A EE z. 2 DS SSSR Re TEE ARE ITS DES ; = 3 : RER EBRERS FIEF 2 S ZE È TR RES DRE ES RS S É = ; RE ET se nes E : = = Lo ES CRT 0 JOURNAL BE PHYSIQUE æ re Hal PORN À L DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE ET DES ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. JUILLET AN 1811. TOME LXXIII. A PARIS, Chez COURCIER, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. Lemphinenosie] mu 261 Er An TA MT Que etant L ; k a : ‘ SE à : nu PU < # ne | ë 4 # A n j | 4 | + £ “ NE L : | | JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. HUILE PS EAN TOET. MÉMOIRE SUR LES PHÉNOMÈNES QUI ACCOMPAGNENT LA RÉFLEXION ET LA RÉFRACTION DE LA LUMIÈRE ; Lu à la Séance dela première Classe de l'Institur, Par M. MALUS, l’un de ses Membres, le 7 mai 18rr. Ju déjà eu l’honneur d'entretenir plusieurs fois la Classe des circonstances singulières qui accompagnent la réflexion de la lumière à la surface des corps opaques et diaphanes. Les nouveaux résultats que je vais lui soumettre jettent le plus grand jour sur les propriétés physiques que la lumière acquiert par l'in- fluence des corps qui la réfléchissent. Ils complètent en quelque soite la théorie de cette nouvelle branche de l'optique, en la réduisant à un'petit nombre de faits bien distincts, dont la com- binaison donne naissance aux phénomènes variés et extraordinaires qu'on observe dans ce genre d'expériences. ; G JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE J'ai dit précédemment que j'entendois par rayon polarisé celui qui, tombant sous une même incidence sur un corps diaphane, avoit tantôt la propriété de se réfléchir, et tantôt celle de se soustraire à la réflexion, selon le côté qu’il présentoit à l’action de ce “opte , et que ces côtés ou pôles du rayon étoient toujours à angle droit. L J'ai observé en outre que pour polariser un rayon, il sufli- soit de lui faire traverser un cristal donnant la double réfraction, ce qui produisoit deux faisceaux polarisés dans deux sens dia- métralement opposés, ou de le faire réfléchir par une glace de verre non étamée, et formant avec sa direction un angle de 350 25’. J'ai démontré que dans ce dernier cas toute Ja lumière réfléchie étoit polarisée dans un sens, tandis que le rayon ré- fracté contenoit une quantité de lumière polarisée dans un sens diamétralement opposé, et proportionnelle au rayon réfléchi. Je pars de ce dernier fait dans les expériences que je vais rap- porter. 1°. Je considère, afin de fixer les idées, un rayon vertical et polarisé par rapport au plan du méridien, et je dispose au- dessous de ce rayon une glace non étamée, de manière qu'elle puisse tourner autour du rayon, en faisant constamment avec sa direction un angle de 350 25°. Pour analyser la lumière qui tra- verse cette glace dans ses diflérentes positions, je place au-dessous d’elle un A de spath d'Islande, en dirigeant sa section principale dans le plan du méridien. Je nommerai plan d’in- cidence celui qui passe par le rayon vertical incident, et le rayon réfléchi par la glace. Examinons actuellement ce qui se passe lorsque la glace tourne autour du rayon vertical polarisé, en faisant toujours le même angle avec l'horizon. Considérons-la d’abord dans sa première position lorsque le plan d'incidence est parallèle au plan du méridien. La lumière réfléchie est complètement olarisée, ensorte que si on lui fait traverser un cristal de spath d'Islande, dont la section principale soit parallèle au plan d’in- cidence, elle se réfracte en un seul faisceau suivant la loi ordi- naire. Le rayon qui traverse la glace est de même réfracté par le rhomboïde inférieur en un seul rayon ordinaire. Si actuellement on fait tourner la glace autour du rayon ver- tical comme axe, de manière à ce que le plan d'incidence s’ap- proche, par exemple, de la position du nord-ouest, la quantité de lumière qu’elle réfléchit diminue, maïs elle est complètement polarisée par rapport au nouveau plan d’incidence; la lumière ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 réfractée augmente proportionnellement à la quantité dont la lu- mière réfléchie diminue; mais cette lumière qui s'ajoute à celle qui traversait la glace dans sa première position, se trouvant polarisée par rapport au nouveau plan d’incidence, se décompose en deux rayons en traversant le rhomboïde inférieur, ce qui donne naissance dans ce cas-ci, à un rayon extraordinaire qui atteint son #2aximum d'intensité lorsque la glace a fait un demi- qe de révolution. c’est-à-dire lorsque le plan d'incidence est ans la direction du nord-ouest. Dans cette position, la glace réfléchit exactement la moitié de la lumière qu’elle réfléchissoit dans le premier cas. Si on continue à la faire tourner en rapprochant le plan d’in- cidence de la direction ouest, la lumière réfléchie continue à diminuer d'intensité. La lumière réfractée augmente dans la même proportion : le rayon extraordinaire produit par le rhom- boïde inférieur diminue d'intensité ; tandis que le rayon ordinaire devient de plus en plus intense. Enfin, lorsque la glace a fait un quart de révolution, elle ne réfléchit plus une seule molécule de lumière, et le rayon qu’elle transmet au cristal inférieur est réfracté en un seul faisceau or- dinaire. Ainsi la lumière réfléchie diminue et la lumière réfractée augmente depuis la première position de la glace jusqu’à ce que le plan d'incidence ait décrit un arc de go degrés. Le rayon ré- fracté ordinairewent par le rhomboïde augmente également depuis la première jusqu’à la dernière position, mais le rayon extraor- divaire augmente seulement jusqu’à ce que le plan d'incidence ait décrit un angle de 45°; il diminue ensuite et devient nul lorsque la glace a fait un quart de révolution. En supposant donc que la glace fasse une révolution entière, la lumière réfléchie a deux maxima répondant aux positions N. et S., et deux minima ab- solus répondant aux positions E. et O., la lumière transmise et celle qui est réfractée ordinairement par le rhomboïde ont deux minima répondant aux positions N.et S., et deux 77axima ré- pondant aux positions E. et O. ; mais la lumière réfractée extraor- dinairement a quatre z#7énima absolus répondant aux positions N.S. E. O., et quatre maxima répondant aux positions NO. dE. NE. SO. 2°, Lorsque le plan d’incidence est dans une de ces dernières positions, dans celle du N. O., par exemple, on observe un phé- 8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE nomène particulier qui conduig à un résultat important sur la mesure des diverses intensités de lumière réfléchie ou transmise. Cette position répond à un des #axima de la lumière réfractée extraordinairement. Si on fait décrire au rhomboïde inférieur un petit angle en dirigeant sa section principale vers le N. E., on voit le rayon réfracté extraordinairement s’affaiblir prompte- ment et même disparoitre totalement si la lumière n’est pas très- intense, il reparoît ensuite au-delà de cette limite. Si on observe l'angle décrit par la section principale et auquel répond ce nou- veau 7n7énimum, On peut en conclure directement le rapport de la lumière transmise quand elle est à son maxémum et à son mi- nimum; et en eflet, la théorie conduit à ce résultat, que la lumière transmise par la glace dans sa première position est à la quantité dont elle augmente après un quart de révolution, comme l'unité est à deux fois la langente du double de l'angle observé. On peut donc, par la simple mesure d’un angle, dé- terminer l'élément principal de ces phénomènes. Cette quantité une fois connue, on en déduit facilement , d’après la théorie, les rapports d'intensité des rayons ordinaires et extraordinaires, nôn-seulement à leurs z2axima, mais dans toutes les positions intermédiaires. 3°. Considérons encore la glace lorsqu'elle a fait un demi- quart de révolution; mais supposons que, parvenue dans cette position, elle devienne mobile autour d’un axe horizontal, de manière que son angle avec le rayon vertical puisse varier sans que le plan d'incidence cesse de faire un angle de 45° avec celui du méridien. Lorsqu'elle fera un angle de quelques degrés seu- lement avec l'horizon, elle réfléchira en partie le rayon incident vertital et la lumière réfléchie sera polarisée non Bar rapport au plan d'incidence comme celle que nous considérions dans l’ex- périence précédente, mais par rapport au plan du méridien. Si on trace dans le plan de la glace une ligne parallèle au plan du méridien, et si on recoit la lumière réfléchie sur un cristal d’Islande dont la section principale soit parallèle à cette ligne, le raÿon sera réfracté en un seul rayon ordinaire. Si on augmente l’inclinaison de la glace par rapport au rayon vertical, la lumière réfléchie contiendra, 1° une portion de lu- mière polarisée par rapport au plan du méridien; ‘2° une autre portion, polarisée par rapport au plan d'incidence. Lorsque la glace fera avec le rayon vertical un angle de 350 25°, la lu- nuiere réfléchie sera totalement polarisée par rapport au plan d'incidence; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9 “d'incidence; enfin au-delà de cette limite, la lumiére recommen- cera de nouveau à étre en partie polarisée par rapport au plan du méridien et le rayon polarisé par rapport au plan d’incidence, diminuera d'intensité jusqu'à ce que la glace parvienne dans la position verticale. Il est inutile d'observer que le rayon extraordinaire formé par le rhomboïde inférieur, sera toujours proportionnel à la quantité de lumière réfléchie qui s’est polarisée par rapport au plan de réflexion. Si, comme dans l'expérience précédente, on fait tourner ce rhomboïde de manière à augmenter l’angle compris entre sa section principale et le plan d’incidence, le rayon extraordinaire parviendra à un 77#nèmum d'intensité, et la mesure de, l’angle décrit donnera le rapport de la lumière polarisée à celle qui tra- verse la glace sans recevoir cette modification. On peut donc par ce moyen déterminer la quantité de lumière qui se polarise sous différens angles d'incidence, et la mesure de ce phénomène est réduite à de simples observations d’angles, ce qui simplifie considérablement ce problème qui m’avoit jusqu'ici présenté les plus grandes difficultés. 4°. Substituons à la glace mobile et dans les mêmes circons- tances , un miroir métallique dont le plan d'incidence fasse cons- tamment un angle de 45° avec celui du méridien. Lorsque ce miroir est incliné seulement de quelques degrés par rapport à horizon, la lumière qu’il réfléchit est entièrement polarisée comme la lâmière incidente par rapport au plan du méridien. Si l’inclinaison augmente, il réfléchit 1° une certaine quantité de lumière polarisée par rapport au plan du méridien; 2° une autre quantité de lumière polarisée par rapport au plan d'incidence. On parvient enfin à une certaine inclinaison pour laquelle la lumière est complètement polarisée par rapport au plan d'inci- dence. Au-delà de cette limite, la lumière polarisée par rapport au plan du méridien commence à reparoître, et la lumière po- larisée par rapport au plan d'incidence diminue d'intensité jusqu’à ce que le miroir devienne vertical. , Les corps diaphanes et les corps métalliques agissent donc exactement de lamême manière sur la lumière qu’ils réfléchissent ; mais les corps diaphanes réfractent entièrement la lumière qu'ils polarisent dans un sens et réfléchissent celle qui est polarisée dans le sens contraire, tandis que les corps métalliques réfléchissent la lumière qu'ils ont polarisée dans les deux sens : bien entendu néanmoins qu’ils participent en partie de la faculté qu'ont tous Tome LXXIII. JUILLET an 1871. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ies autres corps opaques d'absorber en plus grande quantité l’es- pèce de raÿon que les corps diaphanes transmettent. Cette dernière expérience fournit un moyen de déterminer l'angle sous lequel les substances métalliques polies polarisent la lumière. Elle fait voir pourquoi, en employant pour ces substances la même méthode que pour les corps diaphanes, la détermina- üon de cet angle devenoit impossible. En eflet, lorsque la lu- mière naturelle tombe sous l'angle proposé, le rayon réfléchi contient à-la-fois les molécules qui sont polarisées dans un sens et celles qui sont polarisées dans le sens contraire; ensorte qu’il pente dns sa décomposition par un cristal de spath d'Islande, es mêmes propriétés que le rayon naturel qui est réfléchi sous les plus grandes et les moindres incidences, ce qui rend dans ce Cas la limite proposée indéterminable. En soumettant à la réflexion du miroir un rayon déjà polarisé, on évite cet incon- vénient, parce qu’au lieu d'observer comme sur les substances diapbanes l'angle sous lequel la polarisation est la plus complète, on observe au contraire celui pour lequel la dépolarisation est la plus complète. Ainsi pour les substances métalliques on em- ploiera la réflexion d’un rayon déjà polarisé, en ayant soin que les pôles du rayon forment un angle de 45° avec le plan d'in- cidence, et on ubservera l’angle sous lequel la lumière paroît dépolarisée comme un rayon naturel. Pour les substances dia- phanes, au contraire, on emploiera la réflexion d’un rayon na- turel, et on observera l’angle sous lequel la lumière paroît com- p'ètement polarisée. Cet angle sera déterminé dans l’un et l’autre cas avec la même exactitude. Les expériences que je viens de rapporter prouvent que la difficulté d'observer ces phénomènes sur les métaux lorsqu'on emploie un rayon direct, ne vient pas, comme je l’avois soup- conné (Théorie de la double réfraction, page 230), de ce que la lumiere réfléchie partiellement , qui a reçu cette modification, est confondue avec les rayons provenant de la réflexion totale et non modifiée; ceux que je désignais par réfléchis totalement pour les distinguer de ceux que je supposois produits par une réflexion partielle analogue à celle des corps diaphanes; ceux-là, dis-je, sont aussi complètement polarisés, mais le sont à-la- fois dans deux sens différens. Ces expériences prouvent, en second lieu, que la lumière ordi- paire, réfléchie par les corps en-decà et au-delà de l’angle déterminé, ne jouit pas des propriétés du rayon naturel, parce qu’elle est ET D'HISTOIRE NATURELLE, IL composée de lumière polarisée dans les deux sens, comme je l'avois également soupconné (page 239), mais parce que réelle- ment elle n'a pas éprouvé la modification qai produit la pola- risation. Les faits contenus dans ce Mémoire, indiquent les méthodes qu’il convient de suivre pour obtenir dans les différens cas une mesure exacte des phénomènes. Ils résolvent tout ce que cette théorie renfermoit encore de problématique, et établissent d’une manière incontestable les conséquences suivantes: Tous les corps de la nature, sans exception, polarisent com- rss Ja lumière qu’ils réfléchissent sous un angle déterminé. n-decà et au-delà de cet angle, la lumière ne recoit cette modification que d’une manière incomplète; Les corps métalliques, qui réfléchissent plus de lumière que les corps diaphanes, en polarisent aussi davantage. Cette mo- dification est inhérente à l'espèce de forces qui produisent la réflexion; Enfin, ces nouveaux phénomènes nous ont fait faire un pas vers la vérité, en confirmant l'insuffisance de toutes les hypo- thèses que les physiciens ont imaginées pour expliquer la réflexion de la lumière. En effet, dans aucune d’elles on ne peut expliquer, par exemple, pourquoi le rayon de lumière le plus intense, quand al est polarisé, peut traverser , sous une certaine inclinaison, un corps diaphane en se dérobant totalement à la réflexion partielle que subit la lumière ordinaire. MALUS. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES -| THERMOMETRE EXTERIEUR BAROMETRE METR IQUE > x 2 CENTIGRADE, 1 =? | EE 2 ER | Maximum. | Minsmum. |A Mini. Maximum. | Minimum. A | 23 mipi.| # heures« o | heures. © heures. mil: | heures. mill. eaill® ° 1là udi <24,4là am. “ÆHir,ol +244là 7m.........755,64là 10 s...... ...751,00|754,30| 21,5 2[à3s +Har,2lalors. 12,8] H18,8là 101 5.......754,29|à 4 m......... 749,<0|750,04| 19,9 Sfà midi “-10,8|à 4 m. +105] H19,8|à 92 s........ 761,96! 4m.........754,74|750,70| 19,6 4là midi <20,4[à 4m. + 0,3| +20,41à midi... ..762,69|à 9m.........759,70|762,69| 19,9 5larzs. +23,4{à 4m. “H12,8| H21,5là r04s....... 750100 | 19 SALUE 755,58 755,98] 19,0 6[à midi <+22,6|à 4m. + 9,7] +22,8|à 9 m.........759,42là4 m......... 757,92|758,92| 20,0 7lazis, H246|à 4m. 413,5] +24,4/[à midi........ 762,00|à 4 m......... 759,72|762,00| 20,7 8laris. +H3o7là 4m. +16,3| H30,3là 10 s........ 700 0243 Bees 757,581757,16| 23,6 9[à33s. +Ha2r,olà 4m. +19,3 —-20,4|à midi. .......767,28|à 10 25........ 765,38|767,28| 21,7 +22,3|à 4m......... 763,58|à 105.........759,74[761,44| 21,5 —+23,3là 9 m.........761,14|à 4m......... 759,9°|760,60| 21,8 j 10|à 35. H22,8|à 4m. +11,5 Nlrrla3s. H242fà4m. 11,4 Bliolamidi +24olà1rs. 11,8] +240 763,30|à 4 m.........759(0|760,07 22,3 Hicslamidi “19,0/à 4m. “+ 8,ol +290 7m.…........ 765,64là112s....... 764,00|[765,59| 20,8 Nlegia3s. 2164 m. + 8,3 #20,9|à 4 m........763,10[à 10 S......... 756,04|760,66| 20, Hlrola midi “28,8 4m. <+12,8| +28,8 ..759,56|à 4 m......... 755,70|757,84| 22,4 AlL6là midi <+25,1là 4m. 12,9] +25,1|à 104s....... 761,00|à 4 m......... 759,00|759,20| 22,3 Hiczlamidi 24,3là 4m. +12,8| +24,3 767,12|à 4m..........762,22|765 24| 22,3 18à32s. +H2dolà4m. rx 8] H21,3|à 7 m........ 768,30|à 107 S....... 765,40|767,54| 21,5 19]à 3$. H24olà 4m. +Ær2,o] 423,5) 4 m........ 764.40|à 104 S.......750,90[709,06| 22,0 o'à midi +24,/7là4m. +Hi2,o] Æ24,7là 4 m......... 757,50|À 10 S......... 750, 0|754,60| 22,6 21[a3s. H+i7,4là4m. “io, 22là 35. +15,1[à 4m. +10,5 23/à midi <+Hig,olà4 m. “11,3 Alzalà midi <+igofà10%s. +72, Hi25là3s. +21,olà +16,0|à 935........752,00|4 4 m......... 749,50|7950,64| 19.2 H12,8/à105......... 754,80ofà 4m.........752,50|753,50, 17,0 +19,o|à 4 m,........ 754,60 1125...,...751,84 753,10] 18,6 —+19,o[à 10 +s.......752,74|à 4 M......... 750,06|750,58| 18,7 —Æ20,8|à 105.........556,24|[à4 m......... 752,001754,54) 18. 26/à midi <+24,3|à 4m. “Hro,o! +24,3|àg m......... 757,50/à 10È5s....... 756,501757,30| 10, 27là 3 s 26,4 4m. —Hr23| H25,olà 10 £s.......758,00[à 4n7......... 706,48]757,56! 20. »8[à midi +266! 4m. “H12,3| Æ26,8[à7m......... 758,02|à 65... ..-..709,44|7597.841Val 29|à 35. +26,3|[à 4m. +r16,3| +26,9[à9m......... 756.26|à 33 s........ 754,107 5,02. 29 30|à9+ m,. +22,0/à 4m. “<+14,5| +20,0|à 93 m....... 754,56 |à 10 5.........799,22|794,90 | 22 A| Moyennes. +22,ç8| +11,8|+22,75| 75995] 790,99 |} 91 RECAPITULATIO N. Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 768,30 le 18 Moindreélévation du mescure......... 749,00 le 2 Plus grand degré de chaleur,......... 30,7 le 8 Moindre degré de chaleur..1......... + 8o le 13 ombre de jours beaux....... 18 delcouyerts.-27 2° 16 delle tr aeccctee 12 CE MAN ESSAIENT à F-00 déscléestreeteetee o de tonnerre. ......... 7j de brouuilard.......... 2 demeiser se ere ec o CHU ONOIMMPERTEE I Noiïia Nous continuerons cette añnée à exprimer la température au degré du thermomètre cen- cenhèfhes de mihmètre, Come les observations fuites à midi sont ordinairement celles qu'on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baroinètre conclus de l'ense able des observations, d’où 1l ; par degré, déduction faite de celle du tube, évaluée d'après Smeathon. Des observations semblables ont été répétées en été, en plaçant un des baromètres dans une étuve formée par la croisée d’une fenêtre et un contrevent que le soleil réchaufloit lentement toute la matinée; J'ocservois le thermomètre à travers la vître, j’ouvrois ensuite pour le baromètre, et j'ai eu très-sensiblement les mêmes résultats (5). Cependant, à égale variation de température au- dessus ou au-dessous d’un point quelconque, la dilatation étoit toujours un peu moindre que la contraction; mais je dois dire que Je n'ai obtenu de la régularité dans la variation de la co- lonne de mercure, qu’en opérant sur des tubes entièrement nus, portant eux-mêmes leur plaque de cuivre, ceux que j’avois em- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 151 ployés auparavant , qui étoient enfermés dans leurs montures, me donnoient sans cesse des inégalités sensibles , et je ne doute pas que des baromètres dont la monture seroit formée seulement de deux verges métalliques qui porteroient la plaque, et qui seroient éloignées du tube, ne donnassent sur les hauteurs des montagnes des résultats plus exacts que ceux peuvent fournir les autres. Ceux-ci, souvent très-différens dans leur construction, mettent plus ou moins le tube à l'abri du contact de l'air, ils se prêtent plus ou moins promptement aux variations de température, ils éprouvent, dans les voyages, un jeu hygrométrique; ils se plient, se redressent..., avec une disposition analogue à celle dont je viens de parler, il semble que le thermomètre nous donneroit assez juste la température de la colonne de mercure du baro- mètre ; je dis de la colonne, parce que c'est la. seule qui nous intéresse , celle de la cuvettene pouvantinfluer que d’une quantité insensible sur la ligne de niveau. On voit que j'ai suivi, dans ces expériences, à peu près Îa méthode qu’avoit employée M. Deluc; mais je crois que son résultat ne sauroit convenir à des baromètres d’une construction, quelconque, et que le mien ne peut s'appliquer qu'à ceux que Je propose, c’est-à-dire, à des tubes entièrement nus. NOTES. (1) Ceci ne touche en rien au mérite du Mémoire cité; ce Mémoire est très-digne de son savant auteur, qui, depuis, a traité en physicien-géomètre toutes les parties de cette question. (2) J’avois dit (Journal de Physique, avril 1787) que les vents impétueux que l’on éprouve à Malte, tenoient souvent le mercure de mon baromètre en oscillation; c’est une erreur que l’on me fit reconnoître depuis; le mercure oscilloit bien réel- lement, mais ce mouvement provenoit de Poscillation du mur auquel il étoit attaché; cependant ce mur, mur de refent, avoit 20 pouces d'épaisseur , et les murs extérieurs de mon appartement avoient 5 pieds, il semble qu'avec de tels garans, mon erreur peut être excusable. (3) M. Pictet, dont l'opinion est d’un si grand poids, se con- 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tente de dire que l’on n’appréciera jamais l'effet des vents ascen- dans et descendans. (4) Elles nous donneront aussi la hauteur moyenne du baro- mètre au niveau de l'Océan, hauteur sur laquelle on varie. Je l'ai déterminée pour la Méditerranée, par 468 observations faites à Malte; je l'ai trouvée 28p2l08, à la température de 16.58; celle du baromètre 17°. J’ai eu le même résultat par une centaine d'observations faites à Syracuse, ou au cap Pachynum, avec un baromètre que j'avois été vérifier sur les lieux et comparer au mien. (5) J’ai eu dans ces observations-ci jusqu’à 40° de différence de température. : (6) J’emploie toujours des tubes bien cylindriques, de même longueur, même épaisseur, même diamètre; les cuvettes aussi ont les mêmes dimensions; enfin le mercure est le même aussi dans tous les baromètres que je construis.en même temps. SECOND ET D'HISTOIRE NATURELLE. 353 SECOND MÉMOIRE (1) SUR LES APPARITIONS ET DISPARITIONS DE L’AURORE BORÉALE. F at-il un rapport entre les progrès de la déclinaison de l’aiguille aimantée dans les mêmes latitudes , et les époques des apparitions et des disparitions de l’aurore boréale dans ces mêmes latitudes ? Par M. COTTE, Correspondant de l'Institut de France, etc. IL est prouvé par l'observation, 1° Que la déclinaison de l'aiguille aimantée varie; que dans nos latitudes elle a eu lieu avant 1666 vers l’est; que depuis 1666 elle se porte vers l’ouest plus ou moins lentement; 2° Que le phénomène de l’aurore boréale, dont la partie oc- cidentale de l’atmosphère est aussi le siége, se montre fréquem- ment dans certaines époques, et très-rarement dans d’autres époques ; 3° Que lorsque ce phénomène paroît, il influe quelquefois sur la déclinaison-de laiguille aimantée, la faisant varier d’une ma- nière très-irrégulière, au point que les marins disent qu’alors leur aiguille est folle. C’est ce qui a lieu aussi quelquefois dans les temps d’orage et d’une forte électricité répandue dans l’at- mosphère. las ; ) (1) Voyez le premier Mémoire dans le tome LXX de ce Journal, année 1810. at ms Tome LXXIII. AOÛT an 1811. V 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il est à remarquer que cette influence de l'aurore boréale sur l'aiguille ainrantée, n'a pas lieu toutes les fois que ce phénomène paroît, et qu'une aurore boréale très-foible a quelquefois une influence plus marquée sur laiguille aimantée, qu’une aurore boréale tres-brillante ; lil ‘arrive même assez souvent que celte dernière ne produit aucun effet sensible sur l'aiguille aimantée. D’après ces observations, je mesuis fait les questions suivantes: 10, Ÿ at-il quelque rapport entre les progrès de la déclinaison de- l’aigüille aimiantée dans les mêmes! latitudes, et les époques de l'apparition et disparition de l’aurore boréale dans les mêmes latitudes ? 2°, Le siége de l’aurore boréale, dans nos latitudes, étoit-il dans la partie orientale de notre atmosphère avant 1666, époque où la déclinaison. de l'aiguille aimantée toit orientale ? 30. Les états stationuaires de l'aiguille aimantée concourent:ils avec les époques de la disparition de l’aurore boréale, et les plus fortes variations ou déclinaisons de l’aiguille aimantée, avec les époques des apparitions les plus fréquentes de l’aurore boréale ? Le défaut d’observations exactes avant 1666, tant de la décli- naison de l'aiguille aimantée, que du phénomène de l’aurore boréale, rend la seconde question insoluble, A l’égard de la première et de la troisième question, voici un rapprochement des observations qui ont été faites sur les progrès de la déclinaison occidentale de l’aiguille aimantée depuis 1666, et des apparitions plus ou moins fréquentes de laurore boréale de dix en dix ans. ET. D’'HISTOLRE: NATURELLE. 155 fois{ De 1666 à-1680o augment. xrd30-|- L’aur.bor.aparu.. 7 De r060 Bo Re ei 0220 lie, L...., « - 13 De 1689. àkrgmai «16 PU 2428 Hi 0 u22 Den Pneln7ros 2,20 D DR = Li 109 D D Te mate cioLas MLTON Te Use piles mms 112 De 1720 à 1724 stationnaire | Ra De r724/à/1730 ausment..\{7.25.9 00,7 °°°" 00 Dé 17301 à"r74or . . . 7. . 1.5 ADEME ANSE. 704 De 1740 à 1750. . . Le I RE MMA EE NOTE 1 De27hQ à r70, 2.0 LTD | Les observat, manquent. DÉTu00oMME77O 1820 0) M2 F De 1770 à 1780. .... o.%o | L’aur.bor.aparu.. 402 De 1780 à 1790. . . . 1.1 es PHeobae, eiiers 69. De 1790 à 1800. ...... 0.26 AUS $ De 1860 à 1809 diminut. . o.12 } Dhspertiannerans Foie Je me contente de mettre les observations sous les yeux des pots: la seule remarque que je leur ferai faire, c’est que a disparition presque totale du phénomène de l'aurore boréale qui a lieu depuis r790 jusqu'à présent, concourt avec la dimi- nution de la déclinaison occidentale de l'aiguille aimantée qui a commencé aussi à peu près à la même époque. Les observations contenues dans ce Mémoire, serviront de. point de départ pour les observations ultérieures; elles seront su- rement plus multipliées et plus exactes que celles que nous ont laissées nos prédécesseurs. COTTE. Montmorenci , 19 janvier 1811. 156 JOURNAL DE PHSIQUE, DE CHIMIE NOTE ADDITIONNELLE À MON SECOND MÉMOIRE SUR L’AURORE BORÉALE, EX relisant dernièrement l’'Ouvrage de M. Zemonnier, l'as- tonome, sur /es lois du Magnétisme, voici ce que J'ai trouvé de relatif à l’observation simultanée des aurores boréales et aus- trales, et de la déclinaison de l'aiguille aimantée (tomel, pag. 116— 153 et suiv.). d & Le milieu de l'arc des aurores boréales, Jorsqu’elles sont » tranquilles, répond assez en France aux.variations séculaires » de l’aimant en déclinaison. Gassendi a trouvé ce milieu de » arc en 1621 au vrai nord; M. Dufay, en 178r, lui attribuoit » 14 ou 15 degrés de déclinaison nord-ouest, et on lui en donnoit » 20 en 1774:» (c’est.à peu près la déclinaison de l'aiguille aï- mautée dans nos climats à ces différentes époques)... « La dé- » clinaison de l'aiguille aimantée a été observée en 1770, au pôle » austral du sud vers l’est, et le milieu del’arc de l'aurore australe » étoit au sud-sud-est du pôle. » Il y a donc quelque rapport entre les variations de déclinaison de l'aiguille aimantée et celles du siége des aurores boréales-et australes. On connoissoit déjà son influence sur les mouyemens irréguliers de l'aiguille pendant le temps de leurs apparitions. Montmorenci, 22 février 1845. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 EEE A TELE PEAR TUE EN SERA EPST TES BEN EAU EE ES EPORMIENENEE 2 EXTRAIT D'une Lettre de M. Schweigger, Professeur de Physique et de Mathématiques à Bayreuth, à J.-C. Delamétherie. ..... JE suis parvenu à construire une pile galvanique d’un seul métal que j'humecte, je la charge par le moyen d’une lampe allumée; c’est pourquoi je lui ai donné le nom de pile à feu. J’en décrirai la construction et les effets... L7 DE L'’ACIDE ROSACIQUE DES URINES. PROUST avoit observé dans quelques urines une substance d’une couleur rose. : Vauquelin , dans diverses fièvres nerveuses qu’il a éprouvées, a observé que ses urines déposoient une matière d’une couleur rosée trés-vive et très-pure. Ses urines étoient très-acides, rares, mais extrêmement chargées durée et de sels. Il a fait plusieurs expériences sur cette substance , qu'il pro- pose, avec Proust d'appeler acide rosacique ( elle rougit le papier de- tournesol), et ses conclusions sont les suivantes: « La matière rose qui se dépose des urines dans certaines fièvres, n’est point un corps simple, pas même une modification de l’urée, au moins quant à la proportion des principes, mais une combinaison d'acide urique ordinaire, avec une matière colorante rouge très-intense quand elle est pure, et qui est un acide dont les propriétés paroissent plutôt se rapprocher des ma- tières végétales que des matières animales. » Une autre expérience lui a prouvé, que si l'acide acétique existe quelquefois libre dans l’urine, l’acide phosphorique peut y exister aussi. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE L'URINE D'AUTRUCHE. Fourcroy et Vauquelin ont fait l'analyse de l'urine d’autruche; elle est, disent-ils, blanche comme du lait, et ordinairement mélangée avec une quantité plus ou moins grande d’excrémens.. Sa saveur est piquante et fraiche comme une dissolution légère de nitrate de potasse. Ils en ont retiré de l'acide urique. Ge fait est d’autant plus curieux , que les urines des autres classes d'animaux herbivores W'avoient fourni jusqu'ici aucun vestige de cet acide. L'analyse de cette urine leur a donné, 1° L’acide urique, 29 Du sulfate de potasse, 30 Du sulfate de chaux, 4° Du muriate d’ammoniaque, bo Une matière animale, 6° Une substance huileuse, 7° Du phosphate de chaux. Ils ont ensuite recherché si les urines des autres oiseaux ne contenoient pas également de l’acide urique. Ils l'ont retrouvé effectivement. 1°, Dans les urines des poules, c’est lui qui forme l’enduit. blanc dont sont recouverts leurs excrémens. 20. La fiente detourterelles leurena également fourni ,ainsi que 30 La fiente des oiseaux carnivores et particulièrement celle des vautours et des aigles. D'après ces expériences, ajoutent-ils, il est très-probable que toutes les classes d'oiseaux ont les urines de la même nature que celles de l’homme, à l'exception de l’urée. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 159 NOUVELLE LITTÉRAIRE. Tome troisième du précis de la Géographie universelle, ou Description de toutes les parties du Monde, sur un plan nouveau, d’après les grandes divisions naturelles du Globe ; précédée de l'Histoire de la théorie générale de la Géographie, etc.; par M. Malie: Brun. L'Ouvrage complet formera 5 forts volumesin-8e, imprim, en grand format,sur beaux carattèresneufsde philosophie, et papier superfin d'Auvergne; avec un Atlas de 24 Cartes géo- graphiques coloriées, format z7-folio; ces Cartes, dirigées par l’Auteur, sont dessinées par MM. Zapie et Poirson, gravées par d’habiles Artistes, et coloriées avec grand soin. Ce tome IITe, de 624 pages in-8°, comprend la Description de l'Asie, excepté l'Inde; avec des Tableaux synoptiques, analytiques et RS Prix, 8 fr. broché, pris à Paris, et 10 fr. franc de port par la poste. Les tomes Ier et I[e avec l'Atlas, coûtent 39 francs, prisà Paris, dont 6 francsà valoir sur le dernier volume, et 43 francs 75 cent. franc de port. Le prix de l’Ouvrage complet (en 5 forts volumes in-8o avec Atlas de 24 Cartes colo- riées), est de 58 francs, pris à Paris. Le tome IV est sous presse, On ne vend séparément aucune partie de cet Ouvrage. À Paris, chez F. Buisson, Libraire-Editeur, rue Gît-le-Cœur, : n° 10. On. affranchit l'argent et la lettre d'Avis. Nous rendrons compte de cet Ouvrage. 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Mémoire sur une Combinaison particulière du Gaz oxi-muriatique avec l'oxigène ; par Humphry Davy, lu à la Société royale de Londres , Le 21 février 1811, tiré des Transactions Philosophiques. Traduit par le Professeur de la Rive. (Extrait de la Bibliothèque Britannique. Pag. Nouvelles Observations sur la fructification des Mousses et de. LycopodessLues à Classe des Sciences Physiques et Mathématiques, le 22 avril 1811 ; par M. Palisot de Beauvorïs. Mémoire pour fatre suite à celur ayant pour titre , Con- sidérations générales sur les Propriétés du Gaz mu- r'atique oxigéné; par M. Curaudau. Le premier Mé- moire a été lu à l’Institut le 5 mars 1810 ,et celui-ci, le 8 juillet 1811. Tableau Météorologique , par M. Bouvard. De la Fongine, où Analyse des Champignons; par M. Braconnot. Voyage d'Alexandre de Humboldt et Aimé Bonpland. Troisième Partie. Essai politique sur le royaume de la 81 Nouvelle-Espagne. Sixième Livraison. (Extrait.) 136 Voyage d'Alexandre de Humbolt et Aimé Bonpland. Septième Livraison. 140 Extrait d'une Lettre adressée à M..Delamétherte, par M. d’Angos. 146 Second Mémotre sur les apparitions et disparitions de l'Aurore boréale ; par M. Cotte. 153 Extrait d'une Lettre de M. Schwersger, Professeur de Physique et de Mathématiques à Bayreuth, à J.-C. Delamétherte. 157 De l' Acide rosacique des urines; par Vauquelin. Ibid. fe l'Urine de l'autruche. | 158 Nouvelle Littéraire. 159 Journal de Parrique : Ly Copo der. : Aout 181. lee € & & JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. SEPTEMBRE AN rärr. OBSERVATIONS SUR LA HAUTEUR DE LA VÉGÉTATION DANS LE PAYS D'AOSTE; Par M, D’AUBUISSON, Ingénieur des Mines. Les fréquentes tournées que j'ai faites dans le pays ou vallée d'Aoste m'ont mis à même d’y recueillir un grand nombre d'observations sur la hauteur à laquelle s'élèvent quelques-unes des plantes les plus communes. J'en donne ici le résultat :jy joins la hauteur des habitations les plus élevées. Je rappellerai avant, 19 Que le pays d'Aoste est situé dans le coude que forme, au Mont-Blanc, la chaîne des grandes Alpes, lorsqu’après s'être dirigée de l’est à l’ouest, elle tourne brusquement vers le sud; Tome LXXIII. SEPTEMBRE an 1871. x 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 29 Que ce pays est entouré des plus hautes chaînes de mon- tagnes connues en Europe, et dont le faîte est en très-prande partie couvert de glaciers; 3° Qu'il s'étend du 4b + au 46e degré de latitude; 4° Que Pélévation de la ville d'Aoste, située sur les bords de la Doire , vers le milieu du pays, est de 300 toises au-dessus de la mer; 99 Que la grande vallée est fort étroite et bordée de mon- tagnes qui ont mille toises et plus au-dessus de la rivière qui coule à leur pied. | (l’ignes.) Les vignes lesplus élevées de la vallée d’Aoste, Toises. et vraisemblablement de toute la France, sont au-dessus du village de Saint-Pierre, en face de Villeneuve, sur une montagne exposée au midi; elles s'élèvent au-dessus de fa, mer jusque AUS EU ta SR MAN GES Sur le même versant, autour du château de Lassalle, j'en ai traversées qui étoient 4. . « . . « + . . b7o A Morgen, et en quelques autres endroits, on en trouve SOS Re En PRES LE PR EE varie PAERTAE ANRRE TASNEN TON EE SE Au reste, le vin provenant de ces vignes si élevées a peu de force; mais il n’en est pas de même de celui qu'on retire des vignobles de Saint-Pierre même : 1ls donnent. un vin très-chaud, et sont cependant à . « + . . . 400 Ceux des environs d'Aoste qui fournissent un vin estimé (Saussure, Joy. aux Alpes, $ 982) sontà. . . . 3bo Enfin, ceux de Chambave dont le vin muscat jouit d’une très-grande réputation , sont à plus de. : . + . . . 300 Hors de la vallée d'Aoste, dans le reste du département de la Doire, il n’y a point de vignes à cette hauteur. ( Arbres.) Les châtaigniers les plus élevés que J'ai vus, sont auprès de Challant Saint-Anselme, à « . . . . b6o Au-dessus de Gressau on en apperçoit encore, sur un versant exposé ainord, ds, 1 épris | sale msi. of 160 Mais les châtaigneraies, proprement dites, n’atteignent point ce terme; lorsqu'on en approche, vers 450 ou boo toises, elles font place aux noyers qui s'élèvent encore à 100 et 150 foises plus haut. WP ET D'HISTOIRE NATURELLE. Ceux que j'ai observés à la plus grande hauteur , étoient sur le chemin de Logne et du grand Saint-Bernard , à . A cette même élévation, J'ai vu quelques pommiers; à Saint-Oyen j'en ai observé un, placé contre une maison, qui produisoit rarement, à la vérité, mais quiétoità . . Les forêts de pins, sapins , et mélèzes sont encore trés- DES sb A EE Hiaibt utl.oilu J'en ai vu, à l'extrémité dela vallée de Saint-Marcel, à Cependant il est rare qu’elles atteignent cette hauteur; et plus haut on r’appercoit que quelquesarbres isolés, eten- core sont-ils rares et de mauvais port. (Céréales.) Le maïs demandant, dans le pays, un assez grand fonds de terre, et susceptible même d’être arrosé, neise voit pas au-delà, de}. Di es fiche Quant au seigle, il s’élève à une hauteur double. Près du village de Saint-Remi, on en trouve à plus de, . . Au-dessus de Cogne, j'en ai traversés qui étoient à . . Dans le val Sävaranche, autour du dernier hameau ha- bité en hiyemnenett visräess net este Un peu plus haut, dans le même endroit , j’en ai re- MarqQué à. + . + + + + ++ + + + + + + : Il arrive fréquemment que ces grains si élevés, ne mû- rissent point assez pour être moissonnés. On les sème en juillet, et après quatorze et quinze mois de peines et de soins , le cultivateur a souvent la douleur de voir ses es- pérances trompées, les neiges d'octobre viennent couvrir ses champs avant que leurs produitsaient atteint la maturité. (Péturages.) Dans la plupart des vallées du paysd’Aoste, on a des pâturages à 1100 et. . . . . CINE Dans le val Savaranche, il y en a de considérables, Ceade NEVONEENAUM ES RPMERRERR ER ENNETPER ET NEUE, En quelques endroits même, dans la vallée de Chavannes, près le petit Saint-Bernard, par exemple, l’on mène les vaches pendant quelques jours de l’année dans les herbages, qui m'ont paru être à . . .. . . (Gette dernière opération n’a point élé faite, comme les autres, à l’aide du baromètre. ) X 2 163 Toises. 600 710 1000 1200 1200 1230 1409 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Hauteur de quelques habitations. Dans la vallée de Gressoney , le dernier hameau est à. . Et les GRENIER de Béte, 2 AUNRLEENMER RS AE Dans celle de Challant, le hameau de Saint-Jacques d’Ayas est à. à ANS ASSURER MEAAES AMP PLTRE Dans celle du Saint-Bernard, Saint-Remi se trouve à . L'hospice du grand Saint-Bernard, la plus haute habi- tation de l'Europe au rapport de Saussure, est, d’après plus dei cent Observations "44. Poe rs la plate-forme de l'Observatoire de Turin étant à 149 toises sur la mer. Dans la vallée de Valpeline, le village de Biona est à. Dans celle de Valgrisanche, le cheflieu à , . . . Le hameau de Fornetà.:h: 041200 MORIN, Et les derniers Challets:s 24,0 A0 lus nn à Dans le val Savaranche, le chef-lieu à. , . . . . Le dernier hameau, celui de Pont,à . . . . , . Et les Challets du Nevollet à . . . . . . . . . Toises: 850 1100 880 630 1285 840 850 870 1030 800 1000 1230 Il est àremarquer que le val Savaranche, dans lequel se trouvent et les habitations, et les cultures les plus élevées, est tourné au nord. Le hameau de Pont, et les champs qui entourent , sont sur une pente exposée à l’est : j’en ai pris la hauteur avec soin; et comme c’a été le matin, il est à présumer qu'elle doit plutôt pêcher par défaut que par excès, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 RECHERCHES SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA DISTILLATION DU VIN EN FRANCE, ET SUR LES MOYENS D'AMÉLIORER LA DISTILLATION DES EAUX-DE-VIE DE TOUS LES PAYS; Par M. A.S. DUPORTAE, Docteur en médecine, Conservateur de la Faculté de Médecine de Montpellier, Professeur de Physique et de Chimie à l’Aca- démie impériale de la même ville, Membre de plusieurs Sociétés médicales, et de celle de Pharmacie de Paris. Lues à la première Classe de l’Institut de France. AVEC CINQ PLANCHES EN TAILLE-DOUCE. Paris , J. Klostermann , fils, Éditeur des Annales de Chimie, rue du Jardinet, n° 13; et à Saint-Pétersbourg, Xlostermann, pere et fils, Libraires. 1815. EXTRAIT. L'IMPORTANCE de cet objet, surtout pour la France, nous engage à donner un extrait détaillé de l’ouvrage de l’Auteur. Il décrit d’abord l'appareil ordinaire dont on se sert. Avec cet appareil, dit-il, on retire par une première distil- lation du vin, l’eau-de-vie preuve de Hollande, c’est-à-dire l’eau- de vie qui marque dix-neuf degrés et demi à l’aréomètre ds 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cartier, la température de ce liquide étant de 104 0 au ther- mométre de Réaumur. Mais chacun sait que par ce procédé tout l'alcool du vin n’est pas obtenu à ce titre : le produit perd sa spirituosité à mesure que l'opération avance ; aussi le bouëlleur sépare-t-il les premières proportions des dernières qu’il nomme repasse, parce qu'elles doivent être soumises à une seconde distillation, Au moyen de ce même appareil, l’on déflegme l’eau-de-vie pour obtenir des liquides plus spiritueux, connus dans le com- merce sous la dénomination générique d'esprit, et en chimie sous celle de l'alcool. Il faut pour cela distiller plusieurs fois le même produit alcoolique: la première distillation donne l'esprit dit rois-céng , qui marque vingt-neuf degrés à l’aréomètre de Cartier, sa température étant à 100 o au thermomètre que j'ai indiqué plus baut; la seconde fournit l'esprit dit #rois-six égal à trente-trois degrés; la troisième produit l'esprit dit éroës sept, correspondant à trente-cinq degrés ; enfin, de la quatrième ré- sulte l'esprit dit rois-huit , soit trente-sept degrés (x). Quelques bouilleurs ont voulu faire srois-neuf par une cinquième dis- üllation ; mais ils y ont tous renoncé à cause du danger de l’opé- ration , d'autant que ce titre n’est pas demandé dans le commerce. Je ferai remarquer que dans ces distillations successives , Veau-de-vie et l'esprit ne se déflegment qu’en abandonnant dans la chaudière des portions d’eau qui, faute de chaleur suffisante, ne peuvent monter avec la vapeur alcoolique, puisque l’opéra- tion se fait au bain-marie, ou tout au moins à une température qui ne dépasse pas celle de 75° + o au même thermomètre. (1) Les expressions que j’ai soulignées-ne sont pas admises dans la science, etn’indiquent pas, d’une manière bien rigoureuse , les quantités réelles d'alcool et d’eau qui composent le titre désigné : néanmoins, j'en ferai souvent usage afin d’éviter les periphrases ; d’ailleurs le commerce des eaux-de-vie a consacré ces expressions sur lesquelles il sera très-facile de s’entendre , puisque j’ai dit à quels degrés de spirituosité répondent les mots #rois-cinq , Lrois-six, trois= sept et trois-huit. J’observe toutefois , que les rapports indiqués ne sont pas d’une rigueur mathématique : j’évite de donner les fractions , afin que la mémoire éprouve moins de peine à retenir les nombres. Sans ce motif, je dirois que le troïs-cinq marque 29 degrés et demi ; le trois=six 33 degrés un quart; le trois- sept 34 degrés trois-quarts ; et le trois-huit 37 degrés et demi à l’aréomètre de Cartier, la température étant toujours à 10° + o au thermomètre de Réaumur. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 SECTION SECONDE. Méthode de distillation du vin, inventée par Édouard Adam. $ Ier. Histoire de la découverte de cette Méthode. Le hasard, père d'une foule de découvertes, le fut encore de celle dont j'ai l'honneur d’occuper la Classe. Edouard Adam s’amusoit avec l’éolipile, au mois d'août 1800, lorsque la va- peur aqueuse qui en étoit chassée, arrivant dans de l’eau froide, porta ce liquide presque à l’ébullition. Frappé de ce phénomène inattendu , car il ne connoissoit pas alors les moyens d’ébullition des liquides par la transmission des vapeurs (1), Edouard Adam imagina, dans le courant d'octobre de la même année, de distiller à la vapeur le marc de raisin , et le succès-dépassa ses espérances. Ayant ainsi obtenu de l’eau-de-vie très-bonne, il étoit naturel de prévoir que le résultat seroit bien plus avantageux , si l’on mettoit en ébullition une quantité donnée de vin, par le calo- rique des vapeurs de ce même liquide. Edouard Adam tente l'expérience; et au lieu de n'avoir pour produit que de l'eau- de-vie, il obtient de l'esprit trois-six. Bientôt l’auteur fait part de sa découverte à ses amis; l’un d'eux me la communique; je témoigne quelquedéfiance, et cette défiance détermine Edouard Adam à se rendre de Nimes à Montpellier pour me convaincre. (1) M. le comte de Rumford m'a fait l'honneur de me dire qu’il a publie ces moyens d’ébullition en l’année 1800. L’on trouve, en effet, dans les N°°2 et 3 du Journal de l’Institution royale de Londres, un Mémoire de ce savant sur usage de la vapeur de l’eau bouillante comme véhicule propre à transporterla chaleur d’un lieu dans un autre. Mais Edouard Adam qui ne connoiïssoit pas la langue anglaise, n’a pu prendre connoïssance de ceMémoire avant les derniers jours de juillet 1801 , époque à laquellela traduction en fut donnée dans le tome X VII de la Bibliothèque britannique. Non-seulement il avoit annoncé le parti avantageux qu’il retiroit de la transmission des vapeurs alcooliques à travers le vin ; il avoit même été breveté pour cet objet: d’où il suit que M. le comte de Rumford , en Angleterre , et feu Edouard Adam , en France, ont trouvé presque en même temps les moyens d’ébullition des liquides par la transmission des vapeurs. Du moins ne contestera-t-on pas à celui-ci d’avoir appliqué le premier ces moyens utiles à la distillation du vin. 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Son appareil distillatoire se composoit alors de l’alambic or- dinaire, de deux caisses en cuivre divisées en plusieurs cases, et d’un serpentin ; le tout communiquant ensemble par des tuyaux. L’alambic fut rempli de vin que lon chauffa; Las mit de ce liquide et de l’eau-de-vie dans la première caisse, et l’ébul- lition en fut déterminée par les vapeurs qui sortoient de l’alambic ; celles que donnoit cette caisse venoient se condenser dans le serpentim, d’où couloit de l'esprit trois-six, et même de l'esprit trois-sept. Ce fut avec cette machine que, le 29 mars 18or, Edouard Adam fit constater sa découverte par une commission légale, dont j'étois membre. Satisfait du résultat, il sollicita le brevet d'invention, qui lui fut accordé le rex juin suivant. C’est sous légide de ce brevet que l’auteur entreprit d'exécuter en grand sa découverte. Mais pour atteindre le degré de per- fection auquel il arriva, combien d’obstacles n’eut-il pas à vaincre! combien d'écoles ne fallut:il pas faire! Dans la confiance que je pourrois lui être utile, il m’entraîna à partager ses travaux, et dès ce moment naquirent entre le laborieux Edouard Adam et moi des rapports tels, que les occupations de l’un devinrent désormais les occupations de l’autre, Fasciné par les assertions de M. Oreinecke et de M. Fischer sur Pemploi du bois dans la distillation, Edouard Adam voulut, contre mon avis, que le couvercle des chaudières du premier appareil en grand fût une forte planche de chêne: mais les va- peurs alcooliques en dissolvant la résine, ramollirent tellement cette planche, qu’elle obéissoit à la seule pression du doigt; il falloit avec d'autant plus de raison y renoncer , que l’on avoit à craindre le goût de moisi, quand l'appareil resteroïit quelques jours sans travailler. Ce changement avoit été précédé d’un autre changement non moins utile, Au lieu de deux caisses divisées en plusieurs cases, nous avions fait autant de vases qu’il existoit de cases distinctes, ce qui facilitoit le moyen de perdre du calorique. Mon ami re- douta long-temps cette déperdition qu’il supposoit devoir s'opposer au maximum d'effet à produire; aussi coucha:t-il la cheminée des fourneaux sous les vases à vin qu’il enveloppa d'une forte maçonnerie. Cette construction rendant difficile Fe condensation des vapeurs, j’essayai de remédier à ce vice, en démolissant les murs de plusieurs vases : il en résulta un tel avantage que bientôt nous les démolimes tous. Nous ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 Nous avions remarqué un goût désagréable au produit obtenu après plusieurs chauffes. Ayant reconnu que ce goût tenoit à la carbonisation du tartre déposé dans les angles que présentoient les vases à vin par leur forme carrée, nous substituâmes à cette forme la forme ovale , ce qui, en évitant le dépôt de tartre, offrit . encore plusieurs autres avantages. Ces changemens valurent à mon ami Le brevet de perfectionnement obtenu le 25 juin 1805. Edouard Adam avoit annoncé dans son premier brevet, que pour rendre la distillation plus active, il ne porteroit que du vin chaud dans l'appareil. Noussatisfimes à cette condition, en faisant passer les vapeurs dans un serpentin submergé de vin au lieu d’eau. Cette idée heureuse lui donna le moyen d'échauffer le vin nécessaire pour alimenter l'appareil, sans employer d'autre calorique que celui abandonné par les vapeurs à mesure qu’elles se condensent. SALE Description de l' Appareil distillatoire d’ Edouard Adam. *3 La suite d'améliorations que d viens d'exposer, fruit d’une expérience longue autant que dispendieuse, eut pour résultat Vappareil distillatoire qu’il importe de décrire. Il est composé de fourneaux particuliers dans lesquels sont encastrées des chaudières oblongues. Ces chaudières ont des couvercles dont l'ouverture est assez grande pour laisser passer un homme. Elles ont des robinets pour les remplir et les vider. Les unes sont remplies de vin, et les autres d'eau-de-vie ou d'esprit. Du premier fourneau où est le feu, et de la chaudière qui est sur ce fourneau, part un tuyau qui en porte la vapeur dans une des autres chaudières , qu’on appelle æu/s à cause de leur figure. De celle-ci part un autre tuyau qui porte la vapeur de cette seconde chaudière dans une troisième... et ainsi de suite. Ces vapeurs arrivent toujours dans le fond des chaudières, au moyen de tubes qu’on appelle plongeurs , dont l'extrémité se termine en pomme d'arrosoir. Elles échauffent, presqu’au degré de ébullition, Ja liqueur con- tenue dans chacune des chaudieres ou œufs. Tome LXXIII. SEPTEMBRE an 1811, VY 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Enfin la vapeur du dernier de ces œufs, ou chaudières, est portée par un fuyau dans un serpentin qui est placé dans un loudre M, ou grand tonneau rempli de vin, Ce vin est porté presqu’au degré de l’ébullition, par la chaleur qui entre dans le serpentin. La liqueur du serpentin se rend dans deux autres serpentins lacés dars un autre foudre N plein d’eau fraîche, qui condense js vapeur, laquelle se rend ensuite dans une barrique destinée à la recevoir. Des tuyaux partent du foudre M, en portent le vin dans les chaudières et les œufs. Ce vin, qui a déjà été chauffé par le serpentin, n’a plus besoin que d’un léger degré de chaleur pour être réduit en vapeur. Au-dessus de ce foudre M est une cuve en bois qui recoit le vin que verse une pompe, et qui est ensuite porté dans ce foudre M par des tuyaux particuliers. Une autre cuve placée à côté de celle-ci, recoit de l'eau parune autre pompe, laquelle est portée dans le foudre N pour ralraichir les deux serpentins qui y sont contenus, et condenser la vapeur alcoolique. L'appareil imposant que je viens de décrire n’a pas été une invention stérile, ainsi que cela se voit trop souvent dans les arts: dix-sept de ces appareils ont existé à-la-fois, dans les seuls dé- artemens de l'Hérault et du Gard, sur une ligne de vingt-cinq on il en est trois autres dans les départemens du Var, des Pyrénées orientales et de l’Aude, ce qui en porte le nombre à vingt. Ce nombre fût devenu beaucoup plus grand, si de toutes parts un essaim de contrefacteurs n’avoit rendu la chose im- possible. La capacité de cet appareil n’est pas la même pour tous : elle est subordonnée au plusou moins de vignes qu’ofirent les environs du lieu de l'établissement. Presque tous demandent pourtant, à chaque distillation , à peu près 30 hectolitres, 40 litres de vin, c’est-à-dire 400 veltes (1); et dans cette proportion lon en fait ee (1) Toutes mes réductions de la velte en litres sont faites dans cette propor- ton, que la velte creuse contient sept litres six décalitres. Il est connu que cette mesure de capacité est égale à hunt pintes de Paris, et que ia pinte pèse deux livres marc, ET D'HISTOIRE NATURELLE. Loy2: au moins quatre en vingt-quatre heures; ce qui suppose une consommation journalière de vin égale, dans son mninèmum, à 121 hectolitres 60 litres, ou 1600 veltes. Ce vaste appareil est essentiellement destiné à fabriquer de l'esprit trois-six, celui que le commerce demande le plus. Chaque distillation en donne environ 4 hectolitres 40 litres, ou 4 hec- tolitres 56 litres (58 à 60 veltes). Et comme il arrive souvent que l’on remplace 3 hectolitres 8o litres de vin (5o velles), par une même quantilé d’eau-de-vie preuve de Hollande, le produit en trois-six est alors de 6 hectolitres 15 lit. (81 veltes); d’où il résulte que dans le premier cas, lon obtient, toutes les vingt-quatre heures, de r7 hectolitres 63 litres à 18 hectolitres 24 litres (232 à 240 veltes) d’esprit trois six; et dans le second cas, 24 hectolitres 60 litres (324 velies) de ce même alcool. Faisons remarquer qu'avec cet appareil il est également facile d’obtenir immédiatement du vin, par une seule distillation, tous les degrés de spirit Mité qui se font par des distillations successives dans l’ancienne méthode. Disons qu’il est même possible d'affo:blir et de rehausser le titre de la liqueur qui coule dans le cours d’une opération, de manière à obtenir des produits diflérens en force. M. Berthollet fut convaincu de cette vérité, lorsqu'il se donna la peine dé visiter notre établissement de Mèze, à cinq lieues de Montpellier. L'appareil fut chargé sous les yeux de ce chimiste célèbre qui dégusta le vin de chaque vase: le produit obtenu fut successivement du trois cinq, du trois-six, du trois-sept et du troishuit; arrivé à ce degré de force, nous fimes descendre le filet aux titres de trois-sept, trois-six et trois-cinq; M. Berthollet crut voir alors dans notre appareil le même phénomène qui arrive dans l'appareil ordinaire : nous le détrompâmes bien vite en remontant le filet de la distillation aux titres de trois-six, de troissept et de trois-huit. Les résultats que fournit l'appareil d'Edouard Adam doivent nécessairement différer de ceux de l'appareil ordinaire, puisque les principes, les moyens et les procédés sont diflérens. Dans celui-ci on ne donne que la chaleur nécessaire pour volatiliser l'alcool plus ou moins dépourvu d’eau ; dans celui-là, au contraire, 1l est indispensable d'appliquer une grande chaleur, afin que la vapeur qui se dégage de la chaudière porte avec elle assez de calorique pour mettre bien vîte en ébullition le vin des vases qui suivent. Dans le premier appareil, la vapeur qui sort de lalambic se condense toute en arrivant au serpentin; dans le Y 2 4 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE second, les vapeurs créées par l'ébullition du vin des vases hors du feu ayant à parcourir une suite de cases, elles y éprouvent de la part de l’eau et de l’air une condensation plus ou moins grande, de telle sorte qu'il n'arrive au serpentin que la portion la plus alcoolique. Dans l'appareil ordinaire la condensation des vapeurs commence et finit sans nul avantage pour la distillation suivante ; au lieu que dans l'appareil d'Edouard Adam cette con- densation qui a servi primitivement à faire bouillir le vin des vases hors du feu, sert encore à échauffer celui de la prochaine distillation. Enfin la marche de l’ancien appareil est telle, que la liqueur ÿafloiblit à mesure que la distillation se prolonge; au lieu que dans le nouvel appareil le produit coule toujours au même titre, à moins que la volonté du bouëilleur ne change à cet égard. Tel que je l'ai décrit, l'appareil d'Edouard Adam coûte de 20 à 25,000 fr. Ce haut prix, et la multiplicité des pièces qui le composent, ont attiré à mon ami des reproches qu'il a évités dans la construction d’un autre appareil fondé sur les mêmes principes que le premier, plus simple, plus commode que celui-ci, et dont le prix est réduit des trois quarts. Pour donner plus d’intérêt à mon opuscule, je voudrois offrir, en ce moment, la description de ce nouvel appareil; mais les frères de l’auteur s’en étant assuré la jouissance par un brevet d'invention, sous la date du 22 avril 1609, je ne dois pas les entraver dans la vente qu'ils font de cet appareil au bénéfice des créanciers que la mort prématurée d’Edouard Adam laisse sans espérance. SECTION QUATRIÈME. Avantages que présente sur l'ancienne Méthode de dis- üillation du vin, la Méthode d'Edouard Adam. Le premier examen que l’on fait de l'appareil jadis employé à la distillation du vin, comparativement aux appareils qui lui sont préférés aujourd'hui, n’est pas en faveur de ces derniers. Ici se trouvent réunis en nombre des vases armés de robinets et munis de tuyaux dont l’ensemble constitue une machine toujours compliquée: là, au contraire, on ne remarque qu’un alambie et un serpentin, dont la réunion fournit le plus simple des appareils distillatoires. Mais cette simplicité est loin de balancer les avan- ë ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 fages que présente la nouvelle méthode de distillation du vin sur l’ancienne : établissons cette vérité par des faits pris dans la fabrication de l’eau-de-vie, à dix-neuf degrés et demi à l’a- réomètre de Cartier , sa température étant à r0° Lo au ther- momètre de Réaumur; et dans celle de lesprit trois-six, ou de l'alcool à trente-trois degrés au même aréomètre et à la même température. Pour apprécier d’une manière bien exacte les avantages que présente le nouvel appareil sur l'ancien, je les supposerai tous les deux d’une capacité égale, c’est-à-dire recevant l’un et l’autre une même quantité de vin à chaque distillation. Cette condition étant donnée, il résultera en faveur du premier appareil de très- grands avantages, qui se prendront dans la rapidité de l’opéra- tion; dans l'augmentation du produit ; dans la valeur plus grande du vin; dans l'économie du combustible, de la main-d'œuvre et de l’eau pour réfrigérer; dans la saveur plus amiable du pro- duit obtenu; enfin dans la sécurité que présente l'opération. Dé- veloppons chacun de ces avantages. Premier avantage ; rapidité de l’opération. Le Languedoc est, sans contredit, la contrée de la France, et peut-être aussi de l'Europe, où la fabrication de l’eau-de.vie du vin se fait avec plus de vitesse par l’ancien mode : cependant le bouilleur avoue qu’il lui est impossible de faire en vingt- quatre heures plus de deux distillations dans l’appareil ordinaire. L’appareil distillatoire que j'ai présenté à l’Institut, faisant huit distillations dans ce même temps, 1l est évident qu’il donne quatre fois plus d’eau-de-vie ; ou bien que sa marche, comparée à celle de l’ancien appareil, est dans le rapport de 4 à r pour la fa- brication de cette liqueur alcoolique. Cette marche accélérée du nouvel appareil distillatoire devient bien plus grande à mesure que la spirituosité de l’alcool augmente. L'on n'obtient ce produit au titre de trois-six, par l'ancien mode, qu’après avoir converti l’eau-de-vie en trois-cinq, et celui-ci en trois-six; ce qui exige deux distillations successives, lesquelles, réunies aux quatre premières qu'il a fallu faire pour obtenir l’eau-de-vie, en portent le nombre à six. Une seule étant suffisante pour obtenir, par le nouveau procédé ; l'esprit trois-six d’une même quantité de vin, il est incontestable que celui-ci donne 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE .. six fois plus de ce produit dans le même temps; ou bien sa marche est-elle à celle de l’ancien procédé : 6 :: 1. Le L'on juge d'avance que cette marche sera encore plus rapide dans la fabrication du trois-sept et du trois-huit , que le nouvel appareil donne par une première distillation, tandis qu’il faut les multiplier davantage par l’ancien. Deuxième avantage ; augmentation du produit. Le vin rouge le plus généreux du midi de la France donne à la distillation, par l’ancien procédé, vingt-trois cinquièmes d’eau de-vie, au titre indiqué; le plus mauvais vin, dans les années pluvieuses, n’en donne que seize centièmes ; les proportions les plus constantes qu’en donne le vin ordinaire, sont de vingt centièmes. Ces proportions augmentent bien sensiblement lorsque la dis- tillation du vin est faite par le nouveau procédé : les deux ex- périences que je vais rapporter en preuve, ne laissent aucun doute sur cette asserlion. J’ai distillé dans lappareil ordinaire 26 hectolitres 60 litres (350 veltes) de bon vin de Provence; et je n’ai obtenu que 5 hectolitres 70 litres (75 veltes) d’eau-de-vie, en y comprenant le produit de toute la repasse : une quantité égale du même vin, distillé dans le grand appareil d'Édouard Adam, n'en a fourni 6 hectolitres 61 litres (87 veltes); c’est à-dire, à peu de chose près un sixième en plus. Des commissaires chargésde constaterlesavantagesde l'appareil distillatoire de mon ami sur l’ancien appareil, n'ont obtenu de 14 hectolitres 59 litres (192 veltes) de mauvais vin de Languedoc, distillé dans ce dernier, que 2 hectolitres 28 litres (30 veltes) d’eau de-vie, au titre maintes fois indiqué; tandis que ces mêmcs commissaires en ont obtenu 7 hectolitres b2 litres (99 veltes), en distillant.dans le premier 37 hectolitres 62 litres (495 veltes) du même vin; ce qui établit encore une augmentation de produit d’environ un sixième en faveur du nouvel appareil. L’eau-de vie distillée une seconde fois par le procédé ordinaire, donne à peu près cinquante-sept centièmes d'esprit trois -six, ou d'alcool marquant trente trois degrés aux instrumens dont il a été fait mention, et en y comprenant le produit de toutes : Le. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 les repasses : d’où il suit que par ce procédé le vin rouge très: généreux fourzit treize centièmes et un dixième de trois-six ; tandis que le vin ordinaire n’en donne que onze centièmes quatre dixièmes ; et le vin le plus foible neuf centièmes un dixième. Cette quantité augmente pareillement dans la distillation du vin par le nouveau procédé, et sa conversion immédiate en trois-six. Le bouilleur assure, en effet, que le bon vin réduit en alcool à trente-trois degrés de Cartier, par la nonvelle mé- thode, peut donner jusqu’à seize centièmes. Ces résultats d’une pratique journalière sont d’ailleurs confirmés par une expérience en grand, faite dans le dessein de constater d’une manière exacte Paugmentation de produit annoncée. On a distillé à Perpignan 205 hectolitres 20 litres (2700 veltes) de vin de Rivesaltes, dans le grand appareil d'Edouard Adam, et pareille quantité du même vin dans l’appareil ordinaire : il en à résulté à l'avantage du premier , une diflérence de 4 hectolitres 71 litres (62 veltes) d’esprit trois-six, c’est-à-dire une augmen- lation qui va du cinquième au sixième. Il est donc bien établi que soit dans la fabrication de l’eau- de-vie, soit dans celle de l'esprit trois-six, le nouvel appareil donne sur le produit de l’ancien une augmentation qui peut être évaluée, terme moyen, au sixième pour le premier produit, et du cinquième au sixième pour le second. Je dois faire remarquer ici que par ce surplus de liqueur al- coolique , fournie par la méthode actuelle de procéder, la quantité réelle du vin récolté augmente d’un sixième, sans entraîner pour. tant, ni dépenses de culture, ni frais d'exploitation; ce qui devient d’un intérêt majeur pour l'Etat, aujourd’hui surtout que lé raisin ne sauroit être trop abondant par l'emploi très-considérable qu'on en fait déjà dans la fabrication du sirop. Mais quelle est la source de l'augmentation de produit, que donne sur l’ancienne méthode de distillation du vin, la méthode d’Edouard Adam? Elle me paroît tenir d’abord à la forte tem- pérature que le vin éprouve dans le nouvel appareil, à mesure que les premières vapeurs produites déterminent sur Jui une pres- sion énorme qui rend son ébullition plus difficile, et donne ainsi le moyen de mieux séparer l'alcool des autres principes du vin. Elle tient ensuite à la non-déperdition des vapeurs alcooliques, dont la condensation est plus facile dans le nouvel appareil, par 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cela même qu’il y a plus de vases et plus de liquides réfrigérans. Elle provient, enfin, du moins grand nombre de distillations qu'on est obligé de faire pour obtenir la quantité de produit ; ce qui évite les pertes qui arrivent toujours en maniant, transva- sant, et portant plusieurs fois à l’ébullition lesliqueurs alcooliques. Troisième avantage; valeur plus grande du vin. Avant la découverte qui nous occupe, le prix du muid du vin pour distiller, ou des 6 hectolitres 84 litres (90 veltes, étoit fixé, dans le Languedoc, à trois fois la valeur du quintal de l’eau-de-vie, ou des 36 litres (5 veltes), pourvu que ce vin püt donner à peu près vingt centièmes d’eau-de-vie au titre indiqué, et que le prix de cette dernière fût au moins à 20 francs le quintal ; car à une valeur moindre, les frais de fabrication étant presque toujours les mêmes, on ne pouvoit payer les vins dans cette parité ; et vice versé. L'augmentation de produit que donne le nouveau procédé, a fait oublier cette base dans les achats du vin à brûler, puisque le bouilleur paie aujourd’hui le muid le double du prix du quintal de l'esprit trois-six; ce qui vaut au propriétaire environ quinze centièmes en sus de la valeur qu'il retireroit de son vin, si la dis- tillation s’en faisoit encore par l’ancien procédé. Malgré cette valeur plus grande du vin à distiller, le fabricant peut faire un rabais considérable dans la vente de l'esprit trois- six qu'il en retire, comparativement au prix auquel se vendoit jadis ce produit. Pendant long-temps le quintal, ou les 38 litres (5 veltes) de cette liqueur s’est payé 2 à 3 francs, en sus du double prix de l’eau-de-vie preuve de Hollande : la demande de cet alcool à trente-trois degrés, entraînant l'établissement de beau- coup d'ateliers pour cette fabrication, la concurrence en fit di- minuer le prix d’abord au pair, ensuite à 1 ou 2 francs au-dessous du double prix. Les avantages immenses que nous offroit notre méthode de distiller , nous fit porter bien plus loin cette dimi- nution, puisque nous la fixâmes à 6 francs; ce qui faisoit un rabais de 96 francs par pièce d’esprit trois-six de la contenance de 5 hectolitres 8 litres (80 veltes). Ce rabais est maintenant con- sacré par l'usage : il devient même parfois plus grand, lorsque leau-de-vie manque dans le commerce. Cette dernière liqueur alcoolique est très-peu demandée aujour. d'hui : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 d'hui: aussi n'en fabrique-t-on presque plus, surtout pour des expéditions lointaines. La facilité et l’économie tres- grandes qu'il y a à faire préférablement des esprits, déterminent à n’ex- pédier que ces hauts titres, ce qui donne de grands avantages par la moindre quantité de futailles à acheter, et surtout par la diminution des frais de transport, puisque sous un très-petit volume l’on fait voyager un alcool qui par son association avec l’eau nécessaire, fournira une très-grande quantité d’eau-de-vie. Je dois convenir que l’eau-de-vie que l'on fabrique par l'union de l’alcool à l’eau, ne vaut pas en saveur celle obtenue direc- tement du vin: mais je suis loin de ne pas croire à la possi- bilité de rendre à cette eau-de-vie factice, la saveur qu'on aime dans l’eau-de-vie naturelle. M. Vauquelin assure que celle-ci contient toujours un peu d’acide acétique qui n'existe pas dans l'alcool; il ajoute même que c’est à la présence de cet acide qu'est dû le goût plus agréable dans cette dernière eau-de-vie que dans la première. Eh bien, ne pourroit-on pas porter dans celle-ci l'acide acétique dont elle est dépourvue , et la rendre ainsi égale à l’eau-de-vie obtenue directement du vin? J’ai com- mencé à ce sujet quelques recherches qui m'ont donné plus que des espérances ; j'aurai l'honneur de les communiquer à la Classe, dès que mon travail me semblera digne de lui être offert. Quatrième avantage; économie du combustible. Pour juger combien est grande l'économie du combustible dans la distillation du vin par le nouvel appareil, il suflit de se rappeler qu'ici onobtient par une seule distillation le produit qui en demande jusqu'à cinq dans le procédé ordinaire, et que lon utilise Le calorique des vapéur$ produites, d’abord pour en créer d'autres, ensuile pour échaufler le vin de la distillation suivante. , IL est généralement admis par ceux qui fabriquent l’eau-de-vie et l'esprit trois-six par la nouvelle méthode, qu'il en résulte sur l’ancienne une économie de combustible de inoïtié pour la fa- brication du premier produit, et des deux fiers pour la fabri- cation du second, Ces proportions sont un peu exagérées ; pourtant l'économie constatée par des expériences directes est encore très- importante, ainsi qu'on va le voir. On a fait par l'un et par Pautre procédé 6 hectolitres 8 litres d'eau-de-vie (80 veltes& le procédé ordinaire a consommé 250 Tome LXXIII, SEPTEMBRE an 18rr. Z 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE. CHIMIE kilogranmes de charbon (5or livres marc) ; le nouveau procédé n'en a consommé que 1b3 kilogrammes (307 livres marc). On a fait aussi par ces deux procédés la même quantité d’esprit trois- six : il a été employé dans le premier cas gro kilogrammes de charbon (1822 livres marc); il n’en a été employé dans le second cas que 413, kilogrammes (827 livres marc). Ces expériences très-rigoureuses donnent donc en faveur du nouveau procédé distillatoire, une économie de combustible des deux cinquièmes, ou de quarante centièmes pour la fabrication de l’eau-de-vie ; et des quatre septièmes à peu près, ou de cin- quante-cinq centièmes pour celle de l'esprit trois-six. Cette éco- nomie ira toujours croissant à mesure qu’on obtiendra des titres plus forts, Cinquième avantage ; économie de la main-d'œuvre. Plus une opération est renouvelée, et plus elle occupe de bras. Or le nouveau procédé de distillation donnant par une première chauffe le même produit que donne lancien procédé, après plusieurs distillations, 5l est évident qu’il doit entrainer moins de main-d'œuvre, Il a été calculé, en effet, que le travail de quatre hommes employés au service du grand appareil d'Edouard Adam, équivaut au travail de seize hommes occupés à l'appareil ordinaire; et ceei a lieu, soit dans la fabrication de l’eau-de-vie, soit dans celle de l'esprit trois-six ; ce qui donne pour l’un et pour l’autre une économie de main-d'œuvre des trois quarts. » Sixième avantage; économie de l’eau pour réfrigérer. Quelque mince que semble cet avantage, je ne dois pas ou- blier de le noter, car il devient ‘très-important là où l’eau est” rare. Les bouilleurs de l' Armagnac en sentiront tout le prix. Je les ai vus conserver à grand frais, pour des réfrigérations ul- térieures, l’eau chaude du serpentin qu'ils renouvellent, à la- quelle ils ajoutent même la vinasse de la chaudière pouraugmenter Jeur liquide réfrigérant. L'idée heureuse qu'eut Edouard Adam d'échaufler levin de la distillation suivante, en eondensant par son secours les va- peurs alcooliques, donne le moyen d'économiser beaucoup d’eau. Ceite économie est encore, augmentée par, la réfrigérationque ET D'HISTOIRE NATURELLE. E79 Pair opère en frappant la moitié inférieure des vases condensateurs. Get ellet est tellement sensible, que j'ai vu un de nos appareils distillatoires n’offrir qu'un filet d'alcool à peine visible, malgré la grande activité du feu, un jour que le courant d’air autour de ces vases, étoit rendu plus grand à cause de la toiture du bâtiment que l’on avoit enlevée. Septième avantage; saveur plus amiable de l'alcool obtenu. Le commerce classeles eaux-de-vie de vin dans l'ordre suivant, sous le rapport de la qualité: Cognac, Languedoc, Provence, Roussillon > Catalogne, Naples et la Sicile. Les esprits n’ont pas ainsi un ordre de préférence déterminé, à cause que leur fabri- cation est presque exclusive au Languedoc. La préférence qu’obtient eau de-vie de telle contrée sur telle antre, est due à la saveur plus ou moins amiable qu’elle offre. Cette saveur dépend quelquefois du bouquet particulier au vin “qui fournit ce liquide; mais le plus souvent elle provient du plus ou moins de lie, de tartre, de mucilage et de partie co- lorante contenus dans le vin. Celui qui offre peu de ces matières, donne un produit doux et suave; telle est l'eau-de-vie de vin blanc; au contraire, le produit d'un vin chargé de ces corps hétérogènes est toujours rude, souvent empyreumatique. Ces mauvaises qualités proviennent de ce que dans la distil- lation du vin les substances désignées se précipitant au fond de la chaudière où elles s'épaississent, le feu ne tarde pas à les car boniser; ce qui détermine le goût d’'empyreume dans le produit obtenu. 5 Cet inconvénient grave ne sauroït avoir lieu dans la distil- lation du vin par le nouveau procédé, puisqu’une grande partie de ce liquide n’est pas en contact avec le foyer : aussi leau- de-vie et l’esprit qui en provient sont-ils francs de goût d’em- pyreume et parfaitement limpides. Je ne doute pas que les eaux- de-vie fabriquées partout ne soient les mêmes, à peu de chose près, lorsqu'on se servira de nouveaux moyens pour les faire. Huitième avantage; sécurilé dans l’opération. Dans la distillation ordinaire, il n’est point rare de voir couler le vin en nature lorsque le feu est trop fort; ce qui r’arrive jamais dans le nouveau procédé distillatoire. L’excès de feu fait 2 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÈ CHIMIE aussi sauter parfois le chapiteau de l'alambic, à cause de l'effort des vapeurs, surtout lorsqu'on réduit l’eau-de:vie en esprit ; ce a cause {rop souvent linflammation de ces vapeurs, l'incendie e l'atelier, et expose à de grands dangers l’ouvrier qui veut remédier au mal. C’est pour se prémunir contre de tels dangers qu’on adopta l'emploi du bain-marie dans la fabrication des esprits. Mais il s'en faut bien que ce moyen garantisse d'accident d’une manière aussi certaine que le faitle nouveau procédé : ici l’effort des vapeurs n’est jamais à craindre, tant sont énergiques les moyens de con- densation; le liquide que fournissent ces vapeurs ne peut être enflammé par le feu dont il est très-éloigné; et, à moins d'im- prudence , il n’est rien à craindre dans la marche du nouvel appareil (r). De là naît cette grande sécurité que conserve au- jourd'hui lé bouëlleur dans la manipulation sur le feu, de liquides aussi inflammables que le sont les esprits trois-cinq, trois-six , trois-sept et {rois-bhuit. Les immenses avantages que je viens d’assigner au nouveau procédé distillatoire sur l’ancien, doivent faire oublier dans peu celui-ci partout où le vin est soumis à la distillation. La France, plus que toute autre nation , doit se hâter d’adopter cette nouvelle méthode, si elle veut trouver encore un débouché facile de son eau-de-vie et de ses esprits; et rendre en même temps impossible la rivalité que des peuples voisins cherchent à établir sur ces productions importantes. Pour rendre plus sensibles ces avantages, je vais offrir, sous la forme de tableaux, le prix auquel revient la même quantité d’eau-de-vie et d'esprit trois-six, par l’ancien et par le nouveau procédé. Ce prix rendra d’autant plus avantageux ce dernier , qe la valeur ae vin sera plus. grande, puisque c’est sur l’économie de ce liquide que repose plus essentiellement l'avantage. J’éta- blirai mon calcul sur le prix actuel du vin en Languedoc. (1) J’aflirme à bon droit qu’à moins d’imprudence, il n’y a rien à craindre dans la marche du nouvel appareil. En cherchant à me ARE tous les événe- mens arrivés, dans un espace de dix ans, aux personnes qui distillent le vin par le procédé de mon ami, je n’en trouve pas un que l’on ne puisse éviter sans peine. La chaudière sur le feu ne brülera jamais, si l’on a soin de owiller; elle ne fera jamais d’explosion , si les vapeurs ne sont pas arrêtées dans leur marche par des corps quibouchent les tuyaux ; enfin aucun vase ne s’aplatira de dehors en de- dans, si on à la précaution de donner acces à l’air dans la chaudiere lorsqu'on la lave, et si l’on observe de conserver un peu d’eau chaude autour des vases à mesure qu'on ajoute de l’euu froide, pour rendre la réfrigération plus active. _ de nt 7 à £T D'HISTOIRE NATURELLE. 181 TABLEAU comparatif dù préx de la fabrication , par l'ancien el par le nouveau procédé, de 6 hectolitres 8 litres (80 veltes d’eau-de-vie à 19 degrés et demi à l’aréomètre de Cartier ,et à 109 du thermomètre de Réaumur. L 1°. FABRICATION PAR L'ANCIEN PROCÉDÉ, : Pour obtenir la quantité ci-dessus d’eau-de-vie, il faut 30 hectolitres 40 litres (400 veltes) de vin donnant vingt centièmes; le prix de ce vin supposé à 100 fr., les6 hectolitres 84 litres (go veltes). : . . * Pour distiller cette quantité de vin, 1l faut 250 kilogrammes (5or livres mare) de charbon de terre à 1 fr. 5o cent, les 42 kilogrammes. . ....., Cette opération demande deux journées d'homme MAP IDONCENL. SRE APN NTETEr SE, TOTALE 3: 3 444 fr. 44e. 8 9 5 » 458 fr. 39 ce. 20, FABRICATION PAR LE NOUVEAU PROCÉDÉ. L’augmentationde produit d’unsixièmeque donné le nouveau procédé sur l’ancien, réduit à 25 hec- tolitres 38 litres (334 veltes), le vin nécessaire pour obtenir la quantité d’eau-de-vie indiquée. . . ... . . . Le poids du charbon de terre qu'il faut pour dis- tiller ce vin étant réduit à 153 kilog. (307liv. marc). Il suffit pour cette opération, d’une demi-journée d'homme: D... Sms ee DOLALAN ANSE PRE: RE SU LAAT: Prix de fabrication par l’ancien procédé. , . , . .. Prix de fabrication par le nouveau procédé. . . .. I] y a donc un avantage de. . . sibailiatietslte hariét pilel te EN I20 377, 7ôic. a ———————— 458 fr. 39 c. 877 78 mérité 80 fr. 61 c. x62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABLEAU comparatif du prix dela fabrication, par l’ancien E par le nouveau procédé, de 6 hectolitres 8 litres (8oveltes) d'esprit trois-six, ou d’alcool à 33 degrés à l’aréomètre de Cartier, et à 10° du thermomètre de Réaumur. # 10. FABRICATION PAR L'ANCIEN PROCÉDÉ. À Pour obtenir la quantité donnée d'esprit trois-six, il faut distiller 53 hectolitres 35 litres du même vin dique: Me 2 LME LME: 2 CHE MPAENNI MS CURE: 0 NTI) Quatre journées d'homme sont nécessaires pour CALE OBÉBA ON MAN DE CN AR Le TTO » ORALE PERS Sd Lo 22H 00C: 20, FABRICATION PAR LE NOUVEAU PROCÉDÉ, L'augmentation de produit étant ici d’un sixième au moins, le vin nécessaire pour obtenir la quantité indiquée de trois-six, est réduite à 45 hectolitres 75 litres (602 veltes MAMAN MR CT MIG6BI ET: be, Une seule distillation étant suflisante pour obtenir ce produit, il ne se consomme que 413 kilogrammes defcharbon (827/livres manie). Meme iu +, aa dgh L'opération étant moins renouvelée, une journée d'homme sufhits vi EME re EM IENNEE AN TOTAL MONTRE PM 0 Error. RÉSULTAT, Prix de fabrication par l’ancien procédé, . . ,... 