PL SP EE - > = = RSS TRES L FRÈRES RE : : < ESS: See FIRE S NE 1 | 1" (Le Û fl F A (ne 14 à 0 Lt p = (l « : LR | ap 1 À k l dl LI 1 NOR OR EME a | Ts )n (be 4 l à Re [es + EE | F .: ir à a . 2 31 ra : A; db | NU | , - 11. TRE { 0 . “ui "A F Î 1 [OL \ ; NW l 7 RER . } [ 0 . Mi | 1 É «e é | qi Le: Les L. ". JOURNAL DE PHYSIQUE. Pour QYun JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE D'MÉDE SA PRATLS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE,; Par J.-C. DELAMÉTHERIE, ET PAR H. M. DUCROTAY DE BLAINVILLE, Docteur en Médecine de Paris, Professeur Adjoint à la Faculté des Sciences, et Membre de la Société Philomatique. JANVIER AN 1813. TOME LXX VI. À PARIS, Chez Madame veuve COURCIER, Imprimeur - Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. (3) 2e A JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. JANVIER AN 1613. DISCOURS PRÉLIMINAIRE, 1813, OU RAPPORT SUR LE PROGRÈS DES SCIENCES EN 1812, Par J.-C. DELAMÉTHERIE (1). L'année qui vient de s’écouler présente un grand nombre de découvertes du plus grand intérêt. Ondistinguera particulièrement le beau travail de Herschel sur les zébuleuses et la matière né- buleuse, ainsi que les conséquences qu’il en a tirées sur la cons- truction du ciel. Ces travaux doivent rassurer les amis des connoissances hu- maines. Ils verront les progrès de l'esprit humain se soutenir. On fait de nouvelles expériences ; on discute les faits nouveaux ; et la Science prend une marche plus assurée. Mais d’un autre côté, elle acquiert une telle étendue, qu’elle effraie ses partisans les plus zélés. Néanmoins, au lieu de se (1) J'ai prié, à cause du très-mauvais état de masanté, H. M. Blainville de m'aider dans la rédaction du Journal. 6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE ” . . dt, décourager ils doivent redoubler d’eflorts, persuadés que les résultats en seront heureux. Cherchant à rendre ce Recueil le dépôt des faits les plus in- téressans dans les connoissances humaines, je vais continuer d'exposer les travaux les plus marquans qui ont eu lieu cette année. On a dit (1) que ce Journal étoit le plus beau monument élevé à la Science réelle, et qu’il seroit toujours un des titres les plus réels à la gloire de la France. Je tâcherai de le soutenir à la même hauteur, sans redouter ceux que la vérité offense (2). Dans les beaux temps de la philosophie, en Grèce, à Athènes, par exemple, on vit les philosophes se montrer sous trois aspects différens. Les uns, tels que Platon..., fréquenfoient les cours, les gens riches. Ils en obtenoient de l'or, de l'or, de l'or..., étaloient un grand luxe, et méprisoient ceux qui n’avoient pas la même fortune. Ils cherchoient la célébrité... Des seconds, tels que Diogène..., témoignoient un tel dédain pour tous ces objets, et se montraient en public avec une aflec- tation si grossière, qu’on les appela cyniques. Ils cherchoiïent à se distinguer par des choses originales. Des troisièmes, tels que le SAGE SOCRATE,, et la plus grande partie de son école, tenoient un juste milieu entre ces extrêmes. Leur principale occupation fut L'AMOUR DE LA SAGESSE , et la RECHERCHE DE LA VÉRITÉ. Ils méprisoient les richesses sans doute, et ces honneurs futils; mais ils savoient se fournir, par le travail, un honnête nécessaire. Ils maccaparoient pas les places; mais ils ne refusoient pas celles où ils pouvoient être utiles à leur patrie, et en remplissoient les devoirs avec une scrupuleuse exactitude. : Socrate! Socrate ! je t’ai toujours pris pour modele! tu bus la ciguë plutôt que de trahir la vérité. Je nai pas montré moins de courage pour soutenir des vérités ——————_——_—__—_—_—_————————— ee QG) Flaugergues, Journal de Physique, tome LXXIV, pag. 2) Je souhaite que mes successeurs ne s'écartent jamais des mêmes AA q principes. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 utiles, et si je n'ai pas succombé comme toi, cela est dû à des circonstances favorables. Arrivé, avec de très-graves infirmités, aux confins de la vie [70 ans, né le 4 septembre 1743] (1), je n’irai pas souiller le petit nombre de jours que la nature m’accordera, en changeant de conduite, Amour sacré de la vérité et de la justice, 11 ne cesseras de guider mes pas! Le grand nombre de belles découvertes que nous allons ex- poser, a prodigieusement étendu nos connoissances: mais il ne nous a rien appris sur les causes premières de ces grands phé- nomènes. Continuons d’observer : multiplions les expériences; et espérons tout du temps. Un des points les plus essentiels, dont on doit être pénétré aujourd’hui dans l’étude des sciences, est qu'il y a un grand nombre de questions qui sont insolubles pour nous dans l’état actuel de nos connoissances. Il faut donc les abandonner. Le physicien ne cherche plus la cause de l'attraction; le chimiste celles des affinités; le physiologiste celles de Pirritabilité...; ce n’est que depuis qu'on ne s'occupe plus de ces recherches inutiles pour le moment, que les sciences restreintes à l’ééude des faits , ont fait des progrès si étonnans. (1) Pai tâché d'employer utilement cette longue vie, etd’y remplir ma têche d'homme. J'ai dit la vérité dans tous mes Ouvrages, et dans ce Journal, dont 1e volume présent est le cinquantieme que je publie : j’ai exalté les charmes de la vertu : j'ai fait tout le bien que mes foibles moyens m'ont permis. J’ai fait quelques ingrats quisont counus. . ., je les abandonne à leurs remords. Aussi, prêt à descendre au tombeau, j’aila douce satisfaction d’y emporter l’estime de tous les gens de bien , et de tous les amis de la vérité. Je ne puis me refuser au plaisir de rapporter lepassage suivant de Sénèque. « Utatur ut vult suis natura corporibus. Nos læti ad omnia , et fortes cogi- 3emus ; nihil perire de nostro. Quid est boni veri? præberese fato. Grande so- Latium est cum universo rapi. Quidquid est, quod nos sic vivere jussit, sic mori eadem necessitate et deos alligat : irrevocabilis humana pariter ac di- vina cursus vehit. Îlle ipse omnium conditor ac rector scripsit quidem fata , sed sequitur. Semper paret, semel jussit. Quam tamen Deus tàm iniquus in distributione fati fuit , ut bonis viris paupertatem , vulnera , et acerba funera adscriberet? non potest artifex mutare materiam. Hæœc passa est. :. » Jgnis aurum probat, miseria fortes viros. » SENECA , de proyidentia , seu cur bonis viris mala accidant , cap. Y. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Mais on ne doit pas s'en teniraux faits seuls; il faut en tirer les conséquences qui s’ensuivent immédiatement, Ces hautes conceptions ne sont que la partie brillante de l'existence de l’homme, et elles ne s'étendent qu'à un très- petit nombre d'individus. Le bonheur, la sagesse sont les choses essentielles; elles de- vroient êlre communes à tous les hommes. Aussi tous les vrais philosophes, surtout ceux de l’école de Socrate, s’en occupent-ils plus spécialement (x). DES MATHÉMATIQUES. Cette belle partie de nos connoissances fait des progrès con- tinuels : Lagrange, Laplace, Legendre, Poisson, Gauss..., et les autres grands géomèlres ont inventé de nouvelles méthodes du plus grand intérêt. Yvory a traité de nouveau l'attraction des sphéroïdes ellipsoïdes homogènes. Lagrange est le premier qui ait soumis à l'analyse ce problème. La solution dépend, comme on sait, d’intégrations triples, et elle est très- compliquée. Yvory est heureusement parvenu à surmonter toutes ces difficultés par une démonstra- tion fort simple. Ce qui fait espérer qu’on pourra simplifier ces méthodes si compliquées. Laplace a enrichi, cette année, les Mathématiques d’une théorie analytique des probabilités. Cette théorie avoit déjà été traitée par les Bernoulli, les Montmort, les Moivre et plusieurs autres grands géomètres: mais l’auteur y a beaucoup ajouté. Cette théorie des probabilités ne sauroit être trop étudiée; car ses applications sont continuelles. La plus grande partie de nos connoïissances physiques, et toutes nos connoissances historiques sont fondées sur les probabilités. J'ai en conséquence proposé de construire des tables de pro- babilité , dont le maximum étoit 100,000,000, et d’y classer toutes nos connoissances ( Préncipes de la Philosophie naturelle, tome IT, pag. 400, et Traité de la Nature des Etres existans , QG) Poyez mon Ouvrage de l'Homme moral, 2 vol. in-8°. IL ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9 rx vol. in 8°, pag. 394). Je crois que cette idée ne doit pas être négligée. Je vais rapporter ce que j'ai dit sur la probabilité des faits historiques fondés sur le témoignage des hommes. Probabilité que Rome existe... . + . . . 99:999:997 que Pékin existe.. . . . … . . 99.999.900 que Carthage a existé. . . . : G9:999.000 que César a existé. . . . . . . 90.000.000 que Alexandre a existé. . . . . 80.000.000 que Cyrus a existé.. ; . . . . 10.000.000 que Sésostris a existé.. . . . . 00.100.000 que Belus a existé. . . . . . . 00.001.000 que Calchas a existé. . . . . . 00.000.100 que les Cyclopes ont existé. . . 00.000.000 Il faudroit fixer les probabilités des principaux faits historiques, et on y rapporteroit les autres. J'ai commencé un travail particulier à cet égard; mais le temps manque. . On sait que dans mes Principes de Philosophie naturelle, j'ai rapporté toutes nos connoissances à quatre ordres. Le signe © ou maximum, exprime la certitude, et ÿ —1 la plus grande probabilité. Voici les quatre ordres, et les plus grands degrés de leur certitude ou probabilité : xHle sentiments ve MODE, 2 MENMOITE LE ARE UC MIRE TE EC NT SHlanalonie EMEA NN RU (= LZ 4. Le témoignage des hommes. . . . . % — 3 DE L’ASTRONOMIE. Les astronomes perfectionnent chaque jour les élémens des astres que nous connoissons ; c’est ce qu’on voit dans les nouvelles tables qu’ils publient, et dans leurs nouveaux travaux. Nouvelle Comète. Pons a découvert à Marseille, le 20 juillet, une nouvelle comète ; elle fut appercue à Paris, le rer août, par Bouvard. 102° Comète. C’est la r02€ comète dont l'orbite a été calculée. s Tome LXXVI. JANVIER an 1615. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. Nous observerons que ces calculs sont beaucou» moins im- portans qu’on ve le suppose , parce qu’il ÿ a un trop grand nombre de causes qui dérangent le mouvement des comètes dans leurs courses, telles que la proximité des autres astres auprès desquels elles passent ue", 47. Toutes ces comètes sont très-petites.. Lagrange, dans ses Recherches sur l'Origine des Cornètes, imprimées dans ce Journal, tome LXXIV, pag. 120, a proposé de nouvelles vues sur l’Astronomie. « On connoît, dit-il, lin- génieuse hypothèse de. d’Olbers pour expliquer les phénomènes de la petitesse des .quatre nouvelles planètes. Elle consiste à sup- poser que. ces planètes ne sont que des fragmens d’une plus grosse planète, qui. faisoit sa révolution à la même distance du soleil, et qu’une cause extraordinaire a fait éclater en dif- férens morceaux qui ont continué à se mouvoir à peu près à la même distance. » Supposons qu’un globe comme la terre soit brisé également en diflérens morceaux. Ces morceaux pourroient dans certaines circonstances, qu’il détermine par le caleul, acquérir un mou- vement parabolique, ou elliptique, ou même hyperbolique , et formeroïient des comètes. » M. Laplace, ajoute-t-il, a proposé dans son Exposition du Système du Monde, une hypothèse mgénieuse sur la formation des planètes par l'atmosphère du soleil; mais elle ne s'applique qu'à des orbites circulaires , ‘ou presque circulaires, et à des mouvemens dirigés dans le même ‘sens. » Si on y:jcint l'hypothèse de l'explosion des planètes par l’action du calorique, que le passage de l’état solide aura con- centré dans lintérieur, on aura uve hypothèse AU sur f'origine de tout le système planétaire, pius conforme à la nature et aux lois de la Mécanique, que toutes celles qui ont été pro- posées jusqu'ici. » u 4 On sait que Nelis est parvenu à briser des cylindres d'acier d'un pouce de diamètre, par de fortes décharges d'électricité, et multipliées. DE LEA MATIÈRE DE LA NÉBULOSITÉ OU DE LA MATIÈRE NÉBULEUSE, Herschel a publié sur la matière nébuleuse, des observations du plus grand intérêt. ET D'HISTOIRE NATURELLE. YI « Par matière nébuleuse, dit-il, (pag. 127 du Cahier d'août de ce Journal, tome LXXV ) j'entends cette substance, ou plutôt ces substances qui donnent la lumière, soit qu’elles la EN de leur nature, ou de diflérens pouvoirs dont elles sont ouées. - » Nous avons pu croire, dit-il page 122, que les nébuleuses m'étoient autre chose que des amas d'étoiles, que leur trop grand éloignement ne nous permettoit pas de bien distinguer; mais une plus longue expérience, et une connoissance plus exacte de la nature des nébuleuses nous défend d'admettre ce principe en général, quoiqué, sans contredit, un amas d'étoiles puisse prendre une apparence nébuleuse, lorsqu'il est trop éloigné de nous pour distinguer les étoiles qui le composent.» Ces nébulosités présentent différens états que l’auteur a décrits ayec soin. De la Nébulosité excessivement diffuse (pag. 124). Cette nébulosité est quelquefois extrêmement diffuse. Voici la description d’une de ces nébulosités (pag. 124). « Les branches de cette nébulosité sont extrêmement foibles. Elle a la blancheur du lait, et a plus d'éclat dans trois ou quatre “endroits que dans le reste. Les étoiles de la voie lactée s’y trouvent disséminées comme dans le reste du ciel. » Il donne une table de 52 nébuleuses excessivement difluses, qui ont diflérens degrés de nébulosité. De la Nébulosité condensée. Mais cette nébulosité peut se condenser , et Herschel en cite plusieurs exemples. Il pense que ce pous'oir condensant est un effet de l’attraction générale, qui agit sur la matière nébuleuse comme sur tous les autres corps. j Des Nébuleuses. Les nébuleuses avoient été observées par les anciens, mais ils les confondoient souvent avec les nébulosités., Huyghens s’en étoit principalement occupé , et avoit observé avec soin la grande nébuleuse d’Orion, qui est si intéressante, et qui paroît être la plus voisine de la terre. B 2 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE Mais Herschel les a particulièrement étudiées avec sesadmirables télescopes. Il les distingue soigneusement des nébulosités, et les a divisées en difiérentes classes. 1 Des Nébuleuses laiteuses\( pag. 130). Lorsque les nébulosités détachées sont petites, nous les 1nommons nébuleuses, et le nombre en est très-grand. On les distingue en deux espèces. Les unes sont couleur de lait, c’est pourquoi on les appelle daiteuses. Les autres n’ont pas cette couleur de lait. Des Nébuleuses laiteuses avec condensation (pag. 130). En jetant les yeux sur la belle nébuleuse d'Orion, on appercçoit qu’elle n’est pas d’une clarté égale dans toutes ses parties, mais que dans dualies endroits sa lumière est plus condensée que dans d’autres; c'est pourquoi je les appelle cordensées. Il en cite plusieurs exemples. Des Nébuleuses qui sont plus brillantes dans un endroit que dans un autre (pag. 131). Il en cite plusieurs exemples. Il attribue ces points plus brillans à la condensation de la matière nébuleuse, plus grande dans ces points brillans que dans les autres, et il attribue cette condensation à la force d’attraction. « Instruits, comme nous le sommes déjà, de la force centri- pète d'attraction, qui donne aux planètes la figure d’un globe, qui les empêche d'abandonner leurs orbites pour courir sur leurs tangentes, et qui fait qu’une étoile roule autour d’une autre, comment ne regarderons-nous pas la gravitation générale de la matière comme la cause de la condensation, de l'accumulation, de la compression et de la concentration de la matière nébu- Jeuse ? Par exemple , la nébuleuse d’Orion décrite au commencement de cet article, comme renfermant plusieurs rayons brillans, a probablement des places prédominantes d'attraction en grande quantité qui proviennent d’une prépondérance supérieure de la matière nébuleuse dans ces mêmes places. ET-D'HISTOIRE NATURELLE. 13 Mais l'attraction étant un principe qui ne cesse jamais d’agir, la conséquence de son action continuelle sur cette nébuleuse, sera probablement une division de la même nébuleuse, qui donne trois ou quatre nébuleuses distinctes. Elle opère de la même manière sur les nébulosités diffuses, qui offrent plusieurs places brillantes, et il est possible qu'elle les partage ainsi en diffusions plus petites, et en nébuleuses détachées. » | Des Nébuleuses doubles jointes à la nébulosité ( pag. 133). Il cite deux petites nébuleuses foibles, d’égale grandeur à une égale distance Pune de l’autre; elles ont chacune un rayon ap- arent, et leurs nébulosités apparentes passent de l’une à l’autre. ï pense qu’il est évident que leur nébulosité a eu une origine commune. Ces nébuleuses doubles peuvent être à des distances plus ow moins considérables l’une de l’autre. Elles peuvent être triples, quadruples et sextuples. Ces nébuleuses peuvent être plus ou moins étendues, Elles peuvent être étroites et longues. Elles ont quelquefois une forme irrégulière. D’autres fois elles sont rondes, Quelques-unes sont remarquables par leur éclat. Cet éclat est quelquefois plus brillant dans le milieu. Des Nébuleuses qui ont un noyau (pag. 149). Plusieurs nébuleuses ont des noyaux très-distincts; l’auteur donne la déscription de plusieurs de ces nébuleuses ; telles que celle-ci. Une nébuleuse singulièrement brillante, étendue du nord qui précède, au sud qui suit; elle a un noyau très-brillant; ce noyau est souvent au milieu. L'existence d’un pouvoir condensant une fois prouvée, ditl, je n'hésite point d'attribuer les noyaux de ces nébuleuses, à un plus long prolongement de son action qui paroît amener une consolidation. Et de ce que l’on peut tirer cette conséquence, il nous est permis de conclure, non-seulement un pouvoir con- densant, qui prouve une quantité suffisante de matière, mais 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE aussi la qualité de briller; car elle prouve que la substance que jette la matière nébuleuse, est due à quelques-unes des autres qualités générales de la matière, outre celle de gravitation. Une seconde remarque que je dois faire, c’est que la nature opaque de la matière nébuleuse, que nous avons précédemment inférée de l’analogie, se trouve ici appuyée de l'observation. En effet, ces noyaux consolidés ont une ressemblance frappante avec les disques des planètes ; et si celte malière est seulement com- posée d’une substance lumineuse, l'augmentation de lumière lem- portera probablement de beaucoup sur leur éclat observé. Cela élant ainsi, le pouvoir d’arrêter la lumière dans son passage, est une qualité additionnelle absolument diflérente de celles dont nous avons parlé, et qui paroît avoir de l’analogie avec les pro- priétés que nous savons appartenir aux corps durs et solides, Des Nébuleuses avec une chevelure (pag. 150). Quelques nébuleuses avec un noyau ont une chevelure. Il a donné à cette chevelure le nom de branches. " Il en cite divers exemples, tels que celui-ci. Une nébuleuse très-brillante, avec un petit noyau et une petite chevelure tout autour. Ù Des Nébuleuses rondes qui font voir la progression de condensation (pag. 151). Lorsque les nébuleuses ont un noyau , c’est une marque qu’elles, sont déjà parvenues à un haut degré de condensation. D'apres leur figure, nous sommes assurés que la forme de la nébulosité dont elles sont composées, est alors sphérique, quelle qu’ait pu être sa figure originelle : et comme elle est entourée d’une che- velure, nous pouvons regarder ses divers degrés de foiblesse qui disparoissent, comme un signe pour juger les progrès graduels de la consolidation du noyau. En voici un exemple : Une petite nébuleuse avec un noyau assez brillant, et une chevelure très-foible: elle est presque comme une étoile nébuleuse. La chevelure de ces nébuleuses est probablement composée de la matière nébuleuse la plus rare, qui n'ayant pas été con- solidée avec le reste, demeure épanchée autour du noyau dans la forme d'une atmosphère très-étendue, Dans ces nébuleuses, dont la chevelure est extraordinairement ET D'HISTOIRE NATURÉLLE. 19 foible et le noyau trés-brillant, la consolidation paroît s’être élevée à un plus haut degré, et leur ressemblance avec les étoiles nébuleuses peut conduire à des conséquences vraiment intéres- santes. , Des Etoiles nébuleuses (pag. 161). Quelques nébuleuses ont l'apparence d’étoiles. J'ai remarqué , dit Herschel, que les nébulosités diffuses pou- voient exister et nous être inconnues dans les régions les plus éloignées des étoiles fixes. Plusieurs de ces nébulosités ont l’ap- parence d'étoile, telle que celle-ci: Une nébuleuse considérablement brillante, très-petite, presque étoilée. Des Étoiles. Il est, dit Herschel (pag. 164), des étoiles nébuleuses qui ont l'apparence d'étoiles. II décrit six de ces nébuieuses de la manière suivante, « Une nébuleuse étoilée assez brillante, comme une étoile entourée d’une petite auréole. » Une nébuleuse étoilée , ou plutôt une étoile foible avec une petite chevelure et deux auréoles. » La dissimilitude absolue, dit-il (pag. 166), entre une dif- fusion de la matière nébuleuse et celle d’une étoile, est si éton- nante, que l’idée de la conversion de l’une dans l’autre , peut difficilement entrer dans l'esprit de quiconque n’a pas devers lui le résultat de l'examen critique du système nébuleux, que j'ai développé dans ce Mémoire. Le but que je me suis proposé en classant mes observations dans l’ordre où elles se trouvent, a été de faire voir que les extrêmes dont il est parlé, peuvent être Joints par des degrés intermédiaires, tels qu'il devient très- probable que chaque état successif de la matière nébuleuse est le résultat de l’action sur elle, tandis qu’elle agit sur celle qui Ja précède; et au moyen de ces degrés, la condensation suc- cessive l’a amenée à une condition planétaire. Cette transition à la forme étoilée, demande une très-petite compression addi- üonnelle de la matière nébuleuse , et j’ai donné plusieurs exemples de la connexion de l’apparence planétaire avec celle étoilée. Les nébuleuses étoilées foibles ont été également bien liées avec toutes les espèces des nébuleuses foibles d’un volume beau- 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE coup plus considérable ; et parmi celles de la plus petite espèce, l’approche de l’apparence éloilée est si avancée, que dans mes observations sur plusieurs d’entre elles, il devient douteux si elles ne sont pas déjà des étoiles. On doit avoir observé que dans chacun des articles précédens, je me suis borné à un petit nombre de remarques sur la ma- tière nébuleuse dans l’état où mes observations la présentent. On voit que je ne les ai pas données dans la vue d'établir uu système d'une démonstration complète. Des Nébuleuses qui ont l'apparence des Comètes (pag. 146). Dans le grand nombre de nébuleuses que nous avons vues, il en est plusieurs qui ont l'apparence de comètes télescopiques, dit Herschel, et il en cite plusieurs exemples. Des Comètes. La nature des comètes est encore peu connue. La plus grande partie des anciens philosophes les regardoient comme des mé- téores atmosphériques. Cependant quelques-uns, tels que Sénèque, les placent au rang des astres. Cette opinion qui a été adoptée par Newton, est aujourd’hui admise généralement, | Les comètes en s’approchant du soleil, à leur périhélie , ac- quièrent, suivant lui, une grande chaleur qu’elles perdent en s'en éloignant, à leur aphélie. Newton a dit que la comète de 1680 avoit acquis à son périhélie une chaleur 2000 fois plus grande que celle d’un fer rouge. J’ai fait voir ailleurs que ces calculs de Newton ne sont pas exacts. Mais Herschel dans son Mémoire sur les rébuleuses, nous a présenté de nouveaux faits. Il admet des nébuleuses comé- tiques qui ont l'apparence de comètes (art. 22). « Par la dénomination de r7ébuleuses cométiques (dit-il, p. r47 » de ce Journal, tome LXXV), mon intention est d’exprimer » une augmentation forte et graduelle de lumière vers le centre » d’un objet lumineux de figure ronde. Il existe aussi une foible » chevelure de quelque étendue ou de la partie la plus foible » de la lumière qui va en décroissant graduellement du centre. » Il ET D'HISTOIRE NATURELLE. v7 » Il paroît que cette espèce de nébuleuses renferme ‘quelque » degré plus grand de condensation, que celle des nébuleuses » rondes,..; leur grande réssemblance avec les comètes téles= » copiques doit cependant faire croire que ces comètes téles- » copiques , qui visitent souvent notre horizon, peuvent étre » Composées de matière nébuleuse , ou bien ne sont effecti- » vernent que des nébuleuses fortement condensées. » La comète de 18r0, observée par Flaugergues, avoit une queue qui ressembloit à une nébuleuse. . . On peut comparer cette queue (gravée dans ce Journal, Cahier de décembre, tome LXXIIT) avec la nébuleuse donnée par Herschel, fig. 2, dans ce Journal, tome LXXV. Herschel dit que sur 16 comètes qu’il a observées, il a ap- percu des étoiles au travers des noyaux de quatorze. Ces faits n’autorisent-ils pas à confirmer Pidée que les comètes. ne sont que des amas de matière nébuleuse plus ou moins con- densés. . A leur périhélie la proximité du soleil les dilate; la matière nébuleuse acquiert un plus grand degré de lumière, ce qui donne l'origine aux chevelures, aux queues de ces corps, lesquelles laissent traverser la lumière, au point qu'on peut appercevoir les étoiles situées par derrière. Le noyau de la comète peut quelquefois être aussi transparent ue sa chevelure ou sa queue, et laisser également appercevoir les étoiles situées par derrière. Des Nébuleuses planétaires (pag. 155). , Il est des nébuleuses qui ont une ressemblance si frappante avec les planètes, que le nom de rébuleuses planétaires ex- rime très-bien leur apparence; car nonobstant leur aspect pla- nétaire , quelque peu de brouillard restant, dont elles sont en- vironnées, prouve leur origine nébuleuse. Les remarques faites précédemment sur les nébuleuses, s’ap- pliquent ici avec une propriété additionnelle; car la lumière de ces zébuleuses planétaires doit être beaucoup plus condensée ue celle des classes précédentes. Le diamètre de quatre d’entre elles n'excède pas 15", ensorte que si nous supposons de nouveau la nébulosité diffuse de 10', qu’elles donnent en dimensions cu- biques, nous aurons une condensation qui a réduit la matière Tome LXXV'I. JANVIER an 1813. e 18 JOURNAL DE PHYSIQUE) DE CHIMIE nébuleuse à moins de la cent vingt-deux millième partie de son volume. 0 Len | Des planètes. Les planètes sont donc, suivant Herschel, la matière nébu- leuse condensée au point de devenir opaque; il en cite plusieurs exemples, et il ajoute, pag. 154: ï L’apparence planétaire dés nébuleuses planétaires, prouve que nous voyons seulement un éclat superficiel, tel qu’en donnent les corps opaques, ce qui n’arriveroit pas si la matière nébuleuse n'avoit pas d’autres qualités que celle de briller, ou si elle avoit assez peu de solidité pour être parfaitement transparente. D'après la forme des nébuleuses, telles que nous les voyons à présent, il nous est impossible d’avoir une idée du volume ori- giuel de la matière uébuleuse qu’elles renferment. j De la construction du Ciel suivant Herschel (quant à la matière nébuleuse.) : D'après tous ces faits que Herschel a constatés sur la matière de la nébulosité et sur les nébuleuses, ila proposé de nouvelles vues sur Ja construction du ciel. Tl'est composé, suivant lui, dé matière nébuleuse en différens états, Lorsque cette matière est diffuse, elle constitue la nébulosité proprement dite. Set j Ces nébulosités peuvent être plus ou moins étendues , et pré- sentent différentes figures, comme il l’a fait voir dansles planches qu'il en a données. Cette matière nébuleuse peut ensuite se condenser par un Pouvoir condensant , qui paroît être la force d'attraction, et elle présente différens phénomènes suivant les difiérens degrés de condensation. . Les noyaux. Elle forme des noyaux qui sont plus ou moins brillans, Les cHevELuREs. Elle forme quelquefois des chevelures. Les ÉToiLes. Les étoiles sont la matière nébuleuse condensée un peu plus que dans les 2ébuleuses étoilees. LEs coMÈTes. Dans les comètes, la matière nébuleuse est encore plus condensée que dans les étoiles. ET D'HISTOIRE (NATURELLE. U( 19 -ÎLEs PLANÈTES. Enfin dan les’ planètes la matière nébuleuse : a encore un plus grand degré dé condensation; elle peut être réduite à moins de la cent vingt deuxième millième partie de son volume. * Elle acquiert alors de l’opacité. : 7 Toutes cesassertions de Herschel sont fondées sur une multitude d'observations qu'il a faites À diflérens temps, et qu'ila consignées dans les Transactions Philosophiques et dans la Connoissance des Temps. Mais il avertit, avec la bonne-foi de l'ami de la vérité, qu'il s’étoit quelquefois trompé ,iet qu’il a corrigé postérieurement ces erreurs. | : On verra (ajoute-t-il, pag. 167) que je n’ai considéré dans ce Mémoire que la construction de la partie nébuleuse du ciel, et que j'ai pris üne étoile pour lés bornes de mes recherches. Je n'y fais pas mention de la riche collection d'assemblage d'étoiles renfermées dansles 62,72 et 8e classesde mes Catalogues, ni de plusieurs de la Connoissance des Temps. Plusieurs autres objets dans lesquels les étoiles et les nébulosités sont mélées, tels que les étoiles nébuleuses , les nébuleuses qui renferment des étoiles, ou des assemblages soupconnés d'étoiles, qui peuvent cependant être des nébuleuses, n’y figurent pas, parce qu'ils paroissent appartenir à la partie sidérale de la construction du ciel, dans l'examen critique de laquelle mon intention n’est pas , ñ . d'entrer dans ce- Mémoire. De la partie sidérale de la construction du Ciel. Herschel n’a donné dans ce Mémoire, ainsi qu'il a dit, que ses observations sur la construction du ciel, relativement à la matière nébuleuse, et il n’a rien dit quant à la partie sidérale, c'est-à-dire relativément aux astres dont il est composé. En at- tendant que nous ayons son travail à cet égard, nous allons rapporter ce que dit à ce sujet l’auteur du S$ys/ème du Monde (3e édition in-4o, année 1808, pag. 394). « D’innombrables soleils, qui peuvent êtreles foyers d'autant de systèmes planétaires , sont répandus dans l’immensité de l’espace, à un éloignement de la terre, tel que le diamètre entier de l'orbe terrestre vu de leur centre, est insensible. Plusieurs étoiles éprouvent dans leur couleur et dans leur clarté des variations GE2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE périodiques remarquables. Il en est d’autres qui ont paru tout- - à-coup, et qui, après avoir pendant quelque temps brillé d’une vive lumière, ont disparu (telle a été la brillante étoile de la constel- lation de Cassiopée en 1572, qui après avoir brillé du plus vif éclat pendant plusieurs mois, disparut tout.à-coup). Quels chan- gemens prodigieux ont dû s’opérer à la surface de ces grands corps, pour être aussi sensibles à la distance qui nous en sépare! combien ils doivent surpasser ceux que nous observons à la sur- face du soleil, et nous convaincre que la nature est loin d’être toujours et partout la même! Tous ces corps devenus invisibles, sont à la place où ils ont élé observés, puisqu'ils n’ont point changé pendant leur apparition. Il existe donc dans l’espace cé- leste, des corps opaques aussi considérables, et peut-être en aussi grand nombre que les étoiles. [Astronomie future nous instruira sur tous ces objets. » Il paroît que ces astres, loin d’être disséminés dans l’espace à des distances à peu près égales, sont rassemblés en divers es formés chacun de plusieurs MILLIARDS d'étoiles. Notre soleil, et les plus brillantes étoiles sont probablement partie de ces groupes qui, vusdu point où nous sommes , semblent entourer le ciel, et former la voie lactée. Le grand nombre d'étoiles que lon appercoit à la fois dans le champ d’un fort télescope dirigé vers cette voie, nous prouve son immense profondeur , qui sur- passe mille fois la distance de Syrius à la terre, ensorte qu’il est vraisemblable gze les rayons de la plupart de ces étoiles ont employé un grand nombre de siècles à venir jusqu’à nous... L'imagination étonnée de l’immensité de l'univers aura peine à lui concevoir des bornes. » De ces considérations fondées sur les observations télesco- piques, il résulte que les zébuleuses qui paroïissent assez bien terminées, pour que l’on puisse observer leurs centres avec pré- eision, sont, par rapport à nous, les objets les plus fixes, et cenx auxquels il convient de rapporter la position de tous les astres. Il en résulte encore que les mouvemens de notre système so- Jaire sont très - composés. La terre décrit des épicycloïdes dont les centres sont sur la courbe que le soleil décrit autour du centre de gravité de notre nébuleuse... Enfin le soleil décrit lui-même une suite d’épicycloïdes, dont les centres sont sur la courbe tracée par le centre de gravité de notre nébuleuse autour de celui de l'univers. L’Astronomie a déjà fait un grand pas en nous faisant connoître le mouvement de la terre, et les épi- + ET D'HISTOIRE NATURELLE. or cycloïdes de la lune et des satellites. TI reste à déterminer lorbe du soleil, et celui du centre de gravité de sa nébuleuse. Quelle durée prodigieuse n'exige pas la détermination du mouvement du soleil et des étoiles! Ona essayé de les expliquer par le seul déplacement du soleil. Plusieurs observations sont assez bien représentées, en supposant tout notre système solaire emporté vers la constellation d'Hercule...; mais le temps découvrira sur cet objet, des vérités curieuses et importantes, » Ces idées de Herschel nous ramènent à un système des an- ciens, qui nous a été transmis par Anaximène. « Anaximèêne » admit l’air et l'infini pour principe de toutes choses, dit Diogène » Laerce, dans la vie de ce philosophe. » Nous devons entendre par l’AIR des matières aériformes, comme je l'ai ditdans mon Mémoiresur cet objet (Journal de Physique, tome LXI, pag. 276). La matière nébuleuse de Herschel est aériforme , ordinairement lumineuse, quelquefois opaque par condensation. Elle s’est réu- nie par la force d'attraction en différentes masses sphéroïdales qui ont formé les noyaux, les chevelures, les soleils ou étoiles, les comètes et les planètes tournant sur leurs axes. Mais, dit lauteur de PExtrait de l'Ouvrage de Laplace sur les Probabilités (Journal de Physique ,tome LXXV, pag. 74) « Nous modifierons l'opinion de Herschel sur la cause du mou- » vement de rotation du soleil et des étoiles. » « Un amas, dit-il, de molécules toutes primitivement im- » mobiles, ne peut, en se condensant, produire, comme il » semble le croire, une étoile douée d’un mouvement de ro- » tation. M. le comte Laplace a démontré dans sa Mécanique » Céleste, que si toutes ces molécules en se réunissant viennent » à former un corps doué d’un mouvement de rotation, l’axe » de rotation sera nécessairement la droite perpendiculaire an » plan invariable du 77axämum des aires, en passant par le » centre de gravité de la masse entière : et le mouvement de » rotation sera tel, que la somme des aires décrite par chaque » molécule projetée sur ce plan, restera toujours la même qu'à » l’origine : d’où il suit que ce mouvement sera nul, si toutes » les molécules ont été primitivement en repos. On peut voir » dans lOuvrage cité, que cette constance des aires maintient » l’uniformité du mouvement de rotation de la terre, et de la » durée du jour qui, depuis Hypparque jusqu'à nous, n’a pas 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » varié d'un centième de seconde, malgré les vents, les courans » de Océan et toutes les convulsions intérieures du globe, » Mais dans une nébuleuse à plusieurs noyaux, rien ne s’op- » pose à ce que les étoiles qui en résultent, aient des mouve- » mens de rotation, pourvu qu’elles tournent dans des sens dif » férens; car il n’est pas vrai, comme l’ont avancé plusieurs » philosophes célèbres, que l'attraction ‘universelle ne puisse » produire dans un système de corps primitivement immobiles, » aucun mouvement permanent, -et qu’elle doive, à la longue, » les réunir tous à leur centre commun de gravité. » Il faut donc dire dans ce système , que la matière première, dont a été composé l'univers , a été la matière nébuleuse ; que cette matière a formé des zébuleuses à un seul ou plusieurs noyaux, qui ont formé des étoiles; ces éloiles ont acquis des mouvemens de rotation, lorsqu'elles tournent dans des sens diflérens. La matière nébuleuse, d’après Herschel, fait donc portion des corps planétaires, et par conséquent des corps terrestres. Nous deyons donc l’y retrouver; et je pense que c’est elle qui y constitue le fluide de la phosphorescence. Mais quelle est la nature de cette matière nébuleuse ? elle nous est inconnue comme celle de tous les autres fluides éthérés et aériformes, le calorique, le lumineux, l'électrique, le gal. vanique, le magnétique... Elle est le plus souvent lumineuse. Elle peut se condenser. 4 Elle est quelquefois opaque, comme dans Les nébuleuses pla- nétaires et les planètes, lorsque la force de condensation est très-puissante. Ces qualités de la matière nébuleuse prouvent qu’elle est dif- férente du fluidé lumineux; elle »’a de commun avec lui que la propriété de donner dela lumière. Si nous pouvions la comparer avec quelques-uns de nos corps connus, ce seroit, Je crois , avec le fluide de la phosphorescence. La matière nébuleuse auroit-elle été connue par les anciens philosophes ? seroit- ce elle que les Brachmanes, philosophes Hindoux, appeloient AKAsCH ? cela me paroît vraisemblable. Strabon parle de cette doctrine des Brachmanes(liv. XV, p.713 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 édition de Casaubon 1720). Il y a deux ‘classes de philosophes dans l'Inde, dit-il, les Brachmanes et les Germanes; les Brach- manes admettent, outre les quatre élémens, une cénquième subs- tance qu’ils appellent AKASCH, dont le ciel et les astres sont formés :e4 præter quatuor elementa, quintam 4K ASCH quædam naluram esse, EX QUA CŒLUM , ASTRAQUE CONSTANT. Les Houpnek-hat , un des plus anciens livres sacrés des Hindoux (date de quatre mille ans), traduit par Antequil Duperrou, parlent également de l'akasch (tome 1, pag. XV). Cet akasch, dont sont formés le ciel et les astres, paroït être la matière nébuleuse de Herschel. Alexandre ayant envoyé les livres hindoux à Aristote, celui-ci admit leur doctrine , et appela entelechion, la substance qu'ils nomment akasch (1). Cicéron donna à la même substance le nom de dir et de céleste. De la Cristallisation générale de la Matière. Tous ces premiers élémens de la matière, quels qu'ils soient, la matière nébuleuse ou autre, se sont coordonnés suivant les lois des affinités, ET ONT CRISTALLISÉ, pour former l’univers ; car j'ai prouvé, Préncipes de la Philosophie naturelle, 2 voi. in-8°, que tous les corps ont cristallisé, et que c’est la FORGE DE CRISTALLISATION qui a coordonné. l’ensemble des êtres existans. La reproduction des êtres organisés est l'effet de la cristalli- sation de leurs liqueurs prolifiques. ; DE L'HISTOIRE NATURELLE. Maïs revenons aux corps terrestres, dont nous avons des con- noissances plus positives. " Nous connoissons déjà environ deux ou trois cenfs espèces minérales, quarante ou cinquante mille espèces de végétaux , et un plus grand nombre d’espèces d'animaux. Si, comme l’analogie le dit, les grands globes contiennent pro- QG) Voyez mon Traité de la Nature des Êtres existans , pag: 277: 24 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE portionnellement les mêmes quantités de minéraux , de végétaux et d'animaux, on sent quelle quantité il doit en exister, et com- bien ils doivent différer des nôtres. Qui ne connoît la jolie fiction de Voltaire, sur un prétendu voyage sur notre globe, d’un ha- bitant de Syrius ñ Micromegas ? Sa taille étoit de huit lieues, il avoit une multitude de sens... Mais bornons-nous aux minéraux, végétaux et animaux de notre globe, On a divisé les corps qui composent notre globe en deux grandes classes. Les corps organiques, Et les corps inorganiques. Les corps organiques ont été sous-divisés en deux. Les animaux, Les végétaux. Les corps inorganiques composent le règne minéral. Avicennes, professeur à Cordoue, au onzième siècle, proposa dans son T'heatrum chimicum , dans diviser les minéraux en quatre classes. Les pierres, Les métaux, Les corps inflammables, Les sels. Cette division a été suivie par la plupart des minéralogistes qui ont écrit depuis lui, dit Thomson dans son Traité de Chimie, tome VII. Mais cette classification est aujourd’hui insuffisante, ainsi que je l’ai fait voir ; elle ne renferme point les gaz, ni les eaux..., qui ne sauroient être classés dans le règne organique. Les êtres organisés peuvent être considérés sous quatre rapports différens : 1° Descriptivement, c’est-à-dire en les décrivant par des ca- ractères extérieurs, assez prononcés pour ne pas les confondre les uns avec les autres. 2°, Organiquement, ou anàätomiquement , en décrivant leur organisation, ou parties intérieures. 30. Physiquement, ou physiologiquement, en recherchant les lois physiques suivant lesquelles s’opèrent leurs fonctions. 4°. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 4°. Chimiguement, en recherchant les principes chimiques dont ils sont composés. Nous allons les considérer sous ces différens rapports. DE LA ZOOLOGIE. La Zoologie, ou description des animaux, par des caractères extérieurs qui les fassent reconnoître, sans crainte de se tromper, acquiert chaque jour. Du Dauphin globiceps. Une grande quantité de‘dauphins globiceps est venue échouer cette année sur les côtes de Saint-Brieux, en Bretagne. Lemaout les a étudiés avec soin ; il en a äpporté à Paris, et Cuvier en a donné une description exacte par les caractères extérieurs. Nous regrettons que les bornes de cet Extrait ne nous permettent pas de la rapporter. Blainville, dans une thèse qu’il a soutenue pour la place de Professeur adjoint à la Faculté des Sciences, a donné de nouvelles observations sur les ornithorinques et les echnidés; il en a tiré la conséquence qu’ils doivent être réellement classés parmi les mammaux, quoiqu’ils aient quelques caractères communs avec d’autres classes. Tableau des Quadrumanes. Geoffroy-Saint-Hilaire a donné un nouveau tableau des ani- maux quadrumanes composant la première classe des mammi- fères; e le est la plus intéressante pour nous, parce que l’espèce humaine s’y trouve comprise. l Sur des Quadrumanes d'un genre inconnu, dessinés par Commercon. Le même savant a publié trois dessins faits par Commercon, sur des quadrumanes de genre inconnu. Geoffroy n’y a pas trouvé des caractères suffisans pour les rapporter à des genres connus. Différens auteurs ont donné des descriptions de diversanimaux, surtout d'insectes. Palisot de Beauvois a décrit quelques insectes peu connus, qu'il a apportés de ses voyages. On voit que l’histoire des animaux fait des progrès continuels ; Tome LXXV1I. JANVIER an 1813. D 26 JOURNAL: DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mais elle présente un si grand nombre de difficultés , et Les objets y sont si multipliés, qu’elle ne peut avancer que lentement. Des Perles en France. D'’Artigues a observé en France, dans des ruisseaux des Ar- ‘ dennes, des perles assez belles pour entrer dans le commerce; elles proviennent d’une variété particulière de moules. Nouvelle Classification du Règne animal. Cuvier a proposé une nouvelle classification du règne animal. Il en fait quatre grandes divisions ou embranchemens. Premier Embranchement. ANIMAUX VERTÉBRÉS, OU À SQUELETTE. Animalia vertebrosa. re Classe. Mammifères. 2e Classe. Oiseaux. 3e Classe. Reptiles. 4e Classe. Poissons. Deuxième Ermbranchemené, ANIMAUX MOLLUSQUES. Animalia mollusca. are Classe. Céphalopodes. (A tête libre couronnée par les pieds.) 2€ Classe, Gastéropodes. (Rampant sur le ventre.) 3e Classe. Ptéropodes. 4° Classe. Acéphales. (Sans tête distincte.) Troisième Embranchement. ANIMAUX ARTICULÉS. Animalia articulata. xre Ciasse, Annelides. : (Vers à sang rouge, de Lamarck.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27 2e Classe. Crustacées. ; 3° Classe. Arachnides. 4° Classe, Insectes. Quatrième Embranchement. ANIMAUX ZOOPHYTES. Animalia zoophyta. S. radiaia. zre Classe, Echinodermes. 2e Classe. Intestins. 3e Classe. Polypes. 4° Classe. Infusoires. J’ai divisé le même règne animal en dix-huit ordres, daus mes Considérations sur les Etres organisés (3 vol. in-8). I. Les mammaux. IT. Les cétacées. TIT, Les oiseaux. IV. Les reptiles. V. Les poissons. VI. Les mollusques. VII. Les crustacés. VIII. Les arachnides. IX. Les insectes. X. Les vers. XI. Les échinodermes. XII. Les astéries. XIII. Les méduses. XIV. Les rhizostomes. XV. Les hydres (ou polypes d’eau douce}, XVI. Les tectonurgiens (polypes des madrépores). XVII. Les vermiculaires (vers infusoires). XVIII. Les vorticelles, rotiféres. Les cétacés ont, à la vérité, des organes analogues à ceux des mammaux, mais leurs caractères extérieurs en différent en- tièrement : c’est pourquoi j'ai proposé d’en faire un ordre, ou au moins un sous-ordre séparé. Quant aux rhizostomes, leur existence n’est pas constatée. D 2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DE L’'ANATOMIE DES ANIMAUX. Le naturaliste, après avoir décrit un animal par des carac- tères extérieurs sûrs, a ensuite recherché sa structure intérieure ; c’est l'objet du travail de l’anatomiste, ; D'UN ORGANE NOUVELLEMENT OBSERVÉ CHEZ LES MAMMAUX. Jacobson vient de donner la description anatomique d'un organe qu'il a observé dans les mammifères. Cet organe est situé sur le plancher de la partie antérieure des narines , et communique avec les conduits palatins antérieurs, communément appelés Zrcisifs, ou stenoniens. Vesale avoit observé que ces conduits éloient tapissés d’une membrane qui communiquoit des narines à la bouche, et qui par conséquent faisoit un canal. Stenon, célèbre anatomiste Danois, en donna une description . " 2 ] , 2 si détaillée, qu’on leur a donné le nom de canaux stenoniens. Les plus grands anatomistes de cette époque , tels que Ruisch, Duverney, Santorini... les ont également reconnus. Mais, chose vraiment étonnante, des anatomistes postérieurs, non moins recommandables, tels que Heister, Haller, Albinus, Winslow.. ., ou en ont nié l’existence , ou n’en ont pas parlé, Scarpa, qui a décrit le nerf 7aso-palatin, dit qu'il passe par des petits trous particuliers, ou conduits stenoniens, mais que ces conduits sont toujours fermés, et qu'on ne peut rien faire passer par là du palais dans la bouche, sans rompre la mem- brane palatine. Mais 1l est prouvé aujourd’hui, que dans les quadrupèdes, le cheval excepté, il y a une communication libre du palais à la bouche. Jacobson vient de prouver qu’il existe là un organe parti- culier, qui consiste ez un sac long et étroit, de substance plus ou moins glanduleuse , enveloppé dans un étui cartila- gineux de même forme et couché sur le plancher de la na- rine de chaque côté, et tout près de l'arête, sur laquelle vient se poser le bord inférieur de la portion cartilagineuse de la cioison du nez. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 Cet anatomiste a prouvé que cet organe contient un grand nombre de nerfs, ce qui l’engagea à croire que c’est ün organe sensitif. Cet organe existe dans tous les quadrupèdes sans exception. L'homme en paroît dépourvu , du moins on n’y appercoit qu'une ‘ pelite lame cartilagineuse , qui peut en être considérée comme un léger vestige ; mais Le cheval, dont les conduits stenoniens sont bouchés comme ceux de Phomme; ne lui ressemble point à l'égard de l'organe en question, qui est au contraire très-dé- veloppé dans cet animal. | Les cétacés paroissent en être privés. Mais quel peut être cet organe sensitiF? Jacobson pense qu'il est dificile de porter un Jugement certain sur uu pareil sujet, Il paroît disposé à croire que cet organe sécrète une quantité assez considérable d’une humeur particulière dans les animaux qui ont toujours les naseaux humides, ou au moins la partie voisine .des fosses nasales dans ceux où les naseaux sont secs à l’inté- ‘rieur, et à disposer ces parties à l'exercice de quelques fonctions particulières. | 1: Cuvier dit que l’homme étant le seul des mammiféres ter- restres à qui cet organe manque entièrement, on peut penser que cet organe doitêtre relatif à quelque faculté quinous manque, et dont les animaux sont doués. Or sa position doit faire choisir de préférence parmi les facultés ainsi distribuées, celles qui con- cernent les qualités des alimens: et si l’on se rappelle que les animaux distinguent beaucoup mieux que l'homme les substances vénéneuses, que les animaux herbivores, surtout, ne se méprennent jamais sur les plantes nuisibles, et n’y touchent point dans les pâturages , on sera peut-être tenté de soupconner que l'organe- dont il est question , est le siége de cette faculté si importante pour la conservation des espèces. Gall continue ses travaux sur l’anatomie du cerveau. D'un Canal existant dans la moëlle épinière des quadrupèdes. William Sewel a constaté un fait méconnu, ou revoqué en doute, savoir, que le quatrième ventricule du cerveau des qua- drupèdes , ca/amus scriptorius, se prolonge le long de la moëlle épinière , sous la forme d’un canal alongé , dans lequel on trouve de la sérosité. Cet auteur a constaté ce fait sur le chéval, le taureau, la brebis, le cochon, le chien... 30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le Gallois a fait plusieurs observations anatomiques sur des cochons d'Inde; ils lui ont présenté des faits anatomiques fort remarquables. . … 19, Is n’ont point de dents de lait, non plus que les lapins, el ils conservent toute leur vie celles qui viennent avant ou après leur naissance. 20, Le témps de leur gestation n’est point, comme l’avoit dit Buflon, de trois semaines, mais de 65 jours. 3°. L'orifice du vagin chez la femelle, est toujours collé et complètement fermé , ensorte qu’à chaque accouplement, il faut que le mâle fasse beaucoup d'efforts. Au reste, dit l’auteur, cet heureux privilége d’être toujours vierge, mème après de nombreux accouchemens, n'appartient pas exclusivement à la femelle du cochon d'Inde; celle de la souris, en Europe, en est aussi gratifiée. 4°, La symphise du pubis se relâche singulièrement au mo- ment du part, ou de l'accouchement; cet écartement éloit jusqu’à 13.5 millimètres le jour de l'accouchement. - Aussi souvent les petits en sortant du sein de leur mère, sont aussi gros que ceux du lapin. Cet animal, ajoute l’auteur, présente plusieurs autres ano- malies, qne je décrirai par la suite. DE LA PHYSIOLOGIE ANIMALE. Le dernier travail du zoologue est de rechercher les causes des fonctions différentes de l’animal. C’est l'objet de la Physio- logie, qui est encore bien peu avancée. De l'Irritabilité. L'irritabilité est une des principales fonctions des animaux qui a été bien constatée par Hell Desseignes a prouvé par l'expérience, que des grenouilles pré- parées pour le galvanisme, n’éprouvoient aucun mouvement, si on les expose à une température très-froide, par exemple, si on les met dans un vase environné de glace... On ne peut donc douter que le calorique n’ait une grande influence sur le gal- vanisme , et qu’un certain degré de froid n’en suspende l’action. L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 91 De l'Engourdissement des Animaux par le froid. J'en ai conclu que le froid de l'hiver suspendoit également le galvanisme chez certains animaux... Or on ne sauroit douter que ce galvanisme ne soit une des principales causes dé leur irritabilité; c’est pourquoi certains animaux, tels que les loirs, les hérissons , les marmottes, les hirondelles, les serpens..., et tous les animaux dormeurs, éprouvent un si grand engourdis- sement pendant la saison froide, et ne sortent de cel état que lorsque les chaleurs succcèdent. La même cause produit également un engourdissement sur la sensitive et plusieurs autres plantes. Du Principe de la Wie. Le docteur Le Gallois a fait de profondes recherches sur le principe de la vie. Il conclut de ses expériences, 19 Que la vie est due à une impression du sang artériel sur le cerveau et la moëlle épinière; 2° Que lorsque cette impression est produite, il n’y a aucun moyen de tuerinstantanément un animal, qu’en détruisant simul- tanément le cerveau et toute la moëlle épinière; 3° Que le premier mobile de la respiration a son siége dans celui de la moëlle alongée qui donne naissance aux nerfs de la huitième paire; AE ; pee: 4° Que ce principe formé dans le cerveau et la moëlle épi- nière, sous le nom de puissance nerveuse, et par l'intermé- diaire des nerfs, anime tout le reste du corps, et préside à toutes les fonctions; 59 Que le cœur emprunte ses forces de tous les points de la moëlle épinière sans exception, tandis que les autres parties empruntent le sentiment et le mouvement dont elles sont douées, * de la seule distribution de cette moëlle qui leur distribue des nerfs ; 6° Que le cœur recoit ses filets nerveux du grand sympathique; que c'est uniquement de ce nerf qu’il emprunte ses forces, de tous les points de la moëlle épinière, et que le grand sÿmpa- thique a ses racines dans cette moëlle; : 7° Qu'on ne peut plus dire avec Bichat, qu'il y a deux vies, 32 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE dont le siége de lune seroit dans le cœur, et.le siége de l’autre seroit dans le cerveau et:la puissance nerveuse. Ce travail est regardé, par les Commissaires. de l’Institut , comme un des plus beaux de la Physiologie moderne, depuis ceux de Haller, v- DE LA BOTANIQUE. La Botanique, ou description des végétaux par des caractères extérieurs sûrs, qui les puissent faire reconnoitre sans craindre de se tromper, a encore beaucoup acquis cette année. DESCRIPTION DES PLANTES RARES que l’on cultive à Navarre et à Malmaison, par A. Bonpland. [fe livraison. A Paris, chez E. Schoel, Libraire, rue des Fossés-Montmartre, n° 14. Ce magnifique Ouvrage est dessiné par Redouté et peut êtreavec encore plus de perfection quelesliliacées et les plantes de Malmaison. Les descriptions de l’auteur sont faites avec toute l'exactitude possible. C’est donc un beau présent qu’il fait aux amateurs de botanique; il promet d’en donner une semblable livraison de six plantes, tous les deux mois; ensorte qu'à la fin de 1814 il y aura un. volume. Il choisira dans les riches jardins de Navarre et de Malmaison, tout ce qu’il y aura de plus intéressant. DESCRIPTION DES PLANTES D'OWARE ET DE BENIN. Palisot de Beauvois continue à donner la description des plantes qu'il a ramassées dans ces contrées, et il les fait graver avec Beaucoup de soin. Auguste Saint-Hilaire a décrit une nouvelle espèce de scabieuse qu’il a trouvée auprès de Malesherbes’, lieu célèbre par la demeure d’un sage et courageux magistrat. Candolle continue la description de quelques genres particuliers de plantes. De la Gyrogonite. La gyrogonite avoit été regardée comme une coquille fossile qu’on trouve dans les pierres des environs de Paris. Leman la regarde au contraire comme le fruit pétrifié d’une espèce de plante, le chara. ‘ . DE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 38 DE L’ANATOMIE VÉGÉTALE. L’anatomie des végétaux est, comme celle des animaux, la description de toutes les parties dont ils sont composés. Des Graines et de la Germinalion. « Mirbel a donné une description anatomique des graines et de leur germination. Il pense qu'une graine peut se former sans fécondation. Suivant lui, toute cavité close, qui contient de nouveaux germes, est un ovaire; tout germe contenu dans un ovaire est un embryon, et un embryon peut à lui seul cons- ttuer une graine. Il distingue trois enveloppes dans une graine. L’arille, Le testa, Et le kilofere. Cette dernière est la plus interne et se confond souvent avec le testa, et elle recoit dans un point déterminé, l'extrémité du cordon ombilical. L'auteur expose ensuite les phénomènes de la germination, et il fait voir comment les différentes organisations des graines in- fluent sur la germination. Tout le vésétal est constitué, suivant lui, par un simple tissu membraneux continu; il le divise systématiquement en deux, le üssu cellulaire et le tissu vasculaire. Les plantes n'ont pas, selon lui, d’organes spéciaux pour la respiration; elles respirent par tous les points de leur tissu qui sont en contact avec l'air atmosphérique. Il pense que le liber se Re ie en aubier. Le même savant a également donné l’anatomie de la fleur, il développe la structure interne du calice, de la corolle, des éta- mines et des pistils... DE LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Le dernier travail du botaniste est de rechercher les causes des diflérentes fonctions du végétal. C’est la Physiologie végétale. Tome LXXV1I. JANVIER an 1818. E 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Du Mouvement de la Sève. Féburier a fait des expériences sur ce mouvement; il pense que la sève en entrant dans la plante, commence par descendre ; il s'appuie principalement sur une expérience de Thouin. Ce savant, dit-il, souleva une racine d'arbre de manière que sa partie inférieure étoit la plus élevée; il grefla à celte dernière partie, une petite branche par son extrémité supérieure, et 1l plongea la partie inférieure de cette branche en terre pour en conserver la fraicheur, L'opération se fit, et se fait encore con- tinuellement au printemps. Cependant la branche greffée ne poussa qu'à l'autoinne, époque où la sève descendante , supérieure à celle ascendante, parvient jusqu'aux racines; elle fait refluer la sève ascendante, qui pénètre alors dans cette racine souleyée et dans la greffe, et qui y détermine le développement des boutons, parce que la résistance que la sève des feuilles opère dan la tige, ne lui laisse d'autre écoulement que dans la racine. Des Plantes dormeuses. Palisot de Beauvois a étendu à plusieurs plantes qu'il appelle dormeuses ; ce que j’avois dit des animaux dormeurs et de quelques plantes, telles que la sensitive. « Outre les plantes que vous avez désignées, m'écrit-il, il en est beaucoup d’autres sur lesquelles on remarque le même phénomène : telles sont , entre autres, toutes celles de la nombreuse famille des conferva, que j'appelle #richomates , les lentilles d’eau , les chara , et presque toutes les plantes aquatiques, telles, entre autres, les potamo- getons, plusieurs espèces de renoncules, l’ananas aquatique (stra- üotes aloïdes), la volisniera... » Toutes les plantes, à l’époque où la sève arrêtée, en quelque sorte engourdie, comme le sang dans les animaux dormeurs, occasionne la chute totale des feuilles, s’enfoncent plus ou moins dans l’eau, à mesure que le froid devient plus intense; elles finissent par disparoître entièrement, et se retirent Jusques sur la vase, où elles reposent sans pouvoir être atteintes par la glace, qui dans les plus grands froids couvre la surface des eaux. » De même, aux approches du printemps, lorsque la végétation des autres plantes commence, les plantes aquatiques remontent ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 graduellement, et finissent par couvrir graduellement la surface des eaux. Ces phénomènes me paroissent dûs à la cause que vous avez assignée. » : J'ai prouvé dans mes Considérations sur les Éfres orga- nisés (3 vol. in- 8°), et dans mes Vues philosophiques, (1 vol, in-12), que les fonctions végétales et animales avoient les plus grands rapports. Les végétaux et les animaux ont des organes analogues, 1° Ceux de la circulation; 29 Ceux de la nutrition; 30 Ceux de la respiration; 4° Ceux des forces vitales ; bo Ceux des sécrétions; 6° Ceux de la reproduction. J'ai prouvé que tout le végétal, même le tronc des arbres les plus gros, tels que le chêne, le châtaignier , le frêne, l’orme..., est composé de vaisseaux à peu près semblables aux vaisseaux lympbatiques des animaux, et parallèles entre eux (voyez la Hg. 23, planche 3); les uns sont grands, et font fonctions d’artères et de veines où circule la sève; les autres sont beau- coup plus petits, et font fonctions de tissu glanduleux, où s’o- pèrent les sécrétions... J'ai appuyé tellement ces faits, qu’il ne sauroit plus y avoir de doute que ce ne soit la véritable organisation des végétaux, pour quiconque voudra examiner ces faits avec impartialité et exactitude. Mais ces organes sont différemment modifiés , et les fonctions s'y exercent de manières très-diverses, soit chez les animaux, soit chez les végétaux, dans les diverses espèces. Chez les mammaux la circulation s'opère par un cœur, par des artères, par des veines, par des vaisseaux lymphatiques... Dans les dernières classes de l’animalité, on ne distingue, ni cœur, ni artères, ni veines.... Ne soyons donc point surpris de trouver les mêmes différences dans l'organisation des végétaux. L'organisation des dycotilédons, tels qu'un chène, m'est point la même que celle des fungus, des algues... On a des mollusques, et autres animaux d’un très - gros E 2 50 JOURNAL DE PHYSIQUE,-DE CHIMIE volume, qui n’ont point de cœur , et dont les vaisseaux paroïssent à 5 $ EE DE nr à semblables aux vaisseaux lymphatiques. La circulation s’y fait donc d’une manière analogue à celle des végétaux. On a supposé dans les végétaux des fausses-trachées, des tubes poreux...; il n’y a rien de semblable. Mais un savant, qui a du crédit dans cette partie, a cru avoir vu ces choses, et a assuré les avoir vues. Cela a sufhi; chacun l’a dit après lui. Vérité! vérité ! Ce sont des illusions d'optique, ou les effets du déchirement des petites branches qu’emploie Mirbel en les coupant, ou en les brisant; car 1l m’a montré aussi ces objets à son miscroscope s 2: d 2 et je n'y ai rien vu de semblable, Au reste, il faut considérer l’organisation végétale dans les tiges des gros arbres, et on la voit comme je l'ai exposé. DE LA MINÉRALOGIE. Les corps inorganiques, ou minéraux, peuvent être considérés comme les corps organiques, les animaux et les végétaux , sous quatre rapports diflérens. 1°. Descriptivement, c'est-à-dire qu’on en fait une description détaillée par les caractères extérieurs : c'est ainsi que les Wal- lerius, les Cronstedt.., : ont considéré les minéraux, et cerlai- nement ils les connoissoient parfaitement. C’est encore de cette manière que la presque-totalité des mi- néralogistes, Werner et toute son école ,'étudient les minéraux, et qui connoît mieux les minéraux? cette méthode est excellente; elle sera toujours préférée. On peut encore considérer les minéraux descriptivement quant à la figure, c'est-à-dire, décrire les cristaux, comme l’a fait Romé-de-Lisle dans sa Cristallographie. Ses descriptions sont bien faites; mais la valeur des angles qu’il assigne, n’est pas toujours exacte. 2°. Les minéraux peuvent étre considérés organiquement , où anatlomiquement, si On peut se servir de cette expression, c'est- à-dire, qu’on en recherche l’organisation ou structure intérieure. C’est ainsi que les ont considérés Bergman, Gahn, Haüy, Bour- non...; ils brisent un minéral cristallisé, tâchent de découvrir x ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 la nature de la molécule dontil est composé, et de déterminer les lois de sa position, pour donner telle figure, ainsi que les angles. Dans le calcaire, par exemple, la molécule est rhom- boïdale ; elle s’unit par ses faces , dans la variété dite primitive, par ses angles, dans la variété dite muriatique où inverse ; dans le /enticulaire, où équiaxe, elle fait une retraite égale à son épaisseur , ou elle décroît d’une rangée : das le cyzodonte, dent de chien, mal-à-propos appelé métastatique puisqu'il ne l'est pas, suivant Malus, la retraite se fait par deux épaisseurs, ou deux retraites, ou un reculement double.... Ces descriptions ressemblent aux descriptions anatomiques des animaux ou des végétaux. Quant aux angles qu’on a assignés, ils sont presque tous in- exacts, comme Wollaston, Malus.:.. l'ont prouvé. 30. Les minéraux peuvent encore êtreconsidérés physiquement, ou physiologiquement, c’est-à-dire qu’on recherche les lois de leur structure. Ainsi le calcaire et laragonite sont composés des mêmes principes chimiques, et cependant sont deux espèces différentes dont les molécules ne sont point semblables. J'ai prouvé (tome LXIII de ce Journal, pag. 70) que la cause de ce phénomène consistoit dans la position différente des élémens de la molécule, savoir, de l'acide carbonique, de la chaux et de l’eau: ils peuvent être unis ou par leurs faces, comme les molécules du calcaire primitif, ou ‘par leurs angles, comme celles du calcaire ‘inversé, ou’ par des retraites ou décroissemens d’une rangée, de deux rangées... * © * : Le ruthil et l’oisanite sont également composés des mêmes principes, et sont regardés comme des espèces diflérentes. Néanmoins il faut convenir que ces notions qu'on a sur les lois physiques que suivent les minéraux dans leur organisation ou structure, ne sont pas aussi satisfaisantes que celles qu'on a surles lois physiques, ou physiologiques, des animaux, par exemple. | 99 8 Ainsi nous ignorons pourquoi la position de la molécule se fait sur les faces ou les angles, ou par retraite d’une épaisseur, de deux épaisseurs..., ou un décroissement d’une rangée, de deux rangées..., dans les différentes variétés d’un cristal. . C’est une de ces vérités qu'on doit regarder comme un faif, ainsi que l'attraction, les affinités ; l’'irritabilité. .., et dont on + 38 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE ignoré encore la cause, il ne faut peut-être pas la rechétcher dans l’état actuel de nos connoissances. 4°. Les minéraux peuvent être considérés chimiquement, c’est: ä-dire, quänt aux principes que la Chimie en retire. Du Cerium. Brun Neergard a donné uñe RUE du cerium, tel qu’il est connu en Minéralogie, et de ses diflérentes variétés. Du Cerin. Maïs Hisinger, dit-il; a trouvé une nouvelle espèce, à laquelle il donne le nom de cerën. Voïci ses caractères: CoULEUR , noire. Dureté. Il fait feu au briquet. TRANSPARENCE. Entièrement opaque. PuzvÉéRisé, Poudre grise. Cassure. Fragmens aplatis. Fusion. Fond facilement au chalumeau. FIGURE. On ne l’a point trouvé cristallisé. Berzelius en a retiré, SACEN RUE ame ee Es et ne ANT GAOIS IT ATELIER de fee se aie | mises TI OD Chausetetus E RENSE -Ti 2 Pt RO T2 Oxide descerium.", 0.7 1.002079 CRUE UE Er eee ee Dette Leone 2UIe 7 Oxide de cuivre, accidentellement. . 0.87 Parties volatiles: us duawsius Jus l0:46 On ne l’a trouvé jusqu'ici qu'à la mine de Bastnas en Wes- termanie, Berzelius croit que le cerin est la même espèce que l’allanit de Thomson. Du Junonium. Thomson croit avoir trouvé dans un échantillon de son allanit, un nouveau métal qu’il appelle juronium. Berzelius pense que ce junonium pourroit être le même que le cerin. ET D'HI5 TOIRE NATURELLE. 39 De la Gahrnite. Ce münérai a d’abord été déerit par Murray; dl se trouve à Gorkum, près Dannemora en Suède : on l'avoit pris pour une vésuvienne, mais à tort. Sa couleur est d’un verd d'olive foncé. Sa: pesanteur est 3,45. * Il raie le verre et est rayé par le quartz. Il cristallise en prismes à quatre pans, : Berzelius en a retiré, SCOR M NE MN ETATS Led c pee le Ra O Cha We 1e) spcain cien Here cé ATEN Mere lle Fete Ne: CIRE NA PnÉSTE Loin Nate cause Le 022 ÉRORMIES MMS TL DE lie de à 10720 Manganèse oxidé. . . . . . . . . une trace. Partes volatiles RO NS 8 10:90 D’après tous ces faits, M. Lobo regarde cette substance comme un minéral particulier, qu’il appelle gahnite, du nom de Gahn. De la Domite. Les minéralogistes allemands ont donné le nom de domite à la pierre qui fait la base du Puy-de-Dôme. Cette pierre a cer- tainement été altérée par le feu du volcan; mais la nature de cette altération n’est point encore déterminée. De la Lherzolite. J’ai donné le nom de /herzolite à une pierre verdâtre, quel- quefois d’un verd jaunâtre, qu’on trouve auprès de l'étang de Lherz. Charpentier, fils du célèbre minéralogiste de ce nom , et qui marche dignement sur les traces de son père, a trouvé dans la vallée de Vicdessos la même pierre formant de grandes masses; quelques portions étoient cristallisées. Il a reconnu qu’elle étoit une variété de l’augite. Elle rapproche par conséquent de ma vérescite, qui estune autre varlété de l’augite. 49 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des Apennins de la Ligurie. Cordier a donné une description des Apennins de la Ligurie; il y a observé, 10. De la houille à Caniparola. 20. Une montagne de jaspe près de Montenero: il s’y en trouve de rubané. 30. De la manganèse à la Rochetta, à Fagiona. 4°. Une carrière d’ardoise plus remarquable que la plus cé- lèbre de l'Europe; elle est à Lavagna; les feuilles ont jusqu’à 10 pieds. bo. Le marbre portor au cap Venere et aux îles de Parmara, Tino et Tinetto. ALLIE 6°. Plusieurs variétés de beaux imarbres. 7°. De la serpentine. | Des Houillières de Liège. L'Europe a retenti de l'accident qui y est arrivé : des eaux amoncelées dans des couches supérieures, où elles étoient retenues, ont pénétré dans des couches inférieures où travailloient des ouvriers, et ont failli à les noyer; on connoît le dévouement de Goffin. - Mais il s’y passe journellement d’autres faits qui y produisent des accidens non moins graves. Il s’y dégage des quantités très- considérables de gaz inflammable ou hydrogène; ce gaz, m'a dit Cordier, s’'accumule dans des galeries peu fréquentées. Si les ouvriers y pénètrent avec leurs lampes, il s’enflamme avec fracas et produit les plus graves accidens. Le gaz azote quilen résulte par la consommation de tout le ‘gaz oxigène , tué instantanément. Il est péri de cette manière, il y a peu de temps, soixante-huit personnes. . Mais d’où provient ce gaz? on sait qu'il s’en dégage dans toutes les houillières; mais ici il est plus abondant. On prévient ces accidens par des puits d’airage qui renouvellent l'air. Des ET D'HISTOIRE NATURELLE, 41 Des Caractères des Minéraux. Pelletier a traité de nouveau des caractères des minéraux dans une thèse dédiée à Haüy. Il convient que la Cristallographie, quoiqu’un bon caractère, es£ énsuffisante pour reconnoître les espèces minérales. « La Chimie, ditl, peu seule nous faire connoître la nature » des substances minérales. » La Chimie et la Cristallographie doivent marcher de pair » dans les domaines de la Minéralogie ; isolées, elles sont souvent » insufhsantes. Si chaqueespèce minérale avoitune figure primitive » différente, on pourroit se passer de la Chimie, mais il n’en » est pas ainsi: UNE MÊME FORME EST COMMUNE à plusieurs » espèces. Le cube appartient à la soude muriatée, à la magnésie » boratée, au plomb sulfuré et à plusieurs autres substances. » Le diamant , le spinelle, la chaux fluatée, etc., etc., ont pour » forme primitive l’octaèdre régulier. Dans ce cas, la Minéralogie » est obligée d'emprunter à la Physique , et surtout à la Chimie, » quelques caractères additionnels. » On doit donc regarder comme une vérité, non-seulement démontrée (ce qui est peu pour ceux qui veulent opénidtrément soutenir une opinion fausse), mais AVOUÉE , que /a Cristallo- graphie est insuffisante pour reconnoître les espèces miné- rales, puisque dans une thèse dédiée à Haüy, on n’a pas craint de l’avancer. D’ailleurs, plusieurs minéraux ne cristallisent point, tels que les schistes, les serpentines, les oxides de cerium, les anthracites, les houilles, les naphtes, la plupart des produits volcaniques... Enfin, lorsqu'on découvre un cristal, qui a une figure qui n’est pas connue, on ne peut savoir si c’est un spath calcaire, pas exemple, ou un gypse, ou un fluor, ou un appatit, ou un bo- racite...., que par les caractères chimiques, physiques ou ex- térieurs. Bournon a décrit, par exemple, près de 700 variétés de spath calcaire, dont la plupart des figures ne lui étoient pas connues, Il n’a pu s'assurer que c’étoit du calcaire, que par les caractères chimiques, ou physiques, ou extérieurs : cela est démontré. Mais une démonstration est nulle pour certaines personnes, lorsqu'elle choque leur amour-propre. Tome LXXV'I. JANVIER an 1813. F 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHEMIE Quant à la découverte de la molécule des substances cristal- lisées, Haüy est convenu lui-même qu’elle appartient à Bergman {Essai sur la Structure des Cristaux). Je ne cesserai de répéter aux jeunes gens : RESPECTEZ LA VÉRITÉ. RESPECTEZ LA VÉRITÉ. RESPECTEZ LA VÉRITÉ. 19. Parce que c’est la vérité. 2°, Parce qu’elle triomphe malgré vous, et que vous serez compromis. Mais vous voulez faire la cour aux personnes qui ont du crédit, pour avoir des places. Lavoisier abusa aussi de son crédit pour tâcher de s’appropier la découverte de Bayen , au sujet de la revivification du précipité rouge (oxide de mercure) sans charbon, ou autre substance analogue. Il ne parla jamais de lui, et personne n'osa en parler. La même chose eut lieu à l'égard de Romé-de-Lisle. Je réclamai pour eux.... Mon nom fut proscrit; je fus exclu des places, qu’au reste je ne sollicitai jamais; on ne cila jamais mes travaux; on fut même jusqu’à les attribuer à d’autres (Haüy, Tableau compa- ratif). Je me plaignis (Journal de Physique, tome LXIX, pag. 76), il me fit dire par son ami Tonnelier, qu’il répareroit ses torts envers moi et ses injustices, dans son grand Ouvrage. Ce message me parut singulier. Quelle excuse! Mais la vérité n’en a pas moins triomphé, et on a rendu justice à mes illustres amis Bayen et Romé-de-Lisle, Cette grande injustice de Haüy à mon égard, que jen’ai jamais provoquée, et qui a élé partagée par ceux qui le redoutent, où lui font servilement la cour, est vraiment surprenante et à peine croyable; elle ne peut provenir que de ce que j'ai dit que Bergman et Gahn avoient, les premiers, apperçu la molécule régulière des cristaux, et de ce que j'ai rendu jsutice à Romé- de-Lisle. Comme l’amour-propre est injuste! Comme il est aveugle, puisque cette vérité a été reconnue par Haüy lui-même! ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43 Poslérité! postérité! tu jugeras ces hommes vains, ces hommes injustes, ces hommes foibles, sans énergie, et continuellement vils adulateurs de ceux qui ont du crédit. De mes Lecons de Minéralogie. J’ai publié cette année (en 2 vol. in-8°) les Zecons de Mi- néralogie que je donne chaque année au Collége de France. C’est un des Cours de minéralogie les plus complets. J'y ai suivi la classification des minéraux que j’avois proposée en 1792, dans l'édition que je donnai de la Sciagraphie de Berg- man, el je les ai divisés en dix classes. Ire Classe. Les gaz. TIe Classe. Les eaux. ; IITe Classe. Les corps combustibles simples non-métalliques. Je place dans cette classe l’anthracite. IVe Classe. Les susbstances métalliques. Ve, Classe, Les alcalis que j'ai mis au nombre des substances métalliques ; ce sont des oxides métalliques, comme Davy l’a prouvé. VIe Classe. Lesterres.Je lesaiaussi classéesavec les substances métalliques; ce sont également des oxides métalliques. On trouve dans les argiles, les marnes, les terres smeactites, et les autres différentes terres, l’alumine, la silice, la magnésie, la chaux et l’oxide de fer, qu'on peut regarder comme un principe abondant de la plupart des pierres. Les autres cinq terres connues, la baryte, la strontiane, la circone, la glucine et l’yttria sont très-peu répandues. VIIe Classe. Les acides. On m’avoit fait des objections sur cette classe; mais aujour- d’hui tous les minéralogistes l’admettent. VIIIe Classe. Les sels neutres. J’ai distingué trois espèces de sels neutres, Sels neutres métalliques. Sels neutres alcalins. À Sels neutres terreux , dans lesquels se trouvent les pierres. J’ai fait neuf ordres de pierres à raison desneuf terres connues. 1er Ordre. Pierres siliceuses. F 2 4 be Ge 7e 6e 9° 10° JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ordre. Pierres argileuses. Ordre. Pierres magnésiennes. Ordre. Pierres calcaires. Ordre. Pierres barytiques. Ordre. Pierres. strontianiques. Ordre. Pierres gluciniques. Ordre. Pierres circoniennes. Ordre. Pierres gadoliniques. L Ordre. ROCHES , ou pierres agrégées. J’ai fait également neuf sous-divisions des roches , à raison des neuf terres (tome IT, depuis la pag. 429 jusqu’à la pag. 485 ). ire Sous-division. Roches siliceuses. 2e Sous-division. Roches argileuses. 3e Sous-division. Roches magnésienues. 4° Sous-division. Roches calcaires. ve Sous-division. Roches barytiques. 6° Sous-division. Roches strontianiques. 7e Sous-division. Roches gluciniques. 8: Sous-division. Roches circoniennes. 9° Sous-division. Roches gadoliniques. J'y ai ajouté: roc Sous-division. Roches sulfureuses. A 11° Sous-division. Roches de substances combustibles, anthra- cites, ou houilles. 12° Sous-division. Roches de substances métalliques. 13 Sous-division. Roches volcaniques. Les Allemands ont donné à plusieurs de ces roches des noms qui, en général, sont mauvais, tels que grunstein, westein, granstein:... En France ces roches n’ont point de noms particuliers : on en à proposé qui sont tout-à-fait impropres. Chaque sous-division forme, à raison de la nature de l’agré- gation , Des granits, Des granitoïdes, Des porphyres, Des porphyroïdes, Des brèches, Des pouddines. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 Cette classification des roches est la plus complète et la plus méthodique qui existe : aussi un savant minéralogiste allemand m'écrivoit-il : - & J'ai ÉTUDIÉ PENDANT PLUSIEURS JOURS vofre Traité » des Roches, ou pierres agrégées. » Ces deux volumes doivent être considérés comme le Traité-le plas complet de Minéralogie que nous ayions : tous les minéraux connus alors y sont décrits; mais cette science a fait des pro- grès si rapides, qu'il y a déjà plusieurs additions à y faire, comme nous venons de le voir, telles que les suivantes : Le cerin et le junonium, . La gahnite, La domire ; La /herzolite doit être placée avec l’augite. J'ai considéré dans ces Lecons les minéraux sous les quatre aspects dont nous avons parlé. 1°, Descriptivernent. J'en ai donné la description par les ca- ractères exlérieurs. 20. Organiquement, ou anatomiquement. J’en ai assigné la molécule en les brisant, lorsqu'il m'a été possible, ainsi que la figure -de cette molécule. 3°. Physiquement, où physiologiquement. J'ai indiqué les lois de structure , lorsque je l'ai pu, comme das le calcaire et l’aragonite. 4°. Chimiquement. J'ai rapporté les analyses des chimistes. On m'a fait un reproche, dont il m'est bien facile de me justifier. J’ai exprimé par des quantités numériques les diflérens degrés des qualités des minéraux , comme on exprime leur pe- santeur spécifique. Prenons pour exemple leur dureté. On dit communément: Très-dur, Tendre, L L2 L2 LJ L L L L2 L - L} L2 . LL L2 L . L . L - L2 L2 . L1 L2 e Li Ces déterminations sont trop vagues. J’aiexprimé au contraire, par des nombres , les différens degrés de dureté, F°< 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ‘: La dureté ducorps le plus dur, le diamant, est estimée 10,000. Celle du corps qui raye le verre, comme la zéolite, est es- timée 1000. | Celle des corps mous est estimée 0.0. J’ai estimé par approximation les duretés intermédiaires. Ilen est de mème des autres qualités des minéraux, l'éclat, la transparence... + Mais, objecte-t-on, vous n'avez point de moyens sûrs de déterminer ces valeurs ; j’en conviens; il faut le faire par des approximations, jusqu’à ce qu’on soit parvenu à des moyens sûrs. La pesanteur spécifique, elle-même, se tient dans certaines limites; car chaque auteur en donne une différente. Enfin, si on veut arriver daus cette partie de la science, à cette précision qu’on cherche à porter dans toutes les autres, on doit suivre ma méthode. Son.seul tort est d’avoir été proposée par moi. DE LA CRISTALLOGRAPHIE, Wollaston a donné une nouvelle mesure de quelques angles de cristaux, qu'on avoit supposé égaux. Celui du calcaire primitif lui paroît être comme il l’avoit dit, ainsi que Malus, de 105° 5’, mais un peu plus petit de quelques minutes. L'angle du bitter-spath lui paroît être de 106° 15”. L'angle du fer spathique lui paroît être de 1070. Ceci prouve combien les mesures des angles des cristaux sont encore incertaines. : Les observations des cristallographes découvrent chaque jour une multitude de nouvelles variétés de cristaux qui leur avoient échappé. Ainsi Bournon a décrit près de 700 variétés de spath- calcaire, 30 variétés d’aragonite...: on a décrit 200 variétés, à peu près, de cuivre oxidé rouge. Les variétés de cristallisation de la baryte sulfatée sont aussi extrêmement nombreuses, Il en faut dire la même chose de plusieurs autres espèces de cristaux. On peut donc assurer que le nombre des variétés de cristaux connues, s'élève déjà à plusieurs milliers. . Le minéralogiste ne sauroit entrer dans tous ces détails. ET D'HISTOIRE NATURELLE, #7 Ajoutons que plusieurs de ces variétés ne sont pas déterminées exactement, ni la valeur de leurs angles fixée, ainsi que vient de le dire Wollaston. Malus l’a fait voir également à l'égard des valeurs des angles du spath-calcaire ; il estime l’angle obtus du calcaire primitif ror° 55’, valeur différente de celles qui avoient été assignées par les plus célèbres physiciens. D’où il s'ensuit que les valeurs des angles des variétés secondaires de cette substance , sont également diflérentes de toutes celles qu’on leur avoit assignées. Ainsi les angles du lenticulaire de Roméde-Lisle, ou équiaxe de Haüy , du muriatique de Romé-de-Lisle, ou inverse de Haüy, de mon cyrodonte (dent de chien, ma variété 28) mal à propos appellée métastique ; puisque Malus a prouvé qu'il ne l’est pas.…., ne sont point tels qu'on l’a dit. à Malus m'a dit souvent que les valeurs assignées des angles de tous les cristaux étoient inexacts. II faut en excepter les cubes, les octaèdres équilatéraux, les tétraèdres réguliers... Les valeurs des angles des diflérentes variétés de spath-cal- caire assignées par Bournon, diflèrent presque toutes de celles assignées par Haüy, comme celui-ci l’a avoué, Journal des Mines , n° 183, mars 1812. Il en cite un exemple, pag. 172. « L’incidence respective, dit-il, des deux arêtes situées vers les deux sommets du dodécaèdre à plans triangulaires, est de 1490 47 40", selon M. de Bournon, suivant ma théorie et elle n’est que de 1430 7/ 48", ce qui fait 20 39/ 52” de différence. » Les lois de la structure des cristaux sont également indéter- minées ; on ignore même la nature de leurs molécules. Bournon croit qu’elles ne sont ni cubiques, ni rhomboïdales, il pense même qu'elles sont plutôt des pyramides polyèdres. (Je cite Bournon, parce qu'on convient ibédem, en public, qu'il est un excellent cristallographe.) Mais je pense que ces pyramides, et autres petits solides dont on a cru que sont composés les cristaux, sont formés de /ames triangulaires superposées. Haüy, lui-même, dans son nouveau travail (ibidem, p. 169) se sert aujourd’hui du mot /ames. « Les soustractions de mo- » Jlécules, dit-il, qui ont lieu successivement sur les dèverses » lames de superposition. » Mais comment ces lames se superposent-elles? Bergman s’étoit servidu mot décroissement, Plana certé lege descrescentia. 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Haüy, également du mot décroissement, Bournon se sert du mot reculement. Ces lois de reculement, ou de décroissement, assignées par Bournon, sont différentes de celles assignées par Haüy; l’angle, dit Haüy, pag. 177, que font les arêtes de la septième modifi- cation de Bournon, est, selon lui, de 123° 30° 23”, et suivant moi, de 1210 25’ 46", diflérence 20 4! 27". L’angle d’une autre variété est, suivant Haüy, de 1539 26/6", el d’après Bournon, 1540 28’ 13", différence 1° 2° 7". Les rapports des arêtes au noyau sont souvent très.compliqués, et il est difficile de les apprécier. Haüy en cite, pag. 175, un exemple dans la 45° modification de Bournon. « Dans ce rhomboïdal que Bournon cite (pag. 189, note), le rapport entre les demi-diagonales 2! et p! de chaque rhombe, est celui de V48 à VA41, et dans le rhomboïde relatif à la détermination de M. Bournon, le rapport correspondant est celui de 1/588 à V485.» Haüy en cite un grand nombre d’autres exemples; maïs je ne puis entrer ici dans tous ces détails, qui prouvent que les valeurs des angles des cristaux ne sont point détérminées. Ces considérations ne doivent pas empêcher de regarder la Cristallographie comme une très- belle science, qui doit être étudiée avec soin; mais elle doit être réduite à sa juste valeur, et ne sauroit étre regardée comme suflisante pour déterminer les espèces minérales. La Cristallographie peut être considérée sous deux rapports différens : 1° Comme une simple description des cristaux, ainsi que l’a fait Romé-de-Lisle; 20. Ou comme une recherche de la manière suivant laquelle s'opère cette cristallisation par la position différente de certaines molécules , ainsi que l’a fait Bergman, en brisant le cristal... La Cristallographie doit faire une science particulière , distincte de la Minéralogie. La Cristallographie doit done, ainsi que l'avoit dit Romé- de-Lisle, faire une science particulière, distincte de la Miné- ralogie, ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 49 ralogie, comme les hautes théories musicales mathématiques de Lagrange, par exemple, sont distinctes des hautes théories mu- sicales des grands compositeurs, des Pergolèse, des Gluck, des Haydn... Ces derniersne se doutoient guères des hautes théoriesde l'illustre géomètre; et celui-ci ne feroit pas des compositions musicales semblables à celles de ces grands maîtres. Un minéralo- liste ne doit connoître que les angles primitifs d’un cristal, et quelques-uns des angles secondaires, Il n’a pas besoin, par exem- ple, dans le calcaire, d’en connoître les 700 variétés décrites par Bournon. Werner ne les connoît pas : et cependant il n’est pas de minéralogiste qui connoisse mieux, et peut-être aussi bien les minéraux. Haüy lui-même, quoique ne s’occupant que de cristallographie, ne les connoît pas. Haüy me parloit du titre à donner à son Ouvrage, avant qu’il l’eût donné à l'impression; je lui répondis sans hésiter, le nom de Cristallographie, comme Romé-de-Lisle; mais in- duit en erreur par les fausses louanges des vils adulateurs qui lui disoient, qu'il étoit le premier des minéralogistes, qu’il devoit donner des lois à la Minéralogie , et cherchant toujours à s'éloigner de Romé-de-Lisle, il préféra celui de Ménéralogie. DES VOLCANS. Les volcans ont fait cette année plusieurs éruptions dans dif- ‘férentes parties du globe; mais ces éruptions n’ont présenté aucun phénomène particulier qui puisse ajouter aux notions que nous en avons. Le Vésuve a jeté des flammes et même des laves, Parmi ces laves on a trouvé une stilbite rouge, semblable à celle qu'on voit en grande quantité dans la vallée de Falsha au Tirol; ce qui prouve l’origine volcanique de cetie stilbite du Tirol. Breislak avoit apperçu cette stilbite rouge du Vésuve; mais Maclure l’a examinée avec soin. On a vu sortir une nouvelle île volcanique du sein de la mer auprès de l’île Saint-Michel. DE LA GÉOLOGIE. Breislak a réuni plusieurs faits concernant la Géologie, sous le nom d’Zztroduction à la Géologie, dont Bernard a donné Tome LXXV I. JANVIER an 1813. G 5o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une traduction française. L’auteut y reconnoît, avec Newton et tous les physiciens, la fluidité primitive du globe, prouvée par sa figure conforme à la théorie des forces centrales. Il sup- pose que cette fluidité a été opérée par une fusion ignée, quoiqu’il convienne que l'hypothèse de la fluidité aqueuse est adoptée par un plus grand nombre de savans. Une troisième espèce de fluidité, l'aériforme , a pu avoir lieu. J’avois fait voir auparavant, Théorie de la Terre, qu'on ne peut douter que le globe ait été fluide; mais on ignore quelle a été cette fluidité primitive.... Nous n'avons peut-être pas assez de faits pour décider cette question. Il faut donc en aban- donner la solution pour le moment. Le géologue doit s'attacher principalément aux effets que cette fluidité a dû produire. IL est prouvé que toute masse fluide, qui passe à l’état con- cret , cristallise où régulièrement, ou confusément. Tout le globe n'est donc devenu solide, ou concret, que par cristallisation. J'en ai conclu que la surface du globe en se consolidant, n'a pas été plane, mais a été couvertede grosses masses de cristaux, comme la surface d’une grande quantité de dissolution saline, telle que lalun, les sulfates de fer, de cuivre..,; ces masses de cristaux de la surface de la terre, ont formé les montagnes pri- mitives, que l’auteur ne trouve des cristallisations colossales, que parce qu'il wa pas assez calculé la masse d’une sphère de 2865 lieues de diamètre, comme la terre , comparée aux petites masses de nos dissolutions salines. Cette surface du globe n’étoit donc point plane dans les premiers momens. Des montagnes la traversoient en différens sens, comme au- Jourd’hui, mais sans aucune direction déterminée, comme quel- ques auteurs l’ont prétendu. Les interstices qui les séparoient, formoient des vallées et des vides , qui ont servi de bassinsaux mers, aux lacs et aux fleuves. Toutes ces cristallisations soit de la masse du globe, soit de ses montagnes, ont obéi aux lois des affinités, et chaque subs- tance a cristallisé séparément ; là les granits, ici les porphyres, ailleurs les serpentines et toutes les roches magnésiennes; dans d’autres endroits, les roches argileuses, schisteuses, sypseuses, calcaires. ... ET. D'HISTOIRE NATURELLE: : 5r Parmi ces roches cristallisées, les unes ont formé des couches, comme les gneis, les schistes. ..; d’autres n’ont point formé de couches, tels que les granits, les porphyres, les serpentines... + Des troisièmes ont formé des filons, c’est-à-dire, de petites bandes alongées, soit pierreuses, soit métalliques. ..; les parties qui composent le filon étoient mélangées avec la masse de’ la montagne, et s’en sont séparées par les lois des aflinités... C’est ainsi que j'ai concu la formation des terrains primitifs : et Breislak est entièrement de mon avis à cet égard. | Il a ensuite considéré la formation des volcans ; il pense qu'iis sont entretenus par du pétrole; il suppose que ce pétrole est très-abondant dans le règne minéral, qu'il y circule comme Veau, et qu’enfin il se rend dans des réservoirs, où il forme des espèces de lacs. Le feu s'y met par les causes connues, et le volcan brûle, avec les phénomènes ordinaires, tant que la maste du pétrole n’est pas épuisée. Lorsqu’elle est consumée, le volcan cesse ses éruptions, Jusqu'à ce qu'il s’en soit amassé une nou- velle quantité...: c’est ainsi que le Vésuve a eu plusieurs in- termitiences.... Cette opinion ne paroît pas probable; car aucun fait ne prouve que le pétrole circule dans l’intérieur du globe comme l’eau... Breislak a ensuite parlé des corps organiques fossiles; il les considère sous six états différens, ainsi que je l'ai fait: 19 À l’état naturel; 2° Dans l’état d'impression ; 30 Dans l’état de pétrification; 4° Dans l’état d’incrustation; bo Métallisés ; 6° Bituminisés. I] rapporte l'opinion de Blumenbach qui en fait quatre classes. (Specimen archeologiæ telluris, terrarumque.) La première classe comprend les fossiles analogues, dont les analogues vivent, ou végètent encore présentement dans les mêmes lieux. La seconde classe embrasse les fossiles dont les analogues ont survécu à une grande catastrophe, mais qui, loin d’avoir vécu dans les mêmes lieux où on les trouve à présent, doivent y avoir été transportés par des inondations violentes. stkeld : à . , La troisième classe comprend les fossiles équivoques qui pré- G 2 52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sentent toujours quelques diflérences avec les analogues vivans, différences qui ne permettent pas de décider si ces fossiles et les êtres organisés qui leur ressemblent, peuvent être rapportés à une même espèce plus ou moins dégénérée , ou s’ils appartiennent à des espèces différentes. La quatrième classe rassemble les fossiles qui ne peuvent se rapporter qu'à l'époaue la plus reculée de l’existence du globe, à cette époque obscure à laquelle notre planète doit avoir souffert d'énormes bouleversemens, qui changèrent sa superficie en plu- sieurs endroits et à diflérentes reprises. Dans cette classe se pré- sentent plusieurs fossiles, dont les analogues vivans ne se trouvent plus, et semblent avoir appartenu à une autre terre, et être relégués dans le règne minéral par des catastrophes différentes par leurs genres et leurs époques. T1 faut encore distinguer ces fossiles par rapport aux lieux où on les trouve. . ‘ 19. Les fossiles quièse trouvent dans les pierres, souvent pé- trifiés, d’autres fois enfermés seulement dans les pierres, comme ceux des plâtres de Montmartre, des poissons du Montbolca. .. 