible de briller, en masse ou en parties sur un support obscur. Il est vrai que le spath- uor vert et la clorophane non sensiblement colorée, rou- gissent au feu, et que la clorophane violette y devient limpide; mais ces effets sont indépendans de la phospho- rescence , et ne doivent être attribués qu à la décomposition du fluate de fer dans les premiers, et du fluate de manga- nèse dans le second. En effet, suivant Scheele, ces sels métalliques se décomposent facilement par la chaleur, et le manganèse , séparé de son acide, passe à l'état d'oxide blanc, sans troubler la transparence du cristal, comme cela arrive dans la fabrication du verre. 4. L’adulaire , amorphe ou cristallisée , résiste à toute élévation de température : le feld-spath bleu de Carinthie, et celui de l'Auvergne, qui est opaque et cristallisé, de- viennent, au contraire, bien phosphorescens sur la pelle rouge. La cymophane roulée et foiblement colorée en jaune, reste obscure sur la pelle incandescente, lors même que l'échantillon est fractüré : la même pierre, assez fortement teinte en rouge, y acquiert un vif éclat. Je n'ai pu sou- mettre à la même épreuve les pierres précieuses, parce que je n'en avois pas assez de variétés; maïs je crois pouvoir avancer que l'influence métallique y est en général d'au- tant moins sensible, qu'elles sont d'une nature plus indé- férente. Je regrette bien vivement de n'avoir pu me procurer plusieurs variétés de diamans bruts ; car, comme cette subs- tance possède à un très-haut degré la propriété phosphorique, je présume que les diamans colorés seroient susceptibles de luire sur un: support chaud. Quoique je ne puisse point produire, pour lermoment, ce Z 2 180 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE complément de preuve desirable, je n’en suis pas moins autorisé à conclure, d'après tout ce que je viens de faire connoître , que le fluide de la phosphorescence est soumis, dans son oscillation lumineuse par élévation de température, à la propriété conductrice ou indéférente des corps qui la recèlent. Du pouvoir conducteur ow indéférent des Corps lumineux par insolation, pour le fluide de la Phosphorescence. J'avois observé, dans mon premier Mémoire, que tous les corps isolans, tirés des trois règnes, sont plus ou moins obscurs dans l’insolation , tandis que les corps éemi-conduc- teurs y jouissent de la plénitude de la phosphorescence, et j'en avois conclu que ce phénomène est une sorte de pro- priété électrique; mais revenant par suite sur cet objet, et cherchant à en vérifier de nouveau les résultats, pour ma propre satisfaction, j'ai été bien surpris de trouver que, parmi les variétés d’une même espèce minérale, il en est qui sont très-phosphorescentes , et d'autres absolument téné- breuses. Ce fait bien constaté m'a paru si peu favorable à mon hypothèse, que je me suis cru dans l'obligation de découvrir les causes de cette différence, ou de renoncer à mon opinion. Après avoir scrupuleusement examiné cette circonstance, je n'ai pas tardé à m'appercevoir que tous les corps non-métalliques ou non-charbonneux, sont naturel- lement indéférens pour le fluide de la phosphorescence, et qu'ils ne doivent leur propriété de luire qu’à une cer- taine quantité d'eau interposée, ou à quelques élémens mé- talliques avec lesquels plusieurs échantillons de chaque espèce minérale terreuse se trouvent associés. Je pense avoir poussé assez loin l'examen de cette singulière propriété, pour ne laisser aucun doute sur sa réalité. En voici les preuves : 1°. Le carbonate de chaux artificiel , la craie de Meudon et la chaux carbonatée globuliforme sont bien lumineux à la seule clarté du jour : leur lueur subsiste même dans l’obs- curité pendant 7 à 8". Le spath-d’Islande limpide, au con- traire, et en général les spaths-calcaires, quelle que soit leur forme de cristallisation, qui ne contiennent point de matière métallique, et qui, décrépitant foiblement sur le feu, donnent une vive phosphorescence sur un support chaud, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 181 tous, dis-je, restent ténébreux au contact de la lumière, Les carbonates de chaux, qui décrépitent beaucoup sur le feu, et qui, en raison de cela, ne s’illuminent que foiblement, en masse ou en poudre, sur la pelle obscure, tels que le spath en masse aiguillée de 2° formation, la chaux carbo- natée pyramidée laiteuse, possèdent au contraire, dans l'in- solation , la propriété phosphorique à un grand degré : rien n'est comparable en ce genre aux stalactites fibreuses ou la- melleuses, dont la lueur, quoique peu durable, est si vive, qu'elle éclaire les objets environnans. Voilà donc plusieurs variétés de la même substance, dont les unes sont très-lumineuses au soleil, et les autres obs- cures, quoique la constitution chimique soit la même de part et d'autre. Cette différence ne peut venir que de l'eau interposée , puisque ces spaths ne diffèrent entre eux que dans les proportions de l’élément aqueux. Dans le spath d'Islande l’eau y est si puissamment solidifiée, l’on pourroit même dire dans un état de combinaison si intime, qu'elle y a perdu toute sa propriété conductrice : dans les cristaux de deuxième formation, au contraire, il existe une portion d'eau foiblement solidifiée, et simplement interposée, qui, n'ayant pas perdu tous les attributs de sa liquidité, commu- nique à la substance un pouvoir semi-conducteur. Si cela n'étoit pas ainsi, il faudroit supposer que le poli des lames du spath d Islande repousse l'action lumineuse, et l'empêche de se propager dans l'intérieur du mixte; mais le spath, en masse aiguillée de 2° formation, a ses faces terminales aussi ne que celui d'Islande, et cependant il acquiert, dans ‘insolation, une vive phosphorescence. Au reste , il est inu- tile de m'arrêter plus long-temps sur une hypothèse incon- ciliable avec tous les phénomènes de l'insolation. Tout ce qui me reste à décrire va prouver directement l’indéférence de l'eau combinée, et le pouvoir conducteur de l'eau in- terposée. Tous les spaths limpides , ai-je dit, quelle que soit leur configuration cristalline, résistent à l'impression lumineuse: les mêmes cristaux, légérement colorés en jaune par du carbonate de fer, s'y illuminent d'une manière sensible, Toutefois leur éclat n’est pas comparable à celui des car-. bonates calcaires décrépitans. Î J'avois deux échantillons d'arragonite prismatique, l’un 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE limpide extérieurement, mais dont les bases étoient ternes et les pans cannelés; l'autre, plus fortement cannelé et mi- violet, c’est-à-dire que sa partie moyenne étoit fortement teinte en violet et ses extrémités sans couleur; le premier n'a pris, à la grande clarté du jour, qu'une foible lueur de 4 à 5", sur ses faces naturelles ; les extrémités non-colorées du second n'ont brillé que comme les faces du précédent; mais la partie violette a été presque aussi phosphorescente que les stalactites calcaires. ù La dolomie, le spath perlé, la mine de fer spathique, ne sont point lumineux du tout. Le spath-calcaire cuboïde trans- parent se pénètre, à la seule clarté du jour, d’une lumière purpurine très-intense, mais elle se dissipe comme un éclair; car il faut, pour l'appercevoir, la saisir au moment du pas- sage du corps de la clarté à l'obscurité, et fermer brusque- ment la trappe. Ce qui se passe dans ce spath nous fait voir que le fluide de la phosphorescence, promptement re- foulé dans les mixtes bons conducteurs, revient trop vîte vers son point de repos, pour pouvoir être apperçu par l'œil. La lumière abondante de cette substance, sa rapide dispa- rition et sa teinte purpurine, m'ayant fait soupçonner la murs d’un élément conducteur métallique, l'analyse m'a ait voir qu'elle contenoit un peu de fer et un peu plus de manganèse. Il paroit que c’est à ce dernier métal que la lu- mière dont elle brille est redevable de sa couleur purpurine. Pour mieux faire ressortir l’influence des oxides métal- liques, j'ai présenté à la clarté du jour un albâtre onix, en table polie , de l'épaisseur de 2 millimètres. Cette substance étoit composée de trois espèces de bandes, les unes blanches, les autres jaunes et transparentes, les troisièmes tellement salies d’oxide de fer, qu'elles en étoient opaques. Frappées par la lumière, les bandes jaunes paroissoient très-phos- phorescentes, et les blanches un peu moins, les bandes oxidées ne l'étoient pas du tout. Tous les marbres colorés et panachés m'ont offert les mêmes résultats. Les marbres noirs n'ont de lumineux que ces taches blanches qui inter- rompent l’uniformité de fe couleur. Il est donc évident que les oxides métalliques font naître ou disparoître la propriété phosphorique dans Les carbonates calcaires , suivant qu'ils y sont en plus ou moins grande pro- portion. Ces deux effets ne peuvent venir que de leur pro- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 185 priété conductrice ; pue l'on a vu que les cristaux qui ne contiennent que de l’eau combinée, et qui sont colorés, manifestent une grande phosphorescence dans l'élévation de leur température. 2°, L'on doit se rappeler que les chaux phosphatée, py- ramidée , prismatique, et surtout celle de l'Estramadure, s'il- Juminent plus ou moins fortement en masse, sur un support chaud, tandis que la chaux phosphatée artificielle y est presque ténébreuse: eh bien! dans l’insolation le phéno- mène de la phosphorescence est inverse; car la chaux phos- phatée artificielle y est très-lumineuse , et toutes les autres, obscures. Il en est à peu près de même du phosphate de chaux des os calcinés: il brille foiblement au soleil , et répand une belle lueur jaune sur le support obscur. Cette différence vient de ce que le phosphate calcaire artificiel est pourvu d'une certaine quantité d'eau foiblement solidifiée, qui conserve encore quelque pouvoir déférent pour le fluide de la phosphoreseence, tandis que les autres phosphates ne contiennent que de l'eau combinée. Je dois avouer que les cristaux colorés de cette substance ont été aussi inphospho- rescens que les limpides. Au reste l'inefficacité de l'influence métallique n’est pas particulière à ce minéral; car je l'ai observée également dans la plupart des gemmes. D'ailleurs j'ai déjà remarqué que dans les carbonates de chaux légére- ment colorés, cette puissance excitatrice n'est pas, à beau- coup près, aussi énergique que celle de l'eau interposée. L’on diroit que celle-ci est plus intime, qu’elle exerce son action dans l’intérieur des molécules, tandis que celle-là leur est, pour ainsi dire, extérieure et superficielle. 3°. Le fluate de chaux artificiel, desséché naturellement à l'air, est inphosphorescent à la clarté du jour et aux rayons directs du soleil : si on le fait chauffer dans un tube scellé par une de ses extrémités, jusqu'au degré de l'eau bouillante, il perd une partie de son eau interposée, qui vient se déposer sur les parois supérieures du tube, et, dans cet état, lorsqu'il est froid , il donne, à l'insolation, une lu- mière aussi vive que celle du phosphore de Baudouin. Le spath-fluor, en masse ou en poudre, n’y prend qu'une lueur expirante, encore faut-il, pour l'appercevoir , avoir été long- temps dans l'obscurité. Le spath-fluor , légérement coloré en violet, n’y manifeste pas une plus forte phosphores- 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cence : elle devient plus sensible dans les cristaux teints en jaune, et bien plus encore dans ceux qui sont colorés en vert. La clorophane presqu'incolore n'offre qu'une lueur douteuse : j'aurois bien désiré confronter avec celle-ci la clorophane violette ; mais je n’en avois pas. 4°, Le sulfate de chaux cristallisé blanchit et s'exfolie sur le support chaud, sans donner la plus légère phosphores- cence : le sulfate anhydre y prend une assez vive lueur, comparable à celle de la craie de Meudon. Le premier est très-phosphorescent dans l'insolation : les parties blanches etpures dusecond n’y brillentpointdu tout; l'onvoitseulement ses parties grises, salies par un peu de fer, y prendre une foible lueur. Je ne crois pas que l’on puisse trouver dans les produits naturels une preuve plus directe de l'influence con- ductrice de l'eau interposée; car l'on sait que le sulfate anhydre né contient point d'eau de cristallisation. 5. Le sulfate de baryte cristallisé, et table en incolore, n'est point lumineux au soleil: toutes les autres variétés GP Ie > en cristaux ou en masse, y sont plus ou moins phosphorescentes. J'ai trouvé lumineux des morceaux trans- parens de.la variété désignée par M. Haüy sous le nom de pantogène : mais je me suis assuré qu'ils contiennent plus d'eau de cristallisation que les variétés précédentes ; car ils décrépitent beaucoup plus que celles-ci sur le feu. La pierre de Bologne, rayonnée et grisätre, est encore supérieure à tout cela. 6°. Les carbonates de strontiane, natif et artificiel, exha- lent dans l'insolation une égale lumière, et l’on sait que dans la calcination ils perdent 0,08 de leur poids. Le car- bonate de baryte artificiel ne le cède en rien à ceux-ci sous ce rapport: le carbonate de baryÿte natif, au contraire, y est complètement ténébreux.-Il est inutile de rappeler aux savans que le premier perd 0,28 de son poids dans la cal- cination, et que le second n’y perd rien. L'on sent assez que c'est ici une preuve évidente des diverses fonctions de l’eau combinée ou interposée dans la phosphorescence; car il n'y a pas lieu de douter que le carbonate de baryte natif ne contienne de l'eau, comme j'aurai occasion de le prouver par la suite. , 7°. La grammatite fibreuse est aussi phosphorescente que les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 les stalactites calcaires : la même substance, à l'état vitreux, ne l’est presque pas. J'ai déjà fait observer qu'aucune gemme ne l'est, qu'elle soit colorée ou non. Les diamans bruts et limpides résistent également à toute impression lumineuse; j'en ai du moins éprouvé 6, de diverses grosseurs et de di- verses formes cristallines, sans aucun succès. Je n'ai pu me procurer des diamans fortement colorés pour les examiner; mais je peux invoquer avec confiance les témoignages de Boze, de Dufay et de Beccaria , qui attestent que tous les diamans jaunes, bruts ou taillés, absorbent toujours la lumière, et brillent dans les ténèbres. Il seroit bien étonnant, en effet, que cette substance, qui recèle dans sa constitution une si grande quantité de fluide lumineux, ne fùt pas sensible à l'influence conductrice des métaux. Les conséquences qui découlent naturellement de ces faits, m'ont paru d'une nature tropimportante, pour ne pas cher- cher à les confirmer par des preuves directes. Preuves directes de l'influence conductrice de l'eau inter- posée, et des matières métalliques sur le fluide de la -Phosphorescence. Pour mieux apprécier l'influence de l'eau dans le phéno- mène de la phosphorescence par insolation, j'ai cru devoir examiner toutes les substances solubles ou insolubles, depuis leur dernier degré de saturation pour l’eau, jusqu’à la pri- vation totale de ce liquide, autant que cela est possible. En voici les résultats : Aucune dissolution saline, saturée ou non saturée, n'est lumineuse au soleil : toutefois les cristaux , qui sont déposés au fond du vase par excès de saturation, jouissent de la propriété phosphorique, La liquidité est donc un état con- traire à la phosphorescence; car de la craie délzyée dans l'eau, et tenue en suspension dans ce liquide, y continue à briller. ‘Il en est de même de la chaux fraîchement éteinte; mais celle-ci, au bout de quelque temps, se sature d'eau, et devient insensible à toute impression lumineuse. Voilà donc’ une substance qui, comme le fluate de chaux arti- ficiel, est susceptible de se sursaturer d'eau, et de perdre, par ce moyen, la propriété phosphorique. Ce n'est pas tout: les nitrate et muriate de chaux convenablement desséchés, Tome LXIX, SEPTEMBRE an 1809. Aa 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la potasse et la soude caustiques, en général tous les sels déliquescens concrets, sont très-lumineux par insolation ; ces mêmes sels deviennent inphosphorescens, lorsqu'on les laisse en plein air, jusqu’à ce qu’ils aient acquis un com- mencementdedéliquescence: dans ce cas, ces matièressalines, au lieu de solidifier l’eau, se laissent fluidifier par elle. Ainsi donc, tous les corps qui contiennent trop d'eau in- terposéte, et presque dans l'état liquide, de même que ceux qui se liquéfient naturellement, tous, dis-je, ont une égale inaptitude à la phosphorescence. Voyons à présent ce qui se passe dans les corps privés de toute eau de cristallisation. La chaux, la baryte, la strontiane, l'alumine et la silice ne brillent point au soleil : la magnésie seule fait exception; mais je nen ai pu, sans doute, pousser assez loin la cal- cination. Tous les sels neutres alkalins, susceptibles d’é- prouver la fusion saline, et qui dans leur état de cristalli- sation sont naturellement phosphorescens, tels que le muriate de potasse, les sulfate et muriate de soude, tous perdent cette propriété, lorsqu'on les transforme par le feu en une substance demi-vitreuse. Il ne faudroit pas penser que les sels vitrifiés ne sont ténébreux à linsolation que parce qu'ils ne contiennent plus de fluide lumineux; car je me suis assuré du contraire, en les jetant en poudre sur un support chaud. D'ailleurs les muriate, nitrate et phos- phate de chaux, avec excès de base, sont très-phosphores- cens par collision et par élévation de température; cependant fe trois substances sont également ténébreuses par inso- ation. L'on ne peut pas douter que les trois sels calcaires dont je viens de parler, ne soient redevables de leur phospho- rescence par collision, ou par élévation de température, à une petite quantité d'eau fortement solidifiée dans leur subs- tance, puisque le phosphate de chaux vitreux, sans excès de base, et le muriate de chaux, fondu de sa fusidn saline, sont ténébreux par collision, et que l’on sait que la chaux éteinte conserve, dans la calcination la plus forte, une por- tion de l'eau qu'elle a absorbée. C'est même en raison de cette forte attraction de la chaux pour l'eau, que la pierre à chaux calcinée a la propriété de faire jaillir des éclairs sous les coups du pilon. Or cette eau, source principale de la phosphorescence, lorsqu'elle est intimement combinée, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 devient elle-même, eomme l'on voit, indéférente pour sou propre fluide, et le corps qui la possède résiste à toute ré- pulsion radieuse , tant qu’il n'est pas pourvu d'une certaine quantité d'eau simplement interposée, qui conservant, dans cet état, une partie de ses propriétés physiques , lui com- munique quelque pouvoir déndieteur: Je ne crois ph que l'on puisse se refuser à cette conséquence; mais les faits sui- vans vont lui prêter une nouvelle force. Les sulfates de chaux, d’alumine, et de soude cristallisés, le phosphate de soude , en un mot tous les sels qui con- tiennent beaucoup d'eau de cristallisation , ne possèdent, dans leur état cristallin, qu'une médiocre phosphorescence, et de peu de durée. Si on les fait chauffer graduellement et à plusieurs reprises, de manière à ne leur enlever à cha- que fois qu'une portion de cette eau, leur phosphorescence augmente progressivement d'intensité et de durée: elle se trouve à son marimum, lorsque le sel est bien desséché ; et alors elle reste stationnaire malgré une calcination pro- longée, et pourvu qu'on le laisse refroidir en plein air. Si l’on a soin de pousser un peu plus loin la calcination, et d'enfermer la substance toute chaude dans un flacon, la phos- phorescence diminue d'intensité, et finit même par dispa- roître , lorsque la calcination est exactement faite. J'avois calciné dans une cuiller de fer, jusqu'à inphospho- rescence sur le support chaud, du carbonate de chaux, du phosphate calcaire artificiel, des sulfates de chaux et de ma- nésie, et j'avois eu soin de les enfermer de suite dans des Bicone bien bouchés. Le lendemain je les exposai à la clarté du jour : ils furent tous aussi lumineux que les mêmes subs- tances calcinées et laissées à l'air libre. Je les ai conservés, ainsi enfermés, pendant une année entière, et au bout de ce temps je les ai insolés de nouveau: j'ai été bien étonné de les trouver tous également ténébreux. Il étoit impossible de supposer que dans cet intervalle de temps ils eussent attiré de l'eau de l'atmosphère; car j'avois eu soin d'enduire de cire molle Les bouchons de cristal. Cette disparition de la phosphorescence dans ces sels cal- cinés est donc le résultat d'un changement survenu dans les molécules salines: or dans ces composés salino-terreux, il n’y a qu'une portion de lleau combinée qui puisse être mobile et variable dans son état ,; suivant les divers degrés Aa 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de température auxquels on les soumet. Il faut donc sup- poser que, lorsqu'on les chauffe, une partie de leur eau combinée est forcée de céder à l'expansion calorifique, et de former , autour de chaque molécule, une atmosphère élasti- que, sans cesser d'y adhérer. À mesure que les poudres se refroidissent, l'eau se solidifie de nouveau ; mais elle ne reprend pas de suite son premier degré de resserrement, parce que l'attraction moléculaire agit sur elle à une plus grande distance. Elle devient donc eau interposée, et pos- sède, dans cet état, un pouvoir semi-conducteur pour le fluide de la phosphorescence : toutefois ce pouvoir disparoît au bout d’un certain temps, parce que l'eau , en se rap- prochant peu à peu, revient à son premier point d'union avec la molécule, et que dans cet état de combinaison, elle est indéférente pour le uide de la phosphorescence. C'est à cette cause que l'on doit attribuer le retour à l'in- phosphorescence de tous les corps insolubles calcinés, que MM. Dufay et Beccaria avoient observé avant moi. Dans mes premières recherches, n'ayant pu rendre in- phosphorescens les sels neutres et alkalins par la calcina- tion dans une cuiller de fer, j'avois fondu de leur fusion saline les sels neutres alKalins, ne croyant pas qu'il fût pos- sible d'enlever aux autres les dérnières portions mobiles de leur eau combinée. J'ai voulu voir si, en donnant un coup de feu un peu plus fort, et en les chauffant dans un creu- set fermé, je ne parviendrois pas à les rendre ténébreux, sans être obligé de vitrifier ceux qui en sont susceptibles. J'ai donc tenu rouges de chaleur, dans un creuset de platine fermé, le carbonate de chaux, le phosphate calcaire arti- ficiel, les sulfates de chaux, d'alumine et de baryte, enfin tous les sels neutres alkalins eux-mêmes, à l'exception des sels ammoniacaux, qui se volatilisent ou se décomposent à ce degré de feu, et le nitrate de potasse qui n'éprouve aucune perte aqueuse. T'ous, après cette opération, ont été inphesphorescens à l'insolation, et ils l’ont été irrévocable- ment par les seules forces de la nature; car le sulfate de soude lui-même, qui a été laissé à l'air bibre, dans un temps humide, n'avoit repris aucune lueur au bout de 4 jours d'exposition. L'on ne verra pas ici, sans étonnement, le sulfate de ba- ryte parvenir aussi facilement que les autres mixtes à l'état ténébreux, surtout d après ce qu’en ont dit quelques au- , eo ET D HISTOIRE NATURILLE. 159 teurs, qu’il suffisoit de le calciner pour lui donner la pro- priété phosphorique; mais il faut observer que l'on ne peut transformer les sulfates barytiques en phosphore de Bologne, qu'en les calcinant avec du charbon, ou, ce qui est encore mieux, avec un peu de farine, c'est-à-dire en les faisant passer partiellement à l'état de sulfure de baryte. Je me suis assez occupé, dans mon premier Mémoire, des. sulfures terreux , sous le rapport de la phosphorescence, pour pou- voir me dispenser d'y revenir. Ces mêmes sels terreux ou alkalins , rendus ainsi inphos- phorescens par la calcination , de même que les terres caus- tiques, deviennent lumineux en leur redonnant de l'eau; mais cela a lieu avec des circonstances différentes qu il est utile de faire connoitre. La chaux, la baryte, la strontiane peuvent briller sur un support chaud, au moyen de quelques expirations pulmonaires. Ce degré d'humidité ne suffit pas pour les faire luire au soleil ; il faut absolument les éteindre imparfaitement dans l’eau. Il en est de même de tous les sels neutres alkalins bien calcinés; mais comme ils ne so- lidifient point l’eau avec autant d'énergie, ni avec autant de promptitude que les terres caustiques, il faut leur donner le temps de s'unir chimiquement à elles, etavoir le soin d’en ôter le superflu par une légère exsication; car le liquide, qui n'est point incorporé, détruit la phosphorescence. Il est vrai que le muriate de potasse fondu a la propriété de luire après quelques exhalations; mais cette propriété n'est pas permanente, puisqu'on ne peut la faire reparoitre qu'après une nouvelle exhalation. Le sulfate de chaux, qui a été trop fortement calciné, ne reprend plus naturellement sa propriété lumineuse , lors même qu'il est exposé à un air humide, parce que, danS cet état, il est inattractif pour l'eau qu'il ne peut solidifier: on le réhabilite dans sa phospho- rescence, en le mouillant et en le faisant chauffer douce- ment sur le feu jusqu'à siccité. On a beau humecter ou imbiber d’eau les sels neutres insolubles, tels que les car- bonate, phosphate et fluate de chaux, les sulfates de ba- ryte et de strontiane, on n'y produit aucun changement, même en les chauffant : il faut, pour les rendre lumineux, les dissoudre, lorsque cela est possible, et les précipiter ensuite. C’est ce que j'ai fait pour les phosphate et fluate de chaux, et cela m'a réussi parfaitement: on peut les dis- soudre, comme l'on sait, dans les acides nitrique ou mu- 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE riatique, les précipiter par l'ammoniaque et les chauffer modérément pour leur enlever l'eau excédante. Les faits que je viens d’exposer ne me permettant plus de douter que l'eau interposée ne soit un élément conduc- teur pour le fluide de la phosphorescence, dans les corps ui en contiennent, et l'eau combinée, au contraire, un élément indéférent ; j'ai conçu que toutes les substances mi- nérales vitreuses, qui ne sont point naturellement phos- phorescentes par insolation, ne doivent leur état ténébreux qu'à la propriété cohibente de tous leurs élémens consti- tutifs, et que si je parvenois , par l'effet de la calcination, à faire passer une partie de leur eau combinée à l’état d’eau interposée, je pourrois leur faire acquérir la propriété phosphorique. En conséquence, j'ai fait rougir sur les charbons ardens du spath d'Islande limpide et du phosphate de chaux de l'Estramadure non coloré (ces matières sont naturellement inphosphorescentes par insolation); après leur refroidisse- ment, elles se sont trouvées aussi lumineuses à la simple clarté du jour, que la craie de Meudon, ou le muriate de potasse. Tous les spaths-fluor amorphes ou cristallisés, qui sont lumineux à l'insolation, y deviennent ténébreux lors- qu'on les a calcinés sur les charbons jusqu'à inphosphores- cence par élévation de température : si on les calcine de nouveau, et qu'on les tienne blancs de chaleur pendant quelques minutes , ils se trouvent, après le refroidissement, plus phospherescens à la clarté du jour qu'ils ne l'étoient naturellement. J'avois calciné un morceau de fluate de chaux de 8 à 10 millimètres d'épaisseur, qui ne fut lumineux, après cette opération, que par le côté qui avoit reçu le coup de feu le moins vif: soupçonnant que cela pouvoit dépendre de l'effort de la chaleur quiauroit chassé, vers le côté le moins chauffé, cette portion d’eau combinée qui cède à la force expansive du calorique, j'ai voulu m'en assurer, en exposant à son tour la face lumineuse de ce spath au coup de feu le plus vif de la forge. Lorsqu'il a été froid, je l'ai exposé de nou- veau au soleil, et j'ai trouvé que la face lumineuse ne l'étoit plus , tandis que la seconde l’étoit devenue. J'ai fait naître et disparoitre, alternativement sur les deux côtés la pro- priété phosphorique 5 à.,6 fois de suite, en les soumettant tour à tour à l’action la plus vive de la chaleur. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 191 Lesulfate anhydrelamellaire ne contient point d'eau decris- tallisation, et j'ai déjà remarqué qu'il n’est point lumineux au soleil; cependant cette même substance, calcinée jusqu’à rougeur , le devient aussi fortement que le plâtre, et sa phosphorescence dure près de 30". Il en est de même du carbonate de baryte natif : la partie qui a été vitrifiée, ainsi que celle qui a reçu le plus grand coup de feu, quoique non vitrifiée, restent inphosphorescentes ; mais celle qui n'a pas été aussi fortement chauffée, est si lumineuse à la clarté du jour, UE ne peut comparer l'éclat de sa lueur qu'à celui du phosphore de Canton. La teinte de cette phospho- rescence est d'un rouge de charbon enflammé, et dure de 40 à 5o”, L'on doit se rappeler que Dufay a avancé, qu'à l’excep- tion des pierres vitreuses et des gemmes, dont aucune ne lui a réussi, il n’est aucune substance qui ne Soit capable de devenir phosphorescente par une calcination préalable. Persuadé que ces pierres contiennent, ainsi que les autres, de l'eau combinée, mais plus fortement retenue dans ses liens, j'ai été curieux de voir si, en les calcinant jusqu'à la perte totale de leur transparence, je ne parviendrois pas à faire passer une partie de cette eau à l'état d’interposi- tion. J'ai d’abord chauffé, dans cette vue, l'adulaire qui, en raison de son état vitreux, n’est point phosphorescente par insolation : elle est devenue opaque et terreuse comme du gypse cuit, et s'est trouvée, après le refroidissement, aussi umineuse, à la seule clarté du jour, que la craie de Meu- don. Sa lueur est blanche et dure 50". Le quartz hyalin, chaufté de la même manière, s'y fendille beaucoup, et ac- quiert, par suite de ces nombreuses fissures, une apparence nébuleuse ; mais chaque fragment du cristal, examiné sé- parément, n'a rien perdu de sa limpidité; aussi n'est-il pas plus phosphorescent que dans son état naturel. Je me suis avisé de le plonger tout incandescenf dans l'eau, pour voir si le refroidissement subit, en resserrant brusquement les molécules sur elles-mêmes, ne mettroit pas hors de la combinaison une portion de l'eau du cristal: le quartz y est devenu tout-à-fait blanc, opaque, et s est trouvé aussi phôsphorescent que l'adulaire. Le même procédé m'a réussi pour la topaze, et n’a rien produit sur l'émeraude; mais Je dois prévenir que cette Re n'avoit presque rien perdu de sa transparence ; et c'est. par la perte seule de 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette propriété, que l'on peut juger qu'une portion de l'eau du cristal a changé d'état. Tout me porte donc à croire que toutes les gemmes pourroient devenir phosphorescentes par la calcination , si l’on pouvoit leur faire subir un degré de chaleur assez fort pour ébranler, dans sa combinaison, le principe aqueux. Toutes ces substances, devenues lumineuses par leur cal- cination en masse, perdent pour toujours cette propriété, de même que les corps naturellement phosphorescens , lors- qu'on les chauffe en poudre dans un creuset fermé. C'est sans doute pour cela que jen'ai purendre phosphorescens trois prés diamans bruts, après lesavoir fait rougir fortement sur efeu; car plusieurs auteursassurent qu'ils deviennent lumi- neux par la calcination, particulièrement les jaunes, et, d’un autre côté, le coup de feu que je leur ai fait subir avoit été assez intense pour leur faire perdre leur limpi- dité et leur éclat. Il seroit bien intéressant de constater ce, fait qui prouyeroit la présence de l’eau dans le diamant’; mais l’on sent assez, qu'après trois essais infructueux, la cherté de cette matière ne m'a pas permis d'y revenir. Après avoir mis en évidence le pouvoir conducteur de l’eau interposée , j ai cherché à déterminer, par des procédés ana- logues, l'influence métallique. _.J'avois déjà reconnu, dans mes premiers travaux, l’in- phosphorescence de tous les métaux, de leurs sulfures, à l'exception de celui d’arsenic, de tous leurs oxides faits par la voie humide ou par la voie sèche, et non vitrifiés, si ce n'est ceux de plomb et de zinc précipités de leur dissolution et desséchés spontanément, enfin de tous les sels métalli- ues, à la réserve des sulfate et phosphate de plomb, et u muriate d’étain ; j'avois même cru devoir assigner, pour cause de cette inphosphorescence, la propriété plus ou moins conductrice des élémens métalliques, à l'exception de ceux des oxides d’arsenic, de zinc, de plomb et d'étain, qui, en raison de leur plus grand degré d'oxidation, paroissent se rapprocher davantage des substances semi-conductrices. Frappé de ce résultat, et voulant vérifier de plus en plus cette conséquence théorique à laquelle j'avois été conduit comme par force, j'ai pensé d’abord, qu'il seroit possible que les sels métalliques ne fussent redevables de leur.état ténébreux qu'à leur privation d'eau interposée, pour les uns, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 uns, ou à une trop grande quantité de cet élément aqueux, pour les autres. J'ai en conséquence fait chauffer, jusqu’à divers degrés de sécheresse, des cristaux de sulfate de fer, de cuivre et de zinc, et j'ai formé du phosphate de mercure dans une dissolution étendue de nitrate de ce métal, décomposée par du phosphate de soude, pour ôter aux premiers cet excès d’eau que je supposois nuisible à leur phosphorescence, et en donner au second cette quantité que je croyois nécessaire à la production du phénomène. Ces précautions ont été également inutiles pour tous; car ils ont persévéré les uns et les autres dans leur inphosphorescence naturelle. Iln'en est pas de même du muriate d’étain : une légère calcination lui donne, comme à tous les sels terreux ou alkalins, une lus vive phosphorescence, et une calcination plus forte la ui ravit entièrement. J'ai calciné de la même manière de la mine de fer spa- thique, ou chaux carbonatée ferrifère : cette substance, après avoir décrépité, s’est réduite en une poudre brune; et, lors- qu’elle à été refroidie, je n’en ai pu obtenir aucun signe de phosphorescence. Ce carbonate calcaire contenant du fer et du manganèse en assez grande proportion, il étoit intéres- sant de voir si, en éprouvant successivement des substances dans lesquelles les élémens métalliques seroient en plus pe- tite quantité, la propriété phosphorique reparoitroit pro- gressivement. La dolomie, d'après M. de Saussure fils, contient, sur cent parties, 2,14 de fer ou de manganèse : je l’ai calcinée comme la précédente; comme elle, elle y a pris un aspect brun, et n'a donné aucune phosphorescence. J'ai eu recours au phosphate de chaux de l'Estramadure, qui, d’après Pelletier et Donadei, ne contient , lorsqu'il est ferrugineux, que o,o1 de fer: celui qui est au minimum de ce métal, ou plutôt qui ne rougit point dans sa calcination en masse, s'est trouvé bien phosphorescent après le refroi- dissement, tandis que celui qui s’étoit coloré en rouge par l’action du feu , ne l'a pas été. Craignant que l'on ne pût supposer que l'inphosphores- cence de ces mixtes tient plutôt à leur constitution parti- culière qu’à la présence d’un métal, j'ai mélé quelques gouttes de dissolution de fer avec les sels neutres terreux et alkalins les plus lumineux, tels que les carbonate, phos- Tome LXIX. SEPTEMBRE an 1809. Bb 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE phate et fluate de chaux artificiels, le muriate de potasse et le sulfate de soude, pour voir si, malgré ce mélange, ils conserveroient encore leur propriété lumineuse. Après avoir été convenablement desséchés et refroidis, je les ai présentés à la lumière du jour et au soleil : ils y ont tous été ténébreux. Je ne pouvois plus douter que les métaux ne possèdent un pouvoir destructeur de la phosphorescence; mais il falloit savoir si le pouvoir d'extinction reconnoîit des limites, et si, en diminuant progressivement la matière métallique, les mixtes, avec lesquels on l’associe, reprendroient leur faculté de luire. J'ai choisi pour cela le phosphore de Beau- douin, ou nitrate de chaux ; j'en ai mélé avec du nitrate de fer , successivement depuis -5 de son poids jusqu'à Le tout a été dissous dans l’eau, et chauffé ensuite dans une capsule de porcelaine jusqu'à siccité, comme cela se pra- tique pour le phosphore de Beaudouin : ces divers mélanges ont tous résisté à l'insolation. Je ne suis parvenu à obtenir un commencement de phosphorescence, que lorsque la subs- tance métallique ne s’y est plus trouvée que dans la propor- tion de +. À partir de ce point jusqu’à -#, elle s’est accrue sensiblement; mais sa lueur n’a jamais été ni aussi vive, ni aussi durable que celle du nitrate calcaire pur. Je me hâte de terminer ce Mémoire, que je regretterois d’avoir fait si long, si les faits nombreux et importans que j'avois à indiquer m'avoient permis d'être plus concis. CONCLUSION. Il me paroit démoniré , par ce que je viens d'exposer, 1° Que la phosphorescence par EE TEA n’est point le résultat d'une imbibition lumineuse , comme on l’a cru jus- qu'ici, mais bien celui d'un fluide caché dans les corps, et mis en mouvement par l’action répulsive de la lumière. En effet l’on voit que, lorsque le fluide est dissipé, les corps ne brillent plus au soleil, et qu'ils reprennent leur phos- phorescence lorsqu'on leur redonne du fluide par les moyens que j’ai indiqués. Supposeroit-on qu'une calcination mo- dérée favorise la phosphorescence, en chassant l'eau inter- posée qui s’opposeroit à l'adhésion de la lumière solaire ? Mais les stalactites calcaires, qui en contiennent beaucoup, ET D'HISTOIRE NATURELLF, 19) sont très-phosphorescentes , et le carbonate de baryÿte natif, qui n’en a pas, est ténébreux : d’ailleurs je redonne la pro- priété phosphorique aux corps qui l'ont perdue, en y re- mettant de l'eau. Dira-t-on qu'une forte calcination détruit la phosphorescence, parce qu'elle produit dans la confi- guration des parties quelque changement qui s'oppose à leur attraction pour la lumière du jour? Mais il est des subs- tances , comme le carbonate de baryte natif et l'adulaire, qui ne luisent que lorsqu'on leur a fait subir un violent coup de feu, et que leurs parties ont éprouvé ce change- ment que l’on suppose contraire à leur phosphorescence. Il est bien étonnant, qu’en admettant que la lumière est absorbée et retenue par les corps, l'on n'ait pas senti que le charbon , comme le plus absorbant de tous, devroit être lumineux; car enfin cette éponge de lumière ne peut pas éteindre dans un seul instant tout mouvement dans un fluide aussi éminemment élastique; la portion de lumière, qui s’éteint actuellement, devant nécessairement retarder l'extinction de la portion suivante. Or ce charbon est tou- jours ténébreux, quelque promptitude que l'on mette à baisser la trape. È Cette opinion est donc un préjugé de la science, qui, en supposant que toute impression lumineuse est due à l’'éma- nation d'un fluide, n’a pas pu autrement expliquer le phé- nomène de la phosphorescence par insolation, qu'en ad- mettant une adhésion momentanée de la lumière solaire avec le corps irradié, et son rejet subséquent par suite de sa force élastique; mais une fois qu'il est prouvé que les corps brillent dé leur propre fluide, et que cette propriété est impérissable, tant qu'on ne dissipe pas cette petite quan- tité de fluide qu'ils recélent, il me semble que l’on ne peut échapper à cette conséquence, que l’impression lumineuse dans la phosphorescence n'est point l'effet d'une émission de fluide, mais bien celui d’une véritable oscillation. 2°. Qu'il faut admettre dans la constitution des corps, autres que les métaux, deux sortes d’eau, l'une combinée et l'autre interposée. La première est intimement unie aux substances : une forte chaleur peut bien en isoler une partie, ou lui donner ce commencement d'expansion qui brise en éclats les cris- taux ; mais on ne sauroit l’arracher à sa combinaison, qu'en Bb 2 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIZ décomposant le mixte, ou en l'attaquant elle-même par un corps combustible qui ait pour l'oxigène plus d'attraction que n'en a son radical. Les carbonates de chaux et de ba- ryté calcinés en fournissent un exemple bien frappant. Dans le premier, l'acide carbonique, sollicité par le charbon à prendre l'état élastique, s’y prête d’autant plus volontiers, qu'il trouve dans ce sel toute la quantité d'eau combinée dont il a besoin pour acquérir la forme gazeuse : il se fait alors un partage de l'eau entre l'acide et la terre, et celle-ci devient d'autant plus caustique qu'elle en est plus dépouillée. Dans le carbonate de baryte natif au contraire, la terre, ne possédant pas toute l'eau combinée dont elle seroit sus- ceptible, la retient avec plus de force, et, ne pouvant en céder à l'acide tout ce dont il a besoin pour se transformer en gaz, cet acide persévère dans sa combinaison, malgré Ja violence du feu. On ne peut dans ce cas en dégager l'a- cide qu'en décomposant l’eau avec une matière charbon- neuse : l’on sait que c'est ainsi que MM. Hope et Pelletier sont parvenus à en obtenir la baryte caustique. Je sais que cette opinion peut être contestée; mais mes expériences me forcent à l'admettre, et celles de M. Davy commencent à nous y accoultumer. L'eau combinée paroit être essentielle à la constitution RE Os des mixtes; car il semble que c’est d’elle que dé- pend la manifestation de leurs propriétés chimiques. En effet j'ai prouvé dans mon premier Mémoire que les terres alkalines, bien caustiques et privées en très-grande partie de cette eau, restent inertes dans l'acide sulfurique concentré, et sont inattaquables par lui, tandis qu’elles s’y dissolvent: avec impétuosité lorsqu'elles sont humectées, et qu’elles ont repris leur eau. M. Davy, de son côté, vient de prouver qu’en dépouillant l'acide muriatique de son eau combinée, il perd toutes ses propriétés acides et la faculté de se gazé- fier, tandis qu'il reprend sa forme expansive et son acidité lorsqu'on lui redonne de l'eau. Le temps n'est pas loin, il faut l’espérer, où l'on reconnoitra que ce fluide est le dis- solvant général de la nature, etle grand intermède del’union chimique dans la formation spontanée des corps. L'eau combinée est la source principale de toutes les phosphorescences périssables qui ne sont point le résultat d'une combustion. Je m'explique : ET D'HISTOIRE NATURELLE.- 197 Il est une espèce de propriété LE CE cachée qui appartient à tous les corps: comme elle est plus profonde que celle dont je Re elle exige des moyens de pro- vocation plus puissans. Elle se manifeste dans l'élévation de température; mais il faut que celle-ci soit à un très-haut degré, quoique pourtant le même pour tous les corps, et c'est alors ce que l'on connoît sous le nom d'’rcandescence. Elle cède aussi à la collision; mais il faut que le corps soit en poudre, serré de toutes parts dans un espace cir- conscrit, et qu'il ne puisse en aucune manière éluder le choc. Le refoulement électrique la met en évidence; mais elle exige celui du courant voltaique, encore faut-il que le corps ne soit pas pourvu d'élémens conducteurs, ainsi que l'a observé M. Davy. Enfin l'impression lumineuse l'excite dans tous les corps, à l'exception de ceux qui sont noirs, et c'est par elle que les premiers nous sont visibles; mais elle cesse d’avoir lieu aussitôt qu'ils sont soustraits au choc radieux. Voilà pourquoi tous ceux qui ne jouissent pas de la phosphorescence proprement dite, paroissent ténébreux dès qu'ils sont plongés dans un lieu obscur. Cette sorte de phosphorescence cachée , je la crois inhérente à toutes les molécules de la matière ; car on ne sauroit les en dépouiller par aucuns moyens connus. Elle est sans doute le résultat de la pression d'un fluide éminemment subtil qui est inti- mement uni à tous les atomes de la matière pondérable. La phosphorescence , qui fait l'objet de mon étude en ce moment-ci , n'exige pas, comme la précédente, que l'on force la nature jusque dans ses derniers retranchemens. Plus - patente et plus facile à produire que la première, il suffit, pour l'exciter dans certains corps, d'un simple frottement, d’une température de 100°,0, d’une foible explosion élec- trique, ou même de la clarté du jour. Lorsqu'elle est ex- citée par les deux derniers moyens, elle persévère dans son état lumineux, même après l'action excitatrice; ce qui prouve que son fluide se laisse plus aisément refouler, et qu'il ne revient pas tout de suite à son premier point de repos. Ce mode lumineux paroit accidentel et indépendant en quelque manière de la constitution des corps, puisque on peut les en dépouiller et le leur redonner à volonté. Or c'est l'eau combinée qui est la principale source de cette phosphorescence. Je sens que cette conséquence doit éton- ner, et paroitre au premier aperçu paradoxale; mais les 195 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Faits me forcent à l'admettre; et d’ailleurs connoissons- nous bien toute la nature de ce liquide, pour oser le croire incapable de produire un pareil effet? La Chimie a cer- tainement fait un grand pas, en nous faisant connoître les élémens pondérables qui la constituent; mais elle ne fait qu'entrevoir encore les propriétés de la matière subtile. Rappelons-nous que la matière fulminante ne s'accumule dans les régions supérieures qu'au moment où l'eau se con- vertit rapidement de l’état gazeux à celui de vapeurs vési- culaires ; que lorsqu'elle se vaporise dans un creuset de métal rouge de chaleur, elle donne à l'électromètre une élec- tricité négative, et nous oserons alors espérer qu'un jour elle sera reconnue comme uné des causes de l'électricité spontanée. L'eau combinée enfin est non-conductrice de la phos- phorescence. En perdant sa liquidité , elle en a perdu tous les attributs. M. Davy a montré que les alkalis fixes caustiques ne laissent passer le courant de la pile de Volta, que lorsqu'ils entrent en fusion ; que les terres alkalines s'opposent à ce même courant, tant qu'elles ne sont pas humectées ; et cependant les expériences de ce même au- teur annoncent la présence d'une eau intimément combinée avec ces mêmes oxides métalliques. D'un autre côté, j'ai prouvé que les corps, qui ne contiennent que de l’eau com- binée , sont les pue phosphorescents par élévation de tem- pérature, et ne le sont point par insolation; qu'en faisant repasser une partie de cette eau combinée à l’état d'eau in- terposée, par l’effet de la calcination , ils deviennent lumi- neux à l'insolation. Je peux ajouter que l'air sec est isolant, quoique certainement il contienne de l'eau, qu'il ne devient conducteur du fluide électrique que lorsqu'une portion de cette eau combinée repasse à l’état RÉEL ou de simple dissolution. Il est impossible de se rendre compte de tous ces phénomènes, si l'on n'admet pas l'indéférence de l'eau combinée. Aucune de ces propriétés ne convient à l’eau interposée. Quoique véritablement solidifiée dans les corps, elle ÿ con- serve encore les attributs de la liquidité. Etrangère à la constitution de la molécule, elle reste en dehors de la structure chimique, et n'y tient que par adhésion. Une cal- cination modérée lui fait quitter son poste, et la chasse ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 entièrement du mixte. Elle concourt à la production des propriétés physiques ; car elle augmente le volume des corps, est le lien de leur agrégation , et la cause de leur transpa- rence. Loin d'être une source de phosphorescence, elle en absorbe le fluide en se vaporisant. Enfin , lorsque Le moyen que l'on emploie pour exciter le mode lumineux ne l’oblige pas à changer d'état, comme cela a lieu dans l'insolation, elle exerce alors une influence semi-conductrice, sans la- quelle tous les corps vitreux seroient inphosphorescens. En effet, comment concevoir sans cela la vive et prompte phos- phorescence des stalactites calcaires, et l’état ténébreux de tous les spaths limpides de même nature? Comment expli- quer la propriété lumineuse qu'une calcination modérée procure à ceux-ci, et l’inphosphorescence absolue dans la- quelle une plus forte calcination les replonge pour tou- jours. 3°. Il suit encore de l’ensemble de toutes mes expé- riences, que, puisque le fluide de la phosphorescence est soumis à la loi des corps conducteurs ou indéférens , il est de nature électrique. (Je n'entends parler ici que de cette phosphorescence périssable qui a été jusqu'à présent l'unique objet de mes recherches : je ne préjuge rien sur l'autre.) Cette propriété est inconciliable avec la lumière proprement dite, ou avec le calorique rayonnant. Il est vrai que ce dernier fluide reconnoît dans sa propagation des corps bons ou mauvais conducteurs ; mais est-il pos- sible de supposer du calorique rayonnant dans un corps que l’on fait briller à la seule clarté du jour dans un ap- partement clos, et d’une température uniforme? D'ailleurs ne resteroit-il pas toujours à expliquer pourquoi le même corps , une fois calciné, ne fournit plus d'émission calo- rifique , quoiqu'il jouisse toujours du même degré de tém- pérature? Ajoutez à cela que tous les corps insolés, lors- qu'ils sont bien chauds, ne donnent aucune lumière; et cependant, si cette hypothèse étoit fondée, ce devroit être le moment de leur plus grande phosphorescence. Je dois pourtant avouer que, si je me crois autorisé à m'arrêter provisoirement à cette opinion, les savans sont en droit de me demander le complément de ma preuve, qui con- sisteroit à recueillir ce fluide, et à le montrer dans nos instrumens électriques avec ses propriétés attractives et 200 “ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE répulsives. Je suis loin de penser que cela est impossible, et je compte bien m'en occuper par suite; maie je veux y procéder avec méthode, et ne faire cette dernière ten- tative , que lorsque j'aurai étudié le phénomène de la phos- phorescence sous toutes les faces possibles. ERRATA. IT EXTRAIT, TOME LXVIIT. PP. 446 et 450, brülent: Zisez, brillent PP. 446 et 462, naturel: Zisez, mutuel P. 455, par la pression: Zisez, par expression P. LEE P. 456, solidifère: /rsez, solidifiée 458, compression: lisez, impression 461, calorique: /isez, calorifique 465, promptes : /isez, fortes 11® EXTRAIT , TOME LxIX. 7, cherche: Zsez, chasse 14, en feu: Zises, en jeu 15, il pourroit mieux: /fsez, j'ai pensé qu'il pourroit mieux 21, en feu: lisez, en jeu 22, électrique: /isez , élastique 29 , le volume d'eau: /rsez, le volume d’air 34 , contractabilité: /isez, contractilité. EXTRAIT ET D'HISTOIRE NATURELLF. 201 EXTRAIT D'une Lettre de M. Wizziam MACLURE, Membre de la Société Philosophique de Philadelphie, à J. C. DELAME- THERIE, sur la Géologie des Etats-Unis. MoxsiEUR ET CHER Ami, . Je vous ai écrit par le navire /e Mentor, et vous ai envoyé des observations sur la Géologie de ce pays; je vous ai adressé en même temps une petite caisse de minéraux de ces can- tons, avec la Carte géologique sur laquelle j'ai enluminé, en diverses couleurs, les différentes natures de terrains jusqu’à Pénobscot dans le Nord. Au-delà, depuis leSaint-Laurentet les Lacs jusqu’au flux et reflux de la mer, tout le terrain est de formation primitive; car sur ce continent, comme sur celui de l'Europe, les roches primitives occupent la plus grande partie des régions septentrionales. La variété confuse et fatigante des diverses roches dans presque toutes les parties de l'Europe où j'ai eu l'occasion de les examiner , lasse la patience, et met en défaut toutes ‘conjectures ; au lieu que sur ce continent-ci, on peut rai- sonner à priori , etconclure, sans grand risque de setromper, qu'en tel et tel lieu, telles et telles roches se trouveront. Il meparoitque par l'arrangement dessubstancessur ce con- tinent, elles onttouteslescaractéresquiprouvent qu'elles sont des dépôts formés originairement par es eaux dans un état de repos; et que les eaux courantès, ni aucuns autres agens actifs, tels que le feu ou l'air sous la forme de volcans ou de tremblemens de terre, n'ont jusqu’à présent changé ou dérangé matériellement l'ordre de cette disposition tran- quille. Nos rivières (quoique leurs sources ne sont pas si éloi- gnées que celles d'Europe) sont remplies de chutes ou (ca- Tome LXIX. SEPTEMBRE an 1809. Ce 2023 JOURNAL DR PHYSIQUE, DE CHIMIE taractes ) et d'obstructions , jusqu'au bord même de l'Océan; et ne paroissent pas avoir eu un cours suffisamment long, pour s être formé des lits. Nos montagnes conséquemment ne présentent pas ces pré- cipices escarpés, si communs aux élévations européennes. Nous n'y trouvons pas non plus autant de profondes et étroites vallées formées par les tôrrens ; vallées qui sont le séjour des goitres et des cretins. Cette maladie, quoique encore rare, existe dans les vallées qui ont été les premières habitées ; la nature y a eu le temps de joindre aux imper- fections locales, les imperfections héréditaires. Comme j'ai trouvé le goître dans presque toutes les vallées étroites et pro- fondes de tousles paysoù j'aiété,-excepté l'Espagne, je conclus qu'aussitôt que nos vallées des pays montagneux seront habi- tées, nous l'aurons demême, mais non pas peut-étreau même degré d'intensité, ni si fréquemment que dans d’autres pays où les vallées sont plus profondes et plus étroites. Quoique nous ayons d'immenses étendues de houille (ou charbon de terre) derrière notre calcaire secondaire , et qui occupent quelques-unes de nos landes calcaires, dont beau- coup approchent, si elles ne sont pas entièrement semblables à ce que M. Werner nomme la formation de houille indé- “A pt (independent coal formation), néanmoins aucunes es roches d’une origine douteuse, décrites par Werner, comme se trouvant dans cette formation, n’ont encore été trouvées dans les formations de houille des Etats-Unis. Point de grunstein (cornéenne), comme il le nomme, avec l'au- gite (volcanite Delamétherie) et l'olivine. Point d’amygda- loïde nide thon-porphyré, dont l'origine cause l'une des grandes disputes éntre les Neptuniens et les Vulcanistes. Toute cette série de roches décrites par Werner, sous la dénomination de la dernière formation trappéenne ( flætz trapp), manque dans ce pays: pas un seul morceau de vrai basalte n’a encore été trouvé en-deçà du Mississipi, ni même à plusieurs centaines de milles à l’ouest de cette rivière. Nous n'avons donc point de ces roches dont la formation occasionne la dispute entre les Neptu- niens et les Plutoniens ; par conséquent rien, d’après les opinions des uns et des autres, d’origine volcanique. Quel- ques morceaux de scories et de lave poreuse ont été apportés des montagnes qui divisent les eaux du Mississipi et ces ET D'HISTOIRE NATURELLE. 203 rivières qui se versent dans la mer pacifique. On a trouvé de la pierre-ponce près la source du Mississipi. Il est probable que cette partie de cette grande chaîne est volcanique , et il n'est pas sans vraisemblance que ces montagnes soient une continuation de celles du Mexique et des chaines de l'Amérique méridionale. A l’ouest des monts Alleghanies, le grand bassin du Mis- sissipi est secondaire (æ/lwwial) d'alluvion, et la chaine de montagnes qui sépare les eaux du Mississipi d'avec les rivières sur l'Atlantique, est principalement composée de calcaire secondaire avec coquillages. Comme l'étude de la Géologie commence un peu à passer de mode chez vous, à cause de la différence dans la struc- ture des diverses chaînes de montagnes qui ont été exa- minées, je me suis attaché à donner mes vues actuelles sur cet objet, parce qu’elles sont fondées sur mes propres obser- vations , jointes à l'examen que j'ai fait d'échantillons rap- portés par d'autres ; et quoiqu'en général j'aie mis beaucoup d’exactitude dans mes descriptions, néanmoins on trouvera sans doute des exceptions locales nombreuses, quand on Fera un examen plus particulier et plus précis de ces contrées; mais ceci doit êtré le résultat du temps. Je suis cependant porté à croire dans ce moment, que sous peu d'années nous aurons une connoissance plus complète de la Géologie de ce continent, que vous n'en avez de celle du continent de l'Europe. Ces 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, PE CHIMIE | OBSERVATIONS Sur la Géologie des Etats-Unis, servant à expliquer une ‘Carte géologique ; Par W. MACLURE. La nécessité nous force d'adopter un système pour la classification et l'arrangement des substances minérales. celui de Werner paroit être le plus commode, 19 Parce que c’est le plus parfait et, le plus étendu dans ses résultats généraux; 2° Parce qu'on reconnoitra peut-être que la nature et la situation relative des minéraux des ‘Etats-Unis, indépen- damment qu'ils sont sans contredit plus étendus que ceux d'aucune autre contrée qu’on ait examinés jusqu’à présent, éclaircissent le mieux l'exactitude générale de sa théorierà l'égard de la position relative des différentes suites des roches. Sans entrer dans aucune recherche sur l'origine ou la for- mation primitive des diverses substances minérales, je me servirai de la nomenclature suiyante : CLASSE I. ROCHES PRIMITIVES. 1. Granite. 8. Porphyre. 2. Gneiss. 9. Seenite. 3. Schistemicacé (micastate). 10. Roche de topaze. 4. Schiste argileux(claystate). 11. Roche de quarts. 5. Calcaire (limestone) pri- 12. Schistesiliceux(flintstate) mitif. primitif, 6. Trap primitif. 13. Gypse primitif, 7. Serpentine. 14. Pierre blanche. Peint en rouge dans la Carte que je vous envoie. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 20 CLASSE II. : ROCHES DE TRANSITION. 1. Calcaire (limestone) de 4. Schiste siliceux (flintstate) transition. de transition. 2. Trap de transition. 5. Gypse de transition. 3. Grey wake ou grauwake. Peint en pourpre dans la Carte. CLASSE III. FLŒTZ, ou ROCHES SECONDAIRES. 1. Ancien sandstone (grès) 7. Troisièmecouchedesand- rouge, ou première for- stone. : ‘mation de sandstone. | 2. Premièrecouche(ouoldest 8. Formation de (rœksalt) flætz } de calcaire. roche de sel. : Premièrecouche(ouoldest 9. Formation de craie. 'flætz) de gypse. . Seconde: couche (ou sand- 10. Formation de (flœtztrap) stone bigarré) de grès. couche de trapp. - Seconde couche degypse. 11. Formation indépendante de charbon. . Secondecouchedecalcaire. 12. Nouvelle formation de sttere d) trapp encou- che. D A + uw Peint en bleu dans la Carte. | CLASSE IV. ROCHES ALLUVIALES, ou D'ALLUVION, 1. Tourbe. 5. (Nagelfluh}) masse de grès ferrugineux, lié par un eimentargileux,mélangé de fragmens de granite, de quartz, de calcaire. 2. Gravier, sable. 6. Tuf calcaire. 3. Terre grasse. 7. (Calc sinter) calcaire fi- breux. 4. (Bog iron ore) fer magné- tique, Peint en jaune sur la Carte. 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A l'est du fleuve Hudson, la classe primitive domine sur les montagnes aussi bien que dans le plat-pays, décroissant graduellement à mesure qu'elle s'avance vers le sud. Du côté de l'Océan elle est bornée par les vastes étendues de la for- mation alluviale qui bordent la longue chaîne de granite, pendant qu'elle sert de fondement à la superstructure im- mense des roches de transition et secondaires qui forment la grande chaîne des montagnes qui occupent l'intérieur du continent vers l'ouest. La classe primitive à l'est du fleuve Hudson constitue les plus hautes montagnes, pendant que le peu de roches de transition et secondaires qui s’y trouvent, occupent les bas- fonds, Au sud de la Délaware la roche primitive est:la pre- mière après la formation alluviale de l'Océan. C'est le degré inférieur de l'échelle qui monte graduellement à travers les différentes formations jusqu'au sommet des Alléghanies. A l'est de l'Etat de Newyork, la stratification passe à peu près sud et nord, plonge généralement vers l'est, et se di- rige vers les montagnes blanches, qui sont le terrain le plus élevé. Dans l'Etat de Newyork, dans le sud aussi bien que dans l'ouest, la stratification se dirige à peu près nord-est et sud-ouest, en plongeant encore généralement vers l’est. Toutes les rivières à l’est de la Delaware coulent à peu près nord et sud en suivant la stratification, tandis que les rivières du sud inelinent davantage vers la direction de sud-- est et nord-ouest. . Dans la plupart des Etats de l'est et du nord, la mer lave lé pied de É roche primitive ; elle commence la déposition de cette vaste formation alluviale à Long-Island, dontla lar- geur augmente vers le sud. Cette formation alluviale formeune pds partie des deux Carolines et de la Géorgie, et presque a totalité des deux Florides et de la Basse-Louisiane. La rencontre du courant du golfe avec toute sa suite, les mascarets, les dépôts, etc., qui passe.le long de toute l'éten- due, depuis le golfe du Mexique jusqu'à Nantucket, peut faire naître des idées spéculatives sur l'origine de cette vaste formation alluviale, tandis que la masse du calorique (1) que (1) A environ 100 milles sud de Nantucket , au mois de septembre, le ther- mometre de Fahrenheit étoit, dans la mer, à 78°, tandis que dans Pair il n’étoit qu'à 66°; dans les endroits de la mer où l’on trouvoit du fond, il n’étoit qu’à 60°. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 ce courant rapide apporte constamment des Tropiques, ren- dra peut-être raison des grands et subits changemens qu'é- prouve la température du climat qui se trouve à portée de l'Atlantique. La grande distance qu'occupent les mémes substances , ou des substances semblables dans la direction de la stratifi- cation, doit frapper l'observateur ; ainsi, dans les roches primitives, les couches de limestone ( calcaire) primitif et de dolomie(contenant dans quelquesendroits du feldspathetdela trémolite cristallisés) qu’on trouve tour-à-tour avec le gneiss pendant l'espace de dix milles, entre Dover, dans l'Etat de Newyork, et Kent, dans celui de Connecticut, se trouvent à 40 milles vers le nord à Stockbridge en Connecticut, et à 80 milles vers le sud, entre Singsing et Kingsbridge dans l'Etat de Newyork, où, après avoir traversé le fleuve de Hudson , et plongé sous les formations de trap et de sand- stone dans la nouvelle Jersey, elles reparoissent très-pro- bablement dans les marbrières qu’on exploite à 12 ou 14 milles au nord-ouest de Philadelphie; et cette rangée a pres- que 300 milles de longueur. Il y a une couche d'iron ore (fer) magnétique qui a 8 à 12 pieds d’épaisseur , et qu'on exploite dans la Franconie, auprès des montagnes blanches dans la Nouvelle-Hamshire. Une pareille couche se trouve dans la direction de la stratifica- tion, à 6 milles nord-est de Philipstown, sur les rives du fleuve Hudson, qui suit encore la direction de la stratification. Le même minéral occupe une couche d'à peu près la même épais- seur à Ringwood, Mount-PleasantetSuccassung dans la Nou- velle-Jersey, qui se perd à mesure qu’il approche de la fin de la chaine primitive auprès de Blackwater ; cette étendue a presque 300 milles. Les roches de transition et secondaires offrent des exemples d'une pareille rangée , puisque la chaîne des montagnes bleues, depuis le fleuve Hudson jusqu’à celui de Dan, est composée de roches qui sont presque toutes de la même nature , et renfermées dans la même formation. On n'a encore trouvé aucunes productions volcaniques à l'est du Mississipi ; et ce n’est pas là le moindre des nom- breux traits saillans qui distinguent la Géologie de ce pays-ci d'avec celle de l'Europe. C'est peut-être dans cette difésroncé qu’il faut chercher la raison de ce que le système de Werner 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s'accorde si bien avec la structure et la stratification géné- rale de ce continent. À peine est-il nécessaire d'observer qu'il faut considérer le pays comme étant de la nature de la première roche qui se trouve en place , quoique cette roche fût couverte, sur les rives des fleuves ou dans les vallées, de %o à 40 pieds de sable ou de gravier. La ville de Philadelphie, par exemple, est assise sur une roche primitive, quoiqu'en creusant dans le carré du centre, il faille pénétrer 30 à 40 pieds de sable et de gravier avant qu’on trouve la roche de gneiss qui cons- tate la formation. À partir de la baie de Penobscot, au nord et à l'est de laquelle le primitif descend très-probablement à travers une transition graduelle au secondaire, et ainsi à la formation indépendante du charbon qu’on trouve en si grande abon- dance dans la Nouvelle-Ecosse. — Aux environs de Tho- mastown et de Warren on trouve le gneiss, la hornblende et seulement un peu de granit avec quelques couches de limestone primitif de 6 à 40 pieds d'épaisseur. A 8 milles de là, du côté de Waldoborough , on trouve la hornblende avec des veines de quartz et de feldspath.. À 10 milles vers Nobleborough on trouve le gneiss et la hornblende avec de vastes couches de granit qui continuent jusqu'à Wiscasset. De là jusqu'à Hollowell, sur le Kennebeck, le gneis et le granit dominenttour à tour, etsur lessommetsde quelquescol- lines àl'ouestde Hollowell, ontrouve un granit à petits grains, qui est presque stratifié nord et sud, et plonge versl'est. Dans un espace de 4 à 5 milles, autour de Wintropmeetinghouse , on trouve des couches de clayslate avec des staurolites. De- puis Hollowell jusqu'à Brunswik, ‘le gneiss et le granit con- tinuent avec quelques couches de limestone primitif qui se trouvent entre Brunswik et Bath. Depuis Branswik jusqu'à Portland le gneiss et le granit continuent. Dans plusieurs endroits l’émeraude entre dans la formation de ce dernier. Un peu au nord de Portland un feldspar bleuâtre prévaut, et à Portland le claystate (schiste argileux) avec le green- stone trap et le porphyre. Tout ce pays, depuis Penobscot le long de la côte, est presque uni, excepté dans les en- droits où les rivières ont. fait des ravins , et où les collines s'élèvent graduellement vers, l'ouest. Depuis Portland jus- qu'à Falmowh, sur la route qui mène aux montagnes blanches, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 blanches, le clay state trap (x) et le porphyre continuent. Pendant quelques milles, aux deux côtés de Goreham, les col- lines sont couronnées d'une espèce de state semblable au greywake , et dans les vallées on trouve le clay state et la roche de hornblende avec le greenstone, jusqu’auprès de Standish, où commencent le mica state (schiste micacé) et le gneiss qu’on trouve tour à-tour parmi de yastes couches de granit à gros grains. Dans ce granit on trouve de grosses tourmalines. La même stratification continue jusqu'auprès de Hiram, où quelques roches de hornblende augmentent les variétés de ces roches, de même que le gneiss et le granit, qui continuent jusqu’à Conway, où les hauteurs qui se trou- vént au pied des montagnes blanches, commencent à s'élever. De là jusqu'a l’ouverture dans la montagne, on trouve le gneiss, le granit et la roche de hornblende, et dans le granit de l'ouverture il y a beaucoup de hornblende et de quartz, qui est une roche dure et adhésive. Le gneiss et le granit continuent pendant plusieurs milles vers l'ouest, jusqu à ce En rencontrent les montagnes de transition et secondaires ans le Vermont. Depuis Conway jusqu'à Wakefeld, sur la route de Portsmouth, le long du pied des montagnes blanches dont la direction est à peu près nord et sud, le granit est la roche dominante. À 2 milles de Rochester le clay state, avec la macle qui y est renfermée, oceupe quelques milles de la route. Depuis Dover jusqu'à Portsmouth on trouve le hornblende, le sienite et la roche de Greenstone où com- mence le elay state avec une grande varièté de porphyre. Le long de la côte depuis Portland jusqu'à Portsmouth, on trouve le elay state trap et le porphyre. À environ 2 milles au nord-ouest de Saco., le granit domine pendant 4 milles, auquel succèdent le elay state trap et la formation de por- phyre pendant 10 milles au sud-ouest de Kennebunck, où survient le granit pendant quelques milles, qui est suivi par le clay state trap et le porphyre jusqu'à Portsmouth. La méme formation de clay state et trap continue pendant 25 milles jusqu'à Newburyport. Les premiers 4 milles, sur la route de Newburyport à Boston, consistent en roches de hornblende, telles que le greenstone, sienite, etc., dans lesquelles se trouve une couche de limestone primitif, de serpentine ( noble) pré- cieux, de grenats amorphes, d’un peu de thallite et de trémolite mélés ensemble et se touchant l’un et l'autre: Tome LXIX, SEPTEMBRE an 1809. D d 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La formation de clay state et de trap succède pendant 22 milles vers l'ouest; les sommets de quelques-unes des collines sont couronnés de greywake et de greywake state : on y trouve une roche de greenstone mêlée avec du thal- lite, et auprès de Linnfeld, la roche de granit, de feld- spar, de hornblende et de quartz se trouve tour-à-tour avec la roche de hornblende, jusqu’auprès de Boston ; les sommets des hauteurs auprès de cette ville, sont couronnés de hornstein porphyre. Depuis Boston jusqu'à Newport le greywake et le grey- wake state dominent pendant les 8 premiers milles. Pendant quelques milles on trouve la roche 2 E hornblende et quelque porphyre, avec le greywake sur les hauteurs jusqu’à Eaton. De là jusqu'au Pont, on trouve le greywake et le greywake state, ou schisteux, et dans quelques endroits, un feldspar et une roche de quartz qui ressemble à une espèce de granit dans les vallées. Toute la route est un bas-fond uni, avec des creux formés par les rivières, et la stratifieation est cou- verte de beaucoup de sable et de gravier. Il est probable que la même roche de transition occupe le terrain à gauche, jusqu’à ce qu'elle rencontre la formation allnviale sur la côte de la mer, vers Capecod et l’ile. de Nantucket, etc. Rhode-Island est composé de greywake et de, greywake state (schisteux), excepté la pointe méridionale qui paroit ètre en partie primitive. Le glan-coal, ou houille , se trouve dans des veines, dans une espèce de craie noire qu'on y trouve en abondance avec quelques impressions de fou- gère; mais elles sont rares. ) Vis-à-vis le passage de Bristol on trouve sur la terre ferme une roche granitique avec dû feldspar et du quartz, auxquels succèdent le greywake et le greywake state (schis- teux) jusqu’à Providence. De Providence à Hartford il y a 76 milles; jusqu'à Bolton, les roches sont primitives, et consistent en des variétés de hornblende, en quelques endroits mélées avec du thal- lite, du gneiss, du mica state (schiste micacé), du granit, mais de peu ou point de clay state, ni trap. À Bolton il y a des carrières de sandstone state avec des grenats, d'où l’on tire des meules. Werner appelleroit ceci très-proba- n {1) State on couche, ET D'HISTOIRE NATURELEKE, 21Y blenrent roche de transition. Klle est suivie par le sand- stone state (schisteux), et ensuite par le plus ancien. Or ‘ le premier sandstone, avec du trap secondaire qui couronne les hauteurs, se continue, pendant l'espace de 12 milles, jusqu'à la ville de Hartford; depuis Hartford jusqu'à Newha- ven, le premier sandstone rouge et le sandstone state con- tinuent à peu près dans la direction nord et sud, et plongent vers l'est: on y trouve des chaînes considérables de green- stone trap et d'amygdaloïde, à peu près dans une direction nord et sud , qui couvrent le sandstone rouge. Dans ce trap on a trouvé de la prhenite et de la zéolite feuilletée (stil- bite). L'amygdaloide est généralement pleine de calcspar : on .dit qu'on a découvert des mines de cuivre dans cette formation. À deux milles de Newhaven le secondaire finit, et le greenstoneprimitif, le greenstonestate (siliceux), leclaystate (schiste argileux), le gneiss et le granit continuent jusqu'à Southbury.EntreSouthbury et Woodburylesandstonerougeet le trap secondaire surviennent pendant environ trois milles. Auprès de celui-ci on a trouvé quelques mines de cuivre gris ou falherts. Le gneiss y succède et continue tour à tour avec des couches de limestone primitifet de dolomie, jusqu'aux frontières de l'Etat de Newyork. On trouve la méme stra- tification LE RTE de Washington. A trois milles sud- est de la grande route de Peughkipsy , commence le clay state qui continue jusqu'à une place qui est à 12 milles de Pough- kipsy. Là commencent le greywake et le greywake state, alternativement avec un limestone gris de transition (ou, à cause de la quantité de silex qu'il renferme, on devroit peutérse l'appeler dolomie de transition) : on les trouve e long de la route jusqu'à Poughkipsy, Depuis Poughkipsy jusqu'à Fishkill, c'est la même stra- tification de greywake, de greywake state et de limestone de transition, qui continue jusqu à ce qu'on rencontre le primitif à environ un mille sud de Fishkill, au commence- ment des Highlands. Par-dessus les Highlands dominent le feldspar et l'horn- blende , avec très-peu de quartz ou de mica en roche, jusqu'à environ 2 milles de Peckskill, où succède le clay state qui continüe pendant 2 à 3 milles, suivi de roches de hornblendé de toute espèce, tour à tour avec du gneiss, jusqu à Sing- sing, auprès duquel se trouye une couche de granit dans Dd 2 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le gneiss , qui contient des émeraudes, et des couches de limestone primitif et de dolomie, tour-à-tour avec du gneiss , depuis Verplankspoint jusqu'à Kingsbridge, d'où le gneiss et quelque granit continuent jusqu à Newyork. Depuis Tarrytown jusqu'à Kingsbridge on trouve degrandes quantités de trap roulé , semblable aux sommets qui couvrent le sandstone , sur la rive du Hudson, dansle Jersey. Il n’est pas improbable , qu’à une certaine période le sandstone secondaire et la formation de trap ont couvert cette rive du fleuve et peut-être l’ile de Newyork; mais le sandstone a été enlevé par l'action de la rivière, en laissant les roches de irap détachées. La surface de la plupart des roches entre Tarrytown et Newyork, lisses et usées par l'eau, tendent un peu à confirmer cette conjecture. Depuis Powleshook jusqu'à Morristown on trouve le pre- mier sandstone rouge et le sandstone state, avec le green- Stone trap secondaire, semblable à la formation entre Hart- ford et Newhaven, qui contient la mine de cuivre gris aux mines de Schuylers , et en d’autres endroits, dit-on. A Mor- ristown commence le primitif, et il continue l'espace de 23 milles, jusqu’à Sparta, à l'exception d'une petite couche de transition qui le couvre sur la hauteur qu'on appelle /a montagne de Greenpont; cette chaîne consiste en feldspar et en roches de hornblende, très-semblables à celles qu'on trouve entre Fishkil et Peckskill. A environ un mille nord- ouest de Sparta commencent le limestone et le greywake de transition , qui continuent jusqu'à la chaîne des montagnes Bleues; la formation ressemble à celle qui se trouve autour de Poughkipsy. Depuis Sparta jusqu’à Lockwood on trouve tour à tour le primitif et la transition qui passent le long des limites de l'un et de l'autre. À 5 milles nord-ouest de Lochwood commence le limestone de transition. Dans Îles plaines de Succarsung domine une continuation de la rochè de transition qui se trouve au sommet de la montagne de Greenpond; le primitif ÿ succède jusqu'à un demi-nulle de Newgermantown , où eommence le sandstone rouge. Là, la chaîne primitive des montagnes commence à di- minuer de hauteur , aussi bien que de largeur, et elle con- iinue à baisser et à se contracter graduellement, étant couverte par la formation de transition et secondaire, jus- qu'à ce qu'elle disparoisse de l’autre côté du fleuve de De- C2 ET D'HISTOIRE NATUREÆLLE. 213 laware. La formation de sandstone descend graduellement vers le sud, jusqu'à ce qu'elle se perde dans la formation alluviale dans l’est de Jersey. Depuis Newgermantown, à travers Pollerstown, Readington , Fiemington, jusqu'au pas- sage de Correls, les formations de sandstone et de trap continuent de monter, pendant 6 milles, le long de la De- laware sur la rive orientale; sur la rive occidentale, à trois milles du passage, il y a une couche de limestone dans laquelle se trouve du flint (silex) noir. On les trouve tour- à-tour avec le trap et le sandstone pendant quelques milles. À 15 milles de Philadelphie on trouve des roches de tran- sition, et à environ 1e milles, on trouve l'hornblende et le gneiss qui continuent jusqu'à la ville. La largeur de la chaîne primitive continue d’avoir de 10 à 14 milles, et dans quelques endroits elle en a moins, tout le long des chutes des rivières jusqu'au Roanoke, où elle se perd très-probablement dans la formation secon- daire de la Caroline méridionale, bornée d’un côté par la formation plate et alluviale qui s'étend jusqu'à la mer, et de l'autre côté par la formation de transition et secondaire qui monte graduellement jusqu'au sommet des Alléghanies. Cette esquisse a été tracée à la hâte, et ne peut être que fort imparfaite ; maïs si elle excite l'attention de ceux qui possèdent plus de talent et d'industrie pour l'investi- gation exacte de ce sujet intéressant, les vues de l’auteur seront pleinement remplies. 3 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, D CHIMIE PAREIL RER ERA ERURO RCI ES RTE RMC ENE Ent CATALOGUE De quelques Minéraux qui se trouvent aux Etats-Unis en Amérique, envoyés par W. MACLURE à J. C. DELAMÉTHERIE. 