822fr.boc. Prix defabrication par le nouveau procédé. . ... 686 13 Ilytadoncun avantage ee RE OT 9 7e ï ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 SECTION CINQUIÈME. Moyens d'améliorer la distillation des eaux-de-yie de tous les pays. À mesure que l'homme s’est accoutumé à l'usage des liqueurs alcooliques, il'a cherché le moyen de se les procurer; et, conime Ja vigne ne croît pas avec une égale facilité dans tous les lieux, il a voulu la vas par d’autres végétaux capables de fournir, comme elle, des produits vineux. L'homme a fait plus: il a soumis à la distillation ces produits vineux, et en a retiré un liquide de la même nature que leau-de-vie fournie par le vin; d’où a résulté cette suite de liqueurs spiritueuses, plus ou moins analogues entre elles, qui sont répandues dans le commerce, les unes sous la dénomination générique d’eau-de-vie; les autres sous des noms plus ou moins insignifians. Le nombre des végétaux aujourd’hui employés à faire ces sortes d’eaux-de-vie est très-grand. Je citerai dans ce némbre les graines céréales, les pommes, les prunes, les poires, la mélasse, les cerises et même les pommes de terre, dont en Allemagne, en Prusse et en Lithuanie, l’on fait de l’eau-de vie assez bonne. Je pourrois joindre encore à ces substances les patates avec les- quelles le Caraïbe compose l’ouicou; les carottes qui ont fourni abondamment d’eau-de-vie à MM. Hunter et Horaby, d’Yorck; les bette-raves qui n’en donnent pas moins , ainsi que je l’établirai bientôt: et le fruit du caroubier, duquel M. Proust assure avoir obtenu le quart de son poids d’eau-de-vie, En dégustant les produits alcooliques de la distillation de cha- cune de ces substances, l’on remarque dans tous une saveur particulière. qu'ils doivent au végétal qui les fournit : mais on leur trouve aussi une saveur et une odeur communes, plus ou moins empyreumatiques, que leur donne le feu pendant la dis- tillation. 1 seroit difficile que la chose n’arrivât point dans le procédé ordinaire, puisque le liquide que l’on distülle ainsi, est assez ordinairement épais et muqueux , ce qui l’expose à se char- bonner, à mesure que la partie la plus épaisse s'attache aux parois de la chaudière, L'on cherche depuis long-temps des moyens capables d’enlever à ces produits alcooliques la saveur et l'odeur désagréables qu'ils 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE offrent. Il a élé fait à ce sujet une foule de tentatives; mais aucune n'a été couronnée d’un succès assez grand pour espérer d'améliorer ainsi les eaux-de-vie mauvaises. Dansle nombre des moyens proposés, je signalerai d’abord celui que M. Resat essaya pour rendre meilleures les eaux-de-vie de houblon et de pommes de terre. Il consiste à verser dans un fonneau cinq hectogrammes d’acide sulfurique sur cinquante kilogrammes d’eau-de-vie, agitant le tout, et le distillant après vingt-quatre heures de repos. MM. Boullay et Planche, habiles pharmaciens de Paris, ont essayé ce moyen sur de l’eau-de-vie de marc, à laquelle ils avoient ajouté un peu plus d’un centième d'acide sulfurique. L'alcool qu'ils ont obtenu à 36 degrés par la distillation , avoit beaucoup perdu de sa saveur et de son odeur désagréables; mais en le mélant avec le tiers de son volume d’eau pure, l’odeur primitive a reparu avec une intensité presque égale, quoique son mauvais goût fût sensiblement diminué. Aussi MM. Boullay et Planche pensent-ils que les personnes exercées à la dégustation des liqueurs alcooliques, se méprendront difficilement sur la véritable origine de l'alcool rectifié par le procédé de M. Resat, Je citerai encore parmi les moyens proposés pour rendre meil- leures les eaux-de-vie mauvaises, ceux que M. Antoine a proposés tout récemment, et qui sont au nombre de trois. .Le premier de ces moyens consiste à faire traverser quatre pintes d’eau-de-vie de grains par demi-once de gaz acide mu- rlatique oxigéné, agitant bien le mélange vingt-quatre heures après qu'il est fait, l’abandonnant jusqu’au Jour suivant, séparant le précipité qui s’est formé, traitant l'alcool avec les sous-carbo- nates de potasse, de soude, et mieux avec celui d’ammoniaque, afin de saturer l'acide muriatique, et distillant alors l’alcool ainsi traité par ces sels alcalins. Dans le second moyen, M. Antoine emploie le muriate sur- oxigéné de potasse, Il le prépare en retirant le gaz acide muria- tique oxigéné d’un mélange formé de 16 grammes d’oxide noir de manganèse, de 48 grammes d'acide sulfurique étendu de parties égales d’eau, et de 36 grammes de muriate de soude. Le gaz produit est recu dans un flacon où l’on a mis 24 grammes de carbonate de potasse et 7 hectogrammes 64 grammes d’eau pure. Le muriate suroxigéné liquide qui en résulte est mêlé avec 4 litres d’eau-de-vie mauvaise; et le tout est soumis à la distil- lation vingt-quatre heures après. Le OU M ee RS ARS ET D'HISTOIRE NATURELLP. 185 Le dernier moyen que M. Antoine conseille, se pratique en ajoutant à chaque litre d’eau-de-vie de mauvais goût douze à quinze gouttes de résidu d’éther sulfurique, agitant le mélange, Saturant le lendemain l’acide sulfurique par la potasse, décantant ensuite la liqueur pour la séparer du sulfate de potasse produit, neutralisant même l’acide malique par l’ammoniaque. Mais, comme l’observe très-judicieusement M. Planche, l’auteur atteint-il vraiment le but qu’il s'étoit proposé? Les moyens qu'il indique, en admettant, contre l'expérience, qu'ils améliorent la qualité des eaux-de-vie, sont-ils assez simples en eux-mêmes, assez économiques et surtout praticables par la majorité de ceux qui se livrent à ce genre de travail? Je suis loin de le penser : aussi préférerois-je recourir à l'emploi du charbon, conseillé par Lowitz, si je n’appréhendois de diminuer la spirituosité des liqueurs al- cooliques, en les filtrant à travers le charbon, ainsi que cela arrive au vin. C’est donc vainement que l’on a tenté jusqu'à ce jour d'en- lever à certaines eaux-de-vie la saveur et l'odeur désagréables qu’elles offrent. Il est préférable, sans doute, de soigner leur préparation, de manière à éviter l’empyreume qu’elles acquièrent en les distillant, ce qui ne me semble pas difficile. Le moyen consiste à les fabriquer d’après la méthode d’Edouard Adam; mais alors les liquides alcooliques qui sont épaissis par des corps muqueux , et surtout les matières épaisses, ne devront èlre chauffés qu’à l’aide de la vapeur fournie par une chaudière rem- plie d’eau; tandis que ces mêmes liquides alcooliques moins épais, moins muqueux, pourront être chauflés en partie dans la chau- dière, pendant que les vapeurs qui sortiront de ce vase iront mettre en ébullition une autre portion de ces liquides contenus dans dès vases placés à côté les uns des autres. Dans l'un et Pautre cas, le produit devra être exempt de goût empyreumatique, ar cela même que la matière soumise à la distillation ne recevant e feu qu’à laide de la vapeur, n’en recoit jamais assez pour être carbonisée. Faisons l'application du moyen que je propose à la distillation de l’eau-de-vie de marc de raisin, à celles de l’eau-de-vie de grains, de cidre, de poiré, de mélasse, de cerises et de betteraves, Ce que je vais dire de la fabrication de ces espèces, devra s'appliquer à toutes les autres; car j'ai la conviction intime que le procédé d'Edouard Adam convient également à la distillation de toutes les eaux-de-vie, Tome LXXIII. SEPTEMBRE an :18rr. À a 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE S Ier. ÆEau-de-vie de marc de raisin. Le marc de raisin ne cède pas au pressoir tout le vin qu’il contient : il en garde toujours une portion plus ou moins grande, laquelle fournit de l’eau-de-vie lorsqu'on distille ce marc a rès lui avoir fait éprouver une nouvelle fermentation vineuse, que l’on excite parfois à l’aide d’une matière sucrée. On a imaginé pour la distillation de ce marc ainsi fermenté, une foule de moyens toujours basés sur l’ancien mode d’opérer ; mais aucun de ces nombreux moyens n’a donné un produit de bon goût: l’on retrouve constamment dans la liqueur alcoolique obtenue , une saveur et une odeur désagréables, qui proviennent de la torréfaction partielle du marc, et d’une huile particulière contenue dans le pepin, laquelle monte à la distillation avec Palcool vaporisé, S'il est aujourd’hui un moyen d’obtenir l'eau-de-vie de marc de raisin exempte de cette saveur et de cette odeur désagréables, c’est dans le procédé d'Edouard Adam qu'il faut chercher .ce moyen. L’auteur l’a démontré incontestablement, dès le principe de sa découverte, par la mise en activité d’un vaste appareil distillatoire qu’il établit à Perpignan, pour la fabrication de leau-de-vie de marc de raisin, qu'il obtenoit franche de mauvais goût, et sans odeur empyreumatique. Une première distillation étoit suffisante pour avoir ce produit aux titres de trois-cinq et de trois-six. | à L'appareil distillatoire employé par mon ami à cette opération, se composoit d’une vaste chaudière, de plusieurs grands vases de cuivre fermés avec soin, et d’un serpentin. Dans la chaudière étoit de l’eau en ébullition : la vapeur aqueuse qui s’en dégageoit traversoit, en diflérens sens, le marc de raisin contenu dans les vases de cuivre; et ce marc, préalablement changé en pi- quette, donnoit des vapeurs alcooliques qui alloient se déflegmer dans les vases suivans, pour venir ensuite éprouver la condensa- üon dans le serpentin. J’estime que l’eau-de-vie ainsi fabriquée eût été meilleure, si Pon eût mêlé au marc de raisin un peu de el neutraliser en partie l'acide acétique dont ce mare abonde, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 Cinq à six ans après la mise en activité de l'appareil distil- latoire dont il vient d’être question, M. Curaudau proposa, dansle tome XIe du Dictionnaire d Agriculture del’abbé Rozier, un appareil pour la distillation du marc de raisin à la vapeur de l’eau. Cet appareil consiste en une chaudière surmontée d’un cuvier dans l’intérieur duquel sont placés, à la distance de neuf pouces, des tasseaux qui supportent des grilles en bois traversées par plusieurs conduits de chaleur. Le marc de raisin placé sur ces grilles est pénétré par la vapeur aqueuse qui traverse les conduits de chaleur; ce marc fournit alorsdes vapeurs alcooliques; celles-ci s'élèvent dans le chapiteau dont le cuvier est recouvert, et vont se condenser dans un serpentin à lamanière accoutumée. Il n’est pas à ma connoissance que cet appareil de M. Curaudau serve aujourd’hui à la distillation du marc de raisin : celui d'Edouard Adam, au contraire, y est journellement consacré, mais avec des modifications qui le rendent bien plus utile. L’on citeavec avantage, dans le Languedoc , la distillerie de M. Reboul à Pézénas, et celle de M. Fournier ,à Nîmes, où l’on fabrique ainsi de l’eau-de-vie de marc de raisin d’un très bon goût. Il est bien à desirer que l’on opère de même partout; car en distil- lant ce marc par le procédé ordinaire, le produit ne sauroit être exempt de qualités délétères. S IT. Eau-de-vie de grains. / La fabrication de l’eau-de-vie de grains est peut-être plus abondante que celle de l’eau-de-vie de vin. Le nord de l'Europe ne connoît guère que la première; les Ecossais en font une branche importante de commerce ; la Bohême et la Moravie fournissent la plus grande partie de celle qui se consomme dans l'intérieur de l'Autriche; la Suède trouve dans ce produit un apanage de la couronne; la Pologne et la Russie fondent sur lui la fortune des riches propriétaires de ces contrées fertiles en céréales ; il n’est pas jusqu’à la France qui ne fasse beaucoup d’eau-de-vie de grains, car les départemens du nord, nouvel- lement réunis, en fabriquent abondamment. Plusieurs des peuples qui font un usage habituel d'eau-de-vie de grains, ont cherché le moyen d’en améliorer la fabrication. Les travaux des Suédois , en ce genre, ont eu essentiellement pour Aa 2 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE objét de faciliter la condensation des vapeurs alcooliques, en substituant au serpentin ordinaire un condensateur, dont M. Nor- berg et M. le baron de Gedda ont varié la forme. Les Ecossais ont fait quelque chose de plus : ils ont cherché à accélérer la distillation en augmentant le diamètre de l’alambic et en di- minuant sa profondeur, afin d'exposer une plus grande surface à l’action du calorique, et produire ainsi une évaporation plus DRE Cette amélioration dans la forme de l’alambic, a tel- ement activé la marche de la distillation, que d’après l’assertion du docteur Jeffrey, de Londres , l'alambic perfectionné de M. Millar peut faire480o distillations dansles vingt-quatre heures. Il paroît que c’est à l'accélération étonnante de l'opération que se bornent les travaux des Ecossais sur la fabrication des eaux-de-vie de grains ; il semble même que ces distillateurs n’ont pas cherché à obtenir un produit meilleur, car ce produit offre toujours la saveur et l'odeur rebutantes qui en diminuent beaucoup le mérite. C’étoit pourtant ce dont il importoit le plus de s’oc- cuper, puisque la valeur de toute marchandise repose essentiel- lement sur le plus ou le moins de perfection, Le froment, le seigle, et surtout l’orge, sont les graines cé- réales dont on fait l’eau-de.vie de grains. Le premier soïn consiste à faire de la bière sans houblon, après quoi cette liqueur vineuse est distillée avec son marc, de la même manière qu’on distille ordinairement le marc de raisin. [l doit nécessairement arriver, en opérant de la sorte, qu’une portion de la matière mise à dis- tiller se carbonise, malgré le soin que l’on a d'éviter qu’elle s’at- tache au fond de l'alambic; et voilà une première source de la saveur âcre et de l’odeur insoutenable de l’eau-de-vie de grains. Une source non moins puissante de ces mauvaises qualités tient à une huile volatile particulière à l'orge, et qui, quoique très-peu volatile, monte avec la vapeur ‘pendant la distillation. J'ai établi précédemment qu’il y a moyen d'éviter la première , cause de la saveur et de l'odeur fâcheuses de l’eau-de-vie de grains; J'ajouterai qu'il n’est pas impossible d'éviter aussi la se- conde cause de ces mauvaises qualités. Il ne s’agit, pour cela, que de remplacer le mode de distillation qui est suivi partout, par la méthode imaginée par Edouard Adam pour faire l’eau- de-vie de vin. L'on s’opposera ainsi à la torréfaction de la matière mise à distiller, et l’on volatilisera beaucoup moins d'huile. L'amélioration bien sensible qu'éprouvera la fabrication de —— ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 * eau-de-vie de grains, en opérant par la méthode que je conseille, m'est démontrée depuis le mois de juin 1808. À cetle époque M. le docteur Double, médecin du plus grand mérite, fut chargé par M. le comte Adam Moszezenski, de la province de l'Ukraine, dans la Pologne russe, de prendre des informations sur les moyens de perfectionner la distillation de l’eau-de-vie de grains. Les renseignemens qui me furent demandés à ce sujet, par cet ami, m'engagèrent à faire quelques essais, dont le résultat me dé- montra combien il seroit utile de ne fabriquer de l’eau-de-vie dont il est question , qu’en opérant d’après la méthode d’Edouard Adam. De nouvelles expériences faites à Paris, dans le mois de sep- tembre 1810, avec M. Graize, sous les yeux et dans le laboratoire de M. Vauquelin, m'ont confirmé le fait que j'avance. Nous avions mis à fermenter de l'orge torréfiée, délayée dans de l’eau chaude et mélée à une très-petite quantité de ferment; la liqueur vineuse qui en a résulté au bout de deux ou trois jours, a été distillée dans un petit appareil distillatoire à peu de chose près semblable à celui de la troisième planche. L'alcool que nous avons obtenu conserve un peu la saveur propre à l’eau-de-vie de grains; mais cette saveur est si légère qu’elle n’est pas sentie par ceux qui connoissent l’eau-de-vie du nord faite avec les gra- minées. Je dépose sur le bureau un flacon du produit qui a été ainsi obtenu : la Classe jugera sa supériorité sur celui que donne Ja distillation de l'orge fermentée, quand elle est fabriquée par le procédé ordinaire. Je me propose de répéter bientôt à Montpellier , dans un très- grand appareil distillatoire, l'expérience gi n’a été faile qu’en petit au Muséum d'histoire naturelle à Paris; et j'ai le droit de m’en promettre les plus heureux résultats pour les peuples sep- tentrionaux qui ne connoissent que l’eau-de-vie de grains mal faite, toujours chargée de beaucoup d'acide acétique, et souvent d’une petite quantité d’acétate de cuivre. S III. Eau-de-vie de cidre et de poiré Par leur fermentation vineuse, la pomme et la poire sauvages, fournissent une liqueur enivrante, dont lecitoyen dela Normandie, et le peuple Saxon font un trèsgrand usage, Cette liqueur est *90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE connue en France, sous les noms de cidre et de poiré, selon * l'espèce de fruit qui la donne. Soumis à la distillation par le procédé ordinaire, le cidre et le pue éprouvent une torréfaction partielle qui donne au produit e goût empyreumatique. Ne doutant pas que ce goût seroit évité dans lappareil qui m'avoit servi à faire l’eau-de-vie de grains, J'ai voulu en appeler à l'expérience. Elle a répondu favorablement à mon espoir , ainsi que peut s’en assurer l’Institut par le produit que j'ai l'honneur de lui présenter. J’avertirai qu'ici l'addition de la craie est indispensable pour neutraliser l’acide acétique qui abonde dans le cidre et dans le pee L’oubli de ce soin rend le produit moins amiable, et permet à a liqueur d’attaquer l'appareil, ce qui est à-la-fois dangereux et désagréable. 1 STE « EÆEau-de-vie de mélasse, de cerises, etc. La mélasse, les cerises et une foule d’autres produits végétaux servent dans divers pays à faire des liqueurs alcooliques. Higgins a donné au colon de la Jamaïque le moyen d'améliorer celle qu'il prépare avec la mélasse, et qui porte les noms de rhum, tafia ou guildive; Ami Argand a fait voir au montagnard Suisse, comment il peut perfectionner celle que les cerises lui donnent, et que l’on nomme #irschawasser, ou simplement kirsch : néan- moins, malgré ces améliorations, le liquide qui en résulte offre toujours quelque chose de âcre. Il est d’autant plus indispensable que ces sortes d’eau-de-vie soient franches de mauvais goût , que leur emploi se borne au luxe de la table : aussi ne faudroit:il faire le rhum et le kirsch- asser que par le procédé ingénieux de mon ami. SUV Eau-de-vie de betteraves. L'on sait depuis long-temps que la betterave, très-riche en sucre, peut donner de l’eau-de-vie: mais le bon emploi qu’a pro- posé de faire de cette racine M. Achardde Berlin, pour lextrac- tion du sucre lui-même, ne permet pas de la consacrer à la fa- ET D'HISTOIRE NATURELLE. * 191 brication de l’alcool; aujourd’hui surtout que MM. Deyeux et Barruel nous ont donné le moyen d’en extraire avantageusement le sucre. Cette extraction commence à se faire très en grand sur plusieurs points de l’Empire français ; et tout porte à croire que cette entreprise, plus fructueuse que la préparation du sucre de raisin, nous permettra de nous passer du sucre des Colonies (r). La betterave, en donnant son sucre, laisse un sirop incris- tallisable très-abondant dans lequel il reste encore assez de ma- tière sucrée pour permettre à ce sirop d’éprouver la fermentation vineuse. M. Chaptal, à qui rien de ce qui intéresse les arts chimiques n'échappe, démontroit naguère à des fabricans de sucre de betteraves, le parti avantageux qu’ils peuvent retirer de cette opération ultérieure. Je l'ai entendu leur proposer aussi de distiller, à la méthode d'Edouard Adam, le produit vineux que donnera ce sirop; et je ne mets pas en doute les résultats heureux de cette application utile. M. le baron de Koppi , dans sa fabrique de sucre de bette- raves, établie à sa terre de Krayn, en Silésie, s’est déjà servi du sirop incristallisable pour faire un sorte de rhum assez agréable. Deux mille quintaux de betteraves lui ont fourni un sirop in- cristallisable qui a donné deux mille cinq cents bouteilles de cette liqueur alcoolique , d’après l’assertion de M. Boudet. D’autres fabricans de sucre de betteraves ont employé à cette préparation le suc de la troisième expression. Ils le font bouillir dans une chaudière, le versent ensuite dans des tonneaux, y ajoutent de l’eau et de la levure de bière; et lorsque ce sucre a subi une bonne fermentation, ils le distillent dans un alambic ordinaire, et obtiennent une eau-de-vie qui seroit bien plus suave, si la distillation en étoit faite dans le nouvel appareil distillatoire. (1) Le Gouvernement français ne néglige rien pour atteindre ce but impor- tant. Le décret impérial du 25 mars 1811 met 32 mille hectares de terrain en culture de betteraves , crée six écoles expérimentales où l’on enseignera la fabri- cation du sucre de cette racine , accorde les sommes nécessaires pour cette fa brication, etc. , etc., etc. Ces moyens d’encouragement doivent bientôt nous affranchir du tribut que nous payons pour nous procurer le sucre de cannes dont Pusage est aujourd’hui devenu un besoin. Mais pour réussir , il est à desirer que les écoles expérimentales ne soient confiées qu’à des hommes capables de faire £ructifier une entreprise sur laquelle il est encore beaucoup de tentatives à faire. 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE REMARQUE. Des faitsnombreux, des faits incontestables, que j'ai consignés dans ces Recherches, il résulte : 1° que la distillation du vin a éprouvé, de nos jours, dans le Languedoc, des améliorations tellement importantes, qu’elles ont forcé le 2ouilleur à renoncer au procédé ordinaire pour se servir du nouveau procédé ; 2° que ce dernier procédé offre sur celui jusqu'alors usité, des avantages en tout genre, dont il seroit bien difficile de contester la vérité; 3° que tous ces avantages se retrouveront dans la fabrication de toutes les eaux-de-vie, lorsque la distillation des liqueurs vineuses qui les fournissent sera faite par le nouveau mode d'opérer; 4° enfin, que le produit obtenu par ce mode sera toujours exempt de saveur désagréable, d’odeur empyreumatique, et pré- sentera tous les caractères d’un liquide alcoolique amiable, Puisse cet écrit contribuer à propager ce dernier mode! l’a- mélioration des liqueurs alcooliques qui en sera le résultat, me dédommagera des soins continuels que j'ai donnés à une décou- verte importante, au perfectionnement de laquelle il m’est permis de croire que j'ai contribué, NOTE, J'ai fait, il ya long-temps, une application extrêmement heu- reuse du procédé distillatoire d'Edouard Adam à la distillation des substances aromatiques. Je suis parvenu à fixer ainsi dans l’eau et dans l'alcool l’odeur fugace de plusieurs liliacées, et celle de quelques végétaux qui semblent être inodores. Au lieu de mettre dans la chaudière les substances odorantes fraiches ou sèches que je veux distiller, je les supporte sur une grille métallique qui divise dans son milieu un vase ovoïde placé entre l’alambic et le serpentin. Je fais arriver au fond de ce vase la vapeur aqueuse ou alcoolique qui sort de la chaudière. Cette vapeur traverse aisément la matière mise à distiller, se charge de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 103 de son arome, et se condense ensuite dans les circonvolutions du serpentin. Le produit qui en résulte n'offre jamais /e goûé du feu; il contient bien moins de mucilage que dans le procédé ordinaire, par cela même que dans le nouveau procédé la matière n'éprouve pas de coction. Aussi ce produit dépose-t-il difficile- ment des flocons mucilagineux: Mais l'exposé de ces résultats piquans, et par leur nouveauté et par leur importance, ne doit pas trouver place ici : ils feront la matière d’un second travail que j’offrirai bientôt à l'Institut; travail dont le pharmacien, le distillateur, le parfumeur, le liquoriste, etc. é’empareront avec succès pour améliorer la fa- brication des produits odorans qu'ils livrent au commerce ou à la médecine. Au reste, j'ai en quelque sorte rendu publics ces résultats, puisque je les expose tous les ans dans mes leçons de chimie et de pharmacie à Montpellier. Tome LXXIII. SEPTEMBRE an 1811, Bb :. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES p n $ Lo ® CENTIGRADE. 2 7 CRC. CS) CC NS 5 5 “| Maximum. | Minimum. [er Maximum. | Mivimun. A 15e MIDI.| à heures ° | heures. ‘ mill. | heures mill. mill' e 1fà mudi +25,0fa 43 m. cs +25,3|à 945. ....... 760,00|à 42 m........757,56[758,50| 23,9 2là3s. +26 + H16,0) +24,5|à 9 m.........750,82/à 105.........756,66[750,00| 23,2 3là midi +4-29,7 + 15,0] +29 7|à 43 m....... 756,c8[à 9 2s...... ..752,14|754,00| 24,4 ala midi +20 . +148| H2o,4/à r03s....... 758,78|à 4 £m....... 752,94[756,88| 22,6 S|à 9 5 in. +19,9 +15,3/ +19,0[à4 1 m.......:757,00[à 62 5.........754,60|755,70| 21,5 6[à midi * +20,ofà . 10,7] 0,0] 7 Lim...,... 755,72/à 625........751,94|754,80| 21,5 7là midi +-20,7fà S. +145] +20,7|à9+m........ 754,70là4m....... 753,00|754,70| 21,6 ô|à midi +18,7/à93s. “+13,3) H18,7lagts........ 752,10|4"7in.......:: 751,00|751,58| 20,4 glàmidi +19,5{ - 10,5] ++19,0|44%m........752,18|à 625.........740,72|751,00| 20,9 où 3s. +18,3là 44m. 10,8] +17,8|x 10 5......... 754,20|à 44 m........ 750,40|752,14| 19,9 là 10m. +#16,7{à 43 m. + 9,3] +15,5[à 104 s....... 768,10 à42m........ 756,00|756,82| 19,3 ola3s. 19,5 4 1m. + ol Hio,#ägs...…...... 767,80là 4 2m........ 764,90|767,04; 19,5 r3là 35. +21,6[à4 2m. +19,8| +2r,0[à 7 m.........768,18là 64 s........766,64|767,64 20.2 : ral midi æ22oläagis. 15,8] H22,2lh 9£s........ 767,08|à 4 £m....... 766,20|766,84| 20,7 15/à4s. 21,olà 43 +118] +203) 9+s........768,00ù 105.........765.20|767,50| 20,5 16là midi +23 10,5] --23,8la94s........ 763,68|à 615s........ 761,32|762,72| 21,1 17[à midi <+52,3 Hi2,3| H22,3là 91s..... ...763,80[à4+m.......: 762.42|763,52| 20; 18 à 32. H251|à4 im. +12,3 +23,4jà 73m.......703,92[à 105.........760,14|763,42| 21, 19|à midi <+268,4jà 5m. <Æra,8] +28,4/à 9 2s.......: 757,40/à midi. .......755,54[755,54| 23,0 20à 1om. +22,3ag5s. 13,5] H2o,3là 9 +s........ 762,28)/à 5m.........757,92]750,32| 22,0 21/à3s. —zo,glà 5m. + 8,8] Æ 93401s........ 766,50|à 5 m,........ 764,20|766,04| 21,2" 22/à 35. +Ho22,5fà 5m. “ri,ol H21,6[5m......... 766,22 6s.......... 763,42|765,44| 21,0|! [l23là midi —25,4fà 5 m. 15,7] +25,4[à 5 m......... 761,50 à HRCAMMO SE 757.00|759,82| 22,1} \ Aizqlà midi 25,5jà 5m. +r13,8] +25,5]à 5m........ -754,78|à 95 S........ 750,92|753,36| 22,1]\ 25/à midi 24.5 14,9] +24,5[à 10 s........ 751,28j407 m.... 1... 748:92|749,66| 22,8] 26|à 35. Hzrilagis. 14,3] +zoaqlà 91s........ 758,00 4925s....,.... 793,48 755,62) 21,5]! 27là 3s. 0.150 LE YANG-TsÉé-KIANG (le fleuve bleu). sé cer e 68 ERVHONCETAN, 02 . & seu Le Me AS re Pentes méridionales du plateau du Thibet. a Bassin de la mer de Chine et du golfe de Siam. Le mekom, ou Cambodja. : : . : . . . . . 300 Dame ee LUN tit ae b Bassin de la mer des Indes. Le fleuve de pEGeu ,ou}’Irabaddy. , 290 D'AvA, ou le Ker-Duen. . … à - axé «um 009 LE TSAMPO, ou Buramputer... . . . + « + 200 ErLCANGE.. 50m... 00. OCR . + + + 290 Le\Gaaters. NAPPES go LexNerbudda: :. 2. Le Kighna. -. SU VO, à SA ë6 PAINVOS OS ES . A Le se Lane 199 224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pentes et bassins de l’intérieur de l'Asie. a Bassin du lac Aral. Pente occidentale du grand plateau central. Le Syr-Taria:) TURN MES CA TO L'Amu-Daria, ou Géhon. . + . . . 145 b Dans la petite Bukarie vers le désert Kobi. Ze Jerkend, ou Mchescha. . . . . c Bassin du lac Baikal. + 100 ÆciSelnpe se SE ae e FE Pentes de l'Asie occidentale, ou d Caucase, de lArarat , du Taurus, etc. . a Vers la mer Caspienne. LevKur))oWICGYTUS Ne Me Re 46 L'Araxe…, … ie 9e GORE. QE 4 OH 43 b Vers le golfe Persique. L'EUPHRATE, jusqu'au golfe. . , , . , , . . 165 LE TIGRE, ee ne ee + c Vers le golfe. Arabique. Aucune rivière et peu de ruisseaux. ne d Vers la Méditerranée et V Archipel. L'Oronte. . . .°. pi ARC Le Méandres, ss +, sy sheunot 4 40 e Vers la mer Noire. : Le Sangarius (Sakaria). . .......... 40 £ Le Halys (Kisil-Irmak), « « . +, +. 54 Le Phasis, ou Rione.. . . . . . . . 21 En faisant entier dans le compte toutes les rivières marquées sur les cartes d'Asie, nou$ avons estimé ainsi qu’il suit, la pro- portion ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 portion des volumes, ou, pour parler plus exactement , des su- perficies des eaux courantes de cette partie du monde. + Le’totalipiis POut nant - . "3e. +... 1,00 TNT Sibérie { courant vers le nord, . . . . . Oo,3r | - EL CA MERE eu A OA TRE EE ne 24 — de la Chine et de la Tartarie chinoise. . . o,1b dertoute Re EMONUAN ER DR TOO 27 ducentre detlAsie ten 2 Tr 2 Lo 08 denta Purquié Mr AMIE," 0 EST, 4 710,10 de la Perse avec l'Arménie . . . . . , . . 0,03 Pour conclure de ces données, si un tel pays est plus sec qu’un autre, il faut avoir égard aux surfaces respectives. L’Arabie est certainement beaucoup plus sèche que la Perse ou la Tur- quie. Mais l'Inde et la Chine ne sont pas moins copieusement arrosées que la Sibérie; c’est la moindre étendue des surfaces qui cause la différence entre le volume des eaux. Le continent de l'Asie étant une masse de terre très- consi- dérable et peu entrecoupée de mers, doit naturellement contenir dans son intérieur de grands amas d’eau. Elle renferme même le plus grand lac connu , je veux parler de la mer Caspienne. En général , les lacs de l'Asie se distinguent par leurs eaux salées, saumâtres ou sulfureuses: il y en a beaucoup qui n’ont point d'écoulement. Déjà l'Asie mineure nous offre à cet égard un échantillon du grand continent dont elle fait partie. L'intérieur de lAnatolie et de la Caramanie renferme une suite de lacs salés et sans écoulement. Celui de Tazla est d’une longueur très-considérable. En remontant vers les parties les plus éloignées de l’Asie occidentale, nous voyons les lacs de Wan et d’Ourmiæ dont les eaux salées ou saumâtres s’étendent sur un vaste espace. Dans la Syrie, plusieurs lacs de cette nature se succèdent le long de la chaîne du Liban et de l’Antiliban. L’un des plus célèbres phénomènes de ce genre est le lac Æsphaliire, où la mer monte dans la Palestine, qui a les eaux bitumineuses, ét qui recouvre une étendue de 60 à 70 lieues carrées ( 12à 15 myriamètres carrés ). L’Arabie entière n’a d’autres lacs que ceux formés par le confluent des eaux de pluie ou de source, qui se perdent ou s’imbibent dans les sables. Mais toutes ces eaux ont extrême- ment peu d’étendue. Les déserts de la Perse, si semblables d’ail- Tome LXXIII. SEPTEMBRE an 1871. FF 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leurs à ceux d'Arabie, nous offrent le même genre de lacs, mais pas plus grands; celui de Zeré couvre une étendue de 140 lieues carrées, et recoit une rivière dont le cours est de 150 lieues ( 66 ares) sans compter d’autres pelites. Le penchant occidental du plateau de la Tartarie est couvert de lacs salés et sans écoulement. La 7er Caspienne couvre une étendue de 16,850 lieues carrées ou 3139 myriamètres ; c’est le plus grand lac salé qui soit connu , eton peut dire hardiment, qu'il y ait sur le globe. Le lac, ou mer d’Æral de 1280 lieues carrées ; le Zac Salé entre le lac Aral et la’ Caspienne ; ceux d'Aksakol et de Teligul, celui de Balkaschi ou Palcati, et un nombre de moindres lacs salés ou de moins saumâtres , dis- tinguent cette région qui de terrasse en terrasse penche ‘du centre de l'Asie vers la mer Caspienne, et qui est vis-à-vis d’une autre région toute entière en plaines , et qui s'incline du centre de la Russie européenne vers la même mer. Ces deux bassins semblent l’un et l’autre imprégnés de sel, On en a conclu que la mer Caspienne couvroit toutes ces contrées : c’est possible à l'égard des plaines d’Astrakan , qui ont le niveau peu élevé du- dessus de la mer Caspienne: mais c’est peu probable à l'égard des contrées situées à Pest et au nord-est de celte mer : car le terrain s'élève considérablement, même entre la mer Aral et la Caspienne , encore plus entre l’Aral et les autres lacs salés. Il y a d’ailleurs de ces lacs salés bien au-delà des limites que la mer Caspienne dans sa plus grande extension auroit pu atteindre. Les penchans septentrionaux du plateau de la Tartarie en offrent un grand nombre , tels que l’Ebélai, la Jamysch , la Ka- razuzkie et autres. Le lac Czany qui wa point d'écoulement , est aussi saumâtre, et c’est peut-être le cas de toutes les eaux stagnantes, lorsqu'elles se décomposent en s’arrêtant sur un sol imprégné de matières salines. Ces amas d’eaux stagnantes se retrouvent encore à un niveau bien plus élevé sur le vaste pla- teau de la Mongolie et du Thibet. Ces hautes plaines entourées de montagnes qui forment le pays des Calmouks, renferment beaucoup de lacs sans écoulement, qui reçoivent de petites ri- vières. Le Kirker-Nar, lac qui se trouve au-dessus des mon- tagnes d’où sortent FIrtych et l'Obi, recoit une rivière dont le cours est de 70 à 8o lieues. La plaine élevée entre les monts de Mongolie et ceux du Thibet , entre ces deux sommets de l'Asie, est remplie de rivières souvent assez considérables qui se perdent dans le sable, où qui alimentent des lacs sans écoule- ment, comme le Fenkend qui forme le lac de Zop. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 227 Le Thibet, ou le plateau méridional et le plus élevé del’Asie, ést singulièrement riche en lacs. Le Terkiri a 300 lieues carrées de surface sur deux alignemens, l’un au nord de Terkiri, de 80 lieues ; l'autre à l’ouest, de 160 à 170 lieues. On trouve 23 autres lacs qui n'ont point d'écoulement, où qui coulent l'un dans l’autre, Au nord-est du T'hibèt on remarque , entre autres, le Hohonor, ou Kokonor, lac de 240 lieues carrées de surface, dans une situation très-élevée et qui n’a point d'écoulement. Le phénomène des lacs sans écoulement est donc commun à toutes les parties occidentales et centrales de l'Asie, mais non pas au nord de la Sibérie , ni à la Chine , ni à l'Inde. Les parties basses de la Sibérie présentent d'immenses marais presque con- tigus. Les grands lacs de la Chine se trouvent dans les contrées basses et marécageuses du milieu , et ne sont remarquables pour la géographie physique, que par leur rapprochement. [lssemblent confirmer la tradition des Chinois , selon laquelle une partie de ce pays auroit été récemment laissée à sec par la mer, ou plutôt ar deux longs golfes formés par les deux fleuves Hoang-ho et an-Tse-Kiang. Les deux presqu'iles des Indes n’ont guère de lacs remarquables, encore moins de lacs sans écoulement, preuve manifeste que leur terrain a partout de la pente. Ilrésulte de cetappercu de l’hydrographie de l'Asie, que ce continent, entièrement différent de l'Amérique, ne renferme, proportion gardée , que très-peu de ces plaines basses que l'Océan couvriroit de ses eaux pour peu que son niveau s’élevât. L’Asieoffre sans doute quelques plaines de ce genre, surtout une immense le long de la mer Glaciale, une autre beaucoup moindre dans la Chine , une autre à l'embouchure du Gange, le Tehama, de l'Arabie , la Mésopotamie , la plaine du Méandre, et quelques autres. Mais l'immense majorité des plaines de l’Asie sont plutôt de vastes plate - formes posées sur le dos des montagnes: tantôt elles s'élèvent de loin en loin par terrasses , elles portent encore d’autres montagnes avec leurs vallées : tantôt elles s'étendent au loin en conservant le même niveau, quoique légérement in- terrompu par des pentes locales. De là ces lacs sans écoulement, ces fleuves qui naissent et meurent dans le même désert : de là ces passages subits d’un froid rigoureux à une chaleur insup- portable, lorsque l’on descend du Thibet dans l'Inde , ou de l’in- térieur de la Perse aux côtes maritimes. C’est le changement subit du niveau qui produit cet effét, quoiqu’on n’aitpas changé sensiblement de latitude. Le changement de température qu'on Ff2 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE éprouve en allant de la Suisse en Lombardie, en donne une oible idée. L C'est aussi à cette conformation’ du terrain qu’il faut attribuer ces vents à périodes constantes qui règnent même dans l’inté- rieur de l'Asie; je ne parle pas des moussons de l'Inde qui dé- pendent du mouvement annuel du soleil , mais de cette longue durée du même vent, qu'on observe encore dans les contrées éloignées du tropique; elle vient de ce qu'il n’y a point de golfes ni de mer, dont les exhalaisons puissent altérer ke nature du vent, ou changer sa direction. Les vents glacés de la Si- bérie remontent jusqu'aux sommets du centre; et s'ils ne sont pas assez élevés pour dépasser les premières chaînes, ils peuvent s'étendre jusqu'aux sommets du Thibet. Le vent d’est chargé de brouillards , couvre dans le même instant toute la partie basse de la Chine, mais à mesure qu’on s’enfonce dans la zône tem- pérée ,; toute régularité dans les mouvemens si intimement com- binés de l'Océan et de l’atmosphère, cesse peu à peu. Ainsi au Japon l’on voit le froid et la chaleur, les orages et le calme se succéder presqu'avec la même rapidité que dans la Grande-Bretagne. La Chine est soumise à ces variations moins sensibles que la Hollande éprouve, soit par l’humidité des vents maritimes, soit par la siccité de ceux qui ont passé sur les terres; enfin, si l'on pénètre des pays orientaux tempérés vers le centre, les saisons deviennent toujours plus constantes , mais aussi en proportion plus froides. Ce sont exactement les mêmes changemens qu’on éprouve en allant de l'Occident à l'Orient en Europe. ; Mais dans l’Asie septentrionale il se présente un autre phé- nomène, qui devient surtout sensible , si l’on compare cette ré- gion avec les parties de l’Europe situées sous les mêmes lati- tudes. Pourquoi le froid de l’Asie s’accroît-il toujours en allant vers l’est? cette augmentation est telle que sur les côtes de la Manche de la Tartarie, situées sous les latitudes de la France, l'hiver commence dès le mois de septembre. Plusieurs causes concourent sans doute à produire ce phénomène; d’abord il s'élève entre la Corée et les pays sur le fleuve Amur, de vastes montagnes couronnées de glaciers. Un second amas de mon- tagnes , plus larges encore ,:sépare l’Amur de la Lena. Toutes les côtes du Nord présentent d’horribles escarpemens. On peut ajouter que les mers qui ,environnent ces contrées glaciales , sont presque toujours couvertes de brouillards épais et froids, qui interrompent et amortissent les rayons du soleil. Une troi- sième cause pourroit se trouver dans le manque absolu d’ha- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 229 bitans , et par conséquent de culture. Dans la Sibérie orientale, d’après les recensemens officiels , on compte à peine un individu par lieue carrée. Néanmoins ces causesne sufliroient peut-être pas, s’il n’y avoit heu ici d'appliquer une règle générale que nous avons indiquée dans la Théorie des climats (1). Il faut considérer la masse d’air étendue sur un continent, comme un ensemble dont la modification générale dépend de toutes les modifications par- tielles. Si un continent s'étend loin dans la zône torride, la masse d’air échauffée réagit sur la masse tempérée, lui communique une partie de son calorique , et en le dilatant, la force par là de s'étendre un peu plus au nord; et ainsi de resserrer F5 li- mites du froid; ensorte que les pays se refroidissent. vers les pôles, non-seulement en raison directe des latitudes , mais aussi en raison inverse de la masse des pays chauds qui leur sont contigus au sud. Voilà pourquoi le voisinage de l'immense masse deterres brûlantes de l’Afrique rend la température de l'Arabie, de la Syrie et de la Mésopotamie plus chaude que naturellement elle devroit être. Par une raison contraire, l'Amérique sep- tentrionale éprouve , jusqu'aux environs du tropique, des froids très-vifs ; car la masse de ce continent, qui s'étend au-delà du tropique, n’est rien en comparaison avec le teste. Donc ül n’y a ici aucune masse d’air chaud qui puisse réagir sur les masses tempérées et froides; l’action su masse froide n’est pas même contrebalancée. Si nous regardons l'Asie, nous la voyons tou- jours aller en se rétrécissant , depuis la Chine jusqu’au détroit dé Béhring : elle wa plus ici aucun pays chaud. L’air naturelle- ment froid de ces contrées est encore refroidi par l'influence de la mer Glaciale, que le Grand-Océan ne peut pas balancer, parce que la mer Glaciale dégorge beaucoup de glacons par le détroit de Béhring. Ces glaçons arrêtés entre ke îles Aleutiennes ‘et d’Andrinow, occasionnent les froids brouillards dont la mer est ici couverte , et par le mouvement général de l'Océan se -poïtent de l’est à l’ouest, c’est-à-dire de l’Amérique vers l’Asie où ils s'accumulent dans les golfes. Cet appercu général du continent de l'Asie que nous avons copié dans l'ouvrage de l’auteur, intéresse particulièrement la géologie, et est plus particulièrement de notre ressort. Nous regrettons de ne pouvoir le.suivre dans ses descriptions géogra- phiques, qui ne sont pas moins intéressantes, ES G) Vol. IT, page 415. 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR L'ORIGINE ET LA GÉNÉRATION DU POUVOIR ÉLECTRIQUE, TANT DANS LE FROTTEMENT QUE DANS LA PILE DE VOLTA. Présenté et lu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l’Institut, le 23 septembre 1611. Par J. P. DESSAIGNES. J'AI l'honneur d'offrir à la Classe, des recherches sur l’origine et la génération du pouvoir électrique, tant dans le frottement que dans la pile de Volta. Ce sujet doit naturellement inspirer un vif intérêt, dans un moment où l’Europe savante médite en silence l’immortelle découverte du célèbre Volta, et je desire que la Classe y trouveune nouvelle preuve de mon zèle pour le progrès des sciences, Les limites du temps que l’on accorde à la lecture d’un Mé- moire, ne me permettant pas de faire celle d’un travail aussi étendu, je vais le déposer sur le bureau, et me borner à en faire connoître sommairement les principaux résultats. Mes recherches se divisent en quatre sections: 1° je m'oc- cupe de l'électricité des corps idioélectriques par frottement dans le mercure ou sur la laine; 2° de l'électricité de ces mêmes corps par simple contact avec le mercure; 3° de Pélectricité des métaux us frottement; 4° de l’électricité par le contact des- métaux hétérogènes ou de la pile de Volta. Tout le monde sait que les corps idioélectriques plongés dans le mercure y deviennent électriques, mais on ignore encore qu'il est des circonstances où ils en sortent sans vertu électrique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 291 Je vaisles faire connoître. Il est utile, avant tout, de distinguer trois sortes d’immersions dans le mercure, 1° immersion brusque ou par choc, 2° immersion lente, 3° émersion qui consiste à en- foncer un corps dans le mercure, à l’y laisser plus ou moins de temps, et à le sortir ensuitede ce liquide : dans les deux premiers mouvemens, l'entrée et la sortie dans le mercure sont successives et sans intervalle de repos. Je dois encore faire observer que our écarter tout soupcon d'humidité, j'ai toujours tenu enfermés É corps que J'éprouvois, dans un flacon à chaux caustique , d’où je les sortois à chaque expérience. Ces précautions une fois prises, J'ai trouvé les résultats suivans: 1° Dans les temps.les plus favorables à l'électricité, le verre, le soufre, l’ambre et la cire d'Espagne à ++ 10°c. ne sont point électriques dans du mercure à + ro0c., par aucune des trois im- mersions ; ils ne le sont pas non plus dans toutes les températures inférieures depuis + 100c. jusqu'à — 18°c., pourvu qu'ils soient toujours à égalité de température avec le mercure. L’ambre com- mence à le devenir par choc et même par immersion à + 11°; le soufre et la cire d'Espagne à + 15°c. et le verre à + 2o0c., mais aucun d'eux ne l’est par émersion lente, à aucun degré de température. On a soin de les laisser dans le mercuré assez long- temps pour être bien en équilibre de température avec celui-ci, et de les en retirer ensuite bien lentement. Ces mêmes corps continuent à être électriques par choc ou par immersion vive dans les températures supérieures au degré où leur pouvoir commence à naître; on remarque néanmoins qu'à mesure que ces corps et le mercure parviennent à des températures beaucoup plus élevées, leur pouvoirélectrique s’afloiblit et finit par s’éteindre entièrement, même par immersion brusque entre +- 8occ. et #+ 10000, $ L'on peut donc établir en principe que ces quatre corps ne sont point électriques dans le mercure, lorsqu'ils sont à égalité de température avec celui-ci, et qu’on a soin de faire l'immer- sion sans pression mécanique autre que celle du propre poids du liquide sur le corps immergé; que dans le cas même où l'immersion Sopère avec une forte pression, ces deux actions réunies ne produisent encore aucun effet électrique lorsque la température égale de part et d’autre, se trouve au-dessous de-rooc. et au-dessus dé + 8oûc. 2°. Les choses ne se passent pas ainsi pour le coton, le papier, la soie et la laine, car je les ai trouvés très-électriques par les 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trois immersions, et dans tous les degrés du thermomètre qui se trouvent compris entre + r0°c. et + 8o0c. Ils continuent mêmeà l'être au-dessous de + r0°c.; mais en baissant de plus en plus, l’on voit le coton s’éteindre dans du mercure à + 30c., après un séjour de 10 minutes; le papier dans + r°c. après 15 minutes ; la soie dans o°c. après une heure et demie; -enfin la laine entre — 5 et G°c. après un séjour de près de deux heures. Ces quatre corps s’éteignent encore comme les précédens , dans les températures élevées, et même l’on remarque, pour le coton ét la laine, que leur pouvoir disparoît à + 6o0c: cela tient au FRAME humide de ces corps qui se fluidifie à ce degré de chaleur. ' Il est bien digne de remarque que ces corps soient électriques même par émersion, lorsqu’ils sont à égalité de température avec le mercure , dans tous les degrés du thermomètre où leur pouvoir ne s'éteint point , tandis que le contraire a lieu pour les précédens. Leur fluide: calorifique a donc plus de tension naturelle que celui des quatre premiers corps, et n’a pas besoin d’une élévation dé température pour pousser celui du mercure. 3°. Le verre, le soufre, l’ambre et la cire d’Espagne sont toujours électriques, même par émersion, lorsqu'ils sont un peu plus chauds que le mercure; un seul degré de différence dans la température entre le corps frotté et le corps frottant , suflitalors pour déterminer un état électrique, et ce pouvoir est d’aufant plus intense qu'il y a plus d'intervalle entre les deux tempéra- tures. Cependant il y a des limites au-delà desquelles il disparoît ; par exemple, lorsqu'on plonge un cylindre de verre à + 1000c. dans du mercure à — 180c., le verre en sort alors sans électricité, tant que la subite contraction que produit le froid ne le fêle point ; dans le cas contraire, il devient extrêmement électrique. Cette non-excitabilité du verre très-chaud dans du mercure très-froïd, lorsqu'il ne s’y fêle pas, me paroît être un effet dé la contraction du verre qui empêche le calorique de rayonner en dehors, et le force de refluer dans l’intérieur de la substance. C’est sans doute pour cela que les ouvriers des verreries peuvent toucher impunément une masse de verre rouge et en fusion loys- qu’elle est plongée dans l’eau. J’ai dit qu’un seul degré de différence de température entre le mercure et le corps frotté, suffit pour déterminer l’état élec- trique; mais cela ne doit s'entendre que pour les températures s éloignées ET D'HISTOIRE NATURELLE. 233 éloignées des deux extrêmes où le pouvoir électrique des corps s'éteint : ainsi la cire d'Espagne à + 8°c. est foiblement élec- trique dans du mercure à o°c. et fortement à — 18°c: à + 4°c. ellene l’est plus dans occ. et elle continue à l’être par choc dans — 18°c. On observe la même chose dans tous les autres corps, à quelques différences près dans leurs degrés, en raison de leur chaleur spécifique. La soie, par exemple, à oc. est encore élec- trique dans du mercure à — r50c; elle l’est même à — 40c. dans ce mercure à — 159°c., mais à — b0c. elle ne l’est plus du tout. 4°. Après avoir déterminé l'influence de la chaleur sur le pouvoir électrique lorsqu'elle rayonne du corps frotté dans le mercure , j'ai voulu voir s’il en seroit de même lorsque la chaleur pousse au contraire du mercure dans le corps immergé. Un tube de verre n'a acquis aucune électricité dans du mercure chaud, surtout quand la température est à + 60° ou 8ovc. Il en est de même pour les tiges de verre : celles-ci en sortent pourtant électriques, lorsque le mercure n’est plus qu'entre + 40° et 50°c.; mais cette électricité est si foible et si disproportionnée avec celle qui a lieu lorsque le corps est chaud et le mercure froid , que j'en ai toujours été frappé d'étonnement. Pour concevoir la cause de cette différence, il me suflira de faire connoître qu'une tige de verre à7boc., n’est que deux minutes à baisser de 5o0c. dans du mercure à + 120c., tandis que cette tige à 12°C. et plongée dans du mercure à-+750c., ne fait perdre dans le A même temps que 4°c. à celui-ci. bo. Pour mieux manifester encore l'influence de la chaleur sur le pouvoir électrique, j'ai plongé un gros cylindre de verre dans du mercure à + 8o0c, : il y est d’abord devenu foiblement électrique , comme je l'ai déjà dit, puis non-excitable quand il a été au niveau de température avec le mercure; mais quelque temps après, et lorsque le tout a marché vers le refroidissement , je l’ai trouvé extrèmement électrique, et ce pouvoir ensuite s’est graduellement afloibli, à mesure que, par les progrès du refroi- dissement , il y a eu moins d'intervalle entre les deux tempé- ratures. Il n’y a plus eu d'électricité, lorsque le mercure et le verre ont été entièrement refroidis. Il est évident que l’état électrique est produit ici par l'inégalité du refroidissement qui a lieu dans les deux corps , en raison de leur inégalité de conduite pour le calorique. 6°. J'ai cherché à déterminer la nature de l'électricité de tous ces corps plongés dans le mercure. Canton avoit aflirmé que le Tome LXXIII. SEPTEMBRE an 18rr. Gg 234 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE verre sort positif du mercure : Van-marum et Le Roy l’ont trouvé négatif: Igenhouzs l’a reconnu positif par une immersion lente, et négatif par une immersion brusque. Après avoir attentive- ment examiné la chose, j'ai constaté que lorsque le baromètre est haut et que l'air pousse au froid , le verre, l’ambre, la cire, le papier , le coton, la soie e{ la laine sont toujours négatifs, quelle que soit leur immersion lente ou brusque ; qu’ils sont au contraire tous positifs par toutes sortes d’immersions , lorsque le baromètre est bas, et que l’air pousse au chaud. Il est bien digne de remarque que le soufre seul ait été constamment po- sitif, dans les temps même où les autres corps étaient le plus fortement négatifs. Je dois encore faire observer que pendant tout l'été j'ai trouvé tous les corps toujours positifs dans du mercure impur , ou allié avec de l'étain; et négatifs en même temps dans le mercure pur. J'ai fait plusieurs expériences pour m'assurer de l'influence de la température sur l’état au négatif de l'électricité ; je n’en citerai qu'une. Le 10 juillet , par un vent de nord-est pur, la température étant Æ21°c. à 11h, du matin, ma tige de verre chauflée sortait négative du mercure. J’ai élevé la température de celui-ci jusqu'à + 100°: ma tige alors s’est trouvée sans élec- tricité, tant que le mercure lui a communiqué de la chaleur ; mais aussitôt que le tout a commencé à se refroidir, la tige est devenue fortement négative dans toute la partie immergée. Quelque temps après, et toujours en la laissant dans le mer- cure, je l'ai trouvée positive à son extrémité, et négative dans tout le reste. T1 faut remarquer que le vase à mercure était co- nique, et que la partie inférieure de ce vase étant plus mince, se refroidissait plus vîte que-la partie supérieure. Lorsque le mercure n’a plus été qu'à 34°c, la tige en est sortie sans élec- tricité , mais elle a continué de l'être dans du mercure à 26° et toujours négative. Ayant chauflé alors la tige à un peu au-dessus du mercure à + 340, je l'ai retirée positive de ce mercure ; mais elle a toujours été négative dans le mercure à 2600. ILest donc constant qu’à égalité de température, la tige n'est pas excitable dans le mercure , qu’elle est positive lorsqu'elle n’est qu’un peu plus chaude que le mercure ; etnégative lors qu'il yaun grand intervalle entre les deux températures. Je dois prévenir que ces divers degrés de température ne changent pas l’état électrique , lorsque l'air pousse au froid, ou que le baromètre est bas; car dans le premier cas la tige est toujours négative, et toujours positive dans le second. ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 235 7°. Ces influences de la température sur le pouvoir électrique ne sont pas particulières au mercure ; on les retrouve encore dans le frottement de ces mêmes corps sur la laine. En effet, si on les fait refroidir dans du mercureà— 12°, leur pouvoir électrique disparoît également dans le frottement, et il ne se suscite dans l'ambre qu’au 6° double frottement, dans la cire au 8e, dans le verre au 9°, et dans le soufre au 102. Dans cette circonstance, si, après aycir rappelé le pouvoir électrique du verre, on le laisse en repos pendant 30", on remarque qu’il redevient non excitable et qu’il lui faut 4 doubles frottemens pour se ranimer, il con- tinue ensuite à être électrique à chaque frottement, si l’on ne cesse pas de le frotter, mais il s'éteint de nouveau, si on laisse un nouvel intervalle de repos. Enfin, au bout de 5 minutes de repos et de frottemens alternatifs, il devient pour toujours élec- tique, quelqu’intervalle qu’on laisse entre les frottemens. L’on conçoit que cet effet vient de ce que le verre étant mauvais con- ducteur , laisse passer difficilement la chaleur produite par le frottement Jusqu'au centre de sa substance. Non-seulement le froid éteint le pouvoir électrique , une haute température produit encore le même eflet. La chaleur n’est pas moins efficace pour changer la nature de l'électricité, et pour m'assurer de ce résultat, je n'ai fait que varier et pour ainsi dire reproduire la belle expérience des deux écheveaux de soie du célèbre Bergman, dans Éuelle on voit que chacun des deux écheveaux net semblables, devient à son tour négatif et l’autre positif, lorsque par le frottement qu’on lui fait subir, on lui procure plus de chaleur qu’au second, et que l’on donne conséquemment plus de tension à son fluide. 80. Quoique l’action de la chaleur et du froid me parût bien démontrée dans l'immersion des corps idioélectriques dans le mer- cure, cependant, comme il y a toujours dans ce genre d’élec- trisation, une pression mécanique du mercure sur le corps im- mergé, pour mettre plus en évidence l’influence de la tempé- rature, J'ai voulu voir si le seul contact de ces corps avec le mercure sufhroit pour faire naître l’état électrique. En voici les résultats. 1°. L’ambre, le soufre et le verre mis en contact sur le mer- cure et sans aucune pression, n'y deviennent point électriques tant qu’ils sont au niveau de température avec ce liquide : ils le deviennent, au contraire, lorsqu'on les chauffe sur sa main, et la plus légère différence de température suffit alors pour cela, Gg 2 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE surtout lorsque l'air pousse au froid, et que le baromètre est haut. 20. J'ai foujours trouvé le coton, le papier, la soie et la laine électriques par contact, quelqu'attention que j'aie prise pour les avoir à égalité de température avec le mercure, pourvu toutefois qu'on les tienne enfermés dans un flacon à chaux caustique. 3°. L'électricité produite par contact est d'autant plus forte qu'il ÿ a un plus grand intervalle entre les températures des deux Corp. qui se touchent: néanmoins si l’on chauffe les corps au- delà de 75 c. et qu’on les applique sur du mercure, ils n’y ac- quiérent aucune électricité, et ils ne reprennent leur pouvoir que lorsqu'ils sont un peu refroidis. 4". Il en est de même pour les températures inférieures et au-dessous de o°. 5°, Lorsque les corps sont à égalité de température avec k mercure, et que le contact ne fait naître aucune électricité, lon peut, sans le secours de la chaleur, susciter le pouvoir électrique par le moyen d’un choc vif du corps éprouvé sur la surface du mercure. Ce choc est toutefois ineflicace dans les temps où le baromètre est bas. Déjà l'on appercoil ici l'influence des pressions barométriques sur le ressort du fluide électrique; mais l’on en Verra par la suite des preuves bien plus manifestes. k 69. Lorsqu'on chaufle un peu daus la man, de la cire, le contact du mercure produit alors dans elle un état positif, surtout lorsque l'air ne pousse pas au froid: si dans ce même temps l’on chaufle au soleil ou auprès du feu cette même cire jusqu à + 4o0c., elle devient au contraire négative dans le contact: cela est constant. L'on voit qu’il y a une correspondance parfaite entre les phénomènesde l'électricité par contact et ceux qui ont lieu dans le frottement. 3 9°. Les résultats que je viens d'indiquer étoient pour moi d’une nature trop importante pour ne pas chercher à les vérifier, en éludiant, sous ce même rapport, l'électricité des métaux. Je m'occupe d'abord de l'influence de la chaleur ou du froid sur les mélaux. Dans toutes ces expériences je me suis servi de petits disques métalliques de la grosseur et de l'épaisseur d’une pièce d’un sou, que j'ai isolés sur la moitié d’un bâton de. cire d'Espagne, et les métaux que j'ai examinés, sont , l'or, le platine, l'argent, le cuivre, le fer, le bismuth, le zinc, l’étain, l’an- timoine et le plomb, 11 résulte de mes expériences, | 1°. Que tous les métaux refroidis jusqu’à 0°, ne sont plusélectriques ET D'HISTOIRE NATURELLE. 237 par frottement, ou qu'ils ne le deviennent, sion continue à frotter, qu'après 20, 30 ou 40 frictions successives; et une fois quils sont ranimés, ils ne cessent d’être électriques , quelqu’intervalle qu’on laisse entre les frottemens, bien différens en cela des corps 1dio- électriques. 20. Dans les temps les plus secs, l’on trouve les métaux tantôt non excitables par frottement, tantôt électriques. Lorsqu'ils sont dans le premier cas, si l’on prend une tige d'étain isolée, et grosse comme un bâton de cire à cacheter, et qu’on la chauffe un instant dans sa main, elle devient, dans l'hiver , si électrique au premier frottement, qu’elle fait diverger les pailles de l'élec- tromètre jusqu'aux parois du vase. 30. Dans une belle nuit d'hiver , très-froide, j'avois laissé mes métaux sur une table auprès de mes croisées ouvertes, et J’avois en même temps déposé sur le marbre chaud de ma cheminée ma tige d’étain : le lendemain j'ai trouvé tous mes métaux non excitables, sauf la tige qui létoit beaucoup. Cette même tige est devenue ensuite non excitable comme les autres, lorsqu'elle a été mise sur la croisée. 4°. Non-seulement la chaleur fait naître le pouvoir électrique dans les métaux, c’est elle encore qui détermine la nature de l'électricité. Pendant tout le mois de mars, par un vent de nord- est froid, et sous un ciel serein, J'ai trouvé constamment les disques d'argent, d’or, de cuivre et de zinc, non excitables a 5 b. du matin, puis négatifs et successivement positifs, à mesure que le soleil a pris de la force. Cet état s’est conservé ensuite jusqu’au Coucher du soleil, époque où ils sont devenus moins ie puissuccessivement négatifs et enfin non excitables, surtout lorsque l’air pousse au froid et qu’on les laisse à l'air libre. 5o. Si lon prend un de ces métaux lorsqu'ils sont non exci- tables par l’eflet du froid, et qu’on chauffe entre ses doigts le disque métallique seul sans le support , l’on yoitle métal de- venir d’abord négatif, puis plus fortement négatif à mesure que l’on continue à chauffer : cet état diminue ensuite peu à peu, et le métal redevient non excitable. Si l'on continue alors à chauffer le métal, on le voit se ranimer de nouveau, mais il n’est plus que positif, et cet état subsiste désormais, malgré que lon continue à chauffer. J'ai remarqué que toutes les fois qu’un métal changeoït d’é- latsous ma main , d’une manière lente etgraduée, il devenoit ainsi 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE non excitable , et restoit pendant quelque temps dans cet état stationnaire , avant que d'acquérir une nouvelle espèce d’électri- cité. Cette circonstance est assez remarquable, en ce qu’elle prouve que si la non-excitabilité est le résullat d’une équilibre entre les deux forcesrépulsives, le changement d'électricité ne s'opère que par un changement de rapport entre ces deux forces. 6°, Si, lorsque le métal est fortement positif ou négatif, on échauffe à la Le dans ses mains le métal et le support, l’on voit alors l'électricité s’afloiblir peu à peu , et disparoître lors- que le métal et le support sont à égalité de température. 7°. Lorsque l'air pousse au froid vivement , tous les métaux variables déjà indiqués , deviennent fortement négatifs : l’on peut alors les rendre positifs à volonté, en les exposant au soleil pen- dant quelque temps , ou en échauffant le métal à la flamme d'une chandelle. 8°. Si, lorsqu'ils sont au soleil et bien positifs par un vent de nord-est, on ouvre la porte de l'appartement pour déterminer un courant d'air froid, ils deviennent à l'instant négatifs, et ils repassent à l’état positif quelque temps après que l’on a fermé la porte. L’on peut encore les rendre négatifs en les plongeant un instant dans du mercure froid. 9°. Tous ces phénomènes ont lieu , ainsi que jeles ai décrits, lorsque l’air pousse au froid ; mais tout cela est bien différent lorsque l'air pousse au chaud. Dans les grandes chaleurs du mois de juillet, la température étant à + 25°c. à 7 h. du matin, par un vent de nord-est calme, j'ai trouvé mes métaux non ex- citables jusqu’à 11 heures dumatin : à midi, ils ont été assez for- tement négatifs au premier frottement, et cet état a persévéré ensuite jusqu’au coucher du soleil, époque où le thermomètre ayant baissé d’un degré ou deux, mes métaux devinrent. for: tement positifs. On voit que dans les grandes chaleurs de l'été, la marche de l'électricitédes métaux est inverse de celle qui a lieu dans l'hiver; car alors la chaleur croissante les rendoit positifs, et ils deve- noient négatifs par le refroidissement , tandis qu'ici cette même chaleurles à rendus négatifs , et le refroidissement positifs. Dans l'été, le métal prévaut sur le support, et dans l'hiver, c’est le support qui prévaut sur le métal. : es 10°, Dans l'été, et lorsque mes métaux étoient négatifs , je les ai rendus positifs en refroidissant le métal dans du mercure un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 peu plus froid qu'eux; et lorsqu'ils étoient positifs, ils sont de- venus négatifs en chauflant le métal. 110. Dans toutes les saisons, l’on rend les métaux non exci- tables, en les laissant au soleil jusqu’à ce que le métal et le support soient à égalité de température. 120, Pour m'’assurer, d’une manière directe, que la chaleur en donnant au métal un accroissement de tension supérieure à celle du support, le dispose à l’état négatif, j'ai plongé dans du mercure chaud mes métaux dans les temps où ils étoient forte- ment positifs soit en hiver , soit en été: ils en sont sortis à chaque fois extrêmement négatifs. Je les ai rendus ensuite po- sitifs, en chauffant le support à son tour et en faisant un peu refroidir le métal en plein air. Je pense que tous ces faits sont bien suffisans pour donner une idée de l'influence de la température sur l’électricité des métaux. Je passe à l'influence des pressions barométriques. 10°, On conçoit que pour constater l'influence d'un air dense ou plus ou moins rare sur l'électricité des métaux, il m'a fallu faire une longue suite d'observations , et noter à chaque jour le degré de la température et l’état du ciel : en voici les résultats : 1°. Lorsque le baromètre est haut et le vent au nord, nord- est etest, les métaux sont très-excitables et fortement électriques. Dans cette circonstance ils sont toujours positifs, lorsque l'air pousse au chaud, et fortement négatifs dans le cas contraire; 20. Lorsque le baromètre est bas et le vent sud, sud-ouest et ouest , ils sont non excitables ou faiblement électriques , et ce qui est remarquable, plus ou moins régatifs , suivant que Pair pousse plus ou moins au chaud, et positifs , lorsqu'il pousse au froid, 30. J'ai vu fréquemment mes disques, non excitables par un vent d'ouest, passer subitement dans mes mains de cet état à une élextricité extrémement forte, aussitôt que la girouette tour- noit au nord et que le baromètre montoit. Ce changement s’opère avec la rapidité de l'éclair. 4°. J’ai observé que dans les temps calmes la température étant presque stationnaire pendant la nuit et sur le soir, comme dans le mois de juillet, mes métaux ont été non excitables dès le matin, plus ou moins électriques dans le cours de la journée, et non excitables sur le soir, trois heures après le coucher du soleil, 240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 5°. Je regrette infiniment que l'idée ne me soit pas venue de faire varier la pression de l’air par le moyen de la pompe pneu- matique, ainsi que je l’ai fait pour la température, car j'ai tout lieu de croire que les corps frottés dans un air très-rare, y seroient non excitables; mais je reviendrai sur ce point que je regarde comme très-important. Je puis, en attendant cette preuve directe, conclure de mes observations , que tout se touche et se presse dans la nature, en ce sens, que la force expansive du fluide de chaque corps, quoiqu’elle soit retenue en partie par les liens de Pattraction, est encore comprimée par le fluide des corps en- vironnans ; d’où il résulte que sa tension peut s’accroître ou s’af- foiblir par les variations des températures ou des pressions ba- roméfriques. 6°. Non-seulement l'électricité des métaux varie en raison des pressions atmosphériques, elle est encore soumise à l'influence des nuées orageuses. J’ai observé tous les orages de cette année, et dans tous J'ai constaté que, soit que mes métaux fussent non excitables, positifs ou négatifs avant l'orage, ils sont devenus pendant le temps que la nuée étoit au-dessus de moi, fortement électriques , ou plus positifs, ou plus négatifs; et les négatifs ont même passé à l’état positif : ils sont ensuite redevenus tous non excitables, aussitôt après que l'appartement n’a plus été sous l'influence de la nuée, 110. L'influence du support sur l'électricité des métaux n’est pas moins évidente que les précédentes. 1°, Lorsque les métaux sont non excitables, le matin et dans un temps sec, on les rend très-électriques en chauffant dans la main, même suante, la partie du support de cire qui touche le métal, et en tenant ce support par la partie sèche, lorsqu'on veut le, frotter. 2°. Dans les temps d’hiver et l'air poussant au froid, lorsque les métaux sont naturellement négatifs, on les rend positifs en refroidissant le support, et lorsqu'ils sont positifs on les rend négatifs en chauflant le support. .. 89. Dans l'été, lorsque la température libre est excessive, par un vent de nord-est, ou, dans toutes les saisons, par un vent du sud et le baromètre étant bas, alors les métaux sont naturelle- ment négatifs; on les rend positifs en chauffant le Fuppost PIRE s'ils sont positifs, on les rend négatifs en refroidissant le support. Tous ces énoncés sont le résultat d’un grand nombre d’expériences. ; 49. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 247 4°. Si l'on ajuste un bâton entier de cire d'Espagne à un des disques électromoteurs de Volta, et que le métal et le support soient à égalité de température, le disque n’est point excitable par frotte- ment, mais on ranime sa vertu , comme on sait, en échauflant au soleil le support seul : si l’on casse alorsle bâton de cire chaud par $à moitié, le métal n’est plus excitable, et il le devient en donnant plus de chaleur au support, ou en augmentantla masse de celui ci, $ans augmenter sa température. 50. Non-seulement la masse du support concourt à faire naître l’état électrique, elle influe encore sur la nature de l'électricité. J'ai observé comparativement deux écus isolés, l’un sur un bâ- ton de cire entier, l’autre sur une moitié, et j'ai trouvé très- souvent que lorsque le petit support étoit positif, le long ie port étoit négatif, et que lorsque celui-ci étoit encore posili le petit support avoit passé à l’état négatif. Go. Enfin j'ai isolé trois petits écus, l’un sur un support de verre , un autre sur un support de soufre, et le troisième sur un support de cire d’Espagne, et ces trois supports étant de même grosseur et de même longueur. J’ai constaté alors que dans les temps où l'air pousse au froid et où le support prévaut sur le métal, c’est le disque à support de soufre qui passe le dernier à l’état négatif, et celui de la cire le premier, tandis que dans les temps où le baromètre est bas, et où le métal prévaut sur le support, c’est toujours ledisqueà support de soufre qui devient le premier négatif, et celui à support de cire, le dernier. Il est impossible de ne pas voir que cet effet vient de ce que le soufre ayant moins de chaleur spécifique que la cire d’Es- pagne, pousse dans le métal ou lui résiste avec moins de force que celle-ci. 130. Les métaux ont aussi une influence propre dont l'étude a fait un des principaux objets de mes recherches. 19. Tous les métaux, à l'exception de l’étain et de l’antimoine, sont natwellement variables du positif au négatif. 20. Le pouvoir angulaire des surfaces pour faire naître l’état négatif, exerce la plus grande influence sur le zinc, un peu moins sur l'argent, très-peu sur les autres métaux, et elle est aulle sur le bismuth. 30. Lorsque les métaux sont non excitables et qu’on les expose aux premiersrayons du soleil , en même temps leur pouvoir élec- Tome LXXIII. SEPTEMBRE an 1811. Hh . ? 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trique se ranime successivement et dans l’ordre de leur faculté conductrice pour le calorique, de manière que c’est toujours l’ar- gent qu s'éveille le premier et le plomb le dernier. 49. Quelle que soit la nature de l'électricité, tous les métaux, quoique soumis aux mêmes influences du support, de la tem- pérature ou de la pression de l'air, ne jouissent pas de la même intensité électrique ; car on les voit paroître sous ce rapport dans l'ordre suivant, argent, étain en première ligne, cuivre et zinc en deuxième, platine et or en troisième, et plomb, antimoine, fer et bismuth en quatrième. 50. L'état négatif est toujours plus fort que l’état positif dans chaque métal. 6°. Dans les fortes pressions barométriques, lorsque le sup- port pousse dans le métal, le fer et le bismuth sont toujours positifs ,quelque froid qu’il fasse, et l’étain et l'antimoine tou- Jours négatifs: tous les autres, lorsque l'air ne pousse pas au froid, deviennent positifs dans l’ordre suivant; argent, or, platine, cuivre, zinc et plomb : lorsque l'air pousse au froid, ils de- viennent au contraire négatifs dans l’ordre inverse, c’est-à-dire le plomb le premier et l'argent le dernier. 7°. Lorsque la chaleur de l'atmosphère est excessive , ou lors- que les pressions barométriques s’afloiblissent, ils passent tous alors à l’état négatif, même le fer et le bismuth, dans l’ordre suivant : l'argent, l'or, le platine, le fer, le bismuth , le plomb, le cuivre et le zinc; et, ce qui est bien remarquable, ils re- passent ensuite dans le même ordre à l’état positif lorsque la température vient à baisser, c’est-à dire, l'argent le premier et le zinc le dernier. T1 semblé que dans ce cas-ci l’ordre de variation des métaux soit en raison composée de leur densité et de leur propriété con- ductrice pour le calorique, tandis que dans le précédent celui du n° 6, l'ordre de variation paroît être en raison du calorique spé- cifique, de la densité, de la forme non angulaire des parties constituantes, et de la faculté conductrice pour l'électricité. 80. Enfin la masse métallique influe encore sur la nature de l'électricité. En effet, ayant examiné comparativement pendant six mois, de petites tiges des métaux les plus variables ,avec mes petits disques des mêmes métaux, et d’autres métaux plus grands de même nature et semblables aux disques électromoteurs de Volta, j'ai trouvé que dans les temps où le support pousse dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 243 le métal, les petites tiges étoient négatives, tandis que les petits disques étoient encore positifs , que lorsque ceux-ci devenoient négatifs, mes plus grands disques se conservoient encore positifs. J’ai voulu alors augmenter encore la masse métallique, en me servant du disque collecteur du condensateur de Volta; mais celui-ci a toujours été négatif dans tous les temps, tandis que le disque électromoteur de même matière étoit positif. En y réfléchissant un peu, il est aisé de concevoir que cela doit être ainsi; car en augmentant la masse métallique ; et le support restant le même, on peut augmenter dans le métal la quantité du fluide répulsif, à un tel point que celui-ci prévale sur celui du support. 140. L'influence des frottoirs et celle des frottemens ne sont remarquables que lorsque les métaux sont sur la limite du po- sitifet tendent à passer à l’état négatif, ou inversement , lorsque de l’état négatif ils tendent à revenir au positif. Hors de cette circonstance, l’état du frottoir ou toute espèce de frottement estindifiérent. Il me suffira de remarquer, en général, que dans le cas queje viens d'indiquer , uneétoffe usée produisant dans le frot- tement plus de chaleur qu’une étoffe neuve, en raison d’un plus grand nombre de points de contact qu’elle offre au métal, et un frottement léger faisant naître moins de chaleur qu’un frot- tement plus fort, ils développent dans le frottoir une force ré- pulsive plus ou moins énergique, qui fait changer la nature de l'électricité dans le métal frotté ; mais, je le répète encore, ces deux sortes d’influence sont sans effet, lorsque l'état positif ou négatif est solidement établi. 15°. Après avoir ainsi reconnu partout l'influence de la chaleur sur le pouvoir électrique, et après avoir , pour ainsi dire, étudié d’une manière élémentaire la génération de cette puissance , j'ai pensé que l’état électrique produit par le seul contact des deux métaux hétérogènes, pouvoit bien n'être qu’un effet de l’action respective du fluide calorifique des deux métaux Pun sur l’autre : que dans cette hypothèse, celui qui en ale plus doit pousser dans le métal qui en a le moins , avec une force proportionnelle à la différence de tension des deux fluides, bien entendu que dans le calcul de cette force, on doit avoir égard non-seulement au degré de tension de ce fluide dans chaque molécule , mais encore _à la quantité que chaque corps en possède en raison de sa den- sité et de sa masse. Dans cette vue, et pour m’assurer de cette ation, Jai fait les expériences suivantes, : Hh z 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 10. J'ai monté une pile de 36 couples avec des étoffes inter- médiaires, trempées dans une dissolution de sel ammoniac; je l’aimise dans un étui de fer blanc, muni intérieurement detrois tubes de verre, pour bien l’isoler du métal, et dont le couvercle avoit un tuyau de même métal, dans lequel étoit mastiqué un tube de verre, que traversoit une tige de métal destinée à établir une communication avec les deux pôles. Cet appareil ainsi dis- posé, ayant été plongé entièrement dans un mélange frigorifique de neige et de sel, a paru sensiblement plus intense dans son électricité, à la première impression du froid; cette intensité a tellement baissé ensuite par intervalles et par sauts, qu’au bout d'une heure et demieelle n’avoit plus que le quart de sa force, mais Je n'ai jamais pu l’éteindre entièrement. 29, Après plusieurs tentatives également infructueuses, ayant soupçonné qu'il ÿ avoit dans la pile deux actions bien distinctes, lune métallique et l’autre chimique, et que c’étoit sans doute l'action chimique qui résistoit au pouvoir refroidissant, j'ai monté une pile avec de l’eau distillée : celle-ci s’est comportée d’abord comme la première dans le froid, mais elle s’est ensuite si ra- pidement affaiblie, qu’au bout d’une heure et demie elle s’est trouvée entièrement éteinte; il faut avoir soin, pour obtenir cet effet, d'entretenir le froid au même degré. En démontant la pile un instant après, j'ai vu que les disques d’étoffe n’étoient encore glacés qu’à la circonférence. 3°. J’ai éteint de la même manière et dans le même espace de temps, une pile montée avec de l'alcool à 320, ainsi qu'une autre montée suivant une des méthodes de Davy, c’est à-dire , en metlant sur le cuivre une étoffe mouillée de sulfate de potasse, et sur celle-ci une autre mouillée de sulfure de potasse, sur la- quelle reposoit le zinc. On ne sauroit trop avoir soin d'entretenir le froid toujours au même degré, car, sans cela, la pile donne Jong-temps quelques signes d’une électricité très-foible. 4°, Après avoir ainsi éteint la pile dans le froid, j'ai voulu voir quels seroient les effets d’une élévation de température p1o- gressive. Pour cela, j'ai découvert d’abord. la pile supérieure- ment en enlevant son couvercle ; à.l’instantmême son électricité a reparu, mais d’une manière trés;-foible, Je l’ai retirée ensuite du mélange frigorifique pour la laisser à l’air libre : son électricité alors s’est ranimée si sensiblement, qu’au bout d’une heure elle m'a paru aussi forte qu'avant son immersion dans le. froid. 5°, Dans ‘une autre expérience, la pile étant dans le froid et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 245 entièrement éteinte, je l'ai sortie du mélange frigorifique pour la plonger dans de l’eau chaude à +750 : cette pile, qui s’étoit -déjà ranimée très-foiblement au seul contact de lair libre, s’est éteinte d’abord entièrement dans de l’eau chaude, à la première im- pression de la chaleur, mais quelques secondes après, son intensité s’est accrue si rapidement, qu'au bout d’une demi-heure je l'ai jugée quatre fois plus forte qu'avant son immersion dans le froid. 