2°. Ceux qui sont renfermés dans les couches de houille. 30. Les fossiles enfermés dans des tourbes, comme dans celles de la Somme, dans celles de la Belgique... 4°. Les fossiles qui se trouvent dans des brèches, comme en Dalmatie, à Gibraltar, à Aix en Provence... 5o, Les fossiles qui se trouvent dans dés terrains d’alluvion, comme en Sibérie, en Angleterre, à Sevran aux environs de Paris... 6°. Les fossiles qui se trouvent dans des cavernes, comme à Gallenreutsh, à Bauman.... Parmi ces fossiles, les uns ont appartenu aux mers, comme les baleines, les dauphins... et la plus grande partie des co- quilles fossiles. Les autres ont appartenu aux continens, tels que les éléphans, les rhinocéros, les bœufs... D’autres ont appartenu aux animaux amphibies, tels que l’hip- popotame, les crocodiles... Enfin, parmi les coquilles fossiles, le plus grand nombre à appartenu aux mers ; mais quelques-uns paroissentavoir appartenu, où aux eaux douces, ou aux continens. / ET D'HISTOIRE NATURELLE, 53 Lenglet a donné une histoire des anciennes révolutions du globe. Il reconnoît le principe général de la liquidité du globe. 11 examine d’abord les hypothèses de la liquidité ignée. . Mais, ajoute-t-il, depuis que la Minéralogie et la Chimie ont fait de grands progrès, on a abandonné les hypothèses de l’action du feu. « Lamétherie, dit-il, suppose que tous les principes qui com- posent le globe, ont été dissous par l’eau à une température de l'eau bouillante, qu’ils ont ensuite cristallisé en grandes masses pour former les montagnes primitives. » Du Déplacement successif des Eaux des mers. Il a ensuite examiné la grande question de savoir si les eaux des mers ont éprouvé des déplacemens successifs. Il se décide pour laflirmative, et il rapporte plusieurs faits pour le prouver, X On a commis en Géologie les mêmes fautes qu’on avoit faites dans les autres sciences. On a voulu rechercher les causes de tous les phénomènes qu'on observoit; et on a imaginé des sys- tèmes, et des hypothèses peu fondées. On est revenu de cette erreur dans les autres sciences. Le physicien, par exemple, ne recherche plus les causes qui font tendre les corps les uns vers les autres. Cette tendance est-elle l'effet de l’action d’un fluide particulier, ou celui d’une attraction particulière ? La lumière est-elle l'effet de l’action d’un fluide émané des corps lumineux, ou celui d'un fluide immense répandu dans l'espace et ébranlé par l’action du corps lumineux? comme le son est l’eflét de l'ébranlement que le corps sonore produit dans Pair. Quelle est la nature du fluide électrique, du fluide galva- nique. ..? Le grand Haller a posé en principe que les parties animales jouissent de Pirritabilité; mais on ignore la cause de cette irri- tabilité, et on ne la recherche pas. Le physicien ne s'occupe plus de ces questions; il constate les faits; et par des expériences répétées, il recherche les pro- 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CMMMIE priélés du fluide lumineux , du fluide galvanique..., et il en a constaté d'admirabies. Le chimiste recherche les effets produits par les lois des af finités, par la cristallisation, sans en chercher les causes. Le physiologiste recherche les lois de lirritabilité, Le géologue sage doit suivre la même marche. Il est prouvé que le globe a joui d’uue fluidité quelconque. Il reconnoît le fait, mais il ne doit point chercher la nature de cette fluidité, ni la cause, dans le moment present. Il est prouvé que ce globe a perdu sa fluidité en se conso- lidant ; que toutes ses parties ont cristallisé en obéissant aux lois des aflinités...; il n’en recherchera point les causes; mais il tâchera d’en découvrir les différens phénomènes, ‘ La Géologie en s’en tenant à ces principes, et abandonnant les systèmes et les hypothèses, fera les mêmes progrès que les autres sciences physiques, puisqu'elle est également fondée sur les faits; elle aura des questions insolubles, comme toutes les. sciences; mais elle réunira un grand nombre de faits certains. Le zèle avec lequel on étudie aujourd'hui cette science, ne permet pas de douter qu’elle ne fasse de grands progrès. Des Ossemens fossiles dés animaux, ef principalement des Coquilles fossiles. Les couches les plus récentes de la surface de la terre con tiennent des quantités plus ou moins considérables de débris d'êtres organisés, soit animaux, soit végétaux et particulièrement de coquilles. Ces coquilles ont, ainsi que nous venons de le voir, appartenu ou aux mers, où aux eaux douces, ou aux continens. Les géologues s'occupent beaucoup aujourd'hui de les recon- noître. Mais ils sont arrêtés dans leurs recherches, parce qu’on v’a point de caractères suffisans pour distinguer les coquilles vivantes, et savoir si telle coquille appartient aux eaux salines, aux eaux douces , ou aux continens : à plus forte raison ne peut-on s’en assurer pour les coquilles fossiles, rarement bien conservées. Aussi Brard regarde-t-il comme marines, plusieurs coquilles qu'on prélendoit être fluviatiles. Cuvier et Brogniard ont fait beaucoup de recherches sur les ET D'HISTOIRE NATURELLE, 55 animaux et les coquilles fossiles si abondantes dans les environs de Paris; ils ont cru reconnoître des coquilles marines, des co- quilles d’eaux douces et d’autres des continens, et ils en ont Uré les conséquences suivantes: 1°. Une mer a apporté les coquilles des craies dans les couches les plus profondes , et a déposé ces craies. 20. Une mer a apporté les coquilles des grands bancs calcaires qui sont au-dessus, et a déposé ces bancs. 3°. Des eaux douces sont survenues, ont apporté dans les plâtres les ossemens, ainsi que les coquilles qui s’y trouvent, et ont déposé ces plâtres, 4°. Ces eaux douces ont disparu, et a succédé une mer qui a déposé au-dessus des plälres, des couches d’huîtres. 5o. Une autre mer est venue déposer au-dessus des huîtres, et-au sommet de Montmartre et des autres collines, des coquilles semblables à celles des bancs calcaires. Je leur ferai quelques observations sur ces hypothèses , et leur dirai : a. Il n’y a point encore de caractères certains pour distinguer les coquilles marines, celles d'eaux douces et celles des continens, et vous-mêmes êtes obligés de diviser des genres des coquilles qu’on regardoit comme marines , en nouveaux genres, que vous appelez d'eaux douces, telle que votre potamide. b. Vous supposez des mouvemens des eaux des mers, sans les prouver. c. D’où seroïent venues ces eaux doucesque vous supposez avoir formé les plâtres? d. Que sont-elles devenues après avoir formé les plâtres ? e. Vous convenez qu’on trouve dans ces plâtres, des coquilles des continens et une grande quantité d’ossemens d'animaux des continens; ils y ont été sans doute apportés par des eaux cou- rantes. ... Pourquoi les mêmes causes n’y auroient-elles pas apporté les coquilles fluviatiles ? Aucun fait ne sauroit donc autoriser à conclure que ces plâtres ont été formés dans les eaux douces. Je pense qu'ils font été ici dans les eaux des mers, comme dans les autres endroïts où on en trouve. 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Je pense que les coquilles fluviatiles, les planorbes , les Iym- nées..., décrites par Coupé, qu’on trouve dans les terrains des environs de Paris, y ont élé déposées par des lacs d’eaux douces, mais APRÈS LA RETRAITE DES EAUX DES MERS ; Car il se sera formé ici des lacs d’eau douce, ainsi que l’a dit Lamanon, comme il y en a un si grand nombre à la surface du globe; et des terrains ont été formés dans ces lacs après la retraite des INETS. Je l'ai dit dans ma Théorie de la Terre; car il y a (tome V, pag. 137) un chapitre intitulé : DES TERRAINS FORMÉS DANS DES LACS. Je ne nie donc point que des terrains soient formés dans des eaux douces; mais il ne paroît point probable que les plâtres de Montmartre y aient été formés, et qu’ensuite une mer y ait apporté un banc d'huîtres, et une autre met ait apporté au-dessus de ces huîtres, les mêmes coquilles qui se trouvent dans les grands bancs calcaires situés au-dessous des plâtres. Bigot de Morose a trouvé auprès d'Orléans, une grande quantité de coquilles fossiles qu’il regarde comme fluviatiles : d’où il a conclu que ces terrains ont été formés dans les eaux douces. Omalus a fait les mêmes observations dans les départemens du Cher, de l’Allier et de la Nièvre. Audebert de Ferrusac, dans le Quercy et l'Agenoïis. Ils ont également conclu que ces terrains ont été formés dans les eaux douces. Je serai de leur avis, en disant que ces eaux douces éloïent des lacs formés après la retraite des eaux des mers. Bigot de Morose a reconnu dans les terrains dont il parle, les vestiges d’un ancien lac d’eau douce desséché. On connoît lesvestiges d’un grand nombre de ces lacs desséchés, J'en ai cité plusieurs dans ma Théorie de la Terre. Mais, dit-on, il se trouve quelquefois des coquilles marines avec ces coquilles fluviatiles... Je réponds que cela ne prouve point que les terrains où se trouvent ces coquilles fluviatiles, aient été formés dans les eaux douces. Je ne combats donc l'opinion des savans dont je parle, qu’en ce qu'ils supposent que les plâtres formés dans les eaux douces, ont élé recouverts par les eaux des mers. Je vais éclaircir ma pensée par des faits. Prenons l ET D'HISTOIRE NATURELLE. | 57 Prenons pour exemple un terrain tel que celui des environs de Genève : son lac doit déposer sur les terrains qu'il recouvre, les coquilles d’eaux douces et fluviatiles qu’il nourrit. On trouvera donc ces coquilles sur ces terrains. Mais en même temps ses eaux dégradent et ravinent ces ter- rains , ainsi que ceux qui le bornent, par exemple les montagnes de ia Meilleraie, Ces débris formeront de nouvelles couches ac- cidentelles, qui contiendront des coquilles fluviatiles ; mais ces montagnes ayant été formées dans les eaux des mers, contiennent des coquilles marines. Ces coquilles fluviatiles se mêleront donc avec les marines. On auroit donc tort d'en conclure que les montagnes de la Meilleraie, et les autres qui bordent ce lac, ont élé formées par les eaux douces alternativement et par les eaux des mers. Nous devons encore ajouter que les grands courans ont dû apporter sur ces terrains différentes espèces de coquilles, ainsi que -des animaux et des végétaux. Des Bois fossiles. , Les bois fossiles sont extrêmement communs; ce sont presque toujours des bois étrangers aux contrées où on les trouve. On y rencontre surtout beaucoup de palmiers : on en a trouvé plusieurs aux environs de Paris qui sont silicifiés. Lafruglaye a observé sur les côtes de Bretagne, près de Morlaix, les restes d’une forêt considérable enfouie en terre ; il l’a reconnue par des ravins faits par les eaux; elle avoit plus de sept lieues; ‘les arbres étoient renversés en tout sens. Il a reconnu des ifs, des chênes, des bouleaux, des mousses, des racines de fougères, des joncs, des asperges, enfin la moitié d’un cocco. Correa a aussi observé à Sutton, en Angleterre, des îlots dont le sol étoit entièrement composé de racines, de troncs, de bran- ches et de feuilles d’arbres entremêlés de quelques feuilles de plantes aquatiques. Il a reconnu le bouleau, le salix equifolia, des racines de l’arundo phragmites. On trouve en Egypte, dans les sables du côté des lacs de Natron et ailleurs, une grande quantité d’arbres pétrifiés. Cordier m'a dit y en avoir vu beaucoup qui sont silicifés. Ces bois fossiles étrangers aux régions où on les trouve, pré- sentent les mêmes difficultés que les coquilles continentales. Tome LXXVI. JANVIER an 1613. H 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cependant nous avons vu que ceux de Morlaix, de Sutton sont des arbres des mêmes contrées; ce qui indique qu'ils ont été réduits à cet état par une autre cause, vraisemblablement par une irruption des eaux de la mer. Les autres bois fossiles sont le plus souvent sélicifiés, c’est- à-dire changés en matière siliceuse. : Poiret en a trouvé qui ont l'apparence d’amianthe, toujours siliceuse, Les coquilles fossiles et les vers pétrifiés présentent les mêmes phénomènes; plusieurs sont changées en matière siliceuse. Quelques-unes sont même métallisées , c'est-à-dire que la subs- tance métallique a pris la place de la substance calcaire. J’ai exposé dans mes Zecons de Minéralogie , tome II, p. 606, toutes les diflicultés que présentent ces phénomènes. Comment la matière calcaire des coquilles peut-elle céder sa place à la matière siliceuse, ou à la substance métallique? Comment dans les bois, les vers fossiles, la matière siliceuse peut- elle prendre la place des substances qui composent les bois, c’est- à-dire de charbon, des acides, des alcalis, des huîtres, des ré- sines...? car ces bois ne contiennent presque point de terres. Nous n'avons, je crois, point de théories satisfaisantes pour expliquer ces faits. DE LA GÉOGRAPHIE. L'esprit inquiet de l’homme social le porte à voyager pour dissiper cet ennui qui l’obsède : or chaque voyage fait par un homme instruit, ajoute à nos connoissances géographiques. La nation Anglaise s’est surtout distinguée par ses voyages; l'exercice lui est plus nécessaire qu’à toute autre. Aussi a-t-elle fourni un grand nombre de célebres-voyageurs qui ont beaucoup augmenté nos connoïissances géographiques , tels que les Cook, les Banks, les Dixons, les Vancover, les Flinders.... Dans ces derniers temps Crawford a pénétré dans le Thibet, dont il nous a donné quelques connoissances. Manco-Pack a vu l'intérieur de l'Afrique où il est péri : Bruce, Horneman ont vu l’Abissinie ; d’autres remontent du cap vers l'équateur. Les Portugais, les Espagnols, les Hollandais ont fourni les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 premiers, les plus hardis navigateurs. En dernier lieu, les Es- pagnols ont eu leur Fuente, leur Malaspina..., qui nous ont fait connoître des contrées inconnues. Les autres nations n’ont pas moins fait pour la Géographie, les Fleurieu , les Bougainville, les Marchand, les Lapeyrouse, les d'Entrecasteaux, les Baudins, les Péron, les Lesueur..., pour les Francais. Les Italiens ont eu leur Paul Lucas, leur Cristophe Colomb... Les Prussiens ont eu leur Humboldt. Les Russes ont eu leur Pallas, leur Krusensten.... : Les Suédois ont eu leur Sparman, leur Thunberg.... Les Danois ont eu leur Niebur.... . Tous ces voyageurs célèbres ont tellement augmenté nos con- noïssances géographiques, qu’il est peu de contrées qui ne nous soit connue. Mais nous avons beaucoup à acquérir pour les détails. L’ir- térieur de l’Asie, de l'Afrique, de l'Amérique, de la Nouvelle- Hollande, des grandes Iles..., laisse beaucoup à desirer. Il n’y a que les régions polaires inconnues, parce que les glaces empèchent d’en approcher. Des Chinois. Les philosophes ont fait des recherches profondes sur l’anti- quité des différens peuples. Des savans distingués ont dit que les Égyptiens avoient été le peuple le plus anciennement instruit, Cette opinion a été soutenue par la plupart des savans modernes. D’autres ont attribué cet honneur aux Hindoux, ou aux Chaldéens. Bailly placoit l’origine des sciences dans la Haute-Tartarie, et il appuyoit son opinion par de puissans motifs. J'ai pronvé par des faits les plus authentiques de l'Histoire (tome LXXIV de ce Journal), que les Chinois ont possédé, avant tous les autres peuples, des connoissances de la plus haute importance ; ils connoissoient : 19 La boussole, 29 L'imprimerie; ! 3° Ils avoient fait de grands progrès dans lAstronomue. 4°. Leurs progrès dans les arts furent étonnans ; ils fabriquoient H 2 Go * JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la porcelaine, et ils ont encore par tradition, des procédés dans les arts, que nous ne pouvons 1miter. 5°, Ils ont fait les premiers usage de la soie. ... 6°. Enfin, ils connoissoient la poudre à canon depuis un grand nombre de siécles.... On peut conclure de tous ces faits, que les Chinois ont été, d'après le témoignage de l'Histoire, le peuple le plus anciennement instruit... Il faut voir dans mon troisième volume des Considérations sur les Étres organisés, sur la Perfectibilité et la Dégéné- rescence des Êtres organisés, ce que J'ai dit sur les premiers peuples. Je pense que les nations T'artares ont élé les premières instruites : et il faut regarder les Chinois comme la première de ces nations T'artares; elle s’est fixée à un sol riche , où elle a prodigieusement mulüplié;elle s’y est amollie, et est tombée sous le despotisme, Les Hindoux ont eu également de très-hautes connoissances dans des temps très-reculés, J'ai fait voir qu'ils ont connu la matière nébuleuse, qu’ils appeloient akasch. Les Africains, excepté les Egyptiens , les Carthaginois et peut- être les Ethiopiens, paroiïssent avoir eu peu d'instruction. Quant aux peuples qui habitent l'Amérique, il paroît qu’ils éloient primitivement peu instruits, et qu'ils ont tiré leurs con- noissances de quelques peuples de l'ancien continent, que des circonstances particulières y ont fait aborder. Les habitans de la Nouvelle-Hollande sont presque encore dans l’état de nature. Au reste, il n’est pas douteux que des peuples très instruits n'aient perdu leurs connoïssances par des causes morales et des révolutions politiques : tâchons que la même chose m'arrive pas à cette époque, une des plus brillantes sans doute pour l'esprit humain. L’Imprimerie nous fournit un puissant moyen. Les Chinois la possédoient, à la vérité, mais exclusivement; au lieu qu'aujourd'hui elle est répandue chez toutes les nations. DE LA PHYSIQUE. . La Physique, ou la connoïissance des lois qui meuvent Îles corps, a fait moins de progrès que les autres parties des sciences: ET D'HISTOIRE NATURELLE. Gr la plus grande partie de ces mouvemiens sont opérés par des fluides subtils encore peu connus, tels que le calorique, le lu- mineux, l’électrique, le galvanique , le magnétique, l’akasch, où matière nébuleuse, les différens gaz..,; d’ailleurs les mathé- maticiens s’étoient emparés d’une partie de la Physique et les chimistes d’une autre... Toutes ces causes ont singulièrement retardé la marche de celte belle science; mais aujourd’hui elle est cultivée avec une nouyelle ardeur, et elle obtient de nouveaux succès, par les ex- périences qu’on multiplie. Néanmoins il est des parties de la Physique , telles que la Mécanique l'Hydraulique. .., qui sont assez avancées. Mais ce qui rend les progrès des autres parties de la Physique si difficiles, c’est que les principaux phénomènes en sont opérés par des fluides subtils qui sont peu connus : l'électricité nous en présente un exemple frappant. Depuis plus de deux siècles les plus beaux génies s'occupent des phénomènes électriques, et on est encore à savoir s’il n’y a qu’un seul fluide électrique, ou sil y en a deux. Il en faut dire autant du fluide magnétique. - Nous avons des expériences, cette année, sur chacun de ces fluides : et c’est la vraie manière de les étudier, DU CALORIQUE. Laroche a fait sur le calorique rayonnant, de nouvelles ex- périences ; elles lui ont paru confirmer celles du professeur Prevost. Ses conclusions sont : 19 Que la chaleur rayonnante obscure peut, dans quelques circonstances, traverser immédiatement le verre. 20. La quantité de chaleur qui traverse le verre est d’autant plus grande, relativement à la totalité de celle qui est émise dans la même direction, que la température de la source rayon- nante est plus élevée. | 30. Les rayons calorifiques qui ont déjà traversé un écran de verre éprouvent, en tfaversant un second écran semblable, une déperdition beaucoup moins considérable que dans leur passage au travers du premier. 4°. Les rayons émis simultanément par un même corps chaud, Gz JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE diflèrent entre eux par rapport à leur faculté de traverser le verre. 5°, Un verre épais, quoique autant et plus perméable à Ja lumière qu'un verre mince de moins belle qualité , laisse passer beaucoup moïns de calorique rayonnant. La différence est d'au- tant moindre, que la température de-la source rayonnante est plus élevée, 60. La quantité de chaleur qu'un corps chaud cède dans un temps donné par voie de rayonnement à un corps froid situé à distance, croît, toutes choses égales d’ailleurs, suivant une progression plus rapide que l'excès de la température du premier sur celle du second. Le même savant vient de faire de nouvelles expériences sur le calorique des gaz avec Berard, qui ont obtenu le prix de Phy- sique décerné par l'Institut de France. Du Froid produit par l'Évaporation. Leslie a fait une belle suite d'expériences sur le froid produit par l’évaporation. Configliati est parvenu, au moyen d’une excellente machine preumatique, à entretenir le vidé au point que la simple évapo- ration de l’eau dans ce vide, produit un froid très-approchant de celui de la congélation, que cette évaporation, aidée du concours de celle de l'acide sulfurique, peut faire descendre le thermo- mètre an point où le mercure ,se gèle, et qu’enfin en employant de l’éther, le mercure devient ARE au milieu de l'été, et le degré de froid peut être porté jusqu'au — 41° de Réaumur. Flaugergues a eu à peu près les mêmes résultats par un autre procédé. Il prend une a ou récipient de verre; il en chasse lair qu'il contient en faisant bouillir un peu d’eau au fond de cette cloche renversée, ou en là plaçant sur un baquet plein d’eau bouillante. ..; aussitôt que cette cloche s’est remplie d’eau réduite en vapeurs, on la transporte promptement sur un plateau portant deux capsules pleines, l’une d'acide sulfurique, l’autre d’ean, et garni tout autour d’un mastie pour empêcher l'air de pénétrer dans la cloche. L’eau en vapeurs est bientôt condensée et absorbée par l'acide sulfurique, et le froid qui est produit , congèle l’eau de la capsule. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 DU FLUIDE LUMINEUX, 4 La lumière est-elle l'effet d'un fluide émis du corps lu- mineux ? est-elle effet de l'ébranlement par le corps lumineux, d’un fluide subtil répandu dans l’espace, comme le son est l'effet de lébranlement de l’air par le corps sonore? Cette ques- tion est regardée jusqu'ici comme insoluble, et les physiciens ne s’en occupent plus; ils se bornent à rechercher les propriétés de ce fluide inconnu. De la double Réfraction des Rayons lumineux. Huyghens, Newton... se sont particulièrement occupés des mouvemens du fluide lumineux. Quelques-uns de leurs travaux sur la double réfraction , avoient été négligés; mais ils ontété repris dans ces derniers temps par Malus, Rochon.... Nous avons fait connoître les beaux travaux de Malus sur la double réfraction et sur la polarité du fluide lumineux. Rochon en a fait d'autres qui ne sont pas moins intéressans sur ie même objet, qui se trouvent également dans ce Recueil. Rochon a proposé d'employer des gases métalliques pour ga- rantir les édifices du feu. De la Diffraction de la Lumière. La lumière présente un autre phénomène qui n’est pas moins digne de l'attention des physiciens que ceux dont nous venons de parler. Des rayons de lumière qui passent proche les bords d’un corps se plient. Ce fut Grimaldi, jésuite à Bologne, qui publia le premier des observations sur cette inflexion de la lumière , qu'il appelle diffraction ; elles furent imprimées deux ans après sa mort, en 1665, par le père Riccioli, sous le titre de Physico- Mathesis de lumine, coloribus et ride libri duo, etc. * Flaugergues a repris ses travaux; nous en avons fait connoître une partie : nous publierons la suite dans les Cahiers suivans. Du Fluide lumineux comme agent chimique. Le fluide lumineux a une autre propriété ; il agit chimiquement. , e 4 LA. Lg HS 4 De l'argent muriaté exposé à la lumière, de blanc qu'il étoit, se colore en gris plus ou moins foncé, 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE, CHIMIE DU FLUIDE ÉLECTRIQUE. Ce fluide étonnant n’est connu que depuis environ deux’siècles ; il a été l’objet des recherches des plus grands physiciens, et néanmoins leurs travaux rous ont donné peu de connoissances sur sa nature, mais nous en connoissons assez bien quelques effets. Franklin a fait voir que le tonnerre et tous les phénomènes qui l’accompagnent, sont des effets de l'électricité. I] ne reconnoît qu'un seul fluide électrique. Volta et plusieurs autres physiciens n’admettent également qu'un seul fluide électrique. Mais Symmer a supposé deux fluides; ainsi que Dufay. Coulomb a admis la même opinion. Poisson a fait, cette année, de nouvelles recherches sur cet objet. Il suppose, avec Coulomb, deux fluides, et il examine la manière dont dans cetle hypothèse ces fluides se distribuent à la surface des corps. Coulomb avoit déjà fait un grand nombre d’expériences à cet égard , sur des sphères de différens diamètres. Poisson a répété ces expériences et a oblenu des résultats un peu différens. Mais il ne faut pas oublier que tous ces travaux reposent sur l'hypothèse des deux fluides. DU FLUIDE MAGNÉTIQUE. Schubler a fait de nouvelles expériences sur la déclinaison magnétique absolue, et sur l’étendue des variations horaires u’offrent des aiguilles dans le même lieu et à la même époque, selon que le fluide magnétique est différemment distribué dans leur intérieur. Nousregrettons que le défaut d’espace nous empêche de les rapporter. Hansten dans une Lettre adressée à Orsted, a fait un travail des plus précieux sur les forces magnétiques du globe. Toutes mes recherches, dit-il, m'ont conduit à une théorie par laquelle on seroit en état de calculer les déclinaisons et les in- clinaisons de l'aiguille aimantée, et l'intensité des forces magné- tiques, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 tiques , en supposant que l'on connoisse pour chaque endroit donné les positions , les longueurs et les forces des deux axes magnétiques. Quelques calculs préliminaires m'ont convaincu que l'incli- naison ne se trouvera assez grande, qu’en prenant les demi-axes magnétiques égaux à un dixième du rayon de la terre, où plus petits encore : la force de l’un des deux axes doit étre au moins double de celle de l’autre, Dans une même ligne d’inclinaison, l'intensité doit être la plus petite dans une partie de l’Europe et de l'Afrique, et la plus grande dans une partie de la mer Australe, L'équateur magnétique étant de toutes les lignes d’inclinaison possibles, celle où l'intensité de la force est la plus foible, le point qui , sur toute la terre a la moindre intensité, doit tomber un peu au sud.de l'équateur du globe, non loin de la côte oc- cidentale de l'Afrique; l’intensité de ce lieu doit être prise pour unité. La cause des variations magnétiques, tant journalières qu’an- nuelles, lui paroît due non-seulement à l’action du soleil sur notre globe, mais encore à celle des autres corps célestes, la lune et les planètes. De l' Aurore boréale. Hansten prétend que les apparitions de l’aurore boréale ont beaucoup de rapports avec les phénomènes du maguétisme; il appuie cette opinion par un grand nombre de faits. DU FLUIDE NÉBULEUX, AKASCH , OU PHOSPHORESCENT. Nous avons vu que suivant les observations de Herschel, la matière nébuleuse est un fluide qui a joué un grand rôle dans la construction du ciel et de tous les corps célestes. Ce même fluide nébuleux doit donc également se retrouver dans la construction du globe terrestre et dans celle de tous les corps terrestres. Les Brachmanes, philosophes hindoux, ont également reconnu une substance particulière qu’ils ont nommée akasch. De la Phosphorescence. Ce phénomène a été examiné avec beaucoup de soin par Desseignes ; ses nombreuses expériences lui ont paru prouver Tome LXXVI. JANVIER an 1813, I 66° JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GHIMIE que la phosphorescence des corps éloit un eflet du fluide élec-: irique. Placide Heinrich l’a considéré d’une manière différente que Desseignes : il a également fait un grand nombre d'expériences, qui lui ont paru prouver que la phosphorescence des corps dé- pendoit d’un dégagement de lumière , du fluide lumineux. On sait que cette opinion est la plus généralement adoptée des physiciens. Mais je crois que la phosphorescence dépend d’aneautre cause , savoir , du fluide nébuleux , ainsi que nous venons de le dire. DES GAZ. Les gaz ont la plus grande influence dans les phénomènes terrestres. Du Gaz oxigène, ou de l'Air pur. Le gaz oxigène avoit été regardé comme le principe des acides ; mais Humphry et John Davy pensent que l'acide muriatique ordinaire est composé d'acide muriatique oxigéné et de gaz im- flammable : ainsi lacide muriatique oxigéné fait ici fonction de principe acidifiant, et par conséquent l’oxigène n’est pas le principe de l'acidité de l’acide muriatique. C’est également l'opinion de Berthollet, qui pense que l'acide prussique et le gaz hydrogène sulfuré ne contiennent point d’oxi- gène. De l'Hydrogène, ou Gaz inflamrrable. Humphry Davy croit que l'hydrogène se trouve dans tous les corps combustibles, comme je l'ai soutenu le prenfier dans ce Journal et dans mon Traité de l'Air pur (2 vol. in-80); ce qui m'attira tant de déclamations de la part d'un certain parti. Il me fallut tout mon amour pour la vérité, pour que je per- sistasse à la défendre. Vérité! vérité! De l’Azote, ou Gaz nitrogène. Davy avoit dit qu’il étoit possible que l’azote, qu’il appelle ritrogène, fût composé ; maisil n’a pas prouvé cette assertion. Les propriétés des gaz sont en partie connues. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 67 Ces notions sur les fluides éthérés ne nous en donnent pas encore des connoissances suffisantes; mais les faits m'ont paru prouver que le fluide nébuleux existe danstous les corps terreslres, et qu'il est un nouveau fluide à ajouter aux fluides éthérés que nOUS ConnoissOns. Nous aurons donc pour fluides éthérés, 1° Le fluide calorique; 2° Le fluide lumineux; 30 Le fluide électrique et galvanique; 4° Le fluide magnétique; | o° Le fluide nébuleux. ’ Mais quels sont les effets que produit le fluide nébuleux ? Nous pouvons supposer qu’il devient lumieux par la chaleur, comme dans le périhélie des comètes. Le choc et le frottement lerendent également lumineux , comme dans les corps phosphorescens. Ce fluide n'est-il pas la cause de la Zumière zodiacale, par quelque modification qui nous est encore inconnue? car Laplace a prouvé que la lumière zodiacale ne sauroit être expliquée par aucun des faits connus. Ce fluide n'est-il pas encore la cause de quelques aurores bo- xéales qui s’appercoivent à de grandes distances, et que l’on ‘suppose à plusieurs centaines de lieues d’élévation au-dessus de ‘la surface de notre globe, comme Mairan l'a prouvé? De la Météorologie. Bouvard continue à nous communiquer les observations mé- téorologiques qu’il fait à l'Observatoire de Paris. On en fait également à Genève, à Turin et dans toutes les villes où il y a des Sociétés savantes. Mais il faut convenir que tant de travaux n’ont encore donné aucun résultat satisfaisant. , Cependant ces observations doivent être continuées. Des Mesures barométriques. Ramond a fait un nouveau travail sur la mesure des bauteurs al - . . , par le baromètre; il s’est servi de la formule qu’a donné Laplace I 2 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans la Mécanique Céleste, et il a ajouté des tableaux pour faciliter les calculs. - Des Météorolites. La chute des pierres météoriques, ou méléorolites, se mul- tiplie chaque jour, ou plutôt s'observe avec soin : on n’en avoit nié l'existence, que parce qu’on ne les avoit pas observées avec la même exactitude. Pline en a parlé expressément (lib. 11, caput 69) intitulé: DE LAPIDIBUS Ë CŒLO CADENTIBUS. Il dit en avoir vu lui-même qui avoient été apportées des champs des Vocontiens. Voici ce chapitre curieux. Celebrant Grœci Anaxagoram Clazomenium ,olympiadis sep- Zuagesimæ octavæ secundo anno prœædixisse, celestium lit- ierarum scientid, quibus diebus saxum casurum esset à sole. Idque factum interdiu in Thraciæ parte ad Egos flumen. Qui etiam lapis nuncostenditur magnitudine vehiculi colore adusto, cometé quoque illis noctibus flagrante. Quod si quis prœdictus credat, simul fateatur necesse est majoris méiraculi divinitatem Juisse Anaxagoræ, solvique rerum naturæ intellectum , et con- Jundi omnia. Si aué ipse sol lapis esse , aut unquam lapidern in eo fuisse credatur. Decidere tamen non erit dubium , ën aby- dig’ymnasso ex ea causa colitur, hodieque modicus quidam. Sed quernin medio terrarum casurum idem Anaxagoras prædixisse narratur, Colitur et Cassandriæ quæ protidea vocitata est. Ob id deductu. EGO VIDI IPSE IN FOCONTIORUM AGRO PAULIO ANTÈ DELATUM. Chladni en annoncant la réalité des météorolites au sujet de ceux tombés à Sienne, causa un grand scandale dans le monde savant (on sait ce qui se passa à cette occasion dans une séance de l’Institut à Paris). Maïs enfin la vérité a eu raison et a triomphé. Ceux qui tombèrent à l’Aiïgle levèrent tous les doutes. Le fait est donc constant ; et on en a chaque jour de nouvelles preuves. Il ea est encore tombé cette année plusieurs auprès de Foulouse, décrites par Puÿymaurin, d’Aubuisson. Il y a difiérentes opinions sur les causes de ce phénomène. 1°. Celle de Pline qui le fait venir du soleil, parce que la couleur en étoit noire, brûlée, colore adusto. 20. Celle de quelques physiciens anglais qui le font venir de la lune. 30. Celle de Chladni qui les regarde comme de petites planètes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 69 qui circulent dans l’espace, et qui tombent sur la terre, lorsqu'elles passent dans sa sphère d'activité. 4°. Enfin celle qui les regarde comme produits dans notre atmosphère , par la combustion de gaz inflammables, qui con- tiennent en suspension ou en dissolution des parties métalliques et terreuses. Cette opinion me paroît plus conforme aux faits que toutes les autres. 1°. La chute des météorolites est presque toujours accom- pagnée a de détonation, à de lumière: 2° Ils sont chauds : 4° Ilssontoxidés, et noirs à leur surface, colore adusto, dit Pline. Des Aérostats. Les ascensions aérostatiques se multiplient journellement ; mais on ne doit les regarder que comme des spectacles qu’on donne au public, qui les voit toujours avec plaisir. Degéen a paru ajouter quelque chose à nos connoissances aérostatiques ; il s'élève dans les airs avec un ballon ordinaire rempli d'air inflammable ; mais il y joint deux grandes aîles de vingt-deux pieds d'envergure, qu’il meut avec assez de vîlesse. Il avoit cru, par ce moyen, pouvoir arriver à la solution du problème , si desirée, c’est-à-dire, de pouvoir se diriger; mais ses efforts ont été inutiles. Il a cependant obtenu quelques succès. Les muscles pectoraux des oiseaux ont beaucoup de volume et une très-grande force pour mouvoir leurs aîles ; maïs on sent que ceux de l’homme n’ont pas la même force, et sont incapables de mouvoir des aîles aussi étendues que celles que Degéen emploie. DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX. « Des Métaux des Alcalis etdes Terres. Les belles expériences de la conversion des alcalis et des terres en substances métalloïdes, se continuent avec succès. Stromeyer a mélangé de la silice et de la mine de fer avec du charbon, et les a exposés à une grande chaleur. Il a obtenu un nouveau métal composé de fer et de sz/icium. Je terminerai ce Mémoire, ajoute-t-il, en annoncant qu'avec mo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lès mêmes procédés j'ai réussi à réduire Ja magnésie et la glu- cine, comme la terre siliceuse , en substance métalloïde, Du Gaz oxi-murialique et de l’Acide muriatique. Humpbry et John Davy regardent le gaz oxi-muriatique, ou acide muriatique déphlogistiqué de Scheele , comme un.être simple ; Et l'acide muriatique ordinaire, comme ce même gaz com- biné avec le gaz hydrogène (ou phlogistique), comme l’avoit dit Scheele. Dans cette hypothèse, le gaz oxi-muriatique fait les fonctions de principe acidifiant (ou oxigène), et le gaz hydrogène fait les fonctions du principe acidifable, ou corps combustible qui se trouve dans la plupart des autres acides. Cette opinion a été attaquée par de célèbres chimistes, et particulièrement par Murrai, 11 prétend que dans cette expé- rience l’eau est décomposée; ce qui a induit en erreur MM. Davy. Sur un nouveau Gaz composé d'Oxide de carbone et de Chlorine, par John Davy. MM. Davy ont nommé chlorine, le gaz muriatique oxigéné , à cause de sa couleur jaune-verdâtre. John Davy ayant mélangé à la lumière ce gaz avec l’oxide de carbone, a obtenu un nouveau gaz qui a des propriétés particulières. L’oxigène se combine avec deux fois son volume d'hydrogène, et deux fois son volume d’oxide de carbone , pour former de l’eau et l’acide carbonique. Il prend la moitié de son volume de chlorine pour composer leuchlorine, et réciproquement le chlorine prend un volume égal au sien, de gaz hydrogène pour former l'acide muriatique, et d’oxide de carbone pour faire le gaz nouveau que l’auteur propose de nommer phosgène, c’est à-dire produit par la lumière, Les rapports simples dans les En cu l’une des plus belles découvertes de la philosophie chimique; c’est celle qui promet le plus d’amener la Chimie à un degré de précision, qui la rapprochera des sciences mathématiques, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 72 Des Proportions déterminées dans lesquelles se trouvent réunis les élémens de la nature inorganique. Berzelius a fait, un grand travail pour déterminer ces pro- portions, Bergman, Kirwan, Berthollet, Proust..., se sont beau- coup occupés de cet objet ; ils se sont réformés les uns et les autres; et sans doute ilen arrivera autant à Berzelius... Néanmoins c’est la seule manière d’arriver à des approximations, qui dans ces circonstances suffisent. La Chimie, comme toutes les autres sciences , tend. sans cesse à la précision ; c'est pourquoi elle répète continuellement ses expériences. Elle n’a que des approximations qui suflisent ; elle ne pourra jamais arriver à la précision mathématique. Du Mercure agilé dans l'air. Depuis long-temps les chimistes pensoient que le mercure agité au contact de l'air, en absorboit l’oxigène et passoit à l’état d’oxide noir. Vogel a présenté une suite d'expériences , d’où résulte que l'air bien desséché , ainsi que le gaz oxigène, et quelques autres gaz privés d’eau, n’ont aucune action sur le mercure; mais que ces gaz chargés d’eau , même le gaz hydrogène et le gaz azote, formoient avee le mercure une poudre noire, qui est un composé d’eau et de métal. Il s’est assuré également que les gaz hydrogène sulfuré et phosphuré n’étoient décomposés que partiellement par lemercure, et que les vapeurs d’éther et d’huile essentielle favorisent singulie- rement la division du mercure, sans l’amener à un état d’oxi- dation. Veau-Delaunay a observé un argent fulminant; il avoit fait dissoudre l'argent dans l'acide nitrique , et y avoit ajouté de l’al- cool à la mamère de Howard. Il agita la liqueur avec un tube de verre; il y eut une vive détonation. DE L'ABSORPTION DES GAZ, . Théodore: Saussure a fait un grand travail sur celte absorp- tion des gaz par les différens corps. Cette absorption lui a fourni 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des résultats intéressans, dans lesquels nous regrettons de ne pouvoir le suivre. Le charbon absorbe particulièrement beaucoup de. gaz , qu'on en dégage ensuite en le plongeant dans l’eau. Delamétherie, dit Saussure , en faisant les mêmes expériences, Journal de Physique, vol. XXX , a obtenu un résultat à peu près semblable. On voit bien que Saussure a écrit à Genève. À Paris, il r’auroit pas osé me citer. DE LA CHALEUR, ET DE LA LUMIÈRE PRODUITES PAR LA COMBINAISON RAPIDE DE LA BARYTE ET DE LA STRON- TIANE AVEC LE GAZ MURIATIQUE. Je fis passer, dit Chevreul, du gaz muriatique dans une petite cloche de verre recourbée et pleine de mercure : jy fis passer du gaz muriatique et j'y introduisis un morceau de baryÿte caus- tique. Je chauflai la baryte avec une lampe à esprit-de-vin. Le gaz se dilata , ensuite 27 fut absorbé. La baryte répandit alors une belle lumière rouge, et il se dégagea beaucoup de chaleur; car le muriale qui se forma, fondit. La strontiane parfaitement pure lui a présenté les mêmes phé- nomènes que la baryte. Il faut placer la partie de la cloche qui la contient, au milieu des charbons. Lorsqu’on fait l'expérience dans l'obscurité, la lumière qui se dégage est des plus écla- tantes : on ne peut la comparer qu’à celled’ane combustion vive. Ce fait est du genre de ceux qui prouvent que le dégagement de lumière, qui a lieu dans l’action chimique des corps, n’est pas toujours produit par une oxigénation, qu’il peut l'être par toute combinaison dont les élémens se condensent beaucoup et qui se fait avec rapidité. Ce fait est analogue à ce qu’on observe dans l'extinction dela chaux, dans la combinaison de plusieurs métaux avec le soufre. DE LA CHIMIE DES VÉGÉTAUX. Du Sucre. La matière sucrée est devenue l’obje: des recherches de tous les chimistes; ils ont constaté qu’elle se présente sous plusieurs aspects différens. 19 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 73 10 Comme sucre cristallisable; 20 Comme sucre toujours un peu mou ; 3° Comme une matière sirupeuse qui ne cristallise point. 4°. Cette matièresucrée contient souvent des parties étrangères qui la modifient, comme dans la manne, le miel... Le sucre cristallisable se trouve en grande quantité dans la canne à sucre, aruhdo saccharifera. Il est aussi abondant dans la betterave, comme l’a fait voir Margraf. On recherche aujourd’hui les moyens de l’en extraire avec le plus davantage possible. La châtaigne paroît également contenir une assez grande quantité de ce sucre ; et on a fait des élablissemens pour l'en ex- traire en grand. Ce sucre cristallisable existe encore dans plusieurs dutres vé- gétaux. La seconde espèce de sucre, celle qui demeure toujours dans un état de mollesse, se trouve en grande quantité dans le suc du raisin et dans beaucoup d’autres fruits. Proust, qui a beaucoup travaillé sur cet objet, n’a néanmoins pu amener ce sucre à cristalliser, quoiqu'il devienne concret. La troisième espèce de sucre ne devient jamais concrète; elle se tient toujours à l’état sirupeux. Il existe dans cet état, même dans la canne. C’est ce qui en forme la partie qu’on appelle le sirop, et qu’on ne peut pas faire cristalliser. Du Sucre retiré de l'Amidon. Kirchof, membre de l'Académie de Pétersbourg, est parvenu à retirer du sucre de l’amidon bouilli avec l'acide sulfurique pendant plusieurs heures. J’en reçus la nouvelle et les détails de son protédé, par Nassé, de la même Académie. Vogel, à qui je les communiquai , les répéta et eut les mêmes résultats. Il a abrégé le procédé de Kirchof, en employant l'acide sulfurique en plus grande proportion. Il a essayé ensuite de donner une théorie du changement de la fécule amilacée en sucre. Cette théorie est fondée sur des expériences précises, Néanmoins il l’a présentée avec toute la réserve qui convient dans de nouveaux phénomènes chimiques; il pense que le sucre est formé dans l’opération. Tome LXXV' I. JANVIER an 1813. K ‘ 74 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'acide sulfurique ne se décompose pas, dit-il, et ilne se dé- gage aucun gaz pendant lPopération ; il en a conclu que lacide enlevoit à la fécule l’oxigène et l’hydrogène’ dans les proportions nécessaires pour former de l’eau. Ainsi la fécule est décomposée, et passe à l'élat de sucre. Du Sucre retiré des Pommes de terre. . Brugnatelli en traitant la pomme de terre avec l'acide sulfu- rique, conme Kirchof avoit traité l'amidon, en a obtenu éga- lement une matiere sucrée. Il pense, comme Vogel, que ce sucre est de nouvelle formation. DE L'INDIGO. « Les plus célèbres chimistes, tels que Bergman, Berthollet.…. . se sont beaucoup occupés de lindigo, ou principe colorant que fournit l'anil, et néanmoins on n’est point encore d’accord sur là nalure de cette substance. . Michelotti vient de faire de nouvelles recherches à cet égard; il en déduit les conclusions suivantes : 19 Que l’indigo est tout Formé dans le végétal, et n’est pas un produit des opérations de son extraction. 2°. Tel qu'il est contenu dans le végétal, il n’est ni vert, ni bleu , mais décoloré : il paroït blanc lorsqu'il est ramassé et desséché. 3°. Il n’est pas soluble par lui-même dans l’eau pure ou al- calisée par la chaux, mais dans les acides afloiblis. 4°. Cette fécule, telle qu’elle est d’abord extraite du végétal, difière essentiellement de l'indigo ordinaire qui, de tous les acides, n’est soluble que dans l'acide sulfurique concentré, et cela moyennant quelque décomposition qu’il éprouve, et par la- quelle il devient ensuite soluble dans les autres acides; au con- traire , la fécule primitive est très-soluble dans tous ces acides, même très-délayés, et n’y devient insoluble qu'après avoir été précipitée, et alors elle est de l'indigo ordinaire. À j 50, On voit que les procédés de la fermentation et de l’infusion à chaud, consistent à dissoudre un malate d’indigo probablement trisule avec la chaux, qui-est ensuite décomposé par les alcalis, ou par les procédés qui, colorant l'indigo, le rendent également insoluble, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 79 Chevreul, qui a beaucoup travaillé sur cet objet, prélend que l'indigo n’est point formé dans la plante, mais qu’il y est seulement à l’état d’oxide au minimum. « La preuve, dit-il, que lindigo du précipité d’une infusion de feuilles de pastel est au r7énimum , c’est que si après avoir agité la liqueur, on en fait passer la moitié dans une cloche contenant du gaz oxigène, le précipité devient bleu foncé, tandis que celui qui n’a pas eu le contact de l’oxi- gène ne se colore pas. Il n'est pas douteux que la nuance ver- dâtre de ce dernier ne soit due à un peu d’oxigène resté dans la liqueur. Michelotti prétend que ces observations ne sont pas exactes. Le pastel, on ésatis indigofera, paroît contenir le même principe colorant que l’indigo ou anil, mais en beaucoup moindre quantité. Ce principe paroît se trouver également dans d’autres végétaux. De la Scille. » Vogel a fait l'analyse de la scille ; il ÿ a reconnu un nouveau principe immédiat des végétaux, qui constitue la partie active de cette plante, Cette matière est trés-déliquescente , d’une amer- tume très-prononcée ; elle se dissout dans l’eau ou l'alcool, et communique à ces deux menstrues une consistance visqueuse et filante. Il propose de Pappeler scillitine. À Il a trouvé dans la scille du tannin, du sucre et du citrate de chaux; ce dernier sel n’a été rencontré jusqu’à présent que très-rarement. - Du Safran. Bouillon-Lagrange et Vogel ont fait l'analyse du safran; ils sont parvenus à isoler complètement la matière colorante, qu'ils ont reconnue pour un nouveau principe #7nédiat des végétaux. Cette substance privée d'humidité est en écailles brillantes. Sa couleur jaune acquiert un bleu d’irdigo par l'acide sulfu- rique, et un verd d'émeraude par l’acide nitrique. Les auteurs l’ont appelée polycroite, à raison de ces diverses couleurs qu’elle est susceptible d’affecter. Du Daphné alpina. Vauquelin a retiré de écorce du daphné alpira deux subs- fances qui lui paroissent particulières à ce genre de plantes. K..2 si 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 10. Un principe âcre. 2°, Une matière amère cristallisée, Du Daphné gnidium. Le daphné gnidium est celui dont on se sert en médecine. Vauquelin y a trouvé le principe âcre abondant sous forme ré- sineuse ; Mais il n’y a point trouvé la matière amère cristalline. Il observe que les plantes âcres et vénéneuses sont huileuses et résineuses, et ne contiennent point, ou presque point, d'acide développé. DE LA CHIMIE DES ANIMAUX. Vauquelin s’est beaucoup occupé de cette partie, et nous a donné plusieurs analyses précieuses : celles du cerveau , du chyle, des urines de quelques animaux ,.... De l'Analyse du Cerveau. Quoique le cerveau , dit Vauquelin , dût exciter de bonne heure la curiosité des chimistes, ils s’en étoient cependant peu occupés. C'est pourquoi il a entrepris, avec sa sagacité ordinaire, Un grand travail sur ce! objet. Gurman a annoncé le premier, la longue conservation du cerveau dans le crâne des cadavres. Burrhus a comparé cet organe à une huile, et particulièrement au blanc de baleine. Thourret vegarde la substance du cerveau comme une sorte de savon. Fourcroy la regarde comme étant principalement composée d’albumine , et d’une autre matière qu’il croit être particulière. Vauquelin a traité la masse cérébrale par tous les procédés chimiques. Il l'a réduite en bouillie en la triturant dans un mortier de marbre avec un pilon de bois, l’a délayée avec environ cinq parties d'alcool à 36 degrés, et l’a fait bouillir. L'alcool avoit pris une couleur verdâtre, La liqueur refroidie, il s'est déposé une matière blanche, en partie floconneuse et en partie lamelleuse, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 77 Elle avoit une consistance päteuse , un toucher gras et glu- tineux, un aspect brillant et satiné; elle tachoit le papier à la manière des huiles. L'alcool distiillé étoit sans couleur. Le résidu qui est resté offroit deux sortes de liqueurs; l’une, qui avoit l'aspect d’une huile, occupoit le fond de la liqueur; l'autre, moins colorée, ressembloit à une dissolution de gomme. Il a ensuite fait dessécher neuf onces un gros de matière cé- rébrale (environ 292 grammes) , qui ont été réduites à deux onces: brûlées dans un creuset de platine , elles se sont fondues en dé- crépilant et donnant de la flamme et beaucoup de funée, Le creusel retiré du feu, on y a trouvé un charbon qui pesoit cinq grammes deux dixièmes (un gros vingt-quatre grains ). La lessive de ce charbon rougissoit fortement la teinture de tournesol. Ce charbon mis plusieurs fois au feu , n’a pas laissé un atome de cendre. Des expériences multipliées sur la combustion du cerveau entier prouvent que les sels contenus dans cet organe sont des phos- phates de chaux, de magnésie et de potasse. Lorsqu'on a épuisé par l'alcool le cerveau frais de tout ce qu'il contient de soluble dans ce menstrue, et qu’on a séparé les deux matières grasses qu’il contient, il reste une liqueur Jjaune-brunâtre, qui a une saveur de jus de viande un peu sucrée, qui rougit fortement le tournesol, qui est précipitée par l’eau de chaux, par linfusion de noix de galle.... Les expériences faites sur cette liqueur , prouvent qu’elle con- tenoit de l'acide phosphorique libre, du phosphate de potasse, et une matière ‘animale qui, par sa solubilité dans l'alcool et dans l’eau, par sa propriété d'être précipitée par lPinfusion de noix de galle, par sa couleur rouge-brune , sa déliquescence, sa saveur et son odeur de jus de viande, doit être regardée comme étant identique avec la matière que Rouelle a appelée autrefois extrait savonneux de viande , et à laquelle Thezard a donné le nom d’osrrazome. Les différentes substances que l'alcool a enlevées à la matière cérébrale, sont donc : 19 Une matière grasse, blanche , concrète, d’un aspect satiné et d’une ténacité qui n’existe point dans les graisses ordinaires; 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2° Une autre matière grasse d’une couleur rouge, qui a moins de consistance que la précédente, dont elle ne paroît différer que par une portion d’osmazome ; 30 Une matière animale de couleur rouge-brune, soluble dans l'eau et l'alcool, ayant l’odeur et la saveur du jus de viande, , et qui certainement est ce principe appelé aujourd’hui osmazome ; * 40 Enfin, le phosphate acidulé de potasse, parmi lequel on trouve quelques traces de muriate de soude, dont je n’ai point parlé , parce qu'il se rencontre dans toutes les liqueurs animales. La partie de la masse cérébrale qui n’a pas été dissoute par Valcool, donne une matière blanche un peu grisâtre, sous forme de flocons, qui ressemble à du fromage frais, mais qui en diffère. Cette substance en se desséchant prend une couleur grise, une demi-transparence, une cassure lisse et polie, comme celle de la gomme arabique...; enfin toutes ses propriétés ne laissent aucun doute sur son identité parfaite avec l’albumine : c’étoit l'opinion qu’en avoit Fourcroy. De toutes ces expériences, l’auteur conclut que la masse cé- rébrale est composée, 1° De deux matières grasses qui n’en font peut-être qu'une seule , 20 D’albumine, 30 D'’osmazome, 4 De différens sels, et entre autres, de phosphates de potasse, de chaux, de magnésie et d’un peu de sel marin, bo De phosphore, Go De soufre. Il en détermine à peu près les proportions suivantes: MONA Ne NN NE PT NO O centEnIe 20 Matière grasse blanche. . : . . 4.53 30 Matière grasse roûge. . . . . . o.70 AOPAENTINE RUN SRE ARS PS AUre SOrOSHAZOHENS ECS PAIE CR PURE Te Go PROSphore rt Mt ere DO 7° Acides, sels et soufre. 0.2, 5or5 Les cervelet de l’homme et le cerveau des animaux herbivores lui ont donné absolument les mêmes résultais, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 79 Il se propose de poursuivre ces recherches sur les cerveaux des autres classes d'animaux. La moëlle alongée et la moëlle de lépine sont de la même nature que le cerveau; mais elles contiennent beaucoup plus de matière grasse et moins d'albumine , d’osmazome et d’eau. Les nerfs sont aussi dé la même nature que le cerveau; mais ils contienpent moins de matiére grasse, de matière colorante verte et beaucoup pus d'albumine. Du Chyle du Cheval. Les chimistes, dit Vauquelin, s’étoient peu occupés de l’a- nalyse du chyle; nos connoissances à cet égard se bornoïent à peu près à ce qu'en avoient dit les ph; siologistes qui en gé- néral le comparoient au lait, Lister a vu le chyle nager comme une espèce d'huile à la surface du sang et du cerum. Wepler a observé qu’il se formoit à la surface une sorte de crème. Bohn, Berger, Asch ont décrit des globules butireux nageant sur un fluide aqueux ; ils y ont vu aussi une matière caseuse. Vauquelin a fait l'analyse de diflérens chyles de cheval qu’on lui avoit envoyés de l'Ecole vétérinaire d’Alfort. Ces chyles lui ont toujours présenté deux substances, 1° un caillot, 2° une substance liquide dans laquelle nageoit le caïllot. De la Substance liquide. Cette portion liquide rétablissoit promptement la couleur du tournesol rougie par les acides, preuve qu’il contenoit un alcali 2 ä nu. La chaleur et les acides la coagulent en une masse blanche- grisâtre. L'alcool y produit aussi une coagulation abondante, mais Ch . . . . = , Chi lalcool en retient en dissolution une petite quantité de matière. L'auteur croit que c'est une espèce de graisse. . Ce coagulum se dissout dans la potasse caustique; mais la liqueur reste laiteuse , et ne devient pas transparente comme celle : : ? 1h DE de l’albumine du sang dans les mêmes circonstances. 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La dissolution alcaline de cette substance est précipitée par les acides, et au même moment il s’exhale du mélange une odeur de soufre. Quant à cette partie coagulable par la chaleur, les acides, l'alcool, qui forme la plus grande partie du chyle, iln’y a aucun doute qu’elle ne soit albumineuse. Du Caillot du Chyle. Ce caillot étoit blanc et opaque comme du blanc d'œuf cuit. pare fut lavé, il s’étendoit sous les doigts, et prenoit la forme d’une membrane jouissant d’une légère élasticité, et sa contexture présentoit une apparence légérement fibreuse, D'après ces propriétés du caillot du chyle, on voit qu'il montre beaucoup d’analogie avec la fibre animale, particulièrement celle du sang. Cependant il n’a ni la force, m l’élasticité de cette dernière; il semble que ce soit de l’albumine qui commence à prendre les caractères de la fibrine. Il résulte de ces expériences, que le chyle du cheval est composé, 1° D’albumine (la partie séreuse) qui en fait la plus grande parte; 20 De fibrine (le caillot), ou du moins d’une substance qui lui ressemble sous plusieurs rapports ; 30 D’une substance grasse qui donne à ce fluide l’apparence du lait; 4° De différens sels, tels que de la potasse, du muriate de la même base et du phosphate de fer blanc, c’est-à-dire au minimum d’oxigénation. Je terminerai, dit l’auteur, en faisant remarquer que si la bile, le suc gastrique, etc., contribuent à la formation du chyle, comme le pensent les physiologistes, il faut nécessaire- ment que ces substances éprouvent une décomposition complète jee dans leurs élémens, puisqu'on n’en trouve pas la plus égère trace dans le fluide animal qui nous occupe. Je ferai aussi remarquer que la comparaison, que quelques- uns ont établie entre le lait et le chyle, d’après les apparences extérieures, n’a aucun fondement réel, cette humeur ne contenant rien qui ressemble parfaitement aux principes du lait. De ET D'HISTOIRE NATURELLE. Con: De l'Urine de différens Animaux. Vauquelin a comparé l'urine de différens animaux avec celle de l’homme. Urine du Lion et du Tigre. L’urine du lion et celle du tigre se ressemblent entièrement, et diflèrent beaucoup de celle de l’homme. 10, Elles sont alcalines au moment même où elles sont rendues. Les urines de l’homme en santé sont au contraire constamment acides. 20. Les urines du lion et celles du tigre ne contiennent point d'acide urique, ni aucune combinaison de cet acide avec les alcalis, 30. On ne trouve presque point de phosphate de chaux dans leurs urines. 4°. Les urines de ces animaux ne contiennent qu’une quantité infiniment petite de muriate de soude, tandis qu'ilest très-abondant dans l’urine d'homme. De ces faits il résulte que lurine du lion et du tigre est composée , 1° D’urée, - 20 De mucus animal, 3 De phosphate de soude, 4° De phosphate d’ammoniaque, 5o De muriate d'ammoniaque, 60 D’une trace de phosphate de chaux, 7° De sulfate de potasse en grande quantité, 8° D'un atome de muriate de soude. De l'Urine du Castor. L'analyse soignée et répétée plusieurs fois de l’urine du castor, a fait connoître à Vauquelin qu’elle a beaucoup de ressemblance avec celle des animaux herbivores ordinaires; il en a retiré, 1° Urée, 20 Mucus animal, 3° Benzoate de potasse, 4° Carbonate de chaux et de magnésie, Tome LXXV'I. JANVIER an 1813. L 82 JOURNÂL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 59 Acétate de potasse (ce qu'il dit douteux), 60 Du sulfate de potasse, 7° Du muriate de potasse ou de soude, 8° Une matière végétale colorante, 9° Un peu de fer. On reconnoît, dit-il, ordinairement par la couleur, l’odeur, la saveur et la propriété de teindre les étoffes alunées surtout qu'à l'urine du castor, l'espèce de végétal dont cet animal s’est nourri. J’ai distingué très-évidemment dans celle qui nous occupe, la partie colorante de l'écorce de saule, et son gardien m'a depuis confirmé cette observation. Il y a donc des cas où certaines substances végétales peuvent passer par les voies de la digestion et de la circulation, sans erdre entièrement les propriétés qui les distinguent dans leur état naturel, Des Coquilles d'Œufs. Les chimistes, dit Vauquelin, n’ont admis dans les coquilles d'œufs, que du carbonate de chaux, dont les parties sont liées par un gluten animal; j'ai partagé moi-même cette opinion. Mais dans un travail particulier, j'ai trouvé qu’indépendam- meut du carbonate de chaux, qui en fait la masse principale, la coquille d'œuf contenoit aussi du carbonate de magnésie, du phosphate de chaux, du fer et du soufre. Il y a aussi de l'acide prussique. De la Membrane interne de T Œuf. Cette membrane, continue Vauquelin, paroît être de matière albumineuse ; au moins elle se dissout facilement dans la potasse caustique, sans produire d’ammoniaque. Les acides la précipitent de sa dissolution sous la forme de flocons blancs, à la manière de l'albumine, et en développent lodeur du gaz hydrogène sulfuré , ce qui indique qu’elle contient du soufre. J’avois cherché l'acide urique dans la coquille d'œuf; mais je 2 n'en ai point trouvé. De là il faut conclure que si, comme tout l'annonce, le car- bonate de chaux est formé par l'action des reins, il est séparé ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 de l’acide urique et transporté sur la substance de l'œuf par quelque organe qui repousse l'acide urique ; car sans cela, ce dermer n'étant pas beaucoup plus soluble que le carbonate de chaux, il ne manqueroit pas de se déposer avec lui pour former la co- quille. Des Coguilles d'Huitres. - Vauquelin a fait l’analyse des coquilles d’huitres ; il en a retiré: Carbonate de chaux, Phosphate de chaux, Du fer oxidé, De la magnésie. D'où il conclut que la chaux faite avec des écailles d’huîtres calcinées , doit être moins bonne que cellede la pierre à chaux pure. Fourcroy et Vauquelin ont également retiré la magnésie des os des mammifères , ainsi que des phosphates de fer, de man- ganèse.,.. n, Lorgna avoit retiré lamême magnésie de différens mollusques. Les analyses que nous venons de rapporter, et qui sont con- formes à celles que nous avions déjà, font voir qu'on trouve chez les êtres organisés, un grand nombre de substances qu’on appelle sémples, savoir: 5 10 Le soufre, 2° Le phosphore, 3° L’acide muriatique, 4° La potasse, 5o La soude, 6° La chaux, go La magnésie, 8° L’alumine, 9° La silice, 100 Le fer, 119 La manganése. , D L . . . L] L] - L L - L] L , . . L L L . L L L L L2 L] L On ne voit pas comment ces substances y auront été apportées. Il faut donc reconnoître qu’elles y ont été formées comme l'acide urique, l'acide benzoïque, l'acide malique... Vauquelin convient que dans l’analyse du chile, il n’y a trouvé aucun des principes de [a bile des sucs gastrique, intestinaux. ..; L 2 Ê4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHFMIE d'où il conclut que ces principes ont éprouvé une décomposition complète. x S'ils peuvent se décomposer, ils peuvent également se composer. Les mêmes faits se présentent dans les nilrières; l'acide mu- riatique, la potasse, la soude, la magnésie.... s"ÿ trouvent en quantité; elles ne sauroient y avoir élé apportées du dehors; il faut donc convenir qu’elles y ont été formées. Vauquelin vient de dire, en parlant de la membrane de l'œuf, si, comme tout l'annonce, le carbonate de chaux est formé par l’action des reins... Il a déjà annoncé ailleurs qu’il lui paroissoit que la chaux éloit formée chez une poule qu'il avoit nourrie avec de l'avoine. Cette avoine contenoit beaucoup de silice, qu'il ne retrouva oint en analysant la poule et ses excrémens; mais il obtint de É chaux. ... Plus on avance dans la Chimie, ou lanalyse des corps, plus on en appercoit les difficultés. On n'analysoit, il y a un siècle, les animaux et les végélaux, que par le feu, soit par la distillation, soit par la combustion: et on obtenoit presque constamment des résultats identiques ; mais enfin on reconnut toute l'imperfection de cette méthode. On y en a donc substitué d’autres qui, quoique plus parfaites, laissent encore beaucoup à desirer; car les combinaisons des prin- cipes qui forment les végétaux et les animaux sont si foibles, qu’elles changent très-facilement. Tous les réactifs qu’on emploie dans les analyses, peuvent donc changer les combinaisons pre- mières de ces substances et donner de nouveaux produits qui n’y existoient pas. Nous en avons un exemple frappant dans laction qu'exerce l'acide sulfurique sur l’amidon, sur la pomme de terre..., pour les changer en sucre, dans les préparalions de lindigo..…. Il faut donc distinguer dans les analyses des végétaux et des animaux, deux natures de produits: 10. Les uns y existent réellement. Ainsi le sucre existe dans la canne, la betterave... Le gluten existe dans la farine, puisqu’en la lavant seulement avec de l’eau, à la manière de Beccaria, on obtient un gluten: très-pur. 20. Les autres sont des produits nouveaux, comme le sucre qu'on retire de l’amidon suivant le procédé de Kirchof. £T D'HISTOIRE NATURELLE. 8> Si on soumet la farine ou son gluten à la distillation, on obtient de l’alcali volatil, ou ammoniaque, qui paroît un produit nouveau. La simple cuisson soit dans l’eau chaude, soit à feu nu, des végétaux, ou des animaux, en change la nature. Ne peut-on pas craindre que la même chose ait lieu dans les analyses de certains minéraux ? les terres, les alcalis, les acides, les métaux.... dont ils sont formés, ne peuvent-ils pas étre ‘altérés par les violens réactifs qu'on emploie dans ces analyses ? Ainsi , par exemple, il paroît bien certain que le calcaire, le gypse, le fluor.... sont composés de chaux, d’un acide et d’eau, puisqu'on obtient ces principes avec une grande facilité. Mais il n'en est pas de même des minéraux qu’on analyse que par de violens coups de feu, comme les felds-spaths , les grenats...; on en retire souvent des produits différens. Ces pre- duits existoient-ils dans ces pierres ? ou quelques-uns seroient-ils des produits nouveaux provenant de l'analyse ? . Nous venons de rapporter des analyses qui feroient croire à Vauquelin que la chaux peut être produite. La même chose n’auroit-elle pas lieu dans les analyses dont nous parlons? La Chimie doit rechercher jusqu’à quel point ces apperçus peuvent être fondés, * DES ARTS. Les arts sont d’une nécessité premiére chez les nations très- populeuses ; aussi y ont-ils toujours été cultivés avec soin. Ce sont surtout les nations commercantes, qui s’en sont le plus par- üculièrement occupées. Les Tyriens, les Carthaginois, les Grecs.... se distinguèrent dans les arts, parce qu’ils étoient une des sources de leur com- merce et de leur fortune. Dans les siècles suivans, les arts furent cultivés avec les mêmes succès en Europe par les nations commercantes , les Vénitiens, les Génois, les villes anséatiques, les Hollandois , Lyon... Les Anglais ont succédé à toutes ces nations,et ont porté la plus grande partie des arts à un haut degré de perfection. Ils ont particulièrement inventé ces machines admirables qui épargnent beaucoup la main-d'œuvre, et font mieux que la maiw 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne peut faire; ce qui a donné cette grande supériorité à leurs manufactures. 1 La Physique et la Chimie leur ont fourni les secours les plus précieux à cet égard, tous les chefs de leurs manufactures sont plus ou moins instruits, Watt est un des hommes les plus instruits de l'Europe. Mais ce qu’une nation fait, les autres peuvent le faire, Effec- tivement quelques nations possèdent déjà plusieurs machines que n'ont pas les Anglais, et elles sont plus avancées qu'eux dans cer- taines parties des arts. La France a eu son Vaucansou, qui a fait de très-belles ma- chines pour les manufactures de Lyon, qui a fait son flateur... Mongolfier a inventé sa belle machine nommée belier hy- draulique. Nous avons donné la description de la belle machine d'Edouard Adam pour la distillation des vins et des eaux-de-vie. 4 OP RR OMEEL C *OMORMOPORE TARA) OCR PC Qu CES RICO ET Chaque jour quelques particuliers inventent des machines plus ou moins ingénieuses , COMME le prouvent les nombreux brevets d'invention qui s’expédient. Les autres nations cultivent également,les arts avec plus ou moins de succès. Toutes ont adopté les machines anglaises, et elles en inventent qui ont plus ou moins de perfection. Si on recherche les causes qui font prospérer une nation dans les arts, on verra que c’est parce qu’elle y emploie toute son activité et toute son industrie. Il faut néanmoins y ajouter des dispositions particulières. Ainsi les Grecs ont porté les Beaux-Arts à un degré de supé- riorité, que nulle autre nation ne peut atteindre. Il en faut dire autant des Italiens parmi les peuples modernes. DE LA POUDRE. Ceux qui inventèrent la poudre, arrivèrent presqu'au degré de perfection ; car ils lançoient très-loin des masses considérables, Boffée et Riffault ont donné une histoire intéressante de la poudre, et ont décrit les progrès que cette invention a faits depuis les Chinois qui paroissent l’avoir connue les premiers. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 La poudre est composée de trois ingrédiens, le salpêtre, qui en est l’objet principal, le charbon et le soufre. Proust à examiné , avec sa sagacité ordinaire, ce que deviennent tous ces principes dans la détonation de la poudre. Le nitre est le principe de la détonation, parce qu’il fournit l'oxigène. Le charbon est nécessaire à la détonation de la poudre, parce qu’il fournit hydrogène et le carbone, mais il ne doit y être qu'en certaine proportion. Le soufre n’est point de nécessité première pour faire détoner la poudre, puisque des poudres sans soufre détonent et portent presqu'’aussi loin que celles qui en contiennent. Cependant il procure quelques avantages; il facilite la combustibilité et le grainage de la poudre, et il augmente la quantité de gaz que donneroit le simple mélange de nitre et de charbon. Le charbon et le nitre sont donc les principes nécessaires pour la détonation de la poudre, le nitre fournit l’oxigène et le charbon l'hydrogène , le carbone... Proust détermine ensuite les gaz qui sont produits par la dé- tonation des mélanges nitro-charbonneux. 19 Le gaz oxigène dégagé du nitre; 20 Le gaz hydrogène dégagé du charbon et du soufre ; 30 Le gaz azote, celui qui reste dans le gaz nitreux; 4° Le gaz nitreux qui résulte de la décomposition du nitre; 59 Le gaz acide carbonique qui résulte de la combustion du carbone avec une portion d'oxigène ; 60 Le gaz oxide de carbone ; 7° Le gaz hydrogène carburé. L'action du nitre sur le charbon à une température élevée, donne donc naissance, 19 À de l'azote, 20 A son oxide, 8° Du gaz nitreux, 4° De l'hydrogène carboné, bo De l'acide carbonique, 60 De l’oxide de carbone, 7e De l’ammoniaque, 8° De l'acide prussique, g° Peut-être quelques combinaisons de potassium avec quel- ques-unes de ces substances. 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il suppose aussi qu’il y a de l’eau décomposée par le charbon. Toutes ces substances éprouvent une expansion considérable par la chaleur; ce qui produit une vive détonation de la poudre. Proust promet une suite à ce travail intéressant, DE I’AGRICULTURE. Le manque de subsistances qu'on a éprouvé cette année dans la plus grande partie de l'Europe, a fait sentir plus que jamais, la nécessité de l’agriculture. Peu importe qu’on soit vêtu de tissus plus ou moins fins, que nos draps soient de laines plus ou moins grossières; que les schals soient de cachemire , ou de mérinos, ou de laine commune; que nos étoffes de coton, nos mousselines, nos tricots.... soient de fils plus ou moins déliés; que nos toiles, nos batistes, nos dentelles.... soient plus ou moins fines; que nos étoffes de soie aient plus ou moins d’éclat...; que nos logemens soient plus ou moins vastes, plus ou moins commodes...; tout cela dépend de lhabitude, Aujourd’hui un particulier riche est mieux vêtu, mieux logé que ne l’étoient autrefoisles chefs des nations: et iln’enest pas plus heureux... Mais 27 faut des vivres, des comestibles. Leur nature est aussi assez indifférente, et dépend de l’habitude. Chaque nation a une manière particulière d’apprêter ses alimens, et la préfère à toute autre. ,. Un simple ouvrier d'Angleterre qui seroit obligé de vivre comme les chefs des Groenlandois..., se trouveroit très-mal nourri ; mais enfin il faut avoir les alimens : et c’est la seule agriculture qui peut fournir à des populations aussi nom- breuses que le sont nos grandes sociétés, soit les végétaux, soit les animaux dont l’homme se nourrit, Les plantes céréales sont celles dont l’homme se nourrit plus particulièrement, Le riz est la nourriture principale des habitans des pays chauds, avec un peu de mil... Les habitans des îles de la mer duS ud, mangent de l'arbre de pain. Les peuples du Nord et des îles, vivent en partie de poissons frais ou desséchés. Les Européens et la plus grande partie des habitans des pays tempérés, mangent du froment, du seigle, de l'orge, du sar- razin, du maïs..., différemment apprêtés, La < ET D'HISTOIRE NATURELLE. 89 La pomme de terre qu'ils ont apportée d'Amérique, leur a fourni de grandes ressources, et a suppléé aux plantes céréales , jusqu’à un certain point, dans ces années de disette. Cette disette de vivres a engagé Malthus, philosophe anglais, à proposer des moyens pour borner cette multiplication excessive de l’homme dans les grandes sociétés. On sait qu’en Chine, où la multiplication est si considérable, il y a souvent des famines terribles qui font périr des millions d’habitans : et cependant ce peuple est très-sobre : une partie vit de poissons... Le Gouver- nement prend toutes les précautions possibles pour prévenir ces fléaux...; mais il n’est pas en son pouvoir d'empêcher des sé- cheresses, des gelées... Mais comment engager, l'homme toujours imprévoyant,à borner ses plaisirs. ..? Soupes à la Rum/ford. Rumford pour suppléer à la quantité des comestibles, a phosé de les faire bouillir long-temps, par exemple, 20 à 30 eures et lentement, dans une certaine quantité d’eau : et il a observé que les végétaux, par exemple, tels que des haricots , de l'orge, des pommes de terre..., tenus ainsi long-temps en ébullition, pouvoient fournir une nourriture suflisante, qu’ils n’au- roient pu donner autrement. Ces faits, qui sont constans, fournissent matière à de profondes réflexions, et sont assez difficiles à expliquer. Les herbes, dont se nourrissent les herbivores, contiennent de très-petites quantités de principe nutritif, mais il est étendu de beaucoup d’eau. HUILE DÉTONANTE. Un étudiant de Cambridge a découvert cette huile. 11 a renversé une cloche remplie de gaz muriatique oxigéné sur de l'ammoniaque, ou sur du nitrate d’ammoniaque ; il ap- perçut de J’huile; il la plaça dans une cornue de verre, qu'il chauffa légérement. Il y eut une vive détonation. Humphry Davy ayant répété cette expérience, fut blessé grièvement à un œil; mais heureusement il est guéri. ; Cette huile mélangée avec de l'huile d'olive, ou de l'huile de térébenthine, la détonation est des plus violente. Tome LXXV'1. JANVIER an 18r3. M RASE he No à Nu DA EP 2 ARE AN € M NE LANTERNE ty MAL CSA TEU Ÿ LA Lai 1 je L ue | OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES . É ; 5 5 CENTIGRADE. MA EI ER. “EN Ü a S) "| Maximum. | Minrmum. |AMinx. Maximum. | Minimum. | A |°3 à | mipi.| # heures. o heures. o heures. mill, | heures. mill, mill. © iladis. + 7,75 7Em.— o,12]+ 5,12/à7 À m........759,60|à 3 % s........758,10|758,96| +6, 2là midi + 9,754 105. + 5,25]+ 9,75|à105......... 762,70|à 7 £ m..…..… ..760,00|761,52| 47,2 3lamidi + 5,79[a7im.+ 1,00[+ 5,75]à 105m....... 763,8|4 425... 762,541763,08| +7,51 4la3s. “+ 5,00/à 7£m.+ 1,214 4,40|à 7 m....... 762,30 | Ads... 760,78|761,80|+6,0 5[a23s. + 4,507 £m.+ 2,25|+ 4,40/à 9+s........ 761,04!à 8 1m....... 760,78|760,80|+-6,6 Gas. + 3,75là gs. — 1,254 3,12/À95s........ 767,74là 5 Lim....... 762,60|764,32|+5,3|| là midi — 3,2o/à 105. — 6,25|— 3,25là1oim.......771,28|à 7 jm... .770,70|771,20|+-3,4 8la3s. — 2,00[à73m.— 8,25[— 3,4o/à 74 m....... 769,04|à 9 s.......... 761,08|766,80|--3,2 glà1os. — 250|à7£m.__1062|— DIP5 ATOS Eee eee 757,02|à72 m........755,36[755,80 +2,5 10|à3s. + 1,74 92s. — 3,75[— 0,50[à 7 +m......… 756,2o|à 945. VAN ee 752,80|756,08|+2,5 11|à midi — 0,5olà 101 s.— 6,75[— 0,50|à 10 :s....... 756,00|à 7 2m... .... 752,50|753,84|+2,0|) llrolàois. — 400! 741m.— 9,25]— 5,00 à 7 + im....... 754,CO| A8 TS... 749,32|752,62 —0, Mii3lags. — 5,25/à 7 lm.— 9,00 — 7,00 à OUns.......747, 52140 4 pales sas 746,60|747,22) —2,0 14à3s. — 5,25/à 75 m.—10,25|— 6,25|à9 m.........746,22|à 5 s........744,72|749,50|—1,7 Mir5là midi — 3,10/a72m.— 6,25|— 3,10/à 9 m......... 744,204 1025....... 741,38|743,92|—1,0| Bli6la3s. + 0,50[19m. — 3,60[— 0,50|à7 + im........795,06[à 5 + s........729,08|751,72 -—92,4]M Hlrmla 3s. + 6,407 Ein. 3,25|+ 6,25fà9s.......... 733,16] à 7 à m....... 730,08/730,24| +2,71 Blrglamidi + 6,12[à72m.+ 3,75|+ 6,12/à9is.........745,06|à 7 +m....... 739.04|742;72| +2, Airolà midi + 5,37la8ts. + 0,50] 5,37] 10 m........748,40|à 8 £ s........747,20|748,06| 3,5 oo1à midi Æ 0,2517Èm.— 0,75]+ 0,35|à rom........ PDO JO 11 DS seeen ce ess 745,40|745,40| +2; 21[à3s. + 0,50[27èm.— r,oo[+ 0,37là93s........ 756,10|à 7 ? m....... 750,50|752,22|+22,1 N\22là midi ++ 1,00à 9is. + o,50o[+ 1,o0!à 10Fm,.....758,281à3s........ .757:50|757;92!+2,3[ Él23là midi + 1,00|ù 9is. — o,oo|+ 1,co|à5+s...... .-758,00|à 7 ? m.....,.757,34|7568,00|+2,2]M AI2qla3s. — 1,25là midi — 2,00[— 2,00o|à 105......... 765,08] à 7 à m.,.....769,24|763,64| +1,01 H|25|à midi — 2,oclà10s. = 3,75l— 2,00àj10 ; m..... .767,00[à 10 5......... 765,60|766,50|-+-0,6) H|26/à3s. — 400115. — 8,75|— 5,o0fà 11 5... ...707,36\à 7 2 m....... 765,10|765,62| 40,5 Mi27la2s. — 6,12] 73 m.—10,50| — 7,00[A95.......... 771,70|à 7 £m....... 769,16|770,32|+0,0 B|28[à3s. — 150[17Èm.— 475|— 1,62|à 107 m......77200là7#m....... 772,20|773,18| +0,0 ll2olà 3s. + 1,75|a 7im.— o,5o|+ 1,00fà 104s....... 770,94/à 10 s........768,16|770;56|+0,rll H|3ojà midi + 3621925. + r,00[+ 3,62|à9m.........766,90[193s..... ..7065,321766,36| +1,60" D |311à midi + o,62|à 105. — 0,50! 0,621a7 + m....... 760,621 10 s.........756,72|759,30l+1,00 À | Moyennes. + 1,11] — 2,67|+ 0,9 | 756,33] 795,45795.9n 212 LE nm RECAPITULATION. Millim. f Plus grande élévation du mercure. .... 773,50 le 28 Moindreélévation du mercure......... 729,08 le 16 Plus grand degré de chaleur..........+ 9,795 le 2 Moindre degré de chaleur........... .—10,62 le 9 Nombre de jours beaux....... 6 de couverts........... 25 JODIUIE = Rene e 4 Heivent-2}-:0£rbette JT de gelée. :..he-ticee 25 | de tonnerre.........0.. o de brouillard.......... 3L | de nest Fete cerEi Cr 4 ; degree tone Rene 3 4 | a = : Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen centièmes de millimètre, Comme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu’on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baroraëtieliil conclus de l'ensemble des observations, d’où 1l sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent, son élévation au-dessus du niveau de la mer. La température des caves est éyalementn A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. DÉCEMBRE 1812. Therm. des caves RER TE SEEN EE PL EN le 1°" 12°,099 le 16 12°,099 CEST TRES Hye POINTS VARIATIONS DE LATMOSPHERE. | VENTS. || qe i LUNAIRES. ÿ 3 | st LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. 1] 95 1S. Petits nuages, brouil. |Vapeurs à l'horizon. Ê *au ciel, brouillard. !# 121 9110. N.L.àoh 29/m.|Couvert, lég. brouil. |Couvert. Nuages au sud. | 3] 96| dem uageux, brouillard. |Nuageux. brouillard.{Brouillard , épais. bal 01 |E-SE. Brouillard épais hu. |Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. 5| 69 /E. Couvert léger brouil.| Zdem. Idem. 6) 77 |E. N-E. Idem , glace. Nuageux , brouillard.|Beau ciel. 7| 57| Idem. Petits nuages, brouil. Quelques nuages. JIdem. ô| 64|S-S-E. Idem. Idem. Idem. 9] 77 N-N-E. Nuageux, brouillard. |Ciel voilé, brouillard.| Trouble etnuageux. 10| 97 |0. Couvert, brouillard. Couvert. Ciel vaporeux. ai] 96/|N-E. P.Q.àaho’s.|INeige, grésil, brouil.| Zdem. Superbe. Jr] 65 |E.N-E Ciel superbe. Beau ciel. Idem. 13] 63 |N-E. Equi.ascen. |Couvert, brouillard, |Trèsnuageux, Couvert. fra] 69| Idem Jaem. ‘ [Couvert, Idem. 67|_ Idem L. périgée. Jde. Nuageux. Couvert. 96 E. Neige. Couvert. Pluie. 92 [S-S-E. fort. PI. , léger brouillard.| Pluie par intervalles. | P/uie par intervalles. 93 |S. fort. P.L.à5h32m.|Couv., léger brouil. |Couvert. Couvert. 92 |S-E. foible, Idem. Quelques éclaircis. Idem. 68 |E-N-E. Idem. Couvert. Pluie brouillard. 92 [O.-N-0, Couv., brouil., grésil.| Pluie et neige. Couvert grésil. 93 S. Idem. Couvert, brouillard. |Couveit, brouillard. 95 |E. Neige, grésil, brouil.|Neige. Idem. 83 |N-E. ouvert, brouillard. |Couvert, brouillard, | Idem. 84 |N. D.Q.h3h16/s.| dem, Idem. Idem. 73| Idem: |Equ. descend-| Beau ciel, brouillard.|Superbe, brouillard. |Superbe, brouillard. 8o |N-E. Lune apogée. | dem. Idem. Idem. 93 |S. foibl. Couvert, brouillard, |Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. SA Idem. Idem, Idem. S-O. Idem, Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. REIC/A P ICT U L'ANTI ON. Nas -2es 03 INÉ DER eee e dort 7 Disk Joe 8 , S-E...….. semer () | Jours dont le vent a soufflé du S dei in | HOME SATA SE 2 (DEEE 0120100 4 NEO 20.7. © Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 13""60 — 6 lig. |à RER EE ET UFR EN LEE ILE TRIER grade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire £n millimètres et loie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté “du, thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le z2aximum ex le minimwm mojens, Umois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris et par fiplimée en degrés centésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme. 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Description des Plantes rares que l’on cultive à Navarre et à Malmaison; par A. Bonpland. Première Livraison grand ën-folio. À Paris, chez Æ. Schoel, Libraire, rue des Fossés- Montmartre, n° 14. Ce magnifique Ouvrage dont nous avons déjà parlé dans ce Cahier, pag. 32, se distribue par Livraisons , comme tous ces beaux Ouvrages. Cette première Livraison contient six plantes. La première est la pivoine en arbre. Paeonia moufan. Cet arbuste se trouve à la Chine dans la montagne Ho-nan. Il a quatre pieds (12 décimètres) de hauteur. Ses étamines sont nombreuses. La beauté de ses fleurs et leur odeur délicieuse la font re- chercher des Chinois qui la cultivent depuis plus de 1400 ans. Il yen a deux variétés à Malmaison , celle-ci est la première, et la seconde sera figurée à la planche vingt-trois, La seconde plante est le sida pulchella. On ignore sa patrie. Ses étamines sont nombreuses, réunies en tube dans leur partie inférieure. Cet arbrisseau est venu de graine, et on ignore d’où étoit venue celte graine. Il passe l'hiver dans l’orangerie, et il est fleuri en janvier, février, mars et avril; ses fleurs sont petites et d’un blanc terne. La troisième plante est le cactus speciosus. Humboldt et Bonpland l’ont trouvé dans l'Amérique méri- dionale, près de Carthagène. Il a beaucoup d'analogie avec le cactus phyllanthus et le cactus alatus; mais il a fleuri à Ps ET D'HISTOIRE NATURELLE. ‘ 93 Malmaison au mois de mars 1811, et pour lors Bonplamd a pu établir les différences qu’il y a entre ces trois cactus. La quatrième plante est le #7etrosyderos saligna. C'est un arbrisseau qui vient de la Nourelle-Hollande. Il a un grand nombre d’étamines. Il a beaucoup de rapports avec le genre malaleuca. I] y a dans les jardins de Malmaison un grand nombre qui n’ont pas encore fleuri. La cinquième plante est le si/ene chloræfolia. Cette plante herbacée vient de l'Arménie. Elle a dix étamines. Elle perd tous les ans ses tiges, et ses racines en produisent de nouvelles au printemps. La sixième plante la goodenia grandiflora. Cette plante vient de la Nouvelle-Hollande. C’est une plante annuelle, haute de deux à trois pieds. Ces pläntes ont, comme nous l’avons dit ci-devant, été des- ? sinées par Redouté, avec une grande perfection, et gravées avec le même soin. Les descriptions de l’Auteur sont faites avec une grande exactitude, On doit donc regarder cet Ouvrage comme un des plus beaux que possède la Botanique, égal au moins aux liliacées. L’Auteur en donnera une Livraison tous les deux mois, ensorte qu'à la fin de 18r4, il y en aura un volume complet, Tableau méthodique des Espèces minérales. Seconde Partie contenant la distribution méthodique des espèces minérales, extraite du Tableau Cristallographique, publié par M. Hay , en 1809, leurs synonymies francaise, allemande, italienne , es- pagnole et anglaise, avec l’indication de leurs gisemens, auxquelles on a joint la Description de la Collection des minéraux du Muséum d'Histoire naturelle , et celle des espèces et des variétés observées depuis 1606 jusqu’en 18r2; | Par J. 4. H. Eucas, Adjoint à son père , Garde des Galeries du Muséum d'Histoire naturelle, et Agent à l’Institut impérial de France, Membre de plusieurs Sociétés savantes, 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Imprimé avec l'approbation de l’Assemblée administrative des Professeurs du Muséum d'Histoire naturelle. Un vol. in-8°. A Paris, chez d’Hautel, Libraire, rue de la Harpe, n° 80. An 1613. Nous avons fait connoître le premier volume de cet Ouvrage. Ce second volume contient, comme le ütre l’annonce, la Synonymie francaise, allemande, italienne, espagnole et anglaise des minéraux, la Description de la Collection de ceux du Mu- séum.... C’est assez dire combien il doit intéresser les miné- ralogistes. On sait que l’Auteur est un des minéralogistes francais qui connoît le mieux les minéraux. Son Ouvrage ne peut qu'être accueilli favorablement de ceux qui cultivent la Minéralogie. Traité complet et élémentaire de Physique, présenté dans un ordre nouveau d’après les découvertes modernes ; par Ær/oine Libes. Deuxième Edition revue, corrigée et considérablement augmentée par l’Auteur. rois vol. in-80. À Paris, chez Mme Ve Courcier, Imprimeur- Libraire pour les Sciences, quai des Augustins, n° 57, au 1813, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9ÿ ERRATA. Faute à corriger page 7, ligne de la note, 9. Quid est boni veri, lisez : quid est boni viri. Et ligne 14. Quam tamen Deus, lisez: Quare tamen Deus. 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Discours préliminaire, ou Rapport sur le progrès des Sciences en 1812; par J.-C. Delamétherie. Pag. 5 Des Mathématiques. 8 De l' Astronomie. De l'Histoire naturelle. 53 De la Zoologie. 25 De l'Anatomie des animaux. 28 De la Physiologie animale. 30 De la Botanique. 52 De l’Anatomie végétale. 33 De la Physiologie végétale. Tbid. De la Minéralogie. 36 De la Cristallographie. 46 De la Géologie. 49 De la Géographie. 58 De la Physique. 60 De la Chimie des minéraux. 69 De la Chimie des végétaux. 72 De la Chimie des animaux. 