1°, EmerAuDEs quise trouvent dans la province de New-Jersey en Amérique. a. Prismes héxaëdres isolés, bien cristallisés. Ils ressem- blent plus au beril qu’à l'émeraude. Leur couleur est d’un vert trés-clair. b. Les cristaux sont noyés dans un beau, granit graphique. On sait que Patrin a observé que les berils de la Sibérie se trouvent très-souvent avec le granit graphique. « Le gra- nit, dit-il, (Histoire des Minéraux, tome 11, page 34) qui forme les parois de ce filon (où se trouyent les berils)!, est HONEHE RE > 2373,22 | 66,13 0,027g o,311 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 267 En retirant l'air de l'eau par l'ébullition, il faut faire passer les vapeurs ou à travers du mercure, ou à travers de l'eau distillée récemment bouillie. Car en remplissant d'eau aérée la cloche dans laquelle on reçoit l'air, les va- peurs qui se dégagent privent cette dernière eau d’une partie de son air dissous, de sorte que, dans ce cas, on obtient plus d’air et un air moins riche en oxigène, que celui que fournit réellement le volume d'eau contenu dans le ballon. Il faut aussi éviter que l’eau qui se condense dans la cloche remplie de mercure, n’absorbe pas de nouveau une partie de l'air dégagé. On pourroit être tenté de laisser l'air, pen- dant plusieurs jours, en contact avec la couche d'eau qui repose sur le mercure. On pourroit croire que cette eau reprend exactement la même quantité d'air qu'elle a donnée; et qu'en défalquant le volume üle cette eau, fournie par les vapeurs condensées du volume total du ballon, on obtien- droit, pour résidu, l’air appartenant au volume de l’eau resté dans le ballon. Mais cette supposition n’est point exacte. L'eau privée d'air ne reprend le mélange gazeux dont on vient de la priver, que lorsque sa surface est baïignée par un courant d'air atmosphérique qui se renouvelle à chaque instant. Elle ne se chargera (et l'expérience directe nous l’a prouvé) ni du même volume d'air, ni d’un air qui a les mêmes proportions d'oxigène et d'azote, si l'absorption se fait sous une cloche sans contact de l'air atmosphérique libre. La nature du mélange gazeux que contiennent les eaux est modifiée par les plus légers changemens du fluide aériforme ambiant. C'est cette circonstance qui rend impraticable une méthode proposée par quelques chimistes, savoir, celle de déterminer la quantité d’air contenue dans l'eau, en obser- vant dans des vases fermés la diminution de volume qu'é- prouve l'air atmosphérique mis en contact avec de l'eau récemment distillée. Dans ce procédé, d'après les calculs de M. Dalton, l'eau ne reprend que 0,019 de son volume total (1). La nature de l'air contenu dans l’eau de nos rivières, est aussi constante que la proportion des élémens qui consti- tuent l'air atmosphérique. Aussi ces deux phénomènes sont (1) Système de Chimie de Thomson, tom, y, pag. 427. 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE dépendans l'un de l’autre, et si la quantité d'oxigëne con- tenue dans l'air atmosphérique éprouvoit des changemens de quelques millièmes, la pureté de l'air dissous dans l’eau, seroit fonction de la pureté moyenne de l'atmosphère, à peu près comme la température des lieux souterrains, celle des eaux des puits, et dans la région équinoxiale, la tempé- rature de la mer dépendent de la température moyenne ap- Partenante à telle ou telle latitude. Dans toutes nos expé- riences, pendant l'espace de plusieurs mois, par des temps secs ou pendant la fonte des neiges et des glaces, l'air re- tiré par l'ébullition de l'eau de Seine, n'a varié que de 0,309 à 0,514 d'oxigène. Ces résultats sont conformes aux expé- riences que nous avons faites, M. Gay-Lussac et moi, sur la pureté de l’air contenu dans l’eau distillée, dans la glace, dans l'eau de pluie et dans la neige fondue. On pourroit être surpris au premier abord, de la quantité d'acide car- bonique retirée de l'eau derivière. Elle va souvent jusqu'à 0,06, quelquefois jusqu'à onze centièmes du volume de l'air re- tiré; Mais cet air n'étant qu'un trente-sixième du volume de l'eau, l'acide carbonique n'estau plus qu'un trois-centième de ce dernier volume. Il provient sans doute, moins de la décomposition de quelques atômes de carbonate de chaux et de magnésie , que de la décomposition de la matière ex- tractive, qui s’annonce surtout par l’écume que l'on observe pendant la distillation, dans l'eau qui passe avec l’air. Cette matière extractive et mucilagineuse, due aux détritus des corps organisés, joue peut-être un rôle important dans l'éco- nomie des poissons qui paroissent vivre sans nourriture dans - l’eau des rivières ou dans celle de l'océan. Ayant déterminé la quantité et la nature de l'air contenu dans un volume d'eau connu, il nous a été facile de trouver par une voie directe les changemens que les poissons pro- duisent dans le mélange gazeux dissous dans l'eau de rivière. Nous avons rempli de cette eau des cloches dans lesquelles étoient renfermés des poissons. Nous avons choisi les indi- vidus les plus vigoureux. On a eu soin de ne pas les laisser périr dans les cloches, de peur qu'ils n'agtssent sur l'eau après leur mort, bien autrement qu'ils n'agissoient pendant leur vie. L'eau qui remplissoit entièrement les cloches a été préservée du contact de l'air extérieur par une couche de mercure. Le mercure n’a généralement pas touché le corps des tanches. D'ailleurs, ces animaux en introduisent Fes eur ET D'HISTOIRE NATURELLPF 269 leur bouche de petites quantités, sans en éprouver aucun effet nuisible. Des expériences directes nous: ont prouvé que les poissons vivent pendant huit à dix heures, reposant sur du mereure et ayant les branchies à demi plongées dans ce métal. On a laissé agir les poissons sur l'eau pendant plusieurs heures. Quelquefois on a placé jusqu’à sept tanches en- semble sous des cloches très-petites. On les a retirées quand elles donnoient des marques de souffrances qui faisoient- craindre l'approche de la mort. L'eau dans laquelle les poissons avoient respiré, a été tout de suite renfermée dans des ballons pour en retirer l’air. Nous avons évité en trans- vasant cette eau, autant que possible, le contact de J'air extérieur, quoique nous nous fussions assurés, par des expériences qui seront détaillées plus bas, que l'eau ne reprend que très-lentement l'oxigène que les poissons lui ont enlevé. La nature du mélange gazeux retiré par l'ébullition de l'eau mise en expérience, dépend naturellement du vo- lume des cloches , du nombre des poissons qui y ont respiré, du degré de leur force vitale et de la durée du contact de leurs branchies avec l’eau. Une seule tanche placée dans un volume d’eau de près de 2400 centimètres cubes, a pris en dix-sept heures tout l'oxigène dissous, moins deux cen- tièmes, du volume de l'air retiré. Dans d’autres expériences, cet air a été réduit à sept, à neuf ou treize centièmes d'oxi- gène. Nous avons réuni dans un tableau les résultats d'une partie de nos expériences. La première colonne de ce tableau indique la quantité d’oxigène, d'azote et d'acide carbonique trouvée dans un volume d’eau de rivière, égal à celui dans lequel les pois- sons ont respiré. La seconde colonne représente les résultats de l'analyse de l’air retiré par l'ébullition de l'eau qui a été mise en contact avec les poissons. La troisième colonne donne la différence du volume d'air contenu dans l'eau de rivière, avant que les poissons ÿ aient été placés, et du volume d'air retiré de cette eau, après qu'elle a été soumise à l'action d i des tanches. La quairième et la cinquième colonne indiquent l'oxi- Tome LXIX. OCTOBRE an 180g. M m es organes respiratoires L 270 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gène et l’azote que les poissons ont absorbés, et l’acide car- bonique qu'ils ont produit. La sixième et la septième colonne contiennent les pro- portions qui résultent de chaque expérience entre les quan- tités d’oxigène et d'azote absorbés, et d'acide carbonique produit par l'acte de la respiration des poissons. La quantité d'air que l'on retire par l’ébullition de l'eau dans laquelle les poissons ont vécu, ne sert pas à mesurer l'action plus ou moins grande que ces animaux ont exercée sur le liquide ambiant. L'intensité de cette action vitale n’est pas en raison inverse du volume de l'air qui reste dissous dans l'eau. Si l'azote n'étoit pas absorbé par les poissons, et si l'oxigène disparu étoit représenté par l'acide carboni- que produit, on retireroit par l’ébullition exactement la même quantité d'air de l’eau de rivière pure, et de celle dans laquelle les poissons ont été renfermés. Mais nous verrons bientôt que l'absorption de l'oxigène et de l’azote n’est mar- quée qu'en partie , et très-foiblement, par l'acide carbonique qu'expirent les poissons. Pour ne point fatiguer le lecteur par le détail d'un grand nombre de calculs uniformes, je me bornerai à exposer dans un seul exemple, la marche que nous avons constam- ment suivie. Le 7 mars, on a placé sept tanches sous une cloche remplie d’eau de rivière. La cloche contenoit plus de 4000 centimètres cubes. Les poissons y ont respiré pendant huit heures et demie. On a rempli de cette eau, sur laquelle les poissons avoient agi, un ballon dont le volume étoit de 2682 centimètres cubes. L'air retiré par l’ébullition, et me- suré à la température de dix degrés centigrades, a été de 455 parties. Un volume d'eau de rivière pure auroit fourni 524 parties d'air, ou 71 parties de plus que l’eau qui avoit servi aux poissons. Les 453 parties lavées avec de l'eau de chaux, ont été réduites à 300, ce qui a indiqué 153 parties d'acide carbonique. On a déterminé l’oxigène du résidu de l'air par l'eudiomètre à gaz hydrogène et par le gaz nitreux dans l'appareil de M. Gay-Lussac. Trois expériences ont donné les résultats suivans : f 0,036 0,037 } oxigène. 0,031 ET D'HISTOIRE NATURELLS. 271 Les 453 parties d'air retiré de l'eau qui a été en contact avec les organes respiratoires des poissons, contenoient par conséquent 10,5 oxigène, 259,5 azote, 159,0 acide carbonique. Or, nos expériences antérieures nous avoient appris qu’un volume d’eau de Seine pure de 2582 centimètres cubes, contient en gaz dissous: 155,9 oxigène, 347,1 azote, 21,0 acide carbonique. 624 Par conséquent les sept tanches ont absorbé en huit heures de temps, 145,4 d'oxigène, 57,6 d'azote, et elles ont produit, dans le même espace de temps, 132 d'acide car- bonique. Il en résulte que, par la respiration des poissons soumis à cette expérience, le volume de l'oxigène absorbé excédoit seulement de deux tiers le volume de l'azote dis- paru, et que plus d'un huitième du premier n'avoit pas été converti en acide carbonique. L’oxigène absorbé étoit à l'azote absorbé — 100 : 40, et à l'acide carbonique pro- duit = 100 : gr. Les poissons . ont Nature bsorbé. ln. 4" ER) des REMARQUES. Différence. l'azote a Oxigène absorbé Al’ac. carbon. produit. Air avant l'expérience. © Oxigène absorbé Produit. à Le 28 février. 3 tanches] à pendant 5 heures 1518 minutes de temps. Bal-| i$ lon €. ë Le 3 mars. 7 tanches|f pendant 6 heures de F temps. Ballon 4. Le 7 mars. 7 tanches à pendant 8 heures} de|X temps. Ballon 4. Le 11 mars. 1 tanche}À pendant 17 heures de | à temps. Ballon B. Le 24 février. 3 tanches| f pendant 7 heures + de temps. Ballon B. É|Acidecarbon.. RiToral se Le 14 février. 3 tanchès ï pendant 5 heures de|f temps. Ballon £. Le 20 février. 2 tanches| fl 105,0 : pendant 7 heures de G7,1 temps. Ballon B. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 273 Malgréles différencesapparentes que présententlesnombres réunis dans le tableau précédent, toutes nos expériences conduisent aux mêmes résultats généraux. Les poissons qui habitent les rivières se trouvent, sous le rapport de l'oxi- gène contenu dans le liquide ambiant, dans,la même situa- tion qu'un animal respirant dans un mélange gazeux, qui contient moins d’un centième d'oxigine. Car l'air dissous dans l'eau, ne s'élève qu'à 27 du volume de ce liquide, et <= de l'air dissous, sont de l'oxigène pur. La foible con- densation de l’oxigène contenu dans l’eau qui traverse les feuillets des branchies, pourroit faire supposer peu d'énergie dans les organes respiratoires des poissons ; on pourroit re- garder la respiration de ces animaux comme peu importante pour la conservation de leur vie. Mais un très-grand nombre de phénoménes prouve, au contraire, que les poissons souf- frent par la moindre suspension de leur respiration. Ils donnent des marques sensibles de malaise et d'angoisses, lorsqu'ils se trouvent plusieurs enfermés dans un volume d'eau peu considérable, et privé du contact de l’air extérieur. Ces souffrances semblent dues, bien plus à la diminution rapide qu'éprouve l’oxigène dissous, qu'à l'acide carbonique produit. Sans doute ce dernier acide (comme nous le prou- verons plus bas) agit fortement sur le système nerveux des poissons, soit qu'ils le respirent à l’état élastique, soit que leurs branchies touchent l’eau chargée d'acide carbonique. Mais ces effets funestes ne sont bien marqués, que lorsque l’eau contient plus d'un huitième de son volume en acide carbonique. Or un grand nombre de poissons que l'on ren- ferme sous des cloches étroites remplies d'eau et sans contact avec l’air, ne donnent à cette eau tout au plus qu'un cen- tième de son volume d'acide carbonique. Le plus souvent le dégagement de cet acide est bien au-dessous de la quan- tité que nous venons d'indiquer. Une tanche, par exemple, a été retirée d'un volume d'eau de 2400 centimètres Cubes. la quantité d'acide carbonique dont cette eau se trouvoit chargée à la fin de l'expérience, ne s'élevoit pas à deux millièmes du volume total. Par conséquent lPétat asthénique ne pouvoit être attribué qu à la petite quantité d'oxigène qui étoit restée dissoute dans l'eau. En effet cette quantité n'étoit qu'un cinq-millième du volume total du liquide, et nous avons vu respirer des poissons dans des eaux dans lesquelles la densité de l'oxigène dissous étoit moindre 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE encore. Ils s'y trouvoient dans un état de langueur extrême; mais le mouvement régulier de leurs opercules et de leur membrane branchyostége annonçoit que, malgré leur foi- ‘blesse, ils savoient encore soustraire de l’oxigène à l'eau. Alors ce dernier liquide pouvoit être comparé à une atmo- sphère qui ne contiendroit que 0,0002 d'oxigène. Cette con- sidération prouve sans doute l’admirable perfection des or- ganes respiratoires des poissons. C'est Le les nombreuses ramifications de l'artère pulmonaire que leur sang entre dans le contact le plus intime avec l’eau, qui, par le jeu des muscles, est chassée à travers les feuillets des branchies. Nous citerons une expérience qui, plus que toute autre, paroît prouver que les poissons souffrent dans l'eau où ils ont respiré long-temps, bien moins par l’accumulation de l'acide carbonique produit, que par le manque d'oxigène nécessaire aux fonctions animales. Spallanzani avoit seule- ment observé que des tanches mises dans des flacons ren- versés et pleins d'eau distillée périssent dans un espace de temps, qui est d’un tiers plus court que celui dans lequel elles se trouvent suffoquées dans de l'eau commune ou aérée. Dans ses expériences les poissons vécurent jusqu'à dix-huit heures dans de l’eau bouillie. Mais il paroît que ce célèbre physicien n'a pas employé assez de précaution pour priver l’eau de tout l'air qu'elle contenoit. Ce soin est d'autant plus important que l’eau exerce une action très-inégale sur l'oxigène et sur l'azote qu'elle dis- sout. Retenant le premier avec beaucoup plus de force qüe le dernier , la densité de l'oxigène contenu dans l’eau, ne diminue pas en raison du volume de l'air chassé, soit par l'ébullition, soit par la dissolution d'un sel, soit enfin par un prompt refroidissement. Il est probable que les derniers atômes d'air que l’eau abandonne, sont de l'oxigène presque ur , et c’est à cause de cette grande affinité de l'eau pour pee que quelquefois, dans des eaux que l'on croit avoir privées de tout air, les poissons trouvent encore l'élé- ment qui est indispensablement nécessaire pour la conser- vation de leur vie. Dans le cours de nos expériences nous avons aisément dis- tingué les eaux entièrement privées d'air, de celles auxquelles les branchies des poissons enlevoient encore de très-petites quantités d'oxigène. Ce n'est qu'en faisant bouillir de l'eau ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 fraichement distillée dans des matras dont l'ouverture plonge dans un vase rempli d'eau bouillante, ce n'est qu'en em- péchant que l'air pût s'introduire dans le col du matras renversé sur du mercure, que nous avons obtenu de l'eau tellement privée d'air après son refroidissement, qu'elle agis- soit comme un fluide délétère sur les poissons. On a fait passer dans cette eau distillée, à travers le mercure, de petits poissons rouges ( Cyprinus auratus), qui sont extré- mement vivaces: dans quelques individus, l'effet de l'eau distillée a été des plus frappans. Après quatre à cinq mi- nutes de temps, ils sont tombés de côté; après dix minutes, ils se sont fortement agités. Ce mouvement convulsif a été suivi d’une prostration totale des forces, Après vingt mi- nutes , les petits poissons ont été trouvés au fond de la cloche presque sans mouvement, et comme s'ils alloient mourir, Ils sont revenus à la vie en les plongeant dans de l'eau de rivière, ou en introduisant une petite portion de cette eau sous la cloche. D'autres individus de la même espèce ont paru pouvoir suspendre leur respiration plus long-temps. Ils mont paru souffrir qu'après une heure et dix minutes de temps: on les a trouvés presque morts après une heure et quarante minutes. Une petite anguille, ex- trêmement vivace, a expiré, au bout de deux heures un REA dans de l’eau soigneusement distillée. Elle a eu de ortes convulsions avant d'expirer. Ces effets de l’eau dis- tillée sont d'autant plus remarquables, que les souffrances des poissons paroissent commencer bien plus lentement, lorsqu'on les place sur du mercure dans un gaz azote si pur, que les expériences eudiométriques n'y font pas connoitre un millième d’oxigène. Nous n'insistons pas ici davantage sur ces différences que présente l’action des fluides irres- pirables liquides ou gazeux, il nous reste encore plusieurs expériences à faire sur cet objet délicat. Il suffit de rappeler que la distribution des vaisseaux elle-même prouve qu'une respiration suspendue est bien plus dangereuse pour les poissons que pour les reptiles. Les premiers ont une circu- lation double, comme les mammifères et les oiseaux. Tout - le sang veineux qui retourne au tronc artériel, doit passer par les branchies qui sont l'organe pulmonaire des poissons. Au contraire, dans les batraciens et dans les autres reptiles aériens, la circulation pulmonaire n'est qu'une fraction plus ou moins considérable de la grande. Par conséquent les 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE animaux de cette dernière classe, même à l’époque où ils ne sont pas dans un état léthargique, peuvent exister long- temps privés du contact de l'air. Nous venons de voir que la quantité d’oxigène absorbée par les poissons est très-petite, qu'ils respirent encore dans une eau qui ne contient que 0,0002 de son volume en oxi- gène dissous, et que, malgré la foiblesse et la lenteur de cette respiration, l'action non interrompue des organes respira- toires est indispensablement nécessaire pour la conservation de leur vie. Maintenant, d’après l'examen rigoureux que nous avons fait des mélanges gazeux, trouvés dans l’eau qui a éié en contact avec les branchies des tanches, il nous sera facile de déterminer, pour chaque poisson, quelles sont les quantités d'oxisène et d'azote absorbées, ou d'acide car- bonique produit dans une heure de temps. Nous réunis- sons ces nombres dans le tableau suivant: Oxigène | Nombre * Absorption de l’air |des tanches Ie dans 1 heure de temps; | Acide Grandeur ÉPOQUES. retiré de | quiont ET: centimètres cubes. {carbonique des l’eau après| vécu dans rs mm | produit, | ballons. lexpér. l’eau. a qu, en oxigène.| en azote. ————- EE es ———— 28 février. .| 0,056 3 5£ o,4or 0,174 0,230 Lo 3 mars....| o,15r 7 6 0,362 0,315 0,291 A 7 mars.,..| 0,034 7 CE POS 0,131 0,303 A 11 mars....| 0,017 I 17 1,114 0,207 0,223 B 28 février. .| 0,178 3 LE 0,489 0,201 0,246 B 24 février. .! o,14r 3 | 5 0,942 0,664 0,840 B 20 février. | 0,130 | 2 | 7 | 1,041 0,651 0,606 B Ces résultats offriront plus d'intérêt encore lorsqu'on pourra les comparer avec les quantités d'oxigène absorbé, dans un même espace de temps, par des animaux de classes différentes. Nous sommes occupés d'une série d'expériences par lesquelles nous déterminons les volumes d'oxigène ab- sorbé ET D'HISTOIRE NATURELLE: 277 sorbé par les plus petits mammifères, par les oiseaux, les reptiles et les poissons. Nous comparerons nos résultats au poids de l'animal, au volume de son cœur et au nombre de contractions de cet organe. Il nous a paru qu'un travail de ce genre pouvoit de- venir intéressant par là même que les analyses de l'air, qui en sont la base principale, seront toutes faites d'après une méthode uniforme et certaine. Suivant le tableau que nous venons de présenter, une tanche n’épuiseroit un mètre cube d'eau de rivière que dans l'espace de vingt-un mois. Suivant l'expérience de Lavoisier, un homme consume l'oxi- gène contenu dans un mètre cube d'air atmosphérique, dans l'espace de six heures. Par conséquent un homme absorbe, dans le même temps, 50,000 fois plus d'oxigène qu'une tanche. L'oxigène que les poissons enlèvent à l'eau , n'est jamais entièrement représenté par la quantité d'acide carbonique produit; on observe que ce dernier ne s'élève au plus qu'à quatre cinquièmes du premier. Souvent l’oxigène consumé est le double de l'acide carbonique formé. Ce phénomène in- dique une différence frappante entre la respiration des pois- sons et celle des mammifères. Or que devient cette grande quantité d’oxigène absorbée et non reproduite dans l'acide carbonique dégagé? Les pois- sons plongés dans de l’eau , respirant au moyen de l’eau qui traverse leurs branchies, produisent peut être de l'eau eux- mêmes. Nous sommes privés de moyens pour résoudre ce problème. En réfléchissant sur la désoxigénation d’une grande masse de sang (1) dans le cerveau des mammifères, et sur les rapports qui se manifestent dans toutes les classes d'a- nimaux entre le système nerveux et le système vasculaire, onsseroit teuté de croire que la grande irritabilité des pois- sons , la vivacité de leurs mouvemens, et l'énorme force musculaire qu'ils déploient dans un fluide, qui leur offre unegrande résistance, dépendent en partie de l’accumu- lation d’un principe qui vivifie les fonctions vitales des êtres organisés. (r) Recueil d’observations de zoologie et d'anatomie comparée, par Humboldt et Bonpland , pag. 107. Tome LX1IX, OCTOBRE an 1809. Nn 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Une autre différence importante qu'offrent les poissons et les mammifères dans leur respiration, se trouve dans l'absorption de l'azote. Cette absorption est à celle de l'oxi- gène comme 1:2, quelquefois comme 5:4. Elle est si con- sidérable;, que pour l'attribuer à de simples erreurs d'ex- périence , il faudroit supposer qu'on s'est trompé de 60, quelquefois de plus de 100 parties d’un eudiomètre, dont les résultats s'accordent généralement à deux ou trois parties. On connoît la quantité d'azote qui est dissoute dans un vo- lume donné d’eau de rivière , et cependant le volume total de l'air retiré par l'ébullition de cette même quantité d’eau, sur laquelle les poissons ont agi , est (après l'avoir mis en contact avec l’eau de chaux) souvent plus petit que l'azote préexistant. En retranchant de ce volume lavé l’oxigène que les poissons n'ont pas consumé, on aura isolément la petite partie d’azote qui est restée dans l'eau. Priestley, Davy, Henderson et Thomson ont cru aussi observer une absorption d'azote dans la respiration des animaux à sang chaud. Davy jugea même que dans l'homme le volume de l'azote absorbé étoit à celui de l’oxigène absorbé, en pro- portion de 100 à 10. Mais les nouvelles expériences de MM. Allen et Pepys, et celles que M. Berthollet vient de faire en se servant de son manomètre et de l'eudiomètre à gaz hydrogène, sont contraires à l'idée d'une absorption d'azote dans Îa respiration des mammifères. Nous ne l'avons pas non plus observé dans nos expériences sur les grenouilles que nous avons fait mourir dans des volumes d'air atmos- phérique exactement mesurés et contenus dans des flacons bouchés à l'émeri. Les grenouilles y ont vécu tantôt quatre, tantôi six jours. Elles ont réduit un volume d'air de 212 cen- timètres cubes à 202; et pendant ce temps, l’acide carbo- nique produit a été de plus d'un tiers moindre que l’oxigène absorbé. Les résultats de deux expériences ont été si uni- formes, que dans l’une l'air restant contenoit 0,039; dans l'autre 0,033 d'oxigène. En supposant que l'absorption de l’oxigène eût été proportionnelle au temps, ce qui n'est pas tout-à-fait probable dans un animal qui meurt asphyxié, chaque grenouille avoit consumé dans une heure 0,23 cen- timètres cubes , ce qui est deux tiers de moins qu’une tanche. Cette différence entre un batracien et un autre animal vertébré muni de branchies, est un phénomène physiologique ET D'HISTOIRE NATURELLF. 279 trés-curieux et dans lequel se manifeste encore la grande activité. des organes respiratoires des poissons. Dans les animaux à sang chaud , la respiration tend à augmenter les proportions de l'azote, parce qu’elle enlève au corps de l'hydrogène et du carbone L'accumulation de l'azote n'y est due qu'à la nutrition. Dans les poissons, au contraire, qui peuvent être soumis à un jeune prolongé, la masse de l'azote augmente par la respiration même. Aussi la chair musculaire des poissons est singulièrement putres- cible , elle manifeste, pour ainsi dire, le plus haut degré d'animalisation , et fournit, en se décomposant, une grande quantité d'ammoniaque. Ce sont principalement les expériences faites avec des eaux privées d'air, et artificiellement imprégnées d'hydro- gène et d'oxigène, qui prouvent que l’absorption de l'azote dans la respiration des poissons, loin d'être accidentelle, tient réellement à une assimilation organique. Nous avons mis de l'eau récemment bouillie, en contact avec des mé- langes de deux cents parties d'hydrogène et de cent parties d’oxigène. La présence du dernier gaz détermine alors une forte absorption de l'hydrogène, qui, par lui-même, ne manifeste que peu d'affinité pour l'eau. Les poissons placés dans un liquide qui contenoit de l’oxigène , de l'hydrogène et de l’azote , parurent souffrans dès qu'ils furent placés sous la cloche qui étoit renversée sur du mercure. On les retira presque morts après trois heures de temps ; on distilla deux pasnons d'un volume égal de l'eau imprégnée d'hydrogène : ‘air retiré de la portion qui avoit été conservée bouchée donna sensiblement la même quantité d'hydrogène que l'air fourni par l’eau dans laquelle les poissons avoient respiré. Ces animaux avoient consumé une grande quantité d'oxigène en le séparant de l'hydrogène dissous. Les organes doués de vitalité n'exercent pas d'aetion sur les élémens qui ne doivent pas être assimilés. Il n’en est pas des animaux comme des plantes qui entraînent, par l'ascension de leur sève, plu- sieurs sels accidentellement mélés au sol dans lequel leurs racines sont fixées. Des eaux que nous avons chargées d'acide carbonique jusqu'à saturation , ont agi comme un poison actif sur les tanches et les poissons rouges. Les premières y sont mortes en peu de minutes, dans un étatconvulsif. L'action de l'acide Nn 2 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE muriatique oxigéné est à peine plus prompte : ces deux acides doivent être considérés comme agissant plus directement sur le système nerveux. D'ailleurs l’acide carbonique, en se combinant avec l'eau, n'en chasse pas tout l'oxigène. Nous avons évalué le mélange d'oxigène et d'azote que contiennent les eaux chargées de leur volume d'acide carbonique. La proportion de ce mélange obtenu par l'ébullition, étoit de 30 d'oxigène à 70 d'azote. Mais le volume total de ces deux gaz n'étoit que le tiers de celui que l'on retire ordinairement de l'eau de rivière. Les poissons ne respirent-ils que par leurs branchies , ou le corps ét la queue de ces animaux ont-ils aussi la propriété d’absorber l’oxigène et l'azote, et de produire de l'acide carbonique? Après plusieurs tentatives infructueuses , nous avons réussi à résoudre cette question d'une manière qui ne laisse aucun doute. On a fait passer la tête de tanches très-vivaces dans des colliers de liége doublés en toile cirée. Le poisson a été placé dans un vase cylindrique, de ma- niére que le collier en formoit le couvercle, et que la tête n'étoit point en contact avec l’eau de Seine contenue dans le vase; le tout a été mastiqué par dehors. Pour être plus sûr que l'eau du baquet , dans lequel a été plongé l’appareil, ne communiquoit pas à travers la toile cirée ou par quelques pores des bouchons de liége, avec l’eau qui entouroit le corps de la tanche , le bouchon a été couvert intérieure- ment d'une couche de mercure de sept ou huit millimètres de haut que l’on a fait entrer d'avance dans le vase cylin- drique renversé. Malgré leur position génée, les tanches ont vécu dans cet état pendant cinq heures; on les a retirées eu souffrantes; on a distillé de suite l’eau que renfermoit fe vase, et l'on a comparé l'air obtenu à celui donné par l’eau du grand baquet dans lequel se trouvoit la tête du poisson. Cette expérience curieuse a été répétée quatre fois; elle prouve que le corps des tanches agit sur l'eau comme les branchies, et que la différence ne consiste que dans l'énergie de l'action vitale, et surtout dans la proportion des quantités d'oxigène et d'azote absorbés, et d'acide car- bonique produit. Nous n'ignorons pas que Spallanzani avoit déjà annoncé que les poissons respirent par les écailles, mais son assertion ne se fonde suraucune expérience analogue à celle que nous venons de décrire. Il s'étoit contenté de placer le corps des tanches dans de l’eau de chaux, qui les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 281 met dans un état maladif, et d'examiner l'action de la peau des poissons récemment morts sur le gaz oxigène. D'aprèstoutesles expériences quenousavonsréunies dans ce Mémoire , il est presque superflu de parler de celles dans lesquelles des poissons ont été placés sous des cloches dans de très-petites quantités d'eau de rivière , entre une couche -de ‘mercure et une couche d’air exactement mesuré. Les poissons enlèvent l’oxigène à l'eau, celle-ci l’enlève à son tour à l'air qui couvre la surface de l'eau. Mais comme l'état primitif de saturation ne se rétablit pas complètement, les poissons viennent à la surface pour y respirer l'air élastique. La méme chose arrive lorsque de grands poissons sont forcés de vivre dans des vases qui ne contiennent que très-peu d'eau. Il est certain que leurs branchies sont plus propres à séparer l'oxigène dissous dans l’eau, qu'à soustraire l'oxi- ène à l’air. Cependant les poissons aiment mieux élever a tête au-dessus de l'eau, que respirer dans un liquide qui est presque privé d'oxigène et qui ‘retient, avec une certaine force, les dernières portions de cet élément. Si l'air atmosphérique rendoit promptement à l'eau ce que les poissons lui enlèvent par leur respiration, il ne seroit pas nécessaire de leur donner de temps en temps de l'eau sur laquelle les branchies n’ont pas encore agi. Nous ayons exa- miné , à différentes reprises, ces eaux contenues dans des vases ouverts. Deux tanches ont vécu pendant vingt-trois heures dans un volume d'eau de Seine de près de cinq mille centimètres cubes. On les a retirées bien affoiblies. L'air qu'a donné cette eau étoit réduit à 0,073 d'oxigène , et il contencit o,11 d'acide carbonique. : Les diaphragmes placés dans des vases ouverts à dix cen- timètres au-dessous de la surface de l'eau, ne font souffrir les poissons que parce qu'ils les empéchent de venir respirer l'air élastique, et de chercher dans l'atmosphère ce qu’ils ne trouvent presque plus dans l'eau qui les entoure. En effet les couches d'eau supérieures, celles qui sont le plus voisines de l'air, reprennent plus promptement l'oxigène perdu que les couches inférieures. Par conséquent le poisson se trouve déjà mieux lorsque, sans élever la bouche au- dessus de l’eau , il s'approche de cette région dans laquelle pénètre l’oxigène de l’atmosphère. Nous avons cru devoir faire des expériences directes sur 282 JOURNAL PE PHYSIQUE, DE CHIMIE la propagation progressive de l’oxigène et de l'azote atmos- phérique dans l’eau récemment privée d'air. Nous avons observé que ces élémens passent assez lentement d’une mo- lécule d’eau à une autre. De grandes masses d'eau bouillies sont restées exposées à l'air libre pendant deux jours dans des matras de plus d’un mètre de hauteur, et dont l'ou- verture étoit très-étroite. Nous avons enlevé par un siphon, les couches d’eau supérieures et inférieures. Les dernières ont constamment donné moins d'air, et un air moins pur que les premières. En répétant cette expérience avec un iriple mélange de gaz, on remarquera sans doute que chaque base descend avec une vitesse qui lui est propre, et qui dépend de son affinité pour l'eau. C'est un privilége que la nature a accordé à la plupart des animaux munis de branchies, de pouvoir respirer à- la-fois dans l'eau et dans l'air. Ils ne suspendent pas leur respiration , lorsque sortant de l'eau on les expose à l'air. Ils absorbent l'oxigène gazeux comme fait un reptile muni de poumons. Il est connu que l'on engraisse des carpes en les nourrissant suspendues dans l'air, et en leur mouillant de temps en temps les ouies avec de la mousse humide pour empêcher qu'elles ne se dessèchent. Nous avons examiné l'action des poissons sur les différens gaz. Ces expériences ont été faites avec le barbeau (Cyprinus barbus); la tanche( C. tinca); le goujon (C. gobio); l'an- guille (Muræna anguilla); et le petit poisson rouge ( C. auratus). Les poissons placés dans l’air atmosphérique ou dans le gaz oxigène, écartent leurs opercules bien plus que dans l'eau. Ils se trouvent, dans l'air atmosphérique, en- tourés d'un fluide dans lequel l’oxigène est vingt fois plus condensé que dans l’eau. Ils absorbent, en temps égal, tout autant d'oxigène de l’air que de l’eau. Cependant ce mode de respiration doit fatiguer des organes destinés à s'ap- proprier de l'oxigène qui n'est pas à l'état élastique. On pourroit croire que les poissons périssent dans l'air, parce qu en dégageant du calorique, ils échauffent leur sang. Mais si cet échauffement du sang étoit la suite de leur respi- ration dans l'air, ils devroient mourir bien plus promp- tement dans le gaz oxigène que dans un mélange gazeux de 90 parties d'azote, et de 10 d'oxigène. Cependant nos expériences nous ont pronvé le contraire. Les poissons fer- meroient leurs opercules au lieu de les écarter avec force, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 283 s'ils sentoient que l'absorption de l'air augmente leur tem- pérature. Nous avons introduit des thermomètres dans l'in- térieur des poissons qui respiroient dans l'eau, dans l’oxigène, dans l'air atmosphérique et dans l'azote pur, sans apper- cevoir que la température de ces animaux différât sensible- ment de celle des milieux ambians. Des tanches qui ont respiré pendant vingt-quatre ou vingt-cinq heures dans le gaz oxigène, n'ont pas eu l’air de souffrir beaucoup; et cepen- dant, en répétant les expériences de Broussonnet sur l’eftet de l'eau chaude sur les poissons, nous avons observé qu'ut changement rapide de 5 à 6 degrés centigrades met ces ani- maux dans un état convulsif. Les tanches par leur corps seul n'agissent pas sensible- ment sur l'air atmosphérique ou sur le gaz oxigène. Nous avons adapté des colliers de liége au col des poissons. L'ap- pareil a été le même que celui décrit plus haut. La queue de la tanche et son corps se trouvoient dans l'air, la tête plongeoit dans l'eau. Nous nous sommes assurés qu'il n'y avoit pas d'absorption d’oxigène lorsqu'il n'existoit aucune communication entre l'air et l'eau. Nous ne rapporterons qu'une expérience du grand nombre que nous avons faites sur les gaz. Une tanche, par la res- piration de ses branchies, a réduit en dix-neuf heures et demie de temps, un volume d'air atmosphérique de 133,9 cen- timètres cubes à 122,9. Ce résidu après avoir été lavé avec de l’eau de chaux , contenoit 0,132 d'oxigène. Par conséquent la tanche dans une heure de temps avoit absorbé 0,52 cen- timètres cubes d'oxigène. Dans deux expériences faites sur le gaz oxigène, l'absorption a été dans l'une de 0,54, dans . l'autre de 0,40 centimètres cubes par heure. Les poissons, comme nous l’avons observé plus haut, ex- pirent en peu de minutes dans du gaz acide carbonique. Ils souffrent plus dans l'hydrogène que dans l'azote. Ils sont dans un état de mort apparente si on les y enferme pendant quatre ou cinq heures. On remarque généralement , que dans les gaz azote et hydrogène, ils ferment leurs opercules comme pour garantir leurs branchies du contact de ces deux gaz. Un azote qui ne contenoit pas un millième d'oxigène est resté pur, quoique des poissons rouges y aient séjourné long-temps. On trouve quelquefois un peu d'acide carbo- nique dans l'azote et dans l'hydrogène employés. Comme ! 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ) ces gaz étoient purs, il faut supposer que cet acide carbo- nique est sorti de l'intérieur du poisson, peut-être de sa vessie natatoire. ; Il nous resteroit à exposer à la fin de ce Mémoire les nombreuses expériences que nous avons tentées sur cet crgane extraordinaire. Mais comme notre travail n'est point encore terminé, et que nous avons cru devoir éviter ici des détails physiologiques, nous nous bornerons à citer quelques faits isolés. Depuis que M. Biot à fait l'observation intéressante que les poissons de mer qui habitent de grandes profondeurs, ont plus d'oxigène dans leurs vessies natatoires que les pois- sons qui vivent à la surface , et qu'il a vu dans les premiers cette quantité d'oxigène s'élever à 0,87; il étoit important d'examiner de nouveau l'air contenu dans la vessie des pois- sons de rivières. Nous avons trouvé que la nature de cet air est très-variable dans la même espèce. Les différences n'ont pas paru dépendre des saisons et de la température des eaux. On n'a jamais trouvé moins d'un centième d'oxigène. Les anguilles dont la vessie natatoire est pourvue d'un corps glanduleux , ne donnent généralement que très-peu d'air, et cetair ne contient que 0,013 à 0,024 d'oxigène. Le terme moyen d'un grand nombre d'expériences faites sur les carpes a été de 0,071 d'oxigène, 0,052 d'acide carbonique, et 0,877 d'azote. La vessie d’une carpe qui pèse 2 kilogrammes con- tient un volume d’air de 103 centimètres cubes. Elle renferme, par conséquent, une quantité d’oxigène qui pourroit servir à la respiration de_ce poisson pendant l’espace de huit à dix heures. Nous avons trouvé des carpes dans lesquelles la pureté de l'air de la vessie s'élevoit à 0,107 d'oxigène. On a fait respirer des tanches non-seulement dans du gaz hydrogène, mais aussi dans des eaux chargées d'un mé- lange d'hydrogène et d'oxigène. Pas un atôme d'hydrogène nest entré dans la vessie natatoire des poissons soumis à ces expériences. Il a paru que l'oxigène augmentoit un peu dans la vessie des tanches renfermées dans du gaz oxigène; on y a trouvé 0,125 d'oxigène, tandis que plusieurs autres vessies de tanches donnoient constamment 0,092 et 0,006. Comme il est impossible de faire deux expériences sur le même individu avant et après son contact avec le gaz oxigène, les résultats restent incertains. On a enlevé, paruneincision latérale, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 285 latérale, la vessie natatoire à plusieurs tanches. Elles ont vécu dans cet état pendant trois jours ; elles ont pu s'élever à la surface de l'eau. Quelques-unes ont nagé dans toutes les directions, sans que l'équilibre de leur corps ait paru dérangé. Une d'elles a paru si peu souffrante, qu'il eût été difficile de la distinguer des tanches qui n’avoient point été opérées. Cependant le plus grand nombre est resté au fond du vase, souffrant et penché vers le côté. Il nous a paru important de vérifier, par une expérience directe, si les tanches auxquelles on a enlevé la vessie na- tatoire depuis trois jours, respiroient de la même manière que celles qui en sont pourvues. Une de ces tanches opérées resta pendant six heures et demie dans un volume d'air atmosphérique d'environ 700 centimètres cubes. Le résidu ne contenoit que 0,10 d'oxigène. On n'y trouva que 0,02 d'acide carbonique. Cette expérience prouve directement que sans la présence de la vessie natatoire les poissons absorbent de l'oxigène, et que ce sont leurs branchies qui ont la double propriété de soustraire à l'eau l’oxigène dis- sous, et d’assimiler l’oxigène contenu dans un mélange aériforme. On a placé deux autres tanches sans vessie dans un volume d’eau de 857 centimètres cubes, elles y ont res- piré pendant deux heures et demie. Le tableau suivant paroit prouver que l’extirpation de la vessie a altéré les fonctions des branchies. L'absorption de l'oxigène et de l'azote a été très-considérable , mais la production de l'acide carbonique a été nulle, Air contenu dans l'eau ? . Avant l'expérience. Après l’expérience. Torar.......... 175 TOTALesis mena sie ve , 1077 Uxisène. 1.1... 62 Oxigène.. 2.2. 15 LAN ee Me À 1 AzOT6....sesssessce 80 Acide carbonique.. 7 Acide carbonique... 7 Dans cette expérience l'oxigène absorbé a été à l'azote absorbé, comme 100:62. Les poissons auxquels on a extirpé la vessie n’ont pas produit un centième d'acide carbonique. Ce phénomène est-il l'effet de l'absence d’un organe, ou Tome LXIX, OCTOBRE an 1808. Oo 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne doit-il être attribué qu'à l'état de foiblesse dans lequel se trouvent les poissons ? Une grande analogie s'observe entre les poumons du Protée et la vessie natatoire des poissons. Mais de simples analogies de forme ne peuvent pas nous guider dans des recherches, dans lesquelles chaque assertion doit être soumise à l'expérience. MÉMOIRE SUR TA FORMATION DE LA GRÉLE; Par M. le Chevalier Azex. VOLTA, Professeur de Physique dans l’Université de Pavie; Traduit par M. VEAU-DELAUNAY, Docteur -Médecin, Professeur de Physique et de Chimie, etc. PREMIÈRE PARTIE. IL se présente un grand nombre de difficultés pour ex- primer la formation de la grèle, sa grosseur quelquefois trés-considérable, et la suspension de ces morceaux de glace dans l'atmosphère jusqu'au moment de leur chute, ainsi que “différens autres phénomènes qui la précèdent et l’accompagnent, où y sont relatifs. Il n’est pas aussi dif- ficile d'expliquer les autres orages, c'est-à-dire ceux où il n’y a pas de formation de grêle; la cause principale en est due à l’action électrique produite par la rapide con- densation d'une grande quantité de vapeurs, formant des nuagés plus ou moins considérables. C'est par l'électricité qui domine d'une manière ou d'une ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 autre, et qui, plus ou moins bruyante, est variable non- seulement en intensité, mais aussi en qualité, étant sus- ceptible de passer de l'état positif à l’état négatif, et de l'état mégatif à l'état positif: il résulte des décharges de cette électricité avec éclairs, tonnerre et fulguration, des fracas de pluie qui les accompagnent ou y accèdent. L’ex- plication de tous les phénomènes, ainsi que celle des chan- gemens de’température qui en proviennent, ne sont pas aussi difficiles que l'est celui qui , beaucoup plus désastreux, les accompagne quelquefois, c'est-à-dire la gréle (1). On demande premièrement, d’où provient le froid excessif, ou l'abaissement de température qui a lieu dans les nuages (1) Dans mes Mémoires sur la Météorologie électrique contenus dans mes Lettres au professeur Lichtemberg, et imprimés dans la Bibliothèque Physique de l'Europe, par Brugnatelh, Javois parlé dans la huitième Lettre de la formation de l’orage et de ses progrès : après avoir expliqué par l’élec- tricité en moins , l’origine de presque toutes les pluies , quoique l'électricité d’un ciel serein et des nuages orageux soit: constamment en plus; celle des nuages légers ou de première formation étant aussi constamment positive ou en plus, j'ai ensuite parlé du passage de l’état électrique de quelques- uns de ces nuages qui , d’abord à l’état positif ou en plus, passent à l’élec- tricité en moins ; ce changement d’état a lieu par l’action des atmosphères électriques, ou par ce que nous appelons électricité de pression, oupar l’effet de l’évaporation qu’éprouve un nuage de première Fée tion > ce qui est conforme avec mes premières expériences qui constatent que les corps s’électrisent négativement par l'effet de leur vaporisation, ainsi qu’il arrive dans les nuages de première formation, et aussi dans les couches inférieures des nuages de seconde formation, dont les couches supérieures sont électrisées en plus, et ce qui peut aussi avoir lieu par l’action et le mouvement réciproques de ces nuages électrisés à l’état contraire. ( 7’oyez huitième Lettre du journal indiqué, tom. XI, pour l'année 1709). J’ai tenté de résoudre quelques-unes des difficultés relatives à la formation de la grêle, rotamment pour découvrir d’où peut provenir le grand refroi- dissement dont sont instantanément saisis les épais nuages qui produisent une grosse et abondante grêle. Il est certain que ces nuages w’existent pas dans des régions assez élevées pour avoir naturellement cette basse température ; ils résident plutôt dans les moyennes et basses régions de l’atmosphère , où la température est ordinairement de plusieurs degrés au-dessus de la glace. 11 doit donc se produire un tès-grand froid accidentel dont est saisi le nuage , ce qui fait passer à l’état de grêle les vapeurs dont il est formé. Parmi les différentes opinions qui tendent à expliquer le phénomène d’un si prompt et si grand abaissement de température, Popinion qui me paroït la plus vraisemblable , est la rapide et abondante évaporation de ce même nuage, suivant des circonstances qui y sont favorables: Ooa 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE où se forme la gréle: ces nuages n'étant pas dans des ré gions élevées , et paraissant au contraire exister dans les basses régions, semblent quelquefois menacer de ce désastreux et redoutable météore, toujours d'une couleur sombre, roulant vaguement sous le voile obscur des nuages qui recouvrent la voute azurée. L'habitantdes campagnes, exact observateur de l'atmosphère, reconnoit à ces funestes présages, la for- mation de La grêle ; mais d'où vient , je le répète, cet abais- sement si considérable de température qui .produit cette congélation ? comment arrive-t-il pendant l'été, au milieu d'un beau jour, dans une région bien inférieure à celle de la neige? J'avois déjà pensé autrefois, et je pense encore aujour- d’hui avec plus de fondement , que ce grand refroidissement est produit par l’évaporation qu’éprouve le nuage déjà formé. En admettant une très-rapide et ample évaporation dans les circonstances que je vais expliquer, 1° la partie supérieure du nuage, frappée des rayons d'un soleil extrêmement vif et ardent, vers l’heure et les jours les plus chauds de l’année, est celle ordinairement où l’on éprouve de la gréle; 2° la grande raréfaction et sécheresse de l'air qui entourelenuage, laquelle est beaucoup plus grande que celle des autres cou- ches, ce qui a été démontré par diverses observations faites par MM. Deluc et de Saussure; ce qui aussi a été confirmé depuis la découverte des ballons ou aérostats , par quelques physieiens qui ont, avec ce moyen, fait des observations météorologiques à différentes hauteurs de l'atmosphère; 3° la disposition des vapeurs vésiculaires à se résoudre en va- peurs élastiques ( partagées inégalement dans chacun des nuages), considérant ces vapeurs ou vésicules comme de petits ballons flottans dans l'air, séparés l'un de l’autre, et même en quelque sorte se repoussant; ils sont très-près de l’état de fluide élastique pour lequel il leur manque peu de chose; ils sont ainsi disposés à une prompte et entière vaporisation, d'autant plus que l’eau se ramasse en masse; 4° enfin, la même électricité qui favorise d'une manière par- ticulière cette vaporisation, ainsi que l’ont démontré dif- férentes expériences faites avec nos appareils électriques. La résolution des vapeurs vésiculaires à l'état de vapeurs élastiques sera d'autant plus provoquée , que l’action du fluide électrique sera puissante. Les vésicules des premiers nuages orageux étant remplies de ce fluide, les vésicules ET D'HISTOIRE NATURELLE. 289 sont lancées du sein de ces nuages, ou plutôt de leur sur- face, pour disparoître et s'élever en passant à l’état de fluide ou vapeurs élastiques , auxquelles concourent aussi l'air des- séché et l’action solaire. Toutes ces circonstances qui contribuent à la grande et rapide évaporation de la nuée orageuse, notamment de sa couche supérieure, ne paraitront peut-être pas suffisantes pour produire un froid capable d'opérer la congélation du résidu de l'évaporation de ce nuage, ou au moins la partie de ce nuage qui a le plus fourni à l’évaporation; mais il me semble qu'elles suffisent, quoiqu'en puisse alléguer que j'attribue trop au pouvoir réfrigérant, parce que nous ne sommes encore parvenus à congeler l’eau en été, que par le moyen de l’évaporation de l’éther sulfurique, dont la va- porisation s'opère très-rapidement ; il se trouve dans l’at- mosphère des circonstances favorables qui peuvent égaler et même surpasser l'effet que produit l’évaporation de l'éther, ce qui est cependant suffisant pour la démonstration. Je pourrais citer, à l'appui de mon opinion, la machine hydraulique de Hell, employée dansles mines de Schemnitz. Cette machine prouve d’une manière bien sensible le pro- digieux refroidissement de l’eau répandue et divisée dans l'air à la faveur de sa rapide évaporation. En tournant un robinet il jaillit de l'eau et de l'air, qui aussitôt s'écartent avec force: si l'on apprôthe de cette eau en vapeur , un chapeau , une gase ou quelqu'autre subs- tance analogue, il est à l'instant couvert d'un verglas ou d'un givre épais de plus d’une ligne. Cependant l’eau et l'air renfermés dans cette machine hydraulique, sont à la tempé- rature ordinaire de l'atmosphère, environ 1e degrés du thermomètre de Réaumur. Cette expérience démontre d'une manière bien sensible, combien est grand le refroidissement de cette eau qui , de l'état d'une température moyenne, passe instantanément à l'état de glace (1). (1) J’ai vu M. Charles faire jaillir de l’eau renfermée dans une machine (dite marmite de Papin), cette eau, dont la température étoit au-dessus de 300 degrés du thermomètre de Réaumur, Jaillissoit à plus de 40 pieds (environ 13 mètres); les assistans étoient surpris de se voir arrosés pag une pluie plus froide que Patmosphère de la sall e .Note du Traducteur.) 2qa JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Appliquons cet exemple à un nuage éprouvant une sem- blable ou une moindre évaporation ; on concevra facilement l'effet de sa congélation , en le supposant soumis à l’action de l’air sec du soleil et de l'électricité: Ce nuage est de même formé de gouttes d'eau entremélées d'air qui favorise la vaporisation et le passage à l’état de vapeurs élastiques, ces gouttes n'étant pasentièrement pleines d'eau , mais formées de petites sphères creuses recouvertes d’une mince pellicule d'eau; telles sont les vapeurs qui constituent les brouillards et les nuages , et qui sont par cette raison, appelées vapeurs vésiculaires : elles se trouvent alors très-disposées à une com- plète vaporisation, par toutes ces circonstances, et même sans le jaillissement et le froissement contre l'air, qui a lieu comme dans la machine hydraulique de Schemnitz , où l'eau se divise en s'échappant. Telle peut être la réunion de ces vésicules formant le nuage dont il est question , lequel ayant plus ou moins de raréfaction , surtout dans sa partie su- périeure ayant l'aspect du soleil et l'air y étant sec, ce nuage peut se vaporiser et se solidifier ainsi que dans la ma- chine hydraulique citée. Les rayons solaires après avoir été absorbés par ce nuage foncé, et l'ayant plus ou moins échauffé, sedirigent versle courant de l'air sec, qui doucement le froisse et l’agite ou le retourne; puis le sillonnant avec rapidité, le déchire et le brise; ces différens effets sont bien suffisans pour opérer lacongélation de l'eau vaporisée, tellequ’on l’ob- serve dans la machine de Schemnitz, et même la surpasser. J'insiste principalement sur les circonstances de l’air sec au-dessus du nuage où se forme la grêle, et des rayons s0- laires qui l'envirennent , parce que je pense qu'ils favorisent fortement la vaporisation ; ils la favorisent et la provoquent tellement, que sans cela il ne pourroit y avoir une aussi grande et rapide congélation du nuage, ni même de son enveloppe‘dans un temps aussi chaud. | Premièrement, si l'air qui est au-dessus du nuage n'est pas sec, ilpourra s'évaporer facilement par l'action solaire, et la vapeur vésiculaire sera à peine passée à l’état élastique, qu'elle retournera bientôt à l'état de vapeur vésiculaire formant un nuage. Telle est la cause et l'origine de ces nuages que frappe le soleil et que nous voyons fréquem- . ment s'élever comme des colonnes de fumée. Dans cette considération , il y a une lente et légère perte de calorique, mais qui n’est pas suffisante pour opérer la congélation; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2gt il faut que dans la congélation dont nous avons parlé, il y ait non-seulement l'action du soleil, mais que l'action solaité soit vive et forte, circonstances qui sont indispen- sables. Ceci donne la raison pourquoi les orages ont plus ordinairement lieu vers le milieu du jour et par un temps sec; ce sont aussi ceux qui fenacent de la gréle. Il est très-rare qué les oragés qui produisent de la grêle aient lieu la nuit, surtout quand elle est déjà avancée; ce qui ne pourroit s'expliquer sans les raisons que nous avons ex- posées , savoir ; principalement l’évaporation qui refroidit considérablement le nuage, jusqu'à opérer la congélation des vapeurs vésiculaires , et les larges gouttes d’eau formant la pluie de ces orages qui fait souvent baisser la tempé- rature au-dessous de zéro du thermomètre de Réaumur. Cette évaporation est surtout favorisée au milieu du jour, ar les rayons du soleil qui ont alors plus d'action vers a surface supérieure du nuage, et par l'air qui dans cette région est aussi plus sec. Le concher ou la disparition du soleil, amènent le serein et l'humidité de l’atmosphère, qui alors règnent aussi dans les régions supérieures. L'éva- POUR des brouillards ou des nuages , quelle qu’en soit a cause, s'opérant lentement, se convertit en vapeurs élas- tiques , ou. au moins en parties qui alors empêchent la congélation des vapeurs vésiculaires et la formation de la grêle. C'est ainsi que je crois devoir expliquer un des plus in- téressans problèmes de Météorologie, c'est-à-dire la for- mation de la grêle dans les jours les plus chauds de l’année, la congélation des vapeurs dans les régions des nuages, la formation de plus ou moins gros morceaux de grêle dans des régions élevées où règne une température moyenne, et surtout dans les heures du jour où la chaleur est or- dinairement la plus forte. En appuyant mon opinion de celle adoptée par plusieurs physiciens qui ont reconnu que la présence du DE et l’action vive de ses rayons non- seulement concourt, mais est comme indispensable à la for- mation de la grêle. Une autre difficulté que présente l'explication de la grêle, est la grosseur et la formation de ses grains qui semblent formés de lames ou couches de glace transparente. On en observe malheureusement chaque année dans la Lombardie, 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des morceaux du poids d’une once et plus. Il n’est pas très- facile d'expliquer comment des morceaux de glace d'un sem- blable poids peuvent être soutenus dans l'air, comme ils paroissent l'être, pendant tout le temps que nous voyons arriver les sombres et épais nuages qui occupent un grand espace dans l’atmosphère, et que nous soupçonnons contenir de la grêle. D’un autre côté, si l’on veut supposer que la grêle est d'abord formée de très-petits glaçons qui se gros- cissent en se recouvrant d'une nouvelle croûte pendant Leur chute (comme l'ont prétendu plusieurs physiciens qui l'ont avancé sans preuve, n'ayant rien de mieux à dire), quoi- qu'en la supposant même trés-élevée, ils n’auroient pas le temps de se former. D’après les observations les plus exactes, la plus grande élévation des nuages ne surpasse pas (six milles d'Italie) environ dix mille mètres. Or en supposant un grain de grêle de la grosseur d’un pois quand il commence à tomber (sans prétendre expliquer comment il a pu rester en suspension), un tel grain, par l'action de sa pesanteur et la force accélératrice de sa chute, a bientôt parcouru un espace de (six milles d’Italie) ou dix mille mètres, et en considérant la résistance de l'air, il n’emploieroit pas au plus une minute (1), dans un si court espace de temps il ne pourroit pas même acquérir la grosseur d'une noix, encore moins la grosseur d'un œuf de poule, ainsi qu'on en voit quelquefois; et comment cela pourroit-il avoir lieu, lorsque les nuées orageuses ne sont pas très-élevées , comme en effet on observe qu'elles ne sont pe à une grande hauteur : elles peuvent même étre plus asses encore qu'elles ne sont, ainsi que nous l'avons déjà observé. On est obligé de supposer que la gréle se soutient dans l'air, et y est suspendue, non-seulement pendant le temps de sa formation , mais même quelquefois des heures entières, et tant que les nuages vont se réunir formant de nouvelles (1) L’espace que parcourt un corps grave pendant sa ehute, abstraction faite de la résistance de l’air, est de plus de 54,000 pieds dans la première minute; en supposant que la résistance de l’air retarde la chute de la grêle , ainsi que nous Pavons supposé formée | de manière à ce qu’elle ne parcourt que les deux tiers de cet espace dans le temps donné, il y aura environ 96,000 pieds. couches ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 couches ou incrustations jusqu’à cette vaste étendue à laquelle nous les voyons quelquefois parvenir. Mais quelie peut être Ja puissance qui les soutient et empêche leur chute, quand ils sont parvenus à un volume et une pesanteur déjà irès- considérables ? Nous ne pensôns pas qu'il y ait une autre force ou puissance que ,celle de l'électricité: il nous reste à examiner si cette puissance est suffisante. On sait que les nuages orageux sont très-chargés de ma- tière électrique , ainsi que le démontrent les éclairs et les dé- tonations; ils doivent donc repousser fortement ceux qui les entourent ; d'où il arrive que les nuages qui s'en ap- prochent semblent déchirés et comme gonflés dans certains endroits, et forment des proéminences irrégulières : les bords quelquefois prolongés semblent être choqués et re- poussés par le centre du nuage; d’autres fois ils semblent se ramasser et se condenser vers la partie inférieure du nuage, vraisemblablement parce que cette partie est moins chargée de l'électricité, et alors attire les nuages voisins, parce que son électricité dans cette partie, est opposée à celle qui réside dans la partie supérieure , ainsi qu'on l’ob- serve dans plusieurs expériences électriques propres à nous représenter différens phénomènes de l'atmosphère: telle est, par exemple, celle dans laquelle la partie inférieure d'une certaine quantité de coton électrisé se trouve dépouillée de son électricité par l'effet d'une pointe, ou passe à un état opposé à celui qu'elle avoit; aussitôt la partie soumise à l'action de la pointe, s'affaisse ou se porte vers le centre ou vers la partie supérieure, comme étant plus chargée d’élec- tricité. Je pense que c'est une des causes principales de la densité de ces nuages qui sont aussi plus foncés que les autres. Quoi qu’il en soit, il y a des nuages qui, dans des orages , fournissent dans leur partie supérieure, une élec- tricité prépondérante ou positive. xaminons maintenant un de ces nuages fortement élec- trisé , et dont la partie supérieure passe rapidement à l'état de congélation par l'effet d'une grande et rapide évapora- tion et le concours d'autres circonstances , comme nous l'avons déjà dit: la partie supérieure de ce nuage est alors comme couverte et parsemée d'une innombrable quantité de molé- .cules de glace; on peut considérer ces molécules comme les élémens ou le noyau des premiers grains de grèle qui seront renvoyés sur la partie supérieure du nuage par la Tome L XIX, OCTOBRE an 1809. Pp 294 JOURNAL BE PMYSIQUE, DE CHIMIE uissance répulsive de l'électricité, dont se trouve chargé le centre de cette nuée orageuse ; ils seront alors tenus en suspension dans l'air à une certaine distance du nuage, de la même manière que le sera une plume, ou du coton, ou autre corps léger, par l'effet d’un tube de verre suffisam- ment frictionné, ou tout autre corps électrisé que l’on tient sous ces corps légers. Si l’on prend un large plateau placé horizontalement, ou , si l’on veut , un morceau de toile ou de taffetas isolé, et que l’on répande sur la surface différens corps légers, électrisant ensuite le plateau, on voit s'élever en l'air ces différens corps et s’y soutenir pendant un certain temps; on peut employer non-seulement des plumes et des cardes de coton, mais aussi des feuilles d'or et d'argent ou de cuivre battu , de petits morceaux de papier, deliége et autres corps ; cette expérience faite avec un grand appareil , représente assez bien la suspension de ces grains de grêle restant au- dessus de ce nuage , que l’on peut croire chargé , en propor- tion , d’une aussi forte électricité que celui de l'appareil dont nous parlons. Nous remarquerons , relativement à cette expérience, que les corps légers qui fuient et s'élèvent au-dessus du pla- teau, nerestent pas immobiles, mais qu'ils semblent osciller et se remuer irrégulièrement jusqu'à ce que le plateau ait perdu une partie de son électricité; alors tous les corps légers et flottans dans l’air , retombent sans pouvoir s'élever de nouveau. Il en est de même relativement à la formation de la grêle, dont les grains vont ainsi s’'augmentant peu à peu; ils vont en oscillant au-dessus du nuage fortement électrisé, se dépouiller d’une portion de leur électricité, et baissent ensuite jusque vers la surface du nuage; plusieurs grains sy plongent, mais bientôt ils sont rejetés d’où ils viennent; quelques-uns seulement en s'y plongeant, dé- passent le centre du nuage, ils sont alors poussés vers la terre et tombent avec rapidité; ces grains qui sont en petit nombre et qui s'échappent isolément ou partiellement du nuage orageux, sont comme les avant-coureurs de la chute de la gréle qui va tomber. Le mouvement oscillatoire ou alternatif de va et vient que fait la grêle au - dessus du nuage, ne peut durer qu’un certain espace de temps, et jusqu’à ce que chaque grain de grêle ait pris un assez fort ac- croissement par ce mouvement alternatif, et que le nuage ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 ait perdu une certaine quantité de son électricité, soit par le transport qu'en fait la grêle, soit par les différentes dé- tonations qui s’opèrent ; alors cette grêle se froisse et se brise en tombant avec force par l'effet de son propre poids. Je pense que l’on peut de cette manière concevoir et expliquer la suspension de la grêle dans l’air pendant un certain temps, suspension qui est nécessaire pour opérer la grosseur de la grêle, quelquefois considérable , en ñe supposant pas le nuage à l’état positif et négatif, ou ayant un côté fortement électrisé. Mais si l'on admet (ce qui paroit plus vraisemblable) les deux couches du nuage pourvues d'électricité contraire, le phénomène s’'expliquera bien plus facilement ; nous pour- rons alors considérer les grains de grêle non-seulement suspendus et oscillans, mais même agités d’un mouvement assez vif par le passage rapide de l’état positif à l'état négatif; c'est ainsi que des corps légers sont, par nos appareils électriques, mis en mouvement; cette expérience est connue sous le nom de gréle électrique, danse électrique (à). Pour représenter le phénomène, on emploie ainsi des balles de liége , ou mieux , de moëlle de sureau, que l’on place dans un large cylindre de verre garni de deux disques de bois, l’un situé à la partie inférieure et-l'autre à la partie supérieure en forme de couvercle à la distance de deux ou trois décimètres, de manière que l'un des disques soit électrisé au positif et l'autre mis à l’état négatif. Quand on verra ces effets, lors même que l'on ne seroit pas phy- sicien, on concevra aisément que ce méme phénomène peut exister entre deux couches de nuages orageux qui, parfois, contiennent une électricité beaucoup plus forte que celle que nous procurent nos appareils. En reconnoissant l’exis- tence de cette électricité des nuées orageuses, dont on démontre les effets par des expériences analogues, on ne pourra douter de la possibilité de ce phénomène, et j'ose croire qu'on y trouvera de la vraisemblance, en admettant pe Lu (1) La description de cet appareil et des suivans se trouve décrite dans notre Manuel d’Electricité , chap. 3, pag. 36 et suivantes, 1 vol. in-8. Paris 1809. ( Note du Traducteur.) N Pps 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seulement que dans les nuées orageuses où il y a forma- tion de grêle, les deux couches du nuage sont séparées par un suffisant espace, pour permettre dans chaque couche une électricité contraire. Commentn'admettroit-on pas cette proposition, puisqu'on ne peut révoquer en doute l'existence de plusieurs couches dans les nuées orageuses, et aussi une électricité contraire dans les unes relativement aux autres. Il n’est personne, parmi celles qui observent, qui n'ait remarqué plusieurs fois, surtout dans les temps orageux, de légers nuages plus ou moins élevés, qui tantôt semblent stationnaires, tantôt très-mobiles et parcourir l'atmosphère sous d’autres nuages plus élevés. Il n'est aucun physicien qui ne se soit livré aux expériences électriques de l’atmosphère, en employant des pointes ou conducteurs électriques, qui n'ait reconnu des pas- sages fréquens et alternatifs d'électricité tantôt positive, tantôt négative, dans des temps orageux (1). Il m'est arrivé, en soutirant de l'électricité du nuage orageux avec l'élec- tromètre portatif de Cavallo (que j'ai perfectionné ), armé d'une pointe métallique placée au-dessus de la calotte ou chapeau , à la manière de celui de Saussure, et son support élevé suivant ma méthode que je crois très-avantageuse (2); il m'est arrivé , dis-je, de voir les deux électricités contraires, cest-à-dire l’état positif et l'état négatif, se succéder avec rapidité et même jusqu’à quatorze fois dans une minute.” On ne peut donc, je le répète, douter de l'existence de l'état positif et négatif de l'électricité dans les nuages ora- geux, ainsi que nous le démontrent l’électromètre et autres appareils électriques, outre les indices que nous en don- nent les éclairs qui parcourent une partie des nuages tantôt (Gi) L’artiste physicien Beyer a vérifié par le paratonnerre posé sur sa terrasse, à Paris, rue de Clichy , l’action alternative de l’état positif et négatif des nuées orageuses, en électrisant, par ce moyen, un gâteau de résine sur lequel on répand un mélange de soufre et de minium. (Note du Traducteur.) (2) M. Volta n’indique pas ici le moyen qu’il emploie. Je me sers d’un long bâton sur lequel je pose son électromètre par le moyen d’une virole qui s’ajuste sur le bâton, et lorsqu’il y a divergence, ce qui n'arrive pas aussi fréquemment qu’on le desire , alors je présente un mor- ceau de succin frictionné , et je juge alors de la qualité positive ou négative de l’électricité de l’atmosphère. (Note du Traducteur.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 séparés et tantôt réunis, et qui ne sont que des décharges électriques de l'un et l'autre nuage. On pourroit tout au plus avoir quelque doute sur la disposition trop régulière que je semble établir, en supposant les deux couches pa- rallèles divisées en deux parties égales, et assignant entre les deux couches une distance suffisante et propre à opérer le mouvement alternatif que fait la gréle, suivant mon opi- nion. Mais les distances électriques doivent étre telles, que les décharges électriques puissent se faire d'une couche à l'autre; car si les couches n’avoient pas entre elles une dis- tance suffisante, elles seroient attirées l’une vers l'autre, et ne permettroient plus le mouvement alternatif de la grêle, faute d'espace et de temps suffisans; il faut aussi que la distance ne soit pas trop considérable et qu'elle permette que l'action se fasse sentir d'une couche à l'autre pour pro- duire les effets énoncés: or comment se pourroit-il faire que ces choses correspondant si bien entre elles, pussent se passer autrement. J'observerai en outre, que je ne pense pas que les deux couches soient précisément égales entre elles, parce que je ne crois pas quil soit nécessaire d'une aussi grande régu- larité dans les dispositions respectives de cescouches ; il suffit qu'elles en approchent et qu'il n’y ait rien qui y soit con- traire. Mais on m'objectera qu'il est difficile que cette dis- position ait lieu, et plus difficile encore le concours de toutes les circonstances favorables, suivant mon opinion, pour la formation de la grêle et son accroissement. Les cir- constances même dans lesquelles il peut y avoir de la gréle sont variables; elle est le résultat des nuées orageuses, mais de quelques-unes seulement, heureusement pour nous, il y a des années où nous n’éprouvons pas ce fléau dévastateur, les circonstances nécessaires à sa formation ne se trouvant pas ioutes réunies, et surtout celles qui produisent cette grosse et redoutable gréle dont nous parlons. On ne counoît pas, il est vrai, d’où provient la disposi- tion des nuages en couches horizontales supérieures et in- férieures , et la séparation de ces couches pourvues d'élec- tricité contraire, c'est-à-dire en plus et en moins; mais cette disposition ne me paroit point une hypothèse , ainsi que la réflexion de la chaleur qui me paroït une chose in- dispensable, comme je l'ait dit. L'action du soleil met en mouvement les nuages de première formation, d’où résulte 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une couche inférieure ; l'action du soleil provoque aussi et favorise puissamment l’évaporation de la partie supérieure de la première couche, et met à l'état de vapeurs élasti- ques ses vapeurs vésiculaires à l'aide de l’air sec qui règne dans cette région supérieure, et qui‘y concourt, ainsi que sa constitution propre, à ces vapeurs vésiculaires, et leur mutuelle répulsion provoquée par l’action électrique, ce qui est conforme aux principes que j'ai établis ci-dessus. Ainsi l'on conçoit aisément que les nuages formés de va- peurs élastiques, rencontrent, tôt ou tard en s’élevant, un air suffisamment froid pour les reporter à l'état de va- peurs vésiculaires , et en former , à une distance convenable, une seconde couche semblable à la première; avec cette différence néanmoins, suivant nous, que le nuage ou la couche supérieure sera pourvue d'une forte dose d'électricité (telle que celle qui s'échappe par l'effet de la condensa- tion des vapeurs, soit des brouillards, soit des nuages), tandis que la couche inférieure est déjà en partie déchargée par ses différens moyens de communication avec la terre, et épuisée aussi par une abondante évaporation, se trou- vant ainsi privée de son électricité positive, et réduite à l'é- lectricité négative et même fortement. Voici donc deux vastes et larges plateaux, entre lesquels sautent et voltigent les grains de grêle déjà formés , comme jele pense, dans le nuage inférieur, et principalament sur la partie qui regarde le nuage supérieur, et déjà passés à l’état de congélation par un prompt ét grand abaissement de température, qui a pour cause une très-forte éyaporation, comme je crois l'avoir suffisamment exprimé. (La suite au prochain cahier.) . Nota. M. Sennebier dit au sujet de ce Mémoire, qu’il a observé une circonstance dont M. Volta ne parle pas, c’est une grêle molle, susceptikle de s’étendre sur elle-même, quoiqu’elle tombât assez pressée’en grains de la grosseur d’un pois et parfaitement opaque. M. Sennebier ne dit pas dans quelle saison et quelles sont les circons- tances qui accompagnent cette eau congelée qu’il désigne sousle nom de grêle, phénomène très-fréquent au centre de la France aux mois de mars €t avril, et connu en ce pays, sous le nom de grésil. Mais cette sorte de grêle est presque toujours égale en grosseur, et n’est vraisemblablement point formée, comme la grêle d’été, par un mouvement alternatif , en al- lant d’un nuage à l’état positif vers un autre à l’état négatif; ainsi que M.Volta explique, très-ingénieusement et avec beaucoup de vraisemblance, la formation de la grêle et son accroissement quelquefois très-considérable. M. Sennebier parle d’un autre phénomène qu’il a observé dans l’hiver ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 de 1794 à 1795, le thermomètre étant à — 17°. J'ai, dit-il, ouvert ma fenêtre à cinq heures du matin, et quoique le ciel fût serein, il me parut aussitôt couvert de petits grafns blancs comme la neige, qui se précipi- tèrent sur moi , et l’air dans lequel se passa ce phénomène me parut en un moment rempli de neige ; j'ai donc vu la vapeur contenue dans l’air de ma chambre, convertie en givre en un instant. Les glaciers ou limonadiers observent fréquemment un phénomène à peu près semblable. Il se forme ün verglas autour du baquet où ils fabriquent les glaces et les sorbets ; effets produits par une grande différence de température. MÉMOIRE Sur différens Composés formés par la réaction de l’acide sulfurique sur le Camphre; Lu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut , le août 1809; Par M CHEVREUL. EXTRAIT. 1, APRÈS avoir démontré dans les deux Mémoires précé- dens, que les substances tannantes formées par la réaction de l’acide nitrique sur plusieurs composés végétaux, étoient des combinaisons de cet acide et de différentes matières, dont la plupart nous étoient inconnues; il me restoit à voir si la troisième espèce de tannin de M. Hatchett étoit une combi- naïison analogue aux premières, J'ai dû diriger mes recherches sur la matière tannante obtenue avec le camphre, parce que c’est elle qui a fixé plus particulièrement l’attention de M. Hatchett. Quoique je ne pense pas que tous Les principes immédiats des végétaux, étant soumis au contact de l’acide sulfurique, se comporteroient de la même manière que le camphre; cependant j'ai lieu de croire que les résultats que ce dernier présente, 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sont applicables aux substances qui ont une composition ana- logue. L’acide sulfurique paroît avoir en général, dans sa manière d’agir, beaucoup plus d’uniformité que l’acide nitrique. 2. Je mis dans une cornue de verre adaptée à un ballon, 30 grammes de camphre et 60 grammes d’acide sulfurique; je chauffai doucement pendant deux heures; il se dégagea beau- coup d’acide sulfureux; je versai sur le liquide brun épais res- tant dans la cornue, 60 grammes d’acide sulfurique, et je dis- tillais il passa dans le récipient de l’acide sulfurique faible, de l'acide sulfureux et wne huile volatile jaune, ayant une forte odeur de camphre. Le résidu de la distillation traité par l’eau chaude, donna deux substances: l’une insoluble , que j’appellerai résidu char- bonneux ; c’est une combinaison d’acide sulfurique et d’un charbon très-hydrogéné : l’autre , soluble; c'est Za substance tannante de M. Hatchett, qui est pareillement une combi- maison d’acide sulfurique, mais qui semble différer de la pre- mière, en ce que la matière qui est combinée à l'acide est plus hydrogénée, et en ce que l’acide y est en plus grande quantité. SET: Huile volatile. 3. Je regrette beaucoup de n’avoir pu examiner la nature de ce produit; il seroit intéressant de savoir s’il contient de l'acide sulfurique et du camphre. En le distillant avec la po- tasse, j'ai obtenu un sublimé cristallisé odorant; mais je n’en ai pas euassez à ma disposition pour eu déterminer exactement la nature. SIT. Résidu charbonneux. 4. Il n’est pas sensiblement dissoluble dans l’eau; il paroît cependant lui donner un atome de substance astringente : il est acide. 11 donne à la distillation de l’hydrogène sulfuré, de l'acide sulfureux et de l’acide carbonique; le résidu est une combi- naison de charbon et de soufre. Cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3or Cette dernière combinaison se forme toutes les fois que le soufre rencontre du charbon très-chaud. Ainsi le charbon sur lequel on a fait passer du soufre en vapeur (1); le mélange de charbon et de soufre (provenant de l'analyse de la poudre à canon) qu’on a chauffé dans un creuset, sont des com- posés de ce genre (2). Il est probable que le soufre s’unit au charbon dans la décomposition des sulfates par le charbon. 5. La potasse n'enlève que des atomes d'acide sulfurique au résidu charbonneux; lorsqu'on fait bouillir ces deux ma- tières ensemble, il se forme deux combinaisons , l’une soluble avec excès d’alkali, l’autre insoluble avec excès de résidu charbonneux. 6. L’acide nitrique le dissout en totalité et forme deux subs- tances : l’une qui est très-soluble dans l’eau, qui précipite la gélatine, qui forme avec la baryte une combinaison soluble dans l'acide nitrique, quoiqu’elle contienne de l'acide sulfu- rique ; l’autre peu soluble , exhalant l’odeur du musc lorsqu'on la fait bouillir dans l’eau (3), fusant par la chaleur , et déga- geant de l'acide nitreux; elle semble plus hydrogénée que la première. Si le résidu charbonneux a quelques propriétés qui le rap- prochent du charbon de terre, l’absence du soufre et de l’a- cide sulfurique dans ces derniers , ne permet pas de les regarder comme ayant une même origine. Les propriétés analogues que ces composés présentent , paroissent appartenir en général à toutes les substances charbonneuses qui retiennent beaucoup d'hydrogène. $ III. Substance astringente. 