6°. Dans toutes les expériences de la pile dans l’eau chaude, J'ai observé que son intensité ne s'accroît pas par des progrès continus, mais bien par intervalles et par sauts. La même chose a lieu dans le refroidissement. 7°. Si on laisse le vase qui contient l’eau chaude auprès du feu , la pile y étant immergée, alors, si le feu du foyer ne fait qu’entretenir l’eau au même degré de température, on remarque que la pile s’affoiblit peu à peu et qu’elle finit par s’éteindre, Si on la sort alors de ce milieu pour la laisser à l'air libre, elle se ranime de nouveau et toujours d’une manière proportionnelle à son refroidissement. 8°. Si au contraire on la met dans une cucurbite d’alambic que l’on établit dans un fourneau, et qu’on ait soin d'entretenir l'eau bouillante, alors l'intensité électrique qu’elle acquiert dans cette eau aü bout d’un quart d'heure, est si excessive qu'il est impossible d’en supporter les commotions. J’aiestiméquesa force, dans ce cas, est 8 fois plus considérable que dans son état naturel. Cette énergie d’action a persévéré depuis 7 heures du soir jusqu’à minuit, seulement sur la fin je lai trouvée un peu plus foible. Lorsqu'on visite les élémens de la pile après l’expérience,ontrouve les étoffes presque desséchées et le. zinc fortement oxidé. g°. Ces résultats intéressans étoient bien de nature à ne me laisser aucun doute sur l’action de la chaleur et. du froid dans le phénomène de la pile; mais j'ai été curieux de:m'’en assurer de plus en plus, en soumettant aux mêmes épreuves l'élément même de la pile, isolé de toute action chimique. Dans cette vue, j'ai mis un disque de cuivreet un disque de Zinc dans un étui de fer blanc, dans lequel j’ai fait entrer un second étui, qui s’arrétoit sur les bords supérieurs du premier, de manière à ce que son fond: ne touchât pas au disque de zinc. Le fond de ce second étui étoit percé-d'un trou auquel on avoit soudé un tuyau de métal, dans lequel étoit mastiqué un tube de verre que traversoit un fil de fer communiquantau zinc, Au‘bas 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de l'étui extérieur j’avois fait souder un fil de fer vertical qui étoit en regard avec le précédent. Au moyen de cet appareil, je pouvois à volonté environner mes deux disques dechaleur ou de froid , en plongeant, pour le premier cas, l'étui extérieur dans l’eau bouil- lante et en en mettant dans l'étui intérieur, ou en substituant, pour le second cas, de la neige et du sel à l’eau bouillante, Pour assurer de l’état électrique du système, J'ai eu soin d’avoir des grenouilles préparées que je tenois d’une main et que je présentois à l’un des Dale tandis qu'avec l’autre main je touchois à l’autre pôle. Les choses ainsi disposées, j'ai d’abord mis l'appareil dans le froid : la grenouille, dans les premiers instans et aux premiers contacts , a paru plus contractile qu'avec un autre appareil sem blable que j'avois établi, en plein air, pour point de comparaison ; mais peu à peu les contractions se sont afloiblies, et la grenouille a été sans mouvement au bout de 3 à 5 minutes; cependant elle étoit toujours contractile avec l’autre appareil. J’ai sorti l'appareil du froid et j'ai vidé l’étui intérieur , pour laisser le tout à Pair libre : alors la grenouille mise en contact s'est contractée de nouveau, et ses mouvemens ont été d’autant plus vifs, que le rehaussement de température a été plus con- sidérable suivant le degré de chaleur de l’air. J'ai mis ensuite cet appareil dans l’eau bouillante, en ayant soin d’en verser aussi dans l’étui intérieur : aux premiers instans les contractions ont été très-vives et très-fréquentes , mais au bout de 3 minutes tout mouvement s’est arrêté, et la grenouille a paru insensible ; cependant en l’approchant de l'appareil à l'air, les contractions reparoissoient. . Enfin j'ai sorti l’appareil de l’eau chaude pour le laisser en plein air: les contractions ont reparu de suite, mais elles ont été beaucoup plus fréquentes et plus vives dans les premiers instans du refroidissement que vers la fin, et, ce qui est bien remarquable , elles n’ont pas été continues, car elles ont disparu par intervalles pour renaître ensuite : cette alternative de mou- vemens et de repos a eu lieu pendant tout le temps du refroi- dissement. Je terminerai cet Extrait par une seule conclusion générale bien naturelle. La chaleur est donc la véritable source du pouvoir électrique, tant dans le frottement que dans la pile de Volta; dans le frottement le pouvoir seroit le résultat d'un accroisse- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 247 ment de tension dans le fluide produit par les mouvemens calo- rifique ou frigorifique, et de la supériorité de tension de l’un des deux corps : dans le-contact des métaux, il serait dû à la seule différence de tension naturelle du carolique spécifique des deux corps mis en opposition. Je ne crois pas que j'aille assez loin en me bornant à dire que la chaleur est la source du pouvoir électrique, il seroit plus juste de conclure que le fluide qui produit la chaleur est le même qui opère les phénomènes de l'électricité. Cette idée n'est pas nouvelle, il est vrai, car plusieurs savans, fondés sur quelques analogies, ont considéré depuis long-temps le fluide électrique, comme étant le feu élémentaire, le phlogistique, ou le calorique même; mais on n’a pu jusqu'ici regarder cette opinion que comme une conjecture, tandis que je la présente aujourd’hui comme une conséquence. 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SE RER EE PR GE A CPE CP EE LETTRE DE M. VAN-MONS A J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR LE SILICIUM [MÉTAL DE LA SILICE]. M. Stromeyer vient de reprendre lé travail de Berzelius sur le métal de la silice et les alliages de silicium et de fer. Il em- ploie pour réduire la terre siliceuse , la méthode de Berzelius, mais en place de charbon de bois, il se sert de noir de fumée, à cause du potassium que le charbon met avec le métal réduit, comme on y trouve du fluorium lorsqu'on prend de la silice précipitée par l’eau d’avec le gaz fluorique silicé. L'alliage de silicium et de fer n’est pas toujours d’une compo- sition constante, mais varie, tant dans ses caractères physiques, que dans son contenu en métal de silice et en charbon. dadien en distingue quatre variétés principales. La première variété à une texture lamelloso-granuleuse; elle est plus souvent cristalline à sa surface, est cassante et a peu d'éclat à l'extérieur ; mais intérieurement ou dans sa cassure, elle est la plus luisante de toutes. Sa couleur, lorsqu’elle est polie, se rapproche le plus de celle du platine; elle contient entre o,18 et o,22 de silicium oxidé , et les acides en séparent cette quan- tité de silice. La seconde variété est de la nature du fer de fonte; mais étant polie, elle prend l'éclat et la couleur de la précédente; elle est également cassante , quoique sous le marteau elle se laisse un peu aplatir. . ; La troisième variété, qui alatexture du gros acier, est semi- malléable, mais elle est tellement dure, que le fer en recoit de profondes empreintes, sa trempe la rend cassante comme du verre; sa couleur se rapproche le plus de celle de l'argent. La quatrième variété est plus ou moins malléable; a la tex- ture chalybée, et ressemble, sous tous les rapports , à l'acier ; elle se ternit, se laisse tremper comme l'acier et prend le même poli. Les acides en séparent de 5 à 8 pour cent de silice. La ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249 La pesanteur spécifique du fer siliciumé est d’aufant moindre, que le métal contient plus de silicium et de carbone. M. Stro- meyer l’a trouvée variant entre 6,7777 et 7,3241. à . Les culots du métal allié étant mis à digérer avec les acides jusqu’à ce que toute action cesse, ne changent presque pas de orme, et ne diminuent pas de volume; leur couleur devient noire ou grise, et ils donnent des dissolutions de fer. La calci- nation les blanchit , mais neles change pas entièrement de forme ou de volume. Cependant ces culots parfaitement blancs de Ja calcination , sontencore attirés par l’aimant, et donnentavec les acides muriatique et sulfurique des dissolutions de fer et un déga- gement de gaz hydrogène : d’où l’auteur conclut qu’ilscontiennent encore du fer; et il tire de cette singularité, la conséquence que l’union entre les composans de ce métal doit être très-intime. Ce n’est qu'après un long traitement par les acides et lorsque la matière est mise dans l’état gélatiniforme, que la silice res- tante peut être considérée comme exempte de fer, Le fer siliciumé donne avec l'acide muriatique, une plus grande quantité d'hydrogène que ne le fait le fer pur, Onze cent vingt- huit milligrammes de la première qualité de fer siliciumifère, donnèrent un gaz dans lequel l’eudiémètreindiqua 22,673 pouces cubes, mesure de Paris , de gaz hydrogène, le thermomètre étoit ào° et le baromètre à 28°. Cependant il ne fut dissous que 864,5, milligrammes de fer, et 1072 milligrammes de fer forgé , qui est celui dont l’auteur s’est servi dans toutes ses expériences sur la réduction de la silice, et qui contenoit 0,985 e fer réel, ne donnoit, étant traité avec le même acide jusqu’à parfaite dis- solution, que 21,9 pouces cubes de gaz hydrogène. L'auteur n’est parvenu qu'après plusieurs essais, à faire dé- flagrer le fer siliciumé avec le nitre. D’après ce mode d'analyse exécuté sur 5525 milligrammes de la première variélé , 100 par- ties en contiennent 86,59070 parties de fer métallique, 18,59545 parties de silice et 4.6000 de carbone, = 109,78615 ; d’où résulte, en soustrayant le fer et le carbone (= 91,9070 parties) et en prenant le résultat ou les 8,083 parties, pour du silicium, que 18,59545 parties de silice doivent contenir 8,083 parties de métal, ou que ro parties de cette terre sont composées de 47,37 parties de silicium et de 52,63 d’oxigène — 100,00. Ce rapport dif- fère peu de celui donné par M. Berzelius, qui est de 0,52 de métal et 0,48 d’oxigène. Tome LXXIII. SEPTEMBRE an 18r1. Ti NOUVELLES LITTÉRAIRES. Précis analytique des Travaux de la Société des Sciences, Lettres, Arts et Agriculture de Nancy , pendant l’année 1810. Un vol. in-8° de 96 pages. Cette Société a travaillé très-utilement pour les progrès des connoissances humaines, comme le prouve ce Précis. M. Haldat, Secrétaire perpétuel de la Société, a fait l'éloge de plusieurs de ses Membres morts. Il y a encore eu d’autres lectures de morceaux sur l'Histoire... Tntroduzione all Geologia di Scipione Breislak, admänistra- tore , ed ispettore , etc., c'est-à-dire, Introduction à la Géologie , par Scipion Breislak, Administrateur et Inspecteur des salpêtres et des poudres du royaume d’Italie, et Membre de diverses Aca- démies., 2 vol. in-8°. À Milan, de l’Imprimerie Royale. Nous rendrons compte de cet Ouvrage intéressant. VIle, VIIIe et IXe Cahiers de la quatrième Souscription, où XLIIIe, XLIVe et XLVr= de la collection des Annales des Voyages, de la Géographie et de l’Histoire, publiées fee M. Malte-Brun. Ces trois Cahiers contiennent deux Planches gravées en taille-douce, et la Carte géographique de Buenos-Ayres, du Chili et de la Patagonie, avec les Rep suivans : Lettres sur la Galitzie ou Pologne autrichienne; par M. Schulees, Conseiller de S, M. le Roi de Bavière. ( Détails sur les Gorales ou Montagnards de la Galitzie. Manière de vivre de la haute no- blesse. Economie rurale et publique. Description de la ville de Léopol. Mœurs des Rousniaques.) — Mémoire sur la Montenegro, canton de l’Albanie Turque; par M. Adrien Dupré, attaché au ministère des relations extérieures. — Dissertation sur la colonne de Cussy; par M. Grivaud, d'après les papiers de M. Pasumot. — Lettre sur le canton d’Elbersfeld, dans le Grand-Duché de Berg, accompagnée de notes de statique ; par M. de Sokolnicki, Général de division. — Le premier Robinson; par M. Rosenstein. — Description de l’Archipel de Chiloë , au sud du royaume de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251r Chili, traduit de l'espagnol, du Viajero Universal de D. Pedro de Estala.— Etat actuel du Kamtschatka, d’après Krusenstern. — Relation de l'établissement Anglais dans la baie de Honduras, par le Capitaine Henderson, et divers autres articles du Bulletin. Chaque mois, depuis le rer septembre 1807, il paroît un Cahier de cet Ouvrage, de 128 ou r44 pag. in-8°, accompagné d’une Es- tampe ou d’une Carte Géographique, quelquefois coloriée. Les première, deuxième et troisième Souscriptions (formant 12 volumes in-8° avec 36 Cartes ou Gravures) sont complètes, et coûtent chacune 27 fr. pour Paris, et 33 fr. par la Poste, franches de port. Les Personnes qui souscrivent en même temps pour les quatre Souscriptions , payent les trois premières 3 francs de moins chacune. Le prix de P Abonnement pour la quatrième Souscription est de 27 fr. pour Paris, pour 12 Cahiers. Pour les Départemens, le prix est de 33 fr. pour 12 Cahiers, rendus francs de port par la Poste. L’argent et la lettre d’avis doivent être affranchis et adressés à Fr. Buisson, Libraire-Editeur ,rueGiît-le-Cœur, n° 10, à Paris. Mécanique analytique, par J. L. Lagrange, Memtbre de l’Institut, etc., etc. Nouvelle Edition revue et augmentée par l’Auteur, Tome Ier in-40. Prix, 24 fr. pour Paris, et 27 fr. franc de port, dont 6 fr. à valoir sur le second vol. qui paroîtra in- cessamment. A Paris, chez Madame veuve Uoureier, Tmprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57. EE — TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Observations sur la hauteur de la végétation dans le pays d'Aoste; par M. d'Aubuisson. Pag. 161 Recherches sur l’état actuel de la distillation du vin en France, et sur les moyens d'améliorer la distil- lation des eaux-de-vie de tous Les pays; par M. 4.-$. Duporial. Lues à la première Classe de l'Institut de France, Extraïr. \ ; 165 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ele. Tableau météorologique, par M. Bouvard. Mémoïre sur l'axe de réfraction des cristaux et des substances organisées, lu à la première Classe de l'Ins- titut, le 29 août 1811; par M. Malus. Des angles du spath calcaire, dit primitif: par M. Malus. Note sur un petit coquillage de la Méditerranée, ana- logue à des fossiles des environs de Paris et de Bor- dcaux; par M. Menard de la Groye. Analyse du mispikel; par M. Chevreul. De la découverte des os fossiles d'un mammouth, faite en Hongrie. De la limphe des ventricules du cerveau; par M. Haldat. Notice sur une nouvelle expérience relative à l'écorce des arbres; par M. Palisot de Beauvois. Note sur l’évaporation par l'air chaud; par F. R. Cu- raudau. Précis de la Géographie universelle, ou Description de toutes les parties du monde, sur un plan nouveau, d'après les grandes divisions du Globe, précédée de l'Histoire de la Géographie chez.les peuples anciens et modernes, et d'une théorie générale de la Géographie mathématique, physique et politique; par M. Malte- Brun. Tome troisième. Description de l'Asie, ckceplé l'Inde. Extraït. Extrait d'un Mémnire em l'origine et la génération du pouvoir électrique, tant dans le frottement que dans la pile de Volta, présenté et lu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut, le 23 septembre 1811; par J. P. Dessaignes. Lettre de M. Van-Mons à J.-C. Delamétherie, sur Le silicium, métal de la silice. Nouvelles Littéraires. 215 230 248 250 DIN Q &* 04 AUD) 100D J'Y L//20707/77 DOIDINQ EE 2}g24e -0.4 , re JOUR N AL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. OCTOBRE AN 18r1. ESSAI SUR LA NOMENCLATURE CHIMIQUE; Par M. LE Proresseur BERZELIUS. À UNE époque où chaque pays traduit les termes d'art et de science, ou qu'il en forme des nouveaux qui s'accordent avec sa langue , un essai pour rétablir la nomenclature chimique latine poone peut-être un travail inutile. Il est cependant clair que a culture des sciences en général diminuera à mesure se les savans de chaque pays s’écarteront de la communauté de längage avec les autres. Outre la difficulté de bien comprendre plusieurs langues , il en résulte une indétermination dans les termes, qui cause des méprises plus ou moins graves et nuisibles aux progrès des sciences. Ce n'est pas que je souhaite le retour des temps où les savans se servoient uniquement du latin dans leurs écrits, langue qui , en facilitant leur communication entre eux, empècha Tome LXXIII OCTOBRE an 181x, Kk 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le public de profiter de leurs travaux, et qui fit de leur savoir une espèce de monopole pour les savans. Les sciences ne de- viennent utiles aux hommes, qu'à mesure queleurs résultats com- mencent à devenir plus à la portée du peuple, et qu’on peut les exprimer d’une manière à être compris par tout le monde; mais les savans en se servant de différentes langues, ont besoin, dans chaque science, d’une dénomination généralement connue, à laquelle on puisse rapporter les termes de science employés dans chaque pays, et aucune langue ne sauroit être plus propre à une telle dénomination générale, que la langue latine : sans cette nomenclature générale, les dénominations seront bientôt peu dé- terminées, vagues et employées différemment par différens écri- vains. Jetez un coup d'œil sur l'histoire naturelle avant le temps de Linnée : quelle difficulté pour comprendre les auteurs, quelle quantité énorme de synonymes à chaque plante et à chaque animal, qui embrouille tout et qui rend la science si dificile à comprendre! Aujourd’hui que nous suivons la nomenclature gé- nérale de Linnée, les auteurs sont toujours sûrs d’être compris, et les lecteurs ne se rebutent plus de noms de différens sujets de l'histoire naturelle, qu’on ne trouve point toujours dans les dictionnaires, mais qui s'expliquent par le nom du système de Linnée. La Chimie a le même besoin d’un norme général pour ses dénominations; elle a pendant quelques années joui des fruits de la nomenclature antiphlogistique qui, ayant rempli pour son temps les vues de ses illustres auteurs, donnoit une tournure scien- tifique à la Chimie, qui jusqu'alors n’avoit été composée que d'expériences éparses et presque impossibles à mettre en ordre. La science a, depuis ce temps, fait des progrès immenses. Ses découvertes ayant peu à peu rendu la nomenclature plus in- complète et plus indéterminée , on a tâché de la rectifier, mais de tant de manièresdifférentes, que chaque pays et presque chaque savänt même, a eu sa nomenclature à lui. Pour se convaincre de tonte l'étendue du mal que cette confusion dans la nomen- clature a causé à la science, on n’a qu’à comparer les différentes pharmacopées rédigées pendant ces dernières ro ou 12 années, soit par des corps entiers de savans, soit par des individus, l'on y verra souvent la même substance, nommée en autant de ma- nières différentes, qu'on a de pharmacopées à comparer , souvent le même nom sera donné à des substances entièrement différentes, ef on trouvera le plus souvent que le nom antiphglogistique, qui ET D'HISTOIRE NATURELLE, 255 ordinairement est en même temps une définition, exprime une toute autre composition que celle à laquelle on l'a donné. La nomenclature latine, quand même elle ne s'emploie que rarement dans les écrits chimiques, est indispensablement néces- saire aux chimistes pour donner de la direction et de Ja déter- mivation à la nomenclature de chaque pays, et pour nous re- mettre en état de comparer et de bien comprendre les nomen- clatures de différentes langues; mais outre cela, la nomenclature latine est encore partout employée dans la pharmacie où elle facilite la communication des découvertes ou des emplois des remèdes , et où elle prévient d’une manière non équivoque, des méprises qui coûteroient la vie aux hommes, et qui, sans cela, seroient bien plus souvent commises par les médecins qui veulent profiter des découvertes publiées dans un autre pays. Comme il seroit nuisible à l'humanité qu’une association d'hommes plus ou moins grande, fit un secret et voulût conserver pour elle quelque découverte utile en médecine, tous les médecins sont convenus ar un consentement tacite, de se servir toujours de la même angue pour déterminer les substances qu’ils emploient dans la guérison des maladies; et voilà une raison assez forte pour ne pas souhaïter, à cet égard, quelque changement, d'autant plus dangereux, que des méprises arrivent encore quelquefois malgré la précaution qu’on a prise d'introduire une nomenclature latine dans le commerce des drogues. Une nouvelle édition de la Pharmacopée suédoise, ordonnée par le Gouvernement , m'a fait envisager la nécessité d’une ré- vision de la nomenclature chimique. Je vais soumettre au Juge- ment des chimistes étrangers un essai d’une tellenomenclature ; qui a été revu et corrigé par les chimistes de ma patrie, et dont nous pensons employer les dénominations dans la nouvelle édition de la Pharmacopée suédoise, si toutefois cette nomenclature obtient l'approbation des chimistes étrangers, au point qu'elle puisse nous donner l'espérance de la voir employée dans tous les ouvrages pharmaceutiques qui seront publiés dorénavant, afin que les dénominations soient les mêmes dans tous les pays. * * * *< x + * * Je crois que la meilleure manière de fixer la nomenclature est de n'y faire d'autres changemens de noms que ceux qui sont indispensablement nécessaires, et de n'y ajouter que ceux Kk 2 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dont elle ne peut se passer. Mais, quelque petits que soient les changemens que j'ai faits, il faut que j'expose aux lecteurs les motifs et les idées théorétiques sur lesquelles ils sont fondés. Au reste , il faut ranger les objets de la nomenclature dans un certain ordre à-la-fois naturel et systématique, mais qui est souvent très-diflicile à trouver, et qui, ainsi que tout système, devient quelquefois conventionnel. Avant de parler des substances pondérables, je dirai quelques mots de ces substances impondérables que nous appelons l'élec- tricité, la lumière, le calorique et le magnétisme. Je n’entrerai point dans la question si ce que nous entendons par ces noms doit être appelé rratière , puissance ou phénomène. Ces re- cherches ont occupé et occupent encore nos philosophes, dont il est presque aussi difficile de prouver les idées les plus ingé- nieuses sur ces objets, que de réfuter d’une manière évidente et constatée celles qui paroissent être les plus absurdes. Les découvertes auxquelles nous a conduit la pile électrique, nous ont démontré la nécessité de faire attention aux effets de l'électricité, dans les changemens des compositions chimiques, et elles nous ont fait connoître dans l'électricité un agent si puissant, que nous commencons à soupconner que cet agent est identique avec l'aflinité chimique. Les différens rapports des corps à l'égard de l'électricité, feront dorénavant la base de tous les systèmes chi- miques. Une grande quantité d’expériences avec la pile électrique, d’autres, faites horsde la pile par M. Volta et surtout par M. Davy, et qui seront une des plus brillantes époques de la Chimie, nous ont fait voir que deux substances qui sont au point de se com- biner, développent des électricités contraires qui s’augmentent à mesure que le point de réunion s'approche, et celui-ci étant arrivé, ces EE se mettent en équilibre en produisant, selon l'in- tensité de l’action chimique, de la chaleur ou même un feu très-vif. La brillante découverte de la décomposition des alcalis et des terres, également due à M. Davy, a pour un moment détourné l'attention des chimistes des indices lumineux sur l’état futur de la théorie chimique contenus dans le Traité de M. Davy sur Pélectricité comme agent chimique; mais cette matière de- viendra bientôt généralement un objet de nos recherches, et nous avons lieu d’en espérer une nouvelle aurore pour la théorie de la chimie. . En adoptant les électricités dans une nomenclature systéma- tique de la chimie, nous faut-il aussi considérer les deux EE, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 la lumière et le calorique, comme autant de substances différentes? il paroît que non; car les deux EE en se combinant produisent de la lumière et du calorique de la manière la plus intense que nous connoissons , et cette réflexion faite, il paroït que lorsque deux substances d’une nature électrique opposée entrent en com- binaison , il se: fait une décharge des deux électricités qui cause une élévation de la température; mais quel est le rapport de la lumière et du calorique avec les EE ? je l’ignore. Les hypo- thèses faites à cet égard, laissent toujours beaucoup de choses qu'elles ne peuvent nous expliquer d’une manière assez satisfai- sante pour les admettre comme vraisémblables. I] faut donc encore adopter dans la nomenclature les deux EE, la lumière et le ca- lorique, comme des substances différentes, jusqu'à ce que les rapports entre elles soient développés par des recherches ul- térieures. Le magnétisme se range auprès d’elles, et quoiqu'il n’agisse point comme agent chimique, on ne doit pas lomettre. De ces cinq substances problématiques j'ai fait une classe que J'ai nommée /es émpondérables. IMPONDERABILIA. ‘ Electricitas positiva, Lux. ————— negativa, Caloricum. Magnetismus. PONDERABILIA. _ Cette classe contient des substances qui obéissent à la loi de la gravitation. A l'égard de leurs rapports avec les électricités, nous les partagerons en substances électropositives et substances électronégatives. J’appelle substances électropositives, celles qui, dans les décompositions opérées par la pile électrique, se rangent autour du pôle positif, et électronégatives, celles qui se rassemblent autour du pôle négatif (1). Dans un sens plus étroit, il n°ÿ a que loxigène qui soit absolument électropositif, car toutes les autres substances sont, à son égard, électronégatives; mais comme ces propriétés sont relatives, et comme une substance qui est élec- tronégative envers l’oxigène , peut être électropositive envers une autre, par exemple le soufre qui est négatif envers l’oxigène, mais positif envers les métaux, je considère toutes les substances comme électropositives qui, en combinaison avec l’oxigèue, se 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rangent dans le travail de la pile autour du pôle positif, et vice vers. La démarcation entre ces substances est telle, que la plupart des substances électronégatives, mème après être sur- _ saturées avec l’oxigène, ne se laissent pas attirer par le pôle positif; les corps oxidés, que j’appellerai superoxida, en four- nissent des exemples très-communs. Après cette distinction plus générale, il y enaencore une autre non moins importante, celle qui partage les corps en simples et composés. Il est très-probable que nous ne connoissons pas encore un corps simple si ce n’est l’oxigène; mais il ne s’agit pas ici des élémens de la création , qui nous seront peut-être à jamais in- connus; nous entendons ici par corps simples, ceux qui, dans l’état actuel de la science, paroissent être Fe (2). Ces corps sont, d’un côté l’oxigène, et de l’autre /es corps combustibles. Ces derniers se partagent en deux ordres naturels, dont j'appellerai l’un metalloïda et l'autre metalla. Par le nom de 7rétalloides je n'entends pas ici les bases mé- talliques des alcalis et des terres , auxquelles M. Erman a le premier donné ce nom. Il paroît que les caractères métalliques de ces corps sont si décidés, qu'il n’y a aucune raison de les exclure de Pordre des métaux. J'entends par métalloïdes ici un autre ordre de combustibles, qui se classe auprès des métaux, dont il partage plusieurs caractères, sans les posséder tous; tels sont , le soufre, le charbon, etc. Les métalloïdes sont tous des corps électropositifs, formant des acides avec l’oxigène, et leur ordre se change par des degrés presque insensibles, en celui de métaux électropositifs. Quelques-uns des métalloïdes se combinent avec les métaux , en produisant le phénomène du feu, phéno- mène qui est d'autant plus vif, à mesure que le métal est d’un caractère électronégatif plus prononcé. Il y a toute apparence que si l’oxigène était une foisréduit en forme solide, il présenteroit un métalloïde dont les caractères extérieurs approcheroïent de ceux du soufre qui, après l’oxigène, est le corps le plus électro- positif qu’on connoisse. : ; f Dans la série des corps simples que je vais exposer, je com- mencerai par l’üxigène comme étant le seul qui soit absolument électropositif; viendront ensuite les métalloïdes qui sont électro- positifs relativement à la plupart des autres substances; puis les mélaux commencant par ceux qui sont électropositifs au plus haut degré, et qui, par conséquent, forment des acides ; puis ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 ceux qui affectent une espèce d’indifférence électrochimique, en ne produisant ni des acides, ni des bases; ensuite ceux qui donnent tantôt des acides et tantôt des bases; et enfin, ceux qui ne donnent que des bases. Cette série des corps simples commence done par le corps le plus électropositif et finit par ceux qui possèdent au plus haut degré les propriétés électro- chimiques opposées. Il est très difficile de faire cet arrangement avec justesse, et souvent on est indécis où il faut placer tel ou tel corps. Il est probable que dans la série suivante j'ai manqué à l’ordre naturel, faute de connoissances assez détaillées sur les rapports de quel- ques oxides métalliques avec les alcalis et les terres alcalines; mais il ne sera pas bien difficile de corriger les fautes, à mesure que nos connoissances s’augmenteront. I. SIMPLICIA. 10. Oxigenium. 29. Metalloïda. Sulphuricum (3). Fluoricum (5). Phosphoricum. Boracicum (6). Muriaticum (4). Carbonicum. 39, Meralla. Arsenicum. Iridium. Ferrum. Molybdænum. Platinum. Manganium (11). Chromium. Aurum,. Cerium (12). Wolframium (7). Rhodium, Yttrium. Tellurium (8). Palladium. Beryllicum. Osmium. Hydrargyrum. Aluminium. Tantalum (9). Argentum. Magnesium. Silicium. Plumbum. Calcarium. Titanium. Niccolum. Strontium. Zirconium. Cuprum, Barytium. Stibium (10). Cobaltum. Natrium (13). Bismutum, Uranium. Kalium. Stannum. Zincum. Ammonium (14); 1» [ea (o]) JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE IT. COMPOSIT A. Les corps composés ont deux manières de se combiner, et constituent d’après cela deux classes de corps composés. La première est celle qui renferme les corps non organiques. Ts sont composés, a) des corps combustiblesavec l’oxigène ; b) des corpscombustiblesdeux, troisou plusieursensemble sansoxigène; c) des corps combustibles combinés avec des corps oxidés ; d) des oxides combinés entre eux, de telle manière, que chacun peut être séparé des autres en conservant toutefois la portion d’oxigène qui lui appartient. Toutes ces substances se combinent en des proportions déterminées, d’après des lois invariables, que j'ai tâché d'exposer dans les différentes continuations de mes expé- riences sur ces mêmes proportions déterminées. La seconde classe renferme les produits organiques. Ceux-ci sont composés de deux ou quelquefois de plusieurs corps combus- tibles combinés avec une quantité d’oxigène qui leur estcommune et qui ordinairement ne sufliroit qu’à oxider un seul de ces corps combustibles. Leurs parties constituantes ne peuvent pas être séparées sans qu'ils se combinent de plusieurs manières nouvelles, en produisant des combinaisons binaires, et en partageant l’oxigène entre elles d’après des aflinités très-compliquées. Les élémens qui constituent les corps organiques obéissent à la même loi générale qui préside à la formation des combinaisons non organiques ; mais les variations innombrables qu’admet cette loi dans la na- ture organique, ne sont paseneore assez clairement déterminées. La principale différence entre ces deux classes consiste dans ce que la première ne contient que des combinaisons binaires, seules ou combinées de différentes manières plusieurs ensemble, tandis que la dernière contient toujoursdes combinaisons ternaires,, quaternaires, etc. (15). Les corps composés d’après le principe des productions organiques, ne peuvent étre produits que très- rarement de substances purement inorganiques par le moyen de la Chimie. Leur production est réservée à la nature organique, et paroît étre le but chimique de l’organisation, où l'intervention du système nerveux, qui préside aux procédés organochimiques, et qui détermine la nature et les qualités des produits, nous dérobe l'intérieur de ses opérations. La condition principale de la for- mation organique paroît être une modification détochiare dans les élémens, qui diffère de celle qui leur appartient origi- nairement ET D'HISTOIRE NATURELLE. 261 airement dans la nature inorganique. Dès qu'ils sont éloignés du corps organique qui les a produits, ils tendent toujours à regagner celte modification électrochimique originaire, et c’est par l'effet de cette tendance qu’ils fermentent et qu'ils se dé- cômposent en contact avec l'air et l’eau, et quand on les expose à une température élevée, À. Composita inorganica. I. Combinationes combustibilium cum oxigenio. Les corps que nous appelons des oxides, se laissent partager par rapport à leurs propriétés chimiques, en quatre classes bien différentes. a) Je donnerai à la première le nom de suboxida. J'entends par ce nom des oxides qui contiennent si peu d’oxigène, qu'ils ne sont ni des bases salifiables , ni des acides. Ils se combinent ra- rement entre eux et jamais avec d’autres substances. Tels sont les degrés d’oxidation de kalium et de natrium inférieurs à celui * qui produit l’alcali; tel est l’oxide noir de l’arsenic, dont j'ai donné la description dans un de mes Mémoires sur les propor- tions déterminées; telles sont encore les pellicules, grises ou noires, qui ternissent par degrés la surface métallique du plomb, du zinc, du bismuth, et qui, après quelque temps, forment une en- veloppe autour de ces métaux, qui les dérobe à l'influence ul- térieure de l'air. Malgré les soins que j'ai pris pour me procurer ces derniers sous-oxides en état de pureté, Je n'y ai jamais com- plètement pu réussir. Tout ce que j'en ai pu connoître, c'est qu'ils se réduisent en partie quand on y verse un acide ou un alcali, et que l’oxigène se concentre sur la portion du métal nécessaire pour la formation d'une base saline, Outre que ces sous-oxides se forment aisément sur les amalgames des métaux précités, on peut aisément, par le calcul, prouver l'existence de quelques-uns parmi eux, par exemple, de celui du plomb. Nous savons que le 77inium contient 1 + fois autant d’oxigène que l’oxide jaune ; ce multiple par + présuppose un degré d’oxidation inférieur à celui de l’oxide jaune, de l’oxigène duquel celui du minium doit être un multiple par un nombre entier. Il en est de même avec le fer; nous voyons aussi que le fer métallique se couvre, après quelque temps, d’une couche grisâtre , qui a un aspect moins métallique et qui n’est point l'oxide noir de ce métal. Tome LXXIII. OCTOBRE an 18rr. L] 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE b) La seconde classe que jenomme oxida. Leur caractère est de former des bases salines, ou du moins de se combiner à d’autres corps oxidés sans posséder des propriétés acides. Comme le méme combustible produit quelquefois deux oxides appartenant tous deux à la même classe de corps oxidés, je me servira pour les distinguer, dela méthode employée danslapremière nomenclature antipblogistique, pour distinguer les deux degrés d’acidification du même radical, c’est-à-dire en terminant le nom du combus- tible par osum quand il est moins, et par cum quand il est plus oxigéné. Ainsi j'appellerai l'oxide de fer noir oæédum fer- rosum, et l’oxide de fer rouge oxidum ferricum. Plusieurs métaux ne donnent qu’une seule Le saline ; j'ai donné à leurs oxides la terminaison en cum, parce qu’il n’est pas probable qu’il existe chez eux quelqu’autre degré de basification, et cette terminaison se prête mieux pour en faire des noms composés des combinaisons qui ont lieu parmi ces oxides. c) La troisième classe des corps oxidés renferme /es acides, et d) La quatrième contient tous les corps oxidés qui se sont combinés avec une si grande quantité d'oxigène, qu'ils cessent d’être des bases salines, sans qu’ils soient devenus des acides. Je les appellerai syperoxida. Leur caractère principal est qu'ils ne se combinent point avec d’autres corps oxidés, sans se défaire de la partie de leur oxigène qui les a convertis en suroxides. Tels sont les suroxides de kalium et de natrium , dont nous devons la découverte à MM. Gay-Lussac et Thenard ; oxide rouge et l’oxide brun du plomb, etc. Il est évident qu’on peut distinguer entre eux deux suroxides du même métal, ainsi que nous avons distingué les oxides et les acides du même radical. e) Mais avant de donner la liste de ces différentes combinaisons, il faut commencer par lesoxides de l’'ammonium ,sanstoutefois les comprendreencore dans quelque classification fixe, parce que r°les idées que J'ai professées là-dessus, ne sont encore, malgré leur conformité avec lexpérience et leur nécessité déduite des lois nouvellement découvertes, qu’une hypothèse qui s’accorde par- faitement bien avec toutes les circonstances ; et 2° parce que ces idées une fois prouvées d’une manière à ne pouvoir plus être disputées, lammonium a des qualités différentes de tous les autres combustibles. J’ai tâché de prouver que l’ammonium en donnant naissance à l'hydrogène et au nitrogène ou à leurs oxides, change la modification électrochimique originaire de l’ammonium; les deux tiers du métal produisent avec la plus grande quantité de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 263 l'oxigène, un corps électropositif, que nous appelons azoze ou nitrogène, et qui, s'il étoit un corps non composé , seroit un des métalloïdes les plus électropositifs. Le tiers de l’ammonium qui reste donne, avec une très-petite quantité de l’oxigène , un corps électronégatif que nous appelons hydrogène, qui possède des propriétés électronégatives moins prononcées que celles de l’am- monium et de Pammoniaque, et qui, s’il éloit un élément, se rangeroit entre les métalloïdes et les métaux. Il manque cependant à l'hydrogène et surtout au nitrogène, un des caractères des mé- talloïdes, celui de se combiner avec les métaux, circonstance qui paroît prouver qu'ils contiennent de l’oxigène. Outre l’hy- drogène et le nitrogène, il paroît que l’'ammonium a encore un degré d'oxidation où 1l conserve sa modification électrochi- mique originaire, et qui correspond aux sous-oxides des autres alcalis. On le trouve dans le corps couleur d'olive, qui résulte de l’action du kalium sur le gaz ammoniaque à une température élevée. a. Ammonium cum oxigenio. Hydrogenium. Ammoniacum. Nitrogenium. b. Suboxida. cerosum. plumbieum. cericum (18). cuprosum (19). LI 2 Suboxidum kalicum. Suboxidum ferricum. — païtficnm. — arsenicicum. — plumbicum. — carbonicum (x6). .— Zincicum. — phosphoricum. c. Oxida. Oxidum kalicum I. kali (17). Oxidum manganosum. — natricum |. natron. — manganicum. — barÿticum |. baryta. — ferrosum. — stronticum |. strontia. — ferricum. — calcaricum |. calcaria. — zincicum. — magnesicum |. magnesia. — uranosum. — Aluminicum l.aluminia. — uranicum. — beryllicum |. berilia. — cobalticum. — ÿttricuml, yttria. — niccolicum. 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Oxidum cupricum. Oxidum zirconicum 1. zircon. — argenticum. — silicieum |. silicia. — hydrargyrosum. —. tantalicum. — hydrargyricum. — osmicum. — palladicum. — telluricum. — rhodicum. — chromosum. — auricum. — chromicum. — platinicum. — molybdicum. — yridicum. — sulfurosum (20). — stannosum. — sulfuricum. — stannicum. — nitrosum (2x). — stibiosum. — nitricum. — stibicum. — hydrogenicum I. aqua. — bismuticum. d. Acida. Acidum chromicum. Acidum phosphorosum, — molybdosum. — phosphoricum. — molybdicum. — muriaticum. — arsenicosum. — oximuriaticum (22). — arsenicicum. — nitrosum, — carbonicum. — nitricum. — boracicum. — sulfurosum, — fluoricum. — sulfuricum. e. Superoxida. Superoxidum kalicum. Superoxidum plumbosum (24). — natricum. — plumbicum. — manganicum(23). — hydrargyricum(s — cobalticum. — muriatosum (26) — nicolicum. — muriaticum. II. Combinationes combustibilium. Dans la première nomenclature on exprima les combinaisons des combustibles en donnant la terminaison d'efum au plus élec- tropositif, et en mettant l’autreau génitif, parexemple,su/furetum cupri. On a depuis varié cette dénomination en l'appelant, par exemple, cuprum sulfuratum, terme employé encore par d’autres chimistes , pour exprimer un sulfate de cuivre. Je crois devoir donner Ja préférence à la dénomination adoptée dans la première ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 nomènclature; mais comme il y a plusieurs métaux qui se com- binent avec le soufre à deux degrés diflérens, j’appellerai, par exemple, sulfuretum les combinaisons entre le soufre et les mé- taux qui contiennent les parties constitutives dans la même pro- portion que dans le sulfate formé avec le dernier degré d’oxidation du métal. J’appellerai ainsi sulfuretum ferri, le sulfure de fer magnétique, parce qu'il contient le soufre et le fer dans la même proportion que le sulfate d’oxidule de fer. Ainsi de même avec les combinaisons entre le phosphore, l’arsenic (ou les ra- dicaux acidifiables en général) et les métaux. J'ignore s'il y a des sulfures métalliques, dont le rapport du soufre soit plus petit, dans ce cas je lesappellerai subsulfureta, comme je donne le nom de supersulfuretum à ceux qui contiennent plus de soufre que le sulfuretum. Dans une combinaison entre deux substances électronégatives, c’est-à-direqui, après être oxidées toutesles deux, ne produisent que des bases salines, je donnerai la terminaison en é/um à celle qui donne la base la moins forte, par exemple, wydrargyretum argenti, hydrarygretum kalii. Elles se combinent ordinairement dans une telle proportionquetoutes les deux absorbentla mémequantitéd'oxi. gène en formant les derniers degrés de la basification, ou la même quantité de soufre,en produisant des sulfures. Si lemercure prenoit deux fois autant de soufre que l’argent, j'appellerois la combinaison superhydrargyretum argenti, et si, au contraire, l'argent en prenoit deux fois autant que le mercure, je l’appellerois sbhy- drargyretum argenti. Je rapporte ceci pour éclaircir le principe de la dénomination. Au reste, je ne Connois qu’une seule com- binaison entre le mercure et l'argent. Ayant déjà nommé, dans ce qui précède, toutes les substances qui donnent des combi. naisons, je n'ai plus besoin que de rapporter quelques exemples de la dénomination des combinaisons dont la Chimie nous a appris l’existence. Sulfuretum ferri. Supersulfuretum. Supersulfuretum ferri. T'elluretum. Arsenicetum ferri. Boretum. Phosphuretum ferri. Arsenicetum. Carburetum ferri (27). Phosphuretum. Telluretum kalu. Superphosphuretum. Cupretum zinci. Carburetum. Hydrargyretum argenti (28). Supercarburetum. Sulfuretum hydrogenii, 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La nature nous présente d’autres corps composés de plusieurs de ces combinaisons binaires. Leur dénomination dans le stile de la nomenclature systématique, devient toujours plus difficile, à mesure que le nombre de leurs parties constitutives augmente, et il faut en laisser le soin à la Minéralogie à qui les corps ap- partiennent ; tel est, par exemple, le sulfure de plomb naturel, qui est composé de sulfure de plomb, de sulfure d’argent et de sulfure de fer. III. Combinationes oxidorum cum acidis, salia. La première nomenclature antiphlogistique, en donnant les dénominations des sels, n’avoit pas bien observé ni la grande quantité des sels à excès de bases ou d’acide, ni que plusieurs métaux fournissoient deux bases salifiables. Elle nomma donc les sels imparfaitement neutres, salia acidula et salia basi super- saturata, et quand un métal donna deux sels neutres, elle les distingua soit par la couleur, par exemple le sulfate de fer verd et le sulfate de fer rouge, soit par quelqu’autre propriété du sel, par exemple, xètras hydrargyri frigore prœparatus, et nitras hydr. calore prœæparatus. J'ai tâché d'éviter ces inconvéniens en employant les prépositions sub et super avant le nom de l'acide, et j'ai imité la nomenclature actuelle française et an- glaise; mais comme ces sels à excès de base ou d'acide peuvent avoir au moins deux degrés d’acidité ou de basicité (29), j'ai été embarrassé pour trouver des dénominations pour le second degré. Le second degré étant au reste très-rare, je crois qu’on peut indiquer le plus haut degré d’acidité par le mot supremus après le nom du sel, et le plus haut degré de basicité par le mot zu- fimus après le nom du sel, par exemple, superoxalas supre- mus, subnitras infimus. Pour déterminer le degré d’oxidation dans la base d’un sel, on peut employer la terminaison en osus et en icus au nom du métal qui fournit la base, par exemple, suphas ferrosus , sulphas ferricus , murias cuprosus, murias cupricus. Les trisules sont dénominés de la même manière; ce qui de plus , facilite extrêmement bien l’expression du degré d’oxidation qui peut être très-diflérent dans les bases, par exemple, le prus- siate de fer est, d’après les expériences de M. Proust, composé d'acide prussique, d’oxide ferreux etd’oxide ferrique, je le nomme donc prussias ferroso-ferricus, etle prussiate de potasse ordinaire ET D'HISTOIRE NATURELLE. 267 prussias ferroso-kalicus. Les deux bases d’un trisule contiennent le plus.souvent la même quantité d’oxigène, quoiqu'il y ait des trisules dans lesquels lune des bases contient deux ou plusieurs fois autant d’oxigène que l’autre; malgré cela, il m’a paru indif- férent laquelle des deux bases soit nommée la première, pourvu que le nom soit facile à prononcer. a. Salia neutra. Sulphas kalicus. Wolframias zirconius. Sulphis natricus. Murias hydrargyrosus (30). Nitras ammonicus. hydrargyricus (31). _ Nitris baryticus. Oximuries argenticus. Phosphas stronticus. Acelas cuprosus. Phosphis calcaricus. - cupricus. Carbonas magnesicus. Oxalas manganosus (32). Fluas aluminius. Tartras manganicus. Fluas silicicus. Moiybdænas stannosus. Boras ytlricus. Molybdænis zincicus, etc. Chromas beryllicus: b. Salia acida 1. acido supersaturata. Supersulfas kalicus. Superoxalas kalicus supremus, Superoxalas kalicus. etc. c. Salia basica 1. basi supersaturata. Subboras natricus. Subnitras-plumbicus. Suboxymurias calcaricus. .Submurias ferricus. Subsulfas cupricus. Subnitris plubicus-inferius, etc, d, Salia duplicia. Sulfas aluminico-kalicus (33). Phosphasammonico-magnesicus. Murias ammonico-manganosus. T'artras kalico-natricus (35). Tartras kalico-ferrosus (34). Tartras kalico-stibiosus (36). Sulphas ammonico-cupricus. Subsulfas ammonico-cupricus(* “ 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE e. Combinationes acidorum cum acidis. Nous devons aux découvertes de MM. Davy, Gay-Lussac et Thenard, presque toutes les connoissances que nous possédons sur ces combinaisons. Elles sont encore très-peu examinées, mais il y a toute probabilité que l'acide le plus foible joue le rôle de base à l’égard du plus fort, Je crois qu'on peut les nommer de la manière suivante : Acidum sulfurico-muriaticum, nitroso-nitricum. nitroso-muriaticum. muriatico-phosphoricum, muriatico-arsenicosum. muriatico-arsenicicum. fluorico-boracicum, etc. ERAET) f. Combinationes aguæ]. oxidi hydrogenici cum acidis, oxidis et salibus, # L'eau a deux manières de se combiner avec d’autres corps oxidés : 1° élle se combine avec les acides en leur servant de base, et avec les bases, auprès desquelles elle joue le rôle d’un acide, à l'instar de quelques autresoxides métalliques qui tantôt s'unissent avec les acides comme des bases, et tantôt avec les bases comme des acides. Il est prouvé que les acides sulfurique, nitrique, mu- riatique, oxalique, tartarique et citrique ne peuvent pas être produits en état d'isolation, et que dans l’état de leur plus grande pureté, ils contiennent une quantité d’eau dont l’oxigène est égal en quantité à celui d’une base qui sature la même quantité d’acide. On peut donc considérer ces combinaisons comme des sels à base d’eau; 2° plusieurs de ces sels, ainsi que plusieurs sels à d’autres bases différentes, se combinent à une nouvelle quantité d’eau qui forme l’eau de cristallisation, et qui peut en être éloignée par la chaleur sans que la combinaison saline en soit décomposée. Pour déterminer tous ces différens états des combinaisons de l’eau, je nommerai une combinaison d'un acide avec l’eau comme base de la même manière qu’un sel, par exemple, l’acide sulfu- rique concentré su/phas hydricus, et le gaz acide muriatique murias hydricus. J'appellerai les combinaisons de l’eau avec les bases, ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 bases, comme on a déjà fait long-temps des hydrates. Au reste, je crois qu'il vaut mieux de dire tout bonnement qu'un sel quel- conque contient de l’eau de cristallisation , que d'inventer un nou- veau terme pour l'indiquer. — [1 est évident que ces noms que je viens de proposer ne doivent pas être substitués à ceux que nous avons adoptés jusqu'ici, par exemple, murias hydricus , au lieu de gaz acide muriatique, qu'aussi souvent qu’on veut diriger l'attention du lecteur sur l’eau qui y est combinée, ou lorsque cette eau joue un rôle dans le phénomène chimique dont nous voulons faire la description (38). Sulphas hydricus. Hydras kalicus. Murias hydricus. — baryticus. Oxalas hydricus (39), etc. — cupricus, etc. IV. Combinationes combustibilium cum oxidés. Cette classe renferme les combinaisons de quelques métalloïdes avec les alcalis, les terres alcalines et quelques oxides métalliques, ainsi que les combinaisons des sulfuretum, telluretum et boretum hydrogenii, avec des bases salines qui possèdent une plus grande afinité avec l’oxigène, que l'hydrogène et le métalloïde avec lequel celui-ci est combiné. Sulphuretum baryticum. Hydrosulphuretum stronticum. Boretum natricum. H y droboretum natricum. Hydrotelluretum kalicum. Hydrosulphuretumstibiosum 40. Hydfosulphuretum mangano- ————- 7incicum. sum. Pour déterminer les trisules formés par le soufre et l'acide sulfureux, ou par le soufre et l'hydrogène sulfuré avec les bases salines, je les appellerai, par exemple, Sulphis ferrosus sulphuratus. Hydrosulphuretum kalicum sulfuratum, V. Combinationes oxidorum cum oxidis. Autant que ces combinaisons ne contiennent que deux oxides, en peut les nommer selon le principe de définition de la nomen- clature, en donnant au nom de l’oxide le moins électronégatif, Tome LXXIII. OCTOBRE an 18rx. Mm 279 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la même terminaison qu'à celui des acides dans les sels; maïs quand ces combinaisons contiennent 3, 4 ou plusieurs oxides, elles deviennent des objets de la nomenclature minéralogique. Voici quelques exemples des combinaisons binaires. T'elluras kalicus. Stannas ammonicus, Silicias kalicus. Stannis kalicus. Silicias baryticus. Niccolas ammonicus. Aluminias kalicus. Tridias kalicus. Alumimas magnesicus. Osmias natricus. Zincas ammonicus. Platinas kalicus, etc, | B. Composita organica. J'ai parlé de la manière dont les produits organiques sont composés; comme ils ont presque tous les mêmes parties cons ütutuves, ne différant que dans les proportions, ils ne peuvent pas être nommés d’après le méme principe que les corps inorga- niques. Dans mes analyses de quelques végétaux, par exemple, de la mousse d'Islande et d’autres espèces de lichen qui produisent de lamidon, du quinquina et de l'écorce intérieure du pinus syl- vestris, J'ai tâché de prouver que les substances végétales, que nous considérons comme des parties constitutives générales des végétaux, varient dans leur nature, autant que les plantes d’où elles sont tirées, J’ai prouvé, par exemple, que ce que nous ap- pelons {annëin, quoiqu'ayant des propriétés chimiques générales, diffère d'une manière très-sensible d’après la plante qui l'a produit, et que le tannin des galles, du cachou, de l’uva ursi,-de l'écorce de bouleau, etc., sont autant d'espèces différentes de tannin. IL en est de même des huiles volatiles, des huiles grasses, des ré- sines, de l’amidon, etc. fl faut donc ranger ces substances à la manière du système botanique, en formant des £enera et des species, et en conservant à chaque genre le nom qu’il a eu jusqu'ici. Comme je ne possède moi-même assez de connoïssances, ni des plantes, ni des varialions qu’offrent les matières qu’elles pro- duisent, j'ai eu recours à M. Wahlemberg, célèbre botaniste, dont le Traité deSedibus materiarum immediatarum in plantis (Ups. 1806—7) fera époque dans la Chimie végétale. Il a eu la bonté de me communiquer le projet suivant sur la manière de ranger les matières végétales systématiquement, Je dois observer ET D'HISTOIRE NATURELLE. 271 “qu'il s'est borné aux substances qui, d’une manière ou d'autre, peuvent être des objets de recherches pour les médecins eu les pharmaciens. 1. Vegetabilia. I. Genus. : Saccharum: dulce, solubile in aqua etspiritu vini. Spec. 1. Chrystallisatum : hyalinum, durum. Sacchari officinarum. 2. Grumosum: opacum, molle. Mannæ |: orni; in caricis pinguibus et in pas- sulis may. 3. Mucosum, Syrupus. Succus glyeyrrhizæ et polypodii. L Maltum è hordeo. Sevum betulæ albæ, II. Gummi. Tnsipidum; in aqua solutum præcipitatur à spi- ritu vini. Spec. 1. Fragile : conglutinans, in acidis solubile. Gummi arabicum et Senegal. 2. Compactum, conglutinans , opacum. G. Tragacanthæ. 3. Mucilaginosum : haud conglutinans. G. radicis altheæ off. seminum li reydo- niorum, psillii. 4. Viscidum : haud conglutinans, in aqua valdé extensibile et contactu aëris tenacitatem augens. J ; * G. radicis symphyti, fuci saccharini, semi- num fœnugræci. 5. Adstringens. G. cerasorum. III. Amy lum. Solubile in aqua fervente haud ver in frigidä, Spec. 1. Glutinosum: putrescens. Tritici. Oryzæ. ‘2. Fæculaceum : acescens, pulveraceum. E: tuberibus solani, manihot, ari. Sagu ë caude palmenum. M m 2 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . 3. Mucilaginosum : nunquam pulveraceum. Varielas à Gelatinans: lich Islandici,plicati, barbati. Radicis saleb (?). B Viscidum : lichenis hyperborei, probossidei, Fastigiali, fraxinei. IV. Lignum. Spec. 1. Eburneum. Ebeni, guayaci, quercus. 2. Scissile, E Cedri, sassafras, betulæ, pini. 3. Fibrosum I. textile. Cannabis, lini, è cottice nucis cocoës. 4. Cellulare 1. tuberosum. , 1 Suber. epidermis betulæ, Medulla sambuci. V. Pingueoleum. Spec. 1. Cereum : nunquam rancescif. Myricæ ceriferæ, rhois succedanei , cacao ; nucis behen (?). È 2. Siccativum. Lini, juglandis, papaveris, cannabis. 3. Rancescens. Olivarum ,amygdalarum ,rapæ, raphani chi- nensis , lycopodii pulveris.— Palmæ ? 4. Nervinam. | Coffeæ arabicæ, laurinum, nucis moschatæ. a) Pingueoleum cum alkaliis 1. sapo. Sapo kalieus. S. natricus. S. ammonicus. Sapo kalicus à cera, ex oleo lini, etc. B) Pingueoleum cum oxidis metallicis 1. emplas- um. Emplastrum plumbicum. VI. ‘Acidum. À. tartaricum, A. benzoïcum. — oxalicum. — gallicum. «— Citricum. — prussiacum. — malicum, — aceticum. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 273 VII. Gluten, in aqua frigida solutum præcipitatur à calore. Spec. 1. Elasticum. Farinæ tritici. 2. Albuminosum (albumen vegetabilium) in semi- nibus pisi, secalis, etc., in tuberibussolani,etc. Cum pingui oleo constituit emulsiones semi- num cannabis, amygdali, papaveris, cucu- meris, etc. 3. Fæculaceum: citd præcipitatur ab aëre. Viride in succis expressis herbarum. In acidis solutum efficit gelatinam baccarum berberidis, cerasi,chamemori, etc.,necnon succumacaciæ ægyptiacæ, baccarum myr- tilli, etc. : VIII. Extractivum : eximiè coloratum, præcipitatur ab aëre, vix vero à cinchono. Spec. 1. Mutabile : colore ab alkali eximié mutando. Florum violæ, aquilegiæ, cyani, baccarum myrtilli; radicis curcumæ, anchusæ tinc: toriæ, ligni campechiani. 2. Tinctorium. Radicis rubiæ, seminum orellanæ ; stigma- tum crocl. 3. Resinosum. Gummi ladanum. Tacamahaca. Aloe, (?) 4. Saponaceum. În folis saponariæ, in fructu sapindi, hip- pocastani. 5. Amarum. Varietas «) Facilè in aqua solvitur. Gentianæ, trifolii aquatici, aris- tolochiæ, cardui benedieti. B) In aqua difficiliüs solvitur. Quassiæ amaræ. Lichnis islan- dici. IX. Stypsis præcipitatur à cinchono et à salibus ferricis cum colore eximio. Spec. 1. Tonica: cum salibus ferricis virescens. Succus cathecu. Gummi Kino. Cortex alni, pini sylvestris , etc. Radix britannicæ , rbabarbari , etc, 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2, Coriaria : cum salibus ferricis cœrulescens. Succus hypocistidis, cortex quereus , sali- cis, etc. Radix salicariæ, speudacori, tor- mentillæ, alchemillæ, bistortæ, caryophyl- latæ, stolones rhuis coriariæ, uvæ ursi, siliquæ pocneianæ coriariæ. 3. Atramentaria ; cum salibus ferricis nigrescens. Gallarum turcicarum. X. Cinchonum: præcipitatur à stypside, vix verd à gelatina anumali. Spec, 1. Nauseosum: decoctum refrigescens limpidum persistit. In cortice angusturæ, cinchonæ caribeæ. 2, Balsamicum: decoctum refrigescens lactescit. Cinchona flava. Cortex cascarillæ. 3. Adstringens : vix nisi in spiritu vini solvitur. Cinchona rubra. XI. Ærheroleum. Spec. 1. Fugacissimum, La floribus jasmini, melilothi, convallariæ , tiliæ, cheri, zellii albi. In herba asperulæ, odoratæ, geranii moschati; in radice rho- diocæ, cyperi longi, iridis florentinæ. 2. Fragrans. Citri, aurantu,menthæ , rosmarini , cayepu- t1, etc. 3. Crystallisatum: Camphora. 4. Aromaticum : calidum. Cardamomi, cinnamomi, anisi. 5. Piperinum, aromaticum, fixum. d ; Piperis, cubebe, granorum paradisi, zingi- beris. 6. Acre: vesicatorium. Sinapis, armoraicæ, allii sativi. 7. Amarum. Millefolu, absinthii. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 XII. Resina : in spir. vini soluta præcipitatur ab aqua. Spec. 1. Balsamea : Terebinthina veneta , balsamum peruvia- num, elc. 2. Picea : Colophonium , sandaraca, mastiche, guaja- cum, anime, 3. Colorata : Sanguis draconis. Gummi laccæ. Ligni san- talini rubri. 4. Benzoina: Benzoë. Styrax, etc. XIII. Gutta: è plantis exstillat opaea, colore lacteo; sed influxu aëris redigilur in massam subdiaphanam. Spec. 1. Extractiva: Gummi gutta. 2. Glutinosa : Opium. 3. Elastica : Cabhum. 4. Mucilaginosa : Taraxaci. 5. Resinosa : Jalappæ. Scammorei, euphorbii, chelidomi. 6. Vernicosa : Vix solvitur in alkohole, sed bene in æthe- . roleo. Copal, Vernix e Rhoë. 7. Fœtida : . Galbanum ; gummi ammoniacum, opopo- nax , assa fœtida , sagapenum, bdellium. Il, Animalia. Leur classification se fait d’après le même principe que celle des végétaux. On voit clairement que toute classification des matières animales d’après leur composition, c’est-à-dire, d’après qu’elles abondent en oxigène, hydrogène, nitrogène ou carbonique, est parfaitement inutile et n’aboutit à rien. 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le sang, la bile, les muscles donnent chacun un genre, et celui de chaque espèce d'animal en fournit une espèce. Il seroit inutile de les détailler ici , je me contenterai uniquement d’énu- mérer les acides qu’on a trouvés dans les substances animales. Acidum ureium. Acidum formicum, — lacticum. — amnicum. LIT. Corpora destructione corporum organicorum orla. a) Fermentatione. Spiritus !. alkohol. — VInl. — frumenti. — sacchari. — oryzæ. ÆAcetum : acidum aceticum dilutum, impurum, Acetum vini. — cerevisiæ |. malti, — pomorum. b. Æcidorum ope. ÆAcida. Acidum mucosum. — subericum. — camphoricum. Æther. - Æther purus Il. sulfuricus, — nitricus. — muriaticus, * ’ — phosphoricus. ! — aceticus, etc, Olea œtherica, Oleum vini. Æther oxymuriaticus.. c. Reliquia antiquæ organisationis destructæ. (Corpora inorganica secundüm principium productionum orga- nicarum composi{a ). Acidum ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 Acidum mellilithicum. Succinum. Anthrax. Maltha, Naphta. d. Ope ignis. (Huiles empyreumatiques). Pyrélajum. Pyrelajum Tartari. — succini. — epidermidis betulæ. — ossium. j — Pingueoleorum. (Huiles empyreumatiques épaisses), Pyrolipum. Pyrolipum pini liquidum (poix liquide). — siceum (poix navale). — succini. ÆAcidumn. Acidum succinicum. — pyrotartaricum. — pyrouricum. RE EIRE ES EL PR PIONEER TPE PEN RS NOTES. (r) La plupart de ceux qui ont traité ces matières, emploient ces dénominations en sens contraire. M. Davy ayant trouvé que les substances que je nomme é/ectropositives , mises en contact avec les substances électronégatives, acquièrent toutes deux une électricité opposée à celle d’après laquelle je les ai nommées; il est possible que j'aie eu tort de changer cette signification, mais voici mes raisons: la pile ayant décomposé un corps quelconque, par exemple un sel, l'acide s’est rangé autour du pôle positif et l’alcali autour du pôle négatif; or, l'acide étant mis en liberté, c’est-à-dire à son état électrochimique originaire, par Pinfluence d’une électricité qui manque au point où le dégagement se fait, n'est-il pas plus vraisemblable de croire que la quantité d'E + Tome LXXIII. OCTOBRE an 1811. Nn = 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui entre par les conducteurs dans la liqueur exposée à la dé- composition, ne pouvant se décharger à travers de celle-ci, les ÉE se déchargent par un moyen chimique, en combinant ce qui à chaque moment devroit s’accumuler avec les corps qui se présentent au contact des conducteurs d'E+, en mettant en liberté une particule de l'acide, et PE — en dégageant une particule de l’alcali se déchargent, et les deux EË se mettent en équilibre, pendant que celui des principes constituans de la liqueur se détruit. — Voici comment on peut s'imaginer gro- Sièrement l'opération intérieure de ce phénomène. F'g. 1. Oxigène. GER TO OOOONES RL ERREURS 000000 Hydrogène, Fig. 00 6600 E ne QE ° (ejeteterererr Hydrogène. t Pr 00000000 E + _ ® 29 CO RGOBOO ” B. Les petits globules de la fig. r représentent les deux parties constitutives, par exemple, de l’eau; aussi long-temps que ces globules sont situés l'un auprès de l'autre, la combinaison est neutre. Exposée à présent dans le travail de la pile, PE sur- abondante au conducteur positif, attiveræ un globule d’oxigène qui y fera disparoître le surplus d'EÆ, pendant que l'E — en fera autant avec l'hydrogène au conducteur négatif. Les globules se rangeront comme dans la fig. 2, et la ligne des globules d’oxi- gène marchera de plus en plus vers le conducteur positif, pendant que celle de l'hydrogène ira en sens contraire attirée par le pôle négatif. Ce phénomène durera autant que la liqueur envi: rounante aura de nouvelles particules pour suppléer à mesure que les autres se rangent chacune autour du pôle qui les attire, Pendant ce jeu des puissances électriques, la neutralité se con- serve parfaitement entre les points des conducteurs. Si vous vous imaginez que dans la fig. 3, les trois zônes de globules soient de trois diflérens sels dissous dans de l’eau, il est évident que les trois bases arriveront l’une après l’autre au pôle négatif, comme nous le savons par des expériences déjà publiées. Je ne cacherai cependant pas qu'il y a encore une, mauière ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 d'envisager cet décomposition, c’est-à-dire, lE + au conducteur positif donne naissance, par une décharge dite chimique, à une particule d'hydrogène, et la repousse comme ayant la même E qui abonde au pôle, pendant que l’oxigène est repoussé de la même manière de l’autre côté. Les figures auxquelles je me suis rap- porté plus haut , servent aussi pour ÉrnbatEn cette idée, et font voir comment.il est possible qu'une particule d’oxigène pro- duite et repoussée par le conducteur négatif, ne soit point mise en liberté, et comment par une impulsion communiquée à toute la ligne d'oxigène, ce n’est qu’au conducteur positif que la der- nière de ces particules ne trouve point une particule correspon- 2 d'hydrogène, et qu’en conséquence elle s’y dégage en forme e gaz. La différence entre ces deux hypothèses consiste donc prin- cipalement dans ce que dans la première l'E + asrire la ligne des globules d’oxigène, et l'E— attire celle des globules d'hy- drogène, lorsque dans la dernière hypothèse l'E repousse la ligne d'hydrogène et l’E — celle d’oxigène, en partageant entre elles les électricités réciproques. Je ne chercherai pas à déterminer laquelle de ces deux ma- nières d'expliquer ce phénomène est la plus vraisemblable, j'ob- serverai seulement que siun jour il est prouvé que J'ai eu tort de changer les significations d’électropositif et d’électronégalif, on n’a qu'à changer les deux mots, et la chose reste absolument la même. . (2) Dans les expériences extrêmement intéressantes de MM. Schrader, Braconnot, etc., nous avons vu des végétaux lantés dans de l’oxide de plomb pur, dans du soufre pulvérisé, dans du sable bien lavé, etc., et humectés avec de l’eau dis- tillée, produire une quantité considérable de substances qui n’exis- toient, ni dans la terre où ils étoient plantés, ni dans l’eau, ni, autant que nous savons jusqu'ici, dans l'air. Ces substances d’où viennent-elles ? | (3) Dans la première nomenclature anti-phlogistique on em- ployoit le mot carbonicum pour exprimer le radical carbonique et pour le distinguer du charbon. En admettant que le soufre et le phosphore, dans leur état ordinaire, étoient des substances pures, on ne jugea pas nécessaire de distinguer sulphuricum de sulphur. Mes expériences m'ayant démontré que le soufre le plus pur retient toujours une pelite quantité d'hydrogène sulfuré , Nnz 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE j'ai cru dans la nomenclature chimique devoir faire une distine- üon entre sulphurium et sulphur, et entre hosphoricum et phosphorus, les noms sulphur et phosphorus indiquant toujours ces substances telles qu’on les trouve ordinairement dans ecommerce. Dans mes expériences sur les proportions déterminées entre les élémens qui constituent la nature inorganique, j'ai fait voir que le soufre pouvoit être considéré comme une,substance contenant de l’oxigène, et que dans ce cas il seroit au sulphuricum dans le même rapport que l'azote l’est à l'ammonium ; mais le soufre ayant de commun avec larsenic et avec le tellure, ces propriétés qui donneroient lieu à ce soupcon, on ne sauroit le considérer comme bien vraisemblable. . (4) L’acide muriatique est le seul corps qui ait jusqu'ici op- posé à Ja puissance électrique de la pile et aux agens chimiques les plus forts, une aflinité invincible entre ses principes cons- titutifs, 11 est cependant prouvé, par un calcul très-simple que Jai communiqué dans mes expériences sur cet objet, que l'acide muriatique contient un radical combustible qui, selon toute apparence, doit appartenir à l’ordre des métalloïdes. Quant à ses propriétés électrochimiques, il paroît occuper la place entre le soufre et le phosphore. On a douté, et plusieurs chimistes doutent encore de son existence, parce qu'on n'en connoît encore aucune autre combinaison qu'avec l’oxigène. Je suis per- suadé qu’on parviendra un jour à le détacher de l’oxigène en le combinant avec un corps combustible quelconque, et que par ce moyen là son existence sera reconnue. (5.6) Fluoricum et boracicum , les noms qu’il faut donner aux radicaux combustibles de l'acide fluorique et de l'acide boracique. Nous devons la découverte de ces métailoïdes à MM. Dayy, Gay- Lussac et Thenard. (7) Wolfranicum est sans doute un mauvais nom, mais il est le meilleur parmi ceux qu’on a donnés à ce métal; car celui qu’on a dérivé du mot suédois, tungsten, qui signifieune pierre pesante, est encore moins propre. Plusieurs auteurs allemands ont donné le nom de scheelium à ce métal, ainsi que celui de gadolinia (gadolinerde) à Fyttria. C’est sans doute un grand honneur pour ma patrie de voir le nom de deux de ses.savans consigné à la postérité d’une ma- nière aussi éclatante, mais outre que ces célèbres chimistes n’ont pas besoin de ce moyen pour éterniser leurs noms dans les ET D'HISTOIRE NATURELLE. Dô1 annales de la science, c’est une très-mauvaise méthode d'em- ployer les noms propres dans des dénominations du peu de substances qui, dans l’état actuel de la science, constituent les élémens de la nature. T'ant que la mémoire de ces hommes, dont nous empruntons les noms, sera encore récente , nous trou- verons toujours quelque chose de ridicule dans les inflexions que souvent il faut donner aux mots chimiques, par exemple, schéelate de gadolinie, scheelsvrad gadoliniord. Au reste, il seroit trop injuste d'oublier à cette occasion les chimistes qui, plus que tous les autres, ont contribué à enrichir la liste des mélaux, Que diroit-on si un jour on nous donnoit un klapro- thium, un vauquelinium; et pourtant ces deux chimistes n’ont pas moins de mérite que MM. Scheele et Gadolin? (8) Tellurium, les oxides duquel nous ne connoissons encore que très-peu, se rangent auprès des métaux qui donnent des acides. L'oxide de tellure se combine avec les alcalis, le degré de son affinité pour les bases salines, comparé avec celui des autres acides métalliques, décidera sa place parmi eux. Le tellure se combine avec l'hydrogène , et donne dans cette combinaison une substance électropositive qui, selon M. Davy, se combine avec - les bases salines. 11 faut donc que ce métal qui, sans intervention de l’oxigène, manifeste des propriétés électropositives, occupe un rang distingué parmi les métaux électropositifs. (9) M. Wolaston nous a prouvé que l’oxide métallique décrit par M. Hatchett, sous le nom d'acide colombique, loin de mé * riter le nom d’un acide, n’est que le même oxide métallique dont M. Ekeberg a fait la description sous le nom d’oxide de tantale. M. Ekeberg a trouvé de l'acide wolframique: dans un minérai de tantale qui possède la même pesanteur spécifique, et les mêmes caractères extérieurs que le columbite, d’où ül conclut que l’acide columbite de M. Hatchett n'a été qu'un mélange d’acide wolframique avec de l’oxide de tantale. On peut par là concevoir comment dans les expériences de M. Hat- chett l'acide columbique a été dissoluble dans du souscarbonate de potasse, et qu’étant fondu avec du sel microcosmius au chalumeau , il a produit un verre bleu , propriétés qui sont dues à l’oxide de wolfram et qui n'existent pas dans celui du tantale. Le nom de columbium cesse donc d'exister dans la liste des métaux, et celui de tantalum donné par M. Ekeberg, étant à la fois significatif et harmonieux, doit être conservé. } (10) Le nom vulgaire de ce métal, antémonium, étant trop 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE long et presque tout-à-fait inapplicable dans les dénominations des combinaisons qui forment ce métal, et qui sont si usitées dans la pharmacie, j'ai eu recours à celui de stbéum adopté dans la première nomenclature antiphlogistique, mais rejeté par des auteurs plus modernes. -(11) Manganium, nom donné par les chimistes allemands à ce métal au lieu de celui de z7anganesium, plus long et plus susceptible d’être confondu avec celui de magnesia, dont le radical a été nommé #7agnium par M. Davy, pour éviter toute confusion. En adoptant le nom de r7anganium pour ie manganèse, j'ai cru pouvoir nommer le radical de la magnésie 2agnesium. (12) Quelques auteurs allemands ont donné le nom de cererium à ce métal, en accusant M. Hisinger et moi de ne pas ayoir fait attention à la déclinaison du nom de ceres d’où il est dérivé. Nous avons cru qu’un nom plus aisé à prononcer mériteroit la préférence, quand celui formé d’après les règles de l’étymologie étoit aussi mauvais que celui de cererium, et c’est par cette raison que je conserve encore celui de cerium. (13) Les Français et les Anglais conservent encore pour ces alcalis les noms de potassa et de soda, parce qu'ils ‘accordent mieux avec leur langue que celui de ali et de natron. Cependant, comme la potasse indiqueune masse contenant de l’alcali végétal, qui est un objet de commerce, il faut un autre nom pour cet alcali dans son état de pureté. J'ai employé celui de kali, adopté ‘par les chimistes allemands les plus distingués. Il est de même avec les noms natrumn et soda. Ainsi il faut nommer les bases métalliques de ces alcalis kalium et natrium , au lieu de potassium et de sodium. (14) Ammonium. Je ne crois pas que tous les lecteurs soient d'accord avec moi sur la nature de ce corps problématique. La facilité avec laquelle l'ammoniaque se convertit en azote et en hydrogène, ainsi que l’idée que ces deux substances sont aussi simples que le soufre, le charbon, etc., a affermi l'opinion sur la composition de cet alcali, d’une telle manière que les chimistes ne l’abandonneront pas sans des raisons convaincantes. Les ex- périences sur lesquelles J'ai fondé mon opinion à cet égard, paroïssent prouver d’une manière assez claire, que l’ammoniaque est composée d’une base métallique et d’oxigène, Ces expériences ne sont peut-être encore connues que d’un très-petit nombre de chimistes, qui, n'ayant pas encore eu occasion d’en examiner ET D'HISTOIRE NATURELLE. 283 les résultats, ont différé de former leur opinion sur cette matière, mais dans la conviction que tôt ou tard ilsme donneront raison, j'ai placé l’ammonium parmiles métaux. J'en ai fait le tout dermier, c’est-à-dire, le plus électronégatif, parce que les autres métaux se laissant la plupart réduire sans que l'attraction du métal vers quelqu’autre corps combustible y contribue, l’am- monium ne peut être réduit qu’en contact avec le mercure, dont l'aflinité avec l'ammonium métallique facilite la séparation de l'oxigène ; ainsi que le radical muriatique, n’est encore connu qu’en combinaison avec l’oxigène, nous ne connoissons d’autres combinaisons de l’ammonium qu'avec l’oxigène et avec ie mercure. (15) Les combinaisons inorganiques qui sont composées de trois, quatre ou plusieurs corps simples, ne sont en eflet que des com- binaisons entre deux ou plusieurs binaires, par exemple, les sels, les combinaisons des oxides. Les sulfures métalliques qui sont composés de soufre avec deux, trois ou plusieurs métaux, doivent être considérés comme composés d’autant de snlfures diflérensg Il est évident qu'on peut de même envisager les alliages mé- talliques cristallisés (qui souvent contiennent plusieurs métaux), comme composés de combinaisons binaires, (16) J’ai rangé ce gaz à côté des sous-oxides, parce qu'il en possède les caractères en ne se combinant avec aucun autre corps oxidé. : (17) Je crois que malgré que la nomenclature systématique doit être suivie, et qu’ainsi les noms d’oxide de kalium , éte., soient les véritables expressions scientifiques, nous pouvons conserver pour les alcalis et les terres les noms qu'ils ont déjà eu si long- temps, et qui en outre sont plus courts et plus faciles à prononcer. (18) L’oxide cérique a la propriété d’un suroxide de développer par l’action de l'acide muriatique du gaz acide muriatique oxi- géné, mais il ne peut pas être compté parmi les péroxides, parce qu'il donne des sels caractérisés et bien distingués de ceux de l’oxide céreux. (19) L’oxide cuivreux occupe le rang entre les -sous-oxides et les oxides , en possédant pourtant des caractères qui le raugent à côté des derniers. Il ne se combine pas avec tous les acides, et produit par leur action du cuivre métallique et un sel à base d’oxide cuivrique. Il se forme, ainsi que les sous-oxides, sur la surface du cuivre, ayant un lustre métallique et ne se détachant pas de la surface, comme le font ordinairement les oxides. 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE (20) Ce sont ces deux qui résultent de l’action de l'acide mu- rialique oxigéné sur le soufre, et dont j'ai eu occasion de faire mention dans mes expériences sur les proportions déterminées. (2r) Gaz oxide d'azote et gaz nitreux. Je les ai rangés parmi les oxides, parce qu’ils se combinent avec plusieurs corps oxidés. M. Davy a prouvé qu’ils peuvent être combinés avec les alcalis, quoique cette combinaison ne puisse se faire directement. (22) J'ai donné le nom d’acide oxi-muriatique à l'acide qui se trouve dans les muriates suroxigénés , parce que les deux degrés d’oxidation intermédiaires entre ces deux acides ne méritent point le nom d’acédes. Aussi je n'ai pas pu distinguer ces deux acides du radical muriatique, par les terminaisons osum el icum, parce que l'acide oxi-muriatique n’est pas à l’acide muriatique ordinaire dans le même rapport que les autres acides en £cum sont à ceux en osum, (23) Je ne suis pas bien sûr que le mangane ne donne point deux suroxides, du moins l’oxide manganique a-t-il les mêmes a bdIr 0 Sr sb Bee Ë propriétés à l'égard de l'acide muriatique que l’oxide cérique, (24) Le minium, ] (5) MM, Fourcroy et Chenevix en admettent un tel, et j'ai eu occasion, par une expérience à laquelle jai assisté, de me convaincre de son existence. ° (26) J'ai démontré par le calcul sur la composition de l'acide muriatique, qu’il existoit probablement un degré d’oxidation entre l’acide muriatique oxigéné et lacide suroxigéné, et M. Davy a depuis découvert ce degré d'oxidation. Ilest évident qu'aucun de ces deux oxides gaziformes ne mérite le nom d’un acide, parce qu'ils ne produisent aucune Combinaison, sans se défaire de leur oxigène ou sans s'en procurer une plus grande quantité pour former l'acide oxi-muriatique, Ils ne peuvent donc être rangés qu’à côté des suroxides. (27) Le fer se combine avec le charbon de plusieurs manières différentes qui, malgré leur importance , ne sont pas encore assez examinées pour qu'on en puisse dire quelque chose de certain, et tous les carbures sont en général très-peu connus. (28) Il y a la même différence entre un amalgame ou un mé- lange de deux métaux fondus etla combinaison cristallisée, qu'entre la solution d'un sel dans de l’eau, et la combinaison d'un sel avec son eau de cristallisation. La première se fait dans des,pro- portions ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 285 pr indéterminées pendant que la dernière obéit aux lois es proportions déterminées. (29) M. Wollaston a découvert un oxalate acide de kali, où le kali est saturé par deux fois autant d'acide que dans l’oxalate oxidule ordinaire , et j'ai moi-même trouvé que l’oxide de plomb produit des sels qui peuvent avoir excès de base à deux degrés. (30) Calomel. Hydrargyrus dulcis. (31) Hydrargyruscorrosivus albus: Mercurius sublimatusalbus. La nomenclature, tout en donnant un nom scientifique à ce sel, éclaircira les médecins et ceux qui étudient la chimie, sur la diflérence entre celui-ci et le précédent , sur lesquels tant d’auteurs pharmaciens ont eu des idées incorrectes. (32) Qu'on ne me reproche point d'employer pour exemple un acide dont je n'ai point fait mention. Aucun chimiste ne s'y méprendra. (33) On a cru que cesel avoit un excès d'acide : j'ai prouvé qu'il est si neutre qu’une combinaison de l’alumine avec l'acide le plus fort peut le devenir; la composition de ce sel est telle, que si l’oxigène de kali est = 1, celui de l’alumine sera = 3, celui de l'acide sulfurique — 12 et celui de l’eau de cristallisation 1242 ; (34) Tartarus martialis, (35) Sal rupeilense. Sal seignete. (36) Tartarus antimonialis |. emeticus. (37) Cuprum ammoniacum. Si l’oxigène de l’oxide cuivrique de ce sel est — r, celui de l’eau de cristallisation sera aussi = 7, celui de l'ammoniaque —2 et celui de l’acide — 3. (38) Nous avons encore dans la Pharmacie, besoin de déno- minations pour plusieurs dissolutions dans l’eau et dans d’autres menstrues, Ousldies pharmaciens les appellent Ziguores, mais ce nom étant applicable à toutes les substances liquides, je crois qu'on feroit mieux de se servir du mot agua, quand la solution est très-délayée, et du mot solutio aguosa, quand elle est plus concentrée. Ainsi j'appellerai la solution de la chaux dans de l’eau agua calcaria, mais la lessive caustique so/utio kali aguosa. Quant aux “M ance qui ne peuvent exister sans l'eau, ou à celles pe , SanS l'intervention de l’eau, n'existent qu’en forme de gaz, il paroît qu’on peut dans une nomenclature pharmaceu- Tome LXXIII. OCTOBRE an 161. Oo 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tique, omettre la présence de l'eau. Ainsi je ne dirai point solutio muriatis hydrici aquosa, solutio ammoniaci caustici aquosa, au lieu d'acidum muriaticum concentratum , ammoniacum concen- t'atum. Le mot dilutum pourra servir comme l'opposé de con- centratum, par exemple, acidum sulphuricum dilutum. Il paroît que le même principe pourra s'appliquer aux autres dissolvans, comme le vinaigre, esprit de vin, l’éther, par exemple, acetum sambuci , solutio gummi ammoniaci acetica, spiritus la- vandulæ, solutio camphoræ spirituosa, æther muriatis ferrici, etc. (39) L’acide oxalique cristallisé est une eombinaison entre l'oxalate hydrique et l’eau de cristallisation. En perdant son eau de cristallisation, l’oxalate tombe en poudre, L'eau qui reste en forme de base est précisément la moitié , autant que l’eau decristal- lisation, et ne peut pas être éloignée de l’acide qu’en le combinant avec une autre base quelconque. (40) Kermès mineral. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 287 MANUEL DU TEINTURIER SUR FIL ET SUR COTON FILÉ; PAR M. J. B. VITALIS, Professeur de Chimie à Rouen, etc. EXTRAIT par M. Vogel (1). LES progrès que la Chimie a faits depuis un siècle et demi, ont produit des résultats heureux et des applications infinies pour une foule d'arts. Aucune branche d'industrie n’a peut-être tiré autant de parti des procédés ingénieux de la Chimie, que l’art de la Teinture. Les Œuvres de Scheffer, Hellot, Berthollet, Hausmann, Raymond, etc, ont jeté beaucoup de lumière surles matières colo- rantes et sur le mode de les fixer sur les étofles ; l'artiste les consultera toujours avec fruit. M. Vitalis, qui est chargé par le Gouvernement de faire tous les ans un cours de Chimie général et un cours applicable à la Teinture , a senti la nécessité d’un ouvrage qui traite spécialement de la partie dont s’occupe un grand nombre de teinluriers de la ville de Rouen. Le Manuel du Teinturier dont nous allons rendre compte, présente en quelque sorte le plan et la marche que M. Vitalis suit dans ses lecons publiques. L'Ouvrage est divisé en deux parties principales. La première * renferme la description de toutes les substances dont le teinturier a besoin le plus fréquemment. L'auteur traite d'abord succinc- tement et avec clarté des acides minéraux et végétax usités dans l’art de la Teinture. 11 passe ensuite aux byses salifiables, aux diflérens sels terreux et alcalins et aux substances salino- métalliques. () Un volume in-8°. A Rouen chez Mégard. Ov 2 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Parmi les matières du règne végétal, M. Vitalis fait l’his- torique des huiles, des savons et des astringens, avec la même precision. ’élève teinturier étant bien familiarisé avec ces matériaux, l'auteur le conduit à la seconde partie, la plus intéressante de Fouvrage, aux opérations de la teinture. L'auteur commence par indiquer les moyens de rendre le fil et le coton propres à recevoir l'application des matières colorantes; il traite dans cette première section du décreusage, de l'engallage et de l’alunage, Il passe ensuite à la teinture du leu solide au moyen de lindigo, de là au bleu à l’aide du pastel et du vouède. Le rouge par le bois du Brésil, le carthame, le rocou, la garance el le rouge d’Andrinople sont décrits dans la 3me section. L'auteur a répandu plus de lumière, et il a porté quelqu’amé- lioration dans cette dernière partie. Les 4me, bme et 6me sections renferment le jaune, le fauve et le noir. La 7me section enseigne les couleurs composées, et c’est dans celte partie que réside peut-être le plus grand mérite de l’ou- vrage. Ces procédés , quoique très-nombreux , appartiennent en grande partie à M. Vitalis: tels sont ceux pour teindre le coton en noir, lilas, violet, palliacat, brun, marron, olive, etc., au moyen du pyrolignite de fer,-et la manière de teindre le coton en un superbe jaune doré, par l'écorce et les jeunes pousses de peuplier. La 8me section, enfin, traite de la teinture du fil de lin ou de chanvre. Nous sommes persuadés que cet ouvrage sera recherché avec raison par tous ceux qui se livrent à cette branche de la teinture, et nous n’hésitons pas de croire que les teinturiers peuvent tirer un grand avantage du Manuel dont l’auteur est connu pour un professeur distingué, un chimiste habile et très-expérimenté dans Vart de la teinture. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 289 VOYAGE DANS LES ENVIRONS DE CHRISTIANIA EN NORWÈGE; Par M. p£ BUCH, Membre de l’Académie des Sciences de Berlin, EXTRAIT par M. Vogel. PARMI les morceaux du cabinet de minéralogie de Copenhague qui donnent quelques éclaircissemens sur la géographie miné- ralogique de la Norwège, j'avois remarqué, dit l’auteur, du calcaire noir compact d’'Eger , du schiste argileux des environs de Christiania, et les produits dont on tire parti dans les fabriques d’alun près d'Opslo. J’ai trouvé ensuite dans cette partie de la Norwège, des roches fossiles, que l’on n’auroit jamais attribuéesaux montagnes de transition ; qui se montrent cependant ici en couches si distinctes qu’on ne peut avoir aucun doute sur cet objet. Lorsqu'on aura reconnu leur véritable nature, on quittera la la Norwège, avec la persuasion intime que ces contrées peuvent fournir à la géologie les renseignemens les plus importans. Du porphyre en montagnes puissantes, couché sur du calcaire avec pétrification sur ce porphyre un siénite composé presque entièrement de feld-spath à gros grains, et de la même manière un granite qui ne diflère en rien dans sa composition, du granit des montagnes les plus anciennes. Quel phénomène que celui du granite sur du calcaire coquillier, du granite servant de for- mation de transition! Peut-être aurois-je balancé encore long-temps à reconnoître ces 2çG9 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faits nouveaux si l’ingénieux Mémoire de M. Hausmann (1) n'avoit conduit mon jugement. En arrivant de la Suède, il faut s'approcher beaucoup de la ville de Cbristiania avant de soupconner ce changement des en- vus. L’Egeberg qui domine la plaine de Ja ville, consiste en- tièrement en gnezss schisteux, el on est déjà presque au pied de la montagne, lorsque paroïissent subitement les lames schis- teuses noires et ensuite les mines profondes d'alun. Ce sont les mêmes couches que l'on regarde volontiers en raison de leur cvuleur noire comme les précurseurs du charbon de terre, et qui occasionnent toujours des travaux infructueux. Aussitôt que le gneiss disparoît, le schiste argileux devient plus prononcé et se présente alternativement en couches minces avec du calcaire compact d’un gris noirâtre. Vers la pente d'Ag- gerseler j'ai trouvé les mêmes orthocéracites qui caractérisent dans toute l'Europe le calcaire noir de cette D Entre elles on trouve des pectinites et quelques autres pétrifications. Le calcaire ne devient jamais épais dans les environs de Chris- tiania, et je doute que l’on trouve des couches qui aient plus d'un pied de hauteur, Le schiste argileux reste toujours domi- nant, pénètre souvent dans les couches calcaires en les séparant en boules et en galles. Ces pierres , en raison deleur peu de dureté, ne peuvent pas servir à la construction. En revanche on y trouve des filons puissans de porphyre; sur la cime on appercoit un petit rocher tout isolé. On exploite ce porphyre et le schiste mou reste!sur les lieux. Quelque variée que soit la composition du porphyre dans les filons , on trouve à chacune une couche semblable dans la mon- tagne de porphyre. Souvent on seroit tenté de croireque la masse principale du porphyre étoit plus développée dans plusieurs filons :t décomposée en fossiles séparés. Elle ressemble d’une manière rappante au colmunzersteindu fichtelgebirge de Bayreuth. L’épi- «ote ou le pistacite paroît y être mélé, et il colore souvent en verd le feld-spath, On y trouve aussi entremélé du sulfure de fer cubique et de l’aimant en octaèdre. Presque toute la pres- qu'ile de Tyveholme près de Christiania, est composée de cette masse. Aggers au nord de la ville doit sa position élevée à ce _orphyre qui est disséminé de blende et de plomb sulfuré. Lorsque la masse des filons est semblable au porphyre, la masse fondamentale devient d'un gris foncé, compacte, écailleuse et (1) Voyez Journal des Mines de Moll., tome I. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 29% demi-dure; on y trouve des cristaux de feld-spath très-longs et de petits cristaux confus d’épidote. Dans d’autres porphyres on voit des cristaux de feld-spath très-considérables et en forme rhomboïdale. Ils brillent de loin et présenteut un spectacle frap- pant. Ces porphyres ne peuvent pas être rangés parmi ceux des montagnes primitives. Etant élevé à que centaines de pieds sur la montagne, j'arrivai à une vallée qui conduit entre des roches perpendicu- laires de porphyre .dans la montagne. C’est là où se réunissent les deux routes de Christiania et de Bogstadt. C’est aussi là où se termine la pierre calcaire, et avantle porphyre on appercoit, une espèce de grauwacke. Je me suis transporté sur la montagne la plus élevée, le Kolaas, et j'y ai trouvé la même gramvacke en couches alternativement rouges et grises de quelques centaines de pieds de profondeur. Lorsque le porphyre commence, il paroît en roches presque per pendiculaires , de [manière qu’on a la peine d’y grimper. Les pre- mières roches étoient du porphyre rectangulaire, et les secondes du porphyre rhomboïdal. 11 étoit donc démontré ici que le porphyre de roche ne pouvoit pas être primitif, il estde même du porphyre des filons. Il étoit en couche sur du grès, et celui-ci l’étoit sur du calcaire de transition. En descendant la montagne, on trouve encore du grès au- dessous du porphyre. Si l’on peut avoir de la confiance dans les observations, les roches dans les environsde Christiania sont posées dans l’ordre . suivant : , 10. Siénite de zircone, comme couche la plusélevée. 20. Au-dessous de cettecouche on remarque le granit. Il seroit remarquable, si l’on découvroit un jour dans ce granite, des pé- trifications. 30, Du porphyre. La hauteur de la montagne est de r600 pieds au-dessus du niveau de la mer. 4°. Du grès. 5°, Du schiste siliceux. : 6°. De l'argile schisteuse compacte semblable à la grauwacke. n°. De l’argile schisteuseet du calcaire noir orthocératite. 8°, Du granit. 95.11 est probable qu’il existe au-dessous du granit de l'argile schisteuse et du calcaire, mais on n’a pas d'observations déci- sives sur cet objet. Jei se termine la montagne de transition et il paroît enfin, 2°° Le gneiss, lamontague primitive de tout le nord. OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES SERRE EL ET RDS OO CPP CE PE PSE EIRE NE) « | THERMOMETRE EXTÉRIEUR ARE PRET a 5 CENTS Die BAROMETRE MÉTRIQUE. LE # TR À Ü G “| Maximum. | Minimum. |A Mini. Maximum. | Minimum. A T3 133 MIDI.| # heures» o |heures. È 0 heures. mill. | heures. mill. ill 1lads. H22ola5 m. +13,0| 422,2/à 105......... 765,08là Dhrbénuboc de 763,02|763,92 22,2 2[à 35. +21,0l4 54m. 410,0) #+19,4/à midi. ....…. 1705,92/4b ma 0 765,04[765,92| 21,1 E[à3s. H19,0/ 254 m. +10,3| +17,5/à 8m.........766,24là 11 5. ....... 764:341766,06| 19,7 gala 3s. +22,0fà 5£m, + 9,0! +19,3là 51 m........763,66à95.......... 761,4|762,90| 20,0 Sa Sés. 291154 m. 11,8] +24,3|/à9im........762,50 à5Lm........ 761,72,762,46| 21,2 6[à3s. +258 51m. +143] +23,9|1 71m... 762,84là 515........ 761,74|762,48| 22,1 7la3s. +H236l45Em. Æ11,3] H22,0|18É m....... 764,02/à 3+m........ 762,841763/04! 21,9 b[à3rs. +255 5m. + 9,8] Ho3,3|à 11 s........ 764,40{à 5 m..,.....763,741764,08| 29,2 ofa3s. 26,61 5 4m. 10,7] +25,9/là101m.......766,2213 s.......... 765,20|765,94| 22,4 sofa midi +-27,6/à 93 m. + 9,8] +27,9|a74in......,.766,14là 105.........764,36 765,42| 22,5 cifà midi +26,0/à 5 3m. 10,5] +26,o|à 75 m.......764,00jà 35..........761,20|763,44| 23,2 na 2s. “+29,4/49 4m. +13,0] +28,3)à nuidi....,,...763,80[à 5£m....... 76271|763,80, 23,7 13là3s. +262 55m. +13,8| H257|a9 ! m....... 764,80|à 6 s.......... 762,06|764.32| 24,0 Airqais, +26,7/à 5 £ m. +13,5| Æ26,0 alo me. 7010 Mise etiiere ...760,22|760,90!) 24,2 dhrslamidi +25,1/[a 5 5 m. 414,8] +25,1fà 9 m........,761,54/à52 m...... ..760,561761,60| 23,9 16[à3s. +22,3|à 5 + m. H14,3| Hz2r,olà 10m........ 762,70là545s......... 760,58|762,10| 22,4 Mlizlass. JNuageux. | ; 1 [Beauciel. Superbe. 651E. N.L.à7h6/s.|Vapeurs, léger brouil.| 7dem. Täem. G1| Idem Idem, Idem. Quelques nuages. 74 Equi. descend.| Très-nuageux. Nuageux. Idern. 7 Idem A demi couvert, Couvert, Très-nuageux. 81| Jdem (Couvert, |Petite pzuie. Idem. 84 |[O-S-0. Pluie, Idenrr. Nuageux. 86 |S. P.Q:43h58/s.| Nuageux. Pluie continuelle. Pluie continuelle. 84 [0 Idem. Nuageux. Nuageux. Pluie , brouillard, Pluie. Ciel vapeureux, Trouble etnuageux. |Frès-nuageux. Pluie averse. 1 |S-0. Petite pluie. Pluie par intervalles.|Nuageux, 85 | 1dem Nuageux. Très-nuageux. Forte averie, à 4 h. 85 [N-O. Idem. Pluie par intervalles. [Nuazeux. 86 |0. Très nuageux. Nuageux. Très-nuageux. Porre RÉCAPITULATION. Nr hat de 3 . INERAE CNT 6 trbéetesondeuE 5 Jours dont le vent a ;soufilé du SRE HO ARS “ SOPRER SEE b) OREE: JE 5 NEO ERP de I le 1° 12°,092 Therm. des caves s le 16 12°,089 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 45""55=— 1 p.8 lig. 2 dixièmes. ügrade , et la hayteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c’est-à-dire en millimètres et = emploie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté etdu thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le z7aximum et le ninimum moyens, du mois et de l’année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris et par - |exprimée en degrés centésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme. Tom 6e LXXIII. OCTOBRE an 1611. Pp 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EXAMEN CRITIQUE DE QUELQUES MÉMOIRES ANATOMICO - PHYSIOLOGICO - BOTANIQUES DE M. MIRBEL; Par L,. C. RICHARD, Professeur de Botanique à l'Ecole de Médecine : de Paris. nn Nora. Les Mémoires queje vais examiner sont imprimés. dansles Annales du Mus. d’Hist. nat., 7e année. AU RÉDACTEUR DU JOURNAL DE PHY SIQUE. MONSIEUR, L'ÉCRIT que j'ai l'honneur de vous adresser devoit faire suite à un Mémoire intitulé Analyse botanique des Embryons en- dorhizes ou Monocotylédonés , ete. La rédaction de l’un et de Vautre étoit terminée en février 1810; comme quelques botanistes -pourroient laitester, si cela étoit nécessaire. J’avois le dessein de les faire imprimer ensemble et en un même volume; et les rapports qu'ils ont entre eux me le faisoit desirer; mais des cir- constances particulières s'étant constamment opposées à l’exécu- tion de mon dessein, j'ai résolu, pour mettre fin à un délai déjà trop long, de les publier séparément par la voie de quelqu’ouvrage périodique. Comme le Journal de Physique, le plus ancien de ceux de ce genre, admet aussi des écrits sur la Botanique , j'ai pensé que vous voudriez bien y insérer celui que je joins à cette Lettre. J'ai l'honneur de vous saluer, RICHARD. ee LA . Nora. Le Mémoire mentionné dans cette Lettre vient d’être imprimé dans le X VIle volume des Annales du Mus. d'Hist. nat. est utile dé le lire avant ces Observations critiques, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 - MÉMOIRE DE M. MIRBEL, INTITULÉ PRÉCIS D'UN MÉMOIRE AYANT POUR TITRE, NOUVELLES RECHERCHES SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES Qui distinguent les plantes Monocotylédones des plantes Dicotylédones. TEXTE DU MÉMOIRE. CRITIQUE. La division des monocotylédons Nul doute que la division des RARE RE He Es ns plantes sexifères en Monocotylé- qu'à l'évidencelé Mémoire deM, Dé. 407665 et Dicolylédonées soit na- fontaines, imprimé dans le premier turelle. Maisilfautad mettre parmi volume des Mémoires del Institut... cesdernières desacofylédonées et # des polycotylédonées. 11 ne faut introduire dans les premières aucune des plantesdela Cryptogamie de Linnée, Le Cycas et le Zamia, dont l'Embryon a une struc- ture analogue à celle qu’on peut remarquer dans celui de l'Hp- + pocastanum , du Castanea, etc., refusent leur association aux Monocotylédonées. Que M. Mirbel, qui paroît approuver cette association, examine avec.un soin extraordinaire la disposition et la singulière struc- ture des fleurs et des fruits des Cycadées; qu’il les compare aux mêmes parties des Conifères; et 1l sera convaincu que laflinité de ces deux Ordres est telle, que la nature ne pourroit en créer un qui leur fût intermédiaire. Quoique les premières ne soient encore composées que de deux genres, elles lui offriront cependant dans leurs fleurs femelles les deux directions opposées qu’on trouve dans celles des secondes. Ensorte que les Cycadées ne diflèrent notablement des Conifères, que par leur port, la multitude des Pp2 296 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE anthères sur chaque écaille de leur cône et la soudure des deux Cotylédons en un seul corps. mes Ces observations, jointes à celles que j'ai énoncées ailleurs, engageront sans doute M. Mirbel à avouer, que l'organisation interne, dont il fait avec raison beaucoup de cas, n'indique pas toujours avec sûreté le nombre des cotylédons. IL n'ignore pas que son application est encore très-bornée : il conviendroit, ce me semble , de chercher à la généraliser, avant d’en faire la base d’une division primaire. Quelqu’utile que soit l'anatomie micros- copique du tissu des parties des végétaux, les applications peu heureuses que, M. Mirbel et d’autres en ont faites à la Botanique proprement dite, porteront toujours les botanistes à se défier des secours qu’elle leur proposera. n } 1 EL ° 1°. Comment doit-on considérer Mon dessein n’est point de ré- les cotylédons? 2° Pourquain’enexis- soudre ces questions : je dirai seu- ra 3 ES S : te-t-il qu'on dans une classe de ve” ‘[erient quelques mots sur chacune gétaux , et deux dans une autre clas- d'elles * es. se? 3° Le nombre des cotylédons auroit-il une inflaence directe sur 1°. On ,pourroit considérer les PO où dépendrort-il Le Cotylédons comme des ébauches méme de quélqu'autre caractere us à = 228 5 2: ADO RAT ke T3 RFO) di pape de feuil- monocotylédons etdes dicotylédons, 168; destinées à protéger la Gem- n'offre-t-elle point de différenceses- mule: elles semblent être à son sentielles? 59 L’organisalion interne, égard ce que les écailles gemmales $ K = fi sh. S tbe EC tentée ft” #00t AUX DAUSÉRONS. sus Je bois ? Voilà des questions qui mé 2°. Question insoluble.Cequ'or rilent l'examen des physiologistes. Je regarderoit comme la cause pour- ne me flatte pas de les avoir résolues, roit, comme dans beaucoup d'au- mais dumoïns j'ai tenté de-le faire, -£reg questions de ce genre, être et je pourrois garantir l'exactitude É ° ï = 4 de mes observalions, lors même que également PES pour | effet. mes conclusions se trouveroient fau- 3°. Les élémensprimitifs del'or: Li. (C:° ganisation d’une plante existent dansson Embryon. Lenombredes Cotylédons est une qualité délébile de l'Embryon, qui ne peut avoir aucune influence directe sur l’organisation de la plante que celui-ci doit former. L’effet de leurs fonctions est aussi borné que leur durée. Les Chätaigniers, les Chénes, etc. , que J'ai vus provenir d’un embryon tricotylédoné, n'offroient aucune» différence organique. Les jardiniers savent bien que ja variation du nombre des Cotylédons dans la même espèce de Conifére n'en amène aucune dans l’organisation des individus. Quelle: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 seroit l'influence du nombre des Cotylédons dans les Exorhizes qui n’en ont aucun? Cette dernière question répond aussi, quoi- qu'indirectement, au second membre de celle de M. Mibel. 4°. Je crois avoir démontré le premier les caractères qui diffé- rencient essentiellement la germination des Monocotylédonées et des Dicotylédonées. La question est donc un peu tardive, puisqu'elle est déjà résolue, du moins quant au fond, Nous verrons par la suite la solution que l’auteur en a lui-même donnée. Le mode de développement de l’Embryon dépendant de sa structure primitive ; une question sur celle-ci auroit dû précéder celle de la germination, ou bien en faire la première partie. 59. 60, La majorité des plantes de . deux classes sont her- bacées ; et néanmoins M. Mirbel prétend faire connoître les diflé- rences et la fixité d’organisation interne de ces deux classes, en les recherchant dans les seules plantes tigneuses. Les conclu- sions qu’il tire de ses observations ne sauroient donc se rapporter qu'à une portion seulement de ces classes, Mais des questions partielles ne conviennent pas au génie, qui peut deviner et par conséquent supposer des vérités qui lui sont inconnues. Tout grand observateur, qui, se défiant de son adresse et de ses sens, a rénété ses propres observations sur les mêmes objets, s’est vu si souvent obligé de les corriger et d’y suppléer des omis- sions, qu'il se garderoit bien de se cxcire exempt d'erreur et d'inexactitude. Mais M. Mirbel ne craint point d'annoncer, qu’il Ppêéut geruntir l’exactitudé de ses observations. Pour moi, qu ne- connois guère d'écrits où les observations botaniques soient plus inexactes et surtout plus imparfaites que dans ceux de M, Mirbel, je ne saurois accepter sa garantie. = Examinons d’abord la germination dans quelques plantes monocotylé- dones. Les Fougères appartiennent à cette classe, La graine du Pteris cre- tica , semée à la surface de la terre, produit, au bout de quelques jours , une petite feuille verte, en cœur, n'offrant aucune nervure , mais seu= lement un tissu cellulaire tres-fin. Cette petite feuille est appliquée sur la terre et ne montre , dans le premier moment, ni radicule, ni plumule : ces déux organes se développent à la pointe de la feuille. Comme il arrive Les sporules du Peris cretica ontd’abord une forme comme ob- tusément triangulée, une épaisseur notableetuntissuentièrementuni- forme. Lepremier effet de leur ger- mination est une augmentation en étendue : presqu’en même temps la portion de leur face inférieure ou deleur bord , quisetrouvedaus la circonstance la plus favorable; pousse de divers points de la sur- face de pelits filamens. De cet en- 298 danstouteslesplantes, la radicule pré- cède la plumule. Je dis la radicule ; et j'ai peut-être tort d'employer ici cette expression, car cette racine nais- Sante est composée de fils tres-nom- breux qui forment un véritable che velu. La plumule s'élève du même point; elle est roulée en crosse, com- me les autres feuilles des fougères. Il est évident que la destination du co=. tylédon du pteris, est de nourrir le germe ; il ne se développe le premier que pour remplir cet objet. On peut JOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE droit filamenteux de la face infé- rieure sort un petit tubercule, principe de la souche, dontle pour- : tour ou la base produit de petites racines et dont le centre ou le som- met s’alonge, se courbe pour dé- passer le bord, etc. Les petites ra- cines s’attachent à la terre par deuxrangsdefilamenslatéraux qui les rendent comme pennées, etc, Pendant la croissance de ces di- le comparer à ces feuilles qui SL - »se- À mt : lon les dernières observ ‘de verses parties, le corps prim itif M. Thouin, étant mises emterre, de la sporule s’est étendu, aminci, et a pris enfin l'apparence d’une petite feuille membraneuse, plus ou moins profondément bilobée, réticulé-veineuse, dénuée de vaisseaux longs et dont l’organisation est fort différente de celle des premières petites feuëllades ou Jrondelles, Ce court exposé de la germination de cette fougère, que M. Mirbel a assez bien décrite, suffit pour démontrer qu’elle n'a aucune analogie essentielle avec celle des vraies Monocoty- lédonées ou Endorhizes, Il a lui-même reconnu le manque de vadicule ; et l'expansion de la substance primitive de la Sporule m'est pas plus un cotylédon que celle qu’on observe dans diverses Agames et même dans les Champignons. Celui qu voudra com- parer cette germination avec celle des Endorhizes, dont j'ai donné plusieurs exetnples dans mon Mémoire , sera convaincu qu'elles sont essentiellement différentes, M. Mirbel se rapproche un peu plus de la vérité, lorsqu'il compare le prétendu Cotylédon aux feuilles reproductives con- nues par les expériences du savant et ingénieux professeur Thouin, En effet, les vraies racines ne naissent pas, comme on le pré- tend, de la feuille même, mais de la base du nouveau bourgeon, qui, avant l'espèce de germination de celle-là , n’existoit pas plus que celui de la Sporule, s’enracinent par leur pétiole et repro- duisent bientôt un végétal entier, Quelques botanistes seront peut être surpris que je me serve du mot graine pour désigner la poussière re- productrice des Fougères; ils diront avec de célebres observateurs, qu'une On ne trouve pas, dans la ger mination ci-dessus décrite, le corps germant enveloppé d’abord par un tégument, qu'il rejette ou ET D'HISTOIRE NATURELLE. graine est le produit du mélange es liqueurs séminales de l’organe mâle et de l'organe femelle, et que les fougères n’ayant point de sexesne sauroient avoir de graines. Ilse pour- roit qu’ils eussent raison ; cependant il seroit facile de leur opposer des au- torités respectables, mais ce n’est pas le lieu d’examiner ces questions dé licates ; et d’ailleurs , lorsque j’em- ploïe ici le mot graine, je n’entends porter aucun jugement sur le mode de reproduction des Fougères ; je veux seulement me faire comprendre de la plupart des lecteurs , qui voient dans la graine la première ébauche d’une nouvelle plante. Au fond , tant Ca la question relative aux sexes ans les Fougères ne sera pas jugée, 29g abandonne ensuite comme étran- ger à sa structure et à ses fonctions. Ce corps germant ne ressemble donc point à celui d’une graine proprement dite : les corpuscules reproductifs des Fougères ne sont donc pas des Graines. Ces plantes, comme toutes les autres Agames, pourroïent être considérées plutôt comme vivipares que comme sé- minifères ou ovipares. On seroit alors moins surpris de voir ces cor- puscules tantôtrenfermés dans un conceptacle commun, tantôt nus; et varier par leur situation, leur volume et leur forme, soit sur le eui i * AORRVIE E peu importe de quel motonseservira. nérne individu, soit dans les es- " pèces congénères, soit dans les genres d’un même ordre. La dénomination de ces corpuscules étant indépendante de la question de sexes, je ne sais pourquoi M. Mirbel refuse de substituer au nom impropre de Graëne celui de Sporule , que le célèbre Hedwig a utilement introduit et qui est applicable à toutes les plantes Zzembryonnées. Je suis étonné qu'un physiologiste d’une grande réputation ressuscite une fable depuis long-temps oubliée, touchant la pro- duction de la Graine. La Graine n’est pas plus que l'œnf animal le produit du mélange des liqueurs séminales : ce mélange ma- tériel et immédiat n’est pas même ioujours nécessaire pour que la fécondation de l’une et de l’autre puisse s’exécuter. Ces vérités n'exigent point, surtout ici, de démonstration, Quoique M. Mirbel n'entende porter aucun jugement sur le mode de reproduction des Fougères, 11 n’en est pas moins vrai que, par l’émploi du mot graine pour désigner leur poussière reproductrice , 1 fait Pressentir son jugement sur ce point, et par conséquent sur la question des sexes; car l’existence de ceux-ci est nécessitée par celle des Graines. Je ne saurois douter que si Pexamen de plantes aussi nombreuses et aussi variées que les Cryptogames (Agames) n'étoit pas un moyen trop lent de réputation, M. Mirbel se seroit mis en état de se prononcer plus ouvertement sur cette question. Sachant que ce ne sont pas les botanistes qui jusqu’à présent ont fait sa réputation, il prévient qu'il écrit pour un 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE autre ordre de lecteurs, qui voÿent dans la graine une prémière ébauche de nouvelle plante, et qui ne la verront point dans d’autres corps qui cependant ne sont pas des Graines. Le peu d'importance qu'il attache à la juste application des mots, tendroit à prouver qu’il n’a pas réfléchi sur la cause et les effets nuisibles des discordances qui règnent dans les ouvrages de botanique et qui attestent l’imperfection de cette partie de la philosophie de la science. Le cotylédon des graminées, est une petite feuille charnue, engainan- te, convexe d’un côté, plane de l’au- tre. La partie convexe regarde l’inté- rieur de la graine etestrecouverte par l’albumen ; la partie plane recële la lumule et est appliquée contre le_ testa. La plumule est visible à l’œil nu; avec le microscope on reconnoit qu’elle est composée de plusieurs pe- ütes feuilles emboitées les unes dans les autres. Pendant la germination, le cotylédon se gonfle un peu , mais il reste caché sous les enveloppes de la graine; sa base produit une ou plusieurs radicules , etsa partie anté- rieure laisse échapper la plumule qui. perce le testa et le péricarpe. On voit distinctement, à l’aide du micros- cope, les vaisseaux mammaires qui unissent le cotylédon à la jeune plan- te ,et qui , sans doute, absorbent l’al- bumen réduit en émulsion. Le coty- lédon varie par sa forme. Il est ovale el assez grand dans l’holeus ; il res semble à un petit écusson dans l’orge etle blé; c’est un corps arrondi dans le cynosurus etle riz ; c’est une pointe d’alène dans l’avoine et une demi- sphère dans le mais. Le scutellum des graminées , décrit par Gærtnér , n’est évidemment autre chose que le coty- lédon des plantes dé cette famille. À vant de passer outre, je dois ar= rêter l’attention du lecteur sur le ca- ractère qui distingue la germination du caryota de celle des graminées, La plantule des graminées, toute £ormée sous les tégumens séminaux, Le scutellumdes GRAMINÉES, décrit par Gærtner, est évidem- ment toute autre chose que lé Co- tylédon des plantes de cette fa- mille. Ce savant carpologisteavoit vu trop d'Embryons monocotylé- donés, pour ne pas s'être apperçu que le corps qu’il nommoit ainsi étoit étranger à leur structure or- dinaire. Si M. Mirbel, aussi dé- sireux d'instruction que de renom- mée , eût examiné les divers Em- bryons vitellifères signalés par Gærtner , il se seroit convaincu que le Vitellus, identique dans presque tous ceux-ci, repoussoit par sa position, sa forme, sa na- ture et ses fonctions, la dénomi: nation de Cotylédon. Je ne répé- terai point ici ce que J'ai dit dans mon Mémoire touchant le V1£el- lus , que j'ai nommé Hypoblaste. Comment M. Mirbeln’a-tilpas remarqué que l’extérieure des pe- tites feuilles de ce qu'il appelle La Plumule , étoit close et continue de toutes parts, et que ce carac- tère étoit étranger aux petites feuilles de toutes espèces de plu- mule ? On pourroit regarder comme uu singulier Cotylédon celui qui, les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 30€ Îes traverse et paroît à l'extérieur dès laissant échapper la plumule de sa que l’évolution du germe s'effectue. : FRE artie antérieure, produiroit par La p'antule du caryota, invisible E Lieu = h nes Badibu avant la germination, ne se montre SORSC LP HP TQURS ÿ que lorsque le cotylédon a pris un ac- les. PER D ici par une croissement sensible au dehors. La uote (que je pas vue dans son végétation est donc réellement plus manuscrit présenté à l'Institut}, avancée dans l'embryon des grami- U ; : qu onformer au nées que daus celui du caryota. LS CES EMOUT se Su langage recu qu’il semble admet- ire cette pluralité de Radicules dans les GRAMINÉES. L'occasion d’une discussion sur cet objet se présentera ailieurs. L’'Embryon nouvellement développé par la germination, forn.e ce qu'on appelle une Pluntule, c'est-à-dire une plante naissante. M. Mirbel voit la P'antule des GRAMINÉES toute formée sous les tégumens séminaux: est-ce tout l'Embryon qu'il prend ici pour la Plantule, ou bien la partie qu'il a désignée plus haut par le nom de Plumule? Cela n'est pas plus clair que ce qu'il entend par le mot germe, qu’il nous offrira encore ailleurs sans l'avoir défini nulle part, En disant que /a plartule du Caryotæ est invisible avant la germination, et en lui opposant celle des GRAMINÉES, il semble indiquer qu'il regarde la Plumule (ou Gemmule) du premier et de ces dernières comme cons- tituant leur Plantule. C'est aussi ce que fait entendre la note w’il joint ici et que j'examinerai tout à l'heure. Le ridicule 4 cette application da mot Plantule est si évident, qu'il me paroit inutile de chercher à le démontrer. Je ne sais comment M. Mirbel pourroit prouver, que la vé- gétation de deux sortes d'Embryon qui n'ont point encore végété est plus avancée dans l’une que dans l’autre. La visibilité et la com- position plus ou moins grandes des Gemmules dépendent de la structure primitive des Embryons et ne sont nullement dues à une végétation plus ou moins avancée. Quel rapport de végé- tation notre auteur établiroit-ilentre l'Embryon du Ceratophy /lum et celui des Pëns? Le premier a une Gemmule composée c'e quatre à cinq verticilles de rudimens de feuilles : celle des seconds est à peine exprimée et macquiert ce même nombre de verti- cilles que par une germination de quelques mois. La végétation propre d'un Embryon ne peut avoir lieu qu'après sa parfaite for- mation et son isolation de sa mère. La diversité de structure des Gemmules est un de ces faits dont la cause est nulle pour nous, ou inaccessible à notre intelligence. A quoi bon expliquer Tome LXXIII. OCTOBRE an 1811, Qq 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE un faitl inexplicable par une végétation hypothétique , qui n'ap- prend rien de plus que le fait lui-même! Nore. M. Richard,dansson Ana- d'se du fruit , dit qu'en coupant lon- gitudimalement l'embryon, on par- vient à distinguer la plumule qu est cachée dans la cavité du cotylédon. J'ai répété cette opération sur des embryons de plusieurs espèces, et je n’aijamaisapperçu danslecotylédon, ni cavité ; mi plumule avant que l’é- volution commencçât : mais des que Ja radicule se développe, si l’on fend l'embryon longitudinalement , on découvre souvent vers sa base, un petit bourgeon de feuilles qui est la plumule. Je ne prétends pas cepen- dant que , dans aucune graine, cette apparition ne puisse avoir lieu avant l'émission de la radicule ; mais il pa roit que dans toutes sans exceplion, ce n’est qu'après la germination que Ja plumule perce le cotyledon et se montre au dehors. Il faut ajouter (et ceci pourroit bien être la base de l’o- pinion de M. Richard) que, dans certaines espèces , l’évolution com- mence immédiatement après la ma- turité de la graine , ets’opère par le moyen de l'humidité des parties en- vironnantes. Cetteévolution est bien- tôt suspendue par le desséchement total de ces parties, et les efforts de l’'Embryon pour sortir de sa prison se reconnoissent , à la superficie des en- veloppes séminales , par RAR élévation convexe qui répond à la radicule , laquelle a déjà commencé à croître. Les choses se passent ainsi dans le canna indica. M. Mivbel attaque avec raison ce passage de mon Ouvrage, puis- que la Gemmule de PEmbryon monocotylédoné est souvent 1m- perceptible. Dans quelnes exem- plaires, dont un est depuis long- temps déposé à la Bibliothèque de l'Iastitut, ja corrigé quelques er- reurs el réparé certaines QmissiOns quim'avoient échappé dans la pre- mière lecture. J'ai rendu mon as- sertion plus générale par l'addition de quelques mots : « C’est par Ja » coupe longitudinale de lEm- » bryon en élaf de repos ou COn1- » mençant à germer, qu'on dé- » couvre plus facilement la cavité » gemmulifère. » Malgré asser« tion négative de M. Mirbel, on peut voir dans mon Mémoire les descriptions et les figures d’un assez bon nombre d'Embryons endorbizes, dont la Gemmule est primitivement manifeste. On peut aussi y remarquer, que ce mest pas toujours vers la base qu’on dëcouvre le petit bourgeon de feuilles qui est la Plumule. J’aiditle premier, danslemême opuseule cité par M. Mirbel , que la Gemmule, d’abord incluse dans le Cotylédon, le perçoit nécessai- rement pour en sortir par l'effet de la germination. Je n'ai même admis aucune exception à l’égard de ce caractère qui est général pour toutes les Monocotylédonées. J’ai donc lieu d’être surpris que M. Mirbel, qui semble ici re- connoître cette généralité de perforation du Cotylédon par la Gemmule, l'ait refusée aux GRAMINÉES, + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 30 L'évolution fictive de la Gemmule dans la Graine, immédia- tement après la maturité de celle-ci, n’est nullement la base de mon opinion. Il paroît que notre infaillible physiologiste confond ici la croissance de formation de l’Embryon avec son évolution. Gærtner les a parfaitement distingués. La première est une fonction du corps produisant : la seconde, une propriété d’un corps reproductif séparé de celui qui la produit. IL pourroit se faire que M. Mirbel attachât au mot évolution une signification différente de celle que je lui suppose. Mais une évolution de J'Embryon qui commence immédiatement après la maturité de la Graine et s'opère par le moyen de l'humidité des parties environnantes, fait clairement entendre, que la Graine dont il est question, ayant passé sa maturité, est indépendante de la plante-mère; que l'humidité des parties de cette Graine est le seul excitant de éette évolution. Or, la parfaite maturité d’une Graine suppose nécessairement la parfaite formation de son Em- bryon. Il me paroît donc évident que M. Mirbel admet ici une évolution de l'Embryon postérieure à sa perfection el opérée par l'humidité des parties d’une Graine séparée de sa mère; que cette évolution est une action propre de lP'Embryon, qui manifeste en lui un commencement de végétation indépendante de celle de sa génitrice. Une telle évolution, pouvant précéder la germination d’un temps illimité, n’a jamais existé que dans imagination de son inventeur. Il nous fournit lui-même la preuve de son erreur, en disant, gue cette évolution est bientôt sus- pendue par le desséchement total de ces parties. En effet ; suspendre par un desséchement total l'exercice de la faculté ‘Végétative d’un Embryon parfait, c’est éteindre en lui cette faculté, c’est le tuer. Cependant M. Mirbel, en tâtant cet Embryon à travers ses vêtemens desséchés, l’a trouvé plein de vie et faisant de tels efforts pour sortir de sa prison, qu'il bosseloit celle-ci ayec son pied: et c’est particulièrement l'Embryon du Canna qui, comme mieux botté que celui de la plupart des Endorhizes, lui a offert un exemple de ce phénomène. © Maintenant , si l’on comparele1* Il est bien certain que les bota- SL A So monocotylédonsà nistes qui compareront le premier Rs cotée ons ON PPEr ETS développement des.MONOCOT Y- des différences tres-sensibles. Dans É } eo) 2 les monocotylédons(j'enexceptetou- LEDONEÉES à celuides LICOTYLE- tefois les graminées), laradiculeetla DONÉES, y appercevront des dif- plumule ne sont visibles qu'après la férences très-sensibles; mais parmi germination ; ils ne prennent point Celles que M. Mirbel nous pré- Q q 2 304 d’accroissement dansl’intérieur dela graine ; leur évolution se fait au de- hors, et la pointe charnue du coty— lédon reste enfermée sous les tégu— mensséminaux quise conservent tout entiers; mais dans les dicotylédons, la radicule , les cotylédons , et sou- vent aussi la plumule, sont tous for més et bien visibles avant la germi- nation ; leur évolution commence dans l’intérieur de la graine , et dès qu’elle s’opère , le gonflement de la jeune plante occasionne la rupture to- tale des tégumensséminaux, rupture si nécessaire, qu’il seroit physique- ment impossible que l'embryon se développät si elle n’avoit pas lieu. L'évolution du germe , extérieure dans les monocotyledons , intérieure dans les dicotylédons , est un carac- lère d’autantplusremarquable, qu'il a Sa Cause premiere dans l’organisa- lion propre aux graines de ces deux grandes classes de végétaux. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sente, je n’en vois pas une seule essentielle, c’est-à-dire, exclusi- vement propre à l’une ou à l’autre de ces deux divisions. Dans les Embryons monocoty- lédonés et lesdicotylédonés, la Ra- dicule est également visible avant la germination, puisqu'elle cons- titue lune desextrémités d’un Em- bryon qu’on peut voir tout entier. La Plumule (Gemmule) des uns et des autres est tantôt mamifeste, tantôt invisible avant cet acte; et il en est du Cotylédon simple ou multiple comme de la Radicule, Nulle des parties de ces deux sor- tes d’'Embryons ne commence son développement ou évolution dans l’intérieur de la Graine. Un gon- flement général précède la germi- nation des uns et des autres, et cetle germination occasionne la rupture tantôt partielle, tantôt totale des tégumens séminaux. M. Mirbel a bien lu dans mon opuscule, que la différence: essentielle de la germination des EnDoRH1ZES ou Monocory- LÉDONÉS consistoit dans le mode de formation des rudimens de Racines, et dans la perforation latérale du Cotylédon par la Gemmule où Plumule. Plus confiant dans ses propres lumières, M. Mirbel fait consister la différence essentielle entre les Mo- nocotylédons et les Dicotylédons en ce que l’évolution du germe est extérieure dans les premiers et intérieure dans Les seconds. J’avoue franchement mon ignorance; plura sunt quU® neSCÈnus : Je n’entends rien à ce rêve physiologique. J’ai fait voir plus haut que M. Mirbel donnoit indubitablement le nom de germe à la Plumule; mais ici, le second membre de la phrase est comme une sorte de dessous de carte que je ne saurois deviner. Si un jour il la retourne lui-même, il aura sans doute si beau jeu , qu'il gagnera tous ses adversaires. J'ai cherché inutilement dans la forme et le développement des coty- lédons , des végétaux à couches con- Depuis plus d’un siècle, les bo- tanistes regardent les Cotylédons ET D'HISTOIRE NATURELLE. centriques , quelques caractères de familles plus prononcés que ceux que présentent les feuilles; mais, comme il arrive souvent à l'observateur, j'ai découvert ce que jene cherchois pas. J’aireconnu , par la comparaison des feuilles et des cotylédons, que les uns et les autres sont un même or- gane, qui change de forme et d’aspect suivant sa situation. Les cotylédons: sont les feuilles dans la graine. 305 comme des Feuilles séminales. Mais M. Mirbel vient de faire sur ceux-ciune découverte toute nou- velle et à laquelle il ne s’attendoit pas. Voici l’aphorisme par lequel 1l veut bien nous l’apprendre : les Cotylédonssoniles feuilles dans la graine; et quand ils en sont sortis, ils prennent un autre nom que l’auteur nous indiquera lors- qu'il l'aura trouvé. Cette identité des Cotylédons et des feuilles est prouvée par divers passages de ses écrits. Mais la principale preuve qu'il en donne, c'est que les premiers sont les amelles de l'Embryon; qu’ils ont des vaisseaux mammaires , fort diflérens des vaisseaux des feuilles, puisque, dans le Caryofa entre autres, ils se dirigent du sommet vers la base, et cela afin que la Radicule puisse se développer la première, Mais, dira-t-on, si les cotylédons sont réellement des feuilles, pour- quoi sont-ils toujours opposés, tan- dis qu’il existe tant de végétaux à feuilles alterues? La réponse est fa- cile : latigen’a, pour ainsi dire, au- cune dimension en longueur, lorsque les cotylédons se développent; par conséquent ils ne sauroient être al- ternes, ils ne peuvent être qu’op- posés. M. Mirbel paroît avoir obtenu de la nature même l'explication de certaines de ses opérations, qui sont pour les autres botanistes des secrets impénétrables, ou sur les- quellesils ne peuvent produire que des raisonnemens hypothétiques. C’est pourquoi il a si bien réussi dans Pexplication de beaucoup de faits dont les causes étoient in- connues. Nous ignorions celle de l’opposition des Cotylédons : il l’a découverte sans peine, et il nous l’a fait connoître en ces termes: « /a tige n’a, pour ainsi » dire, aucune dimension en longueur, lorsque les cotylédons » se développent , etc.» A l’aide de ce raisonnement judicieux, on voit facilement pourquoi les petites feuilles de certaines Gemmules, dont la tige n’a pour ainsi dire aucune dimension en longueur, sont alternes ; pourquoi les deux premières feuilles de certaines plan- tules, étant portées sur une tige de certaine dimension remar- quable en longueur, sont néanmoins opposées ; pourquoi... etc.; car si l'opposition des Cotylédons n’est due qu’à l'extrême briéveté: / 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la Tige; celle des jeunes feuilles doit avoir la même cause, ou du moins on devroit nous prouver la nécessité d’une cause différente pour ces deux oppositions. | Le Cotylédon, lorsqu'il est unique, circonscrit par toute sa base le point d’origine de la Gemmule; ensorte que le plus ou le moins d’élévation de cette base ne changeroït ni la position, ni la direction de la Gemmule. Mais, si la base de l’un des Cotylédons de lEmbryon di-polycotylédoné s'élevoit plus que celle des autres, la Gemimule éprouveroit dans sa forme et sa direction, une altération qui nuiroit à lPuniformité et à la per- fection de son développement. Ces observations et quelques autres qui s’y rapportent, pourroient peut-être devenir un Jour la base d'une hypothèse aussi plausible que celle de M. Mirbel, pour rendre raison de l'opposition et de la verticillation des Cotylédons. Cependant, le champ des causes finales des opérations de la nature est rempli de tant de fantômes, que je pourrois bien en avoir saisi un au lieu d’une vérité. Les Mimosa de la Nouveile- Hollande, dont ilest question ici, n’ont pas, dans leur état adulte, plus de feuilles parfaites que l’4- Nore. Jeremarqueraiquesibeau- coup de légumineuses produisent en naissant une ou deux feuilles sim- ples , eten prennent ensuite de com- posées , l’inyerse a lieu dans les mni- mosa de la Nouvelle-Hollande; car les feuilles au sortir de la graine, sont composées , et celles qui se dévelop- pent plus tard sont simples. phaca. Les prétendues feuilles simples de ces plantes ne sont que des Pétioles, auxquels j'ai don- né, dans mon Ÿ’ocabulaire bota- nique, lépithète de foliiformes. Tout bon observateur trouvera dans la nature même la preuve de cette vérité. M. Mirbel n’a pas su profiter de celle qu’il a eue sous les yeux, puisqu'il a vu sur la même plante des feuilles composées et des feuilles qu’il appelle séples. Ce qui achève de prouver l'identité des feuilles et des cotylédons, c’est l’absence de cotylédous et de feuilles däns le genre cuscute.... Pourquoi les lobes séminaux manquent-ils dans les cuscutes, si ce n’est parce qu’il est de la nature de ces plantes, de n’avoir point d’expausions folia- cées ? Selon M. Mirbel, la Cuscuren'a point de Cotylédons , parce qu’elle n’a pas de Feuilles ou d’expansions foliacées. L'absence simultanée de deux parties dans une plante est-elleune bonne preuvedel’iden- tité de ces parties? J’en doute; mais ce dont je ne puis douter, c’est la justesse du raisonnement ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 relatif à là Cuscute. Je vois en effet le Cassytha, le Xylophylla, des Cynanchum, des cactus, le Latrhæa , etc., qui n’ont point lus de Feuilles que la Cuscute, être néanmoins pourvus de Cotylédons. Pour ne pas juger trop défavorablement cette question, on doit se rappeler qu'il n’y a pas de règle sans exception, Il convient donc de ranger aussi parmi les exceptions l'existence des Feuilles dans les plantes, dont FEmbryon n’a pas de vrai Cotylédon. Je serois tenté de croire que l’on se trompe , quand on borne à deux le nombre des cotylédons dans tous Les végétaux à couches concentriques. J'ai examiné la plantule de plusieurs pins et sapins, soit avant, soit après la gérmination , et je ne sauroïs guère la considérer comme ayantseulement deux cotylédons palmés. Je vois dans chaque petite feuille qui la couronne, un cotylédon distinct , et le nombre des cotylédons varie dans une même espèce. D'ailleurs, ces cotylédons ver- ticillés n’ont rien d’étrange à mes yeux, puisque les feuilles primordia- les de ces mêmes arbres verts, sont verticillées de même que les cotylé- dons; et j y trouve par conséquent une nouvelle analogie entre les feuul- les etles lobes séminaux. Unaratomisteaussiclairvoyant que M. Mirbel devroit bien nous apprendre si le Ceratophyllum, qui a plus d’un rapport avec les CoNiFÈRES, est un végétal à cou- ches concentriques.-La résolution de cette question seroit plus neuve que le résultat de l’examen qu'il a fait de la Plantule des Pins. Car, bien long-temps avant lui, Gært- ner a décidé la pluralité de leurs Cotylédons. Je parlerai plus loin de l’analogie de disposition entre ceux-ci et les feuilles. Quoique M. Mirbel nous ait prévenu qu’il attachoit peu d'importance à la juste application des mots; il n’est peut-être pas hors de propos de faire remarquer que, après avoir employé ailleurs lemot P/antule pour désigner une partie del'Embryon, il l’applique ici avec raison à la totalité de l’Embryon développé : bien plus, il le regarde aussi comme synonyme du mot Embryon; car une PJantule avant la germination n’est autre chose qu’un Embryon. Mais les mots ne font rien aux choses : c'est au lecteur de deviner les diverses significations qu’il plaît à un auteur de donner au même mot. Sous ce rapport, les lecteurs de M. Mirbel ont fort à faire. Ii résulte de tout ce que nous ve- Les botanistes ne perdront plus nons de dire, que trois caracteres bien frappans séparent les deux gran- des classes de végétaux parfaits, et que ces traits distincufs , placés dans l’ordre de leur importance relative, doivent être rangés ainsi qu’il suit: leur tempsà chercher péniblement dans l'appareil des organes de la reproduction, les moyens de ca- ractériser les divisions primaires des plantes, Après avoir fait une 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1° L'organisation interne; savante distinction desvégétauxen La structure essentielle des par/aitset enimparfaits; M. Mir: feuilles ; bel prouve, à sa manière ordinai- 3? Le mode de germination. re, que trois caractères bien frap- N pans séparent les deux grandes classes de végétaux parfaits. 19, L'ORGANISATION INTERNE. Est-ce celle de toutes les parties ou seulement de quelques-unes? Elle n’est pas assez généralement connue dans les plantes herbacées de l’une et de l’autre élasse: elle n’a pu servir à M, Mirbel pour classer convenablement les NymPHÆACÉES, le Nélumbo, les CYCADÉES : elle l'a conduit à lacer les FOUGÈERES parmi les MONOCOTYLÉDONÉES , quoique leur prétendu Cotylédon n'ait point de vaisseaux mammaires, etc. IL rendroit service aux botanistes , s’il leur indiquoit , au moyen de Porganisation interne, quelle place doivent occuper les Po- DOsTEMÉES, les PisrrAcÉES, le Lemna, le Monotropa, le Cytinus, le Cynomorium, etc., et s’il leur faisoit connoître la différence d'organisation interne des trois derniers genres et de beaucoup d’autres. 20, LA STRUCTURE ESSENTIELLE DES FEUILLES. Nous atten- dons le Mémoire que M. Mirbel nous a promis sur cet objet, aussi intéressant en lui-même que l’organisation interne, mais qui ne sera pas plus que celle-ci, une base solide et générale de classification. 30. LE MODE DE GERMINATION. Le mode général de germi- nation de chacune des deux grandes classes dépendant de la structure de leurs Embryons, la considération de cette structure doit précéder celle de la germination. L'une et l’autre pouvant seules offrir des caractères généraux et toujours constans, pour la distinction de ces deux classes, devroient, ce me semble, occuper ici le premier rang et non pas le troisième. Mais un physiologiste peut avoir des vues élevées, des conceptions extraor- dinaires, tracer un plan général des connoissances futures; et il n'appartient pas à un simple botaniste de les soumettre à son jugement. Je ferai maintenant quelques remarques sur les figures qui accompagnent le Mémoire de M. Mirbel et sur leur explication. Quand je cherche le but d'utilité pour la science que l'auteur a pu se proposer en publiant toutes ces figures, Je ne saurois ep ET D'HISTOIRE NATURELLE. 309 en trouver aucun. Elles ne sont pas nécessaires à l'intelligence du sujet traité dans le Mémoire; elles sont présentées dans le même désordre où le hasard a offert les objets au dessinateur. Une dixaine au plus de figures de MONOCOTYLÉDONÉES et autant de Dr-PoLYCOTYLÉDONÉES, choisiesavec discernement, seroient pe que suffisantes pour exprimer les diversités principales de a germination. des unes et des autres. Cependant, M. Mirbel auroit pu donner à ses figures un certain degré d'utilité, en les disposant méthodiquement et en les offrant comme des exem- ples de germination des différens ordres naturels auxquels elles appartiennent. A la vérité, cette opération auroit fait voir trop clairement l’incohérence des objets, la superfluité de certaines gures, et surtout le peu de rapport qu’elles ont en général avec le sujet traité. . Tous les botanistes observateurs ratifieront le jugement que je porte ici. Mais ce qui importe plus à M. Mirbel, c'est de pro- uire un sentiment d’admiration dans l'esprit du plus grand nombre des lecteurs, en étalant à leurs yeux une grande quantité de figures, sur laquelle ils mesureront leurs éloges. Ils regarderont comme le résultat de nombreuses, de laborieuses, de savantes recherches, le fruit de quelques heures de promenade autour des semis du Jardin des Plantes. Que les botanistes parcourent les divers écrits de M. Mirbel, et ils s’appercevront aisément qu'il travaille plus “pour sa réputation que pour les progrès de la Botanique. Au surplus, c’est une foiblesse qu’on lui pardonneroit facilement, s’il ne cher- choit pas à nuire à celle des autres, Nora. Pour abréger , je ne citerai pas ici le texte de l’explication des figures : il devra être consulté dans l’ouvrage même, L (PHaALARIs, fig. 2.) Je ne vois rien de très-remarquable dans cette plante. M. Mirbel qui, dans une note précitée, s’est pro- noncé contre la pluralité de Radicules, en attribue ici deux à cette Graminée. La première au-dessus du Cotylédon (qui a l’air d’une pointe), est une Radicelle secondaire, semblable à celles qu’on peut remarquer sur beaucoup de plantules du même Ordre. La seconde est la Radicelle principale qui est tortillée, comme cela arrive ‘oïdinairement lorsqu'elle a été gênée par la Glume dans laquelle la Graine a commencé sa germination. (HornEuM Nupum, fig. 12.) Puisque M. Mirbel préfère donner le nom de racines articulaires à toutes les Radicules, Tome LXXIII OCTOBRE an 1611, Rr 319 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE on peut lui demander où est la véritable Radicule. Cette omission vient sans doute de ce que l’auteur, en changeant d’avis depuis, la lecture de son Mémoire à l’Institut, a fait à sa phrase une addition, qui à son insçu en a changé le sens. Dans les plantules des autres espèces d’Orge, de divers Blés, du Seigle et de lA4voine, l'auteur ne voit plus que des racines articulaires. J’examinerai son sentiment sur cet objet dans le Mémoire suivant. (OR1ZA , fig. 26.) L'auteur admet encore ici deux Radicules, mais du moins il les distingue par des noms différens, Celle qu’il appelle racine articulaire , est une Radicelle secondaire : la direc- tion de la véritable radicule, comparée à celle du tubercule interne dont elle provient, démontre qu’elle est la Radicelle principale, Tous les botanistes sont d'accord pour désigner exclusivement par le mot Radicule l'extrémité même de l'Embryon qui, par la germination, devient ou produit la première Racine de la Plantule. Mais il paroît par cette explication de la fig, 26 et par plusieurs autres, que M. Mirbel donne indifféremment lenom de Radicule à toutes les petites Racines qui naissent du bas d’une Plantule monocotylédonée. Ainsi, les Plantules qui poussent presqu’à-la-fois un assez grand nombre de petites Racines, celle du Canna, par exempie, auroit, selon lui, un assez grand nombre de Radicules. (Coix, fig. 27.) Aucune des sept figures relatives à cette plante n’est exacte; mais comme presque toutes les figures de germina- ion ne sont ici que pour faire nombre, et qu'il peut arriver à tout dessinateur de n'être pas exact, je bornerai ma critique à l'explication que l’auteur en donne. Je vois d’abord, en lisant celle du Coëx, trois enveloppes au- tour de la Graine : la première dure, etc.... dessous celle-çi des paiilettes, etc... enfin la troisième rouge, etc... Ces trois enveloppes n’ont donc pas de noms propres en Botanique? mais M. Mirbel décrit si clairement et si exactement les choses, qu'il se croit exempt de les dénommer techniquement. On reconnoît aisément la première enveloppe, dont la couleur variable étoit moins importante à connoître que la structure; car au moyen de celle-ci , l’auteur auroit pu nous démontrer que cette enveloppe est une métamorphose singulière de la gaîne des Feuilles. Ce ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3rr fait méritoit bien de fixer l'attention d’un physiologiste : sed de minimis non curat prætor. Ce qu’il entend par seconde enveloppe est aussi obscur que faux, Empruntons de la Nature un peu de lumière, pour édlatter la négligence de son démons- trateur. La fleur femelle du Coix'est composée de cinq Paillettes, d’un Pistil et de trois petites ébauches d’Etamines appliquées contre l'Ovaire. Les ballelés sont enveloppées successivement lune dans l’autre et forment ce qu’on appelle la Glume : celle-ci a sur le milieu d’une de ses faces une fossette, dans laquelle sont couchés deux corps particuliers en forme de massue grèle et le pédoncule commun des fleurs mâles. La Glume, les deux corps et le Pédoncule persistent jusqu’à la maturité du Fruit. Ce sont donc là les parties dont M. Mirbel compose sa seconde enveloppe. On peut maintenant deviner que ce qu’il appelle poétiquement les restes des tégumens immédiats de l’Ovaire, sont la Glume toute entière ; et que les restes de ces mêmes tégumens , qui sont en plus grande quantité le long de la plumule et de la radicule, se rapportent aux deux corps claviformes et au pédoncule. Ainsi, ces trois derniers sont aussi des Paillettes comme celles de la Glume. En effet, je ne saurois croire que M. Mirbel, en admettant une plus grande quantité de Pailleites du côté de la Plumule et de la Radicule , ait voulu parler seu- lement de celles de la Glume. Ses profondes connoissances en Agrostographie, attestées par ses écrits sur les GRAMINÉES, ne permettent pas de supposer qu’il ignore jusqu'aux principes généraux de cette intéressante partie de la Botanique. Or, un de ces principes est, que lorsqu'une Glume fructifere est com- posée d’un nombre impair de Paillettes, le côté du Fruit qui répond à l’Embryon est celui où il s’en trouve une de moins. Celle du Coix étant composée de cinq Paillettes , il ne doit s’en trouver que deux du côté de la Plumule et de la Radicule? Donc, M. Mirbel n’a pu en.admettre une plus grande quantité de ce côté, qu’en RRrrN HER sous le même nom les Paillettes de la Glume, les deux corps claviformes et le pédoncule. La troisième enveloppe est le re intimement uni à YEpisperme. Après avoir reconnu l’union de ces deux tégumens, en disant que cette enveloppe adhère fortement à l’albumen et au cotylédon ; M. Mirbel annonce un dernier tégument adhérant à l'Albumen. Je laisse à d’autres à deviner si celte quatrième enveloppe seroit l’Episperme, et comment il est parvenu à le ISERE) 313 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ séparer du Péricarpe. Quoique la troisième enveloppe adhér&é Jortement au cotylédon, néanmoins /a plumule et la radicule sont restées attachées au cotylédon lorsqu'on a enlevé l’al- bumen et le dernier tégument. C'est une chose bien étonnante et qui méritoit d'être remarquée, que trois parties d’un même corps, continues l’une à l’autre, soient restées cohérentes entre elles, lorsqu'on a séparé ce corps d’un autre qui lui étoit étranger et auquel il étoit simplement appliqué. J’ai vu un bon nombre des prétendus Cotylédons (Hypoblastes) du Coix, soit avant, soit après la germination: leur sommet m'a toujours paru obtus. La forme de la Graine, qui influe or- dinairement sur celle de cette partie de l'Embryon, ne permet pas qu’elle soit aiguë dans cette Graminée. M. Mirbel a vu ax ventre du cotylédon une fossette où sont logees primitivement la plumule et la radicule. Mais il n’a pas observé l'espèce de poche dans laquelle ce Cotylédon renferme la Plantule; car comme celle-ci suce , suivant lui, les vaisseaux mammaires de celui: là, il n'eût pas manqué de nous faire remarquer que le Cotylédon de certaines Graminées cachoit son nourrisson dans une poche abdominale , comme font les Didelphes. M. Mirbel figure bien les trois Radicelles du Coix, mais il n’en dit pas un mot. Cependant LRFAIES de trois Radicelles, sortant ensemble par le trou basilaire de la première enveloppe, méritoit d'être recherchée. IL auroit vu qu’elles provenoient de trois tubercules renfermés dans la même cavité et disposés d’une manière propre à ce genre. Prêt de cesser mes commentaires surces nombreuses figures, qui me feroient perdre beaucoüp de temps, J'apperçois dans la dernière planche trois exemples de la germination des CONIFÈRES. Comme elle présente des caractères exclusivement propres à cet Ordre naturel et à celui des CYCADÉES, Je m’empresse de relire, dans le Mémoire de M. Mirbel, le passage qui concerne ces plantes; J'examine les figures et leur explication; je ne trouve tien qui medédommagede ma peine, Le titre important du Mémoire me sembloit annoncer des observations importantes principale- ment sur la structure des divers Embryons et sur leur mode de développement par la germination. Je m'attendois donc à en trouver quelques-unes relatives à l'Embryon des Coxr- FÈRES, qui font partie des DicOTYLÉDONÉES offertes par l'auteur comme exemples de celte grande division. J’en vois cependant deux : la première nous apprend, 123 ans après Mal- ET D'HISTOIRE NATURELLE: 319 pighi et 21 après Gærtner, que l'Embryon des Pins est polyco- tylédoné : la seconde nous démontre que les Cotylédons verticillés de ces arbres verts n’ont rien d’étrange, puisque leurs premières feuilles sont aussi verticillées, et que cette même disposition des uns et des autres prouve l’'analopie entre les feuilles et les lobes séminaux. Cette dernière observation est d'autant plus im- portante, qu’elle prouve pourquoi les Plantules de l'Hippuris, du Fuchsia, du Myriophyllum, de plusieurs RUBIACÉES et CARYOPHYLLÉES , etc., portent à-la-fuis deux lobes séminaux opposés et des feuilles verticillées: pourquoi les RHIZOPHORÉES, dont les Cotylédons sont verticillés, ont leurs premières feuilles opposées, etc. , J’ai dit, page 43 de mon Opuscule cité par M. Mirbel, que le bout radiculaire de l'Embryon des CoNIFÈRES sembloit con- tracter une sorte d’adhérence vasculaire (ou plutôt parenchymale) avec l’Endosperme. Ce fait extraordinaire auroit dû fixer l’atten- tion d’un botaniste, qui a disséqué avec une extrême dextérité un bien grand nombre d’'Embryons dans lesquels il n’a sûrement pas vu une pareille connexion. Mais, tout ce qui peut apporter du retard à la publication d’un Mémoire, est incompatible avec impatience de jouir de la gloire, qui, pour être grande, doit devancer le jugement de quelques lecteurs. M. Mirbel a cependant examiné la plantule de plusieurs Pins el Sapins, soit avant, soit après. la germination: et il ne s’est pas apperçu de cette singulière connexion de l'Embryon avec l’'Endosperme, Comment s'est-il pu faire qu’un fait, visible à Ja loupe Eine , ait échappé à l’œil perçant d’un anatomiste, qui a vu sous son microscope les choses les plus déliées, dans lesquelles les uns admirent sa patience et son adresse, et que d’autres regrettent de ne pouvoir appércevoir comme lui! Puis- qu'il a dessiné plusieurs plantules de CONIFÈRES, comment les indices assez durables de cette connexion ont-ils pu éluder sa clairvoyance! Pour mettre notre célèbre physiologiste à portée d'exercer sa sagacité à découvrir les causes finales de cette union, qui donne à l'Endosperme des COoNIFÈRES l'apparence d’un Vitellus; jé vais exposer briévement les principales circonstances de la ger- mination de ces plantes. Dans tous les genres de l'Ordre naturel des CONIFÈRES; l’'Embryon, quel que soit le nombre de ses Cotylédons, fait réel- lement corps avec l'Endosperme par le bout de sa Radicule. Curieux de savoir comment il parvenoit à se dégager de cette 314 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE union , j'ai soumis à la germination un grand nombre de Graines de divers genres. Toutes m'ont offert le même résultat général, mais avec quelques légères variations principalement dues à la nature du lieu où se faisoit la germination. Un seul exemple pourra donc suffire ici: je le tirerai préférablement du Pin Pineau ou cultivé (Pinus Pinea), parce que la grosseur de ses Graines ermet à l'observateur de suivre facilement, et même à l'œil nu, le développement de leur Embryon. Une Graine de ce Pin, mise en terre légère et un peu hu- mectée ou entre des éponges mouillées, commence ordinairement sa germination au bout de quelques jours. Celle-ci est d’abord annoncée par la débiscence de l’extrémité supérieure de la noix: le bout de la Graine, terminé par une petite pointe mousse, se montre, se renfle et présente sur le côté une bosse convexe due à une substance intérieure qui a commencé à rompre les tégumens séminaux. Si on dissèque la Graine à cette premiére époque de la gérmination, on voit que la portion de l’Endo- sperme, à laquelle la Radicule étoit attachée, s’est convertie en une espèce de pulpe qui enveloppe avec adhérence le sommet conique de celle ci. Cette substance pulpeuse, poussée par le bout croissant de la Radicule, forme d’abord la bosse mentionnée ci-dessus, et est ensuite entraînée au dehors par cetie même Radicule qu’elle revêt sous la forme d’une tunique. Le bout ainsi vidé du tégument séminal devient une sorte de gaine, que la substance de la tunique entraîne à sa suite. Cette tunique endo- spermique , forcée de s’alonger et de s'étendre par l'accroissement de la Radicule, devient une pellicule mince et comme finement fibrilleuse, qui enfin se déchire diversement ; et la Radicule ainsi que la Tigelle en conservent assez long-temps les fragmens. Les autres circonstances de la germination étant assez bien connues ou très-faciles à connoître, je ne my arrêterai point, Je ferai cependant remarquer que, dans une terre sèche, la subs- tance endospermique adhérente à la Radicule se ramollit moins ; quelquefois se prolonge simplement en un tube, par le bout duquel sort la Radicule , etc. En un mot, cette substance est sujette à des variations, que la connoissance du mode le plus ordinaire de son développement mettra facilement à portée de saisir. Une plus longue discussion sur cet objet ne peut convenir qu’à un ouvrage spécial sur les Conifères ; sur ces plantes très-singulières, qui semblent former avec les Cycadées, comme une petite Classe intermédiaire entre les Zzdorhizes et les Exorhizes. - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 INTRODUZIONE ALLA GEOLOGIA, ere. G C'EST-A-DIRE, INTRODUCTION A LA GÉOLOGIE,. Par SCIPION BREISLACK, Administrateur et Inspecteur des Salpêtres et des Poudres du Royaume d'Italie, Membre de diverses Académies. Deux volumes in-8°. À Milan, de l’Imprimerie Royale. EXTRAIT, LA Géologie, dit l’auteur, doit être considérée sous deux asz ects, savoir, 1° comme l’exposition des phénomènes que présente Ls surface de notre planète;.2° comme l'explication de ces mêmes phénomènes. * La première partie forme la partie historique et descriptive ; elle dépend entièrement de observation. La seconde partie constitue la partie théorique de la Géologie; elle est fondée sur le raisonnement et des conjectures. Il est des faits certains, et qui ne dépendent nullement de l’imaginätion, tels sont, l'existence des corps marins dans des lieux très-élevés au-dessus du niveau de la mer, les grandes chaînes de montagnes qui courent sur la surface du globe, les vallées qui la sillonnent profondément dans toutes sortes de directions. La position relative de plusieurs roches, leur situation, /eurs strates... Le Géologue cherche à généraliser chacun de ces phénomènes ; mais il ne faut pas qu’il s’abandonne à son ima- gination. Il doit les observer avec exactitude, et les décrire avec la plus grande vérité. Si quelquefois il s’abandonne à des con- LE 316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jectures sur la structure de notre globe; il ne doit le faire qu'avec beaucoup de circonspection. Newton, d’après la figure du globe terrestre conforme à la théorie des forces centrales, a reconnu que primitivement il avoit dû être fluide. Cette vérité est le fondement de la Géologie; mais celte liquidité a-t-elle été aériforme, ignée, ou aqueuse? Toutes les roches primitives ont été produites par cristallisation, et cette force est telle, qu'on doitla regarder comme la première époque de la consolidation du globe. M. Delamétherie a tellement été frappé de l'influence de cette cause dans la première formation de la terre, qu’il a considéré les montagnes primitives comme autant de cristaux d’une masse colossale, Cette idée qui au premier aspect peut paroître bizarre et gigantesque, n’est cependant pas dépourvue de vraisemblance. En laissant à part la cristallisation des grandes masses du globe, on ne peut douter que la cristallisation n'ait agi sur les parties constituantes des roches primitives. L'auteur examine ensuite l'hypothèse de la fluidité aqueuse du globe, Il fait voir que ceux qui ont admis cette fluidité, comme Romé-de-Lisle, ont cependant reconnu que la plupart des subs- tances qui composent le globe, sont insolubles dans l’eau. La cristallisation ne peut cependant avoir lieu sans une dissolution préalable, d'où ils sont obligés de conclure que la nature s’est servi de moyens que nous ne connaissons pas. L'hypothèse de la fluidité ignée du globe lui paroît plus probable ; car pourquoi, dit-il (tome T , ‘page 143), s’obstiner à vouloir soutenir la dissolution aqueuse du globe, quand la la force des phénomènes oblige sans cesse à revenir à la chaleur. Il s'appuie de l'opinion de. Hutton, soutenue et défendue par Playfair, et appuyée par Hall par une belle suite d'expériences. Ces principes généraux posés, il discute la manière,dont ont ù être formées les différentes roches lors de la première con- solidation du globe, et après cette consolidation. Les divers phénomènes qui ont suivi cette première formation, sont l’objet du second volume. Il considère d’abord la formation des filons. Il combat l'opinion de Werner sur cette formation, et considère , ainsi que je l'ai fait, les filons comme des masses métalliques mélangées dans le sein des montagnes avec des por- tions pierreuses et terreuses qui s’en sont séparées par les lois des afhnités, etse sont réunies suivant des circonstances locales. I] ; ET D'HISTOIRE NATURELLE, 317 I] traite ensuite des volcans en physicien éclairé qui les observe avec soin, comme on sait dans son Histoire de la Campanie. C’est ici que l’opinion de Hutton a un grand avantage sur lhy- pothèse de la fluidité aqueuse. Cet Ouvrage ne peut que beaucoup contribuer au progrès de la Géologie. NOUVELLES LITTÉRAIRES. [ Théorie de la double réfraction de la lumière dans les substances cristallisées, Mémoire couronné par l’Institut dans la Séance publique du 2 janvier 18r0, par E. Z. Malus, Lieu- tenant-Colonel au Corps impérial du Génie, Membre de l’Institut d'Egypte. Un vol. in-40. À Paris, chez Garnery , Libraire, rue de Seine, hôtel Mirabeau. Baudouin, Imprimeur de l'Institut de France. On a vu dans les Cahiers précédens les beaux Mémoires de VAuteur sur la double Réfraction de la lumière, et sa polarité. L'Ouvrage dont nous parlons a précédé ses dernières expériences. L’Auteur y a soumis au calcul toutes les lois de la lumière directe, de la lumière réfléchie (ou catoptrique) et de la lu- mière réfractée (ou dioptrique). « Les substances cristallisées, dit l’auteur, réfractent et réflé- chissent la Jumière suivant la même loi que les milieux diaphanes ordinaires; mais la plupart d’entre elles lui impriment en outre une nouvelle modification , qui multiplie singulièrement les hénomènes. Lorsqu'un rayon lumineux pénètre ces substances, 1l se divise en deux faisceaux , dont l’un suit la loi de la ré- fraction ordinaire , et l’autre subit une réfraction extraordinaire soumise à une loi différente. De même, lorsqu'un rayon se ré- fléchit dans l’intérieur de ces corps, il se divise en deux faisceaux, dont l’un suit la loi de la réflexion ordinaire, et l’autre suit une loi analogue à celle de la réfraction extraordinaire. Lorsque la lumière pénètre une substance diaphane ordinaire, le carré de sa vitesse est augmenté ou diminué d’une quantité Tome LXXIII, OCTOBRE an 18r1. Ss 518 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE constante ; ensorte que dans un même milieu cette vitesse est constamment la même, quelle que soit la direction du rayon. Lorsqu'elle est réfléchie dans un milieu diaphane ordinaire ; la vîtesse du rayon réfléchi est égale à celle du rayon incident. Daws la réfraction extraordinaire , le carré de la vitesse de la lumière est égal au carré de celle qui est réfractée ordinaï- rement, moins une quantité proportionnelle au carré du sinus de l'angle compris entre l'axe du cristal, et la direction du rayon réfracté extraordinaire. Dans la réflexion extraordinaire , le carré de la vîtesse de la lumière est égal au carré de celle qui est réfléchie ordinaire- ment, moins une quantité proportionnelle au carré du sinus de l'angle compris entre l’axe du cristal, et le rayon réfléchi extraor- dinaire. L'expression de ces lois, jointe aux principes généraux de la mécanique, conduit , avec le seul secours de l'analyse, à la con- noissance et au développement des nombreux phénomènes de l'optique. Mon objet principal dans cet Ouvrage, est d'établir les lois de la réflexion et de la réfraction extraordinaires, de développer les conséquences et d’en déduire les principaux phénomènes que présentent les substances cristallisées. Cependant comme ce sujet se rattache souvent aux phénomèues ordinaires de l'optique, je commencerai par analyser les lois de la réflexion et de la réfraction ordinaires. » : L'Ouvrage a été couronné par l’Institut, c'est assez en prouver le mérite. Traité de Mécanique, par M. S. D. Poisson, Professeur à l'Ecole impériale Polytechnique et à la Faculté des Sciences de Paris, et Membre adjoint du Bureau des Longitudes. A Paris, chez Mme Ve Courcier, Imprimeur-Libraire pour les Mathé- matiques, quai des Augustins, n° b7. Deux vol. in-8° de plus de oo pages chacun, avec Planches. Prix, 12 fr. pour Paris, et 16 fr. franc de port pour les Dépar- temens. Cet Ouvrage, qui étoit attendu depuis long-temps, a été adopté par l'Ecole Polytechnique pour l'instruction des élèves; il renferme en outre les notions de Statique élémentaire qu’on exige des candidats qui se destinent pour ladite Ecole ou pour l'Ecole normale. Nous rendrons compte de cet Ouvrage dansle Cahierprochaix. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 819 Tome troisième de la Correspondance sur la Conservation et l’ Amélioration des Animaux domestiques; pour perfectionner les moyens de les choisir, de les employer, de les entretenir en santé, de les multiplier, de les traiter dans leurs maladies; en un mot, d’en tirer le parti le plus utile aux Propriétaires et à l'Etat. — Recueillie de la pratique d’une Société d’'Hommes de l'Art, français ou étrangers, et publiée périodiquement par M. Fromage Defeugré, Vétérinaire en chef de la Gendarmerie de la Garde de 5. M. PEmpereur et Roi, Membre de la Légion d'Honneur, Docteur en Médecine de l'Université de Leipsick, ancien Professeur à l'Ecole Vétérinaire d’Alfort, etc. Prix 3 fr. bo cent., et 4 fr. par la poste, franc de port. À Paris, chez F. Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° ro. On affranchit l'argent et la lettre d'Avis. Flore pittoresque des environs de Paris , de l'Imprimerie de Perroneau. L’Auteur propose de publier une nouvelle Flore des environs de Paris avec Figures. On souscrit à Paris, chez l’Auteur, bou- levard et porte Saint-Antoine, no 3; chez Fantin, Libraire, quai des Augustins, n° 5d. 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ele. TE TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Essai sur la nomenclature chimique; par M. le Pro- Jfesseur Berzelius. Pag. Manuel du Teinturier sur le fil et le coton filé; par M. J. B. Vitalis. Extrait par M. Vogel. Voyage dans les environs de Christiania en Norwège; par M. Buch. Extrait par M. Vogel. Tableau météorologique, par M. Bouvard. ÆExamen critique de quelques Mémoires anatomico- physiologico-botaniques de M. Mirbel; par L. C. Richard. Mémoire de M. Mirbel, intitulé Précis d'un Mémoire ayantpour titre, Nouvellesrecherches sur les caractères anatomiques et physiologiques qui distinguent les plantes Monocoty lédones des plantes Dicoty lédones. Tntroduzione alla geologia, etc., c’est-à-dire, Introduc- tion à la géologie ; par Scipion Breislack, Extraït, Nouvelles Littéraires. ; 253 237 289 292 294 295 31 317 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. NOVEMBRE AN rôrr. . SECOND MÉMOIRE DE M. MIRBEL, INTITULÉ, OBSERVATIONS SUR LA GERMINATION DES GRAMINÉES. A —— QUELQUE desir que j'eusse de réduire les frais des Planches que je devois joindre à mon Mémoire; le desir plus fort de faire bien connoître la structure des Embryons des GRAMINÉES ne m'a pas permis de figurer moins de neuf genres. Les différences qu'ils présentent suflisent pour. en motiver l'utilité et même la nécessité. Cependant M. Mirbel a osé traiter le même sujet avec deux exemples seulement. C’est assezsa louable coutume de donner des titres généraux à des Mémoires partiels et très-incomplets : nous allons le voir tracer hardiment la structure des parties du Fruit de l'Ordre entier des GRAMINÉES , par l'inspection de celui Tome ZXXIII NOVEMBRE an 1811. dy: 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du Maïs et du Blé. Faire de grands efforts pour paroître savant botaniste et fort peu pour le devenir; tel est le plan de travail que notre auteur semble s'être proposé jusqu’à présent. On sera peut-être surpris que M. Mirbel , traitant spéciale- ment de la germination des GRAMINÉES dans ce Mémoire, n'ait pas jugé à PEgos d’y relater les vingt-sept figures de cette germination dont il a orné le précédent. Mais le botaniste ju- dicieux trouvera qu’il a eu raison de ne pas les citer ici; etun méchant critique croira appercevoir dans cette réticence un aveu de leur inutilité. Examinons le Mémoire de M. Mirbel. Il ne nous fera pas perdre beaucoup de temps, puisqu'il renferme en six pages tout ce qu’on peut dire sur la structure et la germination de l'Embryon des GRAMINÉES; et pardessus le marché, deux épisodes qui remplacent avantageusement beaucoup de faits surperflus et sa- vamment omis. TEXTE DU MÉMOIRE. CRITIQUE. J'ai fait remarquer que l'embryon Je n’insisterai pas sur ce pré- des espèces de cette famille (des gra- {endu développement intrasémi- minées) differe de celui des autres DÉS Ro ERP] monocotylédons, en ce que la radi- RAA ENONCE et EE u- cule et la plumule sont développées mule des GRAMINÉES : j'ai fait dans la graine ; chose qui n’a paslieu connoître mon sentiment sur ce dans les palmiers , les liliacées, les sujet, dans examen du précédent narcissées, les iridées , où la radicule et la plumule ne deviennent visibles Mémoire. Mais je féretremarquer qu'après la germination. Mais l’exa- que la différence de structure en- men des graminées fournit encore Île l'Embryon de ces plantes et ce. quelques faits qu’on ne doit pas né- lui des autres Monocotylédonées gliger dans l'histoire naturelle de à été aussi observée par Malpighi. cette famille. Je vais les rapporter A brès avoir décrit la structure en peu de mots. LE compliquée de PEmbryon des ] A GRAMINÉES; cet auteurajoute..