76 Des Arts, 85 De l'Agriculture. 88 Tableau météorologique; par M. Bouvard, go Nowelles Littéraires. 92 De l’Imprimerie de M° Veuye COURCIER , Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. FÉVRIER AN 1813. OBSERVATIONS (1) SUR LE STYLE, ET LE STIGMATE DES SYNANTHÉRÉES ; PAR HENRI CASSINT, Juge au Tribunal du département de la Seine. PENDANT un grand nombre de siècles, la Botanique ne fut autre chose que la connoïissance des propriétés médicinales qu’on attribuoit aux plantes avec plus ou moins de fondement. Lorsqu’enfin on eut reconnu que les végélaux, comme tous les autres corps dela nature, méritoient d’être étudiés en eux-mêmes, (1) Un Précis de ces Observations a été lu le 6 avril 1812, à la premiere Classe de l’Institut, et a obtenu l'approbation de cette Compagnie , sur lerap= port de MM. de Jussieu et Mirbel, fait le 9 novembre 1812. Tome ZXXV1I. FÉVRIER an 1818. N 98 # JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et indépendamment des usages que nous en pouvons faire pour soulager nos maux, ou satisfaire nos besoins physiques, la Bota- nique prit une direction nouvelle, mais qui, je ne crains pas de le dire, fut malheureusement, à peu de chose près, aussi fausse que la première. En effet, toute la science des végétaux fut presque réduite à la solution de ce problème : une plante quel- conque étant donnée, trouver, à l'aide de caractères classiques, ordinaux, génériques et spécifiques , le nom qu'il a pla de lui imposer. Ce west guère que dans ces derniers temps que quelques hommes doués d’un génie éminemment philosophique, ont senti que le botaniste ne devoit être ni un pharmacien, ni un simple nomenclateur ,mais un naturaliste ; c’est-à-dire que les végétauxde- voient, comme les animaux et les minéraux, étre étudiés dans toutes leurs parties, sous tous leurs rapports, et dans tous les âges de leur existence; qu’en un mot la Botanique devoit étre le tableau fidèle et complet du règne végétal, Dès-lors on s’est mis à la recherche de la méthode naturelle, qui, en eflet, suivant la définition aussi ingénieuse que profonde du célèbre M. Cuvier, n’est autre chose que /a science elle-même réduite à sa plus simple expression. Dans l'état donc auquel se trouve aujourd’hui parvenue la Botanique, il ne peut plus suffire à ses progrès ultérieurs de décrire vaguement et incomplètement certains organes, pour en tirer quelques notes différentielles, propres seulement à faire distinguer les uns des autres les divers genres et les diverses es- pèces : il faut étudier sans exception tous les organes des vé- gétaux , les décrire complètement tant à l’intérieur qu'à l’exté- rieur , les suivre dans tous les âges, et surtout comparer les différentes modifications que ces organes subissent dans les divers ordres et les divers genres de plantes. Je pense que la meilleure méthode à suivre, dans cet im- mense travail, consisteroit à considérer chaque organe ésolé- ment, et à l’observer comparativement dans tous les genres, et, autant que possible, dans toutes les espèces dont se compose une classe ou un ordre naturel de végétaux, pour déterminer toutes les modifications dont la structure de cet organe est sus- ceptible. J’ai entrepris un essai de ce genre sur les plantes connues sous le nom impropre de composées, et que M. Richard a mieux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 99 nommées syranthérées (x). Ce travail, s’ilétoit exact et complet, auroit infailliblement pour résultat la découverte des caractères ordinaux et génériques les plus solides, et de la disposition la plus naturelle des ordres, des sous- ordres et-des genres, dont se compose cette classe nombreuse. J’ai déjà recueilli à cet eflet beaucoup de matériaux, et je compte poursuivre avec activité mon entreprise, autant du moins que peuvent le permettre les courts loisirs que me laissent des fonctions fort étrangères à la Botanique. Mais, en attendant que je puisse soumettre avec quelque confiance à la censure des botamistes, les résultats gé- néraux de mes recherches sur l’organisation et la classification des synanthérées, je sollicite leur indulgence pour les observa- tions que j'ose leur présenter aujourd’hui sur lun des organes de ces végétaux (2). * J'ai choisi cet échantillon de mon travail, parce que les mo- difications du style et du stigmate me semblent fournir en gé- néral les meilleurs caractères dont on puisse faire usage pour diviser la classe des synanthérées en ordres et en sous - ordres nalurels. L'importance des caractères fournis par cêt organe a déjà élé justement appréciée par quelques botanistes ; mais il ne me semble pas qu’ils en aient tiré le meilleur parti possible. M. de Jussieu, dans son immortel Ouvrage, avoit reconnu que le caractère le plus essentiel des cynarocéphales résidoit dans l'articulation du style; et je m'étonne beaucoup que le savant (1) Le nom de composées est fondé sur la très-fausse considération qui con- siste à regarder comme une fleur l'assemblage des fleurs réunies en tête. Au contraire , le nom de synanthérées exprime le principal caractère des plantes dont il s’agit. (2) La première rédaction de ce Mémoire a été faite en décembre 1810, et communiquée à M. de Jussieu en janvier 1811 ; mais cesavant judicieux m’ayant donné l’utile conseil de multiplier davantage mes observaions , avant de les rendre publiques , j'ai refait tout mon travaih, avec beaucoup d’augmentations et de changemens. Cependant depuis le 6 avril, époque à laquelle j'ai eu l'honneur de présenter ce travail à l’Institut , j'ai fait de nouvelles observations qui l’augmentent et le rectifient en plusieurs points ; mais je crois devoir publier mon Mémoire sur le style et le stigmate, tel qu’il a été présenté à l’Institut, etsans y rien changer, me réservant d'indiquer , dans un Mémoire sur les étamines , que j'espère donner incessamment, les corrections et additions qui sont à faire à ce Mémoire-ci. N 2 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE auteur de la nouvelle F/ore francaise, dans un beau travail sur les synanthérées, présenté à l’Institut en janvier 18c8, et publié depuis dansles Annales du Muséum d'Histoire naturelle (t. XNT, pag. 135), ait entièrement méconnu la valeur de ce caractère, au point de n’attribuer son existence qu’à une cause purement accidentelle. M. Richard, dont les immenses travaux sur toutes les parties de la Botanique sont si précieux et malheureusement si peu connus, a fait une classification nouvelle des plantes dont nous nous occupons; et en choisissant le stigmate pour fournir les ca: ractères de sa division primaire, il a donné une nouvelle preuve de sa très-grande sagacité. Il divise en deux ordres la classe qu’il! nomme syzanthérie: le premier de ces ordres est la monostigmatie qu’il subdivise en trois sections , échinopsidées, carduacées, liatridées ; le second ordre est la déstigmatie, qu'il subdivise en deux sections, savoir les corymbifères et les chicoracées. Il caractérise la monostigmatie par l’unité du stigmate, en observant que tantôt le style est terminé au sommet par un stigmate absolument indivis, comme dans beaucoup de carduacées; que tantôt ce même stigmate est échancré ou fendu au sommet, ou même profondément biparti comme dans le /iatris; mais que, dans tous les cas, la substance glanduleuse du stigmate se prolongeant plus bas que lincision, dénote toujours l'unité de cet organe. Il caractérise la distigmatie par la duplicité du stigmate, en observant qu’elle n’a lieu que quand lincision dépasse, ou au moins atteint le sommet du style dépourvu de glandes. Je démontrerai bientôt jusqu'à l'évidence, que l’idée que M. Richard concoit et donne de la structure du style et du stig- mate des synanthérées est tout à fait erronée dans les points les plus essentiels. Avant M. Richard, le célèbre Adanson, dans son Livre des familles, trop négligé des botanistes, avoit donné une description détaillée du style et du stigmate des synanthérées. La voici tex- tuellement. « Le stigmate des fleurs hermaphrodites des flosculeuses et » des radiées est cylindrique, marqué sur les côtés de deux sillons » velus, qui le fendent légérement en deux en-dessus, et qui » se terminent en bas par un petit anneau velu qui l'environne ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 101 » à l'endroit où il se réunit au style. Les deux stigmates des » demi-fleurons hermaphrodites des semi - flosculeuses et des » demi-fleurons femelles des fleurs radiées, sont demi-cylin- » driques, velus sur leur face interne, et roulés en dehors en » demi-cercle. » Cette description contient plus d’erreurs que de vérités, et confond tout ce qui devroit être distingué. C’est ce que je dé- montrerai facilement, après avoir exposé, d’après mes propres observations, la véritable structure et les modifications de l'organe qui nous occupe. Examinons-le successivement, d’abord dans les /ac/ucées ou chicoracées, puis dans les astérées ou corymbifères, enfin dans les carduacées ou cynarocéphales (r). QUE. DU STYLE ET DU STIGMATE DES LACTUCÉES. J'ai observé le style et le stigmate des lactucées dans 102 espèces appartenant à 29 genres. En voici la liste. 1. Lactuca sativa, L. sativa-crispa, L. scariola, EL. virosa, L. sagittata, L. perennis. 2. Lampsana communis, L. lyrata. 3. Rhagadiolus stellatus. 4. Prenanthes pinnata. 5. Chondrilla juncea, C. muralis. 6. Sonchus oleraceus, S. arvensis, S. palustris, S. lacerus, S. plumieri, S. fruticosus, S. tataricus, S. uliginosus, S. multiflorus, S. macrophyllus, S. Broussonnetii. (1) Le nom de Zactucées qui rappelle tout-à-la=fois la plante la plus usuelle et l’un des caracteres les plus remarquables de l’ordre , me semble préférable à celui de chicoracées qui est dur et barbare. Celui de cynarocéphales qui ne l’est pas moins, et qui présente un sens bizarre, est avantageusement remplacé par le nom de carduacées qui rappelle le genre principal de l’ordre. Enfin le nom de corymbiferes présentant une idée fausse dans la plupart des cas, j'ai dù lui substituer celui d’astérées qui rappelle le genre le plus nombreux et le plus agréable de cet ordre, ainsi que la figure étoilée qu'offre ordinairement daps cet ordre l’assemblage des fleurs, 103 * JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 7. Picridium vulgare, P. tingitanum, P. albidum. 8. Hieracium sabaudum, H. umbellatum, H. pilosella, H. sylvaticum, H. alpinum, H. villosum, H, cymosum, H. pilo- selloides, H, amplexicaule, H. nigrescens, H. aurantiacum, H. fruticosum , H. glaucum, H. prostratum , H. intybacenm. 9- Crepis biennis, C. virens, C. dioscoridis, C. rigida, C. co- ronopifolia, C. parviflora, C. pulchra, C. sibirica. 10. Barkhausia fœtida, B. rubra, B. alpina, B. pungens. 11. Drepania barbata. 12. Zacintha verrucosa. 13. Hyoseris radiata, H. cretica, H. hedypnois, H, lucida, H. aspera. 14. Taraxacum dens-leonis, T. palustre, T. serotinum. 15. Leontodon autumnale, L. hastile, L. hispidum, L. cris- pum. 16. Thrincia hirta, T. hispida. 17. Picris hieracioides, P. sprengeriana, P. integrifolia, P? globulifera. 18. Helmintia echioides. 19. Scorzonera hispanica , S. humilis, S. eriosperma , S. villosa. 20. Podospermum laciniatum. 21. Tragopogon pratense, T. majus, T. undulatum, T. orien- tale, T. porrifolium, T. crocifolium. 22. Urospermum picroides, U. Dalechampii. 23. Geropogon glabrum. 24, Hypochœris radicata, H. glabra, H. arachnoiïdea. 25. Seriola æthnensis. 26. Andryala cheiranthifolia, A. integrifolia, A. nemausensis, A? lanata. 27. Catananche cœrulea, C. lutea. 28. Cichorium intybus, C. endivia. d 29. Scolymus maculatus, S. hispanicus. Il résulte de mes observations sur les plantes qui viennent d'être énumérées, que la structure du style et du stigmate est parfaitement uniforme dans toutes les lactucées, quant aux ca- ractères essentiels, et qu'on n'y peut trouver d’autres différences que de légères modifications qui ne méritent guères d'êlre notées (r). PORC PRSERLUNE EOPUTEN MIRE 2 1 IAE RRIES PIE EEE e OU OUSEER PR PR RE 2 2 (1) Par exemple , dans les catananche , les deux branches du style sont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 103 Le style des lactucées est composé d’un tronc et de deux branches. Le tronc consiste en un filet cylindrique ; sa base est arrondie, et articulée par son point central sur le disque que porte le sommet de l’ovaire ; sa partie inférieure est constamment glabre et de couleur blanche; sa partie supérieure, au contraire, est constamment de la même couleur que la corolle, et plus ou moins hérissée de poils fins, alongés, roides, dirigés obliquement de bas en haut sous un angle plus ou moins ouvert. Les deux branches sont parfaitement continues au tronc, et aucune sorte d’articulation ne sépare leur base de son sommet. Elles consistent en deux languettes égales et semblables, com- plètement libres, distinctes et indépendantes l’une de l’autre, n'ayant de commun que leur point d’origine au sommet du tronc. Chacune de ces deux languettes est un filet demi-cylindrique, ar- rondi au sommet , et coloré comme la partiesupérieure du tronc, c’est-à-dire comme la corolle (1). Sa face extérieure, convexe, est hérissée de poils semblables à ceux de la partie supérieure du tronc; sa face intérieure est plane, ordinairement plus foi- blement colorée que la face extérieure, et toujours couverte de papilles très-fines, très-courtes, très-rapprochées les unes des aulres. A l'époque de la fleuraison, les deux branches divergent en s’arquant en dehors, l’une vers la droite, l’autre vers la gauche, et chacune d’elles prend la forme d’un demi-cercle, d’un cercle entier, ou d’une spirale. La description qu’on vient de lire a besoin de quelques déve- loppemens. Voyons d’abord quel est ici le véritable szigmate , c’est-à-dire la partie de l’organe femelle qui recoit immédiatement sur sa surface les globules polliniques, et en extrait la substance fécon- dante qu’elle transmet à l’ovule par des vaisseaux conducteurs. courtes , presque ovoïdes, un peu plus larges etun peu plus épaisses que le tronc, et leurs poils-balayeurs sont plus petits et plus rapprochés que ceux du tronc. Cette anomalie est bien foible , et c’est pourtant la plus forte de toutes celles que j ai pu observer dans les styles des lactucées. QG) Dans l’urospermum Dalechampii, où le sommet de la corolle est coloré en rouge, l’extrémité de chacune des deux branches du style est teinte de mème. 104 JOURNAL DE\ PHYSIQUE, DE CHIMIE J'ai dit que chacune des deux branches du style est un filet demi-cylindrique, ayant par conséquent deux faces, l’une con- vexe et l’autre plane. La substance stigmatique occupe unique- ment et entièrement la face plane de l’une et de l’autre branche. Or la face plane d’une branche et la face plane de l’autre étant parfaitement continues et confluentes à leur base, et n'étant séparées l’une de l’autre par aucune interruption , il s'ensuit né- cessairement qu'il n’y a, malgré les apparences contraires, qu'un seul et même stigmate. La substance stigmatique offre, dans les lactucées, un ca- ractère propre à cet ordre, et qui par là mérite toute notre attention. Ce caractère consiste dans les papilles que forme cette substance sur toute la surface qu’elle occupe. Ces papilles sont presque toujours très-petites, quelquelois difliciles à reconnoître; mais Je me suis assuré qu’elles existent constamment. Nous verrons plus bas que le stigmate des astérées n’en est pas toujours muni , et que celui des carduacées n’en offre jamais. Il est à croire que chacune de ces papilles stigmatiques se termine au sommet par un pore qui est l’extrémité ou la bouche aspirante de lun des innombrables et imperceptibles rameaux des vaisseaux con- ducteurs. On trouve presque toujours, à une certaine époque, des globules polliniques, en nombre plus ou moins grand, épars et comme collés sur la face stigmatique des branches : il ne faut pas en conclure que la surface du stigmate est visqueuse ; je crois plutôt que c’est la surface des globules polliniques qui jouit de cette propriété, car on les voit s’agglutiner très-facilement les uns aux autres, ou à tous autres corps qu’ils rencontrent. Dans l’état de fleuraison , les deux branches se courbant en dehors en demi-cercle, en cercle, ou en spirale, la face stigmatique, de plane qu’elle étoit dans l’état de préfleuraison, devient né- cessairement convexe dans le sens de sa longueur; elle le devient aussi bientôt dans le sens de sa largeur, par labaissement de ses bords latéraux et l'élévation de son milieu. Cette disposition a évidemment pour but, ce me semble, de procurer l’écartement des papilles stigmatiques trop pressées auparavant les unes contre les autres, et de faciliter ainsi l'ouverture ou l'élargissement du pore que je suppose terminer chacune d'elles, La partie supérieure du tronc et la face extérieure de l’une et de lautre branche sont hérissées de poils, dont la nature, la disposition et la constance annoncent qu’ils remplissent quel- qu'importante destination. Au premier apperçu on est tenté de croire ET D'HISTOIRE NATURELLE. ro eroire qu'ils constituent le stigmate; mais dès qu’on a observé les papilles qui couvrent la face intérieure des branches, on ne peut plus douter que ces papilles ne soient stigmatiques ; il faut donc attribuer une autre fonction aux poils dont il s'agit. J'ai reconnu qu'ils sont destinés à balayer et chasser en dehors tous les grains de pollen contenus dans le tube anthéral. C’est pourquoi je leur donne le nom de poils-balayeurs. Ces poils sont souvent noirs à la base. Aucune des lactucées que j'ai observées n’est dépourvue de cet organe; mais, dans quelques-unes, les poils-balayeurs sont réduits à de petites aspérités aculéiformes, dirigées de bas en haut, et peu sensibles. On sait que toutes les fleurs des lactucées ont cinq étamines dont les anthères sont cohérentes en un tube. A mesure que le style croît en longueur, il enfile le tube des anthères, le traverse de bas en haut ,el finit par élever au-dessus de lui sa partie supé- rieure. Les poils dont cette partie est hérissée frottent dans le trajet la: face intérieure des anthères, forcent leurs loges de s'ouvrir par l’effet du frottement, de la pression et de la distension qu'ils exercent; enfin balayent, enlèvent et retiennent dans leurs interstices, tous les globules polliniques fournis par le tube. Au moment où les branches et la partie supérieure du tronc se trouvent avoir dépassé le tube anthéral, on les voit tout couverts de ces globules polliniques qui semblent y adhérer. Jusques-là les deux branches étoient demeurées exactement appliquées l’une contre l’autre par leurs faces stigmatiques respectives, et par conséquent la fécondation n’avoit pas encore pu s’opérer. Mais dès qu’elles se trouvent dégagées du tube anthéral qui les maintenoit ainsi appliquées l'une contre l’autre , leur élasticité naturelle pouvant alors s'exercer librement , elles ne tardent pas à diverger l'une à droite, l’autre à gauche, en se courbant en dehors en forme de demi-cercle, de cercle entier, ou de spirale. IL arrive de là que la face $tigmalique des branches se trouve tournée en haut, et que leur face balayeuse se trouve tournée en bas. Le résultat de cette disposition est que les globules polliniques portés par la face balayeuse, se trouvant dans une situation renversée, tombent naturellement pour la plupart; et que plusieurs ren- contrant dans leur chute la face stigmatique des styles voisins, y opèrent la fécondation. D’après ce que je viens de dire, on voit qu'ez général le pistil d’une fleur ne peut guères êlre fécondé par le polen pro- venant des étamines de cette même fleur, mais bien par le pollen Tome EZXXVI. FEVRIER an 1813. O 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE provenant des étamines des fleurs voisines. Linné s’est donc ex- primé avec beaucoup de justesse, en nommant polygames les plantes dont nous parlons; et le botaniste philosophe doit re- connoîlre dans la nécessité de cette polygamie, la véritable cause finale de lagrégation d'une multitude de petites fleurs entassées les unes pres des autres, agrégation qui constitue la physio- nomie particulière des synanthérées et leur caractère le plus ap- parent (1). J'ai dit qu'ez général les fleurs des lactucées se fécondent réciproquement les unes par les autres; mais cette règle n’est point sans exception ; et j'ai observé des lactucées dans lesquelles chaque petite fleur se fécondoit, ou pouvoit se féconder elle- même par un moyen aussi simple qu'ingénieux, bien propre à faire admirer Part de la nature. Voici en quoi il consiste. Les deux branches du style, après s'être écartées Pune de l'autre en divergeant par le haut, se courbent en dehors peu à peu, d’abord en demi-cercle, puis en cercle entier, puis enfin se roulent en spirale. Cette spirale est telle, par le rapproche- ment immédiat de ses circonvolutions, que la face stigmatique de chaque branche se trouve en contact avec la face balayeuse de la même branche; et cette face balayeuse étant chargée de globules polliniques , elle féconde bien facilement la face stig- matique. Dans quelquesunes des lactucées que j'ai observées, telles que le Zeontodon crispum, le barkhausia alpina, le geropogon glabrum, V’hyoscris radiat&, les deux branches du style, dans l’état de fleuraison, au lieu de diverger en se courbant en dehors, divergent en se croisant dès la base, et se courbant en dedans en demi-cercle, en cercle, ou spirale. J'ai cru remarquer que ce cas a lieu quand la face stigmatique des branches est notable- ment plus étroite qu’à l’ordinaire. Quoi qu'il en soit, cette petite anomalie, qui même ne paroît pas très-constante, et ne dépend ——_ 5 ——_—_—— QG) MM. de Jussieu et Mirbel, qui d’ailleurs ont jugé mon travail avec une extrême indulgence , dont je suis bien reconnoissant, ont fait, dans leur rap- port à l’Institut , une légère critique de mon idée sur la fécondation réciproque ou croisée des fleurs d’un céphalanthe. Je prends la liberté de leur faire ob— server ici que je n’ai jamais dit d’une manière absolue, que la fécondation fût toujours infailiblement croisée, ce qui est impossible à prouver; mais seule- ment que, par la disposition des organes, ce croisement paroissoit devoir s'exercer le plus souvent. (Poyez les mots soulignés.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 peut-être que de l’âge ou de circonstances accidentelles, ne peut iufirmer la validité du caractère tiré du sens de la courbure des branches ; elle est seulement une nouvelle preuve, ajoutée à mille autres, qu’en Histoire naturelle il n’est point de caractere, quel qu’il puisse être, qui ne soit sujet à quelques exceptions. J’ai insisté dans ma description, sur la liberté complète des deux branches du style, c’est-à-dire sur ce qu’elles n’adhèrent l’une à l’autre en aucun point de leur étendue. Ce caractère est en eflet remarquable, en ce qu'il n'appartient d’une manière absolue qu'à l’ordre des lactucées. Nous verrons , dans la suite de ce Mémoire, que chez les carduacées, les deux branches du style sont presque toujours incomplètement greflées ensemble, et que chez les astérées elles le sont dans plusieurs cas. J'ai également insisté sur la continuité parfaite du tronc et des branches, c’est-à-dire sur le défaut absolu de toute articula. tion entre ces parties. Ce caractère est important à remarquer, en ce qu'il existe sans aucune exceplion dans toutes les lactucées, tandis qu’il est sujet à exceptions dans les astérées, et qu'il n’a presque Jamais lieu dans les carduacées. J’ai dit, dans la description, que la base du style est articulée sur le corps qui le porte, c’est-à dire qu’elle n’y adhère que par un point, qu’elle en est distinguée par un élranglement ma- nifeste, Il y a trois choses à remarquer sur ce caractère: la première, c’est qu'il est commun à toutes les synanthérées sans presque aucune exceplion; la seconde, c’est qu’il paroît étre le seul caractère qui différencie essentiellement le style des cam- panules de celui des lactucées; la troisième, c’est que cette articulation de la base du style détermine sa caducité, c’est-à- dire qu'il en résulte que le style ne persiste point, mais tombe aussitôt après la fleuraison. La base du style est articulée, non point immédiatement sur le sommet de l'ovaire, mais sur un disque épigyne que j'ai trouvé dans toutes les lactucées que j'ai observées, quoiqu'il wait élé remarqué par aucun botaniste que je sache. Adanson, lui-même , qui insiste beaucoup sur l'importance du disque , qui prétend lavoir reconnu le premier, et qui donne un sys- tème de classification des plantes, fondé sur les caractères fournis par cet organe, range nommément les composées, ou synan- thérées dans la classe des plantes dépourvues de disque. J’ai reconnu pourtant l'existence non équivoque de cet organe, non- O2 108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE seulement dans les laclucées, mais encore dans les carduacées et les astérées. Dans les lactucées, dont il s’agit seulement ici, ce disque est un petit corps charnu, blanchâtre ou jaunâtre, articulé sur le- sommet de l'ovaire. Sa forme est assez ordinairement celle d’un godet hémisphérique , au fond duquel la base du style est attachée. Avant de terminer ce qui concerne les lactucées, je dois faire observer que, bien que les branches de leur style ne soient en général qu’au nombre de deux seulement, il n’est arrivé pourtant d'en observer trois, au lieu de deux, dans quelques fleurs de Scorzonera hispanica, detaraxacum dens-leonts, de tragopogon pratense. Cette variation purement accidentelle, ne mérite d’être notée que parce qu’elle fortifie l’analogie qui existe entre le style des lactucées et celui des campanules. En effet, l'affinité bien reconnue entre l’ordre des lactucées et l'ordre des campanulacées, m'a engagé à observer le style d’une campanule ; et celui du campanula rotundifolia, que J'ai examiné , ne diffère de celui des lactucées que par trois carac- ières : 1° sa base, loin d’être élranglée ou articulée d'une ma- nière quelconque, est au contraire élargie et parfaitement con- tinue par tous ses points au disque qui couvre le sommet de l'ovaire; 2° les poils-balayeurs, au lieu d’être persistans, sont cadues; 39 le tronc est surmonté de trois branches, au lieu de deux. J’observe, à l'égard de ce dernier caractère, que le style du campanula rotundifolia m'a oflert plusieurs fois deux branches au lieu de trois. Au reste, le style et le stigmate ne sont point conformés dans tout l’ordre des campanulacées comme dans le campanula ro- tundifolia. J'ai observé un /obelia dont le style et le stigmate offrent une structure très-singulière, et qui n’a aucun rapport avec celle qui est propre aux lactucées (1). (1) Depuis la rédaction du présent Mémoire , j'ai appris que MM. Richard et Jussieu avoïent distrait de l’ordre des campanulacées les /obelia et genres analogues , pour en former un nouvel ordre, sous le nom de Zobéliacées, dont le principal caractère est uré de la structure du stigmate. k ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 S. 11. DU STYLE ET DU STIGMATE DES ASTÉRÉES. J’ai observé le style et le stigmate des astérées dans 313 espèces appartenant à 98 genres. Dans le cours de mes observations sur ces plantes, je ne tardai pas à m'appercevoir que la structure du style et du stig- mate n’étoit point à beaucoup près aussi uniforme chez les astérées que chez les lactucées; et bientôt je reconnus que les diverses modifications que j'observois pouvoient fournir des caractères suffisans pour diviser l’ordre nombreux des astérées en plusieurs sections ou sous-ordres qui me semblèrent, en général, beaucoup plus conformes aux rapports naturels, que les sections admises jusqu'ici dans cet ordre de végétaux, et fondées sur les carac- tères trop peu importans de phoranthe (1) nu ou paléacé, de fruit nu ou aïigretté. Ù Je divise done l'ordre des astérées , ou plutôt les astérées que j'ai observées , en neuf sections, qui sont : 1° les vernonies, 20 les hélianthes, 3° les eupatoires, 4° les solidages, 5° les inules, 60 les chrysanthèmes , "7° les tussilages , 8° les arctotides, 9° les hétérogynes. Je viens de dire que ces sections me sembloient en général assez conformes aux rapports naturels, ou du moins beaucoup plus que celles admises jusqu'ici. Cependant je suis loin de pré- tendre que les nouvelles sections que je propose puissent, dans leur état actuel, être convenablement adaptées à la classification naturelle des astérées. Personne , au contraire, n’est plus con- vaincu que moi de l’impossibilité absolue de faire une bonne classification naturelle, dès qu’on se borne aux caractères fournis par un seul organe; et je ne doute pas que mes sections ne doivent subir beaucoup de réformes, quand j'aurai fait sur les autres organes de ces plantes, un travail semblable à celui que je viens de faire sur leur style et leur stigmate. Je ne considère donc, quant à présent, les sections que J'ai établies dans les .G) M. Richard a tres-justement substitué le nom de phoranthe à celui de réceptacle commun. 110 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE astérées, que comme une classification des modifications que j'ai observées dans la structure du style et du stigmate de ces végétaux. PREMIÈRE SECTION. Les Vernonies. M. Richard, comme on l’a vu, sous-divise en trois sections son ordre de la 7xonostigmatie, et dans l’une de ces sections, qu'il nonune les Ziatridées, il comprend les genres Zéatris, ver- nonia, tarchonanthus , et peut-être encore d’autres que j'ignore. Je n'ai Joint eu l'occasion d'observer ni les liatris , ni les zar- chonanthus ; maïs j'ai observé deux vernonta, le noveboracensis et l'anthelmintica; et comme leur style et leur stigmate m'ont paru différer essentiellement de ceux de toutes les autres astérées, J'ai formé sous le nom de verzonies, une section particulière composée seulement jusqu'ici, des deux vernonia dont je viens de parler et du /agasca mollis, qui leur est parfaitement sem- blable par son style et son stigmate. Il est à croire que toutes les autres espèces de vernonia, ainsi que celles du genre léarris, devront être comprises dans cette section, quand J'aurai pu les observer. Le caractère que j'attribue à la section des vernontes, est d'avoir le style et le stigmate absolument semblables à ceux des lactucées décrits au paragraphe précédent. C’est pourquoi je m'étonne beaucoup que M. Richard, qui place les lactucées dans sa Distigmatie, range au contraire les vernonies dans sa Monostigmatie. J'ai observé, il est vrai, dans le vernonia noveboracensis, que les deux branches du style sont greffées l’une à l’autre, près de la base, par le milieu de leurs faces intérieures respectives, à peu près comme nous le verrons dans les carduacées. Mais le vernonia anthelmintica et le lagasca mollis ne m'ont offert rien de semblable. Dans une classification fondée uniquement sur la considération du style et du stigmate, la section des vernonies est convena- blement placée entre l’ordre des lactucées dont elle ne diffère en rien sous ce rapport, et la section des hélianthes qui, sous ce même rapport, offre beaucoup d’analogie avec elle , comme nous allons voir, ET D'HISTOIRE NATURELLE. TIL DEUXIÈME SECTION. Les Hélianthes. Cette section me paroît devoir être la plus nombreuse de toutes en genres différens. J'en ai observé jusqu'ici 37 qu'il me semble convenable d’y réunir, quoique la structure du style et du stig- mate ne soit pas parfaitement uniforme dans tous; mais les dif- férences ne sont point de nature à autoriser des divisions, puis- qu’elles s’observent quelquefois entre des plantes évidemment congénères. Voici la liste de celles des astérées que j'ai observées, quejecrois devoir rapporter à la section des hélianthes. Cette liste comprend 77 espèces appartenant à 37 genres. 1. Hélianthus annuus ,H. multiflorus, H. giganteus, H. altis- simus, H. atro-rubens, H. mollis, H. divaricatus, H. prostratus, H. linearis. 2. Heliopsis lævis (Persoon. Helianthus lævis L.). 3. Bidens tripartita, B. frondosa, B. radiata, B. multifida, B. odorata (H. P. non Linuæi), B. nivea. 4. Ceratocephalus pilosus (Richard. Bidens pilosa L. ). 5. Coreopsis tripteris, C. verticillata, C. delphinifolia,G. au- riculata, C. alata, C. alternifolia. 6. Rudbeckia laciniata, R. laciniata-angustifolia, R. pinnata, R. aspera, R. purpurea, R. amplexicaulis. 7. Silphium perfoliatum, S. connatum, S. laciniatum , 8. tri- foliatum, S. therebintinaceum. 8. Zinnia pauciflora , Z. multiflora, Z. verticillata,Z. violacea, Z. revoluta. 9. Tagetes patula, T, erecta, T. lucida, 10. Verbesinaserrata, V.alata, V. mutica (H. P. non Linnæi). 11. Encelia canescens, E. halimifolia. 32. Dahlia purpurea. 13. Galinsoga parviflora, G. trilobata. 14. Madia viscosa. 15. Balbisia elongata. 16. Baltimora recta. 17. Spilanthus pleraceus. 16. Sanvitallia villosa. 19. Polymnia uvedalia. f 112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 20. Sclerocarpus africanus. 21. Alcina perfoliata. 22. nie nodiflora. 23. Pascalia glauca. z4. Ximenesia encelioides. 25. Heterospermum pinnatum. 26. Calea aspera. | 27. Stevia pedata. 28. Cacalia sonchifolia. 29. Kleinia porophyllum( Persoon. Cacalia porophyllum L..). 30. Zaluzania triloba ( Persoon. Anthemis triloba H. P.). 31. Anthemis (???) ovatifolia. H. P. 32. Helichrysum chrysanthum ( Persoon. Xeranthemum brac- teatum H. P.), 33. Senecio cernuus, 8. hieracifolius. (Je ne rapporte qu'avec doute à la section des hélianthes les astérées dont les noms suivent.) 34. Eclypta erecta. 35. Osteospermum pinnatifidum. 4 36. Parthenium hysterophorus , P. infegrifolium. 37. Bellium minutum. Les astérées de Ja section des hélianthes offrent quatre sortes de fleurs différentes quant au sexe, savoir : des fleurs Lerma- phrodites, des fleurs femelles, des fleurs méles et des fleurs zeutres. Ces dernières sont absolument dépourvues et de style et de stigmate; mais les fleurs mâles, quoique dépourvues de stigmate, sont pourvues de style, et les fleurs, tant femelles qu'herma- phrodites, sont pourvues de style et de stigmate. Tous ces styles et stigmates différent selon le sexe des fleurs auxquelles ils appartiennent : il est donc indispensable de décrire séparément les style et stigmate des fleurs hermaphrodites, ceux des fleurs femelles, et le style des fleurs mâles. Nous nous attacherons plus particulièrement aux style et stig- mate des fleurs hermaphrodites, parce qu’étant les seuls complets et parfaits, ils fournissent seuls aussi les caractères distinctifs de la section. Les style et stigmate des fleurs femelles et le style des fleurs mâles, n’étant au contraire que des altérations diverses de la structure propre aux style et stigmate æes fleurs herma- phrodites, sont insuilisans pour fournir ces caractères. Cette observation ET D'HISTOIRE NATURELLE. 113 observation s'applique à toutes les autres sections de l’ordre des astérées, comme à celle dont nous nous occupons en ce moment. La structure du style et du stigmate des fleurs hermaphrodites, dans la section des hélianthes, peut être exprimée comme il suit. Le style est composé d’un tronc et de deux branches. Le tronc consiste en un filet cylindrique entièrement glabre. Sa base, ordinairement un peu renflée et arrondie, et toujours articulée sur le corps qui lui sert de support immédiat, se pro- longe souvent inférieurement en une sorte d’appendice , tantôt filiforme, tantôt obconique, qui enfile la cavité du disque épigyne, alors plus ou moins tubuleux. Les deux branches sont parfaitement continues au tronc; elles consistent en deux languettes égales et semblables, complètement libres, dans chacune desquelles on peut presque toujours dis- tinguer deux parties plus ou moins différentes quant à la forme, quoique parfaitement continues l'une à l’autre : la partie infé- rieure, plus longue, est demi-cylindrique; la partie supérieure, plus courte, et qui paroïit manquer quelquefois, ou être presque nulle, diminuant d'épaisseur, tantôt brusquement, tantôt par degrés insensibles , s’'arrondit rarement au sommet, mais au con- traire forme le plus souvent une sorte de demi-cône, obtus ou aigu, tantôt accourci, tantôt alongé, en forme de languette demi-lancéolée , ou même subulée, se prolongeant quelquefois par la pointe en un appendice filiforme. La face extérieure de la partie inférieure de chacune des deux branches est tantôt entièrement glabre comme le tronc, tantôt glabre seulement dans le bas, et hérissée dans le haut de poils- balayeurs, tantôt enfin entièrement couverte de ces mêmes poils. La face extérieure de la partie supérieure est le plus souvent toute hérissée de poils-balayeurs ; mais quelquefois elle est presque glabre, sauf une houppe de poils-balayeurs située à son sommet ou à sa base, ou deux houppes de ces mêmes poils situées l’une à la base, l’autre au sommet, La face intérieure de la partie inférieure porte deux bour- relets stigmatiques demi-cylindriques, plus ou moins gros, presque toujours hérissés de petites papilles, ou au moins poncticulés, mais étant quelquefois, dans le bas, lisses et oblitérés. Tantôt ces bourrelets n’oceupent que les deux bords latéraux de la face qui les porte, et laissent entre eux un espace plus ou moins Tome LXXFI. FÉVRIER an 1813, P 114 JOURNAL, DE, PHYSIQUE, DE. CHIMIE large ; tantôt ils sont immédiatement contigus Pun à l'autre, mais pourtant sans se confondre l’un dans l’autre, et demeurant dis- üngués par un sillon longitudinal; tantôt enfin ils confluent l’un dans l’autre, et se confondent entièrement en une seule et même masse indivise. Le plus ordinairement ils sont espacés dans le bas et contigus dans le haut, ou bien contigus dans le bas et ‘confluens dans le haut. La face intérieure de la partie supérieure est quelquefois par- faitement nue, quelquefois hérissée dans le haut de quelques papilles-balayeuses, le plus souvent couverte, au moins dans le bas, par une prolongation des bourrelets stigmatiques, qui ; presque toujours, sont , sur cette partie, confluens, plus ou moins oblitérés et dénués de papilles. À l'époque de la fleuraison, les deux branches divergent , comme dans les Jactucées, en s’'arquant en dehors, l’une vers’ la droite, l’autre vers la gauche, et chacune d'elles prend la forme d’un demi-cercle, d’un cercle entier, ou d’une spirale ; mais souvent la partie supérieure de la branche ne participe point à cette courbure, ou même quelquefois se courbe un peu dans le sens absolument contraire, Maintenant que le style des fleurs hermaphrodites vient d’être exactement et complètement décrit, il est facile de donner, en peu de mots, une idée juste et suflisante des fleurs femelles, et de celui des fleurs mâles. En effet le style des fleurs femelles ne diffère essentiellement de celui des fleurs hermaphrodites , que par l'avortement plus ou moins complet des poils-balayeurs, ainsi que de la partie supérieure non-stigmatifère de l’ure et de l’autre branche. Quant au style des fleurs mâles, il diffère de celui des fleurs hermaphrodites, en ce que les deux branches sont greffées en- semble par leurs faces intérieures respectives, mais seulement dans leur partie inférieure, qui seroit stigmatifére si la fleur étoit hermaphrodite. La partie supérieure de l’une et de l'autre branche, qui n’est point de nature à porter le stigmate, ou qui du moins ne porte guère qu’un prolongement oblitéré de la substance stigmatique, demeure presque toujours libre. Je dois parcourir rapidement les particularités les plus remar- quables que présentent le style et le stigmate de certaines espèces, et dont la plupart ont été indiquées comme modifications, dans la description générale. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11D Le prolongement de la base du style des fleurs hermaphro- dites en une sorte d’appendice tantôt filiforme, tantôt obconique, est une particularité propre à beaucoup d'espèces de la section des hélianthes, ét qui ne s’est point offerte à moi dans les autres sections. J'ai observé ce caractère dans l’helianthus multiflorus, les zinnia violacea , multiflora, pauciflora, les rudbeckia am- plexicaulis ; laciniata-angustifolia , les coreopsis verticillata, tripleris, alata, le galinsoga triloba, le polymnia uvedalia, le verbesina serrata, l’alcina perfoliata. Ce caractère a très-peu d’importance : il ne résulte que de la forme du disque, qui, lorsqu'il est tubuleux, engaîne la base du style, et arrête l'accroissement eu grosseur de la portion ainsi engainée. Aussi, dans les fleurs femelles , qui le plus souvent sont dépourvues de disque, ou n'en ont qu'un très-court, ce caracière ne s’observe point. La partie supérieure, non-stigmatifére, des branches du style des fleurs hermaphrodites, paroît être nulle dans quelques espèces, que d’autres caractères et les rapports naturels forcent néanmoins de classer dans la section des hélianthes : telles sont, les zz7êu revoluta, verticillata ,multiflora,pauciflora, le verbesina alafa, l'encelia canescens, V'eclipta erecta, Vosteospermum pinnati- Jidum , le spilanthus oleraceus. Cette particulanté provient de ce que les bourreléts stigmatiques ne sont point oblitérés, comme à l'ordinaire, sur la partie supérieure des branches du style. La partie non-stigmatifère est très-courte et arrondie dans les rudbeckia laciniata, laciniata-angustifolia , le tagetes lucida. Elle forme un demi-cône , ordinairement court et nettement dis- tinct de la partie inférieure stigmatifère demi-cylindrique, dans les-coreopsis.tripteris , verticillata, delphinifolia;| auriculate, le ceratocephalus pilosus,;le zaluzania trilobæ, les‘hidens tri partita, frondosa, radiata (HP), odvrata (HP), les ragetes erecta , patula, le cacalia sonchifolie ; Phelichrysum chry san: thum, l'helianthus divaricatus,. le zinnia violacea; l’hetéro: spermum pinnaltun, le steria peduta,le sauvitalia villosa , le galinsoga triloba, le polymnia uvedalia, le verbesina serrata, les. rudbeckia pinnata, aspera;Valcina\per/foliatæ, le sénecio hieracifolius.; Dans la .piupart, au conträire; la partie non-stig? matifere formeune languette alongée:, demi-lancéolée ou subulée, dont la base se coufond par degrés insensibles-avee le] sommet de la partie stismatifère demi-cylindrique. Enfin, dans les he- BEz 116 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lianthus mollis, giganteus, atro-rubens, altissimus, la parlie non-stigmatifére est réduite à une sorte d'appendice grêle, filiforme. Le demi-cône non-stisomatifère est presque glabre, et muni de deux houppes de poils-balayeurs, l’une à sa base, l’autre à son sommet, dans les bidens tripartita et frondosa; d’une seule houppe située à sa base dans le coreopsis auriculata , \e zaluzania triloba; et à son sommet dans le s/evia pedata, Son sommet se prolonge en un appendice filiforme, hispide, dans le galinsoga triloba, le polymnia uvedalia, le rudbeckia pinnata. Les poils-balayeurs sont visiblement tubulés, et divisés en plusieurs articles par des cloisons transversales, dans le cerato- cephalus pilosus, le tagetes erecta, le dahlia purpurea. Les bourrelets stigmatiques sont quelquefois oblitérés et dénués de papilles dans le bas : cela s’observe particulièrement dans les bidens tripartita et frondosa , et dans le dahlia purpurea. C’est le seul cas où l’on pourroit admettre la duplicité de stigmates. Mais la particularité qui mérite le plus notre attention, est la confluence ou la confusion des deux bourrelets stigmatiques en une seule et même masse indivise. Je l’ai observée dans les helianthus annuus, divaricatus, mollis, giganteus, linearis, atro-rubens, altissimus , prostratus ; V'heliopsés lævis; le bidens Jrondosa ; les zinniarevoluta, violaceæ, multiflora, pauciflora; les encelia canescens , halimifolia ; le rudbeckia purpurea ; les silphium perfoliatum, connatum , trifoliatum , laciniatum, the- rebintinaceum; le sanvitalia villosa ; l'anthemis ovatifolia ; le spilanthus oleraceus; le sclerocarpus africanus. Ce caractère, quoiqu'il ne soit point général , rapproche évi- demment la section des hélianthes de celle des vernonies et de l'ordre des lactucées ; mais dû reste, il ne paroît pas très-im- |A , Car souvent des espèces certainement congénères, offrent es unes des bourrelets stigmatiques confluens, et les autres des bourrelets stigmatiques distincts. On observe aussi des stigmates qui démontrent clairement le passage des bourrelets distincts aux bourrelets confluens. Ainsi, dans l’helianthus annuus, les deux bourrelets sont distincts et même espacés à leur partie inférieure ; tandis qu’ils sont confondus en une même masse dans tout le reste de leur étendue. Souvent aussi, quand les deux bourrelets sont confondus en une même masse, on remarque néanmoins une légère dépression linéaire, longitudinale, médiaire, qui semble » ET D'HISTOIRE NATURELLE. 117 indiquer la séparation originaire des deux bourrelels : c’est ce qu’on observe surtout dans l’heliopsis lœvis, le zinna violacea. Enfin, tandis que toutes les autres espèces de si/phium ont le stigmate entièrement indivis, du haut en bas, le /aciniatum oflre, vers la base du sien, une bande étroite, longitudinale, médiaire, dénuée de papilles stigmatiques. Le style des fleurs femelles a les branches ordinairement dé- pourvues de la partie non -stigmatifère qui surmonte presque toujours celles du style des fleurs hermaphrodites; mais le ver- besina serrata offre à cet égard une singularité : le style des fleurs femelles a chaque branche terminée par un petit appendice non- stigmatifère, ligulé , hispide, qui semble être un vestige du demi- cône obtus qui termine les branches du style des fleurs herma- phrodites, dans la même plante. Dans les zinnia revoluta et violacea, le style des fleurs fe- melles ressemble beaucoup au style des lactucées, parce que le tronc est hérissé de poils ; mais quand on vient à comparer ces poils avec les poils-balayeurs du style des fleurs hermaphrodites, on remarque entre eux une très-grande différence de nature et de situation, et l’on reconnoît que les poils du style des fleurs femelles ne sont que des poils ordinaires comme ceux qui peuvent couvrir toute autre partie de la plante, et non des poils-balayeurs, qui en effet seroient absolument inutiles dans une fleur femelle, Cet exemple démontre d’une manière frappante, que les poils- balayeurs sont d’une nature particulière et différente de celle des autres poils de la plante. Le style des fleurs femelles du zzz7ia revoluta offre encore une autre singularité : la face extérieure des branches porte dans le haut cinq ou six gros corps à peu près sphériques , glan- duliformes. Les silphium perfoliatum, connatum, trifoliatum, laciniatum, therebintinaceum présentent, dans la courbure des branches du style des fleurs femelles, une anomalie semblable à celle que nous avons observée dans certaines lactucées : au lieu de se courber en dehors, comme il est ordinaire dans cette section, elles se courbent en dedäns en se croisant dès la base. Le style des fleurs femelles du po/ymnia uvedalia est remar- quable par l'énorme grosseur de ses bourrelets stigmatiques. On voit très-clairement ceux d’une branche, confluens entre eux au sommet, confluer en outre par la base avec ceux de l'autre 118 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE branche; ce qui prouve que la prétendue duplicité du stigmate n’est pas mieux établie dans les astérées que dans les lactucées. | Le style des fleurs mâles de l’a/céra perfoliata n’est point bilide au sommet : l’on en doit conclure que les deux branches de ce style sont complètement greflées ensemble dans toute leur longueur, ce qui a lieu très-rarement, surtout dans la section des hélianthes. Cependant, dans les sz/phium, le style des fleurs mâles est tantôt absolument entier, tantôt très-légé- rement bifide, ou seulement échancré au sommet, Dans l'osteospermum pinnatifidum, le style des fleurs mâles m'a paru muni de bourrelets stigmatiques bien conformés, sur la partie supérieure libre ,ou non-greflée, de la face intérieure de ses branches : je pense donc que les fleurs munies de ce style ne sont point mâles par défaut de stigmate, mais seulement parce que leur ovaire est dépourvu d’ovule. Je pourrois extraire de mes observations une infinité d’autres remarques de ce genre, si elles n’étoient pas trop minutieuses, trop ptolixes , et d’ailleurs un peu étrangères à mon objet actuel, puisqu'elles ne peuvent fournir de caractères sous-ordinaux; mais on en pourroit tirer d’excellens caractères génériques, sous- génériques, ou spécifiques. Ma liste de la section des hélianthes comprend deux cacalia, deux senecio, deux anthemis, un stepia, un xeranthemum , un osteospermum, un bellium, tandis que les autres astérées des mêmes genres se trouvent comprises dans d’autres sections. Cela ne prouve point invinciblement que mes divisions rompent les rapports vaturels : il est plus probable , et même il est évident à l'égard de plusieurs, que ces genres dont les espèces se trouvent ainsi disséminées dans mes diverses sections, rassemblent mal à propos des plantes qui ne sont réellement pas congénères. Je n’ai rapporté qu'avec doute à la section des hélianthes: 1°, L’eclypta érecta. Les branches du style n'étant point ter- minées par une partie non-stigmatifére, et les autres Caractères propres à la section des hélianthes y étant d’ailleurs peu ma- nifestes, il seroit possible que cette plante appartint à la section des inules. 20. L’osteospermum pinnatifidum. Il n'a que des fleurs fe: melles et des fleurs mâles , et est dépourvu de fleurs herma- phrodites, ce qui rend sa classification plus conjecturale. On ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 pourroit le renvoyer à la section des inules, par les mêmes motifs que la plante précédente. 3°. Les parthenium hysterophorus et integrifolium. Le défaut de fleurs hermaphrodites rend leur classification très-conjec- turale, les caractères propres à la section des hélianthes, et quon peut retrouver dans les fleurs mâles et femelles, étant ici très-peu prouoncés. 4°. Le bellium minutum. Je n’ai eu à ma disposition qu'un individu en fort mauvais état pour les observations dont il s’agit, Il y a encore, dans ma liste, trois autres plantes sur la clas- sification desquelles on pourroit élever quelque doute , mais ayec beaucoup moins de fondement. 10. Le senecio hieracifolius. La briéveté du demi-cône qui termine les branches du style, et qui porte seul ici tous les poils-balayeurs, pourroit faire rapporter ce sénecon à la section des chrysantèmes, qui d’ailleurs comprend presque toutes les espèces de ce genre, si tous les rapports naturels ne rapprochoiïent évidemment celle-ci du cacaulia sonchifolia et autres plantes analogues. 29, Le verbesina alata. Le style ayant ses branches dépourvues de partie non-stigmatifère, on pourroit croire qu'il appartient à la section des inules, sans l’analogie qu’on observe entre ce style et celui du verbesina serrata qui offre clairement tous les caractères de la section des hélianthes. 3°. Le dahlia purpurea. La partie supérieure non-stigmatifère des branches du style, égale en longueur la partie inférieure stigmatifère, et se courbe en dedans d’une manière analogue à celle que nous observerons dans la section des eupatoires. Néan- moins la considération des rapports naturels ne m'a pas permis de distraire de la section des hélianthes, le dahlia qui sert ainsi à confirmer le rapprochement des deux sections. TROISIÈME SECTION. Les Eupatoires. La section des eupatoires ne diffère pas très-essentiellement de celle des hélianthes, quant à la structure du style et du stig- mate, et sous ce rapport elle auroit pu lui être réunie. La grande affinité de ces deux sections est surtout évidente dans 129 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le dahlia purpurea, dont le style diffère à peine de celui des eupatoires, mais que ses rapports naturels ne n’ont pas permis d’éloigner des hélianthes; et dans le s/evia pedata que la structure de son style m'a forcé de ranger avec les hélianthes, mais que les rapports naturels paraîtroient devoir faire réunir aux autres stevia dans la section des eupatoires. Cependant, comme les eupatoires, et d’autres genres évidemment voisins dans l’ordre naturel, m'ont offert, dans la structure de leur style, quelques caractères qui paroissent leur être exclusivement propres, j'ai saisi avec empressement ce moyen pour ne point réunir des plantes que la nature sépare. De toutes les astérées que j'ai observées jusqu'ici, je ne puis classer dans ma section des eupatoires que 13 espèces appartenant à 4 genres. En voici la liste : 1. Eupatorium cannabinum , E. trifoliatum, E. ageratoides, . purpureum, E. sessilifolium , E. altissimum. 2. Stevia purpurea, S. serrata , S. punctata,S. paniculata. 3. Ageratum conyzoides, A. cœruleum. 4. Piqueria trinervia. Dans ces plantes, toutes les fleurs sont hermaphrodites, et ont le style et le stigmate conformés comme il suit : Le style est composé d’un tronc et de deux branches. Le tronc consiste en un filet cylindrique, glabre, Sa base, ordinairement un peu renflée et arrondie, et toujours articulée sur le corps qui lui sert de support immédiat , est souvent hé- rissée de poils. Les deux branches sont parfaitement continues au tronc, et ordinairement plus longues que lui: elles consistent en deux lan- guettes égales et semblables, complètement libres, dans chacune desquelles on distingue constamment une partie inférieure stig- matifère, et une partie supérieure non-stigmatilère, Ces deux parties, parfaitement continues l’une à l’autre, sont entre elles de longueurs et grosseurs presque égales, et de formes presque semblables : la partie inférieure est demi-cylindrique; la partie supérieure, ordinairement un peu plus longue que l’inférieure, ou au moins aussi longue, est tantôt demi-cylindrique, tantôt cylindrique; le plus souvent demi-cylindrique dans le bas et cylindrique dans le haut; dans tous les cas , arrondie au sommet. La face extérieure de la partie inférieure stigmatifère est ordinairemer* ET D'HISTOIRE NATURELLE. Y21 ordinairement toute glabre, quelquefois hérissée dans le haut de quelques poils-balayeurs. La face extérieure de la partie supérieure non-stigmatifère est toute couverte de poils-balayeurs. La face intérieure de la partie inférieure porte deux bourrelets stigmatiques demi-cylindriques , très-étroits et très-minces, hé- rissés de petites papilles. Ces bourrelets n'occupant jamais que les deux bords latéraux de la face qui les porte, laissent toujours entre eux un large espace, et ne deviennent confluens ni contigus en aucun point. La face intérieure de la partie supérieure est tantôt entièrement lane et glabre; tantôt convexe et hispide d’un bout à lautre; e plus souvent plane et glabre dans le bas, convexe et hispide dans le haut. Mais, dans aucun cas, les bourrelets stigmatiques ne se’ prolongent sur cette partie. À l’époque de la fleuraison , les deux branches divergent or- dinairement très-peu , la partie inférieure de cnacune d'elles se courbant légérement en dehors, et la partie supérieure en dedans. . Lestyle des astérées de cette section offre quelques particularités à remarquer. Le renflement basilaire du style est hérissé de longs poils et coloré, dans les eupatorium cannabinum, trifoliatum , pur- Pureum, sessilifolium, altissimum. Quoique ce caractère n’ait probablement pas beaucoup d’importance, puisqu'il n’est point général , il est néanmoins assez remarquable, en ce que je ne l'ai observé dans aucune autre section. Je pense qu’il pourroit servir de caractère générique ou sous-générique , quoique l'epatoriurm ageratoides ait la base du style glabre. Dans toute cette section, les poils-balayeurs, ou plutôt les papilles- balayeuses, ont une forme particulière, imitant des glandes, des vésicules, ou des perles; ils sont rarement filiformes, comme dans le s£evia purpurea. La partie balayeuse, ou non-stigmatifère, des branches du style, est un peu élargie et épaissie au sommet dans le pé- queria trinervia. Elle est cylindrique d’un bout à l'autre et toute hérissée de poils-balayeurs dans le stevia purpurea. Souvent les deux branches du style demeurent, pendant la fleuraison, appliquées l’une contre l’autre dans leur partie in- férieure stigmatifère. Cette disposition, qui se remarque surtout Tome LXXVI. FÉVRIER an 1813. Q 122 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans le s/evia purpurea, n’est point un obstacle à la fécondation, au moyen de la situation des bourrelets stigmatiques, qui, dans cette section, sont absolument marginaux , et font saillie en dehors, QUATRIÈME SECTION. Les Solidages. La section des solidages, dont le principal caractère consiste en ce que les branches du style sont courbées en dedans, vient assez naturellement à la suite de la section des eupatoires qui offre un caractère semblable, mais seulement dans la partie su- périeure des branches du style. Des astérées que j'ai observées, bg espèces appartenant à #1 genres, doivent être classées dans la section des solidages, En voici la liste: 1. Solidago virgaurea, $. flexicaulis, S. latifolia, S. procera, S. bicolor, S. mexicana, S. rigida, S. integrilolia, S. minuta, S. nutans, S. arenaria, S. alpestris, S. aspera. 2. Aster chinensis, A. amellus, A. Novæ-Angliæ, A. Novi- Belgii, A.tenellus, A. amœnus, A. amygdalinus, A. dracun- culoides, A. limtolius, A. longifolius, A. cordifolius, A. ma- crophyllus, A. æstivus, A. leucanthemus, A. versicolor, A. trinervis, À. punctatus, À. obtusatus, A. patulus, A? amplexi- caulis, A.alpinus, À. pyræneus, À. chrysocomoides, A. phœniceus, A. adulterinus. 3. Chrysocoma linosyris, G. coma-aurea, C. dracunculoides, C. biflora, C? graminifolia. 4. Bellis perennis. 5. Bellium bellidioides. 6. Cineraria amelloides. 7. Inula glutinosa. 8. Conyza ægyptiaca. 9. Erigeron acre, E. canadense, E. philadelphicum, E. an- nuum, E. siculum. Je ne rapporte qu'avec doute à cette section les astérées suivantes. 10. Calendula arvensis, C. ofhicinalis, CG, pluvialis, C. ægyp- tiaca (ou) stellata, C. fruticosa. 11. Osteospermum moniliferum. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 On observe, dans la section des solidages, des fleurs herma- phrodites, des fleurs femelles et quelquelois des fleurs mâles. Le style des fleurs hermaphrodites est composé d’un tronc et de deux branches. E Le tronc est cylindrique ou cylindracé, entièrement glabre. Sa base, ordinairement un peu renflée et arrondie, est toujours articulée par son point central sur Le corps qui lui sert de support immédiat. Les deux branches, beaucoup plus courtes que le tronc, et quelquefois un peu plus larges qu'il n’est épais, ont leurs bases parfaitement continues avec son sommet. Elles sont égales et semblables , complètement libres. On distingue, dans chacune d'elles , une partie inférieure stigmatifere, et une partie supérieure balayeuse : ces deux parties, tantôt égales, tantôt inégales entre elles, sont toujours parfaitement continues l’une à l’autre. La partie inférieure stigmatifère, ordinairement plus longue, ou au moins aussi longue que la partie supérieure balayeuse, est demi-cylindrique, ou plutôt en forme de lame un peu épaisse, plane sur une face, convexe sur l’autre, et linéaire, c’est-à-dire ayant ses deux bords latéraux parallèles. La partie supérieure balayeuse , quelquefois un peu plus large à sa base que la partie inférieure stigmatifère , est semi-conique, ou plutôt en forme de languette plane sur une face, convexe sur l’autre, et demi-lancéolée, c’est-à-dire s’amincissant insensi- blement en pointe plus ou moins obtuse, de la base au sommet. La face extérieure de chacune des deux branches est plus ou moins convexe, et toujours hérissée de papilles-balayeuses, glan- duliformes ou piliformes, qui ordinairement n’oceupent que la partie balayeuse, et qui quelquefois occupent en outre le haut de la partie stigmatifère , mais l’occupent rarement de haut en bas. La face intérieure est plane et glabre; et elle porte, sur la partie inférieure stigmatifère, deux bourrelets stigmatiques demi- cylindriques, ordinairement plus ou moins manifestement papillés, ou au moins poncticulés ; lesquels n’occupent jamais que les deux bords latéraux de la partie qui les porte, demeurant séparés par un large intervalle, et ne confluant ensemble en aucun point. Mais ceux d’une branche confluent souvent par la base avec ceux de l’autre branche. Ces bourrelets font manifestement saillie en Q z 124 JOURNAL DE PHYSIQUE ,; DE CHIMIE dehors et en dessous de la face qui les porte, surtout pendant la fleuraison. A l’époque de la fleuraison, les deux branches du style se courbent en dedans l’une vers l’autre, de manière à figurer le plus souvent une sorte de pince ou de tenaille dont les branches ne se joindroient que par les extrémités. Ainsiquedansla section des hélianthes, le style desfleurs femelles ne diffère très-essentiellement de celui des fleurs hermaphrodites, que par l’avortement des poils-balayeurs, et de la partie supérieure balayeuse de l’une et de l’autre branche. Il convient néanmoins de donner ici une description plus détaillée du style des fleurs femelles, Les deux branches sont ordinairement de longueurs un peu inégales. Chacune d'elles est conformée en languette, c'est-à-dire en une sorte de lame plus où moins étroite, un peu épaisse, le plus souvent linéaire-lancéolée, terminée en pointe mousse. Elles sont entièrement glabres, et ordinairement elles deviennent plus ou moins manifestement arquées en dedans l’une vers l'autre pendant la fleuraison. La face extérieure de chaque languette est un peu convexe. La face intérieure est plane et bordée de deux bourrelets stigmatiques, qui confluent l'un dans l’autre, ou se confondent ensemble, au sommet. En outre, les bourrelets d’une branche confluent ordinairement par la base avec ceux de l’autre branche ,comme dansle style des fleurs hermaphrodites. Le conyza œgyptiaca , les calendula et l'osteospermum mo- niliferum sont les seules des astérées rapportées jusqu’à présent à cetie section, qui m'aient offert des fleurs mâles. Dans le conyza œgyptiaca, le style des fleurs mâles ne diffère d’un style de fleur hermapbrodite, que par l'oblitération ou lavor- lement des bourrelets stigmaliques. Dans les celendula et dans l’osteospermum moniliferum , le style des fleurs mâles diffère d’un style de fleur hermaphrodite, comme dans la section des hélianthes, c’est-à-dire en ce que les deux branches sont greflées ensemble plus ou moins complètement par leurs faces intérieures. Parcourons maintenant les partieularitésque la section des soli- dages peut ofirir à nos remarques. La courbure que prennent les branches du style des fleurs bermaphrodites, à l’époque de la fleuraison, n’a guère lieu le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 plus souvent que dans la partie inférieure stigmatique ; d'où l’on peut présumer que la courbure des branches est principalement déterminée par celle des bourrelets stigmatiques. Cependant les branches du style sont arquées suivant toute leur longueur dans le cèneraria amelloides , et dans plusieurs autres astérées de cette section. La saillie des bourrelets stigmatiques en dehors et en dessous de la face qui les porte, me paroît être une suite assez naturelle du sens de leur courbure; et elle est nécessaire dans cette section pour assurer la fécondation. En eflet, pour que les globules pol- liniques, chassés hors du tube anthéral par la partie balayeuse des branches du style, pussent atteindre en relombant les bour- relets stigmatiques, il ne sufisoit pas de l’écartement des deux surfaces qui portént ces bourrelets : les deux branches étant courbées en dedans l’une vers l'autre, leurs parties supérieures se trouvent rapprochées de manière à former une sorte de toit qui abrite les surfaces stigmatifères, et qui rendroit inaccessibles a pollen les bourrelets stigmatiques, s'ils ne faisoient saillie en dehors. Les erigeron semblent être intermédiaires, quant à Ja struc- ture du style, entre la section des solidages où j'ai cru devoir les classer, et celle des inules à laquelle j'auroiïs peut-être pu les rapporter avec autant de raison. 4 En effet, les deux branches du style des fleurs femelles sont presque toujours très-manifestement arquées en dehors, au lieu de l'être en dedans ; et quant au style des fleurs hermaphrodites, on observe que les poils-balayeurs n’occupent que le haut des branches, et y sont courts et rares; que la partie balayeuse des branches est fort courte, un peu élargie et épaissie; que Les deux bourrelets stigmatiques semblent souvent se prolonger, en s’obli- térant, sur la partie balayeuse, et y confluer; qu’enfin, pendant la fleuraison, les deux branches ne sont que foiblement arquées en dedans, l’une vers l’autre, et se touchent à peine par les sommets; et que, daus un âge plus avancé, elles deviennent quelquefois entièrement divergentes, sans pourtant cesser d’être un peu arquées en dedans. C’est avec bien moins d'assurance encore que je rapporte à la section des solidages l’osteospermum moniliferum et les ca- lendula, qui offrent plusieurs anomalies remarquables, et qui manquant d’ailleurs de fleurs hermaphrodites , sont d'autant plus difficiles à classer d’après la structure du style, 126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans l'osteospermum moniliferum, le style des fleurs femelles a ses branches conformées en languettes laminées, demi-lancéolées, glabres. Chacune d’elles est bordée de deux bourrelets stigma- tiques qui appartiennent réellement à la face intérieure, mais qui se réfléchissent fortement du côté de la face extérieure. Ils sont très-saillans, cylindriques, irrégulièrement onduleux, flexueux , ou sinueux, c'est-à-dire serpentant sur les bords de la languette, en se courbant alternativement à droite et à gauche. Ils ne con- fluent point ensemble au sommet de la languette, et ne l’atiei- gnent même pas, de sorte que ce sommet forme une sorte de petit appendice nu, ou de prolongement presque filiforme et trés-court, surmontant l'extrémité des bourrelets stigmatiques. À l’époque de la fleuraison, les deux branches divergent en for- mant uu angle d'environ 45 degrés, et chacune d'elles est très- légérement courbée en dedans. Quant au style des fleurs mâles, il n'offre rien d’extraordinaire: c'est une colonne cylindrique, glabre, dont la base arrondie est articulée sur un disque épigyne, et dont le sommet porte un pelit cône bifide, hérissé de papilles. Les différentes espèces de calendula offrent entre elles des différences remarquables dans la structure du style. Dans le calendula pluviulis, le style des fleurs femelles offre tous les caractères qui sont essentiellement propres à cette sorte de style dans la section des solidages; et la seule particularité qu'il présente, c’est que les bourrelets stigmatiques ne sont nul- lement papillés, et qu’ils ne font saillie que sur la face intérieure des languettes. Dans le calendula fruticosa , le style des fleurs femelles ne diffère de celui de l'espèce précédente , qu’en ce que l'extrémité supérieure de chacune des deux branches se recourbe un peu en dehors. Dans le calendula arvensis, les bourrelets stigmatiques sont oblitérés, nus et contigus l’un à l’autre, dans leur moitié infé- rieure , épais, saillans en dehors, espacés, et hérissés de papilles très-remarquables dans leur moitié supérieure. | Dans le calendula ægyptiaca (ou) stellata , les bourrelets stig- matiques sont, comme dans l'espèce précédente, nus et oblitérés inférieurement , épais et papillés supérieurement ; mais les deux branches, pendant la fleuraison , au lieu de se courber en dedans l'une vers l’autre, se courbent au contraire en dehors, l’une à droite, l’autre à gauche. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 127 Le style et le stigmate du ca/endula officinalis sont à pen près semblables à ceux du calendula œgyptiaca (ou) stellata ; mais ils sont souvent déformés par des excroissances taberculeuses. Le style des fleurs mâles offre aussi, dans ce genre de plantes, des différences suivant les espèces. Dans les calendula arvensis, œgyptiaca (ou) stellata , et officinalis, ce style n’a rien d’extraordinaire, et est par consé- quent presque semblable au style des fleurs mâles de Poseo- spermum moniliferum, décrit plus haut. Das le calendula pluvialis, le cône terminal est d’une telle briéveté, qu’il paroît presque nul, et que le sommet du style semble tronqué transversalement, à peu près comme nous le verrons dans la section des chrysanthèmes, Ce petit cône est très-déprimé et très-obtus , fendu suivant son axe en deux parties semi-coniques, et entouré d’un rebord épais, court, inégalement et irrégulièrement denté (1). Dans le calendula fruticosa, on trouve réunis sur un même individu, et dans un même céphalanthe (2), des styles de fleûrs mâles offrant tous les caractères ordinaires de cette sorte de style, c’est-à-dire des styles indivis, cylindriques et surmontés d'un cône plus ou moins profondément bifide; d’autres styles de fleurs mâles, dont le cône terminal étant indivis, annonce que les deux branches du style sont complètement greflées dans toute leur longueur ; d’autres enfin dont les branches sont au contraire entièrement ou presque entièrement libres, de telle sorte que, sauf loblitération des bourrelets stigmatiques, dont on ne trouve que les rudimens, ces styles de fleurs mâles offrent assez distinctement presque tous les caractères qui sont propres au style des fleurs hermaphrodites dans la section des solidages. On pourroit, en étendant ces observations, essayer de diviser le genre calendula en deux sous-genres qui seroient probable- ment très-naturels : l'un comprendroit les espèces dont le style (1) Celles des fleurs mâles qui avoisinent les fleurs femelles, ont un ovaire bien conformé , et contenant un ovule ; tandis que les fleurs mâles qui occupent le milieu du phoranthe ont un ovaire plus mince el dépourvu d’ovule; mais le style des premières ne diffère en rien de celui des dermiéres, et par conséquent les unes et les autres sont également mâles par défaut de stigmate. (2) M. Richard nomme céphalanthe l'assemblage de fleurs que les botanistes ont coutume d'appeler très-improprement fleur composée. 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des fleurs femelles porte des bourrelets stigmatiques entièrement glabres et uniformes dans toute leur longueur; l’autre sous-genre comprendroit les espèces dont le style des fleurs femelles porte des bourrelets stigmatiques oblitérés et glabres dans leur moitié inférieure, épais et papillés dans leur moitié supérieure. Quoique le genre céneraria appartienne à la section des chry- santhèmes, on ne doit point s'étonner de voir figurer ici, dans la section des solidages, le cizeraria amelloides, tvès-malà-propos compris par les botanistes dans le genre céreraria , et que tous ses rapports nalurels, autant que la structure de son style, éloi- gnent de ce genre pour le rapprocher de celui des aster. On doit croire aussi que l’izula glutinosa et le conyza ægyp- tiaca appartiennent point réellement aux genres dont ils portent le nom, puisque la structure de leur style force à les classer dans la section des solidages, tandis que les autres ézula et conyz@ appartiennent à celle des inules. (La suite au Cahier prochain.) MÉMOIRE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 MEMOIRE SUR PLUSIEURS PROPRIÉTÉS PHYSIQUES | NOUVELLEMENT DÉCOUVERTES DANS LES MOLÉCULES DE LA LUMIÈRE,; Lu à la Séance publique de l’Institut, le janvier 1812, Par M. BIOT. L'HISTOIRE des hommes distingués que la mort enlève tous les ans à notre amitié et aux sciences, forme toujours la partie la plus intéressante et malheureusement la plus féconde de nos séances générales. On aime à connoître les détails d’une vie entière, consacrée à des études abstraites, loin de l'agitation du monde. Cette espèce de solitude donne au caractère des-vrais savans, une physionomie particulière, que la noblesse du but relève, et que d’ingénieux écrivains peuvent faire habilement ressortir. Mais ce seroit méconnoître l’objet de notre institution que de ne pes montrer, à côté de ces pertes, les efforts continuels que nous faisons pour les réparer , et pour conserver, dans tout leur éclat, ces sciences qui étoient si chères aux hommes célèbres que nous regrettons. En vous entretenant des résultats nouveaux que nous avons découverts dans l'étude de la nature, c’est encore une sorte d'hommage que nous rendons à leur mémoire, Lorsque l’on cherche à réduire tous les phénomènes naturels aux lois générales de la Mécanique, ce qui est le véritable but de la Physique, on ne tarde pas à s’'appercevoir qu’ils sont per- pétuellement influencés par des agens inconnus, qui échappent à nos sens, que nous ne pouvons voir, ni toucher, ni peser, et dont l'existence ne se manifeste que par les changemens qu'ils produisent dans état ordinaire des corps. Ainsi nous savons Tome LXXVI. FÉVRIER an 1813. BR. 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que l’aimant attire le fer et est attiré par lui, mais nous ne trouvons aucune matière entre ces deux corps qui puisse {rans- mettre le mouvement, Si c’est une émanation qui sorte de lun vers l’autre, elle est si subtile, qu'elle traverse toutes les autres substances, sans s’affoiblir, sans s’arrêter, et notre raison seule, au défaut de nos sens, peut nous apprendre qu'elle existe. De même nous voyons les corps électrisés s'attirer et se repousser suivaut des lois constantes et connues; mais quelle est la cause de ces phénomènes, et qu'est-ce que l'électricité en elle-même? nous l'ignorons. Nous ignorons également en quoi consiste la chaleur dont nous ressentons à chaque instant les effets, qui agit si puissamment sur tous les corps, qui les étend, les amollit, les fond , les réduit en vapeurs, et dont la force, habilement dirigée, est devenue pour nous le principe d’une infinité d’arts uliles. Enfin nous jouissons à tous les instans de notre vie du bienfait de la lumière; c’est elle qui nous rend l'existence des objets sensible avant que nous puissions les atteindre, elle nous guide vers eux, elle nous sert à distinguer leurs formes et leurs distances, elle revêt pour nous la nature des plus belles couleurs; mais si l’on nous demande ce qu'est la lumière en elle-même, nous sommes forcés d’avouer que nos cennoissances sur ce point sont encore très-peu nombreuses, et qu'il nous est jusqu'à présent impossible de répondre complètement à cette question. Rien n’est plus digne de l'attention des physiciens que l'étude de ces agens mystérieux, c’est, pour ainsidire, un monde nou- veau et idéal qu'il faut reconnoître et observer, sans qu’il soit possible de le voir. Aussi pendant long-temps les découvertes dans ce genre ont-elles été peu communes. Mais enfin, relati- vement aux propriétés de la lumière, nous avons eu un autre Colomb, qui nous a tracé la route, et dès-lors nous avons vu naître à chaque pas une multitude de phénomènes nouveaux et inattendus, dont Je vais exposer ici les résultats principaux. À voir la facilité prodigieuse avec laquelle la lumière traverse des corps aussi denses que le verre, les cristaux et les autres substances diaphanes, on ne peut douter que si c’est une ma- tière, les particules qui la composent doivent être d’une fénuité extrême, et telle qu’elles échappent, je ne dis pas seulement à nos yeux mais à la puissance même de tous nos microscopes. D’après les expériences que nous pouvons faire sur notre petite terre, la transmission de la lumière d’un point à un autre nous paroit absolument instantanée ; mais cela tient au peu d’étendue ET D'HISTOIRE NATURELLE. 191 que nous pouvons lui faire ainsi parcourir. Les espaces célestes, plus vastes, offrent le seul champ convenable pour répéter en grand cette expérience. En observant les époques des éclipses des satellites de Jupiter, et les comparant à celles qui devroient résulter de l’ensemble de leurs mouvemens aussi observés, on a reconnu qu'elles ont lieu plus tard lorsque la terre se trouve dans la partie de son orbite la plus éloignée de Jupiter, et qu’au contraire elles ont lieu plus tôt quand la terre se trouve dans la partie de cette même orbite la plus rapprochée de cet astre. Ainsi nous appercevons le phénomène plus ou moins vite, selon que nous sommes plus ou moins près du lieu où il est arrivé. Ces retards et ces avances étant les mêmes pour les quatre sa- tellites de Jupiter, on ne peut raisonnablement les attribuer qu'à l'intervalle de temps sensible et mesurable que la lumière em- ploie pour traverser l'étendue de l’orbe terrestre, sur lequel la terre se trouve tantôt plus près, tantôt plus loin de Jupiter. On a donc pu conclure de ce phénomène la vitesse de la lumière, et l’on a ainsi reconnu qu'elle emploie 8/.13 pour se transmettre du soleil à la terre, c’est-à-dire pour parcourir une distance de trente quatre millions de lieues. Cette belle découverte est due à Roëmer, un des premiers membres de l'Académie des Sciences. Toutes les observations astronomiques, particulière- ment les tables des satellites de Jupiter, devenues incomplètement plus exactes par la théorie de M. Laplace et les travaux de M. Delambre, l’ont depuis constamment confirmée. Presque tout le reste de la Physique de la lumière est dû à Newton, à cet homme à-la-fois si grand et si simple, dont les conceptions semblent avoir dépassé les bornes de la pensée d’un mortel. Les paroles manquent pour peindre l'impression profonde d'étonnement et de respect que l’on éprouve en étudiant les ouvrages de cet admirable observateur de la nature. Au génie d’invention le plus vaste, à l’art d'imaginer les expériences et de les conduire surement vers un but , il joignit au plus haut degré l'adresse, la patience, l'exactitude et la fidélité qui peuvent les rendre parfaites. La décomposition de la lumière en une infinité de rayons simples qui excitent dans nos organes la sensation des diverses couleurs , et la détermination précise des parties qui distinguent les rayons, seroit peut-être la plus elle découverte des sciences physiques, si Newton n’avoit pas aussi reconnu la gravitation universelle. Il faut comparer ce grand homme à lui-même, pour lui trouver un rival. La Poésie R 2 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s’est emparée de ces beaux résultats, et Voltaire les a célébrés dans des vers qu'il faut nécessairement citer, parce qu'il est impossible de s’exprimer sur les mêmes objets d’une manière plus claire et plus fidèle: A 11 découvre à nos yeux par une main sayante De l’astre des saisons la robe étincelante; L'émeraude, l’azur, le pourpre, le rubis ; Sont l'immortel tissu dont brillent ses habits; Chacun de ses rayons, dans sa substance pure, Porte en soi les couleurs dont se peint la nature; Et confondus ensemble , ils éclairent nos yeux, Ils animent le monde, ils emplissent les cieux. Toutes les expressions du langage vulgaire pâlissent à côté d’uu pareil tableau , auquel la science la plus sévère ne trouve cependant rien à reprocher. Mais la poésie ne peut peindre que des vérités générales ; les détails précis des phénomènes échappent à la liberté de son pin- ceau. Newton a fait plus encore que séparer les élémens simples de la lumière; il a mesuré la marche des rayons à travers les corps transparens ; il a montré que les inflexions de cette marche étoient produites par une véritable attraction des corps pour la lumière, et de la lumière pour les corps; et de même qu'il avoit mesuré la gravitation universelle des astres les uns sur les autres, il donna également le moyen de calculer cette nouvelle sorte d'attraction. Appuyé sur ces lois immuables , il pénétra dans les plus secrets mystères de la lumière; il suivit et calcula tous ses mouvemens lorsqu’elle se résout en brillantes iris sur des bulles légères, ou qu’elle semble se jouer sur le col changeant des oiseaux. Mais cet esprit si hardi pour étendre les conséquences d’une vérité certaine, ne savoit s'élever si haut qu’à l’aide de l’expé- rience. Il reconnut d’abord que, dans les lames très-minces de toutes les substances , le seul changement d’épaisseur faisoit varier la teinte qu'elles réfléchissoient. Il mesura ces épaisseurs avec une précision etune patience incroyables; il détermina les rapports qui existoient entre elles, et les couleurs qu’on appercevoit sur leur surface. Enfin il calcula d’après lexpérience, une table dans laquelle ces rapports étoient exactement exprimés en nombres. Dès-lors les phénomènes des lames très-minces furent complé- tement expliqués. Il sut par quelles périodes les rayons simples se mélent en les pénétrant. Les couleurs si diversement variées ET D'HISTOIRE NATURELLE. 133 quenous réfléchissent les corps , ne furent plus qu’une conséquence très-simple et très-naturelle de la grosseur de leurs particules, et pour employer ici les propres expressions de Newton lui- même, tofs ces faits en apparence si compliqués, si divers, meurent plus besoin d’un Œdipe. Cette dernière partie des recherches de Newton fut plus lue que méditée , et plus admirée que comprise. Pour trouver de nou- veaux résultats sur la physique de la lumière, il faut passer de louvrage de ce grand homme à la Mécanique Céleste. M. Laplace par une analyse à-la-fois simple et générale, mit dans un plus grand jour les idées de Newton sur l'attraction des corps pour la lumière. II fit ressortir de ses calculs plusieurs phénomènes nouveaux que l’expérience a depuis réalisés. Surtout il montra lidentité parfaite de cette attraction avec celle qui produit les affinités chimiques, idée féconde, qu’il a depuis si heureusement développée dans la théorie d’une grande classe de phénomènes, où cette affinité suspend et contrebalance les effets généraux de la pesanteur. Ces considérations étendues et précises, accoutumérent les hysiciens-géomètres à considérer Îles forces qui agissent sur la ns sous un aspect tout nouveau et beaucoup plus exact qu'ils ne l’avoient fait jusqu'alors. Elles donnèrent bientôt nais- sance à divers travaux, qui se distinguèrent par leur exactitude, et par l'application ne nr négligée du calcul aux phé- nomènes de la lumière; mais le premier d’entre nous qui en montra toute l'influence par une brillante découverte, ce fut Malus, jeune homme plein de talent et de génie. Après avoir suivi avec distinction la carrière des armes, et s’y étre élevé aux grades supérieurs, sa santé déplorablement affoiblie l’avoit contraint de renoncer à la vie ictive des camps; et rendu à des fonctions plus paisibles, il avoit tourné vers les sciences toute cette activité de caractère qu’iln’avoit plusoccasion d'exercer ailleurs. Des recherches sur la double réfraction, entreprises à occasion d’un prix proposé par la Classe, le conduisirent à la découverte d’une propriété de la lumière absolument inattendue, et éloignée de tout ce que l’on connoissoit jusqu’alors. C’étoit une mine féconde qui s’ouvroit devant lui. Il en prit possession avec ardeur ; et bientôt il y découvrit une infinité de phénomènes absolument inconnus. Pour rendre cette propriété sensible, il faut faire tomber un rayon de lumière sur une glace transparente et polie, de manière 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'il forme avec sa surface un angle d'environ trente-cinq degrés. Une partie de ce rayon se réfléchit sous le même angle. Or ik arrive que les particules qui composent la lumière réfléchie se trouvent toutes disposées d’une manière semblable, g’est-à-dire que les faces semblables de ces petites particules sont tournées vers les mêmes points de l’espace, Quand un rayon de lumière est ainsi disposé, si on le fait tomber sur une seconde glace, avec [a même inclinaison de trente-cinq degrés, on trouve deux situations opposées de celte glace, dans lesquelles il ne se réfléchit pas un atôme de lumiere. Le rayon la traverse librement. Pour désigner cette disposition commune de toutes les particules lu- mineuses, Malus l’a nommée polarisation ; et il appelle le rayon qui l’a subie un rayon polarisé, parce qu’en eflet les pôles ana- logues des molécules qui le composent paroissent tous disposés semblablement. Newton avoit déjà remarqué une propriété du même geure dans les rayons qui ont traversé un de ces cristaux que lon a vulgairement désigné par la dénomination de spath d'Islande. Lorsqu'un rayon de lumière naturelle tombe sur un pareil cristal, il ne se réfracte pas en un faisceau unique, comme s’il traversoit un morceau de verre ou de quelqu’autre corps dont les particules seroient confusément disposées , maisilse sépare en deux faisceaux distincts, et c'est pourquoi la faculté de produire ce phénomène a été appelée la double réfraction. On doit à Huyghens d’en avoir fait connoître la loi physique, età M. Laplace de l'avoir ramené aux lois de la mécanique. Or, quand un rayon de lumière a subi cette modification dans un premier cristal, chacun des faisceaux dans lesquels il se divise se trouve disposé de telle ma- nière, que sion lui en fait traverser un second, il existe quatre positions diamétralement opposées dans lesquelles il ne se divise plus; ce fait important n’avoit pas échappé à l’œil scrutateur de Newton. Il n’hésita point à en conclure qu’il tenoit à une propriété originaire des molécules de la lumière ; qu’elles avoient nécessairement certaines faces par lesquelles elles étoient plus facilement attirées vers l’une ou l’autre réfraction; et, ajoute:t-il, il reste encore à rechercher si la lumière n’a pas d'autres pro- priétés en vertu desquelles les côtés de ses particules diffèrent et sont réellement distingués entre eux. Tout cela a long-temps paru d’une hardiesse extrême. On ne faisoit pas attention que c'étoit la conséquence nécessaire d’un fait, et qu’il falloit bien J'admettre quelque extraordinaire qu’elle pût paroître, puisque ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19) le fait étoit prouvé. Les belles expériences de Malus ont depuis rendu cette vérité tout-à-fait évidente, en montrant que la mo- dification acquise par la lumière quand elle traverse un cristal, est exactement pareille à celle qu'on lui communique par la réflexion sur une glace polie. Malus eut ainsi la gloire, peu commune, de réaliser une des prédictions de ce rare génie qui avoit également prévu l'existence d’un principe inflammable dans l’eau, et la combustibilité du diamant, Il est presque impossible qu’il se fasse dans les sciences, une découverte capitale, sans que les esprits se tournent naturelle- ment vers les nouveaux phénomènes. C’est ainsi qu’à l’époque des travaux de Lavoisier, tous les efforts des chimistes se di- rigèrent vers les nouvelles théories. De même la belle découverte de la colonne galvanique entraîna tous les physiciens sur les pas de Volta. Les nouveaux phénomènes observés par Malus, devoient naturellement produire un effet pareil; et c’est ce qui arriva. Un de nos plus jeunes confrères, M. Arago, s’empressa d’y prendre part. À peine revenu des îles Baléares, où il avoit ter- miné l'opération de la méridienne, dont nous avions été chargés ensemble, il se distingua par des recherches d’une nature bien diflérente, et donna ainsi de nouvelles preuves d’un zèle que mavoient pu affoiblir les peines, les fatigues, ni même la cap- tivité. Une première observation remarquable qu’il fit sur les anneaux colorés, fut suivie, peu de mois après, d’une autre plus curieuse encore. M, Arago découvrit qu’en faisant traverser à un rayon polarisé des lames minces de certaines substances cris- tallisées, par exemple des lames de mica, de talc, ou de cristal de roche, ce rayon perdoit sa polarisation, mais avec cette circons- tance singulière, que si on le recevoit ensuite sur un second cristal doué de la double réfraction, il s’y résolvoit en deux faisceaux diversement colorés. Pour constater ce résultat intéressant , M. Arago a fait un grand nombre d’expériences curieuses, dont on a rendu compte l’année dernière. Ce genre de phénomènes m'a aussi attiré à mon tour, et je suis parvenu à les faire tous dépendré d’une propriété de la lumière, nouvelle, et fort sin- gulière que je vais expliquer en peu de mots. Persuadé que les lois générales des phénomènes ne peuvent être découvertes et prouvées que par des mesures exactes, Je commençait par me former un appareil qui me permit de me- surer avec précision toutes les circonstances de ceux que je voulois examiner. Après les avoir étudiés avec soin, je m'appercus qu'ils 1306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ne pouvoient pas s'accorder avec la théorie de la polarisation, telle qu’on l’avoit envisagée jusqu'alors. Sans m’arrêter à chercher des hypothèses plus où moins probables pour me rapprocher de cette théorie; je m'attachai à déterminer les vraies lois des faits par observation. J'y réussis, et elles se trouvèrent exprimées par deux formules très-simples qui permettoient de prévoir avec facilité et certitude, tous les cas particuliers. Je découvris encore une analogie singulière entre les couleurs produites par les lames cristallisées, et celles que Newton avoit observées sur les lames très-minces de tous les corps. Les mêmes teintes, dans les deux classes des phénomènes, répondoient à des épaisseurs proportionnelles, de sorte que je pouvois toujours les rapporter à la table des épaisseurs que Newton avoit donnée dans son Optique, et dont j'ai parlé plus haut. Je m’attachai à confirmer ce résultat par un grand nombre de mesures très- précises , faites avec un instrument d’une invention nouvelle que M. Cauchoix, habile opticien, m'avoit confié. Le rapport que J'avois remarqué se vérifia ainsi de la manière la plus cons- tante; de sorte qu'au moyen de mes deux formules, et de la table des épaisseurs calculée il y a cent cinquante ans par Newton, pour une autre classe de phénomènes, je pouvois prédire d’a- vance, avec la plus grande exactitude, toutes les circonstances qu'une lame donnée devoit présenter, Or, prédire les faits, et les prédire exactement, est la meilleure preuve par laquelle on puisse s'assurer qu'on en a trouvé les lois véritables. Je n’hésitai donc plus à présenter celles-ci à la Classe, et ce fut l’objet d’un Mémoire que je lus au commencement de cet été. Mais ces lois n’étoient encore que des résultats composés de l'expérience. Je ne voyoisaucune propriété physique, aucun mode d'action des lames sur la lumière, auquel je pusse les rattacher. Enfin, à force d’y penser, je parvins à comprendre ce qu’elles signifioient ; et pour dire la vérité, maintenant que j'en connois le résultat, il me semble que j'aurois dû l’appercevoir plutôt, tant il est évident et simple, et concordant avec les phénomènes, quoiqu'il s’écarte absolument de ce que l’on avoit trouvé jus- qu’alors. Mais dès que je l’eus découvert, les nombreuses con- séquences qui en découloient se présentèrent en foule à mon 1ma- gination, Je m'empressai de les confirmer par l'expérience, et l'expérience les réalisa d’une manière si constante , que bien que j'eusse prévu cet accord, je m'en trouvois par fois moi-même surpris. Enfin après trois mois d'épreuves et de recherches, qui ne ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 137 ne se sont pas une seule fois démenties, je crois pouvoir avancer que tous ces phénomènes sont compris dans la loi suivante. Lorsqu'un rayon blanc polarisé, tombe perpendiculairement sur une plaque de mica, de tale, ou de cristal de roche, taillée parallèlement à l'axe de cristallisation, toutes les molécules lu- mineuses commencent par pénétrer jusqu’à une petite profondeur, sans éprouver aucune déviation sensible dans la direction de leurs axes; mais arrivées à cette limite, qui est diflérente pour les particules de diverses couleurs, elles se meltent toutes à osciller autour de leur centre de gravité, comme le balancier d’une montre. Ces oscillations sont de même étendue pour les molécules lumineuses de toutes les couleurs, mais leurs vitesses sont iné- gales. Les molécules violettes tournent plus vite que les bleues, celles-ci plus vîte que les vertes, et ainsi de suite jusqu'aux mo- lécules rouges qui sont les plus lentes de toutes. Cette inégalité ‘de vitesse fait qu'à chaque épaisseur de la lame, il se trouve des couleurs différentes aux deux limites de l’oscillation; et c’est ce qui produit les deux faisceaux colorés que l’on observe quand on analyse la lumière transmise. Je mesure l’étendue de ces os- cillations, leur durée, leur vitesse, et la loi de la force qui les produit. Je puis à volonté, en disposant convenablement les plaques, les étendre ou les resserrer, les accélérer ou les ralentir, ou les rendre nulles, ou enfin les faire passer en sens opposé; et cela paroîtra peul-être surprenant, quand on saura que chacune de ces oscillations s’'accomplit dans une épaisseur d’environ un centième de ligne. Et quelle doit être la petitesse du temps que la lumière emploie à traverser ua centième de ligne, lorsqu'on sait qu’elle parcourt dans une seconde soixante et dix mille lieues? Les effets de ces oscillations, réduits en calcul, me donnent précisément les mêmes formules que j’avois d’abord trouvées d’après la seule observation , dans mon premier Mémoire ; elles montrent également à quoi tient ce singulier rapport que j'avois découvert entre les couleurs polarisées par les lames minces, et leurs épaisseurs rapportées à la table de Newton. Cet accord résulte uniquement de ce que ces deux classes de phénomènes sont assujéties aux mêmes lois de périodicité. D’après l’idée que je viens de donner des épaisseurs que la lu- mière traverse pendant la durée d’une oscillation, on concoit qu'il se fait plusieurs milliers de ces oscillations dans une plaque de l’épaisseur d’un pouce. Alors les molécules de couleurs di- Tome LXXVI. FÉVRIER an 1813. S 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . verses sont tellement mélangées aux deux limites de l’oscillation, qu'il n’en résulte que deux faisceaux blancs, d’une intensité à peu près égale, Cependant je puis encore rendre les oscillations sensibles et évidentes dans cette lumière ainsi mélée. Il suffit de la faire passer à travers une seconde plaque d’une épaisseur à peu près égale à la première, mais de manière que les axes de cristallisation des deux plaques soient disposés en croix. Il résulte de cet arrangement, que si la première plaque a fait d'abord tourner les particules lumineuses de gauche à droite, la seconde les fait tourner de droite à gauche. Celle:ci déméle donc ce ue la première avoit mêlé. Il ne reste définitivement que l'effet ü à leur différence d'épaisseur. Si cette différence eët assez petite pour produire des couleurs, on voit deux faisceaux colorés ; si elle est trop grande, la lumière est encore trop mêlée et les deux faisceaux sont blancs. Enfin les deux plaques sont-elles égales en épaisseur, la seconde détruit ce que la première avoit fait, et le résultat total est nul, c’est-à-dire que toutes les particules de lumière reprennent leur polarisation primitive. IL n’est pas nécessaire pour produire ces phénomènes, que les deux plaques soient de même nature, mais alors il faut tenir compte de l’iné- gale intensité de leurs actions. Ces couleurs subitement produites par le croisement de deux plaques, qui seules n’en produiroient aucune, paroïssent assez surprenantes quand on les voit pour la première foiset qu’onn’en connoît pas la cause; maiselles semblent plus surprenantes encore lorsqu'on la connoît et qu’on songe à la ténuité ainsi qu'à la vitesse des particules sur lesquelles on produit des effets pareils. La même théorie m'a servi également et avec la même exac- titude, pour prévoir tous les autres phénomènes que présentent les lames cristallisées, soit minces, soit épaisses , susceptibles de donner des couleurs différentes quand on les présente à un rayon polarisé. L'accord constant de cette théorie avec l’expérience, m'a permis d'en tirer un résultat assez curieux, pour que je croie devoir le rapporter ici. J’ai dit plus haut que j'avois dé- terminé la durée des oscillations et la loi de la force qui les produit. Or, pour que cette durée soit telle que l’observation la donne, il faut qu'il y ait un certain rapport déterminé entre la grosseur des particules de la lumière et l'intensité de la force qui les fait tourner ; c’est ainsi qu’il existe un rapport connu entre le temps des oscillations d’un pendule, sa longueur, et l’intensité de la pesanteur terrestre, On peut déterminer ce rapport ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 par un calcul très-simple; et de là, si l'intensité de l'attraction des corps pour la lumière étoit connue, on pourroit déduire les dimensions des particules lumineuses, ou, réciproquement, on ‘pourroit calculer l'intensité de l'attraction, si ces dimensions étoient données. Dans les suppositions les plus vraisemblables, les dimensions que ce calcul assigne aux molécules de la lumière sont d’une petitesse qui effraie l'imagination; mais aussi quelle doit être la ténuité de ces particules qui traversent si librement tous les corps transparens; et qui, se mouvant avec une incon- cevable vîtesse, viennent à chaque instant par millions frapper nos yeux sans les blesser? Pourquoi nous étonnerions-nous de cette rapidité ou de cette petitesse? Il n’y a rien en soi de petit ni de grand, de lent ou de rapide. Le temps et l’espace sont deux infinis qui embrassent toute la nature : mais l'homme les embrasse à son tour par la pensée; et peut-être un jour viendra où les mouvemens des globules imperceptibles qui forment la lu- mière, seront soumis à la puissance de ses calculs aussi exac- tement que les révolutions des vastes corps qui roulent avec lui dans le vide des cieux. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES NS DRE RER MES ET Lt AO MEET ANG The THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR | BAROMÈTRE MÉTRIQUE. CENTIGRADE. PR A Maximum. | Mivrmum. |A Mix. Maximum. | Minimum. A 2 MIDI. ‘SUuNnOL ‘’IOIN V *LNI ‘WUAHI È heures= o |heures. o heures. mill, | heures. mill. mill. 0 1lamidi + 4,25|à 115. — 1,5c|+4- 4,25fà 11 5... ....760,40|à 7 i m 757,32|758,20|+2,0 2là3s. + 2,25là7im.— 1,25|+ 1,50|à 104m.,..... 762,80|à7 + m........761,92|762,64|+4+2,r 3la3s. + 425495 — 0,254 3,72là9s....... ...767,50|à 7 à m.......765,00|765,96|+3,5 4là midi + 4,oolà 105. + 1,50|4 4,00o|à 9+m 766,74|à 10 5 763,40|765,72|+-2,6 Slàämidi + 2,37[à 92s. + o,20|+ 2,37lh95s 763,60|à 7 à m.......762,241762,6o|+-2,4 Glà midi + 4,25[à7£m.+ o,50|+ 4,25|à9 m.........762,52 À 115.....,..758,74|761,12|+2,4 7la3s. -+ 4,79[à 7m. 2,79|4+ 4,25là7i m 756,92|à93s 753,36|755,98| 43,2 Bla midi + 8,75 105. + 3,25|4 8,79]à 10 + s.......749,92|à midi... ...746,04|746,04| +5,17 M olà3s. + 3,75/[à 105. ++ 0,75 3,oolà 105 756,40|à 7 + m........722,32|793,10|+4,0 Hliola3s. + 300173m.+ 1,004 2,62|à10s......... 755,56|à 7 à m .753,241753,76|+53,5 M\rsla midi + 1,25à7Èm.— 0,25|+ 1,25là7 5m 754,00|à 6 s 752,72|752,92|+8,0 Mir3làmidi + 1,75|à 72 m. Miralà midi + 4,50/à 7m. Hirsla3s. + 5,aolà 535. Hi16là3s. “+ 0,75/à 74 m. 17|à midi + o,oclà 1075. dlioaz2s. — 1,00 295. N|roà midi — 1,75/à10s. Hioo!à midi — 3,75/à92+5s. 0,50|+ 1,79|à 9 i m 7D1,921à945...4..:.. 748,561751,10|+3 1,50] 4,5olà 105......... 751,30|à 5 m 749,74|750,88| +: 1,00|+ 4,00!à 9 s 758,60[ 27? m........754,80|756,12| + 1,00] o,20|à9 Es 763,00|à 7 +m 761,98|762,74 1,75|+ o,joola10Ës.......764,37|à 7 à m 762,94|763,46, 2,50|— 1,25là 7 +m 763,70 à 9 s 760,96|762:62 3,25|— 1,75{à 10 5.........703,30|à 7 ; m 759,68|759,88 4,50}— 3,75[à 10 ; m 765,26|à 9 : 764,18|764,80 7,00|— 2,62|à 1035 766,22\à 7: m.......764,12|764,68 3,75|— 2,o0/à 105 m......769,10|à 7 ;m 767,12|768;34 2,88|— 0,75|à7 : m.......760,22/à Se.» « « -704,00|765,00 5,50[— 1,90|à 105m...... 765,00|765,36 6,751— 5,5olà g m........ 766,20|766,54 — 0,25là 7: m.— 6,88|— 0,75|à 105 è 768,24\768,50 $ + 1,50/174m.— 1,00[+ o,87|à 10 5m < 2ola3s. + 350174 m.+ 0,50|+ 3,25]à 9m......... Di20a3s. + 1,75|à7 ? m.—+ o,75|+ 1,25/à 1055 H\3olà midi + 1,621à72 nm. o,00|+ 1,62|à 9 s. 769,40|à 7 5 m H31là3s. + 400là75m.+ 0,004 3,5ofà 1075 768,68là 8 s -+ 3,25|à 71m. — 1,25[à7im. — o,00|à 5 m. — 0,60|à 7m. — 0,12|à7+m, pinbinbimtimel BÉBÉ ER RE TT | Moyennes.+ 1,60| — 1,25|+ :,49| 791,90| 760,46 1761,39|+2 2 À + RECAPITULATION. Millim. Plus grande élévation du mercure 769,46 le 30 Moindreélévation du mercure 746,04 le & Plus grand degré de chaleur..........+ 875 le 8 Moindre degré de chaleur — 7,00 le 21 Nombre de jours beaux....... c delCONVELIS RER eee 28 de pluie... ..... ee deivent ie ere rrerete € de tonnerre de brouillard de neige de grêle Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen- centièmes de millimètre. Comme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu’on le thermomètre de correction. À la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre conclus de l'ensemble des observations, d’où il sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent .sou élévation au-dessus du niveau de la mer. La température des caves est éualemen£ Uliolà midi + o,50!à 1048.— 1,75|+ 0,50! 102m.......754,08|à 10 à s.,1.. +-793,741754,60 +2,31 A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. JANVIER 1813. “| Hve. POINTS VARIATIONS DE LATMOSPHERE. a VENTS. - 10e LUNAIRES. wa |à midi. LE MATIN. A MIpl. LE SOIR. 1] 94 de Eur , brouil., glace. CNE brouillard. |Beau ciel, brouillard. | 2] 9 |N-E. N.L.à 5h 30's. dem. égérement couvert.| Zdem, 3] 94| Idem. Nuages à l'hor.,br.gl.[Beau ciel , brouillard.| Zaem. 4 2 Le ie Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. 92 |S. dem, Idem. Idem, 6| 92 Idem. Idem. Idem, Pluie. 7| 941 Idem. Pluie fine, brouillard. | Pzuie par intervalles. | Idem. 8| 931S-0O. Pluie continuelle, br.| Zdem. Beau ciel, 9] 93/0. P.Q. à roh36s.|Couv., brouil, glace. | Idem. Légers nuages: so Ne AGE pren ; PRIE brouillard. PDG brouillard. -S- ver rouillard. dem. den. 84 |E. L. périgée. Dors. Idem. Idem. 87 |S-E. Idem. Idem. Pluie et neige 93 |S. Pluie. Idem. Ter 0 (à 94 |S-O. Couvert, brouil., gla.| 1dem. Nuageux. 91 |S-E. P.L.à6h 13.|Couvert,brouil,, givr.| Zdem. Brouillard , épais. gr Len ds Dam Couvert, brouillard. em CZA em. Idem. 89 |E-S-E. Idem. Idem. Lien. 83 |[N-E. Idem. Idem. Idem. 82| Jdem. Beau ciel, brouillard.|Beau ciel. Nuageux. 72| Idem. Idem. Idem. Beau ciel. 89| Idem. Couvert, brouillard, |Couvert, brouillard. |Couvert, broulliard. 71| Idem. |D.Q.20h43'.|Beau ciel ; brouillard.|Beau ciel, lég. brouil.| Beau ciel. 7: | Idem. Lune apogée.| dem. TAer ie Idzm. 67 |E. N-E Idem. Idem. Idem. 89 IN-E. Couvert, brouillard. Couvert. Couvert. 81 IN. Idem. Idem. Idem. go |N-0O. Idem. ; Neige. Petite pluie. 80 |N-E, Nuageux , brouillard.|Couvert, brouillard. |[Couvert. 9310. Couvert, brouil.,grés.| Zdem. Petite pluie, Moy. 87 RÉCAPITULATION. NE Eodoocoreert SOIR Ne Dee 10 DRASS 3 Jours dont le vent a soufflé du SE ARS PAPA TES NE à è SU Arret 2 ONE Pture 3 NEO RL 2 Therm. des caves le 1°7 120,100 | le 16 12°,100 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 25"85— r1 lig. 5 dixièmes, mere ESS [RE EE EE FRE AVEE TERRE EE EVEREST TN Se. à “Hgrade , et la bautcur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et popiie généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté a u thermomètre, observés dans le mois, on a substitué le maximum et le minimum moyens, 4 mois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris et par exprimée en degrés centésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme, 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE SUR LA DIFFRACTION DE LA LUMIÈRE ; PAR HONORÉ FLAUGERGUES. SECOND EXTRAIT. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Fixezau trou du volet d’une chambre obscure préparée à l’ordi- naire pour les expériénces d'optique, une plaque très-mince de laiton ou de tout autre métal , percée d’un trou rond et bien ébarbé, d’an quart de ligne tout au is de diamètre (1). Placez ensuite dans le cône de rayons solaires introduit par ce petit trou et à trois ou quatre pieds de distance, une petite lame mince de laiton, noircie à la fumée d’une bougie, qui ait la figure d’un parallélogramme de trois ou quatre lignes de largeur. Recevez derrière cette lame, et à diflérentesdistances, l’image solaire formée par les rayons introduits par le petit trou sur un carton blanc bien lissé, ou plutôt sur une tablette de bois bien unie, recou- verte de deux couches de blanc de céruse bien fin, détrempé à la colle; il faut disposer cette tablette de manière qu’elle soit exactement perpendiculaire à l'axe du cône des rayons solaires, Pour cela, je l'ai arrangée de facon qu’elle pût tourner entre les bras d’un support, autour d’un axe qui la traverse dans le milieu de sa longueur. Ce support peut monter et descendre avec la EE (1) On fera très-bien de noirair cette plaque et les bords du treu, en la pas sant sur la flamme d’une bougie, et on prendra la même précaution pour les lames et autres corps employés dans cette expérience et les suivantes. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 143 tablette , le long d’une tige verticale portée sur un pied de bois, et peut êlre fixé à la hauteur qu'on desire avec une vis de pression. Cette image solaire sera blanche, parfaitement cir- culaire , et l'ombre de la lame rectangulaire de laiton y paroîtra projetée. En examinant attentivement cetteombre , et en s’aidant, si l’on veut, du secours d’une bonne loupe de deux à trois pouces de foyer, exactement travaillée et d’un verre pur et sans couleur, on remarquera aisément : 1°. Que la largeur de l'ombre de la lame de laiton est toujours sensiblement le quatrième terme d’une proportion dont les trois premiers sont la distance de la lame au trou. La largeur de cette lame, et la distance du trou à la tablette, c’est-à-dire que cetle ombre ne sera pas plus large qu’elle doit être suivant les principes de l'optique, contre ce qu'ont avancé tous les physi- ciens (1), qui n'ont fait là - dessus que copier Newton et Grimaldi. 20. Cette ombre de la lame de laiton sera accompagnée de chaque côté, de trois ou quatre bandes parallèles entre elles, et au bord de l'ombre la première de ces bandes est plus large et plus sensible que la seconde, la seconde plus large que la troisième, et celle-ci plus large que la quatrième (l’ordre de ces bandes étant pris suivant qu’elles s’éloiguent de l'ombre), Ces bandes sont bordées de couleurs, savoir : la première bande de bleu obscur tout contre l’ombre, de jaune et de rouge au bord opposé; la seconde bande est pareillement bordée de bleu dans la partie qui confine à la prémière bande, et de rouge dans le bord opposé; là troisième bande est de même bordée de bleu dans la partie qui confme à la seconde, et de rouge le long du bord ‘opposé ; enfin la quatrième bande est bordée de bleu très-foible contre la troisième bande, et de rouge très-foible dans le bord opposé. Le milieu de chacune de ces bandes est blanc et plus claîr que lé champ de l’image solaire, mais cette blancheur vient de ce que les rayons hétérogènes déviés par la diffraction, ne sont pas, dans leur déviation, assez écartés les uns des autres pour être parfaitement séparés; car sion place la lame de laiton, dans le cône des rayons solaires, de manière que sa longueur soit , G) Il fauten excepter Mariotte qui s’est assuré par des mesures exactes , que l’ombre avoit toujours la largeur qu’elle devoit avoir suivant la théorie. Œuvres de Mariotte, tomel; pag. 202 et 203. 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE horizontale, qu’on pose la tablette à neuf pieds environ de dis- tance de cette lame, et qu’on incline beaucoup cette tablette dans le sens de la largeur des bandes ; le milieu de ces bandes paroîtra coloré de vert et de jaune, et la suite des couleurs à partir de l'ombre, sera dans l’ordre suivant : violet, bleu, vert, jaune, rouge; — bleu, vert, jaune, rouge; — bleu foible, jaune- verdâtre, rouge; — Vert-bleuâtre pâle, rouge pâle : ces couleurs s’aMoiblissent toujours à mesure qu’elles sont plus éloignées de l'ombre, les couleurs de la troisième bande sont à peine sensibles, et il est rare et diflicile d’appercevoir les couleurs de la quatrième bande, à moins que le bord de l’ombre ne soit très-proche du bord de l’image solaire, On voit par cet exposé, que l’effet de la diffraction est op- po à celui de la réfraction, ou que les rayons les moins ré- rangibles sont les plus diffractibles , et les rayons les plus réfran- gibles sont au contraire les moins diffractibles, puisque les rayons rouges qui, de tous les rayons hétérogènes, sont les moins ré- frangibles , sont cependant ceux qui sont les plus difiractés et les plus écartés respectivement aux autres rayons {dans chaque bande) du bord de l’ombre de la lame; et au contraire les rayons violets et blancs qui sont les plus réfrangibles, sont ceux qui sont les moins difiractés : il en est de même pour les autres espèces de rayons hétérogènes dont l’ordre de leur diffractibilité est précisément l'inverse de celui de leur réfrangibilité. J’ai tracé sur la tablette et dans le sens de sa largeur, deux lignes droites parallèles, éloignées l’une de l’autre d'environ 91,6; j'ai divisé l'intervalle entre ces deux lignes, en vingt-quatre parties égales sur une ligne transversale ; j'ai placé ensuite cette tablette à neuf pieds environ de distance de la lame diffringente que j'avois disposée de manière que sa longueur étoit parallèle à l’horizon, et j'ai incliné peu à peu la tablette jusqu’à ce que la première bande colorée extérieure , au bord de l’ombre de la lame, couvrît exactement l’espace compris entre ces deux lignes pa- rallèles. Dans cet état, l'angle que le plan de la tablette formoit avec les rayons extrêmes de cette bande du côté de l'ombre, étoit d’environ six degrés vingt-huit minutes. Sous cette incli- naison les couleurs de cette bande paroissoient bien démèêlées, sans cependant être trop affoiblies. J'ai observé que la nuance intermédiaire entre le rouge et le jaune occupoit à peu prés le milieu de l'intervalle entre les lignes parallèles que le point où le vert étoit le plus vif, étoit placé à quinze parties de dis- ' tance ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 fance de la ligne qui étoit du côté du rouge, et à neuf parties de distance de celle qui confinoit au violet, ensorte que ce point divisoit l'intervalle entre ces deux lignes parallèles, en deux parties qui éloient entre elles comme cinq est à trois, et qu'enfin l'intervalle entre la nuance intermédiaire entre le rouge et le jiune, et la nuance intermédiaire entre le bleu et le violet, étoit à peu près de quatorze parties. Ces rapports étant les mêmes que ceux que Newton a observés dans la position des rayons hétérogènes séparés par la réfraction, en mesurant les espaces colorés du spectre solaire (1), mais dans un sens contraire; il s’ensuit encore que la difiraction produit exactement les mêmes eflets que la réfraction, quant à la séparation des rayons hé- lérogènes, mais dans un sens absolument opposé. 30. Si on place la tablette ou le carton très-proche de la lame diffringente, l'ombre de cette lame paroîtra neltement tranchée ; mais si on éloigne la tablette, les bords de cette ombre s’éclair- ciront, et on verra comme des petits rayons qui s’élanceront transversalement en dedans de lombre de chaque côté, et qui éclaireront les bords de cette ombre; cetle clarté augmente à mesure qu’on éloigne la tablette, et les bords de lombre de- viennent semblables à une pénombre dans le tiers de la largeur de cette ombre de chaque côté. Nous avons prescrit d'employer pour cette expérience, une lame de laiton ayant la figure d’un parallélogramme rectangle; mais cette condition n’est pas nécessaire, et quelle que soit la figure de cette lame, circulaire, carrée, polygone, etc., l'ombre circulaire, carrée, polygone, etc., de cette lame, sera également entourée extérieurement de trois ou quatre bandes colorées pa- rallèles entre elles, et avec le contour de l’ombre, et cette ombre sera pareillement éclairée intérieurement dans les bords par une lumière déviée au bord de la lame, et on n’y distinguera pas autre chose, si la plus petite dimension de cette lame n’est pas au- dessous de trois lignes, seulement la manière dont les bandes se disposent entre elles dans les parties qui correspondent aux angles des lames, est trèsremarquable; si ce sont des angles saillans, ou extérieurs, les bandes colorées qui accompagnent l'ombre de ces angles, parallèlement à chaque côté, s’uniront chacune avec (1) fsaaci Newtoni Lectiones opticæ, pars 2, sect.2, folio 240 editionis Londini, vel. folio 92 editionis Patavinensis. Tome LXXV I. FEVRIER an 1813, 3 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sa correspondante, en formant une portion de cercle dont le centre sera à la pointe angulaire de l'ombre, et dont la valeur sera le supplément à 1802 de la valeur de l’angle difiracté. Si ce sont des angles intérieurs ou rentrans, les bandes colorées parallèles à chaque côté de l'angle, continveront directement leur cours jusqu’à l'ombre du côté opposé, ensorte que les bandes se croiseront sans se confondre dans lintérieur de l'angle. Les mêmes phénomènes décrits dans cette expérience, auront tous également lieu et d’une manière absolument semblable, si au lieu d'une lame mince de laiton, on emploie des corps plus épais , tels qu’une verge cylindrique ou prismatique, un globe, un cube, et ces phénomènes auront aussi également lieu si cette lame ou ces corps sont de toute autre matière, comme de fer, de plomb, de bois, de pierre, de carton , etc., ainsi que je l'ai expérimenté très-souvent. On s’assurera d’une manière très-évidente et très-simple, de la vérité de cette dernière assertion, Si on scelle le bout d'une carte à jouer avec le bout d’une plaque mince de laiton ou de tout autre métal, et qu’on coupe ensuite avec un instrument tranchant mené le long d’une règle, ces deux lames ainsi assem- blées , de manière que le bord de la lame et le bord de la plaque ainsi coupées, soient exactement en ligne droite, Si on place ensuite cet assemblage dans le faisceau des rayons solaires, ensorte que ces rayons rasent en même temps le bord de la plaque de laiton ainsi réunis en ligne droite, et qu’on 1ecoive l'ombre sur un carton blanc, on ne pourra appercevoir aucune différence entre la partie de l'ombre qui correspond au bord de la carte, et la partie de l'ombre qui correspond au bord de la plaque, non plus que dans les bandes colorées causées par la diffraction qui accompagnent cette ombre; mais le bord de l’ombre et les bandes qui lui sont parallèles, formeront autant de lignes, toutes exactement droites, continues et parfaitement uniformes dans touté leur longueur , sans qu’on puisse y distinguer la moindre différence ; on obtiendra toujours le même résultat, quelles que soient les matières des deux plaques qu’on réunira de cette en manière. Les ombres des corps fluides présentent aussi les mêmes ap- parences que les ombres des corps solides, comme on peut s’en assurer très-aisément en plaçant dans le faisceau des rayons so- laires, des grosses gouttes d’eau assez épaissie avec du sucre ou de la gomme, pour rester suspendues au bout d’un petit bâton. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Y47 Si au lieu d’une plaque pleine, on place dans'le faisceau des rayons solaires, une plaque de métal ou de toute autre matière, percée d’une ouverture circulaire, ou d’une autre figure dont a plus petite dimension soit au moins de quatre à cinq lignes, Vaire lumineuse formée sur la tablette par les rayons transinis à travers cette ouverture, aura la même figure; et ses dimen- sions, déterminées par l'ombre des bords de l'ouverture, seront à la distance du trou à la tablette comme les dimensions corres- pondantes de l'ouverture sont à la distance du trou à la plaque, c’est-a-dire que cette aire lumineuse ne sera pas plus grande qu’elle doit être suivant la théorie, quoique Grimaldi, tout en soutenant que l'ombre d’un corps opaque étoit agrandie par la diffraction, ait prétendu encore que l’aire lumineuse formée par des rayons qui passoient à travers un trou circulaire, avoil aussi un plus grand diamètre que suivant les principes de l’optique(r), ce qui est évidemment contradictoire; car, puisque-suivant cet habile physicien, la largeur de l’ombre doit être augmentée ; il faudroit pour cela que les rayons qui passent contre la cir- conférence de l'ouverture, fussent pliés de manière à s'approcher du centre : et pour que l'aire lumineuse devint aussi plus grande, il faudroit au contraire qu'en même temps ces mêmes rayons fussent pliés dans un sens opposé, c’est-à-dire en s’éloignant du centre. On observera de plus, que la circonférence de cette aire lumineuse'est bordée intérieurement de couronnes concentriques et colorées, analogues aux bandes colorées qui entourent paral- lèlement à ses bords, l'ombre d’une plaque pleine placée dans le faisceau de rayons solaires. SIXIÈME EXPÉRIENCE. J'ai répété l'expérience précédente en employant une lame mince de laiton ayant la figure d’un parallélogramme rectangle de trois lignes de largeur, renfermée entre deux plaques de verre planes bien polies et bien nettes, jointes ensemble par les bords avec du ciment, et entre lesquelles j'avois introduit de l’eau commune bien pure, ensorte que la lame de laiton en étoit tout entourée et mouillée comme dans la troisième expérience. J'ai mi RTE de lumine, prop. 1°, folio g, prop. 2, folio 19, et . 20°, foli E T z 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE observé les mêmes effets que dans l’expérience précédente, mais à la vérité plus foibles et moins distincts, soit à raison des rayons réfléchis et perdus en {raversant les plaques de verre et la lame d’eau interposée entre elles, soit principalement à cause des cou- leurs étrangères, dont le champ de l’image solaire étoit chamarré, et qui étoient également le produit de la diffraction de la lumière, en passant proche des raies que le poli avoit laissées sur la surface des plaques de verre, des particules hétérogènes qui se trouvoient dans leur intérieur, et des corpuscules étrangers que la couche d’eau pouvoit encore renfermer, quelqu’attention que j'eusse ap- portée dans le choix de ces matières : c’est à raison de ces circons- tances que la réussite de cette expérience n’est pas aussi aisée que le succès des précédentes. Les mêmes phénomènes ont paru également d’une manière suffisamment prononcée, lorsque la lame de laiton a été succes- sivement entourée et mouilléé d'alcool, d’essence de térében- thine et d'huile d'olive très-claire, liqueurs que j'ai substituées l'une après l’autre entre les plaques de verre. SEPTIÈME EXPÉRIENCE. Tout étant disposé comme dans la cinquième expérience, j'ai fait tomber le faisceau de rayons solaires introduits par le petit trou dans la chambre obscure, sur l'angle d’un prisme de verre placé horizontalement au-devant de ce trou, et j'ai reeu à douze pieds de distance, sur la tablette blanche, le spectre solaire formé par les rayons hétérogènes séparés par leur réfraction au travers de ce prisme. A six pieds en avant de cette tablette, j'ai placé, dans le faisceau derayons réfractés , une lame verticale de cuivre , de la forme d’un parallélogramme rectangle de trois lignes de largeur, de manière que l'ombre de cette plaque fût projetée sur le milieu du spectre solaire, parallèlement à ses côtés rectilignes : en considérant cette ombre avec attention, on voyoil : 1°, Qu'elle étoit accompagnée de chaque côté, de trois bandes sensiblement parallèles entre elles, de même couleur que le fond, c’est-à-dire, que chacune de ces bandes étoit, successivement en montant , rouge, jaune, verte, bleue et violette, à mesure qu’elle existoit et qu’elle étoit formée sur la partie rouge, jaune, verte, bleue et violette du spectre seulement; ces bandes étoient d’une couleur plus foncée qui les faisoit distinguer de la couleur sem- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 blable du fond; et de plus, dans la partie de ces bandes qui correspondoit au milieu du spectre, c’est-à-dire au jaune et au vert; on voyoit, outre ces couleurs, une légère teinte de rouge et de bleu. Ces bandes, sensiblement droites, étoient également un peu inclinées à l'égard du bord de l'ombre ou de la ligne qui terminoit cette ombre du côté de ces bandes, de manière qu’elles s’écartoient un peu plus de cette ligne en descendant du violet au rouge; à l’égard de l'ombre de la lumière, je l’ai trouvée exactement de la même largeur dans toute la longueur du spectre solaire. à 2°, On voyoit aussi dans l'ombre de la lame, une clarté qui éclairoit une partie de l’ombre de chaque côté, et cette lumière étoit de la même espèce que celle du fond, c’est-à-dire rouge dans la partie de l'ombre qui étoit projetée sur la partie rouge du spectre, jaune dans la partie jaune, etc. On peut conclure de ces expériences, 1° que par l'effet de la diffraction une partie des rayons hétérogènes, qui passent près du bord d’un corps, sont diversement pliés et repoussés en dehors de l'ombre de ce corps, et cela, d'autant plus que les rayons sont moins réfrangibles ; d’où il s’ensuit que la diffraction produit le même effet que la réfraction pour la séparation des rayons hétérogènes, mais d’une manière opposée ; 20 Que cette aclion de la diffraction pour séparer les rayons hétérogènes et décomposer la lumière, n’est pas continue, mais quelle finit et se renouvelle à différentes distances du bord d’un corps diffringent, ensorte que la diffraction est en cela semblable à la force qui produit les phénomènes que Newton a désignés sous les noms d’accès de facile réflexion et de facile trans- mission, dans la seconde partie de son Traité immortel d'Op- tique (x) ; 3° Que ces effets sont absolument indépendans de la nature du corps diffringent , ainsi que de sa figure : et ces effets sont aussi les mêmes, quelle que soit la nature des milieux (trans- parens) dans lesquels sont placés les corps diffringens. QG) Optice... edenteS. Clarke. Londini, 1706, folio 240. 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE HUITIÈME EXPÉRIENCE. Répétez la cinquième expérience en employant, au lieu de la lame rectangulaire de laiton de trois ou quatre lignes de lar- geur, une autre petite lame de laiton très- mince, découpée en angle droit, ou sous la figure d’un gamma majuscule, dont les côtés aient tout au plus une demi-ligne de largeur. Vous observerez les mêmes phénomènes que nous avons décrits dans l'expérience citée, relativement aux bandes qui accompagnent extérieurement l'ombre de la lame, aux couleurs de ces des. à leur courbure dans la partie correspondante , à la pointe de l'angle extérieur de l'ombre et à leur croisement dans la partie correspondante au sommet de l’angle intérieur ou rentrant de cette ombre; mais vous observerez de plus, 1° que dans ce cas l'ombre de la lame sera divisée intérieurement suivant sa longueur, en plusieurs bandes colorées parallèles aux bords de cette ombre. Si la tablette blanche est placée à trois pieds neuf pouces ou quatre pieds de la lame de laiton, on distinguera fa- cilement un trait noir très-fin qui confine au bord bleu obscur ou violet de la première bande extérieure; ce trait noir est le terme ou le bord de l'ombre de la lame : en avancant vers le milieu de cette ombre, on voit les couleurs se succéder dans l’ordre suivant , rouge foible, jaune foible , bleu-verdâtre, noir- verdâtre, rouge-vert sale à peu près semblable à la couleur de la zerre d'ombre; cette couleur verdâtre occupe le milieu de l'ombre après laquelle les couleurs précédentes reparoissent dans l’autre moitié de l’ombre et dans le même ae c’est-à-dire rouge, noir-verdâtre , bleu-verdâtre, jaune foible , rouge foible, et enfin un second trait noir trés-fin qui est le terme ou le bord de l’ombre de l’autre côté, Si on éloigne la tablette à une plus grande distance de la Jame de laiton, comme à la distance de neuf pieds ou davan- tage, les deux traits noirs qui marquent le bord de l'ombre de chaque côté disparoissent; le rouge de la première bande in- térieure confinera immédiatement avec le violet de la première bande extérieure. Les deux raies noir-verdâtre deviendront mi- parties de bleu sombre et de rouge obscur; la bande intérieure d’un vert sale qui forme le milieu de l'ombre, deviendra plus claire et plus jaune; ensorte que par ces changemens l'ordre des couleurs, l'ombre sera couverte et partagée longitudina- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 151 lement, en allant d’un bord de l’ombre au bord opposé, sera celui-ci : rouge purpurin, jaune foible, vert foncé, bleu sombre, rouge obscur. — Jaune sale. — Rouge obscur, bleu sombre, vert foncé, jaune foible et rouge purpurin. Ces bandes sont, comme nous l’avons dit, parallèles aux bords de l'ombre; mais dans la partie qui correspond au sommet de l’angle, elles éprouvent des changemens singuliers et remarquables, que j'ai tâché de représenter dans une figure dont voici explication. La figure seconde représente très en grand l'ombre de la lame de laiton AB (fig. r) , découpée, comme il a élé dit, en forme d’équerre. &, b, c, d sont les quatre bandes extérieures bordées de bleu et de rouge, qui sont parallèles au bord extérieur vertical de l’ombre et a/, L’, c', d' sont pareïllement les quatre bandes extérieures parallèles au bord horizontal extérieur de cette ombre; ces bandes s'unissent chacune avec sa correspondante , en formant un quart de cercle dont le eentre est au point où devroit se trouver le sommet de l'angle extérieur de l’ombre de la lame, e,f, g, h sont les quatre bandes extérieures bordées également de bleu et de rouge, parallèles au côté intérieur ver- tical de l’ombre, et &’, f”, g', h sont les bandes extérieures cor- respondantes parallèles au côté horizontal intérieur de cette ombre: ces bandes se croisent dans l'angle intérieur de l'ombre, sans éprouver aucune déviation et sans se confondre; 2 et 4 sont les deux bandes intérieures dans la partie verticale de l'ombre; ÿ et £’ sont les bandes intérieures correspondantes dans la partie horizontale de cette ombre (j'entends par bande, l’espace coloré entre le violet de la première bande extérieure et le rouge obscur qui confine à la bande jaune sale du milieu de l'ombre); Z et L' est cette bande d’un jaune sale qui les sépare. Les bandes in- térieures Æ et 4’ s’unissent en se courbant autour du sommet de l’angle intérieur ou rentrant; de l'ombre de cette courbure partent quatre bandes transversales d’une couleur obscure, presque noire, et dont la figure est à peu près celle d’une ovale fort alongée. Les deux intérieures 722 , mo partent du sommet de la courbe formée par la jonction des bandes intérieures Æ et 4’, et elles s'étendent jusques près du milieu de la première bande ex- térieure a, a’: ces deux bandes comprennent entre elles un angle d'environ 45°. Les deux autres bandestransversales pq , rs partent de chaque côté, du commencement de la courbure de la première bande intérieure ÆA@fne s'étendent que jusqu’au tiers environ de la seconde bande intérieure 4’, et comprennent entre elles 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE un angle à peu près droit. L’ombre est interrompue dans l'espace immo compris eptre les grandes transversales ; on ne voit dans cet espace qu'un très-léger vestige de la bande jaune sale 77’ du milieu de lombre, et de la seconde branche intérieure Zi, qui paroît courbée concentriquement à la première 44. La partie de lombre correspondante au sommet de l'angle de la lame, manque absolument : une espèce de péaombre’en occupe la place el s'étend même sur une partie de la première bande extérieure aa’. Si les branches de la lame de laiton, au lieu de comprendre entre elles un angle droit, formoient un angle aigu, par exemple de 45° : on appercevroit dans l’ombre de cette lame les mêmes phénomènes que nous venons de décrire, à l'exception que, dans ce cas, les bandes extérieures se joindroient en formant un arc de cercle d'environ 1350, les bandes transversales 777, mo com- prendront entre elles, un angle plus aigu, les deux autres bandes transversales pg, rs, sëront plus resserrées , les bandes extérieures parallèles aux côtés intérieurs de Pombre se croiseront comme dans le premier cas; mais elles se prolongeront dans l’ombre et seront encore très-visibles sur la première bande intérieure; si au contraire l'angle formé par les branches de la lame est fort obtus, ces apparences seront à peine sensibles, et elles s’éva- nouiront totalement lorsque ces braaches seront disposées en ligne droite. Ces bandes transversales, qui paroissent aussi très-distinctement aux angles saillans de l'ombre d’une lame ou corps quelconque, quoique cette lame ou ce corps soit trop large pour que leur ombre paroisse couverte de bandes colorées, n’ont pas échappé à Grimaldi, qui les compare aux plumets où panaches dont on orne les casques : äzs£ar cristatum, quæ ën galero, etc. (1); mais cette comparaison n’est pas exacte, et ce savant physicien s’est encore beaucoup trompé dans la figure qu’il donne de ces bandes à la page 5 de son Ouvrage. La cinquième bande qu’il a tracée de l'angle D à l'angle C de l'ombre, n'existe jamais, et l'ombre est interrompue dans cet espace. Les quatre autres bandes ne partent pas du sommet de l’angle intérieur de l'ombre, ni du même point; et de plus, elles ne sont ni égales entre elles, ni claires dans leur milieu , comme elles sont représentées dans cette figure, etc. (1) Physico-mathesis de lumine , prop. 1°, folio 5. J'ai ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 J'ai déterminé avec beaucoup de soin le rapport des largeurs des bandes colorées intérieures et extérieures de l'ombre; pour cela, je marquois sur la tablette avec une pointe très-fine, eten m'aidant d’une forte loupe, les points où ces bandes se termi- noient de chaque côté; je prenois avec un compas à pointes très-fines, la distance entre ces points correspondans, que je portois sur les points 20 et 20 de l'échelle des parties égales de mon compas de proportion ouvert convenablement pour la re- cevoir; je prenois ensuite avec un compas, la distance entre les points 200 et 200 de la même échelle, et je mesuroïis cette distance au moyen d’une échelle de mille parties égales (telles que 190 de ces parties sont égales à un pouce): j'ai répété douze ois ces opérations, et prenant un milieu entre leurs résultats qui étoient très-concordans, j'ai trouvé que les rapports des lar- geurs des bandes colorées, réduits aux plus petits nombres, étoient les suivans : Largeur dela Largeur dela Largeurdela Largeur dela Largeur de Ia bande intér, ire band. ext. seconde. troisième. quatrième. 74. 127. 77. 57: 39. ou bien en décimales, en prenant pour unité la largeur de la première bande extérieure, , 0,578. 1,000. 0,604. 0,446. 0,307. J'ai calculé aussi les angles de déviation des rayons diffractés par la lame avec leur direction primitive, c’est-à-dire les angles compris entre les rayons diflractés, et la ligne passant par le centre du trou et le bord de la lame; pour cela, dans une autre suite d’expériences semblables aux précédentes , j'ai mesuré exac- tement la distance de la tablette au bord de la lame, et la lar- geur des bandes colorées, en ayant soin que cette tablette fûtexac- tement perpendiculaire à cette ligne tangente au bord de la lame. Après avoir répété plusieurs fois ces expériences et pris un milieu entre leurs résultats, j'ai trouvé ces angles de déviation, tels que dans la table suivante : Tome LXXVI. FÉVRIER an 1813. \ à 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Angles, Différ, Angle de déviation des rayons rouges sombres qui terminent la bande intérieure........... — 130! Angle de déviation desrayons rouges qui terminent la première bande extérieure......,....,... CL Angle de déviation desrayons rouges qui terminent 1/44" la seconde bande extérieure...,......,....4., 4,36. Angle de déviation desrayons rouges qui terminent 1,17. la troisième bande extérieure. .............., b,b3. Anglede déviationdes rayons rouges qui terminent 092: la quatrième bande extérieure. .....,..,..... 6,45. Enfin j'ai conclu de ces mesures, leslargeurs absolues des bandes colorées, à la distance de neuf pieds du bord diffringent de la lame, comme dans la table suivante : Largeur de la bande intérieure....,........,:,,,... olgne 62. Largeur de la première bande extérieure........... 1 ' ,08. Largeur de la seconde bande extérieure............ © Largeu: de la troisième bande extérieure. ......... © ,48. Largeur de la quatrième bande extérieure......,... © La A l'égard de la longueur des bandes transversales, j'ai trouvé la longueur des intérieures à la même distance de neuf pieds de la lame d’environ deux lignes et demie, et la longueur des extérieures d'environ une ligne et demie; mais ces mesures sont assez incertaines , attendu que ces bandes transversales finissent d’une manière très-confuse. (La suite incessamment.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. Ê 155 A, MÉMOIRE SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES GAZ; Par MM. F. DELAROCHE ET BÉRARD. Ce Mémoire a remporté Le prix proposé, en 1811, par la Classe des Sciences Mathématiques et Physiques de l'Institut. EXTRAIT. Daxs le Mémoire original dont nous allons donner ici un extrait détaillé, nous avons fait connoître d’une manière abrégée les travaux des divers physiciens qui ont traité avant nous la question de la chaleur spécifique des gaz. Cette partie de notre travail n’étant pas susceptible d'analyse, nous ne la rapporterons pas ici, et nous nous bornerons à direque, malgré les travaux du docteur Crawford, de MM. Lavoisier et de Laplace, de M. Gay-Lussac et de quelques autres savans , on manquoit de notions exactes sur ce sujet, lorsque nous avons adressé notre Mémoire à l’Institut (1). Nous exposerons donc, sans autre préam- bule , les résultats de nos propres recherches, lesquelles ont toutes été faites dans le laboratoire de M. Berthollet à Arcueil, et les procédés que nous avons suivis en les faisant. QG) Nous avons déposé le 3 février 1812, sur le bureau de l’Institut, un fre- mier Mémoire qui renfermoit les principaux résultats de nos recherches. V 2 e 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SECTION PREMIÈRE. Exposition du procédé suivi dans ces recherches. $ Ier. Description du Calorimètre. « Le but qu’on s’est proposé dans le travail dont on varendre compte, étoit la détermination de la chaleur spécifique des gaz, dans le sens que l’on donne ordinairement à ce mot; c’est-à-dire, de déterminer combien il faut de calorique pour les élever d’une température basse donnée, à une température plus haute, égale- ment donnée, ou, ce qui revient au même, combien ils en aban- donnent en passant de la dernière température à la première, Nous n'avons point cherché à déterminer l'influence qu’exerce sur le phéroeRE le changement de chaleur spécifique déterminé dans es gaz, par leur dilatation ou leur contraction, opérée par une élévation ou un abaissement de température; changement que leur grande dilatabilité doit rendre plus sensible que dans les autres corps, et dont M. Gay-Lussac a prouvé l’existence, mais qu’il nous a été extrêmement diflicile d'apprécier avec notre ap- pareil. » Les procédés employés jusqu'ici pour cette détermination» ayant tous paru susceptibles de quelques objections, on s’est décidé à en employer un autre fondé sur les considérations suivantes : « Supposons que l’on ait une source constante et uniforme de chaleur, dont l’action se porte en entier sur un corps À isolé dans lair, ce corps se Péchautore peu à peu jusqu’au point où, en raison de l'élévation de sa température sur celle de l'air am- biant, il perdra autant de chaleur qu’il en recevra. À ce point la température deviendra stationnaire, si celle de l'air ne varie pas. » D'un autre côté, c’est un principe généralement admis et dont la justesse ne peut être contestée, surtout lorsqu'il s’agit de petites différences de température, que les quantités de chaleur perdues à chaque instant par un corps chaud isolé dans l'air, sont proportionnelles à l'excès de sa température sur celle de l'air environnant, Or, puisque le corps A, une fois qu'il est parvenu à son maxämum, perd autant de chaleur qu'il en reçoit, et que celle qu’il perd dans un tempsdonné est proportionnelle à l’excès de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 sa température sur celle de Pair ambiant; il faut donc en conclure que, parvenu à ce point, la quantité de calorique qui lui est communiquée par la source de chaleur dans un temps donné, est aussi proportionnelle au même excès. » Maintenant. qu'on se figure un cylindre de cuivre mince, de 15 centimètres de hauteur sur .8 de diamètre, rempli d’eau distillée et traversé par un serpentin de plus de r mètre de longueur , formant huit tours de spire , et dont les deux extré- mités s’ouvrent en dehors du vase, l’une dans le haut et l’autre dans le bas; si on fait traverser ce serpentin par un courant régulier d’un gaz maintenu avant son entrée à une température élevée et constante, ce courant pourra être considéré comme une source de chaleur uniforme , et le cylindre comme le corps A. Par conséquent, si on répète la même expérience sur chacun des gaz, chaque courant élevera la température du cylindre à un point fixe, où elle sera stationnaire; et parvenu à ce point, il suivra des principes exposés, que la quantité de chaleur com- muniquée au cylindre dans un temps donné, par chaque courant, sera proportionnelle à l'excès de cette température stationnaire sur celle du milieu ambiant. » On obtiendra donc par ce moyen, d’une manière très-exacte, la chaleur spécifique comparative des gaz qu’on pourra soumettre à ce genre d'expériences. Il y aura ensuite deux moyens pour la comparer à celle de l’eau. Le premier consiste à soumettre le cylindre dont nous venons de parler, et que nous désignerons dans la suite par le rom de calorimètre, à l’action d’un courant d’eau régulier et assez lent pour qu'il ne produise guère plus d'effet que le courant des décèus gaz. Le second moyen consiste à déterminer par le calcul, la quantité réelle de chaleur que le calorimètre, parvenu à sa température stationnaire, perd dans un temps donné; car nous avons démontré que, parvenu à ce point, la chaleur qu'il perd dans ce temps donné, est égale à celle qu’il recoit du courant de gaz dans le même temps. » On concevra qu'il eût été extrêmement lent d'élever la tem- pérature du calorimètre, de toute la quantité nécessaire pour le faire parvenir au point où elle devoit être stationnaire par le seul effet du courant de gaz chaud, et que l'observation de la marche de son réchauffement perdant tout ce temps, n’eût été d'aucune importance. On a donc préféré de l’élever d’avance, à l’aide d’une lampe à esprit-de-vin, à un terme que des essais préliminaires nous faisoient juger devoir être voisin de celui où 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette {empérature auroit été stationnaire. On l’abandonnoit alors. à lui-même en le faisant traverser par le courant de gaz chaud, et on observoit la marche de son réchauffement de 10 en 10 minutes; malgré cette précaution il eût été très-long d'attendre que ce réchauffement füt parvenu à son z2aximum, et il eût été difficile de s'assurer qu'il Feat véritablement atteint, Nous avons trouvé plus commode d’arrêter expérience lorsque par le ra- lentissement de la marche du réchauflement, nous jugions qu’il ne s’en falloit que de 3 ou 4 dixièmes de degré au plus, qu’il eût atteint son r1axémum; élevant alors la température du ca- lorimètre, par l'approche d’un corps chaud, d’une quantité un peu plus considérable, qui lui faisoit dépasser ce #7aximum, le calorimètre abandonné ensuite à lui-même se refroidissoit, quoique le courant de gaz chaud continuât à le traverser. Nous observions de même la marche de ce refroidissement de 10 en 10 minutes, et nous arrêtions l'expérience quand le ralentissement de ce re- froidissement indiquoit que le calorimètre étoit aussi près du terme où sa température auroit été stationnaire, qu'il l’étoit dans l'expérience précédente. Prenant alors la moyenne entre les ob- servations finales des deux séries, nous obtenions avec exac- titude le terme où la température de notre calorimètre seroit devenue stationnaire, si l’action réchauflante du gaz chaud eût été assez long-temps continuée. » On déterminoit la température du calorimètre aumoyen d’un thermomètre à réservoir cylindrique , dont la longueur étoit à peu près égale à la hauteur du calorimètre, afin d’avoir bien la température moyenne de toutes les couclies d’eau. Ce thermo- mètre étoit assez sensible pour qu’on püût appercevoir, sans hé- siter, 0,02 de degré. Nous allons maintenant dire un mot des moyens dont on s’est servi pour avoir un courant constant de gaz, pour lui donner une température.constante, pour déterminer la température de ce courant à son entrée dans le calorimètre et à sa sortie , et pour apprécier les causes qui pouvoient , indépen- damment de ce courant , élever la température du calorimètre. » S Il. Appareils employés pour faire traverser le Calorimètre par un courant régulier de gaz chaud. On s'est servi pour avoir un courant régulier de gaz, du gazomètre de WVollaston , mais pour échauffer le calorimètre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 jusqu'au point où sa température auroit été stationnaire, il auroit fallu des quantités extrêmement considérables de gaz, ce qui eût été dispendieux pour quelques-uns, et il auroit fallu en second lieu, donner aux gazomètres des dimensions très-grandes. Pour obvier à ces inconvéniens , on s’est servi de deux gazomètres construits d'une manière semblable, et arrangés pour donner deux courans égaux : on avoit disposé ces gazomètres de facon qu’on faisoit passer le gaz soumis à l’expérience, d’un gazomètre dans l'autre, sans que la régularité du courant fût troublée. Le gaz sortant du premier gazomètre avant d’aller dans le second, ‘ traversoit un tube long de plus d’un mètre, renfermé dans un tube plus large, dans lequel circuloit continuellement un courant de vapeur d’eau. Là, le gaz étoit échauflé , et on lui faisoït ensuite traverser le calorimètre au sortir duquel il se rendoit dans le second gazomètre. Quand le premier gazomètreétoit entièrement vidé, on y faisoit repasser le gaz qui, au moyen de robinets convenablement disposés, pouvoit encore, dans son trajet, s’é- chauffer dans le tuyau enveloppé de vapeur d’eau bouillante et traverser après le calorimètre. Par ce moyen, avéc la quantité de gaz nécessaire pour remplir l’un des gazomètres, on pouvoit faire traverser le calorimètre par un courant de gaz chaud pendant plusieurs heures (1). Nous avions disposé l'appareil de manière que le calorimètre se trouvoit dans une chambre séparée dont on ouvroit rârement la porte » et par conséquent dans laquelle lair n'étant point agité, conservoit une température qui varioit très-peu. S III. Moyens de déterminer la chaleur abandonnée par le courant de gaz en traversant le calorimètre. En échauffant les gaz par le procédé que nous venons d’in- diquer , il est évident que, soit qu’ils se missent à la température de l’eau bouillante, soit qu’ils restassent un peu au-dessous, ils acquéroient néanmoins une température constante, Il semble au premier coup d’œil, qu’il devoit être facile de déterminer cette (1) Voyez dans le Mémoire original (4nnales de Chimie, janvier et fé- vrier 1815) le procédé que nous avons employé pour empêcher que nos gaz €prouvassent aucune altération pendant la durée de l’expérience. 160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE température en plaçant un thermomètre au centre du tuyau dans lequel circuloit le gaz ; mais avec un peud’attention, on comprendra que le thermomètre ainsi placé, devoit indiquer une température plus basse que celle du courant. En effet, les parois du tuyau étoient toujours plus froides que le courant de gaz qui cireuloit dans son centre, et par conséquent elles devoient agir par rayon- ‘nement sur la boule du thermomètre et abaisser sa température. Lorsqu'on a placé dans le centre du tuyau un thermomètre à boule dorée et polie, et qui devoit par conséquent être moins influencée par le rayonnement, il s’est tenu de plus d’un degré plus haut qu’un thermomètre ordinaire. Ce fait prouve d’une manière évidente, l’influence des parois, et par conséquent la difficulté de déterminer, au moyen du thermomètre, la tempé- rature d’un courant qui circule dans un tube. Cette difficulté d'apprécier la température du courant de gaz à son entrée dans le calorimètre, nous a engagés à donner le moins de longueur -possible à la partie du tuyau de conduite intermédiaire entre le tuyau rempli de vapeur et le calorimètre ; par ce moyen nous avons fait ensorte que, malgré les causes qui pouvoient tendre à abaisser la température du thermomètre , elle se maintenoit cependant à un terme voisin de celui de l’eau bouillante, et comme nous étions certains que la température réelle du courant de gaz ne pouvoit pas être inférieure à celle du thermomètre placé au centre du tuyau, ni supérieure à celle de l’eau bouillante, nous ne pouvions pas faire d'erreur impor- tante en la regardant comme égale à la moyenne entre ces deux températures. D'un autre côté, on s’est assuré que le courant de gaz en traversant le serpentin du calorimètre , perdoit tout l’excès de sa chaleur, et sortoit exactement à la même température que l'eau qui le remplissoit. On en a donc conclu que la chaleur abandonnée par le courant de gaz, étoit égale à l'excès de sa température à son entrée dans le calorimètre, telle que nous l'avons déterminée plus haut, sur celle du calorimètre. S IV. Influence du tuyau qui servoit à réchauffer le gaz sur la température du Calorimètre. Il y avoit un inconvénient à raccourcir la paitie du tuyau de conduite intermédiaire entre le tuyau rempli de vapeur et le ; calorimètre. Le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 161 ‘calorimèëfre : celui-ci se trouvoit échauffé par communication directe, indépendamment de la chaleur que lui communiquoit ce gaz qui circuloit dans son intérieur. Pour diminuer Fi quantité de chaleur cédée par ce moyen, on a employé pour cette partie du canal, un tube de verre comme étant formé d’une substance peu conductrice du calorique. Quelque précaution qu’on ait prise, on n’a pu cependant em- pêcher que le calorimètre n’éprouvât un peu l'influence du tuyau qui servoit à échauffer le gaz : mais on a cherché à déterminer avec exactitude, à combien s’élevoit le réchauffement dû à cette cause ; et on a trouvé qu’il étoit tel, qu’il pouvoit maintenir la température du calorimètre plus élevée de 2°,5 que celle de l'air ambiant. SECTION DEUXIÈME. Détermination de la Chaleur spécifique des gaz, celle de l'air élant prise pour unité. Le procédé que nous avons suivi dans les expériences que nous avons tentées sur diflérens gaz, étant le même pour tous, et ayant été développé d’une manière suffisante dans la section pré- cédente , on se contentera d’en présenter les résultats réunis dans le tableau pag. 172 et 173. Afin de les rendre plus comparables, on a fait quelques corrections dont il est nécessaire de dire un mot. D'abord on a supposé que dans les limites de température, dans lesquelles les expériences ont été faites, la chaleur spéci- fique des gaz ne varioit pas; cependant celte petite différence de température influoit beaucoup sur la mesure des gaz, et pour pouvoir mieux comparer les résultats, on a supposé dans la quatrième colonne que tous avoient été mesurés à o°.. Pour ramener les résultats obtenus avec les diflérens gaz à une même pression, il falloit connoître , au moins d’une manière approchée , l'influence de la pression sur la chaleur spécifique des gaz. C’est pourquoi on développera dans une des sections suivantes, la manière dont on a obtenu par le calcul, les nombres qui composent la onzième colonne. La dernière colonne de ce tableau indiquant l'excès de la tem- pérature stationnaire à laquelle chaque courant auroit maintenu le calorimètre, sur celle de l'air ambiant, toutes les circonstances Tome LXXVI. FÉVRIER an 1813. < 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE étant les mêmes; elle peut représenter les chaleurs spécifiques correspondantes. On en conclut que La chaleur Gpécifique de l’air étant. ......... 10000 MI CRETE 1,0000 Celle d’un même volume d'hydrogène est..... 0,9053 d’un même poids 12,3401 d'acide carbonique .. 1,2583 ........... . 0o,8280 d'oxigène. ....... HO 070MÉ ET ... 0,8848 dAZOLO NS tee sets 1200008 eee 1,0318 d’oxide d’azote...... 1,8503 ....... Ntold8re de gaz oléfiant, ..... BB 30 MS RENE 1,5763 . d’oxide de carbone... 1,0340 ........,... 1,080 SECTION TROISIÈME. Détermination de la chaleur spécifique des gaz par un autre # "9 Li procédé. Si au lieu de déterminer à quel point chaque courant de gaz chaud pouvoit maintenir la température du calorimètre station- naire, on s’éloit proposé de chercher pendant combien de temps il auroit fallu faire circuler chaque courant, ou, en d'autres termes, combien il auroit fallu de chaque gaz pour communiquer à notre calorimètre un nombre de degrés donnés, en supposant que chaque courant perdit le même nombre de degrés en traversant le ca- lorimètre; n'est-il pas évident que la chaleur spécifique de chacun des gaz se seroit trouvée en raison inverse de la quantité de gaz nécessaire pour communiquer au calorimètre le même nombre de degrés? Cette considération pouvoit nous fournir un autre procédé pour obtenir la chaleur spécifique comparative de chacun des gaz. Au reste il y a déjà long-temps que l’on avoit eu l’idée de déterminer la chaleur qui se dégage dans une circonstance quelconque par un procédé analogue; mais on avoit à lutter contre une cause d'erreur qui nuisoit beaucoup à l'exactitude des résultats. À mesure que le corps servant de calorimètre, se réchauffoit, l'air et les corps environnans lui enlevoient une partie de sa chaleur; toute celle qui lui cédoit la source calo- rifique, m'étoit donc pas employée à élever sa température, et il falloit en conséquence tenir compte de la quantité de chaleur perdue, et cela étoit presque toujours fort diflicile, C’est pour parer à cet inconvénient , que M. de Rumford a eu l’heureuse idée de prendre pour point de départ, non la tem- pérature de l'air environnant, mais une température un peu in- férieure, à laquelle il a soin d'amener son calorimètre, et de ET D'HISTOIRE NATURELLE, 163 ne faire durer l'expérience qu'autant qu'il est nécessaire pour qu'il atteigne, dans son réchauffement, un terme aussi élevé au-dessus de la température environnante, que celle-ci l'étoit elle-même au-dessus de la température initiale. Par ce moyen on rend l’échauffement du calorimètre indépendant de la perte de chaleur qui peut se faire dans l'air ; car si, d’une part, pendant la première moitié de l'expérience, cet air, plus chaud que le calorimètre , lui cède une quantité de chaleur quelconque; de l’autre, dans la seconde moitié, par une raison inverse, il lui en enlève une quantité à peu près égale, nous disons à peu près égale ; car, pour que la compensation fût complète, il faudroit que les temps dans lesquels s'effectuent les deux parties du ré- chauffement fussent égaux, ce qui ne peut pas exactement avoir lieu. x Cette modification ingénieuse nous a fourni le moyen de dé- terminer avecexaclitude quelle quantité il falloit de chaque gaz pour communiquer au calorimètre, en supposant que tous se relroidissent du même nombre de degrés, une élévation de température donnée. Nous consignons le résultat de nos expé- riences dans le tableau pag. 174 et 175. NoTa. 10. Nous nous sommes assurés par deux expériences préliminaires très-soignées, et qui ont donné des résultats très-rap- prochés, que dans les expériences faites suivant ce procédé, le tuyau qui servoit à échaufler le gaz, cédoit au calorimètre, dans 10 minutes, une chaleur capable d'élever sa température de o°,190; et comme la chaleur cédée ainsi au calorimètre étoit sensiblement proportionnelle au temps, rien n’a été plus facile que de corriger les résultats sous ce rapport. 20, La correction relative à la pression a été faite d’une ma nière analogue à celle qui a été calculée dans le précédent tableau. Il résulte de ce que nous avons avancé, que les nombres con- tenus dans la dernière colonne de ce tableau, sont en raison inverse des chaleurs spécifiques, et par conséquent La chaleur spécifique de l'air étant..,.......... 1,000 parle rer procédé 1,0000 Celle d'un même volume d'hydrogène: ........ GES Jendonnes .. 0,9033 d'acide carbonique. .. 1,311 .. ac 1,2583 d'OpÉRE cree GÉyl'udaaus0e co 0,9765 GEO ENS SE HDOCOM ENT : 1,0000 doxdeld'azote VIRE. CIM LOIRE ENT. 2. 1,5503 de gaz oléfiant. ...... Te ON ET OISE à . 1,530 d'oxide de carbone. .. 0,983 .......... . 1,0340 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SECTION QUATRIÈME. Chaleur spécifique de la vapeur d'eau comparée à celle de l'air. La vapeur aqueuse étant un fluide élastique qui exerce une influence très-marquée sur un grand nombre de phénomènes, il étoit important d’avoir quelques notions sur sa chaleur spécifique ; mais on sent qu'il étoit presqu’impossible d'opérer sur ce fluide dans son élat de pureté; car il faudroit pour des expériences de ce genre, que la totalité des appareils fût portée à plus de 100°. On est donc obligé, quand on veut chercher la chaleur spécifique de la vapeur, d’avoir recours à son mélange avec l'air, et il faut ‘ encore qu'une grande partie des appareils soit dans une atmos- phère très-chaude , si on veut que la vapeur fasse une quantité notable du mélange. Notre procédé se prétoit assez facilement à cette détermination. Il suflisoit, en eflet, d'examiner compara- tivement à quel terme la température du calorimètre étoit main- tenue stationnaire; d’abord par un courant d’air sec, et ensuite par le même courant augmenté de toute la vapeur qu'il pourroit dissoudre à une température déterminée, condition qu'il nous & été facile de remplir. Voici le résultat d’une expérience faite dans cette vue. Un courant chaud d’air atmosphérique sec, a élevé la température du calorimètre de 8°,43 au-dessus de lair ambiant, et l’a main- tenue stationnaire à ce point. Le’ même courant saturé en outre de vapeur d’eau à la température de 39°, toutes les autres cir- constances étant absolument les mêmes, a constamment maintenu la température du calorimètre plus élevée de 90,53 que celle de l'air ambiant. La différence entre ces deux résultats est donc de 99,53 — 8,43 — 1°,1 — eflet produit par la vapeur. Le baromètre pendant la durée de cette expérience, étoit à 0,7594 mèlres. Avec cette donnée; si l’on consulte la table de Dalton, on trouvera que le volume de l’air étoit à celui de la vapeur dans le rapport de 15,0 à 1. Nous avons vu que l'effet de cette vapeur étoit exprimé par 1°,r, et comme en général cet eflet est proportionnel à la quantité de fluide élastique qui traverse le calorimètre, il en résulte qu’un courant de vapeur semblable au courant d’air, auroit élevé dans les mêmes circons- tances le calorimètre de 160,5 au-dessus de l’air ambiant. On peut done conclure de ces deux expériences, que ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 La chaleur spécifique de l’air étant. 1,00 ........,.. 1,000 Celle de la vapeur d’eau est sous le même volume. «ss... 1,96 sous le même poids 3, 136(x). Nous sommes cependant forcés de convenir que la quantité de vapeur et son efet étant très-petits et ayant été multipliés par 15 pour établir la comparaison avec l'air, une pelite erreur are l'expérience peut en porter une assez considérable dans le résultat. SECTION CINQUIÈME. Chaleur spécifique de l'air sous différentes pressions: La forme de nos gazomètres étoit telle que nous pouvions faire circuler , de l’un dans l’autre, de l’air soumis à différentes pressions. Il nous a doc été facile d’échauffer aussi d'avance des courans d’air sous différentes pressions, et de déterminer à quel terme chacun maintenoit la température du calorimètre stationnaire. Voici le résultat de deux expériences comparatives faites sur l'air à deux pressions différentes. Un courant d’air atmosphérique de 35,961 litres dans 10 minutes sous la pression de 1,0058 mètres de mercure, en se refroidissant de 729,415, abandonnoïit une quantité de chaleur suflisante pour maintenir la température du calorimètre à un terme plus élevé de 18°,703 que celui où elle se seroit maintenue sans ce courant. Tandis qu’un même courant d'air sous la pression de 0,7405, toutes les circonstances étant les mêmes, ne maintient la tem- pérature du calorimètre que de 15°,423 plus élevée que celle de l'air ambiant, le rapport de ces deux nombres peut être pris pour celui des chaleurs spécifiques. Ces deux expériences comparatives répélées avec un grand soin, nous ont donné, après avoir fait tous les calculs pour le rapport de la chaleur spécifique de lair soumis à une pression de 0,740, à cellede l'air soumis à la pression de 1M,0056, celui de 1,:1,2665. (:) Cette chaleur spécifique a été calculée d’après la supposition que le poids de la vapeur est à celui de l’air comme 10 : 16.Gay-Lussac, Annales de Chimie, tome LXXX, pag. 218. 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, BE CHIMIE En prenant la moyenne entre ces deux résultats, on trouve que La chaleur spécifique de l’air (à la pression de 0,7405) étant....... 1,0000 ...,....... 1,0000 Celle d’un même volume d’air (à la pression de 1,0058) est......... 1,236 et d’un même poids. o,9126 Si l’on suppose que les différences entre les pressions sont pro- portionnelles aux différences entre les chaleurs spécifiques cor- respondantes, on pourra , au moyen des résultats précédens, ra- mener par le calcul la chaleur spécifique de l'air prise à une pression à ce qu'elle seroit sous une pression différente. Mais on sent que pour que la supposition que nous énonçons ici ap- proche de la vérité et puisse s'appliquer à tous les gaz, il faut que les différences entre les pressions soient très-petites; c’est ce qui nous porte à croire que nous mavons pas fait d’erreur sen- sible en exécutant dans les tableaux précédens une correction fondée sur ces principes. SECTION SIXIÈME. Détermination de la chaleur spécifique des gaz, comparée à celle de Peau. S Ier. Premier moyen. Dans la détermination que nous avons faite du rapport de la chaleur spécifique des différens gaz, nous sommes partis de ce principe, que cette chaleur spécifique étoit proportionnelle au maxinum d’élévation de température, auquel un courant chaud de chaque gaz pouvoit amener le calorimètre : pour rapporter ces chaleurs spécifiques à celle de l’eau, il suflisoit donc de comparer les effets produits sur les différens gaz, à celui que produiroit sur le calorimètre un courant d’eau chaude assez lent pour que cet effet ne fût pas beaucoup plus considérable. Nous avons obtenu un courant d’eau très-lent au moyen d’un syphon capillaire qui plongeoit dans un vase plein d’eau à niveau constant. Ge courant étoit échauffé en traversant un tube rempli de vapeur d’eau, et traversoit ensuite le calorimèlre. Entre le tube qui échauffoit ce courant et le calorimètre, le courant parcouroit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 un trajet d'environ 1 centimètres, où l’on avoitdisposé un appareil convenable pour prendre sa température d’une manière exacte. Au sortir du calorimètre, l’eau arrivoit par un tube tiré enpointe, dans un tube gradué qui servoit à mesurer la vitesse du courant. Il résulte de l'expérience faite par ce procédé, qu’un courant d'eau de 37,750 grammes dans 10 miüutes en se refroidissant de 29,072, maintient la température du calorimètre élevée de 209,713 au-dessus de celle de Pair ambiant. En comparant ce résultat à celui obtenu avec le courant d’air présenté dans le premier tableau , en ayant soin de traduire d'avance les litres en grammes. On trouve que La chaleur spécifique de l’eau élant. . . . . . . 1.0000 Belleïde Vainiebt eme lritl-ss 241 L0EIN 02460 Une seconde expérience a donné. . . . . . . . 0,2536 Moyenne ere Mes muet eo :2 400 SRE Second moyen. Le second moyen de connoître le rapport entre la chaleur spécifique de l'air et celle de l’eau, consiste à déterminer par le calcul la quantité réelle de chaleur abandonnée dans un temps donné par le calorimètre lorsque le courant d’air chaud a rendu sa température stationnaire : il est en effet évident que, parvenu à ce point, le calorimètre perd une quantité de chaleur égale à celle qui lui est communiquée par le courant. Voici les bases de ce cale appliquées à l'expérience faite sur l’air et présentée dans le premier tableau. ; Nous connoissions exactement la quantité de cuivre et d’étain qui entroit dans la composition de notre calorimètre, et la quantité d’eau qu’il contenoit ; sa masse totale renfermoit autant de cha- leur que 596,8 grammes d’eau distillée. D'un autre côté, nous avons reconnu, par une expérience très- soignée, que si, après que le courant d’air atmosphérique chaud a fait parvenir la température du calorimètre à un point sta- tionnaire, on arrète ce courant et on abandonne le calorimètre à l’air libre, il perd dans 20 minutes une chaleur capable d'a- baïsser sa température de 2°,887. Ce nombre de degrés n’est pas 165 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la quantité cherchée, parce que dans cette expérience la vi: tesse de refroidissement diminuoit à chaque instant; mais cette expérience, au moyen d’un calcul facile, peut nous conduire à trouver la quantité de chaleur perdue, si la vitesse de refroidis- sement eût élé pendant les 20 minutes la même qu’elle étoit au premier instant, Cette quantité étant représentée par S, on a S—= A log. hyp. =; Dans celte équation A désigne l'excès de température du calo- rimètre sur celle de lair environnant dans le premier instant de l'expérience, et B cet excès au bout de 20 minutes, en sup- posant le calorimètre abandonné à lui-même. En en faisant l’ap- plication à l'expérience faite sur Pair, on voit, par le premier tableau, que À — :15°,734, et d’après l'expérience précédente A — B — 29,887, et par conséquent B — 12°,847, ce qui donne S — 30,189. Une autre expérience calculée de la même ma- nière, a donné pour S — 3°,2089; la moyenne de ces deux valeurs est S —3°,1902, qui représente le refroidissement du calorimètre dans 20 minules, si sa vîtesse de refroidissement eût été pendant tout ce temps la même que dans le premier instant; on auroit - —= 10,5996 pour le même refroidissement pendant 10 minutes. Le courant d'air chaud communiquoit donc au calorimètre dans 10 minutes, une chaleur capab}- d’élever sa température de 1°,5996. Or la quantité d’air qui trax -rsoit le calorimètre dans le même temps, étoit , d’après ce tableau, 35,99 litres, ou 46,860 grammes , et le refroidissement que cet air éprouvoit pour pro- duire l’effet dont nous venons de parler, étoit, d’après le même tableau , de 722,415. Donc pour élever 46,860 grammes d’air de 720,41d, il faut autant de chaleur que pour élever le calorimètre, ou 596,8 grammes d’eau distillée de :1°,5996; donc la chaleur spécifique de l'eau étant r, celle de Pair est 0,2813. S III, Troisième moyen. Les expériences que nous avons faites en suivant le procédé dont le travail de M. de Rumford nous a donné l’idée, nous donne un moyen plus direct et plus simple, et en même temps assez exact , €T D'HISTOIRE NATURELLE. 169 exact, de déterminer le rapport de la chaleur spécifique de l’eau à celle de lair. { Dans ces expériences le calorimètre contenoit autant de chaleur que 620,8 grammes d’eau distillée. Or il résulte de l’expérience faite sur l’air, et présentée dans le second tableau, que 83,20 litres d'air, ou 108,32 grammes, en subissant un abaissement de température de 85°, élèvent la température du calorimètre ou 620,8 grammes d’eau distillée de 4°: on trouve par là, au moyen d’un calcul bien simple, que la chaleur spécifique de l’eau étant x, celle de l'air est 0,2697. La détermination de la chaleur spécifique de l'air par ces trois procédés, conduit à des résultats extrémement rapprochés les uns des autres; en prenant la moyenne entre tous les trois, on trouve 0,2669. Maintenant en adoptant pour les rapports de la chaleur spécifique des gaz à celle de l’air, ceux auxquels nous ont conduit nos premières expériences, on peut construire la table suivante des chaleurs spécifiques des différens gaz: Sous la pression de 0,76. Chaleur spécifique de l'eau... . . . . . . . 1,0000 de l'air atmosphérique.. . . 0,2669 du gaz hydrogène.. . . . . 3,2936 de l’acide carbonique. . . . 0,2210 de l'oxigène. = .1: . . /10,2367 de lazote-nt ch. NO 2704 du gaz oléfiant. . . . . + . 0,4207 de l’oxide de carbone. . . . 0,2684 de la vapeur aqueuse. . . . 0,8470 SECTION HUITIÈME. Considérations générales. Voici les principaux résultats auxquels conduisent les expé- riences présentées dans ce Mémoire. 1°. La chaleur spécifique des gaz n'est point la même pour . . , . C3 LA tous, soit qu'on ait égard aux volumes, soit qu'on ait égard aux poids. o. La chaleur spécifique de l’air atmosphérique considérée sous le rapport des volumes, augmente avec sa densité, mais Tome LXXFVI. FÉVRIER an 1813. Y 170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE suivant une progression moins rapide. Par conséquent, considérée sous le rapport des masses, elle diminue à mesure que la densité augméute, mais encore en suivant une progression moins rapide. On avoit attribué l'absorption ou le dégagement de calorique qui se dégage lorsqu'on dilate ou qu'on comprime l'air, au changement que l’on supposoit s’opérer dans la chaleur spécifique de l'air; mais cette explication reposoit sur une simple suppo- sition que nos expériences, si elles sont exactes, changent main- tenant en certitude. 3°. Pour des volumes égaux la chaleur spécifique des gaz est presque nulle relativement à celle des corps sohdes ou liquides. 4°. Le peu de chaleur spécifique de l’air nous porte à penser sa pourroit y avoir de l'avantage , sous le rapport de l'économie es combustibles, en faisant usage de machines dans lesquelles on emploieroit la dilatation de l’air au lieu de celle de Peau réduite en vapeurs; et plus on éleveroit la température de l'air, plus il seroit avantageux de se servir de ce moteur. 5°, Nous avons trouvé que la vapeur aqueuse a une chaleur spécifique moindre que celle de l’eau. Ce résultat extraordinaire a été fourni par une expérience très-délicate et très-dificile à faire. Aussi, malgré tout le soin que nous y avons apporté, nous n’osons en garantir la justesse. Il doit servir à montrer combien il seroit intéressant de faire des expériences plus nombreuses sur un pareil sujet, 6°. Il résulteroit encore de nos expériences, qu’on ne peut pas admettre le rapport que quelques physiciens ont cru apper- cevoir entre les chaleurs spécifiques des composans et celle des composés qu’ils forment. On sait que le docteur Irwine avoit pré- senté une théorie dans laquelle il cherchoit à expliquer la chaleur dégagée dans la combinaison de deux corps, par la moindre chaleur spécifique’ du corps composé ; mais d’après nos expé- riences , l’eau présenteroit contre cette théorie une objection qu’il nous paroît impossible de réfuter. En effet, on trouve, d’après Ja Table que nous avons présentée, qu’un mélange d’oxigène et d'hydrogène dans le rapport convenable pour former de l’eau , a une chaleur spécifique représentée par 0,63, tandis que la cha- leur spécifique de l’eau formée par ce mélange seroit 1. On con- noît cependant l'énorme quantité de chaleur qui se dégage lorsqu'on combine l’oxigène avec l'hydrogène. Ce résultat extraor- dinaire, et en même temps très-important, ne peut étre rejeté, à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 171 moins de porter l’influence des erreurs que nous avons pu com- mettre dans nos déterminations, au-delà des limites qu'il est rai- sonnable de leur assigner. Si d’un autre côté on fait attention au peu de chaleur spécifique du gaz oxigène, on concevra qu'il devient bien difficile d'ex- pliquer par un changement de chaleur spécifique, la chaleur qui se dégage dans les combustions en général. Aussi tous les re de la théorie d’Irwine avoient-ils porté la capacité de oxigène pour le calorique, bien au-delà de celle que déterminent nos expériences. Nous sommes cependant loin de nier qu’il n'existe aucune re- lation entre la chaleur spécifique des composés et celle des com- posans , elle est attestée par beaucoup de faits. En effet nous avons vu que l'hydrogène est celui de tous les corps qui a la plus grande chaleur spécifique; aussi les composés qu'il forme ont une chaleur spécifique beaucoup plus grande que celle des autres corps. De là vient la grande chaleur spécifique de l’eau, des substances végétales et animales, de lammoniaque, du gaz Se 8 , > oléfiant, etc. 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nombre [Pression et tempéra- ture auxquelles lelr, même courant à été me- NOMS DES GAZ {läelitres de gaz qui tra- versaient le calori- mètre dans AUX EXPÉRIENCES. [dix minu- soumis tes. 1ere expér. | 36,91 2° expér. | 30,53 Air atmosphérique. ro £ 17e expér. | 37,84 ED 5 F S Q d 81,5 S 2° expér. 1,50 (ee) É pate expér.| 36,11 s SE © Oo S Lotexpér. | 30,95 Ë ë 1ere expér.| 37,42 20 # © N : E 2®expér. | 31,30 Gaz oxide d'azote. | 30,31 Gaz oléfiant. 30,85 Gaz de car— 30,85 surc. 6°8 8.9 12.1 g-0 © ,7494 o ,7b4D o ,7b82] ? o ,7535 nombre de litres ramené EC Tempéra- ture à la- quelle le courant de gaz entrait dans le calorimètre. 96,30 97 00 97,35 97,5 Température du calorimètre lors- naire, et par con=| séquent tempé- rature du gaz qui sortait du calori- mètre. RE D LR RE EE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 173 Fea| , Excèsdel Excès de tempéra- Excès de tempé- xcésdelatem-| ture auquel le cou-| rature auquel le pérature +5 rant de gaz aurait courant aurait Degrés du ther- SR U| maintenu le calo-| maintenu le calo- T' ; momètre per-| Ca SE rimètre , si le cou-| rimètre, si les cir- E FR En dus par le cou- De ce bi - rant eût été le) constances eus- air qui en- = air amDIan 3 te le: ê p Seat JL le rant de gaz Se 205 | Même que dans la! sentétéles mêmes RSS dans son pas- L 3 e| 1re expérience sur) que dans la co- rimetre. sage à travers] qui St l’ef Pair atmospheri Ë 2 sage À tri atinc riq. lecalorimètre. a da re et s’il eût subi 4 ans eque e courant était échauffé. Moyennes. 7°,262 729,415 15°,423 15°,423 15°,644 15°,734 9,776 72,233 12,791 15,753 8,040 71,035 14,29b 14,254 12,017 69,893 11,290 13,972 — ——_———— ——— | — —— 6,552 69,278 18,496 19,791 12,016 67,552 15,082 19,662 ——— 8.158 71,941 15,111 15,124 13,205 68,536 12,059 15,344 8,923 69,076 16,501 21,935 9,258 67,062 18,530 8,475 73,045 13,530 174 NOMS DES GAZ soumis JOURNAL DE PHYSIQUE, AUX EXPÉRIENCES. DE CHIMIE Température et pression Nombre de auxquelles Le même [Température litres de gaz nombre de li-| du gaz à son quionttra| legaz a été mesuré. {tres ramené| entrée dans versé le ca- à la tempéra-| le calorimè- lorimètre. [<< |ture de 00. | tre. Thermom.| Baromètre. \ d 81,4 11°0 3 SE dE le RE 3 CR _ .È <= 799 11,0 ) << 2° expér nt 58,2 11,0 3 d 89,6 12,5 (=. 1ere expér. Sd N “Ep Th mers 44,7 : 12,5 dE 90,0 19,5 2 2 E 2 expér. LR 44,6 12,5 = ÿ 7 r TPE 10,8 SE DH { 32,3 10,8 EE 6 8 & _ SA 937. 10 GE ab expér. { RES CRC 3 82,9 12,6 SE vf | 41,5 | 12,6 O0. 84, o 2,6 Ë 2° expér. { R 19 6 | 3 & qere expér. me | 56 bg, 9,0 [e] S 5 Pclex 2997 9,9 les pér. 30,2 9,0 Ë er. 49,8 10,0 | a EPP { 25,8 10,0 ec 5o,0o 10,0 È 2° expér. { 25.7 10,0 gs r 77,6 9,0 LÉ À 1°re expér. { 58,9 9,0 = N 3 f 78,0 9,0 Se vi] expér. 1 ASE 9,0 ET D'HISTOIRE NATURELLE. Température |Degrés de cha- du gaz à sasor] leur perdus tie du calori-| par Île gaz mètre, laquelle sons pas- est égale à celle] sage à travers de Pair am-| le calorimè- tre, 850662 85,662 85,662 85,662 Effet produit par! le conrant de gaz sur le calo- rimètre , abs-| traction faite de la chaleur com- muniquée par) le tuyau qui servait àéchauf- fer le gaz. Effet que le gaz an-| rait produit sur le} calorimètre dans les mêmes circons-| tances que dans la colonne précéden- te, et s'il eùt été en outre soumis à la pression de 0,76. Nombre de brel de gaz (à oet 0®,:6)qu'il au- rait fallu pour élever la tempé- rature du eo rimètre de 40, si ce gaz, en le tra- versant, eût per- du 850. Moyennes. 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE : OBSERVATION D'UNE NOUVELLE COMÈTE. Pows, attaché à l'Observatoire de Marseille, y a découvert une nouvelle comète, le 4 février, dans la constellation du Zézard. Elle est très-petite, sans queue, barbe, ni chevelure. Elle a l'apparence d’une nébuleuse diffuse sans noyau apparent. M. le baron de Zach l'a observée les 5, 6 et 7 février. Voici les positions qu’il lui a trouvées. Ascension droite. | Déclinaison boréale, Dates. | Temps moyen. 5 Février. 7" 89° 5o" 340° 41° 51" 45 22! 56" 6 7 56 26 346 1 26] 42 10 36 7 7 550 43 27 59 8 32 } Son mouvement est rétrograde. C'est la cent troisième comète observée. TRAITÉ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 TRAITÉ COMPLET ET ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIQUE, Présenté dans un ordre nouveau, d'après les Découvertes modernes. Par ANTOINE LIBES. xième Édition revue, corrigéeet considérablement augmentée Deu ; g par l’Auteur.— Trois volumes in-8°, avec un grand nombre de nches. — aris, chez ourcier, Imprimeur- Plancl A Paris, chez Mme Ve Courcier, Imprimeu Libraire pour les Sciences, quai des Augustins, n° 57. BCP OR ANT TS Nous n’avions aucun Traité de Physique qui fût au courant des connoïssances actuelles, et ceux qui vouloient s’instruire dans cette belle partie de nos connoissances, étoient obligés de par- courir un grand nombre d'Ouvrages. L'auteur a entrepris de suppléer à ce défaut, et de nous donner un Traité complet de Physique. Il est parvenu à réunir dans trois volumes, les notions principales que les travaux mo- dernes ont ajoutées à la Physique. ; la mobililé des corps. Dans le second, il considère les phénomènes que présente l'énertie, soit par rapport aux corps solides, élastiques ou non élastiques, soit par rapport aux fluides. Ildécrit les lois du mouvement que présentent ces divers co rps. Dans le troisième livre il parle de l'assraction. Il la considère, 1°. Par rapport aux corps célestes, dont il décrit les mou- vemens. Tome LXXVI. FÉVRIER an 1813. F2 ‘178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 20. Il la considère dans les corps terrestres, a Par rapport à la pesanteur; b Et dans leurs molécules élémentaires, © Par rapport à la cristallisation. Dans le second volume il considère, 19 Le calorique, 20 L'élasticité, 3° L'air atmosphérique, 4° L'eau, 99 Les gaz hydrogènes, 6° Les de Ë ° Les phénomènes de la combustion, de la respiration, de la chaleur animale, de la végétation et de la fermentation; 8° Les alcalis et les terres. Dans le troisième volume il considère, 19 Le fluide lumineux Ay ant un mouvement direct, à Réfléchi, c Réfracté, d Décomposé par le prisme, e Polarisé. 20. Il parle du fluide électrique , dont il décrit les différens phénomènes. Il traite ensuite du galvanisme. 30. Il passe ensuite au magnétisme. s 4°. Enfin il termine son Ouvrage par des considérations sur les météores. Dans un petit supplément il revient sur quelques objets. Ce court exposé fait voir que l’auteur a traité de toutes les parties de la Physique. Il woublie aucune des principales dé- couvertes faites dans ces derniers temps, et s'appuie continuel- lement de l’expérience et de l’observation. Il a eu recours aux Mathématiques, lorsqu'il étoit nécessaire, mais avec discrétion , de manière que tous les physiciens peuvent lire son Ouvrage, et s’y instruire. On sent qu’il n’a pu donner dans trois volumes toute l’étendue que certains objets auroient exigée ; mais il dit toujours les choses essentielles. Cet Ouvrage doit donc être considéré comme très-utlile et ne peut manquer d'être bien accueilli du public. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 NOUVELLES LITTÉRAIRES. Recherches sur les Ossemens fossiles des Quadrupèdes , où l’on rétablit les caractères de plusieurs espèces d'animaux, que les révolutions du globe paroissent avoir détruites; par M. Cuvzer, Cbevälier de l’Empire et de la Légion-d’Honneur, Secrétaire per- pétuel de l’Institut de France , Conseiller titulaire de l'Université impériale, Lecteur et Professeur au Collége de France, Pro- fesseur- Administrateur au Muséum d'Histoire naturelle, de la Société royale de Londres, etc. Quatre volumes in-4°, avec un grand nombre de Planches. À Paris, chez Déferville, Libraire, rue Haute-Feuille, no 8, an 1612. Nous rendrons compte de cet Ouvrage intéressant. Essai d'une nouvelle Agrostographie, où Nouveaux genres de Graminées, avec Figures représertant les caractères de tous les genres; par A4. M. F. J. Palisot de Beauvsois, Membre de l’Institut, de l’'Athénée des Arts et de plusieurs Sociétés savantes, Graminum folia pecoribus ac jumentis lœæta pascua, semina minora ayibus, majora hominibus esculenta sunt. Lin. Phil. botan. Un vol. in-8°, avec un cahier de Planches in-4°. Imprimerie de Fain. À Paris, chez l’Aureur, rue de Turenne, n° 56. Nous rendrons compte de cet Ouvrage qui fera faire des progrès à la Science. Insectes recueillis en Afrique et en Amérique dans les royaumes d'Oware et de Benin, à Saint-Domingue et dans les Etats-Unis, pendant les années 1786 — 1797; par A. M. F. J. Palisot de Beauvois, Membre de l’Institutimpérialde France, etc. Un Cahier in-folio, avec six Planches. Tome Ier, huitième Livraison. De l’'Imprimerie de Fain. À Paris, chez l’Auteur, rue de Turenne, n° 56. Nous avons déjà fait connoître les sept premières Livraisons de cet Ouvrage intéressant. Cette Livraison ne l’est pas moins que les premières. 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. CI TU ERRATUM. Faute à corriger dans le Cahier précédent. Pag. 64, lign. 19. Poisson a répété ces expériences, lisez : Poisson a soumis ces expériences de Coulomb au cal- cul, et a obtenu des résultats différens de ceux de Coulomb. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Observations sur le style et le stigmate des synanthérées; par M. Henri Cassint. Pag. 97 Mémoire surplusieurs propriétés physiques nouvellement découvertes dans les molécules de la lumière ; par M. Biot. 129 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 140 Mémoire sur la diffraction de la lumière ; par Honoré Flaugergues. Second Extrait. 