7. La substance astringente est soluble dans l'eau, sa dis- solution paroît verte par réflexion et rose par réfraction; elle est acide et astringente, elle précipite la gélatine; ‘elle donne () M. Berthollet fils. (2) Observation de M. Proust. (3) Geoffroy et Margraff ont remarqué avant moi, que plusieurs ma- tières huileuses mêlées avec les acides nitrique et sulfurique, répandoient l’odeur du musc. Tome LXIX. OCTOBRE an 1809. Qq 302 JOURNAL DF PHYSIQUE, DE CHIMIE de l’hydrogène sulfuré et de l’acide sulfureux à la distillation; elle forme avec la baryte, une combinaison rose soluble dans l'eau, laquelle étant chauffée au ronge, se convertit en sulfure : lorsqu'on fait évaporer la dissolution aqueuse de la substance astringente, celle-ci s’altère; il paroît que l'acide sulfurique qui est en combinaison, réagit sur la matière végétale à laquelle il est uni, et qu'il la noircit en la charbonnant. On ne peut séparer l’acide sulfurique de la matière astrin- gente saus le décomposer. Conclusion et conséquences des fuits exposés dans les trois Mémoires sur les Substances amères et astringentes arti- Jicielles. 1°. Les substances tannantes artificielles ne peuvent être assimilées au tannin de la noix de galle : un grand nombre de ces substances différent entre elles, non-seulement suivant l'espèce d'acide et l'espèce de matière végétale avec lesquelles on les a préparées, mais encore suivant la quantité d’acide qui est entrée en combinaison. 2°. Ce n’est pas en charbonnant les matières résineuses, que l’acide nitrique forme avec elles une substance tannante; il s’y combine après les avoir altérés plus on moins suivant la nature de chacune d’elles ; mais cette altération ne va jamais jusqu’à leur enlever assez d'hydrogène, pour les rapprocher des matières charbonneuses; car toutes les substances amères et tannantes formées avec l’indigo, le fernambouc et l’aloës, dans lesquelles l'hydrogène semble dominer , différent beaucoup de celles qui sont formées avec les charbons; et on remarque au moins dans les tannins que j'ai décrits, que la propriété qu’ils ont de détoner ou de former avec les bases des com- binaisons détonantes , est en raison de la quantité d'hydrogène qu'ils contiennent. 3°, Il ne faut pas croire que les substances amères obtenues avec l'acide nitrique, doivent leur saveur et leurs propriétés détonantes à l’amer au maximum d’acide nitrique, puisque plusieurs combinaisons nitriques dans lesquelles on ne peut démontrer la présence de ce dernier, sont amères et détonantes. 4. L'amer au maximum paroît être le dernier degré de de- composition que la plupart des substances azotisées éprouvent ÆET D'HISTOIRE NATURELLE. 503 par la réaction de l’acide nitrique , puisque des substances dont la nature est très-différente, telles que le muscle, la soie, l’indigo donnent le même produit. Je crois que la matière hui- leuse ou résineuse qui forme l’amer au maximum par sa com- binaison avec l’acide nitrique , contient de l'azote, parce que si cette matière huileuse étoit formée d'hydrogène et de car- bone seulement, il me semble que les résines et les huiles végétales devroient donner beaucoup d'amer au maximum , et c’est ce qui n’a pas lieu, au moins d’après les expériences que l’on a faites sur ce sujet. | 5°. La combinaison d’un acide oxigéné dont les principes sont aussi peu condensés que ceux de l'acide nitrique, avec des composés dans lesquels l'hydrogène et le carbone domi- nent, sont très -remarquables par leur fixité; hors les cas où le calorique vient à en dilater les élémens. 6°. La propriété de précipiter la gélatine, que l’on avoit cru pendant long-temps appartenir exclusivement au tannin, est de ces propriétés générales qui appartiennent à des corps si dif- férens , qu’elle ne peut servir à caractériser une seule substance, puisque tout corps qui a quelque tendance à la solidité et beau- coup d’affinité pour les matières animales, jouit de cette pro- priété; c’est ainsi, par exemple, que le muriate d’iridium, sui- vant l’observation de M. Vauquelin, précipite la gélatine. 7°. La saveur astringente paroît indiquer dans les corps qui la possèdent, une forte affinité pour les matières animales; aussi voyons-nous que les sels métalliques qui se combinent à ces matières sans que leurs élémens se séparent (ainsi que MM. Thenard et Roard l'ont observé pour les muriates d'é- tain, etc.), sont astringens au goût. La saveur sucrée se trouve réunie à la saveur astringente dans un assez grahd nombre de sels terreux et métalliques, et dans quelques subs- (1) L’extrait de fernambouc en est un exemple: j’avois cru qu’il con- tenoit du sucre , parce que cet extrait délayé dans l’eau avec de la levure, m’avoit donné de l’alcool et de l’acide carbonique ; mais ayant répété cette expérience avec de la levure bien lavée , je n’ai point obtenu d’alcool; d’où je conclus que j'ai été induit en erreur dans ma première expé- rience,par de la levure qui contenoit un peu de sucre. Au reste, Les travaux que j’a faits dans ces derniers temps, m’ayant convaincu qu'il y avoit plusieurs faits inexacts dans mon premier Mémoire sur les bois de Brésil et de Campèche, je me propose de revenir sur ces objets dans un second Mémoire. Qq 2 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tances végétales, et ce qu’il y a de remarquable, c’est l’affinité qu'ont ces différens corps pour les matières animales. Il en est de même de la saveur amère et astringente qui se fait re- marquer, non-seulement dans des composés artificiels, mais encore dans des composés naturels qui ont également de l’affinité pour les matières animales. Je crois que l’on n’a pas encore assez étudié les saveurs sous le rapport chimique : il est pro- bable que les corps qui ont une saveur analogue , exercent une action chimique analogue sur l’organe du goût. &. Différentes substances qui auront la faculté de se com- biner fortement avec les matières animales, et de former avec elles des composés peu solubles dans l’eau, pourront jusqu'à un certain point, en se combinant à la peau des animaux, la rendre imputrescible et faire l'office du tannin. C’est ainsi que l'alun et plusieurs sels sont employés pour conserver les peaux; que le muriate de mercure au 77aximum, que plusieurs dis- solutions métalliques conservent les substances animales qu’on y plonge. 11 est probable que les sels métalliques formés d’une base qui est douée d’une forte affinité pour l’oxigène , ne sont poisons, qu’en formant des combinaisons solides avec les hu- meurs et les tissus des animaux. 9. Dans les analyses végétales on ne doit pas conclure de ce qu’une substance précipite la gélatine , que cette substance est du tannin; et il est à présumer que dans les végétaux on doit rencontrer des substances très-différentes qui possèdent cette propriété. Si l’on observe, 1° que le plus grand nombre des corps qui font un précipité avec la gélatine sont acides; 2° que souvent des infusions végétales ne peuvent précipiter cette matière ani- male que par l’addition d’un acide; 3° que le plus grand nombre des tannins naturels rougissent le tournesol, il sera permis de conjecturer que ces tannins peuvent bien être des combinaisons d'acides végétaux et de substances dont la nature peut varier, [ex ET D'HISTOIRE NATURELLE. 30 TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE GÉOLOGIE; Par J. À. DELUC, Membre de la Société royale de Londres et de plusieurs autres Académies, 1 vol. in-8°. À Paris, chez Courcier, Imprimeur- Libraire pour les Mathéma- tiques, quai des Grands-Augustins, n° 57, 1809. Prix 5 fr. et 6 fr. 10 cent. par la poste. EXTRAIT par J. C. DELAMÉTHERIE. « De toutes les Sciences, dit l’auteur, page 1, qui ont un nom classique dans le catalogue des connoissances hu- maines, il n'y en a pas d'aussi étendue ni d'aussi com- pliquée, que celle qui a porté le nom de Géologie long- temps avant de le mériter. C’est l'effet de l'impatience LA l'esprit humain, contre laquelle l'immortel Bacon avertissoit si souvent qu on devoit se garantir dans l’étude dela nature. » Avant tous les systèmes aventurés qu'on a vu naître dans les derniers siècles, la Géologie étoitinutile aux hommes. Les Juifs, les Chrétiens et les Mahométans avoient, dans la Genése, l'histoire de la terre et celle des hommes; et si les Païens ne participoient pas à cette instruction for- melle , ils en avoient dans leurs mythologies des traits si frappans, qu'il étoit impossible de ne pas les reconnoître pour descendans de Noë, » L'auteur expose ensuite ses opinions sur la Théorie de la Terre, telles que nous les avons vues dans les lettres qu'il ma fait l’honneur de m'adresser dans ce Journ.,tom. XXXVI et suivans. 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « Je partirai ici, dit-il (page 42), de la proposition que toutes nos substances minérales depuis le granit, sont des produits de précipitations chimiques dans un liquide qui couvrit d'abord tout le globe, J'ai adopté cette idée fonda- mentale d'après les géologues les plus distingués. Or, d'abord quand un liquide contient des ingrédiens susceptibles de s'unir entre eux par leurs affinités, et de s'en séparer alors par précipitation , cette opération doit s’exécuter immé- diatement; car dès que les causes existent, les effets sont produits. » Voici done une première question qui se présente. Or pourquoi, à l'époque où nous sommes remontés par les mo- numens géologiques , les ingrédiens du granit ne s'étoient-ils pas encore réunis entre eux et précipités? Ici se présente une loi générale établie depuis long-témps en chimie; c'est que toute combinaison chimique dans une masse continue exige la liquidité pour que tous ces ingrédiens puissent s'ap- procher et s'unir entre eux par les faces qui tendent à s'unir. La réponse à cette premièrequestionest donc indubitablement que lorsque le granit ne se précipite pas, la masse qui en contenoit les ingrédiens n'étoit pas liquide : ainsi le chan- gement qui arriva alors dans cette masse, est qu'elle devint liquide » La seconde question qui se présente est celle-ci. Pourquoi cette masse n'étoit-elle pas encore liquide? Une autre loi générale nous dirige encore dans la réponse à cette ques- tion. Il est maintenant établi en chimie, et par toute la physique, que la liquidité de toute substance procède uni- quement d'une certaine union du fluide calorique avec ses molécules, union par laquelle ce fluide connu de tout temps en physique sous le nom de /eu, et parmi les modernes, sous celui de calorique , perd sa faculté de produire la chaleur en même temps que l’autre substance perd les propriétés distinctives des solides, pour revètir celles des liquides. Voici donc la réponse à cette seconde question : quand la masse d'où d’abord s'est séparé le granit n'étoit pas liquide, #/ lui manquoït le feu qui produit la liquidité. » Je dois m'arrêter un moment sur ce point, parce que M. Delamétherie n'ayant pas considéré dans mes ouvrages les propositions qui conduisent à celle-là, l'a mal conque. F1 à donné (pag. 581 du troisième volume de la Zzéorre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3507 de la Terre) une esquisse rapide de mon système, qui se prête aisément à ses objections. Voici cette prétendue esquisse d'un système qu'il n'a point compris. » La terre, me fait-il dire, étoit congelée et le soleil devient lumineux : sa lumière dardant sur la surface de la terre l'échauffe, la dégèle : les eaux qui résultent de la fonte de la glace s'insinuent dans l’intérieur de la terre qu'il regarde comme un amas de poussière humide congelée. La chaleur des rayons du soleil augmentant à la surface du globe, la fonte de la glace devient plus considérable. Les eaux dis- solvent les terres etautres substances congelées. Enfin, lorsque cette fonte est arrivée à plusieurs lieues au-dessous de la surface , les substances dissoutes par les eaux cristallisent, se déposent par précipitation, et la couche extérieure du globe se solidifie. Telle est l’origine des terrains primitifs. » Je trouve que M. Delamétherie a usé envers moi de beaucoup d'égards en ne traitant pas ce système d’absurde. Mais il ne ma pas accordé autant d’attention; car ce sys- tème qu'il définit ainsi, n'a aucun rapport avec le mien. On peut le voir dans son propre Journal de Physique. » Pour répondre à cette inculpation de M. Deluc, je vais rapporter ce qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire. « Fixation d'une ÉroQUuE déterminée dans la durée de la rerrx. Avant l'époqueque je vais déterminer, dit M. Deluc (Journal de Physique, tom.XXX VII, pag. 308), notre globe étoit composé de toutes les substances qui ont produit dès-lors son état actuel, à l'exception seulement de la lumière. Samasse existoit d’une manière distincte dans l'univers, parce que les molécules qui la composoient, restoient assemblées par la gravité, dont la cause, ainsi que celles qui la modifient dans la cohésion et les affinités, existoient dès-lors. Je ne puis déterminer la forme qu'avoit cette masse , parce qu’elle n'étoit pas liquide. C'étoit un chaos d'élémens sans action chimique les uns sur les autres, parce qu'il n'y en a point sans liquidité, ou expansibilité , et qu’7/ n'y avoit ni LiQuins DANS LA MASSE, 72 fluide due autour d'elle. » Cette masse d’él/émens soit de molécules et particules indivisibles dans les phénomènes, seroit donc restée toute l'éternité dans l’état que je viens de décrire, si elle n’avoit subi aucun changement; mais à l'époque dont je parle, la lumière lui fut ajoutée. 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » La lumière, continue l’auteur (page 532), ayant pénétré toutes les substances terrestres, y exerça nombre d’a/finités. Nous voyons assez le besoin de /umière dans le plus grand nombre dés opérations physiques sur notre globe, pour ne pas douter que son influence n'y soit très-grande, et elle dut l'être bien davantage dans un temps où elle commençoit à donner le branle à toutes les opérations chimiques, dont nous voyons les effets. Notre ignorance sur les diverses espèces de combinaisons de la lumière opposera probablement long- temps un grand obstacle à ce que nous puissions pénétrer bien avant dans les causes des phénomènes tant passés que présens de notre globe. Mais il est une de ces combi- naisons qui nous ouvre au moins une route générale pour arriver aux autres. C’est celle qui s'opère par l'union de la lumière et la matière du feu. Le feu fut donc ainsi produit dans toute la masse de la terre, par où toutes les opérations chimiques , QUI EXIGENT DE LA LIQUIDITÉ , ÿ COM- mencèrent. C'est en vue de ces opérations que dans ma lettre précédente j'ai traité préalablement des théories de La liqui- dité et de la solidité. » La première opération du feu sur les substances qui composoient la masse de la terre, fut de s'unir aux mo- lécules quelconques qui forment l'eau. Ces molécules se trouvoient jusqu'à une grande profondeur dans la masse, et dès qu'elles se furent emparées du feu de liquéfaction, il s'y forma comme une bouïllie composée de l'amas confus des autres. molécules et particules élémentaires, et mêlée à l'eau. La masse de la terre fut donc ainsi ramollie jusqu'à une grande profondeur, et la gravité tendit à lui donner une forme sphérique: mais soit que son mouvement de relation existêt déjà, ou qu'il commencçit alors, elle prit la forme d’un sphéroide aplati par ses pôles. » Il continue ( pag. 548, lig. 26). « Le so/erl, comme la cerre, avoit été dans l’univers une masse distincte dont les élémens, fort différens de ceux de la terre, se trouvoient aussi sans action chimique les uns sur les autres, FAUTE DE LIQUIDIRÉ, À l'époque où la terre reçut sa portion de lumière, la masse du soleil en reçut en grande abondance, et par les combinaisons de cette substance, avec le reste de la masse, celle-ci fut ramollie et peut-être /iquéfiée ; par où la gravité lui fit prendre la forme sphérique. » On voit que l'auteur suppose que lesoleilet la terre ayoient été ET D'HISTOIRE NATURELLE. 309 été dans le principe sans liquidité; mais à une époque dé- terminée la lumière leur fut ajoutée : cette lumière s'unit au feu, et produisit le calorique. Ce feu s'unit aux molécules quelconques qui forment l’eau, et dès que ces molécules se furent emparées du feu de li- quéfaction, il s’y forma comme une bouillie La masse de la terre fut donc ainsi ramollie jusqu'à une grande pro- fondeur. Il avoit dit (pag. 292): « Outre les phénomènes relatifs à l'eau et à la glace, ilen est un autre important, Nous avons vu qu'il n’y a dans ce phénomène qu'une seule substance pondérable, connue sous le nom d’eau, et une autre im- pondérablè, qui est le feu. Quant à la substance pondérable, substance commune à la glace et à l’eau , il est fâcheux qu'elle ne porte pas un nom particulier. J'avois proposé de lui donner le nom d'Aumor; mais pour éviter le néolo- gisme, je lui conserverar le nom impropre d'EAU, » Il me semble que le nom d'eau n'est point impropre à cette substance ; car qu'elle soit à l'état de glace, ou à l’état d'eau , ou à l'état de vapeurs, c'est toujours la même subs- tance , mais avec une plus ou moins grande quantité de feu. Le mercure solidifié par le froid, liquéfié par un léger degré de chaleur, ou vaporisé par un haut degré de chaleur, est toujours du mercure. «Ainsi le nom de uwmor que M. Deluc avoit proposé de donner à l'eau non liquide, étoit impropre, et il a eu raison de lui conserver lenom d’eau. Le lecteur peut juger si j'avois bien compris le système de M. Deluc. Quant au fond de ce système, je respecte trop les talens de M. Deluc, pour en dire autre chose, si ce n'est que je ne le crois pas fondé. IL soutient ces mêmes opinions dans ce nouvel ouvrage. « Mais une troisième question se présente, ajoute-t-il ( p.85): d'où provient le feu qui produisit la //quidé dans cette pre- mière masse d’élémens, formant une couche très-épaisse sur la masse de la terre, couche qui a produit tout ce que nous pouvons observer, et au-delà de laquelle nous ne pouvons pénétrer que par déduction des phénomènes observables. Jusqu'ici la physique nous assiste encore. Toutes les expérien- ces et observations qui concernent le feu, nous ont conduit à reconnoitre que ce fluide, quelque subtil qu'il soit, n’est Tome LXIX, OCTOBRE an 1800. Re 910 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE point une substance simple , qu'il est composé de lumière, et d'une autre substance qui appartient à l'atmosphère et aux autres corps terrestres ; et que c'est en particulier et s'unissant à elle ; que les rayons solaires produisent la cha- leur sur notre globe , formant ainsi le feu. La réponse à cette troisième question est done qu'au temps où la masse d’élé- mens qui a produit tout ce que nous observons sur notre globe, n'avoit pas commencé de le produire, il y manquoit cet élément essentiel, la lumière pour produire le feu, et par lui la liquidité. » Il s'agiroit maintenant de déterminer d'où procéda la lumière. Je n'en apperçois aucune source. » La présence de la lumière ayant produit la chaleur, la masse des eaux fut assez considérable pour couvrir la sur- face du globe ; et on arriva, dit-il (pag 47), à la formation des couches de granit, comme étant le plus ancien monu- ment observable de ces causes. Redescendant ensuite de ce point, on trouve une succession d'autres couches de divers genres et espèces formés dans le même liquide, et portant des caractères qui, outre leur superposition les unes aux autres, manifestent diverses périodes; ce qui se voit en particulier par les restes des corps organisés , tant terrestres que marins , qu’elles vinrent à renfermer au bout d'un cer- tain temps. Toutes ces couches encore ont essuyé de grandes catastrophes successives, qui ont duré jusqu'à la naissance de nos continens. Mais alors tous ces grands effets ont cessé sur notre globe. Le résidu du liquide primordial, qui est la mer, ne produit plus de couches minérales. Il a été dé- pouillé de toutes les substances qui ont produit celles dont la masse de nos continens est composée, et il ne s'élève plus de l’intérieur du globe, des ingrédiens capables d'y produire de nouvelles précipitations. La masse des couches mises à sec n'éprouve plus de ces catastrophes qui avoient produit leurs révolutions précédentes. L'intérieur du globe a pris aussi, à cet égard, une assiette fixe. » Toutes ces couches faisoient une surface à peu près plane à la surface du globe. Des révolutions particulières du globe firent naître nos continens et paroître les mon- tagnes. Je ne considérai plus, dit l'auteur, pag. 32, après la publication du second volume de M. de Saussure, ce qu'on nomme montagnes, comme des masses qui eussent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3x existé originairement, ou qui eussent d'abord été produits sous cette forme , mais seulement comme des couches de divers genres et espèces successivement produites sur le fond d'un liquide. » Cette opinion a été contestée par quelques géologues, et d'abord par ceux qui regardent les montagnes comme degrandscristaux, idée particulièrement soutenue par M. Dela- métherie. Mais cette opinion, tout comme celle des mon- tagnes primordiales, n'a pu naître que de ce qu'on n'avoit pas étudié les montagnes comme l'a fait M. de Saussure. » Le docteur Hutton qui avoit bien saisi ce trait, a ce- pendant contesté une partiêtde cette grande découverte , écar- tant du nombre des substances stratifiées les premières des substances minérales qui sont regardées comme ayant précédé toutes les autres, savoir, les grantes, les porphyres et lesautres substances qui sont entremélées : et c'est cette opinion qui a fait regarder comme impossible de remonter par les mo- numens géologiques à un premier état du globe. C’est là une grande question, et M. Playfair ayant soutenu l'hypo- thèse du docteur Hutton à cet égard, le génie de ces gé0- logues , et les différentes questions qui viennent se lier à cet égard, m'engageront à l’examiner profondément. Cette hypothèse est fort différente de celle de M. Delamétherie, qui au moins admet une première opération discernable sur notre globe, et il la définit une cristallisation en montagnes. Mais on verra , par tous les détails dans lesquels “j'entrerai à l’occasion de celle du docteur Hutton, que l'une et l'autre de ces théories sont également exclues par des phénomènes précis et généraux; de sorte que les décou- vertes de M. de Saussure sur la formation de nos couches minérales, depuis le granit par des précipitations chimiques dans un liquide qui couvrit d'abord le globe, et la produc- tion postérieure des montagnes et collines par des catas- trophes de ces couches, demeurent inébranlables. » Il y adonce une première opération des causes physiques sur notre globe, à laquelle nous remontons par les mo- numens géologiques. C'estla production des couches degranit par des précipitations chimiques dans un liquide primordial. Tel est, dis-je, le premier effet discernable des causes. Nous n'appercevons rien au-delà. Tous les autres effets dont il reste des monumens, sont postérieurs, et voici en quoi Rra 512 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ils consistent : ce sont d'abord d’autres précipitations long- temps continuées de substances successivement différentes dans leurs genres et espèces, étendues aussi par couches, toujours dans une situation à peu près horizontale et con- tinue dans de grandes étendues du fond du liquide. Mais ces couches dans les intervalles même de la formation de lears diverses classes, et jusqu'à la fin de ces opérations, ont subi de grandes catastrophes, dans lesquelles elles ont été à diverses fois rompues et disloquées; ce qui tou- jours sur le fond du liquide a produit dans leurs masses ces différences de niveau relatif, qui aujourd’hui forment nos montagnes et collines au-dessusides vallées et des plaines: enfin ce théâtre d'opérations et de révolutions ayant été mis à sec, est devenu nos continens. » Quand on remonte attentivement , ajoute l’auteur, p. 37, dans la suite des effets produits par les différentes causes qui ont dù agir, et qui continuenk d'agir sur nos continens depuis leur naissance , on arrive à déterminer quel étoit leur état dans ce moment, et l’on s'assure que leur existence est due à une retraite soudaine de la mer. » 2. Cet état originel de nos continens par l'aspect des vastes ruines qui les carstérisent, conduit à la nécessité d'admettre que tandis que les couches minérales qui en. constituent toute la masse, s’accumuloient sur le fond de la mer, il se trouvoit ou il se formoit sous elles de vastes cavernes qui y occasionnoient des fractures, et dans lesquelles de grandes parties de leurs masses s’affaissoient , tandis que d’autres, inelinées endifférens sens, demeuroient plus élevées, ce qui a dû arriver plusieurs fois. C’est ce qui préparoit nos montagnes et collines, avec leurs vallées , les plaines étant les parties qui avoient subi les affaissemens les plus grands et les plus étendus; et en même temps de grandes parties du liquide s’engouffrèrent dans ces cavernes par les intervalles des masses de couches rompues. » 3. De cette diminution dans la quantité du liquide à l'extérieur naquirent des presqu'iles et des îles dans le bassin de l'ancienne mer, qui se peuplèrent de végétaux et d'animaux par d’autres continens alors existans. Mais dans la durée des catastrophes sur le fond de cette mer, plu- sieurs des presqu'iles furent coupées en îles, et plusieurs ET D'HISTOIRE NATURELLE, 313 de celles-ci s’affaissèrent sous le niveau des mers , qui forma sur elles diverses espèces de couches minérales, qui elles- mêmes subirent de nouvelles catastrophes. De là résuite la quantité de débris de végétaux et d'animaux terrestres, qu’on trouve mélés de corps marins en tant de parties de nos continens, dans des couches ou sous des couches qui portent, comme toutes les montagnes, collines et plaines , des marques de catastrophes plusieurs fois répétées, » 4. Un grand nombre de ces iles subsistoit encore à la naissance de nos continens, de sorte que par la retraite de la mer elles devinrent les sommets de nos montagnes et furent la souree la plus générale de nos végétaux et ani- maux terresires. » 5. La retraite de la mer par laquelle nos continens se trouvèrent formés de la partie du globe qui avoit été son lit, fut produite par l'affaissement des continens, d'où étoient procédés les végétaux let animaux qui avoient peuplé les presqu’iles et les îles. La mer se porta alors sur ces anciens continens et laissa les nôtres à sec. » 6. Depuis cette révolution sur le globe, le niveau de la mer n’a point changé. » 7. Enfin ce grand événement terrestre n'est pas éloigné d'un grand nombre de siècles. « L'auteur cite ici l'opinion de Dolomieu, qui a dit: « Qu'ez admettant dix mille ans d'ancienneté pour le moment où la terre est devenue ou redevenue FD Ble on exagère peut-Ëtre encore (Journal de Physique, janvier 1792.) » L'auteur , pour développer les preuves de son opinion, entre dans un grand nombre de détails intéressans , où nous ne pouvons le suivre. Il termine son ouvrage par l'examen de plusieurs sys- tèmes géologiques, tels que ceux de Hutton, de Playfair, de Kirwan. « Le second objet, dit-il pag. 381, dont je me suis pro- posé de parler, est l'ouvrage de M. Kirwan, intitulé Essars géologiques. En Géologie nous avons eu le même but, celui de. montrer les erreurs des systèmes opposés à celui de la Genèse, cette source unique des connoissances des hommes sur leur origine et celle de l'univers. » Ils diffèrent néan- 514 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE moins dans la manière dont ils expliquent les phénomènes géologiques. L'auteur ramène sans cesse les géologues aux farts, et il termine son Ouvrage par cette réflexion. « Dans la Géologie les faits fondamentaux consistent dans ce que l'histoire naturelle a rassemblé , ou peut ras- sembler par l'observation de l'état actuel de notre globe, et une généralisation sûre de chaque classe de phénomènes ne peut naître que de la multitude des phénomènes parti- culiers qui la concernent , recueillis en un grand nombre de lieux, et au travers de leurs différentes combinaisons. Voilà ce que j'ai annoncé comme devant fournir la preuve des faits généraux que j'ai employés dans ce volume, soit pour établir mon système, soit pour les opposer à d’autres systèmes : et l'exécution de cet engagement se trouvera dans les relations de mes voyages. » CE om emmener) MÉMOIRE SUR LE SABLE NOIR, ou MENAKANITE, QUE L’ON TROUVE SUR LES COTES DE LA LIGURIE; Par D. VIVIANT, Professeur de Botanique et d'Histoire A naturelle à l'Académie Impériale de Gênes. Le gisement des minéraux devient de jour en jour plus important à connoître, depuis qu’il fournit aux géologues des connoissances précieuses sur la théorie de la Terre, et aux minéralogistes, des caractères du plus grand intérét pour cette espèce d'association qui a lieu parmi différens minéraux. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 515 Le gisement du titane oxidé ferrifère n'a pas été jusqu'à présent étudié d'une manière satisfaisante. Il y a même une variété de cette espèce connue sous le nom de s7enakanite, qu'on n’a trouvée jusqu'à présent que sous la forme de sable, et dont par conséquent le gisement est tout-à-fait inconnu des naturalistes. Le sable noir que l’on trouve au bord de la mer entre Pegli et Sestri, à une lieue et demie de Gênes, ayant été analysé par mon savant collègue le professeur J. Mojon, a éié reconnu pour la vraie menakanite, dont il présente d’ailleurs tous les caractères minéralogiques. Une circonstance toute particulière attiroit encore davantage les recherches des naturalistes sur ce minéral. On ne l'avoit jusqu'alors trouvé qu'au bord de la mer, où il ne paroissoit qu'après des grands orages; ce qui avoit accrédité l'opinion d’un gisement sous-marin, et ôtoit toute espérance de pouvoir le déterminer. . Cependant il m'étoit arrivé plusieurs fois d'avoir visité le littoral entre Pegli et Sestri, après des orages de mer assez violens, mais sans pluie, sans avoir trouvé sur le rivage aucune trace de menakanite; au contraire, j en trouvois une lisière qui bordoit la mer dans une étendue de 100 pas et davantage, si l'orage de mer avoit été accompagné de pluies abondantes, et surtout si les torrens de Sestri et Pegli avoient inondé cette partie du littoral, après avoir balayé les montagnes environnantes. Cette observation souvent vérifiée, me fit naître le soupçon, que le sable noir de cette plage étoit fourni par les mon- tagnes qui versent leurs eaux dans la Varenna, ainsi que par les autres ruisseaux qui coulent entre Sestri et Pegli; que dans le contraste de ces courans d'eau douce et des flots que la mer agitée dirige contre la côte, se fait un vrai triage du terrain qui contient la menakanite, et que par ce procédé ce minéral se dépose sous la forme de sable sur le rivage, pendant que les autres substances terreuses, moins pesantes, restent encore quelque temps délayées et suspendues dan: les eaux de la mer. Cette conjecture me fit concevoir l'espérance de trouver le gisement de la menakanite dans les montagnes au-dessus de Sestri et de Pegli, qui forment le versant de la Varenna et des autres petits torrens qui coulent à travers cette plage. Il s'agissoit donc de suivre ces torrens jusqu’à leurs sources, 3516 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et de bien déterminer, dans le même temps, la nature de ces montagnes. | ï Le torrent de la Varenna divise le territoire de Sestri de celui de Pegli; il coule au levant, et à deux pas de ce pays: tout dépourvu d'eau qu'il esten été, iln'a pas moins de 100 mètres de largeur à son embouchure; c’est lui qui a formé les lisières des plaines qui le cotoient soit du côté de Pegli, soit de celui de Sestri. IL les augmente tous les ans, mais il reprend souvent sur elles ses anciens droits, et détruit en un jour son ouvrage de plusieurs siècles. Le fond de ce torrent est formé par une chaine de mon- tagnes magnésiennes qui protège du vent du nord les belles plantations de Pegli, et rend le climat de ce pays le plus doux de toute la Ligurie. A la droite de ce torrent, au-dessus de Pegli, commence un système de montagnes d'un schiste micacé, qui passe tantôt au schiste luisant, tantôt au mi- caschiste. Ce système se prolonge au sud-ouest tout le long des Apennins, et forme le noyau de ces montagnes dans la rivière du Ponant jusqu'à leur réunion aux Alpes ma- ritimes. Ce n’est proprement qu'entre Pegli et Sestri que l'on peut établir le commencement de ce système, car le schiste ardoise et le calcaire secondaire, depuis la chaîne serpentineuse du Bracco, dans la rivière du Levant, s'é- tendent par la distance d'onze lieues environ jusqu'au Scoglio de Saint-André, où ils disparoissent brusquement et sont remplacés par des roches de transition jusqu'au schiste micacé (1). J'ai cherché inutilement le sable noir dans le lit de la Varenna: les cailloux qui en encombrent l'étendue, et plus- encore le sable fin et le terrain argileux, qui dans les al- luvions viennent se déposer les derniers sur le lit dutorrent, n'en permettent pas la découverte, J'ai dirigé alors mes recherches sur le versant de ces mon. tagnes, soit du côté de Pegli, soit du côté de-Sestti, dans l'intention d'examiner si la menakanite étoit une des parties constituantes de ces montagnes. (:) Les différens systèmes de montagnes que l’on observe dans les Apennins de la Ligurie, et tout ce qui regarde l’histoire naturelle de ce pays, sera développé dans mes f’oyages dans les Apennins qui vont bientôt paroître. La ET D'HISTOIRE NATURELLE. 517 La première découverte que j'ai faite de la menakanite fut dans le bosquet Grimaldi, au-dessus de Pegli, à la droite de la Varenna, à un kilomètre à peu prés d'élévation au- dessus du niveau de la mer, et à peu près à 100 mètres de distance de l'endroit où jusqu alors on avoit trouvé la me- nakanite. La nuit précédente à mon observation il avoit plu à verse: les ruisselets descendus de la montagne avoient sillonné , en tout sens, le terrain, et rejeté, sur les bords de ce sillon le gravier qu'iis avoient charié. Je ne tardai pas à voir sur ces bords le sable noir, qui avoit toute l'apparence de la menakanite de la plage de Pegli, et qui d'après les recherches nécessaires en étoit parfaitement semblable. Je suivis alors les traces de ce sable noir, jusqu'au com- mencement de la lisière dela plaine intermédiaire au bord de la mer, et à la base de la montagne, et j'aurois certaine- ment pu la suivre jusqu'au bord de la mer, et en mettre ainsi sous les yeux l'origine, si la culture de cette plaine et les dépôts successifs de la Varenna dont j'ai déjà parlé, n'avoient mis une interruption, d'ailleurs d'aucune conséquence, dans mes recherches. Je portai alors toute mon attention à l'examen de la mon- tagne sur le dos de laquelle je venois de découvrir la me- nakanite. Elle est formée d'un schiste micacé d’une couleur grise argentine, composé de lames minces assez tendres pour pouvoir étre cassées par l’ongle, quoiqu'on ne réussise pas à en détacher des grandes plaques. Ces lames, dans les mor- ceaux à cassure fraiche, ont un luisant soyeux; elles sont dans quelqu'endroit aussifinement striées,que si elles étoient formées de fibres réunies ensemble par leur longueur. Ce dernier caractère et la couleur disparoissent dans les mor- ceaux exposés à l’air: le jaune d'ocre , le noirätre, le gris se mélent ensemble et détruisent la couleur primitive. Des parcelles de mica se voient briller dans quelques points de cette roche; mais, outre ces lames détachées et répandues dans l'intérieur de la roche, ce minéral s’y trouve aussi à l'état de la plus grande atténuation : car c’est lui qui produit ce luisant argentin qui enduit comme d'un vernis la surface de la pierre. L'examen de ce schiste ne me donna aucun indice sur la découverte de la menakanite, si ce n'étoit la couleur noire, . Tome LXIX, OCTOBRE an 1809. S s 518 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui se répandoit quelquefois dans l'intérieur de la roche, et y portoit une espèce de décomposition; mais jusqu'alors mes observations ne m'avoient rien fourni qui dépassät les bornes d’une Simple conjecture. La formation d'un lac artificiel au-dessus du bosquet Gri- maldi, ayant donné lieu à une coupe perpendiculaire dans la montagne, me fournit une occasion assez favorable pour pousser plus loin mes recherches. J'ai reconnu alors une espèce de stratification dans la mon- tagne: mais il y a tel désordre danses couches, qu'il n'est pas possible d'en établir la direction générale. Quelques veines de quartz courent dans la direction même des couches. La couleur noire, que j'avois déja observée dans ce schiste, : s'étend dans son intérieur , se mélange avec une ocre jaunäâtre qui remplit les cavités produites par la décomposition de la pierre. J'ai examiné à la loupe ces cavités dans les endroits: où la couleur noire étoit plus intense, et j'ai reconnuque cette couleur étoit produite par une substance pulvérulente à grains luisans, anguleux, attirables à l'aimant, et tels, en un mot, qu'ils présentent tous les caractères minéralo- giques de la menakanite. Parmi les morceaux de schiste que j'ai détachés de la montagne , j'en ai choisi quelques-uns-qui présentoient par- tout des grandes taches de cette substance noire, mélangées avec l’ocre jaunâtre dont je viens de parler. J'ai pilé et réduit en poussière ces morceaux. Le barreau aimanté a séparé de cette poussière plusieurs grains de menakanite parfaitement semblable à celle du rivage de Sestri et Pegli. Ainsi je ne doute plus que la menakanite ou le titane oxidé ferrifère n'entre dans la composition de ce schiste micacé ; que c'est lui qui produit la coloration en noir de cette pierre, et que ce sont ces grains métalliques qui par la décomposition de la montagne , sont chariés par les eaux, et rejetés après un vrai triage sur la plage. D'après ces observations on voit que la forme granulaire et sablonneuse, sous laquelle se présente la menakanite, est bien loin d’avoir été produite. comme on l'a cru jusqu'à présent, par l'effet du roulementsouffert dans son transport. Nous venons de voir que la menakanite, dès qu’on l'extrait de sa gangue, se présente déjà sous la forme granulaire et sablonneuse, comme celle de la plage de Sestri. Il faut donc établir le gisement de ce minéral comme un des plus anciens parmi les substances métalliques, puisqu'elle se trouve parmi les composans d'une roche primitive, et qu'à l'époque de formation elle étoit déjà sous une forme qui a toute l'ap- parence de n’avoir pas été sa forme originaire. On pourroit trouver quelqu'analogie entre ces grains sablonneux de me- nakanite, et l'or en paillettes et en grains, qu'autrefois on regardoit faussement comme détaché des mines de ce métal, et roulé par les eaux avec le sable. Mais cet or granuleux a toujours été trouvé dans les terrains de transport, ce qui nous laisse tout-à-fait incertains sur l'époque où l'or a été réduit sous cette forme. Je ne vois d'autre rapport qui puisse rattacher ce singulier gisement de la menakanite à quel- pipe géologique, que dans les dépôts sablonneux, et ans ces couches minces de sable que l'illustre de Saussure a trouvé interposées et presque méêlées à la composition des montagnes primitives. La menakanite pourroit bien, ainsi que ces sables , avoir été réduite en fragmens granuleux dans les époques les plus anciennes du globe. Quoi qu'il en soit de ces conjectures, le gisement de la me- nakanite ne reste pas moins fondé dans le schiste luisant des montagnes de Pegli. Ainsi, depuis que le flambeau des sciences naturelles commence à briller sur le sol de la Li- gurie, les environs de Gênes ont déjà fait connoître le gi- sement de deux minéraux jusqu'alors inconnu aux miné- ralogistes , la variolite dans le mont Ramazzo (1) et la me- nakanite qui a été le sujet de ce Mémoire. 7 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 319 (1) Voyez Annales du Muséum, THERMOMETRE EXTÉRIEUR | BAROMÈTRE MÉTRIQUE. | CENTIGRADE. | 11811 CR. RS) CR Maximum. Mrxasru a, a Mir Maximum. Minimum. heures+ o |heures. o | heures. mill. À heures" mill. mill. Te 22 PONS 4] 22,0) 51 m....... FDA QU D 0e. emule 753,00[753,10 +25] 15 m. ET 25,014 5in ......:. 752,80{à midi ....... 751,50|751,70 +23, |15 m. &| 428,5 /à midi 22.0, 0 752,96[à 3 5...".01.. 751,60|752,92 —+2r gli 5m. PATES ANNE PE à 507 AA NENS LE MNT 749,50|750,92 21,7|à midi..s .:.!.740,64[à 94 s...:.... 748,38|749,64 +#20.9|à midi........ : o| | 220,714 OIs.......... : HO AB NUL +13,7|à à Sonobontrs ; in LUS EN | +18,2/{à 0 s....,2.... 4 Lite A 7 8,0" ss... 7)99,90f4 IL S.ssmsss eo = 2 n a (ER ENSEORT SNL: _...... 2 k soso). a PSS re [1 ‘a Librlà 52m. Sr AA Se men 7 LES 6/1 +10,4/à 5 i m. +H18,olà 55 m....... | 756,40] 18,8) Fee Satt 750,94| 17»7l|° times, 25|à midi 762,00|4 95s.:.1....... 2612 35. . + 6,7] 425,5kàmidis. 4. 1 AI ETO TIGE} AU VA Ne Re e 759,64 Ù PRE 4 761,70 148 fl R'EIC'AXP I TOUT A; TA ON. - Millim. Plus grande élévation du mercure... 764,58 , le 16, à 5 m. Moindre élévation du mercure..... 745,56, le7à3 s. Plus grand degré de chaleur..... + 25°,9, le 2 à 5 m. Moindre degré de chaleur...... .. + 1,7, le 30 à6m. Nombre de jours beaux....... de couverts........... delplinens-ÉETAetRereEE deiventiaeh sens 3 defceléet""-treemtt deltonnerre ns N 520 deMeISE EN RReR EEE I HEPÉlE EEE RE ER ELERTE Nora. À partir du commencement de cette année, la température sera toujours exprimée erMik à-dire en millimètres et centièmes de millimètres. Comme les observations de midi soni#« mercure dans le baromètre ; on trouvera à côté le thermomètre de correction. On a aussi supprimé@ élévation, parce qu'elles sont absolument inutiles. La température des cayes est également exprimée#h A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. SEPTEMBRE 1809. POINTS VARIATIONS DE L’ATMOSPHERE VENTS. LUNAIRES. ‘sSuaor LE MATIN. | A MIDI. | LE SOIR. D. Q- Uouv., lég. brouil: : [Légérement couvert.|[Quelq. nuag. à l'hor. © I 0 VI CE M N. foible. S. Lun. apog. IN. L. Equin. desc. L. périgée. Le, PE: a (e SS.0. fort. Où Lun. apog. Nuageux. Quelques nuages. Couvert, petite pluie. Légérement couvert. Idem. lég. brouil. lrès-nuageux. Pluie fine. Nuageux, Légérement couv. Nuages à l'horizon. Idem. Beau cie!, lég. br. Petite pluie. Idem. Superbe. Petite pluie. Couvert. Idem.que'q.godeau. Pluie fine. Couvert. Pluie fine. Couvert. laem. Nuageux et trouble. Ciel vapeureux. Nuageux. Petits nuages. Idem, gel.blan.brouil. Nuag.lég. br. gel. bI. Jours dont le vent a soufflé du Therm. des caves le 1% 9°,655 le 16 9°,655 Très-nuageux. Nuageux. Couvert. Idem. gere. ie par interv. Ider. Nuageux petite pluie. Couvert. Idem. Couv., petitepluie. Nuageux. Pluie, conneulle. Pluie par intervalle, Nuageux. Couvert. Idem , petite pluic. Nuageux. Couv. p!. par intery. Couvert. Idem. Très-nuageux. Id:m. Tdem. Idem. Couv., petite pluie. Idem. Légers nuages. Couvert. REÉECAPITULATION. = 12°069. Pluie. Idem, Gros nuages pluie. | Gros nuages à l’hort.|£ Quelques nuages. 4 Pluie très=forte tonn. Très-couvert. Beau ciel. Pluie fine. Pluie par interv. Beau ciel. Couvert. Idem. Très-nuagcux. Ciel vapeureux. Couvert. Idem. Ciel vapeureux. Couvert. Li'em, Idem. Quelques nuages. Couvert. Quelques nuages. Izem. Couvert. Nuag. pl. par int. Ciel sans nuages. Pluie fine. Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 43%%,92 = 1 p. 7 lig. o dixièmes. degrés du thermomètre centigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c’est- ordinairement celles qu'on emploie généralement , il importe de bien connaitre la hauteur du les hauteurs moyennes du baromètre et du thermomètre, conclues de la plus petite et dela plus grande en degrés centésimaux , afin de rendre uniformes les observations de ce Tableau. 322 JOURNAL DE PITYSIQUE, DE CHIMIE INSTITUT DE FRANCE. CA SSIE DES SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES. Le Secrétaire perpétuel Pour les Sciences Mathématiques certifie que ce qui suit est l'extrait du Procès-verbal de la séance du lundi 29 mai 1809. RAPPORT Sur un Mémoire de M. HASSENFRATZ , ayant pour objet l'explication de la forme apparente des Étoiles et des Lumières vues à une très-grande distance et sous un très- petit diamètre, RE Ux corps lumineux vu sous un très-petit diamètre, tel qu'une bougie placée à une certaine distance, ou une étoile, paroit non-seulement augmenté dans ses dimensions , mais au lieu de se peindre dans l'œil avec la forme qui Lui est propre, il paroit composé de faisceaux de rayons lumineux partant d'un méme centre, et dont le nombre varie en général depuis 4 jusqu’à 8. Le premier phénomène est connu sous le nom d'irradiation; il tend à augmenter le diamètre apparent des objets éclairés ; quant au second , quoique très-fréquent et connu de tout le monde, il n’avoit pas encore reçu d'explica- tion. M. Hassenfratz a porté son attention sur ce phénomène, et ilen a fait l'objet du Mémoire dont nous rendons compte à la Classe. M. Hassenfratz observe d'abord , que lenombre des rayons lancés par le mème corps lumineux, varie, pour plusieurs ET D'HISTOIRE NATURELLE. 523 individus, depuis 4 jusqu'à 8, et que la distance à laquelle le rayonnement d'une bougie commence à paroître , est de 25 à 30 mètres. Il détermine ensuite les circonstances qui con- courent à le produire. = : L’éloignement du corps lumineux, ou, pour mieuxdire, la petitesse de l'angle souslequel on l'apperçoit, est une des principales. Lorsqu'on regarde une bougie placée à une très- petite distance de l'œil, la forme de sa flamme ne paroît pas altérée; mais à mesure qu'on s'éloigne elle paroit aug- menter en largeur , jusqu'à ce qu'’enfin on ne distingue plus que 4 ou à rayons divergens imitant assez bien une étoile. Il en est de même d'une planète ; à l'œil nu elle ne laisse appercevoir que cinq ou six rayons divergens; mais si à l'aide d’un Aécote on augmente son diamètre apparent, les rayons disparoissent et son image dans l'œil est bien déterminée. Un corps lumineux, vu sous un très-petit dia- mètre , produit toujours le rayonnement, indépendamment de l'intensité de sa lumière; cependant il est d'autant plus sensible que la lumière est plus vive. Ainsi on diminue le rayonnement d'une bougie en la regardant à travers une masse d’eau , et on augmente au contraire celui d'uneétoile, en la regardant avec un télescope qui donne beaucoup d'intensité à sa lumière sans augmenter sensiblement son diamètre apparent. Ces phénomènes sont entièrement indépendans de la forme du corps lumineux, et il est aisé de prouver qu'ils dépendent de l'organisation de l'œil. Les rayons que lance le corps lumineux ont une dis- position particulière ; il y en a ordinairement deux qui sont verticaux pour celui qui a la tête droite. M. Hassenfratz a observé que si sans changer de place on ircline la tête à droite ou à gauche, les rayons conservent bien entre eux la même position, mais qu'ils suivent exactement, dans leurs mouvemens, tous ceux de la tête, ce qui prouve ma- nifestement que le rayonnement a pour cause principale la forme de l'œil. C'est effectivement en agissant immédia- tement sur cet organe, qu'on peut détruire , d'une manière plus ou moins parlaite , le rayonnement. Lorsqu'on regarde une bougie placée à une petite dis- tance, son image dans l'œil est bien déterminée, et elle ne rayonne point comme si elle étoit placée à une grande = 524 JOURNAL DE‘ PHYSIQUE, DE CHIMIE distance. On peut en donner plusieurs raisons. D’abordelle a un diamètre apparent assez considérable, et son image s'étendant sur une plus grande surface de la rétine , occupe toute la place où se peindroient les rayons si la bougie étoit placée à la distance à laquelle le rayonnement a lieu. De plus, la pupille se dilatant beaucoup plus à une lumière très-faible qu'à une lumière très-vive, il en résulte que les rayons qui dans le premier cas seroient entrés dans l'œil et auroient produits le rayonnement , ne pénètrent pas dans le second. Et en effet, si au moyen d'une carte percée d'un très-petit trou, on intercepte les rayons trop éloignés du centre du cristallin, on diminue , ou même on détruit tont- à-fait le rayonnement. Il est évident par ce qui précède, que le rayonnement doit dépendre de l'organisation de l'œil, et M. Hassenfratz pense que l'irrégularité du cristallin suffit pour l’expliquer. Les anatomistes regardent généralement cette partie de l'œil, comme composée de deux segmens sphériques posés l'un sur l'autre, dont la largeur est de 9 millimètres environ, et l'épaisseur totale de 4 à 5 millimètres. Cependant Petit rapporte quil a trouvé des cristallins dont tous les diamètres n'étoient pas égaüx. M. Hassenfratz en en mesurant un grand nombre plus exactement qu’on ne l’ayoit fait, a tou- jours apperçu une différence trés-sensible dans leur dia- mètre. Il a trouvé pour résultat moyen des mesures qu'il a faites avec M. Chaussier, professeur à l'Ecole de Médecine, et M. Ribes, professeur 3 a même Ecole, que le contour du cristallin est sensiblement elliptique, et que l’axe hori- zontal n’est que le 0,94 de l'axe vertical; cette différence, qui n'est pas très-grande, pourroit suffire pour que les rayons réfractés par le cristallin formassent deux caustiques dont les intersections à angle droit produiroient 4 rayons ; mais si cette irrégularité du cristallin étoit la seule cause du rayonnement, on ne devroit jamais appercevoir plus de 4 rayons au lieu de 5 et même de 8 qu’on observe souvent, et il doit y avoir par conséquent d’autres causes qui con- courent à les produire. Ainsi l'idée de M. Hassenfratz de faire dépendre princi- palement le rayonnement des corps lumineux vus sous de très-petits diamètres, de la forme elliptique du cristallin, nous paroit ingénieuse. Cependant, comme il est évident qu'il ET D'HISTOIRE NATURELLE. 525 qu'il dépend d’autres causes, nous pensons que la Classe, en accueillant favorablement le Mémoire de M. Hassenfra!z, doit engager ce physicien à faire de nouvelles recherches pour expliquer le cas où l'on observe plus de 4 rayons. Signé LAPLACE , GAY-LUSSAC , Rapporteurs. La Classe approuve le Rapport et en adopte la conclusion. Certifié conforme à l'original. Le Secrétaire perpétuel, : Signé DELAMBRE. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Tome VI: et dernier de 545 pages, du COURS COMPLET D’AGRICULTURE PRATIQUE, d'Economie rurale et do- mestique, et de Médetine vétérinarre; par l’abbé Rozier ; rédigé par ordre alphabétique : Ouvrage dont on a écarté toute théorie superflue, et dans lequel on a conservé les procédés confirmés par l'expérience et recommandés par Rozier, par M. Parmentier et les autres Collaborateurs que Rozier s'étoit choisis. On y a ajouté les Connoissances pratiques acquises depuis la publication de son Ouvrage, sur toutes les branches de l'Agriculture, de l'Économie rurale et domestique et de la Médecine des animaux, par MM. Sonnini, Tollard aîné, Chabert, Lafosse, Fromage de Feugré, Cadet de Vaux, Heurtault-Lamerville, Curaudau, Charpentier-Cossigny , Lombard, Chevalier, Cadet-Gassicourt, Poïiret, de Chau- montel, Louis Dubois, V, Demusset, Demusset de Cogners et 7’eillard. Six volumes in-8°, de 3560 pages, avec le portrait de Rozter, celui de M. Parmentier, et plus de 50 planches gravées en taille-douce. Tome LXIX. OCTOBRE an 18cg. a 1 526 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ce Tome VIeet dernier, de 545 pages, avec3 Planches doublés gravées en taille-douce , comprend les lettres R à Z inclusive ment et l Zrtroduction; son prix est de 7 fr. broché, pris à Paris, et 9 fr. par la poste franc de port. Les cinq premiers volumes sont chacun du même prix. | À Paris chez Fr. Buisson, libraire éditeur, rue. Gilles- Cœur, n° 10; et Colas, imprimeur-libraire, rue du Vieux- Colombier, n° 26. si sl On a donné au commencement de ce sixième et dernier volume du Cours complet d'Agriculture pratique, une in- troduction dans laquelle Sonnini, qui en est l'auteur , expose le but de son travail, et de celui de ses collaborateurs. « Notre travail, je le répète, est en grande partie, dit-il, celui de Rozier. Nous avons conservé, autant que nous avons pu, ses idées et ses expressions. Eh ! quel auteur d'agriculture a mieux mérité la confiance et la renommée qui honorent sa mémoire? L'on se tromperoit néanmoins, si l’on consi- déroit notre ouyrage comme un abrégé de l'économie rurale. Si les douze énormes volumes in-4° de l'ancien Cours d’a- griculture sont réduits-dans celui-ei-à six volumes in-8°, c'est que l'on a retranché du premier un assez grand nombre d'articles inutiles ou déplacés, tels que ceux de médecine humaine, ceux de physique et de chimie, ou de pure théorie, lesquels, d'ailleursi, ne sont plus en général conformes aux notions nouvellement acquises dans les sciences: du reste à tout ce .que Rozier a écrit d'utilé et d'immédiatement ap- plicable à l’agriculture:, ainsi qu'à l'économie rurale et do- mestique ; on a ajouté les fruits de l'expérience et des progrès des connoissances. Une quantité considérable d'articles, qui ne se: trouvent pas dans l'ancien Cours de Rozier, ont été composés et placés dans:leur ordre alphabétique; en: sorte que tout.en, abrégeant l’ouvrage.de. cet illustre écrivain, on,a formé un corps d'agriculture; plus complet que eelui quil nous a laissé. Un äpperçu rapide des matières com- prises dans le nouveau Cours, ne peut laisser aucun doute à cet égard. » Les principes théoriques de la végétation , et leur ap- plication à la culture des plantes, sont le sujet de nom- breux articles de physique végétale: Les grands travaux de l'agriculture qui tiennent également à l’administration publique, tels que les défrichemens, les desséchemeñs ; les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 moyensdedétruirele méphitisme, etc.,etc., sont traités avec le développement qu'exige leur importance. On peut en dire au- tant des objets quifontla base del’agricultureactive,commeles améliorations, les amendemens, les engrais, les labours, les récoltes, le battage et la conservation des grains; les prairies, lesirrigations, lesarrosemens: la culturedes plantes, desarbres, des arbustes ,que la mun de l'homme propagesurle territoire français, ou qu'elle peut y propager, est décrite avecsoin, ainsi que l'art de tailler et d’arquer les arbres fruitiers. On na pas même oublié que si le cultivateur est le prêtre de Cérés et de Pomone , il est aussi le ministre de Flore; et une place décente et convenable a été réservée à la cour brillante et légère dela plus aimable des déesses. Mais si les fleurs peuvent paroitre avec grace au milieu d'un simple potager, ou briller dans, le parterre qui leur est consacré, on a dû regarder comme un luxe trop au-dessus de l’agriculture proprement dite, les soins délicats que l'amateur opulent accorde aux fleurs des pays lointains, en les enfermant dans l'atmos- phère échauffée à grands frais des serres et des orangeries. Les règles du goût qui doit présider aux constructionsrurales, à la distribution des jardins d'utilité et d'agrément, sont tracées de manière à les mettre à portée de toutes les classes de cultivateurs. L'agriculture que l’on peut appeler passive, parce qu’elle ne demande que la surveillance et l'entretien, fournit des articles très-étendus. Voyez foréts, prés, tarllis, étangs, etc. L'éducation des chevaux, du bétail, des moutons, des chèvres, des volailles, des pigeons, des vers-à-soie, la con- noissanceet letraitementde leurs maladies sont décrits dansle plus grand détail. Ilen est de méme des meilleures méthodesde faire les vins , les cidres, les poirés. On n’a négligé aucun des procédés de l'économie domestique qui sont la richesse des ménages, et l'on apprend à chauffer à peu de frais Les ateliers, les étuves, à blanchir le linge, à faire d’excellent bouillon , des sirops de raisin, de pommes, de groseilles, des confitures, des ratafiats, le raisiné, etc. ; à conserver les fruits et les viandes, à composer des mastics impénétrables à l'eau , etc. Un petit traité de météorologie montre à l’ha- bitant de la campagne à se servir des instrumens de mé- téorologie les plus simples, à établir des paratonnerres et à tirer des présages raisonnables du beaüu ‘et du mauvais temps par les-météores, par l'aspect-du ciel et des astres, etc. La chasse et la:péche ont aussi leur tour: Enfin tout ce qui Tt2 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE peut occuper ou amuser à la campagne, est entré dans le plan de cet Ouvrage. » » Dans les espèces de plantes soumises à une culture habituelle, nous parlons la langue des jardiniers et des cultivateurs, et non pas celle des botanistes. Ainsi l'arbre. ou la plante est considéré comme un genre, et la variété permanente comme une espèce. Cette manière de présenter les objets est plus à la portée des lecteurs. D'ailleurs nous avons eu l'intention de faire plutôt un livre classique qu’un livre de botanique. Nous avons même supprimé les longues descriptions de fleurs, fruits, feuilles, racines, et port, qui occupent beaucoup de place dans l'Ouvrage de Rozier, et nous nous sommes contentés de donner le nom //nnéen de chaque plante, les vertus qu'elle possède, et les usages auxquels elle est propre, ce qui seul intéresse l'économie domestique. Des détails de botanique auroient été de trop pour le cultivateur, et insuffisans pour le botaniste. » Cet apperçu du travail des auteurs, donné par eux-mêmes, indique assez l'utilité de cet Ouvrage. Dictionnaire Allemand-Francçois, contenant les termes propres à l'exploitation des mines , à la métallurgie et à la minéralogie, avec les mots techniques des sciences et des arts qui y ont rapport; suivi d’une table des mots françois indicative des mots allemands qui y correspondent; par J.-B. Beurard, agent du Gouvernement , sur les mines de mercure du ci-devant Palatinat, membre et correspondant de plusieurs Sociétés savantes, Aliquid semper ad communem utilitatem afferendum. CrcEro. 1 vol. in-80. À Paris, de l'imprimerie de madame Huzard. « La langue allemande, dit l'auteur, étant incontestable- ment celle dans laquelle on a le plus écrit sur l'art de l'exploitation des mines , ainsi que sur celui du traitement des minéraux , sur la minéralurgie , la chimie et la minéra- logie; son étude est devenue presque indispensable à toutes les personnes qui ont à cœur de faire des progrès dans ces sciences. Mais pour bien comprendre les auteurs alle- mands qui en ont traité, il ne suffit pas de savoir parler cette langue, il faut de plus connoître la vraie signification des termes techniques employés par ces auteurs, ainsi que ET D'HISTOIRE NATURELLE, 359 certaines expressions et façons de parler que l'usage a le plus généralement consacrées parmi les mineurs et les ou- vriers des usines spécialement destinées aux opérations mi- Aénnes: et la plupart de ces mots ne se trouvent dans aucun dictionnaire. L'auteur publie le Dictionnaire que nous annonçons, pour suppléer à ce défaut d'ouvrages dent il parle. Depuis quatorze ans il est employé dans les exploitations des mines, et il a vu un grand nombre de ces exploitations en Allemagne. Ier Cahier de la troisième Souscription , ou XXVE cahier de la Collection des ANNALES DES VOYAGES, DE LA GEOGRAPHIE ET DE L'HISTOIRE , publiées par M. Marre- Brun. Ce Cahier contient la Carte de l'ile de Chrysès et du volcan de Lemnos, avec les articles suivans: Mémoire sur la destruction de l’ile de Chrysès et du volcan de Lemnos; par M. Dureau de la Malle; — Preuves de la liberté des femmes en Orient, ou leur sort comparé à celui des Anglaises; par Mirza Abou Talep Khan; traduit litté- ralement du Persan; — Voyage en Suède fait pendant les années. 1808 et 1809; par 7. Harrington; traduit de l'anglais; — Journal d'un Voyage en Mingrelie ; te F: Lagorio ; — Correspondance critique sur la Géographie et l'Histoire ; — et les articles du Bulletin. IIe Cahier de la troisième Souscription, ou XXVIE cahier de la Collection des ANNALES DES VOYAGES, DE LA GEOGRAPHIE ET DE L'HISTOIRE, publiées par M. Mazre- Baux. Ce Cahier. contient la vue de la Grande Chartreuse de Grenoble, avec les articles suivans : Voyage de Milan aux trois Lacs; traduit de l'italien par M. Depping ; — Anecdotes historiques sur l'ordre de la Toison d'Or; — Description des diverses manières de chasser, usitées dans l'Indoustan ; par le colonel /ronside; traduite de l’an- glais, — Voyage à la Grande -Chartreuse, en 1789; par M. 7***##**;— Correspondance critique sur la Géographie et l'Histoire; — et les articles du Bulletin. Chaque mois, depuis le 1 septembre 1807, il paroït un Cahier de cet Ouvrage , accompagné d'une Estampe ou d’une Carte géographique, souvent coloriée. La première et la deuxième Souscription (formant 8 vo- lumes in-8° avec 24 Cartes et Gravures ) sont complètes, et 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. coûtent chacune 27 fr. pour Paris, et 33 fr. par. la poste franc de port. Les Personnes qui souscrivent en même.temps pour les 1e, 2° et 5€ Souscriptions, payent la 1'° et la 2° 3 fr. de moins chacune. Le prix de l'Abonnement pour la troisième Souscription est de 24 fr. pour Paris, pour 12 Cahiers. Pour les Dépar- semens , le prix est de 30 fr. pour 12 Cahiers, rendus /runcs de port par la poste. En papier vélin le prix est double. L'Argent et la Lettre d'avis doivent être a/ffranchis et adressés à F. Buisson, Libraire, rue Gilles-Cœur, n° 10, à Paris. Cet Ouvrage intéressant se continue toujours avec le même succès. Essais sur la Végétation considérée dans le développe- ment des bourgeons; par 4. Aubert du Petit- Thouars , directeur de la pépinière impériale du Roule; membre des Sociétés d'Agriculture et Philomatique de Paris, de l'Aca- démie Celtique et de la Société d'Emulation de l'Isle-de- France, 1 vol. in-8° avec 2 figures, 5 fr. et 6 fr. franc de port; le même; tiré sur papier grand raisin, 6 fr. et 7 fr. franc de port, et sur grand raisin vélin, 8 fr. et 9 fr. franc de port. Paris ,1809, chez Ærtus-Bertrand, libraire, rue Haute- feuille, n° 23. Nous ferons connoître plus particulièrement cet Ouvrage. Traité d'Acoustique, par E.-F.-F. Chladni, Docteur en Philosophie et en Droit; Membre de la Société Royale d'Harlem , de la Société des Scrutateurs de la Nature de Berlin, de l'Académie des Sciences utiles d'Erfort, et de la Société départementale de Mayence; Correspondant de l'Académie Impériale de Saint-Pétersbourg , des Sociétés Royales de Gôttingue et de Munich, de la Société Philo- matique de Paris, et de la Société Batave de Rotterdam ; avec huit Planches. Prix 7 fr. 50 cent., et 9 fr. franc de port. Paris, chez Courcier, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n°57, 1809, Nous reviendrons sur cet article. 'ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331 TTL vf T TINPDANTES J'ai M a à 4 OA NEAT LOTS TATIANA ; x Sd | ERRATA POUR LE CAHIER PRÉCÉDENT: 1% MÉMOIRE DE M. CHEYVREUL. 247, lig. 34, au lieu de ces combinaisons cristallisantes sontde véritables sels, etc.: //sezcescombi- . naisons-cristallisent et sont de véritables sels, etc. | id. lig. 38, au lieu de ces élemens : //sez ses élémens, id. ; lig. zd. , au lieu de produits de la décomposition: $ lisez produits de sa décomposition 248, Lg. 6, au lieu de au calorique de l'accumuler : ir lisez au calorique de s’accumuler Me lig. 16, au lieu dé base: /isez de la base . id., lig. 18, au lieu de s'unit:./isez l'unit., ; A id., lig. 29, au dieu d'affinités relatives : //sez d'affi- _nités électives | 11° MÉMOIRE DE M. CHEYREUL, 251, lig. 21, au lieu de fournit: /isez forme . 262, lig. 26, au lieu d'eau amère: /isez eau mére 255, lig. 15, au lieu de je soupçonnois: lisez je soup- çonnai, Id., lig. 29, au lieu de qui est: /ises que c'est . id, Jig: 34, au lieu de perfection: /isez purification . 266, lig. 17, au lieu de obtient: lisez obtint , , . 257, lig. 24, au lieu des charbons de terre : /isez du charbon de terre 11I MÉMOIRE DE M. CHEVREUL, . 299; lig. 10, au lieu de Mémoire : lisez Extrait du Mémoire. . d,, Lig. 14, au lieu de août: lisez 21 août. Le} 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF, etc. ERRAT'A DU MÉMOIRE DE M. DUNIN BORKOSKI. P. 216, au lieu de le premier rang : /isez un des premiers ra nes P. 225, note 2, au lieu de dans le gneiss: lisez dans le schiste argileux. “TAB LE: DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Recherches sur la Respirationdes poisso ns; par MM, Pro- vençal et Humboldt. ‘+ Page Mémorre sur la formation de la Gréle; par le Chevalier - Alex: Volta; traduit par M. Veau-Delaunay. Extrait d'un Mémoire sur différens Composés formés par la réaction de l'acide sulfurique sur le Camphre; Lu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut, le 21 août 1809; par M. Chevreul. Traité élémentaire de Géologie; par J. A. Deluc, extrait par J. C. Delamétherie. Mémoire sur le Sable noir, ou Menakanite, que l'on trouve sur les côtes de la Ligurie; par D. Viviani. Tableau météorologique ; par M. Bouvard. Institut de France. Classe des Sciences physiques et. mathématiques. Rapport sur un Mémoïre de M. Has- senfratz, ayant pour objet l'explication de la forme apparente des Etoiles et des Lumières vues à une très-grande distance ct sous ur très-petit diamètre. Nouvelles Littéraires. 322 325 a. FOUR NA L DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. NOYEMBRE AN 1800. SUITE DU MÉMOIRE SUR LA FORMATION DE LA GRÉLE(:); Par M. le Chevalier Azex. VOLTA, Professeur de Physique dans l’Université de Pavie; Traduit par M. VEAU-DELAUNAY, Docteur-Médecin, : Professeur de Physique et de Chimie, etc. DEUXIÈME. PARTIE, J'ai déjaexposéla formation dela grêle, et la manière dont ses grains grossissent par des couches qui s’accroissent suc- cessivement pendant tout le temps qu'ils sont agités d'un mouvement alternatif, en allant:d’une couche d'un nuage (1) Vorezle Cahier précédent. Tome LXIX, NOVEMBRE an 1809. Vyr Les] 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE vers un autre nuage. J'ai indiqué que chaque grain est formé d'abord par quelques petites parties de neige. Con- sidérons plus en détail cet objet important. Admettons donc comme un fait à peu près général, que de petits flocons de neige servent de base à la gréle , non pas seulement par une seule molécule, mais par la réunion de plusieurs qui forment la base de chaque grain ; les rudimens ou embrions de la grêle diffèrent cependant entièrement des grains complètement formés ; leurs parties sont d'abord composées de flocons de neige qui ne sont eux-mêmes qu'une réunion de petites étoiles formées chacune de petites aiguilles de glace, telles qu’en produit la congélation immédiate des va- peurs nébuleuses ou vésiculaires par un froid assez vif, avant de se rompre ou de se former en goutte, ainsi que l'ont admis et reconnu la plupart des physiciens; et comme le démontre aussi la formation de cette espèce de bruine appelée givre, et que les Italiens appellent neige congelée : ce qui est encore mieux démontré par l'expérience que le hasard a procuré aux Académiciens français dans leur voyage en Laponie, et répété en Sibérie. Ayant introduit de l'air très- froid dans une chambre chaude et remplie de vapeurs, elle fut en peu d’instans remplie de petites étoiles de glace, et de petits flocons de neige qui tombèrent sur les vétemens et sur le parquet. Ce spectacle étoit très-curieux et inté- ressant ; mais il l’eût été bien davantage s’il y eût eu dans cette chambre deux grands plateaux électrisés, l’un en plus, l'autre en moins , à l'effet de voir aller et venir cette neige à la manière de la gréle ou de la danse électrique de nos appareils. Elle eùt été représentée naturellement, comme je pense que cela a lieu dans les nuages où se forme la grêle, par le moyen de cet appareil électrique soutenu en action avec une suffisante quantité de vapeurs : je suis per- suadé qu'il y auroit eu des flocons de neige qui se seroient recouverts de quelques lames. de glace, et qui auroient pris l'apparence de la grêle , au moins de celle que nous appelons grésil. Cette expérience mériteroit sans doute d’être faite, mais j ignore si quelqu'un voudroit la répéter positivement sous ce même rapport. Les flocons de neige qui se forment de la même manière dans la région des nuages, c'est-à-dire par un grand abais- sement de température qu'éprouvent les vapeurs vésiculaires dont sont formés les nuages, sont d'autant plus considé- ET D'HISTOIR= NATURELLE. ® 575 rables, que ces vapeurs sont plus denses et en plus grande quantité, et que le nuage est plus volumineux; ils sont au contraire d'autant moins volumineux que les vapeurssont plus rares et moins denses, en raison de ce qu'elles occu- pent plus d'espace. C'est par cela même que dans les pays septentrionaux, on voit en hiver et par un temps très- froid, l'air serein, pour ainsi dire, parsemé de quelques points brillans qui ne sont que de petites lames de glace : formées par quelques vapeurs éparses qui sont congelées. ‘Uné observation très-importante pour la Météorologie en général, et particulièrement pour l’objet qui nous occupe, c'est de savoir que les vapeurs vésiculaires peuvent, sans éprouver la congélation , supporter pendant long-temps un froid supérieur à celui qui gèle l'eau en masse, ainsi que l’a dit M. de Saussure, dans son Ouvrage sur l'Hygro- métrie, et M. Deluc, dans sa Météorologie ; comme je l'ai dit aussi dans plusieurs de mes lettres, et particulièrement dans ma neuvième lettre sur la Météorologie. On voit sou- vent pendant plusieurs heures, et même des jours entiers, des nuages exister dans une température qui fait descendre le thermomètre plusieurs degrés au-dessous de la glace (1): c’est alors qu'on voit les arbres, les plantes, les pailles, les toits’ des diverses habitations, et même les cheveux et les longs poils des animaux se couvrir de cette espèce de givre dont nous avons pañlé ci-dessus. C'est par cette raison que les vésicules d’eau dont est formée la neige , sont répandues dans l'atmosphère et résistent à un froid très- considérable; mais à l'instant qu'elles touchent un corps solide d'une sémblable température, elles se rompent par le choc et se résolvent en petites gouttes ou filets d'eau, passant à l'état de congélation et formant les premières lames , ou les petites aiguilles de glace auxquelles viennent peu à peu s'en joindre d'autres, qui forment ensuite cette sorte de cristallisation ou figure régulière qui leur est propre. C'est aussi de cette manière que se forment quel- quefois de longs flocons pendans en forme de franges ou de festons travaillés en manière de filigramme. a (x) J’ai vu à Lyon , en janvier 1802, de la neige pendant plusieurs jours de suite, tandis que le thermoinètre de Réaumur étoit au-dessus de 12° du terme de la congélation. Vya Li 336 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Quant aux autres vésieules qui demeurent long-temps exposées au contact des corps terrestres, et qui constituent ensuite les nuages élevés , ne gèlent pointet elles ne forment point de neige ni de givre, à moins qu'an froid de plusieurs degrés ne vienne les saisir et les faire alors passer à l'état de congélation, ou que par la force du ventelles ne viennent se heurter, et que ce choc ne les rompe; quelquefois aussi des gouttes d'une pluie qui ne dépend pas de ces nuages, sont portées vers eux par le vent, ou sont répandues sur eux par une pluie d’un nuage supérieur, qui se trouve moins froide, ou bien quelques flocons de neige, pareillement étrangère , se réunissent et servent de point d'appui ; ils déterminent la congélation des vésicules très-froides qu'ils rencontrent , lesquelles sans cela resteroient dans leur état de vapeurs vésiculaires. C'est ainsi qu'est produite la neige en hiver par un grand froid (c'est-à-dire détient degrés au-dessous du terme de congélation ) qui règne dans cette saison dans nos climats à la hauteur ordinaire des nuages (dans les climats méri- dionaux ou pendant nos étés, elle ne se forme qu’à degrandes hauteurs et par des orages où il se produit alors un froid accidentel extraordinaire, ainsi que nous l'avons dit pré- cédemment). La neige d'hiver tombe presqu'aussitôt qu'elle est formée, les nuages n'étant pas suffisamment pourvus d'une électricité assez vigoureuse pour soutenir en l’air ces flocons et les faire aller et venir un temps suffisant, ou bien les différentes couches des nuages n'étant pas électrisées en sens contraire , et n'étant pas à une distance suffisante pour favoriser un mouvement alternatif (1). © ————"———"—"——"———— ——…———* —— ——— — ————— () Il est ici question de ces nuages qui , par l’intensité du froid , donnent lieu aux premières lames de glace dont sont formées ces petites étoiles et les flocons de neige; ces nuages étant d’ailleurs disposés de manière à se soutenir et à ne pas changer d’état, ce qui n’a pas toujours lieu; mais dès qu'il ÿ en a qui par l’adjonction de nouvelles vapeurs qui souvent $e réunissent, ou bien par une autre cause qui condense vers la partie externe du nuage quelques-unes de ces vapeurs, ou les agite et les remue dans l'intérieur , ou qui porte qnelques-unes de ces vésicules existantes , trop pres les unes des autres; alors elles se brisent et perdent leur forme vésiculaire, Il y à des nuages, et peut-être le plus grand nombre, qui n’excedent pas un froid de quelques degrés au-dessous de zéro, ou du terme de la con- gélation ; ce qui suffit pour les convertir en neige. C’est dans ces circons- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 337 Il n'en est pas de méme pendant l'été, saison des orages: alors l'électricité se manifeste avec une très-grande force, et l'évaporation des nuages inférieurs se trouve provoquée par l'action du soleil et avec le concours des autres circons- tances dont nous avons parlé; ce qui produit un très-grand abaissement de température dans l'air où sont ces nuages: cet abaissement de température est supérieur ( de plusieurs degrés) à celui nécessaire pour la congélation de l'eau, et est en général suffisant bout rompre les vapeurs vésiculaires et les faire passer à l'état de neige très-congelée , état dans lequel des flocons sont fortement repoussés de la nuée élec- trique dont ils proviennent , etsontalors puissamment attirés vers la nuée supérieure qui vraisemblablement est pourvue d'une électricité contraire, d'où cette neige est renvoyée vers la première qui la repousse à son tour ; ce mouvement se réitère et peut même quelquefois durer long-temps. C'est par l'effet de ce ballottement ou mouvement alter- natif de haut et de bas, comme on peut se le figurer, que les flocons de neige, premiers rudimens et base de la grêle, comme nous l'avons dit précédemment, prennent leur vé- ritable forme, en se couvrant de différentes couches de glace. et forment des grains plus ou moins durs, plus ou moins ronds, plus ou moins transparens. Ils rompent d'abord les vésicules de quelques nuages qu'ils rencontrent sur leur passage , ensuite plusieurs de celles des deux nuées arageuses pourvues de l'électricité contraire; ils les choquent avec impétuosité, puis ils pénètrent jusqu’à une certaine dis- tance avant d'être repoussés. C'est ainsi que l'eau des vé- sicules rompues et brisées éprouve mutuellement les effets de la congélation , puis va en augmentant de volume. tances. où la température n’est pas très-froide, qu'il tombe souvent de la neige avec plus d’abondance que dans tout autre temps. On:conçoit que les mêmes causes , qui déterminent le choc et la rupture de ces vésicules dont sont formés les nuages ; peuvent avoir lieu lorsque leur température n’est pas tout-à-fait au terme de congélation, mais un peu au-dessus; alers ces vésicules, au lieu de former de petites étoiles et des flocons de neige , seront mises à l’état de gouttes formant la pluie; quel- quefois les flocons de neige pourront se réduire en pluie , et même des grains de grêle peuvent, em tombant d’un peu haut, se fondre en totalité ou en partie , en traversant un air d’une température de plusieurs dégrés au-dessus du terme de congélation. 