… in aliquibus seminibus plantula hœc hujus modi foliorum ap- paratu carel; utiin CÆPIS SATIVIS, MOLY MONTANO, Tu- LIPA, ASPARAGO, LILIO, ARO et GLADIOLO accidit... La priorité de cette découverte est donc légitimement dueàl’auteurque je viens de citer, et qui l’exprime à peu près de la même manière que M. Mirbel. On verra par la suite, de combien de faits nouveaux et. exactement observés, de combien d’éclaircissemens utiles bi stoire naturelle de cette famille est redevable à celui-ci. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Si les idées générales que j’ai ex posées sur la nature des lobes sémi- naux sont vraies , l'embryon des gra- minées doit être enfermé dans son cotylédon ; car les feuilles des plan- tes qui composent cette grande fa- mille, sont essentiellement engai- nantes, et, suivant ma théorie, les cotylédons ne sont autre chose que les feuilles dans la semence. 323 Quoique depuis Malpighi, qui a donné le premier lenom de feuil. les séminales aux Cotylédons, tous les botanistes aient regardé ceux-ci comme /es feuilles dans la semence ; je ne crois pas qu’on puisse déduire de cette zouvelle théorie de M. Mirbel cet autre principe ; que, si les feuilles d’une plante sont essentiellement engaî- nantes, son Embryon dôit être enfermé dans son Cotylédon. Sans être partisan de la Logomachie , je ne saurois m'empêcher de noter en passant, l'abus que notre auteur fait ici de sa grande autorité dans la science, en employant des expressions extraor- dinaires. Qu’entend-il par l’enbryonenfermé dans son cotylédon ? Le Cotylédon, si je ne me trompe, est partie intégrale de VEmbryon : le pronom soz, justement placé ici, semble an- noncer que M. Mirbel reconnoît cette intégralité : cet Embryon est donc un tout contenu dans une de ses parties! Il ne peut y avoir qu'une logique subtile et une grande habitude dans la juste application des mots, qui aient conduit notre auteur à la découverte d’un problème aussi étrange. Il devroit nous apprendre en quoi les feuilles des GRAMINÉES sont plus essentiellement engaiînantes que celles des autres plantes. Mais, comme il va bientôt nous fournir Poccasion de parler du rapport qu’il trouve entre le Cotylédon et les Feuilles de cette famille; suivons-le dans sa marche r#7éthodique. Deux enveloppes qui ne semblent à l’œil nu que de simples membranes, mais qui sont réellement formées chacune d’une lame très-mince de tissu cellulaire , comme on le recon- noîtau moyen du microscope, recou- vrent exactement la graine. La pre- mire est le péricarpe , la seconde est le testa. Il n’y a pas de membrane interne. M. Turpin a figuré une pe- tite ouverture à la pärtie antérieure du péricarpe du blé et du maïs ; mais comme ce botaniste ne s’est servi que de la loupe pour grossir le blé, et qu’il a dessiné le maïs de grandeur Gærtneravoit d'abord,dansson Irtroduction, donné le nom de testa au tégument propre de la Graine. Mais s'étant appercu en- suite que ce nom étoit impropre, il ne l’a employé , ni dans ses ca- ractères génériques, ni dans ses descriptions. Il est donc surpre- nant que M. Mirbel veuille le ré- tablir. Voici un passage qui, avec beaucoup d’autres de ses écrits, prouve combien il est ferme et a she” 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE naturelle , il est aisé de comparer ses conséquent dans ses principes. Il dessins à la nature, et l’on voit clai- admet autour de la Graine des FOR AN AM EE VE OIREE GRAMINÉES deux enveloppes, qu'il distingue avecraison en Pe- ricarpe et en T'esta ou tégument propre dela Graine. Il reconnoit donc par là que ces plantes ont un Fruif. Cependant, partout où il devroit se servir, de ce mot, il lui substitue celui de Graine. C’est sans doute, comme il le dit ailleurs, pour se faire com- prendre de lu plupart des lecteurs, qui voient dans les Céréales des Graines nues, qu’il n’a pas voulu employer le mot Fruit. ÆEn vérité, ces lecteurs là seroient biensingrals, si, pour toutes les complaisances antibotaniques qu’il a pour eux, ils ne le couvroient pas d'un bouclier d’éloges qui puisse le mettre à l'abri des traits des botanistes. M. Mibel relève avec raison l'erreur de M. Turpin, qui croit avoir vu son Micropile sur le Péricarpe du Blé et du Maïs. Mais cette erreur même auroit dû lui faire découvrir un petit point roussâtre, qui se trouve constamment dans un grand nombre de Graminées et est situé à l’endroit du Péricarpe qui répond au sommet de la Radiculode. En attendant que Yauteur nous apprenne ce que c’est que ce point coloré , mais imperforé, sondons un peu la solidité de ses preuves anatomiques de l'erreur de M. Turpin. Les graines naissantes du blé,de M. Mirbel nous fait sentir ici Torge, de l’avoine, du seigle, por- J'avantage , qu'un physiologiste a tent à leursommet deux petites houp- , 5 à es pour recevoir etretenirila pous- sur ] humble botaniste , de pouv O1r siere fécondante : ce sont les stigma- à son gré donner à ses descriptions tes. J'ai fait voir autre part que ces le charme des licences poétiques. stigmates sont produits par une bi- En vertu de ce privilége, 1l nous ane ù RAA peint lesOvaires des Céréalescom- la el L. P me des Graines naissantes : meil- leur juge que la nature en décora- tion , il supprime les Styles pour couronner plus gracieusement ces graines par les deux petites houppes stigmatiques : et non content de la nudité trop vulgaire de celles-ci, il les poudre avec la poussièré fécondante. Un botaniste, retenu par les lisières del’exactitude, ou obéissant servilement aux rênes de la Règle, n’oseroit se permettre de travestir ainsi les ouvrages de la Nature. Il diroit, que l'Ovule des Céréales est, comme celui de toutes les plantes monospermes, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 325 contenu dans un Ovaire et que cet Ovaire est terminé par deux Styles et deux Stigmates aspergillaires , ou en forme de goupillon. Sachant que la Nature a placé trop défavorablement les fleurs femelles de certaines Graminées pour qu’elles puissent recevoir le Pollen des mâles: que très-souvent les Stigmates des végétaux de cet ordre ne sont chargés de cette substance à aucune époque de la fleuraison : qu’enfin, l’expérience démontre que le contact matériel entre les corpuscules polliniques et le Stigmate n’est pas absolument nécessaire pour la fécondation; il se garderoit d'assurer, avec M. Mirbel, que les petites houppes du Blé, de lOrge, etc., sont destinées à recevoir et retenir la poussière Jécondante. Il voudroit peut-être, au contraire, comptant sur l'indulgence réciproque de M. Mirbel, prouver sans preuves, que la Nature n’a multiplié la surface de ces Stigmates que our favoriser l’inhalation de l'aura pollinaris, etcompenser ainsi É difficulté et souvent l'impossibilité que le Pollen auroit à se porter sur eux. Mais laissons là ce botaniste lutter avec infériorité contre son adversaire sur le sable mouvant des causes finales, Livrons à celui-ci un petit combat sur le sol plus solide des faits ; et avec d'autant plus de confiance qu’il s’y montre ordi- nairement avec moins de force que de hardiesse, M. Mirbel a fait voir, je ne sais où, que les deux Stigmates des Céréales sont produits par une bifurcation du conducteur. Les botanistes entendront bien clairement, qu'il y a deux Stig= mates dans les GRAMINÉES, parce que le conducteur s’y bifurque; et que, par conséquent, il ny aura qu'un Stigmate dans celles où 1l ne se divisera pas, et trois dans celles où il se trifurquera. Ils n'auront donc plus qu’à vérifier l'existence de ce conducteur. Mais ce qu'ils croiront difficilement, c'est que ce filet vasculaire produise ces Stigmates ; car il paroit que M. Mirbel n’a voulu parler que de la production numérique de ceux-ci; ils auront raison de lui objecter, que la bifurcation du conducteur peut être regardée tout aussi bien comme la conséquence que comme la cause du nombre binaire des Stigmates, Le conducteur fait corps avec le Après ce petit prélude conjec- péricarpe, et est situé dans le sillon {ural, abordons la principale ques- qui divise longitudinalement chaque graine en deux lobes égaux. Son ex- üuon de fait. N'allons PES la irémité supérieure aboutit aux Stig- Juger, emprunter le microscope mates ; son extrémité inférieure tra-_ trompeur de M. Mirbel; servons- verse le testa et s'attache à la base nous de nos loupes simples ; nous F5 ; : € postérieure del'Embryou. Si M. Tur- y verrons plus clair. Ecoutons d’a- 326 pin, dont le Mémoire renferme d’ail- leursun grand nombred’observations neuves et curieuses , eût exanuné la situation et la direction du conduc- teur dans les Graminées , il est bien probable qu’il n’eût pas cherché sur le péricarpe des graines de cette fa- mille , une ouverture qui n’y existe pas, etqui , lors même qu’elle y exis- teroit , ne pourroit servir à la fécon- dation, puisque le conducteur suit une direction tout opposée. dans les GRAMINÉES, il est JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bord cet interprète fidèle de la Nature: Zeconducteur fait corps, etc. Débutons, dans notre répon- se, par retorquer contre l’adver= saire de M. Turpin ses propres ar- gumens. Si M. Mirbel, dont le Mémoire renferme d’ailleurs un grand nom- bre d'observations zeuves et cu- rieuses, eût examiné la situation et la direction du Conducteur bien probable qu'il ne l'eût pas placé dans le sillon du Péricarpe où il n’existe pas ; et lors même qu'il y existeroit , il ne pourroit servir à la fécondation , puisque le prétendu filet vasculaire du sillon n'arrive et ne pénètre jamais dans la base des Styles. Puisque le prétendu Conductear est un filet vasculaire par l'entremise duquel s'opère la fécondation, c’est dans lOvaire, plutôt que dans le Fruit, qu'il convient de le chercher. Nous avons donc lieu d’être surpris qu’un anatomiste habile, ami de la vérité et incapable de rien supposer, ait négligé le seul moyeu de se convaincre de l’exactitude des faits. L'assurance avec la- quelle il les débite doit inspirer à ses lecteurs une grande con- fiance dans ses observations. Mais nous, qui n'avons point accepté sa garantie d’exactitude, nous Petdeon Îà peine de les vérifier. Dans l'Ovaire, soit monostylé, soit distylé de toutes les GRA- MINÉES, deux filets vasculaires simples, suivant ses bords ou côtés à travers son parenchyme, montent de sa base à son sommet, où ils s’introduisent distinctement daus le Style simple ou double, L’Ovule est fortement et immédiatement attaché dans la cavité de l'Ovaire, tantôt par une portion plus ou moins large et toujours oblique de son extrémité inférieure, tantôt et le plus souvent, par une ligne très-étroite, qui parcourt le milieu d’une de ses faces presque jusqu’au point correspondant au sommet stylifère de son enveloppe extérieure. Comme l’Ovaire et lOvule ne crois- sent jamais également par les deux faces, et que le mode d’ac- croissement de chacune d’elles est lui-même variable dans les divers genres et quelquefois dans les espèces congénères; l’écar- tement et la position des Filets vasculaires devront nécessairement varier. C’est aussi ce qu’on observe dans les Fruits mûrs, dont ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 ils occupent tantôt une face, tantôt l’autre : le plus souvent, ce- pendant, on les trouve sur celle où est le point d’attache de la Graine , aux deux côtés duquel ils sont placés. Dans les Fruits de quelques genres, ces filets un peu altérés, sont beaucoup plus difficiles à appercevoir que dans eeux des autres. Comparons maintenant nos observations avec les assertions de M. Mirbel. Sans garantir les fonctions des deux Filets vasculaires dont nous venons de parler, nous sommes convaincus que le nom de conducteurs (d’après les qualités que M. Mirbel attribue au sien) leur appartient. Il est également évident qu’il a pris pour conducteur la substance roussâtre du point d’attache dela Graine. Cette erreur , facile à commettre, seroit en quelque sorte excu- sable, si l’auteur mettoit habituellement moins de prétention et plus de franchise dans ses écrits. Mais comment a-t-il pu dis- tinguer assez nettement le Péricarpe du Testa pour rapporter au premier son prétendu conducteur ? Pourquoi, dit-il, que son con- ducteur fait corps avec le Péricarpe? Sinon parce qu’un vrai con- ducteur doit faire partie de cet organe. Pourquoi fait-il aboutir aux Stigmates la ligne roussâtre qui est dans le Sillon? Sinon our rendre probables le nom et la fonction fécondative qu'il ui attribue. omis veut-il que l'extrémité inférieure de cette ligne traverse le Testa? Sinon parce que cela paroît convenable pour que la matière fécondante puisse arriver dans POvule; mais nous ne saurions deviner la raison pour laquelle il attache cette extrémité à la base postérieure de l’Embryon, puisque cette aili- gation nous paroît sans but. Que de suppositions imaginées pour étayer une première erreur? Avec quelle assurance on nous les donne pour des faits observés dans la Neture! mais passons au Maïs, qui va nous fournir la matière d’une discussion naturellement liée à la précédente. Dans le maïs, la graine n’aqu'un J’unitédeStigmateetledéfautde stigmateetn’offrepomtdesilionquila $i]londans la Graine du Maïs sont partage en deux lobes. Il m'a étéim- possible d’y suivre le conducteur ; deux faitsexacts, M.Mi De a-til mais il prend sa direction , ainsi que voulu que les présenter 150 ément, dans les autres graminées, vers la ou bien les considérer comme dé- partie postérieure de la graine. On pendanset conséquens l’un de l’au- apperçoit à la base de l'embryon une rainure qui paroît être destinée à re tre ? Si nous nous reporions à ce $ ee a _ : ET E Ë Fe cevoir l'extrémité inférieure du con- AU PI écède et si nous faisons at- ducteur. tention à ce qui suit, jous nous 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sentirons disposés à croire, qu’il regarde le défaut de Sillon comme une conséquence de l'unité de Stigmate ou de Style. Il nous paroît en effet, qu’il a voulu faire entendre que la Graine du Maïs n’est point partagée en deux lobes, comme celle des Cé- réales dont il vient de parler, parce qu’elle n'a qu’un Stigmate,- au lieu de deux qu'il nous a fait observer dans celles-ci. C’est du moins l'interprétation qui paroîtra la plus probable à ceux qui compareront les deux passages et qui remarqueront l'intention manileste de les faire contraster. Dans le cas où nous aurions deviné justement , nous dirons, que la plupart des Graminées digynes n’ont point leur Graine divisée en deux lobes par un Sillon; et que celle de plusieurs genres monogynes, tels que Lygeum, Pharus,etc., présente cette prétendue bilobation. Notre jugement sur la phrase suivante sera plus certain, puisque habemus confitentem reum. M. Mirbel avoue qu'il n'a pu suivre le conducteur du Maïs : mais cela ne l’empêche pas d’aflirmer qu'il prend sa direction, ainsi que dans les autres Graminées, vers. la partie postérieure de la Graine. Tout autre botaniste auroit du moins témoigné quelque doute; mais les doutes, comme signalant un défaut de connoissances précises, dépareroient des écrits, publiés moins pour éclairer les botanistes que pour capter, par l'apparence d’un grand savoir, les éloges de la multitude des lecteurs, Sans prétendre exercer aucune influence sur le suffrage de ceux-ci, nous noterons encore ici uné petite sup- position. Il ne suflisoit pas d’indiquer.la route du conducteur ; il falloit aussi signaler son entrée dans la Graine. Pour la rendre plus facile, notre anatomiste a fait à la base de l'Embryon une rainure que la Nature avoit oublié d’y placer. Mais par quelle ruse cette indocile a-t-elle osé se soustraire ici à la loi promulguée sur le conducteur des Graminées, par le législateur de la Physiologie végétale ! Elle a eflacé le filet tracé par celui-ci sur Ze partie postérieure de la Graine du Maïs; et elle en a formé deux sur la partie antérieure, qui, descendant du sommet vers la base, cachent leur bout inférieur dans une espèce de tache basilaire brune, qui s'étend sur le bas du dos en s’y arrondissant. Ensuite, pour dérouter le scalpel du phyto- tomiste, elle a rassemblé la matière qu’elle prolonge en ligne étroite dans le sillon des Céréales , pour en former la tache dont nous venons de parler. Quel lecteur seroit assez injuste pour attri- buer à M. Mirbel des écarts qui sont ceux de la Nature! Sans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 329 Sans le troubler dans l'explication de’son rêve farineux , nous “arriverons avec lui à l'Embryon des GRAMINÉES. Je viens à T’embryon. Il est situe à la base antérieure de la graine et appliqué contre le testa. C’estun petit corps charnu, de forme ovale, bommbé à sa partie postérieure, plane à sa partieantérieure.D’abordonn’yvoit, même avec le secours de l’anatomie microscopique , ni radicule, ni plu- mule. Ces deux organes, dont.la réu- mion forme la plantule, se dévelop- pen insensiblement dans l’intérieur u corps charnu qui l’environne, comme la matière de l’animal envi- ronne le fœtus, ou , pour me servir d’une comparaison plus analogue au “sujet quejetraite, comme les feuilles engaïnantes des plantes monocotylé- dones entourent le bourgeon des jeunes feuilles qui se développeront par la suite. M. Mirbel distingue dans la GraineouleFruitdes GRAMINÉES deux faces : l'une antérieure, l’au- tre postérieure. Comme il a né- gligé de nous indiquer la base ou la raison de cette dénomination, il nous est permis de la regarder conme arbitraire. Comment re- connoître la face antérieure ou postérieure‘d'un Fruit solitaire et surtout détaché de son réceptacle? Une seule circonstance peut ren- dre possible cette distinction: c’est la présence de certaines parties tellement disposées sur le support du Fruit, qu’on puisse leur recon- noître deux faces , auxquelles on rapporte alors celles de celui-ci.Je profiterai de l'existence de cette circonstance dansles GRAMINÉES, pour démontrer que la dénomination donnée par M. Mirbel est mal fondée. Comme celle que j'ai établie dans mon Opuscule et dans mon Mémoire est différente et comme opposée à la sienne, je crois devoir éclairer les botanistes sur le choix qu'ils ont à faire de l’une ou de l'autre. Le Fruit de ces plantes est accompagné de Paillettes distiques, qui, relativement à leur support commun, ont une face interne et une externe. Puisque ce support est aussi celui du Fruit, n'est-il pas convenable de baser la dénomination des faces de celui-ci sur le même principe que celle des Paillettes. Or, la face interne d’une Paillette est celle par laquelle elle regarde sa correspondante : donc, la face interne du Fruit est celle qui est tournée vers la dernière Paillette qui lui correspond. En con - séquence de ce principe, qui me paroît être le seul admissible, comme établissant-une dénomination relative et non arbitraire, J'Embryon est placé sur ia face externe de la Graine ou plutôt de l’Endosperme. Ainsi, ce que M. Mirbel appelle ici base an- térieure de la Graine est, selon moi, sa base externe ou exté- fieure. L’ailleurs, ma dénomination étant antérieure à la sienne, Tome LXXIII. NOVEMBRE an 18611. Vy 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il devoit motiver la préférence qu’il donnoit à celle-ci. Je ter- minerai cette petite discussion, pour en commencerune d’un plus grand intérêt sur la structure de l'Embryon. Obligé de suivre mon auteur, qui a disséminé ses observations sur ce sujet, je ne saurois, sans une certaine perle de temps, présenter mes remarques dans un meilleur ordre; mais je tâcherai de les mieux rassembler dans la critique du Mémoire suivant. Je ferai d'abord remarquer que M. Mirbel semble décrire ici lEmbryon de quelque Graminée, dont il a sans doute oublié de nous faire connoître le nom; car la forme, que cependant il donne comme générale à l'Embryon dela famille, ne convient qu'à celui d’un petit nombre des genres qui la composent. Les parties nommées ici Radicule et Plumule sont très-apparentes dans l’'Embryon des GRAMINÉES. Je ne sais donc pourquoi l’auteur dit, que d’abord on ne les voit pas, même à l’aide du microscope. J’en suis d’autant plus surpris, qu’il a dit ailleurs du la Plumule de ces plantes étoit visible à l’œil nu. Le mot ’abord et lespèce de développement insensible qu’il attribue à sa Plantule paroissent indiquer qu'il veut parler d’une époque antérieure à la formation de l'Embryon. Alors il ne seroit pas étonnant que des parties d’un Embryon non formé ne fussent pas visibles. Ce passage obscur ne mérite pas plus d’attention que la ridicule comparaison du corps charnu à la matrice de Vanimal; mais la seconde comparaison, sans être exacle, est néanmoins plus supportable. La gaine de la feuille primordiale M. Mirbel, qui nous donne l’in- des plantes monocotylédones est en tégrité originaire de la gaîne de üère dans 1 origine ; elle ne s’ouvre la première feuille commeun ca- longitudinalement que lorsque le P : AA ractère général des MonocorTy- bourgeon intérieur grossit , et de mé- j k : L ñ me, le corps charnu qui sert de gzîne LÉDONÉES, auroit bien dû nous à la plantule, ne s'ouvre dans sa en citer quelques exemples. Car are Eur co caractère d'appartent qu'à a Ron mobil P RE decette classe. our m'en tenir à celles qui font l’objet de ce Mémoire, je dirai, que la gaîne de la Feuille primordiale de presque toutes les GRAMINÉES est fendue dès son origine dans toute sa longueur et convolutée en cylindre. Je suis surpris que le dessinateur d’un grand nombre de Plantules de cette famille, n’ait pas observé ce fait, Il wauroit pas eu la disgrace de voir citer, comme ex- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331 ception à son assertion, les plantes mêmes sur lesquelles ilécrivoit. J'avoue que si M. Mirbel n’eût point averti, dans son précédent Mémoire, qu'il nommoit feuilles primordiales celles qui viennent immédiatement après les lobes séminaux, j’aurois pensé que dans celui-ci il donnoit ce nom au Cotylédon. Comme M. Mirbel, en traitant de l’'Embryon des GRAMINÉES dans ses trois Mémoires, a répété à peu près les mêmes choses, je renverrai au troisième la discussion sur son prétendu Cotylédon engaînant. Ces développemens successifs de l'embryon encore contenu dans la graine, sont bien apparens dans le Dèsquel’Embryondu Maïs, etc. a pris la forme qu'ildoit avoir, ses mais , où l’on voit, sans qu’il soit besoin d'employer la loupe, le coty- lédon , d’abord fermé ,se fendre dans sa longueur , ets’ouvrir d'autant plus que la plumule et la radicule sont plus formées , et que la semence ap- proche davantage de sa maturité par- faite. diverses parties ont déjà à peu près la proportion relative qu'elles con- serveront dans leur croissance si- multanée. Cet Embryon encore contenu dans la Graine, n'offre donc point des développemens suc- Rae cettesuccession est incom- patibleavecun accroissement con- tinu. Le prétendu Cotylédon a sa fente dès le commencement de ssa formation; et assez souvent cette fente reste complètement close dans la Graine parfaitement mûre et même sèche. Tous ces développemens de l'Embryon et du soi-disant Cotylédon, ne sont donc imaginés que pour rendre ce dernier plus ressemblant à l'objet auquel on veut le comparer. Avant d’aller plus loin, je remar= querai qu’à la vérité le cotylédon de toutes les plantes à un lobe séminal, forme une gaine; mais que, dans les seules graminées, cette gaîne s’ouyre longitudinalement. Dans les autres familles, la base du lobe sémi- nal produit la radicule , et la partie supérieure se perce pour laisser pas= ser la plumule. Le Cotylédon des MoxocorTy- LÉDONÉES forme une gaîne qui, par suite de la germination, s’ou- vre le plus souvent par une fente longitudinale devenant plus ou moinslongue.Ce n’est donc paspar sa déhiscence longitudinale que le prétendu Cotylédon des GRAMI- NÉEsdiffére du premier. Si M. Mir- bel, qui reproche à Gærtner de n'avoir pas observé la succession des faits, l’eût lui-même ob- servée, elle auroit pu lui faire reconnoître que le Scutellum de cet auteur n’étoit pas unvéritable Cotylédon. Il auroit remarqué; que la fente du Gotylédon des plantes à un lobe séminal ré: Vyz 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sultoit d’une rupture ; que non-seulement celle de son Cotylédon graminal existoit primitivement, mais encore qu’elle livroit une sortie commune aux deux parties qu’il appelle Radicule et Plu- anule : et il auroit sans doute conclu de ces différences essentielles, que le corps charnu et engafnantde l'Embryÿon des GRAMINÉES n'avoil aucune analogie avec le Cotylédon des plantes à un dobe séminal. LA Les botanistes croient que, dans les Embryons parfaits de toutes les familles, la Radiculeest toute forméeavant la germination : eh bien! ils se trompent. Car M. Mirbel a vu, dans les familles mo- nocotylédones autres que les Graminées, la base du lobe séminal roduire la Radicule. Par une conséquence naturelle de celte Eo assertion, celle des Dicotylédones est sans doute aussi produite par les bases des deux /obes séminaux. Mais ce n'est qu'à l'aide du microscope, qu'on peut appercevoir les efforts que les lobes séminaux font pour enfanter la Radicule. Il n’est donc pas étonnant que les bolanistes, qui ne se servent habituellement que de loupes simples, n'aient pas pu faire celte découverte. ….La plumule etlaradicule (des Malpighi paroîtavoiremprunté graminées) sont unies par l’intermé- de M. Mirbel l’idée de ce 2œud, diaire d'unnœud charnu, {rés ape unit la Plumule et la! Radi- rent dans quelques genres , etsurtout bn amère SE RATE cule; lorsqu'il dit, en parlant du Blé « totum exaratum plantulæ corpus, umbilicali nodo, conglo* halo fariraceo folio continuatur et nectitur.....» Il semble même avoir voulu traduire le passage de M. Mirbel par celui-ci : « tenelli culmiexortus à nodo patef, à quo radices pariter prin- cipium Capiuné. » Quoiqu'il y ait une petite différence entre les deux idées de ces auleurs, il est du moins probable que lune a pu faire naître l'autre; mais ce qui paroit certain, c'est qu'il n'y a et qu'il ne peut y avoir dans l'Embryon d’aucuné Graminée, un nœud qui unisse les prétendues Radicule et Plumule, Ce nœud n'existe pas plus dans cette famille, que dans toutes les autres mono= cotylédonées ; même dans celles qui ont des nœuds caulinaires aussi notables que ceux du Chaume. Passons à l’article du Bié, qui va nous éclairer sur la raison pour laquelle notre auteur a imaginé de se servir d’un nœud, que la Nature réprouve comme un obstacle à ses opérations. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Un point reste à éclaircir. On dit: communément quele blé, l'orge, l’a- voine , le seigle, ont plusieurs radi- cules, et que cette multiplication d’un organe si nécessaire à la crois- sance des végétaux, résulte de la lon- gue culture à laquelle on a soumis les céréales. 333 Ce point est éclairci dans mon Opuscule ,-qui a paru six mois avant la lecture etun an avant la pu- blication du Mémoire de M. Mir- bel. Mais on a l'air plus savant, lorsqu'on propose des questions neuves; el voilà pourquoi il indi- que ce point comme un sujet qui n'a pas encore élé traité. Je ne tiendrai aucun comple d'un écart philosophique de quelques bota- nistes sur la multiplication de la Radicule; mais j'analyserai seru- puleusement les recherches scru- puleuses de notre auteur sur ce fait. Si le Mais eût encore pu jouer ici un rôle convenable , M. Mirbel n’auroit pas été obligé de chercher dansle Blé un second exemple de la structyre de l'Embryon de la nombreuse famille des GRAMINÉES. A-#fmieux expliqué celle-ci dans le dernier genre que dans le premier? C'es£ ce que nous allons voir. Cela est-il bien exact? A-t-on exa- iminé-scrupuleusement le fait et vé- rifié la cause qu’on lui assigne ? C’est ce que nous allons voir. Je prends la graine de blé pour exemple ; j’exa- mine la plantule au moment où elle devient visible; elle est formée de deux petits cônes opposés par leur base; le supérieur est la plumule, l'inférieur est la radicule. A cette époque, la radicule est parfaitement simple : peu après il se développe, au point de jonction des deux cônes, à droite et à gauche de la plantule, deux mamelons qui grossissent à me sure que la radicule s'accroît, 11 y a, selon lui, un moment où ce qu’il appelle la Plantule n’est pas visible dans la Graine de blé; et un autre où elle le devient. Nul doute qu’il veuille par ceci nous rappeler son dé- veloppement intraséminal; et il fait bien, car sans son avis la Nature nous le feroit oublier. Il fait également bien de nous prévenir que la Plantule du Blé est, tout comme celle du Maïs, formée de deux petits cônes opposés par leur base ÿ, Car si nous venions à les comparer, nous les trouverions fort difiérentes l'une de l’autre. Le moment où la Plantule devient visible est l’époque à laquelle il a vu la Radicule parfaitement simple. Mais comme il ne nous a pas indiqué le moyeu de reconnoitre cette époque fixe, notre ignorance nous force de ne commencer notre examen de l'Embryon, que lorsque la graine est parfaitement müre. Nous trouvons alors, que l'extrémité inférieure de la Plantule offre trois bosses; deux latérales et une inférieure plus grosse et conoïdale. Dans quelques espèces de Blé, et assez souvent 334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans le Seigle, les bosses latérales sont plus saillantes et par là lus semblables à l'intermédiaire. Chacune d’elles contient éga- lac un rudiment de Racine; et elles sont toutes trois réel- lement de la même nature.Œnsorte que, si l’une estune Radicule, les autres méritent aussi ce nom : tel est le sentiment de Jussieu et de Gærtner , et tel sera celui de tout homme judicieux. Les deux mamelons partent du nœud, et ils sont recouverts par la poche dont le fond enveloppe la ra- dicule. Celle-ci perce au dehors , et durant quelque temps , paroît seule ; enfin les deux mamelons latéraux s'ouvrent un passage , et s’allongent en deuxsucçoirs grêles. Au-dessus pa- reissent deux nouveaux mamelons, qui sont également l’origine de deux suçoirs. Ce sont ces quatre suçoirs la- téraux que l’on qualifie du nom de radicules ; mais on n’a fait attention ni à leur point d'attache , ni à l’épo- que de leur développement ; en un mot, on a néglige de les comparer à la véritable radicule qui se montre la première, et quiest Sppos ii plu- mule. Ces quatre suçoirs paîtent , comme je l’ai dit plus haut , du nœud de la plantule , et ils sont parfaite- mentsemblablesauxracines quinais- sent des nœuds des graminées. Ce ne sont donc point des radicules, ce sont des racines articulaires..... J'ai annoncé dans mon Opus- cule, et je croisavoir prouvé dans mon Mémoire , que l'admission de plusieurs radicules dans l'Em- bryon des GRAMINÉES étoit er- ronée, Examinons néanmoins les preuves que M. Mirbel allègue de cette erreur, qu'il a reconnue de- puis la lecturede son premier Mé- moire. La prétendue Plantule du Blé forme un élargissement au point où elle s'attache au prétendu Co- tylédon. Les rudimens de Racines ou mamelons, que renferment les trois bosses, naissent de cet élar- gissement ; ainsi que les deux au- tres petits qui doivent se manifes- ter plus tard. Ces mamelons tirent bien certainement leur origine commune de la substance interne de cette expansion de la Plantule, Mais, comme il importe à la théorie de M. Mirbel que les deux mamelons latéraux aient un point d’origine différent de celui du mamelon inférieur , il les fait partir d’un nœud qui n'existe pas. En observateur qui garantit son exactitude, il les recouvre par la poche dont le fond enveloppe la radicule ; tandis que chaque mamelon des diverses espèces de Blé et de Seigle a recu de la Nature sa cavité particulière, L'infiniment petit in- tervalle qu’il y a entre l’exertion des deux mamelons latéraux et celle de l'intermédiaire, est aussi pour l’auteur une preuve de leur différente origine. Il résulte de l'attention qu'il a faite au point d’attache et à l’époque du développement de ces divers mamelons, que les latéraux deviennent par leur alongement ET D'HISTOIRE NATURELLE. 335 de simples sucoirs, et que l’inférieur ou intermédiaire seul forme la véritable Radicule , non-seulement parce qu'il se montre le eme mais encore parce qu'il est opposé à la Plumule. Je erai remarquer, en es , que ce m'est plus , comme ci-dessus, le cône-inférieur de la Plantule que l’auteur appelle ici Radicule, mais seulement le mamelon renfermé dans ce cône. Voulant punir la Nature, de ce qu’elle se mutine continuel- Jement contre ses théories physiologiques , il a imaginé de nouer ensemble la Plumule et la Radicule. Par ce stratagème, si adroi- tement caché que personne ne peut l’appercevoir, elle s’est trouvée forcée de faire naître les suçoirs d’un nœud. Mais quelle peut être l'utilité de ce nœud ? Beaucoup plus grande qu'on ne sauroit le croire. Car, par son moyen, les suçoirs deviennent par/ai- tement semblables aux racines qui naissent des nœuds des Graminées. De cette origine nodale, dont il est d'autant plus certain qu’il en est l’auteur, M. Mirbel conclut que ces sucoirs ne sont pas, comme on l’a cru, des Radicules, mais bien de vraies Racines articulaires. Malheureusement pour sa théorie, il a oublié de faire un pareil nœud à l'Embryon de quelques Graminées qui ayant, aussi bien que celui du Blé, plusieurs mamelons, va nous fournir le moyen de venger la Nature du tour qu’il a voulu lui jouer. Le cône inférieur de la Plantule du Coix, de l’Avoine et de l’Orge est bien certainement le même que celui dans lequel M. Mirbel place la véritable radicule du Blé. Le cône du Coix renferme constamment trois z1amelons : leur nombre est variable dans celui de l’Ævoine, qui souvent n’en contient qu'un seul: on en trouve depuis trois jusqu'à six dans celui de l'Orge. Ce cône n’a qu'une seule cavité simple et commune à tous les ma- melons. Ce caractère singulier établit, entre l'Embryon de ces genres et celui du Blé et du Seigle, une différence esentielle qui a échappé à l'examen serupuieux de notre auteur. Tous les mamelous du même côze ou de la même poche se louchent im- médiatement , ont évidemment une origine commune et sortent ensemble de leur enveloppe ; les szçoirs qui en proviensent sont à peu près égaux entre eux, croissent égalen:ent et pieunent, la même direction. Voilà des faits incontestables, que tout bos. taniste peut aisément vérifier, et qui sapent vigoureusement les, fondemens de l'hypothèse des racines articulares. Lesquels des, sucoirs dont je viens de parler formeront ces Racines : auquel d’eutre eux donnera-t-on exclusivement le nom de Radicule ? 336 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette distinction ne pourroit être qu’arbitraire; ou, pour mieux dire, elle seroit impossible pour un observateur de bonne foi. Si on admet, avec M. Mirbel, que le mamelon qui sort du sac inférieur de la P/antule du Blé est la Radicule, on est forcé de convenir que les mamelons qui sortent ensemble de la poche de l'Orse, elc., et sont également opposés à la Plumule , sont, aussi des Radicules. La conséquence de ce raisonnement, dont la justesse ne sauroit être mise en doute, est, que les observa- tions scrupuleusement faites par M. Mirbel pour détruire l’as- sertion de la pluralité de Radicules, tendent au contraire à l'affermir. Mais, pourquoi la Nature a-t-elle si varié la structure de lEmbryon des Graminées? Sans les caprices de cette incons- tante, Y. Mirbel auroit pu étudier le caractère de toute la fa- mille dans le Maïs et le Blé: il m’auroit pas la douleur de voir s’évanouir comme des songes , les profondes et nombreuses re- cherches et les ingénieuses explications physiologiques, que son précieux Mémoire vient de nous offrir. Il nous paroît donc- très excusable de n'avoir pu deviner que, de tous les monoco- tylédonés , l'Ordre des GRAMINÉES éloit celui dans lequel la forme et la structure de l’'Embryon varioient le plus. Je terminerai mes remarques sur ce Mémoire par un coup d'œil sur l'explication des figures, Dans les trois Mémoires, où M. Mirbel traite deS GRAMINÉES ; il n'a fait nulle part mention de l’appendice antérieure de 'Em- bryoù du Blé. Cette omission n’est guère excusable dans un écrit spécial sur la structure et la germination des plantes de cette famille. Gette Appendice, que jai nommée ÆEpiblaste, étoit ce- pendant indiquée par Malpighi, figurée et décrite par M. Poiteau. A la vérité, elle est obscurément exprimée dans deux des figures de M. Mirbel; mais sans aucune indication. En comparant les écrits anatomiques et physiologiques de M. Mirbel avec ceux de Malpighi, on ne sauroit douter que le remier a lu ceux du second. Cependant, l’un dit, en décrivant bpermination du Blé.... pili copiosi pendent à 1o'o radicum tractu, prœter apicem; et l’autre ne parle nulle part de ces poils, et sa figure g représente les racines glabres. Ce passage de Malpighi méritoit d'autant plus de fixer Pattention d’un phy- siologiste, qu’il faisoit remarquer la nudité constante du bout de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27 de ces mêmes racines; nudité qu’on observe également dans les autres ENDORHIZES. M. Mirbel dit, gue le sac membraneux contenant la radicule paroît étre un prolongement du nœud articulaire : la Radicule, naissant du fond de ce sac, auroit donc une origine articulaire, comme celle qu’il attribue aux sucoirs latéraux ! [1 confirme dans Vexplication de la fig. 5 son assertion sur l'unité de sac, et par conséquent de cavité pour les deux suçoirs et la Radicule. Malgré l’inexactitude du fait relatif à l'unité de cavité, l’auteur prouve ici, contre son propre-sentiment, l’origine commune des Suçcoërs et de la Radicule. Sachant, par ma propre expérience, que les gravures ne rendent pas toujours fidèlement les dessins, je ne critiquerai point les figures de M. Mirbel sous le rapport de leur inexactitude; mais je m’arrêterai seulement à l’invraisemblance des faits que quelques- unes expriment, L’inspection de la Nature, ou même des figures de lauteur, démontre qu'aucune coupe transversale de l'Embryon du Blé ne peut ressembler à la figure 7. La coupe longitudinale de la Plumule du Maïs différera selon le point de la convolution des rudimens de feuilles qu’elle aura rencontrés. Mais en réfléchissant sur le décroissement rapide, où la grande inégalité de ces feuilles, on sera convaincu que le nombre des clairement distinctes, autour ou au-dessus du bouton gemmulaire, ne peut jamais s'élever à quatre au commencement de la germination. La convolution conique de ces feuilles né- cessite, dans leur section longitudinale, la présence de quelques segmens libres; et ce sont probablement ces segmens qui auront induit M. Mirbel en erreur, sur le nombre et la proportion re- lative des rudimens des feuilles, qui se trouvent mal exprimés dans sa figure 15. M. Mirbel paroît attribuer au pincement de la Radicelle prin- cipale la formation des deux latérales de la graine de Maïs re- présentée figure 16. Cependant, l'expérience démontre qu'il s'en forme de semblables sans ce moyen. Il prétend que leur distance de la première prouve que ce sont des racines articulaires. Or, comme il arrive quelquefois que de pareilles racines sortent de divers points, depuis le contour de la base de la P/umule jusqu'au sac rädiculaire, la prétendue articulation occuperoit donc tout cet espace. D'ailleurs, la ressemblance qu'il veut établir entre cettear- ticulation et les nœuds caulinairés, ne seroit nullement exacte, puisque les racines ne naissent qu'au-dessous de ceux-ci. Tome TXXITT, NOVEMBRE an r8r1. X, x 338 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TROISIÈME MÉMOIRE DE M. MIRBEL, INTITULÉ , NOTE SUR L’OPINION DE M. RICHARD, TOUCHANT L'ORGANISATION ET LA GERMINATION DES GRAMINÉES. M. MiRBEL va nous offrir, dans cet écrit, beaucoup de bonne foi dans la critique, une extrême précision dans la narration des faits, des raisonnemens judicieux, el de sages lecons à son adver- saire, En un mot, c'est ici que ce savant, aussi modeste qu'éclairé, donne le complément de ses connoissances profondes sur les GRA- MINÉES. Que les lecteurs, cependant , ne s’attendent pas à trouver dans ce nouveau Mémoire de nouvelles observations sur ces plantes. De nouvelles recherches lui auroient fait perdre inutilement du temps. Une seconde représentation du Maïs étoit plus que suffi- sante pour confondre son antagoniste d’ignorance. En effet, il n'y a que les petits botanistes qui cherchent à s’environner de beaucoup de faits analogues, pour seconder la foiblesse de leur esprit lorsqu'ils veulent établir un principe ou un caractère général. Mais un grand botaniste n'a pas besoin de ce futile moyen pour faire briller son savoir : son génie sait suppléer au défaut de faits; il sait expliquer, prédire même, l'inconnu par le connu: a-til vu ou seulement entrevu l’'Embryon du Blé et du Maïs, il devine et décrit avec certitude la structure de tous les Embryons de la même famille. Qui oseroit douter que M. Mirbel, étant doué d’un talent aussi éminent, va terrasser son débile ennemi! Ce- pendant, messieurs les lecteurs, la justice exige que vous ne lui décerniez la palme qu’après avoir entendu la défense de l’opprimé. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Lorsque j'écrivis mes observations sur les graminées , je ne connoissois pas l'Analyse du fruit par M. Ri- chard. Depuis j'ai lu cet ouvrage avec attention. Parmi la foule d'idées neuyes qu’il contient , jen ai remar- qué quelques-unes que je crois peu favorables aux progres de la philoso- phie de la science. Je me propose de les indiquer successivement. Je me bornerai aujourd’hui à l’examen de l'opinion de mon savant confrère, touchant la semence des graminées. rité, qui a été d’abord le seul 33) Il m'est bien difficile de croire, qu'un ouvrage qui étoit dans les mains des étudians en médecine, et dont j'avois distribué moi-mé- me cinquante exemplaires , ne soit pas parvenu à la connoiïssance de M. Mirbel avant qu’il lût à PInsti- tut ses observations sur les Gra- minées; mais, puisqu'il le dit et qu’on ne sauroit prouver le con- traire , il faut bien le croire. D’ail- leurs, cela ne m’ôte pas l’antério- motif de la rédaction et de la pu- blication précipitées de mon Analyse du Fruit. Dès que cet Opuscule fut publié, je le lus avec un peu plus de soin, et je ne tardai pas à y trouver quelques erreurs et des omissions. Je me contentai pour l'instant, d'indiquer, dans un errata postérieur, celles qui concernoient les, Graminées. Mais j'avoue que je n’ai pas été assez clairvoyant, pour y remarquer, comme M. Mirbel, des idées peu favorables aux progrès de la Philosophie de la Science. L'amour sincère que j'ai pour celle-ci m'auroit excité à les annulier moi-même. Je ne puis donc que desirer les indications successives que mon savant confrère se propose d’en donner; mais, en attendant, j'examincrai son exa- men de mon opinion. Je lui ferai observer en passant, qu'un principe général ou une assertion qui n’est que le résultat de {a comparaison d’un grand nombre de faits analogues, ou la somme de leurs analogies, ne sauroit être regardé comme une opinion. Je n’empleierai point la nomen- elature nouvelle de M. Richard. Elle est , à la vérité, fort commode par ga grande précision ; mais elle n’est pas encore tres-répandue, et peu de personnes m’entendroientsije disois, par exemple , que les graminées ont un caryopse rarement akène et un embryon intraire , hétérotrope non clausile , et queles cypéracées onf un akène drupacé, etun embryon axile, crthotrope brachypode. Je me servi- rai du langage reçu pour mettre cette petite dissertation à la portée de tous Jes botanistes. J’entre en matière. Pour mieux réussir à jeter du ridicule sur ma nouvelle nomen- clature, M. Mirbel la présente à ses lecteurs de la manière la plus favorable à son but. Une des pre- mières qualités d’un critique, est d’être exact dans lescitations qu’il fait. La mauvaise foi du mien se montre ici sous trois aspects diffé- rens. 1°. Il rappelle ma première rédaction du caractère des Gra- minées ; au lieu de citer celle qui Xx 2 340 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est dans le second errata. Oseroit-il avancer que ce dernier lui étoit inconnu, lorsqu'il a été publié dans le Journal de Bota- nique, et qu'il est cité dans le Mémoire de M. Poiteau, dont la publication, faite dansles mêmes Ænnales , est antérieure à celle de la présente NOTE? 2°. Au lieu de conserver aux mots qu'il cite la disposition schématique que je leur ai donnée il les présente en phrase courante et leur ôte par là l’avantage de l’ensemble technique qui convient à un caractère. 3°. En ne fesant pas connoître la valeur de ces mots nouveaux , il donne à penser à ses lecteurs, que j'ai commis la même inconséquence ; ou plutôt il cherche à les leur rendre plus rebutans, Que M. Mirbel préfère se servir de ce qu’il appelle le langage recu, cela ne me surprend pas : c’est même ce qu'un homme peu versé dans une science a de mieux à faire. Mais comme parmi ses lecteurs il pourroit se trouver quelques botanistes qui, n'ayant pas lu mon Opuscule, seroïent curieux de savoir comment j'ai exprimé le caractère abrégé des deux Ordres qu'il mentionne; je vais le rétablir tel que je l'ai donné. GRAMINÉES, Caryopse; rarement Ækène: Graine dressée : ÆEmbryon extraire, basilaire-latéral, hétérotrope, macropode,. CYPÉRACÉES. 44. drupacé: Gr. dressée : Ærnb. axile, ortho- trope ,. brachypode. Voici la traduction de ces deux caractères en langue vulgaire. GRAMINÉES. Fruit sec, ne s’ouvrant point par la maturité, renfermant une seule Graine, dont le tégument propre fait ordinairement corpsavec le Péricarpe ou en est rarement distinct, Graine fixée au fond du Péricarpe : ÆEmbryon appliqué extérieure- ment surun des côtés de la base d’un Endosperme ou Albumen, ne dirigeant exactement ni Pune ni l'autre de ses extrémités vers la base de la Graine et pourvu d’une grande expansion char- nue qui tient lieu de Radicule. CyPÉRAGÉES, Fruit sec, ne s’ouvrant point, uniloculaire, mo- nosperme : lé tégument propre de la Graine étant distinct du Péricarpe, dont la partie inté- rieure est durcie en manière/de petite noix. Graine fixée au fond du Péricarpe, dont elle suit ET D'HISTOIRE NÂTURELLE, 341 la direction. Embryon placé dans l’axe d’un Al- bumen, droit, ayant la même direction que la Graine, et pourvu d’une Radicule courte relati- vement au Cotylédon. Si M. Mirbel eût présenté ainsi ces deux caractères, peut-être que tous ses lecteurs ne les auroient pas jugés aussi défavorable- ment que lui. Un mot nouveau peut être introduit dans une. Science, ou pour exprimer une idée neuve, on pour abréger : dans le premier cas, il est nécessaire; dans le second, il est utile. En examinant, sous ce double rapport, ceux que J'ai pro- posés , ils ne se seroient probablement pas décidés aussi promp- tement que M. Mirbel à les rejeter. Un critique instruit ne se contente pas de blâmer ; il motive et prouve ses assertions cor - tradictoires. La meilleure preuve qu’il peut donner de son savoir, c’est de substituer quelque chose de mieux à ce qu'il détruit. M. Mirbel auroit donc dû nous proposer une meilleure rédaction du caractère de ces deux Ordres. Mais l'intention de nuire est manifestement le seul motif de sa critique : l'intérêt de la Science n'y est pour rien. On peut cependant unir adroitement lune à l’autre, et excuser ainsi la première par la seconde, Comme cette méthode exige des connoiïssances profondes et solides, il n'a pas jugé à propos de l’adopter. Il existe dans la semence des gra= minées un corps charnu qui tantot a la forme d’une demi-sphere , tantôt celle d’un prisme prolongéen pointe, tantôt celle d’une ecaille ou d’unecus- son, elc. el qui porte dans une fos- selte creusée à sa partie antérieure, Tembryon qu'il receuvre par deux bords amincis, comme feroit une feuille engainante. Ce corps est un cotylédon, selon M. de Jussieu; un scutellum , espece de vitellus , selon Gaærtner; une radicule , selon M.Ri= chard. Dans la Graine de quelle Gra- minée M. Mirbil a-t-1l vu un corps charnu ayant la forme d’un prisme prolonge en pointe? Est- ce là le langage recu dont il veut se servir! Cette expression est au moins aussi nouvelle en Botani- que, que celles dont je me suis servi, et elle est beaucoup plus iuexacle. La Nature ne modele guère les parties sotides des Em bry ons eu polygones siéiéoriétri- ques. Toujours préoccupé de son cher et fidèle Maï., M. Mb} voit dans toutes les Graminées un corps charau, donf ta fossette antérieure est close come la gaîue d'une feuille. Une teile fossette ne se trouve cependant que dans trois genres de cette: nombreuse famille; et l'Embryon du Bié, dont il a si savainment 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE démontré la structure, en est dépourvu. Dans le précédent Mé- moire, cette fossette renfermoit la Plantule ; mais ici la Plantule se trouve changée en Embryon. Notre auteur m’a tellement familiarisé avec ces adroites substitutions de choses et de noms, qu’elles n’ont plusrien d’étrange pour moi. Passons donc à quelque tour plus intéressant. Au fond , l’opinion de Gærtner, et celle de M. de Jussieu , sont lamême; car le vitellus de Gærtner n’est évi- demment qu’un cotylédon. C’est ce que j'ai démontré dans mon Mé- moire sur le /Velumbo nucifera. Quant au sentiment de M. Richard, il est contraire aux idées communes, Rien de plus certain, lecteurs ; le V’itellus de Gærtner n’est évi- demment qu'un Cotylédon : M. Mirbel le déclare avec un ton si assuré , que vous devez le croire. Mais, direz-vous, sur quoi fonde- t-il l'évidence de cette assertion ? Il vous répond, que c’est sur la démonstration qu’il en a donnée dansson Mémoiresur le Ne/umbo. Quoi! il n’a pas examiné, analysé, comparé tous les V’itellus dont parle Gærtner, et il affirme que ce sont des Cotylédons! Tant de recherches ne vous paroïissent nécessaires, que parce que vous le croyez un botaniste ordinaire. Avez-vous donc oublié qu'il est initié dans l’art divinatoire! et qu’il lui suflit de porter ar hasard le doigt ou l’œil sur un corps végétal, pour deviner es qualités de tous ses analogues! Il a donc pu, à l'inspection du seul Vitellus du Nelumbo, décider avec la plus grande cer- titude la question générale sur les Vitellus. Comme 1l doit nous fournir, dans le Mémoire suivant, l’occasion d'examiner avec lui cette question, nous ne nous y arréterons pas. Je rends grace à M. Mixbel de l'éloge involontaire qu’il fait de mon sen- timent , en l’indiquant comme contraire aux idées communes. Mais je m'applaudirai à l'ample développement qu’il va en faire, qu'après avoir été à portée de l’apprécier. et par cette raison il exige un plus ample développement. M. Richard aremarqué que le corps charnu est bossu à sa-partie posté- rieure , et il considere la bosse com-— me la pointe de la radicule. A son Pour mettre les lecteurs en état de juger jusqu’à quel point M. Mir- bel se permet d’altérer et de traves. sens, les bords minces qui recou- vrent l’embryon ne sont qu’un pro— longement de cette même radicule, et le point par lequel l'embryon s’at- tache au fond de la fossette antérieu- re , est la base de la plumule. Enfin, ä voit dans le mamelon diamétrale- tir les passages de l’ouvrage qu’il censure, je vais rétablir ceux qu'il soumet à sa critique. Voici ce que jai dit dans mon Analyse du Fruit. « Page 72. Le prétendu Würel. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 343 ment opposé à la plumule, l’origine » /us (des GRAMINÉES) est le re radicelle, ou, si l'on veut, » corps de la Radicule , dont les une racine secondaire. Tous les} Geux bords enveloppent, com- botanistes ont considéré jusqu’à pré- d Er Ë wecd sent ce mamelon comme la radicule ? M€ dans les genres precedens , principale. » le restede l'Embryon. Le point » par lequel le cylindroïde est at- » taché au corps radiculaire est la base de la Tigelle : l'extrémité » inférieure de ce même cylindroïde est une protubérance latérale » de la Tigelle, qui renferme un ou plusieurs tubercules radi- » cellaires: son extrémité supérieure est un prolongement oblique » de la Tigelle, lequel est composé de plusieurs lames conciï- » dales emboîtées les unes dans les autres et dont l’extérieure » plus épaisse est le Cotylédon. » Page 78. En donnant à l’Embryon des GRAMINÉES la po- » sition que J'ai indiquée pour celui du Zostera; c'est-à-dire en » le plaçant sur la bosse dorsale du corps radiculaire, qui est » vraiment sa base; on voit que la Tigelle, qui est extrême » ment courte, et le Cotylédon prennent brusquement une di- » reclion transversale. Cette direction, élant à peu près la même » que dans le Zostera, doit moins surprendre que la saillie » tigellaire dirigée en sens contraire. Celle-ci, qui est propre » aux GRAMINÉES, simule tellement l'extrémité radiculaire de » l'Embryon endorhize ordinaire, queles botanistes l'ont regardée » comme telle. Mais cette saillie n’est réeliement qu'une bosse » latérale de la base de la Tigelle, qui contient un à trois (six) » tubercules radicellaires. » Je n'ai donc donné nulle part, à la bosse ou convexité pos- térieure du corps charnu, le nom de pointe de la radicule ; nom faux, que M. Mirbel répète plusieurs fois, comme pour en rejeter sur moi le ridicule qui ne doit tomber que sur lui. Non-seulement je n'ai pas commis l’erreur grossière de prendre le cylindroïde pour 1 Embryon, mais encore, Je n’ai pas dit que le point par lequel ce cylindroïde est attaché étoit la base de la Plumule; le nom de Plumule ne convenant point au corps auquel il estappliqué ici. Aucun passage demon Opuscule ne peut donner à penser, que je vois dans le mamelon diarnétralement opposé à la plumule l’origine d'une radicelle, ete., ni que je regarde /e cône qui poürte vers la terre comme une radicelle; ni que je vois, dans la partie qui unit {’Embryon au corps charuu, le collet de la petite plante. Pourquoi M. Mirbel me prête-t-il si généreusemént ses expressions erronées ! 344 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Voilà donc des preuves de l’infidélité de M. Mixbel dans l'exposition de mes assertions : je donnerai bientôt celle du peu de profondeur et de solidité de son savoir et de ses raisonnemens sur les Graminées. Voyons si les idées de M. Richard sont aussi solides qu’elles sont nou- velles et imprévues. Examinons le mais. L’embryon a la forme de deux cô- nes réunis par leur base, et le corps charnu celle d’une demi-sphère, non pas à la vérité parfaitementréguliere, mais amincie à la partie supérieure qui est un peu allongée et recourbée en arriere. Le côté convexe de ce corps , que M. Richard prend pour la pointe de la radicule, estappliqué contre l’albumen; le côté plane re- garde l’extérieur de la graine, et con- tient dans une fossette centrale, sous deux bords minces qui se touchent, le double cônede l'embryon. Le cône dirigé vers le cielestlaplumule; celui qui pointe vers la terre est une radi- celle pour M. Richard, et la radicule principale pour tous les autres bota- nistes. M. Richard voit, dansla par- lie qui unit l’embryon au corps char- au, le collet de la petite plante, tandis que dans l’hypothèse de M. de Jus- sieu , que M. Poiteau a adoptée, ainsi que moi, ce point d’union seroit for mé par les vaisseaux mammaires. Je consens bien volontiers , M. Mirbel, à ce que nousexami- nions ensemble , si mes idées sont, aussi solides qu'elles vous paroïs- sent nouvelles et imprévues. Mais je ne saurois approuver la proposi- tion que vous faites, de remettre le Maïs tout seul sur la vaste scène des Graminées. Les témoins de nos petits débats pourroient s’en nuyer, comme moi, de voir repa- roître tant de fois le Maïs, remplis- sant toujours le même rôle et tou- jours revêtu du même costume. Permettezque, pour soutenir leur attention par la variété des person- nages, j'introduise aussi quelques- uns de ses parens, qui, par la dif- férence de leurs caractères, feront mieux ressortir celui de la famille. Nous allons donc examiner suc- cessivement les parties de l'Em- bryon de diverses Graminées; et exposer vos idées et les miennes sur chacune de ces parties, afin que les lecteurs puissent plus commodément juger quelles sont celles qui méritent la préférence. Le corps charnu, dont parle M. Mirbel, varie beaucoup par la figure de sa circonscription, qui en général est modifiée par celle de la Graine même. Son épaisseur est aussi très-variable ; et l'irrégularité de celle-ci ne permet pas que la forme de ce corps puisse jamais être rapportée à celle d'aucun solide géo- métrique régulier, ni même d'un segment quelconque de celui-ci, Le corps charnu du Maïs est donc mal à propos comparé à une demi-sphère, avec laquelle il n’a même aucune approximation. Les genres Sorghum , Zea et Coix sont les seuls connus, dans lesquels ET D'HISTOIRE NATURELLE. 345 lesquels la fossette antérieure de ce corps soit complètement close. Dans tous les autres, cette fossette est ouverte et ses bords sont souvent peu saillans : il y a même des genres, tels que Secale, Triticum, Hordeum , Olyra, etc., où ces bords n'existent pas, M. Mirbel a donc tort de répéter dans tous ses Mémoires, que ce corps enveloppe l'Embryon ou la Plantule de la famille des Graminées dans une gaîne analogue à celle de leurs feuilles. Voyons maintenant s’il a eu plus de raison de lui donner le nom de Cotylédon. J’ai dit, dans mon Opuscule, qu’il convenoit de placer l’'Em- bryon des Graminées sur sa bosse ou convexité dorsale, afin de parvenir à en dénommer exactement les diverses parties. J’es- saierai de démontrer à M. Mirbel, que cette indication, dont il n’a pu reconnoître la justesse et l'utilité, ne méritoit pas d’être ridiculisée. __ La base d’une Graine est indiquée par son Hile ou son point d'attache au Péricarpe. Le Hile de celle des Graminées est toujours placé, au moins en grande majorité, sur la face qui répond à la convexité du corps charnu. Commeil occupe toute la longueur du Sillon des Céréales, une Graine de Blé, d’'Orge, etc., est donc posée sur sa véritable base, lorsqu'elle l’est sur son sillon. Par cette position, le corps charnu, dont le dos répond quoi- oies au Hile de la Graine, devient la plus inférieure des parties constituantes de l'Embryon. Il n’est donc pas aussi ridicule , que M. Mirbel le fait entendre, de regarder le milieu de la convexité dorsale de ce corps comme la vraie base de Y'Embryon. Une partie de l'Embryon , qui sert de support à toutes les autres et notamment à celle d’où doit sortir la Gemmule, et qui ne contient pas immédiatement celle-ci, paroîtra sans doute à tous les botanistes instruits, ne pouvoir étre prise pour un Cotylédon. Puisque j'ayois annoncé un certain rapport de structure entre lEmbryon du Zostera et celui des Graminées, M. Mirbel auroit dû être tenté d'examiner les Graines de cette plante très- commune dans les herbiers. Il pouvoit du moins prendre la peine légère de consulter les figures et la description que Gærtner en a données. Par ce petit travail, il se seroit sans doute con- vaincu, que le Vitellus du Zosfera et celui des Graminées étoient deux corps parfaitement analogues : et en remarquant que le premier occupoit manifestement l’extrémitéopposée au Cotylédon, al n'auroit point donné ce nom au second. Tome LXXIII. NOVEMBRE an 18rr. Yy 346 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ici, comme ailleurs, M. Mirbel ne regarde point le prétendu Cotylédon comme partie intégrale de l'Embryon, puisqu'il com- pose celui-ci de deux cônes, dont l’un dérigé vers le ciel est La plu- mule, et l’autre pointant vers la terre est la radicule principale. Je desirerois savoir comment il est parvenu à déterminer cette direction du double cône de l'Embryon encore contenu sous les deux bords de la fossette centrale. Car cette direction relative au ciel et à la terre, me paroît ne pouvoir être établie que par la germination. En disséquant cette prétendue Plumule, je vois qu’elle est composée, extérieurement, d’une lame creuse et her- métiquement fermée ; intérieurement , de quelques rudimens con- volutés de feuilles. Instruit par l'analyse et la germination de divers Embryons monocotylédonés, que le Cotylédon est la seule de leurs parties qui puisse contenir immédiatement des rudimens de feuilles dans une cavité close de toutes parts; je me sens porté à croire, que le conoïle ou cylindroïde extérieur de cette prétendue plumule est le Cotylédon, et que les rudimens de feuilles qu’il renferme constituent la véritable Gemmule. Et si Je compare cette prétendue Plumule avec le Cotylédon des Cy- péracées germantes, la justesse de ma dénomination me devient évidente. Je ne m'arrêterai point à faire remarquer que lexpression de radicule principale, employée ici par M. Mirbel, semble indiquer qu’il reconnoit plusieurs sortes de Radicules dans l’'Em- bryon des Graminées. Je vais procéder à lexamen du cône inférieur, qu’ilregarde tantôt comme la Radicule, tantôt comme la poche de celle ci. Ce côue, naissant de la partie solide par laqueile le corps, cotylédonaire est attaché au corps basilaire, se trouve dans une position intermédiaire relativement à ces deux corps. Cette position ne sauroit être celle d’une véritable Radi- cule, puisque celle-ci doit toujours constituer une des extrémités de l'Embryon monocotylédoné. Or, l’espace solide compris entre le bas de la cavité cotylédonaire et le corps charnu répond à la Tigelle des autres Embryons à un seul lobe séminal : cette vérité devient évidente par l'inspection comparative de l’'Embryon du Zostera et de celui des Graminées. Donc, le cône inférieur ou qui pointe vers la terre ne peut être considéré que comme une bosse ou protubérance de la Tigelle. J'ai aussi prouvé, dans le Mémoire précédent, que ce cdne, qui contient quelquefois plusieurs rudimens de Racines, s’éloignoit encore par là du ET D'HISTOIRE NATURELLE, 347 caractère de la véritable Radicule, qui n’en émet constamment qu’un seul. Il me paroît résulter de notre discussion sur l'Embryon des Graminées, 1° que le corps charnu, appelé Cotylédon par M. Mirbel, est une expansion de l'extrémité inférieure de l'Em- bryon ou un corps radiculaire; 2° que la prétendue Plumule est le véritable Cotylédon renfermant la Germmule; 3° que le cône qu’il regarde comme la Radicule n’est réellement qu'une bosse latérale de la Tigelle ou une saillie tigellaire. Si les botanistes observateurs approuvent ce résultat, les idées que j'ai émisesdans mon ANALYSE DU FRUIT, conserveront la solidité que M. Mirbel leur conteste. Les phénomènes de la germination doivent décider entre M. Richard et ses adversaires, Si, dans la germina- C’est toujours dans le cerele étroit de ses observations botani- tion du maïs, le corps charnu s’al- longe, perce les tégumens séminaux, plonge dans la terre et devient (au moins durant les premiers temps), la racine principale qui fixe la‘ plante au sol , alors nul doute que ce corps ne soit la radicule. Mais si cette suite de phénomènes se manifeste dans la partie que M. Richard nomme une radicelle, et que le corps charnu , au contraire, ne prenant aucun dévelop= pement, reste caché sous les tégu— mens séminaux , et se détruise avec eux, alors nul doute que ce corps ne soit le cotylédon , et que la radicelle de M. Richard nesoit la véritable ra- dicule. seroit bientôt apperçu qu'ils p ques, que M. Mirbel cherche des armes pour combattre mes asser- tions. Pourquoi veut-1l comparer la germination des Graminées ou plutôt de son fidele Maïs avec celle des Endorhizes ordinaires? Sinon parce qu’il a négligé derechercher des objets intermédiaires de com- paraison. L'Embryon des Grami- nées aune structure extraordinai- re, dont les analogues ne se trou- vent que dans la série peu nom- breuse des Embryons viteilifères signalés par Gærtner.SiM.Mirbel se fût donné la peine d’observer scrupuleusement ceux-ci, il se ouvoient lui offrir des points de comparaison plus exacts avec les Graminées germantes. En re- connoissant dans ces Embryons un corps radiculaire qui ne croît pas par la germination , il se seroit peut-être moins hâté d'avancer que le corps charnu du Maïs rest point une Radicule, parce qu'il ze plonge pas dans la terre et ne devient point la racine principale , etc. J’ai donné, dans mon Opuscule, le nom de Radicelle à tout rudiment de racine, qui provient d'un tubercule interne dé- veloppé par la germination d’un Embryon endorhize ou mono- Yy2z 348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cotylédoné, J'ai appelé Radicelle primaire, celle qui sort par le sommet même de la Radicule, M. Mirbel, qui n’a pas senti la nécessité du mot Radicelle, croit-il qu’en le répétant fréquem- ment et en en faisant sous mon nom de fausses applications, il le rendra ridicule à ses lecteurs ! Il se trouvera sans doute parmi ceux-ci des botanistes instruits qui conviendront que le prolongement de la substance interne d’une Radicule, dont la substance externe ou superficielle ne contribue point à la for- mation de la première Racine, méritoit d'être distingué par un nom propre, Personne n’adoptera la nomenclature versatile de M Mirbel, qui donne indifféremment le nom de Radicule au cône inferieur de l’Embryon des Graminées etau mamelon bien distinct auquel ce cône sert de poche ou de sac. Que l’on consulte la nature et l’on verra que M. Richard est dans l’er- reur. Que l’on consulte la Nature, et l'on verra que M. Mirbel est dans l'erreur. La Nature a rattaché par plusieurs analogies PEmbryon des Graminées aux autres endorhizes. L'exposition que M. Mirbel fait de la structure de cet Embryon détruit toutes les analogies et le rend isolé. En dédaignant ou en négligeant de connoiître les autres Embryons macropodes, il a méconnu les diverses nuances par lesquelles la Nature a passé, de la structure des Embryons endorhizes ordinaires, à la composition de ceux des Graminées. Je ne répéterai pas ici ce que j'ai dit à ce sujet dans mon Mémoire. Envain ce savant professeur a-t-il Le passage demonOuvrage,que £ { écritcomme s’il eût prévu l’objection qu'ondevoit luiopposer, que a struc- ture extraordinaire de la radiculedes Æmbryons macrorodes , dits vitelli. feres, devoit nécessairement occasio- ner quelques différences dans la ra= dicellation ; que Le gros corps radi- culaire ne prend point d’accroisse- ment sensible, et re renferme aucun tubercule radicellaireetc.ete.; on lui répond que les organes se distinguent les uns des autres par leur forme ex- térieure , leur situation relative, leur organisation interne et leurs fonc- tons ; que lorsque ces caractères sé- parent deux erganes, de subtiles défi- aitions , soutenues de termes scienti= M. Mirbel citeici, offre des vérités iacontestables et auxquelles il ne pourroit opposer aucuns faits con- tradictouwes. Mais voyous l'objec- tion ou la réponse par laquelle il prétend renverser mes assertions. Les organes se distinguent les uns des autres: 1° par leur forme extérieure; 2° par leur situation relative;30 leur organisation in- terne; 4° leurs fonctions. 1°. C’est sans doute l’imprimeur qui a introduit ici /a forme exté- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 1! 349 fiques , ne peuvent les réunir; et que 7ieure au nombre. des caractères certainement aucun botaniste éclairé distinctifs des organes des végé- ne se prêtera à donnerlenomdera= {ur 1] seroit injuste d'attribuer dicule à ce qui est évidemmentun , laut & doté cotylédon, à l’auteur une erreur, dont l'évi- dencemedispense detoute preuve. . 1 2°. Cette proposition et les deux suivantes sont très-justes; et je ne puis que remercier M. Mirbel de m'avoir donné une lecon aussi sage. S'il veut lire avec quel- qu'attention mon ANALYSE DU FRUIT, mon Mémoire et mes Commentaires sur les siens, il verra que j'ai su profiter des préceptes qu’il me dicte ici. C’est en effet par la s//uation relative, que je suis parvenu à établir une dénomination uniforme pous chaque espèce des organes qui composent les divers Embryons endorhizes, C’est ainsi que le F’ztellus des Graminées, occupant comme dans les autres vitellifères , l'extrémité inférieure de l'Embryon , m'a paru mériter le nom de Radicule ou de corps radiculaire. C’est par sa position immédiatement au-dessus de ce corps, que le cône inférieur du même Embryon m'a paru appartenir à la Tigelle, ete. Mais M. Mifbel a-t-il été lui-même fidèle à ces principes? C’est ce dont on peut s'assurer en com- parant ses dénominations aux miennes et en consultant la Nature. 3°. Si M. Mirbel entend par organisation énterne l'anatomie microscopique du tissu des parties, je nie la certitude de ce principe, en motivant ma déclarationsur leserreurs, dans lesquelles il a déjà entraîné celui même qui le propose. Que deviendroit la Botanique, s'il falloit user de ce moyen pour distinguer et dénommer les divers organes ou les différentes parties des vé- gétaux ? Je pense donc que l’auteur a voulu, parler de l’organi- sation accessible à la simple analyse botanique et suflisante au Botaniste, qui l’appelle plus volontiers structure interne. C'est à l’aide de celle-ci que M. Mibel auroit pu découvrir quele cône inférieur de PEmbryon du Seigle, du Blé, de lAvoine, de l'Orge, du Coëx , et par conséquent des autres Graminées, n'étoit point une vérilable Radicule ; que leur prétendue Plu- mule étoit le Cotylédon renfermant la Gemmule, etc. 4°. Il est rarement possible de donner une démonstration directe et rigoureuse des fonctions d’un organe végétal : nous en jugeons le plus souvent par leur résultat apparent ou présumé. Ensorte que , si lerésultat des fonctions de deux organes diflérens est ou paroît être le même, il devient un moyen incertain de distinguer l’un de l'autre. Les Cotylédons hypogées, auxquels 350 YOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Mirbél veut rapporter le corps charnu des Graminées, pat roissent alimenter pendant quelque temps les autres parties de l’'Embryon germant : ce corps charnu, ainsi que l’'Hypoblaste de tous les Embryons macropodes, remplit manifestement cette même fonction. Il est donc probable, que c’est ce rapport fonc- tionnel qui a engagé M. Mirbel à proclamer que ce corps charnu étoit yn Cotylédon. M. Mirbel entend probablement par de subtiles définitions, celles dont la valeur échappe à sa péritie botanique. Mais si cette ex- pression est purement satyrique, il auroit dû citer celles qui l’ont choqué et les remplacer par de meilleures. 11 a fait sans doute un grand fort à la Science, en négligeant cette précieuse subs- titution. Tous les botanistes éclairés laisseront M. Mirbel emmail- lotter le poupard des Graminées dans sa mamelle et lui faire Sucer les vaisseaux mammaires de son pied; et ils approuveront, malgré son pondéreux avis, la métamorphose du Cotylédon en Radicule. Enfin M. Richard s’appuie sur l’a- nalogie;il trouve dans plusieurs plan- tes une radicule non moins extraor— dinaire que celle qu’il attribue aux graminées ;1l prétend que l'embryon du nelumbo et celui du nymphæa ont de grands rapports avec ceux des S’appuyer sur l’analogie, pour reconnoître l'identité de certaines parties de divers Embryons, est une chose tout-à-fait extraordi- naire pour M. Mirbel. Plus em- pressé de publier et de mordre que plantes céréales. De telles assertions ont de quoi surprendre. M. Richard, sans aller ,si lon, auroit pu choisir des analogues qu’on eût été moins tenté de lui contester. Par exemple, n'est-il pas hors de doute que l’Ém- bryon du maïs et celui de l’asperge ont des rapports tres-marqués? non moins extraordinaire que des’instruire ,ilnepeutqueblâmer une méthode de travail, qui, en exigeant beaucoup de rechérches, est nécessairement trop lente pour Jui. Mais son sentiment ne sauroit infirmer l'utilité d’une marche qui m'a conduit à érouver dans plusieurs plantes une-Radicule celle que j'ai attribuée aux Gra- rninées. Car tout bon observateur conviendra, que tous les Em- brÿons macropodes ou vitellifères ont une Radicule parfaitement analogue à celle des plantes de cette famille. Dans aucun endroit de mon Opuscule je n'ai prétendu que l'Embryon du Nelumbo et celui du Nymphæa ont de grands rapporis avec ceux des plantes céréales. Gette supposition est donc une nouvelle preuve de bonne foi. Tout en-voulant me donner une lecon, mon Aristarque dé- ET D'HISTOIRE. NATURELLE: 5x masque lui-même son peu de sagacité dans l’art difficile de saisir et de prouver les analogies. Je prie mon maître de me pardonner mon indocilité à me soumettre à son sentiment, et ma témérilé à élever quelque doute sur les rapports très- marqués qu'il trouve entre L’'Embryon du Mais et celui de lAsperge. L’'Embryon des Graminées est de tous les monocotylédonés le plus singulièrement situé relativement à PEndosperme et à la direction + la Graine: sa structure est à-la-fois particulière à cette famille et la plus compliquée de toutes. Une large expansion radiculaire; un Cotylédon parallèle à celle-ci et contenant une Gemmule très-manifeste ; une, bosse eauhculaire (rarement triple) servant d'enveloppe et en-uite de gaine à un et quelquelois à plusieurs rudimens de raeines : telles sont en général les parties qui composent cet Embryon. Celui de l’Asperge est au contraire du grand nombre de ceux dont la structure est la pius simple: il est si également filiforme, et sa Gemiuule est tellement peu visible , qu'il est impossible avant la germination de distinguer la Radicule du Gotylédon. Il est donc évident que M. Mirbel rapproche, comme ayant la plus grande aflinité, deux Embryons le plus éloignés possible par leur structure, et qui n’ont rien de commun que l'unité de Cotylédon. Il ne devoit donc pas aller si loin pour choisir des analogues , que tous les botanistes seront entés de luë contester. Les analogies qu’il prétend établir entre la Plantule de son éternel Maïs et cale de l’AÆsperge, sont si grossièrement erronées , que je ne crois pas devoir m'arrêter à les réfuter. Cette réfulation sera très-facile pour tout botaniste qui comparera la structure et le développement de ces deux Plantules, mème au moyen des figures données par l'auteur. J’invite mes lecteurs à avoir la patience d'examiner encore avec moi le dernier Mémoire dont Je veuille m'occuper; c’est celui qui tuaite du fameux Ne/umbo. EE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE QUATRIÈME MÉMOIRE DE M. MIRBEL, INTITULÉ, OBSERVATIONS ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LE NELUMBO NUCIFERA: Lorsque M. de Jussieu lut à la première Classe de l'Institut son Rapport sur le Mémoire de M. Poiteau, il annonça, en le terminant, qu'il regardoit comme encore indécise la question relative à la structure de l’Embryon du Ne/umbo. Au moment où le premier botaniste de l'Europe proclamoit modestement son doute prudent sur cet objet, M. Mirbel s’empressa de demander la parole pour déclarer à la Classe, que cette question venoit d’être résolue avec toute la certitude et l'évidence possibles , par son Mémoire sur cette même plante. Plein de cette modestie qui caractérise le vrai savant, il proposa à l’assemblée de fermer la discussion sur ce sujet, et d'arrêter qu’elle approuvoit la dé- cision qu'il avoit lui-même prononcée. Mais M. de Jussieu ayant fait de nouvelles objections à l'avis de l’opinant , on passa à l’ordre du jour sur la proposition de celui-ci, et les conclusions du rap- porteur furent adoptées. J'ai pensé que ce fait, dont tous les assis- tans peuvent se rappeler et que je relate avec exactitude, méritoit d’être recueilli, non-seulement comme fort extraordinaire, mais encore comme propre à influer sur l'esprit des juges de ma critique. Puisque l'Institut n’a pas décerné à M. Mirbel la couronne qu'il demandoit, il m’est encore permis de la lui disputer. La petite ET D'HISTOIRE NATURELLE. 