142 Mémoire sur la chaleur spécifique des gaz; par MM. De- laroche et Bérard. Ce Mémotre a remporté le prix proposé en 1811, par la Classe des Sciences Mathé- matiques et Physiques de l'Institut. Extrait. 155 Observation d'une nouvelle comète. 176 Traité complet et élémentaire de Physique , présente dans un ordre nouveau, d’après les découvertes mo- dernes; par Antoine Libes. 177 Nouvelles littéraires. 179 De l'Imprimerie de M”° Veuve CO DRAP Paprimeur-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. ja à HE ÿ qe TE mg me don à PER T'OEPR NAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MARS AN 1813. SUITE DES OBSERVATIONS SUR LE STYLE, ET LE STIGMATE DES SYNANTHÉRÉES ; Par HENRI CASSINI, Juge au Tribunal du département de la Seine. CINQUIÈME SECTION. Les Inules. LA conformation du style des erigeron indique clairement que la section des inules doit suivre immédiatement celle des so- lidages. La section des inules n’a pas, je l'avoue, des caractères frés- prononcés , et ses limites ne sont pas bien nettement déterminées. Néanmoins on ne peut nier que les zzula, les buphtalmum, les vraies conyza n'aient leurs styles conformés d’après un même Tome LXXV'I. MARS an 1613. Aa 162 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE modèle, lequel diffère assez de tous les autres pour nécessiter l'établissement d’une section particulière. Voici la liste des astérées dont je compose , quant à présent, cette section. Elles sont au nombre de 27 espèces appärtenant à 10 genres, 1. Enula helenium , I, dysenterica, T. britannica ,'T: pulicaria (pulicaria vulgaris, Gaertner), I.salicina , I. viscosa, I. squarrosa, I. tuberosa, 1. oculus-christi, I. ensifolia, I. arabica, I. verbas- cifolia, 1? macrophylla [marshall. H.P. (x)]. 2. Buphtalmum grandiflorum, B.aquaticum, B. spinosum. 3. Conyza squarrosa, C. thapsoides, C. rupestris. 4. Erigeron? longifolium H.P. 5. Schkuria abrotanoides. 6. Siegesbeckia orientalis, S. flosculosa. (Je ne rapporte qu'avec doute à cette section les astérées suivantes.) 7. Psiadia glutinosa ( Wildenow. Erigeron viscosum H.P.). 8. Baccharis ivæfolia (conyza ivælolia, Desf. ). 9. Grangea latifolia. 10. Gnaphalium sylvaticum. Les fleurs, dans la section des inules, sont ou hermaphro- dites, ou femelles, ou quelquefois mâles. Le style des fleurs hermaphrodites est composé d’un tronc et de deux branches. Le tronc est un filet cylindrique, glabre, articulé par sa base sur le corps qui lui sert de support immédiat, continu par son sommet à la base des deux branches. Les deux branches sont égales et semblables, complètement libres. Chacune d'elles est une languette à peu près demi-cylin- drique, ordinairement un peu élargie et épaissie vers le sommet, lequel est le plus souvent arrondi. La face intérieure de la lan- guette est bordée, d’un bout à lautre, de deux bourrelets stig- matiques demi-cylindriques, plus ou moins gros, tantôt nus, tantôt papillés, ne faisant presque jamais saillie que sur la face qui les porte. Ces deux bourrelets sont toujours espacés, et ne QG) Cette plante que M. Desfontaines m'a assuré être l’inula macrophylla de Marschall , ne doit certainement pas appartenir au genre inula , mais plutôt au genre éwphtalmum. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 confluent ensemble qu’au sommet de la branche, où ils sont ordinairement un peu plus larges et plus épais. En outre, les bour- relets d’une branche confluent par la base avec ceux de l'autre (r). La face extérieure est ordinairement glabre sur ses deux tiers inférieurs, et hérissée seulement sur son tiers supérieur, de poils- balayeurs, le plus souvent très-menus, très-courts ef très-rares, quelquefois même réduits à l’état de simples aspérités à peine sensibles. À l’époque de la fleuraison , les deux branches divergent en formant ordinairement un angle d’environ 45 degrés, et le plus souvent sans se courber sensiblement ni en dehors, m en dedans, Le style des fleurs femelles ne diffère essentiellement de celui des fleurs hermaphrodites, que par l’avortement plus ou moins complet des poils-balayeurs. En outre, le tronc et les branches sont souvent plus longs et plus minces. Quant au style des fleurs mâles, il ne m’a paru différer, dans cette section, d'un style de fleur hermaphrodite, que par l'obli- tération des bourrelets stigmatiques, jomte à une moindre di- vergence des branches. Cette unique différence étant souvent très-difiicile à saisir, il est aussi fort diflicile de distinguer avec assurance les fleurs mâles des fleurs hermaphrodites, dans les pséadia glutinosa, bac- charis ivæfolia et grangea latifolia, seules plantes de cette section qui m'aient paru avoir des fleurs mâles. Dans le grangea latifolia, les fleurs que je crois mâles, parce que les bourrelets stigmatiques my paroissent avortés, ne laissent pas pourtant d’avoir un ovaire bien conformé et contenant un ovule. Dans le baccharis ivæfolia, des fleurs de même forme et situées de même, sont quelquefois hermaphrodites , et le plus souvent mâles par demi-avortement de l'ovaire et oblitération des bourrelets stigmatiques. - Le siyle des fleurs femelles diffère aussi très-peu, dans cette section, du style des fleurs hermaphrodites. Cette similitude, qui est surtout frappante dans l’£zula pulicaria, résulte de ce que . @) I'est donc ici de toute évidence que le stigmate est nécessairement unique etnon point double. Cependant M. Richard range les inules, comme les autres corymbiferes, dans son ordre de la distigmatie. Ce seul exemple sufhiroit pour renverser son système de classification des synanthérées. “À Aa2 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHÉMIE les branches du style des fleurs hermaphrodites sont stigmatifères d’un bout à l’autre, et neportent que fort peu de poils-balayeurs. Quoique la rectitude des branches du style, dans l’état de fleu- raison, soit l’un des caractères les plus remarquables de la section des inules, ce caractère souflre des exceptions. Par exemple , les branches s'arquent fortement en dehors dans l’ézula dysen- terica; et dans d’autres plantes de cette section, on observe au contraire que les branches ont une tendance plus ou moins manifeste à s’arquer légérement en dedans. Il en est de même de la divergence des. branches, qui est presque nulle dans quelques plantes de cette section, et excessive dans d’autres. Enfin les papilles-balayeuses, qui ordinairement n’occupent que le haut de la face extérieure des branches, la couvrent toute entière dans l’ézula viscosa. Je n'ai rapporté qu'avec doute à la section des inules, les psiadia, baccharis et grangea, parce que ces plantes n’ayant point de fleurs hermaphrodites, je n’ai pu bien m'’assurer si les bourrelets stigmatiques s’étendoient jusqu’au sommet des branches et y confluoient. Dansle cas contraire, elles devroient être classées dans la section des solidages. J’aurois pu, à la rigueur, élever aussi quelque doute sur la classification du schkuria et des siegesbeckia. Mais, de toutes les astérées dont j'ai composé la section des inules, celle dont la classification est le plus hasardée est le gna- phalium sylvaticum. Je pense que tous les vrais gzaphalium sont intermédiaires entre la section des inules et celle des chry- santhèmes ; et il me paroît diflicile de décider, avec pleine as- surance, dans laquelle de ces deux sections on doit les classer préférablement. La difficulté vient de l’absencedes poils-balayeurs, et de ce qu’on ne peut clairement discerner si le sommet des branches du style.est arrondi ou tronqué carrément , et si les bour- relets stigmatiques confluent ou demeurent distincts au sommet. Dans cette incertitude, et sans avoir aucun égard à l’ordre naturel, dont je ne dois-point m'occuper quant à présent, je n’ai pas craint d’attribuer à la section des inules le graphalium sylva- ticum ; dont le style m'a paru ressembler davantage à ceux de cette section, tandis que j'ai classé dans celle des chrysanthèmes, par un motif semblable, tous les autres graphalium que fai observés. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 185 SIXIÈME SECTION. Les Chrysanthèmes. La section des chrysanthèmes doit suivre immédiatement celle des inules, avec laquelle elle a une très-grande aflinité sous le rapport de la conformation du style. Voici la liste des astérées dont je compose, quant à présent, ma section des chrysanthèmes : elle comprend 111 espèces appar- tenant à 19 genres. 1. Chrysanthemum leucanthemum, C. segetum, C. coro- narium, C. pinnatifidum, C. frutescens , C. præaltum, C. my- conis, C. balsamita-multifida, C. carinatum, C? indicum, C. corymbosum , C. petræum, CG. grandiflorum, C. coronopifolium. 2. Achillea millefolium, A. millefolium-purpureum, A. ptar- mica, À. nobilis, A. ageratum, A. macrophylla, A. falcata, A. magna, À, impatiens, A. crithmifolia, A. setacea, A. ochro- leuca, A. pectinata, À. filipendulina, A. alpina, A. tenuifolia, A.rosea, À. dracunculoides, A. sambucifolia, A. decumbens. 3, Matricaria chamomilla, M. parthenium, M. maritima, M. capensis. 4 Anthemisnobilis, A. cotula, À. arvensis, A. tinctoria, A. altissima, A. arabica, A? globosa, A, caucasica, A, valentina. 5. Anacyclus clavatus. 6. Cineraria maritima, G. cruenta, C. lanata, C. geifolia. 7. Santolina chamæcyparissus, S. rosmarinifolia, S. tomen- tosa, S. eriosperma. | 8. Athanasia annua, À. parviflora, A. crithmifolia. 9. Tanacetum vulgare, T. vulgare-crispum. 10. Balsamita suaveolens, B. virgata, B. ageratifolia. 11. Diotis candidissima. 12. Cacalia suaveolens, C. ficoides , €. odorata. 13. Senecio vulgaris, S. jacobæa, S. viscosus, S. erucæfolius, S. abrotanifolius, S. doronicum, S. doria, S. coriaceus, S. elegans, S. ægyptius, S. coronopifolius, S. triflorus , S. rupestris, S. lon- pifolius, S. vernalis, S. halimifolius, S. cacalioides. 14. Helenium autumnale, H, autumnale-pubescens, H.: qua- dridentatum. 15, Doronicum pardalianches, D. plantagineum. 186 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 16. Arlemisia vulgaris, A. campestris, A. absinthium, A. glacialis, À. arborescens? A, capillifolia, A. inodora, A, obliqua. 17. Helichrysum fulgidum (Persoon. Xeranthemum fulgidum). 18. Gnaphalium fœtidum, G. orientale, G. stæchas, G. stæchas- minor, G. cymosum, G. luteo-album, G. uliginosum, G. spathu- latum (Lam.), G. globosum (H. P.), G? leyseroides (x). 19. Cotula coronopifolia, GC. anthemoides. Il ya, dans cette section, des fleurs hermaphrodites, des fleurs femelles , quelquefois des fleurs mâles, rarement des fleurs neutres. Le style des fleurs hermaphrodites est composé d’un tronc et dé deux branches. Le tronc est un filet cylindrique, glabre, dont la base , ordi- nairement un peu renflée et arrondie , est toujours articulée par son point central, sur Le corps qui lui sert de support immédiat. Les deux branches , ordinairement beaucoup plus courtes que le tronc, ont leurs bases parfaitement continues avec son sommet. Elles sont égales et semblables, complètement libres. Chacune d’elles est une languette à peu près demi-cylindrique, dont la face extérieure est convexe, glabre, et dont la face intérieure est plane, glabre, bordée d'un bout à l’autre de deux bour: relets stigmatiques à peu près demi.- cylindriques, ordinaire- mient lisses, souvent poncticulés, quelquefois papillés, saillans en dessus de la face qui les porte. Ces bourrelets n’occupent ordinairement que les deux bords latéraux de la face intérieure des branches, sont plus où moins espacés, et ne confluent en- semble en aueun point, pas même au sommét; mais quelquefois ils sont immédiatement contigus, et plus rarement encore con- fluens d'un bout à l’autre en une seale et même masse indivise. Les deux bourrelets d’une branche sont tantôt confluens, par la base, avec les deux bourrelets de l’autre branche, tantôt seu- lement contigus (2). Le sommet de chacune des deux branches est comme fronqué trausversalement en une aire semi-orbiculaire, tantôt absolument plane, tantôt plus ou moins convexe. Cette troncature est ordis (1) On devroit plutôt nommer cette plante leysera gnaphaloïdes. @) La distinction du stigmate simple ou double , n’est donc ici d’aucune im- Portance ; elle est même presqu’impossible, ou tout au moins absolument insi= guifiante. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 nairement garnie seulement sur son bord extérieur demi-circu- laire, d’une rangée de poils-balayeurs filiformes ; et souvent en outre sa surface est couverte de papilles-balayeuses glanduliformes, plus ou moins apparentes; mais quelquefois la troncature est absolument dépourvue de poilset de ES et elle est simplement un peu calleuse, tuméfiée, épaissie. A l’époque de la fleuraison, les deux branches divergent en s’arquant en dehors, l’une vers la droite, l’autre vers la gauche, en forme de demi-cercles. Le style des fleurs femelles ne diffère essentiellement de celui des fleurs hermaphrodites, que par l'avortement plus ou moins complet des poils-balayeurs et de la troncature terminale des branches. Plusieurs espèces d’arfemisia sont les seules astérées de cette section qui m'’aient ofert des fleurs mâles. Le style de ces fleurs ne diflère d’un style de fleur hermaphrodite, que parce que les deux branches sont greflées ensemble : en conséquence il forme une colonne cylindrique, parfaitement simple et indivise, dont le sommet est tronqué transversalement en une aire orbiculaire, plane, divisée en deux parties par un sillon, et bordée d’une rangée de poils-balayeurs. Cette section ne m’a offert de fleurs neutres que dans l’ez- themis arabica. Le style y est absolument nul. La particularité la plus remarquable que nous offre la section des chrysanthèmes, est l’anomalie que j’ai observée dans les doro- nicum pardalianches et plantagineum, et qui consiste dans la confluence des deux bourreletsstigmatiques en une seule et même masse absolument indivise, comme dans beaucoup d’astérées de la section des hélianthes. Malgré cette forte aberration, :tous les autres caractères s'opposent à ce que les doronicum soient distraits de la section des chrysanthèmes. Les vrais graphalium et les cotula sont entièrement dépourvus de poils-balayeurs ; la troncature terminale des branches du style est seulement un peu épaissie et comme calleuse. Cette parti- cularité semble rapprocher le style de ces plantes de celui des inules : néanmoins je suis convaincu qu'il appartient à la section des chrysanthèmes; car, dans le senecio vulgaris , la troncature terminale des branches du style est tantôt garnie de petites papilles- balayeuses dont la présence, la grandeur, le nombre et la forme 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’ont rien de constant, et tantôt elle n’offre, au lieu de cet assemblage de papilles, qu’un simple épaississement quelquefois peu remarquable. Le style de l'anthemis globosa s’écarte aussi un peu de la conformation ordinaire au style dans cette section : ses bourrelets stigmatiques, qui sont papillés, s’oblitèrent versla base, et confluent ensemble en une seule masse vers le sommet. Dans l'artemisia inodora, le style des fleurs mâles n’a point ses deux branches greflées ensemble, comme dans les autres es- pèces d’artemäisia à fleurs mâles, ou du moins si elles sont greflées, elles ne le sont que dans leur partie inférieure seulement; car ce style ne diffère de celui des fleurs hermaphrodites des arfe- misia vulgaris, absinthium, etc., qu’en ce que ses branches sont fort courtes, et que les bourrelets stigmatiques y sont presque oblitérés. La fleur à laquelle ce style appartient est pourtant mâle indubitablement, car son ovaire est nul. SEPTIÈME SECTION. Les Tussilages. La section des tussilages n’a point d’analogie, dans la confor- mation du style, avec la section des chrysanthèmes qui la pré- cède; mais elle paroît en avoir un peu avec celle des arctotides qui la suit : d’ailleurs, je suis obligé de la placer ici, pour ne point rompre la série assez naturelle des sections précédentes, et ne point déranger les deux sections suivantes qui doivent né- cessairement se trouver à l'extrémité de l’ordre des astérées. Je classe dans la section des tussilages, toutes les espèces du genre éussilago que j'ai observées, à l’exception du /ussilago alpina : ce sont les zussilago farfara, petasites, hybrida, alba et fragrans. Je rapporte encore, mais avec doute, le conyza odorata à. cette même section, qui ne se trouve ainsi composée, quant à présent, que de six espèces appartenant à deux genres. Les astérées de cette section sont pourvues de fleurs femelles et de fleurs mâles; on n’y rencontre ni fleurs hermaphrodites, ni fleurs neutres. Je vais d’abord décrire complètement les deux sortes de styles du tussilago farfara : je ferai connoître ensuite sommairement les différences plus ou moins considérables qui existent, dans la conformation ET D'HISTOIRE NATURELLE. 189 conformation des styles, entre les diverses plantes dont je compose cette section. Le style des fleurs femelles du /ussilago farfara est composé d’un tronc et de deux branches. Le tronc est un filet blanc, cylindrique, glabre, dont la base est articulée sur le corps qui lui sert de support immédiat. Son tissu est composé de cellules larges et très-alongées. Les deux branches, beaucoup plus courtes que le tronc, ont leurs bases parfaitement continues avec son sommet. Elles sont semblables , mais le plus souvent inégales. On doit distinguer, dans chacune d'elles, la partie inférieure et, la supérieure, qui sont de longueurs et grosseurs à peu près égales, et parfaitement continues l’une à l’autre, mais néanmoins très-difléremment or- ganisées. La partie inférieure ne diflère en rien du tronc, si ce n'est qu’elle est de moitié moins épaisse : du reste, même forme cy- lindrique ,même couleur blanche, même glabréité, surtout même tissu de cellules larges et très-alongées. La partie supérieure est d’une substance évidemment différente et stigmatique : sa forme est cylindrique, un peu renflée en massue au sommet, lequel est arrondi; la couleur est jaune; le üissu est composé de cellules très-petites, exactement rondes, et dont les extérieures sont proéminentes , de sorte que toute la surface , tant interne qu’externe, est hérissée de petites papilles glanduliformes qui sont indubitablement stigmatiques. La partie inférieure reste droite, et les deux branches demeu- rent accolées l’une contre l’autre en cette partie, pendant la fleuraison; mais la partie supérieure se courbe un peu en arc de dehors en dedans, ce qui opère en cette partie un écartement des deux branches. Après la fleuraison, la partie supérieure et stigmatique de chacune des deux branches devient marcescente. Le style des fleurs mâles de la même plante est composé d’une partie inférieure , d’une partie moyenne, et d'une partie supé- rieure, bien distinctes par leur structure , quoique continues entre elles. La partie inférieure est un filet blanc, cylindrique, glabre, dont la base est articulée sur le corps qui lui sert de support immédiat. Son tissu est composé de cellules larges et alongées. La partie moyenne, beaucoup moins longue, mais très-sen- Tome LXXV'I. MARS an 1613. Bb 190 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Siblement plus épaisse que la partie inférieure, est d’une forme cylindracée et de couleur jaune. Sa base est arrondie , son sommet un peu évasé, et toute sa surface hérissée de papilles-balayeuses piliformes, dirigées obliquement de bas en haut : celles du sommet sont fres-sensiblement plus longues que les autres, et forment ainsi une couronne circulaire unisériée. Le tissu de la partie moyenne est, comme celui de la partie inférieure, composé de cellules larges et alongées, et les papilles-balayeuses ne sont autre chose queles saillies des cellules extérieures prolongées en dehors. La partie supérieure est excessivement courte, et un peu moins épaisse à sa ie que le sommet de la partie moyenne. Elle forme une sorte de cône arrondi au sommet, et fendu, suivant - son axe, du haut en bas, en deux lobes très sensiblement divergens, et le plus souvent inégaux. La couleur de cette partie est jaune; sa substance diffère évidemment de celle dont la partie moyenne et l’inférieure sont formées, au point qu’on pourroit peut-être admettre ici une sorte d’articulation. Son tissu est composé de cellules très petites et rondes, dont les extérieures sont pr'oémi- nentes, et forment ainsi de petites papilles glanduliformes qui hérissent toute la surface tant interne qu’externe des deux lobes semi-coniques. Les styles du tussilago petasites différent peu de ceux du Zussilago farfara que nous venons de décrire. La seule différence remarquable entre les styles des fleurs fe- melles de ces deux plantes, ©est que, dans le perasites, les branches du style sont entièrement stigmatifères d'un bout à l’autre, jusqu’à la base, tandis que dans le farfara elles ne sont stigmatifères qu’en leur moitié supérieure. LR Quant aux styles des fleurs mâles, la plus remarquable diffé- rence entre ceux des deux plantes, c’est que, dans le zussilago . Pétasites, la limite qui sépare la partie moyenne de la partie supérieure, n'est pas tout-à-fait aussi nettement déterminée que dans le tussilago farfara : cela vient de ce que les papilles qui couronnent le bord supérieur de la partie moyenne ne sont pas, dans le petusites, sensiblement plus longues que celles du reste de la surface. Une autre différence qui mérite d’être notée, c’est que la partie supérieure n’est point, dans le petasiles, entièrement couverte de papilles comme dans le farfara : les deux lobes ne Sont qu’à moitié divergens, et la partie de leurs faces intérieures, par laquelle ils demeurent appliqués l’un contre l’autre, est dénuée de papilles, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 191 * Les styles du zussilago hybrida diffèrent assez de ceux du zus- silago petasites, pour démontrer, indépendamment de plusieurs autres argumens, que ces deux plantes n’appartiennent point à la même espèce, comme l’ont cru très-mal-à-propos quelques bota- pistes modernes. Les styles mâles de ces deux espèces différent principalement par les dimensions relatives de la partie supérieure : dans l’Ay- brida, elle est excessivement courte, et sa base est beaucoup plus étroite que le sommet de la partie moyenne ; tandis que dans le petasites, elle égale en longueur la moitié de la partie moyenne, et que sa base égale en largeur le sommet de cette partie. Le style des fleurs femelles du zussilago hybrida diffère bien plus encore de celui du /ussilago petasites. Sa structure est très-singulière, en ce qu’elle diffère à peine de celle du style des fleurs mâles, auquel le style des fleurs femelles seroit presque absolument semblable, s’il étoit moins grêle. En effet, il consiste en un filet cylindrique, glabre, dont l’ex- trémité supérieure, très-légérement renflée en une petite masse ovoïde-alongée, un peu hérissée à sa surface de tres-petites pa- pilles à peine saillantes, est comme fendue, depuis le sommet jusqu'à moitié de la longueur, en deux languettes souvent inégales, qui ordinairement divergent un peu. Les styles du éussilago alba et ceux du 1ussilago fragrans différent à peine les uns des autres; mais les uns et les autres semblent différer beaucoup de tous ceux qui viennent d’être décrits. Le style des fleurs femelles est un filet cylindrique, glabre, dont le sommet est arrondi et fendu en deux languettes exces- sivement courtes, ordinairement inégales, demeurant appliquées l'une contre l’autre, et n’offrant nulle apparence de papilles stig- matiques sur aucun point de leur surface. Le style des fleurs mâles est un filet cylindrique, glabre, ayant sa partie peu épaissie en une masse ovoïde ou fusiforme, dont toute la surface est hérissée de papilles-balayeuses, et qui est fendue jusqu'à moitié dans le #ussilago alba, moins profon- dément dans le /ragrans, en deux languettes semi coniques dont les faces intérieures sont planes et lisses, nullement papillées. Les styles du cozyza odorata ont beaucoup d’analogie avec Bb 2 192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ceux des tussilages; mais néanmoins ils s’en distinguent par des différences considérables. Le style des fleurs femelles est composé d’un tronc filiforme, cylindrique, glabre, et de deux branches à peu près demi-cylin- driques, arrondies au sommet. Leur face extérieure est glabre ; leur face intérieure, qui n’est point plane, mais convexe, et se confondant par les bords avec la face extérieure, est entièrement couverte de très-petites papilles stigmatiques. Les branches sont beaucoup plus longues que dans les tussilages, et elles divergent en s’arquant en dehors à l'époque de la fleuraison, Le style des fleurs mâles est un filet cylindrique. Sa partie inférieure, trois fois longue comme la supérieure, est glabre et de couleur blanche. Sa partie supérieure n’est point sensiblement plus épaisse que l’inférieure; mais elle est de couleur rose, hé- rissée de poils-balayeurs, et divisée, depuis le sommet jusqu’à près de moitié de sa longueur, en deux languettes, dont les faces intérieures sont planes et finement poncticulées. Il y a quelques résultats à tirer des longs détails dans lesquels j'ai été obligé d’entrer pour faire connoître les styles des astérées de cette section. Quoique je n’aie pas encore pu démêler bien nettement la vé- ritable structure des styles de toutes ces plantes, reconnoître avec assurance la nature et les fonctions de chacune de leurs parties, assigner enfin avec exactitude les caractères qui sont communs à toutes les astérées de section, et surtout ceux qui les distinguent des autres sections de cet ordre; néanmoins il est constant que les styles de toutes les plantes que je comprends dans la section des tussilages, ont entre eux beaucoup d’analogie, et qu'ils diffèrent beaucoup de ceux de toute autre section. C’en est assez pour autoriser la formation d’une section particulière. Elle seroit plus facile à caractériser, si elle n’étoit pas totalement dépourvue de fleurs hermaphrodites. Son caractère le plus essentiel me paroît consister dans l'absence absolue des bourrelets stig- matiques , lesquels sont remplacés dans leur fonction par de simples papilles souvent invisibles, et qui occupent tout ou partie de la surface des branches du style. Si l’on compare, dans cette section, le style des fleurs femelles avec celui des fleurs mâles, pour rechercher les rapports qui existent entre les diverses parties de l’un et de l’autre, on reconnoît que les deux languettes ou les deux lobes qui terminent le style ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 des fleurs mâles sont analogues aux deux branches du style des fleurs femelles. Je dois faire remarquer, pour fortifier ceîte ana- logie, d’ailleurs évidente, que les lobes du style mâle deviennent marcescens après la fleuraison comme les branches du style fe- melle. 11 semble même, si l’on en juge par les papilles qui couvrent les lobes du style mâle, dans les {ussilago farfara et petasites, que ces lobes sont stigmatifères comme les branches du style femelle : si cela est, les fleurs mâles ne sont telles que par l’im- perfection de leur ovaire, qui en eflet est toujours dépourvu d’ovule. Puisque les deux branches du style des fleurs femelles sont représentées dans le style des fleurs mâles par les deux lobes qui le terminent, il s'ensuit naturellement que tout le reste du style mâle représente le tronc du style femelle : donc cette partie re- marquable du style mâle, qui forme une masse épaisse et hérissée de papilles-balayeuses, appartient au tronc : cela est surtout évident dans le zussilago hybrida. Cependant il est probable que, dans le zussilago farfara, le renflement hispide du style mâle est formé par la partie inférieure non-stigmatifére de l’une et de l’autre branches , greflées ensemble en cette partie, épaissies, et ayant les cellules extérieures prolongées en papilles pillformes. Au reste, j'observe que l’épaississement de cette partie ne s'opère que dans le dernier âge de la préfleuraison : avant cette époque, elle n’est pas plus épaisse que la partie inférieure, et ne s’en dis- tingue que par les papilles qui hérissent sa surface. L'observation des styles, dans cette section, procure une nou- velle preuve évidente du peu de fondement de la division qu’on a faite de la Syrzanthérie en Monostigmatie et Distigmatie ; cav il y a indubitablement deux stigmates bien distincts dans le /4s- silago farfara , tandis qu’il n’y en a qu’un seul dans le petasites, et probablement dans les autres espèces. Nous apprenons aussi, par l’observation des styles de tussilages, que la distinction du éronc et des branches n’est pas toujours bien importante, et est même quelquefois impossible à établir ; car il arrive quelquefois, dans le zussilago farfara, que la di- vision en deux branches se prolonge jusque près de la base du style des fleurs femelles ; tandis qu’au contraire, dans le zussilago Jfragrans, on voit quelquefois les languettes du style des fleurs femelles libres et distinctes d’un seul côté, être de l’autre côté greffées ensemble jusqu’au sommet, et entièrement confondues. Un autre résultat important de nos observations, c’est que les 194 ., JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE papilles-balayeuses et les papilles stigmatiques ne sont que des modifications diverses dés cellules extérieures du tissu. Enfin l'observation du zussilago farfara m'a fait quelquefois rencontrer une troisième sorte de fleurs, que je nomme mixtes. Elles sont situées, dans le céphalanthe, entre les fleurs mâles et les fleurs femelles, et sont une monstruosité accidentelle des unes ou des autres. Leurs caractères, qui sont très-variables, participent de ceux des deux sortes de fleurs; et leur style pré- sentant une conformation intermédiaire entre celle du style mâle et celle du style femelle, démontre évidemment que ces deux sortes de styles ne sont que deux modifications diverses d’un seul et même type. HUITIÈME SECTION. Les Arctotides. La section des arctotides, telle que je la présente ici, est bien peu nombreuse; mais elle le deviendra sans doute davantage, quand J'aurai pu multiplier suffisamment mes observations. . Quoi qu’il en soit, cette section me paroît être la plus remar- quable de toutes. La singulière conformation du style, dans les plantes qui la composent, ne permet pas de la confondre avec aucune autre section, et annonce qu'elle en doit être distinguée, non-seulement dans une classification artificielle et systématique fondée unique- ment, comme celle-ci, sur les caractères du style et du stigmate, mais encore dans une classification naturelle qui seroit fondée sur l’ensemble des caractères de tous les organes, convenablement combinés et coordonnés entre eux. La section des arctotides ne sauroit être placée plus conve- nablement qu'ici, parce que le style des plantes qui la composent a une analogie manifeste avec celui des carduacées, et qu'il paroît aussi avoir quelques rapports avec celui des tussilages. Je ne comprends, quant à présent, dans cette section, que quatre espèces d’astérées appartenant à trois genres : ce sont les arctotis tristis (1) et lyrata, l'arctotheca repens , et le gorteria rigens. J’y avois d’abord ajouté avec doute les xeranthemum x () Arctotÿs hypochondriaca , var. coruscans (Persoon ). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19 annuum et énapertum; mais après y avoir réfléchi davantage, je me suis décidé à les rejeter de l’ordre des astérées, pour les comprendre dans celui des carduacées. Il y a, dans la section des arctotides, des fleurs hermaphro- dites, des fleurs femelles , des fleurs mâles et des fleurs neutres; ces dernières sont absolument dépourvues de style. Le style des fleurs hermaphrodites est composé de deux articles, c'est-à-dire de deux pièces qui sont distinctes une de l’autre au “moyen d’une articulation. L'article inférieur est un filet cylindrique, glabre, blanchâtre ou jaunâtre, dont la base, un peu renflée et arrondie, est ar- ticulée sur le corps qui lui sert de support immédiat, et dont le sommet est articulé sous la base de l’article supérieur. L'article supérieur est beaucoup plus court et beaucoup plus gros que l’article inférieur. 11 consiste en une colonne cylindrique, arrondie au sommet, et dont l’extrémité supérieure est divisée suivant son axe en deux languettes plus ou moins courtes. Sa base est orbiculaire, plane ou légérement convexe, glabre, et de même couleur que l'article inférieur , sur le sommet duquel elle est fixée par son centre. La surface cylindrique est de couleur noire, rouge ou jaune, et elle est toute couverte de très-pelites papilles-balayeuses ponctiformes, à peine saillantes, qui donnent à cette surface un aspect velouté. Les papilles-balayeuses sont moins courtes et piliformes sur le coutour de la base, lequel est en outre un peu épaissi en forme de bourrelet annulaire. La surface intérieure de l’une et de l'autre languettes est évidemment stig- matique : elle est plane, unie, glabre, et autrement colorée que la surface extérieure cylindrique. À l’époque de la fleuraison, les deux languettes divergent en s’arquant en dehors. En même temps leurs bords se réfléchissent en dessous, de sorte que la face intérieure devient convexe, de plane qu’elle étoit en préfleuraison. Le style des fleurs femelles diffère de celui des fleurs herma- phrodites, en ce que l’article supérieur étant beaucoup moins épais, se trouve presque aussi mince que l’article inférieur ; et en ce qu'il est beaucoup plus profondément divisé, ce qui rend les deux languettes d'autant plus longues. Le style des fleurs mâles, au contraire, ne diffère de celui des fleurs hermaphrodites, que par lexcessive briéveté de ses deux 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE langueltes , qui se trouvent presque nulles, le sommet de l’article supérieur étant à peine échancré par un petit sillon. Le caractère le plus remarquable des styles que je viens de décrire, est l'articulation qui unit et distingue les deux parties supérieure et inférieure. Ce caractère, qui est propre à tout l'ordre des carduacées, ne se retrouve chez les astérées que dans la seule section des arctotides; car, quoique le style des fleurs mâles des tussilages soit composé de deux parties bien distinctes par leurs dimensions et leurs structures, néanmoins la transition de l’une à l’autre n’étant point subite, mais graduée , on ne peut admettre entre elles une articulation. En eflet, ce qui constitue l'articulation proprement dite, telle qu’elle existe dans le style des arctotides , e’est le changement brusque, nettement tranché, nullement nuancé, de substance, de couleur et d'épaisseur. A cet égard, le gorteria rigens m'a offert une particularité remarquable, Observant son siyle en préfleuraison, j’ai trouvé qu’à’ cet âge les deux languettes étoient d’un jaune très-pur, tandis que la partie indivise de l’article supérieur étoit d’un jaune-verdâtre ; et ces deux colorations diverses, loin de se fondre l'une dans l’autre par des nuances intermédiaires, formoient une ligne très-nette séparant la base des languettes du sommet de la partie indivise, comme s’il existoit entre elles une articulation. Cette particularité n’est pas la seule que nous offre le style du gorteria rigens. Dans les autres astérées de cette section, la face intérieure des languettes m'a paru glabre, unie, lisse, et par conséquent dénuée de bourrelets et de papilles stigmatiques , comme dans les carduacées. Mais, dans le gorteria, la face in- térieure des languettes est finement poncticulée, sauf le milieu de la moitié inférieure : cette moitié n’étant poncticulée ou stig- matique , que sur ses deux marges latérales, son milieu forme une sorte de rainure ou de gouttière non-stigmatique. C’est pourquoi, pendant la fleuraison , tandis que les deux languettes divergent par tous les autres points de leurs faces intérieures , elles demeurent appliquées l’une contre l’autre par cetterainure non-stigmatique. NEUVIÈME SECTION. Les Hétérogynes. Cette section est purement provisoire et ne doit point subsister : elle n'est que le produit de mes doutes et de mon ignorance sur la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 la véritable classification des astérées qui la composent ; elle disparoîtra donc, je l’espère, quand je serai plus éclairé. En at- tendant, j'y classe toutes les astérées que je n’ai pu classer ailleurs après les avoir étudiées avec soin. Les unes me paroissent différer réellement et essentiellement , par leurs styles, de toutes les autres astérées que J'ai observées, et elles nécessiteront peut-être l’éta- blissement de nouvelles sections; les autres, à raison de la pe- titesse, ou de l’obscurité des parties, ou de leur état défectueux ou incomplet, ne m'ont pas laissé reconnoître assez clairement la véritable structure de leurs styles pour pouvoir la déterminer avec assurance, et ellesauront besoin d’être observées de nouveau avec plus de patience, d’adresse ou de bonheur. Je comprends dans la section des hétérogynes 13 espèces ap- partenant à 10 genres. En voici la liste. 1. Sphæranthus indicus. 2. Tussilago alpina. 3. Eupatorium zeylanicum ? 4. Kubnia fruticosa. Vent. (Hort. Par.). 5. Xanthium strumarium, X. orientale, X. spinosum. 6. Ambrosia trifida. (Le style des plantes dont les noms suivent devra étre observé de nouveau.) 7. Gnaphaliurñ dioicum, G. margaritaceum. 8. Evax pygmæa. 9. Filago germanica. 10. Gymnostyles anthemifolia. Le sphæranthus indicus, mal-à-propos compris par les bota- nistes dans l’ordre des carduacées, appartient indubitablement à celui des astérées, et très-probablement, ce me semble, à la section des hélianthes, si du moins l’on en juge par la structure du style. Les fleurs de cette plante sont les unes femelles et les autres mâles. Le style des fleurs femelles est composé d’un tronc cylindrique, glabre ; et de deux branches courtes, presque toujours plus ou moins inégales, qui divergent en s’arquant en dehors pendant la fleuraison. Chaque branche est demi-cylindrique, arrondie au sommet : sa face extérieure est convexe, glabre; sa face inté- rieure est plane, glabre, bordée de deux gros bourrelets stigma- tiques demi-cylindriques, lesquels sont couverts de papilles ponc- Tome LXXV/I. MARS an 1813, Cc 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE üculiformes, non saillantes. Ces deux bourrelets sont espacés sauf vers le sommet où ils confluent ensemble, et ils font saillie sur les bords de la face extérieure de la branche. Les deux bour- relets d’une branche confluent par la base avec ceux de l’autre. Le style des fleurs mâles est un filet cylindrique absolument indivis, arrondi au sommet et à la base. Sa partie inférieure est glabre et blanche; sa partie supérieure, rouge et hérissée de papilles-balayeuses glanduliformes. L'existence des bourrelets stigmatiques, et l'absence de toute articulation entre le sommet du tronc êt la base des branches du style, démontrent que le sphœranthus indicus est une astérée et non une carduacée. Le Zussilago alpina diffère beaucoup des autres tussilages, surtout par la structure de son style. Ses fleurs sont les unes hermaphrodites et les autres femelles. Le style des fleurs hermaphrodites est composé d’un tronc cy- lindrique, glabre, s’épaississant un peu vers le sommet par degrés insensibles; et de deux branches qui divergent en s’arquant un peu en dehors pendant la fleuraison. Chaque branche est demi- cylindrique, arrondie au sommet : sa face extérieure, convexe, est tout hérissée de papilles glanduliformes, dont souvent quel- ques-unes occupent le sommet du tronc; sa. face intérieure est creusée , dans son milieu, depuis la base jusque près du sommet, d’une rainure linéaire’, très-étroite , parfaitement glabre; de laquelle il résulte deux très-gros bourrelets stigmatiques poncticulés, con- fluens ensemble au sommet de la branche, et confluens par la base avec les bourrelets de l’autre branche. Le tissu du tronc est composé de cellules larges et très-alongées; celui de la partie non-stigmatique des branches est composé de cellules plus courtes, mais larges; enfin le tissu des bourrelets stigmatiques est formé de cellules rondes, extrêmement petites. Le style des fleurs femelles ne diffère de celui des fleurs her- maphrodites, qu’en ce que les papilles-balayeuses y sont un peu moins saillantes. d Ces styles semblent avoir quelques rapports avec ceux de la section des inules. ; J’ai eu occasion d'observer une plante que je suppose, sans pouvoir laflirmer, être l'eupatorium zeylanicum. Son style ne diffère en rien d’essentiel de celui du éussilago alpina que je viens de décrire. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 Il en est de même d'une autre plante, très-voisine des s/evia dans l’ordre naturel, et qui est nommée, au Jardin des Plantes, kuhnia fruticosa. Son style est évidemment analogue à celui du zussilago alpina. La conformité des styles, dans ces trois plantes de genxes dif- férens, semble indiquer une nouvelle section à former. Les xanthium et les ambrosia ont été long-temps compris par les botanistes dans la classe des synanthérées. Quelques-uns, dans ces derniers temps, les en ont exclus, pour en faire des urticées. Mais M. Richard pense que ces plantes et leurs analogues doivent former un ordre particulier, immédiatement voisin des synan- thérées , et fort éloigné des urticées; et il observe que le gyr- nostyles confirme l’affinité qui existe entreles unes et les autres. Quoi qu’il en puisse être, j'ai eru devoir observer le style des xanthium et ambrosia. Ces plantes portent des fleurs femelles et des fleurs mâles. Dansle xanthium strumarium , le style des fleurs femelles est composé d’un tronc cylindrique, glabre, très-court, articulé par sa base sur le sommet de l'ovaire; et de deux branches très- longues, continues par leurs bases au sommet du tronc, et qui pendant la fleuraison divergent en s’arquant irrégulièrement en dehors. Chaque branche est une languette à peu près plane sur les deux faces, linéaire, s’étrécissant insensiblement de la base au sommet qui se}termine en pointe mousse, bordée de deux gros bourrelets stigmatiques, demi-cylindriques, fortement papillés, très-espacés dans le bas, confluens ensemble au sommet, et con- fluens en outre par la base avec les deux bourrelets de l’autre branche. Le style des fleurs mâles est un filet cylindrique, dont la base est arrondie et articulée au fond de la fleur, et dont la partie supérieure est composée de deux branches plus ou moins com- plètement greffées ensemble : tantôt le sommet est divisé en deux lobes plus ou moins divergens, hérissés sur la face extérieure de papilles-balayeuses, et bordés sur la face intérieure de deux bourrelets stigmatiques ; tantôt le sommet du style est indivis, mais il y a, sur un côté de sa partie supérieure, une rainure longitudinale dont chacune des deux lèvres est bordée d’un bour- relet stigmatique papillé; et dans ce cas on observe quelques papilles-balayeuses éparses vers le sommet, du côté opposé à la rainure. Cc'2 200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dansle xanthium orientale, le style des fleurs mâles ne différe point de celui du xanthèum strumarium ; mais le style des fleurs femelles offre une différence bien remarquable : c’est que la base du style, au lieu d’être articulée avec le sommet de l'ovaire, lui est au contraire parfaitement continue, de telle sorte qu’il est absolument impossible de déterminer le point où finit l'ovaire et où commence le style. Le xanthium spinosum, dont les styles, femelle et mâle, sont tout-à fait semblables d’ailleurs à ceux des deux espèces pré- cédentes, semble intermédiaire entre elles, en ce que, dans les fleurs femelles, la base du style paroît ordinairement articulée d’un côté, et continue de l’autre. Cela vient de ce que l'ovaire se termine au sommet par une sorte de troncalure souvent oblique et irrégulière, munie d’un très-pelit rebord presque toujours obli- téré d’un côté. La base du style reposant sur celte troncature terminale, paroît arliculée sur l’ovaire du côté où le rebord est sensible , et continue avec lui du côté où le rebord est oblitéré,. Dans l’ambrosia trifida , le style des fleurs femelles est articulé par sa base sur le sommet de l'ovaire, et semblable du reste en tous points à celui des xanthium; mais le style des fleurs mâles diffère de celui des xanthium, et est tout à-fait analogue à celui des artemisia. Il est cylindracé, articulé par sa base au fond de la corolle, terminé au sommet par une troncature plane, orbicu- laire, laquelle est bordée d’une couronne de poils-balayeurs. Le gnaphalium dioicum est dioïque , comme l'indique son nom, et je n'ai eu à ma disposition qu’un individu à fleurs femelles. Le style de ces fleurs est composé d’un tronc cylindrique, glabre, et de deux branches continues par leurs bases ayec son sommet. Chaque branche est demi-cylindrique et plus large en sa moitié inférieure, presque cylindrique etamincie insensiblement en sa moitié supérieure. Le stigmale consiste en papilles ponc- tiformes qui couvrent toute la surface, tant extérieure qu’inté- rieure de la partie supérieure des branches, et qui occupent en outre les bords latéraux seulement de la partie inférieure de ces mêmes branches. Pendant la fleuraison, les deux branches de- meurent appliquées l’une contre l’autre dans leur partie inférieure, et divergent par leur partie supérieure, mais foiblement et sans se courber sensiblement en aucun sens. Ce style ne me paroît avoir de rapports qu'avec celui des tussilages. Le gnaphalium margaritaceum semble devoir être classé dans la section des inules; mais je n’ai pu m'en assurer par l'observation ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 de fleurs hermaphrodites, car toutes les fleurs que j'ai observées m'ont paru mâles par avortement presque complet de l’ovaire. Quoi qu'il en soit, toute la face extérieure des branches du style est papillée ou hérissée d’aspérités; le sommet de ces branches est plutôt arrondi que tronqué; les bourrelets stigmatiques sont peu manifestes. L’evax pygmæa porte des fleurs femelles et des fleurs mâles. Le style des fleurs femelles est un filet capillaire qui se divise en deux branches inégales encore plus menues, lesquelles di- vergent en s’arquant irrégulièrement en dehors. Je n’ai pu découvrir la véritable forme et l’organisation de ces branches : je les crois cylindriques, et s’'amincissant insensiblement en pointe de la base au sommet. Le style des fleurs mâles est un filet cylindrique , dont la partie inférieure est glabre, et dont la partie supérieure, tout hérissée de papilles, est divisée à peu près jusqu’à moitié en deux filets non divergens, qui ont la face intérieure plane et glabre. Ces styles semblent avoir quelques rapports avec ceux des tussilages. Le filago gérmanica porte des fleurs hermaphrodites et des fleurs femelles. Le style des fleurs bermaphrodites m’a paru à peu près sem blable à celui des fleurs mâles de l’evax pygmæa, si ce n’est que, dans notre fi/ago, les papilles-balayeuses n’occupent que le baut des branches. Le style des fleurs femelles n’a paru semblable à celui de l'evax pygmeæa. Le gymnostyles anthemifolia porte des fleurs femelles et des fleurs mâles. Je n’ai pu malheureusement observer cette singulière plante que dans un àge trop avancé, lorsque les deux branches du style des fleurs femelles étoient déjà desséchées complètement. Néan- moins ce style a encore pu m'offrir en cet état une particularité bien remarquable : le tronc étoit formé d’un axe ligneux, revêtu d’une écorce verte, scabre; et sa base étoit, comme dans le xanthium orientale, continue, et non articulée, avec le sommet de l'ovaire. Ainsi il ny a que les branches du style qui se des- sèchent et périssent après la fécondation; le tronc persiste avec lovaire, continue de végéter, et très-probablement même prend de l'accroissement. Quant au style des fleurs mâles, il m'a paru que sa base étoit articulée au fond de la corolle, (La suite au Cahier prochain.) OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR BAROMÈTRE MÉTRI UE CENTIGRADE. QE: PR. “CR US ON CC Maximum. | Mivrmum. |A Mrpr. Maximum. | Mirvimum. = MIDI. “WNUAHI | 8 ‘Sunogf ’IGIN V heures. o |heures. ° heures: mill, | heures. | mill. mil. | à midi + 3,05|à 7% m.+ 1,25|+ 3,65|à9 m 708,6b| à 105 765,32|766,00 à 73 m.+ 0,50 10%5.— 4,50,— 0,37|à 1045 767,50|à 73 m 765,62|766,82 ads. + 025là7iwm.— 3,50|— 0,75|à 9 Xs 770,20|à 7% m....... 766,72|769,50 à midi + 4,62à9%s. — 1,25[+ 4062/à 103m.......771,00|à ......709,16|770,20 à9s + 3,297 im.— 5,75|+ 1,50|à 7 x im 766,42 760,22|764,50 à3s. + 3,29|à7£ m.— 2,504 3,r2|à 1055S.......761,10 --.790,00)796,06 à3s. + 4,5017 me — 2.25 4,37/à midi 763,40|à 762,12|763,40 à3s., + 6,oo[17m. + 4,00)+ 7,50|à 7 m........763,10[à9 :s 759,44|761,96 glà3s. +io,oofà10:s.+ 0,25] + 9,75 à lots 758,74|à 9 s 750,70|757,44 1olà midi “+ 6,00fà 10 Es. 0,25|-+ 6,00|à 10 +5 762,50|à 7 m........,759;0|760,22 dira iozs. + 3,79/à 7m. — 1,12/-+ 2,75|à 6Em.......763,00|à 10?5.......757,50|762, 16 dira gs. .755,84|à 9 25s...., ..-751,00|755,28: n|13/à midi 751,50|à midi 745,00|745,00 141835. 751,50|à 10 5....... dlrslà midi 16|à midi 749,04 17|à midi 751.92|à +... .74600!751,92 18 /à midi .759,70[ 754,30 10)à midi ...761,20|à 9; 760,40 204 à midi 762,60| 761,90 21|a midi 761,06 22|à 3 s. : ...720,0219Às 757,56 Al23à 35. LE. 761,60|à 6 2 m.......756,78|758,90 Hi2qlass. + 8250+s. à9 765,38|à 6 ? m 163,28 25|à midi + 9,75là1123s .767,92|à 1155.,.....766,10 26là25s. +12,50[à61m. 765,40olà 11 s 27la3s. + 9,25à09+s. Al20à3s. + o,30|à 61m. On CR mm CR H|Moyennes.+ 6,76] + 3,28|+ 8.26| RECGAPITULATION. Millim. Plus grande élévation du mercure. .... 771,72 le 28 Moindreélévation du mercure......... 745,00 le 13 Plus grand degré de chaleur.......... +14,75 le 21 * Moindre degré de chaleur............ — 5,75 le 5 ombre de jours beaux....... 12 - de couverts...... Ses Ce) de pluie........ dt 13908 8 demventre-s--eerete 28 deigeléeRARN RENTE ô detonnerre-.al.: o de brouillard.......... 16 dencige--Ee..-:-t--0ee o JERLÉlE EEE Eee o Nora. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen: centièmes de millimètre. Comme les observations faites à midi sont ordinairement celles qu'on le thermomètre de correction. A la plus grande et à la plus petite élévation du baromètre} conclus de l'ensemble des observations, d’où 1l sera aisé de déterminer la température moyenne conséquent , sou élévation au-dessus du niveau de la mer, La température des caves est également A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS. FÉVRIER 1813. VARIATIONS DE LATMOSPHERE, : |Hyc. POINTS a VENTS. —_ Eat Li 75e LUNAIRES. a |à midi. LE MATIN. A Mini. LE SOIR. 1| 91 [N-O N.B.à8h 45m Couvert, brouillard. |Très-couvert. Couvert. 2| 63/|E. Jde. Beau ciel. Beau ciel. 3] 700. Liem. Couvert. Couvert. 4l 94| dem. Idem. Idem. Beau ciel. 5| 96 /|S-E. Beau cicl,'brouil., gi. [Beau ciel , brouillard.| dem. 6| 93|S-0. L. périgée. Idem, Trouble etnuageux. |P/uie fine. 71 951S-0. fort Idem. Ciel vaporeux, Nuageux. 8| 94| Idem P.Q.à6hr1/m.| Couvert, brouillard. |Très-couvert. Couvert. 9g| 94| Idem, Idem. Idem. Petite pluie. 10] 95 |[S-O. Idem. Idem. Beau ciel. 11] go |S. Idem. Couvert. Couvert. 12] 96 |S-E. Jde. Nuageux. Beau ciel. 13] 95 |S-O. fort Pluie, brouillard. Pluie. Nuageux. 14| 06| Idem. Jdem. Petite pluie. Couvert. 15| 03| Idem. |P.L.à8h5rm.|Couvert. Très-nuageux. Idem. 16| 9 | Idem Pluie. Idem. Ciel voilé. 17| 93 |S-S-O. tr. + [Ciel voilé. Couvert. Pluie, 18] 79 |O. fort, Pluie. Nuageux. Nuageux. 19] 94|S-E. foibl. Cou. , léger brouil. |Couvert. Beau ciel. 20] 74|0O. fort. Nuageux. Nuageux. Trouble et nuageux. 21| 99|S-E. Lune apogée. |(ouvert. Couvert. Très-nuageux. 22] 64| Idem. Nuageux. Couvert, brouillard. |Couvert. 23| 86 |S-O. fort. [D.Q:àgh53/m.|Petite pluie. Couvert. Petite pluie. 24] 71|N-0O. Rome éclaircis. Nuageux. Brumeux, 25] 7910. uageux. Très-nuageux. Idem. 26| 77 |S. fort. Couvert. Ciel très-voilé. Couvert. 27| 61/0. fort. Couv., léger brouil. |Nuageux. Beau ciel. 28] 71|N-0. Nuageux. Couvert. Idem. BE RÉCAPITULATION. INPEREE Se eee 10 INSEE CRE CE o HPRCRRE RCE elterbte I Jours dont le vent a soufflé du “= OT GR 578 è S-0:.-2% CR RE 10 OMS Sc locd 5 NEO EN 3 le 1 129,100 Therm. des caves le 16 12°,100 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 17""55= 7 lig. 8 dixièmes. tigrade , et la hauteur du baromètre suivant l'échelle métrique, c'est-à-dire en millimètres et Hope généralement dans les déterminations des hauteurs par le baromètre, on a mis à côté et du thermomètre, observés dans le mois, on a substitué ie razimumn et le ninimum moyens, du mois et de l'année, ainsi que la hauteur moyenne du baromètre de l'Observatoire de Paris et par exprimée en degrés centésimaux , afin de rendre ce Tableau uniforme. 204 JOURNAL DE PHYSIQUE’, DE ‘CHIMIE MÉMOIRE SUR LE SAPHIR D'EAU; Par M. L. CORDIER. LES joailliers et les lapidaires ont toujours été d'accord sur l'espèce de minéral qu’ils désignent sous le nom de saphir d’eau. Ils le connoissent depuis fort long - temps. Durosnel dans son Mercure indien, imprimé en 1668, dit que « le saphir d'eau, » à raison de ce qu'il est fort tendre et de couleur fort changeante » et peu agréable à la vue, a peu dé réputation, ét qu’on ne » peut estimer la valeur des pierres qui en sont taillées, qu’à » raison de 3 livres le kavat. » Plusieurs minéralogistes paroissent n’avoir connu de cette pierre fine que son nom, et avoir appliqué ce nom tantôt au quartz agathe bleu, tantôt au quartz hyalin de la même couleur, tantôt au quartz coloré par le carbonate de cuivre, et tantôt (ainsi que l’a fait Deborn) à l'obsidiène ‘bleuâtre de Tokey en Hongrie. Parmi les minéralogistes quionteu connoïssance de cette pierre, les uns,'comme M. Werner, l’ont classé parmi les variétés du saphir d'Orient, ou corrindon bleu, les autres, comme M. Haüy et M. Brongniard, l'ont réunie au quartz: aucun n’a pensé que ce pût être une substance d'espèce particulière (1), et n’a fait l'examen détaillé des caractères qu’elle présente. FF () N'ayant trouvé dans les Ouvrages allemands les plus modernes, et notamment dans le Traité publié par M. Hoffmann , en 1811, aucuns ren- seignémens sur le saphir d’eau, j'ai demandé à M. de Charpentier, habile minéralogiste saxon, actuellenient à Paris, s’il avoit connoissance qu'il eût été publié quelque nouveau travail sur cette substance ; il m’a rapporté qu’il croyoit que M. Werner avoit parlé dans ses derniers cours, de l’analogie qu’elle peut avoir avec l’yolite.S’il én est ainsi, je me féliciterois d’être arrivé au même résultat que M. Werner,sans avoir eu connoissance de son opinion, ni des bases sur lesquelles il Pa fondée, et je lui abandonneroïs bien volontiers le petit mérite du rapprochement, quand bien même il n’en auroit point imprimé les preuves. II suit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 Il suit de à, que les propriétés qui distinguent éminemment le saphir d'eau, sont restées complètement ignorées, tandis que nous avons une synonimie très-nombreuse. En eflet, on l’a nommé saphir occidental, faux saphir, saphir femelle, leuco-saphir, sapbir de linx, luchs-saphir, quartz hyalin saphirin, etc. On va voir que non-seulement ce minéral doit être désormais affranchi de ces dénominations impropres, mais encore qu'il doit perdre dans la méthode, jusqu’au nom que les lapidaires lui ont donné de tous les temps. Le saphir d’eau vient des Indes. On ignore la localité qui le fournit au commerce; il y a lieu de présumer seulement que c’est l’ile de Ceylan : son gisement est conséquemment inconnu, On le trouve répandu dans le commerce sous forme de pierres polies et taillées tantôt à facettes, et tantôt en cabochons percés d’outre en outre. L’agrégation intérieure des pierres est cristalline. Elles sont diaphanes et translucides ; leur transparence est fré- quemment altérée par des glaces, des points et des parties nei- geuses. On en voit rarement qui atteignent le poids de 15 à 20 karats. Toutes présentent le phénomène de la double couleur par ré- fraction, que j'ai signalée en décrivant le dichroïte. Les teintes sont les mêmes, c’est-à-dire le bleu d’indigo foncé lorsqu'on re- garde dans une certaine direction, et le brun clair tirant au gris cendré lorsqu'on regarde suivant un plan perpendiculaire à la direction qui donne le bleu foncé. Quand le rayon visuel est dirigé dans un sens intermédiaire, on obtient une teinte fausse mélangée des deux précédentes, c’est-à-dire d’un bleu clair tirant au violet. La pesanteur spécifique des pierres que j'ai eues à ma disposition a varié de 2,555 à 2,580. La dureté essayée sur la roue du lapidaire (moyen beaucoup plus certain que les épreuves ordinaires) a été trouvée un peu supérieure à celle du quartz et un peu inférieure à celle de l’'émeraude, La cassure est vitreuse, assez éclatante et offrant des indices de lames parallèlement à l’axe qui donne la couleur bleue la plus foncée par réfraction. je fragmens sont irréguliers, très-anguleux et à bords tran- chans. Tome LXXV'I. MARS an 1915. D d 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La fusion au chalumeau donne difficilement un émail d'un blanc grisâtre, un peu boursoufflé (M. Lelièvre a obtenu le même ré- sultat). : L'action des acides est tout-à-fait nulle. Ces caractères paroîtront sans doute assez précis pour justifier la conclusion que je crois devoir tirer de leur comparaison avec ceux que présente le dicrhoïte, savoir, que le saphir d’eau des Indes et le dichroïte d'Espagne appartiennent à une seule et même espèce, La connoissance de cette identité va débarrasser la science d'une inconnue, que plusieurs avoient regardée comme un être de raison, donner plus de consistance et d'intérêt à l'espèce nou- velle du dichroïte, et enrichir sa description de plusieurs variétés nouvelles, et notamment de la variété diaphane qui se présente ici avec plus d'intérêt que dans toute autre espèce. J’ai eu à ma disposition un trop petit nombre de pierres ap- partenant à cette variété, pour oser assurer que le dichroïte est dépourvu de la double réfraction. Je n'ai pu appercevoir qu’une simple image des objets dans le cours des épreuves diverses que J'ai tentées. M. Haüy m'a dit être arrivé à un résultat semblable, en éprouvant une pierre de sa collection. Je me propose de ré-* péter les expériences dès que j'aurai pu me procurer une pierre diaphane assez volumineuse, pour que le lapidaire puisse la re- So dans diflérens sens qui soient en rapport, soit avec l’axe de la forme primitive , qui est le même que celui de la couleur bleue, soit avec les faces et les arêtes longitudinales du prisme hexaëdre. On ne taille communément le dichroïte des Indes, que dans un sens oblique à la direction des deux couleurs élémentaires. La teinte qui en résulte n’est point agréable, parce qu’elle n’est point franche; les pierres qui réussissent le mieux, sont celles dans lesquelles le plan dela table forme un angle de 45 degrés avec l’axe de la forme primitive, De quelque manière au reste, qu’on taille le dichroïte, il n’a jamais d'éclat, et il n’est point étonnant que sa valeur dans le commerce soit très-foible. Je soupçonne qu'il n’est employé que pour faire une fraude très-répréhensible , et qu'il arrive quelquefois que des joailliers, peu délicats, en font usage dans des parures composées de saphirs d’un bleu foncé : cette teinte enlève au véritable saphir une partie de son éclat ; c’est la seule qui soit franche dans le dichroïte; de sorte que lorsque ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 les pierres de l’une et l'autre espèce sont montées, on ne peut guère les distinguer. M. Dedrée et après lui M. Delamétherie , sont, à ma connois- sance, les seuls minéralogistes qui aient commencé à examiner et à prendre en considération quelques-unes des propriétés du dichroïte des Indes. L’un et l'autre avoient pensé qu’il devoit être séparé du quartz, et avoient présumé qu'il devoit être réuni à l'espèce nouvelle nommée haïüyne. Pour qu'il ne reste aucun doute sur la valeur de cette conjecture, je dois faire observer que trois caractères essentiels de la haüyne se seroient opposés à ce rapprochement, son infusibilité , sa solubilité en gelée et ses formes dérivées du dodécaëdre rhomboïdal. D’après les épreuves que j'ai faites à dessein, il me paroît que M. Dedrée avoit assigné au dichroïte une dureté trop foible, et un maximum de pesanteur spécifique un peu trop élevé. Ce qu’il en a dit, au reste, compose une notice très-courte dans la description de son magnifique Musée minéralogique. Je ne dois pas terminer sans répondre à une objection faite contre la dénomination de dichroïte, par M. Lucas, dans le second volume de son Ouvrage intitulé Tableau des espèces minérales ; sans doute la tourmaline de Sibérie et plusieurs autres substances présentent quelquefois deux couleurs dans le corps d’un même cristal, mais ces couleurs occupent des places distinctes et sont seulement juxta-posées. Dans la chaux fluatée, une des teintes est donnée par réfraction et l’autre par réflexion. Dansle dichroïte, au contraire, les deux couleurs sont transmises par réfraction et appartiennent à chaque molécule. lJ’avois au reste voulu prévoir cette objection dans letemps, en imaginant le nom de dichrospère (deux couleurs à travers), mais M. Haüy me conseilla celui que j'ai adopté, comme plus simple. J’ai dû m'en rapporter à son avis, et Je pense encore à présent qu’il n’y a aucun inconvénient à conserver le nom de dichroïte; de toutes manières ce nom est préférable à celui que M. Lucas a proposé d’y substituer déhi- nitivement,. Da 2 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE SUR LA FORCE MAGNÉTISANTE DU BORD EXTRÊME DU RAYON VIOLET; Lu à l’Académie des Lincei à Rome, le 10 septembre 1812, Par Domenico MORICHINI, Professeur de Chimie au Collége de la Sapience. (TRADUCTION.) EXTRAIT de la Bibliothèque Britannique. LE prisme de Newton, cet appareil si simple, qui fut si fécond en découvertes dans les mains de son immortel inven- teur, semble avoir hérité de son génie la propriété de présenter des faits nouveaux et intéressans à tous ceux qui l’emploient à étudier les admirables phénomènes que présentent les rayons solaires. C’est par son moyen que Herschell a séparé les rayons chauds desrayons lumineux. C’est encore avec lui que Wollaston, Ritter et Bockman ont découvert d’autres rayons qui, sans être ni calorifiques ni lumineux, avoient éminemment la propriété d’affecter les combinaisons chimiques de l’oxigène, et que par cette raison, ils ont appelé rayons chimiques ou désoxigénans. C’est le desir de connoître mieux la nature de ces derniers qui m'a conduit à entreprendre une série d'expériences qui n’ont pas été sans fruit, et dont je prends aujourd’hui la liberté de faire part à l’Académie, dans l'espérance que ses membres vou- dront bien m'aider de leurs moyens et de leurs conseils à les perfectionner. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 Et d’abord, je dois remercier publiquement mon ami et mon collègue, M. Saverio Barlocci, qui a eu la complaisance de m'aider dans ces expériences, et qui a le mérite d’avoir trouvé un procédé qui les rend plus faciles et plus décisives. Je dois encore des remercimens à un autre amiet collègue, M. Settele, età mon élève, le docteur Carpi, qui ont contribué avec beaucoup d'intérêt et de zèle au travail dont je vais rendre compte. Il y a déjà quelque temps que, méditant sur la belle décou- verte d'Herschell, qui a démontré que , sur les quatre fluides impondérables que nous connoïssons en Physique, les rayons solaires en renfermoient deux, savoir, la lumière et le calorique ; je pensois qu'il ne seroit pas impossible que les rayons chimiques du spectre ne continssent les deux autres, c’est-à-dire, le fluide magnétique et électrique, si toutefois ce sont deux fluides dis- tincts, et non un seul et même fluide, ainsi que j'ai commencé à le soupconner, dès que j'ai eu connoissance de l'appareil élec- tromoteur que le célèbre Ritter avoit réussi à construire avec une série d’aimans disposés dans la direction des pôles contraires. Je cherchai, dans mes premières tentalives, à découvrir si les rayons chimiques ne seroient point aussi magnétiques de leur nature; et dans ce but, je fis construire par le célébre mécanicien du Collége de la Sapience, M. Zursiverg, un certain nombre d’aiguilles d'acier, de la forme qu’on donne ordinaire- ment à celles des boussoles, et de diverses grandeurs ; elles avoient toutes une chappe de verre, et portoient sur un pivot, sur lequel elles étoient très-mobiles. Nous commencâmes le 3 de juin dernier, M. Barlocci et moi, nos expériences, de la manière suivante. Nous faisions tomber les rayons colorés du spectre sur un papier blanc, et après avoir disposé une aiguille sur son pivot, implanté sur le bras mobile d’une petite règle de bois, fixée sur une base également de bois, nous plongions l'aiguille dans le rayon violet vers l'extrémité du spectre , et dans le voisinage du foyer des rayons chimiques, qui, comme on sait, est en dehors du rayon violet. L’aiguille qui avant l'expérience se maintenoit dans toute direction, et oscilloit indifléremment dans tous les sens, commença à montrer une ten- dance vers le méridien vrai ; et finalement elle se fixa dans cette direction. Sa pointe regardoit le nord, et sa queue le sud, sans aucune déclinaison sensible. Lorsque l'aiguille, après s'être arrêtée dans cette direction , paroissoit immobile, si on l'en écartoit avec le doigt, elle y retournoit en oscillant, comme si une impulsion LS 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE extérieure l’y eût irrésistiblement ramenée. Nous continuâmes l'expérience, et peu à peu, et comme insensiblement , l'aiguille commença à s'éloigner du méridien vrai, en s’approchant du magnétique, sans cependant y arriver ce jour là, où mes occu- pations ne me permirent pas de prolonger l’erpérience au-delà d'environ une heure. En partant , j'éloignai l'aiguille de Pappareil, et elle perdit immédiatement la direction qu’elle avoit prise, et devint indifférente à toute autre, qu’elle recevoit des mou- vemens de l'air, du plancher, ou de la main. Ce premier résultat n’étoit pas entièrement satisfaisant ; mais il me laissoit entrevoir quelque chose de magnétique dans les rayons chimiques, et il me donnoit l’espérance de réussir mieux, si nous étions persévérans dans notre recherche, Avant d’aller plus loin dans le détail de ces expériences, je crois convenable de faire connoître les précautions par lesquelles nous cherchions à nous meitre à l’abri de toute illusion. Lors- qu'on mettoit une aiguille en expérience, on plaçoit sur la même table et à peu de distance de ceile-là, mais hors du spectre, une autre aiguille, pour qu’elie fit connoître par ses mouvemens ceux qui pouvoient dépendre de causes étrangères à l’influence que nous cherchions à découvrir. Plus loin, et sur une autre table nous avions placé une aiguille aimantée, pour reconnoître exactement la direction du méridien magnétique, et pouvoir la comparer à celle que prenoit l'aiguille plongée dans le rayon violet. Enfin on évitoit soigneusement d'approcher l'aiguille aiï- mantée de celles qu’on tenoit en expérience, afin de soustraire à tout soupcon d'influence magnétique différente de celle que pourroit produire l’immersion dans larégion chimique du spectre. Le 5 du même mois on remit la même aiguille en expérience; et le résultat fut le même, quant à la direction vers le méridien magnétique ; mais, avec celte différence singulière, que la polarité fut renversée; la pointe prit la place de la queue. Du reste, la déclinaison, à partir du méridien vrai vers le méridien ma- gnétique , s’augmentoit toujours à mesure que l'expérience se prolongeoit; mais, hors du rayon violet, l'aiguille maflectoit plus cette direction. On mit en expérience le même jour une autre aiguille, qui présenta tout de suite les mêmes phénomènes que la première, mais dont la polarité ne fut point renversée les jours suivans. Après la cinquième immersion alternative de ces aiguilles dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 211 le bord du rayon violet, pendant environ demi-heure par jour, et toujours entre neuf et onze heures du matin, elles atteignirent finalement la direction du méridien magnétique; et elles la con- servèrent encore après l’expérience , avec quelques irrégularités, mais {oujours en moins. Après avoir obtenu ce résultat, nous essayâmes l’action réci- proque des aiguilles ainsi polarisées. Nous observâmes qu’elles s’attiroient vivement par leurs pôles opposés; et qu’entre les pôles homologues il n’y avoit pas de répulsion sensible, mais plutôt une attraction foible et inconstante. Aucune de ces aiguilles, d’ailleurs, n’attiroit la limaille de fer. Ces expériences, quoiqu’assez concluantes, ne paroïissant pas encore décisives, nous imaginâmes d'employer des lentilles double- convexes, et des miroirs concaves, pour concentrer les rayons violets, et les rayons chimiques contigus, en un foyer où l’action seroit plus énergique, et partant, les résultats peut-être plus prompts et plus décisifs. Par ce procédé, deux autres aiguilles arrivèrent plus promptement au degré de magnétisation des deux premières. Alors nous imeginâmes de soumettre celles-ci au foyer des rayons violets concentrés , afin d'augmenter et de compléter, pour ainsi dire, leur force magnétique ; et nous parvînmes ainsi à donner à l’une d’elles la faculté d’attirer la limaille de fer à son pôle nord. On observa encore, dans le cours de ces expériences, une ano- malie remarquable. Un jour que, vers cinq heures du soir, M. Barlocci étoit occupé à projeter avec un miroir concave le foyer du rayon violet sur une des aiguilles, désignée Ne lenc 8, sa polarité en fut renversée, et elle est demeurée telle jusqu'à ce Jour. C'est-à-dire, que sa queue se dirige vers le nord, tandis que sa faculté d’attirer la limaille de fer est demeurée exclu- sivement attachée à sa pointe, qui se dirige actuellement vers le sud. Nous en étions à ce point de la recherche, lorsqu'il vint à l'esprit de M. Barlocci de diriger le foyer des rayons violets sur les aiguilles, par un mouvement semblable à celui qu’on suit pour aimanter les aiguilles dans le procédé ordinaire; c’est-à-dire, en conduisant la lentille de manière que le foyer parcourût d’abord la demi-longueur de l'aiguille, à partir du milieu jusqu'à son extrémité nord, ensuite l’autre demi-longueur , depuis le milieu jusqu’à l'extrémité sud. Cette tentative eut le succès le 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plus heureux. On aimanta par ce procédé quatre aiguilles, en moins de temps et plus complètement que les précédentes ne l’avoient été, puisque non-seulement elles acquirent la direction du méridien magnétique, mais aussi la propriété d'attirer en houppe la limaille de fer, et de s’attirer vivement les unes les autres par leurs pôles contraires, comme les autres l’'avoient acquise, et de plus, une répulsion marquée, par leurs pôles ho- mologues. Le plus long-temps qu’on ait employé pour obtenir ces eflets a été, dans différens essais, d’environ deux heures ; et le plus court, l’intervalle d’une demi-heure. La différence paroît dépendre entièrement de l’état de l'atmosphère; car nous avons remarqué qu’une atmosphère peu transparente , et seulement un peu cérriforme (1) diminuoit et détruisoit quelquefois pres- qu’entièrement les effets magnétiques des rayons solaires. Il paroît aussi que l’humidité et les vents de sud sont peu favorables à ces expériences; tandis qu’un temps frais et serein contribue efh- cacement à les faire réussir. Le thermomètre (octogésimal) a toujours été entre 18 et 22 degrés dans l’intérieur du cabînet de Physique où nous avons opéré. Nous avons profité da procédé imaginé par M. Barlocci, pour magnétiser complètement aussi les aiguilles qui avoient été sou- mises aux premières expériences , etauxquelles il manquoit encore, ainsi que Je l'ai dit plus haut, la répulsion des pôles homologues, ou au moins étoit-elle douteuse et non constante. La seule ai- guille qui portoit le no 8 a été conservée dans l’état dans lequel les premières expériences l’avoient laissée, parce qu’elle présentoit une anomalie singulière, c’est-à-dire, le renversement de ses pôles et l'attraction de la limaille de fer à celui qui, jadis nord, est actuellement sud, Enfin, toutes ces aiguilles ont acquis encore l’inclinaison ma- gnétique, comme nous nous en sommes assurés hier, avec ledocteur Metaxa qui a pris beaucoup d'intérêt à ces expériences et se propose de les appliquer aux animaux. La seule aiguille n° 8 a joint d’abord à ses autres anomalies celle d’incliner au sud son pôle nord , mais actuellement elle est rentrée, sous ce rapport, dans la loi générale. En réfléchissant aux résultats de ces expériences, et aux condi- (1) Il paroît que l’auteur a adopté l’ingénieuse nomenclature de M. Eucke Howard pour désigner les modifications vaporeuses dans l’atmosphère. tions ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 tions les plus favorables à leur succès complet, il semble qu’on peut conclure que ce n’est pas le faisceau violet proprement dit, mais les rayons chimiques qui ont leur foyer principal au-dessus de son bord (lequel foyer s'étend dans la région violette, comme le foyer des rayons calorifiques s’éparpille jusqu’au rayon vert) qui contiennent le fluide magnétique, si peut-être ils ne sont pas identiques avec lui. Deux inductions, tirées de l'expérience, sem- blent donner de la probabilité à cette opinion. La première est, qu'aucun des autres rayons primitifs du spectre solaire ne pos- sède, au moins dans un degré sensible, la propriété d’aimanter l'acier. La seconde est que c’est surtout vers son bord que le faisceau violet la possède le plus éminemment. Je suis persuadé que si on r'étoit pas obligé de concentrer avec la lentille le rayon violet pour guider ainsi le. manipulateur dans la projection des rayons chimiques sur les aiguilles, et si on faisoit arriver sur elles le foyer pur des rayons chimiques, l'effet seroit le même et peut-être plus complet. Il ÿy a encore un autre fait qui mérite d’être remarqué; c'est la gradation par laquelle les propriétés magnétiques se manifestent dans les aiguilles soumises à l’action des rayons magnétisans. Elles prennent d’abord la direction du méridieu solaire, ensuite elles se rapprochent successivement du méridien magnétique. Le pre- mier de ces effets sembleroit plutôt dû à une sorte d’impulsion magnétique, parce qu'il se dissipe en quelque sorte lorsqu'on enlève les aiguilles hors de la région où il s’est manifesté. Lors- qu'on répète les immersions, cette direction devient constante, et alors, les aiguilles semblent bien être réellement imprégnées du fluide magnétique ; mais il y est pas encore à son #7aximum, car elles ne possèdent pas encore la propriété de s’attirer par les pôles contraires. Ensuite elles acquièrent la faculté d'attirer le limaille de fer au pôle nord; puis la propriété de se repousser ar leurs pôles homologues; et finalement, eelles ont altein£ e degré ïe magnélisation complète elles attirent aussi la limaille de fer au pôle sud. L’inclinaison magnétique marche du même que la déclinaison, dans la série des phénomènes; et quand ’une est complète, l'autre arrive à son #2axëmum. Nous avons cru qu’il étoit utile de signaler la série de ces phénomènes, parce qu’elle peut servir à éclaircir la théorie du magnétisme, en supposant qu’ainsi que cela paroît démontré, le fluide ma- gnétique arrive conjointement avec la lumière et Le calorique, du soleil à la terre. Tome LXXFVI. MARS an 1613. Ee 214 JOURNAL DE) PHYSIQUE, DE CHIMIE Indépendamment des anomalies indiquées ci-dessus, il s’en est présenté dans le cours des expériences, qui méritent d’être rappelées, et que nous tirons du journal où on les avoit enregistrées - à mesure, On peut renverser aisément la polarité d’une aiguille, en ren- versant le spectre, c’est-à-dire, en mettant en bas les rayons violets, s'il étoit en haut, et vice versé. Nous avons vu dans l'aiguille n° 6, que sa polarité se renversoit lorsqu'elle fut soumise au foyer magnétique d’un miroir concave qui réfléchissoit les rayons du soleil de l’occident. Une aiguille modérément magné- tisée dans un jour de beau temps, remise en expérience dans une journée humide et nébuleuse, perdit tout ce qu’elle avoit précédemment acquis. Elle reprit facilement ses propriétés ma- gnétiques , elle les accrut même dans un jour serein. Une aiguille mise en expérience pour être aimantée, la pointe au sud, en projetant toujours le foyer magnétique de la queue à la pointe, acquit la direction du méridien magnétique; tourna sa pointe au nord, et attira la limaille de fer par la queue. Pour corriger toutes ces anomalies, il fallut la soumettre de nouveau au pro- cédé ordinaire. Si une aiguille plongée pour la moitié dans la partie supérieure du rayon violet de droite à gauche, est portée pour l’autre moitié au côté opposé, sa polarité se renverse. IL sembloit qu’on pouvoit conclure de ces anomalies que les rayons magnétisans possédoient eux-mêmes une polarité contraire à celle qu'ils communiquoient aux aiguilles, et que cette propriété se manifestoit dans les bords latéraux supérieurs du rayon violet; mais les faits ne sont pas jusqu’à présent assez nombreux pour autoriser à rien prononcer de certain sur cette opinion. Pendant que nous nous occupions de la recherche de la faculté ou de la nature magnétique des rayons chimiques, ou, si l’on veut, des rayons violets, nous n'avons pas négligé de tenter des expériences propres à déterminer si dans les rayons solaires il y à des rayons électriques. Maïs nos essais sont en trop petit nombre et trop incomplets pour que nous puissions émettre une opinion sur cet objet. Cependant des faits semblent déjà indiquer que les mêmes rayons qui produisent les phénomènes magnétiques produisent aussi des effets électriques. Ces faits se réduisent aux rois suivans. 1°. Les rayons solaires non réfractés par le prisme, concentrés avec une lentille et projetés sux le plateau d’un condensateur ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 de Volfa, jusqu’à un degré de réchauffement considérable, n’ont donné aucun signe d'électricité. 20. Le foyer des rayons yiolets a fait deux fois diverger les pailles pendantes de cet électromètre; et leur électricité étoit alors positive ou vitrée. 30. Les pailles étant en acte de divergence par l'électricité résineuse où négative , elles se sont rapprochées lorsqu'on a projeté sur le condensateur le foyer des rayons violets. Nous nous proposons de poursuivre cette recherche particulière avec assiduité, car l'intérêt qu'elle nous inspire, n’est pas moindre que celui qu’excitoit la première. Pour exécuter plns facilement etavec moins d’embarras la magnétisation des aiguilles au moyen de la projection du foyer du rayon violet sur elles, il con- vient beaucoup de les arrêter dans.une direction rapprochée de celle du mé- ridien magnétique. On peut y parvenir aù moyen d’un petit disque ou de papier; ou de cire, qu’on met sous les aiguilles, autour du pivot, et qui les soutient. Cette précaution les empêche d’osciller pendant l'expérience, etelle en facilite £t accélère le résultat. (Note de l’auteur.) Ee 2 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ESSAI D'UNE NOUVELLE AGROSTOGRAPHIE , OÙ NOUVEAUX GENRES DE GRAMINÉES, Avec Figures représentant les caractères de tous les Genres. Dédié à S. Exc. Mgr le Comte Daru, Ministre, Secrétaire d'État, ete. ; PAR M. À. M. F.J. PALISOT pe BEAUVOIS, Membre de l’Institut, de l’Athénée des Arts et de plusieurs Sociétés savantes. Un volume in-8° de 181 pages avec 25 Planches. — Se vend à Paris, chez: Auteur , rue de Turenne, n° 58, et chez les Libraires associés. EXTRAIT PAR M. BOSC. Daxs aucun temps l'étude des graminées n’a été suivie avec la même ardeur que celle des autres plantes, quoique ce soit parmi elles que se trouvent les végétaux qui se cultivent le plus généralement pour la nourriture de l’homme, c’est-à-dire, le fFroment, le Seigle, VOrge, V Avoine, le Riz, le Sorgho, le Mais, etc. S'il se découvre une plante encore inconnue en Europe, elle appartient à cette famulle, et c’est elle qui, dans les diverses parties de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique, offre le plus d'espèces nouvelles. J’en ai rapporté une centaine des environs de Charleston, Caroline du sud, quoique ce lieu eût été visité avant moi par plusieurs botanistes zélés et instruits. La cause de cette sorte de dédain ne peut étre attribuée qu’au ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 petit nombre de caractères dont sont pourvues les graminées, el aux vices des principes qui ont jusqu'à présent guidé dans leur classification, circonstances qui s'opposent à leur étude et empéchent que ce qu’on sait se grave dans la mémoire. En effet les graminées offrent des fleurs presque de même grandeur, de même couleur; des fruits qui ne différent presque - que par leur plus ou moins She a ae des feuilles presque semblables, qu’il est fort difficile de faire connoître par de simples descriptions. Des figures exactes sont le seul moyen qu’on puisse employer pour se former une idée des petites diflérences qui existent entre beaucoup d’entre elles. C’est à Linnæus qu’on doit l'établissement de genres réguliers dans les graminées; depuis lui ils ont été perfectionnés et aug- mentés. Cependant les nombreuses anomalies qu'ils offrent encore, font, depuis long-temps, desirer un travail général de révision et de concordance. M. Palisot de Beauvois, que son zèle pour les progrès de la Botanique rend si recommandable aux yeux desamis de la science, dont les Ouvrages sur les mousses ont fixé les principes d’après lesquels elles devoient être étudiées, ayant voulu entreprendre cette révision, malgré les soins que demandent la publication de sa Flore d'Oware et de Benin, ainsi que celle de ses insectes d'Afrique et d'Amérique, n’a pas tardé à s’appercevoir de la né- cessité de refondre entièrement les genres, ou mieux, de les établir sur des principes tout-à-fait nouveaux. Il s’est donc livré à l’observation des espèces pendant plusieurs années consécutives, et il est résulté de son travail l'important Ouvrage annoncé plus haut. Étudier ne suffisoit pas: il falloit fournir aux autres les moyens d'étudier aussi , et c’est ce qui a déterminé M. Palisot de Beauvois à faire dessiner et graver les caractères de tous les genres dont il a jugé l'établissement nécessaire. Ses planches, remarquables par leur perfection, seront, comme celles de la Carpologie de Gaertner, une base sur laquelle les botanistes à venir ne pourront être dispensés d'établir l'édifice des travaux qu’ils voudront faire sur la même famille. Il m’est donc permis de dire, sans hyperbole, qu’elles fixent la science. - Letextede la nouvelle Agrotographie de M. Palisot de Beauvois est précédé d’une savante introduction dans laquelleon trouve, d'abord des notions étendues sur les Ouvrages qui ont traité 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE des graminées , et ensuite l'indication des principes, aussi déve- loppés qu’on peut le desirer, d’après lesquels elles doivent être étudiées. Je vais donner une courte analyse des objets qui y sont traités. Les sortes de racines propres aux graminées y sont décrites avec délail et exactitude, Ony trouve une très-belle anatomie du chaume, accompagnée de figures très-bien exécutées, L'examen des feuilles et des trois parties dont elles sont com- posées, donne occasion à M. Palisot de Beanvois de résoudre quelques questions physiologiques, sur lesquelles les botanistes n'avoient pas encore porté leur attention. L'axe florifère est dans le cas de servir à la détermination des espèces, aussi M. Palisot de Beauvois détaille-t-il les caractères qu'il présente, Mais c’est sur l’organisation des fleurs et sur les différences qu’elles présentent, que M. Palisot de Beauvois s'étend le plus, Cette seule partie de son travail auroit nassé pour un ouvrage, s’il l’eût présentée séparément. L’exactitude des définitions s’y remarque à un degré éminent : s'il se sert d’un mot inusité, 1l en donne la raison. Les observations y sont très-multipliées. On 3 trouve les motifs, non encore appercus, de beaucoup de genres. Quelqu’instruit qu'on soit, on y apprend beaucoup de faits ignorés, beaucoup de considérations, ou nouvelles, ou présentées sous un point de vue nouveau. Après de judicieuses réflexions sur les méthodes jusqu’à présent adoptées dans la classification des graminées, M. Palissot de Beau- vois conclut ainsi: « On peut donc avancer, sans témérité, que les méthodes, pour les graminées, sont imparfaites, insuflisantes, et remplies d’exceptions, d’aberrations qui arrêtent à chaque pas lobser- vateur le plus attentif. L'intérêt de la science exige de grands changemens, je dirai même une réforme presque totale, C’est ce que j'ai fait en travaillant sur de nouveaux principes et de nouvelles bases, Je les propose aux botanistes, en les priant de m'aider de leurs avis et de leurs conseils, que je recevrai toujours avec reconnoissance:; car Je suis bien loin d’espérer d’être par- venu à n'avoir point commis d'erreurs , et à présenter une méthode parfaïte. » ET D'HISTOIRE NATURELLE. 219 C’est ainsi que parle le véritable ami des sciences. Les principes de la nouvelle méthode de M. Palisotde Beauvois, sont ensuite exposés en détail. Il indique les caractères des deux familles qu'il propose d'établir dans les graminées qui jusqu'ici n’en avoient formé qu'une. Ces deux familles sont, 1° les Moxo- THALAMÉES dont toutes les locustes (épillets) sont composées d’une ou plusieurs fleurettes d’une même sorte ou de sortes dif- férentes, mais contenues dans une enveloppe commune; 20 les POLYTHALAMÉES dont les locustes de diverses sortes contiennent des fleurettes neutres ou unisexuelles, les autres des fleurettes polygames, ou d’un sexe différent de celui. des précédens. Ces deux familles se subdivisent ensuite en tribus, chaque tribu en cohortes, chaque cohorte en sections. Dans la série des genres, M. Palisot de Beauvois fait encore usage, lorsqu'un caractère commun à plusieurs l'y convie, d’autres subdivisions indiquées par les premières lettres de l'alphabet. Il seroit trop long de donner ici les bases caractéristiques de ces subdivisions, mais je puis dire qu’elles sont rigoureusement applicables à tous les genres qui font partie d’une d’elles. Le résultat de cette marche, constamment analytique, est une grande facilité pour trouver le genre auquel appartient une espèce qu'on a sous les yeux; mais il faut auparavant s'être bien pénétré de la valeur des noms employés par M. Palisot de Beauvois pour désigner les diverses parties des graminées ; car, ayant de nouvelles idées à exprimer, il a dû faire d'assez grands changemens dans la langue de la science. Pour donner un appercu de la manière d'opérer de M. Palisot de Beauvois, je vais transcrire les articles de deux des premiers genres de la première famille, dont l’un est ancien et l'autre a été établi par lui. 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MONOTHALAMA, Locustæ conformes : flosculi eodem thalamo inclusi. TRIBUS PRIMA, Axis integer : Glumæ alternatim insertæ, COHORS PRIMA, Locustæ unifloræ. SECTIO SECUNDA. Locustæ tegmine munitæ : Gluma inferior major, A, Stragulum unipaleaceum. a. Palea aristata. Genre IV. ALOPECURUS, Vulpin. PI. 1v, fig. V, vr. De æhomexupos, Cauda vulpina. Ælopecurus Theoph,, Adans., Linn.,Juss. Rozettia Sav. Pha- laridis spec. Linn. Axis spicatus : Spicula composita, stricta, cylindrica » 7207 involucrata. Rami brevissimi, ramulosi, sparsi. — Glumæ basi connatæ, fig. V, d, e, vel. distinctæ, fig. vi. — Palea utricu- liformis (potiüs paleæ coalitæ), uno latere fissa, infra medium aristata. — Squamæ lineares, integræ, que (nullæ Schreb.) — Stylus 2-partitus, basi subsimplex.— Stigma longissima, sub- aspergilliforma. — Semen.... | SPECI Phalaris ufriculata, Tinn.; Al. agrestis, pratensis , bulbosus, ventricosus, subaristatus , phleiformis, geniculatus Linn., Wild., Pers.; Magellanicus, echinatus, capitatus, ca- pensis, granulatus, myosuroïdes, sericeus , nouvelles espèces communiquées par M. de Jussieu; Antarticus, Wild.; pedalis Bosc. L’Alopecurus érdicus, Wild, à en juger par la description qu’il en donne, paroît devoir appartenir au genre Pénisetum. AGRAULUS. xos. Agraulier. PI, 1V, fig. VII. De &ypayAos, in agro stabulans. Agrostidis ET D'HISTOIRE NATURELLE, 35T ÆAgrostidis species Linn., Juss.,; Trichodii species Schrad., Wild, Hort. Berol., Scheuch. Pl.-14r, fig. 9. Axis paniculatus : Panicula composita , plus minüs eflusa. — Glumæpaleâ longiorés.