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Outre les vapeurs vésiculaires, sé joignent aussi des vapeurs élastiques qui sont entre les couches de ces nuages pourvus de l'électricité contraire : cet air étant humide ou le deve- nant beaucoup, et étant saturé de vapeurs élastiques , l’eau qui se dépose sur les grains déjà formés , devient ainsi beau- coup plus froide que l'air humide que traversent ces grains ; ils se recouvrent par ce du ai pellicule, puis d'une autre, et ainsi de suite; ces pellicules viennent peu à peu se mettre à l’état solide, ou à l'état de glace transparente, à la faveur de la basse température dans laquelle se trouvent, dès leur première formation, les flocons de neige, et cette basse température persiste pendant un certain temps lors même qu'ils sont déjà revêtus de différentes couches. Par le moyen de l'air humide on fournit un exemple de la formation de petites lames de glace en forme de couches, et même une sorte de givre, en exposant quelque corps solide, tel qu'un morceau de marbre poli, un verre, un flacon, des verres ou vitres de croisées, etc., qui se trou- vent à une température de quelques degrés au-dessous du terme de congélation, et qu'on expose à un air humide et chaud sans être brumeux. Cette congélation qui forme un verglas, est différente du givre; c'est, comme nous l'avons dit, une cristallisation étoilée produite par des vapeurs vési- culaires très - froides rencontrant des corps moins froids ; le verglas est au contraire produit par le déplacement des vapeurs élastiques répandues dans l'air, lesquelles se dé- posent et forment une couche de glace sur la surface des corps plus froids que l'air où ils se trouvent plongés, ce qui produit presque instantanément cette couche de glace ou verglas. À l'égard des grains de grêle qui sont plus trans- parens qu'opaques, dans lesquels il y a plus de croûte de glace très-solide, que de parties blanches et molles , il paroît que cela vient de ce que cette croûte a éprouvé une autre température dans sa congélation. Chaque grain de gréle transparent a ordinairement un petit noyau opaque formé de neige, surtout ceux qui sont très-gros et produits par un très-violent orage: quelquefois des grains quoiqu'assez volumineux et gros à peu près comme des noisettes, sont peu transparens et même opaques ou blanchätres; ils ont très-peu de parties cristallines ou régu- lières, quoiqu’ayant au centre plus ou moins de neige de manière apparente: il est vraisemblable que les grains sont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 parvenus à leur grosseur par la congélation successive des vapeurs vésiculaires qui ont formé de la neige gelée. J'ai vu de la grêle dans laquelle la majeure partie des grains étoit formée alternativement, d'abord par un noyau ou centre de neige, ensuite par des couches tantôt transparentes et dures, tantôt par des couches moins dures, opaques et blanchätres. Cette variation peut avoir lieu par les causes expliquées ci-dessus. Enfin nous comprenons encore ici, ce qui arrive néanmoins rarement, la grêle dont les grains, soit gros ou petits, qui n'ont point au centre un noyau formé de neige, et qui sont comme de petits globules entié- rement solides. Nous aurons occasion de parler de ceux-ci dans la suite. Les grains de grêle ne sont jamais parfaite- ment sphériques, ils sont plus ou moins arrondis suivant les circonstances ; quelquefois ce sont des sphéroïdes com- primés et quelquelois coupés sur une face et comme hé- misphériques, tantôt présentant plusieurs faces , tantôt lenti- culairesetautres variétés de formes plus ou moinsirrégulières, telles que celles qui se trouvent hérissées de pointes, ce qui cependant arrive très-rarement, mais seulement lorsque plusieursgrains viennent s’agglomérer pour n’en former qu'un seul; les formes irrégulières les moins rares sont celles qui présentent des sortes de compressions produites par diffé- rentes causes , soit par la force avec laquelle ils sont lancés et froissés, soit par les coups de vent, soit par un com- mencement de liquéfaction, soit par le choc qu'ils éprouvent dans leur mouvement alternatif, soit par le mélange de la pluie qu'ils éprouvent dans leur chute, soit enfin par toute autre cause. Toutes ces variétés de formation ou production et de figures dans ces différens grains de grêle, s'accordent très-bien avec le mouvement alternatif que je leur suppose faire pen- dant un certain temps, étant ainsi renvoyés d'une couche d'un nuage vers un autre en traversant un assez large espace d'air fort humide , partant quelquefois de petits nuages légers où se trouvent des commencemens de neige, ainsi que nous l'avons dit et comme il est facile de le concevoir. Je ne sais pas comment on pourroit mieux expliquer la formation , l'accroissement et la grosseur quelquefois si considérable de la gréle; car ces différentes variétés ne changent rien à ce que j'ai avancé relativement à ce mouvement alternatif. En reprenant notre-proposition , nous observerons comme üne S40 JOURNAL DA PHYSIQUE, DE CHIMIE chose très-importante, que chaque grain de grêle présente ordinairement (excepté quelques cas très-rares que nous avons indiqués ci-dessus) une petite masse blanche et spon- gieuse qui en occupe le centre et qui est une véritable neige : cette observation du petit flocon de neige qui oc- cupe le centre, avoit déjà été reconnue depuis long-temps ; on ne peut douter qu'elle ne soit l'origine de la gréle qui se forme par les couches successives de glace qui recouvrent ce petit flocon de neige. On doit done convenir généralement, que chaque grain de grêle a pour noyau ou centre un petit flocon de neige; maintenant regardons ces petits flocons comme ayant une température beaucoup au-dessous du terme de congélation, allant et voltigeant d'une couche de nuages vers un autre nuage tous deux électrisés en sens contraires, et qui dans leur mouvement impétueux , rompent des vapeurs vésicu- laires qu'ils rencontrent en chemin , et d’autres vapeurs pro- venant de nuages très-mobiles et poussés çà et là avec force, dans lesquels ils se plongent; rencontrant en outre des va- peurs élastiques répandues dans un air très-humide; il se forme.ainsi de nouvelles couches, comme je crois l'avoir suffisamment expliqué. Si le mouvement alternatif ne dure que peu de temps, les grains sont petits et de la grosseur de la coriandre ou à peu près; c'est alors que nous l’ap- pelons grésil; il est ordinairement formé par des nuées orageuses de peu de forme et de peu de durée; au contraire, si l’orage se soutient , que les nuages couvrent pendant long- temps le soleil, et qu'il y ait quelque bruit sourd du ton- nerre; si la majeure partie des nuages élevés est presque immobile , et les nuages inférieurs plus ou moins mobiles en différens sens; s'ils ne déchargent qu'une partie de leur électricité ; s’ils demeurent sans se dissoudre dans l'air ou sans se répandre sur toute la surface de l’horizon, ou sans se précipiter d'une couche vers une autre pour se confondre, enfins’ils restent stationnaires sans changer son funeste aspect pendant le temps de l'orage; si l’abaissement de tempéra- ture continue et persiste soit dans le nuage, soit dans l’air qui est entre les deux couches des nuages; dans ces cir- constances, et autres qu'il est difficile de prévoir , les grains de gréle' pourront par suite de couches superposées, acquérir une grosseur très-considérable. I] est vrai que pour parvenir à cet effet, et même pour soutenir ET D'HISTOIRE NATURELLE. 341 soutenir et faire voltiger dans l'air des grains de grêle d’une moyenne grosseur, il faut une très-grande force électrique, mais telle est effectivement celle des nuages orageux dont nous venons de parler. Pour s’en convaincre il suffit qu il y ait un nuage orageux qui ne soit pas élevé sur l'horizon au-delà de 45 degrés ; il se fait ressentir sur l'air serein qui est au-dessus de nous, de telle sorte que si nous élevons un électromètre , nous avons des signes très-sensibles de l'électricité , soit que l'électricité du nuage se trouve à l’état positif ou à l’état négatif; d'où nous pouvons con- clure combien doit être forte l'électricité de ces grands ét immenses nuages qui étendent leur sphère d'activité à plu- sieurs lieues de distance; et quelle doit être la force, soit attractive , soit répulsive à l'égard des corps qui se trouvent dans sa sphère d’activité, et que l'électricité se trouve ou à l'état positif ou à l’état négatif. Ces grains de grèle d'une grosseur quelquefois très con- sidérable, seront renvoyés d'une couche à l’autre (par l'élec- tricité positive et négative) avec plus de facilité que le sont les plumes et les balles de moëlle de sureau par nos ap- pareils, c'est-à-dire avec notre machine électrique , dont la sphère d'activité s'étend seulement à quelques pieds de distance. Je ne puis me dissimuler, relativement au centre ou noyau formé de neige , que souvent le grésil, et quelquefois des grains de grêle plus considérables, n'ont point dans leur centre d'apparence de neige: ces grains constituent une espèce particulière de grêle, ainsi que l’a déjà fait observer Deluc le jeune, qui les croit produits par des gouttes de pluie tombées d’un nuage supérieur , qui se sont congelées en traversant une couche très-froide d un nuage inférieur. Cet illustre physicien a très-bien observé les circonstances dont il est ici question, et il s'est assuré un jour (c'étoit vers la fin de l'automne) qu'il tomboit à Genève une grêle de cette espèce, que la couche du nuage supérieur qui produisoit une petite pluie, n'étoit pas aussi froide que la couche inférieure , qu'il trouva être de plusieurs degrés au- dessous du terme de congélation, tandis que la couche supérieure avoit une température de plusieurs degrés au- dessus. ai Cette observation semble confirmer mon opinion sur le refroidissement de la couche du nuage inférieur pendant Tome LXIX. NOVEMBRE an 1809. Xx 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE son évaporation , qui donne lieu à la formation d'une autre couche supérieure par un temps calme; et je ne sais com- ment on pourroit expliquer autrement le grand refroidis- sement qui s'opère dans la couche du nuage inférieur. On m'observera que ce refroidissement peut provenir de ce que cette couche de nuage peut se trouver avoisiner de hautes montagnes refroidies par la neige dont elles sont couvertes; je conviens de ce fait. Les nuages prennent la température des régions de l'air qu'ils occupent; par conséquent les re- froidissemens des couches inférieures, ne seront pas seu- lement opérés par la couche supérieure formée aux dépens de la couche inférieure qui a éprouvé une grande évapo- ration. Ce n'est pas seulement dans ce cas que les nuages inférieurs diminués peuvent se trouver plus froids que les supérieurs , en supposant un temps calme; mais il y a aussi des courans qui ont différentes températures ; or si ces cou- rans sont ascendans ou descendans, il est facile de concevoir comment il peut exister accidentellement une couche d'air tempéré dans une région élevée, et une couche d'air froid dans une basse région. Je suis convaincu que danscette saison d’orages , lorsque les nuées inférieures menacent de la grêle, ce sont celles dont la températureest la plus basse : et ce sont aussi les nuages d'une très-basse température où se produisent de petits grains de neige gelée que nous appelons grésil , ou cette autre espèce de gréle beaucoup plus rare, dont les grains solides et pleins sont formés par des gouttes de pluie qui se gélent dans leur chute, et dont nous avons parlé ci-dessus. À l'égard des orages précédés et accompagnés d’une sorte de calme lors de leur formation, les vents contraires et les tourbillons se développent seulement à l'instant qu'ils éclatent; ces nuées orageuses semblent immobiles et station- naires pendant tout le temps de leur formation, ainsi que pendant l'accroissement de la grêle. Il n'est pas vraisem- blable que le froid ou la basse température qui existe dans ces nuages pourvus de grêle , soit occasionné par un cou- rant d'air qui jamais nese fait sentir et ne se communique vers nous, ce que nous éprouverions sans doute. Il y a donc lieu de croire que le grand abaissement de température qu'é- prouve le nuage dans ces circonstances, est occasionné par une très-grande et très-rapide évaporation, ce qui en fait passer une partie à l'état de congélation, etrest, suivant mon opinion, un des points les plus importans relativement à ce que j'ai dit sur cet objet. a Cl tete tarot DEN ché. ait ET D'HISTOIRE NATURELLE. 543 ‘ TROISIÈME PARTIE. Iz me reste plusieurs observations à faire, relatives aux opinions que j ai émises précédemment sur les deux couches des nuages électrisés en sens contraire à un très-haut degré, lesquels nuages sont séparés l'un de l’autre par un assez _grand espace. C'est dans cet intervalle que, suivant moi, les flocons de neige, d’abord très-petits et très-légers , s’ac- croissent peu à peu en se couvrant de lames d'eau qui se solidifient par le refroidissement de ces grains de gréle d'abord naissans, puis s'augmentent par leur mouvement alternatif, et forment de nouvelles couches pendant un espace de temps plus ou moins long. Quant à la première partie de ces hypothèses, dans laquelle je dis que les couches sont à peu près horizontales et séparées, mais en outre pourvues d'une forteélectricité en deuxétats dif- férens, sinon dans tous les orages, au moins dans les plus con- sidérables, et surtout dans ceux où il y a formation de la grêle, qui parvient quelquefois à une grosseur extraordinaire; je pourrois ajouter plusieurs observations propres à con- firmer mon opinion et à la faire adopter. Une entre autres est le passage fréquent et souvent répété de deux électri- cités différentes qui s'observent dans les électromètres at- mosphériques lorsqu'ils sont exposés à ces nuages orageux. J'ai dit précédemment que j'avois reconnu la rapidité de ce changement d'électricité, et que jel'avois observé quatorze fois dans une minute. Peut-on croire que dans un aussi court espace de temps le nuage qui est au-dessus de l'é- lectromètre puisse passer aussi rapidement dans deux dif- férens états d'électricités ; ce qui d’ailleurs seroit contraire aux faits, car il est facile d'observer que le nuage dont il est question, est à peu près stationnaire et pendant long- temps dans la même position: il n'y a donc pas d'autre manière d'expliquer les effets indiqués par l’électromètre marquant tantôt une électricité positive, tantôt une élec- tricité négative, que de supposer que le nuage ou la couche inférieure du nuage qui fournit à l’électromètre une portion de l'électricité d’une nature quelconque ( vraisemblablement Xx 2 344 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE négative), un autre nuage ou la couche d’un nuage supé- rieur possède une électricité contraire dans un degré beau- coup plus fort, et quand un nuage ou quand une de ses couches s'approche d'un autre nuage, l’atmosphère élec- trique de celui qui est supérieur, contrebalançant par sa puissance ou son électricité agissante , l'électricité contraire plus foible va peu à peu fournir à l'électromètre, ou bien la supérieure pressant sur le nuage inférieur , le force à dorer une électricité contraire; les couches s'éloignant ensuite, les signes de cette électricité accidentelle vont en diminuant jusqu'au terme de zéro, puis l'électricité de nature différente recommence à donner des signes con- traires. Ce phénomène esttrès-exactement représenté par le moyen de deux plateaux électrisés artificiellement , l’un d'eux très- peu chargé d'électricité, placé au-dessus de notre électro- mètre (1), l’autre plus fortement chargé d'électricité et placé au-dessus du précédent ; ces deux plaieaux doiventétre isolés, placés horizontalement et mobiles, afin d’être mis à dif- férentes distances l'un de l'autre : quand le plateau supé- rieur est fort élevé , l'inférieur donne des signes d'électricité négative et foible; mais à mesure que l'on élève ce pla- teau inférieur, ou que l'on abaisse le plateau supérieur, les signes d'électricité diminuent peu à peu jusqu'à zéro, et ensuite un peu plus rapproché, il se manifeste une élec- tricité contraire, qui est celle du plateau supérieur. Ilen est de l'électricité atmosphérique comme de celle que nous produisons artificiellement (si cependant on approche de trop près les deux plateaux, alors on PERTE une décharge ou une explosion avec étincelles). C'est par la pression seule, ou par l'action prépondérante de l'atmosphère électrique du plateau supérieur, que le plateau inférieur comprimé fournit des signes d'électricité positive , bien qu'il retienne son électricité négative, ce qui se démontre en remontant peu à peu le plateau supérieur; la quantité électrique de l’électromètre diminue peu à peu jusqu à zéro, puis croît (x) L’électrometre de Volta est composé d’un flacon carré dans lequel sont ajustées deux pailles, etc. 7’oyez le Manuel de l'Electricité. re EL dl me 0, D pen DE mme n PE RS PP NE RES RE. SR ei ls te . 7 Val gén { ET D'HISTOIRE NATURELLE, 349 de nouveau à mesure que l'on éloigne le plateau supérieur, et donne alors des signes d'électricité négative (1). Il y a lieu de croire qu'il en est ainsi à l'égard des nuages orageux, lorsque l’électromètre placé au-dessous d'un nuage qui paroîit stationnaire, vient à changer d'état et faire con- noitre des électricités différentes avec plus ou moins de rapidité. En admettant ces deux couches différentes , il est facile de concevoir èomment ils s'éloignent ou s’approchent réciproquement plus ou moins et à différentes fois, poussés par les vents et les différens courans d'air (qui paroissent surtout exister dans les temps d'orages), ou bien sollicités par l'action de différentes électricités ou quantités élec- triques qui se déployent d’elles-mémes, ou provoquées par d'autres nuages, etc. Il est facile de nous figurer ces deux couches pourvues d'une sorte de mouvement de fluctuation ou d'élévationet d'abaissement suffisant pour opérer les divers états de l'électricité, ainsi que nous l’imitons dans l’expé- rience des deux plateaux cités ci-dessus; ce qui explique très-bien ce phénomène qui paroit difficile à expliquer de toute autre manière. Une autre observation qui paroit plus favorable encore, et qui conduit nécessairement à admettre les deux couches de nuages électrisés en sens contraire dans les orages dont il est question, est celle que j'ai faite depuis long-temps, et que d’autres auront surement faite avant moi: c'est que les nuages qui nous produisent la grêle, ne semblent pas être les plus menaçans de la foudre, quoique l'électricité semble être très-considérable dans les nuages orageux d'où provient la grêle, ainsi que l'annonce le murmure ou Île bruit du tonnerre, et les éclairs qui se succèdent avec force et rapidité, ce qui est l'effet d'une grande quantité de ma- tière électrique mise en action: cependant les éclats de la foudre, ou décharges électriques, ne viennent point jusqu'à (1) On reconnoît l'électricité négative ou résineuse, par le moyen d’un morceau de succin, de soufre , de cire d’Espagne, ou autre corps résineux que l’on frotte légérement et que l’on approche de l’électrométre dont les pailles sont divergentes: si la divergence augmente l'électricité est négative ou résineuse; si au contraire la divergence diminue, l'électricité dont étoient chargées les païlles est positive ou vitrée. En agissant avec-un tube de verre, on obtient un effet opposé. 346 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE terre, ainsi qu'ils semblent nous en menacer à chaque instant. On peut encore facilement rendre raison de ce phé- nomène, en admettant, comme je l'ai dit, ces deux couches d'électricité différente; ainsi les éclats de la foudre qui partent du nuage inférieuret que l'on paroïtcraindre, se diri- gent verslacouchesupérieurecomme pourvue d'une électricité contraire, et les Hé rade se font de l’une à l’autre couche, au lieu de se porter vers la terre. C'est ainsi que les nuages répartissent entre eux la matière électrique, ce qui produit des éclairs fréquens et presque continuels ; quelquefois le nuage nous paroit tout en feu , accompagné d’un bruit ou roulement de tonnerre qui nous semble fort éloigné , et nous fait juger le nuage à une beaucoup plus grande distance qu'il n’est réellement de nous; ce bruit sourd et presque continuel est accompagné d'une sorte de tremblement de toute l'atmosphère, qui nous donne de la frayeur, nous menaçant d'un violent orage et d'une grêle dévastatrice. J'ai vu plusieurs de ces funestes exemples , tant anciens que modernes, dans lesquels j'ai reconnu les différens in- dices, tels que des nuages gris-cendré étant sous une atmosphère plus ou moins sombre, vers le milieu du jour, heure à laquelle le soleil a pu frapper la partie su- périeure du nuage le plus élevé, devenu ensuite orageux. Par ces symptômes et autres observations, j ai annoncé avec trop de certitude la chute de la gréle (1). Le plus remar- quable des différens orages que j'ai observés, et dans lequel j'ai pu reconnoître les symptômes dont j'ai parlé, est celui de la nuit du 19 au 20 août 1807, dont la grêle effrayante par sa grosseur, a ravagé toutes les campagnes des environs de Côme, dans une étendue de trente milles de longueur sur environ vingt milles de largeur. Le tonnerre n'avoit pas cessé de gronder depuis deux heures après midi jusqu'au milieu de la nuit, lorsqu'alors arriva cette terrible et (1) J'ai repris dans ces mêmes jours, ce travail interrompu depuis seize années, en observant, dans le mois de juin 18606, ces orages plus ou moins éloignés, et beaucoup trop fréquens dans nos contrées; j'ai eu la funeste occasion de reconnoître les orages produisant la grêle ». d'avec ceux qui ne la produisent pas, un de ces orages étant venu maltraiter la campagne des environs de Côme, où je me trouvois le 22 juin, jour d’un orage dont la grêle a dévasté sous mes yeux mes propriétés rurales, ZE Lire megbqrane ec ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347 énorme gréle dévastatrice : pendant tout cet orage le ton- nerre ne tomba pas une seule fois, à ce que je sache; il n'y eut pas un seul coup violent, ni un seul endroit frappé de la foudre, quoique l'électricité du nuage füt très-con- sidérable , que les éclairs les plus vifs se succédassent avec une grande rapidité, et que le ciel parüt tout en feu vers le soir et les premières heures de la nuit; toute l'action decette forte électricité, toutes ses déchargesse faisoient donc de bas en haut et alloient d'une couche de nuage à un autre nuage chargé en sens contraire, qui attiroient plus forte- ment que la terre. Il y a lieu de croire que la grêle a com- mencé à se former pendant le jour, tandis que le soleil dardoit ses rayons sur la partie supérieure du nuage où se produisit la gréle, quoiqu’elle ne commencçät à tomber que pendant la nuit dans quelques endroits à dix heures du soir, et dans d’autres vers minuit (1). On a remarqué que durant le long intervalle de temps, il y eut des grains de gréle de la grosseur d’un œuf de poule, et plusieurs du poids de plus de g onces ou 275 grammes; ils ont dû être soutenus en l'air pendant plusieurs heures. Et comment pouvoit se faire cette suspension, si ce n’est par un mouvement alternatif entretenu par l'effet de deux électricités contraires et jusqu'au rétablissement presque parfait del’équilibre decesdeuxélectri- cités, ou de ces différentes quantités ? n'ayant plus uneaction ou une force suffisante pour agiter, de ce mouvement alter- natif, des grains de grèle devenus d’une grosseur trop con- sidérable, ils doivent alors obéir à leur pesanteur et se précipiter vers la terre, et cela, suivant leurs différentes po- sitions dans le nuage ou dans ces différentes couches, suivant que telle ou telle partie manque de force ou d'électricité suffisante pour maintenir la gréle dans le nuage ou dans son mouvement alternatif de va et vient. À l'égard de mon hypothèse dans laquelle je considère la danse électrique ou le mouvement alternatif des grains de grêle, et que je me plais à considérer comme un beau et intéressant phénomène que l'on peut imiter par deux (1) J’ai voulu fournir cet exemple de grêle tombée pendant la nuit, quoique cela arrive tres-rarement, mais ce qui est possible néanmoins , Sans que la grêle puisse se former autrement que par l’action puissante des rayons solaires et pendant le jour. 548 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toiles ou tablettes que l'on place horizontalement l'une au- dessus de l’autre, et à une distance suffisante, et électrisées l'une positivement , l’autre négativement, et tenues long- temps dans ce même état délectricité contraire : ces effets ne sont pas moins curieux qu'importans suivant mon by- pothèse. Je conviens qu'elle a encore besoin de preuves, quoiqu'’elle ait en sx faveur, outre l'intéressante expérience dont je viens de parler , la théorie électrique elle-même qui s'accorde parfaitement avec les circonstances qui pré- cèdent et accompagnent la grêle. J'avoue maintenant qu'elle présente encore quelques difficultés, quoiqu'étayée de plu- sieurs conjectures très-vraisemblables ; mais elle manque d'observations ou d'expériences précises pour ne laisseraucun doute sur cette hypothèse ; il y en a une cependant qui seroit assez convaincante si elle éioit bien confirmée. Plu- sieurs personnes assurent avoir souvent entendu , aux ap- proches de la grêle et même long-temps avant sa chute, un certain bruit ou roulement dans le nuage, qu'ils com- paroient à celui que feroient des noix qu'on verseroit d'un sac, ou qui s'écrouleroient d'un tas ou monceau: si ce bruit ou roulement n'étoit pas l'effet de la grêle au moment de sa chute vers la terre, dans des lieux plus ou moins éloignés de l'observateur; si, comme plusieurs personnes l’assurent, on entend ce bruit long-temps avant que la gréle ait com- mencé à paroître, et si ce bruit vient réellement de l'at- mosphère (1), il est plus que vraisemblable qu'il ne peut étre occasionné que par le mouvementoscillatoire ou alternatif et bruyant des grains de gréle qui sont, suivant moi, dans ce cas, froissés et choqués entre eux pendant la rapide agitation qu'ils éprouvent dans le passage d'un nuage vers un autre, dont ils sont alternativement attirés et repoussés un grand nombre de fois avant de traverser la nuée in- férieure, et se précipiter vers la terre qu'ils frappent par l'effet de leur chute accélérée. Si quelque physicien étoit pourvu d'un courage assez in- trépide pour faire une ascension aérostatique au milieu d'un () Dans l’article GrèLE de l’ancienne Encyclopédie, on parle d’un sem- blable bruit, comme d’une chose connue, et venant du choc qu’éprouvent entre eux les grains de grêle 4 l’auteur dit aussi, que ce bruit qui vient d’en haut, précède la chute de la grêle. md ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3549 semblable orage, et traverser le premier nuage , quel specta- cle imposant ne lui offriroit pasl’action réciproque desnuages, leurs différentes marches et mouvemens, la matière élec- trique versée à grands flots, etc.? Il seroit alors à portée d'observer un phénomène si intéressant , c'est-à-dire la formation de la gréle, ses différentes modifications et ses différens mouvemens ; il vériferoit cette sorte de mouvement alternatif dans lequel ces grains de grêle s'élancent de bas en haut, et sont respectivement attirés et repoussés d’un nuage vers un autre, phénomène que j aime à me représenter, parce que je le crois réel. Ce courageux physicien véri- fieroit si je me trompe dans mes conjectures, ou si au moins il y en a quelques-unes de vraies; mais à défaut d’un aé- ronaute assez courageux pour aller vérifier ce phénomène au sein du plus fort orage , ce qui ne pourroit s'entreprendre qu'en s’exposant aux plus grands dangers, n'ayons-nous pas d'autres observations faites par diftérens aéronautes, dans des temps moins éminemment dangereux, qui peuvent cependant en quelque sorte y suppléer ? Sans parler de la basse tem- pérature que l’on a reconnu exister ordinairement dans les régions des nuages , ainsi que l’attestent les relations de dif- férens voyageurs aériens ; quelques-uns ajoutent que lorsque leur ballon eut traversé une ou plusieurs couches de nuages, ils virent avec étonnement, quoique ce ne füt pas en hiver, qu'ils étoient entourés de flocons de neige et de grains de grésil qui en voltigeant venoient frapper sur toute la surface du ballon, puisrebondir, et cela dansuntemps où il netomboit sur la terre ni neige , ni grésil ; ils formoient vraisemblable- ment les élémens de la gréle ou son commencement, et il paroît que les petits grains étoient déjà pourvus d'un prin- cipe de mouvement propre à les faire sauter ou voltiger avec vivacité ainsi que je l'ai déjà dit; mais dans ce-cas ci l'orage sembloit à peine commencé, et où l’on ne le soupçonnoit pointencore , dans les cantons et terrains correspondans. Il eût sans doute été plus favorable pour la démonstration de notre hypothèse, que cette observation eûtété faite au mil'ea d'un violent orage pourvu d'une forte grêle. Quoi qu'il en soit, on ne peut disconvenir que si cette hypothèse n'est pas complètement démontrée , elle est an moins très-vraisemblable. Quant aux autres opinions que nous avons émises relativement à l’existence des deux élec- tricités contraires, dans différentes couches de nuages, ou Tome LXIX, NOVEMBRE an 1809. Yy 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DFE CHIMIE dans des nuages séparés, ainsi que relativement au grand abaissement de température de la couche inférieure où se forme le commencement des grains de grêle ou les petits flocons de neige ; je crois qu'il ne peut y avoir aucun doute à cet égard, d'après les observations que j'ai émises. Je ne puis encore abandonner cet intéressant objet, sans tenter de résoudre quelques-unes des objections qu'on pour- roit peut-être faire: comment, me dira-t-on, peut-on con- cevoir que deux couches de différens nuages électrisés en sens contraire, se maintiennent à la distance nécessaire ou propre à attirer et repousser alternativement de petits flocons de neige qui grossissent peu à peu, et deviennent ensuite de gros morceaux de glace, sans que leur chute en soit provoquée, et même demeurent en cet état pendant un assez long espace de temps? N'est-il pas présumable que de semblables couches de nuages s’attireront et se joindront pour se confondre bientôt en une seulement? Je répondrai à cette objection , que le nuage inférieur n'est pas seulement attiré par le nuage supérieur, mais aussi par la terre, principalement par les forêts et les montagnes, et que nous voyons ces nuages sen approcher; cette puis- sance contrebalance celle du nuage supérieur , qui peut l’être aussi par quelqu'autre nuage qui l'attire dans un sens con- traire; dans ce cas les deux nuages pourvus de l'électricité contraire, semblent demeurer immobiles, ou jouir d’une sorte de balancement, tel que nous l'avons indiqué en parlant des changemens d'électricité qui se reconnoissent par les expériences de. l'électromètre atmosphérique; les parties des surfaces internes de ces nuages seront mutuellement pro- voquées entre elles, d'où il résultera un gonflement et une sorte de flux et reflux; il peut aussi s’en détacher quelques parties et même d’assez fortes, qui iront soit en haut, soit en bas, dans le voisinage de l'autre couche, ce qui favorisera encore le mouvement alternatif des flocons de neige ou des grains de grêle qui sont entre les nuages, et que le volume d'air soit peu considérable. A l'égard des différensmouvemens soit des nuages interposés ou autres portions de nuages, soit aussi des couches voisines des nuages principaux ; quand de semblables mouvemens ont lieu, et que les nuages ou ces couches de nuages ne sont pas retenus par une autre force, ils le sont alors par l'étendue de leur volumeet par pm ET D'HISTOIRE NATURELLE. 551 celui de l'ample couche d'air qui les sépare: c'est ainsi qu'ils résistent à leur déplacement, d’où il résulte que de tels nuages ne peuvent que lentement s'approcher l'un de l'autre et avec une force plus ou moins grande, suivant les différentes circonstances. . Mais, outre toutes ces considérations, le retard des nuages électrisés en sens contraire vers leur réunion, est un fait dont on ne peut douter d'aprés les différentes expériences faites avec l’électromètre atmosphérique ; elles démontrent d'une manière évidente, ces changemens électriques de l'état positif à l’état négatif et réciproquement, et cela plusieurs fois pendant le temps d'un même orage, ainsi que je l'ai dit ci-dessus, ce qui certainement n’auroit pas fou si les nuages , pourvus de l'électricité positive , tendoient prompte- ment à se réunir vers les nuages pourvus de l'électricité né- gative ; cette union est quelquefois tellement retardée , qu'elle n'a lieu que beaucoup d'heures aprè; la formation de l’orage, et pendant cet espace de temps il peut arriver que cette électricité se dissipe d'une autre manière, ou bien passe d'une couche d'un nuage à une autre couche de nuage , non pas d'un seul trait, mais par parties séparées , et par le moyen de différentes décharges sensibles ou insensibles, et prin- cipalement par le moyen de corps interposés pourvus d'un mouvement alternatif de va et vient , et aussi par le moyen de différentes vapeurs répandues dans cette atmosphère. Quel- quefois au contraire la réunion se fait en peu d'instans et promptement, soit par un courant de vapeurs ou autres cir- constances favorables. Aussitôt après la réunion des nuages électrisés en sens contraire soit par le simple contact, soit par la pénétration ou le mélange mutuel qui détruit alors les fonctions électriques, il se répand aussitôt une forte pluie, ou une grêle abondante vient à l'instant se précipiter vers la terre. On pourroit peut-être faire encore quelqu'objection aux mêmes observations que j'ai alléguées en faveur de mon hypothèse ; c’est que nos conducteurs atmosphériques dans le temps des orages, soit ceux qui produisent la gréle ou non, sout tantôt à l'état d'électricité positive, tantôt à l'état de l'électricité négative; il semble qu'ils de- vroient toujours être dans un état négatif dans le cas de la gréle, puisqu'il est vrai que dans ces temps d'orage la couche inférieure du nuage et la plus voisine de la terre Yy 2 [e} a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est pourvue d'une électricité négative après avoir été à l'état positif, ou électrisé en plus par l'effet de son évaporation suivant mon hypothèse, et comme j'ai tâché de l'expliquer et le démontrer. L'expérience est, dira-t-on , peu d'accord avec cette théorie, puisque souvent cette couche inférieure donne des signes d'électricité positive, au lieu de donner des signes d'électricité négative; je réponds que l'expérience même m'est favorable , attendu qu’effectivement c’est l'élec- tricité négative qui existe le plus communément, à moins qu'il n’y ait des changemens accidentels , tels qu'il peut en arriver dans le temps des grands orages ainsi que l'ont re- connu différens physiciens qui ont observé l'électricité at- mosphérique , et comme nous le trouvons consigné dans nos Journaux Métérologiques. Il n’est pas très-rare de reconnoitre l'électricité positive, quoique plus souvent on trouve l'électricité négative, ets’il n'en est pas toujours ainsi, c'est par quelque cause accidentelle dont nousneconnoissons pas toutes les circonstancescapablesde pro- duire de semblables changemens.Ondoit considérer principa- lement l'action des atmosphères électriques; en admettant que la couche du nuage supérieur fortement électrisé en plus, descende vers la couche du nuage inférieur électrisé en moins, mais faiblement , ou que ce dernier s'élève vers le nuage supérieur de manière à se rapprocher plus ou moins ; ce rapprochement pourra être tel, que la foible élec- tricité du nuage inférieur soit complètement balancée, ce qui n'est pas très-rare, même dans les temps des violens orages, et alors les conducteurs électriques et les électro- mètres atmosphériques ne donnent aucun signe d'électricité ; il pourra arriver que les signes d'électricité négative seront plus ou moins sensibles, ainsi qu’on le remarque fréquem- ment, et même qu'ils acquerront une électricité positive accidentelle, ce qui n’est pas très-rare, et ce que l'on désigne sous le nom d'électricité de pression : c'est ce que nous avons expliqué plus en détail en présentant des expériences com- paratives etanalogues, telles que celle des deux plateaux élec- trisés , en plaçant près d'eux un électromètre, l'un des plateaux électrisés en moins et l'autre électrisé en plus, et assez fortement en variant les distances l’un de l'autre. Ces différens changemens ou passages de l'électricité opposée, sont fréquens dans certains orages, et très-bien démonirés dans cette expérience des deux plateaux, suffisante pour 53 [el ET D'HISTOIRE NATURELLE, servir de preuve relativement à l'existence de ces nuages électrisés en sens contraire dans les temps d'orage. Je crois que l’on doit admettre de préférence à l’état négatif le nuage inférieur ou les couches inférieures des nuages, quoique l'expérience des plateaux ne décide peut-être pas cette congélation; mais les observations et les preuves fournies pour démontrer l’état négatif des couches inférieures sont suffisantes (elles sont consignées dans les deux autres parties de ce Mémoire, et développées dans ma neuvième Lettre sur la Météorologie atmosphérique); elles sont en si grand nombre, que je ne pense pas qu'il puisse y avoir de doute à cet égard, et un fait à ajouter à tous ceux que nous avons exposés, est que dans les forts orages les conducteurs électriques donnent plus souvent des signes d'électricité né- gative que d'électricité positive , quand ils se trouvent dans l'atmosphère de l'électricité de ces nuages. Il n'ya donc pas une seule observation valable à l'égard de l'électricité négative des nuages inférieurs : je l'ai observée différentes fois , et il n'est pas rare d'en avoir des signes, ainsi que de celle en plus, et il est plus ordinaire de re- connoître l'électricité négative. Il est d'ailleurs très-facile de rendre raison de l'électricité positive, soit que nous la regardions comme accidentelle ou comme une électricité de pression. Il est facile d'en rendre raison , en admettant quil y ait deux couches de nuages considérées être ni en plus ni en moins, lesquelles vont en quelque sorte en se ba- lançant ou ondoyant , tantôt en s'approchant , tantôt en s'éloignant ainsi que nous l’avons déjà annoncé. Mais ne peut-on pas dire encore que sous la couche du nuage le plus près de la terre, passé à l’état négatif, il se forme d'autres nuages par la grande et rapide évaporation qu'a subie le nuage qui a passé à l'état d'électricité négative? Ces nuages alors existans comme étant de nouvelle formation, seront à l’état d'électricité positive; ils mettront donc les conducteurs électriques à l’état d'électricité positive , à moins qu'ils ne soient contrebalancés ou vaincus par l'électricité contraire de la couche du nuage supérieur : de plus, il n'est pas impossible, et il est même probable , ainsi que nous l’avons annoncé dans le commencement de cette Disserta- tion , que dans quelques orages il y ait plus de deux ou trois amples couches , et en outre des nuages épars de dif- Férens côtés , en partie isolés et flottans dans les airs, et en 554 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE partie groupés, ete., pourvus d'électricité contraire ; et alors il doit se succéder fréquemment par les actions et réactions de ces nuages, et leurs différens mouvemens occasionnés par les atiractions et répulsions électriques par les vents, les différens courans d'air, etc. ; or l'une ou l'autre élec- tricité favorise singulièrement l'action respective des atmos- phères électriques, des vents et de la colonne d'air qui règne au-dessus de nous, et dans laquelle se trouve placé le conducteur électrique ou le paratonnerre de Franklin. On conçoit de cette manière , aussi facilement que dans celle des deux couches seulement, comment dans les violensorages, lorsque l'action des nuées et des vents est dans toute sa force, les mouvemens de l'orage sont plus tumultueux, les éclairs plus fréquens et les décharges de la foudre plus ré- pétées entre les nuages multipliés. C'est alors qu'on observe dans le conducteur électrique , ou dans l'électromètre, des passages etretours fréquenset presque instantanés, d'unesorte d'électricité vers une autre, changement qui n'est pas aussi rapide au commencement et à la fin de ces mêmes orages, ni durant le cours de ceux qui sont moins violens et moins composés, dans lesquels l'électricité qui domine, c'est-à-dire qui est sensible à l’électromètre, est ordinairement une élec- tricité négative , ainsi que je l’ai énoncé. En admettant ces. orages formés, comme il paroît qu'il y en a réellement, de plusieurs couches ou de plusieurs nuages différemment électrisés en dessus où en dessous, ou laté- ralement, ou autres nuages groupés ou épars ; ils me semblent trop s'éloigner de ma première opinion relativement à une couche inférieure électrisée en moins, et une supérieure électrisée en plus, parallèle entre eux ainsi qu à l'horizon, entre lesquelles couches les grains de grêle vont, pendant un assez long-temps, oscillant et voltigeant avec force comme des balles de liége- ou de moëlle de sureau, placées entre deux plateaux dans nos expériences électriques. J'ai présenté et adopté cetté opinion comme la plus simple et démontrant très-bien la formation et l'accroissement de la grêle par deux électricités contraires dans deux diffé- rentes couches de nuages, et indiquant les premiers élémens des flocons de neige qui par le même moyen croissent.et peu à peu se-recouvrent de glace de manière à, former:de gros grains de grèle; mais, sans exclure d'autres couches et d’autres nuages plus ou moins nombreux, et aussi leur dif- #2 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 555 férente forme et situation, dont le parallélisme dans les couches, n'est pas d'une indispensable nécessité pour que les grains de grêle puissent être envoyés d'un nuage à l'autre, et voltiger ainsi, quelle que soit leur grosseur, entre deux couches inclinées à l'horizon et même inclinées entre elles, pouvant ainsi se soutenir et voltiger dans l’air entre différens nuages placés diversement entre eux: ils peuvent aussi être lancés et renvoyés d'un nuage à l’autre, ét aller de côté et d'autre, variant leur mouvement en différens sens pendant un espace de temps plus ou moins long. En supposant de semblables orages aussicompliqués, même plus fréquens qu'ils ne sont, je pense que ceux que j'ai cités : et pris pour exemple , ne sont pas aussi rares, c'est-à-dire ceux formés par deux couches parallèles séparées par un intervalle convenable et électrisés en sens contraire, l’infé- rieur à l’état négatif et le supérieur à l'état positif, ef ces deux couches n'ayant aucun nuage ni portion de nuage in- terposé entre elles, ni aucune partie ou groupe de nuages plus ou moins éloigné. On me demandera peut-être si je considère la disposition des nuages en deux ou plusieurs couches séparées , et l’élec- tricité contraire entre deux nuages au moins, comme des conditions essentielles à la formation d'un orage? Je réponds .que je ne crois pas cette condition indispensable, que je crois même très-possible qu’ainsi il y en a accompagnés de plus de deux couches; de même, il y en a aussi d'une seule masse ou d'un seul nuage, qui ne sont pourvus que d'une sorte d'électricité et très-fortement chargés, mais que de semblables orages, à l'exception de quelques éclairs et quel- ques coups de tonnerre, sont peu considérables, et n'offrent point cette variété d'effets que présentent les grands orages; qu'alors leur électricité est constamment la même, c'est- à-dire ou positive, ou négative depuis le commencement jusqu'à la fin, variant seulement en intensité (c'est ce qui n'existe pas dans les violens orages); les décharges ou Ful- -ninations peuvent, dans ce cas, avoir lieu de ces nuages vers la terre: à l'égard des coups fréquens et répétés, et les éclairs qui sillonnent les nuages avec vivacité et fré- quemment , ils sont l'effet des nuages qui se provoquent mutuellement à cette fulmination, ou quelquefois lorsque ces éclairs s’étendentou parcourent toute l'étendue du nuage, ils peuvent étre produits à l'instant où la foudre s'échappe . 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du nuage en s'élançant vers la terre. Nous imitons ce phéno- mène avec un large carreau de verre parsemé de hachures mé- talliques ou de limaille (1), ou avec quelques gouttes d'eau, en chargeant ce verre d'électricité qui scintille en parcourant cette surface; qu’enfin dans ces orages qui ne sont pas formés de plusieurs couches ou groupes de différens nuages, ou si elles existentet qu’il ne s’y rencontre pas d'électricité con- traire, il ne pourra alors y avoir une grêle formée de gros grains; il me paroït très-dilficile que dans ce cas elle puisse avoir lieu. À l'égard des petits grains de grêle qui forment le grésil, il peut-être formé par la suspension et la répul- sion d'un seul nuage fortement électrisé, ainsi que je l'ai énoncé avant de développer mon opinion sur les deux couches de nuages électrisés en sens contraire. Telle est l'opinion que j ai adoptée et que j'ai cru devoir émettre à l'égard des orages en général, et principalement au sujet de la grèle qui fait l'objet de ce Mémoire. On pourra peut-étre me demander pourquoi dans nos contrées on ne voit point d'orages en hiver, c'est-à-dire de ceux qui accompagnent de violens éclairs et de forts coups de tonnerre , signes manifestes d’une grande quantité de matière électrique mise en action, à laquelle succède une grosse et forte grêle; je répondrai que dans cette saison il ne peut y avoir une accumulation de matière électrique assez considérable et capable de demeurer ainsi dans l'at- mosphère , et qu’il faut, pour cet effet, les circonstances suivantes : 19. Une quantité suffisante et journalière d'évaporation, c'est-à-dire de vapeurs élastiques qui s'élèvent de terre et transportent le fluide électrique dont elles se sont chargées jusque dans les régions des nuages, ce qui a moins lieu en hiver que dans les autres saisons, les nuages étant dans cette saison moins volumineux et moins denses , et par con- séquent moins chargés que dans le printemps, et surtout en été, qui est le temps des orages. 20. Cette même région des nuages étant plus basse en hiver, les nuages sont plus facilement dépouillés de leur (1) Voyez le Manuel de l'Electricité , pag- 87, fg. 67. électricité 3 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 électricité par les conducteurs , tels que les montagnes, les arbres, etc., qui la soutirent. G°: L'interposition d'un airtrès-chargé d'humidité, comme celui qui règne dans cette saison , ainsi que les pluies fré- quentes, sont aussi très-propres à soustraire l'électricité des nuages qui souvent touchent presque à terre. . 4. La longueur des nuits, pendant lequel temps les quan- tités de fluide électrique sont restituées à la terre par l'hu- midité qui règne pendant la nuit, particulièrement celle des rosées beaucoup plus grandes et plus longues dans cette Saison, ce qui contribue puissamment au rétablissement de l'équilibre de l'électricité entre l'air et la terre, de manière que l'électricité ne peut s'accumuler plusieurs jours de suite dans la région des nuages , ainsi que cela arrive souvent dans les autres saisons, et surtout en été dans nos climats. 5. Dans les jours d'hiver les obliques et foibles rayons du soleil ne produisent pas une aussi grande évaporation secondaire , c'est-à-dire de la partie supérieure des nuages quis entre-touchent ou se choquent, évaporation qui, suivant mon opinion, contribue puissamment à la formation des orages et particulièrement à celle de la grêle. 6°. Enfin le peu de vapeurs élastiques qui se produisent alors, s'élèvent à une foible hauteur et sont bientôt con- densées par l'air froid qui règne dans l'atmosphère, puis ils se réunissent aux nuages; il est donc difficile qu'il se forme en hiver deux couches de nuages, ainsi que je l'ai établi, ayant besoin d’un certain espace qui les sépare , et de plus, deux états différens de l'électricité ; il est également difficile qu'il se forme des nuages en groupes séparés, ou en différentes masses et différemment électrisés; ce qui ne s'ob- serve pas ordinairement dans cette saison où le ciel est souvent couvert d’un ample voile ou d'une couche nua- geuse plus ou moins étendue , et lorsque le ciel n'est qu'en partie couvert, chaque nuage paroit simple ou formé d'une seule couche; c'est le contraire de ce que nous observons en été dans le temps où les nuages sont disposés à l'orage. Les nuages simples qui règnent en hiver, par cette raison qu'ils sont simples, donnent ordinairement , mais très-foi- blement , de l'électricité positive, parce que c'est l'électricité ordinaire des nuages et de la neige; c'est, comme on le sait, l'espèce de l'électricité qui résulte de la condensation des vapeurs aqueuses. Ÿ Tome LXIX, NOVEMBRE an 1808. Zz 358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMYE .: Il est vrai qu'il y a quelquefois en hiver, quoique trèsz rarement, des nuages épais et assez fortement électrisés, il y en a méme qui sont à l'état d'électricité négative; ces nuages donnent ordinairement de la neige et une sorte d'aspect orageux ; mais comme leur électricité est trop foible pour soutenir en l’air les flocons de neige, et que d’ailleurs il n'ya pas une autre couche de nuages séparée par un in- tervalle suffisant et électrisée en sens contraire, capable d'attirer et repousser alternativement pendant un certain espace de temps, ces flocons de neige et les faire voltiger à la manière de ia danse électrique ; ils tombent peu de temps après leur formation, sans avoir pu se couvrir de lames d'eau congelée , et former ainsi des grains de grêle; ils peu- vent tout au plus dans ces nuages, grossir de manière à former du grési/, ce qui tient l'intermédiaire entre la neige et la grêle; phénomène qui est même rare en hiver, mais fréquent surtout dans le printemps dans nos climats, ce qui est facile à concevoir d'après l'explication que nous en avons donnée. C’est ainsi qu'on peut rendre raison de la rareté des orages pendant l'hiver (1) où l'on ne voit presque jamais tomber de gréle dans cette saison, quoique la neige y soit fréquente et ait une grande analogie avec la grêle, tant par son ori- gine que par sa formation qui peut être regardée comme les premiersrudimens de la grèle; mais pourquoi, dira-t-on, n'en tombe-t-il pas dans d'autres saisonset pendant les violens orages dans les différéns:climats? On peutdire, sans relater les différentes explications que j ai données sur la (1) Jai dit ci-dessus , que je parle de nos contrées, observant que dans quelques-unes, particulièrement les régions maritimes , on éprouve des orages en, hiver, occasionnés par les vents impétueux qui regnent dans cette Saison , les vents ayant différentes températures suivant les différentes régions; etiac— cumulant nuages sur nuages , tantôt les groupant, tantôt les séparant ét oc- casionnant une forle éväporation, puis condensant les vapeurs, donnent lieu à de grands développemens d'électricité ét de diverses sortes, et forment ainsi des orages presque instantanément ; il pourroit arriver que de semblables orages -eussent; lieu dans nos climats dans la saison de l'hiver ; mais les cas sont tres-rares,et hors du sujet que nous traitons. Nous nous occupons des orages les plus ordinaires ; ce sont ceux qui ordinairement. se forment dans un temps Calme, particulierement ceux qui amenent la grêle, lesquels n’ont point ordinairement lieu en hiver, par les räisons que nous en ayons données. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 359 formation et le retard de la chute de la gréle, qui produit son accroissement, qu'un grand nombre d'orages etla majeure partie en devroient contenir en plus ou en moindre quantité et de plus ou moins grosse, ce qui cependant est assez rare, ayant heureusement peu de ces funestes résultats. Mais il vaut mieux s’en tenir à l'observation ; et se rappeler combien de circonstances sont nécessaires à cet «effet ; com- bien il est rare qu'elles se rencontrent en totalité, quoi- qu'elles ne soient pas toutesnécessaires pour tous les orages. Un seul nuage épais et chargé d'électricité suffit pour pro- duire un orage d'une moyenne force, et d'un ou plusieurs groupes de nuages, pour fournir une électricité très-bruyante etdes “orages que l'on redoute ou qui effraient par leurs nombreuses détonations ; mais pour produire des orages accompagnés de grêle, il faut que toutes ces différentes circonstances se réndontrent. Premièrement, qu’il y ait une rapide et abondante évaporation d'une première couche de nuages très-denses, que cette évaporation soit telle, qu'elle puisse , non-seulement détruire l'électricité positive qui y existoit, mais même la porter assez fortement à l’état d'é- lectricité négative, et ensuiteun très-grand refroidissement, au point de solidifier ‘une partie assez considérable de ces vapeurs vésiculaires , et en former des flocons de neige d'une température beaucoup au-dessous du terme de congélation. Il faut en second lieu, qu'il y ait une nouvelle condensa- tion de vapeurs qui s'élèvent de ce premier nuage ou pre- mière couche déjà électrisée en moins, afin qu'il se forme une seconde couche douée d'une assez forte dose d'élec- tricité à l'état positif. Troisièmement, que ces deux couches électrisées en sens contraire, soient, dès le commencement, à une distance pro- portionnée et requise, et, ce qui est plus difficile encore, qu'elles se maintiennent ainsi pendant un assez long espace de temps, malgré leur mutuelle attraction, qui tend à les rapprocher et à rétablir l'équilibre-de ces différentes élec- tricités par une réunion directe ou indirecte. Ils doivent enfin conserver leur électricité respective, et ne pasla perdre trop tôt , soit par des décharges réciproques, soit par d’autres nuages ou portions de nuages qui vont et viennent d'une couche à l’autre jousillonnentces nuagesde nranière à établir entre ‘eux une! comiiuühication ; #1 les:différentes: sortes d'électricités ne se maintiennent pas pendant un, temps Zz 2 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE suffisant , les flocons de neige qui produisent les grains de gréle, ne pourront pas se mouvoir et s’agiter assez long- temps entre les deux couches de nuages (ce mouvement devant durer plusieurs heures pour parvenir à former la grosseur de la grêle par le moyen d'une sorte d’incrustation ou de couches supérieures ); ils ne pourront même être sou- tenus , et tomberont à moitié formés; ils ne tomberont peut- être pas ainsi jusqu’àterre , et pourront se résoudre en larges gouttes d'eau. C'est ce qui arrive quelquefois dans des com- mencemens de pluie d'orages, ou dans des temps orageux, mais qui sont passagers et de peu de durée. MÉMOIRE Relatif à quelques nouvelles recherches analytiques sur la nature de certains corps, particulièrement des alkalis, du phosphore, du soufre, de la matière carbonique et des acides qui n’ont point encore été décomposés , avec quelques observations sur la Théorie chimique ; Par HUMPHRY DAVY, Écuyer, Secrétaire de la Société Royale. EXTRAIT DES TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. Mémoire lu à la Société Royale, le 15 décembre 1808. INTRODUCTION. Tr, J'AURAI l'honneur de rendre compte à la Société royale, des différentes expériences que j'ai faites dans l'espérance d'agrandir les connoissances que nous avons déjà des prin- cipes des corps, connoissances que nous devons aux méthodes ET D'HISTOIRE NATURELLE 361 ES air des applications de l'électricité à la chimie, dont es unes sont depuis long-tempsen usage, et les autres sont toutes récentes. Les objets qui m'ont principalement occupé, sont la ma- tière élémentaire de l'ammoniac, la nature du phosphore, du soufre , du charbon et du diamant , ainsi que les parties constitutives des acides de borax, des acides fluorique et muriatique. Parmi les procédés de décomposition que j'ai employés en grand nombre, plusieurs ont réussi, et de ceux dans lesquels j’ai été moins heureux, il est ordinairement résulté de nouveaux phénomènes qui pourront me servir de guides dans mes recherches futures. Je n'omettrai dans ce Mémoire aucune de celles que j'ai déjà faites, en priant toutefois la Société de vouloir bien excuser son imperfection. Toutes les difficultés qui se rencontrent dans l'analyse d'un corps, sont une preuve certaine de la force d'attraction des parties qui les composent. Dans le jeu d’affinités, relati- vement aux composés secondaires , il est rare d'obtenir une substance parfaitement pure ou sans aucun mélange; et ce principe s'applique encore mieux aux e6mbinaisons primaires. € Les premières méthodes employées dans les expériences que l'on fait sur des objets nouveaux, sont par la même raison nécessairement imparfaites. En effet, elles demandent de nouveaux instrumens dont l'usage ne s’acquiert que par degrés; et l’on doit faire une multitude d’expériences de la même espèce avant de pouvoir se flatter d'obtenir des résultats exacts. Il. ExPERIENCES sur l’action du potassium sur l'ammoniac, et observations sur la nature de ces deux corps. Dans le Mémoire que j’ai eu l'honneur de lire à la Société, le 19 noyembre 1807, j'ai avancé qu'en faisant chauffer fortement le potassium dans l’ammoniac, le volume de gaz augmentoit considérablement, qu'il se formoit de l'hydrogène et du nitrogène, et que le potassium paroissoit être oxidé ; mais n'ayant pas été à même d'examiner avec soin le ré- sidu, je n'ai pas pu publier cette expérience. Je me suis 562 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE contenté d'établir comme certaine l'éxistence de l'oxigëne dans l'ammoniac , existence que je me proposois de démontrer plus amplement par la suite. Dans un Mémoire que j'ai lu à la Société au mois de juin dernier, et Hide a bien voulu faire imprimer, j'ai rendu compte de différentes expériences faites par MM. Ber- zelius et Pontin, et dans une note qui accompagnoit ce Mémoire, je n'ai pas craint de combattre une opinion de MM. Gay-Lussac et Thenard , relativement à l'action du po- tassium et de l'ammoniac, même d'après les faits par eux établis , et rapportés dans le Moniteur du 27 mai 1806. L’obscurité dans laquelle ces. objets sont généralement ensevelis, leur importance et leur liaison avec la théorie chimique toute entière , m'ont engagé, depuis cette époque, à leur donner une grande partie de mon travail et de mon attention; et Jose dire que les résultats de mes recherches me confirment, non-seulement dans les conclusions que j'avois précédemment prises, mais qu'elles m'ontencoreoffert de nouvelles vues. 3 Dans les premières expériences que j'ai faites sur l'action du potassium sur l'ammoniac , j'ai employé des retortes de verre vert; mais soupçonnant bientôt que l'oxigène pourroit provenir des oxides métalliques qui se trouvent dans cette espèce de verre, je me servis de retortes de verre couvert de feuilles de métal , et je finis par fixer le potassium sur des plateaux de platine ou de fer introduit dans:les retortes de verre garnies de bouchons. Je les vidai avec une excellente pompe à air, les ayant remplies ensuite d'hydrogène, je les vidai une seconde fois et les remplis alors avec l’'ammoniac retiré, avec un eppareil au mercure (pl. 1). Le gaz par ce moyen se forma dans un très-haut dègré de pureté, ce dont je me suis toujours assuré, et toutes les opérations s'effec- tuèrent par le contact du mercure, de l'eau ou de quelques substances qui ne purent influer sur les résultats. J'employai d'abord du potassium provenant de l'élec- tricité, mais bientôt je lui substituai le métal obtenu par l'action du fer rouge sur la potasse d'après l'heureuse mé- thode que MM. Gay-Lussac et Thenard ont découverte, trou- vant qu'il donne les mêmes résultats, qu'on. peut l'obtenir À ET D'HISTOIRE NATURELLE, 365 d'une égale ‘uniformité (1), en bien plus grande quantité et. avec moins de peine et de dépense. | Lorsque l’ammoniac est arrivé en contact avec environ deux fois son poids du potassium aux mêmes températures, le métal perd son lustre et devient blanc, le volume du gaz diminue un peu ; mais on n’apperçoit aucun autre effet, La croûte blanche à l'examen prouve qu'elle est de la potasse, et l'ammoniac est trouvé contenir une petite quantité d'hy- drogène qui d'ordinaire est égal en volume au métal. En faisant chauffer le potassium dans le gaz, au moyen d'une lampe à esprit de vin appliquée contre la retorte, la cou- leur de la croûte, de blanche qu’elle étoit devient d’un azur brillant , et passe graduellement d'un bleu et d’un vert éela- tant, à une couleur d'olive. On voit alors la croûte et le métal en fusion , une effervescence considérable a lieu, et la croûte disparoissant entièrement, laisse voir la surface bril- lante du potassium. Lorsque celle-ci s'est refroidie dans cet état , elle se couvre de nouveau d’une croûte blanche. En la faisant chauffer une seconde fois, elle enfle prod:- gieusement , devient poreuse, paroit cristallisée et d’un bel azur. La même série de phénomènes pareils à ceux que j'ai décrits plus haut, se fait voir en continuant le procédé, et la potasse finit par devenir une substance couleur d'olive foncée. LD Dans cette opération, ainsi que l’ont avancé MM. Gay- Lussac et Thenard, on a un gaz qui donne la même diminu- tion par la détonation avec l'oxigène. De l'hydrogène se développe et l'ammoniac disparoit. La quantité d'ammoniac qui perd sa forme élastique, ainsi que plusieursexpériences me l’ont démontré, varieselon que le gaz employé renferme plus ou moins d humidité. (1) Lorsque la potasse employée dans cette opération pour se procurer le potassium étoit,bien pure, les morceaux de fer parfaitement nets, et'tout SAppaEel dégagé de matières étrangères, le métal que je me suis procuré différoil peu , quant à ses propriétés , de celui obtenu par la batterie de Volta. Ils se ressembloient pour le lustre , la ductilitéet l’inflammabilité. Néanmoins son point defusibilité et sa pesanteur spécifique étoient à um degré un peu plus élevé, puisqu'il demanda environ 186°de Fahreinheit , pour être parfaitement fluide , et l’eau étant au 60° de Fabreinheït, sa pesanteur étoit comme 7960 à 10,000. Je suis porté à attribuer cette différence à ce qu'il renferme une moindre quantite de fer. 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ainsi huit grains de potassium pendant leur conversion er substance de couleur d'olive , dans de l'ammoniac saturé d'eau à 63° de Fahrenheit, et sous une pression égale à celle de 29.8 de mercure, ont fait disparoitre douze pouces et demi cubes d'ammoniac; mais la même quantité de métal employée dans des circonstances pareilles, avec cette diffé- rence, toutefois, que l’ammoniac avoit été dégagé de toute humidité autant que possible, en l'exposant pendant deux jours à la potasse bien chauffée , a fait disparoître seize pouces cubes d’alkali volatil, : Quel que soit, au reste, le degré d'humidité du gaz, la quantité du gaz inflammable produit m'a toujours paru égale à celle du métal. MM. Gay-Lussac et Thenard ont avancé que les proportions dans leurs expériences étoient les mêmes que celles qui résulteroient de l'action de l'eau sur le potassium. Dans mes expériences, je les ai trouvées un peu moindres. Ainsi, dans une expérience faite avec toute l'attention possible, et la manipulation la plus exacte, huit grains de potassium, par leur opération sur l'eau, ont donné huit pouces et demi cubes gazhydrogène , et huit grains de la même substance par leur action sur l'ammoniac, ont donné huit pouces et un huitième de pouce cube de gaz inflammable. Cette différence est peu considérable, il est vrai; cependant je l'ai constamment trouvée, même dans les cas où l’ammoniac étoit en grande fermentation, et où chaque partie du métal paroissoit changée en une substance olivâtre. Je ne crois pas qu'on ait rien reçu dans ce pays-ci de re- latif aux expériences de MM. Gay-Lussac et Thenard, que ce que j'en ai rapporté plus haut, extrait du Moniteur; et dans cet article on ne dit pas un mot des propriétés de la substance produite parl’action del’ammoniacsurle potassium. Comme je les ai examinées avec la plus scrupuleuse atten- tion, et qu'elles m'ont paru dignes de piquer la curiosité, je vais en donner la description. 1°. Cette substance est cristallisée et présente des facettes irrégulières d'une couleur sombre , elle ne diffère point soit AE le lustre, soit pour la couleur, du protoxide du fer. xaminée en grandes masses, elle est opaque , mais à demi transparente dans les parties plus minces, et paroît d'une couleur brune brillante, lorsqu'on l'expose à la lumière. a°. Elle est fusible à une chaleur un peu au-dessus de celle ET D'HISTOIRE NATURELLE. 365 celle de l'eau bouillante, et lorsqu'on la fait chauffer beau- coup plus fort, il en sort des globules de gaz. 5°. Elle paroit beaucoup plus pesante que l'eau , car, mise dans de l'huile de sassafras , elle se précipite avec rapidité. 4°. Elle n'est point un conducteur électrique. 5°. Fondue dans le gaz oxigène, elle brûle avec beaucoup de vivacité , et donne des étincelles brillantes. L'oxigène est absorbé, le nitrogène parott , et il se forme de la potasse dont la grande fusibilité paroit indiquer qu’elle contient de l'eau. 6°. Arrivée en contact avec l'eau, elle agit dessus avec une grande force, produit de la chaleur et souvent de l'in- flammation , et développe l'ammoniac. Jetée sur l'eau, elle disparoit avec un sifflement, et souvent des globules en- flammés qui en sortent, s'élèvent sur la surface de l’eau. Elle entre promptement en éffervescence et s évapore; mais on peut la conserver sous le naphthe, dans lequel cependant elle s'amollit peu à peu, et paroit se dissoudre insensiblement. Lorsqu'à l'aide d'un tube propre à cet effet, on la préci- pite dans une jarre renversée , elle disparoit à l'instant ayec effervescence , et l'on trouve que le fluide élastique non absorbable qui s'en est dégagé, est du gaz hydrogène. La plus grande partie de la matière de l’ammoniac sus- ceptible d'être pesée, qui disparoit dans l'expérience de son action sur le potassium, existe évidemment cachée en pro- duit fusible. En pesant avant et après le procédé, un plateau qui contenoit six grains de poé£assium, l’alkali volatil étant très-sec, jai trouvé quelle avoit augmenté de plus de deux grains. La promptitude avec laquelle elle agit sur l'humidité, m'a empéché de déterminer le degré avec la précision la plus exacte; mais je ne doute pas que le poids de la subs- tance olivätre et de l'hydrogène dégagé, ne soit parfai- tement égal à celui du potassium et de l'ammoniac consumés. MM. Gay-Lussac et Thenard (1), à ce que l'on dit, ont obtenù de la substance fusible, en y appliquant une forte (:) Le Moniteur ne donne aucun détail sur l’appareil employé par MM. Gay- Lussac et Thenard; mais d’apres ce qu’il rapporte, il paroît qu’ils ont dû se servir de vaisseaux de verre, tels qu’on en mettoit autrefois sur le mercure, Tome LXIX, NOVEMBRE an 1809. Aaa 366 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE chaleur : # de la quantité d'ammoniac qui avoit disparu dans leur premier procédé, et une quantité d'hydrogène et de nitrogène dans les mêmes proportions qu'ils existent dans l’ammoniac, égalent : au plus. Mes résultats ont été tout-à-fait différens ; en voici la raison. Lorsque la retorte qui renferme la substance fusible est vidée, qu'on l'a remplie d'hydrogène et épuisée une seconde fois, et qu'on l'a échauffée graduellement, la substance entre bientôt en fusion, et à mesure que la chaleur augmente, elle donne une quantité considérable de fluide élastique, et devient enfin, lorsque la température commence à se re- froidir, unesubstance d'un gris-brun qui, tantque la chaleur est à ce degré, n’éprouve aucun changement. Dans une expérience où huit grains de potassium avoient absorbé seize pouces cubes d'ammoniac desséché dans une re- torte de verre, la substance fusible donna douze pouceset demi cubes de gaz chauffé à une chaleur à peu près rouge; et ana- lysé, ce gaz se trouva composé de © de pouce cube d'am- moniac, le reste étoit des fluides élastiques qui mélés avec du gaz oxigène dans la proportion de 6: sur 6, et soumis à l'action de l'étincelle électrique , diminuërent de 5 {. La température de l'atmosphère dans ce procédé, étoit à 59° de Fahrenheit, et la pression égale à celle de 30.1 pouces du mercure. Dans une expérience semblable où le plateau de platine renfermant la matière fusible avoit été chauffé dans un tube de verre poli, rempli de gaz hydrogène et joint à un appareil pneumatique qui renfermoit du mercure bien sec, la quantité de fluide élastique dégagé de toute autre subs- tance fut de treize pouces ? cubes, sur lesquels il y avoit un pouce cube d'ammoniac: d'après le gaz restant et celui introduit dans le tube, il paroit que le fluide élastique, produit destructible par la détonation avec l'oxigène, étoit au fluide élastique indestructible comme 2. 5. à 1. Dans ce procédé, la chaleur appliquée approchoit de celle à peine rouge. Le mercure dans le thermomètre se tint à 62° de Fahrenheit , et celui dans le baromètre , à 30.3 pouces. Dans diverses expériences sur différentes quantités de substance fusible, la chaleur fut appliquée, dans les unes, au plateau dans la retorte de verre vert, et dans les autres, après qu'elle eut été introduite dans le tube de fer; dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 367 les unes et les autres la température s'éleva tantôt lente- ment et tantôt avec promptitude. Les résultats comparatifs approchent si près de ceux dont j'ai parlé plus haut, qu'il me paroiït inutile de les détailler ici. Dans toutes ces expériences je vis se développer une quantité moindre d'ammoniac , ou plutôt une quantité plus grande de gaz inflammable (1), lorsque j'employois le tube de fer, ce que j'attribue aux circonstances suivantes. Lorsque le plateau traversa l'atmosphère pour être introduit dans le tube de fer, la substance fusible absorba une petite quantité d'air humide qui s'attacha à la production d’ammoniac, et dans le procédé où l'on fait chauffer le plateau dans la retorte , le verre vert se noircit, et je trouvai qu'il ren- fermoit une petite quantité d’oxide de plomb et de fer, ce qui doit avoir fait disparoitre une petite quantité d'hy- drogène. Il paroit que c’est pour cette raison que MM. Gay-Lussac et Thenard ont mis la substance fusible en contact avec le mercure qui a dù imprimer à celle-ci un peu d'humidité ; et dans ce cas elle donne par la chaleur desquantités variables d’ammoniac. Par une expérience dans laquelle je chauffai la substance fusible de neuf grains de potassium dans une re- torte remplie de mercure dans son état ordinaire desécheresse, j'obtins comme produit sept pouces cubes d'ammoniac; dans une autre expérience faite avec huit grains, et dans laquelle j'avois introduit à dessein de l'humidité, j obtins environ neuf pouces cubes d'ammoniac, et quatre seulement de gaz mélangé. Ce qui me porte à croire que si l'on pouvoit introduire l'humidité dans une proportion convenable, la quantité d'ammoniac produit, seroit parfaitement égale à celle qui a disparu dans le premier procédé. Cette opinion est confirmée par différentes expériences que j'ai faites en chauffant la substance fusible avec la potasse qui renfermoit son eau de cristallisation, et du mu- riate de chaux partiellement sec (2). 0 (1) Six expériences faites dans un tube de fer, ont donné 2. 4. de gaz inflamraable sur 1 de gaz non inflammable; trois faites dans des retortes de verre vert ont donné 2.3 sur 1. (2) Si l’eau dans sa forme commune est mise en contact avec la subs- Aaaz2 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Dans l'un et l'autre cas l’ammoniac fut produit avec une grande rapidité, et aucun autre gaz ne se développa qu'une petite quantité de gaz inflammable qui fut condensé par détonation avec l'oxigène, avec les mêmes phénomènes qui accompagnent l'hydrogène pur. Dans une expérience où treize pouces cubes d’ammoniac avoient disparu, j'obtins à peu près onze pouces par l’action de l’eau de potasse. La quantité de gaz inflammable produit avoit moins de -# d’un pouce cube. Dans une autre où quatorze pouces cubes avoient été ab- sorbés, j'obtins par l'opération de l'humidité du muriate de chaux, onze pouces cubes environ d'alkali volatil , etun demi-pouce cube de gaz inflammable. Ces différences me por- tent à croire que la cause en est due à un excès d'eau dans les sels, qui absorboient quelque portion de gaz. Dans les expériences sur la substance fusible obtenue d’am- moniac saturé d'humidité, j'ai toujours observé que la cha- leur lui faisoit produire beaucoup d’ammoniac ; et la série générale de ces expériences me fait croire que la petite quantité produite dans les expériences faites dans le vide, est due à la petite quantité d'humidité que donne le gaz hydrogène introduit, et que la substance fusible chauffée hors de la présence de l’humidité , est incapable de produire l'alkali volatil. On prétend que MM. Gay-Lussac et Thenard, après avoir obtenu ? d'ammoniac, ou ses élémens qui avoient disparu pendant leur expérience, en chauffant le produit , ont ob- tenu les + restans, en ajoutant l'eau au résidu qui, après cette expérience, se trouva être de la potasse. Ils ne donnent aucun renseignement sur les propriétés de ce résidu, qui, d'après les détails qui accompagnent chaque expérience, ne fut pas probablement examiné; et comme l'humidité n'étoit pas présente au commencement de leur opération, il leur a été impossible d’avoir une connoissance exacte de sa nature. tance fusible , il est impossible d'en régulariser la quantité de maniere à obtenir ides résultats concluans , car l’eau dans une proportion un peu'plus forte ; fait disparoître une grande quantité de l’ammoniac produit, Dans la potasse et le muriate de chaux, lorsqu'ils sont secs, l’eau est trop forte- ment attirée par la matière saline , pour que celte attraction cesse, ou plutot elle ne cesse que pour produire l’ammoniac. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 569 J'ai fait une étude particulière du résidu de la substance fusible, après qu’elle eut été exposée à une chaleur à peu près rouge loin du contact de l’humidité ; je puis donc dé- tailler ses propriétés générales. Jel’ai examinésousla naphthe au moment où il est détruit par le contact de l'air. 1°. Sa couleur est noire, et son lustre pas beaucoup in- férieur à celui de la plombagine. 2°. Il est opaque, même dans ses parties les plus minces ; 3°. Il est cassant et donne une poussière d'un gris foncé. 4. Il est un conducteur électrique. 9°. Il ne fond pas à une chaleur foiblement rouge, et lorsqu'arrivé à cette température, il se trouve en contact avec un plateau de verre, il noircit le verre, et il en sort un sublimé grisâtre qui le noircit aussi. 6°. Exposé à l'air et à une température ordinaire, il prend toujours presque immédiatement feu, et donne en brülant une lumière d'un rouge foncé. 7°. Lorsqu'il agit sur l’eau il l'échauffe, il entre dans une effervescence violente, développe de l’alkali volatil, et ne laisse autre chose que de la potasse. Lorsque dans cette ex- périence on le met sous l'eau, on trouve une légère pro- duction de gaz inflammable, un résidu de huitgrains donnant dans tous les cas 4° environ d'un pouce cube. 100 8. Il n'agit pas sur le mercure. 9°. Il se combine avec le soufre et le phosphore à l'aide de la chaleur, sans aucune vivacité d'effet. Cet amalgamme est très-inflammable, il donne de l’'ammoniac; l'un de ces composés produit l'hydrogène phosphuré, et l’autre lhy- drogène sulfuré par l'action de l'eau. Comme un gaz inflammable qui a les propriétés ordinaires de l'hydrogène, sort seul pendant l’action du potassium sur l'ammoniac, et comme il n’y a que les gaz, les mêmes en apparence que l'hydrogène et le nitrogène, dans les pro- portions à peu près dans lesquelles ils existent dans l'alkali volatil, qui se développent durant l’exposition del'amalgamme au degré de chaleur que j'ai spéciñé; enfin, comme le ré- sidu produit l'ammoniac avec un peu d'hydrogène par l’ac- tion de l’eau , j'en ai conclu, d'après les principes de la théorie antiphlogistique, que ce résidu devoit être un composé de potassium , un peu d’oxigène et de nitrogène , ou une com- 370 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE binaison d'un suboxide de potassium et de nitrogène; car l'hydrogène dégagé dans les opérations dont il fut le ré- sultat, étoit à peu près égal à toute la quantité contenue dans l'ammoniac employé ; et il me fut facile d'expliquer le fait de la reproduction de l'ammoniac par l'eau, en sup- posant que, par la combinaison d'une portion de l’oxigène de l’eau , l'oxide de potassium étoit devenu potasse , et qu'au moyen de la combinaison avec une autre portion et son hy- drogène , le nitrogène s’étoit changé en alkali volatil. Pour m'en assurer j'ai fait plusieurs expériences sur dif- férens résidus obtenus, d'après la méthode que je m'étois prescrite, par l'action de quantités égales de potassium sur l’ammoniac sec, dans des plateaux de platine, chaque portion en métal pesant six grains. Dans les premières expériences je voulus m’assurer de la quantité d'ammoniac produite par l'action de l’eau sur un résidu , en le chauffant avec du muriate de chaux ou de otasse privée en partie d'humidité ; etaprès plusieurs essais, la plupart infructueux, je parvins à obtenir quatre pouces et demi cubes d'ammoniac. Danstroisautresexpériences, où je soupçonnois avec raison un petit excès d'eau, les quantités d'ammoniac furent de trois pouces et demi cubes, trois et #, et de quatre et +. Je fis ces expériences dans un tube de fer employé dans le premier procédé ; le plateau ne fut pas retiré; mais j'in- troduisis le sel dans la poussière, et après avoir vidé l'ap- pareil comme auparavant, je le remplis d'hydrogène et le fis ensuite chauffer doucement dans une forge portative. Après m'être assuré que la quantité d'ammoniac avoit quitté le résidu, je voulus découvrir quelle quantité d'hy- drogène s’étoit formée pendant la combustion, etquellequan- tité d'oxigène elle avoit absorbée. Les méthodes que j em- ployai furent d'introduire les plateaux dans des vaisseaux remplis de gaz oxigène sur du mercure. Le produit s'en- flamma souvent spontanément, et j'ai toujours pu le faire brûler à un foible degré de chaleur. Dans une expérience que je regarde comme ayant été faite avec la plus scrupuleuse exactitude, deux pouces et demi cubes d'oxigène furent absorbés, et il ne se développa qu’un pouce cube et -= de nitrogène. : Surpris de cette très-petite quantité de nitrogène, je cher ET D'HISTOIRE NATURELLE. 