303 petite gloire qu'il a su tirer du profond silence que je gardai en cette circonstance, ne sera pas de longue durée. Je vais tâcher de changer en celui de vainqueur le rôle de vaincu, qu’il me fait si pitoyablement jouer dans son Mémoire. C’est avec un petit nombre de faits botaniques, que je veux saper le baut échafaudage anatomico-physiologique, derrière lequel il s’est retranché. La réputation de mon adversaire m’ayant appris qu’on pouvoit quelquelois produire de grands effetsavec de petitsmoyens; Je puis raisonnablement espérer réussir dans le projet que je viens de former. Les anomalies que présente l’his Les anomalies que la Nature ru naturelle exigent, de la partde brésente dans ses productions vé- Are nn A ÉPEMÉOnrEREx gétales, méritent toute l’attention - L'étude approfondiede ces phé- se - - nomènes extraordinaires modifie où U botaniste philosophe. Elles sont renverse nos théories, devientlesu= Pour lui des sujets intéressans de jet ou l’occasion d’utiles découvertes, méditation ; et souvent elles don- TEEN R HR desystème, nent lieu à des raisonnemens plus uisiblie aux progres des sciences. sûrs et plus justes sur la marche régulière des autres faits. On pour- roit, en quelque sorte, les regarder comme des fanaux que la Nature a disséminés sur la route de l'observateur ; non-seulement afin qu'ils fixassent plus particulièrement son attention, mais aussi, pour qu'ils réfléchissent sur la multitude des objets in- tervallaires une lumière dont il pât profiter pour les mieux con- noître et coordonner. Les monstruosités même lui fournissent souvent des éclaircissemens trèsutiles sur l’ordre ordinaire des choses. Je suis donc parfaitement de l'avis de M. Mirbel, sur la nécessité d’examiner rigoureusement les anomalies, et sur les avantages qui peuvent résulter de l’éude approfondie de ces phénomènes extraordinaires. Je remarquerai seulement que ce n'est pas l'esprit de système qui est par lui-même nuisible aux progrès des Sciences, mais bien l’abus qu’on en fait. Il ne suflit pas de donner des préceptes , il faut encore les mettre en pratique. Un vrai savant doit réunir ces deux fonctions, dont la première seule n'indique que de l'esprit ou de la pré- tention, Bien plus, les bons préceptes sont ceux qui ont été dictés par l'expérience. On pourroit les considérer comme des espèces de sentences ou de jugemens prononcés d’après l'inspection des faits, et qui sont d’autant meilleurs, qu'on a plus recueilli et comparé de ceux-ci. Pour me restreindre à ceux qui concernent les anomalies, je dirai que le botaniste, qui se borneroit à en Tome LZXXIII. NOVEMBRE au 181. Liz 354 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. faire un examen rigoureux et une étude approfondie, ne rem- pliroit qu'une partie du travail que l'amour et le bien de la Science lui commandent. Ils exigent encore de lui, qu’il rassemble et compare celles qui peuvent avoir des rapports entre elles, et qu'il tâche, à force de recherches, d'expériences et de médita- üops, de les rattacher par des analogies aux divers séries de corps auxquelles elles peuvent appartenir. s Cet appercu sur les anomalies botaniques pourra mettre les lecteurs à portée de juger si le Mémoire de M. Mirbel a les conditions annoncées par son brillant exorde, TT est probable que M. Mirbel n’ayoit sous les yeux aucun Em- bryon végétal, lorsqu'il fit cette énumération des parties qui lecom- posent. Car il n’auroït pas manqué de les ranger dans l’ordre où elles se présentent ordinairement à l'observateur; c'est-à-dire qu'il n'auroit pas placé la Plumule avant les Cotylédons. Toute petite qu'est cette erreur, elle ne laisse pas de concourir avec une foule d’autres à démontrer le peu de soin que l’auteur met dans tous ses écrits botaniques. Elle se trouve d’ailleurs grossie par deux omissions ; celle de l’occultation fréquente de la Plumule, et celle du nombre plus que binaire des Cotylédons. C’est une opinion recue que l’em— bryon de tout végétal parfait doit of- fr, dans sa composition , une radi- cule, une plumule, et un ou deux cotylédons. -. + Avant donc de porter un juge ment sur les faits qui s’écartent des données communes, il conviendroit, En réunissant ces belles phrases aux deux premières de lexorde, je pense , d'examiner ces faits avec unescrupuleuseattention.Unexamen incomplet ou superficiel conduit in- failliblement l’observateur à trop étendre , ou à trop restreindre, ou même à méconnoitre les principes fondamentaux de la Science. Ces ré- flexions trouveront leur application dans ce Mémoire sur le Nelumbo nu- cifera , l’une des productionsles plus curieuses de tout le règne végétal. ne seroit-on pas tenté de croire, que pour cette fois M. Mirbel va nous donner un Mémoire d’une profondeur inaccessible à la sonde commune des botanistes! S'il a bien voulu condescendre dans ses précédens Mémoires à la foiblesse de ses adversaires; il doit, dans celui-ci, développer toutes ses for= ces pour les terrasser plus sûre- ment. Cependant je me suis déjà trop avancé pour reculer; et un peu aguerri par nos petites vé- litations-, j'oserai encore courir la chance hasardeuse de ce dernier combat. En profitant des lecons de tactique què notre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 30 dictateur me donne dans ces deux phrases, qui s'adressent par- ticulièrement à moi, peut-être parviendrois-je à faire pencher de mon côté la Victoire, dont il a surpris plutôt que gagné les faveurs. (Quelques lecteurs délicats trouveront peut-être que je me fais trop blanc de mon épée. Mais ils me pardonneront proba- blement cette joculaire apparence de vanité, s’ils réfléchissent à la fanfaronnerie de mon assaillant.) L’embryon du Nelumbo ressem- ble, par sa forme extérieure, à l’a- mande d’une noisette ou d’un gland de chève. On y remarque , au pre- muer coup-d’œil , trois pièces distinc- 1es ; deux ont l’aspect de cotylédons charnus , mais elles sont réunies par leur base; et la troisième est la plu- mule ou l'organe ascendant, qui est placée entre les deux autres pièces, et quiestrecouverte d’une membrane fort mince. Pour faire rentrer cet embryon dans la loi générale, il faut y trouver , indépendamment de l’or- gane ascendant, l'organe descendant, ou la radicule , et le corps cotylédo- naire, que l’on pourroit appeler l’or- gane alaïtant , et qui est formé d’un ou deux lobes, suivant que l’espèce appartient à l’une ou l’autre des deux grandes classes des végétaux parfaits. trois pièces distinctes, savoir, L’Embryon du Nelumbo res- semble assez, comme le disent Bontius, M. Poiteau et M. Mirbel, à l’'amande d’une grosse noisette, quoiqu'étant d’une substance plus ferme. On n’y remarque, au pre- mier coup-d’œil,qu'uneseule pièce fendue profondément en deux par- ties, qui simulent assez bien exté- rieurement les Cotylédons de la précédente amande. En écartant ou séparant ces deux parties, on remarque , au second coup-d’œil, une deuxième pièce membraneu- se, qui , placée entre elles, enve- loppe une troisième pièce:celle-ci, qui n’est visible qu’au troisième coup-d’œil si la deuxième est en- titre, est elle-même composée de de deux rudimens de feuilles et leur support commun. En ouvrant la gaîne de la seconde feuille, on voit au quatrième coup-d’œil une iroisième petite feuille, dans la gaîne de laquelle on peut découvrir, au cinquième coup= d'œil microscopique , la miniature d’une quatrième feuille. Cet Embryon est donc composé de plus de trois pièces distinctes, qu’on ne sauroit remarquer au premier coup-d'œil. Mais revenons au calcul de M. Mirbel, afin de mieux entendre et apprécier ses raisonnemens et ses dénominations. Il prend pour deux pièces distinctes les deux divisions du corps principal de l’Embryon; et il complète celui-ci par une troisieme piece ; composée de toutes celles qui sont contenues entré les deux premières. Ces deux pièces n'ont encore ici que l'aspect de Z2z 2 356 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 4 cotylédons charnus; mais par la suite elles en prendront défi- nitivement le nom : la” troisième, qui, comme on l'a vu, est très-simple, recoit dès à présent celui de Plumule. Apprenons maintenant la manière de Juire rentrer cet Embryon dans la loi générale. Pour cela, i/ faut y trouver, indépendamment de l’ORGANE ASCENDANT qui est la plumule, l’ORGANE DESCENDANT ou la Radicule, et le corps cotylédonaire que l’on pourroit appeler PORGANE AILLAITANT. Voilà donc une composition de l'Embryon végétal tout fraî- chement sortie de la fabrique physiologique de M. Mirbel, et par laquelle il nous apprend que cet Embryon est formé de trois organes ; l’ascendant, le descendant et V'allaitant. La di- rection des deux premiers se rapporte manifestement au ciel et à la terre. Ainsi, orbauiitl botaniste tiendra dans sa main quel- qu'Embryon, il devra d’abord diriger un de ses organes vers le ciel et l’autre vers la terre, et ensuite il lui sera très-facile de distinguer l'ascendant du descendant. Mais, dira-t-on, cette direction sera donc artificielle! Ne sait-on pas que la Nature a cédé tous ses droits au législateur de la physiologie végétale ? et que par conséquent il peut réduire à une seule toutes les diverses directions des Embryons. Mais encore , l'établissement de cette direction exige la con- noissance préalable des organes : car, comment donner à la Ra- dicule celle qui lui convient, si on n’a pas reconnu cet organe! Vaine objection ! Rien de plus aisé que de reconnoître les organes des Embryons; excepté, cependant, ces maudites tribus de Monocotylédons, qui sonnent le tocsin de l’insubordination à chaque proclamation mirbelienne qui les concerne. Pendant que ceux-ci prient M. Mirbel d'imprimer une marque distinctive sur leurs organes, on voit s’avancer une petite tribu d'Embryons dicotylédons, qui lui demande des mamelles, afin d’avoir l’or- gane allaitant, qu'une capricieuse marâtre leur a refusé, Voyons comment notre définisseur subtil, soutenu de ses termes scien= tifiques, pourroit échapper aux clameurs de ces insurgés. Il est trop fin pour m'avoir qu'une corde à son arc: Mus miser in antro, qui non gaudet pluribus, uno. En effet, n’appercevez-vous pas derrière lui deux coulisses; qu'ils’est probablement ménagées pour se soustraire à la mauvaise chicane qu’ils lui font? L'une conduit à la germination; l’autre, sur laquelle est figuré un microscope, mène à l’anatomie : em- parons-nous de ces deux efluges. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 Il paroït évident que M. Mirbel considère ici lEmbryon dans son état de repos: ceci est mis hors de doute par celui du Nelumbo, auquel tout ce passage se rapporte. Il pourroit néanmoins nous objecter, que les dénominations d'organes ascendant , descen- dant et allaitant, conviennent à l'Embryon germant ou germé; et qu’en qualité de physiologiste il a le droit de caractériser les organes par un de leurs attributs futurs. Mais il faudroit fixer l’époque de la germination, à laquelle ces dénominations seroient rigoureusement applicables. Car les organes des Embryons ger- mans peuyent varier leur direction selon la position des Graines, et souvent même eu prendre une opposée à celle qu’ils auront dans la suite Ce n’est donc que par hasard que tes dénomina- tions s’ajusteroient au premier développement des parties. 51 M. Mirbel eût voyagé dans les régions de la zône torride, il auroit vu tant de fois les arbres et les rochers chargés de plantes parasites, qui naissent dans toutes sortes de directions, que sans doute il eût jugé à propos de rapporter la direction des organes d’un Embryon germant, plutôt à son point d'appui, qu’au ciel et à la terre. En accordant à M. Mirbel, que ses qualificatifs directionnels, qui ne Conviennent sous aucun rapport aux organes de l’Em- bryon, peuvent néanmoius être appliqués à ceux de la Plantule; il nous reste encore deux petites chicanes à lui faire. 1°, Comment reconnoître l'organe descendant des Embryons macropodes ou vitellifères? Leur corps radiculaire reste immobile et immuable pendant le développement de l'organe ascendant et périt ensuite sans être descendu. 2°. Si la composition notable de la Plumule du Nelumbo ne l'empêche point de la regarder comme un seul organe ascendant, sa croissance n’altèrera pas cette unité : le nombre des feuilles rentrant pour rien dans cette dénomination, la tige des Plantules chargée de feuilles ne constituera avec celles-ci qu'un seul organe. Voilà où conduit cet esprit de sys- ième si nuisible aux progrès des Sciences. Avouez , M. Mirbel, que votre désignation des organes de l'Embryon végétal est trop savante, pour que les botanistes l’entendent et en fassent usage. Mais la physiologie végétale offre tant de ressources inconnues à ceux-ci, qu'ils n’oseroient douter que vous y puiserez un jour les moyens de faire prévaloir votre opinion sur leurs fuliles objections. Nous ne parlons pas ici de l’orgaze allaitant : il fera partie d’une discussion prochaine sur les autres organes de l'Embryon 358 JOURNAL: DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du Nelurmbo. Ce sera alors aussi que nous examinerons les preuves anatomiquesiet physiologiques de la justesse des noms que l’auteur donne à ces organes. Avant de passer outre, nous demanderons à M. Mirbel quele ques éclaircissemens sur ce qu’il entend par /es deux grandes olasses de végétaux parfaits. Il admet donc d'autres classes de végétaux émparfaits. Ildevroit bien nous indiquer, en habile anatomiste et physiologiste, à quel endroit de la série générale des végétaux il place la limite entre lès parfaits et les imparfaits; ou, ce qui est la même chose, en quoi il fait consister la per- fection et l’imperfection d'un végétal. Nous pensions d’abord qu'il pourroit avoir fondé cette distinction sur la présence ou l'absence des organes sexuels : nous concevions alors, que les Lemna ou Lentilles d'eau étoient des plantes plus parfaites que les Marchantix. Mais en nous rappelant que M. Mirbel a placé les Fougères dans la première classe des végétaux parfaits, nous sommes obligés de changer d'avis; et nous le prions de nous tirer un jour de l'ignorance dans laquelle il nous a laissés sur cet objet important. | Gærtner, M. de Jussieu , M. Ri- Adanson dit (vol. IT, pag. 74) chard, M. Poiteau, moi-même, nous qu'il croit avoir apperçu deux Co- avons fait connoître , à différentes , $ époques , notre sentiment sur l’orga- tylédons dans le Nelumbo. nisation de la Plantule du Nelumbo, Gærtner (T. 74) décrit le corps etl’on peutcompter autant d'opinions de l’amande comme un l’irellus qued'obfervaleurs, inférieurement bilobé et cotylé- ' doniforme , du sommet indivis duquel pend l’'Embryon dont la Plumule est diphylle, TI ne parle ni de Cotylédon, ni de l’enveloppe membraneute de la Plumule. T1 regarde l’'Embryon comme germant; en observant (Præf. XXVI) que ce genre est le seul, de tous les mono- cotylédons, dans lequel l'Embryon jouisse de cette propriété que M. Mirbel a aussi attribuée aux Graminées. Je suis persuadé que si Gærtner eût vu la Plumule enveloppée, il n’auroit point admis cette germination extraordinaire. Jussieu (Gen. 68) a pris le Vitellus de Gærtner pour un Périsperme contenant l'Embryon; et il met en doute, si celui-ci est uni ou bilobé. Il ajoute, qu’il a vu dans la Graine deux petits lobes, mais inégaux, naissant de points diflérens et ressemblant plutôt à des feuilles primaires qu'à des Cotylédons. ET_D'HISTOIRE, NATURELLE, 359 .… Dans un Ouvrage de M. Mirbel, cité par lui-même, l'Embryon . du Nelumbo est décrit comme dépourvu de Périsperme, muni de deux Cotylédons épais et d’une Plumule verte et formée de deux feuilles inégales repliées sur elles-mêmes, etc. Cette description, dans laquelle il n’est pas parlé de l’enveloppe mem- raneuse, est manifestement faite d’après les figures et le carac- tère donnés par Gærtner. Je ne la cite ici, que parce que j'en ai vainement cherché une autre dans ce Mémoire, qui cependant est spécialement écrit sur l'Embryon de cette plante. M. Turpin, dans son Mémoire sur l'organe qu'il appelle micropile, regarde les deux pièces charnues de lamande du Neiumbo comme des Cotylédons. Il est le, premier qui ait mentionné et figuré lazzembrane recouvrant la Plumule , mais sans la qualifier par aucun nom. Je'me suis rapproché (Ænalyse du Fruit, page 67) du sen- timent de Gærtuer relativement au vitellus, dont J'ai seulement changé le nom en celui de corps radiculaire ou de Radicule. J'ai designé comme Cotylédons Penveloppe membraneuse de la Plumule. M. Poiteau (Mémoire sur.... le Nelumbo) est du même senliment que M. Turpin, sur le corps charnu de l’amande. IL assimile la tuembrane à la gofne stipulaire des feuilles, en la rapportant à la première de la Plumule il attribue à la seconde feuille une enveloppe membraneuse analogue à celle de la pre- mière , ef que je n'ai vue dans aucun des nombreux Embryons que j'ai examinés. Il décrit et figure, pour la première fois, une Plantule développée et pourvue de ses Radicelles. Il ne parle point de la Radicule, parce que, dit-il, À n’en existe pas dans cet Embryon. En résumant les diverses observations des auteurs sur FEm- bryon du Nelumbo, on obtient le résultat suivant. : Note d’Adanson, presque nulle. 10, Corps CHARNU BIPARTI : P’éfellus de Gærtner; Périsperme de Jussieu; double Cotylédon de MM. Turpin, Poiteau et Mirbel; Radicule ou corps radiculaire de Richard. 29. ENVELOPPE MEMBRANEUSE de la Plumule, dé- couverte par Turpin; gafne stipulaire de Poiteau; Cotylédon de Richard. 30. PLUMULE : reconnue par tous. 860 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE En mettant ainsi sous les yeux des lecteurs, un précis de l'état de la question antérieur au Mémoire de M. Mibel; ils pourront plus facilement apprécier les découvertes que celui-ci va leur offrir. Je suivrai maintenant l’auteur dans ses raisonnemens sur le Nelumbo et ses discussions sur les divers organes de l’Embryon de cette plante. J’élaguerai cependant ses longues démonstra- tions anatomiques et physiologiques, afin de faire perdre le moins de temps possible à mes lecteurs, qui sans doute m’en sauront gré, lorsqu'ils connoîtront le résultat de ma critique. .... Gærtner voit, dans le Nelum- bo, une plante sans cotylédon, et dans les deux pièces charnues de l’a- mande, l’organe qu’il désigne sous le nom de witellus; il ne parle point de la membrane qui environne la plumule ; il décritexactement celle- c1, et dit un mot insignifiant sur la radicule , dont cependant il assigne fort bien la place, sans soupçonner qu'un jour on trouveroit des raisons très — spécieuses pour révoquer en doute l’existence de cet organe. Mais l'organe appelé vitellus par Gærtner Gærtner n’a dit nulle part que le Nelumbo étoit une plante sans Cotylédon. C’est probablement parce qu'il ne parle pas de cet or- gane dans sa description de l’'Em- bryon , que M. Mirbel s’est cru autorisé à lui supposer ce senti- ment. Je sais bien que divers pas- sages de cet auteur (Zz4rod.p.148, 150, — Vol. I; pag. 74— Præf. XIII) prouvent son incertitude n’a aucun caractère qui le distingue sur cet organe. Mais, Le qu'il des cotylédons.... a décrit la plupart des Embryons monocotylédons sans en dénom- mer lesparties; en conclura-t-on, commé M. Mirbel le fait ici à l'égard du Nelumbo, qu'il les regardoit comme acotylédons! J’ai assez bien étudié l’immortel Ouvrage du restaurateur ; je dirois presque du créateur de la Carpologie, et je n’ai pas vu qu'il ait assigné fort bien la place de la Radicule. L’ex: pression Embryo in suprema parte Vitelli radicatus seroit- elle, pour M. Mirbel, le mot insignifiant sur la Radicule et la désignation de sa place? Mais ici, comme dans d’autres des- criptions , l’auteur a employé le mot radicatus dans un’ sens métaphorique. Je ne connois que le seul passage suivant, où il soit fait mention de la Radicule de cette plante : « in Cerato- phyllo atque Nelumbo, id tantum à Cotyledonibus distat Vi. cellus, quôd lobi ejus, circa basim suam, adeù latè inter se et cum RADICULA coaliti sunt, ut hanc penitüs abscondant... JNTROD. 148. » Vu le peu d'importance de cet objet, jene cher- cherai D) * ET D'HISTOIRE NATURELLE. 36r cherai pas à démontrer que ce passage ne sauroit motiver les - assertions de M. Mirbel. Un seul auteur, M. Poiteau , a nié l’existence de la Radicule; mais sans alléguer ces raësons très-spécieuses, que M. Mirbel ne semble supposer qu’afin d'augmenter les difficultés et par conséquent la gloire de son triomphe. : Ayant adopté, quoique sous un autre nom, le Vitellus de Gærtner, je dois chercher à le sauver du tour de passe-passe par lequel on voudroit le changer en Cotylédon. Dans l'expo- sition que fait M. Mirbel du caractère du Vitellus, il omet une cifconstance importante; et il fait bien, parce qu’elle peut seule l'empêcher d’avoir raison. En lisant attentivement ce que le Carpologiste a écrit sur le Vitellus, on est convaincu qu'il le regarde comme un corps en quelque sorte surajouté à la totalité de l’'Embryon, et presque toujours il y implante un Embryon monocotylédon. Cette vérité sera si évidente pour tout lecteur éclairé, que je ne crois pas devoir la développer davantage. En anéantissant les beaux raisonnemens de M. Mirbel sur l'identité du Vitellus et des Cotylédons, elle me dispense de faire une critique inutile de ces hors-d’œuvres. -... Toutefois ceci ne nous ap- M. Mirbel, qui prétend que pain ae ira: et Gærtner n'apac vu Ta germination Gare quinavol pa vulasineu du Nelumbo, va être démenti par s’est pas appliqué à résoudre une dif- cet auteur même. ++. QUUIN CONS- ficulté qu’il ne soupçonnoit pasmé- Z@/1tissime unicum duntaxaf sub -me, et dont nous parlerons bientôt. germinalione promat foliolum £ zecalterumprodeat, donecprius penitès evolutum ef super aqua explicatum sit:uti hoc ën guinquaginta et pluribus nuctbus , a b. LERCHE acceptis, ex- pertus sum. VoLr. 1,74 —...in cujus (Nelumbii) semine, unius folioli seminalis præcociorem , et tunc alterius seriorem Proventum, ipse meis oculis, plus quam frigenta repetitis vi- cibus, vidi; atque hoc egregio spectaculo sæpe delectatus sum. PrzÆr. XIII. Gærtner a donc bien vu, et un grand nombre de fois, la singulière germination du Nelumbo; mais il étoit trop judicieux, pour s’ occuper de la découverte imaginaire d’une Radicule latente. ..... Suivant la judicieuse remar- En établissant (Æzal. du Fr., que de Gærtner, tout albumen est pag. 37) cette même distinction, Pr on eine Em J'ai fait remarquer (pag. 43) que Tome LXXIII. NOVEMBRE an 18r1, Aaa 362 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE deux familles, les CONIFÈRES et les CYCADÉES, offroient dans tous les genres qui les composent, autant d’exceptions à cette règle. Leur Radicule est tellement attachée à l'Albumen, que J'ai été tenté, avant de connoître leur germination, de prendre celui-ci pour un Vitellus. L'albumen est un tissu cellulaire homogène , dontles poches sont rem- plies d’une substance concrète inor- ganisée. Je doute qu'il soit possible de donner de l’Albumen une définis tion moins bonne et d’une applica tion plus bornée que celle que M. Mirbel ose nous représenter ici. Elle ne mérite donc pas que je prenne la peine de la critiquer. Selon ce botaniste (Richard), le Nelumbo est monocotylédon ; le co- tylédon est cette membrane fine et déliée , qui environnela plumule , et les deux pièces charnues sont une ra4 dicule, qui, pour me servir des ex- pressions de l’auteur , est profondé- ment bipartie. F Cette manière de voir présente une suite de faits bien extraordinaires. Les botanistes versés dans l’étude des rapports naturels ne plareront pas, sans une certaine répugnance , le Ne- lumbo parmi les végétaux monoco— tylédons. Il a tout l’aspect du Nym= phæa: et cette plante, ainsi que l’a La suite de faits, que cette ma- nière de voir présente, n’est pas nombreuse; et ils sont si peu ex- traordinaires , que ce sont les seuls fau moyen desquels on puisse rat- tacher cette plante azomale à ses affines. Nous verrons bientôt, que ceux présentés par l'auteur méri- tent à plus juste titre cette qualifi- cation, puisqu'ils tendent à isoler cette plante, en faisant de son Embryonunphénomène extraor: dinatre. Si M. Mirbel eût été versé dans rouvé M. Decandolle , a deux Co=- tylédons. l’étude des rapports naturels, il auroit peut être éprouvé la même répugnance , qui a empêché Adanson, Jussieu et Gærtner de p'acer le Ne'umbo parmi les végélaux dicotylédonés. La sagacité de ces hommes célèbres ne leur permit pas de céder pleinement à des apparences; et tout en exprimant leur douie, ils ont rangé cegenre et le Nymphæa au nombre des monocotylédonés, L’aspect ou le caractère habituel de ces plantes fut justement pour eux ua des principaux obstacles, qui s’opposoient à ce qu'ils les rapportassent aux dicotylédonées, qui, sous ce rapport, ne leur offroient aucune de ces analogies qu'ils remarquoient dans l’autre série, Jussieu ‘avoit dit, en parlant du Nymphæa, genus idem ferè cum Nelumbio, germine et stigmate proximum Papaveri ET D'HISTOIRE NATURELLE. 363 Ceci n'indique qu'une analogie de forme dans deux organes, mais non pas une aflinité ordinale. Cependant, M. Decandolle, induit en erreur probablement par la bipartition qui donne à la Gemmule du Nymphæa l'apparence d’un double Cotylédon, n’a pas hésité de rapprocher ce genre des PAPAVÉRACÉES. Mais annoncer qu'un Embryon est dicotylédoné, ce n’est pas le prouver; et ce botaniste instruit et zélé ne paroît pas avoir eu la prétention que M. Mirbel lui suppose. ..:. L'organisation du Nelumbo est semblable à celle des plantes di- cotylédones. . .” des lacunes rayon- nantes semontrentsur la coupe trans- versale ‘de la plumule),'et marquent la direction des rayons médullaires; Par conséquent nul doute que le Ne- Tous les efforts que M. Mirbel fait dans ce Mémoire, pour prou- ver anatomiquement el physiolo- giquement que l’organisation du Nelumbo est semblable à celle des plantes dicotylédones, ten- lumbo n’appartienne, au moins par Son organisation interne , à la grande classe desdicotylédons.Ceseroitdonc une singulière anomalie que cette plante n’eût qu’un lobe séminal. dent à exciter de plus en plus Les botanistes à se défier de cemoyen de distinction. La conséquence qu'iltire del'indication desrayons médullaires, leur paroîtra un peu basardée, ou du moins anticipée; et ils difléreront prudemment leur assentiment, jusqu'à ce qu’ils puissent l’asseuir sur quelque fondement plns solide. 6i M. Mirbel parvient un Jour à }rouver l’existence de ces rayons dans la souche du Nelumbo et par conséquent dans celle du Nymphæa , il fera faire un pas de géant à l'anatomie végétale. Cette découverte jetteroit du doute sur la théorie de M. Desfontaines, qui cependant me paroît assez solidement établie, pour être utilement appliquée aux végétaux ligneux. En attendant la solution de cette curieuse question, nous allons examiner avec M. Mirbel la Membrane que j'a goulu nommer Cotylédon. Celobe ou ce cotylédon, puisqu’en- fin M. Richard veut le nommer ainsi, est une membrane mince, transpa— rente, qui se détruit aussitôt que la graine est humectée : seconde excep- tion tout aussi extraordinaire que la première ; car les cotylédons des'au tres plantes jouent un grand rôke pen- dant la germination. ... Comme les cotylédons sont nécessaires au déve- loppement de l’embryon qui périt quand on les retranche etc. C’est dans la Graine desséchée, que cette membrane se réduit, quand elle est très-humectée, en une espèce de pulpe blanchâtre, parce que l’exsication la désor- ganisée. Les Graines séchées de la plupart des plantes aquatiles per- dent leur faculté *germinative , arce que l’organisation de leur Emibiyoi a été altérée par l’aré- Aaa 2 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE. CHIMIK faction. L'existence seule de cette membrane, dans les Graines sèches du Nelumbo, prouve que c'est à une pareille altération qu'il convient d’attribuer sa destructibilité actuelle. En effet, les graines de cette plante croissent et se perfectionnent dans l'eau , et sont naturellement destinées à la submersion ou à une humectation continuelle. Or, si la propriété de se décomposer par l’imbibition de l’eau étoit primitivement inhérente à la nature de cette enveloppe gemmulaire, nous ne la trouverions plus dans les Graines sèches ; ou du moins, au lieu d’une membrane simplement desséchée et continue, nous n’y verrions que les lambeaux d'uné matière confusément contractée. J’oseroisaflirmer que, dans les Graines fraîches, que je n’ai pas eu l’occasion de voir, cette membrane forme une enveloppe charnue, lisse et blanche , qui renferme étroitement et complètement la Gemmule ou Plumule. Ces considérations me portent à croire, que toutes les conséquences déduites de la destructibilité de cette membrane sont fausses ou mal fondées. Ayant résolu de ne point trop m’engager dans des diseussions physiologiques , qui sontétrangères au butpurement botanique que Je me suis proposé ; je ne ferai ici que quelques remarques sur les assertions de l’auteur touchant les Cotylédons. Je pense que M. Mirbel à tort d'avancer que les Cotylédons de toutes les plantes jouent un grand rôle pendant ta germina- tion. Plusieurs Embryons germent bien, quoiqu’ils n'aient point de Cotylédons proprement dits. La petitesse excessive des Co- tylédons de certaines plantes, relativement au volume de leur Radicule, donne lieu de croire qu’ils ne jouent pas un grand rôle dans la germination, On peut en dire autant de ceux qui ne sont indiqués que par une très-légère incision du sommet de 1’Embryon. Le Cotylédon de la plupart des Endorhizes ne paroît pas contribuer grandement au développement des autres parties de la Plantule. Les Cotylédons sont nécessaires à l'Embryon, par cela même qu’ils y existent. Dans un être aussi foible et encore si peu composé, le toutest nécessaire à ses parties, comme chaque partie Vest au tout. Il y a entre ses organes une mutualité de secours proportionnelle à leur volume et à leurs voies de communica- tion. Les suites fatales du retranchement des Cotylédons pa- roissent prouver seulement, que les plaies qui résultent de leur résection nuisent infiniment au reste de l'Embryon; et que, en paralysant une grande partie ou la majorité du tronc de cet S ET D'HISTOIRE NATURELLE. 365. Être délicat, elles y causent une désorganisation qui le fait périr . plus ou moins vite. J'arrive à une troisieme exception encoreplus étonnante. Toutembryon a une radicule ; du moins je ne sache pas qu’aucunensoit privé , et M. Ri- chard ne prétend point détruire cette opinion ; mais la radicule a commu- nément la forme d’un petit cône ren- versé; elleestunique et sans division; sa pointe s’allonge, et tend à s’enfon- cer dans la terre dès que la germina- tion commence; et le Nelumbo, dans l'hypothèse de M. Richard , auroit pour radicule , au lieu du cône dont qe viens deparler, deux lobes charnus, dont la partie inférieure seroit dirigée vers le ciel. Il faut convenir que rien ne seroit plus contraire à tout ce que nous connoissons. Cette troisième et plus éton- nante exception porte sur cinq points : r° la forme de la Radicu- le, 2° sa direction, 3° son unité, 4° son intégrité, b° sa tendance à s’enfoncer dans la terre. 1°. La forme conique n’est pas plus commune dans les Radicules que la cylindracée : elles peuvent offrir aussi toutes lesmodifications de lovoïde et du sphéroïde : il s’en trouve même qui sont dilatées transversalement et aplaties. 2°. Lors même que la Radicule est conique , son côze n'est pas 8 toujours renversé. Si l'Embryon est renversé, ce cûne est dressé; et en général sa direction dépend de celle de l'Embryon. C’est donc sans raison plausible, que M. Mirbel objecte que la partie inférieure du corps que je nomme Rudivule est dirigée vers le ciel. Cette objection est d'autant moins fondée, que la Plumule croît en sens opposé à la direction de cette partie , comme cela a lieu dans les autres plantes. 3°, Les deux /obes charnus ne forment qu'un seul corps ; puisqu'ils sont intimement liés et continus l’un à l’autre par leur partie inférieure. 4°. La bipartition du corps charnu est moins réelle qu’appa- rente. Ce corps n’élant qu'une expansion extraordinaire de lex- trémité radiculaire; il convient, pour se faire une idée juste de son origine et de sa forme, de le supposer étalé, et alors il cesse de paroître divisé. 5°, La Radicule des Embryons monocotylédonés ne s'enfonce pas elle-même dans la terre; mais seulement le tubercule qui en sort. Le corps radiculaire des Embryons macropodes, dont je parlera plus bas, ne tend nullement à s’enfoncer dans la terre. Mes assertions peuvent être contraires à tout ce que M. Mirbel connoît. Néanmoins, les -objections par lesquelles il a voulu 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE prouver que mon sentiment sur la Radicule du Nelumbo offroit une exception étonnante, me paroissent réduites à bien peu de valeur. J’opposerai à l'opinion de M. Ri- Avant d’opposer l'opinion de chard celle de M. Poiteau. Getexcel- M, Poiteau à la mienne, et surtout lent peintre de fleurs , qui a fait une 3 , iSS où H étude particulière dl botanique , avant de l'adopter M, Mirbel au pense que la membrane que M. Ri- roit dû, ce me semble, la bien ces chard prend pour un lobe séminal, mMiner et prévoir les objections est de même nature que les gaînes dont elle étoit susceptible. La DR de in NE les membrane qui enveloppe toute la Gens Ce FEU ES CNE MM. Gemmule, naissant beaucoup au- dessous de la première feuille:, ne peut sous aucun rapport appartenir à celle-ci. La gaîne située à la base de la seconde feuille, et qui renferme le rudiment de la troisième, fait partie de la face interne du pétiole; et elle est naturellement ou primitivement fendue dans presque toute sa longueur. L’enveloppe membraneuse, n'ayant aucun des ca- ractères de cette gaîne pétiolaire, ne sauroit lui être assimilée. Elles ne sont pas de la même nature, puisque lune est réduite - par l’exsication en une membrane aride et morte, et que l’autre conserve son organisation comme la feuille dont elle fait partie. M. Poiteau regarde üctte mombrane comme une gaine stipulaire commune aux deux lobes qu’il prend pour des Cotylédons : mais elle ne leur appartient pas plus qu’à la première feuille, puis- qu’elle prend naissance un peu au-dessus du point de leur réunion. En accordant pour un moment les deux Cotylédons à ceux qui les admettent, une gaine tubulée, placée entre ceux-ci et la première feuille de la Plumule, seroit une chose sans exemple dans la classe des Dicotylédones, | Les cotylédons , quand ils arrivent Le Cotylédon des GRAMINÉES, à la lumière , se changent en vérita- des CYPÉRACÉES, des ZINGIBÉ- FREE RACÉES et de beaucoup d’autres Endorhizes, ne se change pas en véritable feuille, quoiqu'il arrive à la lumière. La question relative au Nelumbo Parce que M. Mirbel a trouvé se réduit maintenant à savoir si les un rapport d'organisation entre deux pieces charnues sont organisées DEA) comme les radicules ou comme les les deux PS charnues du Ne- cotylédons. C’est à quoi je vais ré- lumbo et les Got ylédons auxquels pondre, il les compare, cela suflit-il pour ET D'HISTOIRE NATURELLE. M J'aidisséqué , avec le plus grand Soin, ces pièces charnues ; je les ai comparéesaux cotylédonsdu potiron, de l’amandier , du haricot etc. et je n’y ai observé aucune différence im- portante.... Les cotylédons qui sont de nature 367 prouver lidentité des unes et des autres? En supposant ces observa- tions exactes, elles prouveroient seulement une certaine analogie entre les corps comparés ; et aussi, l'incertitude de l’organisation in- à rester cachés sous la terre..... ne terne comme moyen de les distin- prennent aucun accroissement orga- guer. Ÿ nique.... La Radicule, croissant par la ermination, peut proportionner sa faculté nutritive au besoin de la Plantule. Maïs le corps charüu du Nelumbo est condamné à ne prendre aucun accroissement organique; et cependant il doit sustenter pendant long-temps les autres parties qui se développent. Pour qu’il pât remplir les fonctions qu’elle lui a attribuées, la Nature l'a modelé différem- ment des Radicules ordinaires. Elle lui a donné, comme aux autres Hypoblastes, une é endue ou un volume énorme et une forme particulière. Ces qualités et leur destination ont nécessité une différence dans l’organisation ; et cette organisation a dû se rapprocher de celle desCot; lédons hypogées. Mais ceux-ci, malgré l’assertion contraire de M. Mirbel, prennent toujours'un certain accroissement organique; el sous ce rapport, ils diffèrent essen- tiellement des Hypoblastes. Quoiqu'il aunonce n'avoir trouvé aucune différence importante entre les Cotylédons qu'il cite et les lobes du Nelumbo, il y en a néanmoins une essentielle; c’est que les premiers sont unis par l'interwède d'une vraie Radicule saillante et promissile; et que les seconds sont immédiatement soudés et continus l’un à l’autre. .... l’absence de radicule paroit impossible. Est-il bien vrai, comme le pense M. Poiteau , que l’embryon du Ne- lumbo n?ait pas de radicule ? Je sais que cet organe ne se montre pas exté- ricurement , même apres la germi— nation ; mais pour être en état de ju= g r cette question ayec connoissance de cause , il faut avoir fait une anato- mie scrupuleuse de la graine. Puisque M. Mirbelregardoit les deux lobes charnus du Nelumbo comme des Cotylédons, et qu’il reconnoissoit l'impossibilité de l'absence de la Radicule; il s’en- gageoit donc à démontrer la pré- sence de celle-ci , et cela, dans le lieu qu’elle devroit naturellement occuper, sielle existoit. Pour par- venir à cette démonstration avec plus de connoissance de cause que ses prédécesseurs, il a fait une anatomie scrupuleuse de 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la Graine de cette plante : en voici en général le résultat. 1°. Des faisceaux de tubes, partant du point de jonction de la Plantule et de la Radicule et se ramifant dans les prétendus Cotylé- dons, sont les vaisseaux mammaires. 20. D'autres faisceaux, descendant plus bas, se réunissent en un point, qui est l’extré- mité inférieure de tout le système vasculaire de l’'Embryon; et on reconnoit dans cet appareil les premiers linéamens d’une Radicule, dont l’existence n’est décelée à l’extérieur que par un petit mamelon peu visible. 30. Il suit de là, que le Nelumbo a une Radicule latente. Discutons maintenant, mais briévement, sur ces {rois points. 1°, Une communication vasculaire entre le corps charnu et la Tigelle étant nécessaire, et les deux expansions du premier ayant à peu près une forme cotylédonaire, l'existence et la disposition des vaisseaux annoncées par M. Mirbel n’ont rien de surprenant. Mais ce qui me paroît devoir être rejeté, c’est l’épithète de mammaires donnée à ces vaisseaux. Les botanistes judicieux n’attribueront point, sans répugnance, des mamelles à l'Embryon végétal. Quelques-uns d’entre eux ont bien paru trouver entre les Cotylédons et ces organes animaux , une certaine analogie de fonctions ; mais ils ne l’ont exprimée que métapho- riquement. L’imagination exaltée de quelques physiologistes a pu seule oser établir, par l'identité de noms, une identité réelle entre des organes, qui n’ont pas même la moindre comparabilité. Selon leur assertion, l’enfant-plante, portant lui-même ses ma- melles nourricières, auroit été plus favorisé de la Nature que l’enfant-animal. Pour enchérir sur l'opinion de ses prédecesseurs, M. Mirbel place les vaisseaux mammaires de l’'Embryon du Nelumbo dans son véritable pied; et il en fait par là un monstre sans pareil. 2°. Le bout du corps charnu, par lequel ses deux pièces sont unies, présente une protubérance très-peu sensible, convexiuscule avec une petite dépression centrale. Cette structure n’est guère propre à annoncer extérieurement l'existence d’une Radicule. Mais pour rendre celle-ci plus vraisemblable, M. Mirbel a cor- rigé la Nature, en donnant à ce bout, dans toutes ses figures, une terminaison plus ou moins conoïdale. Il est résulté de là, que les vaisseaux desceudans, s'ils existent, ont convergé de manière à s’accommoder, contre toute vraisemblance, à cette nouvelle conformation, 3°. Ge n'est pas dans le z1amelon saëllant que l’auteur etablit l'indication ET D'HISTOIRE NATURELLE. 369 l'indication d’une Radicule: il voit celle-ci dans l’appareil des faisceaux de tubes descendans : et comme cez appareil est en- veloppé par une masse de tissu cellulaire qui se confond avec le tissu des Cotylédons, il constitue une Radicule nécessaire- ment /atente. Une Radicule, qui n’interrompt par aucune saillie Ja continuité des Cotylédons et ne peut étre distinguée de ceux-ci; qui ne consiste qu’en certains vaisseaux disposés d’une certaine manière; qui, en un mot, n'a pas de corps; une telle Radicule ne doit-elle pas être regardée comme une vraie chimère! Avouez, M. Mirbel, que cefte manière de voir présente une suite de Jaits bien extraordinaires! Envain diriez-vous pour votre dé- fense , que Gærtner paroît avoir eu la même idée d’une Radicule cachée par les larges bases des lobes du Vitellus; votre opinion n'en seroit pas plus soutenable. Si votre Radicule avoit réelle- ment un système vasculaire qui lui fût propre, on auroit lieu d’être surpris, comme vous, de son inertie et de son inaptitude à se développer. Puisque, suivant vous, la Nature l’a paralysé, on devroit observer , pendant la germination, une inaction com- plète dans le lieu qu’elle occupe. Mais, si les vaisseaux dont vous la composez et le tissu cellulaire qui les enveloppe ont une action isochrône et concordante à celle de toute la masse du corps charnu; n’est - il pas convenable d'en conclure qu'ils en font des parties intégrales! Au lieu de discourir plus long-temps sur des observations ana- tomiques et physiologiques qui manquent leur but, hâtons-nous d'arriver à la démonstration plus simple et plus sûre des faits ét analogies botaniques. Le sommet d’une Radicule est à l'extrémité inférieure de l'axe longitudinal de la Tigelle : si elle est aplatie, comme dans le Cabomba, etc., son sommet occupe le centre de sa face infé- rieure. Le prolongement de l’axe de la T'igelle du Nelumbo désigne, pour sommet du corps radiculaire, le milieu de la face inférieure de la partie qui unit les deux lobes. Or, puisque ce milieu, indiquant le sommet de la Radicule, est formé par la substance propre du corps charnu; ce corps est donc réellement la Ra- dicule, ou, si l’on veut, une expansion de l'extrémité radicu- laire. Sa position au-dessous de toutes les autres parties de l'Em- bryon et son opposition au sommet de la Gemmule ou de l’en- veloppe de celle-ci, assurent au corps charnu cette dénomination. Cherchons, néanmoins, dans lanalogie d’autres preuves de sa justesse, Tome ZXXJIII NOVEMBRE an 1811. Bbb 370 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ Le corps charnu du Zostera est évidemment identique à celui du Nelumbo. Il est de la même nature, fendu un peu moins profondément : il porte aussi la Tigelle fixée également au milieu du fond de sa scissure ou de sa face interne : illa nourrit pendant qu’elle développe la Gemmüle, sans prendre lui-même aucun accroissement organique : il n’y a donc entre les corps charnus de ces deux genres d'autres différences notables, que certaines modifications d'organisation nécessitées par la dissemblance de leur forme. La scissure moins profonde du corps charnu du Zostera donne la transition de celui du Nelumbo à ceux des autres Embryons macropodes ; ce qui fait disparoître graduel- lement la prétendue gémination de Cotylédons. Puisquela Tigelle du Zostera porte un Cotylédon et une Gemmule, dont les noms ne sauroient être contestés, et que son corps charnu termine manifestement l’extrémité inférieure de cette Tigelle, il est im- possible de nier avec raison la nature radiculaire de celui-ci. Si je puis maintenant trouver dans le Nelumbo les analogues des deux autres parties de Embryon, l'identité de son corps charnu avec le précédent sera irrévocablement démontrée. Comme celui de tous les Embryons endorhizes, le Cotylédon du Zostera contient la Gemmule dans une cavité close de toutes parts , et il a la même direction générale. La Tigelle du Nelumbo est presque nulle ; sa substance circonférentielle se prolonge en une espèce de sac membraneux, dont la capacité est remplie par la Gemmule. La cavité de ce sac est donc analogue à la petite cavité gemmulifère du Zostera. Cette enveloppe saeci- forme, indivise et charnue dans son état naturel, est donc, à l'égard de la Gemmule du Nelumbo , ce que le conoïde creux des Gra- minées est aux rudimens de feuilles qu’il renferme, c’est-à-dire un vrai Cotylédon. En effet, le Cotylédon des Endorhizes est la seule des parties de toute espèce d'Embryons, qui ait une cavité interne indivise et contenant immédiatement la Gemmule. Lui seul aussi peut former une Gaïîne, qui, naissant au-dessous du premier rudiment de feuille, enveloppe l’origine dela jeune tige. . Je vais faire connoître en peu de mots l'avantage que ma manière d'exposer la structure de l'Embryon du Nelumbo peut avoir sur celle de mon antagoniste. Une Radicule Zatente et naturellement paralysée; deux Coty- lédons incapables d'aucun accroissement organique; une gaîne stipulaire naissant de la Tigelle et enveloppant complètement ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37t la Plumule sans en faire partie: voilà trois caractères, par aucun desquels lEmbryon du Nelumbo ne seroit comparäble à nul des Dicotylédonés. Il seroit donc dans cette classe un être parfaitement isolé, ou, pour parler le langage de son fabricant, l’une des productions les plus curieuses de tout le règne végétal. Pour faire rentrer cet Embryon dans la loi générale , il n’est pas nécessaire d'avoir recours au microscope. Quelques connolssanees acquises par l'emploi d’une loupe simple, et un peu d'expérience dans l’art de comparer des faits et de les rap- procher ou de les éloigner suivant leur plus ou leur moins d’af- finité, me paroissent des moyens plus sûrs qu'une anatomie scrupuleuse pour réussir dans cette opération. En regardant le corps Charnu de lEmbryon du Nelumbo comme une expansion radiculaire, je le lie à une série d’autres Embryons qui en sont également pourvus, et dont quelques-uns se rattachent aisément aux Endorhizes à Radicule simple. En considérant l’enveloppe membraneuse de la Gemmule comme un Cotylédon, elle cesse de paroître étrangère à la structure d’un Embryon; et ce Coty- lédon s’assimile à ses analogues par ses principales qualités. Il est donc manifeste, que cette manière de voir, loin de présenter une suite de faits bien extraordinaires, dissipe au contraire la merveilleuse obscurité dont M. Mirbel a enveloppé l’Embryon du Nelumbo. Elle réduit ses prétendues anamolies à quelques signes] floraux dont le temps afloiblira la singularité. Enfin elle fait rentrer ce genre dans la classe des ENDORHIZES, avec lesquels ses caractères habituel, floral et /ructuaire lui font con- tracter une union indissoluble. C’est aux botanistes qui travaillent Adanson et Jussieu ont placé plus particulierement àperfectionner Je Nymphæa et le Nelumbo vers les familles naturelles, qu’il appar— : z , _. tient de nous dire si le Nettbo doit lafindes Monocoi ylédonées.Gær É TES = prendre place parmi les rosacées , les NET ne S éloigne pas de leur senti- pere ou les magnoliées ; ou ment à 1 égard du second genre. ten si cette plante curieuse et peu Ces trois grands hommes parois- connue tient à ces trois famillesäla_ sent avoir été influencés dans leur fois, sans rentrer positivement dans : t : ù finité AS jugement, moins par une aflinité caractéristique, que par certaines analogies , qu’un œil exercé saisit plus aisément que la plume ne les exprimeroit. Gærtner et Jussieu ont motivé leur doute à peu près de la même manière. Mais, Bbb 2 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ce dernier, plus versé dans l'étude des rapports naturels, & restreint l’affinité de ces deux genres à deux familles; les HYDRo- CHARIDÉES et les ASARÉES. Cette double indication, n'étant fondée que sur l'incertitude du nombre des Cotylédons, doit être regardée comme simple pour chacune des deux grandes classes des végétaux sexifères. Cette décision du plus savant des botanistes dans la coordi- nation naturelle des plantes, n’a pas été un frein respectable pour M. Mirbel. Il propose, à ceux qui s'occupent du perfec- Uonnement des familles naturelles , de fixer la place du Nelumbo dans l’une des trois qu'il veut bien leur indiquer; savoir, les RosacéEes, les PAPAVÉRACGÉES et les MAGNOLIÉES. Mais ce qui leur paroîtra plus étrange encore, c’est la demande qu'il leur fait d'expliquer la mystérieuse trinité d’aflinité que son nnagination a découverte dans ce genre. Comment un auteur, qui ambitionne la gloire de passer pour un grand botaniste, a-t-il pu se résoudre à donner ici, sans nécessité, la mesure de son savoir sur les affinités naturelles des plantes! Car, même eu supposant que le Nelumbo fût dicotylédoné, il seroit évident, pour tous les botanistes profonds , que ce genre, très-bien connu , ne pourroit appartenir à aucune de ces trois familles, ni même s'en rapprocher. Le premier des deux rapports indiqués par Jussieu est une des mille preuves de sagacité dont son Ouvrage est rempli. En eflet, les NYMPHÆACÉES paroissent devoir être placées im- médiatement à côté des HYDROCHARIDÉES, Mais le Nelumbo se trouve séparé des premières par le nouvel Ordre intermédiaire des CABOMBÉES ou HYDROPELTIDÉES. Je réserve pour un Ouvrage mes idées sur la coordination de ces plantes et par conséquent des autres Endorhizes. Elles m’entraîneroient dans une discussion générale, qui seroit déplacée dans un écrit éphé- mère, qui par sa nature ne peut être que foiblement utile à la Science et peu glorieux pour moi. Je dois donc me hâter de le terminer. Si mes remarques critiques peuvent exciter M. Mirbel à étudier plus profondément la Science sur laquelle il s’est trop pressé d'écrire : si le petit combat, auquel il m'a provoqué, peut le dégoûter d'attaquer les éerits des botanistes avec autant d’âcreté * ET D'HISTOIRE NATURELLE. 373 et de présomption, j'aurai atteint le but que je me suis princi- palement proposé. Les lecteurs me pardonneront peut-être d’avoir usé ou abusé une fois du droit de représailles. Mais je craindrois, avec raison, de mériter leur blâme, si je persistois dans ce détestable genre de critique, qui n’excite leur gaîté qu'aux dépens de leur estime pour l’auteur. Afin que M. Mirbel, qui s’est flatté dans quelques sociétés de m'avoir réduit à l'impossibilité de répondre à ses irréfragables objections, ne prenne pas désormais mon silence pour une défaite; Je dois déclarer ici que je ne répondrai point à ses nouvelles attaques, OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES ERP TER PRET PR PEER GERS rs L {| -| THERMOMEFRE EXTÉRIEUR ; DU dl 1 ” BAROMÈTRE MÉT DU 1E CENTIGRADE. ‘is RE EE) ÉD A1 | Maximum. | Minimum. |a Mrni. Maximum. | Minimum. A lTS À mipi.| # 9 = fore o | heures. ° heures. mille | heures. mill. mill. e ) : en ben: À en Hate me Fe Lio re SOIT. «es... 752,12 752,64! 17,4 cou de 7 une 17 à midi. ,......759,56|matin........ 75782 759,56! 48,0 UE aps ES de Ë ent matin. .....,..750,90/s0ir.....,...:752,12/755,40| 16,1 4 ae EE be gi me >9]soir.......... 794,60|matin. .,.....740,28/751,46| 19,7l sat 20, In. +12,9| 420,5 à midi........796,10!Soir....,......750,52 790,10| 19,1 6 soir. En LE matin. 13,0) +17,9 SOIT... ....... 764,50|matin,........"760,04 762,72 16,51 7 soir. ar matin. +12,| +19,7|matin,....... 764,00 SOIT... 763,04 763,32 1731 | de HE matin. 14,9 M720,1|S0ir..:. 20 763,20|matin..... 702,50 763,00 19,2], H| 9 : Me Here matin, +-13,0] +-22,9/à midi.,...... 763,cosoir.... ......762,22|763,00| 19,5| Qhiolà midi Cm a Malin. 410,4] +18,7|à midi. .......764,30]matin.. ...... 762,84|764,30| 19:4N IHIRE L +10,9| matin. 14,0] +17,6]matin..…......761.06 SOIT... ee. 757,96|750,82| 1054], pirzà midi 20,1!matin. +-14,5| +20,1/matin........ 756,60|soir,..... -...756,00|756,10, 18:9|) A|ro|à midi +-16,2 soir, 10,4! +16,2/[à midi........ 763,00|matin..,...... 760,50|763,00| 19:0 à & SOIT. +21,4]matin. + 6,8 +#19,2|matin.. ...... 761,64/s0ir... .......760,26|751,26| 16,2 À ue ee matin. de Charbon. 82 pouces réduits par le bain de chaux à. . . . 44 Acide carbonique... . + + + + 36 % Tome LXXIII NOVEMBRE an 1811, Ddd 386 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Produit total. Gaznitreux retrouvé dans les 44 pouc. Pouces par le sulfate de fer, ., . . . . absorbé par l’oxigène des 20 pouces d’atmosphère, . . . . ro Oxigène de ces 20 pouces. .. . . . 4,5 Azotede ces 20 pouces.. 15,5 —-—- fourni parlenitre. 24,5 } D LENS Acide carbonique contenant l’oxi- séus;du nice. 24) HNT Se ENS". 37 —— 96,5 En déduisant les 20 pouces d’atmosphère, on aura pour produit de salpêtre 60 grains, charbon 10 Brains, paz, ee LIN SR Gore MON ED Mélange à +. 82 pouces réduits par la chaux à. .. . . . . . 48 Acide carbonique... . . . . . . 34 Produit total. Gaz nitreux retrouvé dans les 48 p.. 4 — absorbé par l’oxigène des 20 pouces d’atmosphère. . . . . 10 Oxigène des 20 pouces d’atmosphère. 4,ù Azote de ces 20 pouces. . 5] = du nitre:" 27, 9% 24,5 Gaz àreconnoître.. . . 4 Acide carbonique: , . . . . . , . 34 Et en déduisant les 20 pouces d’atmosphère, onaura pour produit de salpêtre 60 grains, charbon 12 grains, gaz Fe OMAN LR ENS LA ne 6 Mélange à +. Ê2 pouces réduits par la Cha ANR ARR LE Acide carbonique. .. . . . . . . 30 ‘ à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 307 Produit total. Gaz nitreux retrouvé dans les 52 p. 4 Pouces, — absorbé par l’oxigène des 20 pouces d'atmosphère. . . . . 10 Gaz oxigène des 20 p. d’atmosphère. 4,5 Azote de ces 20 pouces.. 15,5 —.—. du nitre...… . 1, 245]. s— 46 Gaz à reconnoitre.. . . Acide carbonique.. . . . . . . . 30 96,5 Et en déduisant les 20 pouces d’atmosphère ,onaura pour EE am de salpêtre 60 grains, charbon 15 GTAÏRS, BAZ. ee vote stereo sresuse + 1 76,2 Mélange à :. 99 pouces de gaz réduits par la chaux à... . . 60 , Acide carbonique. .. ... . . . . 30 —_———— ——"@" _—_—_—_—__—___—————————— Produit total. Gaz nitreux retrouvé dans les6op.. 4 absorbé par l’oxigène des 20 pouces d’atmosphère. . . . + 10 Oxigène des 20 p. d’atmosphère. « . 4,5 Azote de ces 20 pouces.. 15, 5] Le —-—- dunitre. . . . . 24,b}. Gaz à reconnoître.. . . 16 Acide carbonique. . . . . . . . . 30 ——— 104,9 Et en déduisant les 20 pouces d’atmosphère, on aura pour produit de salé être 6o grains, charbon 20 | ÉlEAs: pare, À. CP LA reD duc 2ÉGaTS Mélange à +. 94 pouces de gaz réduits par la chaux à. . . . 64 Âcide carbonique... . . . . . . 30 EE EL Dda 2 368 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Produit total. G:z nitreux retrouvé dans les 64 p.... 2 Pouses —— absorbé par loxigène des 20 pouces d’atmosphère, , ... . ro Oxigène des 20 pouces d’atmosphère. 4,5 Azote de ces 20 pouces. . 15] se." ‘60 ——- du nitre.. … , 4 + 24,5 Gaz à reconnoïître.: . . . 20 Acide carboniqueztuns: «l4.n86i.2. 30 106,5 Et en déduisant 20 pouces d’atmosphére, on aura pour produit de salpêtre 60 grains, charbon 30 / PEN ERA ZE à ré à SA 28 je an Asa à nt 4 cu ta SONO Tableau commencé pour reconnoître les charbons qui four- nissent le plus de gaz par la détonation. Les mélanges suivans ont été faits avec un sixième , ou sal- pètre 60 grains, charbon 12: On les a rangés selon la durée: de leur combustion. Baromètre, 26 pouces 4 lignes. Thermo- mètre 1b°. é \ Charbon - [Durée en secondes.| Produit en gaz. De sarment 64420 d’atmos- Tige de pois chickie.. . ? 62-20 phère. pin 66+20 74+20 66+20 = coudrier 72420 Tige de piment doux. , 62420 châtaignier. ... ‘66420 alcohol 54420 Si jamais on s'occupe de continuer ce Tableau, l’on reprendra sans doute tous ces essais-là, et alors on les assujétira à des di- mensions différentes de celles que donnèrent la pression et la température de Madrid : voilà pourquoi l'on a jugé superflu de s'occuper d'aucune réduction. A la suite de ces produits l’on auroit pu ajouter aussi le détail des différens gaz qu'on en a ET D'HISTOIRE NATURELLE. 309 tirés; mais comme à l'exception du charbon de bourdeine et de coudrier qui en ont fourni plus qu'aucun autre, tout le reste ne présenteroit ici qu'untbagage assez inutile, nous le laisserons de côté, afin de marcher plus rapidement à notre bui. Charbon de bourdeine. 94 pouces de gaz produits par la chaux à. . . . 56 Pouce. Aeide carbonique... .;: + - -: 96 Produit total. Gaz nitreux retrouvé dansles 56 p.. 6 absorbé par l’oxigène des 20 pouces d’atmosphère. . . . . 10 Oxigène des 20 pouces d'atmosphère. 4,5 Azote de ces 20 pouces... mu) : L2 LA - [e] —-—- du nitre. . . . . 24,b Gaz à reconnoître. . . . 10 Acide carbonique. . . . … . . . . 38 108,5 Et en déduisant les 20 pouces d’atmosphère, on aura pour produit de salpêtre 60 grains, charbon de bourdeine 12 grains, gaz. . à . . . «+ . : . « 68 C'est-à-dire 8 pouces de plus qu'avec le charbon de chanvre. Charbon de coudrier. 92 pouces de gaz réduits par la chaux à. . . . Bz Acide carbonique. . « . . «+ + «+ + 40 Produit total. Gaz nitreux retrouvé dans les 52 p. . 4 ———— absorbé par l’oxigène des 20 pouces d’atmosphère. . . . . 10 Oxigène des 20 pouces d’atmosphère. 4,5 Azote de ces 20 pouces.. 15,5 —— dunitre. . . , « spl. ..+ 48 Gaz à reconnoitre. . . . 6 Acideicarboniquest "140. "40 106,5 Et en déduisant 20 pouces d’atmosphère, on aura pour produit de salpêtre 60 grains, charbon de coudrier 12 grains, gaz. . « + . + 4 . « . « 806 590 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE C'est-à-dire 6 pouces de plus qu'avec celui de chanvre, Voilà des résultats qui sembloient réclamer une préférence en faveur de ces charbons, et promettre des avantages pour la poudre, Cependant je n'ai point trouvé, et nous en verrons des preuves, que celle qui étoit fabriquée avec ces deux espèces de charbon, fût plus forte qu'aucune autre, CONSÉQUENCES, Le Charbon. Si un septième de charbon tire du salpêtre autant de produits gazeux qu'un sixième et un cinquième, il n'y a donc jamais à craindre que ce combustible puisse manquer à l’oxigène, tandis qu'il y manque en eflet dans la: proportion d’un huitième; ce que prouve clairement le salpêtre non décomposé qu’on retrouve dans les restes de sa combustion, L’excès du charbon peut ajouter, il est vrai, ses propres gaz, à ceux du, salpêtre; tels sont ceux qu’une forte chaleur en exprime; mais comme d’ailleurs il est constant que la force des poudres ne croit point en raison d’une légère augmentation de gaz, celte augmentatioun-là, lors même qu'elle a lieu, ne peut jamais balancer les inconvéniens que l'excès du charbon occasionne dans les poudres. S'il est dans'les principes qu’une quantité constante de sal- pêtre ne puisse oxider le charbon que dans un rapport également constant, l'on doit s'attendre à retrouver hors d'emploi tout l'excès de ce dernier; et comme dès les premiers instans de la détonation, nos vingt pouces d’atmosphère cessent d’être propres à toute espéee de combustion que ce soit, l’on retrouve en effet cet excès après la détonation d'un septième, plus abon- damment après-celle d’un sixième, et ainsi de suite. C’est-à- dire qu’au -delà du point de saturation , un seul atome de charbon ne sauroit brûler, et cela pas plus dans une pièce de vingt-quatre que dans la cloche de Zavoisier. D'un instrument de guerre à un ivstrument de laboratoire, les affinités ne changent certaine- ment pas. Conformément à ces principes, on peut encore avancer, que tant qué la détonation ne dépasse pas la bouche du canon, tel autre combustible que ce soit, du soufre, par exemple, n'y éprouvera jamais le moindre commencement de combustion, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 391 aussi long-temps qu'il se trouvera en présence d’un atome de charbon en excès. Si l'hydrogène vient à paroître au milieu d’une détonation où il y a excès de charbon, ce n’est pas lui non plus qui saura disputer loxigène à ce dernier; c’est, au contraire, celui-ci qui le lui enlevera. Ainsi, dans une pièce d'artillerie, comme dans le canon de Lavoisier , c’est encore le charbon qui dépouille l'hydrogène: c’est lui, par conséquent, qui décompose l'humidité que toute mixtion de poudre porte avec elle. Ainsi nous verrons, comme nous lavons déjà dit, l'hydrogène s'échapper d’une bouche à feu après avoir éprouvé le tourment de la dé- tonation, comme cela lui arrive après avoir éprouvé celui des hauts fourneaux : que si ce combustible parvient à détoner, ce ne sera sûrement jamais aux dépens de l’oxigène du salpêtre, ainsi que le crut Zrghen-House. Après tout, il ne se forme point d’eau dans la combustion de lagpoudre, mais elle s'y dé- compose bien certainement, car toutes les conditions qui peuvent en garantir l'effet s’y trouvent rassemblées. Que l’on fasse détoner, par exemple, le mélange d’un septième auquel on aura ajouté une portion de camphre; cette expérience aura pour résultat, ou je me trompe fort, de le faire retrouver dans la cloche au mêmeétat où 1l se trouvoit en sortant d’une simple distillation. J’ai cru pendant long-temps , que les parties terreuses et salines d’un charbon devoient être un principe à défalquer, à redouter, peut-être même, dans ceux qui les contiennent en proportion un peu forte; mais j'ai vu depuis aussi, que pourvu que le car- bone ne vienne pas à manquer à l’oxigène, et il ne manque dans aucun de ceux que j'ai essayés à un septième, la présence de ces corps-là n’avoit d'influence ni sur les qualités, ni sur la combustibilité des poudres : et en eflet, dans les charbons en général , ces terres-là ne sont pas ce qu'on appelle des cendres, c’est après la combustion seulement qu’elles en prennent les qua- lités. Quand la poudre est une fois brûlée, qu'importe alors de la chaux, de l’alcali, de la silice, etc.? Nous tenons des anciens en pyrotechnie, le précepte d'écorcer les baguettesuqu’on destine à faire du charbon. « Recipe vergettes d'allognier ou nuësilier , jeune d'un an, » et les netoye, et en faits petites pieces, et Les metz » gran toupin, et bien couvert, et allufe, et les metz » fournaise, etc. et sera fait Le charbon estouphé (x).» EL Uz €IL U118 (1) Jallo ou le livre contenant appertenances aux capitaines. Nouveaux artefices , diverses sortes de pouldres , etc, Lyon , 1529. 392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Et encore à présent , comme faisoient nos pères. Je ne vois pour- tant pas ce que peut avoir d’utile cet accroissement de travail, dont aucun auteur d'ailleurs ne donne de bone raison. Et aux lunmères d'aujourd'hui, l’écorce ou son charbon est-elle moins propre à faire détoner le salpêtre que celui du bois qu’elle recouvre? IL est plus terreux ! soit. Eh bien, qu'est-ce qu'un millième ou beau- coup moins encore, de ce charbon là, sur la masse de celui que fournissent les branches ? Mais les blessures auxquelles une écorce est exposée , ne peuvent-elles pas enchâsser un grain de sable ? oui sans doute, mais aussi l’on pulvérisoit, l’on bluttoit pour s’en préserver. Aujourd’hui nous pulvérisons, nous bluttons de même; l’écorçage est donc une peine superflue. D’ailleurs la comparaison, que /e Tort a faite des poudres à charbon écorcé avec celles dont le charbon ne l’a pas été, ne laisse appercevoir aucune différence entre les unes et les autres; que peut-on demander de plus (1)? æ À Bien des personnes pensent que le charbon fait en fosse est préférable à celui des fours; elles se méfient, on ne sait pourquoi, d’un certain vernis que les fumées du bois laissent sur le charbon, comme si ce vernis là m'étoit pas aussi du charbon! d’autres le voudroient distillé. Colman assure que le charbon fait dans des cylindres de fer [ méthode de Ruscelli (2)] l’emporte sur tous les autres pour la qualité, tellement que dans la marine anglaise on a pris le parti de réduire d’un tiers la charge des pièces, à cause du grand accroissement de force que la poudre en acquiert: mais j'ai vu beaucoup de poudres anglaises, et pas une encore, qui eût sur les nôtres cette merveilleuse supériorité. Je ne croirai donc aux avantages de la distillation qu'à meilleures enseignes. Nous avons dit ailleurs que le charbon d’asfodèle qui , à cause de son excessive combustibilité, sert d’amadou à Mayorque, devoit être trèspropre à la poudre. On l'aura sans doute employé quelque part, car j'aitrouvé depuis dans la Practica de Artilleria, (1) Feu M.le Tort , régisseur des poudres , entreprit dans l’année 1785 , des recherches extrêmement intéressantes sur la poudre sanssoufre , dont j'ai oublié de faire mention en son lieu , mais je réparerai cette omission ailleurs. (2) Girolamo Ruscelliprecepti de la Militia moderna, Venise 1568, auteur qui donne la manière que nous suivons aujourd’hui , de réduire le salpêtre — 1n fa rina per far polvere, | Madrid, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 393 Madrid, 1626, que Firufino, son auteur, l’avoit recommandé pour cela. Le meilleur charbon pour la poudre est, dit-il, celui de l’asfodèle, puis celui du chanvre, et ensuite du laurier-rose, Padelfa des Castillaus. Rien de si commun, en eflet, que ce joli arbrisseau en Espagne; il borde les ruisseaux partout; en Ara- gon, Valence, l’Andalousie; mais il n’est pas moins dangereux aujourd'hui pour les chevaux, qu’au temps de Pline, de Lucien, etc. J'ai eu occasion d’en voir un exemple. Nous avons encore avancé que l’accélération occasionnée dans le feu des mélanges par un excès de charbon, étoit la suite d'un effet purement mécanique, et cela nous paroît incontestable ; mais observons maintenant qu’à cet eflet se joint aussi celui d’une action chimique que voici. A mesure que le charbon augmente , nous voyons la quantité des gaz insolubles augmenter , tandis que celle des gaz solubles diminue, ce qui est évident, à commencer depuisla proportion d’un septième jusqu’à celle d’un cinquième inclusivement. Cela vient, à ce qui me semble, de ce que la rapidité de la détonation augmentant dans le rapport de 25 secondes à 10 et à 9, le calorique qui croît d’intensité dans le même rapport, amène aussi plus aisément , l’acide carbonique, le dispose plus efficacement à se convertir en oxide de carbone, puisqu’en elfet c’est toujours à l’aide de cette circonstance que celui ci se produit le mieux. Ajoutons à cela qu'un haussement de température exprime aussi plus vigoureusement de la masse du charbon ses gaz accoutumés, tels que l’hydrogène , l’oxide de carbone , et son acide, et qu'il facilite en outre la décomposition d’une plus grande quantité d’eau, qui alors enrichit sensiblement le volume de tous ces produits, et remonte par conséquent aussi plus haut celui de acide carbonique. Mais avant de jeter un coup-d’œil sur la nature et la source de chacun de nos gaz, examinons pour un moment quelques résultats du travail de Zavoïsier sur la détonation. Il me paroît que ce grand homme r'atteignit pas dans son objet le but qu'il s’étoit proposé; que si je me trompe, d’autres ob- servations viendront, etelles redresseront sans m’afliger la témérité du jugement que je vais présenter ici. À nos 60 grains de salpêtre Lavoisier n’ajouta que sept onze- douzièmes de charbon pour les faire détoner; mais il le prit après l'avoir fortement calciné, et comme dans cette opération il perd toujours un huitième environ, on peut juger de là, que ses sept onze-douzièmes, ou plus rondement, ses huit grains de Tome LXXIII. NOVEMBRE an 18rt. Eee 394 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE charbon calciné, devoient équivaloir à 9 ou 10 grains de charbon ordinaire, et cela cadroit bien avec la proportion d’un septième qui de son temps éloil aussi la base du dosage de nos fabriques. Mais avec dix grains de charbon ordinaire qui, après une forte chaude, n’en laisseroïent sûrement pas plus de sept onze- déuzièmes où huit, nous irons de 60 grains de salpêtre jusqu'à 70 pouces de fluide, sans y comprendre ni ce qui reste de gaz nitreux dans la potasse, ni le gaz carbonique que Lavoisier ne négligea point d'en tirer pour l'ajouter à ses produits, Actuellement, comment se fait-il que Lavoisier, avec une proportion de charbon équivalente à la nôtre, n'ait cependant retiré du salpêtre que 52 pouces de gaz, ou tout au plus, de 07 à 58, en ne les soumettant qu'à 26 pouces, pression de Madrid, et aux 15 degrés de sa température, tandis que nos résultats s’éleveroient à 85 au moins, si on leur restituoit les deux portions que nous avons laissées de côté? 11 faut donc, s’il n'y a mécompte dans cet exposé, que le charbon calciné soit devenu beaucoup moins propre à la détonation qu'auparavant. J’ai cité dans le premier Mémoire, quelques essais de Guyton et d'autres personnes, qui conduisent à penser que le charbon fortement chauflé, se condense en effet, se rapproche des an- traciles, de la plombagine ou du diamant que le nitre n’attaque plus comme on sait, à moins qu’on ne le seconde d’une assez haute température. Ainsi il sembleroit se confirmer, d’après l’en- semble de ces premiers appercus, que le charbon tourmenté, rougi, épuré comme on dit, dans quelques magasins de Paris, que le charbon privé de toute espèce de gaz, ne seroit plus aussi approprié à la décomposition du salpétre que le charbon ordinaire au seul degré de température que fournit la détonation de celui-ci, S'il me reste un regret, c’est d’avoir toujours remis à l'avenir et à un avenir maintenant fini pour moi, de répéter l’expérience de Lavoisier, et celle de mes tubes, avec le charbon de chanvre calciné , tant pour comparer la durée de sa déto- nation, que le produit de ses gaz, avec les résultats du même non calciné. Cette: expérience éloit de nature à jeter un grand jour sur le fond de ces appereus, et fondamentale par consé- quent ; mais il faut espérer que l’idée n’en sera pas perdue. Enfin, revenant à l'expérience de Lavoisier, Je suis également surpris qu'il n'ait point remarqué le gaz nitreux ni dans le produit des mélanges nitro-charboneux, ni dans celui de la poudre. Retout- nons à nos gaz. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9399 L'Azote. Celui des vingt pouces d’atmosphère une fois prélevé, nous avons dûregarder les 24,5 restans, comme appartenant aux soixante grains de salpêtre qui font la base du mélange à un septième. Mais il faut se rappeler ici que ce reste ne représente point la totalité de ce que ces soixante grains auroient dû en fournir; -€t cela est clair en effet, puisqu'il y en a encore dans le gaz milreux que la combustion épargne, puisqu'il y en a dans l’am- moniaque, dans l'acide prussique, et enfin dans les gaz nitreux que la potasse retient conjointement avec l'acide carbonique. On a également conservé l'expression de 24,5 dans le produit des autres mélanges, parce qu’il est évident que si la dose du sal- pêlre ne change point, il n’y a que l'augmentation du charbon qui puisse ajouter quelque chose à l’azote du nitre et à celui de l'atmosphère , c’est cette addition que j'ai désignée sous le titre ‘de gaz à reconnoîttre. Le Gaz nireux. Une partie est absorbée par les vingt pouces d’atmosphère; Une seconde se retrouve dans les gaz lavés ; Une troisième est retenue par la potasse, unie sans doute à une portion d'acide nitrique ; Etil est vraisemblable aussi, qu’à l’aide de pareille union, il en passe une quatrième dans le bain de chaux. L' Acide carbonique. Outre le gaz que fournit le carbone avec l’oxigène du nitre, il y a celui que la chaleur exprime, et du charbon qui brûle, et du charbon qui ne fait que rougir. Il y a de plus encore, celui qui procède de la décomposition de l’eau par le charbon; puis tout ce qui va se renfermer dans la potasse; et enfin, ce que l’amadou peut faire en brülant dans les vingt pouces, d’at- mosphère: qui sait enfin, si la colonne d’eau sur laquelle nos gaz refroidissent pendant une demi-heure, ne nous en enlève pas aussi ? Ece 2 396 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D Oxhe de carbone. Selon Henry, l'hydrogène d’un charbon humide en est toujours mêlé. La température haussante , une partie de l'acide carbonique se fait oxide aussi. Tout ceci a donc lieu dans la détonation des mélanges les plus charbonneux. On en trouve déjà des traces dans le produit du mélange à un sixième, pas toujours néan- moins. La flamme d’une bougie sy agrandit d’une auréole ver- dâtre , même après qu’on l’a tenu mélé quelque temps avec du gaz oxigène. Mais l'oxigène des vingt pouces d’atmosphère a dû en consumer sa part aussi. [l est bien plus abondant dans le produit des mélanges à un cinquième et à un quart. La flamme alors descend et parcourt tranquillement l'azote sans jamais détoner, malgré tout excès d’oxigène. Quant à la nuance verte , elle provient d’une union particulière du gaz nitreux avec l’oxide de carbone, que le bain de chaux ne parvient pas à détruire. Enfin il y en a dans ceux du charbon de bourdeine et de coudrier , bien que Je ne pense pas que tout ce qui s'ajoute à l'azote soit oxide de carbone. L’Hydrogène carburé. Le charbon qui se consume, ainsi que celui qui ne fait que rougir au feu de la détonation, en fournissent. l’eau par sa dé- composition y ajoute de son côté. Après la combustion du mé- lange à un septième, on n’en découvre, il est vrai, aucune trace, premièrement, parce que 10 grains ne peuvent guère en donner que de trois à trois et demi; secondement, parce que l'oxigène des vingt pouces a dû en consumer une partie; ef comme celle même combustion a lieu aussi pendant la détona- tion des mélanges les plus charbonneux, il est clair encore que ce qui peut se trouver d’hydrogène dans leur produit , n’est réel- lement qu'une partie, ou le reste de ce qu'ont pu fournir les causes mentionnées ci-dessus. Et enfin, comme hydrogène, comme loxide de carbone et le gaz nitreux doivent nécessairement aussi se partager l’oxigène des vingt pouces, on peut en conclure, je crois, que c’est porter trop haut le gaz nitreux, que d'élever, comme Je l'ai fait, à 10 pouces celui que l’atmosphère sature dans le haut de la cloche. Ainsi en résumant cette série de produits dans lesquels le soufre mentre point encore, on reconnoît, ou plus simplement, on ne fait qu’ajouter une confirmation nouvelle aux résultats qu’à diffé- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 397 rentes époques, Cavallo, Berthollet, Lavoisier, Cruisank, Henry, Cbaussier, Davy, Guyton, Clément et Désormes, etc. avoient déjà obtenu de la décomposition du salpêtre par le charbon, savoir : l'azote, son oxide vraisemblablement, le gaz nitreux, l'hydrogène carburé , l'acide carbonique et son oxide , une union de ce dernier que je ne connois pas bien, parce que limitation que j'en ai tentée dans le temps ne m'a pas réussi, de l’ammo- niaque de l'acide prussique, peut-être même encore, quelque complication particulière du potassium avec l’un ou l’autre de ces êtres; puis enfin ceux que l’eau décomposée peut y ajouter : voilà les résultats de la déflagration ; voilà ce qu'elle produit. Si elle désunit les élémens du salpêtre, de l’eau et du charbon, c'est pour les rattacher dans un ordre nouveau; c’est pour les fractionner entre une multitude de composés, que lé calorique échappé des entraves de l’oxigène élevé à l’instant même, et sans en excepter la potasse, à cet immense ‘volume de fluides aériformes , dont la pondre emprunte les prodigieux effets qui la distinguent de tout, quand son explosion parvient à se dé- bander dans le plus court espace de temps que l’on puisse concevoir. Ces produits, bien plus nombreux que Lavoisier ne le pensoit alors, n’en confirment pas moins efficacement la belle analyse qu'il nous donna du salpêtre et de son acide. Disons seulement, que l’imagination seffraie aujourd'hui de la difficulté qu’il y auroit à vouloir rallier autour de leur origine tous ces élémens con- fondus et dispersés dans une multitude de combinaisons qui, peut-être même, se recombinent encore entre elles, et à vouloir, en un mot, tenter de poser une équation qui fût capable de nous les représenter sans perte. Etle soufre enfin, qu’ajoute-t-il à cette masse de produits? quelle est son influence sur la mixtion nitro-charbonneuse ? par quelles affinités concourt-il à exalter la véhémence des explosions, lui ui ne prend aucune part à l’oxigène du salpêtre? Voilà sur quoi la Chimie n’a encore eu que de foibles apperçus à nous offrir. Mais avant d'aborder cette seconde partie de notre travail, il étoit , je crois, indispensable d’éclaircir avant tout un point fon- damental dans la théorie de la poudre; il falloit fixer une bonne fois, le véritable rapport de la matière charbonneuse au salpétre, afin de combler sans retour ce fond intarissable de différences qui divise toutes les fabriques d'Europe, cette incertitude de do- sages que Je retrouve partout, ces vacillations, en un mot, qui -By8 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE depuis le quatorzième siècle jusqu'à nous, sont de tous les ou- vrages qui en parlent, une lecture aussi fastidieuse véritablement, qu'elle est peu instructive. Ce rapport est, comme nous l’avons vu, d’un septième du sal- pêtre, mi plus ni moins, non de ce qu’on appelle du carbone, non de cet élément qui, semblable à l'hydrogène, à l'azote, ete., _m’est pur et solitaire que dans les combinaisons qui sont parvenues à l’isoler de tout alliage, mais de ce que nous venons de nommer matière charbonneuse, c'est-à-dire de cette substance qui n'ayant point, comme le salpétre, comme le soufre et autres productions, recu de la nature lavantage de pouvoir atteindre à un degré constant de simplicité, n’est par conséquent jamais à vingt-quatre karats, si l’on:peut parler ainsi. 1] faut donc, d’après cela, s’en tenir, comme-nous l'avons dit, à cette proportion là , puisqu'elle suffit à tout ce qu'on peut desirer. Désormais tous les eflorts qu'on pourroit tenter afin d'en obtenir une plus rigoureuse, ne seront guère, à mon gré , que l’ambition d’un perfectionnement chimérique. 2 Convenons en eflet, que si ce n’est pas à de l'hydrogëne, à de l’oxide de carbone, et à tous les débris de l’eau décomposée que l’on a besoin d'associer du salpêtre, ce n’est pourtant qu'avec une matière qui contienne tout cela, que l’on peut véritablement faire de la poudre, car il est très-vraisemblable , que sans leur présence, sans l'intervention des corps étrangers, des matières terreuses et salines qui gonflent, étendent et divisent la subs- tance du carbone, sans même cette oxidation commencée que les recherches de Guyton rendent extrêmement plausible, sans tout ce cortége de facteurs, en un mot, qui, en afloiblissant la densité du carbone, le rendent par cela même, plus acces- sible aux instances de l’oxigène, on ne pourroit pas plus com- poser un mélange capable d’explosion à la température où nous vivons, qu’on ne le peut maintenant avec de la plombagine, des antracites ou du diamant. Tous ces corps, au reste, sont autant d’élémens auxiliaires des forces de la poudre, car nous les verrons jouer un rôle non moins important que ceux de loxigène et du carbone, aussitôt que nous les aurons mis en présence du soufre. Quatrième Mémoire, pag. 23, lign. 27, Essone ne pourroit, lisez; Essone, ne donner. Second Mémoire, pag. 12, lig. 28, plus pur, lisez: plus dur, (La suite incessamment.