—Paléa apice emarginata, infraimedium aristata : arisla tortihis, plicäta. — Squamæ ovato-lancevlâtæ, glabræ, integræ. — Stigmata villosa. — Semen liberum, semi- sulcatum. . SPECI. Agrostis canina, Alpina. Linn. Actuellement je pourrois traduirele tableau méthodique rédigé par M. Palisot de Beauvois, pour faciliter la recherche du genre d’une espèce qu'on a sous les yeux; mais je dois préférer mettre sous ceux du lecteur les subdivisions des genres. Un astérisque indiquera ceux qui sont élablis par ce botaniste, MONOTHALAME. TRIBU PREMIÈRE, COHORTE PREMIÈRE, Section première. Genres : zoyzie et asprelle. Section seconde. Genres : cogueluchiole, vulpin, agraulier”, trichode (1), perotis, cannamelle. Section troisième. Genres : énperata , eriochrysis *, cérésie , paspal, axonope*, millet, reëmaria , érianthe, calamagrostis, chœturus, vilfa, polypogon, piptatherum , stipe, oryzopsis , nr ce *, streptachne, castridium *, agrostis, coloba- chne *, Section quatrième. Genres : crypsis, tragus, héléochloé, fléau; achnodonte *, spartine , trichoon, sporobolus , riz, muhlen- bergie , clomène*, podosème, mibore ; chœtaire*, apère, cinna , curtopogon “,arthratherum *, aristida, pentapogon, lagurier. 4 COHORTE SECONDE. Genres :phalaris, chilochloa*, chiendent, cœælachne, braché- - \ 4 * tre *, triathère, boutelouée , chondrosum , gymnopogon”, echinopogon*, anisopogon, deyeuxia. ———_——— (1) Il auroit fallu écrire trichodion , le mot de trichode en français, trichoda Tome LXXV I. MARS an 1813. Ff£f Le. 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIA COHORTE TROISIÈME. Section première, Genres : panis, paractène*, antoenante *, hymenachne *, monachne*, streptostachis, digitaire. setaire”*, neurachne, isachne , urochloë*, echinochloa *, oplismène *, meline*, dimerie, arrhenatherum”, pogonatherum”*. . Section seconde. Genres: ichnanthe*, racle, anthéphore , pé- nicillaire, peinicetum , gymnotrix*, roseau, ehrarthe, tetrar- rhena , trochère, hiérochloé, mäicrolène, torésie, faucille, Jloue. COHORTE QUATRIÈME. Genres : cynosure, élytrophore *, brize, mélique, molénie , centotheca, orthoclada*, vulpin , eragrostis *, airopsis, lepto- chloa*, éleusine, dactyloctenium , acheneria*, schimus *, ma- gastachya *, uniole, cératochloé *, graphephorum, triodie, tri- cuspis*, donax, seslérie, chloris, streptogyna*, diplachne”, triplasis *, enneapogon, porte-aigrette , échinaire, térraphis , rabdochloé*, koëlerie, dactyle, calotheca , trichæta *, brome, houlque, trisetum, avoine,canche,portemassue*, Deschampsie", Pommereul , Danthonie, pentameris *, ériachne , ectrosie. TRIBU SECONDE. - COHORTE CINQUIÈME. Section première. Genres : gaudinie *, Beckmannie, glycerte, catabrosa”,scelrochloé*, dinéba , schedonorus *, fétuque , bra- chypode”, agrophyron , ivraie, blé, ægylops, seigle, élyme. Section seconde. Genres: Zschœærmne, trachys, lodiculaire*, rott- Doëll, xérochloë, lepturus, zeugites, meoschium*, arthraxon*, Colladoa, chamæraphis. outrichodes en latin , ‘ayant déjà été donné le premier par Muller, à un genre de vers infusoires , et le second par Fabricius, à un genre d'insectes coléoptères. ET D'HISTOIRE NATORELLE. 223 COHORTE SIXIÈME. y : orge, zéocriton*, micrachloé, ophiure {),rmoncermc*, æard. POLYTHALAMEF. TRIBU TROISIÈME, COHORTE SEPTIÈME. Section première, (renres: #ripsacum , manisure, pellophore , raphis, elyonurus. Section seconde. Genre : pariane. TRIBU QUATRIÈME. COHORTE HUITIÈME. Section première. Genres: ægopogon, chrysure, zizante, olyra, dipcgonia, pharus , leptaspis, potamophyle. Seetion seconde. Genres : Thuarée , anathère *, calamine* (2), cymbachne, barbon, sorgho, apludæ, diectomis, anthistiria, heteropogon. " COHORTE NEUVIÈME. Section première. Genres : /ithachne*, hydrochlo*, luziole, rnaïs, larmille. Section seconde. Genres: spinifex, gynerium. GRAMINÉES D'ORDRES, INCERTAINS. Genres: sparthe, naste, bambou, diarrhène, remirée*, dia- phora, psamme *, arundinaire, stematosperme *. (1) Ce nom appartient aussi à un genre de vers échinodermes , séparé pa Lamarck de celui des astéries. (2) Ce nom appartient déjà à un minéral composé d’oxide de zinc: Ff2 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On voit par cet exposé de l’Ouvrage de M. Palisot de Beauvois, combien il a dû lui coûter de travail, et combien il est à croire qu'il influera sur les progrès de la Botanique. Je ne puis donc u’én recommander l'étude aux vrais amis de cette aimable cience. Les critiques dont il peut paroître susceptible, dispa- roissent devant l'importance de son ensemble et l'immensité de ses détails. Les planches, comme je l’ai déjà annoncé, sont parfaitement bien gravées et donnent j développement complet des caractères sur lesquels sont établis les genres. On ne peut leur reprocher que d’être un peu chargées de figures, ce qui est la suite de la nécessité d’établir lOuvrage au meilleur marché possible pour qu'il soit à la portée d’un plusgrand nombre d'ama- teurs. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 RAPPORT ; FAIT A L'INSTITUT, D'UN MÉMOIRE DE M. MAGENDIE, SUR LES ORGANES DE L’ABSORPTION DANS LES MAMMIFÈRES ; PAr M. PINEL. Nous avons été chargés, MM. Cuvier, Pelletan, Portal et moi de rendre compte des objets contenus dans ce Mémoire, dont le but est de rechercher si dans quelques cas particuliers, les extrémités des veines ne sont pas douées d’une propriété ab- sorbante, comme le sont en général les extrémités des vaisseaux lymphatiques. Nous ferons d’abord remarquer que dans un autre Mémoire antérieur et lu dans une des séances de la Classe en 1809, MM. Ma- gendie et Delisle s’étoient proposés de faire connoître l’action particulière de quelques végétaux vénéneux sur la moëlle épinière. Tlsavoientfaitsurtoutplusieurs expériences avecl’extrait dela plante nommée Upas Tienté par les habitans de Java et de Borneo qui s'en servent pour empoisonner leurs flèches. Nous ne reviendrons pas sur les détails renfermés dans ce premier Mémoire, et nous rappellerons seulement que dans une de ces expériences, après avoir introduit dans l’intérieur des muscles de la cuisse d’un chien, un peu d'extrait de ce poison végétal, l'animal avoit paru pendant trois minutes peu affecté de sa blessure, qu’il en étoit résulté des contractions convulsives de tous les muscles du corps, qu’il s’étoit manifesté ensuite des alternatives de redressement de la colonne vertébrale et d’asphixie, qu’enfin les effets du poison ayant augmenté peu à peu, il s’étoit déclaré un Tétanos, c’est-à-dire une roideur et une immobilité complète du tronc de la colonne vertébrale o 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et des membres, ce qui fit périr l'animal dans cinq minutes à dater du commencement de l’expérience. Snnnt Dans le second Mémoire, lu par M. Magendie à la Classe, et dont,nous avons à rendre compte, il a envisagé le résultat de ses nouvelles expériences sous un nouveau point de vue: témoin de la promptitude avec laquelle ces substances vénéneuses étoient absorbées et transmises dans le système sanguin, il a regardé comme diflicile à concevoir, que l’absorption fût opérée seulement par le système lymphatique, suivant l'opinion généra- lement recue des Anatomistes , et il s’est proposé d'examiner si, d'après un grand nombre de faits, on ne devoit point admettre que l'absorption étoit aussi quelquefois opérée par les veines san- guines, en réfléchissant surtout à sa rapidité, malgré la foiblesse et la lenteur d’action des vaisseaux lymphatiques, et en se rappelant d’ailleurs les obstacles que produit la voie tortueuse et diflicile qu'offrent les glandes; mais, ajoute M. Magendie, la propriété absorbante des vaisseaux lymphatiques a été si généralement adoptée, un si grand nombre de its tendent tellement à la confirmer, qu’on n'ose poigt dire ouvertement qu'elle manque d’exactitude, mais seulement, qu’elle n'est point admissible dans toutes les circonstances, Ce n’étoit encore là que des probabilités, et 1l falloit recourir à des expériences directes. Or on avoit déjà appris par des observations de Duverney et de Flandrin, que dans quelques cas le conduit thorachique pouvoit cesser de verser le chyle dans la veine souclavière sans faire périr l'animal. On avoit reconnu, d’un autre côté, que d'autres animaux étoient amorts à la suite de la ligature du même conduit thorachique , et on ignoroit entièrement la cause de ces différens résultats. Ce fut pour dissipercette incertitude, que M. Dupuytren avoit déjà entrepris une suite de nouvelles expériences. Îl avoit lié le conduit thorachique de plusieurs chevaux. Quelques-uns n’avoient survécu que cinq à six jours à cette ligature; d’autres avoient conservé toute l'apparence de la santé, et dans ce dernier cas, comment admettre que les vaisseaux lymphatiques étoientla seule voie de l'absorption du chyle? Pour remonter à l’origine de ces variétés, cet habile analomiste avoit examiné avec soin l’état des parties des animaux qui m’avoient survécu que cinq à six jours après la ligature , et il avoit reconnu qu’on ne pouvoit alors faire passer ancune substance injectée, de la partie inférieure du canal dans la veine souclavière; il en concluoit que le chyle avoit cessé alors d’être versé dans le système veineux aussitôt après le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 227 ligature. Au contraire, dans les animaux qui avoient survécu au même procédé , il avoit été toujours facile de faire parvenir toute espèce de liquide de la partie inférieure du conduit thorachique à la veine souclavière, par des moyens nombreux de communi- cation que formoient entre ces deux points, des vaisseaux lym- phatiques placés dans les médiastin antérieur et postérieur, et ce dernier fait fut une fois constaté en présence de M. Magendie. La question de l'absorption veineuse n'avoit donc été nullement éclaircie par ces expériences, et c’est ce qui détermina ce dernier à en tenter de nouvelles avec l’'Upas Tienté, dont les effets sont si marqués, même à la dose de deux centigrammes , qu’on ne sauroit les méconnoître. Les auteurs du Mémoire , car M. Magendie a fait avec M. Delisle la plupart de ses recherches, ont procédé alors d’une manière plus directe. Ils ont commencé d’abord par lier le conduit thorachique d’un chien avant d’injecter le venin dans une autre partie de son corps, pour juger si la transmission seroit inter- rompue par cette seule circonstance, et pour rendre plus probable, une communication directe avec le système veineux. C’est ainsi qu'on a introduit dans le péritoine une dissolution de l'extrait du poison, et que les effets en ont été aussi prompts que si le tonduit thorachique n’eût point été lié, Cette expérience a été variée sur divers animaux, et le poison a été introduit tour à tour dans la cavité de la plèvre, dans l’estomac, le tube intestinal, les muscles de la cuisse, ete., et la mort de l'animal a été, dans ces divers cas, aussi rapide que si le conduit thorachique n’eût point été lié. Il a fallu alors convenir qu’on ne pouvoit tirer aucune induction exacte de ces faits, puisque le conduit thoraz chique pouvoit n’être point le seul moyen de communication entre les vaisseaux lymphatiques et le système veineux, puisqu'il existe souvent un second conduit thorachiquée au côté gauche, que d’autres fois de gros troncs de vaisseaux lymphatiques s’ou- vroient isolément dans les veines souclavières, et que plus souvent encore le conduit du chyle avoit plusieurs débouchés dans la veine .où il se termine, Il fallut donc recourir à d’autres tentatives pour donner lieu à des résultats moins équivoques. C’est dans cette vue.qu’on fit l'expérience suivante. On'fit une incision à l’abdomen d’un chien, après lui avoir fait manger, sept heures avant, une grande quantité de viande pour rendre les vaisseaux lymphatiques abdominaux. plus apparens, et à travers la partie incisée on: tira au dehors, une anse d’un intestin grèle 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sur laquelle on pratiqua deux ligatures à quatre décimètres de dis- tance, On coupa la partie des vaisseaux lÿmphatiques interceptée, entre les deuxligatures , et on mit un grand soin dans cette partie de l'expérience, pour s'assurer que l’anse d’intestin sortie de l'abdomen u’avoit plus de communication avec le reste du corps par les vaisseaux lymphatiques. Cinq artères et cinq veines mésenté- riques se rendoient à la portion d’intestin comprise entre les deux ligatures; quatre de ces artères et de ces veines furent liées et coupées de la même manière que les lymphatiques, et les deux extrémités de l’anse intestinale furent coupées et séparées entièrement du reste de l'intestin grèle. On obtint ainsi une por- tion d’intestin longue de quatre décimètres, qui ne communi- quoit plus avec le reste du corps que par une artère et une veine mésentérique. Ces vaisseaux furent isolés dans une longueur de quatre travers de doigt, et on avoit eu même la précaution d'enlever la tunique celluleuse où des vaisseaux lymphatiques auroient pu rester cachés; il ne restoit plus alors, pour obtenir ce résultat positif, qu’à injecter une petite quantité d’Upas Tienté dans la cavité de l’anse intestinale. C’est ce qui fut exécuté avec ces précautions nécessaires pour s'opposer à l'issue du liquide injecté dans l’intérieur de l'abdomen. Six minutes après, les effets généraux, tels qu’ils ont été décrits ci-dessus, se développèrent avec leur intensité ordinaire, comme si l'intestin eût été laissé dans son état naturel : on a examiné avec un grand soin, l’état des parties après la mort de l’animal, et rien n’a pu faire soup- conner que le poison eût pénétré dans la cavité abdominale, et qu'il eût été transmis ainsi par cette autre voie du système lymphatique, Les auteurs du Mémoire disent avoir répété plusieurs fois la même expérience, et avoir toujours obtenu le même résultat. Ce qui leur fait juger que dans des cas semblables, l'absorption a été formée par l’intermède des vaisseaux sanguins, et que c'est par cette voie que l’action du poison a été portée jusqu’au siége primitif du sentiment etdu mouvement. Il étoit naturel dechercher encore si ce mode d'absorption étoit le même dans d’autres parties du corps; c’est ce qui fut tenté de la manière suivante. On fit d’abord prendre une forte dose d’opium à un chien pour lui épargner les douleurs vives d’une opération difficile , et on am- puta sa cuisse; de manière cependant à laisser intactes ] artère et la veine crurales, pour ne conserver avec le tronc d'autre communication qu’au moyen de ces vaisseaux sapguins. On eut auss £x UHISTOIRE NATURELLE, 224 aussi la précaution, comme dans les expériences précédentes, d'isoler entièrement ces vaisseaux dans l’espace de quatre cen- timètres, et de leur enlever la tunique celluleuse où pouvoient exister encore quelques vaisseaux lÿmphatiques. On pratiqua en- suife une incision au pied du même membre, et on iutroduisit deux grains du poison dans la partie incisée. L'activité de ce poison devint aussi promptement funeste que si l'animal avoit resté dans son intégrité, et il périt en dix minutes. MM. Magendie et Delisle, toujours sévères dans leur marche expérimentale, voulurent encore éviter tout soupçon d’avoir laissé subsister encore quelques vaisseaux lymphatiques daus les tu- niques artérielles ou veineuses, propges à transmettre l'action du poison. C’est dans cette vue qu'ils crurent devoir rendre leur expérience encore plus concluante par le procédé suivant. Ils in- troduisirent dans l'artère crurale, un petit tuyau de plume sur lequel on fixa le tuyau par deux ligatures; l'artère fut ensuite coupée circulairement entre ces deux liens, et on en fit de même pour la veine crurale; il ne restoit plus par là aucune commu- nication entre la cuisse et le reste du corps, si ce n’est par le sang artériel qui se rendoit à la cuisse, et par le sang veineux qui revenoit au tronc. Le poison introduit comme dans le cas précédent, par le pied du chien, produisit ses eflets funestes ordinaires dans quatre minutes. Ne peut-on point déduire de ces deux variétés de la même expérience , ajoutent MM. Magendie et Delisle, que les vaisseaux lymphatiques ne sont pas, au moins dans certains cas, la route exclusive que prennent des substances étrangères pour être portées dans le torrent de la circulation, et qu'alors le système sanguin paroît les suppléer ? Les auteurs du Mémoire citent aussi en faveur de cette opinion, la rapidité de l'absorption des diversessubstances délétères, comme de celle du poison dont ils parlent, ce qui paroït peu s’accorder avec les longs détours que doit parcourir le fluide lymphatique avant de faire parvenir un principe étranger dans les veines san- ps mais quels sont les organes , ajoutentils, qui pompent e poison dans les parties où il a été introduit ? Sont-ce les ra- dicules veineuses, ou bien les capillaires des Iymphatiques qui, ayant des anastomoses immédiates avec les capillaires sanguins, verseroient aussitôt le poison dans le système veineux ? Ils con- viennent de bonne-foi, que les expériences déjà tentées sont encore insuffisantes pour résoudre l’une et l’autre question, et qu’il n'y a encore sur cet objet, que des présomptions plus ou moins Tome ZLXXVI. MARS an 1813. G g 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fondées en faveur de l'absorption veineuse; mais en variant Îles expériences , ils pensent pouvoir tirer pour résultat, que le sang veineux se charge du poison, et que celui-ci par l’intermède de ce sang, produit une action délétère sur les organes. En effet, si dans l’expérience précédente où la cuisse avoit été séparée du tronc et ne communiquoit avec lui que par le moyen des troncs artériels et veineux, on vient à comprimer entre les deux doigts la veine crurale, on ralentit ou on empêche mème totalement la production des accidens. Le sang d’un animal qui éprouve déjà des signes de l’action de l'Upas, contient donc la matière vénéneuse dans une proportion quelconque, et on peut regarder ce sang comme empoisonné; il étoit donc curieux de tenter la voie de la transfusion du sang dans celui d’un animal sain, pour juger si ce dernier éprouveroit des effets semblables. Le résultat de cette expérience , qui s’est trouvé contraire à ce qu’on avoit présumé, fait voir avec quelle circonspection il faut prononcer en Physiologie sur les faits qui paroissent le plus vraisemblables. Un chien déjà frappé du tetanos par l’action du poison, fut disposé de manière à pouvoir diriger son sang artériel dans le veine jugulaire d’un animal sain. Cette transfusion dura près de 20 minutes avant la mort du premier; mais le deuxième n’offrit aucune apparence du tetanos, quoiqu'il eût recu dans ses veines une quantité considérable de sang empoisonné, et il en résulta seulement une accélération très-marquée des mouvemens alter- natifs d'inspiration et d’expiration pendant quelques heures, ainsi qu’une exhalation pulmoraire très-abondante. Cette expérience tentée plusieurs fois avec l’Upas Tienté, la noix vomique, ou la féve Saint-Tgnace, et variée de diflérentes manières, donna des résultats analogues, disent les auteurs, et sert à prouver que cette voie de transmission du poison ne devient point funeste, quoique par analogie on dût le conclure, Dans'une de ces dernières expériences, on enfonca dans le museau d’un chien, du côté gauche, un petit morceau de bois enduit de deux grains d'Upas Tienté : trois minutes après cette introduction, on fit passer dans le système veineux d’un autre chien , le sang de la veine jugulaire du chien blessé ; la transfusion commença environ une minute avant les premiers signes de l’ac- tion du poison, et ne cessa qu’à la mort de l'animal qui les éprouvoil; mais l’animal qui avoit recu par transfusion une si grande quantité de sang empoisonné, n’en parut nullement af- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23: fecté, et il ne se manifesta aucune apparence d'irritation de la moëlle épinière. Cette expérience fut répétée plusieurs fois avec des variétés dans le mode d'introduction du poison, et aucun des animaux sains qui avoient recu par la transfusion un sang infecté, ne laissa appercevoiraucun des signes ordinaires de l’action du poison. Où, fit enfin une autre tentative qui eût des résultats analogues: après avoir séparé du corps la cuisse d’un animal, en ménageant et en isolant l'artère et la veine’ crurales , on introduisit le poison dans le pied du membre séparé, et on transfusa le sang de la eine crurale dans la veine jugulaire d’un animal sain : ce passage dura plus de dix minutes, et cependant aucun signe de a du poison ni dans l’un ni dans l’autre de ces animaux. Le dernier s’est conservé très-sain, et celui qui avoit recu le poison au pied, 2e mourut qu’au bout de quelques jours, des suites de l’amputation de la cuisse et de la perte du sang transfusé. Les auteurs du Mémoire pensent devoir conclure de ieurs ex- périences; 1° Que les vaisseaux lymphatiques ne sont pas toujours la route suivie par les matières étrangères pour parvenir au système sanguin ; | 2° Que le sang des animaux sur lesquels les strycnos amers produisent leur effet délétère, ne peuvent communiquer par la transfusion des accidens funestes sur d’autres animaux. Nous venons d’exposer les faits contenus dans le Mémoire soumis à notre examen, et les conclusions que MM. Magendie et Delisle en ont tirées; la structure et les fonctions du système lymphatique en général, sont loin d’y être révoquées en doute, puisque c’est un résultat des recherches et des expériences les lus authentiques et les plus multipliées faites par les Anatomistes ti plus célèbres, Hunter, Cruiskank, Mascagni, etc.; maison a voulu seulement chercher à constater ce qu'ont soupçonné d’autres habiles anatomistes, sur quelques cas particuliers d’absorption veineuse qui peuvent avoir lieu , et que Vicq-Dazir paroît avoir même indiquées dans l’article ÆÆbsorption de l'Encyclopédie méthodique. N’est-il pas d’ailleurs souvent arrivé dans les sciences physiques, que ‘par des recherches nouvelles on a découvert des faits propres à restreindre des assertions trop générales ? On ne peut donc que savoir gré aux auteurs du Mémoire, d’avoir profité d’une série d’expériences faites dans un autre but, et Ggz 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de les avoir ensuite dirigées de manière à éclaircir le vrai siége de l'absorption dans les mammifères ; il ont été d’ailleurs d’autant plus portés à considérer les cas d'exception de labsorption vei- neuse, que des Anatomistes les plus distingués, tels que Ruisch, Kaw, Boerrhave, Meckel, Haller, etc., ont recueilli des faits nombreux en faveur de l’inhalation veineuse, et se sont déclarés ses partisans à une époque où on n’avoit point autant multiplié les recherches sur la structure et les fonctions du système ly phatique qu’on l’a fait dans la suite. On ne peut d’ailleurs refuser à M. Magendie l'avantage d’avoir varié avec sagacité ses procédés, et d’avoir considéré sous divers points de vue le résultat de ses expériences , en prenant le sage arti du doute dans les cas obscurs et équivoques. Il paroît seu- doen que sa conclusion doit être encore un peu modifiée , et que les faits n’ont point encore été assez multipliés, ni assez direc- tement adaptés au but proposé, pour en conclure que les vaisseaux lymphatiques ne sont pas toujours la route suivie par les matières élrangères pour parvenir au système sanguin. En effet, prouver qu'un extrait vénéneux, une fois parvenu dans le torrent de la circulation, vient à aflecter le cerveau et à produire le tétanos, ce n’est point déterminer directement que la matière absorbée a plutôt pris la voie des ramifications veineuses que celle des lymphatiques, puisqu'on doit soupconner que les unes et les autres sont dans une cominunication réciproque. On doit con- venir aussi que le procédé de la transfusion qu’il a suivi, nest point regardé par l’auteur comme pouvant servir de preuve en faveur de l'absorption, quoique sous d’autres rapports elle soit curieuse; mais comme nous sommes instruits que l’auteur continue le cours de ses expériences, qu’il en ajoute même de nouvelles, et qu'il fait encore attendre le résultat de plusieurs autres recherches sur Pinhalation ou absorption veineuse, nous croyons devoir nous abstenir de porter un Jugement définitif sur les inductions à tirer du présent Mémoire , en lui donnant d’ail- leurs tous les encouragemens qu’il mérite par sa sagacité naturelle et sa manière de procéder dans ses expériences avec une extrème réserve. Nous pensons qu’en attendant , l'importance des faits contenus dans ce Mémoire, lui mérite une place parmi les Mé- moires des Savans étrangers. Signé CUVIER, PELLETAN, PORTAL, PINEL, rapporteur. La Classe approuve le Rapport et en adopte les conclusions. Certifié conforme à l’original., Le Secrétaire perpétuel, Chevalier de l'Empire, CUVIER. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2393 ANSICHT DER CHÉMISCHEN NATURGESETE, DURCH DIE NEUERN ENTDECKUNGEN GEWONNEN, Vox H. C. OERSTED : C'EST-A-DIRE, - CONSIDÉRATIONS SUR LES LOIS CHIMIQUES DE LA NATURE, FONDÉES SUR LES NOUVELLES DÉCOUVERTES. LE but de l’auteur est de prouver que les combinaisons chi- miques, la chaleur , la lumière, l'électricité, le magnétisme, en un mot, toutes les actions qui ne sont pas mécaniques, ont une cause commune, deux forces répandues sur toute la nature. Après avoir parlé de ses prédécesseurs dans cette carrière, ïl examine quelle est la meilleure manière de classer les corps inor- ganiques pour les recherches chimiques. Il pose comme principe, que la distinction entre les diflérentes classes, ne doit pas étre fondée sur une propriété qui est sujette à une augmentation ou diminution, parce qu’une propriété dont la grandeur peut «varier, peut aussi devenir nulle et même négative. D’après ce principe il distribue les corps en trois classes, qui en même temps sont trois séries d’affinités , ou trois degrés de composition. La première classe contient les corps non-brülés, la seconde les corps brûlés, la troisième les sels. Non content de faire voir que cette clas- sification est très-conforme aux nouvelles découvertes, il cherche encore à lui donner une base solide par un raisonnement sur la manière de classer en général, fondé sur la nature de nos con- noissances et sur l'expérience que nous a donné l'Histoire de la Chimie. Dans le second chapitre, il examineles phénomènes de la com- bustion, Tl resarde l’exnression affinir“ pour l'oxigène. comme 234 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE trop négative et trop bornée pour exprimer la propriété commune à tous les corps combustibles ; c’est pourquoi il ’appelle la force de la combustibilité, voulant seulement exprimer par le mot force la cause inconnue. De même il appelle affinité de l'oxigène pour les corps combustibles, la force comburente. Ces deux forces, fait-il observer, ont la propriété de détruire l’une l'effet de l'autre, et peuvent ainsi être appelées des forces opposées dans le même sens qu’on attribue à cetle expression en Mathématiques. Le ré- sultat de la combustion est ainsi un composé dans lequel les forces opposées sont plus ou moins en équilibre. Si la force de la combustibilité n’est pas assez balancée par la force combu- rente, le corps brûlé est un alcali; si au contraire la force com- burente y est en excès, le produit est un acide. Il regarde donc l'alcalinité comme une nouvelle modification de la force de com- bustibilité, et l'acidité aussi comme une modification de la force comburente. Ces deux modifications peuvent exister ensemble dans le même corps, comme nous le voyons surtout dans l’eau et dans plusieurs oxides métalliques. Ainsi on pourra expliquer toutes les combinaisons entre les acides, les alcalis et les autres corps brûlés, comme produites par les mêmes deux forces qui se trouvent dans la première classe. Aussi la neutralité des com- binaisons entre les alcalis et les acides, ne seroit qu’une suite néces- saire dela théorie de la combustion, A la fin du chapitreil chercheà prouver que chacune de ces forces a une propriété expansive et répulsive , et que toute contraction n’est qu’une suite de l'attraction qu'ont entre elles ces deux forces. Dans le troisième chapitre, l’auteur cherche à démontrer que l'équilibre chimique peut être troublé dans un système de corps, par le contact de deux substances de combustibilité diflérente, qui transmettent facilement l’action des forces chimiques. Ainsi, il croit faire découler tous les phénomènes électro - chimiques du premier principe de la Chimie. Dans le quatrième chapitre, l’auteur examine les forces élec- triques. Appuyé sur le fait constant que tous les corps peuvent acquérir de l’électricité par la seule distribution nouvelle, c’est- à-dire , par une rupture de l'équilibre de leurs forces naturelles; il regarde les forces électriques comme des forces générales ou universelles. Chacune de ces forces a toujours la tendance de se répandre, mais est plus ou moins retenue par la contraire. La propagation de ces forces se fait par une rupture et un rétablis- sement continuel des forces répandues dans l’espace. Ainsi la ET D'HISTOIRE NATURELLE, 235 transmission des forces est toujours accompagnée d’un changement intérieur dans les corps, maïs qui s’eflace bientôt par la tendance qu'ont les forces à reprendre l'équilibre. Cette tendance ne suflit cependant pas toujours quand on fait agir en même temps les deux forces sur un corps, puisque cette double attraction et répulsion produit une rupture de l'équilibre beaucoup plus considérable. Quand l’action des forces extérieures sur un corps est parvenue à un point où ses forces naturelles ne peuvent plus se rétablir par leurs propres attractions, le corps se décompose. Les appareils électriques doivent donc produire d’autant plus d’effet chimique, que leur action n’est pas propre à être transmise, pourvu toutefois que leur force soit assez grande pour pénétrer le corps; mais l'électricité est d'autant plus facilement transmise par un corps donné, queson intensité est plus grande et sa quantité plus petite. D’après ces principes, l’électricité d’une machine électrique est la plus propre pour la décomposition des mauvais conducteurs, parce que l’intensité de son action est assez grande pour vaincre leur résistance, et que la quantité est assez grande pour ne pas être conduite par ces corps-là. L’électricité de contact, qui réunit à une très-foible intensité une très-grande quantité, est plus con- venable pour décomposer d'assez bons conducteurs. Les meilleurs ont jusqu'à présent résisté à tous nos moyens soit chimiques, soit électriques. Des effets chimiques, produits par l'électricité, l’auteur tire ne grande confrmalion de l'identité des forces chimiques et électriques. À Le cinquième chapitre est consacré à la théorie de la chaleur. On y prouve, par un grand nombre de faits, que les corps qui sont forcés, par des attractions contraires, à transmettre une quantité d'électricité au-dessus de leurs facultés conductrices, augmentent en température ; mais que les plus grandes quantités d'électricité ne produisent point de chaleur, quand les conduc- teurs leur permettent un passage facile. Dansune transmission parfaite des forces électriques , l'équilibre se rétablit immédiatement après qu’il a été troublé. Le mème ne peut avoir lieu dans une transmission forcée, mais au contraire chaque point y reste dans l’état où l’action qui excède sa faculté conductrice Va porté. La chaleur consiste donc dans une rupture de l'équilibre des forces dans les molécules des corps. Toute contraction étant une suite de l'équilibre des deux forces, 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMTE le trouble dans l'équilibre doit produire une diminution de con- traction , c’est-à-dire une dilatation. Ainsi la loi que toute éléva- tion de température est accompagnée d’une expansion, rest qu'une suite nécessaire de la manière dont est produite la chaleur. La diminution de la cohésion et l’augmentation de la fluidité que produit la chaleur, est aussi une suite naturelle de ce mouvèment des forces intérieures qui constituent sa nature, On en peut dire autant de cette facilité de changer son état chimique, ce défaut de stabilité chimique dans les corps, qui est aussi l'effet ordinaire de la chaleur. s La combinaison de l’oxigène avec les corps combustibles, et des acides avec les alcalis, donne toujours des composés dans lesquels l'équilibre est fort troublé, d’où leur température élevée ; elle a lieu même où il y a dégagement de quelque gaz, par exemple dans la décomposition des carbonates par un acide convenable , et où il n’y a pas de diminution de capacité. Ainsi l’auteur pense que ces phénomènes sont beaucoup plus conformes à sa théorie, qu’à celle qui est maintenant adoptée. Pour le changement d'état de cohésion, l’auteur établit la Loi, que les corps qui passent en un état où ils deviennent de meilleurs conducteurs pour la chaleur, se refroidissent, parce que l’équi- libre de leurs forces devient plus parfait, e’ vice versé, la tem- pérature des corps augmente quand leur faculté conductrice pour les forces diminue. L’absorption de chaleur dans les fusions et les évaporations, et son dégagement dans les cas contraires, ne sont que des cas particuliers de cette loi générale. La production de chaleur par friction est un phénomène que l'auteur, avec Rumford et plusieurs autres physiciens, fait valoir contre la théorie du calorique, et qui lui sert naturellement d’une nouvelle preuve pour la sienne. Le sixième chapitre sert à prouver que la lumière est produite ar les mêmes forces que l'électricité, et qu'il y a seulement une différence dans la manière dont les forces y agissent. F’auteur pense que l'état de rupture d'équilibre, où les forces commencent à se réunir par l'intensité de leur opposition, donne la lumière, 11 fait voir que cet état doit être le plus facilement produit où ces forces réagissent entre elles avec beaucoup d'intensité, et dans un milieu qui est mauvais conducteur et qui n’a qu’une masse peu considérable. Par ce principe on explique facilement pourquoi l'union des corps combustibles avec l’oxigène de l'air, donne ET D'HISTOIRE NATURELLE. 237 donne de la lumière, mais que leur union avec l’oxigène des liquides ne donne que de-la chaleur. Il fait voir, par les mêmes principes, qu’il se peut faire dans certains cas, un dégagement de lumière sans chaleur sensible. L'auteur nous ayant communiqué qu’il pense de donner à cette théorie de la lumière quelques modifications et plus de dévelop- pement, nous nous contenterons d'en avoir donné ici un léger apperçu. Les quatre derniers chapitres traitent de l’action des mêmes forces dans l’aimant , dans les corps organisés, et donnent quelques remarques surles principesmétaphysiques qu’on a voulu faire entrer dans la Physique, et sur l'Histoire de la Chimie théorique. Ces chapitres supposant une connoissance plus détaillée du système de l’auteur, qu’on ne peut acquérir par un extrait très- succinct, comme l’est celui que nous avons présenté ici, nous nous bornons à les indiquer. Nous aurions donné un Extrait plus complet de cet Ouvrage, si l’on ne pouvoit en peu de temps en attendre une traduction complète, Tome LXXVI. MARS an 1615. Hb 238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A2 2 2 2 TL EXTRAIT D'UN MÉMOIRE DE M. CONFIGLIACHI, Professeur de Physique à Pavie, Sur le Froid produit par l’évaporation de l'Éau et de plusieurs autres fluides plus évaporables qu’elle dans le vide; TRADUIT DE L'ITALIEN PAR M. LECLERC, Professeur au Lycée de Lyon. CE travail important a été suggéré à l’ingénieux et savant Professeur de Pavie , par l'annonce de la découverte de M. Leslie, Il est divisé en trois parties dont voici les titres. PREMIÈRE PARTIE. , Expériences relatives au froid produit par lévaporation de Veau dans le vide. DEUXIÈME PARTIE. Expériences relatives aux abaissemens de température occa- sionnés par l'évaporation, dans le vide, d’autres fluides évaporables que l’eau. TROISIÈME PARTIE. Principales applications des découvertes nouvelles aux sciences naturelles, aux arts et aux besoins de la vie. Voici les principales expériences comprises dans cet Ouvrage, où brillent le savoir, lesprit et la dextérité de l'auteur. N. B. Cet Extrait a été communiqué par M. Clerc, professeur au Lycée de Lyon , qui a traduit l’Ouvrage pour l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de cette ville. £T D'HISTOIRE NATURELLE. 239 PREMIÈRE PARTIE. S Ier. Du Froid produit par la simple évaporation de l'Eau. . PREMIÈRE EXPÉRIENCE. ; Thermomètre dont la boule étoit revêtue d’une légère éponge imbibée d’eau à la température de l'air ambiant, placé sous la cloche pneumatique, sur un support métallique. Capacité de la cloche. | 5e ele pe nn e = 4 2 . tres Température de l'air et du thermomètre.. . . . 1705 La raréfaction commencant. . letherm.descen. rapidem. de 20. continuant. . . la descente dutherm. se ralentit. Pression réduite à 16.2366centi. redevient plus vive. à6.75 millim. le thermomètre à + r0. à 3.360 millim. obstinément à Æ 1°. DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Thermomètre à boule peu volumineuse, éloignée de l'échelle et revêtue comme dans la première expérience, suspendu, par un fil très-mince, dans la cloche précédente, mais recouverte d’une autre beaucoup plus ample. Temp. de l'arret du henmniétlilts ns tance op e + TO Pression réduite à 4millim. . . . . thermomètre indique oc. x ME à—30 puis remonte à o°, lim, . : { + e à 3 mil Ÿ où il reste quelques secondes. - = boule est vue tapissée de petits glaçons, Therm. sorti du vide. . { éponge non-totalement gelée. Méme Expérience Faite avec un thermomètre à esprit-de-vin et dont la tempé- rature avoit été réduite artificiellement à 2°. Durée de l'expérience, 5 minutes, Congélation complète. Thermomètre arrive à —30, remonte un peu au-dessus de @° et redescend à — 30. Eh 240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TROISIÈME EXPÉRIENCE. Petit vase contenant quatre grammes d’eau à la température de 2°, placé sous la'même cloche et sur un support peu propre à conduire le calorique. Température de l'air ambiant. . . + « . + + + + - 180 Pression réduite à 4 millimètres. . . . . l’eau ne gèle pas. Volume de l’eau et surface du vase diminués. Première cloche remplacée par une autre plus petite, que l’on arrose d’esprit-de-vin extérieurement, et que l’on recouvre d’un capuchon de carton argenté , fort ample et percé de petits trous propres à favoriser la circulation de l'air et par conséquent l'évaporation de l’esprit- de-vin. Des bulles de vapeurs s'élèvent du fond de l’eau; des aiguilles Pression réduite à 2.255 millim. à de glace paroïssent autour des parois du vase et recouvrent la surface supérieure du fluide. L'eau ne gèle pas totalement. Méme Expérience Répétée avec les mêmes précautions. L’eau placée dansune petite coupe de métal; } avec une cloche plus grande; point decongélation. avec un volume d’éau plus considérable ; : : l’eau ne varie que de En plaçantun thermometre dans eau, À 10 à 2° de température. SECONDE PARTIE. ‘Du Froid produit par l’évaporation , dans le vide, de plusieurs Jfuides plus volatils que l'Eau. PREMIÈRE EXPÉRIENCE Avec l'Ether sulfurique. Thermomètre à esprit-de-vin, dont la boule étoit revêtue d'une éponge imbibée d’éther sulfurique. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 242 Pesanteur spécifique de l’éther sulfurique, . . . . o.74 Température de l'éther.,. . . . . + . . . . . 129.50 Température de latmosphère.. . . . . . . . . 2bo, Pression à 1.353 centim.. thermomètre ov. à6.5o millim.. à — 360,50 à3.75 millim.. à — 380.25 obstiném. DEUXIÈME EXPÉRIENCE Avec l'Éther sulfurique. Petit thermomètre à mercure, dont la boule étoit revêtue de l'éponge imbibée d’éther sulfurique , de même quantité que dans la première expérience. le mercure descend presque tout dans la boule du thermomètre. à 3.75 millim. pendant 10 minutes. Pression à 6.75 millim. . { Le thermomètre est retiré; la boule cassée d’un coup de mar- teau, et le mercure s’aplatit sous le coup : il reste solide plusieurs secondes. TROISIÈME EXPÉRIENCE. Absorption des Vapeurs de l’Éther sulfurique par l’ Acide sulfurique. Thermomètre revêtu de l'éponge imbibée d’éther sulfurique; Petit vase contenant de l'acide sulfurique très-concentré ; Appareil recouvert de deux cloches de verre; Durée de l'expérience. . |. .".7".") .,.,. - : 10 mins Lempérature delai... 20e 2 (ROUES 0210.25 Pression à 2.25 millimètres. . . thermomètre — 5r°.25 L’acide sulfurique s’échauffe. Il absorbe les vapeurs de l’éther puisque la descente du ther- momètre est plus forte. À ces expériences, faites avec l’éther sulfurique, succèdent celles où l’auteur a fait usage d’autres fluides: en voici Le tableau. 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE =. TABLEAU Des degrés de froid produit, en temps égal et sous la tempé- rature atmosphérique de 20°, par l'évaporation dans le vide de plusieurs fluides plus évaporables que l'eau, . Sans l'acide sulfurique. | Avec l'acide sulfurique. Fluides évaporables 1 É à la Maximum Minimum Maximum Minimum même température, d’abaissement de la de la [d’abaissement de la] dela température. pression. température. pression. | Milimètres. Millimètres. Éther sulfurique. | Grav.spéciliqueo.75 se as Éther moriatique. Grav. spécifique 80 Éther nitrique. Grav. spécifique 86 Alcool. Grav. spécifique 81 Ammoniaque liquide. Gray. spécifique 91 S II. Du Froid produit par l’évaporation de l'eau, favorisée par la présence de quelque substance fort hygrométrique. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Capacité de la cloche pneumatique. . . . . « « + . 2 litre, Thermomètre revêtu de l'éponge mouillée. . . . . . . 17°5 Substance hygrométrique.. . . . . . . acidesulfurique. Superficie du vase de verre, conten. l'acide. 8 centimètres carrés. Quantité d’acide sulfurique. . . . . . . 1 once (nouv. poids), Distance du thermomètre au vase d'acide, & centimètres. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 243 . Lararéfaction poussée à 11 milli. thermomètre indique o°. t indiq.—205; remonte à o° où il reste quelques secondes. Eau complètement gelée ; éponge devenue très-dure et ne cédant point à une forte pression, 7 millim. { DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Le thermomètre revêtu de l'éponge est remp'acé par un vase de verre contenantenviron 8 deniers d’eau à la température de 170. bulles d’air et de vapeur venant éclater à la surface du fluide. 6.50 aiguilles de glace autour du vase, 5.50 congélation complète. La pression réduite à 8 millim. { TROISIÈME EXPÉRIENCE. La deuxième expérience est répétée, en faisant plonger un thermomètre dans l’eau. Avant la raréfaction. . . . . therm. 1605. Pression à 9 millimètres. . , . o°. DE ee le 2°, puis revient à o°. Congélation complète. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Le thermomètre revêtu de l'éponge imbibée d’eau à 160 est rétabli. thermomètre marque —3°, Pression réduite à 7 millim... remonte brusquement à o° et re- descend avec rapidité. 1.106 mill. thermomètre marque —37°0. Durée de l'expérience, 12 minutes.. L’acide s’'échaufle de 100. CINQUIÈME EXPÉRIENCE. Thermomètre à tube court et mince et dont la boule est enve- loppée d’une éponge imbibée d’eau réduite artificiellement à o°; Acide sulfurique distribué dans plusieurs verres de montre, dis- posés cà et là à diverses hauteurs dans l’intérieur de la cloche; Parois extérieures de la cloche arrosées d’éther; Température dell’aixc ambiant. .°.1:, |. MP br20 Pression réduite à 1.1275 millim. thermom. indique. —37 D ADOD MS Se MEME MAS Let Oo TACTILE Re RU NT EDS ele ete le LE idem, . , . . brusquement. . . —41.12 244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ‘ Congélation marquée par le saut du mereure; mais on ne ptut le retirer solide. . . . . . . . . Acide s'échauffede 1205. TABLEAU ! Des degrés de froid produit, dans le même temps, par l’évapo:|| | ration de l’eau à 17°, dans le vide, favorisée par l’action de diverses substances hygrométriques. Substances employées | Maximumd’abaissement| ÂMinimum y de pression : à de la P Observations. en même température. température. millimètres. s ee | . Acide phosphoriquelà + 1°.5. 6.765 concret. . Potasse caustiquesè] —3°. ,puisàäo®,| 2.818 |Congélation com- che. puis — 3°. plète. . Acétate acidulé de] —2° ,puis o°. 3.945 Id., au contactdu potasse. therm. seulem. . Idem, neutre. —% puis o°,| 3.382 |Idem,incomplète. 5. Idem , très-sec. — 2°.75, puis 3.199 |/dem, complète. puis — 2°. . Id., unpeualcalin.| —3° ,puis 3.006 |/dem, complète. puis 2°.75. - Muriate cristallisé | 2°, 7.328 de potasse. . [d., noncristallisé. | —2°.60, puis 3.199 (Idem, complète. puis — 2°. . Muriate de chaux. - Nitrate cristallisé | + 5°. d'ammoniaque. . Sulfate de soude. + 8°. . Acide sulfurique à| —3° ,puis o°, Idem, complète. 189. enfin— 18.50. TABLEAU ET D'HISTOIRE NATURELLE, 240 Dela marche dela température observée ,enmême temps, dans des thermomètres soumis à la pression. > : y Thermomètre Thermomètre nu, o Thermomètre nu, à à la même hauteur A à une hauteur double de e SL a éponge mouillée. que le premier. ‘212079 w] snos A] 2p 291094 La V £ = | celle des deux autres. = É Observations Observations Observations. FTABLEAU Ge: 14° |16°50 14 14:b0h5.5016. |24.2514.50/16.75 13.7514.2516 6 14 |14.25h7 ho A le 14.50!14 75118 pie li 17.50/14.7514.75|18.2b “Ar 65. 18.2518 |15.75h16 |18.7b 17.50|14.50 Tome LXXVI. MARS an 1813, li 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EE EE EC ER PS ENTER EEE NOUVELLES LITTÉPRAIRES. Examen des principaux Systèmes sur la Nature du Fluide électrique et sur son action dans les corps organisés et vivans, par M. Lebouvyer Desmortiers , ancien Magistrat, Membre des Sociétés Philotecnique, Galvanique, de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen. Quidquid enim ex phenomenis non deducitur, hypothesis vocanda sit : et hypotheses seu metaphysicæ, seu quali- tatum occultarum , seu mecanicæ , in Philosophia experi- mentali locum non habent. Newrox, Princip. Mathem. , pag. 530. Un vol. in-8° avec deux Gravures. De l'Imprimerie de Marme. A Paris, chez l Auteur, rue de Seine Saint-Germain, n°16. Petit, Libraire, Palais royal, galerie de bois, n° 257. Coulomb, rue de l'Observatoire, n° 4. « Quelqu’ingénieux que soient les nouveaux systèmes sur l’élec- » tricité, dit l'auteur, j'avoue qu'ils n’ont fait que m’afflermir » dans mon opinion, que nos lumières sur cet objet étoient très- » bornées, et en jetant un coup d'œil sur leur ensemble, il sera » facile de s’en convaincre, » 11 examine ensuite les systèmes les plus accrédités sur l’élec- tricilé, et il conclut, « Il paroît donc plus conforme aux lois générales de la nature » de n’admettre, avec Franklin, qu’un seul fluide électrique. » Il a divisé son Ouvrage en trois parties. La première est sur la nature du fluide électrique. La seconde traite de l'électricité végétale et animale. La troisième est sur l’action du fluide électrique dans les corps organisés et vivans. Son Ouvrage est rempli d'expériences bien faites. Mémoire sur les Lois que suivent dans leurs combinaisons entre elles, les Couleurs produites p arla réfraction de la ET D'HISTOIRE, NATURELLE. 247 lumière, ainsi que celles transmises ou réfléchies par les corps dits naturellement colorés; par M. Bourgeois, lu à la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques de l'Institut impérial de France, le 22 juin 18:z (MM. Haïüy et Arago nommés Com- missaires-rapporteurs). Un vol. in-8°. A Paris, chez l Auteur ,rue Helvétius , no 53. Mme Ve Courcier, quai des Augustins, n° 57. Treutel et Wurtz, rue de Lisle, n° 17. Testu et Compagnie, rue Hautefeuille, n° 13. Les phénomènes qu’a présenté la lumière dans ces derniers temps aux physiciens, sont si intéressans qu’on ne sauroit trop les étudier. L'auteur la considère quant aux couleurs, et à leurs combi- naisons, et il a fait un grand nombre d’expériences pour en connoître la nature. « Les couleurs, dit:il, dans leurs combinaisons » entre elles: sont assujéties à des lois constantes, » L'on peut décomposer par les mêmes agens les couleurs des » divers ordres de phénomènes de la colorisation. » Il n’y a que trois couleurs élémentaires, qui sont le jaune, » le rouge et le bleu. » Les couleuys ne sont point lumineuses par elles-mêmes ; » elles ne sont point les élémens de la lumière blanche, mais » seulement des modifications de ce fluide. » Le spectre solaire ne contient que six espèces de couleurs » bien distinctes, savoir, trois primitives, le jaune, le rouge et » le 2leu. » Et trois binaires, l’orangé, le vert et le violet. » L'auteur suppose ensuite des combinaisons ternaires. « Toutes les autres couleurs en général, dit-il, ne sont que » des excédans de combinaisons ternaires formées par les couleurs » jaune, rouge et bleue. » Les combinaisons par trois sont le terme de toutes celles » qu'on peut former avec les couleurs. » & 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ec. PA BÈE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Suite des observations sur le stile et le stigmate des synanthérées; par Henri Cassinr. Pag. 18r Tableau météorologique ; par M. Bouvard. 202 Mémoire sur le saphir d'eau; par M. L. Cordier. 204 Mémoire sur la force magnétisante du bord extrême du rayon violet; par Domenico Morichini. Extrait de la Bibliothèque britannique. 208 Essai d'une nouvelle Agrostographie, ou nouveaux genres de graminées; par M. A. F. J. Palisot de Beauvois. Extrait par M. Bosc. 216 Rapport fait à l'Institut, d'un Mémoire de M. Magendie, sur les organes de l'absorption dans les mammifères; par M. Pinel. 225 Ansicht der chémischen naturgesete, durcl*die neuern entdeckungen gewonnen, von H. CC. Oersted; c’est-à- dire, Considérations sur les loischimiques de la nature, fondées sur les nouvelles découvertes. 233 Extrait d'un Mémoire de M. Configliachi, sur le froid produit par l'évaporation de l’eau et de plusieurs autres fluides plus évaporables qu'elle dans le vide; traduit de l'italien par M. Leclerc. 258 Nouvelles Littéraires. ù 246 De lJ'Imprimerie de M"° Veuve COURCIER, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AVRIL AN 1813. SUITE DES OBSERVATIONS SUR LE STYLE, ET LE STIGMATE DES SYN ANTHÉRÉES ; Par HENRI CASSINI, Juge au Tribunal du département de la Seine. Considérations générales et observations diverses sur le Style et le Stigmate des Astérées. LA structure du style et du stigmate est trop variée dans l’ordre des astérées, pour que nous puissions en donner une description générale composée des caractères communs à toutes les sections. Nous ne pouvons même pas assigner aux style et stigmate des astérées, des caractères capables de les faire distinguer dans tous les cas, de ceux des deux autres ordres de synanthérées : car les vernonies ont le style et le stigmate conformés absolument comme ceux des lactucées; et les arctotides ont les leurs presque sem- Tome LXXVI. AVRIL an 1613. Kk 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE blables à cecux de: carduacées. A la vérité, les bourreletsstig- amatiques constituent un caractère exclusivement attribué aux lastérées, et assez général chez elles pour faive distinguer, dans la plupart des cas, leur stigmate de celui des deux autres ordres; mais ce caractère est souvent en défaut; car, outre que les deux bourrelets se confondent en une seule et même masse indivise dans beaucoup de plantes de la section des hélianthes, et dans quelques autres, il est impossible d'admettre en aucune manière l’existence de ces bourrelets dans la/section des »ernonies, dans celle des /ussilages et dans celle des arctotides. Ne pouvant donc assigner des caractères généraux et distinctifs au style des astérées, je vais me borner ici à exposer quelques observations, remarques et réflexions relatives à cet organe, et applicables au plus grand nombre des plantes de cet ordre. Les astérées sont, je crois, les seules plantes dans lesquelles on puisse trouver trois sortes de styles, qui diffèrent par le sexe, et qui exercent concurremment et utilement des fonctions diverses relatives à la fécondation. Les fleurs hermaphrodites de ces plantes sont destinées à se féconder elles-mêmes, ou à être fécondées réciproquement les unes par les autres, et à féconder en outre les fleurs femelles, quand il y en a dans le voisinage : leur style a done dû être muni d'un stigmate propre à recevoir l'influence fécondante du pollen; et il a dû aussi, à raison de la structure des étamines, dans cette classe ‘de plantes, être pourvu de papilles-balayeuses disposées de manière à recueillir le pollen, et à procurer son contact, soit au stigmate du style auquel elles appartiennent, soit au stigmate du style des fleurs voisines, hermaphrodites ou femelles. Ainsi l’on peut dire que le style des fleurs hermaphro- dites exerce tout-à-la-fois des fonctions passives et des fonctions actives, dans l’acte de la génération. Les fleurs femelles étant dépourvues d’étamines, leur style doit être dépourvu de poils-balayeurs, qui seroient inutiles, pres ces poils ne peuvent exercer leur fonction qu’en traversant e tube des anthères. Mais les fleurs femelles, devant être fé- condées par les fleurs hermaphrodites ou mâles, situées dans le voisinage, leur style doit être muni d’un stigmate propre à re- cevoir la fécondation. Ainsi la fonction du style des fleurs femelles est purement passive; et c’est pourquoi ce style diffère de celui des fleurs hermaphrodites par Nu des poils-balayeurs, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25r et de la partie qui les porte, dans les cas où cette parlie n'est pas en même temps stigmatifére, Les fleurs mâles n'étant point de nature à produire un em- bryon, il est inutile que leur stile soit pourvu d’un stigmate ; mäis ces fleurs étant destinées à féconder avec leur pollen les fleurs femelles situées dans le voisinage ; leur style réduit à n'être! qu’un simple refouloir, doit, pour bien remplir cette fonction, être garni dans sa partie supérieure ou à son sommet, de poils balayeurs. La fonction du style des fleurs mâles, dans l'acte de la fécondation, est donc purement active; et c'est pourquoi ce style a ordinairement ses deux branches greffées ensemble par leurs faces intérieures respectives, ce qui fait nécessairement disparoître le stigmate. ; Le stigmate de la plupart des astérées consiste en deux bour- relets qui bordent la face intérieure des branches du style. On ne sauroit contester à ces bourrelets la fonction que je leur at- tribue : car, d’une part, nous voyons que, dans les astérées qui en sont pourvues, ils exislent constamment sur le style des fleurs soit femelles, soit hermaphrodites, tandis que, dans les mêmes plantes, on ne les observe presque jamais sur le style des fleurs mâles; et d'autre part nous voyons que les papilles que je nomme balayeuses, et auxquelles on pourroit être tenté d'attribuer la fonction de stigmate, préférablement aux bourrelets, existent sur le style des fleurs mâles aussi bien que sur celui des fleurs her- maphrodites, tandis que celui des fleurs femelles en est presque toujours absolument dépourvu. Si l'on m'accorde que les bourrelets constituent le stigmate des astérées dont il s’agit, il faudra convenir que ce stigmate ést le plus souvent unique, et non point double; ou plutôt il faudra reconnoître ur ne l'opinion contraire d’un profond bo- taniste) que la distinction de stigmate unique et de stigmate double est absolument inadmissible dans les synanthéréés, En effet, les deux bourrelets stigmatiques, qui bordent chacune des deux branches du style, confluent presque toujours ensemble au sommet, dans les fleurs femelles, et souvent même aussi dans les fleurs hermaphrodites , comme on l’observe, par exemple, dans toute la section des inules. En outre, on voit très-souvent, soit sur le style des fleurs hermaphrodites, soit sur celui des fleurs femelles, que les bourreletsstigmatiques de l’une des deux branches confluent parfaitement par la base avec les bourrelets de l’autre branche, De cette double confluence qui réunit les quatre bour- Kk 2 202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE relets, il résulte un bourrelet unique non interrompu, indivis ; continu, dans lequel il est impossible de voir plus d’un seul sugmale. Les poils-balayeurs, ou les papilles-balayeuses, constituent , après le stigmate, l'organe le plus important du style des synan- thérées. Cette importance résulte du caractère essentiel de la classe, je veux dire de la connexion des anthères en un tube, dont il est indispensable que le pollen soit expulsé pour opérer la fécondation. Dans les astérées, ces papilles étant souvent glanduliformes, l'observateur superficiel pourroit croire qu’elles constituent le stigmate. Mais il seroit bientôt détrompé, s’il remarquoit, comme je l'ai déjà dit, que ces papilles sont nulles , ou-presque nulles, sur le style des fleurs femelles, tandis qu'elles sont toujours très- manifestes sur le style des fleurs mâles, comme sur celui des fleurs hermaphrodites; et il ne pourroit se refuser à reconnoître la fonction de balayeurs du pollen que je leur attribue. Voyons maintenant comment s’exercent, dans les trois sortes de styles, les fonctions du stigmate et des poils-balayeurs. Il suf- fira de quelques exemples choisis dans diverses sections. Si nous observons une fleur hermaphrodite de chrysanthème, nous remarquons que le style est très-court dans son premier âge, et que ses deux branches sont immédiatement appliquées l’une contre l'autre par leurs faces intérieures respectives. Le sommet des deux branches ainsi réunies forme une aire orbicu- laire couverte ou bordée de papilles-balayeuses dirigées de bas en haut. En avancant en âge, le style Salonge peu à peu; il enfile le tube des anthères, dont son épaisseur égale la capacité, et le traverse de la base au sommet. En parcourant l'intérieur de ce tube, de bas en haut, le groupe de papilles-balayeuses qui garnit le sommet des branches, recueille tout le pollen fourni par les anthères , le rassemble en une masse grumeleuse, et le soulève sur lui jusqu'au sommet du tube. Dès que le sommet des branches a dépassé celui du tube anthéral, ces deux branches commencent à diverger par le haut, en se courbant en arc lune à droite l’autre à gauche. Dès-lors la masse grumeleuse de pollen n'étant plus soutenue, se répand naturellement sur la face inté- rieure des branches, et par conséquent sur les bourrelets stigma- Uques qui bordent cette face. Dans les solidages ; la manière dont le style des fleurs her- ET D'HISTOIRE NATURELLE, , 253 maphrodites exerce ses fonctions, diffère en plusieurs points de celle que je viens de décrire, Ici ce n’est pas le sommet seulement, mais toute la partie supérieure des branches, et quelquefois même toute leur longueur , qui est hérissée en dehors de papilles-balayeuses. Toutes ces papilles se chargent de globules olliniques, en traversant de bas en haut le tube des anthères. te deux branches demeurent nécessairement appliquées lune contre l’autre jusqu'à ce que leur base ait dépassé le sommet du tube anthéral. Alors elles s’écartent un peu, dans leur partie inférieure seulement, en se courbant en arc l’une vers l’autre, de manière à demeurer toujours réunies dans leur partie supé- rieure, Cet écartement des deux languettes dans leur partie in- férieure , est indispensable pour exposer les bourrelets stigmatiques à l’influence fécondante du pollen; mais cet écartement seroit insuffisant, sil n’étoit accompagné d’une seconde circonstance encore plus favorable à la fécondation, et qui consiste en ce que les bourrelets stigmatiques se réfléchissent en dehors. Dans cette nouvelle position, ils sont facilement atteints par les globules polliniques qui tombent de la partie supérieure des branches. Dans le gorteria rigens, les fleurs hermaphrodites ont un style composé de deux articles, dont le supérieur est plus épais que l'inférieur. J’ai remarqué qu’en préfleuraison, la base de l’article supérieur forme une saillie annulaire très-forte et très-brusque ; qui est en outre manifestement hérissée de poils-balayeurs. A l'époque dont je parle, cette saillie se trouve immédiatement au-dessous de la base du tube anthéral. Lorsqu’ensuite ce bour- relet annulaire traverse de bas en haut le tube anthéral, on conçoit aisément qu’il doit enlever tout le pollen. Mais à l’époque de la fleuraison , lorsque la base de l’article supérieur du style a sur- monté le sommet du tübe anthéral, là saillie annulaire cessant d’être utile s’oblitère et n’est presque plus sensible. Il y a peu de choses à dire sur la manière dont le style des fleurs femelles exerce ses| fonctions, qui sont en quelque sorte purement passives, puisqu'elles se bornent à recevoir le pollen. Ainsi que dans les fleurs hermaphrodites , les deux branches demeurent appliquées l’une contre l’autre jusqu’à l’époque de la fleuraison , où elles s'écartent l’une de l’autre pour procurer aux globules polliniques, qui sont dans le cas de tomber suï elles, la possibilité d'atteindre leurs bourrelets stigmatiques, et de les féconder ainsi. Quant aux fleurs mâles, leur style est une sorte de refouloir, ñ ) 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui n’a d'autre fonction à exercer que d’expulser hors du tube anthéral le pollen fourni par les anthères; et il exerce cette fonction en parcourant de bas en haut l'intérieur du tube, et s’élevant plus ou moins au-dessus de lui. Les poils-balaÿeurs ou les papilles-balayeuses, dont sa partie supérieure, ou son sommet seulement, est hérissé, se chargent dans la traversée de tous les globules polliniques, et les élèvent avec elles en dehors et au- dessus du tube anthéral. J’ai observé, sur le si/phium perfoliatum , que le style des fleurs mâles a ses poils-balayeurs dirigés d’abord vers le haut, mais qu’ils deviennent ensuite horizontaux pendant la fleuraison : il est clair que la première direction a pour but de faciliter l'enlèvement des globules polliniques, et que la seconde a pour but de faciliter leur dispersion. Une autre particularité plus remarquable m'a été offerte par le style des fleurs mâles dans le zussi/ago farfara. La partie de ce style qui porte les poils-balayeurs est notablement épaissie. Mais si on l’observe dans le premier âge de la préfleuraison, on reconnaît qu'à cette époque l’épaississement est nul : cet épaississement ne s'opère qu'au moment où il devient utile, c'est-à-dire, dans le dernier âge de la préfleuraison, lorsque le sommet du style atteint la base du tube anthéral, et qu'il est près d’enfiler ce tube. On remarque aussi que la partie du style qui est qd et hérissée de poils-balayeurs, est exactement égale en longueur au tube des anthères. Il est donc bien évident que l’épaississement qui s’opère en cette partie, et les poils ou papilles dont elle est hérissée, ont pour cause finale l'expulsion du pollen hors du tube anthéral. Les astérées sont de trois sortes, quant à la composition sexuelle du céphalanthe, ou assemblage de fleurs : les premières ont le céphalanthe entièrement composé de fleurs hérmaphrodites, sauf uelquefois la rangée extérieure qui peut être occupée par des Lhei neutres ; dans les secondes, le céphalanthe est composé de fleurs hermaphrodites occupant tous les rangs intérieurs, et de fleurs femelles occupant la rangée extérieure ou marginale; enfin le céphalanthe des troisièmes a les rangs intérieurs occupés par des fleurs mâles, et le rang extérieur occupé par des fleurs femelles, Quant aux astérées dont le céphalanthe n’est composé que de fleurs hermaphrodites, où de fleurs hermaphrodites et de fleurs ET D'HISTOIRE NATURELLE, 255 neutres, je crois qu'il est deslcas où chaque petite fleur herma- phrodite peutse suffire à elle-même dans l'acte de Ja génération ; tandis que, dans d’autres cas, les générations se croisent, deux fleurs immédiatement voisines se fécondant réciproquement (1). La possibilité des générations croisées, dans les céphalanthes entièrement hermaphrodites , est prouvée par ce qui a lieu né- cessairement dans les astérées dont le céphalanthe est composé de fleurs hermaphrodites oceupaut les rangs intérieurs, et de fleurs femelles occupant le rang extérieur. Je me suis assuré que ces fleurs femelles produisoient souvent un embryon bien conformé : leur style avoit donc été fécondé ; et cette fécondation n'avoit pu être l’ouvrage que du pollen émis par les fleurs her- maphrodites voisines. La fléwraison. du céphalanthe commence toujours par les fleurs femelles occupant la rangée marginale. Après que ces fleurs ont épanoui leur corolle, et que leur style, dégagé par là de son enveloppe, a écarté ses deux branches, a rangée circulaire de fleurs hermaphrodites, immédiatement voisine de la rangée des fleurs femelles, fleurit à son tour. Au .moyen de cet ordre successif de fleuraison, on conçoit bien facilement due des globules polliniques chassés hors du tube des amthères par le style des fleurs hermaphrodites ; peuvent tomber sur le stigmate des fleurs femelles immédiatement voisines. Quel- quefois la nature assure ou favorise encore davantage les chances de succès par des moyens particuliers. C’est ainsi que, dans le solidago virgaurea, on voit le long style des fleurs hermaphro- dites se courber fortement en arc à l’époque de la fleuruison, de telle manière que ses branches chargées de globules pollini- ques se frouvent au-dessus du stigmate des fleurs femelles ; et l'intention de la nature n’est point équivoque, ear le style des fleurs femelles est beaucoup plus court, et pas sensiblement courbé. Quoi qu’il en soit, on sent qu’en général la fécondation des fleurs femëlles est moins bien assurée que celle des fleurs “bermaphrodites ; et en effet, j'ai observé que l'embryon contenu dans l'ovaire des fleurs hermaphrodites n'avorte presque jamais, tandis que celui des fleurs femelles avorte très-fréquemment, faute d’avoir été fécondé. Ilest pourtant des astérées, où aucunefleur ne pouvant se suflire (1) Voyez la note au bas de la pag. 106. 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à elle-même, l'espèce périrait si la fécondation des unes par les autres n’étoit pas solidement assurée par d'infaillibles moyens. Je veux parler des astérées dont le céphalanthe a les rangs intérieurs composés de fleurs mâles, et le rang extérieur composé de fleurs femelles. IL est ici, d’une indispensable nécessité que le pollen des fleurs mâles soit d’abord expulsé hors du tube des anthères par le refoulement du faux-style de ces fleurs, et transporté ensuite par quelque moyen, sur le stigmate des fleurs femelles, La pré- voyante nature a pourvu au transport du pollen avec autant de soin qu’elle a pourvu à son expulsion. Par exemple, dans le {us- silago fragrans, où le style des fleurs femelles est extrêmement court, le style des fleurs mâles est très-long, il s'élève beaucoup au-dessus du tube anthéral, et il se courbe fortement en dehors, de manière que la partie supérieure de ce style, qui est chargée de globules polliniques, se trouve rapprochée du stigmate des fleurs femelles. Dans le £ussilago alba, au contraire, le style des fleurs mâles est plus court et ne se courbe point; mais en revanche le style des fleurs femelles est très-long, et c’est lui qui se rapproche du style des fleurs mâles en s’arquant légérement. Le tussilago farfara et le calendula arvensis m'ont offert en ce genre une autre particularité non moins curieuse. Dans ces plantes, le style des fleurs mâles enfile de bas en haut le tube des anthères , mais il y demeure toujours inclus, et ne le surmonte jamais. Il en résulte que le pollen refoulé par le style reste amon- celé en une masse grumeleuse sur le sommet dutube anthéral. Mais voici le moyen ingénieux qu’emploie la nature pour faire parvenir ce pollen au stigmate des fleurs femelles. Les ovaires stériles des fleurs mâles sont tous égaux et très-courts avant la fleuraison; mais à mesure qu’ils fleurissent, ils s’alongent beaucoup et de- viennent inégaux, de telle manière que le plus long est celui du centre, et que les autres sont d'autant moins longs qu'ils sont plus «extérieurs. J’observe que le phoranthe, ou réceptacle commun, est plan, et que les styles sont tous égaux en longueur. 1i résulte donc de l'inégalité des faux-ovaires, que lassemblage des sommets des styles des fleurs mâles forme un cône dont la base est entourée de la rangée circulaire des fleurs femelles, On ne peut méconnoître l'avantage de cette disposition, pour dé- terminer la chute du pollen, suivant la pente du cône, dans le sens favorable à là fécondation. MARRS En traitant du style des lactucées, j'ai dit que quelquefois le tronc portait accidentellement troïs branches au lieu de deux, et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 et jen ai rapporté plusieurs exemples. Les astérées sont sujeltes à la même luxuriance. Je l'ai observée plus d’une fois dans le senecio vulgaris, le chrysanthemum leucanthemum , le solidago vireaurea , le tussilago petasites. En revanche, le doronicum pardalianches m'a oflert plusieurs fois des styles de fleurs fe- melles, dont le tronc n’étoit surmonté que d’une seule branche, l’autre étant tout-à-fait avortée. Enfin, dans le par/henium inte- grifolium , j'ai quelquefois trouvé deux styles dans une même fleur. Ces diverses monstruosités ne pourroient-elles pas, à certains égards, être considérées comme de nouvelles preuves du peu de solidité de la division des synanthérées fondée sur l'unité ou la duplicité de stigmate ? Avant de passer aux carduacées, je dois dire un mot du disque des astérées. Nous avons vu que cet organe existe constamment, d'une manière très-manifeste, dans toutes les lactucées. Il n’en est pas Lout-à-fait de même des astérées. Dans cet ordre, le disque est tantôt très-apparent ; tantôt à peine visible, presque nul, comme avorté; tantôt enfin absolument nul. Il est très-remarquable que l'avortement total ou partiel du disque s’observe généralement dans les fleurs femelles ; tandis que cet organe existe ordinaire- ment d’une manière lrès-apparente dansles fleurs hermaphrodites; et que, dans les fleurs mâles, sa grandeur excède souvent les di- mensions ordinaires. Ÿ auroit-il quelque relation entre le disque et les étamines ? Quoi qu’ilen soit, les règles que je viens de poser sont sujettes à plusieurs exceptions. Ainsi dans lesdoronicumpardalianches, aster obtusatus,arctotis lyrata,cineraria amelloides, tussèlago alpina, les fleurs femelles sont pourvues d’un disque égal et semblable à celui des fleurs hermaphrodites. Les fleurs femelles du gna- phalium dioicum m'ont offert aussi un disque. Dans lérigeron acre , le conyza rupestris, toutes les fleurs sont pourvues d’un disque; mais celui des fleurs hermaphrodites est plus grand que celui des fleurs femelles. Il en est de même dans le Zussilago fragrans, le calendula fruticosa, le silphium perfoliatum . où les fleurs femelles ont le disque notablement plus petit que dans les fleurs mâles. Enfin, dans le bellis perennis, le disque m'a paru nul, tant chez les fleurs hermaphrodites que chez les fleurs femelles; et je soupconne qu'il est nul également chez les fleurs hermaphrodites de l’arciotheca repens. : Le disque des astérées est un petit corps charnu, demi-trans- parent, blanchâtre, grisâtre ou jaunâtre , articulé par sa base Tome LXXV I. AVRIL an 1813. L 1 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sur le sommet de l'ovaire, et articulé par son sommet sous Ja base du style. Sa figure est très-diversifée : il est tantôt cupu- liforme, tantôt tubuleux et engainant, tantôt en forme de plateau orbiculaire, tantôt en forme de barillet, quelquefois lobé en ses bords. Cet organe est remarquable surtout dans l’eupatorium altissimum , le polymnia uvedalia , le vernonia anthelmintica. S III. DU STYLE ET DU STIGMATE DES CARDUACÉES. J’ai observé le style et le stigmate des carduacées dans 93 espèces appartenant à 18 genres. En voici la liste. r. Carduus nutans, C. tenuiflorus, C.marianus, C. marianus- viridis , C. carlinoides, C. carlinælolius, C. personata , C. pyeno- cephalus, C. leucographus, C. argentatus , C. arabicus. 2. Cirsium lanceolatum, C. arvense, C. palustre, C. olera- ceum, C. acaule, C. anglicum, C. monspessulanum, C. tatari- cum, C. casabonæ, C. stellatum, C. syriacum , C. erisithales, C. rivulare, C. canum, C. helenioides, C. tricephalodes?, C. semi-pectinatum. 3. Centaurea centaurium, C. jacea, C. nigra, C. cynus, C. scabiosa, C. scabiosa-italica, C. calcitrapa , C. montana, C. be- nedicta , C. solstitialis, C. phrygia, C. cinerea , C. aspera, C. pul- lata, C. crupina, C. collina, C. seridis, C. melitensis, C. son- chifolia, C. salmantica, C. rhapontica, C. candidissima , C. nigrescens, C. africana, C. lippüi, C. prolifera, C. rhutenica, C. glastifolia, C. crocodilium, C. verutum, C. eriophora, C. alata, C. diluta, C. ragusina, C. moschata, C. sempervirens , C. napifolia, GC. spinosa, C. ferox, C. lanata, C. cretica. 4. Carthamus tinctorius. 5. Carduncellus mitissimus , C. cœruleus. 6. Carlowizia salicifolia. 7. Cardopatum corymbosum. 4 8. Serratula tinctoria, S. coronata, S. centauroides, S. pin- natifida. 9. Carlina vulgatis, C. corymbosa, C. aggregala. 10. Arctium lappa, À. tomentosum. 1r. Echinops sphærocephalus , Æ, ritro. . F 12. Onopordum acanthium. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 259 13. Cynara cardunculus. 14. Atractylis cancellata. 15. Galactites tomentosa. 16. Zoegea leptaurea. 17. Stæhelina chamæpeuce. 18. Xeranthemum annuum, X, inapertum. La structure du style et du stigmate n’est point aussi uniforme dans ces plantes qu’elle l’est dans les lactucées. Néanmoins les différences que j'ai observées ne me paroïssent ni assez essentielles, ni assez nettement tranchées, pour autoriser à diviser sous ce rapport les carduacées en sections, comme j'ai cru pouvoir le faire à l'égard des astérées. Le style des carduacées est composé d'un tronc et de deux branches. Le tronc, beaucoup plus long que les branches, consiste en un filet cylindrique. Sa base est arrondie, de couleur souvent jaunâtre , et articulée par son point central sur le disque que porte le sommet de l'ovaire. Sa partie inférieure est glabre et de couleur blanche. Sa partie supérieure est également glabre à l’exception du sommet; et elle est ordinairement teinte d’une couleur à peu près semblable à celle de la corolle. Le sommet du tronc est souvent un peu renflé; et il est presque toujours entouré d’une zône de poils fins, alongés, roides, dirigés obli- quement de bas en haut sous un angle plus ou moins ouvert. Les deux branches sont articulées par leurs bases sur le sommet du tronc. Elles sont semblables, rarement un peu inégales en longueur , et presque toujours greflées incomplètement ensemble par leurs faces intérieures respectives. Chacune d'elles est ordi- nairement demi-cylindrique, et toujours arrondie au sommet. Sa face extérieure, convexe, est presque toujours colorée à peu près comme la corolle, et couverte de petites papilles extrémement courtes, formant un velouté. La face intérieure est plane, par- faitement glabre, et ordinairement de couleur pâle ou blanchätre. La face intérieure d’une branche et la face intérieure de l'autre branche sont ordinairement greflées l’une à l’autre dans toute leur étendue, à lexception de deux marges latérales et d'une marge terminale, plus ou moins larges, qui restent libres, et qui se réfléchissent plus ou moins fortement pendant la fleuraison. Telle est la structure ordinaire du style des carduacées, ‘tels sont ses caractères généraux et essentiels. Mais cette structure, Lez 260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces caractères éprouvent, dans les divers genres et espèces, de nombreuses modifications plus ou moins graves, dont aucuné, à la vérité, n’altère essentiellement le type fondamentale d Fordre, mais dont je dois pourtant mentionner ici en peu de mots les principales. Le sommet du tronc forme souvent un renflement plus ou moins sensible, tantôt annulaire, tantôt sphérique, tantôt ovoïde. Mais ce caractère, absolument indépendant de celui d’articula- tion, n’a aucune importance et est très-variable. La zône de poils, qui entoure le sommet du tronc, constitue un caractère plusessentiel et plus constant. Cecaractère est pourtant sujet à exceptions; et le carlina vulgaris en fournit un exemple bien remarquable. Le sommet du tronc y est parfaitement glabr'e ; et les poils qui sembleroient devoir occuper cette partie, sont situés sur la partie supérieure de la face extérieure de chacune des deux branches, à peu près comme dans les solidages. Le centaurea nigra et plusieurs autres offrent une autre anomalie singulière : au lieu d’être entouré d’une zône de poils, le sommet du tronc a son contour prolongé en deux membranes frangées, dirigées de bas en haut, qui correspondent aux deux branches, et ceignent leur base complètement (1). L'article supérieur, composé de la réunion des deux branches, n’est pas toujours cylindrique , ni de même épaisseur que l’article inférieur qui constitue le tronc. Souvent il n’offre ces deux ca- ractères que dans sa partie inférieure, et sa partie supérieure est plus ou moins aplatie et élargie. Souvent aussi l’article su- périeur est conique. La face extérieure de chacune des deux branches est presque toujours couverte de petites papilles, et colorée à peu près comme Ja corolle. Mais les papilles sont presque nulles dans larctium lappa; elles sont nulles dans le centaurea cyanus, ainsi que dans le carlina vulgaris; et cette dernière plante, dont la corolle est d’un rouge -noirâtre, a les branches du style de couleur jaunâtre. ; x s401 Ordinairement la couleur de la face intérieure des branches est blanchâtre, ou au moins beaucoup plus pâle que la couleur (Gi) Cette structure me semble avoir du rapport avec celle du stigmate des Jobéliacées. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 261 de la faceextérieure. Le contraire a lieu dansle centaurea cyanus: Ja face intérieure des branches ÿ est d’un rouge beaucoup plus vif et plus foncé que la face extérieure. Les deux branches sont presque toujours greffées ensemble dans une plus ou moins grande partie de leur étendue. Les cen- taurea cyanus, montana, benedicta, prolifera, le serratula co- ronata, Vechinops sphærocephalus font exception à cette loi : dans toutes ces plantes, les deux branches sont complètement libres, et nullement greffées ensemble. Les autres carduacées que j'ai observées ont les branches du style incomplètement greffées ensemble; mais tantôt, comme dans les cérsium lanceolatum , palustre, le centaurea nigra, le galactites tomentosa, la grefle unit et confond entièrement les deux branches, à l'exception seulement des deux marges latérales et de la marge terminale de chacune d’elles, qui restent libres; tantôt, comme dans l’o20- pordum acanthium, le carduus argentatus, les deux branches sont greffées ensemble complètement dans leur partie inférieure; elles sont greflées ensemble incomplètement dans leur partie moyenne, les deux marges latérales restant libres, et elles sont complètement libres, et nullement greffées ensemble dans leur partie supérieure : tantôt enfin, comme dans le carlina vulgaris, les arctium tomentosum , lappa, le serratula tinctoria, le xe- ranthemum annuum, les deux branches sont greflées ensemble complètement dans leur partie inférieure, et completement libres dans leur partie supérieure, La conformation du stigmate et celle de l'articulation qui sépare le sommet du tronc de la base des branches, sont aussi sujettes à quelques modifications importantes à considérer, et dont j'aurai occasion de parler bientôt. Mais je dois dire ici quelques mots sur le style des xeran- themum annuum et inapertum, que les botanistes ont jusqu’à présent rangés dans l’ordre des astérées, et que je crois plus convenable de comprendre dans celui des carduacées. Le xeranthemum annuum a le céphalanthe composé de fleurs bermaphrodites et de fleurs neutres; et les unes et les autres sont pourvues d’un style. Le style des fleurs hermaphrodites offre une structure abso- lument analogue à celle qui est généralement propre au style des carduacées, et que j'ai décrite ci-dessus. Les branches sont excessivement courtes ; mais l’articulation est manifeste, excepté 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans quelques fleurs où elle est peu sensible par suîte de l'obli- tération du bourrelet ou rebord qui l'indique. Quant au style des fleurs neutres, il consiste en un filet cy- lindrique, entièrement glabre, dont le sommet est arrondi, et trés-légérement bilobé, au moyen d'une petite fente très- peu profonde. Les deux sortes de styles du xeranthemum ënapertum sont conformés comme ceux de l’espèce précédente, si ce n’est que, dans celui des fleurs hermaphrodites, l'articulation est rarement sensible, parce que le rebord ou bourrelet qui l'indique est presque toujours nul, ou presque nul. Maintenant que nous connoissons bien la structure ordinaire du style des carduacées, et les modifications principales de cette structure , il est à propos de considérer la nature et les fonctions des diverses parties que nous avons décrites. Déterminons d’abord celle qu'on doit regarder comme le seul et vrai stigmate. De toutes les parties dont se compose le style des carduacées, il en est trois qui offrent à peu près également les caractères apparens d'un stigmate, et entre lesquelles l'opinion du botaniste peut flotter dans l'incertitude, au moins pendant quelques mo- mens. Ces trois parties sont, 1° la zône de poils qui entoure le sommet du tronc; 2° les petites papilles qui couvrent la face extérieure de l’une et de l’autre branche; 3° la face intérieure de ces mêmes branches. Toutefois le problème se résout faci- lement par les considérations suivantes, La zône de poils qui entoure le sommet du tronc varie ex- cessivement dans tous ses caractères, suivant les genres et même suivant les espèces. Bien plus, nous avons vu que, dans quelques carduacées, cette zône de poils est remplacée par une membrane frangée, et que dans d’autres elle manque entièrement, ou du moins se trouve transposée du sommet du tronc au sommet des branches, Il est impossible de concilier uné telle variabilité avec l'importance d’un organe comme le stigmate. Cette zône de poils n’est donc point le stigmate que nous cherchons. Il en faut dire autant, et par les mêmes motifs, des petites papilles qui couvrent la face extérieure de lune et de l’autre branche du style. Ces papilles ne constituent certainement pas le stigmate, puisqu'elles sont absolument nulles dans le centaurea cyanus. Il ne nous reste donc plus que la face intérieure de chacune ET D'HISTOIRE NATURELLE. 263 des deux branches du style, que nous sommes forcé, par voie d'exclusion , de reconnaître pour le seul et vrai stigmate. La simple analogie nous eût conduit presqu’aussi sûrement au même ré- sultat : car le stigmate des lactucées et des astérées étant situé constamment (sauf quelques exceptions) sur la face intérieure des branches du style, il est naturel que le stigmate des car- duacées soit situé de même. Et quant à la zône de poils et aux papilles du style des carduacées, leur analogie manifeste de forme et de situation avec les poils-balayeurs des lactucées et les papilles- balayeuses des astérées, ne permet pas de leur attribuer une autre fonction. C’est ici le lieu de rapporter quelques observations anatomiques que J'ai faites sur le style des carduacées, et qui jettent un nouveau jour sur la nature de leur stigmate. J’ai observé la structure interne du style dans les centaurea scabiosa, cyanus et calcitrapa. Klle est la même dans ces trois plantes, mais elle est plus évidente dans la première. Ayant coupé transversalement, vers le milieu de sa longueur, le tronc du style du ceztaurea scabiosa, j'ai observé sur la coupe deux gros points ronds, bien distincts, d’un rouge très-foncé, et qui étoient évidemment la section de deux gros vaisseaux tu- buleux, qui m'ont paru devoir être les corducteurs de la fécon- dation. mbsaeve que ces deux tubes ne sont point vides, mais qu'ils sont pleins d’une liqueur très-apparente, et par l’intermède de laquelle s’opère sans doute la fécondation. Une coupe longitudinaledirigée convenablement, m’a démontré que les deux tubes conducteurs correspondent exactement aux deux branches du style; qu'ils s'élèvent parallèlement en ligne droite, des deux côtés opposés, depuis la base jusqu’au sommet du tronc; et que là chacun d’eux, enfilant l’axe de la branche à laquelle il correspond, se prolonge jusqu'au sommet de cette branche. J’ai ensuite coupé transversalement l'assemblage des branches un peu au-dessus de sa base, et J'ai appercu distinctement sur la coupe, outre les deux trous ronds, indices des deux tubes- conducteurs, plusieurs autres trous analogues, mais plus petits, qui indiquent infailliblement les ramifications des deux tubes. J’observe que dans le tronc on ne voit nul indice de ramifica- tions pareilles. À l’aide d’une forte loupe, j'ai appereu distinctement, sur la 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE face intérieure de chacune des deux branches du style, près du sommet de la branche, une fossette ronde qui répond exactement à l’extrémité du tube-conducteur appartenant à cette branche, et qui est sans doute la bouche aspirante de ce tube. J’ai cru ap- pas aussi dE ca autres pores plus petits, disséminés sur a partie libre de la face intérieure des branches, surtout près des bords de cette face. Ces petits pores sont sans doute les bouches aspirantes des rameaux des deux conducteurs. J'imagine que les deux tubes-conducteurs transpirent, par chacun des pores qui terminent leurs rameaux, une goutteletie de la liqueur qu’ils renferment, et que cette liqueur sert tout- à-la-fois à agglutiner les globules polliniques, à en extraire la substance fécondante, età transmettre cette substance à l’ovule. Quoi qu'il en soit, il est indubitable que le stigmate des car- duacées réside sur la partie libre ou non-greflée de la face in- térieure de l’une et de l’autre branche du style, et plus parti- culièrement vers les bords latéraux et terminal de cette face. Mais je ne puis affirmer avec assurance si ce stigmate consiste en une lame de substance stigmatique qui tapisse la face intérieure des branches, ou s’il ne consiste, comme je le crois, qu’en de petits pores stigmatiques disséminés cèet là sur cette face. J’aflirme seulement que le stigmate n’occupe que la partie libre de la face intérieure des branches, parce qu’il est évident que la partie de cette face qui se trouve soudée par la greffe , ne sauroit remplir les fonctions de stigmate, quand même elle seroit de nature stig- matique. J'ajoute que le stigmate occupe plus particulièrement les marges de la face intérieure des branches, parce que j'ai observé, dans le carduus nutans, le carlina vulgaris, et beau- coup d’autres, que bien que les deux branches soient complète- ment libres dans leur partie supérieure, il n’y a pourtant que les bords latéraux et terminal qui se réfléchissent pendant la fleu- raison. Je n’en veux pourtant pas conclure que le stigmate ne réside jamais que sur les marges seulement; car, dans les cen- taurea cyanus, montana, benedicta, prolifera, serratula co- ronata, echinops sphærocephalus , les deux branches complè- tement libres , se réfléchissent entièrement à l’époque de la fleuraison, et dans les centaurea scabiosa, arctium tomentosum, lappa, serratula tinctoria, elles seréfléchissent aussi entièrement dans leur partie supérieure qui est complètement libre. Ce qui me porte à croire que le stigmate des carduacées ne consiste qu’en des pores épars, c’est qu’en général la face inté- rieure ET D'HISTOIRE NATURELLE, 265 rieure des branches du style paroît être d’une substance absolument semblable à celle dont toutes les autres parties du style sont formées, et que l'œil n’y observe aucune de ces apparences, qu'on ne peut définir, mais qui font reconnoître la substance stigmatique à quiconque est habitué de l’observer. Cette absence de tous les, caractères propres à la substance stigmatique est surtout frappante dans l’echinops sphærocephalus, et dans l’arc- tium Éornentosumt. Il résulte de ce que je viens de dire, que l'unité de stigmate west pas aussi indubitable dans les carduacées que dans les lac- tucées et les astérées. Ge résultat est assez piquant par sa nou- veauté; car Jusqu'ici les botanistes ont au contraire attribué deux stigmates aux lactucées et aux astérées, et un seul stigmate aux carduacées. Je termine ce qui concerne le stigmate, en remarquant qu'il est quelques carduacées, telles que les centaurea lippii, serrafula coronata ,tinctoria , dans lesquelles la face intérieure des branches du style est canaliculée, ou creusée en gouttière, de manière à offrir l'apparence de deux bourrelets marginaux un peu ana- logues aux bourrelets stigmatiques des astérées. Je dois même ajouter que, dans le centaurea lippii, la substance des bour- relets marginaux paroît différer un peu de celle du sillon qui les sépare. | Les poils qui entourent le sommet du tronc, et les papilles qui couvrent la face extérieure des branches du style, sont ab- solument de même nature, et ne différent qu’en ce que les papilles sont incomparablement plus courtes que les poils : cela est évident surtout dans le cérsium acaule, où l’on voit clairement les poils et les papilles se confondre ensemble par une insensible dégra- dation. Les uns et les autres remplissent la même fonction, celle de balayer le pollen fourni par le tube des anthères. Les poils surtout y sont parfaitement propres, et ils semblent avoir été placés au-dessous des papilles pour achever et parfaire (qu’on me permette l’expression) la besogne ébauchée par celles-ci. Le ren- flement que forme souvent le sommet du tronc est un puissant auxiliaire des poils-balayeurs, en ce qu'il contribue à presser la face intérieure des anthères; et il est très-remarquable que, lorsque ce renflement n'existe pas, les poils-balayeurs sont ordinairement beaucoup plus longs, comme pour suppléer à son défaut. Disons maintenant un motde la manière dont les poils-balayeurs, les papilles-balayeuses et le stigmate exercent leurs fonctions, Tome EXXVI. AVRIL an 1813. M m 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Dans son premier âge, le style est très:court, et son sommet watteint même pas la base du tube des anthèrès; mais à mesure: qu'il avance en âge, il croît en longueur, s'élève, atteint le tube des anthères, l’enfile et le traverse de bas en haut, et enfin le” dépasse, tellement qu'à l’époque de la fleuraison, les branches et même la partie supérieure du tronc surmontent le sommet du tube, En traversant le tube des anthères, le style dont l'épaisseur égale la capacité de ce tube, force ses parois à se distendre par l'effet de la pression et du frottement qu’exercent dans le trajet les poils-balayeurs. Cette distension opère la déhiscence des loges des anthères, qui s'ouvrent sur la face intérieure et par conséquent en dedans du tube. Les globules polliniques, dont la surface est visqueuse, s’agglutinent pour la plupart aux papilles-balayeuses qui couvrent les branches, et ceux qui restent agglutinés au tube anthéral sont balayés, recueillis, enlevés hors de ce tube par la zône de A Re qui entoure le sommet du tronc. Lors donc que les branches et le sommet du tronc viennent de dépasser le tube anthéral, on les voit ordinairement tout couverts d’une couche de globules polliniques qui y persistent pendant un temps plus ou moins long. C’est alors seulement que chacune des deux branchesréfléchissant ses deux bords latéraux et son bord terminal, les deux marges latérales et la marge terminale de sa face in- térieure stigmatique se trouvent étalées au dehors, et exposées à l'influence fécondante des globules polliniques qui peuvent les atteindre en tombant d’un style voisin. Je dis en tombant d'un style voisin, parce qu’en général il ne me paroït guère possible, d’après la disposition qui vient d’être décrite, que le stigmate d’une fleur puisse être atteint par le pollen provenant de cette même fleur. Je pense donc que, chez les carduacées, les fécon- dationssont presque toujours croisées , c’est-à-dire que le stigmate d’une fleur est fécondé par le pollen d’une autre fleur (1). La proximité immédiate des fleurs qui composent un même cépha- lanthe rend ce croisement des fécondations trè$-facile dans tous les cas; et dans quelques plantes, la nature assure encore davantage le succès de ce croisement, par des moyens particuliers. Dans le centaurea cyanus, par exemple, la partie supérieure du tube des anthères est fortement courbée ; le style qui traverse ce tube est forcé de se courber comme lui, et de suivre, en s’élevant (1) oyez la note au bas de la pag. 106. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 267 au-dessus de lui, la direction oblique de sa partie supérieure : il en résulte que les styles appartenant à différentes fleurs du même céphalanthe, s’approchent, se croisent, se joignent, se touchent, et échangent ainsi très-facilement le pollen dont ils sont chargés. Quelle que soit, au reste, la voie par laquelle les globules pol- liniques parviennent sur les marges stigmatiques, 1l est certain qu'ils y parviennent : car on en observe toujours quelques-uns logés au fond de la rainure formée par la rencontre des deux marges stigmatiques correspondantes. L’articulation qui distingue les branches du tronc, fournit, après la structure du stigmate,; le caractère le plus important du style des carduacées. Ce caractère est, depuis long-temps, connu des botanistes, mais je ne sais s’il a été jusqu'ici analysé avec assez de soin. On observe dans-les plantes plusieurs sortes d’articulations; ce n’est pas ici le lieu de les énumérer et de les définir : il me suflit de dire que celle qui existe dans le style des carduacées consiste en une modification de substance, subite, brusque, nettement tranchée , nullement nuancée. Pour bien éclaircir ce point important, décrivons l'articulation dont il s’agit, dans le style du carlina vulgaris. Je choisis à dessein cet exemple, parce que l'articulation n'y étant indiquée ni par un renflement, ni par uue zône de poils, ni par aucun autre signe extérieur quel- conque , un observateur superficiel la méconnoîtroit infailli- blement. Le style du carlina vulgaris, observé en préfleuraison, offre l'apparence d’un filet cylindrique dont le sommet un peu velu est fendu en deux lobes, et qui du reste semble parfaitement homogène d'un bout à l’autre, tant intérieurement qu’extérieu- rement. Mais si lon observe ce même style à l'époque de la fleuraison , on reconnoît que l’article supérieur, auparavant con- fondu avec l’article inférieur, s’en distingue alors très nettement par une transition brusque de couleur, qui indique une notable modification de substance. En effet, tandis que Particle inférieur est resté detni-transparent et blanchâtre , l’article supérieur est devenu opaque et jaunâtre; et, je le répète, le passage d'une couleur à l’autre est nettement tranché, nullement nuancé ; il semble qu'une ligne ou un plan transversal sépare absolument Particle inférieur de l’article supérieur. Ces deux parties du style Mm 2 268 JOURNAL DE, PHYSIQUE, DE CHIMIE ue diffèrent pas seulement par la couleur, elles différent encore notablement par la consistance. Ainsi, tandis que l’article in- férieur est très-flexible d’un bout à l’autre, l’article supérieur est d’un bout à l’autre d’une rigidité remarquable. J’ai observé plusieurs styles dont l’article supérieur étoit coudé brusquement sur l’article inférieur, l’un et l’autre demeurant très-droits, quoique différemment dirigés, et la géniculation ne s’opérant qu’au point d’articulation , comme dans les tiges des caryophyllées ou des, graminées. En voilà plus qu’il ne faut pour démontrer qu'il y a une articulation très-réelle dans le style du carlina vul- garis, qui est pourtant l’une des carduacées où cette articulation est le moins apparente. Je puis donc me dispenser de démontrer la réalité de l'articulation dans les autres carduacées. Je dois pourtant convenir que. dans le cérsium stellatum , cette articulation est absolument nulle, ou que du moins elle nest aucunement perceplible à nos sens. Il est quelques autres carduacées, dans lesquelles l'articulation est seulement très- peu sensible : tels sont, les centaurea crocodilium , serratula coro- nala , tënctoria, echinops ritro. 1| en est d’autres dans lesquelles l'articülation est méconnoissable au premier coup d’œil, parce qu'au lieu d’être transversale, elle est doublement oblique et forme une sorte de V: le centaurea candidissima en est un exemple remarquable, surtout dans l’état de fleuraison. Malgré ces anomalies, et quoi qu’en ait dit M. Decandolle, il est certain que l'articulation du style des carduacées est très- réelle, et qu’elle constitue un caractère très important. Ce qui le prouve, c’est qu’on en retrouve des traces dans l’organisation interne, comme On peut s’en assurer à l'inspection de la coupe longitudinale du style de l’echinops sphærocephalus. La grefle, ou l'union vasculaire des deux branches du style, n’est, pas un caractère aussi imporlant que l'articulation, puis- qu'il souffre exception dans plusieurs carduacées ; mais il est tout aussi remarquable. On m'objectera peut-être que cette prétendue greffe est de ma part une hypothèse purement gratuite ; et qu'au lieu de sup- poser que les deux branches du style sont incomplètement greffées ensemble , rien n'empêche d’envisager la chose sous un point de vue tout opposé, en disant que Particle supérieur du style est incomplètement fendu en deux lanières. | J’alongerois démesurément ce Mémoire, déjà beaucoup trop ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 long, si je m’engageois ici dans les discussions métaphysiques nécessaires pour prouver combien sont abusives presque toutes ces expressions de la langue botanique, qui supposent que la nature , après avoir originairement formé un organe d’une seule — , le découpe ensuite , le fend, le perce, le creuse, le sillonne, e tronque, le divise en un mot de toutes manières. Je me borne donc à dire que, de deux hypothèses qui représentent également bien les faits, j'ai pu choisir celle qui est le plus conforme à la manière dont je concois les opérations de la nature. L'union vasculaire des deux branches varie extrêmement quant à son étendue; et très-souvent toules les variations se trouvent réunies dans le même céphalanthe. Ainsi, dans une fleur, les marges de la face intérieure des branches sont libres dans toute leur longueur; dans là fleur voisine, celles ne sont libres que dans leur partie supérieure; dans une autre fleur, l’union com- plète des deux branches s'élève plus haut d’un côté que de l'autre; dans une autre les marges se trouvent greflées, non-seulement dans leur partie inférieure, mais encore dans quelque point isolé de la partie supérieure; dans quelqu’autre enfin, les marges sont libres d’un côté du haut en bas, tandis que de l’autre côté elles ne sont libres que dans la moitié supérieure, Le nombre des branches du style est bien plus constant que l'étendue de leur union. Cependant j'ai observé, dans le carlina vulgaris, un style ayant trois branches au lieu de deux. On se souvient que j'ai observé de pareilles variations accidentelles dans les lactucées et dans les astérées, I] me reste à parler du disque épigyne des carduacées. Nous avons vu que l’existence de cet organe est constante chez les lactucées, mais qu’elle ne l’est point chez les astérées. Quant aux carduacées, toutes celles que J'ai observées sont constamment pourvues d’un disque très-apparent. Le xeranthemum annuum ne forme pas une véritable exception : car, si ses fleurs herma- phrodites sont absolument dépourvues de disque, ses fleurs neutres sont pourvues d’un disque énorme, très-remarquable. Le disque des carduacées est articulé sur le sommet de l'ovaire. Il est formé d’une substance charnue, demi-transparente, blan- châtre ou jaunâtre, Sa figure est ordinairement celle d’un court cylindre comme excavé supérieurement en godet au fond duquel est attachée la base du style. J'ai observé, dans le centaurea scabiosa, que ce godet contient 270: JOURNAL ‘DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une goutle de liqueur jaune, ce qui prouve que le disque-est un organe mellifère ou nectarifére, S IV. Des Caractères généraux du Style et du Stigmate des Synanthérées. Après avoir fait connoître tous, les caractères du style des lactucées et de celui des carduacées, ainsi que ceux des diverses sortes de styles qu’on observe dans l’ordre des astérées, il semble que ce seroit ici le lieu de les comparer tous entre eux, pour reconnoître les caractères qui sont communs aux trois ordres, et qui expriment par conséquent la structure générale du style dans toute la classe des synanthérées. Mais la structure du style et du stigmate est tellement diver- sifiée dans cette classe, et elle présente tant d'anomalies, que ces caractères généraux, pour être rigoureusement exacts et ap- plicables à tous les cas sans exception, se réduiroient à un trop etitnombre, et deviendroient extrêmement vagues, presque nuls: il est donc inutile d’en faire la recherche. L'observateur superficiel n’éprouve aucune difficulté à géné- raliser les caractères, parce que le coup-d’œil léger et rapide dont il effleure la surface des objets, ne lui permet pas d’appercevoir les différences et les exceptions. Mais cette ne apparente se convertit presque toujours en une prodigieuse variété aux yeux de celui qui observe les objets avec une attention scrupuleuse, et qui les décrit avec une rigoureuse exactitude, S V. Résultats des Observations contenues dans ce Mémoire. Rien n'est à négliger dans l'étude de la nature, et les obser- vations les plus minutieuses, les plus frivoles en apparence, ne sont jamais sans quelqu'utilité, pourvu qu’elles soient exactes, et qu’elles ne soient point copiées dans les livres. Gette vérité, dont je suis intimement convaincu, est ce qui m'a inspiré la confiance de présenter aux botanistes mes observations sur le style des synanthérées. Je puis garantir leur exactitude serupuleuse. Quant à leur importance , je n'ai point la ridicule vanité de leur en attribuer une bien grande; mais j'ose prétendre qu’elles ne ET D'HISTOIRE NATURELLE. 271 sont point à dédaigner , s’il est vrai, comme je le crois, que mes observations rectifient quelqueserreurs échappées à MM. Adanson, Richard et Decandolle, c’est-à-dire aux observateurs les plus habiles, aux botanistes les plus profonds; qu’elles font parfaite- ment connoître la véritable structure du style des synanthérées, et les fonctions de chacune des parties dont cet organe se com- pose ; qu’elles fournissent de nouveaux caractères éminemment propres à être employés, concurremment avec ceux de quelques autres organes, à < distinction des trois ordres des synanthérées ; et qu’enfin elles annoncent une subdivision de l’ordre des astérées en plusieurs sous-ordres, dont au moins la plupart sont très- probablement plus naturels que tous ceux qu’on a formésjusqu'ict. Jene m’arréterai pas à démontrer que la description d’Adanson et celle de M. Richard, que j'ai rapportées dans l'introduction de ce Mémoire, sont l’une et l’autre tout-à-fait erronées, et qu’elles donnent l’idée la plus fausse de la structure du style des synanthérées, ainsi que des fonctions des diverses parties de cet organe. Je me borne ici à faire remarquer que M. Richard attribue les fonctions stigmatiques aux poils-balayeurs, et qu’il prend les branches du style pour le stigmate, en faisant le stigmate simple ou double, suivant que les branches du style sont incom- plètement greffées ensemble, ou qu’elles sont complètement libres. Quant à Adanson, sa description fourmille d'erreurs, et tout y est étrangement confondu. Par exemple, il suppose que la struc- ture du style et du stigmate des fleurs tubulées est la mème chez les astérées et chez les carduacées ; et il suppose également que la structure du style et du stigmate des fleurs ligulées est la même chez les lactucées et chez les astérées, Si je me permets cette légère critique contre deux botanistes du plus grand mérite, que personne ne respecte plus que moi, c'est que les erreurs que je leur impute ne sont point de nature à compromettre leur réputation. L’homme de génie qui embrasse dans ses vastes conceptions tout l’ensemble :de la science, n’en- court aucun blâme pour sêtre trompé dans quelques menus détails. Ces détails sont le domaine du simple observateur, qui concentrant sur quelque sujet très-circonscrit toutes ses facultés, y découvre sans peine ce qui a pu échapper au coup-d’'œil élevé et rapide de l’homme de génie. Quand mes observations sur le style des synanthérées n'auroient d'autre résultat que de signaler quelques erreurs professées par les botanistes, elles ne seroient pas sans utilité. Mais leur utilité 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est plus grande, si elles ont substitué à ces erreurs une connois- sance exacte, claire et précise de la structure de l'organe dont il s’agit, et des fonctions de chacune des parties dont il se com- pose. Je crois avoir démontré jusqu’à l'évidence cette structure et ces fonctions; et je.ne pense pas surtout qu’il puisse rester maintenant quelque doute sur les deux points les plus importans, je veux dire la détermination du stigmate, et les fonctions des poils ou papilles que j'ai nommés ba/ayeurs. Qu'on me permette de faire remarquer ici que la petite dé- couverte de l'usage des poils-balayeurs fait connoître une fonction du style inconnue jusqu'ici, celle de contribuer activement à la fécondation, et de participer en quelque sorte à l'office du sexe mâle, eu procurant l’expulsion du pollen et sa dissémination. Cette particularité vraiment intéressante est, dans l’ordre des causes finales, une conséquence naturelle de la connexion tubu- laire des anthères. Une autre particularité non moins intéressante, et qui paroît propre aux astérées , consiste dans l’existence simultanée de trois sortes de styles, qui diffèrent par le sexe, et qui exercent con- curremment et utilement des fonctions diverses relatives à la fécondation. C’est surtout une singularité remarquable, que la présence d’un style dans une fleur mâle soit utile et même in- dispensable pour l’œuvre de la génération. Quoique les caractères du style et du stigmate soient par eux-mêmes insuffisans pour dislinguer dans tous les cas les trois ordres des synanthérées, puisque les erronées ont le style des lactucées, et que les arctotides ont celui des carduacées; il n’en est pas moins vrai que ces caractères doivent êlre mis au premier rang, et que réunis à quelques caractères fournis par d’autres organes, ils procureront sans doute un jour la distinction solide des trois ordres de la classe. Quoi qu'il en soit, et dès à présent, l'observation du style démontre jusqu’à l'évidence, le vice de la série généralement adoptée, dans laquelle les astérées , au lieu d'occuper le milieu, sont placées à l’une des extrémités. La considération de la corolle indiquoit déjà que les astérées devoient être intermédiaires entre les lactucées et les carduacées : il ne peut plus y avoir de doute maintenant que cette considération est puissamment corroborée par mes observations sur le style des vernonies et sur celui des arctotides. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 273 arctotides. L'observation du style confirme aussi l’afflinité des lactucées et des campanulacées (x). Tous les botanistes qui s'occupent de la classification naturelle des végétaux, conviendront facilement que les sections admises jusqu'ici dans l’ordre des astérées sont fort peu satisfaisantes, et qu'elles troublent la série des affinités naturelles. Ainsi, par exemple, le genre anthemis et le genre matricaria, qui diffèrent à peine, se trouvent classés dans deux sections séparées ; tandis que les genres aster et gorteria, qui différent l'un de l’autre par les caractères les plus essentiels, se trouvent réunis dans une même section. Ces associations et dissociations contre nature résultent de ce que les sections sont fondées sur les caractères trop peu essentiels de phoranthe nu ou paléacé, de fruit nu ou aigretté. On ne pourra obtenir une meilleure classification qu’en employant les caractères principaux des organes les plus importans, tels que le style et le stigmate, par exemple. A cet égard, mes observations présentent un apperçu qui n’est point à mépriser, et qui peut devenir très-important, sil se trouve confirmé par l’observation future des autres organes. Je crois avoir tout lieu d'espérer que l'examen auquel je compte soumettre les autres organes floraux des synanthérées, n’infirmera pas l'importance que j’attribue aux caractères fournis par la struc- ture du style et du stigmate de ces végétaux (2). Îl ne seroit peut-être pas très-difficile de démontrer cette importance à priorë, c’est-à-dire de prouver qu’elle est une conséquence nécessaire, ou au moins toute naturelle, de la connexion tubulaire des an- thères, et du rassemblement d’une multitude de petites fleurs (1) Elle fait transposer avec raison les vrais xeranthemum de l’ordre des astérées dans celui des carduacées, et le sphæranthus indicus de l’ordre des carduacées dans celui des astérées. Elle opere enfin une foule de rapproche- mens heureux et de séparations conformes aux rapports naturels. C’est ainsi qu’elle rapproche l’anthemis du matricaria , V'inula du buphtalmum , le gor- teria de l’arctotis; et c’est ainsi qu’elle éloigne des vrais cineraria le cineraria amelloides , des vrais cacalia le cacalia porophyllum , des vrais tussilago le tussilago alpina. (2) Lastructure du style et du stigmate est tres-diversifiée dans les astérées, tandis qu’elle l’est très-peu dans les carduacées , et que dans toutes les lactucées elle estparfaitementuniforme.Cette progression nesuit-elle pasévidemmentcelle des rapportsnaturels? Voilà , par exemple , une des considérations sur lesquelles mon espoir se fonde; et j’en pourrois citer beaucoup d’autres aussi puissantes , s'illne falloit enfin mettre une borne à l’excessive longuenr de ce Mémoiré. Tome LXXVI. AVRIL an 1813. Nu 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE immédiatement rapprochées les unes des autres. Pour peu qu’on y réfléchisse, on trouvera que, dans l’ordre des causes finales, il y a des rapports évidens entre le rassemblement des fleurs, la connexion des anthères, et la structure du style. En général la classe des synanthérées me paroît remarquable par l'évidence des rapports de destination entre tous les organes. J’ai joint, à la suite de ce Mémoire, 108 figures dessinées par moi même, et qui éclairciront ce qu’il peut y avoir d’obscur dans mes descriptions (1). Si les botanistes daïgnent accueillir ce premier essai, et m’en- courager par leurs suflrages, je leur présenterai successivement mes observations sur les autres organes floraux, principaux et accessoires, des synanthérées. EXPLICATION DES FIGURES. Figure 1. — Ordre des Zactucées.— Cichorium intybus. (a) Style et stigmate en fleuraison. .. (b) Face intérieure d’une branche... (c) Face extérieure de la même... (d) Disque épigyne. Fig. 2.— Section des V’ernonies. — Vernonia noveboracensis. (a) Style et stigmate en fleuraison. . . () Face intérieure d’une branche. Fig. 3. — Section des Hélianthes.— Helianthus multiflorus. (a) Style et stigmate en fleuraison. . . (2) Face intérieure d’une Do .. (c) Face extérieure de la même... (d) Base du style. Fig. 4. — Section des Eupatoëres.— Eupatorium cannabinum. (a) Style et stigmate en fleuraison... (2) Face intérieure d'une branche... (c) Face extérieure de la même... (d) Base du style. * Fig. 5. — Section des Solidages. — Solidago virgaurea. (a) Style et stigmate en fleuraison. . . (2) Face extérieure d’une branche... (c) Face intérieure de la même. QG) De ces 108 figures , 12seulement sont gravées dans ce Journal ; et en effet elles peuvent suffire pour faciliter l'intelligence des deseriptions. + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 Fig.6. — Section des Znules. — Inula britanica. (a) Style et stigmate en fleuraison. .. (b) Face intérieure d’une branche... (c) Face extérieure de la même. Fig. 7. — Section des Chrysanthèmes. — Senecio jacobæa. (a) Style et stigmate de fleur hermaphrodite; en fleuraison... (b) Face intérieure d’une branche... (c) Face extérieure de la même... (d) Style et stigmate de fleur femelle, en fleu- raison... (e) Face intérieure d’une branche... (f) Face extérieure de la même. Fig. 8. — Section des Tussilages. — Tussilago petasites. (a) Style et stigmate de fleur femelle... (2) Style de fleur mâle. Fig. 9. — Section des Arctotides.— Arctotis tristis. (&) Style et stigmate en fleuraison. Fig. 10.— Section des Hétérogynes. — Sphæranthus indicus. (a) Style et stigmate de fleur femelle, enfleuraison. .. (b) Face intérieure d'une branche... (c) Style de fleur mâle. Fig. 11. — Ordre des Carduacées. — Carduus argentatus. (a) Style et stigmate en fleuraison. Fig. 12. — Ordre des Carduacées. — Xeranthemum annuum. (a) Style et stigmate de fleur hermaphrodite... (b) Style de fleur neutre. Nn 2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR | BAROMÈTRE MÉTRIOUE CENTIGRADE. Q 4 PRE. CC NE NS) CNRS. Maximum. | Minimum. |A Minx. Maximum. | Minimum. a MIDI. ‘sSunogf IGIN V "ENI ‘NUIHY heures: heures P { S est en rapport avec les organes de la manducation, ou avec la quantité ou l'espèce d’alimens dont les insectes font usage. Ainsi le rapport qui existe entre les organes de la manducation et l’ap- pareil digestif, semble prouver que dans la classification des in- sectes on ne doit donner une grande importance aux organes , © = A ps © de la bouche, que pour les espèces qui opèrent une véritable mas- ee Lies lo : se cation des alimens; car 5l est. de fait que le rapport entre les J ?, à ] à proportions du tube intestinal et l’espèce de nourriture, est le même chez les insectes vraiment masticateurs que chez les ani- maux vertébrés, tandis qu'il en est tout différemment dans ceux qui ne font éprouver aucune sorte de trituration aux alimens. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 917 Cette observation est d’autant plus essentielle à faire, qu’elle pourra peut-être conduire à une classification plus naturelle des insectes, ordre d’animaux dont l’organisation est toute particu- lière , et où l’analogie qui nous guide dans l’étude des êtres d’un ordre plus élevé, ne peut avoir le même degré de certitude. OBSERVATION D’UNE NOUVELLE COMÉTE. M. Poxs, attaché à l'Observatoire de Marseille , a découvert dans la constellation du Taureau royal de Poniatowski, une nouvelle comète. M. Bouvard en a déterminé la position le 4 avril à 4 h. 22! 3" de temps moyen. Son ascension droite étoit de 2760 27° 18", et sa déclinaison boréale o0 24! 46". Le rayon de cet astre est assez brillant. C’est la 1042 comète observée. C’est la dix- neuvième décou- verte par Pons. SÉANCE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES. LE docteur Wollaston a lu, le 26 novembre, un Mémoire sur les molécules intégrantes des cristaux. Il part d’une pensée ingé- nieuse du docteur Hookes, et prend pour principe, que les mo- lécules premières de la matière sont de forme sphérique. Il montre d’une manière très-satisfaisante, comment un nombre des formes primitives des cristaux peut provenir de la disposition relative de ces sphères. Il reconnoît que la supposition est purement gratuite; mais il affirme que dans l’état actuel de la science, il n’y a pas d'autre moyen d’expliquer diverses formes cristallines, et le tétraèdre en particulier. 318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Opuscules de Physique, par B. G. Sage, Fondateur et Di- recteur de la première Ecole des Mines, Membre de l'Institut impérial. | Veritas odium parit , obsequium amicos. Gicéron. Un vol. in-8°. A Paris, chez Firmin Didot, Imprimeur de l'Institut, et Graveur de l'Imprimerie impériale, rue Jacob, n° 24, « Si J'ai mis, dit l’auteur, pour épigraphe à cet Ouvrage : veritas » odium parit, obsequium amicos, c'est que ma constance à » soutenir la vérité, et à démontrer la fausseté des paradoxes par » lesquels on a dénaturé la Physique, a déchaîné contre moi ceux » qui la propagent. » L'auteur est connu par ses nombreux travaux, qui l’avoient fait recevoir Membre de l’Académie des Sciences, et aujourd’hui Membre de l’Institut ; nous les avons rappelés souvent aux lecteurs de ce Journal. Mais il n’a pas cru fondées plusieurs conséquences qu’on a dé- duites des expériences nouvelles, 11 a donc eu un grand nombre d'adversaires , qui ne lui ont pas rendu la justice qui lui est due. Il rappelle qu’il a fondé la première Ecole des Mines en France; cette Ecole subsiste, mais elle a reçu une nouvelle organisation , dans laquelle il n’a pas été compris. Il s’en plaint, et dit: J'ose demander à ceux qui ont organisé ce Corps, qu'on allègue les raisons pour lesquelles on m'a rejeté, Ces Opuscules de Physique contiennent différens faits concer- nant la Physique, la Chimie et l'Histoire naturelle..., qui ne peuvent qu'intéresser les amateurs de ces belles sciences. Théorie des Fonctions analytiques, contenant les Principes du Calcul différentiel, dégagés de toute considération d’infini- ment petits, d'évanouissans, de limites et de fluxions, et réduits à l'analyse algébrique des quantités finies; par J. L. Lagrange, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 319 de l'Institut des Sciences, Lettres et Arts, et du Bureau des Longitudes; Membre du Sénat-Conservateur , Grand-Oflicier de la Légion-d'Honneur, et Comte de l'Empire. Nouvelle Édition, revue et augmentée par l’Auteur. A Paris, chez Mme Ve Courcier, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° b7. 1813. Lagrange, le plus puissant génie qui existât dans ces derniers temps, vient d’être enlevé aux Sciences. Le seul éloge digne de lui, est de continuer à dire : NEWTON, EuLER, LAGRANGE. Un si haut talent étoit encore relevé par une modestie rare, qui le tenoit constamment éloigné de tout ce qui étoit étranger à ses travaux. Élémens de l'Art Vétérinaire. Essai sur Les Appareils et sur les Bandages propres aux Quadrupèdes, à l’usage des Élèves des Ecoles impériales vétérinaires ; avec Figures; par CZ. Bour- gelat, Directeur et Inspecteur général des Écoles vétérinaires, Commissaire général des Haras du Royaume, etc. Deuxième Edition. A Paris, de l’Imprimerie et dans Librairie vétérinaire de Me Huzard (née V’allat la Chapelle), rue de l Éperon, n° 7. 1013. Les travaux de Bourgelat sur l’art Vétérinaire, sont si connus, qu’on doit regarder celte nouvelle Édition comme un service rendu à cette Science. 320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ef{c. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIEP. Suite des observations sur le style et le stigmate des synanthérées; par Henri Cassinr. Pag. 249 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 276 Suite du second extrait du Mémoire sur la diffraction de la lumière; par Honoré Flaugergues. 278 Mémotre sur lacombustion, l'oxidation, l'acidification, \ et la respiration; par J.-C. Delamétherte. 296 Expériences concernant quelques phénomènes d'électri- cité galvanique ; par M. H. Davy. Communiquées par M. Wan-Mons. Extrait. 304 Expérience électrique remarquable; par M. Muncke. Adressée à M Gilbert. 307 Extrait d'un Mémoire sur les usages des diverses parties du tube intestinal des insectes. Lu à la première Classe de l'Institut, le 16 novembre 1812; par Marcel de Serres. 309 Observation d'une nouvelle Comète. 317 Séance de la Société royale de Londres. Ibid. Nouvelles Littéraires. 318 De l’Imprimerie de M”° Veuve COURCIER, Imprimeur-Libraire pour les Mathématiques, quai des Augustins, n° 57. ; 2 Journal de Physique, Aer 1873. A 1 Era rar Adun P1,1. | Journal de l’hysique. Aord 813 ae Re SS — SSSR 4 # Dessine par Henri - Cassiné Grave par Adam FOR EN CAR DEP EN SSD EL TI ES DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MAI AN 18613. RAPPORT FAIT A LA CLASSE DES SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES DE L'INSTITUT, LE 8 FÉVRIER 1813, Par MM. DE JUSSIEU ET MIRBEL, SUR UN TRAVAIL DE M. DESVAUX, INTITULÉ : MÉMOIRE "SUR LES LYCOPODIACÉES , ET MONOGRAPHIE DE CETTE FAMILLE. Ex avril 18rx, la Classe nous chargea, M. de Jussieu et moi, d'examiner un Mémoire de M. Desvaux, sur la famille des plantes connues sous le nom de lycopodes ou lycopodiacées ; quinze jours après, au moment où nous nous disposions à faire notre Rapport, M. de Beauvois, qui s’est livré avec beaucoup de suite à l'étude des lycopodes et des autres plantes de la Cryptogamie de Linné, Tome LXXVI. MAI an 1813, d Hi: 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lut à la Classe une Dissertation qui avoit pour objet de réfuter le travail de M. Desvaux. La Classe sentira facilement que cette circonstänee, st favorable d'ailleurs aux progrès de la science, nous jeta dans quelque embarras, M. de Jussieu et moi, puisque nous nous trouvâmes dans la nécessité de prononcer entre M. Des- vaux et notre savant confrère. Pour nous éclairer, il étoit indispensable que nous discutassions avec l’auteur du Mémoire, les points de sa doctrine, que la réfutation de M. de Beauvois avoit rendus très-douteux. Mais M. Desvaux avoit quitté Paris, et nous dûmes suspendre notre Jugement jusqu'à son retour. Il résulte pour nous, de l'examen approfondi du travail de ce botaniste et des explications verbales qu'il nous a données, que l'histoire physiologique de la famille des lycopodiacées n’est pas encore suflisamment éclaircie. Nous espérons que la Classe en Sera convaincue, quand nous lui aurons soumis nos réflexions critiques sur la première partie de ce Mémoire, dans laquelle l'auteur cherche à prouver que les lyéopodes sont des plantes agames , c'est-à dire, privées d'organes sexuels, et qu’elles se muhiplient au moyen de propagules, corps reproducteurs doués, par eux-mêmes, de la foree végétative. La plupart des botanistes du siècle dernier, Dillen, Linné, Haller, etc. ont confondu les rmoussés et les Fycopodes, Adanson, le premier, remarqua quelques différences essentielles entre ces plantes , et fit, des lycopodes, une section à part, dans sa famille des mousses. L'un de nous (M. de Jussieu) a suivi exemple d'Adanson, et, en désignant les lycopodes sous le nom de musci spurii, il a indiqué que ces plantes devoient former une famille distincte. à Cette idée a été saisie et développéé habilement par M. dé Beauvois, Ce botaniste, à l'exemple de Linné, de Haller et d’Adanson, a adnris des flenrs mâles et femelles dans les lÿco- podes, et il a divisé ce groupe en plusieurs genres fondés par- ticulièrement sur la situation des parties qu'il regarde comme les fleurs. La famille des lycopodes à été admise suecessivement par MM. Mirbel, Decandolle, Swartz, Robert Brown, et enfin par M. Desvaux qui la reproduit maintenant sous un nouveau jour. Les: Iycopodes forment un groupe intermédiaire entre les fou- gtres et les mousses : quelques-unes ressemblent tellement aux ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 mousses par leur port, qu’on ne parvient à les en distinguer que par la fructilication. Quelques autres ont une fructificalion qui ne diffère point sensiblement de celle de certaines fougères, et ils ne s'en éloignent que par leur port, d'où il résulte que du côté des fougères, la limite est assez indécise. Tous les lycopodes portent de petites boîtes à une, deux ou trois loges, disposées en épi ou dans l’aisselle des feuilles ; et ces boîtes contiennent une poussière extrêmement fine, rouge, jaune ou brune, dont les grains, vus au microscope, sont sphériques ou oblongs ou réniformes, lisses ou hérissés de petites pointes, opaques ou transparens. On a observé en outre, dans un tiers environ des espèces, d’autres boîtes uniloculaires et contenant un à quatre globules. Ces boîtes sont mélées aux boîtes à pous- sière ou placées au-dessous d'elles. Les globules sont lisses ou ridés ; leur substance intérieure étant humectée, a la consistance et l'aspect d’une gelée. Leur écorce est une enveloppe crustacée. M. de Beauvois pense que sous cette première enveloppe il en existe une autre qui est membraneuse. Pour lui, les boîtes à poussière sont des fleurs mâles, et les boîtes à globules, des fleurs femelles. Pour M. Desvaux, les unes et les autres sont des cap- sules remplies de propagules. Ainsi ces deux botanistes adoptent des opinions diamétralement opposées ; et cependant il est notoire qu’ils différent à peine sur le matériel des faits. Cette remarque nous suggère quelques réflexions qu’il n’est peut-être pas inutile de communiquer à la Classe. Nous ne con- noissons aucun groupe de la Cryptogamie de Linné, qui ne fournisse matière à des discussions pareilles à celle qui s’est élevée entre MM. de Beauvois et Desvaux. Les plus grands botanistes ont été et sont encore partagés touchant la nature deces plantes. Les uns leur refusent les organes sexuels et préten- dent qu’elles se multiplient par des propagules, des sporules , des gongyles, etc., sortes de bulbes qui ne sont, à leurs yeux , qu’une continuation de la substance de la plante-mère. Les autres dé- cident qu’elles ont des sexes bien distincts, et qu’elles se régé- nérent par graines, à la manière des plantes phanérogames, c’est-à-dire, des plantes à élamines et à pistils visibles. Les partisans de cette dernière hypothèse que l’on nomme sexualistes par opposition aux autres que l’on nomme agamistes, ne tombent point d'accord entre eux sur la détermination des organes, Les uns voient des pistils où les autres croient avoir trouvé des étamines, ec vice versé, Cette dissidence d’opinions, qui rend la IG 324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE doctrine incertaine, a sa cause dans la nature même des êtres soumis à l'observation, Quand il s’agit de cryptogamie, la méthode ana- Dgique est en défaut, et les expériences sont impraticables ou insuflisantes. Tout le monde sait qu’en retranchant les étamines dans les plantes pourvues de sexes, on fait avorter les semences, et qu’en répandant le pollen d’une espèce sur le stigmate d’une autre espèce peu différente de la première par son organisation, on obtient de nouveaux individus qui ne ressemblent complè- tement ni à leur père ni à leur mère, mais qui participent de tous deux. Ces mulets du règne végétal sont désignés par les botanistes sous le nom d’hybrides. De telles expériences, dont les résultats sont bien et dûment constatés, ne laissent aucun doute sur l’exis- tence de la faculté fécondante dans toutes les espèces qui, de l'aveu des botanistes, sont pourvues d'étamines et de pistils ; mais les organes reproducteurs des plantes cryptogames, ne res- semblent pas du-tout à ceux des plantes phanérogames , tant pour la forme extérieure, que pour la slructure interne et le mode d'action. 1’ailleurs, ils sont ordinairement d’une petitesse extrême, et les expériences sur le croisement des espèces el sur la castration, si décisives pour les phanérogames, ne peuvent être appliquées à la classe inférieure des végétaux. Par consé- quent, tout y devient matière à contestalion, et si l’on veut s'attacher sansréserve à une opinion quelconque, il nereste souvent, selon nous, qu’à suivre des analogies vagues et à tirer des con- séquences hasardées. Voilà pourquoi on comple presque autant de systèmes qu’il y a d’auteurs qui ont écrit sur la Cryptogamie. Cette diversité d'opinions va se présenter dans l’histoire des lycopodes. j Que doit-on penser des boîtes à poussière? sont-ce des fleurs mâles? sont-ce des capsules remplies de corps reproducteurs ? La réponse est embarrassante, d'autant plus qu'ici lesobservateurs ne sont pas même toujours d'accord sur les faits fondamentaux. Koelreuter veut quela poussière soit composée de corps reproduc- teurs ; elle ne crève point sur l’eau , à la manière du pollen, dit-il, mais elle se développe sur la terre de même que des graines ou des bulbes. Lindsay, Fox et Wildenow assurent aussi qu'ils ont vu germer ces corpuscules. Toutefois M. Robert Brown, grand observateur, avance que ce sont des grains de pollen et qu'ils éclatent sur l’eau, assertion qui tend à infirmer les ex- ériences de Koelreuter, de Fox, de Lindsay et de Wildenow. T. de Beauvois essaie de concilier les faits qui, dans sa manière ET D'HISTOIRE NATURELLE. 325 de voir, ne seroient contradictoires qu'en apparence. Il admet la possibilité du développement observé par ses prédécesseurs ; mais il prouve qu'outre les corpuscules colorés, les boîtes con- tiennent encore d’autres petits grains incolores, transparens, lisses, de formes variées qui, suivant lui, sont des corpuscules repro- ducteurs, sortes de bulbes ou propagules mélés à la poussière fécondante , laquelle a tous les caractères extérieurs du pollen des phanérogames ,et s’'enflamme comme lui, quand on la projette sur un corps embrasé. D'ailleurs, M. de Beauvois ne nous dit pas comment cette poussière se comporte sur l'eau. L'autorité de notre savant confrère, fortifiée par celle de Robert Brown, n’a pas entrainé l’assentiment de M. Desvaux. Ce seroit une erreur de croire, dit ce botaniste, que la nature ait accordé à toutes les plantes la propriété de se multiplier par la fécondation. Aussi bien que les animaux, elles offrent dans Jeur série une dégradation d'organes et de facultés. Les Iycopodes sont un des anneaux inférieurs de la grande chaîne des végétaux. Ces plantes privées d'organes sexuels et de graines, se régénèrent par de simples bulbes où propagules de même que les bissus, les lichens, les champignons, les algues. De ce qu'une plante a des racines, des tiges, des feuilles, nous ne pouvons conclure qu'elle ait des étamines et des pistils, ear la nécessité de la coexistence de ces organes n’est nullement démontrée. Les ex- pérences de Koelreuter et autres, prouvent, sans réplique, que la poussière des lycopodes est un amas de propagules et non un pollen. Elle n’éclate point sur l’eau, et Robert Brown a étélrompépar uneillusion d'optique. Les corpuscules hétérogènes observés par M. de Beauvois, ne sont probablement que des propagules avortés. Leur transparence, leur forme irrégulière , leur’ petit nombre semblent l’indiquer. On objecte que la poussière prend toutes les formes du pollen, et qu'elle est très-combustible ; mais qu'importecela ? ne voit-on pas des graines sphériques, trian- gulaires, réniformes, lisses , chagrinées , hérissées de pointes, etc, .? n'en voit-on pas qui contiennent beaucoup d'huile volatile, et dont les enveloppes brûlent facilement en répandant une vive lumière? Que l’on suppose ( chose très-possible) que des graines de cette nature soient aussi fines que la poussière des fougères et des lycopodes, il sufhira pour les enflammer, de les lancer surun corps en 1gnition. Certes, nous ne nierons pas que ces raisonnemens ne soient spécieux , et, sans abonder dans le sens de l’auteur, nous con- 326 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE viendrons que jusqu’à ce jour on n’a fourni aucune démons- tration directe de la présence du pollen dans les boîtes à poussière des lycopodes , et qu’on ne peut guère contester que ces boîtes n’enferment de certains corpuscules doués de la propriété de reproduire de nouveaux individus. Néanmoius l’objection de M. de Beauvois, tirée de la présence des corpuscules transparens, n'est que foiblement réfutée par M. Desvaux. Pour éclaircir ce point essentiel, il faudroit isoler les deux espèces de corpuscules et voir comparativement comment ils se comportent soit sur la terre, soit sur l'eau. Mais une expérience de cette nature exi- geroit tant de soins, d’attention et de persévérance, qu’on n'ose pas même imaginer qu'elle soit possible. Les sexualistes éclairés n’ont pas méconnu ces difficultés , et ils ont essayé de démontrer l'existence de la fleur mâle en suivant une autre voie, qui, bien que moinsdirecte , ne laisse pas de con- duire au but, Les rapports entre les sexes sont tels, de l'avis de tous les physiologistes, que la découverte d’un seul organe de la génération devient une preuve sans réplique de l'existence de l'autre. Si donc les sexualistes établissent solidement que les boîtes à globules des lycopodes, sont analogues aux pistils des plantes phanérogames, nous serons bien tentés de croire que les boîtes à poussière renferment quelque chose de semblable au pollen, et quoique la démonstration ne soit pas complète , l’analogie acquerra une force quiéquivaudra presque à celle de l’expérience. Préoccupé de l’idée que les lycopodes ont des sexes, M. Brotero déclare que les boîtes à globules sont des pistils. Il voit dans la suture supérieure de leur double valve, un stigmate plaçé immé- diatement sur l'ovaire, et dans les globules (lesquels se sont développés sous ses yeux), des graines fécondées par la poussière des autres boîtes. A la vérité, les atomes organisés qui com- posent celte poussière, mis sur l’eau, n’ont pas fait d’explosion ; mais, seunés sur la terre, au lieu de germer, ils se sont décom- posés, et c’en est assez pour que M. Brolero y reconnoisse un pollen comparable à celui que répandent les étamines des plantes phanérogames. Observons en passant, que cette preuve négative ne sauroit porter atteinte à la déclaration formelle de Koelreuter, de Lindsay, de Fox et de Wildenow. $ x M. de Beauvois, plus exercé à ces recherches délicates, et par cela même plus circonspect, ne parle ni de pistil, ni de stig- mate. Il prend la question de plus haut. Il admet d’abord comme un fait incontestable, qu'aucune graine ne se développe sans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9327 fécondation ; ensuite il s'attache à prouver que lés globules ont les caractères que la plupart des auteurs assignent à la graine, et il conclut que les boîtes à globules sont des fleurs femelles, et les boîtes à poussière des fleurs mâles. M. Desvaux reconnoît avec M. de Beauvois, l'absolue né- cessité de la fécondation pour la formation d’une graine; mais il nie Je les Iycopodes aient des graines, parce qu'il r’aperçoit point d’embryons dans les globules, et que l'embryon, comme chacun sait, est la partiè essentielle de toute graine. Qu'on ne s’imagine pas néanmoins que MM. Desvaux et de Beauvois diffèrent beaucoup sur les faits matériels : loin de là, car ils décrivent les globules et les boîtes dans des termes à très-peu près équivalens. La difficulté qui les partage roule uni- quement sur la question suivante : les définitions que les auteurs ont données de la graine, sont-elles applicables ou non aux globules des lycopodes? question dont la solution sera de peu de valear pour dissiper nos doutes sur là nature des organes régénérateurs des lycopodes, si les définitions dont il s’agit sont inexactes où insuflisantés. C’est donc ce qu’il faut examiner, Linné avoit dit que la graine était le commencement d’une nouvelle plante vivifiée par la fécondation, et que toutes les plantes avoient des sexes et par conséquent des graines. Mais aujourd’hui c'est ane opinion recue d'un grand nombre de savans botanistes, qu’il y a des plantes agames, et il reste à savoir si parmi les espèces que l’on range dans cette classe, il ne s’en trouveroit pas qui produisissent des corps régénérateurs semblables aux graines par tous les caractères que les sens peuvent saïsir. Les botanistes qui continuent de dire avec Linné, qu’une graine est le produit de la fécondation, sans d’ailleurs assigner à cet œuf végétal de caractères organiques visibles, ne prennent pas garde que leur définition purement théorique, ne nous apprenant pas à distinguer une graine de tout autre corps reproducteur, ne sauroit être d'aucun usage dans la pratique. D’autres bota- nisles, meilleurs logiciens, ont apercu le vice de cette définr- tion, et ils se sont eflorcés de séparer, par des caractères évidens, Jes corps reproducteurs qui proviennent de la fécondation, et auxquels seuls, suivant eux, le nom de graines appartient, des corps reproducteurs qui se forment sans le secours des organes sexuels. Voyonssil n’y auroit pas moyen d’embarrasser ces derniers en opposant à leurs opinions des opinions plus récentes qui, peut-être, prévaudront un jour. 328 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les graines, ont-ils dit, rmaëssent constamment dans des ovaires. Nous répondrons que les plantes agames (ici nous em- ployons le langage de ceux qui ne mettent plus en doute que les algues, les champignons, les hypoxilons , les lichens ne soient privés d'organes sexuels ) nous répondrons que les plantes agames produisent souvent des corps reproducteurs dans des cavités closes, semblables à des ovaires; témoins les diverses espèces de sphœæria, de fucus, etc. Les graines, ont-ils dit encore, ont {oujours des tuniques propres. Nous répondrons que plusieurs botanistes sont d'avis que lamande d’un grand nombre de graines de plantes phané- rogames, n’a d'autre enveloppe que la paroi de l'ovaire, et que la pelilesse extrême des corps reproducteurs des agames, ne permet pas de vérifier s’ils ont ou n’ont pas de tuniques propres. Les graines, ont-ils ajouté, contiennent des embryons qui ont toujours deux points fixes de développement. Nous répon- drons qu'il seroit difficile de prouver que certains corpuscules reproducteurs, nés de plantes agames, ne sont pas pourvus de deux points fixes de développement, et qu’il seroit facile de soutenir que les embryons de quelques espèces de phanérogames ont plusieurs radicules, et par conséquent, plus de deux points fixes de développement. 11 suit de cette courte discussion, que jusqu’à présent nous ne pouvozs nous flatter d’avoir trouvé des caractères certains pour distinguer les corps reproducteurs qui, au jugement de beaucoup de botanistes, se développent sans fécondation, de ceux qui, au jugement de tous, ne se perfectionnent que par ce moyen. Ainsi, que les globules des lycopodes ne diffèrent point sensiblement des graines de quelques phanérogames , comme l'établit fort bien M. de Beauvois, cela ne prouve pas, dans l’état actuel de nos connoissances, que les lycopodes aient des organes sexuels, et M. Desvaux pouvoit défendre son hypothèse, sans qu’il fût nécessaire d'avancer que les globules sont privés d’em- bryon. Il avoue que ces corps reproducteurs naissent dans des espèces d’ovaires, qu’ils sont composés de deux substances , l’une exté- rieure, l’autre intérieure; que la première n’est qu'une simple enveloppe crustacée, que l’autre se change en une nouvelle planté quand elle se trouve dans des circonstances favorables; cela posé, il est clair que la substance intérieure contient les linéamens de la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 329 la nouvelle plante, que cette première ébauche recouverte tota- lement d’une tunique propre, ne saurait être considérée comme la continuation de la plante-mère , et qu’il est impossible, d’après ces données, d’y voir autre chose qu'une sorte d’embryon. M. Desvaux ne s’est refusé à cette idée si simple et si natu- relle, que parce qu’il pensoit que les lycopodes n'ont point de sexes, et qu’il ne lui a pas paru FrabaBle que rien d’analogue à la graine et à l'embryon se dût former sans fécondation. Les boîtes à globules n’ont été observées que dans un tiers environ des plantes de la famille : autre raison qu’apporte M. Des- vaux pour rejeter l’idée que ces boîtes sont des fleurs femelles. On lui objecte que des recherches ultérieures les feront découvrir dans toutes les espèces; à quoi il répond, qu’on n’en juge ainsi que parce qu’on veut que ces boîtes soient des organes indispen- sables, de véritables fleurs femelles, mais que cette hypothèse est contestée et qu'il ne faut pas prétendre tirer d’un fait douteux une induction plus certaine que le fait lui-même. Il va plus loin; il croit que les boîtes à globules sont les mêmes organes que les boîtes à poussière, et il insinue que les globules pourroient bien n'être, sauf le volume, que des corps analogues aux corpuscules pulvérulens. Nous conviendrons vo- lontiers que les deux espèces de boîtes, abstraction faite des globules et de la poussière, différent peu entre elles; nous ne nous refuserons pas à l’idée que les globules et une portion de la poussière, jouissent également de la propriété de reproduire la plante; mais, à l'exemple de M. de Beauvois, nous ne confon- drons pas la poussière et les globules, attendu que les différences sontévidentes , et que plusieurs points de ressemblance sont encore sujets à contestation. Nous ne nous étendrons pas davantage sur la première partie du Mémoire de M. Desvaux. Il a voulu établir par des faits et par des raisonnemens, que les lycopodes sont des plantes agames ; il a fortifié son opinion de tout ce que lui fournissoïent les re- cherches de ses prédécesseurs; nous rendrons justice à son zèle et à ses lumières; mais nous croyons qu'il eût mieux fait de douter davantage. Les doutes réfléchis et motivés préparent les découvertes; les décisions précipitées n’engendrent guère que des systèmes et des erreurs, Après tout, il ne faut pas tant se récrier contre les sexua- listes, même quand ils cherchent les organes sexuels dans les Tome LXXV I. MAI an 1613. Vyv 330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bissus, les lichens, les champignons; car c’est à ce desir de généraliser lun des plus admirables phénomènes que présentent les corps organisés, que nous sommes redevables de quelques notions exactes sur la structure des plantes dites crypiogames. La seconde partie du Mémoire de M. Desvaux a pour objet la classification des lycopodes, Il examine celle qui a été pro- posée par M. de Beauvois, et en fait une critique appuyée sur des considérations générales et particulières qu'il seroit trop long d'exposer ici. Nous ne croyons pas devoir décider entre ces deux botanistes ; nous éloignerons même toute idée de comparaison qui ne pourroit d’ailleurs être solidement établie que sur une analyse longue et minutieuse des détails des espèces. Nous nous en tiendrons à dire que les genres proposés par M. Desvaux sont fondés sur des caractères bien tranchés et faciles à saisir. Fidèle au principe posé par Linné, qui veut que les caractères généri- ques soient tirés de la structure des organes de la fructification, et non de leur disposition sur la plante, M. Desvaux cherche dans le nombre des loges des boîtes à poussière, qui sont com- munes à tous les lycopodes, les motifs de sa classification. 11 divise par ce moyen la famille en trois genres, savoir: Le /ycopodium dont les boîtes sont uniloculaires, Le #mesipteris dont les boîtes sont biloculaires. Et le bernhardia dont les boîtes sont triloculaires. Les deux derniers genres ne renferment qu’un petit nombre d’espèces et n’avoient pas besoin d’être subdivisés; mais le genre Zlycopodium comprend déjà près de cent cinquante espèces, et il étoit nécessaire de les distribuer en sections. Lei la classification de M. de Beauvois n’a pas été d’un médiocre secours pour M. Desvaux. Les boîtes d’une seule sorte ou de deux sortes, la disposition de ces organes sur le végétal, l’arrangement et la nature des feuilles , lui ont fourni les caractères de ses sections, ou, si l’on veut, de ses sous-genres. L'ensemble de ce travail ne nous a rien offert qui fût en con- tradiction avec les aflinités spécifiques. Nous avons trouvé que les caractères énoncés en tête des différentes coupes, étoient con- formes à la nature; enfin il nous a paru que dans l’état présent de nos connoissances sur la famille des lycopodiacées, ceite classification étoit très-satisfaisante. M. Desvaux termine son Mémoire par la monographie des r4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. d3r espèces qui rentrent dans ses trois genres. Cette partie est traitée avec soin ; elle ne manque ni de clarté, ni de précision. L'auteur ne se borne pas à présenter les caractères exclusifs, il donne des phrases descriptives, ce qui est très-convenable pour faire distinguer des plantes qui, ayant, à beaucoup d'égards, une or- ganisation très-simple, offrent peu de caractères diflérentiels. En résumé, quoique nous pensions que plusieurs idées de M. Desvaux soient loin d’être à l'abri de la critique, nous ne saurions nier que son Mémoire ne renferme de bonnes observa- tions et.ne doive contribuer à éclairer les botanistes, sur un groupe de plantes d’une étude très-difiicile. Nous proposons donc à la Classe d'en ordonner Pimpression dans le Recueil des Mé- moëres des Savans Etrangers. Signé DE Jussieu, MIRBEL, Rapporteur. La Classe approuve le Rapport et en adopte les conclusions. * Certifié conforme à l'original, Le Secrétaire perpétuel, Chevalier de l'Empire, CUVIER. Vv2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES «| THERMOMÈTRE EXTERIEUR BAROMÈTRE MÉTR IQUE 5 CENTIGRADE. ÿ “ : * | Maxsuum. | Minimum. |a Mur. Maximum. | Minimum. | à s'di +15 3 ER + 625 1 55 a sa8 ae mill. mil. 1là midi +-15,50|à 5 Em. 7 15,50 Hoi. .41%507b0,60[419% 92800 ,2 Pr { 2là3s. +io,oo!à5:m.+ 3,79|+4 9,75 |à9#s........748,06|à 2$ ISERE Mr: “HE 3làmidi + 9,65{à 5 Fin. 1,25|4 8,65/à 10£5.,...,.755,22|à 5 2 m....... 750,92|753,42 4là3s. + 8,00[à 5: m.+ 2,00|+ 7,75là 95.:........ TOP 2A A DIS ee nadeUe 755,16[755,96 8 5là midi +: 9,75{à 5 + m.+ 0,754 9,75]à 10 5........, 760,76/à 5+5........758,70|760,40 6|à midi +13,00|à 5m. 6,00[+13,00|à 9 2m.......760,92|55s.........760,12/760,22 7la3s. “H15,50/à 5 £m.+ 9,50|+-14,50|à 9 ? m....... -760,40|à 1115... ...757,50|759,86 4 Bla3s. Hu8,75/a 55 m.+ 6,25|+17,50{à 10 3 5.......757,94là35..,...... 757,32|757;44 olà3s. DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Rapport fait à la Classe des Sciencesphysiques et mathé- matiques, le 8 février 1815; par MM. de Jussieu et Mirbel, sur un travail de M. Desvaux, intitulé: Mémoire sur les Lycopodiacées, et Monographie de cette famille. Pag. 321 Tableau météorologique ; par M. Bouvard. 332 . Huitième Mémoire sur la Poudre à canon; par L. J. Proust. 334 Rapport fait par M. Bosc, sur l'ouvrage de M. Hubert Jils, intitulé : Recherches sur les mœurs des Fourmis indigènes. Abrégé d' Astronomie, ou Lecons élémentaires d'Astro- norie théorique et pratique; par M. Delambre. Ex- trait par J.-C. Delamétherte. 367 Mémoire sur l'épurat on de l'eau de mer, rendue po- - cable sans goût d'empyreume, par la distillation dans le vide; par M. Rochon. 373 Expériences sur l'influence du cerveau dans la produc- tion de la chaleur animale; par B. C. Brodie, Ex- trait par J.-C. Delamétherie. 386 De l'action de la lumière solaire sur le phosphore; par , M. Vogel. Extrait. Elémens de Géométrie; par Em. Develey. 397 353 De l'imprimerie de M V* COURCIER, quai des Augustins, n° 57. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. ——_——_————————_————_— JUIN AN 1818. MÉMOIRE SUR LES DÉVELOPPEMENS DES BOURGEONS ; Par M. J. TRISTAN. - CE n’est point offrir une idée nouvelle aux réflexions des naturalistes, que de leur présenter un arbre comme un assem- blage d'individus de la même espèce, qui ont végété les uns sur les autres, comme un polype végétal, jouissant d’une vie commune, qui n’est autre chose que la similitude et l’ensemble des fonctions de chacun des êtres particuliers qui composent cet être complexe. Si cette idée n'est pas démontrée , elle plaît du moins à l'imagination et se présente appuyée de faits, d’analogies et de raisonnemens qui lui méritent toute l’attention des savans; aussi a-t-elle été déjà adoptée par plusieurs naturalistes mo- Tome LXXVI. JUIN an 1813. Fff 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dernes (1), et on croit la trouver implicitement renfermée dans plusieurs expressions de Linné (2). \ Ce n’est point à la discussion de cette opinion que je consacre ce Mémoire. Je me propose de rapporter des faits relatifs au développement des plantes, et comme ils peuvent être envisagés de plusieurs! manières, ilm’est nécessaire, pour donner quelque ensemble au Tableau que j'ai à présenter, de bien fixer mon point de vue. Je demande donc que, sans n’engager à rien à l'égard de cette supposition',on me permettede l’admettre un moment : au reste, qu’elle soit réelle ou imaginaire, les observations que je vais détailler n’en seront pas moins vraies ; seulement il faudroit chañger quelque chose dans la manière de les présenter ; c’est, si on veut, une méthode artificielle qui m'est utile pour classer mes idées. Dans le règne végétal; comme dans le règne animal, un in- dividu est le résultat du développement d’un germe; il vit ac- tuellement par lui-même , ou renferme en lui le principe actuel de sa vie. Il est à son zzinimum dans l’état de germe, il est à son maximum quand il.a acquis tous ses développemens et qu'il ne peut plus produire que d’autres germes. Il est complet quand il est pourvu de tous les organes qui lui sont nécessaires pour se développer, pour maintenir sa vie et pour se reproduire. IL est incomplet quand, ne pouvant vivre que pour lui-même, il manque des organes nécessaires à sa reproduction; il est avorté quand il ne peut commencer à vire, ou ne peut atteindre le maximum ordinaire de son espèce. La reproduction s'opère de deux façons: tantôt un individu produit des germes tout simplement, sans opération particulière apparente, et de la même manière qu’il développe un de ses organes, en même temps il leur communique la vie qui bientôt leur devient propre. D’autres fois l'existence, où au moins la vie, ne peut être donnée aux germes que par le moyen d’une opération (1) Buffon l’a clairement énoncée tome III, pag. 53, 54 et 35. (2) Tout végétal se pfopage par Sa racine continuée , vegetabile omne radice propagatur continuando (Lin. Phyl., art. 79) ; or comme l’art. 80 , le caudex ascendens , où ce qu’on nomme vulgairement le tronc et les branches des arbres , est une partie de la racine ; il s’ensuit que les productions de ce caudex, c’est-à-dire les bourgeons, sont une propagation. Dans l’art. 85 il donne le nom d’émbryon au germe renfermé sous un hybernacle , or un embryon estun individu qui n’est pas encore développé. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 particulière, la fécondation. Nous avons donc deux sortes de germes; les uns n’ont point eu besoin de fécondation, ce sont les gemmes (gemmæ); les autres ne, vivent qu'après la fécon- dation, ce sont les embryons; mais parmi les gemmes on peut encore distinguer celles qui, mieux constituées, sont destinées à vivre indépendantes de l'être qui les a produites : nous les nommerons gemmnes libres : et celles qui doivent participer à une vie commune et qui ont besoin d’unir leur existence à celle d'autres individus de leur espèce, nous les appellerons gemmes Jixes. Les individus partiels produits par les gemmes fixes, por- tent en botanique le nom de bourgeons, leur assemblage forme les arbres (1). IL paroît naturel de penser que la génération par gemmes indique une plus grande puissance productive que celle par em- bryons; la fécondation est une sorte de secours que la nature accorde aux espèces dont la reproduction est diflicile : elle les pourvoit alors d'organes particuliers où s’élaborent des fluides qui ne peuvent être produits par les organes vitaux. On doit aussi remarquer. qu'un germe d’une organisation compliquée, doit recevoir la vie-plus diflicilement qu'un germe d’une orga- nisation simple. Il paroît même que la puissance reproductive n’est pas en raison directe de la perfection de l’organisation; tandis que la difficulté de la formation (2) du germe est en raison directe de cette même perfection. D'où il suit que les espèces élevées dans l’échelle des êtres, n'ayant pas une force reproductive beaucoup plus grande que celle des espèces des basses classes, et ayant beaucoup de diflieultés à vaincre à cause de la compli- cation du germe, ont eu besoin du secours de la fécondation: Aussi voyons-nous que la plupart des animaux ne peuvent se multiplier que par embryons; et ce n’est que parmi les vers, dont l’organisation paroît la plus simple, que nous trouvons les (1) On emploie pour désigner certaines gemmes, les noms dg soboles, de cayeux, etc. , mais nous n’avons pas besoin ici de ces expressions ; nous avions déjà présenté il y a quelques années (Journal de Physique , tome ; pag. ), cette subdivision des germes: néanmoins nous avons changé quelque chose aux termes employés , ou à leur acception ; nous en ayons emprunté un à M. du Petit-Thouars (Æssais , pag. 159), mais nous employons le mot bour- geons , comme Duhamel. , (2) Je ne prétends pas contredire ici le systeme de la préexistence des germes, j'emploie ce mot formation comme plus simple et voulant éviter une discussion philosophique, mit : Fff 2 # 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE gemmipares. De même, dans le règne végétal la reproduction par gemmes libres, douées au #7aximum du principe vital, ne paroît s’opérer habituellement que dans les champignons, et peut- être quelques familles voisines; tandis que les végétaux les mieux organisés ne produisent que des embryons ou des gemmes fixes. Aïnsi donc, si nous suivons la chaîne des êtres organisés, en allant du simple au composé, nous verrons d’abord les basses claises du règne végétal fournir des gemmes doués de Ia plus grande dose possible du principe de vie. À mesure que nous nous éleverons , nous verrons ces gemmes rester plus long-temps sur la plante-mère, et ne s’en détacher que pourvus d'organes ELA à faciliter leur développement , tels sont les cayeux des iliacées; bientôt en continuant à monter , les végétaux que nous rencontrerons ne pourront plus produire d’autres gemmes que des fixes; mais à peine la faculté gemmipare a-t-elle commencé à décroître, que la fécondation est venue à son secours, elle a: au reste du règne végétal des embryons doués, au plus aut degré, des forces vitales. La reproduction par gerames libres se retrouve dans les basses classes animales. Leur organisation est-elle plus simple que celle des hautes classes végétales, ou ont-elles une force reproductive plus grande? c’est ce que j'ignore : mais la puissance gemmipare se perd bientôt tout-à-fait dans les animaux, et la fécondation devient leur unique moyen de repro- duction. Les embryons qu’ils produisent sont d’abord doués sous la forme d'œufs, comme les embryons des plantes, du maxëmum de la force vitale; mais dans la classe la plus élevée, dans les mammifères, la complication du germe devient telle, que la fécondation même ne suflit pas pour donner un résultat si parfait ; l'embryon qu’elle produit doit d’abord se développer dans le sein de sa mère, végétant pendant quelque temps comme un simple bourgeon, ses forces vitales particulières s’exercent long-temps avant de lui suflire et avant qu’il puisse jouir de la vie isolée. Il résulte de là, que dans le même être doué de la double fa- culté de produire des gemmes et des embryons, la production des gemmes doit exiger un plus grand effort que celle des em- bryons, et cela paroîtavoir lieu , quelque imparfaites que soient les gemmes produites ; ensorte rs semble que cet être ne produise des embryons qu’à défaut de force pour produire des gemmes (1). (1j On trouve dans le Zulletin de la Société Philomatique (vendém,. an 12; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 405 On voit, en eflet, que les arbres plantés dans des terrains trop ferüles, s’'abandonnent à toute leur puissance gemmipare , et pro- duisent peu ou point de fruit; de même les orangers et autres “arbres de serre fournissent peu de fleurs quand ils sont dans des caisses trop grandes où ils puisent une nourriture trop abondante. Mais si l’on atténue les forces de l'arbre soit en appauvrissant le terrain, soit en diminuant la capacité du vase qui le contient, il aura bientôt recours à la fécondation et on obtiendra de lui les fruits qu’on en attendoit. C’est par la même raison qu’on voit souvent un vieil arbre se charger de fruits en automne, et périr au printemps suivant. Ne pouvant plus produire des gemmes qui devoient le couvrir de rameaux et de feuilles, il a fait un ernier effort pour donner encore naissance à une génération d’embryons. Ce n’est pas parce qu’il a fleuri qu'il périt, c’est parce qu’il étoit prêt à périr qu'il a fleuri. Je puis rapporter une preue plus immédiate de ce que je viens d’avancer. L’aristo- oche siphon est du nombre des plantes ligneuses qui portent plusieurs gemmes dans l’aisselle de chaque feuille. Ce ne sont pe les germes de ces bourgeons stipulacés dont parle M. du etit-Thouars ( Essai sur la végétation, pag. 83) ; car ils sont placés tous les uns au-dessous des autres en une ligne longi- tudinale comprise entre les deux branches du fer à cheval qui représente l'articulation de la feuiile. J'ai distingué dans laisselle d’une même feuille, jusqu’à cinq de ces gemmes, mais je n’en ai jamais vu pousser plus de quatre à-la-fois; or voici ce que j'ai ob- servé : si la branche qui les porte est très-vigoureuse, on voit quatre gemmes s'ouvrir dans laisselle d’un seule feuille , les deux su- périeures produisent des bourgeons qui eux - mêmes porteront d'autres gemmes. Les deux inférieures produisent des bourgeons terminés par une seule fleur. Si la branche est un peu moins vigoureuse, trois bourgeons seulement végètent , deux supérieurs sont gemmifères, l'inférieur est florifère. Si nous examinons une branche un peu moins forte, trois bourgeons poussent encore, pag. 143) , un extrait d’une dissertation sur les lenticules, par M. J.-F. Wolf, il contient la phrase suivante : « Ces plantes ont des petites fleurs qui naissent » solitaires, sessiles et placées immédiatement sur le bord de la feuille , à l’en- » droit même où la plante a coutume de mettre une nouyelle feuille : ces pro- » ductions vivipares , qui naissent à la place même des fleurs , seroient-elles » dues à des germes qui, trouvant une nourriture abondante, se développent » sans fécondation? » 406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mais le supérieur seulement est gemmifère. Si la branche est foible, il n’y a que deux bourgeons qui se développent, le supérieur gemmifère , l’inférieur florifère; si elle est plus foible, il n’y aura qu’un seul bourgeon de développé , il sera gemmifère; enfin si elle est très-foible, ce seul bourgeon qui végétera ne sera que florifère. A un degré de foiblesse encore plus grand il n’y a point de productions auxiliaires. Or tousces bourgeons paroissent les mêmes ; dans l'origine c’étoit des gemmes fixes renfermant, suivant notre première idée, des individus complets; mais tous ne sont pas aussi robustes; quelques-uns sont doués d’une force vitale assez grande pour donner eux-mêmes naissance à d’autres gemmpe mais à mesure que l'individu qui les produit est moins ort, il les doue d’une vitalité moindre; ils recoivent encore la vie, mais ne peuvent plus la donner que par le moyen de la fé- condation; bientôt eux-mêmes disparoissent, ou ne sont plus que des germes incomplets ou avortés. Lors donc que Linné disoit (Phil. bot., art. 8r et 79) que toute herbe étoit terminée”par la fructification, nous pensons qu'il généralisoit trop son idée, et qu’il mavoit point alors en vue l'opinion que nous avons énoncée en commençant , et que nous croyons ne lui avoir pas été tout-à-fait étrangère. Le terme de tout individu végétal est la reproduction. Si donc un végétal n’a pas la faculté de produire des gemmes, comme sont toutes les plantes annuelles, la fleur sera le terme de cette herbe; mais si une espèce peut produire des gemmes et des embryons, les ‘individus qui auront produit des gemmes seront aussi complets que ceux qui auront produit des embryons. De là nous tirons une première conclusion : c’est que lors- qu'un individu végétal aura produit des germes, soit gemmes, soit embryons, soit l'un et l’autre, il aura acquis son complément et sera presque toujours à son maximum. Mais quelque facilité que la fécondation apporte à la formation des germes, il semble, dans certains cas, que la formation des embryons absorbe la plus grande partie des forces de l'individu qui y a recours; dans ces assemblages d'individus dd. par le nom d’arbres, on voit souvent les bourgeons gemmifères ou gemmipares atteindre de bien plus grandes dimensions que les bourgeons florifères ou ovipares. A la vérité, en faisant remarquer ce fait à l’égard de laristoloche , nous avons fait dépendre la disposition. gemmifère ou florifère , de la force plus où moins grande du bourgeon; mais nous pensons qu’il y a ici réaction ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 et que le bourgeon, déjà trop foible pour être gemmipare , achève de s’épuiser en produisant des embryons. Si donc dans les arbres, dans ces êtres complexes, nous vou- lons étudier les individus partiels et reconnoître leurs limites, prévenus que nous pouvons y trouver des individus ou bourgeons seulement florifères, d’autres seulement gemmifères, d’autres enfin à-la-fois gemmiftres et florifères ; prévenus encore que les individus florifères ont été des gemmes dans leur origine et sont, par conséquent, portés sur des individus gemmifères; nous tâ- cherons de ne point nous laisser abuser par la dissemblance qu’il peut y avoir entre ces individus, de constitutions si diverses ; et nous éviterons de prendre les individus florifères (complets quoique raccourcis), pour des organes propres aux individus gemmifères qui les portent, qui sont d’une génération antérieure, et dont ils sont des produits et non pas des parties. Mais ce ne sera pas toujours sañis difficulté que nous y par- viendrons ; en effet, souvent un bourgeon florifere perd presque tous ses organes vitaux; destiné à ne vivre que pour produire à la hâte quelques embryons, et semblable à ces papillons qui manquent de bouche, il est uniquement composé à l’extérieur des organes nécessaires à la fécondation, organes quine setrouvant pas dans les individus gemmifères, mais étant portés sur eux, semblent en faire partie. D’autres fois, au contraire, ces mêmes organes de la génération appartenant à un bourgeon à-la-fois gemmifére et florifére, sont couverts avant leur développement, d’un abri semblable à celui qui renfermoit la totalité du bour- geon dans son enfance, et cette enveloppe partielle prenant ainsi l'aspect d’un hybernacle, fait croire qu'il en doit sortir un in- dividu complet. Néanmoins si l’on réfléchit que les bourgeons, soit gemmifères, soit florifères, sont originairement des êtres semblables, et qui probablement ne diffèrent que par plus ou moins de vigueur, on conclura qu’il doit y avoir, sinon simi- litude parfaite, au moins une grande analogie entre leur situation, la nature de leurs enveloppes, et l’époque de leurs développe- menus; mais on ne peut tirer qu'un foible secours de la durée de leur croissance ; car quelquefois la production des gemmes est plus longue que celle des embryons, ef vice versé, et par conséquent le temps qu'un bourgeon emploiera à produire une autre génération, est indéterminé. Les réflexions précédentes m'ont servi à lier plusieurs obser- vations qui, auparavant dispersées dans ma mémoire, y restoient 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme égarées. Peut-être trouvera-t-on ces idées systématiques ; néanmoins j'ai cru devoir les indiquer ici, ne voulant pas pré- senter des faits entièrement isolés, et desirant prouver que ma manière d'envisager les développemens des bourgeons, peut se rattacher aux phénomènes ordinaires de la génération. Au reste, Je ne tiens point à cette espèce de système, et dès que l’on trouvera un lien mieux tissu pour réunir ensemble et soumettre à la marche régulière de la nature, les remarques faites, ainsi que celles qui restent à faire sur le même objet, je serai le premier à réformer mon opinion. Avant d’aller plus loin, il m'est encore nécessaire de faire une réflexion. L’habitude de voir dans nos climats la nature se réveiller, chaque printemps, du sommeil apparent de l'hiver, pro- duire, avec les beaux jours, une verdure nouvelle qui doit se flétrir en automne, et donner naissance à un grand nombre de plantes qui parcourent toutes les périodes de leur vie avant le retour du froid; l'habitude d’observer ces phénomènes a fait isoler , pour ainsi dire, les productions végétales de chaque année; et à moins qu'on r’eût des preuves frappantes du contraire, on a pensé que les bourgeons des arbres, dès qu’ils avoient ouvert leurs hybernacles, se développoient entièrement dans le courant d’une année ou même moins; mais cette loi, qui à la vérité est assez générale, est néanmoins sujette à plus d’exceptions qu’on ue le croit ordinairement. En effet, les végétaux qui ne produisent pas de gemmes fixes, et qui par conséquent ne sont composés que d’un seul individu, varient d’une manière presque illimitée dans la durée de leurs développemens. Un grand nombre n’em- ploient que six ou sept mois ; à d’autres plantes il faut dix-huit ou vingt mois ; les palmiers, qui ne sont aussi que le produit d’un seul germe, sont des siècles à atteindre leur maximum. Nous devons donc nous attendre à trouver aussi quelques va- riations du même genre, dans les individus bourgeons qui com- posent les arbres, Ainsi prévenus et munis de réflexions préliminaires, examinons la nature, et commencons par des exemples simples. L'’esculus ou marronnier d'Inde, nous présente au printemps des gemmes fixes, toutes de forme semblable : elles développent à la même époque et fournissent toutes un bourgeon simple garni de feuilles opposées, plusieurs sont terminées par une ample pauicule de fleurs qui est évidemment une continuation de Ja œmèrue tige, elle n’en est distinguée par aucune enveloppe par- ticulière, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 409 ticuliére, et elle étoit déjà trés-visible dans l’hybernacle qui l’enveloppoit en même temps que les feuilles. L''aisselle de chaque feuille fournit une autre gemme pour l’année suivante, et une semblable gemme termine les bourgeons qui n'ont pas fleuri, tandis qu'on en voit deux au sommet de ceux qui ont fleuri, parce que leur panicule s'est détruite jusqu'aux deux dernières gemmes axillaires qui par là sont devenues terminales. Ici, nul doute, les bourgeons ou les individus partiels achèvent leur vé- gétation à peu près en six mois, compris entre l'ouverture des hybernacles et la maturité des fruits. Le lilas commun nous offrira quelque chose d’analogue au fond, mais qui se présente un peu déreninent ; dans cette espèce, la plupart des bourgeons qui ont végété l’année d'avant, et qui sont couverts de gemmes prêtes à s'ouvrir, sont terminés par deux de ces gemmes, constitués à l’extérieur comme les autres; or c’est précisément de ces deux gemmes terminales et de celles qui sont immédiatement au-dessous, que sortent les panicules de fleurs; mais elles ne terminent point des tiges feuillées comme dans l’esculus, elles-sortent immédiatement des hybernacles : à elles seules elles constituent le bourgeon ou l'individu, mais ce sont de bourgeons seulement florifères , tandis que les gemmes inférieures produisent des bourgeons gemmifères. Au reste, leur développement se fait comme dans l’esculus, et est achevé dans le cours de la belle saison. Il y a encore une observation à faire sur cet arbre; c’est que si une branche ou un embryon de l’année d’avant celle où l’on observe , ne produit que des bourgeons gemmifères, les plus vigoureux sont ceux qui sont vers le sommet, et par conséquent à la place où se trouvent ordinairement les bourgeons florifères : ceci sembleroit contraire à ce que nous avons dit précédemment, que les bourgeons devenoient florifères quand ils n’étoient pas assez forts pour produire des gemmes; Il se peut en effet que cette loi ne soit pas générale; mais je soupconne que le cas présent n’y fait pas exception; je crois entrevoir l'explication de cette anomalie; je ne puis néanmoins la donner ici, parce que j'ai besoin de quelquesautres observations pour assurer mon opinion. Les saules fournissent au printemps, et souvent avant le déve- loppement de leurs feuilles, des épis de fleurs connus sous le nom de chatons, les uns mâles, les autres femelles. Si on les observe attentivement, on verra qu'ils sortent d'hybernacles sem- blables à ceux qui renferment les bourgeons gemmifères, et l’on Tome LXXVI. JUIN an 1613. Ggg 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE reconnoîtra bientôt que ces chatons sont eux-mêmes des bour- geons florifères très-raccourcis, d’une génération différente de celle des rameaux sur lesquels ils sont insérés, et contemporains de ceux qui vont couvrir l'arbre de verdure. On seconvaincra encore mieux de ce que j'avance, si l'on observe que ces bourgeons sessiles, dépourvus de feuilles et seulement florifères dans quelques es- pèces , comme le salix capræa, sont dans d’autres espèces, telles que le salix alba , et surtout dans le salix pentandra , un peu moins contractés et portent ordinairement vers leurs bases quelques FRE qui les font reconnoître comme analogues aûx grands Jourgeons gemmifères ; il résulte de là, que ces arbres nous fournissent deux particularités à remarquer. La première est le grand raccourcissement des bourgeons florifères, que néanmoins nous avions vu dans le lilas, mais qui est plus sensible 1c1, parce que les fleurs sont sessiles sur l'axe du chaton. La seconde, cest que dans beaucoup d’espèces l’évolution des bourgeons florifères se fait un peu avant celle des bourgeons gemmifères; ce que nous remarquons pour prouver que la similitude dont nous avons parlé, entre l’époque des développemens des diverses espèces de bourgeons, n'est pas une loi générale. . Par l'exemple que nous venons de citer, on voit en quoi con- siste très-souvent l’apparente précession de la fleuraison sur la feuillaison; ici, en et, les individus qui donnent les feuilles sont différens de ceux qui donnent les fleurs, et ceux-ci se dé- veloppent peu à peu avant les autres; mais ce n’est point un seul et même individu qui produit ses fleurs avant ses feuilles. Je crois ce dernier cas assez rare dans la nature, et même je ne l'ai point rencontré dans le petit nombre d'arbres que j'ai exa- minés sous ce rapport. Le seul exemple bien positif que Je puisse citer jusqu'à présent, est le colchique; à l’époque de sa floraison on {rouve des rudimens de feuilles à la base du petit caudex qui porte les fleurs, et sous les funiques qui l’enveloppent; et elles dépendent bien certainement du même individu. Mais le mème effet apparent peut étre produit par un autre mode de végétation, c’est ce que nous verrons sur l’aulne ordi- naire (betula ulnus). Prenons - le à l’époque du développement des feuilles, et ne nous occupons que des bourgeons qui sortent alors des hybernacles : nous les verrons s’alonger pendant tout le printemps, et produire successivement à leur sommet de nou- velles feuilles; mais bientôt nous verrons plusieurs d’entre eux cesser de donner des feuilles, l'extrémité de leur tige, simple ET D'HISTOIRE NATURELLE. ATT jusqu'alors, se partage en sept ou huit petits rameaux plus ou moins nus et terminés chacun par un petit corps cylindrique ou ovoïde. Un peu d'attention nous fera reconnoître ces petits corps pour de jeunes chatons; les uns, cylindriques et alongés, sont les mâles, les autres plus petits, ovoïdes et comme hérissés de squa- mules, sont les femelles : or comme il s’en trouve ordinairement des uns et des autres sur le même bourgeon, et que d’ailleurs nous verrons des gemmes dans les aisselles des feuilles de ce même bourgeon; nous conclurons d’abord qu'ici les bourgeons ou les individus partiels sont gemmifères et florifères, qu'ils sont monoïques et que les fleurs sont terminales; mais comment se fait-il que nous ayons vu à la fin de l'hiver ces arbres se couvrir de fleurs avant de montrer leurs feuilles? et voilà qu’au milieu de l'été les boutons des fleurs se montrent au sommet des bourgeons couverts de feuilles. La raison en est bien simple; c’est que le développement des fleurs est extrêmement lent , elles font peu des progrès pendant l'automne et l'hiver qui suivent leur apparition; mais au premier rayon de chaleur elles s’épa- nouissent; et peu de jours après, les gemmes produites par le bourgeon dont les fleurs font partie, ouvrent leurs hybernacles. Si donc nous nous supposons de nouveau à l’époque où l’aune vient de fleurir et va donner son feuillage, nous aurons sous les yeux deux générations de bourgeons qui végètent ensemble: la première a déjà un an, elle a perdu ses feuilles depuis cinq mois, elle vient de fleurir et elle va employer cinq à six mois à müûrir ses fruits; la seconde va ouvrir ses hybernacles, et emploiera tout le printemps et l’été à produire ses feuilles et ses boutons de fleurs. D'où il résulte qu'ici la production des fleurs est bien certainement postérieure à celle des feuilles, et que les bourgeons d’aune sont environ dix-huit mois avant de donner leurs semences mûres. Maintenant jetons les yeux sur le bouleau (betula alba) qui, par ses caractères botaniques, est peu éloigné de l’aune; et supposons-nous au mois d'août. Si nous examinons un arbre fécond (beaucoup dans cette espèce donnent diflicilement des graines), nous verrons, à l'extrémité de plusieurs bourgeons de ’année, deux ou trois petits corps cylindriques longs de six ou sept lignes, nous les reconnoîtrons bientôt, surtout après avoir vu ceux de l’aune, pour de jeunes chatons mâles encore éloignés de l’époque de la floraison. Cette première observation nous confirmera l’analogie du bouleau et de l’aune; elle nous paroîtra Ggeg 2 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE encore plus grande quand nous aurons remarqué sur ce même bouleau des chatons femelles presque mûrs, et qui, comme dans l’aune, ont pu être fécondés au printemps précédent ; mais en vain chercherons-nous des épouses pour les jeunes chatons mâles que nous voyons croître, il nous sera impossible de trouver la moindre annonce des jeunes chatons femelles que nous sommes en droit d'espérer pour l’année suivante, L'automne se passera, ainsi que l'hiver, sans nous les faire découvrir. A la fin de cette saison , les bourgeons dépouillés de leurs feuilles depuis plusieurs mois, se montrent uniquement garnis de leurs gemmes axillaires encore engourdies dans leurs hybernacles; et quelques-uns, seu- lement, portent à leur pointe ces chatons mâles plus développés, mais qui renferment encore dans leur sein un pollen qui sans doute va devenir inutile, puisque nous n’appercevons pas d’or- ganes propres à la recevoir; cependant ne nous lassons pas d’ob- server. Les premiers jours du printemps sont à peine arrivés que nous voyons en effet les hybernacles s'ouvrir, et une nouvelle génération de bourgeons se montrer de toutes parts; lesuns, doués de toute la vigueur des individus gemmifères, s’alongent avec rapidité; mais d’autres plus raccourcis ne font qu’écarter leurs premières feuilles , et déjà nous les voyons terminés par des chatons d’une autre forme. Voilà enfin les chatons femelles: à peine sont-ils nés qu’ils sont déjà à leur perfection et propres à être fécondés, aussi c’est à cette époque que les chatons mâles, entrouvrant leurs écailles, laissent sortir le pollen et remplissent leur destination. Ges mœurs, si j'ose ainsi parler, ces mœurs si différentes des chatons mâles et des chatons femelles, auroient pu fournir à Darwin un gracieux épisode, s'il avoit connu les phénomènes que nous venons de décrire ; pour nous, simple observateur, nous remarquerons que dans ces arbres les chatons femelles sont fécondés par des chatons mâles de la génération antérieure, que ceux-ci emploient un an à se développer depuis leur naissance jusqu’à l'ouverture des authères, tandis qu’il ne faut que peu de jours aux chatons femelles pour atteindre leur puberté, et cinq ou six mois pour parcourir les périodes de leur vie jusqu’à la maturité des graines. Nous remarquerons encore que si la plupart des bourgeons florifères du bouleau sont en même temps gemmifères, ils sont du moins unisexuels, ou ne produisent chacun qu’un seul sexe de fleurs. Si nous comparons cette disposition avec celle de plusieurs autres arbres, nous trouverons tous les degrés possibles de combinaisons des organes ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 sexuels; en effet, un grand nombre nous montreront des fleurs hermaphrodites : alors les bourgeons ou individus partiels, et les arbres ou individus complexes seront nécessairement aussi hermaphrodites, Dans l’aune, les fleurs sont unisexuelles ; mais les bourgeons portent les deux sexes et sont ainsi hermaphro- dites ou monoïques; l'arbre est de même hermaphrodite ou mo- noïque ; dans le bouleau, les fleurs sont unisexuelles, les bourgeons sont unisexuels ou dioïques, mais l'arbre est hermaphrodite ou monoïque. Enfin dans la plupart des saules , les fleurs sont uni- sexuelles, les bourgeons sont unisexuels et les arbres même sont unisexuels ou dioïques. Au reste, cette différence que nous venons de faire connoître entre l’aune et le bouleau, se joint à celles qu’on avoit déjà remarquées dans leurs fleurs et dans leurs fruits, et est favorable à l'opinion des botanistes qui forment de ces arbres deux genres différens. Sortons maintenant de la famille des amintacées, Si nous exa- minons les érables les plus communs de notre climat, l’acer campestre et le pseudo-platanus, nous verrons leurs bourgeons se terminer promplement par des corymbes ou des grappes de fleurs qui s’épanouissent pendant la jeunesse des feuilles, et qui müûrissent leurs fruits avant la fin de la belle saison. Mais l’acer platanoides semble soumis à d’autres lois. En effet, c’est avant la naissance de ses feuilles qu’il se couvre de fleurs. En l’examinant alors de près, nous verrons que les corymbes sortent d’hybernacles particuliers, quoique semblables à ceux qui renferment des bourgeons seulement gemmifères, et que ces mêmes corymbes sont les bourgeons florifères réduits à de très-courtes dimensions ; nous serons confirmés dans cette opinion en voyant vers la base de ces bourgeons si raccourcis, des rudi- mens de feuilles plus ou moins développées; mais qui ne nous permettent pas de prendre les petites tiges qui les portent pour de simples péduncules appartenant aux bourgeons de la génération antérieure. Ainsi cet arbre présente à peu près les mêmes phé- noméênes que le saule et, comme lui, développe ses bourgeons florifères avant les gemmifères. L'examen de l’acer platanoides nous aidera à reconnoître dans l'acer rubrum et quelques autres érables d'Amérique, des bourgeons florifères dans le dernier degré de raccourcissement, En effet, dans ces arbres les bourgeons florifères sont unique- mentcomposés d’un hybernacles semblable à celui des bourgeons. gemmifères, et d’une petite ombelle entièrement sessile composée 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de quelques fleurs portées ordinairement sur des péduncules par- ticuliers assez-courts : il n’y à d’autre tige que le petit axe sur lequel sont insérées les écailles de l'hybernacle. Au reste, on ne peut prendre ces bourgeons raccourcis pour de simples faisceaux de fleurs garnis d’un involucre, et dépendant des bourgeons de l’année d'avant; ils sont évidemment de la même génération que les bourgeons gemmifères qui se montrent en même temps qu'eux, et ils constituent à eux seuls des bourgeons entiers. Ils ont en effet des hybernacles semblables à ceux des bourgeons gemmi- fères; ils sont situés comme eux, ils s'ouvrent à la même époque, enfin lanalogie avec l’acer platanoïdes. fournit une dernière preuve qui nous semble sans réplique. En voilà assez pour donner une idée de l'abondance de faits intéressans que peut nous fournir ce seul genre d'observation, et, si J'ose ainsi parler, ce seul titre du code de la nature, qui renferme les lois de l’évolution des bourgeons, lois invariables que sans doute nous ne connoîtrons pas plus exactement que toutes celles qui ont été imposées à ce vaste univers; mais dont nos recherches et nos travaux peuvent nous donner un appercu plus ou moins exact. J. TRISTAN. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41b RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES DES QUADRUPÈDES, OÙ L’ON RÉTABLIT LES CARACTÈRES DE PLUSIEURS ESPÈCES D'ANIMAUX » QUE LES REVOLUTIONS DU GLOBE PAROISSENT AVOIR DÉTRUITES ; Par M. CUVIER, Chevalier de l’Empire et de la Légion -d'Honneur, Secrétaire perpétuel de l’Institut de France ; Conseiller titulaire de lUni- versité impériale, Lecteur et Professeur impérial au Collége de France, Professeur Administrateur au Muséum d'Histoire naturelle, de la Société royale de Londres, de l'Académie royale des Sciences et Belles- Lettres de Prusse, de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg, de l'Académie royale des Sciences de Suède, de l’Académie impériale de Turin, des Sociétés royales des Sciences de Copenhague, de Gottingue, de l’Académie royale de Bavière, de celle de Vilna, de Gènes, de Sienne, de Marseille, de Rouen, de Pistoie; des Sociétés Philomathique et Philotechnique de Paris; des Sociétés des Naturalistes de Berlin , de Moscou, de Vétéravie; des Sociétés de Médecine de Paris, d’Edimbourg, de Bologne, de Venise, de Pétersbourg, d'Orléans, de Montpellier, de Berne, de Bor- deaux, de Liége; des Sociétés d'Agriculture de Florence, Lyon, Vérone; de la Société de l'Art Vétérinaire de Copen- bague; des Sociétés d'Emulation de Bordeaux, Nancy, Soissons, Anvers, Colmar, Poitiers, Abbeville, etc., etc. Quatre vol. in-8°, À Paris, chez Déterville, Lib., rue Hautefeuille, n° 8. EXTRAIT par J.-C. DELAMÉTHERIE. L'AUTEUR avoit publié une grande partie de ces recherches sur les ossemens fossiles, par morceaux détachés, dans les Ærnales 416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du Muséum d'Histoire naturelle, sous le titre de Mémoires; avec de très-belles planches. Mais à mesure que ces Mémoires s’imprimoient, on en a tiré un certain nombre d'exemplaires, que l’on a reliés d’après la suite des famiiles d'animaux auxquelles ils se rapportent. L'auteur y a joint, dans plusieurs articles et dans de nombreuses planches supplémentaires, les objets qu'il a recueillis depuis leur rédaction. C’est par cette raison aire volumes mont pu avoir de pagi- nation suivie; mais on y a suppléé autant qu'il a été possible par les tables indicatives. 11 a mis au commencement et à la fin de chaque volume, des introductions et des résumés, où il présente, sous un seul point de vue, ses résultats principaux. Il a placé à la tête de tout l'ouvrage, un Discours prélimi- naire, où il expose les principes généraux qui ont guidé ses recherches, les fondemens qui les appuient , et les conséquences qui lui paroissent pouvoir s'en déduire pour l'histoire physique du globe. Cet ouvrage réunit donc tout le beau travail de l’auteur sur les fossiles. E Il y a joint un Mémoire sur l’ibis des anciens Égyptiens, une description minéralogique des environs de Paris, qu'il a faite avec son ami Brongmiart, et quelques corrections ainsi que des additions à ses différens Mémoires, L’auteur considère les rapports qu'ont les fossiles avec la théorie de la terre. Ils nous indiquent, dit-il, les révolutions qui sont arrivées à sa surface; mais il s’est principalement at- taché aux fossiles des quadrupèdes. « Il est sensible en effet, » dit-il, que les ossemens des quadrupèdes peuvent conduire par » plusieurs raisons à des résultats plus rigoureux qu'aucune autre » dépouille des corps organisés, » Ces fossiles se trouvent en différens endroits. a. Dans des pierres schisteuses, comme en Thuringe.,. Dans des plâtres, comme à Montmartre... Dans des calcaires. b. Dans des brèches , comme à Gibraltar , à Nice, à Cette... c. Dans desterrains d’allavion , comme à Sevran, proche Paris, et dans tous les bassins des grands fleuves... d, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 417 d. Dans des tourbières, telles que celles de la vallée dela Sommes de Flandre... e. Dans des cavernes, telles que celles de Gaylenreuth, de Bauman..., et autres de l'Allemagne, de la Hongrie... Le nombre des fossiles quadrupèdes tant vivipares que ovipares, dont l’auteur a donné la description, est de soixante et dix-huit, Nous allons en faire une courte énumération, DES MAMMIFÈRES A QUATRE MAINS, OU DES QUADRUMANES. Des singes. Quelques auteurs avoient parlé de dépouilles fos- siles de singes. Swendenborg avoit décrit un fossile trouvé dans les mines de cuivre de Glucksbroon, pays de Menungen, qu’il croyoit avoir appartenu à une espèce de guenon ou de sapajou. Mais Cuvier croit que ces os ont plutôt appartenu à un saurien, monitor ou tupinambis. Aucun fait ne prouve donc qu'il y ait des fossiles de singes. DES MAMMIFÈRES CARNASSIERS. 1. Le jaguar. Une espèce se trouve dans les cavernes de la Franconie, à Bayreuth, à Gaylenreuth. 1. Une espèce de Zion. Dans les mêmes cavernes. 1. Une espèce de tigre. Dans les mêmes cavernes. 1. Une espèce de Zoup. Dans les mêmes cavernes. 1. Une espèce de renard. Dans les mêmes cavernes. 1. Une espèce de chacal. Dans les mêmes cavernes. 1. Une espèce de chien. Dans les mêmes cavernes. 1. Une espèce de putois. Dans les mêmes cavernes. Toutes ces espèces se trouvent dans des cavernes. 2. Ours. Deux espèces d'ours se trouvent également dans les cavernes. 1. L’hyène. On en trouve des débris fossiles, non-seulement dans des cavernes, mais dans des terrains d’alluvion. 1. Le mangouste a été trouvé à Montmartre. 1. Une sarigue a été trouvée à Montmartre. Tome LXXVI. JUIN an 1613. 418 JOURKAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DES RONGEURS, OU MAMMIFÈRES SANS DENTS CANINES. 1. Le castor se trouve dans les tourbières. 1. Le /agomys se trouve dans des brèches de Corse. L’analogue vit en Sibérie. 1. Le Zièvre se trouve dans les brèches de Gibraltar. 2. Le lapin. Il s’en trouve une ou deux espèces dans les brè- ches de Gibraltar. 1. Le rat. Une espèce, le campagnol, se trouve dans des brè- ches de Gibraltar, de Corse. DES ÉDENTÉS, OU MAMMIFÈRES QUI N'ONT POINT DE DENTS INCISIVES. 1. Le negatherium (espèce de paresseux, suivant l’auteur). Il a été trouvé au Paraguay dans un terrain d’alluvion. Le megalonix (autre espèce de paresseux, suivant l’auteur). Il a élé trouvé dans une caverne du comté de Green-Briare, en Virginie. Ces deux animaux sont très-grands. On n’en connoîit point d’analogues vivans. DES ÉLÉPHANS, OU MAMMIFÈRES, DONT LES DENTS INCISIVES SUPÉRIEURES FORMENT DE LONGUES DÉFENSES. 2. Éléphans. Deux espèces fossiles se trouvent dans des ter- rains d’alluvion. 5. Mastodontes. Le mastodonte, ou m#1amouth, où anëmal de l'Ohio, forme cinq espèces fossiles, dont une existe sur POhio, une autre au Pérou, une autre au Chili, une autre en Tartarie, une autre en France. On ne connoît point d’analogues vivans. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 DES PACHYDERMES, OU MAMMIFÈRES A SABOTS , QUI EN ONT PLUS DE DEUX A CHAQUE PIED. 1. Le rhénocéros. On en trouve en Sibérie, à Canstadt dans le Wirtemberg, et dans plusieurs autres endroits. 2. L’#ippopotame. On en trouve une espèce à la Masson proche Montpellier, et l’autre également dans le Languedoc. 2. Le sapir. On en trouve deux espèces dans le Languedoc. 1. Le sanglier, le cochon. On en trouve dans les tourbières. DES ESPÈCES FOSSILES ANALOGUES AUX PACHYDERMES. 5. Palæotherium. Cinq espèces se trouvent dansles plâtres aux environs de Paris. 5. Autres espèces de palæotheriumn se trouvent dans différens endroits de la France. 4. Anoplotherium. Quatre espèces se trouvent dans les car- rières à plâtre des environs de Paris. Ces quatorze espèces découvertes par l’auteur, se rapprochent beaucoup du rhinocéros. Leurs analogues n'existent pas. DES RUMINANS, OU MAMMIFÈRES À DEUX SABOTS, QUATRE ESTOMACS ,- SANS DENTS INCISIVES SUPÉRIEURES. 1. Le bœuf. Il s’en trouve dans les tourbières. 1. Le bœuf musque. Dans les tourbières. re r. Le grand bœuf de Sibérie, l'arni, se trouve en Sibérie. x. Le cerf ordinaire. Tourbières. ‘1. Le cerf d Etampes. x. Le cerf de Scanie. 1. L'élan d'Irlande. 1. Le daim. 1. Le chevreuil. 1. Le mouton. Il s’en trouve à Concud en Espagne. ® 0." ©. ‘er re, + 1e le: vie, le leve tie eau . » se sde e Hhh 2 420 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DES SOLIPÈDES, OU MAMMIFÈRES QUI N'ONT QU'UN SABOT. 1. Le cheval. Il se trouve en quantité dans des cavernes ; dans des terrains d’alluvion., >» 1. L’éne se trouve à Concud en Espagne. LIT e Meta) Pate 1e Lerge: eva ue, ve Sarre ter, suite: Jean er se DES MAMMIFÈRES CÉTACÉS. 1. Le dauphin. Se trouve en Anjou. DES MAMMIFÈRES AMPHIBIES. 1. Le /amantin. Se trouve en Anjou. 1. Le phoque. Se trouve en Anjou. DES QUADRUPÈDES OVIPARES AMPHIBIES. 1, Les £ortues. On en trouve à Maestricht, à Aix, à Paris... 2. Les crocodiles. On en trouve à Honfleur, en Angleterre. 1. Les monitors. Se trouve en Thuringe. 1. Les zubinambis. En Thuringe. « Quarante-neuf jusqu’à ce jour. . see arMaïte Le le, re; er Murileongentere de ces espèces, dit l’auteur, sont inconnues » Onze ou douze ont une ressemblance si absolue avec des espèces connues, que l’on ne peut guère conserver de doute sur leur identité absolue, » Les seize ou dix-huit restantes présentent, avec des espèces connues, beaucoup de traits de ressemblance; mais la com- araison n’a encore pu être faite d’une manière assez scrupu- am pour lever tous les doutes. » Les quarante-neuf espèces d'animaux inconnus paroissent être les suivantes : a. 5. Cinq mastodontes. D. 1. Megalonix. c. 1. Megatherium. Éd ji ss : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 421 d. 10, Paleotherium. e. 4. Anoplotherium. J. 1. Ptero-dactyle. Espèce de saurien (lézard). Il se trouve à Aichstedit, dans le comté de Pappenheim, dans des schistes Imarneux. - 8. 1. Elan d'Irlande. h. 1. Cerf d'Etampes. z. 1. Cerf de Scanie. k. 1. Le grand bufle de Sibérie. nue" er "e e M HS Te ln: alter terlie, y re, pooie, AeTiie me Les seize ou dix-huit espèces qui paroissent avoir des ressem- blances avec des genres connus, sont : a L'éléphant ; à Le tapir ; c Le jaguar; d Les ours; e Les lièvres, lapins; J La sarigue; & Le petit hippopotame. pda Le. ne je. ln, re1hD le je pr ee, © e Les onze ou douze espèces qui ont des ressemblances absolues avec des espèces connues, sont: a 1. La grande espèce d’hippopotame ; D r. L’hyène du Cap, qui se trouve dans la caverne de Gay- lenreuth, Canstadt, Fouvent ; c 1. Le loup. Caverne de Gaylenreuth...; d 1. Le chien. Dans les mêmes lieux... ; e 1. Le cerf. Dans les tourbières ; Jf 1. Le chevreuil ; £g 1. Le daim; h 1. Le cheval; 2 1. Le Zaureau; k x. L’aurochs; L'1. Le bœuf musqué; m 1. Le mouton. Les analogues de cette classe et de la précédente vivent presque tous aujourd’hui, dans des contrées plus ou moins chaudes. Il n’y a guère que le Zagomys, trouvé dans des brèches de Corse, dont l’analogue vit dans des contrées froides comme en Sibérie, 4220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des quarante-neuf espèces inconnues, il y en a vingt-sept qui appartiennent à des genres nouveaux, et ces genres sont au nombre de sept; les vingt-deux autres espèces se rapportent à des genres, où sous-genres connus, au nombre de seize. La totalité de genres ou sous-genres, auxquels j'ai trouvé à rapporter des os fossiles d’espèces connues ou non, est de trente-six. Il n’est pas inutile de considérer aussi les animaux fossiles par rapport aux classes et aux ordres. Sur les soixante et dix-huit espèces quinze espèces formant onze genres ou sous-genres, sont des quadrupèdes ovipares, savoir : a Les crocodiles; b Les /eézards, ou sauriens ; c Les monitors; d Les Zortues. . L - . . 0 . . . L L L2 L] . . . L] . LA L] LL [2 L L L2 LI L Les autres espèces fossiles sont des z1ammifères. Parmi celles-ci trente-deux appartiennent aux animaux à sabot, non ruminans, et forment dix genres, savoir : we Le rhénocéros, L’hippopotame , Le fapir, Le cochon, Les palæotherium, Les anoplotherium. ex tatl oise le 113 + Met 6 Tes SN 0e Et Po EE EN IP Fe l'a pRe Douze espèces fossiles appartiennent aux ruminans et forment deux genres, savoir : ; a Le zaureau ou bœuf, b Le bœuf musqué, c Les cerfs, d Le mouton. Sept espèces appartiennent aux rongeurs en six genres, Leslièvres, Les Zapins, Les castors, Les rats, Les lagomys. + ÆT D'HISTOIRE NATURELLE. 423 Huit espèces fossiles appartiennent aux carnassiers, et forment cinq genres, savoir : | a Les ours, b Les jaguars, lions... c Les chiens, ï d Les didelphes , sarigue, e. Les hyènes. Deux espèces fossiles appartiennent aux édentés bradypèdes et ne formant qu’un seul genre, savoir : a Le megatherium, bd Le megalonix. Deux espèces fossiles appartenant aux amphibies marins for- mant deux genres: Le lamantin , Le phoque. « Il seroit cependant encore prématuré, dit l’auteur, d'établir sur ces nombres aucune conclusion relative à la théorie de la terre, parce qu'ils ne sont point en rapport nécessaire avec les nombres des genres ou espèces qui peuvent être enfouis dans nos couches. Ainsi l'on a beaucoup plus recueilli d’os de grandes espèces qui frappent davantage les ouvriers, tandis que ceux des pelites sont ordinairement négligés. » Ce qui est plus important, ce qui fait même l’objet définitif de tout mon travail, et établit sa véritable relation avec la théorie de la terre, c’est de savoir dans quelles couches se trouve chaque espèce, et s’il y a quelques lois relatives, soit aux subdivisions zoologiques, soit au plus ou moins de ressemblance des espèces fossiles avec celles d'aujourd'hui. » Les lois reconnues à cet égard sont très-belles et très-claires. Premièrement, il est certain que les quadrupèdes ovipares pa- roissent beaucoup plus lôt que les vivipares. Les crocodiles de Honfleur et d'Angleterre sont au-dessous de la craie. Les monitors de Thuringe seroient plus anciens encore si, comme le pense l’école de Werner, les schistes cuivreux, qui les recélent au milieu de tant de sortes de poissons que l’on croit d’eau douce, sont au nombre des plus anciens lits de terrain ‘secondaire. 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les grands sauriens et les tortues de Maestricht sont dans Ia formation crayeuse même, mais ce sont des animaux marins. Cette première apparition d'ossemens fossiles semble donc an- noncer qu'il existoit des terres sèches et des eaux douces avant la formation de Ja craie; mais ni à cette époque, ni pendant que la craie s’est formée, ni même long-temps depuis, il ne s'est point incrusté d’ossemens de mammifères terrestres. Nous commençons à trouver des os de #1ammifères marins, c’est-à-dire de lamantins et de phoques dans le calcaire coquillier grossier qui recouvre la craie dans nos environs; mais il n’y a encore aucun os de 77ammu/fères terrestres. Malgré les recherches les plus suivies, il m'a été impossible de découvrir aucune trace distincte de cette classe, avant les terrains déposés sur le calcaire grossier; mais aussitôt qu’on est arrivé à ces terrains, les os d'animaux terrestres se montrent en grand nombre. Ainsi, comme il est raisonnable de croire que les coquilles et les poissons n’existoient pas à l’époque de la formation des terrains primordiaux, l’on doit croire aussi que les quadrupèdes ovipares ont commencé avec les poissons, et dès les premiers temps qui ont commencé avec les terrains secondaires. Mais les quadrupèdes zerrestres ne sont venus que long temps après, et lorsque les calcaires grossiers, qui contiennent déjà la plupart de nos genres de coquilles, quoiqu’en espèces différentes des nôtres, eurent été déposés. Quelques auteurs avoient dit que les animaux pouvoient, avec le temps, éprouver des changemens qui les rendoient méconnois- sables. L'auteur réfute cette opinion, et dit : « Il n’y a donc dans les faits connus, rien qui puisse appuyer, le moins du monde, l'opinion que les genres nouveaux que jai découverts ou établis parmi les fossiles, les pa/æotherium, les anoplotherium , les megalonix, les mastodontes , les pterodac= zyles, etc. , aient pu êtreles souches de quelques-uns des animaux d'aujourd'hui, lesquels n’en différeroient que par l'influence du temps ou du climat. » D'où il conclut que ces espècesn’existent réellement plus. Au reste, lorsque je soutiens que les bancs pierreux contiennent les os de plusieurs genres, et les couches meubles ceux de plu- sieurs espèces qui n'existent plus, je ne prétends pas qu'il ait fallu ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425 fallu une création nouvelle pour produire les espèces existantes ; je dis seulement qu’elles n’existoient pas dans les mêmes lieux, et qu'elles ont dû y venir d’ailleurs, . Supposons, par exemple, qu'une grande irruption de la mer couvre d’un amas de sables, où d’autres débris, le continent de la. Nouvelle-Hollande; elle y enfouira les cadavres des kan- guros, des phascolomes, des dasyures, des péramèles, des pha- langers volans , des échidnés et des ornithoringues; elle détruira entièrement les espèces de tous ces genres, puisqu'aucun d'eux n'existe dans d’autres pays. Que cette révolution mette à sec les pelits détroits multipliés qui séparent la Nouvelle-Hollande du continent de l'Asie : elle ouvrira un chemin aux éléphans, aux rhinocéros,; aux bufles, aux chevaux, aux chameaux, aux tigres, et à tous les autres animaux asiatiques qui viendront peupler une ferre, où ils auront été auparavant inconnus. . Qu'un naturaliste, après avoir étudié toute cette nature vivante, s'avise de fouiller le sol sur lequel elle vit, il y trouvera des restes d'êtres tout diflérens, Ce que seroit la Nouvelle-Hollande , dans la supposition que nous venons de faire, l'Europe, la Sibérie, une grande partie de l'Amérique le sont effectivement. Peut-être trouvera-t-on un jour quand on examinera les nouvelles contrées, et la Nounveile- Hollande elle-même, qu’eiles ont toutes éprouvé des révolutions semblables, je dirois presque des échanges muluels de leurs pro- ductions. Car poussons la supposition plus loin. Après ce transport des animaux asiatiques dans la Nouvelle-Hollande, admettons une seconde révolution qui détruise l'Asie, leur partie primitive ; on seroit tout aussi embarrassé de savoir d'où ils seroient venus, qu’on peut l’étre pour trouver l’origine des nôtres. J’applique cette manière de voir à l'espèce humaine. Quant aux os humains fossiles, dont ont parlé des auteurs, il est certain, dit l’auteur, qu’on n’en a encore point trouvés; et c'est une preuve de plus que les races fossiles m’étoient point des variétés, puisqu'elles n’avoient pu subir l'influence de l’homme. Je dis que lon n'a jamais trouvé d'os humains parmi les fossiles proprement dits; car dans les tourbières, dans les allu- vions, comme dans les cimelières, on pourroit aussi bien dé- Tome LXXVI. JUIN an 1014. Ti 426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE terrer des os humains que des os de chevaux, ou d’autres espèces vulgaires. Mais parmi les anciennes races, parmi les palæotheriums, parmi les éléphans et les rhinocéros même, on n’a jamais découvert le moindre ossement d'homme. Il n’est guère, autour de Paris, d'ouvriers qui ne croient que les os dont nos plâtrières fourmillent, sont en grande partie des os d'hommes; mais, comme J'ai vu plusieurs milliers de ces os, il m'est bien permis d’aflirmer qu’il n'y en a jamais eu un seul de notre espèce. J'ai examiné à Pavie les groupes d'ossemens rapportés par Spallanzani de l'ile de Cerigo; et , malgré l’assertion de cet ob- servateur célèbre, j’aflirme également qu'il n’y en a aucun dont on puisse soutenir qu'il est humain. Celui que Scheuchzer appeloit Lormo diluvii testis, est replacé dans mon quatrième volume à son véritablegenre, qui est celui des protées (espèce de la salamandre), et dans un examen tout récent que j'en ai fait à Harlem, par la complaisance de M. Van-Marum, qui m'a permis de découvrir les parties cachées dans la pierre, J'ai obtenu la preuve complète de ce que j’avois avancé. On voit parmi les os trouvés à Canstadt (dans la Franconie}, un fragment de mâchoire et quelques ouvrages humains; mais on sait que le terrain fut remué sans précaution, et que l'on ne tint point note des diverses hauteurs où chaque chose fut découverte. Partout ailleurs les morceaux donnés pour hurnaëns se sont trouvés, à l'examen, être de quelque autre animal , soit qu’on les ait examinés en nature, ou simplement en figures. Les véritables os d'hommes étoient des cadavres tombés dans des fentes, ou restés dans d'anciennes galeries de mines et re- couverts d'incrustation. Tout porte donc à croire que l'espèce humaine n’existoit point dans les pays où se découvrent les os fossiles à l’époque des ré- volutions qui ont enfoui ces os; car il n’y a aucune raison pour qu'elle échappât toute entière à des catastrophes générales. L’établissement de l’homme dans les pays, où nous avons dit que se trouvent des fossiles d'animaux terrestres, c’est-à-dire, dans la plus grande partie de l’Europe, de l'Asie et de l’Amé- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 427 rique (1), est nécessairement postérieur, non-seulement aux révolutions qui ont enfoui ces os, mais encore à celles qui ont mis à découvert les couches qui les enveloppent, révolutions qui sont les dernières que le globe ait subies. D’où il est clair que l'on ne peut tirer ni de ces os eux-mêmes, ni des amas plus ou moins considérables de pierres ou de terres qui les recouvrent, aucun argument en faveur de l’ancienneté de l’espèce humaine dans ces divers pays. « Au contraire, en examinant bien ce qui s’est passé à la surface du globe, depuis qu’elle a été mise à sec pour la dernièré Jois, et que les coutinens ont pris leur forme actuelle, au moins dans leurs parties un peu élevées, l’on voit clairement que celle dernière révolution , et par conséquent l'établissement de nos sociétés actuelles, ne peuvent étre très-anciens. » C’est un des résultats à-la-fois les mieux prouvés et les moins altendus de la saine Géologie, dit l’auteur, résultat d’au- tant plus précieux, qu'il lie d’une chaine non - interrompue, l'Histoire naturelle et l'Histoire civile. » En mesurant les effets produits, dans un temps donné, par les causes aujourd’hui agissantes, et en les comparant avec ceux qu’elles ont produits depuis qu'elles ont commencé d'agir, lon parvient à déterminer à peu près l'instant où leur action a com- mencé, lequel est nécessairement le même que celui où nos conlinens ont pris leur forme actuelle, ou que celui de la dernière retraite subile des eaux. » L’exposé que nous venons de faire de cet Ouvrage, prouve qu'on doit le regarder comme un recueil précieux de faits et d'observations sur les ossemens fossiles des quadrupèdes. L'auteur a profité des travaux faits avant lui, mais il y a beau- coup ajouté, « Cet ouvrage, dit-il, montre en effet à quel point cette ma- tière étoitencore neuve, malgré les excellens travaux des Camper, des Pallas, des Blumenbach, des Merck, des Soemmering, des Rosemmuller, des Fischer (2), des Faujas, et des autres savans dont j'ai eu le plus grand soën de citer les ouvrages dans ceux de mes chapitres auxquels ils se rapportent, » (x) On en trouve aussi en Afrique. L'auteur dit qu'on a trouvé des deépouilles fossiles d’éléphans dans la Mauritanie. (Note du Rédacteur.) (2) Des Hunter. ( Idem.) TT 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Comme cet auteur a relevé plusieurs erreurs commises par ces savans anatomistes, il peut aussi lui en être échappé quel: ques-unes, que d’autres releveront. C'est ainsi que les sciences font des progrès. Maïs quant aux théories, qu'il a cru pouvoir déduire des Juits qu’il a exposés, elles sont sans doute sujettes, comme toutes les autres théories, à des discussions. L'opinion, par exemple, sur l’époque de l’existence de l’homme, postérieure à celle des autres espèces, et ne datant peut-être pas de dix mille ans, ne me paroît point être prouvée. Il est un grand nombre d’autres espèces d'animaux Le on ne trouve point d’os fossiles, telles que celles de l’ourang - outang, du chimpanzé, du mandrill et de toutes les autres espèces de singes, celles du makis. .., et d’un grand nombre d’autres animaux... On connoît peut-être plus de deux mille espèces de quadrupèdes, et Cuvier ne connoît que r2 espèces fossiles de ces mêmes animaux, et 16 qui ont des rapports avec quelques genres existans, plus 49 espèces inconnues. On ne sauroit en conclure que l’époqne de l’existence de ces espèces est poslérieure aux autres, ainsi que je l'ai prouvé ailleurs (Théorie de La Terre, tome V, pag. 353). Il seroit à souhaiter qu’on fit également des Recueils des fossiles des autres classes d'êtres organisés, des oiseaux, des poissons, des mollusques, surtout des coquilles, des insectes, des madrépores..., et enfin des végétaux. On sent, plus que jamais, que /a réunion des faits est le plus sûr moyen de faire faire des progrès aux sciences naturelles, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 429 ——— EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE; Par M. LE ComMrTe LAPLACE, Chancelier du Sénat-Conservateur, Grand-Officier de la Légion- d'Honneur, Grand-Croix de l’Ordre de la Réunion , Membre de l’Institut impérial et du Bureau des Longitudes de France, des Sociétés royales de Londres et de Gottingue, des Aca- démies des Sciences de Russie, de Danemarck, de Suède, de Prusse, d'Italie. QUATRIÈME ÉDITION, REVUE ET AUGMENTÉE PAR L'AUTEUR. Er a chez Mad. veuve Courcier, Imprimeur-Libraire , quai des Augustins, n° 57. 1812. EXTRAIT Par J.-C. DELAMÉTHÉRIE. Nous avons déjà fait connoître ce bel Ouvrage dans les pre- mières éditions qu’en avoit données l’auteur. Celle-ci contient plusieurs additions importantes : a Sur la figure de la terre, les lois de la pesanteur à sa surface ; b Sur les diamètres des planètes et l’aplatissement de Jupiter ; c Sur les mouvemens propres des étoiles, et sur les étoiles doubles ; d Sur l'attraction moléculaire et la double réfractior ; e Sur la théorie de l’action capillaire; J Enfin sur l’origine du système solaire exposée dans le dernier chapitre (pag. 416). Nous croyons ne pouvoir mieux faire connoître à nos lecteurs les idées de l'auteur, qu'en transcrivant littéralement ce chapitre curieux, intitulé : 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Considérations sur le Système du Monde, et sur les progrès Juturs de l'Astronomie. Arrêtons présentement nos regards sur la disposition du sys- tème solaire, et sur ses rapports avec les étoiles. Le globe im- mense du soleil, foyer principal de ses mouvemens divers, tourne en vingt-cinq jours et demi sur lui-même : sa surface est recouverte d’un océan de matière lumineuse dont les vives effervescences forment des taches variables, souvent très-nom- breuses, et quelquelois plus larges que la terre. Au-dessus de cet océan, s'élève une vaste atmosphère : c’est au-delà que les planètes avec leurs satellites, se meuvent dans des orbes presque circulaires, et sur des plans peu inclinés à l'équateur solaire. D'’innombrables comètes, après s'être approchées du soleil, s’en éloignent à des distances qui prouvent que son empire s'étend beau- coup plus loin que leslimites connues du système planétaire. Non- seulement cet astre agit par son atlraction sur tous ces globes, en les forçant à se mouvoir autour de lui; mais il répand sur eux, sa lumière et sa chaleur. Son action bienfaisante fait éclore les animaux et les plantes qui couvrent la terre, et l’analogie nous porte à croire qu’elle produit de semblables effets sur les planètes; car il n’est pas naturel de penser que la matière dont nous voyons la fécondité se développer en tant de facons, est stérile sur une aussi grosse planète que Jupiter qui, comme le globe terrestre, a ses jours, ses nuits et ses années, et sur lequel les observations indiquent des changemens qui supposent des forces tres-actives. L'homme fait pour la température dont il jouit sur la terre, ne pourroit pas, selon toute apparence, vivre sur les autres planètes : mais ne doit-il pas y avoir une infinité d'organisations relatives aux diverses températures des globes de cet univers? Si la seule différence des élémens et des climats, . met tant de variété dans les productions terrestyes; combien plus doivent différer celles des diverses planètes et de leurs sa- tellites? L’imagination la plus active ne peut s’en former aucune idée; mais leur existence est, au moins, fort vraisemblable. Quoique lesélémens du système des planètes, soient arbitraires ; cependant, ils ont entre eux, des rapports qui peuvent nous éclairer sur son origine. En le considérant avec attention, on est étonné de voir toutes les planètes se mouvoir autour du soleil, d'occident en orient , et presque dans le même plan ; les satellites en mouvement autour de leurs planètes, dans le même sens et ET D'HISTOIRE NATURELLE. 431 à peu près dans le même plan que les planètes; enfin, le soleil, les planètes et les satellites dont on a observé les mouvemens de rotalion, tournant sur eux-mêmes, dans le sens et à peu près dans le plan de leurs mouvemens de projection. Un phénomène aussi extraordinaire n’est point l'effet du hasard : il indique une cause générale qui a déterminé tous ces mouve- mens. Pour avoir par approximation, la probabilité avec laquelle cette cause est indiquée ; nous remarquerons que le système pla- nétaire, tel que nous le connoissons aujourd'hui, est composé d’onze planètes et de dix-huit satellites. On a observé les mou- vemens de rotation du soleil, de six planètes, de la lune, des satellites de Jupiter, de l'anneau de Saturne et d’un de ses sa- tellites. Ces mouvemens, avec ceux de révolution, forment un ensemble de quarante-trois mouvemens dirigés dans le même sens, du moins, lorsqu'on les rapporte au plan de l'équateur, solaire, auquel il paroît naturel de les comparer. Si l’on concoit le plan d’un mouvement quelconque direct, couché d’abord sur celui de cet équateur, s’inclinant ensuite à ce dernier plan, et parcourant tous les degrés d’inclinaison, depuis zéro jusqu’à la demi-circonférence, il est clair que le mouvement sera direct dans toutes les inclinaisons inférieures à cent degrés (1), et qu'il sera rétrograde dans les inclinaisons au-dessus; ensorte que par le changement seul d’inclinaison , on peut représenter les mou- vemens directs et rétrogrades. Le système planétaire envisagé sous ce point de vue, nous offre donc quarante-deux mouvemens dont les plans sont inclinés à celui de l'équateur solaire, tout au plus, d’un angle droit. Il y a plus de quatre mille milliards à parier contre un, que cette disposition n’est pas l'effet du ha- sard; ce qui forme une probabilité bien supérieure à celle des événemens les plus certains de l'histoire, sur lesquels nous ne nous permettons aucun doute. Nous devons donc croire ,au moins avec la même confiance, qu’une cause primitive a dirigé les mouvemens planétaires ; surtout si nous considérons que l'incli- paison du plus grand nombre de ces mouvemens à l'équateur solaire, est peu considérable et fort au-dessous du quart de la circonférence. Un autre phénomène également remarquable du système so- laire, est le peu d’excentricité des orbes des planètes et des satellites, tandis que ceux des comètes sont fort alongés; les orbes de ce système n’offrant point de nuances intermédiaires (1) L'auteur suppose le cercle divisé en quatre cents degrés. 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÉ entre une grande et une petite excentricité. Nous sommes encore lorcés de reconnoître ici l'effet d'une cause régulière : le hasard n'eûl point donné une forme presque circulaire aux orbes de toutes les planètes; il est done nécessaire que la cause qui a délernriné les mouvemens de ces corps, les ait rendus presque circulaires. Il faut encore que la grande excentricité des orbes des comètes, et la direction de leur mouvement dans tous les sens, soient des résultats nécessaires de l'existence de cette cause ; car en regardant les orbes des comètes rétrogrades, comme étant iuclinés de plus de cent degrés, à l’écliptique; on trouve que l'inclinaison moyenne des orbes de toutes les comètes observées, approche de cent degrés, comme cela doit être, si ces corps ont été lancés au hasard, Ainsi, l'on a pour remonter à la cause des mouvemens pri- mitifs du système planétaire, les cinq phénomènes suivans : les mouvemens des planètes dans le même sens, et à peu près dans un même plan; ke mouvemens des satellites dans le même sens que ceux des planètes; les mouvemens de rotation de ces dif- férens corps et du soleil, dans le même sens qe leurs mouve- mens de projection et dans des plans peu ifférens ; le peu d’excentricité des orbes des planètes et des satellites : enfin, la grande excentricité des orbes des comètes , quoique leurs incli- naisons aient été abandonnées au hasard. Buffon est le seul que je connoisse, qui depuis la découverte du vrai système du monde, ait essayé de remonter à l’origine des planètes et des satellites. II suppose qu'une comète, en tom- bant sur le soleil, en a chassé un torrent de matière qui s'est réunie au loin, en divers globes plus ou moins grands, et plus ou moins éloignés de cet astre : ces globes devenus par leur refroidissement opaques et solides, sont les planètes et leurs satellites, ; Cette hypothèse satisfait au premier des cinq phénomènes précédens; car ilest clair que tous les corps ainsi formés doivent se mouvoir à peu près dans le plan qui passoit par le centre du soleil, et par la direction du torrent de matière qui les a pro- duits ; les quatre autres phénomènes me paroissent inexplicables par son moyen. À la vérité, le mouvement absolu des molécules d’une planète, doit être alors dirigé dans le sens du mouvement de son centre de gravité; mais il ne s'ensuit point que le mou- vement de rotation de la planète soit dirigé dans le même sens: ainsi, la terre pourroit tourner d’orient en occident, et cependant le ET D'HISTOIRE NATURELLE. 433 le mouvement absolu de chacune de ses molécules seroit dirigé d’occident en orient; ce qui doit s'appliquer au mouvement de révolution des satellites, dont la direction, dans l'hypothèse dont il s’agit, n’est pas nécessairement la même que celle du mou- vement de projection des planètes. Un phénomène, non-seulement très difficile à expliquer dans cette hypothèse , mais qui lui est contraire, est le peu d’excen- tricité des orbes planétaires, On sait par la théorie des forces centrales, que si un corps mu dans un orbe rentrant autour du soleil, rase la surface de cet astre, il y reviendra constamment à chacune de ses révolutions; d’où il suit que si les planètes avoient été primitivement détachées du soleil, elles le toucheroient à chaque retour vers cet astre, et leurs orbes loin d’être circu- laires, seroient fort excentriques. Il est vrai qu'un torrent de malière, chassé du soleil, ne peut pas être exactement comparé à un globe qui rase sa surface : l'impulsion que les parties de ce torrent, recoivent les unes des autres, et l’attraction réci- proque qu’elles exercent entre elles, peut, en changeant la di- rection de leurs mouvemens, éloigner leurs périhélies, du soleil. Mais leurs orbes devroient toujours être fort excentriques, ou du moins, ils n’auroient pu avoir tous, de petites excentricités, que par le hasard le plus extraordinaire. Enfin, on ne voit point dans l'hypothèse de Buffon, pourquoi les orbes de près de cent comètes déjà observées, sont tous fort alongés; cette hypothèse est donc très-éloiguée de satisfaire aux phénomènes précédens. Voyons s'il est possible de s'élever à leur véritable cause. Quelle que soit sa nature, puisqu'elle a produit ou dirigé les mouvemens des planètes, il faut qu’elle ait embrassé tous ces corps; et vu la distance prodigieuse qui les sépare, elle ne peut avoir été qu’un fluide d'une immense étendue. Pour leur avoir donné dans le même sens, un mouvement presque circulaire autour du soleil; il faut que ce fluide ait environné cet astre, comme une atmosphère. La considération des mouvemens pla- nélaires nous conduit donc à penser qu’en vertu d’une chaleur excessive , l'atmosphère du soleil s’est primitivement étendue au- delà des orbes de toutes les planètes, et qu’elle s’est resserrée successivement, jusqu'à ses limites actuelles. Dans l’état primitif où nous supposons le soleil, il ressembloit aux nébuleuses que le télescope nous montre composées d’un noyau plus ou moins brillant, entouré d’une nébulosité qui, en se condensant à la surface du noyau, le transforme en étoile, Tome LXXVI. JUIN an 1813. Kkk 434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si l’on conçoit, par analogie, toutes les étoiles formées de cette manière; on peut imaginer leur état antérieur de nébulosité , précédé lui-même par d'autres états dans lesquels la matière nébuleuse étoit de plus en plus diffuse, le noyau étant de moins en moins Jumineux. On arrive ainsi, en remontant aussi loin qu'il est possible, à une nébulosité tellement diffuse, que l'on pourroil à peine, en soupçonner l'existence. Tel est, en effet, le premier état des nébuleuses qu'Herschel a observées avec un soin particulier, au moyen de ses puissans télescopes, et dans lesquelles il a suivi les progrès de la con- densation, non sur une seule, ces progrès ne pouvant devenir sensibles pour nous, qu'après des siècles ; mais sur leur ensemble; à peu près, comme on peal dans une vaste forét, suivre l'ac- croissement des arbres, sur les individus de divers âges, qu'elle renferme. 11 a d’abord observé la matière nébuleuse répandue en amas divers, dans les diflérentes parties du ciel dont elle occupe une grande élendue, Il a vu dans quelques-uns de ces amas, celte matière foiblement condensée autour d’un ou de plusieurs noyaux peu brillans. Dans d’autres nébuleuses, ces noyaux brillent davaritage relativement à la nébulosité qui les environne. Les atmosphères de chaque noyau, venant à se séparer par une condensation ultérieure, il en résulte des nébulenses multiples formées de noyaux brillans très-voisins, et environnés, chacun, d'une atmosphère : quelquefois, la matière nébuleuse, en se condensant d’une manière uniforme, a produit les nébuleuses que l’on nomme planétaires. Enfin, un plus grand degré de condensalion, transforme toutes ces nébuleuses, en étoiles. Les nébuleuses classées d’après cette vue philosophique, indiquent avec une extrême vraisemblance, leur transformation future en étoiles, et l’état antérieur de nébulosité, des étoiles existantes. Les considérations suivantes viennent à l'appui des preuves tirées de ces analogies. Depuis long-temps, la disposition particulière de quelques étoiles visibles à la vue simple, a frappé des observateurs phi- Josophes. Mitchel a déjà remarqué combien il est peu probab'e que les étoiles des Pléïades, par exemple, aient été resserrées dans l’espace étroit qui les renferme, par les seules chances du hasard; et ilen a conclu que ce groupe d'étoiles, et les groupes semblables que le ciel nous présente, sont les effets d’une cause primitive, où d’une loi générale de la nature. Ces groupes sont un résultat nécessaire de la condensation des nébuleuses à plu- ET D'HISTOIRE NATURELLE, 435 sieurs noyaux; car il est visible que la matière nébuleuse étant sans cesse attirée par ces noyaux divers, ils doivent former à la longue, un groupe d'étoiles, pareil à celui des Piérades. La con- densation des nébuleuses à. deux noyaux, formera semblabiement des étoiles très-rapprochées, tournant l’ués autour de l’autre, telles que les étoiles doubles dont on a déjà reconnu les mouve- mens respectifs. Ainsi l’on redescend par le progrès de la condensation de la matière nébuleuse , à la considération du soleil environné autrefois d'une vaste atmosphère, considération à laquelle on remonte, comme on l’a vu, par l’examen des phénomènes du système solaire, Une rencontre aussi remarquable, en suivant des routes opposées , donne à l'existence de cet état antérieur du soleil, une probabilité fort approchante de la certitude. Si toutes les molécules d’un amas de matière lumineuse se réunissent à la longue, par l'effet de leur condensation, dans une seule masse liquide ou solide; cette masse aura un mou- vement de rotation dont l’équateur sera le plan primitif du maxi- mum des aires, passant par le centre commun de gravité; et la rotation sera telle que la somme des aires projetées sur ce plan, se conservera la même qu’à l’origine; d’où il suit que si toutes les molécules partent de l’état du repos, le corps qu'elles formeront enfin, sera immobile, Mais il n’en seroit pas de même, si ces molécules formoient plusieurs noyaux, qui pourroient alors avoir des mouvemens de rotation, pourvu que ces mouvemens dirigés dans des sens diflérens. fussent tels que la somme des aires décrites par les rayons vecteurs de tous ces corps, autour d’un point quelconque, soit constamment nulle. Car il n’est pas vrai de dire, comme l'ont avancé plusieurs philosophes, que l’attraction mutuelle d’un système de corps primitivement immobiles, doive à la longue, les réunir tous à l’état du repos, autour de leur centre commun de gravité. Si l’on imagine, en effet, trois corps sans mouvement, dont deux soient beaucoup plus grands que le troisième ; il est facile de voir que l’on peut donner à ce dernier corps, une infinité de situations telles qu'après la réunion des deux premiers, il continue de circuler sans cesse autour de leur centre commun de gravité. Le cas dans lequel un système de molécules primitivement en repos, et abandonnées à leur attraction mutuelle, finiroit par former une masse immo- bile, est infiniment peu probable. La force vive du système, gulle d’abord, s'accroît par le rapprochement des molécules, et Kkk 2 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE devient très-grande, si les mouvemens du système n’éprouvent point de changemens brusques. Les seuls élémens qui doivent être toujours nuls, sont le mouvement du centre de gravité, et la somme des aires décrites autour de ce point, par toutes les molécules projetées sur un plan quelconque. Ainsi l'attraction seule suflit pour expliquer tous les mouvemens de cet univers. Maïs comment l'atmosphère solaire at-elle déterminé les mou- vemens de rotation et de révolution des planètes et des satellites ? Si ces corps avoient pénétré profondément dans cette atmosphère, sa résistance les auroit fait tomber sur le soleil ; on peut donc con jecturer que les planètes ont été formées à ses limites successives, par la condensation des zones de vapeurs, qu’elle a dû en se refroidissant, abandonner dans le plan de son équateur. Rappelons les résultats que nous avons donnés dans le dixième chapitre de cet ouvrage. L’atmosphère du soleil ne peut pas s'étendre indéfiniment : sa limite est le point où la force cen- trifuge due à son mouvement de rotation balance la pesanteur ; or à mesure que le refroidissement resserre l'atmosphère, et con- dense à la surface de l’astre, les molécules qui en sont voisines, le mouvement de rotation augmente ; car en vertu du principe des aires, la somme des aires décrites par le rayon vecteur de chaque molécule du soleil et de son atmosphère, et projelées sur le plan de son équateur, élant toujours la même; la rotation doit être plus prompte, quand ces molécules se rapprochent du centre du soleil. La force centrifuge due à ce mouvement, de- venant ainsi plus grande; le point où la pesanteur lui est égale, est plus près de ce centre. En supposant donc, ce qu'il est na- turel d'admettre, que l'atmosphère s’est étendue à une époque quelconque, jusqu'à sa limite; elle a dû, en se refroïdissant , abandonner les molécules situées à cette limite et aux limites successives produites par l'accroissement de la rotation du soleil. Ces molécules abandonnées ont continué de circuler autour de cet astre, puisque leur force centrifuge étoit balancée par leur pesanteur. Mais cette égalité n'ayant point lieu par rapport aux molécules atmosphériques placées sur les parallèles à l'équateur solaire, celles-ci se sont rapprochées par leur pesanteur, de Pat- mosphère, à mesure qu’elle se condensoit, et elles n'ont cessé de lui appartenir, qu'autant que par ce mouvement, elles se sont rapprochées de cet équateur. Considérons maintenant les zones de vapeurs, successivement abandonnées. Ces zones ont dû , selon toute vraisemblance, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 former par leur condensation et l'attraction mutuelle de leurs molécules, divers anneaux concentriques de vapeurs, circulans autour du soleil, Le frottement mutuel des molécules de chaque anveau a dû accélérer les unes et retarder les autres, jusqu’à ce qu’elles aient acquis un même mouvement angulaire. Ainsi les vitesses réelles des molécules plus éloignées du centre de l'astre , ont été plus grandes. La cause suivante a dû contribuer encore à cette différence de vitesses. Les molécules les plus dis- tantes du soleil, et qui par les effets du refroidissement et de la condensation, s’en sont rapprochées pour former la partie su- périeure de l'anneau, ont toujours décrit des aires proportionnelles aux temps, puisque la force centrale dont elles étoient animées, a été constamment dirigée vers cet astre; or cette consiance des aires exige un accroissement de vilesses, à mesure qu'elles s’en sont rapprochées. On voit que la même cause a dû diminuer la vitesse des molécules qui se sont élevées vers l'anneau, pour former sa partie inférieure. Si toutes les molécules d’un anneau de vapeurs, continuoient de se condenser sans se désunir; elles formeroient à la longue, un anneau liquide ou solide. Mais la régularité que cette for- mation exige dans toutes les parties de l'anneau et dans leur refroidissement, a dû rendre ce phénomène extrêmement rare. Aussi le système solaire n’en offre-t-il qu'un seul exemple, celui des anneaux de Saturne. Presque toujours, chaque anneau de vapeurs a dû se rompre en plusieurs masses qui, mues avec des vitesses très peu différentes, ont continué de cireuler à la même distance autour du soleil. Ces masses ont dû prendre une forme sphéroïdique, avec un mouvement de rotation dirigé dans le sens de leur révolution, puisque leurs molécules inférieures avoient moins de vitesse réelle que les supérieures ; elles ont donc formé autant de planètes à l’état de vapeurs. Mais si l’une d’elles a été assez puissante, pour réunir successivement par son allrac- tion, toutes les autres autour de son centre ; l'anneau de vapeurs aura été ainsi transformé dans une seule masse sphéroïdique de vapeurs, cireulante autour du soleil, avec une rotalion dirigée dans le sens de sa révolution. Ce dernier cas a étéle plus commun: cependant le système solaire nous offre le premier cas, dans les quatre petites planètes qui se meuvent entre Jupiter et Mars; à moins qu'on ne suppose avec Olbers, qu’elles formoient pri- mitivement une seule planète, qu'une forte explosion a divisée ca plusieurs parties animées de vitesses différentes. 438 JOURNAL DE CHIMIE, DÉ PHYSIQUE Maintenant, si mous suivons les changemens qu'un refroidis- sement ultérieur a dû produire dans les planètes en vapeurs, dort nous venons de concevoir Ja formation ; nous verrons naïîlre au centre de chacune d’elles, un noyau s’accroissant sans cesse, par la condensation de l'atmosphère qui Penvironne. Dans cet état, la planète ressembloit parfaitement au soleil à l'état de né- buleuse, où nous venons de le considérer ; le refroidissement a donc dû produire aux diverses limites de son atmosphère, des phénomènes semblables à ceux que nous avons décrits, c'est-à- dire des anneaux et des satellites circulant autour de son centre, dans le sens de son mouvement de rotation, et tournant dans le même sens sur eux-mêmes. La distribution régulière de la masse dés anneaux de Saturne , autour de son centre, et dans le plan de son équateur, résulte naturellement de cette hypo- thèse, et sans elle, devient inexplicable : ces anneaux me pa- roissent être des preuves toujours subsistantes de l’extension primitive de l'atmosphère de Saturne, et de ses retraites succes- sives. Ainsi les phénomènes singuliers du peu d’excentricité des orbes des planètes et des satellites, du peu d’inelinaison de ces orbes à l’équateur solaire, et de l'identité du sens des mouvemens de rotation et de révolution de tous ces corps, avec celui de la rotation du soleil, découlent de l'hypothèse que nous proposons, et lui donnent une grande vraisemblance. Si le système solaire s'éloit formé avec une parfaite régularité ; les orbites des corps qui le composent , seroient des cereles dont les plans, ainsi que ceux des divers équateurs et des anneaux, coïncideroïent avec le plan de l'équateur solaire. Mais on conçoit que les variétés sans nombre qui ont dû exister dans la tempé- rature et la densité des diverses parties de ces grandes masses, ont produit les excentricités de leurs orbites, et les déviations de leurs mouvemens, du plan de cet équateur. Dans notre hypothèse, les comètes sont étrangères au système planétaire. En attachant leur formation à celle des nébuleuses, on peut les regarder comme de petites nébuleuses errantes de systèmes en systèmes solaires, et formées par la condensation de la matière répandue avec tant de profusion dans l’umivers. Les comètes seroient ainsi par rapport à notre système, ce que les aérolithes sont relativement à la terre à laquelle ils paroissent étrangers. Lorsque ces astres deviennent visibles pour nous, ils offrent une ressemblance si parfaite avec les nébuieuses, qu’on les confond souvent avec elles; et ce n’est que par leur mou- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 vement, ou par la connoissance de toutes les nébuleuses ren- fermées dans la partie du ciel où ils se montrent, qu’on parvient à les en distinguer. Cette hypothèse explique d'une manière heureuse , la grande extension que prennent les têtes et les queues des comèles, à mesure qu'elles approchent du soleil, et l’ex- trême rareté de ces queues qui, malgré leur immense profon- deur, n’afloiblissent point sensiblement l'éclat des étoiles que lon voit à travers. Lorsque les petites nébuleuses parviennent dans la partie de Pespace où l'attraction du soleil est prédominante , et que nous nommerons sphère d'activité de cet astre; il les force à décrire des orbes elliptiques où hyperboliques. Mais leur vitesse étant également possible suivant toutes les directions, elles doivent se mouvoir indifféremment dans tous les sens et sous toutes les inclinaisons à l'écliptique; ce qui est conforme à ce que l’on observe. Ainsi la condensation de la matière nébuleuse, par laquelle nous venons d'expliquer les mouvemens de rotation et de révolution des planètes et des satellites dans le méme sens et sur des plans peu diflérens , explique également pourquoi les mouvemens des comèles s'écarlent de celte loi générale. La grande excentricité des orbes comélaires, est encore un résultat de notre hypothèse. Si ces orbes sont elliptiques, ils sont très-alongés, puisque leurs grauds axes sont au moins égaux au rayon de la sphère d'activité du soleil. Mais ces orbes peuvent être hyperboliques, et si les axes de ces hyperboles ne sont pas très-grands par rapport à la moyenne distance du soleil à la terre, le mouvement des comètes qui les décrivent, paroïtra sensiblement hyperbolique. Cependant , sur cent comètes dont on a déjà les élémens, aucune n'a paru se mouvoir dans une hyperbole ; il faut donc que les chances qui donnent une hy- perbole sensible, soient extrémement rares par rapport aux chances contraires. Les comètes sont si petites, qu’elles ne deviennent visibles, que lorsque leur distance périhélie est peu considérable. Jusqu'à présent, cetle distance n’a pas surpassé deux fois le diamètre de l’orbe terrestre, et le plus souvent, elle a été au- dessous du rayon de cet orbe. On concoit que pour approcher si près du soleil, leur vitesse au moment de leur entrée dans sa sphère d'activité, doit avoir une grandeur et une direction com- prises dans d’étroites limites. En déterminant par l'analyse des probabilités , le rapport des chances qui dans ces limites, donnent une hyperbole sensible, aux chances qui donnent un orbe que 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lon puisse confondre avec une parabole; j'ai trouvé qu'il ÿ a six mille au moins à parier contre l'unité, qu’une nébuleuse qui pénètre dans la sphère d'activité du soleil, de manière à pouvoir être observée, décrira ou une ellipse très-alongée, ou une hyper- bole qui par la grandeur de son axe, se confondra sensiblement avec une parabole, dans la partie que l’on observe; il n’est donc pas surprenant que jusqu'ici, l'on n'ait point reconnu de mouve- mens hyperboliques. L'attraction des planètes, et peut-être encore Ja résistance des milieux éthérés a dû changer plusieurs orbes cométaires, dans des ellipses dont le grand axe est beaucoup moindre que le rayon de la sphère d'activité du soleil, On peut croire que ce changement a eu lieu pour l’orbe de la comète de 1759, dont le grand axe ne surpasse que trente-cinq fois, la distance du: soleil à la terre. Un changement plus grand encore est arrivé à l’orbe de la comète de 1770, dont le grand axe n’égale que six fois cette distance, Si quelques comètes ont pénétré dans les atmosphères du soleil et des planètes au temps de leur formation, elles ont dû en décrivant des spirales, tomber sur ces corps, et par leur chute, écarter les plans des orbes et des équateurs des planètes , du plan de l'équateur solaire. | Si dans les zones abandonnées par l'atmosphère du soleil, il s'est trouvé des molécules trop volatiles pour s’unir entre elles ou aux planètes; elles doivent en continuant de circuler autour de cet astre, offrir toutes les apparences de la lumière zodiacale, sans opposer de résistance sensible aux divers corps du système planétaire, soit à cause de leur extrême rareté, soit parce que leur mouvement est à fort peu près le même que celui des planètes qu’elles rencontrent (1). L'examen approfondi de toutes les circonstances de ce système accroît encore la probabilité de notre hypothèse. La fluidité pri- EEE ES (1) J’avois dit (pag. 67 du Discours préliminaire de cette année, Cahier de janvier ) : S « Le fluide nébuleux n’est-il pas la cause de la lumière zodiacale , par quel- » que modification ; qui nous est encore inconnue ? : » N'est-il pas encore la cause de quelques aurores boréales , qui s’apper- çoivent à de grandes distances de la terre? » (Note du Rédacteur.) mitive ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4it mitive des planètes est c'airement indiquée par l’aplatissement de leur figure, conforme aux lois de l'attraction mutuelle de leurs molécules : elle est de plus prouvée pour la terre, par la diminution régulière de la pesanteur, en allant de l’équateur aux pôles. Cet état de fluidité primitive, auquel on est conduit par les phénomènes astronomiques, doit se manifester dans ceux que lhistoire naturelle nous présente. Mais pour l'y retrouver, il est nécessaire de prendre en considération, l’immense variété des combinaisons formées par toutes les substances terrestres mélées dans l'état de vapeurs, lorsque l’abaïssement de la tem- pérature a permis à leurs élémens de s'unir; il faut ensuite considérer les prodigieux changemens que cet abaissement a dû successivement amener dans l’intérieur et à la surface de la terre, dans toutes ses productions, dans la constitution et la pression de l'atmosphère , dans l'océan et les corps qu'il a tenus en dissolution. Enfin, il faut avoir égard aux changemens brus- ques, tels que de grandes éruptions volcaniques, qui ont dû troubler à diverses époques, la régularité de ces changemens. La Géologie suivie sous ce point de vue qui la rattache à l’As- tronomie, pourra sur beaucoup d’objets, en acquérir la précision et la certitude. Un des phénomènes les plus singuliers du système solaire, est légalité rigoureuse que l'on observe entre les mouvemens angulaires de rotation et de révolution de chaque satellite. IL y à Pinfini contre un à parier qu’il n’est point l'effet du hasard. La théorie de la pesanteur universelle fait disparoître l'infini, de cette invraisemblance, en nous montrant qu'il suflit pour l'existence du phénomène , qu'à l’origine, ces mouvemens aient été très-peu différens. Alors, l’attraction de la planète a établi entre eux, une parfaite égalité; mais en même temps, elle a donné naissance à une oscillation périodique dans l’axe du sa- tellite, dirigé vers la planète, oscillation dont l'étendue dépend de la différence primitive des deux mouvemens. Les observations de Mayer sur la libration de la lune, et celles que Bouvard vient de faire sur le même objet, à ma prière, n'ayant point fait reconnoître cette oscillation, la différence dont elle dépend, doit être très-petite; ce qui indique avec une extrême vraisem- blance , une cause spéciale qui d’abord a renfermé cette différence dans les limites fort resserrées où l'attraction de la planète a EF établir entre les mouvemens moyens de rotation et de révo- ution, une égalité rigoureuse, et qui ensuite a fini par détruire loscillation que cette égalité a fait naître. L’un et l’autre de Tome LXXV I. JUIN an 1813. L 11 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ces effets résultent de notre hypothèse; car on conçoit que la lune à l'état de vapeurs, formoit par l'attraction puissante de la terre, un sphéroïde alongé dont le grand axe devoit être dirigé sans cesse vers cettè planète, par la facilité avec laquelle les vapeurs cèdent aux plus petites forces qui les animent. L’at- traction terrestre continuant d'agir de la même manière, tant que la lune a été dans l’état de vapeurs, ou liquide; elle a dû à la longue, en rapprochant sans cesse les deux mouyemens de ce satellite, faire tomber leur différence, dans les limites où commence à s'établir leur égalité rigoureuse. Ensuite, cette at- traction a dû anéantir peu à peu loscillation que cette égalité a produite dans le grand axe du sphéroïde, dirigé vers la terre. C’est ainsi que les fluides qui recouvrent cette planète, ont dé- uit par leur frottement et leur résistance, les oscillations pri- mitives de son axe de rotation, qui maintenant n'est plus assujéti qu'à la nutation résultante des actions du soleil et de la lune. 11 est facile de se convaincre que l'égalité des mouvemens de rotation et de révolution des satellites, a dû mettre obstacle à la formation d’anneaux et de satellites secondaires, par les atmosphères de ces corps. Aussi l'observation n'a.t-elle jusqu’à présent, rien indiqué de semblable. Les mouvenens des trois premiers satellites de Jupiter pré- sentent un phénomène plus extraordinaire encore que le pré- cédent; et qui consiste en ce que la longitude moyenne du premier, moins trois fois celle du second, plus deux fois celle du troisième, est constamment égale à deux angles droits. Il y a l'infini contre un à parier que cette égalité n’est point due au hasard. Mais on a vu que pour la produire , il a sufli qu’à lori- gine, les moyens mouvemens de ces trois corps aient fort approché de satisfaire au rapport qui rend nul, le moyen mouvement du premier, moins {rois fois celui du second, plus deux fois celui du troisième. Alors leur attraction mutuelle a établi rigoureu- sement ce rapport; et de plus, elle a rendu constamment égale à la demi-circonférence , la longitude moyenne du premier sa- tellite, moins trois fois celle du second, plus deux fois celle du troisième, En même temps, elle a donné naissance à une iné- galité périodique qui dépend de la petite quantité dont les moyens mouvemens s’écartoient primilivement du rapport que nous venons d’énoncer. Quelques soins que Delambre ait mis à reconnoître cette inégalité par les observations, il n’a pu y parvenir; ce qui prouve son extrême pelitesse, et ce qui, par conséquent ; indique ET D'HISTOIRE’ NATURE LLEk UC. 443 avec une frès-grande vraisemblance, une cause qui l'a fait dis- patoître. Dans notre hypothèse, les satellites de Jupiter , immé-, diatement après leur formation, ne se sont point mus dans un vide parfait : les molécules les mois condensables des atmo- sphères primitives du soleil et de la planète, formoient alors un milieu rare dont la résistance diflérente pour chacun de ces astres, a pu approcher peu à peu, leurs moyens mouvemens, du rapport dont il s'agit; et lorsque ces mouvemens ont ainsi atteint les conditions requises pour que l’attraction mutuelle des trois satellites établisse ce rapport en rigueur, la même résis- tance a diminué sans cesse l'inégalité que ce rapport a fait naître, et enfin l’a rendue insensible, On ne peut mieux comparer ces effets, qu’au mouvement d’un pendule animé d’une grande vi- tesse, dans un milieu très peu résistant. Il décrira d’abord un grand nombre de circonférences ; mais à la longue, son mouve- ment de circulation toujours décroissant, se changera dans un mouvement d’oscillation, qui diminuant lui-même de plus en plus, par la résistance du milieu, finira par s'anéantir : alors le pendule arrivé à l’état du repos, y restera sans cesse. Quoi qu’il en soit de ces conjectures sur la formation des étoiles et du système solaire, conjectures que je présente avec la défiance que doit inspirer tout ce qui n’est point un résultat de l'observation ou du calcul; il est certain que les-élémens de ce système, sont ordonnés de manière qu'il doit jouir de la plus grande stabilité, si des causes étrangères ne viennent point la troubler, Par cela seul que les mouvemens des planètes et des satellites sont presque circulaires et dirigés dans le même sens et dans des plans peu diflérens, ce système ne fait qu’os- ciller autour d’un état moyen dont il ne s’écarte jamais que de quantités très-petites. Les moyens mouvemens de rotation et de révolution de ces divers corps sont uniformes, et leurs dis- tances moyennes aux foyers des forces principales qui les ani- ment, sont constantes : toutes les inégalités séculaires sont périodiques. Les plus considérables sont celles qui affectent les mouvémens de la lune par rapport à son périgée, à ses nœuds et au soleil : elles s'élèvent à plusieurs circonférences ; mais après un très-grand nombre de siècles, elles se rétablissent. Dans ce long intervalle, toutes les parties de la surface lunaire se pré- senteroient, successiyement à la terre, sans l'attraction du sphé- roïde terrestre, qui faisant participer la rotation de la lune, à ces grandes inégalités, ramène sans cesse vers nous le même LIl 2 444 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE hémisphère de ce satellite, et rend l'autre hémisphère invisible à jamais. C’est ainsi que l'attraction réciproque des trois premiers satellites de Jupiter a primitivement établi et maintient le beau rapport qui existe entre leurs moyens mouvemens, rapport d’après lequel Pun d’eux au moins, doit éclairer pendant les nuits, les horizons de Jupiter. En vertu des attractions célestes, la grandeur de l’année sur chaque planète, est toujours la même : le chan- gement des inclinaisons de son orbite à son équateur, renfermé dans d’étroites limites, ne peut apporter que de légères variétés dans la température des saisons. 1l semble que la nature ait tout disposé dans le ciel, pour assurer la durée du système plané- taire, par des vues semblables à celles qu’elle nous paroît suivre si admirablement sur la terre, pour la conservation des individus, et la perpétuité des espèces. Cette considération seule expliqueroit la disposition de ce sys- tème, si le géomètre ne devoit pas étendre plus loin sa vue, et chercher dans les lois primordiales de la nature, la cause des phénomènes les plus indiqués par l’ordre de l’univers. Déjà quel- ques-uns d'eux ont été ramenés à ces lois. Ainsi la stabilité des ôles de la terre à sa surface, et celle de l’équilibre des mers, fe et l’autre si nécessaires à la conservation des êtres orga- nisés, ne sont qu’un simple résultat du mouvement de rotation, et de la pesanteur universelle. Par sa rotation, la terre a été aplatie, et son axe de révolution est devenu l’un des axes prin- cipaux autour desquels le mouvement de rotation est invariable. En vertu de la pesanteur, les couches terrestres les plus denses se sont rapprochées du centre de la terre dont la moyenne densité surpasse ainsi, celle des eaux qui la recouvrent; ce qui suflit pour assurer la stabilité de l'équilibre des mers, et mettre un frein à la fureur des flots. Enfin, si les conjectures que je viens de proposer sur l’origine du système planétaire, sont fondées; la stabilité de ce système est encore une suite des lois du mou- vement. Ces phénomènes et quelques autres semblablement ex- pliqués autorisent à penser que tous dépendent de ces lois, par des rapports plus ou moins cachés, mais dont il est plus sage d’avouer l'ignorance, que d’y substituer des causes ima- ginaires. Je ne puis m’empècher ici d'observer combien Newton s'est écarté sur ce point , de la méthode dont il a fait d’ailleurs, de si heureuses applications. Après avoir exposé dans le scholie qui termine les Principes de la Philosophie naturelle , le phénomène ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 singulier du mouvement des planètes et des satellites, dans le même sens, à peu près dans un même plan, et dans des orbes presque circulaires, il ajoute: « tous ces mouvemens si réguliers » mont point de causes mécaniques, puisque les comètes se meu- » vent dans toutes les parties du ciel, et dans des orbes fort » excentriques.... Cet admirable arrangement du soleil, des » planètes et des comètes, ne peut être que l'ouvrage d’un être » intelligent et tout-puissant. » Il reproduit à la fin de son Optique, la même pensée dans laquelle il se seroit encore plus confirmé, s’il avoit su que les conditions de l’arrangement des planètes et des satellites , sont précisément celles qui en assurent la stabilité. « Un destin aveugle, dit il, ne pouvoit jamais faire » mouvoir ainsi toutes les planètes, à quelques irrégularités près » à peine remarquables, qui peuvent provenir de l’action mu- » tuelle des planètes et des cofnètes, et qui probablement devien- > dront plus grandes par une longue suite de temps, jusqu’à ce » qu’enfin ce système ait besoin d’être remis en ordre par son » auteur. » Mais cet arrangement des planètes, ne peut-il pas être lui-même, un effet des lois du mouvement; et la suprême intelligence que Newton fait intervenir, ne peut-elle pas l'avoir fait dépendre d’un phénomène plus général? Tel est, suivant nous, celui d’une matière nébuleuse éparse en amas divers, dans l’immensité des cieux. Peut-on encore affirmer que la con- servation du système planétaire entre dans les vues de l’auteur de la nature? l'attraction mutuelle des corps de ce système ne peut pas en altérer la stabilité, comme Newton le suppose. Mais n’y eût-il dans l’espace céleste, d’autre fluide que la lumière ; sa résistance et la diminution que son émission produit dans la masse du soleil, doivent à la longue, détruire l’arrangement des planètes; et pour le maintenir, une réforme deviendroit, sans doute, nécessaire. Mais tant d’espèces d'animaux éteintes, dont Cuvier a su reconnoître avec une rare sagacité, l’organisation, dans les nombreux ossemens fossiles qu’il a décrits, n'indiquent- elles pas dans la nature, une tendance à changer les choses même les plus fixes en apparence? La grandeur et l'importance du système solaire ne doivent point le faire excepter de cette loi générale; car elles sont relatives à notre petitesse ; et ce système, tout vaste qu’il nous semble, n’est qu'un point insensible dans Punivers. Parcourons l’histoire des progrès de l'esprit humain et de ses erreurs : nous y verrons les causes finales reculées constamment aux bornes de ses connoissances. Ces mêmes causes 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que Newton transporte aux limites du système solaire, étoient, il n’y a pas long-temps, placées dans l'atmosphère, pour expliquer les météores; elles ne sont donc aux yeux du philosophe, que l’expression de l'ignorance où nous sommes , des véritables causes. Reportons maintenant nos regards, au-delà du système solaire, sur ces innombrables soleils répandus dans l’immensité de l’espace, à un éloignement de nous, tel que le diamètre entier de lorbe terrestre, observé de leur centre, seroit insensible, L’analogie porte à croire qu’ils sont les foyers d’autant de systèmes plané- taires, et cetle analogie est confirmée par ce que nous venons d'exposer touchant leur formation. En effet, ces astres doués, ainsi que le soleil, d’un mouvement de rotation, ayant été, comme lui , entourés primitivement d’une vaste atmosphère ; il est naturel d'attribuer à sa condensation, les mêmes résultats qu’a produits la condensation de l’atmosphère solaire. Plusieurs étoiles éprou- vent dans leur couleur et dans leur clarté, des changemens pé- riodiques remarquables : ils indiquent de grandes taches à leur surface, et des mouvemens de rotation, qui les présentent et les dérobent alternativement à nos yeux. D’autres étoiles ont paru tout-à-coup, et ont ensuite disparu après avoir brillé plusieurs mois, d'une vive lumière. Quels changemens prodigieux ont dû s’opérer à la surface de ces grands corps, pour être aussi sen- sibles à la distance qui nous en sépare! Combien üls doivent surpasser ceux que nous observons à la surface du soleil, et nous convaincre que la nature est loin d’être toujours, et partout la même ! Tous ces astres devenus invisibles, n’ont point changé de place durant leur apparition. Il existe donc dans l’espace cé- leste, des corps opaques aussi considérables, et peut-être en aussi grand nombre que les étoiles. 11 paroît que loin d’être disséminées à des distances à peu près égales, les étoiles sont rassemblées en divers groupes dont quel- ques-uns renferment des milliards de ces astres. C’est encore une suite de l'hypothèse que nous avons proposée sur leur ori- gine. Notre soleil et les plus brillantes étoiles font probablement partie d'un de ces groupes, qui vu du point où nous sommes, semble entourer le ciel et forme la voie lactée. Le grand nombre d'étoiles que l’on apperçoit à-la-fois dans le champ d’un fort télescope dirigé vers celte voie, nous prouve son immense pro- fondeur qui surpasse mille fois la distance de Syrius à la terre; ensorte qu'il est vraisemblable que les rayons émanés de la plupart de ces étoiles, ont employé un grand nombre de siècles à venir ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 jusqu’à nous. La voie lactée finiroit par offrir à l’observateur qui s’en éloigneroit indéfiniment, l'apparence d’une lumière blanche et continue, d’un petit diamètre; car l’irradiation qui subsiste même dans les meilleurs télescopes, couvriroit et feroit disparoître l'intervalle des étoiles. Il est donc probable que parmi les nébuleuses, plusieurs sont des groupes d’un très-grand nombre d'étoiles, qui vus de leur intérieur, paroîtroïient semblables à la voie lactée. Si l’on réfléchit maintenant à cette profusion d'étoiles et de nébuleuses, répandues dans l’espace céleste, et aux intervalles immenses qui les séparent; l'imagination étonnée de la grandeur de l'univers, aura peine à lui concevoir des bornes. De ces considérations fondées sur lesobservationstélescopiques, il résulte que le mouvement du système solaire est très-composé. La lune décrit un orbe presque circulaire autour de la terre ; mais vue du soleil, elle paroit décrire une suite d'épicycloïdes dont les centres sont sur la circonférence de l’orbe terresire. Pareillement, la terre décrit une suite d’épicycloïdes dont les centres sont sur la courbe que le soleil décrit autour du centre de gravité du groupe d'étoiles, dont il fait partie. Enfin le soleil décrit lui-même une suite d’épicycloïdes dont les cenlres sont sur la courbe décrite par le centre de gravité de ce groupe, autour de celui de l'univers. L’Astronomie a déjà fait un grand pas, en nous faisant connoître le mouvement de la terre, et les épicycloïdes que la lune et les satellites décrivent sur les orbes de leurs planètes respectives. Mais s’il a fallu des siècles pour connoitre les mouvemens du système planétaire, quelle durée prodigieuse exige la détermination des mouvemens du soleil et des étoiles! Déjà les observations commencent à les montrer : leur ensemble paroît indiquer un mouvement général de tous les corps du système solaire, vers la constellation d'Hercule; mais elles semblent prouver en même temps, que les mouvemens apparens des éloiles sont une combinaison de leurs mouvemens propres avec celui du soleil. Tous ces grands mouvemens, les parallaxes de ces astres, les révolutions des étoiles multiples autour de leur centre com- mun de gravité, révolutions très-remarquables, et qui com- parées aux parallaxes de ces étoiles, en feront connoître les masses ; les variations périodiques de la lumière des étoiles chan- geantes, et les durées de leurs mouvemens de rotation; un calalogue des étoiles qui ne font que paroître, et leur position 448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au moment de leur éclat passager; enfin les changemens suc- cessifs de la figure des nébuleuses , déjà sensibles dans quelques- unes, et spécialement dans la belle nébuleuse d'Orion; tels seront relativement aux étoiles, les principaux objets de l’Astronomie future. Ses progrès dépendent de ces trois choses, la mesure du temps, celle des angles, et la perfection des instrumens d’op- tique. Les deux premières ne laissent maintenant presque rien à desirer; c’est donc principalement vers la troisième que les encouragemens doivent être dirigés; car il n’est pas douteux que si l’on parvient à donner de très-grandes ouvertures, aux lunettes achromatiques, elles feront découvrir dans les cieux, des phé- nomènes jusqu'à présent invisibles, surtout si l’on a soin de les transporter dans l'atmosphère pure et rare des hautes montagnes de léquateur, Il reste encore à faire sur notre propre système, de nom- breuses découvertes. La planète Uranus et les satellites nouvel- lement reconnus, donnoient lieu de conjecturer l'existence de quelques planètes jusqu'ici non observées. On avoit même soup- çconné qu'il devoit y en avoir une entre Jupiter et Mars, pour satisfaire à la progression double qui règne à peu près, dans les intervalles des orbes planétaires à celui de Mercure. Ce soupcon a élé confirmé par la découverte de quatre petites planètes qui sont à des distances du soleil, peu différentes de la distance que cette progression assigne à la planète intermédiaire entre Jupiter et Mars. L'action de Jupiter sur ces planètes, accrue par la grandeur des excentricités et des inclinaisons de leurs orbes entrelacés, produit dans leurs mouvemens, des inégalités considérables, qui répandront un nouveau jour sur la théorie des attractions célestes, et donneront lieu de la perfectionner encore. Les élémens arbitraires de cette théorie, et la conver- gence de ses approximations, dépendent de la précision des ob- servations et du progrès de l'analyse; et par là , elle doit de Jour en Jour, acquérir plus d’exactitude. Les grandes inégalités sé- culaires des corps célestes, résultantes de ten attractions mu- tuelles, etque déjà l'observation fait appercevoir, se développeront avec les siècles. Des observations faites avec de puissans téles- copes, sur les satellites, perfectionneront les théories de leurs mouvemens, et peut-être en feront découvrir de nouveaux. On déterminera par des mesures précises et multipliées, toutes les inégalités de la figure de la terre, et de la pesanteur à sa surface ; et bientôt, l'Europe entière sera couverte d’un réseau de triangles qui ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 qui feront connoître exactement , la position, la courbure.et a grandeur de toutes ses parties. Les phénomènes du flux ét du reflux de la mer, et leurs singulières variétés dans les différens ports des deux hémisphères, seront déterminés par une longue suite d'observations, et comparés à la théorie de la pesanteur. Le retour des comètes déjà observées; les nouvelles comètles qui paroîtront; l'apparition de celles qui mues dans des orbes hyperboliques, doivent errer de système en système; les pertur- bations que tous ces astres font éprouver aux mouvemens plané- taires; celles qu'ils éprouvent eux-mêmes, et qui à l'approche d’une grosse planète, peuvent changer entièrement leurs orbites; enfin les altérations que les mouvemens et les orbes des planètes et des satellites recoivent de la part des étoiles, et peut-être encore, par la résistance des milieux éthérés ; tels sont les prin- cipaux objets que le système solaire offre aux recherches des astronomes et des géomètres futurs. L’Astronomie, par la dignité de son objet et la perfection de- ses théories, est le plus beau monument de l'esprit humain, le titre le plus noble É son intelligence. Séduit par les illusions des sens et de l’'amour-propre , l’homme s’est regardé long-temps, comme le centre du mouvement des astres, et son vain orgueil a été puni par les frayeurs qu’ils lui ont inspirées. Enfin , plusieurs siècles de travaux ont fait tomber le voile qui lui cachoit le système du monde, Alors il s’est vu sur une planète presque im- perceptible dans le système solaire, dont la vaste étendue n'est elle-même, qu’un point insensible dans l'immensité de l’espace. Les résultats sublimes auxquels cette découverte la conduit, sont bien propres à le consoler du rang qu’elle assigne à la terre; en lui montrant sa propre grandeur, dans l'extrême petitesse de la base qui lui a servi pour mesurer les cieux. Conservons avec soin, augmentons le dépôt de ces hautes connoissances, les délices des êtres pensans. Elles ont rendu d’importans services à la Navi- gation et à la Géographie; mais leur plus grand bienfait est d’avoir dissipé les craintes produites par les phénomènes célestes, et détruit ies erreurs nées de lignorance de nos vrais rapports avec la nature; erreurs et craintes qui renaîtroïent promplement , si le flambeau des sciences venoit à s’éteindre. L'article précedent étoit livré à l'impression, lorsqu'on m'a apporté celui-ci, extrait du Moniteur du 29 mai, en me témoi- gaant le desir qu’il fût inséré dans le Journal de Physique. Tome LXXVI. JUIN an 1813. M mm 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE, Par M. LAPLACE, Chancelier du Sénat-Conservateur , Grand-Oficier de la Légion- d'Honneur, Grand-Croix de l'Ordre de la Réunion, Membre de l'Institut et du Bureau des Longitudes, etc., etc. Quatrième édition, revue et augmentée par l’auteur. EXTRAIT du Moniteur. : ANNONCER la quatrième édition d'un ouvrage de science, c’est dire assez qu'il est goûté du public et recherché par la jeunesse studieuse. Si l'on ajoute que cet ouvrage est un livre du premier ordre pour la grandeur du sujet et la profondeur des conceptions, il devient moins nécessaire de le faire connoître dans ses détails, que de montrer en général le but que l'auteur s’est proposé, l’utilité dont son ouvrage peut étre, l'influence qu'il doit avoir. Quand on étudie les sciences et qu’on veut les cultiver avec quelqu’étendue, on sent bientôt le besoin de rassembler ses idées, de les arrêter, et de s'élever des détails des phénomènes jusqu’à leur ensemble, pour n'avoir plus à les envisager que dans leurs rapports les plus généraux. Cette philosophie des sciences est beaucoup plus aisée à sentir et à concevoir qu’elle n’est facile à découvrir, et peu d’esprits sont assez #orts pour s’y élever d'eux-mêmes. Voilà surtout ce que l’on trouve au plus haut degré dans l’ouvrage que nous annonçons, et personne ne pouvoit aussi bien conduire les autres dans cette carrière que l’homme de génie dont les travaux depuis plus de quarante années, ont répandu la lumière sur toutes les parties des sciences physiques et mathématiques , et dont l'influence sur notre siècle a imprimé à quelques-unes d’entre elles une marche entièrement nouvelle, ou dont le secret m’avoit encore été donné qu’à Newton. : L'auteur expose d'abord les phénomènes des mouvemens cé- lestes que l'observation fait connoître immédiatement. Il ne les présente pas dans l’ordre imparfait, incertain et souvent bizarre suivant lequel l'expérience humaine les a découverts; illes fait connoître tels qu’ils sont en eux-mêmes, tels qu'ils s’offriroient à un esprit exempt de préjugés et d'erreurs. Ces données étant établies, il les compare entre elles, il les rapproche les unes des autres, il découvre les rapports qui les unissent , il en tire des ET D'HISTOIRE NATURELLE, 45 lois générales qui les embrassent ; alors, abandonnant les détails des phénomènes, il n’a plus à considérer que ces lois, et en les composant, il en fait sortir avec certitude le véritable système du Monde, c’est-à-dire l’arrangement réel des corps célestes, tel qu'il existe, et non tel que l'imagination des hommesse l’étoit long-temps figuré. Alors la tâche de l'Astronomie observatrice est linie ; elle ne peut rien découvrir de plus si le calcul ne la guide, sil ne lui découvre la cause générale de tous ces phéno- mènes; et les causes secrèles des variations nombreuses qui, en les troublant sans cesse, modifient, dans leur application parti- culière, les grandes lois auxquelles l’astronome s’étoit élevé. On connoît désormais ces lois; on sait que les planètes se meuvent autour du soleil dans des orbites elliptiques inclinées les unes aux autres; on sait que la terre elle-même, semblable en cela aux autres planètes, se meut comme elles autour du soleil, suivant des lois pareilles; et qu’enfin les comèles, ces astres passagers, en apparence si irréguliers dans leur course, se meuvent éga- lement autour du même centre, comme les planètes, mais dans des orbites infiniment plus alongées. 11 faut chercher quelles forces peuvent retenir ces astres dans leurs orbites et leur faire décrire les courbes sur lesquelles ils restent ainsi dans l’espace. Cette recherche est un problème de mécanique. L'auteur expose donc avec rigueur, quoique sans calcul, les principes mathé- matiques de cette science. Il montre avec une métaphysique fine et délicate, ce qu’elle emprunte de l'observation, ce qu'elle ne doit qu’à des considérations abstraites. IL fait voir comment la nature des mouvemens peut être prévue quand on connoît les forces qui les produisent, et réciproquement comment on peut reconnoître la nature des forces par leurs effets. Muni de ces nouvelles découvertes, 1l les applique aux lois des phénomènes célestes données par l’observation, et il en conclut la nature de la force qui retient les planètes et les comètes dans leurs orbites autour du soleil. Cette force est la gravitation universelle, pro- portionnelle aux masses et réciproque au carré des distances. Une fois élevé jusqu’à ce principe général, l’auteur le suit dans toutes ses conséquences : il en dérive par la puissance du calcul, non-seulement les lois générales qui lui avoient servi de base, mais encore toutes les altérations passagères de ces lois, toutes les circonstances en apparence les plus irrégulières des mouvemens célestes, toutes les oscillations momentanées du système planétaire autour de son état moyen, comme aussi les Mmm 2 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE changemens qu’il peut subir par la suite dés siècles et qui se développeront aux yeux des astronomes futurs. Là se placent naturellement les belles découvertes des équations séculaires qui altèrent à la longue le mouvement moyen de Ja lune, les grandes inégalités produites par les attractions réciproques de Saturne et de Jupiter, enfin les rapports auxquels les révolutions moyennes des trois premiers satellites de Jupiter sont assujettis pour toujours, si quelque cause extérieure à notre système ne vient pas déranger leur accord. Il est beau de voir la marche d’une science développée par le même génie qui a tant contribué à ses progrès. Quittant les phénomènes célestes pour revenir à ceux qui se passent sur la terre, l'auteur y suit encore le principe de la gra- vitation, et en montre l'influence sur la forme elliptique de la terre causée par l’attraction mutuelle de toutes ses parties, sur la variation Le la pesanteur terrestre à différentes latitudes; sur les mouvemens de l’axe et de l'équateur de la terre causés par les attractions du soleil et de la lune; enfin, sur le flux et le reflux dela mer, également causé par l’action de ces astres sur les eaux de l'Océan. En généralisant ce principe, il examine les attractions moins facilement perceptibles, mais non moins puissantes , qui s’exercent entre les dernières particules des corps quand elles se trouvent placées à de très- petites distances les unes des autres. Cette considération développée par l'analyse mathématique, le conduit à la cause des phénomènes capillaires, à la connoïissance des mouvemens qu’exécute la lumière en tra- versant les corps, enfin, pax une induction infiniment vraisem- blable, aux causes physiques qui produisent la solidité, la liqui- dité, l'étataériforme, la cristallisation, et les affinités chimiques. Ce plan est le même que l’auteur avoit suivi dans les éditions précédentes; mais il y a joint, dans cette dernière, un grand nombre de développemens destinés à faire connoître les recherches nouvelles qui ont enrichi l'Astronomie, ou , ce qui est aussi une découverte , les considérations nouvelles que lui ont suggérées les phénomènes déjà connus. Jusqu'ici l’auteur a suivi la marche rigoureuse et nécessaire que détermine l’enchaînement réel des phénomènes; mais parvenu à ce dernier terme de la science, il jette un regard en arrière et compare la carrière lumineuse qu’il a parcourue avec la route tortueuse et obscure par laquelle l'esprit humain est parvenu aux mêmes résultats après une longue suite de préjugés et d’erreurs, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 453 Il donne alors un précis de l’histoire de Astronomie. On y voit cette belle science rester dans l'enfance durant un grand nombrede siècles, en sortir et s’accroître dans l’école d'Alexandrie; stationnaire ensuite jusqu’au temps des Arabes, se perfectionner par leurs travaux; enfin abandonnant l'Afrique et l’Asie, où elle avoit pris naissance, se fixer en Europe et s'élever , en moins de trois siéêles, à la hauteur où nous la voyons parvenue aujour- d’hui. Cette exposition est terminée par de grandes considérations sur les objets qui devront appeler spécialement les travaux des astronomes futurs, et par des vues profondes sur le mode phy- sique suivant lequel-tous les corps de notre système planétaire ont pu, à l'origine des temps, s'agglomérer sous la forme de planètes et de satellites, et commencer leurs révolutions éter- elles, conformément aux lois qui les règlent encore aujourd’hui. Cette histoire de l'Astronomie n’est pas seulement un exposé fidèle des inventions successives par lesquelles cette science s’est perfectionnée; ce n’est pas non plus un tableau vague et mal arrêté dans lequel les vérités importantes des sciences sont con- tinuellement sacrifiées au vain desir d’amuser les esprits super- ficiels, ou de leur plaire par un style brillant et prétentieux. C’est proprement l’histoire du génie de l’homme : l'impression qu’elle produit est grave et calme, mais noble et sublime. Le style admirablement bien approprié au sujet est toujours élevé, mais pur et sévère. Il n’a pour ornemens que la grandeur des . objets dont il parle. Toute sa force est dans la pensée; mais cette pensée est si puissante, elle vous élève à une si grande hauteur que l'imagination, remplie de tant de choses sublimes, ne demande pas à aller plus loin. Les ouvrages de Newton sont remplis de vérités immortelles; mais le livre dont nous venons de rendre compte , plus riche en faits que ceux de Newton lui- même, et soutenu par les beautés du style, parlera plus long- temps encore à la postérité. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES DEPE TT CPR ET EME EN ELISA 4 7 RIRE SET ET TESTER EPA" oTa. Nous continuerons cette année à exprimer la température au degré du thermomètre cen: o A ESS Le z è # ; 5 © CENTIGRADE. = 2 = EE | 5 * | “| Maxsuum. | Minimum. |A Mior. Maximum. | Minimum. A 15 À mipi.| # heures. o | heures. o heures. mill. | heures. mil, mill. ° 1la25s. H19,25/à 44m. Æ10,75|419,00là 9 à s........ 751,28|à 4 +m...... 750,00|751,04| 10,0] 2]à nudi +4-20,00|à 44 m.+ 9,00/+20,00!à 1645.......753,56|à 4 À nn. .....752,42/753,44| 10,7] Sa midi #23,65/à 4