371 chai de l’ammoniac dans le produit de ces opérations ; mais différens essais me convainquirent qu'il n’en existoit pas. J'examinai les substances solides produites, m'attendant à y trouver de l'acide nitrique ; je n’apperçus que de la potasse desséchée qui me parut pure, sans la plus légère trace d'acide. La quantité de nitrogène existant dans l’ammoniac que ce résidu auroit produit par l’action de l’eau, en supposant l’alkali volatil décomposé par l'électricité, auroit été au moins de deux pouces : cube. Je chauffai les mêmes proportions de résidu avec l’oxide rouge de mercure et l'oxide rouge de plomb dans le vide, m'attendant que lorsque l’oxigène seroit graduellement sup- pléé, le résultat pourroit étre différent de celui de la com- bustion; mais dans l'une ni l’autre de ces deux expériences la quantité de nitrogène n'a excédé un pouce et demi cube. D'où cette perte de nitrogène dépend-elle? Est-il entré sous quelque forme inconnue avec l'oxigène? ou bien n'existe- t-il pas réellement dans le résidu en même quantité que dans l'ammoniac qui en provient? J'espérai qu'une expérience dans laquelle j'exposerois le résidu à une forte chaleur pourroit me donner quelques lumières à cet égard; je distillai en conséquence une des portions qui avoient été couvertes de naphthe dans un tube de platine fait exprès. Ce tube avoit été vidé et rempli d'hydrogène , vidé une seconde fois et joint ensuite à un appareil pneumatique mercuriel; j'y appliquai d'abord une chaleur douce jusqu'à ce que la naphthe ent été chassée, cette chaleur augmenta bientôt au moyen d'une excellente forge. Lorsque le tube fut devenu rouge comme une cerise, le gaz se développa et continua à étre produit pendant quel- ques minutes. Le tube ayant reçu la plus forte chaleur qu'il püt supporter, je discontinuai l’opération. La quantité de gaz que j obtins, toute réduction faite, auroit été de trois pouces et demi cubes à une température moyenne: je mélai douze mesures de ce gaz avec six de gaz oxigène ; l’étincelle électrique passa à travers ce mélange; une forte inflam- mation eut lieu, la diminution fut de trois mesures et demie, et Le résidu renfermoit de l’oxigène. La même expérience ré- pétée sur différentes quantités donna les mêmes résultats comparatifs. 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En examinant le tube de platine à l'extrémité inférieure duquel étoit adaptée une vis pour l'ouvrir, je trouvai que sa partie inférieure renfermoit de la potasse qui avoit toutes les propriétés de l’alkali pur, et dans sa partie supérieure une quantité de potassium. L'eau versée dans le tube pro- duisit une chaleur violente et inflammation, mais point d’o- deur d’'ammoniac. Ce résultat étoit si inattendu et si extraordinaire , que je supposai d'abord qu’il y avoit quelque cause d’erreur. Mes calculs avoient été faits pour obtenir du nitrogène comme le seul résultat aériforme , et j'obtenois un fluide élastique qui donna beaucoup plus de diminution parla détonation avec l'oxigène, que celui provenant de l'ammoniac par l'électricité. Je fis alors une seconde expérience; je fis chauffer dans le tube de fer et d'après la manière ci-dessus décrite, la subs- tance fusible toute entière de six grains de potassium qui avoient absorbé douze pouces cubes d'ammoniac. La chaleur s’éleva graduellement au degré de blancheur, et je ramassai le gaz en deux portions. Toute la quantité produite en faisant les corrections d'usage relativement à la température et à la pression , la portion d'hydrogène existante originai- rement dans le tube, et le résidu auroient été de quatre pouces et demi cubes au degré moyen du baromètre et du thermo- mètre. De ces substances , un pouce cube environ étoit de l'ammoniac, et le reste un gaz dont la portion destructible par la détonation avec l'oxigène étoit à la portion indestruc- tible, comme 2.7 à 1. La partie inférieure du tube où la chaleur avoit eu le plus d'intensité, se trouva environnée de potasse vitrifiée, la partie supérieure renfermoit une quantité considérable de potassium. ù : Dans une autre expérience semblable, uniquement faite pour m'assurer de la quantité de potassium recouvrée, les mêmes produits élastiques se développèrent. Ayant laissé refroidir le tube, le robinet étant ouvert en contact ayec le mercure, je le remplis de mercure qui fut déplacé par l'eau. Deux pouces ? cubes de gaz hydrogène se développèrent alors, ce qui prouve que deux grains et demi au moins de potassium avoient été revivifiés. Maintenant si l'on peut calculer les produits dans ces sortes d'opérations, en les considérant comme nitrogène et comnle ET D'HISTOIRE NATURELLE. 573 comme hydrogène, et en prenant le degré commun de tem- pératureet de pression, on trouvera que la décomposition de onze pouces cubes d'ammoniacégaux à 2.05grains, ont donné 3.6 poucescubes de nitrogène égaux à 1.06 grains, et9.9 pouces cubes d'hydrogène qui, ajoutés à ce qui a été dégagé dans la première opération montant à 6.1. pouces cubes environ, font ensemble 3.82. grains; que l'oxigène ajouté à 3. 5. grains de potassium seroit de 6 grains, et que lemontant du total est de2.04 grains; et2.05—2.04—01.Mais la même quantité d'am- moniac décomposée par l'électricité auroit donné 5.5 pouces cubes de nitrogène égaux à 1.6 grains , et seulement 14 pouces cubes d'hydrogène égaux à 35, et en admettant dans ce procédé la séparation de l'oxigène dans l’eau , on peut l'es- timer à plus de 11 ou 12. Ensorte que si l'analyse de l'ammoniac par l'électricité est parfaitement exacte, dans le procédé que je viens de décrire , il se trouve une perte considérable de nitrogène, et une production d'oxigène et de gaz inflammable. Et dans l'action de l'eau sur le résidu, il y a une pro- duction apparente de nitrogène. Comment peut-on expliquer ces résultats extraordinaires? La décomposition et la composition du nitrogène paroissent prouvées en admettant l'exactitude des données, et l'un de ses élémens semble être l'oxigène; mais quelle est l’autre matière élémentaire? Le gaz qui paroit doué des propriétés de l'hydrogène est il une nouvelle espèce de substance inflammable aéri- forme ? Ou le nitrogène a-t-il une base métallique qui s'allie avec le fer ou le platine ? Ou bien l'eau est-elle également la matière pondérable du nitrogène, de l'hydrogène et de l'oxigène ? Ou bien encore, lenitrogène est-il un composé d'hydrogène, avec une plus grande proportion d'oxigène que celle qui existe dans l'eau? : On pourroit, au moins avec probabilité, répondre par l'af- firmative aux deux premières de ces questions importantes, d’après la correspondance qui existe entre le poids de l'am- moniac décomposé , et les produits, en les supposant des substancesconnues. Je ferai tous mes efforts pour les résoudre Tome LXIX, NOVEMBRE an 1809. Bbb 3 ;4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en tentant de nouvelles expériences, et j'espère être bientôt à méme de communiquer à la Société le résultat de mes travaux ultérieurs sur ce sujet. D'après ces observations néanmoins, il paroït suffisamment démontré que mon opinion relativement à la décomposi- tion de l'ammoniac dans cette expérience, est exacte, et que celle de MM. Gay-Lussac et Thenard sur la décompo- sition du potassium, ainsi que leur théorie d’après laquelle ils prétendent qu'il est un composé d'hydrogène et de po- tasse, n'est pas fondée. l En effet une partie considérable de potassium estrecouvrée sans altération, et dans l'entière décomposition de la subs- tance fusible, l'hydrogène excède un peu sa quantité exis- tante dans l'ammoniac qui a agi dessus. Les phénomènes qui accompagnent ce procédé , prouvent la même chose en les examinant avec attention., Après une légère effervescence due à l’eau absorbée par la potasse formée sur le potassium pendant son exposition à l'air, l'opération s'achève avec la plusgrande tranquillité ; aucun fluide élastique ne se détache du potassium qui paroît souvent couvert d’une substance olivâtre, et s’il donnoit de l'hydrogène, celui-ci devroit passer à travers le fluide ; mais même à la fin de l'opération , il n'y en a aucune apparence. Jesuis porté à regarder la substance spongieuse et cristallisée qui se forme au commencement du procédé, comme une composition d'ammonium et de potassium, car, exposée à l'air, elle donne une odeur d’ammonium et est beaucoup plus brillante que le potassium. J'avois cru d’abord, que dans la première partie de cette opération on pourroit obtenir un composé d'hydrogène et de potassium, mais des expériencés sur l'action immédiate du potassium et de l'hydrogène , m'ont détrompé à cet égard. Le potassium, ainsi que je l’ai avancé dans un Mémoire lu en 1807 (1), se dissout, il est vrai, dans l’hydrogène ; (1) MM. Gay-Lussac et Thenard paroissent être d’une opinion différente. Dans le Moniteur , auquel j’ai renvoyé si souvent , il est dit que ces chimistes distingués en exposant l'hydrogène et le potassium à une température élevée, ont trouvé que l’hydrogène étoit absorbé , et qu’il formoit avec le potassium un composé d’un gris clair, dont on pouvoit obtenir l'hydrogène par l’action de l’eau ou du mercure. Après une multitude d’essais je n’ai pas pu obtenir ce résultat. Dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 375 mais dans les circonstances ordinaires l'hydrogène ne paroit pas susceptible d’être absorbé par le potassium. une expérience que j'ai faite en présence de M. Pepys, et que j'ai souvent répétée, et deux fois de vant une assemblée nombreuse , dans des retortes de verre, j'ai fait chauffer quatre grains de potassium dans quatorze pouces cube d'hydrogène pur; des vapeurs blanches s’éleverent d’abord et se pré- cipitérent d’elles-mêmes dans le col de la retorte. Après avoir ramassé une quantité considérable de ce précipité , sa couleur parut d’un gris clair, et au bout de deux ou trois minutes, il cessa de se former. Le fond de la retorte fut chauffé jusqu’à devenir rouge , lorsque le potassium commença à se sublimer à se condenser sur les côtés. Je suspendis l’opération et laissai refroidir la retorte ; l'absorption ne fut pas égale à + de pouce cube. La retorte brisée, le gaz en passant dans l’at- mosphère produisit une explosion avec la lumière la plus vive et des vapeurs blanches. Le potassium demeura dans la retorte, et ce qui avoit été pré- cipité, parut n’avoir éprouvé aucune altération dans ses propriétés. La substance grisätre enflammée par l’action de l’eau , ne parut pas pouvoir se combiner avec le mercure. Je suis porté à attribuer sa formation à l’action de l'humidité suspendue dans l’hydrogène , et à la considérer comme un triple composé de potassium, d’oxigene et d'hydrogène. Lorsque le potassium est chauffé dans un gaz qui contient de l'hydrogène, et de + à £ d’air commun, il se forme en plus grande quantité , une croûte couvre le métal , et dans le procédé il s’opere une absorption d'hydrogène et d’oxigene. Cela a également lieu dans les expériences sur la génération du potassium , en exposant la potasse à un fer rougi au feu , en même temps, à ce que je crois , que l’air commun est admis, pendant le refroidissement du tube. Cette substance n’est point conducteur, elle s’enflamme d’elle-même dans l'air, et produit par la combustion, de la potasse et une vapeur aqueuse. Lorsque le potassium est chauffé dans l’hydrogène dans une retorte de verre de flint-glass, ou même pendant un long espace de temps , dans une retorte de verre verd , il y a une absorption de gaz; mais indépendante de la présence du potassium , elle n’est due qu’à l’action des oxides métalliques existans dans le verre sur l'hydrogène. Si un composé solide d'hydrogène et de potassium peut être formé, nous le trouverons dans l’expérienee d’un canon de fusil où le potassium est exposé à l'hydrogène , à presque toutes les températures ; mais le métal formé dans ce procédé, lorsque toutes le$ précautions ont été prises pour exclure los matières carboniques , est uniforme dans ses propriétés , et produit pour des quantités égales, des proportions égales d'hydrogène par l’action de l’eau. Les phénomènes généraux de cette opération font voir en effet, que la solution du potassium dans l'hydrogène , est intimement liée avec le principe général de la décomposition , et confirme ma première opinion sur l’action de ces deux corps. L’hydrogène dissout une grande quantité de potassium par la chaleur; Bbb 2 376 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ie. ExPÉRIENCE analytique sur le Soufre. J'airenvoyé précédemment aux expériences de M. C/ayfield, et de M. Berthollet le jeune, qui semblent démontrer que le soufre dans sa forme ordinaire, renfermoit de l'hydro- gène. En considérant les forces analytiques de l'appareil de Volta, j'ai réfléchi que quoique le soufre étant par lui- même un non-conducteur , on ne doit pas s'attendre qu'il abandonne ses élémens aux attractions électriques et aux ré- pulsions des surfaces opposées ; cependant qu’une chaleur intense unie au contact de ces surfaces pouvoit y opérer quelqu'altération , et tendre à séparer quelque matière élas- tique qu’il peut contenir. D'après cette idée , j'ai fait quelques expériences en 1807. Un tube courbe de verre ayant un fil de platine herméti- quement scellé dans son extrémité supérieure, fut rempli de soufre que je fis fondre en le plaçant au-dessus d’une mais la plus grande partie est précipitée en refroïdissant. Les attractions qui déterminent le changement chimique, semblent être celles du fer pour l’oxi- gène, du fer pour le potassium et de l'hydrogène pour le potassium ; et dans les expériences où j'ai employé une chaleur tres-intense pour la production du potassium par le fer, j'ai souvent trouvé que le gaz qui vient dessus, quoiqu'il eût passé au travers d’un tube refroidi dans la glace, s’enflamme spontanément dans l’atmosphere, et brûle avec la lumière la plus brillante de couleur de pourpre sur ses bords, et qu’il en sort une vapeur épaisse renfermant de la potasse. Le sodium paroît presque toujoufs insoluble dans l'hydrogène ; peut être est-ce la raison pour laquelle il est impossible de l’obtenir, excepté en petites quantités , dans l’expérience du canon dé fusil. ' Le sodium , quoique pouvant rarement être dissous dans l’hydrogène seul, paroit être soluble dans le composé d'hydrogène et de potassium. En ex- posant des mélanges de potasse et de soude à un fer rouge , j'ai obtenu quelques alliages curieux, qui, soit que le potassium dominât sur le sodium , ou celui-ci sur le premier , étoient fluides à des températures ordinaires. Le composé renfermoit un excès de potassium plus brillant que le potassium même, sans doute à cause de sa fluidité: tous ces alliages étoient inflammables au plus haut degré. Lorsqu'un globule de l’alliage fluide étoit touché par un globule de mercure, ils se combinoient à une chaleur qui brüloit le papier sur lequel se faisoit l'expérience, et formoient lorsqu'ils étoient refroidis, une substance solide si dure, qu’un couteau ne pouvoit pas la couper. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 377 lampe à esprit de vin. Je l’avois joint d'une manière con- venable à l'appareil de Volta, composé d’une centaine de plaques de six pouces, en grande activité: le contact s'opéra sur le soufre au moyen d’un autre fil de platine. Une étin- celle très-brillante qui paroissoit de couleur d'orange travers le soufre, fut produite, et une petite portion de fluide élastique s'éleva à l'extrémité supérieure du tube. En con- tinuant ce procédé pendant environ une heure, j'obtins un globule égal dans son diamètre à - de pouce à peu près, qui, à l'examen, se trouva être de l'hydrogène sulfuré. Ce résultat coincidoit parfaitement avec ceux dont j'ai parlé plus haut; mais comme le soufre que j'avois employé étoit exactement dans son état ordinaire, et comme d'ail- leurs les expériences ingénieuses du docteur Thomson ont démontré que le soufre dans certaines formes peut cou- tenir de l’eau, je ne voulus alors tirer aucune conséquence à ce sujet. Ù Pendant l'été de la présente année, je répétai cette ex- périence avec toute la précaution possible. Le soufre que j'employai étoit du soufre de Sicile, tout récemment sublimé dans une retorte remplie de gaz nitrogène, et tenue chaude jusqu’au moment ou j'en fis usage. La puissanee que j y ap- pliquai étoit de cinq cents doubles plaques de six pouces, fortement chargées. Dans ce cas l'action fut extrémement intense, la chaleur forte et la clarté très-brillante. Le soufre entra bientôt en ébullition, la matière élastique se forma en grandes quantités, plusieurs des bulles furent perma- nentes; et le soufre, de jaune qu'il étoit, devint d'un brun- rouge foncé. Le gaz, comme dans l'expérience précédente, se trouva être de l’hydrogène sulfuré. Les fils de platine agirent dessus avec beaucoup de force. Le soufre à son point de contact avec eux, étoit parvenu à rendre humide le papier litmus. Pour m'assurer dela quantité d'hydrogène sulfuréquis'étoit développée dans ce procédé, d'une quantité donnée de soufre, j'électrisai une quantité égale d’environ deux cents grains dans un appareil, tel que celui que j'ai décrit; et lorsque la partie supérieure du tube fut remplie de gaz, je le fis passer dans l'atmosphère, de manière à pouvoir répéter mon expérience. 578 JOURNAL DF PHYSIQUE, DX CHIMIE Lorsque j’eus opéré de cette manière, la production du fluideélastique parut ne plus avoir de bornes; et dans l’espace de deux heures environ, il s'en développa une quantité montant à cinq fois plus du volume du soufre employé. D'aprèsles circonstancesqui accompagnèrentcetteexpérience, je ne pus examiner si la dernière portion étoit de l'hy- drogène sulfuré. Vers la fin de ce procédé, le soufre devint extrêmement difficile à entrer en fusion, il étoit presqu’o- paque; refroidi et cassé, je le trouvai sale et d’une couleur brune. Les expériences sur l’union du soufre et du potassium, que j'avois faites l’année dernière devant la Société, prouvent que ces corps agissent l'un sur l'autre avec une grande énergie; et que dans ce procédé l'hydrogène sulfuré se développe avec intensité de chaleur et de lumière. En chauffant le potassium en contact avec un composé de substances inflammables, telles que la résine, la cire, le camphre, et des huiles fixes renfermées dans des vases hermétiquement fermés et à l'abri du contact de l’air; j'ai trouvé qu'il y avoit une violente inflammation , qu'il se déve- loppoitde l'hydro-carbonate, etque lorsque lecomposé n'étoit pas en grand excès , il se formoit une substance spontané- ment inflammable aux températures ordinaires, dont les matières combustibles étoient du charbon et du potassium. Il y avoit beaucoup d'analogie entre l'action de ces corps et celle du soufre sur le potassium. En effet, ni les unes ni les autres ne sont conducteurs, soit comme fluides, soit comme solides, puisque fluides ils sont transparens, solides demi-transparens, et ont une forte réfraction. Leurs affec- tions d’ailleurs par l'électricité, sont aussi semblables à celles du soufre ; car les corps huileux abandonnent l’hydro- carbonate par l’action de l'appareil de Volta, et deviennent bruns comme s'ils déposoient la matière carbonique. Mais les substances résineuses et huileuses sont composées d'une petite quantité d'hydrogène et d'oxigène avec une grande quantité de matière carbonique qui leur sert de base. L'existence de l'hydrogène dans le soufre est suffisamment prouvée, et nous ne pouvons pas raisonnablement regarder une substance qui peut être produite en quantité aussi grande, comme un ingrédient purement accidentel. Les substances huileuses en combinaison, produisent deux # ET D'HISTOIRE NATURFILE. 379 ou trois fois leur poids d'acide carbonique et un peu d’eau. J'ai voulu m'assurer si dans la combustion du soufre l'eau se formoit en gaz oxigène desséché ,en l'exposant à la potasse; mais dans ce cas le gaz sulfureux est produit en bien plus grande quantité que l’acide sulfurique; et dans ce dernier produit, il se condense avec une grande difficulté. Dans le cas néanmoins où j'ai obtenu, par l'application du froid artificiel, une déposition d'acide dans la forme d'une pel- licule de rosée , dans des retortes de verre à l'abri du contact de l’atmosphère, dans lesquelles le gaz hydrogène avoit été brülé dans du gaz oxigène hydrométicalement sec, il me paroît moins tenace et plus léger que l'acide sulfurique commun qui entre dans le commerce, lequel, dans la forme la plus concentrée où je l'ai vu, savoir: à 1.8.55, donne autant d'hydrogène que de soufre à la surface négative dans le circuit de Volta, et par cela même contient évi- demment de l'eau. Le rouge du papier /itmus produit par le soufre qui a agi dessus à l’aide de l'électricité de Volta, peut être im- puté à ce qu’il renferme quelque partie d'hydrogène sulfuré formé dans le procédé ; mais la production même de ce gaz, tel qu'on l'a vu immédiatement, est une preuve évidente de l'existence de l'oxigène dans le soufre. Dans mes dernières expériences sur le potassium, expé- riences faites par le moyen de l’électricité, je fis chauffer de petits globules de potassium dans de grandes quantités d'hydrogène sulfuré ; et j'ai trouvé qu'il s'étoit formé du sulfure de potasse; mais comme ce résultat pouvoit être dù à l'eau distillée dans le gaz, je n'ai voulutirer de con- clusion qu'après avoir répété cette expérience d'une manière qui ne püt admettre aucune objection. J'ai fait chauffer quaire grains de potassium dans une retorte de la capacité de vingt pouces cubes: après le pro- cédé ordinaire d'exhaustion, elle fut remplie d'hydrogène sulfuré séché au moyen du muriate de chaux qui avoit été chauffé à la blancheur. Aussitôt que le potassium eut été en fusion, des vapeurs blanches en sortirent en abon- dance ; et le potassium prit feu à l’instant, et brüla avec une flamme très-blanche, jaune au centre et rouge vers sa circonférence (1). (x) Dans le Moniteur du mois de mai 1807, relativement aux expériences 380 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La diminution du volume de la matière élastique dans cette opération , ne s’élevoit pas à plus de deux pouces et demi cubes; une petite quantité du gaz résidu fut seule- ment absorbée par l'eau. Le gaz non-absorbable étoit de l'hydrogène et retenoit une petite quantité de soufre en solution. . Un sublimé jaune couvrit la partie supérieure de la retorte, ce qui me prouva que c’étoit du soufre. La matière solide formée étoit rouge à la surface comme le sulfure de potasse, mais d'un gris foncé dans l'intérieur, comme le sulfure de potassium. La pièce de la retorte qui le contenoit, fut in- troduite dans une jarre renversée sur du mercure sur lequel elle agit au moyen d’une petite quantité d'acide muria- tique dense, délayé avec un poids égal d’eau. Il se dégagea alors deux pouces + cubes de gaz, ce qui me prouve que c'étoit de l'hydrogène sulfuré. Dans une autre expérience où huit grains de potassium furent chauffés dans une retorte de la capacité de vingt pouces cubes, contenant environ dix-neuf pouces cubes d'hydro- gène sulfuré , et un pouce cube d'hydrogène phosphuré qui avoit été introduit à l'effet d'absorber l'oxigène de la petite quantité d'air commun admis par le robinet, l'inflamma- tion eut lieu comme dans l'expérience précédente, il se fit une précipitation semblable de soufre sur les côtés de la retorte. La masse formée en place du potassium étoit orange à l'extérieur et d’un gris foncé dans l'intérieur, comme dans l'expérience ci-dessus; et lorsque l’action eut lieu sur cette masse, au moyen d'un peu d'eau renfermant de l'acide muriatique en solution, il en sortit cinq pouces cubes d’hy- drogène sulfuré seul. Ces deux expériences servent à prouver l'existence d'un - principe dans l'hydrogène sulfuré , capable de détruire par- tiellement l'inflammabilité du potassium , et de produire sur lui tous les effets de l'oxigène. En effet, le potassium com- biné avec la matière purement combustible, doit, comme le de MM. Gay-Lussac et Thenard , il est dit que le potassium absorbe le soufre et une partie de l’hydrogène ou l'hydrogène sulfuré; mais il n’est pas fait mention des phénomènes de l’inflammation ; et on ne décrit aucuns résultats, démontre ET D'HISTOIRE NATURELLE, 384 démontre évidemment cequisuit, avoir développé, par l'action de l'acide , un volume d'hydrogène sulfuré , au moins égal à celui de l'hydrogène, qui, par son opération sur l'eau, auroit produit un poids égal de potassium non-combiné. De l'hydrogène sulfuré , comme le savent depuis long-temps les chimistes, se forme en chauffant fortement le soufre dans le gaz hydrogène, J'ai chauffé quatre grains de soufre dans une retorte de verre, contenant environ vingt pouces cubes d hy- drogène, au moyen d'une lampe à esprit de vin; la retorteétoit poussée à une chaleur presque rouge. Ce procédé ne m'offrit aucun changement dans le volume du gaz; le soufre qui avoit été sublimé resta inaltéré dans ses propriétés, et il se forma environ trois pouces cubes d'un fluide élastique absorbable par l'eau. Cette solution rougissoit le /itmus, et avoit toutes les propriétés de l'hydrogène pur sulfuré. Maintenant, en supposant l'hydrogène sulfuré constitué par le soufre dissous dans l'hydrogène , dans son état qui na éprouvé aucune altération, nous ne pouvons pas raisonna- blement prétendre que le soufre en hydrogène sulfuré, soit combiné avec plus d’oxigène que dans sa forme ordinaire. Il est reconnu que lorsque des étincelles électriques ont passé à travers l'hydrogène sulfuré, une portion considé- rable de soufre est séparée dans le volume du gaz. J'ai fait cette expérience plus d'une fois , et j ai trouvé que le soufre obtenu soit par fusion, soit par combustion, ne différoit pas soit par ses propriétés, soit à l'œil , du soufre ordinaire sublimé. D'après ces idées, l'ignition produite par l’action du soufre sur le potassium et le sodium, ne doit pas être attribuée seulement à l'affinité des métaux des alkalis pour leur base; mais qu’on peut l'attribuer aussi à l’action de l'oxigène qu'il renferme. L'examen scrupuleux des circonstances de l'action du po- Lassium et du soufre, vient également à l'appui de ces opinions. Après avoir fait chauffer doucement deux grains de po- tassium et un grain de soufre dans un tube de verre vert rempli d'hydrogène et attaché à l'appareil pneumatique, il y eut une ignition très-intense produite par l'action de ces deux corps, et un dégagement de + de pouce cube de 6 gaz qui étoit de l'hydrogène sulfuré. J'exposai ce composé Tome LXIX. NOVEMBRE an 1809. Ce 382 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans un appareil au mercure à l’action de l'acide muriatique liquide; il en résulta un pouce ? cube de matière aériforme qui se trouva être de l'hydrogène pur sulfuré. Je répétai cette expérience, avec cette différence néanmoins que j'employai quatre grains de soufre au lieu d'un. Dans ce cas, + de pouce cube de gaz se dégagea pendant le procédé de la combinaison, et lorsque lecomposé eut agi dessus par le moyen de l'acide muriatique, je n’obtins que les ? d'un pouce cube d'hydrogène sulfuré. Le su/fure de potasse produit l'hydrogène sulfuré par l'action d’un acide, et si le soufre ne contenoit pas d'o- xigène, l'hydrogène qui s'est développé par l'action du potassium dans ces deux expériences, doit avoir égalé au moins deux pouces cubes, et toute la quantité d'hydrogène sulfuré doit s'être élevée plus haut; et si dans la seconde expérience il y a eu beaucoup moins d'hydrogène sulfuré, il faut l’attribuer à la plus grande quantité d’oxigène fournie au potassium par une plus grande quantité de soufre. J'ai fait plusieurs expériences de cette espèce avec les mêmes résultats, soitque des quantités égales de potassium fussent combinées avec des quartités inégales de soufre, et exposées ensuite à l’action de l'acide muriatique; la plus grande quan- tité d'hydrogène sulfuré s'étoit formée par le produit ren- fermant la plus petite portion de soufre; et dans aucun cas , la quantité du gaz n'étoit égale en volume à la quantité d'hydrogène qui auroit été produite par la simple action du potassium sur l'eau. De cette série de faits il me paroît raisonnable de con- clure que ie soufre dans son état ordinaire, est un composé d'une petite quantité d’oxigène et d'hydrogène avec une grande quantité d'une base qui produit les acides de soufre en combustion, et qu’il est probablement difficile d'obtenir dans sa forme pure, en raison de ses fortes attractions pour d'autres corps. Dans les combinaisons métalliques méme, il est encore probable qu'il retient son oxigène, et une partie de son hydrogène. Les sulfures métalliques peuvent seulement être décomposés par la chaleur, et une petite quantité de soufre s’en échappe dans le cas où ils sont parfaitement secs et à l'abri du contact de l'air. C'est ce que j'ai trouvé dans les sulfures de cuivre et de fer, où il existe dans son état or- ET D'HÉSTOIRE NATURELLE. 383 dinaire, où il agit sur le porassium, et où il est affecté par l'électricité de la même manière que le soufre natif. IV°. EXPÉRIENCES analytiques sur le Phosphore. Lés mêmes analogies s'appliquent au phosphore comme au soufre, et j'ai répété les mèmes expériences sur cette substance inflammable. Les étincelles électriques ordinaires passèrent à travers le phosphore sans qu’il donnât aucun gaz permanent; mais lorsque j'eus agi dessus comme sur le soufre, avec la batterie de Volta composée de cinq cents plaques, j'obrins du gaz en grande quantité, et le phosphore devint d'un bran-rouge foncé , comme'le phosphore qui a été enflammé et éteint sous l'eau. Ce gaz examiné, étoit de l'hydrogène phosphuré, et dans une expérience continuée pendant quelques heures, il se développa une quantité estimée à-peu près égale à quatre fois le volume du phosphoré empioyé. La lumière 4 l'é- tincelle de la pile de Volta dans le phosphore , étoit d'abord d'un jaune brillant; mais la couleur du phosphore ayant #æhangé, elle parut orange. Je fis chauffer trois grains de potassium dans seizé pouces cubes d'hydrogène phosphuré ; aussitôt qu'ils eurent été en fusion , la retorte fut remplie de vapeurs blanches, et une substance rougeâtre se précipita sur ses côtés et'sur sa partie supérieure. La chaleur fut appliquée pendant quelques mi- nutes. Il n'y eut aucune inflammation (1). Lorsque la retorte fut refroidie , l'absorption se trouva avoir moins d'un pouce cube. Le potassium à l'extérieur étoit d'un brun foncé, et dans l'intérieur de couleur de plomb. Le gaz résidu avoit perdu sa propriété d'inflammation spontanée, mais paroissoit renfermer une petite quantité de phosphore en solution. Le phosphore qui agit par dessus le mercure au moyen d’une solution d'acide muriatique, ne développa qu'un pouce 3 cube d'hydrogène phosphuré. (Gi) On prétend dans le Mémoire relatif aux expériences de MM. Gay- Lussac et T'henard, cité plus haut .que-le potassium s'enflamme dans l’hy- LE A M J'ai Souvent fait des expériéncés sur Ce gaz sans faais oblënir d'apparénce de lumiere', mais j’di toujours opéré en plein jour. Cec 2 584 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D’après cette expérience, on peut supposer avec grande raison, que l'hydrogène phosphuré contient une petite por- tion d’oxigène, et conséquemment qu'il peut aussi contenir du phosphore; mais l'action du potassium sur le phosphore lui-même, rend peut-être cette circonstance encore plus évidente. Je fis fondre ensemble, dans un appareil disposé à cet elfet, un grain de potassium et un grain de phosphore; ils se combinèrent de manière à produire la lumière la plus vive et une ignition intense. Pendant ce procédé + d'un pouce cube d'hydrogène phosphuré se développa. Le phos- phure foncé fut exposé à l’action de l'acide muriatique délayé par dessus le mercure, il produisit exactement -* d'un pouce cube d'hydrogène phosphuré. Dans une seconde expérience, j'ai fait fondre un grain de potassium avec trois grains de phosphore; j obtins pendant l'ignition à peu près ? de pouce cube d'hydrogène phos- phuré; mais ce composé exposé à l'acide muriatique, ne me donna que le dixième d'un pouce cube. On ne peut guères attribuer dans le second cas, le déficit de l'hydrogène phosphuré à d'autre cause qu'au supplément d'oxigène du potassium par le phosphore; et la quan: tité d'hydrogène phosphuré, qui s'est développée dans le premier cas , est beaucoup moindre qu’on n’auroit dù s'y attendre, si le potassium et le phosphore n’étoient que des matières purement combustibles. L'acide phosphorique formé par la combustion du phos- hore, quoiqu’un cristal solide, peut encore contenir de Lean L'hydrogène qui se développe du phosphore par l'é- lectricité, nous prouve que cela doit être ainsi; et quoique la quantité d'hydrogène et d'oxigène dans le phosphore puisse ètre extrémement petite, elle peut suffire néanmoins pour lui imprimer un caractère particulier ; et jusqu’à ce que nous ayons obtenu sa base dégagée de toute autre substance, nous ne pourrons pas connoitre les propriétés de l'élément phosphorique pur. Ve, ExXPERIENCES sur les états du principe carbonique dans la Plombagine, le Charbon et le Diamant. Les recherches exactes de MM. Allen et Pepys ont prouvé stinctement que la plombagine, le charbon et le diamant ET D'HISTOIRE NATURELLE, 585 progmisoient à peu près. les mêmes quantités d'acide car- onique, et absorboient à peu prèsles mêmes quantités d'oxi- gène dans la combustion. nt Il résulte de là, que ces substances sont principalement composées de la même espèce de matière élémentaire; mais des recherches scrupuleuses, sur leurs rapports chimiques, examinées d'après de nouvelles méthodes analytiques, me portent à croire que la grande différence dans leurs pro- priétés physiques ne dépend pas seulement des différences de l'arrangement mécanique de leurs parties, mais encore des différences existantes dans leur nature intime chimique. Je voulus découvrir s'il étoit possible d'obtenir quelque matière élastique de la plombagine chauffée avec intensité par la batterie de Volta dans le vide de Torricelli; mais, quoique j'employasse la plus grande force d’une batterie qui étoit de cinq cents plaques, et quoique la chaleur fùt telle, que dans une expérience elle eût fait fondre à l'ins- tant un fl de platine de - de pouce de diamètre, je n'ap- perçus aucun changement dans la plombagine, ses carac- tères restèrent inaltérés, et aucun fluide élastique permanent ne se forma. | .… Je chauffai un grain de plombagine;avec deux fois son poids de potassium dans un tube de verre revêtu de feuillésde métal, et joint à un appareil propre pour ceteffet. Je chaulfai une quantité de potassium seul dans un tube de la mème espèce, pendant,le même espace de,temps, c'est-à-dire pendant huit minutes. Je remplis les deux tubes d'hydrogène, dans l'un ni dans l'autre cas il ne se développa de gaz; il n'y eut pas d'ignition dans le tube qui renfermoit la plombagine, mais elle. parut. graduellement, se combiner avec le potassium. Ces deux résultats furent exposés à l'action de l’eau; le ré- sultat de la plombagine agit sur ce fluide avec autantd'énergie que-l'autre résultat, et les deux volumes des fluides élas- tiques, furent 1. 8. pouces cubes et 1. 9. pouces cubes; l'un et l'autre donnèrent,la même diminution par détonation avec l'oxigène ;, comme l hydrogène pur. Deux grains de potassiums par leur action sur l'eau avoient produit deux pouces et de pouce cube de gaz hydrogène. Le déficit dans le résultat dans lequel j'avois employé seulement le potassium, doit être attribué à la perte d’une petite quantité de métal qui doit être tombée en solution dans l'hydrogène, et peut-être 586 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE aussi à l’action de la petite quantité d'oxides métalliques dans le verre revêtu de la féuille dé métal. La différence dans la quantité d'hydrogène émis dans les deux résultats, est néanmoins trop petite pour qu’on puisse l'attribuer à l'existence de l'oxigène dans la plombagine. Je répétai plusieurs fois cetté expérience avec les mêmes résultats ; et dans deux ou trois circonstances j'examinai le composé qui s'étoit formé. Il m'éntroit point en fusion à une chaleur rouge, et avoit le Huistré de la plombagine; il s'enflammoit spontanément $ ‘et éxposé À l'air il engendroit de la potasse, et laissoit uñ résidu de poussière ‘noire: Dans l'eau il entroit en effervescence avec la plus grande force, et produisoitt un gaz qui brüloit comme l'hydro- gène pur. De petits morceaux de charbon de saulé, qui avoient été chauffés avec uné forte intensité , furent mis en action par l'appareil électrique de Volta dans le vide de Torricelli, et toutes les précautions prises pour exclure l'humidité tant du mercure que du charbon ; les résultats furent absolument différens de ceux qui se rencontrent dans la plombagine. Lorsque j'employai la plombagine , après la première étin- celléiqui passa généralement au travers à la distance d'en- viron + de pouce, il n'y éut pas de continuation de lumière sans un contact ou une approche de l'étincelle à la même distance ; mais une flamme du pourpre le plus éclatant, parut sortir du charbon, et forma une chaîne conductricé de lumière d'environ un pouce de long dans le même témps que la matière élastique dont il réstaquelque chose ; se for: moit rapidement. Après plusieurs essais'infracteux, je vins à bout de recueillir la quantité de fluide élastique sortie d’un demi-grain de charbon. Ce procédé avoit été conduit pendant une demi-heure environ. La quantité du gaz se montoit à peu près à : de pouce cube, il s’enflammoit par l'étincelle électrique avec le! gaz oxigène. Quatre mesures de’ ce gaz absôrbèrent trois mésurés d’oxigène, et produisirent ‘une iesure et demie d'acide carbonique. Le charbon dans cette expérience acquit une grande durété, et'soñ lustre, après qu'il eut été chauffé jusqu'à la blanéheur, approchoit de celui de la plombagine. ) Je chauffai pendant cinq minutes deux grains de polais/urn avec deux grains de charbon, et pour juger des efféts dés Fr ET D'HISTOIRE NATURELLE. 587 oxides métalliques et de la potasse dans un iube de verre vert, je fis une expérience comparative comme dans le cas de la plombagine; mais rien ne me prouva que dans ce procédé le charbon eütdonné la moindre partie d'oxigène au potassium, car le composé agit sur l’eau avec une grande énergie, et produisit une quantité, de,gaz inflammable seu- lement au-dessous de de celle produite par le potassium qui na pas été combinée avec le charbon, et qui donne la même diminution par la détonation avec l'oxigène, et cette légère différence pourroit être attribuée à l'influence de,matiéres étrangères dans le charbon. Il n'y eut pas d'igni- tion dans le procédé, et aucun gaz ne se développa. Le composé produit dans d'autres expériences de ‘cette espèce fut examiné; il est conducteur électrique , d'un noir foncé , s'enflamme spontanément , et brüle dans l'atmosphère avec une lumière d'un rouge foncé (1). Comme le diamant est de sa nature un non-conducteur, et qu'il ne se met pas en fusion, l'électricité de Volta ne peut pas agir sur lui, et les métaux des alkalis sont les nouveaux agens qui paroissent seuls offrirquelques:moyens de le décoposer. Lorsqu’un diamant est chauffé dans un tube de verre vert avec du potassiumpil ne donne pas de fluide élastique, etil n'y a pas d'i sité d'action ; maïs il devient bientôt noir, et des écailles semblent s'en détacher d’elles-mrêmes ;’ ces écailles examinées au microscope sont grises à l'exté- rieur , et de la couleur de la plombagine dans l'intérieur, comme si c'étoit de la plombagine couverte d'oxide gris de- potassium. > En chauffant ensemble trois grains de diamant pulvérisés et deux grains de potassium pendant une heure, dans une pétite retorte de verre revêtue de feuilles de métal, et faisant l'essai comparatif avec deux grains de potassium. chauffés dans un semblable appareil , sans aucuns diamans, j'ai trouvé que le potassium: chauffé avec les diamans, @) Dans un Mémoire que j'ai lu en 1807, j'ai parlé de la décomposition de l’acide carbonique par le potassium , décomposition qui s’opère avec in- flammation. Si dans cette expérience lé potassium est en exces , il se forme un pyrophere tel que celui que j’ai décrit plus haut. 588 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE produisoit par son actiongsur l'eau, un pouce et cube d'air inflammable, et que ce qui avoñt été exposé à la cha- leur seule, toutes les autres circonstances étant semblables, en développoit un pouce et Z de pouce cube, et que l'un et l’autre étoient de l'hydrogène pur. " D'après une autre expérience de la même espèce, où j'em- ployai des fragmens de diamant dans la quantité de quatre grains , le potassium devint extrémement noir pendant une exposition de trois heures à la chaleur; les diamans se couvrirent d'une croûte grisätre , et lorsque l'eau eut agi dessus et qu'ils eurent été séchés, je trouvai qu'ils avoient perdu environ * d'un grain, La matière séparée par le lavage et examinée, parut être une poussière fine d'un noir dense. La surface d'un fil deplatine en ayant été couverte, et venant à toucher un autre fil de platine avec l'appareil de Volta, on vit jaillit une étincelle brillante avec com- bustion, Cette poussière brüla lorsqu'elle fut chauffée jusqu'à la rougeur, dans un tube de verre vert rempli de gaz oxi- gène, etproduisit par la combustion, de l’acide carbonique. Ces résultats généraux semblent démontrer que dans la plombagine j'élément carbonacé existe purement en com- binaison avec le fer, et sous une forme qui peut être re- gardée comme approchant de celle d’un métal dans sa nature, étant un puissant conducteur, opaque ssédant un lustre considérable, Le charbon paroit contenir une petite quantité d'hydrogène en combinaison, Il est également possible que les alkalis et les terres produites pendant sa combustion, s’y trouvent sans êtrè tout-à-fait combinés avec l'oxigène; conséquem- ment c'est une substance vraiment composée, quoique con- sistant principalement dans l'élément carbonacé pur. Les expériences sur le diamant rendent très-probable qu'il renferme de l’oxigène ; mais la quantité doit en être très- petite, quoique vraisemblablement suffisante pour rendre le composé non-conducteur, et si l'élément carbonacé dans le charbon et le diamant est considéré comme uni à une matière étrangère encore moindre en quantité, que dans- la plombagine qui renferme environ - de fer, les résultats de leur combustion examinés, indépendamment des résultats bygrométriques, ne différeront pas d'une manière sensible. Quiconque examine la différence existante entre le fer et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 339 et l’äcier, dans lesquels il n'y à pas plus de :; de plom- bagine, ou la différence entre l’amalgamme d'ammonium et de mercure, dans lesquels la quantité de matière nou- velle n'est pas plus de —;"—, ou celle entre les métaux et leurs suboxides , dont quelques-uns contiennent moins de d'oxigène, ne sera pas disposé à révoquer en doute ce prin- cipe, que de petites différences dans la composition chi- mique peuvent en produire de grandes dans les caractères externes et physiques. VIe. EXPÉRIENCES sur la décomposition et la composition de l'Acide boracique. Dans un de mes derniers Mémoires, j'ai rendu compte d'une expérience dans laquelle l'acide boracique parut être décomposé par l'électricité de Volta, et d'une substance inflammable d'une couleur foncée qui s’en sépara sur la surface négative. Dans le courant du printemps et de l'été, j'ai essayé plusieurs fois de recueillir des quantités de cette substance our les examiner avec la plusscrupuleuse attention. Lorsque l'acide boracique humecté par l'eau eut été exposé entre deux surfaces de platine sur lesquelles agissoit toute la force d'une batterie de cinq cents plaques, une matière d’un brun d'olive commença aussitôt à se former sur la surface né- gative qui s’épaissit par degrés, et parut à la fin presque noire. Elle étoit permanente dans l'eau, mais soluble avec effervescence dans l'acide nitrique chaud. Ayant été chauffée jusqu’à la rougeur sur le platine, elle brüla lentement; il en sortit des vapeurs blanches qui rendirent le papier /itmus légérement humide, et elle déposaune masse noire, laquelle, examinée au microscope, parut être vitriñiée à sa surface, et sembloit évidemment renfermer de l'acide fixe. Ces circonstances semblent démontrer d'une manière dis- tincte, la décomposition et la recomposition de l'acide bo- racique; mais comme la substance combustible qui lui est propre est un non-conducteur d'électricité, je n'ai jamais u l'obtenir qu'en pellicules extrêmement minces , sur le platine. Il me fut également impossible d'examiner scru- puleusement ses propriétés, ou de déterminer sa nature Tome LXIX, NOVEMBRE an 1809. D dd 390 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE précise, ou enfin, si sa base étoit du borax pur; je m'ap- a D en conséquence, à employer d'autres méthodes de écomposition, et à acquérir des preuves moins équivoques sur un sujet de chimie aussi important. J'ai précédemment mis sous les yeux de la Société un Mémoire relatif à une expérience dans laquelle l’acide bo- racique , chauffé en contact avec le potassium dans un tube d'or , fut converti en borate de potasse, au moment où une matière d'une couleur foncée , semblable à celle produite de l'acide par l'électricité, se formoit. Deux mois environ après que j'eus fait cette expérience, c'est-à-dire au com- mencement d'août, dans le temps où je répétois ce procédé, et où j'en observois avec la plus grande attention les résul- tats, une lettre de M. Cadell, datée de Paris, m'apprit que M. Thenard s’occupoit de la décomposition de l'acide bo- racique par le potassium , et qu'ayant fait chauffer ces deux substances ensemble dans un tube de cuivre, il en avoit obtenu du borate de potasse, et une matière particulière!, sur la nature de laquelle il ne m'a été communiqué aucun détail. On ne peut révoquer en doute qu'en opérant d'après les mêmes procédés, on n'obtienne les mêmes résultats. Si l'on obtient aisément la preuve de la décomposition de l'acide boracique, les preuves synthétiques de sa nature sont ac- compagnées de circonstances beaucoup plus compliquées. J'ai trouvé qu'en chauffant ensemble des poids égaux de potassium et d’acide boracique dans un tube de verre vert, que l'on avoit rempli deux fois d'hydrogène, une ignition très-intense avoit lieu avant que la température se fût élevée à une chaleur à peu près rouge. Le potassrum entra dans une vive inflammation du moment où il fut en contact avec l'acide boracique , lequel acide avoit été chauffé jusqu'à la blancheur, avant d'être introduit dans le tube: il étoit ré- duit en poussière lorsque j'en fisusage et il étoit encore chaud; la quantité de gaz qui s'en échappa pendant l'opération, niex- cédoit pas deux fois le volume de l'acide , et étoit hydrogène. Je n'ai employé dans cette expérience que douze ou qua- torze grains de chacune de ces deux substances; car lorsque je les ai employés en plus grandes quantités, le tube de verre tomboit toujours en fusion à cause de l'intensité. de la chaleur produite pendant l'action. ét SN ET D'HISTOIRE NATURELLE. 391 Lorsqu'on n'avoit pas enlevé avec soin la pellicule de naphthe de déssus le potassium , la masse paroissoit noire dans toute sa longueur, et dans le cas contraire sa couleur étoit d’un brun-olive foncé. Dans plusieurs expériences où J'ai employé des parties égales d'acide et de métal, j'ai toujours trouvé dans le ré- sidu une grande quantité du premier; et d'après divers essais, je me suis assuré que dans vingt grains de potassium l'inflammabilité étoit entièrement détruite par environ huit grains d'acide boracique. Pour recueillir des portions considérables des matières formées dans ce procédé, j'ai fait usage de tubes de métal avéc des robinets, et épuisés après avoir été remplis d'hy- drosène. Lorsque j'employai des tubes de cuivre, la chaleur ne s'éleva que jusqu’à un rouge foncé; mais avec les tubes de fer, je la poussai jusqu'à la blancheur. Dans l'un et l'autre cas l'acide fut décomposé, et les résultats furent à très-peu de différence près les mêmes. Lorsque le résultat provenoit d'un tube de cuivre, .il paroissoit comme un verre de couleur d'olive, il étoit opaque et il en sortoit des étincelles d’un brun d'olive. Il donna une légère effervescence avec l'eau , et dissous en partie dans l'eau chaude , il s'en sépara une poussière de couleur d'olive foncée. . Les résultats provenans du tube de fer qui avoit été plus fortement chauffé, étoient olive foncé dans quelques parties, et presquenoirsdans les autres. Ils n entrèrent point en effer- vescence avec l’eau chaude; mais elle les mit rapidement en action, et les parcelles qui s’en séparèrent en les lavant, étoient d’une couleur si foncée, qu’elles paroissoient presque noires sur le papier blanc. Les solutions obtenues en passant au travers d’un filtre, avoient une couleur d'olive pâle; elles contenoient du sub- borate de potasse et de la potasse. Dans les cas où, au lien d'eau, j’employai une foible solution d'acide muriatique pour séparer la matière salée de la matière inflammable, le fluide passa décoloré à travers le filtre. En décrivant les propriétés de cette nouvelle substance inflammable, je parlerai de celle que j'ai obtenue des opé- rations conduites dans des tubes de cuivre de la manière Ddd 2 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que je viens d'exposer plus haut; car c'est par ce procédé que j'en ai ramassé les plus grandes quantités. Elle paroît comme une masse de poussière d’une couleur d'olive très-foncée, elle est parfaitement opaque, friable, et sa poussière ne raye pas le verre. Elle n’est point un conducteur électrique. Lorsqu'elle a été séchée à 100 ou 120° seulement, ilen sort de l'humidité ‘par l'augmentation de température, et chauffée dans l'atmosphère , elle prend feu à une tempé- rature au-dessous du point bouillant de l'huile d'olive, et brüle avec une lumière rougeâtre, et des scintillations comme le charbon de bois. A l'abri de l’air et chauffée à la blancheur dans un tube de platine rempli d'hydrogène , on la trouve très-peu altérée après ce procédé. Sa couleur est un peu plus foncée, et elle-même plus épaisse; mais rien n'indique qu’elle ait subi soit fusion, soit volatilisation, soit décomposition. Avant le procédé, sa pesanteur spécifique est telle qu’elle ne se précipite pas dans l'acide sulfurique; mais après, elle tombe rapidement au fond de ce fluide. Les phénomènes de sa combustion se montrent bien mieux dans une retorte remplie de gaz oxigène. Lorsque le fond de la retorte est doucement chauffé par une lampe à esprit, il en sort des étincelles très-vives, telles que celles que donne la combustion de l'écorce du charbon de bois, et la masse. brüle avec une lumière brillante. Il s'en élève un sublimé qui est de l'acide boracique , et elle se couvre d'une substance vitrifiée qui prouve aussi qu’elle est de l’acide boracique. Après que ce sublimé a été lavé, le résidu paroît parfaitemsent noir, et demande pour son inflammation, une température plus élevée que la substance de couleur d'olive; elle produit par son inflammation, une portion toute fraiche d’acide boracique. Dans le gaz d'acide oxi-muriatique, la substance inflam- mableparticulière occasionnequelques phénomènes agréables. Lorsque ce gaz est mis en contact avec elle à des tempé- ratures ordinaires, il prend feu à l'instant, et donne en brülant, une lumière d'une blancheur éclatante: une subs- tance blanche couvre l’intérieur du vaisseau dans lequel l'expérience a été faite ; la substance particulière est trouvée couverte d’une pellicule blanche qui, en la lavant, donne . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 395 l'acide boracique, et dépose une matièrenoire, laquelle n'est pas spontanément inflammable dans une portion fraiche de ce gaz, mais qui y prend feu à l'aide d'une chaleur douce, et produit l'acide boracique. La substance inflammable propre, lorsqu'elle eut été chauffée dans l'hydrogène ou dans le nitrogène, au degré de rougeur à peu près, ne parut pas se dissoudre dans ces gaz, où agir sur eux; elle acquit seulement une teinte plus foncée , il s’en éleva une légère moïteur qui se con- densa dans le col de la retorte où l'expérience avoit été faite. Sur les menstrues fluides qui renferment de l'hydrogène, cette substance produit'des effets que l'on peut attribuer aux phénomènes de son action sur le gaz. Lorsqu'on la jeta dans l'acide nitrique concentré, elle le - rendit d’un rouge éclatant ; mais elle n'entra promptement en dissolution, qu'au moment où cet acide eut été échauffé. Lorsqu'il y eut eu une effervescence considérable , la subs- tance particulière disparut, le gaz nitrique se développa et le fluide donna de l'acide boracique. Elle n’agit sur l'acide sulfurique concentré que lorsqu'on y eut appliqué la chaleur ; elle produisit alors une légère ef- fervescence; l'acide devint noir à son point de contact avec le solide, et il se forma une solution d'un noir foncé qui, neutralisée par la potasse, donna un préeipité noir. Lorsqu'elle eut été chauffée dans une forte solution d'acide muriatique, elle donna une foible teinte de verd, mais point de vivacité dans l'action, ni de solution considérable. Chauffée sur l'acide du vinaigre , son action n'est pas sensible. Combinée avec les alkalis fixes, par la fusion et la so- lution aqueuse , elle forma des composés de couleur d'olive pâle , qui, lorsqu'ils eurent été décomposéspar l'acide mu- riatique, donnèffnt des précipités d’une couleur sombre. Lorsqu'on l'eut tenue long-temps en contact avec le soufre en fusion , elle se dissolvit lentement, et le soufre prit ure teinte d'olive. Le phosphore agit dessus avec encore moins de force, et après qu'elle y eut été exposée pendant ure heure , elle perdit à peine de sa quantité; mais le phosphore . acquit une teinte d'un verd pâle, ce 594 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Elle ne se combine point avec le mercure, lorsque l'un ét l'autre sont chauffés ensemble, Ces circonstances suffisent pour faire voir que la subs- tance combustible obtenue de l'acide boracique par le moyen du potassium, estdifférente de toute autre espèce connue de matière: elle paroît assez évidemment être la même que celle que l'on obtient de cet acide par l'électricité, et ces deux, séries de faits semblent pleinement établir la décom- position et la récomposition de cet acide. D'après la grande quantité de potassium requise pour dé- composer une petite quantité de cet acide, il est évident que l’acide boracique doit contenir une proportion coMsi- dérable d'oxigène. J'ai cherché à déterminer les poids res- pectifs de la matière inflammable propre et de l'oxigène, qui composent un poids donné d'acide boracique. J'ai fait à cet effet plusieurs expériences analytiques et synthériques : je vais donner les résultats des deux que je regarde comme les plus exactes. Je mis dans un tube de cuivre vingt grains d'acide bora- cique et trente grains de potassium destinés à agir l'un sur l'autre par la chaleur: le résultat n'entra en effervescence qu'après avoir été lavé avec l'acide muriatique délayé. J'obtins après ce procédé au moyen d'une légère lessive dans de l'eau chaude, environ deux grains et + de matière de couleur d'olive. Trente grains de potassium exigent donc environ cinq grains d'oxigène pour former trente-cinq grains de po- tasse ; et d'après cette estimation l'acide boracique doit con- tenir environ un grain de substance propre inflammable, sur deux environ d'oxigène. Un grain de cette substance inflammable réduit en pous- sière très-fine, et répandu sur une grande surface, fut ex- posé au feu dags une retorte contenant douze pouces cubes d'oxigène; trois pouces cubes de gaz furent absorbés , et le résidu noir ramassé après que l'acide boraçique eut été dis- sous, se trouva égaler 5 d'un grain. Ce cacer une seconde combustion, fut presqu'entièrement converti en acide bo- racique, avec l'absorption de deux pouces et ; de pouce cube d’oxigène. Le thermomètre dans cette expérience, étoit à 580 de Fahrenheit, et le baromètre à 30.2. D'après ce résultat , l’acide boracique contenoit un grain de matière inflammable sur environ 1.8 d'oxigène, et le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 395 résidu en le supposant étre simplement la matière inflam- mable combinée avec moins d'oxigène quil n'en faut pour contenir l'acide boracique, auroit été un oxide contenant environ 4.7 de matière inflammable , sur 1.65 d oxigène. Je ne donnerai cependant pas cetteestimation comme par- faitement exacte. Dans les expériences analytiques, il existe probablement des sources d'erreur provenant de Ja solution d'une partie de la matière inflammable, et il est possible qu'elle retienne l'alkali que l'acide ne peut pas séparer, Dans le procédé synthétique , où j'ai fait usage de la lessive, et où l'on emploie une aussi petite quantité de matière, les résultats en dépendent encore moins ; il faut donc les regarder comme des approximations imparfaites. D'après cette série de faits, il paroît que la matière com- bustible obtenue de l’acide boracique, a autant de rapport avec cette substance, que le soufre et le phosphore avec les acides sulfurique et phosphorique; mais un corps élc- mentairement inflammable est-il la pure base de cet acide? ou bien n'est-ce pas un composé comme le soufre et le phosphore ? Sans entrer dans aucune discussion relativement à la der- nière matière élémentaire , plusieurs circonstances nous portent à croire que la substance de couleur d'olive foncée n'est pas un corps simple; elle est un non-conducteur; elle change de couleur étant chauffée dans le gaz hydrogène, et elle peut se combiner avec les alkalis; or ces propriétés appartiennent en général aux composés primaires qui sont reconnus pour renfermer de l'oxigène. Ayant fait chauffer avec du potassium, la substance de couleur d'olive, la combinaison eut lieu, mais sans aucune apparence de lumière, et il se forma une masse métallique grise. D'après l'effet de cette masse sur l’eau , je n'assurerai pas qu'aucun oxigène ait été ajouté au métal ; le gaz qui s'en échappa avoit une odeur particulière, et emporta avec lui, par la détonation, plus d'oxigène que de pur hydrogène; d'où il paroït probable qu'elle garde quelques parties de ma- tière combustible en solution. Il me vint dans l'idée que si la base purement inflam- mable pouvoit être désoxigénée par le potassium , eile seroit probablement douée d'une plus forte affinité pour l'oxigène que pour l'hydrogène, et par conséquent , que l'eau la 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ramèneroit à son premier état. Je fis une autre expérience sur l'opération du potassium et sur la substance de couleur d'olive; j'exposai ce mélange à une petite quantité d'éther, espérant qu'il pourroit ne contenir que l'eau nécessaire pour oxigéner le potassium; mais ce dernier cas me donna le même résultat, et j'obtins une combinaison de potasse et de substance olivâtre insoluble dans l'éther. Je couvris un petit globule de potassium de matière de couleur d'olive, pesant quatre ou cinq fois autant, dans un tube de platine rempli d'hydrogène, et je chauffai ce mé- lange jusqu'à la blancheur ; aucun gaz ne se développa. Lorsque Le tube fut refroidi, j y versai la naphthe et examinai le résultat sous la naphte. Sa couleur étoit d'un noir dense, et son lustre peu inférieur à celui de la plombagine. Il étoit conducteur d'électricité. J'en jetai une portion dans l'eau, il en résulta une légère effervescence ; la matière solide séparée, cette portion parut être de couleur d'olive foncée, et l'eau devint légérement alkaline. Une autre portion exa- minée après être restée exposée à l'air pendant quelques minutes, avoit perdu son pouvoir conducteur ; sa surface étoit noirs ,et elle ne produisit pas une longue effervescence dans eau. Je chauffai jusqu'à la blancheur de la matière inflam- mable olive avec un peu de potasse, et je la couvris de limaille de fer, ilse forma une masse de métal noirâtre qui conduisoit l'électricité; elle produisit une légère efferves- cence dans l'eau, et donna par solution en acide muriatique, de l'oxide de fer et de l’acide boracique. Je suis porté à regarder la substance qui entre en union avec le potassium , comme la véritable base de l'acide bo- racique. Dansla matière couleur d'olive, cette base paroît exister en union avec un peu d’oxigène, et lorsque la substance olivâtre est séchée à des températures ordinaires elle renferme aussi de l’eau. Dans la matière noire qui n’est pas conductrice, produite dans la combustion de la substance couleur d'olive, la base est évidemment combinée avec beaucoup plus d'oxi- gène , et dans son parfait état d'oxigénation, elle donne l'acide boracique. D'après la couleur de ces oxides, leur solubilité dans les alkalis, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 397 alkalis, leurs pouvoirs de combinaison en général d’après la nature conductrice , et le lustre de la matière produite par l’action d’une petite quantité de potassium sur la subs- tance de couleur d'olive; enfin, d'après toute l'analogie, j'ai de fortes raisons pour regarder la base boracique comme métallique de sa nature: je hasarderai done de lui donner le nom de Loracium. L VIE. ExPperrEnNces. Recherches analytiques relativement à è l'Acide fluorique. J'ai déjà mis sous les yeux de la Société un Mémoire où je rends compte de mes premières expériences sur l’action du potassium sur le gaz acide fluorique (1). J'ai établi que ce métal brûle lorsqu'il chauffe dans ce fluide élastique, et qu'il y a alors une grande absorption de gaz. Depuis cette communication, j'ai fait différentes expé- riences pour m'assurer exactement des produits de combus- tion; je vais en décrire, les résultats. Lorsque le gaz acide fluorique obtenu en contact avec le verre, est introduit dans une retorte de verre couverte de feuilles de métal et remplie de gaz hydrogène, on apperçoit immédiatement des vapeurs blanches; le métal perd son éclat, et se couvre d'une croûte grisâtre. Lorsque le fond de la retorte est doucement chauffé, les vapeurs deviennent moins abondantes; elles continuent à s'exhaler pendant quelque temps; mais à la fin elles cessent tout-à-fait. Si l'on examine le gaz dans ce moment, son volume a un peu augmenté par l'addition d’une petite quantité d’hy- drogène. : : Une seconde application à une chaleur légère ne produit pas de nouvelles vapeurs; mais lorsque la température s’est L { (1) J’ai vu depuis dans le Moniteur si souvent cité, la combustion du po- 1assium dans l'acide fliorique comme ayant été observée par MM. Gay-Lussag et Thenard; mais on ne donne aucuns détails sur les résultats. Tome LXIX, NOVEMBRE an 1808. Eee 398 JOURNÂL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE élevée à peu près au degré de sublimation du potassium, le métal s'élève à travers la croûte , devient d’abord d’une couleur de cuivre , et ensuite d’un noir bleuâtre, et bieutôt après il s'enflamme et brüle avec une lumière du rouge le plus brillant. Après cette combustion , soit la totalité, soit une partie de l'acide fluorique, suivant que la quantité du potassium est grande ou petite, se trouve absorbée ou détruite, ik reste au fond de la retorte une masse couleur de chocolat, et l’on trouve sur les côtés et au sommet de la retorte, un sublimé dont quelques parties sont couleur de chocolat et quelques autres jaunes. Lorsque le gaz résidu donné par cette opération est lavé avec de l'eau , et exposé à l’action d’une étincelle électrique mélée avec le gaz oxigène, il détone, et donne une di- minution telle qu’on peut l'attendre du gaz hydrogène. La quantité proportionnelle de ce fluide élastique varie un peu dans différentes opérations. Lorsque l'acide fluo- rique n'a pas été séché artificiellement, il s'élève à + ou à 4 du volume du gaz acide employé; mais lorsque l'acide fluorique a été long-temps exposé au sulfate calciné de soude, il se monte rarement à +. J'ai voulu ramasser de grandes quantités de la substance couleur de chocolat pour l’examiner avec soin, mais j'ai rencontré à cet égard quelques difficultés. Lorsque j'employai de dix-huit à vingt grains de potassium dans une retorte contenant de vingt à trente pouces cubes de gaz acide fluorique, l'intensité de la chaleur fut au point de faire fondre le fond de la retorte et de détruire les résultats. | Dans une retorte de verre revétue de feuilles épaisses de métal , contenant environ dix-neuf pouces cubes de gaz, je réussis à faire une expérience décisive sur dix grains et demi de potassium ; je trouvai qu'environ quatorze pouces cubes d'acide fluorique avoient disparu , et que deux + à peu près de gaz hydrogène s’étoient développés. Le baromètre étoit à 30.3, et le thermomètre à 61° de Fahrenheit; le gaz n'avoit pas été artificiellement séché. Dans cette expérience il y eut un peu de sublimé; mais tout le fond de la retorte fut couvert d'une croûte brune, et auprès du point de contact ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 vers le fond, la substance étoit d’une couleur plus foncée qui approchoit du noir. Ce produit examiné au microscope, parut évidemment composé de différentes espèces de matière; savoir , d'une substance noirâtre, d'une substance blanche qui sembloit être saline, et d'une substance qui avoit différentes teintes de brun et de fauve. La masse n'étoit pas conducteur électrique , et aucune de ses parties ne put étre séparée de manière à pouvoir examiner sa propriété. Lorsqu'une portion de cette masse fut jetée:dans l'eau, elle entra dans une violente effervescence ; le gaz qui se développa avoit quelque ressemblance, pour l'odeur, avec l'hydrogène ‘phosphuré, et étoit inflammable. Lorsqu'une partie de cette masse fut chauffée en contact avec l'air, elle brüla lentement, perdit sa couleur brune, et devint une masse blanche saline, Chauffée dans le gaz oxigène, dans une retorte de verre revêtue de feuilles de métal, elle absorba une port'on d'oxi- gène, mais brûla avec difficulté, et demanda à étre chauffée presque jusqu'à la rougeur, ét la lumière qu'elle donna ressembloit à celle que produit la combustion du foie de soufre. J'examinai l'eau qui avoit agi sur une portion de cette masse ; une multitude de parcelles couleur de chocolat flottoit dessus. La matière solide séparée par les filtres, je trouvai que le fluide contenoit du fluate de potasse et de la potasse. Le résidu solide fut chauffé dans une petite retorte de verre dans du gaz oxigène. Il brüla avantque la chaleur eût atteint le degré de rougeur , et devint blanc. Dans ce procédé l'oxi- ène fut absorbé et la matière acide produite. Le reste avoit fe propriétés de la substance sortie du gaz acide fluorique, conservant la terre siliceuse en solution par l’action de l'eau. Dans des expériences faites sur la combustion de quantités de potassium de six à onze grains, la portion de matière séparable de l'eau ne se monta qu'à une petite partie d’un grain; opérant sur une échelle aussi petite, il m'a été im- possible de donner comme certain, que la partie inflam- mable est la base pure de l'acide fluorique. Mais relativement à la décomposition de ce corps par le potassium , et l'exis- Eee a 00 JOURNAL DE LVHYSIQUE, DE CHIMIE , tence de sa base au moins combinée avec une plus petite por- tion d'oxigène formée dans le produit solide, et la régéné- ration de cet acide par l'ignition de ce produit dans le gaz oxigène, cest ce qui peut à peine faire un doute. La décomposition de l’acide fluorique par le potassium, paroit analogue à celle des acides de soufre et de phosphore. Dans l'un et l’autre de ces deux cas, les bases ne sont pas pures, ou même les bases se développent dans leur forme ordinaire ; mais il résulte des nouveaux composés produits soit dans le cas des sulfures et des sulfiles, soit dans les autres phosphures ou phosphites de potasse. Comme j'obtins toujours de la silice pendant la combus- tion de la substance de couleur de chocolat obtenue par la lessive , j'imaginai que cette matière pouvoit être un résultat de l'opération, et que la substance de chocolat pouvoit étre un composé de bases siliceuses et de fluor dans un foible état d'oxigénation avec la potasse. Je fis, en conséquence, différentes expériences pour séparer la silice de la masse, en la faisant bouillir dans de l'égide fluorique concentré. La substance ne parut pas avoir été beaucoup altérée par ce procédé, et elle donna encore de la silice par la combustion. Je m'étudiai à décomposer le gaz acide fluorique dans un état parfait de sécheresse , et qui ne contenoit pas de terre siliceuse. Je fis à cet effet un mélange d’une centaine de grains d'acide boracique sec, et de deux cents grains de spar fluor que je mis au fond d'un tube de fer armé d'un robinet et d'un tube de sureté qui y étoit attaché. Je fis entrer horizontalement ce tube dans une, forge, et je mis vingt grains de potassium dans un plateau de fer propre à cet effet, introduits dans la partie de ce plateau où la chaleur ne pouvoit s'élever que jusqu'à la rougeur. Le fond du tube fut chauffé jusqu’à la blancheur, et l'acide produit fut conduit dessus le potassium chauffé; ce procédé fini, j'examinai le résultat dans le plateau. Il étoit noir dans quelques parties, et dans d'autres d'un brun foncé ; il n'entra point en effervescence avec l’eau, et lessivé, il donna une masse combustible d’un brun foncé qui n'est point un conducteur électrique, et qui, lorsqu elle brüla dans le gaz oxigène, donna de l'acide de borax et de l'acide fluorique. Ille se dissout avec une violente effer- vescence dans l'acide nitrique, mais elle ne s’enflamme pas spontanément dans le gaz acide oxi-muriatique. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 4oi Quoique je n’aie pas encore examiné aucune des autres propriétés de cette substanee, je suis cependant porté à la regarder comme un composé de l’oxide de boracium couleur d'olive, et comme un oxide de la base du fluor. En examinant le gaz acide fluorique obtenu par un procédé semblable à celui que je viens de décrire, il me donna des preuves évidentes de la présence de l'acide de borax.: La substance couleur de chocolat étant permanente dans l’eau, j'imaginai qu'il étoit possible qu’elle provint de l'acide fluorique liquide concentré à la surface négative dans l'ap- pareil de Volta. Je fis cette expérience avec des surfaces de platine, au moyen d'une batterie de deux cent cinquante plaques de six pouces, sur l'acide fluorique le plus concentré qu'il me fut possible d'obtenir par la distillation du spar fluor, et de l'acide sulfurique concentré du commerce, dans des vaisseaux de plomb. L'oxigène et l'hydrogène se dévelop- pèrent , et une matière d'un brun foncé se sépara à la surface qui se désoxidoit. Le résultat d’une opération prolongée pendant plusieurs heures, s'est borné à me convaincre que c'étoit une matière combustible qui dans la combustion donnoit une matière acide; mais je ne me permettrai pas d'en conclure que cet acide seit un acide fluorique, puisqu il n'est pas impossible que quelqu'acide sulfureux ou sulfu- rique existe également dans la solution. J ai chauffé dans une retorte revétue de feuilles de métal, la substance inflammable de couleur d'olive, obtenue de l'acide de borax*, dans du gaz acide fluorique ordinaire; la température s'éleva jusqu'au degré où le verre commença à entrer en fusion, mais je n'apperçus aucun changement qui m indiquêt la décomposition. Je chauffai six grains de potassium avec quatre grains de spar fluor réduit en poudre dans un tube de verre vert rempli d'hydrogène ; il y eut une légère ignition, une petite quantité de gaz hydrogène se développa, une masse d'un gris foncé fut produite, qui agit sur l’eau avec beaucoup d'effervescence , mais ne laissa aucun résidu solide inflam- mable. 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE VIT. ÆExPprrENCESs analytiques sur l'Acide muriatique. J'ai fait sur l'acide muriatique beaucoup plus d’expé- riences que sur tout autre sujet soumis aux recherches rap- portées ci-dessus. Je ne pourrai en donner ici qu'un apperçu : général. Mes recherches à cet égard, faites depuis quelques années, prouvent qu'il y a peu d'espoir de décomposer l'acide mu- riatique dans sa forme ordinaire par l'électricité de Volta. Lorsque la solution aqueuse d'acide muriatique est soumise à son action, l’eau seule la décompose, et l'électrisation voltaique de ce gaz ne donne aucunes indications de la dé- composition; elle paroit démontrer simplement que ce fluide élastique contient beaucoup pius d'eau qu’on n'avoit coutume de lui en supposer. J'ai déjà mis sous les yeux de la Société un Mémoire dans lequel je rends compte de quelques expériences faites sur l'action du potassium sur l'acide muriatique. J'ai em- ployé depuis les mêmes procédés, ils m'ont donné des ré- sultats absolumeut semblables. Lorsque le potassium est introduit dans le gaz acide mu- riatique obtenu du muriate d'ammoniac et de l'acide sul- furique concentré, et dégagé d'autant d'humidité que le muriate de chaux peut en attirer, il se couvre immédia- tement d’une croûte blanche, si on le chauffe spontanément ou par une lampe ; il acquiert dans an parties la tem- pérature d'ignition, mais il ne s’enflamme pas: Lorsque le potassium et le gaz sont dans de justes proportions, l'un et l’autre disparoissententièrement ; il se forme un sel blanc, et il se développe une quantité de gaz hydrogène pur qui 1 égale environ ; du volume primitif du gaz. Avec huit grains de potassium employés dans ce procédé, j'ai effectué l'absorption de vingt-deux pouces cubes environ de gaz acide muriatique; et la quantité de gaz hydrogène produite étoit égale à plus de huit pouces cubes. La correspondance entre la quantité d'hydrogène produite dans les cas de cette espèce, et sur l’action du potassium sur l'eau , combinée avec les effets du charbon en ignition sur le gaz acide muriatique, au moyen de laquelle il est ET D'HISTOIRE NATURELLE. 405 produit une quantité de gaz inflammable égale à plus du tiers de son volume , semble démontrer que ces phénomènes dépendent purement de l'humidité combinée avec le gaz acide muriatique (1). Néanmoins, pour déterminer ce point avec encore plus de certitude, et m'assurer s’il y avoit ou non apparence de l'hydrogène qui n'avoit pas la moindre connexion avec la décomposition de l'oxide, je fis deux expériences com- paratives sur la quantité de muriate d'argent obtenue des deux quantités égales d'acide muriatique , l'une desquelles avoit été convertie en muriate de potasse par l'action du potassium , et l’autre avoit été absorbée par l’eau. Je pris toutes les précautions possibles pour éviter les erreurs, et je trouvai qu’il n’y avoit pas de différence notable dans e poids des résultats. Je n’acquis aucune preuve que l’acide muriatique eût été décomposé dans ces expériences; mais c'étoit une raison pour moi de le regarder comme renfermant dans son état aériforme ordinaire, au moins un tiers de son poids d'eau. Nous trouverons cette conséquence appuyée par les faits qui vont suivre. J'ai donc fait une multitude d'expériences, dans l'espoir d'obtenir de l'acide muriatique dégagé d'eau. J'ai d'abord chauffé jusqu'à la blancheur, dans une retorte de porcelaine enduite de lut, un mélange de sulfate sec, et du muriate de chaux exposé préalablement au feu; mais je n’obtins que quelques pouces cubes de gaz, quoique le mélange fût dans la quantité de plusieurs onces, et ce gaz renfermoit de l’acide sulfureux. Je chauffai du muriate de chaux sec mêlé avec du verre phosphorique, et de l'acide boracique sec dans des tubes de porcelaine et de fer, et jemployai le feu d’une excellente forge, mais ni l’un ni l’autre de ces deux procédés ne me donna de gaz, quoique (1) Lorsque l’étincelle de Volta se répète sans interruption au moyen de points de charbon dans le gaz acide muriatique sur le mercure , il se forme du muriale de mercure avec rapidité ;-et l’on voit paroître un volume de gaz inflammable égal à un tiers du volume primitif du gaz acide muriatique. Le gaz acide entre en combinaison avec l’oxide de mercure, de manière que l’eau qui se trouve dans cette expérience forme un oxide capable d’ab- sorber la totalité de l’acide. | en 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lorsqu'une légère humidité eut été ajoutée aux mélanges, l'acide boracique se fût développé dans des quantités telles qu'elles produisoient presqu'explosion. : Le muriate fumant d'étain, /a l'queur de Libavius est reconnue pour renfermer de l'acide muriatique sec. J'ai essayé de séparer l'acide de cette substance , en la distillant avec du soufre et du phosphore , mais sans succès, J'ai obtenu seulement des composés triples dans leurs ca- ractères physiques, quélque chose comme les solutions de phosphore et de soufre dans l'huile. Ces composés n'étoient pas conducteurs d'électricité, ils ne séchoient pas le papier litmus, ils développoient du gaz acide muriatique avec une ns violence, de la chaleur et de l’ébullition au contact e l'eau. Je distillai des mélanges de sublimé corrosifet de soufre, et de calomel et de soufre. Lorsque je les eus employés dans leurs états ordinaires, le gaz acide muriatique se développa ; mais après qu'ils eurent été chaulfés à une chaleur douce, la quantité en diminua excessivement, et le peu de gaz qui fut produit donna de l'hydrogène par l'action du potassium, Pendant la distillation du sublimé corrosif et du soufre, une petite quantité de fluide limpide passa au-dessus. Exa- minée à la lumière elle parut d'un verd jaunâtre, elle donna des vapeurs d’acide muriatique, elle ne séchoit pas le papier litmus, et déposoit du soufre par l’action de l'eau. Je suis porté à la regarder comme une modification de la substance découverte par le docteur Thomson, dans ses expériences sur l'action de l'acide oxi-muriatique sur le soufre. MM. Gay-Lussac et Thenard ont dit qu'en voulant obtenir de l'acide muriatique sec par la distillation d'un mélange de caloméel et de phosphore, ils avoient obtenu un fluide qu'ils regardent comme un composé d'acide muriatique, de phosphore et d'oxigène. En distillant du sublimé corrosif avec du phosphore, j'ai obtenu un résultat semblable, et la substance étoit en bien plus grande quantité que par la distillation du phosphore avec le calomel. Comme l'acide oxi-muriatique est légérement soluble dans l'eau, on doit supposer avec raison que l'eau réciproquement doit être légérement soluble dans ce gaz: en conséquence j'ai cherché à obtenir de l'acide muriatique, en absorbant l'oxigène du gaz acide oxi-muriatique par des substances qui, 29 lorsqu'elles ET D'HISTOIRE NATURELLE. 