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 399 Nos militaires étant aujourd'hui répandus dans toute l'Espagne, il m’a semblé qu’une liste des Traités sur l'artillerie et la pyro- technie que cette nation a publiés, pourroit être utile à ceux d’entre eux qui ont du goût pour la recherche des Ouvrages rates. Ils contribueroïent alors à completter ce qui , à cet égard, manque à la Bibliothèque Impériale. J’ai marqué d’une étoile ceux qu'elle possède déjà. — Diego de Alaba. Traité d’Artillerie sous le titre de Nueva ciencia. Madrid 1590. Imprimé à la suite del Perfecto cupitan, Ouvrage du même auteur *— Luis Collado. Manual de Artilleria, 1592. Ouvrage qui parut d’abord en italien à Venise en 1566. — Lazaro de la Isla. Breve tratado de Artilleria, Geometria, y fue gos de Artificio. Madrid, 1595. — Andres de Cespedes. Tratado de Artilleria. Madrid, 169, — Cristoval Lechuga. Discurso de Artilleria, 1611. *— Diego Ufano practica de Artilleria. Bruxelles, 1612. *— Cesar Firusino practica manual de Artilleria , 1626. Du même. El perfecto Artillero. Madrid , 1648. L — Francisco Barra. Tratado de Artilleria en Catalan. Barce- lone, 1642. — Andres Mugnoz Instruccion para el uso de la Artilleria en Mar. Lucena, 1642. — Sebastian Fernandez Gamboa. Memorias militares para el manejo de la Artilleria. Conocimiento de metales (des fontes). Madrid, 167r. — Simon Lopez. Ezercicio de Artilleria. Cadiz , 1705. *— Sebastian Fernandez Medrano-Practico Artillero. Bruxelles, 1660. Du même je crois. El perfecto artificial, Bombardero y “ Artillero, à Anvers, 1708. — Juan Sanchez Reciente, Tratado de Artilleria téorica y practica, Sevilla , 1733. — Joseph Infante Compendio de Artilleria para el Servicio de la Marina. Cadiz , 1754. — Sebastian de Labairu, Tratado de Artilleria. Seville, 1756. J'ai trécette liste d’un petit Ouvrage espagnol intitulé : — Discurso sobre los illustres autores & inventores de Artil« 499 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE leria que han florecido en Espagna desde los Reyes Catho- licos, basta el presente, par Don Vicente de los Rios, officier d’Artillerie de l'Académie d'histoire de Madrid , etc. 1767. Cet officier étoit un littérateur distingué. Il est mort jeune. Il est aussi l’auteur du discours sur la vie de Cervantes que l’Académie de Madrid mit à la tête de la nouvelle édition qu’elle donna du Don Quixote, en l’année NOTICE SUR UNE PRODUCTION ARTIFICIELLE DU DIAMANT. Des Lettres particulières d'Allemagne annoncent qu’en expo- sant à l’action d’une forte batterie galvanique du charbon, on a un produit très-analogue au diamant. Il faut attendre la con- firmation de cette expérience. J’ai dans ma collection un diamant cristallisé dans lequel on appercoit une multitude de points noirs qui ressemblent à du charbon. NOTICE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 401 NOTICE SUR LA COMÉTE DE :18r1; PAR H. FLAUGERGUES. A Viviers, 28 octobre 1811. LA découverte de cette comète et les premières observations que j'ai faites ayant été déjà insérées dans ce Journal (x), je vais reprendre son histoire au point où je l'ai laissée. Je revis donc le rr avril 18rr, la comète que les nuages et le clair de lune m’avoient dérobée pendant quelques jours ; elle me parut fort aug- mentée, et on.la distinguoit même, mais très-foiblement, à la vue simple, je continuai de l’observer jusqu'au 29 mai, en la comparant successivement aux principales étoiles du Navire,, de Ja Licorne et du petit Chien, à mesure qu’elle se trouvoit proche de leurs parallèles. Dans les premiers jours de sa découverte, cette comète ne paroissoit que comme une blancheur confuse, vue avec une forte lanette acromatique, elle paroïissoit un peu ovale, mais toujours très-foible: le rr avril je la vis ronde, maïs le 15 j'appercus qu’elle avoit une petite queue dirigée à l’est; le 24 je distinguai de plus un petit noyau brillant au milieu de la nébulosité et la queue avoit de 40 à 45’ de longueur ; celte comète continua d’être visible le soir à la vue simple, quoique très foible et fort pâle pendant tout le restant du mois d'avril; à la moitié du mois suivant, mais vers la fin du mois de mai, eetle comète s'étant fort rapprochée du soleil et ne pouvant paroiître que dans le crépuscule et fort proche de l'horizon, on avoit peine à la distinguer avec les meilleurs instrumens, et cela méme ne fut pas possible passé le 29 mai. Je savois par les Ephémerides que (x) Journal de Physique, tome LXXIT, page 337. Tome LXXIII. NOVEMBRE an 1611. Fff 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE J’avois calculées sur les élémens paraboliques que j’avois trouvés pour l’orbite de cette comète, qu’elle reparoîtroit vers le milieu du mois d'août à sa sortiedesrayons solaires. Je la cherchaïi à cette époque, et enfin je l’apperçus le 18 août très-proche de l'horizon, et si affoiblie par le crépuscule et par les vapeurs, que j'eus beaucoup de peine à la distinguer. Le ciel fut couvert et à la pluie les jours suivans, et ce ne fut que le 28 que je pus réussir à faire une observation complète de cette comète; je l'ai com- parée ensuite tous les jours que le ciel l’a pis: avec les prin- cipales étoiles du petit Lion, de la grande Ourse, des Chiens de chasse du Bouvier , d'Hercule, etc., lorsqu’elle étoit proche du parallèle de ces étoiles. Je l’ai même comparée directement au soleil, le 22 et le 29 septembre, par des hauteurs correspon- dantes des deux astres. C’est la première fois, que je sache, que cette méthode a été employée pour déterminer la position d'une comète. Cette comète à sa réapparition a paru accompagnée d’une chevelure ou queue qui présente une singularité remarquable et qui n’avoit pas encore élé observée dans aucune autre comète, celle d’être absolument séparée du noyau. Autour de ce noyau qui est blanc, brillant , semblable à un disque, mais dont le bord est confus et mal terminé, et du côté du soleil, étoit courbée une bande ou chevelure lumineuse qui entouroit ce noyau sans le toucher, mais laissoit entre deux un espace obscur presqu’aussi large que lachevelure, et Éd a vide detoute matière lumi- neuse (pl. 1). Cette chevelure lumineuse s’écartoit ensuite du noyau en formant deux rayons divergens , ensorte que le tout représentoit à peu près la figure d’une hyperbole; l’espace compris entre ces deux rayons, éloit rempli par d’autres rayons blancs, mais beau- coup plus foibles, dont l’origine étoit aussi à quelque distance du noyau , il paroissoit même dans le milieu un espace trian- laire qui sembloit vide de toute matière réfléchissant la lumière (1); cette apparence a changé lorsque la comète a été proche de son périhélie. Les rayons extrêmes se sont alors rapprochés, les antérieurs sont devenus plus intenses et plus brillans, et le tout a formé une queue divergente de dix à douze degrés de longueur, dont l'éclat s’affoiblissoit à mesure qu’elle s’éloignoit (1) Cette derniere apparence avoit été observée dans la queue de la comète de 1744. Cheseaux traite de la comète de 1744, pag. 135 et 146. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 du noyau qui a toujours continué à être parfaitement isolé et séparé de la matière lumineuse de là chevelure et de la queue, par un espace obscur; cette queue étoit leplus légérement courbée, la convexité vers l’orient, et la concavité vers l'occident (en supposant la comète dans le méridien supérieur); mais lorsque la comète, après avoir passé le périhélie, s’est éloignée du soleil, lesrayons divergens extrêmes ont reparu, et les rayons internes ont diminué d'intensité} de sorte qu’actuellément la comète présente à peu près la même apparence que dans les premiers jours de sa réapparition. J'ai tâché de donner une idée de ces apparences singulières dans les figurés qui accompagnent ce Mémoire. Dès que j'eus fait quelques observations de cette comète, je cherchai à déterminer les élémens de son orbite, en la supposant une parabole; j'en trouvai d’assez concordans que je perfectionnai ensuite; mais ces élémens ne représentant plus aussi bien les observations à mesure qu’elles se multiplioient, je pensai qu’il falloit tâcher de découvrir les vrais élémens, c’est-à-dire les elliptiques ; pour cela, je parcourus les recueils des observations des comètes, et après avoir comparé les circonstances de leurs apparitions, il m'a paru que la comète qui paroît actuellement, est li même que celle qui parut au mois de septembre 13or, qui fut remarquée de toute l'Europe et observée en Chine; en effet, les élémens trouvés pour la comète de 1811, représentent très-bien les observations des astronomes chinois sur la comète de 1301, en supposant seulement que lorsqu'ils disent que cette comète passa de la constellation Tsing à Nan-ho (Procion), ils entendent seulement , qu’elle fut en conjonction avec cette étoile, et que les trois Koung qu’ils remarquent qu’elle traversa, ne sont pas trois étoiles de la constellation des Chiens de chasse au sud de la queue de la grande Ourse, comme le prétend M. Pingré d’après le père Gaubil (puisqu’il ne se trouve que deux étoiles de cinquième grandeur à la tête d’Asterion qui n’ont rien de singulier), mais plutôt trois étoiles voisines 6, 1. u. à le main du Bouvier, qui sont de la quatrième grandeur et qui forment dans le cul un petit triangle fort remarquable: l'apparition dé cette comète ne dura, suivant ces astronomes, que quarante-six jours; mais il y a apparence qu'ils n’ont entendu parler que de la durée de son plus grand éclat, ou plutôt du temps qu'elle mit pour parcourir les constellations désignées, car les historiens Européens la font durer bien plus long-temps, et Villani assure Fff 2 404 ‘ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE © l'avoir encore vue au mois de janvier 1302, ce qui s'accorderoïé fort bien avec l'hypothèse que cette comèle est la même que celle de cette année (1811): donc la période seroit ainsi de 910 ans, ensorte qu'elle pourroit reparoître en 2321. Cette conjecture est encore confirmée par l'apparition d’une comète dans le signe de la Vierge, précisément 5ro ans avant l’année 1301, ou en 791 suivant F.Ckstorman, Lubinietz, Zahn, etc. Dans cette supposition d’une période d’énviron 510 ans et d'après mes observations, j'ai calculé des élémens elliptiques de la comète de cette année, qui représentent ces observations avec une précision singulière, ce qui fait une nouvelle preuve de l'identité de cette comète avec celles de 13ox et 791 : voici ces élémens. Révolution périodique. . . . . . . . . 5ogv.8846 Grand'axe We MR sa Ladistancedelaterreau Petit axe. . . . . . . 22,8084 f soleil prise pour l'unité. Disténcesphéle AMP ETAT PET Distance ‘périhélie:; HSE RAR LENS 1,0272 Excentricité (le demi grand axe— 1). . . 0,9839 Nœud ascendant. . . . 4 2001656" Inchnason EEE APT Ir 72.59.10: Longitude du périhélie. .:. . . , . . 2 r4.29.40 Passage au périhélie le 12 septembre à. . 6h57 30" Femps moyen au méridien de Paris: eHs' Je tell eee S . Sens du mouvement rétrograde. On peut ajouter à ce que nous venons de dire sur l’identité très probable de la comète de 1301 avec celle de 18r1, que ces deux comètes ont paru également l’une et l’autre avec une queue de dix à douze degrés de longueur dirigée vers le nord. Explication des figures. La figure première re de sa découverte. Fig. 2. La comète, le 24 avril. Fig. 3. La comète, lors de sa réapparition , le 28 août. Fig. 4. La comète, le 15 septembre, 3 jours après le périhélie, présente lacomète dans les premiers temps ET D'HISTOIRE NATURELLE. 405 RETIRE PEER EEE EE PP PROPRIETE PRE CITE TRE TAN PRENEP EEE TRES TETE EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. SWEIGGEIR, SA A J.-C. DELAMÉTHERIE. MONSIEUR, Vous desirez avoir une description détaillée de mon appareil pour produire le galvanisme par le feu. Ma batterie est composée d’un seul conducteur solide, et d’un seul liquide. n m RS AP far Ta 2) Soient À et B des petits vases de cuivre liés alternativement entre eux par des bandes 72 humectées d’eau salée, et par des fils de laiton 7. On remplit tous ces vases avec de l’acide sulfu- rique affoibli. Ces vases doivent être en un certain nombre, j'en ai employé quatorze, et chacun est placé sur un trépied. Sous chaque vase À , je place une lampe qui est allumée, tandis que les vases B sont froids, soit par eux-mêmes, soit qu’on les place dans un bain réfrigérant. Lorsque les vases À contiennent un acide sulfurique afloibli, et qu'on échauffe les vases À en allumant les lampes, ils font les fonctions du zinc.dans les batteries ordinaires, le galvanisme s’y développe, les extrémités des fils métalliques s’oxident , et il y a dégagement de gaz; mais aussitôt qu’on éteint les lampes ou qu'on les éloigne, tout effet galvanique cesse. C’est donc la chaleur qui met ici le fluide galvanique en activité. Le fil métallique qui sert de communication entre les vases, ne doit être ni de platine, ni d’or, mais de plomb ou de cuivre. Vous voyez que cette batterie produit les mêmes eflets que celle de Volta. 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je construis une autre batterie avec le verre et la porcelaine; de la même manière que Wilckinson construit la sienne avec du bois; mais cette dernière ne peut supporter que la chaleur de l’eau bouillante. Cette nouvelle méthode de produire le galvanisme par le feu, nous donne un nouveau moyen de suivre les expériences gal- vaniques. On n’y employoit jusqu'ici: que la voie humide ; on pourra maintenant y employer la voie sèche. Le galvanisme paroît avoir une grande iufluence sur les sulfures métalliques. Je continue les expériences que j'ai come mencées sur cet objet , lorsqu'elles seront terminées, je vous les communiqueral. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 a TRAITÉ DE MÉCANIQUE; PAR M. POISSON, Professeur de l’Ecole Polytechnique et à la Faculté des Sciences de Paris, et Membre adjoint du Bureau des Longitudes. Deux volumes in-8° avec Planches. Prix, 12 fr.et 16 fr. franc de port. À Paris, chez Madame veuve Courcier, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques ; quai des Augustins, n° 57. EXTRAIT PAR J. BINET.: L'INSTRUCTION que l’on peut puiser dans les Traités élémen< taires de mathématiques pures, laisse celui qui la possède à une fort grande distance des Ouvrages où sont exposées les plus hautes recherches des géomètres sur la Mécanique. Les deux beaux Traités qui remplissent ce dernier objet, /a Mécanique analytique et la Mécanique céleste, ne sont accessibles qu'aux personnes déjà très-ékercées aux théories analytiques êt aux prin- cipes de l’équilibre et du mouvement. Cette lacune faisoit sentir depuis long-temps à ceux qui dirigent l’enseignement de cette science , Ta d’un Traité de Mécanique complet et élémen- taire, M. Poisson, élevé par des travaux connus de toute l'Europe savante au rang des géomètres les plus distingués, s’est trouvé dans la plus heureuse position pour entreprendre cet utile Ouvrage; chargé d’un cours de mécanique rationnelle à l'Ecole polytech- nique, il a pu, pendant plusieurs années , faire un choix de matériaux convenables , de problèmes instructifs et bien appropriés aux points qu'ils doivent éclaircir comme exemples, de solutions adroites et élégantes. Dans le Traité de Mécanique qu'il vient de publier, la sta= tique ou la science des lois suivant lesquelles se détruisent plu- sieurs forces qui agissent sur un corps en se faisant équilibre, est précédée de notions préliminaires dans lesquelles l’auteur 4DÛ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE indique l’acception donnée aux termes qu’on emploie en mé- cañique, et la manière dont on introduit dans les formules les directions et les grandeurs des forces. Il expose ensuite les théo- sèmes sur la composition des forces qui concourent en un point, et le cas d'équilibre le plus simple , celui d'un point matériel, soumis à l’aetion de plusieurs forces, libre ou assujetti à rester sur une face ou sur une courbe données, et 1l détermine dans ces deux derniers cas les pressions supportées par la surface ou la courbe. : La marche que suit M. Poisson pour parvenir aux conditions de léquilibre d’un système de forces appliquées à des points quelconques d’un corps solide, exige que l’on considère séparément les lois de la composition et de léquilibre des forces parallèles, et celles des forces qui ont leurs directions comprises dans un même plan. L'auteur enseigne une manière de remplacer leffet de tout système de forces appliquées d’une manière quelconque à divers points d’un corps solide, par l'eflet de deux groupes de forces, les unes ayant leurs directions dans un plan pris are bitrairement, les directions des autres étant perpendiculaires à ce plan; lorsque ce corps n’est soumis qu’à l’action des forces remplacées par ces deux nouveaux groupes , M. Poisson fait voir que si l'équilibre a lieu , il doit exister séparément entre .celles de chacun das deux groupes ; de là ilarriveaisément aux six équations nécessaires pour l'équilibre d'un système de forces quelconques appliquées à un corps solide; il fait connoître ensuite des équa- tions d'équilibre d’un corps qui a un ou deuxide ces points fixés, ou dont deux points doivent rester sur une même ligne droite, ou enfin qui est seulemeut posé sur un plan. Il donne en dernier lieu la manière de remplacer, lorsque cela est possible, l’action d’un nombre quelconque de forces sur un corps solide par une seule. Dar les formules des conditions de l'équilibre d’un corps, il entre de certaines expressions que l’on nomme des sommes dé momens , lesquelles ont une analogie remarquable avec les sommes de projections des aires planes. M. Poisson établit sur ces pro- jections des aires plusieurs théorèmes de géométrie, desquels il déduit avec la plus grande facilité ceux qui se rapportent aux moments. Tous les sujets que je viens d'indiquer sont distribués dans les trois premiers chapitres de l'Ouvrage. Le quatrième traite de l'équilibre des corps pesans. Il commence par des notions | précises ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 précises sur la densité et le poids des corps; un paragraphe par” ticulier est consacré à la détermination des centres de gravité des corps. L'auteur en donne plusieurs exemples dont il suit les détails d'intégration avec beaucoup de soin. Dans un chapitre très-court se trouve exposé ce que l'expé- périence a fait connoître de plus certain sur Pééienee des frot- temens dans l’équilibre des machines. L'auteur présente pour exemple le levier formé d’une barre traversée par un axe cy- Hndrique. Les conditions de l'équilibre des corps flexibles sont l'objet du sixième chapitre. Il renferme tout ce qui regarde les poly- gones funiculaires , la chaînette et les équations de l'équilibre d’un fil dont tous les points sont tirés par des forces de grandeurs et de directions quelconques. Dansun second paragraphe, M. Pois- son cherche l'équilibre d’une lame élastique en équilibre sous l'action d’une seule force; il en suit toutes les conséquences pour un cas particulier qu’il examine d’abord , et termine par l'équation d’une lame élastique en équilibre, qui a tous ses points sollicités par des forces quelconques dont les directions sont situées dans un même plan. Le principe des vîtesses virtuelles qui contient l'expression des conditions de l'équilibre de tous les systèmes de forces, et qui sert de base à la Mécanique analytique , est le sujet du dernier chapitre de la statique. M. Poisson fournit une démonstration rigoureuse de ce principe pour un système de corps liés entre eux, soit d’une manière invariable, soit par des fils flexibles, et renvoie à l’hydrostatique pour completter cette démonstration de ce quia rapport aux fluides en équilibre; diverses applications que l’auteur donne de ce principe, contribuent beaucoup à eu faciliter intelligence. Une partie de ce Traité devant servir à l'instruction de per- sonnes qui n'auraient pas l’usage du calcul différentiel, on a placé à la suite del'Ouvrage sous forme d’additions, une démonstration élémentaire du principe de la composition de deux forces qui concourent en un point, principe qui est le fondement de toute la statique, et en outre une description fort claire des principales machines simples et des conditions de l'équilibre des forces qu’on y applique ; c’est là et dans une partie du corps de l'Ouvrage, que les élèves qui se préparent à entrer à PEcole polytechnique, Tome LXXIII. NOVEMBRE an 1811. Ggg 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou à l'Ecole normale, trouveront exposée avec infiniment de sim- plicité toute la partie de mécanique exigée dans leurs examens, ce qui sera pour eux un assez graud avantage, puisque, parvenus dans ces établissemens, le même Ouvrage servira encore de texte aux Jlecons qu’ils auront à recevoir. La deuxième partie de l'Ouvrage de M. Poisson, la dynamique ou la science des lois du mouvement des corps, est traitée avec le même soin que l’on reconnoitra dans la statique; des notions précises sur la mesure du temps, sur linertie, sur la propor- tionualité des forces aux vitesses, précèdent ou accompagnent les démonstrations des formules générales du mouvement recti- ligue d’un point matériel, et l’application de ces formules à diverses questions intéressantes, telles que les lois de la chute d’un corps pesant près de la surface de la terre, dans le vide ou dans un milieu restant; la chute d’un corps tombant d’une grande hauteur, en ayant égard à la variation d'intensité de la pesanteur ; le mouvement d’un point attiré par deux centres fixes; le mouvement d’un corps sur un plan contre lequelil exerce un frottement. Tous ces problèmes se rapportent au mouvement rectiligne d'un point; le mouvement curviligne amène une nouvelle expo- sition de formules générales que l’auteur applique au mouvement d’un corps pesant lancé dans le vide ou dans un milieu résistant ; il examine particulièrement le cas où l'angle de projection du mobile serait assez peu considérable pour que le corps ne s’élevât qu'à une petite hauteur au-dessus de l'horizontale menée par son point de départ; avec cette restriction, il est possible d’avoir, d'une manière assez approchée, l'équation de la partie de la courbe qui est au-dessus de cette horizontale, ce que les inté- grations inexécutables du cas général ne permettoient pas. Dans tous ces problèmes, les forces qui sollicitent le mobile sont connues, et on cherche à déterminer les circonstances du mouvement ; M. Poisson, pour donner un exemple de l'emploi des formules générales dans un ordre différent, part des trois lois découvertes par Kepler sur le mouvement elliptique des planètes; il trouve quelle doit être la force qui les sollicite pour qu’elles se meuvent suivant ces lois, et s'élève ainsi jusqu’au grand prin- cipe de la pesanteur universelle. Reprenant ce sujet dans un ordre inverse, il est ramené aux lois de Kepler, qui deviennent alors conséquences de ce principe. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Aat L'auteur traite, dans les deux chapitres qui suivent , la théorie générale et un grand nombre d’applications du mouvement d’un point matériel assujetti à rester sur une surface ou sur une courbe: cela comprend tout ce qui a rapport à la force centrifuge et son influence sur la pesanteur des corps à la surface de la terre; le mouvement des corps pesans sur une courbe, qui mène à la théorie du pendule La dans le vide ou dans un milieu ré- sistant, et son usage pour mesurer l'intensité de la pesanteur en différens lieux de la surface de la terre, les propriétés mé- cauiques de la cycloïde , qui est à-la-fois la courbe tautochrone, et la courbe de plus vîte descente, et beaucoup d’autres objets, entre lesquels on distingnera la manière dont M. Poisson exprime le tautochronisme, et l’exposition des principales formules du calcul des variations qu'il fait à l’occasion de la courbe Brachys- tochrone, en faveur des personnes à qui cette méthode pourroit n'être pas famillière ; on y trouve une nouvelle manière d’avoir égard à la variation des limites des intégrales qui doivent devenir maxima ou 1inima. La théorie du mouvement du point matériel se trouve complète par la démonstration du cas particulier du principe de la moindre action qui se rapporte à ce mouvement. M. Poisson en fait l’application au mouvement d’un point attiré vers un centre fixe et au mouvement de la lumière dans dif- férens milieux, d’où il déduit les lois de la réfraction et de la réflexion de la lumière. Dans la partie de la dynamique que nous venons de parcourir, l’auteur n'a considéré que le mouvement d'un point matériel, il jraite dans la suite le mouvement des systèmes quelconques de’ points matériels ou des corps. 1l explique d’abord comment se mesure l'intensité des forces, en ayant égard aux masses sur lesquelles elles exercent leur action, ce que c'est que la quantité de mouvement d’un corps et la distinction des forces accéléra- trices , des forces motrices et des pressions. C’étoit le lieu de dire la manière dont le principe de la pesanteur universelle sert à déterminer les rapports des masses et les densités moyennes des planètes et du soleil; c’est aussi ce que fait M. Poisson: il renvoie, pour completter la démonstration de ce grand principe, au bel Ouvrage de M. Laplace sur l’£xposition du système du Monde, et il démontre le principe de l'attraction d'un corps composé de couches sphériques homogènes sur un point matériel, duquel 11 déduit le rapport de la masse du soleil à celle de la Ggg 2 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE terre en parlant de l'observation de la pesanteur à sa surface. On trouve encore dans ce chapitre le calcul de la déviation que fait éprouver à un fil à plomb l'attraction des montagnes voi- sines; une courte description de l'instrument appelé balance de tortion, et de l'usage qu’en a fait Cavendisch pour déterminer la densité moyenne de la terre, qu’il a trouvée à peu près cinq fois et demie celle de l’eau. D’Alembert a donné un principe général au moyen duquel on ramène à des problèmes de statique toutes les questions de la dynamique. Pour bien faire saisir son énoncé et son usage, M. Poisson l'emploie à résoudre plusieurs problèmes simples, entre lesquels il en est un qui contient l'explication de la machine d'Athood, dont on se sert dans les cours de physique pour dé- montrer les lois de la chute des corps graves. Dans la solution d’un autre de ces problèmes, M. Poisson combine le principe de d’Alembert avec celui des vitesses virtuelles. C’est la marche que M. Lagrange a suivie dans la Mécanique analytique, et M. Poisson paroît s'être proposé de faire servir cet exemple, comme beaucoup d’autres parties de son Ouvrage, d’introduc- tion à celui de M. Lagrange. Le mouvement d’un corps solide a fourni la matière de quatre chapitres. L'auteur considère dans le premier, le mouvement d’un corps autour d’un axe fixe; il est conduit à la théorie des momens d'inertie et des axes principaux des corps, dont il expose les propriétés mécaniques et géométriques. Il termine ce chapitre par l'application de ses formules au mouvement d’un corps pesant oscillant autour d’un axe horizontal, ce qui constitue un pendule composé. Il traite, dans le deuxième, du mouvement d’un corps solide autour d’un point fixe, et développe cette théorie par une analyse extrémement régulière et complète: il s’occupe spécia- lement de la rotation d’un corps qui auroit reçu une impulsion autour de son centre de gravité, en supposant qu’il n’est soumis à l’action d'aucune autre force: il donne pour application de ce problème général le cas particulier d’un solide homogène de révolution, ou plutôt d’un corps dont deux des momens d'inertie * principaux sont égaux. Il examine le mouvement d’un corps qui auroit reçu une impulsion par laquelle il seroit déterminé à tourner à très-peu près autour d’un de ses axes principaux. L'auteur, après avoir ainsi exposé le mouvement d’un corps ebligé de tourner autour d’un axe ou d’un point fixe, fait voir ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 comment on peut regarder le mouvement d’un corps solide libre comme composé de deux autres, l’un de translation commun à toutes ses molécules, l'autre de rotation autour d’un quelconque de ses points, qu'il est avantageux de prendre au centre d'inertie du corps, et il trouve les formules générales de ces deux espèces de mouvemens. 11 donne une idée de la manière dont l'attraction du soleil sur les planètes trouble leur mouvement de rotation. Le quatrième chapitre sur le mouvement d’un corps solide, offre une application intéressante des théories exposées dans les trois autres, au mouvement d’un corps dont un point est assujetti à rester sur un plan, soit que le plan doive être tangent à la surface du corps, c’est-à-dire, que le corps roule sur le plan, soit que le corps ne rencontre le plan que par une pointe, en supposant, pour ce dernier cas, qu’un des axes principaux du centre de gravité passe par la pointe. M. Poisson donne une théorie du choc des corps, qui contient l'examen et le calcul de toutes les circonstances du choc de deux corps durs ou élastiques de figure quelconque, et du choc si- multané d'autant de corps sphériques que l’on voudra. Dans le dernier chapitre de la dynamique, M. Poisson expose les rincipes généraux du mouvement d’un système de corps, savoir : Fe principe du mouvement du centre de gravité, celui de la con- servation des airs, duquel M. Laplace a déduit la, considération et les propriétés importantes du plan invariable ; le principe de la conservation des forces vives, et le théorème sur la perte de force vive occasionnée par les changemens brusques, qui est dû à M. Carnot; les conditions de la stabilité de l'équilibre; et enfin le principe de la moindre action. Tous ces principes sont démontrés de la manière la plus générale et la plus complète. La propriété des fluides de transmettre également en tous sens les pressions que l’on exerce à leur surface, est celle que M. Poisson prend pour base de l’hydrostatique. Il en déduit immédiatement que l'équation du principe des vitesses virtuelles se vérifie entre un nombre quelconque de forces appliquées à la surface d’un fluide incompressible. Après quelques notions sur la mesure de la pression en divers points d'une masse fluide, il établit les équations générales de l'équilibre, et il en tire beaucoup de con- séquences sur Ja pression, les couches de niveau, etc. 1] examine en particulier l’équilibre des fluides pesans, il calcule les pressions 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE exercées par ces fluides sur les parois des vases, et il donne le principe d’Archimède d’après lequel un corps plongé en totalité ou en partie, perd de son poids une quantité égale au poids du fluide qu’il déplace. De là il tire les conditions de l'équilibre d’un corps plongé dans un fluide pesant, ce qui le conduit à parler de L balance hydrostatique dont on se sert pour déterminer la pesanteur spécifique des corps. L'auteur expose dans un autre paragraphe du même chapitre les conditions de l'équilibre de divers fluides pesans contenus dans des vases communiquans, il y donne la description de la presse hydrostatique, le mécanisme. du syphon qu’on emploie communément à transvaser les liquides ; on y trouve la description des pompes, le calcul de leurs effets et de toutes les circonstances qu’elles présentent, Le quatrième chapitre de l'hydrostatique traite de l'équilibre des corps flottans ; il'contient plusieurs applications des conditions générales, à des corps de formes connues; un théorème relatif à la stabilité de l'équilibre d’un corps solide de forme quelconque, et on y détermine les oscillations que prend un corps flottant symétrique par rapport à un plan vertical, et que l’on écarte très-peu d’une position d'équilibre stable. L'usage du baromètre pour mesurer les hauteurs est fondé sur l'équilibre des fluides. M. Poisson l'indique dans le dernier cha- itre de l’hydrostatique; il y expose la loi de la dilatation des gaz relativement à la température et à la pression; il donne l'équation d'équilibre d’une colonne atmosphérique, et de là il déduit la formule qui fournit la mesure des hauteurs verticales d’après les observations barométriques. La théorie du mouvement des fluides est le sujet du dernier livre de lOuvrage. M. Poisson commence celle partie par un objet qui est souvent utile : l'écoulement d’un liquide pesant qui sort d’un vase de figure quelconque , en admettant l’hypothèse du parallélisme des tranches. Il applique ses formules au cas où lonifice du vase seroit très-petit, et donne le calcul de la dé- peuse du fluide. L'auteur considère ensuite les oscillations d’un liquide pesant, dans un tube recourbé très-étroit. Il termine cette partie et son Ouvrage par l'exposition des formules géné- rales de l’hydrodynamique dont on n’a pu jusqu’à présent déduire que très-peu de résultats pour lesquels il renvoie aux Mémoires où ils sont exposés, Tout ce que nous venons de faire connoître de cet important ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 Ouvrage est encore loin de donner une idée complète des ma- tières qui sont traitées, de l’ordre et de la clarté qui règnent dans sa rédaction, et de la haute utilité que l’on doit en attendre dans l'instruction publique. La correction typographique est un mérite notable, surtout pour les Ouvrages de Mathématiques; il suffit de dire que celui-ci sort des mêmes presses que la Mécanique céleste, les nouvelles éditions du Sys/ème du Monde, de la Théorie des nombres, de la Résolution des équations numériques , de la Mécanique analytique, etc., etc. J. BINET. 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. EE TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER, Second mémoïre de M Mirbel, intitulé, Observations sur la germination des graminées. 321 Troisième mémoire de M. Mirbel, intitulé, Note sur l'opinion de M, Richard , touchant l'organisation et la germination des graminées. 338 Quatriéme mémoire de M. Mirbel, intitulé, Obser- vations anatomiques et physiologiques sur le nelumbo nucifera. 352 Tableau météorologique; par M. Bowvard. 974 Cinquième mémoire sur la poudre à canon, par L. J. Proust. 376 Notice sur une production artificielle du diamant. 400 Notice sur la comète de 1811, par H. Flaugergues. 401 Extrait d'une lettre de M. Schweïigger, à J.-C. Dela- métherte. 405 Traité de mécanique ; par M. Poisson. Extrait par J. Binet. 407 De l'Imprimerie de Madame Veuve COURCIER, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques, quai des Grands-Augustins, n° 57. Novembre 187 Lion Flgerques del ; ms mes bee D moy ment © cv mater ADS TR 18 sr JOURNAL (D'EMP'H YS TIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. DÉCEMBRE an 18rr. DESSAIGNES A MONSIEUR DELAMÉTHERIE. Vendôme, 18 noyembre 1811: MONSIEUR, Depuis que j'ai lu à l’Institut l'extrait de mon Mémoire sur l'origine et la génération du pouvoir électrique , tant dans le frottement que dans la pile de Volta, extrait que vous avez im- primé dans votre Journal du mois d'octobre, m'étant occupé de revoir et de confirmer les résultats relatifs à influence de la chaleur et du froid sur la pile de Volta, j'ai trouvé des faits nouveaux et quelques circonstances accessoires que je crois utile de faire connoître aux savans qui voudroient répéter mes expé- riences. Je vous prie, en conséquence , de vouloir bien leur ré- server une place dans votre prochain Cahier. 1°. Je ne saurois trop recommander, quand on plonge la pile dans un mélange frigorifique, de la frapper d’un froid égal dans toutes les parties, parce que je me suis apperçu que lorsqu'on néglige d'entretenir le froid à sa partie supérieure, ec un froid aussi intense que dans tout le reste de l’appareil , on ne peut Tomg LXXIII. DÉCEMBRE an 1811. Hhh 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE parvenir à éteindre entièrement sa vertu électrique ; et que, lors< qu'elle est éteinte, au moyen de la précaution que je viens d’in- diquer , on la voit se ranimer aussitôt qu’on découvre l’extrémité supérieure de la pe J'ai lieu de croire qu’une pile montée avec une dissolution de sel ammoniac, pour corps humide intermé- diaire, s’y éteindra également, pourvt qu’on puisse entretenir autour d’elle un froïd de —180c. pendant deux heures. J’assigne cet espace de temps, parce que je me suis assuré qu’il faut à une pile de 36 couples de 48 millimètres de diamètre, une heure et demie pour descendre de +-12°c. à o°. Je nai pas pu en ce moment - ci, m'assurer moi-même du fait, parce que je n’ai pas à présent assez de glace à ma disposition : j'y reviendrai par la suite. 20. Si on plonge la pile, montéé avec de l’eau, ou avec üne dissolution saline, dans de l’eau bouillante, de façon que la moitié inférieure de cette pile soit seule immergée dans l’eau bouillante, et sa moitié supérieure hors de l’eau, sa faculté électrique s'élève’ alors à un tel point d’intensité qu'il n’est plus possible d’en sup: porter les commotions. Je l'ai jugée dans cet état, quoique n'ayant que 36 couples, et montée seulement à l’eau, une fois plus forte qu’une pile de 72 couples pareilles, montée avec une dissolution de sel ammonmiac, et fonctionnant en plein air à la tempéralure de + rb°c. 3°, Si l’on plonge au contraire entièrement cette même pile dans l’eau bouillante, de façon qu’elle soit suspendue au centre’ de ce milieu, sans toucher äu fond de la cucurbite, et que son. extrémité supérieure soit recouverte de 108 millimètres d’eau environ (ce qui Su se faire en soudant le couvercle avec l’étui de la pile, et en ajustant à la partie supérieure de ce couvercle un tube de fer blanc destiné à laisser passer un fil de fer isolé dans un tube de verre qui communique au pôle supérieur de la pile), alors, à la première impression de la chaleur, la faculté électrique augmente sensiblement d'intensité, mais quelque temps après elle’ s’affoiblit peu à peu, et finit par s'éteindre entièrement, au bout de trois quarts d'heure d’ébullition environ. IF faut, pour que cet effet ait lieu, que l’eau soit en grand mouvement, et que son bouillonnement dans tous les points, établisse partout un égal degré de chaleur. 4°. Quand l'extinction de la pile est bien constatée, si on la retire de l’eau bouillante pour l’immerger de suite dans uue cuve hydro-pneumatique pleine d’eau fluide, de manière qu'elle y soit ET D'HISTOIRE NATURELLE, 419 entièrement plongée, alors elle se ranime prompfement et son intensité s'accroît pendant le plus grand refroidissement , à un tel point que je l’ai jugée quatre fois plus forte qu’elle n’étoit, lorsque je l'ai montée en plein air. Sur la fin du nd eRiente elle s’affoiblit rapidement, elle continue ensuite de donner comme en plein air. Ces expériences prouvent évidemment que la pile qui fonc- tionne ordinairement à tous les degrés de température de l’at- mosphère, cesse d’agir dans les températures élevées, comme à + rouoc. et au-dessous, ainsi que dans les températures très- asses, comme à — 160c,, pourvu que l'instrument soit partout également affecté de ces degrés de froid ou de chaleur que je viens d'indiquer ; 2° que l'intensité électrique de la pile est au contraire d'autant plus considérable qu’il ÿ a un plus grand in- tervalle de température entre les deux pôles de cette pile, soit que l’une de ses extrémités soit plongée dans le froid, ou dans la chaleur. 5°. Les mêmes phénomènes ont lieu avec l'élément de la pile, c'est-à-dire avec un disque double, cuivre et zinc, que l’on enferme dans un étui de fer blanc, tel que je l’ai décrit, et dont on manifeste la vertu électrique par le moyen des grenouilles qui servent d’électroscopes ; mais tout cela se passe avec des circons- tances que je ne puis me dispenser de faire -connoître, D'abord toutes les grenouilles ne jouissent pas du même degré de vitalité. Il suffit, pour celles qui sont les plus excitables, de toucher d’une main l’étui de fer blanc del’appareil, et d'approcher du fil de fer qui communique au pôle supérieur du disque double, les nerfs sciatiques de la grenouille, que l’on tient de l’autre main par les pattes, pour obtenir de vives contractions. Ce moyen est ansufhisant pour les grenouilles moins excitables; il faut absolu- ment que la main qui touche à l’étui soit armée d'une tige métallique mouillée, et toucher ensuite cet étui, ou mieux encore le frapper avec cettetige, car jeme suis apperçu que les chocssont pis efficaces que le contact pour susciter le pouvoir électrique, Enfin il en est qui ont un si foible degré de vitalité, qu’elles ne donnent aucunes contractions à mon appareil, même en choquant l’étui avec la tige excitatrice dont je viens de parler. Les grenouilles les plus excitables et qui se contractent forte- ment à mon appareil, lorsque les mains seules et la grenouille: ferment l’arc conducteur, ne conservent pas long-temps ce degré Hhh 3 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de vitalité: au bout d’une demi-heure leurs forces s’affoiblissent et l’on est obligé d’armer sa main d’une tige de métal mouillée, Pour susciter des contractions; mais alors le seul contact continu de celte tige avec l’étui suffit pour produire dans la grenouille des mouvemens très - vifs quelque temps après; et les forces vi- tales s'affoiblissant de plus en plus, le seul contact devient inef- ficace: il faut alors choquer l’appareil avec la tige. Enfin , au bout d’une heure à une heure et demie, les chocs eux-mêmes n'y peuvent plus rien, Une grenouille peut donc servir d’électroscope’ pendant près d’une heure et demie. Lorsqu'on s'est assuré qu’une grenouille est bien excitable à Pappareil, si lon met celui-ci dans de l’eau chaude à 729%c. que l’on entretient à ce degré au moyen d'un réchaud, où, ce qui est encore mieux, dans de l’eau en pleine ébullition, sa faculté électrique augmente d’abord considérablement d'intensité et elle: persévère dans cet état, tant que l'appareil n’a pas acquis uni- formément el partout la température de l’eau. Cet accroissement d'intensité produit par l'inégalité de chaleur, est si fort que les grenouilles les moins excitables, et qui, comme je l'ai observé, Sont sans mouvement à ce même appareil en plein air, se con- tractent vigoureusement dans cette circonstance. Lorsque l'appareil a acquis le degré de l’eau , ainsi que la tige métallique dont on arme une de ses mains, alors la grenouille reste pins immobile, lors même que l’on choque dans l'eau’ ‘étui de fer blanc avec la tige de métal; et les contractions re: paroïssent de nouveau, aussitôt que l’on voit l'appareil de l’eau chaude, et surtout lorsque son fond touche à de l’eau froide. Les contractions sont même beaucoup plus vives dans les premiers instans du refroidissement que vers la fin. On peut encore faire’ renaitre la vertu électrique sans sortir l'appareil de l’eau chaudes en ôlant l'eau du feu et en laissant refroidir à l'air libre le vase qui la contient. Les grenouilles qui ne sont pas excitables à l'appareil à l’air Hbre et à la température atmosphérique, se comportent de Ja même manière que les précédentes, soit lorsque l'appareil estaw degré de l'eau bouillante, soit lorsqu'il se refroidit, à l'exception qu'elles deviennent insensibles à l'excitation de l'appareil comme auparavant, quand celui-ci est entièrément froid, tandis que les autres continuent à se contracter avec l'appareil froid, comme avant son immersion dans l'eau chaude. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 4èt 11 vaut mieux laisser l’étui intérieur vide que de le remplie d’eau chaude, parce que cette eau intérieure ne prenant pas fa- cilement le degré de l’eau bouillante extérieure, il s'établit une inégalité de température entre la tige excitatrice et l’étui, suf- fisante pour que Fappareil continue à fonctionner. Lorsque l'eau qui est sur le feu n’est pas en ébullition, la partie supérieure de l’étui qui est hors du liquide, n'ayant pas le même degré de chaleur que la pare inférieure qui est im- mergée, on remarque qu'on n'obtient aucunes contractions tant qu’on ne touche que la partie de l’étui qui est dans l’eau, tandis que les contractions ont lieu, lorsque lon touche la partie de l’étui qui est hors de l’eau, et elles sont d'autant plus fortes que la parte que l’on touche se trouve plus éloignée de l’eau chaude. Lorsque la tige excitatrice qui est dans l’eau est au même degré de chaleur que lappareil, et que ses contacts ne peuvent rien sur celui-ci, on fait reparoître les contractions en touchant l’étui avec une seconde tige froide et de méme métal que la première; elle devient ensuite elle-même à son tour inefficace , lorsqu’elle a acquis le degré de chaleur du milieu. 11 faut encoré avoir soin que Pextrémité de la tige excitatrice qui reste dans l’eau ne touche pas au fond du vase qui contient j’eau et qui se trouve sur les charbons, car alors elle est un peu plus chaude par le bout que l’étui de l’appareil, et son contact avec celui-ci produit des contractions : il suffit, pour faire disparoître cette propriété, de la laisser quelque temps dans l’eau chaude sans toucher au fond du vase. Enfin je dois encore faire remarquer que lorsque l'appareil est bien éteint dans l’eau chaude, il suffit de laisser tomber le feu, ou de l’attiser de nouveau pour faire renaître sa vertu électrique. L'appareil se comporte dans un mélange frigorifique de la même manière que dans l’eau chaude, et lorsqu'il est éteint dans le froid , on fait également reparoîlre sa propriété électrique en plon- geant sa partie inférieure dans de l’eau chaude. -6°. Après avoir reconnu que les métaux hétérogènes n’agissent électriquement l’un sur l’autre dans les diverses tempéraiures de l'atmosphère, que par la différence de leur calorique spéci- fique, diflérence que font également évanouir et une haute température et un froid intense, j'ai voulu voir s’il ne seroil pas possible de produire une action électrique dans le contact des. mélaux homosènes, en leur doûnant divers degrés de temyjé- 422 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rature. Cette tentative m’a réussi, comme on va le voir, au-delà de ce que j'osois en espérer. Si l'on prend unegrenouille préparée suivant la méthode connue, que l’on plonge le troncon vertébral qui pend aux nerfs scia- tiques , dans un gobelet plein d’eau à la température de l'appar- tement où l’on opère, et les extrémités inférieures dans un second gobelet également plein de la même eau : si l'on forme ensuite un arc conducteur avec deux cuillers d'argent prises dans le même appartement, et que l’on touche avec leurs extrémités l'eau des deux gobelets, la grenouille ne donne aucune apparence de mouvement. Le contraire a lieu avec les mêmes cuillers, lorsqu'on met dans les gobelets de l’eau fraîchement tirée d’un ne et uu peu pis froide que la première. Les cuillers perdent eur propriété électrique, lorsqu'on les plonge pendant pes temps dans la même eau qui a servi à remplir les gobelets. Il en est de même si, au lieu de refroidir les cuillers, on se con- tente de substituer dans les gobelets à l’eau froide, de l’eau chaude à 4- 2500. On peut se servir indifféremment du cuivre, du fer ou de l'or pour arc conducteur, et il n’est pas même nécessaire que l'arc soit tout métallique, car il suflit d'armer l'une de ses mains mouillées d’une tige de métal et de plonger le doigt de Pautre main dans un gobelet, tandis qu’on touche l’eau du second gobelet avec le métal, pour produire des contractions. Ainsi une clef que l'on tire de sa poche est excitatrice de l'électricité, et elle cesse de l'être lorsqu'on l’a plongée quelque temps: dans l’eay des gobelets. F Si l’on fait chaufler une tige de fer, de cuivre, ou d'argent, assez épaisse pour pouvoir conserver un peu de temps sa cha; leur, et qu’en tenant le bout non chauffé par une main mouillée on touche avec l'extrémité chaude l’eau de l’un des gobelets, tandis que l'index de l’autre main est dans l’autre gobelet, les contractions qui ont lieu alors sont si énergiques , que la grenouille s'élance ordinairement hors du vase. On peut reproduire ce phé- nomène plusieurs fois, et tant que la tige conserve un degré de chaleur supérieur à celui de l’eau: maïs les contractions di- minuent d’intensité proportionnellement au refroidissement du métal ; il faut seulement avoir soin, après chaque contact, d’at- tendre pour en faire un autre, que l’eau qui mouille le bout de la tige se soit évaporée, car tant qu'il est mouillé, on a à, ËÈT D'HISTOIRE NATURELLE. 423 beau toucher l'eau du vase, on né produit aucunes contractions. Quelle que soit la chaleur de la tige, ses contacts sont encore - inefficaces lorsqu'on ne touche pas avec un doigt l'eau de l’un des vases, dans le même temps que le métal agit sur l’eau de l’autre vase, Plus la vitalité de l'animal s’'affoiblit, plus il faut, pour susciter des contractions , chauffer fortement l'extrémité dé la üUge, même jusqu’à la faire rougir, et lorsqu'elle n’est plus exct- table par cé moyen, on observe qu’elle ne l’est plus également te les métaux hétérogènes mis en action suivant les méthodes usitées. L'établissement de l'équilibre de température qui a lieu lors du contact entre deux substances conductrices pourvues d’un degré inégal de chaleur, me paroissant être , dans cette circons- tance , la cause productrice du mouvement électrique : poux m'assurer de plus en plus de cette singulière propriété, j'ai pré- paré une grenouille très-excitable, dont j'ai posé les nerfs scia- fiques sur le manche d’une cuiller d'argent, et les extrémités inférieures sur le manche d’une seconde cuiller d'argent: j’ai établi ensuite une communication entre les deux cuillers, par le moyen d’un fil d'argent de la grosseur d’un anneau conjugal: Je n’ai obtenu de cette manière aucunes contractions, malgré plusieurs contacts souvent réitérés. J’ai mis alors de l’éther dans le creux de la cuiller qui supportoit les extrémités inférieures de la grenouille : au bout de quelque temps, et lorsque cette cuiller a été sensiblement plus froide que autre, j'ai produit à chaque contact, avec le fil d'argent, des contractions très-fortes, qui ont persévéré tant que j’ai laissé les choses aans le même état. J’ai observé que les contractions étoient plus fortes lorsque je faisois chauffer une des extrémités du fil d'argent et que Je touchois avec cette extrémité la cuiller froide. Si on met de l’éther dans la seconde cuiller, à l'instant même les contractions s’affoiblissent , et elles disparoissent entièrement lorsque les deux cuillers sont à peu près également froides. On peut faire repa- roître ensuite les contractions en vidant l’éther de la cuiller qui sert d’armature aux nerfs, et en la chauffant, et les faire dis- paroître de nouveäu en remettant” de l’éther dans cette même cuiller. . Pour réussir dañs cette expérience, il faut avoir soin de ne mettre de l’éther que dans la cuiller qui sert de support aux extrémités inférieures , car je me suis apperçu que sde la 424 JOURNAL DE PNYSIQUE, DE CHIMIE j grenouille est forte, le refroidissement qui est produit par l'éva* poration de la substance animale contrebalance celui de l’éther, lorsque celui-ci s’opère sur la cuiller qui touche aux nerfs, et empêche par ce moyen les contractions d’avoir lieu. Au bout d’une demi-heure d’opération, la vitalité de la gre- nouille étant afloiblie , on ne pent plus obtenir de contractions par le contact des deux extrémités du fil d'argent avec les deux cuillers, malgré qu'on ait soin d’entretenir et même d'augmenter l'inégalité de température des deux supports par une nouvelle effusion d’éther; mais alors on peut le faire reparoître en plon- geant l’une des extrémités de l’arc conducteur dans l’éther même qui est dans la cuiller, et Pon observe que si, tandis que l’on appuie Parc conducteur par un bout, sur la cuiller qui touche aux nerfs, et qu'avec l’autre bout de cet arc on touche la surface de l’éther, les muscles se contractent au contact de l’éther, puis encore, en enfoncant le fil dans le liquide, au contact de contact du fil d'argent avec le fil de la cuiller. Si on laisse ensuite le fil d'argent en communication avec la cuiller pendant quelque temps et jusqu’à ce que les parties qui se touchent soient au même degré de température, on a beau renouveler les contact: en sortant lextremité du fil de l'éther, pour l’y replonger d nouyeau, on ne produit plus aucun mouvement : pour les fan reparoître alors, il suflit de toucher avec les doigts cette extré. mité du fil d'argent, ou mieux encore, de la chauffer à la flamme d'une chandelle ; dès cet instant le fil d'argent continue à être excilateur tant que son extrémité conserve une température su- périeure à celle de l’éther et de la cuiller. J’ai fait reparoître ainsi les contractions pendant plus d’une heure, en laissant re- froidir et en chauffant alternativement mon arc conducteur. Si on met de l’eau en place de l’éther dans une des cuillers, on remarque que ce moyen est insuflisant pour produire un mouvement électrique capable d’affecter la grenouille, lorsque le fil d'argent ne touche que les deux cuillers, mais il est très- efficace lorsqu'on touche la surface de l’eau, ou le fond de la cuiller qui est sous l’eau, avec une des extrémités du fil. Tout ce que J'ai observé ensuite sur l'arc conducteur chaud ou froid avec l’éther, se passe également avec l’eau. Au lieu de chauffer l’une des extrémités de l’arc condncteur on peut encore chauffer le liquide qui est dans la cuiller en y plongeant ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425 plongeant le bout d’un fer chaud, et l’on observe alors que dans les premiers instans, lorsque la chaleur se répartit dans la cuiller, l'immersion du fil d'argent dans le liquide ne produit aucun mouvement dans les muscles, mais ils reparoissent bientôt avec beaucoup d'énergie, lorsque la cuiller marche vers le re- froidissement. Ce moyen est si efficace pour susciter les contrac- tions, qu’on en obtient des grenouilles les plus fatiguées au bout de deux heures d’opération. . Je crois que ces détails, quoiqu’un peu longs, seront lus avec intérêt en raison de leur importance pour la théorie de l'électricité. Tome LXXHI. DÉCEMBRE an 181. Li OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES THERMOMETRE EXTERIEUR + £ : in >» Æ 5 D PA AC BAROMETRE METRIQUE. LE 4 >= Tr 5 Maxiuum. | Minimum. |A Mini Maximum. | “Mininum. a [T2 MIDr.| 5 DEEP SEE NRNT ET POTTER NN IT VOST I NE SEEN QE LEUR EE ES EUR A EE EE heures« o | heures. 0 | heures: mill: | heures. mil. mil e ilass. polir. +10, +14 ju AAA ARE ARE A RS MERE 756.08|759,72 14,8 2|à midi Hi8,3/àqun. ia, +: fa 9 m....2.2..757,50/àl10 5. : ..:...754,02|757,32| 16,3 à midi <+isdla7m. Hisol +15 8là MI ee » ete s/e 7 HO OA) LOS 4 54 œle «à ee 754,08|758,00| 15,8 Je audi ÆiSsofà1ofs. + 95] His.olà 108s......, 564,48|à 7 m........ 755,50/758,18| 15,6 à nuidi ##19,9{à 7m. +4,46 + 29,9]à8 Lin! 765,64|à 9Ès...... .763,80 765 oë| 15,1 ais. H14glà7u. Hiz,o] +136 47m, ..1.:.7608,10/1108.:-..42,..757,54 761,04| 14,6] AR DS. “Hi40f410%s. 412,5, 13,5} 7m...... 7000 DE Set eee 750,42|751,36| 15,0 olaoudi +Hisilacis. +13,1| H15 ra 8 TAC EE 749,60|à 3 Ls..2. 2... 747,00|747,92| 15,5 jà ouidi +16,3Jàg+s. %Æro,5| +Hr6,3l165.......... 755,60là7 Lim........ 753,14|754,92| 15,6 ofaimidt Æ+i565la 95s. +Æio,s #13,5 à 72 m........74994là9%s:....... 746,54[7468,16| 14,3 irfà 3s. Hizélagis. <Æ o,3l Hrr,4 AIS Pre 790,60 |à 7 + m....... 749,12|745,44| 13,9 ta midi + 8,6/465. : + bo] + 8,8là6s........ .760,66|à 7 + m....... 725,76|798,76, 13:2| 1335. +95à7im + 7,0) + gofà7!m.....…. D ER RL EL 752,50] 11,7 14jà midi +12,1|à73m. + 4,3 +12,1|à 9 £m....... 75700|à 5 £S........ 754,341756,04! 11,9 1olà midi æirjolàois. — 6,3] +ir olà GRENIER RENE 755,809 £s........ 753,92|754 70| 12,5 16 mi ÆHe,5à7im. + 3,3] + 85]à TA SP cpiee 753,84|à 9 + m..... .:749,50|750,34| 11,3 Al17à3+s + 9,61 73m. Æ 68] + 85là 105......... 764,76|à 7 = m....:..757,00|760,00! 11.2 1l10à3s. +ioylà 75m. + 6,7] H10,3là 0 £ m....... 768,68|à 7 2m.,.....766,66[763,36| 12,0 1gfà midi. “ir,5à 7 rm. + 7,8! +rr,5là 9 3 m.....…. 768,12/à 1025....... 766,32|767,44| 11,6 Os. + B4a9is. + 45) + 8,o|à 10} m.......767,50|2935........ 766,54|767,20| 11,5 zifa3s, + 46l47zm. + 1,3] + 3,8là9£m....... 766,04 ADS... ...765,80|765,46| 8,9 221435. + 8,5A72m. — o,3| + 2,5là 10: m....… 79264 | Ad See 0 ete 761,72|762,40, 8,7 23|à3s. + 25a72m. — 1,9] Æ 1,5]à 1015........ 763,78|à7 £m..…......762,90|763,54| 8,0 24là mici + 4,6l472m. — 1,3] + 4,61à 10 s........ 766,50|à 7+m........765,30|765,g0| 77:1 2526. + 8,8jà 74m. + 2,81 + 7,8laros...….. ...:708,60 2 75m........ 767:00|767,42| 7,4} 26|à midi + 9,6 7im. + 6,3| + 0,6 B CPo does 750,00 A17 Mt celetele 768,42|768,50| 6,6! 27là midi + 8olà101. — 43] + 6,ofà 9m..….... 770,36|à 3 s..........760,00|770,35| 8,5]. 20|à35s. + 7287 M. 1,4) + 6,5là7:m....... .768,12/à midi........ 767,92|707,92| 9,2 2940. + 8,647 £m, Æ 51] + 8,4jà 1om........ 767,60\à 3 s..........756,68|767,48| 8,4 midi + BTE Tim + 4,6] + 8,7|à 7 à m....... Fe CRT ASE CE 767:521767,06| 8,5 Moyeunes +10,77! —+5,34|+10,35| 761,70| 756,08|760,00| 11,9 RER RE ER PE EEE ON CREME NS RECAPITULATION. Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 770,36 le 27 Moindreélévation du mercure......... 742,12 le 1 Plus grand degré de chaleur. ........ +83 le 2 Xloindre degré de chaleur............ — 1,9 le 23 Nombre de jours beaux......, de Couverts eue 22 depluie......4.0 14 * de (Vente os done des 30 deBelé ee eee nes o de tonnerre...;; CAE à ? à de brouillard. ,.......: 18 Nora. Nous continuerons cette aunée à exprmer la température au degré du thermomètre cen: centièmes de millimètre, Comme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu’on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d'où 1l sea aisé de déterminer la température moyenne conséquent, son élévation au-dessus du niveau de la mer, La température des caves cst également A T'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. NOVEMBRE 1811. aa POINTS VARIATIONS DE L’'ATMOSPHERF. a | VENTS. # Ee LUNAIRES. n |à midi | LE MATIN. LE SOIR. 1| 9018. Couv., brouillard. |PZuiefine. Très-nuageux. 2| 866 Idem. Lrès-nuageux. Nuageux. Quelques nuages. 3] 92| dem. Couvert, Couvert. Pluie à 5 heures. 41 891|0. Idem. Idem. Bean ciel. 5| 86 [S-O: fort, Légers. nuages. Très-nuageux. Couvert. 6| 97! 7dem. Pluie fine. Pluie fine. Pluie continuelle. 7| 9615-0. Idem. Pluie par intervalles. | Idem. 8] 07| Zdem, |DQah15m.| Puiecontinuelle. Idem. Nuazeux. gl 66|0. Nuageux. Très-nuageux. Queiques nuages. 10] 88|S-0O. Lune apogée. Couvert. Pluie. Pluie. 11] dë|0. 6 Pluie. Quelques éclaircis. |[Nuageux. 12] 83 |N-0O. Equ. descend.| Zdem léger brouil. |Couvert. Idem, 13] 86|S-0. Petite pluie. Pluie fine. Idem. 14] 88 |S-S:0. Nuageux, brouillard,|Couvert. Pluie. 1 15} &87|0. Idem. Petite p{uie. Nuageux, écl. consid, |} 16! 86|O-S-O, IN.L34h37m.| Pie , brouillard. Idem. Pluie par intervalles. 17! 93/N-0. Pluie. Idem. Légers nuages. 18| 88| Ja. foibl. Couvert, brouil. Brouillard et trouble. |Couver, brouillard. 19] 93|N-0O. Idem. Quelq. éclaircis. br. | Pluie fine. E 20| 64|N. Nuageux brouillard. |Légers nuages. Beau ciel, brouil'arc.| À 21| 83/N.N-E. Couvert, brouillard. [Quelques éclaircis. [Beau ciel, 22| 70|E. Superbe, brouil., gl. [Nuageux. Idem. Ë 23| 79 |N-E. P.Qagh47m.| dem. Beautciel, brouillard. [Beau ciel, brouillard. |E 24] 85 |N-N-O. Couvert, brouil. , gl. [Couvert brouillard. |Coureit, brouillard. 25] 07 [N-O. Couvert, brouillard. Idem. Idem. 26| 94 |O-N-0. L. périgée. Idem, Idem. Iäem, 27| 87]|N. Equ. ascen. Idem. Idem. Liem., 25] 84|N-E. Nuageux, brouil., gl.IBcauciel, brouillard.|Beau cel, brouillard. 29| 84[NO. Couvert, brouil, Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. 30| 92|O-N-O, |P.L.i5h20m.| Jdem. Icen. ler. ESS RÉCAPITULATION. INA ES nSé cd INSEE ee NE Déeodre 6ba82b on I Jours dont le vent a soufllé du Ve FA AE ee Le SOPRPAES-ENEE-Ce 6 OR -oa7 NEO SRE PE O le 1°° 129,084 Therm. des caves le 16 12°,039 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 53""78— 1 p. 11 lig. 8 dixièmes. tigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en m'lhmèties et emploie généralement dans:les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à coté etdu thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le 71axèmum ct le ninimum moyens, du mois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris et par exprimée eg degrés centésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme, + 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE A M REGLEY, SUR L'UTILITÉ QUE PEUT PRÉSENTER AU MINÉ- RALOGISTE VOYAGEUR UN PETIT NÉCESSAIRE DE CHIMIE ; Par BENJ. ELIE LEFÉBURE, D. M. P. MONSIEUR, J’Ar tardé jusqu'ici à vous donner la description de mon né- eessaire de chimie. Vous savez que je ne l'ai composé que pour le minéralogiste, et surtout pour celui qui voyage. Ainsi j'ai cherché , autant que je l'ai pu, à diminuer le nombre des réactifs et leur volume ainsi que ceux des instrumens. Peut-être pourroit- on faire quelque chose de plus parfait; mais en attendant je vous propose ce qui m'a réussi. Avant d’aller plus loin, je vais vous dire en deux mots ce qui m'a conduit à préférer si souvent les essais chimiques en: minéralogie. Comme le développement de mes idées pourroit paroître long, je l’abrégerai. Tous les corps étant doués d’une force d’attraction de com- position qui est constante dans chaque corps et variable dans les uns à l’égard des autres, il est clair qu’en présentant à un corps celui avec lequel il a le plus d’aflinité, je le séparerai du mélange dans lequel il sera engagé. Or, peu de moyens chi- miques doivent égaler celui-là. Que l'on mette ensemble de la chaux, de la limaille de fer, de la silice, etc., je séparerai bien le fer au moyen du fluide magnétique; mais s’il y avoit déjà ommencement d’oxidation, j'enleverai une partie des autrescorp ET D'HISTOIRE NATURELLE. 429 ou je laisserai du fer, et supposant que je l’enlève entiérement, quel sera l’agent physique qui me séparera la chaux de la silice? Or dans la nature 1l y a eu partout union ou mélange, et c’est souvent ce que le minéralogiste refuse de reconnoitre comme es- pèce dont lutilité est plus grande pour la société : alors le produit de l’action des eaux et les dépôts qu’elles occasionnent étant des choses très-naturelles , leur étude ne mérite pas l’espèce de dédain dont elles semblent être quelquefois l’objet. - Je concois donc comme première loi dans la formation de notre globe, l'attraction de composition, ou, si vous voulez, l'affinité chimique, A-t-elle pu être modifiée ? oui, sans aucun doute, et comme nous voyons Faflinité changer avec la tem- pérature, celle-ci a dû apporter de grandes modifications, Voilà donc aussi une première cause d’altération. Que le feu ait agi d’abord, cela peut être ; que l’eau ait séjourné sur les plus hautes montagnes, je l’admets encore; comment cela s'est-il fait? je ’ignore : mais cependant je suis persuadé qu’en quelques localités, pour ne pas dire toutes, ka formation des montagnes a eu lieu comme cela se feroit si une masse fluide, ayant son centre d’at- traction comme l’ont les planètes, venoit avec ces conditions à absorber et solidifier une partie de l'eau qui l’entoureroit. I} m'est personne qui ne concoive une portion de cette masse inaltérée par l'eau, et voilà les terrains primitifs, les terrains secondaires et tertiaires auroient lieu suivant les compositions locales qui auroient déterminé un nouveau mouvement des eaux ou une acion volcanique. Aünsi-laction continue de la chaleur, l'action physique et chimique de l’eau, celle du fluide électrique où galvanique, celle des volcans, et peut-être quelqu’autre cause encore inconnue, ont sufh pour que lon concoive tout sans peine, Il n’est que la première cause dont probablement nous n’aurons jamais con- noissance, parce que, toute puissante, elle s’est dérobée à nos regards audacieux. \ Buflon et Demaillet m'embarrassent également , lun sans eau et l’autre ne sachant qu’en faire, et en résultat, qu'est-ce que Ja science a pu gagner? rien que des préjugés, et les préjugés auironttoujours à l’avancement des sciences, L'expérience méme: ramène avec peine à la vérité. Combien de temps a-t-on cru que tous les métaux étoient au centre du globe? Est-il done impos- sible de concevoir qué la chaleur continuée ou des chaînes elec- triques, les aient amenés à sa surface , surtout, lorsque souvent Dit 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la dureté des corps mélangés et leur densité ne peut s'expliquer en quelque sorte que par l'introduction d’un corps étranger. . Comme il ÿ a un ordre et des lois, il ya des combinaisons impossibles, On m’annonceroit un alliage natif de fer et de plomb, je ne me donnerois pas la peine de vérifier, parce que l’impos- sibilité m'en est démontrée ; mais quelquefois aussi je m’abuserois étrangement en rejetant sans examen. Ainsi vous voyez du soufre sur du carbonate de chaux, l'acide carbonique s'oppose à l’action du soufre. J'ai de l’argent en filets dans l’arsenie, il est possible que la densité de l'argent se soit opposée à l'union. Mais si l'argent s’y déroboit à l'œil, je ne pourrois prononcer s’il y a combinaison, et si une forme nouvelle n’éclairoit la Minéralogie, elle seroit encore plus muette dans ce cas, Les circonstances faisant varier les affimités, il faut les étudier avec soin. Les métaux fondus ne contiennent point d’eau, si ce n’est le mercure qui en retient facilement. Mais les métaux vatifs non volcaniques, doivent, si mes expériences ne m'ont oint induit en erreur, en contenir une quautité très-petite, à la vérité, en poids, mais dont le volume pourroit être encore considérable si elle n’étoit peut-être extrêmement condensée. L'argent précipité contiendroit près d’un et demi pour cent. Le précipité jouit d’une densité et d’une pureté directes à celles de son menstrue. Il en est à peu pe de même pour le cuivre qui se précipite plus éclatant par l’acier que par le fer, et plus la dissolution est étendue, moins il faut de métal précipitant. De même que dans la nature on est averti de la présence des métaux par l’espèce de gangue qui les accompagne, on retrouve dans les échantillons des indices de ce qu'ils peuvent et doivent contenir. La quantité pouvant varier, il ne faut jamais se hâter de prononcer sur l'absence de tel ou tel principe quand il n’est point en combinaison chimique. L’abondance des mi- néraux étant toujours une chose relative, je me suis appliqué à rechercher quelle préférence on devoit donner à tel ou tel procédé d'essai, et comme ce sont surtout les substances métal- liques qui doivent intéresser la société, j'ai, autant qu'il m'a été possible, choisi les moyens qui nous offroient d’une part le plus de certitude sur leur présence, et qui, en employant les plus petites quantités, détruisoient le moins les morceaux qui la cons- tatent, C’est sur ces principes que j'ai fait construire mon né- gessaire de minéralogie. D'une autre part, j'ai supprimé beaucoup d'objets dont on ne peut faire usage en courant les montagnes, ET D'HISTOIRE NATURELLE. aôt ou que l’on trouve dans toutes les villes. D’ailleurs, si lesmorceaux en valoient la peine, on pourroit les analyser à loisir; mais je doute qu'aucun minéralogiste s'amuse à perdre quelques Jours ou même quelques heures dans la montagne. Ainsi je n'ai mi balances, ni aréomètres, ni cornues, ni cuve pneumatique , parce que le minéralogiste peut s’en passer, mais j'ai eu soin de placer tous les réactifs qui pouvoient être quelquefois utiles, et j'ai tâché de rendre toute ma boîte aussi légère et aussi solide que l’on puisse le desirer. Elle se compose d’une partie supérieure et d’un tiroir inférieur, La partie supérieure oflre elle-même deux divisions; une pos- térieure qui occupe toute la hauteur de la boîte, et une anté- rieure sous laquelle est situé le tiroir. Dans cette partie supé- rieure sont contenus un mortier d’agate, des entonnoirs de verre, des filtres, un thermomètre , des boules de chalumeau , des matfas, des capsules de porcelaine, deux grands flacons contenant dé l'acide nitrique et muriatique, onze petits contenant de l’acide sulfurique , du nitrate d'argent, de l’ammoniaque, du sulfuré d’ammoniaque, de l’alcool gallique, du prussiate de chaux, du carbonate de potasse alcalin, age potasse et de la soude caus- tiques, et de l'alcool, des verres à essai, un peu de mercure, une peau de chamois, des papiers réactifs, des morceaux de charbon et Pos calcinés: Le tiroir inférieur se divise aussi en deux parties: une, com- posée de treize pelits cartons contenant des réactifs solides, savoir : üun grand carton contenant du borax calciné et non calciné, de l’acide boracique, du nitrate de polasse, du muriate de soude, du muriate de baryte, du phosphate de soude et du phosphate d’ammoniaque, du carbonate de potasse saturé, du carbonate de soude, de l’acide oxalique, de l'acide gallique, de l’oxalate d’ammoniaque et du prussiate de potasse, L'autre partie est occupée par les tuyaux des chalumeaux, des spatules de verre et de platine , des pinces du même métal, des cuillers à essai , une aiguille aïmantée et un barreau, et enfin un petit électrometre, En vous rendant compte des motifs qui m'ont fait adopter ces réacüifs, je vous dirai quels sont les moyens auxquels je donne la préférence , et si par hasard j'avois oublié quelque chose, je le reprendrai à part. Tout ce que j'ai placé dans mon nécessaire ne me dispense 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Li d’avoir un marteau , un briquet, un couteau et une oupe; aussi J'ai tout cela dans ma poche, et jy trouve aussi lus de commodité et moins d’inconvénient dans la marche, S'émplois tous mes réactifs à l'état de pureté; si J'avois à dis- soudre quelque morceau contenant de l'acide muriatique, mon acide nitrique seroit infidèle s’il n’étoit pas pur, et mon acide imuriafique pourroit aussi m'indiquer à faux de l’acide sulfurique, L'emploi d'ailleurs de ces deux acides est trop étendu pour m'y arrêter, [’acide sulfurique me sert à reconnoître surement le tungstate de chaux, celui de fer, le molybdène sulfuré et le molybdate de plomb. Ces substances réduites en poudre et bouillies dans cet acide, le colorent en bleu par le refroidisse- ment : le nitrate d'argent, pour reconnoitre la présence des muriates ; leur précipité est insoluble dans l’acide nitrique: l’ammoniaque, pour le cuivre et le nickel : le sulfure d'’ammo- niaque, pour le carbonate de plomb, l’oxide blanc d’antimoine et les métaux blancs : l'alcool gallique, pour le fer, le titane et l’urane : le prussiate de chaux, pour le fer : le carbonate de potasse elcalin, pour précipiter les dissolutions métalliques , de même que la potasse. et la soude caustiques; de plus, pour les flux et reconnoîlre la présence de l’un ou de l’autre réciproquement, Les usages de alcool sont trop nombreux pour m’y arrêter; ce- pendant j'observerai qu’en le faisant brûler avec certains corps, tels que l’acide boracique, la strontiane, sa coloration est carac- téristique Jusqu'à un certain point, car le cuivre colore comme le premier corps, et le muriate de chaux à peu près comme le second. Le mercure sert pour amalgamer , la peau de chamois pour séparer l’amalgame : les morceaux de charbon, pour les essais au chalumeau; et les os, pour y coupeller au chalumeau les sulfures de plomb. Le borax , l'acide boracique, le nitrate de potasse, le phosphate d’ammoniaque et le phosphate de soude sont des flux pour essayer au chalumeau. Le muriate de soude et de barÿte sont pour re- connoître, le premier, les traces d’argent, le second, celles d’acide sulfurique. Le nitrate de potasse sert à reconnoître le manganèse, Le phosphate d’'ammoniaque tient lieu d’acide phosphorique; le carbonate de potasse pur retient en dissolution, par son acide car- bonique, la magnésie, le manganèse, l’urane, etc.; le carbonate de .soude nuance et varie le précipité qui devient quelquefois plus reconnoissable ; l’acide oxalique et loxalate d'ammoniaque servent à reconnoître la présence de la chaux; l’acide gallique celle ET D'HISTOIRE NATURELLF. 433 celle du fer, le prussiate de potasse est là dans la même intention. Comme c’est une substance extrêmement commune que le fer, il est essentiel aussi de la reconnoître partout où elle se trouve; ainsi quand le fer est abondant, le chalumeau et le barreauaimanté jugent avec une grande sûreté; les autres moyens ne sont em- ployés que pour constater sa présence là où d’autres masses sem- blent la dérober à l'œil et cacher ses caractères. Voilà de quoi déterminer l'emploi des réactifs que jai admis dans mon nécessaire. Maintenant Je vais examiner jusqu’à quel point il peut m’étre utile en parcourant ses divers lieux que recherche le minéralogiste. Je vais examiner d’abord les substances salines. J’omets les pierres, parce que ces substances étant composées , ne peuvent emprunter que des caractères minéralogiques ; les roches seront dans le même cas. Quant aux métaux, c'est leur connoissance qui doit intéresser principalement toute la société, aussi sera-ce sur cet ordre, le premier dans le règne minéral, que j'insisterai, et peut-être est-1l le moins étudié relativement à son impor- tance, parce qu’on a trop négligé les caractères chimiques auxquels ils sont spécialement subordonnés. Je ne joindrai pas non plus ici toutes les substances minérales, parce qu’il en est sur lesquelles l’équivoque ne peut rouler long- temps, d'autres aussi sur lesquelles on ne peut donner des ren- seignemens aussi prompts que précis. Je vais renverser l’ordre admis par l'ingénieux et savant professeur Haüy; mais celui dans lequel je vais vous les présenter est plus facilement gravé dans ma mémoire, et voilà mon excuse. SELS TERREUX ET ALCALINS. Sulfates. Convertis en sulfures par le charbon et même au chalumeau. Baryte et Strontiane. Insolubles, non colorés par le sulfure d’ammoniaque, décomposés à chaud par le earbo- natede potasse. Lesecond se distinguant du premier par la couleur de la flamme, lorsque dissolvant son carbonate dans l'acide nitrique, on fait brüler un papier imprégné de cette dissolution et séché. Chaux. Bouilli dans l’eau précipitable par loxalate d’am- moniaque. Tome LXXIII. DÉCEMBRE an 18r1, Kkk 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Phosphates. Solubles sans vapeurs et sans effervescence dans les acides nitrique et muriatique. Chaux, Cristallisé;rayant le verre: amorphe, ordinairement phosphorescent ; solution précipitée par l’ammo- niaque. Fluates. Donnant par l'acide sulfurique chaud des vapeurs et un dépôt siliceux contre un feutre mouillé placé au-dessus du vase de verre ou de grès. Chaux. Facile à décomposer ; très-souvent phosphorescent. Silicéo-alumineux. Rayant le quartz, très-diflicile à décom« (Topaze.) poser. Borates. Sublimation d’acide boracique par l'acide sulfu- rique concentré et chaud; précipitation pour ceux solubles, tels que le tinchal ou borax. Magnésie. Dans une gangue de chaux sulfatée anhydre, seul gisement connu jusqu'ici; solution dans l'acide sulfurique avec précipitation d'acide boracique. Silicéo-calcaire. Peu eonnu jusqu'ici. (Datolithe.) Carbonates. Effervescence, peu de dureté. Baryte. Tnsoluble dans l’acide concentré. Strontiane. Colorant la flamme. Chaux. Soluble dans l’acide concentré. Magnésie. Solution très-amère , trés-soluble dans l'acide suk- furique. SUBSTANCES MÉTALLIQUES. Métaux acidifiables. x. Arsenic. Toutesses mines sont volatiles en entier avec odeur d’ail très-énergique et fumée blanche. Natif. Sécable. Oxidé. Blanc. P4e Sulfuré. Rouge, poussière jaune. Dans Aucun résidu Sulfuré. Jaune. Arseniates. Chaux. Le résidu est de la chaux vive vitrifiée. Voyez cobalt, plomb, fer, nickel, £ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 435 Tungstène. Tungstates. Chaux. Colorant en bleu lacide sulfurique refroidi. Voyez fer. . Molybdène. Sulfuré,. Bouilli à siccité dans Pacide nitrique, bleuit l’acide sulfurique refroidi. Voyez plomb. . Chrôme. Voyez plomb et fer. Métaux cassans. * Toujours oxidés. 5. Titane. Solutions précipitées enrouge de sang par l'alcool gallique et les gallates. Il faut attaquer avant par l’acali fondu. Oxidé. Rouge, ——- avec chaux et silice. On peut précipiter d’abord par l'acide oxalique. —=—- avec fer qu’on peut précipiter par les prussiates, ou faire la dissolution dans l'acide nitrique concentré, 6. Urane. Solutions neutres précipitées en couleur chocolat par l'alcool gallique et les gallates. Oxidulé, Pesanteur considérable. Oxidé. Jaune. 7. Manganèse Colorant en violet les flux oxigénés et de pré- oxidé. férence le nitrate de potasse ; solutions non « précipitées par le carbonate de potasse saturé. ——- Sulfuré, odeur de soufre, chauffé seul. Voyez fer. * Rarement oxidés. Cobalt. Cassant, grenu, colorant les flux en beau bleu. Sulfuré. Odeur de soufre seulement au chalumeau. Arsenical. y Odeur d’arsenic avec diminution progressive Gris. } de fusibilité. Oxidé. Luisant par l’ongle et odeur arsenicale. Arseniaté. Rose, souvent aiguillé, rayonné. Odeur d'ail, Kkk 2 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CAIMIÉ Résidu redissous dans un acide précipité ef redissous en rouge dans l'ammoniaque. Sulfaté. Rose, odeur suilureuse , précipité et redissous À à 71208 par l’'ammoniaque. 9. Bismuth Cassant, volatil, lamelleux lorsqu'il ne contient natif, pas d’arsenic: vitrifié sur l'os calciné; accom- pagnant souvent les mines de cobalt et d’ar- geut;gangues scintillantes; soluble dans l'acide nitrique concentré, précipité par l’eau seule, et en noir par le sulfure d'ammoniaäque. Sulfuré. Odeur sulfureuse: plutôt volatil que réductible. Oxidé. Verdâtre: à la surface deses propres mines; solution mürialique non précipitée par l’eau. 10. Antimoine Cassant , volatil, lamelleux; oxide jaune ; fumée . natif. blanche, sans aucun résidu; oxidé sans solution par l'acide nitrique, précipité de lacide mu- riatique par l’eau, et en kermès par le sulfure À d'ammoniaque. Sulfuré. Coulant comme du suif dans le charbon; légère odeur sulfureuse; bouilli dans la potasseliquide, kermès par refroidissement. Oxidé. Précipité immédiatement et surtout de sa dis- solution muriatique, en kermès par le sulfure d'ammoniaque, ——- hydro-sulfuré, Cramoisi, volatil en entier au cha- Jumeau; poussière sombre. z1, Tellure. Voyez or. Métaux ducftiles. * Toujours oxidés. 12. Zinc. Soluble dans l'acide sulfurique foible, et le ni. trique concentré, non précipité par l’eau ; oxide blanc par les alcalis qui le redissolvent. Oxidé. Electrique par la chaleur. Sulfuré. {nfusible au chalumeau ; quelquefois phospho= rescent dans l'obscurité; souvent mélangé de plomb. Sulfaté. Précipité blanc par les carbonates alcalins ; re- dissous sans couleur par l’'ammoniaque. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 ” . . . . - 23. Etain. Solution dans l'acide muriatique; insoluble dans l'acide nitrique, même après la fusion rouge dans l’alcal. Oxidé. Pesanteur considérable , irréductible ; rayant quelquefois le verre. Sulfuré, Accompagné de cuivre que lon sépare par l'acide nitrique. * Quelquefois métalliques. « 14. Plomb Ductile, vitrifié sur Pos calciné et réductible sur natif. le charbon. Sulfuré. Décrépitant, uni quelquefois à l’arsenic, au cui- vre et à l'argent; celui-ci persiste sur los calciné. Carbonaté, Réductible avec effervescence , noirei par le sul- fure d'ammoniaque quelquefois mêlé de phos- phate, Phosphaté. Irréductible, cristallisant en polyèdre par refroi- f dissement. Muriaté. Très-fusible, volatil, réductible avec l’alcali carbonaté. Sulfaté. Réductible; non efferveséent avec les acides. Arseniaté. Odeur d'ail et réduction lorsqu'il est pur; mé: » langé avec le phosphate, il a l'odeur d’ail ef crisfallise en polyèdre sans réduction. Arsenité. Comme le précédent, qui s’en distingue quel- \ quefois par des rudimens de cristallisation. Molybdaté.Poussière blanche, bleuissent lacide sulfurique refroidi. Chrômaté. Poussière orangée; irréductible ; verdissant l’a-- cide muriatique chauffé. 1. Fer Attirable à l’aimant ainsi que tous ses oxidules natif. et toutes ses mines, lorsqu'on a pu les ramener à cet état sur le charbon; ses sels y reviennent souvent en ajoutant un flux alcalin ; solutions précipitées en noir par l'alcool gallique et les gallates, et en bleu par les prussiates. 438 JOURNAË DE PHYSIQUE, DE CHIMIK u * Chautlés, magnétiques. Oxidulé. Poussière grise ou noire, Oxidé. Poussière rouge ou brune, Sulfuré. Odeur de soufre, Voyez ox et argent, Arsenical. Odeur d’ail; ne colorant pas les flux en bleu, Prussiaté. Couleur bleue. Carbonaté. Effervescence avec les acides. Sulfaté. Précipité noir par l'ammoniaqgue qui ne le re: dissout pas. | Arseniaté. Odeur d'ail. ** Chauflés , non magnétiques. Phosphaté, Avec manganèse, irréductibleet phosphorescent.: Tungstaté. Irréductible; colorant l'acide sulfurique refroidi en bleu. Chrômaté. [rréductible; fondu avec le nitrate de potasse, la dissolution précipite le nitrate de plomb en orangé, et l'argent en cramoisi. 16. Nickel. Fréquemment mêlé d’arsenic, de cobalt etmém d'argent; non amalgamable ; oxides irrédu tibles au chalumeau ; colorant l'acide nitriqu : et sulfurique en beau vert, et l’'ammoniaque en bleu. Sulfuré et arsenical. Odeur d’ail et de soufre. Arseniaté, Verd. Odeur d’ail; résidu soluble en bleu dans l’'ammoniaque et son carbonate après lavoir repris par un acide, Sulfaté, Verd, non précipité par le fer redissous en bleu par l’'ammoniaque et son carbonate. 