405 lorsqu'elles sont oxigénées, produisent des composés doués d'une forte affinité avec l'eau. Le phosphore, comme per- sonne ne l’ignore, brûle dans le gaz acide oxi-muriatique, quoique les résultats de cetie combustion n'aient jamais, selon moi, été examinés avec une scrupuleuse atiention. Dans l'espoir d'obtenir du gaz acide muriatique dégagé d'humidité, j'ai fait cette expérience. J'introduisis du phos- phore dans un récipient armé d'un robinet. Il avoit été vidé et rempli de gaz acide oxi-muriatique. Aussitôt que la retorte eut été pleine, le phosphore entra en combustion en jetant des flammes d'un blanc pâle; je ramassai une substance blanche au sommet de la retorte, et un fluide limpide comme l'eau dégouttoit des côtés du col. Le gaz parut être entière- ment absorbé; car lorsque le robinet eut été ouvert, il y entra une quantité nouvelle d'acide oxi-muriatique égale à peu près à celle qui avoit rempli la retorte. Le méme phénomène d'inflammation eut lieu de nouveau avec des résultats semblables. Le gaz acide oxi-muriatique fut admis jusqu’à ce que le phosphore eut été entièrement consumé. Des expériences faites avec la plus grande attention, proù-” vent qu'aucun acide muriatique gazeux ne s'étoit développé pendant cette opération, et que conséquemment il falloit chercher l'acide muriatique soit dans le sublimé blanc, soit dans le fluide formé dans le col de la retorte. . Le sublimé étoit en grande quantité, mais il n'y avoit que quelques gouttes'de fluide: je recueillis assez de l’un et de l'autre par divers procédés, pour les examiner. Exposé à l'air, le sublimé émit des vapeurs d'acide mu- riatique; en coulant avec l’eau, il développa du gaz acide muriatique, et laissa de l'acide phosphorique et de l’acide muriatique dissous dans l’eau. Il n étoit pas conducteur d'élec- tricité, et ne brüla pas lorsqu'on l'eut chauffé; mais il se sublima lorsque sa température fut à peu près égale à celle de l'eau bouillante, sans laisser le plus léger résidu. Je suis porté à le regarder comme une combinaison d'acide phosphorique et d'acide muriatique dans leurs états secs. Le sublimé étoit d’un jaune tirant sur le verd pâle et très-limpide, Exposé à l'air, il disparut avec rapidité, en donnant des vapeurs blanches épaisses qui avoient une odeur forte peu différente de celle de l'acide muriatique. Tome LXIX, NOVEMBRE an 1809. F£E 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il roupgissoit le papier /‘#mus dans son état ordinaire, mais il ne produisit aucun effet sur le papier, /tmus par- faitement sec qu'on y avoit immédiatement trempé. Il n'étoit point conducteur d'électricité. Mélé avec l'eau , il s'échauffoit et donnoit du gaz acide muriatique. Je le regarde comme un composé de phosphore et d'acide muriatique, l'un et l'autre dégagés d’eau (1). N'ayant pas pu obtenir de l'acide muriatique non-combiné par ce procédé, j'en essayai un semblable avec le soufre ; mais je ne pus pas le faire enflammer dans le gaz acide oxi-muriatique. Lorsqu'il y eut été chauffé, il produisit un liquide de couleur d'orange, et des vapeurs jaunes passèrent dans le col de la retorte, où elles se condensèrent en un fluide d'un jaune verdätre. En passant plusieurs fois l'acide oxi-muriatique à travers ce fluide, et en le distillant autant de fois dans le gaz, je le rendis d'un couleur d’olive brillante, et dans ce cas, il parut être un composé d'acide sulfurique sec et d'acide muriatique conservant en solution un peu de soufre. Chauffé en contact avec le soufre, il tomba rapi- dement en solution; il devint alors d'un rouge éclatant, et d'un or pâle, lorsqu'il eut été saturé de soufre (2), aucun fluide aériforme permanent ne se développa dans ces opé- rations , il ne parut de gaz muriatique que lorsque l’humi- dité eut été introduite. Comme d’après ces expériences je ne pouvois plus guère m'attendre à obtenir de l'acide muriatique non -combiné, je voulus m'assurer quels seroient les effets du potassium sur lui dans ses composés singuliers. i Lorsque Île potassium eut été introduit dans le fluide provenant de l'action du phosphore sur le sublimé corrosif, il entra d'abord dans une légère effervescence par l’action (1) J’ai essayé d’obtenir aussi de l’acide muriatique sec de l’acide mu- riatique phosphoré de MM. Gay-Lussac et Thenard , en le distillant dans des retortes qui contenoient du gaz oxigene et du gaz acide oxi-muriatique. Dans le premier cas la retorte éclata avec une forte explosion par la com- bustion du phosphore. Dans le second , il se forme des composés tels que ceux que j'ai décrits plus haut. (2) Toutes ces substances paroissent être de la même nature que le com- Fee singulier, je veux dire l’acide muriatique sulfuré découvert par le docteur omson. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 407 de ce liquide sur la croûte humide du potasstum qui l'en- vironnoit; mais le métal parut bientôt parfaitement brillant et nageant au-dessus de sa surface. J'essayai de le faire fondre.:en chauffant le fluide; mais il entra en ébullition à une température au-dessous de celle de la fusion du po- tassium ; il est vrai que la chaleur de la main suffisoit seule pour produire cet effet. En examinant le potassium, je trouvai qu'il étoit combiné à sa surface avec le phosphore , et il donna de l'hydrogène phosphuré par son opération sur l'eau. J'essayai en distillant à plusieurs reprises le fluide pro- venant du potassium dans un vase fermé , de le dégager du phosphore, et je parvins à le dépouiller d'une partie con- sidérable de cette substance. J'introduisis dix ou douze gouttes de ce liquide ainsi traité, dans une petite retorte de verre contenant six grains de potassium. La retorte fut vidée après avoir été remplie deux fois d'hydrogène; je fis bouillir le liquide , et la retorte conserva sa chaleur jusqu’à ce que le tout eùt disparu comme une vapeurélastique. Le potassium fut alors chauffé au moyen d'une lampe à esprit de vin; à peine étoit-il fondu, qu'il en jaillit une flamme brillante, telle que celle du phos- phore dans le gaz oxigène, et la retorte fut brisée par la rapidité de la combustion. Dans d'autres expériences faites sur des quantités plus petites, après plusieurs essais inutiles, voici les résultats que je suis parvenu à obtenir. Il n'y eut point de preuve de développement d'aucun fluide élastique permanent pen- dant l'opération. Il resta une masse solide d’une couleur verdâtre à la surface, mais d’un gris foncé dans l'intérieur ; elle étoit très-inflammable, et exposée à l’air, elle brüla; jetée sur l'eau; elle produisit une violente explosion avec une odeur semblable à celle de l'hydrogène phosphuré. Je trouvai dans le résidu de la combustion du muriate de potasse et du sulfate de potasse. J'essayai de faire cette expérience dans un tube de fer, espérant que si l'acide muriatique étoit décomposé dans le procédé, son élément inflammable , savoir , le potassium et le phosphore pourroient être séparés l'un de l'autre par un haut degré de chaleur; mais dans la première partie de cette opération, l’action fut si intense, qu'elle brisa l'appareil, et que lerobinet sé détacha du tube avec une forte détonation. FFF 2 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, Dr CHIMte Je chauffai le potassium dans la vapeur du composé d'acide muriatique et phosphorique ; mais dans ce cas, l’inflamma- tion fut encore plus intense ; et dans toutes les expériences que j'ai faites depuis, les vaisseaux de verre sont ou tombés en fusion, ou ont été brisés. Le résidu solide m'a cependant paru ètre de la même espèce que celui décrit plus haut. Les résultats de l'opération des composés sulfurés renfer- mant de l'acide muriatique dégagé d’eau sur le potassium, sont encore plus extraordinaires que ceux des composés phosphurés. Lorsqu'un morceau de potassium est introduit dans la substance qu’on distille pendant l'action du soufre chauffé sur l'acide oxi-muriatique, il se produit d'abord une légère effervescence; et si le volume du potassium excède beaucoup celui de ce liquide, il se fait bientôt une forte explosion avec une lumière très-intense. J'ai essayé de rassembler les résultats de cette opération, en faisant faire cette explosion dans de grandes retortes de verre que j avois vidées d’air; mais, excepté dans un cas où je n'employai que le quart d'un grain, mes essais, à cet égard, furent sans succès. En général la retorte, quoique vidée par la pompe d'air, fut réduite en os et l'explosion produite par un grain de potassium ÿ"et une quantité égale de ce fluide, me parut beaucoup plus forte que celle d’un fusil. Dans le cas où je réussis à faire faire explosion à : de grain, il ne me fut pas possible de m'assurer si quelque matière gazeuse ne s'étoit pas développée ; mais il se forma un composé solide d'un gris foncé, qui brüla en jetant des scintillations brillantes. Chauffé doucement, il s'enflamma au contact de l’eau, et donna des étincelles très-brillantes, telles que celles que produit le fer dans le gaz oxigène. Ses propriétés diffèrent certainement de tous les composés de soufre et de potassium que j'ai vus. Au reste, soit qu'il contienne une base muriatique, il doit faire encore la matière d'un examen. J'ai cependant tout lieu de supposer que dans les phé- nomènes singuliers d’inflammation et de détonation ci-dessus décrits, l'acide muriatique ne peut pas être entièrement ET D'HISTOIRE NATURELLE: 409 passif; on peut donc en conclure raisonnablement, que la translation de son oxigène, et la production d'une substance nouvelle sont jointes ensemble par les mêmes effets, et que la nature , hautement inflammable de ce nouveau com- pre dépend en partie de cette circonstance. Je continue a même expérience, et j'aurai soin d'en communiquer à la Société les résultats, pour peu qu'ils me paroissent mériter son attention. IX°. Quelques observations générales sur ces Expériences. On a publié dernièrement une expérience qui m'a paru avoir un rapport si immédiat avec la discussion qui est l'objet de la seconde section de ce Mémoire , que je me suis em- pressé de la répéter. Dans le journal de décembre de M. Nicholson, le docteur Woodhonse a rendu compte d'un procédé dans lequel l'ac- tion de l’eau produisoit de l’inflammation dans un mélange de quatre parties de charbon, et d'une de potasse forte- ment rougie au feu ensemble, et une émission d'ammoniac. j'ai cru ce résultat possible dans le cas où une substance pouvoit être formée semblable au résidu ci-dessus décrit ; mais en laissant refroidir ce mélange loin du contact du nitrogène, je n’ai point trouvé qu'il y eût d’ammoniac de formé ; ainsi cette substance doit évidemment son existence à l'absorption de l'air atmosphérique par le charbon (1). (1) La potasse ou la perlasse se décomposent aisément par les attractions combinées du charbon et du fer; maiselles ne se décomposent pas par lecharbon, ou lorsqu'elles sont parfaitement sèches , par le fer seul. Deux corps combus- tibles semblent être nécessaires par leurs aflinités combinées pour produire cet effet. C’est ce qui a lieu dans l’expérience où l’on fait usage du canon de fusil, du fer et de l'hydrogène. Je regarde le phosphore d'Homberg , comme un triple composé de potassium , de soufre et de charbon ; et dans cet ancien procédé, la potasse est probablement décomposée par deux af- finités. On imite parfaitement cette substance, en chauffant ensemble dix parties de charbon, deux de potassium et une de soufre. Lorsque je fis voir la production du potassium au docteur Wollaston, au mois d'octobre 1807, il me dit que ce nouveau fait le déterminoit à 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les expériences sur les acides, dont j'ai rendu compte, offrent quelques vues nouvelles relativement à la nature de l'acidité. Un composé d'acide muriatique , d'oxide d'étain ou de phosphore qui ne rougit pas les bleus végétaux, doit être regardé comme une espèce de neutralisation par l'oxide ou le corps inflammable. Mais le même raisonnement ne peut pas s'appliquer aux composés secs qui ne contiennent que la matière acide, et qui sont exactement semblables à ceux de cette qualité. Qu'on humecte un papier /itmus sec et chaud, avec un acide muriatique et le phosphore, il conserve parfaitement sa couleur; en le mettant ensuite sur un morceau de papier litmus humide, il devient à l'instant d’un rouge éclatant , et développe du gaz acide muriatique. Tous les fluides élastiques qui contiennent de l'eau, sont d'excellens conducteurs électriques dans l'espèce de ceux que l'on nomme conducteurs imparfaits ; mais les composés auxquels je viens de les comparer sont des non-conducteurs au même degré que les huiles avec lesquelles ils s’amal- gamment très-bien. La première fois que j'examinai l'acide muriatique dégagé d'humidité, j'espérai pouvoir le décom- poser par l'électricité ; mais il n'y eut pas d'action sous le contact des fils, et l'étincelle parut ne pas séparer aucun de leurs principes constituans , mais seulement les rendre gazeux. Cette circonstance s'applique aussi à l'acide boracique, qui est un bon conducteur aussi long-temps qu'il contient de l’eau; mais lorsqu'il en est dégagé et qu’il devient fluide par la chaleur, il est alors non-conducteur. Les alkalis, les composés terreux et les oxides aussi secs qu'on peut les obtenir, quoique non-conducteurs lorsqu'ils sont solides, sont au contraire tous conducteurs lorsqu'ils ont été rendus fluides par la chaleur. Lorsque l'acide muriatique existant en combinaison avee le phosphore ou l'acide phosphorique, est rendu gazeux par l'action de l'eau, la quantité de ce fluide qui disparott, égale au moins de = sur ? du poids du gaz acide produit, circonstance qui s'accorde avec les indications données par l'action du potassium. regarder l’action de la potasse sur le platine, comme due à la formation du potassium, el il me proposa comme un sujet d'examen, si l’alkali peut z’être pas décomposé par l’action réunie du platine et du charbon. ee - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4it J'essayai d'obtenir un composé d'acides muriatique et M ALÈE DS secs, dans l'espoir qu'il pourroit être gazeux, et que les deux acides le décomposeroient en même temps par le potassium. Le procédé que j'employai, fut de passer du sublimé corrosif en vapeur à travers le charbon enflammé jusqu'a la blancheur; mais je n'obtins qu'une très-petite quantité de gaz qui parut être un mélange d'acide de gaz muriatique ordinaire et d'acide de gaz carbonique. En con- tinuant long-temps ce procédé, je n’obtins qu'une petite por- tion de mercure vif; et je suis porté à attribuer la légère décomposition qui eut lieu, à la production de l’eau, par l’action de l'hydrogène du charbon sur l'oxigène de l'oxide du mercure (1). En mélant le gaz acide muriatique avec l'acide carbo- nique, ou oxigène , ou hydrogène , ces gaz étant dans leurs états ordinaires approchant de l'humidité , ont toujours donné une couleur sombre ; il n'est point de doute qu’on ne doive attribuer cette circonstance à l'attraction de leur eau pour former l'acide muriatique liquide. Un pareil effet n'eut pas lieu sur le gaz acide fluorique. Ce fait au premier apperçu, semble indiquer que lhydro- drogène développé par l’action du potassium sur le gaz acide fluorique, est dû à l’eau en combinaison avec lui, comme celle qui existe dans le gaz acide muriatique, et qui peut être essentielle à son état d'élasticité ; mais il est plus probable, d'après la petitesse de la quantité, et la différence de la quantité dans divers cas, que l'humidité est purement dans cet état de diffusion ou de solution où elle existe dans les gaz en général, quoique d’après la dis- osition de l'eau à être déposée dans ce gaz acide, dans ka forme d’une solution acide, elle doive être soit en moindre quantité, soit dans un état moins libre, de manière à exiger pour son exhibition des moyens beaucoup plus délicats. (1) Ces faits et d’autres de la même espèce expliquent la difficulté de la décomposition des muriates métalliques dans les procédés ordinaires de la Métallurgie; ils expliquent aussi d’autres phénomenes dans les actions des sels muriatiques. Dans tous les cas , lorsqu'un sel muriatique est décom— posé par un acide et que le gaz acide muriatique est dégage, il paroît alors une double affinité, celle de l'acide pour la base, et celle de l’acide muria- tique pour l’eau. L’acide muriatique pur ne paroît pas susceptible d’être déplacé par aucun autre acide. 4is JOURNAL DE PMYSIQUE, DE CHIMIE, Les faits avancés dans ce Mémoire ne viennent point à l'appui de l'opinion que j'ai émise dans celui que j'ai pré- senté dernièrement à la Société; savoir, que l'hydrogène est un principe commun dans les corps inflammables ; et excepté dans les cas qu sont encore soumis à l'examen, et ceux d'après lesquels il n'a pas été possible de tirer des conséquences précises , la Théorie de Lavoisier explique heu- reusement tous ces nouveaux phénomènes. A mesure que l’on fait des progrès dans la connoissance des bases purement combustibles, on voit s'augmenter le nombre des substances métalliques; et il est probable que le soufre et le phosphore, si l'on parvenoit à les dégager parfaitement d'oxigène, appartiendroient à cette classe de corps. Peut-étre obtiendroit-on leur matière élémentaire pure par la distillation à une forte chaleur , des alliages mé- talliques sur lesquels ils ont agi au moyen du sodium et du potassium. J'espère être incessamment en état de faire cette expérience. Nos recherches se bornent, pour le moment, à savoir que la grande division générale des corps naturels consiste dans la matière qui est, ou qu'on peut supposer être métallique et l'oxigène ; mais jusqu'à ce que le problème relatif à la nature du nitrogène soit pleinement résolu, on doit regarder comme prématurés, tous les systèmes qu’on pourroit bâtir sur cette opinion, Explication ET D'HISTOIRE NATURELLE, 415 Explication des Figures. Fig. 1. La retorte de verre pour chauffer le potassium dans les gaz. Fig. 2. Le plateau du platine pour recevoir le potassium. Fig. 3. Le tube de platine pour recevoir le plateau dans les expériences de distillation. Fig. 4. L'appareil pour obtenir l’étincelle de Volta dans Je soufre et le phosphore. Tome LXIX. NOVEMBRE an 1809. Ggeg OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR | BAROMETRE METRIQUE. CENTIGRADE. CR. SC Maximum. | Mivrmun. |a Mior. Maximum. | Minimum. ‘ss 4NOST A MIDI. o | heures. mill | heures. mil. | mil. +#15,0là 10 15 766,58|à 6m.........760,16|765,06 —+141|à9+s 760,32|à 6m 768,32|769,30 +15,51à 6 m........ 768,56|à 9 s. ........766,00|767,72 +33,1/à 6m 763,Polà 1015 761,28[763,50 RACE NEA EE 759,84 4110 S........ 759,82|760,20 à midi 759,82|à 3 s 759, 16|750,02 à midi 760,20|à 10 + s. 759,:0|766,20 à midi........760,44[à 10 xs 759,50|760,44 Aile rs 759s20|À DS..s..o.»- 758,10|759,20 TANIA. 26.700, A|d DISa estelle 756,40 757,54 à midi 757,56|à 6 + m 757,10|757,50 Die .t760,12|216 meet 750,82|759,70 763,90|à 6% m...... ..701,96|763,00 766,80[à6:m....... 756,00|766,12 : 765:60|à 9 s 763,70|765,34 à 3s. [Hro,5|à 6 im. ë : 762,72|763,12 dic7là midi +15,0ofà 64m. ...….... .704,10|764,68 Dliola midi +15,1là GE m. 3 5 / 135 764,08|764,60 dlrolà3s. +r4,7là6 m. 2 : Ë ê 764,16, {|sora midi <+r4,olà o s. È 3,12|763,86 Hi2rlà3s + 9,5là 51m. ; 30|763,06 à « +-13,6/[à 61m. à: | 763,36|à 101 5 ,00|763,35 +15,9|à 6 + m. à 64 TOR 44|AIOIS ete tt 759,50|760,48 S 495, +H16,5/1 65m. à 750,7AÏà 9 s......... 756,32/7568,90 |2olà midi —H16,7là 101 s. < 8,7|à 105 767,10là 6Em ..... .-764,24|766,26 AI26là3s. -Lro,4là 41 m. 2 à midi 769,30|à 4m 767,32|760,30 z7là 3s. +17,7|à 62m. ,51à 6% m 767,04|à 3 s 1767,66 Hl20à3s. +13,6|à 6 kim. àa1im.........766,40 3 s 5,96|766,28 ? 29 |à 3S. b+is,slà 106. 7 à midi 765,68|à 115 4.20|764,20 Si3olh2rs. —12,5|à 6! m. G + 9,816 +m 763,50] à 8 Ls 6 762,70 311à 8 s. +io,ofà 6 jm. + 9,2là 52m 759,66 [à 6 = s CGAPITULATIO N. Millim. Plus grande élévation du mercure... 769,30 , le 25, à 3 s, Moindre élévation du mercure 756,40 , le 10 à 9 s. heures. o heures. à5s. -Hr6,o|à 6 im. 2la3 s +i46à6 m. ofà midi Æ+15,5[à 6 m. ads. +5,5{à 6 m. 5[a3s. bH15,9là 6 m. a3s. 16,7|à 6 m. ais. +-15,7|à 6 m. d3S H25,2[à 6 m. à midi .olà 6 m. à 35. à 6 ni. à 3 S ,2\a 6km. 2là3 s. 6,5|à 6 2m. 3143 s. à 6 £ m. à 3s. ,8là 6 ? m. à 3 s. o1à 6 + m. _ no o > o LACLENE THE aber ok HR BR OS © WIN © &R s CrO O- ON] sl » HE LUE EEE Le) ÿ Q Plus grand degré de chaleur..... + 19°,4. le 29 à 5 m. Moindre degré de chaleur — 2,0, le 14 à 6 m. Nombre de jours beaux de couverts de pluie... devenant de gelée de tonnérre......, He, pd dé brouillard. ......... 22 demneige estime o de grêle Nora. À partir du commencement de cette année, la température sera toujours exprimée M, à-dire en millimètres et centièmes de millimètres. Comme les observations de midi son mercure dans le baromètre ; on trouvera à côté le thermomètre de correction. On a aussi suppriml élévation, parce qu'elles sont absolument inutiles, La température des caves est égal ement exprimé A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. OCTOBRE 1809. Ho, POINTS VENTS. LUNAIRES. ‘sunof à midi. LE MATIN. 1] 94/[N.foible. |D. Q. Couvert. Couvert. Quelques éclaircis. 2] 87/|N. Nuag. à l'hor,, br. |Iégers nuages. Superbe. 3| 63/|N-E. Superbe br. Vapeurs à lhorison. Idem. 4 32 [N-E. Idem. ü Idem. Idem. o| 67|Calme. Idem. Idem. Ticm. 9| 69 |N-E. Idem. Idem, Idern. 7| G6lE. Equin. desc, Idem. laem, Idem. ô| go|N. Vapeurs à lhor. br, Idem, Idem. a! 61/|N-E. fort. IN. L, Superbe, Superbe. Idem. 10] 768 |N-E. Idem, geiée blan. Idem. Idem. 11| 87/E. Couvert. Pluie fine. Quelques éclairs, 12] 66|N-E. L. périgée. Idem. Idem. Couvert. 15] 684|N-E, Sup. gel. à glace. Petits nuages. Beau ciel. 14| 85|N. Idem. et brouil. Idem. Nuageux et trouble. 1] 951|N, Nuages à l'hor.br. |Couv., brouill. Couvert, 16| o8|N. P.Q. Couvert, brouillard, | Zdem. Idem. 17| 105 [Ualme. Idem, Idem. Idem. 18] 99|0. Idem. Idem. Idem, pluie fine. 19| 102 |Calme, Idem. Idem, br. bru. Couvert. 20| 100 | N-E. Eqni. ascen. Idem. Couv.parinterv. Couvert. 21| 961|S-E. Idem. Couvert, bro. Lég. nuag, 22] 06|E. Idem. Idem. Beau ciel. 23] 100 |S-S-E, P-L. Bcau cel, brouil. |Beau ciel. Idem, 24| 100 |S-E. Nuageux, lég. brou.| Zdem. Petits nuages blancs. 29| 100 |S. Légérement couvert.|Ciel vapeureux. Beau ciel. 26] o8|S-E. Vapeurs à l'horizon. [Nuages à l’horizon. Jden. 27| 961|S-S-E. Petits nuag., brouil. [Ciel voilé. Iaerr. 286| 96 [Calme Lun.apog. |Brouil. ép. puant. [Brouillard humide. [Brouillard épais. 29| 99!|N- Couv., brouil, .|Très-nuageux, Beau ciel. 30| ü6|N. Beau ciel. Beau ciel. Idem. 31| 831N. D.Q. Ciél voilé, Idem. Idem. RECAPITULATION. J Ne eiie e Se bvadh be) INSEE ARRET 9 : BRU CE 4 Jours dont le vent a soufflé du He san RE 0 ; : SO UEN RME o (GERS 2468 CHÉLURRS I NEUhotobaeeoaec TC) Therm. des caves VARIATIONS DE le 1°° 99,655 le 16 9°,655 A MIDI. = 12°070. — 120077 LE SOIR. Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 1"%,80 — o p. o lig. 8 dixièmes. degrés du thermomètre centigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'eclicile métrique, c’est- ordinairement celles qu’on emploie généralement , il importe de bien connaitre la hauteur du les hauteurs moyennes du baromètre et du thermomètre, conclues de la plus petite et de la plus grande gn degrés centésimaux, afin de rendre uniforines les observations de ce Tableau. Ggg 2 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, PE CHIMIE p NOUVELLES LITTERAIRES. Nouveau Cours complet d'Agriculture théorique etpratique, contenant la grande et la petite Culture, l'Economie rurale et domestique, la Médecine vétérinaire , etc. ; ou Dictionnaire universel d'Agriculture, rédigé sur le plan de celui de feu l'abbé Rozier, duquel on a conservé tous les articles dont la bonté a été prouvée par l’expérience; par les Membres de la section d'Agriculture de l’Institut de France, etc., MM. Thouin, Parmentier, Tessier, Huzard, Silrestre, Bosc, Chassiron, Chaptal, Lacroix, de Perthuis, Yvart, Décandolle et Dutour. Cet Ouvrage formera environ 12 vo- lumes in-8 de 5 à 600 pages chacun , ornés de figures en taille-douce , et semblables à ceux du Nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle. W sera publié par livraison de 3 vo- Jumes tous les 5 mois. — La troisième Livraison paroit ; elle est composée de 3 gros volumes , formant les tomes 7, 8et9, ornés de 14 planches en taille-douce de la grandeur d'in-4°, Le prix de ces 3 volumes brochés, pris à Paris, est de 21 fr. pour MM. les Souscripteurs, et de 27 fr. par la poste. La 4° et dernière Livraison paroitra en décembre prochain. À Paris, chez Deterville, Libraire et Editeur, rue Haute- feuille, n° 8. Cette nouvelle Livraison n'est pas moins intéfessante que les deux premières. Parmi les nombreux articles que noui pourrions choisir, nous allons citer le suivant. Jarnpin. Enceinte, dit Bosc auteur de cet article, destinée à la culture de certaines espèces des plantes utiles ou agréa- bles, de certains arbres propres à donner du fruit ou de l'ombrage qui est principalement l'objet de ce qu'on appelle la petite culture. On distingue six espèces de jardins, qui chacune exige une culture particulière, etdes connoissances différentes, ce sont: 1°. Le Jardin potager, où légumier, qui se subdivise en jardin rustique , en jardin soigué , en jardin maraicher. ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 417 2°. Le jardin à fruits, auquel on peut joindre le verger. 3°. Le jardin à fleurs. 4°. Le jardin de botanique. 5°, Le jardin francais, ouile jardin\orné: 6°. Le jardin paysager , autrement. yardin anglais ou chinois. at! Les jardins potagers sont certainement les plus utiles. Ils doivent être placés, autant que possible, au levant. Ceux qui sontexposés au nord sont désavantageux sous tousles rapports. L'eau est l’ame d'un jardin potager, si on peut se servir de ce terme. Il faut donc avant de faire son jardin, s'assurer qu'on pourra se procurer de l’eau d’une manière quelconque. Ce jardin se divise par des allées en divers carrés, les carrés en planches... Les terres du jardin doivent être profondes, et souvent foncées. Cependant il faut éviter un excès de fumier, parce que les plantes qu'on y cultive ont une saveur moins agréable que celles qui eroissent dans un terrain moins fumé. Le jardin fruitier est plus particulièrement consacré à la culture des arbres à fruit. Il diffère du verger également destiné au même objet, parce que les arbres de ce dernjer une fois plantés et greffés, sont abandonnés à eux-mêmes; au lieu que ceux du jardin fruitier exigent des soins con- tinuels pour les mettre en espaliers,, les, tailler... Laquintinie donna pour ces jardins des préceptes qu’on suit encore; et les jardiniers de Montreuil , proche Paris, ont développé d'excellens moyens pour les espaliers, leur cul- ture,.,.. aussi obtiennent-ils les plus beaux fruits. Les jardins à fleurs doivent être cultivés suivant les mêmes HincRes que les jardins légumiers et les jardins fruitiers. Tême choix dans l'exposition, même choix dans la prépa- ration des terres;.... chaque espèce de fleur veut même un terreau particulier. Les plantes à oignons, telles que les jacinthes, les tulipes et celles à tubercules, telles que les anémones , les renoncules,.... demandent une terre très- légère, fortement amandée par des débris de végétaux, mais privée de fumier. Les œillets au contraire, les pri- mevères,...veulent une terre substantielle etsouvent fumée. Le jardin de botanique est celui où des amateurs ‘cul- tivent un certain nombre de plantes différentes , sous les rapports d'en acquérir la connoissance comme objets d'histoire naturelle... 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les jardins dits français, furent très à la mode sous Louis XIV. Le Nôtre a donné sur ces jardins, des règles qu'on suit encore; elles ont été publiées par le Blond, élève de le Nôtre. Le jardin des Tuileries à Paris, pour des jardins dont les bornes sont circonserites, et ceux de Versailles pour ceux qui ont une grande étendue, peuvent être cités comme modèles en ce genre, Ces jardins à la française sont remarquables par la sévère symétrie, et le luxe d’apparat qui règne. Tout y est soumis à l'art, ils présentent toujours des lignes droites, des allées à perte de vue, des quinconces , des étoiles régulières , des bosquets peignés , des arbres taillés au ciseau.... Aujourd'hui on pense que ces jardins doivent être réservés pour les lieux où il y a un grand concours de promeneurs. Leur monotonie ennuie. Les jardins paysagers sont pratiqués depuis long-temps en Chine # des Anglais qui avoient voyagés dans ces contrées les ontrimités en Angleterre , d'où ils ont été imités dans les autres parties de 1 Europe; ils ont pris le nom de Jardins anglais. | L’essence des jardins paysagers , consiste à imiter la nature dans ses irrégularités, et à rapprocher les scènes qui la re- présentent dans un espace plus ou moins circonscrit. Ainsi une étendue de quelques lieues carrées, prise dans un pays montagneux arrosé et boisé, ne porte pas le nom de jardin anglais, parce que cette étendue est trop considérable pour qu on la puisse parcourir dans le cours d'une promenade. _ Un de ces jardins le plus étendu, est celui de Stowe en Angleterre, qui a environ quatre cents arpens. Celui d'Er- menonville en France, a moins d'étendue. La perfection de ces jardins consiste dans la beauté et la diversité des sites. La plantation mécanique des jardins paysagers demande des connoissances assez étendues en histoire naturelle, surtout depuis qu'on y a introduit un grande nombre d'espèces d'arbres étrangers. Il faut savoir quel sol et quelle expo- sition conviennent à tel ârbre ; pour ne pas être exposé à le voir périr; il ne faut pas ignorer quelle est la hauteur à laquelle il parvient ordinairement pour fixer la place où il doit être; 1l faut pouvoir apprécier l'effet que produit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 la disposition de ses branches , la couleur de ses feuilles et de ses fleurs, relativement aux arbres voisins et même à l'intention locale; il faut, enfin;, faire attention à un grand nombre de considérations de diverses sortes qu'il seroit trop long de détailler , et même qu'on sent le plus souvent sans pouvoir le rendre. En général plus on introduit d'espèces d'arbres ou de plantes dans un jardin paysager , et plus on le rend agréable. Le plus séduisant de tous est certainement le jardin de Kew; il doit sa supériorité principalement à la variété qu'on y observe sous ce rapport. Philosophie zoologique, ou exposition des considérations relative à l’histoire naturelle des animaux, à la diversité de leur organisation, et des facultés qu'ils en obtiennent, aux causes physiques qui maintiennent en eux la vie, et donnent lieu au mouvement qu'ils exécutent , enfin à celles qui produisent les unes le sentiment, et les autres l’intel- ligence de ceux qui en sont doués; par J.-B.-P.- A. Lamarck; Professeur de Zoologie au Muséum d'Histoire naturelle, Membre de l’Institut de France et de la Légion-d'Honneur, de la Société Philomatique de Paris, de celle des Natura- listes de Moscou; Membre Correspondant de l’Académie Royale des Sciences de Munich, de la Société des Amis de la Nature de Berlin, de la Société médicale d'Emulation de Bordeaux, de celle d'Agriculture , Sciences et Arts de Stras- bourg, de celle d'Agriculture du département de l'Oise, de celle d'Agriculture de Lyon, Associé libre de la Société des Pharmaciens de Paris, etc. ; deux vol. in-8°. À Paris, chez Dentu, Libraire, rue du Pont-de-Lodi, n° 5, et chez l'Auteur, au Muséum d'Histoire naturelle (Jardin des Plantes.) Les connoissances de l'illustre Professeur de Zoologie au Muséum, sont un sûr garant des faits nombreux et inté- ressans contenus dans ce nouvel Ouvrage. y — 420 JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Suite du Mémoire sur la formation de la Gréle; par M. lé Chevalier Alex. Volta; traduit par M. Feau- Delaunay. Pag. 333 Mémoire relatif à quelques nouvelles recherches ana- lytiques sur la nature de certains corps, particuliè- rement des alkalis, du phosphore, du soufre, de la malière carbonique et des acides qui n'ont point encore été décomposés, avec quelques observations sur la Théorie chimique ; par Humpry Davy. Extrait des transactions philosophiques. Mémoire lu à la Société Royale, le 15 décembre 1808. 56a Tableau météorologique; par M, Bouvard. 414 Nouvelles Litréraires, 436 2 il 4 1YSU 2 V » p OUI de ? re on 0) Ph qu Wovembr 180 9 LL) * shot nil L ait. 57t6. 1? OA TT ay JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. DÉCEMBRE ax 1800. DES MANUFACTURES DE SOUDE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. Prusreurs personnes m'ont demandé des éclaircissemens “sur les procédés qu'on emploie pour obtenir la soude par la décomposition du sel marin: je ne crois pas pouvoir mieux leur répondre qu'en donnant un extrait du travail de Leblanc sur cet objet, puisque c'est ce travail qu'onssuit. «, Depuis long-temps, disoit-il(en 1798) (1), le Gouver- nement français s'étoit occupé de l'important objet de la soude, qui chaque année l’oblige envers l'étranger à une QG) Mémoires, sur la fabrication du sel ammoniac et de La soude, par le citoyen le Blanc. Accompagné d’un rapport fait par les citoyens Kourcroy et Vauquelin au Lycée des arts, le 17 germinal an 8, de l’Imprimerie de Goujon fils, rue J'aranne, m° 737. Tome LXIX, DÉCEMBRE an 1809. Hhh 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rétribution considérableennuméraire. On avoit faitaussi, sans succès heureux, des essais pour acclimater le kali sur nos côtes maritimes, et pendant plusieurs années une récom- pense de douze mille francs fut offerte à celui qui procu- reroit un moyen pour la décomposition du sel marin, de manière à en obtenir la soude bien séparée de son acide. Ce prix, proposé par un programme del'Académie dessciences, fut retiré. Aucun concurrent ne s’étoit présenté, ou bien n'avoit satisfait aux conditions du programme pendant un espace de trois ou quatre années au moins. » Il n’y a pas de récolte plus assurée et plus abondante en France, que celle du muriate de soude ou sel marin, et il ne seroit pas difficile de l'augmenter encore d'une manière pour ainsi dire indéterminée. Dans l'hypothèse d’un procédé simple, certain, économique, nous pourrions donc nous emparer du commerce de la soude , et de toutes les parties qui se rattachent à sa confection, telles que l'acide muriatique, la liqueur bertholienne, le muriate d’ammo- niac, etc., etc. C'est lors du programme dont je viens de parler, que l'idée de ces sortes d'opérations se présenta à mon esprit, et ce fut en 1784 que je m’y attachai plus parti- culièrement. J'ai trouvé, en général , que les procédésconnus étoient insuffisans , incomplets, ou bien trop dispendieux. » Le citoyen Lamétherie inséra dans le Journal de Physique, vers l’an 1785, je crois(c’est en 1789, tome XXXIV, page 44), des observations sur la décomposition du sulfate de soude par l’incinération avec le charbon ; il ne doutoit pas que de nouvelles expériences procurassent un jour le moyen de décomposer complètement ce sulfate, appelé seZ de glauber (1). Je m'attachai à cette idée, et l'addition du carbonate de chaux remplit parfaitement mon objet. J'en prévins Lamétherie; c'étoit à ses observations que Je devois ce premier succès, puisqu'elles avoient fourni l’occasion de mon dernier travail. » Déjà (en 1793) la manufacture deFranciade (Saint-Denis), la première en France qui ait obtenu un véritable succès, avoit produit 17 à 18oomyriagrammes de soude (35000 milliers, lorsque des circonstances malheureuses en firent cesser le G) Voici ci-dessous un extrait de mes observations à ce sujet. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 travail, et grevèrent ce bel établissement d’un séquestre qui subsiste encore. Cette soude étoit bonne quant à sa richesse et à sa parfaite ressemblance avec la soude du commerce; mais elle contenoit beaucoup de sulfure , et le désagrément de l’odeur hépatique étoit un inconvénient dans les opéra- tions de la buanderie; elle présentoit aussi quelques dif- ficultés dans la confection du savon. C'étoit tous ces incon- véniens qu'il falloit détruire, et il ne paroïît pas qu'on y ait bien réussi , quoique beaucoup de personnes s'en soient occupé depuis la publication de mon procédé : quoi qu’il en soit , depuis quelques années j'ai repris mes opérations, et dans l'intervalle des différentes fonctions auxquelles j'ai été appelé, je me suis livré à des expériences en grand, et je puis annoncer au Lycée, déjà prévenu par un rapport des citoyens Fourcroy et Vauquelin sur mes opérations à l'égard du muriate d’ammoniac, que plusieurs procédés pour la confection de la soude par la décomposition im- médiate du sel marin , et par celle du sulfate de soude, sont dans un état de perfectionnement complet. Je n'entrerai pas dans de plus longs détails. IL suffira sans doute à l’Assemblée de mettre sous ses yeux des échantillons. » Suit le rapport des citoyens Foureroy et Vauquelin, con- forme à ce que vient d'exposer le Blanc. Depuis cette époque les travaux commencés par le Blanc à Saint-Denis (ou Franciade), ont été repris avec le plus grand succès , et on y fabrique des quantités considérables de soude, en suivant à peu près ses procédés. D'autres établis- semens ont été faits ailleurs avec le même succès, EXTRAIT Des observations de J.-C. DELAMÉTHERIE , en 1789, sur la décomposition du Sel marin, pour en obtenir la Soude. (Journal de Physique, tom. XXXIV, pag. 44) « Il ya une manière de faire cette décomposition ( du sel marin) qui seroit très-sûre, mais elle seroit peut-être trop chère. Ce seroit dans des appareils convenables, de verser de l'acide vitriolique sur Le sel marin. L’acide marin (muriatique) se dégageroit, et passeroit dans des ballons, et le résidu Hhh » 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seroit du vitriol de natron , ou sel de glauber. On décom- poseroit ensuite ce vitriol de natron, en le calcinant avec du charbon. L'acide vitriolique se dégageroit sous forme d'acide sulfureux, et le natron (ou la soude) demeureroit pur; on le dissoudroit dans l'eau, filtreroit, et feroit cris- talliser; mais il y auroit plusieurs opérations à faire, le sel marin, l'acide vitriolique , et le charbon à acheter. Il est vrai qu'en s’établissant sur les bords de la mer, le sel ne coùteroit' presque rien. On pourroit, d’un autre côté, ne pas perdre l'acide sulfureux, pour le reconvertir en acide vitriolique (sulfurique). Ce seroit en chauffantle vitriol de natron et le charbon dans des vaisseaux fermés, par exemple dans des cornues dont le col aboutiroit dans de grandes chambres semblables à celles où on brule le soufre. Au reste le soufre est à si bon marché, que l'acide vitrio- lique fait en grand sur les lieux mêmes, seroit une petite dépense. On auroit de cette manière l'acide marin pur en grande quantité, eton pourroit en faire en grand du sel am- moniac , en retirant l’alkali volatil , soit des charbons (de terre), comme milord Dundonas, soit de la combustion des matières animales, comme le faisoit M. Beaumé dans sa manufacture de sel ammoniac auprès de Paris. » On pourroit décomposer de la même manière le vitriol de natron qui se trouve souyent dans les fontaines salines, comme en Lorraine.... » Peut-être l'acide vitriolique ne seroit-il pas tout changé en acide sulfureux, et qu’une portion le seroit en soufre, ce qui formeroit un hépar (ou sulfure). Cet hépar pourroit, à la vérité, être décomposé par l’acide acéteux, ou tout autre acide végétal , et on obtiendroit un sel acéteux de natron; et comme cet acide se décompose très - facilement par le feu , en chauffant ce sel acéteux on obtiendroit l'alkali pur ; mais ces acides végétaux seroient dispendieux (1). » T'elles sont nos connoissances actuelles sur la décom- position du sel marin. Son utilité multiplie les recherches, et il n’est pas douteux que dans peu de temps on l'ob- tiendra en grand , et que Île procédé sera public. (1) Le Blanc s’estdébarrassé de ces sulfures , par l’addition de la craie, où carbonate de chaux, coïnme il l’a dit. ET D'HISTOIRE NATURELLP, 425 » D'ailleurs on aura un motif nouveau ; car l'acide marin, dont jusqu'ici les arts se servoient peu, va aussi bientôt devenir d'un grand usage. Schéele, dont les trävaux se re- trouvent partout , avoit observé que l'acide marin déphlo- gistiqué (l'acide muriatique oxigéné) détruisoit les couleurs. M. Berthollet ayant répété cette expérience , proposa de l'appliquer au blanchiment des toiles...» (Ce qui, comme l'on sait, à réussi complètement.) Ce furent mes réflexions qui engagérent le Blanc à faire sa belle entreprise, pour laquelle il s’associa avec Dizé. IL me consulta souvent dans le cours de ses travaux, et il suivit tous les procédés que j'avois indiqués. L'entreprise réussit parfaitement , mais il succomba malheureusement. Des chimistes intruits ont continué les mêmes travaux dans le même local à Saint-Denis, et ils ont les plus grands succès. La soude qu’ils obtiennent est très-pure et en grande quantité. THERMOMETRE EXTERIEUR RECAPITULATIO N. Millim. 5 CNT RME BAROMETRE METRIQUE. EE | Maximum. | Minimum. |A Mipr. Maximum. | Minimum. - MIDI. È FRS de LAVE he La " 9: res se heures’ mill. mill. Se , 3 M. ) 3214875S........761,32|là 61 m....... 59,24|760,42 2 à midi + 9,9 à 6 +m. + 6,6| + 9,6!à midi........ 763 22 à 6+m....... 767 30 763 a 31235 +66à7m + 2,1] + 9,6[à7m...... 700,24] 110 $S.-....t 755,91|758,86 aà3s. +76à7m +5,11! + 76h91. ....... 755,62|À 7 m . ......753,36[754,36 5à3s. +106 à74 m. + 5,4| + o,2là 101 5......, 761,24 à 7 +1... +.759,22|760,70 6 à midi + 99jà Os. + 60] + 9,9/à7£m....... 762,74|à 8 25........ 767:36|760,14 7la3s +15,2/à7m. + 5,6! + 7ofà102s.......763,00[17im....... 757,60|758,00 8[à3s. + 9,8[à7+m. + 4,5] + 8,2là 101s....... 766,44|à 7 zm ..... .-705,10|765,24 olù2#s. + 92à 1148. + 3,1 + 88là7+im.......767160hà8?s AUS 766,53|767,16 1ofà2s. + 444 72m. + 9,5] + 4,ojà 7 + m....... 765,50|AtII S.:...... 763,76|765,30 II à3s. + o,ofà 6m. + 1,8] + D,0|À7 EM........ 763,10|à 11 S......,.758,00|761,92 ma3s. + b5à7;m. +o,i| + 6,0/à75:......... 756,54|à 9 s.........75352|755,16 13[à midi 11,228 m. + 7,3] +10,3|à 8 m ....,... 754,90|à 10 # & .....751,86|754,42 14fà3s. +i19à6m. + 6,6! + 9,9|à 8 m........ 749,74|à10X s..,.... 747.00|748,78 1ofà midi + 56là112s. + 1,8] + 5,8[à 105s....... 7209,80|à 7 Em... 747,10|747,50 16[à midi + 3,gla1ts. — 0,1] + 3,9là 11 5......... 759,90 |817 2 ML SR 768,32/751,20 17làtois. + d,9là 8m. + 1,5] + 3,6[à 84 m......… 92,60 |à181Ese se 749,24|751,58 18|à midi “+5,24 115. + o,7| + 5,2/à 11 s........ 757,72|à18 £s.......: 753,94|754,48 rolàmidi + 3olà1r1is. — 21] + 3olàr1 aiobede 769,56 à 8 + m.. .-762,50|763 80! voà25e. + 3,4à7rm. — 5,0] + 1,6|à68 2 m....... 771,04|à 11 5....:.,..766,54|770,82 21làmidi + 5rlàirs. — 0,7] + 5,1là1rs......... 768,22|a 8Ès........ 766,00|766,60 221à3s. + 8,o[à 8Em. + 1,2] + 5,9|à83m.......767,70[à 115 ..762,641766,52 23/[à midi +Hio,slàirs. + 7,1] Hio,5à 7 : m.......762,00|1115.....:.. 756,86 |761,82 24la8s, + 82làos. + 3,6] + 6,8/[à9:m....... 746,06|à midi. ....... 743,32|743,32 25|à midi + 7,4là 25m. + 2,9] + 7,4là7:m........751,60/à 923 5s......... 743,12|751,60 26là 315. + 6,7|[à minuit + 0,5] + 4,2[à minuit... ... 744,56|à 6 m..,.....: 740,04|740,76 27là midi + 5,7là 72m. + 1,7] H 5,7|à 10 s. ....... 75D,9O AIG LM... - 1-1. 748.60|757,02 28[à3s + 4,247 km. + 0,5| + 1,6là7+m.......75780|à3s......... 756.76|757,80 29/à 35. + 37la8m. + 1,6| + 8,7lA8m.........763,60/à3s.......... 756,76|757,04 Jolà midi + 4,2là114s. + 2,2] + 4,2|à 6 m.....,.. 758,40]à 10#5,...... 754,00|750,28 Plus grande élévation du mercure... 771,02, le 25, à 8 : m, Moindre élévation du mercure..... Plus grand degré de chaleur..... Moindre degré de chaleur...... . Nombre de jours beaux. ..... NT de couverts......... SOA de pluie... ..... DAC oc deivent einen 29 dergelée- Creer 6 de tonnerre........... o de brouillard. ......... 13 de neige..spereocses se 3 de grêle. }e serres o 740,54, le 26 à 8 m. + 112,5, le 13 midi. — 5,0, le 20 à 7 Em. Nora. À partir du commencement de cetle année, la température sera loujeurs exprimée en à-dire en millimètres et centièmes de millimètres. Comme les observations de midi sont mercure dans le baromètre ; on trouvera à côté le thermomètre de correction. On a aussi supprimé élévation, parce qu’elles sont absolument inutiles, La température des caves est également exprimée | ’IaIN V “LNI “AUAHI » III NO œ m Tv s S w DANONE 00 NI Go O0 DONO Wb = © O0 Ur Où A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. NOVEMBRE 1809. “| Hec. POINTS VARIATIONS DE L’'ATMOSPHERE. a VENTS. A nidi LUNAIRES. | ‘| ; LE MATIN. fer AMETIENTS LE SOIR. 1| 9o!|N. foible. Brouil. épais. gelée. |Beau, brouilllard. |Couv.parinterv. 2| 6o/|N-E. Couvert. Couvert. Couvert. 3] 82|E. N-E. Assez beau. Idem. Trè:-Couvert. 4l 921N. Equin. desc |lrès-couvert, Très- couvert. Man écl., pet. pluie. o| 971S-S-O. Couvert. Couvert. Quelques éclaircis. 9] 9718. Couvert. Idem. Pluie abondante, 7| 100 |N, fort. N. L. Couvert. Très-couv. pl. interv.|Petite pluie ,éclaircis. o| g6/|N-N-E. for. Beau ciel, vapeurs. [Nuageux. Couvert. 9] 96|N-N-E. for.|L. périgée. |Bcau cie', vapeurs. Idem. Très-nuageux. 10| 95[N.N-E. Couv., brouil. épais.|Très-couvert. Très-Couvert. 11] 98|E. Couvert, dem. Brouillard beau. Beau. 12] 97|[S-S-E. foi Couvert , Idem. Très-nuag. lég. bro.|Petite pzuie. 13| 100 | Calme. Couvert, Idem. Couvert. Fort humide. 14| 95 |N-E. P.Q. Couv. Pluie fine. Légérement couvert.| Assez beau , nuages. 19| 95|N. Très-couy. brouil. ép.|Couvert, pluie. fine. |Couvert, pluie fine. 16] 94|N-O. Equi. ascen. Quadees éclaire. gez.|Uouvert. Beau c'e'. 17| 650. r.-cou.quel.fl.denci.| Frès-couv.,flo.denei.|Eclaircis, p#ieabond. 18] 83|0-N-O Beau ciel. Beau ciel. Nuageux. 19] 87 NO. Couv., brouil., neig.| Beau ciel, lég, bro. |Très-nuageux. 20| 83|1N-0O. Be. ciel, lég.br.,ge. bl.| Beau ciel, vapeurs. [Beau temps, nuages. 21| 98|N. Très-couv., pl. ab. |Très-nuageux. Nuages. 22| 100 |0. foible. (pr. Très-couvert. Légérement couv. |Nuages. 23| 100 |O. Lun. apog. Beaucoup d’éclaircis. Cou., quel. gout. d’ea.|Eclarcis. 24| 97 |N-N-0 Pluie , très-abond. |En partie couvert. |Pluie. 20| 95 |N-O. Beau, léger brouil. |Eclairais. Couvert. 26| 971|S-0. Couvert , pluie. Pluie par interv. Nuageux. 27| 99 |Variable. Couvert. & Couvert. Couvert. 26] 94 |N-O.foible. Couvert, bro. épais. L'em. Tiès-Couvert. 29] 95 /[N-0O. id. Idem. To éclaircis. Idem. 30| 961$. foible. [D.Q: Très-couv., brouil. |Frès-couvert, Idem. RE CA PIS U'L À TI O!N. INT 3 TES 2110 INSÉPTES ee ee 2 DIRES AE 5 18 I Jours dont le vent a soufflé du se SR Tee à SO ren. | o OR Nr 4 INA ONE LENS 8 le 1 92,661 } —=12°076. le 16 9°,660 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 39,10 — 1 p. 5 lig. 3 dixièmes. Therm. des caves —= 120070; degrés du thermomètre centigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c’est- ordinairement celles qu’on emploie généralement , il importe de bien connaître la hauteur du les hauteur: moyennes du baromètre et du thermomètre, conclues de la plus petite et de la plus grande en degrés centésimaux , afin de rendre uniformes les observations de ce Tableau. 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE SUR LE SUCRE DE RAISIN; PAR M. ***, DE MARSEILLE. . J'ar lu, dans le n° 862 du Courier de l'Europe, des re- marques sur le concours que la Société d'Encouragement a ouvert en faveur du sirop de raisin. Il est juste sans doute d'y applaudir, car ce qui intéresse les atts ne peut jamais être énoncé trop clairement. Mais, en réfléchissant à la valeur de ce prix, je m'étonne fort que l'auteur n'ait pas pressenti les embarras inévitables qu'un concours de cette nature doit nécessairement amener à sa suite. Et si, comme je n'en doute pas, il a bien entrevu l'inappréciable ressource que l'Europe ne peut manquer de trouver, un jour, dans les nouveaux produits du raisin, comment n'a-t-il osé élever ses jusqu'à celui que l’universalité de ses usages doit placer infiniment plus haut que le sirop, dans l'estime des hommes? Comment ne rappelle-t-il point notre atten-' tion sur le sucre que l’on peut extraïre de ce sirop ? Je vais me permettre un mot sur ces deux points. Premièrement : si la Société jette un coup-d’œil anticipé sur l'époque où elle décernera son prix, ne peut-elle pas déjà prévoir qu'elle ne couronnera point un concurrent, sans courir le risque de voir les! autres se retirer avec-le senti- ment d'une injustice, que chacun croira plus ou moins fondée à son égard? Et en effet, quel sera , à la fin de 1810, le fabricant, le confiseur , l'épicier même, qui n'aura pas à lui présenter un sirop aussi parfait, aussi bien condi- tionné que le comporte cet objet, et qui n'aura pas, par conséquent, des droits réels à sa récompense? S'agit-il donc ici EP D'HISTOIRE NATURELLE. 429 ici de perfectionner les travaux de la Chimie sur le diamant, ou de porter à son vrai titre l'un de ces métaux nouvel- lement trouvés, qui ont demandé toutes les finesses d'une analyse profonde? Non, sans doute, car on sait partout maintenant que la confection d'un bon sirop de raisin n’a rien d'épineux pour personne ; rien qui n’aitété prévu, ditet redit dans l'instruction du chimiste Espagnol, ou dans les paraphrases qu'on en a tirées depuis, etrien, en un mot, qui exige de ceux qui continueront de s'y livrer, plus d’efforts qu'iln'en entre communément dans la tète du journalier à qui l'on confie, dans nos Colonies, l'extraction du sirop descannes à sucre. De part et d'autre une extrême simplicité dans ces détails qui-consistent à saturer à propos les acides avec la chaux ou la craie, à clarifier un jus et à le cuire jus- qu à consistance requise : tels sont les trois points de ma- nipulation qui placent sur une même ligne les sirops de canne et ceux de raisin; et enfin, les divers écrits qu'on a publiés, depuis quelque temps , sur ce point, ont si par- faitement endocumenté les plus novices que l’on peut, à juste titre, regarder ce sirop comme étant l'opération la plus aisée qu'on connoisse aujourd hui dans les arts qui ont pour objet la préparation des sucs de nos plantes. Mais l’Académie de Marseille a déjà l'avantage d'avoir saisi l'apropos du moment, où il restoit encore quelque chose à desirer sur le perfectionnement des sirops, pour proposer son prix; n'avoir aucun égard à cette priorité, ne sera-ce point frapper d'un jugement indiscret, que la délicatesse ne sauroit approuver, une Compagnie, à qui il appartient, comme l'a dit très-bien M. Parmentier, d'avoir une opinion en cette matière, et de donner l'impulsion à l'activité générale ! Ceux qui voient les choses avec une -sévère impartialité, jugeront sans doute extraordinaire ,qu'a- près le succès annoncé de tant d'excellens sirops fabriqués à Auch, à Albi, à Montpellier , à Béziers, à Nisme, à Toulon , à Perpignan , à Pezénas, et auxquels il n’a manqué que de concourir dans Paris , avec ceux de Bergerac, pour y être appréciés, on en revienne à proyoquer des encoura- gemens nouveaux en faveur d’un objet à peu près épuisé, tandis qu'il reste toujours dans nos arts une foule de pro- cédés insalubres, constamment difficiles, ou trop souvent incertains, qui pourroient réclamer une pareille faveur avec infiniment plus de raison. Eh bien! comptez donc, d'après Tome LXIX. DECEMBRE an 180g. Ti 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cela, qu'avant la fin de 1810, une cohue de faiseurs, partie de tous les points de l’Empire , avec leurs prétentions et leurs sirops en croupe, iront et chevaucheront de Mont- pellier à Paris, pour venir y disputer un prix qu'ils peuvent se flatter d'obtenir à si bon marché” Au reste, convenons franchement que les fabricans de toutes ces villes, n’ayant déjà que trop appris qu'un sirop bien fait trouve naturellement sa récompense dans le prix de sa vente, l’on n'aura plus à craindre désormais de voir le commerce manquer de sirop, parce que leurs intérêts nous répondent de leur activité , comme de leur émulation à s'entre-surpasser dans cette carrière. [isons donc : que ce n'est plus aujourd’hui sur ce premier résultat de nos raisins, qu'il est à propos de s'appesantir, parce que tout est fait, et que par conséquent , tout sacrifice en faveur d'un aussi mince chef-d'œuvre dans l'art des coctions, devient, dès-à-présent, superflu, par cela même qu'il est plus que facile à gagner. Ajoutons même encore , que si le prix quon vient de proposer , n’est pas, à la rigueur, un pas en arrière, son objet n’est pas non plus, du moins aux yeux des savans , le caractère d'un élan bien hardi vers le but le plus important que l'on puisse appercevoir dans l’art nouveau de mettre à profit les parties sucrantes du raisin. Ne con- viendroit-il pas, dès-lors, de modifier le programme de la Société, pour ramener les efforts vers le point le plus relevé de cet art, et qui intéresse bien autrement la prospérité de nos vignobles, que le simple sirop de raisin? Si nos an- cêtres orientaux ou occidentaux s’en fussent opiniatrément tenus au sirop des cannes et toujours au sirop, aurions- nous aujourd hui cette production cristalline , source iné- puisable de jouissances en santé et de soulagement en temps de maladie? Les sirops de raisin rendront assurément de grands services aux petits ménages, surtout S'ils le préparent eux-mêmes, afin de retrouver dans le bon marché. cette compensation qui les fait passer journellement sur certains défauts d’agré- ment que le sirop le mieux fait partagera toujours avec la classe des alimens qui ne sont pas du premier choix, et s'ils évitent aussi cette clarification au soufre, qui paroît n’en exalter la blancheur qu'aux dépens de la qualité. Mais quant à l'objet de remplacer le sucre, de quelle utilité seront vos sirops chez les gens à grand ménage ? d'aucune ; £T D'HISTOIRE NATURELLE. 431 et franchement aussi long-temps qu'ils verront que vous dédaignez de séparer les parties sucrantes du sirop, de ce cortége d’hétérogénéités, que les chimistes qualifient d'a/- bumine, de mucilage, d'extraits colorans; de sulfates et sulfites, de tartrites de potasse et de chaux; substances qui, tout innocentes qu'ils le disent, n’en sont pas moins nauséabondes, même à commencer par les yeux, ils répu- gneront à sucrer leur thé, leur café, leur crême avec pareil supplément. Ils n’ignorent pas, d'ailleurs, que ceux qui promettent monts et merveilles du sirop, loin d'être les premiers à remplacer sur leur table, le sucre d'Orléans par le sirop de Bergerac, ne donnent au contraire d'autre exemple à cet égard, que celui de l’abandonner fort cha- ritablement à la classe du profanum; tant il est vrai qu’il y a partout deux doctrines, l'une pour le prône et l'autre pour la maison. Ainsi, s'il est vrai que le raisin contienne aussi du vrar sucre, c'est à ce produit qu'il faut désormais s'attacher. Voilà maintenant le seul but qu'il faut montrer à l'émulation de nos fabricans. Admirons à bon compte, le sirop de raisin tant qu'on voudra, mais ne perdons pas de vue que chez nous, comme chez nos neveux, ce ne sera jamais qu'avec du sucre que l'on remplacera le sucre, comme on ne remplace le diamant qu'avec du diamant, et que ce n’est point ayec nos tristes sirops que nous briserons la dé- pendance qui enchaîne, depuis trois siècles, notre com- merce à celui de nos ennemis. Récemment arrivé dans cette Capitale, on a présenté au milieu d’une Société où je suis admis, un pain de sucre, d'environ 5 livres, que l’on annonça avoir été tiré du raisin. Ce sucre suspendit tout-à-coup les conversations, et devint le sujet de l'attention de tous. Comme il fut permis d'y gouter , chacun y reconnut une douceur franche et parfaite, quoique sensiblement inférieure à celle du sucre de canne; mais on n'y découvrit surtout aucun retour de saveur ou d'odeur étrangère. Une impression de fraicheur au palais parut à tout le monde le caractériser, et dissiper, par-là, tout soupçon de mélange. On assura de plus, quil ne faisoit aucunement tourner le lait, etqu'il n'avoit pas, comme les sirops , l'inconvénient de dérober le bouquet au thé et au café. Une jatte d'au moins 6 livres de cassonnade moins blanche accompagnoit la présentat'on de ce sucre. Chacun la trouva également bien sucrante. Comme un résultat aussi intéressant Tri 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne peut manquer de tomber sous les yeux de personnes qui seront en état de le juger sans erreur , comme sans pré- vention, je n’en parlerai pas plus longuement, mais j'oserai observer avec confiance, que si jamais une bouteille de sirop peut atteindre le prix de la Société d'Encouragement, un pain de 6 à 8 livres d’un pareil produit, auroit incon- testablement des droits à une rémunération proportionnée aux espérances qu'il va bientôt faire naître. d C'est donc vers un pareil sucre qu'il faudroit aujourd’hui hâter l’émulation par des encouragemens qui répondissent, d'une part, à la grandeur du service qu'il rendra , et de l'autre, à l'importance que cet étonnant produit ne peut manquer d'avoir aux yeux des amis de leur patrie. Tout ce que le Gouvernement a déjà fait pour voir éclore des succès en ce genre , prouve assez que son attention comprend et les sirops , et tout ce que l'industrie nationale pourra en tirer de sucre sec; les premiers pour l’utilité dont ils seront au peuple , et le second pour remplacer le sucre des îles. Pres- crire exclusivement à nos fabriques, du sirop, ne seroit-ce pas prescrire le sucre qu'on peut en tirer? On ne bannira surement point du concours, celui des deux produits qui a la plus re valeur, ce qui seroit, pour ainsi dire, sa- crifier la perle la plus précieuse à l’éclat de sa coquille. Ce n'est, je le répéterai encore, qu'avec du sucre qu’on suppléera le sucre. Quel triomphe pour la Chimie, que celui de nous mettre à mème de répliquer «n jour à ces orgueilleux insulaires : Et nous aussi, nous engraissons les animaux avec du sucre; mais e’est avec un sucre que nos campagnes fournissent, sans avoir besoin d'être arrosées de sang humain! Voulez- vous leur faire mordre une seconde et mille fois encore la poussière des camps de T'alaveira? Montrez-leur vos villes, vos ports et votre commerce exclusivement pourvus de sucre de raisin! : M. *** pe Manñsrizzr. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 433 EXTRAIT D'UN OUVRAGE DE M. KURT SPRENGET,, SUR L'HISTOIRE DE LA BOTANIQUE; PAR A. IL. MILUIN, Membre de l'Institut et de la Légion-d' Honneur, etc. INTITULÉ: Kurt SrrENGEL Ârstoria rei herbariæ; t. 1, Amstelodami sumptibus tabernæ librariæ et artium , 1807; 2 vol. in-S°, de 550 pag. chacun. A Paris, chez Treuttel et Würez, rue de Lille, n° 17; et à Strasbourg, méme maison de commerce. Prix, 21 fr., et franc de port, 25 francs. Dépuis sa première jeunesse, l'illustre auteur de cet Ou- vrage emploie tous les étés à parcourir le domaine de Flore, et tous les hivers à lire et à méditer les anciens auteurs: les ouvrages qu'il a publiés sur les antiquités botaniques (1) et sur l’histoire de la médecine (2), prouvent à quel point il a profité de ces deux genres d'étude , et celui que nous annonçons met le sceau à sa réputation: il a dédaigné un vain fuxe d’érudition; il n'a cherché qu'à être exact, bref, clair et utile, et il a réussi. Son plan que nous allons exposer suffira pour le démontrer. (1) J’en ai donné l'analyse, Magasin Encyclopédique, année 1708, t. 11, P: 29- (2) Foyez l'analyse que j'ai donnée de la Dissertation sur la Médecine des Hébreux, Magasin Encyclopédique , année 1790, t. v1, p. 441, et mon dernier arlicle sur la Traduction de l'Histoire de la Médecine, par M. Grcrn, 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE L'ouvrage entier est partagé en deux volumes et distribué en sept Livres ; le premier est consacré aux commencemens de la botanique ; l'usage des plantes a précédé l'observation, et on a cherché à reconnoître leurs caractères avant d'é- tudier leur physiologie. Il indique ensuite les plantes eitées dans la Brnce , et il donne leur nom linnéen. Nous voyons l'olivier (olea europæa) orner le Paradis et enrichir la terre promise; le safran (crocus sativus) parfumer l'Orient; le papyrus (cyperus papyrus), sortir du limon du Nil et servir à faire des barques ; le Nard (andropogon nardus), foulé sous les pas des soldats d'Alexandre ; le froment (triticum æstivum et hybernum) transplanté de l'Inde en Arabie par ses premiers habitans ; l'épeautre (triticum spelta ) croître spontanément; le fouier( ficus carica }) et le sycomore (hcus sycomorus), faire les délices des Egyptiens et des Hébreux. Une espèce de sol/anum donne dans la Phœnicie des fruits assez semblables à la melongène ; le }ujubier (zizyphus vul- garis), le paliure (zizyphus paliurus) forment des bouquets; les fruits de la coriandre (coriandrum sativum} sont com- parés à la manne; le ga/banurm ( bubon gummiferum ) est employé dans les fumigations ; les fleurs-du /ys (lilium can- didum) donnent leur forme aux chapitaux du temple de Salomon , et l'ébène (diospyros ebenum) sert à sa construc- tion; la /agonia Arabica couvre les champs maudits par le Seigneur; le rubus sanctus ombrage le mont Sinaï; le bois de santal (pterocarpus santalinus ) charge les vaisseaux tyriens; le cèdre (pinus cedrus) est employé dans les plus somptueux édifices ; le palma christi (ricinus communis } protège Jonas de son ombre; la wrone (vitis vinifera) croit spontanément dans l'Arménie, dans la Georgie, etc., etc. La flore Homérique est bien plus riche que la Flore Biblique, et les plantes qui la composent peuvent beaucoup mieux se reconnoitre et être rapportées à nos méthodes ; non-seulement l'olivier orne le jardin d Alcinous, et forme près d'Ithaque un bois sacré; mais il est employé à différens usages; Polyphème en fait sa massue, Ulysse en façonne son lit ; lefrene (fraxinus excelsior) coupé sur le mont Pelion, arme, pour le malheur des Troyens, la main d'Achille, et le roseau (arundo donax) sert à faire des flèches; le safran, le lotus (lotus communis) et l'zyacinthe (gladiolus communis) sont regardés comme les plus belles fleurs dont Jupiter ait orné la terre; il est souvent question du froment, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 Pénélope s'en sert pour engraisser ses oies; Andromaque en mêle avecle vin pour doubler la vigueur des chevaux d'Hector; le figuier épweos a été planté par Lycaon, fis de Priam, dans le jardin de son père, et celui des portes Scées est souvent cité dans l'Iliade ; Circé présente des cornes (cornus-mascula) aux compagnons d'Ulysse changés en pourceaux; la wzolette (viola odorata) et le céleri (apium graveolens ) embaument les prés de l'ile de Calypso ; la douceur du fruit du /otus (zizyphus lotus) fait oublier aux compagnons d'Ulysse leur patrie ; il est la nourriture des Lotophages , et c'est encore aujoufd'hui celle des habitans de la Barbarie ; l’orme (ulmus campestris) ombrage le tombeau d'Æetion; plusieurs îles, plusieurs cantons sont renommés pour la culture de la vigne; le m0oly (allium niger) empèche l'ivresse et bannit les en- chantemens; c'est par son secours qu'Ulysse se garantit de ceux de Circé; l'Æsphodèle (asphodelns ramosus) croît dans le voisinage des Enfers; le pavot (papaver somniferum) sert à composerle zepenthes (espèce d'opium) qui produit l'oubli de tous les maux; les fruits de l'yeuse (quercus ilex) servent à la nourriture des hommes; Hercule rapporte le peuplier blame (populus alba) des Enfers, les rivages sont couverts de Jucus (zostera marina). Je n'ai cité parmi toutes les plantes Bibliques ou Homé- riques indiquées par M. Sprengel, que celles qui rappellent les souvenirs les plus intéressans et les plus singuliers; ces citations suffisent pour faire apprécier l'utilité et l’intérét de ses recherches; mais il ne s'est pas borné aux anciens auteurs, il a aussi consulté les Moxumens; il reconnoit le lotus (nymphæa nelumbo) et la persea (cordya myxa) sur la tête de plusieurs divinités égyptiennes; le sycomnore dans plusieurs ouvrages de l'art égyptien. Il indique les plantes consacrées aux Dieux, et celles dans lesquelles des héros et des nymphes ont été métamorphosés, telles que l'Aya- cinthe de Sparte, qui est le grand pied d'alouette (delphi- nium ajacis), sur lequel on lit les lettres vv et ArAr; le narcisse (narcissus poeticus), etc.; enfin, il parle de celles employées dans les arts; l'acanihe (acanthus mollis) qui forme le chapiteau corinthien, et le s7/phium (ferula tin- gitana) figuré sur les médailles. Je pense qu'à cet égard M. Sprengel auroit pu pousser plus loin ses recherches , citer beaucoup d'autres plantes employées dans les arts ou 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHaIMIE figurées sur les monumens , et indiquer les ouvrages de l’art sur lesquels on peut les reconnoitre (1). M. Sprengel ne parle qu'en passant des plantes indiquées par Héropore, Dionore, Srrason et TuéocrirEe. Quant à ce dernier , on sait que M. Schneider a fourni à M. Harles pour son excellente édition tout ce que pouvoit offrir la comparaison des passages de cet auteur avec l'étude de la nature. M. Sprengel donne avec plus de détails la Æ/ore hippocratique, et on sent combien elle est utile pour bien reconnoître les remèdes indiqués par le père de la médecine, ou plutôt par les Æsclépiades qui dans un espace de deux cent cinquante ans ont composé les traités qui ont été ré- pandus sous son nom. Il passe ensuite à la Flore des an- ciens philosophes ; ceux-ci ont commencé à s'occuper de la physique végétale. Empédocle d'Agrigente et Démocrite d'Ab- dère paroïssent être ceux qui y ont le mieux réussi; mais Aristote les a tous surpassés: il faudroit employer trop d’es- pace pour exposer les principes de ces premiers investiga- teurs de la nature, principes qui montrent que cette partie de la botanique étoit encore absolument dans l'enfance. Les anciens appeloient R/zotomes une classe de jongleurs qui couporent les racines de certaines plantes pour faire des incantations magiques. Ils ont dù nécessairement étudier la botanique. M. Sprengel expose ce qu'ils ont dit de plus important. Ici finit le Livre I, le second est consacré aux premiers progrès de la botanique. Les travaux des Asclépiades, des Philosophes et des Rhizotomes avoient tracé la route, Tuéo- PHRASTE d'Érèse peut être regardé comme le père de cette science. M. Sprengel donne une Notice sur sa vie, sur ses écrits et un excellent Extrait de son Ærstoire des plantes. Il expose le catalogue de celles qui ont été décrites par Théophraste , en les rapportant au système de Linné. J'en citerai seulement quelques-unes, l'£ris iris florentina; le sisy- rinche , iris sisyrinchium , qui offre la singularité d’avoir des bulbes, dont l’une est placée sur l’autre; aconiton, ———————_—_—_————_——— 1) Porez la belle Dissertation de M. BLumensac, sur les monumens qui représentent des objets d'histoire naturelle; M HarrmAnn en a donné, Muigasin Encyclopédique, année 1809, t. 1, p. 186, uu tres-bon extrait. A. L. M. iris ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 iris tuberosa; sckoznos oæus , schænus mucronatus; o/oschoï- nos, oladium germanicum ; schoinos, eyperus comosus; sarf, cyperus fastigiatus; m#7asion, cyperus esculentus; calumos auleticos, arundo donax; plocamos , arundo ampelodesmon; alopecouros , saccharum cylindricum; erythrodanos, rubia tinctorum; persion, cordia myxa; coccumelea ægyptia , cordia , sebestena; struchnos, solanum melongena; //banotis carpimos , cachrys panacifolia ; panax heracleion, pastinaca opopanax; syriacon botanion, cassyta filiformis; balanou dendron ,hyperanthera moringha ; comaros, arbutus unedo; aimodoron,orobanche tinctoria; kutisos, medicago arborea; ivine,acarna gummifera; péernix, acarna cancellata; wdnon, tuber cibarium (la truffe); il a connu le bananter (musa php) qu'il désigne comme une plante de l'Inde, dont es feuilles ressemblent aux plumes de l'autruche. Après avoir donné la Flore de Théophraste , M. Sprengel expose la physique végétale de cet auteur ; on y trouve ses idées sur la dénomination des organes , sur ce qu'il appelle les fibres , les vernes, la chaïr (le tissu cellulaire), l'écorce, la moëlle , les feurlles ; il a observé le premier que les plantes se nourrissent par elles; il indique les feuilles séminales (cotyledons); A traite de la nutrition et de la croissance des plantes, parle du procédé de la caprification; enfin c'est dans l'ouvrage même de M. Sprengel qu'il faut voir quels immenses progrès Théophraste a fait faire à une science qui alors étoit si peu avancée ; M. Sprengel termine ce Livre par une notice des Botanistes les plus célèbres de l'école d'Alexandrie, À la botanique des Grecs succède celle des Romaïns ; on sait que ceux-ci ont emprunté des premiers toutes leurs connoissances. Le sévère Caron, qui les proserivoit, se livroit pourtant à celle de l'agriculture , et c'est l'homme de son temps qui s'en est occupé avec le plus de succès. IL connoissoit bien la greffe; il savoit obtenir plusieurs variétés de beaux fruits; il eut pour émule Vanrox qui, à l’âge de 80 ans, écrivit aussi un traité sur l'Agriculture. VIRGILE à chanté ce bel art, et ses poèmes contiennent l'indication d’une foule de plantes qui ont été indiquées par Vossius et Martyn, et MM. Carlo lea, Voss et Heyne. M. Sprengel donne dans le Chapitre II du second Livre la Flore lir- gilienne. CoLumELLE est venu après Virgile ; il avoit beau- coup voyagé, et il avoit observé les meilleurs procédés chez Tome LXIX. DÉCEMBRE an 1809. Kkk 4358 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE différentes nations. M. Sprengel indique les plantes qu'il a fait connoitre. Drosconinrs est le plus célèbre de ceux qui ont écrit sur l'histoire des plantes et sur la matière médicale ; il existe des manuscrits intéressans de ses ou-. vrages, accompagnés d'anciennes figures; et j'ai publié la notice de ceux que la Bibliothèque impériale (1) possède ; M. Sprengel donne des détails très-curieux sur sa Flore. Pine a beaucoup étudié la nature, et beaucoup étudié les livres; il avoit extrait plus de deux mille volumes; il avoit observé les plantes dans le jardin d'Æntonius Castor, qui, après Théophraste et le roi Mrrhridate, est le troi- sième qui ait consacré un terrain à la culture et à l'étude des plantes curieuses; Pline a lu les auteurs grecs avec un peu de négligence, et il a commis plusieurs erreurs que M. Sprengel relève avec sagacité; il donne ensuite les noms linnéens des plantes indiquées par ce naturaliste, et on doit même dire par ce savant universel. On peut présumer que le nombre des plantes connres des Grecs et des Romains, s'élevoitenviron à 1200, lorsqu'aux troisième et quatrième siècles la botanique commença à dé- cliner, et tomba ensuite dans la barbarie. On cite cependant parmi ceux quila cultivèrent, Scmisonrus LArGus, MARGE LEUS de Bordeaux, PazzaDius, Isipore de Séville, et enfin Nicoras Myrersicus , le dernier des médecins grecs; alors les Arabes culuvoient avec plus de succès que les Grecs et les Romains, la botanique et la matière médicale. Le Capitulaire de Charlemagne de Fillis, contient un catalogue de plantes qui a été commenté avec peu de succès, dans ce Journal, par M. Soreau (2); mais avec beaucoup de savoir et d'érudition, par le professeur HErmaAxx (5), et par M. Axrox (4). M. Sprengel le rapporte, il s'occupe ensuite de la botanique monastique ; quelques religieux comme VA- LAFRID STRABUS, /Æmizius Macer,l'abbesse HrzDEGARDE, etc., compilèrent des recueils de plantes médicinales ;'1es plantes y sont désignées par des noms barbares. M. Sprengel cite autant qu’il le peut les noms!linnéens quileur correspondent. (1) Voyez Magasin Encyclopédique, année 1796, t. 2, p. 152. A. L. M. (2) Magasin Encyclopédique , ibid. , t. 2. p. 101. A. L. M. (3) Magasin Encyclopédique, ibid., p. 365. A. L. M. (4) Geschichte des Teutschen Landivirtschafft, t. ». ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 439 Dans ces temps de ténèbres, lés Arabes s'emparèrent des sciences physiques et mathématiques; et M. Sprengel trice une histoire intéressante des progrès qu'ils ont fait faire à la botanique; il indique les principaux auteurs, et consacre un assez grand nombre de pages à la Flore des Arabes : ‘ on y voit que les langues orientales ne sont pas moins fa- milières à ce grand philologue, que les langues grecque et romaine, dans lesquelles il est si profondément versé. Les Arabes avoient été à cette époque les seuls qui se fussent occupés de la botanique, et ils avoient suivi une mauvaise route. Ils n'avoient donné pour la plupart que de misérables interprétations de Pline et de Dioscorides , ils n'avoient ni Forte , ni l'exactitude des anciens Le moyen âge est pour l'Occident ce que l'auteur appelle les temps latino-barbares; les naturalistes les plus instruits étoient pourtant encore ceux qui alloient en Espagne étudier dans les écoles des Arabes. Au douzième siècle, les mo1nes de Salerne, excités par leur exemple, cherchèrent à répandre les connoiïssances qu'ils avoient reçues d'eux. PLATEAnIUS l'Ancien, Grizes de Corbeil , Vincent de Beauvais, ALBERT le Grand, Pierre pe CrisceNTus étudièrent aussi les pro- priétés des plantes Au douzième siècle Manco PaoLo par- courut presque toute l'Asie, et rapporta des relations cu- rieuses sur plusieurs plantes aromatiques que ce pays produit; il avoit été précédé par PLaxo ne Carr et par Guillaume Rusruquis qui avoient parcouru les bords de la mer Cas- pienne , et ils furent suivis par Ovenicus DE PorTa Naonis et Jean ManD:viLLre. Dans les quatorzième et quinzième siècles le commerce florissant des Italiens , et leurs fréquens voyages firent con- noitre plusieurs plantes curieuses, et la botanique com- mença à faire quelques progrès; cependant peu de personnes cultivoient la langue arabe , et Pétrarque lui-même ne savoit pas la langue grecque. M. Sprengel cite plusieurs exemples -qui prouvent à quel point on ignoroit alors celte belle langue. Il cite ceux qui donnèrent quelque attention à l'étude des plantes. Le Livre le plus important de cette période est l'Hortus sanitatis, ouvrage accompagné de mauvaises figures, M. Sprengel cite encore d’autres traités du mème temps sur ce qu'on appeloit les s/mples. Aussitôt que les lettres commencèrent à renaître, onse Kkk 2 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mit à examiner les sources et à les discuter. THéoporr Gaza et GrorGe VazLA étudièrent et commentèrent Aristote et Pline; HermorAus BarBanus s'occupa spécialement de ce dernier auteur ; MarcerzLus VEeRGiLrus commenta Diosco+ rides. On voulut bientôt rechercher la patrie des plantes, et c'est l'époque où parurent des descriptions des plantes d'un certain pays, ce qu’on appelle des //ores. BrunrsLs et TraGus décrivirent celles de l'Allemagne, et on continua à commenter les anciens. Ce fut alors que Marmioe et Va- LERIUS Corpus commentèrent Dioscorides ; Ruezz et LACUNA commentèrent Mathiole. Ce fut l'établissement des jardins qui contribua le plus au progrès de la botanique : ceux de Théophraste d'Erèse, du roi Mithridate,d' Antoine Castor, de Charlemagne et de Mathæœus Sylvaticus ont été les pre- miers; et après la renaissance des lettres, l'Italie eut l'hon- neur d'établir les premiers jardins consacrés à l'observation et à l'étude des plantes. ALruonse D Est, le généreux pro- tecteur du Tasse, est celui qui mérite sur ce point notre, reconnoissance ; par les conseils de Musa et de Brassavolus, il établit plusieurs jardins dont le principal étoit à Padoue. Cet exemple fut bientôt suivi à Venise, à Wéronne, à Pise, à Naples et à Lucques. René Berrar, évêque du Mans, est le premier en France qui ait adopté cet usage. Son jardin, appelé Toutouia, étoit voisin de la ville; mais c’étoit à RiCHER DE Be: LEvAL qu'étoit réservée la gloire d'établir le premier jardin public (1), celui de Mon/pellier. L'Allemagne eut bientôt aussi des jardins, dont Conrad Gesner a écrit l'histoire. Le premier jardin botanique établi en Hollande est celui que Bonrius fit disposer à Leyde en 1529. Les excursions et les voyages ont éminemment servi aux progrès de la botanique. Les médicamens des Indes arrivoient d'abord par la mer Caspienne, par le Pont-Euxin, par le Golfe Persique ; on tiroit principalement la rhubarbe, la canelle et la muscade par la Tauride et Trebizonde. Vers le milieu du quinzième siècle , en 1456, des Portugais envoyés par le prince Henri, visitèrent Madère et les îles du Cap Vert. Canamosrto , un de ces voyageurs, décrit la S'andaraque (dracæna draco) qu'il trouva à l'entrée du port (x) Voyez mon Voyage dans le Midi de la France, t. 4. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 441 de Madère. Les Portugais cultivoient lacanne à sucre danscette ile et dans les Canaries. Ces mêmes Portugais, sous la con- duite d'Æ/phonse SequeixA , découvrirent en 1460, le rivage qui doit son nom au zinzembre malaguetia (amomum gra- num paradisi) Malaguette. Avec Alphonse AvetrA ils trouvè- rent Benin et Congo où croitlemyrtus vincenta. Bientôt (1486) Vasco DA Gama enseigna la route des Indes par le Cap de Bonne-Espérance. Alors le girofle des Molüques(caryophyllus- aromaticus), le bois de Santal de Timor, le camphre de Borneo, l'aloes de Succotra devinrent le sujet de guerres opiniâtres et sanglantes. Quand Loro ne Soarez découvrit Ceylan(1519). Les Portugais devinrent possesseurs de grandes plantations de canelle, et le coco des Maldives (lodoicea com- mersonia) procura un excellent contre-poison. Lorsque Jean Gomszeut abordéaux Maldives,quand George ALBUQUERQUE eut soumis Sumatra , ils enrichirent les Portugais de plu- sieurs plantes, telles que le camphre de fansora , le santal blanc, l'aquilaria , la terminalia benjoin, le metroxylon Kænig, le nipa fruticans ,-et l'elates sylvestris. Antonio Cazva0 , qui résidoit à Ternate, présidoit à l'immense com- merce de grrofle que les Portugais tiroient des iles de T'ernate, Tidor, Éacham, Mutel et Palo Caballo , voisines de celle Gilolo. La découverte du Nouveau-Monde, par Christophe Co- LOM8 (1492, vintsurtoutaugmenter l'empire de Flore: ALonzo DE ErGILLA parle dans son Æraucana, d’un grand nombre de belles plantes que les Espagnols trouvèrent au Chili; la dioscorea sativa; l'amyris balsamifera; le mays(zea mays); le sabac (nicotiana tabacum); le cotonier (bombax ceiba), attirèrent d'abord leur attention; et lorsque ce hardi na- vigateur eut dans son second voyage découvert la Guade- loupe, ceux-ci connurent l'ananas, l'espèce de canelle (cinnamomum) qui paroit être le laurus montana , le my- robolan, l'espèce de palmier dont les fruits, semblables à des cerises, peuvent faire du vin (bactris major), le mammea americana , le manthot et l'rucca. Le Mexique vit arriver Connova et Fernnanp Conrez(1519), et le Pérou François Pizarre (1527-1530); enfin le Chrlr, le Brésil, la Floride, la terre de Magellan , fournirent une immense quantité de plantes dont M. Sprengel donne une liste intéressante; les principales sont le coco, l'arec, le guaïac, le mancenilier, la patate, le café , l'aloës , le tolw, 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la raquette, le cacao , la grenadille, la sensitive, le con- trayerva , etc., le nepenthes distillatoria, V'erythroxylum, le copahu, la noix d'acajou , le bananïer, le quinquin«, la salsepareille, le sassafras , plantes dont Lincorenus, Moxarn, Lerio , Garcia et AcosrA, ont les premiers donné l'histoire. BELoN parcourut, en 1517, la Grèce, les f/es de l'Ar- chipel, l’Asie-Mineure , la Syrte et l'Egypte; il fut bientôt suivi par le prussien GuiLanninus qui devint professeur à Padoue; celui-ci vit l'Egypte et la Syrie; Rauworr visita la Syrie et la Perse; Prosper ALriN étudia avec le plus grand soin les plantes de l'Orient, et on doit lui associer Honorio Bezzr de Vicence. La critique des anciens auteurs, la culture des jardins, les voyages botaniques avoient beaucoup augmenté le trésor des connoissances ; il falloit mettre ce trésor en ordre, et imaginer des systèmes pour le classer. Conrad GEsner conçut- le premier cette idée, il donna de meilleures figures des plantes, et il fit dessiner les parties qu'il regardoit comme caractéristiques ; il rapprocha et compara plusieurs plantes d’après l'examen des semences. L’anglais Turner adopta l’ordre alphabétique; le hollandais Pierre Losez donna un grand nombre de figures de plantes qui sont les meilleures u'on eùt encore vues; il établit plusieurs familles natu- relles , telles que les graminées, les joncs, les asphodèles, les siliqueuses , les chicoracées, les Zabiées, ete. Dononaxus et Fucus furent ses imitateurs; Charles Crusrus surpassa tous ses prédécesseurs , il décrivit un nombre immense de plantes qu'il rangea en familles naturelles. Ærdré Carsavrin est regardé par Linnæus comme le premier systématiste orthodoxe, il s'occupa beaucoup de la physique végétale, et il établit sa méthode d’après l'examen des parties de la fructification. SiJ/oachim CamerAnrus nedoit pas être compté parmi les systématistes, il doit être au moins placé parmi les inventeurs. Jacobus T'heodorus TABERNAMoONTANUS a décrit cinq mille huit cents espèces de plantes, mais il s'est trop attaché à de fausses propriétés médicales et à leur synonymie. Fabius Cozuuna mérite une mention bien plus honorable ; il commenta avec succès Dioscorides ; et son ouvrage contient un grand nombre de plantes nouvelles: Zazuzan: chercha à perfectionner la méthode de Lobel, Les deux frères Bauxin terminent cette nomenclature des zaventeurs, c'est-à-dire, TS PS LA MOT r.51 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 443 de ceux qui ont suivi les premières théories et établi les premiers systèmes : ils n’ont été surpassés que par Linnæus. Gaspard fut cependant de beaucoup supérieur à Jean : son Phytopinax, où il vouloit décrire et ranger dans un ordre méthodique toutes les plantes connues, est une entreprise immense. Le seizième siècle vit succéder à ces hommes de FE 208 des compilateurs qui s’approprièrentles découvertes de leurs devanciers. Le premier est Jules- César ScariGsr; on vit ensuite Adam Lonicer, Jean Cosraus, Castor DuraAntess, Jean-Baptiste Porta, Marc UrzepowaA , et Jean Géran». Ici se termine le premier volume de ce bel ouvrage, et pour qu'il ne manque rien à sa perfection, il est accom- pagné de plusieurs tables extrêmement utiles, 1° des noms hébreux des plantes; 2° des noms arabes selon leur pronon- ciation; 3° des noms grecs; 4° des noms systématiques ; 5° des synonymes; 6° des auteurs. Le premier volume, qui a paru un an avant le second, contient l'Histoire de la Botanique chez les anciens et dans le moyen âge; celui-ci nous fait suivre la marche de cette science dans les temps modernes où le génie des grands bommes qui l'ont cultivée l’ont portée à sa perfection. IL n'est pas moins fécond en détails et riche en matériaux que le premier. Dans une courte préface, l’Auteur témoigne sa recon- noissance aux divers savans qui ont lu son premier volume avec soin, et lui ont proposé des corrections; il indique celles qu'il a adoptées d'après leurs avis. Conduits par cet excellent guide, nous avons vu naître la botanique; nous avons suivi ses progrès, observé son déclin et sa résurrection , avec un accroissement de richesses, Les temps qui ont succédé aux Bauhinset précédé T'ournefort vont nous occuper; ils embrassent le dix-septième siècle entier. Cette période funeste à l’humanité, qui a été témoin de guerres désastreuses , de querelles sanglantes et de troubles civils, a pourtant été celle où les arts et l'histoire naturelle ont commencé à faire de grands progrès ; c'est dans ce temps de calamités que l'on a découvert la crculation du sang, observé la. chrlification, jeté les fondemens de l'analyse en géométrie , et de l'expérience en chimie, établi les lois de la gravitation, expliqué le phénomène de la décompo- 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sttion de la lumière, inventé le thermornètre , le baromètre, le microscope, le télescope et tant d'autres instrumens qui ont éminemment favorisé les progrès de l'histoire naturelle et de la physique : l'institution des Sociétés savantes à surtout été favorable à ces progrès. La première est celle des Zyncéens établie à Rome en 1605, ee le prince Federico Cesio , nous y voyons surtout briller e célèbre Fabio Columna. A cette Société succéda celle de Londres (165), qui Ini a été bien supérieure; Boyle la dé- signe sous le nom de Co/lége philosophique. Le roi Charles 1I lui accorda sa protection; on peut reconnoître cependant l'enfance des connoissances par quelques questions qui y furent proposées. On rapporte en 1663 à la Société, que des saules ont cru dans un bois de hêtres qui vient d’être coupé, et qu'on a observé un arbre qui est un frêne en dedans et un chêne au dehors. La Société charge Luporrne, qui part pour l'Egypte, d'observer si le palmier femelle peut sans mâle porter des fruits. La Société des curieux de la nature qui s'étoit établie en Allemagne (1652), étoit encore bien plus imbue de préjugés; il semble que ses premiers inembres aient affecté de débiter des choses bizarres, sin- gulières et prétendues miraculeuses. Bernizr, médecin po- lonais , a cru remarquer l'aigle impérial dans la tige coupée de la fougère, Pteris aquilina ; un masque dans la Permeliaæ pulmonacea; un oiseau dans la fleur de l'Orchis. George Sscerus, séduit par son imagination, décrit un champignon qui a une figure humaine ; selon lui, le fruit de l'Æ/aïs gutneensis ressemble au visage d'un singe. C'est à cette époque qu'on a parlé de la pal/ingénésie, éspèce de résurrection des plantes sur laquelle on a écrit plusieurs livres. Enfin, sous le beau ministère de Colbert, l’Académie de Paris a été établie (1665), et parmi ses premiers membres on peut citer Perrault, Mariotte et Dodart, qui ont commencé à s occuper de l'organisation des végétaux. On chercha aussi alors à connoitre l'usage de lenrs diffé- rentes parties, à l'époque de l'invention du microscope par les Hollandais Corneille Drebbel et Zaccharia - Jansen , en 1620. Ces instrumens , quoique grossiers, furent cependant très-utiles aux premiers observateurs encore peu nombreux. Ceux qui s’étoient livrés à l'étude de la structure des plantes s'en étoient tenus jusques-là aux principes exposés par Théo- phraste et Aristote, Josera DE AromATaARuS est le prentier qui Fe ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 ue ait un peu mieux expliqué la génération des plantes ans son ouvrage qui parut à Venise en 1625. Harvey, Dis, Hensnaw, Boyce, Hoock s’en occupèrent ensuite avec plus de succès ; celui-ci a donné une série d'observations mi- croscopiques, qu’il ne regardoit que comme un simple amu- sement, et qui ont pourtant été d'une grande utilité. REGiS, SHARROk , Lister, GRew et Mazriçur ont suivi ses traces, et on voit que les premiers travaux sur la physiologie des plantes sont en général dûs à l'Angleterre (1). Grew ete Malpighi les ont tous surpassé, et n’ont eu que des co- pistes jusqu’à LezuwenoEk qui s’est fait tant de réputation par la perfection qu'il a donnée au microscope, et les belles observations auxquelles ii l’a appliqué. Les botanistes français n'étudioient pas encore l'organi- sation interne des plantes; ils s'attachèrent seulement à examiner l'usage de fours parties, etcomment elles vivoient. Claude PerrAvcr fit des expériences sur le cours des fluides. dans les végétaux. Dopartr, Mariorte , TourNEFOoRT es- sayèrent d'expliquer le phénomène de la végétation. Jacob CaAmerarius est le’ dernier botaniste de cette période qui s'en soit occupé. Nous n'avons pu que citer les noms des principaux auteurs qui onttraité de la physiologie des plan- tes ; leurs systèmes , leurs découvertes sont indiqués par M. Sprengel avec une briéveté et une clarté admirables. Depuis le dixième siècle les réformateurs de la botanique, à l'exception de Cæsalpin, avoient adopté l'espèce de méthode naturelle dont Lobel avoit posé les fondemens , et avoient suivi un ordre alphabétique ou arbitraire. Joach. JuxGivs est le premier qui ait donné des préceptes pour la forma- tion des genres et des espèces. Robert Monisox a établi des enres excellens; on lui doit le meilleur arrangement de a famille des ombellifères , et ses tables synoptiques sont d'une grande commodité. Paul HERMANN a suivi ses traces en le corrigeant; ces méthodes et celle de Ray, disposée (1) On peut consulter , sur les découvertes des Anglais relatives à la con- noissance des plantes , l'Aistoire de la Botanique en Angleterre, par M. Ri- chard Purreney , ouvrage dont M. BourARD, qui est toujours occupé du soin de faire quelque chose d’utile , a récemment publié une traduction. M. Osrrun en a donné un tres-bon extrait. Voyez Magasin Encyclope- dique , année 1809, t, 2, p. 421. À. L. M. Tome LX1X, DÉCEMBRE an 1809. LIL 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’après la structure du fruit ; celle de Macxoz d'après l'exa- men des /eurlles; celles de Rivix et de Tourne Fort d'après la considération de la corolle, sont analysées et expliquées par M. Sprengel d’une manière qui rend l’étude de ce cha- pitre nécessaire, même à ceux qui ont lu avec soin le bel ouvrage de LiNNÉ , intitulé Classes plantarum. Pendant le dix-septième siècle des naturalistes espagnols voyagèrent dans l’Amérique; on doit citer principalement Franc. Hernanpez et Barnaba Coso. À la fin du siècle Jo. Baxisrer visita la Virginie, Jac. Bonrius, Mich. Boym et Andr. CLeyer furent en Chine. De 1656 à 1703 parut le splendide ouvrage intitulé Hortus Malabaricus, qu’on doit à la munificence presque royale de Henri vAx RHÉEDE rot Drakenstein, gouverneur de Malabar. Ce magnifique ouvrage contient un grand nombre de plantes jusqu'alors inconnues. Le bel ouvrage de Rumrx, Herbarium Amboi- nense présente le même avantage. Jos. KameL fut aux Phi- lippines ; Jac. CuniNcuHAM parcourut les bords de l'Asie orientale et visita principalement Chusan ou Tscheuschan, ile voisine de la Chine, et l'ile de l'Ascension. Les établis- semens que les Français firent à Madagascar (1655) y atti- rèrent Etienne FiacourrT; Aüger CLurius voyagea en Afrique; Jo. VEssELzinG dans les îles de la Grèce; Gul. SxerARD dans l'Asie-Mineure; Marie-Sybille Meniax fut à Surinam principalement pour y chercher des insectes , elle y colligea aussi des plantes nouvelles. Mais tous ces voyageurs ont été surpassés par l'Irlandais ans SLOANE qui rapporta de Ma- dère, de la Barbade, de Nièves, de Saint-Christophe , et de la Jamaïque un nombre considérable de plantes nou- velles ; on en doit aussi quelques-unes à Gul. Dampier qui les a trouvées dans ses courses maritimes. Le nombre des jardins botaniques s’accrut aussi dans ce siècle : ceux de Paris, de Blois, de Pise, de Bologne, de Rome, de Ferrare, de Messine, d’Eistadt (Eystettenfis\, de Nuremberg , de Jéna , de Leipsick, de Brunswick, de Stras- bourg , de Copenhague, d'Upsal, d’'Abo, et de Varsovie furent fondés: Ceux de Hollande étoient alors, et avec raison, les plus célèbres; ceux de Leyde , d'Amsterdam et d'Utrecht ont été dirigés par les plus habiles botanistes. M. Sprengel donne la liste des plantes nouvelles qui leur sont dues. Les Anglais devinrent bientôt les émules des Hollandais, le jardin royal d'Hamptoncourtestle plus ancien. M. Sprengel ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 désigne le nombre considérable de plantes dont la connois- sance lui est due; celui de Chelsea avoit presque une égale importance ; le jardin d'Oxford mérite aussi d’être cité. Les voyages d'Outremer, les jardins destinés à cultiver les plantes qu'on en rapportoit ne firent pas négliger l'étude de celles qui croissent en Europe. $y/v. Paul Boccoxes la par- courut toute entière. En Allemagne, Gaspard ScnwenxFeLn, Jean et Georges Franck, Lud. JuxcrrmAxx , Phil. et A1b. Menzez , Jean Cnemnitz, Charles Scuxrrer, Christian Mextzez et Marc Marrus; en France, /o.-Et. Srroser- BERGER, Jacq. BarReLter; à Malte, Franc.-Phil. Cavarzint; en Portugal, Gabriel Grisræus; en Angleterre, Tom. Jonxson, Gul. How, Christophe Menrer, Robert PLot; en Ecosse, Robert Sissar» ; dans la Belgique, Franc. Srerseecx; dans le Danemarck, George Fuinenus, Sim. Pauz, Pierre Kir- LInG, en Laponie, O/. Rupsek recherchèrent les plantes de leur patrie, et M. Sprengel cite à la suite de leurs noms celles dont on leur doit la connoissance. Au commencement du dix-huitième siècle on vit naître les premiers essais qui conduisirent à la connoissance du Système sexuel des Plantes; cette belle découverte est le fruit de toutes les recherches et de toutes les observations dont M. Sprengel a déjà tracé l'histoire; c'est l'époque la po glorieuse de la science. On convenoit qu'il falloit tirer es caractères diagnostics des plantes de quelqu'une de leurs parties essentielles; on étoit peu d'accord s'ils devoient être établis d'après la fleur ou d'après le fruit. Æ/ex. Chr. GaKENHOLZ prétendit, en 1701, que les signes caractéris- tiques des plantes devoient être tirés de la racine. J/.-Henri BunkuAnD fit paroître en 1702 une lettre adressée à Leibnitz, dans laquelle il faisoit voir que les caractères essentiels des plantes ne doivent être ni de la racine, ni d'autres parties encore moins importantes, mais de la forme et de la po- sition des anthères et des pistils; il dit que la surface des stigmates est très-poreuse ou velue pour mieux recevoir le ollen et l'introduire par le style dans l'ovaire ; il observe es différences de grandeur des étamines dont quatre sont plus longues et deux plus courtes dans les crucifères (tétra- dynamie); dans les /abiées de six étamines, quatre sont plus courtes (didynamie); dans les malvacées, les filamens sont connivens , mais dans les composées , ce sont les anthères qui se joignent (syngénésie ), et 1] en conclut que les genres Lille 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE principaux doivent être établis d’après le nombre et la con- figuration des stigmates, et les genres secondaires d’après le nombre des styles. Cependant Rivix en Allemagne, Tournrrorr en France ,- Raï en Angleterre , étoient toujours les maîtres de la science. BosnHAAve essaya d'améliorer le système carpologique d'Her- mann; Sébastien VaAirzLanT celui de son maître Tour- neronT, établi d’après le nombre , la forme et la disposi- tion des pétales. On lui doit le Botanicon parisiense, où il a décrit et figuré, mieux qu'on ne l’avoit fait alors, un grand nombre de lichens, de mousses et de champignons. L'examen des cryptogames devint l'occasion de nouvelles recherches sur la structure des plantes, et par conséquent sur leurs organes sexuels. Grew, Bobart, Raï et Camerarius déjà cités, avoient augmenté par leurs expériences et leurs observations la somme des probabilités en faveur du sys- tème sexuel. Joseph Grorrroy fit paroitre dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Paris, d'excellens mémoires sur la nature du pollen, et sur celle des différentes parties. Réaumunr prouva que le nostoc est une véritable plante qui se produit par des graines; ses observations sur la fructi- fication des fucus, démontrèrent le sexe des plantes de la manière la plus évidente, quoiqu'il ait avancé à ce sujet des faits qui depuis ont été très-bien réfutés par M. Gmezin. Cette masse d'observations sur le sexe des plantes, fut encore augmentée par celles de Richard BrADzEYx, et surtout par celles du célèbre Jean Jac. Dire qui a fait des travaux si importans pour l'histoire des lichens et des mousses. M. Sprengel indique les nombreuses espèces dont on lui doit la connoissance. J. Semeucuzer fit pour l’agrostographie (l'étude des graminées), ce que Dillen avoit fait pour la cryptogamie , et on y trouve quelques élémens du Système de Linné ; cependant le système sexuel eut un redoutable adversaire; Jul. PonrrnerA, célèbre professeur à Pise, s’éleva contre vette doctrine, ainsi que Jo. Ern. HeBEns- TREIT; mais les excellentes observations de Patric. BLaïr sur la génération et le sexe des plantes, répandirent sur cette question de nouvelles clartés, et servirent beaucoup à faire triompher le système sexuel , et les observations de Pierre Ant. Micuezr, digne émule de Dizcen, pour l'his- toire des cryptogames, finirent par établir la vérité de manière à ne plus laisser aucun doute. - ZT D'HISTOIRE NATURELLE. { 449 La première partie de ce siècle de 1700 à 1738, vit encore d’habiles Botanistes se livrer à des voyages périlleux pour étendre la science : deux Minimes provençaux se distin- guëèrent dans ce genre de recherches. Le Père PLUMIER rap- porta d'Amérique un nombre considérable de plantes nou- velles : le Père Feurzrée fut au Brésil et au Chili; cette contrée fut aussi visitée par FReziER. capitaine du génie; Enpelb. Kasmrrer vit presque toute l'Asie pendant dix ans qu'il y passa. Les empereurs de Russie qui depuis Pierre I, ont toujours favorisé les sciences et les lettres , voulurent faire visiter les différentes parties de leur immense empire; Dan. Theop. MessenscumimrT, Théop. Sonoser, Jo. Christ. Buxsaum, Traug. Gerrer, HernzezmAnn, Jean-Gorge Gmerin, Jo. Jac. Lencue, et Georg. Guill. Srezrer méritèrent , par leurs travaux , les encouragemens et la protection de ces sou- verains. Marc Caressy visita la Virginie et la Caroline, la Nouvelle Georgie, la Floride, les iles de Bahama et de la Providence; Guil. Housroux, les Antilles; Laurent GanciN, l'Inde; Jo. Bapt. Lasar, les Antilles; Thom. Suaw, l’Afri- que, l'Egypte et la Syrie ; Jean Burmanx, l'ile de Ceylan; Joseph Jussieu, ULLoA et Juan l'Amérique. On doit citer ici Ælbert Sema qui, s’il n'a pas voyagé, a rassemblé et fait figurer en deux beaux volumes les principales curio- sités naturelles de l'Inde. Parmi ceux qui se livrèrent spécialement alors à l'étude des plantes de leur patrie, M. Sprengel cite en Allemagne, Mart. Dan. Joxren, Abrah. Resrezv, J. Christ. BuxsauM, David Wiracuer, Christ. Henr. Erxprez; en Pologne, Gabr. Rzaczyxski; en Prusse, Georg. Andr HELLWING ; en Alsace, Franc. Balth. Linpern; en Suisse, J. Jac. Scarvcuzer , et surtout Æ{/bert HAzLer; en France, Joseph Garinez, en Italie, Jo. Jérôme ZAnnicuerzr, Pier. Ank. Micuercr; Jules PontEDERA , Ant. Tira ; en Angleterre, Caleb TurecksLp, Jo. BLAckstone , Charles DEEriING; en Suède , Jo. Linper et Olaus CELsivs; et en Norwège, Jonas Famus. On vit établir des jardins botaniques à Wittemberg, à Helmstadt, à Leipsick, à Leyde, à Cambridge; ce fut alors que fut fondé en Angleterre le beau jardin de Chelsea, dont Mur, le célèbre auteur du Dictionnaire des Jar- diniers, a donné une si belle description. 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Sprengel place encore ici quelques recherches relatives aux trayaux de ce temps, sur la structure des plantes; je pense qu'il vaudroit mieux les refondre dans le chapitre premier de ce sixième Livre où il en a déjà traité. Le Livre VII est entièrement consacré à l'histoire de Linné et de son école ; il indique, dans un ordre chro- nologique , ses différens ouvrages et ses divers travaux, et il fait voir comment chacun d'eux a avancé la science. Comme l'histoire de Linné et de ses ouvrages a déjà été traitée plu- sieurs fois, je ne m'y arréterai pas autant que je l'ai fait aux autres chapitres , quoique cette partie du Livre de M. Spren- gel soit, comme le reste, rédigée avec une méthode nouvelle. On y suit avec facilité les commencemens et les progrès du Système Linnéen; on connoit les opinions de ceux qui l'ont attaqué ou défendu , corrigé et perfectionné ; enfin l'auteur traite de la méthode naturelle établie par Anaxnson et par Bernard p& Jussteu, d'après des principes différens. M. Sprengel suit encore, pour cette dernière partie de son Æristoire de la Botanique, la marche qu'il a adoptée pour la première , il commence par traiter des travaux entrepris depuis 1737 jusqu'en 1778, sur l'anatomie et la physiologique des plantes. Les noms de Nerpnam, Guer- TARD, BJERKANDER, KrarrT, Bognmer, Hizz, WarTuer, JAMPERT, REICHEL , SAUSSURE , Bonnet, Dunamez, Murray, Wozr,Gzeicnen , KoëzreuTer , GMEIN, font assez juger de l'importance des observations dont il écrit l’histoire. Plusieurs célèbres voyageurs, tels que Atichard Pococrr, Alexandre Rvssezz, Marrrr, ADAnson, Poivre, BurmManx, Crayron, Bartram,BanRÈRE, CHARLEvOIx, CRANZ, BROWXE, Jacquin, Banks, SOLANDER, ForsTEr, ontillustré cette école ; la plupart de ceux qui se sont le plus distingués ont été les disciples de Linné, tels furent Fréd. Hasserquisr qui est mort à Smyrne , après avoir visité l'Egypte et la Syrie, Pierre ForskAEL qui a parcouru l'Arabie et n'a pas eu une fin plus heureuse; TerKsTRoEM visita l’Asie, Toren la côte de Malabar, Ossex , Java et la Chine , Srarrmanx la Chine et le Cap de Bonne-Espérance, TaunserG le Japon, Berçius le Cap de Bonne-Espérance, Pazzas, GmeLiN, LEPECHIN l'Asie septentrionale, Eaxmaxn la Sibérie, Karm l’Amé- RS 0 LogrLine , Jacquin l'Amérique méri- ionale. 4° ET D'HISTOIRE: NATURELLE. , 45% Les Flores des différentes contrées de l'Europe ont aussi été très-nombreuses dans cette période; leurs principaux auteurs sont pour l'Allemagne, Jacquix , Scorozr, WuLFren, CRranz, ScxacrFer , Pozricn, Neckér, Jo. Fréd. GMELIN, J. Jac. Reicuar», Jo. Jac. Rirrer, Phrl: Conr. Fasricivs, Morxcn, Hazren, Zinn, Murray, Kuux, WE1GEL ; pour la Silésie, le comte Marruscuxa ; pour la Prusse, WuLrr ; en Suisse, Lacuenaz, Miec ; dans la Belgique , David DE GortEn, David Mees; dans la France, FABrEGoU, LE Monnier, DESCURAIN, CHOMEL, GERARD, Gouax, Bu- cHoz; pour l'Italie, SEGUIER, SABBATI, Turgiont Toz- ZETTI, VALLE, ALLIONI, BATTARA; en Espagne, LOEFLING, Quer ; en Angleterre, HunsoN, CurTIS, LIGHTFOOT, Wi- THERING ; en Danemarck, OEDER ; en Norwège, GUNNER ; en Islande, KoEnic. Les principaux jardins établis depuis cette période sont celui de ScHoznBruNN, décrit par Jacquin, ceux de Goœt- tingue, d'Helmstadt, d'Utrecht, de Turin, et le célèbre jardin de Kew en Angleterre. M. Sprengel termine ici son ouvrage : il est malheureux . ne l'ait pas conduit jusqu à notre temps; sans doute il a voulu éviter de juger ses contemporains , et quoique cette réserve nous prive d'une partie très-intéressante, et qu'il auroit traitée aussi bien que le reste, nous devons l'approuver. Ce volume est terminé par une table systématique des noms de plantes qui est très-étendue , celle des noms d'auteurs qui suit n'est peut-être pas assez complète, et on regrette qu'il n'en ait pas joint une autre pour les matières. A. L. M. 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE GE EFFETS EXTRAORDINAIRES DE EA FOUDRE Tombéele 14 février 1809, sur la maison de M. BADENIER , à Antoni, près Paris; recueillis par M. BEYER, chargé de la pose des Paratonnerres sur les Édifices publics, rue de Clichy, n° 16. Le 18 février 1809, je fus appelé par M. Badenier, pro- priétaire à Antoni, près du Bourg-la-Reine, pour examiner les effets du tonnerre tombé sur sa maison, le 14 de ce mois, et pour la mettre à l'abri de semblables dangers en l’armant d'un paratonnerre. Les détails suivans me parurent assez curieux pour devoir être publiés. Il étoit sept heures et demie du soir: M. Badenier étoit dans une salle basse avec son épouse et deux autres per- sonnes, lorsqu'un violent coup de tonnerre se fit entendre avec un bruit semblable à la décharge d'une forte pièce d'artillerie. Entre cette salle et la cour, règne un corridor ou vestibule dont les portes, les fenêtres et les volets du dehors étoient exactement fermés; le long de ce vestibule étoient plusieurs fils de sonnettes avec différens mouvemens correspondans dans les appartemens, tant du rez-de-chaussée que des autres étages. Je crois devoir observer que c’est à ce grand nombre de fils de fer et de tringles de croisées, que M. Badenier et sa famille dürent leur conservation. Au moment même du coup de tonnerre, toutes les per- sonnes présentes apperçurent à travers les carreaux de la porte vitrée, une large nappe de feu qui sembloit enflammer tout le vestibule; toute la maison fut aussitôt remplie d'une forte odeur de soufre, Un facteur qui, au lieu de sonner à la DR ee ET ET D'HISTOIRE NATURELLH. 453 à la porte d’entrée, avoit l'habitude de passer ses dépêches par la croisée de la salle où la famille se trouvoit réunie, n'a du la vie qu'à cette circonstance singulière. Il se trouva là au moment même du coup, et s'il eût sonné, il eût indubitablement été foudroyé, puisque la chaine de la son- nette a servi à conduire la foudre au réservoir commun. Voici la marche qu'a suivie la matière fulminante. La maison de M. Badenier a la forme d'un carré long, dont l'un des grands côtés, donnant sur la route, est ex- posé au levant; et l’autre, sur la cour, est exposé au cou- chant : trois cheminées s’élèvent de plusieurs pieds au-dessus du toit, une à chaque extrémité de l'édifice , et l’autre au milieu ; l'orage venoit du nord-ouest, et c'est précisément la cheminée placée de ce côté, qui a été frappée, et qui seule a reçu la décharge du nuage orageux : le sommet de cette cheminée a été enlevé par la foudre, et lancé au milieu de la cour, sans que le toit ait été endommagé ; une forte tringle de fer, appuyée contre le tuyau intérieur de cette cheminée donnant dans le grenier, a servi à conduire la matière de la foudre dans une pièce au-dessous; ce qu'il étoit aisé de conjecturer; d'abord, par la tringle qui pré- sentoit dans toute sa-longueur des marques d'oxidation, ensuite par le trou fait au plancher à l'endroit où cette tringle étoit posée. Dans cette pièce, la foudre a détaché la bordure d’une glace sans endommager la glace, cassé en deux morceaux la tablette d'une cheminée, brisé trois carreaux de vitre; elle s'est portée sur un fauteuil dont elle a fondu tous les clous de cuivre dorés, mais seulement à leur point de contact, chaque tête de clous ayant deux côtés attaqués, et deux autres intacts, la légère solution de continuité qui existoit entre ces clous, a produit une explosion suffisante pour mettre le métal en fusion; le bois et la garniture ont été seulement noircis en plusieurs endroits. Dans la même chambre, et dans celles qui suivent, ainsi que dans le corridor , les fils de fer des sonnettes ont été fondus et volatilisés, et ils ont laissé à leur place, sur les murs et plafonds, et dans tous les endroits où la fusion a eu lieu, des empreintes d'oxidation de l'effet le plus ex- traordinaire. Sur le plafond du vestibule, au premier étage, on remarque la plus belle empreinte qu'il soit possible de Tome LXIX, DÉCEMBRE an 1809. Mmm 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, voir ; la foudre en volatilisant huit décimètres (environ deux pieds) de fl de fer de sonnettes, a tracé dans un espace de six pieds de longueur sur quatre de largeur, la véritable image de l'éruption d'un volcan. J'ai trouvé ce phénomène si curieux et si extraordinaire, que jai fait graver cette empreinte d'après un dessin fait sur les lieux mêmes. Enfin la foudre a produit en grand les effets qu’on obtient dans les cabinets de physique, par la fusion des fils métalliques sur une feuille de papier blanc, au moyen de la décharge d’une batterie électrique. (pl. 1.) Les tringles des croisées, les fils des sonnettes, les clous servant à lier les pièces de bois des plafonds, enfin tous les corps métalliques qui se sont trouvés voisins du passage de la foudre, ont été attaqués; et, je le répète, ce n'est qu'à cela seul que la maison doit sa conservation. Un petit nécessaire en bois de rapport, renfermant deux vases en porcelaine, ayant chacun un double couvercle de plomb et une garniture en argent, posé sur une tablette appuyée contre le mur, le long duquel régnoient les cordons de la sonnette de la porte cochère, a été atteint d'une manière assez singulière. Du côté tourné vis-à-vis du trou fait dans le mur par la foudre, le bois a été dépoli; la ma- tière fulminante a pénétré dans l’intérieur par un des angles, a tourné autour des vases sans laisser d’autres traces de son passage que des marques de fumée, et des taches d'oxi- dations sur les parties couvertes de mttal ; elle a détaché la garniture, brisé en deux morceaux, et noirci une petite cuiller d'ivoire qui s'y trouvoit. Dans une salle inférieure, et toujours dans la même di- rection, un vase et une soucoupe en porcelaine, posés sur une cheminée, au milieu d'autres objets, ont été seuls atteints; le vase a été brisé en morceaux, et la bordure en or de la soncoupe a été fondue, et est demeurée incrustée dans la porcelaine méme. Après avoir suivi tous les fils de sonnettes, la foudre s’est attachée à la chaîne placée à côté de la porte cochère, et qui servoit à tirer la sonnette d'entrée; cette chaîne a été brisée en plusieurs endroits, et les chainons se sont trouvés incrustés dans le mur en pierre de taille, le long duquel elle étoit fixée; le bouton qui servoit à la tirer a été détaché, et les scellemens enlevés. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455 Là se terminent les traces visibles de ce coup de tonnerre, aussi remarquable par la singularité de ses effets, que par l'époque où il s'est fait entendre. OBSERVATIONS. SUR LE DERNIER MÉMOIRE DE M. DAVY, Par MM. GAY-LUSSAC Er THENARD. M. Davy ayant appris par le Moniteur le résultat de nos expériences sur l'action réciproque du métal de la potasse et du gaz ammoniaque, s’est empressé de les répéter et d'en tenter de nouvelles. Ses observations n'étant point d'accord avec les nôtres, nous allons les rapporter toutes ensemble, et rechercher quelles sont les causes d'erreur qui peuvent exister de part et d’autre. 1°. M. Davy rapporte qu'il a mis le métal de la potasse en contact avec le gaz hydrogène à toute sorte de tempé- rature, et qu'iln y a jamais eu aucune partie de ce gaz ab- sorbée ; cependant, la combinaison du métal de la potasse avec l hydrogène est bien facile à opérer : il suffit de chauffer avec une lampe à esprit de vin le métal et le gaz hydro- gène qu on introduit successivement dans une petite cloche de verre recourbée et pleine de mercure. En effet, on ne tarde point à voir le mercure monter rapidement, pourvu qu'on approche plus ou moins de la cloche la flamme de la lampe afin de saisir le degré de feu convenable. Le métal se combine ainsi avec une quantité d'hydrogène quiéquivaut au moins au quart de ce qu'il en dégage avec l’eau. Ainsi saturé d'hydrogène, il est sous la forme d'une poussière grise, à laquelle nous avons reconnu les propriétés suivantes. Cette poussière n’a point l'apparence métallique; elle fait M mm a 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une vive effervescence avec l’eau , et donne environ un quart d'hydrogène plus que le métal qu'elle contient n'est sus- ceptible d'en donner. Mise à froid en contact avec le mer- cure, elle se décompose peu à peu ; il se fait un amalgame de ce métal, et tout l’hydrogène auquel elle doit son état pulvérulent se dégage. À chaud, sa décomposition par le mercure est presque subite, et il ne s'en dégage pas plus de gaz hydrogène qu'à froid. Enfin , chauffée au rouge obscur, elle reprend les apparences métalliques et laisse encore dégager tout l'hydrogène que le métal avoit absorbé ; ce qui nous fait eroire que c'est parce que M. Davy a trop élevé la température qu'il n'a pu réussir à faire cette combinaison. >. M. Davy prétend qu'on obtient, en traitant le métal de la potasse par le gaz ammoniaque, moins de gaz-hy- drogène qu’en le traitant par l’eau , et cela, dans le rapport de 65 à 68: et il ajoute, que par cette raison, la substance olivâtre , qui résulte de l'action de l’ammoniaque sur le métal, laisse toujours dégager quelques bulles de gaz hy- drogène lorsqu'on la dissout dans l’eau. 8i cette dernière expérience étoit vraie, l'opinion de M. Davy seroit prouvée ; mais sans doute, M. Davy n'a point combiné tout le métal avec l'ammoniaque ; car nous pouvons assurer que lorsque cette combinaison est complète, la substance olivâtre qui en résulte ne fait aucune sorte d’effervescence avec l'eau; nous pouvons assurer de plus, parce que nous l'avons cons- taté un grand nombre de fois, que le métal donne abso- lument avec l’ammoniaque la méme quantité- d'hydrogène qu'avec l’eau; mais il faut pour cela apporter dans l'ex- périence de grandes précautions ; il faut surtout que le métal ne puisse point se combiner avec le plus petit globule de mercure; autrement il se forme un amalgame que l'am- moniaque ne peut détruire qu'en partie, qui reste au milieu de la matière olivâtre, et qui ensuite fait effervescence avec l'eau. Or, comme l'expérience se fait sur le mercure, et comme on est obligé de passer le métal à travers le mercure même, on n'est pas toujours certain de s'opposer à un commencement d'amalgamation. Le mercure, et plusieurs autres métaux , tels que le plomb, l'étain, le bismuth, jouis- sent même de la propriété de décomposer la substance oli- vâtre à l’aide de la chaleur, d'en dégager de l'ammoniaque et de l'azote, et de former un alliage qui pulvérisé, fait une vive effervescence avec l'eau. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 3%. Nous avons annoncé dans nos premiers Mémoires sur le métal de la potasse, qu'il se comportoit avec le gaz am- moniaque ordinaire absolument de la même manière qu'avec le gaz ammoniaque desséché par les alkalis. Mais les ré- sultats de M. Davy différent encore singulièrement des nôtres en ce point. Huit grains du métal de la potasse ont absorbé dans ses expériences seize pouces cubes de gaz ammoniaque desséché par la potasse ; et seulement douze pouces et demi de gaz ammoniaque ordinaire. D'ailleurs , il y a eu de part et d’autre, la même quantité de gaz hydrogène dégagé. Quoique nous eussions fait nos premières experiences avec beaucoup de soin, nous avons cru devoir les répéter plu- sieurs fois : dans toutes, l'absorption a été constamment la même, soit avec le gaz ammoniaque ordinaire, soit avec le gaz ammoniaque desséché, toutes Les fois que nous ayons également chauffé ; mais elle a toujours été différente toutes les fois que nous avons chauffé inégalement. C'est qu'au moyen d'une température un peu élevée on dégage beaucoup d'ammoniaque de la substance olivätre; ainsi, la quantité d'ammoniaque absorbée par le métal étant très-variable en raison de la température employée, il est possible que ce soit la raison pour laquelle M. Davy a obtenu des résultats si différens. ] 4°. On sait qu'en traitant le gaz ammoniaque par le métal de la potasse, ce gaz est absorbé; qu'il se dégage du gaz hydrogène pur, et que le métal est converti en une substance olivâtre qui n'a plus aucune apparence métallique. Cette substance doit contenir tout l'azote de l’ammoniaque qui disparoïit dans l'expérience. Si donc on n'y en retrouve qu’une partie, et si à la place de ce qui manque on y trouve d'autres corps, nouveaux, ou déjà connus, il faut en con- clure que ces corps, quels qu'ils soient, sont les élémens de l’azote. C'est à cette conséquence que M. Davy vient d’être conduit : selon lui l'azote est composé d’oxigène et d'hy- drogène ; il s'exprime méme d'une manière si positive, qu'on voit qu'il ne conserve aucun doute à cct égard. Pour le démontrer il traite une certaine quantité de métal par une quantité bien connue de gaz ammoniaque ; après l’expé- rience , c'est-à-dire lorsque tout le métal a été converti en substance olivâtre, il mesure ce qu’il reste d'ammo- niaque, d'où il conclut la quantité qu’il y en a eu d'absorbé. Ensuite il brüle cette substance avec une quantité donnée 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'oxigène , et à l'aide d'une foible température ; il n'obtient dans cette combustion que de l'eau, de l'azote, de la potasse très-caustique , sans aucune trace d'acide nitrique ou nitreux: mais comme la quantité d'azote dégagée nest pas même égale à la moitié de ce qu'elle devroit être, il recherche ce qu'est devenu le reste. À cet effet , après avoir préparé la substance olivätre commeil a été dit précédemment, avec du métal et du gaz ammoniaque, M. Davy la distille dans un tube de fer et en recueille tous les produits, qu'il examine avec soin. La quantité de métal quil emploie est de six grains: ces six grains, pour se convertir en subs- tance olivätre, absorbent douze pouces cubes de gaz ammo- niaque, et en dégagent 6,1 pouces cubes d'hydrogène, On en retire en les calcinant après leur conversion en subs- tance olivâtre : 1° 0,9 pouces cubes d'hydrogène ; 2° 3,6 pouces cubes d’azote ; 3° un pouce cube d'ammoniaque; 4° 2 grains de métal ; 5° enfin, environ trois grains et demi de potasse : ainsi, des douze pouces cubes d’ammoniaque absorbés il y en a onze seulement qui sont décomposés , puisqu'on en retrouve un:etau lieu de ces onze pouces on trouve 3,6 pouces cubes d'azote, et 16 pouces cubes d'hydrogène. Mais onze pouces cubes d'ammoniaque sont formés, selon M. Davy, de 1,5 pouces cubes d’azote, et de 14 pouces cubes d'hy- drogène : donc , il y a en moins 1,9 pouce cube d'azote, et en plus 2 pouces cubes d'hydrogène. D'un autre côté, comme M. Davy obtient dans son expérience plus de trois grains et demi de potasse, et qu'il regarde la potasse comme un véritable oxide métallique, il n'hésite point à en conclure que l'azote qu'il a en moins a été décomposé ; que ses élé- mens sont l’oxigène et l'hydrogène; que son oxigène s'est combiné avec du métal pour former de la potasse ; et que son hydrogène , alors rendu libre, s'est dégagé. Nous n'avons point encore répété cette dernière expé- périence de M. Davy : cependant nous pouvons dès à présent faire une observation qui prouve quil n'obtient pas plus d'hydrogène qu'il n'en doit obtenir. En effet , onze pouces cubes d'ammoniaque , dansdesquels il n’admet que 14 pouces cubes d'hydrogène, en contiennent 16,5. Nous avons répété avec beaucoup de soin l'autre expérience de M. Davy, c est- à-dire celle qui consiste à brüler la matière olivätre avee de l'oxigène , et nous avons retrouvé constamment fonte la quantité d'azote et d'hydrogène que cette matière devoit con RE RE PT ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 tenir. Si M. Davy n'a pas retrouvé tout l'azote de la ma- tière olivâtre, cela vient peut-être de ce qu'il aura cru qu'en brülant cette matière dans le gaz oxigène, tout l'ammo= niaque qu’elle contient étoit décomposé, tandis qu'il y en a toujours une portion qui ne l'est pas; surtout, quand en préparant la matière olivâtre on ne l'a point fortement chauffée. Voici les résultats de nos trois expériences , dans lesquelles on suppose que l’ammoniaque contient une fois et demie son volume d’hydrogène , et la moitié de son volume d'azote. Cette supposition résulte d'un grand nombre d’ana- lyses faites avec beaucoup de soin. AMMONIAQUE AZOTE AZOTE HYDROGÈNE | HYDROGÈNE ABSORBÉ A A PAR LE MÉTAL.| RETROUVER. | RETROUVÉ. | RETROUVER.| RETROUVE. 1"° Expérience. 123 61,5 59,7 184,4 186,4 fe Expérience. | 116,5 58,1 55,42 174,5 171,2 3° Expérience. | 113,5 56,75 55,7 170,25 175,4 176,35 | 170,82 529,25 530 Moyennes, soit sommes. 352,8 Le résultat de toutes les expériences qu'on vient de rap- porter , est: 1°. Que le métal de la potasse absorbe très-bien le gaz hydrogène. a°. Qu'il dégage la même quantité d'hydrogène avec l’am- moniaque qu'avec l’eau. 30. Qu'il n'absorbe pas plus de gaz ammoniaque desséché par un alkali que de gaz ammoniaque ordinaire. 4. Que jusqu à présent l'azote doit toujours être regardé comme un corps simple, et non comme un composé d'oxigène et d'hydrogène, 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE / LETTRE DE LOUIS CORDIER, Ingénieur des Mines, à J.-C. DELAMÉTHERIE, sur le mont Mezin. EXTRATT. Gênes, le 8 octobre 1809. Mon RESPECTABLE À M1, Je desirerois bien vous dédommager un peu de mon long silence , en vous annonçant quelques découvertes intéres- santes, malheureusement je n’ai rien trouvé de biensaillant. N'ayant pas terminé mes tournées dans la portion des Apennins qui m'est dévolue, je remets à un autre moment de vous en donner une idée. Je n'ai fait que traverser les Alpes. Le passage du Mont-Cénis a été mis à découvert par la nouvelle route. On y voit d'immenses couches de gypse qui alternent avec les roches schisteuses micacées, composent à peu près la vingtième partie de la masse des montagnes, et se montrent également dans les parties les plus basses comme dans les plus élevées. Saussure avoit cru ce gypse superposé; je me suis facilement assuré qu'il est bien réellement intercalé. J'ai revu presque tous les volcans éteints de l'intérieur de la France.Mon butétoitde vérifier plu- sieurs de mes descriptions, et d'en faire de nouvelles partout où je pourrois trouver des localités vraiment classiques, c’est-à-dire susceptibles d’être citées comme offrant un phé- nomène géologique complet et parfaitement circonscrit. Je me suis beaucoup occupé du Mezin qui est un système vol- canique analogue au Puy-de Dôme etau Mont-d'Or, mais beaucoup mieux caractérisé. On y voit deux ordres de matières volcaniques; cs mn EE" on de Re Ent 7e en. ME Ml Dr ET D'HISTOIRE NATURELLE, 46r volcaniques ; savoir, celles qui sont antérieures à la dernière période du cataclysme diluvien, et celles qui ont été vomies postérieurement à toutes les révolutions. La masse des mon- tagnes est composée presqu'entièrement des premières. Cette masse considérée en grand, est conique très-aplatie. Son rayon est de dix lieues. Nous trouvons avee M. Ramond, qu'elle a 1774 mètres au-dessus de la mer. Elle domine, d'environ 800: mètres, le plateau granitique sur lequel elle repose; elle:est la ruine d’un colosse volcanique qui étoit, sans contredit, beaucoup plus élevé et:plus étendu. On y observe cette particularité extrêmement remarquable , c'est que la plupart des déjections incohérentes n'ont éprouvé aucune altération et n'ont point été changées en tufs ou en brèches. Les scories rouges en fragmens, les scories noires lapillaires se présentent avec tous les caractères que le feu leur a imprimés. Il faut ajouter que tous les courans ou les segmens de courant , sont accompagnés de leurs croûtes sco- rifiées inférieures et supérieures. L'intérieur de ces courans ne présente que des laves littoides, depuis le porphyre basaltique jusqu'au porphyre à base de feld-spath compacte, terreux ou grenu à grains très-fins; les trois variétés de base feld-spathique se rencontrent souvent dans le même courant, et offrent aussi le passage de trois prétendues espèces, là domite, la base du graustein et le kleingstein. Les layves modernes sont peu nombreuses au Mezin, toutes sont formées de basalte porphyrique à beaux cristaux de péridot et de pyroxène, mêlé de nœuds de péridot granuleux,. On retrouve les mêmes nœuds et les mêmes cristaux dans les scories qui composent les cratères d’où ces laves sont sorties. Les courans modernes s'étant presque tous écoulés dans des vallées étroites et profondes, les torrens ont repris leur lit en creusant dans la lave un énorme sillon : il en résulte des coupes admirables soit par leur élévation , puis- qu'elles ont quelquefois jusqu'à 200 pieds, soit par la ré- ularité et les dimensions des prismes de basaite, soit par eur étendue, car elles se prolongent souvent des lieues en- tières. Ces magnifiques rideaux sont garnis de scories par en haut et par en bas. La décomposition des scories infé- rieures donne lieu, dans de certains endroits, à un phéno- mène curieux. Le tuf (ou vacke) qui en résulte, se mêle avec le limon fluviatile ou le sable que la lave avoit re- couvert, et ces endroits-là offrent un passage dans le genre Tome LXIX. DÉCEMBRE an 1809. Nan 462 JOURNAL DE PRYSIQUE, DE CHIMIE de ceux que M. Werner admet : celui du sable ou de l'argile au basalte!!! Les colonnades basaltiques modernes du Mezin sont, à coup sûr, les plus belles qui aient encore été observées quelque part que ce soit. Honneur à M. de Faujas qui, le premier, a essayé de les faire connoître! Tout le système du Mezin repose sur un nouveau genre de granite, dans lequel la pinite entre pour un vingtième, un dixième et même un tiers. Cette Fac occupe un espace de plus de 250 lieues carrées, et se prolonge jusque dans le ci-devant Forêt, où elle sert de matrice à la prétendue émeraude découverte par M. de Bournon. Or cette éme- raude n'est rien autre chose que la pinite translucide; je m'en suis assuré sur les lieux. Je passe sous silence une foule de détails assez piquans concernant les roches volcaniques et la structure descourans. J'ai déterminé près de deux cents positions importantes à l'aide des observations barométriques que M. Ramond a corrigées à Clermont. Je suis resté presque deux jours de suite sur quelques sommets principaux dont nous voulions avoir la hauteur rigoureuse... ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 ee RECHERCHES Sur la production d'un amalgame par l’ammoniaque et les sels ammoniacaux, au moyen de la pile voltaïque, Par MM. GAY-LUSSAC £r THENARD. Lu à l'Institut National, septembre 1809. Les premières recherches faites sur cet objet sont dues au docteur Seebeck de Jéna; c'est lui qui découvrit dans les premiers mois de l’année 1808 , que le carbonate d'am- moniaque solide et légérement humecté, pouvoit, comme la potasse et la soude, transformer le mercure en un vé- ritable amalgame, en disposant ces substances de telle sorte que le mercure touchät le pôle négatif, et que le sel touchât le pôle positif. Les expériences de M. Seebeck sont consignées dans le Journal de Gehlen, et rapportées par extrait dans les Ænnales de Chimie (n° 197, mai 1808, pag. 191). Il en résulte que l'amalgame fait avec le car- bonate d'ammoniaque est mou , beaucoup plus volumineux que ne l’est le mercure qui en fait partie, qu'il fait une légère effervescence avec l'eau , et qu’à mesure que l’efler- vescence a lieu , l’eau devient alkaline et le mercure coulant. D'ailleurs M. Seebeck n’est entré dans aucun détail sur la théorie qui peut expliquer ces faits; il s’est contenté de les exposer, et c'est aussi ce qu'a fait M. Tromsdorf en répétant les expériences de M. Seebeck. MM. Berzelius et Pontin sont les premiers qui aient donné une explication de l’amalgame ammoniacal, Entrainés par la théorie de Davy, dans laquelle on regarde la potasse et la soude comme des oxides métalliques, ils se sont per- suadés que l'ammoniaque ‘étoit aussi un oxide métallique, et que l'amalgame ammoniacal n'étoit autre chose qu'une Nnn z 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE combinaison de mereure et du métal de l'ammoniaque. (Bibliothèque Britannique , n° 525-524, juin 1809, p. 122.) On conçoit facilement que la production d'un amalgame avec l’ammoniaque devoit vivement fixer l'attention de M. Davy: aussi l'a-t-il examiné dès que M. Berzelius le lui eut fait connoître. Son premier soin a été de chercher un procédé pour l'obtenir facilement. Il a essayé successi- vement l'ammoniaque à la manière des chimistes suédois, le carbonate d'ammoniaque à la manière de Seebeck, et ensuite le muriate d'ammoniaque; il a préféré ce dernier sel comme donnant plus facilement des résultats. Pour en rendre l'emploi commode, il en a fait un creuset ou petite coupelle quil a légérement humecté ; il l'a placé sur une lame de platine adaptée au pôle positif; ensuite il y a versé trois grammes de mercure qu'il a fait communiquer par un fil au pôle négatif; et tout étant ainsi disposé, il a mis la pile en activité. À peine le fluide commençoit-il à passer, qu’il voyoit le mercure augmenter considérablement de volume, s’épaissir au point de former un solide mou ressemblant à l’amalgame mou de zinc, et souvent offrir des ramifications qui, lorsqu'elles se rompoient, disparois- soient rapidement en lançant une fumée d'odeur ammo- niacale et reproduisant le mercure coulant. Les propriétés que M. Davy a reconnues à cet amalgame, sont les suivantes, dont plusieurs ont été observées par M. Seebeck ou par MM. Berzelius et Pontin. Cet amalgame est un solide en consistance de beurre à la température de 21 à 26° centigrades. Soumis pendant quelque temps à la température de la glace fondante, il acquiert une assez grande dureté, et cristallise en cubes quelquefois aussi beaux et aussi gros que ceux de bismuth. Sa pesanteur spécifique est en général au-dessous de trois, et son volume cinq fois aussi grand que celui du mereure qu'il contient. Ex- posé au contact de l'atmosphère ,il se couvre d'une poudre blanche de carbonate d'ammoniaque. Mis en contact avec un volume donné d'air, ce volume augmente très-sensi- blement ; il se produit une quantité d'ammoniaque qui égale une fois et demie celui de l'amalgame , et il disparoit ue quantité d'oxigène qui équivaut à ; ou + de l'ammo- niaque dégagée. Jeté dans l'eau, il s’en dégage un volume d'hydrogène à peu près égal à la moitié du sien; l'eau devient une solution faible d'ammoniaque, et le mercure ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 reprend son état ordinaire. Traité par le gaz acide muria+ tique, il y a dégagement d'hydrogène et formation de mu- riate d’ammoniaque; traité par l'acide sulfurique , il se forme du sulfate d'ammoniaque et se dépose du soufre. Versé dans le naphte , il se décompose sur le champ avec dégagement d'ammoniaque et d'hydrogène ; versé dans d'autres huiles, il se décompose également ; il y a production d'un savon ammoniacal et toujours dégagement d'hydrogène. IL existe donc les plus grands rapports entre l'amalgame ammoniacal et les amalgames des métaux de la potasse et de la soude. M. Davy en est frappé et n’hésite pas un instant à conclure, comme MM. Berzelius et Pontin, que l’amalgame ammo- niacal est une combinaison de mercure et d’un métal parti- culier, base de l'ammoniaque auquel il donne le nom d'am- MmONTUNL. Il cherche à obtenir ce nouveau métal , en distillant cet amalgame dans des vases à l'abri du contact de l'air; mais de quelque manière qu'il s’y prenne, quelqu'effort qu'il fasse, il n'en retire jamais que du mercure, de l'hydrogène et de l'ammoniaque : cependant il n'en persiste pas moins dans son opinion; il la soutient en attribuant à une quantité d’eau imperceptible, la destruction de l'ammonium, et en expliquant de cette manière comment on obtient de l’hydro- gène et de l'ammoniaque dans cette distillation. Ainsi l’ammoniaque n'est plus, pour M. Davy, un com- posé d'azote et d'hydrogène, puisqu'il admet un oxide mé- tallique au nombre de ses principes constituans , et qu'il regarde l'azote comme un oxide formé d’oxigène et d'hy- drogène. Cet alkali n’est plus à ses yeux qu'un véritable oxide métallique hydrogéné. Toutes singulières que soient ses idées sur a nature de l'ammoniaque, il est si persuadé qu’elles sont vraies, que c'est en les suivant qu'il a été conduit à faire une expé- rience très-curieuse, mais à laquelle on peut être conduit d'une manière bien plus directement encore. Après avoir fait une combinaison liquide de mercure et de métal de la potasse , à la température ordinaire, il l'a versée dans une petite coupeile de sel ammoniac légérement humecté ; et tout aussitôt sans l'influence électrique, l'amal- game s’est épaissi, et a pris un volume de 6 à 7 fois plus gonsidérable que celui qu'il avoit. Ce nouvel amalgame jouit 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des mêmes propriétés quele précédent , et M. Davy a trouvé qu'il n’en diffère qu’en ce qu'il contient une beaucoup plus grande proportion d'ammonium et qu’il est plus perma- nent ; ensorte qu'on peut le conserver long-temps dans des tubes fermés et dans l'huile ou le naphte. ' Tous ces, résultats sont d’une si haute importance, qu'on ne pouvoit mettre trop d'intérêt à les vérifier: cette véri+ fication même étoit. d'autant plus nécessaire, que la théorie à laquelle ils ont donné lieu, est plus extraordinaire. D'abord nous avons répété, tels qu'ils ont été décrits, tous les procédés relatifs à la production d'un amalgame par l'influence ÉRATIQUE et nous avons vu que tout ce, qu'on en a dit est de la plus grande exactitude. On réussit avec une solution d'ammoniaque, mais beaucoup! moins bien qu'avec le carbonate ou le muriate d'ammoniaque solide et légérement humecté; de même qu’on réussit beau- coup mieux en employant ces sels dans cet état qu'en les employant dissous. On peut aussi, au lieu de ces sels, em- ployer avec le même succès tout autre sel ammoniacal ; du moins c’est ce que nous avons constaté en nous servant de sulfate et de phosphate d'ammoniaque. En général l'acide du sel et l'oxigène de l’eau sont transportés au pôle positif; et il se rassemble à ce pôle tant d'acide muriatique oxigéné torsqu'on se sert de muriate d’ammoniaque, qu'il est difficile de respirer l'odeur qui s’en exhale. On apperçoit au con- traire à peine quelques signes d’effervescence au pôle né- gatif; mais si on en ôte le mercure, il y en a alors une très-vive, d’où l’on peut déjà conclure que les gaz qui se dégagent dans ce cas, se combinent avec le métal dans le premier. Deux piles de 100 paires, chaque paireayantein- quante centimètres carrés de surface, sont plus que sufi- santes pour réussir complètement. Nous avons également répété ayec succès le procédé au moyen -duquel on fait l'amalgame d'ammoniaque sans l'in- fluence électrique: M. Davynes'estservi pour le produire , que de muriate d'ammoniaque; mais on peut se servir d'un seb d'ammoniaque solide quelconque, pourvu qu'il ne soit pas trop humide, Il n'y,a,même pas de choix à faire; tous:sont également bons lorsqu'on les place dans les mêmes éirconsz tances ; À peine le contact a-t-il lieu , que l’amalgame aug- mente considérablement de volume et prend la consistance de beurre.: ET D'HISTOIRE NABURELLE.) 467 Après - avoim, ainsi que nous-venons. de le dire, repro- duit Lamalgame ammoniacal ;, nous nous , sommes :oc- cupés, de rechércher des moyens pour en déterminer la nature. Les plus directs. et les plus exacts que nous ayons trouvés, sont de bien. sécher l'amalgame, aussitôt, qu'il est, fait , et de le venser dans un petit flacon de verre. long et étroit , bien sec ét rempli d'air, et de l'y agiter pendant queues minutes; parce moyen on le détruit sur le champ, es corps qui le constituent, se séparent et reprennent leur état ordinaire; l'un de ces corps est déjà connu, c'est le mercure, qu'on voit tout de suite redevenir liquide et très-dense ; les deux autres sont, l'hydrogène et l'ammo- niaque qui repassent à l'état de gaz, se mélent avec l'air du flacon sans l’altérer en aucune manière, ainsi que nous nous en sommes assurés au moyen de l’eudiomètre de Volta. On doit donc conclure de là, que l'amalgame ammoniacal formé de mercure, d'hydrogène et d'ammioniaque, ne peut exister que sous l’influencé électrique, et que par consé- quent ses principes constituans ont peu d'affinité les uns pour les autres. OPA LE ÉD UE 1 Il n'en est pas de même de celui qu'on faït avec l'âämal- game du métal de la potasse; il peut exister par lui-même, tant qu'il contient du métal de la potasse: maïs Aussitôt que ce métal est détruit, il disparoït presque subitement. On en conçoit d’ailleuts faéilement la formation: en effet, lorsqu'on met en contact l’amalgamie du métal de la potasse âvec un sel ammoniacal lététeméent humecté, üne portion de ce métal par sa réaction sur l’éâu et le sel, mét À nu de l'hydrogène et de l’'ammoniaque qui, étant à l'étatnaissant, sont absorbés par l'Amalgame ,'ensotte que celui ci sè forme ét grossit à vue d'œil. Ainsi le métal de la potasse fait donc ici ce que faisoit l'électricité précédemment. F Ces expériences ‘suffisent sans doute pour prouver que l'amalgame d'ammoniaque n'ést point -yné combinaison de mereure et d’un métal, base dé l’ammoniaque; éär S'il n’en étoit pas ainsi, où ce métal auroit-il pris l’oxigène néces- saire pour reformer l’ammoniaque? Est-ce dans l'air, comme le prétend M. Davy; mais nous avons fait voirprécédemment que l'air nest point décomposé par l’amalgame' d'ammo- ñiaqüe:‘est-cé dans un peu d'eauiqui pourroit rester ‘adhé- rente à l'amälgame, comme le prétend endôre M Davy; mais l'amalgame ayant la consistance de beurre, on peut \ 468 JOURNAL DA PHYSIQUE, DE CHIMIE n'en prenñdre que les portions intérieures, surtout en abaïs- sant Sa température à zéro, et les résultats sont encore les mêmes. D'ailleurs cet amalgame versé dans une petite cloche pleine d'acide muriatiqueoxigéné liquide , et bouchée avec le doigt, donne de l'hydrogène. Maintenantqu'il est prouvé que l'amalgame d’ammoniaque ne peut exister sans l'influence électrique , et qu’il est composé de mercure, d'hydrogène et d'ammoniaque, il ést facile de prévoir à priori, comment il se comportera avec tous les corps; il est évident qu’il se décomposera toujours et que ses principes agiront sur ces corps comme ils y agissent dans leur état de liberté, On pourroit croire, à la vérité , que l'hydrogène de cet amalgame seroit capable de produire des décompositions qu’il ne produit point or- diniairement; mais on sera convaincu qu’il ne jouit pas de cette propriété , si on se rappelle qu'il donne de l'hydro- gène même avec l'acide muriatique oxigéné. Cependant il est des corps qui décomposent l'amalgame d'ammoniaque beaucoup plus promptement que d'autres; ce sont ceux qui sont très-légers et dont les molécules sont très-mobiles : tels sont l'éther et l'alcool ; à peine le contact a-t-il lieu, qu'il en résulte une effervescence extrémement vive, et que le mercure reprend son état ordinaire. Le mou- vement produit dans ce cas par le déplacement des molé- cules du liquide, est la cause pour laquelle la décompo- sition est si PRPHIBIEE Aussi cet amalgame se conserve-t-il pendant quelques minutes dans l'air, lorsqu'il y a repos absolu , et s'y détruit-il sur le champ, lorsqu'on l'y agite ; ét est-ce encore de cette manière qu’il se comporte avec l'eau , et surtout avec l’acide sulfurique. Il n’est point douteux qu'il se détruiroit instantanément dans le vide; mais il n'est point certain qu'une forte pression püt maintenir ses principes réunis : c'est une expérience curieuse et que nous eussions tentée, si l’'amalgame en se détruisant et occupant un volume quatre à neuf fois plus petit, ne la rendoit pas très-difficile à faire. La nature de l'amalgame nous étant connue, il nous a semblé qu'il étoit beaucoup plus intéressant de déterminer la proportion de ses principes constituans; et c'est ce que nous avons fait comme nous allons le rapporter. Détermination ET D'HISTOIRE NATURELLE. 469 Détermination de la quantité d'hydrogène content dans l'amalsame d'ammoniaque. On a pris 35-069 de mercure, on les a mis dans une retite coupelle de sel ammoniac au pôle négatif, et lorsque leur volume a été environ quintuplé, on les a jetés dans un verre conique plein d'eau où avoit été mise d'avance une petite cloche qui en avoit été remplieelle-même ; d’abord on a laissé dégager les bulles d’air qui pouvoient être adhé- rentes au culot d’amalgame en tenant la cloche près des parois du verre, puis on l'a soulevée, le culot est tombé et tout le gaz hydrogène en provenant, s'est rassemblé peu à peu dans la partie supérieure de cette cloche. Six culots d'amalgame faits chacun avec la même quantité de mercure (3“-069) et traités successivement de celte manière, ont produit une quantité d'hydrogène telle , que le mercure ab- sorbe 5f*,47 son volume de ce gaz, pour passer à l'état d'amalgame mou. Pour éviter toute source d'erreur, le volume du mercure employé et celui de l'hydrogène recueilli, ont été mesurés dans le même tube parfaitement gradué. Une seconde expérience faite également sur six culots d'amal- game mou ayant donné des résultats qui diffèrent à peine de ceux de la première, on doit les regarder comme très- exacts, ou au moins comme approchant beaucoup de la vérité IL pourroit pourtant arriver qu'en répétant ces expériences, on trouvât d'autres nombres que les nôtres; et cela auroit nécessairement lieu si on ne faisoit point l'amalgame de manière à l'obtenir mou, ou de manière que le mercure qui en fait partie, quintuplât au moins de volume. Détermination dela quantité d'ammoniaque contenue dans l'amalsame d'ammoniaque. Nous avons cru d'abord qu'en amälgamant une quantité donnée de mercure , qu'en pesant l'amalgame et qu'en én retranchant le poids connu du mercure et de l'hydrogène qu'ilecontenoit,nôus aurions, d'une manière exacte, laquantité d'ammoniaque faisant partie de cet amalgame; mais nous avons bientôt reconnu que cé moyen d'analyse étoit très- Tome LXIX, DECEMBRE an 1808. Ooo 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE inexact, 10 parce qu'avant d'avoir bien essuyé l'amalgame, il est à moitié détruit ; 2° parce que cet amalgame déplace un volume d'air dont il est difficile de tenir compte; 3° enfin, parce qu’en l’introduisant dans le flacon, le gaz hydrogène et le gaz ammoniaque qui s’en dégagent , prennent encore la place d’une quantité d'air qu'on ne peut évaluer, et qui doit nécessairement apporter de grandes erreurs dans les résultats. Voilà pourquoi les pesées sont toutes diffé- rentes les unes des autres. L'une nous a donné pour 3**,06g de mercure, une augmentation de 2 milligrames; une autre nous en a donné une de 3 milligrames ; une troisième nous en a donné une de 4 milligrames et demi, et une quatrième ne nous en a donné une que d’un seul milligrame. Il seroit même possible qu'on éprouvât une perte de poids, puisque l'air du flacon est remplacé par du gaz hydro- gène et du gaz ammoniaque. Telles sont sans doute les causes d'erreur qui ont fait que M. Davy a trouvé que le mercure en s'amalgamant , n’augmentoit que de de son poids. . Forcés par toutes ces raisons, de renoncer à ce moyen d'analyse, nous avons employé le suivant, que nous regardons comme très-exact. Connoissant la quantité d'hydrogène que contient l’amalgame ammoniacal, et ne pouvant douter que l'hydrogène et l'ammoniaque ne soient en rapport constant dans cet amalgame , nous nous sommes servi de ce rapport pour déterminer toute la quantité d’ammoniaque qu'il contient. Pour cela nous avons transformé en amal- game 5‘:,069 de mercure, et après les avoir bien séchés avec du papier Joseph, nous les avons introduits de suite dans une petite cloche bien sèche, au quart pleine de mer- cure ; et tout de suite aussi, en posant le doigt sur l'orifice de la cloche, nous avons agité le tout pendant quelques minutes: par ce moyen, la portion d’amalgame qui existoit encore a été décomposée en restituant à l'état de gaz l'hy- drogène et l’'ammoniaque qu'il contenoit : aussi, au moment où après avoir plongé la petite cloche dans le mercure, on la débouchoit, voyoit-on le mercure baïsser. On a fait trois autres expériences semblables à celle-ci, afin d'avoir des résultats plus marqués; après chaque expérience, on a toujours fait passer les gaz dans un même tube gradué bien sec.et. plein de mercure ; et les ayant tous ainsi réunis dans ce tube, on a déterminé la quantité d'ammoniaque 1 12000 PUS RC NE ET D'HISTOIRE NATURELLE: 471 qu'ils contenoient en les agitant avec de l’eau; ensuite, pour connoîitre très-exactement la quantité d'hydrogène qu'ils pou- voient contenir, et qui se trouvoit dans le résidu mêlé avec beaucoup d'air, on l'a bruülé dans l’eudiomètre de Volta, mais en y ajoutant de l'hydrogène et de l'oxigène en quantité connue, afin d'en rendre la combustion complète et plus facile. Nous avons trouvé ainsi, que dans ces gaz l'ammo- niaque étoit à l’hydrogène, comme 28 à 23. Or, comme nous savons que le mercure, pour passer à l'état d'amal- game mou, absorbe #*,47 son volume d'hydrogène , il s'ensuit que pour passer à ce même état, il absorbe en même temps 4,22 son volume de gaz ammoniaque; par conséquent le mercure; pour passer à l'état d'amalgame, augmente d'environ 0,0007de son poids; tandisqued'après les expériences de M. Davy, il n’augmenteroit que de 52555 ; et cette augmentation est même ici portée au 72{21mum , parce qu'ilest très-possible que dans le cours de notre expérience il ait eu une portion d'ammoniaque absorbée. Quoique cette augmentation soit très-petite, elle paroitra suffisante pour ex- pliquer la formation de l’amalgame , si on observe que l'hy- drogène et l’ammoniaque sont des corps très-légers, et que n'étant retenus dans cet amalgame que par une très-foible affinité, ils ne sont presque pas plus condensés que dans leur état de liberté. Ooo 2 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Eu réponse aux recherches analytiques de M. DAVY, sur la nature du Soufre et du Phosphore. Lu à l'Institut, le 18 septembre 1809. Par MM. GAY-LUSSAC Er THENARD. Lorsqu'un homme, justement célèbre, publie de nouveaux résultats, on est. porté. à les regarder comme vrais : cepen- dant, avant.de les admettre au nombre.des vérités démontrées, on à besoin de les constater soi-même , on on exige qu'ils le soient par d'autres: autrement on n'auroit point une conviction intime de leur exactitude. ‘Fout autre marche seroit même contraire aux progrès des sciences; çar elle entraineroit nécessairement dans des erreurs plus ou moins graves. C'est pour cela, et aussi à cause de l'importance du sujet, que nous avons cru devoir répéter les expériences de M. Davy sur la nature du soufre et du phosphore. Jusqu'à présent ces deux corps avoientété considérés comme : simples ; mais M. Davy, en étudiant leurs propriétés plus intimement qu'on ne l’avoitencore fait, ou en les soumettant à des épreuves nouvelles, croit les avoir décomposés. Les expé- riences de M. Davy sur cettedécomposition , datent même déjà du mois de janvier. M. Pictet les annonça à la Classe il y a en- viron 5 mois, d’après une lettre qu'il avoit reçue de Londres ; et depuis, il en inséra la traduction dans le n° de la Z:- bliothèque Britanique pour le mois d'octobre, page 113. C'est dans ce Journal que nous en avons lu la description et les conséquences; et c'est à cette époque seulement quenous avons fait celles que nous allons communiquer à l'Institut. Mais auparavant nous devons dire comment M. Davy a été conduit à conclure que le soufre et le phosphore ne sont point des corps simples. Pour cela, il traite à chaud PORN PEN PA. hote ET D'HISTOIRE NATURELLE. 475 une quantité donnée de métal de la potasse par une quantité aussi donnée de gaz hydrogène sulfuré. Dans cette expérience, il y a absorption , lumière produite, combinaison du métal avec le soufre et du gaz hydrogène mis à nu. Or, lorsqu'on vient à traiter ce sulfure métallique par l'acide muriatique, on en retire une quantité d'hydrogène sulfuré qui ne repré- sente point, à beaucoup près, tout l'hydrogène que le métal est susceptible de donner; il faut donc que l'hydrogène sulfuré contienne une substance capable de détruire une portion de métal; et cette substance ne peut être que de l'oxigène. Tel est le raisonnement de M. Davy. Delà observant qu'en chauffant du soufre avec du gaz hydrogène, on fait de : hydrogène sulfuré, il en conclut que le soufre doit aussi contenir de l'oxigène. D'ailleurs il s’en assure en com- binant directement du soufre avec le métal de la potasse. Il ne retire jamais du sulfure qui en résulte, au moyen de l'acide muriatique, une quantité d'hydrogène sulfuré représentant l'hydrogène que donne le métal lui-même avec l'eau; et il en retire d'autant moins qu'il combine celui-ci avec plus de soufre. Ainsi M. Davy admetdonc de l'oxigène dans le soufre; et comme, d'un autre part, M. Berthollet fils a prouvé que ce combustible contient de l'hydrogène, ce que M. Davy reconnoit aussi en le soumettant en fusion à l’action de la pile, il s'ensuit que le soufre est pour M. Davy, un composé semblable aux substances végétales. Aussi le compare-t-il à ces sortes de substances et surtout aux résines. C'est en suivant des procédés absolument semblables, qu'il croit opérer la décomposition du phosphore et prouver l’exis- tence de l'oxigène dans l'hydrogène phosphuré. Il admet de l’oxigène et de l'hydrogène dans le phosphore, comme il en admet danslesoufre;en sortequ'ill’assimilecommecelui-ciaux substances végétales, etque ces deux corps, selon lui, contien- pentdes bases encore inconnues qui doivent être moins fusibles qu'elles ne le sont dans l'état ou nous les connoissons. Les résultats qui servent de base aux conséquences de M. Davy, ne provenant que de l'action du soufre et du phosphore , ainsi que de celle de l'hydrogène sulfuré et phos- phoré sur le métal de la potasse, ce sont les phénomènes qui se passent danscette action et les propriétés des corps auxquels elle donne lieu que nous devions étudier. D'abord, nous nous sommes occupés de l'action de l'hydrogène sulfuré sur 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le métal de la potasse, comme étant celle dont l'étude étoit la plus facile à faire. Nous avons commencé par rechercher quelle étoit la quantité d'hydrogène que contientlegaz hydro- gène sulfuré : cette donnée nous étoit indispensable, et nous avons trouvé que ce gaz renfermoit précisément um volume de gaz hydrogène égal au sien ; l'analyse en a été faite dans une petite cloche de verre courbée à son extrémité; on a rempli cette cloche de mercure, on y a fait passer deux cents parties d'un tube gradué de gaz hydrogène suifuré; ensuite on y a porté dans la tee supérieure un morceau d'étain bien décapé ; on a chauffé pendant une demi-heure presqu'au rouge cerise; tout l'hydrogène sulfuré a été promptement décomposé sans que le volume du gaz changeñt; et on s'est assuré par l’eudiomètre , que le gaz à la fin de l'opé- ration, n’étoit plus que du gaz hydrogène. L'expérience a été répétée trois fois avec les mêmes résultats. Comme on connoit la pesanteur spécifique du gaz hydrogène, il ne s’agit plus que de prendre celle de l'hydrogène sulfuré, pour savoir précisément ce que ce gaz contient de soufre eten avoir, par conséquent, une analyse exacte; c'est ce que nous nous proposons de faire incessamment. Sachant que l'hydrogène sulfuré contient ün volume d’hy- drogène égal au sien, nous avons, comme M. Davy, traité des quantités données de gaz hydrogène sulfuré par des quantités données de métal de la potasse. : La quantité de métal sur laquelle nous ayons opéré étoit toujours la même, et telle, que mise avec l'eau elle dé- gageoit trente-neuf parties de gaz hydrogène d'un tube exactement gradué; la quantité de gaz hydrogène sulfuré étoit au contraire variable et comprise entre vingt et cent parties du même tube gradué; toujours les expériences ont été faites sur le mercure dans une petite cloche re- courbée. D'abord on y introduisoit le gaz, ensuite le métal, puis on chauffoit; à froid, il y avoit une action très-sen- sible; mais à peine le métal étoit-il fondu qu’il s’enflammoit vivement. L'absorption du gaz varioit en raison de la tem- pérature, ainsi que la couleur de l'hydro-sulfure qui se formoit ; tantôt elle étoit jaunätre et tantôt rougeâtre. Le gaz qui n'étoit point absorbé, contenoit toujours beaucoup d'hydrogène et presque toujours aussi de l'hydrogène sul- Ffuré; on les séparoit par la potasse. On traitoit l’hydro- re de Rd LE | gap” ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 sulfure qu'on obtenoit par l'acide muriatique, et on en dé- gageoit ainsi le gaz hydrogène sulfuré. Nous avons fait de cette manière plus de vingt expériences qui toutes nous ont donné des résultats parfaitement concordans. Nous n'en citerons que trois. Ie EXPÉRIENCE. Gaz hydrogène sulfuré employé.......... 102 Gaz hydrogène sulfuré non absorbé. ...... 3o Gaz hydrogéne sulfuré absorbé. .......... 72 Gaz hydrogène sulfuré retrouvé. ......... 71,5 Gaz hydrogène pur...........,:...,..... 38 I[° ExPÉRIENCE. Gaz hydrogène sulfuré employé........... go Gaz hydrogène sulfuré non absorbé...... a vb Gaz hydrozène sulfuré absorbé............ 78 Gaz hydrogène sulfuré dégagé par l’acide.+ 77 Gazhydrogène pur........:...,.... AC MUR) III° EXPÉRIENCE. Gaz hydrogène sulfuré employé........... 42 Gaz hydrogène sulfuré non absorbé....... o Gaz hydrogène sulfuré absorbé........... 42 Gaz hydrogène sulfuré dégagé par l’acide.. 42 Gaz hydrogène pr TES RES 1 000058 On voit donc par ce tableau, qu'on retrouve constamment tout l'hydrogène sulfuré absorbé , et qu'ainsi sous ce point- de-vue les expériences de M. Davy ne sont point exactes. Ce qui a pu induire en erreur ce célèbre chimiste, c'est que peut-être il n’a pas su que l'acide muriatique même fumant, peut dissoudre jusqu'à trois fois son volume de gaz hydrogène sulfuré, c'est-à-dire autant que l'eau elle- méme, thermomètre centigrade 11°, baromètre 0" ,76 : mais ce ue les résuitats que nous venons de rapporter offrent de plus rappañt, c'est de voir qu'en traitant le métal dela potasse par des quantités très-diffèrentes de gaz hydrogène sulfuré, et à des températures très-différentes elles-mêmes, il se dé- 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE veloppe précisément la même quantité d'hydrogène que si on le traitoit par l'eau ou par l'ammoniaque. Cette expérience peut donc être citée comme une nouvelle preuve en faveur de l'existence des hydrures. Tout ce que nous venons dedire de l’action de l'hydrogène sulfuré sur le métal delapotasse, a égalementlieu lorsqu'on faitagir le gaz sur le métal de la soude; les mêmes phénomènes d'absorption de gaz, de dégagement de lumière, de destruction de métal, se représentent. On retrouve également, entraitantpar l'acide muriatique l'hydro- sulfure qui se forme, tout l'hydrogène sulfuré qui disparoit ; et enfin on obtient toujours un développement de gaz hy- drogène égal à celui que donneroit avec l'eau la quantité de métal qu'on emploie. On trouve la preuve de tout ceci dans les trois expériences suivantes. Ire EXPÉRIENCE. Métal employé, quantité susceptible de donner avec l’eau 75 parties d'hydrogène. Gaz hydrogène sulfuré............... Me SLI Gaz hydrogène sulfuré non absorbé....... 18 Gaz hydrogène sulfuré absorbé............ 09 Gaz hydrogène sulfuré dégagé par l’acide muriatique....-...so..nsosseessesee 98,2 Hydrogène pur......................:.. 72 Ie EXPÉRIENCE. Métal, méme quantité que précédemment. Gaz hydrogène sulfuré................... 109 Gaz hydrogène sulfuré nons absorbé. ..... 20 Gaz hydrogène sulfuré absorbé...,....... 8 9 Gaz hydrogène sulfuré dégagé par l'acide.. 89,5 Gaz hydrogène pur..................... 72,9 III: EXPÉRIENCE. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 IIIe EXPÉRIENCE. Métal, même quantité que précédemment. Gaz hydrogène sulfuré... . . .: . . . ... 107 Gaz hydrogène sulfuré non absorbé. . . . . 16,5 Gaz hydrogène sulfuré absorbé... . . ... 90,5 Gaz hydrogène sulfuré dégagé par l'acide. . 90 Gazhydrogène pti 14 fhpararen Palette te * 1072 Les expériences précédentes prouvant que l'hydrogène sul- furé ne contient point d'oxigène, ou du moins que celles à l’aide desquelles M. Davy prétend y en démontrer l'existence, ne sont point exactes, nous aurions pu en tirer la consé- quence , que le soufre lui-même n'en contient pas : car c’est surtout parce que M. Davy en trouve dans l'hydrogène sulfuré quil en admet dans le soufre : et en effet, il est très-pro- bable que le soufre en contiendroit si ce gaz en contenoit, puisqu'on peut faire celui-ci en chauffant du soufre avec de l’hydrogène. Ce n'est pourtant point là la seule preuve que M. Davy en donne; il en cite une autre du genre de celles dont il se sert pour prouver l’existence de l'oxisène dans l'hydrogène sulfuré. Il prétend qu'en traitant le sulfure du métal de la potasse par l’acide muriatique , on n'obtient point une quantité d'hydrogène sulfuré représentant l'hy- drogène que donneroit avec l'eau le métal contenu dans ce sulfure , et il ajoute même que ce sulfure donne d'autant moins de gaz avec les acides , qu'il contient plus de soufre. Quand bien même ce résultat seroit vrai, il ne prouveroit pas que le soufre contient de l'oxigène, parce qu’on pourroit dire que si on obtient moins d'hydrogène sulfuré qu'on ne devroit en obtenir, c'est que le soufre lui-mème qui est en excès , en retient une portion; et à l'appui de cette expli- cation, on citeroit l'absorption d'hydrogène sulfuré par le soufre , laquelle a lieu , lorsqu'on verse un aeide dans les sul- fures hydrogénés; mais lorsqu'on répète l'expérience avec les soins convenables , on voit bientôt que les résultats n'en sont point conformes à ce qu'en dit M. Davy; nous pourrions rapporter plus de quinze expériences qui le prouvent. Nous n'en citerons que quelques-unes. 6 Tome LXIX. DECEMBRE an 1809. Ppp 478 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1e EXPÉRIENCE. Métal, quantité susceptible de donner 78 parties d'hydrogène. Soufre , la moitié en volume du métal... Gaz hydrogène sulfuré dégagé du sulfure } 77,5 par l'acide muriatique ou sulfurique... II ExPÉRIENCE. Métal, méme quantité que précédemment. Soufre, le = en volume du métal. ....... Gaz hydrogène sulfuré dégagé du sulfure 78 par l’acide muriatique ou sulfurique... IIIe ExPÉRIENCE. Métal, méme quantité que précédemment. Soufre , 4 fois le volume du métal. ...... Gaz hydrogène sulfuré dégagé du sulfure 77 par l'acide muriatique ou sulfurique... Cette sorte d’expériences ne se fait point sans obstacles; très-souvent les petites cloches dont on se sert pour faire la combinaison , cassent à cause de l'excessive chaleur qui se dégage au moment où elle a lieu : on évite cet inconvénient en employant des verres minces, et en ne combinant que de petites quantités de matières à-la-fois. Du reste, l'opé- ration est très-simple; on recourbe la cloche à son extré- mité supérieure; on la remplit de mercure; on y fait passer du gaz azote, puis le soufre et le mttal qu'on porte jusque dans la partie courbe dela cloche; onchauffe; à peine le soufre est-il fondu , qu'il paroît un jet de lumière très-vive. Alors le sulfure est formé. Pendant cette formation , le volume du gaz augmente à peine; ce qui prouve qu'il ne se dégage que très-peu d'hydrogène sulfuré; on s'en assure plus di- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 rectement encore soit par l’alkali, soit en respirant le gaz. Nous ne parlons point de la couleur du sulfure qui est très- variable. Nous ajouterons seulement à tout ce que nous venons de dire , que, soit qu'on traite directement ce sul- fure par l'acide, soit qu'on le traite par l'eau pourde dis- soudre , et ensuite par l'acide , on obtient toujours une quantité d'hydrogène sulfuré représentant l'hydrogène que donne le métal du sulfure avec l'eau ; enfin , nous ferons observer qu’il est essentiel, de chauffer pour dégager tout l'hydrogène sulfuré , et qu'on doit déterminer avec beaucoup de précision la quantité d'hydrogène sulfuré qu'est capable de dissoudre la quantité de l'acide dont ont fait usage : sans toutes ces précautions, à la vérité faciles à prendre, on échouera dans l'expérience. Si au lieu de métal de la potasse, on se sert de mêtal de Ja soude, on obtient encore des résultats qui s'accordent avec ce que l'on vient de dire. Ainsi tout concourt donc à prouver que le soufreest dans le même cas que l'hydrogène sulfuré par rap- port à l'oxigène ; c’est-à-dire qu’il n’en contient pas, ou plutôt que les expériences par lesquelles on prétend y en dé- montrer la présence, ne l'y démontrent nullement. Maintenant essayons de prouver que les expériences de M. Davy sur la décomposition du phosphore, ne sont pas plus exactes que celles qu'il a faites sur la décomposition du soufre. Et comme pour démontrer la nature de ce corps, M. Davy sy prend absolument de la méme manière que pour démontrer celle du soufre , soumettons-le aux mêmes épreuves que celui-ci. Nous avons combiné le phosphoreavec le métal de]a potasse dans une petite cloche de verre recourbée où nous avions fait . passer d’abord du gaz azote. Les phénomènes qui accom- ee . cette combinaison, ressemblent à ceux que présente e soufre, mais ils sont beaucoup moins marqués. À peiue le métal est-il fondu, que le phosphure se fait; il y a un léger dégagement de lumière, et la production de chaleur n'étant pas très-grande, les cloches ne cassent jamais; 11 ne se dégage pas sensiblement de gaz; l'excès de phosphore se sublime, et le phosphure formé est toujours de couleur chocolat. Nous avons varié , comme nous l'avons fait pour le soufre, les proportions de phosphore dans nos expériences; celles du métal de la potasse ont été constantes. Voici les données et les résultats de ces expériences. Ppp2 480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE If EXPÉRIENCE. Métal, quantité susceptible de donner avec l'eau 78 parties d'hydrogène. Phosphore, la moitié du volume du métal. Gaz hydrogène phosphuré dégagé par ? 111 l'eau chaude, du phosphure.......... Dans la deuxième expérience, où on a employé la même quantité de métal, mais trois fois plus de phosphore, on a retiré par l’eau chaude la méme quantité de gaz du phos- phure qu'expérience première, c'est-à-dire 111. Dans une troisième expérience , en employant encore plus de phosphore, on a néanmoins toujours obtenu les mêmes résultats ; c’est-à-dire un dégagement de 111 parties de gaz en traitant le phosphure par l'eau chaude. Il faut bien se garder dans ces expériences , de traiter le phosphure formé par l’eau froide; cette eau ne dégage que lentement les dernières portions de gaz, et il est rare même qu'elle donne un dégagement aussi grand que l’eau chaude: au lieu d’obtenir 111, on n'obtiendroit souvent que g2. Ainsi on voit donc qu’une quantitéde métal dela potasse sus- ceptible de donner avec l'eau 78 parties d'hydrogène, forme, en la combinant avec le phosphore, un phosphure d’où on retireavecl’eau chaude 111 partiesdegazhydrogène phosphoré. Or le gaz hydrogène phosphoré contient au moins, ainsi que nous nous en sommes assurés, une fois et demie son volume de gaz hydrogène; il s'ensuit donc que 111 parties de gaz hydrogène phosphoré, représente au moins 166,5 parties de gaz hydrogène, c'est-à-dire une quantité d'hydrogène plus que double de celle que peut donner avec l'eau la quantité de méal employée. Cependant M. Davy assure le contraire ; selon lui , le phosphure du métal de potasse donne avec l'eau moins de gaz hydrogène que le métal seul. On pouvoit àpriort, prévoir que le phosphure du métal de la potasse se comporteroit avec l'eau , comme nous venons de PR, ip reg » ET D'HISTOIRE NATURELLE: 481 l'exposer: car, dans ce cas, non-seulement l'hydrogène que peut dégager le métal, est mis en liberté, mais il y en a également par la propriété qu'a le phosphure de décomposer l'eau. Voilà pourquoi on retire du phosphure du métal de la potasse moins de gaz hydrogène phosphoré avec un acide qu'avec l'eau, parce que l'acide saturant la base ,et séparant le phosphore, l’eau ne peut plus être décomposée. On n'en obtient même paset on ne doit pas en obtenir des quantités constantes avec l'acide; elles doivent étre d'autant plus foibles que l'acide est plus fort et le phosphure mieux pul- vérisé. Aussi, dans une expérience de ce genre nous avons obtenu go, et dans une autre, seulement 80, tandis qu'avec l'eau, nous aurions obtenu 111. Il étoitnécessaire pour répondreà tout cequ'avanceM. Davy, de prouver aussi que l'hydrogène phosphoré ne contient point d'oxigène. Nous avons donc traité sur le mercure, dans une petite cloche , une quantité donnée de métal de la potasse paz un grand excès d'hydrogène phosphuré. L'action aétéprompte, surtout lorsque le métal a été fondu ; il s'est formé un phos- phure ressemblant absolument à celui qu'on fait directement; les gaz ont augmenté beaucoup devolume, etcontenoient beau- coup d'hydrogène. En traitant par l'eau, le phosphure pro- duit de l'expérience, on en a retiré absolument la même quantité d'hydrogène phosphuré, que si on l'eût fait de toutes pièces, par conséquent, plus de deux fois plus d'hy- drogène que n’en auroit donné le métal seul avec l’eau. Ces résultats qu’on a constatés plusieurs fois, prouvent donc, 1° que le gaz hydrogène phosphuré ne contient point d'oxi- gène, ou que le métal de la potasse ne peut point servir à le émontrer ; 2° que le métal de la potasse décompose complè- tement l'hydrogène phosphuré , et en absorbe le phosphore sans aucune trace d'hydrogène. Toutes les expériences que nous venons de rapporter sur les gaz hydrogène sulfuré et phosphuré, et sur le soufre et le phosphore, nous ont engagé à reprendre celles que nous avions anciennement faites sur le gaz hydrogène arseniqué. En calcinant ce gaz avec de l’étain dans une petite cloche recourbée et sur le mercure, nous avons vu qu'il étoit complètement décomposé, que l'arsenic se combinoit avec l'étain , que l'hydrogène en étoit séparé, et que de 100 parties d'hydrogène arseniqué on retiroit 140 parties de gaz 4Sa JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. hydrogène; ce point étant bien déterminé. nous avons chauffé du gaz hydrogène arseniqué , avec le métal de la potasse. La quantité de métal employée a toujours été la même, et telle que, mise avec l'eau , il y auroit eu 78 parties de gaz dé- gagé. On a varié les proportions d'hydrogène arseniqué. Lorsqu'on en employoit plus de 120 parties, tout l'arsenic n'étoit point absorbé ; mais lorsqu'on employoit cette Re ortion, tout le gaz étoit décomposé et on retrouvoit dans a cloche tout l'hydrogène en provenant. On n'en retrouvoit pas plus ; d'où on a pu conclure que dans l'expérience l'arsenie s'étoit combiné avec le métal de la potasse et quele gazhydro- gène de l'hydrogène arseniqué avoit été mis en liberté. Nous devions donc, d’après cela, en traitant l'arseniure de métal par l'eau, obtenir une quantité d'hydrogène ar- serñqué représentant l'hydrogène qu'auroit donné le métal seul avec l'eau; mais pd toutes nos expériences nous n'avons jamais obtenu que 35 parties d'hydrogène arseniqué, ou 47 parties d'hydrogène au lieu de #8. Nous avions d'abord pensé que cela dépendoit peut-être de ce que tout l'arse- niure nétoit pas détruit; mais nous avons bientôt reconnu le contraire; car en le traitant soit par l'eau chaude, soit par les acides pendant un temps plus ou moins long , on n'en retire pas plus de gaz; et d'ailleurs l'action de l'eau est si subite, qu'aussitôt le contact la décomposition est opérée: on peut ajouter à toutes ces preuves que l'alliage se réduit sur le champ en flocons très-tenus qu'on voit nager dans la liqueur, pour peu qu'on l'agite. Ainsi on ne peut pas mettre en doute que le métal de la potasse traité par ‘hydrogène arseniqué , ne donne beaucoup moins de gaz hy- drogène avec l'eau , qu'il n'en donneroit seul avec le même liquide. M. Davy auroit certainement conclu de cette ex- périence que l'hydrogène arseniqué contient de l'oxigène. Nous n'avons pas cru devoir le faire avant d'avoir bien examiné un grand nombre de fois tous les phénomènes, L'un des plus frappans et celui qui nous a même conduits à trouver la véritable cause de ce phénomène; cest qu'en traitant l’arseniure de métal de la potasse par l'eau, à mesure que lalliage se détruit, l'arsenic ne reprend point ] etatmétal- lique , comme le feroit tout autre métal dans ce cas. Ml ap- paroit sous la forme de flocons assez légers et bruns marrons, qui n'ont aucune espèce de brillant métallique : cette oh- servation nous a fait soupçonner que ces Hocens pouvoient ET D'HISTOIRE NATURELLE. 483 bien n'être qu'un hydrure d'arsenic; et pour nous en con- vaincre, nous avons combiné directement de petites quantités d'arsenic bien pur avec le métal de la potasse. Nous avons fait six alliages en employant une partie d'ar- senicettantôttrois, tantôt quatre parties de métal de la potasse, en volume; et toujoursau moyen de l’eau ou des acides , nous n'avons retiré de ces alliages, comme précédemment, que 33 d'hydrogène arseniqué ‘représentant 47 d'hydrogène , au lieu de 78 d'hydrogène que nous aurions dû avoir. IL faudroit donc, si on admettoit de l'oxigène dans l'hydro- gène arseniqué , en admettre aussi dans l'arsenic métallique, et même y en admettre une assez grande quantité, ce qui est contraire à tout ce qu'on sait. On peut donc croire, d après cela, que les flocons bruns qui apparoissent quand on traite l'arseniure du métal de la potasse par l'eau ou les acides, sont un hydrûre solide d'arsenic. D'ailleurs l’hydrogène dissolvant une grande#quantité d'arsenic, on ne voit pas pourquoi l'arsenic ne solidifieroit pas une certaine quantité d'hydrogène. Nous savons que la démonstration de l'hy- drogène dans ces flocons bruns seroit plus rigoureuse, si nous pouvions l'en retirer : nous espérons le faire; mais jusqu'à présent nous n'avons encore pu que projeter des essais à cet égard. Il est une autre voie qui pourroit peut-être y conduire plus directement que l'analyse, ce seroit la synthèse ; il ne faudroit pas prendre pour cela l'hydrogène à l'état de gaz; car dans cet état son action sur l’arsenic est nulle ainsi que nous nous en sommes assurés; mais on réussiroit probablement en plaçant de l’arsenic au pôle négatif d'une pile, ou en traitant quelques alliages arse- nicaux par un acide produisant Ja décomposition de l'eau, et en mettant ainsi en contact de l'arsenic trés-divisé avec de l’hydrogène à l'état naissant; il ne seroit point impos- sible que l'arsenic hydrogéné jouét un rôle remarquable dans la liqueur arsenicale et fumante de Cadet; ce sont autant de recherches auxquelles nous nous proposons de nous livrer. Quoi qu'il en soit, il résulte des faits rapportés dans ce Mémoire : 1. Que le gaz hydrogène sulfuré contient un wolume d'hydrogène égal au sien. 484 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. 2°. Que Le gaz hydrogène phosphoré en contient au moins une fois et demie son volume. 3°. Que le gaz hydrogène arseniqué en contient tout près d'une fois et demie son volume. 4°. Que le gaz hydrogène sulfuré peut être absorbé par le métal de la potasse et le métal de la soude et que dans cette absorption il se développe précisément la même quantité d'hydrogène que le métal seul'en donneroit avec l'eau ou l'ammoniaque. 5°. Que les gaz hydrogène phosphoré et arseniqué sont décomposés par les métaux de la potasse et de la soude, ensorte que le phosphore ou l’arsenie se combine avec ces métaux et que l'hydrogène se dégage. 6°. Que les gaz hydrogène sulfuré et phosphoré ne con- tiennent point d'oxigène, ou du moins que les expériences faites par M. Davy pour le prouver, nele prouvent nullement. 7°. Que le soufre et le phosphore ne contiennent point d'oxigène ; qu’ainsi on doit toujours continuer à regarder comme simples ou indécomposés ces deux combustibles que M. Davy veut assimiler pour la nature ou la composition, aux substances végétales. 8°. Que néanmoins il ne paroît pas douteux d'après les expériences de M. Berthollet fils, que le soufre ne contienne un peu d'hydrogène, et que le phosphore peut étre dans le méme cas. , 9°. Enfin, que l'arsenic métallique peut probablement se combiner avec l'hydrogène, de manière à former un hydrure solide qui a la forme de flocons bruns et légers, TABLE ET- D'HISTOIRE NATURELLE, 485 | TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. Voyage d'Alex. Humboldt et Æimé Bompland. Troï- sième Partie. Essai politique sur le Royaume de la Nouvelle Hollande. Troisième Livraïson.(Extrait.) P. Tableau comparatif des Résultats de la Cristallogra- phie et de l'Analyse chimique relativement à la classification des Minéraux; par M. l'abbé Haüry, Chanoïne honoraire de l'Eglise Métropolitaine de Paris, Membre de la Légion-d'Honneur et de l'Ins- titut, Professeur de Minéralogie au Museum d'His- toire naturelle, eb de la Faculté des Sciences de l'Université tmpériale, des Académies des Sciences de Saïint-Pétersbourg et de Berlin, et de plusieurs autres Sociétés savantes. (Extrait par J.-C. Delamé- therie.) 45 56 Des Volcans de Jorullo ; par Alex. Humboldt.(Extrait.) 149 Des Eaux chargées d'Acide muriatique; par Alexandre Humboldt. 155 Note sur des Coquilles marines trouvées dans le gypse à Montmartre; par MM. Anselme Desmarest et Prevost. (Extrait.) 158 De la Botryolite; par M. le Comte Dunin Borkowskr. 159 Du Feltstein ; par le méme. Ibid. Du Spinellane; par Nose. 160 Extrait d'une Lettre de M. William Maclure , à J.-C. Delamétherie, sur la Géologie des Etats-Unis. 201 Observations sur la Géologie des États-Unis, servant à expliquer une Carte géologique ; par William Maclure. Catalogue de quelques Minéraux qui se trouvent aux Tome LXIX. DECEMBRE an 1800. Qqq 204 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Etats-Unis en Amérique, envoyés par W.'Maclure à J. C. Delamétherie. Pag. 214 Observations générales sur les Rapports des différentes structures de la terre, d’après la Théorie de Werner; par le Comte Stanislas Dunin Borkowski. 216 Mémotre sur le Sable noir, ou Menakonite, que l'on trouve sur les côtes de la Ligurie; par D. Viviani. 314 PHYSIQUE. Suite du Mémoire sur la Phosphorescence ; par M. J. P. Desseignes. 118 Observations météorologiques ; par M. Bouvard. Juin. 36 Juiller. 140 Août. 244 Septembre. 320 Octobre. \ 414 Novembre. 426 Rapport sur le cristal pesant destiné à la formation des lunettes achromatiques, présenté à l'Institut par M. Dufougerais, manufacturier de $. M. l'Empereur et Roi, fart à la Classe des Sciences mathémathiques et physiques , par M. le Secrétaire perpétuel, dans la séance du lundi 10 avril 1800. 38 Traité de Mécanique céleste; par M. Laplace. 97 Rapport sur une Sonde de Mer, fait à la Classe des Sciences mathématiques et physiques de l'Institut ; par M. L'Évéque. 117 Mémoire sur Les Taches de Mars; par Honoré Flau- gergues. 1°6 Sur la propagation du son par différentes matières aériformes ; par M. Chladni, UE 138 Sur l'influence conductrice ou indéférente des Corps pour le fluide de la Phosphorescence; par J. P. Desseignes. : L 169 Observations sur l'anneau de Saturne; par M. Laplace. 241 Recherches sur la Respirationdes poissons; par MM. Pro- vençal et Humboldr,.. ds, 262 Mémoire sur la formation de la Gréle ; par le Chevalier Alex. Volta; traduit par M.:Veau-Delaunay. 286 Suite. | 333 ET D'HISTOIRE NATURELLE. Traïté élémentaire de Géologie; par J. A. Deluc, extrait par J. ©. Delamétherie. Pag. Rapport fait à l'Institut sur un Mémoire de M. Has- senfratz, ayant pour objet l'explication de la firme apparente des Etoiles et des Lumières vues à une très-srande distance eë sous un très-petit diamètre Recherches électro-chimiques sur la Décomposition des Terres ; avec des Observations sur les métaux qu'on obtient des terres alkalines, et sur l'amalgame pro- duit avec l'ammoniaque; par H. Davy. (Suite.) Note sur quelques phénomènes qui se passent dans la formation du Salpétre ; par M. L. J.J. Longchamp. Du Sucre de Raisin ; par M. Fouques. Tdées sur l’Acidité et LA Icalinité; par A. Avogardo. Extrait d'un Mémoire sur les Substances amères formées Par la réaction de l'acide nitrique sur l'indigo; lu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut, le 17 avril 1809; par M. Chévreul. Extrait d'un Mémoire sur des Substances précipitant la Gélatine formée par la réaction de l'acide ni- trique sur plusieurs Substances végétales; lu à la Classe desSciences physiques et mathématiques de l'Institut, le 21 juin 1809; par M. Chévreul. ‘Extrait d'un Mémoire sur différens Composés formés par la réaction de l'acide sulfurique sur le Camphre; lu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Instituë, le 21 août 1809; par M. Chévreul. Mémoire relatif à quelques nouvelles recherches ana- lytiques sur la nature de certains corps, particulie- rement des alkalis, du phosphore, du soufre, de La matière carbonique et des acides qui n'ont point encore été décomposés, avec quelques observations sur la Théorie chimique ; par Humphry Davy, Secré- taire de la Société Royale de Londres. Des manufactures de Soude , par J.-C Delamétherie. Mémoire sur le Sucre de Raisin; par M.*** de Marseille. Extrait d'un Ouvrage de M. Kurt Sprengel,sur | Historre de la Botanique ; par A. L. Millin, Membre de l'Institut, de la Légion- d'Honneur, etc. Intitulé : KurT SPRENGEz Âféstoria rei herbariæ; E. 1; ÆAms- telodami sumptibus tabernæ librariæ et artium, 1807; 25z 299 3560 4217 428 433 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. Observations sur le dernier Mémoire de M. Davy, par MM. Gay-Lussac et Thenard. Pag. 455 Note sur certaines formes qu'affecteen quelques endroits la marne à Montmartre ; par MM. Anselme Des- marest et Prévost. (Extrait.) 158 Effets extraordinaires de la Foudre tombée le 14 fe- srier 1800, sur la maison de M. Badenier, à An- tont, près Paris; recueillis par M. Beyer, chargé de la pose des Paratonnerres sur les édifices publics. 452 Lettre de Louis Cordier, à J.-C. Delamétherie, sur le mont Mezin. (Extrait.) 460 Recherches sur la production d'un amalgame par l'am- moniaque et les sels ammoniacaux, au moyen de la pile voltaïque; par MM. Gay-Lussac et Thenard. Lu à l'Institut National, septembre 1809. 463 Mémoire en réponse aux recherches analytiques de M. Davy, sur la matière du Soufre et du Phosphore; par MM. Gay-Lussac et Thenard. 472 Nouvelles Litiéraires. g1 , 116, 258, 3a5 et 47e (he ù 1 AVIS à MM. les Souscripteurs pu JOURNAL DE PHYSIQUE. M. Vous êtes averti que votre Abonnement expire avec le présent Numéro. Le prix de la Souscription est toujours, pour Paris, de 27 fr. par an, et de 15 fr. pour six MOIS ; Et pour les Départemens, 33 fr. par an, et 18 fr. pour six mois. On s’abonne à Paris, chez Courcier, Imprimeur- Libraire , quai des Augustins, n° 57. Il faut affranchir les lettres et l'envoi de l'argent. NOTICE DES PRINCIPAUX OUVRAGES DE FONDS ET AUTRES EN GRAND NOMBRE, COMPOSANT LA LIBRAIRIE DE M" v" COURCIER, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques, la Marine, les Sciences et les Arts, RUE DU JARDINET, N° 12, QUARTIER SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS. (CI-DEVANT QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, N° 57.) A PARIS. Mai 1817. AVIS. Indépendamment des Ouvrages portés sur le présent Catalogue, on trouve à ma Librairie un assortiment consi- dérable de Livres anciens et nouveaux sur toutes les parties des Sciences et des Arts en général , mais particulièrement sur les Mathématiques élémentaires et transcendantes, V'Astronomie, la Marine, la Mécanique, l'Optique, l'Horlogerie, l'Architecture civile et hydraulique, l'Art Militaire, la Physique, la Chimie, la Teinture, la Minéralogie, V'His- toire naturelle, les Belles-Lettres, etc., etc. Ces Ouvrages sont en partie détaillés sur mon ge générel, que j’enverrai gratis aux personnes qui men feront L a demande. (Les Lettres non affranchies ne me parviennent pas. ) Nora. Tousles prix marqués sur le présent Catalogue sont ceux de Paris et broches; les personnes qui désireront recevoir les Livres francs de port par la poste, ajonteront un tiers en sus. (Les Ouvrages reliés et cartonnés ne peuvent étre envoyés par cette voie.) ADET. Lecons élémentaires de Chimie, in-S. 6 fi ANNALES DE MATHEMATIQUES pures et appliquées, rédigées par M. Gergonne, G vol. in-4. 108 fr. ( loyez à la fin du Catalogue.) ANNUAIRE présenté au Roi par le Bureau des Longitudes de France, pour 1817, in-18. (Cet Ouvrage paraît tous les ans.) 1fr. Azemar et Garnier. TRISECTION DE L'ANGLE, suivie de Recherches anal tiques sur le même sujet, in-8., 1809. 2{r.5oc. ART DE LA MARINE, faisait partie de l'Encyclopédie méthodique, 3 vol. in-4. et Atlas. 72 fr, BAGOT. Tables analytiques des Calculs d'intérêts, etc. 2 fr. BAILLY. HISTOIRE DE L’ASTRONOMIE ANCIENNE ET MODERNE, dans laquelle on a conservé littéralement le texte, en supprimant seulement les calculs abstraits, les notes hypothétiques, les digressions scientifiques ; par V. C., 2 vol. in-8. ( Cet Ouvrage se donne très souvent pour prix dans les Lycées.) 9 fr. BARRUEL, ex-Professeur à l’École Polytechnique. TABLEAUX DE PHYSIQUE, où Introduction à cette science, À l'usage des Elèves de l’École Polytechnique ; nouvelle édition , entièrement refondue et augmentée, grand in-4., cart. 1ofr. PERLINGHIERI. Æramen des opérations et des travaux de César au siége d’Alezia, etc., in-8., 1812. 3 fr. BERNOULLI. ( Joannis) Opera, 4 vol. in-4., reliés, 8 fr. BERNOULLI. (Jacobi) Opera, 2 vol. in-4. G fr. Ars conjectandi , iu-4. L ar fr. BERTHOUD , Mécanicien de Ja Marine, Membre de l’Instäitnt de France. Collection de ses diférens OUVRAGES SUR L'HORLOGERIE, qui se vendent tous séparément, savoir : 1°. L'ART DE CONDUIRE ET DE RÉGLER LES PENDULES ET LES MONTRES, quatrième édition, augmentée d’une planche, et de la manière de tracer la ligne méridienne du tems moyen. Paris, 1811, vol. in-12, avec 5 pl. 2 fr. 50 c. 2°. ESSAI SUR L’'HORLOGERIE, dans lequel on traite de cet art relativement à l'usage civil, à Astronomie et à la Navi- gation , avec 38 pl., 2 vol. in-4. 36 fr. 30. HISTOIRE DE LA MESURE DU TEMS PAR LES HORLOGES. Paris, 1802, 2 vol. in-4. , avec 23 pl. gravées. 36fr. 4°. TRAITÉE DES HORLOGES MARINES, contenant la théorie, la construction, la main-d'œuvre de ces machines, et la manière de les Re un gros vol. in-4., avec 27 pl. 24 fr. 50. ECLAIRCISSEMENS SUR L'INVENTION, la théorie, la construction et les épreuves des nouvelles machines roposées en France pour la détermination des longitudes en mer par la mesure du tems, servant de suite à lÆssai sur i 6 fr. l'Hor. ogerie, etau Traité des Horloges marines, etc., 1 v. in-{. 6°. LES LONGITUDES PAR LA MESURE DÜ TEMS, ou Méthode pour déterminer les longitudes en mer, avec le secours des horloges marines, 1 v. in-4. 9 fr. 7°. DE LA MESURE DU TEMS, ou Supplément au Traité des Horloges marines et à l’Essai sur l’Horlogerie, contenant les principes de construction, d'exécution et d'épreuves des petites horloges à longitudes, portatives , et l'application des mêmes on es de construction, etc., aux montres de poche, etc., un vol. in-4. avec 11 planch. en taille-douce. 18 fr. 8°. TRAITÉE DES MONTRES A LONGITUDES, contenant la description et tous les détails de main-d'œuvre de ces machines, leurs dimensions , la manière de les éproaver, etc. 9°. Suite du TRAITÉE DES MONTRES A LONGITUDES, contenant la construction des Montres verticales por- tatives ct celle des Horloges horizontales, pour servir dans les plus longues traversées, un vol. in-4. avec deux planches en taille-donce.— Prix de ces deux derniers volumes réunis en un seul, 24 fr. 109. Supplément au Traité des Montres à Longitudes, suivi de la Notice des recherches de l’Auteur. 9 fr. C2) BERTRAND. Développement nouveau de la partie élémentaire des Mathématiques. Genève, 1798, a vol. in-4. 33 fr. BEUDANT. Æssai d'un Cours général et élémentaire des Sciences physiques, in-8., 1815, 7 fr. 5o c BEXON. APPLICATION DE LA THÉORIE DE LA LÉGISLATION PÉNALE, ou Code de la Sûreté publique et particulière, rédigé en Projet pour les États de Sa Majesté le Roi de Bavière, dédié à Sa Majesté, et imprimé avec * son autorisation, un vol. in-fol. , 1807. Ë AMEN VE BEZOUT. COURS COMPLET DE MATHEMATIQUES à l'usage de la Marine, de l'Artillerie et des Élèves de l’École Polytechnique, en 6 vol. in-8., édition revue et augmentée par MM. Reynaud, Bxaminateur des Candidats de l'École Polytechnique; Garnier , ex-professeur à l'École Poly technique, et de Rossel, Membre de l'Institut. 29 fr. haque volume se vend séparément, savoir : ——ARITHMETIQUE, AVEC DES NOTES fort étendues, et des Tables de Logarithmes, etc., par Rem bn tième édition, 1816, 1 vol. in-8. fr. GÉOMÉTRIE, AVEC DES NOTES fort étendues, par Rexnauv, 181. HA re —— ALGEBRE DE BEZOUT et Application de cette science à PArithmétique et à la Géométrie. Nouvelle édition, avec des Notes fort étendues, par RENAUD, in-8. 1812, L RREMT —— MECANIQUE, nouvelle édition, revue et considérablement augmentée, par M. Garnier, 2 vol. in-8. 10 fr, —— TRAITÉ DE NAVIGATION, nouvelle édition, revue et augmentée de Notes, et d’une Section supplémentaire où lon donne la manière de faire les Calculs des Observations, avec des nouvelles 'ables qui les facilitent; par M. de Rossel, Membre de l’Institut et du Bureau des Longitudes, ancien Capitaine de Vaisseau, etc. Novembre 1814, un vol. in-8. , avec 10 planches. 6 fr. . Cette édition du Cours de Mathématiques de Bezout est la plus correcte et la plus complète de toutes celles qui ont paru jusqu’à ce jour. BIC UILLEY. Du Calcul des Probabilités, nm. k 2 fr, Soc. BIOT, Membre de l’Institut, ete. FRAITÉ ÉLÉMENTAIRE D’ASTRONOMIE PHYSIQUE, destiné à l’enscigne- ment dans les Lycées, etc., 3 vol. in-8., 1810. 25 fr. ——ESSAI DE GÉOMÉTRIE ANALY TIQUE appliq. anx Courbes et aux Surfaces du second ordre, in-8. 5e éd.1813. 5 f. 50 € —— PHYSIQUE MECANIQUE de ischer, traduite de l'allemand, in-8. 2€ édition, 1813. l d 6 fr. —— TABLES BAROMÉTRIQUES portatives, donnant la différence de niveau par une simple soustraction, in-8. 1fr. Soc. — Essai sur l’histoire générale des Sciences pendant la révolution, in:8. 1 fr. DOC: — Traité de Physique, 4 vol. in-8., 1816. é Fée ve BLAVIER, Vouveau Barrême, ou Comptes faits, en livres, sous et francs, snivi d’un Barrême pour les Mesures, in-8. 7 fr. BOILEAU et AUDIBERT. BARRÈM GENERAL, ou Comptes faits de tout ce qui concerne les nouveaux poids, mesures et monnaies de la France, etc. ; un vol. de 480 pages, in-8., broché, 1803. 6 fr. BoirrAu. Art poétique, traduit en, vers latins par, Paul, in-8. f 5 fr. . BORDA. TABLES TRIGONOMEÉTRIQUES DÉCIMALES, calculées par Ch. Borda, revues, angmentées et publiées par J. B. J. Delambre. Paris, de Imprimerie de la République, an IX, in-4. } 12 fr. BOSSUT. Histoire générale des Mathématiques, depuis leur origine jusqu’à l’année 1808, .2 vol. in-8., 1810. 12 frs Fr Saggio sulla Storia generale delle Matematiche, pruna edizione italiana, con riflessioni ed aggiunte di Gregoria FéniSne Milano, 4 vol. in-8., br. TT BOUCHA RLAT , Professeur de Mathématiques transcendantes aux Écoles militaires , Docteur ès-Sciences, etc, THÉORIE DES COURBES ET DES SURFACES DU SECOND ORDRE, précédée des principes fondamentaux de la FPE analytique, seconde édit. , augmentée, in-S. * , : Fe —— ÉLÉMENS DE CALCUL DIFFÉRENTIEL ET DE CALCUL INTÉGRAL, in 8., 1814. 4 fx. 50 c. —— ÉLÉMENS DE MÉCANIQUE, in-8., 1815. LUE ; 6 fr. BOUCHER. Jnstitution au Droit maritime, etc., Ouvrage utile aux marins, négocians, ete. , ete., 1 vol. in-4. 18 fr. BOUCHESEICHE. Motions élémentaires de Géographie; Ouvrage qui a été jugé propre à l’Instuction publique, quatrième édition, considérablement augmentée, in-12, 1809. Ke As : .2fr. bouc. BOUILLON-LAGRANGE. Manuel d'un Cours de Chimie, où Principes téoriques et pratiques de cette science, avec 7 tableaux, 23 planches, et la série des expériences faites à l'École Polytechnique, 3 vol. in-8. , 5€ édition. 20 fr. —— Manuel du Pharmacien, , in-8., seconde édition. N ; q 6 fr. 50 c. BOURDON. THÈSE DE MÉCANIQUE qui a été soutenue le 9 Mars 181r devant la Faculté des Sciences de Paris, suivie du Programme de la Thèse d’Astrononiie qui a été soutenue le 25 Mars 1811, devant la même Faculté, in-4. 2fr. 50 ce BREISLACK. /ntroduction à La Géologie, traduite de litalien par Bernard, 1 vol. in-8., 1812. 7 je BRISSON. Pesanteur spécifique des Corps. Ouvrage utile à l'Histoire naturelle, aux Arts et au Commerce, 1 pol LR avec planches. : Ÿ Dictionnaire raisonné de Physique, 6 vol. in-8. et atlas in-4. « ñ F IE nl 36 fr. BUDAN. Vouvelle Méthode pour la résolution des Equations numériques d’un degré quelconque, d’après laquelle eu le calcul exigé pour cette résolution se réduit à l'emploi des deux premières règles e Parithméuque ; in-4., 1807. - ce BULLIARD. Histoire des Plantes vénéneuses et saspectes de la France, no in-5., nouvelle édition. a Fe 5 BUQUOY. Æxposition d'un nouveau principe de Dynamique, in4., 1815. ; à s 3 : à BURCKHARDT, Membre de Institut ee du Bureau des Longitudes de France. TABLE DES DIVISEURS RÔLE TOUS LES NOMBRES DU er, 2e et 3e MILLION, avec les Nombres premiers qui s'y trouvent, 1 vol. Er in-4., papier vélin, 1817. LS ; Nora. Cha ue million en séparément, savoir: le 127 million 15 fr. , et les 2€ ct 3e million, chacun 72 fr. una —— TABLES DE LA LUNE, Ouvrage faisant partie des Tables astronomiques publiées par le Bureau des ns in-4., 1912. ; À : 4 RC cs CAGNOLI. TRAITÉE DE TRIGONOMETRIE, trad. de l'italien par M. Chompré, deuxième édition, revue FES sidérablement augmentée, in-{., 1808. - ANSE 6 Fe CANARD. Traité élémentaire du Calcul des inéquations: in-5, , 1808. y Ar F CARNOT, Membre de l’Institut et de la Légion-d’Honneur. GÉOMÉTRIE DE POSITION, in-4., papier vélin, 1803. Pe — Idem , grand papier vélin. À ! 4 : ; : 5 d’un —— Mémoire sur rlios qui existe entre les distances respectives de cinq points quelconques pris dans l’espace, ane re Essai sur la théorie des Transversales , in-4., 1806. , 4 « Ji Con de —- DE LA DÉFENSE DES PLACES FORTES, Ouvrage composé par ordre du Gouvernement, pour l'instrucuo Au Élèves du Corps du Génie, 2e édition , 1811, in-8. : APSC ES Fam, rss —— Le même Ouvrage ; troisième édition , considérablement auem. , un vol. in-f. avec 11 pl. très bien CHE E) 1812. A É —— DE LA CORRÉLATION DES FIGURES DE GÉOMÉTRIE, Paris, an 9, in-8., grand Ps FN TEL — RÉFLEXIONS SUR LA MÉTAPHYSIQUE DU CALCUL INFINILESIMAL, seconde édit., 1813. ; ï ue Exposé de sa conduite politique , depuis le 1er juillet 1614 , Jn-8., 1815. ue ‘ fr, CARTE BOTANIQUE de la Méthode natureile de Jussieu, in-8. , et / Lable ax, format atlantique. é ro CHAMBON-DE-MONT AUX. Traité de la Fièvre maligne simple, erdes Fiè res compliquées de malignit 5 4x: 2 = en BTE) CHANTREAU. Histoire de France abrégée et chronologique, depuis la première expédition des Gaulois jusqu’en sep Re 1905, elc., 2 vol. in-8, (5) CHANTREAU. Tablettes chronologiques et documentaires pour servir à l'étude de l’Histoire civile et militaire de la © France, depuis l’arrivée de Jules-César dans les Gaules jusqu'à nos jours, etc., in-8. 4 fr. rt Correspondant de l'Académie de Saint-Pétersbourg , etc. PRAITÉ D’ACOUSTIQUE, avec 8 planch., in-8., 1509. fr. 5oc. CHOMPRÉ. Méthode la plus naturelle et la plus simple d'ensciener à lire, in-$. 5 1813. { fr. 25 c. CHORON, Correspondant de l'Institut. METHODE ÉLÉMENTAIRE DE COMPOSITION, où les préceptes sont soutenus d’an grand nombre d'exemples très clairs et fort étendus , et à l’aide de laquelle on peut apprendre soi-même à com- poser toute espèce de Musique; traduite de l'allemand de Albrechtsberger (J. Georg.) , Organiste de la Cour de Vienne , ete. , .. et enrichie d’une fntroducuon et d’un grand nombre de Notes, par A. Choron, 2 vol. in-8., dont un de Musique, 1814. 12 fr. CHRISTIAN. DES IMPOSITIONS et de leur inflüence sur l'industrie agricole, manufacturière et commerciale, et sur la prospérité publique , iu-8., 1814. . 2 fr. 5o c. CLAIRAUT. ELÉEMENS D'ALGEÈBRE, sixième édition, avec des Notes et des Additions très étendues , par M. Garnier, précédé d’un Traité d'Arithmétique par Thévencau , et d’une Instruction surles nouveaux poids et mesures, 2 y. iu-8., 1801. fr. — THÉORIE DE LA FIGURE DE LA TERRE, tirée des principes de l'Hydrostatique , in-8., 2€ édition, 1508. ro fr. CONDILLAC. Langue des Calculs, in-8. 5 fr. Le même ouvrage, 2 vol. in-12. 4 fr. — Grammaire francaise, 1 vol. in-12. ? * 2. CONDORCET. Æssai sur l'application de l'Analyse aux probabilités des décisions rendues À la pluralité des voix, 1 v. in-4. 15 fr. Moyen apprendre ä compter sûrement et avec facilité ; Ouvrage posthume, deuxième édition , in-12. 1 fr. 5o c. CONNAISSANCE DES TEMS à l’usage des Astronomes et des Navigateurs , publiée par le Bureau des Longitudes d France, pour l’année 1817, avec Additions, broché. G fr. —— 1d., pour l’année 1817, sans Additions. fr. —— 1d., pour l’année 1818, avec Additions. fr. —— 1d., pour l’année 1818, sans Additions. fr. —— d., pour l’année 1819, avec Additions. fr. —— Id., pour l’annce 1819, sans Additions. 4 Ë ! 4 fr. On peut se procurer la Collection complète ou des années séparées de cet Ouvrage, depuis 1760 jusqu’à ce jour. CORDIER (Edmond), Instituteur. L'Abeille française, 3 Vols in-8. G fr. — Mémorial de Théodore , in-8. € x fr. 25 c. —— Préparation à l'étude de la Mythologie, in-8., 1810. 3 fr. COTTE. Mémoire sur La Météorolôgie, 2 vol. in-{. 25 fr. —— TABLE DU JOURNAL DE PHYSIQUE, un vol. in-4. 4 fr. COUSIN. TRAITÉE ELÉMENTAIRE de l'Analyse mathématique ou d’Algèbre , in-8. 4 fr. 5o c. —— TRAITÉE DU CALCUL DIFFÉRENTIEL et intégral, 2 vol. in-4., 6 pl. ve 21 fr. D’ABREU. PRINCIPES MATHÉMATIQUES de feu Joseph-Anastase da Cunha, Professeur à PUniversiié de Coïmbre (comprerant ceux de l'Arithmétique, de la Géométrie, de PAlgèbre, de son application à la Géométrie, et du Calcul différentiel et intégral ), traités d’une manière entièrement nouvelle , traduits littéralement du portugus, in-8., 1816. 5fr. D’ARCÇCON. De La force militaire considérée dans ses rapports conservateurs, un vol. in-S. 3 fr. DAUBE. Essai d’Idéologie, in-8. 4 fr. D’AUBUISSON. Mémoire sur Les Basaltes de la Saxe, in-8. 3 fr. DAULNOY. Calcul des Intérêts de toutes les sommes à tous les taux, et pour tous les jours de l’année, etc. 1fr. 80 c. DÉFENSE D’ANCONE et des Départemens romains, le Tronto, le Musone et le Metauro , par le général Monnier, aux années 7 et 8, 2 vol. in-8. . . 10 fr. DELAISTRE, ancien Professeur à l’École Militaire de Paris. Æncyclopédie de l'Ingénieur, on Dictionnaire des Ponts et Chaussées, 3 vol. in-5., avec un vol. de pl. , in-4., 1812. o fr. DELAMBRE, Secrétaire perpétuel de l’Institut, Membre de la Légion-V’'Honneur, Trésorier de Université royale de France, etc. TRAITÉ COMPLET D'ASTRONOMIE LHÉORIQUE ET PRATIQUE, 3 v. in-4., avec 29 pl., 1814. Go fr. Nora. Cet ouvrage est sans contredit le meilleur Traité d'Astronomie et le plus complet qui ait encore paru ; il rem- place celui de Lande qui est épuisé. LU s Abrégé du même Ouvrage, on LEÇONS ÉLÉMENTAIRES D’ASTRONOMIE THÉORIQUE ET PRATIQUE données au Collége de France, un vol. in-8., avec 14 planch., 1913. J : 10 fr. — MÉTHODES ANALYTIQUES pour le détermination d’un are du Méridien. Paris , an 5, in-{. G fr. —— TABLES ASTRONOMIQUES publiées par le Bureau des Longitudes de France. Première partie. Tables du Soleil par M. Delambre ; Tables de la Lune par M. Bürg, in-4., 1506. 18 fr. l'ABLES ASTRONOMIQUES publiées par le Bureau des Longitudes de France ; nouvelles Tables de Jupiter et de Saturne calculées d’après la théorie de M. Laplace , et suivant la division décimale de angle droit, par M. Bouvard, in-4. ofr. —— TABLES ASTRONOMIQUES du Bureau des Longitudes ; Tables écliptiques des Satellites de Jupiter, d’après la théorie de M. diplee et la totalité des observations faites depuis 1662 jusqu’à l'an 1802, par M. Delambre , in-4., 1817. o9fr. D TABLES DE LA LUNE (voyez BURCKHARDT.) Bases du Système métrique; 3 vol. in-4. ( Foyez BORDA.) : : } 66 fr. DELAMETHERIE, Professeur au Collége de France, Rédacteur du Journal de Physique, etc. CONSIDÉRATIONS SUR LES ETRES ORGANISÉS , vol. in8. e TAjE —— DE LA PERFECTIBILITÉ et de la dégénérescence des Êtres organisés, formant le tome 3e des Considérations sur les Etres organisés, 1 vol. in-8. 6 fr. —— DE LA NATURE DES ÊTRES EXISTANS, r vol. in8. 6 fr. —— LEÇONS DE MINERALOGIE données au Collése de France, 2 vol. in-8., 1812. 14 fr. —— LECONS DE GÉOLOGIE données au Colléze de France, 3 vol. in-8., 1816. 15 fr. DELAPRISE. Méthode nouvelle pour tracer les Cadrans Solaires, in-8, 1581. à 8 fr. DELAU. DÉCOUVERTE DE L’UNITÉ et généralité de principe , d'idée et d’exposition de la Science des Nombres, i € 3 fr son application Positive et régulière à l’Algèbre, à la Géométrie, etc. , in-8. DELUC. TRAILÉ ÉLÉMENTAIRE DE GÉOLOGIE, in-8., 1809. 5 fr. DEPARCIEUX. Traité de Trigonométrie et de Gnomonique, in-4., 17414 4 20 fr. DES! UTT-TRACY, Pair de France, Membre de l'Institut. ÉLÉMENS D’IDÉOLOGIE, 4 vol. in-8. 22 fr. Chaque volume se vend séparément , savoir : —— IDÉOLOGIE proprement dite, in-8., 2€ édition. 5 {r. —— GRAMMAIRE, in-8. 5 fr. — LOGIQUE , in-8. ï 6 fr. — TRAITÉ DE LA VOLONTÉ ET DE SES EFFETS , 4e et 5e Parties’, in-8., 1815. 6 ir, —— PRINCIPES LOGIQUES, ou Recueil de faits relatifs à l'intelligence humaine, in-8., 1817. a fr. DEVELEY. ÉLÉMENS DE GÉOMÉTRIE, avec figures , seconde édition , in-8., 1816. 6 fr. —— APPLICATION DE L'ALGÈBRE A LA GÉOMÉTRIE, in-4., 1816. —— Physique d'Emile, in8. (Et autres ouvrages du méme Auteur.) 4) DICTIONNAIRE DE L’'ACADÉMIE FRANCAISE, 2 vol. in-4, derniére édition. 36 fr. DIEUDONNÉ-THIEBAULT, Proviseur du Lycée de Versailles. GRAMMAIÏRE PHILOSOPHIQUE, ou la Méta- physique , la Logique en un seul corps de doctrine, 2 vol. in-8. 7 fr. — "Traité du Style, 2 vol.in8. , A s fr. DIONIS-DU-SÉJOUR. TRAITÉE DES MOUVEMENS APPARENS DES CORPS CÉLESTES, 2 vol. in-4. êè fr. DRUET. Mémoire sur différentes questions relatives à la Physique générale , in-8. , 1811. rfr. 25 c. DUBOURGUEF, Professeur de Mathém au Collège Lost ran ancien OF. de Marine, etc. TRAITÉ DE NAVIGA- TION, Ouvrage approuvé par l'Institut de France, et mis à la portée de tous les Navigat., 1808, in-4., avec fig. et tableaux. 20 fr. — TRAITÉS ÉLÉMENT'AIRES DE CALCUL DIFFÉRENTIELET DE CALCUL INTÉGRAL , indépendans de toutes notions de quantités infinitésimales et de limites ; Ouvrage mis à la portée des Commencans, et où se trouvent plusieurs nouvelles Rene et méthodes fort simplifiées d’intégratious, avec des applications utiles aux progrès des Sciences exactes, 2 vol. in-8, 16 fr. DUCHATELET. Principes mathématiques de la Philosophie naturelle, 2 vol. in-4. 24 fr. DUCREST. Vues nouvelles sur les Courans d'eau, la Navigation intérieure et la Marine , in-8., 1803. i fr. DUFRESNE. Barréme, où Comptes faits, pour les achats et ventes d’eau-de-vie, in-8. 2 fr. Soc. DUPIN, Capitaine du Génie maritime, etc. DÉVELOPPEMENS DE GÉOMÉTRIE , avec des a plications à, [a sta- bilité des vaisseaux, aux déblais et remblais, au défilement, à l'optique, etc., pour faire suite à Fra GEOMETRIE DESCRIPTIVE et à la Géométrie analytique de M. MONGE, in-4., avec planch., 1813. HOBTE —— ESSAIS SUR DÉMOSTHÈNES et'sur son éloquence, contenant une traduction des Harangues pour Olynthe, avec le texte en regard ; des considérations sur les beautés Fes pensées et du style de l’Orateur athénien, in-6., 1814. 4 fr. —— Du rétablissement de V Académie de Marine, in-8., 1815. 1 fr. 5o c. —— Tubleau,de P Architecture navale militaire, analyse, ete., in-4., 1815. rh tooc. DUPUIS. MÉMOIRE EXPLICATIF DU ZODIAQUE chronologique et mythologique, Ouvrage contenant le tableau Fou des maisons de la Lune chez les niet de l'Orient, in-4., 1808 fr. L 6 fr. DUPUIS. ANALYSE RAISONNÉE DE L'ORIGINE DE TOUS LES CULTES, ou Religion universelle ; sur te vrage publié en lan IL, vol. in-8. fr. DURAND. Statique élémentaire , on Essai sur l’état géographique, physique et politique de la Suisse ; Ouvrage consacré à l'instruction de la jeunesse, 4 vol. in-8. 0 12 fr. DUTENS. Analyse raisonnée des principes fondamentaux de l'Economie politique, in-6. 4, FM DUVAL-LEROY. Llémens de Navigation, in-8. G fr. DUVILLARD. RECHERCHES SUR LES RENTES, les Emprunts, etc., in-4. 6 fr. —— ANALYSE ET TABLEAU de l'influence de la petite vérole sur la mortalité à chaque âge, et de celle qu’un préser- ,vatif tel que la vaccine peut avoir sur la population et la longévité , 1606, in-4. 10 fr. Eloge de l’Ivresse, nouv. édit., fig., in-12. 31 fr. 5o c loge de F'oltaire, par Laharpe, in-8. 1 fr. 5o c. EULER. ELEMENS D’ALGÈBRE, nouv. édit., 1807, 2 vol. in-8. 12 fr. Cette édit. est la meilleure et la plus complète qui ait encore paru. La première partie contient l'Analyse déterminée, re yue et augmentée de Notes par N. Gaxnicr. La deuxième partie contient l'Analyse indéterminée, revue et augmentée de Notes par M. Lagrange, Sénateur, Membre de l'Institut, ete. Ps —— LETTRES A UNE PRINCESSE D'ALLEMAGNE, sur divers sujets de Physique et de Philosophie, nouv. édit., conforme à l’édition originale de Saint-Pétersbourg , revue et augmentée de Eloge d'Euler par Condorcet, et de diverses Notes par M. Labey, ex-Instituteur à l'Ecole Polytechnique, etc, 2 forts vol. in-8. de 1180 pag., imprimés en caractère neuf dit Cicéro gros-œil, et sur pap. carré fin, avec le portrait de l’Auteur, 1812, belle édition. AIT. — Et papier velin, dont on a tiré quelques exemplaires. 30 fr. CET HS in Analysin infinitorum , 2 vol. in-4. 24 fr. Æt tous les autres Ouvrages de cet Auteur. 4 FISCHER. PHYSIQUE MÉCANIQUE, traduite de l'allemand, avec des Notes de M. Biot, in 8., seconde édit., 1813. 6 fr. FLEURIEU , Membre de l’Institut national des Sciences et des Arts, et du Bureau des Longitudes, etc. VOYAGE AUTOUR DU MONDE, pendant les années 1790, 1791 et 1792, par ELTENNE MARCHAND, pes d’une Introduction histo- rique; auquel on a joint des Recherches sur les Terres australes de Drake, et un Examen critique du Voyage de oggeween , avec Cartes et Figures; par P. C. Crarer Fzeurteu, Membre de l’Institut national des Sciences et des Arts, et du Bureau dés Longitudes, etc., 4 vol. in-4., 1809. 4o fr. à 25 fr. — Le même Ouvrage, 5 vol. in-8., avec Atlas in-4. "ex L —— Application du Système métrique et décimal à Hydrographie et aux Calculs de Nayigation , in-{. 5 fr. FLORE NATURELLE ET ECONOMIQUE DES PLANTES QUI CROISSENT AUX ENVIRONS DE PARIS, au nombre de plus de 400 genres et de 1400 espèces, contenant l’énamération de ces Plantes, rangées suivant le système de Jussieu, et par ordre alphabétique, leurs noms triviaux, leurs synonymies francaises, leurs descriptions , les endroits où se trouventles plus rares : 2€ édit., augmentée de la Flore naturelle et de 24 planches soigneusement gravées; par une Société de Naturalistes, 2 vol. in-8. 10 fr. FOURCROY. TABLEAUX SYNOPTIQUES DE CHIMIE, in-fol., cart. fe à 9 fr. —— Analyse chimique de Eau sulfureuse d’Enghien, pour servir à Phistoire des eaux sulfureuses en général, in-8. 5 fr. FRANÇAIS, Professeur à Metz. Memoire sur Le mouvement de rotation d’un corps solide autour de son centre der £ 2 fr 5oc. in-4., 1813. FRANCHINI. Mémoires sur l'intégration des Equations différentielles, in-4. U x 1fr. 5oc. FRANC(EUR, Professeur de la Faculté des Sciences de Paris, Examinateur des Candidats de l'Ecole Polytcehnique, ete. 10. COURS COMPLET DE MATHÉMATIQUES PURES, dedié à S. M. Alexandre Ier, Empereur de toutes les Ruüssies; Ouvrage destiné aux Elèves des Ecoles Normale et Polytechnique, et aux Candidats qui se préparent à y être admis, 2 vol. avec planches. up 15 fr. 2°. TRAITÉE ELEMENTAIRE DE MÉCANIQUE, à l'usage des Lycées, etc., 4e édit., in-8. Dee 3°. ÉLEMENS DE STATIQUE, in-8, , k fr. 4°. URANOGRAPHIE, ou TRAITÉE ÉLÉMENTAIRE D’ASTRONOMIE, à l'usage des personnes peu versées dans les Mathématiques, accompagné de Planisphères, 1 vol. in-8. Lrou 9 fr. FULTON. (Robert) Aecherches sur les moyens de pafectionner les Canaux de navigation, et sur les nombreux avar- tages des petits Ganaux, etc., avec le Supplement. 7 fr. 5o c. FURGENSEN. (Urbain) Houlsger. Principes généraux de lexacte mesure du temps par les Horloges, etc. Copen- bague, 1505, 1 vol. in-4., avec atlas de 19 planches. 4 CUT 30 fr. GARNIER , ex-Professeur À l’École Polytechnique , Docteur de la Facnlté des Sciences de l'Université, Professeur de Mathématiques à l’École royale militaire. COURS COMPLET DE MATHEMATIQUES, comprenant les Ouvyrages suivans , qui se vendent chacun séparément, savoir : £ 1°. TRAÎTE D’'ARITHMETIQUE à l'usage des Élèves de tout âge, deuxième édition, in-8., 1808. . afr. 5oc. 2°. ÉLÉMENS D’ALGÈBRE À l'usage des Aspirans à l’École Polytechnique, troisième édition, 1811, in-8., revue, corrigée et augmentée, 5 fr. (5) GARNIER. 3°. Suite de ces Éléméns, 2e partic. ANALYSE ALGÉBRIQUE, nouv. édition, considérablement Er ; in-8., 1814. - fr, "GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE, on Application de l’Algèbre 1àla Géométrie, seconde édition, revue et augmentée, un vol. in-8. avec 14 pl., 1813. , A j" 5 fr. 5o c. $°, LES RECIPRO UES DE LA GÉOMÉTRIE, suivis d’un Recueilide. Problèmes et de Théorèmes, et de la construc- tion des Tables trigonométriques , in-8., 2€ édition, considérablement augmentée, 1810. 5 fi r. 6°. ÉLÉMENS DE GÉOMÉTRIE, contenant les deux Trigonoméries, les Élémens de la Polygonométrie et du levé des Plans, et l'Introduction à la Géométrie descriptive, un vol. in-8., avec pl., 1812. pin o. LECONS DE STATIQUE à l'usage des Aspirans à l’École Polytechnique, un vol. in-8., avec 12 pl., 1811. 5 fr. 0, LECONS DE CALCUL DIFFÉRENTIEL, 3e édition, un vol. in-8., avec 4pl., 1811. 7 fe 7 fr. y”. LECONS DE CALCUL INTEGRAL, un vol. in-8., avec pl., 1812. 100. Discussion des Racines des Equations déterminées du premier degré à plusieurs inconnues, et élimination entre deux équations de degrés quelconques à deux inconnues, deuxième édition. 1 fr. : GAUSS. RECHERCHES ARITHMÉTIQUES, traduites par M. Poulet-Delisle , Elève de l'Ecole Polytechnique, et Pro- fessenr de Mathématiques à Orléans, 1 vol. in-4., 1807. 18 fr. GIRARD, Ingénieur, en chef des Ponts et Chaussées, Directeur du Canal de FPOureq et des Eaux de Paris. RE- CHERCHES EXPERIMENTALES SUR L'EAU ET LE VENT considérés comme forces motrices, applicables a moulins et autres machines à mouvement circulaire, traduit de l’anglais de Smeaton , in-4. , avec planches, 110. 9 fr. Traité analytique de la résistance des Solides, et des Solides d’égale résistance, in-4, 13 fr. GIRAUDEAU. La Banque rendue facile aux principales nations de l’Europe, suivie d’un nouveau Traité de l’achat et de la vente des matières d’or et d’argent , avec l’Art de tenir les Livres en parties doubles, 1793, in-4. 15 fr. Le Flambeau des Comptoirs, contenant toutes les écritures et opérations de Commerce de terre, de mer et de Rue . nouvelle édition, corrigée et augm., 1797, in-4. fr. GIROD-CHANTRANS. ESSAÏ SUR LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE, le climat et l’histoire naturelle du département du Doubs, 2 vol. in-8. . _tofr. GOUDIN (Œuvres de M. B.), contenant un Traité sur les propriétés communes à toutes les Courbes, un Mémoire sur les éclipses de Soleil, nouvelle édition, in-4. fr. 5o c. GRASSET-SAINT-SAUVEUR. L'ANTIQUE ROME, ou Description historique et pittoresque de tout ce qui concerne =—— Traité des Surfaces du second degré, in-8., 1813. r. oc Traité élémentaire des Machines, 1 vol. in-4., avec 28 pl., 1811. 20 fr. — Correspondance sur P Ecole Polytechnique, premier volume, contenant ro Numéros, in-8. 12 fr. 22 fr. d 9 fr. HAUY, Membre de l’Institut et de la Légion-d Honneur. Traité élémentaire de Physique, 2 vol. in-8., pap. vélin (le 33 fr. apiel ] , y ABLEAU COMPARATIF DES HESEREATS DE LA CRISTALLOGRAPHIE et de l'Analyse chimique, re- Traité de Minéralogie, 4 vol. in-4. et atlas. 66 fr. —— Essai d'une théorie sur la structure des Cristaux, in-8. 4 fr. HERBIN-DE-HALLE. DES BOIS PROPRES AU SERVICE DES ARSENAUX DE LA MARINE ET DE LA GUERRE, ,etc., in 8. 9 fr. —— TRAITE DU CUBAGE DES BOIS, etc., un vol. in-12 DUT. HISTOIRE DES INSECTES NUISIBLES ET UTILES A L'HOMME, aux bestianx, à l’agriculture, au jardinage et aux arts, avec la méthode de détruire les nuisibles et de multiplier les utiles, cinquième édit. , 2 vol. in-12. 4 fr. HISTOIRE DES PRISONS DE PARIS et des Départemens, contenant des Mémoires rares et précieux ; le tout pour servir à l’Histoire de la Révolution francaise, % vol. in-12 ornés de 8 figures, 1797: 12 fr, HOMASSEL, Elève gagnant maïtrise, et ex-Chef des Teintuiés de la Manufacture royale des Gobelins. COURS THÉO- RIQUE ET PRATIQUE SUR L'ART DE LA TEINTURE EN LAINE, soie, fil, coton, fabrique d’indienne en grand et petit teint, suivi de l'Art du Teinturier-Dégraisseur et du Blanchisseur , avec les expériences faites sur les végétanx colorans, revu et augmenté par Bouillon-Lagrange, Professeur et auteur d’un Cours de Chimie, 1 vol. iu-8.,nouv. édit. 5fr. ( Cet Ouvrage est le plus pratique et le meilleur qui ait encore paru sur Ja Teinture.) JANTET. Traité élémentaire de Mécanique, in-$. - G fr. JANVIER. (Antide) Manuel Chronoméetrique, où précis de ce qui concerne le Tems, ses divisions, ses mesures, leurs usages, in-18., fig., 1815. 3 fr. —— Æssai sur les Horloges publiques, cte., in. 3 fr. JOURNAL DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, par MM. Lagrange, Laplace, Monge, Prony, Fourcroy, Berthollet, Vauquelin, Lacroix, Hachette, Poisson, Sganzin, uyton-Morveau, Barruel, Legendre, Haüy, Malus. ! — La Collection jusqu’à la fin de 1816 contient seize Cahiers in-4. renfermés en quinze, avec des planches; elle com- prend les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, Ge, je, 8e, rot, 11e, 122, 13e, 14€, 15e, 16e et 17e Cahiers. 96 fr. — Chaque Cahier séparé se vend, 6 fr. — Excepté les 142 et 15€ Cahiers, qu’on vend, 9 fr. — Et le 16e, 7 fr. Nora. Il ne de 9e Cahier ; on prend la Théorie des Fonctions analytiques de Lagrange pour former ce ge Cahier. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE et des Arts, 83 vol. in-4., avec pl., ete. (Pay. à la fin du Catalogue.) 3 1000 fr, KRAMP, Professeur de Mathématiques. Z{émens d'Arithmétique universelle, in-8., 1808. 7 fr. — Elémens de Géométrie. in-8. n fr. LACAILLE. LEÇONS ÉLÉMENTAIRES DE MATHÉMATIQUES, augmentées par MARIE, avec des Notes” par M. LABEY, Professeur de Mathématiques, et ex-Examinateur des Candidats pour l'Ecole Polytechnique; Ouvyrase adopté par l’Université pour l’enseignement dans les Lycées, etc. , in-8., fig., 1811. Gfr. 5o €. «6 » LACAILLE. Lecons d'Optique, angmentées d’un Traité de Perspective, ‘in-8,, seconde édit, 18or. 6 fr LACOUDRAYE. Théorie des Vents et des Ondes , in-8. Vo. A . 4fr- LACROIX, Membre de PInstitut et de laLégion-d'Hénneur, Professeur au Collége royal de France, ete. COURS COM- PLET DE MATHEMATIQUES à lusage de l'Ecole centrale des Quatre-Nations ; Ouvrage adopté par le Gouvernement our les Lycées, Ecoles secondaires, Golléges, etc. ,:9:vol:in-5. 38fr.5oc, baqne volume se vend séparément, savoir : e . — TRAITÉE ELEMENTAIRE D'ARITHMÉTIQUE, 13e édit., 1813. 2 fr. —— ELEMENS D’ALGEBRE, rre édition, 1815. fr. ——ÉLÉMENS DE GÉOMÉTRIE, roe édit., 1814. L fr, — TRAITÉE ÉLÉMENTAIRE DE ‘PRIGONOMETRIE RECTILIGNE ET SPHÉRIQUE, et d’Application d’Al- gèbre à la Géométrie, 6e édit., 1813. £ 4 fr. —— COMPLÉMENT DES ÉLEMENS D’ALGEBRE, 3e édition. fr. — COMPLÉMENT DES ÉLÉMENS DE.GEOMETRIE, Élémens de Géométrie descriptive, 4e édit., 1812. 3 fr. —-TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE CALCUL DIFFÉRENTIEL et de Calcul intégral, 2e cdit., 1806. 7 fr. 50 c. et d'enseigner les Mathématiques, 1 vol. in-8. } ae édit, 18 16. u —TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DU CALCUL: DES PROBABILITÉS, in-8., 1816. Dur. augmentée, tome I et IE, in-4. - 4o fr. Le tome II, qui vient de paraître , se venil séparément; 20 fr; de la théorie des + HU algébriques, in-4., 1808, nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée; TER f Ouvrage adopté par l’Université pour l’enséianement dans les Lycées. 12 fr. LAGRIVE. MAN UEL DE TRIGONOMETRIE PRATIQUE, revu par les Professeurs du Cadastre, MM. Reynaud, Haros, Plausol et Bozon, et augmenté des Tables des Logarithmes à l'usage des Ingénieurs du Cadastre,!1 v.in-8. . 7fr. LA HARPE. Mélanie, on La Religieuse, in-18. 1 fr. 5o c. la hauteur da solejl et des étoiles dans tous les temps de l’année, etc., in-4. 24 fr — HISTOIRE CÉLESTE FRANÇAISE, in. SN —— BIBLIOGRAPHIE ASTRONOMIQUE, in-4. 30 fr : 3fr. 50 €. EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE, 4e édit., revue et angm. , in-4., 1813, avec le portrait de l’Anteur. : 15 Fa : 12 fr, Aspirans de la Marine militaire où marchande , in#: G fr. LASUITE. £lémens d'Arithmétique, in-8. 2 fr. 5o c. Le Supplément se vend séparément. ! 3 fr. — Nouvelle méthode pour la détermination des Orbites des Comètes, avec un Supplément contenant divers perfectionz nemens de ces méthodes, ct leur application aux deux Comètes de 1805, 1806, in-4. ) : G fr. — Exercices de Calcul intégral sur divers ordres de Pranscendantes', avec quatre Supplémens, in-4. 46 fre — Les quatre Supplémens, imprimés en 1815 et 1816, se vendent séparément, 26 fr. —— filémens de Géométrie, in-8. : L 6 fr. LEGENDRE (Arithméticien). L’Arithmétique en sa perfection, mise en pratique selon l’usage des Financiers, Ban- quiers, etc., 1 vol. in-12, 1806. dE, 3 fr. Nora. Cet Ouvrage n’est pas du même auteur que les précédens, LEIBNITZ,, Opera, G vol. in-4. 4 72 fr. Le Mrerre. Les Fastes, ou les Usages de l’année, Poëme en 16 chants, in 5, 4 fr. LÉONARD DE VINCI. Essai sur ses Ouvrages Physico-Mathématiques, avec des fragmens tirés de ses manuscrits ap= portés d'Italie, par J.-B. Venturi, Professeur de Physique à Modène, in-4. f £ ' | 2 fr. 5o ce. LÉPAUTE, Habes du Roi. LRAITÉ D'HORLOGERIE, contenant tout ce qui est néeessrire pour bien connaître et pour régler les Pendules et les Montres, la description des pièces d’Horlogerie les plus utiles, etc., volume in-4., avec 17 planches, 1767. 24 fr. C7) LEPILEUR-D'APLIGNY. L'Art de La Teinture des fils et étoffes de coton, in-12. 1 fr. 80.c. LIBES, Professeur de Physique au Lycée Charlemagne, à Paris, etc. HISTOIRE PHILOSOPHIQUE DES PROGRES DE LA PHYSIQUE, 4 vol. m-8., 1811 et 1814. 20 fr. Le quatrième volume, qui vient de paraître, se vend séparément. DNÉr: TRAITÉ COMPLEL ET ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIQUE, seconde édition, revue, corrigée et considérablement augmentée, 3 vol. in-8. avec fig., 1813. 16 fr. Nora. Tous les Journaux et les Savans en général ont fait le plus grand éloge de ces deux Ouvrages. LIDONNE. Tables de tous Les Diviseurs des nombres calculés depuis un jusqu’à cent deux mille, iu-8., 1808. G fr. MAINE-BIRAN. INFLUENCE DE L’'HABITUDE sur la faculté de penser; ouvrage qui a remporté le prix sur cette question proposée par la Classe des Sciences morales et politiques de l’Institut national : Determiner quelle est l'influence de l'habitude sur la faculté de penser, ou, en d’autres termes, faire voir l'effet que produit, sur chacune de nos facultés intellectuelles, la fréquente répétition des mêmes opérations, 1 vol. in-8, HAT: MAIÏRAN. TRAITÉE DE L'AURORE BOR£EALE, in-4. 12 fr. MAIRE et BOSCOVISCH. 'oyage astronomique et géographique , in-4. r 12 fr. MANILIUS. Astronomicon, libri quinque, édit. Pingré, 2 vol. in-8. 32 fr. MAKCHAND. foyage, ete. (Voyez FLEURIEU). : MARÉCHAL (le) ‘de poche, qui apprend comment il faut traiter un Chetal en voyage, et quels sont les accidens ordi- naires qui peuvent lui arriver en route, etc., in-18 , avec figures. 2 fr. 50 c. MASCHÉRONI. Géométrie du Compas, in-8. à 7 fr. PROBLÈMES DE GÉOMÉTRIE résolus de différentes manières, traduit de l'italien , vol. in-8. 3 fr. MAUDRU. ÉLÉMENS RAISONNÉS DE LA LANGUE RUSSE, ou principes généraux de la Grammaire appliqués . à la Langue russe, 2 vol. in-8. L 12 fr. Nouveau Système de Lecture, 2 vol. in-8. et atlas. —— Elémens raisonnés de Lecture , à l'usage des ficoles primaires , in-8., figures. fr. MAUDUIT. Introduction aux Sections coniques, pour servir de suite aux Élémens de Géométrie de M. Rivard, in-5. 3 fr. (Et autres Ouvrages du même Auteur.) L ss MEMOIRE sur la Trigonométrie sphérique, et son application à la confection des Cartes marines et géographiques, par un Officier de l'Etat-Major de lArmée du Rhin. 1 fr. MÉMOIRES de l’Institut de France. (Collection complète ). 3 5 MILLOT. Tableau de l'Histoire romaine ; Ouvrage posthume, omé de 48 figures qui en représentent Jes traits les plus in- téressans , un vol. in-folio, papier vélin , figures avant la lettre, cartonné, 36 fr. MISSIESSY , Vice-Amiral. {nstallation des Vaisseaux , in-4., figures. 21 fr. —— Arrimage des Vaisseaux, in-4., fig. 21 fr. MOLLET. ÉNOMONIQUE GRAPHIQUE, ou Méthode élémentaire de TRACER LES CADRANS SOLAIRES sur toutes sortes Din , Sans aucun calcul, et en ne faisant usage que de la règle et du compas, in-8., 1515. avec pl., 1fr. Soc. — Liudes du Ciel, où Connaissance des Phénomènes astronomiques , in-8. É 6 fr. MONGE , Sénateur. TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE STATIQUE, à l'usage des Ecoles de la Marine, in-8., 5e édit, revue par M. Hachette, Instituteur de l'Ecole Polytechnique, 1810; Ouvrage adopté par l’Université, pour Penseisnement dans les Lycées. x Ë s 3 fr. 25 c. —— APPLICATION DE L'ANALYSE A LA GÉOMÉTRIE, à l’usage de l'Ecole Polytechnique, in-4., 4€ éd. 1899. 16. 50c. — GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE, Lecons données aux Ecoles Normales, nouv. édit., avec un SUPPLÉMENT par M. Hachette, in-4., 1811, 35 pl. n 1) "fr. Le Supplément à la Géométrie descriptive, par M. Hachette, 1 vol. in-4., avec 11 planches, se vend séparément, 6 fr. —— Description de L Art de fabriquer les Canons , in-4., fig. 24 fr. MONRO. Traité d'Ostéologie, traduit de l’anglais, 2 vol. grand in-folio , cartonnés. 4o fr. MONROY. Architecture pratique , in-8. 5 fr. MONTEIRO-DA-ROCHA , Commandeur de l'Ordre du Christ, Directeur de l'Observatoire de l'Université de Coimbre, etc. MLMOIRES SUR L’ASTRONOMIE PRATIQUE, trad. du portugais par M. de Mello, in-4., 1805. n fr. oc. MONTUCLA. HISTOIRE DES MATHÉMATHIQUES, dans laqnelle on rend compte de leurs progrès dépuis leur guise jusqu à nos jours; où l’on expose le tableau et le ne des principales découvertes dans toutes les parties es Mathématiques ; les contestations qui se sont élevées entre les Mathématiciens, et les principaux traits de la vie des plus Et RENE Fr Ko rpershe FE augmentée, et prolongée jusqu’à l’époque actuelle, achevée et publiée par érôme de Lalande, 4 vol. in-4., avec fig. 3 Go fr. Nora. Cet Ouvrage est ce qui existe de plus complet jusqu’à présent sur cette partie. MOROGUE. Tactique navale, où Traité des Evolutions et des Signaux, in-4., avec fig. . 15 fr. MOUS!T ALON. Morale des Poëtes, où Pensées extraites des plus célèbres poètes latins et francais, etc., in-12, 1816. 3f.5oc. D dre ÊE ne Sn PE usage des pp des deux sexes ; suivi de la Relation 2 a : utéres ans toutes les parties de l'Europe, 2 vol. in-12. r'. Ve + Cours théorique et pratique des Opérations de Banque, et des nouveaux poids et mesures, in-8, 5 fr. OR Arithmétique universelle , traduite en francais pat M. Beaudeux, avec des Notes explicatives, 2 vol: in4., 4 planches. ; 18 {r. —— Opuscula mathematica, 3 vol. in-4 nr 2 fc nl J Le 4 A r- NIEU PORT. Mélanges Mathématiques , 2 vol. in-4. 4 fr. ÎNouvelle théorie des Parallèles, avec un Appendice contenant la manière de perfectionner la Théorie des Parallèles , de A. M. Legendre, in-8. a fr. ŒUVRES DE FRÉRET, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, nouvelle édit., où l’on a réuni tous ses Ou- yrages, 20 vols petit in-12. 20 fr. ŒUVRES DE PLUTARQUE, traduites par M. Amiot, avec des Notes de MM. Brottier et Vauvilliers; nouv. édit. , revue, corrigée et augmentée de la version de divers fragmens de Plutarque, par E. Clavier, 25 vol. in-8., ornés de figures en taille-douce, et de 136 médaillons d’après l'antique. 120 fr. PAJOT-DES-CHARMES. L'Art du Blanchiment des toiles, fils et cotons de tous-genres, 1 vol. in-8., avec 8 planches. 5 fr. re TRAITE DU CALCUL CONJECTURAL, ou PArt de raisonner sur les choses futures et inconnues, -4., 1810. ; 15 fr. PERSON: Nu DE MÉCANIQUE et description des Machines relatives à l'Agriculture et aux Arts, etc., 1 vol. n-4., avec 18 planches. } : 10 fr. POISSON > Membre de l’Institut, Professeur de Mathématiques à l’École Polytechnique et à la Faculté des Sciences de Paris, et Membre adjoint du Bureau des Longitudes. TRAITÉE DE MÉCANIQUE, 2 vol. in-8. de plus de 500 pages chacun , avec S planches, 1811. 12 fr. (Ce Traité de Mécanique, le plus complet qui existe, a été adopté par l'Ecole Polytechnique pour l'instruction des Élèves. Il renferme, en outre, les notions de Statique élémentaire qu’on exige des Candidats qui se destinent pour ladite Ecole ou pour l'École Normale. ) (8) ï POMMIÉS. MANUEL DE L'INGÉNIEUR DU CADASTRE ; contenant les connaissances théoriqueset pratiqnes utiles aux Géomètres en chefs et à leurs collaborateurs, pour exécuter le levé général du plan des communes du Royaume conformément aux Instructions du Ministre des Finances, sur le Cadastre de France; précédé d'un Traité de T igono= métrie rectiligne, par A. A. Reynaud, 1. vol. in-4., 1808. PORLALIS fils. Du devoir de L'Historien , de bien considérer le caractère et le génie de chaque siècle , in-8. afr RE RUE LEE Professeur de Mathématiques au Lycée à Orléans. APPLICATI N DE L'ALGÈBRE À LA 3EOMET ,in-8., 1806. _— RECHERCHES ARITHMÉTIQUES , ua. du latin de Gauss, in-f. RSS Précis d’une nouvelle Méthode pour reduire à de simples Procédés analytiques la démonstration des principaux Théorèmes de Géométrie, in-4. a : À 3 fre PUISSANT, Chef de Bataillon au Corps royal des Ingénieurs-Géographes. TRAITÉE DE GÉODÉSIE, ou Exposition des Méthodes astronomiques et Lpon one appliquées soit à la mesure de la Terre, soit à la confection du canevas des Cartes et des Plans, 1 vol. in-4., avec 8 planches, 1905. 18 fr. TRAITÉE DE TOPOGRAPHIE, D'ARPENTAGE ET DE NIVELLEMENT, avec deux Supplémens contenant la théorie de la Projection des Cartes , in-4. ; Ouvrage adopté par l'Université, pour l’enseignement dans les Lycées. 18 fr. — Les deux Supplemens au Traité de Topographie, contenant la Théorie de la Projection des Cartes, se vendent se- arément, ; à 6 fr. Sr RECUEIL DE DIVERSES PROPOSITIONS DE GÉOMÉTRIE, résolues ou démontrées par PAnalyse, pour ue de suite au Traité élémentaire de l'Application de Algèbre à la Géométrie de Lacroix, in-8. f 2 fr. Re , 2€ édition, considérablement augmentée, et précédé d’un PRÉCIS SUR LE LEVÉ DES ANS, in-8., 1509. 4 6 fr. 5o c. — ae LE DE LA SPHÈRE ET DU CALENDRIER de RIVARD, 7e édition, augmentée des Notes de M. Hédnr * in-d., 1010. t 12 fr. AL 30 fr. arométrique de la Mécanique céleste, et les dispositions RAYMOND. LETTRE A M. VILLOTEAU , touchant ses vues sur la possibilité et l'utilité d'une théorie exacte des Re naturels de la Musique, etc. fe ESSAI SUR LA DÉTERMINATION des bases physico-mathématiques de l'Art musical, etc., in-8. a fr. REBOUL. Votes et Additions aux trois premières sections du Traité de Navigation de Bezou., in-8. 3 fr. Recueil de Tables utiles à la Navigation, traduit de l’anglais de Norie, par Violaine, in-8, 1815. og fr. Reziciow (la) chrétienne méditée, 6 vol. in-12. 18 fr 30, ALGÈBRE, 28 section, in-8., 1810. 5 fr 4°. TRIGONOMÉTRIE ANALYTIQUE, précédée de la Théorie des Logarithmes, et suivie des TABLES DES LO GARITHMES des Nombres et des Lignes trigonométriques de Lalande, etc. in-18. 2 fr. 5o c. 5°. Arithmétique à l'usage des Due du Cadastre, in-8. 5 fr. 6°. Manuel de l'Ingénieur du Cadastre, de MM. Pommiés et Reynaud, in-4. 10 fr. m°. Traité d'Arpentage de Lagrive, avec les Notes de Reynaud, in-8. jf. j Votes sur Bezout, par Reynaud. $°. Arithmétique de Bezout , avec les Notes , 8e édition, in-8., 1816. 3 fr. (ON Géométrie de Bezout , avec les Notes, 22 édition , in-8., 1812. het 10°, Algèbre et application de P'Alsébre à la Géométrie de Bezout, avec les Notes, in-8., 1812. 5 fr. RIVARD. TRAITE DE LA SPHÈRE ET DU CALENDRIER, septième édition (faite sur la sixième donnée par M. de Lalande), revué et augmentée de Notes et Additions, par M. Puissant, Oficier supérieur du Génie , r vol. in-8., avec 3 plinches bien gravées, 1816. fr. ROBINS. Principes de Mathématiques ; in-8. Hire ROMME. Tableau des Vents et des Marées, 2 vol. in-$. 15 re ROSAZ. Élémens théoriques et pratiques du Culcul des Changes étrangers, etc., x vol. grand in-8., 1809. 6 fr. ROSSEL. (ne) Calcul des Observations que l’on fait en mer ; Ouvrage faisant partie de la Navigation de Bezout, le tout formant un vol. in-8., 1814. 6 fr. ROY. lilémens d Équitation militaire, nouvelle édition , in-12. 2 fr. 5o c. RUCHE PYRAMIDALE (la), ou Méthode de conduire les Abeilles de manière X en retirer chaque année an panier plein de cire ou de miel, outre au moins un essaim, etc., par Ducouédic, in -8., 2e édit. , revue et considérablement augm., in-5. 34x28 RUELLE. Opérations des Changes des principales places de l'Eniope, in-5. fr. SACOMBE. ÉLÉMENS DE LA SCIENCE DES ACCOUCHEMENS , avec un Traité sur les Maladies des Femmes et des Enfans , nn fort vol. in-8, avec portrait. 5 fr. —— LA LUCINIADE, poème en dix chants, sur l'Art des Accouchemens, in-12. 1 fr. 5o c. SAINT-MARTIN. ECCE HOMO, vol. in-r2. 1 fr. 5o c. —— LE NOUVEL HOMME. ( Nous ne pouvons nous lire que dans Dieu lui-même, et nous comprendre que dans sa propre splendeur. Æcce Homo, page 19), vol. in-8. fre 7 LE CROCODILE, ou la guerre du Bien et du Mal, arrivée sous le règne de Louis XV ,etc., vol. in-8. fr. SCOPPA, Employé extraordinaire à PUniversité, Membre de l’Académie des Arcades, de celle del Bon Gusto de Pa- lerme, etc. LES VRAIS PRINCIPES DE LA VERSIFICATION, développés par un Examen comparatif entre la LANGUE ITALIENNE ET LA FRANÇAISE. On y examine et l’on y compare Vaccent, qui est la source de l'harmonie des vers; la nature, la versification et la musique de ces deux langnes.— On y fait voir l'analogie qui existe entrelles. — On propose les règles pour composer des a | à MT riques , et les moyens d'accélérer les progrès de la Musique en France, etc. Trois gros vol. in-8. , avec 56 planches de Musique gravée. 24 fr. —— Le tome II, qui vient de paraître, contenant les 56 planches de Musique, se vend séparément, 10 fr. Tous Les journaux, ainsi que l'Institut de France, ont fait Le plus grand éloge de cet Ouvrage. l‘lémens de la Grammaire italienne ; mis à la portée des Enfans de 5 à 6 ans ; Ouvrage en Dialogues, divisé en 36 Lecons , ete, etc., in-12. 3 fr. 80 c. Seances des Écoles Normales, nouv. édit., 13 v. in-8. et 1 v, de planches. 45 fr. Ca) SERVOIS. Æssai sur un nouveau mode d'exposition des Principes dt Calcul différentiel, etc. in-4., 1814. a fr.5o ce. SHAKSPEAR"S (Will) Plays with the corrections and illustrations of various commenta Lors. To wich a readded notes by Sam. Jonhson and G..Steevens ; a new edition, with a glossarial index, 23 vol. in-8., Basil., 1800—1803. go fr. SIMPSON. (Thomas) Élémens d'Analyse pratique, augmentes d’un Abrégé d’'Arithmétique, iu-8. 5 fr. SMITH. Traite d'Optique, traduit de LANG PRE Duval-Leroy, in-4. 24 fr. — Supplément audit Traité, par le même, in-4. 10 fr. Cours complet d'Optique , Waduit par Pezenas , à vol. in-4. 24 fr. 1 SOULAS. La levée des Plans et Arpentage rendus faciles, à l’usage des Arpenteurs , 1 vol. in-18., avec planch. 3 fr, SOULET. Barréme des Arbitrages et des Changes , in-8. 4 : Gfr. SPIESS. ESSAI DE RECHERCHES ELÉMÉNTAIRES SUR LES PREMIERS PRINCIPES DE LA RAISON - in-8., 1809. F : Ë À pa STAINVILLE, Répétiteur à l'Ecole Polytechnique, etc. MÉLANGES D'ANALYSE GÉOMÉTRIQUE ET ALGE. « BRIQUE, r gros vol. in-8., avec 8 planches, 1515. e .… gfr5oc. STIRLING. ÆS 4ACI NEWTONI ENUMERATIO LINEARUM TERTIL ORDLNIS ; sequitur illustratio ” ejusdem tractatüs, in-5. : qfr. 50 c SUZANNE, Docteur és-Scienses, Professeur de Mathématiques an Lycée Charlemagne, à Paris. DE LA MANIÈRE D'ÉTUDIER LES MATHEMATIQUES ; Ouvrage destine à servir de guide aux jeunes gens, à ceux sur-toul qut . veulent approfondir cette Science, ou qui aspirent à éme admis à l’'Ecvle Normale ou à l’Ecole Polytechnique, 3 gros vol in-8., avec figures. : 18 fr. 5o c. Chaque volume se vend séparément, savoir? — Première partie , PRÉCEPTES GÉNÉRAUX et ARITHMÉTIQUE, 2 édit, considérablement augm. ; in-8. Be — Seconde partie, ALGÈPBRE, in-8. AT —— Troisième partie, GÉOMÉTRIE, in-8. Gfr. So c- TABLES BAROMÉTRIQUES, servant À ramener à une température donnée les hauteurs du baromètre observées à une température quelconque , broch. in-8., 1812. ei: ù > ; LUE Far , Proviseur du Lycée de Nismes. LEÇONS ÉLEMENTAIRES D'ARITHMÉTIQUE ET D ALGÉBRE " m-Ù0. e = LECONS ÉLÉMENTAIRES DE GÉOMÉTRIE, in-8. fr — LEÇONS ÉLÉMENTAIRES D'APPLICATION DE L'ALGÈBRE A LA GÉOMÉTRIE, et Calculs diffe- rentiel et intégral, 2 vol. in-8. Se THÉVENARD, Vice-Amiral. Mémoires relatifs à la Marine, 4 v. gx. in-8. : 30 fr. T :VENEAU. COURS D'’'ARITHMÉTIQUE à l’usage des Faslee centrales et du Commerce, in-8. THIOUT aîné, maître Horloger à Paris. TRAITÉE D'HORLOGERIE THÉORIQUE ET PRATIQUE, CPR RAcadémie royale des Sciences, 2 vol. in-4. , avec g1 planches, 1741. 36 fr. TRINCANO. Elemens de Fortification , 2 vol. in-8. 4 15 fr. = Arüthmétique, in8. 5 = risection (La ) et La multisection de l’ Are pour la règle et le compas seulement, par P., in-8. Sie Tir. VALMON | DE BOMARE. Dictionnaire nn universel d'Histoire Dre LE 15 vol. in-8., nouvelle édition. 60 fr. VAUCHEFR. Histoire des Conferves d'eau douce, in-4., avec fig. Re VEGA. Tabuleæ logarithmico-trigonometricæ, 2 vol. in-8. Fr —— Thesaurus et Logarithmorum completus , in-fol. pass VIEL. Des fondemens des Bätimens publics et particuliers, in-4. CRUE VIOLAINE. RECUEIL DE TABLES UTILES A LA NAVIGATION, traduit de l'anglais de John William Note , Professeur d'Hydrographie à Londres; précédé d’un Abrégé de Navigation pratique, contenant ce ui est nécessaire et In dispensable à toutes les classes de Marins ; enrichi de plus , d’un Vocabulaire des termes les plus usités dans la Marine; le tout extrait des meilleurs Auteurs francais, anglais, espagnols, etc. ; recueilli, mis en ordre, et augmenté de remarques ct observations nouvelles, par P.-A. VIoLAINE, ex-Commissaire de Marine, Professeur de Mathématiques eu de Navi- gr , etc. ; 3 vol. in-5., très bien imprimé, beau papier, 1815. JhE oTA. Cet Ouvrage est extrémement utile pour les Marins. 5 : VOIRON. HISTOIRE DE L’ASTRONOMIE depuis 1581 jusqu'à 1811, pour servir de suite à l'Histoire de l'Astrononne dE Bailly, in-4. , 1811.8 < î mes Nora. Cet Ouvrage est indispensable aux personnes qui possèdent les 5 vol. de Astronomie de Bailly. VOLNEY, Pair de France, Mimbre de Msn , etc. VOYAGE EN SYRIE ET EN ÉGYPTE pendant les années 1583, 84, 85; 4e édit., 2 vol. in-3. , 1807. ent DES UINES, ou Méditation sur les Révolations des Empires, 5e édition, revue et augmentée par PAuteur, 1 vol in-8., belle édition, 1817. : See LECONS D'HISTOIRE prononcées à l’École Normal en lan IIL de la République francaise ; Ouvrage é'émentaire , # 1€ . . ñ ( . relatifs LATE | contenant des vues neuves sur la nature de Histoire, etc. , accompagné de Notes, et de trois plans relatifs à l’art de cons- truire les salles d’assemblées publiques et délibérantes , 1 vol. ia-8., nouvelle édition, 1810- 4 fr. #— Tableau du climat du sol des États-Unis d'Amérique, 2 vol. in-8. k fr. —— Simplification des Langues orientales, on méthode facile d'apprendre les Langues arabe , persane el turque, im8. fr. qe EC ARCRES NOUVELLES SUR L'HISTOIRE ANCIENNE, 3 vol. in8., 1819. 15 fr. uestions de Statistique à l’usage des Voyageurs, in-8., 1813. 75 c. —— La Loi naturelle, où Catéchisme dn Citoyeu francais, 1 vol. in-18. 1 fr. 25 c. LAS du Professeur Pallas, $ vol. in-8. et atlas. ” 5o fr. UILLIER. Arithmétique découverte par un Enfant de dix ans, ou manière d'enseigner PArithmétique aux Enfans, in-8. 4fr. WRONSKI, Officier supéri TS : 3 DRE $ : ] maLiq t Techwe dE l'Alsontbmies ET A ES au service de Russie. Zntroduction à La Philosophie des Mathématiques, € DTA Parmi les Ouvrages anciens ou rares qui se trouvent en petit nombre à ma Librairie mathématique, on distingue particulièrement Jes suivans : les Ouvrages mathématiques d'Euler, d’' Alembert, Newton, Descartes, Bernoulli, Kepler, Ticho, Fermat, Leibnitz, Galilée, Pappus, Huyghens, Viete, Boscouich, Agnesi, Wallis, Wolf, Sgravesande , Cramer, Cassini, Neper, Mersenne, Cavalerius, Ptolémée, Kircker, Taylor, Simpson, Saünderson , Emerson, etc., etc:; diverses éditions d’Æuclide, de Diophante, d'Archimède, d’ Appollonius. — Les Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris, Berlin, Pétersbourg, Turin ; les Mémoires de l'Institut, les Transactions pluloso- phiques de Londres, etc., etc., etc., etc. (10) EE A JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE ET DES ARTS, avec des planches en taille-douce ; rédigé par J.-C. Delamétherie, Professeur au Collége de France; Ouvrage périodique qui paraît tous [es mois par cahier de dix feuilles d'impression, format in-4. , ce qui forme deux volumes par an. Prix de l'abonnement pour Paris, 27 fr. pourun an, 33 fr. pour les départemens, et 39 fr. pour l'étranger. On peut se procurer des Collections complètes, des volumes , et même des Numéros séparés , dudit Journal de Physique. Il a paru jusqu’à ce jour 83 volumes de cet important Ouvrage, qui renferme la plus grande partie des Mémoires curieux et Antéressans qui ont eté publiés depuis vingt-cinq ans, sur la Physique, la Chimie, l'Histoire naturelle et les Arts, etc. — Le prix de chaqne volume , contenant six mois, est de | 14 fr. ANNALES DE MATHEMATIQUES PURES ET APPLIQUÉES, rédigées par M.-J-D. Gergonne, Professeur de Mathématiques et d'Astronomic à la Faculté des Sciences de Montpellier, etc. ; Ouvrage périodique, qui paraît tous les mois, Fe Cahier de 4à 5 feuilles d’im pression , in-4°. a paru jusqu’à ce jour six volumes de cet Ouvrage, qui renferme beaucoup de Mémoires curieux sur les Sciences Physiques et M matiques. Prix ile six volumes, 108 fr. Chaque volume séparé, : y 18 fr. Le prix de l'abonnement annuel est de 21 fr. pour toute l'étendue de la France, et de 24 fr. pour l'étranger ; le tout franc de port. . Ouvrages sous presse chez le même Libraire, pour paraître fin de Juillet 1817. HISTOIRE DE L’ASTRONOMIE ANCIENNE, par M. DELAMBRE , Membre de l’Institut, Professeur au Collége de France, etc., 2 vol. in#. avec planches. VOYAGE ASTRONOMIQUE Pie en Espagne par ordre du Bureau des Longitudes de France, rédigé par MM. Biot et Arago, Membres de l’Institut (Ouvrage formant le tome IV de la Base du Système métrique de M. Delambre), 1 vol. in-4. CONNAISSANCE DES TEMS , à l'usage des Astronomes et des Navigateurs, publiée par le Bureau des Longitudes de France, pour l’année 1820, un vol. in-8. Nora, Onse charge à l'adresse ci-dessous de toutes les Impressions, de quelle nature qu’elles soient. 5 De l’mprimerie de Mme Ve COURCIER ; rue du Jardiget, n° r2. y { [ 1 À LA { Héper k F : À j L F , pe ï m'y j, : - { ’ sn « ’ , l 16 xp + V PRE ' D Q È 1 * { a ps NUR r \ t u ‘ " 11 { t { 1 di th L | = : ' LA ES - + ; rl 4 = À à 4 | ï LL IN | 2 r ad de { L : A U . 49 d = =. 7 > er ES De, DLL, LL = CRC AR Cr DT FITIISEE TS SRE 22 PR LS +,