17. Cuivre Ductile et résistant sur los calciné; soluble en natif, bleu dans l’acide nitrique , sulfuriquè et l’am- moniaque purs; dissolutions précipitées par le fer, et le précipité est amalgamable, Oxidé, Rouge; poussière brune; réductible, Arsenifere. Odeur d'ail, À Sulfuré. Odeur de soufre très-fusible, et se désulfure dif. ficilement. Hépatique. Se réduit quelquefois; luisant par l’ongle; | sécableavec unidu verre; réduction facilitée par le fer, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 Jaune delaiton. Soluble dans l’acide sulfurique bouillant ; bleui par l’ammoniaque. Gris Antimonial.Vapeursblan- ches, abondantes, : Arsenical, Odeur d'ail fc entreçux SANS d e proportion et trés*énergique. ( AR Argentifère. Joy. argent. Rad ne Plombiféreméléavecl'an-| t°JOUrSde l'argent timonial. Carbonaté. Vert et Bleu ; effervescent et réductible. Arseniaté. Odeur d’ail et réductible. Phosphaté. Phosphorescent au chalumeau par lacide bo- racique. Muriaté. Dissous sans effervescence dans l'acide nitrique; précipite le nitrate d'argent. Sulfaté. Redissous en bleu par l’'ammoniaque. Sursaturé. Dissous dans l’acide muriatique; précipite le nitrate de baryte, Métaux réductibles par le calorique. 18. Mercure Fluide et volatil en entier sans résidu. natif, Sulfuré. Poussière vermillon et exaltée. Muriaté. Gris de perle; précipité jaune par la potasse li- quide. 19. Argent. Ductile, amalgamable et persistant sur los cal- ciné ; soluble dans l'acide nitrique, précipité par lPacide muriatique. Antimonial. Vapeurs et oxide jaune avec scintillation; lais- sant un bouton d’argent. Amalgamé. Dans les mines demercure; vapeurs, scintillation et bouton. Sulfuré métallique, Quelquefois ductile, toujours réduc- tible. =——- oxidé anfimonié, Poussière rouge-cramoisi sur le papier ; réductible avec vapeurs et quelque- fois scintillation. Les sulfures d’argent sont quelquefois mélésde sulfure de fer qui déguisent plus ou moins leurs propriétés, 449. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Carbonaté. Eflervescent et réductible. Muriaté, Mou, revivifié par le fer humide. 20, Or Ductile ; insoluble dans l’acide nitrique; amal- natif, gamable et persistant sur los calciné. Toutes ses mines peuvent, à l'exception du tellune aurifére, êtretraitées par l’'amalgamation et le lavage, Les pyritesauriféresappartiennent auxterrains primiufs. Telluré. Colorant l’acide sulfurique concentré en cra- moisi; odeur de raves au chalumeau, et bou- ton d’or. 21. Platine. Solution seulement dans l'acide nitro-muriatique | et précipité Jaune par le muriate d’ammonia- que. 22. Palladium. 23. Rhodium. . 24. Osmium. Trop peu connus jusqu'ici pour pouvoig 25. Iridium. leurassignerutilement quelques caractères. 26. Tantalium. 27. Ceriumn. . Quoique je sois loin, Monsieur, d'indiquer ici quelque chose de nouveau, vous devez voir que je suis aussi peu disposé à me borner exclusivement aux seuls caractères minéralogiques, et cela, parce que je les crois insuffisans. Il n’y*a aucun doute que si les substances étoient pures on ne dût s'arrêter à un seul carac- tère, car il est probable que dans ce cas ces substances seroient toujours cristallisées. Mais si elles sont mélangées, non-seulement la cristallisation my sera plus, mais encore la pesanteur spéci- fique; ce sera le caractère chimique qui sera le dernier en défaut, et si trois ou quatre substances .étoient mêlées dans un certain ordre, iline faudroit peut-être rien moins qu’une analyse exacte. Je ne vous présente donc ce travail que comme un foible essai de moyens entre beaucoup d’autres, les plus prompts et les plus faciles de ceux que j'ai pu éprouver. Il seroit à desirer que chacun y miît le même zèle chimique que moi, je ne doute pas'que parmi les hommes de talent qui s'occupent, ou pourroient S’occuper de cette science, il ne s’en trouvât qui nous donneroient des moyens plus expéditifs et pour le moins aussi exacts, Je me bornerai à en faire le souhait et à yous prier d’excuser l'espèce de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 44t de vague qui se trouve dans cet écrit. Si vous accueillez mes idées avec quelqu’indulgence, je m’enbardirai à vous faire part de ce que je pourrai rencontrer dans les divers moyens chimiques, de plus directement applicable aux essais minéralogiques: Je suis bien convaincu que l’on découvrira parmi les combinaisons métalliques, des unions qu’à peine on se permettroit de soup- conner. Ainsi nous ne connoissous ni borates, ni fluates métal- liques, et cependant il doit en exister. Il est certain aussi que D on découvrira de substances, et plus il faudra multiplier es moyens de reconnoissance. Lorsque la Minéralogie se bornoit à l'étude de quelques corps, quelques instrumens suffisoient: mais en s’enrichissant de nouvelles découvertes et de nouveaux moyens, il a fallu se charger de nouveaux outils. Il est encore une chose difficile, suivant moi, dans la connoïssance des minéraux, c’est celle des corps mélangés. Les minéralogistes, la plupart du temps, s’en inquiètent peu ; ils vous diront qu'ils: n'admettent point d'argile comme espèce, et ce mélange, tout intéressant qu’il soit pour la société, ne sauroit attirer un seul de leurs regards. Avec quelle complaisance, en revanche, regarderont-ils un cristal d’eu- clase ou de dioptase, dont il n'existe peut-être pas une livre en totalité dans les cabinets de l'Europe. Mais je sens que pour un homme qui a tant besoin d’indulgence, il seroit déplacé de fronder quelques opinions qui déparent de beaux travaux, et J'espère que le temps et les circonstances feront plus que tous les raisonnemens anticipés sur les découvertes qui doivent amener dans la science ces heureux changemens. Travaillons sans relâche et tâchons de concourir pour notre part à une si glorieuse entreprise. Tome LXXIII. DÉCEMBRE an 1011. Li] 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EXTRAIT DUNE LETTRE DE M. BUCHOLZ À M. SCHWEIGGER; SUR LA FERMENTATION DU SUCRE DE LAIT (1); Communiqué par M. le Docteur RUHLAND, de Munich. Vous avez fixé monattentionsurun Mémoire de MM. Bouillon: Lagrange et Vogel, concernant le sucre de lait ,imprimé Journal de Physique de Delamétherie, Cahier de mars. Ces chimistes ont dit que j’avois annoncé dans le Traité de ‘Chimie de Gren, que le sucre de lait passoit par les fermentations vineuse et acéteuse, et qu'ils n’avoient pu confirmer ce fait par eur travail. Mon opinion n’étoit cependant pas fondée sur mes propres expériences, elle reposoit sur l'autorité de Trommsdorff qui avoit annoncé ce résultat d’une manière positive dans le cinquième volume de la deuxième-édition de son Système de Chimie. D'autre part, j'ai été entraîné par cette ancienne opinion, que le lait fermenté ne donne plus de sucre de lait. Si je n'ai pas parlé, à cette époque, des expériences de MM. Fourcroy et Vauquelin sur la non-fermentation du sucre de lait, c’est que je me proposois d'attendre encore des recherches ultérieures sur set objet. Je dois même avouer que les nouvelles expériences de MM. Bouillon-Lagrange et Vogel sur l'impossibilité de faire fermenter le sucre de lait, m'ont d’abord paru douteuses; j'ai QG) Voyez Journal de Chimie de Schweigger , tome NH, Cahier 3 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 donc fait de nouvelles recherches que j'ai le plaisir de vous com- muniquer, ainsi que les résultats qui parlent en faveur de opinion de ces chimistes. J'ai agité une dissolution de 2 onces de sucre de lait, faite dans 30 onces d’eau avec 3 cuillerées de levure de bierre, le tout renfermé dans un flacon à bouchon percé et conservé dans un endroit où la température étoit entre 20 et 24° Réaum. La levure se déposa en grande partie, et pendant les deux premiers jours il se dégagea des bulles de gaz en petite quantité qui remplis- soient l’espace supérieur du flacon. Au bout de 10 jours, je n’apperçus plus aucun mouvement. J’ai introduit la liqueur dans une cornue tubulée, et j'en ai distillé 2 onces de liquide en frac- tionnant par demi-once. Les quatre produits avoient une saveur foiblement aigre et nullement alcoolique. Etant saturés par la potasse, j'obtins par l’évaporation, de l’acétate de potasse. Le résidu dans la cornue étoïit foiblement douceâtre et un peu aigrelet. Deux onces de sucre de lait dissoutes dans 16 onces d’eau bouillante et mêlées d’une demi-once de levure purifiée, n’a pas subi la fermentation alcoolique sans le contact de l'air, ni avec le contact de l'air. Ces résultats paroissent eonfirmer les expériences des chimistes nommés ci-dessus, savoir, gue le sucre de lait n’est pas ca- pable de subir la fermentation alcoolique. La petite quantité de gaz qui se produit au commencement de l'expérience, provient sans doute d’un principe fermentatif ui adhère à la levure ou bien au sucre de lait. Il faudroit encore éterminer par l'expérience, ce me semble, si le sucre de lait dans des circonstances favorables, ne pourroit être entraîné à la fermentation par d’autres fermens et agir de concert ayec eux. LIl 2 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE AN ACCOUNT OF À NEW GAZ, src. NOTICE SUR ÜN GAZ NOUVEAU; ET RÉPONSE AUX DERNIÈRES OBSERVATIONS DE M. MURRAF SUR LE GAZ OXI-MURIATIQUE ; Par M. Joan DAVY. (Journal de NICHOLSON, septembre 1811.) EXTRAIT DE LA BIBLIOTHÈQUE BRITANNIQUE. A M. NICHOLSON. Londres, g août 1817: MoNsIiEUR, IL ÿ a environ six mois que M. Murray attaqua la théorie de M. Davy sur le gaz oxi-muriatique , et qu’il essaya de revenir à l’ancienne hypothèse, dans laquelle on considère ce gaz comme un composé d’oxigène et d’une base inconnue, qu’on appelle acide muriatique; et le gaz acide muriatique ordinaire, comme un composé de cette même base et de l’eau. Indépendamment du raisonnement, ce chimiste chercha à s’ap- puyer d'expériences faites dans le but d’éclaircir cette question. Il essaya d’abord de découvrir l’oxigène dans le gaz oxi-muria- tique en étudiant l'action de cette substance sur le gaz oxide de carbone. Il conclut de ses tentatives que ces deux gaz ne se modifioient point réciproquement lorsqu'on les exposoit mélés ensemble et bien desséchés, à l'influence de la lumière. Il essaya ensuite de prouver que l'addition de l'hydrogène au mélange ET D'HISTOIRE NATURELLE, 44d faisoit naître une action, et qu’il en résultoit formation du gaz acide carbonique. Enfin il chercha à montrer que le gaz oxi- muriatique employé en quantité suflisante peut fournir l’oxigène au soufre dans le gaz hydrogène sulfuré, et le convertir en acide sulfureux et même sulfurique. Pour expliquer ces changemens attribués à la présence de l'hydrogène, M. Murray fut forcé d'imaginer (en opposition à tout ce que lui indiquoit l'expérience) que la composition du gaz CAE muriatique est comme indéfinie; et que sa base inconnue se combine avec l’eau dans diverses proportions, en conservant néanmoins l’apparence et l’état gazeux du gaz acide muriatique ordinaire, qui a été jusqu’à présent l’objet unique de l'expérience. | * Je vais faire succéder à cet exposé rapide de la manière dont M. Murray défend l’ancienne hypothèse, les faits que j'ai essayé de lui opposer. J’ai établi d’abord que l’action du gaz oxi-muriatique sec sur l'hydrogène sulfuré , également desséché, ne produisoit que le gaz acide muriatique et la liqueur sulfurée du docteur Thomson; etquel’acide sulfurique n’avoit paru dansl’expérience de M. Murray que parce que l’eau n’avoit pas été exclue. Ensuite, mon frère, M. H. Davy, découvrit l’existence d’un gaz nouveau, produit de la même manière que celui employé par M. Murray dans ses premières expériences, dans lesquelles il dit avoir obtenu l’acide carbonique; ce gaz avoit, dit-il, la propriété de convertir l’oxide de carbone en acide carbonique, parce qu’il étoit composé de gaz oxi-muriatique et d’oxigène. Enfin il me parut qu’en ayant tout égard à la difficulté d’ex- clure entièrement l'humidité , le gaz oxi-muriatique pur ne peut Sr convertir l’oxide de carbone en acide carborfique lorsqu'on ’enflamme avec un mélange de ce gaz oxide et d'hydrogène. Ainsi, lorsqu'on soumit dix mesures de gaz oxide de carbone à l’action du gaz oxi-muriatique, mélé avec l'hydrogène et en- flammée par l’étincelle électrique , il ne disparut que deux mesures dans le mélange, et il resta huit mesures d’oxide de carbone pur; résultat très-satisfaisant si l’on considère la petite quantité des gaz sur lesquels on opéroit et dont le volume total n’ex- cédoit pas un demi-pouce cube ; et si on se rappelle aussi qu’un demi-grain d’eau contient assez d’oxigène pour convertir envirog quatre pouces cubes d’oxide carbone en acide carbonique. 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE M. Murray pense autrement. Il considère dans son dernier écrit, la disparition de deux mesures d’oxide de carbone comme une démonstration que le gaz oxi-muriatique est un composé d’une base inconnue, et d’oxigène, Dans ce Mémoire, publié dans votre Recueil en juin dernier (1), il a redonné le détail de son expérience sur les gaz mêlés, en employant le gaz oxi:muria- tique pur. Il est arrivé à cette conclusion, savoir, que la pro- Aueter de l’acide carbonique dans cette expérience est mige hors e doute. Je vais raconter comment il a conduit cette expérience, et exposer les preuves qu’il croit avoir obtenues, de la production de l’acide carbonique. Il exposa à la lumière un mélange d’un volume donné du gaz oxide de carbone de la même quantité de gaz hydrogène , et d’une quantité double de gaz oxi-muriatique. Au bout de trente- six heures il ajouta du. gaz ammoniaque pour complèter la sa- turation; et, trouvant que la plus grande partie de l’oxide de carbone avoit disparu , et que l’un des sels ammoniacaux qui s’étoient formés avec_la propriété de. faire effervescence avec l'acide nitrique étendu , il se hâta d'en tirer cette conclusion qu'on vient d'énoncer, savoir, « que la production de l’acide carbonique dans cette expérience étoit décidément établie, sans qu'on pût conserver à cet égard le moindre doute. » Or je puis actuellement: annoncer l'existence d’un gaz acide nouveau qui opéroit dans l'expérience de M. Murray, sans qu’il s'en apperçcût, et qui occasionnoit les phénomènes que ce chi- miste attribuoit mal-à-propos à la formation du gaz acide car- bonique. J'avois répété son expérience de l'exposition d’un mélange des trois gaz à l’action de la lumière; je n’avois découvert aucune trace de la présence de l’oxide de carbone après l’addition, de l’ammoniaque ; et observant, comme il l’a remarquée, l’efferves- cence du sel amoniacalsainsi formé, avec l’acide nitrique, je fus conduit à répéter aussi son expérience de l'exposition d’un mélange d'oxide de carbone et de gaz oxi-muriatique à la lu- mière, sans hydrogène. J’obtins dans ce casle même résultat, c’est-à-dire, une condensation totale par l’ammoniaque, sans la plus légère trace d’oxide de carbone. ing ls et nn SE gr notée pi hdi gt (5) Nous ne l’avons pas encore reçu. (R.) = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 L'action réelle du gaz oxi-muriatique sur l’oxide de carbone étant ainsi mise en évidence (contre l’assertion de M. Murray), je cherchai à examiner plus particulièrement la nature du gaz résultant de cette combinaison. M. Brande fut témoin de wes expériences. Nous vimes que, mêlé à l’air commun, ce gaz n’en troubloit oint la transparence ; qu'il avoit une odeur suffocante et into- érable ; qu’il étoit sans couleur, sans action sur le mercure, et que l’eau l’absorboit très-lentement. Nous en conclûmes d'abord, que c’étoit là un composé particulier et nouveau d’oxide de carbone et de gaz oxi-muriatique; et cette conclusion a été com- plètement He Ter dans un examen plus approfondi. Je me propose d'offrir incessamment à la Société Royale le détail de mes expériences. Je me borne aujourd’hui à indiquer les propriétés les plus caractéristiques de ce composé nouveau. Ce gaz est produit en deux ou trois minutes lorsqu'on expose dans un tube sur le mercure sec, un mélange de volumes égaux des gaz oxide de carbone et oxi - muriatique, à la lumière du soleil, et même à celle du jour. La condensation qui a lieu dans la combinaison de ces deux fluides élastiques réduit leur volume précisément à la moitié; ensorte que ce nouveau gaz est le plus dense de tous, à l’exception du gaz acide fluorique. Son caractère acide est très-prononcé. Il rougit le tournesol et se combine avec lammoniaque. Sa force saturante est si grande, qu’il condense jusqu’à quatre fois son propre volume de gaz ammoniac, et #orme un sel parfaitement neutre, déliquescent, et pourtant très- soluble dans l’eau. Son attraction pour l’'ammoniaque sec esf tellement. forte, qu’il décompose le carbonate d’ammoniaque, et que l'acide acétique ne peut lui enlever cette base alcaline. Ce qui a trompé M. Murray, c’est la décomposition de ce sel ammoniacal avec effervescence par l’acide nitrique étendu. L'eau, dans ce cas, est décomposée; son hydrogène est saisi par l’acide oxi-muriatique pour former l'acide muriatique; et son oxigène par l’oxide de carbone, pour produire l’acide carbonique qui se dégage. Ceci paroîtra évident si l’on considère que ce gaz nouveau pe Senflamme point par l’étincelle électrique lorsqu'on le mêle à loxigène, ou à l'hydrogène séparément ; mais qu’il détone avec violence dansun mélange déjà fait d’oxigène et d'hydrogène dans les proportions convenables, et qu’il donne alors, du gaz acide muriatique, du gaz acide carbonique, et rien de plus, 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'action de divers métaux et de leurs oxides sur ce gaz prouve encore qu'il est un composé de volumes égaux d’oxide de car- bone et de gaz oxi-muriatique condensés jusqu’à la moitié de leur volume. Ainsi l’étain, le zine, et l’antimoine, chauffés res- pectivement dans ce gaz renfermé sur le mercure, dans de petits tubes de verre, le décomposent rapidement ; dans tous ces cas on voit paroître une quantité de $az oxide de carbone exactement égale en volume au gaz décomposé, et on trouve un composé du métal employé et de gaz oxi-muriatique, composé exactement semblable à celui qu’on obtient de la combustion du même métal. dans le gaz oxi-muriatique pur. La même décomposition s'obtient par les oxides de zinc et d’antimoine : avec le premier, on a du gaz acide carbonique, et un composé de zinc et de gaz oxi-muriatique ; mais avec le dernier, lorsqu'on emploie le protoxide fusible, on obtient du beurre d’antimoine; il se dégage du gaz acide carbonique, et il se forme un pérexide infusible; ce qui achève de prouver, s’il le falloit, que dans le cas précédent la formation de l'acide carbonique étoit due à la décomposition de l’oxide zinc et non à celle du gaz oxi-muriatique, Je viens d'exposer quelques-unes des circonstances principales qui accompagnent la formation de ce nouveau gaz, qui, puisqu'il rougit le tournesol et décompose les sels ammoniacaux, doit être considéré comme un acide particulier composé de deux principes acidifians, unis à une seule base inflammable. Je présume que, d’après ces faits, M. Murray n’affirmera plus que « la production de l'acide carbonique dans son expérience n'est pas susceptible d’un doute, » et je crois qu’il admettra que, ce qu'ila considéré comme de l’acide carbonique, n’étoit autre chose que le nouveau gaz qui vient d’être décrit. Il aura peut- être regret d’avoir ditque « si MM. Davy n’ont pas obtenu lacide carbonique dans leurs expériences, c’est parce qu’ils ne l'ont pas cherché avec assez de soin, ou qu'ils ne se sont pas assez tenus en garde contre les sources d’équivoque ou d’erreur dans leurs résultats. » La préoccupation qui lui fait considérer ce nouveau gaz comme de l'acide carbonique, est un exemple du grave in- convénient qui résulte d’un attachement trop prononcé à une hypothèse quelconque; Bacon a dit avec beaucoup de justesse : « Quod mavult homo esse verum id facilè credit. » J’ai remarqué dans un écrit précédent, qu'il ne paroïssoit pas d'acide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 d'acide carbonique lorsqu'on brüloit ensemble par l’étincelle élec- trique un mélange d'hydrogène carburé sec et de gaz oxi-mu- riatique, J’attribuois cette absence de l'acide carbonique à la précipitation du carbone en nature. J’ai essayé de la même ma- nière, le gaz oléfiant et l'hydrogène carburé provenant de la décomposition de l’acétate de potasse par la chaleur. M. Murray dit avoir répété cette expérience, qui, ajouta-t-il, m'a également induit en erreur. M. Murray a employé le gaz dégagé du charbon humecté et chauflé au rouge. On a lieu de s'étonner qu’il ignore que le docteur Henri a trouvé que ce gaz étoit un HElanbe d’hy- drogène carburé et d’oxide de carbone; et qu'on pouvoit s’af- tendre à obtenir de l’acide carbonique en faisant passer à plusieurs reprises, au travers de l’eau de chaux, un mélange de ce gaz et du gaz oxi-muriatique, ainsi us l'a montré par expérience; résultat qu'on obtient toujours lorsqu'on traite ainsi le mélange du pur oxide carbonique avec le gaz oxi-muriatique. J’invite enfin M. Murray à nous désigner respectivement , mon frère et moi, par nos noms de baptême. En citant les expériences et les opinions qui nous sont propres, il attribue souvent à lun de nous ce qui appartient à l’autre; et pourtant chacun de nous n’est responsable que des opinions ou des expériences qui lui sont particulières. Je suis, etc. Joux DAVY. Tome ZXXIII. DÉCEMBRE an 1811. Mmm 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SUR LA FIGURE DES COMÉTES, Par M. BÉNEDICT PREVOST, Membre ou Correspondant de plusieurs Sociétés savantes de Paris et des Départemens, Professeur de Philosophie près la Faculté de Montauban; Lu par M. le Professeur GASE, le 4 novembre, lors de la rentrée de cette Faculté. JE ne me propose pas ici, dans l'intention de le combattre, ce qu’on a dit anciennement sur les comètes. Autrefois elles passoient pour être les précurseurs de la guerre et de mille autres fléaux. Elles n’inspirent plus aujourd’hui aucune crainte sérieuse, pas même au peuple. Les Calixtes de nos jours se couvriroient de ridicule, s'ils s’avisoient, comme celui du quinzième siècle, de conjurer ou nos comètes, ou nos ennemis. Le flambeau des sciences physiques, dont la lumière devient tous les jours plus vive, et qui depuis long-temps luit dans les palais des rois, porte du moins quelques foibles lueurs jusque dans la plus humble cabane. Le laboureur a diligemment profité, our ses semailles, des restes de la belle saison, sans s'inquiéter eaucoup de la comète qui n’excite que foiblement sa curiosité. ee + plausible, à mon sens, de ce que l’on appelle leur gueue, ou leur chevelure. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4ÿr Cette apparence qui rend ces astres si remarquables , ne me paroît pas avoir été encore complètement expliquée. Si je ne me trompe, ce qu’en dit l’illustre Laplace dans l'Exposition du Système du Monde, ne le satisfait pas trop lui-même. On voit bien qu’il ne s’est pas occupé de ce phénomène comme de tant d’autres, dont il étoit bien plus diflicile de se rendre raison, et sur lesquels il n’a rien laissé à desirer. Selon lui, « Ja nébulosité dont les comètes sont presque toujours environnées, paroît être formée des vapeurs que la chaleur » solaire élève de leur surface. ...., et les queues des comètes » ne sont que ces vapeurs élevées à de très-grandes hauteurs, » par cette raréfaction, peut-étre combinée avec l'impulsion des » rayons solaires, » L’explication de M. Biot qu’on a pu lire dans le Courier de l’Europe du 30 septembre, est à peu près la même. « Les co- » mètes qui passent très-près du soleil en sont en quelque sorte » incendiées. C’est, dit-il, la vapeur de cet incendie qui forme » leur queue. Vous auriez quelqu’idée de sa lumière, si vous » aviez vu s'élever un aréostat pendant que le soleil luit. Or- » dinairement l’aréonaute, déjà parvenu à une certaine hauteur, » et voulant s’elever encore, se débarrasse d’uné partie de som » lest. Ce sont de petits sacs de sable fin qu’il vide. Ce sable ea » tombant, forme pendant quelque temps un ruban lumineux, » parce qu'il réfléchit la lumière du soleil. Il en est de même de » la vapeur qui forme la queue d’une comète. » J’adopterois volontiers le fond de cette explication pour les comètes qui passent très-près du soleil. On concoit, si elles sont combustibles, qu’elles peuvent en être incendiées, et que les va- peurs de cet incendie se présentent à nous sous l'apparence d’une auréole ou d’une couronne lumineuse, Mais comment se forme-t-il une queue? Pourquoi de touta cette atmosphère embrasée, n’y a-t-il qu’une petite partie visible, et pourquoi cette partie visible est-elle toujours opposée au soleil? M. Laplace répond que cela provient peut-être de l'impulsion des rayons solaires; mais il n’y a aucun exemple d’un tel effet de cette impulsion. Macquer observa, à la vérité, qu'un globule d'or fondu au foyer d'une grande lentille, tournoit rapidement sur lui-même, et que lorsqu'il portoit ce foyer sur un petit ta de quelque poudre légère, elle étoit à l'instant éparpillée. I attribuoit cet effet à l'impulsion de la lumière. J'ai moi-même M m m 2 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE observé que lorqu’on dirige ainsi, mème au travers d'une glacé épaisse, un faisceau de lumière concentrée sur un disque mé- tallique flottant sur l’eau, il s'éloigne à l'instant. Mais ce qui prouve sans réplique que ce n’est pas immédiatement que la lu- miére agit ainsi, c’est que lemouvement du disque se fait toujours du même côté, quelle que soit la direction du rayon. Il reste donc toujours à expliquer pourquoi l'atmosphère va- poreuse se présente quelquefois sous la forme d'une queue op- posée au soleil, et pourquoi la comète qui nous apparoît actuel- lement, dont la distance périhélie est à très-peu près la même que celle de la terre, qui par conséquent ne s’est pas à beaucoup prés approchée du soleil autant que Mercure, et qui probablement n’a pas été incendiée, a néanmoins une queue, fort étendue. Ces phénomènes me paroissent dépendre de ce que les comètes à lougues queues ont une atmosphère immense qui tient en dis: solution ou en suspension quelque liquide volatil. Essayons d’en rendre raison dans cette hypothèse qui ne pré- sente rien de fort extraordinaire. Que dis-je! ce n’est point ‘une hypothèse ; c’est une conséquence immédiate d’une partie des faits observés, et dont nous allons voir que les autres découlent comme d'une source naturelle. En effet, l’immensité de l'atmosphère est prouvée par celle de la queue. Elle est d’ailleurs une suite né- cessaire de l’exiguité bien reconnue de la masse des comètes. Substituons, par exemple, à la terre un volume d’air d’une densité égale à celle des couches de ce fluide qui reposent au- jourd'hui sur l'Océan. La masse de cet air, environ 235 fois plus grande que celle de toute l'atmosphère actuelle, ne sera cependant que la 45o0€ partie de la masse de la terre. P’attrac- tion du centre élant ainsi 4boo fois moindre, elle se dilatera excessivement , et pourra, comme la queue des comètes, s’etendre à plusieurs millions de lieues, sans qu'il soit besoin pour cela de les approcher du soleil. Mais cette masse d'air sera globuleuse, composée de couches concentriques homogenes, chacune également diaphane dans toute son étendue. On ne voit encore là aucune queue; on n’y voit pas même de comète, on n'y voit rien. C'est quelque chose néanmoins d’avoir établi dans l’espace, loin du soleil, avec des matériaux de notre connoissance, le volumineux édifice de cette queue qui, pour si légère qu’on la suppose, a besoin d’être soutenue. En eflet, c’est toujours un ET D'HISTOIRE NATURELLE. 458 €orps, où un amas de plusieurs corps, puisqu'elle lance ou réfléchit de la lumière , ce qui n’a jamais lieu sans l'intervention de quel- que substance matérielle. Maintenant , que l'air de la comète tienne, comme le nôtre, une certaine quantité d’eau dissoute ou suspendue, qu'il en en soit saturé ; s’il est également échauffé de toutes parts, et si la chaleur est suflisante pour que la dissolution soit parfaite , il n’y auraencore rien de visible. Mais si, par une cause quelconque, certaines régions de ce globe fluide viennent à se refroidir, il s’y formera aussitôt des nuages; si toute la masse aérienrie se refroidit à la fois, elle cessera d’être en entier diaphane. Elle se présentera de loin à nos yeux comme une tache blanchâtre, une nébulosité arrondie plus ou moins étendue, à travers laquelle on verra les étoiles, comme nous les voyons au-delà de notre at- mosphère lors mème que le cieln’est pas absolument serein. Mais, dans un globe de plusieurs millions de lieues de dia- mètre, quelque perméabilité qu’on lui suppose, les parties les plus éloignées du soleil ne seront pas pénétrées d’une aussi grande quantité de lumière, ni conséquemment, à en juger par ce qui se passe sur la terre, aussi échauflées que les plus voisines. D'abord, à cause de l'éloignement même, et parce que plus la lumière aura de fluide à traverser pour arriver des parties anté- rieuresaux postérieures, moins il en demeurera pour ces dernières. Ainsi , au lever et au coucher du soleil, ses rayons sont con- sidérablement afloiblis , auprès de ceux qu’il nous envoie du zénith ou du méridien, lorsqu'il est arrivé au plus baut de sa course, parce que dans le premier cas ils traversent une couche d’air incomparablement plus profonde avant de parvenir jusqu’à nous, La partie postérieure du globe, la partie opposée au soleil, est donc celle où il doit se former le plus de rayons visibles ou de nuages. Ces nuages réfléchissant pendant l’obscurité d'une belle nuit quelques uns des pos qu'ils recoivent du soleil, nous paroissent lumineux ou phosphorescens; qu'est-ce autre chose que des vapeurs ou quelques légers nuages qui, le matin, jonchent la route du soleil des roses enflammées de laurore, ou embrasent l'horizon un peu après le coucher de cet astre, Ceux de mes auditeurs que cette discussion intéresse, m’objec- teront, sansdoute , qu'il mereste encore à rendreraisonde la partie du phénomène qui présente le plus de difficultés; l’excessive lon- 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gueur de la chevelure de certaines comètes. Et il faut avouer qu'au premier abord, mon explication cadre bien plus naturel- lement avec l'apparition d’une queue très-large. Ce qui me reste à dire est assez diflicile à rendre sans l'appareil d’une démons- tration scientifique qui seroit ici tout-à-fait déplacée. Je ne me permettrai qu'une définition, j’appellerai axe la ligne droite qui joint le centre du soleil et celui du globe d'air. La plupart des rayons lui parvenant à peu près parallèlement à cet axe, il est clair que le long de cette ligne et aux environs, la lumière in- : terceptée par les parties antérieures, n’arive au côté opposé qu'après avoir subi une diminution d’autant plus grande, que l'épaisseur qu’elle a eue à parcourir est plus A et qu'elle doit avoir rencontré vers le centre du globe un air plus condensé, Il n’en est pas de même de la lumière qui traverse le globe dans le voisinage de la circonférence de son équateur. Son trajet est d’autant plus court qu’elle passe plus près de cette circon- férence. Il y a par conséquent pee ces régions moins de lumière interceptée. En avant, toute l'épaisseur y est réchauffée de part en part, et il ne s’y forme pas de nuages; car de quelque manière qu'on explique la génération de la chaleur par la lumière, c’est, toutes choses égales , dans l'air où il arrive le plus de lumière qu'il y a plus de chaleur produite; et c’est dans les parties les moins chaudes d’un air saturé d'humidité qu’il se forme plus de vapeurs visibles. Ce sera donc, en général, le Fa de l’axe postérieurement qu’il ÿ en aura davantage. La masse de ces va- eurs, ou la queue de la comète, aura donc une forme alongée. Elles ne réfléchiront, à la vérité, qu’une lumière bien foible; mais , à la faveur de nos nuits, il n’en faut pas davantage pour les faire paroître fort brillantes. Ainsi , par un jour beau, le disque lunaire , ou son croissant, ne se montre au ciel que comme un petit nuage, une nébulosité à laquelle on ne fait presqu’aucune attention; mais bientôt devenu le flambeau des nuits, 1l paroît tout resplendissant de lumière. Ainsi l’insecte phosphorique qu’on foule aux pieds le jour sans l’appercevoir, brille la nuit de l'éclat le plus vif au milieu de la touffe d'herbe où il établit son do- micile. Une autre cause qui se joint à celle dont nous venons d'apprécier les effets pour donner à la queue des comètes une forme alongée, c’est l'attraction du soleil. Les marées de cette atmosphère doivent être proportionnées en quelque sorte, à son immense profondeur. Elle doit donc prendre une forme ovale ou alongée dans le sens de la queue, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 La matière de cette atmosphère est d'autant plus rare qu’elle est plus loin du centre: les nuages les plus éloignés doivent donc, pour s'y soutenir, être aussi excessivement légers; ils se dilateront à leur aise et se répandront sans obstacle dans le vaste espace qu’ils occupent. Au contraire, ceux qui se trouvent proches du centre, sont contraints dese rassembler ; de là la forme conique ou évasée de la queue, cette figure d'éventail à demi fermée, arrondie, assez bien terminée par le bas et se perdant insensible- ment du côté opposé dans le vague de l’espace. Le plus difficile est d'expliquer pourquoi les comètesse montrent quelquefois accompagnées d’une longue queue brillante, élargie vers l'extrémité opposée au noyau, et pourquoi cetie queue est toujours opposée au soleil, Je l'ai fait avec quelques détails. 11 le falloit pour être entendu, même des personnes qui ne sont pas tout-à-fait étrangères aux sciences physiques. Je vais passer rapidement sur les autres particularités que l'observation des co- mètes a fait connoître. En partant des principes que j'ai établis, on comprendra aisé- ment que la comète peut avoir un noyau, opaque ou transparent, blanc ou coloré. Celle qui nous a servi d’emblême , et que nous avons supposée faite d’un air semblable à celui de notre atmos- phère, auroit probablement un noyau bleu; telle est la couleur de ce que nous appelons le ciel, et qui n’est autre chose que celle de l’air. Un mouvement de rotation; la différence de vîtesse autour du soleil, entre les molécules les plus proches et les pius éloignées de son centre, peut donner à a queue une légère courbure. Si la comète se trouve entre le soleil et nous, nous ne verrons que la base de la queue sous la figure d’une auréole ou d’une couronne. La chevelure de la comète d’aujourd'hui a paru divisée en plusieurs tresses, touffes ou flocons ; rien de plus aisé à com= prendre, puisque cette chevelure n’est qu’un amas de nuages, La queue pourra paroître se détacher du corps de la comète, le rejoindre et s’en détacher de nouveau, etc. Enfin l'observation de Pingré qui crut voir osciller la queue d’une comète et les étoiles paroître alternativement à nu ou au traversde cette queue, peutavoir été l’effet de la disparition et de la réapparition subite de quel- ques grands volumes de nuages. Un observateur attentif verra aussi parfois les nuages de notre atmosphère disparoître rapi- dement et se reproduire un instant après. 456 JOURNAL DE PH#SIQUE, DE CHIMIE Une comète perceptible peut se trouver assez loin du soleil pour que son atmosphère en soit partout à peu près également échaullée; ou, si l’on veut, pour que le même degré de froid règne dans toute l'étendue de chaque couche. Les vapeurs visibles y seront alors réparties également. Elle ne nous paroîtra que comme une nébulosité arrondie; non-seulement nous ne lui verrons pas de queue, elle n’en aura point. Tel étoit, sans doute, le cas de la nouvelle comète au mois de mars, lorsque M. Flau- gergues la découvrit. Enfin nos comètes peuvent avoir une très-petite masse avec ün énorme volume, et il n’est pas besoin de les approcher si fort du soleil, ou de les incendier pour leur procurer une bril- lante et longue chevelure. Mais aussi, il n’est pas impossible que cela arrive à des comètes d’un autre genre, dont le noyau, comme le pense Herschell, peut alors briller par lui-même d’une lumière, à la vérité toujours empruntée, mais non réfléchie du soleil, comme un caillou rougi lance vraisemblablement la lumière du foyer où on l’a échauflé. J'ai tâché de me faire entendre, même des personnes qui ne sont pas très-versées dans les sciences physiques. Quant à celles qui n'en ont absolument aucune idée, la chose n’étoit guère pos sible....ss...sse...se..s. Jusqu'ici, je n'ai employé dans Iæ construction des comètes que de l'eau et de l’air atmosphérique, afin de mieux montrer qu'il n’est nul besoin, pour rendre ex- plicables les phénomènes qu’elles présentent, d’avoir recours à des substances douées de qualités particulières ; mais bien d’autres matériaux peuvent entrer dans leur composition. La comète peut n'avoir point de noyau, ou n’en avoir qu'un très-petit, Ce noyau peut être gazeux, liquide ou solide. Seulement, pour qu’il ÿ ait une queue, il faut une atmosphère d’un diamètre au moins double de sa longueur sursaturée de quelque liquide volatil. Le reste est arbitraire. Si je ne me trompe pas dans mes conjectures, la lumière des étoiles qui nous parvient au travers des parties de l’espace voisin du noyau des comètes, peut éprouver quelque légère réfraction. C’est une chose à voir; mais Fe même qu’il ne seroit pas pos- sible avec les meilleurs instrumens d’y en découvrir aucune, on ne seroit pas en droit d’en conclure que je suis dans l'erreur ; car l'extrême rareté des atmosphères des comètes peut être telle que cette réfraction soit absolument insensible. 1 Je ne presserai pas davantage les conséquences des faits sur lesquels ET D'HISTOIRE NATUREL 7 Jesquels je me suis appuyé. J’observerai seulement qu'il peut y avoir des comètes invisibles, et qu’il est vraisemblable que toutes cèdent au soleil ou aux planètes près desquelles elles passent, une partie de leur substance. Gelle de 1680, qui s’approcha de cet astre 166 fois plus que la terre, et 65 fois plus que Mercure, dut, malgré la rapidité de sa course périhélie, éprouver une diminu- tion considérable de la masse de son atmosphère: On peut donc raisonnablement supposer que la perte de substance que fait le soleil par l'émission de sa lumière, est compensée par celle des comètes , et quoiqu'il ne soit pas probable que le corps des comètes se précipite jamais sur le soleil, ainsi que l’avoit imaginé Buflon. Voltaire a eu raison de dire: | Jomètes que l’on craint à l’égal du tonnerre, Cessez d’épouvanter les peuples de la terre. Dans une ellipse immense achevez votre cours; Remontez, descendez près de l’astre des jours; Lancez vos feux, volez, et revenant sans cesse, Des mondes épuisés ranimez la vieillesse, Tome LZXXIII. DÉCEMBRE an 181r. Nan G 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LETTRE DE M. FLAUGERGUE À J.-C. DELAMÉTHERIE; SUR LA PÉRIODE DE ro DE LA COMÈTE, QU'ON VOIT ACTUELLEMENT. CETTE conjeclure est de plus confirmée par l'apparition d'une comète dans le signe de la Vierge, précisément 510 ans avant l’annéer3orouen 791 suivant Eckstormius, Lubienietz, Zahn, etc. et par l'apparition d’une comète 5ro ans avant cette dernière époque, au mois de décembre 28r, observée en Chine dans la constellation du Lion, suivant le témoignage de Ma-tuon-lin, cité par M. Pingré (Cométographie, tome I, page 594). Ces comètes de 28r, 791, 13or et 18rr qui paroissent à des inter- valles égaux de 5ro ans, et dont on peut expliquer les diverses apparences, en supposant les mêmes élémens et la même orbite, ne peuvent être que des apparitions successives de la même comète. On trouve encore en remontant, toujours de 5ro ans en 5ro ans, l'apparition d’une comète grande comme la moitié de la lune, observée en Chine la seizième année du règne de l’empereur Chun successeur d'Fao , qui monta sur le trône, l'an 2264 avant l'ère vulgaire. L'apparition de cette comète auroit eu lieu, par con- séquent, l'an 2269, et paroît ainsi avoir été la huitième apparition sn remontant de la comète actuelle, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 45g * SERCRSIR CRC PERRET ETS ENST MENT REC EUETR ALPUT A PAE GE MEIPIMEE FT ESRI SIEN GENRE MÉMOIRE SUR LES CAUSES DE L'ENGOURDISSEMENT DES ANIMAUX QU’ON APPELLE DORMEURS, ET DE L'ACTIVITÉ DES AUTRES; Par J.-C. DELAMÉTHERIE. PLUSIEURS animaux sont engourdis pendant toute la saison froide , et leur sommeil est si profond pendant plusieurs mois, qu'on ne peut les tirer de cette léthargie, méme en leur faisant des blessures très-graves : la seule chaleur peut leur arracher quelque signe de vie...; mais au retour de la température du printemps, ils reprennent toute leur vitalité ordinaire, Je ne donnerai aucun détail sur ces faits qui sont connus de tous les naturalistes. Les marmottes, les loirs, les lérots, les hérissons...,, sont parmi les mammaux, des dormeurs. Les tortues, les lézards, les serpens, les grenouilles, parmi les animaux ovipares. ; Les hirondelles. ..., parmi les oiseaux. Les colimacons, les limaces..., parmi les mollusques. Un grand nombre d'insectes, tels que les fourmis, sont égæ lement engourdis par le froid ; Et tous ces animaux ont une grande activité pendant l'été. Il en est de même des plantes trés-irritables. La sensitive et plusieurs autres donnent des signes de grande sensibilité et ir- ritabilité à une température élevée, et n’en donnent aucun à une température froide, > Les causes de ces phénomènes ont toujours paru très-obs.- cures; mais ils me paroissent pouvoir s'expliquer facilement d'après les faits galvaniques que nous venons d’exposer. M. Des- seignes, daus la Lettre qu'il m'a adressée de Vendôme le 18 Nan 2 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE novembre 1811, prouve, par des expériences très-ingénieuses ; que des animaux, tels que la grenouille préparée pour les ex- périences galvaniques..., donnent des signes puissans de galva- nisme, lorsqu'ils sont exposés à des degrés de Chalet plus ou moins considérables; mais cette faculté galvanique cesse dès qu’on fait succéder une température froide à cette température chaude, ef elle reparoît de nouveau par la chaleur. IL est à peu près prouvé aujourd’hui, comme je l'ai fait voir dans mes Consédérations sur les Corps organisés, tome IT, que le galyanisme qu’exercent les différentes parties des corps organisés les uns sur les autres, est la cause de leur irritabilité, de leur sensibilité, et enfin est la cause de leur principe vital. Or, d’après les expériences de Desseignes, cette faculté galvanique très-intense à une température élevée, s'éteint plus ou moins à “une température froide. On doit done supposer que chez lesanimaux dormeurs , chez les plantes sensibles, la faculté galvanique ne conserve une cerlaine intensité qu'à une température élevée, et qu’elle s’en- gourdit et s'éteint plus ou moins à une température basse... Ces animaux et ces plantes s’engourdissent donc plus ou moins pendant la saison froide. Mais la faculté galvanique acquiert de l'intensité à une tem- pérature élevée; au printemps tous ces êtres organisés sortiront de leur engourdissement. Les reptiles, les insectes... ne développent jamais plus d'ac- tivité que lorsque la chaleur est un peu élevée. Le lion, le tigre, la panthère... ne sont jamais plus féroces que lorsque les sables où ils’ se réfugient sont plus brülans. Les grenouilles ne coassent jamais sur la surface des eaux avec plus de force que dans les grandes chaleurs. Un homme fatigué par des exercices violens, recouvre ses forces en se placant auprès du feu; c’est que sa faculté galvanique épuisée reprend sa première énergie par la chaleur. Je n’entrerai pas aujourd’hui sur ces faits dans de plus grands détails, J'y reviendrai ailleurs, ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 46: MÉMOIRE SUR UNE NOUVELLE COMÈTE. M. Pos, qui a déjà découvert un grand nombre de comètes dans l'Observatoire de Marseille, vient d’y en découvrir une nouvelle dans la constellation de l’Eridan, le 16 novembre; elle a été vue à Paris le 5 décembre, à 11 heures r minute, temps moyen. Son ascension droite étoit de 64° 25/. Sa déclinaison australe, 13° 34°. Il résulte des observations qu'on en a faites, que le mouvement apparent de celte comète en ascension droite est rétrograde et fort lent ; ÆEt que son mouvement en déclinaison la transporte vers l’hé- misphère septentrional. ; Cette comète n’est visible qu'avec de fortes loupes; Sa lumière est vive; Son noyau est entouré d’une légère nébulosité ; Mais on n’apperçoit point de queue. C’est la cent et unième comète qui a été observée, 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SFR RP SECONDE LETTRE DE M. SCHWEIGER, A J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR SON PROCÉDÉ POUR PRODUIRE LE GALVANISMÆ PAR LE MOYEN DU FEU. Naremberg, 21 novembre 1841. MONSIEUR, Vous aurez recu, j'espère, ma dernière Lettre, où, suivant votre desir, je vous ai rendu compte des détails de mon procédé pour produire le galvanisme par le feu. Ma batterie étoit prin- cipalement destinée pour des températures plus élevées que celle de l’eau bouillante. Je suis parvenu à combiner du soufre avec les mélaux par un procédé galvanique , comme l’avoient indiqué les expériences ingénieuses de M. Zœger, qui oxide les métaux avec un plateau de zinc poli et des papiers mouillés. J’avois dit que ces expé- riences confirmoient mon raisonnement, mais qu’elles avoient encore besoin d’être répétées. Je les ai répétées effectivement, et pour vous satisfaire je vais vous en communiquer les détails. La première expérience et la plus imparfaite que j'avois déjà faite pendant mon séjour à Bayreuth (car je ne suis ici à Nu- remberg, que depuis Pâques), consiste en ce que je joins par un mastic, qui n’est pas conducteur de l'électricité, un bassin de cuivre et un de fer, et dont chacun n'a les bords élevés que de trois côtés, ensorte que les deux bassins ne paroissent qu'un seul vase. Je mets ces vases sur des charbons ardens : je jette dessus du soufre qui se fond et brûle de temps en temps. Pendant ce temps, j'attache aux muscles et aux nerfs d’une grenouille préparée, de longs fils de laiton que je soude aux bassins de cuivre et de fer. Je n’apperçus d'abord que de foibles convulsions, auxquelles je ne me fiois pas. Cependant j'eus la satisfaction de remarquer, lorsque l'expérience fut finie, que tous les bassins de fer étoient transformés en un sulfure d'une ÉT D'HISTOIRE NATURELLÉ. 463 qualité si parfaite, que même la poudre qui provient de ces salfures , ne fut point attirée par l'aimant de mon ami, M.Seebeck, quoique cet aimant supporte dix huit à vingt livres. M. Seebeck vous est connu comme le premier auteur des procédés pour retirer les métaux des terres ‘par l’amalgamation du mercure, expériences qui ont eu tant de succès. Ces morceaux prirent un beau poli, et furent alors , par le contact du Zinc, des excitateurs si remarquables du genre galvanique, qu’ilssurpassoient beaucoup l'argent, mais qu'ils laissoient la préférence au charbon oxigéné (thermo-oxidé). Je ne pus réussir en chauffant simplement des planches de fer avec du soufre, à obtenir un fer sulfuré aussi parfait, et en morceaux d’une grandeur convenable aux batteries galvaniques. J'ai répété dernièrement ces expériences de la manière suivante. Je me fis couper d'un fer étamé des petites planches d’à peu rès quatre pouces carrés ; et polies d’un côté de manière que le fer paroisse. Ces planches devenues doubles de cette manière, je les ai réunies avec un mastic dans un petit vase de terre cuite. J’ai chaufié d’abord ce vase sur le feu, puis j'ai versé dans l'intervalle de ces planches du cinabre, et comme je n'en n'avois pas assez, je remplissois ces intervalles d’antimoine sulfuré (j'entends Fantimoine sulfuré crud), et je poussai le feu jusqu’à ce que le sulfure d’antimoine fondit. Des fils de laiton furent attachés aux nerfs et aux muscles d'une grenouille ré- veillée du sommeil d'hiver, et par conséquent plus facile à exciter. J'ai mis un de ces fils polaires dans un sulfure métal- lique en fusion à l’un des pôles de la batterie, et l’autre fut à , « 7 . mis en contact à l’autre pôle. Je remarquai alors de fortes convulsions. Voilà, Monsieur, des batteries galvaniques sans eau, et il ne sera pas difficile de les rendre plus parfaites. J'attends avec plaisir de vos lettres intéressantes, et je finis la mienne en vous riant de recevoir l’expression de la parfaite considération avec aquelle je suis votre entièrement dévoué, SCHWEIGER. 464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE SUR. LES RAPPORTS DES PRINCIPES DANS LES CORPS DES RÉGNES ORGANISÉS; Par BERZELIUS, COMMUNIQUÉ PAR M. VAN-MONS. DANS mon Essai sur les rapports des principes dans le règne minéral, Jai supposé la possibilité que certains corps comme, par exemple, le soufre et le fer, pouvoient bien être susceptibles de degrés plus bas d’oxidation, que ceux que nous avons jusqu'ici regardés comme leurs combinäisons au z1énèmum avec l’oxigène. J’ai surtout supposé que le fer pouvoit se trouver & ce bas degré d’oxidation dans le règne organique. Au premier aspect, les produits de ce règne sembloient ne pas être soumis aux lois que j’ai reconnues et établies pour les corps inorgani- ques. Je me propose en conséquence, de faire dans un autre Mémoire, la révision de ces corps en commençant par les plus simples, tels que les huiles et les acides végétaux ; mais plus je me suis occupé de ces expériences, plus je me suis convaincu que les données que la chimie fournit pour la connoissance de ces corps, ne sont encore ni assez nombreuses, ni assez exactes. Je me bornerai donc à démontrer comment par des recherches sur la nature des corps inorganiques, on peut peu à peu parvenir aux résultats qu'on est en droit d'attendre deg corps organisés, ou qu'on peut espérer d’en obtenir. Nous commencerons par le degré le plus bas d’oxidation, que je viens de supposer au soufre, et nous tâcherons de l'établir par le calcul, à l’aide de l'analyse de l'hydrogène sulfuré, d’après | l'analogig ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 Panalogie des combinaisons du carbone avec l’oxigène et avec l'hydrogène, et nous commencerons par considérer ces dernières. x. Carbone et oxigène. D'après Allen et Pépys, 100 pouces cubes de gaz acide carbonique pèsent 47,26 grains, et 109 pouces cubes de gaz oxigène pèsent 33,82 grains, et occupent le même espace que 47,26 grains de gaz acide carbonique. Ceux-ci sont, “par conséquent , composés de 33,82 parties d’oxigène et de 13,44 parties de carbone.— Cent parties d'acide carbonique, d’après les expériences directes des mêmes chimistes, sont composées de 28,48 de carbone (graphite) et en poids, de carbone 28,437, oxigène, 71,563 — 100,000, ou carbone 100,000 et oxigène 351,636 = 351,036. D'après les expériences de Gay-Lussac, 100 pouces cubes d'oxide gazeux de carbone condensent 50 pouces cubes de gaz oxigène et se transforment en roo pouces cubes de gaz acide carbonique. En réduisant ce rapport en poids, on trouve que l’oxigène gazeux de carbone contient la moitié moins d’oxigène que le gaz acide carbonique, et que cet oxide est composé de carbone 44,285, oxigène 55,717— 100,000 , ou carbone 100,000, oxigène 125,818 — 225,818. 2. Carbone et hydrogène. D'après l'analyse du gaz hydrogène carboné entreprise par Thomson, sur du gaz retiré de la distil- lation de la tourbe, 100 pouces cubes de gaz hydrogène car- boné délonent complètement avec 200 pouces cubes de gaz oxigène, et donnent 100 pouces cubes de gaz acide carbonique, Ils contiennent par conséquent, 13,44 grains de carbone et autant d'hydrogène que peuvent saturer 33,82 grains (— 100 pouces cubes) d’oxigène; ce qui, d’après mes expériences, revient à 4,505 grains d'hydrogène. Cela donne pour 100 parties d’hydro- gène carboné, carbone 74,896, hydrogène 25,104=— 100,000, ou carbone 298,335, hydrogène 100,000 — 398,335. Thomson dit également que 100 pouces cubes de gaz oléfiant exigent, pour leur combustion, 300 pouces cubes de gaz oxigène, et donnent 200 pouces cubes de gaz acide carbonique. L’hy- drogène est donc combiné ici avec le double de carbone, et le gaz carboné est composé de carbone 100,0000, hydrogène 16,7597, ou carbone 596,67, hydrogène 100,00 —696,67. D'après cela, 100 parties de carbone prennent au #1énèmur de saturation , 16,76 parties d'hydrogène et 125,818 parties d’oxigène. D'un autre côté, l'analyse de l'hydrogène sulfuré faif Tome LXXIII, DECEMBRE an 1651. Ooo 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE voir que 100 parties de soufre s'unissent à 6.66 parties d'hydro- gène; et 16,7507 : 125,818 sont = 6,66 : 49.997: D'après cela ; 100 parties de soufre devroient, à leur plus bas degré d’oxida- tion, contenir 5o parties d’oxigène; ce qui fait exactement la moitié de l'oxigène que, d’après mes dernières expériences, 100 parties de soufre prennent pour devenir gaz sulfureux, Un tel oxide de soufre nous est inconnu, à moins qu'il n’existât dans l'acide muriatique sulfuré de Thomson. J’ai examiné avec soin, lés expériences de Thoruson, de Berthollet et de Bucholz sur cette substance, et il m'a paru, par leurs résultats, que ce composé ne contient ni gaz muriatique oxigéné, ni gaz acide sulfurique, mais qu’il forme une combinaison d’oxide de soufre et d'acide muriatique, dans laquelle tout loxigène est ani au soufre. En ajoutant de l’eau à ce composé, l'acide muriatique cède à sa plus grande attraction pour ce liquide, et l'oxide de soufre qui le sépare, est décomposé, par la répartition de son oxigène, en acide sulfureux et en soufre réduit de la même manière que se fait l’oxidule de cuivre qu’on traite avec diflérens acides. Berthollet fils , satura complètement de gaz muriatique oxigéné, 30 grammes de soufre et obtint gt,15 grammes de la combi- naison muriato-sulfureuse. Cent parties de soufre avoient, par conséquent, absorbé 204 parties de gaz muriatique oxigéné , dans lesquelles se trouvoient, d'après mon dernier calcul, 47,67 païties d’oxigène; ce qui est la moitié de loxigène contenu dans l'acide sulfureux. Bucholz et Gehlen tâchèrent, au contraire, de saturer de soufre l’acide muriatique oxigéné, ou le composé sulfureux dè cet acide, et parvinrent à unir 115 parties de celui-ci avec 100 parties de soufre. Ce qui fait à peu près la moitié de l'acide oxigéné que Berthollet a combiné avec le soufre, et ce com- osé ne contient que la moitié de l’oxigène de celui formé par Berthollet. En admettant que dans ces expériences, par la pre- mière desquelles on a cheelié à incorporer la plus grande quantité possible d’oxigène au soufre, et par la seconde, la plus grande quantité possible de soufre à l’oxigène, on ait pu commettre quelques inexactitudes dans la saturation ou dans l’estimation des poids , et en supposant que dans l’expérience de Berthollet 100 parties de soufre aient réellement pris en combinaison, 2r4 parties d'acide oxigéné en place de 204 parties, et que dans celle de Berthollet, la même quantité ait pris seulement 107 en place ET D'HISTOIRE NATURELLE. 467 de 111 parlies d'acide oxigéné, nous aurions deux combinaisons dont la dernière formeroit un oxidule muriatique de soufre, et la première, un oxide muriatique du même corps, et dont l’une contiendroit , avec la même quantité de soufre, le double d’oxigène et d’acide que l’autre, ou qui seroient dans le même rapport que les sels métalliques. Cette espèce de combinaison ressemble parfaitement à une dissolution saturée de l'acide ar- senieux, ou de l’oxide chromique dans l'acide muriatique ; elle n'est nullement neutre comme un sel, quoiqu’elle ait une com- position analogue à celle de ces corps. Si cette manière de considérer la chose est admissible, alors le plus bas degré d'oxi- dation du soufre seroit tel que Bucholz l’a déterminé , savoir, de 25 d’oxigène sur 100 de ce combustible , et les degrés subsé- quens sont des multiples par 2, 4, 6, avectransgression des nombres impairs, 3 et 5. Je déclare toutefois, que je n’envisage les ré- sultats de ce raisonnement, que comme pouvant conduire à d’autres recherches, pour lesquelles on doit considérer , comme particulièrement importantes, les combinaisons dans des rapports qui nous sont inconnus et qui ne peuvent subsister seuls ou sans être unis à d’autres corps. Peut-être que les multiples par 1 4ne pourront être obtenus que par des combinaisons de cette nature, de manière à sup- poser toujours un degré plus bas d’oxidation dont ces combi- naïsons seroient des multiples d’après 6 ou 12. Ce qui permettroit peut-être bientôt, de démontrer que ces gradations montent toujours par des pairs, tels que 2, 4, 6, 8 et peut-être au-dessus. En prenant pour exemple une substance végétale composée de carbone , d'hydrogène et d’oxigène, nous y trouvons la propor- tion de l’oxigène si peu conséquente, qu’elle atteint rarement celle du plus bas degré d’oxidation des deux autres principes, lesquels doivent, par conséquent, étre encore susceptibles de degrés plus bas d’oxidation, qui nous donne, par exemple, oc- casion d'examiner si l’oxide gazeux de carbone et l'acide carbo- nique sont autres choses, quant à l’oxigène, que des multiples des plus bas degrés d’oxidation d’après 2 et 4, de manière à ce que, au plus bas degré, 100 parties de carbone seroient com- binées à 62,9 parties d’oxigène. De même, on doit s'attendre à ce que, d’après les rapports trouvés entre le carbone et l'hÿdro- gène , 100 parties d’ ydrogène se laisseront saturer au 7ini- num , par 74,584 parties de carbone, et que lesrapports reconnus sont des multiples d’après 4 et 8. Il nous manque ainsi, dans ces Oo0o 2 468 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉË CHIMIE composés, outre les plus bas degrés de la combinaison, les niul- tiples par 2 et 6, que nous devons chercher dans la composition des substances organisées. J'ai tâché, de différentes manières , de séparer, à l'aide de la pile galvanique, leradical combustible des acides végétaux d'avec l’oxigène ; mais je n’ai pu y parvenir. Je fus conduit à ces expériences par la réduction de l'ammo- niaque, dont alors je supposai que la base étoit composée d’hy- drogène et d'azote, de manière à ce qu'il fût aux métaux ce que le radical combustible composé des acides végétaux, est au soufre et au phosphore. Il est probable que toutes ces combinaisons ne peuvent exister par elles-mêmes. On peut aussi supposer que l'hydrogène est susceptible de prendre des degrés plus bas d’oxi- dation que l'eau, lesquels alors donneroient des divisions par 8, 6, 4 ou 2. Si dans l'analyse d'un tel corps, il arrivoit que, par exemple, le carbonate et Phydrogène fussent unis à l’oxigène dans des rapports qui ne répondroient pas aux nombres attendus, on chercheroit à partager l’oxigène entre les deux combustibles, et si de cette manière on trouve les rapports cherchés, on peut regarder les corps comme composés de deux oxides. Je citerar pour exemple l’oxide sulfaté de fer normal qui, dans sa com- position la plus régulière, possède sur 100 parties de fer 22 parties: de soufre, nombre dont la quantité de soufre que le fer prend en première combinaison, ne forme pas un multiple d’après des- nombres entiers. Ces circonstances et beaucoup d’autres, nous apprendront de plus en plus que la matière peut allier à une si: grande simplicité, une complication aussi étonnante. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 469 ee. LECONS DE MINÉRALOGIE DONNÉES AU COLLÉGE DE FRANCE Par J.-C. DELAMÉTHERIE. Tome premier in-8°. A Paris, chez Madame veuve Courcier, Imprum.-Libr., quai des Augustins ; n° 57. É XT R-AL'F: « Nous avons en français, ai-je dit dans la préface de cet » Ouvrage, un grand nombre de bons Traités de Minéralogie. » Néanmoins je ne erois pas inutile aux progrès de la science, de » publier les lecons de Minéralogie que je donne au Collége de » France. On ytrouvera les découvertes nombreuses de nouvelles » substances minérales que les minéralogistes font, et les analyses » qu'en donnent les chimistes. » Les alcaliset les terressont, d’après lésexpériences de Scheebeck, de Davy, de Berzelius, de Gay-Lussac, de Thenard..., des oxides de métaux particuliers, le potassium, le sodium , le si- Zicium , le barytiunr.. : Ceci nous en donne des notions totale- ment différentes de celles que nous en avions. Je les expose en détail, et je fais voir les changemens qu’elles doivent produire dans la science Minéralogique. Les découvertes faites précédemment de substances métalliques inconnues jusqu'alors, telles que le zinc, le manganèse. , avoient prouvé que différens minéraux pris pour des pierres étoient des oxides métalliques, tels que les calamines, les manganèses... Des découvertes postériettres d’autres métaux, tels que le titane, le chrome, le cerium..., firent également voir que plusieurs minéraux classés parmi les pierres devoient l’être avee les subs- tances métalliques , telles que le chrome oxidé vert, le ruthil ou schorl rouge , l’oisanite, le sphène, la pictite, le tantalite, le mineral de bastnaës , l’yttrio-tantale.... » 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les nouvelles expériences nous prouvent enfin que tous leg minéraux, qu'on appelle pierres, ne sont que des oxides métal- liques, ou purs, ou combinés, j Le quartz, par exemple, est un oxide pur de silicium. Le saphir, un oxide pur d'aluminium. Le péridot est une combinaison de l’oxide de magnesium avec l'oxide de silicium et l'oxide de fer... Les oxides des métaux antérieurement connus, tels que ceux d’étain, ceux de fer oxidés au mérimum ou au maximum, comme les mines d’aimant, les mines de fer de l’isle d'Elbe... sont plus ou moins durs, plus ou moins volumineux, cristallisent ou ré- gulièrement, ou confusément... Ces expériences confirment de plus en plus l'opinion que je soutiens depuis long-temps, que l'analyse chimique est le meilleur moyen de connoître la nature des minéraux. Il n’y a encore que le premier volume de cet Ouvrage qui soit imprimé, Le second paroîtra incessamment. On donnera alors un extrait détaillé de tout l'Ouvrage. ET D'HISTOIRE NATURELLÉ. 471" NOUVELLES LITTÉRAIRES. Essai sur la Géographie des environs de Paris, avec une Carte géognostique et des coupes de terrain; par G. Cuvier, chevalier de la Légion-d Honneur , Secrétaire perpétuel de l’Ins- ütut de France, Conseiller titulaire de l’Université impériale, Lecteur et Professeur impérial au Collége de France, Professeur- Administrateur au Muséum d'Histoire naturelle ; Et Alexandre Brogniart, Correspondant de l'Institut, Ingé- nieur au Corps impérial des Mines, Administrateur de la Ma- nufacture impériale de Porcelaine de Sèvres, Professeur adjoint de Minéralogie à la Faculté des Sciences de Paris. Un vol. in-4°. À Paris, chez Déterville , rue Hautefeuille, n° 8; et chez Portey, Libraire, rue du Bac, n° 46. Cet Ouvrage est une seconde édition considérablement aug- mentée, du Mémoire de ces Auteurs, qui a été imprimé dans ce Journal, Cahier de juin, cette année, tome LX XIT, page 409. J’avois proposé , dans le même Cahier, page 460 , aux Auteurs, différentes Observations, auxquelles on auroit dû croire qu’ils auroient cherché à répondre , d’autant plus que ces Observations avoient été approuvées du public savant ; mais voilà ce qu'ils en disent, page IV de l'Avertissement de cenouveau Mémoire. « M. Delamétherie, qui a travaillé sur le même sujet que » nous, a bien voulu aussi nous donner plusieurs avis dans son ». Journal de Physique, et nous avons cherché à profiter de ceux » que nous avons cru bons, » Mais mon nom ne se trouve pas dans tout le Mémoire, quoi- qu’on y trouve ceux de tous les naturalistes qui ont fait des re. cherches, même les plus minutieuses sur la Minéralogie des environs de Paris. Les Auteurs persistent donc dans leur opinion sur ces terrains « En-reprenant ces couches (des environs de Paris), disent-ils » (pag. 46), depuis la craie, on se représente d’abord, » (1°.) Une mer qui dépose sur son fond une masse immense » de craie, et des molusques d’espèce particulière, 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » » » (20.) Cette précipitation de craie et des coquilles qui l'ac- compagnent, cesse tout à coup. Des couches d’une toute autre nature lui succèdent, et il ne se dépose d'abord que de l'argile et du sable (r). » (3°.) Mais bientôt une autre mer, ou la même, produisant de nouveaux habitans, nourrit une prodigieuse quantité de molusques testacés, tout diflérens de ceux de la craie. Elle forme sur son fond des bancs puissans composés en grande partie des enveloppes testacées de ces molusques. » Peu à peu cette production de coquilles diminue et cesse aussi tout-à-fait, la mer se retire. » (4°.) Le sol se couvre d’eau douce. Il se forme des couches alternatives de gypse et de marne, qui enveloppent , et les débris des animaux que nourrissent ces LACS, et les ossemens de ceux qui vivoient sur leurs bords, » (5o.) La mer revient. Elle nourrit d’abord quelques espèces de coquilles bivalves et des coquilles turbinées. Ces coquilles disparoissent et sont remplacées par des huîtres. Il se passe en- suite un intervalle de temps pendant lequel se dépose une grande masse de sable. On doit croire ou qu’il ne vivoit alors aucun corps organisé dans cette mer, ou que leurs dépouilles ont été complètement détruites; car on n’en voit aucuns débris dans ce sable, » (6°.) Mais les productions variées de la seconde mer infé- rieure reparoissent, et on retrouve au sommet de Montmartre, de Romainville, de la colline de Nanteuil-le-Haudouin, etc., les mêmes coquilles qu’on a trouvées dans les couches moyennes du calcaire grossier. » (7°.) Enfin la mer se retire entièrement pour la seconde fois. Des /acs, ou des mares d’eau douce la remplacent et couvrent des débris de leurs habitans presque tous les sommets _des coteaux, et les surfaces mêmes de quelques unes des plaines qui les séparent. » Néanmoins ils font (pag. 167) un aveu important: « On ne peut donc douter , disent-ils, que les premières couches de gypse (les'inférieures) n'aient été déposées dans un liquide analogue A LA MER, puisqu'ilnourrissoit les mêmes animaux, (1) J'ai fait voir que dans ces couches il s’y trouve des bois fossiles. » Cela ET D'HISTOIRE NATURELLE. 473. Cela n'infirme point l’autre conséquence que nous avons tirée sur la formation des couches supérieures. Elles ont été déposées par un liquide analogue A L'EAU DOUCE, puisqu'il nourrissoit » les mêmes animaux. » J'ai fait voir dans mes premières observations sur ce Mémoire, que ces suppositions d’allées et de revenues des eaux des mers, étoient contraires à tous les faits et ne pouvoient sesoutenir.( Journal de Physique, tome LXXIT, pag. 460.) J’ajoute qu'il paroîtra peut-être difficile d'admettre deux Jormations différentes des couches de gypse, l’inférieure dans des eaux analogues à la mer , et les supérieures dans des éaux analo- gues à l’eau douce : cette opinion fut déjà avancée en partie par Lamanon (Journal de Physique, tome XVI, pag. 80). Il pensoit que Montmartre avoit été formé dans un LAC d’eau douce , parce qu'il disoit y avoir également trouvé des coquilles d'eau douce. Son opinion n’eut aucune faveur , et, je crois, avec raison. Je lui avois dit que je ne la croyois point fondée. On préférera peut-être de dire avec moi: « que ces coquilles » d’eau douce que Lamanon disoit avoir trouvées dans le gypse » de Montmartre, y ont été apportées par des courans , comme » on est obligé de convenir qu'y ont été apportés les cyclos- » tomes terrestres, et les débris des animaux des continens qu’on >» y trouve. » 11 me semble qu’on peut donner une explication satisfaisante de tous ces phénomènes, en supposant qu'après la retraite totale des eaux des mers de dessus ces terrains, il sy est formé un lac d’eau douce, comme nous en voyons en si grand nombre sur la surface du globe. La chaussée de ce lac étoit du côté de Mantes, à dix lieues au-dessous de Paris ; il s’étendoit le long des vallées de l'Oise, de la Seine, dela Marne, de l'Yonne... Il nourrissoit des coquilles fluviatiles... dont les débris se mélangeoient avec les nouveaux terrains qui se formoient dans son sein. Mais les mouvemens des eaux de ce lac dégradoient les terrains qui lui servoient de bassins. Les fossiles coquilles ou autres con- tenues dans ces terrains formés antérieurement dans le sein des mers , étoient dégagées, et pouvoient être charriées avec les coquilles fluviatiles dans les nouvelles couches qui se formoient, On ne doit donc pas être surpris qu’on trouve dans ces couches Tome LXXILI. DÉCEMBRE an 18rr, Ppp 474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des coquilles marines mélées avec des coquilles fluviatiles, comme à Pierre-Laie.... Ainsi ces terrains des environs de Paris offriront des fossiles d'origine marine, d’autres d’origine fluviatile, ... Les débris des fossiles des animaux et végétaux des continens y seront charriés par les mêmes causes que dans tous les autres lacs et .les autres mers. Les mêmes phénomènes auront pu avoir lieu dans tous les endroits , où après la retraite des eaux des mers, il se sera formé des lacs d’eau douce comme je l’ai dit précédemment. Cetteexplication me paroît plus conforme aux faits connus, que celle des Auteurs qui supposent, 1° que la mer est revenue plusieurs fois couvrir ces terrains; 2° qu’elle a formé les couches inférieures de gypse; 3 qu'elle disparoït, et succèdent des eaux douces qui déposent les couches supérieures de gypse; 4° que la mer, qui & déposé les couches des grands bancs calcaires, revient et va dé- poser à la cimede Montmartre, de Romainville..., des coquilles marines semblables à celles des pierres... Je donnerai ailleurs plus de développement à ces idées. Histoire philosophique des Progrès de la Physique; par Libes, Professeur de Physique au Lycée Charlemagne , etc., 3 vol. in-80. Prix, 15 fr., et 20 fr. franc de port. À Paris, chez Madame veuve Courcier, Imprimeur. Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. Nota. Le troisième volume de cet Ouvrage qui vient de paroître,se vend sépa- rément D fr. et 6 fr. 5o cent. franc de port. Nous reviendrons sur cet article. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 475 | TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Desseignes à J.-C. Delamétherie. Pag. 417 Tableau météorologique, par M. Bouvard. 426 Lettre à M. Regley, sur l'utilité que peut présenter au minéralogiste voyageur un petit nécessaire de chimie; par Benj. Elie Lefebure. 428 Extrait d'une lettre de M. Bucholz à M. Schweïger, sur la fermentation du sucre de laït; communiqué par le docteur Ruhland. 442 ‘An account of à new gaz, etc. Notice sur un gaz nouveau, et réponse aux dernières oùservations de M. Murray sur le gaz oxi-muriatique ; par M. John Davy. 444 Mémotïre sur la figure des comètes ; par M. Bénedict Prevost. Lu par M. le professeur Gase, le 4 novembre, lors de la rentrée de cette faculté. 450 Lettre de D. Flaugergue à J.-C. Delamétherre, sur la période de 510, de la comète qu'on voit actuellement. 458 Mémoire sur les causes de l'engourdissement des ani- maux quon appelle dormeurs, et de l'activité des autres; par J.-C. Delamétherte. 459 Mémoire sur une nouvelle comète vue par M. Pons. 461 Seconde lettre de M. Schweïiger, à J.-C. Delamétkherie, sur son procédé pour produïre le galvanisme par le moyen du feu. 462 Mémoire sur les rapports des principes dans les corps des règnes organisés ; par M. Berzelius, communiqué par M. Van-Mons. 464 Lecons de minéralogie données au Collége de France, par M. Delamétherte. 469 Nouvelles Littéraires. 470 Ppp 2 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TABEE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. HISTOIRE NATURELLE. De la Sodalite. Pag. 77 Voyage d'Alexandre de Humboldt et Aimé Bonpland. Troisième Partie. Éssai politique sur Le royaume de la Nouvelle-Espagne. Sixième Livraison. (Éxtrait.) 156 Voyage d'Alexandre de Humbolt et Aimé Bonplard. Septième Livraison. (Extrait) 140 Des angles du spath calcaire, ditprimitif; par M. Malus. 201 Note sur un pe/it coquillage de la Méditerranée, ana- logue à des fossiles des environs de Paris et de Bor- deaux; par M. Menard de la Groye. 202 De la découverte des os fossiles d'un mammouth, faite en Hongrie. 11 206 Précis de la Géographie universelle, ou Description de toutes les parties du monde, sur un plan nouveau, d'après les grandes divisions du Globe, précédée de l'Histoire de la Géographie chez les peuples anciens et modernes , et d’une théorie générale de la Géographie; par M. Malte-Brun. Tome troisième. Description de l'Asie, excepté l'Inde. 215 Tntroduzione alla Geologia, etc. , c’est-à-dire, Introduc- tion à la Géologie ; par Scipion Breislack. (Extrait) 315 Voyage dans les environs de Christiana; par Léopold de Buch. Extrait par Vogel. 289 Leçons de minéralogie; par J.-C. Delamétherte. 40) PHYSIQUE. Mémoire sur les Phénomènes qui accompagnent la ré- flexion et la réfraction de la lumière; par T. Malus. 5 ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 477 Tableau Météorologique , par M. Bouvard. Pag. Juin. 12 Juillet. 128 Août. 194 Septembre. 292 Octobre. 574 Novembre. ; 426 Expériences sur la Résistance que le mouvement de l'air éprouve dans les tuyaux d'une grande longueur; par MM. Lehot, Désormes et Clément. 36 Mémoire sur la Propriété lumineuse de tous les corps de la nature par la compression ; par M. J. P. Des- seignes. At F. R. Curaudau, à J.-C. Delaméthertie. 54 Nouvelles Observations sur la fructification des Mousses et des Lycopodes.Lues à Classe des Sciences Physiques et Mathématiques , le 22 avril 1811; par M. Palisot de Beauvoïs. 89 Extrait d'une Lettre de M. d’Angos, sur les variations du baromètre. 1 Second Mémoire sur les apparitions et disparitions de l'Aurore boréale ; par M. Cotte. 153 Extrait d'une Lettre de M. Schweiger, Professeur de Physique et de Mathématiques à Bayreuth, sur un #noyen de produire le galvanisme par la chaleur. 197 Observations sur la hauteur de la végétation dans le pays d'Aoste; par M. d'Aubuisson. 161 Mémoire sur l'axe de réfraction des cristaux et des substances organisées, lu à la première Classe de l'Ins- titut, le 29 août 1811: par M. Malus. 106 Notice sur une nouvelle expérience relative à l'écorce des arbres; par M. Palisot de Beauvoïs. 209 Note sur l’évaporation par l'air chaud; par F. R. Cu- raudeau. 213 Extrait d'un Mémoire sur l’origine et la génération du pouvorr électrique, tant dans le frottement que dans la pile de Volta, présenté et lu à la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut, le 25 septembre 1811 ; par J. P. Desseignes. 250 Examen critique de quelques Mémoires anatomico- physiologico - botaniques de M. Mirbel; par L. C. Richard. 294 458 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE, Mémoire de M, Mirbel , intitulé, Précis d'un Mémotre ayantpour titre, Nouvelles recherches sur les caractères anatomiques et physiologiques qui distinguent les plantes Monocotylédones des plantes Dicotylédones. Réflexions de M. Richard. ; Pag. 295 Second Mémoire de M. Mirbel, intitulé, Observations sur la germination des graminées. Réflexions de M. Richard. Troisième Mémoire de M. Mirbel, intitulé, Note sur l'opinion de M. Richard , touchant l'organisation et la germination des graminées. Réflexions de M. Ri- char. 338 Quatrième Mémoire de M. Mirbel, intitulé, Obser- ‘ations anatomiques et physiologiques sur le nelumbo 321 nucifera. Réflexions de M. Richard. 352 Notice sur la comète de 1811 ; par H. Flaugergues. 4017 Extrait d'une lettre de M. Schweïger, sur un procédé pour produire le galvanisme par la chaleur. 405 Traité de mécanique ; par M. Poïsson. Extrait par J. Binet. 407 Lettre de M. Desseignes, sur la production du galva- nisme par la chaleur. 417 Notice sur les causes de l'engourdissement des animaux dormeurs, et de l'activité des autres; par J.-C. Dela- métherte. 459 Observation de l'apparition d'une comète, vue par M. Pons, à Marseille. 46a Observations sur les causes des queues des comètes; par M, Prevost, professeur à Montauban. 461 Lettre de M. Schweiser, sur des moyens de produire le galvanisme par la chaleur , et de produire du sul- Jure par le galvanisme. | 448 CHIMIE. Quatrième Mémoire sur a Poudre à Canon; par L. JT. Proust. 14 Cinquième Mémotre sur la Poudre à Canon, par L. Je Proust. 376 sai d'une mantère de déterminer les masses relatives des molécules élémentaires des corps et les proportions ET D'HISTOIRE NAÂATURÉÈLLE. 479 selon lesquelles elles entrent dans ces combinaïsons; par À. Avogadro. Pag. 58 Mémoire sur une Combinaison particulière du Gaz oxi-muriatique avec l'oxigène ; par Humphry Davy, lu à la Société royale de Londres , le 21 février 1811. Extrait de la Bibliothèque Britannique. 81 Mémoire pour fatre sutte à celur ayant pour titre, Con- sidérations générales sur les Propriétés du Gaz mu- riatique oxigéné; par F. Curaudau. Lu à l'Institut le 8 juillet 1811. De la Fongine, ou Analyse des Champignons ; par M. Braconnot. 130 De l'Acide rosacique des urines; par Vauquelin. 157 4e l’Urine de l'autruche; par le méme. 158 Analyse du mispikel; par M. Chevreul. 205 Analyse de la limphe du cerveau; par M. Haldat. 207 Lettre de M. Van Mons à J.-C, Delamétherie, sur le silicium, métal de la silice. 248 Essai sur la nomenclature chimique; par M. le Pro- Jesseur Berzelius. 253 ÎNotice sur une production artificielle du diamant. Lettre de M. Lefébure à M. Régley , sur l'utilité que peut présenter au minéralogiste voyageur, un petit nécessaire de chimie. Lettre dé M. Bucholz à M. Schweïger, sur la fermen- tation du sucre de larït. 442 Notice sur un gaz nouveau, et réponse aux dernières observations de M. Murray sur le gaz oxi-muriatique; par John Davy. Mémoire de M. Berzelius sur les principes des corps 1nOrT9anIques. 464% Nouvelles Littératres. 79, 159, 260 DES ARTS. 27 -4pe Recherches sur l’état actuel de la distillation du vin en France, et sur les moyens d'améliorer la distil- lation des eaux-de-vie de tous les pays; par M. Edouard dam , perfectionnées par A.-8. Duportal. Lues à la premi-re Classe de l’Institut de France. Lxtrart. 165 Manuel du Teinturier sur le fil et le coton {ilé; par M. J. B. Vitalis. Extrait par M. Vogel. 287 480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. Lu LS REP DES A MM. les Souscripteurs pu JOURNAL DE PHYSIQUE, M. Vous êtes averti que votre Abonnement expire avec le présent Cahier. Le prix de la Souscription est toujours, pour Paris, de 27 fr. par an, et de 15 fr. pour six mois ; Et pour les Départemens, 33 fr. par an, et 18 fr: pour six mois. On s’abonne à Paris, chez Madame veuve Courcier, Imprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57. T1 faut affranchir les lettres et l'envoi de l'argent. De l'Imprimerie de Madame Veuve COURCIER , Imprimeur-Libraire , pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. 4 EU O Li 7"! : Nr he NOT IN VAN MU SV rsA if LL DUR nie DRE: sis) PARU of 1e AU HAT ERA: A { OR URL nr LARANE PS One | L LUE TT Te 14 nr | NAr L AAA TEA LES REA | 4 MIE : . h L 2 RL 1” LAS lé È U H V AT: DE" He "NE * HT \! ! a \A7 fl À l ; ï Cp (] û Li L 2 1 nu ll en L: | a PES : | L 11 FAURE Le \ p] AT D NA) LUN A " Ra: We MERE date 7} : VU ü L'ANE M Put D'UN ; | A! 4 A! A d' ( à 6 n (] îl | « \ " f ; il M v f . x ] A on À t Î mn a A 1} gi 48 RATE PSE 7